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Guide de pratique clinique

du personnel infirmier
en soins primaires
Direction générale de la santé des
Premières Nations et des Inuits
Notre mission est d’aider les Canadiens et les Canadiennes à maintenir et à améliorer leur état de santé.
– Santé Canada

Publication autorisée par le ministre de la Santé

Ce document figure aussi sur le site Web de Santé Canada :


www.hc-sc.gc.ca/msb/fnihp

Également disponible en anglais sous le titre :


First Nations and Inuit Health Branch Clinical
Practice Guidelines for Nurses in Primary Care

© Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2000


Numéro de catalogue : H34-109 / 2000F
ISBN : 0-660-18225-4
Guide de pratique clinique du personnel
infirmier en soins primaires

Table des matières

Introduction
Remerciements
Préface
Chapitre 1 Ophtalmologie
Chapitre 2 Oto-rhino-laryngologie (ORL)
Chapitre 3 Appareil respiratoire
Chapitre 4 Appareil cardiovasculaire
Chapitre 5 Appareil digestif
Chapitre 6 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme
Chapitre 7 Appareil locomoteur
Chapitre 8 Système nerveux central
Chapitre 9 Dermatologie
Chapitre 10 Hématologie, métabolisme et endocrinologie
Chapitre 11 Maladies transmissibles
Chapitre 12 Obstétrique
Chapitre 13 Santé des femmes et gynécologie
Chapitre 14 Urgences générales et traumatismes majeurs
Chapitre 15 Santé mentale
Abréviations
Bibliographie
Index
iii

Introduction

Cette version revue du Guide de pratique clinique du Le Système de classification des médicaments à
personnel infirmier en soins primaires renferme de l’intention des infirmières a été incorporé aux
l’information sur des problèmes de santé courants et traitements médicamenteux décrits dans le guide :
des urgences médicales fréquentes chez la population
adulte. Ses auteurs ont tenté d’actualiser le contenu Les médicaments de classe A sont ceux qu’une
infirmière est autorisée à prescrire de son propre chef.
du guide en s’inspirant d’une approche fondée sur
des données probantes. Les médicaments de classe B sont les médicaments
Le guide comprend 15 chapitres. Chacun d’eux traite que seul un médecin peut prescrire.
de l’évaluation d’un système ou appareil du corps Les médicaments de classe C sont ceux qu’une
humain (symptomatologie et examen physique) et infirmière peut prescrire pour un cycle de traitement
présente les lignes de conduite à suivre, en clinique, seulement.
devant des maladies et des situations d’urgence qui se
présentent souvent. Les médicaments de classe D sont ceux dont une
infirmière ne peut administrer qu’une seule dose,
dans une situation d’urgence, toute dose subséquente
devant être autorisée par un médecin.

Remerciements

La Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits tient à remercier les personnes suivantes
d’avoir pris part à la révision de ce guide de pratique clinique :

Dr Siobhan Callaghan, MD, CCFP (consultant en médecine familiale)


Carol Sargo, RN(EC), infirmière clinicienne en soins primaires (infirmière-conseil)
Karen Hindle, infirmière -éducatrice, Région de la Saskatchewan
Pauline David, infirmière-éducatrice, Région de la Colombie -Britannique
Dorothy Rutledge, infirmière -éducatrice, Région de l’Alberta
Marilyn Heinrichs, infirmière -éducatrice, Région du Manitoba
Carole Martin, infirmière -éducatrice, Région du Québec
Karen McColgan, infirmière-éducatrice, Région du Manitoba
Daunett Tucker, infirmière -éducatrice, Région de l’Ontario

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


v

Préface

Ce Guide de pratique clinique s’adresse Nous avons tout mis en œuvre pour garantir que
essentiellement aux infirmières qualifiées qui l’information contenue dans ce guide est exacte et
travaillent dans les postes de soins infirmiers et les qu’elle correspond aux normes médicales actuelles,
centres de santé situés dans des communautés isolées mais il ne faut pas perdre de vue que la médecine est
et semi-isolées des Premières Nations et des Inuits. en constante évolution. Nous encourageons donc le
lecteur à consulter d’autres publications ou manuels.
Il importe de rappeler que le guide ne se veut pas Il convient tout particulièrement de vérifier toutes les
exhaustif, même s’il contient de l’information utile. posologies, indications, contre-indications et effets
Par conséquent, il doit être utilisé uniquement comme secondaires possibles dans le Compendium des
outil de référence et d’éducation et ne doit jamais se produits et spécialités pharmaceutiques ou dans le
substituer au jugement clinique, aux recherches feuillet d’information qui accompagne le
indépendantes ou à la consultation d’un professionnel médicament.
de la santé qualifié.
Enfin, il est possible qu’une politique locale, qu’une
Il faut consulter un médecin par téléphone lorsque directive propre à une région ou à une zone, ou
l’état du client est le moindrement préoccupant ou encore qu’une pratique médicale locale courante
lorsqu’il nécessite des interventions ou des l’emporte sur l’information présentée dans ce guide.
connaissances qui dépassent le champ d’exercice Nous invitons le lecteur à vérifier l’existence de ces
autonome du personnel infirmier. autres sources d’information.

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CHAPITRE 1 – OPHTALMOLOGIE

Table des matières

ÉVALUATION DES YEUX........................................................................... 1–1


Anamnèse et examen des yeux ....................................................... 1–1
Examen physique général ............................................................... 1–2
Diagnostic différentiel de la douleur ou des symptômes oculaires ...... 1–2
PROBLÈMES OCULAIRES COURANTS ..................................................... 1–3
Rougeur de l’œil ............................................................................. 1–3
Blépharite....................................................................................... 1–5
Conjonctivite................................................................................... 1–6
Orgelet ........................................................................................... 1–8
Chalazion ....................................................................................... 1–9
Ptérygion................................ ................................ ...................... 1–10
Cataractes ................................................................................... 1–11
Glaucome chronique à angle ouvert............................................... 1–13
PROBLÈMES OCULAIRES URGENTS ..................................................... 1–15
Érosion de la cornée ..................................................................... 1–15
Ulcère de la cornée....................................................................... 1–16
Corps étranger sur la conjonctive, sur la cornée
ou dans le globe oculaire............................................................... 1–17
Glaucome aigu à angle fermé........................................................ 1–18
Kératite ........................................................................................ 1–19
Kératite herpétique ....................................................................... 1–20
Brûlures chimiques ....................................................................... 1–21
Contusion ou lacération de l’œil ..................................................... 1–22
Contusion mineure des tissus mous............................................... 1–23
Uvéite (iritis) ................................................................................. 1–24

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1–1

ÉVALUATION DES YEUX


ANAMNÈSE ET EXAMEN DES YEUX Autres symptômes associés
– Douleur
GÉNÉRALITÉS – Irritation
Chaque symptôme doit être noté et examiné en fonction – Sensation de corps étranger
des caractéristiques suivantes : – Photophobie
– Diplopie
– Apparition (soudaine ou graduelle)
– Larmoiement
– Évolution dans le temps – Démangeaison
– Situation actuelle (amélioration ou aggravation)
– Écoulement
– Localisation – Otalgie
– Irradiation
– Écoulement nasal
– Qualité – Mal de gorge
– Fréquence et durée
– Toux
– Sévérité
– Nausée ou vomissement
– Facteurs déclenchants et aggravants
– Écoulement urétral, vaginal ou rectal
– Facteurs de soulagement
– Douleur ou inflammation articulaire
– Symptômes associés
– Répercussions sur les activités quotidiennes ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (YEUX)
– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant – Maladies ou lésions oculaires
– Traitements antérieurs – Chirurgie oculaire
– Efficacité des traitements antérieurs – Port de verres correcteurs ou de lentilles cornéennes
SYMPTÔMES DOMINANTS – Infection concomitante des voies respiratoires
supérieures (VRS)
En plus des caractéristiques générales décrites ci-dessus, – Maladies transmises sexuellement
il faut aussi explorer les symptômes spécifiques suivants. – Immunosuppression
Vision – Exposition à des irritants oculaires (dans
l’environnement ou au travail)
– Changements récents – Allergies (en particulier, saisonnières)
– Vue brouillée – Médication actuelle
– Halos
– Maladie inflammatoire générale (affection intestinale
– Corps flottants inflammatoire, syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter)
– Verres correcteurs (lunettes, lentilles cornéennes) – Diabète sucré
– Hypertension
– Néphropathie chronique
– Troubles de la coagulation
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX
(YEUX)
– Exposition professionnelle à des irritants
– Port de lunettes de protection
– Hygiène du milieu de vie (logement)
– Exposition à des micro-organismes contagieux à
l’école ou à la garderie (p. ex. conjonctivite aiguë)

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1–2 Ophtalmologie

EXAMEN PHYSIQUE GÉNÉRAL ABDOMEN


Si les symptômes oculaires sont associés à des symptômes
YEUX de MTS (p. ex. gonorrhée disséminée), vérifiez si le foie
est sensible au toucher ou hypertrophié (voir le chapitre 5,
Examinez l’orbite, les paupières, l’appareil lacrymal, la
« Appareil digestif » pour les détails concernant l’examen
conjonctive, la sclérotique, la cornée, l’iris, la pupille, le de l’abdomen).
cristallin et le fond de l’œil. Portez une attention
particulière aux points suivants :
VOIES UROGÉNITALES ET RÉGION RECTALE
– Acuité visuelle (réduite s’il y a kératite, uvéite ou
glaucome aigu) Si les symptômes oculaires sont associés à des symptômes
de maladie transmise sexuellement (p. ex. gonorrhée
– Œdème
disséminée), vérifiez s’il y a écoulement urétral ou pertes
– Écoulement ou croûtes vaginales (voir le chapitre 6 « Appareil urinaire et
– Coloration anormale (érythème, contusion ou appareil génital masculin » et le chapitre 12
hémorragie) « Obstétrique » pour les détails concernant ces examens).
– Lipoïdose
– Arc sénile (cercle blanc autour de l’iris) APPAREIL LOCOMOTEUR ET MEMBRES
– Position et alignement des yeux Si les symptômes oculaires sont associés à des symptômes
– Réaction et accommodation de la pupille à la lumière articulaires, examinez les articulations pour déterminer
– Mouvements extra-oculaires (avec douleur dans les cas s’il y a chaleur, rougeur, douleur ou œdème (p. ex.
d’uvéite) gonorrhée disséminée) (voir le chapitre 7 « Appareil
– Champ visuel (réduit dans les cas de glaucome) locomoteur » pour les détails concernant l’examen).
– Transparence, érosion ou lacération de la cornée
– Réflexe cornéen à la lumière DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DE LA
– Opacité de la rétine (cataractes) DOULEUR OU DES SYMPTÔMES
– Reflet rétinien (dénote une rétine intacte) OCULAIRES
– Hémorragie or exsudat
– Papille optique et système vasculaire rétinien – Orgelet
Palpez l’orbite, les sourcils, l’appareil lacrymal et les – Chalazion
ganglions lymphatiques pré-auriculaires : sensibilité au – Dacryocystite aiguë
toucher, œdème, masses. – Exposition à des irritants
Appliquez le colorant à la fluorescéine (pour vérifier si la – Conjonctivite
cornée est intacte). – Érosion de la cornée
– Irritation due à un corps étranger
Mesurez la pression intra-oculaire (par tonométrie de
– Ulcères de la cornée
Schiøtz) (valeurs normales : 10 à 20 mm Hg).
– Cils incarnés
En présence de symptômes évoquant une in fection des – Port prolongé de lentilles cornéennes
VRS ou une maladie transmise sexuellement (p. ex. – Sclérite
gonorrhée), examinez également les oreilles, le nez et la – Glaucome aigu à angle fermé
gorge. – Uvéite (iritis)
– Douleur projetée de sources extra -oculaires (sinusite,
SYSTÈME LYMPHATIQUE
abcès dentaire, céphalée par tension nerveuse, artérite
Si vous soupçonnez une infection virale des voies temporale ou prodrome du zona)
respiratoires supérieures ou une maladie transmise
sexuelle ment (MTS), palpez les ganglions lymphatiques
de la tête et du cou.

Recherchez la présence d’adénopathie pré-auriculaire, qui


peut indiquer une infection bactérienne, virale ou
chlamydiale de l’œil (p. ex. gonorrhée).

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Ophtalmologie 1–3

PROBLÈMES OCULAIRES COURANTS

ROUGEUR DE L’ŒIL CAS OÙ LA ROUGEUR DE L’ŒIL MENACE


LA VUE
La rougeur est le symptôme d’une grande variété En présence d’une rougeur de l’œil, il faut d’abord
d’affections oculaires (tableau 1) dont certaines menacent différencier les causes principales ou graves des
sérieusement la vue et imposent la consultation causes de moindre importance. Voici les signes qui
immédiate d’un ophtalmologiste. imposent la consultation d’un ophtalmologiste.
CAUSES – Douleur oculaire intense (surtout si unilatérale)
– Infection : conjonctivite, kératite (bactérienne, – Photophobie
virale [herpétique ou non] ou autre) – Vue brouillée persistante
– Inflammation de l’œil : uvéite, iritis, épisclérite, sclérite – Proptose (exophtalmie)
– Sécheresse des yeux – Mouvements oculaires réduits
– Blépharite avec conjonctivite secondaire ou – Congestion ciliaire
kératite, ou les deux – Réflexion anormale de la lumière par la cornée
– Allergie (p. ex. conjonctivite allergique) – Anomalie ou opacité de l’épithélium cornéen
– Glaucome (p. ex. glaucome aigu à angle fermé) – Non-réactivité de la pupille à la lumière directe
– Produits chimiques, toxiques ou irritants tels que – Aggravation des signes après 3 jours de traitement
médicaments oculaires topiques, solution pour pharmacologique de la conjonctivite
lentilles cornéennes, acides ou bases, fumée, vent – Immunité affaiblie (p. ex. nouveau-né, patient
ou rayons ultraviolets immunodéprimé, porteur de lentilles cornéennes
– Lésion traumatique (p. ex. érosion de la cornée, souples)
irritation due à un corps étranger, hyphéma,
hémorragie sous-conjonctivale)
– Ptyrégion ou pinguecula enflammée
– Infection des conduits lacrymaux (p. ex.
dacryocystite)

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1–4 Ophtalmologie

Tableau 1. Diagnostic différentiel partiel de la rougeur de l’œil


Conjonctivite* Lésion ou
infection
Bactérienne Virale Allergique cornéenne Uvéite (iritis) Glaucome

réduite ou très
Vision normale normale normale réduite réduite très réduite

Douleur – – – + + +++

Photophobie ± – – + ++ –
Sensation de ± ± – + – –
corps étranger

Démangeaison ± ± ++ – – –

Larmoiement + ++ + ++ + –

Écoulement mucopurulent mucoïde – – – –

Adénopathie – + – – – –
pré-auriculaire

Pupilles normales normales normales normales ou rétrécies modérément


rétrécies dilatées et fixes

Hyperémie de diffuse diffuse diffuse diffuse avec congestion diffuse avec


la conjonctive congestion ciliaire congestion
ciliaire ciliaire

Cornée claire parfois faibles claire selon l’affection claire ou trouble


taches légèrement
ponctuées ou trouble
infiltrats

Pression normale normale normale normale réduite, normale accrue


intra-oculaire ou nulle

+ Présence à divers degrés; - Absence; ± possibilité de présence


*L’hypothyroïdie peut provoquer la congestion conjonctivale.

Certaines des affections associées à la rougeur oculaire sont décrites en détail plus loin. Les sujets abordés figurent à la
table des matières du chapitre.

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Ophtalmologie 1–5

BLÉPHARITE COMPLICATIONS
– Infection bactérienne secondaire fréquente de type
DÉFINITION séborrhéique
– Récurrence
Inflammation du bord des paupières.
TESTS DIAGNOSTIQUES
CAUSES
– Prélever l’exsudat pour antibiogramme au besoin
– Séborrhée ou infection bactérienne (par
Staphylococcus aureus); les deux causes peuvent TRAITEMENT
coexister chez certains patients (forme mixte).
Objectifs
– Pédiculose des cils.
– Interrompre la formation de squames sur le bord
SYMPTOMATOLOGIE palpébral
– Sensation de brûlure, démangeaison ou irritation – Prévenir l’infection
du bord palpébral Consultation
– Affection souvent chronique, avec fréquentes
exacerbations Il faut consulter le médecin si l’inflammation ou
l’infection est étendue (c.-à-d. dépasse le bord
– Habituellement bilatérale
palpébral), comme dans les cas de cellulite orbitaire.
– Antécédents de séborrhée (du cuir chevelu, des
sourcils ou des oreilles) Pour réduire le risque de récurrence, le traitement
– Perte des cils doit durer plusieurs semaines, jusqu’à ce que la
OBSERVATIONS blépharite soit complètement résolue.

– Bord palpébral rouge, squameux Interventions non pharmacologiques


– Possibilité de croûtes Hygiène des paupières (deux fois par jour)
– Acuité visuelle normale
– Pupilles égales et rondes, réaction à la lumière et D’abord, appliquer des compresses chaudes pendant
accommodation normales 5 minutes pour ramollir les squames et les croûtes.
Ensuite, frotter le bord de la paupière et la base des
– La conjonctive peut être rouge.
cils au moyen d’une solution de shampoing pour
Origine bactérienne bébé (90 ml [3 on.] d’eau et 3 gouttes de shampoing).
– Squames sèches Rincer à l’eau claire, puis retirer les débris de la
paupière avec un coton-tige sec.
– Bord palpébral rouge
– Possibilité d’ulcération Éducation du client
– Tendance à la perte des cils
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
Origine séborrhéique médicaments (dose, fréquence, application).
– Squames graisseuses – Recommandez au client :
– Bord palpébral moins rouge – d’observer les règles d’hygiène des paupières;
– Pas d’ulcération
d’éviter de se frotter ou d’irriter les paupières;
Origine mixte
– Squames sèches et graisseuses d’éviter les cosmétiques, le vent, la fumée et les
– Bord palpébral rouge autres irritants.
– Possibilité d’ulcération
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Blépharite allergique
– Orgelet
– Chalazion
– Conjonctivite
– Cancer de la peau (unilatéral) (p. ex.
adénocarcinome sébacé)

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1–6 Ophtalmologie

Interventions pharmacologiques SYMPTOMATOLOGIE


Appliquez une pommade antibiotique pour les yeux Conjonctivite bactérienne
sur le bord des paupières et dans le sac conjonctival
– Rougeur aiguë et écoulement purulent
inférieur :
– Brûlure, sensation de corps étranger dans l’œil
pommade de bacitracine (Baciguent) (médicament – Contact récent avec une personne présentant des
de classe A), bid pendant 1 à 2 mois symptômes similaires
ou
Conjonctivite virale
pommade d’érythromycine (Ilotycin) (médicament
de classe A), bid pendant 1 à 2 mois – Rougeur subite
ou – Larmoiement
– Sensation de corps étranger dans l’œil
pommade de polymyxine B bacitracine (Polysporin)
(médicament de classe A), bid pendant 1 à 2 – Durée : de 1 à 4 jours; période infectieuse pouvant
mois durer 2 semaines
– Symptômes généraux (p. ex., éternuements,
S’il y a séborrhée sous-jacente (cuir chevelu, sourcils écoulement nasal, mal de gorge)
ou autres surfaces cutanées), suivre le traitement – Contact récent avec une personne présentant des
approprié. symptômes similaires
Surveillance et suivi Conjonctivite allergique
Suivi après 10 -14 jours. – Antécédents d’allergies saisonnières, d’eczéma,
d’asthme, d’urticaire
Orientation vers d’autres ressources – Larmoiement, rougeur, démangeaison sans
médicales écoulement purulent
Habituellement non nécessaire, sauf si l’infection est OBSERVATIONS
réfractaire au traitement ou s’étend (p. ex. cellulite
orbitaire). – Signes vitaux normaux (sauf s’ils sont associés à
une affection systémique)
– Acuité visuelle habituellement normale
CONJONCTIVITE
– Pupilles égales et rondes, réaction à la lumière et
accommodation normales; mouvements extra-
DÉFINITION oculaires normaux
Inflammation de la conjonctive. L’érythème de la – Rougeur conjonctivale diffuse, unilatérale ou
conjonctive est causé par l’hyperémie des vaisseaux bilatérale
superficiels sinueux. – Écoulement purulent (forme bactérienne),
écoulement clair, parfois purulent (forme virale)
CAUSES écoulement clair (forme allergique)
– Croûtes sur les cils (formes bactérienne et virale)
Il existe trois types de conjonctivite :
– Paupières rouges ou œdémateuses
– Bactérienne : Chlamydia, Haemophilus influenzae, – Adénopathie pré-auriculaire dans les cas de
Neisseria gonorrhoeae, Staphylococcus aureus, conjonctivite gonococcique
Streptococcus pneumoniae
– Virale : adénovirus, virus coxsackie, échovirus DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Allergique : pollens saisonniers ou exposition – Blépharite
environnementale – Érosion de la cornée
Facteurs de prédisposition : contact avec une – Uvéite (iritis)
personne souffrant de conjonctivite, exposition à un – Kératoconjonctivite herpétique
micro -organisme responsable de MTS, autres
affections atopiques (allergiques). COMPLICATIONS
– Propagation de l’infection à d’autres structures de
l’œil
– Contagion

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Ophtalmologie 1–7

TESTS DIAGNOSTIQUES Interventions pharmacologiques


– Mesure de l’acuité visuelle
Il ne faut jamais utiliser de gouttes ophtalmiques à
– Prélèvement et culture de l’exsudat base de corticostéroïdes ou d’une association
TRAITEMENT corticostéroïdes -antibiotiques, car l’infection peut
s’aggraver ou un ulcère cornéen peut apparaître
Objectifs rapidement et entraîner une perforation.
– Déceler un ulcère cornéen Conjonctivite bactérienne
– Écarter la possibilité d’infections plus graves
comme la gonorrhée ou la chlamydiose Gouttes ophtalmiques antibiotiques topiques :
– Éviter la contagion dans la famille sulfacétamide 10 % (Cetamide) (médicament de
classe A), 2 ou 3 gouttes toutes les 2 heures
Consultation pendant 3 jours, puis réduire graduellement la dose
Il faut consulter un médecin dans les cas suivants : pendant les 4 jours suivants
ou
– Douleur oculaire intense
– Toute perte d’acuité visuelle ou de la perception gouttes ophtalmiques polymyxine B-gramicidine
(Polysporin) (médicament de classe A), 2 ou 3
des couleurs
gouttes qid pendant 5-7 jours si l’infection est
– Signes évocateurs d’une kératoconjonctivite ou bénigne
d’une autre cause plus grave de rougeur oculaire
– Cellulite péri-orbitaire Une pommade ophtalmique antibiotique peut être
appliquée à l’heure du coucher en plus des gouttes,
– Aucune amélioration malgré un traitement de 48 à
au besoin :
72 heures
– Port de lentilles cornéennes (risque de sulfacétamide 10 % (Cetamide) (médicament de
conjonctivite et de kératite à Pseudomonas) classe A), au coucher
– Possibilité de conjonctivite due à la gonorrhée ou à ou
la chlamydiose, nécessitant la prise d’antibiotiques érythromycine 0,5 % (Ilotycin) (médicament de
par voie générale (voir les Lignes directrices classe A), au coucher
canadiennes pour les MTS [Santé Canada 1998]).
Conjonctivite virale
Interventions non pharmacologiques
Les lavages à l’acide borique apportent souvent un
Appliquer des compresses fraîches sur les yeux, les
soulagement rapide des symptômes (les antibiotiques
paupières et les cils aussi souvent que possible. ne sont pas efficaces et ne sont pas indiqués).
Éducation du client
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, instillation).
– Recommandez au client d’éviter de contaminer le
tube ou le flacon de médicament par les micro-
organismes infectieux.
– Conseillez-lui divers moyens à prendre pour éviter
de contaminer les membres de son entourage.
– Expliquez-lui les règles d’hygiène relatives aux
mains et aux yeux.
– Origine bactérienne : absence de la garderie, de
l’école ou du travail pendant 24 à 48 heures après
le début du traitement.
– Origine virale : la période de contagion dure
habituellement de 48 à 72 heures mais peut se
prolonger jusqu’à 2 semaines.
– Origine allergique : éviter d’aller dehors lorsque le
taux de pollen dans l’air est élevé; s’il faut sortir,
porter des verres protecteurs.
– Ne pas porter de pansement oculaire.

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1–8 Ophtalmologie

Conjonctivite allergique ORGELET


Les gouttes ophtalmiques antihistaminiques topiques
sont recommandées lorsque les symptômes ne sont DÉFINITION
pas soulagés par l’emploi de médicaments oraux.
Infection aiguë du follicule pileux d’un cil, d’une
Il faut consulter un médecin avant d’utiliser les glande de Zeis (sébacée) ou d’une glande de Moll
produits suivants : (sudoripare apocrine) de la paupière.
solution ophtalmique de cromoglycate sodique à
CAUSE
2 % (Cromolyn) (médicament de classe B), 1 ou
2 gouttes qid Infection bactérienne (Staphylococcus aureus)
ou
SYMPTOMATOLOGIE
solution ophtalmique de lodoxamide à 0,1 %
(Alomide) (médicament de classe B), 1 ou 2 – Douleur
gouttes qid – Œdème de la paupière
Si les symptômes sont intenses, des antihistaminiques – Rougeur de la paupière
par voie orale peuvent être essayés : – Pas de troubles de la vue
triprolidine (Actifed) (médicament de classe A), – Antécédents d’infections palpébrales du même
2,5 mg PO toutes les 4 -6 heures au besoin (dose type
maximale 10 mg/jour)
OBSERVATIONS
Surveillance et suivi – Rougeur et œdème localisés de la paupière
Les clients présentant des symptômes modérés ou – Conjonctivite bénigne
sévères doivent être revus après 24 et 48 heures. – Possibilité d’écoulement purulent le long du bord
palpébral
Orientation vers d’autres ressources – Très sensible au toucher
médicales
– Possibilité d’adénopathie pré-auriculaire
Adressez le client à un médecin si son état s’aggrave,
si les symptômes sont réfractaires au traitement ou DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
s’ils réapparaissent. – Chalazion
– Blépharite
– Dacryocystite
– Cellulite orbitaire
COMPLICATIONS
– Conjonctivite
– Cellulite orbitaire
TESTS DIAGNOSTIQUES
– Prélevez un échantillon de l’écoulement pour
antibiogramme.

TRAITEMENT
Objectifs
– Soulager les symptômes.
– Prévenir la propagation de l’infection aux autres
structures de l’œil.
Consultation
Habituellement non nécessaire pour un simple
orgelet.

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Ophtalmologie 1–9

Interventions non pharmacologiques CHALAZION


Compresses chaudes et humides, quatre fois par jour.
DÉFINITION
Éducation du client
Tuméfaction inflammatoire chronique d’une glande
– Soulignez l’importance de ne pas presser l’orgelet. de Meibomius. Le chalazion se présente plus
– Expliquez au client les règles d’hygiène des profondément que l’orgelet dans la paupière.
paupières : les laver à l’eau et au savon doux en
utilisant une surface de débarbouillette différente CAUSE
pour chaque œil.
– Soulignez l’importance de se laver les mains pour Obstruction du canal d’une glande de Meibomius.
éviter de propager l’infection. Une infection bactérienne secondaire par
Staphylococcus aureus peut également se manifester.
– Conseillez au client d’éviter les cosmétiques
pendant la phase aiguë (les cosmétiques utilisés
SYMPTOMATOLOGIE
pour les yeux juste avant l’infection doivent être
jetés, car ils peuvent contenir des bactéries et – Masse dans la région palpébrale
provoquer de nouvelles infections). – Rougeur, œdème et douleur, s’il y a infection
– Conseillez au client de ne pas porter de lentilles secondaire.
cornéennes jusqu’à résolution de l’infection. – Si le chalazion est volumineux, la vision peut être
– Expliquez-lui l’utilisation appropriée des brouillée et la pression exercée sur le globe
médicaments (dose, fréquence, application). oculaire peut entraîner l’astigmatisme.
– Soulignez l’importance de revenir à la clinique si – Congestion de la conjonctive, s’il y a conjonctivite
les symptômes ne s’atténuent pas avec le associée.
traitement ou si l’inflammation s’étend aux tissus – Possibilité de larmoiement, si la conjonctive est
péri-orbitaux. irritée.
Interventions pharmacologiques OBSERVATIONS
pommade ophtalmique de sulfacétamide à 10 % – Nodule dur, non sensible autoucher, situé dans la
(Cetamide) (médicament de classe A) qid
portion médiane du tarse, éloigné du bord palpébral,
pendant 7 jours
et pouvant être dirigé vers la surface intérieure du
ou tarse et exercer une pression sur le globe.
pommade de polymyxine B bacitracine (Polysporin) – S’il y a infection secondaire, les paupières et la
(médicament de classe A) qid pendant 10 jours conjonctive peuvent être enflammées.
Des gouttes ophtalmiques antibiotiques peuvent être DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
utilisées, mais elles doivent être instillées plus
souvent, soit toutes les 3 à 4 heures, et sont – Orgelet
généralement moins efficaces. – Blépharite
– Adénocarcinome sébacé (rare)
Surveillance et suivi
COMPLICATIONS
Suivi après 3-4 jours si les symptômes persistent, ou
plus tôt si l’infection se propage. – Infection secondaire
– Astigmatisme
Orientation vers d’autres ressources
médicales TESTS DIAGNOSTIQUES

Le client doit consulter un médecin si la lésion résiste Aucun


au traitement ou si l’infection semble avoir atteint les
tissus mous péri-orbitaires. TRAITEMENT
Objectifs
– Prévenir l’infection et les troubles de la vue.
Un petit chalazion asymptomatique n’exige aucun
traitement et, en général, guérit spontanément en
quelques mois. S’il s’agit d’un gros chalazion ou s’il
y a infection secondaire, un traitement s’impose.

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1–10 Ophtalmologie

Interventions non pharmacologiques PTÉRYGION


Application de compresses chaudes qid pendant
15 minutes. DÉFINITION

Éducation du client Excroissance triangulaire résultant de


l’épaississement de la conjonctive bulbaire nasale ou,
– Soulignez l’importance de ne pas presser le rarement, temporale. Elle s’étend vers la cornée et la
chalazion. couvre.
– Expliquez au client les règles d’hygiène des
paupières : les laver à l’eau et au savon doux en CAUSES
utilisant une surface de débarbouillette différente
pour chaque œil. Irritation chronique de l’œil due aux rayons
– Soulignez l’importance de se laver les mains pour ultraviolets, à la poussière, au sable ou au vent.
éviter la propagation en cas d’infection.
SYMPTOMATOLOGIE
– Conseillez au client d’éviter les cosmétiques
pendant la phase aiguë (les cosmétiques utilisés – Habituellement indolore.
pour les yeux juste avant l’infection doivent être – La vision peut être brouillée si le ptérygion couvre
jetés, car ils peuvent contenir des bactéries et la cornée.
provoquer de nouvelles infections). – Se manifeste habituellement chez les personnes
– Conseillez au client de ne pas porter de lentilles qui passent beaucoup de temps à l’extérieur.
cornéennes jusqu’à résolution de l’infection.
OBSERVATIONS
– Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, application). – Acuité visuelle normale.
– Soulignez l’importance de revenir à la clinique si – Possibilité de lésions bilatérales ou unilatérales.
les symptômes ne s’atténuent pas avec le – Masse triangulaire de tissu conjonctival
traitement. vascularisé prenant origine dans une commissure
Interventions pharmacologiques des paupières et pouvant couvrir la cornée.
– Le tissu peut être vascularisé.
pommade ophtalmique de sulfacétamide à 10 %
(Cetamide), (médicament de classe A), qid DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
pendant 7 jours
– Pinguecula (enflammée)
ou
pommade ophtalmique de polymyxine B COMPLICATIONS
bacitracine (Polysporin) (médicament de classe – Conjonctivite récurrente
A), qid pendant 7 jours
TESTS DIAGNOSTIQUES
Les gouttes ophtalmiques antibiotiques peuvent être
utilisées, mais elles doivent être instillées plus – Mesure de l’acuité visuelle centrale et
souvent, soit toutes les 3 à 4 heures, et sont périphérique.
généralement moins efficaces.
TRAITEMENT
Surveillance et suivi
Objectifs
Suivi après 1-2 semaines.
– Déceler les lésions asymptomatiques.
Orientation vers d’autres ressources – Éviter la croissance du ptérygion.
médicales Consultation
Il faut consulter un médecin lorsque le chalazion est Fixez un rendez-vous (non urgent) avec le médecin.
gros et résiste au traitement. L’incision et le drainage
du chalazion, suivis de son excision peuvent
s’imposer si la lésion ne guérit pas spontanément en
2 ou 3 mois.

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Ophtalmologie 1–11

Interventions non pharmacologiques SYMPTOMATOLOGIE

Éducation du client – Baisse de la vision.


– Augmentation de l’éblouissement causé par les
– Soulignez l’importance de prévenir l’irritation sources d’éclairage ou le soleil, ou pendant la
chronique. conduite de nuit.
– Insistez particulièrement auprès des personnes à – Perception amoindrie des couleurs (perte de
risque élevé. contraste).
– Recommandez le port de lunettes de protection – Facteurs de risque (voir la section « Causes » ci-
aussi bien l’été que l’hiver. dessus)
– Expliquez l’évolution de la maladie et le pronostic.
– Demandez au client de revenir à la clinique dès les OBSERVATIONS
premiers signes de conjonctivite ou si la lésion nuit – L’acuité visuelle peut être réduite dans l’œil
à la vision. touché.
Surveillance et suivi – L’examen du fond de l’œil révèle une opacité du
cristallin (lorsque l’ophtalmoscope est réglé à +10,
– Suivi annuel pour observer tout changement de la
on distingue des zones sombres sur le fond rouge
taille du ptérygion. orange du reflet pupillaire).
– Mesure de l’acuité visuelle centrale et
périphérique. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Orientation vers d’autres ressources – Dégénérescence maculaire
médicales – Rétinopathie diabétique
Adressez le client à un ophtalmologiste pour un COMPLICATIONS
traitement définitif (excision chirurgicale) si la lésion
nuit à la vue. – Risques associés à la baisse de l’acuité visuelle (p. ex.,
chutes, traumatismes)

CATARACTES TESTS DIAGNOSTIQUES


Aucun
DÉFINITION
TRAITEMENT
Opacification du cristallin nuisant à la vue.
Objectifs
CAUSES
– Maintenir une vision optimale.
Les protéines coagulent dans certaines zones du – Prévenir les accidents (p. ex. chutes)
cristallin pour des raisons inconnues. L’opacité du
Consultation
cristallin se retrouve chez 95 % des personnes de
65 ans ou plus. Dans la plupart des cas (90 %), il Il faut consulter un médecin, mais ce n’est pas urgent
s’agit du processus normal de vieillissement. sauf si la vue est grandement réduite et s’il y a risque
Autrement, les causes sont d’ordre métabolique, de cécité, ou si la cataracte est associée à un
congénital ou médicamenteux, ou résultent d’un traumatisme de l’œil ou à toute autre affection
traumatisme ou d’une affection oculaire telle que oculaire.
l’uvéite antérieure chronique.
Interventions non pharmacologiques
Voici quelques facteurs de risque de cataracte :
exposition aux rayons ultraviolets B; diabète sucré; Changement de prescription des verres correcteurs,
consommation d’alcool; prise de médicaments port de lentilles bifocales puissantes, usage d’une
comme les principaux tranquillisants, diurétiques et loupe et éclairage approprié.
corticostéroïdes par voie générale; carence de
vitamines antioxydantes.

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1–12 Ophtalmologie

Éducation du client Médicaments prescrits après la chirurgie


– Expliquez au client que la formation de cataractes – Antibiotiques (polymyxine/TMP, sulamyd sodique
peut être ralentie par une diminution de ou tobramycine) pour prévenir l’infection
l’exposition au soleil, l’abandon de la cigarette, un – Dilatateurs tels que la tropicamide ou la
apport accru de vitamines antioxydantes (si phényléphrine en gouttes pour tenir l’iris éloigné
l’alimentation semble déficiente à ce titre). de l’implant au début de la guérison
– Expliquez-lui comment éviter les chutes et les – Anti-inflammatoires tels que le kétorolac ou le
accidents à domicile. diclofénac en gouttes pour atténuer l’inflammation
– Recommandez l’usage d’une loupe et d’un post-opératoire.
éclairage approprié. Analgésiques pour soulager l’inconfort :
Surveillance et suivi
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
Examen par un médecin au moins une fois par année. A) à 500 mg, 1 ou 2 comprimés toutes les 4 heures
au besoin
Orientation vers d’autres ressources La médication pour les yeux ne doit pas être modifiée
médicales sans l’avis de l’ophtalmologiste traitant.
Il faut faire évaluer le cas par un ophtalmologiste si le
fonctionnement du client est de plus en plus restreint. Éducation du client
La décision concernant l’intervention chirurgicale – Expliquez au client l’utilisation appropriée des
repose sur l’importance du handicap fonctionnel. médicaments et leurs effets secondaires.
– Conseillez-lui de faire les activités qu’il tolère et
SUIVI APRÈS LA CHIRURGIE d’éviter de se pencher, de soulever des charges ou
de faire tout autre mouvement exigeant un effort
Objectifs des soins
abdominal.
– Maîtriser l’inflammation
Surveillance et suivi
– Prévenir l’infection
– Assurer le confort des yeux Le client doit voir l’ophtalmologiste 6 semaines après
– Favoriser la réadaptation visuelle le plus l’intervention.
rapidement possible
Évolution
– Après l’intervention, la douleur est habituellement
minime et se limite à une légère sensation de corps
étranger.
– Si la douleur est plus intense, elle peut être due à
une lésion accidentelle, une infection ou une
hausse de la pression intracrânienne.
– Rougeur et démangeaison de l’œil.
– Changement de la vision : assombrissement ou
perte des détails (tout changement post-opératoire
notable peut signaler une hémorragie, un
décollement de la rétine, un glaucome aigu ou une
infection).
– La présence de phénomènes visuels tels que les
clignotements ou les ombres impose un examen.
Examen de l’œil
– Une rougeur ou une enflure de la conjonctive ou
des paupières évoque une infection ou une réaction
allergique aux médicaments.
– Reflet rétinien (à confirmer par ophtalmoscopie)
– Opacité de la cornée
– Hyphéma (hémorragie dans la chambre antérieure
de l’œil)

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Ophtalmologie 1–13

GLAUCOME CHRONIQUE À ANGLE Congénitaux


OUVERT – Antécédents familiaux de glaucome.
SYMPTOMATOLOGIE
Le glaucome aigu à angle fermé, généralement
associé à des symptômes prononcés, constitue une Les symptômes ne sont visibles que lorsque la
urgence (voir la section « Problèmes oculaires maladie est très avancée.
urgents » plus loin dans le présent chapitre).
– Perte de la vue (graduelle et indolore)
DÉFINITION – Vision périphérique d’abord
– Halos autour des sources d’éclairage
Le glaucome est une affection habituellement liée à – Facteurs de risque
une élévation de la pression intra-oculaire qui peut
entraîner une lésion du nerf optique, laquelle peut OBSERVATIONS
provoquer la perte de la vision.
– Rétrécissement du champ de vision périphérique
La pathogenèse du glaucome n’est pas encore tout à – Baisse de l’acuité visuelle centrale
fait élucidée. En effet, certaines personnes présentent – Excavation de la papille optique
une pression intra-oculaire élevée sans faire de
glaucome, tandis que d’autres sont atteintes de DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
glaucome tout en ayant une pression intra-oculaire Maladie vasculaire oblitérante de l’œil.
normale.
COMPLICATIONS
CAUSES
Cécité
– Dans les cas de glaucome chronique à angle
ouvert, la sécrétion d’humeur aqueuse et son
TESTS DIAGNOSTIQUES
passage entre le cristallin et l’iris par la pupille et
vers la chambre antérieure sont normales; – Acuité visuelle
toutefois, comme le réseau trabéculaire ne permet – Étendue des champs périphériques
pas à l’humeur aqueuse de s’écouler assez – Pression intra-oculaire par tonométrie de Schiøtz :
rapidement, la pression augmente. si la pression > 21 mm Hg, il faut effectuer des
– La prévalence de cette affection est d’environ 1 % examens, surtout en présence de symptômes.
chez les personnes de plus de 40 ans et de 3 %
chez celles de plus de 70 ans; ce type de glaucome Dans 85 % des cas présentant une pression intra-
touche autant les hommes que les femmes. oculaire > 21 mm Hg, il n’y a pas de glaucome et la
maladie ne risque pas de se déclarer avant cinq ans.
Facteurs de risque La valeur de la tonométrie comme outil de dépistage
est discutable, sauf si l’examen est réalisé souvent, au
Primaires
moyen d’instruments précis. Le dépistage du
– Pression intra-oculaire élevée glaucome devrait reposer sur le suivi périodique des
– Âge patients à risque élevé au moyen d’un examen
– Antécédents familiaux ophtalmologique complet.
– Myopie
TRAITEMENT
– Diabète sucré
– Hypertension générale Objectifs
– Origine africaine – Prévenir, retarder ou stopper la dégradation de la
Secondaires (acquis) vision.
– Maintenir le nerf optique en bon état.
– Traumatisme fermé ou pénétrant
– Déceler les patients à risque le plus tôt possible.
– Intervention intra-oculaire
– Inflammation intra-oculaire Consultation
– Corticothérapie Consultez un médecin si vous soupçonnez un
– Médicaments qui provoquent ou aggravent le glaucome d’installation récente ou si les symptômes
glaucome : corticostéroïdes (habituellement); du glaucome existant se sont aggravés.
antihistaminiques, décongestionnants,
antispasmodiques, antidépresseurs (rarement).

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1–14 Ophtalmologie

Interventions non pharmacologiques


Figure 1. Pharmacothérapie habituelle contre le
Pour la détection précoce du glaucome dans glaucome chronique à angle ouvert
l’ensemble de la population, le Groupe de travail Étape 1
canadien sur l’examen médical périodique (1994) Bêtabloquant topique (p. ex. timolol [médicament de
(maintenant, le Groupe d’étude canadien sur les soins classe B])
de santé préventifs) accorde à l’examen du fond de Étape 2
l’œil et à la tonométrie une recommandation de Inhibiteur de l’anhydrase carbonique (voie topique)
classe C (c.-à-d. les données sont insuffisantes pour (p. ex. chlorhydrate de dorzolamide) [médicament de
classe B])
permettre d’inclure ou d’exclure ces examens de
ou
l’examen médical périodique). Le Groupe de travail Analogue de prostaglandine (voie topique) (p. ex.
recommande toutefois, par prudence, que toute latanoprost [médicament de classe B])
personne présentant des facteurs de risque à l’égard ou
du glaucome soit examinée périodiquement par un Agoniste adrénergique (voie topique) (p. ex.
ophtalmologiste : chlorhydrate de dipivéfrine [médicament de
classe B])
– > 40 ans, tous les 3 à 5 ans ±
– > 65 ans, tous les ans Bêtabloquant
Étape 3
Aucune modification des habitudes de vie ne s’est
Agoniste cholinergique (voie topique) (p. ex.
révélée utile, que ce soit avant ou après la chlorhydrate de pilocarpine [médicament de
pharmacothérapie. Les interventions chirurgicales ou classe B])
au laser constituent des options en cas d’échec de la ±
pharmacothérapie. L’un des médicaments décrits ci-dessus
Étape 4
Interventions pharmacologiques Interventions au laser
±
Les médicaments contre le glaucome sont prescrits Toute association des médicaments topiques décrits
par l’ophtalmologiste. À mesure que les symptômes ci-dessus.
apparaissent ou s’intensifient, la médication est Étape 5
modifiée (figure 1). La pharmacothérapie contre le Inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (voie orale)
glaucome vise à réduire la pression intra-oculaire. La (p. ex. acétazolamide [médicament de classe B])
perte de la vue est habituellement irréversible. ±
Médicaments topiques
Surveillance et suivi ±
Interventions supplémentaires au laser.
Lorsque son état est stable, le client doit consulter le Étape 6
médecin au moins une fois par année. Intervention chirurgicale pour le glaucome
±
Orientation vers d’autres ressources Médicaments topiques et oraux
médicales ±
Interventions supplémentaires au laser
Le client doit voir un ophtalmologiste chaque année Source : Therapeutic Choices (Gray 1998)
ou plus souvent si les symptômes s’aggravent.

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Ophtalmologie 1–15

PROBLÈMES OCULAIRES URGENTS

ÉROSION DE LA CORNÉE
TRAITEMENT

DÉFINITION Objectifs

Défaut superficiel de l’épithéliumde la cornée – Prévenir l’infection bactérienne secondaire


provoqué par abrasion ou frottement. – Prévenir l’ulcération de la cornée
Consultation
CAUSES
Consultez un médecin si la lésion est étendue ou
Habituellement, traumatisme ou corps étranger dans centrale ou s’il y a ulcère pénétrant de la cornée à
l’œil. l’examen initial, si la douleur est intense, si la lésion
ne guérit pas après 48 heures de traitement ou s’il y a
SYMPTOMATOLOGIE un « anneau de rouille » résiduel.
– Sensation de corps étranger
Intervention non pharmacologique
– Douleur subite dans un œil (intense ou plus
prononcée avec le clignement) Appliquez fermement un double pansement sans trop
– Larmoiement modéré à abondant serrer pour tenter de soulager la douleur, si la lésion
– Légère photophobie est étendue. Habituellement, le pansement peut être
retiré après 24 heures.
– Possibilité de vision légèrement brouillée (due au
larmoiement)
L’application d’un pansement est contre-indiquée
OBSERVATIONS lorsque la lésion est associée au port de lentilles
cornéennes.
– Signes vitaux normaux
– Acuité visuelle légèrement altérée dans l’œil Éducation du client
touché
– Expliquez au client qu’un suivi quotidien s’impose
– Congestion conjonctivale diffuse pour que le médecin s’assure que la guérison
– Vive réaction des pupilles à la lumière s’effectue bien.
– L’application d’une goutte de colorant à la – Expliquez l’utilisation appropriée des
fluorescéine révélera l’emplacement de la lésion. médicaments (type, dose, fréquence, effets
– Il faut éliminer la possibilité d’un corps étranger secondaires).
logé sous la paupière supérieure ou inférieure. – Demandez au client de revenir immédiatement à la
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL clinique si la douleur augmente ou si sa vue baisse
avant la visite de contrôle du lendemain.
Éliminer la possibilité d’autres causes de rougeur de – Recommandez le port de lunettes de protection au
l’œil (voir le tableau 1 dans la section « Rougeur de travail pour éviter la répétition de tels incidents.
l’œil » plus haut dans ce chapitre). Interventions pharmacologiques
COMPLICATIONS Instillez des gouttes ophtalmiques anesthésiques
topiques :
– Ulcération de la cornée
– Infection bactérienne secondaire solution ophtalmique de tétracaïne à 0,5 %
– Cicatrice sur la cornée en cas de nouvelle érosion (Pontocaine) (médicament de classe D),
2 gouttes
– Uvéite (iritis)
Les sensations d’irritation et de corps étranger
TESTS DIAGNOSTIQUES devraient s’atténuer en 1 à 2 minutes. Appliquez une
– Acuité visuelle bonne quantité de pommade ophtalmique antibiotique
– Application de colorant à la fluorescéine : les dans le sac conjonctival inférieur :
cellules cornéennes lésées ou détruites se colorent pommade ophtalmique de sulfacétamide à 10 %
en vert; la lampe bleu cobalt facilite l’observation (Cetamide) (médicament de classe A)
de la zone lésée.

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1–16 Ophtalmologie

Surveillance et suivi OBSERVATIONS


– Un suivi s’impose après 24 heures pour évaluer la – Conjonctive enflammée
guérison. – Possibilité d’inflammation de la paupière
– Si le client ne présente ni signes ni symptômes, – Écoulement mucopurulent
vous pouvez lui donner son congé en l’informant – Ulcère visible sur la cornée, mais en général
sur la prévention de l’érosion cornéenne. seulement après coloration à la fluorescéine
– Si le client présente toujours des symptômes, mais
qu’ils s’atténuent, il faut traiter l’œil tel que décrit DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
ci-dessus au moyen d’une pommade ou de gouttes – Érosion de la cornée
antibiotiques et l’examiner de nouveau tous les – Conjonctivite
jours à la fluorescéine. La zone colorée devrait
– Blépharite
diminuer de jour en jour. Il faut refaire l’examen
tous les jours jusqu’à disparition complète de la – Kératite
lésion. COMPLICATIONS
Orientation vers d’autres ressources – Formation de cicatrice sur la cornée
médicales – Perte irréversible de la vue
Pour les lésions centrales ou étendues, il faut adresser – Propagation de l’infection aux autres structures
le client à un ophtalmologiste dans les 24 heures. S’il oculaires
ne répond pas au traitement, le délai de consultation
de l’ophtalmologiste est de 48 à 72 heures. TESTS DIAGNOSTIQUES
– Acuité visuelle
ULCÈRE DE LA CORNÉE – Coloration à la fluorescéine
TRAITEMENT
DÉFINITION
Objectifs
Infection de la cornée provoquant la dégradation de
– Enrayer l’infection
l’épithélium protecteur. L’ulcère peut être central ou
périphérique. – Prévenir la perte irréversible de la vue
Consultation
CAUSES
Consultez un médecin immédiatement si vous
– Bactéries, virus ou champignons détectez un ulcère.
– Bactéries les plus fréquentes : Pseudomonas,
Staphylococcus, Streptococcus Interventions non pharmacologiques
– Virus le plus fréquent : herpès simplex – Appliquez un double pansement stérile sur l’œil.
– Facteurs de risque : lésion abrasive de la cornée, – Expliquez le diagnostic et l’évolution de la
port de lentilles cornéennes molles, sécheresse des maladie.
yeux, maladies de la thyroïde, diabète sucré, – Rassurez le client.
affection imunosuppressive, usage prolongé de
stéroïdes ophtalmiques Interventions pharm acologiques

SYMPTOMATOLOGIE Appliquez une généreuse quantité de pommade


antibiotique dans le sac conjonctival inférieur :
– Douleur oculaire
sulfacétamide à 10 % (Cetamide) (médicament de
– Vision brouillée
classe A)
– Sensation de corps étranger
– Photophobie Orientation vers d’autres ressources
– Rougeur oculaire médicales
Mesure urgente : le client doit consulter un
ophtalmologiste dans les 24 heures.

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Ophtalmologie 1–17

CORPS ÉTRANGER SUR LA TESTS DIAGNOSTIQUES


CONJONCTIVE, SUR LA CORNÉE OU – Acuité visuelle des deux yeux
DANS LE GLOBE OCULAIRE – Coloration à la fluorescéine pour repérer toute
lésion de la cornée.
DÉFINITION TRAITEMENT
– Présence d’un corps étranger sur la conjonctive,
Objectifs
sur la cornée ou dans le globe oculaire.
– Objet de nature organique ou inorganique – Retirer le corps étranger.
– Détecter toute lésion de la cornée.
CAUSE – Repérer un anneau de rouille résiduel.
Protection inadéquate des yeux. – Déterminer s’il y a un corps étranger logé dans la
cornée.
SYMPTOMATOLOGIE Consultation
Faites décrire exactement l’objet et les circonstances Consultez immédiatement un médecin s’il vous est
dans lesquelles il est entré dans l’œil (à basse ou à impossible de déloger l’objet, si vous soupçonnez
haute vitesse); un projectile à haute vitesse peut qu’il est à l’intérieur du globe ou si la sensation de
pénétrer le globe oculaire. Cette situation survient corps étranger ne s’estompe pas (si elle dure 24
habituellement lors du martèlement du métal. heures ou plus) alors que vous n’avez rien détecté.
Dans le cas d’une lésion pénétrante, l’œil peut Interventions non pharmacologiques
sembler normal.
– Douleur subite dans un œil. Si l’objet est en surface et qu’il n’est pas logé dans la
conjonctive, retirez-le en lavant doucement la zone
– Irritation (sensation de corps étranger)
avec une solution saline physiologique, ou en passant
– Larmoiement délicatement un coton-tige stérile humidifié d’un
– Photophobie anesthésique topique ou de solution saline stérile.
– Possibilité de trouble de la vue
Ne tentez pas de retirer un corps étranger que vous
OBSERVATIONS
savez logé dans le globe, car il peut être plus
– Acuité visuelle habituellement normale profondément inclus que nous ne le croyez.
– Pupilles égales et rondes, réaction à la lumière et
Après avoir retiré l’objet, appliquez la fluorescéin e
accommodation normales
pour détecter tout fragment résiduel, un anneau de
– Larmoiement rouille ou une lésion de la cornée.
– Le corps étranger peut s’être logé dans le sac
conjonctival inférieur ou sous la paupière Éducation du client
supérieure; il peut être nécessaire de retourner la – Recommandez au client de porter des lunettes de
paupière supérieure pour trouver l’objet.
protection au travail pour éviter la répétition
– La coloration à la fluorescéine peut révéler une d’incidents similaires.
érosion de la cornée.
– Soulignez qu’un suivi rigoureux s’impose pour
– S’il s’agit d’un corps étranger métallique, repérez s’assurer que la guérison se déroule bien.
l’anneau de rouille qui se sera formé autour de
l’objet. Interventions pharmacologiques

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Instillez des gouttes ophtalmiques anesthésiques


topiques :
– Autres causes de rougeur des yeux (voir le
tableau 1 dans la section « Rougeur des yeux » tétracaïne à 0,5 % (Pontocaine) (médicament de
plus haut dans ce chapitre) classe D), 2 gouttes
– Corps étranger dans le globe oculaire Surveillance et suivi
COMPLICATIONS Effectuez un suivi après 24 heures pour vous assurer
– Ulcère de la cornée que les symptômes s’atténuent.
– Infection secondaire

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1–18 Ophtalmologie

Orientation vers d’autres ressources DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


médicales – Éliminez les autres causes de rougeur des yeux
Dirigez immédiatement vers un médecin tout patient (voir le tableau 1 dans la section « Rougeur des
présentant un corps étranger que vous ne parvenez yeux» plus haut dans ce chapitre).
pas à déloger ou une érosion cornéenne centrale ou – Uvéite (iritis)
étendue. Il en va de même si vous craignez que – Dégénérescence maculaire
l’objet ait pénétré le globe oculaire.
COMPLICATIONS
Faites voir par un médecin dans les 24 heures tout
– Perte visuelle
patient chez qui la sensation de corps étranger
persiste, même si vous n’avez rien détecté. – Perte de l’œil
– Apparition du glaucome dans l’autre œil
GLAUCOME AIGU À ANGLE FERMÉ TESTS DIAGNOSTIQUES
– Acuité visuelle centrale et périphérique
DÉFINITION – Pression intra-oculaire par tonométrie de Schiøtz
Hausse soudaine de la pression intra-oculaire. (valeurs normales : de 10 à 20 mm Hg); si la
pression > 21 mm Hg, il faut entreprendre des
La pathogenèse du glaucome reste inconnue; examens plus poussés, surtout si le client présente
certaines personnes ont une pression intra-oculaire des symptômes.
élevée sans être atteintes de glaucome, tandis que Dans 85 % des cas présentant une pression intra-
d’autres souffrent du glaucome malgré une pression
oculaire > 21 mm Hg, il n’y a pas de glaucome et la
intra-oculaire normale.
maladie ne risque pas de se déclarer avant cinq ans.
La valeur de la tonométrie comme outil de dépistage
CAUSES
est discutable, sauf si l’examen est réalisé souvent, a u
– Fermeture de l’angle de la chambre antérieure moyen d’instruments précis.
– Dilatation spontanée de la pupille par des
médicaments ou l’obscurité TRAITEMENT
– Complication consécutive à la pénétration du Objectifs
globe oculaire par un corps étranger.
– Traumatisme tel que brûlure chimique – Identifier le problème sans tarder
– Soulager la douleur
SYMPTOMATOLOGIE – Préserver la vue en réduisant la pression intra-
– Douleur vive et subite dans un œil oculaire
– Vision brouillée, réduite ou nulle Si la pression intra-oculaire n’est pas abaissée, le
– Possibilité de nausée et de vomissements glaucome peut se propager à l’autre œil par réaction
– Larmoiement sympathique.
OBSERVATIONS Consultation
– Possibilité d’accélération de la fréquence Consultez immédiatement un médecin.
cardiaque
– Possibilité d’élévation de la tension artérielle Interventions non pharmacologiques
– Possibilité de détresse intense (douleur ou peur) – Gardez le client au repos.
– Acuité visuelle réduite dans l’œil touché – Rassurez le client pour calmer son anxiété.
– Congestion diffuse de la conjonctive – Expliquez la maladie et sa prise en charge.
– Possibilité de congestion périlimbique
– Aspect embué de la cornée
– Pupille moyennement dilatée ne réagissant pas à la
lumière
– Examen du fond d’œil : la papille optique peut être
plus excavée
– Vision périphérique réduite dans l’œil touché
– Pression intra-oculaire élevée (tonométrie -valeurs
normales : de 10 à 20 mm Hg)

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Ophtalmologie 1–19

Interventions pharmacologiques OBSERVATIONS


Contre la nausée et les vomissements : – Détresse moyenne ou intense
– Divers degrés d’œdème ou de spasme des
diménhydrinate (Gravol) (médicament de
paupières
classe A), 25 à 50 mg IM immédiatement
– Larmoiement
Contre la douleur : – Possibilité d’écoulement purulent ou mucoïde
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D), – Conjonctive injectée, possibilité de congestion
50 à 100 mg IM immédiatement ciliaire
Pour provoquer la constriction de la pupille : – Pupilles égales qui réagissent à la lumière
– L’acuité visuelle devrait être normale, même si la
pilocarpine à 2 % (Isopto Carpine) (médicament vision est brouillée.
de classe B), 2 gouttes aux 15 min pendant 1 h,
puis 2 gouttes toutes les 30 à 60 min pendant
– Possibilité d’opacification de la cornée
4 heures, puis 1 goutte aux 4 h – Réflexe cornéen photomoteur fragmenté
– Coloration à la fluorescéine : la cornée a une
À l’application topique fréquente de pilocarpine apparence rugueuse ponctuée.
pendant une courte période, il y a une possibilité
d’effets toxiques généraux (sudation, haut-le-cœur, DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
salivation et tremblements musculaires). – Conjonctivite
acétazolamide (Diamox) (médicament de – Uvéite (iritis)
classe B), 250 mg PO ou IV : peut être utilisé – Érosion de la cornée
comme adjuvant pour réduire la production – Irritation due à un corps étranger sur la cornée
d’humeur aqueuse lorsque le transfert à l’hôpital
est retardé. COMPLICATIONS
Orientation vers d’autres ressources – Cicatrice sur la cornée ou perte de la vue
médicales
TESTS DIAGNOSTIQUES
Procédez à l’évacuation médicale pour diriger le
– Acuité visuelle des deux yeux
client vers un ophtalmologiste de toute urgence, car
ce problème exige une intervention chirurgicale. – Coloration du film lacrymal par des bandelettes ou
des gouttes de fluorescéine
– Détermination du degré de coloration de la cornée
KÉRATITE (indice du degré d’atteinte cornéenne); en général,
la moitié inférieure de la cornée présente une
DÉFINITION coloration ponctuée.
Inflammation de la cornée. TRAITEMENT

CAUSES Objectifs
– Infection bactérienne – Soulager l’inconfort
– Exposition prolongée et non protégée aux – Prévenir les récurrences
ultraviolets (p. ex. soudeurs travaillant sans Consultation
masque, cécité des neiges)
– Port prolongé de lentilles cornéennes Consultez un médecin si vous soupçonnez une
– Immunosuppression kératite.
– Traumatisme Interventions non pharmacologiques
SYMPTOMATOLOGIE Appliquez un double pansement sur les yeux,
– Symptômes modérés ou graves fermement, mais de manière que le client se sente
– Vision brouillée bien (comme le client ne voit rien à travers le
pansement, aidez-le à se déplacer).
– Douleur péri-oculaire
– Sensation de corps étrangers
– Photophobie intense
– Spasme palpébral

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


1–20 Ophtalmologie

Éducation du client OBSERVATIONS


Expliquez au client que, pour prévenir la kératite, il – Légère accélération de la fréquence cardiaque
faut porter des lunettes de protection à l’extérieur, – Détresse légère ou modérée
surtout les journées ensoleillées d’hiver ou pendant – Acuité visuelle normale
des travaux de soudage. – Rougeur oculaire diffuse
Interventions pharmacologiques – Possibilité de congestion périlimbale
– Réaction vive des pupilles à la lumière
Instillez des gouttes ophtalmiques anesthésiques – Ulcère dendritique visible par coloration à la
topiques pour soulager l’inconfort : fluorescéine
tétracaïne à 0,5 % (Pontocaine) (médicament de
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
classe D), 2 gouttes
– Éliminez les autres causes de rougeur des yeux
Appliquez une généreuse quantité de pommade
(voir le tableau 1 dans la section « Rougeur des
ophtalmique antibiotique topique dans le sac yeux » plus haut dans ce chapitre).
conjonctival inférieur :
COMPLICATIONS
sulfacétamide à 10 % (Cetamide) (médicament de
classe A) – Cicatrice permanente de la cornée, accompagnée
Soulagez la douleur par de simples analgésiques : d’une baisse de la vision
– Exacerbations récurrentes
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe – Uvéite (iritis)
A) à 500 mg, 1-2 comprimés PO aux 4 heures, au
besoin
– Perforation de la cornée

Orientation vers d’autres ressources TESTS DIAGNOSTIQUES


médicales – Acuité visuelle
Procédez à l’évacuation médicale pour faire voir le – Coloration à la fluorescéine pour détecter la
client par un ophtalmologiste, car il s’agit d’un présence d’un ulcère dendritique sur la cornée (le
principal indice diagnostique)
diagnostic complexe qui doit être posé très
rapidement et qui nécessite un traitement spécifique TRAITEMENT
pour éviter la perte de la vision.
Objectifs
KÉRATITE HERPÉTIQUE – Déceler ou prévenir l’iritis ou l’uvéite associée
– Soulager les symptômes
DÉFINITION – Préserver l’intégrité fonctionnelle de la cornée
Infection virale de la cornée accompagnée d’ulcère. Interventions non pharmacologiques
Appliquez un double pansement sur les yeux,
CAUSE
fermement, mais de manière que le patient se sente
Herpès ou zona. bien (comme le patient ne voit rien à travers le
pansement, rassurez-le et aidez-le à se déplacer).
SYMPTOMATOLOGIE
Interventions pharmacologiques
– Il peut s’agir d’un premier épisode, ou non.
– Souvent précédé d’une infection des voies Instillez des gouttes ophtalmiques anesthésiques
respiratoires supérieures accompagnée de fièvre. topiques pour soulager l’inconfort :
– Installation subite et marquée, accompagnée de tétracaïne à 0,5 % (Pontocaine) (médicament de
douleur unilatérale intense. classe D), 2 gouttes
– Avec les récurrences, la douleur s’atténue.
Soulagez la douleur par un simple analgésique :
– Légère photophobie.
– Vision brouillée acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
– Larmoiement A) à 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 h, au
besoin

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Ophtalmologie 1–21

Orientation vers d’autres ressources OBSERVATIONS


médicales – Accélération possible de la fréquence cardiaque
Procédez à l’évacuation médicale pour faire voir le (douleur ou peur)
client par un ophtalmologiste, car il s’agit d’un – Élévation possible de la tension artérielle (douleur
diagnostic complexe qui doit être posé très ou peur)
rapidement et qui nécessite un traitement spécifique – Possibilité de détresse aiguë
pour éviter la perte de la v ision.
Brûlure bénigne
– Aspect trouble de la cornée
BRÛLURES CHIMIQUES
– Injection de la conjonctive
– Pression intra-oculaire normale
DÉFINITION
Brûlure moyenne
Lésion oculaire résultant du contact avec des liquides
– Opacité de la cornée
ou des poudres acides ou alcalines.
– Flou dans les détails de l’iris
Les brûlures par des produits alcalins peuvent être – Nécrose ischémique minimale de la conjonctive et
plus graves, parce que de petites particules peuvent de la sclérotique (blancheur partielle)
rester dans les structures oculaires, même après le – Élévation possible de la pression intra-oculaire
retrait de l’agent; ces résidus peuvent endommager
l’œil petit à petit. Brûlure grave
– Œdème et voile cornéens marqués
CAUSE – Contour pupillaire flou
Protection inadéquate des yeux pendant la – Blancheur de la conjonctive et de la sclérotique
manipulation de ces substances. (blancheur marquée de l’œil externe)
– Pression intra-oculaire élevée
SYMPTOMATOLOGIE
Les brûlures causées par des produits alcalins
Dispensez les premiers soins dès que vous apprenez provoquent immédiatement une hausse rapide de la
qu’un produit chimique a été en contact avec l’œil. pression intra -oculaire.
L’anamnèse détaillée peut être obtenue plus tard.
– Nom du produit (les produits alcalins produisent COMPLICATIONS
des brûlures plus graves que les produits acides) – Perte irréversible de la vue à divers degré s
– Heure à laquelle l’accident est survenu (aussi – Perte de l’œil
exactement que possible) – Glaucome à angle fermé
– A-t-on essayé de laver l’oeil? Pendant combien de
temps? TESTS DIAGNOSTIQUES
– Exposition unilatérale ou bilatérale? – Acuité visuelle des deux yeux
– Le produit est-il entré dans l’œil ou a-t-il – Coloration à la fluorescéine
simplement éclaboussé la paupière?
– Douleur intense et brûlure de l’œil (une brûlure TRAITEMENT
très grave est parfois indolore) Objectifs
– Spasme de la paupière
– Diluer le produit chimique immédiatement
– Photophobie
– Prévenir ou limiter les lésions de la cornée
– Vision réduite
– Si le patient a inhalé ou avalé le produit, Consultation
examinez-le en conséquence (p. ex. appareils Consultez un médecin au sujet de la marche à suivre
digestif et respiratoire). après avoir donné les premiers soins (irrigation pour
diluer le produit chimique).

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1–22 Ophtalmologie

Interventions non pharmacologiques CONTUSION OU LACÉRATION DE


– Lavez immédiatement l’œil au moyen de grandes L’ŒIL
quantités de soluté physiologique (pour IV);
continuez à irriguer pendant 20 minutes. Projetez DÉFINITION
la solution avec une certaine vigueur sur la cornée
et dans le cul-de-sac conjonctival. Lésion traumatique de l’œil ou des structures
– Demandez au patient de déplacer son regard pour avoisinantes.
que l’ensemble du cul-de-sac puisse être irrigué.
– Une fois que l’œil a été bien irrigué, examinez-le CAUSES
attentivement pour y déceler toute trace de Les contusions et les lacérations peuvent occasionner
particules (p. ex. parcelles de chaux dans les sacs diverses lésions à l’œil et à ses structures. Les
conjonctivaux); essayez de les déloger en contusions associées aux bagarres, aux sports ou aux
poursuivant l’irrigation ou en utilisant un coton- accidents de véhicule à moteur peuvent également
tige humecté. causer de graves lésions. Les contusions peuvent
– Si vous décelez une lésion de la cornée, appliquez également être dues à un impact très important, qui
un double pansement sur l’œil, avec tampon provoque la déchirure des tissus.
oculaire stérile et protégez le tout avec un couvre-
œil rigide. On dénombre 6 types de lésions :
Interventions pharmacologiques – Contusion du globe et(ou) des tissus orbitaires
– Fracture de l’orbite (les contusions limitées aux tissus
Il peut être nécessaire d’instiller un anesthésique si le orbitaires et les fractures de l’orbite menacent
spasme palpébral est prononcé. Il ne faut pas notablement moins la vue, mais elles peuvent être
maintenir la paupière ouverte de force ou instiller des associées à des lésions faciales et intracrâniennes
gouttes si vous soupçonnez une rupture du globe graves).
oculaire :
– Lacération des annexes ou du globe oculaire :
tétracaïne à 0,5 % (Pontocaine) (médicament de l’une des lésions les plus graves (la rupture du
classe D), 2 gouttes globe oculaire est l’issue la plus grave d’une
contusion ou d’une lacération)
Pour soulager la douleur :
– Hémorragie intra-oculaire
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe – Décollement de la rétine
A) à 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les
4 heures au besoin
– Lacérations palpébrales compliquées (moins
dangereuses mais potentiellement graves)
ou
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2)
o Il peut être difficile de détecter une lacération du
(médicament de classe C), 1-2 comprimés PO globe oculaire. Présumez une rupture du globe s’il y
toutes les 4 heures au besoin, si la douleur est a des antécédents ou si vous constatez des signes de
modérée ou intense traumatisme majeur dû à une force importante.
Surveillance et suivi SYMPTOMATOLOGIE
Assurez un suivi pour déceler l’apparition éventuelle – Cherchez à connaître comment est survenue la
de glaucome consécutif à une brûlure. lésion : Qu’est-ce qui a frappé l’œil? Où l’impact
a-t-il eu lieu (œil, front ou joue)?
Orientation vers d’autres ressources
médicales – Intensité du choc? Quand est-ce arrivé?
– Tentez de déterminer si la lésion a pénétré les
Dirigez le client vers un ophtalmologiste immédiatement structures ou si elle se limite aux structures
après avoir donné les premiers soins dans les cas périoculaires.
suivants :
– Œdème et douleur autour de l’œil
– Brûlure par des produits acides ou alcalins – Possibilité de douleur profonde dans l’œil
– Acuité visuelle réduite – Vision réduite à cause de l’œdème palpébral,
– Œdème marqué de la conjonctive d’une lésion rétinienne, d’une lésion cornéenne, du
– Aspect trouble de la cornée déplacement du cristallin ou de la rupture du globe
oculaire.

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Ophtalmologie 1–23

OBSERVATIONS Interventions non pharmacologiques


Contentez-vous d’examiner l’œil. Ne le palpez pas. Il – Recouvrez l’œil d’une gaze stérile sans serrer et
peut être difficile, voire impossible, d’examiner le globe appliquez un couvre-œil rigide pour éviter toute
oculaire à cause de l’œdème. Ne maintenez pas la autre lésion; n’instillez rien dans l’œil.
paupière ouverte de force. Évitez d’exercer une pression – Le patient doit être maintenu au repos, en position
directement sur le globe et les structures osseuses. semi -assise.
– Détresse modérée à intense Orientation vers d’autres ressources
– Accélération possible de la fréquence cardiaque médicales
– Élévation possible d e la tension artérielle
Procédez à l’évacuation médicale pour faire voir le
– Œdème et ecchymoses autour de l’œil
client par un ophtalmologiste si l’examen évoque ou
– Déformation possible de l’os confirme un des éléments suivants :
– Possibilité de réduction de l’acuité visuelle (ne
tentez pas de mesurer l’acuité visuelle si vous – Douleur intense
devez, pour y arriver, maintenir de force la – Acuité visuelle réduite
paupière ouverte ou instiller des gouttes) – Ecchymose prononcée de la conjonctive
– Ecchymose et œdème de la conjonctive – Hyphéma (sang dans la chambre antérieure)
– La réaction des pupilles à la lumière devrait être – Pupille irrégulière
normale; si elle ne l’est pas, il y a peut-être lésion – Lacération de la cornée ou de la sclérotique
du globe. – Déformation ou lacération du globe
– Un reflet rétinien devrait être présent; toute – Lacération de la paupière
anomalie peut révéler un décollement de la rétine
ou une lésion du cristallin. CONTUSION MINEURE DES TISSUS
– Y a-t-il du sang dans la chambre antérieure?
MOUS
– Les mouvements extra-oculaires devraient être
normaux; une restriction du mouvement lorsque Dès que la possibilité de lésions graves du globe, de
l’œil touché regarde vers le haut peut dénoter une la paupière ou de l’orbite est écartée, l’œdème ou la
fracture du plancher de l’orbite. contusion des tissus mous péri-oculaires n’est pas
– Sensibilité des structures osseuses au toucher considéré comme grave.
COMPLICATIONS
TRAITEMENT
– Perte de la vue
– Décollement de la rétine Objectifs
– Déplacement du cristallin – Soulager les symptômes
– Glaucome aigu à angle fermé – Prévenir toute autre lésion
– Rupture du globe Interventions non pharmacologiques
– Hyphéma
– Compresses froides plusieurs fois par jour pour
– Fracture de l’os orbitaire réduire l’œdème.
– Lacération de la paupière – Port d’un couvre -œil rigide pendant 1 ou 2 jours
TESTS DIAGNOSTIQUES pour éviter toute nouvelle lésion.
– Port de lunettes de protection pour la pratique
Acuité visuelle des deux yeux (pour arriver à la d’activités à risque élevé, de sports de contact ou
mesurer, vous ne devez pas avoir à maintenir de force pour le travail du bois ou des métaux.
la paupière ouverte ni à instiller des gouttes).
Interventions pharmacologiques
TRAITEMENT Analgésiques :
Objectifs acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
A) à 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les
– Déceler toute lésion grave de l’œil ou de l’os orbitaire.
4 heures, au besoin
– Protéger l’œil de toute autre lésion.
ou
Consultation
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A) à
Consultez immédiatement un médecin si vous 200 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures, au
détectez ou soupçonnez des lésions graves. besoin

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1–24 Ophtalmologie

Surveillance et suivi COMPLICATIONS


Revoyez le client après 2 ou 3 jours, lorsque l’œdème – Glaucome aigu à angle fermé
est résorbé, pour réexaminer attentivement l’œil. – Adhérences postérieures (synéchie)
– Vision réduite
UVÉITE (IRITIS) TESTS DIAGNOSTIQUES
Acuité visuelle, si possible.
DÉFINITION
Inflammation du tractus uvéal (iris, corps ciliaire ou TRAITEMENT
choroïde). L’inflammation peut intéresser une seule
Objectifs
ou les trois parties du tractus uvéal. Le plus souvent,
il s’agit d’une uvéite antérieure aiguë (iritis). Identifier le problème le plus rapidement possible.

CAUSES Consultation

Habituellement idiopathique, l’uvéite peut être Consultez immédiatement un médecin pour


associée à une maladie générale (syndrome de déterminer la conduite à tenir.
Feissinger-Leroy-Reiter, spondylarthrite ankylosante,
sarcoïdose, arthrite juvénile, herpès, zona) ou elle Interventions non pharmacologiques
peut être une complication d’un traumatisme oculaire – Expliquez la maladie et le traitement au client.
comme une érosion de la cornée. – Rassurez le client pour calmer son anxiété.
– Installez un couvre-œil en métal ou en plastique.
SYMPTOMATOLOGIE – N’appliquez aucune pression sur l’œil.
– Installation soudaine accompagnée de douleur – S’il n’y a pas de couvre-œil, le patient doit porter
péri-oculaire unilatérale intense des lunettes de soleil.
– Photophobie
Interventions pharmacologiques
– Larmoiement
– Vue brouillée et parfois réduite Au départ, il faut habituellement appliquer des
– Antécédents possibles d’épisodes semblables gouttes ophtalmiques topiques à action rapide pour
dilater la pupille. Cette intervention permet de
– Antécédents d’autres affections générales
connexes soulager la douleur (causée par le spasme des
muscles ciliaires et des muscles de l’iris) et prévenir
OBSERVATIONS la formation d’une cicatrice entre le bord de la pupille
et la capsule antérieure du cristallin (synéchie
– Possibilité de détresse aiguë postérieure) :
– Accélération possible de la fréquence cardiaque
– Acuité visuelle réduite dans l’œil touché cyclopentolate à 1 % (Cyclogyl) (médicament de
classe B), 1 goutte toutes les 6 heures
– Conjonctive rouge
ou
– Congestion périlimbale (ciliaire)
– Cornée claire avec précipités blancs tropicamide 1 % (Mydriacyl) (médicament de
classe B), 1 goutte toutes les 6 heures
– Possibilité de flou dans la bordure de l’iris
– Pupille petite, peut-être même de forme Les effets dilatateurs et antispasmodiques sont
irrégulière, qui réagit mal à la lumière maximaux de 30 à 60 minutes après l’instillation et
– Possibilité d’hypopion (pus dans la chambre durent généralement de 3 à 6 heures.
antérieure)
Ces médicaments peuvent augmenter la pression
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL intra -oculaire et mener au glaucome aigu. Ce risque
– Éliminez les autres causes de rougeur des yeux est plus grand chez les patients âgés.
(voir le tableau 1 dans la section « Rougeur des Orientation vers d’autres ressources
yeux », plus haut dans ce chapitre). médicales
Procédez à l’évacuation médicale pour faire voir le
client par un ophtalmologiste.

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CHAPITRE 2 – OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE (ORL)

Table des matières

ÉVALUATION DES OREILLES, DU NEZ ET DE LA GORGE ........................ 2–1


Anamnèse et examen de la tête....................................................... 2–1
Examen des oreilles, du nez et de la gorge ...................................... 2–2
AFFECTIONS COURANTES DES OREILLES ET DU NEZ........................... 2–3
Otite externe................................................................................... 2–3
Otite moyenne aiguë ....................................................................... 2–5
Otite moyenne chronique (otorrhée purulente) .................................. 2–6
Otite moyenne séreuse (avec épanchement).................................... 2–7
Céruminose (bouchon de cérumen)................................................. 2–8
Labyrinthite .................................................................................... 2–9
Maladie de Menière ................................ ................................ ...... 2–10
Rhinite ......................................................................................... 2–11
Épistaxis antérieure ................................ ................................ ...... 2–14
Sinusite aiguë............................................................................... 2–16
Sinusite chronique ........................................................................ 2–17
AFFECTIONS COURANTES DE LA BOUCHE ET DE LA GORGE.............. 2–18
Abcès dentaire ............................................................................. 2–18
Laryngite................................ ................................ ...................... 2–19
Pharyngite (mal de gorge) ............................................................. 2–20
URGENCES OTO-RHINO-LARYNGOLOGIQUES................................ ...... 2–22
Mastoïdite .................................................................................... 2–22
Épistaxis postérieure..................................................................... 2–23
Abcès péri-amygdalien.................................................................. 2–25
ANNEXE 1............................................................................................... 2–27
Nouvel outil diagnostique pour la prise en
charge de la pharyngite : le Sore Throat Score............................... 2–27

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2–1

ÉVALUATION DES OREILLES, DU NEZ ET DE LA GORGE

ANAMNÈSE ET EXAMEN DE LA TÊTE Bouche et gorge


– État de la dentition
GÉNÉRALITÉS – Lésions buccales
– Saignement des gencives
Chaque symptôme doit être noté et examiné en
fonction des caractéristiques suivantes : – Maux de gorge
– Dysphagie (difficulté à avaler)
– Apparition (soudaine ou graduelle)
– Voix enrouée ou changement récent dans la voix
– Évolution dans le temps
Cou
– Situation actuelle (amélioration ou aggravation)
– Localisation – Douleur
– Irradiation – Enflure
– Qualité – Ganglions enflés
– Fréquence et durée Autres symptômes associés
– Sévérité – Fièvre
– Facteurs déclenchants et aggravants – Malaise
– Facteurs de so ulagement – Nausées ou vomissements
– Symptômes associés
ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (ORL)
– Répercussions sur les activités quotidiennes
– Épisodes similaires déjà diagnostiqués – Otites ou pharyngites fréquentes
– Traitements antérieurs – Sinusites
– Efficacité des traitements antérieurs – Traumatisme à la tête ou aux oreilles, au nez ou à
la gorge
SYMPTÔMES DOMINANTS – Chirurgie ORL
En plus des caractéristiques générales énumérées ci- – Audiométrie dénotant une perte auditive
dessus, il faut aussi explorer les symptômes – Allergies
spécifiques suivants. – Prise régulière de médicaments prescrits ou en
vente libre
Oreilles
ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (ORL)
– Changements récents dans l’audition
– Autres membres de la famille présentant des
– Port et efficacité des prothèses auditives
symptômes semblables
– Démangeaisons
– Allergies saisonnières
– Otalgie
– Asthme
– Écoulement
– Perte auditive
– Acouphènes
– Maladie de Menière
– Vertiges
– Cancer ORL
– Traumatisme de l’oreille
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX
Nez
(ORL)
– Écoulement nasal ou rétro -nasal
– Expositions fréquentes à l’eau (otite du baigneur)
– Épistaxis
– Utilisation d’un objet pour nettoyer l’oreille
– Obstruction de l’entrée d’air
– Logement surpeuplé
– Douleur sinusale – Habitudes d’hygiène dentaire
– Démangeaisons
– Exposition à de la fumée ou à d’autres toxines
– Traumatisme du nez respiratoires
– Voyage récent en avion
– Exposition professionnelle à des toxines ou à des
bruits forts

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2–2 Oto-rhino-laryngologie

EXAMEN DES OREILLES, DU NEZ ET BOUCHE ET GORGE


DE LA GORGE Inspection
– Lèvres : coloration, lésions, symétrie
ASPECT GÉNÉRAL
– Cavité buccale : odeur de l’haleine, coloration,
– État de santé apparent lésions de la muqueuse buccale
– Degré de confort ou de détresse – Dents et gencives : rougeur, œdème, caries
– Coloration (teint rouge ou pâle) – Langue : coloration, texture, lésions, sensibilité du
– État nutritionnel (obésité ou maigreur) plancher buccal
– Concordance entre l’apparence et l’âge déclaré – Gorge : couleur, enflure des amygdales, exsudat
– Difficulté de la démarche ou de l’équilibre
COU
OREILLES
Inspection
Inspection – Symétrie
– Pavillon : lésions, apparence ou position anormale – Œdème
– Conduit auditif : écoulement, œdème, rougeur, – Masses
cérumen, corps étrangers – Rougeur
– Tympan : couleur, triangle lumineux, repères, – Hypertrophie de la thyroïde
apparence bombée ou enfoncée, perforation,
Palpation
cicatrice, bulles d’air, niveau de liquide
– Sensibilité, hypertrophie, mobilité, contour et
Évaluez l’audition à l’aide d’une montre ou en
murmurant; procédez à une audiométrie de dépistage consistance des ganglions et des masses
ou à une tympanométrie (si vous disposez de – Thyroïde : taille, consistance, contour, position,
l’équipement nécessaire). sensibilité

Palpation
– Sensibilité du tragus et de l’apophyse
mastoïdienne
– Sensibilité du pavillon de l’oreille à la
manipulation
– Ganglions pré ou post-auriculaires
NEZ
Inspection
– Partie externe : inflammation, déformatio n,
écoulement, saignement
– Partie interne : coloration de la muqueuse, œdème,
déviation de la cloison nasale, polypes, sources de
saignement
– Transilluminez les sinus pour détecter toute perte
de transparence (reflet lumineux)
Palpation
Sensibilité des sinus et du nez

Percussion
Sensibilité des sinus et du nez

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Oto-rhino-laryngologie 2–3

AFFECTIONS COURANTES DES OREILLES ET DU NEZ

OTITE EXTERNE OBSERVATIONS


– Fièvre possible
DÉFINITION – Rougeur et œdème du conduit auditif et du
pavillon de l’oreille
Infection ou inflammation du conduit auditif.
– Exsudat purulent ou débris dans le conduit
Otite externe bénigne – La membrane tympanique est généralement
normale (parfois un peu rouge).
Inflammation limitée au conduit auditif, qui n’est pas – Si l’œdème et les débris sont importants, il peut
sensiblement rétréci. Il peut y avoir présence de pus.
être impossible de voir la membrane tympanique.
Otite externe modérée – La manipulation du pavillon de l’oreille ou une
pression sur le tragus cause de la douleur.
Rétrécissement important du conduit auditif et – Les ganglions péri-auriculaires et cervicaux
enflure appréciable des tissus mous. antérieurs peuvent être hypertrophiés et sensibles.
Otite externe grave DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Obstruction importante du conduit auditif. – Otite moyenne aiguë avec perforation
Envahissement des tissus mous, particulièrement le – Affection de la peau s’étendant à l’oreille
long du plancher du conduit, s’étendant vers la ligne – Mastoïdite
médiane, comme il arrive souvent dans le cas de
l’otite externe maligne. – Furoncle dans le conduit auditif
– Irritation causée par un corps étranger
CAUSES
– Bacilles Gram négatifs : Proteus, Pseudomonas COMPLICATIONS
– Coques Gram positifs : (moins fréquents) : – Otite externe sévère avec obstruction du conduit
Staphlylococcus, Streptococcus auditif
– Infection fongique (p. ex. candidose) – Cellulite de l’oreille externe et de la face
– Facteurs prédisposants : prothèse auditive, conduit
TESTS DIAGNOSTIQUES
auditif étroit, utilisation de coton-tige, utilisation
de bouchons d’oreille, baignade dans des eaux Prélevez un échantillon par écouvillonnage en vue
contaminées d’une culture et d’un antibiogramme s’il y a présence
– Facteurs de risque : immunosuppression (p. ex. d’exsudat (pour qu’on puisse choisir l’antibiotique
chez les patients atteints de diabète ou de cancer et approprié en cas d’échec du traitement initial).
chez ceux qui ont subi une greffe), prise de
stéroïdes par voie générale TRAITEMENT
SYMPTOMATOLOGIE Objectifs
– Douleur à l’oreille (otalgie) – Soulager la douleur
– Prurit ou irritation – Prévenir les récidives
– Écoulement purulent du conduit auditif – Empêcher l’infection de s’étendre
(blanchâtre, verdâtre ou gris) Consultation
– Exposition récente à l’eau ou traumatisme
mécanique récent Il n’est généralement pas nécessaire de consulter un
– Dans certains cas, perte auditive ou sensation de médecin, à moins que l’on observe une cellulite de
pression dans l’oreille l’oreille externe ou de la face, que le problème soit
récurrent ou que le client soit immunodéprimé.

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2–4 Oto-rhino-laryngologie

Interventions non pharmacologiques Otite externe bénigne


– Il faut débrider le conduit auditif. Cette Si l’infection est très bénigne (pas d’exsudat et très
intervention est absolument essentielle. peu d’inflammation), envisagez l’utilisation d’un
– Nettoyez l’oreille externe et le conduit auditif avec antiseptique topique :
un soluté physiologique et enlevez doucement les
Solution de Burow (solution otique Buro-Sol)
débris et l’exsudat à l’aide d’une mèche de gaze.
(médicament de classe A), instiller 2 ou 3 gouttes
– Si un drainage important s’ensuit ou si le conduit tid ou qid
auditif risque de rétrécir davantage, une mèche
d’oreille (1 po [2,5 cm] de coton ou de gaze), Selon certaines études, l’utilisation d’un antiseptique
insérée doucement dans le conduit et laissée en de format topique ou d’un antibiotique (gentamicine)
place, aidera à garder le conduit ouvert et à faire en en gouttes n’influence pas les résultats cliniques.
sorte que les médicaments instillés dans l’oreille se Otite externe modérée
rendent au fond du conduit.
– Changez la mèche chaque jour. Si l’inflammation et la purulence sont importantes,
ou si le traitement décrit plus haut n’a rien donné,
Éducation du client instillez dans l’oreille des gouttes associant un
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des antibiotique et un anti-inflammatoire (stéroïdien) :
médicaments (si possible, demandez à un membre dexaméthasone/framycétine (gouttes otiques
de sa famille d’instiller les gouttes et de nettoyer Sofracort) (médicament de classe A), 2 gouttes
l’oreille). tid ou qid pendant 7-10 jours
– Expliquez au client comment nettoyer l’oreille ou
avant d’instiller les médicaments.
hydrocortisone/néomycine/polymyxine B (solution
– Expliquez au client comment éviter de nouvelles otique Cortisporin) (médicament de classe A),
irritations (p. ex. ne pas insérer de coton-tige dans 2 gouttes tid ou qid pendant 7-10 jours
ses oreilles). ou
– Recommandez au client de bien s’assécher les
oreilles après avoir nagé ou d’utiliser des bétaméthasone (gouttes otiques Garasone)
(médicament de classe C), 2 gouttes tid ou qid
bouchons d’oreilles lorsqu’il se baigne.
pendant 7 jours
– Expliquez au client comment bien nettoyer sa
prothèse auditive ou ses bouchons d’oreilles. Si vous soupçonnez une perforation de la membrane
En cas de récidive, amorcez des mesures tympanique, il faut probablement éviter Garasone à
prophylactiques : cause du risque d’ototoxicité qui peut exister si des
aminosides (comme la garamycine contenue dans
Solution de Burow (solution otique Buro-Sol) Garasone) sont administrés pendant plus de 7 jours
(médicament de classe A), instiller 2 ou 3 gouttes
en présence d’une perforation.
après la baignade ou la douche
ou Otite externe grave
instiller 2 ou 3 gouttes de vinaigre, non dilué ou Voir la section « Orientation vers d’autres ressources
dilué de moitié, après la baignade ou la douche médicales » plus loin.
Interventions pharmacologiques
Otite externe fongique
Traitez la douleur par des analgésiques simples :
Des champignons microscopiques peuvent causer
acétaminophène (Tylenol) (médicament de l’otite externe, particulièrement chez les patients
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO immunodéprimés. Dans les cas d’otites externes
toutes les 4-6 heures au besoin bénignes ou modérées dues à de tels micro-
organismes, il faut administrer des agents
antifongiques.
clotrimazole crème à 1 % (Canesten)
(médicament de classe A), appliquer bid

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Oto-rhino-laryngologie 2–5

Surveillance et suivi OBSERVATIONS


– Revoyez le client après 1-3 jours (demandez-lui de – Fièvre possible
revenir plus tôt si la douleur augmente ou si une – Le client peut présenter des symptômes légers ou
fièvre apparaît malgré le traitement) modérés.
– Assurez un suivi après 10 jours, une fois le – Tympan rouge, mat, bombé
traitement terminé – Repères osseux moins visibles ou absents
Orientation vers d’autres ressources – Perforation possible du tympan et écoulement de
médicales pus dans le conduit auditif
– Dirigez immédiatement vers un médecin les cas – Mobilité diminuée de la membrane tympanique
d’otite externe grave qui peuvent nécessiter une – Bulles visibles sur la membrane tympanique (mais
hospitalisation pour une antibiothérapie IV. seulement dans les cas d’infection à mycoplasme)
– Consultez un médecin pour les cas d’otites – Ganglions péri-auriculaires et cervicaux antérieurs
externes à répétition, surtout si elles sont d’origine hypertrophiés et sensibles
fongique, pour qu’il puisse évaluer si le client est DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
immunodéprimé.
– Otite externe aiguë
OTITE MOYENNE AIGUË – Épanchement transitoire dans l’oreille moyenne
(sans infection)
DÉFINITION – Mastoïdite
– Traumatisme ou irritation causée par un corps
Infection de l’oreille moyenne. étranger
– Douleur irradiant vers l’oreille à partir d’un abcès
CAUSES
dentaire ou dysfonction de l’articulation temporo-
– Origine virale dans 25 % des cas mandibulaire
– Forme bactérienne attribuable à Hemophilus
COMPLICATIONS
influenzae, Moraxella catarrhalis, Staphylococcus
aureus, Streptococcus pneumoniae, Streptococcus – Diminution ou perte de l’acuité auditive
pyogenes – Otite moyenne séreuse
– Mastoïdite
Le fait de fumer ou d’inhaler la fumée secondaire est un
facteur prédisposant important. – Otite moyenne chronique
– Méningite
SYMPTOMATOLOGIE – Abcès épidural
– Malaise général et fièvre – Cholestéatome
– Douleur pulsatile à l’oreille TESTS DIAGNOSTIQUES
– Sensation de pression
– Diminution de l’acuité auditive – Prélevez par écouvillonnage tout écoulement en
vue d’une culture et d’un antibiogramme.
– Acouphènes ou bourdonnements dans l’oreille,
vertiges TRAITEMENT
– Écoulement purulent si le tympan est perforé
Objectifs
– Une infection des voies respiratoires supérieures
(IVRS) peut être présente ou peut avoir précédé – Soulager la douleur
l’otite moyenne. – Prévenir les complications
Consultation
S’il n’y a pas de complication, il n’est généralement
pas nécessaire de consulter un médecin.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


2–6 Oto-rhino-laryngologie

Interventions non pharmacologiques OTITE MOYENNE CHRONIQUE


Éducation du client
(OTORRHÉE PURULENTE)
– Recommandez au client de prendre du repos
pendant la phase fébrile aiguë. DÉFINITION
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des Infection persistante ou infection légère récurrente de
médicaments (posologie, adhésion au traitement, l’oreille moyenne.
suivi).
– Renseignez-le sur l’évolution de la maladie et les CAUSES
résultats prévus (l’otite moyenne séreuse peut – Proteus, Pseudomonas ou Staphylococcus
persister pendant des semaines).
– Contamination de l’oreille moyenne par de l’eau
– Conseillez au client d’éviter de prendre l’avion
tant que les symptômes n’auront pas disparu. SYMPTOMATOLOGIE
Interventions pharmacologiques – Diminution de l’acuité auditive
– Écoulement constant et nauséabond de l’oreille
Pour soulager la douleur et la fièvre :
– Acouphènes
acétaminophène (Tylenol) (médicament de – Absence de douleur (habituellement)
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
toutes les 4-6 h au besoin
– Absence de fièvre

Antibiothérapie : OBSERVATIONS

amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),


– Le client semble bien portant dans l’ensemble.
250 mg PO tid pendant 10 jours – Écoulement purulent et nauséabond du conduit
ou
auditif.
– Perforation de la membrane tympanique.
sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS)
(médicament de classe A), 1 comprimé PO bid DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
pendant 10 jours
– Otite externe chronique
ou
– Otite moyenne subaiguë
érythromycine (E-Mycin) (médicament de
classe A), 250 mg PO qid pendant 10 jours COMPLICATIONS
Surveillance et suivi – Perte auditive importante et permanente
– Mastoïdite
– Demandez au client de revenir après trois jours si
les symptômes ne se so nt pas atténués ou s’ils – Cholestéatome
s’aggravent malgré le traitement. TESTS DIAGNOSTIQUES
– Revoyez le client après 10-14 jours : surveillez les
signes d’une otite moyenne séreuse. – Prélevez par écouvillonnage un échantillon de
l’écoulement en vue d’une culture et d’un
– Évaluez l’audition du client un mois après le antibiogramme.
traitement.
Orientation vers d’autres ressources TRAITEMENT
médicales Objectifs
Elle n’est pas nécessaire s’il n’y a pas de – Prévenir les complications
complication. – Éviter le recours inutile aux antibiotiques
Consultation
Il faut consulter un médecin si les symptômes
persis tent malgré le traitement.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Oto-rhino-laryngologie 2–7

Interventions non pharmacologiques La prise d’antibiotiques par voie orale doit être
accompagnée d’un nettoyage systématique du
Éducation du client
conduit auditif et de l’administration topique de
– Expliquez l’évolution et l’issue probable de la gouttes antibiotiques dans l’oreille, de la façon
maladie. décrite plus haut pour l’otite moyenne chronique
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des bénigne.
médicaments (y compris l’adhésion au traitement).
– Expliquez au client les règles d’hygiène de l’oreille : Surveillance et suivi
il faut laver le conduit auditif à l’aide d’une solution Assurez un suivi après 7-14 jours.
de peroxyde d’hydrogène à 3 % avant d’instiller les
gouttes de médicament afin d’enlever tout exsudat ou Orientation vers d’autres ressources
débris (montrez à un membre de la famille du client médicales
comment procéder et demandez-lui de le faire). Il peut être nécessaire de diriger le client vers un
– Recommandez au client de bien s’assécher les spécialiste en ORL si le traitement ne donne aucun
oreilles après avoir nagé ou d’utiliser des résultat ou si des complications surviennent. Dans
bouchons lorsqu’il se baigne. certains cas, une intervention chirurgicale est
– Montrez au client comment nettoyer sa prothèse nécessaire.
auditive et ses bouchons d’oreilles.
– Pour éviter une récurrence de l’infection, OTITE MOYENNE SÉREUSE (AVEC
recommandez au client de nettoyer le conduit ÉPANCHEMENT)
auditif à l’aide de solution de Burow (solution
otique Buro-Sol; médicament de classe A) ou
d’une solution faite de vinaigre et d’eau stérile à DÉFINITION
parts égales; instiller 4-6 gouttes dans l’oreille Présence d’un liquide non infectieux dans l’oreille
après la baignade. moyenne pendant plus de 3 mois en l’absence de tout
Interventions pharmacologiques symptôme ou signe d’infection aiguë.

Otite moyenne chronique bénigne CAUSES


Des gouttes antibiotiques topiques suffisent : – Dysfonction de la trompe d’Eustache
dexaméthasone/framycétine (solution otique
– Facteurs prédisposants : infection virale des voies
Sofracort) (médicament de classe A), 2 ou 3 gouttes respiratoires supérieures, allergies,
tid ou qid pendant 10-14 jours barotraumatisme, hypertrophie adénoïdienne, otite
ou
moyenne aiguë récente

hydrocortisone/néomycine/polymyxine B (solution SYMPTOMATOLOGIE


otique Cortisporin) (médicament de classe A),
4 gouttes tid ou qid pendant 10-14 jours
– Existence d’un des facteurs prédisposants
– Diminution de l’acuité auditive dans l’oreille
Otite moyenne chronique modérée touchée
En cas d’atteinte importante des tissus mous, des – Sensation de pression dans l’oreille
antibiotiques à a ction générale sont indiqués : – Démangeaisons possibles au nez et aux oreilles
– Douleur légère ou absence de douleur
sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS)
(médicament de classe A), 1 comprimé PO bid – Absence de fièvre
pendant 14 jours
OBSERVATIONS
ou
– Membrane tympanique intacte, mate, rétractée ou
céphalexine (Keflex) (médicament de classe C), hypomobile
250 mg PO qid pendant 14 jours
– Présence d’un liquide clair ou de bulles d’air
ou derrière la membrane tympanique
amoxicilline/clavulanate (Clavulin) (médicament – Les repères osseux sont généralement accentués à
de classe B), 250 mg PO tid pendant 14 jours cause de la rétraction du tympan.
– L’audiométrie peut révéler une perte auditive.
– Résultats anormaux aux tests d’audition (surdité de
transmission)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


2–8 Oto-rhino-laryngologie

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Antihistaminiques ou décongestionnants oraux (ou


– Dysfonction de la trompe d’Eustache les deux) :
– Tumeur du nasopharynx (si le problème dure pseudoéphédrine (Sudafed) (médicament de
depuis longtemps) classe A), 30-60 mg PO tid ou qid pendant 4-
7 jours
COMPLICATIONS ou
– Infection secondaire (otite mo yenne aiguë triprolidine (Actifed) (médicament de classe A),
purulente) 1 comprimé PO tid pendant 2-4 semaines
– Otite moyenne séreuse chronique
Commencez par la plus faible dose et la plus petite
– Perte auditive
fréquence, expliquez au client qu’il doit augmenter la
– Bouchon de cérumen dose lentement pour prévenir les effets secondaires
TESTS DIAGNOSTIQUES (comme l’agitation, l’insomnie, l’irritabilité ou des
tremblements).
Aucun
Il ne faut pas prescrire de décongestionnants aux patients
âgés, aux personnes souffrant d’hypertension, de
TRAITEMENT
maladies du cœur, de maladies vasculaires périphériques,
Objectifs d’hyperthyroïdie, aux personnes ayant des antécédents de
glaucome aigu à angle fermé ou de rétention urinaire, ni
– Découvrir la cause sous-jacente enfin aux personnes qui prennent des antidépresseurs ou
– Soulager les symptômes des inhibiteurs de la monoamine-oxydase.
– Prévenir toute perte auditive
Surveillance et suivi
Consultation
Vérifiez la réponse au traitement après 2-4 semaines.
Il faut consulter un médecin si un épanchement Notez en particulier toute amélioration de l’audition
accompagné d’une perte auditive importante (plus de ou diminution des acouphènes.
20 dB) persiste pendant plus de 2 ou 3 mois.
Réévaluez l’audition, de préférence à l’aide d’une
Interventions non pharmacologiques audiométrie de dépistage (si possible).
Éducation du client Orientation vers d’autres ressources
– Expliquez l’évolution et l’issue prévue de la médicales
maladie. Dirigez le client vers un spécialiste en ORL si
– Comme les symptômes peuvent durer longtemps l’épanchement persiste après 3 mois.
(2-3 mois), rassurez le client.
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (posologie et adhésion au
CÉRUMINOSE (BOUCHON DE
traitement). CÉRUMEN)
– Conseillez au client d’éviter de prendre l’avion
tant que les signes et symptômes d’otite n’auront DÉFINITION
pas d isparu.
Obstruction du conduit auditif par du cérumen (cire).
– Décrivez les signes et les symptômes de l’otite
moyenne purulente et demandez au client de CAUSES
revenir à la clinique s’ils surviennent.
– Demandez au client d’essayer d’équilibrer Le cérumen est sécrété naturellement par le conduit
doucement la pression entre l’oreille moyenne et la auditif et est normalement éliminé par les
gorge, par des gestes simples comme bailler ou mécanismes du corps. Il arrive parfois qu’il soit
mâcher de la gomme. produit en quantité excessive au point d’obstruer
partiellement ou complètement le conduit auditif.
Interventions pharmacologiques
SYMPTOMATOLOGIE
La plupart des études démontrent que les
antihistaminiques et les décongestionnants sont – Otalgie
inefficaces, mais ils apportent un certain soulagement – Sensation de pression
des symptômes pour certains clients. Proposez un – Prurit
traitement à court terme par ces agents. – Surdité de transmission

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Oto-rhino-laryngologie 2–9

OBSERVATIONS LABYRINTHITE
– Du cérumen durci obstrue le conduit auditif.
– Le conduit auditif peut être rouge et enflé. DÉFINITION
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Affection du labyrinthe vestibulaire de l’oreille
interne
– Irritation causée par un corps étranger
– Otite moyenne CAUSES
– Otite externe
– Infection virale
COMPLICATIONS – Dérèglement des systèmes vestibulaire, visuel et
– Perte auditive somatosensoriel, déclenché par un stimulus
– Otite externe externe comme le mal des transports ou le fait de
s’arrêter brusquement après avoir virevolté.
TESTS DIAGNOSTIQUES – Tumeurs situées dans les voies vestibulaires
Aucun – Médicaments ototoxiques, particulièrement les
aminoglucosides
TRAITEMENT – Blessure à la tête
– Névrite
Objectifs – Vascularite
– Retirer le cérumen SYMPTOMATOLOGIE
– Traiter toute irritation sous-jacente du conduit
auditif – Vertiges (symptôme prédominant)
– Étourdissements
Consultation
– Nausées et vomissements
Il n’est généralement pas nécessaire de consulter un – Perte auditive intermittente
médecin. – Acouphènes
Interventions non pharmacologiques – Malaise
– Transpiration
– Injectez de l’eau tiède dans l’oreille à l’aide d’une
seringue jusqu’à ce que le bouchon de cérumen OBSERVATIONS
soit dégagé.
– Diaphorèse
– Il est parfois utile de ramollir le bouchon de
– Salivation accrue
cérumen à l’aide de quelques gouttes d’huile
minérale ou d’huile pour bébé légèrement – Nystagmus
réchauffée avant d’irriguer l’oreille. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Pour prévenir la céruminose, toute personne qui
sécrète beaucoup de cérumen peut de temps à autre – Vertiges positionnels bénins
(une ou deux fois par semaine) instiller 3 gouttes – Maladie de Menière
d’une solution faite de peroxyde d’hydrogène et – Mastoïdite bactérienne chronique
d’eau à parts égales dans chaque oreille pour – Lésion vestibulaire causée par des médicaments
réduire les risques de formation d’un bouchon. Il – Neurinome de l’acoustique
suffit d’instiller une ou deux gouttes d’huile pour – Sclérose en plaques
bébé dans l’oreille une ou deux fois par semaine – Épilepsie temporale
pour empêcher le cérumen de durcir.
Surveillance et suivi COMPLICATIONS
– Perte auditive permanente
Demandez au client de revenir si ses symptômes
réapparaissent. – Chute pouvant entraîner des blessures
TESTS DIAGNOSTIQUES
Aucun

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


2–10 Oto-rhino-laryngologie

TRAITEMENT CAUSES
Objectifs – Les causes de cette maladie sont inconnues, mais il
s’agirait, d’après la théorie la plus acceptée, d’une
– Détecter et traiter toute maladie sous-jacente si on réaction de l’oreille interne à une lésion (p. ex.
soupçonne autre chose qu’une labyrinthite virale. réduction de la pression de l’oreille interne,
– Offrir un traitement de soutien uniquement pour allergie, maladie endocrinienne, trouble du
les symptômes. métabolisme des lipides, trouble vasculaire,
Consultation infection virale).
– D’après une théorie plus récente, la maladie de
Il faut consulter un médecin si les symptômes du Menière résulterait de la compression
client persistent pendant plus d’une semaine malgré intracrânienne d’un nerf de l’équilibre par un
le traitement ou si on soupçonne autre chose qu’une vaisseau sanguin.
affection virale simple.
Facteurs de risque
Interventions non pharmacologiques – Race blanche
Conseillez au client de se reposer dans une pièce – Stress
sombre, les yeux fermés, pendant les crises aiguës – Allergie
(entre les crises, il peut faire les activités qu’il tolère). – Consommation élevée de sel
Interventions pharmacologiques – Exposition au bruit

Pour soulager les nausées et les vomissements : SYMPTOMATOLOGIE

dimenhydrinate (Gravol) (médicament de


– Alternance de crises et de périodes de rémission
classe A), 50-75 mg toutes les 6 h au besoin – Perte auditive intermittente (perception des basses
fréquences)
Surveillance et suivi – Vertiges (crises spontanées pouvant durer de
Assurez un suivi après 1 ou 2 jours pour voir si les 20 minutes à plusieurs heures)
symptômes sont soulagés. Veillez à ce que le client – Sensation de plénitude dans l’oreille
ne se déshydrate pas s’il a beaucoup de nausées ou de – Nausées, vomissements
vomissements. – Chute
– Prostration (incapacité de se lever parce que tout
Orientation vers d’autres ressources
mouvement aggrave les symptômes)
médicales
OBSERVATIONS
Dirigez le client vers un médecin si vous soupçonnez
autre chose qu’une labyrinthite virale, – Pâleur
particulièrement si les crises sont sévères ou – Transpiration
récurrentes. La consultation d’un neurologue peut – Détresse, abattement
être nécessaire pour diagnostiquer et traiter un trouble – Une certaine déshydratation est possible si le client
sous-jacent. vomit beaucoup.
– Des épreuves audiométriques utilisant des sons
MALADIE DE MENIÈRE purs peuvent mettre en évidence une surdité de
perception des basses fréquences et une perception
DÉFINITION amoindrie du discours.
– Les épreuves faites à l’aide d’un diapason (Weber
Affection de l’oreille interne dans laquelle le volume et Rinne) confirment les résultats de l’audiométrie.
et la pression du liquide contenu dans l’oreille
moyenne augmentent, ce qui entraîne des crises DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
récidivantes réunissant un ensemble de symptômes. – Labyrinthite virale
– Vertiges positionnels bénins
– Neurinome de l’acoustique
– Syphilis
– Sclérose en plaques
– Insuffisance vertébrobasillaire

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Oto-rhino-laryngologie 2–11

COMPLICATIO NS RHINITE
– Perte auditive
– Blessures résultant de chutes pendant les crises Il existe trois types de rhinite dont il faut tenir compte
dans le diagnostic différentiel d’une congestion
– Incapacité de travailler nasale et d’une rhinorrée.
– Impossibilité de diagnostiquer un neurinome de
l’acoustique DÉFINI TION
TESTS DIAGNOSTIQUES Rhinite allergique : Réaction inflammatoire de la
Aucun muqueuse nasale.
Rhinite vasomotrice : Inflammation chronique de la
TRAITEMENT muqueuse nasale, qui dépend de l’hyperréactivité de
Objectifs celle -ci (non allergique).

– Soulager les symptômes Rhinite virale (IVRS) : Infection virale limitée aux
– Déterminer la cause sous-jacente voies respiratoires supérieures, généralement bénigne
et spontanément résolutive.
Consultation
Il faut consulter un médecin pour établir un CAUSES
diagnostic (ce n’est pas urgent tant que l’état du Rhinite allergique
client est stable et que ses symptômes sont soulagés
par les médicaments). Sensibilité aux allergènes inhalés (pollen, foins,
herbe à poux, poussière, moisissures, phanères
Interventions non pharmacologiques d’animaux, fumée).
Éducation du client Rhinite vasomotrice
Conseillez le client sur la façon de prévenir les – Origine inconnue; les symptômes ne sont pas
crises : chercher des moyens de réduire le stress, associés à l’exposition à des allergènes
consommer moins de sel, cesser de fumer, éviter spécifiques.
toute exposition prolongée au bruit (le client devrait – Les crises peuvent être déclenchées par des
porter des protecteurs d’oreilles), éviter les changements brusques de température ou de
médicaments ototoxiques comme l’acide pression barométrique, par des odeurs ou par un
acétylsalicylique (ASA). stress émotionnel.
Interventions pharmacologiques Rhinite virale (IVRS)

Pendant les crises aiguës, pour soulager les nausées et Nombreux agents viraux
les vomissements :
dimenhydrinate (Gravol) (médicament de
classe A), 50 mg IM ou PO toutes les 4 heures au
besoin

Surveillance et suivi
Évaluez l’audition au moins une fois par an chez les
clients dont les symptômes sont stables.

Orientation vers d’autres ressources


médicales
Dirigez le client vers un médecin si ses symptômes
ne sont pas soulagés ou si la perte auditive est
évidente. Un neurologue devra peut-être examiner le
client pour diagnostiquer et traiter le trouble sous-
jacent.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


2–12 Oto-rhino-laryngologie

SYMPTOMATOLOGIE OBSERVATIONS
Rhinite allergique Rhinite allergique
– Symptômes saisonniers ou chroniques – Rougeur de la conjonctive
– Antécédents familiaux d’allergies – Larmoiement possible
– Présence possible d’asthme ou d’eczéma – Œdème possible des paupières et de la région
– Éternuements paroxystiques périorbitaire
– Démangeaisons nasales – Pâleur, œdème et rougeur de la muqueuse nasale,
– Congestion nasale accompagnés de sécrétions claires
– Écoulement nasal clair, abondant et continu, – Présence possible de polypes nasaux
liquide comme de l’eau – La peau autour du nez peut être irritée.
– Démangeaisons aux yeux ou larmoiement – Présence possible du « salut allergique »
– Démangeaison aux oreilles – Les sinus peuvent être sensibles au toucher si les
– Malaise général et céphalée dans certains cas symptômes sont sévères.
– Les symptômes sont pires le matin et ils Rhinite vasomotrice
s’atténuent pendant la journée, pour s’intensifier – Signes vitaux généralement normaux
de nouveau pendant la nuit.
– Muqueuse nasale rouge et enflée
– Sécrétions rétro-nasales
– Hypertrophie des cornets du nez
– Respiration par la bouche
– La gorge peut être légèrement rouge à cause de
– Présence dans certains cas de ronflement et de l’irritation causée par les sécrétions rétro-nasales.
toux sèche pendant la nuit
– Les amygdales et les végétations adénoïdes
Rhinite vasomotrice peuvent être enflées.
– Apparition soudaine de congestion nasale – Les sinus peuvent être sensibles au toucher si les
– Symptômes chroniques symptômes sont sévères.
– Sécrétions rétro-nasale s persistantes Rhinite virale (IVRS)
– Irritation intermittente de la gorge – Légère fièvre possible
– Ne répond pas aux mesures d’assainissement de – Le client semble modérément malade.
l’environnement ni aux médicaments
– Écoulement nasal clair
– Sensation de devoir constamment tousser pour
– Peau des narines légèrement irritée
dégager la gorge
– Oreilles normales
– Modification de l’acuité auditive ou olfactive
– Gorge normale, léger érythème
– Ronflement
– Les sinus peuvent être sensibles au toucher si les
– Fatigue symptômes sont sévères.
Rhinite virale (IVRS)
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL (TOUS LES
– Toux non productive ou produisant des TYPES)
expectorations claires
– Sinusite aiguë ou chronique
– Légère fièvre
– Congestion nasale avec écoulement nasal clair – Abus de gouttes nasales
– Éternuements – Abus de drogues ou de solvants (p. ex. cocaïne,
essence, colle)
– Sécrétions rétro-nasales
– Présence d’un corps étranger dans les narines
– Démangeaisons dans la gorge
– Polypes nasaux
– Légère céphalée et malaise général
– Déviation de la cloison nasale
– Pression dans les oreilles
– Hypothyroïdie à l’origine de la congestion nasale
– Congestion nasale causée par la grossesse ou
l’utilisation de contraceptifs oraux

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Oto-rhino-laryngologie 2–13

COMPLICATIONS (TOUS LES TYPES) Interventions pharmacologiques


– Otite moyenne Rhinite allergique et vasomotrice
– Polypes nasaux
– Épistaxis Gouttes nasale d’eau saline, à instiller au besoin, pour
dégager le mucus et tout allergène inhalé.
– Hypertrophie des amygdales et des végétations
adénoïdes Antihistaminiques oraux pour traiter les symptômes
– Sinusite aigus d’écoulement nasal, d’éternuements et de prurit
et les symptômes conjonctivaux (ces médicaments ne
TESTS DIAGNOSTIQUES (TOUS LES TYPES) soulagent pas la congestion nasale) :
– Test d’allergie cutané
chlorphéniramine (Chlor-Tripolon) (médicament
TRAITEMENT (TOUS LES TYPES) de classe A), 4 mg PO qid
ou
Objectifs
cétirizine (Reactine) (médicament de classe A),
– Soulager et enrayer les symptômes 10 mg par jour
– Déterminer l’allergène ou les allergènes à l’origine ou
des symptômes
loratadine (Claritin) (médicament de classe A),
– Prévenir les complications 10 mg par jour
Interventions non pharmacologiques
Les médicaments combinant des antihistaminiques
Les mesures d’assainissement de l’environnement oraux et des décongestionnants peuvent agir comme
sont importantes. Dans la mesure du possible, le des antihistaminiques tout en soulageant la
client doit éviter, éliminer ou réduire les allergènes congestion nasale (il faut les utiliser pendant
connus dans son environnement. 4-7 jours pour éviter l’effet rebond) :
Éducation du client pseudoéphédrine (Sudafed) (médicament de
classe A), 1 comprimé PO tid au besoin
– Recommandez de boire davantage pour améliorer
l’hydratation. Les antihistaminiques peuvent entraîner la
– Expliquez au client l’utilisation correcte de ses somnolence, la sécheresse buccale et la rétention
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires, urinaire, et leurs effets accentuent ceux des sédatifs. Il
éviter la surconsommation). faut les utiliser avec prudence chez les patients âgés.
– Recommandez au client d’éviter la caféine.
Les corticostéroïdes topiques administrés par voie
– Recommandez au client d’éviter les allergènes
nasale sont la base du traitement de la rhinite
connus (il devrait garder son milieu de vie exempt
allergique chronique et de la rhinite vasomotrice
de poussière, éviter d’aller dehors lorsque la
chronique; ils servent également au traitement
concentration de pollen dans l’air est élevée,
d’entretien et à la prophylaxie pour ces maladies. Ils
utiliser des articles de literie et des vêtements faits peuvent être administrés seuls ou en association avec
de fibres synthétiques et se défaire de ses animaux
des antihistaminiques et des décongestionnants.
domestiques (pour éliminer les phanères animaux).
– Expliquez au client les mesures à prendre pour Il faut consulter un médecin au sujet de l’utilisation
éviter de transmettre la rhinite virale à d’autres de corticostéroïdes pour la voie nasale si les
membres de sa famille. antihistaminiques et les décongestionnants sont
– Recommandez-lui de se laver les mains souvent, inefficaces. Voici des exemples de médicaments
de jeter les papiers mouchoirs souillés dans un communément prescrits en pareil cas :
endroit approprié et de se couvrir la bouche et le béclométhasone (Beconase -forme aqueuse)
nez lorsqu’il tousse ou éternue.
(médicament de classe B), 50 µg/vaporisation,
1 ou 2 vaporisations dans chaque narine bid
ou
fluticasone (Flonase) (médicament de classe B),
50 µg/vaporisation, 2 vaporisations dans chaque
narine 1 fois par jour
ou
triamcinolone (Nasacort) (médicament de classe B),
2 vaporisations dans chaque narine une fois par jour

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


2–14 Oto-rhino-laryngologie

Rhinite virale ÉPISTAXIS ANTÉRIEURE


Pour soulager les symptômes, il faut en premier lieu
utiliser un décongestionnant pour la voie nasale DÉFINITION
pendant une courte période (3 ou 4 jours) :
Saignement localisé dans la partie antérieure de la
xylométazoline (Otrivin) (médicament de cloison nasale.
classe A), 0,1 %, une vaporisation dans chaque
narine une ou deux fois par jour CAUSES
Si les médicaments administrés par voie nasale ne – Traumatisme et irritation
donnent pas de résultat, on peut administrer des – Irritation causée par un corps étranger
antihistaminiques et des décongestionnants oraux – Néoplasme (rare)
(pendant 4-7 jours, pour éviter l’effet rebond) :
– Facteurs prédisposants : rhinite allergique,
pseudoéphédrine (Sudafed) (médicament de déviation de la cloison nasale, IVRS, lésions
classe A), 1 comprimé PO tid au besoin vasculaires localisées

D’après les données médicales, les antihistaminiques SYMPTOMATOLOGIE


auraient peu d’effet contre le rhume. – Présence d’un ou plusieurs des facteurs
prédisposants
On ne doit pas prescrire de décongestionnant aux
clients âgés, aux hypertendus, aux personnes atteintes – Affection généralement unilatérale
d’une maladie cardiaque, d’une maladie vasculaire – Saignement abondant ou écoulement nasal strié de
périphérique ou d’hyperthyroïdie, aux personnes sang
ayant des antécédents de glaucome aigu à angle – Durée, fréquence et abondance des saignements
fermé ou de rétention urinaire, ni aux personnes qui – Utilisation d’anticoagulants, de produits à base
prennent des antidépresseurs ou des inhibiteurs de la d’AAS ou d’autres médicaments
monoamine-oxydase. – Tendance à se faire des bleus facilement ou
Traitement de la fièvre : antécédents de saignements ailleurs (p. ex. méléna,
règles abondantes)
acétaminophène (Tylenol) (médicament de – Antécédents familiaux de maladies hémorragiques
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
(maladie de von Willebrand)
toutes les 4-6 h au besoin
OBSERVATIONS
Surveillance et suivi
Demandez au client de revenir s’il a de la fièvre ou si Examinez le client assis et penché vers l’avant pour
que le sang afflue vers l’avant.
les symptômes ne sont pas disparus après 14 jours.
– Tension artérielle normale à moins que
Orientation vers d’autres ressources l’hémorragie ne soit assez grave pour provoquer
médicales une hypovolémie.
Dirigez le client vers un médecin si les symptômes de – La fréquence cardiaque peut être élevée parce que
rhinite ne s’atténuent pas après le traitement initial. Il le client est effrayé ou parce que l’hémorragie est
peut être nécessaire de recourir à des tests d’allergie, assez grave pour entraîner une hypovolémie.
à une radiographie des sinus ou à d’autres – Difformité ou déviation évidente de la cloison
médicaments. nasale dans certains cas.
– Le saignement peut provenir de la partie antérieure
de la cloison nasale.
– Examinez la gorge pour détecter un saignement
postérieur.
– Possibilité de sensibilité des sinus au toucher
– Déviation possible de la cloison nasale

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Oto-rhino-laryngologie 2–15

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions pharmacologiques


– Légère infection de la muqueuse nasale Si l’application d’une pression directe ne suffit pas à
– Sécheresse et irritation de la muqueuse nasale arrêter le saignement :
– Fracture du nez épinéphrine (médicament de classe D), solution
– Corps étranger 1:1000
– Lésion maligne
Imbibez un tampon d’ouate d’épinéphrine. Placez la
– Tuberculose
boule d’ouate dans la partie antérieure du nez.
– Dyscrasie Appuyez fermement sur la cloison nasale pendant
TESTS DIAGNOSTIQUES 5-10 minutes.

Aucun Si ces deux mesures ne donnent aucun résultat, il faut


anesthésier et cautériser la muqueuse à l’endroit où elle
TRAITEMENT saigne :
lidocaïne topique (Xylocaine) (médicament de
Objectifs
classe A), 4 %
– Arrêter le saignement
Imbibez un tampon d’ouate de lidocaïne. Insérez-le
– Prévenir d’autres épisodes
dans la partie antérieure du nez. Appuyez fermement
Consultation sur la cloison nasale pendant 5 minutes. Ensuite,
passez très délicatement un bâtonnet de nitrate
En règle générale, il n’est pas nécessaire de consulter d’argent sur l’endroit qui saigne. Cautérisez la plus
un médecin sauf s’il y a des complications ou si on petite région possible. La cautérisation ne doit être
soupçonne une affection sous-jacente grave.
effectuée qu’en dernier ressort, parce qu’elle entraîne
Interventions non pharmacologiques la formation de tissu cicatriciel.

Exercez une pression sur les deux côtés du nez en Pour favoriser la guérison et prévenir de nouveaux
appuyant fermement sur la cloison nasale pendant 5- saignements, on peut appliquer un lubrifiant nasal
15 minutes. Cette façon de procéder suffit à arrêter la (vaseline) dans les deux narines tid ou qid.
plupart des saignements.
Surveillance et suivi
Éducation du client Il faut assurer un suivi s’il s’agit de saignements à
– Recommandez au client d’augmenter l’humidité répétition ou si on redoute un problème sous-jacent
ambiante (en gardant une casserole remplie d’eau grave.
sur le poêle en tout temps, particulièrement
Orientation vers d’autres ressources
pendant l’hiver).
médicales
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (posologie et effets secondaires; Adressez le client à un médecin pour écarter la
éviter la surconsommation). possibilité d’autres affections si le client est âgé ou si
– Recommandez-lui d’éviter les irritants connus et les saignements se produisent à répétition.
les traumatismes locaux (se mettre les doigts dans
S’il y a eu traumatisme (p. ex. une bagarre), il
le nez, se moucher fort).
importe d’écarter la possibilité d’un hématome de la
– Expliquez au client les premiers soins en cas cloison nasale, qui nécessite une chirurgie.
d’épistaxie récurrente (s’asseoir droit et se pencher L’évacuation médicale du client s’impose dans ce
vers l’avant; appuyer fermement et directement sur cas.
la cloison nasale).
– Recommandez l’application de glace pour enrayer
les saignements abondants.
– Recommandez au client d’appliquer un lubrifiant
nasal comme de la vaseline à l’intérieur des
narines pour favoriser l’hydratation de la
muqueuse nasale.
– Conseillez au client de se couper les ongles pour
éviter de se blesser en se mettant les doigts dans le
nez.

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2–16 Oto-rhino-laryngologie

SINUSITE AIGUË DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Abcès dentaire
DÉFINITION – Un ou plusieurs polypes nasaux
Infection des muqueuses qui tapissent les sinus. – Tumeur
– Présence d’un corps étranger
CAUSES – Cellulite périorbitaire
– Infection des voies respiratoires supérieures
– Agents pathogènes fréquents : Hemophilus
influenzae, Moraxella catarrhalis, Streptococcus – Rhinite allergique
pneumoniae – Rhinite vasomotrice
– Moins fréquents : Chlamydia pneumoniae, – Céphalée vasculaire de Horton
Streptococcus pyogenes, virus et infections – Migraine
fongiques
COMPLICATIONS
– Facteurs prédisposants : rhume, allergies,
déviation de la cloison nasale, tabagisme, – Propagation de l’infection aux structures
hypertrophie adénoïdienne, abcès dentaire, polypes intracrâniennes ou intra-orbitaires contiguës
nasaux, traumatisme, corps étranger, plongée ou – Sinusite chronique
baignade, fibrose kystique. – Cellulite péri-orbitaire
SYMPTOMATOLOGIE TESTS DIAGNOSTIQUES
– Présence d’un ou plusieurs facteurs prédisposants Aucun
– Céphalée
– Douleur faciale TRAITEMENT
– La pression sur les sinus atteints s’accroît lorsque
le client se penche vers l’avant. Objectifs
– Écoulement nasal purulent, parfois teinté de sang – Déterminer les facteurs prédisposants
– Douleur dentaire, surtout des incisives et canines – Détecter un abcès dentaire sous-jacent
supérieures – Soulager les symptômes
– Parfois, sensation de malaise général Interventions non pharmacologiques
– Fièvre possible
Appliquer de la chaleur humide sur les sinus (p. ex.
OBSERVATIONS par l’inhalation de vapeur ou des compresses
– La température peut être légèrement élevée. chaudes) afin de soulager la pression en liquéfiant les
sécrétions épaisses. On peut aussi instiller dans le nez
– Le client peut sembler légèrement ou assez des gouttes de solution saline.
malade.
– Irritation cutanée autour des narines Éducation du client
– Muqueuse nasale enflée, parfois pâle ou rougeâtre
Recommandez au client les mesures suivantes :
– Possibles polypes nasaux
– Possible abcès dentaire – Se reposer davantage durant la phase aiguë
– Sensibilité des sinus affectés – Boire davantage pour s’hydrater (8-10 verres de
– Sensibilité au-dessus d’une dent liquide par jour)
– Les ganglions cervicaux antérieurs peuvent être – Prendre ses médicaments correctement (dose,
hypertrophiés et sensibles. fréquence, effets secondaires)
– Protéger ses sinus contre les changements de
température
– Éviter les irritants (p. ex. la fumée)
– Éviter de nager, de plonger ou de prendre l’avion
pendant la phase aiguë.

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Oto-rhino-laryngologie 2–17

Interventions pharmacologiques SINUSITE CHRONIQUE


Le client peut prendre un décongestionnant nasal en
DÉFINITION
vaporisation ou en gouttes pendant les 24-48
premières heures si la congestion est marquée. Les Inflammation persistante de la muqueuse qui tapisse
décongestionnants topiques sont plus efficaces que les sinus.
ceux qui sont administrés par voie orale. Il ne faut
pas prendre d’antihistaminiques (à moins que les CAUSES
symptômes ne soient d’origine allergique), parce – Infection (bactéries anaérobies, Staphylococcus
qu’ils assèchent et épaississent les sécrétions : aureus, virus)
xylométazoline (Otrivin) (médicament de – Anomalie anatomique
classe A), 0,1 % en vaporisation nasale, 1 ou
SYMPTOMATOLOGIE
2 vaporisations toutes les 8-12 h au besoin
ou – Congestion nasale prolongée (plus de 30 jours)
– Écoulement nasal, parfois purulent
xylométazoline (Otrivin) (médicament de
classe A), 0,1 % gouttes nasales, 2 ou 3 gouttes – Écoulement rétro -nasal possible
toutes les 8-12 h au besoin – Voix enrouée tôt le matin possible
ou – Douleur sinusale traversant le milieu du visage
phényléphrine (Neo-Synephrine) (médicament de – Céphalée possible
classe A), 0,25 % vaporisation nasale, – Oreilles bouchées
3 vaporisations toutes les 4-6 h au besoin – Douleur oculaire
ou – Halitose
phényléphrine (Neo-Synephrine) (médicament de – Toux chronique
classe D), 0,25 % gouttes nasales, 3 gouttes – Fatigue
toutes les 4-6 h au besoin – Absence de fièvre
– Antécédents d’allergies possibles
Il est très important de cesser de prendre le
décongestionnant nasal après 4-7 jours pour éviter OBSERVATIONS
l’apparition d’une congestion nasale « de rebond » – Le client semble bien portant.
(complication appelée rhinite médicamenteuse).
– La muqueuse nasale peut sembler pâle et spongieuse.
On peut soulager la douleur et la fièvre à l’aide – Transillumination réduite des sinus
d’analgésiques simples :
– Sensibilité possible des sinus à la palpation
acétaminophène (Tylenol) (médicament de
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
toutes les 4 h au besoin – Rhinite allergique
ou – Rhinite vasomotrice
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), – Polype nasal
200 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 h au – Infection des voies respiratoires supérieures
besoin – Tumeur
Antibiotiques oraux : – Migraine
amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),
– Maladie vasculaire de Horton
250-500 mg PO tid pendant 10-14 jours – Abcès dentaire
ou COMPLICATIONS
sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS) – Sinusite aiguë récurrente
(médicament de classe A), 1 comprimé PO bid
– Propagation de l’infection aux structures
pendant 10-14 jours
intraorbitaires ou intracrâniennes
Surveillance et suivi TESTS DIAGNOSTIQUES
Assurez un suivi après 10-14 jours. Invitez le client à – Aucun dans un premier temps
revenir plus tôt si les symptômes s’intensifient ou ne – Envisagez des tests diagnostiques comme une
s’atténuent pas malgré le traitement. radiographie ou une tomodensitométrie des sinus
en cas d’échec du traitement initial. Discutez de
ces tests avec un médecin.

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2–18 Oto-rhino-laryngologie

TRAITEM ENT Interventions pharmacologiques


Objectifs On peut soulager les symptômes à l’aide
d’antibiotiques oraux; l’antibiothérapie doit
– Soulager les symptômes
généralement être de plus longue durée que dans le
– Déterminer les facteurs prédisposants ou sous- cas de la sinusite aiguë (c.-à-d., 3 -4 semaines) :
jacents
– Empêcher l’infection de se propager à d’autres amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),
structures 250-500 mg PO tid pendant 21 jours
ou
Consultation
sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS)
Consultez un médecin si l’antibiothérapie initiale (médicament de classe A), 1 comprimé PO bid
n’entraîne aucun soulagement des symptômes. pendant 21 jours

Interventions non pharmacologiques Surveillance et suivi

Éducation du client Revoyez le client après 2 semaines.

Expliquez au client qu’il doit prendre les mesures Orientation vers d’autres ressources
suivantes : médicales
– Boire davantage (8-10 verres de liquide par jour)
Dirigez le client vers un médecin si ses symptômes
– Inhaler de la vapeur ou appliquer des compresses ne s’atténuent pas après 4 semaines d’antibiothérapie
chaudes pour soulager la pression sur les sinus ininterrompue, afin d’écarter la possibilité d’un état
– Prendre ses médicaments de la façon appropriée pathologique sous-jacent (p. ex. polypes nasaux,
(posologie et effets secondaires) déviation de la cloison nasale, allergies chroniques).
– Éviter les irritants (p. ex. la fumée) et les Si vous soupçonnez une maladie dentaire, adressez le
allergènes client à un dentiste.
– Éviter de nager, de plonger ou de prendre l’avion
si les symptômes sont aigus

AFFECTIONS COURANTES DE LA BOUCHE ET DE LA GORGE

ABCÈS DENTAIRE OBSERVATIONS

DÉFINITION – Fièvre (rare mais possible)


– Enflure possible du visage
Infection des tissus mous qui entourent une dent – Dent cariée
dévitalisée. – Œdème et érythème gingivaux
– Dent parfois branlante.
CAUSES
– Sensibilité localisée dans la région affectée de la
– Évolution d’une carie dentaire entraînant une mâchoire
pulpite causée par des bactéries anaérobies Gram – Enflure et sensibilité des ganglions cervicaux
positives et Bactéroïdes antérieurs
– Facteurs prédisposants : caries profondes, – Odontalgie localisée
mauvaise hygiène dentaire, traumatisme dentaire
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
SYMPTOMATOLOGIE
– Affection des glandes salivaires (p. ex. oreillons)
– Douleur dentaire localisée
– Sinusite
– Douleur constante, profonde et pulsatile
– Cellulite
– Douleur intensifiée par la mastication ou par
l’exposition au chaud ou au froid COMPLICATIONS
– Dent parfois branlante – Cellulite
– Enflure possible des gencives ou du visage (ou des – Formation récurrente d’abcès
deux)

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Oto-rhino-laryngologie 2–19

TESTS DIAGNOSTIQUES Surveillance et suivi


Aucun Revoyez le client après 48-72 heures.

TRAITEMENT Orientation vers d’autres ressources


médicales
Objectifs
Adressez le client à un dentiste pour un traitement
– Soulager les symptômes définitif.
– Empêcher l’infection de se propager
Consultation LARYNGITE
Il faut consulter un médecin en présence d’un gros
abcès fluctuant, si le client est très malade ou si DÉFINITION
l’infection s’est propagée aux tissus mous du cou.
Inflammation de la muqueuse du larynx et des cordes
Interventions non pharmacologiques vocales.

Rinçage de la bouche quatre fois par jour à l’aide CAUSES


d’une solution saline tiède.
– Infection virale (rhume)
Éducation du client – Infection bactérienne (streptocoque)
Expliquez au client qu’il doit prendre les mesures – Respiration constante par la bouche
suivantes : – Surutilisation de la voix
– Prendre correctement ses médicaments (posologie – Sinusite chronique
et effets secondaires) – Abus de tabac (ou exposition à la fumée
– Modifier son régime alimentaire (diète liquide ou secondaire)
aliments mous) – Aspiration de substances chimiques caustiques
– Améliorer son hygiène dentaire – Reflux gastro-œsophagien
Interventions pharmacologiques – Changements dus au vieillissement (p. ex. atrophie
musculaire, atrophie des cordes vocales)
Antibiotiques oraux : – Abus d’alcool
pénicilline V potassium (Pen Vee K) (médicament – Exposition prolongée à des poussières ou à
de classe A), 300-600 mg PO qid pendant d’autres irritants
7-10 jours
SYMPTOMATOLOGIE
Pour les clients allergiques à la pénicilline :
– Présence de facteurs de risque (voir la section
érythromycine (E-Mycin) (médicament de « Causes » plus haut)
classe A), 250 mg PO qid pendant 10 jours – Possibilité d’une IVRS concomitante
Analgésiques simples pour soulager la douleur – Voix enrouée ou anormale, ou aphonie
dentaire bénigne ou modérée : – Douleur, chatouillement ou aigreur dans la gorge
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
– Aphonie
200 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 h au – Dysphagie (difficulté à avaler)
besoin – Toux
ou – Fièvre
acétaminophène (Tylenol) (médicament de – Malaise
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
toutes les 4-6 h au besoin
OBSERVATIONS
– Fièvre possible
Pour la douleur dentaire sévère, ajoutez de la
codéine : – Le client semble légèrement malade.
– La gorge peut être légèrement ou assez rouge.
phosphate de codéine, 15 mg en association avec
– Absence d’exsudat
de l’acétaminophène (Tylenol No 2) (médicament
de classe C), 1-2 comprimés PO toutes les 4-6 h – Hypertrophie possible des ganglions lymphatiques
au besoin (maximum 15 comprimés)

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2–20 Oto-rhino-laryngologie

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL PHARYNGITE (MAL DE GORGE)


– Cancer de la gorge ou du larynx (si les symptômes
existent depuis longtemps ou sont récurrents) DÉFINITION
– Polypes des cordes vocales
Inflammation ou infection de la muqueuse du
TESTS DIAGNOSTIQUES pharynx (peut également s’étendre aux amygdales
palatines).
Aucun
CAUSES
TRAITEMENT
Infectieuses
Objectifs
– Virus (p. ex. rhinovirus, adénovirus, parainfluenza,
– Soulager les symptômes coxsackievirus, virus d’Epstein-Barr, virus
– Déterminer et supprimer les facteurs prédisposants herpétique)
(p. ex. la cigarette) – Bactéries (le plus souvent des streptocoques
Consultation ß-hémolytiques du groupe A), Chlamydia,
Corynebacterium diphtheriae, Hemophilus
Il faut consulter un médecin immédiatement si le influenzae, Neisseria gonorrhoeae
client présente un stridor et une dyspnée.
– Champignons (p. ex. Candida); rares sauf chez les
Interventions non pharmacologiques immunodéprimés (c.-à-d. les personnes infectées
par le VIH ou atteintes du sida)
– Le client doit avant tout laisser reposer sa voix.
Non infectieuses
– L’élimination des facteurs prédisposants (p. ex. la
cigarette et l’alcool) est aussi importante. – Rhinite allergique
– Accroître l’humidité ambiante. – Sinusite avec écoulement rétro-nasal
– Le client doit boire davantage s’il est fébrile. – Respiration par la bouche
– Il doit se reposer jusqu’à ce que la fièvre – Traumatisme
disparaisse. – Reflux gastro-œsophagien
Éducation du client – Facteurs de risque : contact avec une personne
infectée par un streptocoque du groupe A,
– Expliquez au client l’évolution et l’issue prévue de logement surpeuplé, immunosuppression (p. ex.
la maladie. VIH/sida), fatigue, tabac, consommation excessive
– Expliquez au client la façon appropriée de prendre d’alcool, contacts sexuels oro-génitaux, diabète
ses médicaments (posologie et effets secondaires) sucré ou prise de corticostéroïdes (par voie orale
– Insistez sur l’importance de revenir à la clinique si ou en inhalation)
les symptômes ne sont pas disparus après
3 semaines. SYMPTOMATOLOGIE
Interventions pharmacologiques Origine bactérienne
Aucune habituellement – Mal de gorge soudain
– Douleur à la déglutition
Surveillance et suivi – Absence de toux
Suivi après 3 semaines si les symptômes persistent. – Fièvre ou frissons
– Sensation de malaise
Orientation vers d’autres ressources
– Exanthème possible
médicales
– Céphalée
Dirigez le client vers un médecin si ses symptômes – Anorexie
persistent pendant plus de 3 semaines.
Origine virale
– Maux de gorge d’apparition lente et progressive
– Léger malaise
– Toux
– Congestion nasale

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Oto-rhino-laryngologie 2–21

Origine non infectieuse DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Maux de gorge d’apparition lente et progressive – Déterminer s’il s’agit d’une infection d’origine
– Léger malaise bactérienne ou virale
– Toux – Mononucléose infectieuse
– Symptômes persistants et récurrents – Infection transmise sexuellement (dans les cas de
– Douleur à la déglutition pharyngite chronique, interrogez le client au sujet
de ses pratiques sexuelles)
OBSERVATIONS – Angine de Vincent (angine ulcéro-nécrotique)
Origine bactérienne – Distinguez l’inflammation réactionnelle d’un
trouble sous-jacent (voir la section « Causes » plus
– Fièvre haut).
– Pouls accéléré
– Le client semble très malade. COMPLICATIONS
– La partie postérieure du pharynx est rouge et – Rhumatisme articulaire aigu (streptocoque du
enflée. groupe A seulement)
– Amygdales enflées – Glomérulonéphrite (streptocoque du groupe A
– Possibilité d’exsudat purulent seulement)
– Les ganglions sous-maxillaires et cervicaux – Abcès péri-amygdalien
antérieurs sont enflés et sensibles.
TESTS DIAGNOSTIQUES
– Exanthème (scarlatine découlant d’une infection
par un streptocoque du groupe A). Prélevez un échantillon par écouvillonnage pour
Origine virale culture et antibiogramme (pour des instructions à ce
sujet, voir l’annexe 1 de ce chapitre).
– Fièvre possible
– La partie postérieure du pharynx est rouge et TRAITEMENT
enflée.
Objectifs
– Possibilité d’exsudat purulent
– Les ganglions sous-maxillaires et cervicaux – Soulager les symptômes
peuvent être enflés et sensibles. – Prévenir les complications
– Pétechies sur le palais (mononucléose) – Prévenir la transmission du streptocoque du
– Vésicules (herpès) groupe A aux membres de l’entourage du client.
Origine non infectieuse Consultation
– La partie postérieure du pharynx est rouge et Consultez un médecin si le client présente une
enflée. importante dysphagie ou une dyspnée (dénotant
– Les ganglions sous-maxillaires et cervicaux l’obstruction des voies respiratoires supérieures) ou si
antérieurs peuvent être enflés et sensibles. vous soupçonnez une affection sous-jacente comme
– Présence possible d’un exsudat l’infection par le VIH.

Il est souvent impossible de déterminer à l’examen Interventions non pharmacologiques


clinique si la pharyngite est d’origine virale ou
Expliquez au client qu’il doit :
bactérienne. Vous trouverez à l’annexe 1 du présent
chapitre un outil diagnostique appelé « Sore Throat – Garder le lit tant que la fièvre dure
Score » qui vous aidera à déterminer si le patient – Boire suffisamment (8-10 verres par jour)
présente une infection de la gorge causée par un – Éviter les irritants (p. ex. la fumée)
streptocoque du groupe A et s’il a besoin – Se gargariser avec de l’eau chaude salée qid
d’antibiotiques.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


2–22 Oto-rhino-laryngologie

Interventions pharmacologiques Il ne faut pas utiliser l’ampicilline ni l’amoxicilline


car ces médicaments peuvent provoquer un
Pour soulager la douleur et la fièvre :
exanthème généralisé (eczéma médicamenteux) chez
acétam inophène (Tylenol) (médicament de les sujets atteints de mononucléose infectieuse.
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
toutes les 4 h au besoin Surveillance et suivi
ou Demandez au client de revenir à la clinique si les
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), symptômes ne s’améliorent pas après 48-78 heures.
200 mg, 1-2 comprimés toutes les 4 h au besoin
Orientation vers d’autres ressources
Amorcez une antibiothérapie si vous soupçonnez une médicales
infection par un streptocoque :
Il peut être nécessaire de diriger le client vers un
pénicilline V potassium (Pen Vee K) (médicament médecin si l’infection est récidivante ou persistante,
de classe A), 300 mg PO qid pendant 10 jours ou si l’on soupçonne une affection sous-jacente non
Pour les clients allergiques à la pénicilline : diagnostiquée.

érythromycine (E-Mycin) (médicament de


classe A), 250 mg PO qid pendant 10 jours

URGENCES OTO-RHINO-LARYNGOLOGIQUES

MASTOÏDITE OBSERVATIONS
– Fièvre moyenne ou forte
DÉFINITION – Le client semble assez malade.
– Enflure et érythème derrière l’oreille
Inflammation suppurative aiguë de l’antre mastoïdien
et des cellules mastoïdiennes. – Le pavillon de l’oreille peut être déplacé vers
l’avant si l’œdème est sévère.
CAUSES – La manipulation du pavillon de l’oreille et
l’examen otoscopique causent une douleur vive.
– Complication d’une otite moyenne aiguë mal
– Écoulement purulent en cas de rupture de la
soignée, cholestéatome ou blocage de la voie membrane tympanique
d’éjection des cellules mastoïdiennes
– Chaleur de la région post-auriculaire
– Micro-organismes les plus fréquents : Hemophilus
influenzae, streptocoque du groupe A, – Sensibilité sur l’apophyse mastoïdienne
Streptococcus pneumoniae – Hypertrophie et sensibilité des ganglions cervicaux
antérieurs et péri-auriculaires
Facteurs de risque
– Otites à répétition DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Cholestéatome – Otite externe sévère
– Immunosuppression – Cellulite post-auriculaire
– Néoplasme bénin ou malin
SYMPTOMATOLOGIE
– Infection des espaces sous-mandibulaires (angine
– Otalgie de Ludwig)
– Otite moyenne persistante
COMPLICATIONS
– Poussées de fièvre avec pics
– Rougeur, enflure et douleur derrière l’oreille – Perte auditive résiduelle
– Acouphènes – Méningite
– Otorrhée si le tympan est perforé – Abcès intracrânien
– Abcès sous-périosté

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Oto-rhino-laryngologie 2–23

TESTS DIAGNOSTIQUES ÉPISTAXIS POSTÉRIEURE


S’il y a otorrhée, prélevez par écouvillonnage un
échantillon du liquide, pour culture et DÉFINITION
antibiogramme.
Saignement provenant de la partie postérieure du nez.
TRAI TEMENT
CAUSES
Objectifs – Affection idiopathique (d’origine inconnue)
– Enrayer la douleur et l’enflure – Hypertension
– Prévenir la propagation de l’infection – Anomalies vasculaires (télangiectasie
hémorragique héréditaire)
Consultation
– Traumatisme : déviation ou perforation de la
Il faut consulter un médecin au sujet d’une cloison nasale
antibiothérapie par voie intraveineuse. – Infection (p . ex. sinusite chronique)
Traitement adjuvant – Néoplasme (rare)

Amorcez le traitement IV à l’aide d’un soluté SYMPTOMATOLOGIE


physiologique. Réglez le débit de perfusion en – Hémorragie nasale soudaine (sang écarlate)
fonction de l’état d’hydratation. – Peut être unilatérale ou bilatérale
Interventions pharmacologiques – Le sang coule le long de l’arrière -gorge.
– Antécédents possibles d’hématémèse si le client a
Antibiotiques IV : avalé beaucoup de sang.
ampicilline (Ampicin) (médicament de classe D), – Tendance à se faire des bleus facilement,
1,0-2,0 g IV toutes les 6 h saignement ailleurs (p. ex. méléna, règles
abondantes), antécédents familiaux d’une tendance
Pour les clients allergiques à la pénicilline :
à saigner, utilisation d’anticoagulants, utilisation
érythromycine (Erythrocin) (médicament de de produits à base d’aspirine (AAS).
classe A), 500 mg IV toutes les 6 h
OBSERVATIONS
ou
– Élévation de la fréquence cardiaque
céfuroxime (Zinacef) (médicament de classe B),
750 mg IV toutes les 8 h – Baisse de la tension artérielle si la perte de sang est
importante
Analgésiques pour la douleur et la fièvre : – Le client semble anxieux.
acétaminophène (Tylenol) (médicament de – Le client peut être pâle et couvert de sueur si la
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO perte de sang est importante.
toutes les 4-6 h – Sang rouge vif s’écoulant des narines (saignement
unilatéral ou bilatéral)
Orientation vers d’autres ressources
médicales – L’origine du saignement n’est pas visible.
– Présence de sang dans le pharynx
Demandez l’évacuation médicale du client dès que – Sensibilité possible des sinus
possible; il aura peut-être besoin de plusieurs jours de
thérapie IV et d’une chirurgie. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Hypertension
– Lésion traumatique
– Anomalies vasculaires (p. ex. télangiectasie
hémorragique héréditaire)
– Déviation de la cloison nasale
– Perforation de la cloison nasale
– Infection (p. ex. sinusite chronique)
– Néoplasme (rare)

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2–24 Oto-rhino-laryngologie

COMPLICATIONS Marche à suivre


– Hypotension ou état de choc (hypovolémique) 1. Insérez l’extrémité d’une sonde de Foley dans la
– Anémie narine jusqu’au nasopharynx.

TESTS DIAGNOSTIQUES 2. Visualisez la sonde par la cavité buccale; évitez de


la placer dans la partie inférieure du pharynx.
Aucun 3. Gonflez le ballonnet. Tirez la sonde vers l’avant
jusqu’à ce que le ballonnet bloque le passage
TRAITEMENT postérieur.
Objectifs 4. En maintenant la traction, placez la sonde le long
du milieu de la paroi latérale de la cavité nasale.
– Arrêter le saignement
– Maintenir le volume sanguin circulant 5. Effectuez un tamponnement nasal antérieur (½ ×
72 po [1,25 × 180 cm] à l’aide d’un ruban de gaze
Consultation imprégné de vaseline).
Il faut consulter un médecin si les soins initiaux ne 6. Maintenez la traction sur la sonde et étirez
réussissent pas à arrêter le saignement ou si légèrement.
l’hémorragie pourrait vraisemblablement être causée 7. Placez un clamp pour cordon ombilical sur la
par une affection sous-jacente. narine contre le tamponnement antérieur de
manière que l’élasticité de la sonde comprime le
Traitement adjuvant ballonnet contre le tamponnement antérieur.
– Amorcez le traitement IV à l’aide d’un soluté 8. Protégez la peau du visage en plaçant des
physiologique ou de soluté lactate de Ringer; tampons de gaze de 2 x 2 po (5 x 5 cm) sous le
ajustez le débit de perfusion en fonction du pouls clamp.
du patient, de l’effet sur la tension artérielle et de
9. Ramenez le reste de la sonde sur l’oreille du même
la vitesse du saignement.
côté et fixez à l’aide de ruban adhés if.
Interventions non pharmacologiques
Pour obtenir une compression suffisante, il faut
– Gardez le client au repos, la tête formant un angle parfois effectuer un tamponnement bilatéral. Le
de 90° avec le corps. saignement devrait cesser une fois les
– Appliquez de la pression sur le nez. tamponnements en place.
– Effectuez un tamponnement nasal postérieur; si
possible, utilisez un système de ballonnet. Surveillance et suivi
– Une autre méthode efficace consiste à utiliser une – Surveillez de près les signes vitaux et la perte de
sonde de Foley d e 10-14 F., en procédant de la sang.
façon suivante : – Enlevez les tamponnements et les ballonnets après
24-36 heures.
Orientation vers d’autres ressources
médicales
Évacuez d’urgence le client vers l’hôpital si
l’hémorragie persiste, si une hypovolémie est
évidente ou si vous soupçonnez une affection grave
sous -jacente.

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Oto-rhino-laryngologie 2–25

ABCÈS PÉRI- AMYGDALIEN TESTS DIAGNOSTIQUES


Si le client n’a pas besoin d’être hospitalisé
DÉFINITION (symptômes légers ou modérés), prélevez par
écouvillonnage un échantillon d’exsudat pour culture
Abcès qui se forme derrière l’amygdale sur la paroi et antibiogramme.
postéro-latérale du pharynx et qui est une
complication de la pharyngite à streptocoque. TRAITEMENT DES CAS LÉGERS OU
MODÉRÉS
CAUSES
Traitement ambulatoire.
Infection bactérienne, généralement causée par la
bactérie Streptococcus pyogenes du groupe A. Objectifs

SYMPTOMATOLOGIE – Soulager les symptômes


– Prévenir les complications
– Pharyngite récente
Interventions non pharmacologiques
– Douleur unilatérale croissante à l’oreille et à la
gorge Éducation du client
– Fièvre
Expliquez au client les mesures à prendre :
– Malaise
– Revenir immédiatement à la clinique si la douleur
– Dysphagie (difficulté à avaler)
s’aggrave ou si les symptômes suivants
– Dysphonie apparaissent : salivation excessive, difficulté à
– Écoulement salivaire avaler, difficulté à respirer ou difficulté à ouvrir la
– Trismus (difficulté à ouvrir la bouche) bouche
OBSERVATIONS – Boire davantage
– Se reposer jusqu’à ce que la fièvre soit tombée
– Fièvre
– Se gargariser souvent avec de l’eau chaude salée
– Accélération de la fréquence cardiaque pendant 48 heures
– Le client peut sembler très mal en point ou en
détresse. Interventions pharmacologiques
– Le client est en diaphorèse et est rouge s’il a de la Antibiotiques :
fièvre.
pénicilline V potassique (Pen Vee K) (médicament
– L’amygdale atteinte est très enflée, rouge et de classe A), 300 m g PO qid pendant 10 jours
déplacée vers la ligne médiane.
ou
– En raison de l’enflure de l’amygdale, la luette et le
voile du palais peuvent être déplacés de l’autre pénicilline G (Bicillin) (médicament de classe A),
côté du pharynx. 1,2 million d’unités IM
– Érythème et enflure du voile du palais Pour les clients allergiques à la pénicilline :
– Trismus (difficulté à ouvrir la bouche)
érythromycine (E-mycin) (médicament de
– Les ganglions sous-maxillaires sont enflés et très classe A), 500 mg PO qid pendant 10 jours
sensibles au toucher.
– Tuméfaction fluctuante possible sur le côté lésé du Analgésiques pour soulager la douleur et la fièvre :
palais acétaminophène (s) (médicament de classe A),
325 ou 500 mg, 1 -2 comprimés PO toutes les 4 h
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL au besoin
– Épiglottite ou
– Pharyngite gonococcique ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
200 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 h au
COMPLICATIONS
besoin
– Obstruction des voies respiratoires
Surveillance et suivi
– Septicémie
Demandez au patient de revenir à la clinique si son
état ne s’est pas amélioré après 48-72 heures.

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2–26 Oto-rhino-laryngologie

TRAITEMENT DES CAS MODÉRÉS OU Interventions pharmacologiques


SÉVÈRES
Antibiotiques :
Le client semble très malade et a du mal à avaler.
pénicilline G sodium (médicament de classe A),
Objectifs 500 000 à 1 million d’unités IV toutes les 6 h

– Soulager les symptômes Pour les clients allergiques à la pénicilline :


– Prévenir les complications érythromycine (Erythrocin) (médicament de
Consultation classe A), 500 mg IV toutes les 6 h

Il faut consulter un médecin si l’abcès est gros et si le Surveillance et suivi


client semble très mal en point; il doit être amené Surveillez le client pour vous assurer que ses voies
immédiatement à l’hôpital pour être examiné par un respiratoires ne sont pas obstruées.
ORL. Consultez un médecin au sujet du choix de
l’antibiotique IV. Orientation vers d’autres ressources
médicales
Traitement adjuvant
Procédez à l’évacuation médicale du client vers un
– Amorcez le traitement IV à l’aide d’un soluté
hôpital; une intervention chirurgicale peut s’avérer
physiologique; réglez le débit de perfusion en
nécessaire pour drainer l’abcès.
fonction de l’âge et de l’état d’hydratation du
client.
Interventions non pharmacologiques
– Le client doit garder le lit.
– Il ne doit boire que des liquides froids, par petites
gorgées.
– Il ne doit rien prendre par la bouche s’il y a
écoulement salivaire.

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Oto-rhino-laryngologie 2–27

ANNEXE 1

NOUVEL OUTIL DIAGNOSTIQUE Cette grille décisionnelle avait été mise au point par
POUR LA PRISE EN CHARGE DE LA un groupe d’urgentologues américains. À l’aide d’un
PHARYNGITE : LE SORE THROAT modèle mathématique, ces médecins avaient cerné
SCORE quatre caractéristiques cliniques qui permettent
d’évaluer la probabilité d’une pharyngite à
streptocoque du groupe A :
En 1994, un groupe de médecins de famille et
d’omnipraticiens de Stratford, en Ontario, ont entrepris – exsudat,
un projet conjoint avec des chercheurs de l’Institute for – enflure des ganglions sous-maxillaires cervicaux
Clinical Evaluative Sciences de Toronto pour antérieurs,
améliorer l’exactitude des diagnostics de pharyngite à – fièvre de plus de 38ºC,
streptocoque du groupe A, et par le fait même, réduire – absence de toux.
le nombre d’ordonnances d’antibiotiques. Ils ont
découvert une grille décisionnelle facilitant le
diagnostic dans les cas de mal de gorge, le « Sore
Throat Score ». Cet instrument avait été testé dans le
cadre d’essais cliniques et semblait pratique pour les
médecins exerçant en cabinet.

Utilisation de la grille décisionnelle en clinique


Nbre de % de patients infectés par % des cas de mal de gorge
caractéristiques présentes un streptocoque du groupe A vus en clinique
Aucune 2,5 15
Une 6–7 30
Deux 14–17 25
Trois 30–34 20
Quatre 56 10

Parmi les personnes qui ne présentent aucune de ces Cette recommandation repose sur trois raisons :
caractéristiques cliniques ou qui n’en présentent
1. Le risque de rhumatisme articulaire aigu n’est pas
qu’une, moins de 10 % sont infectées par un augmenté si on retarde de 48-72 heures la mise en
streptocoque du groupe A. Étant donné que 10 % des route de l’antibiothérapie.
infections à streptocoque du groupe A ne sont pas
décelées par les cultures de gorge courantes, il s’agit 2. Les résultats de la culture sont négatifs pour la
d’un critère raisonnable pour affirmer que ces plupart des patients dans ce groupe, si bien que de
l’AAS ou de l’acétaminophène peuvent suffire à
personnes n’ont pas besoin d’un prélèvement de
soulager les symptômes.
gorge et ne devraient pas recevoir d’antibiotique.
3. Une antibiothérapie précoce peut prédisposer le
Dans le cas des patients qui présentent deux ou trois sujet à d’autres pharyngites à streptocoque du
de ces signes cliniques, on recommande de pré lever groupe A.
un échantillon de gorge en vue d’une culture mais de
ne pas prescrire d’antibiotique tant qu’on n’en a pas
reçu les résultats.

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2–28 Oto-rhino-laryngologie

En suivant cette ligne de conduite, on pourrait réduire Sources


sensiblement le recours aux antibiotiques pour des
maladies qui ne sont pas causées par des A “sore throat score” for use in the office. Institute
streptocoques du groupe A. for Clinical Evaluative Sciences, Toronto (Ont.),
1998.
Les patients qui présentent les quatre signes cliniques
sont généralement plus mal en point et sont les plus McIsaac, W.; White, D.; Tannenbaum, D. et al. A
susceptibles d’être infectés par un streptocoque du clinical score to reduce unnecessary antibiotic use in
groupe A, même si ce type de bactérie n’est présent patients with sore throat. Canadian Medical
que dans environ 10 % des cas de pharyngite. Pour Association Journal 1998;158(1):75-83.
ces patients, on recommande de faire un prélèvement
de gorge en vue d’une culture et de prendre la
décision d’instaurer l’antibiothérapie sur la base des
signes cliniques, car le soulagement des symptômes
sera le plus important chez ce groupe. Cependant, les
antibiotiques n’apportent généralement pas de
soulagement aux patients qui consultent trois jours
après l’apparition de leurs symptômes.

Cette ligne de conduite ne devrait être appliquée qu’à


une clientèle adulte (15 ans ou plus) tant qu’elle
n’aura pas été validée auprès d’une population
d’enfants.
Par ailleurs, cet outil diagnostique n’est pas valide
dans les localités où sévit une épidémie de
pharyngites à streptocoque du groupe A. Il ne faut
donc pas l’appliquer dans de telles situations.

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CHAPITRE 3 – APPAREIL RESPIRATOIRE

Table des matières

ÉVALUATION DE LA FONCTION RESPIRATOIRE ...................................... 3–1


Anamnèse et examen physique ....................................................... 3–1
Examen de l’appareil respiratoire ..................................................... 3–2
Diagnostic différentiel des symptômes respiratoires ........................... 3–3
AFFECTIONS RESPIRATOIRES COURANTES ........................................... 3–5
Asthme chronique ........................................................................... 3–5
Exacerbation aiguë de l’asthme........................................................... 3–8
Exacerbation bénigne de l’asthme................................ .................... 3–8
Exacerbation modérée de l’asthme................................................... 3–9
Exacerbation grave de l’asthme ..................................................... 3–10
Maladie pulmonaire obs tructive chronique (MPOC) ......................... 3–11
Exacerbation aiguë d’une MPOC.................................................... 3–14
Bronchite aiguë............................................................................. 3–15
Pneumonie ................................................................................... 3–17
URGENCES RESPIRATOIRES ................................................................. 3–19
Pneumothorax .............................................................................. 3–19
Obstruction aiguë des voies respiratoires par un corps étranger ....... 3–21
Embolie pulmonaire....................................................................... 3–22
Inhalation de substances toxiques ................................ .................. 3–23

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3–1

ÉVALUATION DE LA FONCTION RESPIRATOIRE


ANAMNÈSE ET EXAMEN PHYSIQUE Dyspnée
– Tolérance à l’effort (nombre de marches que le
GÉNÉRALITÉS client est capable de gravir ou distance qu’il est
capable de parcourir à pied)
Chaque symptôme doit être noté et examiné en – Orthopnée (nombre d’oreillers utilisés pour
fonction des caractéristiques suivantes : dormir)
– Apparition (soudaine ou graduelle) – Dyspnée nocturne paroxystique (client réveillé par
– Évolution dans le temps une grande difficulté respiratoire; la crise disparaît
– Situation actuelle (amélioration ou aggravation) d’elle -même après 20 ou 30 minutes, une fois que
– Localisation le client s’est assis ou s’est levé).
– Irradiation Douleur thoracique
– Qualité – Apparition (subite ou graduelle)
– Fréquence et durée – Localisation
– Sévérité – Irradiation
– Facteurs déclenchants et aggravants – Qualité
– Facteurs de soulagement – Fréquence et durée
– Symptômes associés – Sévérité
– Répercussions sur les activités quotidiennes – Facteurs déclenchants et aggravants
– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant – Symptômes associés
– Traitements antérieurs
Respiration sifflante (wheezing)
– Efficacité des traitements antérieurs
– Circonstances (p. ex. au repos, la nuit, à l’effort)
SYMPTÔMES DOMINANTS
Autres symptômes associés
En plus des caractéristiques générales décrites ci- – Fièvre
dessus, il faut aussi explorer les symptômes – Malaise
spécifiques suivants.
– Fatigue
Toux – Sueurs nocturnes
– Qualité (p. e x. sèche, grasse, productive, – Perte de poids
quinteuse)
– Sévérité
– Moment d’apparition (p. ex. la nuit, à l’effort)
Expectorations
– Couleur
– Quantité (en cuillères à thé, en cuillères à table, en
tasses)
– Consistance
Hémoptysie
– Quantité de sang
– Association avec une douleur aux jambes ou à la
poitrine ou avec une dyspnée

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3–2 Appareil respiratoire

ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (FONCTION EXAMEN DE L’APPAREIL


RESPIRATOIRE) RESPIRATOIRE
– Tabagisme (nombre de paquets par jour, nombre
d’années) Il faut aussi examiner les ore illes, le nez et la gorge,
– Fréquence de rhumes ou de crises d’asthme et de même que l’appareil cardiovasculaire étant donné
médicaments utilisés leurs rapports étroits avec le fonctionnement des
– Autres maladies respiratoires (p. ex. polypes voies respiratoires inférieures (Voir le chapitre 2,
nasaux, sinusite chronique) « Oto-rhino-laryngologie » et le chapitre 4
– Bronchite, pneumonie, maladie pulmonaire « Appareil cardiovasculaire » pour plus de
obstructive chronique (MPOC), tuberculose précisions au sujet de ces examens).
(maladie ou exposition à l’agent infectieux),
cancer, fibrose kystique ASPECT GÉNÉRAL
– Allergie saisonnière ou allergie à des médicaments – Symptômes aigus ou chroniques
comme l’acide acétylsalicylique (AAS) – Degré de confort ou de détresse
– Prise de médicaments comme des inhibiteurs de – Importance de la diaphorèse
l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA), – Capacité de parler normalement sans arrêter au
des β-bloquants, de l’AAS, des corticostéroïdes, milieu d’une phrase pour reprendre son souffle
des vaporisateurs nasaux ou des antihistaminiques – Couleur du teint (p. ex. rouge, pâle, cyanosé)
– Hospitalisations pour des maladies respiratoires – État nutritionnel (obésité ou maigreur)
– Date et résultat du dernier test de Mantoux et de la – État d’hydratation
dernière radiographie pulmonaire
– Antécédents de vaccination (p. ex. vaccin SIGNES VITAUX
antipneumococcique, vaccin antigrippal annuel) – Température
ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (FONCTION – Pouls
RESPIRATOIRE) – Oxymétrie du pouls
– Autres personnes à la maison ayant des – Fréquence respiratoire
symptômes semblables – Tension artérielle
– Allergies, atopie INSPECTION
– Asthme, cancer du poumon, tuberculose, fibrose
– Coloration (p. ex. cyanose centrale)
kystique
– Forme du thorax (p. ex. en tonneau, déformation
– Cardiopathie de la colonne)
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX – Mouvements du thorax (symétrie)
(FONCTION RESPIRATOIRE) – Fréquence, rythme et profondeur de la respiration
– Exposition à la fumée secondaire – Utilisation des muscles accessoires (sterno-cléido-
– Exposition professionnelle ou environnementale à mastoïdiens)
des irritants respiratoires – Rétraction intercostale
– Exposition à des animaux – Signes de traumatisme
– Logement surpeuplé – Cicatrices sur le thorax
– Piètres habitudes d’hygiène personnelle ou – Hippocratisme digital
malpropreté du milieu de vie
PALPATION
– Vie en établissement
– Utilisation de drogues injectables – Position de la trachée (ligne médiane)
– Abus d’alcool – Sensibilité de la paroi thoracique
– Risque de contracter le VIH – Amplitude thoracique
– Vibrations vocales
– Anomalie spinale
– Ganglions (axillaires, sus-claviculaires, cervicaux)
– Masses
– Emphysème sous-cutané

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Appareil respiratoire 3–3

PERCUSSION Causes moins fréquentes


– Sonorité (bruit sourd ou hypersonorité) – Carcinome des voies respiratoires supérieures ou
– Emplacement et course du diaphragme inférieures
– Maladie pulmonaire interstitielle
AUSCULTATION
– Médicaments (p. ex. inhibiteurs de l’ECA)
– Aidez le client à bien respirer. – Infections pulmonaires chroniques (p. ex.
– Recherchez le son d’une entrée d’air normale bronchectasie, fibrose kystique, tuberculose, abcès
avant d’essayer de détecter des bruits anormaux. pulmonaire)
– Insuffisance cardiaque gauche occulte
BRUITS RESPIRATOIRES
– Troubles de la thyroïde
– Quantité d’air qui pénètre dans tout le thorax – Affections de la plèvre, du péricarde, du
(devrait être égale) diaphragme, de l’estomac
– Qualité des bruits respiratoires (p. ex. bronchiques, – Idiopathie (psychogène)
bronchovésiculaires, vésiculaires)
– Pression exercée par une masse externe (p. ex.
– Durée de l’inspiration et de l’expiration hypertrophie de la thyroïde, anévrisme de l’aorte)
AUTRES BRUITS TOUX AVEC EXPECTORATION
– Sifflements ou sibilances : sons constants, dont la – Bronchite aiguë
tonalité peut varier de très basse à très aiguë, et qui
– Pneumonie
peuvent disparaître quand le sujet tousse.
– Asthme
– Râles crépitants : crépitements distincts
perceptibles à l’inspiration – Tuberculose
– Frottement pleural : bruit de raclement dû à – MPOC
l’inflammation de la plèvre, perceptible à – Bronchectasie
l’inspiration ou à l’expiration. – Abcès du poumon
– Cancer du poumon
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DES
DYSPNÉE
SYMPTÔMES RESPIRATOIRES
– Asthme
– MPOC
TOUX AIGUË
– Pneumothorax
– Infection virale ou bactérienne des voies – Pneumonie
respiratoires supérieures ou inférieures
– Maladie pulmonaire interstitielle (p. ex.
– Asthme sarcoïdose)
– Exacerbation d’une bronchite chronique – Cancer du poumon
– Cancer broncho-pulmonaire – Infarctus ou embolie pulmonaire
– Inhalation d’un corps étranger – Insuffisance cardiaque
– Reflux œsophagien avec aspiration – Anxiété accompagnée d’hyperventilation
– Insuffisance cardiaque gauche
TOUX CHRONIQUE
Causes fréquentes
– Tabagisme
– Exposition à des irritants dans l’environnement
(fumée secondaire)
– Écoulement rétro-nasal
– Asthme
– MPOC ou bronchite chronique
– Reflux gastro-œsophagien avec aspiration
– Tumeurs du poumon

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3–4 Appareil respiratoire

HÉMOPTYSIE Affections du péricarde


– Bronchite – Péricardite
– Bronchectasie – Traumatisme
– Fibrose kystique – Syndrome de Dressler
– Tuberculose Affections des muscles, des os, des nerfs et
– Cancer broncho-pulmonaire de la peau de la paroi thoracique
– Abcès du poumon
– Contusion à la paroi thoracique
– Pneumonie, forme nécrosante (causée par Klebsiella) – Fractures des côtes, du sternum
– Contusion pulmonaire – Inflammation des muscles de la paroi thoracique
– Embolie pulmonaire (costochondrite)
– Lupus érythémateux disséminé – Neuropathie du zona
– Hypertension artérielle pulmonaire primitive – Tumeur osseuse
– Sténose mitrale
Affections gastro-intestinales
– Insuffisance cardiaque
– Anomalies vasculaires (p. ex. anévrisme) – Abcès du foie
– Traumatisme au thorax – Pancréatite
– Inhalation de substances toxiques – Abcès sous-diaphragmatique
– Troubles de saignement Autres affections
RESPIRATION SIFFLANTE (WHEEZING ) – Psychonévrose
– Bronchite aiguë DOULEUR THORACIQUE (NON
– MPOC PLEURÉTIQUE)
– Asthme Affections des vaisseaux sanguins
– Bronchopneumonie (causée par l’aspiration) pulmonaires
– Obstruction d’une bronche par un néoplasme
pulmonaire – Embolie pulmonaire
– Embolie pulmonaire – Hypertension artérielle pulmonaire primitive
– Aspiration d’un corps étranger – Affection de l’aorte
– Dissection de l’aorte
DOULEUR THORACIQUE (PLEURÉTIQUE)
AFFECTIONS DU MYOCARDE
Maladies des poumons ou de la plèvre – Infarctus du myocarde
– Pneumonie – Angine
– Pleurésie – Cardiomyopathie (myocardite)
– Pleurésie accompagnée de maladies du tissu – Prolapsus valvulaire mitral
conjonctif Douleur projetée par les structures gastro-
– Pneumothorax intestinales
– Hémothorax
– Reflux œsophagien, ulcération
– Empyème
– Troubles de la motricité œsophagienne (p. ex.
– Infarctus pulmonaire achalasie)
– Néoplasme des poumons – Perforation ou rupture de l’œsophage
– Tuberculose – Spasme œsophagien
– Néoplasme de l’œsophage
– Diverticule de l’œsophage
– Ulcère de l’estomac ou du duodénum
– Cholélithiase, cholécystite
– Pancréatite, néoplasme du pancréas

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Appareil respiratoire 3–5

AFFECTIONS RESPIRATOIRES COURANTES

ASTHME CHRONIQUE – Facteurs déclenchants communs : infections


intercurrentes des voies respiratoires, air froid,
DÉFINITION effort, stress émotionnel, sinusite, reflux gastro -
œsophagien (RGO)
Trouble des voies respiratoires caractérisé par des Facteurs de risque
symptômes paroxystiques ou persistants (dyspnée,
oppression thoracique, respiration sifflante et toux) – Antécédents familiaux confirmés
accompagnés d’une obstruction variable des voies – Infections virales sévères et fréquentes des voies
respiratoires et d’une hyperréactivité de celles-ci à respiratoires inférieures (VRI) dans la première
différents stimulus. enfance

L’inflammation des voies respiratoires et ses ÉVALUATION DE LA GRAVITÉ


conséquences sont des caractéristiques importantes
dans la pathogenèse de l’asthme (Ernst et al., 1996). On détermine la gravité de l’asthme d’après la
fréquence et la chronicité des symptômes, la présence
CAUSES d’une obstruction persistante des voies respiratoires
et la médication nécessaire pour maîtriser la maladie.
– Cause souvent inconnue
– Hyperréactivité allergique des voies respiratoires à Idéalement, la gravité de l’asthme doit être évaluée
différents agents présents dans l’air (pollen, après un traitement énergique par des corticostéroïdes
moisissures, acariens, phanères d’animaux) et aux en inhalation (tableau 1).
oreillers de plumes
– L’asthme non allergique peut être déclenché par des
médicaments (p. ex. l’AAS, les anti-inflammatoires
non stéroïdiens [AINS], les tartrates, les β-bloquants
et les inhibiteurs de l’ECA), la fumée et d’autres
substances industrielles ou autres présentes dans
l’environnement et le milieu de travail.

Tableau 1 : Caractéristiques des différentes formes d’asthme chronique

Asthme léger Asthme modéré Asthme grave


Symptômes respiratoires (respiration Symptômes respiratoires > 2 fois/semaine, Symptômes respiratoires si fréquents
sifflante, toux, dyspnée) jusqu’à 2 fois par avec exacerbations perturbant le sommeil qu’ils nuisent à l’accomplissement des
semaine ou symptômes respiratoires et l’activité et durant souvent plusieurs activités quotidiennes
durant moins de 30 minutes sans jours
interruption des activités
Peu ou pas d’essoufflement au repos; Essoufflement au repos ou à l’occasion Symptômes quotidiens et symptômes
l’activité physique augmente la toux ou la d’un léger effort; oppression thoracique; nocturnes fréquents
respiration sifflante et cause généralement respiration sifflante au repos; toux accrue
un essoufflement; toux nocturne, empirant pendant la nuit ou à l’effort
aux petites heures du matin
Capacité d’accomplir les tâches Certaines difficultés à parler et à dormir Épisode antérieur quasi fatal (intubation
habituelles sans difficulté nécessaire)

DEP et VEMS > 80 % des valeurs prévues DEP = 60 à 80 % de la valeur prévue DEP < 60 % de la valeur prévue
Asymptomatique entre les exacerbations Visites occasionnelles à l’urgence Hospitalisations ou fréquentes visites à
l’urgence

Utilisation intermittente d’un agoniste β 2 Besoin de prendre un agoniste β2 en


inhalation plusieurs fois par jour ou la nuit
DEP = débit expiratoire de pointe; VEMS = volume expiratoire maximal par seconde.
Remarque : Le fait de tousser la nuit, pendant l’activité physique ou aux moments de stress émotionnel peut être le seul signe
d’asthme.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


3–6 Appareil respiratoire

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Traitement adjuvant


– Obstruction mécanique des voies respiratoires – Vaccin antigrippal annuel
(corps étranger) – Vaccin antipneumococcique
– Réaction allergique sévère Interventions non pharmacologiques
– MPOC avec infection des VRI
– Conseillez au client d’éviter les facteurs
– Insuffisance cardiaque
déclenchants connus comme les allergènes
– Œdème pulmonaire
présents dans l’environnement et les substances
– Inhalation de vapeurs toxiques irritantes liées à son travail.
– Dysfonction du larynx – Recommandez l’abandon du tabac (s’il s’agit d’un
– Toux associée à la prise de médicaments comme fumeur).
des inhibiteurs de l’ECA ou des ß-bloquants – Conseillez au client d’éviter les AINS et les
COMPLICATIONS produits à base d’AAS.

– Crise aiguë grave : hypoxie, insuffisance Éducation du client


respiratoire, atélectasie, pneumothorax, décès – Expliquez le diagnostic et l’évolution normale de
– Séquelles chroniques : limitation des activités la maladie.
quotidiennes, MPOC – Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires).
TESTS DIAGNOSTIQUES
– Expliquez au client comment utiliser un inhalateur
Pour confirmer le diagnostic d’asthme et évaluer la muni d’un tube ou dispositif d’espacement
gravité de la maladie, sauf chez les clients n’ayant (aérochambre).
presque pas de symptômes, il faut recourir à des – Expliquez au client comment surveiller ses
instruments de mesure objectifs. Les tests suivants symptômes et utiliser le débitmètre (si vous le
devraient être effectués. jugez utile pour la maîtrise de ses symptômes).
– Épreuves fonctionnelles respiratoires (permettant – Expliquez au client un plan d’action prévoyant
d’établir les valeurs de référence) l’augmentation du traitement médicamenteux
– Détermination du débit expiratoire de pointe d’entretien aux premiers signes d’une
(DEP) exacerbation.
– Test de provocation à l’histamine ou à la – Expliquez au client comment prévenir les effets
méthacholine secondaires locaux (candidose buccale) en se
– Tests d’allergie (recommandations de la rinçant soigneusement la bouche et en se
gargarisant.
Conférence canadienne de consensus sur l’asthme
[Ernst et al., 1996])
TRAITEMENT
Objectifs
– Permettre au client d’accomplir ses activités
normales
– Prévenir les symptômes
– Maintenir une fonction pulmonaire normale
– Prévenir les exacerbations
– Éviter les effets secondaires du traitement (étant
donné qu’ils peuvent amener le client à ne pas
suivre son plan de traitement)
Consultation
Consultez un médecin pour discuter du traitement
médicamenteux approprié au moment du diagnostic
initial et au besoin, par la suite, jusqu’à la
stabilisation des symptômes.

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Appareil respiratoire 3–7

Interventions pharmacologiques (figure 1) Les corticostéroïdes en inhalation sont sans danger


Figure 1 : Traitement médicamenteux recommandé pour chez la femme pendant la grossesse et l’allaitement,
l’asthme chronique mais on recommande de prescrire la plus faible dose
Corticostéroïdes en inhalation
qui permet de maîtriser l’asthme. À moins d’une
béclométhasone (médicament de classe B)
contre-indication, il est recommandé de prescrire un
supplément d’œstrogènes aux femmes ménopausées
ou
qui prennent des corticostéroïdes à action générale
fluticasone (Flovent) (médicament de classe B) par voie orale.
+
β
Agonistes ß 2 à courte durée d’action
Agonistes 2 à court durée d’action
salbutamol (Ventolin) (médicament de classe D ), au Ce sont les médicaments de choix pour soulager les
besoin pour les symptômes aigus symptômes de l’asthme qui surviennent pendant le
+ traitement d’entretien. Ce sont les agents les plus
Agonistes β2 à longue durée d’action efficaces pour prévenir et traiter le bronchospasme
salmétérol (Serevent) ) (médicament de classe B), si provoqué par l’effort. Ils restent cependant des
les symptômes ne sont pas maîtrisés, surtout la nuit médicaments de dépannage qu’il faut prendre moins
ou de 3 fois par semaine.
cesser l’administration d’agonistes β2 à longue durée salbutamol (Ventolin) (médicament de classe D),
d’action et ajouter de la théophylline orale (p. ex. 100 µg, 1 ou 2 inhalations toutes les 4 h au besoin
Theodur) (médicament de classe B )
± Agonistes ß 2 à longue durée d’action
Anticholinergiques en inhalation
bromure d’ipratropium (Atrovent ) (médicament de
Les agonistes ß 2 à longue durée d’action (p. ex.
classe B) salmétérol, formotérol) peuvent servir de traitement
+ d’appoint pour les personnes dont l’asthme n’est pas
bien maîtrisé malgré une utilisation optimale des
Corticostéroïdes par voie orale
corticostéroïdes en inhalation, particulièrement s’il y
prednisone (Prednisolone) ( médicament de classe B )
a des symptômes nocturnes. Ces médicaments ne
(servant à traiter les exacerbations aiguës en cas de devraient jamais être administrés à des patients qui
crise d’asthme grave [c.-à-d. DEP < 60 % de la valeur présentent les symptômes d’une crise d’asthme aiguë.
prévue] ou de réponse insuffisante à une augmentation
de la dose de corticostéroïdes en inhalation)
Théophylline par voie orale et dérivés
Source : Recommandations de la Conférence canadienne de
consensus sur l’asthme (Ernst et al., 1996) La théophylline est un agent antiasthmatique efficace.
Ce n’est pas un traitement de première intention,
mais elle peut néanmoins être utile aux asthmatiques
Corticostéroïdes en inhalation dont les symptômes persistent malgré
l’administration de fortes doses de corticostéroïdes en
Il s’agit des meilleurs agents pour maîtriser l’asthme, inhalation.
et leur utilisation peut améliorer le pronostic global
de l’asthme. Anticholinergiques
Doses d’attaque recommandées de corticostéroïdes Les agents anticholinergiques (p. ex. bromure
en inhalation pour les cas d’asthme léger ou modéré : d’ipratropium) agissent de façon plus graduelle que
béclométhasone (médicament de classe B), les agonistes β2 et procurent une bronchodilatation
400-1000 µg bid modeste aux patients dont l’asthme est stable. Ils sont
ou particulièrement utiles pour traiter les personnes
âgées et les patients qui souffrent à la fois d’asthme
fluticasone (Flovent) (médicament de classe B),
et de MPOC. Pendant les exacerbations aiguës, ils
100-500 µg bid
servent d’adjuvant à des doses optimales
ou d’agonistes ß2 à courte durée d’action.
budésonide (Pulmicort) (médicament de
classe B), 40 µg bid
Lorsque l’on a obtenu les résultats souhaités (maîtrise
des symptômes), on réduit la dose de corticostéroïdes
pour déterminer la dose minimale nécessaire pour
assurer la maîtrise de l’asthme.

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3–8 Appareil respiratoire

Surveillance et suivi EXACERBATION BÉNIGNE DE


– Assurez un suivi tous les 3-6 mois une fois que L’ASTHME
l’asthme est stabilisé.
– Évaluez l’adhésion au traitement médicamenteux. SYMPTOMATOLOGIE
– Revoyez régulièrement avec le patient la technique
– Dyspnée à l’effort, pas de détresse aiguë
d’utilisation de l’inhalateur.
– Toux
– Surveillez l’apparition d’affections qui pourraient
compliquer l’asthme, par exemple le RGO, la OBSERVATIONS
sinusite ou les polypes nasaux.
– Fréquence respiratoire normale ou légèrement élevée
– Surveillez de près les clients qui prennent plus de
– Fréquence cardiaque < 100 puls/min
2000 µg de cortocoïdes en inhalation par jour pour
détecter tout effet de ces médicaments à long – Respiration sifflante à tonalité grave (à l’expiration
terme sur le métabolisme osseux (ostéoporose). ou à l’inspiration, ou aux deux)
– Passez en revue les moyens de réduire les – VEMS et DEP > 60 % des valeurs prévues ou des
allergènes dans l’environnement, au besoin (p. ex. meilleures valeurs du patient
réduire le nombre d’acariens, cesser de fumer, – DEP supérieur à 300 l/min
réduire l’humidité ambiante, se défaire des – Bonne réponse (habituellement) aux agonistes ß2 à
animaux à fourrure). courte durée d’action)
Orientation vers d’autres ressources TRAITEMENT
médicales
Consultation
On recommande de diriger vers un spécialiste les
adultes qui ont besoin en permanence de plus de Consultez un médecin si le client ne prend pas déjà
1000 µg de béclométhasone en inhalation par jour, ou des corticostéroïdes en inhalation.
l’équivalent. Idéalement, un médecin devrait
examiner le client au moins une fois par année si son Interventions pharmacologiques
asthme est stable et plus souvent, si les symptômes ne – Si le client prend régulièrement les médicaments
sont pas bien maîtrisés. qu’on lui a prescrits, augmentez la dose habituelle
Il faut envisager d’orienter vers un programme de corticostéroïdes en inhalation (multipliez-la par
2, 3 ou 4).
d’inhalothérapie (si possible) le client dont les
activités quotidiennes sont considérablement limitées – Si le client n’a pas pris ses médicaments depuis un
par des symptômes mal maîtrisés, malgré un certain temps, amorcez de nouveau le traitement
traitement médicamenteux adéquat et l’adhésion au avec la dose habituelle.
plan de traitement. – On peut recourir à un bronchodilatateur au besoin
pour soulager le bronchospasme :
salbutamol (Ventolin) (médicament de classe D),
EXACERBATION AIGUË DE L’ASTHME administré à l’aide d’un aérosol-doseur muni d’un
tube d’espacement, 1 ou 2 inhalations toutes les
Les exacerbations doivent être traitées rapidement pour 4 h au besoin, jusqu’à concurrence de
enrayer les symptômes et prévenir leur aggravation. 2-4 inhalations toutes les 4 h.
Les signes cliniques dépendent de la gravité et de Les médica ments administrés à l’aide de nébuliseurs
l’intensité de la crise d’asthme, qui peut varier de n’offrent aucun avantage par rapport à un aérosol-
bénigne à très sévère. doseur avec tube d’espacement (aérochambre) ou à un
inhalateur de poudre sèche (Turbohaler, Rotohaler).
Surveillance et suivi
Demandez au client de revenir après 24 heures si ses
symptômes persistent.
Dans les cas d’asthme provoqué par l’effort ou le
froid :
salbutamol (Ventolin) (médicament de classe D),
1 ou 2 inhalations 15 minutes avant de faire de
l’exercice ou de sortir par temps froid.

