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Universityof Ottawa
Iittp://www.archive.org/details/dictionnairedesh02pluq
NCYCLOPÉDIE
THÈOLOGIQUE,
ou
OFFRANT EN FRANÇAIS
LA PLUS CLAIRE, LA PLUS FACILE, LA PLUS COMMODE, LA PLUS VARIÉE
ET LA PLUS COMPLÈTE DES THÉOLOGIES.
CES DICTIONNAIRES SONT :
PUBLIEE
39 VOICMES IN-r.
PRIX : G FR. LE YOL. l'OL'lt LE SOl'SCllIPTELR A LA COLLECTION ENTIÈRE, 7 FR., 8 FR., ET MÊME 10 FR. POUR LU
SOUSCRIPTEUR A TEL OU TEL DICTIONNAIRE PARTICULIER.
TOME DOUZIÈME.
DICTIONNAIIUÎ DIÎS HÉRllSiES, DES SCHISMES, DES AUTEURS ET DES LIVRES
JANSENISTES, DES OUVRAGES MIS A L'INDEX, DES PROPOSITIONS
CONDAMNÉES PAR L'ÉGLISE, EF DES 0U\ RAGES
CONDAMNÉS PAR LES TUIRUNAUX
FRANÇAIS.
T0:«1E SECOND.
L)niv6rsi;^J~
BIBLIOTHECA
DICTIONNAIRE
DES HÉRÉSIES
DES ERREURS ET DES SCHISMES,
ou
MÉBIOIRES
POUn SERVIR A l'iiistoire
PRÉCÉDÉ
d'un discours dans lequel on recherche quelle a été lx religion primitive des houmes,
LES changements QU'eLLE A SOUFFERTS JUSQu'a LA NAISSANCE DU CHRISTIANISME,
LES CAUSES GÉNÉRALES, LES FILIATIONS ET LES EFFETS DES HÉRÉSIES
QUI ONT DIVISÉ LES CHRÉTIENS;
ouvrage AUGMENTÉ DE PLUS PE 400 ARTICLES, DISTINGUÉS DES AUTRES PAR DES ASTÉRISQUES ;
tONTINDÉ jusqu'à NOS JOURS POUR TOUTES LES MATIÈRES QUI EN FONT LE SUJET, COMME POUR LE DISCOURS PRÉLIMINAIRS,
REVU ET CORRIGÉ D"UN BOUT A L'AUTRE;
DÉDIÉ A NOTRE SAINT-PÈRE LE PAPE PIE IX,
SUIVI
l* d'un DlCTIOBNAmE SOUVEAD DES JANSÉNISTES, contenant un aperçu HISTORIQUE DE lEUB VIE, ET UN EXAMEN MITIQOE
DE LEURS LIVRES,
PAR M. L'ABBÉ ,
3° DE L'Index des livres défendus far la sacrée congrégation de ce nom, DEPUIS SA CRÉATION JUSOU'a nos JOURS
8" DES PBOI'OSITIONS CONDAMNÉEi FAR l'ÉOLISE DEFUIS l'aN 411 JUSOu'a PRÉSENT;
4° DE LA LISTE COMPLÈTE DES OUVRAGES CONDAMNÉS FAR LES TRIBUNAUX FRANÇAIS, AVEC LE TEXTE DT£
njGKMENTS ET ARRÊTS TIRÉS DU MOmtClir.
PUBLIÉE
TOME SECOND.
• ^. :.fe-
•
Pelil-Monlrouge.
taidîii^rinÏÏGNËrau
, ,
DICTIONNAIRE
DES HÉRÉSIES,
DES ERREURS ET DES SCHISMES
R
•
RATIONALISME. Ilfaut distinguer deux livres sacrésIraduits.Unbruitsourd annonce
époqups le : rationalisme ancien et le ratio- au monde un libérateur il doit sortir de la
:
vagances de l'idolâtrie, des hommes sages genre humain rentre dans sa voie; une
onlparu. Justement choques de l'absurdité longue période de foi se prépare celte foi :
ténèbres augmentent, plus le phare lumi- puis il se hasarde à la perdre de vue ; enûa
neux s'élève. Mais les sages se fourvoyèrent; il rompt avec elle.
au lieu de recourir aux Hébreux, ils inter- La raison devient altière elle cite la
;
rogèrent l'Egypte : de là le dégoût des tra- religion à sa barre. Après avoir étendu sa
ditions. Ceux qu'on nommait les sages ont domination sur les sciences morales et poli-
voulu y suppléer, ont pris confiance en eux- tiques, la voilà qui s'attaque au\ faits. Voij.
mêmes, ont renoncé à la foi, ont entrepris Strauss. On avait fait do la religion a priori,
de constituer la vérité sans elle : c'est la de la morale a priori, il ne restait qu'à faire
première époque du ralionalisme. de l'histoire a priori : c'est ce qu on a tenté.
Pour en trouver la racine, il faut fouiller Dès lors le rationalisme a dépassé son terme :
dans les temples d'Egypte, distinguer de la il ne peut plus que rétrograder.
doctrine exoiérique des Egyptiens leur doc- Le niouvement rétrograde est déjà com-
trineésolérique, suivre la marche et les pro- mencé la lassitude a gagné les adeptes de
; ;
par toutes les voies à la conquête des vérités sans motifs de l'orgueil humain contre la foi.
primordiales : mis à l'œuvre, le raisonne- Pour se constilueren dehorsdes traditions,
ment, la sensation, le sensualisme échouent; le ralionalisme moderne a mis tout eu œu-
le scepticisme gagne du terrain; la philoso- vre vains efforts
: Toutes les f;icullés hu-
!
phie éplorée se jette dans l'éclectisme et s'y maines ont été mises en jeu résultat nul I
:
foi aveugle :mais on ne propose qu'une foi l'ensemble des êtres , le panthéisme, voyez
débat, la raison publique a pris l'avance: Nous ne reviendrons pas sur le rationalis-
saturée de rationalisme, elle n'en veut plus. me antique, nous ne nous occupons que de
Les théories a priori sont décrédilées : on ce riitivnalisme moderne dont la source ac-
demande des faits. 11 y a donc un mouve- tuelle n'est autre que le principe constitutif
înent réactionnaire, qui doit tournera l'avan- de la rébellion protestante la faculté du
:
chrétiennes est vaste : qui saura coordonner de soumettre les mystères à ses investiga-
ce bel ensemble de faits étonnera toujours tions l'orgueil ne raisonne pas ainsi, il ne
:
par la grandeur des tableaux. Le champ des passe pas à côté des objets qu'il ne peut
traditions chrétiennes a de la profondeur : scruter, et, conséquent jusqu'à la mort de
qui saura fouiller dans les cavités qu'il ren- il les rejette et nie même leur
l'intelligence,
ferme, fera jaillir des sources d'eau vive qui existence. Le protestantisme philosophique
s'élanceront vers les deux. D'autres feront en est venu à ce point inévitable. Ne pou-
goûter ce que la religion a d'aimable ils : vant comprendre Dieu, il le rejette tout au
feront désirer qu'elle soit vraie. moins dans sa révélation. Voyez Sdpeena-
« Il se prépare une réconciliation entre TCRAUSME.
toutes les sciences, dit Riambourg. La phi- Nous transcrirons ici de belles considéra-
losophie même participe au mouvement : tions de M. l'abbé de Ravignan.
elle avait mission de constater la nécessité « On se demande avec étonnement, dit cet
d'une révélation elle y a travaillé long-
: auteur, comment il a pu se faire que, dans
temps d'une manière indirecte ; c'est direc- tout le cours des siècles, tant d'incertitudes
tement qu'elle commence maintenant à le et tant d'incohérences soient venues entra-
faire ; elle ne s'en tiendra pas là. A mesure ver et obscurcir les recherches laborieuses
qu'elle sondera les profondeurs de la con- dans lesquelles l'âme s'étudiait elle-même.
science humaine, l'accord de l'observation L'histoire de la philosophie est en grande
psychologique avec la révélation ne peut man- partie l'histoire des travaux entrepris par
quer de la frapper à l'exemple de Pascal
: l'esprit humain pour parvenir à se connaî-
ellesignalera ce grand traitde vérité; arrivée tre. Ce sont aussi les archives non-seulement
à ce point, la raisonhumaine envisagera d'un les plus curieuses à étudier, mais aussi les
autre teil ces marques divines qui servent plus instructives, si l'on sait en profiter.
de sceau à la vraie tradition. Les miracles Quand on veut mûrement y lire et résumer
lui paraîtront mériter l'attention elle ren- : attentivement lesdonueesphilosophiques sur
dra hommage à ceux qui se perpétuent sous la nature de l'âme, sur la puissance et les
nos yeux ; quant à ceux qui ont servi de droits de la raison, ou trouve alors que deux
fondement à la prédication évangélique, elle systèmes principaux sont en présence.
reconnaîtra que la critique ne peut les «Les uns, frappés des impressions extérieu-
entamer. Les choses ainsi préparées rien , res et sensibles qui accueillent l'homme au
n'empêchera que la raison et la foi ne renou- berceau, qui l'environnent etl'accompagnent
Tellent le pacte antique. Dans ce nouvel dans toutes les phases de son existence mor-
accord seront nettement posées les préro- telle, frappés de ces relations entretenues
gatives de la raison et la prééminence de la sans cesse au dehors par l'action des orga-
foi. Alors tout désordre cesse le rationalis-
: nes et des sens, les uns, dis-je, ont cru que
me est fini. » le fondement de nos connaissances, la puis-
Le tableau que nous venons de tracer sance réelle de l'âme et les droits de la rai-
initie le lecteur aux profondes désolations son devaient être surtout placés dans l'ex-
qu'enfante le ralionalisine, système d'orgueil périence. C'est ce qu'on a nommé l'empiris-
et de bassesse, qui, lorsqu'il désespère de me et par ce mot, je ne veux pas seulemeiit
;
comprendre, se met à nier ; et (ce qui donne exprimer ici l'abus, mais encore l'usage de
,
13 RAT RAT 14
bannières distinctes sous lesquelles on peut l'idée pure, on risque de s'abîmer dans le
ranger la plupart des théories laborieuse, gouffre des abstractions si l'on veut n'ac-
:
ment enfantées pour exprimer le principe de cepter que l'expérience des sens tout seuls ,
nos connaissances, la nature mêmede l'âme et on courbe la dignité de l'intelligence el de
les droits de la raison. Les uns on l semblé tout l'esprit sous le joug des sens el des organes ,
rapporter à l'expérience, les autres à l'idée. si l'on ne veut en toutes choses que l'auto-
« Il faut s'arrêleravec l'œil d'une considé- rité et la foi, je le dirai avec franchise, onrend
ration attentive sur ces dispositions exclusi- l'autorité et la foi impossibles à la raison.
ves el contraires des hommes qui furent « Trop généralement, les philosophes scin-
nommés sages au sein de l'humanité. dent l'homme el le divisent violemment. Si
« Des esprits exclusifs el Irop défiants l'on acceptait l'homme tout entier, tel qu'il
peut-être à l'égard des pures el hautes spé- est, avec ses facultés diverses si l'on accep-
:
contemplatifs de l'Inde. Pythagore, les méta- l'âme, sonder la nature intime de la raison,
physiciens d'Elbe, Platon, et depuis le chris- et recommencer méthodiquement toute la
tianisme , saint Augustin, sainl Anselme , chaîne de nos connaissances. Ce fut alors
Descartes, Mallebranche, Cossuet, Fénelon, qu'il prononça le mot devenu si célèbre Je :
Leibnilz. L'école allemande vint ensuite, el pense donc je suis. Quant à moi, il me
,
l'orateur montre qu'elle se précipita dans semble que Descartes aurait pu tout aussi
tous les abus de l'idéalisme le plus outré : bien dire Je pense et je suis, ou j'existe et
:
« Des hommes , dit-il, qui ne manquaient je pense, car nous avons également la cons-
assurément ni de force ni d'étendue dans cience cl de notre pensée et de notre exis-
l'intelligence, se sont un jour séparés de tous tence. Vous en conviendrez, je crois ces :
les enseignements de la tradition. Ils ont deux vérités sont simultanées, elles sont
méprisé les travaux des vrais sages et toutes évidentes au même degré pour la raison.
les doimées du sens commun : ils se sont C'est par une seule et même perception de
enivrés de leurs propres pensées. L'orgueil l'âme que nous connaissons notre existence
et ses illusions, qu'ils se <lissitnu-
(le l'esprit aussi bien que notre pensée.
laicnt peut-être à eux-mêmes, les ont en- « Par où, et c'est là que je veux en venir,
traînés bien loin, bien loin du but. Alors par où vous pouvez bien comprendre que
,
tout a vacillé à leurs regards, tout a paru pour avoir la noiion vraie de l'âme les ,
mouvant devant leurs yeux ; leur vue s'est conditions constilutives de la raison, il 'faut
obscurcie. Ils n'ont plus rien aperçu de sta- unir sainement l'un avec l'iuitro l'ilément
ble ni (le fixe. Ils n'ont plus reconnu do empirique el l'élément idéaliste, c'est-à-dire
bases et n'ont plus retrouvé d'appuis. La en d'autres termes, et en termes fort simples,
foi était la terre de refuge et de salut. Ces l'idée et l'expérience ; et pourquoi ? parce
hommes n'avaient plus la foi. La pierre an- qu'il y a simultanément dans l'hoiiime ces
gulaire, le Christ permanent dans l'Eglise , deux choses, ces deux facultés, ces deux
transformée pour eux en vague phé-
s'était principes l'idée et l'expérience. Et c'est ce
:
nomène, en vaine évolution de l'idée pas , que j'ai voulu signifier en as-ociant ainsi ces
autre chose. deux mots je pense et j'existe expression,
:
;
« Mais alors la vie véritable a fui de ces l'une du monde logique ou de la pensée
,
âmts, et elles n'ont eu pour dernière conso- l'autre du monde expérimental et sensible.
lation et pour dernière espérance qu'un af- « Voilà donc, si nous voulons en conve-
15 DICTIONNAIKE DES HERESIES. iC
nir, le double élément qui constitue d'abord, limites ; nous admettons tout ce qu'elle ad-
à nos regards, la nature intellectuelle de met, tout ce que vous admettez, et plus en-
l'homme et la force première de ia raison ;
core, permettez-moi de le dire. Mais là où
l'idée, la vue intellectuelle et pure du vrai ;
vous vous arrêtez, nous avançons encore ;
et l'expérience, ou la connaissance que les là où vous vous épuisez en vain, nous pos-
sons nous donnent des objets extérieurs et sédons vainqueurs paisibles ; là où vous
,
sensibles. A la première des facultés, à l'idée, balbutiez, nous affirmons ; la où vous douiez,
correspondent toutes ces notions générales, nous croyons; là où vous languissez incer-
spirituelles, qui ne peuvent nous venir par tains et malheureux, nous Iriomphons et
que
les sens, telles les notions dp l'élre, du nous régnons heureux. Telle est la foi, et
vrai, du bon, du juste, auxquelles il faut voilà comment dignité
elle vient relever la
joindre l'amour nécessaire de la béatitude ,
de l'homme par les mystères divins qu'elle
le besoin d'agir pour une fin, pour un but ,
révèle. Il est vrai, ia foi vous soumet à une
pour une fin qui soit complète et dernière. aulorilé, à l'autorité de la parole divine qui
Et là, vous avez le fond naturel de noire daigna un jour se démontrer à la raison de
intelligence et ce qu'on peut nommer les l'honiine, parce que la raison avait, en vertu
premiers droits consiilués df la raison.... des dons du Seigneur, le droit de demander
« Ou'a'"'"ive-t-il donc et qu'ai-je à dire en- celte démonstration et cette preuve. Un jour,
core ? Ah la raison impatiente s'agile, elle
I sur cette lerre bénie de la Judée par les mi-
cherche, elle cherche, elle avance et avance racles et les leçons de l'Horame-Dieu, cette
toujours. Tout à coup sa vue s'obscurcit, sa manifestation de l'autorilé divine s'accom-
vigueur s'arrête. Elle chancelle comme un plit. La raison l'entendit, elle la conçut, elle
homme ivre. Elle se débai en vain au milieu la reconnut, et la fui s'établit : foi éminem-
d'épaisses ténèbres. Que s'esl-il donc passé? ment raisonnable, puisque nous l'enseignons,
C'est que, loin de la porlée loin de l'œil
, et nous le ré|)élons sans cesse, la raison,
intelligent de l'homnie, par delà les limites pour croire, ne peut, ne doit se soumeltre
naturelles de l'expérience et de l'idée, au qu'à une auloriléraisonnablemenlaccepiable
dilà de toutes les lois de l'évidence, au delà, et certaine
bien au delà s'étendent encore les initiienses « Non, la foi ne vient pas, l'autorité di-
régions de la vérité. Oui, par delà, il y a en- vine ne vient pas non plus arrêter l'essor
core l'invisible, l'incompréhensible, l'infini I de la raison. Au contraire, la foi vient ar-
et vous n'en pouvez douter car vous savez
; racher l'esprit vacillant de l'homme à l'em-
que Dieu habite la lumière inaccessible. Et pire des ténèbres et d'incerliludes infran-
même dans l'ordre humain il y a encore loin chissables pour tous ses efforts. Et quand
de nous, hors de ia portée de notre vue de , la foi a ainsiétabli son paisible empire ,
notre intelligence, il y a les temps, les lieux, quand ellerègne au fond de nos coeurs ,
il y a tous les faits du passé. alors la raison peut en sûreté parcourir ,
« Mais pour nous en tenir à la connais- mesurer, pénétrer, sonder cet univers im-
sance de Dieu seul, pour en venir à ce ca- mense, si généreusement laissé à ses libres
ractère dernier que je vous signalais en com- investigations. Soit donc que recueillie en
mençant, après les premières notions tradi- elle-même, elle descende profondément dans
tionnelles sur la Divinité, avouons-le , ni l'âme pour étudier sa nature intime, et re-
l'idée, ni l'expérience ni l'intuilion, ni le
, monter aux principes premiers, à l'essence
raisonnement ne peuvent plus ici nous ser- même des choses; soil que, reportant les
vir davantage, car il s'agit de sonder les regards sur ces mondes visibles, elle en dé-
profondeurs de l'infini il s'agit de mesurer
, couvre les phénomènes, elle en saisisse les
i'élerniié.Quel homme alors ne doit trem- lois, elle marque, au milieu du torrent des
bler?Seigneur!qui viendra doncà notreaide? faits, la haute économie du gouvernement
« Nous avons la foi. La foi, elle avance du monde, alors toujours à l'abri tulelaire
toujours, elle ne craint rien, elle ne craint de la foi, l'homme intelligent est libre et
pas de s'élancer dans les régions de l'infini vraiment grand, il mesure toute l'étendue de
et de l'incompréhensible. Entendez-le donc, la terre et des cieux, il ne connaît plus d'obs-
je vous en prie. La foi, glorieuse extension tacles ni de barrières, assuré qu'il est de
de la raison, lui apporte ce qu'elle n'a pas marcher à la suite de la parole et de l'auto-
,
lui donne ce qu'elle ,ne peut ni saisir ni at- rité divine elle-même. C'est ainsi et c'est ,
teindre. C'est un don du Seigneur, un bien- ainsi seulement que la raison s'élève et
fait de grâce divine.
la grandit, garantie contre ses propres écarts ;
«Oh! oui, vous ne l'avez pas comprise c'est ainsi qu'elle s'élève jusqu'au plus haut
la dignité de celte foi, .vous qui prétendez degré de la science véritable oui, elle a con-
;
qu'elle veut asservir, élouffer, restreindre quis toute sa dignité par l'obéissance même
la raison. Vous ne croyez pas, peut-être, vous qu'elle rend à celle loi, et elle devient le
qui m'écoutez en ce moment peut-éire, dans
;
plus noble et le dernier effort du génie de
une de vos heures railleuses, vous avez en l'homme, lorsque, en donnant à ses forces
pitié ceux qui croient. Mais prenez garde tout leur développement, elle a respecté aus*i
, ;
nous n'acceptons pas votre compassion et les limites de sa nature, et qu'elle a mérité
votre pitié. Croyants, et croyants sincères de s'unir à la lumière et à la gloire divines.
,
nous avons la raison comme vous comme ; « J'ai dit tout ce que je voulais dire. Il me
TOUS, et avec elle, nous avançons; et plus semble que nous avons, quoique bien en
que vous peut-être, nous plions jusqu'à ses abrégé, fixé certaines notions suffisantes sur
17 RAT RAT 18
l'expérience, l'autorilé. Hors de là,.je ne finissant les choses divines et inconnues, est
crains pas de le dire, il n'y a pas de vraie donc, sous ce rapport, en parfaite harmonie
philosophie, il n'y a pas de notion vraie de avec ee besoin immense et universel de la
l'hominc, il n'y a pas de justice rendue à la raison humaine, avec le beso'n d'autorité,
nature intciligeiile. avec le besoin du merveilleux et du mystère.
« Pour achever, s'il est possible, d'écarter Et n'est-ce pas déjà se rattacher à ua
d'injustes répulsions, nous placerons direc- principe intérieur?
tement en présence la philosophie et l'auto- «2° Déplus, les fondements de la certitude
rité catholique ou l'Eglise. Nous demande- morale ou historique appartiennent aux pre-
rons franchement à la philosophie et à la miers principes et aux premières vérités de
raison tout ce qu'elles réclament et exigent l'iiilelligence. Quanta l'acceptation certaine
de l'autorité et de la foi catholi(iuc et nous ; des faits, il n'y a rien dans l'âme qui soit exigé,
reciiiiiailrons que la philosophie obtient avec si ce n'est un témoignage qu'on ne puisse soup-
viction personnelle. \'oilà ce qu'il faut savoir. même témoignage, une même origine, une
«Eh bien! au fond de l'âme vit et de- même foi reproduisent les uns, établissent
meure un intime besoin d'autorité il est : l'autre. Nous possédons ainsi une logique
impossible d'en disconvenir; il forme comme invincible ; nous vivons par la force d'un
la conscience universelle du genre humain; syllogisme tout divin, type suprême de phi-
besoin d'autorité pour les masses, même en losophie véritable. Entendez - le Ce que
!
des choses accessibles à l'intelligence, mais Dieu même garantit et affirn)e est incontes-
qui exigeraient des efforts hors de propor- table et certain. Or, Dieu, par les faits avérés
tion avec l'état de la multitude; besoin d'au- de sa loule-|)uissance, garantit et prouve
torité pour les esprits plus cultivés et pour l'institution de l'autorité catholique annon-
le génie lui-même, en présence de l'invisi- cée, établie, exercée en son nom. Donc celle
ble, de l'incomprehensibli', de riiifiiii, qui autorité est di\inemenl certaine.
se reiicoiilr<' sans cesse au-devant des pen- « N ous I'- voyez la philosophie pouvait
;
sées de tous les hommes. Aussi voyez de létiitimement réclamer les droits des idées ou
toute part celle élonuanle propension à vérités premières, les droits de l'expérience ou
19 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 20
des faits ; l'autorité catholique les sauve tous il n'y a plus dedéfinie dans les intelli-
foi
elles consacre par sa démonstration même.» gences, quand il n'y a plus d'autorité qui
3' Passant ensuite à la troisième subdivi- enseigne souverainement les esprits sur les
sion, M. de Ravignan montre que l'Eglise vérités religieuses, alors la raison et la pen-
donne de hautes et positives solutions sur la sée retournent à l'état sauvage. Je ne vou-
nature de Dieu, de l'àiiie et de ses destinées, drais rien dire assurément d'offensant pour
sur le culte vrai à décerner au Créateur, sur personne. J'exprime un fait, la logique du
les conditions de réconciliation et d'union libre examen et de l'indépendance absolue
avec lui, tandis que la philosophie se tour- de l'idée humaine s'est plcineinenl produite
mente, se fatigue et ne balbutie que des et développée de nos jours dans la philoso-
chimères ou des erreurs. Seule, l'Eglise af- phie de Hegel et dans les philosophics ana-
firme et définit tout sur ces points entre les logues. Mais que sont ces philosophics? La
académies flottantes , entre les philosophics subversion entière de toute réalité et, par
divergentes et incertaines, entre toutes les suite, de toute morale, de toute religion,
ignominies de la pensée. Qu'on ne dise pas de tout ordre social. Et les- peuples remués
que dans ces solutions il se rencontre des jusque dans leurs fondements, toutes les
mystères. Comment n'y en aurait-il point, bases intellectuelles et politiques ébranlées,
puisqu'il s'agit de l'infini ? N'y en a-l-il pas ne signalent que trop, dans un grand nom-
partout ? Les mystères sont un nouveau bre, les effets de l'abandon funeste où l'on a
bienfait : ils fixent à jamais l'esprit en pré- prétendu laisser le pouvoir régulateur des
sence des profondeurs divines, et ils sont les croyances et des doctrines religieuses.
flambeaux du monde; car la foi ne se borne « Il faut hardiment prononcer que l'auto-
pas à rallumer les flambeaux, de la raison rité catholique est le palladium vrai et le
que nous avions éteints, elle y allume de gardien sauveur de la liberté même de pen-
nouvelles et célestes clartés. ser ; car elle lui évite la folie, ce qui est bien
«Dieu se féconde lui-même et trouve un grand service à lui rendre. C'est donc la
dans son essence intime les termes réels et raison elle-même qui accepte l'autorité ca-
distincts de son activité infinie, sans que ja- tholique, qui l'accepte et l'embrasse élroite-
mais une création lui ait été nécessaire le : ment, parce qu'elle la voit évidemment
dogme de la Trinité nous le montre. La sa- acceptable et certaine... L'Eglise seule au
gesse incréée s'incarne pour nous servir de monde lui apparaît remplissant réellement
modèle et nous instruire, mais surtout pour les conditions de cette autorité nécessaire.
le rachat du genre humain par le sang d'un Antique, pure, sainte, le fnmt ceint des
sacrifice tout divin le besoin de réparation
: gloires des martyrs et du génie, l'Eglise
et de rachat est le cri de l'humanité... Allez poursuit jusqu'à nous sa marche majes-
dire à saint Augustin, allez dire à saint Tho- tueuse et calme, au milieu des oscillations et
mas et à Bossuel que les mystères de la foi des tempêtes. Elle tient déroulées dans sa
chrétienne entravent et arrêtent l'élan de la main les traditions sacrées de l'Evangile et
raison ainsi que du génie. Us vous répon- de l'histoire , qui ont marqué du sceau de
dront qu'ils n'ont de lumières que par les l'institution divine son origine et sa durée.
mystères, qu'ils n'ont connu que par eux le L'Eglise parle aux yeux, à la conscience,
monde, l'homme et Dieu; et dans leurs éton- au bon sens, au cœur, à l'expérience; elle
nantes élévations sur la foi ils vous ravi-
, parle le langage des faits et des vérités dé-
ront d'admiration et vous inonderont de clar- finies qui rencontrent toujours dans les âmes
tés divines. Ainsi, la raison veut et doit vou- sincères, avec le secours divin, un assenli-
loir des solutions sur les plus gramies ques- menl généreux et paisible. La raison, sou-
tions, sur les plus grands intérêts elle ne les : tenue de la grâce, attache alors sûrement à
trouve que dans l'autorité catholique seule. la colonne de l'aulorité les premiers anneaux
« 'i-° Enfin, la philosophie et la r.iison ré- de la chaîne; ses convictions les plus intimes
clament avec justice un principe fécond de s'unissent en Dieu même à la foi enseignée.
science, de civilisation, mais d'ordre éga- L'homme, éclairé d'en haut, habite alors
lement. Pour la science, que faut- il? Des une grande lumière , loin du doute, loin des
jioints de départ et des données fixes. Sans recherches et des anxiétés pénibles. ..Et c'est
ce secours, nul n.oyen d'avancer, puisque ainsi qu'à l'ombre del'aulorilé catholique et
les découvertes sont rares et que l'intuition de la doctrine, la société s'avance dans les
puissante du génie n'apparaît qu'à des in- voies régulières de la science et de lacivilisa-
tervalles éloignés dans un bien petit nom- tion,de la force et de la prospérité véritable.»
bre. Ces points de départ ces données
, En outre, il faut prouver que ce que la
fixes , c'est l'aulorité calholicjue qui les philosophie n'obtient pas de l'Eglise, elle n'a
fournit en définissant, d'une manière cer- pas le droit de l'exiger.
taine , Dieu la création l'âme humaine ,
, , Plaeée en présence de l'autorité catholi-
sou iminurtalité, sa liberté, sa fin dernière, que la philosophie n'obtient pas :
,
gence, Dieu soil l'inférieur et la raison le faire descendre trop bas et l'homme et son
maître. Non il faut savoir que Dieu règne,
; auteur l'homme, dont le besoin religieux
:
Mais non; on veut rêver à loisir, se bercer ne craint pas de nommer, à la vue d'une
dans des nuages construire a priori un
, aberration si triste, d'une méconnaissance
monde et un christianisme aventureux et si profonde de l'humanité, je n'ai plus le
des systèmes sans fin, quand Dieu, créateur courage de rien dire; je ne sais que m'affli-
et réparateur, a bâti de ses mains l'univers ger en silence. Non, non, ce progrès n'est
catholi(iue. pas un droit il n'est qu'une parole violente,
;
glise. Qu'avez-vous? Vous repoussez ces 2° L'Eglise étant unique et renfermée dan»
dogmes inlolérants ils attentent à la liberté
; une seule communion, il fallait qu'elle fût
de philosophie et de la science. Ils arrê-
la du côié de Novatien ou de celui de Corneille.
tent le développement de la civilisation et 3' Novatien ne pouvait pas donner le nom
de l'amour vrai entre les hommes. Alors, il d'Eglise à son pjirti, parce qu'il était destitué
n'y a plus de liberté, de science, de vertu ni de la succession des éNêques, ayant été or-
d'amour, que là où ne se trouve plus la vé- donné hors de l'Eglise.
rité, où même elle devient impossible; oui , k° Les hérétiques et les schismatiques
étant destitués du Sainl-Espril ils ne pou-
la vérité est impossible dans l'égalité pré- ,
tendue de toules les croyances et de tous les vaient pas le conférer à ceux qu'ils bapti-
dogmes aux yeux de la conscience humaine. saient, non plus que le pardon des péchés,
« Au contraire, l'unité cilholique de foi qu'on ne pouvait accorder sans avoir le
et d'Eglise est le lien parfait de la snciélé et Sain-l-Esprit qu'on ne peut se sauver hors
:
de la charité de tous les hommes. Ceux qui de la vraie Eglise que p.ir conséquent on
;
croient, on les tient clroilement embrassés; n'avait point de vrai baptême hors de l'E-
ceux qui s'égarent, on les cherche ; le zèle, glise, etque Novatien ne pouvait regarder
amour véritable, les appelle, les attire par son parti comme la vraie Eglise, ou qu'il
tous les efforts. Et telle est la raison même fallait dire que Corneille, le seul légitime
de la lutte soutenue avec constance par l'E- successeur de Fabien, Corneille, qui avait
glise contre les séparations et les erreurs : remporté la couronne du martyre, était hors
ellemène et dirige ainsi avec force sa barque de l'Eglise enfin il prouve, p.ir l'exemple des
;
de salut parmi les naufrages et les tempêtes, tribus schismatiques d'Israël, que Dieu hait
aûn d'arracher à la mort les victimes ballot- les schismatiques qu'ainsi, ni les schisma-
;
tées çà et là au gré de tous les vents. tiques, ni les héréli(iues n'ont le Saint-Esprit.
«Pauvre voyageur, arrête fatigué dans la I Saint Cyprien dit, dans celle lettre, tout
course au milieu des flots, éloigné de la ce qu'on peut dire en faveur de son senti-
roule, sans guide et sans boussole, lu vas ment ; cependant elle ne leva pas toules les
périr. Insensé, tu cherchais un monde nou- difficultés des évêques de Numidie. Dix-huit
veau, il est trouvé ; tu croyais commander évêques de cette province écrivirent de nou-
en maître à l'Océan, Dieu seul y règne. Tu veau à saint Cyprien, qui convoqua un con-
dédaignais, pour voguer au loin, le» routes cile dans lequel on déclara que personne ne
vulgaires et les lois d'une longue expé- pouvait être baptisé hors de l'Eglise.
rience tu voulais avancer toujours et con-
: Malgré la décision du concile d'Afrique ,
quérir toujours; tu prétendais n'avoir plus beaucoup d'évêques préféraient la coutume
besoin ni du port ni du pilote, et tu n'as ancienne au sentiment de Cyprien, qui con-
rencontré que déceptions amères, anxiétés voqua un nouveau concile, où les évêques
cruelles, luttes violentes; trop souvent s'en- de Numidie et d'Afrique se trouvèrent ce :
Ir'ouvrit devant tes yeux l'abîme du déses- second concile confirma la décision du pre-
poir et de la mort. Regarde près de toi ! mier concile de Carlhage sur la nullité du
navigue en paix le vaisseau vainqueur des baptême des hérétiques. Le concile informa
mers seul il t'offre un refuge assuré et te
; le pape Etienne de ce qu'il avait jugé ; mais
promet le voyage sans péril. » le souverain pontife condamna le jugement
REBAPTISANTS. C'est le nom que l'on des Pères de Carlhage.
donnait à ceux qui prétendaient qu'il fallait La lettre de saint Etienne est perdue; mais
rebaptiser les hérétiques cette erreur fut
: on voit, par celle de saint Cyprien, que ce
d'abord soutenue par Agrippin, ensuite par pape insistait beaucoup sur la tradition et
saint Cyprien, et adoptée dans le quatrième sur la pratique universelle de l'Eglise, dans
siècle par les donatisies. laquelle il ne faut rien innover.
L'an 255, on commença à disputer en Saint Cyprien , pour se soutenir contre
Afrique sur le baptême des hérétiques. l'autorité du siège de Rome, convoqua un
Les novatiens rebaptisaient tous ceux troisième concile, composé de quatre-vingt-
qui passuieni dans leur parti. Un nommé sept évêques africains, numides et maures :
d'Afrique, OU une menace de se séparer (ie saint tranquille dans l'Europe ; toutes les Eglises
Cyprien ; ot ce sont cependant les deux étaient unies par la même foi, par les mêmes
pnuvps qu'on apporte pour élablir que sacrements, toutes étaient soumises au sou-
excommunia saint Cvprien (1).
saint Etienne verain pontife et le regardaient comme le
Le pape Etienne mourut, et Sixte, sim .chef de l'Eglise.
successeur, ne poussa pas plus loin la con- Léon X, qui occupait alors le siège de
testation de la valiililé du baptême des hé- Rome, envoya des indulgences en Allemagne,
réli()ues, qui fut décidée conformément au en Suisse un intérêt sordide en abus(; Lu-
;
;
jugement du pape Etienne dans un concile ther s'élève contre cet abus et attaque en-
plènier. Nous n'examinerons point si ce suite les indulgences mêmes, le pape et
concile est le concile de Nicée ou celui d'Ar- l'Eglise ; la moitié de l'Allemasue s'arme
les celte question n'est (raucuiie impor-
;
pour Luther et se sépare de l'Eglise romaine;
tance, puisque par l'un et par l'autre con- le [) ineuiarik, la Suède, une partie de la
cile il est certain que le baptême des héréti- Hongrie et de la Pologne sont entraînés dans
ques est valide. le schisme. Voyez l'article Luther.
Saint Cyprien n'appuyait son opinion que Dans le même temps
Zuingle, curé en ,
ne sort de la vraie Eglise que par l'hérésie , en adopte une partie ils troublent les Pays-
;
il ne remonte pas lui-même au delà d'Agrlp- furent les anabaptistes, qui se divisèrent en
pin, son prédécesseur. treize ou quatorze sectes (voyez l'article Ana-
Mais, dira-t-on, comment donc l'usage de baptistes); les sacramenlaires qui se divi- ,
rebaptiser les hérétiques s'était-il établi? Le sent en neuf différentes branches ; les con-
voici : fessionistes, partagés en vingt-quatre sectes ;
Il s'était élevé dans l'Eglise des hérétiques les extravagants, ()ui avaient des sentiments
qui avaient altéré la forme du baptême, tels opposés à la confession d',\ugsbourg, et qui
que les valentiniens, les basilidiens, etc. Le se divisèrent en six sectes yvoyez l'ariicle
baptême de ces hérétiques était nul, et on Luther et Luthériens) les calvinistes, qui ;
pris le lilre d'Eglises réformées se sont sépa- ciété, une nouvelle Eglise; ils ont établi de
rées (le l'Eglise romaine. Le fondement de nouveaux pasteurs, ils ont usurpé le mini-
cette séparation est 1° que l'Eglise romaine
: stère ecclésiastique, ils ont prononcé ana-
était lomhée dans des erreurs qui ne per- thème contre l'Eglise romaine, ils ont dé-
mettaient pas de rester dans sa communion; gradé et chassé ses pasteurs.
2° que l'Ecriture était la seule règle de notre La séparation des protestants est donc un
foi 3° que 'oui fidèle était juge du sens de
; schisme inexcusable car l'usurpation du
;
cesseurs des apôtres, qu'il appartient de core qu'une Eglise fût hérétique, il ne serait
juger des controverses de la religion. pas plus permis de la calomnier et d'em-
§ I. — Les erreurs que les prétendus réfor- ployer la trahison pour en faire mourir les
pasteurs.
més reprochent à l'Eglise romaine n'ont
Ainsi, quand même l'Eglise romaine serait
pu autoriser leur séparation.
hérétique et idolâtre, ce qui est une suppo-
Les réformés prétendent justifier leur sition impossible, les réformés n'auraient
schisme par ce raisonnement. pas eu droit d'établir un nouveau ministère
On ne peut demeurer uni à une secte qui ni d'usurper celui qui était établi, parce que
oblige à faire profession de diverses erreurs ces actions sont défendues par elles-niêmes,
fondamentales , et à pratiquer un culte sa- l'usurpation de la puissance pastorale sans
crilège et idolâtre comme l'adoration de mission étant toujours criminelle et ne pou-
l'hostie, etc. vant être excusée par aucune circonstance
Or l'Eglise romaine oblige à faire pro- étrangère.
fession de diverses erreurs fondamentales , Car c'est une usurpation criminelle que
et à pratiquer un culte sacrilège et ido- de s'attribuer un don de Dieu que l'on ne
lâtre. peut recevoir que de lui seul telle est la :
On ne
peut donc pas demeurer dans sa puissance pastorale, à moins qu'on ne soit
communion, et tous ceux qui sont persuadés assuré de l'avoir reçue et qu'on ne puisse le
de la fausseté de ses dogmes et de l'impiété prouver aux autres.
de son culte sont obligés de s'en séparer. Or, Dieu n'a point révélé que, dans le temps
Nous avons fait voir que l'Eglise romaine de la nouvelle loi après le premier éta-
,
n'est tombée dans aucune erreur. Voyez les blissement de l'Eglise, il communiquerait
différents articles Luther, Calvis, Zcix- encore en quelques cas extraordinaires sa
GLE, etc., et les protestants les plus éclairés puissance pastorale par une autre voie que
ont été forcés de reconnaître qu'elle n'ensei- par la succession.
gnait aucune erreur fondamentale (1). Par conséquent, personne ne peut s'assu-
Nous allons présentement examiner le so- rer de l'avoir reçue hors de cette succession
phisme des protestants, indépendamment de légitime ; tous ceux qui se la sont attribuée
cette discussion. sont notoirement usurpateurs i2).
Il y a une séparation simple et négative, se convaincre pleinement de cette
Pour
qui consiste plutôt dans la négation de cer- vérité, ne faut que se rappeler l'état dans
il
tains actes de communion que dans des ac- lequel ont été les réformés, selon les hypo-
tions positives contre la société dont on se thèses mêmes des ministres ; car on ne peut
sépare. se les représenter autrement que comme des
11 y a une autre séparation qu'on peut hérétiques convertis. Ils avaient été adora-
appeler positive , qui enferme l'érection teurs de l'hostie, ils avaient invoqué les
d'une société séparée, l'établissement d'un saints et révéré leurs reliques ; ils avaient
nouveau ministère, et la condamnation po- ensuite cessé de pratiquer ce culte, ils étaient
sitive de la première société à laquelle on donc devenus orthodoxes, selon eux, par
était uni. changement de sentiment, et c'est ce qu'on
Les prétendus réformés ne se sont pas appelle des hérétiques convertis.
contentés de la première séparation qui , Tout hérétique perd, par l'hérésie dont il
consiste à ne point communiquer avec l'E- fait profession, le droit d'exercer légitime-
glise romaine dans les choses qu'ils préten- ment les fonctions des ordres qu'il a reçus,
daient être mauvaises et défendues par la quoiqu'il conserve le droit d'exercer valide-
(1) Tillolson, Serra., t. III, serm , II, p. 71, Cliiliug- une voie sûre.
von, dans l'omrage iuliUilé : La religioQ ['roleslante est (2) Préjugés
Prcjngéslégilimes, p. lôS, etc.
29 REF REF 36
nient CCS ordres ; il faut, pour recouvrer successeurs des apôtres ont-ils oublié la doc-
l'exercice légitime de son autorité, se récon- trine qu'on leur avait confiée?
tilicr à l'Eglise. Mais s'il n'y a plus de corps chargé du
Mais à quelle Eglise les prétendus rélor- dépôt de la doctrine, par quelle voie savons-
niés se sont-ils réconciliés? Ils ont tenu une nous donc qu'il n'y a que quatre Evangiles,
conduite bien différente, ils ont commencé que l'Evangile contient la doctrine de Jésus-
par assembler des Eglises sans autorité, sans Christ? Comment a-t-on distingué les vrais
dépendance de personne sans se mettre en , Evangiles de cette foule de faux Evangiles,
peine s'il y avait ou s'il n'y avait pas une composés par les hérétiques des premiers
Eglise véritable à laquelle ils fussent obligés siècles? Comment aurail-on pu connaître les
de s'unir (1). altérations faites à l'Ecriture, s'il n'y eût pas
Les réformateurs n'ont donc pu avoir eu un corps subsistant et enseignant qui ,
qu'une mission extraordinaire, et c'est la avait reçu et qui conservait par tradition ce
prétention de Bèze, de Calvin, etc. (jue Jésus-Christ et les apôtres avaient ensei-
Mais une vocation extraordinaire a besoin gné? Saint Paul ordonne aux Thessaloniciens
d'être prouvée par des miracles, et les réfor- de demeurer fermes et de conserver les tra-
mateurs n'en ont point fait; tous les catlio- ditions qu'ils ont apprises, soit par ses pa-
liques qui ont traité les controverses ont mis roles soit par ses écrits (3).
,
ces points dans le plus grand jour (2). Ce même apôtre ordonne à Timothée d'é-
Les prétendus réformés ont donc érigé une viter les nouveautés profanes des paroles et
Eglise sans autorité, et par conséquent ils toute doctrine qui porte faussement le nom
sont schismatiques , puisqu'ils si; sont sé- de science il veut qu'il
; se propose pour
parés de la société qui était on possession du modèle les saintes instructions qu'il a enten-
ministère, et de laquelle ils n'ont point reçu dues de sa bouche touchant la foi. Les Co-
de mission. l'inthiens ont mérité d'être loués, parce (juils
Jésus- Christ a enseigné sa doctrine de donc une tradition ou une doctrine qui se
vive voix, et c'est ainsi que les apôtres l'ont
transmet de vive vois et que l'on doit con-
publiée. Jésus-Christ ne leur ordonna point
server comme lu doctrine contenue dans
l'Ecriture sainte.
d'écrire ce (ju'il leur enseignait, mais d'aller
le prêcher aux nations et de l'enseigner. Ce
Ce fut par le moyen de !a tradition quo
ne fut que longtemps après l'établissement l'Eglise confondit les hérétiques des pre-
du christianisme et pour des circonstances miers siècles , les valentiniens , les gnos-
particulières que les apôtres écrivirent tous tiques, les niarcionites, etc. (5).
;
n'écrivirent ;pas, et ceux qui ont écrit n'ont Tous les conciles ont combattu les erreurs
pas écrit à toutes les Eglises. par la tradition. Ces faits sont hors de doute ;
ils peuvent être ignorés mais ils ne peuvent
,
chargé do l'enseigner.
prise comme l'insiruclion du corps visible
Ce corps l'avait reçue et transmettait la
chargé du dépôt de la foi , ne peut jamais
par la voie de la tradition; c'était en vertu
être incertaine ; sou incertitude entraînerait
de l'institution même de Jésus-Christ que ce
celle du christianisme.
corps était chargé d'enseigner la doctrine
qu'il avait reçue.
ij m. — // n'appartient qu'aux premiers pas-
Ce corps a-'t-il perdu le droit d'enseigner, teurs, successeurs des apôtres, déjuger des
de|)uis que les évangélistes et les apôlres ont controverses de la foi , et non pas aux
écrit? Jésus-Christ a-t-il marqué cette époque simples fidèles.
pour la On du ministère apostolique? Les Jésus-Christ a conGé à ses apôtres la pré-
( I ) V'oi/ej li'S professions do toi ilos synodes de Gap, île (j) l Cor., XI, i.
l;i Unclirlle; MM. de ValteiiLiourg, d.iiis leur U-ailé do la {>) Ireii. advoisus gnosl., I. m, c. 2.
ir. ssioii des (iroieslauls. (6) Kiver, Tr-iclalus de PP. auclorilale;
Genevae, 1(560.
(:2) l'réteuUus réformés con^aiucus d,; scliisme, I. in, Tiailé de l'emploi des Pères pour l' jugement des dill6<
rends en h religion, par Jean Uaillé; Guuô\e, 1752.
{3)IITbess., 11, IS.
îl DlCTlOiNNAlKE DES HERESIES, S-2
confla aux apôlres et à leurs successeurs, miers pasteurs sont juges du sens de l'Ecri-
il est clair qu'ils sont seuls juges de la doc- lure et des controverses qui s'élèvent sur ce
trine. Le ministère de l'instruction n'est sens.
point différent du ministère qui prononce Troisièmement, sans disputer sur la clarté
sur les différends de religion : comment au- de l'Ecriture et sans examiner si elle contient
pour enseigner
raient-ils l'auloriié suflisanle tout ce qu'il faut croire pour être sauvé, je
la doctrine de Jésus-Christ jusqu'à la con- dis que, lorsque corps des pasteurs dé-
le
sommation des siècles s'ils n'avaient pas ,
clare (ju'un dogme appartient à la foi , on
l'auloriié de juger et s'ils pouvaient se trom- doit le croire avec la même certitude avec
per dans leurs jugements? Les confessions laquelle on croit que le Nouveau Testament
que nous avons cilces dans une noie sup- contient la doctrine de Jésus-Christ. Tout ce
posent ce que nous avançons ici. qu'on dirait pour attaquer le jugement de ce
La doctrine de l'Eglise romaine sur l'in- corps ,
par rapport au dogme attaquerait ,
faillibilité des jugements des premiers pas- également la vérité et l'auihenlicité de l'E-
teurs est la doctrine de toute l'antiquité : criture, que nous connaissons par le moyen
l'histoire ecclésiastique entière sert de de ce corps, comme nous l'avons fait voir ci-
preuve à cette verilé que les protestants
,
dessus, § 11.
ont reconnue dans presque toutes les con- Quatrièmement, la voie de l'examen, que
fessions que nous avons citées. l'on veut substituer à l'autorité de l'Eglise, est
Ce n'est donc point au simple fidèle à dangereuse pour les hommes les plus éclai-
juger des controverses de la foi. rés, impraticable pour les simples; elle ne
Si le simple fidèle jugeait des contro- peut donc être la voie que Dieu a choisie
verses de la foi, ce ne pourrait être que pour garantir les chrétiens de l'erreur^ car
par la voie de l'inspiration ou par la voie Jésus-Christ est venu pour tous les hommes;
d'examen. il veut que tous connaissent la vériléel qu'ils
Je demande, en second lieu, si , lorsqu'il suis assez instruit de l'Evangile, je sais lire
s'élève quelque contestation sur le sens de par moi-même, je n'ai pas besoin de vous(2j.»
(I) Confessio auguslana, art. o, 7, 8, 21. Cnniessiosaxo- fes^io argpniiiicnsis, c. 1.5. De oQicio eldigciil. iniaislr.,
nica. De Ecclfsia. Syiitagina contessioiium lùlei , quae in p. \»i. Cnnïess. Helvet., c. 17, p. 51 , 55. CoiilCoS. gallic,
diversis re^-nis ei iiacionilMis 'ueruiiledil:e; Genève, 1631, p 5, an. 2i. Coiifess. auglicaiia , p. 90.
in-i", p. ()«, 69, "0. r.onfessio Virlenilierg., De ordiue; (2) Cap., e;'. ad Farel, inler ep. Calvin., p. i, édiU de
ibid., (.. 119. Dr: Ecclesia, \>. 152. Co.ifessio bolie uica, arl. Geuève. Préjujjéa léyiUmes, p. ti7.
miner dans cette proposition, l'Eylise est équivalente à la voie (l'examen, puis(iu'elle
infaillible qu'on prétend (ju'ils reçoivent
,
met le simple fidèle en état de répondre aux
comme véritable, c'est qu'ils doivent savoir difficultéspar lesquelles on prétend rendre
ce que c'est que celte Eglise eu laquelle on sa croyance douteuse.
dit que réside l'infaillibiliié si l'on entend : Ce n'est point sur la parole des premiers
par là tous les chrétiens qui forment les dif- pasteurs que le simple fidèle se soumet à
férents corps des Eglises chiéiiennes, en leur autorité, c'est sur les raisons qu'ils
sorte que, lorsque C( s chrétiens disent d'un donnent de leur doctrine, sur des preuves de
commun accord qu'une chose est véritable, fait dont tout fidèle peut s'assurer, sur des
on se doive rendre à leur autorité; s'il suffit faits à la portée de tout le monde, attestés
que le plus grand nombre déclare un senti- par tons les oioniiments et aussi certains
ment véritable pour l'embrasser, et si cela que les premiers principes de la raison; en
est, si un petit nombre de sufl'rages de plus un mot, sur les mêmes preuves qu'on em-
ou de moins suffit pour autoriser ou pour ployait pour cnnvaiiicre l'hérélique et l'in-
déclarer fausse une opinion ; s'il ne faut con- iidèle, l'ignor.inl et le savant sur des laits
;
sulter que les scnlinicnls d'aujourd'hui, ou dont l'homme qui n'est ni stupub^ ni insensé
depuis les apôtres, pour connaître la vérité peut s'assurer cotiimc le philosophe, et sur
de ce sentiment qui sont ceux en (jui ré-
: lesquels ou peut avoir une certitude qui ex-
side l'infaillibilité; si un petit nombre d'é- clut toute crainte d'erreur; et, pour mettre
vêques assemblés et de la part ues autres le Clerc sans réplique sur ce point, je n'ai
sont infaillibles. besoin que de sou traité sur l'incrédulilé.
« En second lieu, savoir en quoi
ilfaut Ainsi, l'Eglise ne conduit point les fidèles
consiste proprement de
cette infaillibilité par le moyen d'une obéissance aveugle et
l'Eglise est-ce en ce (ju'clle est toujours
: d'iiistinci, mais par la voie de l'instruction
inspirée ou en ce qu'elle ne nous dit qn<' des et de la lumière; c'rsi par cette voie qu'elle
choses sur lesquelles elle ne peut si; Irom- conduit le fidèle jusqu'à l'autorité inlaillible
fier'MI faudra encore savoir si celte infail- de l'Eglise. Le fidèle élevé à cette vérité n'a
l'bilité s'étend à tout. plus besoin d'examiner et de discuter; il
« £u troisième lieu, il faut savoir d'où croit, saus crainte de se tromper, tout ce que
lui propose un corps de pasteurs chargés pnr pour toujours do la société chrétienne.
Jésus-Chrisl même d'enseigner, dont la mis-
•
REMONTRANTS, surnom donné aux hé-
sion et l'autorité est attestée par des faits rétiques arminiens, à cause des remontrances
hors de toute difficulté. qu'ils firent, en 1610, contre le synode de
L'Eglise catholique fournit donc aux sim- DorJrecht. Vouez .\rmimens.
ples Udèles un moyen facile, stir, infaillible, RENÉGATS. On donne ce nom à ceux
pour ne tomber dans aucune erreur contraire qui ont renoncé à la foi de Jésus-Christ pour
à la foi ou à la pureté du culte. Peut-on dire embrasser une fausse religion.
la même chose de la voie d'examen?
•
RETHORIUS. Philastre rapporte que
Les prolestants ont proposé sous mille Relhorius enseignait que les hommes ne se
faces différentes les difûcultés que nous ve- trompaient jamais et qu'ils avaient tous rai-
nons d'examiner les principes généraux
: son ; qu'aucun d'eux ne serait condamné
que nous venons d'établir peuvent résoudre pour ses sentiments, parce qu'ils avaient
toutes ces difficultés, au moins celles qui tous pensé ce qu'ils devaient penser (2). Ce
naérilent quelque attention. Nous avons système ressemblerait beaucoup à celui des
d'excellents ouvrages de controverse qui libertins, des lytitudinaires des indépen- ,
REJOUIS, secte d'anabaptistes qui riaient qu'il a causé de grands maux, surtout en
toujours. Voyez les différentes sectes des France, où il a servi de base à la malheu-
Anabaptistes. reuse révolution dont ce beau royaume res-
'
RELAPS, hérétique qui retombe dans sent encore les pernicieux effets, est le petit
une erreur ac-
qu'il avait abjurée. L'Eglise traité qu'il intitula: De la puissance eccle'sias-
corde plus dilficilement l'absolution aux hé- tique et politique. On dit que Richer le com-
rétiques relaps, qu'à ceux qui ne sont tombés posa pour l'instruction particulière d'un pre-
qu'une fois dans l'hérésie; elle exige des mier président du parlement de Paris, qui
premiers de plus longues et de plus fortes le lui avait detiiaudé et pour s'opposer ,
(l) La ré;orme arrive il sa fin; sa vie est épuisée. Sou principe par lequel la rélorme est arrivée à ses dernières
principe survit, car c'est le priin ipe éternellemenl sub- louséquei.ces de divis.on et d'épuisem» m. Car le docteur
6 stauttle ré\olle coulre Taulorité; mais il s'est déplacé. Pusey sent aus-i que l'Iiumanité s'ail'aisse par le dolant
11 a pjssé du temple au\ acadiniies, des académies aux d'uuiié morale. Mais, soigneux de la dignité de l'intelli-
tlubs politiques, et de la aux placis publiques. Avec ce gence, il ne lui impose pas des lois de fer. Il n'appelle pas
principe on avait tenté de faire des Eglises; oq n'a |as à son aide l s lilurg.es royales; il ne soumet pas l'umlé à
juéme fait de sectes; on a tout au tus fait des opinions.
;
des symboles fictifs, rédigés par un archevêque politique.
