Você está na página 1de 27
DU MEME AUTEUR An La Panrums canst, sui de Le chef ewvse incon pur Howoré de ‘Balsac 1983 Devin AGE. Question posée aux fins d'une histoire de Tse, 190, Ce que wots vovoxs, ci Gat Nous ascARDE, 1992. St. sais su Fapparion, 1998 Lilbrouen, Convesstion avee Hants, 1958. Desens Sct Apparent de are, 199. Sig cuANE. Lieu, conte, pense, seulpeure, 2000 Devan Lr ws Hpac de Yat et anachronisme des images, 2000 Gate no WoN-Lieu. Air, pousire, empreinte, bans, 2001 [Howe qu aaatar bis La eocuetn, 2001 ‘Lua sonrvase. Histote de Tart et temps des fantmes selon by ‘Warburg, 2002 yscesieie ror 2005 GESTS D'AINET DE mist. Corps, parole, sou, image, 2005. TEDASSeuRDES SOLITUDES, 2008 (Chex dates élite InwaioN De Yn. Charcot et Tleonographie photographique de la Salpeter, Ea. Macula, 192 [MEMORNDURGDE LA PEST, Le fa d'imaginer, B.C, Bourg, 1985. Tes Dewoxinauts Dans tas, de J-M. Charcot et B. Richer (dition et Srésentanon,asce P Redila E Mcul "ANGHLICO DSSERBLANCE BT EGUNATION, Ed Flammarion, 190, SHOE DECOUVERT (dection et présenaton), Fl. Flammurion, 1772 TeGone er te vsncr, Atour dune sulpare d Alberta Giacomett, Maida, 93. SAlx GEORGES 1 DRGON, Versions dane Kigendefavee R, Garbett ML Morgane) Biro, 1998, Lurene ove on ot prsmeton dex Cass 4 TONER, de C. Fhmmarion, Ea Antigone, 1994 La RiGsusmnlanee Bact G0 LE Gl VOI YSUEL SELON Grows TustaiLit £2 Maal 1935, Eonentis Ede Conre Georges Pomp, 197 Gown VENUS. Nad, ve, cranaté (age wate, 1, Ea. Galland, ea Nest wooues Taw eda ob, Ed Galle, 2002 Novara UA faenne les Mates pho des Odes ave ple Hlinaan Ei Clan 295,” ote, Image nae, tps, Baye, 2006 Tins oovtes: Nes de Mncamation dans ls arts visuds, 24. Gall: ‘ard 2007 GEORGES DIDI-HUBERMAN LA RESSEMBLANCE PAR CONTACT ARCHEOLOGIE, ANACHRONISME ET MODERNITE, DEL’'EMPREINTE on LES EDITIONS DE MINUIT. (© 2008 by Les Eoeions pe Mint 7 tue Beta Palsy, 7006, Pars “ew leaeonedemint fr © ADAGE, Pate 2008, pour Ferme de Marcel Duchamp 1 peo dt nin L221 12242 Code dee ppt incl, ote ‘epicinn tg cali ptpeopintgelnent ou pees de ps ag ‘Stein ecto Crea splot de ra de coe CR, 2, ‘is Crs Aan, 7300 Deh Tote sae re Se np, ep aril, = Ggmencte tn ati de Fe 978.2.7073.20360 ‘Anonyme, Moule a pees pour Feuille de vigne femelle de Duchamp, 1950. Plitue, 13,9 x 27 x 23,5 Ant moderne Centre Georges Pompidon. com. Patis, Musée TABLE DES MATIERES OUVERTURE SUR UN POINT DE VUE ANACHRONIQUE Lrempreinte immémoriale, actuelle, inactuelle: nécessité d'un point de vue anachronique (11). ~ Lieuvre Wart a Pépoque de la peste d'origine? Anti-modemistes et post-modernis- tes (1d). — Regard posé sur une empreinte de Marcel Duchamp (18). ~ Pour prendre un peu Vhistoire de Part & rebrousse-poil (21) i L/EMPREINTE COMME PARADIGME: UNE ARCHEOLOGIE DE LA RESEMBLANCE Formes techniques : empreinte comme geste savcwe« 27 Support, geste, marque : empreinte comme stéréotype tech- nique (27). — Un geste rudimentaire ? Valeur heuristique de Tempreinte: le bricolage et la marge d'indétermination (30). ~La notion de chaine opératoire. Technique et hominisation tune anthropologie du contact. L'empreinte, fait technique toral (35). ~ L'empreinte, ou T'« aube des images » : des col lections moustériennes aux mains négatives (40).~ Dislectique du contact et de absence : Ia dimension symbolique de Tempreinte préhistorique. Réalisme et schématisme (46) Formes généalogiques : Pempreinte comme matrice ... 52 Llempzeinte, ou! institution des images : comment transmettre Ja ressemblance par contact? L’analogie sexuelle, la matrice forme et contre-forme (52). ~ Palestine, Syrie :'le crine du mort comme matrice de ressemblance. Varna, Mycénes : or appliqué et or repoussé (55). Pline Ancien: institution des images n'est pas Thistoire de Vart. Le trait ’origine comme 376 LA RESSEMBLANCE PAR CONTACT travail du négatf :1a mati et la mort (60). ~Léntago romaine comme ritualité de lempreinte, culte généalogique, instance non esthétique. Reproductibilié et lgitimité (65), Formes auratiques : empreinte comme pouvoir a Leempreinte, ou le pouvoir des images : le « portrait de César » ‘Lrunigue et le disséminé. Monnaie, sceau, magie. Empreinte emprise et empreinte-écart (71). ~ Le « portrait de Diet » comment se présente une sainte Face ? Moins qu'une image, matrice de Vimage, plus qu'une image, Entre trace et igtice (76). ~ Le pouvoir de la distance : Pauratisation de In trace dans les récits, la liturgie, iconographic (79).