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Appareil respiratoire 3–9

EXACERBATION MODÉRÉE DE Interventions pharmacologiques


L’ASTHME salbutamol (Ventolin) (médicament de classe D)
administré par aérosol-doseur avec tube
d’espacement, 100 µg/inhalation, 4-8 inhalations
SYMPTOMATOLOGIE toutes les 15-20 min, 3 fois; puis 1 inhalation toutes
– Dyspnée au repos les 30-60 secondes (jusqu’à concurrence de
– Toux congestive 4-20 inhalations) au besoin
– Oppression thoracique ou
– Symptômes nocturnes solution de salbutamol (Ventolin) (médicament de
– Besoin de prendre un agoniste ß 2 plus souvent classe C) administrée par nébuliseur, 5,0 mg (1 ml
qu’aux 4 h dans 3 ml de soluté physiologique) toutes les
15-20 min, 3 fois, de façon continue si nécessaire
OBSERVATIONS ±
– Essoufflement visible (dyspnéique) bromure d’ipratropium (Atrovent) (médicament de
– Élévation de la fréquence respiratoire classe B) administré par aérosol-doseur avec tube
– Fréquence cardiaque > 100 puls/minute d’espacement, 20 µg/inhalation, 4-8 inhalations
toutes les 15-20 min, 3 fois; puis 1 inhalation toutes
– Certaine utilisation des muscles respiratoires les 30-60 secondes (jusqu’à concurrence de
accessoires 4-20 inhalations) au besoin
– Respiration sifflante audible ou
– Respiration sifflante à tonalité aiguë dans tous les bromure d’ipratropium (Atrovent) (médicament de
champs pulmonaires (à l’expiration ou à classe B) administré par nébuliseur, 0,25-0,50 µg
l’expiration, ou aux deux) (1-2 ml dans 3 ml de soluté physiologique) toutes
– VEMS et DEP de 40 % à 60 % des valeurs les 15-20 min, 3 fois, de façon continue si
prévues ou des meilleures valeurs du patient nécessaire (peut être mélangé avec du salbutamol;
– DEP de 200-300 l/min diminuer la dose pendant la période de
rétablissement)
– Les agonistes ß 2 ne procurent qu’un soulagement
partiel. ±
prednisone (médicament de classe B), 1 mg/kg
TRAITEMENT
(40-60 mg) PO une fois par jour ou bid pendant
5-7 jours
Consultation
Consultez un médecin. Les personnes souffrant d’asthme dépendant aux
corticostéroïdes et celles qui prennent déjà des
Traitement adjuvant corticostéroïdes en inhalation doivent elles aussi
suivre une corticothérapie orale.
Administrez de l’oxygène au masque à raison de 6-
10 l/min; maintenez la saturation en oxygène à un Surveillance et suivi
niveau de 97 % à 98 %.
Il faut vérifier souvent le VEMS et le DEP pour
évaluer la réponse aux bronchodilatateurs.

Le client peut recevoir son congé après le traitement


initial d’urgence s’il répond bien au traitement et s’il
n’a pas eu de crise d’asthme depuis 24 heures.

Orientation vers d’autres ressources


médicales
Procédez à l’évacuation médicale si, après le
traitement, le VEMS est inférieur à 60 % de la valeur
prévue ou si le patient a eu une autre crise au cours
des 24 heures précédentes.

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3–10 Appareil respiratoire

EXACERBATION GRAVE DE ou
L’ASTHME solution de salbutamol (Ventolin) (médicament de
classe C) administrée par nébuliseur, 2,5-5,0 mg
(0,5-1,0 ml dans 3 ml de soluté physiologique)
SYMPTOMATOLOGIE toutes les 15-20 min, 3 fois, de façon continue si
– Détresse respiratoire aiguë nécessaire; ajustez la dose en fonction de la
– Agitation, diaphorèse réponse du client
– Difficulté à parler +
bromure d’ipratropium (Atrovent) (médicament de
OBSERVATIONS classe B) administré par aérosol-doseur avec tube
– Fréquence cardiaque > 110 puls/min d’espacement, 20 µg/inhalation, 4-8 inhalations
toutes les 15-20 min, 3 fois; ensuite, 1 inhalation
– Utilisation marquée des muscles respiratoires
toutes les 30-60 s (jusqu’à concurrence de
accessoires 4-20 inhalations) au besoin
– Élévation de la tension artérielle ou
– L’intensité des bruits respiratoires semble diminuer.
bromure d’ipratropium (Atrovent) (médicament de
– Respiration sifflante diffuse à tonalité aiguë (à
classe B) administré par nébuliseur, 0,25-0,50 µg
l’inspiration ou à l’expiration, ou aux deux) (1-2 ml dans 3 ml de soluté physiologique) toutes
– VEMS et DEP : incapacité de faire le test ou les 15-20 min, 3 fois, de façon continue si
< 40 % des valeurs prédites ou des meilleures nécessaire (peut être mélangé avec du salbutamol;
valeurs du patient diminuez la dose de salbutamol pendant la période
– DEP < 200 l/min de rétablissement)
– Saturation en oxygène < 90 % +
– Aucun soulagement procuré par les agonistes ß2 hydrocortisone (Solu-Cortef) (médicament de
pris avant l’arrivée à la clinique classe D), 500 mg IV toutes les 8 h

Mise en garde : Méfiez-vous du « thorax silencieux » Surveillance et suivi


(entrée d’air déficiente, absence de respiration sifflante)
Évaluez la réponse du patient au traitement
chez un patient ayant des antécédents d’asthme qui
médicamenteux en surveillant constamment la
arrive à la clinique en détresse respiratoire aiguë. Ce
saturation en oxygène et en mesurant souvent le DEP
patient est en état de mal asthmatique, la forme la plus
et les signes vitaux.
grave et la plus dangereuse d’asthme.
Orientation vers d’autres ressources médicales
TRAITEMENT
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
Consultation
Consultez un médecin dès que possible. Patients qui présentent un risque de rechute
– Épisode antérieur quasi fatal (Beveridge et al., 1996)
Traitement adjuvant – Visite récente à l’urgence à cause d’une
– Amorcez l’oxygénothérapie au masque, à raison de exacerbation aiguë
6-10 l/min. – Hospitalisations fréquentes
– Maintenez la saturation en oxygène à 97 % ou 98 %. – Dépendance aux corticostéroïdes et prise récente
– Commencez le traitement IV à l’aide d’un soluté de corticostéroïdes par voie orale
physiologique; réglez le débit à 250 ml/h pour la – Antécédents de crises subites
première heure. – Facteurs déclenchant une réaction allergique ou
– L’administration énergique de liquides peut aider à anaphylactique
liquéfier les sécrétions bronchiques, à moins – Antécédents récents de crise prolongée
qu’elle ne soit contre-indiquée. – Méconnaissance de la maladie et piètre adhésion
Interventions pharmacologiques au traitement
– Non-élimination des facteurs déclenchants dans
salbutamol (Ventolin) (médicament de classe D)
administré par aérosol-doseur avec tube
l’environnement
d’espacement, 100 µg/inhalation, 4-8 inhalations
toutes les 15-20 min, 3 fois; ensuite, 1 inhalation
toutes les 30-60 s (jusqu’à concurrence de
4-20 inhalations) au besoin

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Appareil respiratoire 3–11

MALADIE PULMONAIRE Bronchite chronique


OBSTRUCTIVE CHRONIQUE (MPOC) Toux productive chronique présente pendant au
moins 3 mois chaque année, et pendant 2 années
DÉFINITION d’affilée. Au début, la toux productive n’est présente
que le matin (particulièrement en hiver). Par la suite,
Troubles fonctionnels du poumon caractérisés par les symptômes sont présents pendant toute la journée
une obstruction progressive et partiellement et toute l’année. Cette affection chronique se double
irréversible des voies respiratoires et par une d’épisodes fréquents d’infection aiguë des voies
destruction des tissus pulmonaires. Le tableau respiratoires inférieures.
clinique dépend des facteurs qui prédominent parmi
les processus physiopathologiques suivants : Emphysème

– Rétrécissement inflammatoire des bronchioles Essoufflement chronique, se manifestant initialement


à l’effort. La toux est un problème mineur et
– Digestion protéolytique du tissu conjonctif du
poumon, entraînant une diminution de la fixation l’expectoration est limitée. L’essoufflement
des voies respiratoires au parenchyme pulmonaire s’accentue graduellement jusqu’à persister même au
repos.
– Perte de surface alvéolaire et du lit capillaire
– Distension pulmonaire causée par la perte SYMPTOMATOLOGIE
d’élasticité
– Le client est presque toujours un fumeur.
– Augmentation de la résistance vasculaire
pulmonaire causée par la vasoconstriction et la – 40 ans ou plus
perte de lit capillaire – Infections fréquentes des VRI
Source : Guidelines for the Assessment and – Perte de poids et fatigue (aux stades avancés de la
Management of Chronic Obstructive Pulmonary maladie)
Disease (Canadian Thoracic Society Workshop – Dyspnée
Group, 1992) – Toux avec expectoration (crachats clairs, blancs,
jaunâtres-verdâtres)
CAUSES – Respiration sifflante (wheezing)
– Généralement un ensemble de facteurs
Facteurs de risque
– Tabagisme
– Fumée secondaire
– Pneumonie virale grave dans la petite enfance
– Vieillissement
– Prédisposition génétique
– Pollution atmosphérique
– Exposition professionnelle à des irritants
respiratoires

ANCIENNE CLASSIFICATION
La plupart des clients souffrant de MPOC ont à la
fois une bronchite chronique et un emphysème.
Cependant, l’une des deux affections domine :
certaines personnes atteintes de MPOC présentent
plus souvent une toux avec expectoration qu’un
essoufflement (bronchite chronique), tandis que
d’autres ont plus tendance à être essoufflées qu’à
tousser et à cracher (emphysème).

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


3–12 Appareil respiratoire

OBSERVATIONS COMPLICATIONS
Les signes physiques peuvent varier selon la gravité – Bronchite aiguë
de la maladie et le fait qu’il s’agisse ou non d’une – Pneumonie
exacerbation aiguë. – Hypertension artérielle pulmonaire
– Cœur pulmonaire (insuffisance ventriculaire
Il faut examiner les voies respiratoires supérieures
(p. ex. les oreilles, le nez et la gorge) (voir le droite)
chapitre 2) et l’appareil cardiovasculaire (voir le – Insuffisance respiratoire
chapitre 4), et déterminer l’état neuromental du client – Polyglobulie (taux anormalement élevé
(afin de déceler une éventuelle hypoxie) (voir le d’hémoglobine)
chapitre 8).
TESTS DIAGNOSTIQUES
– Dans les cas d’infection aiguë, il peut y avoir une
forte fièvre. Faites faire une épreuve fonctionnelle respiratoire et
une radiographie pulmonaire pour déterminer les
– Accélération possible de la fréquence cardiaque
valeurs de base.
– Accélération de la fréquence respiratoire, avec
diminution possible de la profondeur de la TRAITEMENT
respiration
– Prolongation possible de l’expiration Objectifs
– Diminution possible de la saturation en oxygène – Atténuer ou enrayer la dyspnée
– Le client peut sembler maigre ou décharné. – Réduire l’expectoration
– Détresse respiratoire plus ou moins accentuée – Maintenir la tolérance à l’effort
– Utilisation possible des muscles respiratoires – Prévenir la progression de la maladie
accessoires – Réduire la fréquence des exacerbations
– Cyanose possible – Garder le niveau de saturation en oxygène > 90 %
– Hippocratisme digital possible
Consultation
– Augmentation possible du diamètre thoracique
(« thorax en tonneau ») Il faut consulter un médecin si le client n’a jamais fait
– Le client peut respirer en pinçant les lèvres. l’objet d’un diagnostic, si ses symptômes ne sont pas
– Dans les cas d’hypoxie importante, il peut y avoir maîtrisés par le traitement actuel et s’il présente une
confusion, irritabilité et degré de conscience exacerbation aiguë.
diminué.
– Diminution des vibrations vocales
– Diminution de l’amplitude thoracique
– Hypersonorité
– Diminution de l’excursion diaphragmatique
(distension chronique des poumons)
– Réduction de l’entrée d’air
– Bruits respiratoires distants (dans les cas de thorax
en tonneau)
– Quelques sifflements et crépitations possibles
– Diminution du VEMS
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Bronchite (aiguë)
– Bronchectasie
– Asthme
– Cancer broncho-pulmonaire

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Appareil respiratoire 3–13

Interventions non pharmacologiques Interventions pharmacologiques (figure 2)

Éducation du client Figure 2 : Traitement médicamenteux recommandé pour la MPOC

– Une sensibilisation précoce du public au danger du salbutamol (Ventolin) (médicament de classe D) administré
tabagisme peut prévenir des cas de MPOC. par aérosol-doseur muni d’un tube d’espacement, 100 µg,
1 ou 2 inhalations toutes les 4 h au besoin
– Conseillez au client de cesser de fumer.
– Recommandez-lui de prendre les mesures
suivantes : oui Poursuivre
Amélioration?
§ Maintenir une hydratation suffisante (boire la thérapie
8-10 verres de liquide par jour; rien n’indique sous-optimale
que boire plus que cette quantité de liquide
apporte un bienfait quelconque) Ajouter du bromure d’ipratropium (Atrovent) (médicament de
classe B) administré par aérosol- doseur avec tube d’espacement,
§ Augmenter le taux d’humidité ambiante (en 40 µg tid ou qid
gardant toujours une casserole remplie d’eau sur
le poêle, particulièrement pendant l’hiver)
Cesser
§ S’alimenter correctement : prendre plusieurs l’administration non oui Poursuivre
petits repas riches en protéines et en calories de bromure Amélioration?
la thérapie
d’ipratropium
§ Suivre un programme d’activité physique (p. ex.
sous -optimale
marcher) pour améliorer son bien-être général et
sa condition physique
Ajouter de la théophylline à longue durée d’action (p. ex.
§ Suivre un régime amaigrissant (si nécessaire) Theodur) (médicament de classe B)
§ Éviter les voyages en haute altitude. S’il faut
prendre l’avion, faire le nécessaire pour avoir Cesser
non oui
accès à de l’oxygène (particulièrement lors des l’administration de Amélioration?
Poursuivre
la thérapie
vols en avion non pressurisé). théophylline

– Expliquez au client l’histoire naturelle, l’évolution sous -optimale


prévue et le pronostic de sa maladie.
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des Ajouter à titre d’essai des corticostéroïdes oraux
(médicament de classe B)
médicaments (raison, dose, fréquence, effets
secondaires).
– Montrez au client comment utiliser l’inhalateur.
– Faites de la physiothérapie thoracique (respiration Cesser
non Amélioration oui Ajouter un corticostéroïde
l’administration de en inhalation; réduire au
profonde et toux, respiration avec les lèvres corticostéroïdes
(> 20 % du VEM)?
minimum l’administration
pincées, respiration abdominale et drainage de médicaments oraux
postural).
– Apprenez au client à reconnaître les symptômes et Source : Therapeutic Choices (Gray 1998)
les signes d’une exacerbation et d’une infection
aiguë pour l’encourager à surveiller son état de
santé et à se présenter sans tarder à la clinique si Surveillance et suivi
son état se détériore. – Pour les clients qui prennent de la théophylline par
Traitement adjuvant voie orale, il faut mesurer les concentrations
sériques du médicament tous les 3-6 mois et
– Envisagez une oxygénothérapie à domicile pour
montrer au client comment reconnaître les
les clients chez qui la maladie est avancée (cela symptômes et signes d’effets toxiques.
peut augmenter l’espérance de vie de 6 à 7 ans
[Canadian Thoracic Society Workshop Group – Assurez un suivi tous les 6 mois si l’état du client
1992]). est stable.
– Administrez chaque année le vaccin antigrippal à – Assurez un suivi chaque mois si les symptômes
tous les clients atteints de MPOC. sont mal ma îtrisés.
– Administrez le vaccin antipneumococcique à tous Orientation vers d’autres ressources
les clients atteints de MPOC. médicales
Le médecin devrait examiner le client au moins une
fois par année si son état est stable et dès que possible
si les symptômes ne sont pas maîtrisés.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


3–14 Appareil respiratoire

EXACERBATION AIGUË D’UNE Consultation


MPOC Il faut consulter un médecin dès que possible.

Traitement adjuvant
DÉEFINITION
– Administrez de l’oxygène à raison de 4-6 l/min ou
Détérioration récente de l’état clinique et fonctionnel plus, au besoin; maintenez la saturation en
du patient par suite d’une aggravation de sa MPOC. oxygène à un niveau de 90 % à 92 %.
SYMPTOMATOLOGIE – Amorcez le traitement IV à l’aide d’un soluté
physiologique; ajustez le débit en fonction de l’état
– Aggravation de la dyspnée, parfois au repos d’hydratation du patient.
– Toux plus fréquente Interventions pharmacologiques
– Expectoration plus abondante, qui passe souvent
de muqueuse à purulente Le choix des médicaments et des posologies
– Apparition ou accentuation de la respiration (figure 3) dépend du régime médicamenteux actuel et
sifflante de la mesure dans laquelle le client l’observe, ainsi
– Perte d’énergie que de la gravité de l’exacerbation (particulièrement
du degré de détresse respiratoire).
– Fièvre
– Accélération de la fréquence respiratoire Les doses efficaces maximales d’agonistes ß 2 à
– Tachycardie courte durée d’action (p. ex. salbutamol) et à longue
– Cyanose accrue durée d’action (p. ex. bromure d’ipratropium) dans
– Utilisation des muscles accessoires les cas de MPOC ne sont pas connues.
– Œdème périphérique Dans les cas d’exacerbations graves, la American
– Déclin de la vigilance Thoracic Society (1995) recommande 6-8 inhalations
– Aggravation de l’obstruction des voies toutes les 2 heures. La Conférence canadienne de
respiratoires, d’après le VEMS ou le DEP consensus sur l’asthme (Ernst et al., 1996) ne
– Dégradation de la saturation en oxygène, d’après formule aucune recommandation à cet égard.
l’oxymétrie de pouls
Surveillance et suivi
SIGNES D’UNE EXACERBATION GRAVE
Vérifiez souvent les signes vitaux, la saturation en
La baisse de la vigilance (capacité d’attention) ou la oxygène et le DEP pour évaluer la réponse au
combinaison de deux autres symptômes et signes traitement de bronchodilatation.
caractéristiques d’une exacerbation de MPOC (voir la
liste ci-dessus) dénote une exacerbation grave et
commande le transport du patient vers le service
d’urgence. Ces critères ne sont cependant pas censés
remplacer le jugement du professionnel de la santé
quant à la nécessité de cette mesure.

TRAITEMENT
Pour déterminer s’il est préférable de traiter le client à
domicile ou de l’adresser à un médecin pour
évaluation, il faut tenir compte de beaucoup de
facteurs; la gravité de l’exacerbation, la gravité de la
MPOC préexistante, les autres maladies du patient, les
connaissances médicales, le jugement et la fiabilité du
client et de ses soignants, la distance entre le domicile
du client et le centre de santé ou la clinique.

Dans les cas d’exacerbation, il faut traiter le client


par une oxygénothérapie appropriée, l’utilisation
énergique de bronchodilatateurs, ainsi que
l’administration de corticostéroïdes et
d’antibiotiques.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil respiratoire 3–15

Orientation vers d’autres ressources BRONCHITE AIGUË


médicales
Procédez à l’évacuation médicale de tout client qui DÉFINITION
manifeste des signes de détresse respiratoire.
Inflammation de la trachée et des bronches (voies
respiratoires de gros calibre).
Figure 3 : Traitement médicamenteux recommandé
pour des exacerbations aiguës de MPOC
CAUSES
Bronchodilatateurs
– Infection virale : influenza A ou B, adénovirus,
p. ex. salbutamol (Ventolin) (médicament de rhinovirus, para-influenza
classe D), 3 ou 4 inhalations toutes les 4 h au besoin;
passer à 6-8 inhalations toutes les 2 h dans les cas – Infection bactérienne : Hemophilus influenzae,
graves Moraxella catarrhalis, Mycoplasma ,
+ Streptococcus pneumoniae
Anticholinergiques Facteurs de risque
p. ex. bromure d’ipratropium (Atrovent) (médicament – Sinusite chronique
de classe B), 3 ou 4 inhalations toutes les 4 h au – MPOC
besoin; on peut passer à 6-8 inhalations toutes les 2 h
dans les cas graves – Bronchectasie
+ – Déficit immunitaire
Corticostéroïdes oraux – Tabagisme
– Fumée secondaire
p. ex. prednisone (Prednisolone) ( médicament de
classe B), 40-60 mg par jour pendant 2 semaines – Polluants atmosphériques
ou – Alcoolisme
hydrocortisone (Solu-Cortef) (médicament de – RGO
classe D), 500 mg IV
+
SYMPTOMATOLOGIE
– Infection antérieure des VRS
Antibiotiques oraux
– Malaise général
p. ex. amoxicilline (Amoxil) (médicament de
classe A), 500 mg PO tid pendant 10 jours – Fièvre
– Toux; sèche au début, puis productive
ou
d’expectorations blanches, jaunes ou vertes
sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS) – Douleurs musculaires dans la paroi thoracique ou
(médicament de classe A), 1 comprimé PO bid
pendant 10 jours inconfort en toussant
ou
– Respiration sifflante possible
tétracycline (médicament de classe A), 500 mg PO
qid pendant 10 jours
ou
Antibiotiques IV
p. ex. ampicilline (Ampicin) (médicament de
classe D), 500-1 000 mg IV toutes les 6 h

(pour les clients allergiques à la pénicilline,


administrez de l’érythromycine (Erythrocin)
(médicament de classe A), 250-500 mg IV
toutes les 12 h)

L’érythromycine interagit avec la théophylline et peut


causer des effets toxiques. N’administrez pas
d’érythromycine à une personne qui prend déjà une
préparation à base de théophylline.
Source : Guidelines for the Assessment and Management
of Chronic Obstructive Pulmonary Disease (Canadian
Thoracic Society Workshop Group 1992), Breathing to Live
(Champman et Tames 1991, 1994)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


3–16 Appareil respiratoire

OBSERVATIONS Consultation

Les tableaux cliniques de la bronchite chronique et de Il n’est généralement pas nécessaire de consulter un
la pneumonie se ressemblent souvent. En général, les médecin si le client est par ailleurs en bonne santé.
clients souffrant d’une pneumonie paraissent plus Interventions non pharmacologiques
mal en point et présentent moins d’anomalies
thoraciques. Les micro-organismes à l’origine de la – Repos (surtout s’il y a fièvre)
bronchite peuvent aussi causer la pneumonie. La – Hydratation adéquate (8-10 verres de liquide par
différence tient au foyer anatomique de l’infection. jour)
La bronchite affecte les voies respiratoires de gros – Augmentation de l’humidité ambiante
calibre, tandis que la pneumonie affecte les voies – Évitement des irritants pulmonaires (p. ex. cesser
respiratoires de petit calibre et les sacs alvéolaires. de fumer ou fumer moins)
– La température peut être légèrement ou Éducation du client
modérément élevée.
– S’il y a fièvre, la fréquence cardiaque peut être Conseillez au client de se laver les mains pour éviter
légèrement élevée. de transmettre l’infection aux autres membres de sa
– La fréquence respiratoire peut être légèrement élevée. famille.
– Toux spasmodique Interventions pharmacologiques
– Rhinite possible
– L’expiration peut être légèrement prolongée. Pour soulager la fièvre ou la douleur :
– Présence possible de sifflements (disséminés, à acétaminophène (Tylenol) (médicament de
tonalité grave) classe A), 325 ou 500 mg, 1 comprimé toutes les
4 h au besoin
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Les clients qui sont malades depuis plus de 5-7 jours
– Influenza et qui ont des expectorations purulentes, ou ceux qui
– Sinusite aiguë souffrent aussi d’autres maladies (p. ex. l’asthme)
– Pneumonie peuvent avoir besoin d’une antibiothérapie. Utilisez
– Exacerbation aiguë de bronchite chronique les médicaments suivants :
– Asthme érythromycine (E-Mycin) (médicament de
– Allergies classe A), 250 mg PO qid pendant 7 jours
– Inhalation ou aspiration d’irritants chimiques ou
– Tuberculose ou cancer du poumon (si les tétracycline (médicament de classe A), 250 mg
symptômes sont récurrents) PO qid pendant 7 jours
– Coqueluche ou
– Fibrose kystique
sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS)
COMPLICATIONS (médicament de classe A), 1 comprimé PO bid
pendant 7 jours
– Pneumonie
– Toux post-bronchitique Si le client présente un bronchospasme important, il
peut utiliser un agoniste ß2 à courte durée d’action
TESTS DIAGNOSTIQUES (bronchodilatateur) jusqu’à ce que les symptômes
aigus disparaissent :
Aucun
salbutamol (Ventolin) (médicament de classe D),
TRAITEMENT 1 ou 2 inhalations toutes l es 4 h au besoin

Objectifs Surveillance et suivi


– Soulager les symptômes Prévoyez un suivi après 5-7 jours si les symptômes
– Prévenir la pneumonie ne disparaissent pas.

Orientation vers d’autres ressources


médicales
Il n’est habituellement pas nécessaire de diriger le
client vers d’autres ressources médicales.

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Appareil respiratoire 3–17

PNEUMONIE SYMPTOMATOLOGIE
Les symptômes des différents types de pneumonie se
DÉFINITION ressemblent énormément.
Infection des voies respiratoires distales, des sacs – Fièvre, frissons
alvéolaires ou des deux. – Toux
– Expectorations qui peuvent être jaunes, vertes ou
CAUSES sanguinolantes
Par le passé, on divisait les pneumonies en deux – Douleur thoracique : une douleur thoracique « en
catégories : bactériennes ou atypiques. Maintenant, coup de poignard » vive et localisée est
dans les cliniques en milieu communautaire, on caractéristique de la pneumonie lobaire aiguë.
utilise couramment la classification suivante des – Dyspnée possible
pneumonies extra-hospitalières.
Chez les clients âgés ou atteints de maladie
– Si le patient était bien portant jusque-là ou s’il a chronique, les symptômes peuvent être moins aigus
moins de 65 ans (ou les deux), l’infection est le ou moins évidents. Ces patients ne manifestent
plus susceptible d’être causée par Streptococcus parfois qu’une certaine confusion ou une aggravation
pneumoniae (pneumocoque) et Mycoplasma , qui de problèmes médicaux antérieurs.
sont les pathogènes les plus souvent incriminés
Habituellement, les pneumonies causées par
chez les jeunes adultes; Chlamydia pneumoniae et
Mycoplasma, Chlamydia, P. carinii et par des virus
Hemophilus influenzae peuvent également être à
apparaissent de façon plus lente et plus insidieuse. Le
l’origine de l’infection, mais ils sont moins
client ne semble pas très incommodé, il fait
fréquents.
relativement peu de fièvre, sa toux est sèche et
– Si le patient présente une affection concomitante l’expectoration, peu abondante.
ou s’il a 65 ans ou plus (ou les deux), l’infection
peut être causée par : Hemophilus influenzae, OBSERVATIONS
Klebsiella pneumoniae, Legionella pneumophila,
Moraxella catarrhalis, Mycobacterium – Fièvre
tuberculosis, Staphylococcus aureus et, moins – Fréquence cardiaque accélérée
souvent, par Streptococcus pneumoniae. – Fréquence respiratoire accélérée
– La pneumonie d’origine virale est rare, sauf – Saturation en oxygène diminuée
lorsqu’il y a épidémie d’influenza de type A ou – Le patient peut sembler très mal en point, mais ce
d’infections par le virus respiratoire syncytial; elle n’est pas nécessairement le cas.
peut être aussi une complication d’une rougeole – Rougeur, diaphorèse si la fièvre est élevée
atypique.
– Le patient peut se tenir le côté affecté s’il y a
– Le cytomégalovirus et le virus Herpes simplex douleur pleurétique.
sont des causes traitables de pneumonie chez des
– Détresse respiratoire plus ou moins grande
patients immunodéprimés.
– Matité à la percussion s’il y a condensation
– La pneumonie à Pneumocystis carinii peut
survenir chez les patients immunodéprimés, – Diminution possible de l’entrée d’air
particulièrement en présence du VIH ou du sida. – Râles crépitants à l’inspiration
– L’aspiration de sécrétions orales pharyngées, du – Respiration sifflante possible
contenu gastrique ou de produits chimiques peut – Souffle tubaire
prédisposer un patient à une pneumonie – Frottement pleural possible (rare)
bactérienne. Parmi les personnes à risque figurent
les alcooliques, les personnes âgées, les personnes Chez les clients âgés, le tableau clinique des divers
types de pneumonie est souvent atypique ou brouillé.
qui ont de la difficulté à avaler, celles qui ont des
troubles de la motilité ou des troubles Il peut ne pas y avoir de signes respiratoires clairs. Le
neuromusculaires et les victimes d’AVC. patient peut présenter une altération de l’état de
conscience, de la confusion, un trouble fonctionnel
– Dans une proportion qui varie du tiers à la moitié
comme un perte d’énergie, une diminution de
des cas, la cause de la pneumonie n’est pas
l’appétit ou des vomissements. Chez ces clients, le
identifiée.
risque de décès attribuable à une infection
bactérienne pneumococcique est plus élevé.

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3–18 Appareil respiratoire

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions pharmacologiques


– MPOC Client de moins de 65 ans sans affection
– Bronchite aiguë concomitante présentant une pneumonie
– Tuberculose sous -jacente bénigne ou modérée
– Cancer du poumon sous-jacent
Pour soulager la fièvre, la douleur et les courbatures :
– Pneumonie d’aspiration
– Abcès du poumon acétaminophène (Tylenol) (médicament de
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
– Atélectasie
toutes les 4-6 au besoin
COMPLICATIONS Antibiotiques :
– Décompensation des autres problèmes de santé
érythromycine (E-Mycin) (médicament de
– Insuffisance respiratoire causée par l’hypoxie classe A), 500 mg PO bid ou 250 mg qid pendant
– Septicémie (bactériémie) 10 jours
– Infection métastatique (p. ex. méningite, ou
endocardite, péricardite, péritonite, empyème)
tétracycline (médicament de classe A),
– Insuffisance rénale 250-500 mg qid pendant 10 jours
– Insuffisance cardiaque
Client de plus de 65 ans ayant une affection
TESTS DIAGNOSTIQUES concomitante et une pneumonie bénigne ou
– Radiographie pulmonaire (postéro-antérieure et modérée :
latérale) seulement si le diagnostic est incertain, sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS)
après l’examen clinique. (médicament de classe A), 1 comprimé PO bid
pendant 10 jours
TRAITEMENT ou

Objectifs céfaclor (Ceclor) ou amoxicilline/clavulanate


(Clavulin) si les sulfamides sont contre-indiqués
– Soulager les symptômes (médicaments de classe B devant être prescrits
– Soulager ou prévenir la détresse respiratoire par un médecin)
– Prévenir les complications
Consultation Surveillance et suivi
Consultez un médecin si le client présente des Prévoyez un suivi après 48 heures si une dyspnée
symptômes sévères (p. ex. s’il semble très mal en apparaît et un examen de contrôle après la fin de
point ou s’il présente une hémoptysie, une détresse l’antibiothérapie.
respiratoire importante ou une affection concomitante
grave comme le diabète sucré, une cardiopathie, une Consultation
néphropathie ou un cancer) ou encore si son état se
détériore malgré le traitement oral initial. Si les symptômes sont légers ou modérés, il n’est
généralement pas nécessaire de consulter un médecin
Interventions non pharmacologiques à moins que l’état du client ne se détériore, que des
complications ne surviennent ou que le client ne
– Repos au lit présente des affections concomitantes graves.
– Apport liquidien suffisant (8-10 verres de liquides
par jour) TRAITEMENT DE LA PNEUMONIE SÉVÈRE
– Augmentation de l’humidité ambiante (bouilloire,
humidificateur ou casserole remplie d’eau sur le Consultation
poêle) Consultez un médecin si le client présente des
Éducation du client symptômes sévères (p. ex. s’il semble très mal en
point ou s’il présente une hémoptysie, une détresse
– Expliquez au client le diagnostic et l’évolution
respiratoire importante ou une affection concomitante
prévue de la maladie.
grave comme le diabète sucré, une cardiopathie, une
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des néphropathie ou un cancer) ou encore si son état se
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires). détériore malgré le traitement oral initial.

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Appareil respiratoire 3–19

Traitement adjuvant Surveillance et suivi


– Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min; Surveillez étroitement la saturation en oxygène (à
maintenez la saturation en oxygène à plus de 97 % l’aide d’un oxymètre de pouls si possible) et les
à 98 %. signes vitaux.
– Amorcez le traitement IV à l’aide de soluté
physiologique; réglez le débit de manière à Orientation vers d’autres ressources
maintenir l’équilibre hydrique. médicales
Interventions pharmacologiques Procédez à l’évacuation médicale du client vers un
hôpital.
Antibiotiques IV de choix :
ceftriaxone (Rocephin) (médicament de
classe B), 0,5 -1,0 g toutes les 12 h
ou
céfuroxime (Zinacef) (médicament de classe B),
750 mg toutes les 8 h

URGENCES RESPIRATOIRES

PNEUMOTHORAX CAUSES
– Perforation de la plèvre viscérale et fuite d’air
DÉFINITION provenant du poumon
– Lésion pénétrante de la paroi thoracique, du
Un pneumothorax est l’affaissement partiel ou
diaphragme, du médiastin ou de l’œsophage
complet d’un poumon en raison de la présence d’air
dans la cavité pleurale. Il en existe deux catégories : Facteurs de risque
le pneumothorax spontané et le pneumothorax – Idiopathie (cause inconnue, accident spontané)
traumatique. Il existe par ailleurs trois mécanismes à
– MPOC (rupture d’une bulle d’emphysème ou
l’origine de ce trouble : le pneumothorax fermé, le
d’une bulle sous-pleurale d’emphysème)
pneumothorax ouvert et le pneumothorax sous
tension. – Tuberculose
– Fibrose kystique
Pneumothorax fermé : L’air provenant du poumon – Asthme
s’échappe dans la cavité pleurale par suite d’une – Tumeur du poumon
déchirure du tissu pulmonaire (p. ex. quand
– Transport en avion
l’extrémité d’une côté fracturée perfore le poumon),
ce qui provoque l’affaissement du poumon. – Plongée
– Exercice vigoureux spontané
Pneumothorax ouvert (lésion thoracique aspirante) : – Tabagisme
L’air de l’extérieur pénètre dans la cavité pleurale par
– Plaie pénétrante au thorax (p. ex. coup de couteau
une plaie perforante dans la paroi thoracique (causée, ou lésion par balle)
par exemple, par un coup de couteau), entraînant
l’affaissement du poumon. – Lésion traumatique au thorax (p. ex. fracture des
côtes)
Pneumothorax sous tension : Forme particulière et
parfois fatale de pneumothorax fermé. L’air est
emprisonné sous pression dans la cavité pleurale. Il
provoque l’affaissement du poumon puis exerce une
pression sur le cœur et l’autre poumon. Si l’air n’est
pas rapidement évacué, il en résultera une
hypotension et le décès.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


3–20 Appareil respiratoire

SYMPTOMATOLOGIE Consultation
– Traumatisme récent Consultez un médecin dès que possible.
– MPOC connue
– Jeune homme de grande taille, 20-40 ans (idiopathie) Traitement adjuvant
– Tabagisme – Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min;
– Apparition soudaine d’une douleur unilatérale à maintenez la saturation en oxygène au-dessus de
l’épaule ou à la poitrine 97 % - 98 %.
– Dyspnée – Procédez au besoin à la ventilation assistée à l’aide
– Les symptômes peuvent apparaître plus lentement d’un ballon ou d’un masque Ambu.
si l’affaissement du poumon est graduel et que – Amorcez le traitement IV à l’aide d’un soluté
l’organisme arrive à compenser partiellement. physiologique pour garder la veine ouverte; s’il y a
eu traumatisme, mettez en place deuxvoies
OBSERVATIONS d’accès. Remplacez le sang perdu. (Voir la section
« État de choc » dans le chapitre 14, « Urgences
Les signes physiques varient, selon l’importance de générales et traumatismes majeurs ».)
l’affaissement pulmonaire et le mécanisme à l’origine
du pneumothorax. Interventions non pharmacologiques
– Fréquence cardiaque accélérée Pneumothorax sous tension
– Fréquence respiratoire accélérée
– Tension artérielle normale ou basse Ce trouble peut être fatal. Pour éviter l’augmentation
– Détresse respiratoire légère ou grave, saturation en de la pression, il faut immédiatement évacuer l’air en
oxygène diminuée introduisant une aiguille de gros calibre dans la cavité
– Cyanose (signe tardif d’hypoxie) pleurale.
– On peut parfois sentir un déplacement d’air au- – Localisez la perforation. On recommande comme
dessus d’une plaie thoracique ouverte. point d’insertion le quatrième ou cinquième espace
– Hypersonorité (tonalité creuse au-dessus du intercostal sur la ligne médio-axillaire du côté du
pneumothorax). pneumothorax. L’intervention peut aussi se faire
par le deuxième espace intercostal.
– Bruits respiratoires diminués ou absents au-dessus
du pneumothorax – Préparez la région à l’aide d’un antiseptique
comme une solution de povidone iodée
La trachée est déviée vers le côté où est localisé le (Proviodine ou Betadine).
pneumothorax ouvert ou fermé, mais de l’autre côté, – Fabriquez une valve anti-retour en insérant un
s’il s’agit d’un pneumothorax sous tension. Le cathéter de calibre 13 ou 14 à travers un condom.
médiastin (pointe du cœur) est déplacé dans le même – Insérez le cathéter dans la peau au-dessus de la
sens que la trachée. cinquième ou de la sixième côte et faites-le passer
par-dessus la côte jusque dans l’espace intercostal
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
(si vous utilisez l’autre point d’insertion, passez
– Pleurésie par-dessus la deuxième côte).
– Péricardite
Pneumothorax ouvert
– Embolie pulmonaire
– Infarctus du myocarde – Couvrez la plaie du thorax à l’aide de gazes stériles
que vous fixerez sur trois côtés à l’aide de diachylon.
– Dissection de l’aorte
– Si un corps étranger (p. ex. un couteau) est logé
– Hernie diaphragmatique
dans la paroi thoracique, ne le retirez pas;
TESTS DIAGNOSTIQUES stabilisez-le et laissez-le en place.
– Radiographie pulmonaire (si possible) Surveillance et suivi

TRAITEMENT – Gardez le client au repos.


– Vérifiez souvent l’ABC (voies respiratoires,
Objectifs respiration et circulation), de même que les bruits
– Diminuer la pression dans l’espace pleural respiratoires.
(pneumothorax sous tension) Orientation vers d’autres ressources
– Améliorer l’oxygénation médicales
– Favoriser la réexpansion du poumon affaissé Procédez dès que possible à l’évacuation médicale.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil respiratoire 3–21

OBSTRUCTION AIGUË DES VOIES TRAITEMENT


RESPIRATOIRES PAR UN CORPS Objectifs
ÉTRANGER
– Déloger et retirer le corps étranger
– Améliorer l’oxygénation
DÉFINITION
Interventions non pharmacologiques
Obstruction complète ou partielle des voies
– Effectuez des poussées abdominales pour déloger
respiratoires par un corps étranger.
le corps étranger.
CAUSES – Ne faites pas de poussées abdominales si la
personne est capable de tousser fort, de respirer et
Aspiration (causée par le fait de manger trop vite ou de de parler (signes qui dénotent que l’obstruction est
parler en mangeant, par des troubles neurologiques ou partielle et que l’entrée d’air est suffisante); laissez
par des troubles de la motilité de l’œsophage). la personne dégager spontanément ses voies
respiratoires en toussant et en respirant.
SYMPTOMATOLOGIE ET OBSERVATIONS
Traitement adjuvant
Obstruction partielle des voies respiratoires – Procédez au besoin à une ventilation assistée à
– Antécédents clairs d’aspiration soudaine l’aide d’un ballon masque Ambu une fois les voies
– Symptômes de détresse respiratoire respiratoires dégagées.
– Entrée d’air variant d’insuffisante à adéquate – Administrez de l’oxygène si c’est nécessaire une
fois les voies respiratoires dégagées.
– Si l’entrée d’air est insuffisante, le client a du mal
à parler, à respirer et à tousser; la toux est faible et – Amorcez un traitement IV avec du soluté
inefficace; la détresse respiratoire est sévère. physiologique pour garder la veine ouverte si la
détresse respiratoire persiste.
– Si l’entrée d’air est suffisante, le client peut
tousser avec force, parler et respirer; entre les Surveillance et suivi
quintes de toux, on note souvent une respiration
Surveillez le client pour voir si une détresse
sifflante; le client ne présente pas de détresse
respiratoire sévère. respiratoire apparaît (ce qui pourrait dénoter la
rétention d’un fragment du corps étranger).
Obstruction complète des voies respiratoires
Consultation
– Le client est incapable de parler ou de respirer.
– Détresse respiratoire sévère Consultez un médecin si la détresse respiratoire
– Le client porte généralement les mains à sa gorge, persiste (ce qui pourrait dénoter la rétention d’un
signe classique d’étouffement. fragment du corps étranger).
– Le client perdra connaissance si les voies Orientation vers d’autres ressources
respiratoires ne sont pas rapidement dégagées.
médicales
– La victime peut être inconsciente.
– Cyanose Procédez à l’évacuation médicale du client pour
qu’un médecin puisse évaluer et prendre en charge la
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL détresse respiratoire persistante.
– Anaphylaxie avec œdème laryngé (allergie aiguë)
– Lésion traumatique des voies respiratoires
– Crise d’asthme aiguë
– Toute affection pouvant entraîner une insuffisance
respiratoire subite (p. ex. AVC, épilepsie, infarctus
du myocarde, intoxication médicamenteuse)
COMPLICATIONS
– Rétention d’un fragment de corps étranger
– Fracture des côtes ou lésions internes résultant des
poussées abdominales
– Aggravation de problèmes de santé préexistants
– Décès

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


3–22 Appareil respiratoire

EMBOLIE PULMONAIRE OBSERVATIONS


Tout comme la symptomatologie, les signes physiques
DÉFINITION peuvent varier. Les résultats de l’examen peuvent être
trompeurs (apparemment normaux) ou visiblement
Obstruction soudaine de la circulation pulmonaire.
anormaux. Il faut envisager l’embolie pulmonaire chez
toute personne qui présente une dyspnée inexpliquée.
CAUSES
– Fréquence cardiaque accélérée
– Migration d’un caillot de sang formé dans une
veine profonde des jambes ou du bassin – Fréquence respiratoire accélérée
– Embolie graisseuse (consécutive à une fracture du – Tension artérielle normale, élevée ou basse (cœur
fémur ou du bassin), embolie gazeuse pulmonaire)
– Détresse respiratoire variant de légère à sévère,
Facteurs de risque saturation en oxygène diminuée
– Repos au lit prolongé – Anxiété
– Âge avancé – Diaphorèse, pâleur et cyanose possibles
– Obésité – Distension des veines du cou dans les cas de cœur
– Lésion traumatique aux membres inférieurs pulmonaire
– Contraceptifs oraux – Œdème périphérique possible dans les cas de cœur
– Chirurgie récente pulmonaire
– AVC – Enflure et rougeur du mollet (peu fréquentes)
– Grossesse – Sensibilité possible du mollet
– Insuffisance cardiaque – Œdème périphérique à godet dans certains cas
– Maladie maligne – Possible matité à la percussion (dans les cas
d’infarctus et en présence d’un épanchement
SYMPTOMATOLOGIE pleural)
La gravité des symptômes varie considérablement. – L’entrée d’air peut être réduite dans la région
Les embolies pulmonaires peuvent se présenter sous lésée.
la forme de trois syndromes différents. – Il peut y avoir des crépitations et une respiration
sifflante (dans les cas d’infarctus).
Le cœur pulmonaire aigu (insuffisance cardiaque – On peut noter un bruit de galop (B3 ) dans les cas
droite) est causé par un thrombus massif obstruant de de cœur pulmonaire.
60 à 75 % de la circulation pulmonaire.
– Un deuxième bruit cardiaque fort peut être audible.
L’infarctus pulmonaire survient chez les patients
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
victimes d’une embolie massive et d’une obstruction
complète d’une artère pulmonaire distale. – Insuffisance cardiaque aiguë
– Infarctus du myocarde
Une dyspnée aiguë inexpliquée survient chez les
– Pneumonie
patients qui ne présentent pas de cœur pulmonaire ni
d’infarctus. – Pleurésie virale
– Péricardite
– Survenue brutale d’une dyspnée (c’est parfois le
seul symptôme) COMPLICATIONS
– Douleur pleurétique au thorax dans les cas – Infarctus pulmonaire
d’infarctus
– Cœur pulmonaire (insuffisance cardiaque droite)
– Toux (rare) – Insuffisance cardiaque gauche avec œdème
– Hémoptysie possible dans les cas d’infarctus pulmonaire
– Syncope (perte de conscience) possible dans le cas – Embolies à répétition
de cœur pulmonaire
– Décès
– Douleurs aux jambes (peu fréquentes)
– Anxiété TESTS DIAGNOSTIQUES
Les clients âgés peuvent présenter une dyspnée de – Électrocardiogramme : les résultats sont souvent
plus en plus marquée, de la confusion et de normaux, sauf pour la tachycardie, mais ils
l’agitation (dénotant une hypoxie). peuvent permettre d’écarter une ischémie
myocardique.

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Appareil respiratoire 3–23

TRAITEMENT INHALATION DE SUBSTANCES


Objectifs TOXIQUES
– Prévenir le décès
DÉFINITION
– Prévenir d’autres embolies
Consultation Inhalation de gaz, de vapeurs ou de particules
toxiques.
Consultez un médecin dès que possible.
CAUSES
Traitement adjuvant
– Incendies domestiques
– Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min
– Fuite du silencieux d’un véhicule à moteur
ou plus, au besoin; maintenez la saturation en
oxygène à plus de 97 à 98 %. – Tentative de suicide
– Amorcez un traitement IV à l’aide de soluté – Exposition professionnelle à des produits
physiologique; réglez le débit de perfusion de chimiques
manière à maintenir l’équilibre hydrique. – Agents : monoxyde de carbone, dioxyde de
– En cas d’hypotension, réanimez le patient en carbone, gaz toxiques, sous-produits toxiques de la
combustion de matières plastiques
administrant des volumes liquidiens appropriés
(voir la section « État de choc » dans le SYMPTOMATOLOGIE
chapitre 14, « Urgences générales et traumatismes
majeurs ») – Exposition à l’un des agents énumérés ci-dessus
– Toux et expectorations (parfois noires)
Interventions non pharmacologiques
– Dyspnée
Repos au lit – Gorge irritée, voix enrouée
– Altération de l’état de conscience ou confusion
Surveillance et suivi
avant l’arrivée
– Vérifiez souvent l’ABC (voies respiratoires,
respiration et circulation) et les signaux vitaux s’ils OBSERVATIONS
sont anormaux.
– Fréquence cardiaque accélérée
– Évaluez régulièrement les bruits pulmonaires pour
déceler tout signe d’insuffisance cardiaque. – Fréquence respiratoire accélérée
– Élévation possible de la tension artérielle
Orientation vers d’autres ressources
– Dans les cas d’intoxication au monoxyde de
médicales
carbone, l’oxymètre de pouls ne permet pas de
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible. mesurer avec exactitude la saturation en oxygène.
– État de conscience variable
Si le client présente des signes d’œdème pulmonaire,
– Détresse respiratoire plus ou moins marquée
voir la section « Œdème pulmonaire » dans le
chapitre 4, « Appareil cardiovasculaire ». – Brûlures au visage, sourcils et poils du nez roussis
– Présence de suie autour du nez ou dans les narines
– Irritation des muqueuses ou brûlures thermiques de
la bouche avec présence d’érythème et dépôts de
carbone (suie)
– Autres brûlures cutanées
– Irritation des muqueuses (yeux)
– Diminution possible de l’entrée d’air
– Présence possible d’une respiration sifflante
(wheezing)
– Stridor ou respiration sifflante possible
– Un visage rouge cerise est caractéristique de
l’intoxication par le monoxyde de carbone

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3–24 Appareil respiratoire

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Traitement adjuvant


– Surdose de drogue – Administrez de l’oxygène au masque à raison d’au
– État d’ébriété moins 10-12 l/min.
– Dans les cas d’intoxication au monoxyde de
COMPLICATIONS carbone, il faut augmenter le débit d’oxygène -
– Bronchospasme consultez un médecin.
– Œdème pulmonaire – Amorcez un traitement IV à l’aide d’un soluté
– Œdème laryngé aigu physiologique; réglez le débit de perfusion en
– Obstruction des voies respiratoires supérieures fonction de l’état d’hydratation du patient.
– Aggravation d’une maladie cardiaque ou Interventions pharmacologiques
pulmonaire préexistante
Le bronchospasme se traite à l’aide de salbutamol en
– Décès inhalation (Ventolin). (Pour plus de précisions, voir
TESTS DIAGNOSTIQUES la section sur le traitement de l’asthme, plus haut
dans ce chapitre.)
– Radiographie pulmonaire (si possible), mais
seulement si les résultats sont susceptibles de vous Surveillance et suivi
amener à ne pas envoyer le client à l’hôpital.
Surveillez de près l’ABC (voies respiratoires,
TRAITEMENT respiration et circulation) et les bruits pulmonaires.

Objectifs Orientation vers d’autres ressources


– Améliorer l’oxygénation médicales
– Déceler toute lésion aux poumons Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
Consultation
Consultez un médecin.

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CHAPITRE 4 – APPAREIL CARDIOVASCULAIRE

Table des matières

ÉVALUATION DE L’APPAREIL CARDIOVASCULAIRE ................................ 4–1


Anamnèse et examen physique ....................................................... 4–1
Examen de l’appareil cardiovasculaire ............................................. 4–2
Diagnostic différentiel des symptômes cardiovasculaires dominants......... 4–3
AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL CARDIOVASCULAIRE .......... 4–6
Dyslipidémie (hyperlipidémie) .......................................................... 4–6
Angine de poitrine........................................................................... 4–8
Insuffisance cardiaque congestive ................................................. 4–10
Thrombose veineuse profonde ................................ ...................... 4–14
Hypertension artérielle .................................................................. 4–15
Arythmies ..................................................................................... 4–19
Fibrillation auriculaire .................................................................... 4–21
Péricardite aiguë........................................................................... 4–23
Maladie artérielle périphérique....................................................... 4–24
Insuffisance veineuse (chronique) .................................................. 4–26
Anévrisme de l’aorte (masse abdominale pulsatile)......................... 4–27
URGENCES CARDIOVASCULAIRES ....................................................... 4–28
Infarctus du myocarde................................................................... 4–28
Œdème pulmonaire....................................................................... 4–30
Occlusion d’une artère périphérique de gros calibre........................ 4–31

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4–1

ÉVALUATION DE L’APPAREIL CARDIOVASCULAIRE


ANAMNÈSE ET EXAMEN PHYSIQUE Palpitations
– Description : battements rapides ou lents,
GÉNÉRALITÉS irréguliers ou réguliers
– Rapport avec l’activité physique
Chaque symptôme doit être noté et examiné en
fonction des caractéristiques suivantes : Expectorations
– Apparition (subite ou graduelle) – Couleur
– Évolution – Consistance (p. ex. blanches spumeuses, roses)
– Situation actuelle (amélioration ou détérioration) Cyanose
– Emplacement – Lèvres ou doigts bleus (circonstances, premières
– Irradiation manifestations, changements récents)
– Qualité Membres
– Fréquence et durée
– Sévérité – Localisation de l’œdème (p. ex. parties
dépendantes)
– Facteurs déclenchants et aggravants
– Rapport entre l’œdème et l’activité ou l’heure
– Facteurs de soulagement
– Claudication intermittente (douleur à la jambe
– Symptômes associés
causée par une activité physique)
– Effet sur les activités quotidiennes
– Distance parcourue avant l’apparition de la
– Diagnostic antérieur douleur liée à la claudication
– Traitements antérieurs – Temps requis pour soulager la claudication
– Efficacité de ces traitements – Température de la région touchée (chaude, fraîche
SYMPTÔMES DOMINANTS ou froide)
– Engourdissement
En plus des caractéristiques décrites ci-dessus, vous – Crampes dans les jambes ou douleur au repos
devez examiner en particulier les éléments suivants :
– Présence de varices
Douleur thoracique Autres symptômes associés
– Symptômes associés (p. ex. évanouissement, – Sudation
essoufflement) – Nausées
– Rapport avec l’effort, l’activité physique, les – Vomissements
repas, le fait de se pencher
Essoufflement ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (APPAREIL
CARDIOVASCULAIRE)
– Rapport avec l’activité physique (sur terrain plat,
en pente, dans les marches) – Cholestérolémie élevée
– Hypertension
– Relation avec la posture
– Orthopnée (nombre d’oreillers pour dormir) – Coronaropathie (angine de poitrine)
– Dyspnée paroxystique nocturne – Infarctus du myocarde
– Souffles cardiaques
– Œdème des chevilles ou récente prise de poids
– Rhumatisme articulaire aigu
Évanouissement ou syncope
– Valvulopathie
– Faiblesse, étourdissements, perte de conscience – Diabète sucré
– Symptômes associés (p. ex. douleur, palpitations, – Maladie de la thyroïde
essoufflement, étourdissement, nausée, sudation) – Néphropathie chronique
– Rapport avec les changements de posture, vertige – Maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC)
ou symptômes neurologiques
– Lupus érythémateux aigu disséminé
– Maladie virale récente (p. ex. cardiomyopathie
virale)

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4–2 Appareil cardiovasculaire

ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (APPAREIL PALPATION


CARDIOVASCULAIRE) – Emplacement du choc de la pointe
– Diabète sucré – Description et intensité du choc de la pointe
– Hypertension (normal, diffus, faible, prononcé)
– Coronaropathie (ischémique) – Soulèvement (choc de la pointe anormalement
– Cardiopathie prononcé)
– Infarctus du myocarde (surtout s’il est survenu à – Frémissement (souffle palpable qui ressemble à un
moins de 50 ans chez un ou des pro ches parents) ronronnement)
– Mort cardiaque subite – Détection et évaluation des battements et des
– Hypercholestérolémie frémissements dans les régions aortique, mitrale et
– Cardiomyopathie hypertrophique tricuspide, ainsi que dans la région de l’artère
pulmonaire, le long des bords gauche et droit du
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX sternum, sur l’épigastre et le long de la ligne
(APPAREIL CARDIOVASCULAIRE) axillaire antérieure gauche
– Tabagisme AUSCULTATION
– Exposition à la fumée secondaire
– Écoutez les bruits normaux du cœur avant
– Obésité d’essayer de détecter des souffles.
– Stress élevé (personnel ou professionnel) – Utilisez d’abord la membrane du stéthoscope, puis
– Abus prolongé de cocaïne, d’amphétamines et de le pavillon.
stéroïdes anabolisants – Auscultez l’apex, les régions de l’aorte et de l’artère
– Abus d’alcool pulmonaire, puis le long du bord gauche du sternum.

EXAMEN DE L’APPAREIL BRUITS CARDIAQUES


CARDIOVASCULAIRE – Évaluez la fréquence et le rythme.
– Déterminez s’il y a un rythme sous-jacent ou s’il
L’examen physique de l’appareil cardiovasculaire ne s’agit d’un rythme tout à fait irrégulier.
se limite pas au cœur. Il englobe généralement deux – Décelez les premier et deuxième bruits du cœur et
grandes entités : l’appareil cardiovasculaire central décrivez leur intensité.
(tête, cou et région précordiale) et l’appareil – Détectez d’autres bruits (B 3 , B4, dédoublement du
vasculaire périphérique (membres). L’examen doit second bruit, frottements)
également inclure une évaluation complète des
poumons et de l’état neuromental (signes de SOUFFLES
confusion, irritabilité ou stupeur). – Situation dans le cycle cardiaque
– Qualité
SIGNES VITAUX
– Intensité sonore
– Température – Lieu d’intensité maximale
– Pouls – Irradiation
– Fréquence respiratoire – Tonalité (aiguë ou grave)
– Saturation en oxygène
– Tension artérielle (position couchée et debout, les BRUITS
deux bras) – Carotidien
– Abdominal
TÊTE ET COU
– Iliaque
– Cyanose centrale – Fémoral
– Couleur de la conjonctive
– Pression veineuse jugulaire (PVJ)
– Souffles carotidiens
INSPECTION DE LA RÉGION PRÉCORDIALE
(POITRINE)
– Les battements cardiaques sont -ils visibles?

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Appareil cardiovasculaire 4–3

MEMBRES – Changement de la couleur du pied en rapport avec


la position de la jambe (p. ex. blancheur en
Mains élévation, rougeur en déclivité)
– Couleur de la peau et des lits unguéaux – Ulcères, varices, œdème (examen du sacrum si le
– Taches de nicotine client est alité)
– Hippocratisme digital – Présence et égalité des pouls (fémoral, poplité,
– Température tibial postérieur, pédieux)
– Égalité des pouls brachiaux et radiaux AUTRES ÉVALUATIONS
– Synchronisme des pouls radiaux et fémoraux
– Temps de remplissage capillaire S’il ne s’agit pas d’un cas urgent, effectuez les
examens suivants :
Jambes
– Signes de rétinopathie hypertensive ou diabétique
– Couleur (pigmentation, coloration anormale), (examen du fond de l’œil)
répartition des poils – Couleur, température, présence d’éruptions, de
– Température, texture lésions ou de xanthomes sur la peau
– Temps de remplissage capillaire – Bruits abdominaux, hypertrophie du foie, sensibilité à la
palpation dans le quadrant supérieur droit de l’abdomen

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DES SYMPTÔMES CARDIOVASCULAIRES DOMINANTS


DOULEUR THORACIQUE
Voir le tableau 1.
Tableau 1 : Diagnostic différentiel de la douleur thoracique

Caractéristiques Infarctus du Angine de Pneumonie Embolie Péricardite Atteinte Trouble Stress ou trouble
de la douleur myocarde ou poitrine pulmonaire* musculo- œsophagien, émotionnel
insuffisance co- squelettique gastrique ou
ronarienne aiguë duodénal
Apparition soudaine, au à l’effort graduelle ou soudaine graduelle ou graduelle ou graduelle ou graduelle ou soudaine
repos soudaine soudaine soudaine soudaine
Localisation rétrosternale, rétrosternale, champ pulm. rétrosternale, rétrosternale, partie antérieure rétrosternale, variable; partie
partie antérieure partie antérieure antérieur, latéral partie antérieure partie antérieure du thorax, partie épigastrique, antérieure du thorax,
du thorax du thorax ou postérieur ou latérale du du thorax latérale et(ou) thorax gauche, partie gauche du thorax
thorax postérieure de la quadrant sup.
paroi thoracique gauche ou droit
Irradiation bras gauche, bras gauche, partie antérieure variable variable, pointe bras, épaule, parfois dos ou habituellement aucune
épaule gauche, épaule gauche, du thorax, de l’épaule, cou cou, dos, bras
cou, mâchoire, cou, mâchoire, épaule, cou abdomen
dos, partie sup. dos, partie sup.
de l’abdomen de l’abdomen
Durée > 20 min habit. < 1-2 min des heures variable heures, jours minutes ou minutes ou heures minutes ou heures
heures
Intensité sévère légère à modérée nulle ou légère à habit. modérée, légère à modérée légère à modérée
modérée modérée mais parfois modérée
sévère
Description sensation de sensation endolorissement douleur sourde; douleur vive douleur sourde sensation de endolorissement,
serrement, de d’oppression, avec douleur pon- parfois douleur en continue; parfois brûlure (habit.); douleur en coup de
pression de pression gitive intermittente coup de poignard douleur vive oppression poignard
Soulagement aucun rapide au repos aucun aucun souvent : position repos, antiacides, lait, repos, relaxation,
et(ou) avec assise, penché analgésiques position assise, distraction
nitroglycérine vers l’avant; doux position debout
sublinguale autres change-
ments de posture
Facteurs aucun facteur effort, repas douleur accrue à immobilisation; infection récente effort physique certains aliments; situations stressantes,
déclenchants nécessairement copieux, monter la toux ou à aucun facteur des VRS; douleur inhabituel; repas copieux, se fatigue
ou aggravants évident une pente contre l’inspiration nécessairement plus intense à douleur plus pencher vers
un vent froid profonde; rhume évident; douleur l’inspiration intense avec l’avant; peut éveiller
récent plus intense si profonde ou à mouvement du le patient; peut
inspiration la toux bras survenir l’estomac
profonde ou toux vide
Signes et nausée, habituellement fièvre, toux, essoufflement, poss. symptômes sensibilité régurgitation raideur dans le cou et
symptômes sudation, aucun expectoration, sudation, d’infection des localisée au d’acide en bouche, les épaules; céphalées;
associés essoufflement, essoufflement hémoptysie, VRS; habit. chez toucher de la éructation, difficulté perte d’appétit; légère
anxiété, douleur à la le jeune adulte paroi thoracique, à avaler, sensation perte de poids, fatigue,
palpitations jambe (rare) région collante à la troubles du sommeil,
costochondrale déglutition, toux palpitations,
sensible (rare); présence étourdissement,
possible de sang symptômes
dans les selles d'hyperventilation

*Dans les cas d’embolie pulmonaire, la douleur thoracique n’est pas nécessairement présente.

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4–4 Appareil cardiovasculaire

DYSPNÉE Causes vasculaires


Causes cardiaques – Hypotension vasovagale (évanouissement
« ordinaire »)
– Insuffisance cardiaque (droite, gauche ou
– Hypotension orthostatique
biventriculaire)
– Maladie vasculaire cérébrale (accident ischémique
– Coronaropathie
transitoire, accident vasculaire cérébral, insuffisance
– Infarctus du myocarde (récent ou ancien) vertébrobasilaire, insuffisance carotidienne)
– Cardiomyopathie
Causes neurologiques
– Dysfonctionnement valvulaire
– Hypertrophie du ventricule gauche – Convulsions
– Hypertrophie septale asymétrique – Traumatisme crânien
– Péricardite Causes cardiaques
– Arythmie – Fréquence cardiaque anormalement lente et rythme
Causes pulmonaires anormal
– MPOC – Fréquence cardiaque anormalement rapide et
rythme anormal
– Asthme
– Débit cardiaque réduit
– Affections pulmonaires restrictives
– Hémorragie importante (p. e x. gastro-intestinale)
– Maladies pulmonaires héréditaires
– Cardiopathie valvulaire (sténose de l’aorte ou de
– Pneumothorax l’artère pulmonaire)
Causes mixtes (cardiaques et pulmonaires) – Hypertension pulmonaire
– MPOC avec hypertension pulmonaire et cœur Autres causes
pulmonaire
– Hyperventilation (syncopes rares, évanouissements
– Déconditionnement
fréquents)
– Embolie pulmonaire chronique
– Hypoxie
– Traumatisme
Causes autres que cardiaques ou PALPITATIONS
pulmonaires Principales causes d’arythmie
– Maladies métaboliques (p. ex. acidose) – Tachycardie ou arythmie sinusale
– Douleur – Contractions supraventriculaires précoces ou
– Atteintes neuromusculaires contractions ventriculaires ectopiques
– Affections oto-rhino-laryngologiques – Syndrome tachycardie-bradycardie (maladie du
Causes fonctionnelles sinus)
– Tachycardie supraventriculaire
– Anxiété
– Tachycardie auriculaire multifocale
– Trouble panique
– Fibrillation, flutter ou tachycardie auriculaire
– Hyperventilation
– Tachycardie par réentrée dans le nœud AV
LIPOTHYMIE ET SYNCOPE – Tachycardie auriculo-ventriculaire bidirectionnelle
(syndrome de Wolff -Parkinson-White)
La lipothymie se caractérise par des symptômes
passagers de faiblesse associés à une sensation – Accélération du rythme nodal
d’évanouissement imminent. La syncope se – Tachycardie ventriculaire
caractérise plutôt par une faiblesse généralisée et une – Bradycardie due à un bloc auriculo-ventriculaire
perte de connaissance associée à une perte du tonus avancé ou à un dysfonctionnement du nœud
musculaire. Ces symptômes sont attribuables à une sinusal
atteinte temporaire de la fonction cérébrale et sont
habituellement déclenchés par une baisse de la
perfusion sanguine cérébrale.

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Appareil cardiovasculaire 4–5

Causes extracardiaques Causes mentales


– Changements de la contractilité, de la fréquence – Crise de panique
cardiaque ou du volume d’éjection systolique – Hyperventilation
– Fièvre Autres causes cardiaques
– Hypovolémie
– Changements de la contractilité ou du volume
– Anémie
d’éjection systolique
– Hypoglycémie
– Valvulopathie, p. ex. insuffisance ou sténose
– Maladie pulmonaire aortique
– Phéochromocytome – Communication interauriculaire ou
– Thyrotoxicose interventriculaire
– Épisodes vasovagals – Insuffisance cardiaque
Causes de nature médicamenteuse – Cardiomyopathie
– Vasodilatateurs – Cardiopathie congénitale
– Abus de substances intoxicantes (p. ex. cocaïne, – Péricardite
alcool, tabac, caféine) – Tachycardie par réentrée électronique
– Digoxine – Syndrome du stimulateur cardiaque
– Phénothiazine ŒDÈME DE LA JAMBE
– Théophylline
– Agonistes ß 2 Voir le tableau 2.
– Anti-arythmisants

Tableau 2. Diagnostic différentiel de l’œdème de la jambe


Mécanisme Maladie ou syndrome Caractéristiques cliniques habituelles
Pression capillaire accrue
Obstruction de la veine cave inférieure Thrombose, tumeur maligne Bilatéral, grave (peut être bénin si
l’obstruction est partielle)
Obstruction d’une veine profonde de la Thrombose, compression extrinsèque Unilatéral, bénin
jambe
Réduction de la lumière veineuse ou Pontage coronarien (greffe), accident Unilatéral ou bilatéral, bénin
insuffisance des valvules veineuses vasculaire cérébral, varices
Hypertension auriculaire droite Dysfonctionnement auriculaire gauche Bilatéral
Maladie pulmonaire Bilatéral
Valvulopathie Bilatéral
Atteinte rénale Bilatéral, bénin
Clairance lymphatique réduite Lymphadénopathie, filariase Unilatéral ou bilatéral
(obstruction des vaisseaux lymphatiques)
Pression oncotique capillaire réduite Malnutrition extrême; atteinte hépatique, Bilatéral, bénin ou sévère, généralisé,
(hypoalbuminémie) rénale ou gastro -intestinale pronostic sombre
Perméabilité capillaire accrue Inhibiteurs calciques Bilatéral, bénin
Œdème cyclique idiopathique Bilatéral, bénin; femme prémenstruelle

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4–6 Appareil cardiovasculaire

AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL CARDIOVASCULAIRE

DYSLIPIDÉMIE (HYPERLIPIDÉMIE) SYMPTOMATOLOGIE


– Interrogez le client au sujet des facteurs de risque
DÉFINITION et déterminez les causes possibles de
l’hyperlipidémie secondaire.
Une trop forte concentration de lipoprotéines dans le – Hypercholestérolémie connue (cholestérol total
sang est un facteur de risque important de supérieur à 6,2 mmol/l)
coronaropathie. Les deux principaux lipides dans le
– Faible concentration connue du cholestérol HDL
sang sont le cholestérol et les triglycérides. Le
(inférieure à 0,9 mmol/l)
cholestérol se fixe à trois lipoprotéines significatives
sur le plan clinique : lipoprotéines de haute densité – Tabagisme
(HDL), lipoprotéines de basse densité (LDL) et – Hypertension : tension artérielle de 140/90 mm Hg
lipoprotéines de très faible densité (VLDL). Les confirmée à plusieurs reprises ou alors que le
triglycérides font partie des particules de VLDL, patient prend des antihypertenseurs.
mais leur rôle dans l’athérosclérose n’est pas bien – Maladie cardiovasculaire connue ou antécédents
compris. Une concentration élevée de triglycérides familiaux d’infarctus du myocarde chez des
(> 11,0 mmol/l) est associée au risque de pancréatite. personnes de moins de 55 ans
La dyslipidémie est l’une des principales causes de – Maladie endocrinienne (diabète sucré ou causes
formation des plaques d’athérosclérose. Jusqu’à 75 % secondaires incluant hypothyroïdie, néphropathie
des patients atteints de coronaropathie présentent une ou médicaments)
dyslipidémie. La normalisation des concentrations de – Les hommes de plus de 45 ans présentent un
lipides a un double effet : abaisser le taux de risque plus grand à ce titre.
coronaropathies symptomatiques et améliorer la survie – Les femmes ménopausées de plus de 55 ans ainsi
globale. La dyslipidémie est étroitement associée aux que les femmes ayant eu une ménopause
récurrences de coronaropathie symptomatique. provoquée et qui ne suivent pas
d’hormonothérapie substitutive présentent
CAUSES également un risque plus élevé.

Hyperlipidémie primaire OBSERVATIONS


Les maladies déterminées par un seul gène sont – Possibilité de tension artérielle élevée si le patient
transmises par un mécanisme dominant ou récessif est hypertendu
simple. – Arc sénile (important chez un patient relativement
jeune)
Hyperlipidémie secondaire
– Rétinopathies (visibles à l’examen du fond d’œil)
L’hyperlipidémie secondaire s’inscrit dans un – Xanthomes (dépôts de lipides)
ensemble d’anomalies de certaines voies – Possibilité de souffles artériels en présence
métaboliques. d’athérosclérose
– Hypothyroïdie – Baisse de l’intensité des pouls périphériques en
– Grossesse présence d’athérosclérose
– Excès de poids – Obésité
– Consommation excessive d’alcool
COMPLICATIONS
– Hépatopathie obstructive
– Syndrome néphrotique – Cardiopathie ou athérosclérose (p. ex. angine de
poitrine, infarctus du myocarde)
– Médicaments (p. ex. diurétiques thiazidiques,
certains bêtabloquants, contraceptifs oraux, – Pancréatite (hypertriglycéridémie)
corticostéroïdes)

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil cardiovasculaire 4–7

TESTS DIAGNOSTIQUES Interventions non pharmacologiques


Directives pour le dosage des lipides – La première démarche entreprise dans le traitement
de la dyslipidémie doit toujours être de modifier les
Le dépistage de la dyslipidémie par l’obtention du habitudes alimentaires pour réduire les concentrations
bilan lipidique à jeun (cholestérol total, de lipides (ces nouvelles habitudes doivent être
cholestérol HDL, triglycérides et cholestérol LDL) maintenues pendant 6 mois avant que l’on prescrive
est suggéré dans les cas suivants : des médicaments).
Maladie vasculaire athéroscléreuse : – Pendant ce temps, prescrivez 2 ou 3 autres dosages
des lipides.
Tous les 1-3 ans, selon le tableau clinique, jusqu’à – Perte de poids
l’âge de 75 ans
– Abandon du tabac
Xanthomes ou antécédents familiaux de – Intensification de l’activité physique
maladie vasculaire athéroscléreuse :
Maîtrise optimale des autres maladies
Un bilan lorsque le patient est jeune. Si les contribuant à l’apparition des cardiopathies
résultats sont normaux, reprendre le bilan à
30 ans, puis tous les 5 ans à partir de 40 ans chez – Hypertension : tension artérielle systolique visée
l’homme et de 50 ans chez la femme. < 140 mm Hg, diastolique < 90 mm Hg
– Diabète sucré : la glycémie doit être
Diabète sucré : raisonnablement optimale
Tous les 1-3 ans, selon le tableau clinique. – Modification de l’alimentation et des habitudes
de vie
Hommes de 40-70 ans, femmes de 50-70 ans,
même sans autre facteur de risque : – Médicaments appropriés
Interventions pharmacologiques
Tous les 5 ans
– Fibrates (p. ex. gemfibrozil)
Les résultats de ces dosages doivent être interprétés – Inhibiteurs de la HMG-CoA réductase (statines,
en tenant compte des autres facteurs de risque de p. ex. lovastatine, simvastatine, pravastatine)
coronaropathie. – Résine hypocholestérolémiante (p. ex.
cholestyramine)
TRAITEMENT
– Acide nicotinique (niacine)
Objectifs Il est possible de prescrire une association
– Atténuer la maladie cardiovasculaire en médicamenteuse et les résines peuvent faire partie de
normalisant la cholestérolémie toute association. Toutefois, il faut user de prudence
– Prévenir la pancréatite consécutive à une avec les associations de statines et de fibrates ou de
hypertriglycéridémie grave niacine, en raison d’une fréquence accrue de
complications musculaires et hépatiques graves.
La prévention primaire vise à détecter la
dyslipidémie avant que les complications
surviennent.
Cible : cholestérol LDL inférieur à 4,1 mmol/l si le
client présente un seul facteur de risque
cardiovasculaire
Cible : cholestérol LDL inférieur à 3,4 mmol/l si le
client présente plus d’un facteur de risque
cardiovasculaire

La prévention secondaire vise à réduire les


conséquences de la dyslipidémie chez les personnes
atteintes de maladie cardiovasculaire. Ces cibles
concernent particulièrement les patients à risque élevé et
sont plus strictes que celles qui s’adressent à l’ensemble
de la population.
Cible : cholestérol LDL inférieur à 2,6 mmol/l

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4–8 Appareil cardiovasculaire

Surveillance et suivi Infarctus du myocarde


Le suivi est important; évaluez la réponse au traitement Pour plus de précisions sur ce type d’angine, voir la
dans les 6 semaines (des analyses sanguines permettant section « Urgences cardiovasculaires » plus loin
de confirmer l’innocuité doivent être effectuées dans le chapitre.
rapidement) et, si les résultats sont satisfaisants, continuez
le suivi à intervalles réguliers (tous les 3-12 mois). CAUSES
Prescrivez un bilan hépatique, un dosage de la L’angine de poitrine résulte d’une ischémie du
cytokinase, une formule sanguine et un dosage de myocarde, qui survient lorsque le travail du cœur et
créatinine 3, 6 et 12 mois après le début du traitement la demande du myocarde en oxygène dépassent la
par les médicaments hypolipidémiants, puis tous les ans capacité des artères coronaires à fournir le sang
par la suite. oxygéné requis. C’est la principale manifestation
clinique de la coronaropathie (dépôt d’athéromes
Fréquence des analyses permettant de suivre le dans l’intima des grosses et des moyennes artères qui
traitement de la dyslipidémie : irriguent le cœur).
Patients suivant le régime alimentaire uniquement :
Facteurs de risque
Début : Tous les 3-6 mois pendant un an
– Hypertension
Par la suite : Tous les 6 à 12 mois – Hyperlipidémie
Patients suivant le régime alimentaire et le traitement – Diabète sucré
médicamenteux : – Tabagisme
– Antécédents familiaux de coronaropathie précoce
Début du traitement médicamenteux : Toutes les
6-8 semaines pendant 6 mois, selon la gravité
(p. ex. décès du père d’une coronaropathie à moins
de 60 ans)
Par la suite : Tous les 3 mois la première année, – Prise de contraceptifs oraux
puis tous les 6 -12 mois.
– Sédentarité
Orientation vers d’autres ressources – Obésité (en particulier sur le tronc)
médicales
SYMPTOMATOLOGIE
Adressez au médecin tous les clients ayant fait l’objet
d’un diagnostic d’hyperlipidémie pour que leur état et Angine stable
leurs besoins en matière d’hypolipidémiants soient Douleur thoracique décrite comme une oppression,
évalués. une pression ou un endolorissement, généralement
située dans la région rétrosternale, irradiant dans un
ANGINE DE POITRINE bras ou dans les deux et durant au plus 5 minutes, qui
est déclenchée par l’effort ou un stress émotionnel et
qui est soulagée par le repos ou la nitroglycérine.
DÉFINITION
Angine instable
Cardiopathie survenant par suite d’un apport
insuffisant de sang et, par conséquent, d’oxygène, au Douleur angineuse plus intense durant plus de
myocarde. 30 minutes ou survenant au repos, qui n’est pas
soulagée par le repos ou la nitroglycérine
TYPES sublinguale.
Angine stable Symptômes associés
Schéma prévisible de sensation d’oppression dans la – Dyspnée
poitrine à l’effort, soulagée par le repos ou la – Nausée ou vomissements
nitroglycérine. Fréquence, intensité et durée des – Sudation
épisodes stables depuis 6 semaines. – Faiblesse
Angine instable – Palpitations

Angine d’installation récente ou angine variable, par


exemple, si l’intensité, la fréquence ou la durée des
épisodes augmente, ou s’ils surviennent au repos.

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Appareil cardiovasculaire 4–9

OBSERVATIONS Consultation
– Sudation profuse Consultez un médecin dès que possible pour obtenir
– Appréhension de l’aide concernant le diagnostic et les traitements
– Saturation en oxygène (peut être normale ou non possibles.
dans les cas d’infarctus du myocarde)
Interventions non pharmacologiques
– Tension artérielle (peut être élevée ou basse dans
les cas d’infarctus du myocarde) Éducation du client
– Tachycardie – Assurez-vous que le client comprend la maladie.
– Bruit de galop en B4 – Encouragez le client à changer son mode de vie
– Changements dans l’électrocardiogramme (ECG) (p. ex. modifier son alimentation en réduisant
(dépression du segment ST, inversion de l’onde T) l’apport en matières grasses et en cholestérol).
– Encouragez le client à perdre du poids, à cesser de
Ces symptômes et signes sont passagers dans les cas fumer, à éviter les efforts vigoureux mais à faire
d’angine stable et disparaissent lorsque la douleur davantage d’exercice modéré (p. ex. marche).
s’atténue. Lorsqu’une personne souffrant d’angine
stable se présente en clinique, la crise est Interventions pharmacologiques
habituellement passée, car l’épisode est de courte Prophylaxie contre la formation de thrombus :
durée et de faible intensité. Aucune observation
notable ne peut alors être faite. acide acétylsalicylique entérosoluble (AAS)
(médicament de classe A), 325 mg par jour, si ce
n’est pas contre-indiqué et si le client n’en prend
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL pas déjà.
– Douleur de la paroi thoracique
Épisodes aigus d’angine :
– Autre malaise musculo-squelettique
nitroglycérine (médicament de classe C),
– Ulcère gastroduodénal
comprimés SL à 0,3-0,6 mg ou vaporisation
– Reflux gastro-œsophagien linguale (0,4 mg) au besoin
– Spasme œsophagien
Prophylaxie à long terme :
– Indigestion
re
– Crise d’anxiété 1 étape : Si la nitroglycérine est efficace et si le
client n’est pas hypertendu, ajoutez les nitrates à
– Embolie pulmonaire
longue durée d’action (p. ex. timbre Isordil ou Nitro-
– Péricardite Dur) (médicament de classe B), 0,2-0,8 mg/h
– Dissection de l’aorte pendant 12 heures toutes les 24 heures.
– Pneumothorax (spontané) 2 e étape : Si le client ne répond pas bien aux
nitrates à longue durée d’action ou s’il est
COMPLICATIONS hypertendu, ajoutez soit un bêtabloquant, p. ex.
– Angine instable métoprolol (Betaloc) (médicament de classe B),
– Infarctus du myocarde soit un inhibiteur calcique, p. ex. diltiazem
(Cardizem) (médicament de classe B).
TESTS DI AGNOSTIQUES e
3 étape : Si le client ne répond pas bien au
– Comparez le tracé de l’ECG avec un précédent, si bêtabloquant ou à l’inhibiteur calcique, tentez un
possible, et vérifiez s’il y a des signes d’ischémie traitement associant un bêtabloquant et un
inhibiteur calcique.
(dépression du segment ST, inversion de l’onde T,
autres changements récents) Il semble de plus en plus évident que les bêtabloquants
– Demandez une formule sanguine ainsi que le sont le médicament de choix dans le traitement de
dosage du glucose, de la créatinine et du l’angine. Ils sont au moins aussi efficaces que les deux
cholestérol dans le sang. autres classes de médicaments en ce qui concerne la
maîtrise des symptômes. Les bêtabloquants réduisent
TRAITEMENT DE L’ANGINE STABLE également le risque d’accidents cardiaques chez les
Objectifs patients souffrant d’angine et d’ischémie silencieuse. Les
nitrates et les inhibiteurs calciques n’offrent pas cet
– Réduire ou prévenir les récurrences avantage supplémentaire. Pour le patient dont l’état n’est
– Repérer et prendre en charge les facteurs de risque pas maîtrisé par les bêtabloquants ou qui ne les tolère pas,
– Améliorer la tolérance à l’effort les nitrates à longue durée d’action sont efficaces en
– Prévenir les complications association avec les bêtabloquants et constituent la
deuxième option thérapeutique.

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4–10 Appareil cardiovasculaire

Surveillance et suivi Surveillance et suivi


– Faites un suivi tous les 6 mois une fois que les Continuez de surveiller étroitement la douleur, les
symptômes sont stabilisés. signes vitaux (y compris la saturation en oxygène),
– Surveillez les symptômes et soyez à l’affût de tout les bruits cardiaques et pulmonaires, ainsi que les
changement, en particulier à la hausse. tracés d’ECG.
– Suivez le poids et la consommation de tabac.
Orientation vers d’autres ressources
– Prenez la tension artérielle et le pouls.
médicales
– Prescrivez les analyses sanguines prévues.
– Surveillez l’adhésion au traitement et la réponse Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
aux médicaments (p. ex. bêtabloquants) et aux
Le pontage coronarien ou l’angioplastie peuvent être
modifications durables des habitudes de vie.
indiqués lorsque les symptômes graves ne s’atténuent
Orientation vers d’autres ressources pas malgré un traitement médical optimal.
médicales
Adressez à un médecin tous les clients chez qui INSUFFISANCE CARDIAQUE
l’angine n’a jamais été diagnostiquée et tous les CONGESTIVE
clients dont les symptômes ne sont pas maîtrisés par
le traitement en cours, pour une évaluation complète.
Une fois leur état stabilisé, les clients doivent être DÉFINITION
examinés par un médecin au moins une fois par Syndrome clinique résultant d’une accumulation de
année. liquide en périphérie (insuffisance ventriculaire
TRAITEMENT DE L’ANGINE INSTABLE droite) ou à l’intérieur des poumons (insuffisance
ventriculaire gauche), ou les deux, causée par un
Pour tout client qui se présente à la clinique avec une mauvais fonctionnement du cœur. L’insuffisance
douleur thoracique, des antécédents d’angine récente cardiaque est la complication d’une maladie
ou des symptômes d’angine au repos; pour tout client préexistante.
ayant une cardiopathie diagnostiquée et dont les
symptômes augmentent ou le tracé de l’ECG change : L’insuffisance systolique (la forme la plus fréquente)
survient lorsque le cœur ne pompe pas le sang
Consultation adéquatement. L’insuffisance diastolique, quant à elle,
Consultez un médecin dès que possible. se manifeste lorsque le cœur ne parvient pas à s’emplir
adéquatement, alors que la fonction systolique est
Traitement adjuvant normale.
– Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min CAUSES (FACTEURS DÉCLENCHANTS DE
pour maintenir la saturation en oxygène supérieure
L’INSUFFISANCE CARDIAQUE AIGUË)
à 97-98 %.
– Amorcez un traitement intraveineux avec un soluté Demande accrue du myocarde
physiologique pour maintenir la veine ouverte.
– Stress (phys ique, environnemental ou émotionnel)
Interventions non pharmacologiques – Infection ou fièvre
Repos au lit lorsque le client se plaint de douleur au – Anémie
moment de la consultation – Hyperthyroïdie
Interventions pharmacologiques – Hypertension
– Grossesse
nitroglycérine (médicament de classe C),
comprimés SL 0,3 mg immédiatement; répétez Adhésion au traitement et mode de vie
deux fois, aux 5 min – Mauvaise adhésion au traitement
Si le client est hypotendu ou présente une – Excès alimentaires (p. ex. excès de sel ou d’eau)
bradycardie, ne lui administrez pas de nitroglycérine – Consommation élevée d’alcool
sans d’abord consulter un médecin. Si la douleur ne Sel et rétention d’eau
disparaît pas, considérez-le comme un cas d’infarctus
– Médicaments : anti-inflammatoires non stéroïdiens
du myocarde (voir la section « Infarctus du
myocarde » dans le présent chapitre). (AINS), corticostéroïdes, antidépresseurs
tricycliques, chlorpropamide
– Néphropathie

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Appareil cardiovasculaire 4–11

Réduction de la fonction de pompage des DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


ventricules – Voir la section « Causes » plus haut.
– Médicaments inotropes négatifs : bêtabloquants, – Bronchite aiguë chez des sujets atteints de MPOC
inhibiteurs calciques, anti-arythmisants, agents de ou d’asthme
chimiothérapie – Autres causes d’œdème (néphropathie,
– Arythmies hépatopathie, stase veineuse localisée,
– Ischémie or infarctus lymphœdème)
– Embolie pulmonaire – Embolie pulmonaire
– Radiothérapie
COMPLICATIONS
SYMPTOMATOLOGIE – Arythmies
– Essoufflement (d’abord provoqué par l’activité – Hépatomégalie (ascite)
physique) – Œdème pulmonaire aigu
– Évolution vers l’orthopnée, la dyspnée – Hypokaliémie due à la prise de diurétiques
paroxystique nocturne et la dyspnée au repos – Angine de poitrine
– Toux chronique non productive, plus prononcée la – Réduction de la fonction rénale, de la clairance
nuit ou en position couchée rénale des médicaments (effets toxiques de la
– Œdème des chevilles digoxine)
– Prise de poids récente – Embolie pulmonaire
– Nocturie – Effets secondaires des médicaments
– Fatigue chronique
– Palpitations TESTS DIAGNOSTIQUES
– Symptômes de maladie intercurrente (p. ex. – Faites un ECG et comparez le tracé avec un tracé
pneumonie) précédent, si possible.
– L’anxiété peut aggraver l’état du patient. – Surveillez les signes d’ischémie (dépression du
– Chez les personnes âgées, l’état mental peut s’altérer segment ST, inversion de l’onde T), de fibrillation
à mesure que l’insuffisance cardiaque évolue. auriculaire, de bradycardie.

OBSERVATIONS Demandez les tests diagnostiques suivants


uniquement lorsque l’hospitalisation ne s’impose pas.
La gravité des signes observés peut varier – Formule sanguine
considérablement.
– Glycémie
– Fréquence cardiaque élevée – Fonction thyroïdienne
– Fréquence respiratoire élevée – Fonction hépatique
– Tension artérielle normale, élevée ou faible – Dosage de la ferritine
– Gain de poids (traduisant la rétention liquidienne) – Dosage de la créatinine
– Détresse minime à extrême en position couchée – Dosage des électrolytes
– Distension possible de la veine jugulaire – Dosage de la digoxine (au besoin), si cela n’a pas
– Pression veineuse jugulaire élevée (> 3 cm) été fait depuis trois mois
– Possibilité d’œdème (pieds, chevilles ou tibias; – Radiographie pulmonaire (cardiomégalie, œdème
sacrum si le patient est alité) pulmonaire, épanchements pleuraux), si possible
– Hépatomégalie
– Reflux hépatojugulaire
– Ascite (rare)
– Matité à la base des poumons (épanchement
pleural) des deux côtés (rare)
– Crépitations ténues à la base des poumons
– Possibilité de B3 , de B4 ou de bruit de galop; s’il y a
dysfonctionnement valvulaire, possibilité de souffles

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4–12 Appareil cardiovasculaire

TRAITEMENT DE L’INSUFFISANCE Traitement adjuvant


CARDIAQUE CHRONIQUE – Vaccin antipneumococcique
Objectifs – Vaccin antigrippal tous les ans
– Maîtriser les symptômes Interventions pharmacologiques
– Repérer et traiter la cause préexistante Quatre classes de médicaments sont recommandées
– Limiter les facteurs qui déclenchent ou aggravent les pour la prise en charge de l’insuffisance cardiaque
symptômes congestive : inhibiteurs de l’enzyme de conversion de
– Empêcher la progression de la maladie l’angiotensine (ECA), diurétiques, glucosides
– Améliorer la qualité de vie et le taux de survie cardiotoniques et nitrates ou vasodilatateurs directs.

La gravité de l’insuffisance cardiaque pouvant varier On a souvent recours à une démarche graduelle.
énormément d’une personne à l’autre, une bonne 1re étape : inhibiteurs de l’ECA, p. ex. captopril
évaluation de la gravité du cas aidera à orienter le (Capoten) (médicament de classe B)
traitement. Le traitement médical sera établi selon e
l’origine de l’insuffisance - dysfonctionnement 2 étape : diurétiques, p. ex. furosémide (Lasix)
systolique ou diastolique - et la cause préexistante ou (médicament de classe B)
e
le facteur déclenchant (p. ex. fibrillation auriculaire). 3 étape : glucosides cardiotoniques, p. ex.
digoxine (Lanoxin) (médicament de classe B)
Consultation
e
4 étape : nitrates ou vasodilatateurs, p. ex.
Consultez un médecin dès que possible. nitroglycérine topique (Nitro-Paste) (médicament
de classe B) 1,25-2,5 cm toutes les 12 heures
Interventions non pharmacologiques pendant 24 heures
Éducation du client
Nitrates
– Assurez-vous que le client comprend bien la
maladie et ses conséquences (il s’agit d’une On recommande souvent de prescrire une préparation de
maladie évolutive, qui peut être maîtrisée mais non nitroglycérine à longue durée d’action visant à réduire la
guérie). charge de travail du cœur pour atténuer les symptômes et
– Recommandez-lui de modifier ses habitudes améliorer la tolérance à l’effort chez les clients qui ne
alimentaires : réduire l’apport en sodium, tolèrent pas les inhibiteurs de l’ECA ou dont les
augmenter l’apport en potassium (si la fonction symptômes persistent malgré un traitement optimal par
rénale est adéquate), réduire la consommation de des inhibiteurs de l’ECA, des diurétiques et de la digoxine
matières grasses et d’aliments contenant du ou en présence d’ischémie myocardique (c.-à-d. tension
cholestérol. artérielle systolique supérieure à 100 mm Hg).
– Recommandez-lui de réduire son apport liquidien Vasodilatateurs
à 1,2-2,0 litres par jour.
– Recommandez-lui de restreindre sa consommation Les vasodilatateurs tels que l’hydralazine peuvent
d’alcool. également être prescrits en association avec des nitrates
– Recommandez-lui de perdre du poids, s’il y a lieu. aux clients dont les symptômes persistent malgré la prise
– Reco mmandez-lui de surveiller son poids et de d’inhibiteurs de l’ECA, de diurétiques et de digoxine ou à
revenir voir l’infirmière s’il prend plus de 1,5 kg ceux qui ne tolèrent pas les inhibiteurs de l’ECA.
(3 lb) en une journée.
Bêtabloquants
– Recommandez-lui de se reposer après les repas.
– Encouragez-le à entreprendre un programme Les bêtabloquants, comme le métoprolol, peuvent
d’activité physique (marche) pour améliorer sa être prescrits aux clients qui présentent une
tolérance à l’effort. insuffisance cardiaque congestive chronique afin de
– Soulignez l’importance du suivi à long terme (tous préserver ou d’améliorer la fonction ventriculaire. Ils
les 3-6 mois, une fois son état stabilisé). peuvent servir à maîtriser les symptômes d’ischémie
chez les clients souffrant d’insuffisance cardiaque
– Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
congestive et d’angine de poitrine.
médicaments (dose, fréquence, adhésion au
traitement, effets secondaires). Il faut éviter de prescrire des bêtabloquants aux clients
– Montrez au client qui prend de la digoxine à dont le débit cardiaque est faible et il faut user d’une
prendre son pouls. grande prudence chez les clients souffrant de maladie
pulmonaire obstructive (p. ex. asthme).

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Appareil cardiovasculaire 4–13

Inhibiteurs calciques TRAITEMENT DE L’INSUFFISANCE


CARDIAQUE AIGUË DÉCOMPENSÉE
Les inhibiteurs calciques peuvent être prescrits aux
clients qui présentent une insuffisance cardiaque Consultation
congestive diastolique afin de normaliser la tension
artérielle et de favoriser une certaine régression de Consultez le médecin dès que possible.
l’hypertrophie du cœur. Ils peuvent également se
révéler utiles chez les clients souffrant de Traitement adjuvant
cardiomyopathie hypertrophique. – Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min
pour maintenir la saturation en oxygène à plus de
Les inhibiteurs calciques sont généralement contre- 97-98 %.
indiqués dans les cas d’insuffisance cardiaque – Amorcez un traitement IV avec du soluté
systolique et pour les personnes qui ont eu un physiologique pour garder la veine ouverte.
infarctus du myocarde accompagné de
dysfonctionnement ventriculaire gauche. Interventions non pharmacologiques

Anti-arythmisants Repos au lit, tête surélevée

Les anti-arythmisants sont généralement prescrits aux Interventions pharmacologiques


clients qui présentent des symptômes et des arythmies Diurétiques :
ventriculaires persistantes. Ils servent également à
maintenir le rythme sinusal dans les cas de fibrillation furosémide (Lasix) (médicament de classe D),
auriculaire. 40-80 mg IV
La dose peut être plus élevée lorsque la personne
Anticoagulants prend déjà ce diurétique en traitement d’entretien
Les anticoagulants sont fortement recommandés dans pour l’insuffisance cardiaque congestive; on peut
tous les cas d’insuffisance cardiaque accompagnée de alors doubler la dose d’entretien du client. Ajustez la
fibrillation auriculaire. dose selon la réponse. Vérifiez si la respiration
s’améliore.
Surveillance et suivi à long terme
Nitrates à longue durée d’action pour réduire la
– Examinez les appareils cardiaque et respiratoire à charge de travail du cœur :
la recherche de symptômes
– Prenez le poids du client à chaque visite et nitroglycérine topique (Nitro-Paste) (médicament
de classe B), 1,25-2,5 cm toutes les 6-8 h, pourvu
inscrivez-le au dossier.
que la tension systolique soit supérieure à
– Interrogez-le sur les médicaments qu’il prend 100 mm Hg
(adhésion au traitement, posologie, fréquence,
effets secondaires, médicaments provoquant une Surveillance et suivi
rétention sodique [p. ex. AINS]). – Signes vitaux, oxymétrie de pouls
– Dites-lui de revenir à la clinique si les symptômes – L’ABC : voies respiratoires, respiration,
s’aggravent ou s’il ressent une douleur thoracique. circulation
– Prescrivez des analyses de laboratoire tous les – Degré de conscience
3-6 mois : formule sanguine; dosage de la – Bruits cardiaques et pulmonaires
créatinine, des électrolytes et de l’acide urique (si
– Apport liquidien et débit urinaire
le client prend un diurétique thiazidique); analyse
d’urine (présence de protéines); dosage de la – Réponse au traitement
digoxine. Orientation vers d’autres ressources
Orientation vers d’autres ressources médicales
médicales Procédez à l’évacuation médicale d’urgence.
Adressez le client à un médecin pour une évaluation
complète et un traitement médicamenteux adapté à
son état.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


4–14 Appareil cardiovasculaire

THROMBOSE VEINEUSE PROFONDE OBSERVATIONS


– Signes physiques variables selon les dimensions et
DÉFINITION l’emplacement du caillot, ainsi que le degré
d’obstruction de la veine
Formation d’un caillot de sang ou thrombus dans une – Possibilité de fréquence cardiaque rapide
veine ayant pour effet d’obstruer le retour veineux.
– Détresse minime ou modérée
CAUSES – Difficulté à marcher
– Œdème minime ou prononcé à la partie inférieure
On n’en connaît pas les causes, mais une stase de la jambe
veineuse, une lésion de l’intima du vaisseau et un – Possibilité de rougeur au mollet ou à la partie
trouble de la coagulation jouent un rôle important atteinte
dans ce processus.
– Possibilité de distension des veines superficielles
Facteurs de risque de la jambe
– Sensibilité du mollet au toucher : légère ou
– Alitement prolongé, quelle qu’en soit la raison
modérée. La flexion de la cheville peut amplifier la
– Paralysie douleur.
– Maladie maligne – Possibilité de chaleur locale
– Accouchement – Vérifiez si les pouls périphériques sont
– Grossesse symétriques.
– Prise de contraceptifs oraux
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Traumatisme de la jambe
– Intervention chirurgicale importante – Foulure du muscle du mollet
– Infection consécutive à une chirurgie orthopédique – Traumatisme avec hématome
– Infarctus du myocarde – Cellulite
– Accident vasculaire cérébral – Rupture d’un kyste poplité
– Âge avancé (activité réduite)
COMPLICATIONS
SYMPTOMATOLOGIE – Embolie pulmonaire
– Symptômes parfois discrets, variables ou vagues – Insuffisance veineuse chronique
– La thrombose se forme habituellement dans les TESTS DIAGNOSTIQUES
veines de la jambe ou les veines profondes du
bassin (poplitées, fémorales, iliaques). Aucun
– Présence d’au moins un facteur de risque (voir
plus haut) TRAITEMENT
– Blessure récente de la jambe Objectifs
– Possibilité de douleur légère à la jambe
– Sensation de serrement ou douleur sourde, – Détecter la thrombose le plus rapidement possible
rarement intense – Prévenir les complications
– Malaise à la jambe plus intense à la marche Consultation
– Œdème à la partie inférieure de la jambe
Consultez immédiatement un médecin si vous
– Fièvre soupçonnez une thrombose veineuse profonde.
Les symptômes peuvent être absents ou minimes
Interventions non pharmacologiques
jusqu’à ce que le patient se plaigne d’essoufflement
immédiates (symptômes aigus)
et d’autres troubles respiratoires dus à l’embolie
pulmonaire. Le risque d’embolie pulmonaire est – Repos au lit
faible lorsque seules les veines du mollet sont – Élévation de la jambe au-dessus du niveau du cœur
touchées, mais il augmente à 40 % lorsque la – Bas anti-embolie
thrombose atteint les veines de la cuisse. – Surveillance étroite des signes vitaux

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Appareil cardiovasculaire 4–15

Interventions non pharmacologiques à long HYPERTENSION ARTÉRIELLE


terme

Éducation du client DÉFINITION


– Expliquez au client l’utilisation appropriée des Élévation persistante de la tension artérielle causée
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires). par une augmentation de la résistance des artères
– Recommandez le port de bas anti-embolie. périphériques au passage du sang attribuable à la
– Recommandez-lui de ne pas porter de vêtements rétention d’eau ou de sel ou à un phénomène de
serrés dans la région du genou (p. ex. bas à pression endogène.
élastique, jarretelle).
– Veillez à ce que les clients alités soient CAUSES
repositionnés fréquemment (toutes les 2 h). Les causes de l’hypertension essentielle, qui
– Recommandez aux patients alités de faire des représente 90 % des cas d’hypertension, sont
exercices actifs ou passifs de la jambe. inconnues.
Interventions pharmacologiques Facteurs de risque d’hypertension primaire
Le traitement par l’héparine (si possible) peut être (essentielle)
instauré sur avis du médecin avant le transport du – Hérédité
patient. – Obésité
Surveillance et suivi – Apport élevé en sel
– Tabagisme
Symptômes immédiats – Consommation élevée d’alcool
Observez le client pour détecter tout essoufflement – Stress chronique
ou tachycardie inexpliquée (signes d’embolie – Âge
pulmonaire). – Hyperlipidémie
Facteurs de risque d’hypertension
Suivi à long terme
secondaire (10 % des cas)
– Suivi tous les 3 à 6 mois lorsque l’état est stable
– Néphropathie
– Revoyez les stratégies de prévention, le traitement
médicamenteux et les effets secondaires. – Polykystose rénale
– Maladie vasculaire rénale
Orientation vers d’autres ressources
– Prise d’œstrogènes
médicales
– Grossesse
Procédez dès que possible à l’évacuation médicale du – Hyperthyroïdie (syndrome de Cushing)
client qui présente des symptômes aigus. – Hyperaldostéronisme primaire
– Phéochromocytome
– Coarctation de l’aorte
– Prise de contraceptifs oraux
– Abus chronique d’alcool

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4–16 Appareil cardiovasculaire

SYMPTOMATOLOGIE Autres observations


– Présence de l’un des facteurs de risque (voir plus – Possibilité de modifications rétiniennes à l’examen
haut) du fond d’œil
– Client habituellement de plus de 35 ans – Deuxième bruit aortique accru
– Hypertension habituellement découverte à la prise – Cœur hypertrophié (hypertrophie ventriculaire
de la tension artérielle lors d’un examen courant. gauche)
Le Groupe de travail canadien sur l’examen – Souffles (carotidien, aortique abdominal, rénal et
médical périodique (1994) (nouvelle appellation : fémoral)
Groupe d’étude canadien sur les soins de santé
préventifs) recommande le dépistage de DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
l’hypertension chez tous les patients de 21 à 64 ans – Hypertension essentielle
à toutes les consultations (recommandation de – Hypertension secondaire
niveau B, c.-à -d. bonnes raisons de l’inclure dans
l’examen médical périodique). Indices habituels de l’hypertension
– Habituellement asymptomatique secondaire
– Céphalée au lever, s’atténuant graduellement – Gravité de l’hypertension : une hypertension grave
pendant la journée (rare) est habituellement secondaire à une cause sous-
– Fatigue jacente précise.
– Accident ischémique transitoire – Rapidité de l’installation : si l’hypertension apparaît
– Nausée ou vomissements rapidement, elle doit être considérée comme
secondaire jusqu’à preuve du contraire.
– Modification du degré de conscience
– Âge de survenue : une installation rapide chez les
– Palpitations
patients de moins de 25 ans ou de plus de 55 ans
– Angine de poitrine évoque l’hypertension secondaire.
– Symptômes d’insuffisance cardiaque – Femme : la présence d’hypertension chez une
– Épistaxis jeune femme, accompagnée d’un bruit abdominal,
OBSERVATIONS évoque la sténose des artères rénales.

Tension diastolique COMPLICATIONS

– Tension diastolique normale à élevée – Insuffisance cardiaque congestive


(85-89 mm Hg) – Angine de poitrine
– Hypertension diastolique légère (90-99 mm Hg) – Accident vasculaire cérébral ou accident
ischémique transitoire
– Hypertension diastolique modérée (100-
109 mm Hg) – Crise d’hypertension
– Hypertension diastolique grave (110-119 mm Hg) – Néphropathie
– Hypertension très grave (≥ 120 mm Hg) – Rétinopathie
– Maladie périphérique
Tension systolique
– Complications d’un traitement médicamenteux
– Tension systolique normale (inférieure (p. ex. les diurétiques thiazidiques accroissent le
à 140 mm Hg) risque de goutte)
– Hypertension systolique légère (140-159 mm Hg), – Mauvaise réponse au traitement
si la tension diastolique est normale
– Hypertension systolique modérée (160- TESTS DIAGNOSTIQUES
179 mm Hg) – Analyse d’urine (analyse courante et recherche
– Hypertension systolique grave (180-209 mm Hg) d’une microalbuminurie chez les diabétiques)
– Hypertension très grave (≥ 210 mm Hg) – Formule sanguine
– Hypertension systolique isolée (≥ 160 mm Hg), si – Dosage du glucose, du cholestérol et des
la tension diastolique est normale triglycérides (à jeun)
– Dosage de la créatinine et des électrolytes
– ECG de référence et radiographie pulmonaire (si
possible) chez les personnes de plus de 50 ans

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil cardiovasculaire 4–17

TRAITEMENT Interventions pharmacologiques dans les


cas d’hypertension modérée ou grave
Objectifs
– Réduire la morbidité et la mortalité associées à Il faut instaurer un traitement par des antihypertenseurs.
l’hypertension artérielle Le médecin choisira le traitement approprié d’après
– Maîtriser les symptômes au moyen d’un traitement l’âge et l’état de santé du patient.
médicamenteux efficace et bien toléré Voici une démarche thérapeutique habituelle dans les
Consultation cas d’hypertension.

Consultez le médecin si un traitement par des 1reétape : Monothérapie


antihypertenseurs s’impose. diurétiques thiazidiques (p. ex. hydrochlorothiazide
[Hydrodiuril]) ou bêtabloquants (p. ex. aténolol
Interventions non pharmacologiques [Tenormin])
En premier lieu dans les cas d’hypertension légère ou Selon les résultats de vastes études contrôlées portant
modérée, modification des habitudes de vie. sur le traitement de l’hypertension bénigne, il est clair
que chez au moins 50 % des patients, la tension
Éducation du client artérielle peut être normalisée au moyen d’un
– Assurez-vous que le client comprend la maladie et diurétique thiazidique. Les bêtabloquants peuvent
le pronostic. être utilisés en monothérapie ou en association avec
– Encouragez le client à perdre du poids si nécessaire. d’autres médicaments s’ils ne suffisent pas.
– Recommandez-lui de modifier son alimentation 2e étape : Monothérapie avec l’un des médicaments
(p. ex. réduire sa consommation de sel à moins de suivants
150 mmol/jour, manger moins d’aliments riches en
cholestérol et prendre moins de stimulants et de inhibiteur de l’ECA (p. ex. captopril, énalapril)
caféine).
α-bloquant (p. ex. térazosine [Hytrin], prazosine)
– Conseillez-lui de cesser de fumer.
inhibiteur calcique (p. ex. diltiazem [Cardizem],
– Conseillez-lui de réduire sa consommation d’alcool.
amlodipine [Norvasc], nifédipine [Adalat])
– Conseillez-lui de pratiquer régulièrement des
activités physiques, surtout s’il est sédentaire. médicament SNA (p. ex. réserpine, clonidine)
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires (p. ex. losartan)
et importance d’observer le traitement).
3e étape : Si la tension n’est toujours pas normalisée, il
– Dites-lui de revenir à la clinique s’il remarque des est possible d’associer un médicament de l’étape 2 à un
symptômes inhabituels ou si son état de santé se diurétique à faible dose. Dans les cas d’hypertension
détériore. modérée ou grave, il faut souvent prescrire trois ou
quatre médicaments pour obtenir un résultat satisfaisant.

Bêtabloquants
Les bêtabloquants sont les médicaments de premier choix
pour abaisser la tension artérielle chez les patients
souffrant d’angine de poitrine. Malgré l’absence de
preuves, il semble également raisonnable de prescrire un
bêtabloquant en première intention lorsque ce
médicament peut traiter d’autres affections concomitantes
(p. ex. migraines fréquentes, hyperactivité sympathique,
tachycardie ou palpitations au repos).

Les bêtabloquants ne doivent pas être prescrits à des


clients souffrant d’asthme ou d’autres maladies
respiratoires obstructives.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


4–18 Appareil cardiovasculaire

Inhibiteurs de l’ECA Évaluation systématique dans le suivi de cas


d’hypertension
Il est démontré que les inhibiteurs de l’ECA
prolongent la survie des patients atteints Interrogez le client au sujet des éléments suivants :
d’insuffisance cardiaque congestive. Par conséquent,
– Céphalées
ces agents sont le médicament de première intention
– Étourdissements
chez les patients présentant une hypertension et une
insuffisance cardiaque congestive. On ne sait – Angine de poitrine
toutefois pas encore si les inhibiteurs de l’ECA – Insuffisance cardiaque congestive
exercent un effet protecteur spécifique sur les reins – Accident ischémique transitoire
dans les cas de néphropathie diabétique. – Accident vasculaire cérébral
Selon les résultats d’une étude récente, les inhibiteurs – Nausée et vomissement
de l’ECA accroîtraient le risque d’hypoglycémie – Troubles de la vue
chez les diabétiques qui suivent un traitement. Il – Adhésion au traitement
n’existe pas de différence thérapeutique établie entre – Effets secondaires des médicaments
les inhibiteurs de l’ECA; le choix du médicament L’examen physique doit porter sur les points
repose sur la commodité et le coût. suivants :
Inhibiteurs calciques – Tension artérielle (en position couchée et debout)
– Examen du fond de l’œil (pupille dilatée)
On ne dispose d’aucune étude sur les résultats
cliniques qui permettrait de déterminer un groupe – Examen du cou (souffles carotidiens, pression
spécifique de patients hypertendus qui pourraient veineuse jugulaire [insuffisance cardiaque
congestive])
bénéficier d’un traitement par un inhibiteur calcique.
Selon les résultats d’une étude récente non publiée – Examen cardiovasculaire
mais fort publicisée, les patients prenant un inhibiteur – Examen pulmonaire
calcique contre l’hypertension présenteraient un – ECG (tous les ans)
risque d’infarctus du myocarde significativement plus – Radiographie pulmonaire (tous les ans) s’il y a
élevé que les patients recevant un diurétique ou un cardiomégalie
bêtabloquant. – Examen ophtalmologique (s’il y a des
changements à l’examen du fond de l’œil)
Surveillance et suivi
– Dosage des paramètres sanguins tous les
Revoyez le client trois ou quatre fois par année si 3-6 mois : formule sanguine, dosage du glucose,
l’hypertension est bien maîtrisée, plus souvent si son de la créatinine, des électrolytes et de l’acide
état l’exige. urique (si le client prend des diurétiques
thiazidiques)
– Analyse d’urine (recherche de protéines)

Orientation vers d’autres ressources


médicales
Prévoyez un examen de contrôle par un médecin au
moins tous les ans si l’hypertension est stable et dès
que possible si elle n’est pas maîtrisée.
Le client hypertendu doit consulter un médecin s’il se
trouve dans l’une des situations suivantes :
– Mauvaise réponse au traitement
– Lésion des organes cibles provoquée par une
tension artérielle non maîtrisée
– Symptômes et signes de complications

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil cardiovasculaire 4–19

ARYTHMIES FACTEURS PRÉDISPOSANTS


– Bradycardie
DÉFINITION
– Tonus vagal accru
Anomalie du rythme cardiaque. Voici les principaux – Transmission sympathique réduite
types d’arythmie : – Ischémie au nœud sino-auriculaire
Bradycardie – Prise de médicaments : digoxine, propranolol,
sédatifs, nicotine, agents sympathomimétiques
Fréquence cardiaque inférieure à 60 puls/min; – Consommation de caféine
l’influx provient du nœud sino-auriculaire (SA).
– Consommation d’alcool
Tachycardie – Entraînement athlétique (variante normale chez
l’athlète)
Fréquence cardiaque supérieure à 100-160 puls/min; – Traumatisme ou autre agression (réponse normale
l’influx provient du nœud SA. de l’organisme)
Tachydysrythmies supraventriculaires – Hypertrophie auriculaire
– Infarctus du myocarde
Fréquence cardiaque supérieure à 100 puls/min; – Insuffisance cardiaque congestive
l’influx provient d’une région située en amont des
ventricules. Il en existe deux principaux types : – Rhumatisme cardiaque
– Cardiopathie hypertensive
– Tachycardie par réentrée du nœud auriculo- – Hypothermie
ventriculaire (AV) : réentrée intranodale par des
– Déséquilibre électrolytique
voies de conduction rapide et lente au sein de la
jonction AV. – Acidose
– Tachycardie réciproque orthodromique : – Infection
tachycardie impliquant les voies accessoires Tachycardie
associées à la pré-excitation.
– Tonus vagal réduit
Fibrillation auriculaire – Tonus sympathique accru
Activité électrique désordonnée provoquée par une – Infarctus du myocarde
salve de décharges provenant de nombreux foyers Tachycardie supraventriculaire
ectopiques des oreillettes. Il est alors difficile de
mesurer la fréquence auriculaire. Il existe trois types – Réaction toxique à la digoxine
de fibrillation auriculaire : – Catécholamines
– Fibrillation auriculaire paroxystique : se Fibrillation auriculaire
manifeste chez les personnes qui présentent – Ischémie myocardique
habituellement un rythme sinusal normal.
– Thyrotoxicose
– Fibrillation auriculaire chronique : se manifeste
chez les personnes qui présentent une fibrillation Contractions ventriculaires précoces
permanente plutôt que de brefs épisodes – Stress
symptomatiques
– Contractions ventriculaires précoces : influx qui SYMPTOMATOLOGIE
proviennent des fibres des Purkinje. – Les symptômes ne sont pas nécessairement
présents, mais le client peut constater une
irrégularité de son rythme cardiaque.
– Palpitations
– Malaise thoracique
– Essoufflement
– Étourdissement
– Transpiration profuse
– Faiblesse
– Syncope
– Nausée

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


4–20 Appareil cardiovasculaire

OBSERVATIONS TRAITEMENT
– Modification du rythme à l’ECG Objectifs
– Bradycardie sinusale : ralentissement du rythme
cardiaque, ECG normal – Restaurer le rythme sinusal
– Tachycardie sinusale : pouls régulier, tension – Soulager les symptômes
systolique constante – Prévenir les récurrences
– Fibrillation auriculaire : pouls irrégulier, tension – Prévenir les complications (p. ex. insuffisance
systolique variable cardiaque congestive, infarctus du myocarde,
arythmie potentiellement fatale)
– Tachycardie par réentrée du nœud AV : pouls
régulier, bloc auriculo-ventriculaire fréquent, Consultation
tension systolique constante, alternance
électrique rare Consultez le médecin si l’ECG du client est anormal,
s’il y a fibrillation auriculaire rebelle ou si vous
– Tachycardie réciproque orthodromique : pouls
soupçonnez le syndrome de Wolff-Parkinson-White
régulier, pas de bloc auriculo-ventriculaire, tension ou la maladie sinusale.
systolique constante, alternance électrique fréquente
(surtout lorsque la fréquence cardiaque est élevée) Interventions non pharmacologiques
– Contractions ventriculaires précoces (CVP) :
amplitude du pouls réduite ou absente pendant la Décelez et traitez tout facteur ayant contribué à
CVP l’arythmie.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Éducation du client


– Tachycardie auriculaire multifocale – Enseignez au client des techniques de relaxation.
– Tachycardie sinusale accompagnée de multiples – Dites au client et à ses proches comment reconnaître
contractions auriculaires précoces les signes de troubles hémodynamiques, incluant
– Flutter auriculaire fréquence cardiaque élevée, gain de poids
– Tachycardie ventriculaire inexpliqué, aggravation de la dyspnée à l’effort,
réduction de la tolérance à l’exercice.
– Bloc auriculo-ventriculaire
– Informez le client au sujet du traitement
COMPLICATIONS médicamenteux à long terme et de ses effets
secondaires.
– Insuffisance cardiaque
– Infarctus du myocarde
– Accident vasculaire cérébra l
– Thrombo-embolie
– Syndrome de Wolff-Parkinson-White
TESTS DIAGNOSTIQUES
– ECG et surveillance par la méthode de Holter
pendant 24 heures
– Dosage de l’hormone thyréotrope (TSH)
– Formule sanguine
– Détermination du rapport international normalisé
(INR) et du temps de céphaline

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil cardiovasculaire 4–21

Interventions pharmacologiques FIBRILLATION AURICULAIRE


Le traitement initial doit être prescrit par un médecin.
DÉFINITION
La sélection des modalités de traitement doit reposer La fibrillation auriculaire est une arythmie dans
sur la physiopathologie sous-jacente.
laquelle le rythme sinusal est remplacé par une
Dans les cas de réentrée, les agents les plus efficaces activité électrique désordonnée.
sont ceux qui bloquent le circuit de réentrée :
MALADIES ASSOCIÉES
digoxine (Lanoxin)
– Cardiopathie hypertensive
bêtabloquants, tels que nadolol (Corgard) ou
aténolol (Tenormin) – Cardiopathie valvulaire ou rhumatismale
– Coronaropathie
inhibiteurs calciques, tels que vérapamil (Calan)
– Infarctus du myocarde
diltiazem (Cardizem) – Embolie pulmonaire
Pour les épisodes dus à une augmentation de – Cardiomyopathie
l’automatisme : – Insuffisance cardiaque congestive
– Cardiopathie infiltrante
quinidine (Quinaglute)
– Péricardite
procaïnamide (Procan SR)
SYMPTOMATOLOGIE
disopyramide (Norpace CR)
– Palpitations
La fibrillation auriculaire chronique peut aussi être
– Vertiges, faible tolérance à l’effort
traitée au moyen d’anticoagulants comme la
warfarine (Coumadin). – Fatigue
– Dyspnée
Le traitement est instauré dès que possible lorsqu’il y – Angine de poitrine
a des antécédents de cardiopathie.
– Syncope ou quasi-syncope
Surveillance et suivi – Accident vasculaire cérébral
– Embolisation artérielle
– Clients qui prennent des anti-arythmiques : dosage
des enzymes hépatiques pendant les 4-8 premières OBSERVATIONS
semaines du traitement
– Clients qui présentent des facteurs de risque à Effectuez un examen cardiovasculaire et pulmonaire
l’égard de complications cardiaques dues au complet. Examinez également les yeux pour
traitement : ECG pendant les premières semaines déterminer s’il y a asynergie oculopalpébrale (signe
du traitement, puis tous les 3-6 mois par la suite d’hyperthyroïdie) et le cou pour vérifier s’il y a
hypertrophie de la thyroïde (goitre) et hausse de la
– Clients qui prennent de la digoxine : surveillance pression veineuse jugulaire.
étroite des effets toxiques éventuels
– Détermination de l’INR à intervalles réguliers pour – Pouls irrégulier
surveiller la réponse à la warfarine – Tachycardie
Orientation vers d’autres ressources – Possibilité d’insuffisance cardiaque
médicales – Hypotension
– ECG : fréquence auriculaire élevée et irrégulière,
Procédez à l’évacuatio n médicale des clients dont les absence d’onde P
paramètres hémodynamiques sont instables.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Tachycardie auriculaire multifocale
– Tachycardie sinusale avec fréquentes contractions
auriculaires précoces
– Flutter auriculaire

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4–22 Appareil cardiovasculaire

COMPLICATIONS Interventions pharmacologiques


– Accident vasculaire embolique – Le traitement médicamenteux vise à corriger
– Embolisation des artères périphériques l’arythmie auriculaire, à ralentir la fréquence
– Complications du traitement pharmacologique, y ventriculaire et à retarder la coagulation. Voici
compris bradycardies quelques anti-arythmiques : quinidine,
– Risque d’hémorragie inhérent à la prise procaïnamide et disopyramide. Les bêtabloquants,
d’anticoagulants comme l’amiodarone et les inhibiteurs calciques,
comme le diltiazem et le vérapamil, servent à
TESTS DIAGNOSTIQUES normaliser la fréquence ventriculaire.
– Le traitement anticoagulant à long terme,
Patient asymptomatique :
notamment par la warfarine (Coumadin), est
– ECG recommandé pour prévenir les accidents
– Dosage de la TSH vasculaires cérébraux et d’autres complications
– Détermination de l’INR et du temps de céphaline dues aux embolies.
– Radiographie pulmonaire si vous soupçonnez une Surveillance et suivi
cardiomégalie
– Les clients qui présentent une fibrillation
TRAITEMENT auriculaire stable doivent faire l’objet d’un suivi
régulier comprenant l’évaluation des signes et
Objectifs symptômes de récurrence, des complications, de
– Détecter et traiter tous les facteurs prédisposants l’adhésion au traitement et des effets secondaires
(voir la section « Maladies associées » plus haut) des médicaments
– Atténuer les symptômes – ECG tous les 3-6 mois
– Prévenir les complications – Chez les clients qui prennent des anticoagulants,
l’INR doit être déterminé à intervalles réguliers.
Consultation
Orientation vers d’autres ressources
Consultez le médecin dès que possible si le client médicales
présente des symptômes.
Procédez à l’évacuation médicale des clients dont les
Interventions non pharmacologiques paramètres hémodynamiques sont instables. La
cardioversion électrique s’imposera à l’hôpital dans
Éducation du client certains cas qui présentent des symptômes graves.
– Assurez-vous que le client comprend la maladie et Dès que possible, orientez les clients qui présentent
le pronostic. des symptômes stables vers le médecin pour un
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des examen complet et l’instauration d’un traitement.
médicaments, ainsi que leurs effets secondaires.
– Indiquez-lui les signes et symptômes de
complications qui exigent une consultation
immédiate : pouls rapide, palpitations, œdème,
essoufflement à l’effort, douleur thoracique.
– Recommandez-lui d’éviter l’alcool et la caféine.
– Recommandez-lui de cesser de fumer.
– Conseillez-lui de dormir suffisamment.

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Appareil cardiovasculaire 4–23

PÉRICARDITE AIGUË OBSERVATIONS


– Élévation possible de la température (fébricule)
DÉFINITION – Respiration rapide et superficielle
Processus inflammatoire accompagné ou non – Anxiété
d’épanchement et attribuable à une grande variété de – Détresse légère
causes. Le plus souvent, il s’agit d’une péricardite – Bouffées vasomotrices
idiopathique ou non spécifique. – Respiration entrecoupée
– Essoufflement (seulement dans les cas de
CAUSES tamponnade péricardique ou de péricardite
– Idiopathie (cause inconnue) constrictive)
– Infection virale (p. ex. virus Coxsackie, virus – Frottement péricardique
ECHO, adénovirus, virus Epstein-Barr, oreillons) – Possibilité de craquements localisés dans les
– Infection bactérienne : Hemophilus influenzae poumons
(surtout chez l’enfant), méningocoques,
pneumocoques, Salmonella, staphylocoques DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Mycose : Aspergillus, Candida, Histoplasmosis, – Infarctus du myocarde
Nocardia – Pneumonie avec pleurésie
– Mycose bactérienne : Mycobacterium tuberculosis – Embolie pulmonaire
– Parasites : protozoaires – Dissection de l’aorte
– Néoplasme : sein, poumon, lymphome – Pneumothorax
– Médicaments : procaïnamide, hydralazine, – Emphysème médiastinal
phénytoïne et autres – Cholécystite
– Atteinte des tissus conjonctifs : lupus – Pancréatite
érythémateux disséminé, ployarthrite rhumatoïde,
sclérodermie, rhumatisme articulaire aigu COMPLICATIONS
– Radiothérapie – Tamponnade péricardique
– Syndrome postinfarctus du myocarde (syndrome – Récurrence de péricardite
de Dressler) – Épanchement non compressif
– Traumatisme thoracique – Péricardite constrictive chronique
– Urémie
– Myxœdème TESTS DIAGNOSTIQUES
– Dissection de l’aorte – ECG
– Sarcoïdose – Radiographie pulmonaire (si possible) pour
– Pancréatite éliminer les complications telles que
– Affection intestinale inflammatoire l’épanchement pleural ou l’hypertrophie du cœur
– Sida TRAITEMENT
SYMPTOMATOLOGIE Objectifs
– Douleur thoracique habituelle ment aiguë et – Prévenir les complications
rétrosternale, irradiant jusqu’à la lisière des – Identifier les causes sous-jacentes traitables
muscles trapèzes
– Douleur d’installation souvent soudaine
Consultation
– Douleur soulagée lorsque la personne se penche
vers l’avant ou s’asseoit Consultez le médecin si vous soupçonnez ce
– Respiration entrecoupée diagnostic.
– Douleur à la déglutition Le client par ailleurs en bonne santé sera traité en
– Fièvre clinique externe.
– Myalgie
– Anorexie

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4–24 Appareil cardiovasculaire

Interventions non pharmacologiques MALADIE ARTÉRIELLE


Éducation du client
PÉRIPHÉRIQUE
– Assurez-vous que le client comprend la maladie et
le pronostic. DÉFINITION
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des Réduction permanente de l’apport sanguin vers une
médicaments et leurs effets secondaires possibles. seule jambe ou les deux, due à un rétrécissement
– Recommandez-lui d’éviter tout travail physique athéroscléreux de l’aorte et des grosses artères
exigeant. irriguant les membres inférieurs, qui entraîne
– Indiquez au client les signes et symptômes des l’ischémie des muscles des jambes.
complications, et dites-lui de vous les signaler.
– Soulignez l’importance du suivi. CAUSES

Interventions pharmacologiques – Athérosclérose, lésions congénitales, traumatisme


– Souvent associée au diabète sucré
Anti-inflammatoires pendant au moins deux – Facteurs prédisposants : tabagisme, hypertension,
semaines : hyperlipidémie, diabète, obésité, hérédité.
AAS (aspirine) (médicament de classe A),
SYMPTOMATOLOGIE
650 mg toutes les 4 heures
ou – Signal d’avertissement indiquant que l’apport en
oxygène dans la jambe est insuffisant
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
200 mg, 2-3 comprimés toutes les 6 heures
– Symptômes d’abord intermittents, réversibles
(claudication intermittente)
Dans certains cas, la péricardite devient réfractaire et – Douleur, endolorissement, crampe au mollet, au
peut nécessiter la prise de corticostéroïdes ou une cou-de-pied, à la fesse, à la hanche ou à la cuisse
péricardectomie. (rarement au bras)
– Douleur déclenchée par l’exercice
Surveillance et suivi
– Malaise rapidement et toujours soulagé par le
– Suivi après 2 ou 3 jours, pour s’assurer qu’aucune repos (2-5 minutes)
complication ne se manifeste, puis deux semaines – Distance que le client peut parcourir avant de
plus tard. claudiquer (en prendre note)
– ECG et radiographie pulmonaire à envisager – À mesure que la maladie évolue, les symptômes
environ 4 semaines après la première visite. surviennent plus facilement et durent plus
– Dans la plupart des cas, le client est complètement longtemps.
rétabli après deux semaines de traitement. – Quand la maladie est avancée, la douleur au pied
– Chez 15 % des clients, il y aura au moins une se manifeste la nuit.
récidive dans les premiers mois. – Cette douleur nocturne est soulagée lorsque le
client place sa jambe en déclivité ou se tient
debout sur un plancher froid.
– Lorsque la maladie est grave, la région touchée
devient ischémique en permanence, et la douleur est
présente même au repos.
– Possibilité d’impuissance
– Possibilité d’atteinte vasculaire d’autres organes
cibles (angine, accident ischémique transitoire ou
accident vasculaire cérébral antérieur)

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Appareil cardiovasculaire 4–25

OBSERVATIONS Interventions non pharmacologiques


– Élévation possible de la tension artérielle chez le Éducation du client
client hypertendu
– Possibilité de modification ischémique de la peau – Recommandez fortement au client de cesser de
fumer (le cas échéant).
du pied et de la partie distale du membre (peau
mince et fragile; chute des poils sur la partie – Conseillez-lui de perdre du poids (si nécessaire).
distale du membre; peau luisante et atrophiée; – Recommandez-lui de faire de l’exercice tous les
atrophie des muscles de la jambe) jours pour améliorer sa forme physique et accroître
– Ulcères artériels sur les orteils ou les pieds la tolérance des muscles des jambes à l’effort, ce
– Possibilité d’hypertrophie des ongles d’orteil qui aidera aussi à favoriser la circulation
collatérale (la marche reste le meilleur exercice).
– Rougeur du pied en déclivité, blancheur en élévation
– Conseillez-lui de surélever la tête de son lit p. ex.
– Ralentissement du temps de remplissage capillaire
(> 2 secondes) au moyen de blocs de bois de 5 à 8 cm (2 à
3 pouces).
– Pouls périphériques diminués ou absents
– Conseillez-lui de garder ses pieds et ses jambes au
– Masse abdominale pulsatile (anévrisme de l’aorte) frais lorsqu’il dort.
– Possibilité de souffles artériels (aorte abdominale, – Pour réduire l’irritation de la peau, le client devrait
iliaque, fémoral, poplité)
placer une peau de mouton ou un matelas à
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL pression alternative des coussins bulles sur son lit.
– Occlusion artérielle aiguë – Enseignez-lui les principes d’hygiène du pied :
éviter de couper les ongles trop court, éviter de
– Maladie de Raynaud
porter des chaussures serrées, garder les pieds au
– Phénomène de Raynaud sec et bien protégés (même dans la maison, ne
– Stase veineuse jamais déambuler nu-pieds ou en pantoufles)
– Sclérodermie – Dans le cas des clients diabétiques, enseignez les
soins du pied à un membre de la famille, si
COMPLICATIONS
possible, pour que cette personne puisse accomplir
– Ulcère ischémique les tâches nécessaires; également, le client peut
– Infection d’ulcère ischémique assister tous les mois à des séances de soins des
– Pert de la partie distale du membre ischémié ongles et des pieds.
– Occlusion artérielle aiguë Surveillance et suivi
TESTS DIAGNOSTIQUES – Décelez tout nouveau symptôme ou changement
des symptômes.
– Formule sanguine
– Évaluez dans quelle mesure le diabète est maîtrisé
– Dosage des électrolytes et de la créatinine
et encouragez l’adhésion au traitement et du
– Glycémie, cholestérolémie et triglycéridémie à régime alimentaire.
jeun
– Recommandez au client de se présenter à la
– ECG (s’il n’y en a pas de récent) clinique s’il se blesse le pied, même s’il s’agit
TRAITEMENT d’une simple éraflure.
Orientation vers d’autres ressources
Objectifs médicales
– Ralentir l’évolution de la maladie
Adressez le client au médecin dès que possible pour
– Identifier, éliminer et traiter les facteurs de risque
qu’il détermine si une intervention chirurgicale est
– Favoriser la formation d’une circulation collatérale indiquée (douleur intolérable chez un client à faible
– Prévenir les complications risque, douleur au repos, ulcère, gangrène
Consultation imminente). Une consultation auprès d’un chirurgien
vasculaire peut s’imposer.
Consultez immédiatement le médecin en présence de
l’un des facteurs suivants : angine, ulcère ischémique,
douleur au repos, douleur nocturne, accident
ischémique transitoire récent, masse abdominale
pulsatile.

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4–26 Appareil cardiovasculaire

INSUFFISANCE VEINEUSE COMPLICATIONS


(CHRONIQUE) – Dermite de stase
– Cellulite
DÉFINITION – Ulcère de stase
– Thrombophlébite
Atteinte du système veineux qui empêche le retour
normal du sang des jambes vers le cœur. – Thrombose veineuse profonde (s’il y a atteinte des
veines profondes)
CAUSES TESTS DIAGNOSTIQUES
Incompétence des valves dans les veines des jambes Aucun
Facteurs de risque
TRAITEMENT
– Prédisposition familiale
– Station debout prolongée Objectifs
– Grossesse – Faciliter le retour veineux
– Obésité – Prévenir les complications
– Vêtements serrés portés trop longtemps Interventions non pharmacologiques
SYMPTOMATOLOGIE Éducation du client
– Douleur sourde, sensation de lourdeur ou fatigue – Enseignez au client les règles d’hygiène de la peau
dans les jambes, survenant souvent en fin de et le soin des lésions.
journée et soulagée par l’élévation de la jambe
– Conseillez-lui de porter des bas ou des collants de
– Léger œdème à la fin de la journée soutien.
– Crampes dans les jambes, la nuit – Recommandez-lui d’élever la jambe au-dessus du
– Possibilité de démangeaisons (en raison d’une niveau de la hanche lorsqu’il est assis.
dermite de stase) – Recommandez-lui d’éviter d’être debout pendant
– Dermite de stase, coloration brun rouge longtemps (en position assise, il doit autant que
OBSERVATIONS possible surélever les jambes et éviter de les
croiser).
– Veines variqueuses dilatées, tortueuses et – Conseillez-lui d’éviter de porter des vêtements
allongées dans le pied, la partie inférieure de la serrés autour des genoux (p. ex. bas au genou,
jambe, la partie interne de la cuisse ou derrière le jarretelles).
genou
– Recommandez-lui de perdre du poids (si
– Varices plus visibles lorsque la personne est nécessaire).
debout
– Recommandez-lui de cesser de fumer, le cas
– Possibilité de modifications de la peau (érythème, échéant.
pigmentation brunâtre, desquamation, ulcérations)
– Dites-lui de revenir à la clinique s’il aperçoit une
– Possibilité d’ulcères veineux à l’intérieur de la lésion ou une irritation cutanée ou si une veine
partie inférieure de la jambe juste au-dessus de la devient sensible au toucher.
malléole interne ou sur la partie interne de la – Dites-lui de faire des exercices pour les jambes en
cheville
position couchée quatre fois par jour pour éviter la
– Possibilité d’œdème du pied et de la cheville thrombose veineuse profonde.
– Veines dilatées facilement palpables lorsque la
personne est debout Surveillance et suivi
Prévoyez un suivi un mois après la visite initiale pour
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
voir si le client suit vos recommandations et pour
– Maladie artérielle occlusive chronique avec ulcères évaluer l’efficacité des interventions.
artériels
– Problèmes orthopédiques Orientation vers d’autres ressources
médicales
Adressez le patient au médecin si son état ne
s’améliore pas avec le traitement conservateur
ou s’il y a des complications.

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Appareil cardiovasculaire 4–27

ANÉVRISME DE L’AORTE (MASSE Orientation vers d’autres ressources


ABDOMINALE PULSATILE) médicales
Adressez le client à un médecin, qui l’orientera
DÉFINITION généralement vers un chirurgien vasculaire (selon
l’importance de l’anévrisme).
Une masse abdominale pulsatile est considérée
comme un anévrisme de l’aorte abdominale jusqu’à TRAITEMENT DU CLIENT SYMPTOMATIQUE
preuve du contraire. L’anévrisme peut être
asymptomatique et être découvert par hasard. Objectifs
– Remplacer le sang perdu
SYMPTOMATOLOGIE
Consultation
S’il y a fuite de l’anévrisme :
Consultez immédiatement le médecin.
– Douleur soudaine au milieu de l’abdomen ou dans
le dos (ou les deux) Traitement adjuvant
– Faiblesse et lipothymie soudaines – Administrez de l’oxygène au masque à raison de
OBSERVATIONS 6-10 l/min pour maintenir la saturation en oxygène
à 97-98 %.
– Pouls rapide et faible – Amorcez un traitement IV (calibre 14 ou 16) avec
– Tension artérielle normale -faible à faible du soluté physiologique (ou du soluté lactate de
– Possibilité de chute de la tension artérielle après un Ringer).
changement de position – Insérez l’aiguille dans la plus grosse veine
– Masse pulsatile au milieu ou dans la partie possible.
supérieure de l’abdomen – Installez une seconde voie d’accès IV pour
S’il y a rupture de l’anévrisme : remplacer rapidement les liquides si le client est en
état de choc (voir la section « État de choc » au
– Choc hypovolémique
chapitre 14 « Urgences générales et traumatismes
– Dans les cas les plus graves, le client peut avoir majeurs »).
perdu connaissance.
– Pouls faible ou absent Interventions non pharmacologiques
– Tension artérielle faible ou impossible à mesurer – Repos au lit
– Une masse pulsatile à l’abdomen ou au flanc peut – Aucune ingestion de solides ou de liquides par la
être palpable. bouche
– Possibilité d’ecchymoses sous-cutanées – Insertion d’un tube nasogastrique (car l’iléus
– Décès, dans bien des cas paralytique est fréquent)
– Insertion d’une sonde urinaire (facultative sauf si
TRAITEMENT DU CLIENT le transfert est retardé)
ASYMPTOMATIQUE
Surveillance et suivi
Objectifs – Surveillez étroitement l’ABC et les signes vitaux,
– Détecter et surveiller l’anévrisme abdominal y compris la saturation en oxygène.
asymptomatique – Cible : fréquence cardiaque inférieure à
Consultation 100 puls/min et TA systolique supérieure à
100 mm Hg
Consultez le médecin dès que vous soupçonnez ou – Surveillez le débit urinaire.
détectez la présence d’un anévrisme aortique
asymptomatique. Orientation vers d’autres ressources
médicales
Surveillance et suivi
Procédez à l’évacuation médicale d’urgence.
– Suivi annuel par le médecin
– Échographie abdominale tous les ans pour mesurer
la taille de l’anévrisme

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4–28 Appareil cardiovasculaire

URGENCES CARDIOVASCULAIRES

INFARCTUS DU MYOCARDE OBSERVATIONS


– Respiration rapide et superficielle
DÉFINITION – Pouls variable (rapide ou lent, régulier ou
irrégulier, plein, filiforme)
Interruption de l’afflux sanguin au cœur provoquant une
– Tension artérielle élevée, faible ou normale
lésion ischémique et la nécrose d’une partie du
myocarde. Dans 15 % à 25 % des cas, l’infarctus est – La saturation en oxygène peut être anormale si le
asymptomatique ou ne se présente pas d’une manière client est en état de choc ou s’il souffre
typique. d’insuffisance cardiaque congestive.
– Détresse aiguë
CAUSES – Pâleur
– Athérosclérose des artères coronaires, spasme des – Sudation profuse
artères coronaires – Cyanose centrale, périphérique ou les deux
Facteurs de risque – Le client peut être inconscient.
– La peau peut être moite et froide.
– Tabagisme – Les poumons sont habituellement libres; des
– Antécédents familiaux de cardiopathie craquements peuvent être entendus s’il y a début
– Hypertension d’insuffisance cardiaque congestive.
– Dyslipidémie – B1 , B2 normaux; B3 et/ou B4 , souffles, possibilité
– Obésité de frottement péricardique en présence de
– Diabète sucré complications
– Sédentarité DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
SYMPTOMATOLOGIE – Ulcère gastroduodénal
– Douleur rétrosternale aiguë (lourdeur, – Spasme œsophagien ou œsophagite
endolorissement, serrement) – Atteinte de la vésicule biliaire
– La douleur peut irradier dans le bras gauche, le – Embolie pulmonaire importante
cou, les doigts, les épaules, l’épigastre, la partie – Indigestion
droite du thorax, le quadrant supérieur droit, le – Pancréatite
bras droit ou le haut du dos. – Crise d’anxiété aiguë
– La douleur se manifeste habituellement au repos, – Péricardite aiguë
s’installe graduellement ou subitement et peut être – Dissection de l’aorte
déclenchée par le stress.
– Pneumothorax spontané
– La nitroglycérine n’apporte aucun soulagement.
– La douleur dure plus de 30 minutes. COMPLICATIONS
– Essoufflement – Arythmies et troubles de la conduction
– Nausée et vomissements – Hypotension
– Sudation profuse – Insuffisance cardiaque congestive
– Faiblesse – Péricardite
– Perte de connaissance possible – Thrombo-embolie
– Choc cardiogénique
– Arrêt cardiaque
– Rupture du cœur
– Décès

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Appareil cardiovasculaire 4–29

TESTS DIAGNOSTIQUES Puis, administrez :


– ECG à 12 dérivations; comparez-le à un tracé de l’AAS non enrobé pour enfant (médicament de
antérieur, si possible. classe A), 2 comprimés à 80 mg immédiatement PO,
– Repérez les changements entre l’ECG antérieur et sauf si l’AAS est contre-indiqué.
le récent; examinez les ondes Q, l’élévation du Si les nitrates ne soulagent pas la douleur,
segment ST et l’inversion de l’onde T (signes administrez un analgésique :
d’infarctus du myocarde).
– S’il y a dépression du segment ST et inversion de morphine (médicament de classe D), 2 à 5 mg IV
l’onde T, il s’agit d’un cas d’angine de poitrine. ou 5-10 mg IM; répétez la dose uniquement à la
demande du médecin.
– Si la douleur ne s’atténue pas, faites refaire l’ECG
à 12 dérivations deux autres fois à 30 minutes Pour tout client souffrant d’un infarctus du myocarde, il
d’intervalle et soyez à l’affût de tout changement. faut envisager un traitement thrombolytique IV. Si la
– Un prélèvement de sang peut s’imposer pour le douleur est installée depuis 6 heures ou moins, le
dosage initial des enzymes cardiaques (troponine) traitement thrombolytique est nettement avantageux.
avant le transfert du client.
Autres interventions pharmacologiques
TRAITEMENT (prescrites par un médecin)
Objectifs Pour réduire le travail du cœur :
– Augmenter l’oxygénation du myocarde nitroglycérine topique (Nitro-Paste) (médicament
– Prévenir les complications de classe B), 1,25-2,5 cm immédiatement, puis
– Éviter que l’infarctus ne s’étende toutes les 4-6 heures, mais seulement si la tension
systolique est > 100 mm Hg
Consultation
Dans le cas des arythmies, en particulier les épisodes
Consultez le médecin. tenaces de tachycardie ventriculaire :
Traitement adjuvant lidocaïne (Xylocaine) (médicament de classe B),
1 mg/kg jusqu’à concurrence de 100 mg en un seul
– Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min bolus IV; réduisez la dose de 50 % chez les
(ou plus, si nécessaire) pour maintenir la saturation personnes de plus de 65 ans.
en oxygène à 97-98 % .
– Amorcez un traitement IV à l’aide de soluté Lorsque vous administrez de la lidocaïne, soyez à
physiologique pour garder une veine ouverte. l’affût de tout signe de désorientation, de confusion,
de secousses musculaires et de convulsions.
Interventions non pharmacologiques
Pour l’hypotension associée à la bradycardie
– Repos au lit, tête surélevée (sauf si le client est (fréquence cardiaque < 60 puls/min) :
hypotendu)
– Offrez du soutien au client et rassurez-le pour sulfate d’atropine (médicament de classe B),
réduire l’anxiété. 0,4 mg IV toutes les 5 min jusqu’à ce que la
fréquence cardiaque soit > 60 puls/min et que la
Interventions pharmacologiques tension systolique soit > 100 mm Hg (dose
maximale de 2 mg)
Nitrates :
Diurétiques IV (seulement en présence
nitroglycérine (médicament de classe C),
comprimé SL à 0,3 mg immédiatement, mais
d’essoufflement et de craquements dans les poumons,
seulement si la tension systolique est c.-à-d. insuffisance cardiaque) :
> 100 mm Hg
furosémide (Lasix) (médicament de classe D),
Observez la réponse au médicament et l’intensité de 40 mg en bolus IV
la douleur; si elle ne s’atténue pas, répétez le
traitement :
nitroglycérine, comprimé SL à 0,3 mg deux fois de
plus aux 3-5 minutes, mais uniquement si la
tension systolique reste > 100 mm Hg

La nitroglycérine peut provoquer l’hypotension.

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4–30 Appareil cardiovasculaire

Surveillance et suivi DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Surveillez les signes vitaux (y compris oxymétrie – Insuffisance cardiaque congestive chronique
de pouls). – Infarctus du myocarde
– Répétez l’ECG (pour vérifier s’il y a arythmie). – Embolie pulmonaire aiguë
– Auscultez fréquemment le cœur et les poumons – Fibrillation auriculaire
pour détecter tout signe d’insuffisance cardiaque. – Cardiopathie valvulaire
Orientation vers d’autres ressources – Syndrome de détresse respiratoire de l’adulte
médicales
COMPLICATIONS
Procédez à l’évacuation médicale d’urgence.
– Selon le processus morbide sous -jacent
– Angine de poitrine
ŒDÈME PULMONAIRE – Hypotension, état de choc
– Insuffisance respiratoire
DÉFINITION
TESTS DIAGNOSTIQUES
Accumulation de liquide dans les poumons qui nuit à – ECG : vérifiez s’il y a des signes d’ischémie ou
la ventilation et à l’oxygénation.
d’infarctus du myocarde.
CAUSES TRAITEMENT
Insuffisance cardiaque gauche aiguë, accompagnée Objectifs
ou non d’insuffisance cardiaque droite (voir la
section « Diagnostic différentiel » plus loin) – Améliorer l’oxygénation
– Favoriser la diurèse des liquides accumulés
SYMPTOMATOLOGIE – Réduire le retour veineux au cœur
– Essoufflement marqué – Traiter tous les facteurs déclenchants (p. ex.
ischémie cardiaque, hypertension, arythmie)
– Orthopnée, dyspnée paroxystique nocturne
(insuffisance ventriculaire gauche) Consultation
– Possibilité de rétention de liquides en périphérie et Consultez immédiatement un médecin.
gain de poids (insuffisance cardiaque droite)
– Possibilité de toux productrice, de crachats roses Traitement adjuvant
spumeux
– Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min
OBSERVATIONS pour maintenir la saturation en oxygène à 97 -
98 %.
– Pouls rapide pouvant être filiforme ou faible
– Amorcez un traitement IV à l’aide de soluté
– Fréquence respiratoire élevée physiologique pour garder une veine ouverte.
– Tension artérielle normale, élevée ou faible
Interventions non pharmacologiques
– Détresse respiratoire aiguë
– Sudation profuse – Repos au lit, tête surélevée
– Possibilité de cyanose centrale – Mise en place d’une sonde urinaire à demeure
– Cyanose périphérique, extrémités froides et
marbrées
– Possibilité d’œdème des chevilles
– Élévation possible de la PVJ
– Reflux hépatojugulaire et hépatomégalie possibles
– Possibilité d’œdème prenant le godet en périphérie
– Craquements et sifflements dans la portion
inférieure des champs pulmonaires
– Bruit de galop en B3

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Appareil cardiovasculaire 4–31

Interventions pharmacologiques OCCLUSION D’UNE ARTÈRE


Diurétiques IV : PÉRIPHÉRIQUE DE GROS CALIBRE
furosémide (Lasix) (médicament de classe D),
40-80 mg bolus IV DÉFINITION
Obstruction subite d’une artère périphérique
Si le client prend ce médicament régulièrement, il est
accompagnée d’une ischémie aiguë de la partie
possible que vous deviez lui en administrer une dose
distale du membre.
beaucoup plus forte (on peut habituellement doubler
la dose quotidienne PO pour déterminer la dose IV
CAUSES
aiguë).
– Thrombose aiguë d’une artère, traumatisme ou
Pour réduire la charge de travail du cœur (de embole artériel
préférence, discutez-en avec le médecin avant
d’administrer le médicament) : – Facteurs prédisposants : maladie vasculaire
périphérique, fibrillation auriculaire, infarctus du
morphine (médicament de classe D), 2-5 mg IV myocarde récent, valvule cardiaque artificielle
sur plusieurs minutes; la dose peut être répétée à
la demande du médecin. SYMPTOMATOLOGIE
Pour réduire le retour veineux et, par conséquent, le – Apparition subite d’une douleur intense dans la
travail du cœur, le médecin peut prescrire des nitrates partie distale d’un membre
topiques : – Plus tard, paresthésie, refroidissement et pâleur de
la partie distale du membre
nitroglycérine topique (Nitro-Paste) (médicament
de classe B), 1,25-2,5 cm immédiatement, puis
– Possibilité d’antécédents de claudication
toutes les 4-6 heures, mais seulement si la tension intermittente
systolique est > 100 mm Hg – Possibilité d’antécédents de cardiopathie
Surveillance et suivi OBSERVATIONS
– Surveillez fréquemment les signes vitaux – Fréquence cardiaque élevée
(attention à l’hypotension) et l’ABC, y compris la – Possibilité d’irrégularité du pouls
saturation en oxygène. – Fréquence respiratoire normale ou accélérée
– Évaluez le débit urinaire toutes les heures (s’il n’y – Tension artérielle normale ou élevée
a pas de diurèse, il faut administrer davantage de – Anxiété, détresse aiguë
diurétiques IV).
– Signes de maladie vasculaire périphérique de
longue date dans le membre opposé
Orientation vers d’autres ressources
médicales – Couleur du membre initialement normale, mais
pâlissant avec le temps
Procédez à l’évacuation médicale d’urgence. – La température de la peau peut être normale au
début, puis devenir fraîche ou froide.
– Pouls périphériques plus faibles que dans le
membre opposé, ou carrément absents dans le
membre touché
– Sensibilité cutanée diminuée ou absente
– Sensibilité douloureuse du mollet à la dorsiflexion
du pied
– Possibilité de souffles artériels (aortique, iliaque,
fémoral, poplité)
L’occlusion artérielle aiguë se caractérise par les cinq
signes suivants : douleur, pâleur, absence de pouls,
paresthésie et paralysie.

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4–32 Appareil cardiovasculaire

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Traitement adjuvant


– S’il y a eu traumatisme, syndrome de loge – Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min.
– Amorcez un traitement IV à l’aide de soluté
COMPLICATIONS physiologique pour garder une veine ouverte.
– Contracture musculaire ischémique Interventions pharmacologiques
– Perte du membre
Analgésie :
TRAITEMENT
morphine (médicament de classe D), 10 mg IM
Objectifs
Surveillance et suivi
– Améliorer l’oxygénation du membre
– Éviter les lésions ou la perte du membre Surveillez fréquemment les signes vitaux, l’état
général, le cœur et les poumons.
Consultation
Orientation vers d’autres ressources
Consultez immédiatement un médecin.
médicales
Interventions non pharmacologiques Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
– Repos au lit On ne dispose que de 4 à 6 heures pour effectuer une
– Évitez tout lésion du membre; manipulez-le avec intervention chirurgicale susceptible d’éviter des
précaution, protégez-le des pressions et des lésions irréparables au membre atteint
blessures.
– Ne surélevez pas le membre ischémique
(maintenez-le à l’horizontale ou en légère
déclivité).

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CHAPITRE 5 – APPAREIL DIGESTIF

Table des matières

ÉVALUATION DE L’APPAREIL DIGESTIF ................................................... 5–1


Anamnèse et examen de l’appareil digestif....................................... 5–1
Examen de l’abdomen .................................................................... 5–2
AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL DIGESTIF ............................. 5–3
Déshydratation (hypovolémie) ......................................................... 5–3
Fissure anale.................................................................................. 5–5
Hémorroïdes .................................................................................. 5–6
Constipation ................................................................................... 5–8
Diarrhée....................................................................................... 5–11
Reflux gastro-œsophagien (RGO).................................................. 5–14
Ulcère gastroduodénal .................................................................. 5–16
Cholécystopathie : colique biliaire et cholécystite............................ 5–17
Hernie .......................................................................................... 5–21
Syndrome du côlon irritable ........................................................... 5–22
Diverticulose................................................................................. 5–23
Diverticulite .................................................................................. 5–24
URGENCES GASTRO-INTESTINALES ..................................................... 5–26
Douleur abdominale (aiguë) .......................................................... 5–26
Pancréatite (aiguë) ....................................................................... 5–28
Appendicite .................................................................................. 5–29
Occlusion de l’intestin grêle ou du gros intestin............................... 5–31
Saignement gastro-intestinal (supérieur et inférieur)........................ 5–33

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5–1

ÉVALUATION DE L’APPAREIL DIGESTIF


ANAMNÈSE ET EXAMEN DE Ictère
L’APPAREIL DIGESTIF – Antécédents d’hépatite A, B ou C
– Urine foncée
GÉNÉRALITÉS – Selles de la couleur de l’argile
– Prurit
Chaque symptôme doit être noté et examiné en
fonction des caractéristiques suivantes : Dysphagie
– Apparition (soudaine ou graduelle) – Aliments solides ou liquides
– Évolution dans le temps – Localisation du blocage
– Situation actuelle (amélioration ou aggravation)
Autres symptômes associés
– Localisation
– Irradiation – Fièvre
– Qualité – Malaise
– Fréquence et durée – Céphalée
– Sévérité – Peau sèche
– Facteurs déclenchants et aggravants – Déshydratation
– Facteurs de soulagement – Bouche sèche
– Symptômes associés – Régime alimentaire habituel, appétit, aliments
évités (et pourquoi)
– Répercussions sur les activités quotidiennes
– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant – Repas (p. ex. petits, fréquents)
– Anorexie
– Traitements antérieurs
– Perte ou gain de poids récent non voulu
– Efficacité des traitements antérieurs
SYMPTÔMES DOMINANTS ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (APPAREIL
DIGESTIF)
En plus des caractéristiques générales décrites ci- – Cholécystopathie
dessus, il faut aussi explorer les symptômes – Diabète sucré
spécifiques suivants.
– Maladie du foie (hépatite A, hépatite B, hépatite C
Douleur abdominale ou cirrhose)
– Cancer de l’œsophage
Toutes les caractéristiques précédentes doivent être
– Maladie intestinale inflammatoire
précisées (voir la section « Généralités » ci-dessus).
– Hernie hiatale
Nausées et vomissements – Syndrome du côlon irritable
– Fréquence et sévérité – Reflux gastro-œsophagien (RGO)
– Présence de sang et couleur de celui-ci (p. ex. – Ulcère gastroduodénal (UGD)
rouge vif, rouge foncé, couleur de marc de café) – Pancréatite
Habitudes intestinales – Diverticulose
– Fréquence, couleur et consistance des selles – Chirurgie abdominale
– Présence de sang ou méléna – Présence d’une hernie, de masses
– Douleur avant, pendant ou après la défécation – Transfusion
– Emploi de laxatifs – Médicaments actuels et antérieurs : médicaments
– Hémorroïdes en vente libre (p. ex. acide acétylsalicylique
[AAS], acétaminophène [Tylenol]), œstrogène,
– Éructation, ballonnement et flatulence
progestérone, inhibiteurs calciques,
anticholinergiques, antiacides, trithérapie pour un
ulcère gastroduodénal, diurétiques thiazidiques,
stéroïdes, digoxine

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5–2 Appareil digestif

ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (APPAREIL EXAMEN DE L’ABDOMEN


DIGESTIF)
– Alcoolisme GÉNÉRALITÉS
– Membre de la maisonnée atteint d’hépatite A ou B – État de santé apparent
– Membre de la maisonnée souffrant de gastro-
– Apparence de bien-être ou de détresse
entérite
– Teint (p. ex. rouge, pâle, jaune)
– Intoxication alimentaire
– État nutritionnel (obésité ou maigreur)
– RGO
– Hydratation (signe du pli cutané)
– Ulcère gastroduodénal
– Concordance entre l’âge apparent et l’âge déclaré
– Cholécystopathie
– Cancer de l’estomac ou du côlon SIGNES VITAUX
– Polypes – Température et pouls
– Pancréatite – Fréquence respiratoire
– Maladie métabolique (p. ex. diabète sucré, porphyrie) – Tension artérielle
– Cardiopathie
– Néphropathie INSPECTION
– Contour de l’abdomen, symétrie, cicatrices, veines
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX dilatées
(APPAREIL DIGESTIF)
– Mouvements de la paroi abdominale à la
– Consommation d’alcool respiration
– Tabagisme – Masses visibles, hernies, pulsations, péristaltisme
– Consommation de caféine – Jaunisse (ictère sclérotique, teint)
– Consommation de drogues illicites, y compris les – Angiomes stellaires sur le visage, le cou ou la
drogues injectables partie supérieure du tronc
– Consommation de stéroïdes anabolisants – Érythème palmaire, maladie de Dupuytren
– Voyage dans une région où des troubles gastro- (associée à une atteinte hépatique chronique)
intestinaux infectieux sont endémiques – Hippocratisme digital (signe tardif associé à une
– Tatouages ou perçages affection intestinale inflammatoire)
– Stress au travail, à la maison ou à l’école AUSCULTATION
– Consommation d’aliments contenant des nitrates
(p. ex. viandes fumées) À effectuer avant la percussion et la palpation afin de
– Régime alimentaire à forte teneur lipidique ne pas modifier les bruits intestinaux.
– Obésité – Présence, caractéristiques et fréquence des bruits
– Consommation d’eau potable polluée intestinaux
– Problèmes sanitaires à la maison ou dans la – Présence d’autres bruits (rein, région iliaque ou
communauté aorte abdominale)

MILIEU PROFESSIONNEL OU SCOLAIRE PERCUSSION

– Emploi dans le milieu de la santé – On doit commencer par les régions sonores et finir
par les régions mates.
– Membre du personnel ou pensionnaire d’un
établissement (p. ex. centre de soins infirmiers) – Foie : repérez les bords supérieur et inférieur,
mesurez sa largeur
– Exposition à certaines substances dans
l’environnement – Rate : vérifiez l’existence d’une sonorité normale
au-dessus du dernier espace intercostal sur la ligne
– Exposition à des produits chimiques
axillaire antérieure
– Vessie : décelez toute distension ou plénitude
– Détectez les autres régions mates, sensibles ou
excessivement sonores.

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Appareil digestif 5–3

PALPATION SUPERFICIELLE EXAMEN RECTAL


– Sensibilité, défense musculaire, rigidité – Sang occulte (signe de saignement gastro -
– Masses et organes superficiels intestinal [GI])
– Douleur projetée (dans les cas d’appendicite)
PALPATION PROFONDE
– Masses, hémorroïdes, fissures anales, tonus du
– Régions sensibles, douleur à la décompression sphincter, etc.
brusque
EXAMEN CARDIOVASCULAIRE ET
– Foie : taille, sensibilité, bord régulier ou irrégulier,
ferme ou dur PULMONAIRE
– Rate : hypertrophie, sensibilité, consistance Il faut également effectuer un examen
– Reins : sensibilité, hypertrophie, sensibilité dans cardiovasculaire et pulmonaire.
l’angle costo-vertébral
– Tachycardie, poumons (crépitations)
– Masses : localisation, taille, forme, mobilité,
– Douleur abdominale (parfois projetée à partir des
sensibilité, mouvements à la respiration, poumons dans les cas de pneumonie)
pulsations, hernies (médianes, cicatricielles,
inguinales)
– Ganglions inguinaux : hypertrophie, sensibilité

AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL DIGESTIF

DÉSHYDRATATION (HYPOVOLÉMIE) – Pertes excessives par voie cutanée (brûlures,


fièvre, dermatite exfoliatrice)
DÉFINITION – Apport alimentaire ou hydrique insuffisant
(immobilité, perte de conscience, déficience
Diminution anormale du volume plasmatique intellectuelle, médicaments qui émoussent la
circulant sensation de soif, comme les antipsychotiques)
CAUSES EXAMEN PHYSIQUE
– Élimination urinaire excessive (p. ex. prise de – Déterminez s’il y a hypotension orthostatique si,
diurétiques, polyurie ou polydipsie inexpliquée) en position couchée, la tension artérielle semble
– Pertes excessives par voie digestive normale.
(vomissements, diarrhée, accumulation de liquide – Évaluez le volume déficitaire (voir le tableau 1).
dans l’abdomen attribuable à une ascite ou à une
pancréatite)

Tableau 1 : Signes physiques selon le degré de déshydratation


Signe clinique Légère déshydratation Déshydratation modérée* Déshydratation sévère*
Perte hydrique (% du poids corporel) <6% de 6 à 10 % > 10 %
Pouls radial Normal Rapide, faible Très rapide, faible
Respiration Normale Profonde Profonde, rapide
Tension artérielle systolique Normale Basse Très basse ou imperceptible
Pli cutané Disparaît rapidement Disparaît lentement Disparaît très lentement
Yeux Normaux Enfoncés Très enfoncés
État mental Éveillé Agité Somnolent, comateux
Débit urinaire Normal Peu abondant Oligurie
Voix Normale Rauque Inaudible
* La déshydratation modérée ou sévère peut s’accompagner de perturbations de l'équilibre électrolytique.

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5–4 Appareil digestif

TYPES Principes généraux du traitement


Déshydratation hypotonique – Assurez-vous d’ajouter les pertes en cours aux
besoins de base et au déficit hydrique et
– Plus rapidement symptomatique que la électrolytique.
déshydratation isotonique ou hypertonique (à titre – Dans un cas de déshydratation hypotonique ou
indicatif, utilisez la perte pondérale estimative :
isotonique, calculez la quantité totale de liquides et
3 % = légère déshydratation, 6 % = déshydratation d’électrolytes nécessaires (besoins de base plus
modérée, 9 % = déshydratation sévère)
remplacement des pertes) pour les 24 premières
– Habituellement attribuable au remplacement des heures. Administrez la moitié de cette quantité
pertes (vomissements et diarrhée) par des liquides dans les 8 premières heures et l’autre moitié dans
hyposodiques, comme du jus dilué, des boissons les 16 heures suivantes.
au cola ou du thé faible
– Dans un cas de déshydratation hypertonique,
– La léthargie et l’irritabilité sont fréquentes; le compensez lentement les pertes hydriques et
collapsus vasculaire peut survenir promptement. électrolytiques (au cours d’une période
Déshydratation isotonique approximative de 48 heures).
– N’ajoutez pas de potassium (médicament de
Symptômes moins spectaculaires que ceux de la classe B) au traitement IV avant que le débit
déshydratation hypotonique (à titre indicatif, utilisez
urinaire ne soit établi (l’acidocétose diabétique
la perte pondérale estimative : 5 % = légère peut constituer une exception, car la correction de
déshydratation, 10 % = déshydratation modérée,
l’hyperglycémie et de l’acidose peut entraîner
15 % = déshydratation sévère)
rapidement l’hypokalémie).
Déshydratation hypertonique – Augmentez l’apport liquidien pour les besoins de
base de 12 % pour chaque degré Celsius de fièvre.
– Habituellement attribuable à l’utilisation d’une
– Si les pertes par voie digestive se poursuivent,
dose de charge sodée trop massive, à la défaillance
administrez 10 ml/kg pour chaque selle
de la fonction rénale avec des pertes importantes
diarrhéique et 2 ml/kg pour chaque épisode de
d’eau libre ou à une exposition à la chaleur
accompagnée de pertes insensibles importantes vomissements (cela devrait équivaloir aux pertes).
– La texture épaisse et pâteuse de la peau (pli cutané Il faut chercher la cause sous -jacente de la
rare), la tachypnée et une forte soif sont des déshydratation tout en administrant le traitement de
symptômes typiques. réhydratation, afin d’éviter que des pertes hydriques
– L’état de choc est une manifestation très tardive. persistantes n’entraînent une nouvelle déshydratation.

TRAITEMENT Interventions pharmacologiques

Objectifs La réhydratation par voie orale est le traitement


initial à moins que le volume du déficit et la sévérité
– Rétablir un état d’hydratation normal. des symptômes ou que l’impossibilité d’une
– Déterminer et corriger la cause de la absorption par voie orale rendent nécessaire la
déshydratation. thérapie IV.
Les solutions orales de réhydratation sont efficaces,
et ce traitement doit être tenté chez les clients ayant
une tension artérielle suffisante qui peuvent prendre
des liquides par voie orale.
Les solutio ns orales de réhydratation doivent contenir
du sodium et du glucose pour que l’absorption de ces
deux éléments par l’organisme soit maximale.
On peut se servir de sel et de sucre ordinaires pour
faire une solution orale de réhydratation à la maison :
1/2 c . à thé (2,5 ml) de sel, 8 c. à thé (40 ml) de sucre,
4 tasses (1 litre) d’eau. On peut également se
procurer des solutions commerciales (p. ex.
Gastrolyte, Rehydralyte).

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Appareil digestif 5–5

Légère déshydratation FISSURE ANALE


– Administrez 50 ml/kg de solution de réhydratation
orale dans les 4 premières heures de traitement; DÉFINITION
donnez à boire fréquemment de petites quantités.
– Réévaluez la situation après 4 heures afin de Lésion longitudinale douloureuse de la muqueuse
anale.
déterminer les besoins hydriques d’entretien (en
général, un adulte a besoin de 2 000-2 400 ml de
liquides par jour). CAUSES
– L’apport hydrique dans les 24-48 premières heures – Constipation chronique
doit suffire à combler, outre le déficit initial, toute – Traumatisme du canal anal
perte en cours par voie digestive, urinaire et
cutanée. SYMPTOMATOLOGIE
– Douleur aiguë pendant et après la défécation
Déshydratation modérée
– Léger écoulement de sang rouge clair à la
– Administrez 100 ml/kg de solution de défécation.
réhydratation orale dans les 4 premières heures du – Saignement généralement peu abondant
traitement; donnez à boire fréquemment de petites
quantités. – Constipation causée par la peur de la douleur
– Réévaluez la situation après 4 heures afin de – Se rencontre généralement chez les adultes jeunes
ou d’âge moyen
déterminer les besoins hydriques d’entretien (en
général, un adulte a besoin de 2 000-2 400 ml de – Cause la plus fréquente de douleurs périanales
liquides par jour). chroniques
– L’apport hydrique d ans les 24-48 premières heures OBSERVATIONS
devrait suffire à combler, outre le déficit initial,
toute perte en cours par voie digestive, urinaire et – Peut être dissimulée par la muqueuse anale sus -
cutanée. jacente
– Une forte rétraction des fesses est nécessaire pour
Déshydratation sévère permettre un examen adéquat.
– Pratiquez une perfusion IV en mettant en place – Habituellement, une seule fissure
deux tubulures de gros calibre (14 ou 16) et – La fissure est habituellement située près de la ligne
administrez du soluté physiologique. médiane.
– Administrez rapidement 20 ml/kg par voie IV sous – Le toucher rectal est très douloureux.
forme de bolus.
– Réévaluez l’état du patient afin de détecter tout DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
signe de choc hypovolémique persistant. – Hémorroïdes externes thrombosées
– Si l’état de choc persiste, continuez d’administrer – Abcès périanal ou périrectal
la solution sous forme de bolus et réévaluez. – Maladie de Crohn ou infections vénériennes (si les
– Adaptez le débit de perfusion en fonction de la fissures ne se cicatrisent pas)
réponse clinique (la thérapie IV continue dépend
de la réponse à la réanimation liquidienne initiale, COMPLICATIONS
des pertes en cours et de la cause sous -jacente de – Constipation
la déshydratation). – Fissure anale chronique
– Visez à obtenir un pouls < 100 puls/min et une
tension artérielle systolique > à 90 mm Hg. TESTS DIAGNOSTIQUES
Potassium Aucun
– L’administration de potassium peut être inutile TRAITEMENT
dans un cas de légère déshydratation.
– Dans un cas de déshydratation modérée ou sévère Objectifs
attribuable à des pertes par voie digestive ou – Soulager la douleur.
rénale, l’administration de potassium est – Traiter la constipation sous -jacente.
habituellement nécessaire (médicament de – Éviter la récidive.
classe B).

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5–6 Appareil digestif

Interventions non pharmacologiques Hémorroïdes internes


– La plupart des fissures sont superficielles et – Sensation d’avoir quelque chose qui « sort » du
guérissent spontanément. rectum
– Bains de siège de 20 minutes, 3 ou 4 fois par jour, – Pertes de sang rouge vif lors des selles
dans de l’eau tiède salée – Présence de sang uniquement à la surface des
Éducation du client selles (non mélangé aux selles), souvent visible sur
le papier de toilette.
– Expliquez au client les règles d’hygiène périanale – Possibilité de démangeaisons ou d’écoulement
et les moyens de prévenir l’infection. anal
– Conseillez le client sur ses habitudes de vie et son – Indolore s, à moins de complications
régime alimentaire (p. ex. fibres alimentaires,
liquides, exercice). Hémorroïdes externes (masses périanales)
Interventions pharmacologiques – Présence possible d’acrochordons mous
– Gêne ou irritation souvent présente
Les préparations topiques sans corticostéroïdes – Tendance à la thrombose
peuvent être utiles :
– Soudaine douleur aiguë en cas de thrombose
onguent de sulfate de zinc (Anusol) (médicament
de classe A), bid et après chaque selle OBSERVATIONS
L’onguent est préférable au suppositoire parce que la Pour examiner la région anale, demandez au client de
préparation demeure dans la région atteinte. s’allonger sur le côté gauche, les genoux relevés vers
Dans les cas de constipation, commencez la poitrine. Rétractez les fesses.
l’administration d’agents qui augmentent le bol fécal – Présence possible d’hémorroïdes internes et
ou de laxatifs émollients (voir la section externes
« Constipation » plus loin ). – Généralement localisées en position latérale
gauche, antérieure droite et postérieure droite
Surveillance et suivi
– Les hémorroïdes internes sont recouvertes d’une
Suivi après 1-2 semaines. fine muqueuse anale rose.
Orientation vers d’autres ressources – Les hémorroïdes externes sont recouvertes par
médicales l’épiderme. (Remarque : l’hémorroïde externe
thrombosée forme une masse molle, irréductible,
Fixez un rendez-vous avec le médecin si la fissure globulaire, d’un bleu violacé au bord de l’anus)
n’est pas cicatrisée après 4-6 semaines. – D’une à 3 tuméfactions autour de l’orifice anal,
grosses comme la pointe du doigt, de couleur rose,
HÉMORROÏDES violacée ou bleue.
– L’examen rectal peut révéler des hémorroïdes
DÉFINITION internes cachées.
– Vérifiez si les hémorroïdes prolabées sont
Vaisseaux sanguins situés sous la muqueuse du canal facilement réductibles.
anal (hémorroïdes internes) et sous l’épiderme de la
région périanale (hémorroïdes externes), qui enflent, DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
font saillie et provoquent divers symptômes.
– Polype ou prolapsus rectal
CAUSES – Acrochordon
– Derniers mois de la grossesse – Autres causes de prurit et de dermatite périanale
– Constipation chronique avec effort lors des selles – Abcès périanal ou périrectal
– Hypertrophie de la prostate avec effort chronique à – Fissure anale
la miction – Complication d’hémorroïdes
– Position assise prolongée – Tumeur
– Infection anale
COMPLICATIONS
SYMPTOMATOLOGIE – Hémorroïde interne thrombosée ou étranglée
Absence de symptômes évocateurs d’une maladie – Hémorroïde externe thrombosée
intestinale

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Appareil digestif 5–7

TESTS DIAGNOSTIQUES Interventions pharmacologiques


– Recherche de sang occulte dans les selles Dans un cas d’hémorroïdes externes œdémateuses
légèrement irritées, utilisez des suppositoires ou un
TRAITEMENT
onguent sans corticostéroïdes pour le traitement des
Objectifs hémorroïdes (l’onguent est préférable) :
onguent ou suppositoires de sulfate de zinc à
– Soulager les symptômes. 0,5 % (Anusol) (médicament de classe A), tous
– Tenir la région anale propre. les matins et soirs et après chaque selle pendant
– Faciliter et régulariser les selles. 3-6 jours
Consultation Dans les cas de dermatite périanale, on peut utiliser
un onguent pour hémorroïdes avec corticostéroïdes
S’il est impossible de réduire les hémorroïdes
internes prolabées, communiquez avec un médecin. (propriétés anti-inflammatoires) pour atténuer la
démangeaison et les écoulements (mal utilisées, ces
Interventions non pharmacologiques préparations peuvent causer une irritation locale) :
– Tentez de réduire doucement les hémorroïdes onguent de sulfate de zinc à 0,5 % (Anusol)
internes prolabées douloureuses. (médicament de classe A)
– Appliquez un anesthésique topique (p. ex. gelée à ou
2 % de lidocaïne [Xylocaine]), attendez onguent d’hydrocortisone à 1 % (Unicort)
15 minutes, puis tentez de réduire doucement (médicament de classe C), tous les matins et
l’hémorroïde. Ne forcez pas! soirs et après chaque selle pendant 3-6 jours
– Expliquez au client comment réduire doucement
Surveillance et suivi
(en les repoussant vers le haut) les hémorroïdes
internes prolabées indolores. Suivi après 1 semaine pour déterminer s’il y a
– Expliquez au client qu’après les selles il doit amélioration des symptômes.
nettoyer la région périanale à l’eau claire, à l’eau Orientation vers d’autres ressources
salée ou à l’aide de compresses de coton imbibées médicales
d’hamamélis (Tucks).
– Expliquez au client qu’il doit prendre des bains de Si une douleur aiguë d’apparition récente (1-2 jours)
siège de 15 à 20 minutes, 3 ou 4 fois par jour, pour s’accentue malgré le traitement, communiquez avec
nettoyer la région, apaiser l’irritation locale et le médecin pour obtenir son avis et exclure la
relâcher le sphincter anal. possibilité d’un abcès.
– Traitez la constipation sous-jacente (voir la section
« Constipation » plus loin dans le présent
chapitre).
Éducation du client
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, dangers d’une
surconsommation).
– Enseignez au client les règles d’hygiène périanale.
– Demandez au client de revenir à la clinique si une
douleur ou un saignement sévère survient
(l’incision et le drainage d’hémorroïdes externes
thrombosées peuvent être nécessaires).
– Expliquez au client qu’il doit appliquer des
compresses glacées pendant 20 minutes (intervalle
de 20 minutes entre les applications) pour réduire
l’œdème et la douleur si vous soupçonnez des
hémorroïdes thrombosées.

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5–8 Appareil digestif

CONSTIPATION SYMPTOMATOLOGIE
La constipation est un symptôme et non une maladie.
DÉFINITION Il faut donc procéder à un examen physique minutieux
Selles dures, sèches, souvent rondes et de petite taille, et vérifier de près les antécédents médicaux du client.
dont l’évacuation est difficile et douloureuse. La La consistance des selles et la facilité de la défécation
constipation est un symptôme et non une maladie. La sont plus importantes que la fréquence des selles.
cause sous-jacente doit être cherchée dans tous les – Durée de la constipation (problème récent ou
cas, car bon nombre des causes de la constipation chronique)
peuvent être corrigées. – Changements récents sur le plan de l’évacuation
intestinale, de la consistance des selles ou d’autres
CAUSES aspects
– Ne pas tenir compte du besoin d’aller à la selle – Rectorragie, méléna
– Insuffisance de liquides et de fibres alimentaires – Fausse diarrhée
– Mauvaises habitudes intestinales – Douleur abdominale, crampes et ballonnement
– Inactivité physique – Difficulté ou douleur à la défécation
– Grossesse – Ténesme
– Effet secondaire de certains médicaments – Moment des dernières selles
– Abus de laxatifs – Apport hydrique
– Fissure anale – Apport alimentaire
– Hémorroïdes – Activité et exercice
– Cancer du côlon ou du rectum – Médication actuelle, consommation actuelle et
– Autres maladies du gros intestin antérieure de laxatifs
– Problèmes endocriniens – Sources de stress et psychisme
– Affections neurologiques – Dépression
– Troubles de l’alimentation
Médicaments associés à la constipation
– Grossesse (actuelle)
– Antiacides à l’aluminium – Troubles endocriniens (p. ex. diabète sucré,
– Antidépresseurs tricycliques hypothyroïdie)
– Antipsychotiques – Affections neurologiques (p. ex. maladie de
– Anticholinergiques Parkinson, sclérose en plaques)
– Antiparkinsoniens – Collagénose avec manifestations vasculaires
– Narcotiques opiacés (p. ex. sclérose générale)
– Anticonvulsivants (phénobarbital [Phenobarb],
OBSERVATIONS
phénytoïne [Dilantin], carbamazépine [Tegretol])
– Antihypertenseurs (p. ex. inhibiteurs calciques) – Habituellement pas de souffrance
– Préparations contenant du fer – Le client semble bien portant.
– Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) – Distension possible de l’abdomen
– Antihistaminiques – Les bruits intestinaux sont normaux, mais ils
– Sympathomimétiques (p. ex. pseudo-éphédrine) peuvent être moindres dans les cas de constipation
chronique.
– Terbutaline
– Préparations de bismuth (p. ex. Pepto-Bismol) – Les bruits intestinaux sont normaux ou sourds
dans le quadrant inférieur gauche.
– Les mêmes observations valent aussi parfois pour
le quadrant inférieur droit.
– Les matières fécales peuvent être palpables dans
les quadrants inférieurs gauche ou droit.
– Les quadrants inférieurs gauche et droit peuvent
être sensibles.
– Petites selles dures dans le rectum ou rectum vide
– Hémorroïdes ou fissures anales possibles

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Appareil digestif 5–9

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions non pharmacologiques


– Syndrome du côlon irritable – Le client doit augmenter son apport hydrique
– Maladie diverticulaire (1,5-2,0 l/jour).
– Occlusion intestinale partielle – Le client doit augmenter sa consommation de fibres
– Fissure rectale alimentaires (20-30 g/jour). Il faut inciter le client à
– Fissure anale ou hémorroïdes manger du son, des grains entiers, des fruits et
légumes; on peut lui recommander aussi le jus de
– Inactivité physique
pruneaux et la compote de pruneaux et de figues.
– Effet secondaire des médicaments ou de l’abus de
– Incitez le client à faire de l’exercice physique s’il
laxatifs
le peut.
– Cancer du côlon, du rectum ou d’un autre organe – Mettez fin à la prise des médicaments qui
– Maladies du gros intestin provoquent la constipation si possible.
– Problèmes endocriniens (p. ex. hypothyroïdie) – Fixez un moment précis pour aller à la selle afin de
– Affections neurologiques (p. ex. maladie de Parkinson) favoriser l’apparition d’un réflexe conditionné
(p. ex. immédiatement après le déjeuner).
COMPLICATIONS
– Incitez le client à faire des exercices pour détendre
– Douleur abdominale chronique les structures périnéales et les muscles externes du
– Hémorroïdes sphincter anal.
– Fissure anale – Informez le client que la rééducation intestinale
– Fécalome peut prendre des mois (il faut faire preuve de
– Incontinence anale et urinaire patience et de persistance et continuer d’observer
– Rétention urinaire les nouvelles règles alimentaires).
– Hernie inguinale provoquée par l’effort pendant la
défécation
– Occlusion intestinale
TESTS DIAGNOSTIQUES
Recherche de sang occulte dans les selles.
TRAITEMENT
Objectifs
– Favoriser la régularité des selles.
– Éliminer les facteurs contributifs.
– Déceler et traiter la maladie sous-jacente.
– Traiter et prévenir les complications (p. ex.
fécalome, hémorroïdes, fissures anales, prolapsus
rectal, incontinence anale, occlusion intestinale).
– Éliminer la nécessité de forcer pendant la défécation
et prévenir les effets secondaires d’efforts répétés
(p. ex. hernie, reflux gastro-œsophagien, dysfonction
coronarienne et cérébrale chez les personnes âgées).

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5–10 Appareil digestif

Interventions pharmacologiques Constipation chronique


La prise de certains médicaments peut être nécessaire Les médicaments suivants peuvent s’ajouter aux
pour soulager la constipation dans un premier temps. interventions non pharmacologiques si celles-ci ne
Évitez de donner un traitement prolongé de laxatifs. donnent aucun résultat après un mois :
Constipation aiguë 1 re étape : Utilisation régulière d’un agent qui
augmente le volume du bol fécal :
1re étape : Recourez à un agent qui augmente le bol fécal : muciloïde hydrophile de psyllium (Metamucil)
muciloïde hydrophile de psyllium (Metamucil) (médicament de classe A), 1 c. à thé (5 ml) dans
(médicament de classe A), 1 c. à thé (5 ml) dans 8 oz (250 ml) de liquide bid ou tid
8 oz (250 ml) de liquide bid ou tid ou
ou
psyllium (Prodiem Plain) (médicament de
psyllium (Prodiem Plain) (médicament de classe A), 1 c. à thé (5 ml) PO avec 8 oz (250 ml)
classe A), 1 c. à thé (5 ml) PO avec 8 oz (250 ml) de liquide bid
de liquide bid
2 e étape : Pris e intermittente d’un laxatif salin
2e étape : Si cet agent n’est pas bien t oléré ou n’est osmotique pendant de brèves périodes
pas efficace, ajoutez ou administrez plutôt un laxatif (p. ex. 3-4 jours) :
salin osmotique pendant une brève période hydroxide de magnésium (lait de magnésie)
(3-4 jours) : (médicament de classe A), 1,2-3,2 g (15-40 ml)
hydroxyde de magnésium (lait de magnésie) par jour
(médicament de classe A), 1,2-3,2 g
(15-40 ml) par jour Surveillance et suivi
ou Faites des contrôles réguliers toutes les 2-4 semaines,
laxatifs de contact, comm e du bisacodyl (Dulcolax) jusqu’à ce que les selles soient régulières. Évaluez et
(médicament de classe A), 5-15 mg au coucher adaptez la dose d’agents destinés à augmenter le bol
ou du séné (Senokot) (médicaments de fécal de façon à obtenir des selles formées et molles.
classe A), 2-4 comprimés au coucher ou bid
Orientation vers d’autres ressources
3e étape : En l’absence de soulagement, demandez médicales
une prescription à un médecin :
Adressez le client à un médecin pour d’autres
électrolytes (GoLytely, Colyte) ou
polyéthylèneglycol (médicament de classe B)
analyses dans les cas suivants :
– sang occulte décelé dans les selles;
Pour les clients qui ont initialement de la difficulté à – faible taux d’hémoglobine;
aller à la selle, ajoutez : – symptômes d’une autre maladie organique;
suppositoire de glycérine, 1 ou 2 au besoin – la constipation est apparue récemment chez une
ou personne de plus de 50 ans;
lavement Fleet au besoin – la constipation ne disparaît pas malgré un
traitement approprié.
Dans les cas de fécalome, utilisez des lavements (p. ex.
Fleet, solution salée, rétention d’huile). Faites un suivi Un effort important à la défécation ou une sensation
attentif jusqu’à ce que les selles soient régulières. persistante de plénitude rectale, même si le rectum est
vide, justifie une évaluation plus poussée.
Le docusate sodique (Colace), un laxatif émollient,
convient mieux dans les cas où l’effort doit être évité
pendant une période définie.