L'autorité des Klals réformés voit cette lin irrémédiable Il rend h la croyance sa liberté, et à la réunion de^ lidèles
liu prolestanlisme ; et elle la voit sans doute entourée leur con.^tilution naturelle, indépendanle de la hiérarchie
i'imagês .sinistres, comme si ce débiis de cbristianisnic séculière, laquelle ne saurait pénétrer dans la conscience
venant a manquer aux puuples, il ne devait plus rester de sansl'opi resser et la dégrader.
trace de morale humaine, et que le catbolicisme fiit non- Pans le puséysme tout se concilie, le besoin d'ordre et
avonu dans les conditions de l'ordre politique sur la Icire. d'unité, force secrète qui survit jusque dans les derniers
Que font donc U'S Etats oppressés de crainte devant cet éparpillements de l'anarchie, et le sentiment de la liberté,
avenir'? Ils veulent refaire une apparence de lieu social. lénioign.nge intime de la grandeur de l'homme, jusque
Ils r^ijusteut les parties d'un édillce brisé. Et comme la dans ses abaissements exlrêmes. Le puséysme réalise
réiorme a rempli sa destmée par un principe de liberté. l'unité par la dotlnne, lorsque les Etals la réalisent par la
Ils veulent lui faire une destinée meilleure par un principe force; si le puséysme est protcslant encore, du moins il
contraire. C'est-à-dire, les Etats appellent la force, comme est logicien ; car il publie la raison qu'il a de ne l'être plus.
loi de renouvellement de la réforme. Peu leur imporle Il ne lui manque que d'être conséquent, et déjà plusieurs
d'exterminer le principe de la réforme par cela même. Ils des docteurs les plus célèbres de cette école sont rentrés
m; font que remeitre en exercice le ilro t primitif des ré- dans le sein de 1 Eglise catbolique.
lornialeurs, qui prûclam.deut le droit (l'interprétation et (2) l'iilaslr. Mig., de Hœres., c. 72.
de (.royance, et brillaieut quiconque prenait au sérieux (3) Quoique nous ayons donné en français ces principes
pour son compte celte liberté. foudameniaux, nous croyons devoir les rapporter ici dans
i'i comment le protestantisme politique redeviendrait-il la l.ingue dont s'est servi l'aLteur, et d'après Tournely
quelque chose sans ces procédés violents'? Les Etats s eiTa ( Traité de Ordine, p. 7 }, pour la satisfaction de nos lec-
rojcbeutde l'éparpilleiiient des opinions Uumaines; ils ont teurs Oninis communilas seu socielas perfecla, etiani
:
r.iison ; ta barbarie est au ternie de cette anarchie. A ce civilis, jns habet ut sibi leges impoqal, se ipsam gubrrnct,
grand désordre, ils ne sauraient opposer l'unité de la foi ;
quod quidem jus in prima sua origine ad ipsammetsoiie-
is lui opposent l'unité de la force, t'.e remède est extrême, taiem perlinet, ci quidem modo magis proprio, singulari
et s'il n'est pas logique, il est nécessaire ; nous ne disons et immediato, qnam ad alium quemlibel privalum cum in :
pas qu'il soit etticace. ipso jure divino ac nalur^li fundaïuentnm babeal, adversus
Le remède ellicace et logique à la fois, ce serait celui (|Uod ueo aimorum tractu, ncc locorum privilegiis, uec
que proclame le puséysme d'Oxforl ; l'abandoii public du dignitale personaram pr%scribi unquam potest.
57 SAB SAB 38
principes fondamentaux de son sysU'-mo et Roscelin abjura son erreur; mais peu de
quelques-unes de ses propositions répiéhen- temps après il dit qu'il n'avait abjuré son
sibies. Nous avons prouvé aussi que le P. opinion que parce qu il avait appréhendé
Quesiiel a ressuscité ce même système dans d'être assommé par le peuple ignorant.
son livre des Réflexions morales, et nous Saint Anselme le réfuta dans un traité in-
avons démontré que ce système est opposé titulé :De la Foi, de la Trinité et de l'Incarnn-
à l'Ecriture sainte, à la tradition, aux déG- tion. Toute la réfutation de saint Anselme
nitions de l'Eglise, etc. porte sur ce principe si simple et si vrai :
Riclier donna, en 1020, une déclaration de c'est qu'il ne faut pas raisonner contre ce
ses sentiments, prolestant qu'il n'avait point que la foi nous enseigne, contre ce que l'E-
prétendu attaquer la puissance légilime du glise croit, et que l'on ne doit pas rejeter ee
souverain pontife, ni s'écarter en rien de la que l'on ne peut pas comprendre ; mais qu'il
foicatholique; mais le pape n'ayant point faut avouer qu'il y a plusieurs choses qui
été satisfait de cette déclaration,llicher en
sont au-dessus de notre intelligence (1).
donna une seconde et se rétracta même. Des
auteurs prétendent que ce dernier acte lui
*
ROSKOLNIKS ou Raskolmks. Ce sont
les seuls sectaires de l'Eglise russe, dont ils
avait été extorqué, qu'il ne fut pas sincère,
professent à peu près les dogmes, les diffé-
et qu'en même temps que Richer l'accordait
rences se réduisant à des objets extérieurs
par l'ordre du ministre, il écrivait dans son
et de peu d'importance, à une discipline plus
testament qu'il persistait dans les sentinients
sévère et à certaines coutumes et cérémo-
qu'il avait énoncés dans son traite. (Juand
nies superstitieuses. Ainsi, ils proscrivent
tout cela serait vrai, il ne s'ensuivrait riea
l'usage du tabac, qu'ils appellent Vlierbe. du
autre chose, si ce n'est que l'Eglise a eu dans
diable. Ces sectaires, au nombre tie 100,000,
la personne de ce docteur un ennemi opi-
.
la philosophie sur la fin du onzième siècle cipe, ils s'abandonnaient à toutes sortes de
(1092). Il avança que les trois personnes di- déréjilements (2).
vines étaient trois choses comme trois an- RUPITANS, nom donné aux donatistes ,
ges, parce qu'autrement on pourrait dire parce que, pour répandre leur doctrine, ils
que le Père
Saint-Esprit se sont incar-
et le traversaient les rochers qui s'esprimenl en
nés; le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne latin par rupes.
faisaient cependant qu'un Dieu, parce qu'ils
RUSSIEMS ou Rosses. Voyez Moscovites.
avaient le même pouvoir et la même vo-
lonté; mais il croyait qu'on pourrait les ap- KUSTAUX, nom donné à une secte d'ana-
peler trois Dieux, si l'usage n'était pas con- baptistes, formée de gens rustiques et de
traire à cette manière de s'exprimer. bandits sortis de la campagne, qui, sous pré-
C'est l'erreur des tritbéistes ; elle fut con- texte de religion, excitaient la sédition dans
damnée dans un concile tenu à CompièL;ne, les villes.
eu 10'J2.
*
SABBATAIUES on Sabbathiens. On a comme les juifs, et qui prétendent qu'il n'a
désigne sous ces noms
différents sectaires : été aboli par aucune loi dans le Nouveau
1° Des juifs mal convertis, qui, dans le pre- Testament. Us blâment la guerre, les lois
mier siècle de l'Eglise, étaient opiniâtre- politiques, les fonctions de juge et de magis-
ment attachés à la célébration du sabbat et trat; ils disent qu'il ne faut adresser des
autres observances de la loi judaïque. 2° Une prières qu'à Dieu le Père, et non au Fils, ni
secte du quatrième siècle, formée par un au Saint-Esprit.
certain Sabbathius, qui voulut introduire la S.\BELLIUS, embrassa l'erreur de Praxée
même erreur parmi les novatiens, et qui sou- et de Noet; il ne mettait point d'autre diffé-
tenait qu'on devait célébrer la pâque avec rence entre les personnes de la Trinité que
les juifsle quatorzième de la lune de mars. celle qui est entre les différentes opérations
On prétend que ces visionnaires avaient d'une même chose. Lorsqu'il considérait
la manie de ne vouloir point se servir de Dieu comme faisant des décrets dans son
leur main droite; ce qui leur fil donner le conseil éternel et résolvant d'appeler les
nom de sinistres ou gauchers, i' Une bran- hommes au salut, il le regardait comme
che d'anabaptistes, qui observent le sabbat l'ère: lors(iuece même Dieu descendait sur
Atjaelard, ep. 21, ad episcop. Paris. D'.AigcJilrû, Collc-.l. (2)l)up., THii" siècle, p. 190.
S9 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 40
la terredans le sein de la Vierge, qu"il souf- des êtres distingués les catholiques, par lîi
:
frait etmourait sur la croix, il l'appelait nature de la question, étaient donc portés à
Fils enfin, lorsqu'il considérnil Dieu comme
;
admettre entre les personnes divines ta plus
déployant son elficace d;ins l'âme des pé- grande distinction possible; puis donc que
cheurs, il l'appelait Saint-Esprit (1). les comparaisons de Denys d'Alexandrie qui,
Selon cette hypothèse, il n'y avait aucune prises à la lettre, supposent que Jésus-
distinction entre les personnes divines les : Christ est d'une nature différente de celle du
titres de Père, de Fils et de Saint-Esprit n'é- Père, ont été regardées comme des erreurs,
taient que des dénominations empruntées parce qu'elles étaient contraires à la con-
des actions différentes que Dieu avait pro- substanlialité du ^"erbe il fallait que ce ,
duites pour le salut des hommes. dogme fût non-seulement enseigné distincte-
Sabellius ne faisait que renouveler l'hé- ment dans l'Eglise mais encore qu'il fût re-
,
saint Epiphane dit que les sabelliens étaient naient que le Père, le Fils et le Saint-Esprit,
répandus en assez grand nombre dans la n'étaient ni des noms différents donnés à la
Mésopotamie et autour de Rome. Le concile nature divine à cause des différents effets
de Conslantinopie, en rejetant leur baptême, qu'elle produisait, ni trois substances, ni
fait voir qu'ils avaient un corps de commu- trois êtres d'une nature différente. La
nion en 381. Saint Augusiin a cru que cette croyance de l'Eglise sur la Trinité était donc
secte était tout à fait anéantie au commence- alors telle qu'elle est aujourd'hui , et c'est
ment du cinquième siècle (2). dans Jurieu une ignorance grossière d'ac-
L'erreur de Sabellius a été renouvelée cuser l'Eglise catholique d'avoir varié sur ce
par Pholin dans le quatrième siècle et par dogme.
les antitrinitaires (3); nous traitons dans â* L'exemple de Denys d'Alexandrie fait
ce dernier article des principes du sabellia- voir qu'il ne faut pas juger qu'un Père n'a
nisme. pas cru la consubstanlialité du V^erbe, parce
Denys d'Alexandrie combattit avec beau- qu'on trouve dans ce Père des comparaisons
coup (Je zèle et de succès l'erreur de Sabel- qui, étant pressées et prises à la rigueur,
lius; mais on trouva que, pour mettre une conduisent à des conséquences opposées à ce
différence plus sensible entre les personnes dogme.
de la Trinité, il mettait de la différence en- Sandius, qui veut trouver l'arianismedans
tre la nature du Père et du Fils car il vou- ; tous les Pères qui ont précédé le concile de
lait faire entendre la distinction du Père et Nicée, prétend que Denys d'Alexandrie n'a
du Fils parla distinction qui est entre la vi- jamais fait l'apologie de sa doctrine contre
gne et le vigneron, entre le vaisseau et le Sabellius, ni donne les explications dans
charpentier. lesquelles il reconnaît la consubstanlialité
Aussitôt que Denys d'Alexandrie fut in- du \ erbe, parce qu'Eusèbe ni saint Jérôme
formé des conséquences qu'on lirait de ses n'en ont jamais parlé, et que Denys d'A-
comparaisons, il s'expliqua sur la divinité lexandrie était mort avant queDenis, auquel
de Jésus- Christ et déclara qu'il était de elle est adressée fût élevé sur le siège de
,
(1} Théodor., Haerel. Fab., 1. ii, c. 9. i;uiLb., 1. vi, c. (4) Sandius, de Scripi . Eccles., p. 42. Neucleus, Hisl.,
1-2.
7. Epipli., li*r. fia. 1. 1, p.
(i) Aiigusl., de Hser., c. 4. (.3) Eusèbe, Hisl. Ecclés., 26. Hieron. de Script
1. vu, e.
(3) C'esL encore aujourd'hui !i doctrine des sficiiiiens. Eccles., c. tJ9, p. 8S. Atliau, de Svnod., p. 918.
(fidiM (C) Ibid.
il SAI SAI 45
branche de tatianistes qui s'habillaient d'un convenable de la méthode positive, fondée
sac pour marquer mieux leur renoncement par Bacon, Descartes, elc.
aux biens de ce monde. Et souvent sous cet La division ne tarda pas à se mettre parmi
habil, ils cnchaient une condiiile liès-déré- les rédacteurs du Producteur. Ceux qui, dans
gléc. L'Eglise qui connaissait leur hypocri- la suite, formèrent la famille saint -simo-
sie, n'bésila jamais de condamner ce v;iin nienne trouvaient que Comte et ses amis
appareil do morlificalion , auquel le peuple s'occupaient trop exclusivement de questions
ne se l;iisse prendre que trop aisément. matérielles eC positives; qu'ils laissaient un
{Codex l'heod., I. 7,9 cl 11; Basil., ep. ad vide, qu'ils avaient oublié de regarder une
Amphiluchum, can. hl.) des faces de la nature, la face la plus noble
'
SACIENS , nom donné aux anthropo- et la plus belle, celle de Vamour ou de la
morphiles. Voyez ce mol. femme. Ils prétendaient que la reliqion des
SACIIAMENTAIHES c'est ainsi qu'on
: producteurs était trop exclusivement pour
appela cahinislcs et les zuingliens qui
les l'honmie, et qu'il en f.illait une qui fût pour
niaient prcsenie réelle.
la l'homme et pour la femme. En conséquente,
SAGAKEL. Voyez Segarel. supposant que le christianisme élail mort,
SAl.NT-SLMOMS.ME. Secle qui
•
après , cequ'au reste tous les producteurs pensaient
avoir fait quelque bruit, esl morle dans ces aussi, ils entreprirent de le remplacer par
dernières années, et donl le souvenir se lie à une religion nouvelle de là la suspension
:
formes , sans réussir jamais à frapper les bonheur universel, le respect même avec
esprits; qu'enfin, comme mora/iste, il s'était lequel ils parlaient du christianisme, langage
suicidé.» Sur le dernier point, il y aurait bien si difl'érent de celui du philosophisme vol-
d'autres choses à dire ceux qui l'ont connu
: tairien, firent alors impression sur l'imagi-
savent en effet comment il a donné le pre- nation dujeune Dory.
mier l'exemple de celte émancipation que A la place du Producteur qui avait cessé
ses disciples prêchèrent à la femme. Quoi de paraître, VOrganisateur eut mission d'in-
qu'il en soit de sa conduite et de ses ouvra- Irodnire l'élément religieux dans la science
ges, Saint-Simon n'exerça guère d'influence positive : aussi le journal pril-il dès l'a-
,
pendant sa vie, qu'il termina obscurément bord, un Ion mystique et inspiré. Bientôt,
en 1825. s'apercevant qu'une religion sans hiérarchie,
Quelques idées positives exposées dans ses sans prêtres, n'était pas viable, les novateurs
écrits ou dans ses entreliens avec un petit se partagèrent en apôtres et disciples, pères
nombre d'amis furent exploitées après sa et fils, la réunion des affiliés s'appi la famille,
mort, dans le Producteur. et liur religion. Eglise snint-simonienne ; la
Plusieurs de ces écrivains ne considéraient suprême autorité était concentrée entre les
les questions (|ue sous le point de vue ma- mains d'Enfantin et de Bazard, (jui portèrent
tériel ou industriel Comte essaya de les
: le titre de Pères suprêmes, mais qui avouaient
régulariser en système. Les principes fon- n'avoir reçu que par l'intermédiaire d'O.
damentaux de sa doctrine étaient que le Kodrigues , disciple de Saint-Simon, les
genre humain avait passé d'abord par une inspirations du maître dont ils voulaient
ère de ihéoluyie et de poésie; alors c'était continuer et perfectionner l'œuvre. l'Iusieurs
Vimagination qui régnait .sur b's hommes. de ceux que cette organisation laissait dans
Puis était venue une ère de philosophie, ou les rangs inférieurs, blessésdans leuramour-
d'abstraction pure ; ce (jui fut le règne de la pronre, renoncèrent au titre de fils cl se sé-
pensée. De Comte, devait dater l'ère de la parèrent des deux pères.
science des choses positives, le règne de la Peu connus avant la révolution de 18.%
,
réalité. Quant aux idées religieuses, il sou- les saint-simoniens levèrent la tête aussitôt
tenait que, salutaires à des époques déjà après. Le Globe, organe des doctrinaires qui
fort éloignées, elles ne pouvaient plus avoir, professaient le libéralisme avancé et intelli-
dans Vétat viril actuel de la raison humaine, gent, et dont la religion se réduisait à un
qu'une influence rétrograde, et qu'ainsi il éclectisme pliilosophi(|ue mi-partie de la doc-
fallait se hâter de les remplacer par des trine allemande de Fichle et de la doctrine
idées positives. Suivant lui, on ne pouvait écossaise de Keid, fut acheté par les sectaires.
obtenir une véritable rénovation des théo- Comme le Producteur, il rendait justice à
ries sociales et,: parlant, des inslitutions l'action que le christianisme, doctrine bouno
politiques, qu'en élevant ce qu'on appelle et divine, avait exercée sur la civilisation,
les scimces morales et politiques à la dignité en déclarant toutefois quï^ avait fait son
de sciences physiques 1 1 par l'application
, temps.
DlCTI0!1>4IHE DES HÉRÉSIES, il.
i3 DlCTIONNAraE DES HERESIES. 44
Les saiiit-simoiiiens, s'atlachant à déve- tandis que la perfectibili!/: philosophique et
lopper ce principe furent souvent bien
, saint-sin;onienne n'a aucune base hisl(iri((ue
inspirés lorsqu'ils exposaient leurs vues sur ou révélée. Au contraire, elle part de V'étnt
les destinées passées du christianisme, et ils sauvage, et même de l'état de nature dans
apprirent ainsi à leurs auditeurs ce qu'il lequel le genre humain aurait commencé, et
fallait penser des ignorants dédains de la d'où il se serait élevé par ses propres forces;
philosophie du dix-huilièmc siècle. Malheu- et l'on conçoit que, si le genre humain a en
reusement , ils ajoutaient « La religion : effet progressé, de ['état de nature où il vi-
chrétienne est mourante voyez le peu de
: vait, sans parole, sans pensée, sans Dieu, à
bruit qu'elle fait elle est impuissante
;
: l'état actuel, on peut espérer qu'il progres-
voyez ladissolution des mœurs actuelles ; sera jusqu'à une espèce de déification. Mais
elle est niorle; voyez le peu de foi de ses cet état de nature est non-seulement une
enfants. Donc, il faut la remplacer et mieux erreur religieuse, une hérésie, mais encore
faire qu'elle. » En conséquence, allaient-ils une erreur hisloriqui', laquelle n'est plus
épurer les mœurs doinpier les passions,
, admise que par ceux qui, sans examiner ce
éloufîer la coiirupiscence'? Ce résultat, que point de fait, le prennent tel i]ue le présente
le christianisme ne kur paraissait pas avoir le commun de nos vieux iiistnriens ou ,
la règle, changer la foi, changer les notions aucune base historique ou révélée.
du bien et du mal, du beau et du laid. Or, Ce qui préiède fait, du reste, comprendre
ceci est le changement même de la révéla- pourquoi les saint- simoniens ont voulu
lion, et par conséquent de l'histoire, do Ihu- changer la nature de Dieu. Le père suprême
luanilé, de Dieu. Ils l'avouaient, et de là leurs Enfantin a formulé le syniholc suivant, qui
dogmes principaux: parait avoir é é celui de 1 Eglise sainl-simo-
Leur Dieu-Tout , ou panthéisme uni- nienne jusqu'au nioinent de sa dissolution :
versel. « Dieu est tout ce qui est; tout est en lui,
La négilion du péché originel. tout est par lui; nul de )iOi(« n'est hors de
La prétention de rchabiliier la
chair. lui;mais aiiciin de nous n'est lui. Chacun de
L'abolilinn de l'hérédité. nous \\\. (le sa vi ', et tous nous communions
La suppression de tout lieu de punition en lui, c'iril est tout ce qui est. » En vain
après mort.
la dirait-on que celte proposition mais aucun :
la déiGcation de Saint-Simon et
Knfiii, de nous n'est lui é\o}^i\e toute idée de pan-
d'Enfantin. théisme : elle exclut, il est vrai, toute ido-
Tous ces dogmes, qui partent du même lâtrie ou déification humaine, et, dans ce
principe celui de vouloir remplacer le
,
sens, ceux qui adorèrent Enfantin et le re-
christianisme, se suivent et s'enchaînent. connurent pour la loi vivante, furent en
On peut le dire sans crainte à tous ceux qui désaccord formel avec elle; mais elle n'em-
veulent nous attaquer et à ceux qui sont pêche pas que ceux qui croient que Dieu est
séparés de nous « Vous ne serez consé-
: tout ce qui est ne soient panthéistes, sinon
quents qu'alors que vous aurez, comme les par identification, au moins par absorption.
saint-simoniens,relail le ciel et la terre, Dieu Or, ce qui amena les saint-simoniens au
etl'homme. » panthéisme, c'est que, refusant de croireaux
Sans suivre pas à pas les erreurs histo- desliiiées de l'homme, telles ijuc les a posées
riques et philosophiques des saint- simo- le Dieu de l'Kv.ingile, il fallut bien d'abord
niens, nous ferons ressortir la fausseté de qu'ils rejetassent ce iJieu en second lieu, ;
quelques-uns de leurs principes fondamen- comme ils voulaient faire arriver l'homme de
taux. progrès (H progrès, jusqu'au parfait bonheur
Quoiqu'ils dédaignassent la prétendue u'une espèi c de déification obtenue dans Ce
science des philosophes du dix -huitième monde, il fallut encore, à mesure qu ils fai-
siècle, ils avaient reçu d'eux un principe saient remonter 1 homme jusqu'à Dieu, qu'ils
qui leur est commun avec la plupart des fissentdescendre Dieu jusqu'à homme, non l
déistes et des philosophes du tc;iips présent: point à la manière des chrétiens, m.iis par
c'est celui de la perfectibilité indéfinie de la une espèce d'identité ou de confusion de
nature humaine, ou du progrès continu de nature; ils furent d'ailleurs entraînés au
l'humanité. Le christianisme reconnaît bien panthéisme par une admiration outrée et
un progrès, et un pr<jgrès plus réel et plus une f.iusse appréciation des croyances orien-
grand que celui de tous les pliiloso[ihes; car tales, où ils crurent voir un Dieu plus grand
il nous ordonne de marclier de vertu en vertu; que celui de la GeHMe, confondant ainsi les
entre tous les dons, de désirer toujours les opinions spéculatives et phiiosophiiiues des
plus parfaits; enQn, de nous efforcer d'être Hindous opinions qui n'ont pas plus de
,
parfaits comme notre Père céleste est parfait. forces ou de fondement que celle d Enfantin,
Mais ce progrès doit se réaliser dans le avec leurs rrovanccs traditionnelles, les-
cercle de la révélation, c'est-à-dire piirtir du quelles, à peine eiuiiiees, et encore impar-
fait d'un houiine crée bon, puis tomlic et laitemeiil connues, aiinuiicent cepenaant le
puai, relevé et racheté par Jésus-Christ. Dieu uiéme de la Genèse.
La révélation est assise sur des bases, non- Les sainl-sinioniens venant changer les
&eulement religieuses mais historiques
, , rapports des hommes entre eux et des ,
,
45 SAI SAI 46
hommes avec Dieu aurniont dû montrer
, cains, les peuplades de l'Océanie, partout
les preuves de leur mission. Or, il leur vous trouverez une sorte de réprobation, une
était difficile d'en donner. Aussi chnngè- punition pesant sur la femme. C'est même là
rent-ils tout ce que nous connaissons par un problème historique que le saint-simonis-
riiisloiro de la mission de Moïse et deJésus- me aurait dû expliquer. Le christiaiiismiî
Clirisl,el à ceux qui s'étonnaient de ce qu'ils seul l'explique, en racontant la part trop
annonçaient une religion nouvelle ils dirent : grande qu'eut la femme à la premièrefaute. L
« Nous faisons précisi'incnl ce qu'a fait nous apprend d'ailieurs que si la loi antique
Mo'isc, ce (ju'a fait le Christ. Moïse est venu a laissé la femme dans son élal de dépen-
donner aux Juifs une religion nouvelle le : dance, nu moins elle ne lui a p -s caché ses
Christ, à son tour, est venu déiruire l'an- titres de noblesse qui l'élèvinl à l.i droite
de
cienne religion par une religion nouvelle, et l'homme il nous avertit que ];i lenime lire
:
rempl.icer Moïse. Ce sont là des phases son origine de liiomme lui-même, ce nui
qui arrivent parfois dans l'humanité. Nous déjà l'égale à lui ; elle n'est point nommée
commençons une de ces phases: nous faisons son esclave, mais son aide, adjulor, et un
co/nme Moïse et comme le Christ; nous agis- aide semblable à lui, simili.<! ejus elle est ,-
sons con)me agirentles apôtres.» Mais parler créée seule, pour un seul, ce ijui exclut
et
ainsi de la mission de Moïse et de .lésus- condamne la polygamie, et proclame le pre-
Christ, c'était (nous faisons ici abstraction mier droit de la femme, eelui d'être la seule
du caractère d'inspiration divine ne pasj compagne d'un seul homme : (elle est l'orj-
connaître historii/uemcnt ce qu'ils ont fait. ginc de la femme, tels sont ses droits, d'après
Moïse s'est borné à rappeler aux Juifs ce la loiantique elle saint-simonisme n'a rien
qui leur avait été révélé avant lui; il n'a inventé de pins noble, d plus relevé. Cette •
cessé de leur rappeler que lo Dieu dont il commune origine a été méconnue, ces droits
leur parlait était le Dieu d'Abraham, d'isaac ont été enfreints chez tous les peuples ido-
et de Jacob; il est venu en cciire l'histoire lâtres, et il en est encore ainsi paitoiiL où
le
authenlifjue il n'a donc changé ni le dogme,
: christianisme n'est pas reçu; mais c'était au
ri la morale. Jésus n'est pas venu, plus que saint-simonisme, à en rendre raison mieux
Muïse, détruire l'ancienne religion; il est ([ue ne le fait le christianisme, et il
y était
venu l'améliorer, la perfectionner; mais il a otiligé, lui qui pré:endait (|ue tout ce qui
s'est
laissé le même Dieu et n'a point changé les fait dans l'humanité n'a las été bien
expli-
règles essentielles de la morale. Ce qui est quéjusqu'àcejour. .lésusChrisl.qui estvenu
capital en ce point, il n'est pas venu amé- réparer la faute originelle, est venu aussi
lioier, perfectionner à l'improvisle sans
, relever la femme de son état de punition.
s'être fait annoncer, sans, pour ainsi dire, D'abord, le christianisme a aboli la polya-
que Moïse eût été prévenu et le judaïsme mie et le divorce, et par conséquent é;abli
averti : Moïse un vrai prophète, le
n'est des droits égaux pour rhom-ne et pour la
judaïsme une religion véritablement
n'est femme dans le mariage. Eu second lieu, il a
révélée (juc pane que le Christ est venu il; reconnu la femme indi'pendante lic toute au-
était prédit, attendu, cnnlenu dans la religion torité humaine, dans sa croyance, dans
les
judaïque; le judaïsme et le christianisme règles de sa convciencc, et dans la libre dis-
sont iiivariabii'n)ent unis. Au contraire, les pnsili.n de sa personne toute union non :
saint-sinionieus sont venus élourdimcnl consentie par elle est nulle. Sous l'ancienne
sans être annoncés ni prédits, seuls et de loi, une sorte de réprobation était
attachée a
leiir jiropri! autorité, non point perfection- la femme qui n'était pas mariée le
christia- :
saient la religion antique d'avoir opprimé la tnn choir, cl les os de mes os. Pour cela,
il a
ferime en la tenant esclave, et reprochaient sanctifié la chair, en élevant le mariage
à la
iiu christianisme d'avoir cherché seulement dignité de s icrement, c'est-à-dire en le ren-
à la prolcycr et non à l'émanciper , ce que dant un signe auquel la grâce la bien- ,
Venait faire enfin le saint-simonisme qui la veillance, 1.1 béiicdiclion de Dieu sont atta-
proclaMiail libre et indépendante. chées; et s'il dit à la femme d'être soumise
Il est vrai que, dans les temps anciens, la à .son époux, il prend pour expliquer ce
femme a toujours vécu dans la dépendance précepte le plus grand amour dont il ait
la plus iom(iièt(>, ou dans l'esrlavage le plus coiHiaissaiice, ei donne
il le à l'homme pour
liumiliani. Interrogez les traditions histori- exemple en dis.int « Aime
: ton épouse
ques des peuples les plus séparés, les Ghi comme le Christ a aimé son Eglise, et il s'est
nois, le» habi.ants de l'Afrique, les Améri- livré à la mort pour elle. »
47 DICTIONNAIRE DES HERESIES. iS
Tout ce que dit ou fait le christianisme L'illusion fut grande un moment, lorsque
pour la femme ne tend qu'à un seul but, celui la religion nouielle, comme ils l'appelaient
de l'unir à l'homme de l'union la plus en- eux-mêmes , commença à se développer
tière et la plus parfaite: au contraire, tous sous l'iiilluence quasi-divine de Bazard-En-
les conseils du saint-simonisme ne tendaient fanlin.Après avoir fondé la hiérarchie ils ,
qu'à la séparer, qu'à l'éloigner de l'homme. fondèrent les cérémonies qui devaient ac-
Il suit de là que, si les conseils et les précop- compagner les différentsacles de la vie, c'est-
tes du christianisme étaient suivis, le bon- à-dire la communion, le mariage, la mort.
heur de la femme, identifiéà celui de l'homme, La communion saint- simonienne consistait
lui serait égal au contraire, si les enseigne-
: en une espèce de communication de pen-
ments de la religion nouvelle eussent prévalu, sées Ainsi, à la première communion géné-
:
il n'y aurait plus eu ni union, ni société, ni rale, en IS.'il, tous les membres de la lamille,
bonheur pour la femme. Dans cette hypo- prenant successivement la parole, manifes-
thèse, plus son indépendance, plus son iso- tèrent leur adhésion à la ré\élation venant
lement seraient grands, plus aussi son état de Saint-Simon par le canal des pères
serait antinalurel. Les conseils des saint-si- suprêmes, et leurs espérances dans les des-
Bioniens, poussés dans leurs dernières consé- tinées progressives de l'homme; en même
quences, n'aboutiraient à rien moins qu'à temps eut lieu la première adoption des en-
mettre un terme aux rapports de l'homme et fants, ou leur admission au sein de la com-
de la femme, et la fin du monde arriverait tnunion universelle ce qui constituait le
,
ration matérielle des peuples, nous l'accor- ce qui est. Dieu est Vamour.
derons sans peine; mais les améliorations de Pendant que la prédication saint-simo-
l'industrie ne constituent pas une doctrine nienne était ouverte aux quatre coins de
religieuse. La partie vraiment spirituelle du Paris, propagée par VOrganisateur et par le
saint - simonisme regarde les nouvilles Globe, par la voix et avec la plume d'un
notions qu'il essaya de donner de Dieu elles grand nombre de jeunes talents, Dory se
nouvelles règles qu'il voulait imposer à la posait à Marseille comme n)issionnaire de la
morale. Or, dans celle voie, ou bien les religion nouvelle; mais il ferma bientôt sou
saint-simoniens ont copié ou parodié le école, dégoûté, sceptique, ni chrétien, ni
christianisme; et alors ils ont reçu des éloges saint-simonien. Comme lui, Hoart à Tou-
ou des mépris selon que ceux avec qui ils louse, Lemonnier à Monlpt-llier, Laurent à
étaient en rapport croyaient ou ne croyaient Ileinus, Leroux à Lyon, Talaboi à Brest,
pas à la religion de Jesus-Christ; ou bien ils Bouffard à Limoges, Jules Lechecalier et
oui essayé de sortir du christianisme, et Adolphe Guéroult à Rouen, Duveyrier en
alorsleurs amisniêmesse sont éloignés d'eux Belgique, d'Eichtal en Angleterre, etc., vé-
avec indignation cl dégoût, et leurs ennemis curent, d'abord sur ce que leur doctrine aVait
les ont regardés comme des misérables qui de bon, e'esl-à-dire sur ce qu'ils avaient
venaient pervertir la nature humaine. Ceci emprunté au christianisme. Mais les saint-
nous suggère une reflixion consolanle pt ur simoniens devaient échouer, moins encore à
notre foi c'est que si les anciennes sectes
: cause de leurs dogmes, de leur panthéisme,
ont fait des prosélytes par leur immoralité, de leurs variations sur la nature de Dieu,
ici c'est l'immoralité même des principes que parce que leurmoralerévoltales esprits.
qui a éloigné k s esprits de la secie nouvelle. En effet, qu'importe le dogme à ce siècle,
Ce n'est donc point comme religion que le qui ne sait plus d'où lui viennent les plus
sainl-simonisme a eu quelque succès, mais grandes vérités ? on n'aura à en rendre
seulement comme enseignement ou progrès compte que dans l'autre monde. Mais il est
indusiriel. Si ses jeunes adeptes s'étaient une partie de la religion qui commence à
contentés d'améliorer le sorl des peuples, en porter ses fiuits dans celui-ci, à savoir la
prêchant le Dieu et la morale des chrétiens, morale, d'après laquelle sont réglés nos rap-
leur enseignement subsisterait peut-être en- ports avec les autres hommes or, les nou- :
voulait introduire Vêlement de guerre, et sur suprême l'homme plus moral de son temps,
le
la question morale où il refusait de ratifier fil ses réserves contre lui, car il stipula que
les idées de son collègue touchant l'alTran- les seuls changements à introduire dans la
chissemcnt de la femmi-. morale ancienne consistaient à admettre le
Enfantin, partant du principe philosophi- divorce et à décider qu'aucun individu ne
que que riiomnie a le droit de se faire à pouvait être l'époux de plus d'une femme à
lui-même sa morale, soutenait qu'il était la fois.
absurde d'imposer à la femme cotte lui qui Tandis (]ue Jules Lechevalier, repoussant
Tenait, selon lui, unicjuement de l'homme ;
Vorientalism' et ses iloctrines {.Vadoration stu-
qu'il fallait que l;i lenune aussi se fit à elle- pidc cl de lâcheté sensuelle qui aveuglaient les
iiicme sa loi; conséiiuemment, qu'en fait de enfantinisles, conviaitles hommes et les fem -
nioruleon devait ne lui rien inifioser, ne lui mes saines de cœur, d'esprit et de corps, à fur-
rien conseiller, mais seulement Vuppeler, en mer un nouveau christianisme. Bazard, séparé
attendant la ffmme-messie laquelle révé-
, aussi (rEuf.nilin, f innulait les croyances de
lerait elle-même la loi qui lui était convena- la nouvelle Eglisiî (]u'il entendait continuer.
ble. Le christianisme, n'admellanl pas (|ue Il rendai! un solennel hommage à tout c(! que
l'homme se soit fait ou ait eu le dioil de se le christianisme avait faitmorale,
pour la loi
faire la loi morale, ne se trouve point en mais arrivait à la même solution que? Rodri-
cause ici. Quant à ceux qui admettent ce gues, puisqu'il croyait devoir admettre le
principe, et qui ainsi se font en quelque sorte divorce. Quant à la femme, il ne pensait pas
Dieu, ils ont en effet mauvaise grâce de qu'elle fût appelée à rien révéler elle avait ;
harmoniser dans l'avenir les appétits des leur titre deprodùclettrs.Lvs dons volontaires
sens appétits intellectuels, préparer et
et les qui couvrirent les premières dépenses venant
facililer l'union des êircs à affections profon- à s'épuiser, ils recoururent à u:\ emprunt
des, c'est-à-dire ceux qui aiment toujours la pour la garantie duquel ils obligèrent envers
même personne, avec les êtres à affections la société lous leurs biens. qu'O. Rodrigues
vives, lesquels ne peuvent se contenter d'un culpouvoird'administrer. Connu àla bourse,
seul amour et ont besoin d'en changer sou- ce dernier se chargea de négocier l'emprunt
Veiil robji'l celte doctrine qui n'était au fond
: c'est-à-dire de faire acte de culte en fondant
qu'une hideuse promiscuité, réhabilitait le la puissance morale de l'argent. Mais la jus-
vice et réglementait l'adultère : elle souleva tice, jusque-là tranquille spectatrice des
des opposiiiDus. doctrines et des actions saint-simoniennes,
Jules Lechevalier , s'accusant d'abord prit ombrage de ce leurre offert à l'avidité
d'avoir cru à la possibilité de constituer une des rentiers. Le père suprême et O. Rodri-
famille et travailler à la réalisation d'une gues furent prévenus d'avoir embrigadé les
société avant (jue sa loi fût trouvée, avoua ouvriers, cherché à capter les héritages, et
qu'il n'avait pas tardé <i s'apercevoir (]ue les émis des rentes sans posséder les garanties
deux pères étaient en désunion sur la poli- nécessaires pour le payement des intérêtselle
lique et sur la morale ; qu'il se repentait remboursement du capital.
d'avoir fait entrer dans celle société un 11 que les change-
n'y avait pis trois mois
certain nombre de personnes; qu'on ne pou- ments à introduire dans morale avaient
la
vait sans loi les diriger; qu'il eût mieux été fixés par O. Rodrigues au divorce, ou à
aimé les laisser dans l'état où elles se trou- Vtmion successive de l'homme et de la femme,
vaient auparavant. Il conclut à ce que la et déjà cette barrière était franchie par En-
religion sainl-simonienne lût déclarée en état fantin. 11 voulait que le prêtre lut un composé
de liquidation , ajoutant qu'il revenait à derboinmeeld(!lafemnie,el(iueruuetl'aulre
douter de tout et se disait de nouveau phi- usassent de tous leurs moyens pour pacifier
losophe. riiunianilé et la rendre heureuse. « Tanlôt,
Malgré les oppositions, Enfantin passion Ire osait-il dire le couple sacerdotal calmera
,
côté d'Enfantin, mais un peu au-dessous, la pudeur mais aussi toute la grâce de
,
sation religieuse d(!s travailleurs et des in- trouver la femme qui devait révéler et éta-
térêts matériels. En cette qiialilé, il fit un blir la morale, au milieu même de celles qui
ap|)el à la bourse de tous, pi.'ur l'aider à se livraient;'! la prostitution publi(iue. Ainsi,
nourrir la famille saint-simonienne. Du reste, au lieu du progrès que les saint-simonieus
O. Rodrigues tout en proclamant le père avaient promis à l'humanité, ils la (uisaiccl
mCTIONNAlRE DES HERESIES. S2
luculer jusqu'à cet élat de nature animale sans foi et presque sans morale pratique qui
i]u'ils lui doniiiiriil pour berceau. s'élevait contre eux, les nouveaux apôtres,
Après loul, la morale d'Enfaiilin découlait usant de représailles, disaient qu'elle applau-
ih: ses principes. En ('ffel, les saiiit-siiiioniens dissait l'adultère au théâtre, dans les rom ms,
soulenaienl (]ue Dieu est loiit ce qui existe, qu'elle tolérait les femmes légères dans ses
la nature inanimée, aussi bien que nous ,
salons, qu'elle payait et patentait même la
nulure animée. Mais, si Dieu est toul ce qui prostitution. Ici encore le débit était entre
existe, tout est donc divin. Or, où Irouyer le saint-simonisme elle siècle; le christia-
dans uu tout divin quelque clioic qui soit nisme demeurait hors de cause. On l'accusait
mal et par conséquent défendue, ()uelqnc seulement de n'avoir pas prévenu ou guéri
chose qui ne soil pas bonne et par conséquent tous ces désordres; mais il répondait jjarses
permise? Si Ditu est nous, comiicnl pou- croyances, disantqu'il n'avait jamaissoutenu
vons-nous pécher? Dieu penl-ii pécher? Il est que l'homme fût ban et saint par lui-même,
la règle: ne sommes-nous pas iarè|^le aussi? et que d'ailleurs, l'homme étant libre ce ,
quand on nie la chiite originaire, (]uand on de la plus terrible épreuve. Los saint-simo-
dit (|ue l'esprit de l'homme est droit par lui- niens ne surent que conseiller d'opérer une
même et que sa volonlé est forle et entière ,
diversion, au moyen de grands travaux ou
comment reconnaîlre des péchés, des chutes, de fêles publiques.
des erreurs ? Si donc les saint-simoniens qui L'épuisement de leurs ressources les con-
s'éloignaient d'Enfantin étaient (ilus moraux, damnant à la retraite, ils essayèrent de la
ils étaient en réalité moins conséquents. On masquer des apparences d'une détermination
comprend, par ce qui précède, pourquoi l'E- libre, et parodièrent un des actes de la vie de
glise catholique veille avec une sévérité si Jésus-Christ. Le vendredi saint 20 avril 1832,
grande à la conservation du dogme. On a j'ur où le G/o6e cessa de paraître, Enfantin
beau soutenir que la morale eu est indépen- annonça qu'une phase de sa vie était ac-
dante le dogme et la morale sont, au con-
:
complie: il avait parlé, il voulait agir; mais,
traire, inséparablement unis; l'un s'appuie chargé d'appeler le prolétaire et la femme à
sur l'aulre, et l'expérience prouve que, dès une vie nouvelle, il allait consacrer l'anni-
que l'un est renversé, l'autre ne tarde pas à versaire de la mort du divin libérateur des
s'écrouler plus ou moins entièrement. Plu- esclaves en commençant une retraite et en
sieurs hérétiques avaient fait comme ces abolissant la domesticité, dernière trace du
malheureux jeunesgens, ajoute M. Bonnelty, servage. En effet, retirés dans une maison
auquel cette appréciation du saint-simonis- de campagne qu'Enfantin possédait à Ménil-
me est empruntée ils
; avaient déclaré montant, les saint-simoniens y vécurent sans
l'homme bon et impeccable ; et, comme les domestiques.
saint-simoniens, ils étaient arrivés à la com- Le 6 juin fut choisi pour la prise du nou-
munauté dos femmes et à tous les désordres vel habit sous lequel ils devaient se révé-
qui s'en suivent. ler au monde et lui donner l'exemple du
Bazard et 0. Rodrigues, que leur qualité travail.
d'hommes mariés et pères de famille rete- Les nouveaux apôtres firent à Ménil-
naient narurellemenl dans de certaines bor- niontant l'essai de l'organisation de la so-
nes proleslèreut contre la murale d'Enfan- ciété, selon la capacité et selon le mérite.
tin. Moins explicile Rodrigues soutenait'
,
Deux fois par semaine, le mercredi t le di- >
bien qu'il fallait se borner au divorce, mais manche, leur porte fut ouverte aux. fidèles et
il admettait le prêtre et la prêtresse; il aux curieux qui les considéraient occupés
,
attendait encore que la femme révélatric.i detravaux domestiques, prenant leurs repas,
vînt promulguer le code de la pudeur. Enfan- se promenant deux à deux ou réunis en
tin, qui était logé au chef-lieu, et qui en groupes, sereins, rayonnants, les yeux exal-
outre disposait du Globe, de la correspon- tés , ou bien chantant des cantiques sur un
dance et de la caisse, tint bon avec ceux qui ton grave et monotone. La foule avide de les
lui restaient ûlèles. Ceux-ci ncc/aHièrm^ en- voir devint si grande que la police lui défen-
core plus vivement à leur pèr<^, se félicitèrent dit l'accès de la maison.
de ce que le chrétien, représenté par Bazard, Devant la cour d'assises, oii l'accusation
et le juif par Rodrigues, s'étaient séparés d'outrages a la mor.ile publique et de parti-
d'eux, et se gloriDèrent de ce qu'ils possé- cipation à une réunion non autorisée ae plus
daient enfin un Dieu, une foi, un père. de vingt personnes amena, au mois d'août,
Cependant la presse combattait, avec l'ar- Enfantin, Michel Chevalier, Duveyrier,
me du raisonnement et du sarcasme de ,
Barrault et O. Rodrigues le père suprême
,
semblables doctrines, publiées de sang-froid parut au milieu de ses disciples, tous en cos-
par des hommes de talent. A celte société tume Quoique les femmes ne fussent pas
,
53 SAl SA! 54
encore classées, il avait à sa droite Cécile parmi lesquelles ilcherchait la femme libre,
Fournel et à sa gauclie Aginé Sainl-Hil.iire ,
l'eurent bienlôt fait transporter de Constan-
qtie les inagisirats refusèrent d'admettre tinople à Suiyrne.
ci)iiini>> SCS conseils. Pendant (rente heures, Tandis que B irrault et quelques autres
les nouveaux apôlres icdiireiit la pari)i(!, et compagnons de la femme l'appelaient en Tur-
il eux des mou-
y eut (liez |iiu>.ieiirs d'eiilif quie, en Syrie, en Eiryi>le, Cécile Fournel et
veincnls d'élo(|uenre mais seulemrnl alors
, Marie Talon donnaient le Livre dfs actes pour
(lue, se plaçant sur le terrain du eliristia- organe au saiiil-simonisme. Puis une grâce
nismi' ils rcprociièrent à la société son in-
,
.abrégea la capliviié d'Enfantin de Michel ,
plus i'.Huents ayant déclaré qu'ils voyaient, ques disciples, grâce aux lambeaux emprun»
d.ins la coiidamnalion du père une indication tés par elles à la religion de Jésus-Christ, se
provi'lmliclle île liberté, (]ui s'accord lit avec sont évanouies en fumée, comiiie tou'es les
un besoin d'indépendance qu'ils sentaient eu pensées des hommes séfiarées de Dieu.
eus, lînfaniin, |iour sauver les apparences, Lambert se trouve en Egyp'e et y est deve-
déclara de sou cô^é qu'il donnait à ses disci- nu Lambert-Bey Duveyrier f.iit des vaude-
;
ples la permission de sui\re leur inspiration villes; Michel Chevalier est au conseil d'Etat
propic et leur impulsion native. et écrit pour [eJournnl des Débats des articles
Cepi'iulanl, dciis des principales idées vi- d'économie polilique et de critique lilt raire;
vaient encoie au sein des plus fervents: celle Carnot est député ; Cazeaux dirige le dessè-
de sanctifier le travail dit pevpie en pnrla- , chement des L miles et se disijngue par ses
geant ses tatigues, et l'espoir en l'arrivée de eiitrefirises industrielles; Traiison et Dugied
la femme- messie. sont rentrés dans li- sein du caiholicisme ;
Un certain nombre de saint-simoniens se Margerin est professeur à l'universilé catho-
mirent à parcourir la France, la Savoie, lique; de Belgiiiue; Emile et Isaac Perreire
l'Allemagne, la Belgi(|Ui', l'Anglelerre, à sont attachés à l'adminislrationsupérieuredu
l'effet de donner au i^eupte l'exemple du tra- chemin de fer de Versailles Laurent a ac- ;
vail et de lui annoncer l'ère de la réhabilita- cepté une place de jug- à Privas et écrit une
tion des travailleurs, de l'affranchissement Histoire populaire de N
'poléon : Olindes Ro-
de la femme et de la paix universelle. Ils vi- drigues s'occupe à présent de finances;
vaient du produit de leur journée ce qu'ils , madame B izard et son gendre, de Saint-
appelaient recevoir le baplêine du salaire ; ils Cliéron, sont rentrés dans le sein du catho-
supportiiient stoïquement les huées et les licisme; Jean l'xeynaud et Pierre Leroux,
coups de la populare, ce qu'ils appelaient panthéistes obstinés, poursuivent en silence
donner à leur foi le baptême du martyre: sou- leurs premières études d'Eichtal est resté
;
venir et misérable parodie de ce qui s'était homme du monde après comme avant: e'élait
passé lors de l'établissement du christia- le plus fi.lèle et le dernier des partisans
nisme. d'Enfantin. IJuant au père Enfantin lui-même,
Au mois de janvier 183.'5, Barrauil, Vhommc chetde la nouvelle Eglise, il est rentré dans
le plus incomplet sans la femme, comme le la vie privée, et se trouve en Algérie, comme
nommait Cécile Fournel, se mit à la recher- membre de la commission scientifique d'A-
che de la fcnunc-messie. Iléi.ililit d'abord, à frique.
Lyon, une uille inliiulee 1S;{3, ou l'Année
l'c : En rappelant ces noms, nous ne pouvons
de la mère, où il déclara renoncer au titre de disconvi-nir qu'il y a eu dans le saint-simo-
siiint-simonien, ne pas vouloir de celui d'En- nisme des hoinines de talent et même de zèle
,
fanlinicn, et prendre celui de compagnon de désintéressé mais ils n'ont eu de l'éclat que
:
il femme. Convaincu que ce messie devait lors(|u'ils ont développé des questions pure-
élre en Orient, qu'on la trouverait àConslan- ment indusirielli s et des théories favorables
tiiu>|)le, et qu'elle serait Juive de nation , il à la civilisation des peuples (|ue$tion$ tou-,
s'emb.irqua à M.irseille. Des agents lurcs , tes tirées du christianisme ou qui du moins
fatigués de ses salutalionsaux /î//e« d'Orient. ne lui sont pas opposées. Toutes les fuis
55 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 56
qu'usanlleur science ou les affeclions de leur pas trois substances en Dieu ou trois essen-
cœur au service d'une cause ingrate, ils ont ces ,mais une seule. Il faut donc qu'il ait
voulu f;iirede la religion, \\s sont tombés il'a- entendu autre chose. Saint Athanase a pensé
hîme en abîme, el c'est ce qui les a perdus. que Paul entendait trois substances formées
L'Eglise seule est le champ où l'on peut se- d'une même matière préexistante , el que
mer pour la tranquillité et le bonheur des c'est dans ce sens que les Pères du concile
générations futures. Là seulement le labeur d'Anlioibe ont décidé que le Fils n'est pas
n'est pas vain, la récolte est sûre, el la ré- consubsiantiel au Père. Dans ce cas, l'argu-
couipense magnifique, car l'Eglise travaille nieiit de Paul est encore plus inintelligible et
avec nous et Dieu couronne les travailleurs. plus absurde. Toujours est-il certain que ces
Samosatémens Pères ont enseigné formellement que le Fils
•
S.\M0SAT1ENS , ou ,
de Dieu est coélernel et égal au Père, et
disciples el partisans de Paul de Samosate ,
qu'ils ont fait profession de suivre en co
évêque d'Antioche vers l'an 262. Cet héréti-
point la doctrine des apôtres el de l'Eglise
que élail né à Samosate ville située sur ,
universelle (2).
l'Eupbrale, dans la province que l'on nom-
mait la Syrie Euphrnlésienne, et qui confinait Les sectateurs de Paul de Samosate furent
à la Mésopotamie. 11 avait de l'esprit el de aussi ap[>elés pauliniens panlianistes oa , ,
Zénobie, reine de Palmj re, dont il avait ga- donna que ceux de celle secte qui se réuni-
raient à l'Eglise catholique seraient rebap-
gné les bonnes grâces il lui déguisa les ,
personne qui est le Père; que le Fils el De tous ces faits, il résulte qu'au truisième
siècle, plus de cinquante ans avant le con-
Je Saint-Esprit sonl seulement deux attri-
cile de Nicée la divinité de Jésus-Christ
buts de la Divinité, sous lesquels elle s'est ,
connue, et que l'on en élail scandalisé, il breu scliemesch, le soleil, parce qu'on prétend
qu'ils ont adoré cet astre; ils sonl appelés
entreprit de la défendre et de la soutenir.
Accusé dans un concile qui se tint à An- par les Syriens chamsi, et par les Arabes
,
lioche, l'an 204, il déguisa ses sentiments, el shemsi ou shamsi les solaires. D'un autre
, ,
damner sa doctrine sans prononcer contre gion juda'ïque. Saint Epiphane a cru que
,
d'Antioche les anciens cantiques dans les- dont il paraît avoir fait un système destiné
quels on confessait la divinilédeJésus-Christ, à expliquer la production du monde , celle
cl d'en avoir fail chanter d'autres qui étaient de l'homme el les grands événemenls qui
,
composés à son honneur. Pour attaquer ce s'étaient passés sur la terre et que conte-
mystère il faisait ce sophisme si Jésus-
, : naient les livres de Moïse. C'étaient là les
Cliiist n'est |)as devenu Dieu, d'homme qu'il objets qu'on se proposait alors d'expliquer,
était, il n'est donc pas consubsiantiel au el ce sont en effil les plus intéressants pour
Père, et il faut qu'il y ait trois substances ,
la curiositéhumaine (4).
une principale el deux autres qui viennent Pour expliquer ces laits, Saturnin suppo-
de celle-là (1). sait, comme Ménandre, un être inconnu aux
Si- Paul de Samosate avait pris le mot de hommes ; cet être avait fail les anges les ,
consubstantiel dans le même sens que nous archanges et les autres natures spirituelles
lui duiiuons aujourd'hui, son argument au- et célestes.
rait été absurde ; c'est précisément parce que Sept de ces anges s'étaient soustraits à la
le Fils est consubstantiel au Père, qu'il n'y a puissance du Père de toutes choses , avaient
0) Fleiisi.Hibt.
\i} i tcii^i, Ljisi. Ecclés.,
cLcies., iiv.
liv. vin,
viii, u.
n. 1. (3) Hares. 53.
(iî)Voyez Bulliis, Delin. tUei Nicom., secl. ?>, cli. 4, § S, (4) Iren., 1. i, c. 30, n. 5; 1. n, c 17, 10. Massuel, Dis
et secl. 4, cil. 2, § 7. in Iren., c. 48.
ST SAT SCE 53
créé le monde et tout ce qu'il contient, sans Ménandre reconnaissait un Etre éternel et
que Dieu le Père en eûlaucune connaissance. infini , et attribuait à des puissances invisi-
Dieu descendit pour voir leur ouvrage et bles l'empire du monde il avait prétendu :
parut sous une forme visible ; les anges vou- être l'envoyé de ces puissances et donner
lurent la saisir, mais elle s'évanouil ; alors l'immortalité par le moyen d'une espèce de
ils linrentconscil et dirent Faisons des êtres : baptême magique.
sur le modèle de la figure de Dieu ils façon- ;
Saturnin son disciple, conserva le fond de
,
nèrent un corps simblable à l'image sous son système et s'efforça de le concilier avec
laquelle la Divinité s'était offerte à eux. la religion chrétienne et reconnut que Jésus-
Mais l'homme façonné par les anges ne Christ était le Fils de Dieu, qu'il avait été
pouvait que ramper sur la terre comme un envoyé par son Père pour le salut des hom-
ver. Dieu fut touche de compassion pour son mes mais il niait qu'il eût pris un corps et
;
Cette loi de continence était un des points la disposition d'un ()hilosophe qui prétend
fondamentaux de l'hérésie de Saturnin; pour avoir examiné les preuves de la religion, qui
l'observer plus sûrement, ses disciples s'abs- soutient quelles sont insuffisantes ou balan-
tenaient de manger de la viande et de tout cées par des objections d'un poids égal , et
ce qui pouvait porter à l'amour des femmes. qu'il a droit de demeurer dans le doute, jus-
Saturnin tut des écoles et des disciples en qu'à ce qu'il ait trouvé des arguments invin-
Syrie ; la mort était, selon eux, le retour de cibles auxquels il n'y ail rien à opposer. Il
l'àme à Dieu d'où elle était venue (1). est évident que ce doute réfléchi est une ir-
Abulpharage, dans son Histoire des dynas- réligion formelle; un incrédule ne s'y lient
ties, parle de Saturnin qu'il nomme S.iturin : que pour être dispensé de rendre à Dieu au-
il lui attribue d'avoir dit que c'est le diable cun culie, cl de remplir aucun devoir de re-
qui a fait dans l'homme et dans les femmes ligion. Nous soutenons que c'est non-seule-
les différences des sexes, et que c'est pour ment une impiété, mais encore une absurdité.
cela que les hommes regardent la nudité i' C'en est une de regarder la religion
comme une chose honteuse. comme un procès entre Dieu et riiumme ;
(I) Ireii , 1. 1, c. 22. Tcn , .lo Aiiirna, c. 2.-. Pliilasl., de Hsr., c. 3t. Epi(.h., Iiatr. 25. Tliéad., I. i, c. 3. Aw^., la
llœr., c.ô.
f.9 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 60
comme un combat dans ïequel celui-ci a droit éternel? Si nous venons à mourir sans avoir
de résister laiit qu'il le peut, d'envisager lu vidé la dispute, aurons-nous lieu de nous
loi divine coinnie un joug contre lequel nous féliciter de notre habileté à trouver des ob-
sonnnes bien fondés à délViulre notre liberté, jections? Il n'est que trop prouvé qu'un so-
puisque celle liherlé prétendue n'est autre phisme est souvent plus séduisant qu'un
chose que le privilège de suivre sans remords raisonnement solide et qu'il est inutile de
,
l'instinct des passions. Quiconque ne pense vouloir persuader ceux ()ui ont bien résolu
pas (|ue la ri'ligion est un bienfait de Dieu , de u'ctre jamais convaincus.
la craint et la déleste déjà ; il est bien sûr de 6" Les sceptiques prétendent qu'ils ont
ne la trouver jamais suirisainmenl prouvée, cherché des preuves qu'ils bs ont exami-,
et d'être toujours plus affecté par les obje- nées, que ce n'est pas leur faute si elles ne
ctions ()ue par les preuves. leur ont pas paru assez solides. N'en croyons
2' II n'est pas moins contraire au bon sens rien; ils n'ont cherché et pesé (|ne drs ob-
de demander pour la religion des preuvi s de jections. Ils ont lu avec avidité tous les livres
même genre que celles qui démonlrent les écrits contre la religion; ils n'en ont peut-
vérités de géométrie l'existence même de
; être pas lu un seul composé pour la défen-
Dieu, quoique démontrée ne porte pas sur
, dre s'ils ont jeté un coup d'œil rapide sur
;
ce genre de preuves. Les démouslr.il\ons quelqu'un de ces derniers, ce n'a été que pour
niéla|ih)'siques qu'on en donne, (juciquc Irès- y trouver à reprendre et pour pouvoir se van-
solidts, ne peuvent guère faire impre^sioll ter d'avoir tout lu. Dès qu'il est question
que sur les esprits exercés et inslniils elles ; d'un fait (|ui favorise l'ini-rédu ité ils le ,
ne sont point à portée des ignorants. croient sur parole et sans cxannn; ils le co-
3° La vérité de la religion chrétienne est pient, ils le répètent sur le ton le plus affir-
appuyée sur des faits il en doit être ainsi
; matif. Vainement on le réfutera vingt fois ,
de toute religion révélée. Puisiiue ia révéla- ils ne laisseront pas d'y revenir toujours. On
lion est un fait, il doit être prouvé coinnie les a vus se lâchir contre des criti(jues qui
tous les autres faits pardes témoignages, par ont démontré la fausseté de certains faits
l'histoire, par les monuments il ne peut et: souvent avancés par les incrédules ; ces
ne doit pas l'être autrement. N'est-il pas aussi écrivains sincères ont été forcés de faire leur
démontré en son genre que (^ésar a existé , apologie, pour avoir osé enfin découvrir la
qu'il y a eu un peuplf romain que la ville ,
vérité et confondre le mensonge , et c'eH
de Rniiie subsiste encore, qu'il l'est que les ainsi que nos
scepticiucs ont cherché de
trois angles d'un triangle sont égaux à deux bonne foi à s'instruire; les plus incrédules
angles droits? Un esprit sensé ne peut pas en fait de preuves sont lo'ujours les plus cré-
plus douter d'une de ces vérités que de l'au- dules en fait d'objections.
tre. Il y a plus on peut être indifférent sur
: Vous ne crOyez à la religion, nous disenl-
la dernière, ne pas se donner la p. ine d'en ils, que par préjugé soit pour un moment.