—Le « pou- voir de lever les yeux» : comment ne empreinte peut-lle ous « regarder » ? Ressemblance interdite et ressemblance & venir : Dante et saint Bernard (85). ~ Le pouvoir de la réver- sibilité: Pempreinte comme contact des contraires (88). Formes anachroniques : Pempreinte comme survivance 92 L’empreinte, ou le non-dit de Part humaniste : une phobie du toucher, Oi Partisan « imprimait » une matigre (savoir-aire), Vartiste «exprimera » une idée (savoir) (92). ~ LYempreinte, ‘ou la contte-histoire de l'art: par-dela la légende vasarienne. ‘Mesure et empreinte dans la sculpture du Quattrocento : réa- lisme et tactilite, Empreintes votives et empreintes funérai- res (95). — Objetslimites de la sculpture. Hleuristique de Vempreinte chez Donatello : le eas de la Judith (100). ~ Quand Vempreinte désoriente [a vision (par le contact), Phistoire (par Vanachronisme) et le discours (par la transversalité) (107). 0 LEMPREINTE COMME PROCESSUS : ‘VERS LA MODERNITE EN SCULPTURE Formes mort ‘empreinte comme deuil Oi Fempreinte tire la ressemblance vers la mot excessive et défaut de Vorigine. Ot Tempreinte tre la ressem- bance vers la more de Part (115). ~ L'empreinte, obstacle & are et obstacle & Phistoire : forme sans style et temporalité anachronigue. Origine, fin, modemité (121). ~ Moulage et sculpture au x0¥*siécle : le débat réaiste et David d’ Angers ‘Trop prés du néant :empreinte « atroce » et « froide » (125) TABLE DES MATIERES 377 Formes désirées : Fempreinte comme seandale cs... 136 Erotique du contact : empreinte et caresse. « Pourquoi la sculpture est ennuyeuse » selon Baudelaire. Pour une seulpture ‘ et «modeme », ftichique et irréigieuse (136). = Les Fleurs du mat comme écriture du contact : peau, plis, empreintes. La notion beudelairienne de réversibiité (138). = Le scandlale de la Femme piquée par un serpent, d'Auguste Césinger. Trop prés du désir : Vempreinte « indécente » et << magique » (140). Formes bricolées : Vempreinte comme propédeutique .. 145 ‘Trop pres du bricolage : Tempreinte «trivial» et « néces: saire ». Ce par quoi finit la sculpture, ce par quoi elle commence aussi. Moulages antiques, moulages de travail, moulages sur nature (149). ~ Ce par quoi procéde la sculpeure du procédé au processus et & la procedure. Heuristique et s.pocesion » des formes (19), ~ Les contractions de anova: refus du plitre et heuristique de a gypsotheque. Vers Pauio-engendrement des formes par combinatoire ct empreinte (152) Formes processuelles: Pempreinte comme teavail coo. 156 Rodin : le refus de Vempreinte comme procédé, lassomption de Tempreinte comme parudigme. La technique des « abat- tis», ou Pceuvre disséminée ir progres (156). ~ Multiplication, fragmentation, assemblage : Fempreinte comme processus ct procédure. Le corps-organe et [a forme en formation (160) = Llempreinte comme image dislectique chez Rodin. De la chose-substitut au mouvement substicuant : la forme orgenique «en travail», La sculpture modeme rattrapée par Pempreinte (165). fire L'EMPREINTE COMME PROCEDURE: SUR L’ANACHRONISME DUCHAMPIEN Formes critiques : Pempreinte comme telus ... 15 propos du readymade : Ia polarisation ertique awour da s de l'art du xx sicle. ‘A lui seul, ce résumé suffit i. enclencher les deux at i ‘hétiques que j'évoquais plus haut. La premiere attitude ‘conaiste & extrapoler sur le « déclin de original » dont paclait Benjamin, et a y revendiquer une perts wrigine, done du ‘sens en général (faut, pour cela, rabatire ctement sur ordre de rit technique ave supa la potion donna tine notion dordre métaphysique, Torgie’ «at sens class. (que, que Derrida a critiquée). 