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Appareil digestif 5–11

DIARRHÉE SYMPTOMATOLOGIE
– Début soudain de selles trop molles, liquides et
DÉFINITION fréquentes
– Présence possible de sang, pus ou mucus
Selles molles ou liquides et fréquentes (volumineuses
– Méléna
ou non). La diarrhée est un symptôme et non une
maladie. Il faut donc procéder à un examen physique – Stéarrhée (selles graisseuses et volumineuses)
minutieux et vérifier de près les antécédents – Douleur abdominale, possibilité de crampes
médicaux du client pour en trouver la cause. – Relation possible avec les médicaments actuels ou
utilisés récemment
CAUSES
– Relation possible avec un voyage récent
Diarrhée aiguë – Relation possible avec l’apport alimentaire et
l’apport hydrique des 24 dernières heures
– Infection virale : rotavirus (le plus souvent) ou
virus de l’hépatite A, B ou C (moins souvent) – Nausées ou vomissements
– Fièvre
– Infection bactérienne : Campylobacter,
Clostridium difficile, Escherichia coli, Salmonella, – Céphalée
Shigella, Staphyloccus aureus, Yersinia – Soif
– Maladie intestinale inflammatoire (p. ex. – Diminution du débit urinaire (possible si la
rectocolite hémorragique, maladie de Crohn) diarrhée est sévère ou prolongée)
– Médicaments (p. ex. antibiotiques, antiacides, Si la diarrhée est sanglante, envisagez une infection
laxatifs) par Shigella ou Salmonella, ou une affection
– Infection parasitaire (p. ex. Giardia, ankylostome) intestinale inflammatoire ou ischémique.
Diarrhée chronique OBSERVATIONS
– Affection intestinale inflammatoire (p. ex. – La température peut être élevée (si la diarrhée est
rectocolite hémorragique, maladie de Crohn) d’origine infectie use).
– Syndromes de malabsorption (p. ex. carence en – La fréquence cardiaque peut être accélérée (s’il y a
lactase, chirurgie abdominale récente) déshydratation, fièvre ou dérèglement
– Troubles endocriniens (p. ex. hyperthyroïdie, métabolique).
diabète sucré) – Perte pondérale (si la diarrhée est chronique)
– VIH ou sida – La tension artérielle sera faible si la déshydratation
– Syndrome du côlon irritable est sévère.
– Maladie diverticulaire (p. ex. diverticulite aiguë) – Hypotension orthostatique si la déshydratation est
– Fécalome (fausse diarrhée) modérée
Pendant la débâcle du printemps et à la fin de l’été, – Le client semble légèrement ou gravement
les éclosions de diarrhée à E. coli sont courantes incommodé (selon la cause et la sévérité de la
lorsque l’eau est de piètre qualité. E. coli et des diarrhée)
parasites peuvent être en cause si le client a – Sécheresse possible des muqueuses
récemment voyagé. Le botulisme est une forme rare – Les yeux peuvent être cernés et enfoncés.
de clostridiose. – Sclère ou teint bilieux (cas d’hépatite)
– La peau peut sembler sèche (persistance du pli
cutané)
– L’abdomen peut être légèrement distendu par
les gaz.
– Les bruits intestinaux sont anormalement
nombreux.
– Hypersonorité de l’abdomen s’il y a excès de gaz
– L’abdomen peut être légèrement sensible à la
palpation dans tous les quadrants.
– Présence possible d’une masse abdominale (selon
la cause sous-jacente de la diarrhée)
– L’examen rectal révèle de la sensibilité et une
masse.

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5–12 Appareil digestif

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions non pharmacologiques


– Infection virale (p. ex. rotavirus) Modifications de l’alimentation
– Infection bactérienne (p. ex. E. coli, Salmonella ou
Shigella) – Le client doit éviter le café, l’alcool, la plupart des
fruits et légumes, les viandes rouges et les aliments
– Infection parasitaire (p. ex. Giardia)
très épicés.
– Consommation excessive d’alcool ou de fruits
– Le client doit cesser pendant 7-10 jours de
– Prise d’antibiotiques (actuelle ou récente) consommer des produits laitiers (à l’exception du
– Abus de laxatifs yogourt et des fromages vieillis).
– Syndrome du côlon irritable – Il est possible que le client doive jeûner pendant
– Maladie intestinale inflammatoire une brève période (6 heures) si les selles sont
– Fécalome avec fa usse diarrhée fréquentes et liquides, ou si la diarrhée
– VIH ou sida s’accompagne de vomissements.
– Syndrome de malabsorption (p. ex. carence en – Le rétablissement précoce d’une diète sans lactose
lactase) réduira la durée et la sévérité de la diarrhée.
– Le client doit recommencer progressivement à
COMPLICATIONS consommer des aliments solides (p. ex. potage
– Déshydratation clair, craquelins salés, rôties ou pain sec), puis des
– Infection générale (septicémie) aliments fades (p. ex. pommes de terre au four,
volaille, poisson cuit au four, nouilles).
TESTS DIAGNOSTIQUES – En cas de diarrhée chronique, la meilleure stratégie
– Recherche de sang occulte dans les selles. peut consister à combiner des bouillons clairs, les
– Culture, antibiogramme et examen parasitologique solutions orales de réhydratation et une petite
des selles. Recherche de C. difficile (en cas quantité de liquides hypotoniques (p. ex. eau, jus,
d’antibiothérapie récente) boissons gazeuses).
– Dépistage du VIH (en présence de diarrhée Les personnes âgées ou affaiblies risquent
chronique ou de comportements à risque) particulièrement de souffrir de déshydratation et
l’utilisation de solutions orales de réhydratation est
TRAITEMENT
recommandée promptement dans le traitement.
Objectifs
L’eau, les jus et les boissons gazeuses ne peuvent pas
– Établir une motilité intestinale normale. remplacer les électolytes parce qu’ils contiennent peu
– Prévenir les complications (p. ex. déshydratation). de sodium. Une consommation trop grande de ces
– Éviter les complications des antidiarrhéiques liquides hypotoniques peut entraîner une
(p. ex. constipation, mégacôlon toxique). hyponatrémie.
Consultation Éducation du client
Consultez un médecin si la déshydratation est – Expliquez au client de bien se laver les mains pour
modérée ou sévère. éviter de propager l’infection.
– Expliquez au client comment prévenir la diarrhée
récurrente (en faisant bouillir l’eau potable
pendant 20 minutes au moins).
– Enseignez au client à reconnaître les signes et les
symptômes de la déshydratation et demandez-lui
de revenir à la clinique s’ils se manifestent.
– Des tampons d’ouate imbibés d’hamamélis
(Tucks) peuvent soulager la région périanale à vif.

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Appareil digestif 5–13

Interventions pharmacologiques Déshydratation sévère


Un traitement de réhydratation par voie orale peut – Pratiquez une perfusion en mettant en place deux
traiter avec succès une diarrhée aiguë; il doit être tubulures de gros calibre (14 ou 16) et administrez
utilisé chez les clients ayant une tension artérielle du soluté physiologique.
suffis ante, qui sont capables de boire. – Administrez rapidement 20 ml/kg par voie IV sous
Les solutions orales de réhydratation doivent forme de bolus.
renfermer du sodium et du glucose pour que – Vérifiez si les signes de choc hypovolémique
l’absorption de ces deux composants soit maximale. persistent.
On peut se servir de sel et de sucre ordinaires pour – Si l’état de choc persiste, continuez d’administrer
préparer une solution orale d e réhydratation à la la solution sous forme de bolus et réévaluez l’état
maison : il suffit d’ajouter ½ c. à thé (2,5 ml) de sel et du patient.
8 c. à thé (40 ml) de sucre à 4 tasses (1 litre) d’eau. – Adaptez le débit de perfusion en fonction de la
On peut aussi utiliser les solutions disponibles sur le réponse clinique (la thérapie IV continue est
marché (p. ex. Gastrolyte, Rehydralyte). établie en fonction de la réponse à la réanimation
liquidienne initiale, des pertes en cours et de la
Légère déshydratation cause sous -jacente de la déshydratation).
– Administrez 50 ml/kg de solution orale de – Visez à obtenir un pouls < l00 puls/min et une
réhydratation dans les 4 premières heures du tension artérielle systolique > 90 mm Hg.
traitement; faites boire fréquemment de petites Enrayez les nausées et les vomissements s’ils sont
quantités.
importants :
– Réévaluez la situation après 4 heures pour
dimenhydrinate (Gravol) (médicament de
déterminer les besoins hydriques de base (en classe A), 25-50 mg IM en dose unique, puis
général, un adulte a besoin de 2 000-2 400 ml de 50 mg PO toutes les 4-6 h au besoin
liquides par jour).
– L’apport hydrique dans les 24-48 premières heures Des antidiarrhéiques peuvent contribuer à soulager
doit suffire à combler, outre le déficit initial, toute les symptômes :
perte liquidienne par voie digestive, urinaire ou chlorhydrate de lopéramide (Imodium)
cutanée. (médicament de classe C), 4 mg pour débuter,
2 g après chaque selle diarrhéique jusqu’à un
Déshydratation modérée maximum de 16 mg/jour, puis 2-4 mg bid
– Administrez 100 ml/kg de solution orale de Surveillance et suivi
réhydratation dans les 4 premières heures du
traitement; faites boire fréquemment de petites Vérifiez fréquemment l’état d’hydratation, l’état
quantités. général et les signes vitaux jusqu’à ce que l’état du
– Réévaluez la situation après 4 heures afin de client soit stable. Faites un suivi après 24 heures (ou
déterminer les besoins hydriques de base (en plus tôt, si l’absorption orale ne compense pas les
général, un adulte a besoin de 2 000-2 400 ml de pertes).
liquides par jour). Orientation vers d’autres ressources
– L’apport hydrique dans les 24-48 premières heures médicales
doit suffire à combler, outre le déficit initial, toute
Orientez vers un médecin tout client :
perte liquidienne par voie digestive, urinaire ou
cutanée. – qui est déshydraté dans une proportion de plus de
6 à 10 % s’il ne répond pas promptement au
traitement de réhydratation
– qui est âgé et qui souffre de plusieurs problèmes
de santé
– qui est incapable de tolérer des liquides par voie
orale
– qui ne présente aucun bruit intestinal
– dont l’abdomen est sensible ou présente une
sensibilité à la décompression
– qui fait une forte fièvre et semble t rès mal en point

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5–14 Appareil digestif

REFLUX GASTRO-ŒSOPHAGIEN COMPLICATIONS


(RGO) – Œsophagite
– Ulcère œsophagien
DÉFINITION – Saignement dans la partie supérieure du tube
digestif
Reflux du contenu de l’estomac dans l’œsophage, qui
– Sténose de l’œsophage
provoque l’irritation ou l’inflammation de
l’œsophage. – Aspiration nocturne
– Œsophage de Barrett
CAUSES
Œsophage de Barrett
Présence du contenu acide de l’estomac dans
Les gens qui ont souffert régulièrement ou
l’œsophage due à la laxité du sphincter inférieur de
l’œsophage. quotidiennement de brûlures d’estomac pendant plus
de 5 ans risquent de présenter l’œsophage de Barrett,
Facteurs prédisposants anomalie qui apparaît chez certaines personnes
– Obésité atteintes de RGO chronique ou d’œsophagite. Dans
– Grossesse ce trouble, les cellules normales qui tapissent
l’œsophage, cellules de l’épithélium malpighien, se
– Œstrogénothérapie
transforment en un type de cellules qui ne se trouvent
– Médicaments pas habituellement chez l’humain, cellules
– Tabagisme cylindriques spécialisées. Ces transformations
– Consommation d’alcool anormales sont dues aux lésions causées au
– Facteurs génétiques revêtement interne de l’œsophage (p. ex. par le reflux
– Clairance œsophagienne déficiente acide associé au RGO).
– Hypersécrétion d’acide gastrique Une fois que les cellules qui tapissent l’œsophage sont
– Vidange gastrique retardée devenues des cellules cylindriques, elles ne peuvent plus
reprendre leur forme initiale. L’objet du traitement
SYMPTOMATOLOGIE consiste à prévenir d’autres lésions en empêchant le
– Brûlures d’estomac contenu acide de l’estomac de refluer dans l’œsophage.
– Sensation de brûlure rétrosternale qui irradie vers Le cancer de l’œsophage apparaît dans 5 à 10 % des
le haut (pouvant même atteindre la gorge) cas d’œsophage de Barrett et, compte tenu de ce
– Le contenu acide de l’estomac peut être régurgité. risque, des tests de dépistage réguliers sont
– Symptômes associés aux gros repas, au fait de nécessaires.
s’étendre ou de se pencher TESTS DIAGNOSTIQUES
– Réveille souvent le client la nuit
– Recherche de sang occulte dans les selles
– Peut s’accompagner de toux, de mal de gorge,
– Dosage de l’hémoglobine
d’enrouement et de déglutition douloureuse
– Détection de Helicobacter pylori (analyse
– Salivation excessive (régurgitations acides)
sérologique ou test respiratoire)
– Facteurs d’aggravation identifiables
– Les antiacides et la position assise procurent un TRAITEMENT
soulagement.
Objectifs
– Le stress aggrave les symptômes.
– Soulager les symptômes.
OBSERVATIONS – Favoriser la guérison de l’œsophage.
Présence possible d’une légère sensibilité – Prévenir les complications, comme la sténose, les
épigastrique. saignements et l’œsophage de Barrett.
– Prévenir les récidives.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Ulcère gastroduodénal
– Trouble de la motilité œsophagienne
– Tumeur de l’œsophage

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Appareil digestif 5–15

Consultation Interventions pharmacologiques


Consultez un médecin dans les cas suivants : RGO bénin
– Perte pondérale due à la sévérité ou à la durée des
symptômes Antiacides pour soulager les symptômes :
– Déglutition difficile ou douloureuse hydroxyde d’aluminium/de magnésium (Maalox)
(médicament de classe A), 30 ml PO après les
– Adhérence de solides ou de liquides repas et au coucher, puis au besoin
– Vomissements persistants ou
– Toux ou essoufflement nocturne
aluminium/magnésium/siméthicone (Mylanta)
– Anémie
(médicament de classe A), 30 ml PO après les
– Présence confirmée de sang occulte dans les selles repas et au coucher, puis au besoin
– Client de plus de 45 ans présentant des symptômes
d’apparition récente RGO modéré ou sévère
Interventions non pharmacologiques Inhibiteurs des récepteurs H2 :
– Surélevez la tête du lit à l’aide de blocs de bois de ranitidine (Zantac) (médicament de classe C),
6 pouces (15 cm). 150 mg PO bid pendant 6 semaines
– Incitez le client à perdre du poids (s’il y a lieu) ou
– Éliminez (lorsque cela est possible) les ranitidine (Zantac) (médicament de classe C),
médicaments qui altèrent la motilité œsophagienne 300 mg PO au coucher pendant 6 semaines
et le tonus du sphincter inférieur de l’œsophage
(p. ex. inhibiteurs calciques, bêtabloquants, Chez les personnes âgées ou qui souffrent d’une
antidépresseurs tricycliques, anticholinergiques, insuffisance rénale, réduire la dose de moitié ou des
théophyllines). trois quarts par rapport à la dose habituelle.

Éducation du client Inhibiteurs de la pompe à protons


– Expliquez au client l’utilisation appropriée des Les inhibiteurs de la pompe à protons (p. ex. Losec)
médicaments (dose, fréquence). sont une classe de médicaments utilisés pour traiter
– Recommandez des changements alimentaires les symptômes rebelles du RGO. Ils sont plus
(diminution ou élimination du café, du thé, du efficaces pour guérir l’ulcère de l’œsophage et
chocolat, de la nicotine, de l’alcool et des assurent la rémission des symptômes beaucoup
aliments gras). mieux que les inhibiteurs des récepteurs H2 . Ces
– Recommandez au client de prendre fréquemment médicaments ne guérissent cependant pas l’œsophage
de petits repas afin d’éviter la distension de de Barrett.
l’estomac. Le RGO modéré ou sévère requiert souvent un
– Recommandez au client de ne rien manger traitement d’entretien, car le taux de récidive est
2-3 heures avant de se mettre au lit. élevé (de 75 à 90 %). L’innocuité et le coût d’un
– Recommandez des modifications posturales (pour traitement prolongé aux inhibiteurs de la pompe à
la journée et la nuit) afin d’empêcher l’acide protons doivent être pris en considération. La dose
gastrique de pénétrer dans l’œsophage. efficace la plus faible doit toujours être utilisée.
– Recommandez au client d’éviter de se pencher à
Surveillance et suivi
partir de la taille (surtout après les repas) et de
s’étendre immédiatement après un repas. Suivi après 2-3 semaines; si le client va mieux,
– Recommandez au client d’éviter de porter des poursuivez le traitement pendant 6-8 semaines.
vêtements serrés. Orientation vers d’autres ressources
Interventions chirurgicales antireflux médicales
L’intervention chirurgicale antireflux est efficace Consultez un médecin si le traitement ne soulage pas
chez 80 % des personnes atteintes de RGO chez qui les symptômes.
elle est indiquée. L’intervention est indiquée dans les
cas suivants : œsophagite par reflux réfractaire (chez
un jeune client) et complications majeures, comme
l’aspiration, la sténose récidivante ou des
hémorragies gastro-intestinales.

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5–16 Appareil digestif

ULCÈRE GASTRODUODÉNAL DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Gastrite
DÉFINITION – RGO
Ulcère de la muqueuse de la partie supérieure du tube – Syndrome du côlon irritable
digestif; également appelé ulcère duodénal et ulcère – Ulcère gastrique malin
d’estomac. – Diverticulite
– Pancréatite
CAUSE
COMPLICATIONS
Infection bactérienne causée par Helicobacter pylori
– Pertes de sang chroniques
Facteurs de risque
– Anémie ferriprive
– Anti-inflammatoires – Douleur intense
– Stress intense – Hémorragie soudaine pouvant provoquer une
– Gastrite chronique hypotension
– Maladie pulmonaire ou rénale chronique – Perforation
– Tabagisme – Péritonite
– Facteurs génétiques – Occlusion de l’orifice gastrique
SYMPTOMATOLOGIE TESTS DIAGNOSTIQUES
– Les symptômes peuvent être vagues ou absents, – Analyse des selles : recherche de sang occulte
classiques ou atypiques (certaines des personnes – Dosage de l’hémoglobine
qui ont un ulcère gastroduodénal ne présentent – Analyse d’urine
aucun symptôme, alors que d’autres présentent les
symptômes mais n’ont pas d’ulcère). – Détection de H. pylori
– Affection chronique bénigne avec une alternance TRAITEMENT
de périodes d’exacerbation et de rémission
– Brûlures de l’épigastre, tiraillements, brûlures Objectifs
d’estomac – Soulager la douleur.
– Douleur d’intensité variable (légère à modérée) – Atténuer l’acidité gastrique.
– Douleur à proximité de la ligne médiane entre – Favoriser la cicatrisation.
l’appendice xiphoïde et le nombril ou dans le – Prévenir les complications.
quadrant supérieur droit de l’abdomen
Consultation
– Les symptômes apparaissent 1-3 heures après les
repas, lorsque l’estomac est vide. Consultez un médecin en présence de complications
– La douleur peut réveiller le client pendant son ou d’un saignement (voir la section « Saignement
sommeil. gastro-intestinal » sous « Urgences gastro-
– Elle est vite soulagée par des aliments, du lait ou intestinales » plus loin dans ce chapitre).
des antiacides.
– Nausées possibles
– La présence de méléna ou d’hématémèse annonce
des complications.
– Évaluez la consommation d’alcool, d’AAS, d’anti-
inflammatoires et de stéroïdes.
Selon l’évolution naturelle d’un ulcère bénin, il y a
récidive dans les 2/3 des cas au cours de l’année qui
suit le traitement.

OBSERVATIONS
Sensibilité épigastrique (légère)

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Appareil digestif 5–17

Interventions non pharmacologiques CHOLÉCYSTOPATHIE : COLIQUE


Éducation du client
BILIAIRE ET CHOLÉCYSTITE
– Expliquez la nature et l’évolution prévisible de la DÉFINITION
maladie.
Les cholécystopathies comprennent les calculs biliaires
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
asymptomatiques, la colique biliaire, la cholécystite, la
médicaments (dose, fréquence, but et importance
lithiase cholédocienne et la cholangite.
d’observer le traitement).
– Recommandez au client de prendre fréquemment La cholécystite est une inflammation de la vésicule
de petits repas peu ou pas du tout épicés. biliaire habituellement causée par l’obstruction du
canal cholédoque par un calcul biliaire (cholécystite
– Recommandez-lui d’éviter les aliments dont il sait
lithiasique). L’inflammation peut être stérile ou
qu’ils accentuent la douleur (p. ex. repas gras
copieux). d’origine bactérienne. L’obstruction peut être
alithiasique ou causée par de la boue.
– Recommandez-lui d’éviter les boissons qui
renferment de la caféine (thé, café, colas). La lithiase cho lédocienne survient lorsque les calculs
biliaires se déposent dans le canal cholédoque; elle peut
– Recommandez-lui de ne pas consommer de
l’alcool. entraîner la cholangite et des infections ascendantes.
– Recommandez-lui d’éviter l’AAS et les autres CAUSES
anti-inflammatoires.
Colique hépatique
– Recommandez-lui de cesser de fumer.
– Conseillez le client sur les moyens de réduire le Des calculs biliaires obstruent temporairement le
stress à la maison et au travail. canal cystique ou pénètrent dans le canal cholédoque.
– Informez le client des signes de complications qui Cholécystite
nécessitent une intervention immédiate. Le canal cystique ou le canal cholédoque est obstrué
Interventions pharmacologiques pendant des heures ou les calculs irritent la vésicule
biliaire. On pense que l’infection bactérienne est une
Antiacides pour soulager les symptômes : conséquence et non une cause de la cholécystite.
hydroxide d’aluminium/de magnésium (Maalox) ou Les micro-organismes les plus courants sont E. coli, les
aluminium/magnésium/siméthicone (Mylanta) espèces du genre Klebsiella et les entérocoques. Les
(médicament de classe A), 30 ml PO 1 et 3 h calculs du canal cholédoque (qui se rencontrent chez
après les repas, au coucher et au besoin
10 % des personnes atteintes d’une cholécystopathie)
Pour réduire la production d’acide gastrique : sont secondaires (en provenance de la vésicule biliaire)
ranitidine (Zantac) (médicament de classe C), ou primitifs (formés dans les conduits biliaires).
150 mg PO bid pendant 6 semaines Facteurs de risque
ou
Les femmes corpulentes en âge de procréer sont les plus
ranitidine (Zantac) (médicament de classe C), sujettes aux calculs biliaires. Bien que les calculs biliaires
300 mg PO au coucher pendant 6 semaines et la cholécystite soient plus courants chez les femmes, les
hommes qui présentent des calculs biliaires risquent
Trithérapie contre H. pylori davantage que les femmes de souffrir d’une cholécystite.
Les personnes infectées par H. pylori doivent suivre On ignore si le risque de calculs biliaires est
une trithérapie en vue d’éradiquer cette bactérie, supérieur chez les femmes enceintes ou qui ont
conformément aux instructions du médecin. plusieurs grossesses, ou si celles -ci présentent
simplement davantage de symptômes.
Surveillance et suivi
Certains contraceptifs oraux et l’œstrogénothérapie
Revoyez le client après 2 semaines pour évaluer la peuvent augmenter le risque de calculs biliaires.
réponse au traitement. Autre suivi après 4- Les taux de calculs biliaires, de cholécystite et de calculs
6 semaines. Mettez fin au traitement médicamenteux du canal cholédoque augmentent avec l’âge. On risque
si les symptômes ont disparu. davantage d’observer des calculs biliaires
Orientation vers d’autres ressources asymptomatiques chez les personnes âgées, qui entraînent
des complications sérieuses sans colique hépatique.
médicales
Les causes des calculs biliaires sont les mêmes à
Dirigez le client vers un médecin si le traitement ne l’adolescence qu’à l’âge adulte; la prévalence de cette
lui procure aucun soulagement ou en présence de maladie est supérieure chez les filles et pendant la
complications. grossesse.

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5–18 Appareil digestif

SYMPTOMATOLOGIE Examen de l’abdomen dans les cas


de colique biliaire et de cholécystite
La plupart des calculs biliaires (de 60 à 80 %) sont
asymptomatiques; les calculs de petite taille risquent – Sensibilité au niveau de l’épigastre et du quadrant
davantage d’être symptomatiques. Presque tous les supérieur droit
patients ressentent des symptômes avant que les – Signe de Murphy (pause inspiratoire à la palpation
complications apparaissent. du quadrant supérieur droit, épreuve spécifique
mais non sensible pour une cholécystopathie)
L’indigestion, l’éructation, le ballonnement et
– Défense musculaire à la palpation
l’intolérance aux aliments gras seraient des symptômes
typiques de calculs biliaires. Or ces symptômes sont – Plénitude dans le quadrant supérieur droit
tout aussi courants chez les personnes qui n’ont pas de perceptible à la palpation
calculs biliaires et, dans bien des cas, une Comme dans tous les cas de douleur abdominale, on
cholécystectomie ne les supprime pas. doit effectuer un examen physique complet (y
Colique hépatique compris l’examen rectal et l’examen pelvien chez les
femmes). Une cholécystite ou une cholangite occulte
– 1-5 heures de douleur constante siégeant peut être la source de fièvre, de septicémie ou
communément à l’épigastre ou dans le quadrant d’altérations de l’état mental chez les personnes
supérieur droit âgées et les diabétiques.
– La douleur peut irradier vers l’épaule antérieure
droite et parfois le dos. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Le client a tendance à bouger pour soulager la – Appendicite
douleur.
– Occlusion intestinale aiguë
– La douleur se manifeste des heures après un repas, – Cholangite de l’intestin grêle
souvent la nuit et réveille le client.
– Cholélithiase
– L’irritation péritonéale par contact direct avec la
– Maladie diverticulaire
vésicule biliaire situe la douleur dans le quadrant
supérieur droit. – Gastro-entérite
– La douleur est intense, sourde ou térébrante et – Hépatite
constante (elle ne ressemble pas à une colique). – Affection intestinale inflammatoire
– Les nausées, les vomissements, la douleur – Infarctus mésentérique
pleurétique et la fièvre sont des symptômes associés . – Infarctus du myocarde
Cholécystite – Pancréatite
– Pneumonie bactérienne
– La persistance de l’obstruction biliaire mène à une
– Éclampsie
cholécystite.
– Vomissements de la grossesse
– Douleur persistante dans le quadrant
supérieur droit – Infection urinaire
– La douleur est semblable à la colique biliaire, sauf – Calculs rénaux
qu’elle est prolongée et dure des heures ou des COMPLICATIONS
jours.
Colique biliaire
– On associe plus communément les nausées, les
vomissements et une faible fièvre à une – Cholécystite
cholécystite. Cholécystite aiguë
OBSERVATIONS – Perforation
– Les signes vitaux correspondent au degré de la – Gangrène
maladie. – Péritonite
– Les signes vitaux sont relativement normaux dans – Cholangite
un cas de colique biliaire. – Abcès
– La tachycardie ou l’hypotension (ou les deux) et la – Fistule
fièvre sont plus fréquentes dans les cas de – Hépatite
cholangite. – Pancréatite
– Absence possible de fièvre, surtout chez les – Iléus
personnes âgées
– Ictère (chez moins de 20 % des patients)

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Appareil digestif 5–19

TESTS DIAGNOSTIQUES Interventions pharmacologiques


Les analyses de laboratoire seront choisies en Analgésie
fonction du fait que le client va suffisamment bien La douleur primaire doit être soulagée au moyen
pour être traité en clinique externe ou nécessite d’être d’antispasmodiques anticholinergiques :
hospitalisé. Les résultats des analyses devraient être butylbromure de scopolamine (Buscopan)
parfaitement normaux dans les cas de cholélithiase ou (médicament de classe C), 10 mg toutes les 6 h
de colique biliaire. au besoin
– La numération des globules blancs et les tests de la
fonction hépatique (dosage de l’ALAT, de La douleur secondaire doit être soulagée au moyen de
l’ASAT, de la bilirubine et des phosphatases la mépéridine; ne pas utiliser de morphine car celle-ci
alcalines) peuvent être utiles au diagnostic de la peut augmenter le tonus du sphincter d’Oddi :
cholécystite. mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
– Un taux élevé de globules blancs est prévisible, 50-100 mg IM toutes les 3-4 h au besoin
mais ce n’est pas une indication fiable; une valeur Antiémétiques contre les nausées et les
normale n’élimine pas toutefois la possibilité vomissements :
d’une cholécystite. dimenhydrinate (Gravol) (médicament de
– Un taux de bilirubine supérieur à 3,5 µmol/l peut classe A), 25-50 mg IM toutes les 4-6 h au besoin
révéler la présence de calculs dans le canal
cholédoque ou d’une cholangite ascendante. Surveillance et suivi
– Une légère augmentation du taux d’amylase Observez le client pendant quelques heures. Une fois
(jusqu’à 3 fois la concentration normale) peut que les nausées et les vomissements ont cessé, faites-
accompagner la cholécystite, surtout dans un cas lui prendre des liquides clairs.
de gangrène. Il est recommandé de faire un suivi après 24 heures.
– Analyse d’urine Si la douleur augmente, si le client se met à faire de
– Test de grossesse chez les femmes en âge de la fièvre ou s’il est incapable de tolérer l’ingestion de
procréer liquides par voie orale en raison des vomissements,
faites comme s’il s’agissait d’une cholécystite aiguë.
TRAITEMENT DE LA COLIQUE BILIAIRE
TRAITEMENT DE LA CHOLÉCYSTITE
Objectifs
Objectifs
– Soulager la douleur, les nausées et les
vomissements. – Soulager la douleur, les nausées et les
– Prévenir les complications. vomissements.
Consultation – Prévenir les complications.
Consultation
Consultez un médecin si la douleur ou les
vomissements importants persistent, ou si le client Consultez un médecin si la douleur ou les
fait de la fièvre car ces symptômes peuvent annoncer vomissements importants persistent, ou si le client se
des complications. met à faire de la fièvre car ces symptômes peuvent
Interventions non pharmacologiques annoncer des complications.

– Repos au lit
– Diète liquide si le client vomit
Éducation du client
– Expliquez l’évolution et le pronostic de la maladie.
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence).
– Recommandez un régime à faible teneur en gras
(aliments que le client tolère), lorsque la douleur a
disparu.

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5–20 Appareil digestif

Traitement adjuvant Antibiotiques


Si le client est extrêmement souffrant (le diagnostic Dans un cas de cholécystite bénigne, l’inflammation
différentiel comprend un anévrisme de l’aorte est le principal problème; même si les antibiotiques
abdominale) ou s’il présente une hypotension ou une ont un rôle prophylactique, ils sont habituellement
fièvre évocatrice d’une cholécystite ou d’une utilisés.
cholangite, les soins préhospitaliers doivent Dans un cas de cholécystite aiguë (si le client fait de
comprendre les mesures suivantes : la fièvre et souffre beaucoup), faites un prélèvement
– Oxygénothérapie, si l’état du patient est instable au sanguin à des fins de culture et amorcez
moment de la consultation l’antibiothérapie IV. Utilisez un antibiotique à large
– Perfusion de soluté physiologique (réglez le débit de spectre :
perfusion en fonction de l’âge, de l’état d’hydratation ampicilline (Novo-Ampicillin) (médicament de
et des problèmes de santé préexistants du patient). classe D), 1,0 g IV toutes les 4-6 h
– Mise en place de deux tubulures de gros calibre et et
administration de liquides par voie IV aux patients
dont l’état est instable métronidazole (Flagyl) (médicament de classe B),
500 mg IV toutes les 6-8 h
Interventions non pharmacologiques ou
– Repos au lit céfoxitine (Mefoxin) (médicament de classe B),
– Ne rien administrer par voie orale. 2,0 g IV toutes les 6 -8 h seul
– Mettre en place une sonde nasogastrique avec Chez les clients allergiques à la pénicilline,
drainage par gravité.
administrez seulement du métronidazole.
Interventions pharmacologiques Surveillance et suivi
Analgésie Surveillez la saturation en oxygène (oxymètre de
pouls), les signes vitaux (souvent), la glycémie,
Plusieurs études récentes ont montré que le traitement
l’apport liquidien et le débit urinaire.
précoce de la douleur dans les cas de douleur
abdominale ne nuit pas à l’établissement du La cholécystite grave peut dégénérer en septicémie
diagnostic. On doit donc soulager promptement la ou en cholangite, surtout lorsqu’il s’agit d’un patient
douleur, sans attendre le diagnostic ou l’avis du diabétique ou âgé chez qui le diagnostic peut être
chirurgien. retardé.
Antispasmodiques anticholinergiques contre la Orientation vers d’autres ressources
douleur primitive : médicales
butylbromure de scopolamine (Buscopan)
(médicament de classe C), 10 mg toutes les 6 h Procédez à l’évacuation médicale le plus tôt possible;
au besoin l’avis d’un chirurgien est requis.
Utilisez de la mépéridine contre la douleur
secondaire; n’utilisez pas de morphine, car celle-ci
peut augmenter le tonus du sphincter d’Oddi :
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
50-100 mg IM toutes les 3-4 h au besoin

Antiémétiques
dimenhydrinate (Gravol) (médicament de
classe D), 25-50 mg IM toutes les 4-6 h

La mépéridine et le dimenhydrinate peuvent être


mélangés dans la même seringue.

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Appareil digestif 5–21

HERNIE COMPLICATIONS
– Hernie étranglée
DÉFINITION – Occlusion intestinale
Protrusion d’un organe ou d’une partie d’organe de TESTS DIAGNOSTIQUES
l’abdomen due à une faiblesse de la paroi
abdominale. Aucun

CAUSES TRAITEMENT
– Faiblesse des muscles de la paroi abdominale Objectifs
– Facteurs prédisposants : chirurgie abdominale,
âge, soulèvement d’un poids lourd, toux – Réduire l’œdème.
chronique, effort chronique pour aller à la selle ou – Soutenir la paroi abdominale affaiblie.
uriner – Atténuer l’inconfort.
– Prévenir la récidive et l’aggravation.
SYMPTOMATOLOGIE
Consultation
– Présence d’un facteur prédisposant
– Masse molle insensible Consultez immédiatement un médecin si la hernie
– Absence de douleur n’est pas réductible, si elle est douloureuse ou si elle
est associée à des signes et symptômes d’occlusion
– La hernie est habituellement visible lorsque le
intestinale. Consultez immédiatement un médecin si
patient est debout ou lorsqu’il force pour aller à
la selle. une hernie crurale indolore est soupçonnée.
– La hernie disparaît quand le client est allongé. Interventions non pharmacologiques
– La douleur est signe de complication. Faites allonger le client et essayer de réduire la hernie
– Hernies courantes : inguinales (aine), abdominales inguinale ou cicatricielle en la manipulant avec
(cicatricielles) précaution.
OBSERVATIONS – Ne pas forcer.
– Œdème possible à l’aine, pouvant s’étendre – Ne jamais tenter de réduire une hernie crurale.
jusqu’au scrotum – Utilisez un bandage herniaire (abdomen ou aine)
– Œdème possible sur la partie supérieure antérieure pour comprimer la hernie.
de la cuisse (hernie crurale ou fémorale) ou sur Éducation du client
l’abdomen
– Expliquez au client la nature de la maladie, son
– La hernie n’est plus visible lorsque le client est évolution prévisible et la nécessité d’un suivi.
allongé. Elle réapparaît en position debout ou à
– Donnez une démonstration de la mise en place du
l’effort pendant les selles.
bandage herniaire et incitez le client à le porter
– Défaut de la paroi abdominale perceptible à la tous les jours.
palpation
– Donnez une démonstration des bonnes techniques
– On peut repousser la hernie dans l’abdomen (c.-à- de soulèvement.
d. la réduire) en la faisant repasser par l’ouverture
de la paroi abdominale. – Expliquez au client les signes et les symptômes de
complications, et conseillez-lui de revenir au poste
Il faut considérer qu’une masse inguinale de soins infirmiers s’ils apparaissent.
douloureuse ou non réductible est une hernie Interventions pharmacologiques
étranglée jusqu’à preuve du contraire.
Analgésie contre l’inconfort :
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL acétaminophène (Tylenol) (médicament de
– Hypertrophie d’un ganglion inguinal profond classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
toutes les 4-6 h au besoin
– Hydrocèle
ou
– Masse testiculaire
o
– Veine dilatée acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 avec
codéine) (médicament de classe C),
1-2 comprimés PO toutes les 4 h au besoin
(maximum de 15 comprimés)

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5–22 Appareil digestif

Surveillance et suivi OBSERVATIONS


Assurez le suivi qui s’impose jusqu’à la consultation – Le client peut sembler en bonne santé ou
avec le chirurgien. Surveillez les signes d’occlusion légèrement incommodé.
intestinale. (Voir la section « Occlusion de l’intestin – Distension possible de l’abdomen
grêle ou du gros intestin » sous « Urgences gastro - – Augmentation ou diminution possible des bruits
intestinales » plus loin dans ce chapitre.) intestinaux
Orientation vers d’autres ressources – Le côlon peut être sensible et « en forme de
médicales corde ».
– La compression du côlon peut susciter l’apparition
Fixez un rendez-vous avec un médecin pour des symptômes.
examiner la possibilité d’une chirurgie. Procédez à
une évacuation médicale en présence de symptômes DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
d’étranglement ou d’occlusion intestinale.
– Constipation
– Maladie diverticulaire sans complications
SYNDROME DU CÔLON IRRITABLE
– Gastro-entérite
– Intolérance alimentaire
DÉFINITION
– Affection intestinale inflammatoire
Perturbation fonctionnelle de la motilité intestinale – Diarrhée ou constipation d’origine
médicamenteuse
CAUSE
– Colique biliaire
– Essentiellement inconnue
– Facteurs prédisposants : fibres alimentaires COMPLICATIONS
insuffisantes, stress émotionnel, réaction ou – Symptômes abdominaux chroniques
allergie alimentaire, abus de laxatifs, antibiotiques – Absences du travail lors des accès de douleur
SYMPTOMATOLOGIE TESTS DIAGNOSTIQUES
– Apparaît généralement avant 40 ans – Analyse de selles pour déceler la présence de sang
– Plus courant chez les femmes occulte
– Symptômes vagues et durables – Échantillon de selles pour culture et
– Affection chronique avec alternance de périodes antibiogramme
d’exacerbation et de rémission – Dosage de l’hémoglobine
– Diverses combinaisons de constipation, diarrhée, – Analyse d’urine
douleur abdominale et flatulence
– La constipation peut être le symptôme dominant. TRAITEMENT
– Gêne ou douleur diffuse dans la partie inférieure Objectifs
de l’abdomen
– Soulager les symp tômes.
– Douleur d’intensité variable, pouvant persister de
quelques heures à quelques jours. – Établir des habitudes d’évacuation intestinale
régulières.
– Les selles peuvent devenir plus fréquentes et être
moins formées avec l’apparition de la douleur. – Reconnaître ou modifier les sources de stress qui
déclenchent les symptômes.
– Douleur exacerbée par les repas, la défécation, le
stress
– Douleur soulagée par les selles
– Absence de fièvre, de perte pondérale ou de
malaise
– Aucune répercussion sur les activités quotidiennes
– Absence de douleur nocturne et de diarrhée
– Absence de saignements du rectum et de sang dans
les selles
– Présence fréquente de mucosités blanches

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Appareil digestif 5–23

Interventions non pharmacologiques DIVERTICULOSE


Éducation du client
DÉFINITIONS
– Faites des recommandations alimentaires (p. ex.
repas à des heures régulières, augmentation Diverticule
progressive de l’apport en fibres).
Saillie de la paroi intestinale. Les pseudodiverticules
– Recommandez au client de consommer plus de fibres
sont les diverticules du côlon les plus courants; ce
alimentaires (p. ex. son brut, pain brun, maïs soufflé,
sont des hernies de la muqueuse ou de la sous-
céréales All-Bran, Puffed Wheat ou Shredded
muqueuse à travers la musculaire aux sièges de
Wheat). On doit commencer par une petite quantité
pénétration des artères nourricières. La plupart des
de son brut , puis augmenter progressivement la
diverticules apparaissent au niveau du côlon
consommation à ¼ ou ½ tasse par jour pour prévenir
sigmoïde et du côlon descendant.
le ballonnement et la flatulence.
– Il convient d’éviter les aliments dont on sait qu’ils Diverticulose
causent les symptômes (ces aliments varient d’une Présence de plusieurs diverticules, ce qui ne sous-
personne à l’autre). entend pas un état pathologique.
– Recommandez au client de boire suffisamment
lorsque qu’il prend des suppléments de fibres. SYMPTOMATOLOGIE
– Recommandez au client de ne pas fumer ni
– Dans la plupart des cas, les diverticules du côlon
prendre de médicaments contenant de la codéine.
sont asymptomatiques.
– Enseignez des techniques de relaxation et
– Certaines personnes souffrent d’une douleur
soulignez l’importance de faire de l’exercice pour
chronique ou intermittente au niveau du quadrant
atténuer les symptômes dus au stress.
inférieur gauche.
– Aidez le client à reconnaître les facteurs qui
– Constipation ou diarrhée
exacerbent ses symptômes.
– Les symptômes se confondent avec ceux du
– Aidez le client à prendre conscience des facteurs
syndrome du côlon irritable.
émotionnels identifiables.
– Offrez votre soutien et votre compréhension, car OBSERVATIONS
cette affection est fort mal connue.
– Sensibilité possible
Interventions pharmacologiques – Côlon sigmoïde ferme contenant des matières
fécales dans le quadrant inférieur gauche
Supplément de fibres :
muciloïde hydrophile de psyllium (Metamucil)
– L’examen rectal peut révéler la présence de selles
(médicament de classe A), 1-2 c. à thé (5-10 ml) fermes et exemptes de sang occulte (résultats
bid ou tid avec 8 oz (250 ml) de liquide négatifs au test au guaïac).
ou DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
psyllium (Prodiem Simple) (médicament de – Syndrome du côlon irritable
classe A ), 1 c. à thé (5 ml) PO bid ou tid, puis 8 oz
(250 ml) de liquide
– Diverticulite
– Cancer du côlon
Surveillance et suivi – Affection intestinale inflammatoire
– Suivi après 1-2 semaines – Trouble urologique ou gynécologique
– Modifiez la quantité de fibres consommées par le TESTS DIAGNOSTIQUES
client en fonction de sa réponse.
– Diminuez temporairement la consommation de fibres – Les tests ne sont peut-être pas indiqués si les
si la flatulence et les ballonnements sont importants. symptômes sont bénins et que le client est par
– Augmentez l’apport en fibres si la réponse clinique est ailleurs bien portant.
faible. – Lorsque les symptômes sont sévères ou en
présence de sang occulte dans les selles, d’une
Orientation vers d’autres ressources perte pondérale ou d’autres symptômes
médicales inquiétants, on doit obtenir une formule sanguine.
Adressez le client à un médecin s’il présente des – Consultez un médecin au sujet d’une
signes ou symptômes de maladie organique, ou si le sigmoïdoscopie, un lavement baryté ou une
traitement ne soulage pas les symptômes. coloscopie.

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5–24 Appareil digestif

TRAITEMENT DIVERTICULITE
– Semblable au traitement du syndrome du côlon
irritable. DÉFINITION
– Recommandez un régime alimentaire riche en
fibres. Inflammation et infection d’une ou plusieurs
diverticules.
– Recommandez d’éviter les laxatifs cathartiques.
Interventions non pharmacologiques SYMPTOMATOLOGIE

– Faites des recommandations alimentaires (p. ex. – Douleur abdominale pouvant apparaître
repas réguliers, augmentation progressive de brutalement, mais se constituant le plus souvent en
l’apport en fibres). quelques heures ou quelques jours et
s’accompagnant d’une douleur dans le quadrant
– Recommandez au client de consommer plus de
inférieur gauche.
fibres alimentaires (p. e x. son brut, pain brun, maïs
soufflé, céréales Al-Bran, Puffed Wheat ou – Fièvre et frissons
Shredded Wheat). Pour prévenir le ballonnement – Tachycardie
et la flatulence, commencer par une petite quantité – Anorexie
de son brut, puis augmenter la consommation – Nausées et vomissements
jusqu’à ¼ ou ½ tasse par jour.
– Il convient d’éviter les aliments dont on sait qu’ils OBSERVATIONS
déclenchent les symptômes (ces aliments varient – Fièvre
d’une personne à l’autre). – Tachycardie
– Recommandez au client de boire suffisamment – Abdomen sensible à la palpation et sensibilité
lorsqu’il prend des suppléments de fibres. possible à la décompression
– Recommandez au client de ne pas fumer ni – Présence possible d’une masse perceptible
prendre de médicaments qui contiennent de la indiquant un abcès ou phlegmon (inflammation)
codéine. – Présence possible de bruits intestinaux dans un cas
Interventions pharmacologiques d’occlusion partielle; bruits intestinaux rares ou
absents dans un cas de péritonite
Supplément de fibres : – L’examen rectal peut aider à localiser l’abcès ou la
muciloïde hydrophile de psyllium (Metamucil) masse inflammatoire.
(médicament de classe A), 1-2 c. à thé (5-10 ml)
bid ou tid avec 8 oz (250 ml) de liquide DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
ou – Appendicite
psyllium (Prodiem Simple) (médicament de – Affection intestinale inflammatoire
classe A), 1 c. à thé (5 ml) PO bid ou tid, puis 8 oz – Colite ischémique
(250 ml) de liquide – Cancer du côlon
Surveillance et suivi – Autres causes d’occlusion intestinale
– Troubles urologiques ou gynécologiques
– Suivi après 1-2 semaines
– Modifiez la quantité de fibres consommée en COMPLICATIONS
fonction de la réponse au traitement. – Abcès
– Diminuer temporairement la consommation de – Perforation
fibres si la flatulence et les ballonnements sont – Fistule
importants.
– Péritonite
– Augmentez l’apport en fibres si la réponse clinique – Septicémie
est faible
TESTS DIAGNOSTIQUES
Orientation vers d’autres ressources
médicales – Analyse des selles pour déceler la présence de
sang occulte
Consultez un médecin en présence de signes et de
– Analyse d’urine
symptômes d’une maladie organique, ou si le
traitement ne soulage pas les symptômes.

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Appareil digestif 5–25

TRAITEMENT Interventions pharmacologiques


Objectifs – Administrez des antibiotiques à large spectre
comme l’ampicilline, la gentamicine, la
– Reposer les intestins. clindamycine ou la céfoxitine; consultez un
– Soulager les symptômes. médecin avant de commencer l’antibiothérapie IV.
– Prévenir les complications. – L’administration des antibiotiques doit se
Consultation poursuivre pendant 7-10 jours.

Consultez un médecin. Orientation vers d’autres ressources


médicales
Interventions non pharmacologiques
Procédez à l’évacuation médicale. La chirurgie peut
– Ne rien administrer par voie orale. s’imposer en cas de péritonite, avec ou sans signe de
– Mise en place d’une sonde nasogastrique perforation, d’occlusion non résolue ou de fistule. La
Traitement adjuvant chirurgie est également indiquée si l’état du patient
ne s’est pas amélioré après plusieurs jours de soins
Amorcer un traitement IV avec un soluté physiologique médicaux ou si un traitement réussi a été suivi d’une
pour maintenir l’équilibre hydrique si les symptômes rechute.
sont modérés ou sévères.

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5–26 Appareil digestif

URGENCES GASTRO-INTESTINALES

DOULEUR ABDOMINALE (AIGUË) ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX


– Autres maladies graves
SYMPTOMATOLOGIE – Antécédents de chirurgie
Pour établir le diagnostic, il est utile de connaître – Études déjà effectuées pour évaluer des problèmes
l’emplacement, l’origine, le type d’irradiation, le abdominaux
moment d’apparition et la nature de la douleur ainsi – Antécédents familiaux de symptômes semblables
que les symptômes qui y sont associés. La – Médicaments, surtout digoxine, théophylline,
symptomatologie des règles doit aussi être obtenue. stéroïdes et tétracycline (pour des ulcères de
l’œsophage) et analgésiques, antipyrétiques,
SYMPTÔMES ASSOCIÉS
antiémétiques, barbituriques, diurétiques,
– Une perte pondérale peut être signe d’une tumeur alendronate (pour des ulcères de l’œsophage)
maligne ou de malabsorption.
– Des vomissements peuvent avoir un lien avec une EXAMEN PHYSIQUE
occlusion ou un volvulus de l’intestin grêle. Signes vitaux
– La diarrhée et la constipation peuvent être signe
d’affection intestinale inflammatoire, de cancer, de – Signes d’état de choc, d’infection (fièvre)
constipation opiniâtre ou de malabsorption. – Signes de déshydratation, avec muqueuses
– Un méléna ou l’évacuation de sang par le rectum asséchées et maintien du pli cutané
dénote un saignement gastro-intestinal pouvant Examen de l’abdomen
être associé à un ulcère gastroduodénal, à des
varices œsophagiennes, au cancer du côlon ou à la Inspection
prise de certains médicaments. Abdomen scaphoïde ou distendu, emplacement de la
– Hémoculture des selles; si les résultats sont douleur la plus intense, hernie, cicatrices
négatifs, envisagez une cause alimentaire (p. ex.
Kool-Aid, betteraves) ou médicamenteuse (fer). Auscultation
– Un ictère peut être signe de cancer du pancréas – Des bruits intestinaux aigus évoquant une occlusion.
(indolore), d’hépatite, d’hémolyse, de drépanocytose
– L’absence de bruits intestinaux est signe d’iléus.
(déficit en G-6-PD [glucose-6-phosphatase
déshydrogénase]), d’hépatite alcoolique, lithiase du Palpation et percussion
cholédoque ou de cirrhose biliaire primitive. – Rigidité musculaire (volontaire ou involontaire)
– Troubles urinaires (dysurie, fréquence, mictions
– Sensibilité localisée, masses, pulsation, hernies,
impérieuses, hématurie) irritation du péritoine (la toux ou un saut peuvent aussi
– Certains troubles rénaux s’accompagnent souvent provoquer un phénomène de « décompression »)
de douleur abdominale; envisagez une urolithiase, – Défense musculaire involontaire
une infection urinaire ou une torsion du testicule.
– Signe de l’obturateur interne (douleur à la rotation
– Activité sexuelle, dernières règles, utilisation de interne et externe de la hanche)
contraceptifs, antécédents de MTS, perte vaginale,
– Signe du psoas (douleur ressentie en soulevant une
saignotements ou saignements; envisagez une
jambe tenue droite à l’aide de l’obturateur; peut
grossesse extra -utérine, une infection génitale
être un signe d’abcès)
haute, une torsion de l’ovaire ou la rupture d’un
kyste ovarien. – Signe de Murphy (douleur au niveau du quadrant
supérieur droit lorsque l’inspiration est
accompagnée d’une pression sur le foie)
– Dimensions du foie et de la rate
– Sensibilité au niveau de l’angle costo-vertébral
– Examen pelvien chez la femme
– Examen rectal pour éliminer la possibilité de
saignement gastro-intestinal, de prostatite, etc.,
(l’examen rectal doit servir à compléter le tableau
clinique)
– L’absence de sensibilité au niveau du rectum n’exclut
pas et ne confirme pas un diagnostic d’appendicite.

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Appareil digestif 5–27

TESTS DIAGNOSTIQUES (S’ILS SONT – Radiographie pulmonaire (si possible) pour


DISPONIBLES) éliminer la possibilité de pneumonie
– Hémoglobine DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Tableau 2 : Diagnostic différentiel de la douleur abdominale

Diagnostic Localisation habituelle de la douleur Remarques


Hépatite, abcès sous-phrénique, abcès QSD; pouvant irradier dans l’épaule Taux élevé d’enzymes hépatiques, ictère
hépatique droite
Cholécystite, cholélithiase, cholangite QSD, région médiane de l’épigastre; Apparition soudaine avec nausées
irradiant dans le dos et l’omoplate droite associées
Pancréatite Région médiane de l’épigastre; irradiant Peut s’accompagner de signes de
dans le dos péritonite
Ulcère duodénal ou gastrique Région médiane de l’épigastre, QSG;
irradiant dans le dos si l’ulcère est à
l’arrière, péritonite avec perforation
Hématome de la rate ou splénomégalie QSG Hypotension et péritonite s’il y a rupture
Anévrisme de l’aorte Péri-ombilicale, surtout les flancs Peut s’apparenter à la colique;
dorsaux; peut se présenter sous la forme hypotension s’il y a rupture
d’une douleur épigastrique ou dorsale,
d’une douleur au flanc ou à la hanche
Appendicite Au début : région péri-ombilicale; plus Peut s’accompagner de manifestations
tard : QID péritonéales, surtout chez les personnes
âgées
Maladie de Crohn ou colite ulcéreuse QID, mais pouvant se présenter dans Diarrhée (avec sang dans un cas de
le QIG colite ulcéreuse), crampes, accélération
de la vitesse de sédimentation
Adénite mésentérique QID Douleur secondaire à l’hypertrophie des
ganglions mésentériques due à une
pharyngite streptococcique
Péritonite bactérienne spontanée Généralisée, s’accompagnant de Habituellement chez un alcoolique, une
manifestations péritonéales personne avec une sonde à demeure ou
en dialyse
Diverticulite Généralement dans le QIG, très rarement Diagnostic clinique (douleur + diarrhée,
dans le QID; parfois généralisée vomissements, fièvre)
Diverticule de Meckel En-dessous ou à gauche de l’ombilic Peut survenir à répétition; s’accompagne
de saignements rectaux ou d’occlusion
intestinale
Urolithiase ou néphrolithiase Un flanc ou l’autre; peut irradier dans les Colique; présence possible de sang dans
grandes lèvres ou les testicules l’urine; pyélographie intraveineuse
nécessaire
Cystite Sus-pubienne L’analyse d’urine peut révéler la présence
de sang et de leucocytes
Affection gynécologique (kyste ovarien, Douleur dans le bassin, dans une région Test de grossesse, cultures de
torsion de l’ovaire, grossesse extra-utérine, annexielle; irradiant vers l’aine; pouvant prélèvements du col, échographie pour
syndrome intermenstruel, infection génitale aussi irradier vers l’épaule droite s’il y a éliminer le risque de grossesse
haute) saignement dans le péritoine libre extra-utérine, si cette possibilité existe
Maladie métabolique comme l’acidocétose Douleur pouvant être diffuse, défense Associée à des nausées, des
diabétique, la maladie d’Addison musculaire possible vomissements
Pneumonie Peut ressembler à une appendicite Toux et douleur thoracique pouvant aussi
être présentes
Cardiopathie Peut se manifester par une douleur au ECG pour éliminer le risque de
niveau de l’épigastre cardiopathie, surtout en présence de
facteurs de risque; peut être confondue
avec le reflux gastro-œsophagien
QSD = quadrant supérieur droit, QSG = quadrant supérieur gauche, QID = quadrant inférieur droit, QIG = quadrant inférieur
gauche, ECG = électrocardiogramme

– Numération des globules blancs Voir le tableau 2


– Analyse d’urine
– Test de grossesse chez la femme en âge de
procréer, sauf si elle a subi une hystérectomie
.

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5–28 Appareil digestif

TRAITEMENT PANCRÉATITE (AIGUË)


Décision initiale
DÉFINITION
Décision d’admettre et de garder en observation le
client, de lui donner son congé ou de demander l’avis Inflammation du pancréas.
d’un chirurgien.
CAUSES
Consultation
– Consommation excessive ou chronique d’alcool
Consultez un médecin si le diagnostic n’est pas clair – Épisode récent d’abus d’alcool
et le tableau clinique semble sérieux. – Cholécystite aiguë
Interventions non pharmacologiques – Traumatisme abdominal
– Ne rien administrer par la bouche tant que le – Ulcère duodénal pénétrant
diagnostic n’est pas certain SYMPTOMATOLOGIE
– Sonde nasogastrique dans les cas de
vomissements, de saignements ou d’occlusion – Douleur abdominale térébrante et constante
intestinale soupçonnée – Douleur siégeant au niveau de l’épigastre et dans
la région péri-ombilicale.
– Sonde de Foley
– Douleur irradiant vers le dos, les flancs, le bas de
Traitement adjuvant l’abdomen et le thorax
– Amorcez un traitement avec du soluté – La douleur est atténuée en position assise ou
physiologique en tenant compte des pertes lorsque le client se redresse ou se penche vers
hydriques prévisibles et de l’état d’hydratation du l’avant; la douleur est exacerbée en position
patient. couchée.
– Hydratez en conséquence. – Nausées, vomissements, distension de l’abdomen
Interventions pharmacologiques – Antécédents d’affections ou de calculs biliaires
– Utilisation antérieure ou actuelle de diurétiques
Malgré l’enseignement classique en chirurgie, qui thiazidiques, d’œstrogènes, de stéroïdes avec
veut que l’administration d’un analgésique risque de azathioprine, de sulfasalazine
compliquer le diagnostic de la douleur abdominale en
situation d’urgence, la littérature médicale ne OBSERVATIONS
corrobore pas cette hypothèse. Bien au contraire, le – Fièvre
soulagement de la douleur permettrait même de
– Fréquence cardiaque accélérée
préciser le diagnostic et, par conséquent, d’éviter des
interventions chirurgicales inutiles. – La tension artérielle peut être basse.
Les médicaments seront choisis en fonction de la – Hypotension orthostatique possible
présentation et de l’intensité de la douleur telles que – Client anxieux, en détresse aiguë
décrites par le client. – La position couchée exacerbe la douleur.
Surveillance et suivi – Distension possible de l’abdomen
– Les bruits intestinaux sont amoindris ou absents
– Surveillez attentivement la douleur, l’ABC, les (iléus paralytique)
signes vitaux et toute perte hydrique connexe. – Signes respiratoires possibles : crépitations de la
– Une série d’examens effectués dans les heures qui base, atélectasie à gauche, épanchement pleural
suivent peut clarifier le diagnostic. – Sensibilité aiguë avec défense et rigidité
Orientation vers d’autres ressources musculaires
médicales – Sensibilité à la décompression
Procédez à une évacuation médicale si le diagnostic DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
est incertain et que l’état du client justifie une
évaluation d’urgence. – Ulcère gastroduodénal
– Gastrite sévère
– Cholécystite
– Pneumonie du lobe inférieur
– Occlusion intestinale

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Appareil digestif 5–29

COMPLICATIONS Surveillance et suivi


– Hypotension – Mesurez le débit urinaire à l’heure; adaptez le
– État de choc débit de perfusion de façon à maintenir le débit
– Iléus paralytique urinaire.
– Septicémie – Surveillez la glycémie (l’hyperglycémie est
fréquente).
– Hyperglycémie
– Détresse respiratoire de l’adulte – Vérifiez souvent le pouls et la tension artérielle
jusqu’à ce que l’état du patient soit stable — soyez
– Décès à l’affût des signes d’état de choc.
TESTS DIAGNOSTIQUES – Le sevrage alcoolique est à surveiller lorsqu’une
surconsommation récente d’alcool est à l’origine
– Glycémie (peut être élevée)
de la pancréatite.
– Analyse d’urine
– Numération des globules blancs (si possible) Orientation vers d’autres ressources
médicales
TRAITEMENT
Procédez à l’évacuation médicale le plus tôt possible.
Objectifs
– Soulager les symptômes. APPENDICITE
– Maintenir l’état d’hydratation.
– Prévenir les complications. DÉFINITION
Consultation Inflammation de l’appendice
Consultez un médecin pour l’établissement du CAUSE
diagnostic et du plan de traitement.
Occlusion de l’ouverture de l’appendice par les
Interventions non pharmacologiques selles. L’infection peut survenir par la suite.
– Repos au lit SYMPTOMATOLOGIE
– Ne rien administrer par voie orale.
– Mise en place d’une sonde nasogastrique. Voici les caractéristiques classiques de l’appendicite
– Mise en place d’une sonde urinaire. aiguë; le client peut toutefois se plaindre de diverses
formes de douleur abdominale, rectale et dorsale
Traitement adjuvant selon l’emplacement de l’appendice.
– Amorcez une perfusion avec une tubulure de gros – Douleur péri-ombilicale ou épigastrique vague,
calibre (14 ou 16) et administrez du soluté diffuse
physiologique; remplacez les pertes liquidiennes – La douleur se déplace vers le quadrant inférieur
(voir la section « État de choc » dans le droit au cours des heures suivantes.
chapitre 14 « Urgences générales et traumatismes
– Anorexie
majeurs »).
– Nausées
– Réglez le débit de perfusion en fonction du pouls,
de l’hypotension orthostatique et de la tension – Vomissements possibles quelques heures après
artérielle systolique. l’apparition de la douleur
– Visez un pouls < 100 puls/min et une tension – Présence possible d’une faible fièvre
artérielle systolique > 100 mm Hg. – Pollakiurie, dysurie et diarrhée possibles si
l’extrémité de l’appendice irrite la vessie ou l’intestin.
Interventions pharmacologiques
– Chez les femmes, notez la date des dernières règles
Analgésiques : et toute irrégularité menstruelle récente.
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
50-100 mg IM
Antiémétiques :
dimenhydrinate (Gravol) (médicament de
classe A), 50 m g IM toutes les 6 h au besoin

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5–30 Appareil digestif

OBSERVATIONS TRAITEMENT
Objectifs
Le tableau clinique varie selon que le client consulte
à un stade précoce ou avancé du processus morbide. – Maintenir l’état d’hydratation.
– Température légèrement élevée – Prévenir les complications.
– Fréquence cardiaque accélérée (elle peut être Consultation
normale à un stade précoce)
Consultez un médecin le plus tôt possible.
– Le client peut être peu ou très souffrant.
Interventions non pharmacologiques
– Le client se tient le ventre, marche lentement, un
peu penché vers l’avant. – Repos au lit
– Les bruits intestinaux varient : augmentés ou – Ne rien administrer par la bouche.
normaux au stade précoce; diminués ou absents au – Mise en place d’une sonde nasogastrique si
stade avancé. l’abdomen est distendu.
– Sensibilité localisée dans le quadrant Traitement adjuvant
inférieur droit
– Défense musculaire dans le quadrant – Amorcez un traitement IV avec un soluté
inférieur droit physiologique.
– Sensibilité possible à la décompression – Réglez le débit de perfusion en fonction de l’âge et de
l’état de déshydratation du patient.
– Examen rectal : sensibilité dans le quadrant
inférieur droit si l’extrémité de l’appendice est près Interventions pharmacologiques
du rectum
Malgré l’enseignement classique en chirurgie, qui veut
– Le signe du psoas est positif. que l’administration d’un analgésique risque de
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL compliquer le diagnostic de la douleur abdominale en
situation d’urgence, la littérature médicale ne corrobore
L’appendicite est renommée pour être trompeuse. Les pas cette hypothèse. Bien au contraire, le soulagement
signes et les symptômes véritables varient en fonction de la douleur permettrait de préciser le diagnostic et, par
de l’emplacement de l’appendice dans l’abdomen. conséquent, d’éviter des interventions chirurgicales
– Gastro-entérite inutiles.
– Maladie de Crohn Analgésique :
– Calcul dans l’uretère mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
– Syndrome intermenstruel (rupture d’un kyste 50-100 mg IM
folliculaire)
Si le transfert du patient est retardé, consultez un
– Grossesse extra -utérine médecin au sujet de l’instauration d’une
– Infection génitale haute antibiothérapie :
– Torsion d’un kyste ovarien ampicilline (Novo-Ampicillin) (médicament de
– Pyélonéphrite classe D), 1,0 g IV toutes les 4-6 h
– Colique biliaire et
– Cholécystite métronidazole (Flagyl) (médicament de classe B),
– Ulcère gastroduodénal 500 mg IV toutes les 6-8 h
COMPLICATIONS Dans les cas d’allergie à la pénicilline, administrez
– Abcès uniquement du métronidazole.
– Péritonite localisée Surveillance et suivi
– Perforation Vérifiez souvent les signes vitaux et l’état général du
– Péritonite généralisée client.
– Septicémie Orientation vers d’autres ressources
TESTS DIAGNOSTIQUES médicales

– Numération des globules blancs, si possible Procédez à l’évacuation médicale le plus tôt possible; la
consultation d’un chirurgien s’impose.
– Analyse d’urine

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Appareil digestif 5–31

OCCLUSION DE L’INTESTIN GRÊLE Iléus paralytique


OU DU GROS INTESTIN – Occlusion de l’intestin due à la paralysie du
muscle de la paroi intestinale, par suite d’une
DÉFINITION péritonite généralisée, d’une inflammation aiguë
de l’abdomen, d’une lésion thoracique grave ou
Occlusion de l’intestin grêle ou du gros intestin d’une affection aiguë.
(partielle ou complète, d’origine mécanique ou – La distension de l’abdomen, modérément
paralytique). incommodante, est un symptôme dominant.
CAUSES – Absence de douleur
– Vomissements fréquents ou régurgitation du
– Intestin grêle : hernie étranglée (40 %), adhérences contenu de l’estomac
(30 %), cancer, maladie de Crohn
– Abdomen distendu « silencieux» à l’examen
– Gros intestin : cancer (70 %), volvulus,
diverticulite, fécalome OBSERVATIONS
SYMPTOMATOLOGIE – Fréquence cardiaque normale ou accélérée
– Respiration normale ou accélérée
– Douleur
– Vomissements – Tension artérielle normale ou basse
– Incapacité d’évacuer des selles ou des gaz – Hypotension orthostatique possible
– Le client semble légèrement à gravement malade.
– Ballonnement
– Autres symptômes déterminés par le processus – Le client se plie en deux lors des accès de douleur
s’il y a occlusion de l’intestin grêle.
morbide
– Le client est pâle, anxieux et en sueur.
Les symptômes exacts dépendent de l’emplacement
– Degrés divers de distension abdominale
et de la sévérité de l’occlusion. Plus l’occlusion est
haute, plus les symptômes sont aigus et d’apparition – Une hernie peut être visible.
brutale. – Des contractions de la paroi intestinale
(péristaltisme) peuvent être observées.
Occlusion de l’intestin grêle
– Bruits intestinaux augmentés dans les premiers
– Douleur modérée ou sévère stades
– Périodes intermittentes de douleur – Poussées péristaltiques, tintements aigus présents
– Bien-être relatif entre les périodes de douleur – Au stade avancé, les bruits intestinaux sont
– Les vomissements sont fréquents, violents et diminués ou absents.
bilieux lorsque l’occlusion est haute. – Sensibilité possible due à la distension
– Vomissements excrémentiels dans un cas – Présence possible d’une hernie ou d’une masse
d’occlusion basse. sensible localisée
– Le ballonnement de l’abdomen varie; il est – Absence de sensibilité à la décompression et de
important lorsque l’occlusion est basse. rigidité, sauf s’il y a perforation, péritonite ou
– Diminution des selles et des gaz étranglement
– Faiblesse – Examen rectal : présence possible de sang ou de
selles, possibilité que le rectum soit vide
Occlusion du gros intestin
– Examinez tous les orifices herniaux, y compris les
– Douleur moyennement intense (habituellement deux anneaux cruraux.
moins aiguë que dans l’occlusion de l’intestin
grêle) DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Colique – Gastro-entérite
– La distension survient promptement et elle peut – Appendicite
être sévère.
– Affection intestinale inflammatoire avec distension
– Habituellement, les vomissements surviennent tard – Ulcère perforé
et sont rares, et ils peuvent être excrémentiels.
– Pancréatite
– Diminution ou absence de selles et de gaz
– Douleur intense et soudaine caractéristique d’un
volvulus

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5–32 Appareil digestif

COMPLICATIONS Interventions pharmacologiques


– Perforation Il peut être sage d’amorcer une antibiothérapie IV si
– Péritonite le transfert du client est retardé. Discutez-en d’abord
– Segment étranglé de l’intestin avec le médecin, si possible.
– Septicémie Antibiotiques de choix :
– Hypotension, état de choc ampicilline (Novo-Ampicillin) (médicament de
– Décès classe D), 1,0 g IV toutes les 4-6 h
et
TESTS DIAGNOSTIQUES
métronidazole (Flagyl) (médicament de classe B),
– Recherche de sang occulte dans les selles. 500 mg IV toutes les 6-8 h
– Analyse d’urine.
Chez les clients allergiques à la pénicilline, utilisez
– Dosage de l’hémoglobine (facultatif; il peut faciliter
seulement du métronidazole.
l’établissement du diagnostic et orienter le traitement).
L’administration d’un analgésique peut être nécessaire :
TRAITEMENT mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
50-100 mg IM
Objectifs
– Enrayer la distension. Surveillance et suivi
– Maintenir l’état d’hydratation. Vérifiez fréquemment l’ABC, les signes vitaux, le
– Prévenir les complications. débit urinaire et l’état général du patient.
Consultation Orientation vers d’autres ressources médicales
Consultez un médecin le plus tôt possible. Procédez à l’évacuation médicale le plus tôt possible.
Interventions non pharmacologiques
– Repos au lit
– Ne rien administrer par la bouche.
– Mise en place d’une sonde nasogastrique avec
drainage par succion ou par gravité.
– Mise en place d’une sonde urinaire; mesurer le débit
urinaire à l’heure.
Traitement adjuvant
– Amorcez un traitement IV à l’aide d’une tubulure
de gros calibre (14 ou 16); administrez du soluté
physiologique; remplacez les pertes volumiques.
– Réglez le débit de perfusion en fonction du poids,
de l’hypotension orthostatique, de la tension
artérielle, de l’état d’hydratation, de l’âge et des
problèmes de santé préexistants du patient (voir la
section « État de choc » dans le chapitre 14
« Urgences générales et traumatismes majeurs »).
– Visez un pouls < 100 puls/min et une tension
artérielle systolique > 100 mm Hg.

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Appareil digestif 5–33

SAIGNEMENT GASTRO-INTESTINAL OBSERVATIONS


(SUPÉRIEUR ET INFÉRIEUR) – Signes d’état de choc si le saignement est
important
DÉFINITION – Pouls rapide et faible
– Respiration rapide
Perte sanguine soudaine et rapide du tractus digestif,
– Tension artérielle faible -normale ou moindre
qui est une complication d’un autre processus morbide.
– Hypotension orthostatique
CAUSES – Le client est pâle et anxieux.
Voir le tableau 3 – Le client est faible et en sueur.
– Sang rouge vif dans les vomissures ou les selles
SYMPTOMATOLOGIE – Les bruits intestinaux sont d’abord augmentés en
raison du sang dans l’intestin.
– Il y a habituellement des antécédents de maladie
gastro-intestinale. – Par la suite, ils peuvent diminuer ou disparaître.
– Hématémèse (vomissement de sang de teinte rouge – Possibilité d’une sensibilité légère ou importante à
vif ou marc de café) la palpation
– Méléna (selles noires poisseuses) – Des signes de péritonite peuvent être présents.
– Rectorragie (sang rouge vif) DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Faiblesse ou syncope soudaine
Saignement gastro-intestinal supérieur
– Ulcère gastroduodénal : il peut y avoir des
antécédents de douleurs abdominales de plus en plus – Ulcère gastroduodénal
sévères avant l’apparition des vomissements; les – Varices œsophagiennes
vomissements soulagent brusquement la douleur. – Gastrite sévère
Saignement gastro-intestinal inférieur
– Maladie diverticulaire
– Affection intestinale inflammatoire
– Cancer du côlon

Tableau 3 : Causes de saignement gastro-intestinal


Catégorie Saignement gastro-intestinal supérieur Saignement gastro-intestinal inférieur
Inflammatoire Ulcère gastroduodénal Diverticulite
Gastrite sévère Maladie de Crohn
Œsophagite Colite ulcéreuse
Ulcère de stress Entéro-colite
Mécanique Syndrome de Mallory-Weiss Fissure anale
Hernie hiatale Diverticulose
Vasculaire Varices œsophagiennes Hémorroïdes
Néoplasique Carcinome Carcinome et polypes
Générale Troubles de la crase sanguine Troubles de la crase sanguine

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5–34 Appareil digestif

COMPLICATIONS Traitement adjuvant


– Hypotension – Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min
– État de choc ou plus au besoin; maintenez la saturation en
– Péritonite oxygène > 97-98 %.
– Décès – Pratiquez une perfusion à l’aide d’une aiguille de
gros calibre (14 à 16) et administrez du soluté
TESTS DIAGNOSTIQUES physiologique.
– Dosage de l’hémoglobine – Pratiquez une deuxième perfusion pour restaurer la
– Recherche de sang occulte dans les selles masse sanguine s’il y a des signes d’hypovolémie
(voir la section « État de choc » dans le
– Examen des selles pour savoir s’il y a rectorragie
chapitre 14 « Urgences générales et traumatismes
TRAITEMENT majeurs »).
– Adaptez le débit de perfusion en fonction de la
Objectifs perte sanguine estimative, du pouls, de la tension
– Restaurer la masse sanguine. artérielle, de l’hypotension orthostatique et de
l’âge du patient.
Consultation
Surveillance et suivi
Consultez un médecin le plus tôt possible, dès que
l’état du client est stable. Surveillez de près l’ABC, les signes vitaux et l’état
général du patient, car le saigneme nt peut
Interventions non pharmacologiques
recommencer.
– Repos au lit Orientation vers d’autres ressources
– Ne rien administrer par la bouche. médicales
– Mettez en place une sonde nasogastrique et videz
l’estomac dans un cas de saignement gastro - Procédez à une évacuation médicale le plus tôt
intestinal provenant de la partie supérieure du tube possible.
digestif.
– Mettez en place une sonde urinaire; vérifiez le
débit urinaire à l’heure.

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CHAPITRE 6 – APPAREIL URINAIRE ET APPAREIL
REPRODUCTEUR DE L’HOMME

Table des matières

ÉVALUATION DE LA FONCTION URINAIRE ET DE L’APPAREIL


REPRODUCTEUR DE L’HOMME................................ ................................ 6–1
Anamnèse et examen physique ....................................................... 6–1
Examen physique de l’appareil ................................ ........................ 6–3
AFFECTIONS GÉNITO-URINAIRES COURANTES CHEZ L’HOMME .......... 6–4
Hyperplasie bénigne de la prostate .................................................. 6–4
Épididymite .................................................................................... 6–5
Prostatite (aiguë) ............................................................................ 6–7
Balanite.......................................................................................... 6–9
AFFECTIONS URINAIRES COURANTES.................................................. 6–10
Bactériurie asymptomatique .......................................................... 6–10
Cystite ......................................................................................... 6–11
Pyélonéphrite............................................................................... 6–13
Colique néphrétique (calculs) ........................................................ 6–15
Incontinence urinaire..................................................................... 6–16
URGENCES UROLOGIQUES ET GÉNITALES CHEZ L’HOMME ................ 6–18
Torsion testiculaire........................................................................ 6–18
Rétention urinaire aiguë ................................................................ 6–19

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6–1

ÉVALUATION DE LA FONCTION URINAIRE ET DE L’APPAREIL


REPRODUCTEUR DE L’HOMME

ANAMNÈSE ET EXAMEN PHYSIQUE Appareil reproducteur masculin


– Difficulté à amorcer ou à interrompre la miction
GÉNÉRALITÉS – Poussée abdominale volontaire (effort) à la
miction
Chaque symptôme doit être noté et examiné en
fonction des caractéristiques suivantes : – Nature du jet (vitesse, force, volume)
– Fuite ou sensation de plénitude post-mictionnelle
– Apparition (soudaine ou graduelle) – Écoulement pénien, démangeaison
– Évolution dans le temps – Lésions des organes génitaux externes
– Situation actuelle (amélioration ou aggravation) – Douleur génitale, inguinale, sus-pubienne ou
– Localisation lombaire
– Irradiation – Douleur ou œdème des testicules
– Qualité – Relations sexuelles douloureuses
– Fréquence et durée – Orientation sexuelle
– Sévérité – Nombre de partenaires sexuel(le)s
– Facteurs déclenchants et aggravants – Libido
– Facteurs de soulagement – Pratiques sexuelles, dont comportements à risque
– Symptômes associés (p. ex. relations orales, anales ou vaginales non
– Répercussions sur les activités quotidiennes protégées)
– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant – Fécondité (nombre d’enfants)
– Traitements antérieurs – Antécédents vénériens (MTS, dont VIH et
– Efficacité des traitements antérieurs hépatite B)
– Auto-examen des testicules (fréquence, régularité)
SYMPTÔMES DOMINANTS
– Antécédents d’hydrocèle, d’épididymite, de
En plus des caractéristiques générales décrites ci- prostatisme, de varicocèle, de hernie, de
dessus, il faut aussi explorer les symptômes cryptorchidie, de spermatocèle, ou vasectomie
spécifiques suivants. récente
Autres symptômes associés
Fonction urinaire
– Fièvre, frissons, malaise
– Fréquence des mictions
– Nausées, vomissements
– Volume d’urine (élevé ou faible)
– Diarrhée, constipation
– Urgence (sensation d’un besoin urgent de vider la
vessie) – Perte d’appétit
– Dysurie et moment de son apparition durant la – Changement dans les habitudes de sommeil
miction (au début, à la fin ou pendant)
– Nycturie (première survenue ou exacerbation du
profil habituel)
– Rétention
– Incontinence
– Couleur et odeur de l’urine
– Hématurie
– Coliques
– Douleur à l’angle costo-vertébral, au flanc ou à
l’abdomen
– Douleur sus-pubienne
– Douleur périnéale, génitale, inguinale ou lombaire

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6–2 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme

ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (APPAREIL ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX


GÉNITO -URINAIRE) (APPAREIL GÉNITO-URINAIRE)
– Cystite, pyélonéphrite – Hygiène personnelle, habitudes en matière
– Néphropathies d’élimination et de propreté
– Anomalies anatomiques congénitales des voies – Pratiques sexuelles (comportements à risque,
génito-urinaires orientation sexuelle)
– Calculs rénaux – Partenaire sexuel(le) symptomatique
– Début récent ou augmentation de l’activité – Utilisation de crèmes ou de mousses
sexuelle contraceptives, de condoms, etc.
– Manœuvres instrumentales récentes dans les voies – Utilisation de mousse de bain, de douches vaginales
génito-urinaires (p. ex. cathéter, dilatation urétrale, – Port de sous-vêtements ou d’autres vêtements trop
cystoscopie) ajustés ou serrés
– Ménopause (sans hormonothérapie substitutive) – Multiples partenaires sexuel(le)s
– Utilisation de tampons, douches vaginales – Perturbation de la vie sexuelle (à cause de
– Diabète sucré symptômes génito-urinaires)
– Immunosuppression – Peur, gêne, anxiété
– MTS – Absentéisme au travail ou à l’école, renoncement à
– Abus sexuel des activités sociales à cause de symptômes
génito-urinaires (p. ex. incontinence)
– Allergies
– Exposition à des irritants chimiques
– Médication (p. ex. immunosuppresseurs,
contraceptifs oraux, antihypertenseurs,
antipsychotiques)
– Comportements à risque (p. ex. relations sexuelles
non protégées, consommation abusive d’alcool et
de drogues, utilisation de drogues injectables
illicites)
ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (APPAREIL
GÉNITO -URINAIRE)
– Infections urinaires
– Néphropathies (p. ex. cancer du rein, maladies
polykystiques)
– Diabète sucré
– Calculs rénaux
– Sévices sexuels ou physiques

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Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme 6–3

EXAMEN PHYSIQUE DE L’APPAREIL Percussion


– Sensibilité sus-pubienne ou de l’angle costo-
GÉNÉRALITÉS vertébral
– État de santé apparent – Distension de la vessie
– Présence ou absence de douleur N’oubliez pas d’examiner les régions suivantes dans
– Teint (rouge, pâle) le cadre de l’évaluation :
– Corpulence (maigreur ou obésité) – Tête, yeux, oreilles, nez, gorge : rechercher la
– Concordance entre l’apparence et l’âge déclaré pharyngite et la conjonctivite (infection à
Chlamydia, gonorrhée)
SIGNES VITAUX – Peau : rechercher les lésions, les éruptions, les
– Température polyarthralgies de la gonorrhée disséminée, et
– Fréquence cardiaque évaluer l’équilibre hydrique.
– Fréquence respiratoire APPAREIL REPRODUCTEUR DE L’HOMME
– Tension artérielle
Inspection
APPAREIL URINAIRE (EXAMEN DE
L’ABDOMEN) – Pénis, scrotum et pubis : inflammation,
écoulements, lésions, enflure, asymétrie,
Inspection irrégularité de la répartition du système pileux,
lentes, verrues
– Cicatrices abdominales ou lombaires d’une
intervention chirurgicale antérieure – Rectum : lésions, écoulements, œdème,
– Œdème (facial, périphérique) hémorroïdes
– Régions inguinales et fémorales (hernies)
Palpation
Palpation
– Sensibilité sus-pubienne
– Distension de la vessie – Pénis : sensibilité, induration, nodules, lésions
– Sensibilité ou masses abdominales – Testicules et contenu du scrotum : dimension,
position, atrophie des testicules, sensibilité,
– Sensibilité de l’angle costo-vertébral enflure, chaleur, masses, hydrocèle
– Hypertrophie des reins (les reins ne sont
– Rectum : tonus du sphincter anal, tumeurs de la
généralement pas palpables sauf chez les clients paroi rectale, prostate
minces)
– Prostate : taille, forme, contour, consistance,
– Œdème ou ganglions inguinaux
sensibilité ou nodules
– Anneau inguinal superficiel : hernies
– Zones inguinales et fémorales (hernies)
APPAREIL GÉNITAL FÉMININ
Cet examen fait l’objet du chapitre 13, « Santé de la
femme et gynécologie ».

ANALYSES DE LABORATOIRE
– Urine : couleur, trouble ou claire
– Bandelettes réactives : sang, protéines, globules
blancs, nitrites, pH
– Microscopie sédimentaire : globules blancs et
rouges, bactéries ou cylindres urinaires, cellules
épithéliales
– Culture et antibiogramme de l’écoulement urétral
ou des sécrétions prostatiques

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


6–4 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme

AFFECTIONS GÉNITO-URINAIRES COURANTES CHEZ L’HOMME

HYPERPLASIE BÉNIGNE DE LA DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


PROSTATE – Cystite
– Cancer de la prostate
DÉFINITION – Tumeur de la vessie
– Calculs
Hypertrophie bénigne de la prostate pouvant se
traduire par l’obstruction du col de la vessie. – Prostatite (chronique)
– Rétrécissement de l’urètre
CAUSES COMPLICATIONS
– Inconnues – Infections à répétition des voies urinaires
– Facteur prédisposant : l’âge (au-delà de 55 ans) – Rétention urinaire aiguë
SYMPTOMATOLOGIE – Hémorroïdes ou hernies provoquées par l’effort à
la miction
Apparition des symptômes urinaires lorsque la – Atteinte rénale due à une obstruction chronique
prostate est suffisamment hypertrophiée pour
entraîner une compression partielle du col de la TESTS DIAGNOSTIQUES
vessie.
– Prélevez un échantillon d’urine pour analyse
– Retard de la miction (analyse courante et microscopie, culture et
– Miction par regorgement antibiogramme).
– Effort à la miction – Éliminez la possibilité d’une infection, d’une
– Force du jet atténuée hématurie et d’une glycosurie.
– Mictions fréquentes et peu abondantes – Déterminez le taux de créatinine.
– Sensation d’urgence mictionnelle – Antigène prostatique spécifique (PSA) : test
– Fuites post-mictionnelles facultatif et controversé, mais généralement
– Nycturie recommandé lorsqu’un diagnostic de cancer de la
prostate amènerait à modifier le traitement chez un
– Sensation constante de plénitude de la vessie, homme sain âgé de 50 à 70 ans.
même après la miction
L’infection des voies urinaires ou la rétention d’urine TRAITEMENT
constituent parfois le problème énoncé. L’hématurie Objectifs
peut être un symptôme précoce.
– Atténuer ou éliminer les symptômes
OBSERVATIONS – Prévenir les complications dues à l’obstruction
prolongée du col de la vessie (p. ex. infections des
– Abdomen : dans les cas de rétention urinaire aiguë, il
arrive que la vessie soit distendue; une vessie voies urinaires, calculs de la vessie,
hydronéphrose)
distendue est parfois perceptible à la palpation.
– Toucher rectal : hypertrophie de la prostate Consultation
– Prostate : consistance normale, haut et bords pas Il faut consulter le médecin si les symptômes du
forcément perceptibles à la palpation, sillon client sont sévères et assez incommodant pour
médian possiblement indistinct l’inciter à se faire traiter immédiatement, ou s’il y a
La taille clinique de la prostate n’est pas révélatrice hématurie, présence de nodules dans la prostate ou
de la gravité des symptômes. Une légère hypertrophie douleur lombaire inattendue.
clinique peut provoquer des effets très
incommodants. Il faut éliminer la possibilité d’un carcinome
prostatique avec métastases aux os chez les hommes
de plus de 35 ans présentant des symptômes
d’obstruction du col de la vessie et souffrant d’une
douleur lombaire d’apparition récente.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme 6–5

Interventions non pharmacologiques ÉPIDIDYMITE


– Conseillez au client de ne pas boire avant l’heure
du coucher, notamment d’éviter le thé, le café et DÉFINITION
l’alcool, qui ont tendance à provoquer la diurèse
nocturne. Infection d’origine bactérienne de l’épididyme.
– Vérifiez la médication du client, le cas échéant;
interrompez la médication si possible. CAUSES
– Les médicaments contre le rhume, tels que les – Chez les clients de 35 ans ou moins :
décongestionnants, les antihistaminiques et habituellement provoquée par une MTS (Neisseria
anticholinergiques, de même que les gonorrhea, Chlamydia).
antipsychotiques, les antidépresseurs et les – Chez les clients de plus de 35 ans : habituellement
anxiolytiques sont susceptibles d’entraver la provoquée par des agents pathogènes des voies
capacité d’uriner et d’accroître la compression du urinaires (Escherichia coli, Klebsiella, Proteus) ou
col de la vessie. la tuberculose.
– Demandez au client de signaler toute évolution – Facteurs prédisposants chez les clients du deuxième
subite de ses symptômes à des fins de groupe : infection des voies urinaires, obstruction de
réévaluation. l’écoulement, infection de la prostate, manœuvre
– Interventions chirurgicales visant à réduire la taille instrumentale dans la partie inférieure de l’appareil
de la prostate : prostatectomie transurétrale, génito-urinaire (p. ex. pose d’une sonde).
prostatectomie transurétrale par incision ou
prostatectomie au laser. SYMPTOMATOLOGIE
– Douleur et hypertrophie unilatérales du scrotum
Interventions pharmacologiques
– La surélévation du scrotum procure un
Pour atténuer les symptômes, on peut utiliser à profit soulagement.
le finastéride, inhibiteur de la 5-α réductase (Proscar) – Fièvre, frissons, sensation de malaise possibles
(médicament de classe B), et les bloqueurs des – Possibles symptômes de cystite o u d’urétrite
récepteurs α1 - adrénergiques, comme la térazosine (fréquence et urgence des mictions, dysurie)
(Hytrin) (médicament de classe B).
OBSERVATIONS
Surveillance et suivi
– Température parfois élevée
Si les symptômes sont légers, prévoyez un suivi – Inconfort moyen
facultatif par un médecin. Il faut surveiller les – Le client marche lentement et avec précaution,
symptômes du patient aux six mois et procéder à un souvent en se tenant le scrotum.
toucher rectal chaque année. Si les symptômes sont – Rougeur et hypertrophie unilatérales du scrotum
modérés à sévères, adresser le client au médecin (voir
– Écoulement urétral possible
la section « Orientation vers d’autres ressources
médicales » ci-dessous). – Vive sensibilité du scrotum, qui est chaud au
toucher.
Orientation vers d’autres ressources – Épididyme enflé, dur et extrêmement sensible
médicales
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Adressez le client à un urologue si ses symptômes, de
– Torsion testiculaire
modérés à sévères, sont incommodants ou s’il y a des
complications. – Kyste sébacé infecté, folliculite
– Traumatisme
– Orchite ourlienne
– Tumeur des testicules
– Spermatocèle
– Hydrocèle
– Varicocèle
COMPLICATIONS
– Propagation de l’infection aux testicules
– Abcès
– Stérilité

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


6–6 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme

TESTS DIAGNOSTIQUES Éducation du client


– Prélevez un échantillon d’urine pour analyse – Expliquez au patient le processus et l’évolution
(analyse courante et microscopie, culture et prévue de la maladie.
antibiogramme). – Donnez au client des conseils sur l’utilisation
– Prélevez un échantillon par écouvillonnage de appropriée des médicaments (dose, fréquence,
l’urètre pour détecter la présence de N. gonorrhea effets secondaires, nécessité de suivre le traitement
et de Chlamydia. au complet).
– Offrez au client de subir un test de détection du – Donnez au client des conseils sur la façon de
VIH. prévenir la propagation de MTS à ses partenaires
– Administrez le test VDRL. sexuels.

TRAITEMENT Infection bénigne


– Repos au lit.
En général, on traite les infections bénignes en – Application de glace sur le scrotum.
consultation externe; les infections plus graves,
accompagnées de fièvre et de frissons, nécessitent Interventions pharmacologiques
une hospitalisation.
Infection bénigne
Objectifs
Analgésiques et antipyrétiques :
– Atténuer les symptômes
acétaminophène (Tylenol) (médicament de
– Prévenir les complications de l’infection classe A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4
– Prévenir les rechutes à 6 h au besoin
Consultation Antibiotiques pour les jeunes clients atteints d’une
infection transmise sexuellement :
Infection bénigne
cefixime (Suprax) (médicament de classe C),
Il faut consulter le médecin si l’on soupçonne une 400 mg, 2 comprimés PO immédiatement
maladie non infectieuse sous-jacente, en particulier
et
chez les clients de plus de 35 ans, ou lorsque les
symptômes sont modérés ou sévères. tétracycline (Tetracyne) (médicament de
classe A), 500 mg PO qid pendant 10 jours
Infection bénigne ou
Il faut consulter le médecin au sujet du choix des doxycycline (Vibramycin) (médicament de
antibiotiques IV. classe A), 100 mg PO bid pendant 10 jours
ou
Interventions non pharmacologiques
azithromycine (Zithromax) (médicament de
Infection bénigne classe C), 1 g PO (dose unique)
– Indiquez au client qu’il devra garder le lit pendant Pour les clients allergiques à la tétracycline :
la phase aiguë (1 à 2 jours).
érythromycine (E-Mycin) (médicament de
– Surélevez le scrotum pour atténuer la douleur. classe A), 500 mg PO qid pendant 10 jours
– Le client devra utiliser un support scrotal pour se
déplacer. Antibiotiques pour les clients âgés atteints d’une
infection non transmise sexuellement :
– On doit appliquer de la glace pendant 20 minutes
toutes les 2 à 3 h pour atténuer la douleur. sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS)
– Durant la phase aiguë, le client doit éviter de (médicament de classe A), 1 comprimé PO bid
soulever de lourdes charges, de faire des efforts à pendant 14 jours
la défécation et d’avoir des relations sexuelles. ou
– Indiquez au client qu’il devra revenir à la clinique céphalexine (Keflex) (médicament de classe C),
pour une réévaluation si ses symptômes 250 mg PO qid pendant 14 jours
s’aggravent.

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Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme 6–7

Infection sévère PROSTATITE (AIGUË)


Amorcez un traitement IV avec du soluté physiologique
pour maintenir la veine ouverte. DÉFINITION
Analgésiques et antipyrétiques : Infection aiguë de la prostate.
acétaminophène (Tylenol) (médicament de CAUSES
classe A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4
à 6 h au besoin Mêmes organismes que pour la cystite (E. coli,
Pour atténuer une douleur modérée ou sévère : Proteus, Klebsiella).

acétaminophène avec codéine (Tylenol N o 2 ou Facteurs de risque


o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
– Infection des voies urinaires
PO toutes les 4 h au besoin
– Calculs prostatiques
Antibiotiques pour les jeunes clients : – Âge supérieur à 50 ans
ampicilline (Ampicin) (médicament de classe D),
SYMPTOMATOLOGIE
1,0 g IV toutes les 6 h
et – Apparition soudaine de fièvre et de frissons
– Douleur génitale
doxycycline (Vibramycine) (médicament de
classe A), 100 mg PO toutes les 12 h
– Douleur possible au sacrum et au bas du dos
– Douleur périnéale
Antibiotique pour les clients âgés :
– Dysurie, mictions fréquentes et urgentes
ampicilline (Ampicin) (médicament de classe D), (symptômes de la cystite), nycturie
1,0 g IV toutes les 6 h – Symptômes possibles de compression du col de la
vessie
Pour les clients allergiques à la pénicilline, consultez
le médecin au sujet des médicaments de substitution. – Écoulement et jet urinaires parfois anormaux
– Douleur à la défécation
Surveillance, suivi et orientation vers
d’autres ressources médicales OBSERVATIONS
– Température parfois élevée
Infection bénigne – Fréquence cardiaque parfois élevée
– Revoyez le client dans les 48 heures pour évaluer – Inconfort moyen à prononcé; le client semble
sa réaction au traitement. parfois très mal en point.
– Revoyez le client après 10 à 14 jours, une fois – Démarche lente, jambes écartées
l’antibiothérapie terminée. – Distension de la vessie parfois visible à l’examen
Infection sévère de l’abdomen
– Prostate enflée, extrêmement sensible, chaude,
Procédez à une évacuation médicale dans les plus molle
brefs délais.
– De faibles écoulements de pus peuvent parfois être
exprimés de l’urètre.
– Évitez de masser vigoureusement la prostate, cela
pourrait provoquer une bactériémie.
– Urine trouble ou claire
– Bandelettes réactives : présence possible de sang
et de protéines
– Microscopie des urines : des bactéries, des
globules blancs et quelques globules rouges sont
parfois présents.

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6–8 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions pharmacologiques


– Hyperplasie bénigne de la prostate accompagnée Symptômes légers ou modérés
d’une infection des voies urinaires
– Épididymite Antibiotiques :
– Urétrite sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS)
– Cystite (médicament de classe A), 1 comprimé PO bid
– Pyélonéphrite pendant 21 jours
– Tumeur maligne ou
amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),
COMPLICATIONS
500 mg PO tid pendant 21 jours
– Épididymite
– Pyélonéphrite Symptômes sévères
– Rétention urinaire aiguë Amorcez un traitement IV avec un soluté
– Septicémie physiologique pour les liquides et les antibiotiques
– Abcès IV.
– Prostatique chronique Traitement de la fièvre et de la douleur :
TESTS DIAGNOSTIQUES acétaminophène (Tylenol) (médicament de
classe A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les
– Prélevez un échantillon d’urine pour analyse
4 h au besoin
(analyse courante et microscopie, culture et
antibiogramme) Discutez du choix des antibiotiques IV avec le médecin.
– Procédez à un écouvillonnage urétral pour culture Médicaments de première intention :
de N. gonorrhea et de Chlamydia si vous
ampicilline (Penbritin) (médicament de classe D),
soupçonnez une MTS (à cause des antécédents) ou 500 mg IV toutes les 6 h
si vous détectez un écoulement urétral.
et
– Offrez au client de subir un test de détection du
VIH. gentamycine (médicament de classe B), 3 mg/kg IV
tous les jours, en doses fractionnées, toutes les 8 h
– Faites un test VDRL.
Pour les clients allergiques à la pénicilline, on peut
TRAITEMENT utiliser du sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS).
Si les symptômes sont légers ou modérés, traitez le Surveillance et suivi
client en consultation externe; s’ils sont sévères et
que le client semble très malade, demandez Symptômes sévères
l’hospitalisation.
– Recherchez une distension de la vessie.
Objectifs – En cas d’incapacité d’uriner et de distension de la
– Atténuer les symptômes. vessie, faites asseoir le client dans une baignoire
remplie d’eau tiède et demandez-lui d’essayer
– Prévenir les complications. d’uriner dans l’eau.
Consultation – Ne posez pas de sonde urinaire.
Il faut consulter le médecin, surtout si les symptômes Voir la section « Rétention urinaire aiguë » dans le
sont sévères ou si le client semble souffrir d’un présent chapitre, si le traitement décrit ici ne
malaise général. fonctionne pas.
Interventions non pharmacologiques Orientation vers d’autres ressources
médicales
Symptômes sévères
Le client doit garder le lit. Symptômes sévères
Procédez à une évacuation médicale dans les plus
brefs délais pour que le traitement IV du patient se
poursuive à l’hôpital.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme 6–9

BALANITE TESTS DIAGNOSTIQUES


Prélevez un échantillon de tout écoulement en vue
DÉFINITION d’une culture et d’un antibiogramme.
Inflammation du gland du pénis.
TRAITEMENT
CAUSES Objectifs
– Réaction allergique (p. ex. au latex des condoms, – Atténuer les symptômes.
au gel spermicide) – Prévenir les rechutes.
– Infection fongique (p. ex. Candida albicans) ou
bactérienne (p. ex. Streptococcus) Intervention non pharmacologique
– Facteur de risque : présence du prépuce – Compresses tièdes ou bains de siège
– Hygiène locale : s’assurer que le prépuce se
SYMPTOMATOLOGIE rétracte facilement.
– Douleur au pénis Interventions pharmacologiques
– Dysurie
– Écoulement au foyer de l’infection Amorcez un traitement topique. Le choix variera selon
qu’il s’agit d’une infection bactérienne ou fongique ou
– Érythème d’une dermatite.
– Enflure du prépuce
– Ulcération Infection fongique
– Plaques clotrimazole 1% (Canesten) (médicament de
OBSERVATIONS classe A), bid sur la région atteinte
ou
– Rougeur, enflure du gland
– Écoulement autour du gland nystatine (Mycostatin) (médicament de classe A),
bid à qid sur la région atteinte
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Infection bactérienne
– Leucoplasie
pommade de bacitracine (Baciguent) (médicament
– Lichen plan
de classe A), qid sur la région atteinte
– Psoriasis
ou
– Syndrome de Reiter
sulfate de néomycine (Neosporin) (médicament
de classe A), qid sur la région atteinte
COMPLICATIONS
– Sténose du méat urinaire Dermatite
– Modifications précancéreuses résultant d’une pommade d’hydrocortisone 0,5% (Unicort)
irritation chronique (médicament de classe A), qid sur la région
– Infection des voies urinaires atteinte

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


6–10 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme

AFFECTIONS URINAIRES COURANTES

BACTÉRIURIE ASYMPTOMATIQUE Interventions non pharmacologiques

Éducation du client
DÉFINITION
– Recommandez un apport suffisant en liquides pour
Présence de bactéries dans l’urine ne provoquant éliminer les bactéries de la vessie et prévenir la stase
aucun symptôme. d’urine dans celle-ci (6 à 8 verres de liquide par jour).
– Enseignez au client les bonnes règles d’hygiène
CAUSES (s’essuyer de l’avant vers l’arrière).
– Structure anatomique (affection plus fréquente – Décrivez au client les signes et symptômes de
chez les femmes, dont l’urètre est plus court et l’infection aiguë et conseillez-lui de revenir à la
situé à proximité du vagin) clinique dès leur apparition.
– Changements hormonaux (p. ex. grossesse, Interventions pharmacologiques
contraceptifs oraux)
– Relâchement des muscles pelviens (chez les clients Femmes enceintes
âgés)
Traitez toutes les femmes enceintes atteintes de cette
– Prostatite chronique affection :
– Contamination des prélèvements
amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),
– Sondes à demeure
250-500 mg PO tid pendant 7 jours
SYMPTOMATOLOGIE Pour les clientes allergiques à la pénicilline :
– Absence de problèmes urinaires nitrofurantoïne (Macrodantin) (médicament de
– Généralement décelée lors d’une analyse d’urine classe A), 100 mg PO bid pendant 7 jours
courante
– Fréquente chez les femmes de 20 à 50 ans Autres groupes
– Prostatite chronique bénigne souvent présente chez Hommes âgés atteints d’hyperplasie bénigne de
les hommes de plus de 50 ans la prostate
– Fréquente chez les clients âgés et chez ceux qui
ont des sondes à demeure Demandez au client s’il a noté un changement
quelconque dans ses symptômes, si petit soit-il. Si les
OBSERVATIONS symptômes se sont aggravés, traitez comme une cystite
(voir ci-dessous); sinon, répétez l’analyse d’urine (analyse
Normales.
courante et microscopie, culture et antibiogramme).
RÉSULTATS DES ANALYSES DE Clients cathétérisés
LABORATOIRE
Il faut consulter le médecin, qui pourra juger que
– Urine : claire l’affection n’a pas besoin d’être traitée. Une
– Bandelettes réactives : normales antibiothérapie ne ferait que favoriser la croissance
– Microscopie : bactéries évidentes de souches bactériennes résistantes.
– Culture : positive après 24-48 heures
Clients âgés
S’assurer que l’échantillon est convenablement
prélevé à mi-miction. Aucune antibiothérapie ne s’impose. Il suffira à ces
clients de prendre quelques mesures d’hygiène
TRAITEMENT élémentaires, comme d’augmenter leur apport en liquides,
de bien s’essuyer, de se laver régulièrement et d’utiliser
Objectifs une chaise d’aisance pour réduire le nombre de bactéries.
– Reconnaître l’importance de la bactériurie Femmes non enceintes en bonne santé
asymptomatique dans les différents sous-groupes
(femmes enceintes, immunodéprimés, personnes En l’absence d’antécédents de problèmes génito-urinaires
âgées). et de symptômes, il s’agit sans doute seulement d’une
– Éliminer les bactéries des voies génito-urinaires contamination. Répétez les analyses d’urine (analyse
chez les femmes enceintes. courante et microscopie, culture et antibiogramme).

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme 6–11

CYSTITE RÉSULTATS DES ANALYSES DE


LABORATOIRE
DÉFINITION – Urine : trouble, concentrée
– Bandelettes réactives : sang et protéines dans
Infection d’origine bactérienne de la vessie. l’urine, résultats positifs pour les nitrites
CAUSES – Microscopie sédimentaire : globules blancs,
globules rouges et présence possible de bactéries
– E. coli (micro-organisme le plus fréquent, dans 80
à 90 % des cas) DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Il peut aussi s’agir des bactéries suivantes : – Urétrite
Klebsiella, Pseudomonas, Streptococcus du – Vulvovaginite
groupe B et Proteus mirabilis – Calculs urinaires
Facteurs de risque – Tuberculose rénale
– Sexe féminin – MTS
– Mauvaise hygiène périnéale – Hyperplasie bénigne de la prostate
– Diabète sucré – Diabète sucré
– Manœuvre instrumentale touchant les voies – Prostatite chronique
urinaires (p. ex. sonde)
COMPLICATIONS
– Vessie neurogène (à cause d’un AVC ou de la
sclérose en plaques) – Infection ascendante (pyélonéphrite)
– Anomalie congénitale des voies génito-urinaires – Cystite chronique
– Calculs rénaux TESTS DIAGNOSTIQUES
– Tumeur
– Prélevez un échantillon d’urine pour analyse
– Rétrécissement de l’urètre
(analyse courante et microscopie, culture et
– Grossesse antibiogramme) seulement si le client a une
– Augmentation de l’activité sexuelle (chez la anomalie connue des voies génito-urinaires, si le
femme) diagnostic est incertain ou si la cliente est enceinte.
– Utilisation de spermicides, diaphragme Sinon, une antibiothérapie empirique suffit.
– Hypertrophie prostatique – Prélevez un échantillon d’urine pour culture et
– Immunosuppression (p. ex. infection à VIH) antibiogramme en cas d’absence de réponse au
traitement empirique ou de récidive moins d’un
SYMPTOMATOLOGIE mois après le traitement.
– Dysurie – Procédez à un écouvillonnage vaginal pour analyse
– Mictions fréquentes et peu abondantes (analyse courante et microscopie, culture et
– Urgence mictionnelle antibiogramme) au besoin.
– Gêne dans la région sus-pubienne – Procédez aux écouvillonnages appropriés pour
N. gonorrhoea et Chlamydia lorsque vous
Chez la femme, notez la présence d’écoulements soupçonnez une MTS.
vaginaux, de règles et l’utilisation d’un diaphragme.
– Vérifiez la glycémie si les symptômes évoquent un
Chez l’homme, notez la présence d’un écoulement diabète sucré.
urétral ou de symptômes évocateurs d’une
hyperplasie bénigne de la prostate.

OBSERVATIONS
– Température parfois élevée
– Sensibilité sus-pubienne légère ou modérée
– Hypertrophie possible de la prostate

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6–12 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme

TRAITEMENT Chez les hommes âgés atteints de cystite et chez les


Objectifs femmes souffrant d’une cystite compliquée,
(obstruction du col de la vessie, lésion de la moelle
– Atténuer les symptômes épinière, sonde urinaire à demeure), l’antibiothérapie
– Éliminer les bactéries de la vessie indiquée ci-dessus devra durer de 7 à 10 jours.
Interventions non pharmaceutiques Choix de médicaments de deuxième intention :
Éducation du client
ciprofloxacine (Cipro) (médicament de classe B),
– Donnez au client des conseils sur l’utilisation 500 mg PO bid pendant 7 à 10 jours
appropriée des médicaments (dose, fréquence,
norfloxacine (Noroxin) (médicament de classe B),
effets secondaires, nécessité de suivre le traitement 400 mg PO bid pendant 7 à 10 jours
au complet).
– Recommandez-lui de boire davantage (8 à Surveillance et suivi
10 verres par jour). – Si les symptômes ne se sont pas atténués dans les
– Enseignez au client les bonnes méthodes 72 heures ou s’ils s’aggravent en dépit du
d’hygiène périnéale (s’essuyer de l’avant vers traitement, le client doit revenir à la clinique pour
l’arrière) pour prévenir les récidives. une réévaluation.
– Recommandez la triple miction (soit une miction – Prévoyez un suivi à la fin du traitement et répétez
avant la relation sexuelle, une autre immédiatement les analyses d’urine et les cultures pour confirmer
après, puis, après ingestion d’un grand verre d’eau, la guérison de la cystite.
une nouvelle miction dans l’heure qui suit), si le
Orientation vers d’autres ressources
client est une femme sexuellement active souffrant
de cystites à répétition. Cette méthode permet médicales
d’expulser tous les micro-organismes qui peuvent Les clients souffrant de cystite chronique ou
entrer dans l’urètre pendant la relation sexuelle.
récurrente doivent être examinés par un médecin. Les
Interventions pharmacologiques hommes de 50 ans ou plus qui consultent pour la
première fois pour une infection confirmée des voies
Chez les femmes, la cystite sans complications peut
urinaires (culture positive) doivent également être
se traiter par une antibiothérapie de 3 ou 7 jours; chez adressés à un médecin pour une évaluation plus
les hommes, une antibiothérapie de 7 jours s’impose :
poussée.
sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra ou Bactrim
DS) (médicament de classe A), 1 comprimé PO
bid pendant 3 ou 7 jours
ou
nitrofurantoïne (Macrodantin) (médicament de
classe A), 100 mg PO bid pendant 3 ou 7 jours
ou
amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),
250-500 mg PO tid pendant 7 jours

Chez la femme enceinte, la cystite commande une


antibiothérapie de 7 jours :
amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),
250 à 500 mg PO tid pendant 7 jours
ou
nitrofurantoïne (Macrodantin) (médicament de
classe A), 100 mg PO bid pendant 7 jours

La nitrofurantoïne est contre-indiquée près du terme


de la grossesse ou durant le travail. Lorsque la cliente
est allergique à la pénicilline ou près du terme de sa
grossesse, contactez un médecin pour obtenir de
l’aide dans le choix d’un antibiotique.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme 6–13

PYÉLONÉPHRITE TRAITEMENT

Les infections précoces ou légères peuvent être


DÉFINITION traitées en consultation externe. Les infections
Infection rénale d’origine bactérienne. modérées ou graves commandent habituellement
l’hospitalisation.
CAUSES Objectifs
– E. coli (bactérie la plus fréquente) – Éliminer l’infection bactérienne
– Il peut aussi s’agir des bactéries suivantes : – Prévenir les complications
Enterobacter, Klebsiella, Pseudomonas et Proteus
(entre autres) Consultation
– Lorsque la pyélonéphrite ne guérit pas, il faut Infection modérée ou grave
envisager la tuberculose rénale.
– Consultez le médecin au sujet du choix
SYMPTOMATOLOGIE d’antibiotiques IV.
– Douleur au flanc – Dans l’impossibilité de consulter, amorcez une
antibiothérapie IV empirique.
– Fièvre, grands frissons
– Nausées et vomissements Traitement adjuvant
– Dysurie, fréquence et urgence possible des Infection modérée ou grave
mictions
– Douleur abdominale possible – Amorcez un traitement IV avec un soluté
physiologique.
OBSERVATIONS – Ajustez le débit de perfusion en fonction de l’âge
– Fièvre et des autres affections du client (p. ex. diabète
sucré, maladie cardiaque).
– Fréquence cardiaque parfois élevée
– Tension artérielle parfois légèrement élevée Interventions non pharmacologiques
– Le client semble moyennement ou très Infection bénigne
incommodé.
– Augmentez l’apport en liquides (à 8-10 verres par
– Légère sensation de malaise général dans
jour).
l’abdomen
– Gardez le patient alité jusqu’à atténuation des
– Douleur prononcée ou intense à la palpation
abdominale profonde du rein symptômes.
– Sensibilité prononcée ou intense de l’angle costo- Éducation du client
vertébral à la percussion (au-dessus du rein) – Donnez au client des conseils sur l’utilisation
appropriée des médicaments (dose, fréquence,
RÉSULTATS DES ANALYSES DE
nécessité de suivre le traitement au complet).
LABORATOIRE
– Enseignez au client les bonnes méthodes
– Urine : trouble, foncée ou contenant du sang d’hygiène pour prévenir le retour de l’infection.
– Bandelettes réactives : globules blancs, sang et
nitrates, présence possible de protéines
– Microscopie sédimentaire : globules blancs,
globules rouges, bactéries
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Pneumonie
– Cholécystite aiguë accompagnée de fièvre
– Appendicite
– Pancréatite aiguë
TESTS DIAGNOSTIQUES
– Prélevez un échantillon d’urine pour analyse
(analyse courante et microscopie, culture et
antibiogramme)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


6–14 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme

Interventions pharmacologiques Surveillance et suivi


Infection bénigne Infection bénigne
Les infections précoces ou légères peuvent être – Faites un suivi au bout de 2 à 3 jours pour évaluer
traitées en consultation externe. la réponse clinique au traitement.
– Au bout de 14 jours, répétez les analyses d’urine et
Antibiotiques par voie orale — utilisez l’un des
les cultures pour confirmer la guérison de
médicaments suivants pendant 10 à 14 jours :
l’infection.
sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra ou Bactrim
DS) (médicament de classe A), 2 comprimés PO
Infection modérée ou grave
bid – Surveillez la réponse au traitement, les signes
ou vitaux et le débit urinaire.
triméthoprime (Proloprim) (médicament de Orientation vers d’autres ressources
classe A), 100 mg PO bid ou 200 mg PO par jour médicales
ou
Infection modérée ou grave
amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),
1,0 g PO immédiatement puis 500 mg PO tid Procédez à l’évacuation médicale dans les plus brefs
délais.
Le traitement empirique par l’amoxicilline sera 20 %
moins efficace que le traitement par Septra à cause Les jeunes hommes qui consultent pour une
des souches résistantes de E. coli, mais ce pyélonéphrite pour la première fois et les clients
médicament constitue le meilleur choix en cas souffrant de pyélonéphrite à répétition doivent être
d’allergie aux sulfamides. adressés à un médecin pour un examen plus
approfondi.
Analgésiques et antipyrétiques :
acétaminophène (Tylenol) (médicament de
classe A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4
à6h

Infection modérée ou grave


Analgésiques et antipyrétiques :
acétaminophène (Tylenol) (médicament de
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
toutes les 4 à 6 h au besoin
Antiémétiques pour enrayer les nausées et
vomissements sévères :
diménhydrinate (Gravol) (médicament de classe A),
50 à 75 mg IM.
Antibiotiques :
Ampicilline (Novo-Ampicillin) (médicament de
classe D), 1,0 g IV, puis 1,0 g IV toutes les 4 à 6 h
Pour les clients allergiques à la pénicilline :
sulfaméthoxazole/triméthoprime (Septra DS)
(médicament de classe B), IV toutes les 12 h
Il faut accorder une attention particulière aux femmes
enceintes. Consultez le médecin.

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Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme 6–15

COLIQUE NÉPHRÉTIQUE (CALCULS) RÉSULTATS DES ANALYSES DE


LABORATOIRE
DÉFINITION – Urine : parfois normale mais peut contenir du sang
Douleur provoquée par la présence et le passage d’un DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
calcul dans l’urètre ou le bassinet (du rein). – Pyélonéphrite aiguë
– Cholécystite aiguë
CAUSES
– Abdomen aigu (cholécystite, appendicite, gastro-
– Prédisposition familiale à la formation de calculs entérite, diverticulite)
– Apport excessif en calcium dans le régime – Ulcère gastro-intestinal
alimentaire – Salpingite
– Déshydratation – Gastro-entérite
– Goutte (calculs uriques) – Péritonite
– Infections à répétition des voies urinaires – Pancréatite
– Résorption osseuse
– Immobilisation prolongée COMPLICATIONS
– Autres troubles génétiques (p. ex. calculs de – Infection à répétition des voies urinaires basses
cystine, erreur innée du métabolisme des acides – Hydronéphrose (occlusion rénale asymptomatique
aminés) risquant d’affaiblir la fonction rénale ou de
Facteurs de risque provoquer une insuffisance rénale)
– Pyélonéphrite
– Antécédents familiaux
– Septicémie
– Faible apport en liquides
– Diurétiques thiazidiques TESTS DIAGNOSTIQUES
– Maladie intestinale ou rénale
Prélevez un échantillon d’urine pour analyse (analyse
– Tumeur maligne courante et microscopie).
SYMPTOMATOLOGIE
TRAITEMENT
– Apparition soudaine de coliques intenses dans le
flanc ou l’abdomen Si les symptômes sont légers, que le client est fébrile
– La douleur peut irradier jusqu’au bas-ventre, à et que le diagnostic est clair, traitez en consultation
l’aine, aux lèvres de la vulve ou aux testicules. externe; si les symptômes sont sévères ou que le
– La localisation exacte de la douleur dépend de diagnostic est douteux, il faut consulter un médecin et
celle du calcul ou du degré d’obstruction. hospitaliser le client.
– Hématurie possible Objectifs
– Dysurie, urgence et fréquence possibles des
mictions – Soulager les symptômes.
– Nausées et vomissements souvent présents – Déceler les complications.
– Recueillir les calculs ou fragments de calcul.
OBSERVATIONS
Consultation
– Fièvre (en cas d’infection)
– Fréquence cardiaque parfois élevée Affection grave ou diagnostic douteux
– Tension artérielle parfois élevée Consultez un médecin dans les plus brefs délais.
– Le client semble extrêmement souffrant.
– Le client est pâle et transpire. Interventions non pharmacologiques
– Le client est agité et est incapable de trouver une Affection bénigne
position confortable.
– Son abdomen est parfois distendu. – Incitez le patient à boire davantage.
– Sensibilité de l’angle costo-vertébral et de – Filtrez l’urine pour prélever des calculs.
l’abdomen Affection grave ou diagnostic douteux
– Diminution possible des bruits intestinaux (iléus – Le client doit garder le lit
réflexe)
– N’administrez rien par voie orale si le client vomit.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


6–16 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme

Traitement adjuvant INCONTINENCE URINAIRE


Affection grave ou diagnostic douteux
DÉFINITION
– Amorcez un traitement IV avec un soluté
physiologique. Perte involontaire d’urine.
– Ajustez le débit de perfusion en fonction de la
gravité des vomissements, de l’équilibre hydrique, CAUSES
de l’âge du client et des problèmes médicaux
Incontinence par regorgement
préexistants.
– Il est généralement souhaitable d’augmenter la Perte d’urine attribuable à une distension excessive
quantité de liquides de façon à favoriser de la vessie, généralement causée par l’obstruction du
l’élimination des calculs (le client doit absorber col vésical (p. ex. hypertrophie de la prostate,
suffisamment de liquides pour obtenir un débit fécalome) ou une maladie neurologique
urinaire de 100 à 200 ml/h). (p. ex. sclérose en plaques).
Interventions pharmacologiques Incontinence d’effort
Affection bénigne Perte d’urine attribuable à une augmentation de la
pression intra-abdominale (p. ex. toux, exercice). Ce
Pour soulager la douleur :
type d’incontinence, plus courant chez la femme, est
o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou causé avant tout par une insuffisance du tonus
o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés pelvien (par exemple, à cause de multiples
PO toutes les 4 h au besoin (maximum accouchements par voie vaginale ou d’une carence
15 comprimés) postménopausique en œstrogènes).
Affection grave ou diagnostic douteux Incontinence d’urgence
Analgésiques : Perte d’urine attribuable à une incapacité de retarder
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D), la miction au moment où l’envie d’uriner est
50-100 mg IM. ressentie. Au nombre de ses causes, mentionnons
l’hyperactivité ou l’instabilité de la paroi de la vessie,
Antiémétiques pour les nausées et les vomissements : certains troubles du système nerveux central (p. ex. la
diménhydrinate (Gravol) (médicament de classe A), maladie de Parkinson) et l’irritabilité de la vessie
50-75 mg IM toutes les 4 à 6 h au besoin attribuable à une infection, à des calculs, à des
diverticules ou à une tumeur.
Surveillance et suivi
Incontinence fonctionnelle
Affection grave ou diagnostic douteux
Perte d’urine attribuable à l’incapacité d’utiliser les
– Surveillez le débit urinaire. toilettes pour différentes raisons, dont des troubles
– Filtrez l’urine pour recueillir les calculs. liés à l’âge (p. ex. la perte de mobilité, l’incapacité
– Envoyez tout calcul au laboratoire pour analyse. cognitive), l’intoxication par l’alcool ou les
– Le client peut être renvoyé à la maison une fois médicaments (p. ex. des diurétiques, des sédatifs) et
maîtrisées la douleur et les nausées. le diabète sucré (vessie neurogène).
– Dites au client de filtrer toute son urine pour
recueillir les calculs, et de garder tous les calculs
ainsi recueillis.
– Faites un suivi de 12 à 24 heures après le congé de
l’hôpital.
Orientation vers d’autres ressources
médicales

Affection grave ou diagnostic douteux


Procédez à une évacuation médicale si la douleur ou
la fièvre persistent.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme 6–17

SYMPTOMATOLOGIE COMPLICATIONS
– Perte du contrôle vésical – Irritation
– L’importance de l’écoulement d’urine varie selon – Nécrose cutanée et ulcération de l’épiderme dans
les individus et les causes. la région génitale
– Faites préciser le degré de difficulté à maintenir la – Gêne sur le plan social
continence. – Problèmes sociaux et psychologiques
– Déterminez quand et comment surviennent les
fuites. TESTS DIAGNOSTIQUES
– Déterminez les troubles du transit, le nombre de – Prélevez un échantillon d’urine (analyse courante
grossesses et d’accouchements par voie vaginale, et microscopie, culture et antibiogramme) pour
les symptômes postménopausiques, les déficits détecter une cystite.
neurologiques. – Faites une formule sanguine complète et mesurez
– Examinez la médication. la créatinine et les électrolytes pour vérifier la
– En cas d’infection, présence de symptômes fonction rénale.
accompagnant la cystite. – Mesurez la glycémie pour éliminer l’éventualité du
Chez la femme, l’incontinence est souvent associée à diabète.
la toux, aux éternuements, au rire, à l’ascension TRAITEMENT
d’escaliers, à l’exercice (incontinence d’effort).
Les soins à prodiguer dépendent des causes
Chez les hommes, les fuites sont habituellement
associées à d’autres symptômes d’obstruction du col identifiées et du traitement correspondant.
de la vessie (voir la section « Hyperplasie bénigne de Objectifs
la prostate » ci-dessus dans le présent chapitre).
– Atténuer les symptômes urinaires.
Les personnes âgées qui deviennent subitement – Accroître la capacité fonctionnelle de la vessie.
incontinentes peuvent souffrir d’un début d’infection
Interventions non pharmacologiques
des voies urinaires ou encore d’une maladie ou d’une
infection intercurrente affectant d’autres parties de Il faut mettre à l’essai les mesures élémentaires
leur organisme. suivantes.
Lorsqu’on soupçonne la présence de diabète, il faut Incontinence d’effort
demander si le client a déjà souffert de polyurie, de
polydipsie, de polyphagie, de perte de poids, de – Montrez à la cliente comment faire les exercices
cystites ou de vaginites à répétition. de Kegel, qui renforcent les structures périnéales et
les muscles pelviens; conseillez-lui de répéter
OBSERVATIONS chaque exercice de 10 à 15 fois, trois à quatre fois
par jour.
Les symptômes observés dépendent des causes. Il – Incitez la cliente à perdre du poids au besoin, de
convient d’examiner à fond le système génito- façon à atténuer les symptômes.
urinaire, l’abdomen et le rectum ainsi que le système – Incitez la cliente à uriner fréquemment, à bien
neurologique.
vider sa vessie, à uriner avant les activités qui
– Recherchez une distension possible de la vessie. demandent un effort, et à utiliser des serviettes
– Évaluez la prostate, le tonus du sphincter anal, la hygiéniques pour se garder au sec.
paroi rectale, la quantité de selles présente dans le – Incitez la cliente à acquérir de bonnes habitudes
rectum. d’élimination des selles pour réduire l’effort à la
– Recherchez la présence d’une atrophie du vagin ou défécation.
de l’urètre, d’un relâchement du plancher pelvien, Une légère incontinence urinaire à l’effort peut être
de masses pelviennes. physiologique et n’est pas forcément anormale.
– Évaluez les réflexes des tendons profonds et la
sensibilité périnéale.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Voir la section « Causes » ci-dessus.

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6–18 Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme

Incontinence nocturne – Pour une instabilité du muscle détrusor : Ditropan,


– Conseillez au client de limiter sa consommation de Uripas, Tofranil
liquides le soir. – Pour un sphincter incompétent : Ornade, Tofranil
– Conseillez-lui de prendre les diurétiques au début – Pour une incontinence par regorgement attribuable
de la soirée. à une vessie atone : Urecholine
– Suggérez-lui de se munir, si possible, d’une chaise – Pour une incontinence par regorgement attribuable
d’aisance ou d’un condom collecteur d’urine. à une hypertrophie de la prostate : Minipres,
Proscar
Incontinence chronique diurne et nocturne
Chez les clients âgés, évaluez les conditions de vie (à
– Conseillez au client d’uriner régulièrement dans la la recherche de tout changement récent), l’état mental
chaise d’aisance. (pour déceler des changements récents ou une
– Suggérez-lui d’utiliser des couches pour adultes ou confusion), l’état de santé général (pour identifier
un condom collecteur d’urine pour se garder au toute maladie concomitante et si le client a
sec. physiquement de la difficulté à aller aux toilettes).
– Montrez-lui, ainsi qu’à ses proches, comment
prendre soin de son épiderme pour éviter les Si le client a la vessie distendue, consultez la section
nécroses cutanées et les infections. « Rétention urinaire aiguë » ci-dessous.

On a parfois recours aux médicaments comme Soulagez le fécalome par fragmentation digitale ou
traitement adjuvant à ces mesures non par lavement à l’eau (voir la section « Constipation »
pharmacologiques. Ces médicaments ne doivent être du chapitre 5, « Appareil digestif »).
utilisés qu’après avoir diagnostiqué clairement le Orientation vers d’autres ressources
type d’incontinence. (voir la section « Causes » ci- médicales
dessus) et ils doivent être prescrits par un médecin.
Voici quelques exemples : On peut adresser le client à un médecin pour une
évaluation si ces mesures ne permettent pas
d’atténuer les symptômes.

URGENCES UROLOGIQUES ET GÉNITALES CHEZ L’HOMME

TORSION TESTICULAIRE OBSERVATIONS


– Température habituellement normale
DÉFINITION – Fréquence cardiaque élevée
– Tension artérielle légèrement élevée (à cause de la
Torsion du cordon spermatique et du testicule, qui
douleur)
gène l’irrigation sanguine de ces organes et provoque
une douleur ischémique. – Le client éprouve une douleur aiguë.
– Le client est penché vers l’avant ou incapable de
CAUSES marcher.
– Enflure unilatérale et rougeur du scrotum
– La torsion est habituellement spontanée et
idiopathique. – Testicule extrêmement sensible, possiblement chaud
– Anomalie anatomique (génétique) prédisposante – Testicule œdématié et plus haut que prévu dans le
scrotum (rétracté)
– Parfois provoquée par un traumatisme inguinal
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
SYMPTOMATOLOGIE
– Apparition soudaine d’une douleur intense, – Épididymite
constante, unilatérale dans le scrotum, l’aine ou le – Orchite
bas -ventre – Traumatisme
– Douleur aggravée à l’élévation du scrotum – Hernie inguinale irréductible ou étranglée
– Douleur non atténuée en position allongée – Torsion du pédicule spermatique
– Nausées et vomissements possibles – Varicocèle aiguë
– Survient généralement chez les adolescents et les – Tumeur du testicule
jeunes adultes de sexe masculin. – Abcès scrotal

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil urinaire et appareil reproducteur de l’homme 6–19

COMPLICATIONS RÉTENTION URINAIRE AIGUË


– Atrophie testiculaire
– Spermatogenèse anormale DÉFINITION
– Infertilité Accumulation d’urine dans la vessie attribuable à une
TESTS DIAGNOSTIQUES incapacité d’uriner.

Aucun CAUSES

TRAITEMENT – Tout processus qui accroît la résistance du col


vésical ou diminue la contractilité de la vessie
Objectifs – Hyperplasie bénigne de la prostate
– Soulager la douleur – Effets secondaires de médicaments
– Prévenir les complications – Fécalome
– Cancer de la prostate
Consultation
– Prostatite aiguë
Consultez un médecin immédiatement. Il s’agit d’une – Vessie neurogène
urgence chirurgicale. – Calcul ou rétrécissement de l’urètre
Interventions non pharmacologiques – Pincement des nerfs sacrés par un disque vertébral
saillant
– N’administrez rien par voie orale. – Lésion de la moelle épinière
– Alitez le patient.
SYMPTOMATOLOGIE
Traitement adjuvant
– Envie pressante, mais incapacité d’uriner
– Amorcez un traitement IV avec un soluté
physiologique – Sensation de plénitude et douleur sus-pubiennes
– Réglez le débit de perfusion en fonction de l’âge et – Évaluez les habitudes urinaires antérieures
de l’équilibre hydrique du client. (miction hésitante, fuites, fréquence diurne,
nycturie)
Interventions pharmacologiques – Évaluez les habitudes d’élimination, établissez le
Analgésiques : moment de la dernière défécation et informez-vous
de la consistance des selles.
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
50-100 mg IM Examinez la médication en notant tout médicament
susceptible de prédisposer le sujet à la rétention
Examen par un médecin urinaire aiguë (consommation d’alcool excessive,
usage de sédatifs, de décongestionnants en vente
Procédez à l’évacuation médicale dans les plus brefs
libre, d’anticholinergiques, d’antipsychotiques et
délais. Il s’agit d’une urgence chirurgicale.
d’antidépresseurs).
Dans les cas de vessie neurogène, les symptômes de
douleur, de plénitude et d’urgence sont parfois
absents. Toutefois, on note parfois des fuites de
petites quantités d’urine (fuites par regorgement).

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


6–20 Appareil urinaire et appareil génital masculin

OBSERVATIONS Interventions non pharmacologiques


– Pouls parfois élevé – Demandez au client de s’asseoir dans une
– Le client peut sembler moyennement ou baignoire remplie d’eau tiède et d’uriner dans
extrêmement incommodé (mais il peut n’y avoir l’eau. S’il y arrive, faites un nouvel examen de la
aucun signe d’inconfort dans les cas de vessie vessie à la recherche d’une distension résiduelle.
neurogène). Si la vessie est toujours distendue, la mise en place
– Le client est parfois agité et en sueurs. d’une sonde s’impose (à moins de contre -
– On note parfois une distension de la vessie à indications). Utilisez la méthode suivante :
l’inspection de l’abdomen. – Utilisez une sonde de Foley (18 French chez les
– Distension et sensibilité possibles de la vessie au- hommes, 16 French chez les femmes).
dessus de la symphyse pubienne, s’étendant – En cas d’hyperplasie bénigne de la prostate chez
souvent jusqu’au nombril (la vessie neurogène est un client de sexe masculin, on peut essayer une
distendue mais pas sensible) sonde 16 si la sonde plus grosse ne convient pas.
– Toucher rectal : présence possible d’un fécalome, – Insérez la sonde et décompressez la vessie
d’une prostate hypertrophiée, d’une prostate dure lentement.
ou présentant des nodules, d’un affaiblissement du
– Prélevez 200 ml d’urine, puis clampez la sonde
tonus anal ou d’une absence de sensibilité pendant 30 minutes.
périnéale
– Prélevez lentement entre 50 et 75 ml d’urine toutes
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL les 20 minutes jusqu’à ce que la vessie soit vide.
– Laissez la sonde en place après la décompression.
Voir la section « Causes » plus haut.
Si la rétention est due à une prostatite aiguë,
COMPLICATIONS n’insérez pas de sonde, sauf en cas d’absolue
– Diminution de la fonction rénale nécessité, car il y a risque de bactériémie. De même,
n’insérez pas de sonde si le bassin est fracturé. Ne
– Diurèse postocclusive
tentez pas d’introduire une sonde plus de trois fois de
– Insuffisance rénale suite.
– Infection provoquée par l’urine stagnante
Surveillance et suivi
TESTS DIAGNOSTIQUES
Surveillez attentivement le débit urinaire horaire de
Aucun façon à déceler tout signe de diurèse postocclusive,
une complication qui survient après le déblocage de
TRAITEMENT l’occlusion et qui est causée par une défaillance
temporaire de la fonction rénale.
Objectifs
– Déterminer la cause sous-jacente La diurèse disparaît généralement spontanément. On
– Atténuer la distension de la vessie pourra l’enrayer en laissant le client boire autant qu’il
en a envie, mais il faudra peut-être l’hydrater par IV
Consultation pour assurer le maintien de l’équilibre hydrique.
Consultez un médecin. Orientation vers d’autres ressources
médicales
Procédez à une évacuation médicale dans les plus
brefs délais, car l’hospitalisation s’impose.

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CHAPITRE 7 – APPAREIL LOCOMOTEUR

Table des matières



ÉVALUATION DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR .......................................... 7–1
Anamnèse et examen physique ....................................................... 7–1
Examen de l’appareil locomoteur ..................................................... 7–2
Diagnostic différentiel des symptômes
musculo-squelettiques dominants .................................................... 7–3
AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR .................... 7–5
Douleur cervicale ............................................................................ 7–5
Capsulite rétractile (épaule gelée), tendinite et bursite....................... 7–8
Syndrome de la coiffe des rotateurs ................................................. 7–9
Lésions acromio-claviculaires ........................................................ 7–11
Luxation gléno-humérale............................................................... 7–12
Épicondylite latérale (tennis elbow) ................................................ 7–13
Syndrome du canal carpien ........................................................... 7–14
Blessure du genou ........................................................................ 7–15
Entorse de la cheville.................................................................... 7–17
Lombalgies................................................................................... 7–19
Lumbago et sciatique .................................................................... 7–20
Goutte.......................................................................................... 7–22
Arthrose (arthropathie chronique dégénérative) .............................. 7–24
Polyarthrite rhumatoïde ................................................................. 7–26
URGENCES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR ........................................... 7–28
Arthrite septique ........................................................................... 7–28
Ostéomyélite ................................................................................ 7–29
Fractures des membres ................................................................ 7–30
Fracture de la clavicule ................................................................. 7–33

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7–1

ÉVALUATION DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR


ANAMNÈSE ET EXAMEN PHYSIQUE ÉVALUATION FONCTIONNELLE
Notez toute lacune dans les soins personnels :
GÉNÉRALITÉS hygiène, habillement, élimination, soins du corps,
Chaque symptôme doit être noté et examiné en mobilité, utilisation d’aides à la mobilité.
fonction des caractéristiques suivantes :
ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (APPAREIL
– Apparition (soudaine ou graduelle) LOCOMOTEUR)
– Évolution dans le temps
– Traumatismes antérieurs (p. ex. aux os, aux
– Situation actuelle (amélioration ou aggravation) articulations, aux ligaments)
– Localisation – Arthrite (polyarthrite rhumatoïde, arthrose)
– Irradiation – Diabète sucré (associé à un risque accru de
– Qualité syndrome du canal carpien)
– Fréquence et durée – Hypothyroïdie (associée à un risque accru de
– Sévérité syndrome du canal carpien)
– Facteurs déclenchants et aggravants – Immobilisation récente d’un membre
– Facteurs de soulagement – Médication (p. ex. corticostéroïdes)
– Symptômes associés – Allergies
– Répercussions sur les activités quotidiennes – Obésité
– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant – Ostéoporose
– Traitements antérieurs – Cancer
– Efficacité des traitements antérieurs – Ménopause
SYMPTÔMES DOMINANTS – Déficit immunitaire (infection récente)

En plus des caractéristiques générales décrites plus haut, ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (APPAREIL
il faut explorer les symptômes spécifiques suivants. LOCOMOTEUR)
– Polyarthrite rhumatoïde
Os et articulations
– Diabète sucré
– Douleur, tuméfaction, rougeur, chaleur, raideur – Hypothyroïdie (associée à un risque accru de
– Moment de la journée où ces symptômes sont le syndrome du canal carpien)
plus incommodants – Ostéoporose
– Rapport des symptômes avec certains mouvements – Cancer (des os)
– Limitation des mouvements
– Déformations ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX
– Signes extra-articulaires : urétrite, éruptions (APPAREIL LOCOMOTEUR)
pustuleuses, tophi, nodules – Absentéisme au travail ou à l’école (plusieurs
– Traumatisme : obtenez une description précise des jours)
circonstances dans lesquelles le traumatisme s’est – Risques professionnels (métier comportant des
produit (mécanisme de la blessure). mouvements articulaires répétés, p. ex. flexion des
Muscles genoux, extension)
– Activités sportives (en particulier les sports de
– Douleur contact)
– Faiblesse – Comportements à risque de blessures
– Atrophie (p. ex. motoneige, planche à roulettes, utilisation
– Blessures et traitements antérieurs de drogues injectables, abus d’alcool [notamment
Manifestations neurovasculaires conduite avec facultés affaiblies])
– Apport en calcium
– Paresthésie
– Tabagisme
– Parésie
– Habitudes en matière d’exercice
– Paralysie

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7–2 Appareil locomoteur

EXAMEN DE L’APPAREIL Palpation des articulations


LOCOMOTEUR Palpez chaque articulation (peau, muscles, os et
capsule articulaire) à la recherche des signes
Le but de l’examen de l’appareil locomoteur est suivants :
d’évaluer le fonctionnement et l’exécution des activités
de la vie quotidienne, et de noter les anomalies. Chez – Chaleur
la plupart des gens, un examen de dépistage suffit. – Tuméfaction
– Sensibilité
Bien que l’on aborde l’appareil locomoteur et le – Nodules, masses
système nerveux séparément dans ce guide (voir le
– Crépitation
chapitre 8, « Système nerveux central »), en clinique,
on les examine habituellement en même temps. – Instabilité ligamentaire
Amplitude des mouvements
GÉNÉRALITÉS
Demandez au client de vous démontrer l’amplitude
– État de santé apparent de ses mouvements (mobilisation active) pendant que
– Confort ou détresse apparente vous immobilisez la partie du corps située la plus
– Teint (rouge, pâle) près de l’articulation sollicitée. Si vous observez une
– État nutritionnel (obésité, maigreur) limitation, essayez de faire bouger vous-même
– Concordance entre l’âge apparent et l’âge déclaré délicatement l’articulation (mobilisation passive).

EXAMEN GÉNÉRAL DE L’APPAREIL Normalement, l’amplitude devrait être la même pour


LOCOMOTEUR les mouvements actifs et passifs.

Faites marcher le client dans la salle d’examen; Évaluation des muscles


observez sa démarche, sa posture et le recours à des – Vérifiez la force des principaux groupes
aides. Évaluez sa capacité d’effectuer les activités de musculaires (fléchisseurs et extenseurs) de chaque
la vie quotidienne (p. ex. s’asseoir, rester debout, articulation.
marcher, s’habiller).
– La force musculaire devrait être égale des deux
Examinez les articulations dans l’ordre suivant, en côtés du corps et offrir une résistance complète à
comparant les deux côtés du corps. votre poussée en sens contraire.
– La force musculaire varie énormément d’une
– Articulation temporo-mandibulaire personne à l’autre.
– Rachis cervical
– Épaules Stabilité des ligaments autour des
articulations
– Coudes
– Poignets et mains – Déterminez la stabilité des ligaments latéraux de la
cheville.
– Hanches
– Genoux – Déterminez la stabilité des ligaments latéraux et
croisés des genoux.
– Chevilles et pieds
– Rachis lombaire État neurovasculaire
Inspection des articulations Inspectez les membres à la recherche des
caractéristiques suivantes :
– Symétrie de structure e t de fonction
– Observez l’alignement, la taille (masse musculaire, – Sensibilité
augmentation du volume osseux) et le contour de – Pouls
l’articulation. – Parésie
– Inspectez la peau et les tissus aux articulations : – Paralysie
couleur, tuméfaction, éruptions, masses ou
déformations. Cette partie de l’examen est particulièrement
importante lorsque le client a subi un traumatisme.
Le tableau 1 présente les symptômes associés aux
différents types de lésions musculo-squelettiques.

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Appareil locomoteur 7–3

Tableau 1 : Symptômes de lésions musculo-squelettiques


Symptôme Fracture Luxation Entorse (ligamentaire) Entorse (musculaire)
Douleur Aiguë Modérée-aiguë Légère-modérée Légère-modérée
Tuméfaction Modérée-prononcée Légère Légère-prononcée Légère-modérée
Contusions Légères-sévères Légères-sévères Légères-sévères Légères-sévères
Déformation Variable Prononcée Aucune Aucune
Fonction Perte de fonction Perte de fonction Limitée Limitée
Sensibilité Aiguë Modérée-aiguë Modérée Modérée
Crépitation Présentes Absentes Absentes Absentes

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DES


SYMPTÔMES MUSCULO-
SQUELETTIQUES DOMINANTS

CAUSES DE LA DOULEUR ARTICULAIRE Origine non inflammatoire

Origine inflammatoire – Arthrose


– Tendinite
– Ténosynovite – Lupus érythémateux disséminé
– Polyarthrite rhumatoïde – Arthropathie métabolique
– Polyarthrite virale (p. ex. hépatite B, virus Epstein - – Tumeurs
Barr)
– Anomalies mécaniques (p. ex. érosion du cartilage
– Arthrite septique (p. ex. Staphylococcus aureus, et des os)
streptocoques)
– Dyscrasie
– Maladie autoimmune (p. ex. pseudopolyarthrite
rhizomélique) – Anémie falciforme
– Rhumatisme articulaire aigu – Arthropathie neurogène
– Arthrite à complexe immun (p. ex. VIH) CAUSES DE LA DOULEUR CERVICALE
– Polyarthrite associée à des maladies générales
(p. ex. lupus érythémateux disséminé, maladie de Les causes de la douleur cervicale sont présentées au
Lyme, syphilis, endocardite bactérienne) tableau 2.

Tableau 2 : Causes de la douleur cervicale et des troubles du rachis cervical


Origine biomécanique Douleur projetée Origine rhumatologique Origine néoplasique
Entorse cervicale Syndrome du défilé thoracique Polyarthrite rhumatoïde Ostéoblastome
Hernie discale Tumeur de Pancoast Spondylite ankylosante Ostéochondrome
Spondylose Œsophagite Rhumatisme psoriasique Tumeur à cellules géantes
Myélopathie Angine Syndrome de Fiessinger- Hémangiome
Dissection vasculaire Leroy-Reiter Métastases
Origine infectieuse Myélopathie Myélome multiple
Origine neurologique Arthrite entéropathique
Ostéomyélite Chondrosarcome
Pseudopolyarthrite
Discite Plexite brachiale Chordome
rhizomélique
Méningite Pincement périphérique Gliome
Fibromyalgie
Zona Neuropathies Syringomyélie
Douleurs myoaponévrotiques
Maladie de Lyme Syndrome algodystrophique Neurofibrome
Hyperostose diffuse
idiopathique du squelette
Maladie microcristalline Origines diverses
Maladie de Paget
Sarcoïdose

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7–4 Appareil locomoteur

CAUSES DE LA DOULEUR À L’ÉPAULE CAUSES DE LOMBALGIES


Troubles intrinsèques Troubles mécaniques du rachis lombaire
– Arthrose gléno-humérale – Entorse sacro-lombaire
– Arthrose acromio -claviculaire – Discopathie dégénérative
– Arthrite septique – Syndrome des facettes articulaires
– Polyarthrite rhumatoïde – Spondylolisthésis
– Goutte – Hernie discale
– Coincement de la coiffe des rotateurs – Sténose du canal rachidien
– Rupture de la coiffe des rotateurs – Ostéoporose
– Tendinite du biceps – Fracture
– Rupture du tendon du biceps – Spondylolyse
– Tendinite calcifiante – Cyphose grave
– Capsulite rétractile – Scoliose grave
– Lésion traumatique des structures osseuses Maladies non mécaniques de la colonne
(p. ex. clavicule, articulation acromio-claviculaire,
articulation gléno-humérale) – Néoplasie (p. ex. myélome multiple, lymphome,
tumeur de la moelle épinière, carcinome
Troubles extrinsèques (douleur projetée) métastatique)
– Troubles du rachis cervical – Infection (p. ex. ostéomyélite, infection septique
– Neuropathie du plexus brachial du disque, abcès épidural)
– Douleurs myoaponévrotiques – Arthrite inflammatoire
– Syndrome du défilé thoracique – Spondylite ankylosante
– Irritation diaphragmatique – Spondylite psoriasique
– Maladie néoplasique – Maladie de Paget (tuberculose de la colonne
– Ischémie myocardique vertébrale)
Douleur projetée d’une maladie viscérale
La douleur de l’épaule peut provenir des structures
osseuses de l’articulation ou des muscles, ligaments – Prostatite
et tendons qui la soutiennent. La plupart des – Endométriose
problèmes d’épaules sont attribuables au surmenage – Infection génitale haute chronique
et à des traumatismes. – Calculs rénaux
– Pyélonéphrite
– Anévrisme de l’aorte
– Pancréatite
– Cholécystite
– Ulcère gastro-duodénal pénétrant

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Appareil locomoteur 7–5

AFFECTIONS COURANTES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

DOULEUR CERVICALE La douleur neuropathique est en général décrite


comme une douleur vive, constante ou une sensation
de brûlure, et concorde habituellement avec le
DÉFINITION
territoire du segment nerveux affecté. Les
Dans le cadre des soins primaires, on doit souvent mouvements qui étirent le nerf ou les racines
traiter une douleur au cou aiguë et chronique. Cette nerveuses touchées augmentent la douleur. Celle-ci
douleur a de nombreuses causes, mais elle est le plus s’accompagne souvent de troubles sensori-moteurs
souvent causée par des troubles biomécaniques. comme l’hyperesthésie, la paresthésie, l’hypalgésie et
une diminution de la force musculaire. Une hernie
Quoique rares, les maladies touchant le rachis discale accompagnée de douleur radiculaire est un
cervical sont d’importantes causes de douleur; exemple de maladie neuropathique.
certains signes et symptômes permettent de mieux
identifier les états pathologiques graves. Un CAUSES
traitement non chirurgical permet d’améliorer l’état
de la plupart des clients en moins de 3 mois; environ Troubles biomécaniques
10 % des clients seulement ont besoin d’une
intervention chirurgicale. Les causes les plus fréquentes de douleur du cou sont
les troubles biomécaniques découlant d’un
TYPES surmenage, d’un traumatisme ou d’une déformation.
En général, ces troubles sont caractérisés en reliant
Douleurs myoaponévrotiques l’exacerbation ou l’atténuation des symptômes à
certaines activités physiques.
Les douleurs myoaponévrotiques sont le type le plus
courant de douleur aiguë et chronique du cou. Le La plupart des troubles biomécaniques de la colonne
trapèze supérieur et l’angulaire de l’omoplate sont les cervicale ont une histoire naturelle d’amélioration.
muscles les plus souvent intéressés par les douleurs Chez 50 % des patients, la douleur s’estompe après 2
myoaponévrotiques du cou, de la tête et du haut du dos. à 4 semaines; 80 % des clients ne présentent plus de
La douleur, souvent décrite comme sourde, constante ou symptômes après 2 ou 3 mois.
à type de brûlure, irradie depuis des points déclencheurs.
Parmi les causes des troubles biomécaniques figurent
Un point gâchette myoaponévrotique est un point hyper-
l’entorse cervicale, la hernie discale, la spondylose et
irritable au sein d’une bande tendue de muscle
la myélopathie.
squelettique ou d’une aponévrose musculaire qui est
sensible à la pression et présente un profil Problèmes biomécaniques du cou sans
caractéristique de douleur et de sensibilité projetées ainsi compression nerveuse
que des symptômes autonomes, comme des
picotements, des étourdissements et la chair de poule. Les clients qui éprouvent une douleur circonscrite à
Chaque muscle ayant des points gâchettes actifs la région cervicale, aux trapèzes et aux épaules
présente son propre profil caractéristique, prévisible et peuvent souffrir de nombreuses affections, dont les
reproductible, de douleur projetée et de symptômes plus fréquentes sont l’entorse cervicale et le coup de
autonomes. fouet cervical (whiplash) (tableau 3).
Douleur neuropathique
Les maladies et lésions du cou intéressent
habituellement les nerfs ou les racines nerveuses
situés le long de l’apophyse transverse ou de la
région paravertébrale de la moelle épinière. Elles
provoquent une douleur neuropathique ressentie dans
la région occipitale, le dos, l’oreille postérieure (y
compris le lobe) et le cou antérieur.
Des antécédents de traumatisme grave, de
cervicarthrite, de hernie discale ou de zona, et la
présence d’une douleur névralgique et de troubles
sensoriels caractéristiques doivent évoquer un
processus neuropathique.

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7–6 Appareil locomoteur

Problèmes biomécaniques du cou avec La localisation, la durée et la taille des lésions


compression médullaire influent sur la sévérité et la distribution des
symptômes. La compression est habituellement
Le principal type de problème biomécanique cervical
causée par une combinaison d’ostéophyte et de
avec compression médullaire est la myélopathie
discopathie dégénérative. Les symptômes, qui
cervicale. Cette affection est due à la compression de
touchent parfois tous les membres, peuvent inclure la
la moelle épinière ou des racines nerveuses dans le
difficulté de marcher et l’incontinence urinaire ou
canal rachidien (tableau 4). Seulement le tiers des fécale.
clients touchés signalent une douleur dans le cou.
Bien que la myélopathie cervicale soit rare, une de Le tableau clinique le plus fréquent est la douleur au
ses formes, la spondylo-myélopathie, est la cause la bras et une dysfonction de la jambe. Les clients âgés
plus fréquente de dysfonction médullaire chez les décrivent parfois une raideur de la jambe, une
personnes âgées de plus de 55 ans. instabilité du pied et la peur de tomber. Au nombre
des signes courants figurent la faiblesse des
membres, la spasticité, les fasciculations,
l’hyperréflexivité tendineuse, le clonus et le signe de
Babinski dans les membres inférieurs

Tableau 3 : Relevé des antécédents et examen physique – troubles biomécaniques du cou sans compression nerveuse
Affection Symptomatologie Examen physique
Entorse Douleur dans la région moyenne ou inférieure de la Sensibilité locale des muscles paracervicaux,
cervicale nuque réduction de l'amplitude des mouvements, diminution
Douleur diffuse ou localisée des deux côtés de la de la lordose cervicale
colonne vertébrale Aucune anomalie observée à l'examen neurologique
ou à l'examen des épaules
Radiographie de la colonne normale ou indiquant une
diminution de lordose.
Coup de fouet Lésion des tissus mous due à une accélération- Douleur, contraction des muscles paracervicaux et
cervical décélération diminution de l'amplitude des mouvements
(whiplash)
Causes fréquentes : impact arrière lors d'un accident L'examen neurologique est souvent normal, mais la
d'automobile, chutes, accidents de plongée, autres radiographie peut mettre en évidence une diminution
blessures sportives de la lordose cervicale.
Les muscles paracervicaux sont étirés ou déchirés et Chez les clients gravement blessés, les lésions
les ganglions sympathiques sont parfois lésés, structurales identifiées à la radiographie commandent
provoquant un syndrome de Horner, des nausées, une stabilisation immédiate.
une raucité de la voix ou des étourdissements.
Les lésions des disques intervertébraux font suite à
des traumatismes graves.
Les premiers symptômes surviennent de 12 à
24 heures après le traumatisme.
Les clients ressentent une raideur et de la douleur au
mouvement; ils ont aussi parfois de la difficulté à
avaler ou à mastiquer.

Tableau 4 : Caractéristiques de la douleur radiculaire causée par la compression des racines nerveuses cervicales
Racine Siège de la douleur Siège de la perte Perte de la fonction Perte de réflexes
nerveuse sensorielle motrice
C5 Du cou à la face externe de Épaule Deltoïde Bicipital, stylo-radial
l'épaule et au bras
C6 De la face externe du bras Index et pouce Biceps Bicipital, stylo-radial
jusqu'au pouce et à l'index
C7 De la face externe du bras Index et majeur Triceps Tricipital
jusqu'au majeur
C8 De la face interne du bras Annulaire et auriculaire Muscles de la main Nulle
jusqu'à l'annulaire et à
l'auriculaire

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Appareil locomoteur 7–7

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DE LA Interventions pharmacologiques


DOULEUR CERVICALE
Les analgésiques anti-inflammatoires, comme les
Voir le tableau 2 de la section « Diagnostic anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), peuvent
différentiel des symptômes musculo-squelettiques atténuer la douleur et l’inflammation d’une atteinte
dominants » plus haut, dans le présent chapitre. localisée.

COMPLICATIONS ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),


200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid
– Atteinte nerveuse permanente accompagnée d’une
ou
compression radiculaire
– Douleur cervicale chronique naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C),
250 mg PO bid-tid pendant 2 semaines ou plus au
– Absentéisme au travail
besoin
– Invalidité (de longue durée)
Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS
TESTS DIAGNOSTIQUES (comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal).
Discutez avec un médecin avant de commander un Utiliser plutôt :
test quelconque.
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
TRAITEMENT A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin

Objectifs Surveillance et suivi

– Atténuer les symptômes. – Prévoyez un suivi après 1-2 jours, après 7 jours,
– Rétablir ou maintenir l’amplitude des puis toutes les 2 semaines par la suite, pour évaluer
mouvements. la réponse au traitement.
– Prévenir les complications. – Amorcez les exercices d’amplitude dans les
mouvements exempts de douleur après 2-3 jours
Consultation (en cas de blessure mineure).
Consultez un médecin dans les plus brefs délais en – Conseillez au client de commencer les exercices
cas de blessure grave (p. ex. traumatisme important) d’étirement et de renforcement dès qu’il aura
ou s’il y a douleur neuropathique associée et retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements.
modifications neurologiques. Pour toutes les autres Orientation vers d’autres ressources
blessures, administrez un traitement conservateur et médicales
assurez un suivi étroit.
La plupart des clients, notamment ceux qui souffrent
Interventions non pharmacologiques de radiculopathie cervicale, voient leur état
– Les clients ne présentant pas de maladie générale s’améliorer et peuvent reprendre leurs activités
doivent recevoir un traitement non chirurgical normales en moins de 2 mois. Ceux qui présentent
pendant 3 à 6 semaines. toujours des symptômes après 6 semaines de
– Dans certains cas, un massage avec glace pendant traitement non chirurgical doivent être adressés à un
12 à 14 minutes qid permet d’atténuer la douleur. médecin pour subir une évaluation.
– Dans d’autres cas, la chaleur peut diminuer la rigidité Il peut être utile de consulter un physiothérapeute par
musculaire et améliorer l’amplitude des mouvements. téléphone ou d’orienter le client vers cet intervenant
– On suggère d’utiliser un collet cervical et de limiter si cela peut se faire facilement.
les mouvements; l’immobilisation de courte durée
est utile, la nuit, si les mouvements risquent de
provoquer des douleurs durant le sommeil.
– Un bon traitement consiste à utiliser un collet
souple, qui soutient le cou sans l’étirer; son
utilisation doit cependant diminuer graduellement
à mesure que la douleur s’estompe.
Il faut limiter au minimum le recours au collet
cervical chez les clients souffrant d’une
hyperextension cervicale (coup du lapin), sauf dans
les cas de hernie discale, qui commandent une
immobilisation permanente pour limiter la douleur
radiculaire sur une plus longue période.

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7–8 Appareil locomoteur

CAPSULITE RÉTRACTILE (ÉPAULE Interventions non pharmacologiques


GELÉE), TENDINITE ET BURSITE Garder le membre blessé au repos
– Le client doit éviter les positions et les activités
DÉFINITION qui aggravent son état.
Capsulite rétractile : Raideur et douleur chroniques de – Le type et la durée du repos varient selon la
l’épaule survenant sans qu’il y ait lésion importante. sévérité des symptômes et le type de blessure ou de
trouble.
Tendinite et bursite : Inflammation d’un tendon ou – Dans le cas d’un membre supérieur : garder le bras
d’une bourse séreuse dans l’épaule. Le tendon sus - en écharpe pendant une brève période (2-3 jours)
épineux et le tendon long du biceps sont au cours de la phase aiguë, puis arrêter.
particulièrement vulnérables.
Appliquer de la glace ou des compresses
CAUSES froides pour atténuer la douleur et la
tuméfaction
Capsulite rétractile : Immobilisation prolongée soit
par suite du port prolongé d’une écharpe, soit par – Appliquer sur la région touchée pendant
12-14 minutes qid.
suite de la non-utilisation de l’articulation à cause
d’une douleur dans le bras. – Si les lésions aux tissus mous sont importantes,
appliquer toutes les 2 heures.
Tendinite et bursite : Surmenage, microtraumatismes – Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
dus à des mouvements répétés. persistent.
– La chaleur est contre-indiquée dans les cas de
ANTÉCÉDENTS ET OBSERVATIONS lésions importantes des tissus mous.
Capsulite rétractile : Douleur de l’épaule et – Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases aiguë
limitation des mouvements dans une ou plusieurs ou subaiguë du rétablissement.
directions, la douleur se manifestant aux limites des – On peut utiliser la chaleur pour traiter la raideur
mouvements. Les autres manifestations sont chronique et la tuméfaction.
relativement bénignes.
Interventions pharmacologiques
Tendinite et bursite : Douleur non spécifique de
Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
l’épaule. Dans le cas de la tendinite sus-épineuse, la douleur et la tuméfaction :
douleur est exacerbée lors de l’abduction et la
rotation externe de l’épaule contre résistance. Dans le ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
cas de la tendinite bicipitale, la douleur est exacerbée 200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid
par la flexion antérieure contre résistance. ou
naproxen (Naprosyne) (médicament de classe C),
TRAITEMENT 250 mg PO bid-tid pendant 2 semaines ou plus au
besoin
Objectifs
– Atténuer la douleur et l’inflammation. Ne pas uti liser en cas de contre-indication aux AINS
(comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal).
– Conserver la fonction de l’épaule.
Utiliser plutôt :
– Prévenir les complications.
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
La plupart des affections des tissus mous de l’épaule
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
peuvent être guéries par l’application de glace et le
repos pendant 5 à 7 jours (avec brève utilisation
d’une attelle pendant 2 à 3 jours).
La physiothérapie et la réadaptation sont extrêmement
importantes pour recouvrer et prévenir l’amplitude des
mouvements, la souplesse et la force nécessaires au
fonctionnement optimal de l’épaule.

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Appareil locomoteur 7–9

Surveillance et suivi SYNDROME DE LA COIFFE DES


– Prévoyez un suivi après 1-2 jours et après 14 jours. ROTATEURS
– Amorcez les exercices d’amplitude pour les
mouvements exempts de douleur après 2-3 jours DÉFINITION
(en cas de blessure mineure).
Douleur et diminution de fonction de l’épaule par suite
– Conseillez au client de commencer les exercices
d’une inflammation et d’un affaiblissement des muscles
d’étirement et de renforcement dès qu’il aura
de la coiffe des rotateurs. On distingue trois stades,
retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements.
décrits plus bas.
– Progression des exercices : mobilisation passive,
mobilisation active assistée, exercices isométriques, Les muscles de la coiffe des rotateurs sont le sus-
étirement actif, exercices finals d’étirement et de épineux, le sous-épineux, le petit rond et le sous-
renforcement. scapulaire, qui enveloppent tous l’omoplate.
– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs
petites séances, plutôt qu’en longues séances. CAUSES
– L’exercice doit être précédé d’une application de Stades 1 et 2 : Tendinite de la coiffe des rotateurs
chaleur humide pendant 10-15 minutes et suivi causée par un mouvement violent ou répétitif.
d’une application de glace pendant 12-14 minutes.
– Tout exercice qui provoque une douleur doit être Stade 3 : Déchirure traumatique complète du tendon
omis temporairement. sus-épineux.
– À mesure que s’amélioreront l’amplitude des
SYMPTOMATOLOGIE ET OBSERVATIONS
mouvements, la souplesse et la force, l’épaule
reprendra son fonctionnement normal. Stade 1 : Survient chez les sujets de 25 ans ou moins; la
Orientation vers d’autres ressources douleur se manifeste à la face antérieure de l’épaule et
médicales atteint un maximum lorsque le bras est élevé de 60 à
120°.
Adressez le client à un médecin si le traitement
conservateur n’apporte aucune amélioration après Stade 2 : Survient généralement chez les sujets de 25
4-6 semaines. à 40 ans qui ont connu de multiples épisodes
antérieurs; en plus de la douleur due à l’inflammation
Il est particulièrement important de diriger le client tendineuse de la coiffe des rotateurs, on note une
vers un physiothérapeute (si possible) dans les cas de certaine fibrose permanente, un épaississement ou
capsulite rétractile, car la meilleure façon de traiter une cicatrisation; la radiographie peut révéler la
cette affection est une physiothérapie prolongée et présence de dépôt calcaires dans la coiffe des
intensive. rotateurs.
Stade 3 : Survient habituellement chez les sujets de
plus de 40 ans; le client éprouve parfois un
craquement soudain (pop articulaire) dans l’épaule et
ressent une vive douleur; il observe ensuite un
affaiblissement grandissant de son épaule lorsqu’il
tente une abduction ou une rotation du bras vers
l’extérieur.

TRAITEMENT
Objectifs
– Atténuer la douleur et l’inflammation
– Conserver la fonction de l’épaule
– Prévenir les complications
Consultation
Consultez un médecin immédiatement pour toute
blessure de stade 3. Faites de même pour toute
blessure de stade 1 ou 2 qui demeure symptomatique
pendant plus de 4-6 semaines.

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7–10 Appareil locomoteur

Interventions non pharmacologiques Stade 3 : Analgésiques :

Garder le membre blessé au repos ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),


200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid
Le type et la durée du repos varient selon le type et la ou
gravité de la blessure.
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A),
– Stades 1 et 2 : Le client doit éviter les positions et 125 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 heures au
les activités qui aggravent la douleur et garder le besoin
bras en écharpe pendant une brève période ou
(2-3 jours) au cours de la phase aiguë. o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2)
– Stade 3 : Mettre le bras blessé en écharpe pour le (médicament de classe C), 1-2 comprimés toutes
confort du client. les 4 heures au besoin (maximum 15 comprimés)
Appliquer de la glace ou des compresses Surveillance et suivi
froides pour atténuer la douleur et la
tuméfaction Stades 1 et 2 : Les clients souffrant de ce type de
lésion doivent être suivis comme suit :
Appliquer de la glace ou des compresses froides
comme suit : – Prévoyez un suivi après 1-2 jours et après 10 jours.
– Appliquer sur la région touchée pendant – Amorcez les exercices d’amplitude dans les
12-14 minutes qid. mouvements exempts de douleur après 2-3 jours
(en cas de blessure mineure).
– Si les lésions aux tissus mous sont considérables,
appliquer toutes les 2 heures. – Conseillez au client de commencer les exercices
d’étirement et de renforcement dès qu’il aura
– Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements.
persistent.
– Progression des exercices : mobilisation passive,
– La chaleur est contre-indiquée dans les cas de mobilisation active assistée, exercices isométriques,
lésions importantes des tissus mous.
étirement actif, exercices finals d’étirement et de
– Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases aiguë renforcement.
ou subaiguë du rétablissement.
– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs
– On peut utiliser la chaleur pour traiter la raideur petites séances, plutôt qu’en longues séances.
chronique et la tuméfaction.
– L’exercice doit être précédé d’une application de
Interventions pharmacologiques chaleur humide pendant 10-15 minutes et suivi
d’une application de glace pendant 12-14 minutes.
Stades 1 et 2 : Analgésiques anti-inflammatoires pour
atténuer la douleur et la tuméfaction : – Tout exercice qui provoque une douleur doit être
omis temporairement.
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), – À mesure que s’amélioreront l’amplitude des
200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid mouvements, la souplesse et la force, l’épaule
ou reprendra son fonctionnement normal.
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A), Orientation vers d’autres ressources médicales
125 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 heures au
besoin Consultez un physiothérapeute ou orientez le client
vers un physiothérapeute si possible.
Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS
(comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal). Stade 2 : Si les symptômes persistent après
Utiliser plutôt : 4-6 semaines de traitement conservateur, envisagez
d’orienter le client vers un orthopédiste pour une
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
consultation chirurgicale.
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
ou Stade 3 : Procédez à l’évacuation médicale d’urgence.
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2)
o Le traitement consiste habituellement en une réparation
(médicament de classe C), 1-2 comprimés toutes chirurgicale, selon qu’il y a ou non perte de fonction
les 4 heures au besoin (maximum 15 comprimés) importante. La réparation est plus probable chez les
sujets jeunes que chez les sujets âgés. De nombreux
Stade 2 : En plus des médicaments déjà mentionnés, clients âgés éprouvent une perte progressive de fonction
on peut injecter des corticostéroïdes (médicaments de la coiffe des rotateurs à cause du vieillissement.
de classe B) dans la bourse sous -acromiale.

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Appareil locomoteur 7–11

LÉSIONS ACROMIO-CLAVICULAIRES TESTS DIAGNOSTIQUES


– Il est parfois conseillé de faire une radiographie
DÉFINITION pour déterminer l’ampleur de la lésion, notamment
chez les sujets jeunes présentant des symptômes
Stade 1 (entorse) : Déchirure partielle de la capsule sévères.
articulaire. Douleur légère sans déformation de – Stade 1 : Les clichés de l’articulation acromio-
l’articulation; luxation et instabilité ligamentaires claviculaire (avec et sans poids) donnent des
minimes.
résultats normaux.
Stade 2 ( subluxation) : Rupture complète des – Stade 2 : La radiographie en position forcée de
ligaments acromio-claviculaires. L’articulation l’articulation acromio-claviculaire (le client tenant
acromio-claviculaire est sensible localement et un poids de 4,5 kg (10 lb) dans chaque main révèle
douloureuse au mouvement. L’extrémité distale de la un écartement de l’articulation.
clavicule peut faire saillie légèrement vers le haut. – Stade 3 : Les radiographies obtenues lorsque le
client porte des poids révèlent un déplacement de
Stade 3 (luxation) : Rupture complète des ligaments la clavicule vers le haut et une luxation complète
acromio-claviculaires et coraco-claviculaires. de l’articulation.
Douleur intense, notamment à toute tentative
d’abduction; déformation « en marche d’escalier » TRAITEMENT
évidente à l’examen physique.
Consultation
CAUSES Consultez un médecin sans tarder pour toute blessure
Ces lésions résultent habituellement d’un coup direct de stade 2 et 3.
ou d’une chute sur le sommet de l’épaule.
Interventions non pharmacologiques
SYMPTOMATOLOGIE Garder le membre blessé au repos
– Parmi les antécédents figurent souvent une chute
Le type et la durée du repos varient selon la gravité
sur le sommet de l’épaule, le bras généralement en de la blessure.
adduction. Les forces importantes résultant de
chutes graves entraînent souvent des blessures de – Le client doit éviter les positions et les activités
stade 3. qui aggravent la douleur.
– Région lésée douloureuse – Stade 1 : Pendant la période aiguë, utiliser une
– Incapacité de bouger l’épaule écharpe pendant une courte période (5-7 jours),
puis cesser.
OBSERVATIONS – Stade 2 : La subluxation commande une période
– Douleur au repos ou provoquée par le mouvement d’immobilisation plus longue (7-14 jours).
– Augmentation de la douleur en fonction de la Appliquer de la glace ou des compresses
gravité de la blessure froides pour atténuer la douleur et la
– Sensibilité à la palpation de l’articulation acromio- tuméfaction
claviculaire
– Déformation possible en « marche d’escalier » de Pour toutes les lésions acromio-claviculaires, on peut
l’articulation acromio-claviculaire appliquer de la glace ou des compresses froides :
– Notez la position de la clavicule. – Appliquer sur la région touchée pendant
12-14 minutes qid.
Procédez à une évaluation neurovasculaire rigoureuse
des fonctions motrices et sensorielles du plexus – Si les lésions aux tissus mous sont considérables,
brachial, car il peut y avoir des lésions associées, appliquer toutes les 2 heures.
quoique cela soit rare. – Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
persistent.
COMPLICATIONS – La chaleur est contre-indiquée dans les cas de
lésions importantes des tissus mous.
– Instabilité de l’épaule
– Perte de mobilité – Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases aiguë
ou subaiguë du rétablissement.
– On peut utiliser la chaleur pour traiter la raideur
chronique et la tuméfaction.

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7–12 Appareil locomoteur

Interventions pharmacologiques LUXATION GLÉNO-HUMÉRALE


Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
douleur et la tuméfaction : DÉFINITION
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), Désinsertion de la tête de l’humérus hors de la cavité
200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid de l’articulation gléno-humérale.
ou
CAUSES
naproxen (Naprosyne) (médicament de classe A),
125 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 heures au Traumatisme; le mécanisme habituel est l’abduction
besoin et la rotation externe forcées (95 % des luxations sont
Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS des luxations antérieures).
(comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal).
Utiliser plutôt : SYMPTOMATOLOGIE

acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe – Douleur intense


A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin – Le client se tient habituellement le bras serré
ou contre le corps.
o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2) OBSERVATIONS
(médicament de classe C), 1-2 comprimés toutes
les 4 heures au besoin (maximum 15 comprimés)
– L’épaule est latéralement aplatie et antérieurement
proéminente.
Surveillance et suivi
– L’acromion est proéminent.
– Prévoyez un suivi après 1-2 jours et après 14 jours. – L’épaule semble « carrée ».
– Amorcez les exercices d’amplitude dans les Recherchez les lésions associées :
mouvements exempts de douleur après 2-3 jours
(en cas de blessure mineure). – Fracture proximale de l’humérus
– Conseillez au client de commencer les exercices – Avulsion de la coiffe des rotateurs
d’étire ment et de renforcement dès qu’il aura – Lésions des structures neurovasculaires adjacentes;
retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements. les lésions du nerf axillaire sont très courantes et
– Progression des exercices : mobilisation passive, sont associées à une diminution de la contraction
mobilisation active assistée, exercices isométriques, active du deltoïde.
étirement actif, exercices finals d’étirement et de
renforcement. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs – Lésion des tissus mous
petites séances, plutôt qu’en longues séances. – Fracture de la clavicule
– L’exercice doit être précédé d’une application de – Luxation acromio-claviculaire
chaleur humide pendant 10-15 minutes et suivi
d’une application glace pendant 12-14 minutes COMPLICATIONS
– Tout exercice qui provoque une douleur doit être – Atteinte neurovasculaire
omis temporairement.
TESTS DIAGNOSTIQUES
– À mesure que s’amélioreront l’amplitude des
mouvements, la souplesse et la force, l’épaule Une radiographie (si disponible) s’impose avant la
reprendra son fonctionnement normal. réduction; faire des clichés sur deux plans (face
Orientation vers d’autres ressources antéro-postérieure [AP] et latérale de l’omoplate)
médicales pour confirmer la luxation et éliminer la possibilité
d’une fracture si les circonstances de l’accident
Procédez à l’évacuation médicale d’urgence de tout l’évoquent.
client présentant des blessures de stade 3 étant donné
que la consultation d’un orthopédiste s’impose. TRAITEMENT
Objectifs
– Atténuer la douleur.
– Réduire la luxation.
– Prévenir les complications.

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Appareil locomoteur 7–13

Consultation DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


Consultez un médecin. La luxation doit être réduite – Lésion du tendon par avulsion
sans tarder. – Bursite
– Ténosynovite septique
Interventions non pharmacologiques
– Arthrite
Immobilisez le bras du client dans une écharpe et un
bandage croisé. COMPLICATIONS
– Épisodes récurrents
Interventions pharmacologiques – Rupture du tendon
Les analgésiques s’imposent : TESTS DIAGNOSTIQUES
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
75-100 mg IM
Aucun

Surveillance et suivi TRAITEMENT


Surveillez fréquemment la douleur et l’état Objectifs
neurovasculaire du client jusqu’au transfert.
– Atténuer la douleur.
Orientation vers d’autres ressources – Réduire l’inflammation.
médicales – Prévenir les complications.
Procédez à une évacuation médicale vers l’hôpital si Interventions non pharmacologiques
la réduction s’avère impossible sur place. Les
luxations et subluxations à répétition sont fréquentes Garder le membre au repos
et requièrent parfois une réparation chirurgicale. – Le client doit éviter les activités aggravantes.
L’aiguillage vers un orthopédiste s’impose. – Il faut placer une bande de contention sur le coude
(on trouve sur le marché des bandes spéciales pour
ÉPICONDYLITE LATÉRALE le « tennis elbow »).
(TENNIS ELBOW) – L’articulation doit être gardée au repos (à l’aide
d’une écharpe) pendant 2-3 jours.

DÉFINITION Appliquer de la glace ou des compresses


froides pour atténuer la douleur et la
Processus inflammatoire survenant à l’origine de tuméfaction
l’extenseur de l’épicondyle.
– Appliquer sur le coude touché pendant
12-14 minutes qid.
CAUSES
– Utiliser la glace tant que l’œdème et la douleur
– Survient généralement à la suite d’un surmenage persistent.
ou de mouvements répétés.
– La chaleur est contre-indiquée dans les cas de
– Populations à risque : athlètes et travailleurs lésions importantes des tissus mous.
manuels.
– Ne jamais utiliser de chaleur pendant les phases aiguë
SYMPTOMATOLOGIE ou subaiguë du rétablissement.
– On peut utiliser la chaleur pour traiter la raideur
– Douleur à l’épicondyle latéral chronique et la tuméfaction.
– Douleur projetée à la surface de l’extenseur de
l’avant-bras
– Douleur exacerbée par l’extension du poignet ou
des doigts contre résistance
OBSERVATIONS
– Tuméfaction (légère)
– Chaleur
– Rougeur (légère)
– Sensibilité sur la face latérale du coude

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7–14 Appareil locomoteur

Interventions pharmacologiques SYNDROME DU CANAL CARPIEN


Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
douleur et la tuméfaction : DÉFINITION
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), Les symptômes résultent d’une dysfonction du nerf
200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid médian causée par sa compression dans le canal
ou carpien. Le syndrome touche en général la main
dominante, mais il peut aussi être bilatéral.
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A),
125 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 heures au
besoin CAUSES

Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS – Surutilisation


(comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal). – Kyste ganglionnaire
Utiliser plutôt : – Traumatisme : fracture de Pouteau-Colles
– Facteurs prédisposants : grossesse, diabète sucré,
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
polyarthrite rhumatoïde, hypothyroïdie, lupus
érythémateux disséminé, hypocalcémie
ou
– Facteurs de risque : profession nécessitant une
o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2) flexion et une extension répétées du poignet
(médicament de classe C), 1-2 comprimés toutes
les 4 heures au besoin (maximum 15 comprimés) SYMPTOMATOLOGIE
Surveillance et suivi Les symptômes touchent habituellement le pouce,
l’index et le majeur.
– Prévoyez un suivi après 1-2 jours et après 14 jours.
– Amorcez les exercices d’amplitude pour les – Sensation de fourmillement ou de picotement dans
mouvements exempts de douleur après 2-3 jours. les doigts
– Conseillez au client de commencer les exercices – Douleur à type de brûlure dans les doigts, en
d’étirement et de renforcement dès qu’il aura particulier la nuit
retrouvé l’amplitude normale de ses mouvements. – Atténuation des symptômes par l’agitation ou la
– Progression des exercices : mobilisation passive, friction de la main
mobilisation active assistée, exercices isométriques, – Douleur dans le bras
étirement actif, exercices finals d’étirement et de
renforcement. OBSERVATIONS
– Il est préférable de faire les exercices en plusieurs – Perte sensorielle dans le pouce, l’index et le majeur
petites séances, plutôt qu’en longues séances. – Signe de Tinel : sensation douloureuse induite
– L’exercice doit être précédé d’une application de dans les doigts par la percussion du nerf médian au
chaleur humide pendant 10-15 minutes et suivi niveau de la paume
d’une application de glace pendant 12-14 minutes – Signe de Phalen : le fait de garder les deux
Orientation vers d’autres ressources poignets en flexion palmaire provoque parfois les
médicales symptômes.
– Diminution de la force musculaire de la main à
Chez la plupart des clients, le problème se résorbe à l’exécution des tâches (p. ex. pour ouvrir un bocal)
l’aide d’un traitement conservateur. Consultez un – Atrophie musculaire dans l’éminence thénar (signe
médecin en cas d’échec du traitement. tardif)
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Spondylose cervicale
– Neuropathie périphérique
– Lésion du plexus brachial
COMPLICATIONS
En l’absence de traitement, lésion nerveuse
permanente

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Appareil locomoteur 7–15

TRAITEMENT BLESSURE DU GENOU


Objectifs
La plupart des blessures du genou comportent une
– Atténuer les symptômes. lésion des ligaments.
– Prévenir les complications.
LÉSIONS LIGAMENTAIRES
Consultation
En présence d’une faiblesse et d’une atrophie de Lésion du ligament latéral
l’éminence thénar à la première consultation, Entorse de stade 1 : Microrupture ligamentaire;
consultez un médecin. Sinon, administrez un augmentation < 5 mm (0,2 pouce) de l’écartement
traitement conservateur et exercez un suivi étroit. articulaire; pas d’instabilité.
Interventions non pharmacologiques Entorse de stade 2 : Macrorupture ligamentaire
– Le client doit éviter les activités aggravantes, partielle accompagnée d’une augmentation sensible
notamment les mouvements répétitifs. de l’écartement articulaire (avec point limite) et
d’une instabilité.
– Posez une attelle, le poignet en position neutre
d’extension. Entorse de stade 3 : Rupture ligamentaire complète
Interventions pharmacologiques sans point limite observable à l’examen.

Analgésiques anti-inflammatoires : Les lésions du ligament latéral sont habituellement


causées par un traumatisme direct à la face contra -
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), latérale du genou ou par une force indirecte excessive
200 mg, 1-2 comprimés PO tid
exercée sur le genou en varus ou en valgus. Le client
ou éprouve parfois une douleur et une sensation de
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A), rupture au moment du traumatisme. Dans le cas
125 mg, 2 comprimés PO bid-tid d’une lésion du ligament latéral interne, on peut
observer une sensibilité le long du fémur distal
Surveillance et suivi s’étendant jusqu’à l’interligne articulaire.
– Prévoyez un suivi après 2 semaines pour vérifier la
réponse au traitement. Les lésions du ligament latéral interne sont parfois
– Si l’état du client s’améliore, continuez le suivi associées à des lésions méniscales.
aux 2 semaines jusqu’à la guérison ou jusqu’à la Les tests en valgus et en varus permettent d’évaluer
6e semaine. les ligaments latéraux. Le genou fléchi à 30°, on peut
Orientation vers d’autres ressources isoler les ligaments latéraux, ce qui permet
médicales d’apprécier la laxité accrue (dans les entorses de
stade 2 ou 3).
Diriger le client vers un médecin si le symptôme du
canal carpien ne s’améliore pas après 6 semaines. En Lésion du ligament croisé antéro-externe
présence d’une faiblesse ou d’une atrophie du thénar, – Antécédents de blessure par torsion accompagnée
une intervention chirurgicale est indiquée. d’un pop ou d’une sensation de rupture et d’un
épanchement subséquent
– Hémarthrose observée dans 75 % des cas
– Fréquemment associée à une lésion du ligament
latéral interne
Lésion du ligament croisé postérieur
– La plupart des lésions résultent d’un traumatisme
direct au tibia proximal, lorsque le genou fléchi est
rapidement décéléré, comme dans le syndrome du
tableau de bord.
– Utilisez la manœuvre du tiroir postérieur : genou
fléchi à 90°, on tente de déplacer le tibia sur le
fémur.

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7–16 Appareil locomoteur

Lésion méniscale Interventions pharmacologiques


– Les lésions du ménisque interne sont l’une des Analgésiques anti-inflammatoires :
causes les plus fréquentes de douleur articulaire au
genou; le ménisque interne est beaucoup plus ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
vulnérable aux lésions que le ménisque externe. 200 mg, 1-2 comprimés PO tid
ou
– Plus du tiers des lésions méniscales sont associées
à une lésion du ligament croisé antéro-externe et à naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A),
de possibles lésions du ligament latéral interne. 125 mg, 2 comprimés PO bid-tid
– Le client a ressenti une douleur au moment du Ne pas utiliser en cas de contre-indication aux AINS
traumatisme; la douleur persiste et nuit aux (comme des antécédents d’ulcère gastro-duodénal).
activités nécessitant de porter une charge. Utiliser plutôt :
– Le client signale souvent que son genou
« bloque », ce qui peut être attribuable à la douleur acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures
ou à une incapacité physique d’étendre le genou à
cause d’une lésion méniscale. au besoin
– Le signe le plus fréquent est une sensibilité à la Si la douleur est modérée ou intense, utiliser :
palpation le long de l’interligne articulaire. o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou
– Les tests cliniques aident à détecter une lésion du o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
ménisque (p. ex. test de McMurray et test d’Apley). PO toutes les 4 heures au besoin jusqu’à un
maximum de 15 comprimés, puis passer à
TRAITEMENT l’acétaminophène ordinaire.
Objectifs Surveillance et suivi
– Atténuer les symptômes
Prévoyez un suivi après 1-2 jours pour réévaluer la
– Rétablir ou conserver la fonction du genou blessure. Si la tuméfaction et la douleur ont diminué,
– Prévenir les complications vous pourrez peut-être examiner le genou de plus
La plupart des blessures au genou répondent bien au près.
traitement conservateur. Orientation vers d’autres ressources
Consultation médicales
En cas de doute au sujet du diagnostic, consultez un Lésion du ligament latéral
médecin sans tarder.
Les lésions de stade 3 du ligament latéral peuvent
Interventions non pharmacologiques être traitées sans intervention chirurgicale; il est
toutefois recommandé de diriger le client vers un
Le traitement conservateur des lésions de stade 1 et 2
orthopédiste, qui évaluera la nécessité d’une telle
du ligament latéral et des lésions mineures du intervention.
ménisque fait appel à des interventions non
pharmacologiques. Lésion du ligament croisé antéro-externe
– Le client doit demeurer au repos et porter une
Le traitement doit se faire sous la supervision d’un
attelle ou un bandage d’immobilisation pendant orthopédiste. Le traitement des lés ions aiguës dépend
7-14 jours
de leur gravité. En l’absence de lésions associées du
– Le client doit commencer à utiliser des béquilles, ménisque, du ligament latéral ou du ligament croisé
avec mise en charge du membre atteint selon ce antéro-externe, on doit immobiliser le genou du client
qu’il peut tolérer dès que l’ambulation ne lui cause pour assurer son confort; le client devra utiliser des
qu’une douleur mineure. béquilles.
– Le client doit appliquer de la glace pendant
12-14 minutes qid. Par contre, s’il y a lésion ligamentaire ou lésion
– Le client doit surélever son genou au cours des méniscale associées, il faut diriger le patient vers un
24-72 premières heures. orthopédiste sans tarder, car une chirurgie pourrait
s’imposer.
– Le client doit commencer des exercices
d’amplitude légers pour les mouvements exempts
de douleur dès que la douleur et la tuméfaction
diminuent assez pour le lui permettre. Commencer
par l’extension des quadriceps.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–17

Lésion du ligament croisé postérieur OBSERVATIONS


Les ruptures isolées doivent faire l’objet d’un – La mise en charge du membre touché est parfois
traitement conservateur; certaines lésions impossible.
commandent cependant parfois une réparation – Tuméfaction évidente (l’ampleur dépend de la
chirurgicale. gravité de l’entorse.)
– Présence d’ecchymoses dans les entorses
Lésion méniscale modérées et graves.
Si le genou demeure bloqué ou si les symptômes de – Sensibilité de la face antéro-latérale de
douleur, de déboîtement (sensation que le genou va l’articulation de la cheville
céder) et d’œdème persistent, il faut adresser le client – Sensibilité possible de la face postéro-latérale de
à un orthopédiste pour une intervention chirurgicale. l’articulation de la cheville
– Dans les cas d’entorses graves, la face antérieure de
la cheville est également sensible.
ENTORSE DE LA CHEVILLE
– Laxité possible du ligament externe
– Sensibilité des deux malléoles
DÉFINITION
– L’amplitude des mouvements (flexion dorsale,
Blessure par inversion ou par éversion entraînant une flexion plantaire, inversion) est parfois limitée à
rupture des ligaments qui supportent la cheville cause de la douleur.
(habituellement les ligaments latéraux).
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Entorse de stade 1 : Élongation ligamentaire;
l’articulation est stable. – Fracture
– Entorse de stade 2 : Plus grave; déchirure – Fracture par arrachement
ligamentaire partielle importante; l’articulation est – Rupture d’un tendon (p. ex. tendon d’Achille,
stable. péronier, postérieur du tibia)
– Entorse de stade 3 : Déchirure complète du ou des COMPLICATIONS
ligaments; l’articulation est instable.
– Hyperlaxité ligamentaire chronique et lésions
CAUSES récurrentes de la cheville
– Traumatisme – Atteintes neurovasculaires
– Laxité prédisposante des ligaments TESTS DIAGNOSTIQUES
SYMPTOMATOLOGIE Radiographie de la cheville (conformément aux
– Torsion soudaine du pied et de la cheville. « Ottawa Ankle Rules », plus loin) pour écarter toute
– Résulte le plus souvent de l’inversion forcée du pied éventualité d’une fracture.
et de la cheville, accompagnée d’une lésion du Ottawa Ankle Rules
ligament latéral externe.
– L’entorse de type éversion du ligament deltoïde est Faire une radiographie en présence d’une douleur
le deuxième type d’entorse le plus fréquent. près des malléoles et d’une incapacité de mise en
– La sévérité des symptômes varie selon l’étendue charge immédiatement au moment du traumatisme et
de la lésion et le stade de l’entorse. au moment de l’examen, ou s’il y a douleur à la
– Douleur aiguë palpation de l’os à l’extrémité postérieure des
malléoles.
– Tuméfaction
– Ecchymoses Faire une radiographie en présence d’une douleur au
– Incapacité de marcher (selon le stade de l’entorse) milieu du pied et d’une incapacité de mise en charge
immédiatement au moment du traumatisme et au
moment de l’examen, ou s’il y a douleur à la
palpation de l’os naviculaire ou à la base du
cinquième métatarsien.