;
plus pour un ignorant ; mais si l'on montrait pour la vertu, le second d'un penchant dé-
la même indifférenci" sur la vérité des faits, cidé pour le vice. La religion a été le préjugé
si l'on refusait d'avouer que César a existé de tous les grands hommes qui ont vécu de-
et que Uome subsiste encore , on serait cer- puis le commencement du monde jusqu'à
tainement regardé comme un insensé. Ces nous l'incrédulité, qui n'est qu'un libéra-
;
conseil nce ou le sentiment intérieur. 11 n'en dis^sition des sceptiques n'est point une
est aucun qui ne sente qu'il a besoin d'une ignorance involontaire ni un doute innocent,
religion qui l'instruise, qui le réprime, qui il est réfléchi et délibéré; ils l'ont recherché
le console. Sans avoir examiné les autres re- avec tout le soin possible, et souvent il ne
ligions, il sent par expérience que le chri%- leur en a pas peu coûté pour se le procurer.
tiaiiisme produit en lui ces trois effets si S'il y a un cas dans la vie oii la prudence
essentiels à son bonheur il en trouve donc ; nous dicte de prendre le parti le plus sûr mal-
la vérité au fond de son cœur. Ira-t-il cher- gré nos doutes, c'est certainement celui-ci ;
cher des doutes, des disputes, des objections, or, le parti de la religion est évidemment le
comme font les sceptiques? Si on lui en op- plus sûr.
pose, elles feront peu d'impression sur lui ; David Hume, zélé partisan du scepticisme
le senlimenl intérieur lui lient lieu de toute philosopbi(]ue, après avoir étalé tous les so-
autre démonstration. phismes qu'il a pu forger pour l'établir, est
5° Ya-t-il du bon sens à mettre en ques- forcé il'avouer qu'il n'en peut résulter aucun
tion pendant toute la vie un devoir (]ui naît bien, (lu'il est ridicule de vouloir détruire la
avec nous, qui fait le bonb' ur des âmes ver- raison par le raisonnement que la nature, ;
tueuses , et qui doit décider de notre sort plus forte que l'orgueil philosophique, mala-*
—
6t SCE SCH 63
tiendra loujours ses droits coiilro loutes les médiate de la mission divine des pasteurs .
spoculatioiks abslr.iili.'S. Disons h^rdiuioiit mission qui se démontre par deux faits pu-
qu'il (Ml sera de inèiiu! do la religi;>ii |juis- ,
blics, par leur succession et par leur odi-
qu'cllc csl eiitéi' sur la nature ; (jue si nos natioii. Les protestants ont supposé l'atisse-
mœurs publiiiues devenaient meilleures, tous ment que ceite infaillil)illié ne [louvait être
les incréilules, scepliciues ou autres, seraient prouvée autrement que par l'Ecriture sainte;
méprisés et délesiés. encore une fois nous leur avons démontré
.
Mais nous en avons démontré la diffé- centre du moi, avait voulu en faire sortir ton-
rence (Ij. 1° Nous avons fait voir (juc la véri- tes choses; il avait pose en principe l'Iilcnlité
table Eglise se lait discerner par un caractère substantielle du sujet pensant et de t >us les
évident et sensible à tout homme capable de objets de la pensée c'était le panthéisme.
:
(11 roijci Diclioniiaire lliéutogique lie Bcrgier, au mol invraiies siii\aiUs : Siciuiiiiipr, l.xamcii crUque delà phi-
t'yd'se loioitliieiiieina de depuis Ka^.t, p. tri, Trêves, IStl.
(2i Sur la do Ficlile, voyez Bnlile, Hisl. de
|iliiloso|]hie H. Heine, de V Allemagne t. I, p. 215. M. Ban lion de —
—
,
paraissait point assez abstrait; il chercha un l'un el l'autre vont parcourir chacun de leur
principe plus indéterminé, plus insaisissable côté une série de transformations et d'évo-
encore. Au-dessus de l'idéal et du réel, du lutions. De lé trois parties dans la science
moi et de la nature, il plaça donc Vabsolu. générale : la philosophie de la nature ou du
II. Notion de l'absolu. Mais qu'est-ce que réel, la philosophie de l'intelligence ou de
l'absolu? Les Tormules données par Schelling l'idéal, puis au-dessus la philosophie de
pour le faire concevoir sont très-variées, l'absolu.
souvent poétiques et ambiguës, souvent in- Mais s'il y a distinction et division dans
intelligibles, et quelquefois contradictoires, l'absolu, l'identité universelle n'en subsiste
du moins en apparence. Dans son Bruno, pas moins. Les lois de la nature se retrou-
empruntant le langage des gnostiqnes il , vent au dedans de nous comme lois de la
l'appelle le saint abîme duquel sort tout ce conscience, el réciproquement, les lois de la
gui est, et dans lequel tout retourne, Bruno, conscience se retrouvent comme lois de la
p. 06. Ailleurs il déclare qu'il est difficile nature dans le monde extérieur, où elles se
d'en exprimer la nature dans le langage des sont objectivées. Au moyen des idées de la
mortels, ibid., p. 132. Je le crois sans peine. raison, nous pouvons donc connaître l'es-
Recueillons pourtant ses principales défini- sence et la forme de toute chose être et :
lions. L'absolu n'est ni inflni, ni fini; ni être, connaître étant identiques, la. philosophie de
ni connaître, ni sujet, ni objet, (ju'esl-ce la nature peut être construite a priori.
donc? C'est ce en quoi se confondent et dis- Le développement de l'absolu dans l'idéal
paraissent toute opposition, toute diversité, et dans le réel, ou l'absolu sous sa forma
toute séparation, comme celle de sujet et secondaire, c'est ce que Bruno el Spinosa
d'objet, de savoir et d'être, d'esprit et de na- appelaient natura naturata.
ture, d'idéal et de réel. C'est la force univer- L'univers matériel est l'ensemble el la
selle à l'étal de simple puissance. Schelling combinaison des puissances réelles de l'ab-
lui donne quelquefois le nom de Dieu (1). solu. L'histoire est l'ensemble et la combi-
Alors il distingue en Dieu deux états il y a : naison de ses puissances idéales.
d'abord Dieu en soi, à létal d'idée, Beus im- Schelling a différentes formules pour ex-
plicilus ; puis Dieu se révélant dans le
, primer le développement de l'absolu il :
iHonde et par le monde, arrive à une exis- l'appelle tantôt sa division, sa manière de se
tence accomplie, Deus explicilus. différencier, tantôt sa révélation spontanée,
D'autres fois Schelling ne fait de Dieu quelquefois aussi la chute des idées. Dans
qu'une des formes de ïabsolu, un des points ces diverses formules, comme dans toute la
de vue sous lesquels on peut le considérer. philosophie de Schelling, on reconnaît les
Enfin Schelling paraît avoir conçu Dieu influences diverses qui l'ont fait passer tour
comme la raison absolue el impersonnelle, à tour de Spinosa à Bruno, el de Bruno aux
comme le monde idéal, l'idée de toutes les néo-platoniciens.
idées (2). Celte conception, qui peut au fond IV. Lu réel ou de la nature (5). La matière
se ramènera laprécédente, a, comme nous le n'est point, comme on l'imagine communé-
verrons, servi de base au système de Hegel. ment, quelque chose d'inerte en soi, et qui
Celle force unique qui engendre élernelle- ne peut être mis en jeu qu'accidentellement
menl l'univers, on peut l'appeler natura par une influence extérieure. Tout esl force
naturans; elle n'est, à proprement parler, et activité. Dans la pierre, la force el l'acli-
l'univers, natura naturata, qu'autant qu'elle vité sont en léthargie; mais de ce degré infé-
est à l'état de développement ou d'actualité. rieur jusqu'aux degrés supérieurs de l'orga-
Mais soit qu'on considère la nature en puis- nisation il
, y a une progression continue
sance ou en acte, c'est, au fond el toujours, d'énergie, do spontanéité el de liberté. Ce
une seule et même chose c'est l'absolu. La
: développement progressif ne se fait pas au
nature déployée en individus est toujours la moyen d'une excitation externe, mais par
nature, et les individus ne sont que ses for- une spontanéité interne toujours croissante'.
mes, ses phénomènes; car tout est un et le Ce que le vulgaire appelle être, matière,
même (3). substratum des phénomènes n'est autre ,
Traduisant ce principe fondamental dans chose que celle puissance active de la nature
un style mythologique Schelling appelle
, qui s'apparaîl à elle-même dans l'homme
l'univers un animal immortel, et les corps sous sa forme la plus pure. La nature active
célestes des animaux intelligents, des ani- est avec sa forme une seule el même chose;
tnaux bienheureux, des dieux immortels (4). elle agit sous cette forme, elle esl réelle en
III. Développement de l'absolu. En raison elle et par elle.
d'un fait primilif, inexplicable, le moi el le La spontanéité esl donc la loi du monde;
non-moi, le subjectif el l'objectif, l'esprit et cl cette loi, encore une fois, n'a pas été im-
la matière, se dégagent du sein de l'absolu; posée du dehors c'est une loi interne, une
:
(1) C'est ainsi que M. Cousin a entendu le principe de pas de succession. Le temps esl purement idéul. Voir
son raaiire. Après avoir défini l'absolu t La subslaneu
: hrimo, p. 76. D'uii l'on a conclu, par exemple, que la
commune el le commun iJéal du nui et. du non-moi, leur lune, considérée en elle-même, est en même ten'ps eu
ideulilé,» il ajoute aiissilôl
: u Celte iderililé absolue du conjonction el eu opposition avec le soleil.
moi et du non-moi de l'homme et d; la nature, c'est (i) Bruno, pag. 7"2, 80, 96. 97.
Dieu. »Frag. iMos., préf. de h î' édil.. p. 28. (5i Sclielliiig parait em[ilo}er souvent le mol nalure
12) Bruno, pag. 43. comme synonyme d'absolu ; mais ici il restreint sa signifi-
(5j L'unité de l'absolu est si rigoureuse, suivant Schel- cation, et le prend comme synonyme de réel.
ling, que, par rapport aux choses en elles-mêmes, il u'ya
05 SCH SCil M
puissance et une vie universelle. Même dans ment. Elle s'annonce déjà dans les règnes
la nature organique, il y a une n'glc cl une inférieurs , et devient perci'ptible comme
puissance, ou, en U'aulrcs tonnes, idée et instinct sur les derniers degrés de l'échelle,
vie. Distinction dans ce qui est la non-dis- mais c'est seulement en nous qu'elle arrive
tinction, déploiement en multiple de ce qui à une existence complèle.
était un, évolution de ce qui était enveloppé, Celte loi suprême et iiléale que suit la na-
en un mot iiidividuation : voilà la grande ture existe nécessairement et par elle-même ;
règle qui se révèle dans la nature tout en- elle est le seul Dieu que Seheiling reconnût
tière. autrefois. Il soutenait en effet de la manière
La nature, de ce qu'elle était d'nhord, la plus formelle qu'il n'y a en dehors du
germe de tout, mais germe à l'état de lélliar- monde ni créateur ni ordonnateur. S'il con-
gie, se fait monde et organisme infini, où servait les noms de Dieu et de Providence,
l'individu n'est rien par lui et rien pour lui. c'était en leur donnant un sens tout différent
— Chaque objet délaché est le symbole et la du sens ordinaire. Tout le charme du monde
répétition de l'infini. Au début, la vie de reposait, suivant lui, sur celle antithèse ()ue,
l'individu est d'abord enveloppée dans un produit par des forces aveugles, il est néan-
germe; elle y sommeille, mais bientôt son moins en tout et partout rationnel. Dire que
activité s'éveille, se déploie et devient par la n:iture est une agrégation d'atomes sans
elle-même ce qu'elle doit devenir en vertu vie, combinés par le hasard, et dire (|u'une
de sa nature. Le germe se développe cimnie puissance étrangère à la nature et souverai-
s'il suivait un modèle. Même dans le règne nement intelligente a dispos le monde •
végétal et dans le règne animal, il s'efforce comme il est, ce sont là, s'il faut l'en croire,
de réaliser, dans son développement, uti type deux erreurs également insoutenables (1).
ou une idée; s'il suit son idéal avcuglétnenl, \'. De l'idé'il. Le lliéâlre des développe-
du moins il le suit exactement. Sans doiili; menls de l'idéal, c'est l'histoire.
nous n'observons ici l'idée que sur un degré Il y a une force supérieure qui domine et
inférieur de l'échelle; toutefois elle existe; dirige tous les développements de l'huma-
et si le germe s'y conforme de lui-même, nilé; mais cette force n'est pas un être libre
c'est une preuve manifeste qu'elle est sa loi. comme !e Dieu des chrétiens c'est une loi :
Mettez à la place d'un gland ou d'un œuf un nécessaire qui se trouve au sein de l'absolu.
sujet plus développé, l'homme, par exeiiiplo, Cette loi étant rationnelle ou idéale, on peut
il suivra avec une parfaite conscience l'idée a priori déterminer tout le plan de l'histoire.
de son déploiement, et il comprendra que Le développement progressif de l'absolu
cette idée n'est autre chose que son instinct dans le temps peut être divisé en trois pé-
interne, sa destinée essentielle. H se révèle riodes :la première est celle de la fatalité;
donc dans les individus, aussi bien que dans la seconde, celle de la nature; la troisième,
le grand tout, une loi qui se fait reconnaître celle de la providence. Nous sommes dans la
comme une irrésistible actiiilé, une néces- seconde période, et l'on ne peut dire quand
sité interne, ou une idée active et vivanle. arrivera la troisième. Sous ces trois noms,
Le monde réel n'est rien autre chose que le Destin, Nature, Providence, il faut reconnaî-
inonde idéal, passant de la puissance à l'acte, tre un même principe, toujours identique,
et i objectivant, se manifestant progressive- mais se manifestant sous des faces différen-
ment sous une forme visible et palpable. tes : en un mot, l'absolu.
Quoiqu'on ne puisse concevoir d'époque L'art est la création libre cl spontanée au
où la raison absolue ait existé seule et sans moyen de laquelle l'esprit humain réalise
l'univers objectif, quoique l'univers soit la extérieurement les intentions de réternelle
forme éternelle et nécessaire de la raison raison. Il n'est pas moins qu'une continuelle
absolue, il n'y en a pas moins développe- révélation de Dieu dans l'esprit humain.
ment et perfectionnement succc-sif dans L'Etat est l'image vivante, animée de la
l'existence du monde. L'imagination de la raison; il est l'œuvre île la raison lemlant à
nature dort dans la pierre, rêve dans l'ani- se manifester au dehors à mesure qu'elle
mal, et ne parvient ijue dans l'homme à une s'éveille dans les masses populaires; il est la
véritable connaissance de soi-même. mise en jeu, le résume le plus sublime de
Si l'activité de l'absolu n'a pas conscience toutes les puissances de l'idéal. La réali- —
de sa fin dans tous les objets, elle n'en pro- sation de la notion du droit, voilà le dernier
cède pas moins dans tous ralionnellemeni, et but que doit atteindre l'humanité. Ce sera la
tout le système d'organisation ((ui se révèle fusion de tous les peuples en un seul peuple,
dans le monde n'est autre chose que la rai- de tous les Etats en un seul Etat; on ne con-
son qui y existe. Il suit de là que tout est naîtra d'antres règles et d'autres lois que ce
bien, chaque chose étant ce qu'elle est en qui est bon, juste, légitime le droit sera sur
;
C'est là ce (jue le disciple le plus célèbre de Sortis de l'absolu, le réel et l'idéal viennent
Schelliiig, Hegel, exprimait par ces mois : se confondre dans l'absolu. Au dernier terme
Tout ce qui est réel cl rationnel. Ln raison — de ses développements, l'absolu fait un effort
liumaine est la loi du monile prenant pour se saisir, se savoir, se comprendre en
conscience d'elle-même au moment où elle tant qu'absolu, en tant que suprême identité.
atteint le plus haut degré de son développe- Il a conscience de cet elTorl, et alors apparaît
il) VoijCi Maiior, pag. 2G, 27. Veber dos rerliaeUni$$ der biltenden Kvnite :ur Naïur, toI. I, p^g. na.
61 DICTIONNAIRE DES HERESIES.
la philosophie; elle est la conscience qne sur les autres points, Schelling était inépni-
l'absolu .1 d lui-même. s.jble en ressources pour échapper aux ob-
L'jibsolii dénué de la conscience de soi- jections : lui reprochait-on de détruire la
même, voilà le point de dépari; l'absolu élevé dislinciion enire le vice et la vertu, les idées
à la conscience de soi-même, ou bien la de iiiérite el de déméiite alors il répon-
philosophie, voilà la conclusion dernière de dait « 11 y a quelque chose de plus grand
:
Point de création. Si Dieu est quelque chose. ploiement (les germes. La nécessité en »ertu
il n'est plus que l'âme du monde; il se dé- de laquelle un objet qui a conscience de lui
veloppe fatalement dans la nature et par la ( c'est-à-dire lin sujet) se développe d'une
nature, et c'est dans l'humanité seulement manière conforme à sa nature, est la liberté
qu'il arrive enfin à '"existence personnelle. au point de vue de ce sujet (i). »
VIII. L'identité absolue étant posée en X. .\insi donc il n'y a point de libre arbi-
principe, que deviennent la liberté el la res- tre l'homme fait ce qu'il veut, mais il ne
:
ponsabilité morale? Logiquement on ne sau- peut pas vouloir ,:ulre chose que ce qu'il
rait plus les admettre. Aussi Schelling s'esl- veut. Dès lors point de responsabilité morale;
il exprimé plus d'une fols en fitaliste. Nous point de vice, mais aussi point de vertu;
lisons, par exemple, dans Tennemann, qu'il point d'enfer, mais aussi point de ciel. —
définit la vertu « un état dans lequel l'âme
: L'âme humaine, dit-on, est la raison suprême
se conforme, non pas à une loi placée en dans une individualilé. Voilà qui est à mer-
dehors d'elle-même, mais bien à la nécessité veille Mais, si nous sommes des dieux in-
1
interne de sa nature.» Cependant ici, comme carnés, par malheur nous ne sommes im-
(1) Sdielling, dom la prudence est proverbiale en Allf- esa t. on devra donc dire que notre ànie pareillement re-
ni if,'ne, avui soinde dissimuler, par luuies sortes de sira- çoit de l'ab-olu toutes ses déLerminalions. C'est en vain
lagèmcs, les conséqnences nalurelles de ses principes; que Silii lliiig repousse celle conséquence; elle lui est
peut-êlre aussi làcbail-il de se faire illusion a liii-mêine. imposée Irrésisiibleaieut par son priULJpede l'idenUté.uni-
«L'absolu, disail-il ,délruil si peu notre personnaliié, verselle.
qu'ju contraire il demeure toujours ifjinanKnt dans les (-2> l'hibs. wtd Relij.'on, pag. 68.
'
trouvent
piTbonnaliiés qu'il consliuip; el dès l>rs elles son! cler- (3) Philos, ,.ndRe.igM:,V->'^60, Gl.Cesidecs se
iieMes. Dans l'organi<.me de l'homme, n'y a-t-il pas d'au- aussi dans I Ethique de S, 'mo«a «llcautudo non est vir-
:
tres oi'jjaiismes cpii ont une sorte de vie Indéiieiulanle et tntis praemiuiii, sed ipsa vin »«• .«l'^rt. ii, m
fine, part, iv,
même de liljeriéî Ainsi l'œil dans mire cori^s a son cti-
; propos. i9, 28, et part, v, pit'P- i^-
nalure,
vilé, ses fonctions, sa sauté, ses maladies el sa mort ;i (i) M. Matter, Schellhiq el L^ vMosophie de la
pan.» Maisi'œil n'a de mouvement qu'autant que l'.inn^ l>a<;. -m.
lui en impriqi«. Si l'exeaiple choisi par SahelUog est
69 SCIl scn 70
morlcls qu'en idée : l.i mort, en déchirant celle de l'idiMilité ; il redevint le Fils d" Dieu,
noire pnvi'lo[)iJC personnelle l'ail reiiirer , se soumit au Père, elrélablil ainsi dans l'u-
notre divinilc à l'éial talent. Cela est liislel nité primilive et divine lonl ce qui est. C'est
XI. Ex})licntion de nos mystères. Sur ee ainsi que l'infini. Dieu, est rentré dans ic,
fond de doctrines impies, Schelling étendait fini, le monde. .Aussi Dieu, devenu homme,
prudciiiinent un voile de t'ormuli's elirétien- le Christ, a élé nécessairement la fin des dieux
iies. H n'y a pas dans notre symbole un seul du paganisme (2). »
myslère ((n'il ne prélemlîl celairer et traduire «L'nnilé rétablie, l'homme ne peut néan-
scienliruiuemenl laTrinilé, lepéihéorigmel,
: moins se sauverquc parla mori derégo'isme,
l'incanialion, la re(l<Mnplion. devenaient (ies el en pariicipant au sacrifice du Christ. Or,
mélapliores ou des allégories panlhéij.li(iues; il faut la puissance divine, le Saiut-Esprii,
et tous les faits de l'iiisioire religieuse subis- pour faire cesser la division de la volonté, et
saient les Iransforaialions les plus inallen- de la pensée humaine. Ibiil.n
ducs sous la baguette puissante de ccMnagicien. Xii. Uisloire de la Jieli(/ion. Telle est en —
Essayons rapidement d'en donner qu(!lquc substance la théorie de la chute et de la ré-
idée. habililalion imaginée par Schelling. M. Ital-
Dédiéance. Noire aelivilé, suivant Sciiel- lanche, M. Cousin, et surtout .M. Leroux ont
ling, ne peut déiiver de Dieu tout entière; imité ce nouveau gnoslicismc d'une fiçoii
elle doit avoir une racine indépendante, uii, [ilus ou moins limiile. plus ou moins héiéro-
moins en ce qui concerne la liOcrlé de faire la doxe. Mais les vues du philosophe allemand
mal. Mais d où peut venir celle mauvaise .sur lo paganisme oui exercé parmi nous une
moitié de l'Iiomm', si elle ne vient pas de influence lieaucau[) plus profonde. Longue-
Dieu? A celle qucslion, voici la réponse du meiit déveliippct'daiis la compilation de MM.
philosophe: Le mondes primitif cl absolue ail Creuser el Gnigniant, elles apparaissent
tout en Dieu; mais le monde acluel o; relatif souvent dans MM. Cousin, E. Quiiicl, Leroux
n'est pas tel ([u'il était, et s'il ne l'est plus, el nue mullitude d'autres écrivains moins
c'est piéi iséuient parce qu'il est d.veiiu iinportanis. Nous allons donc les résumer.
([uolque rhosc en soi il La léaliiédu mal . Dans l'inlervalle entre la chute et la réha-
apparut avec le premier ai:le de la volonté liililaliiin,((les facultés de l'hommcagissaient
liuinaine, posée indc|ienilante ou différente inslinctivenient dans le sens des puissances de
de la volonté divine, ei ce premier acte a été la nature, el lisaient pour ainsi dire dans
l'origine de lonl le mal qui désole le inonde. leurs secrets. » C'est là ce qui explii]ue la
Ici ou cntievoit confusément deux systè- divination et le proplictisme, les oracles et
Dies bit n dilVérenls suivant l'un la chute
: , les mylholdgies (3).
originelle, source de tout mal, c'est lindivi- Touielasubstaïue de lareligionchrétienne
dualilé, la pei'sonnalile suivant l'autre, le; était cachée dans le symbolisme des mystères
péché |iriniitif a élé un acte de la volonté pa'i'ens elle se faisait graduellementcn vertu
:
humaine opposé à la volonté divine. Le de la loi du progrès, et, dans les derniers
premier de ces syslèines a été inspiré par le siècles qui ont précédé notre ère, elle était à
paniheisuie, bien (|ii an lomi il ne puisse pein* enveloppée de quelques voiles Irans-
s'accorder avec lui. (Juant au .second, il est parenls. Ainsi ce n'est pas seulement chez
bien clairement encore en conlradiclionavcc les .luifs et les patriarches que l'on doitcher-
le principe de l'ideniiié absolue. Comme les cher les origines de nos croyances. Cba()uc
gnusiiqiiesel Jacob lioelioie, dontileniprunte peuple de l'antiquité a contribué pour sa
souvenl les iilces el même le langage, Seliel- pirt à la forniaiion de noire symbole et de
ling, pi étend rattacher ses Ibeoiies les plus notre culte. Touies les religions pa'i'ennes
bizarres aux textes de nos livres saints mais ; étaient comiiie les divers chapitres d'une
il donne, bien eiilendu, à tes textes une si- vaste et nécessaire introduction au christia-
gnilicatioii dont personne ne s'était jamais nisme (k). Dupuis est un des hommes qui
avise. —
l'oursuivon.s notre exposilion. ont le mieux entendu l'histoire des religions
Ktluibilitalion. « La chute de riiomine ne
brisa pas seulement le lien qui ratlach<iit ses § II. — Nouveau système de Schelling.
facultés à leur centre; elle eut dans le monde Variations de Schelling. La pensée de
l.
des résultats immenses, l^c monde fut eu Schelling a subi de nombreuses transforma-
elïei, en dehors de Ijien, de Dieu priuiilif, de tions. UiseiiiledeFichle,il nes'éloignail guère
Dieu P.re. Il agit désormais comme être à
le d'abord de l'eii'-eignementde sou mailre; peu
part, a |)eu |)rès comme diiiis les théories à peu cependant il se déiacha de l'idéali.sme
gnosiitiques , ao^-w, l'àine du inonde, el les Iruuscendental el développa sa philosophiede
génies émanes de son sein. .Mais un Sauveur la nature. Suivant un de ses amis les plus in-
itevait ramener au père ce <iui était émane du times, c'est pendant son enseignement à lena
père; second Adaui, il assembla les puissan- qu'il s'épril d'enthousiasme pour le juif
ces disséminées, il rendit à leur primitive d'Amsterdam, et se fil décidément spinosisle.
harmoniela conscience du muudcclla sienne, « Mais voilà qu'il incline peu à peu vers lo
(Il M Mauer ajoule (lue, suivaiil Scliclliiiiî, 1': l>s()lii a dans Mais la verui consiste ), faire .ibiiégaiion de
!o lécli.'.
coïKiiiiile Hiomle ili^ lelle suri«, i|ii'il devint qnelfue chose suii in il\idiial té, et a retourner ainsi ï Uien, source élpr-
pur i<oi; uuiis alors c'esl itoiic I alisolii ijui esl .oupali oiiu ne II' des iinJiudiialiiés. » Bnuio, p. SKï titi.
pèche iiri;;inel. Koir ,U. jUaaer.p. 3J,ô'>. S, lielliui; .naililll (>) Mjl;er, pag. 34.
dans • S'il Jirivr que les èiresi|iie nous iioiii-
suii llriiiio : 3) Idviii, ibid.
moiislutl.vidii parvienneiilhuiiucoiiscie.Kiîiiidiviauelle,
Is (i) Flùtos. totd tteligioit, pag. 17,.
c'ost lorsqu'ils »e séparent de Dieu, et qu'ils vivent ainsi
71 DICTlONNAlRb: DLS IlEfiLSIES. 7Î
théisme, sans renoncer pour cela au fond de cieuse;mais il no réfuta complètement aucun
son système; la lecture de Jacob Boehme des adversaires qu'il combattit, et, à l'égard
parait avoir fait sur lui une vive impression. du plus grand nombre, il garda un silence
C'est désormais dans Schelling une lutte dédaigneux. Enfin, il se retira comme Achille,
entre le théisme et le panthéisme (1).» sous sa tente, et s'enveloppa majestueuse-
II. Retour au théisme. —
Peu à peu il s'est ment d'un mystère impénétrable. Laissant
opéré dans son intelligence une révolution ses amis et ses ennemis sedisputer entre eux,
dont les résultats définitifs viennent seule- il se bornait à dire qu'on ne le comprenait
ment d'être connus. Les causes de celte ré- pas, mais qa'il saurait en temps opportun
volution sont nombreuses. Vivement attaqué, faire cesser le malentendu.
Schelling, toui en se défendant, fut contraint 111. Lutte contre Hegel. — Lorsque les der-
de se rapprocher des opinions qu'on lui oppo- nières conséquences du système de l'identité
sait, et sans avoir le courage de reconnaître absolue ont été mises à nu par Hegel, et sur-
franchement ses erreurs, il devint à la fin si tout par ses disciples, une réaction a dû s'o-
différent de lui-même, que beaucoupde per- pérer et s'est opérée en effet. Malheureuse-
sonnes crurent à sa conversion. Les rationa- ment les adversaires de l'école hégélienne
listes l'accusèrent avec violence d'avoirtrahi partagent trop souvent quelques-unes des
leur cause, et de s'être fait catholique. Mal- erreurs même les plus graves de cette école.
heureusement ce n'était là qu'une erreur. Ainsi, bien qu'ils réclament en faveur du
Toutefois sans revenir complètement à la libre arbitre, ils conservent au fond des vues
vérité, le philosophe modifiait progressive- fatalistes, et cette inconséquence paralyse
ment sa terminologie et sa pensée. Il n'ac- tous leurs efforts. Nous ne parlons pas de
commodait pas seulement son langage à celui rAIlcmagnc catholique la foi y préserve la
;
du christianisme, mais il cherchait à ratta- raison de pareilles erreurs mais dans l'Al-: ,
cher ses théories les plus audacieuses aux lemagne |)rotestante, les esprits sont aban-
croyances communes; et bientôt il arriva à donnés à eux-mêmes. Un des hommes qui
des principes manifestement inconciliables avaient le plus contribué à égarer la philo-
avec ceux qui servaient de point de dé|)art à sophie germanique, entreprit de la ramener
son panthéisme. —
De plus un changement sur la roule des vérités morales et religieu-
heureux survint dans ses études. Aux médi- ses. Schelling, fort de son ancienne gloire et
tations abstraites, auxréveries enthousiastes du secret dont il avait entouré ses méditations
succédait l'observation des monuments etdes depuis trente années se rendit récemment à
faits historiques. Du jour où Schelling quitta Berlin pour y engager une lutte décisive. Le
le monde fantasticiue qu'il s'était créé pour discours d'ouverture du célèbre professeur
entrer définitivement dans le monde réel, il fut avidement lu dans toute l'Allemagne.
dut un peu se désenchanter des utopies qui Nouveau point de départ. Depuis Des- —
avaient absorbé d'abord sa jeune imagina- cartes, dit-il, la raison pure avec ses princi-
tion. Les extravagances dans lesquelles tom- pes a prioriaélé l'unique agent de la science
bèrent ses disciples les plus ardents, et l'in- philosophique. Or, la raison pure ne nous
croyable confusion d'idées qu'engendrèrent révèle que l'être en général, l'être indéter-
ses doctrines, durent aussi contribuer un miné, et partant impersonnel. Elle ne donne
peu à le désabuser. Il régnait sur la philoso- non plus que le nécessaire ; l'acte libre lui
phie allemande, mais son royaumeétait dans échappe. Mais ce qui est nécessaire est éter-
une anarchie qui présageait une ruine pro- nel aussi. Donc avec la raison pure toute
chaine. Bientôt son école se débanda. Le seule, et abstraction faite de nos autres
plus conséquent de tous ses sectateurs, son moyens de connaître, on ne trouvera, si l'on
ami Hegel, devintun de ses adversaires les (St conséquent, qu'un Dieu impersonnel, un
plus déclarés ; Oken et Wagner prirent une monde nécessaire et éternel, le panthéisme
attitude analogue, quoique avec moins d'é- en un mot; la personnalité et la liberté,
clat. Outre ces amis, changés en ennemis, jamais. L'histoire de la philosophie moderne
Schelling eut encore bien d'autres antago- le prouve. L'emploi exclusif de la méthode
nisies. D'abord Fichle défendit son système a priori l'a conduite de système en système
,
lisé. De son côté, Eschenmnyer prouva sans nouir aussitôt sans retour. Mais heureuse-
peine que principe de l'ideiitilé absolue
le ment la raison pure n'est pas le seul moyen
sapait la morale par sa base, en détruisant que nous ayons d'arriver à la science. Si la
la personnalité et la liberté. En un mot tou- création à été un acte libre, nous ne pouvons
tes les écoles se liguèrent ensemble pour connaître les créatures qu'a posteriori, par
combattre l'ennemi commun. l'expérience. La méthode expérimentale ou
Schelling fit d'abord assez bonne conte- historique devra donc trouver sa place dans
nance grâce aux ténèbres dont il avait tou-
;
la philosophie, si la liberié existe. Or, sommes-
jours enveloppé sa pensée et à la flexibilité nous primilivement portés à concevoir toutes
de ses l'ormule>, il put répondre à quelques chosescomme nécessaires Evidemment non.
"?
objections d'une manière plus ou moins spé- « Nous sentons en contemplant les choses de
(IJ Histoire Je ta vie et des ouvrage* de Spiuos», par A. Saintes, pag. 287
—
73 SCH SCIl 71
ce itionae, qu'elles pourraient ne pas être, la création. Ce dualisme est dominé par un
qu'elles pourraient être aulremont, qu'elles troisième principe, qui apparaît dans le
sont acridentclles. L'Iiunianité témoigne en monde avec l'homme, lorsque l'existence
noire faveur le Dieu qu'elle adore est un
: aveugle a été vaincue. L'homme, re>prit,
Dii'U personnel et libre. Nous avons encore, possède tous les principes de l'existence ;
pour préférerla méthode historiiiue, tous les mais 1,1 matière aveugle est enlièrenn-nl trans-
instinrts qui protestent en nous eoulro le figurée en lui. Tout en lui est luinière et
paniliéisme.Nous avons les souveraines cer- harmonie, il est l'imige fidèle di; Dieu. A
titudes de la morale qui suppose la liberté de l'exemple de Dieu, il est libre aussi, il est
riioiiime et la pcrsonnalilc de Dieu. « maître de rester uni à Dieu, ou de s'en déta-
Inconséquence. —
Telles sont les idées que cher, de demeurer ou non dans l'harmonie.
Sclielling développe dans une partie de son V. Chuie primitive. —
« L'expérience seule
cours d'introduction mais après celle vigou-: nous apprend ce qui s'est passé. L'élat de
reuse attaque contre la pli ilosn phi e pan théiste, l'bomine atteste la chute. Kncore ici le décret
il revient, ce semble, à ïn iiiélhode exclusive est libre, mais il se réalise d'après des lois
dont il a moniré le vice, et il semble se ré- nécessaires. L'homme tomba en s'asservis-
concilier un peu avec les systèmes rationa- sant au principe de la matière. Un eonilit
listesauxquels il a fait la guerre. La théorie pareil à celui qui produisit la matière dut
spinosisic qu'il professa autrefois est pré- alors se renouveler. Seulement celte guerre,
sentée par lui comme une sorte d'avenue au lieu de remplir de.'on trouble les espaces
aboutissant à ses nouvelles doctrines. Il ne de l'univers, n'agita plus que les profondeurs
la renie pas, il veut .'eulemcnt la compléter de la conscience humaine. Pendant de longs
en la corrigeant (1). Il y fait un changement siècles l'homme fut, pour ainsi dire, dépos-
capital, car il abjure déûnitivement le pan- sédé de lui-même il n'était plus l'hôte de
;
théisme. « Ou nedeseend pas nécessairement la raison divine, mais celui des jiuissanees
dil-il,de Dieu aumonde mais on remonte ; l'itaniqiies, désordonnées, <|ui renouvelaieat
nécessairement du monde à Dieu, de l'effet en lui leurs anciennes discordes » Alors —
à la cause, et le Dieu auquel on arrive par il dut lui apparaître des dieux étranges que
Cette voie est un Dieu personnel et libre. » nous ne pouvons plus concevoir ; et il ne
Si de l'introduction nous passons au sys- pouvait s'affranchir de cette tumultueuse
tème, nous apercevrons bientôt que le phi- vision. La lutte qui avait une première fois
losophe n'y est guère fidèle à la nouvelle produit le monde, produisit les mythologies.
inéihoJe qu'il a proclamée au lieu de com- ; La marche de cette lutte fut la même qu'au-
biner habilement la raison pure et l'obser- trefois, el le principe de la matière fut à la
vation, il retourne à son ancienne méthode, fin enlièremenl domplé. Après ces vastes
cl procède par intuition au lieu de faire de : préliminaires, le chrislianisme parut, créa
la philosophie sérieuse et solide, il fait de la l'homme, pour ainsi dire une seconde fois,
poésie. S'il échappe au panthéisme, il reste el le rendit à lui-même el au vrai Di'U.
toujours engagé dans un illuminisnie sans Dupufjanisme. —
Ainsi, suivant Srhclling,
règle. les mythologisles étaient pour l'homme dé-
ï\ . De la création. —
Dieu crée, dit-il, par chu une nécessité. Notre nature était alors
un acte libre de sa volonté mais si le décret ; dans un étatlrès-différent de son état actuel;
est libre, une fois prononcé, il se réalise par il ne faut donc point condamner le paganis-
un procédé constant. Dieu crée d'après les me; il était une conséquence fatale de la
lois éternelles que l'existence a en lui. Le — chute, et en même temps une réhabilit itioii
mystère de la création est assurément impc- progressive. Les culles idolâlriqui's forment
néirahle. —
Le philosophe prétend néan- une série ascendante d'iniliations de plus en
moins en pénétrer les secrets les plus obscurs. plus lumineuses el pures.
L'analyse s'avoue impuissante à donner une De la révélation. —
Ici Sehelling arrive à
idée un peu complète des spéculations inac- sa théorie de la révélation, appliciiion assez
cessibles dans lesquelles s'en fonce l'audacieux bizarre et presque inintelligible des hypo-
penseur; en voici seulement les principales thèses ontologiques qui servent de point de
conclusions : départ à tout le syslème.En voici le résumé.
Il y a trois principes ou facteurs de l'exis- — La suite naturelle de la chute ét.iit la
tence (2). D'abord, un principe de l'existence ruine de l'homine. Mais la volonlé divine in-
absolue, indéterminée, en quel(|uc sorte tervint pour nous sauver, et réduisit de nou-
aveugle et chaotique. Puis une énergie rivale veau le principe de la matière. La force ri-
qui lui résiste et la restreint. La lutte de ces vale, qui avait déjà triomphé de ce principe
deux puissances, et le triomphe progressif dans la création, pouvait seule la soumettre
de la seconde, ont produit la variété des êtres de nouveau. Celle force, qui est le Démiurge,
e'. le développement toujours plus parfait de apparut donc soumise à Dieu, et eu même
(t) «Je suis toujours sur te m(^inc lerr.iin, mais il est ^"Philosophie —
(ilus
saie,
élevé. » 'telles sonl les immles que Schelliiij; .iil' es-
temps nnie a une race coupable; elle devint tout a raison d'être en sou temps. Plu- de
le Verbe médiateur. Dans sa lulle contre règle éternelle du juste, et par conséquenL
la matière aveugle, cette puissance divine plu^ de conscience, plus de responsabilité.
avait produit d'abord les mijthuloijies; mais La liberté n'a donc pu se trouver que dans
c'étaitpour elle un chemin et non le but. Les l'acte de la chute.... Le fatalisme pèse sur
dieux des mylhologies n'existaient que dans tout le reste de l'histoire; et sommes-nous
rjmagination deriiomme. Le Verbe ^\\^ chris- bien loin avec lui des conséqaeDces morales
tianisme, au contraire, apparut dans une du panthéisme ?
chair réelle, et se mêla aux hommes, comme '\
111. Le christianisme, d'après Schelling,
une personnalité liistincte. Le christianisme se dislingue des mythologies. mais il ne les
n'est point la plus parfaite des mylhologies ; contredit pas; sans elles, il n'aurait pu s'ac-
il les abolit, au contraire, en réunissant complir. Elles ont été comme lui inspirées
l'homme à Dieu, en le faisant, comme autre- par le Démiurge, ou le Verbe rédempteur;
fois, souverain, non plus esclave de la na- elles le préparent, elles en sont, pour ainsi
ture. 11 parait que Schelling adinet l'incar- dire, les propylées. Evidemment ce n'est pas
nation, la résurrection, l'ascension seulement : là ce que pense le christianisme; l'idolâtrie
il les explique à la facondes gnoiliques. L'Ë- et le péché sont pour lui même chose; il
vangile est à ses yeux une histoire réelle. n'excuse d'aucune manière la mythologie.
La religion, di(-il, ne sera point dépossédée Schelling n'est pas plus orthodoxe dans ses
par la philosophie; mais le dognie, au lieu vues sur le judaïsme. A vrai dire, on ne sait
d'êlre imposé par une autorilééxtêrieure, sera guère à quoi demeure bon un peuple élu, une
librement compris et accepté par l'intelli- fois que les mythologies annoncent et pré-
gence. De nouveaux temps s'annoncent. Le parent le christianisme. Schelling se montre
caiholiciSiL relevait de saint Pierre; ia ré- fort embarrassé de ce qu'il en doit faire.
forme de saint Paul; l'avenir relèvera du IX. Conclusion. —
Ce n'est là qu'une phi-
disciple préféré, de saint Jean, l'apôtre de losophie apocryphe du christianisme elle né ;
l'amour; nous verrons enfin l'homme affran- peut satisfaire ni les philosophes rationalis-
chi de toutes les servitudes, e!, d'un bout de tes ni les théologiens orthodoxes. Aussi
,
la terre à l'iiulre, les peuples prosternés dans Schelling ne fait pas école à Berlin. Le roi
une même adoration, unis par line même lui témoigne toujours une hante faveur;
charité. mais son snccès ne va pas plus loin.
VI. Schelling paraît considérer Ces rêveries SCHISME. Ce terme, qui est grec d'ori-
comme une apologie transcendante du chris- gine, signifie division, séparation, rupture,
tianisnie.Mais asburément, si cette religion et l'on appelle ainsi le crime de ceux qui,
ne pouvait être sauvée que par de semblables étant membres de l'Eglise catholique, s'en
transformations, il y aurait fort à craindre séparent pour faire bande à part, sous pré-
pour son avenir ; car Schelling ne formera texte qu'elle est dans l'erreur, qu'elle auto-
pas même une secte aussi nombreuse que rise des désordres et des abus, etc. Ces re-
celle de Vatenlin ou de Swedenborg. Com- belles ainsi séparés sont des schismaliques;
ment, eh (ffel, le vent dû douté, qui ébranle leur parti n'est plus l'Eglise, mais une secte'
tout en Allemagne, n'emporlerait-il pas ce particulière. •
Tout cela ne pose sur ri'-n, ni sur la faison, iiisine des esprits légers, orgueilleux, am-
ni sur la révélation. Si le christianisme, ce bitieux de dominer et de devenir chefs de
firmament du monde moral, menaçait jatnais parti qui se sont crus plus éclairés que
,
de s'écrouler, ce n'est pas avec de pareils l'Eglise entière, qui lui ont reproché des er-
échafaudages d'hypothèses arbitraires qu'on reurs et des abus, qui ont séJuit une partie
pourrait le soutenir et empêcher sa ruine I de ses enfants, et qui ont formé entré eux
Si Schelling renonce au panthéisme, il s'ef- une société nouvelle ; les' apôtres mêmes «fît
force eiicore de maintenir quel((uei-unesdes vu nallre ce désordre, ils l'ont condamné et
erreurs qui en étaient la conséquence dans l'ont déploré. Lés schismes principaux dont
ses anciennes théories. parle l'histoire ecclésiastique sont celui des
Vil. Futatisme. —
L'idée de la liberté est novatiens, celui des donatisles celui des ,
le point capital qui distingue les nouvelles lufifériens, celui des Grecs qui dure encore,
opinions de Schelling de ses opinions an- enfin celui des protestants; nous avons
ciennes. Mais ne semble-l-elle pas Oubliée et parlé de chacun sous son nom particulier :
même détruite dans les détails, et ne peut-on il nous reste à donner une notion du grand
pas encore trouvera côté d'elle le fatalisme ? schisme d'Occident , mais il convient d'exa-
L'homme, en effet, est après sa chute soumis miner auparavant si le schisme en lui-même
an chouvemcnl mythologique, et ne peut pas est toujours un crime, ou s'il y a quelque
s'y SOtistraire ; il n'est plus libre. Le reile-^ motif capable de le rendre légitime. Nous
viént-il avec le Nullement.
christianisme ? soutenons qu'il n'y en a aucun, et qu'il ne
L'esprit humain se développe dès lors dans peut y en avoir jamais; qu'ainsi tous les
la philosophie, comme autrefois dans la my- schismaliques sont hors de la voie du sa-
thologie sous l'empire d'une loi inflexible. lut. Tel a toujours été le sentiment de l'E-
Les systèmes se succèdent pour une raison glise catholique; voici les preuves qu'elle en
nécessaire, et chacun apporte avec lui une donne.
jnorale différente. Le bien et le mal varient 1" L'intention de Jésus-Christ a été d'éta-
sans cesse;ou mieux, il n'y anibien, ni mal; blir l'union entre les membres de son Eglise;
77 SCH SCH 78
il dit (1) : « Je donne ma
vie pour mes bre- biame toute espèce de dirisions. «Si quel-
bis ; j'en ai d'.iulrcs i]ui
ne sont pas encore qu'un, dit-il, semble aimer la dispute,
ce
dans le hercail il faut que je les y amène,
:
n'est point notre coiiiunjft ni celle
de l'Eglise
et j'en ferai un seul troupeau sous un même de Dieu ... à la vérité il f,iitt qu'il
;
y ait des
pastc r. » Donc ceux qui sortent du bercail hérésies, aOn qu'on connaisse (larmi
vous
po,;r l'ormcruii troupeau à pari vont directe- ceux qui sont à l'épreuve {"): » On s.titque
ment contre l'intention de Jésus - Christ. Il !'héié>ie est le choix d'une doctrine particu-
est évident que ce divin Sauveur, sous le lière. Il met la dispute, les dissensions,
les
nom de brebis qui n'étaient pas encore dans sectes, les fnimitiés, les jalousies, au nombre
le bercail,entendait les gentils malgré l'op-
: des œuvres de la chair (8).
position qu'il y avait entre les dens opi-
Saint Pierre avertit
les fidèles o qu'il
nions, leurs mœurs, leurs habitudes cl celles y
aura parmi eux de faux propbèles, des doc-
des Juifs, il voulait en former non deux
leurs du mensonge qui introduiront des
troupeaux diflérenls, mais un seul. Aussi,
sectes pernicieuses, qui auront l'audace de
lorsque les Juifs convertis à la foi refasèrent
mépriser l'autorité légitime, qui, pour leur
de fraterniser avec les gentils, à moins que
propre intérêt, se feront un parti par leurs
crus- ci n'embrassassent les lois et les blasphèmes... qui entraineroBt le» esprits
moenrs juives, ils furrfil censurés et con- inconstants et légers.... en leur promettant
damnés par les apôlres. Stint Paul nous fait
la liberté, pendant qu'enx-mêmes sont les
remarquer qu'un dis grandes motifs de la
esclaves de la corruption (9).» Ii ne pouvait
venue de Jésus -Christ sur la terre a été de
pas mieux peindre les schismi tiques,
détruire le mur de séparation qui était entre qui
veulent, disent- ils, réformer l'Eglise.
la nation juive et les autres, de faire cesser
Saint Jean parlant d'eux les nomme des
par son sacrifice l'inimitié déclarée qui les
nntechrists. «ils sont sorli< d'enlre nous,
divisait, et d'établir entre elles une paix
dit-il, mais ils n'étaient pas des nôtres;
éternelle (2). De quoi aurait seryi ce traité s'ils
en avaient été, ils seraient demeurés avec
de paix, s'il devait être permis à de nou-
nous (10). » Saint Paul en a fait un tableau
veaux docteurs de former de nouvelles di-
visions et d'exciter bientôt entre les mem-
non moins odieux ^llj.
bres de l'Eglise des haines aussi déclarées 3 Nous ne devons donc pas être étonnés
de ce que les Pères de l'Eglise, tous remplis
que celle qui avait régné entre les Juifs et
des leçons de la duclrine des apôtres, se
les gentils?
sont élevés contre tous les .-chismaiiques,
2" Saint Paul, conformément aux
leçons et ont condamné leur témérité saint
de Jésus-Christ, représente l'Eglise, non- Irénée ;
i.ion et la concorde sont revenurs parmi trelc. Suivez l'exemple de notre Sauveur,
«
vous, ainsi que nous ne cessons de le de- ajoute Poljc rirpe restez fermes dans la foi,
;
maniiir par nos vœux cl nos prières, el afin immuables dans l'unanimité, vous aimant
qu'il nous soil donné de nous réjouir du les uns les autres. » A l'âge de quatre-vingts
rélablisSfinenl du bon ordre p iimi nos frè- ans et plus, on le vil partir pour aller à
res d;' Coriiiiiie. » Qu'aurait dii ce poniife Rotiie conférer avec le pape Anicet sur des
aposloli(|ue d<'S grandes défcilions de l'O- articles de pure discipline il s'agissait sur- :
son épîire aux Smyrniens, il leur dit : « Evi- carpe, dit cet héréli(iue? Oui, sans doute, —
tez les schismes désordres, source de
el les pour le fils aîné de Satan. » il ne pouvait
tous les maux. Suivez voire évêque comme contenir sa sainte indignation contre ceux
Jésus-Christ, son Père, et le collège des prê- qui par leurs
,
opinions erronées s'alta-
tres comme les apôlres.Que personne n'ose
chaient à pervertir el diviser les chrétiens.
rieu entreprendre dans lEglise, sans l'évé- Sainl Justin, qui de la philosophie plato-
que. » — Dans sa leilre à Poljcarpe. « \cil- nicienne passa au christianisme, le défendit
lez, dit-il, avec le plus grand soin à l'unilé, p;ir ses apologies, et le scella de son sang,
à la concorde, qui sont les premiers de tous nous apprend que l'Eglise est renfermée
les biens. » Donc les premiers de tous les d:ins une seule el unique communion, dont
maux sont le schisme et la division. Puis les hérétiques sont exclus. « 11 y a eu, dil-il,
dans la même lettre, s'adressant aux fidèles: et il y a encore des gens ijui, se couvrani du
«Ecoutez votre évéquf, afin que Dieu vous nom de chrétiens, ont enseigné au monde
écoute aussi. Avec quelle joie ne donnerais-je des dogmes contraires à Dii'u, des impietés,
pas ma vie pour ceux qui sont soumis à des blasphèmes. Nous n'avons aucune com-
révêque,aux prêtres, aux diacres Puissé-je
! munion avec eux, les regardant comme des
un jour être réuni à eux dans le Sei);ni'ur » ! ennemis de Dieu, des impies et des mé-
Et dans son épître à ceux de Philadelphie : chants (I). »
«Ce n'est pas, dit-il, que j'aie trouvé de Le grand évêque de Lyon, saint Irénée,
schisme parmi vous, mais je veux vous pré- disciple de Polycarpe, et martyr ainsi que
munir comme des enfants du Dieu.» Il n'at- son maître, écrivait à Florinus,qui lui-même
tend pas qu'il ait éclalé du schisme; il en avait souvent vu Polycarpe, et qui commen-
prévient la naissance, pour en étouffer jus- çait à répandre certaines hérésies Ce : '<
qu'au germe. «Tous ceux qui sont au Christ, n'est pas ainsi que vous avez été instruit par
tiennent au parti de leur évêiiue, mais ceux les évéques qui vous ont précédé. Je pourrais
qui s'en séparent pour embr.isser la com- encore vous montrer la pluce où le bienheu-
munion de gens maudits, seront retranchés reux Polyc.irpe s'asseyait pour prêcher la
et condamnes avec eux. » Et aux Epliésiens: parole de Dieu. Je le vois encore avec cet air
« Quiconque, dil-il, se sépare de l'évéque et grave qui ne le quittait jamais. Je me sou-
ne s'accoide point avec les premiers-nés de viens et de la sainteté de sa conduite, cl de
l'Eglise, est un loup sous la peau de brebis. la majesté de son port, el de tout son exté-
Efforcez- vous, mes bien-aimés, de rester rieur. Je crois l'entendre encore nous racon-
attachés à l'éNéque, aux prêtres el aux dia- ter comme il avail conversé avec Jean et
cres. Qui leur obéit, obéit au Christ, par le- plusieurs autres qui avaient vu Jésus-Christ,
quel ils ont élé établis ; qui s(^ révolte <onlre cl (inelles paroles il avait entendues de leurs
eux, se révolte contre Jésus.» Qii'aurail-il bouches. Je puis vous protester dev.inl Dieu,
donc dit de ceux (|ui se soni révoltés depuis que si te saint é\éque aviiit entendu des er-
contre le jugement des conciles œcuméni- reurs paieilles aux vôires, aussitôt il se
ques, el qui, au mépris de tous les é\è(iues serait bouché les oreilles en s'écriant, sui-
du monde entier, se sont attachés à quelques vant sa coulume Bon Dieu à quel siècle
: 1
des opinions hérétiques. Or, l'hérésie atliique sionné des schismes, hommes cruels qui
à la lois tt l'unilé de doilrine, (|u'elle cor- n'ont aucun amour pour lui, et ((ui, préfé-
rompt par ses erreurs, et l'unité de gouver- rant leurs avantages propres à l'unité de
nement auquel elle se soustrait par upiuiâ- l'Eglise, ne balancent point, sur les raisuus
en leur pouvoir.... Mais ceux qui séparent à cet exemple, vous qui nourrissez le schisme
et divisent l'unilé de l'Eglise, recevront le et le défendiez impunément? »
châtiment de Jéroboam. » Saint Chrysoslome « Rien ne provoque :
Saint Denys, évèiiue d'Alexandrie, dans sa autant le courroux de Dieu, que de di-
lettre à Novat qui venait d'opérer un schisme viser son Eglise. Quand nous aurions fait
à Rome, où il avait fait consacrer Novalien un bien innombrable, nr)us n'en péririon.q
en opposition au légitime pape Corneille, pas moins pour avoir rompu la communion
lui dit: «S'il est vrai, comme lu l'assures, de l'Eglise, et déchiré le corps de Jésus-
que lu sois fâché d'avoir donné dans cet Christ (3). »
écart, montre-le-nous par un retour [)rompt Saint .Augustin « Le sacrilège du schis-
:
et volontaire. Ciril aurait fallu soufl'rir tout me; le crime, le sacrilège plein de cruauté;
plutôt que de se séparer Je l'Eglise de Dieu. Il le crime souverainement atroce du schisme ;
serait aussi glorieux d'être martyr, pour sau- le sacrilège du schisme qui outrepasse tous
ver l'Eglise d'un schisme et d'une séparation, les forfaits. Quiconque, dans cet univers, sé-
que pour ne pas adorer les dieux, et beau- pare un homme et l'attire à un parti quel-
coup plus glorieux encore dans mon opinion. conque, est convaincu par là d'être filsdes
Car, dans le dernier cas, op. est marlyr pour démons et homicide. » Passi'iK « Les doua-
son âaie seule; dans le premier, pour l'Eglise tisles, dit-il encore guérissent bien ceux
,
entière. Si donc tu peux, par d'amicales per- qu'ils baptisent de la plaie d'idolâtrie,
mais
suasions ou par une comluite niàle, ramener en les frappant de la plaie plus fatale du
tes frères à l'unité, cette bonne action sera schisme. Les idolâtres ont été quelquefois
plus imporlanle que ne l'a été ta fauie; celle- moissonnés par le glaive du Seigneur; mais
ci ne sera plus à ta charge, mais l'autre à ta les srhismati(iues , la terre les a engloutis
louange. Que s'ils refusent de te suivre et vifs dans son sein (V).» «Le schismalique
d'imiter ton retour, sauve, sauve du moins peut bien verser son sang, mais jamais obie-
ton âme. Je désire que tu prospères toujours nir la couronne. Hors de l'Eglise, et après
et que la paix du Seigneur puisse rentrer avoir brisé les liens de charité et d'unité,
dans ton cœur (1). » vous n'a\ez plus à attendre qu'un ehâiiment
Saint Cypiicn: «Celui-là n'aura point éternel, lors même que, pour le nom de Jé-
Dieu pour père, (jui n'aura pas eu l'Eglise sus-Christ, vous auriez livré votre corps aux
pour mère. S'imaginenl-iU donc les schis- ( flammes (o). »
maliques) que Jésus -Christ soit avec eux H serait facile d'èlendre les citations, en
quand ils s'asuomblenl, eux qui s'assemblent ajoutant Terlullien, Origène, Clément d'A-
hors d<! l'Eglise? Qu'ils sachent que, même lexandrie, Firmilien de (^ésarée, Théophile
en donnant leur vie pour confesser le nom d'Anlioche, Lactanie, Eusèbe, Ambroise,
du Christ, ils n'effaceraient point dans leur etc., et après tant d'illustres témoins, les dé-
sang la tache du schisme, attendu que le cisions des évêques réunis en corps dans les
crime de discorde est au-dessus de toute conciles particuliers d'Elvireen 305; d'Arles
expiation. Qui n'est point d.ins l'Eglise ne en 31i; de Gangres vers 3G'); de S.irajjosse,
saurait être marlyr.» Eivrc de l'Unité. Il 381; de Carlhage, 398; d- Turin, 39'J; de
montre ensuite l'énormilé de ce crime par Tolède, iOO; dans les conciles généraux de
l'effrayant supplice des premiers schismati- Nicée, 3-25; de Constantinople, 331; d E-
ques, Coré, Uathan, Abiron.el de leurs deux phè^e, 411; de Chaiccdoine, 45!.
cent cinquanle complices « La terre s'ouvrit
: J'aime mieux citer des autorités qui, pour
sous leurs pieds les engloutit vifs et de-
, être plus modernes, n'eu seront peut-être
bout, et les absorba dans ses entrailles brû- pas moins fortes....
lanles. » La confession d'.\ngsbourg, art. 7: «Nous
Saint Hilaire, cvêque de Poitiers, s'ex- enseignons que l'Eglise une, sainte, subsi-
prime ainsi sur l'unité: Encore qu'il n'y
>< stera toujours. Pour la vraie unilé de l'E-
ait qu'une Eglise dans le monde, chaque glise, il suffit de s'accorder dans la doctrine
ville a néanmoins son église quoi(]u'ell( s , de l'Evangile et l'administration des sacre-
soient en grand nombre, parce qu'elle est ments coimne dit saint i'aul
, une foi un : ,
toujours une dans le grand nombre (2j. » baptême, un Dieu père de tous. »
S.imt Optât de Milève cite le même exem- La confession helvéticiue, art. 12, parlant
ple pour nmntrer que le crime du schisme des assembléi s que les fidèles ont tenues de
est au-dessus mémo du parricide et de l'ido- tout temps, depuis les apôtres, ajoute: «Tous
lâtrie. 11 observe que Cain ne fut point puni ceux qui les méprisent et s'en séparent, mé-
de mort, que lesNiniviles obtinrent le temps prisent la vraie religion, et diivenl être
de mériter grâce par la |)énileiice. .Mais dès pressés par les parleurs et les pieux ma-
que Coré, D.ithan, Abiron se portèrent à di- gistrats, de ne point persister opiniâtrement
viser le peuple ,« Dieu dit-il envoie une
, , dans leur séparation. »
faim dévorante à la terre aussitôt elle ouvre
: La confession anglicane, art. 16: «Nous
une gueule énorme, les engloutit avec avi- croyons qu'il n'est permis à personne de se
li) Eusi'bo, llist. eccliîs., liv. vu. (i) Liv. I contre les Donatlsles.
