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Merleau-Ponty et la pensée du dedans FRANGOISE DASTUR Thitialement publié dans Mereau-Ponty, pénoménolo je otexpériences, textes réunis par Mare Richir et Etienne ‘Tassin, Grenoble, Jérdme Millon, 1992, pp. 43-56 5 re- [pris dans Chair ef dangeee. Esraic sur Merkau-Ponty, La Versanne, Encre marine, 2001, pp. 125-138. exige en préambule quelques explications, ippelle abord, par contraste, celui d’un ar Meux de Michel Foucault paru en 1966 dans © de Critique! consacré tout entier 4 Maurice Dans cet article, Michel Foucault montrait Powait voir en Blanchot le témoin par excel- forme de pensée qu'il opposait & la vérité Pomme celle qui est au fondement de Biaul,« La pensée du dehors » Critiq n° 229, juin 1966, p. 523 BEE reprs en volume chez Fata M 986. 126 MAURICE MERLEAU-PONTY moderne et a laquelle il proposait de donngs de « pensée du dehors ». Cette forme de Per Michel Foucault chezche & faire remonter juggl ¢t Holderlin, en Vopposant a une pensée dey dans laquelle il voit la trame de la culture og de la tradition philosophique, caractétise poug pétience fondamentale de notre temps, cette de la mort de Phomme, car elle ¢: oi’ disparait le sujet qui parle »!. Cet article gal méme un témoignage exemplaite du style de qui dominait la scéne philosophique francaise >que, sur laquelle déferla, aprés la mort dé Merleau-Ponty en 1961, la vague structuraligt nion générale alors allait bien, comme Jeg Foucault, dans le sens d’une « incompatibilité sans recours entre Papparition du langage en et la conscience de soi en son identité »2, €s entre les structures et la subjectivité, Il ne §% tes pas de voir a contrario en Merleau-Ponty de Vintétiorité et de la subjectivité au sens mais plutét de montrer que son projet philos tout entier le conduisait 4 promouvoir une f pensée qui n'opposerait plus Vintériorité & Pentel le sujet au monde, les structures a lexpériene te. Cette «pensée du dedans », si elle s'oppose cette pensée du dehors dont parle Foucault, 1 Tip. 525. Merlean-Ponty ef la pensée di dedans 127 tune pensée de Vintériorité du sujet, mais au dune pensée de la non-extériorité du voyant et ui 7 1 7 fane pensée de Petre dans le monde du sujet F ja 's faites et elles ss ne sont pas déja toutes faites et elles servctures {pas sans nous, mais elles sont ces « membru: sisble » qui sont toujours en devenir et qui par ene requigrent sans cesse notze participation ie de Merleau-Ponty, surtout dans sa derniére fst une pensée de la structure vivante pour Tintériorité ne renvoie plus & un sujet clos sur mais devient la dimension d’un étre qui en $a positivité en vient A se confondre avec le jent méme de expérience Vérité n’ “habite” pas seulement P “homme in ;Ouplutdril n'y a pas e’homme intévieut, Phom- fu monde, c'est dans le monde qu’ll se connait » fit Merleau-Ponty dans son Avant-Propos a la Phé- git de la perseption'. S'il est juste de voir dans cet- ation le désaveu d’une phénoménologie de la ition qui fait du monde un probléme égologique frouve a Vintérieur du sujet la clé de ses rapports Pextérieur’, il ne faudrait pas pour autant y voir weur dune pensée de Pextério- luelle Vinfini arrive du dehors 4 un sujet qui Pht pv Beeson: ue les Mian cariicane de Hist Sachivent par la BEBE St Augustin que Merleau-Ponty reproduit en noted a suite de la PPctdemmment cite: «lv eine bet vere 1 pensée du dedans 129 Merlean-Ponty ¢ MAURICE MERLEAU-PONTY été fonciére du sensible et du sentant! demeure dans la séparation!. A la pure intésionit He homogen ‘qullement étre pris en vue dans le cade de la pure extériorité de 'étre, Merleau-Ponty oppa went ferleau-Ponty nomme Pontologie de Fin sot” tot Vidée d'un « ftre d’indivision »*, de promi que § onrologie n2 sive qu’est la métaphysique occide @empiétement, d'un Mitre sauvage’ et non épurgs ive qu’est la métaphysiq pur laquelle Pitre nest rien d’autre que la subi de Pétanv’ * dans Jes notes de travail du Vis @une « Intra-ontolo: le rapport est toujours attache, adhérenceS, app, You le programme plusieurs fois ce, entrelacement, contact. A la distance infinie g Droa le programme fe et Vinvisible proximité absolue d'un étre qui est positivité purgy fe «ontologie du dedans »*, leau-Ponty oppose un étre non clos st i-méme cau-Ponty oppose un ét ur luiema Jar ce qu'il s’agit de com Hou « endo-ontologie »*. C Phdre, ce n’est