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7–18 Appareil locomoteur

TRAITEMENT Exercices
Objectifs – Le client doit amorcer des exercices d’amplitude
légers pour la flexion dorsale dans les 24 heures.
– Atténuer la douleur et la tuméfaction.
– Encouragez le client à étirer le mollet s’il peut le
– Restaurer la force de la cheville. faire sans douleur.
– Prévenir toute autre lésion. – Demandez au client de dessiner les lettres de
Consultation l’alphabet avec sa cheville.

Consultez un médecin lorsqu’il y a instabilité La flexion plantaire, l’inversion et l’éversion doivent


articulaire au moment du premier examen. Consultez être évitées au tout début du rétablissement.
également un médecin s’il n’y a aucune amélioration Le client doit amorcer des exercices de renforcement
après 2 semaines de traitement conservateur.
musculaire dès qu’il a retrouvé l’amplitude de ses
Interventions non pharmacologiques mouvements. Montrez-lui les exercices suivants :
– Élévation des orteils et du talon sur une surface
Garder l’articulation au repos inclinée, maintien de la position finale pendant
Le type et la durée du repos varient selon la gravité 4-6 secondes (10-20 répétitions).
de la blessure. – Élévation des orteils et du talon sur une surface
plane, maintien de la position finale pendant.
– Pas de mise en charge (même partielle) à l’aide de 4-6 secondes (10-20 répétitions).
béquilles; activités de port de charge limitées.
– Marche sur le talon et les orteils
– Dans le cas d’une entorse de stade 1 ou 2, on
– Maintien en équilibre sur un pied
recommande d’augmenter graduellement la mise
en charge dès que la douleur a suffisamment Éducation du client
diminué et que l’articulation est assez stable pour
– Expliquez au client qu’il est important de garder la
le permettre; cela favorise la guérison et la
cheville au repos, d’y appliquer de glace et de la
proprioception.
surélever.
Appliquer de la glace ou des compresses – Montrez-lui comment utiliser les béquilles pour
froides pour atténuer la tuméfaction et la prévenir la mise en charge.
douleur – Montrez-lui comment mettre le bandage de
– Appliquer des compresses sur la face externe de la contention.
cheville pendant 12-14 minutes qid pendant – Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
48 heures (ou plus longtemps si la tuméfaction médicaments (posologie, fréquence, effets
persiste). secondaires).
– Si l’entorse est grave, appliquer de la glace toutes – Donnez-lui des conseils sur les moyens d’éviter de
les 2 heures. se blesser de nouveau la cheville (p. ex. faire des
– Utiliser la glace tant que la tuméfaction et la exercices d’échauffement avant les activités
douleur persistent. physiques, comme les sports, porter des chaussures
– La chaleur est contre-indiquée dans le cas d’un montantes lacées pour marcher et courir).
traumatisme aigu de la cheville.
– Ne jamais utiliser de chaleur durant les phases
aiguë et subaiguë du rétablissement.
– On peut recourir à la chaleur pour atténuer la
tuméfaction chronique.
Compression et élévation pour atténuer la
tuméfaction et la douleur
– Le client doit porter un bandage de contention
pendant la journée et l’enlever la nuit.
– Le bandage ne doit pas être trop serré.
– Si possible, la cheville doit être surélevée au-
dessus du niveau de la hanche.

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Appareil locomoteur 7–19

Interventions pharmacologiques LOMBALGIES


Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
douleur et la tuméfaction : La lombalgie aiguë figure parmi les problèmes de
santé les plus fréquents. En effet, presque personne
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), n’y échappe au cours de sa vie, à un degré ou à un
200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin autre. Il s’agit du quatrième motif de consultation
En cas de contre -indication à l’acide acétylsalicylique médicale le plus fréquent.
(AAS) ou aux AINS, utiliser : Diverses structures dorsales qui peuvent être source
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe de douleur : les ligaments, les os de la colonne
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures vertébrale, les facettes articulaires, les disques
au besoin intervertébraux, les racines nerveuses et les muscles.
La douleur est habituellement due à une sollicitation
Pour une douleur modérée ou intense, il faut parfois excessive de ces structures ou à leur dégénérescence,
recourir à des analgésiques plus puissants en plus des
mais elle peut aussi être attribuable à des troubles
anti-inflammatoires au cours des 24-48 premières inflammatoires, infectieux ou néoplasiques graves.
heures :
Les lombalgies peuvent également être provoquées
acétaminophène avec codéine (Tylenol N o 2 ou par des atteintes des organes situés immédiatement
o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
devant la colonne vertébrale : l’aorte, les reins, les
PO q4-6 h au besoin (maximum 15 comprimés)
intestins, le pancréas, l’estomac, la vésicule biliaire,
Surveillance et suivi la prostate, l’utérus et les ovaires.

Prévoyez un suivi en clinique après 48 heures et SIGNAUX D’ALERTE DE TROUBLES


encore une fois après 2 semaines ou plus tôt si la POTENTIELLEMENT GRAVES
douleur et la tuméfaction persistent.
Fracture possible
Orientation vers d’autres ressources
médicales – Traumatisme majeur
– Traumatisme mineur chez les clients âgés ou
Prévoyez une physiothérapie (si cela peut se faire atteints d’ostéoporose
facilement) si les symptômes persistent plus de
2-3 semaines. Possible syndrome de la queue de cheval
(Urgence chirurgicale)
Diriger tout client souffrant d’une entorse de stade 3 – Anesthésie en selle
vers un médecin. Envisagez une consultation avec un – Dysfonction de la vessie
orthopédiste pour les blessures de type éversion. – Dysfonction grave ou progressive des jambes
– Laxité du sphincter anal
– Affaiblissement moteur majeur des quadriceps
(extenseurs des genoux), des fléchisseurs
plantaires de la cheville, des éverseurs et des
dorsifléchisseurs (pied tombant)
Tumeur ou infection possible
– Client âgé de moins de 20 ans ou de plus de 50 ans
– Antécédents de cancer
– Symptômes constitutionnels (comme la fièvre, les
frissons et la perte de poids)
– Facteurs de risque d’infection médullaire, infection
bactérienne récente, utilisation de drogues
injectables ou immunosupression
– Douleur plus vive en décubitus dorsal ou douleur
intense la nuit

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7–20 Appareil locomoteur

LUMBAGO ET SCIATIQUE OBSERVATIONS


– Douleur d’apparence modérée ou intense
DÉFINITION – Posture anormale (client penché d’un côté)
Élongation ou déchirure des muscles, des tendons, des – Difficulté à marcher (démarche ataxique)
ligaments ou de l’aponévrose lombaire par suite d’un – Le client est parfois incapable de se tenir droit en
traumatisme ou d’un stress mécanique chronique. Parfois position assise ou debout.
accompagnée d’une sciatique (douleur dans les fesses ou – Déformation possible de la colonne vertébrale
les jambes, ou les deux, le long du nerf sciatique, – Ecchymoses ou tuméfaction possible des tissus
attribuable à une irritation des racines nerveuses). mous
CAUSES – Spasmes possibles des muscles paradorsaux
– Sensibilité possible de l’espace intervertébral dans
– Contusions la région lombaire et le long des muscles
– Entorse ligamentaire paravertébraux
– Entorse musculaire – Limitation possible de l’amplitude des
– Tension musculaire liée à un stress mécanique mouvements (notamment la flexion antérieure)
– Arthrose de la colonne – Limitation possible de l’élévation du membre
– Hernie discal inférieur tendu à cause de la crispation des
Facteurs de risque muscles, de spasmes ou de l’irritation radiculaire
(sciatique)
– Vieillissement – Réflexes normaux dans le cas d’une lésion des
– Périodes prolongées en position debout ou assise tissus mous, mais parfois anormaux dans le cas
– Mauvaise posture d’une atteinte radiculaire
– Grossesse – Faiblesse possible lors de la marche sur les talons
– Obésité ou les orteils (dans les cas d’atteinte radiculaire)
– Mauvaises techniques de soulèvement de charges – Déficits sensoriels possibles (dans les cas
– Antécédents familiaux d’atteinte radiculaire)
– Ostéoporose – Épreuve de la compression poplitée parfois
– Traumatismes antérieurs positive (dans les cas d’atteintes radiculaires)
– Recherchez les signaux d’alerte de troubles
SYMPTOMATOLOGIE potentiellement graves (voir la rubrique « Signaux
Faites une anamnèse détaillée, avec description d’alerte de troubles potentiellement graves » dans
précise de la douleur et des événements qui ont la section « Lombalgies » plus haut).
entouré sa survenue (p. ex. activité pratiquée au DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
moment du traumatisme).
Voir la rubrique « Causes de lombalgies » dans la
– Douleur localisée dans la région lombaire basse
section « Diagnostic différentiel des symptômes
– Irradiation possible de la douleur dans la fesse ou musculo-squelettiques dominants » plus haut.
la jambe (p. ex. sciatique)
– Douleur constante parfois accompagnée de COMPLICATIONS
spasmes musculaires intenses et aigus
– Lombalgie chronique ou récurrente
– Douleur accrue en position assise
– Absentéisme au travail
– Douleur moindre en position couchée
– Dépendance à l’égard des analgésiques ou
– Douleur moindre au repos
consommation abusive d’analgésiques
– Douleur accrue par le mouvement
– Invalidité professionnelle
– Gêne dans l’exécution des activités de la vie
quotidienne TESTS DIAGNOSTIQUES
– Gêne dans l’exécution des activités professionnelles
En l’absence de tout signal d’alerte, aucune
– Profession nécessitant de se pencher ou de investigation spéciale ne s’impose pendant les
soulever de lourdes charges
4 premières semaines où le client éprouve des
– Antécédents récents ou non de traumatismes douleurs lombaires mécaniques aiguës résultant d’un
– Autres affections discales, osseuses ou articulaires lumbago.
préexistantes (p. ex. sténose du canal rachidien,
arthrose)

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Appareil locomoteur 7–21

TRAITEMENT À éviter
Lorsque vous traitez un client souffrant d’une lombalgie – Position debout pendant une période prolongée
aiguë non compliquée, recherchez les signaux d’alerte – Position assise pendant une période prolongée
lorsque vous procédez à l’anamnèse et à l’examen – Soulèvement de charges > 11 kg (25 lb)
physique. En l’absence de signaux d’alerte (même si la – Mouvements de levage et de torsion
sciatique est présente), administrez un traitement – Posture affaissée (dos rond)
conservateur et assurez un suivi étroit.
À encourager
Objectifs
– Support lombaire
– Atténuer la douleur. – Changements de position fréquents
– Prévenir l’aggravation de la blessure. – Alignement normal de la colonne en position
– Éduquer et rassurer le client. assise et debout
Consultation – Bonne techniques de levage

Consultez le médecin pour les lombalgies modérées Éducation du client


ou graves, en particulier si le client a plus de 50 ans, La nécessité d’une éducation varie selon les clients et
s’il présente des anomalies neurologiques ou si vous selon les étapes du traitement; le client manifestement
soupçonnez une cause organique sous-jacente. inquiet peut avoir besoin d’explications plus détaillées.
Interventions non pharmacologiques Les clients qui ne se rétablissent pas en quelques
– Si l’évaluation initiale ne met en évidence aucune semaines peuvent avoir besoin d’une éducation plus
affection grave, assurez le client que son problème poussée au sujet des troubles du dos et d’être assurés
n’est pas grave et qu’il devrait bientôt se rétablir qu’ils peuvent subir des tests spéciaux si leur
complètement. rétablissement est trop lent.
– Comme les clients souffrant d’une sciatique mettent – Expliquez au client l’utilisation appropriée des
parfois plus de temps à guérir que ceux qui présentent médicaments (posologie, fréquence, abus,
des symptômes lombaires non spécifiques, ils peuvent consommation excessive).
avoir besoin de plus de conseils et de réconfort. – Montrez au client les exercices de renforcement et
– Le repos au lit est utile lorsque la douleur et les de conditionnement du dos qu’il peut faire à la
spasmes gênent les mouvements; il ne doit maison.
cependant pas dépasser 3 jours, car il risquerait – Conseillez-lui de ne pas commencer ces exercices
alors d’aggraver la douleur et l’invalidité. tant que ses symptômes n’auront pas diminué.
– Le client doit diminuer toute activité physique
Interventions pharmacologiques
astreignante pendant 1-2 semaines; sinon, il peut
s’adonner à toute activité tolérée. Analgésiques anti-inflammatoires pour atténuer la
– Le client ne doit pas soulever de charges lourdes douleur :
(> 11 kg [25 lb ])
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
– Le client doit dormir sur un matelas ferme, avec un 200 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
oreiller sous les genoux lorsqu’il est allongé sur le dos,
ou
ou entre les jambes lorsqu’il est allongé sur le côté.
– Il peut appliquer de la glace pour réduire les naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C),
250 mg, 1-2 comprimés PO bid
spasmes musculaires (12-14 minutes toutes les
2-4 heures pendant 24-48 heures). ou
– Il peut utiliser une bouillotte ou un coussin acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
chauffant pour atténuer la raideur musculaire (en A), 500 mg, 1-2 comprimés PO tid-qid au besoin
l’absence de douleur ou de spasme) après les
48 premières heures (pendant 20 minutes qid au Si la douleur est modérée ou intense ou si les agents
besoin). de première intention n’arrivent pas à atténuer la
douleur :
– Si le client fait de l’embonpoint, donnez-lui des
o
conseils en matière de nutrition et sur les façons de acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou
o
perdre du poids. N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
PO toutes les 4 heures au besoin (maximum
– Le client pourrait avoir besoin d’un billet pour son
15 comprimés) — peut être utilisé parallèlement
absence du travail; le congé accordé doit être bref; aux anti-inflammatoires
l’objectif est de garder le client actif.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


7–22 Appareil locomoteur

Surveillance et suivi SYMPTOMATOLOGIE


Prévoyez un suivi après 1 -2 jours, puis aux – Douleur soudaine dans une articulation
2 semaines jusqu’au rétablissement. – Le gros orteil est le siège de douleur le plus
fréquent au départ.
Orientation vers d’autres ressources – Le cou-de-pied, la cheville, le genou, le poignet et
médicales le coude sont parfois touchés.
– Adressez le client à un médecin si ses symptômes – Presque tous les accès sont monoarticulaires.
persistent après 4 semaines ou plus tôt s’ils – L’atteinte articulaire généralisée survient rarement,
s’aggravent malgré le traiteme nt conservateur. et est accompagnée de fièvre, de frissons et d’un
– Prévoyez une consultation chez un malaise général.
physiothérapeute (si cela peut se faire facilement). – La douleur, qui survient en général spontanément,
est intense, pulsatile et continue.
GOUTTE – La première crise commence la nuit ou tôt le matin.
– Elle est parfois précipitée par un traumatisme, un
DÉFINITION excès d’alcool, une infection récente, un stress
émotionnel ou la prise de certains médicaments
Affection inflammatoire des articulations (diurétiques, pénicilline, insuline).
périphériques liée à de fortes concentrations d’acide
– Les accès sont récurrents.
urique dans les articulations et les os, qui frappe
surtout les hommes de 30 à 60 ans. – Tendance familiale
– Frappe les hommes et les femmes postménopausées.
CAUSES OBSERVATIONS
– Goutte primitive : Fortes concentration d’acide
urique attribuables soit à une production accrue, Accès aigu
soit à une excrétion diminuée de l’acide urique – Température habituellement normale
– Goutte secondaire : Hyperuricémie attribuable à – Température parfois légèrement élevée lorsque
des affections primaires acquises, comme plusieurs articulations sont atteintes
l’hypertension, l’insuffisance rénale, l’anémie – Fréquence cardiaque parfois élevée
hémolytique, la glycogénose, le psoriasis, la – Le client semble sujet à une douleur intense.
sarcoïdose ou un déficit enzymatique.
– Il a du mal à marcher ou est incapable de
Facteurs de risque s’appuyer sur le membre affecté.
– Obésité – L’articulation métatarsophalangienne ou
– Saturnisme interphalangienne du gros orteil présente les
– Prise de médicaments (salicylates, diurétiques caractéristiques suivantes : rougeur et tuméfaction;
la peau est tendue et brillante; l’amplitude des
thiazidiques, corticostéroïdes, médicaments
cytotoxiques, diazépam, éthambutol, acide mouvements est réduite et les mouvements sont
douloureux; l’articulation est extrêmement
nicotinique)
sensible et est tiède ou chaude au toucher.
– Abus d’alcool (en particulier épisodes de
consommation excessive) Goutte chronique
– Autres facteurs de risque : antécédents familiaux, – Déformation articulaire possible
diabète sucré, hypertension, insuffisance rénale, – Présence possible de tophi (dépôts crayeux) dans
hypothyroïdie, hyper- ou hypo-parathyroïdie, le pavillon de l’oreille, la bourse séreuse
anémie pernicieuse olécranienne, sur le dos de la main, la surface
cubitale des avant-bras, le tendon d’Achille et les
articulations des mains et des pieds

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Appareil locomoteur 7–23

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions non pharmacologiques


– Arthrite septique – Le client doit garder le lit pendant la phase aiguë;
– Pseudo-goutte pas de mise en charge.
– Bursite – Immobilisez l’articulation jusqu’à ce que les
– Cellulite symptômes hyperaigus soient maîtrisés.
– Ostéomyélite – Le client doit accroître sa consommation de
liquide pendant l’accès (8 verres par jour).
– Arthrose accompagnée d’inflammation aiguë
– Polyarthrite rhumatoïde – Le client ne doit pas boire de l’alcool.
– Oignon – Régime faible en graisses (pour réduire les purines
alimentaires, en cas d’apport excessif)
COMPLICATIONS – Une perte de poids aidera à long terme le client
– Accès récurrents obèse.
– Déformation articulaire et mobilité réduite Éducation du client
– Douleur chronique – Expliquez au client la nature chronique et
– Calculs rénaux l’évolution de la maladie.
– Néphropathie (parfois 10 ans après la survenue de – Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
la goutte) médicaments (posologie, fréquence, effets
– Tophi (dépôts de cristaux d’acide urique dans les secondaires, adhésion au traitement entre les accès
tissus mous) pour prévenir d’autres crises).
– Conseillez-lui d’éviter les facteurs déclenchants
TESTS DIAGNOSTIQUES
connus.
– Mesurez l’acide urique sérique (élevée si – Expliquez-lui comment prévenir l’irritation
> 0,45 mmol/l [7,5 mg/dl]) (p. ex. chaussures bien ajustées, pas de
– Prélevez un échantillon de sang pour une déplacements pieds nus à la maison).
leucocytémie (élevée en phase aiguë). – Conseillez-lui de revenir à la clinique dès le
– Déterminez la vitesse de sédimentation globulaire premier signe de récidive.
(VSG) (élevée en phase aiguë). – Conseillez-lui de prendre des anti-inflammatoires
– Déterminez le taux d’excrétion urinaire d’acide dès les premiers signes d’une crise aiguë.
urique pour 24 heures (un taux > 900 mg évoque
Interventions pharmacologiques
une surproduction).
Pour la crise aiguë, atténuez la douleur et
TRAITEMENT l’inflammation avec des AINS :
Objectifs ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
– Soulager les symptomes. 200 mg, 2-3 comprimés PO tid-qid jusqu’à
disparition des symptômes aigus, puis diminution
– Prévenir les récidives. graduelle jusqu’à cessation complète du traitement
– Prévenir les complications. après 72 heures
Consultation ou

Consultez un médecin si le client est gravement naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C),
250 mg PO bid pendant 7 jours
malade ou fébrile à la première consultation.
Consultez également s’il ne répond pas au traitement L’AAS (Aspirine) est contre-indiquée pour la goutte.
après 24-48 heures.
Lorsque la douleur est intense, il faut parfois recourir
à d’autres analgésiques jusqu’à ce que les anti-
inflammatoires commencent à faire effet :
o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou
o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
PO toutes les 4 heures au besoin (maximum
15 comprimés)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


7–24 Appareil locomoteur

Surveillance et suivi SYMPTOMATOLOGIE


– Faites un suivi après 24 heures pour vérifier la – Antécédents familiaux
réponse au traitement. – Client habituellement âgé de plus de 50 ans
– Faites un autre suivi après 1 mois pour évaluer – Douleur articulaire (Les articulations les plus
l’état du client. atteintes sont les articulations interphalangiennes
– Dans le cas des clients souffrant de goutte distales (IPD), les articulations interphalangiennes
chronique, mesurez les taux d’acide urique chaque proximales (IPP), les articulations
année et évaluez l’observance de la prophylaxie. métacarpophalangiennes (MCP), les genoux, les
Orientation vers d’autres ressources hanches, la colonne cervicale et la colonne
lombaire.)
médicales
– Douleur constante
Consultez un médecin au sujet du traitement – Douleur souvent exacerbée par les changements
prophylactique des clients présentant des épisodes météorologiques
récurrents. – Douleur accrue à l’activité
Prophylaxie de la goutte – Douleur atténuée au repos
– Raideur articulaire localisée possible le matin ou
L’allopurinol (Zyloprim) (médicament de classe B) après une période d’inactivité
est le médicament de première intention (100 mg PO – Diminution rapide de la raideur avec le
par jour). mouvement (en moins de 30 minutes)
Indications de prophylaxie – Absence de raideur articulaire généralisée
– Crépitation (articulation bruyante) possible
– Présence de tophi
– Augmentation du volume articulaire possible,
– Taux de sécrétion urinaire d’acide urique pour
accompagnée d’une limitation de l’amplitude des
24 heures > 1000 mg mouvements
– Antécédents de calculs rénaux de tout type – Accès de douleur possibles après un exercice
– Insuffisance rénale inhabituel
– Néphropathie liée à l’acide urique
– Allergie aux uricosuriques OBSERVATIONS
L’étendue et le profil des observations varient.
ARTHROSE (ARTHROPATHIE
– Gêne possible de la mobilité si la colonne
CHRONIQUE DÉGÉNÉRATIVE) vertébrale, les hanches ou les genoux sont atteints
– Les articulations semblent parfois grossies et
DÉFINITION déformées.
Affection dégénérative du cartilage des articulations – L’amplitude des mouvements est limitée selon
mobiles. Inflammation synoviale variable, nouvelles l’ampleur de l’atteinte articulaire.
formations osseuses sur les surfaces articulaires – La force musculaire et la stabilité des articulations
(ostéophytes). (ligaments) sont parfois affectées.
– Formation d’ostéophytes (épaississements osseux)
CAUSES – Les articulations IPD présentent parfois des
– Inconnues ostéophytes sur leurs faces dorsale et marginale
(nodosité d’Heberden).
– Facteurs associés : vieillissement, traumatisme
articulaire antérieur, surmenage chronique des – Aucune rougeur ou tuméfaction manifeste à moins
articulations, altérations biomécaniques, obésité, qu’il y ait un épisode de synovite réactionnelle
secondaire.
troubles métaboliques (p. ex. maladie de Wilson),
infection antérieure d’une articulation, troubles – Sensibilité possible aux stades tardifs de la
endocriniens (p. ex. diabète sucré), maladie par maladie
dépôts de cristaux – On peut sentir ou entendre des crépitations lors du
mouvement de l’articulation.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


Appareil locomoteur 7–25

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions pharmacologiques


– Autres formes d’arthrite et d’affections articulaires acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
– Bursite trochantérienne (chez les clients présentant A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures
des troubles de la hanche) au besoin
– Troubles ligamenteux ou méniscaux, bursite
Si la douleur n’est pas suffisamment maîtrisée,
locale, arthrophytes (chez les patients présentant ajoutez des AINS à faible dose, sauf s’il y a contre-
des troubles du genou)
indication (p. ex. insuffisance cardiaque,
COMPLICATIONS hypertension, insuffisance rénale, ulcère gastro-
duodénal) :
– Douleur chronique
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
– Destruction articulaire progressive accompagnée
200 mg,
de douleur et d’une diminution croissante des 1-2 comprimés PO qid au besoin
fonctions
– Atteinte radiculaire rachidienne ou
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe A),
TESTS DIAGNOSTIQUES 125 mg bid au besoin
Aucun
Surveillance et suivi
TRAITEMENT
Faites un suivi aux 6-12 mois. Les clients qui
Objectifs prennent des doses quotidiennes d’acétaminophène,
– Soulager ou atténuer les symptômes. d’AAS ou d’autres AINS doivent faire l’objet d’une
– Conserver la fonction articulaire. surveillance régulière : formule sanguine, taux de
– Prévenir les complications. créatinine, taux d’électrolytes, tests d’exploration
fonctionnelle hépatique et analyse de selles (à la
Le traitement dépend de la gravité de l’arthrose et de recherche de sang occulte).
la présence d’une inflammation réactionnelle
associée (synovite). Il doit être adapté à chaque Orientation vers d’autres ressources
client. médicales
Consultation Adressez le client à un médecin si le traitement
conservateur ne permet pas de maîtriser ses
Consultez un médecin si le client est âgé de plus de symptômes. Prenez des dispositions pour une
50 ans, si l’atteinte articulaire est atypique ou si vous physiothérapie (si cela peut se faire facilement).
soupçonnez une dysfonction nerveuse.

Interventions non pharmacologiques


– Stratégies de réduction du poids pour diminuer le
stress imposé aux articulations si le client est obèse
– Programme d’exercices quotidien (la marche est
idéale) pour conserver la fonction articulaire et
limiter l’invalidité
– Exercices d’amplitude et de renforcement
musculaire
– Application alternée de chaleur et de froid pour
atténuer la douleur articulaire
– Dissuadez le client de garder le lit ou de demeurer
inactif, car cela entraîne une perte de fonction
encore plus prononcée et accroît l’immobilité.
Éducation du client
– Expliquez au client le pronostic, le processus et
l’évolution prévue de la maladie.
– Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
médicaments (posologie, fréquence, effets
secondaires).

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7–26 Appareil locomoteur

POLYARTHRITE RHUMATOÏDE OBSERVATIONS


Exacerbation aiguë
DÉFINITION
– Le client est assez souffrant.
Affection inflammatoire générale chronique – La température peut être élevée.
intéressant principalement les articulations – La fréquence cardiaque peut être élevée.
périphériques. Certaines manifestations extra- – Tuméfaction des articulations atteintes (atteinte
articulaires sont courantes, dont les nodules articulaire généralement bilatérale et symétrique)
rhumatoïdes, l’artérite, la neuropathie périphérique, – Rougeur possible des articulations atteintes
la kératoconjonctivite, la péricardite et la
– Chaleur et sensibilité des articulations atteintes
splénomégalie.
– Réduction de l’amplitude des mouvements
CAUSES Maladie évolutive chronique
– Essentiellement inconnues – Hypertrophie des articulations atteintes
– Trouble autoimmun – Les articulations se déforment : les articulations IPP
– Infection virale deviennent fusiformes; il y a parfois rétraction en
flexion (p. ex. déformation en col de cygne); déviation
Facteurs de risque
cubitale des articulations MCP; déviation des poignets.
– Survient habituellement chez les femmes de 30 à – Nodules rhumatoïdes sous -cutanés possibles
60 ans. – Perte de poids progressive possible
– Antécédents familiaux
– Ascendance autochtone DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Arthrose accompagnée d’inflammation
SYMPTOMATOLOGIE – Arthrite septique
– Maladie générale ou traumatisme récent possible – Pseudopolyarthrite rhizomélique
– L’apparition des symptômes est généralement – Lupus érythémateux disséminé
insidieuse. – Goutte
– Les mains, les poignets, les coudes, les épaules, les – Rhumatisme psoriasique
chevilles et les pieds sont les articulations les plus – Arthrite gonococcique
fréquemment atteintes; douleur, tuméfaction,
– Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter (chez les
raideur, chaleur et rougeur des articulations.
hommes)
– La douleur et la raideur sont exacerbées par le
repos prolongé ou l’activité vigoureuse. – Maladie de Lyme
– Polymyosite
– Raideur articulaire présente pendant au moins 1 heure
au lever le matin pendant plus de 6 semaines – Affections intestinales inflammatoires
(p. ex. maladie de Crohn, rectocolite hémorragique)
– Fatigue, malaise général, anorexie et perte de poids
durant les phases d’exacerbation aiguë COMPLICATIONS
À mesure qu’évolue la maladie : – Douleur chronique
– la raideur matinale et au repos dure plus longtemps – Destruction articulaire progressive
(cette augmentation dans le temps est un signe – Perte de mobilité
fiable de la progression de la maladie); – Anémie de maladie chronique
– en évoluant, la maladie s’étend à beaucoup – Atteinte pulmonaire et rénale
d’autres articulations; – Dermatite
– destruction articulaire progressive, déformations. – Péricardite
TESTS DIAGNOSTIQUES
Avant de commencer à prendre des médicaments, les
clients n’ayant pas fait l’objet d’un diagnostic de
polyarthrite rhumatoïde doivent subir quelques tests de
laboratoire de base : formule sanguine, VSG, facteur
rhumatoïde, anticorps antinucléaires, taux de créatinine
et d’électrolytes, exploration de la fonction hépatique.
Des analyses d’urine s’imposent également avant le
début du traitement médicamenteux.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–27

TRAITEMENT Interventions pharmacologiques


Objectifs Analgésiques anti-inflammatoires :
– Soulager la douleur. AAS entéro-soluble (médicament de classe A),
– Réduire l’inflammation. 975-1950 mg PO qid (augmentez la dose en
commençant par la plus faible)
– Préserver la fonction articulaire.
– Prévenir l’invalidité à long terme. ou
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
Consultation 200 mg, 2-3 comprimés PO tid-qid
Consultez le médecin pour : ou
– les clients n’ayant jamais reçu de diagnostic de naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C),
polyarthrite rhumatoïde; 250 mg, 1-2 comprimés PO bid
– les clients dont le traitement actuel ne permet pas
Surveillance et suivi
de maîtriser la maladie;
– les clients dont la maladie est évolutive; Épisode aigu
– les clients chez qui se développent des – Faites un suivi après 48-72 heures pour vérifier la
complications. réponse au traitement.
Interventions non pharmacologiques
Surveillance à long terme
Épisode aigu – Faites un suivi régulier (la fréquence dépend du
– Repos suffisant et alimentation appropriée stade de la maladie).
– Mise au repos des articulations atteintes – Déterminez le poids, l’appétit, le degré d’énergie
et le sentiment de bien-être du client.
– Attelle pour l’articulation atteinte durant la phase
aiguë au besoin – Surveillez les symptômes pour voir si la maladie
progresse.
– Application de glace au besoin pour atténuer la
douleur et la tuméfaction des articulations atteintes – Déterminez l’efficacité du traitement.
– Favorisez la mobilité des articulations au moyen
Mesures à long terme d’un programme d’exercices.
– Régime alimentaire équilibré – Décelez toute exacerbation aiguë.
– Programme d’exercice pour maintenir la mobilité Orientation vers d’autres ressources
articulaire et la force musculaire médicales
– Maintien du poids corporel idéal
Orientez sans tarder vers les ressources appropriées
Éducation du client les clients qui présentent une inflammation articulaire
– Expliquez au client le processus, l’évolution et le persistante (> 3 mois) et tous ceux qui souffrent
pronostic de la maladie. d’une maladie grave. Organisez une consultation en
physiothérapie (si cela peut se faire facilement).
– Expliquez-lui l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires,
adhésion au traitement).
– Recommandez-lui de prendre ses médicaments
avec les repas pour réduire les perturbations
gastro-intestinales.
– Soulignez l’importance de faire de l’exercice
chaque jour pour maintenir la fonction et la
mobilité des articulations.
– Évaluez le réseau de soutien familial et incitez les
membres de la famille à participer au programme
de traitement du client.
– Demandez au client de revenir à la clinique en cas
d’épisode aigu.

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7–28 Appareil locomoteur

URGENCES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

ARTHRITE SEPTIQUE OBSERVATIONS

Absence possible des symptômes classiques


DÉFINITION d’inflammation aiguë chez les personnes âgées, chez
Infection articulaire d’origine bactérienne celles qui souffrent de maladies chroniques
débilitantes ou chez les clients sous corticothérapie.
CAUSES – Température élevée
Au nombre des organismes pathogènes fréquents – Fréquence cardiaque élevée
figurent Neisseria gonorrheae, Staphylococcus – Le client a l’air malade et très souffrant.
aureus, Streptococcus pneumoniae, Mycobacterium – Rougeur articulaire (dans seulement 50 % des cas)
tuberculosis, les bacilles Gram négatifs et, parfois, – Tuméfaction articulaire (à cause de
Hemophilus. L’infection par des agents viraux ou l’épanchement)
fongiques est rare, mais peut survenir chez les clients – Limitation sévère de l’amplitude des mouvements
immunodéprimés. – Résistance active à la mobilisation de l’articulation
Facteurs de risque – Présence possible de lésions cutanées hémorragiques
– Chaleur de l’articulation (dans seulement 50 % des
– Traumatisme cas)
– Chirurgie articulaire récente – Sensibilité de l’articulation
– Prothèse articulaire – Hypertrophie et sensibilité des ganglions
– Propagation de l’ostéomyélite aux structures lymphatiques locaux
contiguës
– Extension d’une cellulite DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Dissémination hématogène de bactéries (dans – Synovite localisée due à un traumatisme
80 % à 90 % des cas) – Bursite
– Affection articulaire préexistante – Cellulite
(p. ex. polyarthrite rhumatoïde) – Rhumatisme articulaire aigu
– Consommation de drogues injectables – Polyarthrite rhumatoïde évolutive
– Utilisation antérieure d’antibiotiques, de – Goutte ou pseudo-goutte évolutive
corticostéroïdes ou d’immunosuppresseurs
– Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter
– Maladie chronique grave (p. ex. diabète sucré,
– Rhumatisme psoriasique
maladie du foie, affection maligne)
– Maladie de Lyme
– Immunodéficience primaire (p. ex. VIH)
COMPLICATIONS
SYMPTOMATOLOGIE
– Septicémie
– Présence d’un des facteurs de risque énumérés
plus haut – Choc septique
– Fièvre et frissons – Ostéomyélite
– Apparition soudaine d’une douleur – Destruction articulaire
monoarticulaire aiguë – Perte du membre
– Chaleur TESTS DIAGNOSTIQUES
– Rougeur
Aucun
– Tuméfaction
– En règle générale, atteinte d’une grosse TRAITEMENT
articulation
– Le client est incapable de se porter sur le membre Objectifs
atteint ni de mobiliser l’articulation.
– Atténuer la douleur et la tuméfaction
– Présence possible d’une urétrite, d’une salpingite – Prévenir les complications
ou de lésions cutanées hémorragiques récentes
(évoquant une infection gonococcique) Consultation
Consultez un médecin immédiatement.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–29

Interventions non pharmacologiques SYMPTOMATOLOGIE


– Repos au lit – Présence d’un des facteurs de risque énumérés ci-
– Placez le membre dans une attelle, en utilisant des dessus
oreillers ou une planche dorsale, pour protéger la – Fièvre possible (légère ou modérée)
région atteinte. – Infection possible de l’épiderme et des tissus sous-
Traitement adjuvant cutanés
– Douleur localisée, accrue par la mise en charge ou
Entamez un traitement IV avec un soluté la mobilisation de l’articulation atteinte
physiologique pour garder la veine ouverte.
– Chaleur, rougeur et tuméfaction de la région
Interventions pharmacologiques atteinte
– Présence possible d’une fistule
Analgésiques ou antipyrétiques :
Ostéomyélite à diffusion hématogène
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures
– Foyer initial de l’infection souvent non apparent
au besoin – Survient le plus souvent dans les vertèbres.
– Se manifeste par une douleur dorsale persistante
Envisagez d’amorcer une antibiothérapie IV après accompagnée ou non de fébricule.
consultation du médecin si le transfert vers l’hôpital
doit être reporté de plus d’une ou deux heures. Si – Peut également se manifester par une douleur
aucun médecin n’est disponible, administrez : aiguë accompagnée d’une forte fièvre, de spasmes
des muscles paravertébraux et par une rigidité des
pénicilline G sodique (Crystapen) (médicament de mouvements (apparence de pyélonéphrite).
classe A), 2 millions d’unités IV toutes les 4 heures
OBSERVATIONS
Surveillance et suivi
– Température parfois élevée
Vérifiez les signes vitaux fréquemment. – Fréquence cardiaque modérément élevée
Orientation vers d’autres ressources – Le client est assez souffrant.
médicales – Douleur plus marquée à la mise en charge
– Tuméfaction et rougeur cutanée de la région
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible. atteinte
– Diminution de l’amplitude des mouvements
OSTÉOMYÉLITE lorsque l’articulation adjacente est atteinte.
– Fistule possible avec écoulement purulent
DÉFINITION – Région chaude et sensible au toucher

Infection osseuse DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Arthrite infectieuse
CAUSES
– Polyarthrite rhumatoïde évolutive
Infection d’origine bactérienne (les agents – Cellulite
pathogènes les plus fréquents sont Staphylococcus
aureus et Streptococcus) COMPLICATIONS
– Ostéomyélite chronique
Facteurs de risque
– Douleur osseuse chronique
– Propagation d’une infection existante des tissus mous – Perte du membre atteint
– Traumatisme – Abcès sous -cutané
– Pénétration des micro-organismes directement
dans les os TESTS DIAGNOSTIQUES
– Dissémination hématogène d’une infection Aucun
préexistante
Les personnes souffrant de diabète, de maladies TRAITEMENT
vasculaires périphériques accompagnées
d’ulcérations cutanées chroniques, ou d’une infection Objectifs
cutanée chronique sont particulièrement sujettes à – Enrayer l’infection.
l’ostéomyélite. – Prévenir les complications.

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7–30 Appareil locomoteur

Consultation FRACTURES DES MEMBRES


Consultez un médecin immédiatement.
DÉFINITION
Interventions non pharmacologiques
Rupture de continuité du tissu osseux.
– Repos au lit
– Surélévation et immobilisation de la région CAUSES
atteinte. – Traumatisme
Traitement adjuvant – Fracture pathologique consécutive à une maladie
préexistante (p. ex. ostéoporose)
Amorcez un traitement IV avec un soluté
physiologique pour garder la veine ouverte. Types de fractures

Intervention pharmacologiques – Fracture fermée (simple) : fracture qui ne


communique pas avec le milieu extérieur.
Antipyrétiques ou analgésiques : – Fracture ouverte (exposée) : fracture qui
communique avec le milieu extérieur (par une
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures lacération de la peau).
au besoin – Fracture comminutive : fracture comportant trois
fragments ou plus.
Envisagez d’amorcer une antibiothérapie IV – Fracture-avulsion (par arrachement) : fracture
(antibiotiques prescrits par un médecin) si le transfert dans laquelle un fragment osseux est tiré hors de
vers l’hôpital est retardé ou s’il est impossible de sa position normale par la contraction musculaire
consulter un médecin rapidement : ou la résistance d’un ligament.
pénicilline G sodique (Crystapen) (médicament de – Fracture en bois vert : fracture angulée incomplète
classe A), 2 millions d’unités IV toutes les 4 heures d’un os long, observée le plus souvent chez les
et enfants.
cloxacilline (Orbénine) (médicament de classe A), – Fracture sans déplacement : fracture dans laquelle
500-1000 mg toutes les 6 heures les fragments osseux ont conservé leur position
anatomique.
Orientation vers d’autres ressources – Fracture déplacée : fracture dans laquelle les
médicales fragments osseux n’ont pas conservé leur position
Procédez à l’évacuation médicale sans tarder. Cette anatomique.
affection commande une antibiothérapie prolongée.
SYMPTOMATOLOGIE
– Déterminez les circonstances exactes dans
lesquelles la fracture s’est produite (mécanisme de
blessure)
– Douleur
– Tuméfaction
– Perte de fonction
– Engourdissement distal par rapport au siège de la
fracture (possible)

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Appareil locomoteur 7–31

FRACTURES COURANTES OBSERVATIONS


– Fracture de la clavicule : Voir la section – Présence possible de lacérations cutanées et d’os
« Fracture de la clavicule » plus loin dans le en saillie dans le cas des fractures ouvertes
présent chapitre. – Ecchymoses et tuméfaction
– Fracture de la tête de la tête radiale (coude) : – Diminution de l’amplitude des mouvements
Habituellement causée par une chute sur un bras – La région atteinte est parfois pâle si la circulation
en extension. Le client est réticent à tourner sa sanguine y est gênée.
main vers le bas (pronation) ou à fléchir le coude à – Le membre est frais, le pouls absent et la
plus de 90°.
sensibilité diminuée lorsque la circulation
– Fracture de l’extrémité inférieure du radius sanguine est interrompue dans la région atteinte.
(poignet) : Chez les adultes, la fracture de ce type – Vérifiez la température de la région atteinte et la
la plus courante est la fracture de Pouteau-Colles, présence des pouls distaux par rapport au siège de
qui est extra -articulaire et se produit à 2,5-3 cm (1 - la fracture.
1,2 pouce) en amont de la surface articulaire du
– Vérifiez (avec la tête et la pointe d’une épingle) la
radius distal. Cette fracture se produit lorsque la
sensibilité tactile distale par rapport au siège de la
main est en dorsiflexion; le fragment distal est
fracture.
angulé dorsalement et présente une déformation
« en dos de fourchette ». – La région atteinte est extrêmement sensible.
– Fracture du métacarpe : Également appelée – Lorsque les os sont déplacés, on sent parfois des
crépitations.
« fracture du boxeur », cette fracture intéresse le
col distal du cinquième métacarpien et résulte DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
généralement d’un coup donné avec le poing fermé
contre une surface (en général un mur ou un – Entorse grave
réfrigérateur). La douleur est localisée dans l’os – Contusion sévère
métacarpien lésé. – Luxation
– Fracture du doigt : Il y a trois types de fractures
COMPLICATIONS
du doigt : 1) Les fractures de la phalange distale
sont habituellement des lésions par écrasement du Au cours des premières heures
bout du doigt. (2) Les fractures des phalanges
moyenne et proximale doivent faire d’un examen à – Hémorragie
la recherche d’une angulation (radiographie) ou – Lésion des artères, des paquets vasculonerveux et
d’une rotation (examen clinique), et commandent des tissus mous avoisinants.
toutes deux une réduction. (3) Les petites Au cours des premières semaines
fractures -avulsions (< 25 %) de la base de la
– Infection de la plaie
phalange moyenne surviennent lors d’une
hyperextension. – Embolie graisseuse
– Fracture du bassin : Souvent associée à un – Syndrome de détresse respiratoire de l’adulte
traumatisme majeur, cette fracture provoque – Infection thoracique
souvent une importante hémorragie. Voir la – Coagulopathie intravasculaire disséminée
section « Fracture du bassin » du chapitre 14, – Exacerbation d’une maladie générale
« Urgences générales et traumatismes majeurs ». – Syndrome de loge possible dû au plâtre
– Fracture de la hanche : Ce type de fracture est
Au cours des mois ou des années suivantes
fréquent chez les personnes âgées et n’est pas
toujours très douloureux. – Déformation
– Fracture du fémur : Souvent associée à un – Arthrose des articulations adjacentes ou distantes
traumatisme majeur, cette fracture peut provoquer – Nécrose aseptique
une importante hémorragie. – Chondromalacie traumatique
– Fractures du tibia et du péroné – Syndrome algodystrophique
– Fracture de la cheville
TESTS DIAG NOSTIQUES
Radiographie si possible mais seulement si le résultat
peut avoir une incidence sur la décision de transférer
le client à l’hôpital.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


7–32 Appareil locomoteur

TRAITEMENT Traitement adjuvant


La plupart des os fusionnent en 6-8 semaines; ce Si le client victime d’une fracture majeure
délai est parfois plus long pour les os des membres (p. ex. fémur, bassin, hanche) est hypotendu, traitez-
inférieurs et moins long chez les enfants. le pour un état de choc :
Objectifs – Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min;
maintenez le taux de saturation en oxygène
– Stabiliser la fracture. au-dessus de 97 % à 98 %.
– Atténuer la douleur. – Mettez en place deux tubulures IV de gros calibre
– Prévenir ou traiter les complications. et administrez un soluté physiologique ou du
Consultation lactate de Ringer.

Consultez le médecin pour toutes les fractures Pour le traitement d’un état de choc hypovolémique,
soupçonnées ou confirmées. voir la section « État de choc » du chapitre 14,
« Urgences générales et traumatismes majeurs ».
Interventions non pharmacologiques
Interventions pharmacologiques
Ne plâtrez pas les fractures.
Analgésiques :
Ne tentez pas de réduire une fracture déplacée.
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
– Immobilisez et soutenez la région blessée à l’aide 50-100 mg IM q3-4 h au besoin
d’attelles, d’une attelle postérieure ou d’une ou
écharpe (pour les membres supérieurs).
acétaminophène avec 30 mg de codéine (Tylenol
– N’administrez rien par voie orale aux victimes o
N 3) (médicament de classe D), 1-2 comprimés
d’une fracture déplacée, car elles pourraient avoir PO toutes les 4 heures au besoin
besoin d’une intervention chirurgicale.
Surveillance et suivi
Éducation du client
– Surveillez les signes vitaux et recherchez les
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des signes de tachycardie ou d’hypotension; un état de
médicaments (dose et fréquence).
choc peut survenir dans les cas de fractures
– Conseillez-lui de surélever le membre fracturé le majeures du bassin ou du fémur.
plus possible au cours des premiers jours pour – Surveillez l’état neurovasculaire de la région en
atténuer la tuméfaction. aval du siège de la fracture.
– Montrez-lui comment prendre soin de son plâtre et
comment le garder sec; dites-lui d’éviter d’y Orientation vers d’autres ressources
insérer des objets, car cela pourrait blesser la peau. médicales
– Conseillez-lui de revenir à la clinique si la douleur Procédez à une évacuation médicale.
augmente, s’il ressent des picotements, si le
membre s’engourdit ou devient froid, ou si PRISE EN CHARGE DES FRACTURES DES
l’extrémité du membre change de couleur. MEMBRES SUPÉRIEURS
– Montrez-lui comment prendre soin du membre
blessé après l’enlèvement du plâtre : garder la peau Fracture de la tête radiale
propre et bien hydratée avec de l’huile ou de la Le traitement d’une fracture sans déplacement
gelée de pétrole pour prévenir l’assèchement, la consiste à mettre le bras en écharpe et à appliquer une
desquamation et l’infection. Le client doit faire des attelle postérieure sur le coude, pendant
exercices d’amplitude de mouvement pour 1-2 semaines; le client doit commencer des exercices
retrouver sa mobilité articulaire (prévenez-le que d’amplitude après une semaine. Il doit porter
ces exercices peuvent être douloureux et qu’il faut l’écharpe pendant une semaine de plus et subir une
parfois un certain temps avant de retrouver radiographie de contrôle pour vérifier qu’aucun
complètement sa mobilité). déplacement ne s’est produit à cause de la
mobilisation.

Les victimes de fractures déplacées de la tête radiale


doivent être dirigées vers un orthopédiste pour une
réparation chirurgicale.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Appareil locomoteur 7–33

Fracture du radius FRACTURE DE LA CLAVICULE


Procédez à la réduction par traction et manipulation.
Une fois la fracture réduite, le client doit porter un DÉFINITION
plâtre court pendant 5-8 semaines. Dans le cas d’une
fracture sans déplacement, plâtrez pour 6 semaines Les fractures de la clavicule sont courantes et
sans réduire. représentent environ 5 % des fractures traitées en
soins primaires. Il faut une force plus grande pour
Fracture des métacarpiens provoquer une fracture de la clavicule chez l’adulte
que chez l’enfant. La guérison est en outre plus lente
Les fractures sans déplacement de la base des chez l’adulte, et le risque de complications, plus
métacarpiens sont traitées par immobilisation dans un grand.
plâtre court. Les fractures déplacées doivent être
réduites par traction, avec pression locale sur Les clavicules sont les seules articulations qui
l’extrémité proximale en saillie de la fracture du rattachent la ceinture scapulaire au tronc. Elles
métacarpien. Une radiographie de contrôle après protègent d’importants vaisseaux sanguins, les
7 jours. S’il y a une instabilité après la réduction ou poumons et le plexus brachial, qui peuvent être lésés
s’il s’agit d’une fracture comminutive, le client doit par les extrémités pointues des fragments osseux.
être adressé à un orthopédiste pour une fixation
interne par réduction chirurgicale. Quatre-vingt pour cent des fractures de la clavicule
touchent le tiers moyen de l’os (classe A), 15 % le
Fracture de la phalange distale tiers distal ou externe (classe B) et 5 % le tiers
proximal ou interne (classe C).
Une attelle protectrice placée sur la phalange pendant
plusieurs semaines suffit habituellement. Les fractures de classe B se subdivisent en trois
types :
Fracture des phalanges moyennes et
proximale – Type 1 (sans déplacement) : ligaments de soutien
intacts; aucun déplacement important des
Les fractures extra -articulaires sans déplacement fragments osseux.
peuvent être traitées par une immobilisation de – Type 2 (fracture déplacée) : Rupture du ligament
1-2 semaines suivie par la pose d’une attelle coracoclaviculaire avec déplacement vers le haut
dynamique fixée au doigt adjacent. du segment proximal à cause du muscle
sternocléidomastoïdien.
Les grosses fractures intra-articulaires ou déplacées
sont habituellement instables et commandent les – Type 3 (surface articulaire) : fracture intéressant
soins d’un orthopédiste. l’articulation acromioclaviculaire.

Petite fracture-avulsion (< 25 %) de la base CAUSES


de la phalange moyenne – Chute sur l’épaule ou l’extrémité du bras en
extension
Ces fractures demandent une immobilisation de 2-
– Traumatisme direct dans la région de la clavicule
3 semaines avec flexion maximale de 15° à
l’articulation IPP; le doigt doit ensuite être relié au SYMPTOMATOLOGIE
doigt adjacent par un bandage pendant 3-6 semaines.
– Chute sur un bras en extension ou sur l’épaule, ou
traumatisme direct à la clavicule
– Douleur (modérée ou intense), notamment à la
mobilisation du bras

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7–34 Appareil locomoteur

OBSERVATIONS TRAITEMENT
– Sensibilité Objectifs
– Tuméfaction au siège de la fracture – Détecter et traiter les lésions associées qui pourraient
– Déformation être fatales.
– Ecchymoses, notamment lorsqu’un déplacement – Stabiliser le siège de la fracture.
prononcé provoque le soulèvement en tente de la – Soulager la douleur.
peau
– Déceler et traiter les complications.
– Hémorragie due à une fracture ouverte (rare)
Les fractures de la clavicule non compliquées
– Non-utilisation du bras du côté atteint
peuvent être prises en charge par un fournisseur de
Il faut faire un examen neurovasculaire et ausculter le soins primaires.
thorax (pour éliminer cliniquement l’éventualité d’un
pneumothorax). Interventions non pharmacologiques
– Utilisez la méthode de l’ABC (voies aériennes,
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL respiration, circulation) pour l’évaluation et la
– Luxation stabilisation.
– Fracture de l’épaule – Procédez à un examen secondaire rigoureux.
– Pneumothorax (suffocant et traumatique) causé par – Appliquez des compresses froides sur la blessure.
une côte fracturée – Immobilisez le bras au moyen d’une écharpe.
– Lésion de la coiffe des rotateurs Classe A (Fractures du tiers moyen)
– Lésion de l’articulation sternoclaviculaire
– Traitez en immobilisant le bras dans une écharpe
COMPLICATIONS (certains préfèrent l’anneau en 8, en particulier
pour les fractures déplacées).
– Compression possible du plexus brachial
attribuable à la formation d’un cal hypertrophique Classe B (Fractures du tiers distal)
pouvant causer une neuropathie périphérique – Les fractures de type 1 (sans déplacement) et de
– Fusion retardée ou absence de fusion (notamment type 3 (surface articulaire) du tiers distal sont
dans le cas de fractures du tiers distal) traitées par immobilisation du bras dans une
– Aspect inesthétique écharpe.
– Arthrite post-traumatique – Les fractures de type 2 (déplacées) doivent être
– Lésion intrathoracique (comme dans le cas d’une immobilisées dans une écharpe avec bandage
fracture de la première côte, il faut une grande croisé et commandent parfois une fixation
force pour provoquer une fracture du tiers chirurgicale orthopédique.
proximal de la clavicule et il est impératif Classe C (Fractures du tiers proximal)
d’éliminer l’éventualité de lésions sous-jacentes)
– Pneumothorax – Traitez les fractures sans déplacement par
– Lésion d’une artère ou d’une veine sous- immobilisation du bras dans une écharpe.
claviculaire – Les fractures déplacées nécessitent parfois
– Lésion de la veine jugulaire interne l’intervention d’un orthopédiste pour une
réduction chirurgicale.
– Lésion de l’artère axillaire
Si la fracture est ouverte, il faut administrer une
TESTS DIAGNOSTIQUES antibiothérapie prophylactique et un vaccin
– Radiographie courante de la clavicule (on peut antitétanique (au besoin), irriguer la plaie et appliquer
habituellement voir la fracture sur un cliché AP) un pansement stérile en attendant une consultation
– Radiographie thoracique lorsqu’on soupçonne un orthopédique d’urgence.
pneumothorax

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Appareil locomoteur 7–35

Éducation du client Surveillance et suivi


– Le client doit porter une écharpe ou un appareil – Réévaluez les blessures après 48 heures, puis faites
d’immobilisation de l’épaule. un suivi par semaine jusqu’à ce que l’épaule ait
– Sinon, il peut utiliser un anneau en huit (bandage retrouvé son entière mobilité.
claviculaire); montrez-lui comment le mettre en – Prévoyez un examen de contrôle en orthopédie si
place et l’ajuster correctement. La présence d’une nécessaire (cela dépendra du type de fracture
paresthésie ou d’œdème dans les mains ou les initiale et de la présence de complications).
doigts indique que la bande est trop serrée et doit Orientation vers d’autres ressources
être enlevée. Le but de ce bandage est d’atténuer la médicales
douleur en diminuant la mobilisation des
fragments fracturés et pas nécessairement de – Procédez à l’évacuation médicale d’urgence des
maintenir un alignement parfait; on peut le clients victimes de fractures ouvertes, vu la
combiner à une écharpe pour plus de confort. nécessité d’une consultation immédiate en
– Donnez au client des conseils sur la prévention des orthopédie.
blessures : port d’équipement protecteur approprié lors – Adressez d’urgence les clients ayant une fracture
de la pratique de certains sports, utilisation de la déplacée à un orthopédiste, car une réparation
ceinture de sécurité, counselling sur la consommation chirurgicale pourrait s’imposer.
de drogue et d’alcool (au besoin), physiothérapie
précoce (p. ex. exercices d’amplitude) si indiqué.
Interventions pharmacologiques
Soulagez la douleur au moyen d’AINS. Si elle
persiste, ajoutez un analgésique narcotique :
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
200 mg, 1-2 comprimés PO qid au besoin pendant
1-2 semaines
Si la douleur persiste toujours, ajoutez :
o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou
o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
PO toutes les 4 heures au besoin (maximum
15 comprimés)

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CHAPITRE 8 – SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

Table des matières

ÉVALUATION DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL .................................... 8–1


Anamnèse et examen du système nerveux central ........................... 8–1
Examen du système nerveux central ................................ ................ 8–2
AFFECTIONS COURANTES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL .............. 8–3
Paralysie de Bell ............................................................................. 8–3
Céphalées : principes généraux ....................................................... 8–4
Céphalée de tension ....................................................................... 8–5
Céphalée vasculaire de Horton................................ ........................ 8–7
Migraines ....................................................................................... 8–9
Artérite temporale (gigantocellulaire) ................................ .............. 8–12
Accident ischémique transitoire (AIT) ............................................. 8–13
URGENCES – SYSTÈME NERVEUX CENTRAL........................................ 8–15
Diagnostic différentiel de la perte de conscience aiguë.................... 8–15
Méningite ..................................................................................... 8–15
Trouble épileptique chronique........................................................ 8–17
État de mal épileptique (crise de grand mal aiguë) .......................... 8–19
Accident vasculaire cérébral (AVC)................................................ 8–20

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8–1

ÉVALUATION DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL


ANAMNÈSE ET EXAMEN DU Altération de l’état de conscience
SYSTÈME NERVEUX CENTRAL – Étourdissements
– Évanouissements
GÉNÉRALITÉS – Convulsions
– Blessure antérieure à la tête ayant occasionné des
Chaque symptôme doit être noté et examiné en pertes de conscience
fonction des caractéristiques suivantes :
Fonction motrice
– Apparition (soudaine ou graduelle)
– Faiblesse musculaire, paralysie, raideur
– Évolution dans le temps
– Maladresse, ataxie
– Situation actuelle (amélioration ou aggravation)
– Démarche titubante et irrégulière avec les jambes
– Localisation écartées
– Irradiation – Tremblements
– Qualité
Fonction sensorielle
– Fréquence et durée
– Sévérité – Diminution ou perte de la sensibilité
– Facteurs déclenchants et aggravants – Picotements, fourmillements
– Facteurs de soulagement – Sensation de brûlure
– Symptômes associés Autres symptômes associés
– Répercussions sur les activités quotidiennes – Dysfonction intestinale ou vésicale
– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant – Impuissance
– Traitements antérieurs – Douleur
– Efficacité des traitements antérieurs
ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (SYSTÈME
SYMPTÔMES DOMINANTS NERVEUX CENTRAL)
En plus des caractéristiques générales décrites ci-dessus, – Crises convulsives
il faut aussi explorer les symptômes spécifiques suivants. – Traumatisme crânien
– Maladie métabolique (p. ex. diabète sucré, troubles
Fonction cérébrale générale thyroïdiens)
– Altération de la mémoire – Cardiopathie (p. ex. hypertension, bloc cardiaque)
– Altération de la concentration – Accident ischémique transitoire
– Changements d’humeur – Maladies démyélinisantes (p. ex. sclérose en
Fonction des nerfs crâniens plaques, maladie de Parkinson)
– Alcoolisme
– Modification de la vision, blépharoptose
– Migraines
– Relâchement des muscles du visage – Troubles mentaux (p. ex. dépression, trouble
– Perturbation de l’élocution bipolaire)
– Perte auditive, acouphènes, problèmes d’équilibre – Paralysie de Bell
– Altération de l’odorat et du goût
ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (SYSTÈME
Céphalées
NERVEUX CENTRAL)
– Apparition, âge de l’apparition des premiers maux – Crises convulsives
de tête
– Maladie métabolique (p. ex. diabète sucré)
– Type de céphalées, évolution dans le temps
– Cardiopathie (p. ex. hypertension, infarctus du
– Localisation, description, caractère pulsatile ou non myocarde, accident vasculaire cérébral)
– Moment de la journée et durée
– Maladies démyélinisantes (p. ex. sclérose en
– Facteurs déclenchants plaques, maladie de Parkinson)
– Symptômes associés : nausées, vomissements, – Migraines
perturbations visuelles ou sensorielles
– Troubles mentaux

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8–2 Système nerveux central

ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX Membres inférieurs


(SYSTÈME NERVEUX CENTRAL) – Élévation de la jambe tendue
– Alcoolisme – Épreuve de la compression poplitée
– Abus de médicaments – Test du quadriceps
– Exposition professionnelle à des neurotoxines – Démarche talons-pointes
– Épreuve talon-genou
EXAMEN DU SYSTÈME NERVEUX – Épreuve de Romberg
CENTRAL – Sensibilité à la douleur au contact des deux
extrémités d’une épingle
ASPECT GÉNÉRAL – Réflexes (réflexe achilléen, rotulien, plantaire)
– État de santé apparent Irritation méningée
– Présence ou absence de douleur Recherchez une irritation méningée, s’il y a lieu :
– Teint (p. ex. rouge, pâle, cyanosé)
– Raideur de la nuque
– État nutritionnel (maigreur ou obésité)
– Signe de Brudzinski
– Concordance entre l’apparence et l’âge déclaré
– Signe de Kernig
EXAMEN DE DÉPISTAGE

L’examen de dépistage suivant permettra de


découvrir les éléments qui présentent des problèmes. Tableau 1 : Tests de dépistage de lésions des nerfs
crâniens
Un examen plus approfondi s’impose en présence de
déficits. Nerf crânien Test
I-Olfactif Odorat (vérifiez uniquement
À évaluer pendant l’anamnèse lorsque le client se plaint d’un
problème à cet égard)
– État de conscience II-Optique Acuité visuelle
– État mental Champs visuels
– Élocution (clarté, contenu, volume, débit) Examen du fond de l’œil
III-Oculo-moteur Réflexe pupillaire (direct ou
Nerfs crâniens commun consensuel)
IV-Trochléaire
Voir le tableau 1. VI-Oculo-moteur Mouvements oculaires
externe
Fonction motrice, fonction sensorielle et
V-Trijumeau Fonction motrice : dents serrées,
réflexes bouche ouverte
Fonction sensorielle : douleur
Évaluez la fonction motrice, la fonction sensorielle et (sensibilité à la piqûre);
les réflexes de la façon suivante. effleurement (avec un tampon
d’ouate); sensation sur le front,
Membres su périeurs les joues et le menton
Réflexe cornéen (inutile si le
– Force de préhension client est conscient)
– Bras levés et tenus en position (évaluation de la VII-Facial Symétrie faciale : relever les
déviation palmaire) sourcils, puis les froncer, fermer
les yeux très fort (l’examinateur
– Épreuve doigt-nez (évaluation de la coordination œil- essaie de les ouvrir), montrer les
main) dents, gonfler les joues, sourire
– Sensibilité à la douleur au contact des deux VIII-Auditif Acuité auditive (tic-tac d’une
extrémités d’une épingle montre, murmure)
Épreuves de Rinne et Webber
– Réflexes (biceps, triceps, réflexe styloradial
IX-Glosso-pharyngien Mouvement du palais, de la luette
[supination]) et de la paroi pharyngée
X-Vague
Réflexe pharyngé et déglutition
Enrouement
XI-Spinal Haussement d’épaule contrarié
Rotation de la tête contrariée
XII-Grand hypoglosse Langue tirée, langue poussée
contre chaque joue

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Le système nerveux central 8–3

AFFECTIONS COURANTES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

PARALYSIE DE BELL DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Accident vasculaire cérébral (tronc cérébral)
DÉFINITION – Tumeur au cerveau
– Tumeur de la glande parotide
Paralysie faciale indolore, unilatérale, d’apparition
soudaine due à l’inflammation et à la tuméfaction du – Otite moyenne ou mastoïdite
septième nerf crânien (nerf facial). Elle disparaît – Méningite
habituellement de manière spontanée. – Traumatisme à la tête ou au visage avec fracture
– Maladie de Lyme
CAUSES – Zona otitique
– Essentiellement inconnues – Syndrome de Guillain-Barré
– Infection virale possible du nerf facial – Sclérose en plaques
– Lien possible avec la maladie de Lyme et COMPLICATIONS
l’infection par le VIH
– Des facteurs héréditaires et vasculaires peuvent y – Érosion cornéenne
contribuer. – Ulcère de la cornée
Facteurs de risque – Kératite
– Faiblesse chronique des muscles faciaux
– Grossesse (troisième trimestre) – Contraction des muscles faciaux
– Antécédents familiaux confirmés
– Hypertension TESTS DIAGNOSTIQUES
– Diabète sucré Aucun
SYMPTOMATOLOGIE
TRAITEMENT
– Apparition soudaine d’un relâchement unilatéral
des muscles du visage Objectifs
– Évolution vers la paralysie en quelques heures – Protéger l’œil.
– Incapacité de fermer l’œil du côté atteint – Prévenir les complications.
– Possible larmoiement prononcé de l’œil atteint Il faut traiter les symptômes selon leur sévérité et le
– Possible altération du goût moment de la consultation.
– Hypersensibilité au son
– Possible douleur intra ou rétro-auriculaire du côté Consultation
atteint juste avant l’apparition du relâchement Consultez immédiatement un médecin. Dans les
musculaire 72 heures qui suivent l’apparition de la paralysie et si
OBSERVATIONS le risque de dénervation est élevé (p. ex. paralysie
faciale unilatérale complète, client de plus de 50 ans,
– Le client semble anxieux. diabétique), un traitement médicamenteux peut être
– Sillon naso-labial effacé indiqué (voir la section « Interventions
– Incapacité de fermer l’œil, de lever le sourcil ou de pharmacologiques » plus loin).
sourire du côté atteint
Interventions non pharmacologiques
– Élargissement de la fente palpébrale
– Mouvement vers le haut du globe oculaire lorsque Rassurez le client et expliquez-lui qu’il peut
le client essaie de fermer les yeux s’attendre à être complètement rétabli au bout de
– Écoulement salivaire possible 6-8 semaines.
– Diminution possible de la sensibilité à un léger
contact ou à une piqûre d’aiguille

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8–4 Le système nerveux central

Éducation du client CÉPHALÉES : PRINCIPES


– Informez le client sur la médication (dose, GÉNÉRAUX
fréquence, effets secondaires).
– Recommandez-lui de s’alimenter suffisamment et La plupart des maux de tête (90 %) sont de nature
d’utiliser le côté intact de la bouche pour boire ou bénigne.
manger afin d’éviter l’écoulement de salive et de Les maux de tête ont une grande diversité de causes
bien mastiquer.
qui peuvent aller d’une anomalie crânienne et
– Recommandez au client d’observer une bonne cervicale à une affection générale. La consommation
hygiène buccale après les repas pour que les ou l’abus de médicaments, d’alcool ou de substances
aliments et les liquides ne s’accumulent pas à chimiques sont d’autres causes de maux de tête.
l’intérieur de la joue atteinte.
– Suggérez de protéger l’œil atteint afin de prévenir Lorsqu’une personne qui souffre de maux de tête se
les érosions cornéennes (p. ex. port de lunettes de présente la première fois à la clinique, il faut obtenir
soleil pendant la journée de façon à éviter que des les renseignements suivants pour être en mesure de
particules de poussière ne pénètrent dans l’œil, déterminer le type de céphalée dont il s’agit.
port d’un bandeau la nuit). Description précise de la douleur :
– Recommandez des lubrifiants oculaires pour
– Âge à l’apparition des maux de tête, s’ils sont de
prévenir la sécheresse de l’œil : gouttes nature chronique
ophtalmiques (Isopto Tears, Lacril) toutes les 1 à
– Localisation
2 h pendant la journée; pommade ophtalmique
(Lacri-Lube, Duratears) et bandeau oculaire à – Qualité
l’heure du coucher. – Durée
– Recommandez des exercices et des massages – Moment où la douleur apparaît (première fois,
faciaux 2 ou 3 fois par jour pour prévenir une récidive, le matin, le soir ou dans la journée)
atrophie musculaire (froncer le front, gonfler les – Fréquence (tous les jours, tous les mois, à
joues, pincer les lèvres, fermer le yeux). l’occasion)
Interventions pharmacologiques – Manière dont le mal de tête débute
– Évolution du mal de tête
Des antiviraux ou des anti-inflammatoires (ou les – Répercussions sur les activités quotidiennes
deux) peuvent être prescrits par le médecin :
Symptômes associés, soit qui précèdent l’apparition
acyclovir (Zovirax) (médicament de classe B), de la douleur, soit qui accompagnent sa progression
400 mg PO 5 fois par jour pendant 10 jours (p. ex. perte de conscience, aura, nausées,
(facultatif) vomissements, photophobie, modifications
et sensorielles, fièvre).
prednisone (médicament de classe B), 30 mg PO Facteurs d’aggravation et de soulagement
bid pendant 5 jours, puis réduire de 5 mg par jour
(médicaments et efficacité de ceux-ci, position de la
Surveillance et suivi tête, bruit, lumière)
– Faites un suivi quotidien pendant plusieurs jours. Aspects du mode de vie qui favorisent l’apparition
– Vérifiez l’évolution de la paralysie. des maux de tête (vie familiale, vie professionnelle,
– Surveillez les symptômes d’érosion cornéenne : toute autre activité)
appliquez au besoin du colorant à la fluorescéine Profession
sur la cornée et recherchez toute érosion
cornéenne. Si vous soupçonnez ou détectez une Antécédents familiaux de maux de tête (y compris
érosion cornéenne, voir la section « Érosion leur type)
cornéenne » dans le chapitre 1, Problèmes de santé préexistants (p. ex. glaucome,
« Ophtalmologie ». hypertension, infection, anxiété, dépression,
Orientation vers d’autres ressources convulsions)
médicales
Dirigez le client vers un médecin si vous soupçonnez
ou observez des complications ou si la paralysie n’est
pas disparue 4 semaines plus tard.

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Le système nerveux central 8–5

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL CARACTÉRISTIQUES QUI ÉVOQUENT UNE


CAUSE GRAVE
Diagnostic primaire
– Âge avancé
– Migraine
– Mal de tête pire que tout autre ressenti auparavant
– Céphalée de tension (contracture) – Déclenchement à l’effort
– Céphalée vasculaire de Horton
– Réduction de la vivacité d’esprit ou de la capacité
– Autre type de mal de tête cognitive
§ Provoqué par le froid (p. ex. crème glacée) – Irradiation de la douleur entre les omoplates (signe
§ Bénin, lié à la toux évocateur d’une irritation de l’arachnoïde du
§ Bénin, provoqué par l’effort rachis).
§ Post-traumatique – Présence d’une raideur de la nuque
Diagnostic secondaire – Antécédent ou signe physique qui évoque une
infection (p. ex. fièvre)
Affections du parenchyme cérébral – Mal de tête qui s’aggrave à l’observation
– Tumeur au cerveau
– Abcès cérébral CÉPHALÉE DE TENSION
– Hémorragie intracrânienne
– Traumatisme cérébral DÉFINITION
– Hydrocéphalie Douleur vague diffuse dans la tête.
– Hypertension intracrânienne bénigne
– Céphalée épisodique : habituellement liée à un
Affections touchant les méninges événement stressant, d’intensité modérée,
– Méningite spontanément résolutive et qui répond aux
– Saignement sous-arachnoïdien médicaments en vente libre
– Céphalée chronique : est souvent quotidienne (il
Affections touchant les structures faut que la céphalée soit présente pendant au
extracrâniennes moins 15 jours par mois pendant 6 mois pour
– Abcès dentaire qu’on dise qu’elle est chronique); douleur souvent
– Sinusite paranasale bilatérale, habituellement dans la région occipitale-
– Syndrome de Costen frontale et associée à la contraction des muscles du
cou et du cuir chevelu
– Glaucome à angle fermé
– Névralgie faciale CAUSES
– Zona – Stress ou anxiété
– Affection rétro-orbitaire – Mauvaise posture
Causes métaboliques – Arthrose cervicale
– Additifs alimentaires ou toxines (p. ex. nitrites, – Vasoconstriction des muscles du cuir chevelu
glutamate monosodique, alcool) – Dépression (observée chez 70 % des personnes
– Effet secondaire de médicaments (p. ex. nitrates, souffrant de maux de tête quotidiens)
contraceptifs oraux, inhibiteurs calciques) – Prévalence au cours de la vie : 88 % des femmes et
– Fièvre 69 % des hommes souffrent de la céphalée de
tension qui est aussi courante chez les enfants
– Hypercapnie (concentration accrue de gaz
de 8 à 12 ans
carbonique)
Facteurs de risque
Causes vasculaires
– Consommation excessive de caféine
– Hypertension
– Médicaments (p. ex. consommation prolongée
– Angéite d’acétaminophène)
– Embolie ou thrombose – Apnée obstructive du sommeil
– Antécédents familiaux

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8–6 Le système nerveux central

SYMPTOMATOLOGIE DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Symptomatologie extrêmement vague Bien que la plupart des céphalées soient bénignes, il
– Aucun facteur évident de déclenchement ou de importe d’éliminer les possibilités de problèmes plus
soulagement graves :
– Documentez la consommation de médicaments : – Dépendance à la caféine
type, fréquence, quantité, effet.
– Dépendance à des médicaments en vente libre
– Souvent en relation avec l’abus ou la (p. ex. acétaminophène avec ou sans codéine)
surconsommation de médicaments
– Maladie bucco-dentaire
– Antécédents familiaux confirmés chez 40 % des
– Mal de tête post-traumatique
patients
– Dysfonction de l’articulation
– Apparaît après l’âge de 20 ans chez 60 % des
temporo -mandibulaire
personnes
– Dépression
– La douleur devient plus constante et sévère avec le
temps. – Spondylose cervicale
– Les événements stressants aggravent les – Sinusite chronique
symptômes. – Artérite temporale
– Migraine
CARACTÉRISTIQUES DE LA DOULEUR – Problème oculaire
– Généralisée – Affection de l’oreille moyenne
– Constante – Anémie sévère
– Sourde (sensation de serrement) – Hypoxie
– Parfois pulsatile – Hypertension
– Présente au lever le matin – Infection intracrânienne (méningite)
– Croît et décroît pendant la journée – Tumeur intracrânienne
– Empêche le client de s’endormir, mais ne le
réveille pas COMPLICATIONS
– La médication procure peu ou pas du tout de – Répercussions sur les activités quotidiennes
soulagement – Dépendance aux analgésiques
– Absentéisme du travail ou de l’école
SYMPTÔMES ASSOCIÉS
– Dépression
– Nausées
– Anorexie TESTS DIAGNOSTIQUES
– Perte de poids Aucun
– Dyspepsie TRAITEMENT
– Diarrhée
– Fatigue Objectifs
– Réveil au petit matin (très tôt) – Reconnaître les symptômes évocateurs d’une
– Difficulté à se concentrer affection grave.
– Diminution de la libido (comme dans la – Soulager les symptômes.
dépression) Consultation
OBSERVATIONS Consultez le médecin si les symptômes évoquent une
– Le client ne semble pas incommodé, si ce n’est maladie grave (p. ex. déficit neurologique).
qu’il peut se plaindre de maux de tête au moment Autrement, administrez un traitement conventionnel
de la consultation. et assurez un suivi.
– Les résultats de l’examen neurologique sont
parfaitement normaux.
– Serrement musculaire dans le cou, le trapèze
supérieur, les muscles du cuir chevelu, de la région
occipitale et frontale

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Le système nerveux central 8–7

Interventions non pharmacologiques CÉPHALÉE VASCULAIRE DE


– Fournir du soutien. HORTON
– Une attitude non critique de la part du personnel
soignant contribue à la réussite du traitement. DÉFINITION
– Il importe d’inciter le client à faire part de ses
tracas, de ses préoccupations et de ses craintes. Crises à répétition de céphalées unilatérales sévères
autour de l’œil et de la tempe. Ces crises durent de
– Découvrir les points qui posent problème et qui
30-120 minutes environ et surviennent une à trois
peuvent contribuer aux maux de tête.
fois par jour, au même moment de la journée,
– Évaluer le niveau de stress. pendant une période pouvant aller jusqu’à
– L’application de glace peut être utile. 12 semaines. Une période de 1-24 mois sans crise
– On peut également faire appel à la massothérapie. suit habituellement.
– Le repos dans une pièce sombre et silencieuse peut
être bénéfique. CAUSES
– Recommandez au client de diminuer sa Inconnues
consommation de produits qui renferment de la
caféine. Facteurs de risque
Éducation du client – Homme de plus de 30 ans
– Informez le client sur la médication (dose, – Relation possible avec une blessure antérieure à la
fréquence, éviter l’abus). tête
– Suggérez au client des stratégies de gestion du – Facteurs déclenchants possibles : alcool,
stres s (p. ex. techniques de relaxation). nitroglycérine, dérèglement du cycle de sommeil,
émotion (colère), activité physique excessive
Interventions pharmacologiques
SYMPTOMATOLOGIE
Analgésiques :
– Le client est habituellement un homme qui a
acétaminophène (Tylenol) (médicament de dépassé la mi-vingtaine.
classe A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les
4 h au besoin – Les crises sont cycliques ou saisonnières.
ou – Apparition soudaine d’une douleur unilatérale
– La céphalée débute habituellement sans signe
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
avant-coureur, souvent durant le sommeil.
200 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 h au
besoin – La douleur est souvent sourde au début, mais
devient rapidement intense.
Surveillance et suivi – Elle atteint son point culminant en 15 minutes.
Suivi après 1 ou 2 semaines pour évaluer la réponse – Douleur constante, térébrante, aiguë et localisée
aux interventions. autour de l’œil (région rétro-orbitaire).
– Aucun facteur d’aggravation ou de soulagement
Orientation vers d’autres ressources – La douleur s’étend à la joue, à la tempe et au front
médicales du côté atteint.
Dirigez le client vers un médecin s’il ne répond pas – Elle disparaît habituellement après 30-120 minutes
au traitement ou si vous soupçonnez un trouble sous- et laisse le client épuisé.
jacent. – La douleur réapparaît dans la journée ou au même
moment le lendemain.
– Le cycle se répète jusqu’à la fin de la « série ».
Symptômes associés durant la crise
– Agitation : le client peut faire les cent pas
– Rougeur et larmoiement de l’œil atteint
– Paupière tombante
– Écoulement nasal abondant du côté atteint
– Nausées dans 40 % des cas, mais les
vomissements sont rares
– Transpiration

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8–8 Système nerveux central

OBSERVATIONS Interventions non pharmacologiques


– La fréquence cardiaque s’élève pendant la crise. Éducation du client
– Bradycardie dans 43 % des cas
– Expliquez l’évolution prévisible de la maladie et le
Pendant les crises pronostic, et comment éviter les facteurs
– Détresse aiguë déclenchants.
– Pâleur – Informez le client sur la médication (dose,
– Diaphorèse fréquence, adhésion au traitement,
surconsommation ou abus d’analgésiques).
– Agitation
– Rhinorrhée homolatérale – Conseillez le client sur l’utilisation préventive des
médicaments.
– Ptosis de la paupière atteinte
– Recommandez-lui d’éviter l’alcool, la lumière
– Rougeur de la conjonctive et larmoiement vive, la colère, les activités stressantes ou une
abondant de l’œil atteint surexcitation pendant la crise.
Entre les crises – Recommandez-lui de fumer moins pendant la
– Le client se sent bien (aucun symptôme). crise, parce que le tabac réduit la réponse au
médicament.
– Les résultats de l’examen neurologique sont
normaux. – Informez le client sur le renoncement au tabac.
Interventions pharmacologiques
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Artérite temporale N’administrez pas d’analgésiques si aucun diagnostic
– Hémorragie sous-arachnoïdienne (lors de la n’a été établi; consultez d’abord un médecin, car ces
première consultation) médicaments peuvent dissimuler la progression de
– Céphalées par tension épisodiques de longue durée troubles neurologiques.
– Névralgie faciale Le tartrate d’ergotamine-caféine (Cafergot)
– Glaucome aigu (médicament de classe B) ou le sumatriptan
– Sinusite (Imitrex) (médicament de classe B) est
– Phéochromocytome habituellement le traitement de première intention.

COMPLICATIONS Surveillance et suivi


– Répercussions sur les activités quotidiennes – Surveillez l’adhésion au traitement.
– Absentéisme du travail ou de l’école – Évaluez l’efficacité de la prophylaxie.
– Perte de poids durant la « série » – Déterminez s’il y a dépression.
– Dépression – Déterminez s’il y a abus ou dépendance aux
analgésiques.
– Risque d’abus de médicaments (p. ex.
analgésiques) Orientation vers d’autres ressources
médicales
TESTS DIAGNOSTIQUES
– Dirigez aussitôt que possible vers un médecin tous
Aucun les cas non diagnostiqués durant une crise aiguë.

TRAITEMENT – Les clients qui souffrent de céphalées vasculaires


de Horton récidivantes doivent être évalués par un
Objectifs médecin si le traitement prophylactique ne soulage
pas les symptômes.
– Soulager la douleur.
– Prévenir les récurrences.
Consultation
Consultez un médecin dans les cas de crise aiguë.

Si les symptômes sont prononcés durant une crise


initiale, le risque d’une affection grave doit être
éliminé.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Le système nerveux central 8–9

MIGRAINES Symptômes associés


– Photophobie (aversion à la lumière)
DÉFINITION – Phonophobie (aversion au bruit)
Maux de tête récidivants dus à des perturbations – Osmophobie (aversion aux odeurs)
vasculaires. – Nausées et vomissements
– Diarrhée, constipation
CAUSES – Frissons, tremblements, transpiration
– Inconnues OBSERVATIONS
– Les crises peuvent être déclenchées par certains
aliments (p. ex. chocolat, fromage, viandes Pendant la crise
fumées, alcool), le fait de sauter des repas, le cycle – Détresse modérée
menstruel, les contraceptifs oraux, la fatigue, trop – Pâleur
de sommeil, le stress ou le soulagement du stress, – Diaphorèse
une lumière excessive ou clignotante.
– Les artères du cuir chevelu peuvent être dilatées.
Facteurs de risque – Photophobie
– Sexe féminin – Sensibilité du cuir chevelu
– Âge de 10-30 ans – Les résultats de l’examen neurologique sont
– Antécédents familiaux de migraine habituellement normaux durant et entre les crises.

SYMPTOMATOLOGIE Critères de diagnostic de la migraine sans


aura
– La migraine survient toujours ou presque toujours
en période périmenstruelle ou périovulatoire. 1. Minimum de 5 crises qui répondent aux critères 2,
3, 4 et 5
– Le sommeil procure un soulagement de la douleur.
– Présence possible de signes prodromiques : 2. Chaque crise dure 72 heures, en l’absence d’un
irritabilité, sautes d’humeur, modifications du traitement ou si le traitement échoue.
degré d’énergie, fringales, rétention de liquides. 3. Chaque crise possède au moins 2 des
– Présence possible d’une aura (incluant des troubles caractéristiques suivantes :
visuels et des pertes sensorielles). L’aura précède – La douleur est le plus souvent unilatérale, mais
le mal de tête et dure 5-30 minutes; elle diminue elle peut être bilatérale dans de 30 à 40 % des cas.
avec le déclenchement du mal de tête (mais il – La douleur est de nature pulsatile (à un moment ou
arrive que l’aura et le mal de tête soient présents l’autre de la crise); 50 % des migraineux font état
simultanément). d’une douleur non pulsatile; la qualité du mal de
Douleur tête peut se modifier durant la crise.
– Unilatérale ou diffuse – D’une intensité modérée ou sévère, la douleur
entrave les activités quotidiennes.
– Intensité modérée ou sévère
– L’activité physique, comme marcher ou descendre
– Le point culminant est atteint en moins d’une un escalier, accentue la douleur.
heure.
4. Au moins un des symptômes suivants doit être
– De nature pulsatile (au début ou au cours de la présent durant la crise :
crise)
– Le repos dans une pièce sombre et silencieuse est – Nausées et vomissements
bénéfique. – Photophobie, phonophobie et osmophobie
– Le fait de se pencher vers l’avant ou de bouger la 5. Les antécédents ou l’examen physique du client ne
tête accentue la douleur. témoignent pas de la présence d’une autre maladie
qui pourrait provoquer les migraines.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


8–10 Le système nerveux central

Critères de diagnostic de la migraine avec Crise sévère


aura – Repos au lit dans une pièce sombre et silencieuse
En plus de remplir les critères de la migraine sans aura, – Ne rien administrer par la bouche si les
la migraine avec aura doit s’accompagner de vomissements sont importants.
symptômes de dysfonctionnement neurologique (y
Éducation du client
compris des troubles visuels) avant ou pendant la crise.
– Expliquez l’évolution prévisible de la maladie et le
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL pronostic.
– Informez le client sur la médication (dose,
– Troubles ou infections touchant la tête et le cou
fréquence, éviter la surconsommation ou l’abus de
– Affection générale médicaments).
– Effets toxiques de médicaments, d’alcool ou de
– Recommandez au client de prendre régulièrement
substances chimiques
du repos, d’adopter de bonnes habitudes de vie et
– Lésion intracrânienne un régime alimentaire adéquat.
– Accident vasculaire cérébral – Aidez le client à reconnaître les facteurs
– Comportement visant à obtenir des médicaments déclenchants, puis à tenter de les éviter ou de les
éliminer.
COMPLICATIONS
– Aidez le client à reconnaître et à éviter d’autres
– Problèmes conjugaux ou familiaux si les migraines facteurs étiologiques (p. ex. café, chocolat, alcool,
sont fréquentes certains aliments, contraceptifs oraux, noix,
– Absentéisme du travail ou de l’école fromage).
– Dépression Traitement adjuvant
– Dépendance aux médicaments (p. ex. aux
analgésiques de prescription) Crise sévère
TESTS DIAGNOSTIQUES Dans le cas d’une crise sévère seulement,
commencez la thérapie IV avec un soluté
Aucun
physiologique; réglez le débit de perfusion en
fonction de l’équilibre hydrique du client.
TRAITEMENT

Objectifs
– Reconnaître et modifier les facteurs déclenchants.
– Soulager les symptômes.
– Prévenir les récidives.
Consultation
Consultez un médecin si une crise aiguë est modérée
ou sévère et ne répond pas au traitement de première
intention, ou si les crises sont récidivantes et ne sont
pas soulagées par le traitement prophylactique.

Crise sévère
Demandez à un médecin quels médicaments
administrer.
Interventions non pharmacologiques

Crise légère ou modérée


– Repos dans une pièce sombre et silencieuse
– Application de glace
– Massage par pression du cuir chevelu
– Thérapie de relaxation
– Thérapie cognitivo-comportementale (p. ex.
formation en gestion du stress)

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Le système nerveux central 8–11

Interventions pharmacologiques Traitement prophylactique


Traitement des symptômes : crise légère ou Source : Guidelines for the diagnosis and
modérée management of migraine in clinical practice (Pryse-
Analgésie d’une douleur légère : Phillips et al. 1997)

acide acétylsalicylique (AAS) sous forme Le traitement prophylactique part du principe qu’il
entérosoluble (médicament de classe A), 325 mg, faut utiliser la plus petite quantité de médicaments
1-2 comprimés PO toutes les 4 h au besoin ayant le moins d’effets secondaires afin de soulager
ou les crises jusqu’à ce qu’on puisse mettre fin au
traitement des symptômes.
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
200 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 h au besoin Un traitement prophylactique est indiqué lorsque :
Analgésie d’une douleur modérée : – les crises migraineuses sont suffisamment sévères
pour miner la qualité de vie de la personne
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C),
250 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 h au besoin – la personne souffre chaque mois de trois migraines
ou ou plus qui ne répondent pas bien à un traitement
visant à soulager les symptômes ou à écourter la
acide méfénamique (Ponstan) (médicament de crise.
classe C), 250-500 mg toutes les 6 h
Les médicaments suivants sont recommandés :
ou
– bêta-bloquants, p. ex. propranolol (Indéral) ou
*AAS avec codéine (282, 292) (médicament de
classe C), 1-2 comprimés PO toutes les 4 h au
aténolol (Tenormin)
besoin – inhibiteurs calciques, p. ex. vérapamil (Isoptin)
ou – antagonistes des récepteurs de la sérotonine, p. ex.
pizotifène (Sandomigran).
*acétaminophène avec codéine (Tylenol N o 2 ou
o
N 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
– analgésiques tricycliques, p. ex. amitriptyline
PO toutes les 4 h au besoin (Elavil)
Demandez au client de tenir un journal de ses
*On peut utiliser ces associations médicamenteuses si
migraines : caractéristiques, médicaments utilisés et
le client ne réagit pas à un traitement initial d’anti-
réponse au traitement.
inflammatoires non stéroïdiens (AINS), mais
seulement pendant de courtes périodes. La Sauf dans les cas les plus réfractaires, on doit utiliser
surconsommation de ces associations est une des un seul médicament préventif à la fois.
principales causes de céphalée de rebond (forme
On doit poursuivre la médication pendant une période
importante de maux de tête quotidiens chroniques).
suffisante, habituellement plusieurs mois, et y mettre
Autres choix médicamenteux dans le traitement des fin lentement pour éviter les céphalées de rebond.
crises modérées : Certains médicaments, particulièrement les
inhibiteurs calciques, peuvent prendre jusqu’à
sumatriptan (Imitrex) (médicament de classe B) PO
12 mois avant d’être efficaces.
Antiémétiques contre les vomissements, au besoin :
Si le traitement médicamenteux initial n’est pas
dimenhydrinate (Gravol) (médicament de efficace, on doit essayer plusieurs médicaments l’un
classe A), 50 mg PO toutes les 4-6 h au besoin après l’autre.
Traitement des symptômes : crise sévère Il arrive que l’on fasse appel à une association de
Médicaments pour soulager la douleur : médicaments prophylactiques appartenant à des
groupes différents. Si cette approche échoue, il faut
sumatriptan (Imitrex) (médicament de classe B) envisager une consultation avec un neurologue.
ou
Les médicaments prophylactiques ne sont pas
métoclopramide (Maxeran) (médicament de efficaces lorsque la personne prend régulièrement des
classe B) analgésiques. Informez le client qu’il doit prendre
ou uniquement les médicaments prescrits pour soulager
ses maux de tête.
chlorpromazine (Largactil) (médicament de classe B)

Évitez la mépéridine (Demerol), si possible. Ce


médicament ne doit être utilisé qu’en dernier recours.

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8–12 Le système nerveux central

Le client doit s’attendre à quelques effets ARTÉRITE TEMPORALE


secondaires. Il doit savoir qu’il devra prendre les (GIGANTOCELLULAIRE)
médicaments tous les jours et que le traitement devra
être adapté ou modifié jusqu’à ce que l’on trouve le DÉFINITION
ou les médicaments et doses efficaces.
Inflammation des artères temporales.
Le client doit aussi s’attendre à souffrir de quelques
crises migraineuses, mais elles seront probablement
CAUSES
moins sévères ou plus rares qu’auparavant.
– Essentiellement inconnues
Expliquez que le traitement prophylactique doit être
– Il peut s’agir d’une réaction autoimmune
suivi pendant un certain nombre de mois, puis arrêté
graduellement. Certains clients peuvent avoir besoin SYMPTOMATOLOGIE
d’un traitement prolongé.
– Client âgé de plus de 50 ans
Demandez aux femmes qui pourraient devenir – Le client peut d’abord se plaindre de symptômes
enceintes ou envisager de le devenir de vous en grippaux.
informer. Il faudrait alors interrompre la prise de – Céphalée unilatérale ou bilatérale
certains médicaments prophylactiques.
– Céphalée localisée dans la région temporale ou
Surveillance et suivi périorbitale
– Apparition graduelle ou soudaine
Crise légère ou modérée – La douleur est d’abord légère et passagère.
Favorisez un suivi régulier jusqu’à ce que les maux de – La douleur devient plus sévère (douleur pulsatile
tête soient bien maîtrisés; la fréquence des rencontres ou térébrante) et constante pendant plusieurs jours.
doit dépendre des circonstances particulières à chaque – Les médicaments en vente libre ne procurent
cas. aucun soulagement.
Symptômes associés
Crise sévère
– Malaise
Surveillez la réponse au traitement et les signes
vitaux. – Sueurs nocturnes
– Fièvre
Orientation vers d’autres ressources – Douleur à l’épaule et au dos
médicales – Acuité visuelle réduite du côté atteint
Crise légère ou modérée OBSERVATIONS
– Prévoyez un suivi médical afin de discuter d’un – La température peut être légèrement élevée.
traitement prophylactique si les maux de tête sont – Le client semble légèrement ou moyennement
fréquents ou suffisamment sévères pour entraver incommodé.
les activités quotidiennes. – L’acuité visuelle peut être moindre du côté atteint.
– Il peut être nécessaire de demander un examen – La baisse de la vision peut s’étendre à l’autre œil.
neurologique si un traitement optimal de première
– L’amplitude des mouvements d’une épaule ou des
intention et la prophylaxie ne réussissent pas à deux peut être réduite; le mouvement peut être
prévenir les crises.
douloureux.
Crise sévère – L’articulation de l’épaule peut être sensible.
Une évacuation d’urgence peut être nécessaire si la – L’artère temporale peut être ferme, nodulaire,
crise se prolonge et ne répond pas au traitement (état incompressible, sensible.
migraineux). – Absence de pouls possible à l’artère temporale
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Autres troubles touchant la tête et le cou
– Maladie générale

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Le système nerveux central 8–13

COMPLICATIONS CAUSES
– Cécité du côté atteint – Réduction ou arrêt temporaire de l’irrigation
– Cécité s’étendant à l’autre œil sanguine du cerveau
– Accident vasculaire cérébral – Problème sous-jacent : athérosclérose de la
– Occlusion coronarienne carotide ou du système vertébrobasilaire
– Insuffisance artérielle des membres supérieurs Facteurs de risque
TESTS DIAGNOSTIQUES – Âge avancé
– Hypertension
– Déterminez la vitesse de sédimentation globulaire
(si le test peut être fait); elle devrait être élevée. – Diabète sucré
– Cardiopathie
TRAITEMENT – Arythmie c ardiaque (fibrillation auriculaire)
Objectifs – Tabagisme
– Antécédents familiaux
– Diagnostiquer le problème.
– Prévenir les complications. SYMPTOMATOLOGIE
Consultation – L’un ou l’autre des facteurs de risque ci-dessus est
habituellement présent.
Consultez immédiatement un médecin si vous
– Les crises peuvent survenir plusieurs fois par jour
envisagez ce diagnostic. ou une ou deux fois l’an.
Interventions pharmacologiques – Les symptômes des diverses crises sont
habituellement semblables.
Le médecin peut prescrire de la prednisone par voie – Symptômes antérieurs de maladie vasculaire
orale si le transfert à l’hôpital est retardé. périphérique, de coronaropathie
Orientation vers d’autres ressources – Les symptômes sont aigus au début.
médicales – Les symptômes disparaissent complètement en
24 heures.
Prenez les dispositions pour que le patient soit
– Le client reste conscient pendant toute la crise.
transporté à l’hôpital afin de subir d’autres examens
– Les symptômes dépendent du vaisseau sanguin
et recevoir d’autres soins aussitôt que possible (une
biopsie de l’artère temporale est nécessaire pour touché.
confirmer le diagnostic). – Carotide : symptômes unilatéraux, cécité
homolatérale, paresthésie ou faiblesse
controlatérale, aphasie, céphalée (peut suivre la
ACCIDENT ISCHÉMIQUE crise)
TRANSITOIRE (AIT) – Système vertébrobasilaire : confusion, vertige,
cécité binoculaire ou diplopie, faiblesse ou
DÉFINITION paresthésie des membres, chutes par dérobement
des jambes pendant lesquelles le client reste
Épisode aigu de perte temporaire localisée de la conscient, mais s’effondre soudainement
fonction cérébrale d’origine vasculaire. L’AIT débute – Perturbation possible de l’élocution
rapidement et ses symptômes sont d’une durée
variable. Il dure habituellement 2-15 minutes,
rarement plus de 24 heures. La plupart des AIT
durent moins d’une heure.
L’AIT est un présage important d’accident vasculaire
cérébral : le tiers des personnes qui subissent un AIT
sont victimes d’un accident vasculaire cérébral dans
les 5 ans qui suivent.

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8–14 Le système nerveux central

OBSERVATIONS TRAITEMENT
Étant donnée que l’AIT peut être bref, les résultats de Objectifs
l’examen physique peuvent être parfaitement
– Agir sur les facteurs de risque.
normaux. Un examen attentif des systèmes
neurologiques et cardiovasculaires est nécessaire. Il – Prévenir tout AIT ou accident vasculaire cérébral.
faut rechercher des signes d’athérosclérose (p. ex. Consultation
maladie vasculaire périphérique, cardiopathie).
Consultez un médecin aussitôt que possible.
– La tension artérielle et la fréquence cardiaque sont
souvent normales. Interventions non pharmacologiques
– Le pouls peut être irrégulier (en raison de la
fibrillation auriculaire sous-jacente). Éducation du client
– Il peut y avoir de l’hypertension. – Expliquez le déroulement de la maladie et l’issue
– Le client semble généralement bien portant. prévisible.
– La faiblesse musculaire du côté atteint peut être – Informez le client sur la médication (dose,
évidente ou subtile. fréquence, quantité totale, usage prolongé, effets
– L’acuité visuelle peut être amoindrie. secondaires, précautions à prendre si le client suit
aussi une anticoagulothérapie).
– L’équilibre peut être légèrement altéré.
– Recommandez aux clients qui prennent des
– La confusion peut être évidente.
anticoagulants d’éviter les aliments riches en
– Recherchez des cicatrices laissées par une vitamines K (p. ex. légumes jaunes et verts).
chirurgie cardiaque antérieure.
– Soulignez à ces clients l’importance d’éviter les
– Un frémissement de la carotide peut être présent. blessures aux membres.
– Déficits sensoriels localisés – Informez le client sur les façons de réduire les
– Déficits moteurs localisés facteurs de risque, comme la maîtrise de
– Les réflexes profonds peuvent être augmentés ou l’hypertension, l’abandon du tabac, la perte de
diminués dans les 24 heures qui suivent l’accident. poids, une alimentation plus faible en matières
– Il peut y avoir des bruits carotidiens. grasses, des exercices réguliers.
– Il peut y avoir des bruits d’autres artères Interventions pharmacologiques
périphériques (p. ex. aorte, iliaque).
– Présence possible d’un souffle cardiaque Commencez le traitement par l’AAS (traitement
antiplaquettaire) sauf s’il est contre-indiqué par ailleurs :
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
AAS (Aspirin) (médicament de classe A), 325 mg
Le diagnostic différentiel comprend tout ce qui peut PO par jour
provoquer une diminution de l’irrigation sanguine du Surveillance et suivi
cerveau avec une ischémie cérébrale ou une anomalie
transitoire de la fonction cérébrale. Surveillez régulière ment les symptômes et les
– Épisode d’hypotension progrès accomplis en ce qui concerne la réduction
des facteurs de risque. La fréquence du suivi dépend
– Paralysie de Bell
de la sévérité des symptômes et du nombre de
– Anévrisme disséquant de l’aorte facteurs de risque.
– Cardiopathie
Orientation vers d’autres ressources
– Crise épileptique focale médicales
– Accident vasculaire cérébral
– Hypoglycémie – Si des déficits neurologiques sont décelés au
moment de la consultation, faites comme s’il
– Anémie
s’agissait d’un accident vasculaire cérébral en
COMPLICATIONS évolution (voir « Accident vasculaire cérébral
(AVC) » dans la section suivante, Urgences -
Accident vasculaire cérébral ou infarctus du Système nerveux central); évacuez d’urgence le
myocarde. client vers un hôpital.
– On peut diriger le patient vers un médecin pour
TESTS DIAGNOSTIQUES l’évaluation d’une affection sous-jacente s’il ne
– L’électrocardiographie peut être utile. présente aucun symptôme au moment de la
– Recherchez des signes de fibrillation auriculaire. consultation et que l’événement est antérieur.

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Le système nerveux central 8–15

URGENCES – SYSTÈME NERVEUX CENTRAL

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DE LA SYMPTOMATOLOGIE


PERTE DE CONSCIENCE AIGUË – La méningite est habituellement précédée d’une
infection des voies respiratoires supérieures
Perturbations métaboliques – Forte fièvre
– Anoxie – Mal de tête qui devient de plus en plus sévère
– Intoxication par l’alcool éthylique – Le mal de tête est aggravé par le mouvement,
– Hyperinsulinémie (hypoglycémie) particulièrement lorsque le client se penche vers
l’avant.
– Surdose (médicaments ou drogues)
– Vomissements soudains qui surviennent souvent
– Urémie
sans être précédés de nausées
– Crise convulsive
– Photophobie
Hypoperfusion cérébrale – Altérations de l’état de conscience : irritabilité,
– Accident vasculaire cérébral confusion, somnolence, stupeur, coma.
– Hypotension – Des convulsions peuvent survenir.
– Hypovolémie
OBSERVATIONS
– Arythmie
– Traumatisme crânien Effectuez un examen complet de la tête et du cou
pour déceler toute source possible d’infection.
Pour des renseignements détaillés sur le coma, voir la
section « Coma » dans le chapitre 14, « Urgences – Fièvre
générales et traumatismes majeurs ». – Fréquence cardiaque accrue ou bradycardie
accompagnée d’une augmentation de la pression
intracrânienne et intraoculaire
MÉNINGITE
– La tension artérielle est normale (elle est faible si
le client est en état de choc septique).
DÉFINITION
– Le client est en état de détresse modérée ou aiguë.
Infection des méninges. – Teint rouge.
– Altération de la conscience.
CAUSES – Signes neurologiques localisés
– Infection d’origine virale ou bactérienne – Photophobie
– Chez l’adulte, les causes bactériennes les plus – Il peut y avoir des pétéchies.
courantes sont : Hemophilus influenzae, Neisseria – Les ganglions du cou peuvent être enflés.
meningitides et Streptococcus pneumoniae. – Signe de Brudzinski
Facteurs de risque – Signe de Kernig
– Alcoolisme DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Otite moyenne chronique
– Bactériémie
– Sinusite
– Septicémie
– Mastoïdite
– Abcès cérébral
– Traumatisme crânien fermé
– Crise d’épilepsie
– Pneumonie pneumococcique
– Méningite récidivante COMPLICATIONS
– Déficit immunitaire – Convulsions
– Coma
– Cécité
– Surdité
– Paralysie des nerfs crâniens III, VI, VII, VIII
– Décès

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8–16 Système nerveux central

TESTS DIAGNOSTIQUES Interventions pharmacologiques


– Prélèvement de sang pour une formule sanguine Antipyrétiques :
– Trois prélèvements de sang (à 15 minutes acétaminophène (Tylenol) (médicament de
d’intervalle) pour des cultures classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
Il est importe de procéder à plusieurs cultures avant toutes les 4 h au besoin
de commencer l’antibiothérapie dans un cas de Clients adultes : Antibiotiques (si aucun médecin
méningite. On augmente ainsi les chances de parvenir n’est disponible) :
à isoler le micro-organisme en cause.
ceftriaxone (Rocephin) (médicament de classe D)
– Échantillon d’urine à des fins d’analyse (analyse 2 g IV immédiatement
courante et microscopie, culture et antibiogramme)
– Prélèvement de gorge pour une culture et un Clients immunodéprimés (cancer, VIH, personne
antibiogramme âgée ou alcoolique) :

TRAITEMENT ceftriaxone (Rocephin) (médicament de classe D)


2 g IV immédiatement
Objectifs ET
– Enrayer l’infection. ampicilline (Ampicin) (médicament de classe D)
– Prévenir les complications. 2 g IV immédiatement (sauf en cas d’allergie à la
pénicilline)
Consultation
Surveillance et suivi
Consultez immédiatement un médecin. Si cela est
impossible, suivez les directives ci-dessous pour – Surveillez les points ABC (voies respiratoires,
l’administration d’antibiotiques par voie IV. Ne respiration et circulation) ainsi que les signes vitaux
retardez pas l’antibiothérapie si vous soupçonnez ce toutes les 30-60 min ou plus souvent, au besoin.
diagnostic. – Recherchez attentivement l’apparition de
symptômes neurologiques.
Interventions non pharmacologiques – Surveillez la consommation de liquides et le débit
– Repos au lit urinaire à l’heure.
– Ne rien administrer par la bouche. Orientation vers d’autres ressources
– Mettez en place une sonde urinaire à demeure médicales
(facultatif si le patient est conscient).
Procédez à une évacuation médicale dans les plus
Traitement adjuvant brefs délais.
Commencez le traitement IV par l’administration
d’un soluté physiologique, réglez le débit de
perfusion en fonction de l’équilibre hydrique du
client.

Évitez d’administrer une quantité excessive de


liquides, ce qui pourrait causer un œdème au cerveau.

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Système nerveux central 8–17

TROUBLE ÉPILEPTIQUE SYMPTOMATOLOGIE


CHRONIQUE – Une des causes précédentes est habituellement
présente.
DÉFINITION – Antécédents familiaux de trouble épileptique
– Âge d’apparition, fréquence des crises
Dérèglement soudain et temporaire de la fonction
– Perte de conscience soudaine ou perte de contrôle
cérébrale dû à une activité électrique anormale dans moteur (ou les deux)
le cerveau.
– La description des crises peut varier (selon le type)
Types – Perte du contrôle intestinal et vésical pendant la
– Crise épileptique tonicoclonique généralisée crise épileptique (p. ex. grand mal)
(grand mal) – Antécédents possibles d’aura précédant les crises
– Crise épileptique focale – Facteurs déclenchants : consommation d’alcool,
– Absence épileptique (petit mal) usage de drogues illicites, infection, mauvais usage
des anticonvulsivants
– Épilepsie temporale
– Antécédents d’accident vasculaire cérébral,
– Épilepsie partielle
traumatisme crânien, hypoxie, infection
– Épilepsie myoclonique neurologique, exposition à des toxines, troubles du
– Troubles épileptiques non classés (caractérisés par développement
les mouvements des yeux ou la mastication)
– État de mal épileptique OBSERVATIONS

CAUSES Après une crise aiguë


– Épilepsie – La température est normale, sauf s’il y a infection.
– Médicaments/drogues (non-adhésion au traitement – La fréquence cardiaque est élevée.
prescrit, syndrome de sevrage, surdos e, – La tension artérielle est variable.
polytoxicomanie) – Le client est dans un état post-ictal si la crise est
– Hypoxie récente (p. ex. somnolence, confusion,
– Tumeur cérébrale modifications du comportement).
– Infection cérébrale (p. ex. méningite) – Signe de traumatisme
– Troubles métaboliques (p. ex. hypoglycémie, – Les résultats de l’examen neurologique et de
urémie, insuffisance hépatique, perturbation de l’examen des autres appareils dépendent de la
l’équilibre électrolytique) cause de la crise.
– Sevrage alcoolique Client qui n’est pas en crise
– Traumatisme crânien
Les résultats de l’examen neurologique sont
– Accident vasculaire cérébral habituellement normaux.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Épilepsie
– Problèmes liés aux drogues/médicaments (non-
adhésion au traitement prescrit, symptômes de
sevrage, surdose, polytoxicomanie)
– Hypoxie
– Tumeur cérébrale
– Infection cérébrale
– Trouble métabolique (p. ex. hypoglycémie,
urémie, insuffisance hépatique, perturbation de
l’équilibre électrolytique)
– Sevrage alcoolique
– Traumatisme crânien
– Accident vasculaire cérébral

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8–18 Système nerveux central

COMPLICATIONS Interventions pharmacologiques


– Blessures qui surviennent pendant la crise ou par Les anticonvulsivants sont adaptés aux divers types
suite d’une chute de crise. La monothérapie est idéale, mais de 10 à
– Hypoxie durant la crise 15 % des clients doivent prendre plus de deux
– État de mal épileptique médicaments. La non-adhésion au traitement est la
– Répercussions sur la vie quotidienne (p. ex. travail, principale cause de récidive.
conduite automobile, interactions sociales)
Anticonvulsivants utilisés couramment
TESTS DIAGNOSTIQUES (médicaments de classe B)
Électroencéphalogramme – carbamazépine (Tegretol)
– clonazépam (Rivotril)
TRAITEMENT – gabapentin (Neurontin)
– lamotrigine (Lamictal)
Le traitement dépend de la cause sous -jacente et de la
sévérité des symptômes. – phénobarbital (Phenobarb)
– phénytoïne (Dilantin)
Objectifs – primidone (Mysoline)
– Supprimer les crises. – acide valproïque (Depakene)
– Prévenir les récidives. – vigabatrin (Sabril)
– Permettre à la personne de mener une vie normale. Surveillance et suivi
– Parvenir à l’adhésion au traitement à long terme.
– Tous les 6 mois si les crises sont enrayées; plus
– Mettre fin à la médication par suite de la maîtrise souvent si le client a des crises malgré le
continue des crises. traitement.
Consultation – Évaluez l’adhésion au traitement.
– Si le client n’est pas en état de crise à l’arrivée, – Surveillez les concentrations sériques de
consultez immédiatement le médecin s’il a eu une médicaments tous les 6 mois si l’état du client est
crise convulsive qui n’a jamais fait l’objet d’un stable, ou plus souvent si nécessaire.
diagnostic ou s’il a des antécédents de crises Orientation vers d’autres ressources
convulsives survenues malgré un traitement médicales
médicamenteux.
– Dirigez le client vers un médecin au moins une
– Si le client est en état de crise à l’arrivée, voir la
fois par année si les crises sont bien contrôlées.
section « État de mal épileptique » dans le présent
chapitre. – Dirigez d’urgence le client vers un médecin s’il a
des crises épileptiques.
Interventions non pharmacologiques – Envisagez un suivi neurologique si les
– Aidez le client à reconnaître ainsi qu’à réduire ou à médicaments que prend le client ne suppriment pas
éviter les facteurs déclenchants (p. ex. les crises.
consommation d’alcool).
– Recommandez des repas réguliers et un régime
alimentaire équilibré.
– Encouragez la réduction du stress.
– Recommandez au client d’éviter de se fatiguer.
– Suggérez le recours à une thérapie de relaxation.

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Système nerveux central 8–19

ÉTAT DE MAL ÉPILEPTIQUE (CRISE TESTS DIAGNOSTIQUES


DE GRAND MAL AIGUË) – Électrocardiogramme (ECG) (si possible), lorsque
le client a plus de 50 ans
DÉFINITION – Prélèvement de sang pour la détermination de la
glycémie
État épileptique qui dure plus de 15 minutes ou crises
– Échantillon d’urine à des fins d’analyse (analyse
qui surviennent à répétition sans que le client
courante et microscopie, culture et
reprenne conscience. Lorsque la crise dure plus de
antiobiogramme)
60 minutes sans être traitée, l’état de mal épileptique
est associé à une morbidité et à une mortalité TRAITEMENT
importantes.
Objectifs
CAUSE – Préserver l’ouverture des voies respiratoires.
– Inconnue – Stabiliser la fonction cardiorespiratoire.
– Mauvaise absorption des anticonvulsivants – Mettre fin à la crise.
– Non-adhésion au traitement Interventions non pharmacologiques
– Réduction trop rapide de la dose
d’anticonvulsivants – Assurez-vous que les voies respiratoires sont
dégagées et perméables.
SYMPTOMATOLOGIE – Aspirez les sécrétions au besoin.
– La crise commence par une convulsion. – Introduisez une canule oropharyngée.
– Les épisodes de mouvements toniques et cloniques – Aidez le client à respirer, au besoin à l’aide d’un
se produisent à répétition sans que le client ballon masque Ambu.
reprenne conscience. Traitement adjuvant
– La crise peut durer des heures ou des jours.
– Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min;
– Elle peut être fatale. maintenez une saturation en oxygène supérieure à
OBSERVATIONS 97 ou 98 %.
– Commencez la thérapie IV avec un soluté
– La température est normale, sauf s’il y a une physiologique; réglez le débit de la perfusion en
infection sous -jacente. fonction de l’équilibre hydrique du client.
– La fréquence cardiaque est élevée et le pouls peut
être irrégulier. Interventions pharmacologiques
– La respiration est irrégulière (elle est absente Anticonvulsivants :
durant la convulsion et présente entre les
convulsions). administrez du lorazépam (Ativan) (médicament
de classe D), 2 mg IV, pendant 1 min; répétez la
– La tension artérielle est élevée ou basse. dose à 4 min d’intervalle si les convulsions
– La saturation en oxygène peut être réduite. persistent (dose maximale de 8 mg)
– Le client est inconscient. En l’absence de lorazépam :
– Le client est pâle ou cyanosé.
– Perte du contrôle intestinal et vésical diazépam (Valium) (médicament de classe D),
5 mg IV; répétez la dose à 4 min d’intervalle si les
– Épisodes répétés de mouvements toniques et convulsions persistent (dose maximale de 20 mg)
cloniques
– Présence possible d’écume à la bouche Le lorazépam est préférable parce que son action dure
– Il peut y avoir du sang autour de la bouche ou dans plus longtemps et que le risque de dépression
la bouche du client s’il s’est mordu la langue. respiratoire est moindre.
– Signe de traumatisme
Administrez du diazépam avec prudence aux clients
COMPLICATIONS qui ont reçu des barbituriques parce que la dépression
respiratoire est un effet secondaire additif.
– Hypoxie
– Arythmie cardiaque Surveillez de près l’état du client pour déceler tout
– Lésion cérébrale signe de dépression respiratoire.
– Décès

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8–20 Système nerveux central

Consultation ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL


Consultez un médecin dans les plus brefs délais après (AVC)
le traitement d’urgence, parce que des
anticonvulsivants à action prolongée (p. ex DÉFINITION
phénytoïne [Dilantin]) sont également nécessaires
pour mettre fin aux crises et pré venir les récidives, si Apparition soudaine d’un déficit neurologique focal
les anticonvulsivants recommandés n’agissent pas. par suite d’un infarctus ou d’une hémorragie au
niveau du tissu cérébral. Quatre-vingts pour cent des
Anticonvulsivants à action prolongée qui sont utilisés AVC sont de nature ischémique et environ 25 % sont
couramment : attribuables à une embolie cérébrale.
phénobarbital (Phenobarb) (médicament de
classe B), 15 mg/kg IV, 25-50 mg/min; on peut CAUSES
aussi utiliser la voie IM.
Infarctus résultant d’une thrombose ou d’une
La dépression respiratoire causée par le phénobarbital embolie
s’ajoute à celle provoquée par les benzodiazépines; il – AVC en évolution : état instable, déficits
peut donc être nécessaire de pratiquer une intubation neurologiques en progression
si on emploie du phénobarbital. – AVC constitué : état stable, déficit neurologique
phénytoïne (Dilantin) (médicament de classe B), qui n’évolue pas
15 mg/kg IV, 1 mg/kg par minute (ne pas
Facteurs de risque
administrer plus de 50 mg/min); la dose ne doit pas
excéder 1 g chez l’adulte; mélangez avec du soluté – Fibrillation auriculaire
physiologique (50 ml/500 mg chez l’adulte). – Cardiopathie valvulaire (surtout avec un
Surveillance et suivi rétrécissement mitral et un prolapsus valvulaire
mitral)
– Déterminez les déficits neurologiques localisés. – Maladie coronarienne
– Évaluez si l’état de conscience redevient normal. – Infarctus du myocarde récent
– Surveillez les signes vitaux. – Anévrisme ventriculaire
– Surveillez la présence d’une activité convulsive – Sténose carotidienne
continue.
– Maladie vasculaire périphérique
Orientation vers d’autres ressources – Tabagisme
médicales – Hyperlipidémie
Procédez à l’évacuation médicale dans les plus brefs – Diabète sucré
délais. – Antécédents de consommation de drogues
injectables (p. ex. cocaïne, amphétamines)
Hémorragie intracrânienne
– Hémorragie intracérébrale : hémorragie à
l’intérieur ou autour du cerveau
– Hémorragie sous-arachnoïdienne : responsable de
5 à 10 % des accidents vasculaires cérébraux
Facteurs de risque
– Hypertension
– Malformations artérioveineuses
SYMPTOMATOLOGIE
– Présence de l’une des causes énumérées ci-dessus
– Un début soudain évoque un infarctus, mais on
doit éliminer l’abcès cérébral, la tumeur cérébrale
et l’hématome sous-dural.

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Système nerveux central 8–21

AVC en évolution DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Dysfonctionnement neurologique qui évolue sans – Trouble épileptique
douleur pendant plusieurs heures ou jours – Hématome sous-dural
– Absence de mal de tête – Traumatisme crânien
– Touche progressivement le reste de l’organisme – Tumeur
– Évolution graduelle avec des périodes de stabilité;
peut être continue COMPLICATIONS

Diminution ou altération possible de l’état de – Ventilation insuffisante


conscience – Aspiration
– Convulsions
AVC constitué – Troubles de communication
– Début brutal – Rétention urinaire aiguë ou incontinence urinaire
– Les symptômes atteignent leur point culminant en – Incontinence intestinale
quelques minutes. – Thrombose veineuse profonde
– Déficits neurologiques unilatéraux – Nécrose cutanée (escarres de décubitus)
Diminution ou altération possible de l’état de – Décès
conscience TESTS DIAGNOSTIQUES
Hémorragie intracrânienne – Une ECG peut être utile.
– Évoquée par le coma, les vomissements, une – Recherchez une fibrillation auriculaire.
céphalée sévère, des antécédents de traitement par
TRAITEMENT
la warfarine, des antécédents d’anomalie
vasculaire (p. ex. anévrisme, angiome), tension Objectifs
artérielle systolique > 220 mm Hg,
– Garder les voies respiratoires dégagées.
glycémie ≥ 170 mg/dl (9,43 mmol/l) chez le client
qui n’est pas diabétique – Assurer une ventilation suffisante.
– Hémorragie sous-arachnoïdienne évoquée par Interventions non pharmacologiques
l’apparition récente d’une céphalée sévère parfois – Introduisez une canule oropharyngée (si le client
suivie de nausées et de vomissements et d’une est inconscient).
perte de conscience (passagère ou coma). Le client
– Aspirez les sécrétions au besoin.
peut toutefois souffrir seulement d’un mal de tête
et présenter des résultats normaux à l’examen – Ventilez à l’aide d’un ballon masque Ambu à
physique. 12 puls/min au besoin.
– N’administrez rien par la bouche si l’AVC altère
OBSERVATIONS l’état de conscience ou le mécanisme de
– La fréquence cardiaque peut être élevée et le pouls, déglutition.
irrégulier. – Mettez en place une sonde urinaire si l’état de
– La tension artérielle peut être normale, élevée ou conscience est altéré.
faible.
– Le client ressent une détresse modérée ou aiguë.
– Il peut être inconscient.
– Il peut y avoir de la confusion mentale.
– Faiblesse unilatérale
– Il peut y avoir de l’aphasie.
– Incontinence urinaire et intestinale possible
– Sensibilité parfois moindre du côté atteint
– Faiblesse musculaire du côté atteint
– Diminution ou hyperactivité possible des réflexes
du côté atteint
– Présence possible de clonus
– Bruit carotidien possible
– Souffle cardiaque possible

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8–22 Système nerveux central

Traitement adjuvant – Ne tentez pas d’abaisser la tension artérielle, car


– Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min une tension artérielle élevée a souvent une fonction
ou plus au besoin; maintenir un niveau de de compensation. Une baisse soudaine de la
saturation en oxygène de plus de 97 à 98 %. tension artérielle pourrait aggraver l’AVC.
– Commencez la thérapie IV par un soluté Surveillance et suivi
physiologique; réglez le débit en fonction de l’âge, – Surveillez les signes vitaux, l’apport de liquides et
des problèmes de santé préexistants et de le débit urinaire à l’heure.
l’équilibre hydrique du client et de sa capacité de
prendre des liquides. – Surveiller l’état de conscience et l’évolution de
l’état neurologique.
N’administrez pas un volume excessif de liquides, – Vérifiez si des complications surviennent.
surtout si une hémorragie cérébrale est soupçonnée. – Surveillez les signes d’une éventuelle aggravation
de problèmes de santé préexistants.
Consultation
Orientation vers d’autres ressources
Consultez un médecin aussitôt que l’état du patient médicales
est stable.
Procédez à l’évacuation médicale dans les plus brefs
Interventions pharmacologiques délais.
– Aucune intervention pharmacologique est
expressément indiquée pendant la phase aiguë.

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CHAPITRE 9 – DERMATOLOGIE

Table des matières

EXAMEN DE LA PEAU............................................................................... 9–1


Anamnèse et examen de la peau..................................................... 9–1
Examen physique ........................................................................... 9–2
AFFECTIONS COURANTES DE L’ÉPIDERME ............................................ 9–3
Abcès (sous-cutané) ....................................................................... 9–3
Cellulite.......................................................................................... 9–4
Furoncle et anthrax ......................................................................... 9–6
Impétigo......................................................................................... 9–7
Eczéma (dermite atopique).............................................................. 9–9
Pédiculose (infestation de poux) .................................................... 9–10
Gale ............................................................................................. 9–11
Dermatophytose (teigne)............................................................... 9–13
Dermite de stase .......................................................................... 9–15
Urticaire....................................................................................... 9–16
Verrues ........................................................................................ 9–17
URGENCES DERMATOLOGIQUES.......................................................... 9–18
Lésions cutanées .......................................................................... 9–18
Brûlures ....................................................................................... 9–22
Engelures ..................................................................................... 9–26

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9–1

EXAMEN DE LA PEAU
ANAMNÈSE ET EXAMEN DE Autres symptômes associés
LA PEAU – Siège de la première lésion
– Dates et localisation des récidives
GÉNÉRALITÉS – Symptômes intermittents ou continus
– Lien avec des conditions environnementales ou
Chaque symptôme doit être noté et examiné en professionnelles
fonction des caractéristiques suivantes :
– Apparition (soudaine ou graduelle) ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (CUTANÉS)
– Évolution dans le temps – Allergies (p. ex. asthme, fièvre des foins, urticaire)
– État actuel (amélioration ou aggravation) – Maladie virale récente ou actuelle
– Localisation – Maladie bactérienne récente ou actuelle
– Qualité – Fièvre
– Fréquence et durée – Allergies à des médicaments, à des aliments, à
– Sévérité d’autres substances chimiques
– Facteurs déclenchants et aggravants – Médicaments (p. ex. stéroïdes, contraceptifs oraux,
– Facteurs de soulagement antibiotiques, produits grand public)
– Symptômes associés – Immunosuppression (p. ex. VIH/sida)
– Répercussions sur les activités quotidiennes – Dermatite séborrhéique
– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant – Psoriasis
– Traitements antérieurs – Diabète
– Efficacité des traitements antérieurs
ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (CUTANÉS)
SYMPTÔMES DOMINANTS – Allergies (p. ex. saisonnières, alimentaires)
En plus des caractéristiques générales décrites ci- – Dermatite séborrhéique
dessus, il faut aussi explorer les symptômes suivants : – Autres membres de la famille ayant des
Peau symptômes similaires (p. ex. éruptions)
– Psoriasis
– Modification de la texture ou de la couleur
– Sécheresse ou moiteur anormale ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX
– Démangeaisons (CUTANÉS)
– Éruptions – Obésité
– Contusions, pétéchies – Manque d’hygiène
– Modification de la pigmentation – Environnement chaud ou humide, milieu de vie
– Lésions insalubre
– Modification des grains de beauté ou des taches – Stress (peut provoquer des poussées de dermatoses
de vin chroniques, comme le psoriasis)
Cheveux – Exposition à de nouveaux produits chimiques
(p. ex. savons), aliments, animaux de compagnie,
– Perte de cheveux, modification de la texture ou de plantes
la répartition
– Troubles émotifs
Ongles – Antécédents de peau sensible
– Modification de la texture, de la constitution – Autres personnes à la maison, au travail ou à
l’école ayant des symptômes similaires
– Voyage récent

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9–2 Dermatologie

EXAMEN PHYSIQUE Tableau 1 : Principaux types de lésions cutanées


Type de lésion Caractéristiques
ASPECT GÉNÉRAL Papule ortiée : Lésion changeante, passagère, indurée,
saillante et de forme irrégulière provoquée
– État de santé apparent par de l’œdème local (réaction allergique à
des médicaments, piqûres, rayons du soleil).
– Confort ou détresse
Croûte : Sérum, sang ou pus séché.
– Teint (p. ex. rouge, pâle)
Érosion : Perte d’une partie ou de la totalité de
– État nutritionnel (obésité, maigreur) l’épiderme.
– État d’hydratation Excoriation : Écorchure linéaire ou creusée causée par
grattage, friction ou curetage.
– Âge apparent
Lichénification : Épaississement de la peau avec
– Concordance entre l’apparence et l’âge déclaré accentuation de ses plis (eczéma).
– Signes vitaux (la température peut être élevée) Macule : Tache plate, circonscrite, colorée, de forme
et de dimension variables (taches de
INSPECTION ET PALPATION DE LA PEAU rousseur, grains de beauté, taches de vin).

– Couleur Nodule : Lésion pleine, palpable, surélevée ou non


(kystes kératinisés, petits lipomes, fibromes).
– Température, texture, turgescence
Papule : Lésion pleine surélevée (verrues, psoriasis,
– Sécheresse, moiteur lésion syphilitique, grains de beauté
pigmentés).
– Desquamation
Pustule : Lésion superficielle surélevée contenant du
– Pigmentation pus (impétigo, acné, furoncles, anthrax).
– Vascularité (érythème, veines anormales) Squames : Particules d’épithélium corné (psoriasis,
– Ecchymoses, pétéchies dermatite séborrhéique, infections
fongiques, dermatite chronique).
– Œdème (déclive, facial)
Télangiectasies : Fines lignes rouges, souvent irrégulières,
– Indurations produites par la dilatation de capillaires,
– Lésions isolées (couleur, type, texture, répartition normalement invisibles.
générale, pourtour et relief) Ulcère : Perte de l’épiderme et d’au moins une partie
du derme.
– Cheveux (densité, texture, distribution)
Vésicule : Lésion surélevée et circonscrite de diamètre
– Ongles (forme, texture, coloration anormale, < 5 mm contenant un liquide transparent.
stries) Les vésicules de plus grosse taille sont
classées dans la catégorie des cloques ou
– Muqueuses des ampoules (piqûres d’insecte, eczéma
– Plis de flexion allergique, coups de soleil).

AUTRES ASPECTS
– Examinez les ganglions lymphatiques.
– Examinez les régions distales des ganglions
lymphatiques enflés.
PRINCIPAUX TYPES DE LÉSIONS
CUTANÉES
Les principaux types et caractéristiques des lésions
cutanées sont présentés dans le tableau 1.

La jaunisse, l’angiome stellaire, l’érythème palmaire


ou un « collier » de télangiectasies peuvent être
révélateurs d’une maladie hépatique d’origine
alcoolique. Les pétéchies et le purpura sont des
signes de problèmes de coagulation.

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Dermatologie 9–3

AFFECTIONS COURANTES DE L’ÉPIDERME

ABCÈS (SOUS-CUTANÉ) TRAITEMENT

Pour un abcès petit, simple et non compliqué, qui


DÉFINITION ne peut être ouvert et drainé, le traitement approprié
Accumulation de pus localisée dans les tissus sous- comprend le nettoyage et la protection de la région
cutanés. lésée et l’administration d’un antibiotique par voie
orale. Pour un abcès compliqué, étendu ou situé
CAUSES dans une région délicate du corps ou un abcès
chez un sujet immunodéprimé , il faut administrer
– Staphylococcus aureus, bactéries anaérobies, un antibiotique IV et diriger le client vers un médecin
autres micro-organismes sans délai.
– Facteurs prédisposants : folliculite, cellulite,
traumatisme, incision Objectifs
– Enrayer l’infection
SYMPTOMATOLOGIE
– Prévenir les complications
– Douleur, œdème, rougeur de la région infectée
Consultation
– Présence possible de fièvre
– Blessure ou traumatisme Il faut consulter un médecin si le client est fébrile ou
semble gravement malade, s’il présente des signes de
OBSERVATIONS cellulite, de lymphangite ou d’adénopathie étendue,
– Hausse possible de la température ou si l’on soupçonne ou décèle la présence d’un
– Accélération possible du pouls abcès dans une région délicate (p. ex. la tête ou le
– Le client peut sembler malade. cou, les mains, les pieds, la région périrectale) ou
chez un client immunodéprimé (p. ex. un diabétique).
– Rougeur et œdème localisés
– Suppuration possible Interventions non pharmacologiques
– Induration localisée Petits abcès non compliqués
– Sensibilité
– Il faut appliquer des compresses d’eau tiède salée
– Abcès fluctuant (possiblement difficile à sentir à la
quatre fois par jour.
palpation s’il est profond)
– Recouvrez toute plaie ouverte d’un pansement
– Les ganglions lymphatiques de la région atteinte
stérile, non adhésif (p. ex. TELFA).
peuvent être enflés et sensibles.
– Il est souvent difficile d’évaluer la taille d’un – Immobilisez le membre infecté, surélevez-le et
soutenez-le à l’aide d’une attelle peu serrée.
abcès, qui est habituellement plus gros qu’il n’en
a l’air. Abcès profonds
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL – Repos au lit
– Recouvrez toute plaie ouverte d’un pansement
Cellulite. stérile, non adhésif (p. ex. TELFA).
– Immobilisez le membre infecté, surélevez-le et
COMPLICATIONS
soutenez-le à l’aide d’une attelle peu serrée.
Septicémie. Traitement adjuvant

TESTS DIAGNOSTIQUES Abcès profonds


Prélevez un échantillon de l’exsudat par Amorcez un traitement IV à l’aide de soluté
écouvillonnage pour culture et antibiogramme. physiologique; réglez le débit de perfusion en
fonction de l’équilibre hydrique et de l’âge du client.

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9–4 Dermatologie

Interventions pharmacologiques Abcès profond

Petits abcès non compliqués Procédez à l’évacuation médicale dans les plus brefs
délais, pour une pharmacothérapie IV et
Antibiotiques : éventuellement un drainage chirurgical.
cloxacilline (Orbenin) (médicament de classe A),
250-500 mg PO qid pendant 10 jours CELLULITE
ou
céfalexine (Keflex) (médicament de classe C), DÉFINITION
250 mg PO qid pendant 10 jours
Inflammation aiguë, extensive et diffuse de la peau,
En cas d’allergie à la pénicilline : affectant ses couches plus profondes et les tissus
érythromycine (E-Mycin) (médicament de sous -cutanés.
classe A), 250-500 mg PO qid
CAUSES
Antipyrétiques et analgésiques :
acétaminophène (Tylenol) (médicament de
– Bactéries : principalement Staphylococcus ou
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
Streptococcus
toutes les 4-6 h au besoin – Facteurs prédisposants : traumatisme local,
Abcès profond furoncle, ulcère sous-cutané

Vous pouvez commencer à administrer des Lorsque la cellulite est provoquée par une morsure,
antibiotiques IV, comme ceux énumérés ci-dessous différents agents pathogènes peuvent être en cause.
avant de transférer le client, si un médecin les Voir la section « Lésions cutanées » dans « Urgences
prescrit : dermatologiques » plus loin dans ce chapitre.

céfazoline (Ancef) (médicament de classe B), SYMPTOMATOLOGIE


0,5-1,0 g IV toutes les 6-8 h
– Douleur localisée
Si l’abcès est situé dans la région périrectale : – Rougeur
céfoxitine (Mefoxin) (médicament de classe B), – Œdème
1 g IV toutes les 8 h – Région de plus en plus rouge, chaude au toucher,
et douloureuse
– Sensibilité dans la région périphérique
métronidazole (Flagyl) (médicament de classe B),
7,5 mg/kg IV toutes les 6 h – Présence possible d’une légère fièvre et de
céphalée
En cas d’allergie à la pénicilline :
érythromycine (Erythrocin) (médicament de OBSERVATIONS
classe A), 500 mg IV toutes les 8-12 h (dose – La température peut être élevée.
quotidienne maximale de 20 mg/kg)
– La fréquence cardiaque peut être élevée.
Surveillance et suivi – Rougeur, œdème
– Lésion diffuse, non clairement circonscrite
Petits abcès non compliqués
– Léger écoulement purulent possible
Suivi quotidien jusqu’à résolution de l’infection. – Rougeur et œdème dans la région périphérique,
tension cutanée possible
Abcès profond
– Œdème
Vérifiez fréquemment les signes vitaux et surveillez – Sensibilité
les signes de septicémie. – Induration (ferme au toucher)
Orientation vers d’autres ressources – Hypertrophie et sensibilité possibles des ganglions
médicales dans la région atteinte
Petits abcès non compliqués DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
En général, il n’est pas nécessaire de consulter un – Folliculite
médecin. – Présence d’un corps étranger
– Abcès

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Dermatologie 9–5

COMPLICATIONS Éducation du client


– Extension de l’infection – Expliquez au client l’utilisation appropriée des
– Abcès médicaments (dose, fréquence, adhésion au
– Septicémie traitement).
– Il faut observer les règles d’hygiène qui
TESTS DIAGNOSTIQUES s’appliquent à toutes les plaies cutanées pour
prévenir toute infection future.
Prélevez un échantillon de l’exsudat par
écouvillonnage pour culture et antibiogramme. – Soulignez l’importance d’un suivi étroit.
Traitement adjuvant
TRAITEMENT
Cellulite bénigne
En cas d’affection bénigne, il n’est pas nécessaire, en
général, de consulter un médecin ou d’adresser le En cas de lésion provoquée par un traumatisme,
client à un médecin; le client peut être traité en vérifiez si le client est immunisé contre le tétanos;
consultation externe. En cas d’affection modérée ou dans la négative, administrez le vaccin antitétanique.
grave, un traitement IV s’impose, et le client doit être
adressé à un médecin. Cellulite modérée ou sévère
– Amorcez un traitement IV à l’aide de soluté
Objectifs physiologique pour garder la veine ouverte; réglez
– Enrayer l’infection le débit de perfusion en fonction de l’équilibre
– Déceler la présence d’un abcès hydrique et de l’âge du patient.
– En cas de lésion provoquée par un traumatisme,
Consultation
vérifiez si le client est immunisé contre le tétanos;
Cellulite bénigne dans la négative, administrez le vaccin
antitétanique.
Il n’est généralement pas nécessaire de consulter un
Interventions pharmacologiques
médecin.
Cellulite bénigne
Cellulite modérée ou grave
Antibiotique oral :
Il faut consulter un médecin dans les cas suivants :
cloxacilline (Orbenin) (médicament de classe A),
– la cellulite est modérée ou grave (p. ex. infection 250 mg PO qid pendant 10 jours
étendue) ou
– elle progresse rapidement, ce qui peut être un
érythromycine (E-Mycin) (médicament de
signe d’infection invasive à streptocoque classe A), 250 mg PO qid pendant 10 jours
– les régions atteintes sont les mains, les pieds, le ou
visage ou une articulation
– le client présente un déficit immunitaire (p. ex. céphalexine (Keflex) (médicament de classe C),
souffre du diabète) 250-500 mg PO qid pendant 10 jours
– le client est fébrile, semble gravement malade ou Les signes distinctifs de l’infection à streptocoque
montre des signes de septicémie sont rares, ce qui complique l’établissement du
Interventions non pharmacologiques diagnostic. Par conséquent, il faudrait ajouter de la
pénicilline à ce régime :
Cellulite bénigne
pénicilline (Pen Vee K) (médicament de classe A)
– Appliquez des compresses d’eau chaude salée sur 300 mg qid pendant 10 jours
les régions atteintes quatre fois par jour.
En cas d’allergie à la pénicilline :
– Mettez le membre atteint au repos, surélevez-le et
érythromycine (E-Mycin) (médicament de
soutenez-le à l’aide d’une attelle peu serrée.
classe A), 250-500 mg PO qid pendant 10 jours
Antipyrétiques et analgésiques :
acétaminophène (Tylenol) (médicament de
classe A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les
4-6 h au besoin

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9–6 Dermatologie

Cellulite modérée ou grave OBSERVATIONS


Amorcez une antibiothérapie IV sur prescription du – Nodule ou pustule de 5 à 30 mm de diamètre
médecin seulement. – De couleur rouge foncé
Antipyrétiques et analgésiques : – Écoulement spontané possible de pus de la région
acétaminophène (Tylenol) (médicament de centrale
classe A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les – L’anthrax peut prendre la forme d’une masse
4-6 h au besoin rouge présentant de multiples cavités purulentes
dans les tissus épais dépourvus d’élasticité (p. ex.
Surveillance et suivi nuque, dos, cuisses).
Cellulite bénigne – Chaleur, sensibilité à la palpation
– Lésions parfois fluctuantes
– Assurez un suivi quotidien afin de vérifier si
l’infection diminue. – En général, les ganglions de la région atteinte ne sont
pas enflés ni sensibles.
– Expliquez au client qu’il doit revenir à la clinique
sans délai si la lésion devient fuyante, si la douleur DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
augmente ou en cas de fièvre.
– Cellulite
Cellulite modérée ou sévère – Abcès
Vérifiez fréquemment les signes vitaux et la région COMPLICATIONS
atteinte pour déceler les signes de progression.
– Cicatrices
Orientation vers d’autres ressources – Propagation de l’infection (p. ex. lymphangite,
médicales lymphadénite)
Cellulite modérée ou sévère – Abcès
– Récurrence
Procédez à l’évacuation médicale dans les plus brefs
délais. TESTS DIAGNOSTIQUES
– Prélevez un échantillon de l’exsudat par
FURONCLE ET ANTHRAX écouvillonnage pour culture et antibiogramme.
– Vérifiez la glycémie en cas d’infections à
DÉFINI TION répétition ou en présence de symptômes
évocateurs du diabète sucré.
– Furoncle ou clou : nodule périfolliculaire sensible
dû à une inflammation aiguë TRAITEMENT
– Anthrax : groupe de furoncles, généralement plus
gros et plus profonds Objectifs
– Enrayer l’infection
CAUSES
– Prévenir les récidives
– Infection staphylococcique de plusieurs follicules – Déceler les facteurs prédisposants (p. ex. le
pileux
diabète)
– Facteurs prédisposants : obésité, diabète, manque
d’hygiène, transpiration ou friction excessive, Consultation
séborrhée, traumatisme local (p. ex. épilation), Consultez un médecin en présence d’un gros furoncle
utilisation de stéroïdes systémiques ou anthrax, qui pourrait nécessiter un drainage
SYMPTOMATOLOGIE chirurgical.

– Généralement localisé sur le cou, les aisselles, les


seins, le visage et les fesses
– Rougeur, œdème, douleur, sensibilité localisés
– Apparition d’un petit nodule, qui se transforme
rapidement en une grosse pustule
– Écoulement purulent, sanguignolent à l’incision
– Lésion isolée ou plusieurs lésions rapprochées
– Lésions parfois récurrentes
– Absence de fièvre

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Dermatologie 9–7

Interventions non pharmacologiques IMPÉTIGO


– Il faut appliquer des compresses d’eau tiède salée
au moins quatre fois par jour (dans le cas des DÉFINITION
furoncles mineurs, les compresses pourraient
permettre la résolution de l’inflammation ou un Infection cutanée superficielle d’origine bactérienne,
écoulement spontané). extrêmement contagieuse.
– Recouvrez la région d’un pansement stérile, non CAUSES
adhésif.
– Streptococcus, Staphylococcus ou une
– En cas de tuméfaction fluctuante et acuminée,
combinaison des deux
pratiquez une incision nette et laissez le pus
s’écouler, ce qui atténuera la douleur et la – Facteurs prédisposants : traumatisme local, piqûres
sensibilité. d’insectes, lésions cutanées dues à d’autres
affections (p. ex. eczéma, gale, pédiculose)
Éducation du client
SYMPTOMATOLOGIE
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence). – Les régions les plus fréquemment atteintes sont le
– Encouragez le client à bien nettoyer la région visage, le cuir chevelu et les mains, mais les
atteinte. lésions peuvent apparaître n’importe où.
– Soulignez l’importance d’un nettoyage régulier de – Les régions généralement touchées sont des
la peau pour éviter d’autres infections. régions découvertes.
– Recommandez au client d’éviter de gratter ou de – L’impétigo survient généralement durant les
presser les lésions. mois d’été.
– Dans le cas des infections à répétition, conseillez – Les nouvelles lésions sont généralement
au client de laver la région infectée avec un savon attribuables à l’auto-inoculation.
antiseptique doux deux fois par jour pour prévenir – L’éruption apparaît d’abord sous forme de taches
les récidives. rouges, qui peuvent être associées à des
démangeaisons.
Interventions pharmacologiques
– Les lésions se transforment en petites vésicules
Antibiotiques en cas d’infection modérée ou sévère : puis en pustules, qui éclatent et laissent écouler un
cloxacilline (Orbenin) (médicament de classe A), liquide.
250 mg PO qid pendant 7-10 jours – Ce liquide sèche et forme une croûte d’un jaune
doré caractéristique.
En cas d’allergie à la pénicilline :
– Les lésions ne causent pas de douleurs.
érythromycine (E-Mycin) (médicament de
classe A), 250 mg PO qid pendant 7-10 jours – La fièvre et les symptômes généraux sont rares.
– Une fièvre bénigne peut se manifester dans les cas
Surveillance et suivi d’infection généralisée.
– Suivi après deux jours et après 7-10 jours
OBSERVATIONS
– Demandez au client de revenir sans délai si la
lésion devient fluctuante, si la douleur augmente, – Lésion formant une croûte épaisse d’un jaune doré
ou en présence de fièvre. sur fond rouge
– Nombreuses lésions cutanées à différents stades
Orientation vers d’autres ressources
d’évolution (vésicules, pustules, croûtes,
médicales écoulement séreux ou pustuleux, lésions en voie de
Fixez un rendez-vous (non urg ent) avec le médecin cicatrisation)
en cas de récidive. – Des bulles peuvent se former.
– Les lésions et la région périphérique peuvent être
chaudes à la palpation.
– Les ganglions dans la région touchée peuvent être
enflés et sensibles.

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9–8 Dermatologie

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions pharmacologiques


– Dermatite infectée, dermite de contact, gale Appliquez un antibiotique topique après chaque
– Herpès accompagné de vésicules ou de croûtes application de compresses :
– Varicelle accompagnée de vésicules ou de croûtes bacitracine en pommade (Baciguent) (médicament
– Zona (herpes zoster) accompagné de vésicules ou de classe A), qid
de croûtes ou
– Bulles provoquées par des piqûres d’insectes mupirocine en pommade (Bactroban)
(médicament de classe A), qid
COMPLICATIONS
ou
– Cellulite localisée ou étendue
acide fusidique en pommade ou en crème (Fucidin)
– Glomérulonéphrite poststreptococcique (rare chez
(médicament de classe A), qid
l’adulte)
Administrez un antibiotique oral si un grand nombre
TESTS DIAGNOSTIQUES de lésions semblent infectées :
Aucun cloxacilline (Orbenin) (médicament de classe A),
250 mg PO qid pendant 10 jours
TRAITEMENT ou

Objectifs érythromycine (E-Mycin) (médicament de


classe A), 250 mg PO qid pendant 10 jours
– Enrayer l’infection
En cas d’allergie à la pénicilline :
– Prévenir l’auto-inoculation
érythromycine (E-Mycin) (médicament de
– Prévenir la contamination des membres de classe A), 250 mg PO qid pendant 10 jours
l’entourage
Consultation Surveillance et suivi
– Assurez un suivi après 2-3 jours pour évaluer la
Consultez un médecin si le traitement ne donne réponse au traitement.
aucun résultat.
– Demandez au client de revenir se faire examiner
Interventions non pharmacologiques s’il fait de la fièvre ou si l’infection s’étend malgré
– Il faut appliquer quatre fois par jour et au besoin le traitement.
des compresses d’eau tiède salée pour assouplir et Orientation vers d’autres ressources
éliminer les croûtes. médicales
– Nettoyez la région atteinte avec un agent
antimicrobien antiseptique pour réduire la Elle n’est généralement pas nécessaire, sauf en cas de
croissance bactérienne. complications.

Éducation du client
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, régularité).
– Recommandez au client d’observer les règles
d’hygiène appropriées (se laver tous les jours avec
le savon prescrit).
– Conseillez le client quant à la prévention des
récidives.
– Suggérez au client des moyens de prévenir la
contamination des autres membres de sa famille
(p. ex. se laver les mains soigneusement, utiliser
des serviettes réservées à son propre usage).

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Dermatologie 9–9

ECZÉMA (DERMITE ATOPIQUE) DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Dermite séborrhéique
DÉFINITION – Sécheresse de la peau (prurit hivernal)
Inflammation cutanée chronique, qui provoque des – Dermite de contact allergique
démangeaisons. – Psoriasis
– Gale
CAUSES
COMPLICATIONS
– Essentiellement inconnues
– Infection bactérienne secondaire
– Sensibilité cutanée héréditaire
– Irritation cutanée chronique
– Allergie
– Effets secondaires des médicaments (p. ex.
SYMPTOMATOLOGIE corticostéroïdes)
– Apparaît dès la première enfance TESTS DIAGNOSTIQUES
– Peut persister durant toute la vie
Aucun
– Les symptômes à l’âge adulte sont différents des
symptômes qui se manifestent durant la première TRAITEMENT
année de la vie et l’enfance.
– Alternance de rémissions et de poussées Objectifs
– Des antécédents familiaux d’eczéma, d’allergies et – Soulager les symptômes
d’asthme sont fréquents.
– Prévenir les infections secondaires
– Affection caractérisée essentiellement par des
démangeaisons et une desquamation Consultation
– Éruptions vésiculaires possibles Il faut consulter un médecin si le traitement ne donne
– Le grattage provoque la rupture des vésicules. aucun résultat après 1 semaine.
– Un liquide séreux et transparent s’écoule des
vésicules, provoquant une éruption cutanée. Interventions non pharmacologiques
– Un cercle vicieux démangeaisons-grattage-rash- – Offrez du soutien au client, étant donné qu’il peut
démangeaisons s’ensuit. être difficile de vivre avec cette affection irritante
– Touche généralement le visage, le cou, les bras et et peu esthétique.
le dos, les plis de flexion des membres, les pieds – Indiquez au client qu’il doit cesser d’utiliser les
– Peut se généraliser corticostéroïdes dès que les lésions graves sont
– Apparition fréquente d’une infection bactérienne cicatrisées, ces médicaments n’ayant pas d’action
secondaire préventive et risquant d’irriter et d’endommager
– Des irritants particuliers peuvent être identifiés davantage l’épiderme.
dans certains cas. – Aidez le client à identifier les facteurs
– Sensibilité à la laine, aux solvants, aux crèmes, déclenchants et aggravants, et incitez-le à les
aux lotions et aux savons parfumés éviter.
– Présence fréquente d’allergies, d’asthme, de – Pour assécher et rafraîchir les lésions humides,
dermatite de contact conseillez au client d’appliquer des compresses
quatre fois par jour au besoin (acétate d’aluminium
OBSERVATIONS [solution de Burrow] ou soluté physiologique).
– Desquamation, sécheresse, épaississement – Lubrifiez les lésions sèches au moyen de Glaxal
(lichénification) de l’épiderme Base, de crème Nivea ou de gelée de pétrole
– Présence possible de fissures (Vaseline) deux fois par jour, après le bain et au
– Excoriations besoin.
– Présence fréquente d’une légère rougeur et d’œdème
– Présence possible de vésicules dans certaines régions
– Présence possible de lésions suintantes
– Présence possible de pustules ou de croûtes
– Modifications chroniques de certaines régions
cutanées (amincissement, cicatrices, lichénification)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


9–10 Dermatologie

Éducation du client PÉDICULOSE (INFESTATION DE


– Expliquez au client l’utilisation appropriée des POUX)
médicaments (dose, fréquence, application).
– Conseillez au client : DÉFINITION
§ d’observer les règles d’hygiène appropriées
pour éviter les infections bactériennes Infestation de poux.
secondaires. CAUSES
§ de porter des vêtements de coton amples.
§ d’éviter les tissus rugueux et la laine.
On en distingue trois types : les poux de tête, les
poux de corps et les poux du pubis.
§ d’éviter de surchauffer.
§ d’éviter les produits irritants au travail et à la Facteurs de risque
maison. – Promiscuité (p. ex. lits partagés), surpopulation
§ d’utiliser un substitut du savon (p. ex. Aveeno) dans les écoles
plutôt que du savon. – Milieu regroupant un grand nombre d’enfants
§ d’insérer des gants de coton dans les gants de – Non-reconnaissance de l’infestation
caoutchouc pour manipuler des liquides. – Application erronée des traitements
§ d’appliquer des lubrifiants gras sur sa peau dans – Omission de traiter simultanément les membres de
les minutes qui suivent le bain ou la douche la famille et de l’entourage
pour « emprisonner » l’humidité.
– Omission d’éliminer les poux logés dans la literie
Interventions pharmacologiques et les vêtements lors du traitement
– Absence d’eau courante, facteur qui peut
Pour atténuer l’inflammation en cas de
prédisposer à un manque d’hygiène et à un risque
démangeaisons modérées ou sévères :
d’infection cutanée secondaire
hydrocortisone 0,5 % en crème ou en onguent
(Unicort) (médicament de classe A), tid pendant SYMPTOMATOLOGIE
1-2 semaines
– Poux de tête : se trouvent sur le cuir chevelu
Utilisez des gels et des crèmes pour les éruptions – Poux de corps : se trouvent sur le corps
aiguës suintantes et des pommades pour les lésions – Poux du pubis : se trouvent dans la région
sèches ou lichénifiées. Appliquez des lotions sur les pubienne et parfois dans les poils de l’abdomen,
régions velues. des cuisses, des aisselles, des cils et des sourcils
Pour soulager les démangeaisons, administrez des – Démangeaisons sévères dans la région touchée
antihistaminiques par voie orale : – Excoriation de l’épiderme
hydroxyzine (Atarax) (médicament de classe A), – Risque d’infection bactérienne secondaire
10-25 mg PO au coucher et bid au besoin – Présence possible de poux ou de lentes dans la
literie, dans les coutures des vêtements
Commencez par une dose de 10 mg chez les clients
de petite taille, les personnes âgées ou celles qui OBSERVATIONS
prennent des anxiolytiques. L’effet sédatif de
l’hydroxyzine contribue à rompre le cycle grattage- – Présence de petites lentes blanc gris adhérant à la
démangeaisons. racine des cheveux
– Les poux sont généralement visibles.
Surveillance et suivi
– Excoriation de l’épiderme
Assurez un suivi après 1-2 semaines pour évaluer la
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
réponse au traitement. Demandez au client de revenir
avant s’il constate l’apparition de signes d’infection. – Pellicules
Orientation vers d’autres ressources COMPLICATIONS
médicales
– Infestations à répétition
Fixez un rendez-vous (non urgent) avec un médecin – Infection cutanée
si le traitement ne donne aucun résultat.
TESTS DIAGNOSTIQUES
Aucun

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Dermatologie 9–11

TRAITEMENT Surveillance et suivi

Objectifs Suivi après 7 jours. Le traitement peut être répété 7-


10 jours après la première application.
– Enrayer l’infestation
– Prévenir toute nouvelle infestation Orientation vers d’autres ressources
– Prévenir la propagation aux membres de la famille médicales
et de l’entourage
N’est généralement pas nécessaire.
Interventions non pharmacologiques
– Retirez les lentes et les poux morts à l’aide d’une
pince et d’un peigne à lentes.
GALE
– Protégez les yeux et les muqueuses afin de ne pas
les irriter. DÉFINITION
– Retirez les lentes logées dans les sourcils à l’aide Infestation de la peau par un acarien.
de gelée de pétrole (enrobe les lentes, qui meurent
par suffocation). CAUSE
– Expliquez au client la manière de procéder, soit
Sarcoptes scabiei.
placer une petite quantité de gelée de pétrole sur le
bout des doigts, fermer les yeux et appliquer la Facteurs de risque
gelée de pétrole sur les paupières et les sourcils.
Répétez le traitement deux ou trois fois par jour – Non-reconnaissance de l’infestation
pendant 4 ou 5 jours. – Application erronée des traitements
– Examinez tous les membres de la famille et de – Omission de traiter les membres de l’entourage
l’entourage, y compris les camarades de classe et – Omission d’éliminer les acariens logés dans les
de la garderie, et traitez-les au besoin. vêtements et la literie
– Traitez également toute personne qui partage le lit Les Autochtones sont particulièrement à risque en
de la personne atteinte de la pédiculose de la tête. raison d’un certain nombre d’autres facteurs :
Éducation du client – Logements, écoles et garderies surpeuplés, lits
partagés
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
– Forte proportion d’enfants
médicaments et informez-le de leurs effets
secondaires. – Difficulté d’accès aux soins infirmiers ou
médicaux
– Recommandez-lui :
– Absence d’eau courante, facteur qui peut
· de laver à l’eau tiède savonneuse les peignes, prédisposer à un manque d’hygiène et à un risque
les brosses, les chapeaux, les manteaux, la d’infection cutanée secondaire
literie et les vêtements de tous les membres de
la famille. SYMPTOMATOLOGIE
· d’éviter de partager les peignes, les brosses, les – Démangeaisons sévères
chapeaux, etc. – Prurit généralement plus intense la nuit
· de sortir les matelas (qui peuvent contenir des – Éruptions sur les mains, les pieds, les plis de
poux) à l’extérieur, de les asperger de Raid, puis flexion
de les laisser à l’extérieur toute la journée. – Transmission lors de rapports intimes ou sexuels
Interventions pharmacologiques avec la personne infectée
– Transmission par les vêtements
Shampoing antiparasitaire dans les cas de pédiculose – Les symptômes peuvent ne se manifester que 2 -
de la tête (appliquer sur le cuir chevelu et bien masser
3 semaines après l’exposition au parasite.
pendant 10 minutes, puis rincer) :
– Les symptômes sont dus à une hypersensibilité au
rince-crème à la perméthrine (Nix) (médicament
parasite et à ses sécrétions.
de classe A)
ou
shampoing à la pyréthrine (shampoing R&C)
(médicament de classe A)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


9–12 Dermatologie

OBSERVATIONS Consultation
– Atteint généralement les surfaces cutanées Consultez un médecin si vous ne pouvez affirmer le
interdigitales, les plis des poignets et des bras, les diagnostic avec certitude.
aisselles, la ceinture, la partie inférieure des fesses,
les organes génitaux, les aréoles mamelonnaires Interventions non pharmacologiques
– Éruption rouge diffuse
Éducation du client
– Lésions primaires : papules, vésicules, pustules,
sillons Conseillez le client quant à l’utilisation appropriée
– Lésions secondaires : croûtelles, excoriations, des médicaments et informez-le des effets
croûtes, nodules, infection secondaire secondaires.
– Présence simultanée de lésions à différents stades Prophylaxie
d’évolution
– Une intervention prophylactique doit être assurée
– Prédominance possible de lésions secondaires auprès de tous les membres de la maisonnée, étant
– Sillons (crêtes grises ou couleur chair d’une donné que les signes de la gale peuvent ne se
longueur de 5-15 mm) en petit ou en grand nombre manifester que 1-2 mois après l’infection.
– Les sillons apparaissent généralement sur la partie – Traitez en même temps tous les membres de la
antérieure du poignet ou de la main et entre les maisonnée pour prévenir la réinfestation.
doigts. – Il faut laver à l’eau chaude savonneuse et sécher au
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL cycle chaud la literie (draps, taies d’oreillers) et les
vêtements qui ont été en contact avec la peau
– Pédiculose (sous-vêtements, T-shirts, chaussettes, jeans), si
– Impétigo les installations requises sont disponibles.
– Eczéma – S’il est impossible d’utiliser de l’eau chaude, il
– Dermite de contact et dermatite d’irritation faut placer tous les vêtements et la literie dans des
sacs de plastique et les remiser ailleurs durant 5-
COMPLICATIONS 7 jours, le parasite ne pouvant survivre plus de
– Infection bactérienne secondaire 4 jours sans contact avec la peau.
– On peut également sortir la literie à l’extérieur au
TESTS DIAGNOSTIQUES froid ou l’exposer aux rayons ultraviolets.
Aucun – Les enfants peuvent retourner à l’école ou à la
garderie la journée suivant la fin du traitement.
TRAITEMENT – Les travailleurs de la santé qui ont été en contact
direct avec des clients ayant la gale peuvent, eux
Objectifs aussi, devoir suivre un traitement prophylactique.
– Enrayer l’infestation – L’éducation communautaire, axée sur la détection
– Enrayer l’infection secondaire précoce de la gale et la sensibilisation à cette
– Atténuer les symptômes affection, est importante.
– Dans les cas d’épidémie de gale, le traitement
prophylactique de toute la population peut être la
meilleure solution.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Dermatologie 9–13

Interventions pharmacologiques Orientation vers d’autres ressources


médicales
Il faut appliquer une crème ou une lotion scabicide
sur tout le corps, du menton aux orteils (soulignez Elle est rarement nécessaire si le diagnostic initial est
que le scabicide doit être appliqué dans les plis de la exact et si le client et les membres de son entourage
peau, entre les doigts et les orteils, entre les fesses, suivent un traitement d’éradication efficace.
sous les seins et sur les organes génitaux externes) :
crème dermique à la perméthrine 5 % (Nix)
DERMATOPHYTOSE (TEIGNE)
(médicament de classe A), (médicament de
choix) DÉFINITION
Il faut garder la crème sur la peau durant 8-14 heures. Infection superficielle de la peau.
En général, une seule application suffit, mais le
médicament peut être appliqué de nouveau après – Sur les pieds : tinea pedis (pied d’athlète)
1 semaine si les symptômes persistent. – À l’aine : tinea cruris (eczéma marginé de Hebra)
– Sur la surface du corps : tinea corporis
L’innocuité de la perméthrine pour les femmes
enceintes ou les femmes qui allaitent n’a pas été CAUSES
établie. Champignons qui colonisent les tissus morts de la
peau, comme la couche cornée, les ongles et les
Le lindane, en crème ou en lotion, peut être utilisé si cheveux (dermatophytes)
l’on ne peut obtenir de perméthrine 5 % :
lotion lindane (Kwellada) (médicament de SYMPTOMATOLOGIE ET OBSERVATIONS
classe A)
Les symptômes et les signes physiques des diverses
Il faut garder la lotion toute la nuit, la rincer après formes de teigne sont présentés dans le tableau 2.
12 heures et répéter l’application 24 heures plus tard.
Il faut porter des vêtements propres. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Il faut administrer avec prudence du lindane aux – Cor mou


femmes enceintes et à celles qui allaitent. Les – Verrue
antiparasitaires topiques peuvent causer une – Dermatite séborrhéique
dermatite s’ils sont mal utilisés (c.-à.-d. utilisés à – Candidose du pied ou de l’aine
l’excès). – Irritation ou frottement localisé de l’aine
Le prurit peut être incommodant, e n particulier la – Dermatite allergique ou de contact
nuit. Informez le client que les démangeaisons – Psoriasis
peuvent persister pendant 2 semaines. Pour les
soulager, administrez le médicament suivant : COMPLICATIONS
hydroxyzine (Atarax) (médicament de classe A), Infection bactérienne secondaire (en particulier dans
10-25 mg PO bid et au coucher, au besoin le cas du pied d’athlète).
Surveillance et suivi
TESTS DIAGNOSTIQUES
– Assurez un suivi après 1 semaine pour évaluer la
réponse au traitement. Procédez à un grattage cutané pour analyse
mycologique (culture fongique).
– Demandez au client de revenir sans délai à la
clinique si des signes d’infection secondaire
apparaissent.

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9–14 Dermatologie

Tableau 2 : Symptômes et signes physiques de divers types de teigne


Type Symptômes Signes physiques
Tinea pedis Localisé sur les pieds Desquamation dans les régions interdigitales latérales
Démangeaisons sévères Peau possiblement humide, blanche, macérée, fissurée
Desquamation et rougeur, principalement entre les orteils Tendance à peler et région sous-cutanée rouge, à vif et
sensible
Odeur fétide possible Présence possible d’une ou de plusieurs petites vésicules
La région lésée peut être humide, blanche, macérée, Squames abondantes sur la plante des pieds lorsque
fissurée. celle-ci est atteinte
Tendance à peler et région sous-cutanée rouge et sensible Infection secondaire (cellulite) des fissures possible
Présence possible d’une ou de plusieurs petites vésicules
Collier de squames à l’éclatement des vésicules
Squames abondantes sur la plante des pieds lorsque celle-
ci est atteinte (très peu de prurit)
Tinea cruris Localisé sur les aines S’étend du pli crural à la face supéro-interne de la cuisse
Répandu chez les hommes Lésions squameuses de couleur brun rouge
Démangeaisons modérées ou sévères Contour très net
Apparaît sous forme d’érythème dans le pli crural Lésions ne s’éclaircissant pas
S’étend vers l’extérieur Peut s’étendre à l’aine, aux cuisses et aux fesses
Peut s’étendre aux cuisses ou aux fesses Bilatéral ou unilatéral
Le scrotum et le pénis ne sont généralement pas touchés. Le scrotum et le pénis ne sont généralement pas touchés.
Transmission souvent due à une serviette de toilette
contaminée
Souvent associé au pied d’athlète
Facteurs prédisposants : transpiration abondante, diabète,
frottement
Tinea corporis Localisé sur les parties non pileuses du corps Lésions de dimensions variables
Lésions cutanées squameuses, rondes ou ovales Tache généralement bien circonscrite, de forme ronde ou
ovale
Entraîne souvent des démangeaisons Lésions squameuses de couleur rose rougeâtre
Peut être asymptomatique Lésions s’éclaircissant au centre
Pourtour d’un rouge plus soutenu
Bords squameux, vésiculeux ou pustuleux

TRAITEMENT Éducation du client


Objectifs Expliquez au client les mesures à prendre :
– supprimer l’humidité et la chaleur
– Soulager les symptômes
– changer de types de chaussettes et de chaussures
– Enrayer l’infection
– éviter le s vêtements serrés et les sous-vêtements en
Consultation nylon; ne pas garder sur soi longtemps un maillot
Consultez un médecin si le client ne répond pas à un de bain ou des vêtements de travail mouillés
traitement antifongique approprié. – prendre correctement ses médicaments (dose,
fréquence, adhésion au traitement)
Interventions non pharmacologiques
– avoir de bonnes habitudes d’hygiène (changer de
Il faut appliquer des compresses (solution de Burrow) chaussettes souvent et éviter de porter des
bid ou tid pour assécher la région atteinte et soulager chaussures en caoutchouc)
les démangeaisons (dans les cas de tinea pedis et de
tinea cruris seulement).

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Dermatologie 9–15

Interventions pharmacologiques OBSERVATIONS


Dans le cas du tinea pedis et du tinea cruris, il faut – Apparition sur la partie médiale de la cheville,
appliquer un antifongique topique pendant au moins peut s’étendre au tiers inférieur de la jambe
2 semaines et continuer à le faire pendant 1 semaine – Œdème localisé
après la guérison des lésions : – Présence de petites pétéchies
miconazole (Monistat) en crème dermatologique – Excoriations, rougeur, squames
(médicament de classe A), bid ou tid – Évolution vers une pigmentation brun ocre, diffuse
ou – Peut s’étendre à toute la circonférence de la partie
inférieure de la jambe
clotrimazole (Canesten) en crème dermatologique
(médicament de classe A), bid ou tid DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
ou
– Dermite de contact
tolnaftate (Tinactin) en crème ou en poudre – Cellulite
(médicament de classe A), bid ou tid
COMPLICATIONS
Le tolnaftate en poudre a en outre un effet asséchant.
– Rupture de l’épiderme, ulcère
Dans le cas du tinea corporis, appliquez l’un de ces – Infection
antifongiques topiques pendant 2-4 semaines. – Thrombose veineuse profonde
Surveillance et suivi
TESTS DIAGNOSTIQUES
Assurez un suivi après deux semaines pour vous
assurer de la résolution de l’infection. Aucun
Orientation vers d’autres ressources TRAITEMENT
médicales
Objectifs
Il faut adresser le client à un médecin dans les cas
d’infections fongiques récidivantes, si le client est – Enrayer l’œdème
immunodéprimé ou diabétique, si le traitement ne – Prévenir la formation d’ulcères
donne aucun résultat ou si les ongles sont atteints. – Prévenir l’infection
Consultation
DERMITE DE STASE
Consultez un médecin si l’état du client s’aggrave en
DÉFINITION dépit des traitements ou en cas d’ulcération.
Interventions non pharmacologiques
Inflammation cutanée due à l’accumulation de sang
veineux dans les membres inférieurs. – Encouragez le client à garder les jambes surélevées
dans la mesure du possible.
CAUSES – Recommandez les mesures suivantes :
– Mauvaise circulation veineuse · si le client n’est pas alité, comprimer les jambes
– Facteurs prédisposants : varices, antécédents de à l’aide de bas élastiques ou de bandages de
thrombose veineuse profonde contention.
SYMPTOMATOLOGIE · faire tremper la région atteinte dans du soluté
physiologique frais ou appliquer des
– Démangeaisons pansements imbibés de soluté physiologique
– Prurit aggravé par l’emploi de savons, pendant la phase aiguë
l’assèchement, les bains
· lubrifier la région atteinte deux fois par jour
– Chevilles enflées avec une crème émolliente
– Au début, la surélévation des jambes atténue
· éviter les irritants (savon, eau chaude, vêtements
l’œdème. rugueux, frottements)
– Par la suite, l’œdème peut être constant.
Interventions pharmacologiques
Aucune

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9–16 Dermatologie

Surveillance et suivi DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Revoyez le client après 1 semaine pour déterminer – Vasculite
s’il répond bien aux traitements conservateurs. – Piqûres d’insectes
– Surveillez les signes d’ulcération, d’infection. – Érythème polymorphe
– Expliquez au client les signes d’infection et – Lupus érythémateux disséminé
demandez-lui de se présenter à la clinique sans
délai s’il en observe. COMPLICATIONS
Orientation vers d’autres ressources – Récidives
médicales – Démangeaisons sévères
– Réaction allergique générale accompagnée de
Fixez un rendez-vous (non urgent) avec le médecin bronchospasmes
au besoin.
– Anaphylaxie
URTICAIRE TESTS DIAGNOSTIQUES
Aucun
DÉFINITION
Œdème et érythème cutané localisés. TRAITEMENT

CAUSES Objectifs
– Généralement inconnues – Soulager les symptômes
– Affection chronique idiopathique – Identifier le facteur déclenchant
– Hypersensibilité à certains aliments, médicaments, – Prévenir les récidives
allergènes inhalés, piqûres d’insectes Consultation
– Perturbations émotionnelles
Il faut consulter un médecin dans les cas suivants :
– Agents physiques (p. ex. chaleur, froid, soleil)
– Maladie générale (p. ex. lupus érythémateux aigu – Les symptome s sont sévères.
disséminé) – Des complications surviennent.
– Infection (p. ex. hépatite, mononucléose ou autre – La cliente est enceinte ou allaite.
maladie virale) En cas de difficulté respiratoire, de respiration
SYMPTOMATOLOGIE sifflante ou d’œdème de la langue ou de la bouche,
voir la section « Anaphylaxie » dans le chapitre 14
– Exposition récente à l’une de ces causes possibles « Urgences générales et traumatismes majeurs ».
– Présence de taches blanches ou roses purigineuses
Interventions non pharmacologiques
– Le client peut se sentir incommodé.
– Appliquer des compresses froides pour soulager
OBSERVATIONS les démangeaisons
– Peut apparaître sur n’importe quelle partie – Éviter de surchauffer
du corps – Éviter temporairement les aliments épicés
– Peut être localisé ou généralisé
Éducation du client
– Lésions multiples, de forme et de taille irrégulières
– Taches blanches ou rose pâle surélevées, – Expliquez au client l’utilisation appropriée des
généralement entourées d’une auréole rouge médicaments (dose, fréquence, effets secondaires).
– Extension périphérique et coalescence possibles – Il faut bien nettoyer la peau pour prévenir les
risques d’infection.
– Les placards peuvent s’accentuer et s’atténuer
successivement. – Il faut éviter de se gratter et garder les ongles
courts et propres.
– Chacune des papules persiste rarement
durant > 12-24 heures. – Aidez le client à identifier le facteur déclenchant
(notamment les changements récents dans son
– Égratignures possibles
régime alimentaire ou les marques des aliments
consommés, étant donné que les entreprises
alimentaires n’emploient pas les mêmes additifs
dans leurs produits).

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Dermatologie 9–17

Interventions pharmacologiques OBSERVATIONS


Application d’un antiprurigineux topique : – Apparaissent généralement sur les mains, les
lotion calamine qid au besoin
doigts, les pieds et le visage
– Taille variable
Antihistaminique oral pour soulager les – Isolées ou en groupes
démangeaisons et éviter la formation de nouvelles
lésions : – Excroissances à surface rugueuse et épaisse
– De couleur blanche, grise, jaune ou brune
diphénhydramine (Benadryl) (médicament de – Présentent parfois des points noirs (capillaires
classe A), 25-50 mg PO toutes les 6-8 h pendant thrombosés)
2-7 jours
– Contour rond ou irrégulier, bien circonscrit
ou
– Les lésions sont parfois plates (verrue plane)
hydroxyzine (Atarax) (médicament de classe A), – Consistance ferme et rugueuse
25-50 mg PO toutes les 6-8 h pendant 2-7 jours
– Saignements des capillaires internes lorsqu’on
Surveillance et suivi débride la verrue
– Suivi après 2-7 jours DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Demandez au client de revenir si les lésions – Cors
s’aggravent malgré le traitement.
– Molloscum contagiosum
– Demandez au client de revenir à la clinique sans
délai en cas de difficulté respiratoire, de COMPLICATIONS
respiration sifflante ou d’œdème de la langue ou – Aspect inesthétique
de la bouche; voir la section « Anaphylaxie » dans
– Croissance ou propagation
le chapitre 14 « Urgences générales et
traumatismes majeurs ». TESTS DIAGNOSTIQUES
Orientation vers d’autres ressources Aucun
médicales
Il faut adresser le client à un médecin pour une TRAITEMENT
évaluation dans les cas de récidive (pour écarter une
Objectifs
allergie ou une maladie organique).
– Détruire la lésion
VERRUES – Prévenir la propagation
Consultation
DÉFINITION
Ne traitez pas les verrues faciales, ni les verrues chez
Tumeurs hyperkératosiques bénignes, courantes, et les femmes enceintes. Dans ces deux cas, fixez un
contagieuses. rendez-vous avec un médecin.
Interventions non pharmacologiques
CAUSES
– Offrez beaucoup de soutien au client et
Papillomavirus encouragez-le à persévérer, car le traitement est
long et fastidieux.
SYMPTOMATOLOGIE
– Avant chaque application du médicament :
– Plus fréquentes chez les enfants tremper la région touchée dans l’eau tiède pour
– Peuvent persister pendant plusieurs années et ramollir la verrue, frotter la verrue à la pierre
disparaître spontanément ponce pour retirer les tissus morts, ou enlever la
– Lésions uniques ou multiples peau morte avec un scalpel.
Éducation du client
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, application,
protection de la région périphérique).
– Suggérez-lui des moyens d’éviter de propager
l’infection à d’autres parties du corps ou de la
transmettre à d’autres personnes.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


9–18 Dermatologie

Interventions pharmacologiques Surveillance et suivi


Application d’un médicament topique sur les Revoyez le client toutes les 2 semaines pour évaluer
verrues : la réponse et l’adhésion au traitement.
acide salicylique et acide lactique (Duo Film)
(médicament de classe A), chaque jour pendant Orientation vers d’autres ressources
une période allant jusqu’à 3 mois médicales

Protégez la région périphérique saine en l’enduisant Fixez un rendez-vous (non urgent) avec un médecin
de gelée de pétrole. si le traitement ne donne aucun résultat après
12 semaines.

URGENCES DERMATOLOGIQUES
LÉSIONS CUTANÉES OBSERVATIONS
– Température
DÉFINITION – Fréquence cardiaque, tension artérielle (s’il y a eu
perte importante de sang)
Rupture de la peau (épiderme).
– Dimension et profondeur de la plaie
CAUSES Vérifiez si la plaie est infectée :
– Traumatisme contondant : les blessures par – Rougeur
perforation ou écrasement présentent plus – Chaleur
d’œdème et de tissus dévitalisés ainsi qu’un risque – Sensibilité
d’infection plus élevé. – Écoulement
– Plaie perforante : bords nets, blessure cellulaire – Fièvre
mineure et faible risque d’infection – Adénopathie localisée
– Morsure : animale ou humaine
Évaluez si les structures sous-jacentes (nerfs,
SYMPTOMATOLOGIE ligaments, tendons, vaisseaux sanguins) sont
intactes :
– Mécanisme de blessure
– Contaminants : le risque d’infection augmente si la – Lésion vasculaire : Vérifiez le remplissage
plaie a été en contact avec du fumier, un objet capillaire en aval de la blessure.
rouillé, de la saleté, etc. – Lésion neurologique : Vérifiez la force
– Les blessures subies dans une ferme ou une étable musculaire, la mobilité et la sensibilité en aval de
doivent être considérées comme contaminées la plaie. Vérifiez toujours la sensibilité avant
(Clostridium tetani est une bactérie naturellement d’administrer l’anesthésique. En cas de lacération
présente dans le fumier). de la main ou du doigt, vérifiez la discrimination
– Âge de la blessure (après 3 heures, la numération spatiale, qui devrait être < 1 cm au bout des doigts.
bactérienne dans une plaie augmente – Tendons : Effectuez une inspection, mais il faut
considérablement). vérifier si l’amplitude de mouvement et la force de
– Quantité de sang perdu chacun des muscles sont complètes. Évaluez
– Perte de sensibilité dans les tendons, les ligaments, l’amplitude de mouvement de toutes les parties du
corps entourant le siège de la plaie.
les nerfs avoisinants
– Maladies, troubles, traitements médicaux : le – Os : Vérifiez s’il y a une fracture ouverte ou des
diabète sucré, la chimiothérapie, les stéroïdes, une fractures associées.
maladie vasculaire périphérique et la malnutrition – Corps étrangers : Inspectez la région lésée.
peuvent retarder la cicatrisation et accroître le
risque d’infection.
– Allergies (aux médicaments, aux pansements, à
l’anesthésique local)
– Médicaments que prend le client (en particulier les
stéroïdes, les anticoagulants)
– Statut d’immunisation contre le tétanos

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Dermatologie 9–19

COMPLICATIONS Réparation des plaies : Principes généraux


– Infection – La plupart des plaies peuvent être fermées au
– Mauvaise cicatrisation moyen de points de suture jusqu’à 12 heures après
– Lacération d’un nerf la blessure; nettoyez la plaie à fond et déterminez
– Syndrome de loge : une perte de sensibilité peut en les plaies à fermer en priorité en vous servant de
votre jugement clinique.
être le premier signe; douleurs intenses,
disproportionnées à la blessure. – Ne suturez pas les plaies qui sont infectées ou
– Dans les cas de lésion par écrasement, la enflammées, les plaies sales, les morsures
discrimination spatiale peut être réduite et la humaines ou animales, les plaies perforantes, les
guérison peut prendre plusieurs mois. plaies négligées ou les blessures graves par
écrasement.
– Lésion des structures vasculaires principales
(p. ex. artères) – Les plaies au visage qui remontent à 24 heures ou
moins peuvent être fermées après avoir été
– Lésion des tendons
nettoyées à fond. L’irrigation sanguine dans cette
TESTS DIAGNOSTIQUES région est meilleure et, partant, le risque
d’infection beaucoup plus faible.
– Aucun, en général
– Ne clampez pas les structures vasculaires avant
– Si vous soupçonnez fortement la présence d’un d’avoir écarté la nécessité de réparer un vaisseau
corps étranger, une radiographie ou une important.
échographie pourrait s’imposer.
Interventions non pharmacologiques
TRAITEMENT
Homéostase
Objectifs
L’exercice d’une pression directe est la technique
– Rétablir la fonction privilégiée pour enrayer un saignement. En cas de
– Réduire au minimum le risque d’infection fracture, l’immobilisation du membre touché aidera à
– Réparer les tissus endommagés en évitant le plus arrêter le saignement.
possible les conséquences inesthétiques
Préparation de la peau
Déterminez si les mesures suivantes s’imposent :
– Débridement : Au moyen d’une technique
– Points de suture aseptique, retirez les tissus dévitalisés; prenez
– Prophylaxie antitétanique garde de ne pas retirer des tissus sains. L’irrigation
– Prophylaxie antirabique post-exposition (en cas de de la plaie avec un soluté physiologique projeté à
morsures animales) (voir le Guide canadien haute pression au moyen d’une seringue de 60 ml
d’immunisation, 5e éd. [1998] pour plus de et d’une aiguille de calibre 19 est la méthode la
renseignements) plus efficace pour nettoyer une plaie.
– Antibiothérapie Le lavage manuel ne nettoie pas la plaie aussi bien, et
Consultation l’utilisation d’un antiseptique directement sur la plaie
détruit des cellules saines qui sont nécessaires à la
Il faut consulter un médecin dans les cas suivants : guérison.
– La plaie est étendue, profonde ou infectée. – Désinfection de la peau : Peut être effectuée au
– Un muscle, un tendon, un nerf ou un vaisseau est moyen d’une solution de providone-iode. Prenez
ou pourrait être lésé. garde de ne pas répandre de solution dans la plaie,
– Déficit tissulaire important ce qui empêcherait la cicatrisation. Les cheveux
– Blessure remontant à plus de 12 heures peuvent être coupés dans la région touchée, au
besoin. Il n’est pas recommandé de raser les
cheveux.
Ne rasez jamais les sourcils. Ils sont nécessaires pour
l’alignement (respect de la symétrie) et ils pourraient
ne pas repousser.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


9–20 Dermatologie

Soins d’une plaie ouverte Anesthésique local pour les sutures


– Pour maintenir une plaie ouverte, introduisez dans La lidocaïne (1 % à 2 %) est l’anesthésique local le
la plaie des pansements épais imbibés de soluté plus utilisé (délai d’action de 2-5 minutes, durée
physiologique, quotidiennement, ce qui permet d’action de 60 minutes) :
d’humidifier les tissus et aide à débrider la plaie. lidocaïne (Xylocaine) 1 % avec ou sans
– Évitez les pansements imbibés d’iode car ils épinéphrine (maximum 30 ml)
endommagent les tissus sains et ralentissent le
lidocaïne (Xylocaine) 2 % avec ou sans
bourgeonnement.
épinéphrine (maximum 10 ml)
– Lorsque des bourgeons charnus propres se
forment, vous pouvez envisager la fermeture Le personnel infirmier devrait utiliser de la lidocaïne
secondaire et utiliser, cette fois, un pansement sec, 1 % sans épinéphrine comme premier choix pour
stérile. suturer une plaie.
Fermeture de la plaie Pour les adultes, la dose maximale de lidocaïne 1 %
– Steri-Strips : Si la plaie est de petite dimension, (sans épinéphrine) est de 4,5 mg/kg (maximum 30 ml).
superficielle, et qu’elle suit naturellement les
lignes de contraction musculaire, il suffira peut- N’utilisez jamais de lidocaïne avec épinéphrine pour
être de la renforcer avec un pansement adhésif anesthésier les oreilles, le nez, les doigts, les orteils
(Steri-Strip). Pansez la plaie avec une compresse ou le pénis.
de gaze stérile sèche. Indiquez au client que la – Utilisez une aiguille de calibre 27 ou 30.
plaie doit rester propre et sèche pendant 48 heures. – Injectez l’anesthésique lentement par le point
– Suture : Les plaies plus profondes doivent être culminant de la plaie ouverte, en évitant de toucher
suturées (tableau 3). Refermez, au besoin, par une la peau intacte.
suture en plusieurs plans à points séparés. – Tirez systématiquement sur le piston pour veiller à
Types d’aiguilles à suture ce que l’aiguille ne soit pas insérée dans un
vaisseau sanguin.
– Il faut privilégier les aiguilles tranchantes à pointe – Faites les injections subséquentes dans la zone
de précision pour petits points et petites sutures déjà anesthésiée.
(n o 5-0 ou n o 6-0) lorsqu’il importe d’éviter les
conséquences inesthétiques (p. ex. sur le visage). – Vous pouvez pré-anesthésier la plaie en
l’aspergeant de quelques gouttes de lidocaïne
– Les aiguilles tranchantes classiques n o 4-0 ou n o 3- avant de procéder à l’injection.
0 pour points de suture en nylon sont utilisées pour
les sutures courantes. – Le délai d’action de l’anesthésique est d’au moins
15-20 minutes.
– Dans le cas d’une suture importante, il faudra
peut-être anesthésier et suturer une partie à la fois
pour maintenir l’effet de l’anesthésique jusqu’à la
fin de l’intervention.
– Effets toxiques de la lidocaïne : en cas d’injection
intravasculaire accidentelle, les symptômes suivants
peuvent survenir : étourdissements, acouphènes,
nystagmus, crises convulsives, coma, dépression
respiratoire, arythmie (tous les symptômes se
résorbent généralement d’eux-mêmes).