(2| Sur le psuuaie xiv. (S) Eplire allouai.
I3j Uoméliii sur l'Iiipitre aux Epliésiens
,
n'y a d'héritiers de la vie élernelie que dans en ont eu d'assez fortes pour qu'on ne puisse
l'assemblée des élus, suivant celle parole : plus les accuser d'avoir été schismatiques.
Ceux qu'il a choisis, il les a appelés. » Ndus examinerons ces raisons ci -après.
La confession b ihémienue, art. i2 ; « Nous Calvin lui-même et ses principaux disciples
avons appris que tous doivent g;irder n'ont pas tenu un langage différent.
l'unité de l'Eglise.... que nul ne doit y intro- Mais, avant de discuter leurs raisons,
o"
duire de sectes, exciter de séditions, mais se il boa de voir d'abord si leur conduite
est
montrer un vrai membre rie l'Eglise dans le est conforme aux lois de l'équité et du bon
lien de la paix eî l'unanimité de .«enliment. » sens. Ils disent qu'ils ont été en droit de
Etrange cl déploraiile aveuglement dans ces rompre avec l'Eglise romaine, parce qu'elle
hommes, de n'avoir su faire rap|)lication professait des erreurs, qu'elle autorisait des
de ces principes au jour qui précéda la superstitions et des abus auxquels ils ne
prédication de Luther Ce qui élait vrai,
1
pouvaient prendre part sans renoncer au
lorsqu'ils dressaient leurs confessions de foi salul éternel. Mais qui a porté ce jugement,
et leurs caléchi^nies l'était bien sans doute et (jui en garantit la certitude? Eux-mêmes
aulant alors. el eux seuls. De quel droit ont-ils fait tout à
Calvin lui-même enseigne que s'éloigner la fois la fonction d'accusateurs et de juges?
de l'Eglise, c'est renier Jésus-Chrisl; qu'il Pendant que l'Eglise catholique, répandue
faut bien se garder d'une séparation si par toute la terre, suivait les mêmes dogmes
criminelle qu'on ne saurait imaginer et la même morale, le même culte, les mêmes
attentat plus atroce que de violer, par une lois qu'elle garde eucore, une poignée de
perûdic sacrilège l'alliance que le Fils unique prédicants, dans deux ou trois contrées de
de Dieu a daigné contracter avec nous (1). l'Europe, ont décidé qu'elle était coupable
Malheureux 1 quel arrêt est sorti de sa d'erreur, de superstition, d'idolâtrie; ils
bouche 1 11 sera éternellement sa propre l'ont ainsi publié ; une foule d'ignorants et
condamnation. d'houiiiies vicieux
ont crps et se sont
les
k° Pour peindre du crime des
la grièvelé joints à eux devenus assez nombreux et
;
propre sang, de cette mère qui nous engendre les a rendus juges et supérieurs de l'Eglise
à Dieu, qui nous nourrit du lait d'intelligence d.ius laquelle ils avaient été élevés et in-
qui est sans fraude, qui nous conduite la struits, et qui a ordonné à l'Eglise de se
béatitude éternelle. Quel crime plus grand soumettre à leur décision, pendant qu'ils ne
que de se soulever contre une telle mère, voulaient pas se soumettre à la sienne.
de la diffamer par tout le monde; de faire Lorsque les pasteurs de l'Eglise assemblés
rebeller tous ses enfants contre elle si on ; au concile de Trente, ou dispersés dans les
le peul.deleslui arracher du sein par milliers divers diocèses, ont condamné les dogmes
pour les entraîner dans les flammes éter- des protestants, et ont jugé que c'étaient des
nelles, eux et leur postérité pour toujours? erreurs, ceux-ci ont objecte (jue les évê(]ues
Où sera le crime de lèse-majesté divine au citholiques se rendaient juges et parties
premier chef, s'il ne se trouve là? Dn époux Mai-., lorsque Luther, et Calvin, el leurs
qui aime son épouse et qui connaît sa vertu, adhérents, ont prononcé du haut de leur
se lient plus mortellement offensé par des tribunal que l'Eglise romaine était un cloa-
plus permis qu'aux pasteurs catholiques? Ils tendue clarté de l'Ecriture sainte sur les
ont fait de gros livres pour justifier leur questions disputées entre les prolestants et
schisme: jamais ils ne se sont proposé cette nous.
uucslion, jamais ils n'ont daigné y répondre. 6' Il y a plus : en suivant le principe sur
L'évidence, disent-ils, la raison, le bon leiiucl les protestants avaient fondé leur
sens, voilà nos juges et nos titres contre schisme ou leur séparation d'avec l'Eglise
l'Eglise romaine. Mais celte évidence pré- romaine, d'autres docteurs leur ont résisté,
tendue n'a été et n'est encore que pour eux , leur ont soutenu qu'ils étaient dans l'erreur,
personne ne l'a vue queux la raison est la ; et ont prouvé qu'il fallait se séparer d'eux.
leur et non celle des autres, lebon sens qu'ils Ainsi Luther vit éclore parmi ses prosélytes
réclament n'a jamais été que dans leur cim- la secte des anabaptistes et celle dos sacra-
yeau. C'est de leur part un orgueil bien mentaires, et Calvin fit sortir de son école
révoltant, de prétendre qu'au seizième siècle les sociniens. En Angleterre, les puritains
il n'y avait personne qu'eux dans toute ou calvinistes rigides n'ont jamais voulu
l'Eglise chrétienne qui eût des lumières, de fraterniser avec les épiscopaux ou anglicans,
la raison, du bon sens. Dans tontes les et vingt autres sectes sont successivement
disputes qui, depuis la naissance de l'Eglise, sorties de ce foyer de division. Vainement
se sont élevées entre elle et les novateurs , les chefs de la prétondue réforme ont fait à
ces derniers n'ont jamais manqué d'alléguer ces nouveaux schismatiques les mêmes re-
pour eux l'évidence, la raison, le bon sens, proches que leur avalent faits les docteurs
et dp défendre leur cause comme les proles- catholiques on s'est moqué d'eux, on leur
;
tants défendent la leur. Ont-ils eu raison a demandé de quel droit ils refusaient aux
tous ? et l'Eglise a-t-ellc toujours eu tort? autres une liberté de laquelle ils avaient
Dans ce cas, il fautsoutenir que Jésus-Christ, trouvé bon d'user eux mêmes, et s'ils ne
loin d'avoir établi dans son Eglise un prin- rougissaient pas de répéter des arguments
cipe d'unité , y a placé un principe de divi- auxquels ils prétendaient avoir solidement
sion pour tous les siècles, en laissant à tous répondu.
les sectaires entêtés la liberté de faire bande Bayle n'a pas manqué de leur faire encore
à part, dès qu'ils accuseront l'Eglise d'être celte objection. Un catholique, dit-il, a de-
dans le désordre et dans l'erreur. vant luitous SOS ennemis, les mêmes armes
Au reste, il beaucoup que tous
s'en faut lui servent à les réfuter tous; mais les pro-
les protestants aient osé afûi'mer qu'ils ont lestants ont des ennemis devant et derrière;
l'évidence pour eux plusieurs ont été assez
: ils sont entre deux feux, le papisme les at-
modestes pour avouer qu'ils n'ont que des taque d'un côté et le socianisnie de l'autre ;
raisons probables. Grolius et Vossius avaient ce dernier emploie contre eux les mêmes
.écrjl que les docteurs de l'Eglise romaine arguments desquels ils se sont servis contre
donnent à l'Ecriture sainte un sens évidem- l'Eglise romaine (2). Nous démontrerons la
ment forcé, différent de celui qu'onl suivi les vérité de ce reproche en répondant aux ob-
anciens pères, et qu'ils forcent les fidèles jections des protestants.
d'adopter leurs interprétations; qu'il a donc Première objection. Quoique les apôtres
fallu se séparer d'eux. Bayle (1) observe aientsouventrecommandé aux ûdèlesl'union
qu'ils se sont trop avancés. « Les protestants, et la paix ils leur ont aussi ordonné de se
,
dit-il, niallèguent que des raisons dispu- séparer de ceux qui enseignent une fausse
tables, rien de convaincant, nulle démon- doctrine. Saint Paul écrit à Tile (3 «Evitez :
un scliisme, et de s'exposer aux suites af- bylone, mon peuple, do peur d'avoir part à
freuses qui en ont résulté? ses crimes et à son châtiment. » Dans ce
Les controverses de religion continue , même livre, ch. ii, vers. 6, le Seigneur loue
Bayle ne peuvent pas être conduites au
, l'evêque d'Ephèse de ce qu'il hait la conduiie
dernier degré d'évidence tous les théologiens ; des nicola'ites el, vers, lo, il blâme celui de
;
en tombent d'accord. Jurieu soutient que Peigame de ce qu'il souffre leur doctrine. De
c'est une erreur très-dangereuse d'enseigner tout temps l'Eglise a retranché de sa société
que le Saint-Esprit nous fait connaître les hérétiques et les mécréants donc les ;
Réponse. En premier lieu, nous prions ces qu'ils ont bien fait de le lui direà leur tour,
raisonneurs de nous dire ce qu'ils ont ré- d'usurper ses titres, et d'élever autel contre
pondu aux iinabaplistes, aux sociniens, aux autel, il est étonnant que des raisonnements
quakers, aux lalitudiiiaires aux indépen-
, aussi gauches aient pu faire impression sur
dants, elc, lorsqu'ils cul allégué ces mêmes un seul esprit sensé.
passages pour prouver qu'ils étaient obligés Seconde objection. Les pasteurs et les doc-
en conscience de se séparer des prolestants teurs catholiques ne se contentaient pas
et de faire bande à part. d'enseigner des erreurs, d'autoriser des su-
En second lieu, saint Paul ne s'est pas perstitions, de maintenir des abus , ils for-
borné à défendre aux fidèles de demeurer çaient les fidèles à embrasser toutes leurs
en société avec des hérétiques et des mé- opinions et punissaient par des supplices
,
créants, mais il leur ordonne de fuir la com- quiconque voulait leur résister; il n'était
pagnie des pécheurs scandaleux il); s'ensuit- donc pas possible d'entretenir société avec
il de là que tous ces pécheurs doivent sortir eux; il a fallu nécessairement s'en séparer.
de l'Eglise pour former une secte particu- Réponse. Il est f.iux que l'Eglise catho-
lière, ou que l'Eglise doit les chasser de son lique ait enseigné des erreurs, etc., et qu'elle
sein ? Les apôtres en général ont défendu ait forcé par des supplices les fidèles à les
aux fidèles d'écouter et de suivre les séduc- professer. Encore une fois, qui a convaincu
teurs les faux docteurs
,
les prédicaiits , l'Eglise d'être dans aucune erreur? Parce
d'une nouvelle doctrine; donc tous ceux qui que Luther et Calvin l'en ont accusée s'en- ,
ont prêté l'oreille à Luther, à Calvin et à suit-il que cela est vrai ? Ce sont eux-mêmes
leurs semblables, ont fait tout le contraire qui enseignaient des erreurs et qui les ont
de ce que les apôlres ont ordonné. fait embrasser à d'autres. De même qu'ils
En troisième lieu, peut-on faire de l'Ecri- alléguaient des passages de l'Ecriture sainte,
ture sainte un abus plus énorme que celui les docteurs catholiques en citaient aussi
qu'en font nos adversaires? Siini Paul com- pour prouver leur doctrine les premiers ;
mande à un pasteur de l'Eglise de reprendre disaient 'Vous entendez mal l'Ecriture, les
:
les y a autorisés. Jlais ces deux prétendus Une preuve (|ue les réformateurs l'enten-
réformateurs étaient-ils apôtres ou pasteurs daient mal, c'est qu'ils ne s'accordaient pas,
de l'Eglise universelle revéïus d'autorité
, au lieu que le sentiment des catholiques
pour la déclarer hérétique, et pour lui dé- était unanime. Une autre preuve que les
bauiher ses enfants ? premiers enseignaient des erreurs c'est ,
P.iree qu'il leur a plu de juger que l'Eglise qu'aujourdhui leurs disciples et leurs suc-
catholique était une Babjlone, ils ont décidé cesseurs ne suivent pas leur doctrine. Voyez
qu'il fallait en sortir ; mais ce jugement Protestants.
même, prononcé sans autorité, était un blas- D'ailleurs , autre chose est de ne pas
phème il supposait que Jésus-Christ, après
; croire et de ne pas professer la doctrine de
avoir versé son sang pour se former une l'Eglise, et autre chose de l'attaquer publi-
Eglise pure et sans tache, a permis, malgré quement et de prêcher le contraire. Jamais
ses promesses, qu'elle devînt une Baby one, les protestants ne pourront citer l'exemple
un cloaque d'erreurs et de désordres. Toute d'un seul hérétique ou d'un seuHncrédule
société, sans doute, est en droit de juger ses supplicié pour des erreurs qu'il n'avait ni
membres mais les protestants qui voient
; publiées ni voulu faire embrasser aux au-
tout dans l'Ecriture n'y ont pas trouvé tres. C'est une équivoque frauduleuse de con-
qu'une poignée de membres révoltés a droit fondre les mécréants paisibles avec les pré-
de juger et de condamner la société entièie. dicants séditieux , fougueux et calomnia-
Ils peuvent y apprendre qu'un pasteur, un teurs , tels qu'ont été les fondateurs de la
évéque, tels que ceux d'Eplièse et de Per- prétendue réforme. Qui a forcé Luther, Cal-
game, est autorisé à bannir de son troupe lu vin et leurs semblables de s'ériger en apô-
des nicolaïles condamnés comoie hérétiques tres, de renverser la religion et la croyance
par les apôtres ; mais elle n'a jamais en- établies, d'accabler d'invectives les pasteurs
seigné que les nicola'ites ni les partisans de de l'Eglise romaine ? N'oilà leur crime, et
toute autre secte , pouvaient légitimement jamais leurs sectateurs q^ parviendront à les
tenir tête aux é\êques, et former une Eglise justifier.
ou une société schismalique. Troisième objection. Les protestants ne pou-
De ce que l'Eglise catholique a toujours vaient vivre dans le sein de l'Eglise romaine,
retranché de sou sein les hérétiques, les mé- sans pratiquer les usages superstitieux qui y
créants, les rebelles, il s'ensuit qu'elle a eu étaient observés, sans adorer l'eucharistie,
raison de traiter ainsi les protestants, et de sans rendre un culte religieux aux saints,
leur dire anathème mais il ne s'ensuit cas
; à leurs images et à leurs reliques : ur, ils
regardaient tons ces culles comme autiint parce que ces sectaires ne reprochaient au-
d'actes d'idolâtrie. Quand ils se seraient cune erreur à l'Eglise catholique, de laquelle
trompés dans le fond, toujours ne iiouvaienl- ils se séparaient; il n'en était pas de même
ils observer ces prali(]ues sans allrr contre des protestants, à qui la doctrine de l'Eglise
leur conscience donc ils ont été forcés de
;
romaine paraissait erronée en plusieurs
faire bande à part afin de pouvoir servir
, points.
Dieu selon les lumières de leur conscience. Réponse. Il est faux que les schismnliques
Réponse. Avant les clameurs de Luther, dont nous parlons n'aient reproché aucune
de Calvin et de quelques autres prédicants, erreur à l'Eglise calholique. Les donatistes
personne dans toute l'étendue de l'Eglise regardaient comme une erreur de penser que
catholique ne regardait son culte comme les pécheurs scandaleux étaient membres de
une idolâtrie; ces docteurs même l'avaient l'Eglise ils soutenaient l'invalidité du bap-
;
ger de leurs ennemis personnels, etc., tout reprochent aux calvinistes rigides de faire
était permis contre les papistes à ceux qui Dieu auteur du péché en admettant la pré-
suivaieut le nouvel fclvangile. destination absolue, etc.; donc, ou toutes
On nous en impose encore plus grossière- ces sectes ont raison de vivre séparées les
ment, quand on prétend qu'il fallait du cou- unes des autres et de s'anaihémaliser mu-
rage pour reiioneer au catholicisme, qu'il y tuellement, ou toutes ont eu tort de faire
avait de grands d^mgers à courir, que les schisme d'avec l'Eglise calholique ; il n'en
apostats risquaient leur fortune et leur vie, est pas une seule qui n'allègue les mêmes
qu'ils n'ont donc pu agir que par motif de raisons de se séparer de toute autre commu-
conscience. 11 est constant que dès l'origine nion quelconque.
les prétendus réformés ont travaillé à se Un de leurs controvcrsisles a cité un pas-
rendre reiloutables. Leurs docteurs ne leur sage de \ incent de Lérins qui dit (1) que ,
prêchaient point la patience, la douceur, la si une erreur est prêle à infecter toute l'E-
résignation au m irlyrc, comme faisaient les glise , il faut s'en tenir .i ranli(iuilc ; que si
apôtres à leurs disciples, mais la sédition, l'erreur e^t ancienne et étendue, il faut la
la révolte, la violence, le brigandage et le combaltre par l'Ecriture. Cette citation est
meurtre. Ces leçons se trouvent enciu-e dans fausse ; voici les paroles de cet auieur :
les écrits des réformateurs, et l'histoire at- « Çatoujours été, et c'estencore aujourd'hui
teste qu'elles furent fidèlement suivies. la coutume des catholiques de prouver la
Elrange délicatesse de conscience, d'aimer vraie foi de deux manières, 1° par lautorilé
niii'ux bouleverser l'Europe entière que de de l'Ecriture sainte; 2" par la tradition de
souffrir dain le silence les prétendus abus de l'Eglise universelle non ([ue l'Ecriture soit
;
(Juntrièine objection. A la vérité les Pères la plupart interprètent à leur gré la parole
de l'Eglise ont condamné le schisme des no- divine, et forgent ainsi des opinions et dos
Valiens , des douatisles et des lucifériens, erreurs. Il faut donc entendre l'Ecriture
(1) CiNumuiiit. cil. i cl 29
DICTIONNAIUE DES HERESIES. «
sainte d.ins le sens de l'Eglise, surlonl dans sion qui arriva dans l'Eglise romaine au
les questions nui servent de fondement à quatorzième siècle lorsqu'il , y eut deux
tout le dogme calholiiiue. Nous avons dit papes placés en même temps sur le saint-
encore que dans l'Kglise tnéme il faut avoir siége de manière qu'il n'était pas nlsé de
,
égard à l'iiniversalilé el à l'anliquilé; à l'ii- distinguer lequel des deux avait été le plus
niversalité, afin de ne pas rompre l'unité canoniquement élu.
par un schisme; à Tantiqnilé, afin de ne pas Après la mort de Benoît XI en l-'^Oi, il y
préférer une nouvelle hérésie à l'ancienne eut successivement sept papes français d'o-
religion. Enfin nous avons dit que dans l'an- rigine; savoir, Clément V , Jean XXII , Be^
tiquité de l'Eglise il faut observer deux cho- noît XII Clément VI , Innocent VI , Ur-
,
ses ,
1° ce qui a clé décidé autrefois par un bain V et Grégoire XI , qui tinrent leur
concile universel, 2° si c'est une question siège à Avignon. Ce dernier ayant fait un
nouvelle sur laquelle il n'y a point eu de dé- voyage à Rome, y tomba malade et y mouru/
cision il
, faut consulter le senllmenl des le 13 mars 1378. Le peuple romain , très-
Pères qui ont toujours vécu el enseigné dans séditieux pour lors , et jaloux d'avoir chez
la coninuiniou de l'Eglise, ei tenir pour vrai lui le souverain pontife , s'assembla tumul-
et catholique ce qu'ils ont professé d'un tueusement, et d'un ton menaçant déclara
conscnlenient unanime. » Cette règle, cons- aux cardinaux réunis au conclave, qu'il
tamment suivie dans l'Eglise depuis plus de voulait un pape romain ou du moins ilalien
dix-sept siècles , est la condamnation for- de naissance. Conséqnemmentles cardinaux,
jnelle du schisme et de toute la conduite des après avoir protesté contre la violence qu'on
protestants aussi bien que des autres sec-
,
leur faisait et contre l'éleclion qui allait se
taires. faire, élurent le 9 avril, Barthélémy Pri-
Quelques théologiens ont distingué le gnago, archevêque de Bari, qui prit le nom
schisme d'avec le schisme passif: parle
iiclif d'Urbain Vî Mais , cinq mois après , ces
premier ils entendent la séparation volon- mêmes cardinaux, retirés à Anagni et en-
taire d'une partie des membres de TEglise suite à Fondi, dans le royaume deNaplcs ,
d'avec le corps, et la résolution qu'ils pren- déclarèrent nulle l'élection d'Urbain ^'l,
nent d'eux mêmes de ne plus faire de société comme faite par violence, el ils élurent à sa
avec lui ils appellent schisme passif l,i sépa-
;
place Robert, cardinal de Genève, qui prit le
ration involontaire de ceux que l'Eglise a nom de Clément VII.
rejelésde son sein par l'excommunicaliou. Celui-ci fut reconnu pour pape légitime
Quelquefois les controversistes prolestants par la France , l'Espagne, l'Ecosse , la Si-
«ni voulu abuser de celte distinction ils : cile , l'île de Chypre, et il établit son séjour
ont dit Ce n'est pas nous qui nous sommes
: à Avignon ; Urbain VI, qui faisait le sien à
séparés de l'Eglise romaine, c'est elle qui Rome eut dans son obédience les autres
,
nous a rejetés et condamnés; c'est donc elle Etats de la chrétienté. Celte division, que
qui est coupable de schisme et non pas ,
l'on a nommée le grand schisme d'Occident,
nous. Mais il est prouvé par tous les monu- dura pendant quarante ans. Mais aucun des
ments historiques du temps, et par tous les deux partis n'était coupable de désobéis-
écrits des luthériens et des calvinistes , sance envers l'Eglise ni envers son chef;
qu'avant l'anathème prononcé contre eux l'un et l'autre désiraient également de con-
par le concile de Trente ils avaient publié , naître le véritable pape, tout prèls à lui ren-
elrépété cent fois que l'Eglise romaine était dre obéissance dès qu'il serait certainement
la Babylone de l'Apocalypse, la synagogue connu.
de Satan la société de l'Antéchrist ; qu'il
, Pendant cet intervalle, Urbain VI eut
fallaitabsolument en sortir pour faire s;)n pour successeurs à Rome Boniface IX, In-
salut en conséquence ils tinrent d'abord
; nocent VII Grégoire XII Alexandre V et
. ,
des assemblées particulières ils évitèrent , Jean XXIII. Le siège d'Avignon fut tenu par
de se trouver à celles des catholiques el do Clément VU pendant seize ans , et durant
prendre aucune part à leur culte. Le schisme vingl-Irois par Benoît XIII son successeur.
a donc été actif et Irès-volontaire de leur En li09, le concile de Pise assemblé pour ,
mcntdesa communion les novateurs cachés, vainement il élut à leur place Alexandre V ;
hypocrites el perfides qui, en enseignant,
tous les trois eurent des partisans et au ,
une doctrine contraire à la sienne, s'obsti- lieu de deux compétiteurs il s'en trouva
nent à se dire catholiques, enlants de trois.
l'Eglise défenseurs de sa véritable croyance,
, Enfin ce scandale cessa l'an 1117; au con-
malgré les décrets solennels qui les flétris- cile général de Constance, assemblé pour ce
sent. Une triste expérience nous convainc sujet Grégoire XII renonça au pontifical;
,
que ces hérétiques cachés et fourbes ne sont Jean XXHI,qui avait remplacé Alexandre V,
pas moins dangereux el ne font pas moins fut forcé de même et Benoît XIII fut solen-
,
de mal que des ennemis déclarés. nellement déposé. On élut Martin Y, qui peu
*
SCHISME D'ANGLETERRE. Voyez An- à peu fut universellement reconnu quoi- ,
Les protestants, très-attentifs à relever on vent lesconserver tels que les apôtres les
tous les Lcaudalesde l'Eglise romaine, ont ont établis, on sent le besoin d'un chef; une
exagéré les malheurs que produisit celui-ci ;
expérience de dix-sept siècles a dû suffire
ils disent que pendant le schisme tout senti- pour n:)u,s l'apprendre.
ment de religion s'éteignit en plusieurs en- •
SCHOLTÉNIENS, secte nouvelle, née
droits, et Ot place aux excès les plus scan- du protestantisme eu Hollande. Formée sons
daleux que le clergé perdit jusqu'aux l'inspiration du poêle Bilderdjk mort eu ,
;
porta un coup mortel à la puissance des Haye, l'école bientôt une secte. Elle
fut
papes (1). adopta la profession de foi du synode de
Ce tableau pourrait paraître ressemblant, DordrechI, tenu en 16!8 et 1(')!9, protestant
ti l'on s'en rapportait à plusieurs écrits contre le synode de 1816 qui déclara que les
composés pendant \escliisme par des auteurs ministres n'étaient tenus de jurer les formu-
passionnés et satirique?, tels que Nicolas de lesdu synode de Dordrecht qu'avec restric-
Clémeiigis et d'autr; s. Mais, eu lisant l'his- tion et autant qu'ils ne les croyaient pas
toire de ces temps-là on voit que ce sont , contraires à la conscience. Ce synode, en
des déclamations dictées par l'humeur, dans annulant les formules de 1618, fit prévaloir
lesquelles on trouve souvent le blanc et le le système d'indifférence suivi par beaucoup
noir suivant les circonstances. Il est certain de ministres, lesquels, au fond, sont soci-
que le schisme causa des scandales, fit naître niens, à tel point qu'en 183î(. il ne restait
des abus diminua beaucoup les sentiments
, plus, à Lc3de, qu'un seul professeur (jui ne
de religion mais le mal i»e fut ni aussi ex-
; le fût pas. Ce fut sans doute celte défection
cessif ni aussi étendu que le prétendent les qui, réveillant le zèle des protestants sincè-
ennemis de l'Eglise. A cette même époiiue il res, donna lieu aux progrès des sectaires
y eut chez ti utes les nations catholiques, nouveaux persuadés ([u'ils étaient plus
,
dans les diverses obédiences des papes et orthodoxes plus rigides , plus calvinistes
,
dans les différents états de la vie, un grand que le commun des réformés. Deux ;eunes
nombre de personnages distingués par leur pasteurs, de Cock et Schollen, aux(iuels se
savoir et par leurs vertus Moslieim lui- ; joignirent plus tard trois autres, déployèrent
même en a cité un bon nombre qui ont vécu, l'étendard du puritanisme. H est à remar.
tant sur la lin du quatorzième sièi le qu'au quer, en effet, que la secte forme deux bran-
commencemenl du quinzième et il convient , ches distinctes l'une qui a pour chef Da-
:
qu'il aurait pu en ajouter d'autres. Les pré- costa, et l'autre Scholten. Les partisans de
tendants à la papauté furent blàmablt s do Dacosta admettent la divinité de Jésus-Christ
ne vouloir pas sacrifier leur intérêt particu- et montrent plus d" régularité dans les pra-
lier et celui de leurs créatures au bien gé- ti(]ues de religion; mais ils ne se séparent
néra! de l'Eglise; on ne peut cependant pas point de l'Eglise établie, (pi'lls veulent ré-
les accuser d'avoir été sans religion et sans former et non renverser. Les scholténiens,
mœurs. Ceux d'Avignon, réduits à un revenu au contraire, sont sortis de l'Eglise domi-
(rès-mince, firent, pour soutenir leur dignité, nante, qu'ils regardent comme défigurée et
un trafic honteux des bénéfices, et se mirent corrompue. Le premier acte tie séparation
au-dessus de toutes les règles; c'est donc complète des vrais réformés car c'est ainsi
,
dans l'église de France que le désordre dut qu'ils se nomment, lut signé le 13 octobre
être le plus sensible cependant par l'His-
:
,
183i, et le 1" novembre une proclamation
toire de l'Eylise gallicane, nous voyons que exhorta les adeptes à suivre cet exemple. Le
le clergé n'y était généralement ni dans l'i clergé protestant frappé au cœur par ses
,
gnorance ni dans une corruption incurable, propres enfants , jeta un cri d'alarme, et
puisque l'on se sert des clameurs mêmes provoqua, de la part du synode général qui
du clergé , pour prouver la grandeur du s'assemble annuellement à la Haye, des me-
mal. sures de répression contre l'audace toujours
D'ailleurs, eu l'exagérant à l'excès, les pro- croissante desnouveaux puritains. En con-
testants nous semblent aller directement séquence ils furent exclus de la
,
commu-
contre l'intérêt de leur système ils prou- ; nion du culte établi. L'Etat et l'Eglise se
vent, sans le vouloir, de quelle importance prêtant secours le gouvernement donna des
,
est dans l'Eglise le gouvernement d'un chef ordres rigoureux contre les dissidents; et le
sage, éclairé, vertueux, puis(iue, quand ce synode non-seulement lança la censure ec-
,
secours vient à mancjuer tout tombe dans le , clésiastique contre les vrais réformés et ôla
désordre et la contusion. Les hommes de à leurs chefs le caractère de pasteurs; mais,
bon sens, dit Mosheini apprirent que l'on , sur le motif que les temples protestants sont
pouvait se passer d'un chef visible revêtu , à l'usage exclusif du culte officiel, ordonna
d'une suprématie spirituelle on peut s'en : l'évacuation de ceux que conservaient les
passer sans doute, lorsqu'on veut renverser communes schismatiques. Comme elles re-
le dogme , la morale, le culte, la discipline, fusèrent de les livrer , on recourut à l'em-
cumme ont fait les protestants ; mais, quand ploi de la force. Les nouveaux religionnai-
rcs, poursuivis de loule pnrt, se réunirent Celaient des mendiants vagabonds qui pré-
dans des niMÎMMis parliculières dans des
, tendaient que tout était commun, et même
granges et même en plein air. Non content les femmes; ils disaient que Dieu le Père
d'avoir réduit les vrais réformés à cet élat avait gouverné le monde avec sévérité et
d'isoleinenl, le gouvernement à l'efTel d'em-
, justice; que la grâce et la sagesse avaient
pceher loule prédication de leur part, s'arma caractérisé le règne de Jésus-Christ; mais
de l'ait. 291 du code pénal franç.iis, encore que le règne de Jésus-Cbrisl était passé et
en vigueur dans ce pays, et le ministère qu'il avait été suivi de celui du Saint-Esprit,
public poursuivit sans relâche les nouveaux qui est un règne d'amour et de charité; sous
sectaires du cliefd'associalion illégalede plus ce règne, la charité est la seule loi, mais une
de vingt personnes. ClUX-cI , frappés dans loi qui oblige indispensablement et qui n'ad-
leur patrie, inléicssèreut en leur faveur les met point d'exception.
protestants étrangers. Des pasteurs du can- Ainsi, selon Begarel, on ne pouvait refuser
ton de \ aud réclamèrent pour eux, et une rien de ce qu'on demandait par charité; à ce
réunion de ministres dissidents à Londres seul mol, les sectateurs de Segarel donnaient
leur donna aussi des preuves de sympathie. tout ce qu'ils avaient, même leurs femmes.
•SCHWENKFELDIENS, héréliques.qui fu- Segarel fit beaucoup de disciples; l'inqui-
sition le fit arrêter, el il fut brûlé; mais sa
rent ainsi nommés parce qu'ils avaient pour
secte ne finit pas avec lui; Dulcin, son dis-
chef un certain Schwenkieldius qui ensei- ,
ciple, se mil à la léte des apostoliques. Voyez
gnait entre autres erreurs que Jésus-Christ
cet article (2).
avait apporté son corps avec lui du ciel et ,
qui s'écartent des dogmes nniversellcinent SE.Ml-AliJENS; c'est le nom que l'on donna
reçus dans la religion véritable; el s'atia- à ceux qui disaient que Jésus-Chrisl n'était
ch'enl à soutenir des opinions nouvelles et pas consuhstantiel, mais qui reconnaissaient
erronées. La plupart des sectes qui se sont qu'il était d'une nature semblable.
élevées dans la religion catholique, depuis REMI-PËLAGIANISME; le mol seul fait
(1) ICpiph., h5?r. 32. Pliilaslr., liser. 40. JiKi.,1. I, p. 272. Rainald, ad an. 1308, n. 9.
(2) Naiai. Alex, in ssec. xiii, xiv. D'Argenlré, Collecl. (3) Pliilaslr.. liser. 5i
SEM 98
iiidérises différentes questions qui s'étaient sur cet exemple même, que la d'lTérc:ire de
élevées eiilio les pélagiens et les catholiques leur sort n'est l'ouvrage ni de )<>urs efforts,
dans cours de leurs disputes; le dogme de
le ni de leur volonté, mais de la tniséricorde de
la gratuité de la grâce put donc ne paraître Dieu (1),
qu'une question |)robléinalique. 11 él.ib'it mêmes principes dans sa
les
Saint Augustin avait cependant trailé celte lettre à Vital; paraît d'abord y anéantir le
il
question dans ses livres sur la grâce et sur libre arbitre; il le compare au libre arbitre
le libre arbitre, dans son livre sur la corrup- des démons, il enseigne qu'il ne fiui pas
tion et sur la grâce et dins sa lettre à Sixie. croire (jne Dieu veuille sauver tous les lio u-
11 avait prouvé la gratuité de la grâce par mes et donne différentes explications pour
les passages de l'Ecriture qui disent que nous faire voir que celte volonté de Dieu n'em-
n'avons rien qu(: nous n'ayons reçu, que ce brasse pas tous les hommes.
n'est pas nous qui discernons; l'exeniplc de Il enseigne que c'est Dieu qui prépare la
Jacob et d'Esaii servait de base à sou senti- volonté et qui la fait voulante, qui la chauge
ment. par sa toute-puis>ante volonté; si cela n'était
Pour répondre aux difficultés des pélagiens pas ainsi, pourquoi remercierait-on Dieu?
contre ces principes, et pour justifier la justice Les ouvragi>s de saint Aui;ustin parurent
de Dieu, il avait eu recours à la comparaison détruire la liberté et désespérants pour les
du potier, qui fait de la même masse des hommes; des moines du nionl Adrumet en
vases d'honneur et des vases d'ignominie. conclurent que, tout dépendant de Dieu, on
Enfin, il avait prétendu que si l'homme ne pouvait reprendre ceux qui n'observaient
était l'arbitre de son salut, on portait des pas la règle.
atteintes au dogme de la toute-puissance de Saint Augustin, pour détromper ces moines,
Dieu sur le cœur de l'homme. Dieu ayant fait leur écrivit le livre De la Correction et de la
tout ce qu'il a voulu dans le ciel et sur la Grâce; il y confirme ces principes sur la
terre, comment faire dépendre de l'homme prédestination, sur la nécessité de la grâce
son salut? H fallait donc reconnaître une prévenante et gratuite, sur la faiblesse de
prédestination indépendante de l'homme , l'homme; il dit que Dieu a prédestiné les
sans que celui qui n'était pas prédt-stiné eût hommes au salut de toute éternité, sans au-
droit de se plaindre. Dieu, selon saint Au- cune prévision de leurs bonnes œuvres et
gustin, en couronnant nos mérites couronne sans avoir aucun motif que sa grâce et sa
ses dons; ceux qui seront damnés le seront miséricorde.
ou pour le péché originel, ou pour leurs La célébrité que saint Augustin s'était
propres péchés. acquise dans pélagiens répandit
l'affiire des
S'ils sont des vases de perdition, ils ne ses ouvrages; m:»is beaucoup de personnes
doivent pas se plaindre, parce (]u'ils sont considérables par leurs lumières et par leur
tirés de la masse de perdition, comme ceux piété furent choquéi's de la doctrine de saint
qui, tirés de cette même masse, deviennent Augustin, ei crurent que ce Père faisait dé-
des vases de miséricorde ne doivent point pendre le sort des hommes après cette vie
s'enorgueillir. d'un décret absolu de Dieu, porté de tonte
Mais pourquoi Dieu délivre-t-il l'un plutôt éternité. Celle doctrine parut dure et con-
que l'autre? traire sui tout à la doctrine des Pères grecs,
Saint Augustin répond à cette difficulté, qui, ayant eu à disputer contre les mani-
que c'est un mystère, et qu'il n'y a point chéens les marcioniies el les philosophes
,
d'injustice en Dieu; que ses Jugeuients sont fatalistes, paraissaient plus opposés à ce dé-
impénétrables, mais pleins de sagesse et d'é- cret de sauver les hommes aniécédemment
quité. à toute prévision de leurs mérites.
En effet, disait saint Augustin, si c'est par Cassien, qui avait passé sa vie en Orient,
grâce qu'il délivre, il ne doit rien à ceux où il avait beaucoup lu les Pères grecs, et
qu'il ne délivre pas, et c'est par justice qu'ils surtout saint Chrysoslome, fut choqué do
sont condamnés. ce décret absolu il communiqua ses dilficul-
;
Que ceux qui prétendent que Dieu, par ce tés, et l'on examina ce décret absolu. On
choix , est accepteur de personnes nous
, crut que saint Augustin, dans ses dernier»
disent quel est le mérite de l'enfant d'un in- écrits contre les pélagiens, était allé au delà
fidèle ou d'un méchant qui est baptisé, tandis de ce que l'Eglise avait déridé, puisqu'elle
que le fils d'un père homme de bien et d'une n'avait pas décidé la gratuité delà grâce; on
uière vertueuse périt avant qu'on puisse lui regiinla le sentimentde saint Augustin comme
administrer le baptême. Il faut donc s'écrier une opinion problémati(iue.
avec l'apôtre O profondeur des jugements
: On reconnut donc contre les pélagiens le
de Dieul etc. péché originel et la nécessité d'une grâce
Que diront les défenseurs du mérite de intérieure mais on regarda comme une
;
l'houime, à l'exemple de Jacob et d'Esaii, question la ciuse pour la(iuelle cette grâce
que Dieu avait choisis avant (|u'ils eussent s'aecord.iitaux uns et se relusait aux autres.
fait rien de bien et de mal ? Diront-ils (jue On porta donc les yeux sur ce redoutable
c'est le bien ou le mal que Dieu avait prévu mystère; on envisagea l'Iiumanilé plongée
qu'ils feraient? dans les ténèbres et coupable et l'on cher- ,
Mais alors saint Paul avait tort de dire, cha pourquoi parmi les hommes quelques-
(i) Kpist. adSixt.
^ ^
t* DICTIONNAIRE UES HEKESIES. iOO
uiis avaient la grâce , tandis qu'une infinité blême sur lequel on se partagea sans rom-
daufrcs ne l'avaient pas pre, ou sans se séparer de conmiunion, et
Saint Augustin uniquement occupé du
, le semi-pélagianisnie fut adoiité par des
soin d'établir la gratuité de la grâce, d'a- hommes célèbres par leurs lumières autant
baisser le libre arbitre orgueilleux et de que par leur piélé tels furent Fausie, Gen-
:
Vouloir, c'est choisir, c'est préférer toute : destination cl dans celui du dun de la Persé-
préférence est impossible entre des objets vérance, justiûa son sentiment sur la gra-
absolument égaux; les hommes plongés iuité de la grâce et sur la prédestination : il
dans la masse de perdition et avant qu'ils , fit voir qu'elle était clairement enseignée
aient fait quelque action personnelle, sont dans l'Ecriture; qu'elle n'était point injuste
absolument égaux. Dieu ne peut donc en puisque Dieu ne devait ni la grâce de là
préférer un à l'autre par un décret antérieur vocalion ni le don de la persévérance; que
,
à leur mérite personnel et cette préférence , les hommes naissant pécheurs et privés de
ne serait point différente de la fatalité aveu- la grâce, il ne pouvait jamais y avoir de
gle ou du hasard proportion entre leurs actions et la grâce ,
Dieu veut que tous les hommes soient qui est un don surnaturel; que la grâce et
sauvés or, comment cela serait-il vrai si
: la vie éternelle étaient souvent accordées à
Dieu, par un décret éternel et absolu, avait des enfants qui n'avaient aucun mérite; qu'il
chuisi quelques hommes pour être sauvés, y en avait d'autres enlevés de celte vie pen-
sins aucun égard à leurs mérites, et s'il avait dant qu'ils étaient justes pour prévenir leur
laissé tous les autres dans la masse de per- chute; que par conséquent ce n'étaient ni
dition? Il faut donc reconnaître que la pré- les mérites des hommes , ni la prescience de
destination et la vocation à la grâce se font l'usage qu'ils devaient faire de la grâce qtli
en vue des mérites de l'homme. déterminaient Dieu à accorder la grâce aui
L'Ecriture nous apprend que Jésus-Christ l'US plutôt qu'aux autres; que la raison de la
est mort pour tous les hommes; que c-^mme préférence que Dieu donnait à un homme
tous les hommes sont morts en Adam , tous sur un autre était un mystère; (ju'on pou-
aussi sont viviGés en Jésus-Christ. vait en chercher les raisons et qu'il les
On ne peut dire que saint Paul ail entendu adopterait pourvu qu'elles ne fussent con-
,
sagesse et se disposer à la recevoir par ce mais une raison absolument différente; car
dernier mouvement, qui sérail cependant qui peut dire qu'il coqinaît tous les desseins de
stérile et insufûsant si la grâce ne s'y joignait Dieu?
pas. Il y a donc un milieu entre le décret ab-
Lorsqu'on pressait les semi-pélagiens par solu qui avait révolté les semi-pélagiens et
l'Epîlre de saint Paul aux Romains ils , le sentiment qui attribuait la prédestination
avouaient qu'ils ne découvraient rien qui aux mérites des hommes; mais les hommes
les sur plusieurs endroits de cette
satisfît de parti ne voient jamais de milieu entre
Epîlre; mais ils croyaient que le plus sûr leur sentiment et cehii de leurs adversaires
était de se taire sur ces objets qu'il est im ie semi-pélagianisnie continua donc à faire
possible à l'esprit humain de pénétrer; ils du progrès.
soutenaient que le sentiment de saint Au- Les disputes furent vives et longues entre
gustin anéantissait les exhortations des pré- les semi-pélagiens et les disciples de saint
dicateurs et l'édification publique que quand ;
Augustin les papes Gélestin, Gélase, Hors-
:
il serait vrai , il ne fallait p::s le publier, misdas, défendirent la doctrine de saint Au-
parce qu'il dangoreus de prêcher une
était gustin; mais le semi-pélagiauisnie dominait
doctrine que le peuple ne comprenait pas, encore dans les Gaules, et la doctrine de saint
et qu'il n'y avait aucun péril à s'en taire (1). Augustin y était combattue par beaucoup de
•
L'on n'avait point défini contre les pélagiens monde.
la gratuité de la grâce; le sentiment des Césaire voyant que ce parti était trop
«emi-pélagiens fut donc une espèce de pro- puissant pour être abattu par les disciples
Tjniversiias
f
ykl BIBLIOTHECA
,
d'une église; Césairc, qui était ami de Libère espagnol, chef des anti-lrinilaires, des nou-
<( qui avait un grand crédit sur son esprit veaux ariens ou des sociniens.
depuis qu'il l'.ivail guéri d'une maladie, alla On ne peut pas dire exactement que Servet
à la cérémonie de cette dédicace. Douze autres ail eu des disciples de son vivant; il fut brûlé
évéques qui étaient aussi à cette cérémonie, à Genève avec ses livres l'an loo3 à la sol- ,
ayanlparlé des matières de la grâce, s'assem- licitaliiin de Calvin avanl que ses erreurs
,
blèrent et approuvèrent les articles qui avaient sur la Trinité eussent pu prendre racine,
été envoyés à Cc.-aire par le pape Félix c'est : mais on a nommé sei'vétistes ceux qui dans
cette assemblée qu'on nomme le second con- la suite ont soutenu les inètncs sentiments.
cile d'Orange; il était composé de douze évé- Sixte de Sienne a même donné ce nom à d'an-
ques, et huit la'i(iues y assistèrent. ciens anabaptistes de Suisse, dont la doc-
Ceconciie publiavingt-ciuqcanons.qui for- trine était conforme à celle de SiTvet.
ment une des plus belles décisions que l'E- Ce! homme, qui a fait tant de bruit dans le
glise ait faites. monde, naquit à Villanova dans le royaume ,
de détruire le libre arbitre, d'introduire le briaeptem, per Michaélém Servctum, alius Rê-
destin. ves, (tb Aragonla îlispuiium. L'année sui\an!e
Le concile déclare <ltié tottà Ceux qui sont il publia ses Di;ilogues avec d'anires traités,
baptisés peuvent et doivent , s'ils ieuient qu'il inlitula Dialof/omm de Trinitate iibri
:
travaillera leur salùl; que Dieu n'a préd?s- duo de Justilia regui Christi capitula qua-
:
tiné personne à la damnation, et on dit ana- tuor, pi-r Miehaelem Servetum , etc., anno
thème à ceux qui sont dans cette, 0|)inion ,
1532. bans la préface de ce second ouvrage ,
sans que ce sentiment puisse préjudicier à ildéclare qu'il n'est pas content du premier,
la doctrine de ceux qui enseignent que. c'est et il promet de le retoucher. 11 voyagea dans
Dieu ((ui nous inspire par sa grâce le com- une partie de l'Europe, et ensuite en France,
mencement de la foi et de l'amour, qui est ou après avoir essuyé diverses aventures , il
auteur de notre conversion. se fixa à Vienne en Daiiphiné, cl il y exerça
Lorsque le concile fut uni saint Césairc ,
la médecine avec beaucoup de succès.
en envoya le résultat au pape Félix T. ;
C'est là qu'il forgea une espèce de système
mais Félix étant mort avant qu'il eût reçu théologiqtie auquel il donna pour lilre Le :
pour l'excuser. Ils ont dit que c'était dans tous deux conviennent que cet liéiélique
Calvin un reste de papisme dont il n'avait joignait à beaucoup d'orgueil un csprii malin
encore pu se défaire; que les lois portées et coiilrntieux, une opiniâtreté invincible et
contre les hérétiques par l'empereur Frédé- une dose considérable de fanati-me (i ;
ric Il étaient encore observées à Genève. Ces c'est donc profaner l'auguste nom de martyr,
deux raisons sont nulles el absurdes. que de le donner à un pareil insensé.
î Servet n'était justiciable ni de Calvin ni
Quelques sociniens ont écrit qu'il mourut
du magistrat de Gcnè\e; c'était un étranger avec bea.ucoup de constance el qu'il pro- ,
qui ne se proposait point de se fixer dans citte
nonça un discours très-sensé au peuple qui
ville ni d'y enseigner sa doctrine c'était vio- ;
assistait à sou supplice; d'autres écrivains
ler le droit des gens qne de le juger suivant
soutiennent que celle harangue est supposée
les lois do Frédéric II. -1° Calvin avait certai-
Calvin rapporte que quand on lui eut lu la
nement déguisé à Servet la haine qu'il avait sentence qui le condamnail à être brûlé vif,
conçue contre lui et les poursuites qu'il lui
,
tantôt il parut inlerdil et sans mouvement,
avait suscitées autrement celui-ci n'auiait
,
tantôt il poussa de grands soupirs, tantôt il
pas été assez insensé pour aller se livrer entre fit des lamentations comme un insensé en
ses mains; Calvin fui donc coupable de trahi-
,
et ses sectaires auraient rempli de leurs cla- inintelligibles il n'y a aucune apparence
:
meurs l'Europe entière ils auraient fait des qu'il ait eu un système de croyance fixe et
,
livres de plaintes el d'invectives. S'il est fort constant; il ne faisait aucun scrupule de se
singulier que des hommes suscités de Dieu contredire. Quoiq u'ilem ploie co ni re la sainte
,
si nous en croyons les protestants, pour Triniié plusieurs des mêmes arguments par
réformer l'Eglise et pour en détruire les lesquels les aritns attaquaient ce mystère,il
erreurs se soient obstinés à conserver la proteste néanmoins qu'il est fort éloigné de
,
Ce principe est que la seule règle de notre sensé se persuada que la véritable duclrine
foi est l'Ecriture sainte, que chaque parti- de Jésus-Christ n'avait jamaiséie bien connue
culier est l'interprète el le juge du sens qu'il ni enseignée dans l'Eglise mênie avant le,
faut y donner, qu'il n'y a sur la terre aucun concile de Nicée,et il se erul suscité de Dieu
tribunal infaillible qui ait droit de délerininer pour la ré>éleret la prêcher aux hommes ;
ce sens. A quel titre donc C:ilvin el ses par- consequemmenl il enseigna «que Dieu a»ant
tisans ont-ils eu ci'lui de condamner Servit, la création du monde avait produit en lui-
parce qu'ilentendail l'Ecriture sainte autre- même deux représenlaiions personnelles, ou
ment qu'eus? En France, ils demandaient manières d'être, qu'il nummuit économies,
la tolérance; en Suisse, ils exerçaient la dispetisations, dispositions, etc. ,
pour servir
tyrannie, k" Quand les catholiques auraient de médiateurs entre lui el les hommes, pour
condamné à niorl les hérétiques précisément leur révéler sa volonté, pour leur taire part
pour leurs erreurs, ils auraient du moins de sa miséricorde el de ses bienfaits que ces ;
suivi leur principe, qui est que l'Eglise ayant deux représentations étaient le \ erbe et le
reçu de Jésus-Christ l'autorité d'enseigner, Sainl-Espril; ()ue le premier s'était uni à
d'expliquer l'Ecriture sainte de condamner , l'homme Jésus, qui était né de la vierge Ma-
les erreurs ceux qui résistent opiniâtré-
, rie par un acte de la volonté loule-puissiinle
nienl à son enseignement sont punissatdes. de Dieu qu'à cet égard on pouvait donner à
;
Mais nous avons prouvé vingt fois d^ins le Jésus-Chril le nom de Dieu; qne le Saint-
cours de cet ouvrage que les catholiques Espril dirige et anime toute la nature, pro-
n'ont jamais puni de mort les hérétiques duit dans l'esprit des hommes les sages con-
précisément pour leurs erreurs mais pour , seils , les penchants vertueux et les bons
les séditions, les violences, les atteutals seuiimenls; mais que ces deux, représenlaiions
(1) llist. Ecclés. xvi' siècle, secl. 3, part. 2, cb. 4, S 4
,,
qu'une seule personne; le Fils ou le Verbe stiijues un être suprême, immortel, bien-
,
et le Saini-Espril ne sont que deux différen- heureux mais ils crurent voir dans le monde
;
tes manières d'envisager et de concevoir les des irrégularités et des imperfections qui ne
opéralions de Dieu. Or, il est absurde d'en pouvaient selon eux, avoir pour principe
,
se rend mortelle par le péché, mais qu'on ne (]e Christ était sorti de sa mère par le côté
commet point de péché avant l'âge de vingt droit, el s'était élevé mais une ;iulre puis-
;
ans, etc. Sur les autres articles de doctrine , sance était sortie par le côté gauche el était
il joignit les erreurs des lulhérii-ns et des descendue, celle puissance étail la sagi>sse ;
sacramenlaires à celle des anabaptistes (Ij. elle s'était abaissée sur les eaux, elle y avait
Il est donc évident (jue les erreurs deServct pris un corps; mais, revenue pour ain.-i
ne sont (|u'une extension ou une suite né- dire à elle-même, elle s'était relevée, el en
cessaire des principes de la réforme ou du tournant vers un séjour éternel elle av.iit
proleslantisme: il argumente contre les mys- formé le ciel, cl enfin avait quitté son corps
tères de la sainte Trinité et de l'Incarnation, lorsqu'elle était parvenue au séjour de l'Etre
de la même manière que Calvin cl ses suprême.
adhérents raisonnaient contre le mystère de La sagesse était féconde elle avait pro-
:
la présence réelle de Jésus - Christ dans duit un fils, el ce fils avait [)roduil six autres
l'eucharistie, et contre les autres dogmes de puissances.
la croyance catholique qui leur déplaisaient; Les sethiens attribu lienl à ces puissances
il se servait, pour entendre l'Ecriture sainte, les propriétés nécessaires pour produire les
de la même méthode que suivent encore effets i|u'on observait dans le monde ils ;
aujourd'hui tous les protestants. S'ils disent supposaient entre ce-; puissances des ([ue-
qu'il la poussait trop luin et qu'il eu abusait rellcs, des guerres, el prclendaionl oxpliquer
(I) llisl. (Jii SOI inianisnie, pari, ii, pai,'. 221.
aucun être n'est plus grand que moi. plus juste de tous les hommes ; beaucoup
Si mère avait blâmé son orgueil et lui de ses disciples ne savaient pas d'abord que
avait dit que le premier homme et le Fils le Christ fût descendu en lui. Il fit des mira-
de l'homme étaient au-dessus de lui. Jalda- cles et prêcha qu'il était le fils du premier
baoth irrité avait pour se venger appelé les homme ; les Juifs le crucifièrent, et alors le
hommes, et leur avait dit Faisons l'homme : Christ quitta Jésus et s'envola vers la
à notre image aussitôt l'homme avait été
;
sagesse lorsque le supplice commença.
formé, et Jaldabaolh lui avait inspiré un Le Christ ressuscita Jésus, qui, après Iq
souffle de vie on lui avait ensuite formé
;
résurrection, avait eu un corps glorieux et ne
une femme, avec laquelle les anges avaient fut pas reconnu par les disciples ; il monta
eu commerce, et de ce commerce étaient nés ensuite au ciel où ;! attire les âmes des
d'auties ynges. bienheureux sans que le Créateur le sache.
