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Antigone (1639) Texte 8T CONTEXTE Au xvi siécle, les dramaturges francais redécouvrent pleinement les auteurs antiques et fondent leur pratique sur analyse du texte théorique d’Aristote, Le Poétique, amené a davenir la référence ‘en matiére de réflexion sur la forme et les enjeux de la tragéde. Dans un contexte Itérare animé, nourri de riambreuses polémiques comme celle, demeurée célabre, de la « quaralle du Cid» (1637), Rotrou propose un thédtre qui s'affranchie des régles que on tend alors & Gtablir pour proposer des pices qul privilgiont la dimension spactaculaire. Pour cala, il emprunte sa matiere aux pibces anti Roriou ‘ques les plus pathétiques. Il est ainsi "auteur d'un Hercule mourant (1634), dune Iphigénis (1640) et ‘une Antigone (1639) qui inspirera & Racine une autre réécriture du mythe, La Thébaide (1664), (1609-1650) La version du mythe proposée en 1639 par Rotrou offre la partcularté de faire come mencer la piéce bien avant Pépisode choisi par Sophode. Ainsi assistei-on, dans les | deux premiers actes, 6 la guerre fratrcide d'Etéocle et Polynice, et aux vaines tentat- | ves de Jocaste et d’Antigone pour éviter le pire. Se produit, dés lors, un déplacement dans fa structure dramatique et ce n‘est qu’a lacte Ill qu'lsméne apprend & Antigone | que Créon refuse de donner a Polynice une séputture. Liaffrontement entre les deux sceurs vient, de maniére symbolique, occuper le centre de la piéce. ANTIGONE | Lordonnance avec soi, porte sa fin expresse! Crest & nous qu'elle patle, 2 nous qu'elle s'adresse: La racine arrachée, et les arbres détruits, Le cruel veut encore exterminer les fruits. 5 Oril est temps, ma sczus, de montrer qui nous sommes, Ex qui peut plus sur nous, ou des Dieux, ou des hommes; | Crest ici que le sang, et a condition Ne nous permettent pas une lache action, La vertu doit ici forcer la tyrannie, 1» Peur-étre que plus faible ele sera puni Mais de tant de tourments, que nous livre le sort, Une peut, aprés tout, qu’arriver une mort: Enfin, exprés, ma sceur, j'ai voulu qu’Hémon® méme, Qui prend mes invésérs, et qui sans feinte m’aime; +s Pour ne s‘opposer pas & ce triste devoit, Nous laissat le lieu libre, et n’en pitt rien savoir, IsMBNE Dieux! que proposez-vous? et que pouvons-nous faire, Qui ne soit inutile au repos de mon frére? ANTIGONE Acquittons-nous, au moins, selon notre pouvoir. ISMENE 20 Mais, ma sceur, Pimpuissance excuse le devoit. ANTICO! . Quoi, vous défendez-vous d'un si piewx ouvrage? ISMENE pean L'espérance me manque, et non pas le courage. Seo ANTIGONE, 2 fe Coon Quand P'une peut manquer, 'autre est bien imparfait. 328 Isvene i Que profire un espoir qui n’obtient point d'effer? et ANTIGONE, i as En ces précautions la faiblesse ext nuisible. \ | SMENE HE La promptitude? aussi, bien souvent est nuisible ANTIGONE Pour un acte si juste, avoir le coeur si bas. IsMENE Liacte est juste, il est vrai, mais Créon ne lest pas. ANTIGONE, Esil est inhumain, serez-vous inhumaine? IsMENE st Pabhorre* Pordonnance, et redoute la peine. ANTIGONE Le dessein’ sans effer, est aussi sans mérite IsaNe Mais le dessein suffi, si effet ne profite, ANTIGONE Nest-ce pas profiterS, que d’inhumer les morts. IsMENE Non, car Créon, enfin, rendrait vains nos efforts. 3. Tep garde até ANTIGONE, dest. 15 Demeurez donc, Isméne, et sauvez-vous la vie, be Comme un trésor bien rare, et bien digne d’envies Aa Nos jours sont, en effer, si bien traités du sort, woah Que vous aves raison de redouter la mort Jean Rotrou, Antigone, acre II, scéne 5 (1639) BH Observer et comprendre les textes Tet 2 Hl ers le commentaire | 1. Observer la réparttion de la parole entre les sceurs dans les deux textes. Solon quelle logique les répliques sontveles distribuées? En quoi viennert-elles soulgner, Ge maniare différeme, la dynamique du conflic dans ls deux ceuvres? 2. Comment Antigone justifie-olle, dans chacun des textes, la nécessité denterrer Polynice? Quols argu- ‘ments Isméne lui oppose-elle? Comparez ordre quils suvent dans les deux extrats, Quels sont les change- ments opérés par Rotrou? 3. Comparez fa manifre dont se présente le person- nage d'Antigone dans les deux pidces. Quelles répiques permetient d'afirmer qu'elle fait preuve d'une certaine ddureté visi do sa soeur? Cher quel dramaturge cot aspect esti plus marque? 4. Dans le cadre dun commentaire comparant fa ver~ | sion de Sophocle (texte 1) et celle de Rotrou (texte 2), rédigez un paragraphe venant ilusrer Vidée selon faquelle ce dernier, tout en reprenant le schémma de Sophocle, aceroit lincensté et fa dimension polémique Ge Véchange entre les deux sceurs. 328

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