1 Sag ans cette revendica ‘Ton tine « peste de Porigine » ~ meme si cest chez Rodin qu'unc telle perte est dite commencer ~, de soutenit un point de sue postmoderiste censé réduire au silence le discours du «sens », dela « valeur », de !'« homme », voire dela « forme » So gexcale. La seconde attitude consiste a produit la méme, ‘extrapolation, mais dans un sens négatif, cette fois pour pleurer| Ta perte de Vorigine, donc du «sens > de Zar» ‘evaleurm, de ~frzhomme > et de la forme » en général (d’0i obsession da «cmfimporte quoi» et la haine particuligre dont Peuvre de Derrida se voit investic ici etl), Il s'agit ds lors de revendi- FW Besjamin, 1936, p. 140.171. La version ellemande (1939) « teu por de Gans CE, 8 Benjamin, 193, p. 157-18. CER E Kross, 1985, p, le 148: « o] la notion faurhemiié se de de ont son sons losgon applique ces médiums dont essence Seite gutsplcse fctant eqslement Benjamin, p. 73.74 ot 891 [x] En foonantoga les noons sur ovine et original le post oder. caeoeiagcesion ie coupe du champ conceptudl de Pvanegarde et aetdere fe gouive gui en spare comme a marque d'une rupture his career frogs Hstoique qo cnglebait avanc garde ct moderisme St doves temediablement(over.» ow 16 LA RESSEMBLANCE PAR CONTACT quer dans cette nostalgie de Vorigine un potnt de oe antimo- derniste censé réduire au silence toute I’ inauthenticté » ‘moderne de inhumaine « reproductibilité technique’ » Cette alternative de points de vue est trop symétrique ~ xo peu dialectique — pour étre vraiment pertinente. Elle se fonde pour une part sur des opérations théoriques tiviales, des licux communs philosophiques, des jugements d'exclusion. Elle contraste singuliérement, notons-le, avec Pattitude de Benja- min lui-méme qui, au moment od il émettait Phypothése cu << déclin de aura », émit aussi "hypothése concomitante de sa survivance au sein méme des images reproductibles ". Notons aussi que Benjamin avait, dés 1928, proposé de repenser le notion @origine sur des bases completement différentes de celles qu’on lui suppose en général. Lorigine métaphysique & déconstruire, Porigine dont la ertigue postmoderniste reve dlique la perte, Porigine dont l'antimodernisme scande la nos- talgic crispée ~ cette origine-a est toujours la méme, toujours aussi triviale : cest Torigine-soure, colle que Benjamin fust- seat dans le néo-kaintisme de Hermann Cohen, celle que Mare Bloch devait fustiger & son tour dans le cadre méthodologique de son Apologie pour Ubistoire ‘Benjamin n'a pourtant pas renoncé i intiuler son ouvrage “FGF Gar 190». 24: eLearn claintion toes Hecate he ta das Sages aa hone eas deren Mak sal re ene ‘est hypostasié = Ie culturel devient la forme exaltée de la vie. Dans cette Sulit os abcan fa pemenege som raomns nie Piva Ari See Do eee cer et stderr tiene [a Netar dnen te 1a be 1986 pS a8 «Dan l phonic fo salar Uapalortommert doer at ate ie Locke Pace Me iene ee er tan a cr He ete dant on thes ie ig aa ol pore tere ae PRS el ce pee Pomme hee ee iy ten ns lf awe dao dacs ae Dns Tere te dr Rin a donne pope, a se Ensiile>»SsFntrrenen aacbe att ie de ae te sangeet Suc ear meta aa chat Ene RS Mebane psa eagle seas se ese aegis MS, Le da wr sean pb, Soca oe 9S We Bea Seen aL Bbc 9, 9. 8, OUVERFURE.- SUR UN POINT DE VUE ANACHTRONIQUE, 0 de 1928 Origine ds drame barogue allemand. Crest qu'al'« or ecouce eit subttuce etreemps une notion, ae vn penncoe. que Berjarin avait esquiseée en Evoquant Timage du « tourbillon dans le Hleuve, sorte de symptéme fluant, de catastrophe interne au développement du devenic : un saut, une crise de temps qui sutvient dans la rythmicité dune destruction et d’une survivance, un Maintenant et d'un ‘Autrefois,Telle est 'origine-tourbillon revendiquée pat Walter Benjamin tout au long de Congo Fee a pas = ae de au plas tard alte din pa owteur TEDDON ate eB Pec age dialectique’®». Bre ag sini ctepdve net pa la chose» do rut proven flute un anachronisme, an processus d’écart dialectique, Une Prermupion de Thatove elememe, son owertre tout & fois blessante (défigurante) et dévoilante (porteuse d'un effet de vérité) “. ‘Ti