Jaldabaolh donna des lois aux hommes, et Lorsque l'esprit de lumière qui est chez
leur défendit de manger d'un certain fruit. les hommes sera réuni dans le ciel, il for-
La mère de Jaldabaolh, pour punir l'or- mera un éon immortel, et ce sera la fin du
gueil de son fils, descendit et produisit un monde.
serpent qui persuada à Eve de manger du Quelques-uns parmi les sethiens croyaient
fruit défendu. Eve, après s'être laissé séduire, qnela sagesse s'était manifestée aux hommes
persuada A :m. '
sous figure d'un serpent: c'est apparem-
la
Le Créateur des hommes, irrité de leur ment pour cela qu'on les appela ophites par
désobéissance, les chassa du paradis. dérision, comme s'ils adoraient un serpent.
Adam et Eve, chargés de la malédiction Il y eut des ophites différents des sethiens ,
Les serpents portaient les hommes à toutes une espèce de contrat ou de transaction par
sortes de crimes, tandis que la sagesse, laquelle ils avaient mis sur la terre une
empêchait que la lumière ne s'éteignît parmi égale quantité de biens et de maux.
les hommes. L'homme, qui est un mélange de qualités
estimables et vicieuses de raison et de
Le Créateur, irrité de plus en plus contre ,
prophètes, mais la sagesse leur avait fait était le principe de toutes ses passions, et
prononcer des prophéties qui annonçaient ses passions causaient tous ses malheurs ; la
Jésus-Christ. raison, au contraire, lui procurait toujours
La sagesse, par cet artifice, avait fait en des plaisirs tranquilles et purs. Sévère jugea
sorte que le Dieu créateur, sans savoir ce que l'homme avait reçu la raison des puis-
qu'il faisait, fit naître deux hommes, l'un sances bienfiiisanles, et la sensibilité des
d'Elisabeth et l'autre de la vierge Marie. puissances malfaisantes.
La sagesse était bien fatiguée des soins De ces principes généraux il conclut que
qu'elle donnait aux hommes et elle s'en plai- le siège de la raison est l'ouvrage des êtres
(I) Ireii., I. 1. c. 51. Epliiph., baer. 34. Ter., de Prœscript., c. 47. Philastr., d8 H«r., c 5. Aug., de Hœr., c, 79.
bienfaisants, et que le siège des passions est il y Ot des miracles qui détrompèrent les
la production des puissances malfaisantes ; Samaritains on reconnut les prestiges de
:
ainsi, selon Sévère, le corps humain, depuis Simon, et il fut abondonné par beaucoup de
la lêle jusqu'au nombril, était l'ouvrage du monde. Simon fut élonné lui-même de la
bon principe, et le reste du corps était l'ou- puissance des prédicateurs de l'Evangile;
vrage du mauvais. mais il ne les regarda que comme des ma-
Le bon et le mauvais principe, après avoir giciens d'un ordre supérieur, et le baptême,
ainsi formé l'homme de deux parties si con- les prières et les jeûnes comme une espèce
traires, avaient mis sur la terre tout ce qui d'initiation aux mystères du christianisme,
pouvait entretenir la vie de l'homme l'être : qui n'était, selon lui, qu'une espèce de ma-
bienfaisant avait placé autour de lui des ali- gie, il se fit baptiser, il priait, il jeûnait, et
ments propres à entretenir l'organisation du ne quittait point saint Philippe, dans l'espé-
corps sans exciter les passions et l'être ; rance de lui arracher son secret.
malfaisant, au contraire, avait mis autour Lorsque les apôtres surent que l'Evangile
de lui tout ce qui pouvait éteindre la raison avait été reçu à Samarie, ils y envoyèrent
et allumer les passions. saint Jean et saint Pierre pour confirmer les
Lorsqu'on étudie l'histoire des malheurs fidèles;ils leur imposèrent les mains, et le
qui ont affligé les hommes, on voit qu'ils Saint-Esprit descendit sur eux visiblement ;
ont presque tous leur source dans l'ivresse ce qui paraissait par le don de prophétie,
ou dans l'amour Sévère conclut de là que
; par le don des langues, etc.
le vin et les femmes étaient deux productions Simon, étonné de plus en plus de la puis-
du mauvais principe. sance des apôtres, voulut acheter de saint
L'eau, qui conservait l'homme calme et Pierre son secret; car il n'avait pas du don
qui n'altérait point sa raison, était un prin- des miracles une autre idée. Saint Pierre eut
cipe bienfaisant. horreur de cette proposition, et lui fit une
Les encralites ou tatianistes, qui trouvè- vive réprimande; Simon, qui redoutait la
rent les principes de Sévère favorables à leur puissance de saint Pierre, se retira confus,
sentiment, s'attachèrent à lui et prirent le et demanda à saint Pierre qu'il priât pour
nom de sévéricns (Ij. lui (3).
SÉVÉRIENS, disciples de Sévère, dont De l'argent que saint Pierre refusa, Simon
nous venons de parler. en acheta une courtisane nommée Hélène,
y a eu aussi des sévériens, ainsi nommés
Il qui apparemment devait servir à ses opéra-
parce qu'ils étaient attachés à Sévère, chef tions magiques et à ses plaisirs (4).
des acéphales. Simon, accompagné d'Hélène, se retira
SIGNIFICATIFS. Quelques auteurs ont
•
dans les provinces où l'on n'avait pas encore
ainsi nommé les sacramcntaires, parce qu'ils annoncé l'Evangile et combattit la doctrine
enseignent que l'eucharistie est un simple des ai ôlres sur l'origine du monde et sur la
signe du corps de Jésus-Christ. Providence. Peut-on, disait Simon, supposer
SILENCIl'.UX : c'est ainsi ([ue l'on nom- que l'Etre suprême ait produit immcdialc-
mait ceux qui ne rendaient point d'autre ment le monde? S'il avait formé loi- même
culte que le silence. l'homme, lui aurait-il prescrit des lois qu'il
SIMON, surnommé le Magicien, était du savait qu'il n'observerait pas? ou s'il a voulu
bourg Gitton, dans le p.iys de Samarie il ; qu'Adam observât ses préceptes, quelle est
fut disciple du magicien Dosithée, qui pré- donc la puissance de ce créateur, qui n'a pu
tendait être le Messie prédit par les prophè- prévenirhi chu le de l'homme? Non, ce créateur
tes. Le disciple fit des efforts extraordinaires n'est point l'Etre lout-puissaiit et souverai-
pour surpasser son m.iitre d.ms l'art des nement parfait et bon, c'est un être ennemi
prestiges, et il réussit on prétend (ju'il pas-
: des liomines, (jui ne leur a donné des lois
sait impunément au milieu des flammes ,
que pour avoir des coupables a punir (5j.
qu'il traversait les airs comme les oiseaux ,
Voici le système que Simon substituait à
qu'il se métamorphosait paraissait sous et la doctrine des apôtres, et comment il croyait
mille formes différentes ; sa parole ouvrait, prévenir les difficultés qu'on pouvait lui
les portes, changeait les pierres en pain et! opposer.
produisait des arbres (2). La philosophie platonicienne était alors
Que ces prestiges fussent des effets du fort en vogue en Orient ce n'était point, à
:
commerce que Simon avait avec les démons proprement parler, le système do Platon, qui
on des tours d'adresse, il est certain qu'ils n'en avait peut-être point eu, c'était le fond
séduisirent presque tout le peuple de Sama- du sentiment ((ui reconnaît dans le monde
rie; que Simon attira sur lui toute l'atten- un Esprit éternel et infini par lequel tout
tion du peuple et fit rentrer Dosithée dans existe.
la classe des hommes ordinaires on l'appe- : Les platoniciens ne croyaient pas que cet
lait lagrande vertu de Dieu. esprit eût produit immédiatement le monde
Tandis que Simon était dans sa gloire, que nous habitons; ils imaginaient entre
saint Philippe prêcha l'Evangile à Samarie; l'Etre suprême et les productions de la terre
(t) Euseb., llist. Ecclos., 1. 29. Epiph., liLpr. U. (5) Act. VIII, 10.
" "
cépliore, t. 11 HIsl. Ecclés.,
(2) Nioép'
-
,
lesphénomènes: comme ces génies n'avaient tres qu'il adopte ne m'ont pas paru suffisam-
pas une puissance infinie, on avait cru pou- ment prouvés; on y voit un homme d'esprit
Toir résister à leurs efforts par des secrets qui roiiibil par (i ingénieuses conjectures
ou par des enchantemcnlr., et la magie s'é- des témoignages positifs.
tait incorporée avec ce système, (|ui, comme En parcourant les mondes formés parles
on le voit, était absolument arbitraire dans anges, disait Simon, j'ai vu que chaque monde
les détails; ce fut ce système que Simon était gouverné par une puissance principale ;
adopta, et qu'il tâcha de rendre sensible au j'ai vu ces puissances ambitieuses et rivales
peuple. se disputer l'empire de l'univers; j'ai vu
Il supposait une intelligence suprême, qu'elles exerçaient tour à tour un empire
dont la fécondité avait produit une infinité tyranuique sur l'homme, en lui prescrivant
d'autres puissances avec des propriétés dilTé- mille pratiques fatigantes et insensées; j'ai
rentes à l'infini. Simon se donna parmi ces eu pitié du genre humain ; j'ai résolu de rom-
puissances la place la plus distinguée, et pre ses chaînes et de le rendre libre en l'é-
bâtit sur cette supposition tout son système clairant : pour l'éclairer, j'ai pris une figure
Ihéologique destiné à expliquer au peuple humaine, et j'ai paru un homme entre les
la naissance du péché dans le monde, l'ori- hommes, sans être cependant un homme.
gine du mal, rétablissement de l'ordre et
le Je viens leur apprendre que les différentes
la rédemption des hommes. Simon ne niait religions sont l'ouvrage des anges, qui, pour
donc pas ces dogmes; mais il prétendait que tenir les hommes sous leur empire, ont in-
les apôtres les expliquaient mal, et voici spiré des prophètes, et persuadé qu'il y avait
quel était son syslètrie, dont le fond a servi des actions bonnes et mauvaises, lesquelles
de canevas à plusieurs des hérétiques des seraient punies ou récompensées. Les hom-
trois premiers siècles; ainsi l'on croyait mes, intidiidés par leurs menaces ou séduits
alors le péché originel, et l'on allendait un par leurs promesses, se sont refusés aux
rédempteur. plaisirs ou dévoués à la mortification. Je
viens les éclairer et leur apprendre qu'il n'y
Du système de Simon.
a point d'action bonne ou mauvaise par
Je suis, disait Simon, la parole de Dieu, je elle-même; que c'est par ma grâce et noa
suis la beauté de Dieu, je suis 1<> Paraclet, par leurs mérites que les hommes sont sau-
je suis le 'l'oul-ruissant, je suis tout ce qui vés, et que pour l'être il suffit de croire en
est en Dieu. moi et à Hélène c'est pourquoi je ne veux :
J'ai, par ma toute-puissance, produit des pas que mes disciples répandent leur saug
intelligences douées de différent es propriétés ; pour soutenir ma doctrine.
je leur ai donné différents degrés de puis- Lorsque le temps que ma miséricorde a
sance. Lorsque je formai le dessein de faire destiné à éclairer les hommes sera fini, je
le monde, la première de ces intelligences déliuirai le monde, et il n'y aura de salut
pénétra mon dessein et voulut prévenir ma que pour mes disciples : leur âme, dégagée
volonté; elle descendit et produisit les anges des chaînes du corps, jouira de la liberté des
et les autres puissances spirituelles, aux- purs esprits tous ceux qui auront rejeté ma
;
quelles elle ne donna aucune connaissance doctrine resteront sous la tyrannie des
de l'Eire tout-puissant auquel elle devait anges (1)
l'existence. Ces anges et ces puissances, Telle est doctrine que Simon enseignait :
la
pour manifester leur pouvoir, produisirent un prestige dont il s'appuyait subjuguait
le monde; et pour se faire regarder comme l'imagination de ses auditeurs; ils voulaient
des dieux suprêmes, et qui n'avaient point devenir ses disciples et demandaient le bap-
été produits, retinrent leur mère parmi eux, tême; le feu descendait sur les eaux, et Si-
lui firent mille outrages, et, pour l'empêcher mon baptisait {!).
do retourner vers son père, l'enfermèrent Par ces artifices, Simon avait séduit un
dans le corps d'une femme; en sorte que de grand nombre de disciples et s'était fait ,
siècle en siècle elle avait passé dans le corps adorer comme le vrai Dieu.
de plusieurs femmes, comme d'un vaisseau Simon connaissait l'étendue de la crédu-
dans l'autre. EHe avait été la belle Hélène lité il savait que les contradictions les plus
;
qui avait causé la guerre de Troie, et, pas- choquantes disparaissaient aux yeux des
sant de corps en corps, elle avait été réduite hommes séduits par le merveilleux, et que,
à celle infamie que d'être exposée dans un tant que le charme dure, l'imagination con-
lieu de débauche. cilie les idées les plus inalliables.il soutenait
J'ai voulu retirer Hélène de la servitude donc tout-puissant, quoiqu'il lût
qu'il était
et de l'humiliation je l'ai cherchée comme
;
sujet à toutes les infirmités de la nature hu-
un pasteur cherche une brebis égarée; j'ai maine; il disait qu'il était la grande vertu de
parcouru les mondes, je l'ai trouvée, et je Dieu, quoiiiu'il détruisît toute la morale et
veux lui rendre sa première splendeur. qu'il ne pût délivrer ses adorateurs d'aucun
C'était ainsi que Simon prétendait justi- de leurs maux
fier la licence de s'associer dans sa mis- Les disciples de Simon perpétuèrent l'illu-
sion une courtisane. Beausobre prétend que sion par les prestiges qui l'avaieut produite,
pas pour examiner une doctrine (jui ne le magiciens et les avait chassés de Rome (.3).
gêne pas, adorait Simon et croyait ses prê- Enfin il,est certain qu'on n'accordait
tres. Saint Justin remarque que vers l'an l'apothéose qu'aux empereurs et encore ,
150 presque tous les Samaritains, et même après leur mort comment aurait-on fait de
:
an petit nombre d'autros en divers pays, Simon le Magicien un Dieu pendant sa vie?
reconnaissaient encore Simon pour le plus Tillemont soutient (lue saint Justin, ayant
grand des dieux. Il avait encore des adora- cité ce fait dans son apologie adressée aa
teurs vers le milieu du troisième siècle, sénat, aurait été convaincu de fausseté sur-
comme on le voit par un ancien auteur qui le-champ, s'il n'eût pas été vrai. Cependant
écrivait contre saint Cyprien. saint Justin , dit Tillemont cite encore ce,
Simon composa plusieurs discours contre fait dans la seconde a|)ol()gie, et même dans
la foi de Jésus-Christ, il les intitula les Con- son dialogue contre Tryphon, et le cite comme
tradictions. Grabe nous en a donné quelques un fait qui n'avait pas besoin d'être prouvé ;
fragmenis (1) par conséquent, dit Tillemont, les païens qui
Parmi les disciples de Simon, quelques-uns étaient à portée de convaincre saint Justin
voulurent faire une sccle à part tel fut Mé- : de faux n'ont point regardé comme une chose
nandre qui changea quelque clios<! à la doc- douteuse (jue l'on eût érigé une statue à Si-
trine do son maître et ûl une nouvelle secte mon il ile encore, pour appuyer son senti-
: (
ils ne sont point d'accord sur le temps. Saint en faire un sujet de controverse ;
Jrénée et saint Cyrille de Jérusalem disent 3° Si ce fait avait eu un aussi grand degré
qu'elle fut élevée par ordre de l'empereur de notoriété qu'on le prétend pourquoi les,
Claude , et par conséquent après la mort de Pères sont-ils si opposés entre eux sur le
Simon. Saint Augustin, au contraire, dit que temps auquel celle slatue fut érigée, et pour-
cette statue fut érigée à la persuasion de quoi les uns disenl-ils <|ue ce fut du vivant
Simon (2). de .*^imon, les autres après sa mort ? Si l'acte
Des critiques célèbres ont cru qu'on avait par lequel le sénat cl l'empereur avaient
prisune statue du dieu Semon Sangiis pour érigé une statue à Simon eût é!é si connu,
une statue de Simon voici le fondement de ;
n'y aurait-on pas vu cxaclement si ce fut
leur conjcclure : sous Néron ou sous Claude que la statue fut
On sait Romains, à l'imitation des
que les élevée ?
Sabins, adoraient un Semo Sancus qu'ils di- Il paraît que c'est sans beaucoup de fon-
saient être leur Hercule on a même trouvé : dement que Tillemont s'appuie sur l'auto-
dans ces derniers temps une statue dans l'île rité de Fleury c'est en faisant l'analyse
:
du Tibre, où saint Justin dit qu'était celle de de l'apologie de saint Justin que Fleury
Simon. (;elle statue porte cette inscription, rapporte le fait de la statue de Simon il no ,
assez approchante de celle que rapporte saint le garantit point, il ne l'examincpoint enfin ;
dans les auteurs païens rien qui ail rapport pendant saint Justin, saint Irénée, TertiilliiMi,
à cet événement, ce qui ne serait guère pos- n'en parlent point eux qui ont parlé de sa
,
Blonde, de Sii<ylla, c. i. Vandale, dissert, do Urac. lui- tait iiue Simon volait ; ou trouve, sous ^éroD, qu'uu ti<im-
H5 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 116
p.irée aux deux utopistes français, Fourier mariage. Un système aussi impie, et tout à
et Saint-Simon. la fois aussi destructif de toute société ne ,
résultat de son indus trie, concouru ta le mettre avec lui la vérité du christianisme. Ce défi
en relief. Stimulé par les éloges que lui don- fut accepté par M. A. Campbell, qui s'offrit
naient les philanthropes de divers pays il , de prouver que les assertions d'Owen étaient
conçut la pensée de généraliser sa méthode insoutenables, et que leur auteur était hors
et de réformer la société entière. En 1812, d'état de les prouver par la voie du raisonne-
il publia son premier ouvrage sous ce titre : ment et d'une discussion loyale. Après avoir
Nouvelles vues de société , ou Essais sur la répondu au défi il reçut une visite d'Owen.
,
formation du caractère humain. Dans le com- Ce dernier alléguant qu'il allait passer en
mencement , Owen
se contentait de laisser Angleterre, et qu'il ne prévoyait pas pouvoir
de côté les pratiques religieuses, et affectait revenir aux Etats-Unis avant le printemps
de parler d'une tolérance universelle. ^ ers suivant, le rendez-vous futajourné au second
1817, il se prononça ouvertement contre tou- lundid'avril 1829, dans la ville de Cincinnati,
tes les religions existantes, les représentant état de l'Ohio. M. A. Campbell fit insérer dans
comme des sources de malheur pour les les journaux l'annonce du combat, exprima
sociétés dirigées d'après leurs principes. l'espoir qu'un grand nombre voudraient élre
Abandonné par les uns , repoussé par les témoins de cette lutte d'une espèce nouvelle,
autres , attaqué et poursuivi comme impie se félicita d'avoir choisi une saison favorable
par clergé anglican, il passa, en ISik, aux
le pour les voyageurs et un lieu dont les com-
Etats-Unis d'Amérique. munications par les bateaux à vapeur ren-
Voltaire avait eu le projet , dont il parle daient l'accès facile. Mais les curieux se de-
souvent dans sa correspondance, de former mandaient si Owen serait exact au rendez--
à Clèves une colonie de philosophes qui vous , et si ce voyage en Angleterre qui ,
auraient travaillé de concert au progrès des avait suivi de si près le défi , néiait pas une
lumières. Ce projet avorta. 11 semble que retraite.
Robert Owen ail voulu le réaliser aux Et^its- Il retourna,il est vrai, en Amérique, mais
Unis, dans rindiana,en réunissant quelques se rendit au Mexique pour demander le ter-
centaines d'individus épris des opinions , ritoire de Texas. Protégé par les torys en
philosophiques du xvnr siècle, admirateurs Angleterre, il avait obtenu du duc de Wel-
de Voltaire et de Uousseau pleins de zèle ,
lington, alors ministre, des lettres de recom-
Owen ; mais il lui offrit un territoire encore solue sont les seules règles possibles de la
plus considérable {d'environ 1500 milles), société.
s'élendant depuis le golfe du Mexique jus- 10° Chaque communauté sera de deux à
qu'à l'Océan Paciflque , sur la frontière des trois mille âmes et les diverses commu-
,
l'association avec ses semblables , dans la voyage: et l'argent nécessaire est fourni par
bienveillance mutuelle et dans l'absence de des contributions individuelles de(|uarante
toute superstition. centimes par semaine. Les sociolistrs ont
'i-° La religion rationnelle est la religion aussi a leur disposition toutes les ressources
de la charité : elle admet un Dieu créateur, ordinaires delà publicité en .Vnglelerre; dans
éternel, infini, mais ne reconnaît d'.iulrc les prineipales villes, à Manchester, à Liver-
culte que la loi naturelle , qui ordonne à pool, à Birmingham, à Sheffield, ils ont des
l'homme de suivre les impulsions de !a nalurc salles où ils tiennent des séances (tubli(]nes
et de tendre au but de son exisleiice. Mais el régulières ils ont uu journal spécial, in-
;
Owen ne dit pas quel est ce but. titulé le Xouifau monde moral, et disposent
5° Qu.int à la société, le gouvernement doit en outre du journal hebdomadaire le plus
proclamer une liberlé absolue de conscience, répandu des trois rojaumes , de Weekly-
l'abolition complète de peines et de récom- Dispatch, qui est tiré tous les samedis à trente
penses et Virresponsabililc de l'individu,
, mille exemplaires.
puisqu'il n'est pas libre dans ses actes. Cette organisation et cettepropagation des
G' Un homme vicieux ou coupable n'est soci(distes firent naître des inquiétudes en
qu'un malade, puisqu'il ne peut élre respon- Angletrrre. On voy.iil d'après les antécé-
,
doil pas le punir, mais l'enfermer comme un ment à l'église établie mais à la lévélation
,
novateur, dans une sorte de manifeste publié et portant différents noms, suivant les cir-
le 2 février suivant et en tète duquel il se
,
constances, est cependant réellement une,
qualiOait d'inventeur et de fondateur d'un tant pour la communauté d'opinions et de
système de société et de religion rationnelle , vues, que par sa conslitulion.
parla avec beaucoup de vanilé de sa présen- Les carbonari affectent un singulier res-
tation à la reine ; il s'y vanta aussi d'avoir pect et un zèle merveilleux pour la religion
été naguère protégé par les lorys, et y ren- catholique et pour la doctrine et la parole
dit comptede ses théories et de sa conduite. du Sauveur, qu'ils ont quelquefois la cou-
Lord Melbourne , interpellé à ce sujet à la pable audace de nommer leur grand m;it-
chambre des lords, convint que sa démarche tre et le chef de leur société :mais ces dis-
n'avait pas été exemple d'imprudiMice, aveu cours menteurs ne sont que des traits dont
dont l'opposition tira avantage pour att iquer se servent ces hommes perfides pour blesser
le ministre. Mais il y avait dans cette affiiire plus sûrement ceux qui ne se tiennent pas
quelque chose de plus grave qu'une lutte sur leurs gardes.
ministérielle. Birmingham envoyait une pé- Le serment redoutable par lequel , à
tition de huit mille signatures pour contre- l'exemple des anciens priscillianisles et ma-
dire celle des quatre mille, et il était difficile nichéens, ils promellent qu'en aucun temps
qu'on ne s'alarmât pas de l'extension que et qu'en aucune circonstance ils ne révéle-
prenait une sectequi n'était pas moins hostile ront quoi que ce soit qui puisse concerner
à la sociéléqu'àla religion. Lcsdéclamations leur société à des hommes qui n'y seraient
des socialistes exercent la plus redoutable point admis, ou qu'ils ne s'entretiendront
influence sur celte partie de la population jamais avec ceux des derniers grades de
que son inexpérience et sa crédulité dispo- choses relatives aux grades supérieurs; de
sent à être le jouet des utopistes. Voyez Fou- plus, les réunions clandestines et illégitimes
riérisme et SâlNT-SlMONISME. qu'ils forment à l'inslar de plusieurs héré-
M. do Luca rédacteur des Annales des
,
tiques, et l'agrégation de personnes de tou-
sciences relii/ieuses publiées à Rome a lu à
, , tes les religions et de toutes les sectes dans
l'académie de la religion catholique une sa- leur société, montrent assez, quand même
vante dissertation sur ce suji't La condition: il ne s'y joindrait pas d'autres indices, qu'il
économique des peuples ne peut être améliorée ne faut avoir aucune confiance dans leurs
sans le secours des doctrines et des institu- paroles.
tions de l'Eglise catholique. Impiété et inuti- Leurs livres imprimés, dans lesquels on
lité des doctrines et des institutions contrai- trouve ce qui s'observe dans leurs réunions,
res des jiréterulus socialistes modernes, Saint- surtout dans celles des grades supérieurs,
Simon, Charles Fourier et Robert Owen. leurs catéchismes, leurs statuts, d'autres
•
SOCIÉTÉS SECRÈTES. ( Dix-neuvième documents authentiques, les témoignages de
siècle. ) Pour se former une juste idée de ceux qui, après avoir abandonné cette asso-
l'organisation des sociétés secrètes de nos ciation en ont révélé aux magistrats les
jours, et bien comprendre leur influence, il artifices elles erreurs, tout établit que les
faut les ranger en deux grandes classes, qui carbonari ont (irincipalement pour but de
ont chacune un caractère distinct. L'une, propager l'indifférence en matière de reli-
depuis longtemps subsistante, renferme, gion, le plus dangereux de tous les systè-
sous le voile de la franc-maçonnerie des , mes de donnera chacun la liberté absolue
;
pratiquent la charité et les autres vorlus, et par ces factions, les principes de la réforme,
qu'ils s'abstiennent de tout vice. Ainsi elle portés dans les pays où le feu du fanatisme
favorise ouvertement les plaisirs des sens. n'échauffait pas les esprits, germaient pour
Elle enseigTie qu'il est permis de tuer ceux ainsi dire paisiblement et acquéraient de la
qui révéleraient le secret dont nous avons consistance dans des sociétés qui se piquaient
parlé plus haut. Elle enseigne encore, au de raisonner.
mépris des paroles des apôtres Pierre et Quarante personnes des plus distinguées
Paul, qu'il est permis d'exciter des révoltes par leur rang, par leurs emplois et par leurs
pour dépouiller de leur puissance les rois et titres, établirent en 15'tO à Vicence, ville de
tous ceux qui commandent, auxquels elle l'Etat vénitien, une espèce d'académie pour
donne le nom injurieux de tyrans. y conférer ensemble sur les matières de re-
Tels sont les dogmes cl les préceptes de ligion et particulièrement sur celles qui fai-
celle société et les allenlals politiques, ac-
; saient alors le plus de bruit.
complis en Espagne, dans le Piémont, à L'espèce de confusion qui couvrait alors
Nnples, atlonlats accompagnés d'outrages et presque toute l'Europe, les abus grossiers et
de mesures hostiles à la religion catholique, choquants qui avaient pénétré dans tous les
en ont été la Iriste applicalion. Tels sont Etals, des superstitions et des croyances ri-
aussi les dogmes et les préceptes de tant dicules ou dangereuses qui s'étaient répau-
d'anlres sociétés secrètes conformes ou ana- dues, firent juger à celte société que la reli-
logues à celle des carhonari. gion avait besoin d'être réformée, et que,
La bulle de Pic \'II, Ecclesiain a Jesu Chri- l'Ecriture contenant de l'aveu de tout le
slo, du 13 septembre 1S21 , les frappe d'une monde la pure parole de Dieu, le moyen le
condamnation renouvelée par Léon XII, plus sûr pour dégager la religion des fausses
dans une bulle du L3 mars 1825, qui signale opinions était de n'admettre que ce qui était
particulièrement l'association désignée sous enseigné dans l'Ecriture.
le nom d'universitaire parce qu'elle a éta-
, Comme celte société se piquait de littéra-
bli son siège dans plusieurs universités, où ture et de philosophie, elle expliqua, selon
des jeunes gens sonl pervertis, au lieu d'être les règles de critique qu'elle s'étaii laites et
instruits, par quelques maîtres initiés à des conformément à ses principes philosophi-
mystères d'iniquité, et formés à tous les ques, la doctrine de l'Ecriture , et n'admit
crimes. comme révélé que ce qu'elle y voyait claire-
SOCINIANISME, doctrine des sociniens, ment enseigné, c'est-à-dire ce que la raison
dont Lélie et Fauste Socin sont regardés concevait.
comme les auteurs, et qui a sa source dans D'après cette méthode, ils réduisirent le
les principes de la réforme. christianisme aux articles suivants.
Il y a un Dieu très-haut, qui a créé toutes
De l'originedu socinianisme et de son pro-
choses par la puissance de son N'erbc, et qui
grès jusqu'à la mort de Lélie Socin.
gouverne tout par ce Verbe.
Luther avait attaqué l'autorité de l'Eglise, Le Verbe est son Fils, et ce Fils est Jésus
de la tradition el des l'ères; l'Ecriture était, de Nazareth, fils de Marie, homme véritable,
selon ce théologien, la seule règle de noire mais un honmie supérieur aux autres hom-
foi, et chaque particulier était l'interprète de mes, ayant été engendré d'une vierge et par
l'Ecriture. l'opération du Saint-Esprit.
Le chrétien, abandonné à lui-même dans Ce Fils est celui que Dieu a promis aux
rinlerprétation de l'Ecriture n'eut pour , anciens patriarches, et qu'il donne aux hom-
guide que ses propres connaissances , et mes ; c'est ce Fils qui a annoncé l'Evangile
chaque prétendu réformé ne découvrait dans et qui a montré aux hommes le chemin du
l'Ecriture que ce qui était conforme aux ciel en mortifiant sa chair et en vivant dans
opinions elaux idées (|u'il ou
avait reçues la piété. Ce Fils est mort par l'ordre de son
aux principes qu'il s'était faits lui-môme; et Père, pour nous procurer la rémission de nos
comme presque toutes les hérésies n'étaient péchés ; il est ressuscité par la puissance du
que de fausses interprétations de l'Ecriture, Père, et il est glorieux dans le ciel.
presque toutes les hérésies reparurent dans Ceux qui sonl soumis à .lésus de Nazareth
un siècle où le fanatisme et la licence avaient sont justifiés de la part de Dieu , et ceux qui
répandu presque dans toute l'Europe les ont de la piélé en lui reçoivent l'immoi-lalilé
principes de la réforme. qu'ils ont perdue dans .\dam. Jésus-Christ
On vit donc sortir du sein de la réforme seul est le Seigneur et le chef du peuple qui
des sectes qui attaquèrent les dogmes que lui est soumis ; il est le juge des vivants et
Luther avait respedés le dogme de la tri-
: des morts ; il reviendra vers les homnus à
nilé, la divinité de Jésus-Christ l'efficacité , la consommation des siècles.
des sacrements la nécessité du baptême.
, . Voilà les poinls auxquels la société de
Voyez à l'article Li;ther les sectes sorties A'icence réduisit la religion chrétienne. La
du luthéranisme, les articles Anabaptistes, Trinité, la consubslantialilc du Verbe, la
Ariens modernes. divi:iilé de Jésus-Cbrisi, etc., n'étaiunt, selon
.Mais ces sectes, nées presque tontes du cette société, ([un des opinions prises dans la
fanatisme el de l'ignorance, étaient divisées philosophie des Grecs, el non pas des dogmes
entre elles el remplissaient l'Alletnagnc de révélés.
ilivisions et de troubles. Les assemblées de Vicence ne purent se
Pcudanl que l'Allemagne était déchirée faire assezseciètemenl pour que le miiiis-
123 DICTIONNAIRE DES HERESIES. iU
tère n en fût pas instruit il en ûl arrêter
: des controverses de religion reprit insensi-
quelques-uns qu'on Gt mourir ; les autres blement le dessus sur les plaisirs et sur le
s'échappèrent, tels furent Lélio Socin, Ber- désir do faire fortune. Fauste Socin quitta la
nard Okin, Pazuta , Gentilis, etc., qui se re- cour, renonça à ses emplois, et forma le
tirèrent en Turquie , en Suisse, en Alle- projet do parcourir l'Europe pour y ensei-
magne. gner la doctrine de son oncle et la sienne.
Les chefs de la prétendue Réforme n'é- Après quelques courses , il arriva en 157i
taient pas moins ennemis des nouveaux à Bâie et y demeura trois ans uniquement ,
ariens, que des catholiques, et Calvin avait occupé des matières de religion et de contro-
fait brûler Servet ; de Vi-
ainsi les exilés verses qu'il étudiait surtout dans les écrits
,
cence ne purent enseigner librement leurs de son oncle, dont il adopta tous les senti-
sentiments dans les lieux où le magistrat ments il voulut les enseigner, et se rendit
;
obéissait aux réformateurs. Ils se retirèrent odieux aux luthériens, aux calvinistes et à
donc enfin en Pologne, où les nouveaux tous les protestants. Socin , rebuté par les
ariens professaient librement leurs senti- contradictions qu'il éprouva, passa en Tran-
ments sous la protection de plusieurs sei- sylvanie, ei enfin se rendit en Pologne vers
gneurs polonais qu'ils avaient séduits.' l'an 1579.
Ces nouveaux ariens avaient en Pologne Les antitrinitaires ou les nouveaux ariens
des églises, des écoles, et assemblaient des avaient fait de grands progrès en Pologne ,
synodes où ils firent des décrets contre ceux et ils y avaient fondé beaucoup d'églises el
qui soutenaient le dogme de la Trinité. d'écoles ; ils y jouissaient d'une entière li-
Lélie Socin quitta la Suisse et se réfugia berié.
parmi ces nouveaux ariens ; il y porta le Mais toutes ces églises n'étaient pas uni-
goût des lettres, les principes de la critique, formes dans leur créance. Lorsque Fauste
l'élude des langues et l'art de la dispute il ; Socin arriva en Pologne, elles formaient en
éiTivit contre Calvin, il fit des commentaires quelque sorte des sociétés différentes , el
.sur l'Ecriture sainte, et apprit aux antitrini- l'on en compte jusqu'à trente-deux qui n'a-
laires à expliquer dans un sens figuré ou vaient presque de commun que de ne pas
allégorique les passages que les réformés regarder Jésus-Christ comme le vrai Dieu.
leur opposaient pour les obliger à recon- Fauste Socin voulut s'attacher à une do
naître la Trinité et la divinité de Jésus» ces églises, mais les ministres qui la gouver-
Christ. 11 aurait sans doute rendu de plus naient le refusèrent, parce qu'ils apprireiit
grands services au nouvel arianisme ; mais qu'il avait beaucoup de sentiments contraires
il mourut 16 mars 15t)2 à Zurich, laissant
le à ceux qu'ils professaient. Fauste Socin ne
son bien et ses écrits à Fauste Socin son voulut alors s'associer à aucune des églises
neveu. de Pologne, et affecta d'être l'ami de toutes
pour les amener à ses idées il leur disait
Du socinianisme depuis que Fauste Socin en
qu'à la vérité Luther et
;
Calvin avaientrendu
fut le chef.
de grands services à la religion, et qu'ils s'y
La réputation de Lélie Socin, les lettres étaient assez bien pris pour renverser le
qu'il écrivait à sa famille, firent naître de lenjple de l'Antéchrist de Rome et pour dis-
bonne heure dans Fuuste Socin le goût des siper les erreurs qu'il néan-
enseignait ;
disputes de religion et le désir de s'y distin- moins qu'il fallait convenir que ni eux, ni
guer il s'appliqua avec beaucoup d'ardeur
: ceux qui s'étaient bornés à leur système,
à la théologie, et à l'âge de vingt ans il crut n'avaient encore rien fait pour rebâtir le
être en état de s'ériger en mallre et de faire vrai temple de Dieu sur les ruines de celui de
un nouveau système de religion. Son zèle ,
Rome et pour rendre au grand Dieu le
,
qui n'avait pas encore sa maturité, l'emporta vrai culte qui lui est dû.
si loin, que, non content de dogmatiser avec Pour y parvenir,
disait Socin, il faut éta-
ses parents et avec ses amis, il voulut le blir comme la base de la vraie religion qu'il
faire dans les assemblées où son esprit et sa n'y a qu'un seul Dieu ; que Jésus-Christ n'est
naissance lui donnaient accès. L'inquisition Fils de Dieu que par adoption et par les pré-
en fut informée elle poursuivit tous les
; rogatives que Dieu lui a accordées qu'il ;
membres de la famille de Socin, en arrêta n'était qu'un homme, qui, par les dons dont
quelques-uns, et les autres se sauvèrent où le ciel l'a prévenu, était notre médiateur,
ils purent. noire pontifo notre prêtre ; qu'il ne fallait
,
croyance des églises réformées qne parce Socin ne jouit pas tranquillement de la
qu'ils ne voulaient reconnaître comme ensei- gloire à laquelle il avait aspiré avec tant
gné dans l'Ecriture que ce (ju'ils compre- d'ardeur les catholiques et les protestants
;
naient. Les unitaires, ijui faisaient le parti lui causèrent des chagrins, et il mourut dans
dominant parmi les ennemis de la divinité de le village de Luclavie où il s'était retiré, pour
Jésus-Christ, l'agrégèrent à leurs églises et se dérober aux poursuites de ses ennemis.
suivirent ses opinions ; plusieurs autres Socin mourut en iGQ'*, âgé de fiii ans ; on
églises les imitèrent et Socin devint le chef
,
mit sur son tombeau cette épitaphe :
par ses disputes, répandit de l'éclat sur toutes Luther a délruil le toil de Iiabvloii«, Calvin en a reaversé
les églises et alarma les protestants et les
, les murailles et So iu en a arracli.^ les fendeineins.
la divinité de Jésus-Christ.»
servés en secret dans les Etals qui ont pro-
Les réformés sentirent que pour arrêter scrit le sociuianisme,ct beaucoup de réformés
les progrès de Socin il fallait avoir recours
en Angleterre, et surtout en Hollande, ont
à d'autres moyens que la controverse ils :
passé de-, principes de la Réforme à ceux du
l'accusèrent d'avoir inséré dans ses ouvrages
socinianisme. Voyez les articles Ariens mo-
des maximes séditieuses. La patience , le
dernes, Armi.mens.
courage et l'adresse de Socin triomphèrent
de .ses ennemis. Malgré les malheurs qu'il Système théologique des sociniens.
essuya, i! avait un grand nombre de dis- L'Ecriture saintt\ et surtout le Nouveau
ciples parmi les personnes de qualité, et Testament, est, selon Socin un livre divin ,
enlin il obtint la malheureuse satisfaction pour tout homme raisonnable ce livre nous :
douter que Jésus-Christ ne soit celui que de la raison ; ils ne naissent point corrom-
Dieu a envoyé pour accomplir l'œuvre de la pus, tous peuvent pratiquer la vertu; il n'y
récoiicilialioii des hommes et pour leur
,
a point de prédestination ni d'autre grâce
enseigner ce qu'ils doivent croire et prati- que ces instructions et ces dons naturels que
quer. l'homme reçoit de Dieu.
Il n'est pas moins certain que le Nouveau Les sociniens renouvelèrent donc l'erreur
Testament contient la doctrine de Jésus- des pélagions sur le péché originel sur la
,
Christ; c'est donc dans ce livre divin qu'il nature et sur la nécessité de la grâce et sur
faut chercher ce que l'homme doit croire et la prédestination nous avons réfuté toutes
:
nienlairessur l'Ecriture, qui forment presque le Nouveau Testament contient seul la doc-
toute la bibliothèque dos Frères polonais. trine de Jésus-Christ , mais que c'est aux
Socin et ses disciples prétendant ne sui-
,
hommes à l'interpréter suivant les principes
vre dans l'interprétation du Nouveau Testa- de la raison et selon les règles de la critique.
ment que 1rs règles de la critique et les Nous avons fait voir la fausseté de ce
principes de la raison, expliquèrent d'une principe en faisant voir contre Luther et
manière intelligible à la raison tout le Nou- contre les réformés qu'il y a un corps do
veau Testament, et prirent dans un sens pasteurs chargé d'enseigner les vérités que
métaphorique tout ce que la raison ne con- Jésus-Chrisl a révélées aux hommes. Voyez,
cevait pas; par ce moyen , ils retranchèrent à l'article Luther ce (jue l'on dit pour
,
du chrislianisMie tous les mystères, et rédui- prouver l'autorité de la tradition, et, à l'ar-
sirent à de simples métaphores ces vérités ticleRÉFORME ce qu'on dit pour prouver
,
Buhlimes ((ue l.i raison ne peut comprendre. que riiglise srule est juge infaillible des
D'après ce principe, ils enseignèrent qu'il controverses de la foi, et qu'il est absurde
n'y a qu'un seul Dieu, créateur du monde : d'attribuer ce droit au simple fidèle. Ce prin-
le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont cipe bien établi, le socinianisme s'évanouit, et
point des per-onnes divines, mais des attri- ne devient plus qu'un système imaginaire,
buts de Dieu. Ainsi les sociniens renouvelè- puisqu'il porte sur une supposition absolu-
rent l'erreur de Sabellius, de Prnxée : nous ment finisse.
les avons réfutés à ces articles, et à l'article
•
SPINOSISME. Système d'athéisme de Be-
Antitrinitaires, noît Spinosn, juif portugais, mort en Hol-
Dieu créa Adam et lui donna des lois ;
lande l'an 1677, à 44 ans. Ce système est
Adam les transgressa; Adam, pécheur, tomba un assemblage confus des idées des rabbins,
dans l'ignorance et dans le désordre; sa pos- des principes do Descartes mal appliqués ,
térité l'imita', et la terre fut couverte de té- et des sophismes dos protestants on l'a
;
nèbres et de pécheurs. Les sociniens no re- aussi nommé panthéisme , parce qu'il con-
connaissaient donc point de péché originel : siste à soutenir que l'univers est Dieu ou. ,
nous avons refuté cette erreur à l'article qu'il n'y a point d'autre Dieu que l'univer-
PÉLAGIENS. salité des êtres. D'où il s'ensuit que tout ce
Dieu , louché du malheur des hommes, a qui arrive est l'elïet nécessaire dos lois éter-
envoyé son Fils sur la terre ce Fils est un
: nelles et immuables de la nature, c'est-à-dire
homme ainsi nommé parce que Dieu l'a d'un être infini et universel qui existe et
,
Dieu avait voulu que ces peines ou ces ou esprit et l'un ne peut être l'autre. .Mais
,
récompenses fussent le prix de la vertu ou Spinosa pervertit toutes ces notions; il pré-
le châtiment du désordre ; il n'avait point tend qu'il n'y a qu'une seule substance de ,
choisi parmi les hommes un certain nombre laquelle la pensée et l'olendue, l'esprit et le
pour être heureux, et abandonné le reste à corps sont des modifications ; (\ue tous les
un per.chani vicieux, qui devait les conduire êtres particuliers sont des modifications de
à la damnation ;tous sont libres Jésus- ; l'être en général.
Cliiist leur a donné à tous l'exemple do la Il suffit de consulter le sentiment inté-
deiice, poar être convaincu de l'absurdité de de convenir que le système ordinaire qui
ce langage. Je sens que je suis moi et non représente Dieu comme un Etre infini, dis-
un autre, une subsiance séparée de toute tingué première cause de tous les êtres ,
,
autre, un individu réel, et non une niodin- a lie grands avantages , et sauve île grands
cation; que mes pensées, mes volonlcs, mes inconvénienls. Il tranche les difficultés de
sensations mes afficlions sont à moi et l'infini qui paraît indivisible et divisé dans
,
que moi, celle ressemblance n'est qu'une libre; il donne un objet intéressant à la re-
idée abstraite, une manière de nous consi- ligion, en nous persuadant (pie Dieu nous
dérer l'un l'autre mais qui n'établit point
;
tient compte de nos homm;iges il explique ;
V identité ou une unité réelle entre nous. l'ordre du monde, en l'attribuant à une
cause intelligente qui sait ce qu'elle fait il
Pour prouver le contraire, Spinosa ne fait
;
différent, et que son système n'a point d'au- composée de parties dont chacune est une
tre fondement. Nous soutenons qu'il y a plu- substance particulière, l'unité prétendue de
sieurs substances de même attribut, ou plu- la substance universelle est chimérique et
sieurs substances dont les unes diffèrent purement idéale. Il a fait voir que les moda-
essentiellement, les autres accidentellement. lités qui s'excluent l'une l'autre, lelles que
Deux hommes sont deux substances de même l'étendue et l;i pensée ne peuvent subsister
,
attribut, ils ont même nature et même es- dans le même sujet, que l'immutaliilité de
sence, ce sont deux individus de même es- Dieu est incompatible avec la division des
pèce, mais ils ne sont pas le même ; quant au parties de la matière et avec la succession
nombre, ils sont différents, c'esl-à-dire dis- des idées de la substance pensante que les ;
tingués. Spinosa confond l'identité de na- pensées de l'homme étant souvent con-
ture, ou d'espèce, qui n'est qu'une ressem- traires les unes aux autres, il est impossible
blance, avec l'identité individuelle, qui est que Dieu en soit le sujet ou le suppôt. Il a
l'unité ; ensuite il confond la distinction des montré qu'il est encore plus absurde de
individus avec la différence des espèces : prétendre que Dieu est le suppôt des pensées
pitoyable logique au contraire , un hom ne
!
criminelles , des vices et des passions de
et une pierre sont deux substances de diffé-
l'humanité; que, dans ce système, le vice et
rents attributs, dont la nature, l'essence, la vertu sont des mots vides de sens que,
l'espèce ne sont point les mêmes ou ne
,
contre la possibilité des miracles Spinosa
;
,
se ressemblent point. Cela n'empêche pas
n'a pu alléguer ()ue sa propre thèse, savoir,
qu'un honmie et une pierre n'aient l'attribut la nécessité île toutes choses thèse non ,
conimun de substance tous deux subsistent
;
prouvée et dont on ne peut pas seulement
,
à part et sépares de tout autre être ; ils n'ont donner la notion qu'en suivant ses propres
;
besoin ni l'un ni l'autre d'un suppôt, ce ne principes, il ne pouvait nier ni les esprits,
sont ni des accidents ni des modes ; s'ils ne ni les miracles, ni les enfers (I).
sont pas des substances, ils ne sont rien. Dans l'impuissance de rien répliquer de
Spinosa et ses partisans n'ont pas vu que solide, les spinosistes se sont retranchés à
l'on [irouverail qu'il n'y a qu'un seul mode, dire que B.iyle n'a pas compris la doctrine
une seule modilicalioii dans l'univers , par de leur maître, et qu'il l'a mal exposée. Mais
le même argument dont ils se servent pour ce critique, aguerri à la dispute, n'a pas été
prouver qu'il n'y a qu'une seule substance ; dupe de cette défaite, qui est celle de tous
leur système n'est qu'un tissu d'équivociues les matérialistes; il a repris en détail, toutes
et de contradictions. Us n'ont pas une seule les propositions fondamentales du système,
réponse solide à donner aux objections dont il a défié ses adversaires de lui en montrer
on les accable. une seule dont il n'eût pas exposé le vrai
Le comte de Boulainvilliers , après avoir sens. En particulier, sur l'article de l'inimu-
fait tous ses efforts pour expliquer ce sys- tabililé et du changement de la substance, il
tème ténébreux et inintelligible , a été forcé a démontré que ce sont les spinosistes qui ue
matière première est assujettie selon l'opi- ciens et les slo'iciens, qui envisageaient Dieu
nion des péripîiléticiens (1). comme l'âme du monde et qui le suppo- ,
D'autres auteurs, comme le célèbre Féne- saient soumis aux lois immuables du destin.
îon, et le père Lami, bénédictin , ont formé Mais quoique ces philosophes n'aieni pas
,
une chaîne de propositions évidentes et in- établi d'une manière nette et précise la dis-
contestables, qui établissent les vérités con- tinction essentielle qu'il y a entre l'esprit et
traires aux paradoxes de Spinosa ils ont ; la matière, il paraît qu'ils n'ont jainais con-
ainsi construit un édifice aussi solide qu'un fondu l'un avec l'autre jamais ils n'ont
;
devant lequel le spinosisme s'écroule de lui- même substance fût tout à la fois esprit et
même. matière. Leur système ne valait peut-être
Quelques-uns enfin ont attaqué ce sophiste pas mieux que le sien , mais en6n il n'était
dans le fort même où il s'était retranché, et pas absolument le même.
sous la forme géométrique, sous lyquelle il Toland, qui était spinosiste, a poussé plus
a présenté ses erreurs, ils ont examiné ses loin l'absurdité, il a ose soutenir que Moïse
définitions, ses propositions , ses axiomes , était panthéiste, que le Dieu de Mo'ise n'éiiit
ses conséquences; ils en ont dévoilé les équi- rien autre chose que l'univers. Un médecin,
voques et l'abus continuel qu'il a fait des qui a traduit en latin et a publié les ou-
termes ; ils ont démontré que de nialériaui vrages posthumes de Spinosa, a fait mieux
si faibles , si confus et si mal assortis , il encore ; il a prétendu que la doctrine de ce
n'est résulté qu'une hypothèse absurde et rêveur n'a rien de conlraire aux dogmes du
révoltante {i'. christianisme, et que tous ceux qui ont écrit
Plusieurs écrivains ont cru que Spinosa contre lui l'ont calomnié (3 La seule preuve .
avait été entraîné dans son système par les que donne Toland est un passage de Stra-
principes de la philosophie de Descaries ; bon ('t], dans lequel il dit que Mo'ise en-
nous ne pensons pas de même. Uescarles seigna aux Juifs que Dieu est tout ce qui
enseigne à la vérité qu'il n'y a que deux nous environne , la terre, la mer, le ciel , le
êtres existants réellement dans la nature , monde , et tout ce que nous appelons la
la pensée et l'étendue que la pensée est
;
nature.
l'essence ou la substance même de l'esprit ; Il s'ensuit seulement que Strahon n'avait
que l'élendue est l'essence ou la substance pas lu Mo'ise , ou qu'il aVait fort mal com-
même de la matière. Mais il n'a jamais rêvé pris le sens de sa doctrine. Tacite l'a beau-
que ces deux êtres pouvaient être deux at- coup mieux entendu. Les Juifs, dit-il, con-
tributs dune seule et même substance; il a çoivent par la pensée un seul Dieu, souve-
démontré au conlraire que l'une de ces rain, élenicl, immuable, iimnorlel, Juclœi,
deux choses exclut nécess;iiremenl l'autre , mente sola unumque Nun en intelligunl ,
,
que ce sont deux natures cssenliellement sunimiim illnd et œternum neque mutabile , ,
même substance soit tout à la fois esprit et seigne que Dieu a créé le monde , que le
maiière. monde a commencé, que Dieu l'a fait très-
D'autres ont douté si la plupart des philo- librement, puisqu'il l'a fait par sa parole ou
sophes grecs et latins, qui semblent avoir par le seul vouloir, qu'il a tout arrangé
enseigné l'uiiilé de Dieu n'ont pas entendu , comme i! lui a plu, etc. Les panthéistes ne
sous ce nom l'univers ou la nature entière ; peuvent admettre une seule de ces expres-
plusieurs matérialistes n'ont pas hésité de sions ; ils sont forcés de dire que le monde
l'affirmer ainsi, de soutenir que tous ces est éternel ou qu'il s'est fait par hasard ;
,
philosophes étaient panthéistes ou spino- que tout a fait les parties , ou que les
le
sistes , et que les Pères de l'Eglise se sont parties ont fait le tout, etc. Mo'ise a sapé
trompés grossièrement, ou en ont imposé ,
toutes ces absurdités par le fondement. Il
lorsqu'ils ont cité les passages des anciens n'est pas nécessaire d'ajouter que les Juifs
philosophes en faveur du dogme de l'unité n'ont point eu d'autre croyance que celle
de Dieu , professé par les Juifs et par les de Mo'ise , et que les chréliens la suivent
chrétiens. encore.
Dans nous n'avons aucun intérêt
le fond, Ilne sert à rien de dire que le spinosisme
de prendre un parti dans cette question vu ; n'est pointun athéisme formel ; que si son
l'obscurité, l'incohérence, les contradictions auteur a mal conçu la Divinité, il n'en a pas
qui se rencontrent dans les écrits des philo- pour cela nié l'existence ,
qu'il n'en parlait
sophes , il n'est pas fort aisé de savoir quel même qu'avec respect, qu'il n'a point cher-
a été leur véritable sentiment. Ainsi l'on ne ché à faire des prosélytes, etc. Dès que le
pourrait accuser les Pères de l'Eglise ni de spinosisme entraîne absolument les mêmes
dissimulation, ni d'un défaut de pénétration, conséquences que l'athéisme pur, qu'im-
quand même ils n'auraient pas compris par- porte ce qu'a pensé d'ailleurs Spinosa? Les
m Dict. crii. Spinosa, rem. CC, DD. (3) Mosheini., Hisl. Ecclés., mi' sièete, secl. 1|, § 2^
(i)Hooke, HHiq. tmlur. et rcvel. Priiiciria, t" part. etc. noies t et w.