Tableau 3 : Matériel de suture pour des sites particuliers


Type de suture Taille Site
os
Irrésorbable Nylon-Dermalon, Ethilon N 3-0, 4-0 Cuir chevelu
os
N 5-0, 6-0 Front
N os 3-0, 4-0, 5-0 Dos
N os 3-0, 4-0, 5-0 Torse
os
N 3,0, 4-0, 5-0 Membres
Nylon enduit de polypropylèneglycol (Prolène) N os 5-0, 6-0 Visage
os
Résorbable Polygalactine (Vicryl, Dexon) N 4-0, 5-0 Tissus sous-cutanés
Monofilament (Monocryl) Muscles

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


The Skin 9–21

Interventions pharmacologiques Morsures de chien

Antibiothérapie prophylactique Comme seulement 5 % des morsures de chien


s’infectent, il n’est pas recommandé de prendre
Il n’existe pas d’indications médicales prévoyant le systématiquement des mesures prophylactiques. Si un
recours à une antibiothérapie prophylactique dans le traitement s’impose, il faut utiliser de préférence
cas de lésions cutanées non contaminées courantes. l’amoxicilline/clavulanate (comme dans le cas des
Cependant, il faut y recourir dans le cas des clients autres types de morsures).
sujets aux endocardites, des clients qui ont une
prothèse de la hanche ou atteints de lymphœdème, Prophylaxie antitétanique
des clients diabétiques qui ont une plaie contaminée Voir les recommandations concernant la prophylaxie
au pied, ou d’autres clients ayant une maladie antitétanique dans le Guide canadien
vasculaire périphérique : d’immunisation, 5e éd. (Santé Canada, 1998;
cloxacilline (Orbenin) (médicament de classe A), page 170).
250-500 mg PO qid pendant 7 jours
Surveillance et suivi
En cas d’allergie à la pénicilline :
– Le risque d’infection étant le plus élevé au cours
érythromycine (E-Mycin) (médicament de
classe A), 250 mg PO qid ou 500 mg bid pendant des 48 premières heures, il faut revérifier la plaie
7 jours tous les jours afin de déceler tout signe d’infection.
– Il faut ensuite effectuer un suivi lorsque vient le
Antibiotiques topiques moment d’enlever les points de suture.
Utilisez une pommade antibiotique topique pour les – Demandez au client de revenir se faire réexaminer
plaies au visage et sur le torse : en cas de rougeur, d’œdème, d’écoulement de pus,
de douleur ou de fièvre.
pommade à la bacitracine (Baciguent)
(médicament de classe A) qid pendant 5 jours Lignes directrices générales concernant
l’enlèvement des points de suture
Il est déconseillé de laisser la pommade antibiotique
sur les plaies des extrémités distales durant plus de – La plaie semble propre et cicatrisée.
24-48 heures, pour éviter tout risque de macération et – La plaie semble sèche; aucun écoulement n’est
pour ne pas retarder la cicatrisation. visible.
– Dans le cas des plaies importantes, il convient
Antibiotiques en cas de morsures d’enlever les points de suture en alternance pour
Morsures humaines veiller à ce que les lèvres de la plaie soient
symétriques.
Une antibiothérapie prophylactique est recommandée – Les points de suture devraient être enlevés
pour toutes les morsures humaines : conformément aux indications du tableau 4.
amoxicilline/clavulanate (Clavulin) (médicament
de classe B), 20-40 mg/kg par jour, dose Retardez davantage l’enlèvement des points de suture
fractionnée tid, PO pendant 7 jours chez les diabétiques ou les clients corticodépendants,
chez lesquels le processus de cicatrisation peut
Cefixime (Suprax) est un autre médicament s’échelonner sur plusieurs semaines.
acceptable.
Administrez un antibiotique IV en présence d’une Tableau 4 : Délai pour l’enlèvement des points de suture
infection, en particulier pour une morsure à la main.
Siège de la plaie Délai
Morsure de chat Visage 3-5 jours (renforcer au moyen de
Steri-Strip après l’enlèvement des
Des anticorps sont systématiquement donnés en cas points de suture)
de morsure de chat. Le médicament de choix : Cuir chevelu 7-10 jours

amoxicilline/clavulanate (Clavulin) (médicament Tronc 7-10 jours


de classe B), 20-40 mg/kg par jour, dose Bras 7-10 jours
fractionnée tid, PO pendant 7 jours Jambes 10-14 jours

Vibramycine (Doxycycline) est un autre médicament Articulations 14-21 jours


(face dorsale)
acceptable.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Juillet 2000


9–22 Dermatologie

Orientation vers d’autres ressources CAUSES


médicales
Brûlures thermiques
– Il faut adresser le client à un chirurgien si l’on
soupçonne une blessure aux structures majeures. – Flammes; elles causent généralement des brûlures
– Dans le cas des fractures ouvertes, un chirurgien profondes, surtout si les vêtements prennent feu.
doit procéder à l’excision des débris de la plaie et à – Le métal en fusion, le goudron ou les produits
la réparation des tissus (sauf dans le cas des synthétiques fondus restent longtemps sur la peau.
fractures de la phalange distale, où une irrigation Brûlures électriques
abondante et l’administration d’antibiotiques par
– Semblables aux lésions par écrasement : survenue
voie orale constituent un traitement acceptable
de nécrose musculaire, de rhabdomyolyse, de
pourvu que l’on puisse effectuer un suivi étroit
myoglobinurie
pour déceler tout risque d’infection).
– Elles nécessitent une attention particulière étant
donné qu’elles sont souvent plus graves qu’elles
BRÛLURES
ne le semblent; tenez systématiquement pour
acquis qu’une brûlure électrique est grave.
DÉFINITION
Brûlures chimiques
Lésions tissulaires dues à un contact thermique. – Les acides forts sont vite neutralisés ou absorbés.
Types de brûlures – Les produits chimiques alcalins causent une
nécrose de liquéfaction et peuvent atteindre toutes
Brûlures au premier degré les couches cutanées, entraînant une nécrose qui
peut s’échelonner sur plusieurs heures après
Ne touchent que l’épiderme; douloureuses et l’exposition.
érythémateuses.
Brûlures par radiations
Brûlures au deuxième degré
– Semblent hypermiées au début; peuvent ensuite
– Superficielles : Touchent l’épiderme et la moitié ressembler à des brûlures au troisième degré.
supérieure du derme; les poils ne sont pas touchés.
– Les dommages peuvent atteindre les couches
– Profondes : Touchent l’épiderme, destruction de la profondes.
couche réticulaire du derme; peuvent se – Les coups de soleil font partie de cette catégorie et
transformer facilement en brûlures profondes en ils causent une douleur superficielle modérée.
présence d’une infection secondaire, d’un
traumatisme mécanique ou d’une thrombose en SYMPTOMATOLOGIE
évolution.
Différez l’anamnèse jusqu’à ce que les voies
Brûlures au troisième degré respiratoires, la respiration et la circulation (l’ABC)
La surface est sèche, de couleur blanc nacré, calcinée, aient été évaluées et stabilisées.
et a l’aspect du cuir. Cicatrisation par migration – Obtenez une description précise du mécanisme de
épithéliale à partir de la région périphérique et par la blessure.
contracture. Ces brûlures peuvent toucher les tissus – Informez-vous des soins fournis à la maison (p. ex.
adipeux, le fascia, les muscles ou les os. application de froid, d’un corps gras).
– Obtenez les antécédents médicaux (seulement si le
temps le permet).
– Déterminez les médicaments utilisés (seulement si
le temps le permet).
– Déterminez les allergies (seulement si le temps le
permet).
– Déterminez le statut d’immunisation antitétanique.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Dermatologie 9–23

OBSERVATIONS COMPLICATIONS
– Évaluez l’ABC. – Accroissement de la profondeur de la brûlure
– La température peut être élevée si les plaies sont – État de choc
infectées. – Infection secondaire
– La fréquence cardiaque peut être élevée en raison – Insuffisance rénale
de la douleur.
– La tension artérielle peut être faible si le client est TESTS DIAGNOSTIQUES
en état de choc. Aucun
– Déterminez la profondeur (tableau 5) et l’étendue
(tableau 6) des brûlures. TRAITEMENT

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Objectifs


– Brûlures profondes sur une petite surface – Favoriser la cicatrisation et la réparation des tissus
entourées par une brûlure superficielle – Prévenir les complications

Tableau 5 : Évaluer la profondeur de la brûlure


Superficielles Modérément graves Profondes
Caractéristiques (Premier degré) (Deuxième degré) (Troisième degré)
Ampoules Aucune Présentes Aucune
Couleur Rouge Rouge Blanche, calcinée
Hydratation Sécheresse Humidité Sécheresse
Sensibilité Présente Présente Absente
Douleur Modérée Intense Absente

Interventions non pharmacologiques – Brûlure chimique : Irriguez. Il faut enlever la poudre


visible sur la peau avant d’irriguer. Rincez à grande
Les premiers soins, le nettoyage et le refroidissement eau pendant au moins 15 (de préférence 30) minutes
de la région brûlée constituent la première étape. après avoir enlevé la poudre. Ce processus devrait
Brûlure thermique : Refroidissez la brûlure si elle est être amorcé sur les lieux mêmes de l’accident si c’est
encore chaude au toucher. Il faut refroidir possible. Les brûlures causées par des produits
immédiatement les brûlures causées par un liquide et alcalins doivent être irriguées pendant 1-2 heures
retirer sans délai les vêtements en contact avec la après l’accident. Communiquez avec le centre
région touchée. Immergez les brûlures dans l’eau antipoison pour demander les consignes à suivre.
froide pour réduire la chaleur et empêcher que la – Brûlure de goudron : Refroidissez la brûlure,
brûlure s’étende. Évitez d’immerger dans l’eau froide nettoyez-la délicatement et appliquez une pommade
ou d’asperger d’eau froide si la brûlure touche antibactérienne à base de petrolatum (p. ex.
> 10 % du corps. Polysporin) ou tout autre produit à base de gelée de
pétrole. N’essayez pas de gratter la peau pour enlever
le goudron, ce qui pourrait aggraver les lésions.
Évitez les solvants chimiques, qui peuvent causer
Tableau 6 : Évaluer l’étendue des brûlures d’autres brûlures. Après 24 heures, vous pouvez laver
(Règle des neuf) la région touchée pour enlever le goudron et traiter la
Pourcentage de la surface lésion comme une brûlure thermique.
Partie du corps corporelle – Brûlure électrique : Soyez vigilant et surveillez le
Tête 9 client étroitement. Surveillez les signes d’arythmie
Les deux bras 18 cardiaque. Il faut surveiller les fonctions cardiaques
Partie antérieure du tronc 18 durant 24 heures en cas d’exposition importante au
courant électrique. Posez un collet cervical. Vérifiez
Partie postérieure du tronc 18
si des fractures ont été causées aux os longs par suite
Les deux jambes 36
des contractions musculaires. Les brûlures électriques
La paume des mains 1 peuvent causer une thrombose vasculaire. Nettoyez et
Total 100 pansez la brûlure en procédant comme pour une
brûlure thermique (voir ci-après).

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


9–24 Dermatologie

TRAITEMENT DES BRÛLURES MINEURES Interventions pharmacologiques


Interventions non pharmacologiques Analgésiques :
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
Brûlures superficielles
200 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 6 h au
– Nettoyez la région touchée avec du soluté besoin
physiologique ou de l’eau stérile. ou
– Pansements : Appliquez une compresse de gaze
acétaminophène (Tylenol) (médicament de
propre et sèche sur la région brûlée en prenant soin classe A), 500 mg, 1-2 comprimés, toutes les 4 h
de ne pas exercer de pression. au besoin
Brûlures au deuxième degré (superficielles ou
et profondes) acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2 ou
o

– Retirez les vêtements et les débris en contact avec No 3) (médicament de classe C), 1-2 comprimés
la région touchée. toutes les 4-6 h au besoin (maximum
15 comprimés)
– Nettoyez la région touchée avec du soluté
physiologique ou de l’eau stérile. Les brûlures au deuxième degré plus étendues et plus
– Débridez délicatement la brûlure au moyen graves nécessitent l’application d’un onguent
d’instruments stériles. antibiotique topique ou d’un pansement imprégné
d’une solution appropriée (les onguents peuvent
– Ne touchez pas aux petites ampoules.
compliquer l’évaluation du drainage de la plaie).
– Enlevez les grosses ampoules au moyen d’une Appliquez :
pince et de ciseaux (le liquide qui s’écoule est un
milieu de culture idéal). bacitracine en onguent (Baciguent) (médicament
– Pansements : Les brûlures mineures et peu de classe A) chaque jour
étendues au deuxième degré (brûlures ou
superficielles du deuxième degré) ne nécessitent pansement Sofratulle (médicament de classe A)
pas l’application d’un onguent antimicrobien ou de chaque jour
pansements imprégnés; appliquez plutôt un ou
pansement de gaze poreux et non adhésif
(p. ex. Jelenet). sulfadiazine d’argent (Flamazine) (médicament de
classe C) chaque jour
Éducation du client
Contre-indication absolue de la sulfadiazine
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence). d’argent : grossesse à terme
– Conseillez-lui de prendre un analgésique 1 heure Contre-indication relative de la sulfadiazine
avant le changement de pansement. d’argent : sensibilité croisée possible à d’autres
– Indiquez-lui que le pansement doit rester propre et sulfamides, grossesse
sec jusqu’à ce que la plaie soit cicatrisée.
Une antibiothérapie prophylactique est rarement
Traitement adjuvant nécessaire, mais peut être envisagée dans les cas
suivants :
Vérifiez si le client est encore protégé par son dernier
vaccin antitétanique; sinon, administrez-lui le vaccin – clients immunodéprimés,
(voir le Guide canadien d’immunisation, 5e éd., – clients à risque élevé d’endocardite,
1998). – clients ayant des articulations artificielles.
On peut utiliser, au besoin, des antibiotiques à large
spectre comme les céphalosporines de première
génération ou la pénicilline résistante à la
pénicillinase combinée à un aminoside.

Discutez des différentes possibilités avec un médecin.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Dermatologie 9–25

Surveillance et suivi Considérations spéciales liées à la


– Assurez un suivi après 24 heures et tous les jours réanimation
jusqu’à ce que la brûlure soit cicatrisée. – L’agitation peut être consécutive à l’hypoxie.
– Réévaluez la profondeur et l’étendue de la brûlure. – Tenez pour acquis que le client a inhalé de la
– Surveillez la cicatrisation et le risque d’infection. fumée; voir la section « Inhalation de substances
– Nettoyer et débridez au besoin; l’immersion de la toxiques », dans le chapitre 3, « Appareil
brûlure peut aider à désintégrer les caillots de sang respiratoire ».
et accélérer l’expulsion des débris nécrotiques. – Surveillez les signes de détresse respiratoire ou
– Réappliquez de la bacitracine ou de la sulfadiazine d’insuffisance respiratoire.
d’argent et un pansement stérile sec. Examen secondaire et recherche
Il n’est pas absolument nécessaire d’assurer une des blessures associées
stérilité totale durant le changement des pansements; – Mettez en place une sonde urinaire.
cependant, la propreté et le nettoyage minutieux des – Mettez en place une sonde gastrique.
mains, des lavabos, des baignoires et des instruments – Évaluez la circulation périphérique en cas de
utilisés sont d’une importance capitale. On peut brûlures circonférentielles aux membres.
appliquer de l’acide acétique (0,25 %) à des fins de – Surveillez la couleur, le remplissage capillaire, la
prophylaxie contre les Pseudomonas.
paresthésie et les douleurs aux tissus profonds.
TRAITEMENT DES BRÛLURES GRAVES Soins des plaies

Surveillez systématiquement les risques – Recouvrez les brûlures de pansements secs


d’insuffisance rénale due à la rhabdomyolyse et à la stériles.
septicémie chez les clients ayant subi des brûlures – Ne crevez pas les ampoules.
graves. – Évitez d’immerger la plaie ou de l’asperger d’eau
froide si la brûlure s’étend sur > 10 % de la surface
Interventions non pharmacologiques corporelle.
Examen primaire Consultation
– Stabilisez l’ABC. Consultez un médecin dès que l’état du patient est
– Dégagez les voies respiratoires et assurez une stabilisé.
ventilation artificielle au besoin.
Interventions pharmacologiques
– Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min
ou plus; la saturation en oxygène doit être S’il faut administrer un analgésique, consultez un
maintenue à un niveau > 97 % ou 98 %. médecin d’abord, si c’est possible; sinon,
– Amorcez un traitement IV à l’aide de soluté administrez :
physiologique ou de soluté lactate de Ringer.
morphine (médicament de classe D), 5-10 mg IM
– Remplacez les pertes liquidiennes. Les règles immédiatement
générales suivantes s’appliquent aux personnes
ayant subi des brûlures graves : administrez des Surveillance et suivi
liquides si >15 % à 20 % de la surface corporelle a – Vérifiez fréquemment l’ABC et les signes vitaux.
été brûlée (adultes); au cours des premières – Surveillez les signes d’état de choc (le choc des
24 heures, administrez 2-4 ml × % de la surface
brûlés ne survient généralement qu’après plusieurs
corporelle brûlée, dont la moitié au cours des heures).
8 premières heures et l’autre moitié au cours des
16 heures suivantes; maintenez le débit urinaire à – Dans le cas des brûlures circonférentielles, des
environ 30-60 ml/h (adultes). brûlures étendues aux membres ou des brûlures
électriques, il faut surveiller les signes d’atteintes
Le choc des brûlés ne se manifeste généralement pas vasculaires ou neurologiques, qui évoquent le
avant plusieurs heures. Si l’état de choc est évident développement du syndrome de loge. Dans ce cas,
dès le début, cherchez d’autres causes d’hypovolémie il faut pratiquer immédiatement une incision de
comme une blessure grave à une autre partie du décharge.
corps. Voir la section « État de choc » dans le – Surélevez les membres pour réduire l’œdème au
chapitre 14 « Urgences générales et traumatismes minimum.
majeurs ».

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


9–26 Dermatologie

Orientation vers d’autres ressources ENGELURES


médicales
Procédez à l’évacuation dans les plus brefs délais (se DÉFINITION
reporter aux critères indiqués dans le tableau 7).
Lésions dues au froid. La lésion peut être
Tableau 7 : Critères de transfert des brûlés accompagnée (tableau 9) ou non (tableau 8) du gel
Brûlures du troisième degré couvrant au moins 10 % de la des tissus, caractérisé par la formation de cristaux de
surface corporelle chez les patients de > 50 ans glace.
Brûlures du deuxième degré et du troisième degré couvrant
au moins 20 % de la surface corporelle (quel que soit l’âge) CAUSE
Brûlures au visage, aux mains, aux pieds, dans la région Exposition au froid
anale ou génitale, aux articulations principales
Inhalation de fumée, brûlures électriques, brûlures
chimiques SYMPTOMATOLOGIE
Brûlures accompagnées de fractures ou d’autres lésions Les parties les plus souvent touchées sont les mains
graves et les pieds.
Brûlures circonférentielles au thorax ou aux membres
Brûlures moins graves chez un client ayant une maladie Gelures superficielles
préexistante (p. ex. diabète sucré)
– Douleur froide et brûlante au départ
– La région touchée devient blanche.
– La région touchée devient rouge au moment du
réchauffement

Tableau 8 : Types de lésions dues au froid non accompagnées de gelures


Type de lésion Cause Observations cliniques Traitement
Engelure (lésion Exposition prolongée au Les régions touchées sont prurigineuses, bleu Réchauffer comme
périphérique due au froid sec, à des rougeâtre; œdème possible; présence possible pour les gelures (voir
froid, non températures au-dessus du de bulles ou d’ulcères superficiels; les régions texte); administrer un
accompagnée de point de congélation touchées pourraient désormais être plus analgésique
congélation des tissus) sensibles au froid; pas de lésions permanentes.
Pied des tranchées ou Exposition prolongée au Destruction possible des tissus semblable aux Réchauffer comme
pied d’immersion froid humide à des brûlures du deuxième degré (cloques, douleur, pour les gelures (voir
températures au-dessus du hypersensibilité au froid); la sensibilité au froid texte)
point de congélation peut être permanente.

Tableau 9 : Classification des gelures

Gelure sans gravité Gelure superficielle Gelure profonde


Superficielle, altérations de la peau Les tissus sous-cutanés sont Les tissus sous-cutanés sont durcis; les
réversibles souples, mous. muscles, les tendons, etc., sont touchés.
Peau pâle et engourdie; perte de Les bulles apparaissent dans les Extrémité froide, pourpre ou rouge foncé,
sensibilité 24-48 heures; les liquides sont bulles hémorragiques contenant un
réabsorbés; des escarres noirâtres et liquide foncé et perte de fonction distale;
Comparable à une brûlure thermique
superficielle (premier degré) dures se forment; généralement il est possible qu’on ne puisse déterminer
superficielles; la région reste sensible au avant plusieurs mois l’étendue des
froid et à la chaleur. lésions causées par une gelure.
Appliquer un traitement conservateur; Les tissus gelés finiront par tomber.
guérit généralement sans intervention
chirurgicale en 3-4 semaines.

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Dermatologie 9–27

Gelures graves Interventions non pharmacologiques


– Douleur froide et brûlante accompagnée – Réchauffez rapidement la région touchée en
ultérieurement de picotements l’immergeant dans de l’eau à 42°C pendant 20-
– Apparition ultérieure d’un engourdissement ou 30 minutes; il n’est pas recommandé de procéder
d’une sensation de lourdeur lentement!
– La région touchée devient pâle ou blanche. – Mise en garde : évitez de frotter ou d’utiliser des
– Le réchauffement de la région touchée cause une bouillottes.
douleur. – Immobilisez le membre atteint; protégez la peau
contre les irritations.
OBSERVATIONS (Voir également les – Continuez à réchauffer jusqu’à ce que la peau soit
tableaux 8 et 9) chaude, ramollie, souple et rouge.
– Les signes vitaux peuvent varier. – Veillez à ce que la région atteinte ne gèle pas de
– La température peut baisser en présence nouveau à l’extérieur; ne faites pas dégeler les
d’hypothermie ou augmenter en présence membres s’ils risquent de geler de nouveau.
d’infection. – Surélevez le membre touché une fois celui-ci
– Détresse légère à intense réchauffé; laissez la région atteinte découverte, si
– Rougeur ou blancheur possible de la région possible.
touchée – Ne crevez pas les bulles.
– Présence possible d’œdème – Séparez les doigts et les orteils avec de la ouate
– Présence possible de bulles hydrophile sèche.
– Infection possible si le client a tardé à venir à la – Enveloppez le client dans du matériel doux et
clinique épais, sans le comprimer, et veillez à ce qu’il ne
– La région touchée est froide et dure au toucher soit pas blessé ou exposé aux éléments durant le
au début. transport.
– Perte de sensibilité – Faites-lui boire des liquides chauds.
– Chaleur et sensibilité de la région atteinte au – Interdisez-lui de fumer, puisque la nicotine
moment du réchauffement provoque un rétrécissement des artérioles.
Éducation à la prévention
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Conseillez au client :
– Gelures superficielles ou profondes
– de porter plusieurs couches de vêtements prévus
COMPLICATIONS pour le temps froid.
– Infection – de couvrir toutes les parties du corps exposées.
– Hypothermie – de bien se préparer en prévision de déplacements
par temps froid.
– Perte tissulaire
– La région atteinte peut rester hypersensible au Interventions pharmacologiques
froid pendant plusieurs années ou en permanence.
Gelures bénignes
TRAITEMENT
Analgésiques :
Objectifs acétaminophène (Tylenol) (médicament de
– Déceler l’hypothermie associée classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
toutes les 4 h au besoin
– Réchauffer les régions touchées
ou
– Soulager la douleur
– Prévenir l’infection ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
200 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 h au
Traitez les gelures bénignes et superficielles comme besoin
des brûlures thermiques superficielles. Voir la section
« Brûlures » plus haut dans ce chapitre.

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9–28 Dermatologie

Gelures modérées ou graves Consultation


Administrez un analgésique pour soulager la douleur, Il faut consulter un médecin pour toutes les gelures,
qui peut être intense durant le réchauffement : sauf les gelures bénignes.
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D), Orientation vers d’autres ressources
50-100 mg IM toutes les 3-4 h
médicales

Surveillance et suivi Gelures modérées ou graves

Gelures bénignes Faites transporter à l’hôpital dans les plus brefs délais
toute personne ayant subi des gelures modérées ou
Réévaluez et repansez la plaie quotidiennement graves.
pendant 4-7 jours, jusqu’à ce qu’elle commence à
cicatriser. Surveillez les signes d’infection.

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CHAPITRE 10 – HÉMATOLOGIE, MÉTABOLISME
ET ENDOCRINOLOGIE

Table des matières

NOTE EXPLICATIVE ................................................................................ 10–1


PROBLÈMES HÉMATOLOGIQUES COURANTS....................................... 10–1
Anémie ........................................................................................ 10–1
Principales anémies et autres mesures diagnostiques ..................... 10–2
Anémie ferriprive .......................................................................... 10–3
Anémie mégaloblastique ............................................................... 10–6
PROBLÈMES ENDOCRINIENS ET MÉTABOLIQUES COURANTS ............ 10–7
Diabète sucré ............................................................................... 10–7
Hyperthyroïdie................................ ................................ .............10–13
Hypothyroïdie ..............................................................................10–15
Ostéoporose................................................................................10–17
URGENCES MÉTABOLIQUES ................................................................10–19
Acidocétose diabétique ................................................................10–19
Hypoglycémie..............................................................................10–21

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10–1

NOTE EXPLICATIVE

La symptomatologie et l’examen physique ne sont là que se manifestent souvent les problèmes et


pas traités comme tels dans ce chapitre parce que les symptômes associés aux troubles hématologiques,
troubles hématologiques, métaboliques et métaboliques et endocriniens.
endocriniens produisent souvent des symptômes et
des signes dans plus d’un appareil ou système. Les Pour plus d’information sur la symptomatologie et
appareils cardiovasculaire et digestif ainsi que les l’examen physique de ces appareils et systèmes,
systèmes nerveux, endocrinien et tégumentaire veuillez consulter les chapitres correspondants.
doivent particulièrement être évalués parce que c’est

PROBLÈMES HÉMATOLOGIQUES COURANTS


ANÉMIE Anémie normochrome normocytaire
(VGM normal, CCMH normale)
DÉFINITION – Anémies des maladies chroniques
D’une manière générale, l’anémie peut se définir – Anémies hémolytiques (caractérisées par la
comme étant une diminution du taux d’hémoglobine destruction accélérée des GR)
dans le sang. Lors de l’évaluation de la gravité de – Anémie hémorragique aiguë
l’anémie, il est cependant plus important de – Anémies aplasiques (caractérisées par la
considérer la cause sous-jacente que le taux disparition des précurseurs des GR dans la moelle
d’hémoglobine. Toutefois, il est difficile de trouver osseuse)
cette cause, car il existe plus de 200 formes d’anémie.
Anémie hypochrome microcytaire
CLASSIFICATION (VGM bas, CCMH basse)
– Anémie ferriprive
Il existe trois principaux systèmes de classification
des anémies : – Thalassémies
– Anémie des maladies chroniques (rare)
– Classification cytométrique : fondée sur les
paramètres relatifs à la taille des cellules et à Anémie normochrome macrocytaire
l’hémoglobine, tels que le volume globulaire (VGM élevé, CCMH normale)
moyen (VGM) et la concentration corpusculaire – Anémie par carence en vitamine B12
moyenne en hémoglobine (CCMH). – Anémie par carence en folates
– Classification érythrocinétique : fondée sur les
taux de production et de destruction des globules SIGNES ET SYMPTÔMES CLINIQUES
rouges (GR).
– Classification biochimique et moléculaire : fondée La sévérité des symptômes cliniques dépend moins
sur la cause de l’anémie au niveau moléculaire. de la gravité de l’anémie que de la durée de
l’évolution de la maladie.
Par exemple, l’anémie dépranocytaire est classée
parmi les anémies normochromes normocytaires dans Ainsi, une hémorragie aiguë peut produire des
la classification cytométrique, parmi les anémies symptômes d’anémie après la perte de seulement
hémolytiques dans la classification érythrocinétique, 20 % de la masse sanguine totale (ou 20 % de la
et, pour la classification biochimique et moléculaire, masse totale des globules rouges). À l’inverse, les
elle est le résultat d’une mutation de l’ADN qui est anémies qui se développent sur des périodes assez
responsable de la substitution d’un acide aminé dans longues pour mettre en branle des mécanismes
la chaîne β de l’hémoglobine. compensateurs entraîneront des pertes de masse
érythrocytaire beaucoup plus élevées avant
Classification cytométrique l’apparition des symptômes.
Lors de l’élaboration du diagnostic, la première étape
est de classer l’anémie du client dans l’une des trois
principales catégories cytométriques suivantes.

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10–2 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

SYMPTOMATOLOGIE PRINCIPALES ANÉMIES ET AUTRES


Quand les symptômes apparaissent, ils sont liés à une MESURES DIAGNOSTIQUES
oxygénation tissulaire insuffisante :
– Dyspnée d’effort ANÉMIE FERRIPRIVE
– Fatigabilité Définition et caractéristiques
– Évanouissements, étourdissements
– Acouphènes, bourdonnement d’oreilles Cette forme d’anémie est fréquente chez les femmes
– Céphalée en âge de procréer et chez les hommes et les femmes
souffrant de saignements gastro-intestinaux
– Palpitations
chroniques. Elle peut être causée par un apport
– Exacerbation d’une affection cardiovasculaire insuffisant en fer ou une mauvaise absorption du fer,
préexistante ou encore par des pertes sanguines. Elle est
L’angine de poitrine, la claudication intermittente et fréquemment confondue avec une anémie des
les crampes musculaires nocturnes sont quelques-uns maladies chroniques.
des effets d’une anémie venant s’ajouter au tableau
d’une irrigation sanguine déjà diminuée. Mesures diagnostiques
Déterminez le taux de ferritine sérique :
OBSERVATIONS
– Ce taux permet de distinguer une anémie ferriprive
Anémie d’installation progressive : d’une anémie des maladies chroniques.
– Pâleur – Le résultat indique les réserves de fer dans les
– Tachycardie tissus.
– Souffle systolique d’éjection – Il n’est pas influencé par une transfusion ou une
ingestion de fer récente.
Dans le cas d’une anémie survenue brutalement (à la
– Il peut être élevé et masquer l’anémie s’il y a
suite d’une hémorragie et dans le cas de certaines
anémies hémolytiques aiguës), des signes et congestion hépatique, insuffisance rénale,
symptômes additionnels sont notés : collagénose, cancer, ou infection ou inflammation
aiguës ou chroniques (ces affections peuvent aussi
– Syncope au lever s’accompagner de taux de fer sérique trompeurs).
– Hypotension orthostatique (la tension artérielle
baisse quand le client passe de la position couchée ANÉMIE DES MALADIES CHRONIQUES
à la position assise ou debout) Définition et caractéristiques
– Tachycardie orthostatique
Cette anémie survient lorsque le transfert du fer
Rappelez-vous que si l’anémie survient à la suite d'une contenu dans les réserves de la moelle osseuse vers
hémorragie, l’hématocrite et le taux d’hémoglobine les globules rouges en formation est entravé. Les GR
seront normaux (car lors d’une hémorragie, les pertes se trouvent ainsi appauvris en hémoglobine, même si
de GR et de plasma sont proportionnelles). Par les réserves corporelles de fer sont normales ou
conséquent, pour diagnostiquer ce type d’anémie, élevées. Cet état peut dénoter une septicémie, un
votre évaluation des signes cliniques sera plus utile que cancer, une insuffisance rénale chronique, une
les résultats des examens de laboratoire. collagénose ou un trouble endocrinien.
TESTS DIAGNOSTIQUES Mesures diagnostiques
– Dosage de l’hémoglobine – Déterminez le taux de ferritine sérique.
– Mesure de l’hématocrite – Envisagez également la mesure de l’azotémie, le
– Numération des globules blancs (GB) dosage des anticorps antinucléaires (ANA) et la
– Formule leucocytaire thyrotropine (TSH), et la réalisation d’une
– Numération des plaquettes électrophérèse des protéines sériques (EPS).
– VGM
– Distribution des GR
– Numération des réticulocytes
– Frottis sanguin
– Les examens supplémentaires seront fonction des
résultats de ces tests.

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Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–3

SATURNISME Numération réticulocytaire élevée


Définition et caractéristiques Elle peut être causée par une perte sanguine ou une
hémolyse. Ce résultat indique que le client ne souffre
Le saturnisme induit une microcytose parce que le pas d’une carence en fer, en folates ou en vitamine
plomb entrave la production de l’hème; il en résulte B12 ; il n’est donc pas nécessaire de doser ces
des cellules contenant peu d’hémoglobine. Un frottis nutriments.
de sang périphérique révèle la présence de
ponctuations basophiles sur les GR. Autres mesures diagnostiques : vérifiez s’il y a des
antécédents de perte sanguine (p. ex. recherchez des
Mesures diagnostiques pertes de sang occulte, au besoin). L’absence de perte
Déterminez la concentration de plomb dans le sang. sanguine implique qu’il y a hémolyse, auquel cas on
devra soupçonner une anémie hémolytique (Voir
CARENCE EN VITAMINE B12 ET EN FOLATES « Anémie hémolytique », plus haut dans cette
section).
Mesures diagnostiques
Frottis sanguin
– Procédez à l’anamnèse alimentaire.
– Mesurez les taux sériques de la vitamine B12 et des Cet examen permet de confirmer les indices fournis
folates (cependant, la seule carence en vitamine par les mesures des GR.
B12 ou en folates ne peut être considérée comme la Il peut donner des indices sur une éventuelle maladie
cause de l’anémie, sauf dans le cas d’une anémie sous-jacente. Par exemple, la présence de microcytes
mégaloblastique). peut dénoter une carence en fer, celle de sphérocytes
– Envisagez aussi de faire un test de Schilling si le une anémie autoimmune acquise ou congénitale, et
taux sérique de la vitamine B12 est bas. celle d’hématies en cible une hépatopathie ou une
hémoglobinopathie.
ANÉMIE HÉMOLYTIQUE
Définition et caractéristiques ANÉMIE FERRIPRIVE
Taux de réticulocytes habituellement accru.
DÉFINITION
Mesures diagnostiques
– Faites un test direct à l’antiglobuline (test de L’anémie ferriprive se manifeste par un taux
Coombs) d’hémoglobine, un nombre de GR ou un volume de
culot globulaire (hématocrite) dans le sang inférieur
– Mesurez les taux d’agglutinines froides et de à la normale. Généralement, les clients dont le taux
G-6-PD (glucose-6-phosphate déshydrogénase) d’hémoglobine est de plus de deux écarts-types (ET)
pour vérifier s’il y a hémolyse extravasculaire.
sous la moyenne doivent être considérés comme
AUTRES TESTS SANGUINS POUR anémiques, et des examens plus approfondis
DÉTERMINER LE TYPE D’ANÉMIE s’avèrent alors nécessaires. L’anémie est souvent
accompagnée d’une déplétion des réserves de fer.
Numération des réticulocytes
La concentration d’hémoglobine moyenne normale
Numération réticulocytaire basse est de 140 g/l (ET 20 g/l) pour les femmes et de
155 g/l (ET 20 g/l) pour les hommes (voir aussi le
Ce résultat indique une diminution de la production tableau 1).
de globules rouges dans la moelle osseuse. Elle peut
être causée par une carence en fer, en folates ou en
vitamine B12 , une maladie intrinsèque de la moelle
(p. ex. une anémie aplasique), ou une insuffisance
médullaire secondaire à une suppression causée par
des troubles chroniques extérieurs à la moelle.
Envisagez la possibilité de saignements ou d’une
destruction de cellules.
Autres mesures diagnostiques : mesurez les taux
sériques de ferritine, de vitamine B 12 et de folates, au
besoin, selon les résultats du VGM.

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10–4 Hématologie, métabolisme et endocrinologie
Tableau 1 : Valeurs de référence des constituants sanguins
Constituants Âge (années) Femmes Hommes
Hémoglobine (g/l) 1-4 111-145 111-145
5-9 114-145 114-145
10-14 124-145 124-158
≥ 15 121-164 140-179
12
Globules rouges (x 10 /l) 1-4 4,0-5,2 4,0-5,2
5-9 4,2-5,3 4,2-5,3
10-14 4,5-5,7 4,5-5,7
15-49 4,0-5,4 4,6-6,0
≥ 50 4,0-5,6 4,4-5,8
Hématocrite (proportion) 1-4 0,35-0,45 0,35-0,45
5-9 0,36-0,47 0,36-0,47
10-14 0,38-0,47 0,38-0,49
≥ 15 0,38-0,50 0,42-0,54
9
Globules blancs (x 10 /l) 1-4 5,0-12,0 5,0-12,0
5-49 4,0-10,5 4,0-10,5
≥ 50 4,0-10,0 4,0-11,0
Plaquettes (x 10 9 /l) 1-4 175-500 175-500
5-9 175-420 175-420
10-14 175-375 175-375
≥ 15 170-375 160-350
Source : Swaanenburg et al. (1987)

CAUSES Manifestation modérée ou sévère


– Insuffisance de l’apport alimentaire de fer
– Symptômes au repos
(fréquente chez les enfants, les adolescents et les
personnes âgées) – Intolérance à l’effort
– Symptômes d’insuffisance cardiaque, syncope
– Besoins accrus en fer sans apports supplémentaires
possible
(chez les femmes enceintes et durant les poussées
de croissance des nourrissons, des enfants et des – Palpitations, étourdissements, céphalée,
adolescents) acouphènes
– Perte sanguine causée par des menstruations – Irritabilité, insomnie, incapacité de concentration
anormalement abondantes, une affection du tube – Hypersensibilité au froid et malaise
digestif (p. ex. ulcère gastro-duodénal, hernie – Troubles menstruels
hiatale), une maladie maligne, une télangiectasie, Autres éléments à considérer
une perte sanguine abondante récente (p. ex.
traumatisme, intervention chirurgicale) – Prise de médicaments tels que des
– Malabsorption du fer causée par une gastrectomie anticonvulsivants (p. ex. phénytoïne [Dilantin],
partielle ou un syndrome de malabsorption primidone [Misoline]), triamtérène,
sulfaméthoxa zole associée à la triméthoprime
SYMPTOMATOLOGIE (Septra : prise prolongée seulement) ou des
contraceptifs oraux
– L’anémie ferriprive n’est pas une maladie, mais le
signe d’une affection sous-jacente. – Prise de médicaments pour l’infection par le VIH
(p. ex. zidovudine [AZT] et médicaments
– Une anamnèse complète et un examen physique
s’imposent. anticancéreux [pour la chimiothérapie])
– Les symptômes varient selon la gravité de l’anémie, – Consommation d’alcool
l’affection sous-jacente, la vitesse à laquelle cette – Habitudes alimentaires (p. ex. végétarisme strict)
dernière a évolué et la présence d’une cardiopathie – Chirurgie de l’intestin grêle ou de l’estomac
ou d’une pneumopathie préexistante. – Affection inflammatoire chronique comme la
polyarthrite rhumatoïde ou la maladie de Crohn
Manifestation bénigne
– Maladie maligne
– Souvent asymptomatique – Insuffisance rénale, hépatique ou thyroïdienne
– Fatigue
– Dyspnée
– Palpitations après l’effort

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Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–5

OBSERVATIONS Interventions non pharmacologiques


– Accélération de la fréquence cardiaque Éducation du client
– Hypotension orthostatique possible
– Expliquez la nature, l’évolution et le pronostic de
– Pâleur généralisée la maladie.
– Signes de fatigue et de léthargie
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
– Décoloration des conjonctives et des paumes médicaments (dose, fréquence, effets secondaires).
– Glossite possible (anémie grave) – Proposez des modifications alimentaires pour
– Fissuration des commissures labiales augmenter l’apport de fer (p. ex. abats, jaune
– Altération des ongles d’œuf, pruneaux, raisins frais ou secs).
– Splénomégalie ou hépatomégalie possible – Recommandez de fréquentes périodes de repos pour
– Assèchement possible de la peau et des cheveux réduire la fatigue.
– Souffle systolique fonctionnel possible – Recommandez au client d’éviter l’alcool et les
produits à base d’acide acétylsalicylique (AAS).
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL – Expliquez au client comment prévenir la
Écartez les autres causes possibles de l’anémie. Voir constipation (p. ex. régime riche en fibres
la section générale « Anémie » plus haut dans le alimentaires).
présent chapitre. Interventions pharmacologiques

COMPLICATIONS Supplémentation martiale :


– Infections fréquentes sulfate ferreux (médicament de classe B), 300 mg
– Effets secondaires de la supplémentation martiale PO tid
– Décompensation de problèmes médicaux ou
préexistants gluconate ferreux (médicament de classe B),
300 mg PO tid
TESTS DIAGNOSTIQUES
– Formule sanguine, formule leucocytaire, Surveillance et suivi
numération des réticulocytes, frottis sanguin pour Faites un suivi après un mois : le taux d’hémoglobine
examen de la morphologie des GR devrait augmenter d’au moins 1 g/l pendant le
– Fer sérique, capacité totale de fixation du fer traitement. Continuez le traitement pendant trois mois
(CTFF), ferritine sérique après le premier examen de suivi pour reconstituer
– Recherche de sang occulte dans les selles (trois les réserves de fer.
échantillons différents)
Orientation vers d’autres ressources
TRAITEMENT médicales
Objectifs Tout client qui ne répond pas au traitement oral après
un mois doit être adressé à un médecin pour des
– Augmenter la concentration d’hémoglobine
examens plus approfondis.
– Reconstituer les réserves corporelles de fer
– Déterminer la cause sous-jacente
Consultation
Consultez un médecin immédiatement si le taux
d’hémoglobine est inférieur à 90 g/l, s’il y a du sang
occulte dans les selles ou si le client paraît gravement
malade.

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10–6 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

ANÉMIE MÉGALOBLASTIQUE COMPLICATIONS


– Infections
DÉFINITION – Chutes ou autres traumatismes
Cette forme d’anémie se caractérise par une – Insuffisance cardiaque
production de GR ovales de grande taille et un VGM TESTS DIAGNOSTIQUES
élevé ( > 100 fl [femtolitres]).
– Formule sanguine
CAUSES – Formule leucocytaire
– Frottis sanguin
Carence en vitamine B12 (anémie pernicieuse) dont – Fer sérique
les causes peuvent être les suivantes :
– Capacité totale de fixation du fer (CTFF)
– Insuffisance de l’apport alimentaire – Ferritine sérique
(p. ex. végétarisme strict) – Taux sérique de la vitamine B12
– Malabsorption (p. ex. après une gastrectomie ou – Taux sérique des folates érythrocytaires
une intervention chirurgicale à l’iléon)
– Besoins accrus (p. ex. durant la grossesse) TRAITEMENT
– Troubles d’utilisation
Objectifs
Carence en acide folique dont les causes peuvent être
les suivantes : – Déterminer la cause de l’anémie
– Corriger les carences diagnostiquées
– Insuffisance de l’apport (p. ex. chez les clients
âgés, alcooliques ou atteints d’une maladie Consultation
chronique) Consultez un médecin immédiatement si les
– Syndromes de malabsorption symptômes de l’anémie sont importants ou si des
– Besoins accrus (p. ex. durant la grossesse ou la complications se présentent, et pour obtenir des
phase terminale d’une maladie) ordonnances.
– Prise de médicaments antifoliques tels que le
méthotrexate, la phénytoïne (Dilantin) et le Interventions non pharmacologiques
sulfaméthoxazole associé à la triméthoprime Éducation du client
(Septra)
– Infection par le VIH (et son traitement – Expliquez la nature, l’évolution et le pronostic de
pharmacologique) la maladie.
– Autres agents chimiothérapeutiques – Expliquez au client l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires).
SYMPTOMATOLOGIE – Indiquez au client quels sont les aliments riches en
– Installation insidieuse acide folique : légumes-feuilles verts, céréales, son
de blé, foie.
– Apparition dans la quarantaine ou la cinquantaine
– Insistez sur l’importance de revenir pour un
– Fatigue, léthargie
examen de contrôle.
– Indigestion, constipation ou diarrhée
– Douleur à la langue Interventions pharmacologiques
– Symptômes neurologiques (neuropathie Anémie (pernicieuse) par carence en vitamine B12 :
périphérique, faiblesse, instabilité, spasticité et
modifications de l’affect) découlant d’une carence vitamine B12 (médicament de classe B), 100 µg
en vitamineB12 IM une fois par jour pendant 5 jours, et puis 100 µg
IM une fois par mois à vie.
– Absence de symptômes neurologiques dans le cas
d’une carence en acide folique Anémie par carence en acide folique :

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL acide folique (médicament de classe B), 1-5 mg


PO par jour jusqu’à ce que l’hématocrite soit
Écartez la possibilité d’autres formes d’anémie (Voir normal.
la section générale « Anémie » plus haut dans le
présent chapitre).

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Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–7

Surveillance et suivi Le taux de potassium sérique doit être surveillé


– Effectuez un suivi 2 semaines après le début du attentivement chez les clients qui souffrent d’une
traitement pour vérifier si le client répond bien au anémie pernicieuse grave associée à une insuffisance
traitement; refaites les analyses sanguines à ce cardiaque. Une augmentation rapide des réticulocytes
moment-là. associée à la prise de diurétiques provoque une
hypokaliémie. Des suppléments potassiques doivent
– Les deux types d’anémie par carence répondent
habituellement rapidement au traitement : dès la alors être administrés. Consultez un médecin pour
obtenir une ordonnance.
première semaine, l’hématocrite commence à
augmenter. Au fur et à mesure que le taux d’hémoglobine
– Revoyez le client chaque mois et refaites les augmente quand il y a prise de vitamine B12 , le VGM
analyses sanguines à chaque fois, jusqu’à s’abaisse graduellement, si bien que l’anémie du
stabilisation. client peut devenir microcytaire, avec un taux
d’hémoglobine se stabilisant sous la normale. Dans
ce cas, un supplément de fer par voie orale doit être
ajouté pour maximiser la réponse hémoglobinique.

PROBLÈMES ENDOCRINIENS ET MÉTABOLIQUES COURANTS

DIABÈTE SUCRÉ Le diabète gestationnel


Le diabète gestationnel est un trouble transitoire qui
DÉFINITION apparaît durant la grossesse et disparaît après
l’accouchement. Les femmes qui ont souffert de diabète
Le diabète sucré est un trouble métabolique qui se gestationnel vont souvent développer un diabète de
caractérise par une hyperglycémie causée soit par une type 2 plus tard dans leur vie. Il y a diabète gestationnel
diminution de la sécrétion d’insuline, soit par un
quand la glycémie à jeun est ≥ 5,3 mmol/l, et la
accroissement de la résistance des tissus à l’action de
glycémie à la première heure de l’épreuve
l’insuline, soit par ces deux mécanismes à la fois.
d’hyperglycémie provoquée est ≥ 10,6 mmol/l ou la
CLASSIFICATION glycémie à la deuxième heure de l’épreuve est
≥ 8,9 mmol/l. Ces valeurs sont établies pour une dose de
Type 1 charge de glucose de 75 g administrée par voie orale.
Le diabète sucré de type 1 est principalement dû à la Intolérance au glucose (prédiabète)
destruction des cellules β du pancréas, ce qui se
traduit par une carence insulinique absolue et une Hyperglycémie modérée à jeun
tendance à l’acidocétose. La maladie survient
Les personnes ayant une glycémie à jeun entre 6,1 et
généralement chez les sujets de moins de 30 ans.
6,9 mmol/l, ce qui est en-dessous du seuil
Type 2 diagnostique du diabète, souffrent d’une
hyperglycémie modérée à jeun.
Le diabète sucré de type 2 est le résultat d’un
accroissement de l’insulinorésistance des tissus, Intolérance au glucose
associé à une certaine insuffisance de
Les personnes ayant une glycémie à jeun inférieure à
l’insulinosécrétion. La maladie débute généralement
7,0 mmol/l et une glycémie entre 7,8 et 11,0 mmol/l à
à l’âge moyen ou après. Les personnes souffrant du
diabète de type 2 sont beaucoup moins sujettes à la deuxième heure de l’épreuve d’hyperglycémie
provoquée par voie orale souffrent d’intolérance au
l’acidocétose.
glucose.
La prévalence du diabète de type 2 atteint des Ces deux groupes de personnes sont plus susceptibles
proportions épidémiques chez les Premières Nations. de souffrir du diabète sucré et de maladies
Les taux de prévalence ajustés selon l’âge y sont cardiovasculaires que le reste de la population. Des
parmi les plus élevés au monde, variant de 19 % à interventions préventives comme la modification des
26 %. Cette affection survient aussi de façon atypique habitudes de vie et des examens de dépistage du
chez les enfants et les jeunes adultes de cette diabète plus fréquents devraient être une priorité pour
population. ces personnes.

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10–8 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

CAUSES Antécédents familiaux


– Génétique – Diabète sucré
– Maladie autoimmune – Hyperlipidémie
– Pancréatite – Hypertension
Facteurs de risque – Affections rénales
– Stérilité
– Antécédents familiaux
– Hirsutisme
– Hypertension
– Maladies autoimmunes
– Hyperlipidémie
– Pancréatite
– Obésité tronculaire (androïde)
– Cécité
– Tabagisme
– Alimentation riche en matières grasses État de santé actuel
– Antécédents de diabète gestationnel – Habitudes alimentaires (choix des aliments,
agencement temporel des repas, influences culturelles)
Des changements importants dans le mode de vie des
Autochtones, notamment aux chapitres de l’alimentation – Niveau d’activité physique, facteurs limitant
et de l’exercice physique, ont eu un grand impact sur l’activité physique
leur santé. La morbidité associée aux maladies – Médicaments
infectieuses a diminué, mais certaines maladies – Allergies
chroniques telles que le diabète et les maladies – Tabagisme
cardiovasculaires sont devenues des problèmes de santé – Consommation d’alcool
importants chez les Autochtones. Selon certains, le – Facteurs sociaux : dynamique familiale, éducation,
diabète sucré serait associé aux piètres conditions emploi, mode de vie, capacités d’adaptation
sociales des communautés autochtones. L’isolement
géographique, les mauvaises habitudes alimentaires, la OBSERVATIONS
variété alimentaire restreinte, la sédentarité, les Un examen complet de tous les systèmes corporels
toxicomanies et les problèmes psychologiques peuvent doit être fait pour détecter la présence de
constituer des obstacles importants à la reconnaissance complications du diabète.
du diabète comme priorité dans les soins de santé.
– Le client paraît malade si le diabète survient
SYMPTOMATOLOGIE brutalement.
– Le client est amaigri s’il y a eu perte de poids.
– Polyurie, polydipsie, polyphagie
– Signes vitaux: les changements pourront être
– Nycturie déterminés selon le tableau clinique initial et la
– Antécédents pondéraux (surtout les pertes de présence de lésions sous-jacentes aux organes cibles.
poids) – Tension artérielle élevée s’il y a hypertension
– Fatigue, irritabilité concomitante
– Obésité (surtout tronculaire) – Yeux : signes de rétinopathie sur le fond d’œil
– Vue brouillée, changements dans la vision, – Cavité orale : santé dentaire déficiente (risque
changements fréquents de la prescription optique d’infection)
– Nausées et vomissements – Cou : examen de la glande thyroïde
– Syndrome grippal persistant (acidocétose) – Thorax : examen respiratoire courant
– Paresthésie réversible des doigts et des orteils – Système cardiaque : signes de défaillance
Antécédents personnels cardiaque, souffles, pouls périphériques
– Antécédents obstétricaux : diabète gestationnel, – Abdomen : hypertrophie des organes
gros bébés ( > 4,5 kg à la naissance) – Appareil génito-urinaire : signes de néphropathie
(p. ex. protéinurie)
– Troubles endocriniens
– Appareil locomoteur : mobilité articulaire
– Maladies cardiovasculaires
restreinte, arthropathie des mains
– Hypertension
– Peau : infection (p. ex. des pieds ou des ongles),
– Hyperlipidémie couleur, température
– Infections vaginales récurrentes ou persistantes
– Signes de neuropathie : effets neurologiques;
(mycoses), infections urinaires, infections de la changements dans la sensibilité vibratoire (p. ex.
peau (surtout aux pieds)
dans les pieds), proprioception, sensibilité tactile
– Chirurgie (p. ex. au pancréas) (avec monofilament), réflexes

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Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–9

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL TRAITEMENT


– Hyperglycémie modérée à jeun (glycémie à jeun La prévention et le traitement du diabète sucré et de
entre 6,1 et 6,9 mmol/l) ses complications doivent être hautement prioritaires
– Intolérance au glucose (glycémie entre 7,8 et dans la planification et la prestation des soins de
11,0 mmol/l à la deuxième heure de l’épreuve santé dans les communautés autochtones. Jusqu’à
d’hyperglycémie provoquée par voie orale avec présent, rien ne justifie l’utilisation de stratégies
une dose de charge de 75 g) thérapeutiques différentes de celles appliquées dans
– Glycosurie non diabétique la population générale.
– Effets secondaires de médicaments (p. ex.
Objectifs
contraceptifs oraux, corticostéroïdes, diurétiques
thiazidiques) – Obtenir une maîtrise glycémique optimale
– Diabète insipide – Éduquer le client pour la prise en charge de son
– Insuffisance pancréatique bénigne traitement
– Phéochromocytome – Prévenir les complications
– Syndrome de Cushing – Obtenir la maîtrise optimale de l’hypertension et
de l’hyperlipidémie concomitantes et des autres
COMPLICATIONS facteurs de risques cardiovasculaires
– Acidocétose (type 1); voir « Acidocétose Consultation
diabétique » sous « Urgences métaboliques » plus
loin dans le présent chapitre. Consultez immédiatement un médecin si vous
– Coma hyperosmolaire sans acidocétose soupçonnez ou diagnostiquez un diabète sucré. Tout
– Coronaropathies, maladies vasculaires périphériques traitement pharmacologique doit être instauré par un
– Néphropathie, infections urinaires médecin.
– Rétinopathie, cataractes (précoces), cécité Interventions non pharmacologiques
– Neuropathie périphérique
– Infections récurrentes de la peau (mycoses) Modification des habitudes de vie
– Décès prématuré – Traitement par le régime : la consultation d’un
diététiste est recommandée, du moins au début.
TESTS DIAGNOSTIQUES – Recommandations nutritionnelles identiques à
Glycémies diagnostiques celles pour la population générale : régime
équilibré comprenant des aliments des quatre
Glycémie au hasard ≥ 11,1 mmol/l en présence de groupes; diminution des graisses saturées à moins
symptômes (si le résultat est inférieur à 11,1 mmol/l, de 10 % des calories totales; apport adéquat de
demandez au client de revenir dans un jour ou deux glucides, de protéines, de vitamines et de minéraux
pour un test de glycémie à jeun afin d’établir avec – Bon point de départ : prendre des repas renfermant
précision le diagnostic) 55 % de glucides et 30 % de matières grasses
ou – Programme d’exercice : activité régulière (p. ex.
marcher 20 minutes trois fois par semaine)
Glycémie à jeun ≥ 7,0 mmol/l
– Perte de poids s’il y a obésité (pour atteindre un
ou poids-santé)
Glycémie ≥ 11,1 mmol/l deux heures après – Abandon du tabac (le cas échéant)
l’administration d’une dose de charge de 75 g – Apprentissage en matière de prise en charge de son
(épreuve d’hyperglycémie provoquée par voie orale) traitement

Autres examens
– Dosage des lipides, formule sanguine, mesure des
taux de créatinine et de TSH
– Analyse d’urine (analyse courante et microscopie)
– Test rapide sur bandelette réactive pour le glucose,
les cétones et les protéines, et la microalbuminurie

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10–10 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

Éducation du client Interventions pharmacologiques


– Expliquez la nature, l’évolution et le pronostic de Type 1
la maladie ainsi que ses complications possibles :
le diabète peut être maîtrisé, mais non guéri. Insulinothérapie suivant les indications du médecin
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des (tableau 2).
médicaments (dose, fréquence, voie
d’administration, effets secondaires). Type 2
– Si le client prend de l’insuline, assurez-vous qu’il Traitement pharmacologique sur l’initiative du
se l’administre correctement. médecin :
– Conseiller le client en ce qui a trait à son
alimentation. Étape 1 : Monothérapie avec agents hypoglycémiants
oraux :
– Demandez au client de noter dans un carnet ce
qu’il mange et examinez ce carnet régulièrement. glyburide (Diabeta) ou metformine (Glucophage)
– L’autosurveillance glycémique est fortement (médicaments de classe B)
recommandée : assurez-vous que le client effectue La metformine est un bon choix comme médicament
les tests correctement; donnez-lui des instructions de première intention pour les clients obèses
et encouragez-le à inscrire les résultats dans un souffrant de diabète sucré de type 2. Elle améliore les
carnet. taux de l’HbA1 c, sans entraîner de prise de poids,
– Discutez avec le client de ce qu’il doit faire en cas provoque moins d’épisodes hypoglycémiques que les
de maladie. autres médicaments, et réduit les complications du
– Indiquez au client les signes et les symptômes de diabète ainsi que la mortalité.
l’hyperglycémie et de l’hypoglycémie et
expliquez-lui quoi faire si ces troubles Étape 2 : Combinaison d’agents oraux (glyburide et
apparaissent. metformine) jusqu’à atteinte de la dose maximale de
chaque agent.
– Informez le client sur les soins des pieds : garder
les pieds propres; éviter l’assèchement de la peau Étape 3 : Ajout d’insuline au coucher ou arrêt des
(utiliser une crème hydratante tous les jours); agents oraux et commencement de l’insulinothérapie.
porter des chaussures ou des bottes adéquates (qui
ne serrent pas); éviter de marcher pieds nus; éviter Étape 4 : Optimisation de l’insulinothérapie.
les chaussures à bout ouvert; ne pas couper les
Étape 5 : Ajout d’un agent oral (p. ex. acarbose ou
ongles trop court; soigner rapidement les coupures
metformine) au traitement avec la dose optimale
et les plaies.
d’insuline quand celle-ci ne suffit pas à contrôler la
Si possible, donnez de l’information sur le diabète à glycémie.
la famille pour qu’elle comprenne cette maladie et
La prise d’AAS à faible dose constitue un traitement
puisse soutenir et aider le client dans la prise en
préventif primaire pour les clients à risque élevé (i.e.
charge de sa maladie. âgés de plus de 30 ans) souffrant de diabète sucré, et
un traitement préventif secondaire pour les personnes
souffrant à la fois de diabète sucré et de
macroangiopathie :
AAS (médicament de classe A), 325 mg une fois
par jour

Tableau 2 : Types d’insuline


Type Début d’action Maximum d’action Durée d’action
Lispro 5-10 minutes 45 minutes 3-4 heures
Ordinaire 30-45 minutes 2-5 heures 5-8 heures
NPH 1-3 heures 4-12 heures 18-24 heures
70/30 30-45 minutes 2-12 heures 18-24 heures
50/50 30-45 minutes 2-12 heures 18-24 heures
Lente 2-5 heures 7-15 heures 18-22 heures
Ultra-Lente 4-6 heures 8-20 heures 24-28 heures

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Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–11

Surveillance et suivi Orientation vers d’autres ressources


médicales
Suivi toutes les 4-6 semaines pour commencer, ou
plus fréquemment au besoin. Une fois la glycémie – Adressez à un médecin le plus rapidement possible
stabilisée, revoir le client trois ou quatre fois par pour une évaluation complète tous les clients chez
année. La surveillance doit comporter les points qui vous venez de diagnostiquer un diabète sucré.
suivants : – Orientez si possible le client vers un diététiste, qui
effectuera une évaluation de son alimentation et lui
– Évaluation de l’adhésion au traitement
fournira des conseils.
médicamenteux, du régime alimentaire et du
programme d’exercice – Planifiez un examen par un médecin deux fois par
– Examen du journal alimentaire avec le client et année, si l’état du client est stable, ou plus souvent
si nécessaire.
établissement d’un régime alimentaire prenant en
considération ses préférences et les aliments qu’il MOYENS DE PRÉVENTION
peut se procurer
– Mesure de la tension artérielle et du poids à Prévention primaire - diabète sucré de type 1
chaque visite
On ne connaît pas de moyens de prévention éprouvés
– Examen des pieds au moins deux fois l’an pour le diabète sucré de type 1.
– Incitation à perdre du poids si nécessaire; on
devrait viser une perte pondérale d’environ Prévention primaire - diabète sucré de type 2
0,5 kg/semaine (dans la plupart des cas, on peut y – Toute stratégie contre le diabète devrait mettre
arriver en réduisant l’apport calorique d’environ l’accent sur la prévention primaire.
500 calories/jour).
– Les programmes doivent cibler les enfants d’âge
– Incitation à faire de l’exercice régulièrement (une scolaire et leurs parents (pour prévenir l’apparition
marche quotidienne est la meilleure forme du diabète dans les générations futures), ainsi que
d’exercice pour la population générale) les personnes à risque élevé.
– L’exercice aide à maîtriser le poids et réduit la – La prévention primaire vise la maîtrise du poids
glycémie. par le régime et l’exercice.
– Mesure de la glycémie à jeun au besoin; dosage de
Prévention secondaire
l’HbA1c tous les 3-4 mois si le client prend de
l’insuline, et tous les 6 mois s’il prend des agents En plus de la prévention primaire, il faut effectuer
oraux une prévention secondaire visant l’amélioration du
– Examen des urines pour recherche d’une contrôle métabolique, du suivi et du traitement des
protéinurie : si le résultat est négatif, le client doit complications.
être soumis à un test annuel de dépistage de la
microalbuminurie et à une détermination au hasard
du ratio albumine/créatinine dans des urines
prélevées le jour (diabète sucré de type 2); si le
résultat est positif, le client doit subir tous les 6-
12 mois un examen des urines recueillies pendant
24 heures visant à mesurer la clairance de la
créatinine et la microalbuminurie
– Si une néphropathie est diagnostiquée, la
surveillance effectuée dans le cadre du suivi (deux
fois l’an) doit comprendre le dosage du potassium
et de la créatinine sériques, de même qu’un
examen des urines recueillies pendant 24 heures
visant la mesure des protéines totales et de la
clairance de la créatinine.
– Électrocardiographie (ECG) annuelle (client de
plus de 35 ans)
– Profil lipidique à jeun annuel
– Examen oculaire (fond d’œil avec pupille dilatée)
annuel par un médecin

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10–12 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

DÉPISTAGE Rétinopathie
Dépistage du diabète sucré – On devrait effectuer le dépistage et l’évaluation de
la rétinopathie annuellement, en commençant 5
Le dépistage du diabète doit être intensif dans les ans après la survenue du diabète pour les
groupes à risque élevé. personnes âgées de 15 ans ou plus souffrant d’un
diabète de type 1, et dès l’établissement du
Dans les Lignes directrices de pratique clinique 1998 diagnostic pour toute personne souffrant d’un
pour le traitement du diabète au Canada (Meltzer et diabète de type 2.
al., 1998), on recommande les principes de dépistage – L’intervalle entre les examens de suivi dépendra
suivants.
de la gravité de la rétinopathie.
On devrait procéder au dépistage du diabète tous les – Pour les personnes atteintes d’un diabète de type 2
3 ans pour les personnes de plus de 45 ans. De plus, avec rétinopathie minime ou nulle, on
le dépistage devrait être annuel pour les personnes recommande un intervalle de 2 ans, et qui en tout
présentant l’un ou l’autre des facteurs de risque état de cause ne devrait pas être de plus de 4 ans.
suivants : – Tout client montrant des signes de rétinopathie
– Obésité (indice de masse corporelle > 27 kg/m2 ) doit être orienté vers un ophtalmologiste.
– Parent au premier degré souffrant du diabète sucré – On peut prévenir l’apparition et la progression d’une
rétinopathie en assurant un contrôle métabolique
– Membre d’une population à risque élevé optimal.
(p. ex. Autochtones du Canada)
– Faible taux de lipoprotéines de haute densité Néphropathie
(HDL) (< 0,90 mmol/l) ou taux de triglycérides – La néphropathie diabétique est au Canada la
élevé à jeun (> 2,8 mmol/l) principale cause d’insuffisance rénale terminale.
– Antécédents de diabète gestationnel – Dans la lutte contre la néphropathie, il faut mettre
– Antécédents d’hyperglycémie modérée à jeun l’accent sur la prévention des complications par un
(glycémie à jeun de 6,1-6,9 mmol/l) dépistage et une détection précoces.
– Antécédents d’intolérance au glucose (glycémie à – Une microalbuminurie élevée est le signe clinique
jeun < 7,0 mmol/l; glycémie de 7,8-11,0 mmol/l à le plus précoce et fiable d’une néphropathie
la deuxième heure de l’épreuve d’hyperglycémie associée à un diabète de type 1 ou 2.
provoquée par voie orale) – Le dépistage de la néphropathie devrait débuter
– Hypertension 5 ans après la survenue du diabète pour les
– Coronaropathie personnes âgées de 15 ans ou plus souffrant d’un
– Présence de complications associées au diabète diabète de type 1, et dès l’établissement du
diagnostic pour toute personne souffrant d’un
Dépistage des complications
diabète de type 2.
Chez les personnes atteintes d’un diabète sucré de – Le test de dépistage recommandé est la mesure du
type 1 ou 2, on doit effectuer un dépistage intensif de ratio albumine/créatinine dans un échantillon
la rétinopathie, de la néphropathie, de la neuropathie d’urine prélevé au hasard durant la journée; si le
et des maladies cardiovasculaires. ratio est anormal, on devrait effectuer un examen
des urines recueillies pendant 24 heures pour
Le United Kingdom Prospective Diabetes Study rechercher une microalbuminurie.
Group (1998) a montré qu’on peut réduire le risque – Une fois la néphropathie diagnostiquée, la
de complications microvasculaires, comme celles qui surveillance effectuée dans le cadre du suivi (deux
entraînent une rétinopathie, une neuropathie ou une fois par an) devrait comprendre la mesure du
néphropathie, en contrôlant strictement la glycémie potassium et de la créatinine sériques ainsi que la
(p. ex. glycémie à jeun < 6,0 mmol/l), que ce soit collecte des urines pendant 24 heures visant à
avec l’insuline ou des agents oraux.
mesurer les protéines totales et la clairance de la
Dans les Lignes directrices de pratique clinique 1998 créatinine.
pour le traitement du diabète au Canada (Meltzer et
al., 1998), on recommande les principes de dépistage
suivants.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–13

Neuropathie HYPERTHYROÏDIE
– Une neuropathie détectable se développe dans les
10 ans suivant la survenue du diabète, de l’un ou DÉFINITION
l’autre type, chez 40 à 50 % des patients.
– On devrait dépister la neuropathie périphérique Forme de thyrotoxicose dans laquelle la sécrétion
d’hormone thyroïdienne est excessive.
chaque année pour repérer les personnes
présentant un risque d’ulcérations au pied.
CAUSES
– On peut détecter la neuropathie en vérifiant s’il y
a diminution ou perte de la sensibilité vibratoire, – Maladie de Basedow (ou de Graves)
diminution de la sensibilité tactile (examen avec – Goitre multinodulaire toxique (qui se développe en
monofilament de calibre 10), ou diminution ou réponse à une demande métabolique particulière,
absence du réflexe achilléen. p. ex. durant la grossesse)
Maladies cardiovasculaires – Cancer de la glande thyroïde
– La thyroïdite post-partum (survenant 2-6 mois
– Il faut encourager les personnes souffrant d’un après l’accouchement) est une forme bénigne et de
diabète de type 1 ou de type 2 à adopter des courte durée.
habitudes de vie saines pour réduire le risque de
coronaropathie. Facteurs de risque
– Les clients devraient s’alimenter sainement et – Pour la maladie de Basedow : antécédents
maintenir un poids-santé, faire régulièrement de familiaux confirmés, femmes âgées de 20-40 ans,
l’exercice physique et arrêter de fumer. autres troubles autoimmuns
– Il faudrait effectuer un profil lipidique à jeun – Pour le goitre multinodulaire toxique : âge avancé,
(cholestérol total, triglycérides, cholestérol HDL et exposition récente à un produit pharmaceutique
cholestérol LDL calculé) chez les adultes diabétiques renfermant de l’iode (p. ex. amiodarone ou
tous les 1-3 ans selon les indications cliniques. substance de contraste radiologique); goitre simple
– Il faudrait traiter la dyslipidémie à titre de prévention de longue date; certains états comme la puberté ou
primaire et secondaire de la coronaropathie. la grossesse; affections immunologiques, virales
– L’hypertension (tension artérielle > 140/90 ou génétiques
mm Hg) chez les personnes souffrant du diabète
sucré devrait être traitée énergiquement.
– Le United Kingdom Prospective Diabetes Study
Group (1998) a montré que le contrôle rigoureux
de la tension artérielle (cibles tensionnelles
< 150/80 mm Hg) peut réduire encore davantage
que le contrôle strict de la glycémie le risque de
mortalité et de complications du diabète découlant
d’accidents cardiovasculaires, comme l’infarctus
du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


10–14 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

SYMPTOMATOLOGIE OBSERVATIONS
– Se déclare habituellement chez des femmes de 20 – Tachycardie, arythmie cardiaque possible (le client
à 40 ans peut présenter une fibrillation auriculaire)
– Symptômes (indiqués ci-dessous) de sévérité – Tension artérielle : hypertension systolique possible
variable – Perte de poids
– Fatigue, faiblesse – Peau chaude, moite et fine; sudation des paumes
– Insomnie possible
– Perte de poids sans modification du régime – Cheveux fins et soyeux
alimentaire ou de l’appétit – Yeux exorbités ou globuleux, regard fixe;
– Thermophobie asynergie oculopalpébrale (exophtalmie)
– Transpiration excessive – Hypertrophie de la glande thyroïde chez seulement
– Altérations de la défécation (p. ex. diarrhée, 50 % des patients
constipation) – Glande thyroïde hypertrophiée diffusément, lisse,
– Modifications des menstruations (p. ex. réduction pouvant être asymétrique et nodulaire; un
de leur fréquence) frémissement palpatoire pourrait être senti ou un
– Agitation, nervosité, irritabilité bruit entendu directement sur la glande
– Incapacité de se concentrer – Cœur : choc de la pointe déplacé si la thyroïde est
– Sautes d’humeur (de la dépression à l’euphorie hypertrophiée; possibilité de frémissements
extrême) palpatoires ou de souffle systolique
– Altérations oculaires (p. ex. diplopie, photophobie, – Poumons normaux sauf s’il y a insuffisance
cardiaque
irritation des yeux, exophtalmie, diminution du
clignement) – Hypertrophie du foie et de la rate
– Difficulté d’avaler, voix enrouée – Mains : possibilité de tremblements fins au repos
– Palpitations – Jambes : œdème bilatéral qui ne prend pas le godet
(myxoedème prétibial)
– Dyspnée, fatigue ou douleurs thoraciques d’effort
– Œdème (p. ex. péri-orbitaire, aux pieds et aux – Réflexes hyperactifs
chevilles) DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Perte de cheveux, altération de la texture des
– Thyroïdite transitoire
cheveux (ils deviennent fins et soyeux)
– Cancer de la thyroïde
Personnes âgées :
– Phéochromocytome
– Peuvent ne pas présenter les symptômes classiques – Ménopause
– Habituellement seulement trois signes cliniques : – Anxiété
fatigue, perte de poids, tachycardie
COMPLICATIONS
– Goitre beaucoup moins fréquent dans ce groupe
d’âge – Exophtalmie
– Perte de la vue
Femmes enceintes :
– Érosions de la cornée
– L’iode radioactif est contre-indiqué durant la
– Fibrillation auriculaire
grossesse.
– Angine
– Le propylthiouracile est le médicament indiqué
– Insuffisance cardiaque
durant la grossesse; cependant, il peut induire
l’hypothyroïdie ou le crétinisme chez le fœtus. – Hypertension
– La thyrotoxicose peut s’atténuer durant la – Crise thyrotoxique (rare)
grossesse, mais récidivera dans le post-partum. – Ostéoporose (chez les femmes âgées)
TESTS DIAGNOSTIQUES
Dosage de la thyrotropine (TSH) (sa concentration
sera diminuée) et de la thyroxine (T4 ) (sa
concentration sera augmentée)

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–15

TRAITEMENT Surveillance et suivi


Objectifs – Les clients traités par l’iode radioactif doivent être
vus une fois par mois jusqu’au rétablissement de
– Déceler les complications (p. ex. cardiaques, oculaires) l’euthyroïdie; par la suite, suivi aux six mois.
– Soulager les symptômes – Surveillez le taux de TSH pour détecter
– Rétablir l’état euthyroïdien l’apparition possible d’une hypothyroïdie.
– Prévenir les complications – Les femmes âgées souffrant d’hyperthyroïdie
Consultation présentent un risque plus élevé de perte osseuse
accélérée; envisagez une surveillance annuelle de
Consultez un médecin. Les clients souffrant la densité osseuse chez ces clientes.
d’hyperthyroïdie ont besoin d’examens et d’un
traitement plus poussés qui débordent du champ de Orientation vers d’autres ressources
pratique du personnel infirmier. médicales
– Une fois le diagnostic établi, adressez le client à un
Interventions non pharmacologiques médecin.
– Modifications du régime alimentaire : régime – Les clients présentant des symptômes oculaires
hypercalorique, collations nutritives fréquentes, doivent être adressés à un ophtalmologiste.
consommation restreinte de caféine
– Périodes de repos fréquentes pour éviter la fatigue HYPOTHYROÏDIE
– Protection des yeux pour prévenir l’irritation et les
abrasions : lunettes de soleil, pansements oculaires DÉFINITION
la nuit, utilisation de larmes artificielles pour
prévenir l’assèchement État clinique résultant d’une sécrétion diminuée
d’hormones thyroïdiennes ou d’une résistance à
Éducation du client
l’action de ces hormones; il en découle un
– Expliquez l’évolution de la maladie et le pronostic ralentissement progressif de toutes les fonctions
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des corporelles. Le myxoedème est la forme la plus grave
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires, d’hypothyroïdie.
évitement de toute cessation brusque)
Interventions pharmacologiques CAUSES

On peut traiter définitivement l’hyperthyroïdie avec Hypothyroïdie primitive


l’iode radioactif ou par des médicaments. – Diminution idiopathique de la production
d’hormones
Traitement par l’iode radioactif – Thyroïdite autoimmune (thyroïdite d’Hashimoto)
Une seule dose suffit habituellement. – Déficit en iode endémique
L’hypothyroïdie permanente nécessitant un – Anomalies congénitales
traitement supplétif à vie est la complication notable.
Hypothyroïdie secondaire
Traitement médicamenteux – Traitement à l’iode radioactif
Médicaments antithyroïdiens (p. ex. le – Thyroïdectomie
propylthiouracile) qui inhibent la synthèse de – Hormonothérapie thyroïdienne substitutive dont la
l’hormone thyréotrope (aussi appelée thyrotropine). dose hormonale est insuffisante
Amélioration clinique en 2-3 semaines, rétablissement – Thyroïdite subaiguë (secondaire à une maladie
de l’état euthyroïdien en 4-6 semaines en moyenne. virale)
– Thyroïdite bactérienne aiguë (rare)
– Fréquente dans le post-partum sous la forme d’une
thyroïdite granulomateuse (subaiguë)
– Défaut de stimulation par l’axe hypophysaire ou
l’axe hypothalamique (maladie de l’hypophyse ou
des glandes surrénales)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


10–16 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

Facteurs de risque OBSERVATIONS


– Femmes de plus de 40 ans (risque le plus élevé) – Fréquence cardiaque diminuée
– Présence d’une autre affection autoimmune – Tension artérielle normale (hypertension
– Infection virale ou bactérienne aiguë récente diastolique possible)
– Traitement à l’iode radioactif – Hypotension orthostatique (en présence d’une
– Thyroïdectomie insuffisance hypophysaire ou hypothalamique)
– Maladie hypophysaire ou hypothalamique avérée – Pâleur faciale
– Post-partum – Ictère possible
– Bouffissure faciale et palpébrale (myxœdème)
SYMPTOMATOLOGIE – Ongles minces et cassants
Les symptômes peuvent être subtils et insidieux. – Cheveux rugueux et clairsemés
– Purpura dans certains cas
Symptômes précoces – Épaississement du nez et des lèvres dans les cas
– Faiblesse avancés
– Fatigue – Signe du pli cutané
– Frilosité – Peau sèche, rugueuse et épaissie
– Léthargie – Hypertrophie possible de la glande thyroïde
– Peau sèche et squameuse – Épanchement pleural possible
– Céphalée – Déplacement du choc de la pointe (s’il y a
– Ménorragie hypertrophie du ventricule gauche)
– Anorexie – Bruits du cœur pouvant sembler distants
Symptômes tardifs – Diminution des réflexes tendineux profonds
(réflexe achilléen)
– Ralentissement de l’activité intellectuelle et
motrice DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Absence de transpiration – Cancer de la thyroïde
– Légère prise de poids – Syndrome de maladies générales chez un
– Constipation euthyroïdien
– Œdème péri-orbitaire et périphérique – Syndrome néphrotique
– Pâleur – Néphrite
– Enrouement – Dépression
– Émoussement du goût et de l’odorat – Démence d’origine autre
– Douleurs et raideur musculaire – Insuffisance cardiaque
– Dyspnée
COMPLICATIONS
– Surdité
– Cessation des menstruations – Coronaropathie, insuffisance cardiaque congestive
– Cécité nocturne – Constipation, mégacôlon
– Dépression – Diminution de la résistance à l’infection
– Stérilité – Troubles mentaux, dont la dépression et la
psychose d’origine organique
– Coma myxœdémateux
– Stérilité
– Hypersensibilité aux opiacés
– Crise aiguë d’insuffisance surrénale découlant
d’un traitement énergique
– Déminéralisation osseuse découlant d’un
traitement excessif et prolongé

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–17

TESTS DIAGNOSTIQUES Surveillance et suivi


– Dosage de la TSH (sa concentration sera élevée) et – Assurez un suivi aux six semaines jusqu’à
de la T4 (sa concentration sera diminuée) stabilisation.
– Formule sanguine (taux d’hémoglobine parfois – Surveillez le poids, la tension artérielle et le niveau
diminué) d’énergie.
– Dosage du cholestérol et des triglycérides – Évaluez l’adhésion au traitement médicamenteux.
(hyperlipidémie fréquente) – Dosez les taux de TSH et de T4 toutes les six
– Examen des fonctions hépatiques (si présence semaines jusqu’à atteinte de l’état euthyroïdien.
d’ictère) – Revoyez le client tous les 6-12 mois une fois le
taux de TSH redevenu normal.
TRAITEMENT
Orientation vers d’autres ressources
Objectifs médicales
– Rétablir l’état euthyroïdien Prévoyez un suivi auprès d’un médecin :
– Prévenir les complications
– durant la phase initiale d’une hormonothérapie
Consultation thyroïdienne substitutive
Consultez un médecin si le taux de TSH est élevé. – si les symptômes ne sont pas maîtrisés par le
Les clients atteints d’hypothyroïdie peuvent avoir traitement
besoin d’examens plus approfondis, et la mise en – s’il y a des signes de complications
route d’une hormonothérapie thyroïdienne – une fois par an quand la dose d’entretien est
substitutive peut s’avérer nécessaire. établie
Interventions non pharmacologiques
OSTÉOPOROSE
Éducation du client
– Expliquez la nature, l’évolution et le pronostic de DÉFINITION
la maladie. Trouble généralisé et progressif du métabolisme
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des osseux caractérisé par une diminution de la masse du
médicaments, notamment leurs effets secondaires. tissu osseux, provoquant une diminution de la
– Si le client doit être traité à vie, soulignez résistance osseuse.
l’importance de ce traitement au long cours, de
même que les dangers auxquels il s’expose s’il ne CAUSES
prend pas ses médicaments.
Rarement causée par un seul facteur
– Renseignez le client sur les signes et les
symptômes de l’hyperthyroïdie (indiquant que la Ostéoporose primitive
dose du médicament est excessive) et de
l’hypothyroïdie (indiquant que la dose du – Type I : causé par des modifications
médicament est insuffisante). endocriniennes postménopausiques, et survenant
entre 51 et 75 ans
– Conseillez le client quant à son alimentation
(p. ex. plus de fibres et de liquides pour prévenir la – Type II : causé probablement par une réduction
constipation). liée au vieillissement de la synthèse de la
vitamine D ou à une résistance à la vitamine D, et
Interventions pharmacologiques survenant chez les personnes de plus de 70 ans
lévothyroxine (Eltroxin) (médicament de Ostéoporose secondaire
classe B), 100-150 µg PO par jour
– Origine endocrinienne : excès de glucocorticoïdes,
On doit viser la plus faible dose permettant de hyperthyroïdie, hyperparathyroïdie, diabète sucré
maintenir l’état euthyroïdien. Le médicament doit – Origine médicamenteuse : corticostéroïdes,
être pris à jeun, les fibres alimentaires pouvant en barbituriques, héparine, hormones thyroïdiennes
entraver l’absorption.
– Autres causes : insuffisance rénale chronique,
maladie hépatique, maladie pulmonaire obstructive
chronique (MPOC), polyarthrite rhumatoïde,
néoplasie, syndrome de Cushing, myélome
multiple

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


10–18 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

Facteurs de risque TESTS DIAGNOSTIQUES


– Antécédents familiaux – Tests de dépistage : formule sanguine et vitesse de
– Vieillissement sédimentation globulaire (VSG); taux de glucose,
– Sexe féminin de TSH, de parathormone, d’œstrogène, de
– Faible masse osseuse initiale (maigreur) phosphatases alcalines, de calcium et de
vitamine D
– Ménopause (insuffisance œstrogénique)
– Densitométrie osseuse (vous ne devez cependant
– Apport ou absorption insuffisants de calcium et de
prescrire cet examen qu’après avoir consulté un
vitamine D médecin)
– Tabagisme
– Consommation d’alcool excessive TRAITEMENT
– Consommation de café excessive
Objectifs
– Sédentarité (les os et les articulations sont peu
sollicités) – Réaliser une prévention primaire
– Réduire le taux de perte osseuse chez les clients
SYMPTOMATOLOGIE âgés
– Femme ménopausée (90 % des cas) – Détecter et traiter les fractures
– Douleurs osseuses généralisées, particulièrement Interventions non pharmacologiques
dans la région lombaire
– Veillez à ce que l’apport alimentaire de calcium et
– Fractures spontanées, souvent des vertèbres
supportant le poids du corps de vitamine D soit suffisant (le saumon, les
sardines, les légumes verts, les fromages et le lait
– Modifications structurales progressives de la écrémé sont des sources alimentaires de calcium).
colonne vertébrale (p. ex. cyphose et lordose)
– Recommandez au client de faire de l’exercice
– Diminution de la taille régulièrement (une marche de 50 -60 minutes trois
– Des traumatismes minimes peuvent causer des fois par semaine est idéale).
fractures de la hanche ou de la partie distale du – Aidez les fumeurs à abandonner le tabac en leur
radius (fracture de Pouteau-Colles). fournissant des conseils.
OBSERVATIONS – Encouragez l’abandon de l’alcool et de la caféine.
– Évaluez les risques que peut présenter le domicile
– Habituellement chez les femmes âgées maigres et
frêles des clients qui ont des problèmes de mobilité;
proposez des modifications ou fournissez des aides
– Déformations osseuses de degrés divers, souvent techniques au besoin.
de la colonne vertébrale (cyphose)
– Diminution de la taille (par rapport à une mesure Éducation du client
antérieure de la taille) – Expliquez l’évolution et le pronostic de la maladie;
– Douleur aux os possible à la palpation profonde il s’agit d’une affection chronique qui peut être
(particulièrement au tibia) maîtrisée mais non guérie; la douleur est souvent
– Difficulté à se mouvoir chronique.
– Expliquez au client l’utilisation appropriée des
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL médicaments (dose, fréquence, effets secondaires,
– Chez les femmes préménopausées et les hommes, importance d’observer le traitement).
écartez les maladies organiques (Voir la section – Conseillez au client de revenir à la clinique si la
« Causes – Ostéoporose secondaire » plus haut) douleur change ou s’accroît.
– Arthrose
– Néphropathie ou collagénose
– Métastases osseuses
– Myélome multiple
– Hyperthyroïdie
COMPLICATIONS
– Fractures vertébrales par tassement
– Fractures physiologiques
– Douleur et invalidité chroniques

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–19

Interventions pharmacologiques Surveillance et suivi

Traitement préventif – Les femmes doivent passer un test de


Papanicola ou quand une HTS est mise en route, et
Supplémentation de calcium et de vitamine D être vues 1-2 mois plus tard.
Calcium élémentaire, 1 000 mg par jour, pour toutes – Chez les femmes recevant un traitement pour une
les femmes ménopausées (augmentez la dose à ostéoporose installée, on doit mesurer la densité
1 500 mg si la cliente ne reçoit pas une osseuse tous les 1,5-2 ans jusqu’à ce que l’état
hormonothérapie substitutive [HTS]) clinique soit stabilisé.

Vitamine D, 400 UI par jour, pour toutes les femmes Les personnes qui prennent des suppléments
ménopausées (augmentez la dose à 800 UI si la cliente calciques peuvent développer des calculs rénaux.
ne reçoit pas une hormonothérapie substitutive [HTS]) Certaines femmes ne répondent pas à la HTS et
Si l’apport alimentaire est insuffisant : continuent de perdre du tissu osseux. Il est indiqué de
surveiller plus étroitement celles qui présentent un
carbonate de calcium (Apo-cal) (médicament de risque élevé d’ostéoporose.
classe B), 500 mg, 1 comprimé PO bid-tid
avec ou sans Orientation vers d’autres ressources
médicales
vitamine D (médicament de classe B), 400-800 UI
par jour Adressez les clients suivants à un médecin pour
évaluation :
Hormonothérapie substitutive
– femmes en ménopause (en vue d’une
œstrogènes (Prémarine) (médicament de classe B), hormonothérapie substitutive à des fins
0,625 mg PO par jour prophylactiques)
et – femmes présentant un risque élevé ou des signes
progestérone (Provera) (médicament de cliniques d’ostéoporose
classe B) si l’utérus est intact – toute personne chez qui vous soupçonnez une
fracture
Traitement
Les femmes souffrant d’une ostéoporose symptomatique
qui ne peuvent ou ne veulent pas prendre d’œstrogènes
pourraient recevoir un traitement au bisphophonate, p. ex.
à l’étidronate (Didrocal) (médicament de classe B ).

URGENCES MÉTABOLIQUES

ACIDOCÉTOSE DIABÉTIQUE SYMPTOMATOLOGIE


– Installation graduelle
DÉFINITION – Malaise, faiblesse, fatigue marquée
– Soif
Affection due à une carence insulinique, caractérisée
par une hyperglycémie, une cétonémie, une – Polyurie, polydipsie, polyphagie
cétonurie, une acidose et une déshydratation. – Perte de poids
– Anorexie
CAUSES – Nausées et vomissements
L’acidocétose peut être la manifestation initiale d’un – Douleurs abdominales
diabète sucré de type 1. – Douleurs musculaires
– Céphalée
– Non-respect du régime alimentaire prescrit
– Vue brouillée
– Administration inadéquate de l’insuline
– Paresthésie réversible du bouts des doigts
– Maladie ou infection concomitante, ou incapacité
d’ajuster le traitement médicamenteux du diabète
quand survient une maladie concomitante.
– Insuline inadéquate (dose, type)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


10–20 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

OBSERVATIONS Objectifs
– Le client paraît malade – Évaluer et stabiliser les voies respiratoires, la
– Température normale sauf en présence d’une respiration et la circulation (l’ABC) : assurez-vous
infection intercurrente que les voies respiratoires sont libres et protégées,
– Fréquence cardiaque élevée et que la ventilation soit adéquate chez tout client
dont le degré de conscience est diminué.
– Respiration profonde et rapide (dyspnée de
Kussmaul) – Réhydrater
– Tension artérielle normale ou basse – Déterminer les causes déterminantes
– Hypotension orthostatique – Traiter toute cause sous-jacente (p. ex. infection)
– Degré de conscience pouvant être diminué – Abaisser la glycémie à environ 13,8 mmol/l
– Odeur acétonique de l’haleine Consultation
– Muqueuses sèches
Consultez un médecin immédiatement après
– Peau chaude et sèche, avec persistance du pli stabilisation de l’ABC.
cutanée
Traitement adjuvant
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Hypoglycémie Administrez de l’oxygène à raison de 4-6 l/min ou
plus selon les besoins; maintenez la saturation en
– Autres causes de stupeur ou de coma oxygène au-dessus de 97 %-98 %.
(p ex. accident vasculaire cérébral, traumatisme
crânien, surconsommation d’alcool ou surdose de Traitement intraveineux
drogue)
La réhydratation aidera à réduire la glycémie.
COMPLICATIONS
– Amorcez un traitement IV avec du soluté
– Déshydratation sévère physiologique de NaCl à 0,9 %.
– Déséquilibre électrolytique (p. ex. hyponatrémie, – Maintenez le débit à 500-1 000 ml/h (10-20 ml/kg
hypokaliémie, hyperkaliémie, bicarbonate sérique par heure) durant 1-4 heures.
diminué) – Passez ensuite à un soluté de NaCl à 0,45 % (si
– Œdème cérébral causé par une réhydratation trop disponible).
énergique
– Maintenez le débit à environ 250-500 ml/h durant
– Hypoglycémie causée par la surcorrection d’une 4-6 heures.
hyperglycémie – Ensuite, ajustez le débit de perfusion selon la
– Dilatation aiguë de l’estomac réponse clinique, l’équilibre hydrique du client et
– Iléus paralytique le débit urinaire.
TESTS DIAGNOSTIQUES Quand la glycémie baisse à 11 mmol/l, passez à un
– Mesurez la concentration des corps cétoniques soluté glucosé à 5 % et perfusez à raison de 100 ml/h
dans l’urine. pour réduire le risque d’hypoglycémie.
– Effectuez une détermination au hasard de la Interventions non pharmacologiques
glycémie au moyen d’un glucomètre.
– Mettez en place une sonde urinaire à demeure.
– Prélevez du sang pour la détermination des taux
– Insérez un tube naso-gastrique si le client est
initiaux de créatinine et d’électrolytes, ainsi que comateux.
pour la formule sanguine.
– Si le client est âgé, prélevez aussi du sang pour le
dosage des enzymes cardiaques.
– L’ECG peut être utile : recherchez l’onde T ample
et pointue de l’hyperkaliémie, ainsi que les signes
d’infarctus silencieux du myocarde chez le client
diabétique âgé.

TRAITEMENT
La correction de l’acidocétose diabétique doit être
graduelle pour prévenir une surcorrection.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Hématologie, métabolisme et endocrinologie 10–21

Interventions pharmacologiques HYPOGLYCÉMIE


Consultez un médecin pour la mise en route d’un
traitement insulinique. DÉFINITION

On utilise généralement l’insuline Humulin ordinaire, Glycémie anormalement basse.


à moins qu’on sache que le client prend de l’insuline
animale. CAUSES
– Repas manqué
Dose initiale en embol :
– Apport calorique total insuffisant
insuline ordinaire (médicament de classe B), – Effort physique inhabituel
0,1-0,2 u/kg IV immédiatement
– Erreur dans le dosage de l’insuline
Le dosage subséquent dépendra de la vitesse à – Surdose d’insuline
laquelle la glycémie s’abaisse. On doit viser une – Diabète labile
diminution de la glycémie de 2,5-3,0 mmol par heure.
SYMPTOMATOLOGIE
Surveillance et suivi
– Survenue brutale
– Vérifiez la glycémie chaque heure et avant – Faim
d’administrer l’insuline : évitez des baisses de plus – Transpiration
de 5,5 mmol par heure.
– Tremblements
– Surveillez fréquemment la fréquence cardiaque, la
– Anxiété, agitation
tension artérielle, les variations de la tension
artérielle orthostatique, et l’état mental. – Lipothymie, faiblesse
– Effectuez une surveillance cardiaque, si possible. – Nausées
– Mesurez l’apport liquidien et le débit urinaire – Palpitations
chaque heure; recherchez des cétones dans les – Évolution vers une confusion mentale, un
urines chaque heure (l’hyperglycémie disparaîtra comportement inapproprié, des modifications de la
avant la cétonurie). personnalité, une altération de la conscience, des
– Évaluez le débit urinaire; compensez les pertes évanouissements et des convulsions.
urinaires qui excèdent le volume maximum normal OBSERVATIONS
en ajustant le débit de perfusion IV (le débit
urinaire maximum normal est de 2 ml/kg par – Fréquence cardiaque accélérée
heure). – Tension artérielle élevée
– Le patient peut ingérer des liquides s’il peut les – Pâleur
tolérer. – Transpiration profuse
Orientation – Anxiété, agitation
– Tremblements
Procédez à l’évacuation médicale le plus rapidement – Confusion
possible.
– Comportement bizarre ou agressif
– Démarche titubante, pouvant évoquer un état
d’ébriété
– Personne inconsciente ou en proie à des
convulsions
– Peau moite et froide
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Intoxication alcoolique
– Hypoglycémie alcoolique
– Hypoglycémie induite par les médicaments
(p. ex. surdose)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


10–22 Hématologie, métabolisme et endocrinologie

COMPLICATIONS Surveillance et suivi


– Lésions dues à des chutes – Observez la réponse au traitement.
– Hypoxie cérébrale – Revérifiez la glycémie immédiatement.
– Convulsions – Quand le client reprend conscience ou se remet,
– Décès procédez à une anamnèse détaillée et à un examen
approfondi.
TESTS DIAGNOSTIQUES – Recherchez une maladie associée, un épisode
Mesurez la glycémie avec un glucomètre (sous hypoglycémique antérieur, un traumatisme crânien
3,3 mmol/l, des symptômes adrénergiques ou une autre lésion.
apparaissent; à 2,8 mmol/l ou moins, le client aura – Donnez au client un repas équilibré.
des symptômes neuroglycopéniques). – Surveillez la glycémie chaque heure avec un
glucomètre de façon à détecter toute récurrence de
TRAITEMENT l’hypoglycémie.

Objectifs Consultation

– Augmenter la glycémie rapidement Consultez un médecin le plus rapidement possible


– Déceler toute maladie intercurrente ou lésion après les interventions d’urgence pour discuter des
associée autres soins à prodiguer, à moins que la cause de
l’hypoglycémie soit évidente.
Interventions non pharmacologiques
– Évaluez et stabilisez l’ABC Orientation vers d’autres ressources
médicales
– Assurez-vous que les voies respiratoires sont libres
et protégées, et que la ventilation est adéquate Procédez à l’évacuation médicale du client si vous
– Donnez au client, s’il est conscient, 12 oz (360 ml) n’arrivez pas à stabiliser la glycémie ou si la cause
de jus d’orange sucré ou quelque autre forme de sous -jacente n’est pas évidente; autrement, renvoyez
sucre rapide. le client à son domicile une fois son état stabilisé.
– Si le client prend de l’acarbose en concomitance
avec de l’insuline ou des sulphonylurées, utilisez Critères d’admission
du lait ou des comprimés de glucose. – La cause de l’épisode n’est pas évidente.
Traitement adjuvant – Le client prend un agent hypoglycémiant oral ou
de l’insuline à action prolongée.
Un traitement adjuvant doit être effectué si le client – Le client souffre de déficits neurologiques
est pris de nausée ou est stuporeux ou inconscient, ou persistants.
ne peut recevoir un traitement oral.
On peut envisager de donner son congé au client
– Administrez de l’oxygène à raison de 4-6 l/min ou après un repas riche en glucides si :
plus selon les besoins; maintenez la saturation en
– la cause de l’épisode hypoglycémique a été établie
oxygène au-dessus de 97 % -98 %.
avec certitude et traitée.
– Amorcez un traitement IV avec un soluté de
– l’épisode a été résolu rapidement.
dextrose à 5 % (D5W) perfusé à raison de
100-150 ml/h
Interventions pharmacologiques
dextrose (médicament de classe D), soluté à
50 %, seringue pré-remplie, 25-50 m l IV
immédiatement en 1-3 minutes
ou
glucagon (médicament de classe D), 0,5-1,0 mg
SC, IM ou IV

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


CHAPITRE 11 – MALADIES TRANSMISSIBLES

Table des matières

MALADIES TRANSMISSIBLES COURANTES ........................................... 11–1


Maladies transmises sexuellement ................................................. 11–1
Hépatite ....................................................................................... 11–3
Mononucléose (infectieuse) ........................................................... 11–6
Gastro-entérite bactérienne ........................................................... 11–8
Giardiase ..................................................................................... 11–9
Tuberculose ................................................................................11–11
Infection invasive à streptocoque du groupe A ...............................11–16

Maladies transmissibles chez les enfants Virus de l’immunodéficience humaine (VIH)


Pour de plus amples renseignements sur les maladies Pour de plus amples renseignements sur l’infection
transmissibles qui touchent particulièrement les par le VIH et le sida, consultez les Directives
enfants, consultez les Directives de pédiatrie clinique applicables aux programmes et services de la DGSM
pour les postes infirmiers du Nord (Direction en matière de VIH et de sida (Direction générale des
générale des services médicaux, Santé Canada, services médicaux, Santé Canada, 1995).
1995). Ces lignes directrices portent sur les maladies
Immunisation
suivantes :
– Diphtérie Pour de plus amples renseignements sur la
– Coqueluche vaccination et l’immunisation, consultez le Guide
– Rougeole canadien d’immunisation, 5e éd. (Santé Canada,
1998).
– Oreillons
– Rubéole
– Varicelle
– Botulisme
– Oxyure
– Méningite
– Syndrome d’immunodéficience acquise (sida)

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


11–1

MALADIES TRANSMISSIBLES COURANTES


MALADIES TRANSMISES Femmes
SEXUELLEMENT – Pertes vaginales : quantité et couleur, présence de
démangeaisons
ANAMNÈSE ET EXAMEN PHYSIQUE – Douleur à la pénétration ou dyspareunie profonde
– Brûlure à la miction (lorsque l’urine coule sur les
Tout praticien qui examine un cas potentiel de organes génitaux externes)
maladie transmise sexuellement (MTS) doit obtenir
– Lésions ou irritation aux organes génitaux
l’information ci-dessous sans porter de jugement et
en se fondant sur des faits. – Douleur au bas-ventre
– Saignements abondants après le coït, métrorragie
Antécédents généraux ou ménorragie
– Dysurie, fréquence exagérée des mictions, envie
Il est important d’obtenir en détail les antécédents impérieuse, nycturie, hématurie
sexuels du client. – Douleur articulaire, arthrite, conjonctivite,
– Site(s) de contact sexuel (vaginal, oral, anal) irritation à d’autres régions du corps, enflure des
– Orientation sexuelle (homosexualité, bisexualité, ganglions lymphatiques, fièvre
hétérosexualité) – Date des dernières menstruations et possibilité de
– Recours à des condoms afin de prévenir les MTS grossesse
– Recours à d’autres méthodes de contraception EXAMEN PHYSIQUE
– Nombre de partenaires sexuels récents
– Relations sexuelles avec des utilisateurs de Si on soupçonne une MTS, il faut examiner de
drogues injectables manière détaillée et rigoureuse la région génito-
– Échange de faveurs sexuelles en retour d’argent ou urinaire. Il faut également procéder à un examen
de drogues extragénital afin de déceler toute autre manifestation
– Temps écoulé depuis la dernière relation sexuelle de la MTS soupçonnée. Il ne faut pas non plus
oublier de vérifier si les poils pubiens présentent des
– Antécédents de MTS poux et des lentes ou si la région périanale comporte
– Symptômes actuels de MTS chez le client et son des anomalies.
ou ses partenaires
– Usage de drogues injectables, partage d’aiguilles Accordez une attention particulière au pharynx, à la
– Enflure des ganglions lymphatiques conjonctive, aux ganglions lymphatiques, aux
– Fièvre ou frissonnements articulations ainsi qu’à la peau du bas -ventre, des
cuisses, des paumes de la main, des avant-bras et de
Symptomatologie spécifique la plante des pieds.
Hommes Examen physique
– Écoulement urétral : quantité, couleur, moment de
la journée où il est le plus abondant (dans les cas Hommes
d’urétrite, l’écoulement est particulièrement – Examinez et palpez le pénis et le gland pour
abondant après une longue période sans miction) vérifier la présence de lésions.
– Dysurie – Rétractez le prépuce si nécessaire.
– Démangeaison ou irritation au niveau de l’urètre – Examinez le méat pour voir s'il y a un écoulement
distal ou du méat urinaire urétral.
– Douleur ou œdème au niveau du scrotum ou de la – Comprimez l’urètre de la base jusqu’au gland trois
région inguinale ou quatre fois pour voir s’il y a un écoulement.
– Irritation ou lésions aux organes génitaux – Examinez et palpez le scrotum pour vérifier la
– Démangeaison, douleur ou écoulement au rectum présence de chaleur, de sensibilité, d’œdème ou de
– Douleur articulaire, arthrite, conjonctivite, lésions.
irritation à d’autres régions du corps – Examinez la région périanale.

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11–2 Maladies transmissibles

Femmes Tests diagnostiques


– Il faut examiner la région génitale à l’aide d'un
spéculum afin de voir adéquatement le col de Hommes
l’utérus. – Effectuez des prélèvements dans l’urètre, le rectum
– Examinez et palpez les organes génitaux externes, et le pharynx en vue de cultures pour détecter
y compris les lèvres, pour vérifier la présence Chlamydia et Neisseria gonorrheae.
d’une lésion, d’œdème, d’érythème ou d’un – Prélevez un échantillon en vue d’un test VDRL
écoulement. (syphilis).
– Vérifiez la couleur des parois vaginales. – Prélevez des échantillons en vue de cultures
– Observez l'écoulement endocervical et vaginal virales (p. ex. herpès; examen au microscope à
(quantité et couleur). fond noir pour dépister la syphilis), si la région
– Essuyez les sécrétions du col et vérifiez les signes génitale présente des lésions.
d’érythème et d’œdème. – Offrez des services de counselling relativement au
– Surveillez les saignements provoqués par l’usage VIH et de dépistage du virus si le client présente
d’écouvillons endocervicaux. des facteurs de risque.
Diagnostic différentiel des MTS
Les signes et les symptômes du client peuvent
évoquer une MTS précise (voir le tableau 1).

Tableau 1 : Signes et symptômes de certaines maladies transmises sexuellement


Signes et symptômes Syndrome possible
Hommes
Écoulement urétral, brûlure lors de la miction, démangeaison au Urétrite
niveau de l’urètre ou du méat urinaire
Lésions/ulcères génitaux douloureux, adénopathie inguinale Ulcères génitaux (p. ex. herpès génital, syphilis, chancres
mous)
Lésions génitales indolores avec ou sans adénopathie inguinale Ulcères génitaux, verrues génitales (condylomes
acuminés ou infection par le virus du papillome humain)
Douleur/enflure unilatérale aiguë au niveau du scrotum Épididymite
Écoulement rectal, rectorragie, ténesme, constipation Proctite
Femmes
Écoulement vaginal, odeurs, démangeaisons génitales, Vulvovaginite (p. ex. infection à Trichonomas vaginalis)
dyspareunie au moment de la pénétration, dysurie externe
Apparition récente de douleurs abdominales, de saignements Cervicite ou infection génitale haute
vaginaux inusités ou de dysparéunie profonde, avec ou sans
écoulement génital
Lésions/ulcères génitaux douloureux, adénopathie inguinale Ulcères génitaux (p. ex. herpès génital, syphilis, chancres
mous)
Lésions génitales indolores avec ou sans adénopathie inguinale Ulcères génitaux, verrues génitales (condylomes
acuminés ou infection au virus du papillome humain)
Écoulement rectal, rectorragie, ténesme, constipation Proctite

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Maladies transmissibles 11–3

Femmes – Donnez à chaque nouveau cas index des médicaments


– Faites des prélèvements du col utérin, du rectum et comme si les résultats des analyses étaient positifs.
du pharynx en vue de cultures pour détecter – Donnez aux nouveaux cas index les antibiotiques
Chlamydia, N. gonorrheae et d’autres bactéries. appropriés au moment où ils se présentent, compte
– Obtenez des préparations à l’état frais d’hydroxyde tenu des délais nécessaires pour obtenir les
de potassium (dépistage de Candida) et de solution résultats des tests.
saline (dépistage de Trichomonas et de la vaginose – N’oubliez pas que les maladies à déclaration
bactérienne). obligatoire diffèrent selon les provinces/territoires.
– Recherchez la présence de bâtonnets courts Apprenez quelles sont les maladies à déclaration
adhérant aux cellules épithéliales sur les obligatoire dans votre province/territoire, et
préparations de solution saline. signalez les cas en conséquence.
– Vérifiez l’odeur des sécrétions vaginales.
– Offrez des services de counselling relativement au
HÉPATITE
VIH et de dépistage du virus si la cliente présente
des facteurs de risque. DÉFINITION
TABLEAU CLINIQUE ET TRAITEMENT Inflammation des cellules hépatiques entraînant une
nécrose et une stase biliaire.
Pour une description détaillée du tableau clinique et
du traitement des patients atteints d’une MTS, CAUSES
consultez les Lignes directrices canadiennes pour les
MTS (Santé Canada, 1998). Cinq virus distincts : virus de l’hépatite A, virus de
l’hépatite B, virus de l’hépatite C, virus de
IDENTIFICATION ET SUIVI DES l’hépatite D et virus de l’hépatite E (non recensé au
PARTENAIRES Canada) (voir le tableau 2).

Principes généraux SYMPTOMATOLOGIE


– Tout client présentant des symptômes d’une MTS Les cinq types d’hépatite sont semblables du point de
devrait être considéré comme un cas index jusqu’à vue du tableau clinique. Il est donc difficile de les
preuve du contraire. différencier selon les symptômes du client. Pour
– Examinez le client; prélevez les échantillons obtenir un diagnostic exact, il faut recourir à des tests
appropriés (écouvillonnage, prise de sang); donnez sérologiques. La sévérité des symptômes varie selon
au client des médicaments comme si les résultats l’agent infectieux, et beaucoup de cas sont
des analyses étaient positifs. asymptomatiques.
– Obtenez le nom de tous les partenaires sexuels du – Fièvre (rare dans les cas d'hépatite B ou C,
client au cours du dernier mois. Remplissez les présente dans 60 % des cas d'hépatite A)
formules appropriées et envoyez-les au service de – Malaise
la santé publique. – Nausées et vomissements
– Si les résultats des analyses sont négatifs, il n’est – Anorexie
pas nécessaire de prendre d’autres mesures. – Coloration foncée des urines (couleur du thé)
– Si les résultats des analyses sont positifs, – Douleur abdominale, surtout dans le quadrant
communiquez avec les partenaires sexuels du client. supérieur droit
– Traitez chaque partenaire comme s’il était un – Ictère (chez 60 % des adultes infectés)
nouveau cas index. – Céphalées
– Prélevez les échantillons appropriés (écouvillonnage,
prise de sang) auprès de chaque partenaire.

Tableau 2 : Comparaison de cinq formes d’hépatite virale


Forme Transmission Durée d’incubation Chronique
A Oro-fécale 15-50 jours Non
B Parentérale, sexuelle, périnatale 45-160 jours Oui (1 % des cas)
C Parentérale 14-140 jours Oui (70 % des cas)
D Parentérale, peut coexister avec l’hépatite B Inconnue Oui
E Oro-fécale 14-60 jours Non

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11–4 Maladies transmissibles

OBSERVATIONS TRAITEMENT
Les symptômes varient selon le stade de la maladie. L’hépatite est une maladie contagieuse à déclaration
– Possibilité de fièvre pendant la phase pré -ictérique obligatoire. Dans la plupart des cas, aucun traitement
– Le client semble légèrement ou moyennement n’est indiqué, et la maladie disparaît après
incommodé. 4-8 semaines sans complications ni séquelles.
– Léthargie Bien que l’hépatite soit contagieuse surtout avant
– Sclérotique jaune l’apparition de l’ictère, le virus peut être transmis
– Peau jaune jusqu’à une semaine après l’apparition de l’ictère.
– Le foie peut être sensible et œdématié, et ses Objectifs
extrémités, molles et lisses.
– Bruits intestinaux normaux – Prévenir la maladie
– Contusions (signe d’une maladie sévère) – Réduire au minimum les dommages au foie
– Prévenir la transmission de l’infection
DIAGNOSTIS DIFFÉRENTIEL
Consultation
– Cancer du foie
– Cirrhose Consultez un médecin pour tous les cas d’hépatite,
sauf s’il s’agit clairement d’une d’hépatite bénigne de
– Mononucléose infectieuse
type A, et pour les clients qui sont très mal en point
– Hépatite due à l’alcool au moment où ils se présentent.
– Hépatite due à des médicaments
– Ictère obstructif Interventions non pharmacologiques

COMPLICATIONS – Augmentation de l’hydratation (8-10 verres de


liquides par jour)
– Hépatite fulminante (se produit dans 0,1 % des – Alimentation adéquate, bien équilibrée
cas, mais plus fréquente chez les femmes – Abstention d’alcool pendant 3-4 mois
enceintes)
– Activité physique, si elle est tolérée
– Transmission aux proches ou à la communauté
– Le client ne devrait pas retourner travailler ni
TESTS DIAGNOSTIQUES reprendre ses activités habituelles tant que ses
symptômes ne sont pas disparus.
– Prélevez un échantillon d’urine : coloration foncée
(couleur du thé) des urines; les bandelettes Éclosion d’hépatite A dans une communauté
réactives révèlent la présence de bilirubine
Lorsqu’on observe une éclosion d’hépatite A dans
– Effectuez des examens de la fonction hépatique :
une communauté, il faut aviser la population touchée
élévation des taux d’AST (aspartate des mesures de prévention suivantes :
aminotransférase) et d’ALT (alanine
aminotransférase) (élévation particulièrement – Purifier l’eau (la faire bouillir pendant 20 minutes)
marquée des taux d’ALT) avant de la boire.
– Mesurez le taux de phosphatase alcaline (élévation – Se laver les mains de manière impeccable afin de
légère ou modérée) réduire la transmission par la voie oro-fécale.
– Mesurez le taux de bilirubine (entre normal et très – Éliminer les matières fécales de façon hygiénique.
élevé) – Utiliser des draps et de la vaisselle différents pour
– Effectuez des tests sérologiques de dépistage de les personnes atteintes, mais le lavage adéquat de
l’hépatite (voir le tableau 3 pour les détails des ces articles est plus important.
résultats)
Il est impossible de différencier une recrudescence de
l’hépatite B ou C chronique d’un cas d ’hépatite
aiguë; ce n’est qu’avec le temps qu’on peut identifier
un porteur du virus.

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Maladies transmissibles 11–5

Interventions pharmacologiques Surveillance et suivi


Traitez les symptômes tels que la fièvre, les nausées et – Assurez le suivi de tous les cas d’hépatite A aiguë
les vomissements, la démangeaison et les douleurs en réévaluant l’état du client après 24-48 heures.
abdominales : Ensuite, voyez le client chaque semaine pendant
2-4 semaines, puis à la sixième semaine, pour
acétaminophène (Tylenol) (médicament de vérifier si les symptômes sont disparus.
classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
toutes les 4 heures au besoin
– Répétez les examens des fonctions hépatiques à la
sixième semaine (dans les cas d’hépatite B ou C
et
aiguë, l’élévation du taux d’enzymes hépatiques
dimenhydrinate (Gravol) (médicament de peut être prolongée; les tests hépatiques devraient
classe A), 5 mg PO toutes les 6 heures au besoin donc être répétés tous les trois mois jusqu’à ce que
– Vérifiez si le client prend des médicaments les taux redeviennent normaux).
hépatotoxiques; si oui, il doit interrompre ce – Les clients souffrant d’hépatite B ou C chronique
traitement jusqu’à ce qu’il soit entièrement rétabli. devraient être vus tous les 3-4 mois afin de vérifier
– La cliente doit arrêter de prendre des contraceptifs leurs signes et leurs symptomes. Le fonctionnement
oraux afin de ne pas développer de symptômes du foie devrait également être surveillé.
cholestatiques; renseignez-la au sujet des autres Orientation vers d’autres ressources
méthodes de contraception. médicales
– Dirigez vers un médecin tous les cas d’hépatite B,
Tableau 3 : Données sérologiques de l’hépatite virale
C ou D pour d’autres examens, diagnostic et
Marqueur investigations, car toutes les formes d’hépatite
Forme sérologique Interprétation (sauf l’hépatite A) peuvent devenir chroniques.
A IgM anti-VHA Maladie aiguë – Procédez à l’évacuation médicale de tout client
IgG anti-VHA Infection à distance et gravement malade au moment où il se présente.
immunité
B AgHBs Maladie aiguë ou PRÉVENTION DE LA TRANSMISSION ET
chronique TRAITEMENT DES CONTACTS
AgHBe Réplication active
Le traitement des contacts varie selon la cause de la
IgM anti-AgHBc Maladie aiguë
maladie.
IgG anti-AgHBc Maladie aiguë
• AgHbs positif Maladie chronique Hépatite A
• AgHbs négatif Exposition antérieure Les immunoglobulines sériques sont efficaces pour
C Anti-VHC Maladie aiguë, prévenir ou traiter l'hépatite A chez les contacts
chronique ou non familiaux :
résolue; co-infection
par VIH immunoglobuline (médicament de classe A),
D AgHBs et Maladie aiguë 0,02 ml/kg
anti-VHD
Il est déconseillé de prendre des immunoglobulines
• AgHBc positif Co-infection par le
pour l’IgM VHB plus de deux semaines après la dernière exposition.
• AgHBc positif Surinfection Le traitement prophylactique courant (vaccin contre
pour l’IgG l’hépatite A) n’est pas indiqué mais il est
E Aucun recommandé pour les personnes voyageant dans des
VHA = virus de l’hépatite A, AgHBs = antigène de pays où la prévalence de la maladie est élevée ou
surface de l’hépatite B, AgHBe = antigène e de habitant dans une région où la maladie est endémique
l’hépatite B, AgHBc = antigène central de l’hépatite B, et où des éclosions récurrentes ont été signalées, les
VHC = virus de l’hépatite C, VHD = virus de
immunodéprimés (p. ex. clients séropositifs) et les
l’hépatite D, VHB = virus de l’hépatite B
hommes homosexuels.

Le vaccin n’est pas encore fourni par les programmes


gouvernementaux provinciaux. Consultez le service
de santé publique de votre région afin de pouvoir
obtenir ce vaccin et l’administrer à vos clients qui
pourraient en bénéficier.

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11–6 Maladies transmissibles

Mesures de prévention : il est essentiel de se laver les Hépatite D


mains de manière impeccable afin de prévenir la L’hépatite D ne peut être transmise qu’en présence du
transmission oro-fécale. L’élimination sanitaire des virus de l’hépatite B. Par conséquent, les méthodes de
matières fécales est également importante. prévention de l’hépatite B éliminent également le risque
Les enfants et les adultes atteints d’hépatite A d’hépatite D. Il est conseillé de prendre les précautions
devraient s’absenter de l’école, de la garderie ou du universelles relatives au sang et aux liquides organiques.
travail pendant au moins une semaine après Hépatite E
l’apparition de la maladie (jusqu’à la disparition de
l’ictère). Il n’existe pas de traitement immunoprophylactique
contre l’hépatite E (qui n’a jamais été signalée au
En général, leur présence dans les salles de classe ne Canada). Il suffit d’avoir de bonnes conditions
pose pas de risque pour les autres élèves, et sanitaires et d’hygiène.
l’administration générale d’immunoglobulines n’est
pas indiquée.
MONONUCLÉOSE (INFECTIEUSE)
Hépatite B
DÉFINITION
Le traitement immunoprophylactique par la
vaccination contre l’hépatite B est indiqué pour Infection virale aiguë caractérisée par trois
toutes les personnes à risque. Il fait même partie du symptômes : fièvre, pharyngite et adénopathies.
programme de vaccination des enfants dans bon
nombre de provinces. CAUSES
– Virus d’Epstein-Barr
Les groupes à risque sont les professionnels de la – Transmission d'une personne à l’autre par voie
santé, les clients en dialyse, les personnes ayant reçu oropharyngée (salive), et très rarement par transfusion
du sang ou des produits sanguins, les utilisateurs de sanguine
drogues injectables, les hommes homosexuels actifs
– Période d’incubation : 4-6 semaines
sexuellement, les membres de la maisonnée et les
partenaires sexuels des personnes infectées, les – Période de contagion prolongée; le virus peut être
personnes piquées accidentellement par une aiguille, éliminé par voie pharyngée pendant un an ou plus
les personnes ayant des comportements sexuels à après la disparition des symptômes
risque (p. ex. relations sexuelles anales passives) et SYMPTOMATOLOGIE
les nouveau-nés de mères infectées.
Les adolescents et les jeunes adultes sont les principaux
Donnez au client : groupes touchés.

vaccin contre l’hépatite B, 1,0 ml IM à 0, 1 et – Fièvre


6 mois (3 doses), 0 étant le moment de la première – Maux de gorge
dose – Fatigue, malaise
Vous pouvez donner des immunoglobulines contre – Céphalées
l’hépatite B (0,06 mg/kg IM) dans les 24 heures qui – Paupières et orbites œdématiées
suivent l’exposition de la peau ou des muqueuses – Enflure des ganglions lymphatiques (particulièrement
(p. ex. par piqûre accidentelle) si le client n’a pas les ganglions cervicaux postérieurs)
déjà été immunisé contre l’hépatite B. Après avoir
donné les immunoglobulines, administrez trois doses OBSERVATIONS
du vaccin contre l’hépatite B, tel que décrit ci-dessus. – Légère fièvre
– Fatigue visible
Hépatite C
– Œdème palpébral ou périorbitaire (dans 35 % des
Il n'existe aucune stratégie de prévention particulière cas)
pour l’hépatite C, sinon d’éviter tout contact avec le – Pharynx rouge et enflé; possibilité d’exsudat
sang d’une personne infectée en prenant les amygdalien
précautions universelles relatives au sang et aux – Pétéchies sur le palais (dans 35 % des cas)
liquides organiques. On recommande d’adopter des – Enflure des ganglions cervicaux, surtout les
pratiques sexuelles sans risque. Les personnes ganglions latéraux profonds (dans 85 % des cas )
infectées doivent surveiller leur consommation
– Splénomégalie (dans 45 % des cas)
d’alcool (< 4 verres/semaine) pour éviter les lésions à
leur foie. – Hépatomégalie (dans 35 % des cas)

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Maladies transmissibles 11–7

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Éducation du client


– Pharyngite à streptocoque du groupe A – Conseillez au client de manger les aliments qu’il
– Hépatite tolère, mais recommandez une alimentation
– Pharyngite virale équilibrée.
– Infection à cytomégalovirus – Conseillez au client de faire les activités selon son
– Toxoplasmose état; aidez-le à planifier un horaire réaliste de repos, y
compris une réduction de ses responsabilités scolaires
– Syphilis secondaire
ou professionnelles si nécessaire.
– Rubéole
– Suggérez au client de boire davantage, car cela
COMPLICATIONS pourrait lui être bénéfique.
– Syndrome de Guilla in-Barré – Montrez au client comment se laver les mains pour
– Hépatite éviter de transmettre la maladie; il n’a pas besoin
d’être isolé des autres.
– Méningite aseptique
– Suggérez au client d’éliminer les sources de stress,
– Encéphalite si possible.
– Anémie hémolytique
– Recommandez au client d'éviter les sports de contact
– Thrombopénie pendant au moins un mois ou jusqu’à ce que l’enflure
– Agranulocytose du foie soit entièrement disparue, sans quoi il court
– Myocardite un risque de rupture de la rate.
– Rupture de la rate Interventions pharmacologiques
TESTS DIAGNOSTIQUES Analgésique faible :
– Test sanguin (Monospot) de dépistage de la ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A),
mononucléose 200 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 heures au
besoin
– Formule sanguine complète (la lymphocytose est
caractéristique) ou
– Prélèvement de gorge pour exclure la pharyngite à acétaminophène (Tylenol) (médicament de
streptocoque du groupe A classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
toutes les 4 heures au besoin
TRAITEMENT
Surveillance et suivi
Objectifs
Assurez le suivi du client une fois par semaine
– Offrir des soins de soutien au client jusqu’à son jusqu’à la disparition des symptômes.
rétablissement
Consultation
– Prévenir les complications
Il faut consulter un médecin si les symptômes
La durée de la maladie est variable. Les cas typiques
sans complications durent environ 3-4 semaines. persistent pendant plus de trois semaines ou si le
client présente des complications (p. ex. ictère ou
Interventions non pharmacologiques symptômes neurologiques).
– Se gargariser avec de l’eau chaude salée pour Orientation vers d’autres ressources
soulager le mal de gorge. médicales
Généralement non nécessaire.

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11–8 Maladies transmissibles

GASTRO-ENTÉRITE BACTÉRIENNE SYMPTOMATOLOGIE ET OBSERVATIONS


La symptomatologie et les signes physiques ne sont
DÉFINITION pas les mêmes pour les deux agents (voir le
tableau 4).
Infection du tube digestif d’origine bactérienne.
SIGNES DE DÉSHYDRATATION
CAUSES
– Tension artérielle normale ou faible si la
Les deux principaux micro-organismes en cause sont déshydratation est importante
Salmonella et Shigella.
– Chute potentielle de la tension artérielle
Salmonella orthostatique dans les cas de déshydratation
modérée
– Transmission par voie oro-fécale – Yeux enfoncés, muqueuses sèches
– Réservoir principal : les animaux, notamment la – Peau chaude et sèche, maintien du pli cutané
volaille et le bétail, et les aliments d’origine
animale ainsi que les animaux domestiques comme DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
les tortues et les oiseaux
– Gastro-entérite virale
Shigella – Giardiase
– Source : selles d’humains infectés; aucun réservoir – Colite ulcéreuse
animal connu
COMPLICATIONS
– L’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés est la
principale voie de transmission chez les adultes. – Déshydratation
– Les enfants de 1-4 ans sont le groupe le plus – Mort chez les clients âgés ou débilités
touché (problème important dans les garderies).

Tableau 4 : Histoire et signes physiques des infections à Salmonella et Shigella


Salmonella Shigella
Histoire de la maladie Histoire de la maladie
Symptômes apparaissant 8-48 heures après l’ingestion Transmission par voie oro-fécale ou par des aliments
d’eau ou d’aliments contaminés contaminés
En général, maladie aiguë qui dure de 3 à 6 jours Période d’incubation de 1-7 jours (habituellement 2-4 jours)
Habituellement, plusieurs membres d’une famille ou d’une La maladie disparaît habituellement après 4-8 jours
communauté sont infectés
Apparition soudaine de coliques Habituellement, plusieurs membres d’une famille ou d’une
Diarrhées brunes liquides pouvant renfermer du sang et du communauté sont infectés.
mucus Apparition soudaine de fièvre, d’anorexie, de vomissements
Fièvre et de coliques

Possibilité de nausées et vomissements Au départ, les selles sont solides


L’évacuation des selles soulage temporairement les
douleurs abdominales
Céphalées
Les selles deviennent plus fréquentes et liquides (diarrhée).
Myalgie
Diarrhées brunes liquides renfermant du mucus, du sang et
du pus
Signes physiques Signes physiques
Possibilité de fièvre Fièvre
Augmentation possible de la fréquence cardiaque Augmentation de la fréquence cardiaque
Client semblant modérément malade Client semblant malade, parfois plié sur lui-même en raison
des douleurs abdominales
Distension abdominale possible Distension abdominale possible
Diarrhées brunes liquides pouvant renfermer des traces de Diarrhées brunes liquides renfermant du mucus, du sang et
sang du pus
Bruits intestinaux excessifs Bruits intestinaux excessifs
Sensibilité de l’ensemble de l’abdomen Sensibilité de l’ensemble de l’abdomen

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Maladies transmissibles 11–9

TESTS DIAGNOSTIQUES Interventions pharmacologiques


– Prélevez des échantillons de trois selles Pour soulager les nausées et les vomissements :
consécutives pour culture et antibiogramme.
dimenhydrinate (Gravol) (médicament de
TRAITEMENT classe A), 25-50 mg IM immédiatement au besoin,
puis 50 mg PO toutes les 4-6 heures au besoin
Objectifs
N’administrez pas de médicaments antidiarrhéiques, tels
– Prévenir toute complication que le lopéramide (Imodium) ou le diphénoxylate
– Empêcher la transmission de l’infection atropine (Lomotil), car ils ralentissent l’élimination de la
– Repérer les porteurs asymptomatiques de bactérie par les intestins.
Salmonella dans la famille
Consultez un médecin avant de prescrire des
Les infections à Salmonella et à Shigella sont des antibiotiques, car ceux-ci risquent de prolonger la
maladies transmissibles à déclaration obligatoire. présence du virus dans l’organisme et favoriser le
développement de souches résistantes.
Consultation
Consultez un médecin concernant le traitement des Surveillance et suivi
clients immunodéprimés ou affaiblis, qui présentent – Dites au client de revenir pour un examen de suivi
des symptômes sévères ou qui sont déshydratés. dans un ou deux jours si les symptômes ne
Interventions non pharmacologiques diminuent pas.
– L’isolement du patient n’est pas nécessaire.
Voir la section « Diarrhée» du chapitre 5, « Appareil – La famille et les personnes participant aux soins
digestif », pour des précisions sur le traitement
directs du client doivent faire l’objet d’une
général de la diarrhée.
investigation (prélevez trois échantillons de selles
Réhydratez le client avec de petites quantités de en vue de cultures).
liquides, administrées souvent; utilisez des liquides Orientation vers d’autres ressources
de réhydratation oraux si nécessaire ou recourez à médicales
une perfusion intraveineuse si le client est très
déshydraté (voir la section « Déshydratation » dans Un examen par un médecin n’est habituellement pas
le chapitre 5, « Appareil digestif »). nécessaire, sauf si le client est gravement déshydraté
ou s’il ne répond pas au traitement.
Éducation du client
– Recommandez au client de se reposer davantage
durant la phase aiguë de l’infection. GIARDIASE
– Recommandez au client de purifier son eau (bouillir
pendant 20 minutes toute eau utilisée dans la maison). DÉFINITION
– Expliquez au client les règles d’hygiène personnelle Infection intestinale d’origine parasitaire.
appropriées (se laver les mains après avoir été en
contact avec du matériel souillé et après être allé CAUSES
aux toilettes; utiliser des ustensiles différents).
– Giardia lamblia, un des parasites intestinaux les
– Montrez au client comment éviter la transmission
plus souvent signalés
de la bactérie à sa famille et à sa communauté (se
laver les mains d’une manière impeccable après – Infection causée par l’ingestion de kystes
être allé aux toilettes est l’intervention la plus infectieux
importante). – La transmission d’une personne à l’autre (oro-
– Informez le client au sujet des signes de fécale) et de mauvaises conditions d’hygiène sont
déshydratation et dites-lui de revenir à la clinique les principales voies d’infection.
si ces signes apparaissent. – La giardiase peut également être contractée en
– Il est nécessaire de prendre les précautions de mise buvant de l’eau contaminée; ce processus est à
relatives à l’élimination fécale durant la phase aiguë, l’origine d’un nombre important d’éclosions
car l’infection à Shigella est très contagieuse. d’origine hydrique.
– Les clients ne devraient pas manipuler d’aliments – L’infection peut être transmise lors de pratiques
ni prendre soin d’enfants ou de patients tant que homosexuelles par transmission oro-fécale directe.
les résultats des cultures de selles ne sont pas
négatifs.

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11–10 Maladies transmissibles

SYMPTOMATOLOGIE Parmi les signes cliniques inhabituels, notons :


Un large éventail de syndromes cliniques peuvent se – Réactions allergiques (p. ex. urticaire)
produire. La plupart des symptômes sont de nature – Érythème polymorphe
gastro-intestinale. – Bronchospasme
Une faible proportion de personnes infectées présentent – Arthrite réactionnelle
les symptômes suivants : – Maladie des voies biliaires
– Apparition soudaine de diarrhées explosives et OBSERVATIONS
liquides
– Rien de remarquable lors de l’examen physique
– Crampes abdominales
– L’examen de l’abdomen peut révéler une
– Gaz intestinaux fétides sensibilité non spécifique sans signe d'irritation
– Vomissements péritonéale.
– Fièvre et malaise – L’examen rectal devrait révéler que les selles ne
Ces symptômes durent 3-4 jours avant de donner lieu renferment pas de sang.
au syndrome subaigu, plus courant. – Les cas sévères peuvent présenter des signes de
déshydratation ou de cachexie.
Dans la plupart des cas, les symptômes apparaissent
de manière insidieuse, et sont récurrents ou DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
réfractaires :
– Gastro-entérite (virale, bactérienne)
– Selles malodorantes, molles et graisseuses – Amibiase
– Diarrhée aqueuse pouvant alterner avec des selles – Prolifération bactérienne
molles ou même la constipation. – Maladie de Crohn
– Les selles ne renferment pas de sang ni de pus, car – Infection à Cryptosporidium enteritis
la giardiase n’est pas caractérisée par des – Syndrome du côlon irritable
symptômes de dysenterie.
– Sprue tropicale ou maladie cœliaque
Des symptômes dans la partie supérieure du tube – Intolérance au lactose
digestif, souvent exacerbés par le fait de manger,
accompagnent les changements dans les selles et COMPLICATIONS
peuvent être présents en l’absence de selles molles.
– Déshydratation
Ils sont :
– Malabsorption et perte de poids
– Crampes dans le haut et le milieu de l’abdomen
– Nausées TESTS DIAGNOSTIQUES
– Satiété précoce
Trois échantillons de selles pris à des intervalles de
– Ballonnement deux jours devraient faire l’objet d’un examen
– Éructations sulfureuses parasitologique.
– Brûlure rétrosternale et indigestion acide
– Anorexie TRAITEMENT
– Fatigue, malaise Objectifs
– Perte de poids (se produit dans plus de 50 % des
cas, la perte de poids moyenne étant de 4,5 kg, ou – Soulager les symptômes
10 lb) – Prévenir toute complication
– Maladie chronique (les adultes présentent un – Empêcher la transmission de l’infection
syndrome de malabsorption de longue date et les
enfants, un arrêt ou un retard prononcé de la
croissance)

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Maladies transmissibles 11–11

Interventions non pharmacologiques TUBERCULOSE


Les soins d’urgence consistent à restaurer le volume
liquidien par la réhydratation orale ou l’administration DÉFINITION
intraveineuse d’un soluté crystalloïde si le client est
Infection granulomateuse aiguë provoquée par une
déshydraté au moment de l’examen. Voir la section
mycobactérie. L’organisme est d’abord inhalé dans le
« Déshydratation » dans le chapitre 5, « Appareil
digestif », pour plus de détails à ce sujet. corps par l’appareil pulmonaire. Une fois l’infection
établie dans les poumons, l’organisme peut se propager à
– Conseillez au client de manger les aliments qu’il d’autres parties du corps, y compris l’oreille moyenne, les
tolère; une alimentation faible en lactose et en os, les articulations, les méninges, les reins et la peau.
matières grasses pourrait lui être favorable jusqu’à
la disparition des symptômes. La propagation se fait par contact direct ou par la
– Conseillez au client de faire les activités selon son lymphe ou le sang.
état.
Environ 85 % des patients présentent une tuberculose
– Expliquez au client que le lavage impeccable des pulmonaire. La plupart des cas actifs sont confirmés
mains, surtout après être allé aux toilettes, est essentiel. par la culture de Mycobacterium tuberculosis.
– Dites au client de faire bouillir l'eau potable
pendant 20 minutes avant de la boire. On peut diagnostiquer une tuberculose
– Assurez-vous que les contacts du client subissent extrapulmonaire d’après les signes pathologiques
également un examen de dépistage de la giardiase, et caractéristiques de la maladie et le tableau clinique
qu’ils reçoivent les soins appropriés, si nécessaire. du patient. Elle est plus fréquente chez les personnes
infectées par le VIH ainsi que dans certains groupes
Interventions pharmacologiques ethniques, notamment les Asiatiques et les
Antibactériens ou antiprotozoaires : Autochtones du Canada.

métronidazole (Flagyl) (médicament de classe A), ÉVOLUTION DE LA MALADIE


250 mg PO tid pendant 5-7 jours
Infection latente
Les schémas posologiques à doses élevées sur une
courte période sont peu efficaces et devraient être La personne souffre d’une infection primaire. Son
évités. Parmi les principaux effets secondaires organisme héberge une faible quantité de bacilles
figurent un goût métallique dans la bouche, des tuberculeux, mais pas de maladie active. Le risque
nausées, des étourdissements et des céphalées. d’infection est élevé dans certaines groupes de
personnes au stade latent de la maladie. (Voir la
N’administrez pas ce médicament aux femmes section « Facteurs de risque » ci-dessous.)
enceintes, surtout pendant le premier trimestre.
Consultez un médecin pour déterminer un autre Tuberculose active
traitement.
La personne présente une infection active et son
Surveillance et suivi organisme héberge une quantité élevée de bacilles
tuberculeux. Son état est contagieux. Le risque de
– Suivez le client de près (quotidiennement) s'il était
maladie active est le plus élevé dans les deux ans qui
déshydraté lorsqu’il s’est présenté : surveillez son suivent l’exposition.
état d’hydratation, son poids et ses symptômes.
– Prélevez de nouveaux échantillons de selles après
1-2 semaines pour vous assurer que l’infection est
résolue.
Consultation
Il n’est pas nécessaire de consulter un médecin pour
les cas de giardiase à moins que l’état du patient ne
s’améliore pas suite au traitement.

Orientation vers d’autres ressources


médicales
Si les symptômes persistent ou s'aggravent malgré le
traitement, il faut faire examiner le patient par un
médecin aussitôt que possible.

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11–12 Maladies transmissibles

CAUSES OBSERVATIONS
Mycobacterium tuberculosis Effectuez un examen physique complet.

Facteurs de risque – Apparence de maladie chronique, aspect cachectique


– Perte de poids
– Personnes d’ascendance autochtone
– Signes d’épanchement pleural lors de l’examen du
– Hommes célibataires de plus de 65 ans thorax
– Itinérants en milieu urbain
– Hypertrophie du foie ou de la rate
– Personnes habitant dans des établissements (p. ex. – Enflure des ganglions lymphatiques
établissement correctionnel ou foyers pour
personnes âgées) DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Personnes immunodéprimées (p. ex. VIH/sida) – Pneumonie
– Consommation de médicaments – Bronchectasie
immunosuppresseurs (p. ex. stéroïdothérapie à
– Lymphome
fortes doses)
– Infection fongique
– Diabète sucré
– Insuffisance rénale chronique COMPLICATIONS
– Malnutrition – Abcès du poumon
– Alcoolisme – Empyème
– Contacts étroits avec une personne infectée – Propagation de l’infection aux structures
SYMPTOMATOLOGIE extrapulmonaires
– Transmission de l’infection
Il faut toujours envisager le diagnostic de tuberculose – Résistance aux médicaments
si les symptômes classiques sont présents chez un
– Décès
client appartenant à un groupe à risque, si une toux
inexpliquée et des symptômes généraux persistent
pendant plusieurs semaines ou si la pneumonie d’un
client ne guérit pas.
– Toux
– Hémoptysie
– Fièvre
– Sueurs nocturnes
– Anorexie
– Perte de poids
– Fatigue
– Exposition à la tuberculose
– Antécédents de tuberculose active et efficacité du
traitement antérieur
– Résultats positifs au test de Mantoux et efficacité
du traitement prophylactique
Surveillez de près les maladies, médicaments et
troubles qui peuvent prédisposer un client infecté à la
tuberculose active.

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Maladies transmissibles 11–13

TESTS DIAGNOSTIQUES Autres tests diagnostiques

Test de Mantoux (test intradermique à la – Formule sanguine


tuberculine) – Radiographie pulmonaire
– Trois échantillons d’expectorations en vue de
Le test de Mantoux a trois fonctions : diagnostiquer cultures de bacilles acidorésistants et de M.
une infection, diagnostiquer une maladie active et tuberculosis
servir d’outil épidémiologique.
– Trois échantillons d’urine en vue de cultures de
Le test de Mantoux est déconseillé dans les cas bacilles acidorésistants
suivants :
TRAITEMENT
– client ayant déjà présenté une réaction sévère (avec
formation de vésicules) au test de Mantoux Objectifs
– client ayant une tuberculose active confirmée – Empêcher l’infection latente d’évoluer en maladie
– client présentant de grandes brûlures ou de active
l’eczéma – Assurer le traitement adéquat de la maladie active
– client qui, au cours du dernier mois, a contracté – Empêcher la transmission de la maladie
une infection virale (p. ex. rougeole, oreillons) ou
Consultation
reçu un vaccin à virus vivant.
Il peut arriver que les personnes très malades et Consultez un médecin immédiatement si vous
anergiques (p. ex. atteintes du sida ou de la tuberculose soupçonnez une tuberculose active ou si les résultats
active) ne réagissent pas au test de Mantoux alors au test de Mantoux sont positifs pour la première
qu’elles sont infectées. fois.

La réaction à la tuberculine, un antigène, peut


diminuer ou même disparaître avec l’âge, mais la Tableau 5 : Diamètre de l’induration jugé
répétition du test peut augmenter la réactivité de la significatif après le test intradermique à la
peau. Il est donc important d'effectuer un test de tuberculine purifiée (5 unités)
Mantoux en deux étapes dans les populations qui Diamètre
subissent des tests en série (p. ex. pensionnaires de Client significatif
foyers de soins et professionnels de la santé). Cela Personne infectée par le VIH et 0-4 mm
permettra de déceler les cas de tuberculose parmi les présentant un risque élevé de
personnes dont la réactivité a diminué avec le temps. tuberculose

La vaccination par le BCG (bacille de Calmette-Guérin) Personne infectée par le VIH > 5 mm
peut entraîner un résultat positif au test de Mantoux. Contact proche (surtout les > 5 mm
Cette réaction disparaît avec le temps, habituellement au enfants et les jeunes adultes)
de la personne chez qui on a
bout de 10-15 ans. De façon générale, un résultat positif confirmé le diagnostic de
au test de Mantoux plus de 10 ans après la vaccination tuberculose
ne doit pas être attribuée au BCG.
Personne sans réaction > 10 mm
La dose standard utilisée dans le test de Mantoux est significative au test de Mantoux
au cours des deux dernières
de cinq unités de tuberculine purifiée. On obtient le années
résultat 48-72 heures après l’injection en mesurant
Personne qui a déjà souffert de > 10 mm
(en millimètres) le diamètre transversal de
tuberculose active, pour
l’induration (voir le tableau 5) (sans tenir compte de laquelle elle avait reçu un
l’érythème environnant). traitement inadéquat ou n’avait
On ne peut pas simplement décrire les résultats des pas reçu de traitement
tests comme étant « positifs » ou « négatifs ». Ces Personne présentant des > 10 mm
termes sont arbitraires et leur signification varie d’un signes de cicatrisation apicale à
client à l’autre. la radiographie pulmonaire
Personne présentant d’autres > 10 mm
Consultez votre bureau provincial/territorial de lutte facteurs de risque
contre la tuberculose pour obtenir des directives
concernant les résultats significatifs et non
significatifs au test de Mantoux.

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11–14 Maladies transmissibles

Interventions non pharmacologiques Infection active


– Signalez au ministère de la Santé de votre Le traitement, une polythérapie qui dure 6-12 mois en
province/territoire le nom des clients ayant obtenu moyenne, peut seulement être prescrit par un
pour la première fois des résultats positifs au test médecin.
de Mantoux et tous les nouveaux cas de
tuberculose active. Le meilleur régime initial comporte trois ou quatre
– Assurez le suivi des contacts : tous les parents, médicaments dont l’INH, la rifampine (Rifadin), le
amis et collègues de travail de la personne atteinte pyrazinamide (Tebrazid), l’éthambutol (Myambutol) et
devraient subir le test de Mantoux; répétez le test la streptomycine (voir le tableau 6). S’il y a un risque de
trois mois plus tard auprès des personnes qui résistance aux médicaments, un régime à quatre
obtiennent un résultat négatif. médicaments est recommandé.
– Les lignes directrices relatives au dépistage de la En plus des antituberculeux, le client peut recevoir de
maladie chez les contacts peuvent varier d’une la vitamine B6 (surtout dans les cas d’alcoolisme, de
province/territoire à l’autre : consultez un agent de diabète sucré ou de grossesse, ou si l’état nutritionnel
lutte antituberculeuse dans votre province/territoire du client est préoccupant), bien que cette pratique
pour obtenir de l’information à ce sujet. demeure optionnelle :
– Une alimentation équilibrée adéquate favorise le
pyridoxine (vitamine B6) (médicament de classe B),
rétablissement et pourrait aider à prévenir la
25 mg PO par jour
tuberculose active chez les personnes présentant
une infection latente. Après deux mois de traitement, on arrête
– Repos suffisant surtout pour les cas de maladie active. habituellement de donner la pyrazinamide si les
résultats de la culture indiquent la présence d’un
Éducation du client organisme pleinement sensible. L’INH et la
– Expliquez l’évolution de la maladie et le pronostic. rifampicine peuvent ensuite être donnés deux fois par
– Insistez sur l’observance stricte du traitement semaine.
médicamenteux.
L’administration de médicaments deux fois par
– Expliquez les risques et les avantages des semaine se prête très bien à un traitement sous
médicaments, ainsi que les effets secondaires qui y observation directe. Ce régime devrait durer au moins
sont associés. 6 mois.
– Insistez sur l’importance d’un suivi régulier.
Au total, le traitement peut durer neuf mois ou plus si
Interventions pharmacologiques
les examens cliniques, radiologiques ou
Infection latente bactériologiques révèlent une réponse lente. Si des
médicaments de deuxième intention doivent être
Le traitement par un seul médicament, l’isoniazide prescrits, surtout dans les cas potentiels de résistance
(INH), peut réduire considérablement le risque de à un médicament, un traitement beaucoup plus long
tuberculose active chez les personnes présentant une (15-18 mois) est nécessaire. Enfin, un traitement de
infection latente. Par conséquent, on peut envisager 18 mois ou plus s’impose si ni l’INH ni la rifampine
un traitement prophylactique par l’INH pour les ne font partie du régime médicamenteux.
personnes qui ont obtenu un résultat positif au test de
Mantoux. Le risque d’effets indésirables dus à l’INH Les médicaments antituberculeux sont prescrits par
doit être comparé avec les avantages liés à la des spécialistes de la tuberculose. Consultez l’autorité
réduction du risque de la maladie active. médicale de votre région avant de prescrire ces
médicaments.
isoniazide (INH) (médicament de classe B),
300 mg PO par jour pendant 6-9 mois
et
pyridoxine (vitamine B6) (médicament de classe B),
25 mg PO par jour

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Maladies transmissibles 11–15

Tableau 6 : Doses et effets indésirables courants des antituberculeux de première intention


Médicament Dose quotidienne habituelle Effets indésirables*
Isoniazide 300 mg Hépatite, paresthésies
Rifampine 600 mg Hépatite, syndrome grippal
Pyrazinamide 1 500-2 500 mg en doses Hépatite, élévation de la concentration sérique
fractionnées d’acide urique, arthralgie
Éthambutol 2 400 mg en doses fractionnées Névrite rétrobulbaire
Streptomycine 1 000 mg Vertige, acouphènes, insuffisance rénale
*Tous ces médicaments peuvent causer une éruption cutanée, des nausées et de la fièvre.

Surveillance et suivi Orientation vers d’autres ressources


– Suivez le client de près tout au long du traitement médicales
(au moins tous les mois). Tous les cas soupçonnés de tuberculose active
– Surveillez l’adhésion au traitement doivent être admis à l’hôpital pour y être examinés et
médicamenteux ainsi que tout symptôme de la traités. Les clients transportés par véhicule public
maladie et effet secondaire des médicaments. (p. ex. aéronef) devraient porter un masque pouvant
– Vérifiez régulièrement les taux d’enzymes filtrer des particules d’un diamètre de 1 µm et
hépatiques. assurant une bonne étanchéité faciale afin de ne pas
– Les clients qui prennent de l’éthambutol devraient infecter les autres personnes à bord
subir un examen de la perception des couleurs tous
les 6 mois.
– Les cas de tuberculose active doivent subir une
radiographie pulmonaire tous les mois pendant les
trois premiers mois.
– Faites examiner le client par un médecin chaque
fois que c’est possible pendant le traitement.

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11–16 Maladies transmissibles

INFECTION INVASIVE À SYMPTOMATOLOGIE ET OBSERVATIONS


STREPTOCOQUE DU GROUPE A Présence de facteurs de risque.
Les signes et les symptômes précoces d’une fasciite
DÉFINITION nécrosante sont :
Les maladies invasives à streptocoque du groupe A, – Fièvre
qui sont des infections sévères et parfois même
– Douleur sévère, œdème ou rougeur au siège de la
fatales, sont caractérisées par l’invasion de diverses
plaie
parties du corps (sang, liquide céphalorachidien,
muscles profonds, tissus adipeux et poumons) par des Les signes et symptômes précoces du syndrome de
bactéries. choc toxique streptococcique sont :

Ces infections peuvent se manifester sous la forme de – Fièvre


différents syndromes cliniques : pneumonie, – Étourdissements
bactériémie conjuguée à une infection cutanée (p. ex. – Confusion
cellulite, érisypèle ou infection d’une plaie – Éruption cutanée et douleur abdominale
chirurgicale ou autre), infection profonde des tissus – Douleur sévère, œdème ou rougeur au siège de la
mous (p. ex. myosite ou fasciite nécrosante), plaie
méningite, péritonite, ostéomyélite, arthrite septique,
Syndrome de choc toxique streptococcique
septicémie postpartum (fièvre puerpérale), septicémie
néonatale ou bactériémie non focale. Le syndrome de choc toxique streptococcique est une
maladie caractérisée par les signes cliniques suivants,
Deux des formes les plus sévères, mais également les
qui apparaissent dans les 48 premières heures :
moins fréquentes, de maladies invasives causées par
hypotension (tension artérielle
des streptocoques du groupe A sont la fasciite
systolique ≤ 90 mm Hg chez les adultes et au-dessous
nécrosante (infection des muscles et des tissus
adipeux) et le syndrome de choc toxique du cinquième percentile des enfants du même âge
chez les moins de 16 ans) et atteinte de plusieurs
streptococcique. Environ 20 % des cas de fasciite
organes, caractérisée par au moins deux des troubles
nécrosante et 60 % des cas de syndrome de choc
suivants :
toxique streptococcique meurent. La proportion de
décès s’élève à seulement 10-15 % chez les patients – Insuffisance rénale
présentant d’autres maladies invasives à streptocoque – Coagulopathie
du groupe A. – Atteinte hépatique
– Syndrome de détresse respiratoire (apparition
CAUSE
brutale d’infiltrats pulmonaires diffus et
Streptocoque du groupe A d’hypoxémie sans insuffisance cardiaque, ou
signes d'une fuite capillaire diffuse mise en
Facteurs de risque
évidence par l’apparition soudaine d ’un œdème
Tout le monde peut développer une maladie invasive généralisé ou d’un épanchement pleural ou
à streptocoque du groupe A (y compris le syndrome péritonéal avec hypoalbuminémie).
de choc toxique streptococcique). Cependant, les – Éruption maculeuse érythémateuse généralisée
personnes qui ont déjà un problème de santé tel que pouvant entraîner des signes de desquamation.
le diabète sucré, une maladie chronique du cœur, des – Nécrose des tissus mous, notamment
poumons ou des reins, le cancer ou l’infection par le fasciite/myosite nécrosante ou gangrène.
VIH présentent un plus grand risque.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Une lésion de la peau, causée par une coupure, une
– Cellulite
plaie chirurgicale ou la varicelle, par exemple,
augmente les risques. Les contacts étroits d’un cas – Septicémie
(parents ou membres de la maisonnée, fournisseurs – Choc septique
de soins de santé, personnel d’un foyer pour COMPLICATIONS
personnes âgées) courent un risque accru d’infection,
car ils sont en contact direct avec les sécrétions de la – Septicémie
personne infectée. – Choc septique
– Amputation
– Décès

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Maladies transmissibles 11–17

TESTS DIAGNOSTIQUES Traitement adjuvant


Aucun – Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min
ou plus au besoin pour maintenir la saturation en
TRAITEMENT oxygène à plus de 97-98 %.
– Amorcez le traitement IV avec un soluté
Prévention des infections invasives à physiologique pour garder la veine ouverte.
streptocoque du groupe A
Si le client présente des signes de septicémie ou de
– On peut prévenir la propagation de tous les types choc septique, une réanimation liquidienne énergique
d’infections invasives à streptocoque du groupe A
est nécessaire :
en se lavant les mains correctement, surtout après
avoir toussé ou éternué et avant de préparer les Amorcez le traitement IV avec un soluté
repas et de manger. physiologique à l’aide de deux cathéters de gros
– Pour tout client ayant un mal de gorge important, calibre (pour de plus amples renseignements, voir la
effectuez un prélèvement de gorge en vue d’une section « État de choc » dans le chapitre 14,
culture et d’un antibiogramme si ces analyses sont « Urgences générales et traumatismes majeurs »).
indiquées cliniquement (voir l’annexe 1, « Nouvel Si les symptômes du client donnent à penser qu’il
outil diagnostique pour la prise en charge de la
pourrait s’agir d’une maladie invasive à streptocoque
pharyngite » dans le chapitre 2, « Oto-rhino-
du groupe A ou si le client présente des facteurs de
laryngologie ») pour déterminer s’il s’agit d’une risque de maladie invasive (p. ex. diabète sucré,
infection à streptocoque. Si oui, la personne
cancer, cardiopathie chronique, alcoolisme),
devrait s’absenter du travail, de l’école ou de la
l’antibiothérapie peut être amorcée en attendant le
garderie pendant au moins 24 heures après le début transfert du client. Consultez un médecin au sujet des
de l’antibiothérapie. antibiotiques à choisir.
– Assurez-vous que toutes les plaies demeurent
propres et surveillez les signes possibles Surveillance et suivi
d’infection (p. ex. rougeur, œdème et douleur au
site de la plaie); conseillez au client de voir un Surveillez l’ABC et les symptômes fréquemment.
médecin immédiatement si jamais un de ces signes Orientation vers d’autres ressources
se manifeste, surtout s’il est accompagné de fièvre. médicales
Consultation
Demandez l’évacuation médicale.
Consultez un médecin immédiatement si vous
soupçonnez une infection invasive à streptocoque du
groupe A.
Interventions non pharmacologiques
– Protégez les voies respiratoires et ventilez le
patient au besoin
– Repos au lit
– Protégez la région infectée contre d’autres
blessures
– En plus d’une antibiothérapie, l’état des patients
atteints de telles maladies nécessite l’admission à
une unité de soins intensifs et parfois même une
intervention chirurgicale.

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CHAPITRE 12 – OBSTÉTRIQUE

Table des matières

ÉVALUATION DE L’APPAREIL REPRODUCTEUR FÉMININ ..................... 12–1


Histoire de la grossesse actuelle et examen physique ..................... 12–1
Examen physique ......................................................................... 12–1
SOINS PRÉNATALS : PREMIÈRE VISITE ET VISITES SUBSÉQUENTES ... 12–2
ACCOUCHEMENT AU POSTE DE SOINS INFIRMIERS ............................ 12–5
PROBLÈMES COURANTS EN OBSTÉTRIQUE ......................................... 12–7
Diabète gestationnel ..................................................................... 12–7
Vomissements de la grossesse (hyperemesis gravidarium) ............. 12–9
Retard de croissance intra-utérin ..................................................12–11
Grossesse multiple ......................................................................12–12
Hydramnios .................................................................................12–14
Troubles de l’hypertension au cours de la grossesse......................12–14
Protocole relatif aux infections à streptocoques du groupe B ..........12–17
URGENCES OBSTÉTRICALES ...............................................................12–18
Saignements pendant la grossesse...............................................12–18
Avortement spontané ...................................................................12–18
Hémorragie antepartum (tardive) ..................................................12–21
Grossesse ectopique ...................................................................12–22
Môle hydatidiforme......................................................................12–24
Hémorragie postpartum ................................................................12–25
Déclenchement prématuré du travail ................................ .............12–27
Rupture prématurée des membranes ............................................12–29
Pré-éclampsie sévère et éclampsie...............................................12–30

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12–1

ÉVALUATION DE L’APPAREIL REPRODUCTEUR FÉMININ


HISTOIRE DE LA GROSSESSE ANTÉCÉDENTS OBSTÉTRICAUX
ACTUELLE ET EXAMEN PHYSIQUE – Dates et lieux des accouchements
– Période de gestation (enfant né à terme ou prématuré)
GÉNÉRALITÉS – Complications pendant la grossesse (p. ex. pré-
éclampsie, diabète gestationnel, décollement
La grossesse est-elle planifiée ou désirée? placentaire)
– Travail et complications
ANTÉCÉDENTS MENSTRUELS
– Complications pendant l’accouchement
– Âge de l’apparition des règles (ménarche) (p. ex. souffrance fœtale)
– Dates du début et de la fin des dernières règles – Accouchement (p. ex. accouchement spontané par
normales voie vaginale, par césarienne)
– La durée des dernières règles et le flux menstruel – État de santé du nouveau-né (p. ex. score d’Apgar,
au cours de cette période étaient-ils comme si la cliente le connaît)
d’habitude? (Sinon, obtenez les dates des règles – Complications après l’accouchement
précédentes.)
– La cliente a-t-elle eu des pertes de sang depuis les AUTRES RENSEIGNEMENTS PERTINENTS
dernières règles normales? – Antécédents médicaux et chirurgicaux
– Méthodes contraceptives : types, date de la – Antécédents familiaux (p. ex. troubles génétiques,
dernière utilisation anomalies du tube neural, grossesses multiples,
anomalies congénitales, déficience mentale,
SYMPTÔMES ÉVOCATEURS troubles hémostatiques)
DE GROSSESSE
– Revue de tous les systèmes et appareils
– Fatigue – Tabagisme, consommation d’alcool, usage de drogues
– Fréquence des mictions – Usage de médicaments (type, posologie, période
– Seins : sensibilité, picotements, augmentation du d’utilisation, médicaments de prescription ou en
volume vente libre)
– Nausées et vomissements
SYMPTÔMES ACTUELS
EXAMEN PHYSIQUE
– Nausées et vomissements GÉNÉRALITÉS
– Perte ou gain de poids
– Céphalées – État de santé apparent
– Œdème – Bien-être ou souffrance manifeste
– Douleurs abdominales – Teint (p. ex. rougeur, pâleur)
– Pertes de sang (déterminez l’importance des – État nutritionnel (obésité ou maigreur)
saignements). – Œdème facial
– Pertes vaginales ou écoulements (couleur, odeur) SIGNES VITAUX
– Symptômes urinaires
– Température
– Constipation (habituellement, symptôme tardif)
– Fréquence cardiaque
– Maux de dos (habituellement, symptôme tardif)
– Fréquence respiratoire
– Calculez la date approximative de l’accouchement
(date des dernières règles normales par rapport à la – Tension artérielle
taille de l’utérus). – Fréquence cardiaque du fœtus
Évaluez les risques auxquels est exposée la cliente SEINS
pendant la grossesse actuelle : infections – Signes d’infection
(p. ex. porteuse du virus de l’hépatite B, infection
vaginale à streptocoque du groupe B), taux – Masses, sensibilité
d’anticorps anti-Rhésus (si la cliente est Rh -, il est – Mamelons : forme (p. ex. inversés), érosion,
important de connaître le groupe sanguin du père). écoulements

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12–2 Obstétrique

ABDOMEN BASSIN
– Vergetures – Varicosités périnéales
– Cicatrices – Pertes, saignements vaginaux (couleur, odeur,
– Hauteur du fond utérin, forme de l’utérus consistance)
– Correspondance entre la hauteur du fond utérin et – Évaluation du col de l’utérus
la date d’accouchement prévue – Dimensions suffisantes du bassin (si la cliente est
– Position, présentation et mouvements du fœtus une primigeste)
– Engagement – Hémorroïdes
– Sensibilité ou dureté de l’utérus – Déchirures, épisiotomies antérieures
– Contractions (p. ex. contractions de Braxton- – Soutien musculaire périnéal (p. ex. cystocèle,
Hicks) rectocèle)
AUTRES ASPECTS
– Œdème (visage, mains, prétibial, pédieux)
– Réflexes
– Test de grossesse

SOINS PRÉNATALS : PREMIÈRE VISITE ET VISITES SUBSÉQUENTES


SYMPTOMATOLOGIE Descente du fœtus
Première visite – Généralement à 38 semaines chez les primigestes
– Date pouvant varier chez les secondigestes ou les
– Absence de menstruation depuis un ou deux mois multigestes
(cependant, l’aménorrhée peut être causée par le
Depo-Provera) – Tête du fœtus engagée dans le bassin
– Peut occasionner des problèmes urinaires ou
– La cliente se sent enceinte et a eu des relations
sexuelles non protégées. musculo -squelettiques
– Tendance à la fatigue OBSERVATIONS
– Fréquence des mictions
Effectuez un examen complet de tous les systèmes et
– Nausées et vomissements le matin
appareils à la première visite.
– Anorexie possible
– Obtenez un tableau complet des antécédents Signes vitaux
médicaux, sociaux et obstétricaux.
– La fréquence cardiaque s’accélère (hausse de
Visites subséquentes 10 %) au cours de la deuxième moitié de la
Les aspects suivants devraient être évalués à chacune grossesse en raison de l’augmentation du volume
des visites subséquentes : sanguin.
– Céphalées – Tension artérielle : une baisse physiologique se
produit généralement au deuxième trimestre.
– Œdème facial ou périphérique
– Fréquence cardiaque du fœtus : 120-160 puls/min
– Douleurs abdominales
(entre la 12e et la 18 e semaine).
– Pertes ou saignements vaginaux
– Gain de poids : idéalement 10-12 kg (2 kg au cours
– Problèmes urinaires
du premier trimestre, environ 4-5 kg au cours du
– Apparition possible de troubles respiratoires ou deuxième et 4-5 kg au cours du troisième).
digestifs au fur et à mesure que la grossesse évolue
Inspection
– Facteurs de stress
– Abdomen : lors de la première visite,
Mouvements actifs l’augmentation du volume de l’utérus est
Demander à la cliente de noter la date où elle perçoit généralement imperceptible; vergetures possibles.
le premier mouvement du fœtus (généralement à – Seins : augmentation de leur volume; aréoles et
20 semaines chez les primigestes et à 18 semaines mamelons plus foncés et plus gros.
chez les multigestes). – Bassin : col de l’utérus et parois vaginales
bleuâtres.

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Obstétrique 12–3

Palpation TESTS DIAGNOSTIQUES

Première visite Analyses de sang courantes pendant le suivi


prénatal
– L’utérus n’est palpable qu’à l’examen pelvien au
cours du premier trimestre et chez les femmes obèses. – Formule sanguine complète
– Décrivez la taille de l’utérus (p. ex. taille d’une – Frottis sanguin
orange, d’un pamplemousse). – Détermination du groupe sanguin et du facteur
– Vérifiez la dimension du bassin chez les Rhésus
primigestes (dimension du bassin satisfaisante – Dépistage des anticorps
chez les secondigestes ou les multigestes). – Titrage des anticorps anti-rubéoleux
– Il peut y avoir une légère hypertrophie diffuse et – Test VDRL
non sensible à la palpation de la thyroïde. – Dépistage de l’hépatite B
Visites subséquentes – Dépistage sérologique maternel (à 16 semaines de
gestation)
– Déterminez à l’aide d’un ruban à mesurer la
hauteur du fond utérin à partir de la symphyse – Répéter au besoin le test de dépistage des anticorps
pubienne et consignez le résultat (en centimètres anti-Rhésus si le Rh est négatif
[cm]). – Test de dépistage du VIH (offert)
– Règle générale, la mesure en centimètres est égale – Contrôle de l’hémoglobine : à effectuer une fois
au nombre de semaines de grossesse entre la par trimestre (le taux d’hémoglobine baisse
20e semaine et les 36-38es semaines (tableau 1). généralement au cours du deuxième trimestre en
– Évaluez la position et la présentation du fœtus raison de l’augmentation du volume sanguin)
(p. ex. transversale, siège). Analyse d’urine
– Évaluez l’engagement de la tête du fœtus dans le – Lors de la première visite : analyse courante et
bassin vers la fin de la grossesse. examen microscopique, culture et antibiogramme.
Auscultation – Répétez l’analyse d’urine à chaque visite.
– Tous les systèmes et appareils du corps devraient – Répétez l’examen microscopique, la culture et
fonctionner normalement lors de la première l’antibiogramme au besoin.
visite. Le risque de bactériurie asymptomatique est plus
– Présence possible d’un léger souffle élevé au cours de la grossesse.
protosystolique (en raison de l’expansion du
volume vasculaire) Examen du col de l’utérus et du vagin
– Vérifiez le cœur fœtal au cours des visites – Frottis vaginal (Pap test) et prélèvements au niveau
subséquentes : fréquence et rythme cardiaques, du col de l’utérus et du vagin en vue d’une culture
localisation des bruits du cœur (p. ex. s’ils se situent (Neisseria gonorrhoeae, Chlamydia, streptocoque
au-dessus de l’ombilic chez l’enfant à terme, cela du groupe B) lors de la première visite
peut signifier une présentation par le siège). – Il peut falloir répéter les cultures entre la 36e et la
38e semaine de grossesse et un peu avant
l’accouchement.

Tableau 1 : Hauteur utérine (approximative)*


Nombre de semaines
de gestation Hauteur utérine (cm) Hauteur utérine à la palpation
8 Imperceptible à la palpation de Pamplemousse (examen bimanuel))
l’abdomen (encore dans le bassin)
12 Variable À la symphyse pubienne
16 Variable À mi-chemin entre la symphyse et l’ombilic
20 20 À l’ombilic
24 24 3 ou 4 doigts au-dessus de l’ombilic
28 28 À mi-chemin entre l’ombilic et l’appendice
xiphoïde
32 34 3 à 4 doigts au-dessous de l’appendice xiphoïde
36 36 Au niveau de l’appendice xiphoïde
38–40 Variable 2 doigts au-dessous de l’appendice xiphoïde
* Les mensurations varient entre les primigestes et les multigestes.

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12–4 Obstétrique

Dépistage du diabète Demandez à la cliente de revenir à la clinique si l’un


e des problèmes suivants survient :
Test de tolérance au glucose (50 g) entre la 26 et la
28e semaine de grossesse ou avant si la cliente est à – Céphalées sévères et constantes ou trouble de la
haut risque. vue
– Œdème du visage et des mains
TRAITEMENT : SOINS PRÉNATALS
– Vomissements récurrents
Objectifs – Douleurs abdominales
– Assurer le bien-être de la mère et de l’enfant à – Saignements
naître – Rupture des membranes
– Rassurer la mère et l’éduquer – Diminution ou absence de mouvements du fœtus
– Déceler rapidement les problèmes et les – Fièvre, frissons ou infection quelle qu’elle soit
complications
Interventions pharmacologiques
Consultation
Vitamines prénatales :
Dans la mesure du possible, consultez le médecin une
fois par trimestre et selon les besoins lorsque vous Prenavite (médicament de classe A), 1 comprimé
décelez ou soupçonnez une anomalie. Essayez de PO par jour pendant toute la grossesse
faire coïncider la dernière visite prénatale avec la Si le taux d’hémoglobine est < 100 g/l, recommandez
visite du médecin. à la cliente de prendre du fer :
Interventions non pharmacologiques gluconate ferreux (médicament de classe A),
300 mg PO 1-3 fois par jour pendant toute la
Éducation de la cliente grossesse
– Expliquez à la cliente les mesures à prendre : Si la cliente est Rh -, le test de détection des anticorps
§ Avoir une alimentation suffisamment riche en anti-Rhésus doit être répété à la 28 e semaine et il faut
protéines et fibres lui faire une injection d’immuno-globulines anti-
§ Éviter de trop manger et de prendre trop de poids Rhésus. Un autre test de détection des anticorps anti-
§ Cesser de fumer Rhésus doit être effectué 32-34 semaines après
§ S’abstenir de consommer de l’alcool et toute l’injection.
drogue
Surveillance et suivi
§ Réduire au minimum sa consommation de
médicaments en vente libre – Jusqu’à la 32e semaine de grossesse : toutes les
§ Faire quotidiennement de l’exercice afin de 4 semaines
conserver sa santé physique et mentale – De la 32 e à la 36e semaine de grossesse : toutes les
§ Avoir une bonne hygiène personnelle et 2 semaines
périnéale – À partir de la 36e semaine et jusqu’à
§ Éviter les vêtements trop serrés autour des l’accouchement : toutes les semaines
jambes (p. ex. mi-bas, chaussettes avec Le suivi nécessaire varie selon les facteurs de risque.
élastiques aux genoux)
§ Porter des vêtements amples et confortables Orientation vers d’autres ressources
– Expliquez à la cliente les signes d’un médicales
accouchement prématuré. – Orientez la cliente vers un obstétricien le plus tôt
– Abordez relativement tôt au cours de la grossesse possible si vous décelez un risque élevé.
la question de la nutrition des nourrissons. – Pour l’accouchement, prenez les mesures
– Enseignez à la cliente les soins des seins : hygiène, nécessaires au transfert de la cliente à l’hôpital
soutien approprié et préparation des mamelons entre la 36e et la 38e semaine de grossesse (plus tôt
pour l’allaitement. s’il s’agit d’une grossesse à haut risque).
– La cliente doit savoir qu’elle peut continuer à avoir
des relations sexuelles à condition de se sentir à l’aise
et en l’absence de contre-indications particulières.
– Encouragez-la à suivre les cours prénatals offerts
dans la communauté, s’il y en a.

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Obstétrique 12–5

ACCOUCHEMENT AU POSTE DE SOINS INFIRMIERS


SYMPTOMATOLOGIE TESTS DIAGNOSTIQUES
– Descente du fœtus au cours des 2 dernières – Analyse d’urine (épreuve courante et examen
semaines (de façon générale, uniquement chez les micro scopique); mesurez le glucose et la
primigestes) protéinurie.
– Mictions plus fréquentes – Mesurez la glycémie (aléatoire).
– Plus de facilité à respirer – Mesurez le taux d’hémoglobine.
– Plus de difficulté à marcher
TRAITEMENT
– Présence possible de contractions de Braxton-
Hicks au cours des deux dernières semaines Objectifs
– Pertes muqueuses sanguinolentes (« expulsion du – Assurer le bien-être de la mère et du fœtus
bouchon muqueux»)
– Assurer la mise au monde d’un bébé en santé
– Épanchement de liquide (ressemblant à une perte
de contrôle de la vessie, mais il s’agit Consultation
probablement du liquide amniotique)
Si vous avez le temps, consultez un médecin afin
– Apparition de contractions utérines, rythmiques, d’organiser le transfert de la cliente à l’hôpital pour
douloureuses l’accouchement.
– Les contractions peuvent être ressenties dans le dos et
le bas -ventre. Traitement adjuvant
– Notez l’heure d’apparition, la fréquence et la durée
des contractions. Amorcez un traitement IV au moyen d’un soluté
physiologique afin de maintenir l’équilibre hydrique
OBSERVATIONS et de pouvoir administrer des médicaments.
– Accélération de la fréquence cardiaque Interventions non pharmacologiques
– Légère élévation possible de la tension artérielle
– Aidez la cliente à respirer pendant chaque
– Fréquence cardiaque du fœtus : 120-140 puls/min; contraction.
localisez les bruits du cœur
– Aidez la cliente à mettre en pratique les techniques
– La cliente peut sembler anxieuse. de relaxation entre les contractions afin d’éviter
– La forme de l’abdomen peut changer avec les qu’elle ne s’épuise.
contractions. – Encouragez la cliente pendant le travail.
– Des mucosités sanguinolentes peuvent être – Dans la mesure du possible, demandez à un
observées sur le périnée.
membre de la famille ou à un ami de rester avec la
– Évaluez la fréquence, l’intensité et la durée des cliente pendant le travail.
contractions. – Donnez à la cliente de petites gorgées d’eau ou de
– Évaluez la position et la présentation du fœtus. jus au début du travail.
– Évaluez l’engagement de la tête du fœtus. – Si la cliente ne peut tolérer les liquides par voie
– Évaluez la rupture des membranes en insérant du orale, donnez-lui des soins buccaux en enduisant
papier tournesol (à la nitrazine) dans la partie les lèvres de glycérine et de gel au moyen de
inférieure du vagin. tampons.
– Examinez le vagin en utilisant une technique Surveillance et suivi
aseptique : évaluez l’effacement et la dilatation du
col, la présentation et la progression de la tête du – Surveillez le déroulement du travail.
fœtus. – Surveillez les contractions, les signes vitaux de la
– Surveillez la fréquence cardiaque du fœtus. mère et la fréquence cardiaque du fœtus toutes les
– Évaluez les modifications durant et après les heures au début du travail, et plus fréquemment
contractions. lorsque le moment de l’accouchement approche.
– Effectuez des examens vaginaux pour évaluer
l’effacement et la dilatation du col.
Les examens vaginaux doivent être réduits au strict
minimum.

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12–6 Obstétrique

Déroulement du travail normal Soins après la mise au monde du bébé


Chez une primigeste (balises générales) : – Clampez le cordon en deux endroits et coupez-le
entre les cla mps.
– Le col commence par s’effacer, puis se dilate. – Séchez le bébé.
– La dilatation progresse d’environ 1 cm à l’heure. – Gardez le bébé au chaud et assurez-vous que la
– Le col est complètement dilaté au bout de 10- respiration est établie.
12 heures. – Évaluez le score d’Apgar au bout d’une minute,
– Une fois le col complètement dilaté, puis de cinq minutes.
l’accouchement peut prendre entre 1 et 2 heures. – Donnez le bébé à sa mère (à moins que vous
Chez une multigeste : n’ayez décelé des problèmes).
– Prélevez 20 ml du sang du cordon.
– L’effacement et la dilatation peuvent grandement
varier, mais habituellement, ils se font Expulsion du placenta
simultanément.
– La durée de l’accouchement peut, elle aussi, Attendez l’expulsion du placenta (cela peut prendre
jusqu’à 30 minutes).
grandement varier.
Orientation vers d’autres ressources Surveillez les signes de décollement placentaire :
médicales
– La cliente peut indiquer qu’elle sent une nouvelle
Si vous envisagez l’évacuation d’une cliente pendant contraction.
le travail, tenez compte des facteurs suivants : – Le cordon s’allonge.
– Un épanchement important de sang se produit.
– Déroulement du travail
– L’utérus se contracte.
– Stade de dilatation
– Parité Ne tirez pas sur le cordon pour accélérer
– Laps de temps approximatif nécessaire à l’expulsion du placenta, à moins d’être sûre que le
l’évacuation placenta s’est décollé!
– Si la cliente risque d’accoucher durant le transport, Une fois le placenta décollé :
gardez-la au poste de soins infirmiers et aidez-la à
accoucher. – Posez une main sur l’abdomen, juste au-dessus de
la symphyse.
Imminence de l’accouchement
– Tenez l’utérus et tirez légèrement sur le cordon.
Préparez le matériel pour l’accouchement, le matériel – Délivrez le placenta.
de réanimation et l’incubateur. – Examinez le placenta et les membranes pour vous
assurer qu’ils sont complets.
Soins pendant l’accouchement
N’administrez pas d’oxytocine avant l’expulsion du
– Contrôlez la sortie de la tête. placenta.
– Soutenez le périnée pour éviter les déchirures.
– Une fois la tête sortie, assurez-vous que le cordon Après l’expulsion du placenta
ombilical n’est pas enroulé autour du cou. – Massez l’utérus pour vous assurer de sa fermeté.
– Si c’est le cas, glissez doucement un doigt sous le – Vérifiez s’il n’y ait pas de déchirures sur le
cordon et faites -le passer par-dessus la tête périnée.
du bébé.
Interventions pharmacologiques
– Essuyez le visage du nouveau-né pour le
débarrasser des sécrétions. Administrez de l’oxytocine pour favoriser la
– Aspirez le contenu du nez et de la bouche du contraction de l’utérus :
nouveau-né.
oxytocine (Syntocinon) (médicament de
– Guidez la partie antérieure de l’épaule en l’aidant à
classe D), 10 unités IV ou IM
passer sous la symphyse pubienne et faites sortir la
et
partie postérieure de l’épaule par la courbure du
bassin — ne tirez pas sur le bébé. oxytocine (Syntocinon) (médicament de
– Le reste du corps sera rapidement expulsé sans que classe D), 20 unités dans un sac de 1 l de lactate
vous ayez vraiment à intervenir. de Ringer (réglez le débit de perfusion à
125-175 ml/h)

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Obstétrique 12–7

Surveillance postpartum Orientation vers d’autres ressources


– Surveillez les pertes de sang vaginales, la fermeté médicales
de l’utérus et les signes vitaux toutes les Au besoin, transférez la mère et l’enfant à l’hôpital.
15 minutes pendant la première heure, puis
espacez la surveillance aux 30 minutes pendant les
2 prochaines heures.
– Examinez et nettoyez le bébé.

PROBLÈMES COURANTS EN OBSTÉTRIQUE


Facteurs de risque liés aux antécédents
DIABÈTE GESTATIONNEL
– Antécédents familiaux de diabète
DÉFINITION – Antécédents de diabète gestationnel ou
d’intolérance au glucose
Intolérance plus ou moins grande aux glucides, qui – Naissance inexpliquée d’un enfant mort-né
survient ou est décelée pour la première fois au cours – Nouveau-né atteint de malformations congénitales
de la grossesse. Après l’accouchement, la cliente – Nouveau-né présentant une hypoglycémie, une
retrouve habituellement une glycémie normale; hyperbilirubinémie ou une hypocalcémie
cependant, elle est susceptible de souffrir de diabète – Nouveau-né ayant un poids > 4 000 g à la
véritable plus tard dans sa vie.
naissance
– Fausses couches multiples en début de grossesse
CAUSES
– Prédisposition génétique SYMPTOMATOLOGIE
– Résistance accrue des tissus à l’insuline pendant la
La plupart des clientes atteintes de diabète
grossesse, provoquée par l’accroissement du taux gestationnel sont asymptomatiques.
d’œstrogène et de progestérone
– Polydipsie
Facteurs de risque actuels
– Polyurie
– Obésité (> 20 % au-dessus du poids idéal) – Polyphagie
– Gain de poids excessif durant la grossesse – Perte de poids
– Faible taux de cholestérol à lipoprotéines de haute – Absence de gain de poids
densité (HDL) (< 0,9 mmol/l) ou taux élevé à jeun – Candidose vaginale ou infections urinaires à
de triglycérides (> 2,8 mmol/l) répétition
– Hypertension ou pré-éclampsie (le risque de
diabète gestationnel augmente de 10 % à 15 % OBSERVATIONS
lorsqu’une hypertension est diagnostiquée). – La hauteur utérine peut être supérieure à la
– Polyhydramnios détecté à l’examen clinique ou normale (en centimètres ou par rapport à l’ombilic
par échographie ou à l’appendice xiphoïde), compte tenu du stade
– Glycosurie répétée (> +1) de la grossesse.
– Macrosomie décelée à l’examen clinique ou à RÉSULTATS DES ANALYSES
l’échographie DE LABORATOIRE
– Âge de la mère > 25 ans
– Membre d’une population à risque – Urine : glycosurie ou présence possible de cétones
mise en évidence par les bandelettes réactives
(p. ex. ascendance autochtone, hispanique,
asiatique ou africaine)

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12–8 Obstétrique

COMPLICATIONS Consultation
– Acidocétose Consultez un médecin dès que vous diagnostiquez
– Hypoglycémie du postpartum chez une femme enceinte une tolérance anormale au
– Polyhydramnios glucose. Par la suite, consultez un médecin s’il y a
– Mort fœtale in utero absence de gain de poids ou perte de poids, si la
– Retard de croissance intra-utérin cliente est symptomatique, si la glycémie à jeun ne
peut être maintenue à un taux inférieur à 5 mmol/l ou
– Travail et accouchement prématurés
si des complications quelconques surviennent.
– Naissance d’un enfant mort-né ou mort périnatale
– Syndrome de détresse respiratoire du nouveau-né Interventions non pharmacologiques
– Hypoglycémie chez le nouveau-né
Le régime alimentaire est la pierre angulaire du
– Malformations congénitales traitement.
TESTS DIAGNOSTIQUES – L’apport calorique quotidien doit être de
30-35 kcal/kg.
Dépistage du diabète gestationnel – La cliente doit éviter les pâtisseries, les sucreries et
Toutes les femmes enceintes des Premières Nations les autres aliments riches en glucides à
devraient faire l’objet d’un test de dépistage du diabète assimilation rapide.
gestationnel asymptomatique. Il s’agit d’un test de – Le régime doit se composer de 50 à 60 % de
tolérance au glucose (ingestion orale d’une dose de glucides, de 20 à 25 % de protéines et de 20 % de
charge de 50 g) à la 28e semaine de grossesse : lipides, et doit être riche en fibres.
– Il est important de prendre des repas réguliers.
– Si, une heure après l’administration du glucose, la
glycémie est > 11,1 mmol/l, la cliente est atteinte – Les glucides complexes sont recommandés
(p. ex. pain, pâtes, légumineuses, pommes de terre).
de diabète gestationnel; aucun autre test de
dépistage n’est requis. – La cliente doit limiter sa consommation de sel.
– Si, une heure après l’administration de glucose, la – Encouragez la cliente à faire de l’exercice, car
glycémie est > 7,8 mmol/l, une épreuve complète l’exercice s’est révélé particulièrement bénéfique
d’hyperglycémie provoquée de 3 heures est lorsqu’il est associé à un régime alimentaire
justifiée. thérapeutique.
– Incitez la cliente à mesurer sa glycémie à la maison
Épreuve d’hyperglycémie provoquée
quatre fois par jour (avant les repas et au coucher).
de 3 heures
– Encouragez la cliente à tenir un journal avec ses
– Évaluez la glycémie à jeun. résultats de glycémie et examinez son journal à
– Administrez 100 g de glucose par voie orale (dose chacune de ses visites.
de charge). – Il est important de prévenir un gain excessif de
– Évaluez la glycémie 1 heure, 2 heures et 3 heures poids.
après avoir administré le glucose (les taux – Il faut soutenir la cliente et la rassurer tout au long
diagnostiques figurent au tableau 2). de la grossesse.
– Si deux des valeurs sont atteintes ou dépassées, la
cliente est atteinte de diabète gestationnel. L’idéal serait que la cliente suive un cours
d’enseignement sur le diabète, s’il en existe dans la
– Si une valeur seulement est atteinte ou dépassée, la
communauté.
cliente présente une tolérance réduite au glucose.
Si la cliente présente des symptômes évocateurs de
Tableau 2 : Taux diagnostiques du diabète
diabète gestationnel avant la 24e semaine de gestationnel — Épreuve d’hyperglycémie provoquée
grossesse, effectuez une épreuve de tolérance au de 3 heures
glucose au moment où elle consulte. Temps écoulé depuis Glycémie —
l’administration du glucose Taux diagnostiques
TRAITEMENT À jeun > 5,8 mmol/l
Objectifs 1 heure > 10,6 mmol/l

– Déceler le problème le plus tôt possible 2 heures > 9,2 mmol/l

– Contrôler le mieux possible la glycémie 3 heures > 8,1 mmol/l

– Prévenir les complications pour la mère et pour le


fœtus

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Obstétrique 12–9

Interventions pharmacologiques Orientation vers d’autres ressources


médicales
Si la glycémie à jeun demeure > 11,0 mmol/l, un
traitement par l’insuline est indiqué et sera prescrit – Presque tous les cas de diabète gestationnel
par le médecin. doivent être dirigés vers un obstétricien afin qu’ils
reçoivent des soins complexes, sauf les cas les plus
Les besoins en insuline ont tendance à augmenter au légers.
fur et à mesure que la grossesse avance; il peut donc – Le suivi doit être assuré par un médecin dans la
falloir rajuster fréquemment les doses. Consultez un mesure du possible.
médecin pour obtenir de l’aide à ce sujet. – La cliente tirerait profit de l’évaluation et des
conseils d’une diététiste, dans la mesure où ce
Surveillance et suivi genre de service est facilement accessible.
Vous devez voir la cliente toutes les 2 semaines – Le transfert d’une cliente atteinte de diabète
jusqu’à la 36e semaine de grossesse, puis ensuite gestationnel vers un hôpital doit se faire plus tôt
toutes les semaines. Évaluez les points suivants : que dans le cas des autres femmes enceintes
(c.-à-d. entre la 34e et la 36e semaine de grossesse).
– Respect du régime alimentaire prescrit
– Gain ou perte de poids VOMISSEMENTS DE LA GROSSESSE
– Œdème périphérique
(HYPEREMESIS GRAVIDARIUM)
– Tension artérielle
– Taille de l’utérus
DÉFINITION
– Croissance fœtale
– Résultats de la surveillance de la glycémie à la Nausées et vomissements persistants suffisamment
maison sévères pour entraîner chez la femme enceinte une
Vérifiez la glycémie à jeun à chacune des visites. Si perte de poids et un état de déshydratation et pour
elle est > 10,5 mmol/l (ou si les valeurs l’empêcher de fonctionner dans ses activités
postprandiales sont de 12,0-13,0 mmol/l), il faut quotidiennes.
hospitaliser la cliente afin de s’assurer qu’elle
observe son régime alimentaire. CAUSES

Échographie Essentiellement inconnues. La prévalence de


– Il faut effectuer une échographie au début de la l’hyperemesis gravidarum (nausées et vomissements
intenses causant une cétose et une déshydratation qui
grossesse afin de déterminer avec précision l’âge
gestationnel. entraînent une hospitalisation) est d’environ 1 % dans
l’ensemble. Elle est plus grande dans le cas des
– Si l’on soupçonne une macrosomie, il faut faire grossesses multiples et des môles hydatidiformes. Le
une échographie. Si le poids du fœtus est évalué à taux de récurrence au cours des grossesses
> 4 000 g, on peut envisager une césarienne à subséquentes est de 26 %.
terme.
Autre suivi SYMPTOMATOLOGIE
– On effectue souvent un examen de la réactivité – Nausées et vomissements persistants et excessifs
fœtale (non stress test) chaque semaine à partir de tout au long de la journée
la 34e ou de la 35e semaine de grossesse, mais on – La cliente est incapable de garder les aliments,
peut commencer avant. qu’ils soient solides ou liquides.
– Après 40 semaines, il faut amorcer une Si cette situation se prolonge, la cliente peut en outre
surveillance fœtale, et l’accouchement est présenter les symptômes suivants :
recommandé en cas de souffrance fœtale.
– Les femmes atteintes de diabète gestationnel – Fatigue
devraient subir une épreuve de tolérance orale au – Léthargie
glucose (dose de charge de 75 g) 6 semaines après – Céphalées
l’accouchement de manière à ce qu’on puisse – Évanouissements
exclure une intolérance persistante aux glucides. – Perte de poids
Informez la cliente que son risque de développer le
diabète véritable plus tard dans sa vie est évalué à
environ 35 %.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


12–10 Obstétrique

OBSERVATIONS Interventions non pharmacologiques


– La fréquence cardiaque peut être rapide et faible. – Rassurez la cliente en lui expliquant que son état
– La tension artérielle est normale, mais peut être basse va s’améliorer avec le temps, avant la fin du
si la cliente est déshydratée. premier trimestre habituellement.
– Hypotension orthostatique possible si la cliente est – Conseillez-lui de prendre son temps pour se lever
déshydratée le matin et de garder près du lit des craquelins
– Perte possible de poids depuis la dernière pesée (qu’elle devra manger avant de se lever).
– La cliente semble en détresse légère ou modérée. – Suggérez à la cliente de manger, à des intervalles
– Signes de déshydratation plus ou moins fréquents, de petites quantités d’aliments ou de
boissons qu’elle aime.
prononcés : pâleur, yeux cernés et creux,
muqueuses sèches, persistance du pli cutané – Tant que les symptômes persistent, insistez sur
– Léger ictère qui disparaît après une hydratation et l’importance de manger, et non sur la nature des
une alimentation normales aliments consommés; reportez-vous au tableau 3
qui donne une liste d’aliments dont le goût et la
– L’utérus peut être plus petit ou plus gros que la texture plaisent aux femmes enceintes.
normale, compte tenu du stade de la grossesse.
RÉSULTATS DES ANALYSES Tableau 3 : Aliments qui plaisent aux femmes enceintes
DE LABORATOIRE Goût ou texture Aliments suggérés
Salé Chips, pretzels
Analyse d’urine : urine concentrée; présence possible
Aigre, acide Marinades, limonade
de corps cétoniques; oligurie.
Goût de terre Riz brun

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Croquant Bâtonnets de céleri, pommes


Fade Purée de pommes de terre
– Môle hydatidiforme
Mou Pain, nouilles
– Grossesse multiple
Sucré Céréales sucrées
– Autres causes cliniques de vomissements Fruité Jus, sucettes glacées
(p. ex. gastro-entérite, pancréatite)
Liquide Jus, boissons gazeuses
COMPLICATIONS Sec Craquelins

– Déshydratation – Suggérez à la cliente de demander à quelqu’un de


– Perturbations électrolytiques cuisiner à sa place, car les odeurs de cuisson
– Carences alimentaires peuvent provoquer des nausées.
– Retard de croissance intra-utérin (RCIU) – Conseillez-lui de ne pas prendre de supplément de
– Mort fœtale fer jusqu’à ce que les nausées aient disparu.
– Demandez à la cliente de surveiller son apport
TESTS DIAGNOSTIQUES liquidien et son débit urinaire à la maison.
– Analyse d’urine (analyse courante et examen – Recommandez-lui de se reposer davantage car la
microscopique) fatigue semble exacerber les symptômes. La
cliente peut avoir besoin d’aide pour prendre soin
TRAITEMENT des autres enfants à la maison.
Objectifs – Le fait de prendre des dispositions pour que la
cliente obtienne des congés au début de la
– Diagnostiquer tôt l’affection grossesse peut réduire le temps perdu dans
– Prévenir les complications l’ensemble au travail.
– Exclure les causes organiques (p. ex. infection – Des techniques de psychothérapie (p. ex. contrôle
urinaire, hépatite, troubles du tractus gastro- du stimulus, rétroaction biologique, techniques de
intestinal, de la vésicule biliaire ou du pancréas) relaxation et visualisation) peuvent s’avérer utiles.
Consultation
La stimulation du point P6 (Neiguan) par acupression
– Consultez un médecin si les interventions non s’est révélée utile. Ce point se trouve à l’intérieur des
pharmacologiques ne soulagent pas les symptômes poignets, juste en amont du pli muscle fléchisseur.
dans les cas légers.
– Consultez un médecin immédiatement si la femme
présente des signes cliniques de déshydratation.

