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avec la chaleur naissante émane du poème cet espace central. Nous écrivons parce
Pierre Reverdy, le vide mis en voix dévoiler le revers du monde. Dans cette rêverie, le poète exclu habite une
chambre noire, au mur percé laissant passer des signes indistincts, bribes qu’il
par Laurence Barrère que nous ne vendons pas des mots, nous écrivons pour vous donner à entendre, par Mathias Trives rapproche, ajuste, juxtapose sur le vide de la page.
pour vous donner à voir. Mystère et infini s’infiltrent dans le quotidien, à travers le mouvement des ombres
Au-delà d’un imaginaire poétique, c’est une perception en acte de la création que et des reflets. Les cloisons, faisant obstacle aux sens en masquant l’origine des
Parce que nous tous des voyageurs de la voix. nous souhaitons partager. Faire, et propager le poème ne revient pas à estimer manifestations, transforment chaque événement en un phénomène étrange.
Après un mois de juin effréné à la température et aux lectures ryhtmées, dixit l’échange, mais à le transhumer. Ainsi la parole, dépassée par la contingence, évoque les objets sans pouvoir
part à Lodève, en terre sereine du poème, pour dix jours en le poème, autour du Transhumance salvatrice, qui fait de notre collectif un ensemencement, une
poème, dans ses amonts et ses avals. Il ne s’agit guère de poétique, mais de poésie, Entrer dans la poésie de Pierre Reverdy, c’est comme entrer dans une église. les retenir. Le poème semble se faire et se défaire sous nos yeux, à mesure qu’il
naissance renouvelée.
de poésie pure. A ceux qui dévaluent la création singulière, dixit répondra par Une fois passé le seuil, on est frappé par l’obscurité et le silence qui y règnent. tente d’appréhender cette réalité qui, irrémédiablement, échappera toujours
Actualité naissante, pour le poète, pour le collectif. Sans l’autre, ma parole est
de la création. Attester ensemble le phénomène-voix, le phénomène langage. Sa Un silence qui insiste, plus que les mots, flammes éparses, vacillant dans le à l’emprise des mots. Car nommer c’est tuer le réel, avec lequel le langage
néant. Sans l’étrange dans ta langue, ma lecture est illusion.
diversité. Et par là même, son unité. dixit sort ses armes, et dilapide ses mots. Vous témoigner ce besoin, hors les styles, mais en la nécessité. Nous pensons à noir du monde. On ne lit pas un recueil de Pierre Reverdy, on expérimente le recherche un contact immédiat. Absent, mais hantant le poème à travers les
Nous vous invitons donc, du 19 au 26 juillet, à entendre « les voix de la Henri Meschonnic, présent l’an dernier à Lodève, qui fait de nous, indéfiniment, mutisme du poème, qui nous pousse au recueillement, pour appréhender, en formules négatives et les blancs typographiques, le réel n’a de cesse de fuir et de
méditerrannée », dans un festival atypique qui depuis 10 ans fait du poème et de des voyageurs de la voix, des mutants de l’inconnu. nous, le murmure d’une voix sourde. Dénudée, détachée, elle s’élève pour déborder du cadre langagier.
son oralité un mode de vie, une promenade enchanteresse. dixit sera présent, nous révéler cette part sombre et inconnue qui nous habite. Sacrée, car Le sort de l’homme se joue de l’autre côté, en dehors de son étroite peau, et le
avec ses publications semestrielles, avec [sic], sa revue mensuelle, et avec des ascétique, elle tire sa richesse de sa pauvreté. monde maintient son secret derrière le mur, la porte, dans la maison, à l’abri
propositions de lectures, en particulier autour du numéro 7 de sa revue. Mais avant même de nous réapprendre à lire le monde, à partir d’une de la main et du regard. Dès lors le poète est ce nomade en quête de plénitude.