On ppul roiisutier encore Jacqueloi, Triiilé de l'existence (4) Geogr. llb. xvi.
de Dieu; Le Vassor, Traité de la véritable religion, etc. (o) Hist. llb. Y, cap. 1 seq.
135 STA STE 134
Sîais l'empressement de tous les incrédules infâme fut pour eux un exercice de piélé.
à le visiter pendant sa vie, à converser avec La secte des studinghs ^e grossit insensi-
lui, à recueillir ses écrits après sa mort, à blement; on leur envoya des missionnaires;
développer sa doctrine, à en faire l'apologie, les stadinghs les insultèrent et les firent
font sa condaniiiaiioM. Un intendiaiie no mourir. De ces crimes, ils passèrent à la
mérite pas d'être absous, parce ((u'il n'a pas persuasion qu'ils feraient une action agréa-
prévu tous les dégâts qu'allait causer le feu ble à Lucifer ou au bon princi[ie en faisant
qu'il allumait. mourir tous les ministres du christianisme,
STADINGHS , fanatiques du diocèse de lis coururent la campagne, pillèrent les
Brème, qui faisaient profession de suivre les églises et massacrèrent les prêtres on avait :
ei leurs des manichéens. Voici l'origine, le brûlé les maoich ens, parce qu'on croyait
progrès et la fin de celle secte : qu'il fallait brûler les hérétiques; les mani-
Le jour de Pâques, une dame de qualité, chéens ou les stadinghs massacraient les
femnK! d'un homme de guerre, fit son of- prêtres, parce qu'ils croyaient qu'on devait
frande à son curé le curé trouva son of-
;
déiruire les ennemis du Dieu bienfaisant.
frande irop modique , il s'en plaignit et ré- Leur progrès effraya les catholiques; le
solut de s'en venger. pape Grégoire IX fit prêcher une croisade
Après l'office, la femme se présenta pour contre les stadinghs, et il accorda aux croi-
recevoir la communion, et le curé, au lieu sés la même indulgence qu'on gagnait dans
de lui donner la communion avec l'h.jstie, la croisade pour la terre sainte. On vit en
mil dans la bouche de cette dame la pièce Frise une multitude de croisés qui arrivaient
de monnaie qu'elle lui avait donnée pour de Gupldre de Hollande et de Flandre et à
, ,
pas de s'apercevoir qu'au lieu de l'hostie on Les stadinghs, instruits dans la discipline
lui mettait dans la bouche une pièce de militaire par un homme de guerre qui avait
monnaie et elle la garda quelque temps
,
donné naissance à la secte marchèrent à ,
point été détruits par les croisades, par les n'étaient pas encore bien instruits des vérités
rigueurs de l'inquisition ils s'étaient ré- : de la religion thrétienne, et Paschasc fil pour
pandus dans l'Allemagne, et y semaient se- eux un traité du corps et du sang de Noire-
crètement leurs erreurs ils profitèrent des ; Seigneur. Il y établissait le dogme de lu pré-
dispositions dans lesquelles ils virent l'hom- sence réelle, et il disail que nous recevions
me de guerre excommunié et ses amis pour dans l'eucharistie la même chair et le même
leur persuader que les ministres de l'Kglisc corps qui était né de la \ ierge.
n'avaient point le pouvoir d'excommunier. Quoique Paschasc n'eût suivi dansée livre
On les écouta favorablement
persuadè- ; ils que la doctrine de l'Eglise, et qu'avant lui
rent que les ministres étaient, non-seulement tous les catholiques eussent cru que le corps
de mauvais ministres mais encore qu'ils
, et le sang de Jésus-Ciirist étaient vraiment
étaient les minisires d'une mauvaise reli- présents dans l'eucharistie, et que le pain
gion, qui avait pour principe un Etre en- et le vin étaient changés au corps et au sang
nemi des hommes, qui ne méritait ni leurs de Jésus-Chrisl on n'avait pas coolume de
,
vaient à l'Etre qui avait rendu l'homme sen- Christ dans l'eucharistie était le même que
sible au plaisir et qui lui permettait d'eu celui qui était né de la \ ierge (-2).
ouir. Ces expressions de Paschase déplurent; ou
(1) ifArgcnlré, Collecl. jiid., 1. 1, :in. 1230, p. 159; Na- ('2) MabiUon, l'rx'f. In iv sœc. Beaedict., [an. ii, c. 1
tal. Alex., in stec. xiii; Dupia, iiii* siècle, c. 10. p. 4.
158 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 130
lui attaqua , il les défendit ; celte dispute fit ont nié la présence réelle, comme il le luo-
du bruit, les hommes les plus célèbres y lend (.3).
prirent pari, et se partagèrent entre Pachase Les auteurs du neuvième siècle, qu'où a
et ses aiiversaires. taxés injustement de slercoranisme aussi ,
Les adversaires de P.ichase reconnais- bien que les Grecs, reconnaissaient la présence
saient aussi bien que lui la présence réelle réelle et quand leurs écrits n'en fourniraient
;
de Jésus-Christ dans l'eucharistie , ils ne pas des preuves incontestables, il est certain
condamnaient que sa manière do s'esprimer; qu'on ne pourrait, sans absurdité, réfuter un
tous reconnaissaient donc que Jésus-Christ homme qui nierait la présence réelle, en lui
était réellement présent dans l'eucharistie. reprochant qu'il suppose que le corps de
Il dans tous les hommes qui raisonnent
y a Jésus-Christ se digère et passe an retrait.
un principe de curiosité toujours actif, que A l'égard de la question que l'on forme sur
les querelles des hommes célèbres dirigent le sort des espèces eucharistiques lors-
toujours vers les objets dont ils s'occupent: qu'elles sont dans l'estomac, les uns ont
tous les esprits furent donc portés vers le imaginé qu'elles étaient anéanties, les autres
dogme delà présence réelle de Jésus-Christ ont cru qu'elles se changeaient en la sub-
dans l'eucharistie. stance de la chair qui doit ressusciter un jour:
De là naquirent une foule de questions sur ce senliment fut assez commun dans le neu-
les conséquences de ce dogme on demanda : vième siècle et dans les suivants; depuis ce
entre autres choses si quelque partie de l'eu- temps, les théologiens n'ont point douté que
charistie était sujette à être rejetée comme les espèces eucharistiques ne puissent se
les autres aliments. corrompre et être changées.
Quelques-uns pensèrent que les espèces Peut-être faudrait-il résoudre ces questions
du pain et du vin qui subsistent même après par ces mots d'un ouvrage anonyme publié
la consécration étaient sujettes ausdiiïérents par dom Luc d'Acheri Il n'y a que Dieu qui
:
changements que les aliments éprouvent; sache ce qui arrive à l'eucharistie lorsque
d'autres, au contraire, crurent qu'il était in- nous l'avons reçue. [SjiicHeii., t. XII, p. il.)
décent de supposer que quelque chose de ce •
STEVENIS'LES. En 1802, Corneille Ste-
qui appartenait à l'eucharistie passât par les vens, qui avait administré le diocèse de Na-
différents étals auxquels les aliments ordi- mur, en qualilé de \icaire général, recounut
naires sont sujets, et donnèrent à ceux qui sans dilficulié la légitimilé du concordat et
soutenaient le contraire le nom odieux de la mission des nouveaux évéques mai» ;
Grecs défendaient la célébration de la messe jours rejeté ces schismatiques, on les appela
les jours de jeûne, parce qu'ils les regar-
stevenistes, par une méprise qui a été la
daient comme des jours de douleur et de
source de jugements erronés portés sur
tristesse, pendant lesquels on ne devait point
Stevens. Plus tard les trois schi»mal«ques
célébrer un mystère de joie, tel que l'eucha-
s'appelèrent les non-communicants.
ristie (2).
Stevens traita d'illicite le serment de la
Il paraît donc certain que le stercoratiisme légion d'honneur, comme renfermant la loi
esi une erreur imaginaire, comme le recon- de germinal. Quand parut le catéchisme de
naît Rasnage , mais non pas une hérésie, l'empire non-seulement il ens( igna que
,
et qu'on l'a faussement impuléc à ceux qui les curés ne pouvaient l'adopier, mais il
(1) Allix, Préf. de U Ij-ail. de Hatramiie. lioileau, Tréf. (i) Habillon, ibid.
»nr le même .mteur. Mabillon, Praef. ki iv saec. Benedicl., (3) Bjsnage, Hbt. de l'eglisc, t. II, I. vi, c. 6, p. 9i6
part II, c. 1, 4, S.
î:.7 STR STR 158
voulait qu'un curé auquel on l'envoyait dé- naturel de rélectricilé;la vision de Zacharie,
cUirât ouvertement son opposition. Lors du l'effet de la fumée des candélabres du tem-
décret du 18 février 1809, sur les hospita- ple; les rois mages, avec leurs offrandes de
lières, il soutint que les anciennes hospita- myrrhe, d'or et d'encens, trois marchands
lières ne pouvaient en conscience accepter forains qui apportaient quelque quincaillerie'
les statuts impériaux. Il s'éleva avec force à l'enfant de Bethléhcm; l'étoile qui marchait
contre les décrets (le 1801) qui établissaient devant eux, un domestique porteur d'un
l'université. A près la bu Ile d'excommunication flambeau; les anges dans la scène de la ten-
contre l'empereur, il écrivit qu'il ne com- tation, une caravane qui passait dans les
prenait pas comment un curé qui continuait déserts chargée de vivres. Dans le fait, il
les prières publi(]ues pour Napoléon pouvait faut être possédé de la manie du sy>tèmc
élretranquille devant Dieu et devant l'Eglise. pourdébitersérieusement que, si Jésus-Christ
Les écrits de Slevens fomentèrent le mé- a marché sur les flots de la mer, c'est qu'il
contentement en Belgique, aussi la police nageait ou marchait sur ses bords; qu'il ne
mit-elle sa tète à prix. Il échappa aux re- conjurait la tempête qu'en saisissant le gou-
cherches en vivant, depuis la fin de 1802, vernail d'une main habile qu'il ne rassasiait
;
Rome tous ses écrits imprimés et manuscrits, ges, qui n'exigent pas une foi moins robuste
en priant le pape d'examiner sa doctrine et que celle qui admet les miracles. A ces par-
de décider quelques questions mais le
: tisans de l'exégèse nouvelle, Strauss eût vo-
saint— siège ne paraît point avoir voulu reve- lontiers demandé, comme autrefois les so-
nir sur ces questions épineuses dont la so- ciniens aux protestants, pourquoi ils s'é-
lution n'était plus nécessaire. Le testament taient arrêtés en si beau chemin. Plus hardi
de Stevens est un nouveau témoignage de qu'eux, il traça le plan d'un ouvrage destiné
son obéissance au pontife romain, et, s'il à faire envisager l'histoire évangélique sous
poussa l'opposition à l'excès, du moins on un nouveau jour. M. Guillon, é\ êque de Ma-
n'est pas en droit de le ranger parmi les an- roc, explique ainsi ce plan : Examen crili-
ticoncordataires. Voy. ce mot et * Blan- (jue des doctrines de Gibbon, du docteur
CHARDISME. Strauss et de M. Salvndor, sur Jcsus-Christ,
STONITES ou Nouvelles lumières
, son Evangile et son Eglise :
(iVftc li'jhts), tirent leur nom de Stone leur « Parce que notre foi chrétienne repose
chef, et suivent la doctrine des ariens. C'est sur les Evangiles où sont consignées la
une des sectes si nombreuses des Etals-Unis. vie et les doctrines du divin Législateur,
'
STRAUSS (Doctrine de). David-Frédé- M. Strauss a cru que, celle base renversée,
ric Strauss, né dans le Wurtemberg, étudia notre f<ii restait vaine et sans appui, et il a
à l'université de Tubingue. Disciple de conçu le dessein de la réduire à une ombre
Schelling, il quitta son école pour celle des fantastique. Dans cette vue il ccrumence par
illuminés dont il adopta, de son aveu, les cx- saper l'authentieilé des Evangiles, en la
Iravaganles erreurs. Par une transition dif- combattant par l'absence ou le vide des té-
ficile à expliquer, il passa du mysticisme à moignages soit externes, soit internes, qui
la plus froide incrédulité. L'inleiprétation déposent en sa faveur. Selon lui, la recon-
des livres saints par l'allégorie était de mode, naissance qui en aurait été faite ne remonte
et l'on reste stupéfait à ia vue de l'insou- pas au-delà de la fin du deuxième siècle.
ciance de la théologie d'outre-Rbin en pré- Jésus s'était donné pour le Messie promis
sence d'une révolution qui substituait aux à la nation juive (luelqiies disciples crédu-
:
antiques croyances une tradition sans Evan- les accréditèrent cette opinion. Il fallut re-
gile, un christianisme sans Christ. Strauss, layer de faits miraculeux qu'on lui sup-
qui complétait à Berlin ses éludes théologi- posa. Sur ce type général, se forma insensi-
ques, devint jaloux de surpasser ses devan- blement une histoire delà vie de Jésus, qui,
ciers dans la carrière du rationalisme, lis par des modifications successives, a passé
n'étaient À ses yeux que des raisonneurs dans les livres que, depuis, on a appelés du
pusillanimes, i]ui ne s;ivaient pas tirer tou- nom d'Evangile. Mais point de monuments
tes les conséquences de leurs principes. contemporains. La tradition orale est le seul
Allant plus loin que les naturalistes et les ratio- canal qui les ait pu transmettre à une épo-
nalistes, il faisait ressortir avec force le ridicule que déjà trop loin de son origine pour mé-
delcursinlerprétations arbitraires, et s'égayait riter quelque créance sur les faits dont elle
sur tous ces docteurs qui ont deviné (lue l'arbre se compose. Ils ne sont arrivés jusqu'à elle
du bien et du mal n'est rien (ju'unc plante que chargés d'un limon étranger. Le souve-
vénéneuse, probablement un mancenillier nir du fondateur n'a plus élé que le fruit
sous lequel se sont endormis les premiers pieux de l'imagination, l'œuvre d'une école
hommes; que la figure rayonnante de Moïse appliquée à revêtir sa doctrine d'un sym-
descendant du mont Sinaï était un produit bole vivant. Toute celte histoire est donc
DlCTlONNAIKI. I>KS liÉHÙSIkS. IL
K9 DICTIONNAIRE DES HERESIES MO
sans réalité; (ont le Nouveau Testament doit il pas s'éçroijler au premier souffle de
n'est plus qu'une longue Gclinn mythologi- la tempête?
que subslituéc à celle de l'ancienne ido-
,
Queje lise l'histoire de la naissance el de
lâtrie. l'enfance de Jésus dans Strauss, au lieu de
« Toulefois ce n'est encore là que la luoi- me faire voir dans les récits simples et tou-
lié du système. chants de l'Evangile les preuves frappanles
Dans l'ensemble de l'histoire évangcli-
« de sa vérité, il ne me présentera partout ([ue
que, M- Strauss découvre un grand mythe, des mythes : mythe historique dans la nais-
un mythe philosophique, dont le fond est, sance de Jean-Baptisie, dont le berceau aura
dit-il, l'idée de rhimianilé. A ce nouve;iu été embelli de trails merveilleux pour re-
type se rapporte tout ce que les auteurs sa- hausser la grandeur de Jésus; mylhe philo-
crés nous racontent du premier âge de l'E- sophique ou plutôt dogmatique (!ans la nais-
glise chrétienne, à savoir riiiiuianité, ou
: sance de Jésus-Christ. Selon Strn!;ss, le type
l'union du principe humain et du principe du Messie existait déjà dans les livres sacrés,
divin, fi cette idée apparaît dans les Evan- dans les traditions du peuple juif; et, Jésus
giles sous l'enveloppe do l'histoire, et de ayant inspiré pendant sa vie et laissé après
l'histoire de Jésus, c'est que, pour être ren- sa mort la croyance qu'il était le Messie, i!
due intelligible et populaire, elle devait êlre se forma parmi les premiers ihrétiens une
présentée, non d'une manière abstraile, mais histoire de la vie de Jésus oîi les particula-
sous la foriiie com rèle de la vie d'un indi- rités de sa doctrine et de sa destinée se com-
vidu. C'est qu'ensuite Jésus, cet être noble, binèrent avec Ce système. Mais, dès le pre-
pur, respecté comme un dieu, ayant le pre- mier pas , le docteur allemand peut êlre
mier fait comprendre ce qu'était l'homme et arrêté par ce raisonnement :
le but où il doit tendre ici-bas, l'idée del'hu- n ^'otre théorie, avec tout son échafaudage
manilé demeura pour ainsi dire attachée à sa d'érudition pcdantesque, tombe par terre si
personne. Elle était sans cesse devant les l'histoire de Jésus est composée par des té-
yeux des premiers chrétiens, lorsqu'ils écri- moins 0(ulaircs, ou du moins par des hom-
vaient la vie de leur chef. Aussi reportèrent- mes voisins des événements. Vcms convenez
ils, sans le savoir, tous les attributs de celle vous-même qu'une lois admis que les .apôlces
idée sur celui qui l'avait fait naître. En ou leurs disciples imméuiats (.nt rédigé ces
croyant rédiger l'histoire du fondateur de Livres qui portent leur nom, il est impossible
leur religion, ih firent ceiledu genre humain que le mythe, qui ne se forme que lentement
envisagé dans ses rapports avec Dieu. et par des additions successives y puisse,
«Il est clair que la vérité évaigélique prendre place. Or, qu'opposerez-vous à la
disparait sous celle interprétation; que les tradition constante, ui'iyerselle, immémo-
œuvres surnaturelles dont elle s'appuie res- riale, à la foi publique de ia société chré-
tent problématiques et imaginaires; que, tienne, aux aveux non équivoques de ses
mémedans l'hypolhèse d'une existence physi- plus ardents adversaires, à l'impossibilité
que, Jésus-Christ ne fut qu'un simple homme méiiie d'assigner une époque où ces titres
étranger à son propre ouvrage et dépouillé primitifs du christianisme auraiiMit pu êlre
de tous les caractères de nnssion divine qui supposés par un 'rrposleur? Quoi une so- i
lui assurent nos adorations. » ciété entière aurait adnns des écrits qui con-
En Allemagne et en Suisse, l'apparition de tenaient la règle de sa croyance et de sa
cet ouvrage excita une profonde indignation : conduite, des écrits qu'elle révérait comn<e
de l'aveu de Strauss, ce sentiment alla jus- inspirés et auxquels elle en appelait dans
qu'à l'horreur de sa personne. A Zurich, toutes ses controverses sans prendre la
,
10,000 signatures protesièrent contre la no- peine de s'informer, sans examiner avec le
minalion de l'auleur à ia chaire de théologie : plus grand soin et la plus grande sévérité
on ne voulut point y introniser le déisme, s'ils étaient les ouvrages des apôtres, de qui
souriant avec orgueil au renversement de seuls ils pouvaient emprunter ce caractère
toutes les religions. Néanmoins, quatre édi- sacré qu'on leur attribuait Vous ne doutez
1
tions de V Histoire de la vie de Jésus portèrent pas des tragédies de Sophocle, des harangues
jusqu'aux extrémités de rEuiope,ave(;lenom de Démoslhène, des ouvrages philosophiques
de Strauss, le poison de ses doctrines, et de Cicéron, des poëmes de Virgile, parce
M. Littré, membre de l'Institut, en donna qu'une tradition remontant jusqu'au temps
même une traduction française. où vivaient ces écrivains atteste qu'ils sont
Le principe essentiel el fondamental du les véritables auteurs des chefs-d'œuvre qui
livre de Strauss, c'est que les Evangiles n'ont ont rendu leurs noms immortels. Est-ce donc
aucun caractère d'authenticité , et qu'alors quand une société entière élève la voix pour
il faut nécessairement recourir à l'interpré- déposer ;ur un livre d'où dépend son exi-
tation mythique. Il développe sa thèse ea stence comme société, que vous rejetez cette
citant une foule d'objections cent fois ex- simple règle du bon sens? Cilerez-vous in
posées et cent fois réfutées parles apologistes faveur de quelque livre que ce soit une opi-
du christianisme. On peut donc lui répondre, nion aussi ferme, aussi unanime, aussi ré-
soit eu prouvant que son principe est faux pandue que celle des chrétiens à l'égard des
en lui-même, soit en détruisant les preuves livres du Nouveau Testament? Certes , je
par lesquelles il tâche de l'établir. Si les conçois qu'ils aient mieux aimé souffrir la
fondements d'un édiOce qu'on veut élever mort la plus cruelle que de livrei- aux ido-
sont bâtis sur le sable mouvant, l'ediGce ne lâtres les titres .lugustes de leur foi.
ni STR RTR 142
christianisme, aussi habiles, aussi rusés que d'autres les relevèrent à leur lour. Lessing
vous, et bien plus près que vous de l'origine en exposa dix, qu'il déclarait inconciliables,
des faits. Ont-ils jamais laissé entrevoir le et sur lesque'les il appelait l'attention des
moindre soupçon sur laulhenlicilé de l'his- théologiens. De leur côté, les apologistes
toire de J;sus-Ghrisl? Celse, en accusant de lu religion y trouvaient une nouvelle
sans preuve les ch réliens d'avoir alléré les preuve de la véracité des écrivains sacrés.
Evangiles, ne reconiiaît-il point, par-là mê- Des impoleurs, répliquiionl-ilsàleurs adver-
me, un t'xle primitif "U authentiqua de nos saires, n'eussent pas manqué, après avoir
livres saints? Porphyre élève-l-il sur leur con(orlé leur fable, de rassembler dans un
origine le doute le plus léger? Mais combien seul livre les faits et les points de doctrine
le témoignage de Julien a encore plus de dont ils seraient convenus; cl, si les apôtres
forrc! Il avait été élevé dans le christianisnK-, ont négligé celte précaution, c'est qu'ils se
et avait été promu au grade de lecteur, dont sont reposés sur la vérité elle-même du soin
la fonction est de lire au peuple les Ecritures. de résoudre les difficultés qu'ils n'avaient pas
Non-seulement, il n'a pas nié l'authenlirité daigné prévoir.
des Evangiles, mais il en nomme expressc- Appliquons cette règle du b0!i sens aux
meut les auteurs. « Matthieu, Marc et Luc, deux généalogies de Jésus-Chrisl, si contra-
dit cet apostat , n'ont pis osé parler de la dictoires au premier coup d'œil, et contre
divinité de Jésus-Christ; Jean a été plus lesquelles Straus^ a dirigé les traits de sa
hardi (jue les autres, et il a fait un dieu de critique envenimée. Ne serait-il pas plus
Jésus de Nazareth.» Comment expliquez- raisonnable daltribuer les difficultés qui
vous cet accord unanime des chréti-iis cl de s'y rencontrent à l'ignorance où nous som-
leurs ennemis naturels? Croyez-vous résou- mes de quelque circonstance propre à les
dre l'objection en disant que les chrétiens, éclaircir, que de supposer dans les évangé-
ayant fait la supposition des livres sacrés, listes une contradiction si grossière, si ca-
ont eu le pouvoir de les faire adopter à leurs pable de décrier letu" histoire dès le début, et
adversaires, ou qu'ils se sont accordés pour qu'il était si facile dévilerl Que d'obscurité le
commettre cette infidéiiié? On vous laisse le temps et leg coutumes des Juifs ont dû ré-
chois entre ces deux absurdités. pandre sur leurs généalogies! à peine pou-
«Rt, d'ailleurs, assignez, si vousle pouvez, vons-nous (luelquefois concilier avec les
One époque où un faussaire aurait tenté monuments publics le témoignage des histo-
de fabriquer nos Evangiles. Apparemmonl, riens contemporains sur plusieurs faits incon-
cène sera pas le temps où les apôtres vivaient testables qui se sont passés il y a un ou deux
encore leur réclamation eût dévoilé l'ini-
: siècles. Combien plus sommes-nous sujets
posture et tonfandu le faussaire. \'oulez- à nous méprendre, dit le savant Prideaux,
vî)us [ilacer la fabrication de l'Evangile après quand nous portons les yeux sur des objets
l,i mort des apôtres? Alors, tomme ces livres qui sont éloignés de nous de près de-iOOO ansl
étaient déjà reçus vers le milieu du second Bullel. dans ses réponses critiques, en rap-
siècle, ils auraient été imaginés vers le com- porte un exemple bien propre à justifier la
mencement du même siècle. Mais, à cille judicieuse remarque de l'auteur anglais :
époque, vivait encore Jean l'évangéliste ; c'est la discordance de loutes les médailles
Polycarpe, disciple de Jean; Ignace; l'Eglise frappées pour le sacre de Louis XI\ avec le
était remplie d'évèques qui avaient vécu témoignage des historiens contemporains;
avec apôtres, et qui n'auraient pas man-
les ces médailles le fixant plus tôt (pic les histo-
qué de s'opposer à l'admission de cos livres riens. La conciliation de ces monuments se-
inventés à plaisir. Au reste, plus vous reculez rait insurmontable, si dom Uuinartne nous
la supposition, plus vous la rendez incroya- avait avertis que le sacre fut différé par un
ble et impossible, puisque vous faites un incident et qu'on ne changea rien aux mé-
plus grand nombre d'Eglises, d'évèques, de dailles qui étaient déjà frappées. A l'obscurité
peuples complices de l'imposture. » el à l'éioignemenl des temps se joignent
Ainsi est établie l'origine apostoli(|ue des aussi les usages du peuple juif, selon les-
Evangiles, c'est-à-dire le fait qu'ils ont été quels la mêmi? personne pouvait avoir deux
écrits peu après la mort de Jésus-Chrisl, par pères différents, un pèreuaturel. un père
des apôtres ou par des disciples immédiats légal; un père d'atliuilé, uu père d'adoption,
des apôtres; ci; ijui réprouve tout système et où la même personne avait suuvenl deux
mythique que leur prèle le rélorinateur. noms. Celte duplicité de |)ères, d'aïi'ux,de
Ainsi est renversé le principe fondamental noms, n'a-t-elle pas dû laisser des difficultés
de Strauss. qu'on ne peut entièrem ni éclaircir dans les
Toutes ces objections de détail reposent généalogies des Juifs? Nous ne pouvons donc
sur les conlradiclious que lui présentent les présenter que des explications qui donnent
Evangiles et sur le caractère surnaturel dont un dénoûment plausible ; mais aussi jamais
ils sont empreints. les incrédules ne prouveront que les deux
Il y a longtemps qu'on a invoqué cos con- généalogies sont contradicloires.
tradictions apparentes comme un argument Strauss regarde les généalogies de Joseph
in\incible contre la valeur historique des el d(! Marie conmic inventées à plaisir; car,
récils du Nouveau Testament. Cel.>,e au , demande-t-il, où les évangélistes auraient-
d<;uxiômc siècle. Porphyre, au troisième, ils pu découvrir la suite des a'ieux de pursou-
m DICTIOiNNAmF, DES HERESIES. Ul
nés aussi pauvres et aussi obscures que Ma- tre d'Israël, qui appartenait de droit à son
rie et Joseph? Faut-il donc apprendre au père adoplif et nourricier. Mais Joseph, selon
critique allemand, ijue jamais peuple ne fut saint Matthieu, est (ils de Jacob, et, selon
plus soigneux de conserver ses généalogies saint Luc, il est fiK d'Héli donc, il y a c )ii-
:
que le peuple hébreu? L'Ecriture raconte tradiclion. Non scnlenicnt, Joseph était fils
:
quelquefois les généalogies des personnes les de Jacob par nature, et d'Héli par alliance,
plus obscures; el on voit dans Néhémie pour avoir épousé Marie qui en était la fille.
que tous ceux qui revinrent de la capti- Saint ]\Iatthieu, écrivant pour les Juifs, osa
vité de Babylone à l'exception d'un petit
, donner la généalogie de Joseph, père légal
nombre, prouvèrent qu'ils descendaient de de Jésus; saint Luc, qui s'adressait aux gen-
Jacob. Ce n'est (ju'au temps de Trajan que tils, celle de Marie.
les Juifs négligèrent de conserver leurs ta- Nous ne nous arrêterons pas à répondre
bles généalogiques, et le Talmud se plaint aux objections que Strauss élève contre
amèrement qu'on ait laissé perdre un dépôt l'histoire de l'Annonciation el de la A'isila-
aussi précieux. lion. Personne, à moins d'être ralionalis'ie
Strauss croit triompher parce que saint allemand, ou partisan du système mylhicjue,
Matthieu annonce 14 générations pour cha- ne croira qu'il y a contradiction dans le récit
que classe, tandis qu'il n'y en a que i;5 dans des apparitions faites à différentes personnes,
la seconde. Qui ne voit que cette différence dans des temps différents, pour différentes
n'en est pas une, quand on met David dans fins et avec des circonstances différentes.
la première classe qu'il Gnit, et dans la se- Disons seulement que bien absurde est celui
conde qu'il commence? La raison de ce dou- qui prétend dicter à la sag 'jsc divin ia
ble emploi est que l'évangélisle veut com- conduite qu'elle devait tenir pour accomplir
mencer chaque classe par un personnage ses grands desseins de miséricorde sur le
important ou parunévénementrcmarquable. genre humain.
Il commence la première par Abraham, la Strauss ne nous apprend rien de nouveau
seconde par David, la troisième au renouvel- quand il ])rouve longuement, d'après les an-
lement de la nation pour la terminer à Jésus- ciens historiens, que Cyrinus ne fut procon-
Christ. Dans cette supposition, dont personne sul de Syrie que douze ans après le dénom-
ne peut démontrer l'impossibilité il y aura , brement dont parle saint Luc, à l'occasion
IV personnes engendrées ou engendrantes de la naissance de Jésus-Christ : mais Strauss
dans chacune des trois classes. aurait dû ajouter (jne . selon Suétone, Au-
Une autre objection dont le critique alle- guste avait rétabli l'office des censeurs, dont
mand se montre très-fler , c'est que saint une des [onctions était d'opérer des recen-
Matthieu fait preuve d'une grande ignorance sements du peuple, de noter la naissance,
en disant que Joram engendra Osias, et en l'âge et la mort des individus; que, selon
omettant dans sa généalogie les rois Ocho- Tacite, le même empereur avait confié diffé-
sias, Joas et Amasias. Strauss nous permet- rentes commissions à un certain Sulpicius
tra sans doute de croire que saint Matthieu, Quirinus, qui ne diffère pas beaucoup du
qui avait dessein de convaincre les Juifs par Cyrinus de saint Luc. N'y a-t-il pas tout
le témoignage de leurs Ecritures, devait les lieu de penser que Cyrinus, avant d'être
avoir lues et connaître un peu l'histoire de proconsul, fut envoyé en Syrie et eu Judée
sa nation. Donc, s'il a omis quelques per- par Auguste, pour opérer un simple dénom-
sonnes dans la généalogie qu'il rapporte, il breuienl de personnes? 11 n'était pas alors
n'a fait en cela que suivre l'usage des livres proconsul, mais simplement préleur ou pro-
saints, où il y a une multitude de généalogies cureur de Syrie, comme saint Luc lui en
dans lesquelles on ne rapporte que les per- donne le nom, et comme il le donne aussi
sonnages nécessaires au but qu'on se pro- à Pilale, qui n'était que procureur el non
pose. Joram n'a pas engendré Osias immé- proconsul de Judée. 11 faut nécessairement
diatement, mais bien médiatement, et, en supposer que Cyrinus fut envoyé deux fois
montrant l'ordre de la succession , sans en Judée, d'abord en qualité de procureur ad-
énumérer tous les personnages, l'écrivain joint à Salurninus, ou de censeur dont l'opé-
sacré a composé tout au plus une généalogie ration se borna à un simple dénombrement
imparfaite, et non une généalogie fautive. du peuple juif, populi censio; et ensuite
Selon Strauss, toutes les tentatives pour comme proconsul, quand il fit entrer au tré-
concilier les deux généalogies sont inutiles. sor impérial les richesses d'Archelaiis déposé
Saint Luc donne à Jésus pour ancêires des de la royauté, el qu'il leva une taxe sur les
individus tout autres, pour la plupart, que propriétés d'après le premier dénombrement:
ceux que saint Matthieu lui attribue. Qu'en taxe qui occasionna dans la Judée de grands
conclure? qu'un évangéliste nous donne les mouvements que connaissait très-bien saint
ancêtres de Marie, l'autre ceux de Joseph, Luc, et dont il parle dans ses Actes.
el que les deux généalogies sont dilTérenles Strauss n'avait garde d'oublier la con-
sans être contradictoires ; que Jésus est vrai- tradiction apparente qui se trouve dan»
ment, selon la cliiir fils de David et de Sa-
, le rapport chronologique de la visite des
lomon, puisque les branches de Salomon et mages et de la fuite en Egypte racontées
de Nathan se sont réunies dans Zorobabel, par saint Matthieu , avec la présentation
un des iuicêtres de Marie, sa mère; qu'il est dans le temple qu'on lit dans saint Luc. Au
fils par adoption et par éducation de Joseph, lieu de ne voir, comme le critique allemand,
par conséquenl l'héritier légitime du scep- dans les deux récit? (ju'un caractère my-
un STR STR 41G
son de suspecter la sincérité, n'avaient pas a pas de milieu. S'il n'est pas Dieu, les Juifs
été heureux d.ms leurs recherches pour ont fait un acte de justice en le mellant à
trouver ce nouveau roi des Juifs qu'ils élaii-nt mort; s'il n'est pas Dieu, il est effacé par le
venus adorer de si loin, et qu'ainsi la honte prophète de la Mecque, et la religion maho-
les avait empêchés do repasser à iérusalem mctane l'emporte sur le christianisme; s'il
et de lui reiidie compte de l'inutililé de leur n'est pas Dieu, la religion qu'il a préehée
démarche. Mais, ce qui se passa à la Purifi- n'est qu'une absurde superstition, un jeu de
cation ayant lait du hruit dans le temple et théâtre. Car, vous le savez, il se dit Fils de
s'étantrépandu jusque dans la ville, Hérode Dieu, égal à Dieu, Dieu lui-même il exige :
comprit que l'enfant roi des Juifs existait les adorations dues à Dieu et, puisque d'a-
;
vérilablenient et que les mages l'avaient près vous ce sont là des titres qu'il usurpe,
trompe. Alors , c'est-à-dire après la PurlQ- c'est donc un visionnaire qui nous donne
cation, II ordonna le massacre des Innocents. pour des vérités les rêves de son imagination,
Celte solution, que nous empruntons à saint ou un impie qui cherche à disputer à Dieu
Augustin, n'olTre rien que de (ilausible et ses temples et ses autels; dans tous les cas,
conserve aux deux récits leur caractère his- le rebut du monde. Nous déflons tous les
torique. Nous ajouterons, avec le mêine partisans du système mythique d'éviter ces
s;iint docteur, que, dans ces paroles «Aus- : conséquences, à moins qu'ils n'abjurent les
siiôtque Joseph et Marie eurent accompli premières règles du bon sens et de la logique.
ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils re- L'antipathie pour tout ce qui porte un
vinrent à Nazareth » l'évangélisle lie les
, caractère surnaturel est tin des premiers
raconte, sans parler des intermé-
faits qu'il motifs qui ont conduit Strauss à la négation
diaires, et qu'il faut rapporter à cette époque du récit évangélique. Mais, l'Evangile une
la fuite en Egypte. fois rejeté, il est loin d'avoir fini avec les mi-
Strauss ne se borne pas à signaler les con- racles. Le livre des Actes, les principales
tradictions apparentes dos Evangiles pour Epilres des apôtres nous restent encore et ,
expliquant les Evangiles par des traditions « Si nous passons, dit-il, de r^i5?oire ^»an-
ou desaccommodalions de passages parallèles (jéliqne aux Actes des npûtres, il semble que
de l'Ancien Testament, opposant à nos récits sur ce lerrain nouveau les miracles doivent
sacrés les absurdes légendes des Evangiles cesser de nous apparaître. L'Eglise primitive
apocryphes, réfutant les ridicules interpré- avait tout épuisé pour composer le portrait
tations des théologiens naturalistes pour du Messie quel front aussi élevé que le siea
:
qu'il ne pense; car, en refusant à Dieu le pou- dé|)ouillèe de tout ornement , remplie uni-
voir de faire des miracles, il tombe dans le (|neineiii d'événements naturels. Mais celte
panthéisme, ou, si on l'aime mieux, dans l'a- tr.Misilion brusque ne se présente pasà nous;
tlicisme. Quand on a réduit son livrcàsa plus loin de là :les Actes et les lipitrcs des opd-
simple expression, <|u'y trouve- t-on ? Un (/p.v forment , avec le r«c'ii évajKjc'tique, une
Dieu sans vertu, sans force, sans puissance, suite de miracles non interrompue et tou-
Uii Dieu (jui n'agit pas, un Dieu(iui n'existe jours prolongée. Il n'en fut pas de Jésus—
pas. C'est donc après avoir ravi à Dieu sa C.hrisl comme du soleil des tropiques, qui
toute-puissance, sous prétrxte de lui con- paraît sans être précédé de l'aurore, et so
server son immutabilité (comme si Dieu, en dérobe aux regards sans laisser aucune trace
réglant les lois de la nature, n'avait pas après lui. Les prophéties l'avaient annoncé
aussi pu régler les exceptions qu'il voulait mille ans avant sa naissance; les miracles se
y apporter) ,
qu'on se vantera d'être chré- multiplièrent après lui, et la puissance qu'il
tien, d'expliquer le christianisme d'une ma- avait apportée dans le monde continu.) long-
nière philosophi(iue de respecter les Ecri-
, temps encore d'être active. Que la critique
tures, de regarder l'apparition de Jésus-Christ entreprenne jamais de f.iire ilisparailre le
sur la terre « comme un phénomène unique soleil de la scène du monde, il lui faudra
en son genre, qui ne doit plus se présenter faire disparaître aussi l'aurore qui le précède
à la terre, (^t dont personne ne pourra éclip- et le crépuscule (jui le suit. Comment
y par-
ser la gloire, parce que les vérités qu'il vii iidra-t-elle? elle ne l'a pas encore décou-
révéla au monde sontde l'ordre le plus rélevé vert. Pour nous, en attendant celte décou-
147 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 140
verte, montrons que l'histoire de l'Eglise est terminèrent la iransiiiou soudaine du dés-
Eomine une cliaine conliDue;et, si nous espoir à la joie du iriomphe. Pour rendre
voyons l'électricité se propager dans toute raison de ces visions, on a encore recours
sa longueur concluons que le premier
, aux explications nalurelles données déjà
anne.iu doit avoir été fr;ippé par un coup des miracles; on veut bien même, pur con-
descindu du ciel sur In terre. descendance (3), faire intervenir les éclairs
« Où coinnience, d'après le critique de la et le tonnerre; mais le mieux serait de s'en
Vie (le Jésus, l'histoire de celui que le monde débarrasser. Saint Paul, il est vrai, dont le
cliréiien adore comme son sauveur et son témoignage présente un certain poids, parle
—
Dieu? An louibeau taillé dans le roc par de l;i résurrection comme d'un fait ?/ia!s ce ;
Joseph d'ArJmathie. Debout sur ses bords l'ait n'existe que dans son iniai/inaiion et celle
,
les fiisciples tremlilanis,éperdus, ont vu leur de SCS compaijnons. 11 faut bien cependant
espérance s'engloutir dans son sein avec le admettre aussi dans sa vie quelque chose, si
cadavre de leur maître. Mais quel événement l'on vent comprendre l'impulsion qui lui est
vint Se placer entre celle scène du sépulcre imprimée ; on admet alors ces visions , au
et cri de saint Pierre et de saint Jean
'.0. : moins comme quelque chose de provisoire,
«Nous ne |iouvons pas laisser sans témoi- qui fera l'effet d'un pont volant pour passer
gi)ag<> les choses que nous avons vues et de l'Evangile aus. Actes des apôtres, jusqu'à
entendu; s. Act. iipost., iv,20. » —«Quand on ce que la critique, se plaçant dans une
embrasse d'un coup d'oeil, dit le docteur région pins élevée, puisse, sans intermé-
Paulus, l'histoire de l'origine du christianis- diaire, franchir cet abîme.
me, pendant cinquante jours, à partir de la « Passons donc sur ce pont volant, bâti
dernière cène, on est forcé de reconiiailre que on ne sait si c'est par l'imagination de l'orien-
quelque chose d'extraordinaire a ranimé le taliste novice, ou par celle du critique alle-
ronrage de ces hommes. Dans celte nuit qui mand; passons de l'histoire évangéli(iue aux
fut lîKlernière de Jésus sur la terre, ils étaient Actes des apôtres. Suivant alors dans l'exa-
pusillanimes, empressés de fuir; et, alors men de l'hypothèse de Strauss, la loi pro-
qu'ils sont abandonnés, ils se trouvent éle- posée par Gieseler (k), afln de juger l'hypo-
vés au-dessus de la crainte de la morl, et thèse sur l'origine des évangiles nous de-
,
répèteiit aux juges irrités qui ont condamné mandons quelle conclusion l'histoire qui
:
était le Messie, ne peut s'expliquer, à moins recueillirent ce qui avait paru d'extraor-
de reconnaître que quelque chose vraiment dinaire dans sa vie et parvinrent ainsi à
extraordiiiaiie a, pendant cet intervalle, fabriquer une histoire merveilleuse. Toute-
ranimé leur courage. » Oui, il s'est passé fois si, comme le prétend Strauss, la vie de
quelque chose; mais quoi? n'allez pas croire Jésus ne présenta rieo d'extraordinaire on ,
que ce lut un miracle. On saii comment les ne conçoit pas trop comment les disciples
rationalistes, précurseurs de Strauss, posant purent s'imaginer avoir remarqué dans leur
en principe qu(! les léthargies étaient très- maîiie ce qu'ils n'avaient jamais vu. Mais
fréquenles dans la Palestine, à l'époque ou voici une autre opinion qui lève celle diffi-
vivait Jésus, ont fait intervenir la syncope et culté.— L'Eglise primitive alla chercher dans
l'évanouissement aflu d'expliquer sa mort
, l'Ancien Testament toiilis les prophéties n-
apparente, et par suite sa résurrection. Depuis lalives au Messie, les réunit afin d'orner
1780, le rationalisme n'a pas suivi d'autre avec elles quatre canevas de la vie de Jésus;
tactique, et, s'il enlevait au monde chrétien elle se mil ensuite à b'S broder à l'aide d'a-
le vendredi saint, il lui donnait cependant rabesques miraculeux. (Contente de son
encore un joyeux jour de Pâques. Strauss — œuvre, elle termina là son travail auquel ,
ces visions qui, dans la vie des apôlres, dé- pour celte composition mythique, ils out dû
fi) Uucleur l'aulus, Koitiinehlar, èIc, lli. 5, (jay. 8u7. (3) Dus Liieit Jesu, lli. 2, jug. 6o7.
(i) I Cor. XV, e. (4i Versueh uebertik Emhlumg der Etartgelien,p. Ui.
U9 SFR STR 150
réunir leurs forces. Quant aux détails qu'ils en un mot, tous les événements sont rap-
ne réussirent pas à faire entrer dans la vie portés avec tant d'ordre que l'on peut de-
(le leur maître, ils les réservèrent pour la inan<ler à tout historien : Est-il vraisem-
leur. Delà, ces aventures dans des lies un- blable qu'après plusieurs années une des-
ehantéos, ces tempêtes qui les jetèrenl enfin cription aussi détaillée eût pu être composée
sains et saufs sur un riv.ige fortuné; en nn d'après les documents transmis oralement ?
mol, toutes les réminiscences prosaïques des Ou saint Luc, favorisé par une heureuse
ani:iens temps, la vie des compagnons du mémoire, doit avoir écrit la relation de ce
Sauveur nous le présente. voyage aussitôt après l'avoir achevé ou il :
« Heureusement nous avons riiisloire des doit avoir eu entre ses mains an journal de
apôtres écrite par un compagnon de saint voyage (1). II n'a pas été l^ oin des événe-
Paul, et plusieurs lettres apostoliques que ments consignés dans la i^remière partie
les critiques, même prolestants, regardent ,
des Actes des apôtres. Quoi que prétendent
en général, comme authentiques. !.e carac- Schlcicrmachcr et Riehm (2), le style tou-
tère de ces écrits nous permet de porter un jours le même que l'on remarque dans tout
jugement sur ces deux opinions, et parlant cet ouvrage, rend inadmissible, ainsi que
sur l'hypothèse relative au caractère mythi- pour VEvanfjile, une collection de documents
que de ï Evangile. Si la première opinion est inaltérés. Mais "WohI ne parle pas seuleraebt
vraie, les Actes des apôtres, ainsi que leurs du caractère historique de la première par-
Epitres, nous les représenteront comme des tie; il examine aussi le caractère du style, et
hommes aveuglés, guidés par le fanatisme, il soutient que saint Luc a employé des notes
el qui transforment en miracles des faits na- écrites, ou s'est attaché à reproduire assez
turels. Si la seconde est fondée, ces docu- exactement les relations des Juifs; car, dit-il,
ments nous montreront dans les Apôtres des il est inégal, moins classique que dans les
hommes qui sortent si peu de l'ordre ordi- autres morceaux, depuis le chapitre xx, où
naire que le uiiraclt; u'oicupe aucune place l'auteur paraît avoir été abandonné à lui-
dans leur vie. Or, le caractère de leurs Actes même. Bleck,dans l'examen de l'ouvrage de
elde leurs Epitres renverse ces deux hypo- Mayerlioff, a embrassé la même opinion, et
thèses. Nous y trouvons, il est vrai, des il cherche à prouver que saint Luc doit
miracies mais la conduite de leurs auteurs
; s'être servi d'uni; relation écrite (3 . C'est
est si prudente et si sage, qu'il nous est in»- aussi sentiment d'Ulrich (k).
le
possible de concevoir le moindre doule sur « Examinons maintenant le caractère
la modération et la véracité de leur témoi- historique des Actes des apôtres. Plusieurs
gnage. D'un autre eôlé, toute leur vie se points difficiles à a( corder, et notamment dos
passe au milieu d'un inonde que nous eon- différences chronologiques se présenteht à
iiaisSOîiS déjà; nous voyons des personnages, nous, il est vrai, ([uand nous les comparons
des événements qui ne nous SOlll [)ni elran- Svoc l''s Lettres ûa sai.il Paul; mais aussi
gers mais, de plus, ils opèrent des mira-
; nous y trouvons une concordance si frap-
cles qui semblent jaillir comme des éclairs pante, que ces deux monuments de l'anti-
du sein d'un monde plus élevé. quité chrétienne fournissent des preuves de
« Nous avons à démontrer d'ahord le ca- r.iuthenticité l'un de l'autre. Que l'on con-
ractère historique des Actes des apôtres. sidère surtout les Actes des apôtres dans
On est forcé de reconnaître, el l'auteur leurs nombreux points de contact avec l'his-
liii-ménie le déclare formellement, qu'ils toire, la géographie el l'antiquité classiques,
ont été composés par un ami et un compa- on ne lardera pas à voir ressortir les qua-
gnon de l'apôtre saint i'aul pour prétendre
: lités do saint Luc, comme historien. La scène
le Contraire, il faudrait soutenir que l'ou- se passe tour à tour dans la Palestine, la
vrage tout entier est supposé, ce à (|Uoi on Grèce cl lilalie. Les erl-curs commises par
n'a pas encore songé. D'aiUeiirs, l'impression un mylhographe grec, sur les usages el la
qu'il liiisse dans l'esprit du lecteur est assez géographie des Juifs, et, à plus forte raison,
décisive, et, si elle s'était efl'acée de sa mé- par un mylhographe juif sur les coutumes
moire, il lui sullirailde lire le chapitre xvi des païens, n'eussent pas manqué de trahir
depuis lé vei'sel 11 jusqu'à la fin, pour ne leur ignorance. —
Ici la vie est pleine d'inci-
conservei" aucun doute sur ce point, et se dents divers dans les églises de la Palestine,
conv.iincre que le narrateur a dû vivre sur dans la capitale de la Grèce, au milieu des
les lieUx où les faits se sont accomplis Sou- sectes philosophiques, devant le tribunal des
vent niêttle, notamment quand il l'ait la re- proconsuls romains, en présence des rois
lation du Irajel vers l'Italie, on éprouve une juifs,des gouverneurs des provinces pa'ien-
impression Semblable à cille que fait naiirc nes, au milieu des Ilots bouli'veisés par la
la leelure d'un journal de voyage. On suit les tempête; partout cependant nous trouvons
Stations , on mesure la profondeur de ta des indications exactes, dans l'histoire el la
mer, un suit combien d'ancres ont été jetées; géographie, des noms et des évcnemenls que
(l) Mcvor, dans son Coinmeiilaiie sur tes Actti dti apn- journal de voyage, d'on elles passéreiK dans son liislolre.»
lies, |i. ô:^3, liiil aussi l.i remarque suivante « La (Idné
: l(a|>|iplons-nous uiaiiaenant que I écrivain qui montre tant
nui rè^'ue dans loul le récit de i-eiie navigation, son étt^n- d exactitude est aussi au;eur de i' lilungile.
I
due, (luilenl il croire que saint Lue tcrivil relie rpl.ilioii (î) De Ibluilnis Ac'oruin aposlolorum.
i'iCéri'Ssauto au-sill^l ypris son déb;irqiieuieiil , pciidanl (5) SluiUen wid Kniiken, liS56, b. i.
riii\er qu'il passa à Malle. 11 n'eui qua consulter ses ini- (4) IbiJ., 1837, 11. i.
prcskious récunlei encore, cousi^uéct iieul-Olro duu koo
151 OICriONNAIP.E DES IIERESIKS. 1S2
topographie et sur l'histoire de celte époque. à cette époque, surtout dans les villes colo-
Ainsi la ville de Philippes nous est npré- nisées. Ces magistrats n'envoyèrent pas des
srnlée comme la première ville d'une partie scrvileurs ordinaires, les OriîosToi, par exem-
de la Macédoine, et comme une colonie, ple, que le sanhédrin de Jérusalem (9; en-
îrpwT» TA? liîpiSo; -ijç May.îùo-jia; TziXiç, zo/mvik. voya dans la prison de saint Pierre mais, ;
Nous pouvons laisser les exégètes disputer d'après la coutumedes Romains, ils envoyè-
quant à la manière d'enchaîner ~ç-^-.-n dans rent des licteurs f,V.f.'joJ^ouj. Vers. 38. Les —
le corps du discours. 11 suit de là 1° que la magistrats furent saisis d.' crainte en appre-
Macédoine était divisée en plusieurs parties : nant que les prisonniers étaient citoyens
or, Tile-Live (2) nous apprend qu'Amolius romains. On se rappelle ces mois deCicéron:
Paulus avait divisé la Macédoine en quatre «Celle parole, ce cri touchant, ^e suis citoyen
parties, 2' que Philippes élait une colonie. romain, qui secourut tant de fois nos con-
Cette ville fut, en effet, colonisée par Octave, citoyens chez des peuples barbares et aux
et les partisans d'Antoine y furent trans- extrémités du monde (10). » La loi Valeria
portés (3). D'après le verset 13. dans cette défendait d'infliger à un citoyen romain le
yille se trouvait, près d'une rivière, un oia- supplice du fouet et de la verge.
toire, Kpodav/jt.Le nom de la rivière n'est pas » Nous arri\ons au chapitre xvii. Au
indiqué, mais nous savons que le Strymon commencement de ce hapitre, nous voyons i
coulait près de Philippes. L'oratoire était placées près l'une de l'autre les villes d'Ara-
placé sur le bord de la rivière; nous savons phipolis et d'ApoUinie puis Thessaloni-
que les Juifs avaient coutume de laver leurs que. — Le verset o rappelle celle foule des
,
mains avant la prière, et, pour cette raison, àyopxioi., subroslrani, subbasilicani, si com-
ils élevaient leurs oratoires sur le bord des muns chez les Grecs et les Romains; dans
eaux i;'i).— Au verset li, il parle d'une femme l'Orient, les gens de celte sorte se rassem-
pa'ienne dont les juifs avaient fait une pro- blent aux portes de la ville. Vers. 7. Nous trou-
sélyte. Josèphe nous apprend que les fem- vons un exemple des accusations de déma-
mes païennes, mécontentes de leur religion, gogie porléessi fréquemment alors devant
cherchaient un aliment pour leur intelli- les empereurs soupçonneux. Vers. 12. Nous
gence dans le judaïsme, et qu'à Damas, par voyons de nouveau un certain nombre de
exemple, plusieurs l'avaient embrassé. Cette femmes grecques qui embrassent la croyance
femme s'appelait Lydia ce nom, d'après ; des apôtres. Mais ce qui surtout est remar-
Horace, était usité. C'était une vendeuse de quable et caractéristique, c'est la description
(1) GlaubwùrUigkeit der eiangclisclien Gescltkliteii, pag. sacrés prescrits par la loi, puissent bâtir des oratoires sur
liid. le bord de la mer. » 'l'ertullien ud Nu'., I. i, c. 1.5, |!arlant
(i) I.ib. XLV, 29. de leurs riies et de leurs usages, tels que les fêles, sab-
(5) L)io Cass., !iv. li, pag. 443. Pline, liisloire naturelle, bats, jeûnes, pains sau^ levain, itc, mentionne tes prières
IV, 11. Digesl. leg., 56, SO. faites sur le bord de l'eau, oraliones lillorates. Nous ajou-
(4) r.ari.zov, Apparat, antiq., p. ô20. —
Pliilon, décri- terons que les Samaritains eux-mêmes avaient, n'après
vanl la (onduile des .luifsd Alexainine dans ceitiiins .jours saint Epiphane, liœres. 80, cela de commun avec les Juifs.
solennels, raconle que, « de grand malin, ils sorlaient en On peui voir dans la gnagogue judaïgue de Jean Bnxlort
^
loulc hors des pones de la ville pour aller aux rivages les preseriplions des rabbins, qui détendaient aux Juifs de
voicins (car les proaeiiques éuient délruits), ei la, se pla- vaquer à li prièie avant de s'être puriliés par l'eau. Voir
(;anl dani le lieu le plus convenable, ils élevaient leur M. l'abbé l.laire, Inlioductioi à l'Ecriture sainte, t. V,
voix d'un conimuD accord vers le ciel. » Ph\\o, in F tnce, p. 398.
p. 5S2. Idem, De rila Mos., 1. m, et De légal, ad Cuiwii, (.5) Val. Flaccus, iv, 568. Claudien, Rap. Proserp. i, 27i.
possim. —Ces sortes doiaioires si- nommaient en grec Pline, Hist naturelle, vu, S7. Elien, Hist. animal., iv,
rsoofj);,), iipo«u«Tiipioy, Bt BU latlu prosBucho : 46.
(6) Sponius, Miscel. erud. antiq. ui, 95
]:de ubi consistas, in qua le qusero proseucha. (T) Pluiar., de oracul Defectu, cap. 2.
(Juveu.Sat. 111,296.)
(8) Spanheiin, de L'su et Praest. numismat., tom. I, dise.
