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pa. fo en 30 questions ECOLE DES DIRIGEANTS & CREATEURS D'ENTREPRISE 1 Na 60 ANS D'EXPERIENCE Saas ms mes ata) DIPLOME VISE - GRADE DE MASTER PROGRAMME GRANDE ECOLE Ecole des Dirigeants & Créateurs d’entreprise Ma ae Rel at ete ee) 4 ico eet ees Pn Centres de concours : Paris - Bordeaux - Lille - Lyon Marseille - Nantes - Rennes - Strasbourg - Toulouse Tél. +33 (0)1.46 93 02 70 - www.edcparis.edu mom Alternatives Economiques Poche ‘n° 46 novembre 2010 Fondateu,conseller deta rédaction Denis Cleve Editoriliste “Philippe Frémeame Rédaction 28 rue du Sendor 75602 Paris 1,201 4480.28 90 redaction@ralternatives-economiques Directeur de ia rhdacton ThiersyPeeh Redacteur en chet: (ullaume Duval ‘Seerétalre général de la rbdaction: Danie Soles Responsable des Atematives Economiques Poche : Camille Diva Coordination de ce numéro: Nai Nahapéan eramaud Parenty ‘nt également participé & ce numéro : Robert Boyes Kéabel Counpey Soubeyron, Mario Dehove Jean Gadres t Dominique Pion Secrétariat de tedactlon : Charlee Charan Rédactrices graphistes:ssbolle Alexandre, ‘Odile Al Daphistar, Marie-huly Bertheler Service de presse Héléne Cres, Véronique Osan Directeur du développement : David Beliard Partenariats : Camille Dorval Direcrice commerciale: Héttne Reiter ‘Chargéo de promotion itfusion: Aisata Seck Publ: autre rége wirw autre-rgle fe Directeur de rio rt Matin Directeur de clentée: Nicalas Chabret ‘Ghef de pubcté: Anne Pichonnet Service abonnements. 12, edu Cap-Vert,21600 Quétigny (d03 80 48 1025 —fax:08 80 481034 abonnementealternatives- economiques ft ‘Abonnement 5 rxmér, 326 festations 39,50 Diffusion: en kiosque “Transports presse ‘en bree: Difpop 6 re Romain Rolland, aK Les, 0141620807, fax-01 362072 inspection des ventes: Sordlap: Delphine Pollan, 6:01 2236 9204, Apellanesordiante ‘Couverture: conception Chstophe Duran lustrainn ; Feman Léger, Les Conscious, 1850/8 Adagp, Pars 2010 Photogravareimpression Amprinerie de Champagne, Langres (52) CCPPAP Os1a 14846 ISSN 1291-1704 ISBN 2.35240-049.X Dé yl partion Impriméen France Pristed in Feance sur popiercerie PEFC. ‘tt parlaScop-SA Alternatives Feonomiques Directeur de ia publication: Philippe Frémneaux alternatives Eeonomiques. Toute reproduesion, mre prt de ste inegapie et documents pparut dans le present numero est soumise & Trtonsiion préalable de Pedteut Toute cople fe wage collect lt aot aceora de ‘Genie raga dt de copie (CFC): 20 rue de Grande August, S005 Path, w= 01 3074770, 01962467 19 wenwaltematives-economiques.fr PMT MN es Economiques L'economie en 30 questions Toutes les clés pour comprendre le réle du marché et de IEtat, la croissance et sa mesure, la monnaie et la Bourse, l'emploi et le chomage, la mondialisation, les inégalités... ‘Alternatives Economiques - Hors-série poche n* 46 - novembre 2010 - 4 Uéconomie en 30 questions Sommaire Edito 5 Etat et le marché Quel est le réle du marché ? 7 Quelles sont les limites du marché ? 13 A quoi sert la politique budgétaire ? 20 A quoi sert Ja politique monétaire ? 25 Uétat dépense-t-il trop ? 31 La dette publique est-elle un probleme ? 36 Prélévements obligatoires : quel choix de société ? 41 La croissance 48 La croissance est-elle encore mesurable ? 49 Quelles sont les clés de la productivité ? 53 Quel réle joue l'investissement ? 58 Quel réle joue l'innovation ? 64 Pourquoi certains pays se développent-ils et d'autres pas ? 70 ta croissance méne-t-elle 4 un développement durable ? 76 La croissance détruit-elle environnement ? 82 La monnaie et le financement 88 Qu’est-ce que la monnaie et qui la crée ? 389 Comment l'économie francaise se finance-t-elle ? 95 La Bourse contre la croissance ? 100 Quels sont les rouages des crises financiéres ? 105 Faut-il avoir peur des bulles financiéres ? 109 A quoi servent les banques centrales 7 114 Lemploi et le chomage 120 Comment se forment les salaires ? 121 La flexibilité réduit-elle le chémage ? 126 Llorganisation du travail a-t-elle vraiment changé ? 433 2.- Alternatives Economiques - Hors-série poche n* 46 - novembre 2010 La mondialisation 138 Léchange international est-il bon pour la croissance ? 139 Protectionnisme ou libre-échange ? 144 Le retour de la contrainte extérieure ? 150 Pourquoi les entreprises délocalisent-elles ? 