semble donc urgent de nuancer les effets maniaques ou dépressifs suscités en histoire de l'art par une lecture — elle- méme sans nuances — de l'essai benjaminicn sur la reprodue- bite technique des images. En cherchant & « ouctit» un point de yue anachronigue ~ un point de vue qui ne soit ni archétypal ni moderniste, ni postmodeme, ni antimoderniste ~, TE lenin 908 p< bn aa a ceo A A scary i ee ge Ae ee pon en nd te lees Lov pe Sloe deen ee a ih dee Se athe een me ig om er a cater foo Tenge Eat UREN elie a Slots fe unde ae co SSE Sate Soe ot Sele en Soe pot Se ee St Se ae ee Bul ae Ser pose ci eee spam Gnnle«Rene it eter ameter scone ep Seen era eet {i Proace epistemo-cntaque del Orzinedu drame baroque allemand, of Foe re a car it Lo i een Fe ae ee ee ica eae NS ate ge Na ane ax neal ie, ek 05 ar PP ar i ee re i Boe Bees Ses ee 18 [LA RESSEMBLANCE PAR CONTACT nous ne faisons que refuser V'aternative offerte aujourd'hui aux voies de la eritique d'art. Ce refus, Cest aussirotre objeb ‘méme qui nous Pimpose : Je processus d'empreinte-esti contact de Porigine ow bien perte de Vorigine ? Manifeste-til ‘authenticité de la présence (comme processus de contact) ou. bien, au contraie, la perte d'unicité qu'entraine sa possibiité de reproduction ? Produit-il unique ou le disséminé ? L’aura- tique ou Ie sériel ? Le ressemblant ou bien le dissemblable ? Liidentité ou bien Vnidentifiable ? La décision ou Te hasard ? Le désir ou bien le deuil ? La forme ou bien Tinforme? Le méme ou Paltéré? Le familier ou bien Vétrange ? Le contact cu bien I’écart?... Je dirai que 'empreinte est I's image dis- lectique», la conflagration de tout cela : quelque chose qui nous dit aussi bien le contact (le pied qui s'enfonce dans le sable) que la perte (Pabsence du pied dans son empreinte) ; quelaue chose qui nous dit aussi bien le contact de la perte auc In pene du cnt. Et cesta regard une tlle con gration que Pempreinte nous impose de repenser certains modéles de temporaité dont Fusage ~ souvent impensé — a fini par crisper si durement ce qu'l faut nommer la « situation actuelle » du débat esthétique. »- Mais « repartie de la situation actuelle», ce n’est pas scule- ‘ent faire Get d'un certain ordre du dacours, Crest aute confronter cet ordre du discours avec les objets dont il prétend traiter, Or, i en est un gui joue, a tous points de vue, Ie réle d'un opératcur commun, dun lieu eardinal ob convergent les principales lignes de tension, Il s'agit du travail de Marcel ___Duchamp : encore plus commenté, encore plus utilisé que le “rte beajainien cut lareproduetiblité technique de Peuvre art ®. Encore plus puissamment ressenti comme enjeu du débat, non seulement sur Part du X¥siécle, mais encore sur Ja question de lecuvre dart en général. 15, Ths eppclerdemble que cette position cardinal de Torte de champ nav pas echapp 8 njamit Iason, gi y vp dj un ‘Doble Bd sus regard te sine Tse Gat <(kds gun ‘jer est eparépos Now comme une tunee ar coe absolut Seong comme [1 Chace den oun erga deni nips an alae dens > (OUVERTURE - SUR UN POINT DE VUE ANACHRONIQUE 19 Peut-on encore regarder ~ peut-on encore exposer — 7 Ce petit abjet de plitre galvanisé, lisé-par Duchamp en 1950, est devenu bien familier aux cialistes de art moderne, I «acquis une indéniable poly- Valence, pouvant étre tour 4 tour montré comme, forme Peradigme d'érotisme et comme exemple de « gel dln paredigme », soit quelque chose de «bien plus mortel que TAntrFome> cleméme”, Oo dt avi Pasi, de reinte en négatif d'un sexe féminin, Mais, 4 le considé- ae isiece quTune sede seconde, resemble st pet 3 tm sexe féminin que le regard du cusieux ~ comme tonjouts vide du référent, de la chose représentée ~ s'en détournera ‘bien vite, Aux yeux de Phistorien, en revanche, cet objet ne fait pas que reavoyer & la notoire composante érotique des travaux de Duchamp; en tant qu’empreinte, en tant que prélevement direct sur Ia séaité, il n'est pas sans rapport vec ce qui fascine tant, avec ce qui exaspére tant chez Duchamp, je veux dire le readymade : "Des ce moment ~ dés ce mat prononcé -, le petit objet de plitre se trouvera immanguablement pris dans P'écau d'une ouvelle symétrie, équivalente 2 celle que je décrivais plus yhaut une forme duelle oi se confrontent deux valeurs ‘usage de la legon duchampienne, deux valeurs d'usage de cette sup- poste origine de la perte d/origive que constinie au XX siecle Ke'moment du resdymade. La premige attade consist & mndiquer la perte dorigine que Duchamp aura consommée rere ere on cae dks conditions cules du trvall auc 3 Tobe! fe Substituge la phrase ~ une phrase qui investit «nimporte seg stact anisigue, Al fares extsubstiage énoncs- ftom done sre de loi une «fide Ja modi aul ne it tuune chose ; fais slimporte quoi ® », ouvrant par la méme {in champ déconcertant, riche en paradoxes, pour toute la tEllexion esthétique”. La seconde attitude consiste non seu- fement 3 pleurer la perte de Torigine prétendvement instaurée pat Duchamp, mais encore A vouer aux gémonies sa «non 20 [LA RESSENBLANGE PAR CONTACT cere», sa « désastreuse postérité® », Ce wporte quoi que Ton ava era pouvoir avaneer comme «lot de a modemité> dent dacs un concert, le support une condamaton 4 la «nullité», d’un jugement de dégodt agressif, d'un rejet ham par le eosentient a Tei encore, me sembletil, la forme méme du débat ~ sa syméttie autour du « n'importe quoi» ~ prend la valeur d'un obstacle épistémologique : elle nous empéche d'avancer dans Te questionnement. Pire : elle nous empéche de voir, nous demandant presque de ne pas regarder cette Feuille de vigne cP, outa, eacre se, ee dew combed son processus, Qu’ele soit implicte ou explicite, a réduction ddu teavail de Duchamp a une idée — une phrase léiférante, tune «intention » conceptulle ~ nous reléve de Vebligation de regarder, Quant 4 la réduction de ce méme travail aux ‘coulis » du «nimporte quoi» elle voudrait nous contin dee a ne pas reparder, rendant un objet tel que Feuille de bigne femelle, par exemple, tout a fait rregardable + esthét quement nul ct moralement obscene. Or, ce gui fait obsta au regard, dans les deux cas, n'est pas Sans rapport avec la {question qui est la nétze, la question de Fempreinte:iln'y a shen a regarder parce qu'il n'y a pas dinvention formelle, et iLa’y a pas dinvention formelle parce que Vobjet n'est qu'un brcleenent une reproduction, une simple emprite de reéalité. I n'y «rien a regarder parce qu'il n'y a pas de métcr, pas de tcavail artistique, et il n'y cpm de tevallarstique parce qu'l n'y a qu'un simple moulage, une empreinte méca iquerent reproducible le a eli I ny a en & rear, ‘comme ceuvre d'art, parce qu'il n'y a quempreinte ~ la non: ee eres an Oe Coane bane SE PE ot, wml oe dic oe proposé une critique sous l'angle du ressentiment, G. ichectna, eines s e2 on aap eit ee Tbk Me espa Sens Rar “OUVERTURE.~SUR UN FOINT DE YUE ANACHRONIQUE a Or, pour tenter de la regarder, ceite prétendue «non weuvre® de Pempreinte, pour tenter de lui accorder Ia consi- {eration quelle mérite intrinséquement, il faut anss dans la reproductibilit technique, il fudrat, je crois, ‘commences par sinterroger sur les toutes premieres phases de son esa de 1936; penis rh «Il ext du prindpe de Tone dant avoir toujours reproducible, Ce ue ex homins aan Et, ules po ‘alent tojouts Te elie» Llempreinte ne revét certes pas la méme signification tech- nique ~ et symbolique ~ selon qu’elle est pratiguée i l'ére de Ja « reproduction mécanisée » ou avant celle-ci, Mais, méme aprés Vavénement de cette ére (qui, d'ailleurs, n'est pas aussi TREE Rak p05 che probes Pe cet du brut, correspond la pseudo-technique des gestes, iV condion quils Srinagar mice cee ay asmmyaccimen ee ‘wnt Ja place du méticr (Duchamp). [...) A leur maniére, le readymade ‘Selden Geeta ed ey Lem mc a een Stes etaces hn re is ty inidttaet hlan vison Sage hace OOTY Bonnin 130 pe a VORMES TECHNIQUES a aisément datable qu'on le croit généralement), Vempreinte nn de poser ix question dt tujurs dont pale i Ben jamin, Plas précisément, son angchronisine consiste dans la Collision de ce fonjours avee un aprés