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UN ÉCOSYSTÈME SAIN EST- IL RICHE EN résilience 4 .

Ces trois paramètres garantissent que le


PARASITES ? système en question atteint le maximum de son espé-
rance de vie (et qu’il n’est pas atteint par le distress
Timothée Poisot1 , Déc. 2007 syndrome, ensemble de processus irréversibles condui-
sant à son effondrement précoce).
Introduction & problématique

À l’exception de la première étude historique de Ro- Adaptation locale et biologie de la conservation

bert Payne dans les années 1940, le rôle des parasites


L’hypothèse selon laquelle les parasites infestant
dans le fonctionnement de l’écosystème a longtemps
des hôtes qu’ils n’ont jamais rencontré (non-habituels,
été exclu de la recherche en écologie. Bien que repré-
pour lesquels il n’y a pas eu d’adaptation locale) sont
sentant, selon les estimations, près de 50% de la diver-
plus virulents que sur leurs hôtes endémiques, est lar-
sité spécifique, leur faible contribution à la biomasse a
gement répandue. Ce fait est susceptible d’avoir des
souvent conduit les écologistes à les négliger. On as-
répercussions pour la biologie de la conservation, no-
siste cependant depuis une dizaine d’années à un ren-
tamment lors d’actions de repeuplement.
versement de la tendance, et leur rôle fondamental dans
Sasal et coll. (2000) ont tenté une vérification expé-
de nombreux processus ecosystèmatiques — structure
rimentale de ce postulat, en prélevant des digènes (La-
des communautés, topologie des réseaux trophiques,
bratrema minimus Stossich 1887) et en infestant diffé-
ecosystem engineering, dynamique des populations —
rentes lignées européennes de Gobie commun (Poma-
est maintenant reconnu. Peut-on alors, avec Hudson
toschistus microps Krøyer 1838) : la lignée sur laquelle
et coll. (2006), aller jusqu’à postuler qu’un écosystème
les parasites ont été prélevés, deux lignées infestées par
sain est celui qui est riche en parasites ?
L. minimus de souches différentes, et une lignée vivant
Dans cette synthèse, j’ai choisi d’illustrer cette ques-
dans une zone ou L. minimus est endémique, mais non
tion fondamentale par deux aspects : l’importance des
infestée.
parasites pour la biologie de la conservation, ici éva-
luée via une approche expérimentale de l’effet de pa- Contrairement à ce qu’on attendait selon le para-
rasites sur des hôtes non-habituels, et le rôle différent digme énoncé précédemment, Sasal et coll. n’ont pas
des parasites spécialistes et généralistes dans la struc- pu mettre en évidence d’effet histologique plus impor-
turation des communautés et la biodiversité. tant des parasites sur les lignées d’hôtes avec lesquelles

Poser la question de la relation entre parasitisme et ils n’ont pas coévolué. Cette absence de dommages im-

santé de l’écosystème demande de définir le concept portants aux hôtes non habituels ne signifie pas une ab-

de santé à l’échelle d’un écosystème. La définition ha- sence d’effets sub-létaux, comme Sasal et coll. le rap-

bituelle de la santé d’un individu, fixée par l’OMS en pellent : “Lack of evidence of serious harm to their

1946 2 , n’est pas transposable à un écosystème. Il s’agit hosts by introduced parasite species [...] merely under-

en effet d’un ensemble complexe comprenant des élé- lines the limitations of our knowledge on the subject”.

ments biotiques — individus, communautés, popula- Il convient de comparer ce résultat avec celui plus
tions — et abiotiques — matières inorganiques, bio- récent de Seppälä et coll. (2007), dans lequel l’im-
tope — en interaction. De ces interactions résultent les pact du parasitisme (plérocercoides de Schistocepha-
services écosystématiques. Sa santé représente donc lus cotti) sur une population de chabot commun (Cot-
plus qu’un somme de la santé de chacun des individus. tus gobio L.) introduite est étudié. On montre que les
Suite aux travaux de Robert Costanza et Michael plérocercoides ont un effet important sur C. gobio, avec
Mageau notamment, on retient trois critères permet- notamment un arrêt du développement des gonades.
tant l’évaluation de la santé globale d’un écosys- Les S. cotti représentent une proportion importante du
tème : (1) l’organisation, (2) la vigueur 3 , et (3) la poids des hôtes, indiquant que les dommages sur un
nouvel hôte doivent être évalués avec attention pour
1 Master 2 BGAE – BIMP (parcours EEP)
2 Un “état de complet bien-être physique, mental et social, et [...] pas chaque système, et qu’il est peut-être plus difficile qu’il
seulement [...] une absence de maladie ou d’infirmité”.
3 Capacité à assurer ses fonctions 4 Capacité à se remettre d’une perturbation

1
ne semble d’inférer des grandes tendances avec des ré-
sultats expérimentaux aussi peu nombreux et contra-
dictoires.