156 Comment se déterminent les taux de change ? 162 Les inégalités 167 Quel partage des richesses ? 168 Peut-on réduire les inégalités 7 173 Le monde devient-i! plus inégal ? 178 Lexique 185 Index 192 Alternatives Economiques - Hors-sérle poche n° 46 - novembre 2010 - 3. ACE - CFA Soutenu par 3 illedeFrai Editorial L'intelligence des sociétés contemporaines epuis trente ans, Alternatives Economiques défend une vision de l'économie qui se veut étroitement liée au contexte historique et social dans lequel elle s’inscrit :’6conomie, c'est en effet aussi des institutions et des choix politiques, des choix qui doivent étre soumis au débat. Ce qui suppose que chacun puisse s’en saisir. A cette fin, Alternatives Economiques expli- cite chaque mois I'actualité économique et sociale. Il propose aussi A ses lecteurs les outils nécessaires pour approfondir leur culture générale dans ce domaine, notamment a travers des articles offrant une vue synthétique des grandes questions économiques du moment. Ce hors-série poche en propose une sélection enti¢rement mise a jour et enrichie. Quel est le rle du marché ? A quoi servent les banques centrales ? Comment se formentles salaires ? La croissance est-elle encore mesurable ? Comment se partage la valeur ajoutée 2... Autant de questions auquel ce numéro répond, de facon nuancée et argumentée, et toujours en lien avec les débats d’actualité, Ainsi, ce n'est pas parce que la population vieillit que la réforme des retraites proposée parle gouvernement est la seule possible ; ce n'est pas parce que la libéralisation des échanges est avantageuse qu'elle doit se faire sans contréle, etc. Au total, une trentaine de thémes sontici présentés, dans un langage clair mais sans simplisme. Nous espérons ainsi aider nos lecteurs a accéder & une meilleure « intelligence des saciétés contemporaines ». Cette belle expres- sion est empruntée aux instructions officielles qui définissaient, en 1967, les objectifs d'un nouvel enseignement dans les lycées, celui des sciences économiques et sociales. A I’heure oit les programmes d’économie dans Yenseignement secondaire sont en voie d’étre réformés dans un sens plus orthodoxe, il nous a paru important de rester fidéles & l’esprit initial de cette discipline, & la vision émancipatrice du savoir, hostile & tout formatage, qui la caractérisait alors. De quoi permettre a tous nos lecteurs, qu’ils soient lycéens, étudiants, enseignants ou simples citoyens, de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent. @ Amaud Parienty Alternatives Economiques - Hors-série poche n” 46 - novembre 2010 - 5 i Léconomie en 30 questions - Cuaprae | Etat et le marché Méme les économistes les plus libéraux le concédent : le marché ne peut pas tout et IEtat doit intervenir pour pallier ses dysfonctionnements. La question est alors de définir le degré et ie niveau de cette intervention. 6 - Altematives Economiques - Hors-sérle poche n* 46 - novembre 2070 Quel est le réle du marché ? Lorsqu'il fonctionne bien, le marché peut étre comparé a un calcula- teur géant qui oriente les comportements de maniére performante et coordonne I'action de millions d’agents grace aux prix. Mais i! s'agit d'un mécanisme délicat, qui se dérégle aisément et peut se révéler inadapté a produlre une coordination efficace entre les dif- férents acteurs économiques. @ Le systéme des prix coordonne les actions A la base du fonctionnement d'une économie de marché, il y a un en- semble de prix. Car, comme I’a souligné I’économiste Friedrich von Hayek, les prix sont un moyen efficace de faire circuler les informations", Un prix représente en effet une synthése des informations disponibles sur un bien. Ainsi, une voiture se caractérise par son confort, sa ligne, ses performances, les accessoires fournis, etc. Toutes ces caractéristiques sont résumées en un seul nombre : son prix, qui évolue en fonction des nouvelles informations disponibles sur le bien considéré. Un prix n’est pas une donnée objective. Il refléte bien sdir les cotits de pro- duction de lentreprise, mais aussi la valeur accordée aux produits concurrents et les goats des consommateurs. Par exemple, un modéle de voiture ent fin de vie voit son prix baisser implement parce que d'autres modéles, réunissant des caractéristiques plus attirantes, sont arrivés sur le marché. Les