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Obstétrique 12–11

Interventions pharmacologiques RETARD DE CROISSANCE INTRA-


Si la cliente a besoin d’un médicament pour enrayer UTÉRIN
les nausées :
DÉFINITION
dimenhydrinate (Gravol) (médicament de
classe A), 25-50 mg PO toutes les 4-6 heures au – Croissance du fœtus plus lente que la normale
besoin – Le fœtus est petit par rapport à l’âge gestationnel.
ou
CAUSES
Médicament de choix :
– Dysfonction placentaire due au tabagisme
doxylamine/B6 (Diclectin) (médicament de – Abus d’alcool
classe B, non inscrit sur la liste des – Abus de drogues
médicaments remboursés), dragées de 10 mg,
2 dragées PO au coucher; si l’effet est insuffisant,
– Gain de poids insuffisant chez la mère
la cliente peut prendre une dragée – Anémie
supplémentaire bid – Maladie chronique
Surveillance et suivi – Diabète sucré
– Affection hypertensive provoquée par la grossesse
Suivez la cliente toutes les semaines jusqu’à la – Infection ou malformations chez le fœtus
disparition des symptômes :
SYMPTOMATOLOGIE
– Mesurez la hauteur du fond utérin et comparez-la
aux valeurs antérieures. – Survient généralement au cours du deuxième
– Surveillez la fréquence cardiaque du fœtus. trimestre
– Surveillez les signes vitaux, le débit urinaire et les – La cliente peut être consciente du retard de
corps cétoniques. croissance.
– Modification des mouvements du fœtus
Si la cliente est considérablement déshydratée : (augmentation ou diminution)
– Au début, n’administrez rien par voie orale. – Présence possible de pré-éclampsie et de diabète
– Conseillez à la cliente de garder le lit. gestationnel
– Présence possible d’autres affections
Traitement adjuvant
– Amorcez un traitement IV au moyen d’un soluté OBSERVATIONS
physiologique. – Poids stationnaire depuis la dernière visite
– Réglez le débit de perfusion selon l’état – Hauteur du fond utérin inchangée ou inférieure à
d’hydratation de la cliente. ce qu’on aurait prévu depuis la dernière visite
S’il y a présence d’hypovolémie, voir le protocole de Il faut soupçonner un problème si la hauteur du fond
traitement d’un choc hypovolémique, à la rubrique utérin ne correspond pas à la croissance prévue de
« État de choc » du chapitre 14, « Urgences 1 cm/semaine entre la 20e et la 36e semaine de
générales et traumatismes majeurs ». grossesse. Un écart de 4 cm par rapport à la normale
Orientation vers d’autres ressources justifie une évaluation échographique. Des examens
médicales échographiques en série peuvent confirmer le
diagnostic.
Procédez à l’évacuation médicale à des fins
d’investigation et de traitement complémentaires. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Mauvais calcul des dates
– Mesure erronée lors de l’évaluation précédente
– Mort fœtale in utero
COMPLICATIONS

Complications antepartum
– Oligohydramnios
– Acidose fœtale périnatale
– Mort fœtale in utero

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12–12 Obstétrique

Complications néonatales GROSSESSE MULTIPLE


– Circulation fœtale persistante
– Syndrome d’inhalation méconiale DÉFINITION
– Encéphalopathie hypoxique-ischémique Présence de plus d’un fœtus dans l’utérus.
– Hypoglycémie
– Hypocalcémie CAUSES
– Hyperviscosité
– Fécondation de plusieurs ovules
– Trouble de régulation thermique
– Division d’un ovule fécondé en deux fœtus
TESTS DIAGNOSTIQUES distincts
– Analyse d’urine – Facteurs prédisposants : antécédents familiaux de
grossesse multiple, traitement de l’infertilité à
– Mesure de la glycémie
l’aide d’inducteurs de l’ovulation
– Échographie
SYMPTOMATOLOGIE
L’échographie est indispensable pour le diagnostic
définitif. Il y a lieu de soupçonner une grossesse multiple chez
les clientes qui ont des antécédents familiaux
TRAITEMENT comportant des cas de grossesse multiple et chez
Objectifs celles qui sont traitées pour l’infertilité.

– Prévenir l’affection par la sensibilisation à – Présence accentuée et précoce des désagréments


l’importance de bien s’alimenter, de ne pas de la grossesse
prendre de drogues et de ne pas fumer – Présence persistante et précoce de nausées, de
– Diagnostiquer le plus tôt possible les troubles brûlures d’estomac
connexes (p. ex. diabète sucré, hypertension) – Plus tard au cours de la grossesse, dyspnée et
indigestion accentuées
Consultation
OBSERVATIONS
Consultez un médecin immédiatement si vous
observez ou soupçonnez un retard de croissance. – Hauteur du fond utérin supérieure à la normale,
compte tenu du stade de la grossesse.
Interventions non pharmacologiques – Les mouvements fœtaux se manifestent sur une
plus grande surface.
Fournissez un soutien à la cliente et à sa famille.
– On peut sentir un nombre excédentaire de
Interventions pharmacologiques membres à la palpation.
– On peut entendre deux cœurs distincts.
Aucune
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Surveillance et suivi
– Hydramnios
Une fois ce diagnostic établi, il est essentiel de suivre – Un seul gros bébé (macrosomie)
la cliente de plus près. La fréquence des visites
dépendra de l’élucidation des causes sous -jacentes du COMPLICATIONS
retard de croissance.
Complications pour la mère
Orientation vers d’autres ressources – Pré-éclampsie
médicales – Anémie
Dès que possible, orientez la cliente vers un – Travail et accouchement prématurés
obstétricien en vue d’un examen plus poussé. Une – Hydramnios
surveillance prénatale étroite s’impose, et la décision – Vomissements de la grossesse
quant à la date de l’accouchement est complexe. Complications pour le fœtus
– Retard de croissance intra -utérin (RCIU)
– Anomalies congénitales
– Mort fœtale in utero
– Naissance prématurée

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Obstétrique 12–13

TESTS DIAGNOSTIQUES Surveillance et suivi


Une échographie est indispensable pour le diagnostic – Suivez la cliente toutes les 2 semaines à partir de
définitif. la date du diagnostic.
– Faites examiner la cliente par le médecin à
Les femmes enceintes de plusieurs fœtus doivent chacune de ses visites au poste de soins infirmiers.
subir des échographies périodiques (c.-à-d. toutes les Orientation vers d’autres ressources
2 semaines) à compter de la 24e semaine de médicales
grossesse. Ces examens permettent d’évaluer la
croissance de chaque fœtus de manière à exclure les – Orientez la cliente vers un obstétricien.
écarts, les anomalies et le syndrome transfuseur- – Prenez les mesures nécessaires à une
transfusé; ils servent aussi à mesurer la longueur du hospitalisation précoce.
col de l’utérus. – Dans la plupart des cas de grossesse multiple,
l’accouchement a lieu vers la 36e semaine.
TRAITEMENT – Lorsqu’une grossesse multiple se prolonge au-delà
de 38 semaines, on considère que la date de
Objectifs l’accouchement est dépassée et on peut envisager
– Diagnostiquer tôt une grossesse multiple le déclenchement du travail.
– Déceler tôt les complications Césarienne
Consultation La plupart des jumeaux peuvent naître par voie
Consultez un médecin si vous soupçonnez une vaginale. Une césarienne est indiquée dans les
grossesse multiple. Par la suite, consultez un médecin circonstances énumérées ci-dessous.
si vous observez ou soupçonnez des complications.
Indications absolues
Interventions non pharmacologiques – Jumeaux mono-amniotiques
Vu que les grossesses multiples aboutissent souvent à – Jumeaux siamois
un accouchement prématuré, il y a lieu de faire les – Présentation transverse du jumeau « A »
recommandations suivantes à la cliente : – Emplacement anormal du placenta (p. ex. placenta
praevia)
– Limiter les activités physiques
– Plus de deux fœtus
– Éviter les déplacements inutiles
– Limiter l’exposition à un stress psychologique Indications relatives
(cela signifie que la cliente devra peut-être quitter – Présentation du jumeau « A » par le siège
son travail vers la 28e-30e semaine de gestation). – L’un des deux jumeaux ou les deux sont dans un
Les preuves quant à l’utilité de ces interventions ne état fœtal préoccupant.
sont actuellement pas concluantes. – Discordance fœtale > 20 % dans la circonférence
abdominale, en particulier si le premier jumeau est
– En outre, conseillez la cliente sur le plan de
plus petit
l’alimentation (elle doit prendre des suppléments
de vitamines et de fer) : les besoins nutritionnels
lors d’une grossesse multiple diffèrent de ceux
d’une grossesse ordinaire; la cliente devrait donc
ajouter 300 kcal à l’apport normal recommandé
pour une grossesse unique.
– Évaluez le soutien apporté par l’entourage et la
mesure dans laquelle la grossesse multiple est
acceptée.
Interventions pharmacologiques
L’apport en fer doit être doublé.

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12–14 Obstétrique

HYDRAMNIOS TESTS DIAGNOSTIQUES


– Une échographie est indispensable pour confirmer
DÉFINITION le diagnostic.

Accumulation excessive de liquide amniotique TRAITEMENT


(> 1 500 ml).
Objectifs
CAUSES Diagnostiquer tôt le problème
– Essentiellement inconnues
Consultation
– Diabète gestationnel
– Jumeaux Consultez un médecin si vous soupçonnez un
– Anomalies fœtales hydramnios.

SYMPTOMATOLOGIE Interventions non pharmacologiques


– Se manifeste au bout de 28-32 semaines de Conseillez et encouragez la cliente et sa famille, au
grossesse besoin.
– Présence de facteurs prédisposants chez la mère
– Inconfort abdominal dû à une surdistension de Interventions pharmacologiques
l’utérus et de la paroi abdominale
Aucune
– Dyspnée et brûlures d’estomac dues à l’élévation
excessive du diaphragme Orientation vers d’autres ressources
– Œdème des jambes et de la vulve médicales
– Gain de poids excessif
Orientez la cliente vers d’autres ressources pour des
OBSERVATIONS examens plus poussés.
– Gain de poids inexpliqué (de 2-4 kg en
4 semaines) TROUBLES DE L’HYPERTENSION
– Utérus plus gros que la normale, compte tenu du AU COURS DE L A GROSSESSE
stade de la grossesse
– Abdomen de forme sphérique DÉFINITION
– Épiderme abdominal luisant, marqué de veines
proéminentes et de vergetures Les troubles de l’hypertension au cours de la
– Hauteur utérine supérieure à la normale, compte grossesse doivent être classés dans l’une des
tenu du stade de la grossesse catégories suivantes :
– Membres du fœtus difficiles à palper – Hypertension préalable
– Tension de l’utérus – Hypertension gravidique avec ou sans protéinurie
– Frémissement du liquide amniotique : on sentira – Hypertension préalable conjuguée à une
une vague contre la main gauche en posant celle-ci hypertension gravidique avec protéinurie
d’un côté de l’utérus et en donnant une tape vive – Hypertension anténatale inclassable, mais qu’on
de l’autre côté. pourra classer définitivement 42 jours après
– Les battements du cœur fœtal sont étouffés, l’accouchement
distants, voire inaudibles.
Source : Conférence de consensus de la Société
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL canadienne de l’hypertension artérielle (Helewa et
al., 1997)
– Grossesse multiple
COMPLICATIONS CAUSES
– Travail prématuré – Inconnues
– Présentation anormale – Facteurs prédisposants : hypertension, diabète
– Prolapsus du cordon ombilical et rupture des sucré, affection rénale chronique, grossesse
membranes multiple, grossesse à l’adolescence, hydramnios,
– Hémorragie postpartum môle hydatidiforme
– Pré-éclampsie

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Obstétrique 12–15

SYMPTOMATOLOGIE Affection sévère


– Troubles plus fréquents chez les primigestes – Présence possible d’œdème du visage, des mains
– La cliente a souvent < 20 ans ou > 35 ans. et des pieds
– Présence possible de l’un des facteurs – Absence possible d’œdème, mais gain de poids
prédisposants énumérés plus haut rapide
– Un gain de poids excessif peut être le premier – Sensibilité de l’abdomen dans le quadrant
signal d’alarme. supérieur droit
– Les symptômes varient de très légers à sévères. – Des réflexes tendineux profonds révèlent une
– Affection bénigne : la cliente peur présenter un hyperréflexivité.
œdème facial ou périphérique (p. ex. bagues trop – Cœur et poumons : bruit de galop et râles
serrées). crépitants possibles (à cause de l’œdème
– Affection sévère : céphalées, troubles de la vue, pulmonaire)
œdème facial et périphérique, altération du degré RÉSULTATS DES ANALYSES
de conscience, douleurs à l’épigastre ou dans le DE LABORATOIRE
quadrant supérieur droit de l’abdomen, oligurie,
dyspnée – Urine : ≥ 3 protéinurie

OBSERVATIONS DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Les signes physiques dépendent de la sévérité de – Hypertension préalable
l’affection.
COMPLICATIONS
– La présence de symptômes et de signes ainsi que
la hausse relative de la tension artérielle de la – Éclampsie
cliente (par rapport à sa tension normale) – Morbidité et mortalité maternelles et fœtales
permettent d’évaluer la sévérité de l’affection. – Accouchement prématuré
RECOMMANDATIONS CONCERNANT – Décollement placentaire
LES CRITÈRES DE DIAGNOSTIC – Petit bébé par rapport à l’âge gestationnel
(p. ex. retard de croissance intra-utérin [RCIU])
– L’œdème et le gain de poids ne doivent pas servir – Syndrome HEHRP (voir ci-dessous)
de critères de diagnostic.
– Une TA diastolique ≥ 90 mm Hg devrait être le La combinaison d’un taux élevé d’enzymes
hépatiques, d’une hémolyse et d’une thrombopénie
critère de diagnostic de l’hypertension gravidique
caractérise une forme sévère d’hypertension
et devrait déclencher une investigation et un
traitement. gravidique : le syndrome HEHRP (Hémolyse,
Enzymes Hépatiques élevées, nombre Réduit de
– Sauf dans le cas de valeurs diastoliques très Plaquettes).
élevées (≥ 110 mm Hg ou plus), toutes les valeurs
diastoliques ≥ 90 mm Hg devraient être confirmées Des taux anormaux d’enzymes hépatiques sont
après 4 heures.
associés à une hypertension gravidique. L’atteinte du
– Un sphygmomanomètre au mercure étalonné foie s’accompagne souvent de l’atteinte d’autres
régulièrement, doté d’un brassard de la bonne taille, organes, dont les reins et le cerveau. Dans le cas du
est l’instrument de choix. Avant de mesurer la TA, syndrome HEHRP, la LDH (lacticodéshydrogénase)
la cliente doit être au repos depuis 10 minutes. Elle et la thrombopénie servent à évaluer la sévérité de
doit être assise bien droite et le brassard doit être l’affection et le potentiel de rétablissement après
placé au niveau du cœur. Les bruits de Korotkoff l’accouchement.
des phases IV et V doivent être notés, mais il faut se
baser sur le bruit de la phase IV pour amorcer une
investigation clinique et un traitement. TESTS DIAGNOSTIQUES
– Un taux de protéines supérieur à 0,3 g/jour dans – Dosage de l’hémoglobine
l’urine devrait être le critère de diagnostic d’une – Analyse d’urine (pour déterminer le taux de
protéinurie; la collecte des urines de 24 heures protéines)
devrait être la façon normalisée de déterminer la – Collecte des urines de 24 heures (pour déterminer
protéinurie. le taux de protéines)
Source : Conférence de consensus de la Société
canadienne de l’hypertension artérielle (Helewa et
coll., 1997)

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12–16 Obstétrique

TRAITEMENT Interventions pharmacologiques

Objectifs On associe un supplément de calcium (2 g/jour) à une


baisse de la TA dans les cas d’hypertension
– Diagnostiquer tôt l’affection
gravidique avec ou sans protéinurie, tant chez les
– Prévenir les complications pour la mère et pour le femmes à faible risque que chez les femmes à haut
fœtus
risque (recommandation de niveau B [bonnes preuves
Consultation justifiant le recours à cette mesure]). Il n’y a pas
d’effet évident sur la prévention d’une hypertension
Consultez un médecin si vous observez une affection plus sévère chez les femmes déjà atteintes
symptomatique. d’hypertension gravidique (recommandation de
Interventions non pharmacologiques niveau B).
– Il faut envisager un traitement non Source : Conférence de consensus de la Société
pharmacologique pour toute femme enceinte qui canadienne de l’hypertension artérielle (Moutquin et
présente une TA systolique de 140-150 mm Hg ou coll., 1997)
une TA diastolique de 90-99 mm Hg, ou encore
les deux. Ne prescrivez pas de calcium tant qu’un médecin ne
– Une courte hospitalisation peut s’avérer nécessaire vous aura pas conseillé de le faire.
pour affirmer le diagnostic et pour écarter une
hypertension gravidique sévère (pré-éclampsie); en Surveillance et suivi
cas de pré-éclampsie, le seul traitement efficace est – Surveillez les signes vitaux et l’état général de la
l’accouchement. cliente pour détecter toute évolution des
– Le traitement palliatif, qui sera fonction de la symptômes vers une pré-éclampsie sévère ou une
tension artérielle, de l’âge gestationnel et de la éclampsie.
présence de facteurs de risque chez la mère et le – Évaluez le cœur et les mouvements fœtaux.
fœtus, comprendra une étroite surveillance, la – Surveillez étroitement l’apport de liquides et le
limitation des activités et du repos au lit. débit urinaire.
– On conseille un régime normal sans restriction
de sel. Orientation vers d’autres ressources
médicales
– Certaines interventions préventives prometteuses
permettraient d’éviter l’hypertension gravidique, Il peut être indiqué de diriger d’urgence la cliente
en particulier avec protéinurie : administration vers un hôpital en vue d’une évaluation si les
d’un supplément de calcium (2 g/jour) et d’huile symptômes sont importants et qu’un traitement à
de poisson, surtout chez les femmes à haut risque domicile est impossible.
d’apparition précoce de cette affection.
– L’hypertension préalable doit être traitée de la Dans le cas des clientes atteintes de pré-éclampsie
même manière qu’avant la grossesse. Toutefois, il sévère ou d’éclampsie, voir plus loin la rubrique
faut se préoccuper également des effets du « Pré-éclampsie sévère et éclampsie » dans la section
traitement sur le fœtus et de l’aggravation de « Urgences obstétricales » du présent chapitre.
l’hypertension durant la seconde moitié de la
grossesse.
– Il n’existe, pour le moment, aucun traitement qui
prévienne l’exacerbation de ce trouble.
Source : Conférence de consensus de la Société
canadienne de l’hypertension artérielle (Moutquin et
coll., 1997)

Éducation de la cliente
– Expliquez l’évolution de la maladie et le pronostic.
– Insistez sur la nécessité d’une surveillance étroite
qui permettra de déceler le plus tôt possible la
progression de la maladie.
– Recommandez à la cliente de se présenter
immédiatement à la clinique si les symptômes
s’intensifient.

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Obstétrique 12–17

PROTOCOLE RELATIF Facteurs de risque


AUX INFECTIONS – Déclenchement prématuré du travail à
À STREPTOCOQUES DU GROUPE B < 37 semaines de grossesse.
– Travail à terme à > 37 semaines de grossesse
Les streptocoques du groupe B continuent d’être l’une lorsque la rupture des membranes est survenue
des principales causes de septicémie néonatale. Chez depuis plusieurs heures (> 18 heures) ou que la
le nouveau-né, la source de l’infection est le canal mère a de la fièvre pendant le travail (> 38 °C).
vaginal colonisé par la bactérie. La transmission – Antibiothérapie orale antepartum dans le cas d’une
survient avant ou pendant l’accouchement. bactériurie à streptocoque du groupe B. Il faut
considérer que les femmes infectées sont déjà
On estime que le taux de colonisation des femmes colonisées par un streptocoque du groupe B au
enceintes par des streptocoques du groupe B varie de début du travail. Elles n’ont pas besoin de faire
15 à 40 %. L’infection est transmise dans 40 à 70 % l’objet d’un second dépistage une fois que la
des cas, mais la septicémie ne survient que chez bactérie a déjà été détectée.
1 ou 2 % des nouveau-nés touchés. – Femmes ayant déjà donné naissance à un enfant
La septicémie à streptocoque du groupe B survient au infecté par un streptocoque du groupe B quels que
début de la période néonatale (< 7 jours après la soient leurs résultats aux tests de dépistage.
naissance) ou un peu plus tard (entre 7 jours et 3 mois Interventions pharmacologiques
après la naissance). La survenue précoce est plus
fréquente et est associée à un taux de mortalité Antibiotiques de choix pour une prophylaxie
plus élevé. intrapartum :
ampicilline (Ampicin) (médicament de classe D),
Plusieurs stratégies axées sur une antibiothérapie ont 2 g IV, puis 1-2 g IV toutes les 4-6 heures jusqu’à
été mises au point pour prévenir ce type d’infection l’accouchement ou jusqu’à la fin du travail
chez le nouveau-né : des stratégies néonatales,
antepartum et intrapartum. Aucune, cependant, ne Dans le cas des clientes allergiques à la pénicilline :
permet de prévenir tous les cas de survenue précoce
clindamycine (Cleocin) (médicament de
de septicémie à streptocoque du groupe B.
classe B), 300-600 mg IV toutes les 8 heures

TRAITEMENT
La Société des obstétriciens et gynécologues du
Canada recommande les mesures suivantes :
– Le dépistage systématique chez toutes les femmes
enceintes entre la 35 e et la 37e semaine de
grossesse au moyen d’un prélèvement vaginal et
l’offre d’une chimioprophylaxie intrapartum à
toutes les femmes infectées par un streptocoque du
groupe B.
– Aucun dépistage systématique mais une
chimioprophylaxie intrapartum pour toutes les
femmes chez lesquelles on a relevé des facteurs de
risques (voir plus loin). Il faudrait aussi recourir à
cette stratégie dans les cas où le dépistage
systématique est une politique établie mais où il
n’y a pas eu de prélèvement ou où les résultats ne
sont pas disponibles.

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12–18 Obstétrique

URGENCES OBSTÉTRICALES

SAIGNEMENTS Avortement incomplet


PENDANT LA GROSSESSE – Les symptômes sont les mêmes que ceux de
l’avortement inévitable, mais une partie du produit
Différents problèmes et affections peuvent causer des de conception est retenue dans l’utérus (on peut
saignements pendant la grossesse (tableau 4). croire à tort que les caillots de sang sont des tissus)
Beaucoup d’entre eux sont des urgences obstétricales ou dans la cavité du col utérin, ce qui cause des
et sont expliqués plus en détail ci-dessous. crampes constantes et une hémorragie.
– L’examen au spéculum révèle la dilatation de
Tableau 4 : Diagnostic différentiel de saignements l’orifice du col et la présence de tissus dans la
pendant la grossesse
cavité endocervicale ou le vagin.
Âge gestationnel Âge gestationnel
< 20 semaines ≥ 20 semaines
– Les saignements peuvent être abondants.
Saignements associés à Placenta praevia Avortement complet
l’implantation Décollement – La totalité du produit de conception est expulsé,
Retard des règles normales placentaire puis les crampes et les saignements diminuent ou
Lésions du col de l’utérus Travail prématuré cessent.
(érosion, polype, dysplasie) Môle hydatidiforme
Grossesse ectopique
– À l’examen, l’utérus est ferme et plus petit que
Mort fœtale in utero prévu, compte tenu du stade de la grossesse.
Avortement spontané (menace
d’av., av. inévitable, incomplet) Rétention fœtale
Rétention fœtale
– Le produit de conception est retenu dans l’utérus
pendant 3 semaines ou plus après la mort fœtale.
AVORTEMENT SPONTANÉ – Les signes et les symptômes de la grossesse
s’atténuent; un test de grossesse donne des
résultats négatifs.
DÉFINITION
– Pertes vaginales brunâtres (rarement un
Perte ou perte imminente du produit de conception saignement véritable).
avant la 20e semaine de grossesse. – Crampes rares.
– Utérus mou et de forme irrégulière.
Menace d’avortement spontané
– L’échographie exclut toute possibilité de fœtus
– Présence possible des symptômes du début de la vivant.
grossesse
Avortement septique
– Légères crampes s’accompagnant de saignements
– Col de l’utérus long et fermé – L’un des scénarios ci-dessus s’accompagnant
d’une température > 38 °C sans autre cause de
– Taille de l’utérus concordant avec l’âge
fièvre.
gestationnel
– Associé à un stérilet ou à une manœuvre
– Évolue vers un avortement inévitable dans environ
instrumentale durant un avortement thérapeutique.
50 % des cas
– Sensibilité abdominale et utérine à la palpation,
Avortement inévitable pertes purulentes et choc septique possible.
– Crampes persistantes et saignements modérés.
CAUSES
– Ouverture de l’orifice du col de l’utérus.
– Ne doit pas être confondu avec l’incompétence Les avortements spontanés se produisent dans
cervicale, qui n’est pas associée à des crampes et 15 à 25 % des grossesses confirmées et peut-être dans
qui peut être traitée; l’incompétence cervicale est près de 50 % de toutes les conceptions.
associée à une dilatation indolore du col.
– Anomalies fœtales incompatibles avec la vie
(chromosomiques ou autres)
– Mauvaise implantation de l’œuf
– Infection chez la mère
– Anomalies de l’utérus et du col utérin

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Obstétrique 12–19

SYMPTOMATOLOGIE COMPLICATIONS
– Symptômes et signes évocateurs de grossesse – Hémorragie sévère
(absence de règles pendant un ou plusieurs cycles – Choc hypovolémique
menstruels, nausées, vomissements, sensibilité – Rétention de produits de conception avec ou sans
mammaire) endométrite
– Crampes – Choc cervical (hypotension vaso-vagale due à une
– Saignements vaginaux s’accompagnant souvent de dilatation du col par des tissus)
l’expulsion de tissus
TESTS DIAGNOSTIQUES
Il faut examiner toutes les clientes dont les
Résultat positif au test de grossesse dans 75 % des
saignements sont suffisamment abondants pour
imbiber une serviette hygiénique par heure ou qui cas; un résultat négatif n’exclut donc pas la
possibilité d’un avortement spontané.
présentent des symptômes d’hypotension
orthostatique (étourdissements lorsqu’elles se mettent – Dosage de l’hémoglobine
debout, évanouissement). – Analyse d’urine
OBSERVATIONS TRAITEMENT
L’examen doit inclure la vérification des signes Objectifs
vitaux et des signes vitaux orthostatiques, un examen – Prévenir les complications
pelvien visant à vérifier si l’orifice du col utérin est
– Arrêter la perte de sang
ouvert ou fermé, la présence de tissus et toute autre
cause de saignements vaginaux (érosion du col – Maintenir le volume sanguin
utérin, polype, infection, lésion vaginale ou grossesse En consultation externe, il est souvent difficile de
ectopique). Il faut mesurer l’utérus et vérifier les déterminer si un avortement spontané est complet ou
bruits du cœur fœtal à l’aide d’un Doppler si l’âge incomplet. Il est probablement plus prudent de traiter
gestationnel est de 10 à 12 semaines. tous les avortements spontanés comme des avortements
– La fréquence cardiaque peut être élevée. incomplets si les douleurs abdominales s’accompagnent
de saignements vaginaux actifs abondants.
– La tension artérielle peut être basse.
– Présence possible d’hypotension orthostatique Menace d’avortement, avortement incomplet
– La saturation en oxygène peut être anormale si la ou avortement inévitable sans perturbation
cliente est en état de choc. hémodynamique
– La cliente semble anxieuse. En l’absence d’une perturbation de l’équilibre
Examen pelvien hémodynamique, une menace d’avortement, un
avortement incomplet ou un avortement inévitable
– Menace d’avortement : orifice du col utérin fermé;
doit être traité selon les instructions du tableau 5.
présence manifeste d’écoulement sanguin de
l’orifice. Avortement inévitable ou incomplet
– Avortement inévitable : orifice du col utérin ouvert chez une cliente présentant une instabilité
et une partie du produit de conception dépasse; hémodynamique
écoulement de sang manifeste par l’orifice.
– Avortement incomplet : orifice du col utérin Consultation
ouvert; écoulement de sang manifeste par l’orifice; Consultez un médecin dès que l’état de la cliente
légère sensibilité sus-pubienne; l’utérus peut être s’est stabilisé.
petit, compte tenu de l’âge gestationnel.
Interventions non pharmacologiques
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– N’administrez rien par voie orale.
– Grossesse ectopique – Gardez la cliente au lit.
– Môle hydatidiforme – Placez-la dans la position de Trendelenburg (au
– Autres causes fréquentes de saignements vaginaux besoin) afin de faciliter le retour veineux.
(p. ex. érosion du col utérin, polype, cervicite, – Mettez en place une sonde urinaire si la cliente est
traumatisme local) en état de choc.
Pour d’autres causes de saignements, voir le – Surveillez l’apport liquidien et le débit urinaire
tableau 4, ci-dessus, dans le présent chapitre. toutes les heures.
– Visez un débit urinaire de 50 ml/h.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


12–20 Obstétrique

Traitement adjuvant Interventions pharmacologiques


Une réanimation liquidienne énergique s’impose si la oxytocine pour perfusion (Syntocinon)
cliente est en état de choc hypovolémique : (médicament de classe D), 20 unités dans 1 l de
soluté physiologique ou de lactate de Ringer,
– Amorcez un traitement IV avec du soluté 50-100 ml/h
physiologique.
Si vous ne pouvez amorcer un traitement IV et que le
– Mettez en place deux intraveineuses de gros saignement est abondant :
calibre si la cliente présente une hypotension.
– Administrez en bolus de 20 ml/kg de soluté oxytocine (Syntocinon) (médicament de
physiologique en 15 minutes. classe D), 5-10 mg IM
– Réévaluez les signes d’état de choc. ou
– Répétez des bolus de 20 ml/kg jusqu’à ce que la consultez un médecin au sujet de l’ergotamine
pression systolique se stabilise à > 90 mm Hg, puis (médicament de classe B), 0,25 m g IM
rajustez le débit de perfusion en fonction de la
sévérité des saignements vaginaux et des signes Vérifiez le facteur Rhésus (il faut administrer aux
vitaux. clientes des immuno-globulines anti-Rhésus dans les
48 heures, si cela est indiqué).
– Administrez de l’oxygène au masque à raison de
6-10 l/min; maintenez la saturation en oxygène Surveillance et suivi
> 97-98 %.
– Surveillez les saignements vaginaux, les crampes,
Reportez-vous au protocole de traitement d’un choc l’expulsion de tissus ou de caillots, les signes
hypovolémique, dans la section « État de choc » du vitaux, l’apport liquidien et le débit urinaire.
chapitre 14, « Urgences générales et traumatismes – Conservez tout le produit de conception qui a été
majeurs ». expulsé et envoyez-le à l’hôpital avec la cliente.
Orientation vers d’autres ressources
médicales
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.

Tableau 5 : Traitement d’une menace d’avortement, d’un avortement incomplet ou d’un avortement inévitable
sans perturbation hémodynamique
Menace d’avortement Avortement incomplet ou inévitable
Plus de repos, si possible. Les tissus visibles dans l’orifice du col doivent être enlevés
Acétaminophène (médicament de classe A), 500 mg, en douceur avec des pinces circulaires afin de permettre à
1-2 comprimés PO toutes les 4 heures au besoin pour l’utérus de se contracter; restreindre au minimum la
soulager la douleur. manipulation de manière à réduire le risque d’infection.
Rien dans le vagin (pas de tampons, douches, relations Envisager le goutte-à-goutte IV avec de l’oxytocine
sexuelles). (Syntocinon) (médicament de classe D) comme solution
de rechange (20 unités dans 1 l de soluté physiologique
Envisager une échographie afin de visualiser le sac ou de lactate de Ringer à raison de 50-100 ml/h).
gestationnel et l’activité cardiaque ou d’écarter une
grossesse ectopique (l’activité cardiaque permet de Si l’on ne peut amorcer de traitement IV et que le
prévoir la poursuite de la grossesse dans > 90 % des cas). saignement est abondant :
Envisager de surveiller le taux de gonadotrophine Administrer de l’oxytocine (Syntocinon) (médicament de
chorionique (HCG) à des fins de pronostic (une classe D), 5-10 mg IM
augmentation < 66 % en 48 heures permet de prévoir un ou
avortement ou une grossesse ectopique). consulter un médecin au sujet de l’ergotamine
Offrir un soutien affectif. (médicament de classe B), 0,25 mg IM (contre-indiquée
si la cliente est hypotendue).
Les clientes présentant un avortement incomplet
(expulsion de tissus et écoulement de sang continu) ont
souvent besoin d’un curetage par aspiration ou d’une
dilatation et d’un curetage.
Administrer des immuno-globulines anti-Rhésus aux
femmes ayant un Rh- dans les 48 heures.
Offrir un soutien affectif.

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Obstétrique 12–21

HÉMORRAGIE ANTEPARTUM
(TARDIVE)
CAUSES
DÉFINITION
Les deux causes les plus fréquentes en sont le
Saignement vaginal qui se produit après 20 semaines placenta praevia et le décollement placentaire, décrits
de grossesse. au table au 6

Tableau 6 : Description et classification du placenta praevia et du décollement placentaire


Placenta praevia Décollement placentaire
Définition Définition
Implantation du placenta sur le segment inférieur de l’utérus. Décollement du placenta de la paroi utérine; peut être partiel,
rarement complet.
Classification Classification
Insertion marginale : implantation basse, affleurant l’orifice du Léger : léger saignement vaginal (< 100 ml); aucune anomalie
col sans le recouvrir. de la fréquence cardiaque fœtale; aucun signe d’état de choc ou
Placenta partiellement recouvrant : recouvre partiellement de coagulopathie.
l’orifice du col. Modéré : saignement vaginal modéré (100-150 ml) et
Placenta recouvrant : recouvre complètement l’orifice du col. hypersensibilité utérine avec ou sans tonus élevé; présence
possible d’un léger état de choc et de souffrance fœtale.
Saignement sévère : saignement vaginal abondant (> 500 ml),
utérus tétanique et état de choc modéré à profond chez la mère;
la mort fœtale et la coagulopathie chez la mère sont
caractéristiques.
Prévalence Prévalence
1 accouchement sur 200 (diagnostic très souvent établi au 10 % des accouchements (forme sévère rare).
cours du deuxième trimestre, mais dans 95 % de ces cas, le
placenta praevia n’est plus présent à l’accouchement).
Facteurs de risque Facteurs de risque
Âge avancé de la mère, multiparité, cicatrice utérine Antécédents de décollement placentaire, d’hypertension chez la
antérieure, associé à un siège ou à une présentation mère, de tabagisme ou d’usage de cocaïne, âge avancé de la
transversale. mère, multiparité; peut être associé à une rupture prématurée
des membranes, à une grossesse gémellaire après
l’accouchement d’un premier enfant et à un traumatisme.
Tableau clinique Tableau clinique
Saignements vaginaux habituellement indolores (sang Saignements vaginaux dans 80 % des cas, mais le sang peut
rouge vif). être retenu derrière le placenta (c.-à-d. hémorragie
Au début, la perte de sang est peu abondante, mais les rétroplacentaire); donc, la perte de sang observée peut ne pas
saignements ont tendance à se répéter, et le volume des expliquer la perturbation hémodynamique chez la mère.
pertes augmente au fur et à mesure que la grossesse évolue. On observe habituellement de la douleur et une hypertonie de
Vérifier le facteur Rhésus. l’utérus.
L’intensité de la douleur s’accroît.
Vérifier le facteur Rhésus.
Observations Observations
Fréquence cardiaque normale ou élevée. Dépendent du degré de décollement et du volume de sang
Tension artérielle normale ou basse, ou hypotension. perdu.
Présence possible d’hypotension orthostatique. Si le décollement est léger, les signes peuvent être minimes.
Fréquence cardiaque fœtale habituellement normale. Fréquence cardiaque légèrement ou grandement accélérée.
Légère souffrance ou état de choc véritable. Tension artérielle normale ou basse, ou hypotension.
Écoulement de sang rouge vif par le vagin. Fréquence cardiaque fœtale élevée, réduite ou absente.
Hauteur du fond utérin correspondant à l’âge gestationnel. La cliente semble en état de souffrance aiguë.
Utérus mou, tonus normal, non sensible à la palpation. Elle peut être pâle ou inconsciente (si elle est en état de choc).
Taille de l’utérus correspondant à l’âge gestationnel. Saignements vaginaux modérés, abondants ou absents.
Présentations transversales, obliques ou par le siège En cas de rupture des membranes, le liquide amniotique peut
(fréquentes). être teinté de sang.
Trouble à soupçonner lorsque la présentation par le siège est La taille de l’utérus peut être plus grande que la normale,
persistante. compte tenu du stade de la grossesse.
La fréquence cardiaque fœtale dépend du volume de sang Sensibilité de l’utérus.
perdu. Hypertonie de l’utérus (tendu ou dur).
L’examen au spéculum est discutable. Présence de contractions utérines, parfois prolongées.
Le toucher vaginal est contre-indiqué. L’utérus peut ne pas se décontracter complètement entre les
contractions.

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12–22 Obstétrique

TESTS DIAGNOSTIQUES Surveillance et suivi


– Dosage de l’hémoglobine – Surveillez les signes vitaux toutes les 10-15 min
– Analyse d’urine s’il y a présence d’hypotension ou si les
saignements vaginaux continuent.
TRAITEMENT – Surveillez la fréquence cardiaque fœtale toutes
Objectifs les 15 min.
– Surveillez les signes du début du travail.
– Diagnostiquer tôt l’affection
– Évaluez la stabilité des problèmes médicaux pré -
– Réanimer et stabiliser la cliente si elle est en état existants.
de choc
– Prévenir les complications Orientation vers d’autres ressources
médicales
Consultation
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
Consultez un médecin dès que l’état de la cliente est
stabilisé.
GROSSESSE ECTOPIQUE
Interventions non pharmacologiques
– N’administrez rien par voie orale. DÉFINITION
– Gardez la cliente au lit.
Implantation et croissance de l’ovule fécondé à
– Placez la cliente dans la position de Trendelenburg l’extérieur de l’utérus. L’ovule s’implante souvent
position (au besoin) afin de favoriser le retour dans une trompe de Fallope, mais il peut aussi
veineux si elle est en état de choc. s’implanter dans la cavité abdominale, sur un ovaire
– Mettez en place une sonde urinaire si la cliente est ou dans le col de l’utérus.
en état de choc.
– Surveillez l’apport liquidien et le débit urinaire CAUSES
toutes les heures.
– Visez un débit urinaire de 50 ml/h. Inconnues

Traitement adjuvant Facteurs de risque


Une réanimation liquidienne énergique s’impose si la – Antécédents d’affection inflammatoire pelvienne
cliente est en état de choc hypovolémique : s’accompagnant d’adhérences
– Utilisation d’un stérilet
– Amorcez un traitement IV avec du soluté
physiologique. – Antécédents de chirurgie tubaire ou abdominale
– Antécédents de grossesse ectopique
– Administrez en bolus 20 ml/kg de soluté
physiologique en 15 minutes. – Infertilité relative
– Réévaluez les signes de l’état de choc. SYMPTOMATOLOGIE
– Répétez les bolus de 20 ml/kg jusqu’à ce que la
pression systolique se stabilise à > 90 mm Hg. – Aménorrhée de 6-8 semaines.
– Symptômes de grossesse suivis de saignements
– La poursuite de la thérapie intraveineuse dépend
de la réaction de la cliente à la réanimation vaginaux anormaux qui peuvent prendre
simplement la forme de saignotements brunâtres.
liquidienne initiale, de la persistance des pertes et
de la cause de l’hémorragie. – Douleur abdominale basse, unilatérale, à type de
crampe.
– Rajustez le débit de perfusion en conséquence de
manière à maintenir le débit urinaire à 50 ml/h. – Absence possible d’aménorrhée; dans ce cas, la
durée des dernières règles peut avoir été anormale.
– Administrez de l’oxygène au masque à raison de
6-10 l/min; maintenez la saturation en oxygène – Résultat positif possible à un test de grossesse.
> 97-98 %. – Vérifiez le facteur Rhésus.
Intervention pharmacologique
Aucune

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Obstétrique 12–23

Grossesse ectopique aiguë (avec rupture) DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Représente 40 % des cas – Appendicite aiguë
– Apparition soudaine d’une douleur abdominale – Infection pelvienne aiguë
basse unilatérale – Rupture ou torsion d’un kyste ovarien
– Douleur habituellement intense – Autre affection abdominale aiguë
– Douleur pouvant être constante ou intermittente – Avortement spontané
– La douleur peut être assez intense pour provoquer
un évanouissement. COMPLICATIONS
– Elle peut se généraliser ou demeurer localisée dans – État de choc
un quadrant. – Grossesse ectopique ultérieure
– Elle peut irradier jusqu’à la pointe de l’épaule (en
cas d’hémorragie massive). TESTS DIAGNOSTIQUES
– Présence fréquente de nausées et vomissements – Test de grossesse : résultat positif ou négatif
– Présence possible de lombalgie TRAITEMENT
Grossesse ectopique chronique
(sans rupture) Il faut toujours soupçonner ce problème chez une
femme sexuellement active qui présente des douleurs
– Représente 60 % des cas et des saignements vaginaux.
– Légers saignotements vaginaux persistant pendant
plusieurs jours Objectifs
– Malaise dans le bas-ventre (souvent léger) – Traiter les complications
– Dans certains cas, crises de douleurs vives et
Douleur non intense et stabilité
lipothymie
hémodynamique
– Présence possible d’une distension
OBSERVATIONS Consultation

– Fréquence cardiaque élevée Consultez un médecin.


– Tension artérielle basse ou hypotension (s’il y a
rupture) Orientation vers d’autres ressources
médicales
– Une hypotension orthostatique peut être un signe
précoce de perte de sang. Le jour même, faites passer une échographie pour
– Cliente en état de souffrance modérée à aiguë qu’un diagnostic définitif puisse être établi.
– Pâleur, sueurs
Douleur intense ou perturbation
– La cliente marche prudemment, en se penchant
légèrement en avant et en se tenant le bas-ventre. hémodynamique
– Présence possible de distension abdominale Une douleur intense et une perturbation
– Diminution possible des bruits intestinaux hémodynamique évoque la possibilité d’une rupture.
– Sensibilité du bas-ventre
– Présence possible de douleur à la décompression, Interventions non pharmacologiques
de défense musculaire ou de rigidité – Gardez la cliente au lit.
Examen pelvien – Placez la cliente dans la position de Trendelenburg
(au besoin) pour favoriser le retour veineux si elle
– Sensibilité annexielle unilatérale. est en état de choc.
– Présence possible d’une masse annexielle sensible – N’administrez rien par voie orale.
ou d’une pesanteur.
– Surveillez les signes vitaux.
– Orifice du col utérin fermé. – Mettez en place une sonde urinaire.
– Écoulement de sang par l’orifice, mais absence de
tissus.
– Douleur à la mobilisation du col.
– L’utérus peut être mou, insensible à la palpation et
hypertrophié.

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12–24 Obstétrique

Traitement adjuvant OBSERVATIONS


– Administrez de l’oxygène au masque à raison de – La tension artérielle peut être élevée.
6-10 l/min; maintenez la saturation en oxygène – La hauteur utérine peut être supérieure à la
> 97-98 %. normale, compte tenu du stade de la grossesse.
– Mettez en place 2 intraveineuses de gros calibre – Examinez toutes les matières expulsées par le
(14 ou 16) et administrez du soluté physiologique vagin afin de déceler la présence de kystes.
ou du lactate de Ringer. – Volume de l’utérus supérieur à la normale, compte
– Administrez en bolus 20 ml/kg de soluté en tenu du stade de la grossesse
15 minutes. – Présence possible d’une légère sensibilité de
– Réévaluez les signes d’état de choc. l’utérus en raison d’une surdistension
– Répétez des bolus de 20 ml/kg de soluté jusqu’à ce – Absence du corps fœtal à la palpation
que la pression systolique se stabilise à – Absence de battements du cœur fœtal
> 90 mm Hg.
La plupart des clientes présentent des symptômes
Voir le protocole de traitement du choc avant la 17e semaine de grossesse.
hypovolémique dans la section « État de choc » du
chapitre 14, «Urgences générales et traumatismes Soupçonnez cette affection chez les clientes
majeurs ». présentant les signes et symptômes suivants :

Surveillance et suivi – Hypertension gravidique au cours de la première


moitié de la grossesse.
– Surveillez étroitement les signes vitaux toutes les – Hyperthyroïdie.
5-15 min.
– Saignements pendant la grossesse, avec absence de
– Surveillez l’apport liquidien et le débit urinaire battements perceptibles du cœur fœtal et
toutes les heures.
augmentation du volume de l’utérus après
– Visez un débit urinaire de 50 ml/h. 12 semaines de grossesse.
Orientation vers d’autres ressources DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
médicales
– Menace d’avortement ou avortement inévitable.
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
Pour un diagnostic différentiel des saignements
pendant la grossesse, voir la section « Saignements
MÔLE HYDATIDIFORME pendant la grossesse », plus haut dans le présent
chapitre.
DÉFINITION
COMPLICATIONS
Masse de vaisseaux résultant de la prolifération
– Hémorragie
kystique des villosités choriales. Cette affection peut
être bénigne ou maligne. – Septicémie
– Choriocarcinome (apparaît habituellement
CAUSES plus tard)

En grande partie inconnues; anomalies génétiques TESTS DIAGNOSTIQUES


soupçonnées – Test urinaire de grossesse
– Analyse d’urine (analyse courante et microscopie)
SYMPTOMATOLOGIE – Dosage de l’hémoglobine si la cliente saigne
– Saignements vers la fin du premier trimestre et le
TRAITEMENT
début du deuxième
– Pertes de sang vaginales brun foncé à rouge clair Objectifs
– Saignotement ou hémorragie – Diagnostiquer tôt l’affection
– Expulsion de kystes (en grappes) – Prévenir les complications
– Absence de mouvements actifs du fœtus
Consultation
– Présence possible de pré-éclampsie
– Signes exagérés de grossesse Consultez un médecin si vous soupçonnez ce
– Nausées et vomissements excessifs (pouvant se diagnostic.
manifester comme une hyperemesis gravidarum)

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Obstétrique 12–25

Orientation vers d’autres ressources Consultation


médicales
Consultez un médecin dès que l’état de la cliente
Dès que possible, adressez la cliente à un médecin s’est stabilisé.
pour une évaluation définitive, qui sera fondée sur
une échographie et un dosage de la β-gonadotrophine Interventions non pharmacologiques
chorionique humaine (HCG) sérique. Le traitement – N’administrez rien par voie orale.
définitif est l’évacuation chirurgicale. – Gardez la cliente au lit.
Suivi à long terme – Gardez-la au chaud.
– Placez la cliente dans la position de Trendelenburg
Le suivi après la chirurgie est d’une importance cruciale. si elle est en état de choc hypovolémique (ce qui
peut provoquer une accumulation de sang dans
– Dosages sériés de la β-HCG (chaque semaine)
l’utérus, mais c’est utile).
jusqu’à ce qu’on obtienne trois résultats négatifs
consécutifs, puis tous les mois pendant 6-12 mois. – Procédez à un massage utérin manuel afin de
stimuler les contractions.
– Éduquez la cliente quant à la nécessité d’utiliser
une méthode anticonceptionnelle (de préférence – Une compression bimanuelle peut s’avérer
des contraceptifs oraux) afin d’éviter une grossesse nécessaire si le traitement ne permet pas d’enrayer
pendant la période de surveillance. l’hémorragie : saisissez l’utérus entre les deux
mains et exercez une pression ferme.
– Mettez en place une sonde de Foley (la distension
HÉMORRAGIE POSTPARTUM
de la vessie peut empêcher l’utérus de bien se
contracter).
L’hémorragie du postpartum est classée habituellement
comme primaire ou secondaire (tableau 7). Traitement adjuvant
– Administrez de l’oxygène au masque à raison de
La perte de sang peut souvent atteindre 600 ml après 6-10 l/min; maintenez la saturation en oxygène
un accouchement spontané par voie basse et entre > 97-98 %.
1 et 1,5 l après un accouchement par intervention – Mettez en place 2 intraveineuses de gros calibre
instrumentale ou chirurgicale. Par conséquent, il est (14 ou 16) et administrez du soluté physiologique.
essentiel d’avoir une expérience clinique pour
– Une réanimation liquidienne énergique peut
déterminer si le sang s’écoule trop rapidement ou au
mauvais moment, ou si la patiente ne réagit pas à un s’imposer pour assurer la stabilité
hémodynamique.
traitement approprié. La perte de sang sera moins
bien tolérée si la cliente a un faible taux – Administrez en bolus 20 ml/kg de liquides en
d’hémoglobine (anémie) ou si l’augmentation de son 15 minutes.
volume sanguin pendant la grossesse est insuffisante, – Réévaluez les signes de l’état de choc.
comme dans les cas de pré-éclampsie. – Répétez les bolus intraveineux de 20 ml/kg de
liquides jusqu’à ce que la pression systolique se
COMPLICATIONS stabilise à > 90 mm Hg.
– Hypotension Voir le protocole du traitement du choc
– Choc hypovolémique hypovolémique dans la section « État de choc » du
– Infection secondaire chapitre 14, « Urgences générales et traumatismes
– Septicémie majeurs ».
– Anémie
– Décès
TESTS DIAGNOSTIQUES
Aucun

TRAITEMENT
Objectifs
– Remplacer la perte de sang
– Stimuler la contraction utérine

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12–26 Obstétrique

Interventions pharmacologiques En l’absence de réponse au traitement, consultez un


médecin au sujet de l’administration de l’un ou
Pour stimuler la contraction utérine :
l’autre des médicaments suivants :
oxytocine (Syntocinon) (médicament de
classe D), 40 unités dans 1 litre de soluté maléate d’ergonovine (Ergométrine) (médicament
de classe B), 0,25 m g IM
physiologique administré à raison de 200 ml/h
ou ou
maléate d’ergonovine (Ergométrine) (médicament
oxytocine (Syntocinon) (médicament de classe D),
de classe B), 0,125 m g IV
10 unités IM immédiatement

Un bolus d’oxytocine peut provoquer une


hypotension transitoire, puis une hypertension.

Tableau 7 : Hémorragie primaire et secondaire du postpartum — Définition, causes, symptomatologie et observations


Primaire Secondaire
Définition Définition
Perte de sang > 500 ml immédiatement après Perte de sang > 500 ml par le vagin entre 24 heures et 6 semaines
l’accouchement ou dans les 24 heures qui suivent après l’accouchement (se produit habituellement entre le
10e et le 14e jour après l’accouchement)
Causes Causes
Atonie utérine Rétention de fragments placentaires
Lacération du col de l’utérus, du vagin ou du périnée Endométrite
Épisiotomie
Facteurs prédisposants : travail prolongé, travail rapide,
grande multiparité, distension de la vessie, grossesse
multiple, décollement partiel du placenta, rétention de
fragments, rétention de caillots sanguins, hémorragie
antepartum, inversion utérine
Symptomatologie Symptomatologie
Présence de l’une des causes ci-dessus Lochies rouge vif persistantes en grande ou petite quantité
Saignements vaginaux Retour possible des lochies à la normale
Agitation, anxiété Saignement soudain, sévère, rouge vif
Nausées et vomissements Expulsion de caillots et de tissus
Noter le facteur Rhésus Présence possible de fatigue et d’étourdissements (si le saignement
est lent et continu)
Présence possible des symptômes de l’état de choc (si le
saignement est soudain et aigu)
Présence possible de pertes nauséabondes et de fièvre (en cas
d’infection secondaire)
Observations Observations
Fréquence cardiaque rapide La température peut être élevée
TA basse ou hypotension Fréquence cardiaque rapide; peut être faible, filiforme (si la cliente
Hypotension orthostatique possible est en état de choc)
Possibilité de souffrance intense TA basse ou hypotension (en cas d’état de choc)
Pâleur, diaphorèse possible Hypotension orthostatique possible (signe précoce d’un état de choc
Saignement abondant continu après l’accouchement imminent)
Placenta ou membranes incomplets Souffrance modérée ou intense
Le fond de l’utérus peut être au-dessus du niveau de Fond de l’utérus haut dans l’abdomen, habituellement au niveau de
l’ombilic l’ombilic
Utérus mou, œdémateux Saignement rouge vif par le vagin
Présence possible de pertes purulentes ou nauséabondes (en cas
d’infection)
À la palpation, le fond de l’utérus est haut dans l’abdomen.
L’utérus peut être mou.
Présence possible d’une sensibilité (infection secondaire)
Examen pelvien :
Orifice utérin ouvert; écoulement de sang rouge vif par l’orifice;
présence possible de tissus dans l’orifice du col.

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Obstétrique 12–27

Surveillance et suivi SYMPTOMATOLOGIE


– Surveillez fréquemment les signes vitaux et l’état – Présence d’un ou plusieurs facteurs de risque
de la patiente. – Apparition des contractions
– Surveillez l’apport liquidien et le débit urinaire à – Contractions régulières, s’intensifiant et se
l’heure. rapprochant
– Visez un débit urinaire d’environ 50 ml/h. – Il peut y avoir eu rupture des membranes et
Orientation vers d’autres ressources expulsion de mucosités sanglantes.
médicales – Les clientes à risque doivent être identifiées au
cours du suivi prénatal courant.
Procédez à l’évacuation médicale dans les plus brefs
délais. Une intervention chirurgicale peut être OBSERVATIONS
nécessaire. – Souffrance modérée
– Si les contractions sont modérées ou fortes, on
DÉCLENCHEMENT PRÉMATURÉ peut les voir à l’examen de l’abdomen.
DU TRAVAIL – Expulsion possible du bouchon muqueux
– Contractions (force, fréquence, durée)
DÉFINITION – Sensibilité ou dureté de l’utérus
– Évaluez la position et la présentation du fœtus,
Apparition de contractions entre la l’engagement de la tête.
20e et la 37e semaine de grossesse à des intervalles de – Dilatation et effacement du col, descente et
10 minutes et durant au moins 30 secondes. Il est présentation des parties du fœtus
difficile de déterminer s’il s’agit d’un « faux – Fréquence cardiaque fœtale : observez les
travail », sauf s’il y a dilatation du col, auquel cas il
modifications lorsque les contractions se
s’agit d’un travail véritable; cependant, le fait de produisent.
retarder le traitement en attendant la dilatation du col
peut en compromettre le succès. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Contractions de Braxton-Hicks vers la fin de la
CAUSES grossesse
Souvent inconnues. Plusieurs facteurs sont associés – Faux travail vers la fin de la grossesse
au déclenchement prématuré du travail.
COMPLICATIONS
Facteurs liés à la mère – Progression vers un accouchement prématuré
– Infection (générale, vaginale, de l’appareil TESTS DIAGNOSTIQUES
urinaire, amniotite)
– Anomalies utérines – Examen microscopique du liquide amniotique
(cristallisation en feuille de fougère)
– Fibromes utérins
– Épreuve du papier tournesol (à la nitrazine) : il vire
– Rétention du stérilet
au bleu si les membranes sont rompues.
– Incompétence cervicale
– Analyse d’urine : signes d’infection
– Surdistension utérine (hydramnios, grossesse
multiple) TRAITEMENT
– Rupture des membranes
Objectifs
Facteurs liés au fœtus
– Ralentir ou interrompre le travail
– Anomalies congénitales – Assurer la naissance d’un bébé prématuré en toute
– Décès in utero sécurité, si l’accouchement est nécessaire
Consultation
Consultez un médecin.

Intervention non pharmacologique


Repos au lit en décubitus latéral gauche

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12–28 Obstétrique

Traitement adjuvant Risques associés au traitement


– Administrez de l’oxygène au masque à raison de S’il y a rupture des membranes, le risque de prolapsus
3-6 l/min. du cordon et d’amniotite est plus élevé. Le risque de
– Amorcez un traitement IV à l’aide de soluté mort fœtale augmente si le travail est interrompu dans
physiologique de manière à garder la veine les cas de retard de croissance intra -utérin (RCIU). La
ouverte. mère peut présenter une tachycardie, de la nervosité ou
– Chez les femmes ayant > 20 semaines de un œdème pulmonaire secondaire à la médication.
grossesse, dont la dilatation cervicale est < 4 cm et
dont les membranes sont intactes, tentez de stopper Le traitement médicamenteux risque d’être inefficace
les contractions utérines. si le travail est bien entamé ou si la dilatation du col
utérin est de 4 cm ou plus. En pareil cas, des mesures
Administrez les liquides en bolus, ce qui peut inhiber doivent être prises pour préparer l’accouchement
la sécrétion d’oxytocine par l’hypophyse. dans un milieu optimal. Jusqu’à présent, aucun essai
500 ml de soluté de dextrose à 5 % dans un soluté clinique contrôlé à grande échelle n’a montré que les
salé en perfusion pendant 30 minutes agents tocolytiques retardent l’accouchement.

Interventions pharmacologiques Selon l’expérience acquise jusqu’à maintenant, les


antagonistes des récepteurs β-adrénergiques peuvent
Agent tocolytique inhiber la contractilité utérine, mais ils ne prolongent
Demandez l’avis d’un médecin concernant la grossesse que de 48 heures environ en cas de
l’utilisation d’un agent tocolytique tel que le suivant : travail prématuré. Par conséquent, certains auteurs
considèrent que la tocolyse a essentiellement pour
ritodrine (Yutopar) (médicament de classe D), objectif d’interrompre le travail assez longtemps pour
150 mg dans 500 ml de soluté de dextrose à que les stéroïdes exogènes puissent stimuler la
5 % / soluté salé production de surfactants fœtaux de manière à
Commencez par 100 µg/min pendant 10 minutes. prévenir les complications pulmonaires chez les
Augmentez ensuite la dose d’environ 50 µg/min bébés prématurés.
toutes les 10 minutes jusqu’à ce que vous observiez
une réaction ou des effets secondaires Stéroïdes
(p. ex. hypotension ou tachycardie). Stéroïdes pour accélérer la maturation pulmonaire
Contre-indications fœtale :

– Signes de souffrance fœtale dexaméthasone (Decadron) (médicament de


classe B), 12,5 m g IM toutes les 24 h (2 doses)
– Anomalies fœtales
pendant 48 heures
– Décollement placentaire
– Placenta praevia s’accompagnant d’un saignement Surveillance et suivi
abondant
Surveillez les contractions utérines, les signes vitaux
– Affection grave chez la mère, telle que et la fréquence cardiaque fœtale.
cardiopathie, toxémie, hypertension ou
diabète sucré Évaluez la probabilité d’accouchement imminent
d’après les facteurs suivants :
– Dilatation et effacement du col
– Fréquence des contractions utérines
– Parité
– Antécédents obstétricaux
Prendre des mesures pour préparer l’accouchement
au besoin.
Voir la section « Accouchement au poste de soins
infirmiers », plus haut dans le présent chapitre.
Orientation vers d’autres ressources
médicales
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.

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Obstétrique 12–29

RUPTURE PRÉMATURÉE Si la rupture des membranes a été établie avec


DES MEMBRANES certitude, il faut effectuer un toucher vaginal stérile
dans le but suivant :
DÉFINITION – vérifier si le col utérin présente des modifications
et des signes indiquant le début du travail.
On considère que la rupture des membranes est
prématurée si elle se produit plus d’une heure avant DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
le début du travail. La « rupture prématurée avant
– Perte de contrôle de la vessie
terme » des membranes est une rupture qui se produit
avant 37 semaines de grossesse. – Travail prématuré
– Travail à terme
CAUSES COMPLICATIONS
– Inconnues – Infection intra-utérine
– Traumatisme abdominal – Accouchement prématuré
– Incompétence cervicale – Prolapsus du cordon
– Hydramnios
– Grossesse multiple TESTS DIAGNOSTIQUES
– Position anormale du fœtus – Examen microscopique du liquide amniotique
– Placenta praevia (cristallisation en feuille de fougère)
– Infection intra-utérine d’origine virale ou bactérienne – Analyse d’urine (analyse courante, microscopie et
culture)
SYMPTOMATOLOGIE
TRAITEMENT
– Écoulement soudain de liquide
– Parfois décrit comme une perte de contrôle de la Objectifs
vessie
– Déterminer la présence de liquide amniotique
– Peut être décrit comme un écoulement continu de
– Prévenir l’infection
liquide du vagin
– Aucune contraction utérine ressentie Consultation
– Déterminez (d’après les antécédents ou le dossier) Consultez un médecin le plus tôt possible si vous
si la cliente a eu une infection vaginale à soupçonnez une rupture prématurée des membranes.
streptocoque du groupe B pendant la grossesse.
Interventions non pharmacologiques
OBSERVATIONS
– Repos au lit
– Déterminez si la hauteur utérine correspond à l’âge
– Régime alimentaire normal (aliments tolérés)
gestationnel.
– Évaluez la perte de liquide par le vagin (couleur, – Changement de la serviette hygiénique au moins
toutes les 2 heures
odeur, volume).
– Vérifiez s’il y a saignement vaginal. Interventions pharmacologiques
– Évaluez les contractions utérines. Antibiotiques : demandez l’avis d’un médecin quant
– Évaluez l’engagement du fœtus en palpant la paroi à la nécessité d’une antibiothérapie prophylactique,
abdominale. d’après la présence d’une infection vaginale à
– Placez du papier tournesol (à la nitrazine) dans le streptocoque de type B et le tableau clinique (c.-à-d.
vagin et observez s’il vire au bleu. état fébrile ou non, travail amorcé ou non).
L’examen digital du col augmente le risque de
Stéroïdes : si le transport est retardé et que l’âge
chorio-amniotite. L’examen visuel du col avec un gestationnel est de moins de 34 semaines, consultez
spéculum stérile est donc préférable. Dans la mesure
un médecin au sujet du rôle des corticostéroïdes dans
du possible, évitez l’examen digital, à moins que la
la stimulation de la maturation pulmonaire fœtale.
cliente ne soit en travail et que l’accouchement soit
inévitable. Vérifiez s’il y a prolapsus du cordon.

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12–30 Obstétrique

Surveillance et suivi Éclampsie


– Surveillez l’évolution du travail ou le signe d’une – Une crise convulsive peut être survenue avant que
infection. la cliente vienne consulter.
– Surveillez les signes vitaux, y compris la – Myoclonie faciale évoluant rapidement vers une
température, toutes les 2 heures. rigidité du corps.
– Surveillez la fréquence cardiaque fœtale toutes les – Contraction généralisée, suivie d’un relâchement
2 heures si la cliente n’est pas en travail (sinon, des muscles du corps.
toutes les 15 minutes). – La crise dure habituellement de 60 à 75 secondes.
– Vérifiez si les pertes vaginales sont nauséabondes. – Elle est suivie d’un coma.
– Vérifiez si le fond de l’utérus devient sensible au – La cliente ne se souvient habituellement pas de ce
toucher. qui est arrivé.
Orientation vers d’autres ressources – Absence de respiration pendant une crise
médicales convulsive.
– Généralement, la cliente commence à respirer
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible. rapidement et profondément dès que la convulsion
prend fin.
PRÉ-ÉCLAMPSIE SÉVÈRE Le tiers des crises convulsives se produisent avant la
ET ÉCLAMPSIE naissance du bébé, le tiers durant le travail et le tiers
au cours des 24 premières heures du postpartum.
DÉFINITIONS
OBSERVATIONS
– Pré-éclampsie sévère : hypertension sévère, avec
– Dans le cas de l’éclampsie, les signes physiques
protéinurie et œdème, pendant la seconde moitié
sont extrêmement variables.
de la grossesse et la première semaine du
postpartum. – Dans le cas de la pré -éclampsie, ils sont plus
– Éclampsie : convulsions ou coma chez la femme uniformes.
enceinte ou l’accouchée. Les convulsions peuvent – Tension artérielle : TA systolique ≥ 160 mm Hg
se produire chez une femme légèrement ou TA diastolique ≥ 110 mm Hg, ou hypertension
hypertendue dont l’état est stable, en l’absence de relative par rapport auxlectures antérieures (chez
gain de poids excessif ou d’œdème. 20 % des éclamptiques)
– Fréquence cardiaque rapide
CAUSES
– Gain de poids imprévu (1 kg/semaine) avec ou
Prolongement d’une pré-éclampsie sans œdème (mais il n’est pas nécessaire qu’il y ait
un gain de poids excessif ou un œdème pour
SYMPTOMATOLOGIE affirmer le diagnostic).
– Fréquence cardiaque fœtale > 160 puls/min
Pré-éclampsie sévère – La cliente est en état de souffrance aiguë.
– Plus fréquente chez les jeunes primigestes ou les – Elle peut être stuporeuse, inconsciente ou en crise
multigestes plus âgées convulsive.
– Habituellement, signes et symptômes préalables de – Présence possible de vomissements ou haut -le-
pré-éclampsie cœur
– Présence possible de rétention liquidienne et de – Sensibilité de l’abdomen dans le quadrant
gain de poids sans œdème supérieur droit
– Céphalée de plus en plus sévère – Hyperactivité des réflexes tendineux profonds
– Troubles de la vue, altération de la conscience – Présence possible de clonus
– Vomissements – Urine : protéinurie de 3-4+
– Douleurs épigastriques

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Obstétrique 12–31

COMPLICATIONS Traitement adjuvant


– Blessures chez la mère pendant une crise – Administrez de l’oxygène à raison de 6-10 l/min.
convulsive – Amorcez un traitement IV avec du soluté
– Crises convulsives à répétition physiologique de manière à garder la veine
– Aspiration ouverte.
– Souffrance fœtale – Réglez le débit de perfusion en cas de perte
– Travail et accouchement prématurés inhabituelle de liquide (vomissements, diarrhée,
– Décollement placentaire autre).
– Syndrome HEHRP (Hémolyse, Enzymes Attention : une hyperhydratation par voie IV peut
Hépatiques élevées, nombre Réduit de Plaquettes) accroître le risque d’œdème pulmonaire iatrogène.
– Coagulopathie intravasculaire disséminée
Interventions non pharmacologiques
– Décès de la mère
– Décès du fœtus – Gardez la cliente alitée dans une pièce calme et
sombre.
TESTS DIAGNOSTIQUES – Placez la cliente sur le côté gauche.
– Analyse d’urine (pour la protéinurie) – Demeurez constamment auprès d’elle; ne la laissez
– Mesure de la glycémie pas seule.
– Dosage de l’hémoglobine – Ne lui administrez rien par voie orale.
– Protégez ses voies respiratoires.
TRAITEMENT – Insérez une canule oropharyngée dans la bouche
Objectifs de la cliente, au besoin.
– Assurez-vous que la respiration et la ventilation
– Prévenir une hémorragie intracrânienne et des sont adéquates.
lésions graves à d’autres organes vitaux
– Gardez une canule oropharyngée et un ballon
– Prévenir les convulsions Ambu près du lit.
– Prévenir les blessures chez la mère pendant les – Aspirez et essuyez les sécrétions buccales.
convulsions
– Consignez l’heure, la durée et le type des
Consultation convulsions.
Consultez un médecin dès que l’état de la cliente – Mettez en place une sonde de Foley que vous
s’est stabilisé et que vous être en mesure de le faire. fixerez à une poche de drainage afin de surveiller
de près le débit urinaire (mesure recommandée); le
débit urinaire devrait être supérieur à 25 ml/h.
Il faut discuter de la stabilisation de l’état de la – Vérifiez le taux de protéines dans l’urine toutes les
cliente avec le centre spécialisé afin de déterminer le heures.
traitement médicamenteux à amorcer et la nécessité
de poursuivre le traitement durant le transport. Si du
sulfate de magnésium ou du chlorhydrate
d’hydralazine (Apresoline) est administré durant le
transport, un médecin doit accompagner la cliente. En
cas de dépression respiratoire, l’intubation
endotrachéale et la ventilation de la patiente peuvent
s’avérer nécessaires.

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12–32 Obstétrique

Interventions pharmacologiques Précautions à prendre avec l’hydralazine


Administrez par perfusion en 15 minutes : – Les effets antihypertenseurs apparaissent dans un
délai de 30-60 minutes et durent environ
sulfate de magnésium (médicament de classe B), 3-6 heures.
2-4 g dans 100 ml de soluté physiologique à l’aide
– Contre-indication : cardiopathie.
d’une chambre compte -gouttes
– Effets secondaires : tachycardie, palpitations,
Ensuite, réévaluez la fréquence respiratoire et les lipothymie, céphalée, hypotension.
réflexes. Administrez ce médicament en effectuant un
Surveillance et suivi
branchement en Y sur la tubulure de perfusion
principale. – Surveillez constamment l’état de conscience et la
fréquence respiratoire; surveillez les réflexes
Le sulfate de magnésium est un dépresseur du tendineux profonds (rotuliens) et la TA toutes les
système nerveux central qui réduit l’irritabilité 15 min; surveillez la fréquence cardiaque fœtale
neuromusculaire. Il peut provoquer une vasodilation toutes les 30 min.
et une baisse de la tension artérielle. Symptômes de – Si la fréquence respiratoire est de 8-12/min, si les
toxicité du sulfate de magnésium : dépression ou réflexes sont diminués ou si le débit urinaire a été
arrêt respiratoire, diminution ou absence de réflexes < 100 ml au cours des 4 dernières heures, réduisez
tendineux profonds, arrêt cardiaque, coma. En cas de de 50 % la dose de sulfate de magnésium
surdosage, l’antidote est le gluconate de calcium administrée par voie IV.
(médicament de classe B). Gardez près du lit une – Si la fréquence respiratoire est < 8/min ou si les
seringue préremplie de gluconate de calcium réflexes sont absents, cessez d’administrer du
injectable à 10 % . sulfate de magnésium, puis déclampez la tubulure
Après la dose d’attaque de sulfate de magnésium : principale de lactate de Ringer et réglez le débit de
perfusion à 100 ml/h. Consultez un médecin, puis
solution de 20 g de sulfate de magnésium dans 1 l administrez l’antidote :
de soluté physiologique ou de lactate de Ringer,
gluconate de calcium à 10 % (médicament de
1-2 g/h (50-100 ml/h)
classe B), 10 ml (1 g) IV en 5-10 minutes
Le transport de la cliente peut débuter une fois qu’on En cas de crise convulsive :
a administré la totalité de la dose d’attaque et qu’on a
commencé à administrer la dose d’entretien. – Aspirez les sécrétions dans le rhino-pharynx au
besoin.
Une thérapie antihypertensive doit compléter cette – Administrez de l’oxygène.
médication si la pression diastolique de la mère est
≥ 105 mm Hg : – Placez la cliente sur le côté et placez des coussins
de manière à la maintenir dans cette position.
hydralazine (Apresoline) (médicament de – Consignez la durée de la crise convulsive et
classe B), 5 m g IM immédiatement ou 1 m g IV son type.
comme dose-test, puis 5-25 m g IV en 2-4 minutes; – Après la crise convulsive, évaluez les contractions
il faudra peut-être répéter la dose au bout de
utérines, le saignement vaginal, la sensibilité de
20-30 minutes (5-10 mg IV) si la TA ne baisse pas
suffisamment avec la première dose.
l’utérus, la douleur abdominale et la fréquence
cardiaque fœtale.
En cas d’hypertension sévère (pression diastolique – Consultez un médecin au sujet de l’administration
≥ 110 mm Hg), il faut envisager l’administration d’un d’autres anticonvulsivants.
agent antihypertenseur : – Si la crise se prolonge, envisagez l’intubation.
hydralazine (Apresoline) (médicament de Orientation vers d’autres ressources
classe B), 5-10 mg par l’administration médicales
intermittente de bolus IV
Dès que l’état de la cliente s’est stabilisé, procédez à
Vérifiez la tension artérielle toutes les 5 minutes. l’évacuation médicale.
Ne faites pas baisser la TA diastolique à < 90 mm Hg
car cela réduirait l’irrigation placentaire et serait
néfaste pour le fœtus. Les changements brusques de la
TA risquent d’entraîner un décollement placentaire.

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CHAPITRE 13 – SANTÉ DES FEMMES
ET GYNÉCOLOGIE

Table des matières

ÉVALUATION DE L’APPAREIL REPRODUCTEUR DE LA FEMME ............ 13–1


Anamnèse et examen physique ..................................................... 13–1
Examen de l’appareil reproducteur de la femme ............................. 13–2

QUESTIONS LIÉES À LA SANTÉ DES FEMMES


ET PROBLÈMES GYNÉCOLOGIQUES COURANTS ................................. 13–3
Saignements utérins anormaux ..................................................... 13–3
Saignements utérins dysfonctionnels ............................................. 13–4
Dysménorrhée................................ ................................ .............. 13–7
Masses aux seins ......................................................................... 13–8
Mastite......................................................................................... 13–9
Vulvovaginite...............................................................................13–11
Papillomavirus (HPV) (verrues génitales) ......................................13–13
Infection pelvienne .......................................................................13–14
Contraception..............................................................................13–16
Ménopause .................................................................................13–20
URGENCES GYNÉCOLOGIQUES ...........................................................13–22
Douleur pelvienne aiguë d’origine gynécologique...........................13–22

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13–1

ÉVALUATION DE L’APPAREIL REPRODUCTEUR DE LA FEMME


ANAMNÈSE ET EXAMEN PHYSIQUE Méthodes de contraception
– Méthodes utilisées (antérieurement et actuellement)
GÉNÉRALITÉS – Difficultés rencontrées, méthode appropriée ou non.
– Raisons de l’interruption, le cas échéant.
Chaque symptôme doit être noté et examiné en
fonction des caractéristiques suivantes : Sexualité

– Apparition (soudaine ou graduelle) – Orientation sexuelle


– Régularité des rapports sexuels
– Évolution dans le temps
– Situation actuelle (amélioration ou aggravation) – Nombre de partenaires au cours des 12 derniers mois
– Symptômes associés (p. ex. douleur, saignements
– Localisation
après les rapports sexuels)
– Irradiation
– Dysfonction sexuelle
– Qualité
Seins
– Fréquence et durée
– Sévérité – Sensibilité, douleur liées au cycle menstruel
– Facteurs déclenchants et aggravants – Rougeur, œdème, écoulement des mamelons
– Facteurs de soulagement – Changement de forme, présence de masses
– Symptômes associés – La cliente allaite-t-elle?
– Répercussions sur les activités quotidiennes Système lymphatique
– Épisodes similaires diagnostiqués auparavant – Œdème, sensibilité des ganglions (axillaires,
– Traitements antérieurs inguinaux)
– Efficacité des traitements antérieurs Pertes vaginales
SYMPTÔMES DOMINANTS – Apparition, couleur, odeur, consistance, quantité.
– Lien avec les règles
En plus des caractéristiques générales décrites ci- – Symptômes connexes (p. ex. écoulement rectal ou
dessus, il faut aussi explorer les symptômes urétral, brûlures ou démangeaisons vaginales,
spécifiques suivants. symptômes urinaires, malaise, douleurs
Antécédents menstruels abdominales, fièvre).
– Lien avec les médicaments (p. ex. antibiotiques,
– Âge à l’apparition des règles stéroïdes).
– Intervalles, régularité et durée des règles et volume – Antécédents d’infections vaginales ou pelviennes;
du flux menstruel leur traitement.
– Date des dernières règles Douleurs
– Étaient-elles normales?
– Apparition, localisation, irradiation, nature, intensité.
– Dysménorrhée
– Lien avec les règles.
– Symptômes prémenstruels (p. ex. œdème,
céphalées, sautes d’humeur, douleurs) – Facteurs aggravants et atténuants.
– Saignements utérins anormaux – Emploi d’analgésiques; leur effet.
– Symptômes de ménopause – Symptômes connexes gastro-intestinaux, urinaires
ou vaginaux.
– Âge à la ménopause
– Les symptômes sont-ils liés à la rencontre d’un
– Saignements postménopausiques
nouveau partenaire sexuel?
Antécédents obstétricaux Autres symptômes connexes
– Nombre de grossesses, d’avortements, d’enfants – Ulcérations
nés vivants ou mort -nés.
– Lésions persistantes
– Difficultés lors des grossesses, des accouchements. – Sensation de relâchement du périnée (impression
– Poids des bébés à la naissance. que les organes pelviens tombent ou sortent)
– Stérilité – Stérilité
– Infection génitale

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13–2 Santé des femmes et gynécologie

EXAMEN DE L’APPAREIL VAGIN


REPRODUCTEUR DE LA FEMME – Inflammation
– Atrophie
GÉNÉRALITÉS – Pertes
– État de santé apparent – Lésions, ulcérations, excoriations
– Bien-être ou souffrance apparente – Masses
– Teint (p. ex. rouge ou pâle) – Indurations ou nodosités
– État nutritionnel (obésité ou maigreur) – Relâchement du périnée (demandez à la cliente de
pousser vers le bas et observez toute saillie
– Correspondance entre l’apparence et l’âge déclaré
possible de la paroi vaginale)
de la cliente
COL DE L’UTÉRUS
SIGNES VITAUX
– Position, couleur, forme, taille, consistance (voir
– Température
ci-dessous)
– Pouls
– Écoulements
– Fréquence respiratoire
– Érosions, ulcérations
– Tension artérielle
– Sensibilité
SEINS – Saignement après contact
– Examinez les seins de la cliente en position assise Consistance des tissus du col : en temps normal, le
puis allongée sur le dos. col est de couleur rose et est ferme au toucher, un peu
– Évaluez les points suivants : symétrie, forme, comme le bout du nez. Pendant la grossesse, il est de
couleur de la peau, épaississement, capitonnage de douleur bleuâtre et est plus mou, un peu comme les
la peau, rétraction du tissu cutané, veines, lèvres de la bouche.
rougeurs, stries.
– Examinez les mamelons : symétrie, écoulement, UTÉRUS
érosion, croûtes, couleur. – Position
– Palpez les seins et les creux axillaires : – Taille
consistance, sensibilité, masses. – Forme
GANGLIONS LYMPHATIQUES – Consistance des tissus utérins
– Mobilité
Palpez les régions suivantes pour en déterminer – Douleur à la mobilisation
l’enflure, la sensibilité, la mobilité et la consistance :
– Haut du corps : ganglions sus -claviculaires, sous- ANNEXES
claviculaires, axillaires, épitrochléens Les ovaires ne sont généralement pas perceptibles à
– Bas du corps : ganglions inguinaux la palpation, à moins d’être hypertrophiés ou que la
cliente ne soit très mince.
ORGANES GÉNITAUX EXTERNES
– Sensibilité
– Pilosité
– Masses
– Grandes et petites lèvres : lésions, ulcérations,
– Consistance
masses, indurations, régions de différentes
couleurs – Forme
– Clitoris : taille, lésions, ulcérations – Mobilité
– Urètre : écoulements, lésions, ulcérations – Douleur annexielle très vive à la mobilisation du
col ou de l’utérus (forte réaction)
– Glandes de Skene et de Bartholin : masses,
écoulements, sensibilité
– Périnée : lésions, ulcérations, masses, indurations,
cicatrices
– Anus : lésions, ulcérations, sensibilité, fissures,
hémorroïdes

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Santé des femmes et gynécologie 13–3

QUESTIONS LIÉES À LA SANTÉ DES FEMMES ET PROBLÈMES


GYNÉCOLOGIQUES COURANTS

SAIGNEMENTS UTÉRINS ANORMAUX

DÉFINITION
Saignements utérins anormaux, que ce soit par leur quantité, leur durée ou le moment de
leur apparition. Les termes utilisés pour décrire ces saignements sont basés sur la
périodicité et l’abondance de l’écoulement (tableaux 1 et 2).

Tableau 1 : Terminologie utilisée pour décrire les saignements utérins anormaux


Terme Définition
Ménorragie Saignements prolongés ou anormalement abondants, à des intervalles réguliers
Métrorragie Saignements utérins irréguliers, fréquents, de quantité variable mais non excessive
Ménométrorragie Saignements prolongés ou excessifs, à des intervalles irréguliers
Polyménorrée Saignements à des intervalles de moins de 21 jours
Oligoménorrhée Saignements à des intervalles de plus de 35 jours
Aménorrhée Aucun saignement utérin pendant au moins 6 mois
Pertes intermenstruelles Saignements utérins entre les cycles réguliers

Tableau 2 : Diagnostic différentiel des saignements utérins anormaux


Type Causes
Saignements utérins dysfonctionnels (p. ex. Cycles anovulatoires
ménorragie)
Saignements utérins pendant la prise de CO Oubli de pilules
Malabsorption des CO
Déséquilibre hormonal dû aux CO (voir plus loin)
Dose trop faible
Infection génitale
Saignements utérins au cours de la première moitié Activité œstrogénique inadéquate des CO
du cycle pendant la prise de CO
Saignements utérins au cours de la seconde moitié Activité progestative inadéquate des CO
du cycle pendant la prise de CO
Saignements postcoïtaux Affection du col utérin
Cancer de l’endomètre
Saignements postménopausiques Cervicite ou vaginite atrophique
Cancer de l’endomètre
Saignements liés à des troubles du col utérin Érosion, polype, cervicite, dysplasie, cancer
Saignements liés à des troubles de l’endomètre Polype, saignements utérins dysfonctionnels, fibrome utérin, cancer
(chez les femmes ménopausées)
Saignements causés par un stérilet Irritation, infection
Saignements causés par une infection Infection pelvienne, cervicite
Saignements liés à des troubles endocriniens Hypothyroïdie, hyperthyroïdie, maladie de Cushing, hyperprolactinémie,
stress (affectif, excès d’exercice), syndrome des ovaires polykystiques,
dysfonctionnement ou tumeur des surrénales
Saignements liés à des troubles hématologiques Traitement anticoagulant, dyscrasie
Saignements liés à des complications de la Grossesse ectopique, avortement spontané, môle hydatidiforme
grossesse
CO = contraceptifs oraux

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13–4 Santé des femmes et gynécologie

SAIGNEMENTS UTÉRINS Saignements utérins dysfonctionnels


DYSFONCTIONNELS ovulatoires
Ce trouble est moins courant que les saignements
DÉFINITION anovulatoires. Les saignements utérins dysfonctionnels
chez les femmes ayant un cycle ovulatoire se présentent
Saignements utérins anormaux non causés par une sous la forme de saignements réguliers cycliques.
pathologie génitale, des médicaments, une maladie
générale ou la grossesse. C’est la cause la plus La ménorragie peut dénoter un trouble de saignement
fréquente (90 % des cas) de saignements utérins ou une lésion structurale, telle qu’un fibromyome
anormaux, mais le diagnostic se fait par élimination. utérin, une adénomyose ou des polypes
endométriaux.
CAUSES
Jusqu’à 20 % des adolescentes qui consultent pour
Le problème est habituellement lié à l’un des trois une ménorragie présentent une maladie hémorragique
déséquilibres hormonaux suivants : saignements comme la maladie de Von Willebrand. Une affection
secondaires à l’œstrogénothérapie, à une hépatique entraînant des anomalies de la coagulation
progestéronothérapie ou à l’arrêt de et une insuffisance rénale chronique peut aussi causer
l’œstrogénothérapie. une ménorragie.

Saignements utérins dysfonctionnels La polyménorrhée est habituellement causée par une


insuffisance lutéale ou une phase folliculaire courte.
anovulatoires
L’anovulation est la cause la plus courante de L’oligoménorrhée chez une femme qui ovule est
saignements utérins dysfonctionnels chez les femmes habituellement causée par une phase folliculaire
en âge de procréer. Elle est particulièrement prolongée.
fréquente chez les adolescentes. Jusqu’à 80 % des Les pertes intermenstruelles peuvent être causées par
cycles menstruels sont anovulatoires au cours de la une affection du col ou par la présence d’un stérilet.
première année qui suit l’apparition des règles. Les
cycles deviennent ovulatoires entre 18 et 20 mois Les saignotements au milieu du cycle peuvent être la
après les premières règles. conséquence d’une chute rapide du taux
d’œstrogènes avant l’ovulation.
Certaines femmes ont encore des cycles anovulatoires
après la maturation de l’axe hypothalamo -hypophysaire. Pour connaître les autres causes de saignements
Une perte de poids, des troubles de l’alimentation, le utérins anormaux, voir le tableau 2 plus haut, dans le
stress, une maladie chronique ou un excès d’exercice présent chapitre.
sont autant de facteurs pouvant causer une anovulation
d’origine hypothalamique.
Le syndrome des ovaires polykystiques est une autre
cause d’anovulation. Cet état œstrogénique sans
opposition augmente le risque d’hyperplasie
endométriale et de cancer.
Certaines femmes présentant une anovulation
chronique ne se classent pas dans ces catégories et
sont considérées comme ayant une anovulation
chronique idiopathique.

Toutes les causes d’anovulation indiquent un état


déficitaire en progestérone.

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Santé des femmes et gynécologie 13–5

SYMPTOMATOLOGIE Vous devez effectuer un examen gynécologique complet,


– Âge (p. ex. âge de procréer ou ménopause) c’est-à-dire prendre la tension artérielle de la cliente, la
peser, examiner sa glande thyroïde, ses seins, son
– Volume, durée, fréquence, intervalle des pertes
sanguines. abdomen et sa région pelvienne (palpation bimanuelle).
– Tentez de déterminer si les cycles sont ovulatoires L’examen pelvien consiste à vérifier attentivement la
ou anovulatoires (voir le tableau 3 dans le présent région génitale à la recherche de lacérations, d’une
chapitre) pathologie vulvaire ou vaginale et de lésions ou de
– Date des dernières règles normales polypes sur le col de l’utérus. L’examen bimanuel de
– La cliente utilise-t-elle une méthode de contraception? l’utérus peut révéler une hypertrophie due à des
(Type? Le mode d’utilisation est-il approprié?) fibromes, une adénomyose ou un cancer de l’endomètre.
– Hormonothérapie de remplacement si la femme est
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
ménopausée
– Possibilité de grossesse Voir le tableau 2 de la section « Saignements utérins
– Signes indiquant que la cliente saigne facilement anormaux » plus haut, dans le présent chapitre.
(p. ex. gencives) ou a tendance à faire des
ecchymoses, ce qui évoque une coagulopathie. TESTS DIAGNOSTIQUES
– Présence de douleurs associées aux saignements – Test urinaire de grossesse pour toutes les clientes
– Antécédents de problèmes gynécologiques : en âge de pro créer
résultat anormal à un test de Papanicolaou, – Formule sanguine (pour évaluer la perte de sang et
fibromes, maladies transmises sexuellement vérifier si la numération plaquettaire est
(MTS), tumeur maligne gynécologique, épisodes appropriée)
antérieurs de saignements utérins anormaux – Temps de prothrombine (PT) et temps de
– Antécédents d’affection thyroïdienne, rénale ou céphaline (PTT)
hépatique – Taux d’hormone thyréotrope (TSH) et de
– Antécédents d’exercice physique intense (pouvant prolactine
causer ce genre de problème) – Épreuves de la fonction hépatique
– Antécédents de troubles de l’alimentation ou de – Prélèvements cervicaux et vaginaux en vue de
stress affectif ou psychologique significatif cultures
– Date et résultat du test de Papanicolaou le plus récent – Test de Papanicolaou
– Date et résultat de la mammographie la plus – Échographie pelvienne si vous soupçonnez une
récente si la cliente a l’âge de subir des tests de pathologie organique
dépistage (50-69 ans)
Il faut envisager une biopsie de l’endomètre au début
OBSERVATIONS de l’investigation pour toute femme de plus de 35 ans
ou toute femme qui a des antécédents d’exposition
Un saignement utérin anormal est un symptôme et
non une maladie. Les observations sont variables, prolongée à des œstrogènes sans opposition chez
selon les causes sous-jacentes. Les résultats de laquelle on n’observe aucune réponse aux méthodes
de traitement initiales.
l’examen peuvent être faussement normaux ou
manifestement anormaux. Ces tests doivent être prescrits par un médecin.

La biopsie de l’endomètre et l’échographie doivent


être effectuées au début de l’investigation des
saignements chez toute femme ménopausée.

Tableau` 3 : Caractéristiques des cycles menstruels ovulatoires et anovulatoires


Caractéristique Cycle ovulatoire Cycle anovulatoire
Durée du cycle Normale Imprévisible
Symptômes prémenstruels Présents Aucun
Pertes de sang Dysménorrhée Pertes de sang imprévisibles; saignotements fréquents;
pertes abondantes peu fréquentes
Seins Sensibles Non sensibles
Courbe de la température Biphasique Monophasique
basale
Autre Modification de la glaire cervicale
Syndrome intermenstruel

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13–6 Santé des femmes et gynécologie

TRAITEMENT Femmes recevant une hormonothérapie de


remplacement
Objectifs
Les femmes sous hormonothérapie de remplacement
– Exclure la possibilité d’une maladie organique
présentent souvent des saignements anormaux et
– Régulariser le cycle menstruel 30 % d’entre elles sont atteintes d’une affection
– Prévenir les complications utérine. Parmi les autres causes de saignements,
Le traitement dépend de la cause des saignements. figurent les lésions au col de l’utérus, les affections
vaginales ou l’hormonothérapie elle -même.
Femmes en préménopause
Les femmes qui reçoivent une hormonothérapie
Si la femme en âge de procréer n’est pas enceinte, si séquentielle peuvent présenter des saignements
les résultats de l’examen physique sont normaux et si secondaires au milieu du cycle lorsqu’elles ont oublié de
toutes les causes pathologiques, structurales et prendre des pilules ou en raison d’interactions
iatrogènes sont exclues, les saignements utérins médicamenteuses ou d’une malabsorption. Si des
anormaux sont généralement dysfonctionnels et saignements imprévus surviennent au cours de deux
peuvent être traités par une hormonothérapie. Voir le cycles ou plus, une évaluation plus poussée est indiquée.
tableau 4 plus loin, dans le présent chapitre.
Consultation
Femmes ménopausées
Consultez un médecin avant de demander des tests
Chez les femmes ménopausées présentant des diagnostiques et au sujet des pharmacothérapies
saignements utérins anormaux, il faut surtout redouter possibles si un traitement urgent s’impose.
le cancer de l’endomètre. On observe ce cancer chez 5
à 10 % des femmes ménopausées. Les saignements
peuvent avoir d’autres causes : cancer du col de
l’utérus, cervicite, vaginite atrophique, atrophie
endométriale, fibromes sous-muqueux, hyperplasie de
l’endomètre et polypes de l’endomètre.
Tableau 4 : Traitement pharmacologique des saignements utérins dysfonctionnels
Groupe d’âge Traitement Commentaires
Préménopause CO (médicament de classe B Les CO monophasiques ou triphasiques à faible dose (35 µg)
lorsqu’on les utilise pour traiter les peuvent régulariser les cycles tout en empêchant la conception.
saignements utérins
dysfonctionnels)
Médroxyprogestérone Si la contraception n’entre pas en ligne de compte, la
(médicament de classe B), médroxyprogestérone peut être utilisée pour régulariser les
10 mg/jour PO pendant 10 jours cycles. Chez une femme présentant une aménorrhée ou une
ou oligoménorrhée, la prise de ce médicament tous les 3 mois peut
Depo-Provera (médicament de offrir une protection contre l’hyperplasie endométriale.
classe B), 150 mg IM tous les
3 mois
Périménopause Médroxyprogestérone Peut être prise tous les mois pour régulariser les saignements.
(médicament de classe B),
10 mg/jour PO pendant 10 jours
CO (médicament de classe B) Utiliser habituellement des pilules de 20 µg. On peut poursuivre
la CO jusqu’à ce que la femme soit ménopausée. Il faut ensuite
passer à une HTR (la CO peut être relativement contre-indiquée
chez les femmes de plus de 35 ans qui fument).
Postménopause HTR cyclique (médicaments de On peut envisager une augmentation de la dose de progestérone
(femmes sous classe B) si l’on observe des saignements de retrait précoces; augmenter
HTR) la dose d’œstrogènes en présence de saignements
intermenstruels.
HTR d’association continue* On peut augmenter la dose d’œstrogènes pendant 1-3 mois pour
(médicament de classe B) stabiliser l’endomètre. On peut aussi essayer d’augmenter la
dose de progestérone. Si les saignements continuent, il faut
envisager de changer le schéma posologique : opter pour une
HTR cyclique ou un type différent d’œstrogènes
CO = Contraceptifs oraux; HTR = Hormonothérapie de remplacement.
* Jusqu’à 40 % des femmes qui suivent une hormonothérapie de remplacement d’association continue ont des saignements
irréguliers au cours des 4-6 premiers mois du traitement (Rubin et al. 1996). Les saignements sont plus fréquents lorsque
l’hormonothérapie est amorcée moins de 12 mois après la ménopause.

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Santé des femmes et gynécologie 13–7

Surveillance et suivi OBSERVATIONS


– Suivez la cliente tous les mois jusqu’à ce que les – Résultats de l’examen physique habituellement
cycles soient réguliers. normaux.
– Au besoin, surveillez le taux d’hémoglobine si les – Fièvre possible en cas de dysménorrhée secondaire
saignements abondants persistent malgré le traitement. (infection).
Orientation vers d’autres ressources médicales – Décelez la présence d’une infection vaginale, du
cordon du stérilet.
– Au besoin, orientez la cliente (si son état est – Sensibilité possible du col utérin à la mobilisation
stable) vers un médecin en vue d’une évaluation et de l’utérus à la palpation.
approfondie et d’un traitement.
– Décelez les problèmes suivants : masses
annexielles, hypertrophie de l’utérus, enflure et
DYSMÉNORRHÉE sensibilité des ganglions lymphatiques inguinaux.
DÉFINITION DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Règles douloureuses. – Infection pelvienne
– Endométriose
CAUSES
– Stérilet
– Dysménorrhée primaire : contractions utérines – Sténose du col
normales pendant les règles.
– Kyste ovarien hémorragique
– Dysménorrhée secondaire : endométriose, stérilet,
infection pelvienne COMPLICATIONS
SYMPTOMATOLOGIE – Absentéisme (travail ou école)
Dysménorrhée primaire TESTS DIAGNOSTIQUES
– Débute de 6 à 12 mois après l’apparition des règles Aucun
– Douleurs au bas-ventre et au dos
– Douleurs fluctuantes à type de crampes TRAITEMENT
– Durée : de quelques heures à quelques jours Objectifs
– Commencent avant ou pendant les règles
– Symptômes associés : nausées, diarrhée, céphalées, – Distinguer la dysménorrhée primaire de la
bouffées vasomotrices, syncope (rarement) dysménorrhée secondaire
– Peuvent s’intensifier au fil des ans – Enrayer les symptômes
– S’atténuent habituellement après la naissance du – Déterminer les facteurs prédisposants, les causes
premier enfant sous-jacentes

Dysménorrhée secondaire Consultation

– Débute plusieurs années après l’apparition des Si la cliente ne répond pas au traitement de première
règles (entre la fin de la vingtaine et la quarantaine). intention, prenez des dispositions pour qu’elle
– Douleurs modérées ou intenses. consulte un médecin (rendez-vous non urgent).
– Peuvent apparaître quelques jours avant le Interventions non pharmacologiques
déclenchement des règles.
– Douleurs constantes ou intermittentes. En cas de dysménorrhée primaire, rassurez la cliente
– Aggravées par le mouvement ou l’effort pendant la en lui expliquant qu’elle n’est atteinte d’aucune
défécation. affection génitale et que le problème disparaîtra
probablement de lui-même.
– Peuvent être localisées ou irradier dans tout le bas-
ventre.
– Symptômes associés possibles : nausées et
vomissements, diarrhée ou constipation, céphalées,
dyspareunie, écoulement vaginal, malaise.
– Les symptômes peuvent être présents pendant
toute la durée du cycle ou apparaître un peu avant
le déclenchement des règles et durer pendant
toutes ces dernières.

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13–8 Santé des femmes et gynécologie

Éducation de la cliente Surveillance et suivi


– Aidez la cliente à comprendre la physiologie du Réévaluez les symptômes au bout de 6 mois.
cycle menstruel normal et la raison pour laquelle
des douleurs peuvent apparaître. Orientation vers d’autres ressources
– Expliquez à la cliente l’utilisation appropriée des médicales
médicaments (dose, fréquence, effets secondaires).
Orientez la cliente vers un médecin si vous
– Enseignez à la cliente les mouvements de bascule soupçonnez une cause secondaire de dysménorrhée
du bassin qui peuven t atténuer la douleur et les ou si le traitement ne permet pas de soulager les
maux de dos. symptômes.
– Suggérez-lui d’utiliser des bouillottes d’eau
chaude et des serviettes tièdes pour atténuer la
douleur. MASSES AUX SEINS
Si la cliente porte un stérilet, envisagez une infection DÉFINITION
ou une mauvaise position du stérilet (qu’il faudra
alors peut-être enlever). Masse ou irrégularité dans un sein. Il peut y en avoir
une seule ou plusieurs.
Interventions pharmacologiques
Pour traiter les symptômes légers de la dysménorrhée CAUSES
primaire chez une cliente jeune et en santé : – Modifications dues à une mastose sclérokystique
ibuprofène (Motrin) (médicament de classe A), – Effets hormonaux cycliques sur les tissus
200 mg, 1-2 comprimés PO tid ou qid au besoin mammaires normaux
– Affection bénigne du sein
Si la cliente est jeune, en santé et sexuellement active
et qu’elle ait aussi besoin d’une méthode – Affection maligne
anticonceptionnelle, amorcez un traitement par des – Traumatisme (hématome)
CO (médicament de classe A). – Infection s’accompagnant d’un engorgement des
canaux galactophores
Voir les tableaux 6 à 8 du présent chapitre pour de
l’information sur les contraceptifs oraux. SYMPTOMATOLOGIE
– Découverte d’une masse dans le sein
Pour soulager les symptômes modérés ou sévères,
utilisez un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS); – Déterminez le moment du cycle menstruel où la
pour le cycle menstruel en cours seulement, utilisez masse a été découverte (les seins sont parfois
l’un des produits suivants : grumeleux à la palpation avant ou pendant les
règles).
naproxen (Naprosyn) (médicament de classe C), – Vérifiez si la cliente a déjà eu des masses aux
comprimés de 250 mg, 2 comprimés
seins.
immédiatement, puis 1 comprimé tid ou qid au
besoin pendant 1 ou 2 jours – Posez des questions sur les points suivants :
ou
douleur, écoulement des mamelons, rougeur du
sein, modifications cutanées, lactation.
acide méfénamique (Ponstan) (médicament de – Prise de médicaments (p. ex. CO)
classe C), comprimés de 250 mg, 2 comprimés
PO immédiatement, puis 1 comprimé PO – Antécédents d’affection mammaire ou antécédents
tid ou qid au besoin pendant 1 ou 2 jours familiaux (membres féminins de la parenté au
premier degré) d’affection mammaire.
Chez une femme présentant une dysménorrhée – Traumatisme récent au sein
modérée ou sévère, le fait de prendre des AINS avant
– Présence de fièvre ou de signes généraux de
le début des règles permet de mieux maîtriser la
maladie
douleur.

Ces préparations sont contre-indiquées chez les


clientes allergiques à l’acide acétylsalicylique (AAS)
ou ayant des antécédents d’ulcère gastro-duodénal.

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Santé des femmes et gynécologie 13–9

OBSERVATIONS Éducation de la cliente


– Examinez visuellement la cliente en position – Montrez à la cliente comment procéder à l’auto-
assise, d’abord avec les bras le long du corps, puis examen des seins.
avec les bras levés au-dessus de la tête. – En cas de masses bénignes, suivez la cliente à
– Répétez l’examen en position allongée. intervalles réguliers et recommandez-lui de revenir
– Évaluez la symétrie (taille, forme, contour). à la clinique si elle constate des changements.
– Vérifiez les aspects suivants : rougeur, – Informez et aidez la cliente avant d’entreprendre
capitonnage ou épaississement cutané. quelque procédure d’investigation que ce soit.
– Vérifiez s’il y a écoulement du mamelon ou Orientation vers d’autres ressources
formation de croûtes. médicales
– Palpez les seins et les creux axillaires en position
assise, puis allongée. Dès que possible, orientez la cliente vers un
chirurgien en vue d’un diagnostic définitif.
– Décelez les masses, la sensibilité, la chaleur, les
ganglions lymphatiques.
– Demandez à la cliente de localiser la masse. MASTITE
– Décrivez les masses en précisant leur taille, leur
délimitation, leur consistance (p. ex. dures, fermes, DÉFINITION
molles, liquides), leur forme, leur mobilité et leur
position. Inflammation et infection du sein.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL CAUSES


– Cancer – Habituellement, Staphylococcus aureus; à
– Affection bénigne du sein l’occasion, des streptocoques.
– Mastite avec ou sans abcès Facteurs de risque
TESTS DIAGNOSTIQUES – Engorgement des canaux galactophores chez les
femmes qui allaitent
– Mammographie de dépistage tous les 2 ans de
– Mauvaise hygiène mammaire
l’âge de 50 à 69 ans.
– Fissure des mamelons (crevasses)
– Mammographies plus fréquentes si la cliente est à
haut risque. SYMPTOMATOLOGIE
– Échographie du sein si vous découvrez une masse.
– Accouchement récent (2 semaines ou plus avant la
TRAITEMENT consultation)
– Sein(s) atteint(s) : dur(s) et rouge(s)
Objectifs – Douleur mammaire intense
– Exclure rapidement les affections graves. – Fièvre et frissons associés
Consultation OBSERVATIONS
Consultez un médecin dès que possible si vous – Fièvre
découvrez une masse sur un sein. – Fréquence cardiaque rapide
Interventions non pharmacologiques – Souffrance modérée
– Le sein atteint présente des régions rouges ou
– Dépistage mammographique régulier : incitez les striées et enflées.
femmes de 50-69 ans (et les plus jeunes
– Les mamelons peuvent être excoriés, fissurés ou
lorsqu’elles sont à risque) à subir une
engorgés de lait.
mammographie de dépistage tous les 2 ans.
– Épiderme chaud au toucher
– Région atteinte rouge, dure (indurée) et sensible
– Masse fuyante au doigt (indique la présence d’un
abcès)
– Ganglions axillaires enflés et sensibles

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


13–10 Santé des femmes et gynécologie

COMPLICATIONS Interventions pharmacologiques


– Abcès Mastite bénigne ou modérée
– Interruption de l’allaitement en raison de la
douleur, ce qui peut entraîner un engorgement Antibiotiques oraux :
mammaire cloxacilline (Orbénine) (médicament de classe A),
– Septicémie 250-500 mg PO qid pendant 10 jours
TESTS DIAGNOSTIQUES En cas d’allergie à la pénicilline :
– Obtenez un échantillon de lait en vue d’une culture érythromycine (E-Mycin) (médicament de classe
et d’un antibiogramme. A), 250 mg PO qid pendant 10 jours

TRAITEMENT Antipyrétiques et analgésiques :

Objectifs acétaminophène (Tylenol) (médicament de


classe A), 325 ou 500 mg, 1-2 comprimés PO
– Enrayer l’infection. toutes les 4-6 h au besoin
– Prévenir les récidives (en enseignant à la cliente ou (en cas de douleur modérée ou intense)
les soins appropriés des seins ). o
acétaminophène avec codéine (Tylenol N 2)
Interventions non pharmacologiques (médicament de classe C), 1-2 comprimés toutes
les 4 h au besoin (maximum : 15 comprimés)
Expliquez à la cliente qu’elle doit prendre les
mesures suivantes : Surveillance et suivi
– Appliquer des compresses tièdes qid pour atténuer – Revoyez la cliente après 24 et 48 heures.
la douleur.
– Surveillez la formation possible d’un abcès.
– Il est important de vider régulièrement le sein
atteint toutes les 6 heures, à la fois manuellement TRAITEMENT DE LA MASTITE SÉVÈRE
et en allaitant.
Si la cliente semble très souffrante, fiévreuse et
Éducation de la cliente incommodée, suivez les recommandations suivantes.
– Expliquez à la cliente l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence). Traitement adjuvant
– Recommandez à la cliente de poursuivre Amorcez un traitement IV avec du soluté
l’allaitement ou d’utiliser un tire -lait de façon à physiologique afin de garder la veine ouverte.
enrayer l’engorgement et à prévenir une nouvelle
stagnation de lait. Consultation et interventions
– Conseillez la cliente sur la façon d’améliorer son pharmacologiques
hygiène mammaire afin de prévenir l’infection et Dans la mesure du possible, consultez un médecin au
de soulager les mamelons fissurés. sujet d’une antibiothérapie par voie IV; sinon,
– Suggérez à la cliente d’appliquer une lotion amorcez le traitement :
inodore pour faciliter la cicatrisation des
mamelons et prévenir les crevasses. cloxacilline (Orbénine) (médicament de classe D),
500-1 000 mg IV toutes les 6 h
– Suggérez à la cliente de porter un soutien-gorge
bien ajusté pour atténuer la douleur. En cas d’allergie à la pénicilline :
érythromycine (Erythrocin) (médicament de
classe A), 500-1 000 mg IV toutes les 6 h

Orientation vers d’autres ressources


médicales
Transférez la cliente à l’hôpital; une incision et un
drainage peuvent s’avérer nécessaires.

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Santé des femmes et gynécologie 13–11

VULVOVAGINITE RÉSULTATS DES ANALYSES DE


LABORATOIRE
DÉFINITION – Microscopie : des Trichomonas vivants, ou encore
de spores ou des filaments mycéliens de Candida
Inflammation et irritation de la muqueuse vaginale. peuvent être observés sur une préparation à l’état
frais de soluté physiologique.
CAUSES – Une préparation à l’état frais d’hydroxyde de
– Causes les plus courantes : infection à Candida, potassium (KOH) permet d’observer des « clue
Trichomonas ou Gardnerella vaginalis (vaginose cells », cellules épithéliales vaginales couvertes de
bactérienne). bactéries, qui sont associées à la vaginose
– Causes moins courantes : autres bactéries bactérienne.
vaginales anaérobies.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Autres causes : atrophie de la muqueuse vaginale
chez les femmes ménopausées, irritants chimiques, – Maladies transmises sexuellement (MTS)
corps étranger. concomitantes
– Vaginite athrophique chez les femmes
SYMPTOMATOLOGIE ménopausées
– Pertes vaginales – Cystite
– Irritations, démangeaisons ou brûlures vaginales
TESTS DIAGNOSTIQUES
– Irritations, démangeaisons ou brûlures vulvaires
secondaires – Effectuez un prélèvement vaginal pour un
– Dyspareunie superficielle (rapports sexuels antibiogramme ou une culture courante et pour
douloureux lors de l’intromission) déceler la présence de gonorrhée ou de
chlamydiose.
– Les symptômes peuvent être récurrents
– Vérifiez tout lien possible avec l’usage récent – Effectuez une préparation à l’état frais de soluté
d’antibiotiques physiologique : recherchez les Trichomonas, les
spores de levure, les filaments mycéliens.
– Présence possible de symptômes urinaires
– Effectuez une préparation à l’état frais
– Présence possible de saignotements vaginaux d’hydroxyde de potassium : recherchez des « clue
– Vérifiez si la cliente utilise un stérilet cells » (vaginose bactérienne).
– Renseignez-vous aussi sur les points suivants : – Déterminez le pH des leucorrhées à l’aide d’une
diabète sucré ou symptômes associés à cette bandelette réactive, si vous en avez sous la main.
maladie, usage de stéroïdes, ménopause ou signes – Obtenez un échantillon d’urine en vue d’examens
avant-coureurs de la ménopause.
(microscopie et culture) courants.
OBSERVATIONS
TRAITEMENT
Les signes physiques associés à la vulvovaginite (de
Objectifs
causes diverses) sont présentées au tableau 5.
– Faire la distinction entre les différentes causes de
L’examen au spéculum et la palpation bimanuelle vaginite.
peuvent être légèrement à moyennement douloureux – Enrayer les symptômes.
selon la sévérité de la vaginite. – Déterminer les facteurs prédisposants.
– Prévenir de nouvelles infections.

Tableau 5 : Observations en cas de vulvovaginite


Candidose Trichomonase Vaginose bactérienne Vaginite atrophique
Rougeur des organes génitaux Rougeur des organes génitaux Pertes grise peu abondantes à Muqueuse vaginale
externes; paroi vaginale externes; exsudat verdâtre moyennement abondantes, sèche, mince, lisse et
recouverte d’exsudat blanc spumeux abondant, odeur d’odeur désagréable (odeur pâle; présence possible
adhérent; lorsque l’exsudat est désagréable; col utérin « de poisson »). de minuscules lésions à
enlevé, la région sous-jacente excorié, qui saigne facilement. la surface de la
peut saigner. muqueuse.

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13–12 Santé des femmes et gynécologie

Interventions non pharmacologiques Vaginose bactérienne soupçonnée

Éducation de la cliente Interventions pharmacologiques


Expliquez à la cliente qu’elle doit prendre les métronidazole (Flagyl) (médicament de classe A),
mesures suivantes : 500 mg PO bid pendant 7 jours

– Faire un usage approprié des médicaments (dose, Indiquez à la cliente qu’elle doit s’abstenir de
fréquence, importance d’observer le traitement). consommer de l’alcool pendant qu’elle prend de la
– S’abstenir d’avoir des rapports sexuels (ou utiliser métronidazole en raison des effets secondaires
des condoms) jusqu’à ce que l’infection soit analogues à ceux de l’Antabuse provoqués par ce
jugulée. médicament.
– S’abstenir de consommer de l’alcool si elle
emploie des préparations à base de métronidazole. N’utilisez pas le métronidazole chez les femmes
enceintes ou qui allaitent, ni chez celles atteintes
– Utiliser un lubrifiant en cas de vaginite atrophique. d’alcoolisme chronique. Utilisez plutôt le
– Éviter de porter des sous-vêtements trop serrés en médicament suivant :
tissu synthétique en cas de candidose à répétition.
amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),
– Observer les règles d’hygiène périnéale de façon à 500 mg PO tid pendant 7 jours
éviter de nouvelles infections.
Candidose soupçonnée Surveillance et suivi
– Revoyez la cliente au bout de 7-10 jours, une fois le
Interventions pharmacologiques traitement terminé.
clotrimazole (Canesten) (médicament de classe – Le traitement du partenaire sexuel n’est
A), crème à 1 % ou ovule PV une fois par jour habituellement pas indiqué.
pendant 6 ou 7 jours
Infection à Trichomonas vaginalis
ou
soupçonnée
miconazole (Monistat) (médicament de classe A),
crème vaginale à 2 % ou ovule de 200 mg PV une Interventions pharmacologiques
fois par jour pendant 6 ou 7 jours
métronidazole (Flagyl) (médicament de classe A),
Surveillance et suivi 2,0 g PO immédiatement en une seule dose
ou
– Revoyez la cliente au bout de 7-10 jours, une fois le
traitement terminé. métronidazole (Flagyl) (médicament de classe A),
– Vérifiez la glycémie en cas de vaginite à levure 250 mg PO tid pendant 7 jours
récurrente. Indiquez à la cliente qu’elle doit s’abstenir de consommer
– Chez les femmes qui prennent des CO et qui ont de l’alcool pendant qu’elle prend de la métronidazole en
des infections fréquentes, les CO peuvent être un raison des effets secondaires analogues à ceux de
facteur prédisposant. l’Antabuse provoqués par ce médicament.
– Dans les cas d’infections vaginales à levure
récurrentes et d’origine inconnue, l’application de N’utilisez pas le métronidazole chez les femmes enceintes
yogourt nature dans le vagin peut aider à prévenir ou qui allaitent, ni chez celles présentant un alcoolisme
les rechutes (une fois que le traitement par la chronique. Utilisez plutôt le médicament suivant :
crème ou les ovules est terminé). amoxicilline (Amoxil) (médicament de classe A),
– La balanite à Candida chez le partenaire sexuel 500 mg PO tid pendant 7 jours
masculin doit être traitée à l’aide d’une pommade
topique à base de clotrimazole ou de miconazole. Expliquez à la cliente qu’elle doit s’abstenir d’avoir
des rapports sexuels pendant 3-4 jours.
Traitez le partenaire sexuel :
métronidazole (Flagyl) (médicament de classe A),
2,0 g PO immédiatement en une seule dose

Surveillance et suivi
– Revoyez la cliente au bout de 7-10 jours, une fois
le traitement terminé.

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Santé des femmes et gynécologie 13–13

PAPILLOMAVIRUS (HPV) (VERRUES TESTS DIAGNOSTIQUES


GÉNITALES) – L’identification visuelle suffit dans la plupart des
cas.
DÉFINITION – Cytologie : le test de Papanicolaou est utile, mais
des résultats indiquant une koilocytose, une
Le papillomavirus (HPV) est un micro-organisme dyskératose, une atypie kératinisante, une
transmis sexuellement. Condylomes acuminés, verrues inflammation atypique et une parakératose sont
génitales et verrues vénériennes sont les autres noms tous évocateurs d’un papillomavirus.
des manifestations du papillomavirus. – Histologie : le diagnostic des lésions subcliniques,
d’une dysplasie et d’une tumeur maligne se fait par
CAUSES colposcopie et biopsie dirigée.
Le papillomavirus, un virus à ADN de croissance TRAITEMENT
lente de la famille des papovavirus, est le micro-
organisme responsable de l’affection. Plus de 70 Consultation
souches du virus ont été répertoriées. Les verrues
peuvent apparaître à peine 1-2 mois après Consultez un médecin afin qu’il prescrive un
l’exposition, mais la plupart des infections demeurent médicament pour traiter les verrues externes.
subcliniques. Interventions non pharmacologiques
Facteurs de risque
Éducation de la cliente
– Premier rapport sexuel à un jeune âge – Expliquez à la cliente que le traitement élimine les
– Partenaires sexuels multiples verrues visibles mais non le virus, et qu’aucun
– Antécédents d’infections transmissibles traitement ne s’est révélé efficace à cette fin.
SYMPTOMATOLOGIE – Insistez sur le fait que l’ablation des verrues peut
réduire la charge virale et la transmissibilité de
– Petites « bosses » ou verrues génitales indolores l’agent pathogène.
– Prurit – Conseillez à la cliente de s’abstenir d’avoir des
– Saignements pendant et après le coït rapports sexuels tant que les lésions sont présentes.
– Pertes vaginales malodorantes Interventions pharmacologiques
– Dysurie
– Le traitement n’est pas recommandé pour les
– Excroissances ressemblant à des verrues dans la
infections subcliniques (absence de verrues
région génitale, saillantes et rugueuses ou plates et exophytiques)
lisses.
– Appliquez chaque semaine, sur les verrues
– Lésions uniques ou groupées, dont la taille varie
externes visibles, de la résine de podophylle
de moins d’un mm de diamètre à des agrégats
ayant un aspect en chou-fleur. (podophylline à 25 %) (médicament de classe B)
dans un composé de teinture de benjoin jusqu’à la
– Papillomes de couleur rose pâle. disparition des verrues.
OBSERVATIONS – Vous pouvez appliquer de la gelée de pétrole sur la
peau entourant les verrues, afin de protéger les
Excroissances ressemblant à des verrues dans la régions non atteintes.
région génitale, qui sont saillantes et rugueuses ou – Indiquez à la cliente qu’elle doit enlever la résine
plates et lisses. en se lavant au bout de 4 heures.
Pour vérifier si la paroi vaginale présente des lésions, – Si les verrues n’ont pas été éliminées après six
appliquez de l’acide acétique à 3 % (vinaigre); le applications, envisagez un autre traitement.
vinaigre blanchit les lésions et les rend visibles.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
– Condylomes
– Molluscum contagiosum
– Cancer

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


13–14 Santé des femmes et gynécologie

Surveillance et suivi SYMPTOMATOLOGIE


– Un suivi à court terme n’est pas recommandé si la Peut se manifester de façon aiguë ou subaiguë.
patiente est asymptomatique après le traitement.
– En règle générale, femmes jeunes et sexuellement
– Un suivi à long terme doit inclure un test de actives.
Papanicolaou et des examens pelviens annuels.
– Femmes ayant des partenaires sexuels multiples
– Encouragez la patiente à examiner ses organes (prévalence cinq fois plus grande)
génitaux.
– Partenaire de la cliente ayant des partenaires
Il existe une association établie entre l’infection à sexuelles multiples
papillomavirus et la survenue ultérieure du cancer du – Emploi d’un stérilet comme méthode de contraception
col. Par conséquent, pour les femmes présentant une – Douleurs d’apparition récente dans le bas -ventre
telle infection, un dépistage annuel au moyen du test – Fièvre et frissons
de Papanicolaou s’impose. – Pertes vaginales possibles
Orientation vers d’autres ressources – Présence possible de perturbations du cycle
médicales menstruel ou de dyspareunie
– Nausées et vomissements
Consultez un médecin ou dirigez la cliente vers un
médecin si les lésions persistent après six traitements – Anorexie
consécutifs ou si vous diagnostiquez des verrues – Symptômes urinaires
cervicales ou rectales.
OBSERVATIONS
– Fièvre possible
INFECTION PELVIENNE
– Accélération possible de la fréquence cardiaque
– Cliente en état de souffrance légère à sévère
DÉFINITION – Sensibilité abdominale, avec ou sans
Infection ascendante de l’utérus et des trompes de décompression brusque de la paroi abdominale
Fallope. Peut être aiguë ou chronique. – Leucorrhée possible
– Sensibilité légère à sévère à la palpation
CAUSES bimanuelle du col et de l’utérus
– Causes les plus courantes : Neisseria gonorrhoeae, – Sensibilité du col à la mobilisation
Chlamydia – Sensibilité annexielle
– Autres causes : bactéries anaérobies, Escherichia – Sensation de plénitude annexielle ou de masse
coli, streptocoques du groupe B – Signes possibles de péritonite
– Origine souvent polymicrobienne
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Facteurs de risque
– Cervicite
– Partenaires sexuels multiples – Grossesse ectopique
– Partenaire ayant des partenaires sexuelles – Masse annexielle avec rupture ou torsion (p. ex.
multiples torsion d’un kyste ovarien)
– Emploi d’un stérilet – Pyélonéphrite
– Manœuvre instrumentale transcervicale (p. ex. – Appendicite
insertion d’un stérilet)
– Affection intestinale inflammatoire
– Diverticulite
COMPLICATIONS
– Épisodes récurrents (dans 15 à 25 % des cas)
– Abcès tubo-ovarien (dans 15 % des cas)
– Septicémie
– Infertilité (prévalence de 12 % après un épisode)
– Douleurs pelviennes chroniques (dans 20 % des cas)
– Adhérences
– Risque accru de grossesse ectopique (risque quatre
à huit fois plus élevé)

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Santé des femmes et gynécologie 13–15

TESTS DIAGNOSTIQUES Interventions pharmacologiques


– Formule sanguine Antibiothérapie en consultation externe :
– Prélèvements vaginaux et cervicaux en vue d’une
céfoxitine (Mefoxin) (médicament de classe B),
culture et d’un antibiogramme, ainsi que pour
2 g IM
rechercher N. gonorrhoeae et Chlamydia
et
– Test urinaire de grossesse
probénécide (Benemid) (médicament de classe
TRAITEMENT D), 1 g PO immédiatement
puis
Objectifs
– Soulager les symptômes doxycycline (Vibramycin) (médicament de classe
A), 100 mg PO bid pendant 14 jours
– Prévenir les complications
ou
Consultation
tétracycline (Tetracyn) (médicament de classe A),
– Consultez un médecin, car les médicaments de 500 mg PO qid pendant 14 jours
première intention doivent être prescrits par un ou
médecin.
érythromycine (E-Mycin) (médicament de classe
– Les infections pelviennes peuvent être traitées par A), 500 mg PO qid pendant 14 jours
une antibiothérapie, soit dans le cadre d’une
hospitalisation, soit en consultation externe. En cas d’allergie à la pénicilline, utilisez seulement la
doxycycline ou la tétracycline.
Interventions non pharmacologiques
Analgésique et antipyrétique :
Éducation de la cliente
acétaminophène (Tylenol) (médicament de classe
– Expliquez à la cliente l’évolution de la maladie, le A), 500 mg, 1-2 comprimés PO toutes les 4 h au
pronostic et les complications ultérieures. besoin
– Expliquez à la cliente l’utilisation appropriée des
médicaments (dose, fréquence, importance Surveillance et suivi
d’observer le traitement) – Revoyez la cliente après 24-48 heures et prévoyez
– Recommandez-lui de se reposer davantage pendant une visite de suivi au bout de 7-10 jours.
la phase aiguë. – Demandez-lui de revenir à la clinique si les
– Apprenez-lui les règles d’hygiène périnéale. symptômes s’aggravent malgré le traitement.
– Recommandez à la cliente d’éviter les rapports – Tous les partenaires sexuels doivent faire l’objet
sexuels et l’emploi de tampons. d’un examen visant à déceler les symptômes de
– Conseillez la cliente quant aux pratiques sexuelles MTS.
sans risque (p. ex. utilisation de condoms pour
prévenir d’autres épisodes). TRAITEMENT EN MILIEU HOSPITALIER
– Recommandez à la cliente de revenir à la clinique Indications d’hospitalisation
si les symptômes s’aggravent ou s’il n’y a aucune
amélioration après 48-72 heures. – La cliente ne répond pas au traitement.
– Nulliparité, en particulier chez les femmes de
moins de 20 ans
– Grossesse
– Présence d’un abcès tubo-ovarien
– Présence de symptômes gastro-intestinaux
– Présence d’un stérilet
– La cliente semble très malade.
– Incapacité d’exclure les urgences chirurgicales
comme cause de l’affection (p. ex. grossesse
ectopique ou appendicite)
– Diagnostic incertain
– Intolérance de la cliente au traitement en
consultation externe
– Cliente non fiable; on prévoit la non-adhésion au
traitement et du suivi

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13–16 Santé des femmes et gynécologie

Consultation CONTRACEPTION
Consultez un médecin afin qu’il prescrive un
médicament et pour organiser le transfert de la DÉFINITION
patiente.
Prévention de la grossesse.
Traitement adjuvant
CONSEILS QUANT AU CHOIX D’UNE
– Gardez la cliente au lit MÉTHODE CONTRACEPTIVE
– Amorcez un traitement IV avec du soluté
physiologique afin de garder la veine ouverte. Méthodes de barrière
– Prélevez du sang en vue d’une culture (3 – Évaluez la motivation de la cliente, la mesure dans
échantillons) laquelle elle se sent à l’aise avec ces méthodes et
Interventions pharmacologiques sa capacité de les utiliser systématiquement.
– Expliquez le mode d’emploi des condoms.
Antibiotiques IV :
– Expliquez le mode d’emploi des applicateurs de
céfoxitine (Mefoxin) (médicament de classe B), gel et de mousse.
2,0 g IV toutes les 6 h – Selon la disponibilité du dispositif et votre
et capacité, donnez un diaphragme de la taille
doxycycline (Vibramycin) (médicament de classe A), appropriée à la cliente ou dirigez celle -ci vers un
100 mg PO toutes les 2 h médecin.
– Montrez à la cliente comment mettre en place le
En cas d’allergie à la doxycycline ou à la diaphragme et demandez-lui de le faire à son tour.
tétracycline :
– Contre-indications relatives à l’emploi d’un
érythromycine (Erythrocin) (médicament de diaphragme : cystites à répétition et antécédents de
classe A), 500 mg IV toutes les 6 h syndrome de choc toxique.

N’administrez pas de céfoxitine aux clientes Prévention de l’ovulation – Contraceptifs


allergiques à la pénicilline, à cause du risque de oraux
réaction croisée. – Méthode consistant à prévenir la grossesse
empêchant la libération de l’ovule et en entraînant
Les femmes enceintes doivent faire l’objet d’une des modifications de la glaire cervicale, de
attention particulière : ne leur donnez pas de la l’endomètre et de la motilité des trompes.
doxycycline. Consultez un médecin au sujet du choix – Un test de Papanicolaou (frottis cervico-vaginal)
des antibiotiques. doit être effectué tous les ans.
Surveillance et suivi – Montrez à la cliente comment procéder à l’auto-
examen des seins une fois par mois.
Surveillez fréquemment les signes vitaux et les
symptômes. – Expliquez à la cliente le mode d’emploi des CO
(elle doit prendre la pilule sans faute tous les jours
Orientation vers d’autres ressources à la même heure).
médicales – Indiquez à la cliente qu’elle doit revenir à la
clinique dans les cas suivants : céphalées, douleur
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible. dans les jambes ou œdème des jambes,
aménorrhée ou saignements intermenstruels.
– Indiquez à la cliente que si elle oublie de prendre
sa pilule pendant 2 jours consécutifs, ou si elle a
des vomissements ou de la diarrhée, elle devra
utiliser une méthode de barrière pendant le reste du
cycle, en plus des CO, pour éviter une grossesse.

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Santé des femmes et gynécologie 13–17

Prévention de l’implantation – Stérilet Interventions non pharmacologiques


– Expliquez de quelle façon le stérilet prévient la – Discutez de toutes les méthodes de contraception :
grossesse. méthodes de barrière, spermicides, diaphragme,
– Contre-indications absolues : antécédents stérilet, CO, injections de Depo-Provera.
d’infections pelviennes ou infection pelvienne – Vu que le tabagisme augmente le risque de
active. complications graves liées aux CO, il faudrait
– Habituellement, le stérilet est contre-indiqué chez offrir à la cliente des consultations de renoncement
les nullipares. au tabac si elle décide d’utiliser des CO.
– Contre-indications relatives : antécédents de MTS – Incitez la cliente à utiliser des condoms en plus de
à répétition ou de grossesse ectopique, partenaires la méthode de contraception choisie de manière à
multiples, règles abondantes et dysménorrhée. prévenir les maladies transmises sexuellement.
Stérilisation – Ligature des trompes et – Si elle a l’expérience et les connaissances voulues,
l’infirmière peut elle -même déterminer la taille du
vasectomie
diaphragme, si elle se sent à l’aise de le faire, ou
– Les deux partenaires devraient être présents lors de diriger la cliente vers le médecin lors de sa
cette visite afin d’être bien renseignés et conseillés prochaine visite au poste.
s’ils le souhaitent. – Pour les adolescentes et les jeunes femmes, les CO
– Les clients doivent être absolument sûrs de ne plus ou le Depo-Provera (injections) son t les méthodes
vouloir d’enfants, puisque, à toutes fins pratiques, de choix.
il s’agit d’interventions irréversibles.
Prescription de contraceptifs oraux
– Ligature des trompes : consiste à insuffler de l’air
dans l’abdomen, puis à sectionner et à suturer les Le choix des CO dépend de divers facteurs :
trompes de Fallope sous anesthésie générale.
– Absence de contre-indications à l’utilisation de CO
– Vasectomie : consiste à sectionner et à suturer les (voir le tableau 7, plus loin)
canaux déférents (peut s’effectuer en clinique
– Caractéristiques du flux menstruel habituel (peu
externe).
abondant, moyen ou abondant) (voir le tableau 8,
Les deux interventions comportent des risques et plus loin)
certains effets déplaisants qu’il faut expliquer aux – Présence de dysménorrhée
clients. – Caractéristiques de la peau (teint clair, peau grasse,
acné, hyperpilosité).
TRAITEMENT
– Poids de la cliente (faible poids, poids moyen ou
Voir le tableau 6, plus loin, concernant les principes surcharge pondérale)
d’utilisation des contraceptifs oraux.
Choisissez les CO en fonction du profil de la cliente.
Objectifs
– Prévenir la grossesse
– Prévenir les maladies transmises sexuellement
– Déceler les effets secondaires et les corriger.

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13–18 Santé des femmes et gynécologie

Tableau 6 : Principes d’utilisation des contraceptifs oraux


Anamnèse et examen physique
Avant de prescrire des CO, il faut procéder à une anamnèse et à un examen complets.
Obtenez les antécédents médicaux, gynécologiques et obstétricaux complets (voir la section « Évaluation de l’appareil
reproducteur de la femme » plus haut dans le présent chapitre).
En particulier, relevez les affections chroniques (p. ex. cardiopathie, thrombose veineuse profonde, hypertension,
migraines, affection pelvienne, infection génitale, épilepsie) ou les médicaments pouvant entraver la contraception orale.
Examinez l’utilisation de méthodes contraceptives dans le passé, leur efficacité, les problèmes rencontrés, la raison pour
laquelle la cliente a cessé de les utiliser, les contre-indications particulières.
Tests de laboratoire
Procédez à un frottis vaginal (test de Papanicolaou) et à des prélèvements en vue de détecter Chlamydia et
N. gonorrhoeae chez toutes les clientes qui ont eu des relations sexuelles.
Effectuez un test urinaire de grossesse.
Dose initiale
Pour les jeunes femmes en santé, commencez par une dose quotidienne de 30-35 µg d’œstrogènes, associée à la dose
la plus faible possible de n’importe quel type de progestérone, de manière à procurer une contraception efficace et un
cycle régulier.
Le traitement par la médroxyprogestérone (Depo-Provera) (médicament de classe B), 150 mg IM tous les 3 mois, et par
tout CO renfermant 50 µg d’œstrogènes ne doit pas être amorcé par l’infirmière.
Femmes plus âgées
Tant que la cliente est menstruée, elle peut tomber enceinte.
La cliente doit continuer d’utiliser un moyen de contraception pendant l’année qui suit la ménopause (c.-à-d. absence de
règles pendant 1 an).
Une association de CO faibles en œstrogènes (20 µg) est utile, à condition que la cliente ne fume pas et que la prise de
CO ne soit pas contre-indiquée.
Postpartum : clientes qui n’allaitent pas
Les femmes qui n’allaitent pas peuvent s’attendre à voir réapparaître leurs règles environ 6 semaines après
l’accouchement.
La cliente peut recommencer la CO n’importe quand après l’accouchement.
Si la cliente prévoit allaiter, il faut attendre 72 heures après l’accouchement avant d’administrer du Depo-Provera.
L’augmentation des thromboses liées à la prise de CO au cours de cette période est minime.
Postpartum : clientes qui allaitent
Chez les femmes qui allaitent, le moment où les règles reviennent varie beaucoup.
Une ovulation peut se produire en l’absence de menstruation.
Chez les clientes qui allaitent, on peut donner des CO à base de progestérone seulement (p. ex. noréthindrone [Micronor]
ou administrer du Depo-Provera par voie IM).
Remarque :
Il est inutile de prévoir une période de « repos » pour la cliente habituée à prendre des CO.
Les CO peuvent être pris (en l’absence d’effets indésirables) jusqu’à la ménopause; cependant, si la cliente a plus de 35
ans, elle ne doit pas fumer.
Après la ménopause, d’autres méthodes de contraception doivent être envisagées.
La cliente doit continuer d’utiliser un moyen de contraception pendant toute l’année qui suit sa ménopause (c.-à-d.
absence de règles pendant 1 an).

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Santé des femmes et gynécologie 13–19

Tableau 7 : Contre-indications à l’utilisation de contraceptifs oraux


Contre-indications absolues Contre-indications de principe Contre-indications relatives
Throbophlébite, troubles Céphalées sévères, en particulier céphalées vasculaires Antécédents familiaux
thrombo-emboliques ou migraines importants de diabète sucré
Troubles cérébrovasculaires Hypertension (TA de 140/90 mm Hg ou plus) Antécédents de cholestase
durant la grossesse
Cardiopathie ischémique, Diabète sucré
coronaropathie Hyperbilirubinémie
Affection active de la vésicule biliaire congénitale (maladie de
Cancer connu ou soupçonné du Gilbert)
sein Mononucléose infectieuse, phase aiguë
Insuffisance hépatique au
Néoplasie Drépanocytose moment où la cliente consulte
oestrogéno-dépendante connue ou au cours de la dernière
ou soupçonnée Chirurgie élective lourde prévue au cours des 4
prochains mois ou chirurgie lourde nécessitant une année
Grossesse confirmée ou immobilisation Manque de fiabilité connu
soupçonnée (cliente peu susceptible de
Plâtre sur toute la jambe ou blessure grave à la partie
prendre la pilule
Tumeur hépatique bénigne ou inférieure de la jambe
correctement).
maligne
Femmes de 40 ans ou plus
Saignements génitaux anormaux
non diagnostiqués Femmes d’au moins 35 ans fumant beaucoup (plus de
15 cigarettes par jour)

Tableau 8 : Choix des contraceptifs oraux


Caractéristiques de la cliente CO de départ
Flux menstruel peu abondant Triphasil, Ortho 0,5/35, Brevicon 0,5/35, Demulen 30 (médicaments de classe A)
Flux menstruel moyennement Triphasil, Demulen 30, Ortho 10/11 (médicaments de classe A)
abondant
Flux menstruel très abondant LoEstrin 1,5/30, MinOvral Ortho 1/35, Brevicon 1/35, Ortho 10/11 (médicaments de classe A)
Flux menstruel anormalement Consulter un médecin
abondant (cycles anovulatoires)
Dysménorrhée LoEstrin 1,5/30, MinOvral Ortho 1/35, Brevicon 1/35, Ortho 10/11 (médicaments de classe A)
Tendance à avoir la peau Demulen 30, Triphasil, Ortho 0,5/35, Brevicon 0,5/35 (médicaments de classe A)
grasse ou de l’acné, à prendre
du poids ou à avoir une
hyperpilosité

Cas où une surveillance étroite s’impose Surveillance et suivi


– Dépression – Le premier examen de contrôle devrait avoir lieu
– Épilepsie au bout de 3 mois.
– Antécédents familiaux d’hyperlipidémie – Les femmes en bonne santé devraient subir des
– Antécédents familiaux de décès du père, de la examens tous les ans, y compris le test de
mère, d’un frère ou d’une sœur en raison d’un Papanicolaou.
infarctus du myocarde, avant l’âge de 50 ans. – Incitez les femmes à s’examiner les seins et
montrez-leur comment procéder.
Consultez un médecin avant de donner des CO aux
clientes présentant des « contre-indications relatives » Orientation vers d’autres ressources
(voir tableau 7) ou à celles qui doivent faire l’objet médicales
d’une surveillance étroite (voir plus haut). Ne donnez Orientez vers un médecin toutes les femmes
pas de CO aux clientes présentant des « contre- souhaitant utiliser un stérilet, se faire stériliser ou
indications de principe » (voir tableau 7). recevoir du Depo-Provera.

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13–20 Santé des femmes et gynécologie

MÉNOPAUSE COMPLICATIONS
– Difficultés d’adaptation à cette nouvelle étape de
DÉFINITION la vie
– Anxiété
Arrêt des règles pendant au moins un an chez une
– Dépression
femme qui était auparavant menstruée.
– Ostéoporose
CAUSES TESTS DIAGNOSTIQUES
– Vieillissement normal – Dosage de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et
– Insuffisance ovarienne prématurée (comme dans le de l’hormone thyréotrope (TSH) (si le diagnostic
cas d’une ménopause avant l’âge de 40 ans) n’est pas clair ou si la cliente a moins de 40 ans)
– Chirurgie – Densitométrie osseuse (effectuée à la demande du
– Chimiothérapie ou pharmacothérapie médecin)
– Radiothérapie – Mammographie de dépistage tous les 2 ans
SYMPTOMATOLOGIE TRAITEMENT
– Âge moyen de survenue : 51 ans Objectifs
– Survient habituellement entre 45 et 55 ans
– Offrir du soutien à la cliente et la rassurer.
– Cycles menstruels irréguliers
– Prévenir les complications.
– Au début, les cycles peuvent être courts et
s’accompagner d’une ménorragie occasionnelle. Consultation
– Par la suite, les cycles deviennent plus longs et Fixez un rendez-vous (non urgent) avec un médecin
s’espacent; le flux menstruel est peu abondant.
si les symptômes sont sévères, s’il y a des
– Les règles finissent par s’arrêter. complications, si la cliente a moins de 40 ans ou si
– Présence possible de bouffées de chaleur et de elle souhaite une hormonothérapie de remplacement
sueurs nocturnes. (HTR).
– Présence possible de sécheresse, d’irritation et de
démangeaisons vaginales. Interventions non pharmacologiques
– Dyspareunie possible. Éducation de la cliente
– Présence possible de mictions impérieuses et
fréquentes et de dysurie (atrophie de l’urètre) – Expliquez à la cliente que la ménopause est une
étape normale du vieillissement.
– Présence possible de sautes d’humeur modérées à
sévères. – Évaluez les sentiments de la cliente face au
– Anxiété, nervosité. vieillissement.
– Faire preuve de compréhension à l’endroit de la
– Troubles du sommeil.
cliente plutôt que de nier ses symptômes, qui sont
– Dépression possible. réels pour elle.
OBSERVATIONS – Expliquez les risques et les avantages d’une HTR.
– Hu meur et affect : signes de dépression – Encouragez la cliente à avoir une alimentation
équilibrée et à faire régulièrement de l’exercice
– Atrophie des seins pour son bien-être physique et mental.
– Rétrécissement de l’orifice vaginal (ostium
– Conseillez à la cliente de revenir à la clinique en
vaginae)
cas de saignements vaginaux postérieurs à la
– Paroi vaginale lisse, mince, pâle, sèche. ménopause.
– Rétrécissement du col de l’utérus – Suggérez-lui d’utiliser un lubrifiant avant les
– L’utérus semble petit à la palpation. rapports sexuels, en cas de dyspareunie.
– Ovaires non palpables
DIAGNOSTI C DIFFÉRENTIEL
– Saignements vaginaux anormaux
– Cystite infectieuse
– Vaginite infectieuse

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Santé des femmes et gynécologie 13–21

Interventions pharmacologiques La pyridoxine favorise la production d’hormones


cérébrales (neurotransmetteurs). Plus de 50 autres
Plantes médicinales et vitamines pouvant processus chimiques dans l’organisme dépendent de
être utiles pendant la ménopause la pyridoxine. Les taux de vitamine B6 peuvent être
faibles chez les personnes déprimées et chez les
Onagre (huile d’onagre) femmes qui prennent des œstrogènes sous forme de
Ingrédients actifs : acide gamma-linoléique et acide contraceptifs oraux ou d’hormonothérapie de
linoléique remplacement. Cette vitamine ne présente aucun
danger lorsqu’elle est prise selon les doses
L’huile tirée des graines est une bonne source d’acide recommandées.
gamma -linoléique qui est un acide gras essentiel Le calcium (500 mg PO, 1-3 fois/jour) et la vitamine
(nutriment que le corps ne peut fabriquer mais qui est D (400-800 UI PO chaque jour) sont recommandés
essentiel à la santé). L’huile d’onagre est utilisé pour pour les personnes qui ne consomment pas
traiter le syndrome prémenstruel (SPM) et la suffisamment d’aliments riches en calcium.
mastalgie (seins douloureux). Il n’existe pas de
contre-indications ni d’interactions médicamenteuses Le calcium peut être contre-indiqué chez les clientes
connues. ayant des antécédents de calculs rénaux.
Huile de lin Source : Conférence canadienne de consensus sur la
ménopause et l’ostéoporose (Société des obstétriciens
Ingrédients actifs : acides gras (acides palmitique,
et gynécologues du Canada, 1998)
stérique, oléique, linoléique et linolénique)
L’huile de lin est une bonne source d’acides gras Hormonothérapie de remplacement
essentiels (nutriment que le corps ne peut fabriquer L’hormonothérapie de remplacement est toujours
mais qui est essentiel à la santé). Elle est riche en amorcée par un médecin. Il existe plusieurs schémas
acide gamma-linoléique et est utilisée par de posologiques et plusieurs modes d’administration (p.
nombreuses femmes pour soulager le SPM et la ex. pilules, timbres transdermiques, crèmes à base
tension mammaire. Il n’existe aucun rapport faisant d’œstrogènes conjugués). Exemple d’HTR pour une
état d’effets toxiques lorsque le produit est utilisé femme ménopausée dont l’utérus est intact :
selon les doses recommandées.
œstrogènes conjugués (Premarin) (médicament
Vitamine E (400-1 200 UI/jour) de classe B), 0,635 mg PO une fois par jour
et
Sources alimentaires : huiles végétales
polyinsaturées, graines et noix médroxyprogestérone (Provera) (médicament de
classe B), 10 mg PO une fois par jour
La vitamine E est un antioxydant. Selon des études
menées à la fin des années 40, la vitamine E soulage Ou encore, pour une femme ménopausée sans utérus :
les bouffées de chaleur et la sécheresse vaginale chez œstrogènes conjugués (Premarin) (médicament
les femmes ménopausées; cependant, il n’existe de classe B), 0,635 mg PO une fois par jour
aucune étude récente sur la question. La vitamine E
comporte d’autres avantages : une étude américaine L’hormonothérapie de remplacement doit être
d’envergure, la Nurses Health Study a révélé que les poursuivie pendant 7-10 ans si l’on veut optimiser ses
femmes qui avaient pris de la vitamine E pendant bienfaits sur le plan de la prévention de l’ostéoporose
plus de 2 ans avaient réduit de 40 % leur risque de et ses effets cardioprotecteurs.
crise cardiaque.
Surveillance et suivi
La vitamine E potentialise (augmente) l’effet des – Revoyez la cliente 1-2 mois après le début de
anticoagulants comme le coumadin et l’acide l’hormonothérapie, puis tous les 6 mois par la
acétylsalicylique (AAS). suite.
Vitamine B 6 (50 mg PO, une fois par jour) – Surveillez les signes d’ostéoporose, de
saignements utérins anormaux.
Sources alimentaires : grains entiers, bananes,
pommes de terre, noix et graines, chou-fleur Orientation vers d’autres ressources
médicales
Généralement inutile, sauf en cas de complications.

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13–22 Santé des femmes et gynécologie

URGENCES GYNÉCOLOGIQUES

DOULEUR PELVIENNE AIGUË DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


D’ORIGINE GYNÉCOLOGIQUE – Grossesse ectopique
– Avortement spontané
DÉFINITION – Infection pelvienne
– Saignement d’un kyste du corps jaune
Douleur abdominale aiguë due à un dysfonctionnement
ou une affection de l’appareil reproducteur. – Torsion annexielle
– Syndrome intermenstruel
CAUSES – Endométriose
– Grossesse ectopique non soupçonnée – Dysménorrhée
– Rupture ou torsion d’un kyste ovarien – Cystite
– Infection pelvienne aiguë – Pyélonéphrite
– Calcul urétéral
– Dysménorrhée sévère
– Affection intestinale inflammatoire
SYMPTOMATOLOGIE – Côlon irritable
– Apparition soudaine ou progressive d’une douleur – Occlusion intestinale
abdominale
COMPLICATIONS
– Douleur de plus en plus intense
– Douleur aggravée par la toux, l’effort pendant la – Hémorragie interne entraînant un choc
défécation ou la miction hypovolémique
– Douleur pouvant irradier jusque dans la pointe de – Septicémie
l’épaule (p. ex. grossesse ectopique) TESTS DIAGNOSTIQUES
– Présence possible de saignements vaginaux
anormaux – Dosage de l’hémoglobine
– Présence possible de fièvre, de frissons et de – Prélèvement d’un échantillon d’urine en vue d’une
leucorrhée. analyse et d’une culture; test urinaire de grossesse
– Nausées et vomissements possibles TRAITEMENT
– Syncope possible
Objectifs
OBSERVATIONS
– Soulager la douleur
– Fièvre possible – Prévenir les complications
– Fréquence cardiaque rapide
Si vous soupçonnez une infection pelvienne, voyez la
– Tension artérielle normale ou basse, ou encore
hypotension section « Infection pelvienne » plus haut, dans le
présent chapitre.
– La cliente semble dans un état de souffrance
modérée à aiguë. Si vous soupçonnez une grossesse ectopique, voyez
– Elle peut marcher lentement, penchée en avant et la section « Grossesse ectopique » dans le chapitre
en se tenant l’abdomen. 12 « Obstétrique ».
– L’abdomen semble normal.
Consultation
– L’examen pelvien peut révéler un écoulement de
pus ou un saignement par le col de l’utérus. Consultez un médecin le plus tôt possible, à moins
– Diminution ou absence possible de bruits que vous n’ayez déterminé la cause et qu’elle soit
intestinaux mineure (p. ex. syndrome intermenstruel ou
– Sensibilité du bas -ventre dysménorrhée).
– Signes possibles de péritonite localisée ou généralisée
– L’examen pelvien bimanuel révèle une vive
sensibilité du col à la mobilisation.
– Présence possible d’une sensibilité annexielle ou
d’une masse
– Le résultat du test de grossesse peut être positif

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Santé des femmes et gynécologie 1–23

Interventions non pharmacologiques Interventions pharmacologiques


– N’administrez rien par la bouche. Analgésique :
– Gardez la cliente alitée.
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
– Envisagez une intubation naso-gastrique si vous 50-100 mg IM
observez des signes de péritonite ou d’occlusion
intestinale. Surveillance et suivi
– Envisagez la mise en place d’une sonde de Foley
Surveillez l’ABC (voies respiratoires, respiration et
si l’état hémodynamique de la cliente est instable.
circulation), les signes vitaux, ainsi que l’apport
Traitement adjuvant liquidien et le débit urinaire.
– Amorcez un traitement IV avec du soluté Orientation vers d’autres ressources
physiologique à l’aide d’une intraveineuse de gros médicales
calibre (14 ou 16).
– Ajustez le débit selon l’âge et l’état d’hydratation. Procédez à l’évacuation médicale le plus tôt possible
– Au besoin, administrez de l’oxygène au masque à si le diagnostic est incertain.
raison de 6-10 l/min si la cliente est en état de
choc; maintenez la saturation du sang en oxygène
à plus de 97-98 % .

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CHAPITRE 14 – URGENCES GÉNÉRALES ET
TRAUMATISMES MAJEURS

Table des matières

ÉVALUATION DES URGENCES ET TRAITEMENT


DES TRAUMATISMES MAJEURS ............................................................ 14–1
Généralités................................................................................... 14–1
Examen primaire .......................................................................... 14–1
Examen secondaire ................................ ................................ ...... 14–3
Soins définitifs ................................ ................................ .............. 14–4
TRAUMATISMES MAJEURS .................................................................... 14–5
Traumatisme crânien .................................................................... 14–5
Traumatisme à la colonne cervicale et à la moelle épinière.............. 14–8
Volet costal .................................................................................14–10
Fracture du bassin .......................................................................14–11
URGENCES GÉNÉRALES ......................................................................14–13
Choc anaphylactique ...................................................................14–13
État de choc ................................................................................14–16
Coma (non encore diagnostiqué) ..................................................14–18
Surdoses, empoisonnements et toxidromes ..................................14–20
Hypothermie................................................................................14–24

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14–1

ÉVALUATION DES URGENCES ET TRAITEMENT DES


TRAUMATISMES MAJEURS

GÉNÉRALITÉS RESPIRATION
– Vérifiez l’effort respiratoire (regarder, écouter et
Mobilisez rapidement des ressources. sentir).
– Chargez une personne de mener l’évaluation. – Vérifiez si le client a une respiration efficace.
– Chargez une personne d’amorcer la réanimation. – Assurez une ventilation assistée si la respiration
– Chargez une personne de faire les appels n’est pas efficace (p. ex. fréquence
téléphoniques. ≤ 8 insufflations/min ou si elle est absente même si
les voies respiratoires sont libres).
Souvenez-vous de l’ABC de l’évaluation des urgences :
– Ventilez au masque avec de l’oxygène à l’aide
A désigne le dégagement des voies respiratoires et d’un ballon Ambu à raison de 12 insufflations/min.
la maîtrise de la colonne cervicale. – Si le client a une respiration efficace, améliorez
B désigne la respiration. l’oxygénation des tissus vitaux.
C désigne la circulation et la maîtrise des – Demandez à un deuxième sauveteur de
hémorragies. commencer à administrer de l’oxygène, mais si
vous êtes seul, n’interrompez pas l’examen
D désigne un déficit neurologique (perte de primaire pour le faire.
conscience).
– Administrez de l’oxygène au masque à raison de
E désigne l’exposition. 10-12 l/min ou plus; maintenez la saturation en
F désigne les fractures. oxygène > 97 % ou 98 %.
CIRCULATION (CENTRALE, PÉRIPHÉRIQUE)
EXAMEN PRIMAIRE
Au départ, on évalue la circulation centrale en
fonction de trois paramètres : le pouls, la couleur de
Cette évaluation doit se faire rapidement, dans la
la peau et l’état de conscience :
minute ou les deux minutes qui suivent l’arrivée du
client. Rien ne doit l’interrompre sauf la libération des – Posez la main sur le cou et vérifiez l’artère
voies respiratoires ou le traitement de l’arrêt cardiaque. carotide.
– Prenez le pouls radial.
VOIES RESPIRATOIRES (ET COLONNE – Ne mesurez pas la fréquence cardiaque pour
CERVICALE) l’instant; contentez-vous de sentir la présence et la
– À ce stade, procédez à l’évaluation initiale de l’état qualité du pouls.
de conscience. – Examinez la peau (couleur) et palpez-la
– Demandez au client ce qui s’est passé; s’il peut (température des membres).
vous répondre, vous disposerez de renseignements – Déterminez l’état de conscience.
précieux sur la liberté des voies respiratoires et
l’état de conscience. Les clients traumatisés qui ont la peau froide et
présentent une tachycardie doivent être considérés
– Évaluez les voies respiratoires; veillez à ce comme étant en état de choc hypovolémique jusqu’à
qu’elles soient dégagées.
preuve du contraire.
– Gardez la colonne cervicale dans l’axe naturel du
corps tout en dégageant les voies respiratoires. Un client en état de choc spinal n’est pas
– Ouvrez les voies respiratoires en soulevant le menton nécessairement pâle, en sueur ou froid et n’a pas une
ou en déplaçant la mâchoire inférieure vers l’avant. fréquence cardiaque rapide. Il présente plutôt une
– Retirez les corps étrangers de la bouche à l’aide de tension artérielle basse et une paralysie.
la technique du doigt en crochet ou de l’appareil
d’aspiration (ou de ces deux méthodes).
– Veillez à ce que la langue ne retombe pas dans le
pharynx et n’obstrue pas les voies respiratoires.
– Introduisez une canule oropharyngée si le client
est inconscient.

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14–2 Urgences générales et traumatismes majeurs

COU – Vérifiez rapidement le bassin : déterminez s’il y a


– Vérifiez s’il y a des déformations, des contusions, des déformations, des contusions, des éraflures,
des éraflures, des plaies pénétrantes, des brûlures, des plaies pénétrantes, des brûlures, des lacérations
des lacérations ou de l’œdème. et de l’œdème. Palpez pour voir s’il y a de la
– Examinez et palpez les veines du cou; notez si sensibilité, de l’instabilité et des crépitations en
elles sont plates ou dilatées. appuyant sur la symphyse pubienne ou en exerçant
une pression sur les crêtes iliaques.
– Examinez et palpez la trachée; notez si elle est
alignée avec le plan médian du corps ou déviée. – Examinez les jambes et les bras : déterminez s’il y a
des déformations, des contusions, des éraflures, des
THORAX plaies pénétrantes, des brûlures, des lacérations et de
– Dénudez le thorax et vérifiez s’il y a des l’œdème. Palpez pour voir s’il y a de la sensibilité, de
l’instabilité et des crépitations. Vérifiez aussi le pouls,
déformations, des contusions, des éraflures, des
la fonction motrice et la sensation.
plaies pénétrantes, des brûlures, des lacérations ou
de l’œdème; palpez le thorax pour déterminer s’il MAÎTRISE DES SAIGNEMENTS
y a de la sensibilité, de l’instabilité (volet costal)
ou des crépitations. – Décelez et maîtrisez les saignements externes, si
cela n’a pas déjà été fait par un deuxième sauveteur.
– Déterminez s’il y a une plaie aspirante du thorax,
un volet costal ou un pneumothorax suffocant et – Exercez une pression directe sur la plaie et
procédez aux interventions nécessaires, au besoin. appliquez des pansements.
– Recouvrez la plaie aspirante du thorax d’un Il ne faut pas utiliser de garrots, car ils peuvent
pansement occlusif fixé sur trois côtés seulement entraîner un métabolisme anaérobie et augmenter les
pour évacuer la pression (soupape). pertes sanguines s’ils sont mal appliqués.
– Si un corps étranger (p. ex. un couteau) fait saillie
de la paroi thoracique, ne le retirez pas; maintenez- DÉCISION
le en place à l’aide de ruban adhésif. À l’aide des données recueillies au cours de l’examen
– Stabilisez le volet costal manuellement (Voir la primaire, décidez si le client est dans un état critique
section « Volet costal » plus loin dans ce chapitre). ou dans un état stable.
– Évacuez la pression du pneumothorax suffocant en
Si le client est dans un état critique, transférez-le
aspirant l’air à l’aide d’une aiguille (Voir la
immédiatement sur une planche dorsale. Avant de le
section « Pneumothorax » du chapitre 3,
transporter hors des lieux de l’accident, n’effectuez
« Appareil respiratoire »).
que les interventions critiques suivantes :
– Auscultez brièvement la paroi antérieure du
thorax, vers le deuxième espace intercostal, des – Dégager les voies respiratoires
deux côtés, à l’aide d’un stéthoscope. – Maîtriser les hémorragies externes
– Vérifiez s’il y a des bruits respiratoires et s’ils sont – Recouvrir hermétiquement une plaie aspirante du
égaux des deux côtés. thorax
– Si les bruits respiratoires sont inégaux, effectuez – Stabiliser manuellement un volet costal
des percussions rapides de haut en bas des deux – Évacuer la pression d’un pneumothorax suffocant
côtés pour déterminer s’il y a un pneumothorax – Hyperventiler le client si vous redoutez une
suffocant ou un hémothorax. blessure importante à la tête
– Effectuer la réanimation cardiorespiratoire (RCR)
ABDOMEN, BASSIN ET MEMBRES
Évaluez toujours les avantages d’une intervention sur
– Dénudez et observez rapidement l’abdomen pour les lieux par rapport au temps qu’il faut pour
déterminer s’il y a des distensions, des contusions, l’effectuer. Les mesures de sauvetage non vitales, par
des éraflures ou des plaies pénétrantes.
exemple l’application de bandages et d’attelles, ne
– Palpez doucement et rapidement tous les quadrants doivent pas retarder le transport. Si l’examen
pour déceler de la sensibilité ou de la rigidité. primaire révèle que la victime n’est pas dans un état
critique, transférez-la sur une planche dorsale.
Retournez-la en bloc et vérifiez les régions
postérieures du corps pendant la manœuvre.

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–3

EXAMEN SECONDAIRE COU


– Vérifiez de nouveau le cou pour déterminer s’il y a
Si le client est dans un état critique, l’examen des déformations, des contusions, des éraflures,
secondaire se fait dans un établissement de soins de des plaies pénétrantes, des brûlures, des lacérations
santé ou pendant le transport vers cet établissement. et de l’œdème.
Si le client semble être dans un état stable, l’examen – Prenez le pouls carotidien de nouveau.
secondaire peut se faire, si possible, sur les lieux de
– Déterminez s’il y a distension des veines du cou
l’accident (mais il ne doit pas prendre plus de
10 minutes) ou à l’établissement de soins de santé. (indiquant un pneumothorax suffocant ou une
tamponnade cardiaque) ou déviation de la trachée.
1. Prenez les signes vitaux en utilisant, notamment – Supposez que la colonne cervicale est touchée si le
un oxymètre de pouls (si disponible). traumatisme est survenu au-dessus de la clavicule.
– Immobilisez le cou de façon adéquate.
2. Renseignez-vous sur les circonstances de
l’accident. Si le client est inconscient, informez-vous – Mettez en place un collet cervical si ce n’est
auprès des témoins et déterminez s’il porte un déjà fait!
bracelet d’alerte médicale. THORAX
3. Recueillez une anamnèse sommaire (SAMMDE) Inspection
auprès du client s’il est conscient :
– Effort respiratoire
S pour symptômes.
– Mouvement thoracique égal
A pour allergies. – Déformation
M pour médicaments. – Contusions
M pour maladies antérieures. – Lacérations
D pour dernier repas. – Plaies pénétrantes
E pour événements ou environnement lié à la Palpation
blessure.
– Mouvement thoracique égal
4. Faites un examen physique détaillé de la tête aux – Position de la trachée
pieds. Retournez le client en bloc en protégeant la – Crépitation, déformations
colonne vertébrale afin d’examiner la face postérieure
de la paroi thoracique, les flancs, le dos et le rectum. – Fractures des côtes inférieures (présence possible
de lésions à la rate ou aux reins)
Si un couteau ou un autre objet s’est logé dans la
peau du client, ne le retirez pas; contentez-vous de le Percussion
stabiliser.
– Zone de matité
TÊTE ET COU Auscultation
– Évaluez de nouveau l’ABC. – Entrée d’air
– Examinez et palpez le crâne et le visage pour – Qualité des bruits respiratoires
déterminer s’il y a des déformations, des – Égalité des bruits respiratoires
contusions, des éraflures, des plaies pénétrantes,
des brûlures, des lacérations ou de l’œdème. APPAREIL CARDIOVASCULAIRE
– Palpez pour voir s’il y a de la sensibilité, de – Auscultez le cœur pour évaluer les bruits du cœur :
l’instabilité ou des crépitations. présence, qualité, faiblesse.
– Déterminez si le client présente le signe de Battle
ABDOMEN
(décoloration bleuâtre de l’apophyse mastoïde).
– Déterminez si le client a les yeux au beurre noir Inspection
(ce qui pourrait dénoter une fracture de la base du
– Plaies pénétrantes, traumatismes abdominaux
crâne).
fermés, lacérations
– Un écoulement nasal clair indique une rhinorrée de
– Contusions (face antérieure, côtés)
liquide céphalo-rachidien.
– Saignement
– Vérifiez s’il y a du sang dans le conduit auditif ou
un hémotympan (une coloration bleuâtre -violacée – Distension
derrière le tympan causée par la présence de sang
et dénotant une fracture de la base du crâne).

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14–4 Urgences générales et traumatismes majeurs

Palpation SYSTÈME NEUROLOGIQUE


– Défense abdominale, rigidité, sensibilité à la Procédez à un bref examen neurologique pour
décompression évaluer l’état de conscience ainsi que la taille et la
– Sensibilité réaction des pupilles et pour détecter toute faiblesse
– Fractures des côtes inférieures (rupture de la rate, latérale des membres.
lésions à l’intestin et présence possible d’une plaie
pénétrante ou d’une hémorragie intra-abdominale) Décrivez l’état de conscience selon la méthode
EVDA :
BASSIN ET APPAREIL GÉNITAL E pour éveillé.
Insp ection V pour réaction à des stimuli verbaux.
– Écoulement de sang du méat urinaire D pour réaction à des stimuli douloureux.
Palpation A pour absence de réaction.
– Sensibilité de la crête iliaque et de la symphyse Évaluez en outre les aspects suivants :
pubienne (indiquant une fracture du bassin)
– Distension de la vessie – Pupilles : position, égalité, réactivité
– Fonction motrice : mouvement volontaire des
Rappelez-vous que les fractures du bassin et du fémur doigts et des orteils
peuvent entraîner des pertes de sang abondantes.
– Sensibilité : le client sent-il que vous lui touchez
MEMBRES les doigts et les orteils?

Inspection Effectuez un examen neurologique détaillé et évaluez


le client selon l’échelle de coma de Glasgow (Voir le
– Saignement, lacérations, contusions, œdème, tableau 1 dans la section « Traumatisme crânien »
déformations plus loin dans ce chapitre) une fois l’évaluation
– Position des jambes : la rotation externe initiale terminée.
inhabituelle d’une jambe peut dénoter une fracture
du col du fémur ou du membre.
SOINS DÉFINITIFS
– Mouvement des membres
Palpation – Poursuivez les mesures de réanimation amorcées
plus tôt (p. ex. dégagement des voies respiratoires,
– Sensation traitement intraveineux, administration
– Sensibilité au toucher, crépitation d’oxygène).
– Tonus musculaire – Prenez en charge les problèmes décelés selon
– Pouls distaux l’ordre de priorité.
– Réflexes : présence, qualité – Veillez à protéger les voies respiratoires chez le
client inconscient.
Rappelez-vous que les fractures du bassin et du fémur
peuvent entraîner des pertes de sang abondantes. – Aspirez les sécrétions, au besoin.
– Administrez de l’oxygène même si la respiration
DOS semble adéquate.
– Procédez à un traitement énergique de
Retournez le client en bloc en protégeant la colonne
vertébrale afin d’examiner le dos et le rectum. l’hypotension en procédant au remplacement
liquidien par voie intraveineuse (Voir la section
Inspection « État de choc » plus loin dans ce chapitre).
– Lacérations – Introduisez une sonde gastrique et aspirez les
sécrétions sauf si le client a des fractures du visage
– Saignement
ou si vous soupçonnez une fracture de la base du
– Contusions : face postérieure de la paroi crâne. Si vous avez des doutes, n’introduisez pas la
thoracique, flancs, région lombaire, fesses sonde. Consultez d’abord un médecin.
– Œdème – Mettez en place une sonde de Foley (s’il n’y a pas
Palpation de contre-indications).
– Sensibilité – Contre-indications à la mise en place d’une sonde :
– Déformations sang dans le méat urinaire, sang dans le scrotum,
fracture du bassin évidente
– Crépitation

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–5

MISE EN PLACE DE BANDAGES LISTE DE CONTRÔLE


ET D’ATTELLES – Vérifiez si les voies respiratoires sont libres.
– Au besoin, finissez d’appliquer des bandages et – Vérifiez le débit d'oxygène.
des attelles sur les blessures. – Vérifiez la perméabilité des tubulures et le débit de
– Dans le cas des fractures des membres supérieurs perfusion.
avec déformation, il vaut mieux poser l’attelle – Vérifiez si l’aiguille utilisée pour exsuffler le
dans l’état où le membre a été trouvé. pneumothorax suffocant est perméable, s’il y a lieu.
– Il faut redresser doucement les fractures des membres – Vérifiez les attelles et les pansements.
inférieurs à l’aide d’attelles à traction (attelles de – Vérifiez le rythme d’hyperventilation du client
Thomas) ou d’attelles gonflables (si disponibles). dont l’état de conscience est diminué.
SURVEILLANCE ET SUIVI – Vérifiez la position des femmes enceintes; inclinez
la planche dorsale légèrement vers la gauche.
– Surveillez et réévaluez souvent l’ABC.
– Surveillez les signes vitaux aussi souvent que CONSULTATION
possible jusqu’à ce que l’état du client soit
stabilisé. Consultez un médecin de l’établissement d’accueil
dès que possible (quand l’état du client s’est
– Réévaluez la situation si l’état du client s’aggrave. stabilisé).
– Réévaluez la situation chaque fois que vous faites
une intervention. ORIENTATION VERS D’AUTRES
– Surveillez le débit urinaire horaire (le débit visé est RESSOURCES MÉDICALES
d’environ 50 ml/h).
– Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
L’irritabilité ou l’agitation peuvent être causées par Veillez à ce que l’état du client soit aussi stable que
l’hypoxie, la distension de la vessie ou de l’estomac, possible avant qu’il ne quitte l’établissement de santé.
la peur, la douleur ou une blessure à la tête. Mais ne – Les effets de la pression sur certaines blessures
présupposez pas qu’une blessure à la tête est en
sont accentués dans les avions non pressurisés;
cause. Écartez d’abord les causes corrigeables. certaines limites maximales s’appliquent à
Les blessures à la tête n’entraînent jamais de choc l’altitude de vol (Voir le guide Soins du malade à
hypovolémique. Recherchez d’autres sources bord d’un avion [Direction générale des services
d’hémorragie. médicaux, 1985]).

TRAUMATISMES MAJEURS

TRAUMAT ISME CRÂNIEN TYPES DE BLESSURES CRÂNIENNES


Lacérations du cuir chevelu
DÉFINITION
Fracture du crâne
Blessure violente et fermée aux structures osseuses ou Blessures au cerveau :
aux tissus mous du crâne (cuir chevelu et cerveau).
– Commotion cérébrale : pas de lésion grave au
L’œdème est la première réaction du cerveau qui a cerveau, brève période d’inconscience puis retour
subi des contusions. Les contusions causent une à la normale, amnésie rétrograde à court terme,
vasodilatation en augmentant l’afflux sanguin vers le étourdissements, céphalées, nausées, tintement
foyer de la blessure; comme il n’y a pas d’espace dans les oreilles
supplémentaire dans le crâne, une accumulation de – Contusion cérébrale : inconscience prolongée ou
sang prend de la place et exerce une pression sur les altération grave de la conscience; présence
tissus cérébraux avoisinants. Cette pression diminue possible de signes neurologiques focaux
l’afflux sanguin vers les régions intactes du cerveau.
– Hémorragie intracrânienne : saignement dans les
L’œdème cérébral ne survient pas immédiatement, tissus cérébraux
mais dans les 24 à 48 heures qui suivent. On peut
sauver la vie du blessé en intervenant tôt pour – Hématome épidural aigu : saignement entre la
diminuer la vasodilatation initiale de la région dure-mère et le crâne
atteinte. – Hémorragie sous-durale aiguë : saignement entre
la dure-mère et l’arachnoïde associé à une blessure
au cerveau sous-jacente

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14–6 Urgences générales et traumatismes majeurs

SYMPTOMATOLOGIE ET OBSERVATIONS ÉCHELLE DE COMA DE GLASGOW


Blessures à faible risque L’échelle de coma de Glasgow (tableau 1 plus loin)
– Critères : traumatismes mineurs, lésions du cuir sert à évaluer la gravité du coma.
chevelu, absence de signes de lésion – Évaluez le client fréquemment.
intracrânienne, absence de perte de conscience – Vérifiez si le score baisse.
– Traitement : observer tout signe ou symptôme de – Toute baisse du score est un signal d’alarme.
lésion au cerveau; confier le client à un
observateur fiable qui prendra le relais à la maison Interprétation du score
Blessures à risque moyen – Score < 9 : lésion crânienne grave
– Critères : symptômes évocateurs d’une lésion – Score 9-12 : lésion crânienne moyenne
intracrânienne, notamment vomissements, perte de – Score 13-15 : lésion crânienne légère
conscience temporaire, céphalées sévères, L’échelle de coma de Glasgow n’a qu’une utilité
convulsions post-traumatiques, amnésie, signes générale : 18 % des personnes qui obtiennent un
d’une fracture de la base du crâne (rhinorrée score de 15 présentent des anomalies à la
cérébrospinale, signe de Battle, yeux au beurre noir, tomodensitométrie et 5 % de celles qui obtiennent un
hémotympan, signes neurologiques non focaux) score de 15 ont besoin d’une intervention
Blessures à risque élevé neurochirurgicale. Le score est particulièrement peu
fiable chez les enfants.
– Critères : diminution du degré de conscience, signes
neurologiques focaux, traumatisme crânien pénétrant Par définition, les comateux ne peuvent pas ouvrir les
ou enfoncement localisé et palpable du crâne yeux, obéir à des ordres ni s’exprimer verbalement.
Autres aspects
COMPLICATIONS
L’évaluation neurologique initiale est fondamentale.
– Convulsions
– Les blessures à la tête sont souvent associées à
d’autres traumatismes graves. – Vomissements
– État de choc
– L’hypotension chez les adultes n’est jamais causée
par une blessure isolée à la tête, sauf si le client est TESTS DIAGNOSTIQUES
au seuil de la mort; vérifiez s’il y a d’autres
blessures, comme des lésions à la moelle épinière. Aucun
– L’examen physique doit comprendre un examen
neurologique complet ainsi qu’une inspection visant TRAI TEMENT
à déceler des signes d’une fracture de la base du Traumatismes crâniens mineurs
crâne (p. ex. rhinorrée cérébrospinale, signe de
Battle, yeux au beurre noir, hémotympan). – Caractéristiques : aucun signe de lésion
– Présupposez que la colonne cervicale est touchée intracrânienne, aucune perte de conscience
dans tous les cas de traumatisme à la tête. – Traitement : observer le patient pendant
– Rappelez-vous qu’il peut y avoir des traumatismes 12 à 24 heures pour déceler tout signe ou
multiples. symptôme de blessure au cerveau; confier le
patient à un observateur fiable qui prendra le relais
Le tableau clinique évolue toujours dans les cas de à la maison.
blessures à la tête. L’état du client va s’améliorer ou
s’aggraver avec le temps; il faut donc réévaluer la
situation fréquemment.
Tableau 1 : Calcul du score à l’échelle de coma de Glasgow*
Ouverture des yeux Meilleure réponse motrice Meilleure réponse verbale
Réponse Score Réponse Score Réponse Score
Obéit 6
Localise la douleur 5 Orienté 5
Spontanément 4 Rétraction en flexion 4 Désorienté 4
Aux stimuli verbaux 3 Flexion anormale 3 Réponse inadéquate 3
À la douleur 2 Extension 2 Aux sons seulement 2
Jamais 1 Pas de réponse 1 Pas de réponse 1
* Le score total correspond à la somme des scores obtenus pour chacun des trois critères (ouverture des yeux, meilleure réponse
motrice, meilleure réponse verbale).

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–7

Traumatismes crâniens majeurs Étape 6


– Amorcez un traitement IV pour garder les veines
Il n’y a pas grand-chose que vous puissiez faire, à
ouvertes, sauf si le client est hypotendu.
l’étape préhospitalière, pour une personne qui a subi
un traumatisme crânien majeur. Appliquez les – En général, restreignez l’administration de liquides
principes d e l’évaluation et du traitement des chez les clients qui ont subi un traumatisme fermé
traumatismes (Voir les sections « Examen primaire » à la tête.
et « Examen secondaire » plus haut dans ce – Maintenez un débit cardiaque normal.
chapitre). – Soupçonnez une hémorragie ou un traumatisme à
la colonne vertébrale si le patient est hypotendu
Rappelez-vous que l’ABC a la priorité : on ne (Voir la section « État de choc » plus loin dans ce
sauvera pas le patient en sauvant seulement sa tête. chapitre).
Étape 1 Étape 7
– Vérifiez si les voies respiratoires sont libres et – Mettez en place une sonde de Foley si le client est
administrez de l’oxygène supplémentaire à raison inconscient.
de 10 à 12 l/min. – Surveillez le débit urinaire toutes les heures.
– Hyperventilez le client au rythme de
Étape 8
24 insufflations/min.
– Ces mesures maintiennent une oxygénation – Consultez un médecin dès que possible.
adéquate et réduisent la pression intracrânienne. Étape 9
Étape 2 – Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
– Stabilisez le client sur une planche dorsale. – Passez en revue les précautions recommandées
– Immobilisez le cou à l’aide d’un collet semi -rigide pour le transport aérien d’une personne ayant un
et d’un dispositif rembourré servant à immobiliser traumatisme crânien (Voir le guide Soins du
la tête. malade à bord d’un avion [Direction générale des
– Installez le client en position verticale pour lui services médicaux, 1985]).
donner des soins, sauf en cas de contre-indications Élévation de la pression intracrânienne
(p. ex. en cas d’état de choc ou de blessure au dos).
– Surélevez la tête du lit de 30 degrés.
– Évitez d’installer un collet cervical serré (toute – Hyperventilez le client, comme il est indiqué
pression sur les veines jugulaires externes plus haut.
augmente la pression intracrânienne).
– Vous pouvez administrer des diurétiques comme le
Étape 3 mannitol (sur ordonnance du médecin) pour
– Consignez les observations de base. réduire l’œdème cérébral dans les cas de blessure
crânienne grave.
– Consignez la tension artérielle, la respiration, la
sensibilité et l’activité motrice volontaire; notez si mannitol (médicament de classe B), 1 g/kg IV
pendant 20 minutes pour provoquer une diurèse
les pupilles sont égales et rondes et si la réaction et
osmotique (cette mesure est controversée s’il n’y a
l’accommodation sont normales. pas d’hernie).
Étape 4
– Procédez à des évaluations sériées à l’aide de
l’échelle de coma de Glasgow.
Étape 5
– Surveillez et consignez souvent les observations
susmentionnées.

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14–8 Urgences générales et traumatismes majeurs

TRAUMATISME À LA COLONNE OBSERVATIONS


CERVICALE ET À LA MOELLE – Tachycardie
ÉPINIÈRE – Tachypnée
– S’il y a état de choc, la tension artérielle peut être
DESCRIPTION basse.
– S’il y a état de choc, la saturation en oxygène peut
Traumatisme à la colonne cervicale diminuer (oxymètre de pouls).
Jusqu’à 3 % des traumatisés présent ent une lésion de – Sensibilité à la palpation ou à la mobilisation de la
la colonne cervicale; cette proportion passe à 10 % colonne vertébrale
chez les personnes ayant subi une blessure crânienne – Déformations évidentes du dos ou de la colonne
importante. vertébrale
– Perte de sensation
Si l’on soupçonne un traumatisme à la colonne
– Faiblesse ou flaccidité des groupes musculaires
vertébrale, il faut tout d’abord stabiliser la colonne
vertébrale et prévenir d’autres lésions neurologiques. – Perte de contrôle de la vessie ou de l’intestin
– Priapisme (érection prolongée du pénis)
Traumatisme à la moelle épinière – Le choc spinal neurogène entraîne une instabilité
vasomotrice à cause de la perte de tonus autonome
Déterminez s’il y a paralysie ou d’autres signes de
et peut provoquer de l’hypotension ou une
lésion de la moelle épinière, notamment le priapisme,
instabilité de la température.
la rétention urinaire, l’incontinence fécale, l’iléus
paralytique ou la perte immédiate de toute sensation – Le client peut souffrir d’hypoxie ou
et d’activité réflexe en aval de la blessure. d’hypoventilation si la fracture ou la compression
survient au-dessus d e la vertèbre C5.
CAUSES Le « choc spinal » est une entité neurologique
– Accident d’automobile distincte qui fait suite à une lésion de la moelle
– Chute épinière; il s’accompagne d’une paralysie flasque et
le client met, en général, quelques heures ou quelques
– Sport
semaines à se rétablir. Il survient souvent chez les
– Acte de violence enfants en l’absence de fractures associées de la
SYMPTOMATOLOGIE colonne cervicale.

Indices COMPLICATIONS
– Traumatisme fermé au-dessus des clavicules – Paralysie permanente
– Accident de plongée – Arrêt respiratoire
– Accident d’automobile ou de bicyclette – Choc spinal
– Chute – Décès
– Blessure à l’arme blanche ou présence d’objets
TESTS DIAGNOSTIQUES
logés dans la peau près de la colonne vertébrale
– Fusillade ou blessure au torse liée à une explosion Aucun
– Symptômes de douleur au cou ou au dos,
engourdissement ou picotements dans les TRAITEMENT
membres, faiblesse ou paralysie des membres
Objectifs
– Stabiliser la colonne vertébrale
– Prévenir d’autres blessures
– Prévenir les complications

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–9

Traitement initial – Examinez la relation entre le squelette axial et la


– Évaluez et stabilisez l’ABC. planche dorsale : comme chez l’adulte la tête est
relativement plus petite que le corps dans l’axe
– Il faut soigner d’abord les blessures qui peuvent
antéropostérieur, il se peut que la colonne
être fatales associées aux lésions de la colonne
cervicale soit en extension si on n’installe pas de
vertébrale mais veiller à ce que les manœuvres
rembourrage sous la région occipitale.
effectuées ne lèsent pas la colonne vertébrale.
– Il faut parfois insérer de 1 à 2 pouces (2,5 à 5 cm)
– Si le client a subi un traumatisme pénétrant au cou,
de rembourrage sous la tête des adultes et des
ne retirez pas le corps étranger.
grands enfants pour les installer à peu près en
– Immobilisez le cou en position naturelle et position naturelle.
assujettissez le thorax afin de bien immobiliser la
colonne cervicale (les sacs de sable sont à Une immobilisation prolongée (même de moins de
déconseiller, car ils peuvent tomber sur le cou et 30 minutes) sur une planche dorsale cause une
causer d’autres blessures si vous transférez le céphalée occipitale et une douleur dans la région
client sur une planche dorsale par la suite; ayez lombo-sacrée chez la plupart des gens, quels que
plutôt recours à des appuis roulés mous installés de soient les traumatismes qu’ils ont subis.
chaque côté de la tête, p. ex. des couvertures
roulées). Traitement adjuvant

Stabilisation de la colonne cervicale – Administrez de l’oxygène au masque à raison de


10-12 l/min; maintenez la saturation en
– Il faut toujours installer les polytraumatisés sur oxygène > 97 % ou 98 %.
une planche dorsale et immobiliser leur colonne – Amorcez le traitement IV avec du soluté
cervicale. physiologique pour garder la veine ouverte, sauf
– Il n’y a pas de consensus jusqu’ici sur la meilleure s’il y a des signes d’état de choc (Voir, dans ce
méthode d’immobilisation de la colonne cas, la section « État de choc » plus loin).
cervicale : les collets cervicaux souples
Interventions non pharmacologiques
restreignent les mouvements du cou d’au plus
30 % et ne sont d’aucun secours pour les victimes – N’administrez rien par la bouche.
de traumatismes, tandis que les collets rigides – Introduisez une sonde naso-gastrique sauf si vous
restreignent les mouvements d’au plus 80 %. soupçonnez une fracture associée de la base du
– Il n’y a pas de collet cervical parfait, mais quel que crâne ou un traumatisme facial.
soit celui que vous choisissiez, il doit être léger, – Mettez en place une sonde de Foley.
facile à mettre en place et propre à assurer une
Interventions pharmacologiques
immobilisation cervicale ferme; il doit en outre
permettre un accès rapide à la face antérieure du Aucune
cou si l’abord chirurgical des voies respiratoires
s’avérait nécessaire. Surveillance et suivi
– Le meilleur collet ne peut être utile que s’il est de Surveillez souvent l’ABC, les signes vitaux, la
la bonne taille; il faut donc l’ajuster correctement. saturation en oxygène (si possible), l’état de
– Pour compléter l’immobilisation de la colonne conscience, l’état respiratoire et les déficits sensori-
cervicale, il faut assujettir le client à la planche moteurs.
dorsale; il faut installer du ruban adhésif à partir de
la planche jusqu’au front, puis de l’autre côté de la Consultation
planche.
Consultez un médecin dès que possible, une fois que
– Il importe de ne pas utiliser la tête comme seul l’état du client s’est stabilisé.
point d’assujettissement, car la colonne cervicale
peut alors pivoter quand on déplace la planche Orientation vers d’autres ressources
dorsale; il faut donc installer aussi des courroies médicales
sur les épaules du client.
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
– Poser du ruban sur le menton pousse la mâchoire
vers l’arrière et peut obstruer les voies
respiratoires.