Au rappnrt de Josèphe, Antig., 1. xiv, c. 10, § 2i, la 9; tuni. H, diss. 15. Casaubon, Sur Athénée, v, H.
villed Halic^iriiasse pei mit aux Juifs de bâtir des oratoi- (9) Act. apost. V, 22.
res « Nous ordonnons que tes Juils, hommes ou t'eniraes,
: (10) Cicero in Verreni oral. 5, nuni. 57.
qui voudront observer le sabbat et s'acquitter des rites
\K STR STP. 134
ilu séjour au grand apôtre dans Athènes. porte un fait historique : l'expulsion des
Comme tout se réunit alors pour nous per- Juifs de Rome , par l'empereur Claude, et
suader que nous sommes au sein même de Suétone dit » Judeos impulsore Chresto ns-
:
celle ville! il parcourt les rues, il les trouve sidui! tumultuantes Roma expulit Clau-
pleines de monuments de l'idolâtrie, et re- dius [!). » Le troisiètne nous rappelle une
marque une niullituile innombrable de sta- coutume des Juifs, chez lesquels les savants
tues et d'aulels ( au temps des empereurs, s'occupaient à faire des tentes. Cette profes-
ils encombraient Rome, au point qu'on pou- sion n'eût pu s'allier dans un philosophe
vait à peine traverser les rues de cette ville). grec avec renseignement parmi les Juifs ;
nombre «v/ôij^aTK suspendues à la voûte des uu motif particulier pour choisir cette pro-
temples de leurs dieux. Welsiein. Sur la fession. Dans la Cilicie. sa patrie, on l'exer-
place publique, où se rassemblaient les çaitgénéraleinent, parce qu'on y trouvait une
philosophes, il rencontre des épicuriens et espèce de chèvres dont on employait le poil
des stoïciens; des paroles di> dédain sortent dans la fabrication des toiles appelées pour
de leur bouche. M.iis le nombre des «urieux cette raison zài/tx ('••). Les versets 12 et 13
est encore plus fjrand que celui de ces présentent aussi avec Ihisloire un rapport
hommes hautains. On se rappelle le reproche frappant...
adressé autrefois aux Athéniens par Uémos- « Nous avons examiné quelques passages
Ihène et Thucydide, et renouvelé par saint seulement de l'ouvrage de saint Luc; sur
Luc Vous demandez loujours quelque chose
: tous les points les résultais seraient les
de nouveau. \\ paraît devant l'aiéopage; mais mêmes... Si nous passons aux derniers cha-
quel fui le discours de saint Paul ? Quel my- pitres des Actes des apôtres, il est impossi-
Ihographe juif eût pu mettre dans la bouche ble de ne p.is admettre que Théophile con-
du grand apôtre des paroles si propres à naissait l'Italie, quand on voit l'auteur, lors-
peindre son caractère ? Il a vu un autel élevé qu'il parle, chap. xxvii,des rivages de r.\sie
à un dieu inconnu. Pausanias et Pliiloslrate et de la Grèce, indiquer avec soin la situation
parlent de ces autels (I); son disiours nous et distance relative des lieux qu'il men-
la
présente le commencement de l'hexamèlre tionne, tandis qu'à mesure qu'il s'approche
d'un distique grec, et nous trouvons jusqu'au de l'Italie, il les suppose tous connus; il se
yàf,lui-mnne dans un poëme compose par contente de nommer Syracuse, Rhégiuni,
«n compatriote de l'apôtre, Aratusde Cilicie, Pouzzoles, et même le petit marché d'Appius
Pbœnoinena, V. a. Un grand nombre d'hom- dont parle Horace (5), et les Trois-Hôlelle-
mes ne se convertirenl pas à ce discours, ries [très tabernœ) que Cicéron (G) nous fait
comme des mjthographes n'eussent pas connaître. Lorsque Josèphe et Philon nom-
mantiué de l'ioiagincr, iifin de relever da- ment la vil le de Pouzzoles, ils n'emploient pas,
vantage la première prédication de saint ilest vrai, la dénomiualion romaine iioTto/ot.
Paul dans la capitale de la Grèce; quelques- Josèphe racontant dans sa \'ie, chap. 3, son
uns seulement s'allaeliùrent à lui. Quant aux premier voyage à Rome, cite celte ville et lui
pbihisophes, les uns se retirèrent avec le donne le nom grec Aizzizo/ix, mais il ajoute :
dédain des épicuriens sur les lèvres; les >îj iioT!o"/,o'j; "iT'/Aot. 7.«>oJ(7-tv. Lc même nom se
autres, véritables stoïeieus, contents d'eux- présente encore deux fois dans ses Anti-
mêmes, dirent « Nous nous entendrons
: quités (7). Il en est de même
de Philon i8),
une autre fois.» Sommes nous sur le terrain « Et remarquons comme
tout rappelle
du mythe, ou sur celui de l'histoire ? exactement les usages de cette époque. Saint
« Chap. XVIII. Le deuxième verset rap- Paul, transporté par un vaisseau d'Alexan-
coimus.o Vila Apll. Tliii'in., I. vi, c. 5. L'àuienr du — ilpermis de douter qu'à répo(|iie on »aint Paul se trou-
dialogue Pliiloiudris, ou\r ige ailril)ué par Its uns il Lu- vait à Ai liéues, il y eiU des autels poruint cette inscrij)-
cien, qui écrivait vers \ <» 170, et par d'autres a uu païen liou ? Comme, d'un autre, cété, aucun monument liistorj^
anonyme du iv' siè. le, l.i' jurer Crilias pur lis Jieui: in- que ne montri' ailleurs l'exisiene d un autel semblable,
rcHiiis d'Al/lènes. et sur la lin du dial ii;ue il sexp.iine peut-on concevoir qu'un faussaire eût saisi uue circou-
ainsi Mais l:1choiis de découvrir le diitii inconnu à
: <i btance aussi extraordinaire. Voy. .M. Glaire, ib., p. 379-400
Athènes, et ;<lors, levant nos mains .m ciel, (iilrous-lui nos (2) Sueton. in Claud. cap. 25.
louanges et nos actions de gr.ices. » (Juanl i» rnUroJuc- (3) Neriil. Wiener Realwœrteibucli ueher das Wor.
lion de ces dieux inconnus liaiis Atlièncs, voici comment . Hasdwebke.
Diogène Lai rce raconte le fait. Au temps dlipiménide (4) Pliniu», Hist. natur., xxni. Servius, rem. sur Vir-
(c'est-à-dire, comme on le croir comnmnéinenl, vers l'an gile, tleorgica. m, 3t3.
600 avant Jésus-Clirisl), une peste rava-e.inl cette ville, et (o) Sat. l, a, 3.
l'oracle ayant déclaré (|ue pour la faire cesser, il fallaii la (li).^d Aiticuin. i, 13
purifier oii Lexpier (»i»ip«0, on envoya en ("roie pour taire (7) Lib. xvii, cap. ii, § 1, el xviii, 7.
venir ce pliilosophe. Arrivé a .4tlièiies, Kplménide prit des (8) In riaccum, i, u, pag, U2l, van. 1>
brebis blanches et des brebis noires, et les conduisit au
155 DICriONNAlIlt DES HERESIES. 4SC
drie,débarqua à Pouzzoles. Or nous savons nous le présentent. Saint Luc fut le témoin
que les vaisseaux d'Alexandrie avaient con- oculaire de tous les miracles opérés par
luiue d'aborder dans ce port (1] d'où, au , saint Paul, et personne assurément ne l'ac-
rapport de Strabon, ils distribuaient leurs cusera d'une trop grande pi opcnsion pour
marchaniiises dans toute l'Italie. Il dut aussi l'js miracles. Un jeune homme appelé Euly-
se diriger de là vers Uoiue. «Ses amis, re- que, accablé par le sommeil, étant tombé du
niarque Hug, rallendalcnl, les uns au mar- troisième étage, fut eaiporlé comme mort ;
ché d'Appius Fonun Appii) les aulres aux
( , on s'attend peut-être à le voir ressusciter
Trois-Hotelleries. 11 s'embarqua app :rern- avec pompe mais saint Paul se contente de
;
menl sur un canal que César avait creusé au prononcer ces paroles consolantes: «Ne vous
travers des marais Ponlins, aGii de rendre troublez point, car la \ie est en lui (G)-»
le trajet plus facile; il dut par cela même Plus de quarante Juifs réunis à Jérusalem
passer au marché d'Appius, qui, à l'cxlié- firent le vœu de ne boire ni manger qu'ils
mité de ce canal, en était le porl. » Une n'eussent tué saint Pilnl! On s'attend peut-
partie de ses amis l'attendait aux Trois-Hô- être qu'une apparition va descendre du ciel
teileries. Elles étaient situées à dix milles pour avertir l'Apôtre et le défendre loin de :
romains plus près de Rome 2 à peu , , là: 11- fils de sa sœur se présente pour lui
près à l'endroil où la roule de Vcllctri révéler la conspiration et Paul trouve un ,
aboutissait aux marais Pontins. La foule y protecteur dans le tribun de la ville (7).
était moins noiiibreuse et moins remuante; « Poussé par la tempête sur les bords de
les embarras y étaient moins grands qu'au l'île de Malte, il y débarqtin, ^'l une vipère
marché d'Appius aussi paraît-il qi;e là (.'jj ; s'élança sur sa main on s'attend peut-être;
élevées (i). Voilà poi)r(iiioi cette partie des « Mais Paul, dit saint Luc, ayant secoué la
amis de saint aul l'attendait à cette station
'
vipère daiis le feu, n'en reçut aucun mal (8j.»
plus convenable à sou rang. Ainsi tout se , Toiîîefois, nous savons, par L- témoignage
trouve exactement conforme aux circon- de cet historien et de ce médecin prudent,
stances lopographiques, telles qu'elles étaient qtie « Dieu faisait ds' grands miracles par les
alors (5). mains de Paul, et qu'il lui suffisait de placer
D'après ces documents, il est impossible
« Sur les malades les mouchoirs et le litige qui
de douter encore si, en pjircouranl les Actes avaient touché son corps, et aussitôt ils
des apôtres, nous sommes sur le terrain de étaient guéris de leurs maladies et les esprits
l'histoire et nous devons reconnaître que
; impurs s'éloignaient (9 » A Malte, i: guérit .
saint Luc se trouvait placé, pour écrire l'his- par ses prières et par l'imposition des mains,
toire, dans des circonstances aussi favora- le père de l'homme le plus induent sur celte
bles qu'un Josèphe. Si ce rapport frapp-iti! île, et beaucoup d'autres s'approchèrent de
qui existe entre sa narration et les connais- lui et recouvrèrent la santé (10).
sances que nous possédons sur l'histoire et « Saint Pierre et saint Jean furent traduits
la géographie des .iuifs et des pa'iens, parais- devant le satihédrin pour avoir guéri un ma-
sait à quelqu'un d'un faible poids qu'il se . lade. Saint Pierre eut le courage de repro-
représente la vive impression qui nous sai- cher aux puissants do peuple le meurtre du
sirait si, entre les mille points que nous Messie l'homme qu'ils avaient guéri était
:
nie du docteur Paulus ont désiré <iue qu'ils avaient vu, et condamner à mort ceux
deux classes de personnes (un assesseur de qui l'avaient opéré. L'impression de la mul-
la justic" désigné ad hoc et un doctor medi- titude avait été si grande, qu'à la suite de
ciiiœ] eussent pu fane l'instruclion des mi- ce miracle cinq mille hommes embrassèrent
racles du Nouveau Testament. Il satisfait à la foi nouvelle, et il ne resta d'autre moyen
cette double exigence. L'histoire de l'aveu- aux membres du siinhédrin iiue lij faire sai-
gle-né rapportée par saint Jean chap. i\, , sir les deux disciples de Jésus et de leur
fut examinée par les assesseurs du sanhédrin commander le silence 11). Et tous les mira-
de Jérusalem; et quel fui le résultat de cles qu'ils opéraient, ils les faisaient au nom
l'enquête ? Cet homme est né aveufjle, etJé;nts d'un seul. « Je n'ai ni or ni argent disait ,
l'a guéri. Quant au doctor medicinœ chargé , s.iint Pierre, mais ce que j'ai je \(uis le
d'instruire les miracles, les Actes des Apôtres donne : au nom de Jésus-Chrisl de Nazareth,
(1) Slrab. llb. lïii, ijïg. 793 édil. de ('..nsaubon. Sonec. (6) Acl. aposl. S5, 10.
e[iisl. "7, iii (iriiici|jio (7) Il>lil., 12 seq.
(2) Aiiioniiii Itiuerar., edil. Wesselia;;, pag. 107, .t|hii1 (8) Ibid , xvm, 5.
Hug ,il)id. (9) Ihid., XIX. 12;
(3) Horat. Sat. 1, sat. S, 5. (Kl) lliia , xxnii, 9.
(4) Cicer. a.l Auicum i, 13. (Il) Ibid., IV.
celui ijui avait promis à son Eglise de rester courage et de joie an milieu des chaînes.
avet elle jusqu'à la fin du monde, a tenu sa Que l'on parcoure en particulier la Lettreanx
pioliit'SSe. D'après les croyants l'action ,
Philippiens el qiie l'on, se r.ippelle que
créatrice et conservatrice de Dieu dans le l'homme qui écrivait Iléjouissez-vous mes
: ,
produire des miracles sans cesse agiss.mle sente les prodiges, les miracles el les pro-
dans l'Eglise de Jésus - Christ peut-elle ,
phéties comme des événements (lui ont mar-
avoir nianqnc à son l'ondalcur? qué presque tous les instanis de sa vie. Les
« Dans les Actes des apôtres, saint Paul Actes des apôtres avaient parlé des visions
nous est apparu romme un homme (|ui ravit pendant lesquelles Jésus-Christ était apparu
l'admiration aux esprits les plus froids. Qui à cel apôtre ravi en extase (8J. Il rapporte
peut la refuser à sou courage en présence de lui-iiiêineces apparitions miraciileuses et
ÎFestus, alors qu'il est devenu si imposant ces extases (9), et nous voyons encore ici
au gouverneur romain lui-même que le roi une preuve de sa modération, puisqu'il n'ëtl
Agrippa veut connaître cet homme extraor- parie que dans ce passage. Les Actes des
dinaire (2) ? Oui peut s'empêcher d'admirer apôtres lui ont attribué le pouvoir de faire
le courage cl l'adresse qui éclatent dans son des miracles: il parle lui-même « des œuvi^es,
discours au roi Agrippa (3) le courage, la ; de la vertu des miracles et des pi-cfdigés (ju'îl
prudence, la modératioil qu'il fit paraître a opérés afin de propager l'Ev.ingile (10). »
alors que le vaissciu sur lequel il seirou- — Les Actes des apôtres rapportent le don
vail violcmhient battu par la tem-
était si miraculeux des langues accordé aux pre-
pête
i4). Quand une
l'ois l'histoire de saint miers disciples du S.înveur. el saint Paul
Paul ses [)aroles qui noiis ont été transmi-
, rend grâces à Dieu de ce qu'il jjossède ce
ses par une main élrangèf-e. nous l'ont fait don dans un degré plus élevé que les au-
connaître, comnne on éprt)uve un désir pres- tres (11). D'après ses discours, ra|iportésdans
sant du l'eutetidre lui-uiCinc! Ce caractère les Actes des apôtres, l'apparition de Jésus-
plein (le courage i»'est pas celui d'Iiti fourbe; Christ détermine t(mt(! sa conduite (12) dans ;
cetti; iiiodér.'ilion, celte priidënCe n'indiquent ses Lettres il parle de cet événement comme
pas un faiialltjue les faiis du christianisme, ; du plus important de sa vie, tantôt avec —
le fondateur oc celle Eglise, doivent être un noble orgueil, car il fonde sur lui son
réelletnelit tels qu'ils nous les présente. droit A l'apostolat (1.3), —
tantôt avec l'ex-
Nous avons de saint Paul treize Epîtres qui pres-ion de la douleur (jue lui inspire le
uous révèlent suffisamment ses |icn-éi'S. La souvenir de ses persécutions contre le Fils
ïjouvelle Critique a reconnu l'authenlieité de Dieu lui-même (IV). Il commence presque
ûes principales d'entre ellrs. Or, ([uel raf)- touies ses Epître-, en déclarant qu'il a été
[jor' présentent-elles avec les Actes des c.pô- appelé à l'apostolat noii par la volonté des
II eij Cortfihnent-elleS le jugeniônt iiue nous lioiiiilies mais par un décret niiiMculeux de
,
piJiioiii^ d'âpiè-: les Actes, sui' le caractère Dieu. Les Actes des apôtres uous le mon-
tie riiistbirc évan;;éliiiue ? Elles nous mon- trent loujoiit-s le même au milieu des alllic-
trent Siiiiit Paul loujuilrs le nlême dans tou- lions, toijjours sous la protection nïiracu-
(1) .4ct; apoSl., m, 6. coiiYferlis. Le docleur de Welle n'a pas cru pouvoir ap-
(2) Ibid.j \xv, iî. prouver ceUc prélealion des exégèles, il recoiinali nue
{'>] lliid., XXVI. ('.i)in|iariiz Tlioliich's ÀhlKtndUuui in dtii sainl Paul, dans ces deux passages, parle de s s iiiirailes;
Sliidien uml /Cn'.'i/.cii, 1833, li. 2. Idiilefois il se liàie d'ajniiler . Mais peur déieniiiner la
:
(i) Act. O|)0>l. XWII. \: leur de son li;miiipiiage dans un laii personnel, ei même
, (.5) Pliilipp. If, 4. Il siguiiicalion oxaile des muui^ lit^n^ les moyi us nous
(6) Ad. a|)Osl. XÎ.VI1J, 2(). iii:e (pieiit, VU que les lionuens sont iiup peu l'onsi.iéra-
(7) Coloss. II, IG, 23. Lies. Maisipioi! le inèiiie apiMre ne lai -il pas nue lon-
(8) Abi. aposl. xxii, l7; Jtxiii, 11. t;iie énuinéraiion des prodiges el îles iiiiiai lesopérf's dans
('.>) Il Cor. xil, 12. l'I^^lise? (elie iinlicaluiii pré.ise ne répaiid-elle aucune
(Ul) lluin. XV, 111. II Cor. xiu, 1"2. « Que raiili|ialliip lumière sur ce penitV N' sl-oii p;is Inr d ;e. euer que les
•'
pour Ips inirar.les las^e rojiîlei' eu masse, coiiime iioii miracles relraiiehe> par la eriiiiiue du e- rpsdis li\aiii;iles
l,i>i!eii'llics, mus les p.issiigesde II-. ,;iiif;ile, el .les Velés ri'paraisseul ilans les Actes des a|ic"ilres, et, qlian on les i
I
lies a|inlr(!s dans lesipiels ils nous :ippai:iissiiil, pliil it ariai'liés avec beaucoup de peine, lie laui-il p.,s recon-
(|
(•cédera l'évulenee de la veiae, devoii -Uiins en
lie nailre encoie que les lîpiLes de sainl l'aiil nous les pré-
éire surpris, quand iimis voyons les ex.'utles alla mer senlenl en si grand nombre ijuils délieiii el la liiiie des
3\ec !• 'le tous les pi)inl3 de celle ii'iivre miraculeuse evénèles et les arii.es irauclianles de la critique?
que les ani'iiaiiles de la crili pic oui rli; iiiipuis-
'
(11)1 Cor. \xiv, 18.
saiees k i'-- eiser? Ain.,i d'après jleiclic, [us prodges
, jl^i Act. aposl. XXII, 10; ixvi, 1").
(«liul«), et les miiai li's (ti(«T>) dont saïul t'aiil allirine (lôj 1 Cor. IX, I.
Ciie l'aiileiir , n'éiaicut que des rèvcs des uouveauï (li) ibiU., XV, i, 9.
• ,
leuse de Dieu; tel il nous apparaît dans ses encore majestueuse et toute-puissante dans
Epitrcs au Corinihiens (1). Plusieurs fois, les la conversion de l'univers, qui a suivi son
Actes des apôtres parlent du pouvoir de dernier soupir sur la cuois. Strauss n'a rien
luiio des miracles accordé à l'Eglise, et saint gagné à rejeter les miracles. 11 doit savoir que
Paul présente comme un fait bien connu le prodige n'est pas tout entier dans l'eau
celte puissance dont jouissaient les preiiuers changée en vin aux noces deCana; mais
chrétiens (2). Et ce qui est le plus grand plutôt dans le changement du monde païen,
des miracles, c'est qu'alors même qu'il les dans l'empire des Césars frappé de stupeur
montre s'opérant ainsi rontinuellemenl il , comme les soldats du sépulcre, dans les bar-
ne compte sur la production d'aucun. Il sait bares dominés par le dogme des peuples
qu'une apparition céleste a fait tomber les qu'ils ont vaincus, dans les efforts des pa'iens,
chaînes des mains de saint Pierre il n'a pas ; des sectaires des différents siècles, et, en
oublié qu'à Philippes, pendant un tremble- dernier lieu, des philosophes et des rcvolu-
ment de terre, les portes de sa prison s'ou- lionnarires, pour anéantir l'Eglise du Christ,
vrirent, et les fers de tous les prisonniers tandis qu'ils n'ont fiiit que l'affermir sur le
funnt brisés (3), et cependant à Rome, il roc antique et inébranlable où il l'a fondée.
porte les chaînes sans songer à l'interven- Qui pourra jamais croire que l'incompara-
tion d'aucun événement extraordinaire , — ble originalité du Christ ne soit qu'une imi-
il ne sait pas s'il sera mis à mort ou rendu à tation perpétuelle du passé; que le person-
la liberté (4). Dans tous ses discours, depuis nage le plus attesté de l'histoire n'ait eu rien
Césarée jusqu'à Rome, dans les Lettres qu'il de réel ; que l'Evangile si frappant par son ,
tion miraculeuse le délivrera peut-être... Cet S'il n'y a rien de réel dans la vie de Jésus,
homme ne pouvait-il pas, aussi bien que les quelle certitude trouverons-nous dans les
Juifs, constater l'existenre d'un miracle (5)? autres parties de l'histoire? où s'arrêtera ce
« Nous avions donc raison de dire en , scepticisme désolant? Aoilà donc où sont
commençant, que l'on peut, indépendam- enfii\ arrivés ceux qui ont secoué le joug
ment des Evangiles, reconstruire l'histoire do l'Eglise catholique Voilà donc où en 1
mort sur une croix, sa résurrection, son l'incrédulité abf:olue,le refus de se soumettre
ascension dans les cieux. Que voulez-vous même à l'autorité des faits dès que dans , ,
nivers s'est ébranlé, mais le moteur échappe ! on entend l'incrédulité relative qui en ,
mira la constance et les vertus, et qui scel- comme divinement manifestés, mais comme
lèrent de leur sang leur témoignage irnmor- historiquement et par conséquent sul'Qsam-
tel, ils expiraient dans les tortures pour une ment constatés en appelle encore au crité-
,
ombre, pour un fantôme sorti des imagina- riuir de la raison individuelle, afin de se
tions populaires 1 consiruire un svstème sur ce qu'il convient
Que sert au rationaliste Strauss d'avoir d'en conclure.
dépouillé le Christ de tous les rayons de sa Entre ces deux camps ennemis, gouvernés
gloire. Sa grandeur personnelle n'est pas par les Hegel, les Feuerbach, les Bauer, les
seulement dans l'Evangile ; elle apparaît Marheineckjles Bretschneider et autres Ihéo-
(1)11 Cor. VI, 4; IX, 11; xm, 28. (S) Tlioluclt, Glaubwurdiykeit cier evangclischen Gesctiicli-
(2) 1 Cor. Ml, 8, m, H. ten, 1' étlil., pag. ,570, 59i.
(3) Act. aposl. XVI. (G) Acl. aposl. \i, 2J.
(4) f tulipp. I, 20.
161 SYN SYN ira
disciples de S|)inosa, reconiiaissenl aussi mais Flaccius lllyricus écrivit avec chaleur
plus ou moins Kanl pnurévangélisle, se posa contre ce traité de paix son parti grossit
;
dard d'un éclectisme paciQcaleur, de sa créa- remporta, pour fruit de son esprit concilia-
lion ; admettant droits scrutateurs de
ici les leur, que la haine, les reproches, les invec-
la seule intelligence, là les douceurs piétis- tives des théologiens de sa secte.
liques des convictions du cœur. Gomme il ar- L'an 1570 et les années suivantes, les lu-
rive toujours aux ingénieux inventeurs de thériens el les calvinistes on réformés confé-
roules moyennes entre erreurs et erreurs, rèrent encore en Pologne dans divers syno-
entre folies etfolies, entre mensonges et men- des tenus à cet effet, et convinrent de quel-
songes, Schliiermacher fut accablé des traits ques articles; malheureusement il se trouva
que liincèrent sur lui les deux camps enne- toujours des théolugiens entélés et f )ugueux
mis. Accusé d'illofjismc par les uns, de tnau- qui s'élevèrent conlrc ces tenlalives de ré-
vaisc foi [lar les autres, il ne fit guère école conciliation l'arlicle de l'eucharistie fui
;
vaillé à concilier les différentes écoles el les ses théologiens luthériens le fameux
livre de
divers systèmes de pliilosopliie, el aux théo- la Concorde, dans lequel le sentiment des
logiens qui se sont appliqués à rapprocher réformés était condamné; il usa de violence
la croyance des différentes communions cl lie peines aflliclives pour faire adopter cet
chréliennes. écrit dans tous ses Etats. Les calvinistes s'en
Peu nous importe de savoir si les premiers plaignirent amèrement ceux de Suisse écri-
;
lanchthon, tirent adopter par quelques prin- catholiques qui croientde bonne foi les dog-
ces d'Allemagne qui avaient embrassé le cal- mes de leur Eglise par ignorance, par habi-
vinisnie, et par les électeurs luthériens, une tude, par préjugé den.iissance el d'éduc.ition,
application de la Confession d'Augshourg, ne sont point exclus du salut pourvu ,
(1) Hist. lie l'ICglise, liv. xxvi, cli. 8 el 9. (5) Hisl. Ecdés., ibid., cli. 1,5 4-
(ij UiM. l^cclés., XVII' tiède, secl. 3, pari. ii. (i) IbiJ., § âo tii suivauts.
les DICTIONNAIRE DES HERESIES, 164
qu'ils croient toutes les vérités contenues Cependant, en 1684, un ministre luthé-
il.ins le symbole des apôlres, et qu'ils lâ- rien, nommé Pratorius, fit un livre pour
chent di' vivre conformément aux précefites prouver que la réunion entre les catholiques
(le riiv.ingilo. Mosheim, qui craignait encore et les protestants n'est pas impossible, et il
le zèle fougueux des théologiens de sa secte, proposait plusieurs moyens pour y parvenir ;
a eu grand soin de dé<:larer qu'il ne préten- ses confrères lui en ont su très- mauvais gré,
d.iit point juslifi.T ces maximes. ils regardé comme un papiste déguisé.
l'ont
Nous sopimes moins rigoureux à l'égard Dans le même temps un autre écrivain, qui
des hérétiques en général; nous n'hésilons paraît avoir été calviniste, fit un ouvrage
point de diro 1° que si lous voulaient ad-
, pour soutenir que ce projet ne réussira
mctlre la croyance, le cuite, la discipline qui jamais, et il en doniiail différentes raisons.
élaii'nt en usage dans l'Eglise catholique Bayle a l'ait un extrait de ces deux produc-
pendant les cinq premiers siècle», nous les tions (1).
regarderions volontiers comme nos frères; Le savant et eélèbre Leibnilz, luthérien
2° que tout hérétique qui croit de bonne très-modéré, ne croyait point à l'impossibilité
foi les dogmes de sa secte par préjugé de , d'une réunion îles protestants aux catholi-
naissance et d'éducation, par ignorance in- ques il a donné de grands éloges à l'esprit
;
d;nice, on nous reproche d'être intolérants. chant les abus. 11 y euluue relation indirecte
En IGio, Uladislas IV, roi de Pologne, Gt entre ce grand bouiioe et Bossuet; mais
tenir àl'horn une conférence entre les lliéo- comme Leibnitz prétendait faussement que
logiens catholiques, les luthériens et les ré- le concile de Trente n'était pas reçu en
formés après beaucoup de disputes
; Mos- , France, quant à lu doctrine., ou aux défini-
heim dit qu'ils se séparèrent tous plus pos- tions de foi, Bobsuet le réfuta par uneréponse
sédés de l'esprit de parti et avec moins de , ferme et décisive (2j. On conçoit aisément
charité chrétienne qu'ils n'en avaient aupa- que le gros des luthériens n'a pus applaudi
ravant. En 1661, nouvelle conférence à Cas- aux idées de Leibnilz.
sel, entre les luthériens et les réformés ;
En 1717 et1718, lorsque les esprits étaient
après plusieurs contestations, ils finirent par en fermentation, surtout à Pari», au sujet
s'embrasser et se promettre une amitié fra- delà bulle Uniyenitus, et (jue les apfjelants
ternelle. Mais celle complaisance de quel- formaient un parti uès-nombreux il y eut ,
ques luthériens leur attira la haine et les une correspondance enlre deux docteurs de
reproches de leurs confrères. Frédéric-Guil- Sorbonne et Guillaume Wake, archevêque
laume, électeur dcBrandebouig, et son fils de Cantorbéry, touchant le projet de reunir
Frédéric I', roi de Prusse, ont fait inulile- l'Eglise anglicane à l'Eglise de France. Sui-
inentdi' nouveaux efforts pour allier lesdeux vant la relation qu a laite de celte négocia-
sectes dans leurs Etats. Mosheim ajoule que tion le traducteur anglais de Mosheim, tom.
les syncrétistes ont toujours été en plus VI, p. 6i de la version française, le docteur
grand nombre chez les réformés que parmi Dupin, principal agent dans cette affaire,
les luthériens; que lous ceux d'entre ces se rapprochait beaucoup des opinions an-
derniers qui ont voulu jouer le rôle de con- glicanes, au lieu que l'archevéqui^ ne vou-
ciliateurs, ont toujours été victimes de leur lait céder sur rien, et demandait pour préli-
amour pour la paix. Sou traducteur a eu minaire de conciliation que l'Eglise gallicane
grand soin de taire remarquer cet aveu. rompît absolument avec le pape et avec le
Il nest donc pas étonnant que les luthé- saint-siège, devînt par conséquent schisma-
riens aient porté le même esprit d'entête- tiquc et hérétique, aussi bien que l'Eglise
ment, de défiance, d'aniuiosite,dans les con- anglicane. Comme dans cette négociation
férences qu'ils ont eues avec des théologiens Dupin ni son confrère n'étaient revêtus d'au-
catholiques. 11 y en eut une à Ratisbonne en cun pouvoir, et n'agissaient pas par des mo-
IQQl, par ordre du duc de Bavière et de l'é- tifs assez purs, ce qu'ils ont écrit a été re-
qu'il en fit, se vanta d'avoir vaincu son ad- nicorum ad unionem inler protestâmes fa-
versaire, et les protestant^ en jont epcore ciendam, imprimé à Hall en Saxe, m-i".MoS:'
aujourd'hui persuadés. heim aveelit que ses confrères s'opposéreni
(l)Nmiv U rtiiuLlique de» lettres, décembre 1683, .2) Esprit de LeibniU, t. H, pan. m et suiv ,
\>. 97
art. 3 et *
,
aucun rffct. Il avait rcril ou 17o3 que les lu- la communion, parce que chaque parti veut
thériens ni les arininip[is n'ont plus aujour- user de ce privilège.
d'hui aucun s\ijet de coiilrovorse avec l'Egli-se > Lorsque les hérétiques proposent des
rcl'onnée (1). Sou traducteur soulicnt que moyens de réunion, ils sous-enlendent tou-
cles df> sa cpvfession (le foi conservent toute geait avant toutes choses que l'Eglise galli-
leur aulorilé; que dans les églises réformées cane commençât par se condamner elle-
de Hollande, d'Allemagne et de la Suisse, on même, qu'elle reconnût que jusqu'à présent
regarde encore certaines doctrines des armi- elle a été dans l'erreur, en attribuant .tu
niens etdes luthériens comme un juste sujet souverain pontife une primanié do droit di-
de les exclure de la communion quoique ,
vin et une autorité de juridiction sur toule
ilans ces dilTorentes contrées il y ait une in- l'Eglise. Cette proposition seule était une vé-
finité de particuliers qui jugent qu'il faut ritable insulte, et ceux à qui elle a été faite
user envers les uns et les autres d'un esprit n'auraient pasdiî l'envisager autr; ment. II esl
Je tolérance et do charité. Ainsi le foyer de aisé de former un schisme, il ne faut pour
a division subsiste toujours prêt à se rallu- cela qu'un moment de fougue et d'humeur ;
mer, quoique couvert d'une cendre légère pour en revenir , c'est autre chose ;
de lolérancc et de charité. Tacilis dL-sccn>iib Avorni,
Sur tous ces faits il y a matière à ré- Se'l revocare iir.idiwn
tolérance et charité, n'est (ju'un fond d'in- plus aisé de nous calomnier que de s'in- .
traité avec des catholiques. La confession « Si quelqu'un dit que le libre arbitre de
d'Augsbour^ présentée pompeusemenl à la l'homme excité et mû de Dieu ne coopère
diète de l'empire ne plut pas à tous les lu- point, en suivant cette impulsion et celle
thériens elle a été retouchée et changée
; vocation de Dieu pour se disposer à se
,
çoivent pas dans tous les points de doctrine. résister, s'il le veut; qu'il n'agit point et
Il en a été de même des confessions de foi demeure*purement passif; qu'il soit ana-
des calvinistes aucune ne fait loi pour tops,
: thème. Si quelqu'un enseigne que par le
chaque église réformée est un corps indé- péché d'Adam le libre arbitre de l'homme a
pendant, qui n'a pas même le droit de Cxer été perdu et anéanti, que ce n'est plus qu'un
la croyance de ses membres. nom sans réaliléou une iiii.gination suggérée
6° Bossuet dans l'écrit qu'il a fait contre
, par Satan; qu'il soit anallirme. Si quelqu'un
Leibnilz, a très-bien démontré que le prin- soutient qu'il n'est pasau pou voirde l'homme
cipe fondamental des protestants est incon- de rendre mauvaises ses actions, mais que
ciiialile avec celui des catholiqu<s. Les pre- c'est Dieu qui fait le mal autant que le bien,
miers soutiennent qu'il n'y a point d'autre en le permettant non-seuleuient , n)ais réel-
règle de foi que l'Eurilure sainte; que l'au- lement et directement, de manière que la
torité de l'Eglise est absolument nulle, (jue trahison de Judas n'est pas moins son ou-
personne ne peut être obligé en conscience vrage que la conversion de saint Paul; qu'il
de se soumettre à ses décisions. Les catho- soit anathème. » Dans ces décrets, le concile
liques, au contraire, sont persuadés que l'E- se sert des propres termes des hérétiques. Il
glise est l'interprète de l'Ecriture sainte, paraît presque incroyable que de prétendus
que c'est à elle d'en fixer le véritable sens, réformateurs de la foi de l'Eglise aient
que quiconque résiste à ses décisions en poussé la démence jusque-là et qu'ils aient
,
matière de doctrine, pèche essentiellement trouvé des sectateurs; mais lorsque les es-
dans la foi et s'exclut par là même du sa-
, prits sont une fois échauffés, aucun blas-
lut. Quel milieu quel tempérament trouver
,
phème ne leur fait peur.
entre ces deux principes diamétralement Mélanchthon et Strigélius, quoique disci-
opposés? ples de Luther, ne purent digérer sa doctrine;
Par consé(iuent les syncrétistes, de quel- ils enseignèrent que Dieu attire à lui et
que secte qu'ils aient été, ont dû sentir convertit les adultes, de manière que l'im-
qu'ils travaillaient en vain et que leurs ef- , pulsion de la grâce est accompagnée d'une
forts devaient nécessairement être infruc- certaine action ou coopération de la volonté.
tueux. Les éloges que les protestants leur C'est précisément ce qu'a décidé le concile
prodiguent aujourd'hui ne signifient rien ; do Trente. Cette doctrine, dit Mosheim ,
le résultat de la tolérance qu'on vante déplut aux luthériens rigides , surtout à
comme l'héroïsme de la charité, est qu'en Flacciusillyricus et àd'autros;elle leur parut
fait de religion chaque particulier, chaque destructive de celle de Luther louchant la
docteur, doit ne penser qu'à soi, et ne pas servitude absolue de la volonté humaine et
s'embarrasser des autres. Ce n'est certaine- l'impuissance dans laquelle est l'homme de
ment pas là l'esprit de Jésus-Christ ni celui se convertir et de faire le bien; ils attaquè-
du christianisme. rent de toutes leurs forces les synergisles. Ce
SYNERGISTES, théologiens luthériens qui sont, dit-il, à peu près les mêmes que les
ont enseigné que Dieu n'opère pas seul semi-pélagiens (2). Mosbeim n'est pas le
la conversion du pécheur, et que (L'iui-ci seul qui ait taxé de semi-pélagianisme le
coopère à la grâce en suivant son impulsion. sentiment catholique décidé par le concile
Le nom de synergisles vient dugrec o-jvô|oyî'w, de Trente; c'est le reproche que nous font
je contribue, je coopère. tous les protestants, et que Jansénius a
Luther et Calvin avaient soutenu que par copié; est-il bien fondé ?
le péché originel l'homme a perdu toute Déjà nous en avons prouvé la fausseté au
activité pour les bonnes œuvres; que quand mot Semi-pélagianisi\ie. En effet, les semi-
Dieu nous fait agir par la grâce, c'est lui pélagiens prétendaient qu'avant de recevoir
qui fait tout en nous et sans nous; que, sous la grâce, l'homme peut la prévenir, s'y dis-
l'impulsion de la grâce, la volonté de l'homme poser et la mériter par de bonnes affections
est purement passive. Us ne s'étaient pas naturelles, par des désirs de conversion, par
bornés là; ils prétendaient que toutes les des prières, et que Dieu donne la grâce à
actions de l'homme étaient la suite nécessaire ceux qui s'y disposent ainsi; d'où il s'en-
d'un décret par lequel Dieu les avait pré- suivait que le couunencemeril de la conver-
destinées et résolues. Luther n'hésitait pas sion et du salut vient de Ihomme et non de
de dire que Dieu produit le péché dans Dieu. C'est la doctrine condamnée par les
l'homme aussi réellement et aussi positive- huit premiers canons du second cuucila
(1) Scsi. 6 île Juslilic, can. i, S, 6 (2) Hist.Ecclés., xvi' siècle, secl. 5, pari, ii, cli. 1,§Ô0
i09 SÏN SïN 170
ilOrange, tenu l'an 529 Or, soutenir, comme des notions claires , ni des expressio.is
les seiiii-pélagicns,que ia volonléilertiommc exactes sur aucune question.
|ir<'vienl la grâco par ses bonnes dispositions Le fondement snr lequel les protestanis et
naturelles et enseigner, comme le concile
,
leurs copistes nous accusent de serai-péla-
lie Trente, que la volonté prévenue, excitée gianisme est des plus ridicules. Ils suppo-
et mue par la grâce, coopère à cette motion sent qu'en disant que l'homme coopère à la
on à cite impulsion, est-ce la même ciiose? grâce, nous entendons qu'il le fait par ses
Le coniile d'Orange en condamnant les forces naturelles. Mais comment peut-on
erreurs dont nous venons de parler, ajoute, appeler forces nuturelles celles que la volonté
can. 9 « Toutes les fois que nous faisons
; reçoil par un secours surnaturel? C'est une
quelque chose de bon, c'est Dieu qui'agit en contradiction palpable. Si les synergistes luthé-
nous eC avec nous afin que nous le fas- , riens y sont tombés, nous n'eu sommes pas
sions. » Si Dieu agit avec nous, nous agis- responsables. Supposons un malade réduit
sons donc.iu>si avec Dieu et nous ne sonmu'S à une extrême faiblesse, qui ne peut plus se
pas purement passifs. Il est évident que le lever ni marcher; si on lui donne un remède
concile do Trente avait sous les jeux les qui ranime le mouvement du sang ,
qui
décrets du concile d'Orange lorsqu'il a , remet en jeu les nerfs et les muscles , il
dressé les siens. pourra peut-être se lever et marcher pen-
C'est ce qu'enseigne aussi saint Augustin
dant quelques moments. Dira-t-on qu'il le
fait par ses forces naturelles, et non en
dans un discours contre les péiagiens (1).
Sur ces paroles de saint Paul l'ous ceux :
vertu du remède? Dès que celle vertu aura
qui sont tnus par l'esprit de Dieu (2), les cessé, il retombera dans son premier état.
péiagiens disaient « Si nous sommes mus : Bayle, dans le même article, a voulu très-
ou poussés, nous n'agissons pas. Tout au inutilement justifier ou excuser Calvin, en
contraire, répond le saint docteur, vous disant que quoiqu'il s'ensuive de la doctrine
agissez et vous êtes mus; vous agissez bien, de ce novateur que Dieu est la cause du
lorsqu'un principe vous meut. L'esprit de péché, cependant Calvin n'admettait pas
Dieu qui vous pousse, aide à votre action; il cette conséquence. Tout ce qu'on en peut
prend le nom d'atiie, parce que vous faites vous- conclure, c'est qu'il était moins sincère que
mêmes quelque chose... Si vous n'étiez pas Lulher qui ne la niait pas. Qu'il l'ait avouée
agissants, il n'agirait pas avec vous, si non ou non, il n'en était pas moins coupable.
esses operator, ille non esset cooperator. » Il Son sentiment ne pouvait aboutir qu'à ins-
le répèle, cap. 12, n. 13 « Croyez donc que : pirer aux hommes une terreur slupide, une
vous agissez ainsi par une bonne volonlé. tentation continuelle de blasphémer contre
Puisque vous vivez, vous agissez sans doute ;
Dieu, et de le maudire au lieu de l'aimer. Il
Dieu n'est pas votre aide si vous ne faites est singulier qu'un hérétique obstiné ait eu
rien, il n'est pas coopérateur où il n'y a le privilège de travestir la doctrine de l'E-
point d'opération. « Dira-t-on encore que glise, d'eu tirer les conséquences les plus
saint Augustin suppose la volonté del'liomme fausses, malgré la réclamation des catholi-
purement passive sous l'impulsion de la ques, et qu'il en ait élé quitte pour nier
grâce'? Nous pourrions citer vingt autres celles qui découlaient évidemment de la
passages semblables. sienne. S'il avait trouvé quelque chose de
1! nous importe peu de savoir si Mélanch- semblable dans ses adversaires, de quel
Ihon et les ont mieux
autres syncrf/islcs opprobre ne les aurait-il pas couverts?
niérilc le reproche de
pélagianisme ; seini - Le traducteur de Mosheim avertit dans
mais nous aimons à connaître la vérité. une note (3) que de nos jours il n'y a jires-
Dans une lettre écrite à Calvin, et citée par que plus aucun luthérien qui soutienne,
Bayle, Dictiunn crit. Synergistes, A, .Slé- touchant la grâce la doctrine rigide do
,
l'homme, et n'est pas l'efiet d'une première tant n'a encore daigné répoudre à cette ré-
grâce qui excite l'homme à prier, il a véri- flexion.
t.iblemenl été scmi-pélagien il a été con- , Mais ces mêmes réformés sont tombés d'un
damné par le deuxième concile il'Orange, excès dans un autre. Quoique le synode de
cun. 3, et par celui de Trente, cun. k. Voilà Dordrecht ait donné en 1G18 la sanction la
ce que Mosheim aurait dû remarquer; mais plus authentique à la doctrine rigide (le
mais les théologiens hétérodoxes n'ont ni Gomar, qui est celle de Calvin; quoiqu'il ait
il)Serm. ISG, Je Vcibis Aposloli, cap. Il, nuin. 11. (3)Toni.IV, pag. 553.
a) Rom., VIII, I S.
))luparl lip"; (hénlogienis réforrTié*!, nicmo par présent regardent ce Pèri- comme un nova-
les anglicans (1). Conséqucinmeiil ils ii:; Iciir. lojyz Arminiens PrLAGiANi'^MK. ,
'
TABOIUTES. Voyez Hussites. plénitude du Saint-Espril; que par con
TACITURNES, secie d'anabaptistes; voyez séquent il n'était point inférieur à Jésus-
cet article; voyez aussi Silenciecs. Christ.
TANCHELIN, ou Tancdelme, était un Le peuple le crut, et Tancbelin fut honoré
laïque qui s'érigea en prédicanlau commen- comme un homme divin.
cement du douzième siècle, et qui publia dif- Tancheiin voluptueux il profila de
était :
sentait de la corruption générale; les é^é- l'austérité de sa morale, son extérieur mor-
ques, les abbés et ks clercs allaient à la tifié, son aversion pour les plaisirs, son zèle
munes, l'absolution était vénale, le concu- gagné les peuples; et il la finit en faisant
binage des clercs était public cl preMjue canoniser par ce même peuple des désordres
passé en coutume; les béneûces étaient de- plus monsirueus que ceux contre lesquels
venus héréditaires quelquefois on vendait
;
il s'était é'.evé, et il fit canoniser ses désor- -
les éveillés du vivant des évéques, d'autres dres sans que le peuple s'aperçût de cette
fois les les léguaient à leurs fem-
seigneurs contradiction.
mes par testament beaucoup d'évcques di-
;
Tancheiin, à la lêle de ses sectateurs,
saient qu'ils n'avaient besoin ni de bons remplissait de troubles et de meurtres tous
ecclésiastiques, ni de canons, parce qu ils les lieux où l'on ne recevait pas sa doctrine.
avaient tout cela dans leurs bourses. Un prêtre lui cassa la tête lorvqu'il s'eui-
Ces désordres étaient portés à un plus Iiarquail; ses disciples se répandirent alors
grand excès dans la Flandre qu'ailleurs (2). du côié de Cologne et dUlrccht; queliiues-
Ce fut dans celte province que Tancbelin uns turent biûlés par le peuple, et les autres
publia les erreurs qui commençaient à se paraissent s'être confondus avec les divers
répandre en France depuis près d'un siècle hérétiques qui attaquaient les sacrements,
conire le pape, contre les sacrements et le^ céreiiionii's de l'Église et le clergé (3).
contre les évêques. 11 prêcha qu'il fallait TASCADKUGlsTES; c'était une brandie de
compter pour rien le pape, les évêques et montaiii^ies qui pour marque de tristesse,
,
tout le clergé; que les églises claienl des uiellaieiit les doigts sur le durant la mz
ri lieux lie prostitution et les sacrements des prière : c'est ce que signifie le nom qu'ils
-^'profanations; que le -acremenl de l'autel prenaient ; ils tnettaieni encore leurs doigts
vertu des sacrements dépendait de la sainieté silence cilte secte fut peu nombreuse; on
-.
des ministres; et enfin il défendit de payer la en trouvait quelques uns dans la ("lalalie {'*).
dîme. Ils se nommaient ansi passalorinchites ,
instruction et sans moeurs,
Le peuple, sans paialolinchites, ascrortrupiies, etc.
reçut avidement la doctrine de Tancheiin , TATlEiN, était Syrien de naissance; il fut
elle regarda comme un apôtre envoyé du d'abiird élevé dans les sciences des Grecs et
ciel pour réformer l'Eglise. disciples Ses dans la religion des païens. II voyagea
prirent les armes et l'accompagnaient lors- beaucoup il trouva partout la religion
,
qu'il allait prêcher; on portait devant lui uu païenne absurde, elles philosophe- floitcims
étendard et une épée; c'était avec cet ai'pa- enin? une infinité d'opinions et de systèmes
reil qu'il prêchait cl le peupje l'ecoutait
,
contradictoires.
comme un oracle. Lorsqu'il éliit dans celle perplexité, les
Lorsqu'il eut porté le peuple à ce point livres des cliréliens lui tombèrent eatre les
d'illusion, il prêcha qu'il était Dieu et ég;il à mains il fut frappé de leur beaiilé : « Je fus
;
Jésus-Christ; il disait que Jésus-Christ n'a- persuadé, dit-il, par la lecture de ces livres,
vait-été Dieu que parce qu'il avait reuu le à cause que les paroles en sont simples, quo
Saint-Esprit, et Tancbelin prétend lil qu'il les auteurs en paraissenl >incères et éloignes
( I) Traii. (le Moslieim. lom. VI, p:ig. 32. (1) Dama ceu., de liaer. Ilierou., Coiunieul. lu Ep. aii
{/) llist. I.uérjiie de Frjiice, l. Vil, p. o, HW. Galal. rialasirius, de Hser., c. 7G.
prétendait que quand le tîréateur avait dit: toliques qui s'élevèrent en France dans la
Que lu lumière soit fuite, c'était moins un douzième si('cle; il se tint longtemps caché
commandement qu'il faisait qu'une prière dans une grolte à Corbigny, au diocèse de
qu'il adressait au Dieu suprême (]ui élait Nevers, où il fut enfin pris et brûlé. Deux,
au-dessus de lui, Il attribuait l'ancien Tes- vieilles femmes, disciples de Terrie, souffri-
tament à deux (lieux difl'ercnts, el rejetait rent le même supplice. Terrie avait donné à
quelques-unes desEpîtres de saint Paul. l'une le nom de l'Eglise et à l'.iulie celui de
Il condamnait l'us.ige du mariage .lUtant sainte Marie, afin que lorsque ses sectateurs
que l'adultère, appuyé surj un passagi' de étaient interrogés ils pussent jurer par sainte
saint Paul dans son Epîlrc aux Galates Marie (ju'ils n'avaient |)oinl d'i;utrc foi que
qui dit Celui qui sème dans la chair mois-
: celle de la sainte Eglise [h).
sonnera la corruption de la chair [-l). •
TETRA DITES. a été donné à
Ce nom
Il avait beaucoup d'aversion pour ceux plusieurs sectes d'héréli(iucs , à cause du
qui mangeaient de la chair des animaux et respect qu'ils affectaient pour le nombre de
qui buvaient du vin, fondé sur ce que la loi quatre, exprimé en grec par zixov..
défend aux Nazaréens d'en boire, et sur ce Ou appelait ainsi les sabbataires parce ,
que le prophète Amos fait un crime aux qu'ils célébraient la pâque le quatorzième
Juifs de ce qu'ils en avaient fait boire aux de la lune de mars, cl (lu'ils jeûnaient le
Nazaréens consacrés à Uieu : c'est pour mercredi qui est le quatrième jour de la
Cela (jue l'on appela cncratisles cl liydropa- semaine. On nomma de même les mani-
rastes ses sectateurs, parce qu'ils n'offraient chéens et d'autres qui admettaient en Dieu
que de l'eau dans la célébration de l'eucha- quatre personnes au lieu de trois; enfin les
ristie (31. sectateurs do Pierre le Foulon, parce qu'ils
Ta lien forma sa secte du temps de Marc- ajoutaient au Irisagion qnehiui s parob s par
Aurèlc, vers l'an 172 elle se répandit par-
: lesquelles ils insinnalenl que ce n'était p:is
ticulièrement à Anlioche, dans la (jlicie en , une seule des pers(mnes de la sainte Tii-
Pisidie, dans beaucoup de provinces de l'A- nité qui avait souffert pour mius, mais la
sie, jus(|u'à Rome, dans les Gaules, dans divinité tout entière. ' of/cs Pathipassiens.
rA(|iMtaine et en Espagne. THÉORUTE ou TniiBUXE. Après la mort
Tatien avait composé beaucoup d'ouvrages de saint Jacques, surnomuié le Juste, Si-
donl il ne nous reste presque rien. méon, fils d(! Cléophas , fut élu étéque de
Ses disciples s'appelèrent latianistes cn- , Jérusalem; Théobut(! qui aspirait à cette
,
nienls des différcnles secles des Juifs c'est : parmi incrédules de nos jours; s'ils
les
tout ce quo nous savons de ses erreurs. étaient moins ignorants, ils rougiraient peut-
Voilà donc un disciple des npôlres mêmes être de répéter les objections de Ci'Ise, de
qui se sépare de l'Eglise de Jérusalem, que le Julien, de Porphyre, des marcioniles, des
désir de la vengeance éclaire et anime contre manichéens et d<' quelque^ anires hérétiques.
les apôtres, qui connaissailà fond la relii;ion •
THÉODORE DE MOPSUESTE écri- .
clirélienne, qui aurait dévoilé l'imposlure vain célèbre qui a vécu sur la fin du qua-
des apôlres, s'ils en avaient été coupahles ,
trième et au rommencemenl du cinquièno
qui aurait triomphé avec éclat des premiers siècle de 'l'Eglise. Dans sa jeunesse il avait
cliréliens qui l'avaient refusé pour évoque, été le condisciple et l'ami de saint Jean Chry-
et dont la secte aurait anéanti la religion soslome, et il avait embrassé comme lui la
chrétienne cepeiidanl la religion clirélienne
: vie monastique. Il s'en dégoiiia quelque
s'établit àJérusalem, se répand par toute la temps après, reprii le soin des affaires sécu-
terre, et ne nous reste de Théobute que
il lières et forma le d(;ssein de se marier. Saint
le souvenir de son ambition et de son apos- Jean Chrysoslome, affligé de celle incon-
tasie, qui forme un monument incontestable stance, lui écrivit deux lettres très-tou-
de la vérité du christianisme et de celle des chantes pour le ramener à son premier genre
miracles sur lesquels les chrétiens fondaient de vie. Elles sont intitulées ad Theodorum
la divinité de leur religion. l'ipsum, et se trouvent au commencement du
Si la religion chrétienne eût été fausse, premier tome des ouvrages du saint doc-
elle ne pouvait résister aux attaques de cette teur; ce ne fut pas en vain. Théodore céda
espèce d'ennemis qu'autant que la puissance aux vives et lendies exhortations de soa
temporelle leur aurait imposé silence, et ami, et renonça de nouveau à la vie sécu-
aurait empêché qu'ils ne découvrissent l'im- lière; il fut dans la suite promu au sacer-
posture des chrétiens. doce à Anlioche, et devint évêque de la ville
Mais celle autorité temporelle persécutait de Mopsuesle en Cilicie. On ne peut pas lui
les chrétiens, prolégeaitet encourageait leurs refuser beaucoup d'esprit, une grande éru-
ennemis. dition, et un zèle très-actif contre les héré-
Il n'y a que deux moyens d'expliquer le tiques il écrivit contre les ariens, contre les
;
du temps auquel ils parurent. D'ailleurs, contre tous ceux qui expliquaient l'Ecriiurc
dans son Traité des Jlérésies, il appelle sou- sainte comme ce Père dans un sens allégo-
vent liéréliques des hommes impies et per- rique. Ebedjésu, dans son Catalogue des
vers, tels que l'on en a vus dans tous les écrivains neituriens, lui ailribue un ouvrage
temps et qui n'ont formé aucune secte. Ja- en cinq livres, conira Allegoricos. Dans ses
mais ils n'ont été en plus grand nombre que Commentaires sur l'Ecritare sainte, qu'il ex-
ont agi aulremenl. Mais s'il faut juger de la qu'une appliralion de l'Ecriture au système
boulé d'une mélhode par le succès, celle de de A'alenlin. Théodote prétend y prouver les
Théodore et de ses imitateurs n'a pas tou- dilTérenls points de la doctrine de Valenlin
jours élé heureuse, puisqu'elle ne l'a pas par quelques passages do l'Ecriture cet ou- :
préservé de loralier dans des erreurs. 11 vrage a été comnienlé par le Père Coinhéfis ,
donna du Cantique des Cnniiqucs une expli- et se trouve dans la Bibliothèque grecque de
cation toute profane qui scandalisa be.iu- Fabrifius, lom. V, p. i;35.
coup ses contemporains; en interprétant les THÉODOTE DE By<ance, surnommé le
prophètes, il détourna le sens de plusieurs Corroyeur, du nom de sa profession pré ,
passages que l'on avait jusqu'alors appliqués tendit (|ue Jésus-Christ n'était iiu'un homme :
à Jésus-Christ, et il favorisa ainsi l'incrédu- il se fit des disciples qu'on nomma théodo-
lité des Juifs. On a fait parmi les modernes tiens.
le même reproche à Grolius, et les sociniens Ce n'eU point ici une erreur de l'esprit ;
en général ne l'ont que trop mérité. Le doc- c'est une hérésie dans laquelle l'amour pro-
teur Lardner qui a donné une lisle assez pre de Théodote se ji'la comme dans un asile
longue des ouvrages de Théodore de Mop- pour éviter le> reproches qu il s'était attirés
suesle (2), en rapporte un passage tiré de par son apostasie.
son Commentaire sur l'Evangile de saint Jeun, Pendant la persécution qui s'éleva sons
qui n'est pas favorable à la divinité de Jésus- Marc-Aurèle. Théodote fut arrêté avec beau-
Christ; aussi les nesloriens n'admetlaienl-ils coup de chrétiens, qui confessèrent Jésus-
ce dogme que dans un sens très-impropre. Christ et remportèrent la couronne du mar-
C'est donc une affectation très-imprudente tyre. Théodote renonça à Jésus-Christ les ;
de la part des critiques protestants de douter fidèles lui firent tous les reproches que mé-
si Théodore a véritablement enseigné l'er- ritait son crime et que le zèle inspirait dans
reur de Nestorius, s'il n'a pas été calomnié ces temps de ferveur.
par les allégoristes contre lesquels il avait Pour se dérober à l'indignation des fidèles
écrit. Il n'est pas besoin d'une autre preuve de Bysance, Théodote se retira à Rome; mais
de son hérésie, que du respect que les neslo- il y fut reconnu, et fut regardé avec horreur.
riens ont pour sa mémoire; ils le regardent Théodote représenta d'abord que Jésus-
comme un de leurs principaux docteurs, ils Christ même traitait avec moins de rigueur
l'honorent comme un saint, ils font le plus ceux qui l'offensaienl, puisqu'il avail déclaré
grand cas de ses écrits, ils célèbrent sa li- qu'il pardonnait ce qu'on dirait contre lui ;
turgie. 11 est vrai que cet évêque mourut et enfin que son crime n'élait pas aussi grand
dans la communion de l'Eglise, sans avoir qu'on le prétendait, puisqu'en reniant Jé-
été flétri par aucune censure; mais l'an .'JSS, sus-Chrisl, il n'avait renié qu'un homme ii6
le deuxième concile de Constantinople con- d'une vierge, à la vérité, par l'opéraiion du
damna ses écrits comme infectés de nestoria- Saint-Esprit, mais sans aucune autre préro-
nismc. gative que celle d'une vie plus sainte et d'une
Le plus grand nombre est perdu, il n'en vertu plus éminente ('•).
reste que des fragments dans Pholius et ail- Celle doctrine souleva tout le monde, et
leurs; maison est persuadé qu'une bonne Théodote fut excommunié par le papt; \ ic-
partie de ses commentaires sur l'Ecriture tor Théodote trouv.i ccpendani d s disci-
:
sont encore entre les mains des nestoriens. ples qui prétendaient que la doctrine de bur
On ajoute que son Commentaire sur les douze maître avail été enseignée par les a|ôlres
petits prophètes est conservé dans la biblio- jusqu'au pontificat de Zépliyrin, qui avait
thè(]uc royale; et M. le duc d'Orléans, mort corrompu la doctrine île l'Eglise en faisant
à Sainte-Geneviève, en 1752, a prouvé dans un dogme de la divinité de Jesus-Chrisi.
une savante disscrlalion que le (Commentaire Les catholiques réi'titaieiit ces dilficullés
sur les psaumes, qui porie le nom do Théo- par le témoignage de l'Ecriture, par les hym-
dore d'Anlioehedans la Chaîne du I'. Cordier, nes et par les caiili(|ues ([ue les chréiiens
est de Théoilore de Mopsueste. avaient composés dès le commencemenl de
THÉODOTE, hérétique associé par les ail- l'Eglise par les écrits des auteurs ecclésias-
,
leurs ecclésiastiques à Gléobule, et chef de tiques qui avaient précédé Vi<tor, tels que
secte du temps des apôtres. \ oyez à l'article saint Juslin, .Milli.ide, saint l.énée Clément ,
Cléobule les conséquentes qu'on [leut tirer d'.Xlexandrie Méliton, qui avaient tous n-
, «
On confond mal à propos ce Théodote avec lor avait prononcée contre Théodote (5).