prix véhiculent des informations qui sont utiles au fonctionnement des marchés parce que les consommateurs ou les entreprises y réagissent. La baisse d’un prix, par exemple, est un signal qui incite, dans la grande majorité des cas, les consommateurs & reporter une partie de leurs achats sut le produit moins cher et les vendeurs a réduire leur production ou & améliorer leur offre. Cette modification des comportements entraine a son tour un changement dans les prix, de sorte qu’un marché est en perpétuelle évolution. Les changements de prix sur un marché sont souvent liés 4 des modifi- cations apparues sur un autre marché, Ce peut étre un marché proche : une baisse des tarifs du TGV peut obliger les compagnies aériennes & réduire leurs propres tarifs. Mais ce qui se passe sur un marché a aussi des effets plus généraux : une forte hausse du prix de l’essence réduit le budget que les consommateurs peuvent consacrer & I’habillement ou a d'autres produits, Par conséquent, les prix forment un «systéme » : ils s‘articulent les uns aux autres et bougent les uns en fonction des autres. Le marché est ainsi souvent comparé 2 un calculateur géant, puisque te- nant compte simultanément de millions d’informations pour établir et faire évoluer en pertnanence la structure des prix. Ce systéme assure en général la compatibilité des plans des acheteurs et des vendeurs et coordonne leur action. Léconomiste Milton Friedman illustre cette propriété en prenant I'exemple d'un crayon : la production de cet objet simple et d’une faible valeur unitaire eee ey [AI Les cas wes bparticuliers des marchés d'actis (immobitier, actions, etc.) et des. ‘marchés da travall sont lalssés de eBré dans cer artice. ‘Alternatives Economiaues - Hors-série poche n° 46 - novembre 2010 - 7 L’économie en 30 questions - Cuaprme | implique un approvisionnement régulier en morceaux de cedre, de graphite et d'argile, ainsi que l'achat de machines spécialisées, donc la coordination de nombreuses entreprises. II serait abusif d’attribuer la totalité de ce travail de coordination au marché, mais celui-ci y joue un réle important. Cependant, lefficacité du syst@me réclame que les prix soient fiables. Ils doivent refléter les caractéristiques des produits, ce qui n’est pas le cas lorsque la concurrence est insuffisante (voir ci-aprés) ou la qualité de l'information mauvaise. Ainsi, !économiste George Akerlof a monteé, ily a quarante ans, que les acheteurs de voitures d’occasion, ne sachant pas si ces voitures sont en bon état ou comportent un vice caché, exigent une décote pour les acheter - une asymétrie d'information entre acheteurs et vendeurs qui explique pourquoi une voiture ayant & peine roulé perd immédiatement une partie de sa valeur. De ce fait, les vendeurs de bonnes voitures d'occasion renoncent & ce marché ou vendent uniquementa leurs proches. Finalement, Vintervention de I’Etat, sous forme de contréles techniques obligatoires, est nécessaire pour faire fonctionner le marché. De la méme fagon, lorsque les banques ont été suspectées, & l'automne 2008, de détenir des titres sans valeur, le cours des ac- tions de toutes les banques s'est effondré, quelle que soit leur exposition réelle au risque, chacune 6tant considérée comme susceptible de détenir des actifs toxiques en grande quantité, Le bon fonctionnement du marché comme vecteur d'information est donc limité par l'asymétrie ou I’insuffisance de l'information. Les PRIX DOIVENT REFLETER LES CARACTERISTIQUES DES PRODUITS, CE QUI N‘EST PAS LE CAS LORSQUE LA CONCURRENCE EST INSUFFISANTE OU LA QUALITE DE L'INFORMATION MAUVAISE @ La concurrence incite a I'efficacité La concurrence est le fondement essentiel de l'efficacité du marché, car elle contraint les entreprises & fournir les meilleurs produits au meilleur prix, faute de quoi leurs concurrents seront préférés par les consommateurs. Elle discipline les profits. Elle fournit de puissantes incitations a réduire les prix, a investir, & prendre des risques et innover. Le plus important étant sans doute Vincitation a innover. Lémergence de nouveaux concurrents sur un marché se traduit par une baisse des prix, et donc des profits, car les nouveaux entrants sont contraints de proposer des prix plus bas que les entreprises en place s'ils veulent prendre des parts de marché. C’est la raison