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14–10 Urgences générales et traumatismes majeurs

VOLET COSTAL Inspection


– Détresse respiratoire aiguë
DÉFINITION – Transpiration
Segment instable de la paroi thoracique. – Cyanose possible
– Contusions de la paroi thoracique
CAUSES – Mouvement anormal (paradoxal) de la paroi
thoracique facilement observable chez le client
Traumatisme de la paroi thoracique entraînant la inconscient et moins apparent chez le client
fracture d’au moins trois côtes adjacentes à au moins conscient
deux endroits. Il en découle qu’un segment de la
paroi thoracique n’est pas en continuité avec le Palpation
thorax. Un volet costal latéral ou antérieur – Sensibilité dans la région atteinte
(disjonction sternale) peut survenir. Le plastron – Des crépitations peuvent être palpables.
flottant se meut en sens inverse du reste de la paroi – Un mouvement anormal de la paroi thoracique
thoracique. peut être palpable.
La force nécessaire pour engendrer cette blessure Percussion
cause également des contusions aux tissus – Hypersonorité (s’il y a un pneumothorax)
pulmonaires sous-jacents, et ces contusions – Bruit sourd (s’il y a un hémothorax ou des
contribuent à l’hypoxie. Le client court un risque contusions pulmonaires)
élevé de pneumothorax ou d’hémothorax (ou les
deux) et peut présenter une grande détresse Auscultation
respiratoire. Examinez aussi la possibilité de – Entrée d’air réduite dans la région atteinte
contusions cardiaques et de tamponnade s’il y a eu – Il peut y avoir des crépitations.
des traumatismes à la paroi thoracique antérieure.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
SYMPTOMATOLOGIE
– Contusions de la paroi thoracique
– Polytraumatisme (accident d’automobile ou autre – Fractures fermées aux côtes
accident)
– Douleur intense à la paroi thoracique COMPLICATIONS
– Douleur aggravée par le mouvement et la – Ventilation insuffisante
respiration – Hypoxie
– Essoufflement – Hypovolémie
OBSERVATIONS – Pneumothorax
– Hémothorax
Les observations varient selon la gravité de l’atteinte – Contusions pulmonaires
des tissus pulmonaires sous-jacents et la présence de
– Contusions myocardiques
blessures associées.
– Tamponnade cardiaque
– Effectuez un examen primaire (Voir la section
« Examen primaire » plus haut dans ce chapitre). TRAITEMENT
– Procédez à des interventions d’urgence au besoin. Objectifs
– Effectuez un examen secondaire (Voir la section
« Examen secondaire » plus haut dans ce – Vérifier si les voies respiratoires sont libres
chapitre). – Améliorer l’oxygénation
– Remplacer le sang perdu
Signes vitaux
– Déceler et traiter les blessures associées
– Fréquence cardiaque accélérée
– Respiration rapide, superficielle
– Tension artérielle plus basse ou normale
– Saturation en oxygène, si possible

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–11

Consultation FRACTURE DU BASSIN


Consultez un médecin dès que l’état du client s’est
stabilisé et que les dangers sont écartés. DÉFINITION
Interventions non pharmacologiques Rupture de la structure osseuse du bassin.
L’ABC est à surveiller en priorité.
CAUSES
– Surveillez les voies respiratoires.
– Assurez une ventilation adéquate. Il faut habituellement une force importante, par
exemple un accident d’automobile ou une chute
– Protégez la colonne cervicale.
d’une grande hauteur, pour causer une telle fracture.
– Atténuez la douleur en plaçant doucement un
oreiller sur le thorax en guise d’attelle. – Collisions de véhicules automobiles : 50 % à 60 %
– Posez l’attelle en douceur. des cas
– Piétons heurtés par une voiture : 10 % à 20 %
Supposez toujours que le client qui a une lésion des cas
traumatique au-dessus de la clavicule a une fracture – Chutes : 8 % à 10 % des cas
de la colonne cervicale.
– Lésions par écrasement : 3 % à 6 % des cas
Traitement adjuvant Le bassin comprend l’ilion (ou crêtes iliaques),
– Administrez de l’oxygène au masque à raison de l’ischion et le pubis, qui forment un anneau
10-12 l/min. anatomique avec le sacrum. Il faut une force
– Pratiquez une perfusion avec un soluté importante pour rompre cet anneau. Les forces en jeu
physiologique en mettant en place deux font en sorte que les fractures du bassin
intraveineuses de gros calibre (aiguilles de s’accompagnent souvent de lésions aux organes sous-
calibre 16 ou plus grosses). jacents. De plus, comme le bassin est doté d’un riche
– Remplacez le sang perdu. plexus veineux et de grosses artères, une fracture
dans cette région peut causer des saignements
– Rajustez le débit de perfusion selon la fréquence importants.
cardiaque du patient, sa tension artérielle et sa
réponse au traitement. Le taux de complications liées aux lésions aux
Pour de plus amples détails, voir la section « État de organes sous-jacents et aux hémorragies est
choc » plus loin dans ce chapitre. important. Comme la plupart des fractures du bassin
résultent nécessairement de l’application d’une force
Surveillance et suivi énorme, elles s’accompagnent souvent de blessures
– Surveillez souvent l’état mental, les signes vitaux, graves concomitantes, qui sont associées à des taux
de morbidité et de mortalité élevés.
la saturation en oxygène (oxymètre de pouls) et les
bruits du cœur et du poumon. Dans les cas où il y avait hypotension au moment de
– La confusion et l’agitation peuvent être des signes l’examen, le taux de mortalité avoisine les 50 %.
d’hypoxie. Dans les cas de fracture ouverte, le taux de mortalité
Orientation vers d’autres ressources atteint 30 % .
médicales Le taux de mortalité global est d’environ 10 % chez
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible. les adultes et 5 % chez les enfants. Moins de la
moitié des décès survenus à la suite de fractures du
bassin sont directement attribuables à une hémorragie
pelvienne. L’hémorragie rétropéritonéale et
l’infection secondaire sont les principales causes de
décès.

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14–12 Urgences générales et traumatismes majeurs

SYMPTOMATOLOGIE DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


Envisagez immédiatement une fracture du bassin – Luxation ou fracture de la hanche
dans les cas de traumatisme fermé important. – Fracture du fémur
– Douleur COMPLICATIONS
– Perte de fonction
– Saignement continu causé par la fracture ou par
– Symptômes de l’état de choc une blessure du système vasculaire pelvien
Rappelez-vous que la force nécessaire pour causer – État de choc
une fracture du bassin a probablement causé d’autres – Problèmes génito-urinaires causés par des lésions à
lésions importantes. Recherchez d’autres blessures à la vessie, à l’urètre, à la prostate ou au vagin
l’intérieur de l’abdomen et du bassin.
– Infections causées par la rupture de l’intestin ou de
OBSERVATIONS l’appareil urinaire
– Sensibilité du bassin palpable en exerçant des – Thrombose veineuse profonde
pressions sur le bassin, c’est-à-dire en comprimant – Décès
et en distractant doucement les crêtes iliaques.
Une fracture du bassin risque davantage d’entraîner
– Instabilité du bassin palpable en comprimant et en des complications chez une femme qui en est aux
distractant les crêtes iliaques avec les deux mains derniers stades de la grossesse à cause du risque élevé
(il importe de procéder très doucement lorsque de décollement placentaire et de rupture de l’utérus.
l’on évalue la sensibilité du bassin; ne secouez pas
le bassin et n’appliquez pas une grande force tant TESTS DIAGNOSTIQUES
que des fractures du bassin instables sur le plan
squelettique n’ont pas été exclues à la – Obtenez un échantillon d’urine pour fin d’analyse
radiographie, car un examen trop brusque risque (déterminez s’il y a hématurie macroscopique ou
d’accentuer l’hémorragie). microscopique).
– Instabilité de la hanche à l’adduction (une douleur TRAITEMENT
liée à tout mouvement de la hanche évoque une
fracture acétabulaire en plus d’une fracture de la Objectifs
hanche). – Stabiliser la fracture
– Signes de blessure urétrale chez l’homme, p. ex. – Prévenir et traiter les complications
hématome scrotal ou sang dans le méat urinaire
Consultation
– Saignement vaginal chez la femme
– Hématurie Consultez un médecin dès que possible si vous
– Saignement rectal ou signe d’Earle, c’est-à-dire un soupçonnez ou diagnostiquez une fracture du bassin.
héma tome important ou une ligne de fracture au Dans le cas des clients dont l’état hémodynamique
toucher rectal (effectué avec soin) est instable (et qui ont des fractures instables du
– Signe de Destot, c’est-à-dire un hématome au- bassin), il faut consulter un orthopédiste d’urgence
dessus du ligament inguinal, sur la partie pour qu’il étudie la possibilité d’une fixation externe.
proximale de la cuisse ou sur le périnée Interventions non pharmacologiques
– Signe de Grey-Turner, c’est-à-dire une coloration
bleutée des flancs (associée à un saignement – L’évaluation et la stabilisation des points ABC ont
rétropéritonéal) la priorité (Voir la section « Évaluation des
urgences et traitement des traumatismes majeurs »
– Signe de Roux, dans lequel la distance mesurée plus haut dans ce chapitre).
entre le grand trochanter et la symphyse pubienne
est plus petite d’un côté que de l’autre (indiquant – Traitez les affections aiguës pouvant être fatales.
une fracture prédominante de l’anneau pelvien – Évitez de trop bouger le bassin.
antérieur)
Ne mettez pas en place de sonde urinaire tant que
– Déficits neurovasculaires des membres inférieurs vous n’avez pas écarté la possibilité d’une blessure à
l’urètre (à la suite d’un examen physique).

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–13

Traitement adjuvant Surveillance et suivi


– Mettez en place une tubulure de gros calibre et – Surveillez étroitement les signes vitaux et la
administrez du soluté physiologique au besoin saturation en oxygène (oxymétrie de pouls).
(Voir la section « État de choc » plus haut dans ce – Surveillez les signes de perte sanguine continue et
chapitre). d’infection chez le client.
– Administrez de l’oxygène au masque à raison de – Surveillez l’apparition de problèmes
10-12 l/min; maintenez la saturation en neurovasculaires dans les membres inférieurs.
oxygène > 97 % ou 98 %.
Orientation vers d’autres ressources
Interventions pharmacologiques médicales

Traitez la douleur au moyen d’analgésiques – Procédez à l’évacuation médicale.


morphiniques : – Assurez la stabilisation hémodynamique et
transférez le patient sur une planche dorsale.
mépéridine (Demerol) (médicament de classe D),
75-100 mg IM

URGENCES GÉNÉRALES
CHOC ANAPHYLACTIQUE SYMPTOMATOLOGIE
Le choc anaphylactique débute généralement
DÉFINITION quelques minutes après l’injection ou l’ingestion de
Réaction allergique rare et susceptible d’être fatale. la substance en cause et est généralement manifeste
Les symptômes apparaissent en quelques minutes; ils dans les 15 minutes qui suivent. Voici quelques-uns
des symptômes possibles :
peuvent toucher plusieurs systèmes et appareils de
l’organisme (p. ex. la peau, l’appareil respiratoire, – Éternuements
l’appareil circulatoire) et provoquer, dans les cas – Toux
graves, une perte de conscience tardive. La perte de – Prurit
conscience est rarement la seule manifestation du
– Picotements cutanés
choc anaphylactique.
– Rougissement de la peau
Il faut distinguer le choc anaphylactique de – Œdème facial (urticaire péribuccale, buccale ou
l’évanouissement (syncope vaso-vagale), beaucoup périorbitale)
plus courante et bénigne. C’est la rapidité – Anxiété
d’apparition du syndrome qui fait toute la différence. – Nausées, vomissements
Une personne qui s’évanouit passe de l’état normal à
– Apparition rapide de difficultés respiratoires (p. ex.
l’inconscience en quelques secondes. Pour la respiration sifflante, dyspnée, oppression thoracique)
réanimer, il suffit de l’installer en position allongée.
L’évanouissement s’accompagne parfois d’une – Palpitations
activité convulsive clonique, qui n’exige toutefois – Hypotension pouvant mener à l’état de choc et au
aucun traitement ni examen complémentaire collapsus
particulier. Le collapsus cardiovasculaire peut survenir sans que
des symptômes respiratoires ne soient présents.
CAUSES
– Vaccins Réaction grave
– Injection de médicaments ou drogues – Détresse respiratoire grave (obstruction des voies
– Piqûres d’insecte (p. ex. abeille) respiratoires inférieures caractérisée par une respiration
– Médicaments (p. ex. pénicilline) sifflante à tonalité aiguë, obstruction des voies
– Aliments respiratoires supérieures caractérisée par un stridor)
– Latex – Difficulté à parler
– Difficulté à avaler
– Agitation
– État de choc
– Perte de conscience

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14–14 Urgences générales et traumatismes majeurs

OBSERVATIONS Interventions non pharmacologiques


– Tachycardie – Installez le client en position allongée (élevez-lui
– Tachypnée, respiration difficile les pieds, si possible).
– Tension artérielle normale-faible (le client est – Rétablissez la perméabilité des voies respiratoires
hypotendu s’il est en état de choc). au besoin.
– L’oxymètre de pouls peut indiquer qu’il y a – Si le choc anaphylactique a été causé par une
hypoxie. substance injectée, installez un garrot (si possible)
– Détresse modérée ou grave au-dessus du point d’injection; desserrez le garrot
pendant 1 minute toutes les 3 minutes.
– Utilisation des muscles accessoires de la
respiration Traitement adjuvant
– Thorax : entrée d’air réduite, respiration sifflante Choc anaphylactique grave
modérée ou sévère
– Rougeur, diaphorèse – Administrez de l’oxygène au masque à raison de
6-10 l/min ou plus; maintenez la saturation en
– Urticaire généralisée oxygène > 97 % ou 98 %.
– Œdème facial
– Amorcez le traitement IV avec du soluté
– Diminution du degré de conscience physiologique pour garder une veine ouverte, sauf
– Peau moite et froide si le client a un choc anaphylactique grave et
présente des signes d’état de choc (Voir les détails
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
de la réanimation liquidienne des patients en état
– Asthme de choc dans la section « État de choc » plus loin
– Aspiration de corps étrangers dans ce chapitre).
– Œdème de Quincke Interventions pharmacologiques
– Embolie pulmonaire
Administrez rapidement :
– Syncope vaso-vagale (évanouissement)
épinéphrine en solution aqueuse (médicament de
COMPLICATIONS classe D), 1:1000, 0,01 ml/kg (dose maximale
– Hypoxie 0,5 ml) SC ou IM (dans le membre opposé à celui
dans lequel l’injection initiale a été faite, si le choc
– État de choc anaphylactique a été causé par une substance
– Obstruction des voies respiratoires causée par injectée)
l’œdème des voies respiratoires supérieures
L’injection SC d’épinéphrine convient aux cas bénins
– Convulsions
ou à ceux qui sont traités rapidement. Une seule
– Aspiration injection SC suffit, en général, dans ces cas.
– Décès
Dans les cas graves, il faut donner une injection IM,
TESTS DIAGNOSTIQUES qui permet une distribution générale plus rapide du
Aucun médicament.
On peut administrer deux nouvelles doses d’épinéphrine
TRAITEMENT à des intervalles de 20 minutes, au besoin. Si la réaction
est grave, il peut être nécessaire de raccourcir
Objectifs l’intervalle entre les doses (10-15 minutes).
– Améliorer l’oxygénation Si le choc anaphylactique a été causé par l’administration
– Atténuer les symptômes sous-cutanée d’un vaccin, on peut injecter une dose
– Prévenir les complications supplémentaire de 0,005 ml/kg (dose maximale 0,3 ml)
– Prévenir les récidives d’épinéphrine en solution aqueuse (1:1000) au point de
vaccination pour ralentir l’absorption du vaccin. Mais si
Il est vital de reconnaître et de traiter rapidement un
le vaccin a été administré par voie intramusculaire, il ne
choc anaphylactique.
faut pas procéder à une injection locale d’épinéphrine au
point de vaccination, car elle dilatera les vaisseaux et
accélérera l’absorption.

Il est primordial d’intervenir rapidement. Il est plus


dangereux de tarder à administrer l’épinéphrine que
d’en administrer rapidement mais de façon inadéquate.

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–15

Dose d’épinéphrine Le tableau 3 présente les doses approximatives de


Il faut établir avec soin la dose d’épinéphrine à diphénhydramine à injecter (solution de 50 mg/ml).
administrer. Il vaut mieux la calculer selon le poids
corporel s’il est connu. Dans le cas contraire, on peut Tableau 3 : Dose de diphénhydramine selon l’âge
établir la dose d’épinéphrine (1:1000) Âge Dose
approximativement d’après l’âge du patient < 2 ans 0,25 ml (12,5 mg)
(tableau 2).
2-4 ans 0,5 ml (25 mg)
Une dose excessive d’épinéphrine peut augmenter la 5-11 ans 1,0 ml (50 mg)
détresse du patient en causant des palpitations, de la ≥ 12 ans 2,0 ml (100 mg)
tachycardie, des rougeurs et des céphalées. Ces effets e
Source : Guide canadien d'immunisation, 5 éd. (Santé
secondaires sont désagréables, mais peu dangereux. Canada, 1998)
Des dysrythmies cardiaques peuvent survenir chez
des adultes âgés, mais elles sont rares chez les
enfants et les jeunes adultes en bonne santé. Pour le bronchospasme
salbutamol (Ventolin) (médicament de classe D),
Tableau 2 : Dose d’épinéphrine selon l’âge 4-8 inhalations toutes les 15-20 min (trois fois) au
Âge Dose moyen de l’aérosol-doseur (maximum de
2-6 mois* 0,07 ml (0,07 mg) 20 bouffées, sinon des effets secondaires
intolérables se développeront).
12 mois* 0,1 ml (0,1 mg)
18 mois* à 4 ans 0,15 ml (0,15 mg) Surveillance et suivi
5 ans 0,2 ml (0,2 mg) Choc anaphylactique grave
6-9 ans 0,3 ml (0,3 mg)
10-13 ans 0,4 ml (0,4 mg)
Surveillez souvent les voies respiratoires, la
respiration et la circulation (l’ABC), les signes vitaux
≥ 14 ans 0,5 ml (0,5 mg) et l’état cardiorespiratoire.
* Il faut calculer les doses pour les bébés de
6 à 12 mois et de 12 à 18 mois de façon approximative Consultation
(en choisissant une dose intermédiaire entre les valeurs
indiquées ou en passant à la dose immédiatement plus Choc anaphylactique grave
élevée, selon ce qui est le plus pratique).
e
Source : Guide canadien d'immunisation, 5 éd. (Santé Consultez un médecin dès que l’état du client se sera
Canada, 1998) stabilisé; discutez de la possibilité d’administrer des
stéroïdes par voie IV.
Choc anaphylactique grave Orientation vers d’autres ressources
Administrez ce médicament en plus de médicales
l’épinéphrine :
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
chlorhydrate de diphénhydramine (Benadryl) Dans tous les cas sauf les plus bénins, les victimes de
(médicament de classe A) choc anaphylactique doivent être hospitalisées pour
la nuit ou être surveillées pendant au moins
Ce médicament doit être réservé aux clients qui ne
12 heures.
répondent pas bien à l’épinéphrine. Il peut aussi être
utilisé pour prévenir la réapparition des symptômes Comme le choc anaphylactique est rare, il faut
chez ceux qui y ont répondu (l’épinéphrine étant un vérifier régulièrement les flacons d’épinéphrine et les
agent à courte durée d’action), surtout si le transfert à
autres fournitures d’urgence et les remplacer s’ils
un centre de soins actifs ne peut se faire dans un délai sont périmés.
de 30 minutes.
Il faut privilégier l’administration de
diphénhydramine par voie orale si le client est
conscient et s’il n’est pas gravement malade, car
l’administration du médicament par voie
intramusculaire cause de la douleur. Ce médicament
ayant une marge d’innocuité élevée, il est moins
important d’en établir le dosage avec précision.

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14–16 Urgences générales et traumatismes majeurs

ÉTAT DE CHOC – État de choc lié à la dissociation de


l’hémoglobine : l’hémoglobine ne libère pas
DÉFINITION d’oxygène pour les cellules (comme dans
l’empoisonnement au monoxyde de carbone)
Trouble qui survient lorsque la perfusion des tissus – État de choc hypoxémique : dû à une insuffisance
par l’oxygène est insuffisante. Les cellules de respiratoire causée par une lésion au poumon ou
l’organisme subissent alors un choc, et de graves par l’obstruction ou la perturbation des voies
modifications cellulaires se produisent. La mort des respiratoires
cellules peut s’ensuivre. – État de choc consécutif à une diminution de la
On caractérise l’état de choc de plusieurs façons, masse sanguine (hypovolémie absolue): dû à une
notamment selon la progression physiologique du hémorragie ou à une autre perte importante de
trouble : liquides organiques
– État de choc consécutif à une augmentation du lit
– Choc compensé : La perfusion des organes vitaux vasculaire (hypovolémie relative) : dû à une
est maintenue grâce à des mécanismes de blessure à la colonne vertébrale, à une syncope, à
compensation endogènes. un traumatisme crânien grave ou à une lésion
– Choc décompensé : Les mécanismes de vasomotrice découlant de l’hypoxie
compensation sont dépassés; on observe une
hypotension et une altération de la perfusion des SYMPTOMATOLOGIE
tissus. – Nausées
– Choc irréversible : Insuffisance terminale de – Étourdissements, lipothymie
nombreux organes suivie du décès, malgré une – Soif
reprise de la fonction cardiorespiratoire spontanée
dans certains cas. – Perte de conscience
Les autres symptômes observés dépendent de la
La tension artérielle est souvent maintenue par des cause sous -jacente.
mécanismes de compensation vasoconstricteurs
jusqu’à une étape très avancée de l’état de choc. Il ne OBSERVATIONS
faut pas trop se fier aux lectures de la tension
artérielle, sinon on risque de ne pas reconnaître et Rappelez-vous que l’ABC (voies respiratoires,
traiter à temps l’état de choc. respiration et circulation) est à surveiller en priorité.
TYPES D’ÉTAT DE CHOC Les observations varient selon que le client est en état
de choc précoce ou tardif.
– État de choc h ypovolémique : dû à une perfusion
insuffisante des organes vitaux causée par la État de choc précoce
réduction de la masse sanguine
La perte d’environ 15 % à 25 % du volume sanguin
– État de choc cardiogénique : dû à l’incapacité du
suffit à provoquer un état de choc précoce.
cœur de pomper du sang vers les tissus (réduction
du débit cardiaque), comme dans l’insuffisance – Tachycardie (légère ou modérée)
cardiaque – Tension artérielle normale
– État de choc consécutif à une répartition – Hypotension orthostatique
inadéquate du débit sanguin : dû à une – Diminution de la tension différentielle
vasodilatation massive causée par la perturbation – Pâleur
du système nerveux sympathique ou les effets de – Soif
l’histamine ou de toxines comme dans le choc
anaphylactique, le choc septique, une lésion – Transpiration profuse
neurologique, une lésion de la moelle épinière, une – Allongement possible du temps de remplissage
intoxication par certains médicaments (p. ex. capillaire
antidépresseurs tricycliques, fer) – Anxiété, agitation
– État de choc consécutif à une obstruction
mécanique : dû à une obstruction du remplissage
ventriculaire, causée, par exemple, par une
tamponnade péricardique ou un pneumothorax
suffocant

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–17

État de choc tardif Traitement adjuvant


Causé par la perte de 30 % à 45 % de la masse – Administrez de l’oxygène au masque à raison de
sanguine 10-12 l/min ou plus; maintenez la saturation en
oxygène > 97 % ou 98 %.
– Hypotension – Pratiquez une perfusion avec du soluté physiologique
– Tachycardie plus prononcée en mettant en place deux intraveineuses de gros
– Pouls faible et filiforme calibre (aiguilles de calibre 14 ou 16 ou plus grosses).
– Baisse de la saturation en oxygène – Administrez 20 ml/kg de liquides rapidement en
bolus IV pendant 15 minutes.
La tachycardie est l’un des premiers indicateurs de la
déperdition volémique. Elle n’est pas toujours aussi – Vérifiez pour voir si l’état de choc persiste.
apparente chez les personnes âgées que chez les plus – Si c’est le cas, continuez à administrer des liquides
jeunes. La tachycardie peut être légère chez les en bolus à raison de 20 ml/kg et réévaluez la
clients qui prennent certains médicaments (p. ex. situation après chaque bolus.
bêtabloquants, inhibiteurs calciques). – Rajustez le débit de perfusion selon la réponse au
traitement.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL – La poursuite du traitement intraveineux dépend de
– Septicémie la réponse à la réanimation liquidienne initiale, de la
– Infarctus du myocarde persistance des pertes et de la cause sous-jacente.
– Embolie pulmonaire – Visez une fréquence cardiaque < 100 puls/min et
une TA systolique > 90 mm Hg.
– Choc anaphylactique
– État de mal asthmatique La quantité de liquide requise pour la réanimation est
difficile à prévoir au moment de l’évaluation initiale.
COMPLICATIONS
Prudence dans les cas d’hémorragie interne
– Angine
L’administration par voie IV d’une grande quantité de
– Ischémie ou infarctus du myocarde
liquides à un client souffrant d’une hémorragie interne
– Insuffisance rénale
non contrôlée à la suite d’un traumatisme fermé ou d’un
– Décès traumatisme par pénétration peut augmenter le
TESTS DIAGNOSTIQUES saignement interne et entraîner la mort.
L’administration IV de liquides parallèlement à
– Oxymétrie de pouls (saturation en oxygène) l’augmentation de la tension artérielle a aussi pour effet
TRAITEMENT de diluer les facteurs de coagulation et d’intensifier
l’hémorragie. Administrez suffisamment de liquides
Rappelez-vous que l’ABC (voies respiratoires, pour maintenir la perfusion périphérique. Il est très
respiration et circulation) a la priorité. important, dans une situation de ce genre, de procéder
rapidement à une transfusion sanguine et à une
Objectifs intervention chirurgicale afin de rétablir l’homéostasie.
– Rétablir la masse sanguine Après la réanimation initiale
– Améliorer l’oxygénation des tissus vitaux
– Mettez en place une sonde urinaire à demeure.
– Prévenir les pertes de masse sanguine continues – Introduisez une sonde naso-gastrique au besoin.
Interventions non pharmacologiques Surveillance et suivi
– Évaluez et stabilisez l’ABC. – Surveillez l’ABC, les signes vitaux (notamment
– Veillez à ce que les voies respiratoires soient libres par l’oxymétrie de pouls) et l’état de conscience
et que la ventilation soit adéquate. aussi souvent que possible jusqu’à ce que l’état du
– Introduisez une canule oropharyngée et ventilez patient soit stable.
(avec de l’oxygène) à l’aide d’un ballon Ambu, au – Réévaluez la situation fréquemment pour
besoin. déterminer si les pertes sanguines persistent.
– Enrayez tout saignement externe; exercez une – Surveillez l’apport liquidien horaire et le débit à
pression directement sur la plaie pour arrêter le l’heure.
saignement de blessures externes. – Cernez et traitez la cause sous-jacente de
– Surélevez les pieds du patient. l’hypovolémie.
– Évaluez la stabilité des problèmes médicaux
préexistants (p. ex. diabète sucré).

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14–18 Urgences générales et traumatismes majeurs

Orientation vers d’autres ressources Interventions pharmacologiques


médicales
Administrez rapidement :
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
thiamine (Betaxin) (médicament de classe D),
100 m g IV (pour prévenir l’encéphalopathie de
COMA (NON ENCORE Wernicke-Korsakoff).
DIAGNOSTIQUÉ) et
dextrose 50 % (médicament de classe D), 25-
DÉFINITION 50 ml solution injectable IV en seringue pré-remplie
(pour traiter l’hypoglycémie)
Altération du degré de conscience dénotant une
atteinte diffuse ou bilatérale de la fonction cérébrale N’éliminez pas la dextrose si la thiamine n’est pas
ou une défaillance des mécanismes activant le tronc disponible. Une seule dose de dextrose ne causera pas
cérébral (ou les deux). l’encéphalopathie de Wernicke-Korsakoff.
Administrez aussi :
CAUSES
naloxone (Narcan) (médicament de classe D),
Le coma peut être causé seulement par : 0,4-2,0 mg IV, SC ou IM pour traiter une surdose
– une atteinte corticale bilatérale de stupéfiants (administrez d’abord 2 mg; s’il n’y a
pas de réponse dans les 3 à 5 minutes qui suivent,
– une atteinte du système réticulaire activateur administrez une autre dose de 4 mg).
Voir la section « Diagnostic différentiel » plus loin
dans ce chapitre. Prenez soin d’appliquer des mesures de contention au
client si vous soupçonnez que le naloxone précipitera
PRISE EN CHARGE INITIALE DU CLIENT le sevrage. L’utilisation courante du naloxone pour
des patients qui ne présentent pas de signes
ATTEINT D’UN COMA D’ORIGINE INCONNUE
d’intoxication par les stupéfiants a été remise en
Effectuez un examen primaire (Voir la section question récemment. Il faut cependant l’envisager
« Examen primaire » plus haut dans ce chapitre). dans tous les cas. En cas de doute, discutez-en
d’abord avec un médecin.
Interventions non pharmacologiques
– Évaluez et stabilisez l’ABC. Une fois que tout danger immédiat pour la vie du
– Introduisez une canule oropharyngée. patient est écarté, vous pouvez passer à l’examen
secondaire (Voir la section « Examen secondaire »
– Installez le patient en position latérale de sécurité, plus haut dans ce chapitre).
sauf en cas de contre-indications.
– Vérifiez la glycémie. – Prenez les signes vitaux, notamment par
l’oxymétrie de pouls (si possible).
Traitement adjuvant – Recueillez une histoire brève et ciblée de la
– Administrez de l’oxygène au masque à raison de maladie.
10-12 l/min; maintenez la saturation en – Déterminez, en particulier, si le patient a eu une
oxygène > 97 % ou 98 %. maladie récente, une fièvre, une éruption cutanée,
– Amorcez le traitement IV pour garder une veine des vomissements ou un traumatisme ou s’il
ouverte, sauf si le client présente des signes d’état souffre d’une maladie chronique; demandez s’il a
de choc (Voir la section « État de choc » plus haut été exposé récemment à une infection, à des
dans ce chapitre). médicaments ou à des substances intoxicantes.
Si vous avez le temps, recueillez les antécédents
médicaux du patient et de sa famille.

Au cours de l’examen secondaire, vous devez


rechercher des signes d’infection occulte, de
traumatisme, d’intoxication ou de dérèglement du
métabolisme. Vous devez aussi être à l’affût des
signes de certains toxidromes (Voir la section
« Surdoses, empoisonnements et toxidromes » plus
loin dans ce chapitre).

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–19

OBSERVATIONS Examen de la motricité

Degré de conscience – Essayez d’obtenir une réponse motrice à des


stimuli verbaux ou physiques.
– Évaluez l’état de conscience à l’aide de l’échelle
– Déterminez si le tonus musculaire, la force et les
de coma de Glasgow (Voir le tableau 1 dans la réflexes sont normaux et symétriques.
section « Traumatisme crânien » plus haut dans ce
chapitre). – La capacité du client de localiser les points de
même que l’absence ou la présence d’une posture
Schéma respiratoire anormale donnent une idée de la gravité de
– Le contrôle de la respiration est centralisé dans le l’atteinte.
cerveau, le pont inférieur et le bulbe rachidien, et il – La rigidité de décortication (flexion des membres
est modulé par les centres corticaux du cerveau supérieurs avec extension des membres inférieurs)
antérieur. dénote une atteinte du cortex cérébral et de la
– Les anomalies respiratoires indiquent un substance blanche sous -corticale.
dérèglement du métabolisme ou une atteinte – La rigidité de décérébration (extension rigide des
neurologique. bras et des jambes) révèle généralement une
– Il y a plusieurs schémas respiratoires (p. e x. atteinte plus grave du tronc cérébral au niveau
respiration de Cheyne-Stokes, respiration du pont.
apneustique, apnée post-ventilatoire).
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Observations oculaires
Le coma sans signes de localisation neurologiques
Signes pupillaires peut être causé par les facteurs suivants :
– Les pupilles résistent généralement à une atteinte – un trouble métabolique comme l’hypoglycémie,
métabolique. l’urémie, la maladie d’Addison, l’acidocétose
– Rappelez-vous que la dilatation des pupilles peut diabétique, l’hypothyroïdie ou une hépatopathie.
être secondaire à la prise de médicaments par voie – les enfants et les jeunes adultes font souvent de
topique ou générale. l’hypoglycémie et peuvent sombrer dans le coma
– La dilatation des pupilles chez une personne après avoir ingéré de l’alcool, notamment du rince-
éveillée n’est probablement pas attribuable à une bouche.
augmentation de la pression intracrânienne et à une – des problèmes respiratoires, notamment l’hypoxie,
hernie. l’hypercapnie
– La dilatation des pupilles chez un patient – une intoxication, causée notamment par les
inconscient peut révéler une hernie uncinée barbituriques, l’alcool, les opiacés, le monoxyde
imminente. de carbone, les benzodiazépines
– Si les pupilles sont petites et réagissent à la – des infections (graves, générales) comme la
lumière, il y a généralement un trouble septicémie, la pneumonie, la fièvre typhoïde
métabolique ou une lésion diencéphalique. – l’état de choc (choc hypovolémique,
– Une dilatation unilatérale et des pupilles fixes cardiogénique, septique, anaphylactique)
dénotent une lésion du troisième nerf crânien ou – l’épilepsie
une lésion uncinée. – l’encéphalopathie hypertensive
– Un myosis extrême bilatéral indique une lésion – l’hyperthermie (coup de chaleur), l’hypothermie
pontique.
Le coma avec irritation méningée mais sans signes de
– Des pupilles fixes au point milieu indiquent une localisation peut être causé par les facteurs suivants :
lésion mésencéphalique.
– Des pupilles dilatées et fixes des deux côtés – la méningite
indiquent une lésion tectale. – l’hémorragie sous-arachnoïdienne causée par une
rupture d’anévrisme, une malformation
S’il y a lésion cérébrale, les yeux dévient du côté de artériovéneuse
la lésion, tandis que s’il y a lésion du tronc cérébral,
Le coma avec signes focaux du tronc cérébral ou
les yeux dévient du côté opposé. avec signes de latéralisation peut être causé par :
Environ 5 % de la population normale présente une – une hémorragie pontique
anisocorie (pupilles asymétriques). – un accident vasculaire cérébral (AVC)
Un bref examen du fond d’œil peut révéler un œdème – un abcès cérébral
papillaire ou une hémorragie rétinienne. – une hémorragie sous-durale ou épidurale

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14–20 Urgences générales et traumatismes majeurs

Le coma dans lequel le client semble éveillé mais ne SURDOSES, EMPOISONNEMENTS


répond pas peut être causé par : ET TOXIDROMES
– un état aboulique : comme la fonction du lobe
frontal est déprimée, le client peut mettre plusieurs DÉFINITION
minutes à répondre à une question.
– le locked-in syndrome : destruction des voies Ingestion d’une substance en quantité suffisante pour
motrices pontiques, le client peut regarder vers provoquer des complexes de symptômes associés à
le haut. des effets toxiques.
– un état psychogène : le client ne répond pas.
EMPOISONNEMENTS SPÉCIFIQUES ET
TESTS DIAGNOSTIQUES TOXIDROMES CLINIQUES
– Mesurer la glycémie Opiacés
TRAITEMENT – Exemples : héroïne, morphine, clonidine, codéine,
diphénoxylate (Lomotil)
Interventions non pharmacologiques – Toxidrome caractérisé par la sédation,
– N’administrez rien par la bouche. l’hypotension, la bradycardie, la dépression
– Introduisez une sonde naso-gastrique sauf si vous respiratoire, généralement le myosis extrême (peut
soupçonnez une fracture associée de la base du ne pas être présent en cas de surdose mixte)
crâne ou un traumatisme facial. Produits distillés du pétrole
– Mettez en place une sonde de Foley.
– Exemples : essence, mazout, colle pour maquette
Interventions pharmacologiques d’avion
– Effet toxique principal : atteinte pulmonaire
Si vous soupçonnez une méningite, n’écartez pas le
(causée par l’inhalation)
recours aux antibiotiques. Commencez à les prescrire
avant l’arrivée à l’hôpital. Discutez de la question Antidépresseurs tricycliques
avec un médecin, si possible. Sinon, administrez : – Effets toxiques principaux: arythmies cardiaques,
ampicilline (Ampicin) (médicament de classe D), effets anticholinergiques (voir plus haut le toxidrome
1-2 g IV immédiatement relatif aux empoisonnements par les opiacés),
ou vomissements, hypotension, confusion et convulsions
– Complications cardiaques : allongement des
ceftriaxone (Rocephin) (médicament de
classe D), 1-2 g IV immédiatement
intervalles QRS et QT, autres arythmies
– Complications neurologiques : agitation, convulsions
Surveillance et suivi – Hypotension : administrez d’abord des liquides par
Surveillez souvent l’ABC, les signes vitaux, la perfusion (Voir la section « État de choc » plus
saturation en oxygène (oxymétrie de pouls), l’état de haut dans ce chapitre).
conscience, l’état respiratoire et les déficits sensori- Il peut arriver que le client semble aller bien et que
moteurs. son état se détériore rapidement par la suite. Il doit
être admis dans une unité surveillée. Préparez-vous à
Consultation dégager ses voies respiratoires. Même s’il est
Consultez un médecin dès que possible, une fois que asymptomatique six heures après l’ingestion, il doit
l’état du client s’est stabilisé. être admis à l’hôpital pour un examen psychiatrique.

Orientation vers d’autres ressources Salicylates (p. ex. Aspirin)


médicales – Effets toxiques principaux : acouphènes, nausées,
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible. vomissements, hyperventilation (alcalose
respiratoire primaire), acidose métabolique, fièvre,
hypokaliémie, hypoglycémie, convulsions et coma
Bon nombre de patients reçoivent à tort un diagnostic
de septicémie ou de gastro-entérite au moment de la
première consultation (à cause de la fièvre, de
l’acidose, des vomissements et d’autres symptômes).
Ces erreurs de diagnostic sont particulièrement
fréquentes chez les personnes âgées.

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–21

Acétaminophène (Tylenol) ÉVALUATION ET TRAITEMENT : APPROCHE


– Effets toxiques principaux : problèmes hépatiques, GÉNÉRALE
survenant de 24 à 72 heures après l’ingestion
Rappelez-vous que l’ABC a la priorité.
– Le client peut aussi avoir des nausées et des
vomissements. – N’oubliez pas de décontaminer l’intestin (Voir la
marche à suivre plus loin), les vêtements, la peau
Agents caustiques et l’environnement.
– Exemples : liquides alcalins (nettoyeur de – Si le client est inconscient, voir la section « Coma
conduits), eau de Javel et acide d’accumulateurs (non encore diagnostiqué) » plus haut dans ce
(l’eau de Javel d’usage domestique ne cause chapitre.
généralement pas de problèmes, sauf des brûlures – Déterminez du mieux que vous le pouvez la
superficielles) substance ingérée.
– Effets toxiques principaux : nécrose locale des – Prélevez un échantillon sanguin chez toutes les
tissus de l’œsophage, causée par les produits victimes d’une surdose pour déterminer le taux
alcalins, et de l’estomac, causée par les acides, et d'acétaminophène sérique (Voir la section
détresse respiratoire; brûlures évidentes au visage « Acétaminophène (Tylenol) » plus haut dans cette
ou à la bouche et vomissements; enrouement et section).
stridor causés par un œdème de l’épiglotte (surtout – Communiquez avec le centre antipoisons le plus
avec les acides) proche pour obtenir d’autres renseignements sur la
Monoxyde de carbone toxine en question.
– Effets toxiques principaux : effets sur le système Consultation
nerveux central, notamment confusion, coma, Consultez un médecin dès que possible après
convulsions, céphalées, fatigue et nausées; l’évaluation initiale du patient et la stabilisation des
arythmie ou ischémie cardiaque possible points ABC.
– Diagnostic : antécédents cliniques (p. ex.
exposition à des gaz d’échappement d’appareil de Décontamination de l’intestin
chauffage et de voiture [surtout chez des enfants
ayant voyagé à l’arrière de camionnettes]); il faut Charbon activé
vérifier le taux de carboxyhémoglobine. – Traitement privilégié pour la majorité des surdoses
associées à l’ingestion d’une substance
La saturation en oxygène du sang artériel, mesurée
par oxymétrie de pouls, est souvent normale dans les – Peut être indiqué pour une surdose de
cas d’empoisonnement au monoxyde de carbone. théophylline, d’antidépresseurs tricycliques, de
phénobarbital, de phenytoïne, de digoxine.
Cocaïne – Ne fonctionne pas dans le cas des intoxications par
– Effets toxiques principaux : convulsions, des métaux comme le fer et le lithium.
hypertension, tachycardie, comportement – Administrez 10-25 g aux enfants, 50-100 g aux
paranoïde ou autres altérations de l’état mental, adultes (1 g/kg).
rhabdomyolyse, infarctus du myocarde et accident – Le sorbitol réduit le transit intestinal mais ne doit
vasculaire cérébral (AVC) être utilisé qu’avec la première dose de charbon
activé si plusieurs doses sont prévues.
– Ce mode d’administration est acceptable si le
client peut boire le mélange, sinon administrez-le
au moyen d’une sonde naso-gastrique.
– Le charbon provoque des vomissements chez 30 %
des clients; dans ces cas, il peut alors être
administré de nouveau.
– L’administration de plusieurs doses de charbon
demeure controversée.

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14–22 Urgences générales et traumatismes majeurs

Ipéca TRAITEMENT DE SURDOSES


ET TOXIDROMES SPÉCIFIQUES
L’ipéca n’est pas très utile. Il ne permet d’évacuer le
contenu de l’estomac que partiellement et peut Opiacés
propulser des comprimés au-delà du pylore. À cause
du risque d’aspiration, l’ipéca est contre-indiqué dans Utilisez le médicament suivant avec prudence chez
les cas où la sensibilité est émoussée et où on ne peut les narcomanes, car il peut précipiter un sevrage aigu.
protéger les voies respiratoires, dans les cas Si cette éventualité est à craindre, soutenez les voies
d’ingestion de matières caustiques ou de produits respiratoires du patient jusqu’à ce que le narcotique
distillés du pétrole et dans les cas de surdose ait été éliminé.
d’antidépresseurs tricycliques, de théophylline ou de Gardez toujours le client sous surveillance jusqu’à ce
tout agent susceptible d’altérer l’état mental. qu’il n’y ait plus de risque de dépression respiratoire.
L’ipéca inhibe la rétention du charbon et en retarde Cette mesure est particulièrement importante en ce
donc l’administration. qui concerne le naloxone, qui a une demi -vie
relativement courte.
La dose est de 30 ml pour un adulte, avec de l’eau.
naloxone (Narcan) (médicament de classe D),
Lavage d’estomac 5 µg/kg IV (commencez généralement par 0,4 -
2 mg pour les adultes); la dose peut être répétée
– Il permet de vider davantage l’estomac que l’ipéca. au besoin jusqu’à un maximum de 10 m g
– Il est sans effet s’il s’est écoulé plus de 1,5 heure
depuis l’ingestion, mais on peut l’essayer dans le C’est un médicament à courte durée d’action (demi-
cas de clients gravement malades. vie de 1,1 heure).
– Utilisez la sonde naso-gastrique ou orogastrique la Les effets des narcotiques peuvent réapparaître une
plus grosse possible. fois que le naloxone cesse de faire effet.
– Le lavage d’estomac est le plus efficace si on
administre du charbon dans les 20 à 30 minutes Produits distillés du pétrole
qui précèdent; administrez de nouveau du charbon – Ne faites pas de lavage d’estomac et ne provoquez
une fois le lavage terminé. pas de vomissements si le patient a avalé des
– Il est recommandé de protéger les voies produits du pétrole.
respiratoires (le client doit être pleinement – S’il n’y a pas eu de symptômes dans les sixheures
conscient). qui suivent, il n’est pas nécessaire de poursuivre
– Instillez des aliquots de 300 ml de soluté l’observation.
physiologique dans l’estomac, puis siphonnez le
liquide gastrique jusqu’à ce qu’il soit clair ou
jusqu’à ce que vous ayez utilisé 5 litres de liquide
pour l’irrigation.
– Le lavage à lui seul ne permet pas de vider
l’estomac et retarde l’administration du charbon.

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–23

Antidépresseurs tricycliques Acétaminophène (Tylenol)


– Évitez de provoquer des vomissements (risques – Dose toxique : 140 mg/kg ou > 10 g chez les
d’aspiration). adultes (la dose toxique est souvent bien moindre,
– Le charbon et le lavage d’estomac sont la base du se réduisant parfois à 4 g/jour, chez les clients
traitement (Voir la rubrique « Décontamination de alcooliques qui prennent de l’acétaminophène
l’intestin » plus haut dans cette section ). régulièrement)
– Il peut arriver que le client semble aller bien et que – Si le client vomit et est incapable de garder le
son état se détériore rapidement par la suite. charbon activé, songez à administrer du
– Le client doit être admis dans une unité de métoclopramide (Maxeran) ( médicament de
surveillance. classe B).
– Préparez-vous à dégager ses voies respiratoires. – Si la quantité ingérée est dans la gamme toxique,
traitez de la façon suivante :
– S’il est asymptomatique six heures après
l’ingestion, il doit tout de même être hospitalisé N -acétylcystéine (Mucomyst) (médicament de
pour un examen psychiatrique. classe D), 20 %, 140 mg/kg PO ou IV, puis
70 mg/kg toutes les 4 heures pour 17 doses;
– Complications cardiaques : allongement des administrez de nouveau toute dose qui a été vomie
intervalles QRS et QT, autres arythmies dans l’heure suivant l’administration
– Complications neurologiques : agitation, convulsions
– Ne renoncez pas à administrer la N-acétylcystéine
– Les convulsions sont généralement brèves et même s’il s’est écoulé de 24 à 26 heures depuis
spontanément résolutives; traitez-les conformément l’ingestion; bien que moins efficace que si elle
à la section « État de mal épileptique » au avait été administrée dès le début, elle réduit la
chapitre 8 « Système nerveux central ». mortalité.
– Évitez la phénytoïne. – Le charbon activé peut être administré dans les cas
– En cas d’hypotension, administrez d’abord des de surdose d’acétaminophène et il nuit très peu à
liquides par perfusion (Voir la section « État de l’action de la N-acétylcystéine; le charbon doit être
choc » plus haut dans ce chapitre). administré dès le début et la N-acétylcystéine, au
Salicylates (p. ex. Aspirin) moins 4 heures plus tard.
– Dose toxique : 150 mg/kg (une dose de 300 mg/kg Matières caustiques
est très toxique) – Ne provoquez pas de vomissements et ne faites pas
– Administrez du soluté physiologique par perfusion de lavage d’estomac.
afin de maintenir la tension artérielle (Voir la – Le charbon activé n’est pas indiqué.
section « État de choc » plus haut dans ce chapitre). – Si le client a des brûlures visibles, il y a 50 % de
– Tentez d’alcaliniser l’urine (pour favoriser probabilités qu’il ait des blessures plus profondes
l’excrétion des salicylates). importantes; l’absence de lésions visibles ne
permet pas d’écarter la possibilité de blessures
importantes (de 10 % à 30 % des clients ont des
brûlures qui vont au-delà de la muqueuse).
Monoxyde de carbone
– Administrez de l’oxygène à 100 % (pour déplacer
le monoxyde de carbone de l’hémoglobine).
– Même si le client semble bien se porter ou s’il se
remet de l’agression subie par le système nerveux
central, il est démontré que l’oxygène hyperbare
réduit les séquelles à long terme; transférez-le
donc à l’hôpital.

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14–24 Urgences générales et traumatismes majeurs

Cocaïne HYPOTHERMIE
– Comme la cocaïne a une demi-vie relativement
courte, la plupart des symptômes se résorbent DÉFINITION
d’eux-mêmes.
– L’observation est probablement de mise dans les Température centrale ≤ 35 °C (95 °F).
cas d’angiospasme coronarien, d’hypertension ou
de tachycardie à cause de la courte demi-vie de la FACTEURS DE RISQUE
cocaïne. – Dérèglement du système endocrinien ou du
– Dans les autres cas, traitez comme un infarctus du métabolisme (p. ex. hypoglycémie)
myocarde. – Infection (p. ex. méningite, septicémie)
– Un infarctus du myocarde ou un AVC peut – Intoxication
survenir jusqu’à 72 heures après la consommation – Pathologie intracrânienne (p. ex. traumatisme
de cocaïne. crânien)
– L’ingestion concomitante d’alcool augmente les – Immersion
risques d’angiospasme cardiaque. – Exposition aux éléments
Les douleurs thoraciques ne pointent pas toujours – Brûlures importantes
vers un infarctus du myocarde (p. ex. le – Facteurs iatrogènes (liquides froids administrés par
pneumomédiastin chez les consommateurs de crack, voie IV, exposition au froid pendant le traitement)
le bronchospasme).
SYMPTOMATOLOGIE
– Les convulsions se résorbent généralement d’elles-
mêmes mais elles répondent à un traitement L’évaluation et le traitement de l’hypothermie sont
normal (Voir la section « État de mal épileptique » essentiellement les mêmes peu importe que le client
au chapitre 8 « Système nerveux central »). soit au sec ou mouillé, sur terre ou dans l’eau.
– Les symptômes du système nerveux central – Au moins un des facteurs de risque susmentionnés
comme l’agitation et la paranoïa peuvent être – Il faut examiner avec soin le client souffrant
traités par du diazépam (Valium) ou du lorazépam d’hypothermie pour déceler toute blessure ou
(Ativan). maladie concomitante.
Surveillance et suivi – Les signes et les symptômes de l’hypothermie
peuvent ressembler à ceux d’une surconsommation
Surveillez souvent l’ABC, l’état de conscience, les d’alcool, du diabète sucré, du mal de l’altitude,
signes vitaux, la saturation en oxygène, l’apport
d’une surdose et d’autres affections; une
liquidien et le débit urinaire jusqu’à ce que l’état du évaluation approfondie est donc de mise.
client soit stable.
– Une maladie ou une blessure grave associée peut
Orientation vers d’autres ressources exacerber l’hypothermie.
médicales À la vue de la couleur de la peau, de la dilatation des
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible. pupilles et de la dépression des signes vitaux, il peut
vous sembler vain d’apporter des secours à un client
en hypothermie. Mais des personnes souffrant
d’hypothermie grave ont été réanimées. Évitez donc
de supposer que le client ne peut être réanimé. Faites
aussi attention à ce que vous dites pendant les
manœuvres. Il n’est par rare que des patients
apparemment inconscients se souviennent de ce qui a
été dit et fait pendant cette période.

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Urgences générales et traumatismes majeurs 14–25

OBSERVATIONS Température centrale ≤ 28 °C


La température rectale est l’un des signes vitaux à – Signes vitaux absents
vérifier chez les victimes du froid. – Les pupilles sont dilatées et ne réagissent pas à la
lumière.
Lorsqu’on parle des « points ABC », il faut y ajouter
un D pour les clients en hypothermie : – Arrêt respiratoire
– Fibrillation ventriculaire
A pour les voies respiratoires.
TRAITEMENT
B pour la respiration.
C pour la circulation. Objectifs
D pour les degrés (température centrale du corps). – Réchauffer la victime pour élever la température
centrale
La température centrale du corps est un signe – Prévenir ou traiter les complications
important chez les victimes du froid. Même s’il est
utile de la déterminer pour évaluer et traiter Généralités
l’hypothermie, les réactions individuelles aux mêmes
températures varient énormément. Le client qui souffre d’hypothermie grave doit être
manipulé très doucement. S’il a le cœur froid, il est
Évaluation de la température très susceptible de faire un arrêt cardiaque, même s’il
est manipulé avec douceur.
La température axillaire ou buccale n’est pas un bon
indicateur de la température centrale. La température – Veillez à ce que tous les articles, oxygène ou liquides
rectale en donne une idée plus juste et se mesure (administrés par voie orale et intraveineuse) qui entrent
facilement sur le terrain. en contact avec le client soient d’abord réchauffés.
– L’oxygène doit être chauffé à une température de
Chez les clients qui ont la peau froide, la température 105 °F à 108 °F (40,5 °C à 42,2 °C) et humidifié,
doit être prise à l’aide d’un thermomètre avec des si possible.
graduations basses, c’est-à-dire un thermomètre pouvant – Comme la peau froide est très fragile, évitez d’y
mesurer des températures aussi basses que 21 °C. appliquer directement des objets chauds ou une
pression excessive (p. ex. des bouillottes non isolées).
Température centrale de 35 °C à 36 °C
– L’intérieur d’un véhicule et toutes les pièces où
– Le client a froid, il frissonne. sont traités des clients en hypothermie doivent être
Température centrale de 32 °C à 35 °C maintenus à une température suffisante pour
prévenir toute perte de chaleur supplémentaire
– Ralentissement des facultés mentales (idéalement au-dessus de 80 °F [26,7 °C]).
– Difficultés d’élocution – S’il faut poser une attelle, il importe de le faire
– Incoordination légère avec soin pour éviter que les tissus gelés ne
– Rigidité musculaire subissent d’autres blessures.
– Jugement altéré – Ne donnez pas de caféine ou d’alcool.
– Irritabilité La réanimation cardiorespiratoire (RCR) ne doit pas être
– Frissons apparents pratiquée dans les cas suivants, car elle n’a pas d’effet
Température centrale de 32 °C important sur la survie des victimes d’hypothermie :

– Les frissons s’arrêtent. – Immersion en eau froide pendant plus d’une heure
– Température centrale < 15,5 °C (60 °F)
Température centrale ≤ 31 °C – Blessures fatales évidentes
– Coma vigil – Gelure (p. ex. formation de glace dans les voies
– Diminution progressive du degré de conscience respiratoires)
– Coma probable à des températures ≤ 30 °C – Paroi thoracique si rigide qu’il est impossible de
– Cyanose faire des compressions
– Œdème tissulaire – Sauveteurs épuisés ou en danger

Température centrale 29 °C Il se peut que la température centrale ne s’élève pas


aussi rapidement que la température de la peau et
– Activité respiratoire lente, peut être difficile à détecter même qu’elle continue à baisser. Il faut donc vérifier
– Fréquence cardiaque lente; le pouls peut être souvent la température rectale.
difficile à palper

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14–26 Urgences générales et traumatismes majeurs

Traitement de base pour tous les cas Prenez également les mesures suivantes :
d’hypothermie
– Réévaluez souvent l’ABC et les signes vitaux.
Prévenez toute déperdition calorique supplémentaire : – Administrez de l’oxygène chaud et humidifié à
isolez le client du sol, protégez-le du vent, prévenez raison de 10-12 l/min ou plus.
les pertes de chaleur par évaporation en lui retirant – Administrez par voie intraveineuse du soluté
ses vêtements mouillés ou en le recouvrant d’un pare- physiologique chauffé (37 °C).
vapeur (p. ex. un sac à déchets en plastique), – Il se peut que les personnes souffrant
couvrez-lui la tête et le cou et transportez-le dans un d’hypothermie modérée ou grave présentent une
endroit chaud; envisagez de lui couvrir la bouche et séquestration liquidienne importante et aient
le nez d’un tissu léger pour réduire les pertes de besoin d’une réanimation liquidienne active; un
chaleur par la respiration. bolus initial de 20 ml/kg est indiqué; répétez le
Hypothermie légère traitement au besoin, mais ne surchargez pas le
client de liquides administrés par voie
Réchauffez le client passivement et progressivement : intraveineuse.
Étape 1: Installez le client dans un endroit aussi Hypothermie grave sans signe s de vie
chaud que possible.
– Si le client n’a pas de pouls (après une vérification
Étape 2 : Augmentez la production de chaleur par d’au plus 45 secondes) et ne respire pas et s’il n’y
l’exercice (sans transpiration) et par le remplacement a pas de contre-indications, amorcez la RCR.
liquidien au moyen de liquides hypercaloriques, – Ventilez avec de l’oxygène à 50 % et humidifié
chauds et sucrés; cette méthode de réchauffement est chaud à l’aide d’un ballon Ambu; visez 12-
particulièrement importante quand on ne peut pas 15 insufflations et 80–100 compressions;
obtenir rapidement des soins d’urgence, notamment continuez aussi longtemps que vous le pouvez.
dans les endroits isolés ou éloignés des centres – Administrez par voie intraveineuse du soluté
médicaux. physiologique chauffé (37 °C).
Étape 3 : Réchauffez passivement en appliquant des – Il se peut que les victimes d’hypothermie modérée
compresses chaudes sur les régions du corps où les ou grave présentent une séquestration liquidienne
pertes de chaleur sont importantes, par exemple la importante et aient besoin d’une réanimation
tête, le cou, les aisselles, les côtés de la paroi liquidienne active; un bolus initial de 20 ml/kg est
thoracique et l’aine; appliquez une grande quantité indiqué; répétez le traitement au besoin.
d’isolants aux mêmes endroits pour prévenir toute – Réchauffez le client passivement comme il est
déperdition calorique supplémentaire (l’objectif est indiqué plus haut.
d’augmenter la température de 1 °C à 2 °C à l’heure).
On n’administre pas de médicaments au cours de la
Étape 4 : Envisagez de faire prendre une douche ou réanimation sauf si la température centrale > 32 °C.
un bain chaud au client s’il est éveillé. Les médicaments sont prescrits par un médecin.
Consultation
Ne laissez pas le client seul.
Si vous avez pratiqué la réanimation et réchauffé le
Hypothermie grave avec signes de vie patient pendant plus de 60 minutes sans que le pouls
(p. ex. pouls et respiration) ou la respiration spontanés ne reprennent, poursuivez
Appliquez au client le traitement indiqué aux les manœuvres mais demandez les conseils d’un
étapes 2 et 3 plus haut mais avec les exceptions médecin.
suivantes :
Orientation vers d’autres ressources
– Ne faites pas prendre de douche ni de bain à une médicales
victime d’hypothermie grave.
Procédez à l’évacuation médicale dès que possible.
– N’administrez pas de liquides par voie orale sauf si
le client peut avaler et protéger ses voies
respiratoires.
– Traitez les clients en hypothermie avec une grande
douceur (évitez de frictionner ou de manipuler les
membres ou de leur appliquer directement de la
chaleur).

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CHAPITRE 15 – SANTÉ MENTALE

Table des matières

PRÉAMBULE ........................................................................................... 15–1


GÉNÉRALITÉS ........................................................................................ 15–1
Définitions .................................................................................... 15–1
Origines culturelles de la maladie mentale
et de la santé mentale ................................................................... 15–1
Communication ............................................................................ 15–4
Prévention de la maladie mentale et promotion
de la santé mentale....................................................................... 15–5
ÉVALUATION DE LA SANTÉ MENTALE ..................................................15–10
Évaluation clinique et traitement ...................................................15–10

PROBLÈMES DE SANTÉ MENTALE ET TROUBLES


MENTAUX COURANTS ...........................................................................15–15
Client violent ou très agité ............................................................15–15
Sevrage alcoolique ......................................................................15–19
Delirium du sevrage alcoolique ................................ .....................15–20
Troubles affectifs .........................................................................15–22
Troubles psychotiques .................................................................15–30
Troubles anxieux .........................................................................15–36
Altération des fonctions cognitives ................................................15–38
Comportement suicidaire..............................................................15–41
Agression sexuelle.......................................................................15–45
Violence familiale.........................................................................15–47
UTILISATION DES RESSOURCES EN SOINS COMMUNAUTAIRES
DE SANTÉ MENTALE ................................ ................................ .............15–50
Lignes de conduite pour l’utilisation des ressources en soins
de santé mentale .........................................................................15–50
Experts-conseils en matière de programmes .................................15–51

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15–1

PRÉAMBULE

La première version de ce chapitre a été rédigée pour la Direction générale des services médicaux
par J. P. Kehoe, directeur des services de santé mentale, Région du Yukon. Cette version revue de
2000 a été préparée par le Dr S. Callaghan et par C. Sargo, RN(EC), infirmière praticienne.

GÉNÉRALITÉS

DÉFINITIONS ORIGINES CULTURELLES


DE L A MALADIE MENTALE
SANTÉ MENTALE ET DE LA SANTÉ MENTALE
La santé mentale est un concept difficile à définir.
Cependant, les spécialistes, comme en témoigne la LA NOTION D’ANORMALITÉ
littérature, s’entendent généralement sur certains Les croyances concernant la maladie mentale sont
indices de la santé mentale, notamment sur les étroitement liées à la religion, aux valeurs sociales, aux
caractéristiques personnelles suivantes :
normes ainsi qu’aux idéaux applicables aux relations
– connaissance de soi et juste perception de soi humaines. La remarque vaut pour toutes les cultures.
– réalisation de soi (de son potentiel)
Ce sont ces croyances communes qui déterminent la
– autonomie (indépendance d’esprit et d’action) nature de la médecine traditionnelle et qui guident
– perception juste de la réalité l’interprétation des symptômes et le choix des
– engagement interventions. La médecine et la psychiatrie
– maîtrise de certaines compétences (aptitudes sociales « occidentales » imputent la maladie mentale à des
et professionnelles voulues pour s’intégrer à son phénomènes biologiques et à des expériences de vie,
milieu) tandis que d’autres cultures lui attribuent également des
– ouverture et souplesse causes métaphysiques ou spirituelles.

MALADIE MENTALE Il est rare qu’une personne soit consciente du fait que sa
perception d’un comportement normal ou anormal est le
On entend par maladie mentale le comportement d’une reflet des valeurs de son milieu culturel; elle a plutôt
personne qui p résente les caractéristiques suivantes ou tendance à considérer que ces valeurs sont justes et
certaines d’entre elles : universelles (ethnocentrisme).
– mésadaptation sociale L’expression de la maladie mentale est fortement tributaire
– altération du raisonnement ou du fonctionnement de la culture. Ainsi, il arrive que des symptômes d’un
intellectuel trouble qui sont très répandus dans un groupe culturel
– troubles de la pensée, de la mémoire ou de soient pour ainsi dire absents d’un autre et soient même
l’orientation considérés comme normaux dans un troisième.
– idées délirantes ou troubles de la perception
Certains troubles sont exotiques et propres à un groupe
– réactions émotionnelles exagérées, inappropriées ou
culturel (par exemple, le Windigo chez les Cris et les
autrement perturbées
Ojibwa et le Pibloktog chez les Inuits). On a tenté
– altération du jugement ou trouble du contrôle des d’intégrer ces troubles aux classifications scientifiques
impulsions des maladies mentales, en attribuant les symptômes
– évaluation irréaliste de soi inhabituels à des déterminants culturels et en partant du
Souvent, le diagnostic d’une maladie mentale ne postulat que les processus pathologiques sous-jacents
sont les mêmes dans tous les groupes culturels.
reposera pas, comme c’est le cas pour la plupart des
troubles physiques, sur la détermination d’une cause
précise.

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15–2 Santé mentale

Certains troubles ne cadrent toutefois avec aucun système Les manifestations des troubles mentaux varient d’une
de classification. Il peut s’agir d’une nouvelle entité culture à l’autre, mais on s’accorde généralement à dire
clinique découlant d’un changement culturel. Le syndrome que certains comportements comme une tristesse
du « découragement total » (dépression, alcoolisme, extrême, un retard moteur et l’agitation sont des signes
absence de responsabilité sociale, négligence de la famille, de perturbation mentale.
comportement suicidaire), décrit chez les Sioux, fait sans
doute partie de cette catégorie de troubles. VALEURS ET ÉTHIQUE D’UNE CULTURE

À l’étape du diagnostic et de l’interprétation, où les choses L’éthique désigne les règles de conduite, la façon dont
sont nommées, le patient et le thérapeute acquièrent un l’individu est censé se comporter dans une société. Si
langage commun qui leur permet de conceptualiser la l’on veut comprendre un client, il faut connaître les
souffrance. Ce processus permet de rassurer le patient, de valeurs de cette personne et ses attentes face à elle-
choisir le traitement qui convient et de donner un sens à même et aux autres.
l’expérience. Lorsque patient et thérapeute ne partagent pas L’ignorance de ces différences souvent subtiles entre
la même « vision du monde » (idée de ce qui est normal ou les normes de comportement peut facilement engendrer
anormal, idée d’une relation de cause à effet dans les de graves malentendus, une perte de crédibilité, de la
comportements interpersonnels, idées au sujet du traitement colère et de la frustration, de part et d’autre.
indiqué), le traitement risque d’aboutir à un échec ou, à tout
le moins, de ne pas donner des résultats optimaux. Comme les valeurs et les idéaux varient d’une culture à
L’intervention doit être adaptée à la réalité culturelle. l’autre, il est impossible d’énumérer toutes les
différences qui peuvent exister. Voici cependant, à titre
PRÉVALENCE ET EXPRESSION d’exemple, certaines valeurs que l’on retrouve
couramment chez les Premières Nations et les Inuits du
DE LA MALADIE MENTALE
Canada.
L’incidence de certains troubles semble varier d’un
groupe culturel à l’autre et dépend des différences Il importe de souligner que ces valeurs ne s’appliquent
observées entre les cultures sur les plans des sources de pas nécessairement à toutes les Premières Nations et à
tous les Inuits du Canada, mais elles peuvent
stress, de la définition de l’anormalité et de la
personnalité (certains types de personnalité sont plus sensibiliser le personnel soignant aux différences qui
imperméables au stress que d’autres en raison du peuvent exister et à la nécessité d’en tenir compte s’il
veut comprendre le client et lui fournir des services de
tempérament, du mode de raisonnement ou du mode
d’adaptation physiologique propres à chacun). santé mentale de qualité.

Voici quelques sources de stress qui sont liées à la culture : La non-ingérence

– Le conflit de valeurs : Situation qui entraîne de Un profond respect pour l’autonomie individuelle se
l’incertitude et de la confusion faute d’un modèle de traduit par l’idée qu’on doit s’abstenir de donner des
référence stable. ordres à une personne, de la contraindre ou même de la
– Le changement social : Les mécanismes d’adaptation persuader, même s’il s’agit d’un enfant. Cette règle de
habituels deviennent inopérants. conduite peut être assimilée par une autre culture à de
l’apathie, à de la négligence, à de l’indifférence, à
– Le stress dû à l’acculturation : Changement social
provoqué par le choc des cultures. l’absence de responsabilité sociale ou à une attitude
fuyante.
– Les événements marquants de la vie : Plus les
changements dans la vie sont nombreux et La colère
importants (décès dans la famille, problèmes
financiers, démêlés avec la justice, problèmes L’expression de la colère pourrait compromettre la
conjugaux), plus ils sont générateurs de stress. collaboration spontanée essentielle à la survie d’un
– La difficulté d’atteindre ses objectifs : Les groupe très uni. D’où la nécessité de réprimer toute
aspirations sont de plus en plus grandes, mais ont hostilité. De l’avis de certains, cette attitude peut
peu de chances de se réaliser. prédisposer à la dépression.
– La discrimination : Il s’agit d’un stress auquel sont Le temps
particulièrement soumises certaines catégories de
personnes (certains groupes d’âge ou les femmes, Le temps est une notion personnelle et élastique qui ne
p. ex.) et qui engendre des sentiments d’impuissance se mesure pas de manière objective mais selon que
et une piètre estime de soi. l’individu se sent prêt à agir ou non.
– Le conflit de rôles : Situation que vit la personne
appelée à adopter plusieurs rôles en alternance.

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Santé mentale 15–3

Le partage Il faut savoir que dans certaines cultures et lorsqu’il s’agit


de certains troubles, l’individu n’est pas considéré comme
La survie du groupe l’emporte sur la prospérité
responsable, et la famille et la collectivité sont prêtes à
individuelle. C’est le partage qui garantit la survie du
collaborer. Dans d’autres cas, surtout lorsque la personne a
groupe.
eu un comportement violent ou a fait du tort à d’autres
La collaboration personnes, le sujet peut être rejeté ou subir des formes
d’ostracisme plus subtiles pour avoir perturbé la vie
La concurrence peut miner la cohésion du groupe. La communautaire. Dans ce cas, l’individu joue un rôle de
collaboration accroît l’esprit de solidarité et permet de « malade », et le pronostic est moins favorable.
mettre en commun les efforts, les talents et les
ressources. Il faut examiner le réseau d’aide pour déterminer
comment le groupe intervient généralement pour
L’excellence ramener l’individu sur le droit chemin, autrement dit
pour faire en sorte qu’il adhère de nouveau aux normes
Il est rare qu’on manifeste ou exprime sa gratitude et aux objectifs de la collectivité.
parce que chaque individu est censé avoir un
comportement « normal », autrement dit irréprochable. Les membres de tout groupe culturel ont des attentes à
l’égard de la thérapie. Il importe de connaître ces attentes
L’enseignement et l’apprentissage et d’en tenir compte dans le plan d’intervention ou de
L’enseignement est fondé non pas sur une instruction traitement.
structurée, mais sur l’exemple. L’individu qui est prêt à Certaines membres de la collectivité ont un statut de
apprendre se met spontanément à observer et à mettre guérisseur, de chaman, de « docteur » ou de sage. Ces
en pratique le fruit de son observation.
personnes et d’autres intervenants qui ont des rapports
privilégiés avec le client sont parfois les mieux placés
UNE APPROCHE AXÉE SUR L’ADAPTATION pour intervenir directement auprès de ce dernier.
CULTURELLE
Dans chaque cas, il faut déterminer, après mûre
Le professionnel ayant reçu une formation scientifique est réflexion, si le guérisseur ou le thérapeute autochtone
souvent mieux placé pour jouer le rôle de consultant que agira en qualité de thérapeute principal ou de
celui de thérapeute principal. L’expertise du consultant se consultant. On ne saurait donner de directives précises à
transmet alors par d es intervenants plus naturels et ce sujet, mais il y a lieu de tenir compte des
acceptables de part et d’autre, qui font généralement partie considérations suivantes lorsqu’on définit les rôles
du groupe culturel du client. respectifs du guérisseur autochtone et du professionnel :
Le service de santé mentale devrait être le mieux – la nature de la maladie (les troubles considérés
intégré possible aux réseaux d’aide reconnus par le comme essentiellement d’origine socio -culturelle
groupe culturel. relèvent sans doute davantage du champ de
compétence d’un guérisseur autochtone)
Il faut tenter de savoir :
– le recours nécessaire à la chimiothérapie ou à une
– ce que le groupe culturel estime normal et anormal autre forme de traitement physique et la nécessité de
– quelles sont les causes attribuées aux troubles par le surveiller les réactions aux médicaments
milieu socioculturel – le degré de risque que comporte chaque option pour
– quelles sont les interventions habituelles du groupe le client, le guérisseur et la collectivité, et les attentes
socioculturel, notamment le recours à des guérisseurs de celle-ci à l’égard de la prise en charge du client
et les réseaux d’entraide traditionnels – l’acceptabilité de chaque option pour le client
– quelles sont les attentes de la communauté à votre – les risques associés aux méthodes que pourrait
égard ainsi qu’envers votre organisme. privilégier le guérisseur autochtone
Cette évaluation peut se faire de manière structurée ou non – la capacité du guérisseur autochtone et du personnel
médical de travailler en collaboration.
et en collaboration avec des « médiateurs culturels »,
c’est-à-dire des personnes qui connaissent bien les deux Il faut respecter les méthodes de guéris on ancestrales
cultures. employées dans le traitement des maladies mentales
même si elles semblent s’écarter des démarches
Idéalement, il faudrait établir le profil des troubles pour scientifiques. En effet, certains facteurs qui ne relèvent
chaque culture et décrire le lien qu’on perçoit entre le pas à proprement parler de la démarche thérapeutique
comportement anormal et divers facteurs peuvent avoir un effet non négligeable, surtout si le
sociopsychologiques. client juge le traitement pertinent.

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15–4 Santé mentale

À moins que la démarche « scientifique » ne soit Voici quelques points que l’on devrait toujours pendre
manifestement plus efficace, surtout dans un contexte en considération lorsqu’on communique avec un
interculturel, le guérisseur autochtone doit jouer un rôle de membre d’un autre groupe culturel, notamment dans le
premier plan dans le traitement, son intervention étant cadre d’une relation d’aide :
sanctionnée par le milieu culturel et souhaitée par le client.
– Même lorsqu’on parle la même langue, le sens d’un
Nonobstant cette mise en garde, la collaboration avec des mot peut être très différent d’une culture à l’autre.
guérisseurs autochtones permet des échanges de D’où l’importance de reformuler les propos de son
connaissances et de points de vue, qui profitent aux deux interlocuteur et de lui poser des questions pour
parties. Toute démarche thérapeutique est dynamique et en s’assurer d’avoir compris et d’être compris.
constante évolution, surtout dans le domaine de la santé – Il est important d’évaluer le niveau du vocabulaire
mentale. du client et d’adapter le sien en conséquence.
Il faut présumer que le patient a les capacités et les – Il faut être attentif au langage non verbal et ne pas
ressources voulues pour surmonter ses difficultés. perdre de vue que les gestes peuvent avoir des sens
Autrement dit, il faut éviter d’avoir une attitude différents, selon la culture.
paternaliste ou d’encourager la dépendance. – Certains sujets chargés d’émotion sont tabous et
doivent être abordés avec tact ou de façon indirecte.
Vous devez être conscient de vos propres valeurs et – Certains sujets sont déplacés ou choquants pour
attentes ainsi que des points de divergence avec l’autre certains groupes, comme les filles pubères, les
culture. personnes âgées ou les femmes mariées. L’âge et le
Parfois, d’autres personnes qui entretiennent des liens sexe de l’interlocuteur sont aussi des facteurs qui
avec le client sont en mesure d’exercer sur lui une peuvent entrer en ligne de compte.
influence sociale bénéfique. – La distance qui doit séparer deux interlocuteurs
(l’espace personnel) varie sensiblement d’une culture
Il est important de faire participer la population cible ou à l’autre et selon la relation qui existe entre les deux
l’ensemble des membres de la collectivité à personnes, le sujet et le but de la conversation. Une
l’élaboration des programmes et des services. Ainsi, les trop grande proximité peut être assimilée à un
services sont mieux acceptés et mieux adaptés aux manque de délicatesse et à une attitude agressive;
besoins de la clientèle. une distance trop grande à de la froideur ou encore à
une attitude impersonnelle ou craintive.
COMMUNICATION – On doit évidemment recourir à un interprète lorsque
son interlocuteur parle une autre langue, mais
Lorsqu’on communique avec une personne d’une autre l’interprète peut aussi aider à préciser et à expliquer
culture, on peut s’attendre à ce que les sources de certaines notions culturelles (Voir la rubrique
malentendus soient nombreuses, même lorsque les deux « Recours à un interprète » plus loin).
interlocuteurs parlent la même langue. Le bagage – Le mode de communication (par exemple, la façon
culturel et, dans certains cas, la langue elle-même d’entamer la conversation ou d’aborder le nœud du
(hypothèse de Whorfian) structurent la perception que sujet, la franchise, le franc-parler et les révélations
l’on a de la réalité. personnelles faites par l’intervieweur) varie d’une
culture à l’autre.
On ne saurait trop insister sur l’importance d’une
– Le conseiller (intervieweur, thérapeute, infirmière)
communication efficace dans le traitement des troubles devrait peut-être se donner la peine d’expliquer son
mentaux et ce, pour les raisons suivantes :
point de vue et de préciser ses valeurs et ses croyances.
– Il faut bien comprendre les symptômes du client, sa – Il y a lieu de déterminer dans quelle mesure le client
situation ainsi que sa perception du problème. s’identifie à sa culture.
– Bien des troubles mentaux sont diagnostiqués à la – Tout au cours de l’entrevue, on ne doit jamais perdre
lumière d’un dérèglement de la pensée ou de la de vue le milieu dans lequel évolue le client. On doit
perception qui ne peut être détecté que par des tenter d’aborder le problème et de le comprendre
échanges verbaux et doit être distingué des idées dans l’optique du client.
jugées normales dans le groupe culturel concerné. – L’intervieweur doit être disposé à faire preuve de
– Dans la mesure où des méthodes verbales sont souplesse afin de répondre aux attentes du client en
utilisées dans le traitement, la communication doit ce qui concerne l’objet de l’entrevue.
être efficace. – Quelle que soit sa culture, le client perçoit facilement
certaines qualités de l’intervieweur, notamment son
intérêt et sa sincérité.

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Santé mentale 15–5

Sur certains plans, vous aurez besoin de connaître à – Demandez à l’interprète de vous expliquer le
fond la culture du client. N’hésitez pas à consulter des protocole (tenue vestimentaire, poignée de mains,
travailleurs sociaux, des professionnels de la santé et types de questions acceptables, « espace personnel »,
des auxiliaires dans différents domaines, des utilisation du prénom et tutoiement, présence de
interprètes, des travailleurs d’autres cultures ainsi que l’interprète).
d’autres membres (p. ex. les sages) de la collectivité – L’interprète est un professionnel et ses services
concernée. L’idéal est de miser sur l’expérience et les devraient être reconnus à leur juste valeur.
connaissances directes, mais il ne faut pas négliger de
consulter les études anthropologiques et historiques PRÉVENTION DE LA MALADIE
concernant votre région et sa population.
MENTALE ET PROMOTION
RECOURS À UN INTERPRÈTE DE L A SANTÉ MENTALE
La communication est optimale lorsque les
GÉNÉRALITÉS
interlocuteurs partagent la même langue et la même
culture, de sorte que les messages verbaux Dans le domaine de la santé mentale, les activités de
s’harmonisent avec les messages non verbaux, et les prévention et de promotion ont essentiellement pour
références culturelles sont claires. Voici quelques lignes objectifs de réduire l’incidence des troubles mentaux et
directrices qui peuvent aider à compenser, bien qu’en de favoriser l’épanouissement personnel, l’autonomie et
partie, les différences qui existent entre les le bien-être.
interlocuteurs.
La prévention vise à favoriser la santé mentale en
– Il faut toujours se montrer respectueux et poli. s’attaquant aux facteurs prédisposants et déclenchants
Regardez la personne dans les yeux à moins de de la maladie mentale. Elle met l’accent sur les
ressentir de la gêne chez l’interprète. Appelez populations à haut risque (les facteurs prédisposants) et
l’interlocuteur par son nom. L’estime de soi est en sur les situations à haut risque (les facteurs
partie liée au nom de la personne. Parlez lentement déclenchants comme le stress).
sans élever la voix. Le volume ne compense pas les
difficultés posées par le vocabulaire ou la syntaxe. La promotion de la santé mentale vise à favoriser
– Abordez la question de la confidentialité. Assurez- l’acquisition d’aptitudes et d’attitudes propices à une
vous de bien comprendre la relation qui existe entre bonne santé mentale, et non seulement à éviter la
le client et l’interprète et qu’elle ne fait pas maladie mentale.
problème. Des interventions individuelles suffisent rarement à
– Demandez à l’interprète de traduire vos propos et venir à bout de troubles qui touchent un grand nombre
ceux de votre interlocuteur au fur et à mesure afin de d’individus. En principe, la prévention et la promotion
vous assurer que la communication se fait. Au de la santé sont beaucoup plus rentables, bien qu’elles
besoin, demandez à l’interprète de résumer la ne donnent pas toujours des résultats aussi rapides
conversation pour avoir l’assurance que les trois qu’un traitement individuel. De plus, ces approches
parties se comprennent bien. impliquent dans bien des cas des changements sociaux
– Expliquez à l’interprète qu’il doit traduire non et environnementaux qui ne sont pas toujours acceptés
seulement les paroles, mais aussi les sentiments et les d’emblée (par exemple, modifier les méthodes
émotions du client. d’éducation des enfants, offrir des cours d’éducation
– Au besoin, demandez au client de faire un résumé sexuelle, éliminer la pauvreté, la discrimination, le
des échanges. chômage et les piètres conditions de logement et
– Soyez à l’affût des décalages entre la communication humaniser les institutions sociales).
verbale et non verbale et si vous soupçonnez un
Dans le domaine de la santé mentale, la prévention ne
problème quelconque, demandez à l’interprète de peut être aussi spécifiquement axée sur des troubles,
vérifier si vos doutes sont fondés.
comme c’est le cas pour les maladies physiques (Voir
– Demandez à l’interprète de choisir les mots justes la rubrique « Troubles mentaux pouvant être
lorsque vous abordez des sujets qui pourraient être prévenus » plus loin).
délicats ou tabous, comme la sexualité, et expliquez-
lui que vous ne vous attendez pas à une traduction
littérale. Demandez-lui de traduire ce qui a été dit
pour vous assurer que son interprétation des propos
du client est la plus fidèle possible.

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15–6 Santé mentale

L’existence de certaines conditions n’entraîne pas TROUBLES MENTAUX POUVANT ÊTRE


nécessairement l’apparition de troubles mentaux précis, PRÉVENUS
sauf dans les quelques cas signalés. C’est dire que la
On reconnaît qu’il est possible de prévenir
prévention a souvent un caractère aléatoire. La
spécifiquement cinq catégories de troubles mentaux,
promotion de la santé, par contre, a des objectifs plus
entre autres parce que les causes de ces maladies
concrets et mieux définis, notamment l’acquisition et
précises sont connues.
l’amélioration d’aptitudes ou de comportements
observables, réputés favorables à la santé mentale. Intoxications aiguës et chroniques

Parmi les stratégies généralement utilisées dans la – Intoxication aiguë : ingestion intentionnelle ou
prévention des maladies mentales figurent : accidentelle de drogues ou de médicaments, de
produits pour inhalation ou de solvants
– la recherche de cas par le biais d’enquêtes, – Intoxication chronique : exposition prolongée à des
d’examens médicaux périodiques ou d’évaluations produits toxiques industriels ou usage prolongé de
du développement, ou par les activités d’aiguillage médicaments ou de drogues pouvant engendrer une
d’autres d’organismes dépendance
– une intervention psychosociale précoce – Intoxication du fœtus par la mère qui consomme de
– un diagnostic rapide et une orientation en vue d’un l’alcool ou des drogues
traitement
Mesures préventives
– l’examen des facteurs sociaux et environnementaux
associés à la maladie mentale et des facteurs de stress – Changement de milieu
psychosociaux – Changement de mode de vie
– la prestation de services et la promotion de – Changement du système de santé (conservation des
changements sociaux et environnementaux. médicaments, habitudes en matière de prescription et
Les stratégies de prévention et de promotion de la santé de délivrance de médicaments)
supposent un changement d’attitude chez les – Réduction de l’exposition aux produits toxiques
intervenants à l’égard des facteurs déterminants. En industriels
effet, il faut cesser de percevoir les causes et les – Amélioration des normes de sécurité et surveillance
interventions dans une optique individuelle et adopter accrue
une perspective plus globale et sociale. – Amélioration de l’étiquetage des produits toxiques
ménagers et industriels
Les stratégies de prévention et de promotion de la santé
mentale sont le plus efficaces lorsqu’elles sont mises en – Création de centres antipoison
œuvre par un réseau intégré de services et – Éducation de la population en matière de santé
d’organismes. Ainsi, la responsabilité en matière de Infections pouvant léser le système nerveux
santé mentale appartient à l’ensemble de la collectivité, central (SNC)
et le rôle des travailleurs en santé mentale consiste à
transmettre ce message aux membres de la collectivité – Infections au cours de la grossesse (rubéole, syphilis,
et à les inciter à agir. toxoplasmose)
– Maladies infectieuses de la petite enfance
Une mise en garde s’impose au sujet du lancement de (coqueluche, grippe, rougeole, méningite, oreillons,
tout programme communautaire. En effet, même si à tuberculose)
première vue elle semble anodine, toute intervention Mesures préventives
suffisamment puissante ou globale pour produire des
effets bénéfiques peut aussi avoir des effets secondaires – Soins prénatals de qualité
indésirables. Une intervention moins ambitieuse est – Traitement des infections chez la femme enceinte
sans doute plus sûre, ne serait -ce que parce que ses – Immunisation
risques sont plus limités. Troubles d’origine génétique
– Maladie de Tay-Sachs
– Phénylcétonurie
– Galactosémie
– Sclérose tubéreuse
– Chorée de Huntington

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Santé mentale 15–7

Mesures préventives PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE


– Counselling génétique Généralités
– Dépistage et détection précoces
– Régime spécial (dans le cas de la phénylcétonurie et Promouvoir la santé mentale, c’est accroître les
de la galactosémie) compétences et le bien-être des individus, des groupes
et des collectivités. Ce concept diffère du modèle
Carences nutritionnelles traditionnel de prévention en santé publique, qui
– Encéphalopathie de Wernicke distingue trois sphères d’intervention : la prévention
– Béribéri primaire et la prévention secondaire qui ont pour objet
de réduire l’incidence d’un trouble ou d’une affection et
– Kwashiorkor
la prévention tertiaire qui vise à réduire la gravité des
– Pellagre maladies chroniques. S’il est vrai que ce modèle a
– Anorexie permis de prévenir diverses maladies transmissibles et
– Carences nutritionnelles généralisées affections d’origine nutritionnelle, il n’a pas donné de
Mesures préventives résultats aussi concluants dans le cas des maladies
mentales et des troubles de comportement.
– Administration de suppléments alimentaires
– Éducation nutritionnelle Le modèle de promotion de la santé mentale repose sur
la prémisse que les facteurs de stress psychologique
Traumatismes et troubles organiques peuvent prédisposer l’individu à la maladie mentale,
intéressant le SNC mais qu’ils n’entraînent pas nécessairement un trouble
– Traumatismes (par exemple, chutes, blessures par précis.
balles, accidents de véhicules automobiles)
C’est pourquoi les interventions en promotion de la
– Troubles généraux intéressant tout l’organisme (par santé mentale ont pour objet d’améliorer le bien-être et
exemple, érythroblastose fœtale, hyperthyroïdie, les ressources personnelles des populations normales et
crétinisme, masses intercrâniennes, toxémie vulnérables et de modifier les facteurs sociaux et
gravidique, prématurité)
environnementaux qui nuisent à la santé mentale et au
Mesures préventives bien-être psychologique.
– Lois et règlements concernant l’âge légal pour Une intervention peut viser des individus, des groupes,
conduire un véhicule, le port d’équipement voire des systèmes.
protecteur (p. ex. un casque protecteur), le port des
ceintures de sécurité et les limites de vitesse Stratégies de promotion de la santé mentale
– Amélioration de la sécurité industrielle
Encourager les réseaux naturels de soutien
– Lois et règlements sur le contrôle des armes à feu
social
– Promotion de la sécurité par l’éducation de la
population Les réseaux de soutien social (parents, amis) protègent
– Diagnostic précoce et intervention rapide (par l’individu contre les effets de facteurs externes de stress,
exemple, en cas d’hyperthyroïdie et de masses notamment en période de deuil, de transition
intercrâniennes) psychosociale ou de crise. On peut renforcer
systématiquement ces réseaux par les mesures suivantes :
– Bon suivi prénatal
– Repérer les populations à haut risque, c’est-à-dire
vulnérables (par exemple, les jeunes mères, les
chômeurs, les femmes récemment divorcées et les
enfants atteints de déficience mentale)
– Déterminer quelles sont les ressources sociales
spontanées ou naturelles auxquelles on peut
faire appel
– Repérer les aidants naturels, autrement dit, les
personnes qui possèdent ou pourraient acquérir les
aptitudes ou les compétences voulues et qui ont
accès à la population vulnérable
– Offrir à ces personnes l’aide, la formation et les
conseils nécessaires, aussi longtemps qu’elles en ont
besoin.

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15–8 Santé mentale

Accroître la compétence des soignants – sensibiliser davantage aux questions liées à la santé
mentale
En améliorant les compétences et les connaissances des
soignants, qu’il s’agisse de professionnels ou – améliorer l’accès aux services
d’auxiliaires, on a plus de chances de les voir exercer – encourager les activités de promotion de la santé
une influence favorable sur la santé mentale de mentale à l’intérieur de l’organisme (p. ex. des
l’ensemble de la population. Pour atteindre cet objectif, programmes de santé mentale dans les écoles)
on peut recourir à divers moyens, entre autres les – changer le système de façon à mieux répondre aux
conférences de cas, les ateliers interorganismes, les besoins de la clientèle.
conférences, les programmes de formation en cours Les connaissances relatives aux problèmes de santé
d’emploi, le partage de matériel audiovisuel, les mentale acquises dans la prestation de services de santé
groupes d’étude, les groupes de remue-méninges, les devraient être partagées avec d’autres organismes, de
groupes de travail et le coparrainage de séances de façon formelle ou non.
formation ou de consultation tenues par des experts.
STRATÉGIES DE PRÉVENTION
Créer des réseaux communautaires ET DE PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE
Une « communauté compétente » est comparable à un Santé mentale de l’enfant d’âge préscolaire
individu compétent, qui jouit d’une bonne santé et de la mère
mentale. Dans les deux cas, on observe en effet un
sentiment d’autonomie, de maîtrise de sa destinée et de Les programmes de soins prénatals et postnatals, c’est
valorisation. Dans le cas de la santé mentale, la prouvé, contribuent à améliorer sensiblement la santé
promotion d’un tel état passe par la création de réseaux de la mère et de l’enfant et à réduire le risque de divers
communautaires qui favorisent la coopération troubles mentaux associés à des causes physiques
interorganismes, la coordination des efforts ainsi que la (comme la phénylcétonurie et d’autres affections
participation de la population à l’étude de questions touchant le cerveau), mais ils ont également une
touchant la santé mentale. incidence sur des phénomènes psychologiques tels que
l’attachement mère -enfant et la dépression post-partum.
Promouvoir l’éducation en santé mentale
Il est important de reconnaître les enfants qui sont à
L’éducation en santé mentale a pour objet d’aider la risque ou vulnérables parce qu’ils vivent dans des
population et les professionnels à acquérir les conditions dangereuses pour la santé mentale, comme la
connaissances, les compétences et les attitudes qui négligence parentale, un logement inadéquat, le manque
contribueront à leur propre santé mentale et à celle des de stimulation ou les mauvais traitements infligés par
autres. Elle en fait non seulement des consommateurs de les parents ou les frères et sœurs.
services de santé mentale (et d’autres services) plus avertis,
mais aussi des personnes mieux armées pour dispenser des Les garderies et les groupes d’entraide permettent aux
soins et du soutien et pour reconnaître les troubles mentaux. mères d’être libérées temporairement des pressions et
Enfin, elle exerce une influence sur les politiques responsabilités liées à la prise en charge de l’enfant, de
gouvernementales qui ont une incidence sur la santé mentale s’épauler et de s’échanger des conseils.
des individus et des groupes au sein d’une collectivité.
Les évaluations courantes du développement permettent
Miser sur la consultation de repérer les enfants qui ne se développent pas
La tenue de consultations, surtout avec les organismes de normalement. L’examen porte sur divers aspects du
services à la personne, peut contribuer à créer un réseau plus développement, le but étant d’assurer à l’enfant le suivi
dont il a besoin, notamment sur le plan médical.
apte à s’attaquer à la maladie mentale et à promouvoir la
santé mentale. Les écoles, les tribunaux, les organismes de Il faudrait mettre à la disposition des enfants les
service social, les garderies, les foyers pour personnes âgées installations et les ressources voulues pour qu’ils
et les médias ne sont que quelques -uns des organismes puissent exercer leur corps, leur créativité et leur esprit
susceptibles d’avoir une grande influence sur la santé et acquérir des aptitudes sociales.
mentale d’un individu, dans l’immédiat ou à plus longue
échéance. La consultation peut viser les objectifs suivants :

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Santé mentale 15–9

La santé mentale à l’école Tournants de la vie et crises


Il existe toute une gamme de jeux éducatifs axés sur le Le counselling en cas de deuil a pour objet de fournir de
développement affectif et social, plus particulièrement l’appui, surtout aux groupes particulièrement
sur la perception, l’acceptation des sentiments, les vulnérables, comme des personnes ayant perdu un
attitudes , les valeurs et l’acquisition d’aptitudes sociales enfant, un conjoint ou un parent. Il a été établi que les
et interpersonnelles. risque de suicide augmentaient soit immédiatement après
l’événement, dans le cas du décès d’un conjoint, soit plus
La résolution des problèmes sociaux et des conflits peut tard dans la vie, dans le cas du décès d’un parent.
être intégrée au programme scolaire. Il existe de La préparation à la retraite aide l’individu à s’adapter
nombreux programmes destinés aux enfants de tous les
aux nombreux changements qui surviennent lors de la
âges, de la maternelle au niveau secondaire. Ce genre retraite. Parmi les sujets abordés dans le cadre de ces
d’initiative permet d’apprendre aux enfants à :
programmes figurent la gestion des finances, les loisirs,
– analyser les problèmes interpersonnels la santé, le logement et l’évolution des relations.
– trouver des pistes de solutions
Le divorce est une période extrêmement pénible tant
– trouver des moyens convenables d’appliquer une pour les parents qui se quittent que pour les enfants. On
solution ou d’atteindre un objectif
sait que les problèmes psychologiques sont plus
– prévoir les conséquences des diverses solutions répandus chez les enfants du divorce que chez les
envisagées. enfants issus de familles intactes. Les services de
Les problèmes scolaires sont, dans bien des cas, liés à counselling offerts aux adultes et aux enfants sont deux
des troubles mentaux ou à des problèmes de formes de prévention très utiles.
comportement. Si on détecte et corrige tôt les difficultés
d’apprentissage, on peut prévenir la survenue ultérieure Les cours de préparation au mariage et le counselling
de problèmes dus au manque d’estime de soi ou de matrimonial préparent les couples à faire face aux
difficultés de la vie commune et favorisent l’entraide et
confiance en soi et au manque d’aptitudes sociales ou
professionnelles. la résolution constructive de problèmes.

On peut concevoir des programmes spéciaux à Il existe divers types de cours sur le rôle parental, qui
l’intention des élèves en difficulté, souvent s’adressent aux parents d’enfants de groupes d’âge
reconnaissables dès les premières années scolaires. différents. Les groupes d’entraide et de soutien pour les
parents jouent un rôle analogue. Certains programmes font
Les programmes de prévention peuvent prendre la appel à des classes d’observation pour dispenser un
forme de cours structurés axés sur les besoins de enseignement plus pratique aux parents d’enfants d’âge
l’enfant, ou être offerts de manière informelle, selon les préscolaire.
besoins. Quoi qu’il en soit, il faut que l’enseignant
reçoive une formation sur le développement affectif et Des programmes de prévention des agressions sexuelles
les aptitudes sociales. contre les enfants ont été conçus pour être utilisés dans
divers cadres, notamment en milieu scolaire.
Les groupes d’étude parents-maîtres, les groupes de
Les services de counselling et les groupes d’entraide
réflexion d’enseignants, les leçons particulières données
par des pairs et les groupes d’entraide sont autant pour chefs de familles monoparentales aident le parent
d’approches novatrices mises à l’essai dans les écoles qui doit assumer seul le double rôle parental tout en
pourvoyant aux besoins de ses enfants.
pour favoriser de la santé mentale.
Il existe des programmes à l’intention des enfants qui
Même si leur efficacité à long terme n’a pas été
clairement établie, on pense que les programmes doivent être hospitalisés ou subir une intervention
d’initiation à la vie familiale, d’éducation sexuelle et de chirurgicale. Ces programmes permettent d’atténuer le
lutte contre l’abus de l’alcool et des drogues mis en stress qui accompagne le fait d’être séparé de ses
œuvre en milieu scolaire contribuent à prévenir divers parents ainsi que les inquiétudes et les craintes de
problèmes. l’enfant au sujet de l’hospitalisation.
Les services d’écoute téléphonique ou de counselling
offerts aux personnes en état de crise, comme les sujets
suicidaires ou désemparés, peuvent les empêcher de
sombrer dans le désarroi total. On ignore si ce genre de
services permettent effectivement de prévenir le
suicide; aussi, il ne devrait sans doute pas s’agir de leur
objectif principal.

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15–10 Santé mentale

Il existe diverses stratégies de prévention de la Les cours d’affirmation de soi permettent à l’individu
violence, notamment les services et les interventions d’acquérir des aptitudes sociales qui réduisent
conçus pour les victimes et les auteurs d’actes de sensiblement le stress et l’anxiété dans les relations
violence. Au nombre de ces services figurent l’appui, interpersonnelles.
les conseils juridiques, la protection des victimes et le Par le biais de la sensibilisation, l’éducation en santé
traitement des agresseurs. À un autre niveau, on mentale aide la collectivité et l’individu à reconnaître
pourrait s’employer à améliorer la socialisation de les problèmes de santé mentale dans leur milieu.
certains enfants, à poursuivre les agresseurs pour bien
marquer la désapprobation de la société et à lutter Les programmes de développement communautaire
contre les attitudes des médias, des institutions et de la mobilisent la collectivité, mettent l’accent sur les
population qui encouragent la violence. services de santé mentale ou la promotion de la santé
mentale et, dans bien des cas, font participer les
Ensemble de la population personnes en difficulté à la résolution de leurs
Les employeurs et les organismes communautaires problèmes.
offrent souvent des cours de gestion du stress,
uniquement à visée préventive.

ÉVALUATION DE LA SANTÉ MENTALE

ÉVALUATION CLINIQUE Description du problème


ET TRAITEMENT Perception qu’a le client des problèmes éprouvés
dans la vie quotidienne :
GÉNÉRALITÉS Difficultés ou changements touchant :
L’évaluation de la santé mentale vise à fournir des – les relations
éléments d’information précis sur le comportement – le niveau de fonctionnement habituel
du client, ses pensées et ses émotions, et à établir un – le comportement
rapport entre ces facteurs et les antécédents, les – les perceptions
expériences et la situation actuelle de l’intéressé.
Autrement dit, l’évaluation procure les données dont – les aptitudes cognitives
on a besoin pour décrire, diagnostiquer et, s’il y a Intensification des sentiments suivants :
lieu, traiter le problème. L’information peut être – dépression et désespoir
recueillie directement auprès du client, ou encore,
– anxiété
auprès de sa famille ou de l’organisme qui l’a adressé
à la clinique. – impression d’être dépassé par les événements
– méfiance
SYMPTOMATOLOGIE – confusion
Changements somatiques :
Profil du client
– troubles digestifs
Description générale : – insomnie
– Âge – léthargie, fatigue
– Sexe – perte ou prise de poids, perte d’appétit (anorexie)
– Origine ethnique – palpitations
– État matrimonial – nausées, vomissements
– Nombre de frères et sœurs ou d’enfants, et âge – céphalées
– Conjoint ou parents Mécanismes d’intégration et rapports du client avec :
– Conditions de logement – les autres
– Profession – lui-même
– Scolarité – les choses et les idées
– la situation actuelle
– la réalité

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Santé mentale 15–11

Antécédents pertinents Processus cognitif


Antécédents personnels – Profil de vie – Qualité
– Hospitalisations et maladies – Caractère adéquat
– Scolarité – Pensée tangentielle
– Antécédents professionnels – Raisonnement concret/abstrait
– Adaptation sociale – Fuite des idées (recours aux stéréotypes)
– Antécédents sexuels – Verbigération (discours incohérent)
– Intérêts, passe-temps, loisirs – Néologismes (mots inventés)
– Toxicomanie – Fabulation (construction d’événements fictifs, sans
intention délibérée de tromper, attribuable à un
– Événements marquants de la vie
trouble de la mémoire)
– Comportement suicidaire, meurtrier ou violent
– Langage particulier ou inhabituel
Antécédents familiaux – Profil de la famille – Facultés cognitives : conceptualisation, niveau
et de la place du client dans la famille intellectuel, facilité d’expression (précision,
– Rang de naissance vocabulaire)
– Rapports avec les frères et sœurs – Caractéristiques générales : rapidité de la pensée,
– Intégrité de l’unité familiale spontanéité, souplesse ou rigidité, distractibilité,
continuité, vivacité d’esprit, blocage (interruption
– Santé mentale des membres de la famille du fil de la pensée), attention et rétention
– Place perçue dans la famille
– Rapports avec les parents Contenu de la pensée
– Thèmes dominants
EXAMEN CLINIQUE
– Image de soi
État mental et affectif – Perspicacité et conscience
– Discernement
Aspect
– Idées suicidaires ou meurtrières
– État physique et état de santé général
– Tenue vestimentaire Préoccupations particulières
– Contact oculaire – Hallucinations (tous genres)
– Maintien – Idées délirantes
– Rapports avec l’intervieweur – Illusions
– Dépersonnalisation (impression de ne plus être soi-
Comportement même)
– Activité motrice – Déréalisation (impression d’irréalité produite sur
– Comportement général le sujet par le monde extérieur)
– Démarche – Hypochondrie
– Gestes et manières – Obsessions
– Conscience de l’environnement – Rituels ou compulsions
Élocution – Craintes et phobies
– Délire des grandeurs ou sentiment de
– Ton et volume dévalorisation
– Débit
– Nihilisme (disparition de l’ordre des choses)
– Obstacles à la communication – Pensées morbides
Humeur – Religiosité
– Caractère approprié ou non Sens de la réalité
– Impression générale (état dépressif, anxiété, – Conscience de l’heure, du lieu, du mois et de
colère, appréhension, apathie)
l’année
– Affect (approprié ou non)
– Mémoire des faits anciens et récents
– Émotivité (émotion dominante, éventail des – Capacité de distinguer les stimuli internes et
émotions, labilité)
externes

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15–12 Santé mentale

Risque de suicide / d’homicide – offrir à la personne l’occasion d’apprendre de


nouvelles façons de s’adapter et de s’épanouir
Voir la section « Comportement suicidaire » plus loin.
(amélioration de la confiance en soi), notamment
Évaluation et interprétation par le biais de la réadaptation professionnelle, de
l’affirmation de soi et du développement des
Déterminez s’il y a lieu de prendre des mesures habilités sociales ou des compétences parentales
d’urgence : – permettre d’enseigner de nouveaux comportements
– Impulsions meurtrières ou violentes manifestes destinés à remplacer ou à prévenir des
– Risque suicidaire comportements mésadaptés (désensibilisation
– Incapacité de fonctionner systématique en cas de phobies, apprentissage de
méthodes de maîtrise de la colère ou d’autres
Reconnaître les points forts techniques de maîtrise de soi).
Établir un diagnostic provisoire M écanismes d’influence

OBJECTIFS POSSIBLES DU TRAITEMENT Témoignage d’un expert


– Enrayer les symptômes (atténuer l’anxiété) Contacts avec une personne reconnue par le client
– Modifier les attitudes comme un « expert » et qui se chargerait :
– Modifier les comportements (suppression de la – de « nommer » le trouble
manie de se laver les mains, changement – de donner son avis
d’habitudes, maîtrise de soi)
– d’aider le client à réfléchir à son problème, à
– Favoriser l’introspection (compréhension de ses l’interpréter et à l’affronter
motivations, des raisons à l’origine d’une réaction
– d’évaluer la situation
émotive ou des causes d’un comportement
aberrant) Instructions d’un expert
– Améliorer les relations interpersonnelles (relations Recours à l’un des moyens suivants pour faire agir le
harmonieuses avec la famille, capacité de client :
surmonter l’anxiété ou la timidité, maîtrise de la
colère) – instructions verbales
– Améliorer l’efficacité personnelle (amélioration de – ordres
la capacité d’assumer ses responsabilités et d’être – conseils
productif) – suggestions
– Améliorer les aptitudes sociales (capacité de – établissement de limites
mieux fonctionner dans la collectivité) – énoncés de principes
– Prévenir et éduquer (amélioration de la capacité de – permissions
s’adapter et de surmonter les difficultés à venir)
Effet placebo de l’expert
MÉTHODES DE TRAITEMENT
Les qualités personnelles de l’intervenant peuvent
Généralités avoir un effet de persuasion et exercer une influence
sur le client :
Hormis les soins médicaux et physiques dispensés
aux clients atteints de troubles mentaux, il existe des – bienveillance et compassion
interventions psychologiques auxquelles peut – tact
recourir le personnel médical et paramédical pour – confiance
modifier le comportement des sujets. Ces – chaleur humaine
interventions psychosociales peuvent : – sincérité
– avoir une incidence directe sur les réactions – empathie
émotives du client (techniques de relaxation,
réconfort, affrontement) Enseignement par l’exemple
– modifier la perception que le client a de lui-même Il s’agit de fournir un exemple ou un modèle du
(remise en question des croyances irréalistes et des comportement souhaité. Le client devra peut-être
idées fausses, orientation professionnelle) mettre en pratique ce comportement dans des
conditions optimales et non menaçantes (comme dans
le traitement des phobies, de l’anxiété sociale ou de
difficultés à s’affirmer).

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Santé mentale 15–13

Principes d’apprentissage de base Ces dossiers doivent être traités avec le plus grand
soin. Les renseignements médicaux et psychiatriques
Recours systématique au renforcement positif, à
ne doivent pas être communiqués à la famille (y
l’extinction, à la punition ou à d’autres principes
compris au conjoint et aux enfants), aux amis ni à
d’apprentissage pour encourager ou décourager
certains comportements. d’autres professionnels de la santé, sauf si le client y
a consenti en toute connaissance de cause, de
Pratique préférence par écrit (formulaire 14 : Information
relative à la santé mentale).
Apprentissage du comportement souhaité par le jeu
de rôles et la répétition. Dans certains cas, le non-respect de la confidentialité
des dossiers de santé mentale peut être
Restructuration du milieu particulièrement préjudiciable.

Aménager ou modifier le milieu physique ou social – Le client qui souffre de troubles mentaux risque
de façon à faciliter ou à encourager le changement de davantage d’être humilié par une révélation
comportement souhaité. publique et d’être victime des préjugés et de la
partialité, notamment des employeurs.
Coordination des ressources et des services – Étant donné le caractère à la fois personnel et
à la personne social des problèmes de santé mentale, la
divulgation de renseignements contenus dans le
Orienter le client vers d’autres professionnels ou le
dossier peut avoir des répercussions sur des
mettre en contact avec des ressources plus personnes autres que le client.
diversifiées.
– Le dossier peut avoir une incidence juridique et le
Mobilisation des ressources du client client peut être mis en cause.
– La divulgation des renseignements pourrait saper
Créer des conditions propices aux changements de la confiance de la population à l’égard du service,
comportement (sommeil, repos, relaxation du personnel et de l’organisme.
musculaire profonde, nutrition, bonne condition
– Certains clients atteints de troubles de la
physique).
personnalité ou de troubles mentaux risquent
Évacuation du client davantage de tenter d’avoir accès à ces
renseignements ou de faire un mauvais usage des
Voir la rubrique « Hospitalisation et évacuation renseignements obtenus.
médicale » dans la section « Troubles psychotiques »
Lignes de conduite
plus loin.
Le « secret professionnel » concernant le rapport
Admission forcée
entre le médecin et le malade ou, par extension, entre
Voir la rubrique « Admission forcée » dans la section l’infirmière et le malade, n’existe pas au Canada. En
« Troubles psychotiques » plus loin. effet, tous les membres du personnel médical sont
tenus par la loi de témoigner s’ils sont cités à
DOSSIERS ET CONFIDENTIALITÉ comparaître.

Généralités Comme la common law ne prévoit aucune disposition


relative à la divulgation de renseignements
Il faut prendre soin de protéger la confidentialité des confidentiels, chaque cas pourrait être contesté en
dossiers médicaux et des renseignements relatifs aux vertu de principes autres que les précédents établis en
interventions médicales et psychosociales auprès des common law.
clients ayant des problèmes de santé mentale. Dans
bien des cas, ces dossiers contiennent des La Loi sur la protection des renseignements
renseignements personnels sur des questions médico- personnels en vigueur au Canada stipule que le
sociales tout aussi délicates, comme l’avortement, les dossier médical ou tout renseignement concernant le
maladies vénériennes, les naissances non désirées et but ou la nature d’une intervention médicale (même
les examens médico-légaux. le fait que le malade a été examiné par un médecin)
doit demeurer confidentiel. Si des renseignements
sont divulgués délibérément sans le consentement du
client, par exemple si une infraction criminelle est
signalée, le Commissaire à la protection de la vie
privée doit en être avisé par écrit et peut décider d e
divulguer au client le nom de l’informateur.

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15–14 Santé mentale

Il n’existe dans la loi aucune disposition qui oblige de Âge requis pour consentir
signaler une infraction ou l’intention de commettre
On entend par mineur toute personne n’ayant pas
une infraction. Une telle décision doit reposer sur des
encore atteint l’âge légal pour consentir à un
principes éthiques et moraux, tels que la sécurité des
traitement. L’âge auquel la personne peut donner son
individus, y compris du client, surtout s’il y a un
consentement selon la loi varie d’une province à
risque d’homicide, de suicide ou d’agression
l’autre; il se situe généralement entre 16 et 20 ans.
physique. Il est préférable, dans de tels cas, d’obtenir
L’infirmière a intérêt à vérifier cette donnée en
l’avis d’une autre personne, en consultant un
consultant la loi pertinente en vigueur dans la
professionnel d’expérience, en discutant des solutions province ou le territoire où elle travaille.
possibles et en clarifiant les faits et les principes qui
guideront votre décision. Cette question revêt de l’importance dans la
prestation des services de santé mentale puisqu’elle
La Loi sur l’accès à l’information permet au client
peut théoriquement avoir une influence sur l’accès
d’obtenir une copie de son dossier médical, mais le
d’un mineur à des consultations et à des traitements
directeur d’un établissement ou d’un programme peut
refuser de communiquer le dossier s’il juge qu’une telle confidentiels en santé mentale. Par exemple, le parent
ou le tuteur d’un mineur doit-il être informé de la
mesure dessert les intérêts du malade.
demande de services? Devrait-il avoir accès aux
Aucun renseignement concernant un client ne doit dossiers ou aux renseignements concernant le
être communiqué verbalement ou par écrit à contact? Doit-on obtenir le consentement des parents
quiconque, y compris à la police, sauf avec le avant de dispenser des services de counselling ou un
consentement écrit de l’intéressé ou sur présentation traitement à un mineur?
d’une citation à comparaître.
En l’absence de lignes directrices strictes, on peut
Les renseignements demandés par un organisme de appliquer les principes généraux énoncés dans un
service social qui a la tutelle d’un enfant peuvent lui document sur l’âge requis pour consentir, qui
être communiqués sans le consentement des parents s’adresse aux médecins :
naturels. – Un client âgé de 16 ans ou plus devrait avoir le
Tous les renseignements contenus dans le dossier droit de consentir à recevoir tout traitement
d’un client sont la propriété permanente de la chirurgical, médical ou dentaire.
Direction générale des Premières Nations et des – Un client de moins de 16 ans ne devrait pouvoir
Inuits, Santé Canada. Les clients qui veulent obtenir consentir à recevoir un traitement que si le
une copie de leur dossier ou y avoir accès doivent médecin a vérifié s’il est en mesure de comprendre
présenter une demande par écrit et l’adresser au et d’évaluer la nature et les conséquences du
gestionnaire responsable. traitement proposé.
– Lorsqu’il a décidé qu’un client de moins de 16 ans
Quiconque viole délibérément ou sans raison valable a la maturité et la capacité voulues pour
la confidentialité des renseignements concernant un comprendre les conséquences du traitement
client peut faire l’objet de sanctions disciplinaires, proposé et, par le fait même, est en mesure de
notamment d’un congédiement sommaire. consentir à recevoir ce traitement, le médecin
Dans bien des provinces ou territoires, les citoyens devrait noter par écrit les motifs de sa décision.
sont tenus par la loi de divulguer certaines infractions – Les mineurs qui, en raison d’une incapacité
réelles ou soupçonnées. Par exemple, la violence à physique ou mentale, ne sont pas aptes à donner
l’égard des enfants doit être déclarée dans toutes les leur consentement à un traitement devraient faire
provinces et dans les territoires. l’objet de mesures de protection spéciales, qu’ils
aient atteint ou non l’âge de 16 ans.
Avant de prendre une décision concernant l’aptitude
à consentir à un traitement, l’intervenant doit aussi
déterminer si le client est en mesure de comprendre
les enjeux de sa maladie ou de sa situation et les
conséquences du traitement ou de l’absence de
traitement.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Santé mentale 15–15

Protection de la confidentialité Il faudrait poliment refuser de divulguer à quiconque


des renseignements sur un client qui souffre de
Comme c’est le cas pour tous les dossiers médicaux,
troubles mentaux sans l’autorisation préalable de ce
il faut faire preuve de vigilance pour prévenir la dernier.
divulgation délibérée ou accidentelle de
renseignements confidentiels. Les conversations téléphoniques concernant un client
devraient se dérouler à l’abri des oreilles indiscrètes.
Les dossiers médicaux doivent être conservés en lieu
De même, les entrevues ou consultations avec un
sûr lorsqu’ils ne sont pas utilisés.
client devraient avoir lieu en privé.
Il faut veiller à ce qu’aucun document pouvant
Lorsqu’un client (ou quelqu’un d’autre) court un
indiquer qu’un client souffre d’un trouble mental ou
risque quelconque, on doit divulguer des éléments
qu’aucun renseignement à ce sujet ne se trouve à la
d’information qui permettraient de réduire ce risque à
vue du public, d’autres clients ou du personnel qui ne
la famille chargée d’assurer la sécurité de l’intéressé.
s’occupe pas directement de ce client. Même les
On ne peut divulguer que les renseignements
calendriers de rendez-vous peuvent révéler des
renseignements confidentiels. strictement nécessaires sans le consentement du
client.

PROBLÈMES DE SANTÉ MENTALE ET TROUBLES


MENTAUX COURANTS
CLIENT VIOLENT OU TRÈS AGITÉ CAUSES
Les causes du comportement violent sont les mêmes,
La plupart des clients atteints de troubles mentaux ne que le client souffre de maladie mentale ou non :
sont pas particulièrement dangereux ni violents.
Toutefois, ceux qui présentent les troubles suivants – Peur
peuvent avoir un comportement violent : – Frustration
– Troubles de la personnalité – Déception
– Toxicomanies – Sentiment d’infériorité
– Troubles cérébraux organiques ou troubles du – Envahissement de l’espace personnel
contrôle des impulsions – Perte de l’estime de soi
– Troubles maniaques en phase aiguë – Sentiment d’humiliation
– Troubles psychotiques paranoïaques – Protection contre une menace perçue, qu’elle soit
– Troubles fonctionnels organiques accompagnés réelle ou imaginaire
d’idées délirantes ou d’hallucinations. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Le comportement violent d’un client est souvent DES TROUBLES SOUS -JACENTS
imprévisible et irrationnel, puisqu’il relève de la POSSIBLES
psychopathologie. La véritable source de la colère
n’est pas nécessairement apparente et la conduite de Psychoses fonctionnelles
la personne peut sembler illogique, comme dans les Les psychoses fonctionnelles peuvent être associées
cas de délire de persécution, ou encore brusque et aux troubles suivants :
inattendue, comme dans les états hallucinatoires.
– Trouble bipolaire
– Trouble schizophrénique
– Psychose réactionnelle brève
Psychoses toxiques
– Intoxication alcoolique
– Intoxication aux stimulants
– Intoxication aux hallucinogènes
– Intoxication à la phencyclidine (PCP)

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15–16 Santé mentale

Delirium du sevrage Consultation


– Delirium du sevrage alcoolique Dans la mesure du possible, il faut consulter un
– Delirium du sevrage à une autre substance médecin et d’obtenir l’aide de ce dernier lorsqu’on a
chimique affaire à un client violent. Si les circonstances vous
Troubles de la personnalité empêchent de le faire au moment critique, consultez un
médecin le plus tôt possible après la crise pour discuter
– Personnalité limite avec lui des mesures prises, du choix des médicaments
– Personnalité paranoïaque et de la dose administrée. Il est très important d’établir
– Personnalité histrionique le bon diagnostic lorsqu’on s’occupe d’un client
– Personnalité antisociale violent, et la consultation d’un médecin est une partie
essentielle de la prise en charge.
Désordres impulsifs
– Trouble explosif Interventions non pharmacologiques
– Trouble du contrôle des impulsions Prévention
Troubles organiques
Envisagez d’établir d’avance un protocole
– Syndrome cérébral aigu d’intervention en cas de crise :
– Syndrome cérébral chronique
– Si les circonstances le permettent, demandez de
– Démence l’aide avant d’intervenir auprès du client.
– Délire – Sachez vous servir des moyens physiques
TRAITEMENT approuvés pour immobiliser le client ou pour vous
défendre.
Ces lignes de conduite pour la prise en charge de la – Apprenez à bien connaître les voies de sortie que
violence sont valables dans la mesure où le client vous devrez peut-être emprunter.
violent présente des troubles mentaux ou médicaux – Ne mettez à la portée des clients aucun objet
réels. Dans certains cas, la personne peut avoir un pouvant être utilisé comme arme (par exemple,
trouble de la personnalité pour lequel un traitement ciseaux, scalpels, coupe-papier).
d’urgence n’est pas possible ou indiqué. De tels cas Essayez si possible d’anticiper le problème de
doivent plutôt être confiés à la police. comportement et de vous y préparer en prenant en
En dernière analyse, vous devez exercer votre propre note les éléments suivants :
jugement pour déterminer si vous devez intervenir – Changements dans la personnalité du client
auprès d’un client potentiellement violent et quand le – Indices tels qu’une intensification de la violence
faire. Faites confiance à vos impressions et à votre
verbale, une tension posturale, des expressions
jugement. Si vous vous sentez menacé, agissez en faciales, le ton de la voix et une attitude
conséquence.
belliqueuse
Objectifs du traitement – Antécédents de comportement violent, agressif,
meurtrier ou suicidaire ou menaces de porter
Par ordre de priorité : atteinte à sa propre vie ou à celle d’autrui
– Assurer votre propre protection, celle des autres et – État d’intoxication ou altération des facultés par
celle du client l’abus de drogues ou antécédents de toxicomanie
– Éviter ou limiter toute explosion de violence – Agitation extrême, appréhension ou marche de
physique long en large
– Reconnaître et atténuer l’anxiété et la peur chez le – Toute intervention ou mesure déjà utilisée pour
client calmer le client et qui s’est révélée efficace.
Il est toujours préférable de prévoir et de prévenir le
comportement violent.

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Santé mentale 15–17

Lignes de conduite à suivre en cas Mesures de contention


de situation critique
Les mesures de contention et l’hospitalisation forcée
Si vous avez des craintes, essayez de ne pas voir le sont régies par des ordonnances respectives de la
client seul. Évitez aussi de vous tenir trop près de lui, province ou du territoire. Il faut consulter ces textes
ce qu’il pourrait percevoir comme un envahissement de loi et chercher à bien comprendre leurs possibles
de son espace personnel, car cela pourrait aggraver le répercussions. Lorsqu’on a recours à des moyens de
problème. Gardez la porte ouverte et veillez à ce que contention contre une personne ou lorsqu’on la force
l’accès à la porte, pour vous-même et pour le client, à subir un traitement contre son gré en employant des
reste libre; ainsi, vous pourrez, l’un ou l’autre, quitter moyens qui ne sont pas prévus par la loi, on s’expose
la pièce si la situation vous semble dangereuse. à des poursuites civiles et on peut être accusé de
Refusez de voir le client s’il a en sa possession une voies de fait.
arme quelconque. Demandez de l’aide. Si les médicaments sont contre-indiqués,
inappropriés ou insuffisants, et que vous jugez
N’hésitez pas à appeler la police si le client devient
trop menaçant. nécessaire de recourir à des mesures de contention,
vous devez procéder de la manière suivante :
Ne discutez pas avec le client et ne portez atteinte – Utilisez les moyens de contention en dernier
d’aucune façon à son estime de soi. recours lorsque vous n’arrivez pas à calmer le
Ne menacez pas de recourir à la force à moins de client par la parole ou par des méthodes de
pouvoir le faire sur-le-champ. communication non verbales, et qu’il présente un
danger pour lui-même ou pour les autres ou cause
Abordez le client calmement et doucement, de des dommages matériels.
manière professionnelle, confiante et amicale. Soyez – Informez le client de vos intentions en expliquant
le plus détendu et le plus rassurant possible. que vous aurez recours à des mesures de
Utilisez des méthodes de communication non contention parce qu’il est incapable de se
maîtriser.
verbales pour calmer le plus possible le client,
notamment le respect des limites de l’espace – Prévoyez qu’il faut trois personnes ou plus pour
personnel, la fermeté, le ton de la voix et le contact assurer votre sécurité et celle du client. Cette
oculaire. Il est important d’observer et d’évaluer simple démonstration de force peut suffire à
l’effet de ces méthodes, car ce qui peut apaiser ou calmer le client et éviter un véritable recours à la
calmer un client peut produire l’effet inverse sur un force.
autre. Des tentatives de ramener un client à la raison – Expliquez d’avance au client le déroulement des
peuvent même, dans certains cas, accroître son événements et rassurez-le verbalement tout au long
agitation. de l’intervention.
– Ayez un plan d’action bien défini. Déterminez
Montrez-vous intéressé par les doléances, les craintes clairement les tâches que doit accomplir chacun et
ou les soupçons du client. Accueillez ces chargez au moins une personne de contenir un
témoignages sans signifier votre accord ou votre membre.
désaccord. Faites comprendre à la personne que vous
cherchez à l’aider à résoudre son problème. – Enlevez les lunettes, les montres, les bijoux et tout
autre objet pouvant être utilisé comme arme ou
Tentez de déterminer les motifs de la colère ou de la causer une blessure accidentelle.
violence et réagissez en conséquence. Soyez à l’affût – Si le client a entre les mains un objet dangereux,
de signes de troubles cérébraux organiques, d’abus de servez-vous d’un objet pour vous défendre (par
substances intoxicantes, de tentatives de suicide exemple, placez un matelas devant vous ou jetez
(comme des cicatrices aux poignets) ou de bagarres une couverture sur la tête du client).
ainsi que de la présence d’une arme. – Couchez le client à plat ventre, si possible, de
manière à limiter son rayon d’action; sinon, faites
Ne répondez pas à la colère par la colère. Adoptez en sorte qu’il ne soit pas en équilibre.
une attitude non menaçante, non punitive et non
critique. Évitez de réagir aux insultes ou aux propos – Ne présumez pas que votre force peut égaler celle
violents et de considérer que vous êtes du client. Une personne perturbée ou violente est
personnellement visé par ces propos. parfois dotée d’une force étonnante.
– Placez les membres un par un dans les attaches.

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15–18 Santé mentale

– Veillez à ce que les attaches soient suffisamment Surveillance d’un client ayant reçu
serrées pour bien tenir le client sans toutefois le un médicament ou faisant l’objet de mesures
blesser ou bloquer sa circulation. de contention
– Prenez garde que le client vous morde.
Après l’application des mesures
– Gardez votre sang-froid jusqu’au bout. Le client
de contention
violent qui souffre d’un trouble mental ne sait pas
nécessairement qui vous êtes ni où il se trouve. Il – Vérifiez souvent la circulation distale.
est peut-être terrifié et sa rage n’est pas forcément – Enlevez au client tout objet potentiellement
dirigée vers une personne ou un objet en dangereux (bijoux, lunettes, ceinture, chaussures,
particulier. Évitez surtout de vous mettre en colère allumettes et contenu des poches).
et de vous sentir visé par les paroles ou les gestes – Assurez-vous que le client n’a pas d’arme cachée
du client perturbé. Rappelez-vous également qu’il dans les mains (par exemple de petits objets
se souviendra probablement de ce qui a été dit tranchants, comme des éclats de verre, qu’il aurait
pendant la crise. Vous devez en tout temps saisis pendant l’application des mesures de
conserver une attitude professionnelle dans vos contention).
propos et dans vos gestes. – Vérifiez régulièrement si le client a soif ou faim ou
doit faire ses besoins.
Moyens de contention et leur application – Aidez le client à se laver et à faire sa toilette.
On utilisera des sangles de poignets et des sangles de Autres aspects de la surveillance
chevilles de préférence à une camisole de Posey en
raison des risques de strangulation associés à celle-ci. Soyez à l’affût des effets secondaires des
Les attaches de poignets et les attaches de chevilles : psychotropes et expliquez-les au client.
– Se posent facilement Évaluez de manière suivie la maîtrise de soi du client
– Nécessitent l’intervention de trois personnes et sa capacité de bien se comporter.
ou plus
Enlevez les dispositifs de contention lorsque le
– Devraient être installées lorsque le client est à plat sédatif a agi ou que le client s’est calmé.
ventre.
Lors de l’immobilisation, les bras du client doivent Dégagez un membre à la fois, en utilisant les mêmes
être étirés le long du corps et être assujettis à la précautions que lors de l’application des moyens de
civière ou au lit. Les jambes doivent être allongées. contention.
On prendra garde de ne pas recevoir de coups Soyez à l’affût de toute recrudescence du
de pied. comportement violent.
Interventions pharmacologiques Si un client violent est confiné dans une chambre
Envisagez d’administrer un sédatif au client si vous d’isolement, une fois les dispositifs de contention
jugez qu’une telle mesure est indiquée parce que le enlevés :
client est dangereux pour lui-même ou pour d’autres – Prenez, en sortant de la pièce, autant de
ou parce qu’il risque de causer des dommages précautions que vous le feriez pour vous approcher
matériels, ou encore, de quitter les lieux sans avoir du client.
reçu un traitement adéquat. Dans la mesure du – Ne laissez pas le client vous barrer l’accès à la
possible, consultez d’abord un médecin. Sinon, porte.
administrez du : – N’entrez jamais seul dans la pièce.
lorazépam (Ativan) (médicament de classe D), – Rendez souvent visite au client pour maintenir un
1 mg PO ou 1-2 m g IM contact humain et un contact avec la réalité.
– Avertissez toujours la personne de vos intentions
N’utilisez pas de benzodiazépines, comme le lorsque vous pénétrez dans la pièce.
lorazépam, à une personne qui présente une
– Prenez garde aux ustensiles et aux liquides chauds
intoxication alcoolique aiguë, car ces médicaments
en servant les repas.
peuvent potentialiser l’effet dépresseur de l’alcool sur
la fonction respiratoire. – Ne laissez pas dans la pièce des objets qui
pourraient être dangereux.

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Santé mentale 15–19

Orientation vers d’autres ressources : Les symptômes du sevrage alcoolique peuvent


hospitalisation et évacuation médicale évoluer vers le delirium tremens (voir la section
« Delirium du sevrage alcoolique », plus loin dans ce
La décision d’hospitaliser ou non un sujet dans un chapitre).
hôpital local, de le traiter en clinique externe ou de
l’orienter vers un hôpital psychiatrique dépend de
TRAITEMENT
plusieurs facteurs et devrait, il va sans dire, être prise
de concert avec un médecin qualifié, de préférence, Consultation
un psychiatre.
Consultez si possible un médecin avant d’administrer
des médicaments.
SEVRAGE ALCOOLIQUE
Interventions non pharmacologiques
DÉFINITION – Repos accru
– Hydratation et nutrition : régime riche en protéines
Syndrome qui se manifeste chez une personne qui et en glucides et apport liquidien suffisant
cesse de boire ou qui réduit sa consommation
d’alcool après avoir bu pendant plusieurs jours ou – En cas de symptômes modérés ou sévères, il peut
plus longtemps. La plupart des personnes qui ont une être nécessaire d’administrer au client un soluté
dépendance à l’alcool éprouvent leurs premiers physiologique par voie intraveineuse, selon
symptômes de sevrage après 10 à 15 ans de l’ampleur des symptômes et le degré de
consommation. Les symptômes se manifestent dans déshydratation. Réglez le débit de perfusion de
les 3 à 6 heures qui suivent l’arrêt ou la réduction de manière à prévenir la déshydratation ou à y
la consommation et peuvent durer de 2 à 3 jours. La remédier (pour en savoir plus long, voir la
malnutrition, la fatigue, la dépression ou une maladie rubrique « Déshydratation (Hypovolémie) », plus
physique peuvent aggraver les symptômes. loin dans ce chapitre).
Soutien psychologique au client qui présente
Parmi les symptômes figurent un tremblement accusé
des mains, de la langue et des paupières et au moins des symptômes modérés ou sévères
une des manifestations suivantes : – Adoptez une attitude calme et ferme face à un client
– Nausées et vomissements exigeant ou fantasque (voir la section « Client violent
ou très agité » plus haut dans ce chapitre)
– Malaise or faiblesse
– La présence d’une personne qui peut réconforter le
– Hyperactivité neurovégétative (tachycardie,
client contribue à réduire l’anxiété et l’agitation
sudation abondante et élévation de la tension ainsi que les risques.
artérielle)
– Les distractions et la conversation aident à
– Anxiété détourner l’attention du client de ses symptômes.
– Humeur dépressive ou irascibilité – Un environnement tranquille et calme contribue à
– Hypotension orthostatique réduire l’irascibilité et favorise le repos.
SYMPTÔMES ASSOCIÉS – On peut rassurer le client en proie à des
hallucinations et à des perceptions erronées en lui
– Maux de tête et sécheresse de la bouche faisant prendre conscience de la réalité et en lui
– Visage souvent bouffi et couperosé indiquant que ses perceptions erronées sont des
– Léger œdème périphérique, dans certains cas symptômes du sevrage. Il faut éviter de contester
– Gastrite ou de valider les perceptions erronées.
– Sommeil agité Interventions pharmacologiques
– Perceptions erronées et illusions
– Dans certains cas, brèves hallucinations peu Symptômes légers
élaborées (d’origines sensorielles diverses) Administrez au besoin un sédatif :
De 5 à 10 % des cas de sevrage alcoolique
chlordiazépoxide (Librium) (médicament de
s’accompagnent de convulsions importantes. On classe D), 10 mg PO
observe généralement une ou deux crises épileptiques
ou
tonicocloniques dans les 48 premières heures.
lorazépam (Ativan) (médicament de classe D),
Les personnes ayant des antécédents d’épilepsie sont 1 mg SL
prédisposées aux crises convulsives lors du sevrage
alcoolique.

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15–20 Santé mentale

Symptômes modérés ou sévères ÉVOLUTION


Un traitement pharmacologique en consultation Les symptômes se manifestent généralement deux ou
externe présente des risques étant donné que trois jours après l’arrêt ou la réduction de la
l’alcoolique peut mélanger l’alcool et le médicament consommation d’alcool, mais parfois plus tôt.
ou « partager » inconsidérément ses médicaments
avec d’autres personnes de son milieu. Il faut faire Les signes cliniques apparaissent rapidement et
preuve de prudence à cet égard à moins que le client fluctuent au cours de la journée. On observe souvent
puisse être surveillé de près. une aggravation des symptômes la nuit.

chlordiazépoxide (Librium) (médicament de Le syndrome dure habituellement de 2 à 5 jours, mais


classe D), 25 mg PO (trois doses en moyenne) peut persister pendant plusieurs semaines selon la
personnalité du sujet avant sa maladie, son état de
thiamine (Betaxin) (médicament de classe D),
santé, la gravité des complications ainsi que la
100 m g IM par jour pendant 3 jours
rapidité et la rigueur du traitement.
Surveillance et suivi
SIGNES ET SYMPTÔMES
Surveillez l’état du client en tâchant de déceler tout
signe de convulsions. – Hyperactivité neurovégétative : tachycardie,
sudation abondante et tension artérielle élevée
Orientation vers d’autres ressources – Possible fièvre
médicales
Delirium
Évacuation médicale. La désintoxication doit se – Obnubilation de la conscience (obscurcissement de
dérouler dans un cadre où l’on peut surveiller la la conscience de l’environnement), désorientation,
consommation de médicaments (le cas échéant), confusion, distractibilité
assurer une sécurité maximale et observer les signes
– Troubles de la mémoire, amnésie pendant la
de convulsions alcooliques ou de delirium tremens période de delirium. Troubles de la perception :
(Voir la section « Delirium du sevrage alcoolique »
illusions, idées délirantes et hallucinations,
plus loin). généralement terrifiantes
– Les hallucinations sont le plus souvent visuelles,
DELIRIUM DU SEVRAGE mais elles peuvent aussi toucher d’autres sens. Le
ALCOOLIQUE sujet est souvent influençable (par exemple, il
acceptera un verre imaginaire).
Le delirium du sevrage alcoolique est également – Nervosité, agitation, irascibilité, anxiété, pouvant
appelé « delirium tremens ». conduire à un état de panique (ou à l’autre
extrême, ralentissement psychomoteur)
Ce trouble se distingue du sevrage alcoolique par la – Discours parfois incohérent et décousu. Le débit
présence de symptômes du délire (Voir aussi la peut être précipité ou lent.
rubrique « Sevrage alcoolique » plus haut). – Perturbation du cycle veille-sommeil
Le delirium tremens doit être considéré comme une – Tremblements accusés et irréguliers, surtout des
urgence médicale. mains
– Perturbations de l’affect : crainte, anxiété, état
DÉFINITION dépressif, colère, euphorie et labilité émotionnelle.
– Comportements autodestructeurs dans certains cas
Il s’agit d’une réaction psychotique aiguë d’origine
organique, accompagnée de délire et qui peut être – Des crises tonico-cloniques (grand mal) précèdent
toujours l’apparition du delirium.
mortelle. Ce trouble est attribuable aux effets
toxiques cumulatifs d’une consommation excessive TRAITEMENT
d’alcool et de carences nutritionnelles chroniques
pendant une période prolongée (5 à 15 ans). Il est le Évaluez et stabilisez l’ABC (voies respiratoires,
plus souvent déclenché par l’arrêt ou une réduction respiration et circulation) et traitez les convulsions
de la consommation d’alcool. Il peut aussi être d’abord, s’il y a lieu (Voir la section « État de mal
associé à une infection aiguë ou à une lésion, à la épileptique (Crise de grand mal aiguë) » dans le
déshydratation ou à un traumatisme affectif chez une chapitre 8, « Système nerveux central »).
personne qui continue de boire.

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Santé mentale 15–21

Consultation Repos
Consultez un médecin dès que possible. – Veillez à assurer au client un environnement calme
et tranquille.
Interventions non pharmacologiques – Administrez tôt un sédatif. N’attendez pas que
l’agitation ait atteint un seuil critique.
Hydratation et nutrition
– Interdisez les visites à l’exception de celles d’amis
– Veillez à assurer un apport liquidien important si ou de membres de la famille qui peuvent apaiser le
le client est éveillé, ses voies respiratoires sont client.
dégagées et si le réflexe pharyngé est présent. – Lavez le malade à l’éponge ou frictionnez-lui le
– Commencez à administrer un soluté physiologique dos pour l’aider à se détendre.
par voie intraveineuse, s’il y a lieu.
Sécurité
– Réglez le débit de perfusion selon l’état
d’hydratation du client. – Assurez une surveillance constante.
– Offrez des aliments riches en protéines et en – N’ayez recours à la contention qu’en cas d’absolue
glucides et faibles en gras (prévoyez des repas nécessité (Voir la partie sur le recours à la
légers et fréquents). contention physique dans la section « Client
violent ou très agité » plus haut dans ce chapitre).
Orientation
– Enlevez tout objet dangereux.
– Veillez à ce que la pièce soit bien éclairée pour – Abordez le client calmement et avec fermeté.
éviter que le client ne soit perturbé par des ombres – Demandez de l’aide en cas de difficultés. Même
(utilisez une veilleuse le soir).
lorsqu’il délire, le client réagira souvent à une
– Expliquez au client où il se trouve et ce qui démonstration de force.
se passe.
Interventions pharmacologiques
– La présence d’un environnement familier ou d’une
personne connue est souvent utile. Sédatifs :
Soulagement de l’anxiété chlordiazépoxide (Librium) (médicament de
– Adressez-vous au client calmement et avec classe D), 25 mg PO
fermeté. ou
– Permettez-lui d’avoir une certaine maîtrise sur son diazépam (Valium) (médicament de classe D),
environnement en l’autorisant à bouger tout en 5-10 mg IV
respectant certaines limites de sécurité. ou
– Rassurez-le et orientez-le avec douceur. Prévenez- diazépam (Valium) (médicament de classe B),
le de tout soin infirmier à venir.
par voie orale (après consultation d’un médecin)
– Veillez à éliminer au maximum les sources de
stimulation dans l’environnement (la pièce doit être En cas d’hallucinations et d’idées délirantes, consultez
calme et dégagée, loin de toute activité extérieure). un médecin avant d’administrer les médicaments
suivants :
Hallucinations, idées délirantes et illusions
halopéridol (Haldol) (médicament de classe B),
– Évitez de contester les perceptions erronées; évitez 2-5 mg IM toutes les 4-8 h au besoin
également de les valider ou de les appuyer.
et
– Rassurez doucement le client en lui montrant que
votre présence est bien réelle, mais ne vous thiamine (Betaxin) (médicament de classe D),
attendez pas à ce qu’il l’admette. 100 m g IM par jour pendant 3 jours
– Avertissez le client avant de le toucher. Il peut être
surpris et effrayé par un contact tactile et réagir
violemment pour se protéger.
– Sachez que le client réagira aux idées délirantes et
aux hallucinations comme si elles étaient réelles.
– Évitez les conversations à voix basse à portée de
voix du client car il pourrait les percevoir comme
menaçantes. Si vous avez peur du client,
demandez de l’aide car les clients sont souvent
sensibles aux craintes et à l’anxiété d’un
intervenant.

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15–22 Santé mentale

Surveillance et suivi TROUBLES AFFECTIFS


– Souvent, l’état de santé physique du client laisse à
désirer et il peut être nécessaire de soigner des DÉFINITION
problèmes de santé concomitants.
– Prenez note de ses signes vitaux toutes les 15 min Perturbation de l’humeur, généralement récurrente,
jusqu’à ce qu’ils soient stables. associée à un épisode maniaque complet ou partiel ou
à un syndrome dépressif majeur, attribuable à aucun
– Vérifiez toutes les heures l’apport liquidien et le autre trouble physique ou mental.
débit urinaire. Il faut prendre soin de ne pas
surcharger l’organisme.
TYPES
– Gardez le client sous étroite surveillance (Voir la
section « Client violent ou très agité » plus haut Trouble bipolaire : Le syndrome caractéristique, soit
dans ce chapitre). maniaque soit dépressif, est complet.
– Parce qu’il est anxieux et désorienté et que son Dépression majeure
jugement est altéré, le client risque d’avoir un
comportement impulsif destructeur. Autres troubles affectifs spécifiques et troubles
Orientation vers d’autres ressources affectifs atypiques : Le syndrome est soit incomplet
soit atypique par sa gravité ou sa durée.
médicales
– Trouble schizo-affectif
Évacuation médicale. On recommande
l’hospitalisation pour s’assurer que le malade est en – Trouble dysthymique (névrose dépressive)
sécurité et bien encadré, bénéficie d’un traitement CRITÈRES DIAGNOSTIQUES D’UN ÉPISODE
médical complet et ne consomme pas d’alcool. MANIAQUE
Au moins une période au cours de laquelle l’humeur
est essentiellement exaltée, expansive ou irascible, et
qui dure au moins une semaine.
Présence d’au moins t rois des signes ou symptômes
suivants :
– Hyperactivité, agitation, participation excessive à
de multiples activités, augmentation de l’activité
(sociale, professionnelle ou sexuelle)
– Logorrhée (le sujet est plus volubile que
d’habitude et est apparemment incapable de
s’arrêter de parler); le sujet parle fort, son débit est
rapide et son discours est difficile à déchiffrer.
– Fuite des idées (les idées se succèdent avec une
grande rapidité, association d’idées libres)
– Grande estime de soi, idées de grandeur (pouvant
aller jusqu’au délire)
– Diminution du besoin de sommeil, énergie
excessive
– Distractibilité (manifeste dans le discours ou les
activités)
– Altération du jugement (par exemple, frénésie
d’achats, écarts de conduite sexuels,
investissements téméraires, comportement
inhabituel)
On n’observe ni comportement bizarre, ni idées
délirantes, ni hallucinations avant l’apparition du
syndrome ou après la rémission.
Le trouble n’est attribuable à aucun trouble mental
organique, comme une intoxication quelconque ou la
sclérose en plaques.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Santé mentale 15–23

CRITÈRES DIAGNOSTIQUES Caractéristiques des états dépressifs


DE LA DÉPRESSION MAJEURE selon l’âge
Au moins un épisode d’humeur dysphorique ou perte Enfants prépubères
d’intérêt ou de plaisir à l’égard de tous ou de presque
tous les passe-temps et activités habituels, au point – Le comportement (attitude de repli sur soi,
d’empêcher le sujet de fonctionner normalement ou expression faciale) peut être révélateur de
de le plonger dans la détresse. L’humeur dysphorique l’existence d’un trouble de l’humeur.
se traduit par la dépression, la tristesse, le désespoir – L’humeur doit avoir persisté pendant
et l’irritabilité. Le trouble de l’humeur doit être 3 à 4 semaines.
dominant, envahissant et relativement persistant. – Le poids de l’enfant peut ne pas avoir augmenté
comme il le devrait, sans nécessairement diminuer.
Au moins cinq des symptômes suivants doivent avoir – On peut observer un ralentissement psychomoteur
été présents presque tous les jours pendant au moins qui se manifeste par de l’hypoactivité.
deux semaines :
– Il peut y avoir une modification de l’humeur :
– Modification de l’appétit ou changement de poids apathie, solitude, maussaderie, irascibilité, pleurs.
(perte ou gain)
Adolescents
– Insomnie à n’importe quel stade du sommeil, mais
surtout le matin – Chez l’adolescent, le trouble de l’humeur peut se
– Besoin exagéré de sommeil (hypersomnie) manifester par du négativisme ou un
comportement carrément antisocial.
– Agitation psychomotrice (incapacité de rester
assis, marcher de long en large, se tordre les – Souvent, le sujet est d’humeur maussade, est
mains) ou ralentissement psychomoteur (élocution réticent à participer aux activités familiales et se
lente, pauses prolongées avant de répondre aux retire dans sa chambre.
questions, ton bas et débit monotone, – La perte de confiance en soi, la perte d’intérêt, les
ralentissement des mouvements, discours peu troubles somatiques et l’expression de tristesse ou
abondant) de désespoir sont fréquents chez les adolescents
– Perte d’intérêt ou de plaisir sexuel, baisse de la comme chez les adultes.
libido – Les difficultés scolaires sont fréquentes.
– Perte d’énergie – Il arrive que l’adolescent soit particulièrement
– Fatigue sensible au rejet.
– Sentiment de dévalorisation, auto-accusation, Sujets âgés
sentiment excessif ou indu de culpabilité (pouvant
aller jusqu’au délire) – La désorientation, l’amnésie, la distractibilité,
l’apathie et les difficultés de concentration peuvent
– Le sujet se plaint ou montre des signes d’une être des signes de démence ou de dépression
diminution de la capacité de réfléchir ou de se majeure.
concentrer (ralentissement de la pensée,
– En cas de doute, il convient de traiter le trouble
indécision). Idées récurrentes de mort ou de
comme s’il s’agissait d’une dépression et de
suicide, désir de mourir ou tentative de suicide.
considérer l’absence de réponse au traitement
Absence de comportement bizarre et d’humeur comme un autre indice de démence.
inappropriée (disparité entre l’humeur et le contenu
des idées délirantes ou des hallucinations)

La dépression majeure n’est pas attribuable ou


associée à la schizophrénie, à un trouble paranoïaque,
à un trouble mental organique, à un deuil non
compliqué, à une maladie infectieuse, à
l’hypothyroïdie, à l’usage de substances comme la
réserpine, à une alcoolodépendance ou à un autre
trouble mental chronique.
C’est l’intensité et la durée des symptômes qui
distinguent la dépression majeure d’autres troubles
périodiques de l’humeur plus chroniques et moins
sévères (Voir la rubrique « Trouble dysthymique
(Névrose dépressive) » plus loin).

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15–24 Santé mentale

TROUBLES BIPOLAIRES Évolution des épisodes dépressifs


Un trouble affectif majeur dit « bipolaire » peut être – Les premières manifestations sont variables.
essentiellement maniaque, dépressif ou mixte. – Les symptômes évoluent sur une période allant de
quelques jours à plusieurs semaines, mais peuvent
Prévalence apparaître de manière soudaine.
– Les troubles bipolaires touchent moins de 2 % de – Les symptômes prodromiques (anxiété, phobies,
l’ensemble de la population. dépression légère) peuvent durer plus longtemps.
– Les hommes et les femmes sont également – Environ la moitié des personnes qui vivent un
touchés. épisode dépressif majeur en connaîtront
– L’évolution des troubles bipolaires majeurs est ultérieurement un autre.
variable.
TROUBLE DYSTHYMIQUE (NÉVROSE
– Parfois, les épisodes sont séparés par de DÉPRESSIVE)
nombreuses années de fonctionnement normal.
– Dans certains cas, les épisodes se succèdent. Définition
– Dans de 20 à 35 % des cas, on observe une Trouble chronique de l’humeur caractérisé par une
altération chronique du fonctionnement social et humeur dépressive ou par une perte d’intérêt ou de
professionnel. plaisir, mais dont l’intensité et la durée ne
– Souvent, les épisodes sont déclenchés par correspondent pas aux critères d’un épisode dépressif
l’exposition à un facteur de stress psychosocial. majeur.
Symptomatologie
Prévalence
– Le client a déjà eu au moins un épisode maniaque. – Ce trouble est répandu; il toucherait à un moment
– L’état du sujet, s’il est dépressif, répond aux ou l’autre de leur vie jusqu’à 25 % des gens au
critères d’un épisode dépressif majeur. point de justifier une intervention clinique.
Âge de survenue – Dans la population adulte, il est plus répandu chez
– Le premier épisode maniaque survient les femmes; chez les enfants et les adolescents, il
touche également les filles et les garçons.
généralement avant l’âge de 30 ans, le second au
début de la cinquantaine.
– La dépression majeure peut se manifester à tout
âge, même pendant l’enfance.
Évolution des épisodes maniaques
– Les épisodes surviennent généralement de manière
soudaine.
– Les symptômes s’aggravent rapidement en
quelques jours.
– Un épisode dure de quelques jours à
plusieurs mois.
– La plupart des sujets qui vivent des épisodes
maniaques connaîtront un jour ou l’autre un
épisode de dépression majeure.
– Dans le trouble bipolaire, le premier épisode est
souvent de type maniaque.

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Santé mentale 15–25

Critères diagnostiques du trouble Symptomatologie


dysthymique
Âge de survenue
Humeur dépressive presque constante accompagnée
de symptômes caractéristiques d’un syndrome – Débute généralement au début de l’âge adulte.
dépressif, mais moins sévères que ceux de l’épisode – Peut se manifester à tout âge.
dépressif majeur. – Peut suivre un épisode de dépression majeure.

Les manifestations durent depuis au moins deux ans, Évolution du trouble dysthymique
sont relativement persistantes ou intermittentes, et – Débute généralement de façon très progressive.
peuvent être séparées par des périodes d’humeur – Il s’agit d’un trouble chronique.
normale de quelques semaines, mais jamais de plus
de quelques mois à la fois. AUTRES TROUBLES OÙ L’ON RETROUVE
DES SYMPTÔMES DÉPRESSIFS
Chez les enfants et les adolescents, les symptômes
doivent durer depuis une année. Dans un certain nombre de troubles mentaux et chez
certains sujets normaux qui vivent des périodes de
Au cours des périodes dépressives, on observe au stress, on observe certains symptômes comme la
moins deux des symptômes suivants : tristesse, l’appréhension et le désespoir. C’est
– Insomnie ou hypersomnie l’intensité, la durée et les effets incapacitants de ces
– Baisse d’énergie ou fatigue chronique symptômes qui permettent de déterminer s’ils
révèlent un trouble mental réel.
– Sentiment d’inutilité, perte de l’estime de soi ou
dévalorisation de soi Deuil non compliqué
– Diminution de l’efficacité ou du rendement à
l’école, au travail ou à la maison – Possibles signes et symptômes d’un syndrome
dépressif caractérisé
– Difficulté à se concentrer ou à réfléchir clairement
– La culpabilité que peut éprouver le sujet concerne
– Repli sur soi essentiellement ses actions ou omissions.
– Diminution des sources de plaisir; perte d’intérêt – Le sujet peut penser qu’il aurait dû mourir avec la
pour les activités habituelles
personne décédée.
– Irritabilité ou colère excessive – Le sujet considère son humeur dépressive comme
– Incapacité d’accueillir avec plaisir les éloges ou les normale.
récompenses
– La réaction n’est pas nécessairement immédiate,
– Baisse du niveau d’activité; attitude pessimiste, mais elle survient rarement après les deux ou trois
tendance à broyer du noir et à s’apitoyer sur mois qui suivent le décès.
son sort
– La durée d’un deuil « normal » varie sensiblement
– Attitude craintive ou larmoiements d’une culture ou d’une sous-culture à l’autre. Ce
– Idées récurrentes de mort ou de suicide sont les membres du même groupe qui peuvent
Absence de caractéristiques psychotiques telles que : déterminer si un deuil est anormalement long,
idées délirantes, hallucinations, incohérence ou intense ou incapacitant.
relâchement des associations d’idées. – Un sentiment morbide d’inutilité, une altération
prolongée et marquée du fonctionnement et un
C’est l’intensité de l’humeur dépressive et ses ralentissement psychomoteur prononcé donnent à
conséquences sur le fonctionnement qui distinguent penser qu’il s’agit d’une dépression majeure plutôt
celle -ci de l’humeur habituelle du sujet. que d’un simple deuil.
Ce trouble peut être associé ou attribuable à un
trouble mental chronique, à un trouble de la
personnalité ou à un trouble mental organique.

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15–26 Santé mentale

Traitement Trouble de l’adaptation avec humeur


dépressive
Expliquez à la personne endeuillée les étapes du deuil
considérées comme normales ou couramment – Le trouble apparaît dans les trois mois qui suivent
observées, soit la colère, le désespoir, la culpabilité, la survenue d’un facteur de stress psychosocial
la dépression et l’acceptation. identifiable.
– La mésadaptation se traduit soit par une altération du
Laissez-lui le temps de vivre sa peine et ne la forcez pas
fonctionnement social ou professionnel ou par des
à accepter le décès. Cette étape peut durer un an ou
symptômes exagérés par rapport à la réaction
deux. Il faut permettre à la personne de parler du décès normale et prévisible à ce facteur de stress.
et des sentiments qu’elle éprouve et même l’encourager
à le faire. – Le trouble se manifeste comme un épisode isolé.
– Le trouble finit par se résorber après la disparition du
Les membres de la famille ne franchiront pas facteur de stress.
nécessairement les diverses étapes du deuil au même
rythme, ce qui peut susciter des réactions chez certains. Traitement
L’attitude des uns peut déranger les autres. Il peut y Services de counselling, notamment :
avoir une volonté de se protéger les uns les autres contre
la douleur. Certains membres peuvent se sentir – Expliquer à la personne sa réaction en insistant sur
coupables d’aimer d’autres personnes ou d’apprécier son caractère passager
leur compagnie ou encore d’avoir du plaisir alors que – Mobiliser les sources naturelles de soutien
d’autres membres de la famille ont encore du chagrin. (famille, amis)
Le sujet peut éprouver de la culpabilité pour diverses – Promouvoir un sentiment de compétence réaliste
raisons, notamment des problèmes du passé qui n’ont – Mobiliser les ressources et les forces du sujet
pas été réglés, le fait d’avoir survécu à l’être cher ou Évaluation du risque suicidaire (Voir la section
encore d’avoir du plaisir. De même, la colère est une « Comportement suicidaire » plus loin)
réaction courante qui tient à ce que la vie continue
pour les autres.
On note souvent une tendance à idéaliser la personne
décédée, ce qui peut créer des problèmes pour
d’autres membres de la famille, surtout le parent
survivant qui ne soutient pas nécessairement la
comparaison avec le parent décédé.
Souvent, la personne endeuillée prend soudainement
conscience de sa propre condition de mortel, ce qui
accentue son sentiment d’insécurité.
On pourrait avertir la personne endeuillée du
phénomène de la « crise de rappel », qui survient lors
de l’anniversaire du décès, où le sujet revit la douleur
de la perte un an plus tard. C’est une expérience
normale qui peut permettre à la personne de
surmonter un deuil mal assumé.
Il faut éviter de remettre en question les croyances de
la personne concernant la vie après la mort. Il ne faut
pas non plus essayer de lui imposer une croyance
quelconque. On devrait tout simplement la conforter
dans ses croyances si elles lui apportent un réconfort.

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Santé mentale 15–27

TRAITEMENT DES TROUBLES AFFECTIFS Consultation


Épisode maniaque (trouble bipolaire) Dans la mesure du possible, consultez un médecin
avant d’administrer tout médicament.
Interventions non pharmacologiques
Interventions pharmacologiques
La prise en charge d’un client qui présente un trouble
affectif en phase maniaque est souvent difficile, Il est essentiel de recourir aux médicaments pour mettre
éprouvante et stressante pour toutes les personnes fin aux comportements déréglés, atténuer le stress et
concernées, à savoir le client, sa famille et traiter le trouble sous -jacent. On commence par
l’intervenant professionnel. La personne en phase administrer un tranquillisant majeur :
maniaque est rarement consciente de la perturbation lorazépam (Ativan) (médicament de classe D),
de son humeur et se sent mieux que jamais. Elle 1 mg SL ou 2-4 m g IM
refuse de reconnaître qu’elle a besoin d’un
traitement, surtout si celui-ci aura pour effet Dans les cas graves, il peut être nécessaire
d’atténuer son état d’euphorie ou de limiter sa liberté d’administrer un neuroleptique antipsychotique (mais
d’action. vous devez d’abord consulter un médecin) :

Le client qui vit un épisode maniaque est halopéridol (Haldol) (médicament de classe B),
habituellement contraint de consulter un professionnel 0,5-5,0 mg PO bid ou tid au besoin ou 2-5 m g IM
toutes les 4-8 h au besoin
de la santé par des membres de sa famille ou par des
policiers. En règle générale, il se montre hostile, agité Il peut être nécessaire d’administrer également un
et parfois belliqueux. Il tentera de camoufler son état agent antiparkinsonien afin d’atténuer les effets
d’exaltation et ses idées de grandeur pour se donner secondaires extrapyramidaux de l’halopéridol.
une apparence normale et aura tendance à rationaliser
ou à nier son comportement symptomatique. Il On peut aussi amorcer un traitement au carbonate de
convient d’attacher beaucoup d’importance aux lithium, mais il importe de savoir que les effets
témoignages de la famille et d’autres personnes ayant thérapeutiques de cet agent ne commencent à se faire
été en contact avec le sujet avant de poser un sentir qu’une semaine ou plus après le début du
diagnostic et de prendre une décision concernant le traitement. Vous devez consulter un médecin, car il
traitement et la prise en charge de l’intéressé. s’agit d’un médicament de classe B.

L’intervenant doit se montrer réceptif mais ferme. Il On peut envisager un traitement prolongé d’entretien au
doit comprendre que le client a peur et est prêt à tout lithium, étant donné que ce médicament s’est révélé très
ou presque pour se défendre contre toute atteinte, utile dans la prévention ou l’atténuation des épisodes
réelle ou perçue, à son estime de soi. maniaques ultérieurs.

Il faut éviter de réagir aux attaques du client qui Avant d’amorcer un traitement au lithium, il convient
cherche à se défendre. Le professionnel doit de soumettre le client aux tests diagnostiques
reconnaître la source de la colère qui anime le client, suivants : prélèvement sanguin en vue d’une formule
faire preuve de compréhension et réagir calmement. sanguine, d’un bilan électrolytique et d’une
Une telle réaction rassurera le client en lui faisant évaluation des fonctions rénales, hépatiques et
comprendre qu’il n’a pas à craindre une contre - thyroïdiennes. Une électrocardiographie devrait si
attaque de la part du professionnel. possible être réalisée.

Par sa fermeté, le professionnel fait comprendre au À l’occasion, de fortes doses de médicaments ne


client que des mesures de contrôle externes seront permettent pas de calmer un client très agité en phase
utilisées s’il est incapable de se maîtriser ou de maniaque, et ce dernier risque l’épuisement total ou
dominer ses impulsions. À ce stade, il est possible présente un danger pour le personnel ou les autres
que le client mette à l’épreuve la détermination du malades.
professionnel.
Au début de la prise en charge, il est souvent
nécessaire de faire appel à d’autres membres du
personnel ou à des policiers qui seront en mesure de
maîtriser et de contenir le client. Il ne faut pas hésiter
à demander du renfort (Voir la rubrique « Client
violent ou très agité » plus haut).

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15–28 Santé mentale

Surveillance et suivi Dans bien des cas, on arrive à traiter les épisodes
– Assurez un suivi hebdomadaire jusqu’à ce que l’état dépressifs plus légers ou la dépression situationnelle
du client soit stable; par la suite, passez à un suivi ou réactionnelle sans recourir à des médicaments. Il
mensuel (à mesure que les symptômes s’atténuent, on s’agit d’offrir au sujet un appui (professionnel ou
peut réduire les doses de médicament, voire arrêter le autre), de l’aider à résoudre ses conflits, à modifier
traitement pharmacologique). ses relations et à acquérir des attitudes et des
– Des rendez-vous de suivi à intervalles réguliers, mais aptitudes nécessaires pour combattre la dépression.
très espacés, permettent d’aborder certaines questions
Interventions pharmacologiques
psychologiques comme les risques de survenue
d’autres épisodes et le recours nécessaire aux Le sujet atteint d’une dépression plus grave est
médicaments. parfois incapable d’entreprendre une psychothérapie;
– Si le client suit un traitement prolongé au lithium, des il convient alors de recourir aux médicaments. Pour
prélèvements sanguins doivent être effectués tous les commencer, on administre généralement comme
six mois en vue d’une formule sanguine, d’un bilan antidépresseur un inhibiteur spécifique du recaptage
électrolytique et d’une évaluation des fonctions de la sérotonine (ISRS) (par exemple la paroxétine
rénales, hépatiques et thyroïdiennes. Une [Paxil], le maléate de fluvoxamine [Luvox] ou la
électrocardiographie devrait si possible être sertraline [Zoloft]), auquel 70 à 80 % des clients
réalisée tous les six mois. répondront bien. Consultez un médecin qui prescrira
– Il convient de renseigner parfaitement le client et ce genre de médicaments.
sa famille sur le trouble bipolaire, sur les premiers Dans bien des cas, les effets antidépresseurs de ces
signes d’un nouvel épisode maniaque et sur la médicaments ne se font pas sentir avant au moins
marche à suivre dans pareille situation. trois semaines. Ces médicaments peuvent par ailleurs
Orientation vers d’autres ressources avoir des effets secondaires comme les nausées, les
maux de tête et la diarrhée. Il s’agit du groupe
médicales
d’antidépresseur le moins dangereux, en cas de
– Dans la plupart des cas, il est préférable que les clients surdose.
en phase maniaque soient traités dans un hôpital, où ils
seront relativement encadrés et en sécurité. Les somnifères sont rarement indiqués, sauf pour de
– Le traitement en consultation externe présente des courtes périodes, étant donné que l’insomnie qui
risques en raison de l’altération du jugement du accompagne la dépression est généralement corrigée par
la prise d’un antidépresseur au coucher.
client, de son comportement excentrique et de son
humeur imprévisible.
Surveillance et suivi
– Il peut être nécessaire d’envisager une
hospitalisation forcée (en faisant appel à un juge En règle générale, on continue à prescrire des
de paix, à un policier ou à un médecin). Il s’agit antidépresseurs pendant de 6 à 9 mois après la fin de
sans doute de la meilleure façon de procéder parce l’épisode dépressif. Par la suite, on diminue
que le client est imprévisible et risque de changer graduellement la dose et on arrête le traitement s’il
d’avis après avoir été hospitalisé de son plein gré. n’y a pas de signes de rechute.
Épisode dépressif (trouble bipolaire, trouble Certains épisodes dépressifs ne disparaissent pas
dépressif majeur) complètement, et un traitement de longue durée aux
Consultation antidépresseurs peut être indiqué contre les
symptômes résiduels plus légers.
Il faut toujours consulter un médecin lorsqu’on a
affaire à un client dépressif. Un traitement de longue durée aux antidépresseurs peut
convenir aux clients qui font de nombreuses rechutes.
Interventions non pharmacologiques
Le traitement d’entretien au lithium est efficace chez
En règle générale, le client déprimé consulte de son de nombreux sujets souffrant de dépression récurrente.
propre gré, parfois sur les conseils de la famille ou
d’amis. Il est habituellement disposé à collaborer avec la Les médicaments sont toujours prescrits dans le cadre
personne qui peut l’aider à sortir de sa détresse. d’une relation suivie entre le client et le professionnel.
Toutefois, il peut trouver humiliant d’avoir besoin de Même s’il prescrit des médicaments, le thérapeute doit
consulter. On observe cette réticence surtout chez les quand même offrir un soutien au client, l’aider à résoudre
adolescents qui craignent d’être « fous » ou d’être ses problèmes psychologiques et interpersonnels et le
perçus comme tels par leurs camarades. Ces craintes renseigner sur la nature de ses troubles affectifs.
doivent être abordées directement et avec réalisme.

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Santé mentale 15–29

Orientation vers d’autres ressources On peut enseigner au client à s’affirmer au lieu de


médicales contrôler son entourage de manière passive, à
affronter la vie au lieu d’éviter les situations qu’il
La plupart des clients déprimés peuvent être traités en
craint ou qu’il perçoit comme menaçantes.
consultation externe. La décision d’hospitaliser un
sujet dépend de divers facteurs, entre autres : L’impression d’être maître de sa vie et la capacité de
trouver des sources de satisfaction et d’éprouver des
– les tendances suicidaires (Voir la section sentiments positifs contribuent à faire échec à l’état
« Comportement suicidaire » plus loin) dépressif.
– l’importance du handicap fonctionnel
Les groupes d’entraide peuvent aider les clients
– l’intensité de la souffrance
souffrant de dysthymie en leur apprenant à faire face
– l’existence d’un réseau de soutien familial ou aux difficultés, avec l’appui des autres membres.
communautaire
– le type de programme offert en milieu hospitalier La thérapie comportementale vise à modifier
– les désirs du client spécifiquement les aspects du comportement qui
entraînent des symptômes dépressifs, surtout les
Trouble dysthymique comportements actuels qui sont punis (dont on ne
Le traitement est souvent long et les résultats sont tient pas compte ou qui sont maîtrisés par la
variables. contrainte) mais aussi ceux qui sont renforcés ou
encouragés (par exemple par une attention
Interventions non pharmacologiques bienveillante qui favorise involontairement les
symptômes dépressifs).
La démarche sera essentiellement psychothérapeutique.
Les méthodes le plus couramment utilisées sont axées On trouvera au tableau 1 quelques causes possibles
sur l’introspection et le soutien, ou inspirées de de la dépression et des exemples d’interventions
l’approche psycho-éducative et comportementale. thérapeutiques axées sur le comportement qui
peuvent être offertes en consultation externe.
Il y a lieu d’encourager le client à réfléchir à ses
comportements autodestructeurs, « dépressogènes »,
ainsi qu’à l’anxiété, à la culpabilité et à la colère
qu’ils provoquent.

Tableau 1 : Causes de la dépression et approches comportementales utilisées dans le traitement des troubles
dysthymiques
Problème Traitement
Incapacité ou réticence à exprimer ses opinions ou à faire des Apprentissage de techniques d'affirmation de soi
suggestions
Indécision, mauvaise planification, difficulté à faire face au Techniques de prise de décisions et de résolution de problèmes
stress
Interactions sociales difficiles, anxiété dans les rapports Apprentissage d’aptitudes sociales, techniques de relaxation
sociaux, retrait social
Problèmes conjugaux, contrainte exercée par le conjoint Counselling conjugal, apprentissage de techniques de
communication et d'affirmation de soi
Rumination du passé, dévalorisation de soi, inquiétude Maîtrise de soi par des méthodes cognitives, techniques
d'interruption de pensées négatives
Sentiment d'impuissance, attitude défaitiste Réapprentissage de stratégies de maîtrise de soi et d'auto-
efficacité
Incapacité d'éprouver du plaisir, perte d'intérêt graduelle Renforcement par échantillonnage des activités, reprise
d’activités potentiellement gratifiantes, multiplication d'activités
agréables
Perte de productivité liée au comportement Réalisation de tâches progressives, renforcement positif

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15–30 Santé mentale

Interventions pharmacologiques SCHIZOPHRÉNIE


Les antidépresseurs (surtout les ISRS, comme il est La schizophrénie est la forme la plus répandue de
indiqué plus haut) peuvent être efficaces dans le trouble psychotique chronique; son taux de
traitement des troubles dysthymiques, mais la prévalence au cours d’une vie oscille entre
réaction est moins prévisible et moins complète que 0,5 et 1 %. Ce trouble est aussi répandu chez les
dans le cas des troubles dépressifs majeurs. Si les hommes que chez les femmes. Il survient
symptômes s’aggravent, il convient peut-être généralement à l’adolescence ou au début de l’âge
d’essayer d’autres médicaments. adulte. Il est plus répandu chez les membres de la
famille de sujets atteints de schizophrénie. On
À l’occasion, le médecin peut prescrire un observe un taux de concordance plus élevé chez les
tranquillisant mineur comme le lorazépam (Ativan) jumeaux monozogotes que chez les dizygotes. Si des
pour de brèves périodes (7 à 10 jours) pour combattre facteurs génétiques interviennent dans la
les symptômes d’anxiété, de panique ou de phobie schizophrénie, on pense que certains facteurs non
associés aux troubles dysthymiques ainsi que les génétiques jouent également un rôle.
comportements d’évitement et de repli sur soi qu’ils
entraînent. La schizophrénie peut débuter de manière insidieuse,
ou soudaine, par une crise psychotique aiguë;
Une très forte proportion de clients dysthymiques toutefois, dans bien des cas, les symptômes
acquièrent une dépendance psychologique vis-à-vis prodromiques sont reconnus rétrospectivement.
de leurs médicaments. C’est pourquoi il convient de
prendre les médicaments de manière judicieuse et de Caractéristiques essentielles
tenter périodiquement d’arrêter le traitement. – Présence de symptômes psychotiques
caractéristiques impliquant des processus
Surveillance et suivi psychologiques multiples
Il est important de revoir régulièrement le client pour – Détérioration du fonctionnement
surveiller l’évolution de son comportement et pour le – Survenue avant l’âge de 45 ans
soutenir et l’encourager. – Durée d’au moins 6 mois
Orientation vers d’autres ressources Types de troubles schizophréniques
médicales On distingue actuellement plusieurs catégories de
Adressez le client à un médecin qui assurera au troubles schizophréniques qui comportent des
besoin le suivi, surtout si l’intéressé prend des caractéristiques psychotiques manifestes, selon la
médicaments ou s’il ne répond pas au traitement prédominance de certains symptômes. On en
après une période d’essai raisonnable. dénombre plus particulièrement trois :
– la forme désorganisée (également appelée
TROUBLES PSYCHOTIQUES schizophrénie hébéphrénique)
– la forme catatonique
GÉNÉRALITÉS – la forme paranoïde
Symptomatologie et observations physiques
La psychose peut se manifester par des idées
délirantes, des hallucinations, un discours incohérent, Le client type présente les symptômes suivants :
un comportement bizarre, la catatonie, le repli sur soi excitation, agitation, crainte ou hostilité (dans bien
et la dégringolade sociale. des cas), hallucinations et idées délirantes, confusion
et désorganisation, vigilance et hyperactivité.
L’épisode psychotique peut être révélateur d’un L’humeur est souvent changeante et le
trouble psychiatrique sous -jacent, notamment la comportement, imprévisible.
manie, la dépression ou la schizophrénie.
Pour commencer, déterminez si le client présente des
Parmi les autres troubles psychotiques figurent le
affections qui pourraient expliquer les symptômes,
trouble délirant, le trouble psychotique bref et le ainsi que les possibles manifestations de délire ou de
trouble schizo -affectif.
démence.
Vérifiez si les symptômes ne sont pas liés à la
consommation de substances (intoxication ou
sevrage) ou de médicaments.

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Santé mentale 15–31

Symptômes caractéristiques Affect


Contenu de la pensée (idées délirantes – Affect émoussé : réduction importante de
et préoccupation) l’intensité de l’expression affective.
– Idées de persécution : l’individu croit que d’autres – Affect émoussé : manque presque complet de signes
d’expression affective.
personnes l’espionnent, projettent de lui faire du mal
ou répandent des bruits à son sujet. – Affect inapproprié : affect en désaccord évident
avec le contenu du discours ou de la pensée.
– Délire de référence : le sujet attribue un sens
particulier ou inhabituel à un événement; par
exemple, il croit qu’un animateur de radio Conscience de soi
s’adresse à lui personnellement. – « Perte des limites du moi » : perplexité extrême
– Diffusion de la pensée : impression que ses concernant l’identité propre et le sens de
pensées sont communiquées au monde extérieur. l’existence.
– Insertion de pensées : impression que des pensées – Peut se manifester par des idées délirantes
étrangères s’infiltrent dans son esprit. impliquant une influence exercée par une force
– Syndrome d’influence : impression que ses extérieure.
sentiments, ses impulsions ou ses actes lui sont
imposés par une force extérieure. Volonté
– Autres idées délirantes à thème somatique, – Motivations ou intérêts inadéquats.
mégalomaniaque, religieux ou nihiliste, ou – Incapacité de mener à terme une activité.
préoccupation à l’égard de certaines idées. – Quand le sujet doit faire un choix entre plusieurs
Cours de la pensée (Trouble du cours actions, il ressent une ambivalence extrême qui
de la pensée) mène à l’inaction.
– Discontinuité : les idées passent d’un sujet à
Relations au monde extérieur
l’autre (coq-à-l’âne).
– Discours parfois incohérent et incompréhensible. – Tendance à se couper du monde extérieur.
– Discours parfois vague, trop abstrait, trop concret, – Préoccupation par des idées et des rêveries
répétitif ou stéréotypé. égocentriques ou illogiques (le sujet « vit dans son
propre univers ».
– Création de néologismes, répétition constante d’idées
(persévération), interruption du fil des idées – Détachement émotionnel.
(blocage), discours dans lequel ce sont les sons plutôt
que les relations conceptuelles qui gouvernent le Comportement psychomoteur
choix des mots, ce qui peut entraîner l’usage de rimes – Les perturbations du comportement psychomoteur
et de jeux de mots (association par assonances). s’observent surtout dans les formes chroniques
Perception sévères et dans les formes aiguës florides du
trouble.
– Hallucinations auditives : il s’agit de la forme – Position catatonique : position rigide et bizarre
d’hallucination la plus fréquente. Généralement, les
voix parlent directement au sujet; à l’occasion, elles – Agitation catatonique : mouvements vifs, en
apparence absurdes et stéréotypés, sans rapport
lui donnent des ordres, ce qui peut mettre en danger
le sujet lui-même ou autrui. avec des stimuli externes
– Stupeur catatonique : le sujet semble ne pas se
– Hallucinations tactiles : consistent généralement
rendre compte de ce qui l’entoure
en des sensations d’électricité, de picotements ou
de brûlure. – Négativisme catatonique : résistance ou opposition
– Hallucinations somatiques : le sujet peut avoir active à toute consigne de bouger ou à toute
tentative pour faire bouger
l’impression que des serpents ou des insectes
rampent à l’intérieur de son abdomen ou éprouver – Maniérisme, grimaces ou flexibilité cireuse (demeure
d’autres sensations internes bizarres. passivement dans la position dans laquelle on
le place).
– Hallucinations visuelles, gustatives et olfactives :
ces formes d’hallucinations s’observent parfois
dans la schizophrénie mais, en l’absence
d’hallucinations auditives, elles doivent toujours
évoquer la possibilité d’un trouble mental
organique.

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15–32 Santé mentale

Critères diagnostiques du trouble Évolution


schizophrénique – La phase active est généralement précédée d’une
– Au moins deux des manifestations suivantes phase prodromique (anxiété, phobies, dépression
pendant la phase active du trouble (d’une durée légère). Les amis ou les proches observent souvent
d’au moins un mois) : un changement dans la personnalité du sujet. La
§ Idées délirantes : le diagnostic peut être posé à durée de cette phase est très variable, mais le
la lumière de ce seul critère si les idées pronostic est plus défavorable lorsque le trouble
délirantes sont bizarres (somatiques, évolue lentement.
mégalomaniaques, religieuses, nihilistes ou liées – Le début de la phase active est souvent déclenché
à la persécution ou à la jalousie) par un trouble psychosocial.
§ Hallucinations : le diagnostic peut être posé à la – La phase active est habituellement suivie d’une
lumière de ce seul critère si les hallucinations phase résiduelle. Le tableau clinique de cette phase
consistent en des voix qui se parlent entre elles rappelle celui de la phase prodromique, même s’il
ou qui commentent le comportement du sujet. arrive que des symptômes psychotiques persistent.
§ Discours désorganisé : incohérence, – Il est rare que le sujet retrouve pleinement le
relâchement net des associations, pensées niveau de fonctionnement qu’il avait avant
nettement illogiques. l’apparition du trouble. Le plus souvent, on
§ Comportement catatonique ou extrêmement observe des exacerbations aiguës associées à un
désorganisé handicap résiduel de plus en plus important entre
§ Symptômes négatifs (ambivalence, affect les épisodes.
émoussé, absence de volonté, absence de plaisir, Diagnostic différentiel
comportement asocial, apathie)
– Troubles affectifs (manie et dépression)
– Détérioration du fonctionnement dans des
– Psychose d’origine organique ou toxique
domaines tels que le travail, les relations sociales
et les soins personnels (provoquée par les drogues ou par une maladie
physique)
– Le trouble dure au moins six mois (phase active
d’un mois) à un moment quelconque de la vie Traitement de la psychose aiguë
du sujet.
Le client qui présente une psychose aiguë ou des
– Survenue avant l’âge de 45 ans idées délirantes doit être installé dans une pièce où on
– N’est pas attribuable à un trouble mental pourra facilement l’observer mais où il sera le moins
organique, à un retard mental, à un trouble de dérangé possible par le bruit et l’éclairage.
l’humeur, à l’abus de substances ou à une maladie.
– Les symptômes qui se manifestent avant (phase Il faut traiter au besoin la maladie sous-jacente ou les
prodromique) ou après (phase résiduelle) la phase symptômes de sevrage.
active doivent être pris en compte dans le calcul de la
Consultation
durée du trouble :
§ isolement social ou repli sur soi Il faut consulter un médecin avant d’administrer tout
§ incapacité de fonctionnement marquée sur le médicament.
plan professionnel, scolaire ou domestique
§ comportement très bizarre (par exemple,
collectionner des ordures ou stocker des
aliments)
§ manque important d’hygiène et de soins
apportés à sa personne
§ tendance à la digression, discours vague ou trop
élaboré, prolixité circonlocutoire (discours qui
ne va pas à l’essentiel) ou discours
métaphorique
§ idées étranges ou bizarres, pensée magique,
idées de référence, surestimation de sa propre
importance
§ expériences perceptives inhabituelles (par
exemple, sensation de la présence d’une force
ou d’une personne qui est en réalité absente)

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Santé mentale 15–33

Interventions non pharmacologiques Parmi les effets secondaires des tranquillisants


majeurs figurent l’hypotension orthostatique, la
Pour commencer, il s’agit d’assurer sa propre
sécheresse de la bouche, la vision trouble, la
sécurité, celle des autres clients et du personnel et,
constipation, la somnolence et un certain nombre
enfin, celle du client. Dans cette optique, il faut bien d’effets secondaires extrapyramidaux.
prendre en main la situation le plus tôt possible. Il est
parfois nécessaire de recourir à la force pour Surveillance et suivi
neutraliser le malade. Dans bien des cas, on peut
réussir à le calmer sans devoir recourir à la contrainte Il importe de surveiller régulièrement l’état mental du
en faisant une démonstration de force, par exemple client (orientation, présence de symptômes
en demandant à des policiers ou à des agents de psychotiques, troubles de l’humeur, idées suicidaires),
sécurité d’être présents. son état fonctionnel, son autonomie en matière de
santé, son alimentation et les effets secondaires des
Il faut veiller à ne pas aggraver la situation en laissant médicaments (acathisie, étourdissements, effets
au client surexcité un espace physique et sédatifs, signes de parkinsonisme, dyskinésie tardive et
psychologique suffisant (surtout s’il est soupçonneux hypotension orthostatique).
ou paranoïde). Il faut aussi réduire au minimum le
niveau de bruit. Le contact oculaire peut perturber le Orientation vers d’autres ressources
client, car il peut être perçu comme menaçant ou médicales
agressif. Il importe de se tenir à une distance
Presque tous les clients atteints de psychose aiguë
physique respectable du sujet afin d’éviter de doivent être hospitalisés, parfois contre leur gré. Dans
recevoir des coups et aussi d’être perçu comme certains cas, on peut éviter de recourir à
menaçant par ce dernier. Il convient d’éviter les
l’hospitalisation, surtout si le client bénéficie d’un
interrogations poussées et les sujets délicats, surtout soutien familial et communautaire solide et si les
si ces éléments d’information peuvent être obtenus à membres du personnel soignant connaissent bien le
partir des antécédents du sujet. Il faut éviter de mettre
sujet, le trouble dont il souffre et l’évolution naturelle
en doute ou d’appuyer les idées délirantes.
de ses rechutes et rémissions antérieures.
Si le client excité et psychotique semble sur le point
de devenir violent ou de prendre la fuite, il faut éviter Hospitalisation et évacuation médicale
de lui barrer le chemin ou de se retrouver dans un lieu
clos seul avec lui. Il est en effet préférable de laisser La décision d’hospitaliser ou non un sujet dans un
le client s’enfuir que de risquer d’être agressé. (Voir hôpital local, de le traiter en clinique externe ou de
également la section « Client violent ou très agité » l’orienter vers un hôpital psychiatrique dépend de
plus haut). plusieurs facteurs et devrait, il va sans dire, être prise
de concert avec un médecin qualifié, de préférence,
Interventions pharmacologiques un psychiatre. Il y a lieu de prendre en considération
les facteurs suivants :
Les médicaments jouent un rôle essentiel dans le
traitement des psychoses aiguës et la prise en charge – S’agit-il du premier épisode psychotique connu? Est-
à long terme de la schizophrénie. Ils permettent de on sûr du diagnostic? Le sujet doit -il faire l’objet
maîtriser le comportement perturbé, d’atténuer les d’une observation et d’une surveillance étroites?
symptômes et de traiter le trouble proprement dit. – Les services médicaux et non médicaux locaux ont-
ils la compétence voulue pour prendre en charge les
Dans la mesure du possible, avant d’administrer un cas de schizophrénie et ce client en particulier? Le
médicament, vous devez réaliser un sujet a-t-il accès à un psychiatre s’il en a besoin?
électrocardiogramme de référence, une formule – Le sujet est-il dangereux, effrayé et imprévisible
sanguine et un examen des fonctions hépatiques. en ce moment ou l’a-t-il déjà été? Dans quelle
mesure respecte-t-il les directives ou prend-il ses
Consultez un médecin avant d’amorcer un traitement médicaments conformément à l’ordonnance?
pharmacologique. – Le client a-t-il besoin d’être hébergé? À quel point la
On administre d’abord un tranquillisant majeur famille est-elle perturbée par le sujet? Serait-il
comme l’halopéridol (Haldol [à dose élevée]) ou la dangereux ou inapproprié de renvoyer le client dans
loxapine (Loxapac [à dose moyenne]), souvent en sa famille?
association avec une benzodiazépine comme le Que le client soit hospitalisé de son plein gré ou contre
lorazépam. son gré, il est très important que la famille soit tenue
au courant de l’évolution de son état et qu’elle
entretienne avec lui les rapports le plus étroits possible.

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15–34 Santé mentale

Hospitalisation forcée La dose d’entretien ne devrait pas dépasser la dose


minimale requise pour prévenir les rechutes.
La loi prévoit un certain nombre d’exigences qui
L’établissement de la posologie idéale nécessite une
doivent être remplies avant que l’on puisse
surveillance et un suivi rigoureux et prolongés, de
hospitaliser une personne contre son gré. Comme ces
même qu’une collaboration étroite entre le client,
exigences varient d’une province à l’autre, il y a lieu
l’infirmière et le médecin. Même si les
de consulter les textes de loi pertinents.
neuroleptiques types permettent dans bien des cas de
– Dans la plupart des cas, il faut prouver l’existence supprimer les symptômes florides (également appelés
d’un risque physique avant de pouvoir hospitaliser « symptômes positifs »), il est plus difficile de venir à
une personne contre son gré. En outre, dans toutes bout des symptômes négatifs (comme le manque
les provinces, l’hospitalisation doit se faire sur la d’initiative, l’absence de réaction affective ou la
recommandation d’au moins un médecin. pauvreté des idées), et il faut souvent dans de tels cas
– Dans la plupart des provinces, les cas d’admission faire appel aux neuroleptiques atypiques plus récents
forcée sont examinés par un conseil de révision ou (comme la rispéridone, la clozapine ou l’olanzapine).
un comité d’appel.
Un grand nombre de clients ne suivent pas
– Dans les collectivités où les médecins sont peu
rigoureusement leur traitement médicamenteux. Dans
nombreux, des parents ou d’autres personnes certains cas, le sujet peut faire une rechute parce qu’il
intéressées peuvent demander un mandat pour que le n’a pas observé le schéma thérapeutique prescrit. On
sujet soit interné et évalué dans l’hôpital le plus peut remédier dans une certaine mesure à ce
proche. Les preuves à l’appui d’une telle demande problème en utilisant des tranquillisants majeurs
sont généralement évaluées par un juge de paix ou un injectables à action prolongée comme l’énanthate de
magistrat.
fluphénazine (Moditen) et le décanoate de
– Une hospitalisation forcée peut être évitée si la fluphénazine (Modecate), dont les effets durent
famille réussit à prouver qu’elle est suffisamment environ 2 et 3 semaines, respectivement.
solidaire et forte pour convaincre le client de
consentir à être hospitalisé. Il va sans dire que la Un effet secondaire grave et souvent irréversible de
famille doit être bien informée et vraiment l’administration prolongée de tranquillisants est la
convaincue de la nécessité d’hospitaliser le sujet. dyskinésie tardive, trouble neurologique caractérisé
– Le client ou le tuteur doivent être informés des par l’apparition progressive de mouvements
démarches qu’implique une hospitalisation forcée, involontaires. Ceux-ci intéressent généralement les
ainsi que des droits du client et des dispositions en muscles du visage et consistent en des mouvements
matière d’appel. rythmiques involontaires des lèvres, de la mâchoire et
de la langue. Il arrive aussi que les membres et le
Traitement d’entretien et réadaptation tronc soient touchés.
du schizophrène stabilisé
Dès l’apparition de ces signes, il faut envisager de
Interventions pharmacologiques réduire la dose ou même d’arrêter le traitement.
Dans un grand nombre de cas, il faut prévoir un Malheureusement, l’arrêt du traitement entraîne
traitement au long cours par des tranquillisants souvent une rechute. Les agents antiparkinsoniens ne
majeurs pour permettre une rémission complète ou sont aucunement efficaces dans ce cas, et on n’a
encore trouvé aucun remède satisfaisant.
partielle durable. Toutefois, comme il arrive que des
clients schizophrènes soient en rémission pendant des Parmi les effets secondaires des médicaments utilisés
années, voire indéfiniment, sans prendre de contre la schizophrénie figurent la réaction
médicaments, et comme il est impossible de prévoir dystonique aiguë, les effets secondaires
les risques de rechute après un épisode, il convient de parkinsoniens et l’acathisie.
réduire progressivement la dose et, si possible, de
cesser de prescrire des médicaments au client qui
connaît une rémission complète après une première
crise psychotique.