Parce qu’il est parfois temps pour le poème de se régénérer, de toucher la
sérénité qui parfois se délie dans les emportements multiples, parce qu’il
avis aux auteurs langue étrangère, employant pourtant les mêmes mots, elle nous enseigne Même s’il souffre d’un manque à être, la distance séparatrice se révèle, pour
dixit est actuellement à la recherche de manuscrits inédits, ainsi à regarder autrement. D’un regard oblique, à contre-jour. Langue lui, moteur de l’écriture. Humilité, pudeur et fragilité d’une poésie, dont
est parfois temps pour le poète de rencontrer l’autre et sa langue, ailleurs. chirurgicale, elle dissèque les décors familiers et étouffants, brise les l’émotion jaillit des traces laissées par les surgissements d’un réel passé au
n’hésitez pas à nous faire parvenir vos textes à :
Toujours dans cette poétique d’échange de paroles et de regards de silence, miroirs flatteurs, dérobe à nos yeux les images trop limpides, pour nous crible des sens, empreintes rassemblées en cristaux par un travail rigoureux
collectifdixit@gmail.com
dixit s’évade, pour mieux retrouver son centre. Ce que Bernard Noël mettre face au négatif du réel. Car la poésie ne réside ni dans les de composition. Parole lacunaire, tendue vers ce qu’elle ne peut atteindre,
appelle l’espace du poème, cet espace central, perpétuellement à réinvestir, dans ou à l’adresse suivante :
association dixit, 6/8 Place du Pont-Neuf, 31000 Toulouse, France. choses, ni dans les mots, mais dans l’œil de celui qui observe, elle parvient à dire ce qui ne peut se dire, à rendre visible ce qui ne peut
la marche et l’affirmation des soifs. Votre envoi vous sera réexpédié s’il est accompagné d’une enveloppe suffisamment affranchie pour le surveille. Il s’agit de mettre à jour des liens inédits, de être vu.
retour. Nous n’assumons aucune responsabilité si un manuscrit est égaré.
issn en cours
de la joie d’écrire Marc Perrin, Monsieur M. la Méditerrannée, et vous propose de les y rejoindre autour d’une lecture ou d’un livre, lucratif régie par la loi du 1er juillet 1901.
Laurence Barrère, Sourdine voire pourquoi pas d’y plonger avec eux les pieds dans l’eau. président : anthony clément / vice-président :
benjamin alexandre / secrétaire : matthieu
marie-céline - © dixit tous droits
réservés aux auteurs - toulouse - juin 2009
libres-paroles Ludovic Dupuis Matthieu Marie-Céline Pierre Hunout
[…]
Laurent Bouisset La rue de la temporalité sous mes pieds.
érosion des chairs
A deux pas de l’évêché.
L’abord des lianes Sur le point d’embarquer.
chaqu’ être un pays pour tous les autres une plaque
assurément complexe
Car ce n’est pas une église, c’est un bateau.
A l’abord des lianes l’oreille il apprit à très longuement la tendre plus avant cogne-la s’il te plait sans faire
Un vaisseau empierré.
que le vacarme plus avant que le tracé derrière les chevelures complexes et semblant de les yeux sont cousus de fil blanc quand on sublime la mort d’un poème ;
Vu du trottoir, on dirait qu’il flotte, amarré.
lourdes des orées tutoya la simplicité d’un envol le frêle bleuté l’à-peine et le sans jouer comme exsangue sous les combles, que seule la bouche mange la mémoire,
Je franchis le seuil. Je me sens pénétré.
bruissement à l’abord des lianes il apprit la discrétion des beautés véritables pousse-la dans le vide et viens après jette-toi viens l’éteigne à la lumière du jour ; où achever les cibles, y brûler le masque
le vertige vagabond d’un clapotis la démesure orchestrale d’une flaque à Aux cheveux de jais, viens rebondir
l’abord des lianes il apprit à s’enivrer non pas d’une eau du sentiment d’une A l’unique atour, n’aies pas peur je
eau à se satisfaire de la seule proximité d’une boue lumineuse et par trois Crue et blanche, n’ai pas peur
fois de joie ses yeux s’en allèrent survoler le sommeil des vases à l’abord Orpheline, ensemble n’ayons pas peur
des lianes il apprit l’imminence l’entendit rugir la muerte les reins roulés Tu viendras. on sait que
dans la défaite infinie des vagues à l’abord des lianes il épousseta la hâte des corps l’attendent plus bas une fenêtre s’entr’ouve sur le ciel
sur son épaule puis sous le silence végétal d’une voûte d’un rire se délesta Ma chemise rouge est déchirée. et explique tout
du trépignement chimérique des ruches à l’abord des lianes aux aurores un J’ai le sentiment que ma vie est décousue.
matin s’éveilla s’étira sous un manguier vit l’éclair verdoyant d’un lézard Je ne cesse pourtant d’en découdre. ce qu’avoir envie de croire donne des couleurs à
au loin zébrer la brume s’assit et sut que rien ne pressait plus
Ne te décourage.
[…]
Cayenne, le 30 juin 2007