pour laquelle il est si important que les entreprises ne puissent pas bloquer l'arrivée de nouveaux arrivants. La pression de la concurrence incite donc & Vinnovation. Des techniques de production nouvelles permettent d’augmenter les profits, la réduction des cofits pouvant se traduire par une hausse des matges ou par une baisse des prix qui accroit la part de marché. Surtout, comme I’a souligné en son temps Véconomiste Joseph Schumpeter, un produit vraiment nouveau met l'en- treprise qui le vend en situation de monopole temporaire. Elle peut ainsi pratiquer des prix élevés et gonfler ses profits : la domination du iPhone dans les ventes de smartphones explique a elle seule le bénéfice élevé d’Apple au troisiéme trimestre 2009. {8 - Atemavives Economiques - Hors-série poche n* 46 - novernbre 2010, La redoutable efficacité des mécanismes du marché vient aussi du fait que ce monopole est trés fugace, car le succes de l'innovation appelle l'imitation et, avec elle, la baisse des volumes vendus et des marges bénéficiaires. Ainsi, les propositions concurrentes du iPhone sont déja la et Apple envisage de ré- duire ses marges pour conserver sa part de marché, Ce mouvement perpétuel de création et de destruction des profits, a la fois par la concurrence et par Yinnovation, est, pour Joseph Schumpeter, le ressort profond de la dynamique d'un capitalise fondé sur l'économie de marché. Il est également ce qui fait redouter la concurrence : la destruction eréatrice est aussi celle des richesses, des qualifications et des emplois. Les détenteurs d'une qualification rendue obsoléte par le progrés technique se trouvent ainsi dépossédés. Cependant, le degré de concurrence est trés inégal selon les marchés. Une partie d’entre eux sont dominés par un petit nombre de grandes entreprises. Ce n'est pas en sof un probléme. L’économiste William Baumol a montré au début des années 1980 que les entreprises se conduisent de maniére efficace des lors que de nouveaux concurrents peuvent entrer sur le marché et contester leur position, méme si ce marché est dominé par un petit nombre d’acteurs. Enfin, il faut compter avec le progrés technique, qui peut remettre rapidement en cause les situations qui semblent les mieux assises. Qu’on pense ati cas <'IBM, géant hégémonique détr6né par la révolution de ordinateur personnel intervenue dans les années 1980. Certes, dans d'autres cas, la puissance des grandes firmes neutralise la concurrence. En Vabsence de réglementation, leur pouvoir de fixer des prix élevés peut leur permettre de capter une rente au détriment de leurs clients Hl La représentation théorique des marchés Un premier courant d’analyse explore les conditions auxquelles les marchés pourraient tous étre en équilibre simultanément. ainsi, dans les années 1950, les économistes Kenneth arrow et Gérard Debreu ‘ont apparemment démontré ta possibllité et unicité de réquilibre. Mals, dans les années 1970, 'espoir de montrer comment cet équilibre peut tre atteint et maintenu s‘est éloigné. te travail sur I'équilibre général, utilisant aujourd'hui fa théorie des Jeux, a ‘beaucoup perdu en importance, car ces exercices de virtuosité mathénratique ne dépouchent sur aucun résuftat pratique, Plus modestement, les économistes se sont concen- trés sur le fonctionnement d’un marché isolé. Pendant longtemps, les travaux ont porté sur I'analyse d'un marché en concurrence « parfaite », que Frank knight a défini en 1921 parle respect de plusieurs conditions assez floues : le marché est divisé en unites trop petites pour pouvoir agir sur les prix, les produits sont homogénes, les facteurs de production sont mobiles (condition incluant ou s‘ajoutant a la possi- bilité d’entrer ou de sortir librement et sans coat d'un marché) et l'information sur les prix ou les prodults est parfalte. Joseph Schumpeter a montré que ces travaux statiques perdaient toute pertinence: pour comprendre la dynamique économique. Le développement des grandes entreprises obiige proposer des modéles laissant des marges d'action ‘aux firmes. Par exempie, les modeles de concurrence monopotistique supposent que les entreprises, Proposent des produits différents les uns des autres, ce qui met chacune d’elles én situation de monopole (seul Renault produit des Clio) ; mats ces produits ont une certaine