Le parasitisme comme régulateur de la biodiversité

Figure 1 – Compétition apparente entre deux taxons hôtes d’un même pa-
On appelle compétition apparente l’arbitrage de la rasite. Les parasites généralistes modifient la structure des communautés et
leur biodiversité.
compétition directe entre deux espèces par un ennemi
commun (figure 1). Les parasites généralistes sont sus-
hôtes non endémiques (Seppälä et coll. 2007) sont un
ceptibles de prendre part à l’arbitrage dans une com-
mécanisme de “protection”. D’autre part, les effets dif-
pétition, ce qui a des répercussions pour la struc-
férents des parasites spécialistes et généralistes sur la
ture de la communauté et la biodiversité. Hudson &
biodiversité et la structure des communautés vont per-
Greenman (1998) rapportent qu’il est possible d’abou-
mettre l’organisation de l’écosystème, et contribuer à
tir à l’exclusion d’un hôte en présence d’une nou-
sa santé.
velle espèce hôte (sur un système insectes-parasitoïde).
Il semble raisonnable de conclure qu’aussi para-
La compétition apparente s’accompagne la plupart du
doxal que cela puisse paraître, “there is increasing
temps de différents taux de transmission d’une es-
evidence that a healthy ecosystem is an infected eco-
pèce hôte à l’autre, ce qu’Haldane avait pressenti dès
system”, comme le concluaient Hudson et coll.. Il
1949 : “a non specific parasite is a powerful competi-
faut toutefois ne pas surestimer l’impact du parasi-
tive weapon”. Les parasites généralistes sont donc sus-
tisme dans les processus écosystèmatiques. Si le peu de
ceptibles de réduire la biodiversité, en favorisant les es-
considération qu’il a reçu de la part des écologistes jus-
pèces qui les supportent le mieux.
qu’à ces 15 ou 20 dernières années n’a plus la moindre
Les parasites spécialistes ont un effet différent. Suite
raison d’être, il semble important de prendre en compte
à leurs travaux réalisés dans les années 1970, sur la bio-
les effets conjoints de facteurs environnementaux, qui
diversité des forêts tropicales, Daniel Janzen et Joseph
interfèrent avec l’action des parasites, ce qui implique
Connell ont avancé l’hypothèse que les exploiteurs spé-
de concevoir des protocoles expérimentaux robustes
cialistes (dans leur cas des herbivores) pouvaient agir
pour étudier des phénomènes complexes.
comme drivers de la biodiversité. Le postulat de ce
Il semble maintenant important d’avoir une vision
modèle est que les parasites ont un plus grand succès
transversale de l’effet du parasitisme dans le fonction-
si leurs hôtes ont une densité importante. Une straté-
nement des écosystèmes : non plus simplement en étu-
gie de protection des hôtes consiste a se disperser pour
diant son impact à travers mécanismes, mais dans la
minimiser l’impact du parasite. Cette stratégie mise en
globalité. En plus de l’effort de modélisation, une ap-
évidence chez les plantes trouve un équivalent dans le
proche expérimentale paraît indispensable, notamment
système bactérioplancton-bactériophages (“killing the
en utilisant les espaces protégés (donc a priori sains)
winner”).
que constituent les réserves naturelles.

Conclusion : un écosystème sain est-il riche en para- Références


sites ? Hudson, P. & Greenman, J. (1998), ‘Competition mediated by parasites :
Biological and theoretical progress’, Trends Ecol Evol 13(10), 387.

Sur la base des informations que l’on trouve à tra- Hudson, P. J., Dobson, A. P. & Lafferty, K. D. (2006), ‘Is a healthy ecosys-
tem one that is rich in parasites ?’, Trends Ecol Evol 21(7), 381–385.
vers la littérature, et des quelques éléments que j’ai Sasal, P., Durand, P., Faliex, E. & Morand, S. (2000), ‘Experimental ap-
proach to the importance of parasitism in biological conservation’,
tenté d’apporter dans cette synthèse, on peut répondre Mar Ecol Prog Ser 198, 293–302.
à la question de Hudson et coll. de manière positive. Seppälä, T., Chubb, J. C., Niemelä, E. & Valtonen, E. T. (2007), ‘Introdu-
ced bullheads Cottus gobio and infection with plerocercoids of Schis-
Quelques nuances, cependant, doivent être apportées. tocephalus cotti in the Utsjoki, an Arctic river in Finland’, J Fish Biol
70, 1865–1876.
Le rôle du parasitisme dans la capacité de résilience
Je remercie Catherine Moulia pour ses avis précieux et sa disponibilité,
n’est que peu étudié. On peut éventuellement consi- ainsi que Serge Morand pour ses indications sur le rôle du parasitisme dans
dérer que les dommages plus importants subis par les l’écosystème.

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