qui en produit, dire, ouverture : le dévoilement et la défiguration mélés, L’ana- chronisme cst done affaire daprés-coup (Nacheniglicbted), autre fagon, peut-étre, de dire la survivance (Nachleben) war- buriene oo 4 Ta technique en cout cas ne veut pas ~ seulement ~ dire «eprogies» cts nouventté> : lle eparde dans tus Tes sens du temps. Deux préjugés sur Ta technique ~ Te premier étant aqu'elle viserait le seul futur, le second qu'elle serait indépen- te des eroyanes. au des mbes ~ ont evs ily» en longtemps par Marcel Mauss. Son Manuel d'eibnograpbie deli. Rui Tall gucomme tr enemble gts trationels sroupés-eh vie d'un effet mécanique, physique ou chimique, actes connus comme tals», bien qu'ls soient, dans la plupart des sociétés humaines, dfficiles & distinguct des arts et de Tefficacité religiense (Mauss donnant Vexemple des fléches cempoisonnées)". Une formulation plus précse se crouve dans Ie premier chapitre de sa fameuse communication sur « Les techniques du corps «Jappalle technique un acte traditionneleffcace (et vous «cha Bence esp teed Fate mig, rel ieux, symbalique) Tl faue qu'il soit eeditionnel et eficce. IL fy a pus de technique et pas de transmission sil n'y a pas de Iradlton, Cest en quot Phomme se dlstingue avant tout des lnimaux : par a transmission de ses fechnigues et trés proba Bement pa leu transmission orale » Ce i quoi Mauss nous introduit, dans ces quelques lignes, est autte que laconplesitéantbropologigue ca « mode exis. tence des objets techniques », come I'a si bien nommé Gil bere Siondon Quel ave sit le dep eaberaion Js i faire une empreinte n'est en général rien Pautre que se jon epi un-corbe et un substa,slos i fla haute valeur antheopolopique et poséoloique gpl oeeupepréisément das texte de Lei ‘Strauss. Toutes les caractéristiques que celui-ci reconnai it au bricolage se retvouvent dans Jé geste de empreinte : le prin- cipe non orienté du « oi pett toujours servir » ; fouverture au \ «mouvement incident », au hasard fechnigue Pe oe de | yrojet »; mais aussi A la possibilité de « résultats brillants et \ Imprévos se caractare «hétrodlte» des matécaux et des operating; mais sues! le dir quun seul geste pit «ape d ‘exécuter un grand nombre de taches diversitiées "> Et qu'on ne ry tompe toujours pas; eete heuristigue ese en ren ‘primitive » ou «rudimentaie», Lévi-Strauss instant propos, notamment, des poteries les plus archeiques = pour Teconnatre h ete essence dt concTeL» une «competence technique wes poussée ” ». _ ‘Le geste d’empreinte — -quoique souvent lie au ‘matériau de rargle,voire & la fabrication des poteries ~ n'a pas intrinsé git war eet tire dine’ production objet il est avant tout lexpérience d'une relation, le rapport itemepenbe d'une forme a un substeat « empreinté ». Sa agande onertre heurigue compare en fait le corolla ane ompureté provédurale lige ln goncomstance, dans toute trmpreint, dt Rasard et de le tGebnigue, Tube’ ct techne Thistoire de l'art ie stele des cranier Bs ‘des réussites tmagiques quengendreren leurs rencontres®, De ces fencon tree Tempreine se fait un principe, qul about eu non-pin- cipe svn on ne amar exacioment equ cao donner. La forme, dans le processus d’empreinte, n'est jamais rigou- er ne ee eee congas problemalsue inattenduc) instable, ouverte TB ad. 2527 : 2B Tid. 3 ou «che apes toire®». Les anthropologues et les préhistoriens, & ly suite 'André Leroi-Gourhan, le nomment quant & eux chafe opé- rutoir. La notion de\ghaine opératoire/ne vise pas seulement 3 rendre compte de Tacit ecg sous angle ese ie complexe qui met en relation un grand nombre de facteurs “FES Guaies physiques ex chimiques des matéraux, les condi tions de leur extraction et de leur manipulation, l fabrication des outils.ad boc a division du travail et la notion d'« atelier», SETHE p28 36 TEE: 20 stance elgomient opie dot pl Wer pee eee eae cksgac” canes I Bele Sa Ef one a pcan ieee peenels Fa se co Grade en taige tone 1, (Ben 136 nun ane ee abner 1 i eet baat Bins fn ders expres at ce BS Rac par Lc, psn & Fy Lacan, 1964, p. 33-62, Bee ie