substituabilité ('acheteur de Clio peut aussi étre séduit par une Peugeot 207). Les travaux de George Akerlof ou de Joseph Stiglitz examinent {es conséquences d'une information impartaite. Les modéles post-keynésiens partent de I’hypotheése réaliste que les entreprises fixent les prix en ajoutant une marge (mark-up) & leur coat de production, etc. La théorie économique met de plus en plus en évidence que le marché, méme sur le plan théorique, est loin d’étre une organisation naturellement optimate Alternatives Economiques - Hors-sérle poche n° 46 - novernore 2010 9 L’économie en 30 questions - Cuarire | ou de leurs fournisseurs. Les géants peuvent racheter les firmes innovantes afin de bloquer ou de retarder l'innovation, Les entreprises peu nombreusessur un marché peuvent aussi s'entendre pour fixer les prix en formant un cartel. Ces déséquilibres préjudiciables @ la concurrence sont souvent causés par la concurrence elle-méme : elle fait des vainqueurs et des vaincus, ces derniers étantprogressivement éliminés du marché. En effet, il n’y a pas de mécanisme régulateur en vertu duquel les perdants d'un jour seraient les vainqueurs de la bataille suivante. Au contraire, les entreprises les plus grandes peuvent s'approvisionner 4 moindre cout, développer des techniques plus efficaces, etc. Dans certains domaines, comme I’électronique grand public, 'enjeu de la compétition entre firmes est d’imposer une norme technique (Windows pour les syst@mes d’exploitation, Blu-ray pour les disques haute définition, etc.). Dans ce cas, la part de marché est un argument de vente, car, pour des raisons pratiques, chaque utilisateur veut acheter les produits fonctionnant selon la norme technique la plus tépandue. Pour toutes ces raisons, le marché doit donc étre organisé afin de fonctionner efficacement. © Mais le marché ne peut pas tout faire De nombreuses décisions économiques nécessitent de se projeter dans Yavenir : l'isolation d'une toiture dépend du montant de la taxe carbone au cours des vingt futures années, produire aux Etats-Unis dépend du taux de change du dollar, etc. Les agents essaient donc d’anticiper l'avenir. Les économistes sont tres partagés sur la facon dont les acteurs écono- miques réalisent leurs anticipations. Robert Lucas et les nouveaux classiques estiment que les anticipations sont rationnelles (1), cest-a-dire qu’elles intégrent forcément toute l'information pertinente disponible. John Maynard Keynes affirme, de son c6té, que des variables telles que le taux d’intérét dans dix ans ee awatae sont affectées d’une incertitude radicale : il est impossible de les connaitre ou pages 185-191. méme d’établir la probabilité d’occurrence de leur valeur future. | | Faut-il avoir peur des monopoles ? Le terme de monopole définit en toute rigueur un marché servi par une entreprise unique, mais on peut I'utiliser, de maniére plus large, pour dé- signer une entreprise de grande taille ayant un pouvoir de marché, c’est-8-dire la possibilité d’in- fluer sur les prix. Cette situation est présente sur de nombreux marchés, ce qui suscite trois repro- ches :1es monopoles font des profits injustifiés en vendant cher, ils font peu d'efforts pour étre effi- caces et ils utilisent I'Etat & leur profit. Mais on peut également voir dans le développe- ment d’acteurs dominants un facteur positif. Léco- nomiste autrichien Joseph Schumpeter conteste 'ldée que fa petite entreprise en situation de concurrence est efficace, Il estime que cette vision néglige les aspects les plus importants de la concur- rence, qui sont les nouveaux produits et le progrés des techniques de production, et que seule une grande firme faisant d'importants bénéfices peut accumuler les moyens d’innover. Par ailleurs, la constitution d'ententes monopolistiques, en impo- sant une norme, contribue & produire de la coor- dination d'une maniére qui peut étre bénéfique au consommateur. Inconvénients et avantages des monopoles ont conduit les pouvoirs publics 4 mener des politiques souvent contradictoires. Les politiques industrielles soutiennent la constitution de « champions natio- naux » tandis que les politiques de la concurrence s‘efforcent de limiter leur domination, 110 - Alternatives Economiques - Hors-sérfe poche n° 46 - novembre 2010

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