pas tant le cliv Merleau-Ponty nomme « la sé Etre en déhiscence par rapport auquel ni surveil ge du sujet et de Pobjet sion ne sont possibles’, puisque la distance qui ag égation du sépare est aussi ce qui nous rattache 4 lui®, D'un i ce que > 7, laquelle précisément n’est le rapport que nous entretenons avec lui ne pelt ans” et du “chore” is chose faite »*, m ide se faire, De cette déhiscence ou transcendance Fest Pitre méme, Popposition tranchée entre une lintériorité et une pure extériorité, lontologie nai- toujours au contraire en soustrait, puisqu'il n’est pas A inscrire au seul eo rtic de Pétre méme, de cet @ sujet, puisqu’il fait pa nous sommes ns pourtant nous confondre aves Or cette relation dappartenance entre le sujeb °, a istingue le Pour Soi de En Soi ne peuvent monde’, cette implication du voyant dans le visi Gui distingue le Pour : re compte, il faut pour ccla, comme le souligne Eset ree toed oT cone a Brlement Merleau-Ponty, «un rapport A Etre qui se ihe et Ein sr fecha Ces n 2 fc alll 6 de lintérivur de ’Ene®, ce qui implique que Etre Ee ee aan ne Soit plus pensé comme positivité pure, qu'il ne soit mais vu au contraire 5. NI, p 255: « Done cette anajee de la pensée rétexive, ceed aire “toute nue” de Descartes) passe 4 cote de Pre dea GV pa Vip 168-69 8. VL p. 178, 9.VL, p48, 10. Vi, p17 Merlean-Ponty et la pensée du dedans 131 130. MAURICE MERLEAU-PONTY face devant ct avant (moi), dirait Heidegger comme ayant une intériorité propre, comme 6 fein pres a sLeapit dexpliquer Vénigm conscience sort d’elle- é de I Je la transcendance, entamé de l’intéricur. ro gnouvernent par lequel Ia pur aller vers son autre, alors que pour une rine pour tiche d’accompagner « la dé- 1 iL ne stagit ni de onséruire union ir Cest par une sorte de repliement inte inatio ou de capitonnage — ce sont Ta Teg guise do mémes de Merleau-Ponty! -, que PEtre se ef ate » Souvre en lui-méme selon une différance® qui mf lement exclusive d'une identité. Car tout autaneg i, ni de poser un étre frontal uniquement de décrire la structure distinctions du sujet et de Pobjet, du Pour Soietd re ‘ddpubleind tre se dédouble infati- Soi, celle de la nature et de la culture est abst oupée dans Pétoffe ontologique, puisque lee vement par lequel PTitre se fait conscience et Bp aurait tort en effet de voir dans lentreprise met- a sa source dans le polymorphisme de PBtre Si re brut ou sau Eepontienne de description de re a techerche dune intégrité originelle qui aurait Perdue dans le processus de la culture, Car une telle et pré-objectif®. Ce avec quoi il s’agit done de Cest avec cette « erreur philosophique totale 9 gi croyance en une présence objective’, en un Bitte logic d'une origine restituable suppose qu’avec di une fusion réelle est possible, alors que expé fice d'une immédiateté retrouvée est par essence cel un recouvrement et d’une coincidence seulement d'un rapport nécessairement distant 4 un ort tiendrait devant moi alors qu'il m’entoure et puisque la vision que fem me travers ailleurs ou de ce nulle part of se tient motheoras, mais du miliew ou du ceur de PEtes Gs effet uniquement pour une pensée objectivistey gui ne peut jamais étre donné tel qu'il fut mais laquelle toute présence est déa donnée = & ' Bu contraire « éclate » ct ne peut se maintenir dans LV, p. 200 Bimmédiateré qu’en ouvrant la dimension de son al mmarguer le caractere «dynamique nd'une difference jamais Hion et de sa reprise future®. La philosophic est ce toujours en tain dese ie celafimpliqueévkdemment pas gm Wetude deta Vorhabe, de la prépossession, de FEtre*, , est encore en prendre une vue survolante surer aveugle & ce qu’ est en vérité, non pas part tout visible et d’autre part tout voyant, mais matraire In continue métamorphose du visible en int, Ieur passage Pun dans lautre, Car le corps, tout eetre, est inobjectf, est pourquoi il n’est jamais entalement ni chose vue seulement, ni voyant ment» mais plutdt — et est 18 la formule qui ca- ee micux le niveau proprement ontologique de Bisée merleau-pontienne — « la visibilité tant6t er- Reet tantdt rassemblée », puisque « parler de feuillets 142. MAURICE MERLEAU-PONTY celle de Pétre, qui ne soffte pas au regard Vintuitus mentis ev qui est en lui Punion de possibles que sont la passivité et Pactivité, ge autre que Pexistence, cette entrepr relévement de nous-mémes sur les const monde!, Car exister - Merleau-Ponty le dit 4 propos du concept sartrien d’existence qui rait pas pensé avec suffisamment de radicalité tenir debout, sortir du plan objectif touten da constamment menacé par la pesanteur de nog objectives, L’existence ainsi comprise dans si lité comme celle dun corps dressé debout d monde et celle d'un monde dressé debour d corps, le corps et le monde étant réunis dang port d’embrassement, cest V'identité parad termes heideggériens) de PExisteny et de PD de ek-stase et de Tin-stance’, du sortir de soi LVI, p 10. ZNTlp 25 3. NT, p.324, Merleau-Pomty note bien dans le passage dl 1.325) que ce que jappelle le nrtzacestce que Sartre appelleiam bien que pour ce dernier existence soit compase commel soi, alors que pour Merleau-Ponty « existence n'est pas PRO visibiite elle méme est existence :Vexistence est une ‘hon pas simplement le mode etre de 30, oi la «srialté» est tout simplement identiige au preset 4.CE-« Le setour aa fondement de la métaphysique % it 1949 3 iste quedo mitaplyigae ?ia Gnestons I, Pasi, Gala ci Heidegger soulgne bien que penser jusqu'su bout Pesseneea Conduit ne pas comprendre seulement le ex- comme indiquattll pa rapport Tintxionté dune conscience mais comme Touveenae méme dans lequel se tient Vexistant. D'od la conclusion guile ag faut penser sous le terme d? “existence”, quand le mot est uli de la pensée qui pense en direction de la vénté de Vétre et pallies Merlean-Ponty ef la pensée di de «,Fidentité du: mouvement par lequel on sort ern rene en Soi, ce chiasme dans lequel Mer- voit Peffectivité méme de esprit et qui est ee de la philosophie, car : « La vraie philoso- Kaisirce qui fait que le sortir de soi est renter en aisir ce chiasma, ce retournement. Merleau-Ponty, la pensée, comme la percep: Re fait dans les choses, puisque penser consiste fastaller dans l'acte de vision et que « la vraie phi est de rapprendre 4 mir le monde »*. Voila en Ei philosophie est une phénoménologie qui obéit Bpliirement & Finjonction husserlienne du « retour dlles-mémes », Cette attitude n’est pourtant wt complice d’un fétichisme de Fidentité, puis: chose ne s‘offre jamais 4 la pensée dans Pactua- présence pleine, mais demeure au contraire fiellement « lointaine », & Phorizon. Car si la cho- ime tout visible, n’est pas dénuée Pune certaine Rie, si elle est rendue quasi observable par cette Hpitation de ses Abschattungen qui résulte du travail #eNS, ces appareils 4 faire des significations existan- 144 MAURICE MERLEAU-PONTY tes!, cette cristallisation des visibilia demeugel toujours illusoire, éphémére, sujette & Car dans le monde compris semble clos, mais comme un environne comme un champ (etre, cest le Exvas, leg se indétei et non plus la Sache selbae g Tine faut donc pas se méprendre : la pens dans » est par excellence une pensée de Phot lointain, une pensée de la proximité comme: de l’épaisseur comme moyen d’accés et nom) cle, et surtout une pensé t jamais ace est pensée de la profondeur d’un étre ouvert cceur ct prégnant de sa propre énonciation, pensée du dedans, loin de s‘identifier & une d Pétre comme intériorité est au contraire aul Bll che dune pensée « asubjective »?, d’une pens singularité non séparée et de individuation née, Car elle se veut une pensée de la « tans pure, sans masque ontique »® Cest-i-dire ung! de Fempiétement et de la promiscuité généralig 1 Ibid, pV 3 2. Selon expression de Parotka, dont la pensée est par big ‘en consonance avec celle de Merleau-Ponty: CE. Ian Patotkt, ie phinomvnotge ? Grenoble, Millon, 1988, p. 189 9, 3.NT, p 282-285. esens de la phénoménologie dans Le visible et Pinvisible Marc RICHIR Initialement publié dans Esprit, numéro spécial, 6, juin 1982, pp. 124-145. riiconque lit, ou relit, aujourd'hui, Merleau-Ponty, fe peut manquer d’étre frappé par le contraste ant qu'il y a entre sa maniére d’écrire et de pen- Te style des productions philosophiques auxquel 4 peu, nous nous accoutumons depuis bientot ans, et qui paraissent marquées tant par Paban- des questions philosophiques ultimes que par un intellectualisme ou tout au moins une sorte de olage » intellectuel n’ayant plus qu'un rapport lin, et en tout cas aveugle, avec ce qu’on enten- Encore, il n’y a pas si longtemps, par philosophie tien n’indique, dans le contexte actuel, que le Rent soit venu d’écrire cette histoire. Ce n’est done

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