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Santé mentale 15–35

Réaction dystonique aiguë Les contacts fréquents et réguliers contribuent


grandement à prévenir la réhospitalisation.
Spasmes musculaires modérés ou violents,
généralement observés aux niveaux du cou Il y a lieu d’aider le client à participer à des
(occasionnant une inclinaison de la tête), des muscles programmes sociaux afin de lutter contre la tendance
du dos (entraînant une cambrure du dos), de la langue au repli sur soi.
ou des yeux. Ces effets impressionnants et saisissants
s’éliminent facilement. Il faut aider le client à se prévaloir des diverses
possibilités qui s’offrent à lui en matière d’éducation,
Évaluez et stabilisez l’ABC (voies respiratoires, d’emploi, de formation et de loisirs. Il peut aussi
respiration et circulation). Consultez un médecin au avoir besoin d’aide et de conseils sur les plans du
sujet de l’administration de : logement, de l’aide financière, des questions
juridiques et d’autres services sociaux.
benztropine (Cogentin) (médicament de
classe B), 2 m g IM Au début de son rétablissement, le client peut avoir
besoin d’une surveillance étroite, comme celle qui est
Effets secondaires parkinsoniens fournie dans le cadre d’ateliers protégés (travail
adapté), de foyers de transition, d’hôpitaux de jour ou
Rigidité musculaire, tremblements, visage figé, de programmes de soins de jour.
écoulement de bave et akinésie associée. Le
traitement consiste à réduire la dose de médicaments
ou à administrer un agent antiparkinsonien oral Counselling individuel
comme la benztropine qui peut être prescrite à la dose Le client schizophrène sera sans doute soumis à divers
de 1 à 8 mg par jour. facteurs de stress et éprouvera des problèmes directement
ou indirectement liés à sa maladie, pour lesquels il aura
Acathisie besoin d’un counselling individuel :
Impossibilité de rester immobile et de conserver une – Dysfonctionnement sexuel : il peut s’agir d’un
position. Cet effet secondaire extrêmement éprouvant effet secondaire des médicaments et se manifester
ne se manifeste pas toujours par des mouvements par une diminution de la libido ou par
extérieurs. Il peut être atténué de la même façon que l’aménorrhée.
les manifestations parkinsoniennes, mais est parfois – Rapports amoureux : le client peut éprouver une
confondu avec l’agitation due à l’aggravation du profonde anxiété dans ses rapports interpersonnels
trouble schizophrénique. Il peut accroître les risques et avoir besoin d’un apprentissage social ou de
de suicide. counselling à cet égard.
– Risque génétique : les conseils génétiques et le
Surveillance et suivi planning familial peuvent être indiqués.
Environ les deux tiers des clients qui doivent être – Adaptation à la famille : le client peut avoir besoin
hospitalisés par suite d’un épisode psychotique aigu d’aide pour faire face aux problèmes éprouvés
devront suivre un traitement pendant toute leur vie. dans ses rapports avec d’autres membres de la
Les rémissions complètes sont rares, et le plus famille, lesquels découlent directement des
souvent, le sujet schizophrène continue de souffrir symptômes du client et sont présents depuis
d’une incapacité quelconque et a besoin d’une longtemps, dans bien des cas.
réadaptation et d’un soutien de longue durée. – Soins personnels : le client peut avoir besoin
d’aide et de surveillance à l’égard des soins
Les consultations doivent être régulières et fréquentes si d’hygiène, des soins de toilette, de l’alimentation,
l’on veut éviter une nouvelle hospitalisation et surveiller de la gestion financière et des achats.
l’adhésion au traitement médicamenteux, son efficacité – Difficultés interpersonnelles : le client peut avoir
et ses effets secondaires. Après un épisode aigu, les
besoin de counselling conjugal ou familial, de
risques de rechute dans l’année qui suit sont de 70 % si counselling en matière de divorce ou
le client ne prend pas de médicaments, mais seulement
d’apprentissage social pour améliorer ses rapports
de 30 % si le régime thérapeutique est respecté. C’est avec ses amis et ses connaissances.
souvent l’infirmière qui est la personne la mieux placée
pour surveiller l’adhésion au traitement, pour déterminer
si les médicaments sont efficaces et même pour assurer
la thérapie primaire sous la direction d’un psychiatre
consultant.

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15–36 Santé mentale

Soutien familial – La famille elle-même pourrait avoir besoin de


– Il faut renseigner les membres de la famille sur la counselling en raison du stress occasionné par la
nature de la schizophrénie, ses causes et les maladie, de l’obligation de prendre soin de la
traitements qui existent, ainsi que sur le rôle qu’ils personne et de la gêne ressentie par les membres
peuvent jouer pour soutenir et prendre en charge le de la famille.
client à la maison et dans la collectivité. – Lorsque le client n’a pas de famille qui puisse lui
– Il faut apprendre à la famille comment se apporter ce soutien, on peut encourager des
comporter face au client, comment réagir à ses intervenants bénévoles ou intervenants
troubles de la pensée et à ses idées paranoïaques, professionnels (par exemple des responsables de
comment le remotiver et l’encourager et comment foyers de groupe ou de foyers d’accueil) à remplir
composer avec le comportement bizarre et ce rôle.
l’attitude de repli du client. Dans les grands centres, on trouve des groupes
– Il faut conseiller aux membres de la famille d’éviter de d’entraide de schizophrènes. Cette formule n’est pas
discuter de l’état du client en sa présence et de le nécessairement applicable dans les petites
critiquer. Le pronostic est moins favorable dans les collectivités, mais ces groupes sont en mesure de
familles où l’on exprime des critiques de façon fournir du matériel et des idées applicables aux soins
émotive. et à la prise en charge personnelle d’un petit nombre
– Il faut aider la famille à reconnaître les signes de clients.
précurseurs d’une rechute (surtout un isolement
social plus marqué, des sautes d’humeur, des TROUBLES ANXIEUX
difficultés liées à la pensée ou au sommeil, une
irascibilité accrue ou la réapparition de symptômes
qui s’étaient atténués). DÉFINITION
– Il faut conseiller à la famille d’encourager le Expérience subjective de peur, d’appréhension ou de
patient à être autonome en faisant le plus de choses panique. Le trouble anxieux se distingue de l’anxiété
possible par lui-même et pour lui-même. Il n’est « normale » par son intensité ou par la durée ou
jamais facile de déterminer exactement ce que le l’ampleur de la perturbation et du dysfonctionnement
client est en mesure d’accomplir. On n’a sans qu’il entraîne en l’absence d’un stimulus approprié.
doute d’autre choix que de procéder par Les symptômes peuvent se manifester de manière
tâtonnement en étant cependant à l’affût des signes généralisée ou lors de périodes bien délimitées
de stress du patient. (« crises »), qui sont précédées ou non de l’exposition
– Il faut apaiser les craintes des membres de la famille à un facteur déclenchant. Le client peut se plaindre de
à l’égard du patient et discuter avec eux des stress (ne fonctionne pas aussi bien que d’habitude),
sentiments de culpabilité et de honte qu’ils peuvent d’une perturbation de s on humeur, d’un problème de
éprouver. Il y a lieu de leur expliquer clairement les toxicomanie ou de problèmes somatiques.
causes de la maladie. Il faut aussi les inciter à se
montrer patients face à la colère ou à la dépression du SYMPTOMATOLOGIE
client.
On dénombre trois catégories de symptômes :
– Il faut aider les membres de la famille à bien émotionnels, physiologiques et cognitifs.
comprendre la maladie et à l’envisager avec
réalisme pour qu’ils ne soient ni trop optimistes ni Symptômes émotionnels
trop pessimistes. Ainsi, ils peuvent, de leur côté,
aider le client à accepter les limites que lui impose – Sentiment de catastrophe imminente
sa maladie (par exemple en ce qui a trait aux – Appréhension
études, au mariage, à l’autonomie). – Crainte
– Il faut demander à la famille d’aider et – Inquiétude
d’encourager le client à assister à ses séances de
thérapie et à respecter ses autres rendez-vous.
– Il faut bien faire comprendre à la famille qu’il est
important que le client continue d’avoir des
relations sociales.
– Il faut préparer la famille à l’éventualité d’une
hospitalisation du client dans un établissement
local ou d’une évacuation médicale.

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Santé mentale 15–37

Symptômes physiologiques DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL


– Symptômes généraux : insomnie, fatigue, perte – Troubles anxieux : anxiété généralisée, trouble
de poids panique avec ou sans agoraphobie, phobie sociale,
– SNC : tremblements, douleurs musculaires, phobie spécifique (simple), trouble obsessionnel-
céphalées, étourdissements, vertiges, paresthésies compulsif, état de stress post-traumatique, trouble
– Signes neurovégétatifs : sudation, sécheresse de la de l’adaptation avec humeur anxieuse (d’une durée
bouche, accélération de la fréquence cardiaque, inférieure à 6 mois)
bouffées vasomotrices – Autres troubles mentaux : dépression,
– Symptômes digestifs : indigestion, diarrhée, somatisation, hypochondrie, troubles de la
anorexie, tendance à s’étouffer personnalité, victime de violence (physique,
– Symptômes cardiorespiratoires : essoufflement, sexuelle ou psychologique), psychose, démence
hyperventilation, douleurs thoraciques, – Affection physique : maladie endocrinienne
palpitations (hyperthyroïdie, hypoglycémie, syndrome de
Cushing), affection cardiorespiratoire (p. ex.
Symptômes cognitifs insuffisance cardiaque congestive, arythmie,
– Difficultés de concentration prolapsus de la valve mitrale, maladie pulmonaire
– Troubles de la mémoire obstructive chronique [MPOC], embolie
– Pensées envahissantes récurrentes pulmonaire)
– Consommation de substances (ou
Autres aspects de la symptomatologie
sevrage) : surtout la caféine, l’alcool, le cannabis,
– Âge de survenue, évolution des symptômes dans la cocaïne, les amphétamines, mais aussi les
le temps médicaments
– Symptômes, survenue, facteurs déclenchants Comme la comorbidité est fréquente, il convient de
(environnement, situation, stimulus), durée, rechercher activement des signes de dépression, de
sévérité, comportement d’évitement, intensité de la toxicomanie et de somatisation.
détresse, dysfonctionnement et limites
– Événements de la vie ou facteurs de stress pouvant COMPLICATIONS
coïncider avec l’apparition du trouble
– Incapacité d’accomplir les activités de la vie
– Techniques et moyens utilisés pour atténuer courante
l’anxiété (par exemple consommation ou abus de
substances chimiques) – Phobies sociales
– Toxicomanie
– Les pensées ou comportements sont-ils
envahissants? TESTS DIAGNOSTIQUES
– Recueillez des renseignements sur la
consommation de caféine, d’autres stimulants ou – Formule sanguine
de drogues à usage récréatif. – Électrocardiogramme (ECG)
– Recueillez des renseignements sur la – Dosage de la thyrotropine (TSH)
consommation actuelle de médicaments (prescrits TRAITEMENT
ou en vente libre et de remèdes à base de plantes).
– Recueillez des renseignements sur les symptômes Selon la nature du trouble anxieux, le traitement
évocateurs de maladies sous-jacentes. définitif peut comprendre la psychothérapie, l’emploi
– Passez en revue les antécédents médicaux et de techniques de désensibilisation et un traitement
psychiatriques pharmacologique. Parmi les médicaments utilisés
figurent les benzodiazépines, les antidépresseurs
EXAMEN PHYSIQUE tricycliques, les ISRS et, à l’occasion, les
neuroleptiques.
– Examen de l'état mental : interrogez le sujet pour
déceler les signes de dépression, les idées ou
intentions suicidaires ou meurtrières et pour
déterminer s’il est victime de mauvais traitements
(dans ce cas, prenez les dispositions voulues pour
assurer sa sécurité).
– Examen cardiorespiratoire
– Examen de la thyroïde et tout autre examen jugé
utile à la lumière des antécédents

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15–38 Santé mentale

Consultation ALTÉRATION DES FONCTIONS


Consultez un médecin : COGNITIVES
– Si vous pensez qu’il existe un danger.
– Si vous soupçonnez une maladie sous-jacente, DÉFINITIONS
puisque le traitement devra être adapté au – Démence : dégradation progressive et globale des
diagnostic. facultés cognitives; elle est suffisamment
– Si les symptômes sont à ce point intenses qu’ils importante pour rejaillir sur le fonctionnement
empêchent le client de fonctionner normalement; normal (peut être attribuable à un processus sous-
un traitement de courte durée par des jacent réversible ou irréversible)
benzodiazépines (tranquillisants mineurs) peut être – Délire : détérioration aiguë de la capacité
indiqué. d’attention, ce qui se manifeste par de la
Interventions non pharmacologiques désorientation, des fluctuations du degré de
conscience et, dans bien des cas, des troubles de la
– Demandez au client de réduire sa consommation perception. Le délire est généralement attribuable à
de stimulants, surtout de caféine. un problème organique sous-jacent
– Aidez le client à réduire sa consommation de Le délire et la démence sont tous deux des syndromes
médicaments non prescrits, s’il y a lieu. qui peuvent être attribuables à de nombreuses causes
– Proposez-lui des techniques de relaxation : dont il faut tenir compte lors de l’établissement du
exercices de respiration, méditation, relaxation diagnostic. Plus d’un facteur peut être en cause.
musculaire progressive, exercices aérobiques.
Interventions pharmacologiques Ces affections s’observent souvent mais pas
uniquement chez les personnes âgées.
lorazépam (Ativan) (médicament de classe B)
0,5-1,0 mg PO bid à tid au besoin pendant 5 jours CAUSES
Surveillance et suivi Causes réversibles
– Assurez un suivi hebdomadaire. – Médicaments
– Il est essentiel d’offrir au client et à sa famille du – Troubles métaboliques (par exemple, glycémie,
soutien et de bien les renseigner sur la maladie. carences en sodium, en potassium, en calcium, en
– Prenez les dispositions voulues pour faire voir le vitamine B12 ; trouble thyroïdien, rénal ou
client par un médecin à la prochaine visite, sauf hépatique)
dans les cas très graves. – Hypoxie consécutive à une affection
Orientation vers d’autres ressources cardiopulmonaire
médicales – Affection intracrânienne (p. ex. tumeur,
hydrocéphalie à pression normale, infection,
Procédez à l’évacuation médicale si le trouble est hématome sous-dural, accident vasculaire cérébral)
profond, s’il existe un danger pour l’intéressé ou pour
– Déficience sensorielle (p. ex. de l’ouïe ou de la
d’autres ou si le client a besoin d’un traitement plus
vue)
définitif.
– Infections (p. ex. infection urinaire, pneumonie)
Causes irréversibles
– Maladie d’Alzheimer
– Démence vasculaire
– Abus chronique de l’alcool
– Maladie de Parkinson
– Maladie de Huntington
– Traumatisme crânien
– Tumeur

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Santé mentale 15–39

SYMPTOMATOLOGIE Facteurs de risque et antécédents médicaux


– Traumatismes
Il faut recueillir les antécédents auprès du client, mais
il ne faut pas négliger d’obtenir d’un soignant, d’un – Chutes
ami ou de la famille des renseignements qui les – Consommation d’alcool ou de benzodiazépines
corroborent. – Facteurs de risque d’accidents vasculaires
– Le client peut se plaindre de troubles de la cérébraux
mémoire, de troubles de l’attention, ou de – Exposition professionnelle
difficultés de concentration. – Exposition sexuelle
– La plupart du temps, c’est un aidant ou un membre – Antécédents de cancer
de la famille qui accompagne le client, ayant – Prise d’anticoagulants ou d’antithrombotiques
observé qu’il a du mal à accomplir des tâches qui – Alimentation
ne faisaient pas problème auparavant (p. ex. soins
Médicaments
personnels, entretien ménager, courses, gestion
financière). – Médicaments en vente libre ou autres médicaments
– L’objet de la consultation peut avoir trait à des ou remèdes
comportements déplacés ou bizarres, attribuables à ÉVALUATION PSYCHIATRIQUE
des idées délirantes et à des hallucinations.
– L’objet de la consultation peut avoir trait à un état – Déterminez si le client présente les signes
dépressif ou anxieux. suivants : troubles de l’humeur, anhédonie,
– Déterminez le moment de la survenue des désespoir, apathie, symptômes végétatifs de
symptômes et leur évolution au fil du temps. dépression.
– Prenez en note les symptômes et les – Informez-vous sur les tendances suicidaires.
comportements objectifs observés. – Déterminez l’éventuelle présence de symptômes
– Tentez de déterminer l’ampleur de la perturbation psychotiques (trouble de la pensée, idées
et du dysfonctionnement (demandez des délirantes, hallucinations).
précisions, par exemple sur les courses, la conduite – Déterminez l’éventuelle présence de facteurs de
automobile, les soins personnels, la gestion stress psychosociaux (p. ex. pertes, mauvais
financière, le rendement au travail ou les passe- traitements ou négligence).
temps; renseignez-vous aussi sur la capacité – Observez le discours, l’affect, le maniérisme, les
d’apprendre une nouvelle tâche). soins du corps, les aptitudes psychomotrices.
Symptômes associés à des affections Examen de l’état mental
physiques sous-jacentes – L’instrument le plus couramment utilisé est le
– Symptômes généraux : fièvre, sudation, perte de mini-examen de l’état mental de Folstein.
poids, fatigue – Les éléments qui évoquent plus particulièrement la
– Symptômes sensoriels : changements au niveau de démence sont : la désorientation temporelle, la
la vue ou de l’ouïe difficulté à nommer les choses, l’incapacité
– Symptômes neurologiques : céphalées récentes, d’épeler un mot à l’envers et la difficulté à copier
tremblements, ataxie, étourdissements, des motifs qui se recoupent.
convulsions, atteintes neurologiques focales, – Il est également utile de demander au client de
accident ischémique transitoire (AIT) dessiner une horloge qui indique une heure
– Symptômes endocriniens : problèmes thyroïdiens, donnée.
diabète sucré, hypercalcémie – Il peut être utile d’évaluer le jugement de la
– Symptômes cardiopulmonaires : essoufflement, personne, par exemple en lui demandant
toux, douleurs thoraciques, apnée du sommeil, d’interpréter une situation hypothétique (par
palpitations exemple, découvrir à son réveil que la maison
– Symptômes digestifs et génito-urinaires : selon le prend feu).
cas (il est important de se renseigner sur
l’incontinence).

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15–40 Santé mentale

EXAMEN PHYSIQUE Objectifs du traitement


– Trouver et corriger les causes réversibles.
L’examen physique est orienté par le diagnostic
différentiel, établi d’après la symptomatologie, mais – Assurer la sécurité du client.
doit comprendre les éléments suivants : – Favoriser une qualité de vie et un fonctionnement
optimaux.
– Signes vitaux
– Évaluation de l’ouïe et de la vue (notamment du Consultation
fond de l’œil)
Consultez un médecin si vous déterminez que le
– Examen cardiovasculaire et pulmonaire (noter les client est en état de délire ou de détresse aiguë, s’il
souffles carotidiens, les indices d’athérosclérose) présente de nouveaux symptômes neurologiques ou
– Examen neurologique complet : tremblements, atteintes neurologiques focales, ou s’il y a des
signe de la roue dentée, démarche traînante, facteurs de risque d’atteintes intracrâniennes graves
réflexes tendineux, atteintes neurologiques focales (par exemple, prise d’anticoagulants, antécédents de
de la fonction sensorielle et motrice, aphasie traumatisme ou de cancer).
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL Interventions non pharmacologiques
– Démence – Renseignez et appuyez les aidants et la famille.
– Délire – Encouragez l’adoption de mesures de sécurité et
– Dépression aidez le client à atteindre un niveau optimal de
– Baisse des facultés mnésiques et intellectuelles fonctionnement et d’autonomie.
attribuable au vieillissement – Mobilisez les ressources communautaires
– Consommation ou abus de substances, notamment accessibles comme les soins à domicile et les
de médicaments visites amicales.
– Fonctionnement intellectuel limite, déficience Si le client montre des signes d’agitation ou de
mentale problèmes de comportement, suivez les lignes de
– Autre trouble mental psychotique, amnésique ou conduite exposées dans la section « Client violent ou
dissociatif très agité », plus haut dans ce chapitre.
Il est parfois difficile de distinguer le délire de la Interventions pharmacologiques
démence et de la dépression.
Dans la mesure du possible, n’administrez pas de
La dépression qui touche les personnes âgées est médicaments au client. Évitez surtout les sédatifs, qui
souvent appelée pseudodémence, parce que l’apathie peuvent provoquer des chutes et aggraver les
et les troubles cognitifs qui l’accompagnent symptômes.
rappellent les manifestations de la démence.
Surveillance et suivi
TESTS DIAGNOSTIQUES
Assurez un suivi périodiquement (par exemple, une
À moins que la cause sous-jacente ne soit évidente, il fois par mois ou plus souvent, s’il y a lieu), de
y a lieu de procéder à des prises de sang en vue des préférence en vous rendant directement au domicile
épreuves suivantes : du client, ce qui vous permettra d’évaluer comment il
fonctionne dans son environnement.
– Formule sanguine
– Bilan électrolytique Faites en sorte que tous les clients qui présentent des
– Bilan calcique symptômes non urgents consultent le médecin à la
– Dosage de la thyrotropine (TSH) prochaine visite de celui-ci.
– Mesure de la glycémie Orientation vers d’autres ressources
D’autres examens seront dictés par la médicales
symptomatologie et le tableau clinique.
Il peut être nécessaire de procéder à l’évacuation
TRAITEMENT médicale des clients qui pourraient présenter un
trouble organique sous-jacent ou qui, à la lumière
En dernière analyse, c’est le diagnostic qui détermine d’une évaluation des risques , doivent être hospitalisés
le traitement. (autrement dit, doivent bénéficier d’une surveillance
appropriée et d’un environnement sûr que ne peuvent
assurer ni les membres de la famille ni les amis).

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Santé mentale 15–41

COMPORTEMENT SUICIDAIRE FACTEURS CONTRIBUANT


AU COMPORTEMENT SUICIDAIRE
GÉNÉRALITÉS – Événements pénibles de la vie : Difficultés
personnelles telles que chômage, problèmes
– Le taux de suicide est demeuré relativement constant
familiaux, décès d’un ami ou d’un parent,
dans l’ensemble de la population canadienne au cours
difficultés financières, maladies chroniques ou
des dix dernières années. incurables, conflits interpersonnels et déceptions
– Le taux moyen de suicide dans les Premières Nations
– Absence de soutien social : Absence d’amis et de
est plus du double du taux national.
parents qui apportent réconfort et soutien affectif;
– Le nombre de suicides est en hausse chez les sentiment d’isolement et impression d’être mal
jeunes et les adolescents; le suicide figure aimé et mal compris.
maintenant au deuxième rang des causes de décès
– Présence de modèles : Suicide chez des parents,
au Canada chez les hommes de 15 à 30 ans.
des amis ou des connaissances; publicité entourant
– Le taux de suicide observé chez les jeunes certains suicides récents (ce facteur peut aussi
Autochtones de sexe masculin est plusieurs fois avoir une incidence sur le choix du moyen utilisé
supérieur au taux moyen national observé dans le pour mettre fin à ses jours)
même groupe d’âge. – Attentes : Détresse, pessimisme et dévalorisation
– Les risques de suicide accompli sont plus élevés de soi; impression qu’il serait préférable pour les
chez les hommes que chez les femmes. autres que l’on soit mort; sentiment d’impuissance
– Les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez et absence de maîtrise de sa destinée.
les femmes que chez les hommes. – Attention prêtée aux gestes : Attention accordée
– Pour chaque suicide accompli, on compte exclusivement ou principalement au comportement
plusieurs tentatives avortées (selon les estimations, suicidaire proprement dit (menaces, gestes ou
le rapport pourrait s’élever à 50 pour un). tentatives), ayant pour effet de renforcer ou
– La plupart des suicidés ont prévenu leur entourage d’encourager involontairement le comportement
de leur intention, soit verbalement, soit par des suicidaire.
changements de comportement. – Accès à des moyens de se donner la mort :
– Bon nombre des suicidés ont consulté un Présence ou accessibilité de fusils, de
professionnel de la santé dans le mois qui médicaments ou d’autres instruments qui sont des
précédait leur geste. moyens « classiques » de suicide dans l’esprit de
– La maladie mentale est le principal facteur de la personne (par exemple, selon les idées
prédiction du suicide. répandues, les reportages des médias ou les cas de
– L’arme à feu est la principale méthode utilisée suicide ou de tentative de suicide connus du sujet)
dans les suicides accomplis.
Le suicide est, dans bien des cas, un acte impulsif. La
– Le suicide est un phénomène très rare et très facilité d’accès à un moyen de se donner la mort
variable; il est presque impossible à prévoir avec accroît le risque d’un suicide accompli.
certitude.
– Toute perte (réelle ou imaginaire) : Surtout si elle
– L’incidence de facteurs saisonniers,
entraîne une perte d’estime de soi ou de
météorologiques, cosmiques ou d’autres facteurs confiance en soi.
environnementaux sur le suicide est négligeable.
– La consommation d’alcool joue un rôle dans la
majorité des suicides, soit au moment de l’acte,
soit de façon chronique.
– Rien n’indique que les « lignes d’écoute
téléphonique » permettent de réduire sensiblement
les taux de suicide dans les secteurs qu’elles
desservent, en l’absence de services d’intervention
et d’aide professionnelle.

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15–42 Santé mentale

CARACTÉRISTIQUES ASSOCIÉES SUICIDE CHEZ LES ENFANTS


AU RISQUE SUICIDAIRE ET LES ADOLESCENTS
– Présence d’un projet suicidaire – Le suicide est rare chez les enfants de moins de 14
– Le fait de vivre seul, surtout si le sujet est isolé ans, mais son incidence a sensiblement augmenté
socialement et n’a pas le soutien d’un réseau chez les garçons à la fin de l’adolescence; il figure
familial ou social maintenant au deuxième rang des causes de décès
– État matrimonial : séparation, veuvage ou divorce dans ce groupe d’âge.
– Âge : le risque croît avec l’âge, surtout dans la – Les gestes suicidaires, les menaces ou les
population âgée, mais on observe aussi depuis peu tentatives de suicide visent le plus souvent à
une augmentation du risque chez les jeunes communiquer le désespoir, la frustration et la
hommes, surtout ceux qui sont âgés de 15 à 25 ans. tristesse, et il convient d’y réagir en conséquence.
– Sexe : masculin – Les garçons réussissent plus souvent à se donner la
– Race : blanche, autochtone mort parce qu’ils ont recours à des moyens plus
radicaux.
– Sentiments d’impuissance et de désespoir et
perspectives d’avenir sombres – La plupart des jeunes qui tentent de mettre fin à
leur vie se confient à au moins une personne avant
– Tentatives ou menaces antérieures de suicide de passer aux actes.
– Décès d’un parent pendant l’enfance du sujet
– Parmi les indices non spécifiques du suicide
– Mauvais état de santé (p. ex. affection aiguë ou figurent l’anorexie, les troubles psychosomatiques,
chronique ou maladie en phase terminale)
le comportement rebelle, une apparence négligée
– Consommation excessive d’alcool ou d’autres et un changement dans le comportement ou la
substances personnalité.
– Maladie mentale, surtout dépression ou Facteurs suicidogènes chez les adolescents
schizophrénie
– Perte récente d’un être cher (p. ex. deuil) – Perte de l’être aimé ou d’une personne importante
– Chômage pour le sujet
– Difficulté à maîtriser ses impulsions – Identification à un parent décédé
– Identification à une personne qui exprime des
ÉVALUATION DU RISQUE ACTUEL idées dépressives ou des idées de suicide
– Voir les caractéristiques générales (section – Attitude de rejet, d’hostilité ou de dépréciation de
précédente) la part des parents
– Sentiments profonds de désespoir, de vide ou de – Consommation d’alcool ou de drogues
dévalorisation – Isolement social chronique
– Insomnie sévère – Incapacité d’exprimer sa rage ou de réagir à une
– Agitation et nervosité déception ou à une perte; désir de vengeance
– Dépression ou schizophrénie, relâchement du – Nombreux problèmes vécus dans le passé
contact avec la réalité – Sentiment de désespoir et d’impuissance
– Tentative de suicide récente
– Méthode utilisée lors de la tentative antérieure; la
conviction que la méthode utilisée antérieurement
allait réellement provoquer la mort
– Présence de voix incitant le sujet à
l’autodestruction
– Désir de passage à l’acte suicidaire
– Idées suicidaires
– Préparatifs en vue de mettre à exécution le projet
suicidaire

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Santé mentale 15–43

LIGNES DE CONDUITE RELATIVES – Sollicitez l’aide du conjoint, de la famille, des aînés


AUX ENTRETIENS AVEC DES CLIENTS ou des amis pour soutenir, motiver et surveiller le
SUICIDAIRES client.
– Établissez une relation d’aide et de confiance, – Cherchez à gagner du temps car l’intention
soyez rassurant et évitez de porter des jugements. suicidaire n’est pas constante et le counselling
Faites comprendre au client que l’entretien restera préventif peut porter fruit pendant les intervalles
confidentiel. où le sujet n’est pas porté au suicide. Essayez de
– Interrogez le client seul, du moins au début, et passer avec la personne un « contrat » d’une durée
permettez-lui de parler librement, aussi longtemps déterminée au cours de laquelle vous vous montrez
qu’il le désire. disposé à l’aider à résoudre ses problèmes. Posez-
– Déterminez le niveau de risque à partir des lui directement la question suivante : « Combien
caractéristiques et des facteurs décrits plus haut. de temps êtes-vous prêt à m’accorder pour que
nous puissions essayer ensemble de régler ce
– Déterminez si le soutien social est suffisant et problème? »
évaluez les points forts et les lacunes de la famille.
– Si le client est ivre, n’essayez pas de lui donner
– Vérifiez si le sujet souffre de dépression ou d’une des conseils, mais trouvez une façon directe ou
autre maladie mentale.
indirecte de lui manifester votre soutien en le
– Demandez directement au sujet s’il a des idées, surveillant de manière continue jusqu’à ce que les
des intentions ou des fantasmes suicidaires. effets de l’alcool disparaissent.
– Si le sujet a des idées suicidaires, demandez-lui – Si le client doit rentrer chez lui, veillez à ce qu’il
quels sont ses plans et s’il a bien pensé à ce qu’il n’ait pas accès à des armes à feu, des médicaments
allait faire et aux conséquences de son geste; ou d’autres moyens de se donner la mort. Une
demandez-lui également s’il a fait un testament ou personne déterminée à se suicider trouvera un
écrit un message d’adieu. moyen de réaliser son projet, mais les obstacles
– Sondez vos propres réactions et fiez-vous à vos peuvent retarder son geste et lui laisser le temps de
« intuitions » concernant les intentions du client. se raviser.
– Analysez les motifs du suicide. Cherchez à – S’il s’agit d’enfants ou d’adolescents, un retrait
comprendre comment le client perçoit sa situation temporaire du milieu familial et un placement dans
(par exemple, impression qu’il n’y a pas d’autre un établissement de soins ou de service social
issue, désir de fuir la vie, manipulation d’une peuvent s’avérer souhaitables.
situation, volonté de changer une autre personne – S’il s’agit d’un enfant ou d’un adulte marié, il
ou de la blesser, besoin d’attention ou d’aide, désir importe de mettre en route immédiatement le
de rejoindre un être cher décédé). counselling auprès de la famille pour :
– Ne cherchez pas de dissuader la personne de § l’aider à comprendre la situation
s’enlever la vie ou de la convaincre que la situation § la renseigner sur les traitements et ressources
n’est pas aussi désespérée qu’elle ne le pense. Vous disponibles
risqueriez ainsi de la renforcer dans sa détermination.
§ l’inciter à soutenir le client pendant son
– Interrogez les proches du sujet, notamment le traitement
conjoint, les parents et les frères et sœurs.
§ l’aider à faire face à son sentiment de culpabilité
LIGNES DE CONDUITE RELATIVES ou à ses remords.
AU TRAITEMENT – Proposez d’orienter le sujet vers des professionnels
de la santé mentale ou des travailleurs sociaux,
Menaces ou intention présumée de suicide selon le cas.
– Si la menace est sérieuse et la tentative imminente, – Le traitement des enfants et des adolescents
faites admettre le sujet dans un établissement de implique en dernière analyse une intervention
soins où il sera en observation et traité, si possible. auprès de la famille ainsi qu’une thérapie
– Consultez un professionnel de la santé mentale, de individuelle visant à accroître l’estime de soi du
préférence un psychiatre, par téléphone ou orientez sujet et le sentiment de son importance dans sa
directement le sujet vers des ressources locales. famille ou son milieu social.
– Si le risque est élevé et que le sujet se montre peu – Le traitement de l’adulte suppose un counselling
disposé à collaborer à son traitement, il faut individuel adapté aux causes présumées du
envisager sa détention préventive si des problème et implique aussi la participation des
dispositions sont prévues à ce sujet dans les textes membres de la famille et de divers professionnels
de loi locaux relatifs à la santé mentale. de la santé et des services sociaux.

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15–44 Santé mentale

– Dans tous les cas qui nécessitent un traitement – La présence des caractéristiques suivantes indique
prolongé, celui-ci doit être dispensé par un qu’une personne n’a pas assumé cette perte :
professionnel de la santé mentale compétent, ou § Les symptômes typiques du deuil persistent sans
sous sa direction ou sa surveillance. Le rôle du aucun signe de rémission partielle ou complète ou
personnel médical de première ligne dépend de la de retour à la normale.
formation qu’il a reçue et de la possibilité d’accès § Les symptômes s’aggravent, par exemple le
à des spécialistes de la santé et des services sujet en arrive à nier complètement la mort.
sociaux à l’échelle locale. § Le comportement s’écarte de la norme ou des
– Si le client est traité en consultation externe, le réactions de deuil normalement admises par le
thérapeute ou d’autres membres du personnel groupe culturel ou compromet la santé physique
doivent être prêts à intervenir en tout temps. ou la sécurité.
– Sachez reconnaître les limites de votre propre – En cas de suicide, il est recommandé d’intervenir
responsabilité et n’oubliez pas qu’il est impossible auprès des endeuillés le plus rapidement possible,
de garantir qu’une personne ne se suicidera pas soit dans les deux ou trois jours qui suivent
même si elle a bénéficié d’une intervention et d’un l’événement.
traitement.
Prévention du suicide
Tentative avortée
– Le problème du suicide doit être considéré comme
– Assurez-vous que la personne a reçu les soins une responsabilité collective et suppose une
médicaux d’urgence et que la possibilité d’une intervention concertée de la collectivité.
intoxication médicamenteuse non décelée (en plus – Les « sentinelles » de la collectivité devraient
de la méthode apparente de suicide utilisée) a été avoir reçu une formation leur permettant de
envisagée. reconnaître les symptômes suicidaires, d’évaluer le
– Enlevez tout objet pouvant être utilisé dans une risque et de prendre en charge les personnes en
autre tentative impulsive, surtout si le client est difficulté ou de les orienter vers des ressources
intoxiqué par une consommation excessive de spécialisées.
médicaments ou de drogues. – Les professionnels de la santé devraient prendre
– Faites comprendre que ce geste, qui aurait pu être l’initiative d’encourager les personnes en difficulté
fatal, pourrait se révéler une expérience positive et à parler de leurs problèmes et inciter d’autres
constructive pour le sujet comme pour sa famille, intervenants à déployer des efforts dans ce sens; il
selon le cas. s’agit de renseigner les candidats au suicide sur les
– Tenez un dossier minutieux et marquez clairement le ressources disponibles et de les orienter vers les
dossier pour que le risque suicidaire soit pris en services appropriés.
considération lors des admissions ou des – Il importe de reconnaître l’influence de l’évolution
consultations subséquentes. Le risque de récidive est des conditions sociales, du système de valeurs et
très élevé chez les personnes qui ont déjà tenté de de l’organisation sociale sur l’étiologie et
s’enlever la vie. l’épidémiologie du suicide. Par conséquent, il faut
– Continuez de surveiller le client et de lui fournir encourager les activités communautaires qui
du soutien étant donné que les risques augmentent renforcent la solidarité et le rôle de la société et de
après une tentative. la famille.
Suicide accompli : interventions – Étant donné le problème posé par le nombre élevé
auprès des survivants de tentatives de suicide, il est préférable d’adopter
une stratégie de promotion de la santé mentale
– Dans bien des cas, la famille, les amis et les proches (Voir la rubrique « Promotion de la santé
d’un suicidé sont en proie à la culpabilité, à l’anxiété,
mentale » dans la section « Prévention de la
au désespoir et à la dépression. Ils sont habités par maladie mentale et promotion de la santé
divers sentiments : culpabilité, déni, confusion, mentale » plus haut dans ce chapitre) qu’une
ambivalence, honte, deuil et colère.
démarche spécifiquement axée sur la prévention
– Ces « survivants » deviennent à leur tour des du suicide.
candidats au suicide et à la dépression.
– Les endeuillés ont besoin de sympathie, de
consolation, d’encouragement, de distractions et
de la possibilité de libérer leur tension
émotionnelle. Chaque culture a une façon bien à
elle de faire face à la perte et au deuil.

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Santé mentale 15–45

AGRESSION SEXUELLE – La plupart des victimes de viol recourent


activement à plus d’un moyen (par exemple
GÉNÉRALITÉS supplications, tentatives de raisonner l’agresseur,
cris, coups de pied) pour tenter de prévenir
L’agression sexuelle désigne tout acte ou l’agression.
attouchement imposé de force à une victime – L’agression sexuelle est un crime, que l’agresseur
(habituellement une femme). Elle consiste soit connu ou non de la victime. Les conjoints
notamment à embrasser la victime, à agripper ses peuvent être accusés d’agression sexuelle.
seins, ses fesses ou ses organes génitaux, à l’étreindre
et à se frotter contre elle, à déchirer ou à arracher ses EFFETS IMMÉDIATS
vêtements ou à avoir ou à tenter d’avoir avec elle des – Troubles somatiques : nausées, vomissements,
relations vaginales, anales ou orales. On entend par perte d’appétit, insomnie, cauchemars, maux de
force l’exercice d’une contrainte par l’agresseur qui tête, fatigue et douleurs localisées ou généralisées
oblige la victime à se soumettre malgré elle. Elle – Problèmes gynécologiques : écoulement vaginal,
comprend entre autres la violence physique ou les démangeaisons, sensation de brûlure et
menaces de sévices physiques à l’endroit de la dysménorrhées
victime ou d’un être cher. L’agression sexuelle ne – Troubles affectifs : anxiété, terreur, dépression,
comprend pas l’exhibitionnisme, le voyeurisme, les excitabilité, accès de colère, culpabilité, sentiment
gestes ou les paroles obscènes, ou le harcèlement de culpabilité et sautes d’humeur
sexuel, bien qu’il s’agisse également d’actes non
– Altération du fonctionnement cognitif : difficultés
désirés qui peuvent perturber psychologiquement la
victime. de concentration, peur de rester seule, peur de la
mort, peur du retour de l’agresseur et crainte d’une
Quatre-vingt-dix pour cent des victimes sont des récidive
femmes. Comme on connaît mal les effets de – Difficultés relationnelles au travail ou à l’école,
l’agression sexuelle subie par des garçons ou des avec les amis et les membres de la famille. On
hommes, l’analyse qui suit portera principalement sur observe souvent de la méfiance à l’égard des
les effets des agressions sexuelles commises par des autres (surtout des hommes).
hommes à l’endroit des femmes. – Consommation ou abus d’alcool ou de drogues
Statistiques – Idées et tentatives de suicide

– Six pour cent des femmes adultes déclarent avoir EFFETS À LONG TERME
été violées et 21 % signalent avoir été victimes – Sentiment de solitude
d’une autre forme d’agression sexuelle (à – Soupçons et méfiance à l’égard des autres
l’exclusion des baisers non désirés) au moins une
– Restrictions dans les activités de la vie courante
fois dans leur vie.
que le sujet s’impose lui-même
– Les femmes qui sont victimes de violence
– État dépressif épisodique
physique ou psychologique sont exposées au
risque d’une agression sexuelle. – Troubles sexuels
– Près de la moitié des victimes ont moins de 17 ans L’intensité et la gravité des effets immédiats et à long
au moment de l’agression (Voir la rubrique terme de l’agression sexuelle dépendent de la nature
« Child Sexual Abuse » dans la publication « MSB de l’agression, le viol et la tentative de viol étant les
Clinical Guidelines in Pediatrics for Northern formes d’agression les plus traumatisantes sur le plan
Nursing Stations). psychologique. Le quart des victimes de viol ne
– Vingt et un pour cent des viols et 17 % des autres s’estiment pas complètement remises quatre à six ans
formes d’agression sexuelle sont commis au après l’agression.
domicile de la victime.
– Les deux tiers des violeurs sont connus de la
victime et dans un tiers des cas, l’agresseur est le
partenaire actuel et un ex-partenaire de la victime.
– Dans un nombre important de viols (12 %),
l’agresseur a utilisé ou brandi une arme. Près de
10 % des viols s’accompagnent de sévices
physiques graves et 15 % des victimes subissent
des blessures qui nécessitent une intervention
médicale.

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15–46 Santé mentale

RÉTABLISSEMENT Déterminez si l’agression pourrait avoir entraîné une


grossesse. Dans ce cas, il faut discuter de la
On distingue trois phases dans le rétablissement de la
possibilité de prendre des mesures immédiates en vue
victime d’une agression sexuelle.
de prévenir la grossesse. Il s’agit aussi de discuter
– La phase aiguë : qui suit immédiatement avec l’intéressée de la nécessité ou de la possibilité
l’agression et se caractérise par l’apparition des de lui administrer un traitement prophylactique
symptômes décrits plus haut. contre les maladies transmissibles sexuellement
– La phase de la distanciation : au cours de laquelle (MTS). (Voir la section « Maladies transmises
les symptômes physiques et psychologiques sexuellement » dans le chapitre 11, « Maladies
diminuent en intensité de sorte que la victime peut transmissibles »)
recommencer à mener une vie normale. Au cours
Il importe de respecter la dignité de la victime en la
de cette période, il arrive que la victime nie ou
laissant décider par elle-même quelles personnes
minimise les effets de l’agression subie et refuse
l’aide qui lui est offerte. peuvent être informées de l’agression qu’elle a subie, et
de l’assurer de son soutien quelle que soit sa décision.
– La phase de la réintégration : peut survenir des
semaines, voire des années après l’agression. La Expliquez à la victime le déroulement d’une enquête
victime éprouve alors de nouveau les symptômes policière et des poursuites en justice en lui précisant
caractéristiques de la phase aiguë. Ce processus est les résultats auxquels on peut s’attendre d’un recours
parfois déclenché par une convocation devant les en justice. La décision de faire intervenir la police
tribunaux ou par l’anniversaire de l’incident. À doit être prise par la victime.
cette étape, l’expérience de l ’agression est replacée
dans le contexte existentiel global de la victime. Tous les renseignements fournis par la victime
doivent rester confidentiels sauf si elle vous demande
INTERVENTION expressément de les communiquer.

Tout de suite après l’agression, il faut permettre à la Offrez de parler à la famille et aux amis de la victime de
victime d’attendre dans une salle tranquille, loin du leurs réactions au viol et de la façon dont ils peuvent
bruit et de la confusion. Dans la mesure du possible, aider la victime à se remettre du traumatisme. Si la
une infirmière ou une personne-ressource de sexe victime le désire, vous pouvez expliquer à la famille
féminin devrait accompagner la victime tout au long qu’il est important de permettre à la victime de parler de
de son séjour dans l’établissement de soins. son expérience lorsqu’elle se sent prête à le faire.
Il importe d’adopter une attitude empathique, non Informez la victime de tous les services destinés aux
critique et discrète qui montre à la victime que l’on victimes d’agression sexuelle. Dans bien des régions,
comprend s on bouleversement. Si cette dernière hésite à des centres d’aide aux victimes d’agression sexuelle
parler de son expérience, il ne faut pas la contraindre à situés dans les grands centres urbains acceptent les
le faire de quelque manière que ce soit. Si, par contre, appels interurbains.
elle choisit d’exprimer ses émotions, il convient de
reconnaître leur bien-fondé et de lui expliquer que ses Il importe d’aider la victime à résoudre les problèmes
réactions sont normales (autrement dit, il s’agit de lui immédiats (par exemple décider de l’endroit où elle
faire comprendre que son expérience n’est pas différente habitera pour se sentir en sécurité) et à prendre les
de celle des autres victimes). dispositions voulues.

Il faut expliquer à la victime les interventions Il faut fixer un rendez-vous au cours duquel on pourra
médicales qu’elle devra subir et leur raison d’être prendre note des ecchymoses qui n’étaient pas
(c’est-à-dire, déterminer s’il y a des blessures, apparentes lors de l’examen initial et vérifier si la
détecter des maladies vénériennes, recueillir des victime se remet bien de l’agression. À cette occasion, il
données sur l’agression en vue d’éventuelles importe de renseigner la victime sur les étapes du
poursuites devant les tribunaux) . Familiarisez-vous rétablissement. Cette dernière doit surtout savoir que les
avec le travail d’examen médico-légal d’une victime symptômes qu’elle éprouve actuellement diminueront
de viol. (dans un laps de temps variable), mais qu’ils risquent de
réapparaître à un moment donné, ce qui fait
Dans la mesure du possible, on doit demander à la normalement partie du processus de rétablissement.
victime si elle préférerait recevoir des soins d’une
femme. Dans tous les cas, une femme devrait être S’il semble que la victime est incapable de
présente dans la pièce pendant l’examen médical. fonctionner, il faudrait envisager de l’orienter vers
des services psychiatriques ou psychologiques.

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Santé mentale 15–47

VIOLENCE FAMILIALE Les risques de sévices augmentent pendant la


grossesse.
Tout bon intervenant en santé doit faire preuve de Outre les signes physiques évidents, il y a certains
vigilance en étant systématiquement à l’affût symptômes physiques et psychologiques plus subtils
d’indices de mauvais traitements. qui doivent être pris en note :
On trouvera des renseignements sur la violence et les – Crises d’anxiété ou dépression
abus sexuels à l’égard des enfants dans la publication – Troubles psychosomatiques tels que céphalées,
« MSB Clinical Guidelines in Pediatrics for Northern douleurs thoraciques ou abdominales, insomnie,
Nursing Stations ». fatigue et mauxde dos
– Raideur de la nuque ou des muscles de l’épaule
VIOLENCE CONJUGALE (attribuables à des secousses violentes), qui
Les membres du réseau médico-hospitalier, et plus rappelle les symptômes du coup de fouet cervical
particulièrement les infirmières, les médecins et les – Lésions aux tympans
intervenants en santé publique, sont bien placés pour – Problèmes conjugaux, surtout lorsque la victime
reconnaître les femmes qui vivent une relation de fait mention de disputes, de la jalousie, de
violence et leur venir en aide. Souvent, ces femmes l’impulsivité ou de la consommation d’alcool de
ne perçoivent pas la nature du problème et ne se son conjoint
considèrent pas comme des femmes battues. Et même – Toxicomanie
lorsqu’elles sont conscientes de leur situation, elles la – Gestes suicidaires ou tentatives de suicide à
cachent souvent parce qu’elles ont honte ou craignent répétition
des représailles. C’est souvent le personnel de – Pleurs irrépressibles
l’établissement de santé qui leur fournit la première
occasion de replacer le problème dans sa juste Ces symptômes vagues ou indéfinis donnent souvent
perspective et de se renseigner sur les options qui à l’intervenant l’impression qu’il se passe quelque
s’offrent à elles. chose qu’il ne saisit pas. Ces plaintes, assorties de
fréquentes visites à l’établissement de santé, d’une
On distingue quatre grandes catégories de blessures application peu rigoureuse des recommandations
ou de traumatismes physiques couramment observés thérapeutiques et de l’absence de réponse au
chez les femmes qui consultent après avoir été traitement, caractérisent un phénomène
victimes de sévices, mais qui ne se limitent pas à communément appelé syndrome de la femme battue.
cette population :
Lignes de conduite relatives à l’évaluation
– Blessures graves avec saignement, surtout à la tête
et au traitement
et au visage. En cas d’agression sexuelle, on peut
observer des lésions vaginales ou anales qui Pour confirmer l’existence de mauvais traitements, il
doivent être refermées à l’aide de points de suture. faut demander directement à la femme ou à l’homme
– Blessures internes, commotions, perforation de si son conjoint la (ou le) bat ou menace de le faire. Il
tympans, lésions à la rate ou aux reins, blessures arrive souvent que les hommes et les femmes
abdominales, perforation des poumons, contusions minimisent les sévices et, dans bien des cas, il
graves, blessures à l’œil et marques de convient de donner des exemples et de poser des
strangulation au cou questions de telle sorte que le client se sente autorisé
– Brûlures causées par des cigarettes, des appareils à aborder le sujet.
chauffants, des liquides brûlants ou de l’acide – Interrogez et examinez la personne maltraitée,
– Fractures de la mâchoire, du bras, du bassin, des seule ou en présence d’une intervenante venue
côtes, des clavicules et des jambes pour la soutenir. Elle n’osera pas parler si son
Il faut aussi rechercher des blessures anciennes non conjoint est présent.
traitées. Certaines femmes ne consultent pas de – Une femme se sentira sans doute plus à l’aise de
médecin ou sont empêchées de le faire. Des signes de parler à une femme, qu’il s’agisse d’une
blessures antérieures peuvent permettre de déterminer infirmière, d’une femme médecin ou d’une
le caractère cyclique des mauvais traitements. travailleuse sociale. Il importe de lui demander si
Consignez vos observations ainsi que vos soupçons elle a des préférences à cet égard.
dans vos dossiers afin que d’autres membres du – Laissez la cliente s’exprimer à son propre rythme
personnel médical soient à l’affût d’autres signes de et évitez de faire des pressions. L’entretien
mauvais traitements. représente peut-être pour elle la seule occasion de
dévoiler sa situation.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


15–48 Santé mentale

– Faites comprendre à la cliente que vous la croyez. VIOLENCE À L’ÉGARD DES PERSONNES
Montrez-lui de l’empathie. Discutez des solutions ÂGÉES
possibles, mais ne donnez pas de conseils. Évitez
tout discours culpabilisant. Comme les personnes âgées recourent davantage aux
services médicaux, les professionnels de la santé sont
– Évitez d’exprimer du dégoût, de l’horreur ou de la particulièrement bien placés pour déceler les cas
colère face à la situation qui vous est décrite. éventuels et réels de violence envers ces personnes.
Évitez aussi de dénigrer l’agresseur. Cependant, étant donné qu’il n’existe pas de
– Faites savoir à la cliente que personne ne mérite définition normalisée en la matière et qu’il s’agit
d’être maltraité et ne doit le tolérer. d’un problème mal détecté, une proportion
– Tentez d’évaluer si la situation comporte un importante des cas de mauvais traitements envers les
danger. Si la famille compte des enfants, cherchez personnes âgées ne sont pas signalés.
à déterminer s’ils courent des risques. Si vous êtes
profondément convaincu qu’il y a un danger réel, À l’instar des autres victimes de violence familiale,
prenez immédiatement les mesures qui s’imposent. les personnes âgées maltraitées hésitent parfois à
– Offrez à la cliente de l’aider à se protéger. Elle faire état de leur situation parce qu’elles éprouvent de
la honte, de la gêne et de la crainte.
peut par exemple trouver refuge dans un refuge
pour femmes battues, un centre de transition ou Les mauvais traitements sont principalement infligés
encore chez un parent ou un(e) ami(e) par les membres de la famille, les auteurs étant dans
bienveillant(e). l’ordre le fils, la fille et le conjoint.
– Offrez-lui de communiquer avec la police si elle
souhaite porter plainte contre l’agresseur ou si elle Comme l’enfant, la personne âgée dépend souvent de
veut que la police s’en charge. Assurez-vous de la personne qui s’en occupe et peut représenter pour
connaître la façon de procéder ainsi que les droits celle -ci un fardeau, ce qui se traduit par des mauvais
de la victime afin de faciliter la prise de décisions traitements, intentionnels ou non. Sa dépendance,
et les démarches éventuelles. l’absence de solution de rechange, la peur de
– Aidez la cliente à établir un plan pour assurer sa l’abandon ou des représailles, la peur d’être placée en
protection. Aidez-la à quitter son foyer ou son établissement et le sentiment de loyauté envers la
conjoint si tel est son désir, mais ne la poussez pas famille sont autant de facteurs qui expliquent que la
à le faire. Essayez de la calmer et de lui fournir les personne âgée hésite à porter plainte.
éléments d’information dont elle a besoin pour Certains facteurs s’appliquent exclusivement à la
prendre des décisions rationnelles et éclairées personne âgée maltraitée :
concernant sa vie et sa sécurité.
– Renseignez-la sur les ressources et les services – La probabilité que, sans intervention, la personne
communautaires disponibles. S’il existe un groupe continuera d’être maltraitée pendant le reste de
sa vie.
de soutien pour femmes ou hommes battus dans la
collectivité, demandez à la personne si elle – Le placement en établissement est souvent la seule
souhaite qu’un de ses membres communique avec solution de rechange.
elle. Les personnes les plus exposées aux mauvais
– Notez attentivement et intégralement les signes traitements de la part des membres de la famille sont
physiques et psychologiques de violence dans le les femmes seules ou les veuves âgées de plus de
dossier approprié. Ce comp te rendu doit 75 ans qui vivent chez des personnes apparentées et
comprendre une description des blessures ayant qui souffrent d’une déficience physique ou mentale
nécessité des soins médicaux, des soins dispensés modérée ou grave, de sorte qu’elles ne peuvent
et de toute autre blessure pour lesquelles des soins subvenir seules à leurs besoins fondamentaux.
médicaux n’étaient pas nécessaires (par exemple,
des contusions et des lacérations superficielles). Types de mauvais traitements
envers les personnes âgées

Violence physique
– Agression
– Brusquerie
– Négligence grave
– Privation de nourriture ou de soins personnels ou
médicaux

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Santé mentale 15–49

Violence psychosociale Évaluation et traitement


– Réclusion – Évaluez la compétence mentale de la personne et
– Isolement consultez la loi provinciale ou territoriale sur la
– Manque d’attention santé mentale afin de déterminer les mesures à
– Intimidation prendre.
– Violence verbale ou psychologique – S’il existe une loi qui protège les personnes âgées
ou vulnérables, signalez les cas de mauvais
Exploitation financière traitements soupçonnés à l’organisme chargé de
– Privation de ressources financières faire enquête et d’intervenir.
– Fraude – Si elle est jugée capable, la personne âgée a le
– Vol droit de prendre des décisions qui ont une
incidence sur sa vie. Vous devez en tenir compte
– Utilisation inadéquate des ressources financières dans votre façon de vous exprimer lorsque vous
– Privation des moyens de subsistance discutez avec la personne âgée de sa situation.
Le type de mauvais traitement le plus fréquent est Autrement dit, évitez de vous adresser à elle
l’exploitation financière, suivie de la violence comme à un enfant.
psychosociale et physique. – Déterminez si la négligence ou les mauvais
traitements sont attribuables à une mauvaise
Symptômes de violence physique préparation ou à des attentes irréalistes des aidants.
et de négligence
– Ayez recours à des programmes d’action
– Ecchymoses, marques de coups, brûlures et autres communautaire (soins infirmiers à domicile,
lésions inexpliquées Popote roulante, aides ménagères ou services
– Plaies, ulcérations et autres lésions qui ne d’aide à domicile) pour permettre à la personne
guérissent pas âgée de demeurer chez elle et dans sa collectivité.
– Malnutrition et déshydratation lorsque la personne – Consultez les services sociaux communautaires
est mentalement apte à exprimer ses besoins mais pour déterminer quelles formes d’aide sont
physiquement incapable de les satisfaire toute seule accessibles à la personne âgée et à ceux qui en
– Administration d’une dose excessive ou prennent soin.
insuffisante de médicaments prescrits – Veillez à ce que la personne âgée reçoive
– Non-respect des rendez-vous chez le médecin régulièrement des soins médicaux et infirmiers en
(parce qu’aucun membre de la famille n’accepte prévoyant des visites fréquentes à domicile qui
d’accompagner la personne) vous permettront d’évaluer les risques auxquels
elle est exposée.
Symptômes émotionnels ou psychologiques
– Veillez à ce que le dossier médical comprenne les
– Refus d’admettre l’existence de tout problème antécédents médicaux et sociaux complets et
concernant les aidants ou surprotection de ces exacts afin que l’on ait accès à ces éléments
derniers d’information au cas où certaines décisions
– Repli sur soi et passivité; résignation face à la seraient prises par les tribunaux concernant la
situation actuelle victime des mauvais traitements.
– Crainte et anxiété – Essayez d’établir des rapports harmonieux tant
– Acceptation trop facile du placement dans un avec la personne âgée qu’avec la personne qui s’en
établissement de soins (sentiment de soulagement occupe ou qui la maltraite.
par rapport à la situation antérieure) – Mettez à contribution les services sociaux et
– Aucune attente d’être réconforté l’entourage de la famille pour alléger le fardeau
qui pèse sur celle -ci.
– Offrez des séances de counselling à la personne
âgée et aux personnes qui s’en occupent afin de
découvrir et de régler les conflits cachés qui
pourraient être à l’origine du problème.
– En dernier recours, il peut être nécessaire de retirer
la personne âgée de son milieu familial. S’il est
impossible d’obtenir son consentement voulu au
moyen du counselling, le recours au tribunal, et
dans certains cas la désignation d’un tuteur,
doivent être envisagés.

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001


15–50 Santé mentale

Considérations particulières relatives – Prenez note de l’état mental du client, de son


aux entretiens relatifs à d’éventuels mauvais comportement, de ses réactions émotionnelles et de
traitements ses attitudes à l’égard des personnes qui
– Au début, interrogez séparément la victime s’occupent d’elle.
présumée et déterminez dans quelle mesure le – Prenez note de l’attitude des aidants à l’égard de
bien-être physique et psychologique de la personne leur rôle, du contrôle exercé sur les activités du
est menacé. client, de ses liens entretenus avec l’extérieur et de
– Les membres de la famille, le personnel de la son bien-être physique et psychologique.
pension ou les autres intervenants doivent être – Veillez à ce que la personne contactée et chargée
interviewés séparément. de mener les entrevues et les enquêtes nécessaires
soit la plus qualifiée pour remplir ce mandat.

UTILISATION DES RESSOURCES EN SOINS COMMUNAUTAIRES


DE SANTÉ MENTALE

La santé mentale est sans doute le domaine clinique Coordonnez ou favorisez la coordination de toutes les
où l’efficacité du traitement et de la prévention ressources. Même si elles exigent du temps, les
dépend le plus de la mobilisation et de la rencontres avec les personnes -ressources en
coordination des ressources paramédicales et non définitive sont plus profitables. Elles permettent aussi
médicales. d’accomplir ce qui suit :
La santé mentale (et inversement, la maladie – échanger de l’information
mentale) découle en grande partie des expériences – fixer des objectifs
sociales vécues dans divers contextes (famille, amis, – définir les attentes du client et de la personne-
milieu scolaire, milieu de travail, loisirs, collectivité). ressource
Il est possible de mobiliser ces « contextes » pour – préciser les responsabilités
créer des environnements sains et favoriser des – établir les réseaux de communication
expériences bénéfiques pour la santé.
– élaborer un plan acceptable pour tous les intéressés
– éviter le double emploi
LIGNES DE CONDUITE – obtenir l’engagement formel de fournir un service
POUR L’UTILISATION ou de prendre certaines mesures.
DES RESSOURCES EN SOINS Collaborez avec les autres ressources à la prestation
DE SANTÉ MENTALE des services. Menez conjointement des entrevues
avec le client, s’il y a lieu. Offrez conjointement des
Déterminez quelles sont les ressources qui s’occupent traitements ou d’autres programmes.
ou pourraient s’occuper du client ou du trouble
Faites en sorte que les ressources personnelles,
mental. Tenez compte à la fois du réseau structuré
(services sociaux, médicaux, éducatifs) et du réseau surtout la famille et, si possible, le client, prennent
personnel (famille, conjoint, amis, bénévoles). part activement à la démarche. Ce faisant, on
encourage un sentiment de maîtrise, l’autonomie et la
Orientez ou facilitez l’orientation vers les services ou responsabilisation.
organismes compétents et mettez à contribution les Il faut, dans la mesure du possible, travailler en
ressources personnelles. Il faudra peut-être déployer collaboration. Comme les aidants naturels ont
des efforts particuliers pour « vendre » le service au généralement des liens plus étroits et intenses avec le
client ou pour convaincre l’organisme ou la client, ils peuvent exercer sur lui une influence
personne-ressource de collaborer. On peut se heurter considérable. Le rôle du professionnel consiste à
aux préjugés, à la crainte, à l’incompréhension, à la renseigner et à guider ces aidants pour que leurs
méfiance ou à l’indifférence soit du client, soit de relations avec le client soient salutaires, voire, dans
l’organisme ou de la personne-ressource. certains cas, délibérément systématiques et
thérapeutiques.

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Santé mentale 15–51

Le même principe vaut pour les « aidants » du réseau Des activités de dépistage efficaces et l’utilisation
structuré, comme les bénévoles, les membres de la rationnelle des ressources supposent un réseau
paroisse et du clergé, les organismes d’entraide et professionnel et non professionnel bien informé. Les
même les organismes communautaires qui s’occupent répertoires de ressources communautaires, la
du client. Certains de ces organismes ont des contacts publicité dans les médias, les manifestations spéciales
fréquents et très personnels avec le client et peuvent (causeries, visites libres, expos-santé) et les
participer activement au traitement et au suivi. conférences interorganismes sont autant d’excellents
moyens de tenir la collectivité au courant de ses
Appuyez les soignants, par exemple en leur offrant ressources.
des services de relève, en les mettant en contact avec
des personnes ou organismes qui s’occupent de Les groupes de bénévoles jouent un rôle extrêmement
problèmes analogues, en les renseignant sur les utile tant auprès des malades hospitalisés que dans le
ressources communautaires et en assurant une aide cadre des activités préventives. L’Association
technique. Si possible, organisez des ateliers de canadienne pour la santé mentale est une ressource
formation ou des séances d’information dans votre particulièrement précieuse dans une collectivité. Il y
domaine de spécialisation afin d’aider les personnes- a lieu d’encourager la création d’une section locale
ressources à remplir leur rôle. de l’Association et l’utilisation de ses ressources.

Veillez à ce que les communications entre les


organismes et les personnes-ressources soient EXPERTS-CONSEILS EN MATIÈRE
franches et satisfaisantes. DE PROGRAMMES
Abordez avec les personnes-ressources les limites et Dans les régions peu peuplées où les ressources sont
les contraintes liées au principe de la confidentialité rares, les professionnels de presque toutes les
(Voir la rubrique « Dossiers et confidentialité » dans disciplines sont censés être des experts dans tous les
la section « Évaluation clinique et traitement » plus aspects de leur profession (ou s’attendent eux-mêmes
haut dans ce chapitre). à l’être). Même si l’on reconnaît que ces attentes sont
irréalistes, on n’en éprouve pas moins l’impression
Participez comme personne-ressource à la création de
que l’on devrait toujours être renseigné ou être en
groupes d’entraide et d’appui aux parents pour divers
mesure de faire quelque chose.
types de problèmes de santé mentale, en assurant le
soutien et la supervision nécessaires. Par ailleurs, en raison de ce sens de la responsabilité,
Établissez des mécanismes de liaison formels entre l’intervenant aux prises avec un problème hésite
souvent à faire appel à d’autres, ce qui se traduit
les organismes qui s’occupent le plus directement de
problèmes de santé mentale, par exemple par le biais inévitablement par la frustration et l’insatisfaction et
aboutit à l’inaction.
de comités mixtes permanents ou spéciaux. Il est
préférable de mettre en place des comités On peut avoir accès à des experts -conseils en matière
relativement permanents que d’en créer un chaque de programmes de santé mentale en s’adressant à
fois qu’un problème se pose. Cela est diverses sources (Santé Canada, universités,
particulièrement vrai dans le cas d’expériences ministères provinciaux ou territoriaux de la santé,
personnelles traumatisantes qui nécessitent une Association canadienne pour la santé mentale et
intervention psychothérapeutique (par exemple, les divers groupes d’intérêt spéciaux). Il ne faut pas
cas d’enfants maltraités, d’agression sexuelle et de hésiter à faire appel à ces ressources à divers égards.
femmes battues), mais aussi dans le cas de problèmes La plupart des organismes sont tout à fait disposés à
moins traumatisants mais plus chroniques comme les partager leurs connaissances et leur expertise.
difficultés dans les rapports parents -enfants, la
déficience mentale, les problèmes d’apprentissage, la
délinquance juvénile et les toxicomanies.

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A–1

ABRÉVIATIONS

AAS acide acétylsalicylique GU génito-urinaire


ABC ABC (airway, breathing and Hb A1C hémoglobine glycosylée
circulation) – voies aériennes, HCG hormone gonadotrophine
respiration et circulation chorionique
ABO système ABO (groupes sanguins) HDL lipoprotéines de haute densité
AD aérosol-doseur HEHRP hémolyse, enzymes hépatiques
AINS anti-inflammatoire non stéroïdien élevées et nombre réduit de
AIT accident ischémique transitoire plaquettes
ALT alanine-aminotransférase HPV papillomavirus
ANA anticorps antinucléaire hs au coucher
AP antéropostérieur HTS hormonothérapie substitutive
APS antigène prostatique spécifique IC insuffisance cardiaque
AST aspartate-aminotransférase INH isoniazide
AVC accident vasculaire cérébral IPD interphalangien distal
AZT zidovudine IPP interphalangien proximal
BCG bacille de Calmette-Guérin IRM imagerie par résonance magnétique

bid deux fois par jour ISRS inhibiteur spécifique du recaptage


de la sérotonine
puls/min pulsations par minute
IV intraveineux
CCMH concentration corpusculaire
moyenne en hémoglobine IVRI infection des voies respiratoires
inférieures
CO contraceptifs oraux
IVRS infection des voies respiratoires
D5W soluté de dextrose à 5 % supérieures
D5W/0.25% NS soluté de dextrose à 5 % dans un PVJ pression veineuse jugulaire
soluté de NaCl à 0,25 %
LCR liquide céphalorachidien
DEP débit expiratoire de pointe
LDH lactico-déshydrogénase
ECA enzyme de conversion de
l'angiotensine LDL lipoprotéines de basse densité
ECG électrocardiogramme ou MCP métacarpo-phalangien
électrocardiographie MPOC maladie pulmonaire obstructive
EFH examen des fonctions hépatiques chronique

ET écart-type MTS maladie transmissible sexuellement

EV extrasystole ventriculaire od par jour


FSH hormone folliculo-stimulante ORL oto-rhino-laryngologie ou
oto-rhino-laryngologiste
G6PD glucose-6-phosphate
déshydrogénase pc après un repas
GB globules blancs PCP phencyclidine
GGT gamma -glutamyl-transférase PERRLA pupilles égales et rondes, réaction à
la lumière et accommodation
GI gastro-intestinal normales
GR globules rouges PO par voie orale

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A–2 Abréviations

prn au besoin T4 thyroxine


PV par voie vaginale TC temps de céphaline
PVJ pression veineuse jugulaire TDM tomodensitométrie
qid quatre fois par jour TIBC capacité totale de fixation du fer
RCIU retard de croissance intra-utérin tid trois fois par jour
RCR réanimation cardiorespiratoire TP temps de prothrombine
RGO reflux gastro-œsophagien TSH hormone thyréotrope, thyrotropine
RhIG immunoglobulines anti-RH UGD ulcère gastroduodénal
RIN rapport international normalisé UI unité internationale
SC sous-cutané, par voie sous -cutanée VDRL test VDRL
SCI syndrome du côlon irritable VEMS volume expiratoire maximal
SGA streptocoque du groupe A seconde
SGB streptocoque du groupe B VGM volume globulaire moyen
sida syndrome d'immunodéficience VIH virus de l'immunodéficience
acquise humaine
SL sublingual, par voie sublinguale VLDL lipoprotéines de très basse densité
SNC système nerveux central VRI voies respiratoires inférieures
SPM syndrome prémenstruel VRS voies respiratoires supérieures
VSG vitesse de sédimentation globulaire

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B–1

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C–1

Index

Les médicaments sont indexés sous leur dénomination commune.

A Acétaminophène, usage (suite)


entorse de la cheville, 7-19
AAS (acide acétylsalicylique), usage épicondylite latérale (tennis elbow), 7-14
accident ischémique transitoire (AIT), 8-14 épididymite, 6-6, 6-7
angine de poitrine, 4-9 gelure bénigne, 9-27
avec codéine, pour la migraine, 8-11 hépatite, 11 -5
contre-indications, 7-23 infection génitale haute, 13-15
diabète sucré, 10-10 lésion (ligamentaire) du genou, 7-16
empoisonnement et surdose, 14-20 à 14-24 lumbago et sciatique, 7-21
infarctus du myocarde, 4-29 mal de gorge, 2-22
migraine, légère ou modérée, 8-11 mastite, 13-10
péricardite aiguë, 4-24 mastoïdite, 2-23
polyarthrite rhumatoïde, 7-27 méningite, 8-16
ABC (voies aériennes, respiration, circulation) mononucléose (infectieuse), 11-7
et client en hypothermie, 14-25 ostéomyélite, 7-30
et victime de traumatisme majeur, 14-1, 14-3 otalgie, 2-4, 2-6
Abcès pneumonie, 3-18
dentaire, 2-18 à 2-19 prostatite aiguë, 6-8
péri-amygdalien, 2-25 à 2-26 pyélonéphrite, 6-14
sous-cutané, 9-3 à 9-4 rhinite, 2-14
Abdomen. Voir Douleur abdominale sinusite aiguë, 2-17
Abus. Voir Violence Acétaminophène avec codéine, usage
Abus d'alcool brûlure chimique aux yeux, 1-22
delirium du sevrage alcoolique, 15-20 à 15-22 brûlure mineure, 9-24
désintoxication, 15-19 à 15-20 colique néphrétique (calculs), 6-16
sevrage alcoolique, 15-19 à 15-20 douleur à l'épaule, 7-10, 7-12
Acarbose, pour le diabète sucré, 10-10 douleur abdominale, 5-21
Acathisie (effet secondaire des médicaments), 15-35 entorse de la cheville, 7-19
Accident ischémique transitoire (AIT), 8 -13 à 8-14 épicondylite latérale (tennis elbow), 7-14
Accident vasculaire cérébral (AVC) épididymite, 6-7
AIT comme signal d'alerte, 8-13 fracture, 7-32
hémorragie intracrânienne, 8-20 à 8-21 fracture de la clavicule, 7-35
tableau clinique, 8-20 à 8-21 goutte, 7-23
traitement, 8-21 à 8-22 lésion (ligamentaire) du genou, 7-16
Acétaminophène, usage lumbago et sciatique, 7-21
abcès dentaire, 2-19 mastite, 13-10
abcès péri-amygdalien, 2-25 migraine, légère ou modérée, 8-11
abcès sous-cutané, 9-4 Acétazolamide, pour le glaucome, 1-14, 1-19
arthrite septique, 7-29 Acide acétylsalicylique. Voir AAS (acide
arthrose, 7-25 acétylsalicylique)
bronchite aiguë, 3-16 Acide borique, pour la conjonctivite virale, 1-7
brûlure mineure, 9-24 Acide folique, pour anémie par carence en acide
cellulite, 9-5, 9-6 folique, 10-6
céphalée de tension, 8-7 Acide fusidique, pour l'impétigo, 9-8
douleur à l'épaule, 7-8, 7-10, 7-12 Acide lactique, pour la verrue, 9-18
douleur abdominale, 5-21 Acide méfénamique, usage
douleur cervicale, 7-7 dysménorrhée, 13-8
douleur oculaire, 1-12, 1-20, 1-22, 1-23 migraine, 8-11
empoisonnement et surdose, 14-20 à 14-24

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C–2 Index

Acide nicotinique, pour la dyslipidémie, 4-7 Amoxicilline, usage (suite)


Acide salicylique, pour la verrue, 9-18 otite moyenne aiguë, 2-6
Acide valproïque, pour les troubles épileptiques prostatite aiguë, 6-8
chroniques, 8-18 pyélonéphrite, 6-14
Acouphènes sinusite, 2-17, 2-18
et anémie ferriprive, 10 -4 Amoxicilline/clavulanate, usage
et empoisonnement/surdose, 14-20 morsure (animale ou humaine), 9-21
et labyrinthite, 2-9 otite moyenne chronique, 2-7
et mastoïdite, 2-22 pneumonie, 3-18
et otite moyenne aiguë, 2-5 Ampicilline, usage
et otite moyenne chronique, 2-6 appendicite, 5-30
symptôme dominant, 2-1 cholécystite, 5-20
Acyclovir, pour la paralysie de Bell, 8-4 coma (non encore diagnostiqué), 14-20
Affection oculaire. Voir Yeux contre-indications, 2-22
Âge requis pour consentir, 15-14 diverticulite, 5-25
Agent caustique, et empoisonnement/surdose, épididymite, 6-7
14-20 à 14-24 infection à streptocoque du groupe B, 12-17
Agoniste β2 , usage mastoïdite, 2-23
asthme, exacerbation, 3-7, 3-8, 3-9 méningite, 8-16
asthme chronique, 3-7 MPOC, exacerbation aiguë de, 3-15
contre-indications, 3-7 occlusion de l'intestin, 5-32
MPOC, 3-13, 3-14 prostatite aiguë, 6-8
Agoniste des cholinergiques, pour le glaucome, 1-14 pyélonéphrite, 6-14
Agression sexuelle, 15-45 à 15-46 Analgésique tricyclique, pour la prophylaxie de la
AIT (accident ischémique transitoire), 8-13 à 8-14 migraine, 8-11
Alimentation. Voir Régime d'alimentation Analogue des adrénergiques, pour le glaucome
Allergie chronique, 1-14
conjonctivite allergique, 1-6 à 1-8 Analogue des prostaglandines, pour le glaucome
et choc anaphylactique, 14-13 à 14-15 chronique, 1-14
rhinite allergique, 2-11 à 2-14 Anémie
Allopurinol, pour la prophylaxie de la goutte, 7-24 tableau clinique, 10-1 à 10-2
Alpha-bloquant, usage symptomatologie, 10-2
hyperplasie bénigne de la prostate, 6-5 classification cytométrique, 10-1
hypertension, 4-17 carence en folates, 10-3
Altération des fonctions cognitives ferriprive, 10-1, 10-2, 10-3 à 10-5
définition, 15-38 hémolytique, 10-1, 10-3
symptomatologie, 15-39 maladies chroniques, 10-1, 10-2
diagnostic différentiel, 15-40 mégaloblastique (pernicieuse, ou de carence en
évaluation psychiatrique, 15-39 vitamine B12 ), 10-1, 10-3, 10-6 à 10-7
mini-examen de l'état mental de Folstein, 15-39 saturnisme, 10-3
orientation vers d'autres ressources, 15-40 tests diagnostiques, 10-2
traitement, 15-40 Anévrisme de l'aorte, 4-27
Aluminium/magnésium/siméthicone, usage Angine de poitrine
RGO, 5-15 angine instable, 4-10
ulcère gastroduodénal, 5-17 angine stable, 4-8 à 4-10
Aménorrhée, 13-3 diagnostic différentiel, 4-3, 4-9
Amiodarone, pour la fibrillation auriculaire, 4-22 et fibrillation auriculaire, 4-21
Amitriptyline, pour la prophylaxie de la migraine, 8-11 intervention pharmacologique, 4-9, 4-10
Amlodipine, pour l'hypertension, 4-17 orientation vers d'autres ressources, 4-10
Amoxicilline, usage symptomatologie, 4-8
bactériurie asymptomatique, 6-10 tableau clinique, 4-8 à 4-9
contre-indications, 2-22 traitement, 4-9 à 4-10
cystite, 6-12 Anhydrase carbonique, inhibiteur de l', pour le
Gardnerella vaginalis (vaginose bactérienne), 13-12 glaucome chronique, 1-14
MPOC, exacerbation aiguë de, 3-15 Annexes, examen d', 13-2

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Index C–3

Antagoniste des récepteurs de l'angiotensine II, et Anticholinergique, usage


hypertension, 4-17 asthme, exacerbation de, 3-7, 3-9
Anthrax, 9-6 à 9-7 asthme chronique, 3-7
Anti-arythmisant, usage cholécystite/colique biliaire, 5-19, 5-20
arythmie, 4-21 MPOC, 3-13, 3-15
fibrillation auriculaire, 4-22 Anticoagulant, usage
Antiacide, usage fibrillation auriculaire, 4-21, 4-22
RGO, 5-15 problèmes cardiovasculaires, 4-13
ulcère gastroduodénal, 5-17 Anticonvulsivant, pour la crise épileptique,
Antibiotique, usage 8-18, 8-19
abcès dentaire, 2-19 Antidépresseur, usage
abcès péri-amygdalien, 2-25, 2-26 trouble bipolaire, épisode dépressif, 15-28
abcès sous-cutané, 9-4 trouble dysthymique, 15-30
appendicite, 5-30 Antidépresseur tricyclique, surdose, 14-20 à 14-24
arthrite septique, 7-29 Antihistaminique, usage
balanite, 6-9 conjonctivite allergique, 1-8
blépharite, 1-6 eczéma (dermite atopique), 9-10
bronchite aiguë, 3-16 otite moyenne séreuse, 2-8
brûlure, 9-24 rhinite allergique et vasomotrice, 2 -13
cellulite, 9-5, 9-6 urticaire, 9-17
chalazion, 1-10 Anus, fissure et hémorroïde, 5-5 à 5-7
cholécystite, 5-20 Appareil cardiovasculaire
cystite, 6-12 anamnèse, 4-1 à 4-2
diverticulite, 5-25 symptômes dominants de problèmes, 4-1
épididymite, 6-6, 6-7 examen général, 4-2 à 4-3
érosion de la cornée, 1-15 à 1-16 diagnostic différentiel, 4-3
furoncle/anthrax, 9-7 anévrisme de l'aorte, 4-27
gastro-entérite bactérienne, 11-9 angine de poitrine, 4-3, 4-8 à 4 -10
impétigo, 9-8 arythmie, 4-19 à 4-21
infection génitale haute, 13-15, 13-16 dyslipidémie (hyperlipidémie), 4-6 à 4-8
infection invasive à streptocoque du groupe A, 11-17 et diabète sucré, 10-13
kératite, 1-20 et hypothermie, 14-25
mastite, 13-10 fibrillation auriculaire, 4-19, 4-21 à 4-22
mastoïdite, 2-23 hypertension (voir Hypertension)
méningite, 8-16 Appareil cardiovasculaire
morsure (animale ou humaine), 9-21 infarctus du myocarde, 4-28 à 4-30
MPOC, exacerbation aiguë de, 3-15 insuffisance cardiaque congestive, 4-10 à 4 -13
occlusion de l'intestin, 5-32 insuffisance veineuse, chronique, 4-26
orgelet, 1-8 à 1-9 maladie artérielle périphérique, 4-24 à 4-25
ostéomyélite, 7-30 occlusion d'une artère périphérique de gros
otite externe, 2-4 calibre, 4-31 à 4-32
otite moyenne, 2-6, 2-7 œdème pulmonaire, 4-30 à 4-31
pharyngite, 2-22 péricardite aiguë, 4-23 à 4-24
pneumonie, 3-18, 3-19 thrombose veineuse profonde, 4-14 à 4-15
prophylaxie des lésions cutanées, 9-21 Appareil digestif
prostatite aiguë, 6-8 anamnèse, 5-1 à 5-2
pyélonéphrite, 6-14 symptômes dominants de problèmes, 5-1
rupture prématurée des membranes, 12-29 examen de l'abdomen, 5-2 à 5-3
sinusite, 2-17, 2-18 examen rectal, 5-3
sore throat score, 2-27 à 2-28 appendicite, 5-29 à 5-30
ulcère de la cornée, 1-16 cholécystite, 5-17 à 5-20
vulvovaginite, 13-12 colique biliaire, 5-17 à 5-20
constipation, 5-8 à 5-10
déshydratation (hypovolémie), 5-3 à 5-5

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C–4 Index

Appareil digestif (suite) Appareil respiratoire (suite)


diarrhée, 5-11 à 5-13 inhalation de substance toxique, 3-23 à 3-24
diverticulite, 5-24 à 5-25 MPOC (voir Maladie pulmonaire obstructive
diverticulose, 5-23 à 5-24 chronique)
douleur abdominale aiguë, 5-26 à 5-28 obstruction aiguë des voies respiratoires par un
fissure anale, 5-5 à 5-6 corps étranger, 3-21
gastro-entérite bactérienne, 11-8 à 11-9 pneumonie, 3-17 à 3-19
giardiase, 11-9 à 11-11 pneumothorax, 3-19 à 3-20, 14-2
hémorroïde, 5-6 à 5-7 thorax silencieux (état de mal asthmatique), 3-10
hernie, inguinale ou cicatricielle, 5 -21 à 5-22 Appareil urinaire
occlusion de l'intestin, 5-31 à 5-32 anamnèse, 6-1 à 6 -2
pancréatite aiguë, 5-28 à 5-29 symptômes dominants de problèmes, 6-1
RGO (reflux gastro-œsophagien), 5-14 à 5-15 examen, généralités, 6-3
saignement gastro-intestinal, 5-33 à 5-34 bactériurie asymptomatique, 6-10
syndrome du côlon irritable, 5-22 à 5 -23 colique néphrétique (calculs), 6-15 à 6-16
ulcère gastroduodénal, 5-16 à 5-17 cystite, 6-11 à 6 -12
Appareil génital masculin incontinence urinaire, 6-16 à 6-18
anamnèse, 6-1 à 6-2 maladie transmise sexuellement, 11-1 à 11-3
symptômes dominants de problèmes, 6-1 pyélonéphrite, 6-13 à 6-14
examen, généralités, 6-3 rétention urinaire aiguë, 6-19 à 6-20
balanite, 6-9 Voir aussi Appareil génital masculin; Dysurie;
épididymite, 6-5 à 6-7 Hématurie; Nycturie
hyperplasie bénigne de la prostate, 6-4 à 6-5 Appendicite, 5-29 à 5-30
maladie transmise sexuellement, 11 -1 à 11-3 Artérite temporale (gigantocellulaire), 8-12 à 8 -13
prostatite aiguë, 6-7 à 6-8, 6-20 Arthrite
rétention urinaire aiguë, 6-19 à 6-20 arthrite septique, 7-28 à 7-29, 11 -16
torsion testiculaire, 6-18 à 6-19 arthrose, 7-24 à 7-25
Voir aussi Appareil urinaire et maladie transmise sexuellement (MTS), 11-1
Appareil locomoteur polyarthrite rhumatoïde, 7-26 à 7-27
anamnèse, 7-1 à 7-2 Arthrose, 7-24 à 7-25
symptômes dominants de problèmes, 7-1 Articulations
examen, généralités, 7-2 à 7-3 symptômes dominants de problèmes, 7-1
diagnostic différentiel, 7-3 à 7-4 examen et palpation, 7-2 à 7-3
douleur cervicale (voir Douleur cervicale) amplitude des mouvements, 7-2
état neurovasculaire, 7-2 arthrite septique, 7-28 à 7-29
fracture de la clavicule, 7-33 à 7-35 arthrose, 7-24 à 7-25
fractures, os et articulations, 7-30 à 7-33 diagnostic différentiel, 7-3 à 7-4
lombalgie, 7-19 douleur, et maladie transmise sexuellement, 11-1
lumbago, 7-20 à 7-22 entorse de la cheville, 7-17 à 7-19
ostéomyélite, 7-29 à 7-30 épaule (voir Épaule)
sciatique, 7-20 à 7-22 épicondylite latérale (tennis elbow), 7-13 à 7-14
troubles de l'épaule (voir Épaule) goutte, 7-22 à 7-24
Voir aussi Articulations lésion (ligamentaire) du genou, 7-15 à 7-17
Appareil respiratoire polyarthrite rhumatoïde, 7-26 à 7-27
examen général, 3-2 à 3-3 syndrome du canal carpien, 7-14 à 7-15
anamnèse, 3-1 à 3-2 Voir aussi Appareil locomoteur; Fractures
symptômes dominants de problèmes, 3-1 Arythmie
asthme (voir Asthme) diagnostic différentiel, 4-20
bronchite aiguë, 3-15 à 3-16 et empoisonnement/surdose, 14-20
détresse et le choc anaphylactique, 14-13 intervention pharmacologique, 4-21, 4-29
détresse et syndrome de choc toxique orientation vers d'autres ressources, 4-21
streptococcique, 11-16 symptomatologie, 4-19
diagnostic différentiel, 3-3 à 3-4 traitement, 4-20 à 4-21
embolie pulmonaire, 3-22 à 3-23 types, 4-19

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Index C–5

Asthme chronique B
caractéristiques, 3-5
diagnostic différentiel, 3-6 Bacitracine, pommade de, usage
évaluation de la gravité, 3-5 balanite, 6-9
exacerbation bénigne, 3-8 blépharite, 1-6
exacerbation grave, 3-10 brûlure mineure, 9-24
exacerbation modérée, 3-9 impétigo, 9-8
intervention non pharmacologique, 3-6 lésion cutanée, 9-21
intervention pharmacologique, 3-7 Bactériémie (infection invasive à streptocoque du
orientation vers d'autres ressources, 3-8 groupe A), 11-16 à 11-17
thorax silencieux (état de mal asthmatique), 3-10 Bactériurie asymptomatique, 6-10
traitement, 3-6 à 3-8 Balanite, 6-9
Aténolol, usage Basedow, maladie de, 10-13
arythmie, 4-21 Béclométhasone, usage
prophylaxie de la migraine, 8-11 asthme chronique, 3-7
Atropine, sulfate de, pour l'infarctus du myocarde, 4-29 rhinite, 2-13
Attelles et écharpes Bell, paralysie de, 8 -3 à 8-4
arthrite septique, 7-29 Benztropine, pour la schizophrénie, 15-35
bandage claviculaire, 7-35 Bêtabloquant, usage
capsulite rétractile/tendinite/bursite (épaule), 7-8 angine de poitrine, 4-9
épicondylite latérale (tennis elbow), 7-13 arythmie, 4-21
fracture de la clavicule, 7-34 à 7 -35 contre-indications, 4-12, 4-17
fracture de membre supérieur, 7-32 à 7-33 fibrillation auriculaire, 4-22
fractures, 7-32 glaucome chronique à angle ouvert, 1-14
lésion acromio-claviculaire, 7-11 hypertension, 4-17
lésion (ligamentaire) du genou, 7-16 insuffisance cardiaque congestive, 4-12
luxation gléno-humérale, 7-13 prophylaxie de la migraine, 8-11
ostéomyélite, 7-30 Bétaméthasone, pour l'otite externe, 2-4
polyarthrite rhumatoïde, 7-27 Bisacodyl, pour la constipation, 5-10
syndrome de la coiffe des rotateurs, 7-9 à 7-10 Blépharite, 1-5 à 1-6
syndrome du canal carpien, 7-15 Borique, acide, pour la conjonctivite virale, 1-7
Aura (trouble de la vision), 8-9, 8-17 Bouche et gorge
Auscultation abcès dentaire, 2 -18 à 2-19
examen cardiovasculaire, 4-2 abcès péri-amygdalien, 2-25 à 2-26
examen de l'abdomen, 5-2 laryngite, 2-19 à 2-20
examen de l'appareil respiratoire, 3-3 pharyngite (mal de gorge), 2-20 à 2-22, 2-27 à 2-28
examen prénatal, 12-3 Bouffe de chaleur, et ménopause, 13-20
thorax, en traumatisme majeur, 14-3 Bradycardie. Voir Arythmie
AVC. Voir Accident vasculaire cérébral (AVC) Braxton-Hicks, contractions de, et travail prématuré,
Avortement spontané 12-27
tableau clinique, 12-18 à 12-19 Bromure d'ipratropium, usage
diagnostic différentiel, 12 -18, 12-19 asthme, exacerbation grave de, 3-10
intervention non pharmacologique, 12-19 à 12-20 asthme, exacerbation modérée de, 3-9
intervention pharmacologique, 12-20 asthme chronique, 3-7
orientation vers d'autres ressources, 12-20 MPOC, 3-13, 3-14, 3-15
traitement, 12-19 à 12-20 Bronchite aiguë, 3-15 à 3-16
types, 12-18 Bronchite chronique, et MPOC, 3-11
Azithromycine, pour l'épididymite, 6-6 Bronchodilatateur. Voir Salbutamol
Bronchospasme
et bronchite aiguë, 3-16
et choc anaphylactique, 14-15
Bruit cardiaque, 4-2
Bruit respiratoire, et examen pulmonaire, 3-3

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C–6 Index

Brûlure à la peau Céfuroxime, usage


symptomatologie, 9-22 mastoïdite, 2-23
évaluation du degré, 9-22, 9-23 pneumonie grave, 3-19
évaluation de l'étendue (Règle des neuf), 9-23 Cellulite, 9 -4 à 9-6
choc hypovolémique, 9-25 Céphalée
critères de transfert, 9-26 symptôme dominant, 8-1
grave, 9-25 à 9-26 tableau clinique général, 8-4
mineure, 9-24 à 9-25 céphalée de tension, 8-5 à 8-7
types, 9-22 céphalée vasculaire de Horton, 8-7 à 8-8
Brûlure (chimique), yeux, 1-21 à 1-22 diagnostic différentiel, 8-5
Brûlure d'estomac et acidocétose diabétique, 10-19
et hydramnios, 12-14 et anémie ferriprive, 10-4
et RGO, 5-14 et artérite temporale (gigantocellulaire), 8-12
et ulcère gastroduodénal, 5-16 et diarrhée, 5-11
Budésonide, pour l'asthme chronique, 3-7 et éclampsie/pré-éclampsie sévère, 12 -30
Burow, solution de et gastro-entérite bactérienne, 11-8
dermatophytose (teigne), 9-14 et grossesse, 12-1
eczéma (dermite atopique), 9-9 et hépatite, 11 -3
otite externe, 2-4 et hyperemesis gravidarium, 12-9
otite moyenne chronique, 2-6 et hypertension, 4-16
Bursite (épaule), 7-8 à 7 -9 et hypertension gravidique, 12-15
Butylbromure de scopolamine, usage et méningite, 8-15
cholécystite/colique biliaire, 5-19, 5-20 et mononuclé ose (infectieuse), 11-6
et pharyngite, 2-20
C et traumatisme crânien, 14 -6
migraine, 8-9 à 8-12
Calamine, pour l'urticaire, 9-17 Céphalexine, usage
Calcium, inhibiteur de. Voir Inhibiteur calcique abcès sous-cutané, 9-4
Calcium, supplément de. Voir Supplément de cellulite, 9-5
calcium épididymite, 6-6
Calcul biliaire . Voir Cholécystite otite moyenne chronique, 2-7
Canal carpien, syndrome du, 7-14 à 7-15 Céruminose (bouchon de cérumen), 2-8 à 2-9
Cancer de l'œsophage et œsophage de Barrett, 5-14 Césarienne, pour la grossesse multiple, 12-13
Candidose (vulvovaginite), 13-11 à 13 -12 Cétirizine, usage
Capsulite rétractile (épaule gelée), 7-8 à 7 -9 rhinite allergique et vasomotrice, 2-13
Captopril, usage Chalazion, 1-9 à 1-10
hypertension, 4-17 Chaman, 15-3
insuffisance cardiaque congestive, 4-12 Charbon activé, 14-21 à 14-23
Carbamazépine, pour les troubles épileptiques Chlordiazépoxide, usage
chroniques, 8-18 delirium du sevrage alcoolique, 15-21
Carbonate de lithium, pour le trouble bipolaire, 15-27 sevrage alcoolique, 15-19, 15-20
Cataracte, 1-11 à 1-12 Chlorhydrate de diphénhydramine, pour le choc
Céfaclor, pour la pneumonie, 3-18 anaphylactique, 14-15
Céfazoline, pour l'abcès sous-cutané, 9-4 Chlorhydrate de dipivéfrine, pour le glaucome
Cefixime, usage chronique à angle ouvert, 1-14
épididymite, 6-6 Chlorhydrate de dorzolamide, pour le glaucome
morsure humaine, 9-21 chronique à angle ouvert, 1-14
Céfoxitine, usage Chlorhydrate de lopéramide, pour la diarrhée, 5-13
abcès sous -cutané, 9-4 Chlorphéniramine, pour la rhinite, 2-13
cholécystite, 5-20 Chlorpromazine, pour la migraine, 8-11
contre-indications, 13-16 Choc, état de. Voir État de choc
infection génitale haute, 13-15, 13-16
Ceftriaxone, usage
coma (non encore diagnostiqué), 14-20
méningite, 8-16
pneumonie grave, 3-19

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Index C–7

Choc anaphylactique Clozapine, pour la schizophrénie, 15-34


bronchospasme, 14-15 Cocaïne, empoisonnement et surdose, 14-20 à 14-24
distingué de l'évanouissement, 14-13 Codéine, phosphate de, pour l'abcès dentaire, 2-19
intervention non pharmacologique, 14-14 Cœur
intervention pharmacologique, 14-14 à 14-15 angine de poitrine, 4-8 à 4-10
orientation vers d'autres ressources, 14-15 arrêt cardiaque, et hypothermie, 14-25
symptomatologie, 14-13 arythmie, 4-19 à 4-21
tableau clinique, 14-13 à 14-14 bruits, à l'examen cardiovasculaire, 4-2
Choc hypovolémique cœur pulmonaire aigu, avec embolie pulmonaire,
et anévrisme de l'aorte, 4-27 3-22
et brûlure grave, 9-25 infarctus du myocarde, 4-28 à 4-30
et déshydratation sévère, 5-5 insuffisance cardiaque congestive, 4-10 à 4 -13
et hémorragie antepartum, 12-22 souffles, à l'examen cardiovasculaire, 4-2 à 4 -3
et hémorragie du postpartum, 12-25 Voir aussi Appareil cardiovasculaire
évaluation, et traumatisme majeur, 14-1 Cœur pulmonaire aigu, avec embolie pulmonaire,
Choc spinal 3-22
définition, 14-8 Col de l'utérus, examen de, 13-2
symptômes, 14-1 Colique biliaire
Choc toxique streptococcique, syndrome de, diagnostic différentiel, 5-18
11-16 à 11-17 examen de l'abdomen, 5-18
Cholécystite intervention non pharmacologique, 5-19
diagnostic différentiel, 5-18 intervention pharmacologique, 5-19
examen de l'abdomen, 5-18 orientation vers d'autres ressources, 5-19, 5-20
intervention pharmacologique, 5-20 symptomatologie, 5-18
orientation vers d'autres ressources, 5-20 tableau clinique, 5-18
symptomatologie, 5-18 Colique néphrétique (calculs), 6-15 à 6-16
tableau clinique, 5-17 à 5-18 Colle pour maquette d'avion, empoisonnement,
traitement, 5-19 à 5-20 14-20 à 14-24
Cholestérol Collet cervical, utilisation
lipoprotéines, 4-6 douleur cervicale, 7-7
taux cibles, 4-7 traumatisme crânien, 14-7
tests chez l'adulte diabétique, 10 -13 traumatisme majeur, 14 -3, 14 -9
Cholestyramine, pour la dyslipidémie, 4-7 Côlon irritable, syndrome du, 5-22 à 5-23
5-alpha réductase, inhibiteur de la, pour la Colonne vertébrale
hyperplasie bénigne de la prostate, 6-5 traumatisme à la colonne cervicale, 14-8 à 14-9
Ciprofloxacine, pour la cystite, 6-12 traumatisme à la moelle épinière, 14-8 à 14-9
Circulation centrale, et traumatisme majeur, 14-1 Voir aussi Douleur cervicale (troubles de la
Clindamycine, pour l'infection à streptocoque du colonne cervicale)
groupe B, 12-17 Coma
Clonazépam, pour les troubles épileptiques définition, 14-6, 14-18
chroniques, 8-18 surdose/empoisonnement, 14-20 à 14-21
Clonidine, pour l'hypertension, 4-17 Coma (non encore diagnostiqué)
Clotrimazole, usage observations, 14-19
balanite, 6-9 diagnostic différentiel, 14-19 à 14-20
Candidose (vulvovaginite), 13-12 intervention non pharmacologique, 14-18, 14-20
dermatophytose (teigne), 9-15 intervention pharmacologique, 14-18, 14 -20
otite externe, 2-4 méningite soupçonnée, 14-20
Clou (furoncle), 9-6 à 9-7 orientation vers d'autres ressources, 14-20
Cloxacilline, usage Commotion cérébrale, 14-5 à 14-7
abcès sous-cutané, 9-4
cellulite, 9-5
furoncle/anthrax, 9-7
impétigo, 9-8
mastite, 13-10
ostéomyélite, 7-30
prophylaxie des lésions cutanées, 9-21

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C–8 Index

Comportement suicidaire Corps étranger dans l'œil, 1-17 à 1-18


généralités, 15-41 Corps flottants (trouble visuel), 1-1
chez les enfants et les adolescents, 15-42 Coup de soleil. Voir Brûlure à la peau
facteurs contribuant, 15 -41, 15-42 Cromoglycate sodique, pour la conjonctivite
lignes de conduite relatives aux entretiens, 15-43 allergique, 1-8
menace de suicide, lignes de conduite, 15-43 à 15-44 Culture des Premières Nations et des Inuit
prévention du suicide, 15-44 communication avec un membre d'universities
risque suicidaire, 15-42 autre groupe culturel, 15-4 à 15-5
suicide accompli, interventions auprès des croyances concernant la maladie mentale,
survivants, 15-44 15-1 à 15 -2
tentative avortée, 15-44 ethnocentrisme, 15-1 à 15-2
Condom (méthode contraceptive), 13-16 facteurs de stress, 15-2
Condylome acuminé (HPV ou papillomavirus), interlocuteurs, 15-5
13-13 à 13-14 rôle du guérisseur autochtone, 15-3 à 15-4
Conjonctivite, 1-6 à 1 -8 valeurs et éthique, 15-2
Conscience, degré de Cyclopentolate, pour l'uvéite (iritis), 1-28
échelle de coma de Glasgow, 14-6 Cynose, et problèmes cardiovasculaires, 4-1
et affection du système nerveux central, 8-1 Cystite, 6-11 à 6-12
et traumatisme crânien, 14-4, 14-6
évaluation, selon la méthode EVDA, 14-4 D
perte de conscience aiguë, 8-15
Voir aussi Coma (non encore diagnostiqué); Débridement des lésions cutanées, 9-19
Syncope Décanoate de fluphénazine, pour la schizophrénie,
Consentement, âge requis pour le, 15-14 15-34
Constipation Décollement placentaire, 12-21 à 12-22
diagnostic différentiel, 5-9 Décongestionnant, usage
et hypothyroïdie, 10-16 contre-indications, 2-8, 2-13
intervention non pharmacologique, 5-9 otite moyenne séreuse, 2-8
intervention pharmacologique, 5-10 rhinite allergique et vasomotrice, 2-13
médicaments associés à la, 5-8 sinusite aiguë, 2-17
orientation vers d'autres ressources, 5-10 Délire. Voir Altération des fonctions cognitives
symptomatologie, 5-8 Delirium du sevrage alcoolique, 15-20 à 15-22
tableau clinique, 5-8 Démence. Voir Altération des fonctions cognitives
Contraceptif oral Depo-provera, pour le saignement utérin
autres méthodes contraceptives, 13-16 à 13-17 dysfonctionnel, 13-6
choix des, 13-18, 13-19 Dépression majeure
conseils, 13-16 à 13-17 critères diagnostiques, 15-23
contre-indications, 11-5, 13-19 deuil, 15-25 à 15-26
dysménorrhée, 13-8 intervention non pharmacologique, 15-28
et saignement utérin dysfonctionnel, 13-6 intervention pharmacologique, 15-28
principes d'utilisation, 13-18 orientation vers d'autres ressources, 15-29
Contraception, méthodes de, 13 -16 à 13-17 trouble affectif, 15-22
Contractions de Braxton-Hicks et travail prématuré, trouble de l'adaptation, 15-26
12-27 Dermatite
Contusion cérébrale, 14-5 à 14-7 dermite de stase, 4-26, 9-15 à 9-16
Contusion oculaire mineure, 1-23 à 1-24 eczéma (dermite atopique), 9-9 à 9-10
Convulsion périanale, 5-7
delirium du sevrage alcoolique, 15-20 Dermatophytose (teigne), 9-13 à 9-15
et éclampsie/pré-éclampsie sévère, 12-30, 12-32 Descente du fœtus, 12-2
et empoisonnement/surdose, 14-20 à 14-21 Déshydratation (hypovolémie), 5-3 à 5-5
et état de mal épileptique (crise aiguë de grand Voir aussi Réhydratation
mal), 8-19 à 8-20 Destot, signe de, et fracture du bassin, 14-12
et troubles épileptiques chroniques, 8-17 à 8-18 Dexaméthasone, pour le travail prématuré, 12-28
post-traumatique, en traumatisme crânien, 14-6 Dexaméthasone/framycétine, usage
Coronaropathie, et dyslipidémie, 4-6 pour l'otite externe, 2-4
pour l'otite moyenne chronique, 2-7

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Index C–9

Dextrose, usage Dioxyde de carbone, intoxication au, 3-23 à 3-24


coma (non encore diagnostiqué), 14-18 Diphénhydramine, chlorhydrate de, pour le choc
hypoglycémie, 10-22 anaphylactique, 14-15
travail prématuré, 12-28 Diphénhydramine, pour l'urticaire, 9-17
Diabète sucré Dipivéfrine, chlorhydrate de, pour le glaucome
tableau clinique, 10-7 à 10-8 chronique à angle ouvert, 1-14
symptomatologie, 10-8 Disopyramide, usage
acidocétose diabétique, 10 -19 à 10-21 arythmie, 4-21
complications, dépistage des, 10-12 à 10-13 fibrillation auriculaire, 4-22
dépistage, 10-12 à 10-13, 12-8 Diurétique, usage
diagnostic différentiel, 10 -9 élévation de la pression intracrânienne
gestationnel, 10-7, 12-4, 12-7 à 12-9 (traumatisme crânien), 14-7
insuline, types d', 10 -10 infarctus du myocarde, 4-29
intervention non pharmacologique, 10-9 à 10-10 insuffisance cardiaque congestive, 4-12, 4-13
intervention pharmacologique, 10-10 œdème pulmonaire, 4-31
moyens de prévention, 10-11 thiazidiques, pour l'hypertension, 4-17
prévalence, 10-7 Diverticulite, 5-24 à 5-25
tests de glycémie, 10-7, 10-9, 12-8 Diverticulose, 5-23 à 5-24
Diaphragme (méthode contraceptive), 13 -16 Docusate sodique, pour la constipation, 5-10
Diarrhée Dorzolamide, chlorhydrate de, pour le glaucome
causes, 5-11 chronique à angle ouvert, 1-14
diagnostic différentiel, 5-11 Dos, douleur au. Voir Douleur au dos
et troubles anxieux, 15-37 Douleur, projetée
gastro-entérite bactérienne, 11-8 à 11-9 douleur à l'épaule, 7-4
giardiase, 11-10 douleur au dos, 7-4
intervention non pharmacologique, 5-12 et affection oculaire, 1-2
intervention pharmacologique, 5-13 Douleur abdominale
orientation vers d'autres ressources, 5-13 aiguë, 5-26 à 5-28
symptomatologie, 5-11 diagnostic différentiel, 5-27
Diazépam, usage douleur pelvienne aiguë, 13-22 à 13-23
agitation et paranoïa (dans les cas de toxidrome), éclampsie/pré-éclampsie sévère, 12 -30
14-24 et acidocétose diabétique, 10 -19
crise aiguë de grand mal, 8-19 et anévrisme de l'aorte, 4-27
delirium du sevrage alcoolique, 15-21 et appendicite, 5-29
Digestion. Voir Appareil digestif et avortement spontané, 12-18 à 12 -19
Digoxine, usage et cholécystite, 5-18
arythmie, 4-21 et colique biliaire, 5-18
insuffisance cardiaque congestive, 4-12 et colique néphrétique (calculs), 6-15
Diltiazem, usage et constipation, 5-8
angine de poitrine, 4-9 et diarrhée, 5-11
arythmie, 4-21 et diverticulite, 5-24
fibrillation auriculaire, 4-22 et diverticulose, 5-23
hypertension, 4-17 et éclampsie/pré-éclampsie sévère, 12-30
Diménhydrinate, usage et gastro-entérite bactérienne, 11-8
cholécystite/colique biliaire, 5-19, 5-20 et giardiase, 11-10
colique néphrétique (calculs), 6-16 et grossesse, 12-1, 12-5
diarrhée, 5-13 et grossesse ectopique, 12-22
gastro-entérite bactérienne, 11-9 et hépatite, 11-3
glaucome aigu à angle fermé, 1-19 et hypertension gravidique, 12-15
hépatite, 11-5 et infection génitale haute, 13-14
hyperemesis gravidarium, 12-11 et maladie transmise sexuellement (MTS), 11-1
labyrinthite, 2-10 et occlusion intestinale, 5-31
maladie de Menière, 2-11 et pancréatite aiguë, 5-28
migraine, légère ou modérée, 8-11 et pyélonéphrite, 6-13
pancréatite aiguë, 5-29
pyélonéphrite, 6-14

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C–10 Index

Douleur abdominale (suite) Dysphagie


et syndrome du côlon irritable, 5-22 et abcès péri-amygdalien, 2-25
et torsion testiculaire, 6-18 à 6-19 et laryngite, 2-19
et ulcère gastroduodénal, 5-16 et problèmes digestifs, 5-1
examen de l'abdomen, 5-2 à 5-3, 5-26 et problèmes ORL, 2-1
symptomatologie, 5-26 Dyspnée
symptôme dominant, 5-1 diagnostic différentiel, 3-3, 4-4
traitement médicamenteux de la douleur aiguë, 5-28 et anémie ferriprive, 10-4
Douleur au dos et asthme, 3-5, 3-8, 3-9
diagnostic différentiel, 7-3 à 7-4 et choc anaphylactique, 14 -13
douleur projetée, 7-4 et fibrillation auriculaire, 4-21
et anévrisme de l'aorte, 4-27 et hydramnios, 12-14
lombalgie, 7-19 et hypertension gravidique, 12-15
lumbago, 7-20 à 7-22 et insuffisance cardiaque congestive, 4-11
sciatique, 7-20 à 7-22 et MPOC, 3-11, 3-14
syndrome de la queue de cheval, 7-19 et trouble thyroïdien, 10-14, 10-16
trouble grave, signaux d'alerte, 7-19 Dysurie
Douleur cervicale (troubles de la colonne cervicale) et balanite, 6-9
collet cervical, 7-7 et colique néphrétique (calculs), 6-15
diagnostic différentiel, 7-3 et cystite, 6-11
intervention non pharmacologique, 7-7 et maladie transmise sexuellement, 11 -1
intervention pharmacologique, 7-7 et prostatite aiguë, 6-7
orientation vers d'autres ressources, 7-7 et pyélonéphrite, 6-13
problème biomécanique avec ou sans compression et verrue génitale, 13-13
nerveuse, 7-6 symptôme dominant, 6-1
tableau clinique, 7-5 à 7-6
types, 7-5 E
whiplash, 7-5 à 7-6
Douleur sinusale, symptôme, 2-1 Earle, signe d', et fracture du bassin, 14-12
Douleur thoracique ECA, inhibiteur de l'. Voir inhibiteur de l'ECA
diagnostic différentiel, 3-4, 4 -3 (enzyme de conversion de l'angiotensine)
et angine de poitrine, 4-8 Écharpes. Voir Attelles et écharpes
et arythmie, 4-19 Échelle de coma de Glasgow, 14-6
et embolie pulmonaire, 3-22, 4-3 Échographie
et hyperthyroïdie, 10-14 et diabète gestionnel, 12-9
et infarctus du myocarde, 4-28 et grossesse extra -utérine, 12-23
et péricardite aiguë, 4-23 et grossesse multiple, 12-13
et pneumonie, 3-17, 4-3 et hydramnios, 12-14
et pneumothorax, 3-19 à 3-20, 14-2 et môle hydatidiforme, 12-25
et troubles anxieux, 15-37 et retard de croissance intra-utérin, 12 -11
et volet costal, 14-10 Éclampsie, 12-30 à 12-32
symptôme de problèmes cardiovasculaires, 4-1 Eczéma (dermite atopique), 9-9 à 9-10
symptôme dominant de problèmes respiratoires, 3-1 Eczéma marginé de Hebra (tinea cruris), 9-13 à 9-15
Voir aussi Thorax Effet placebo de l'expert (dans les cas de maladie
Doxycycline, usage mentale), 15-12
contre-indications, 13-16 Électrolytes, pour la constipation, 5-10
épididymite, 6-6, 6-7 Embolie pulmonaire, 3-22 à 3-23
infection génitale haute, 13-15, 13-16 Emphysème, et la MPOC, 3-11
Doxylamine/B6 , pour l'hyperemesis gravidarium, Empoisonnement. Voir Surdose, empoisonnement et
12-11 toxidrome
Dyskinésie tardive, 15-34 Énalapril, pour l'hypertension, 4-17
Dyslipidémie (hyperlipidémie), 4-6 à 4-8 Énanthate de fluphénazine, pour la schizophrénie,
Dysménorrhée, 13-7 à 13-8 15-34
Endocrinologie
hyperthyroïdie, 10-13 à 10 -15
hypothyroïdie, 10-15 à 10-17

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Index C–11

Engelure, 9-26 à 9-28 Érythromycine, usage (suite)


Enrouement mastite, 13-10
et hypothyroïdie, 10-16 mastoïdite, 2-23
et laryngite, 2-19 MPOC, exacerbation de, 3-15
symptôme dominant, 2-1 pharyngite, 2-22
Entorse (ligamentaire et musculaire) pneumonie, 3-18
cheville, 7-17 à 7-19 prophylaxie des lésions cutanées, 9-21
épaule (lésion acromio-claviculaire), 7-11 à 7-12 Essoufflement
lésion ligamentaire latérale (genou), 7-15 à 7-17 et arythmie, 4-19
Ottawa Ankle Rules, test diagnostique, 7-17 et asthme, 3-5, 3-9
symptômes, 7 -3 et embolie pulmonaire, 3-22
Épaule et infarctus du myocarde, 4-28
bursite, 7-8 à 7-9 et insuffisance cardiaque congestive, 4-11
capsulite rétractile (épaule gelée), 7-8 à 7 -9 et MPOC, 3-11
diagnostic différentiel de la douleur, 7-4 et œdème pulmonaire, 4-30
douleur projetée, 7-4 et pneumonie, 3-17
épaule gelée (capsulite rétractile), 7-8 à 7 -9 et pneumothorax, 3-20
lésion acromio-claviculaire, 7-11 à 7-12 et troubles anxieux, 15-37
luxation gléno-humérale, 7-12 à 7-13 et volet costal, 14-10
syndrome de la coiffe des rotateurs, 7-9 à 7-10 symptôme de problèmes cardiovasculaires, 4-1
tendinite, 7-8 à 7-9 symptôme dominant de problèmes respiratoires, 3-1
Épicondylite latérale (tennis elbow), 7-13 à 7-14 État de choc
Épididymite diagnostic différentiel, 14-17
diagnostic différentiel, 6-5 et choc anaphylactique, 14-14
intervention pharmacologique, 6-6, 6-7 et fracture du bassin, 14-12
orientation vers d'autres ressources, 6-7 intervention non pharmacologique, 14-17
symptomatologie, 6-5 précoce et tardif, 14-16 à 14-17
tableau clinique, 6-5 symptomatologie, 14-16 à 14 -17
traitement, 6-6 à 6-7 types, 14-16
Épinéphrine, usage Éthambutol, pour la tuberculose, 11-14, 11-15
choc anaphylactique, 14-14 Étidronate, pour l'ostéoporose, 10-19
épistaxis antérieur, 2-15 Évacuation médicale
Épistaxis antérieur, 2-14 à 2-15 abcès péri-amygdalien, 2-25 à 2-26
Épistaxis postérieure, 2-23 à 2-24 abcès sous -cutané profond, 9-4
Epstein-Barr, virus d', et mononucléose (infectieuse), accident vasculaire cérébral (AVC), 8-20 à 8-22
11-6 acidocétose diabétique, 10-19 à 10-21
Ergotamine, pour l'avortement spontané, 12-20 AIT avec déficit neurologique, 8-14
Ergotamine-caféine, tartrate d', pour la céphalée altération des fonctions cognitives, 15-38 à 15-40
vasculaire de Horton, 8-8 anévrisme de l'aorte, 4-27
Érosion de la cornée, 1-15 à 1-16 angine instable, 4-8 à 4-10
Érythromycine, usage appendicite, 5-29 à 5-30
abcès dentaire, 2-19 arthrite septique, 7-28 à 7-29
abcès péri-amygdalien, 2-25, 2-26 arythmie, 4-19 à 4-21
abcès sous-cutané, 9-4 asthme, exacerbation de, 3-9, 3-10
affection des oreilles, 2-6 avortement spontané, 12-18 à 12-20
blépharite, 1-6 brûlure, critères de transfert, 9-26
bronchite aiguë, 3-16 brûlure grave, 9-25 à 9-26
cellulite, 9-5 cellulite modérée ou grave, 9 -4 à 9-6
conjonctivite bactérienne, 1-7 choc anaphylactique, 14-13 à 14-15
contre-indications, 3-15 cholécystite/colique biliaire, 5-19, 5-20
épididymite, 6-6 colique néphrétique (calculs), 6-15 à 6-16
furoncle/anthrax, 9-7 coma (non encore diagnostiqué), 14-18 à 14-20
impétigo, 9-8 crise aiguë de grand mal, 8-19 à 8-20
infection génitale haute, 13-15, 13-16

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C–12 Index

Évacuation médicale (suite) Évacuation médicale (suite)


delirium du sevrage alcoolique, 15-20 à 15-22 thrombose veineuse profonde, 4-14 à 4-15
diverticulite, 5-24 à 5-25 torsion testiculaire, 6-18 à 6 -19
douleur abdominale aiguë, 5-26 à 5-28 toxidromes, 14-20 à 14-24
douleur pelvienne aiguë, 13-22 à 13-23 traumatisme à la colonne vertébrale, 14-8 à 14-9
éclampsie et pré-éclampsie sévère, 12-30 à 12-32 traumatisme crânien, 14-5 à 14-7
embolie pulmonaire, 3-22 à 3-23 traumatisme majeur, 14-5
empoisonnement, 14-20 à 14-24 traumatisme oculaire, contusion ou lacération,
épididymite, sévère, 6-5 à 6-7 1-22 à 1-23
épistaxis postérieure, 2-23 à 2-24 travail prématuré, 12-27 à 12-28
et avion non pressurisé, 14-5 troubles anxieux profonds, 15-36 à 15-38
état de choc, 14-16 à 14-18 troubles épileptiques chroniques, 8-17 à 8-18
fasciite nécrosante, 11-16 à 11-17 uvéite (iritis), 1-24
fracture de la clavicule, 7-33 à 7-35 voies respiratoires, obstruction aiguë par un corps
fracture du bassin, 14-11 à 14-13 étranger, 3-21
fractures, os et articulations, 7-30 à 7-33 volet costal, 14-2, 14-10 à 14-11
gelure modérée ou grave, 9-26 à 9-28 EVDA (méthode pour évaluer le degré de
glaucome aigu à angle fermé, 1-18 à 1-19 conscience), 14-4
grossesse ectopique, 12-22 à 12-24 Examen médico-légal d'une victime de viol, 15-46
hémorragie antepartum, 12-21 à 12-22 Exercices
hémorragie du postpartum, 12-25 à 12-27 après une entorse de la cheville, 7-19
hyperemesis gravidarium, 12 -9 à 12-11 Kegel, pour l'incontinence urinaire, 6-17
hypertension gravidique (pré-éclampsie), pour l'arthrose et la polyarthrite rhumatoïde,
12-14 à 12-16 7-25, 7-27
hypoglycémie, 10-21 à 10-22 pour le traitement de l'ostéoporose, 10-18
hypothermie, 14-24 à 14-26 Expectoration
infarctus du myocarde, 4-28 à 4-30 et bronchite aiguë, 3-16
infection génitale haute, 13-14 à 13-16 et œdème pulmonaire, 4-30
insuffisance cardiaque aiguë décompensée, 4-13 et pneumonie, 3-17
kératite, 1-19 à 1 -20 symptôme de problèmes cardiovasculaires, 4-1
luxation de l'épaule, 7-11 à 7-12, 7 -12 à 7-13 symptôme dominant de problèmes respiratoires, 3-1
mastoïdite, 2-22 à 2-23
méningite, 8-15 à 8-16 F
migraine (état migraineux), 8-9 à 8-12
môle hydatidiforme, 12-24 à 12-25 Fasciite nécrosante, 11-16 à 11-17
MPOC, exacerbation aiguë de, 3-14 à 3-15 Fer. Voir Supplément de fer
occlusion de l'intestin, 5-31 à 5-32 Fibrates, pour la dyslipidémie, 4-7
occlusion d'une artère périphérique de gros Fibrillation auriculaire, 4-19, 4-21 à 4-22
calibre, 4-31 à 4-32 Fièvre puerpérale, 11-16 à 11 -17
œdème pulmonaire, 4-30 à 4-31 Finastéride, pour la hyperplasie bénigne de la
ostéomyélite, 7-29 à 7-30 prostate, 6-5
pancréatite aiguë, 5-28 à 5-29 Fissure anale, 5-5 à 5-6
pneumonie grave, 3-17 à 3-19 Fluticasone, usage
pneumothorax, 3 -19 à 3-20 asthme chronique, 3-7
prostatite aiguë, 6-7 à 6-8 rhinite allergique et vasomotrice, 2-13
rétention urinaire aiguë, 6-19 à 6-20 Folstein, mini-examen de l'état mental de, 15-39
rupture prématurée des membranes, 12-29 à 12-30 Fractures
saignement gastro-intestinal, 5-33 à 5-34 bassin, 7-31, 14-11 à 14-13
sevrage alcoolique, 15-19 à 15-20 clavicule, 7-31, 7-33 à 7-35
surdose, 14-20 à 14-24 complications, 7-31
syndrome de choc toxique streptococcique, coude, 7-31, 7 -32
11-16 à 11-17 crâne, 14-5 à 14-7
syndrome de la coiffe des rotateurs, stade 3, doigt, 7-31, 7-33
7-9 à 7-10 hanche, 7-31

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Index C–13

Fractures (suite) Gynécologie


membre inférieur, 7 -31 symptômes dominants de problèmes, 13-1
membre supérieur, 7-32 à 7-33 examen physique, 13-2
métacarpiens, 7-31, 7-33 contraceptif oral, 13-6, 13-16 à 13-19
orbite, 1-22 à 1-23 douleur pelvienne aiguë, 13-22 à 13-23
poignet (fracture de Pointeau-Colles), 7-31 dysménorrhée, 13-7 à 13-8
symptômes, 7 -3, 7-30 infection génitale haute, 13-14 à 13-16
traitement, 7-32 à 7-33 ménopause, 13-20 à 13-21
types, 7-30 méthodes contraceptives, 13-16 à 13-17
Furoncle (clou), 9-6 à 9-7 pertes intermenstruelles, 13-3, 13-4 à 13-7
Furosémide, usage saignement utérin anormal, 13-4 à 13-7
infarctus du myocarde, 4-29 saignement utérin dysfonctionnel, 13-4 à 13-7
insuffisance cardiaque congestive, 4-12, 4-13 test de Papanicolaou, 13-13
œdème pulmonaire, 4-31 verrue génitale (papillomavirus (HPV)),
Fusidique, acide, pour l'impétigo, 9-8 13-13 à 13-14
vulvovaginite, 13 -11 à 13-12
G Voir aussi Menstruation; Seins

Gabapentin, pour les troubles épileptiques H


chroniques, 8-18
Gale, 9-11 à 9-13 Hallucination
Ganglion lymphatique. Voir Système lymphatique et delirium du sevrage alcoolique, 15-20, 15-21
Gardnerella vaginalis (vaginose bactérienne), et schizophrénie, 15-30, 15-31, 15-32
13-11 à 13-12 Halo (trouble visuel), 1-1, 1-13
Garrot Halopéridol, usage
et choc anaphylactique, 14 -14 delirium du sevrage alcoolique, 15-21
et traumatisme majeur, 14 -2 schizophrénie, 15-33
Gastro-entérite bactérienne, 11-8 à 11-9 trouble bipolaire, 15-27
Gelure, 9-26 à 9-28 HEHRP, syndrome (pré-éclampsie), 12-15
Gemfibrozil, pour la dyslipidémie, 4-7 Helicobacter pylori, et ulcère gastroduodénal, 5-16
Gentamycine, pour la prostatite aiguë, 6-8 Hématologie. Voir Anémie
Giardiase, 11-9 à 11-11 Hématome épidural aigu, 14-5 à 14-7
Glasgow, échelle de coma de, 14-6 Hématurie
Glaucome aigu à angle fermé, 1-18 à 1-19 et colique néphrétique (calculs), 6-15
Glaucome chronique à angle ouvert, 1-13 à 1-14 et maladie transmise sexuellement, 11-1
Glucagon, pour l'hypoglycémie, 10-22 symptôme dominant, 6-1
Gluconate de calcium, pour la toxicité du sulfate de Hémoptysie
magnésium, 12-32 diagnostic différentiel, 3-4
Gluconate ferreux, usage et tuberculose, 11 -12
anémie ferriprive, 10-5 symptôme dominant de problèmes respiratoires, 3-1
grossesse, 12-4 Hémorragie
Glucose, tests de glycémie, 10-7, 10-9, 12-8 accident vasculaire cérébral (AVC), 8-20 à 8-22
Glucosides cardiotoniques, pour l'insuffisance antepartum, 12-21 à 12-22
cardiaque congestive, 4-12 interne, et l'administration par voie IV, 14-17
Glyburide, pour le diabète sucré, 10-10 intracrânienne, 14-5 à 14-7
Gorge. Voir Bouche et gorge postpartum, 12-25 à 12-27
Goutte, 7-22 à 7-24 sous -durale aiguë, 14-5 à 14-7
Graves, maladie de, 10-13 Hémorroïde, 5-6 à 5-7
Grey-Turner, signe de, et fracture du bassin, 14-12 Héparine, pour la thrombose veineuse profonde, 4-15
Grossesse. Voir Obstétrique, accouchement; Hépatite
Obstétrique, prénatal; Obstétrique, tableau clinique, 11-3 à 11-4
problèmes/situations particulières diagnostic différentiel, 11-4
Guérisseur autochtone, 15-3 à 15-4 contacts, traitement des, 11-5 à 11-6
données sérologiques, 11-5

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C–14 Index

Hépatite (suite) Hyperthyroïdie, 10-13 à 10-15


formes de, 11-3 Hyperventilation
intervention non pharmacologique, 11-4 et empoisonnement/surdose, 14-20
intervention pharmacologique, 11-5 et troubles anxieux, 15-37
orientation vers d'autres ressources, 11-5 Hypoglycémie, 10-21 à 10-22
prévention de la transmission, 11-5 à 11-6 et empoisonnement/surdose, 14-20
Hernie, inguinale ou cicatricielle, 5-21 à 5-22 Hypotension
Herpès simplex, et ulcère de la cornée, 1-16 et choc anaphylactique, 14 -13
HMG-CoA réductase, inhibiteurs de la, pour la et état de choc, 14-16, 14-17
dyslipidémie, 4-7 et surdose d'antidépresseur, 14-20
Homéostase, pour les lésions cutanées, 9-19 Hypothermie
Hormonothérapie substitutive (HTS), usage symptomatologie, 14-24
ménopause, 13-21 évaluation de la température, 14 -25
ostéoporose, 10-19 et réanimation cardiorespiratoire, 14-25
saignement utérin dysfonctionnel, 13-6 et risque d'arrêt cardiaque, 14-25
Horton, céphalée vasculaire de, 8-7 à 8-8 orientation vers d'autres ressources, 14-26
HPV (papillomavirus ou verrue génitale), 13-13 à 13-14 réchauffement, généralités, 14-25 à 14 -26
HTS. Voir Hormonothérapie substitutive (HTS) traitement, 14-25 à 14-26
Huile de lin, et ménopause, 13-21 Hypothyroïdie, 10-15 à 10-17
Huile d'onagre, et ménopause, 13-21 Hypovolémie (déshydratation), 5-3 à 5-5
Hydralazine, pour l' éclampsie et pré-éclampsie
sévère, 12-32 I
Hydramnios, 12-14
Hydrochlorothiazide, pour l'hypertension, 4-17 Ibuprofène, usage
Hydrocortisone, usage abcès dentaire, 2-19
asthme, exacerbation grave de, 3-10 abcès péri-amygdalien, 2-25
dermatite associée à une balanite, 6-9 arthrose, 7-25
eczéma (dermite atopique), 9-10 brûlure mineure, 9-24
hémorroïde, 5-7 céphalée de tension, 8-7
MPOC, exacerbation de, 3-15 douleur à l'épaule, 7-8, 7-10, 7-12
Hydrocortisone/néomycine/polymyxine B, usage douleur cervicale, 7-7
otite externe, 2-4 douleur oculaire, 1-23
otite moyenne chronique, 2-7 dysménorrhée, 13-8
Hydroxyde d'aluminium/de magnésium, usage entorse de la cheville, 7-19
RGO, 5-15 épicondylite latérale (tennis elbow), 7-14
ulcère gastroduodénal, 5-17 fracture de la clavicule, 7-35
Hydroxyde de magnésium, pour la constipation, 5-10 gelure bénigne, 9-27
Hydroxyzine, usage goutte, 7-23
eczéma (dermite atopique), 9-10 lésion (ligamentaire) du genou, 7-16
gale, 9-13 lumbago et sciatique, 7-21
urticaire, 9-17 mal de gorge, 2-22
Hyperemesis gravidarium, 12-9 à 12-11 migraine, légère ou modérée, 8-11
Hyperglycémie (acidocétose diabétique), 10-19 à 10-21 mononucléose (infectieuse), 11-7
Hyperlipidémie (dyslipidémie), 4-6 à 4-8 péricardite aiguë, 4-24
Hypertension polyarthrite rhumatoïde, 7-27
tableau clinique, 4-15 à 4-16 sinusite aiguë, 2-17
symptomatologie, 4-16 syndrome du canal carpien, 7-15
diagnostic différentiel, 4-16 Ictère
et diabète sucré, 10-13 et hépatite, 11 -3
hypertension gravidique (pré -éclampsie), 12-14 à et problèmes digestifs, 5-1
12-16, 12-30 à 12-32 Iléus paralytique, 5-31 à 5-32
hypertension préalable, au cours de la grossesse, Immunoglobuline sérique, pour l'hépatite, 11-5
12-14 à 12-16 Impétigo, 9-7 à 9-8
intervention non pharmacologique, 4-17 Incontinence urinaire, 6-16 à 6-18
intervention pharmacologique, 4-17 à 4-18
orientation vers d'autres ressources, 4-18

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Index C–15

Infarctus du myocarde L
diagnostic différentiel, 4-28
intervention pharmacologique, 4-29 Labyrinthite, 2-9 à 2-10
orientation vers d'autres ressources, 4-30 Lamotrigine, pour les troubles épileptiques
tableau clinique, 4-28 chroniques, 8-18
Infarctus pulmonaire, 3-22 à 3-23 Laryngite, 2-19 à 2-20
Infection génitale haute, 13-14 à 13-16 Latanoprost, pour le glaucome chronique à angle
Infection invasive à streptocoque du groupe A, ouvert, 1-14
11-16 à 11-17 Lavage d'estomac, 14-22
Inhalation de substance toxique, 3-23 à 3-24 Lavement (Fleet), pour la constipation, 5-10
Inhibiteur calcique, usage Lentilles cornéennes et affection oculaire, 1 -2
angine de poitrine, 4-9 Lévothyroxine, pour l'hypothyroïdie, 10-17
arythmie, 4-21 Lidocaïne, usage
contre-indications, 4-13 administration local, pour la suture, 9-20
fibrillation auriculaire, 4-22 contre-indications, 9-20
hypertension, 4-18 effet toxique, 9-20
insuffisance cardiaque congestive, 4-13 épistaxis antérieur, 2-15
prophylaxie de la migraine, 8-11 hémorroïde, 5-7
Inhibiteur de la pompe à protons, pour le RGO, 5-15 infarctus du myocarde, 4-29
Inhibiteur de l'anhydrase carbonique, pour le Ligaments
glaucome chronique, 1-14 blessure au genou, 7-15 à 7-17
Inhibiteur de l'ECA (enzyme de conversion de entorse de la cheville, 7-17 à 7 -19
l'angiotensine), usage lésion ligamentaire/méniscale (genou), 7 -15 à 7-
hypertension, 4-17, 4-18 17
insuffisance cardiaque congestive, 4-12 stabilité autour des articulations, tests, 7-2
Inhibiteur spécifique du recaptage de la sérotonine Ligature des trompes (méthode contraceptive), 13-17
(ISRS), usage Lin, huile de, et ménopause, 13-21
trouble bipolaire/dépression majeure, 15-28 Lipides
trouble dysthymique, 15-30 directives pour le dosage, 4-7
Insuffisance cardiaque congestive tests, chez l'adulte diabétique, 10-13
diagnostic différentiel, 4-11 types dans le sang, 4-6
insuffisance cardiaque aiguë décompensée, 4-13 Voir aussi Cholestérol; Triglycérides
intervention non pharmacologique, 4-12 Lipothymie, 4-4
intervention pharmacologique, 4-12 à 4-13 Lithiase cholédocienne. Voir Cholécystite
orientation vers d'autres ressources, 4-13 Lodoxamide, pour la conjonctivite allergique, 1-8
symptomatologie, 4-11 Loi sur la protection des renseignements personnels,
tableau clinique, 4-10 à 4-11 15-13 à 15-14
Insuline, usage Loi sur l'accès à l'information, 15-14
acidocétose diabétique, 10-21 Lombalgie, 7-19
diabète gestationnel, 12-9 Lopéramide, chlorhydrate de. Voir Chlorhydrate de
diabète sucré, 10-10 lopéramide
Interlocuteur, recours à un, 15-5 Loratadine, pour la rhinite allergique et vasomotrice, 2-13
Iode radioactif, traitement pour l'hyperthyroïdie, 10-15 Lorazépam, usage
Ipéca, 14-22 agitation et paranoïa (dans les cas de toxidrome),
Iritis, 1-24 14-24
Isoniazide (INH), pour la tuberculose, 11-14, 11-15 client violent ou très agité, 15-18
état de mal épileptique (crise aiguë de grand mal),
J 8-19
schizophrénie, 15-33
Jeu de rôles (dans les cas de maladie mentale), 15-13 sevrage alcoolique, 15-19
trouble bipolaire, 15-27
K trouble dysthmique, 15 -30
troubles anxieux, 15-38
Kegel, exercices de, 6-17 Losartan, pour l'hypertension, 4-17
Kératite, 1-19 à 1-20 Lotion calamine, pour l'urticaire, 9-17
Kératite herpétique, 1-20 à 1-21 Lotion lindane, pour la gale, 9-13
Lovastatine, pour la dyslipidémie, 4-7

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C–16 Index

Loxapine, pour la schizophrénie, 15-33 Maladie transmise sexuellement (MTS)


Lumbago, 7-20 à 7-22 symptomatologie, 11-1
Luxation examen, 11-1 à 11-2
épaule, 7-11 à 7-12, 7-12 à 7 -13 diagnostic différentiel, 11 -2
symptômes, 7-3 et affection oculaire, 1-2
et agression sexuelle, 15-46
M signes et symptômes, 11-2
suivi des partenaires, 11-3
Mal de gorge (pharyngite), 2-20 à 2-22, 2-27 à 2-28 tests diagnostiques, 11-2 à 11-3
Maladie artérielle périphérique, 4-24 à 4-25 Maladie transmissible
Maladie de Basedow, 10-13 fasciite nécrosante, 11-16 à 11-17
Maladie de Graves, 10-13 gastro-entérite bactérienne, 11-8 à 11-9
Maladie de von Willebrand giardiase, 11-9 à 11 -11
et épistaxis antérieur, 2-14 hépatite, 11-3 à 11-6
et saignement utérin dysfonctionnel, 13-4 infection invasive à streptocoque du groupe A,
Maladie mentale 11-16 à 11-17
adaptation culturelle, 15-3 à 15-4 maladie transmise sexuellement (MTS),
âge requis pour consentir, 15 -14 11-1 à 11 -3
altération des fonctions cognitives (voir Altération mononucléose (infectieuse), 11-6 à 11-7
des fonctions cognitives) syndrome de choc toxique streptococcique,
client violent ou très agité, 15-15 à 15-19 11-16 à 11-17
communication avec un membre d'universities tuberculose, 11-11 à 11-15
autre groupe culturel, 15-4 à 15-5 Maléate de fluvoxamine, pour le trouble
comportement suicidaire (voir Comportement bipolaire/épisode dépressif, 15-28
suicidaire) Maléate d'ergonovine, pour l'hémorragie du
confidentialité, 15-13 à 15-15 postpartum, 12-26
croyances culturelles, 15-1 à 15-2 Mammographie de dépistage, 13-9
définition, 15-1 Mannitol, pour l' élévation de la pression
delirium du sevrage alcoolique, 15-20 à 15-22 intracrânienne, 14-7
dépression (voir Dépression majeure) Mantoux, test de (test intradermique à la
dossier médical, 15-13 à 15-15 tuberculose), 11-13
évaluation et examen, 15-10 à 15-12 Mass abdominale pulsatile (anévrisme de l'aorte), 4-27
guérisseur autochtone, 15-3 à 15-4 Mastite, 13-9 à 13-10
interlocuteur, 15-5 Mastoïdite, 2-22 à 2-23
mécanismes d'influence, 15-12 à 15-13 Médicament SNA, pour l'hypertension, 4-17
mesures de contention, 15-17 à 15-18 Médroxyprogestérone, usage
méthodes de traitement, 15-12 à 15 -13 ménopause, 13-21
prévention de la, 15-5 à 15-6, 15-6 à 15-7 saignement utérin dysfonctionnel, 13-6
schizophrénie (voir Schizophrénie) Méfénamique, acide. Voir Acide méfénamique
sevrage alcoolique, 15-19 à 15-20 Menière, maladie de, 2-10 à 2-11
trouble bipolaire (voir Trouble bipolaire) Méningite, 8-15 à 8-16
trouble dysthmique (voir Trouble dysthmique) infection invasive à streptocoque du groupe A, 11-
troubles affectifs (voir Troubles affectifs) 16 à 11-17
troubles anxieux, 15-36 à 15-38 Ménisque, lésion du, 7-16 à 7-17
Maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) Ménométrorragie, 13-3
diagnostic différentiel, 3-12 Ménopause
exacerbation aiguë, 3-14 à 3-15 bouffe de chaleur, 13-20
intervention non pharmacologique, 3-13 diagnostic différentiel, 13 -20
intervention pharmacologique, 3-13 et saignement utérin dysfonctionnel, 13-6
symptomatologie, 3-11 hormonothérapie substitutive, 13-21
tableau clinique, 3-11 à 3-12 intervention non pharmacologique, 13-20
plantes médicinales et vitamines, 13-21
sueur nocturne, 13-20
symptomatologie, 13-20
Ménorragie, 13-3, 13-4 à 13-7

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Index C–17

Menstruation Migraine (suite)


au milieu du cycle, 13-4 à 13-7 intervention pharmacologique, 8-11
caractéristiques des cycles menstruels, 13-5 orientation vers d'autres ressources, 8-12
dysménorrhée, 13-7 à 13-8 traitement prophylactique, 8-11
et anémie ferriprive, 10-4 Moelle épinière, traumatisme majeur, 14-8 à 14-9
et maladie transmise sexuellement, 11 -1 Môle hydatidiforme, 12-24 à 12-25
et trouble thyroïdien, 10-14, 10-16 Mononucléose (infectieuse), 11-6 à 11-7
ménopause, 13-20 à 13-21 Monoxyde de carbone, empoisonnement
pertes intermenstruelles, 13-3, 13-4 à 13-7 administration de l'oxygène, 3-24, 14-23
saignement utérin dysfonctionnel, 13-4 à 13-7 symptomatologie, 14-21
symptôme dominant de problèmes traitement, 14-23
gynécologiques, 13-1 Morphine, usage
Mépéridine, usage brûlure grave, 9-25
appendicite, 5-30 contre-indications, 5-20
cholécystite/colique biliaire, 5-19, 5-20 infarctus du myocarde, 4-29
colique néphrétique (calculs), 6-16 occlusion d'une artère périphérique de gros
douleur pelvienne aiguë, 13-23 calibre, 4-32
fracture du bassin, 14-13 œdème pulmonaire, 4-31
fractures, 7-32 Morsure (animale ou humaine), 9-18 à 9-22
gelure modérée ou grave, 9-28 MPOC. Voir Maladie pulmonaire obstructive
glaucome aigu à angle fermé, 1-19 chronique (MPOC)
luxation gléno-humérale, 7-13 MTS. Voir Maladie transmise sexuellement
migraine, 8-11 Mupirocine en pommade, pour l'impétigo, 9 -8
occlusion de l'intestin, 5-32 Murphy, signe de, 5-18
pancréatite aiguë, 5-29 Muscles
torsion testiculaire, 6-19 évaluation, 7-2
Mesures de contention, 15-17 à 15-18 symptômes dominants, 7-1
Métabolisme Voir aussi Appareil locomoteur
acidocétose diabétique, 10 -19 à 10-21 Myalgie, et gastro-entérite bactérienne, 11-8
diabète sucré (voir Diabète sucré) Myélopathie cervicale. Voir Douleur cervicale
hypoglycémie, 10-21 à 10 -22 (troubles de la colonne cervicale)
ostéoporose, 10-17 à 10-19 Myosite, et infection invasive à streptocoque du
Metformine, pour le diabète sucré, 10-10 groupe A, 11-16 à 11-17
Métoclopramide, usage Myxoedème (hypothyroïdie), 10-15 à 10-17
migraine, 8-11
surdose d'acétaminophène, 14-23 N
Métoprolol, usage
angine instable, 4-9 N-acétylcystéine, dans les cas de surdose
Métronidazole, usage d'acétaminophène, 14-23
abcès sous-cutané, 9-4 Nadolol, pour les arythmie, 4-21
appendicite, 5-30 Naloxone, usage
cholécystite, 5-20 coma (non encore diagnostiqué), 14-18
contre-indications, 11-11, 13-12 surdose d'opiacé, 14-22
giardiase, 11-11 Naproxen, usage
occlusion de l'intestin, 5-32 arthrose, 7-25
vulvovaginite, 13-12 douleur à l'épaule, 7-8, 7-10, 7-12
Métrorragie, 13-3 douleur cervicale, 7-7
Miconazole, usage dysménorrhée, 13-8
Candidose (vulvovaginite), 13-12 épicondylite latérale (tennis elbow), 7-14
dermatophytose (teigne), 9-15 goutte, 7-23
Migraine lésion (ligamentaire) du genou, 7-16
tableau clinique, 8-9 lumbago et sciatique, 7-21
symptomatologie, 8-9 migraine, légère ou modérée, 8-11
critères de diagnostic, 8-9 à 8-10 polyarthrite rhumatoïde, 7-27
diagnostic différentiel, 8-10 syndrome du canal carpien, 7-15
intervention non pharmacologique, 8-10

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C–18 Index

Nausée et vomissement Nitroglycérine, usage


et acidocétose diabétique, 10 -19 angine de poitrine, 4-9, 4-10
et appendicite, 5-29 contre-indications, 4-10
et arythmie, 4-19 infarctus du myocarde, 4-29
et choc anaphylactique, 14-13 insuffisance cardiaque congestive, 4-12, 4-13
et colique néphrétique (calculs), 6-15 œdème pulmonaire, 4-31
et diabète sucré, 10-8 Norfloxacine, pour la cystite, 6-12
et diarrhée, 5-11 Nourriture . Voir Régime d'alimentation
et douleur pelvienne aiguë, 13-22 Nycturie
et éclampsie et pré-éclampsie sévère, 12-30 et diabète sucré, 10-8
et empoisonnement/surdose, 14-20 à 14-21 et hyperplasie bénigne de la prostate, 6-4
et état de choc, 14-16 et insuffisance cardiaque congestive, 4-11
et gastro-entérite bactérienne, 11-8 et maladie transmise sexuellement, 11 -1
et giardiase, 11-10 et prostatite aiguë, 6 -7
et glaucome aigu à angle fermé, 1-18 symptôme de problèmes urinaires, 6-1
et grossesse, 12-1 Nystatine, pour la balanite, 6-9
et hépatite, 11-3
et hyperemesis gravidarium, 12-9 à 12-11 O
et hypertension, 4-16
et hypoglycémie, 10-21 Obstétrique, prénatal
et infarctus du myocarde, 4-28 antécédents menstruels, 12-1
et infection génitale haute, 13-14 descente du fœtus, 12-2
et labyrinthite, 2-9 éducation de la cliente, 12-4
et maladie de Menière, 2-10 examen physique, 12-1 à 12-2
et méningite, 8-15 grossesse multiple, 12-12 à 12-13
et môle hydatidiforme, 12-24 hauteur utérine, 12-3
et occlusion de l'intestin, 5-31 intervention pharmacologique, 12-4
et pancréatite aiguë, 5-28 orientation vers d'autres ressources, 12-4
et problèmes cardiovasculaires, 4-1 soins prénatals, 12-2 à 12-4
et pyélonéphrite, 6-13 symptômes, 12-1
et torsion testiculaire, 6-18 tests diagnostiques, 12-3 à 12-4
et traumatisme crânien, 14-6 travail prématuré, 12-27 à 12-28
symptôme dominant de problèmes digestifs, 5-1 Obstétrique, accouchement
Néomycine, sulfate de, pour la balanite, 6-9 Césarienne, pour la grossesse multiple, 12-13
Néphropathie, associée au diabète sucré, 10-12 expulsion du placenta, 12-6
Nerfs. Voir Système nerveux central grossesse multiple, 12-12 à 12-13
Neuroleptiques, pour la schizophrénie, 15-34 intervention pharmacologique, 12-6
Neuropathie et diabète sucré, 10 -13 orientation vers d'autres ressources, 12-6, 12-7
Névrose dépressive. Voir Trouble dysthymique rupture prématurée des membranes, 12-29 à 12-30
Nez septicémie néonatale à streptocoque du
épistaxis antérieur, 2-14 à 2-15 groupe B, 12-17
épistaxis postérieure, 2-23 à 2-24 soins après l'accouchement, 12-6 à 12-7
rhinite, 2-11 à 2-14 soins pendant l'accouchement, 12-6
sinusite aiguë, 2-16 à 2 -17 symptomatologie, 12-5
sinusite chronique, 2-17 à 2-18 travail normal, 12-6
Nicotinique, acide, pour la dyslipidémie, 4-7 Obstétrique, problèmes/situations particulières
Nifédipine, pour l'hypertension, 4-17 avortement spontané, 12-18 à 12 -20
Nitrate, usage bactériurie, 6-10
angine de poitrine, 4-9 Césarienne, indications, 12-13
insuffisance cardiaque congestive, 4-12, 4-13 contre-indication de la métronidazole, 11-11
Nitrofurantoïne, usage contre-indication de la sulfadiazine d'argent, 9-24
bactériurie asymptomatique, 6-10 cystite, 6-12
contre-indications, 6-12 décollement placentaire, 12-21 à 12-22
cystite, 6-12 diabète gestationnel, 10-7, 12-4, 12-7 à 12-9
éclampsie et pré-éclampsie sévère, 12-30 à 12-32
fièvre puerpérale, 11-16 à 11-17
grossesse ectopique, 12-22 à 12 -24

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Index C–19

Obstétrique, problèmes/situations particulières (suite) Ostéomyélite, 7-29 à 7-30


grossesse multiple, 12-12 à 12-13 et infection invasive à streptocoque du groupe A,
hémorragie antepartum, 12-21 à 12-22 11-16 à 11-17
hémorragie du postpartum, 12-25 à 12 -27 Ostéoporose
hydramnios, 12-14 tableau clinique, 10-17 à 10-18
hyperemesis gravidarium, 12-9 à 12-11 symptomatologie, 10-18
hypertension gravidique (pré-éclampsie), 12 -14 à diagnostic différentiel, 10-18
12-16, 12-30 à 12-32 intervention non pharmacologique, 10-18
hypertension préalable, au cours de la grossesse, intervention pharmacologique, 10-19
12-14 à 12-16 orientation vers d'autres ressources, 10-19
infection à streptocoque du groupe B, 12-17 Otite externe, 2-3 à 2-5
lotions scabicides, usage, 9-13 Otite moyenne
môle hydatidiforme, 12-24 à 12 -25 aiguë, 2-5 à 2-6
placenta praevia, 12-21 à 12-22 chronique, 2-6 à 2-7
retard de croissance intra-utérin, 12-11 à 12-12 séreuse, 2-7 à 2-8
rupture prématurée des membranes, 12-29 à 12-30 Oto-rhino-laryngologie (ORL)
syndrome HEHRP (pré-éclampsie), 12-15 symptômes dominants de problèmes, 2-1
travail prématuré, 12-27 à 12-28 examen, généralités, 2-2
Occlusion de l'intestin, 5-31 à 5-32 Voir aussi Bouche et gorge; Nez; Oreilles
Voir aussi Appareil digestif Ottawa Ankle Rules (test diagnostique), 7-17
Œdème Oxytocine, usage
des chevilles, et insuffisance cardiaque congestive, après l'accouchement, 12-6
4-11 avortement spontané, 12-20
des jambes, diagnostic différentiel, 4-5 hémorragie du postpartum, 12-26
des jambes, et insuffisance veineuse, 4-5, 4-26
des membres, et problèmes cardiovasculaires, 4-1 P
et choc anaphylactique, 14 -13
et grossesse, 12-1, 12-4 Palpation
et hydramnios, 12-14 abdomen, en traumatisme majeur, 14-4
et hypertension gravidique, 12-15 appareil génital masculin, 6-3
et mononucléose (infectieuse), 11-6 appareil urinaire, 6-3
et trouble thyroïdien, 10-14, 10-16 articulation, 7-2
pulmonaire, 4-30 à 4-31 bassin, en traumatisme majeur, 14-4
Œil. Voir Yeux dos, en traumatisme majeur, 14-4
Œsophage de Barrett, 5-14 examen cardiovasculaire, 4-2
Œstrogène, usage examen de l'abdomen, 5-3
conjugué, et ménopause, 13-21 examen respiratoire, 3-2
ostéoporose, 10-19 membres, en traumatisme majeur, 14-4
Olanzapine, pour la schizophrénie, 15-34 thorax, en traumatisme majeur, 14-3
Oligoménorrhée, 13-3, 13-4 à 13-7 utérus dans la grossesse, 12-3
Onagre, huile d', et ménopause, 13-21 Palpitations
Opiacé, et empoisonnement/surdose, 14-20 à 14-24 cardiaques, diagnostic différentiel, 4-3, 4-4 à 4-5
Oreilles et anémie ferriprive, 10 -4
céruminose (bouchon de cérumen), 2-8 à 2-9 et arythmie, 4-19
labyrinthite, 2-9 à 2-10 et choc anaphylactique, 14-13
maladie de Menière, 2-10 à 2-11 et fibrillation auriculaire, 4-21
mastoïdite, 2-22 à 2-23 et hypertension, 4-16
otite externe, 2-3 à 2-5 et hyperthyroïdie, 10-14
otite moyenne aiguë, 2-5 à 2-6 et hypoglycémie, 10-21
otite moyenne chronique, 2-6 à 2-7 et insuffisance cardiaque congestive, 4-11
otite moyenne séreuse, 2-7 à 2-8 et troubles anxieux, 15-37
Organes génitaux. Voir Appareil génital masculin; symptôme de problèmes cardiovasculaires, 4-1
Gynécologie; Obstétrique Pancréatite aiguë, 5-28 à 5-29
Orgelet, 1-8 à 1-9 rôle des triglycérides, 4-6
Os. Voir Appareil locomoteur; Articulations; Papillomavirus (HPV) (verrue génitale), 13-13 à 13-14
Fractures

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C–20 Index

Paralysie, et traumatisme à la colonne vertébrale, 14-8 Phénobarbital, usage


Paralysie de Bell, 8-3 à 8-4 crise aiguë de grand mal, 8-20
Parkinsonien, effet secondaire (des médicaments troubles épileptiques chroniques, 8-18
utilisés contre la schizophrénie), 15-35 Phényléphrine, pour la sinusite aiguë, 2-17
Paroxétine, pour le trouble bipolaire/épisode Phénytoïne, usage
dépressif, 15-28 contre-indications, 14-23
Peau crise aiguë de grand mal, 8-20
anamnèse, 9-1 troubles épileptiques chroniques, 8-18
symptômes dominants de problèmes, 9-1 Physiothérapie
examen, généralités, 9-2 arthrose, 7-25
abcès sous -cutané, 9-3 à 9-4 douleur cervicale, 7-7
anthrax, 9-6 à 9-7 entorse de la cheville, 7-19
blessure d'immersion, 9-26 lumbago et sciatique, 7-22
brûlure, 9-22 à 9-26 polyarthrite rhumatoïde, 7-27
cellulite, 9-4 à 9-6 syndrome de la coiffe des rotateurs, 7-10
dermaphytose (teigne), 9-13 à 9-15 Pied d'athlète (tinea pedis), 9-13 à 9-15
dermite de stase, 4-26, 9-15 à 9-16 Pied des tranchées, 9-26
eczéma (dermite atopique), 9-9 à 9-10 Pilocarpine, pour glaucome, 1-14, 1-19
engelure, 9 -26 à 9-28 Pizotifène, pour la prophylaxie de la migraine, 8-11
furoncle, 9-6 à 9-7 Placenta praevia, 12-21 à 12-22
gale, 9-11 à 9-13 Plaie cutanée, 9-18 à 9-22
gelure grave, 9-26 à 9-28 Planche dorsale
gelure superficielle, 9-26 à 9-27 et fracture du bassin, 14-13
impétigo, 9-7 à 9-8 et traumatisme crânien, 14 -7
lésion cutanée (traumatisme ou morsure), 9-18 à 9-22 Plâtres et attelles
pédiculose (poux), 9-10 à 9-11 collet cervical, 7-7, 14-3, 14-9
pied des tranchées, 9-26 fracture de membre supérieur, 7-32 à 7 -33
prophylaxie antitétanique, 9-21 fractures, 7-32
types de lésions, 9-2 Pneumonie
urticaire, 9-16 à 9-17 diagnostic différentiel, 3-18
verrue, 9-17 à 9-18 et infection invasive à streptocoque du groupe A,
Pédiculose (poux), 9-10 à 9-11 11-16 à 11-17
Pénicilline, pour la cellulite, 9-5 intervention non pharmacologique, 3-18
Pénicilline G, pour l'abcès péri-amygdalien, 2-26 intervention pharmacologique, 3-18, 3-19
Pénicilline G, sodique, usage orientation vers d'autres ressources, 3-19
arthrite septique, 7-29 symptomatologie, 3-17
ostéomyélite, 7-30 Pneumothorax, 3-19 à 3-20, 14-2
Pénicilline V potassium, usage Poignet
abcès dentaire, 2 -19 fracture de Pouteau-Colles, 7-31
abcès péri-amygdalien, 2-25 syndrome du canal carpien, 7-14 à 7-15
pharyngite, 2-22 Polyarthrite rhumatoïde, 7-26 à 7-27
Percussion Polyéthylèneglycol, pour la constipation, 5-10
appareil urinaire, 6-3 Polyménorrée, 13-3, 13-4 à 13-7
examen de l'abdomen, 5-2 Polymyxine B, onguent de bacitracine de, usage
examen respiratoire, 3-3 blépharite, 1-6
Péricardite aiguë, 4-23 à 4 -24 chalazion, 1-10
Péritonite, secondaire à une infection invasive à orgelet, 1-10
streptocoque du groupe A, 11-16 à 11-17 Polymyxine B gramicidine, pour la conjonctivite
Perméthrine, usage bactérienne, 1-7
contre-indications, 9-13 Polyurie
gale, 9-13 et acidocétose diabétique, 10-19
poux de tête, 9-11 et diabète gestationnel, 12 -7
Personnes âgées, violence envers, 15-48 à 15-50 et diabète sucré, 10-8
Pharyngite (mal de gorge), 2-20 à 2-22 Potassium, pour la déshydratation, 5-5
sore throat score pour la pharyngite à
streptocoque du groupe A, 2-27 à 2-28

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Index C–21

Poumons Pyridoxine, usage


embolie pulmonaire, 3-22 à 3-23 ménopause, 13-21
insuffisance cardiaque congestive, 4-10 à 4-13 tuberculose, 11-14
œdème pulmonaire, 4-30 à 4-31
Voir aussi Appareil respiratoire Q
Pouteau-Colles, fracture de, 7-31
Poux (pédiculose), 9-10 à 9-11 Queue de cheval, syndrome de la, 7-19
Pravastatine, pour la dyslipidémie, 4-7 Quinidine, usage
Prazosine, pour l'hypertension, 4-17 arythmie, 4-21
Pré-éclampsie (hypertension gravidique), 12-14 à fibrillation auriculaire, 4-22
12-16, 12-30 à 12-32
Prednisone, usage R
artérite temporale, 8-13
asthme, exacerbation modérée de, 3-9 Ranitidine, usage
asthme chronique, 3-7 RGO, 5-15
MPOC, exacerbation de, 3-15 ulcère gastroduodénal, 5-17
paralysie de Bell, 8-4 RCR (réanimation cardiorespiratoire), et victime
Prenavite, pour la grossesse, 12-4 d'hypothermie, 14-25
Pression intra-oculaire Réaction dystonique aiguë (effet secondaire des
et brûlure alcaline aux yeux, 1-21 médicaments), 15-35
et glaucome aigu à angle fermé, 1-18 Réanimation cardiorespiratoire (RCR), et victime
et glaucome chronique à angle ouvert, 1-13 d'hypothermie, 14-25
examen physique, généralités, 1-2 Reflux gastro -œsophagien (RGO)
Primidone, pour les troubles épileptiques chroniques, diagnostic différentiel, 5-14
8-18 inhibiteurs de la pompe à protons, 5-15
Probénécide, pour l'infection génitale haute, 13-15 intervention non pharmacologique, 5-15
Procaïnamide, usage intervention pharmacologique, 5-15
arythmie, 4-21 orientation vers d'autres ressources, 5-15
fibrillation auriculaire, 4-22 œsophage de Barrett, 5-14
Produit distillé du pétrole, empoisonnement/surdose, symptomatologie, 5-14
14-20 à 14-24 tableau clinique, 5-14
Progestérone, pour l'ostéoporose, 10-19 Régime d'alimentation
Prophylaxie antitétanique, 9-21 accident ischémique transitoire (AIT), 8-14
Propranolol, pour la prophylaxie de la migraine, 8-11 anémie ferriprive, 10-5
Propylthiouracile, pour l'hyperthyroïdie, 10-15 anémie mégaloblastique, 10-6
Prostate constipation, 5-9
hyperplasie bénigne de la prostate, 6-4 à 6 -5 diabète gestationnel, 12 -8
prostatite aiguë, 6-7 à 6-8 diabète sucré, 10-9
Prostatite aiguë, 6-7 à 6-8 diarrhée, 5-12
Pseudoéphédrine, usage diverticulose, 5-24
otite moyenne séreuse, 2-8 dyslipidémie, 4-7
rhinite, 2-13, 2-14 grossesse multiple, 12-13
Psyllium, muciloïde hydrophile de, usage hyperemesis gravidarium, 12 -10
constipation, 5-10 hypertension, 4-17
diverticulose, 5-24 hyperthyroïdie, 10-15
syndrome du côlon irritable, 5-23 hypothyroïdie, 10-17
Psyllium, usage insuffisance cardiaque congestive, 4-12
constipation, 5-10 ménopause, 13-20, 13-21
diverticulose, 5-24 ostéoporose, 10-18
syndrome du côlon irritable, 5-23 RGO, 5-15
Ptérygion, 1-10 à 1 -11 syndrome du côlon irritable, 5-23
Pyélonéphrite, 6-13 à 6-14 troubles pouvant être prévenus, 15-7
Pyrazinamide, pour la tuberculose, 11-14, 11-15 ulcère gastroduodénal, 5-17
Pyréthrine, shampoing à la, pour les poux de tête, 9-11 Règle des neuf (évaluation de l'étendue des brûlures),
9-23

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C–22 Index

Réhydratation Salbutamol, usage


acidocétose diabétique, 10-20 asthme, exacerbation bénigne de, 3-8
déshydratation (hypovolémie), 5-3 à 5-5 asthme, exacerbation grave de, 3-9, 3-10
diarrhée, 5-13 asthme, exacerbation modérée de, 3-9
état de choc, 14-17 asthme chronique, 3-7
gastro-entérite bactérienne, 11-9 bronchite aiguë, 3-16
giardiase, 11-11 bronchospasme du choc anaphylactique, 14-15
hémorragie antepartum, 12-22 inhalation de substance toxique, 3-25
prudence dans les case d'hémorragie interne, 14-17 MPOC, 3-13, 3-14, 3-15
Reins Salmétérol, pour l'asthme chronique, 3-7
colique néphrétique (calculs), 6-15 à 6-16 Salmonella (infection), 11-8 à 11-9
néphropathie, associée au diabète sucré, 10-12 Sang
pyélonéphrite, 6-13 à 6-14 constituants du, valeurs de référence, 10-3
Voir aussi Appareil urinaire évaluation de la circulation, et traumatisme
Réserpine, pour l'hypertension, 4-17 majeur, 14-1
Résine de podophylle, pour la verrue génitale, 13-13 lipides dans le, 4-6
Résine hypocholestérolémiante, pour la dyslipidémie, problèmes (voir Anémie)
4-7 tension artérielle (voir Tension artérielle)
Réspiration tests de glycémie, 10-7, 10-9, 12-8
évaluation en traumatisme majeur, 14-1 Santé mentale
Voir aussi Appareil respiratoire définition, 15-1
Respiration sifflante utilisation des ressources en soins
diagnostic différentiel, 3-4 communautaires, 15-50 à 15-51
et asthme, 3-5, 3-8, 3-9, 3-10 Voir aussi Maladie mentale
et bronchite aiguë, 3-15 Santé mentale, promotion de
et choc anaphylactique, 14-13 counselling aux personnes endeuillées et en crise,
et MPOC, 3-11, 3-14 15-9 à 15 -10
et obstruction des voies respiratoires, 3-15 cours de gestion du stress, 15-10
symptôme dominant de problèmes respiratoires, 3-1 éducation communautaire, 15-10
Restructuration du milieu (dans les cas de maladie généralités, 15-5 à 15-6, 15-7
mentale), 15-13 programmes préscolaires et de maternelle, 15-8
Retard de croissance intra -utérin, 12-11 à 12 -12 programmes scolaires, 15-9
Réticulocytes, numération des, 10-3 stratégies, 15-7 à 15 -10
Rétinopathie, et diabète sucré, 10-9, 10-12 Saturnisme, et l'anémie, 10-3
Rhinite Schizophrénie
diagnostic différentiel, 2-12 symptômes, 15-30 à 15-31
intervention non pharmacologique, 2-13 tableau clinique, 15-30 à 15-31
intervention pharmacologique, 2-13 à 2-14 critères diagnostiques, 15-32
symptomatologie, 2-12 acathisie, 15-35
Rifampine, pour la tuberculose, 11-14, 11-15 admission forcée, 15-34
Rispéridone, pour la schizophrénie, 15-34 counselling, 15-35 à 15-36
Ritodrine, pour le travail prématuré, 12-28 diagnostic différentiel, 15 -32
Rougeur de l'œil, 1-3 à 1-4 dyskinésie tardive, 15-34
Roux, signe de, et fracture du bassin, 14-12 effets secondaires des médicaments, 15-34 à 15-35
effets secondaires parkinsoniens, 15-35
S intervention non pharmacologique, 15-33,
15-35 à 15-36
Saignement intervention pharmacologique, 15-33, 15-34 à 15-35
avortement spontané, 12-18 à 12-20 maintien/réadaptation à long terme, 15 -34 à 15-36
examen primaire, traumatisme majeur, 14-2 orientation vers d'autres ressources, 15-33 à 15-34
fracture du bassin, 14-12 réaction dystonique aiguë, 15-35
garrot, 14-2 soutien familial, 15-36
gastro-intestinal, 5-33 à 5-34 Sciatique, 7-20 à 7-22
en grossesse, 12-4 Scrotum (épididymite), 6-5 à 6-7
hémorragie antepartum, 12-21 à 12-22 Séborhée et blépharite, 1-5
utérin dysfonctionnel, 13-4 à 13-7

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Index C–23

Sédatifs, usage Suicide. Voir Comportement suicidaire


client violent ou très agité, 15-18 Sulfacétamide, gouttes/pommade ophtalmique, usage
delirium du sevrage alcoolique, 15-21 chalazion, 1-10
schizophrénie, 15-33, 15-34 conjonctivite bactérienne, 1-7
sevrage alcoolique, 15-19, 15-20 érosion de la cornée, 1-15
trouble bipolaire, 15-27 kératite, 1-20
troubles anxieux, 15-38 orgelet, 1-10
Seins ulcère de la cornée, 1-16
mammographie de dépistage, 13 -9 Sulfadiazine d'argent, usage
masse au sein, 13-8 à 13-9 brûlure mineure, 9-24
mastite, 13-9 à 13-10 contre-indications, 9-24
symptômes dominants de problèmes, 13-1, 13-2 Sulfaméthoxazole/triméthoprime, usage
Séné, pour la constipation, 5-10 bronchite aiguë, 3-16
Septicémie néonatale à streptocoque du groupe B, cystite, 6-12
12-17 épididymite, 6-6
Sérotonine, antagonistes des récepteurs de la, pour la MPOC, exacerbation de, 3-15
prophylaxie de la migraine, 8-11 otite moyenne aiguë, 2-6
Sertraline, pour le trouble bipolaire/épisode dépressif, otite moyenne chronique, 2-7
15-28 pneumonie, 3-18
Sévices conjugaux, 15 -47 à 15-48 prostatite aiguë, 6-8
Shigella (infection), 11 -8 à 11-9 pyélonéphrite, 6-14
SIDA/VIH, et la pneumonie, 3-17 sinusite aiguë, 2-17
Signe de Destot, et fracture du bassin, 14-12 sinusite chronique, 2-18
Signe de Grey-Turner, et fracture du bassin, 14-12 Sulfate de magnésium, pour l'éclampsie et pré-
Signe de Roux, et fracture du bassin, 14-12 éclampsie sévère, 12-32
Signe d'Earle, et fracture du bassin, 14-12 Sulfate ferreux, pour l'anémie ferriprive, 10-5
Simvastatine, pour la dyslipidémie, 4-7 Sumatriptan, usage
Sinusite aiguë, 2-16 à 2-17 céphalée vasculaire de Horton, 8-8
Sinusite chronique, 2-17 à 2-18 migraine, 8-11
SNA, médicaments, pour l'hypertension, 4-17 Supplément de calcium, usage
Sofratulle, pour la brûlure mineure, 9-24 hypertension gravidique, 12-16
Sonde, contre-indications, 6-20 ménopause, 13-21
Souffles cardiaques, 4-2 ostéoporose, 10-19
Stase, dermite de, 4-26, 9-15 à 9-16 Supplément de fer, usage
Steri-strips, pour fermeture de la plaie, 9-20 anémie ferriprive, 10-5
Stérilet (méthode contraceptive), 13-17 grossesse multiple, 12-13
Stéroïde, usage Suppositoire, pour la constipation, 5-10
asthme, exacerbation de, 3-8, 3-9 Surdose, empoisonnement et toxidrome
asthme, exacerbation grave de, 3-8, 3-9, 3-10 acétaminophène, 14-20 à 14-22, 14 -23
asthme chronique, 3-7 agent caustique, 14-21 à 14-22, 14-23
crème pour l'hémorroïde, 5-7 antidépresseur tricyclique, 14 -20, 14-21 à
gouttes ophtalmiques, contre-indications, 1-7 14-22, 14-23
MPOC, 3-13, 3-14, 3-15 charbon activé, 14-21 à 14-22
MPOC, exacerbation de, 3-15 cocaïne, 14-20, 14-21 à 14-22, 14-24
rhinite allergique et vasomotrice, 2-13 coma, intervention pharmacologique, 14-18
rupture prématurée des membranes, 12-29 décontamination de l'intestin, 14-21 à 14 -22
syndrome de la coiffe des rotateurs, 7-10 ipéca, 14-22
travail prématuré, 12-28 lavage d'estomac, 14-22
Streptomycine, pour la tuberculose, 11-14, 11-15 mesures préventives, 15-6
Stress psychologique, lié à la culture, 15-2 monoxyde de carbone, 14-21 à 14-22, 14 -23
Subluxation de l'épaule (lésion acromio-claviculaire), opiacé, 14-20, 14-21 à 14-22, 14-24
7-11 à 7-12 orientation vers d'autres ressources, 14-24
Sueur nocturne produit distillé du pétrole, 14 -20, 14-21 à 14-22
et ménopause, 13-20 salicylate (p. ex. AAS), 14-20, 14-23
et tuberculose, 11-12 traitement général, 14-21 à 14-22

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C–24 Index

Suture Système nerveux central (suite)


aiguille, 9-20 perte de conscience aiguë, diagnostic différentiel,
anesthésique local, 9-20 8-15
enlèvement des points de suture, 9-21 troubles épileptiques chroniques, 8-17 à 8-18
matériel selon le site, 9 -20 troubles pouvant être prévenus, 15-7
principes généraux, 9-19 à 9-20 Système neurologique, et traumatisme majeur,
Syncope (évanouissement) 14-4, 14-6
diagnostic différentiel, 4-4
distinguée du choc anaphylactique, 14-13 T
et anémie ferriprive, 10 -4
et anévrisme de l'aorte, 4-27 Tabagisme et MPOC, 3-11
et arythmie, 4-19 Tachycardie
et crise aiguë de grand mal, 8-19 arythmie, 4-19 à 4-21
et douleur pelvienne aiguë, 13-22 et état de choc, 14-16, 14-17
et fibrillation auriculaire, 4-21 Teigne (dermatophytose), 9-13 à 9-15
et hyperemesis gravidarium, 12-9 Témoignage et instructions d'un expert (dans les cas
et hypoglycémie, 10-21 de maladie mentale), 15-12
et infarctus du myocarde, 4-28 Tendinite (épaule), 7-8 à 7-9
et traumatisme crânien, 14-6 Tennis elbow (épicondylite latérale), 7-13 à 7-14
et troubles épileptiques chroniques, 8-17 Tension artérielle
perte de conscience aiguë, diagnostic différentiel, et avortement spontané, 12-19
8-15 et hypertension gravidique, 12-15
symptôme de problèmes cardiovasculaires, 4-1 tension diastolique/systolique, 4-16
Syndrome Voir aussi Hypertension; Hypotension
canal carpien, 7-14 à 7-15 Térazosine, usage
choc toxique streptococcique, 11-16 à 11 -17 hyperplasie bénigne de la prostate, 6-5
coiffe des rotateurs, 7-9 à 7-10 hypertension, 4-17
côlon irritable, 5-22 à 5-23 Tête, traumatisme crânien, 14-5 à 14-7
HEHRP (pré-éclampsie), 12-15 Tétracaïne, gouttes ophtalmiques, usage
queue de cheval, 7-19 brûlure chimique aux yeux, 1-22
Wolff-Parkinson-White (la maladie sinusale), 4-20 corps étranger dans l'œil, 1-17
Système lymphatique érosion de la cornée, 1-15
et affection oculaire, 1-2 kératite, 1-20
et problèmes gynécologiques, 13-1, 13-2 kératite herpétique, 1-20
ganglions lymphatiques, et mononucléose Tétracycline, usage
(infectieuse), 11-6 bronchite aiguë, 3-16
Système nerveux central épididymite, 6-6
anamnèse, 8-1 à 8-2 infection génitale haute, 13-15
symptômes dominants, 8-1 MPOC, exacerbation de, 3-15
examen, généralités, 8-2 pneumonie, 3-18
accident ischémique transitoire (AIT), 8-13 à 8-14 Théophylline, usage
accident vasculaire cérébral (AVC), 8-20 à 8-22 asthme chronique, 3-7
artérite temporale (gigantocellulaire), 8-12 à 8-13 MPOC, 3-13
céphalée (voir Céphalée) Thiamine, usage
état de mal épileptique (crise aiguë de grand mal), coma (non encore diagnostiqué), 14-18
8-19 à 8-20 delirium du sevrage alcoolique, 15-21
fonction cérébrale générale, 8-1 sevrage alcoolique, 15-20
fonction des nerfs crâniens, tests, 8-2 Thorax
méningite, 8-15 à 8-16 douleur du (voir Douleur thoracique)
mesures préventives de troubles mentaux, 15-6 à plaie aspirante, 14-2
15-7 volet costal, 14-2, 14-10 à 14-11
neuropathie associée au diabète sucré, 10-13 Thrombose
paralysie de Bell, 8-3 à 8 -4 AAS comme agent prophylactique, 4-9
infarctus, entraînant un AVC, 8-20
occlusion d'une artère périphérique de gros
calibre, 4-31 à 4-32
veines profondes, 4-14 à 4-15

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Index C–25

Thyrotoxicose (hyperthyroïdie), 10-13 à 10-15 Trouble bipolaire


Timolol, pour le glaucome chronique à angle ouvert, critères diagnostiques, 15-22
1-14 épisode dépressif, 15-25, 15-28 à 15-29
Tinea (dermatophytose ou teigne), 9-13 à 9-15 épisode maniaque, 15-22, 15-24, 15-27 à 15-28
Tocolyse, pour le travail prématuré, 12-28 orientation vers d'autres ressources, 15-29
Tolnaftate, pour la dermatophytose (teigne), 9-15 tableau clinique, 15-25
Torsion testiculaire, 6-18 à 6-19 trouble affectif, 15-22
Toux Trouble dysthymique (névrose dépressive)
diagnostic différentiel, 3-3 critères diagnostiques, 15-25
et asthme, 3-5, 3-8, 3-9 et dépression, 15-29
et bronchite aiguë, 3-15 intervention non pharmacologique, 15-29
et insuffisance cardiaque congestive, 4-11 intervention pharmacologique, 15-30
et MPOC, 3-11, 3-14 orientation vers d'autres ressources, 15-30
et obstruction des voies aériennes, 3-21 tableau clinique, 15-24 à 15-25
et œdème pulmonaire, 4-30 trouble affectif, 15-22
et pneumonie, 3-17 Troubles affectifs
et tuberculose, 11-12 dépression majeure (voir Dépression majeure)
symptôme dominant de problèmes respiratoires, 3-1 deuil, 15-25 à 15 -26
Toxidrome. Voir Surdose, empoisonnement et trouble bipolaire (voir Trouble bipolaire)
toxidrome trouble de l'adaptation, 15-26
Traumatisme trouble dysthymique (voir Trouble dysthymique)
fractures, os et articulations, 7-30 à 7-33 Troubles psychotiques. Voir Schizophrénie
lésion cutanée (traumatisme ou morsure), Tuberculose
9-18 à 9-22 tableau clinique, 11-11 à 11-12
morsure (animale ou humaine), 9-18 à 9-22 symptomatologie, 11-12
oculaire pénétrant, 1-17 à 1-18 diagnostic différentiel, 11-12
Traumatisme majeur intervention non pharmacologique, 11-14
à la colonne cervicale, 14-8 à 14-9 intervention pharmacologique, 11-14
à la moelle épinière, 14-8 à 14-9 orientation vers d'autres ressources, 11-15
ABC de l'évaluation, 14-1, 14-3 suivi des contacts, 11-14
collet cervical, 14-3, 14-9 test de Mantoux, 11-13
échelle de coma de Glasgow, 14-6
évacuation médicale, préparation, 14-5 U
examen neurologique, 14-4, 14-6
examen primaire, 14-1 à 14-2 Ulcère
examen secondaire, 14-3 à 14-4 de la cornée, 1-16
fracture du bassin, 14-11 à 14-13 gastroduodénal, 5-16 à 5-17
immobilisation de la colonne cervicale, 14-9 Urgence
interventions clés avant le transport, 14-2 abcès péri-amygdalien, 2-25 à 2-26
SAMMDE (anamnèse), 14-3 accident vasculaire cérébral (AVC), 8-20 à 8-22
soins définitifs, 14-4 à 14-5 acidocétose diabétique, 10-19 à 10-21
traumatisme crânien, 14-5 à 14-7 appendicite, 5-29 à 5-30
volet costal, 14-2, 14-10 à 14-11 arthrite septique, 7-28 à 7-29
Triamcinolone, pour la rhinite, 2-13 avortement spontané, 12-18 à 12-20
Trichomonase (vulvovaginite), 13-11 à 13-12 brûlure chimique aux yeux, 1-21 à 1-22
Triglycérides, 4-6 brûlure grave, 9-25 à 9-26
Triméthoprime, pour la pyélonéphrite, 6-14 choc anaphylactique, 14-13 à 14-15
Triprolidine, usage coma (non encore diagnostiqué), 14-18 à 14-20
conjonctivite allergique, 1-8 contusion des tissus mous, aux yeux, 1-22 à 1-23
otite moyenne séreuse, 2-8 corps étranger dans l'œil, 1-17 à 1-18
Tropicamide, gouttes ophtalmiques, pour l'uvéite douleur abdominale aiguë, 5-26 à 5-28
(iritis), 1-28 douleur pelvienne aiguë, 13-22 à 13-23
éclampsie et pré-éclampsie sévère, 12-30 à 12-32
embolie pulmonaire, 3-22 à 3-23
empoisonnement, 14-20 à 14-24

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C–26 Index

Urgence (suite) V
épistaxis postérieure, 2-23 à 2-24
érosion de la cornée, 1-15 à 1-16 Vaccin
état de choc, 14-16 à 14-18 hépatite, 11-6
état de mal épileptique (crise aiguë de grand mal), réaction allergique (choc anaphylactique), 14-13 à
8-19 à 8-20 14-15
fracture de la clavicule, 7-33 à 7-35 Vagin
fractures, os et articulations, 7-30 à 7-33 et ménopause, 13-20
gelure, 9-26 à 9-28 examen général, 13-2
glaucome aigu à angle fermé, 1-18 à 1-19 pertes vaginales, 13-1
grossesse ectopique, 12-22 à 12-24 vulvovaginite, 13-11 à 13-12
hémorragie antepartum, 12-21 à 12-22 Valproïque, acide, pour les troubles épileptiques
hémorragie du postpartum, 12-25 à 12-27 chroniques, 8-18
hypoglycémie, 10-21 à 10-22 Vasectomie (méthode contraceptive), 13-17
hypothermie, 14-24 à 14-26 Vasodilatateur, pour l'insuffisance cardiaque
infarctus du myocarde, 4-28 à 4-30 congestive, 4-12
inhalation de substance toxique, 3-23 à 3 -24 Vérapamil, usage
kératite, 1-19 à 1 -20 arythmie, 4-21
kératite herpétique, 1-20 à 1-21 fibrillation auriculaire, 4-22
lésion cutanée (traumatisme ou morsure), prophylaxie de la migraine, 8-11
9-18 à 9-22 Verrue
luxation de l'épaule, 7-11 à 7 -12, 7 -12 à 7-13 de la peau, 9-17 à 9-18
mastoïdite, 2-22 à 2-23 génitale (papillomavirus (HPV)), 13-13 à 13-14
méningite, 8-15 à 8-16 Vertige
môle hydatidiforme, 12-24 à 12-25 et labyrinthite, 2-9
occlusion de l'intestin, 5-31 à 5-32 et maladie de Menière, 2-10
occlusion d'une artère périphérique de gros et otite moyenne aiguë, 2-5
calibre, 4-31 à 4-32 symptôme dominant, 2-1
œdème pulmonaire, 4-30 à 4-31 Vessie (cystite), 6-11 à 6-12
ostéomyélite, 7-29 à 7-30 Voir aussi Appareil urinaire
pancréatite aiguë, 5-28 à 5-29 Vibramycine, pour la morsure de chat, 9-21
pneumothorax, 3 -19 à 3-20, 14-2 Vigabatrin, pour les troubles épileptiques chroniques,
rétention urinaire aiguë, 6-19 à 6-20 8-18
rupture prématurée des membranes, 12-29 à 12-30 Vinaigre, pour l'otite externe, 2-4
saignement gastro-intestinal, 5-33 à 5-34 Violence
surdose, 14-20 à 14-24 à l'égard des personnes âgées, 15-48 à 15-50
syndrome de la queue de cheval, 7-19 agression sexuelle, 15-45 à 15-46
torsion testiculaire, 6-18 à 6-19 client violent ou très agité, 15-15 à 15 -19
toxidrome, 14-20 à 14-24 conjugale, 15-47 à 15-48
traumatisme oculaire, 1-22 à 1-23 Virus d'Epstein-Barr, et mononucléose (infectieuse),
travail prématuré, 12-27 à 12 -28 11-6
troubles épileptiques chroniques, 8-17 à 8-18 Vision
ulcère de la cornée, 1-16 aura, et la migraine, 8-9
uvéite (iritis), 1-24 aura, et troubles épileptiques chroniques, 8-17
voies respiratoires, obstruction aiguë par un corps corps flottants, 1-1
étranger, 3-21 halo, et glaucome, 1-13
Urticaire, 9-16 à 9-17 et trouble thyroïdien, 10-14, 10-16
Utérus troubles de la vue et éclampsie/pré-éclampsie
examen général, 13-2 sévère, 12 -30
hauteur, dans la grossesse, 12-3 vision brouillée, et ptérygion, 1-10
saignement anormal, 13-3 à 13-7 vue brouillée, et diabète sucré, 10-8
Uvéite (iritis), 1-24 vue brouillée, et rougeur de l'œil, 1-3
Vitamine B6 , usage
ménopause, 13-21
tuberculose, 11-14
Vitamine E, et ménopause, 13-21
Vitamine B12 , pour l'anémie pernicieuse, 10-6

Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires


Index C–27

Vitamine D, usage Y
ménopause, 13-21
ostéoporose, 10-19 Yeux
Voies respiratoires anamnèse, 1-1
évaluation, et traumatisme majeur, 14-1 symptômes dominants de problèmes, 1-1
obstruction par un corps étranger, 3-21 blépharite, 1-5 à 1-6
Volet costal, 14-2, 14-10 à 14-11 brûlure chimique, 1-21 à 1-22
Von Willebrand, maladie de. Voir Maladie de von cataracte, 1-11 à 1-12
Willebrand chalazion, 1-9 à 1-10
Vulvovaginite, 13-11 à 13-12 conjonctivite, 1-6 à 1 -8
contusion mineure des tissus mous, 1-23 à 1-24
W corps étranger dans l'œil, 1-17 à 1-18
diagnostic différentiel, 1-2
Warfarine, pour la fibrillation auriculaire, 4-21, 4-22 érosion de la cornée, 1-15 à 1-16
Whiplash. Voir Douleur cervicale (troubles de la et système lymphatique, 1-2
colonne cervicale) examen, généralités, 1-2
Wolff-Parkinson-White, syndrome de (la maladie glaucome aigu à angle fermé, 1-18 à 1-19
sinusale), 4-20 glaucome chronique à angle ouvert, 1-13 à 1-14
iritis, 1-24
X kératite, 1-19 à 1 -20
kératite herpétique, 1-20 à 1-21
Xylométazoline, usage orgelet, 1-8 à 1-9
rhinite, 2-14 ptérygion, 1-10 à 1-11
sinusite aiguë, 2-17 rétinopathie, et diabète sucré, 10-9, 10-12
rougeur de l'œil, 1-3 à 1-4
signes pupillaires, et coma, 14-19
traumatisme oculaire, 1-22 à 1-23
ulcère de la cornée, 1-16
uvéite, 1-24

Z
Zinc, sulfate de, usage
fissure anale, 5-6
hémorroïde, 5-7

Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001

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