te a 36 |LEMPREINTE COMME PARADIGM, les accidents spécifiques a telle réalisation, la transmission des procédés et leurs transformations, ete. Extrémement pré- cicuse par sa rigueur méthodologique, sa précision et sa capa- cité4 nous surprendre ~ notamment lorsque nous découvrons, tice A une «science des matériaux» qui se développe aujourd'hui, que le pigment prehistorique présente deja les caractéristiques completes, et complexes, que nous croyions lui connaftre depuis Van Eyck : pigreent, charge neutre assurant la cohésion, donc le pouvoir courant, et méme lant, cette huile découverte en plusieurs sites par les préhistoriens la notion de chaine opératoire’se ste um point théorige cru iné part, elle nous fait accéder & la complexité technique objets souvent consicérés comme rudimentaires parce sont extrémement anciens ; d’autce pat, elle nous fait accédet ‘une sorte d'archéologie, non seulement de la technique, mais de 'hominisation elle-méme, Lorsque Leroi-Goushan, au début de son volume sur La Mémoire ef Tes R3tbmes, Thtroduit la notion de chaine opéra- toire, c'est dans le contexte strictement anthropologique d'une ‘enguéte sur le processus d'hominisation par le biais de la mémoire technique\La elgine opératoiregdésigne ici le systéme dynamique d’une synergic entre matiere, out, geste, mémoire «et langage — pas moins. Car c'est cout cela qu'll faut ensemble ‘pour qu’existe comme tele une espce qui soit « humaine " ». Pas d’humanité sans technique, pas de cechnigue sans mé- ‘moire, pas de mémoire sans langage, pas d’outil sans geste, pas de geste sans un rapport du corps a la matitre. L'empreinte rnommant, on sen doute, Pune possible de ees « chaines opé- :ntoires» SiJfempreinte n'est done pas « rudimentaire » au sens oft je ai de plus hat, ele en xt pes moins orginare aux yous du paléoncologue on de l'anthrapalogue. Ne considéraiton pas Taustralopithéque comme iniss-bumain ? La découverte de ses outils et cele de ses empreintes Pauront tout & coup 30, CEJLP. Mohen, 1999, . 7:9. Id, 1990, passim, J. vin, 1990, 1, 189.229. Mone ot P, Walter, 1985, 347330 Td, 1982p. 135200. Hi, Mena 1984, . 170-177. C. Pte et Re Sinanc, 1998 p. 77 Ri 96 pr 38 1 Ml et B. Writer, 1989, p. 349. C. Pepe, J. Chats, Mi, bien er. Walter 1991, 928534." Bet 32. A: Leroi Cour, 198s, p. 938 NIQUES a FORMES TECH rapproché de notre propre humanité”, Par un mouvement repre, le eompacement techni, aura recul dans la phylogenése jusqu’a la notion de « tendance technique to, Leroi-Gourhan insistait sur les rapports constitutionnels et fonctionnels — peuroloni gies en particulier — sl dient ie {Gisnent Fou lange, ia tain a visage, Te geste al parole. Dans ce développement. “phylogénétique, Ia technique sera donc apparue a Leroi-Gourhan comme une fondamentale «C particulate zoologique de homme » lige au développement ‘ela main ~ cest--dire aux consequences de la station verti ale chez Paustralopitheque — plus que de Tintelligence elle- mee Quil suffise ici de rappeler les pages, magnifiques que Leg. Gouhan conacre a foucher apron oan et lace se combinent en une-« gesticulation technique > pri- mordiale -, et A ce «moyen élémentaire d'action sur la natigre » que représente, au-deli de la préhension, la percus mans Recs ce pages pevent Ere hues comin fe capite Ila! dune anvopelagi de contact ob Temprcinte, on ‘ne sen étonnera pas trop, iitervient en bonne place. Ou plurat en deux «bonnes places » bien différentes (mais cet et et jumement ce qu howe inérse Ica premitre ext violence, lorsque Leroi-Gourhan insiste sur le role véritable- iment fondateur de ces «actes violents qui impriment a la matidre une forme utilisable* ». La seconde est création, lors- Gque sont abordées les « techniques de fabrication», ot le shoulye aparatt ate de tecnigue sr Ts «sides Semi latigues re Ene violence sur la — et on jon des formes : c'est tout le probléme de la dimension esthétique qui se pose ici, Pan Poation au geste teghfigue’ Et Lero-Gouhan de don FETE op 125. Sur es ereones eaumaopithegues roses 3 Ladi tepid eat demvicon 36 lions canntes, WPA. Lencey et RL. Hlyy 1979, p 317.323, nd que ¥. Belson, 1985,» 2428, 34K. Leta: Gouthan, 145, p. 3360, 35. 1d, Tota: ped ct pain. 36. Id, 13630. 326-332. Sur la phylogenése de la main humaine, cL} Parken 193 passin sesame de} Depew, 19, 9.4 3 Nae Goutfan, 9,9. -6h Hd, 196, p61 11718 38 Bd, 190, pt 39. hip. 280201 38 [LEMPREINTE COMME PARADIGME ner quelque chose comme un fondement paléontologique pos- sible aux intuitions que Semper ou Riegl avaient proposées, cn Jeu temps, sur a formation du style dans un contexte de Kunstgewerbe' ou de Kunstindustrie™. Leroi-Gourhan consi- dre en fit que technique, langage et eSthcique forment trois aspects du méme phénoméne dhominisation *. Une « paléon tologie du comportement figuratif» s'esquisse alors, tentant de reconsttuer le chatne qui unit la violence du choc~ Vindus- trie du cbopper et du « biface élémentare » en silex (fg. 1) ~ a'invention du sythme, et celui-i ala naissance d'un « langage figuratit® >, TL faut, avant de donner quelques exemples conerets insister sur deux points. Le premier est la carence documentaire de ce qui a pu subsister des chaines opératoires préhistoriques en général, et des activités d’empreintes en particulier, Les pré- historiens travaillent sur d'innombrables bouts de silex parce que le silex est impérissable. Mais, pour tout le reste ~ les tiseus, la vannere, les €corces, les parures et tout ce qui est éphémére ou modifiable dans le temps —, Leroi-Gourhan cconfesse que « nous ne savons pratiquement rien », si bien que « ont en taison sur ce point : avant dinterpréter plus ou moins slobalement le « symbolise » des mains négatives prchistor ues, il faut d'abord dégager les diversités techniques, les spé- sificités morphologigues, les accidents, les solutions singulié- res; ainsi, le nombre considérable des « pots» & Gargas, est-A-dire le fait que la plupart des mains sont le résultat d'une opération spécifique, individuslisée — utilisant son propre «pot» de pigment -, montre que la « série» des empreintes nest pas exactement le résultat dun travail «en série »®. IL faut prendre garde, cependant, 3 ne pas trop isoler les registres Jes uns des autres, ceux qui seraient« de la forme » et ceux qui seraient « du contenu ». La chaine opératoire, certes, nous pre serve Pane interprétation top rapide, donnée en temes de & un juite niveau : cst qu’elle subvert complétement, rend iidigues par. avance, cestaines distinctions coneeptuclles stir lesquelles le discours esthétique fonde quelques-unes de Sie grandes lignes de partage, Les mains de Gargas sont (les pretences ou représentations dé mains humaines ? Dire (elles sont des empreintes — contacts et absences, indices 1 icénes —, c'est déja dépasser Ja formulation dune telle ‘question, Mais il y a autre chose : Vhistoire de Part, y com- ins dans le domaine préhistorique, a coutume Putlser une tistinetion bien pratique, basée en fait sur une notion huma- histe du style, et qui oppose le réaisme au schématisme (on Lit quelquefois « symbolisme »). Avec Vempreinte, cette dis- tinction s'effondre elle aussi. Un bon exemple en est donné par certaines gravures préhistoriques qui ont été interprésées {ceymboliquement » par Leroi-Gourhan comme des « signes feminins », mais qui admettent aussi une lecture « réliste », lige a onde de a huss on cose alr des emprsnies iéquides remarquablement imitées (fg, 6). Les « pistes » sont suet explictes dans ces gravures que les symboles vulvaires y sont possibles — rien n’empéchant que les deux lectures Aient coincidé, dés le départ, dans ces images trés nom- rec voici au cour dun nouveau probléme chéorique, qui slobserve dans la trés longue durée, de la prébistoire jus Part contemporain : c'est le rapport ~ Jes jeux subtils - entre Pempreinte faite et Vempreinte imitée. Les archéologues n'ont pas te surpris de trouver, dans les cavernes magdaléniennes, es grffades d'ours sur les parois; ils ont été plus surpris d’en TBA Cetera, 1990, p 10-116 BN rSaeShan, Bashy 105-107. 1G, Delle, 1999p. 6082

Você também pode gostar