Théodote de Bysance {i}. Pour se défendre contre l'éudence de ces
THÉODOTE LE Valentinien, n'est connu raisons , les théodotiens retranchèrent de
}
173 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 180
l'Ecrilurc tout ce qui était contraire à leur Toir renié qu'un nomme né de la Vierge et
doctrine : ont corrompu sans pudeur
« Ils doué d'une sainteté et d'une vertu éininente
un auteur qui écri- 1° Par le mo'if qui porta Théodole à nier
les saintes Ecritures, dit
vait contre eux, ils ont aboli la règle de la divinité de Jésus-Christ, il est évident que
l'ancienne foi,... et il est aisé à ceux qui en cet hérétique n'accorda à Jésus-Christ que
voudront prendre la peine de voir si je dis la les qualités qu'il ne pouvait lui refuser; il
vérité il ne faut que conférer ensemble les
:
était donc incontestable que Jésus-Christ
exemplaires, et l'on verra bientôt la diffé- était né d'une A'ierge, par l'opération du
rence, car ceux d'Asclépiade ne s'accordent Saint-Esprit, et qu'il était d'une sainteté
pas avec ceux de Théodote, et il est fort aisé éminenle; car Théodole avait un grand ia-
d'en trouver des copies, parce que leurs dis- lérél à refuser ces prérogativesà Jésus-ChrisX,
ciples ont un grand soin de transcrire les et il avait beaucoup de lumières et peu do
corrections ou plutôt les corruptions de leur délicatesse sur les moyens de défendre son
maître; les copies d'Hermophile sont encore sentiment, puisqu'il CDtrompait TEcrilure
dilTérenles des autres, cl celles d'ApoUone pour combattre avec plus de vraisemblance
ne s'accordent pas même entre elles, y ayant la divinité de Jésus-Christ. Les faits et les
bien de la différence entre les premières et miracles qui prouvaient que Jésus-Christ
les dernières. 11 est bien difQcile qu'ils ne était né dune Vierge, par l'opération du
s'aperçoivent eux-mêmes combien cette té- Saint-Esprit, étaient donc incontestables, et
mérité* est criminelle car en corrompant
;
l'aveu de Théodote est à cet c;,'ard beaucoup
ainsi les Ecritures ils font voir, ou qu'ils plus fort que le témoigniige des auteurs
n'ont point de fui s'ils ne croyaient pas que
,
païens; j'ose dire que le pyrrhonisme le plus
le Saint-Eprit les a dictées ou qu'ils se ,
scrupuleux n'eu peut exiger de plus sûr.
croyaient eux-mêmes plus habiles que le 2"" L'excommunication de Théodote pi ouve
Saint-Esprit et ils ne peuvent pas nier que
:
incontestablement que la divinité de Jésus-
ces changements ne viennent d'eux, puisque Christ était un dogme fondamental de la
les exemplaires où ils se trouvent sont écrits religion chrétienne très-cxpres^ément ensei-
de leurs propres mains , et qu'ils ne les sau- gné dans rFglije;qui faisait la buse de la
raient montrer dans aucun exemplaire plus religion chrétienne, puis(iu'il entrait dans
ancien qu'eux , pour dire qu'ils les ont pui- les cantiques et dans les hymnes composés
sés de ceux dont ils avaient d'abord reçu les presque à la naissance du christianisme, et
premières instructions du christianisme. qu'il avait été enseigné par les apôtres; car
Quelques-uns d'entre eux n'ont pas même il est impossible que des gens grossiers el
voulu prendre la peine de corrompre les ignorants, tels que les premiers prcdicaleurs
Ecritures ; mais ils ont rejeté tout d'un coup du christianisme, se soient élevés tout <à coup
el la loi et les prophètes sous prétexte que
,
à la croyance de la divinité du Verbe, et
la grâce de l'Evangile leur suffit (1). » qu'ils s'y soient élevés par les seules iù-=
Les Théodotiens joignirent à ces infidélités mières delà raison c'est une vérité qui ne
:
toutes les subtilités d'une logique conten- sera contestée par aucun de ceux qui ont
tieuse el minutieuse, «ils ne connaissent pas réfléchi sur la marche de l'esprit humain et
Jésus-Christ, dit l'auteur que j'ai cité, d'au- qui en connaissent tant soit peu l'histoire.
tant qu'ils ne cherchent pas ce qu'on lit dans Quelle est donc la témérité de ceux qui
la parole de Dieu, mais qu'ils examinent soutiennent que la divinité du Verbe est un
curieusement par quelle figure du syllogisme dogme platonicien introduit dans le christia-
ils soutiendraient leur hérésie; quand on nisme par les platoniciens Les Epîlres de1
leur propose quelque endroit de l'Ecriture, saini Paul, où la divinité du Verbe est si
ils regardent s'il fait un argument conjonclif clairement enseignée, sont-elles l'ouvrage
ou disjonctif {'2). » d'un piatonicen"?
Les théodotiens appuyaient leur sentiment 3' Les théodotiens avaient corrompu l'E-
sur tous les passages de l'Ecriture ilans les- criture la doctrine de l'Ecriture sur la
;
quels Jésus-Christ parle comme un homme, divinité de Jésus-Christ était donc alors si
et supprimaient tous ceux qui établissent sa claire, que la subtilité de la logique ne pou-^
divinité. vail l'obscurcir.
Un des principaux disciples de Théodole 4' Il était aisé de découvrir l'imposture des
les autres dont il est parlé dans le fragment auteurs ccclésiasliques qui ont précéile le
que nous avons rapporté ne firent point de pape Victor; on ne doutait donc piis alors
secte. que ces Pères n'eussent enseigné la diviuitô
Il esl certain, par cequ'on vient de dire, de Jésus-Christ, et l'on était vi iiiscmblable-
qu'il y a eu sur la fin du second siècle un meul alors aussi en état lie juger du sens
Théodole qui renia Jésus-Christ, qui en- des Pères que l'auteur du Pl,itoni>me dé-
courut l'indignation de tous les fidèles, qui voilé, Sandus, Jurieu. Wislhon, elc.
fut excomnmnié, parce qu'il prétendait n'a C° On voit des théodotiens qui, pressés par
,
lorqu'on attaque la divinilé de Jésus-Christ. Haùy, frère du physicien (2).
Tous les juifs elles infldèles.dans ces temps, Avant de tracer l'histoire du culte éphé-
avaient donc assez de lumières pour con- mère des théophilanthropes nous allons ,
ché tous les chrélieiis, si la divinilé de Jésus- nier, attendu qu'il a été plus généralemen.
Christ n'était pas un dogme incontestable suivi (3).
dans l'Eglise ilix chrétiens i|ui auraient
: Dogmes.
résisté à la doctrine de Théodote seraient, « L'exisletice de Dieu et l'immortalité de
en laveur des faits qui établissent la divi- l'âme, voilà les seuls dogmes reconnus par
nité de Jésus-Christ, un témoignage infini- les théophilantliropes ; dogmes qui n'ont pas
ment plus sûr que celui de dix mille Théo- besoin de longues démonslrations puisque ,
dotiens contre ce l'ait. Or, il est certain que ce sont des vérités de sentiment que chacun
Théodote ne pervertit (]ue peu de disciples trouve dans son cœur, s'il y descend de
et que sa sccle s'éteignit, tandis que les chré- bonne foi.
tiens se mulliplièrent à rinTiiii, même au « Convaincus qu'il y a trop de dislance
milieu des persccu'ions quelle est donc la ; entre créateur el la créature, pour que
le
philosophie, la critique ou l'équité de ceux celle-ci prétende à ie conn.iîirc ils m; re- ,
qui prélendeiit(iue ladi\ initéde Jésus-Clirist cherchent (loint ce (ju'est Dieu, ce (|u'est
n'était p;^s enseignée clairemint pendant les l'âme, ni conuix ni Dieu récompense les bons
trois premiers siècles de l'Eglise? et punit les méchants.
THÉOPASCHITES. ro)/czl'4TRiPASsiENs.
•
« Le spectacle de l'univers, l'assentiment
•
THÉOPHILANTHKOPES. Lorsquaprès unanime des peuples, le témoign.ige de la
le règne de religion chrétienne
la terreur, la conscience, voilà pour eux le^ preuves de
commença à rass<'mbl('r ses déhris,
la secle l'existence de Dieu. L'idée de Dieu entraînant
impie qui n'avait pas renoncé au projet nécessairement l'idée de la |)erfeUioii infinie,
depuis longtemps formé di' ladétiuire résolut ils en concluent que Dieu l'St juste et bui, et
de lui opposer le déisme. Ce fui alors qu'on qu'ainsi la vertu sera récompen.sée elle vice
vit succédiT à la burlesiiue ilolâlrie intro- puni.
duite en 1793, un culte nouveau, qui n'elalt « Comme l'erreur est inhérente à la fai-
autre chose que la religion naturelle revelue bicsse humaine, el que nos opinions dépen-
de formes liturgiques. Les disciples de celte dent d'une foule de circonstances dont nous
religion prirent le nom de théophilanthropes, ne sommes pas les maîtres les théophilan- ,
mot dérivé du grec , cl (jui signilie amis de tliropes sont persuadés que Dieu, juste el
Dieu et des hommes. bon, ne nous jugera pas d'ajjrès nos opi-
Diverses lenlatives avaient déjà eu lieu ,
nions, ni d'ajiiès les formes de nos dilTéients
tant en France qu'en Allemagne, en Hollande cultes, mais d'après le fond de nos cœurs et
tt en pour fane du déisme un
Angleterre (
I ',
d'après nos actions. Us se gardent bien , eu
culle extérieur; mais c'est à l'an V de l'ère censée) iience, de haïr, encore moins de per-
républicaine (|u'il convient de rapporter l'o- sécuter leurs semhlahles pour des opinions
rigine positive de la Ihéophilanthropic pro- qu'ils ne pariagent pas ils cherchent seule-
;
prement dite. ment, s'ils les croient dans l'erreur à les ,
On regarde généralement comme les fon- désabuser p ir une douce persuasion. S'ils
dateursdecelte secte, cinq habitants del'aris, persistent, ils conservent pour eux les mê-
nommés Chemin Mareaii, Janes Ilaiiy et , , mes sentiments d'amitié. Us n'ont en horreur
(1] Dès l'aimée 17;JG, l'renionlval , qui avail aliamloniié Le cuite des .Vdorateirs, conleiwnl des frmimeiils de leurs
lo cailiolicisiiie pcnir se fairo (roiesla.jl, iiiihla un livre dilféimlslirre.s, sur l'insinuiion du eu le, les ob>ervames
iiitiiul' : PmmqianuPtmurijiar, ou le faux Kmngétise, reliijinisis, Cinslruclion, les p éceples et l'adoralion. l-'au-
leiidanl a [rroiiNfir la iirress é lie cli) ner nu rite a la reli- leur aiinnyine élat d'Aulierinend, dépuié.
gion nalinelle Eu l^TG, David Williams nul au joi.r, avec (2) Si l'on en croit une relaliiui bisloriipie de la Tlièo-
ie mêiiie tiui, une luiirqie fondée sut les principes nniier- I
bilanlhropie, donnée par un de ses fondateurs mi'mes, et
fels de relifiion et de murale. Il ouvrit co.'iur une Iiafielle . insérée au tome l.\ de la nouvelle édliiou de l'iiuvruKe
ii Lon 1res, po r y réuuir les libres pcnsmrs tonles les (Je inlilulé : Cérénionies cl coutumes reliiiieuscs de tous /.s
re i^inns, ei s'auiioji.a coinuie prclrc de la luilure Maissoii peuples du monde les iremières réiii ions de la secle se
,
j.rojot avorta liieiuf.t, ar.e i|up l.i lupai t .le -es il si- pi es,
| | seraient lorinées vers le inilien de l'au 111 ( 17931.
él iiii grad,iplleiHe.,t arrives d dcism- à \'mli. isiiie, consi-
i
(3) A'nyez lo Maniet des Tliénpli lanlhropes réligé par
déièreut dès lors l. nie e,Npe( e de enlle iimiLne iiiuiile. C..., 2' idiiimi. l'ar.s, an V; ['instruction éU'mailiure sur
rius tard parure II suicessiveiiieul ui.e IhiiIi> d ouvrages la morale religieuse, rédigée par auteur du Manuel , l'a-
I
cuuçus dans le m'ine .eSM'in, el arui les p els on en | ris, an V ; V Année relifiieuse des Tliéophilanlhropei, par \^
reuiariiue un (|iii lée.Ma ili> peu de leinps la Oiéopl.Han-
| u)éuie,2 vol, iu-18, Paris, an V, etc.
Vtivvie, Il avait pour titre Extrait d'un manuscrit intitulé :
:
I«5 DICTIONNAIRE DES HERESIES 184
que les actions criminelles; ils plaignent les convenable pour réparer ses forces lors do ;
coupables, et font tous leurs eiïorts pourlos son réveil, il élève son âme à Dieu et lui ,
« Tonte la religion des théophilanthropes nivers. Ils ont toutefois des temples élevés
consistantdansl'accomplissemcnt des devoirs par la main des hommes, où il leur est plus
qui dérivent des principes ci-dessus posés ,
facile de se recueillir et d'enleniire les leçons
ils n'attachent pas une importance supersti- de la sagesse, et dans lesquels ils se réunissent
tieuse aux pratiques extérieures qu'ils sui- le matin des jours consacrés au repos.
vent, et qu'ils ne jugent nécessaires que « Quelques inscriptions morales, un autel
parce que les unes leur servent à mettre do simple, oti ils déposent en signe de recon-
l'ordre dans leur conduite, et que les autres, naissance pour les bienfaits du Créateur, des
en frappant leurs sens, les rappellent d'une fleurs ou des fruits, suivant les saisons une ;
manière plus efficace à la Divinité et à la per- tribune pour les lectures et les discours :
lanthropiquc, concernant les dogmes el la extrémités sont tenues de chaque côté des
morale, et le paragraphe relatif à la conduite époux par les anciens de leur famille.
journalière. Le chef de famille dit à lépous Vous
<t
:
« Ensuite, et lorsque la réunion est com- avez pris"" pour épouse. L'époux répond :
plète, le chef de famille debout du côté de , Oui. Puis s'adressanl ;i l'épouse: Vous avez
l'autel, récite à haute voix l'invocalion : pris"" pour époux. Elle répond Oui. .•
Père (le la nature, elc. ; les assislaiils dans , «On peut ajoutera ces formalités la pré-
la iriême allitudc , répétant à voix basse. sentation de l'anneau à l'épouse par son
Cette invocalion est suivie d'un moment
« époux, la médaille d'union donnée par le
do silence, pendant lequel chaciiti se rend chef do famille à l'éixuise, ou autres de ca
compte de sa conduite depuis la dernière fête genre, suivant les usages du pays, tant ()ue
religieuse puis l'on s'assied pour eniendro
;
ces formalités ont un but moral et le même
des lectures ou des discours de morale, qui caractère de simplicilé.
s'accordent avec les principes exposés dans « Le chef de famille fait ensuite un discours
le Manuel, principes de religion, de bienveil- sur les dev(>irs du mariage.
lance et de tolérance universelle, princiiies « La famille célèbre dans ce jour l'union
également éloignés el de la sévérité du stoï- des deux époux.
cisme, et du relârhoinent des épicuriens.
« Ces lectures et discours sont enlrccoupés
Devoirs rendus aux morts.
par des clianls analogues. Les Ihéophilanthropes rendent les der-
a
«Les lliéopliilanlhropes ne cherchent point niers devoirs aux morts suivant les usages
à frapper les refl;ard< pnr des assemt)lées du pays. Après la fête religieuse qui suit le
nombreuses le père de famille peut se faire
; décès, on place dans le temple un tableau sur
lui-même ministre do son culte, et l'exercer lequel sont inscrits ces mois: La mort est le
au milieu des siens. » commencement de l'immortalité.
Célébration de la naissance des enfants. «On neul mettre devant l'autel une urne
ombragée de feuillage.
Le nouveau-né apporté dansl'asscmbiée
est
Le chef de famille dit: « La mort a frappé
«
à la fin de la fêle religieuse. Le père, ou, eu
«n de nos semblables (,i quoi il ajoute, si le
son absence, un de ses plus proches parents,
ilccélé était dans l'âge de raison -.Conservons
déclare les noms qui lui ont élé donnés dms
le souvenir de ses vertus, et oublions ses fau-
l'acle civil de sa naissance et le lient élevé ,
tes) que cet événement soit pour nous tin
:
vers le ciel. Le chef de famille, prcsidi>nt île
avis d'être toujours prêts à paraître devant
la fête, lui adresse les paroles suivantes :
lejuge suprême de nos actions. »l\ fail en-
« Vous promettez devant Dieu et devant les
quelques réflexions sur la mort, sur
hommes d'élever "" dans la doctrine des
suite
la brièveté do la vie, sur l'immorlalité de
théophilanthropes, de lui inspirer, di's l'au-
l'âme, etc., elc. (1).
rore de sa raison 1(1 croyance , de l'existence
« On peut chanter des hymnes analogues à
et de l'immortalité de l'dme, el de le pénétrer
lotitoscesdifférenles institutions religieuses.»
de la nécessité d'adorer Dieu de chérir ses ,
Telles étaient la doctrine, les pratiques et
semblables, et de se rendre utile à la patrie.
les cérémonies de la nouvelle religion.
a Le [)ère lépoml Je le promets. :'
(1) Oti voit, <l'ai rt's ces disposiiions, qu'il n'y avait point de prùsenlalion de corps au leniple.
187 DICTIONNAIRE DES HERESIES. I,!J
la jouissance des églises. Il était tout simple château de Versailles, ils yétablirent le
(l'affpclcr t''l ou tel édifici' à letir i)sa|;o ex- nouveau culte, ce <|u'i!s avaient déjà inutile-
clusif, mais comme on chereh;iit surtout à ment essayé de faire à Argenteuil, p il rie
abreuver lic dégoûts ceux qui professaient d'un des cory[)hécs de l'ordre. A Andiesy,
la religion calholi(]iie , les niaiiistrats, en près de Versailles, un vitrier-peintre présida
accédantà dem.iiidedes lliéophilanthi opes,
la une petite société de la même secte. AChoisy-
décidèrent que les uns et les autres auraient sur-Seine et à Montreuil, on vit aussi se
la jouissanre commune des temples, et que former de pareilles réunions. Dans ce dernier
les atlriluits, décorations et emblèmes de lieu, le directeur de l'inslilution était un
chaque culle seraient enle\és lorsque l'autre nomuié Bcnice-Lrihrette , qui avait été l'un
officierait. L'exécution de cet arrêté offr;iil des plus ardents disciples de la déesseTÎHi'sun.
de grandes difficultés; la première élail l'em- Aux cérémonies assistaient des lilles du bou
barras du dérangement des objets consacrés lev.ird du temple, (lu'il payait pour chanter.
au culte chrétien, et qui pour la plupart se On assure que parmi les spectateurs, qui,
Iroiivaient placés à demeure; mais la princi- dans le commencement, étaient assez nom-
p.ile consistiiil dans la répugnance qu'éprou- breux, la plupart recevaient par séance,
vaient les catholiques à célébrer le service savoir; les hommes et les femmes trente sous
diviudans les uiêuies lieux que lec.rs ennemis. chacun, et les enfants, dix. Mais la ruine de
Le cas leur parut même tellement gr;ive, Benice-Lahrette l'ayant mis dans l'impossi-
qu'ils crurent devoir soumelire la question bilité de continuer les payements, il fut forcé
à des docteurs. Ceux-ci, après une mûre de céder sa place à un autre. Dès lors le
délibéraiion, levèrent leurs scrupules, et les noinbre.des disci()lesdiniinua graduellement,
firent consentir au partage dis églises, |!ar et à tel point, que se trouvant réduits à dix,
la considération que, sur leur refus, on la société l'ut dissoute.
pourrait les forcer à abandonner tout cà f lit Les théophilanthropes s'installèrent égale-
le lieu saint; ce qui compromettrait néces- ment à Bernay, à Soissons, à Poitiers, à
sairement les intérêts de la religion. 11 fut Liège, à Cbâlons-sur-Manie, à Bourges, à
donc résolu qu'ils se maintiendraient dans Sjucerre, etc., etc.; et dans presque toutes
les églises, sauf à transporter la sainte eu- ces \ illes, les catholiques furent en butte aux
charistie dans quelque lieu isolé, pour la vexations les plus (.dieu«es. .\près Paris,
dérober aux prol'anaiions. Auxerre et ?cns ont été les lieux où le nou-
Saint-Etienne du Mont, Saint-Jacques du veau culte jota de plus profondes racines et
Haut-Pas, Saint-Médard, Saint-Sulpice, Saint- se maintint pendant plus longtemps. Dans
Thomas d'Aquin, Sjint-Gervais, Saiiil-Ger- cette dernière ville, il n'y eut pas de moyens
main l'Auxerrnis Saint-Eustache
, Saiul- , qu'on n'employât pour dégoùler les catholi-
Niculas des Champs et Saint-Roch, forent qurs, avec qui les sectaires avaient la jouis-
les premières églises dont les théopliilan- sance commune de la cathédrale. Le dépar-
thropes eurent l'usage commun avec les ca- tement de l'Yonne se distingua de tous les
Iholiqucs. Us en oblinrent successivement autres par son zèle persécuteur. Cependant,
d'autres, et parvinrent méioe à s'établir à partout où s'établit la théophilantliropie
Niitre-Dame, dont ces derniers abandonnè- on put remarquer, dès l'origine, un refroi-
rent le (hœur, ne se réservant que la nef. dissement, qui en annonçait la décadence
L'heure assignée aux ihéophilanthropes était inévitable.
de onze à deux; cependant ils ne comuien- Si les disciples parvinrent dans plusieurs
çnienl guère avant midi. Leur office (lur:;it villes à se faire des prosélytes, ils échouèrent
environ une heure et demie. \'ers le nmis dans beaucoup d'autres. A Nancy, Jeandel,
de pluviôse an VI (février 1798), il fut i\\é au procureur syndic du district, fit distribuer
décadi; mais en l'an IX, le dimanche étant une circulaiie dans laquelle il vomissait
redevenu le jour de fcle pour la plus grande contre le calholicistne et les prêtres les in-
partie des citoveus, Icj '.lieojihilaulliiopes dé- jures les plus grossières, et manifestait l'es-
clarèrent « que, sur la demande de plusieurs pérance de voir bientôt prospérer la religion
sociétaires à qui leurs relations ne permet- nationale, fondée par la raison; c'est ainsi
taient pas de célébrer le décadi, ils feraient qu'il appelait le nouveau culte. Mais les
désormais leurs exercices les jours corres- Lorrains demeurèrent fidèles à la foi de leurs
pondant aux dimanches dans le temple de la pères Au Havre et à Château-Thierry, les
Âictoire (S ut-Su Ipice), tandis qu'ils seraient
ii lentalives des commissaires délégués à la
continués le décadi dans celui de la Recon- propagatiun de la théophilanlhropie n'eurent
naissance (Saint-Germain l'Auxi rrois;;qu'ils aucun résultat, et à Bordeaux, le pretro
n'entendaient pas pour cela adopter d'autre apostat Lalapy, partisan de la secte, et qui,
calendrier que le républicain, mais seulement pour l'y étaliiir, avait obtenu des autorités
se prêter aux vœux des personnes qui, ne l'églisede Saint-Eloi, fut obligé de renoncer
pouvant suspendre leurs Iraviiux, seraient, à son projet.
sans cet ai rangement, hors d'état d'assister Les Ihéopbilanthropes, non contents de fon-
aux exercices de la religimi naturelle. » der leur culte en France, eurent au-si la
La théophilanthropie ne resta pas renfermée prétention de l'établir chez l'étranger. Un
dans Paris, elle s'étendit aussi dans plusieurs nommé Siaiive alla eu Suisse pour y jouer l.i
provinces, (j'csl aux cnwions de la capitale rôle de missionnaire, rôle qu'il parait avoir
que les ilisciples commencèrent à exercer été forcé d'abandonner. Dans le cours de
leur apostolat. AvaiU obtenu la chapelle du l'au Vil on imprima à Turin une traduction
1S9 TIIE TIIE lS>f)
ilnlicnne du Manuel
des théophilanthropes , s'ils le jugent convenable, les cérémonies et
publiée par G. cleGregori, qui, dans sa pré- chan(s des aulres temples, par iniil.ilioii et
face, cli«rfhail à prouver que le nouveau non par juridiction. Ils n'admettent d"aiilres
culte n'était pas contraire au catliolici-mc. juridictions et relations que cere* des auto-
Uii préipc, nommé Morardo dédia à Gin-, riiés consliluées, et consenienl à ci' que le
guené, ambassadeur de France en Sardaigne, culte ijui sera professé dans le temple s'in-
une brochure intitulée Pensées libres sur le
: titule ; Culte primitif. » Sifjiié Naraigille
,
culte ft ses ministres: ouvrage qu'on peut Subry, Di'sfor^es et Kaignicr l'aîné,
rcg.'irder comme une apologie de la thénphi- En général, tel était l'esprit d'indépendance
lanthro[tie,et qui aélé victorieusement réluté qui animait les zélateurs de la nouvelle sei te,
p.irle père />e//fi Tr/Z/e, dans la ré()onse ayant que la plupart conçurent des in(|uiélii(les et
pour litre : Quatre juots à Gaspard Morardo. témoignèrent mètne leur méconlenti'iiient ,
On assure qu'un Français ayant porlé en lorsque les disciples choisirent des mini>lres,
Améri(jue les livres des théophilanthropes, et que ceux-ci [)rireiit un co^lume et cher-
tenla, mais sans succès, d'en établir le culte chérenl à exercer de l'influence sur le peufile.
publie, à l'iiiladelpliie. Ainsi qu'on avait lieu de s'y attendre, on
Kevenonsmaiutenantauxlhéophilanlhropcs vit figurer parmi les sectateurs de la lliéo-
de la cajiitale, où s'était fixé le foyer de la pliilaiilhrepie une foule d'hommes qui, pen-
nouvelli" relig on. Dix-huit mois étaient à danl la réi olution a\aicnl joué les lôies les
,
peine écoiilésdepuis son établissement, qu'un plus odieux, par exemple, des ador.iteurs de
.schisme éclata parmi les disciples. Ceux qui la déesse liaison, et des partisans du culte
élai(^nl en possession de Saint-Tliomas d'A- Marat. On y remar(|uait aussi quelques per-
quin a.vaieiit donné à leur culle le titre de sonnagcs alors assez célèbres; tels él.iieul
«en calholiiiue. Les ailininislrateurs de ce Creuzé-Latouche Julien de Toulouse, Ke-
,
teu'.i le, dans un acte officiel du IG thermidor gnault, du conseil des auiiens; Dupont de
an A'I, (onsignèrei;t la déclaration suivante : Nemouis, elc., etc. En général, c'élaiciit
« Les aduiinistralcurs, elc, déclarent qu'ils presiiue tous républicains. Si l'on en croit
n'ont pas secoué le joug d'une secte pour en un historien de !a théophilanthrojiie, lîernar-
adopler nue autre; que néanmoins ils n'ont din de l?aini-Pierre aurait été du nombre des
pas cru devoir i'cfuser les services que leur adeptes, et aurait même été parr.iin d'un
ont oiïcrls les lecteurs du culle «lui prend le nouveau-né de celle seele à S lint- 'l'hiinias
le nom de culle des théophilanthropes. parce d'Aquin. En l'an \'I, Palissot dédia aux liiéo-
que leur iiKiralc et leurs pratiques leur ont philaiilropes une édition nouvelle de la bro-
jiaru raisonnables, et qu'il importe à l'ordre chure de iiuucber de la Ricbardière, ayant
public qu'il s'élève un culte nouveau, de pour tilre De l'Influence de la Révolution
:
quelque nal; re que ce suit; que, malgré la sur le caractère nalionul, et où se trouve un
])urili' des dogmes et le pur déisme ([ue les pompeux éloge du nouveau culle. H eu fit
tlicoj)hilanthiopes professent, il faut qu'il n'y même distribuer des exemplaires à l'iuslilut.
ait dans la discipline d'une religion quel- Mercier, qui, dans Hlomme sauwnje, avait
couqie, rien qui puisse devenir contraire annoncé que l'univers se soumettrait à la
aux lois; qu'ils ont cependant remarqué (|ue morale évangélique, s'écrie, dans sou lYou-
li'S k'cleuis des lliéo|diilanthropes paraissent veau Paris, à l'occasion de la lhéo|diilan-
se l'oruier en secte, se ressenenl en commu- thropic : «Grcices iminorlellcs soient rendues à
nion, se disiribuenl exclusivement des mis- la philosophie, là r<nson triomphe! »
s ons, et reconnaissent entre eux un centre On croit con'iinunément que Lareveillère-
de iloctiine et de police. Celte manière de se Lepaux, alors l'un des memhres du directoire,
propager leur paraîl contraire au régime a été l'un des pro|)agaleurs b's plus zélés du
républicain, qui ne <liiit avoir d'autre lien culte théophilanlhropi()ue, et qu'en raison île
politi(iue ([ue celui de la patrie, d'autre ju- l'influ iice que lui donnait sa dignité, il eu
ridiciion que celle des magistrats, et d'autre était considéré louime le patriari lie et ,
censure (|U(,' celle de la loi. Les anciennes exerçait une espèce de pontilicat. Les disci-
répu!di(iues avaient des cultes libres, mais pies ont repoussé celte assertion, prétendant
leurs ministres ne formaient point entre eux que leur religion s'était établie sans aucun
une sorte de hiérarchie, de communion, elc. concours de la puissance. A leur chuie, ils
Pour obvier à ce (jue les lecteurs Ihéophi- nièrent positivement ((ue l'ex-direc leur eut
lanlhioi.es ne dégénèrent i)as du culle (|u'ils été un de leurs coryphées, et ils ccuisignèrenl
professent, cl qui est dans sa pureté primi- leur désaveu dans dos placanis imprimés. 11
tive, Icsdits administrateurs oui pris pusses- ne reste point aujourd'hui de documents
sion du temple de leur canton, poury établir d'après lescjuels on puisse juger la question;
un culle sans mystères, sans superstition, ce iju'il y a de certain, c'est que dans un dis-
sans dogmes oulrés, et par conséquent autre cours que Larcveillère-Lepaux prononça à
que celui des catholiques. I'"n couséi|uence, l'instiluf, le 1:2 lloréal an V, c'eslà dire iinq
les adniini.slrateurs du culle ilu temple du nu)is après la naissance delà théoiihilanlhro-
dixième arrondissement se conslitueni libres pie, il se déchaîna violemment contre le
et imlépend.inls du coinilé des Ihèophilan- c.itholicisuie (ju'il accusait d'èti e desliuc-
,
Ihiopes séant à Cuthcrine, et d,' tout autre. leur de toute lib.rlé, et témoigna le désir de.
Les cérémonies, chauls, lectures et jours de voir s'éb'ver un culle simple. (|ni aurait un
l'êtes iuduiués par la loi, seront réglés par couple di! dogm;s et une religion s.ius prê-
les susdits aUuiiiiislruteurs. Ils adopteront, 1res; choses assez difûcilcs à concilier. Uu
il niCTIONNAlRE DES HERESIES. I9Î
sait aussi qu'il assistait quelquefois aux leur a refusé acte de leur déclaration pour
rciiiiioiis de la nouvelle secle, et qu'il cou- coiiliuuer dans un local qu'ils auraient loué
triluia à une modique offrande, lors d'une et où il récintne celle liberté.
colli'Cip (]iie firent dans l'arrondi^scnienl du Ainsi loinba à Paris, après cinq ans d'exis-
dircrtoire les administrateurs théophil.in- Icnce, le rulle tlié()philan!hropi<iup,(jai, dans
llu'opes de Sainl-Snlpice, On peut donc con- les province'!, eut une dur^'o moins longue
cUirc que si ce dinclenr, qui se vantait encore, et dont il ne resta bientôt plus au-
davoir h miilié le pape et le sultan, et iiui fut cuno trace.
lin des ennrmisles plus ardents delà reli;;ion, M, Isanibert a vainement essayé de res-
ne suivit pas publiquement le nouveau cul'.e, susciter cette secte décrédilée, à une époque
il en piofessa du nio^ns les principes (1). rapprorhée de la révolution de 18.30.
On a vu iiu'en divers endroits les autorités TIMOTHÉENS. On nomma ainsi dans
'
,
piiuvernemenl, s'il ne leur a pas accordé nue dans un écrit adressé à l'empereur Léon,
protection spéciale, du moins a-t-il usé à avait soutenu l'erreur des eulyrhiens ou
leur égard d'une tolérance bienveillante. En monopbysilos. Voyez Eutychianisme.
eff>'l, plusieurs de ses agents prêtaient ou-
'
TNETOPSYCHIQUES ,hérétiques qui
vertement leur appui à la nouvelle secle, et soutenaient la mortalité de l'âme; c'est ce
le minislre de l'inlcrieiir lui-même envoyait que siguifi» leur nom.
gratuitement IcMnnnel desthcophilanthropes TUADITEUUS. On donna ce nom dans
'
,
dans les départements. Une autre preuve de le troisième et le quatrième siècle de l'Eglise,
celle tolérance existe encore dans le traité aux chréliens qui pendant la persécution,
avec la cour de Naples, rédigé par Charles de Diocléiien avaient livré aux païens les
,
Lacroix, cl ratifié par le corps législatif le .3 saintes Ecritures pour les brûler, afin d'évi-
brumaire an V, dont l'article 9 porte Tout : 1er ainsi les lourments et la mort dont ils
citoi/en français et tous ceux qui composent étaient menacés.
la maison de l'ambassadeur ou minislre, et Ce n'est pas la première fois que les païens
celles des autres agents accrédités el reconnus avaient tous leurs efforts pour anéantir
fait
de larépublique française, jouiront dans les les livres sacrés. Dans la cruelle persécution
Elr.ts de S. M. le roi des Deux-Siciles, de la excitée contre les Juifs par Anliocbtis, les
même liberté de culte que celle dont y jouissent livres de leur foi furent recherchés, déchirés
les individus des nr.lions non catholiques les et brûlés, et ceux qui refusèrent de les li-
p/î(s' /"atorisees (i cf< f'grirrf. Si l'on considère, vrer , furent mis <à mort, comme nous le
d'une part, que dès le mois de vendémiaire voyons dans le premier livre des Machabées,
les fondateurs delà Ihéophilantliropicavaient ci, vers. oli. Diocléiien renouvela la même
adopté le manuel de Chemin, et, de l'autre, impiété par un édit qu'il fit publier à Ni-
,
que le gouvernement, d'ailleurs fort mal comédie, l'an 303 , par lequel il ordonnait
disposé pour les catholiques, ne pouvait pas que tous les livres des chrétiens fussent
ignorer les projets des nouveaux sectaires, brûlés, leurs églises détruites, et qui les
on ne saurait douter que la clause ci-dessus privait de tous leurs droits civils et de tout
n'ait été in«érce au traité dans la vue i!c emploi. Plusieurs chréliens faibles, on ajoule
favoriser ces derniers. Il est à remarquer même quelques évêiiues et queUiues prêtres,
que la même clause fait partie du traité né- succombant à la crainte des touimenls,
gocic avec le Portugal, et qu'elle n'a point livrèrent les saintes Ecritures aux persecu-
élé stipulée dans ceux passés avec les nations leurs ; ceux qui eurent plus de fermeté les
non catholiques, tels que les Etats-Uais ,
regardèrent comme des lâches et leur don- ,
brumaire an VllI, la société n'occupait plus évêque d'Aptongc l'un de ceux qui a\aient
,
que les temples de la Ueconnai^s,|nce (S liai- sacré Ceci ien était du nombre des truli-
,
Germain l'Auxerroi^), de l'Hymen Saint- /cfo'i- , accusation qui ne fut j.imais prouvée.
Nicolas des Champs), de la Victoire Saint- Donat , évêque des Cases-Noires était à la ,
(1; Un de sps C(jllèg.ips, dit-on, le railbiil un jour .m l:ois jours après, l'assiirnn! ([l'c, dans ce cas, le succès &•
Sujil. de la et l'eigagiial , |0':r en
liir-0|ilidaiuliro|re, rail iiifailtiljte
jjtéiiarer i« iriomplie, U se tain? ppn Ire c; à ressiisi-iler
t'.^
TRK TRI Mt
pourvu en fussent convaincus par des
qii iis dos femmes voltigent à droite et à gauche.
nclos publics cl non accusés .par de ^-impies
,
Nous n'avons pas besoin d'en indiquer les
paroles. Il condamna ainsi les donatisles qui conséquences.
ne pouvaient produire aucune pri'uve des TRIMT.MRES, terme qui a reçu diffé-
crimes qu'ils reprochaient à Félix d'Aplonge rentes significations arbitraires. Souvent on
et à quelques autres. s'en esl servi pour désigner louUs les sectes
*
TUE.MBLEUKS shnkers. Secte de qua-
,
hérétiques qui ont ensc'gné des erreurs tou-
kers aux Eials-Uuis. Us reconnaissent que chant le mystère de la sainte Tiinilé en ,
leur origine est polérieurc à l'année 1750 , particulier les sociniens mais il est beau-;
et Anne Lee, née en Angleterre , est consi- coup mieux de les appeler unilaires comme ,
dérée comme la mère de leur religion. Us on le fait aujourd'hui. Ce sont eux qui ont
possèdent dans le comté de Merccr un éta- rouUime de donner le nom de Irinilnircs et
blissement qui ressemble à une pelite ville ù'dlli inasicns aux calholiqucs ci aux pioles-
habitée par des hommes et des femmes en lauls qui reconnaissent un seul Dieu en trois
très-grand nombre; ils sont gouvernés par personnes , et qui professent le symbole de
un homme et par une femme qui porte , saint .\lliannse. Voyez Socimens.
comme fondatrice, le nom de mère, et
la •
TlliS.VCRA.MENT.MRES. Parmi les pio-
pour laquelle ils ont la vénération la plus Icsl.iiits, il trouvé queliiues secl.iires
s'e.st
profonde. Lorsqu'elle sort de la maison, ce à (jiii l'on a donné ce nom, parie (ju'ils ad-
qui n'arrive que rarement, ils la pieiineat mettaient trois sairciueiits le bapiêui' la , ,
et l'enlèvent entre leurs bras, afin qu'on l'a- cène ou l'eucharistie, et l'absolulion, au lieu
perçoive à une plus grande distance. que les autres ne reconnaissent (jue Ks
Us rejettent le mystère de la sainte Trinité, deux premiers. Quehiues auteurs ont ci U
les mérites et la divinité de Jésus- Christ , la que les anglicans regaidaicnt encore l'ordi-
maternité de la sainte Vierge, la résurrection nation comme un s.itreiDenl , d'autres ont
de la chair, et les autres articles de foi ; ils pensé que c'était la confirmation ; miis ces
poussent même le blasphème jusqu'à sou- deux fails sont contredits par la confession
tenir que le Père et le Saint-Esprit sont deux de fui utKjlirinie, art. io.
êtres incomprchensildes, mais dans la même •
TiaiHÉISME. Cest l'hérésie de ceux
essence, comme mâle et femelle, quoiqu'ils qui ont enseigné qu'il y a non seulement
ne forment pas deux personnes. Suivant eux, trois pcrs.innes en Di<'u , mais aussi trois
le Saiul-Iispiit est du genre féminin, et mère e.>>sinces, trois substances divines, par con-
de Jésus-Chri>t. Us affirment encore que lo séqueiit trois dieux.
Verbe divin se communi(|ua à riiomme Jésus, Dé' que des raisonneurs ont voulu expli-
(]ui pour citte raison fui appelé le Fils de quer le mystère de la s.iinte Trinité sans ,
homme bal la mesure, en frappant ses mains philosophe syrien il eut pour principaux
;
l'une contre l'autre. Comme le mouvement sectateuis Conon évèiiue de Tarse et Jean
, ,
ils sautent aussi haut qu'il leur esl possible, Irois personnes il nia que chacune d'elles,
;
qu'ils sont pleins de l'iispril. Dans le fort de ticipation de laquelle chaque personne était
l'action les hommes se dépouillent de leurs
, Dieu. On ne conçoit rien à ce verbiage, sinon
habits et de leurs gilets, tandis que ', -,
,o' ^: Cil» Damien concevait la divinité comme un
.,
lout dont dmqiic personne n'élait qu'une tullien avait deja réfuté celle erreur (1); elle
partie. 11 eut néanmoins des sectateurs que fut renouvelée par quelques eutychiens au
l'on noiiinia damianistes. cinquième siècle.
Les ariens qui niaient la divinité du Verbe, •
TRUSTEES. Aux Etats-Unis d'Améri(iue,
et les macédoniens qui ne reconnaissaient le gouvernement , veillant seulement
à la
point celle du Saint-Esprit, n'ont pas man- police cl à l'ordre extérieur el matériel
qué d'accuser de trilhéisme les catiioliquis laisse les habilanis libres dans leur religion
qui soulenaicnt l'une el l'autre. Aujourii'hui el dans le choix de leurs pasteurs. Il ne leur
les unitaires ou sociniens nous (ont encore demande poiiit d'argent pour le donner en-
le mémo reproche très-mal à propos, puisque suite aux ministres des différents cultes ,
nous soutenons l'idenlilé numérique de na- après en a\oir retenu une partie entre s 'S
ture et d'essence dans les trois porsonm s mains. Quand une congrégation ou paroisse
divines. Le seul moyen de garder un juste membres choisissent un nombre
s'élalilil, les
milieu el d'éviter toulr; erreur en parlant de fixe de personnes à qui est confiée l'admi-
ce mystère incompréhensilde e-t de s'en tenir nis ration temporelle de l'Eglise; c'est ce
scrupuleusement au langage et aux expres- que nous appi Ions le conseil de fabrique. Ces
sions .ipprouvés par l'Eglise. lahriciens ou marguilliers sont nommés
*
TUOPIQUES. Saint Allianase dans sa , Irnstccs e"csl-à dire humwes de confiance.
,
les passages de l'Écriture sainte qui parlent quence les collectes el les quêtes, ûxenl et
du Saint-Esprit, afin de prouver ijuc ce n'é- payent le trailemenl des pasteurs. Mais
tait pas une personne, mais une opération dans quelques localités notamment à Phi- ,
divine. Les sociniens font encore de même, ladelphie, ces trustées, se prévalant de la
et répèlent les interprétations forcées de ces distribution qu'ils sont chargés de faire des
anciens sectaires. fonds communs ont é'evé des |)rélentions
,
Quelques conlroversistes calholiques ont intolérables. Ainsi ils ont essayé d'usurper,
aussi donné le n'!)m de tropiques ou de tro- le droit de choisir ou de rejeter les pasteurs,
pistes aux sacramenlaires i\m expliquent les de régler ou de déterminer l'ordre et les cé-
paroles de l'insiilulion de l'eucharistie dans léinonies du service divin etc., fonctions ,
changé en chair ou en homme, et avait nis en concile (1829); car partout et toujours
cessé d'élre une personne divine. C'est ainsi l'Eglise a soutenu ou réclamé la liberté
qu'ils entendaient les paroles de saint .lean : du cho!X de ses pasteurs de son enseigne- ,
u
UBIQUISTES ou Ubiquitaires, luthériens Mélanchthon opposait aux ubiquisles qut
qui croyaient (]u'en conséquence de l'union cette doctrine confondait les deux natures
hyposlatique de l'humanité avec la divinité, de Jésus-ChrisI, le faisant immense selon
le corps de Jésus-Christ se trouve partout où son humanité et même selon son corps, et
la divinité se trouve. qu'elle détruisait le mystère de l'eucharistie,
Les sacramenlaires et les luthériens ne à qui on ôlait ce qu'il avait de particulier,
pouvaient s'accorder sur la présence de ,lé- si Jésus-Christ, comme homme, n'y était
sus-Christ dans l'euchari>tie les sacramen-
: présent que de la manière dont il est dans le
laires niaient la présence réelle de Jésus- bois ou dans la pierre.
Christ dans l'euelniristie, parce qu'il était '
U.MTAIUES. C'est le nom que prennent
impossible qu'un même corps fût dans plu- aujourd'hui les nouveaux antitrinilaires ,
sieurs lieux à la fois; Clustré el qucbiues parce qu'ils font profession de conserver la
ques autres répondirent que cela était faux, gloire de la divinité au grand, seul, unique
queriiuuianilé de Jésus-Christ étant unie au et souverain Dieu, Père de Noire-Seigneur
Verbe, son corps était partout avec le Verbe. Jésus-Christ.
système ne peut lui donner? 11 détournera cet univers, ou de savoir les motifs de l'iiié- j.
SCS yeux des décrets cachés de Dieu, qui ne galilé prodigieuse qu'il met enire les dons \
sont destinés ni à régler nos actions ni à naturels qu'il accorde à ses créatures. Saint
\
nous consoler ici-bas ; il les fixera sur la mi- Paul dans soij Epître aux Romains, ne fait
séricorde de Dieu manileslée par Jésus- pas consister la prédi stin;ilioii en ce (lue
Chiist, sur les promesses de l'Evangile, sur Dieu donne beaucoup de grâces de salut aux
l'équité du gouvernement actuel de Dieu et uns, pendant qu'il n'en donne point du tout
de son jugement futur. » aux autres, m.iis en ce qu'il accorde aux
Ce langage n'est ni plus juste ni plus solide uns la grâce actuelle de la foi, sans l'accor-
que celui d'.Xmyraul; t" Il s'ensuit que les ré- der de niônie aux autres. Nou* ne voyons
formateurs n'ont été rien moins que de vrais pas en quoi ce décret de prédestination peut
chrétiens, puisqu'au lieu de détourner les troubler notre repos et notre confiance en
yeux des fidèles des décrets cachés de Dieu convaincus, par notre propre expé-
;
Dieu, il les ont exposés sous un asp. -et hor- rience, et de la miséricorde et de la bonté
rible, capable de glacer d'effroi les plus infinie de Dieu à notre égard, nous tourmen-
hardis 2° il est absurde de supposer que les
;
lerons-nous par la folle curiosité de savoir
décrets cachés de Dieu peuvent êlre contrai- comment il en agit envers tous les autres
res aux desseins de miséricorde qu'il nous a hommes ?
manifestés par Jésus-Christ; or, ceux-ci sont Eu troisième lieu, il y a une remarque
évidemment destinés à nous consoler et à importante à faire sur les progrès de la pré-
nous encourager ici-bas 3° il ne dépend
; sente dispute chez les protestants. En par-
pas de nous de fixer nos yeux sur les pro- lant des décrets de DordrechI, Moshrim a
messes de l'Evangile, sans faire attention à observéquequiitre provinces de Hollande re-
ses menaces et à ce que saint Paul a dit tou- fusèrent d'y souscrire, qu'en Angleterre ils
chant la prédestination et la réprobation; furent rejelés avec mépris, et ((ue, dans les
k' il y a de l'ignorance ou de la mauvaise foi églises deErandebourg, de Brème, de Genève
à supposer qu'il n'est aucun milieu cnire le même, l'armiiiianisme a prévalu il ajoute ;
système pélagien des arminiens d'Amy- que les cinq articles de doctrine condamnés
raut, etc., et la doctrine horrible de Calvin. par ce synode sont le sentiment commua
Nous soutenons qu'il y en a un, c'est le sen- des luthériens et lies théologiens anglicans.
timent des théologiens catholiques les plus De même, en parlant d'Amyraut, il dit que
modérés. Fondés sur l'Ecriture sainte et sur ses sentiments furent reçus non-seulement
la tradition universelle de l'Eglise, ils ensei- par toutes les universités huguenotes de
gnent que Dieu veut sincèrement le salut de France, mais qu'ils se répandirent a Genève
tous les hommes sans exception, que par ce et dans toutes les églises réformées de l'Eu-
motif « il a établi Jésus-Christ victime de rope, p.ir le moyen des réfugiés français.
propitialion. par la loi en son sang, afin Comme jugé que ces sentiments sont le
il a
de démontrer sa justice, et afin de par- pur péiagiauisuie, il demeure constant que
donner les péchés passés (1). » Consé- cette hérésie est actuellement la croyjince de
quemment que Jésus-Christ est mort pour tous les calvinistes, et que du préilestinatia-
tous les hommes et pour chacun d'eux en nisme outré de leur premier maî're, ils sont
particulier et que Dieu donne à
,
tous tombés dans l'excès opposé. D'autre pari,
des grâces intérieures de salut, non dans puisqu'il .ivotie que les luthériens et les an-
la même mesure ou avec la même abon- glicans suivent les opinions d'Arminius, et
dance, mais suffisamment pour que tous (lu'après la condamnation de celui-ci ses par-
ceux qui y correspondent, parviennent à la tisans ont poussé son système beaucoup
foi et au salut. Dieu les distribue à lous, plus loin que lui, nous avons droit de con-
non eu considération de leurs bonnes dispo- clure que les protestants en géiièr.il sont
sitions naturelles, des bons désirs qu ils ont devenus pélagiens. Mosheim confirme ce
formés, ou des bonnes actions qu'ils ont fai- soupçon par la manière ilont il a parlé de
tes par les forces nalurelles de leur libre Pelage et (le sa doctrine (.3). Il ne l'a blâmée
arbitre, mais en vertu des mérites de Jésus- en aucune façon. Pour comble de ridicule ,
Christ rédimpteur de tous , et viclime de les protestants n'ont jamais cessé d'accuser
propitialion pour tous (2). C'est une erreur l'Eglise romaine de pélagianisme. Ce phéno-
grossière de Pelage, d'Arminius, d'Amyraut, mène théologique est assez curieux ; le ver-
des protestants , des jansénistes , etc. , de rons-nous arriver parmi ceux de nos théo-
croire qu'aucune grâce de Jésus-Christ n'est logiens auxquels on peut jusiement reprocher
accordée qu'à ceux qui le connaissent et le sentiment des prédestinatiens?
qui croient en lui.
•
UTILITAIRES, secte qui est née en An-
A la vérité, nous ne sommes pas en état gleterre, dont Jerémie Bentham a été le pon-
de vérifier en détail la manière dont Dieu tife, et qui a pour devise, poar règle, pour
met la foi et le salut à la portée des Lapons déealogue de ses pensées et de ses actions,
et des nègres, des Chinois et des sau'agos, l'utilité pratique et positive.
(i)itoi..,M, a-i. (.:) l!m. l'.'oc'iô-., ^' s:oli\ iKirl. n, eh '; § ^î ol s;iiv.
(-2)lTim. „. 4-ii.
20 i
eoi VAL VAL
point hésité à regarder "Valentin el ses disci- losophie dans l'Orient, et surtout à Alexan-
ples comme des insensés, et ses erreurs drie, oii Valenlin avait étudié (1).
comme un assemblage; d'extravagances qui Valeutin avait été satisfait de ces princi-
ne méritaient pas d'èire examinées. pes, et il entreprit de les transporter dans
Ces critiques ne prétendent pas, je crois, la religion chrétienne ; mais il suivit une
que les erreurs des valenlinicns aient été des méthode bien différente de celle des gnosti-
absurdités palpables, et des contradictions qui-s et des autres hérétiques (2).
manifestes. I/esprit humain n'esl pas capa- Le spei tacle des malheurs qui affligent
ble d'admettre de pareilles contradictions; les hommes, leurs vices, leurs erime>, la
il n'y a point d'homme qui puisse croire barbarie des puissants envers les faibles,
que deux el deux font cinq, parce que l'es- avaient fait sur Valenlin des impre^sions
prit humain ne peut pas croire qu'une chose profondes, et il ne pouvait croire que des
est et n'est pas en même temps. hommes aussi méclianis fussent l'ouvrage
Les erreurs des valenliniens n'étaient d'un Dieu juste, saint et bienf,iisant. Il crut
donc que des erreurs appuyées sur des prin- que les crimes dt!S hommes avaient leurs
cipes faux, mais spécieux, ou des consé- causes dans les passions et que les passions
quences mal déduites des principes vrais. naissent de la matière; il supposa qu'il
y
L'étendue de la secte de >alentin,le soin avait dans la matière des parties de différen-
avec lequel les Pères ont réfuté ses erreurs, tes espèces et des parties irrégulières qui
supposentque ces principes étaient analogues ne pouvaient s'ajuster avec les autres, ^'a-
aux idées de ce siècle; j'ai donc pensé que lentin crut que Dieu avait réuni les jiarlies
l'examen du système de Valeutin pouvait régulières et qu'il eu avait formé des corps
servir à faire connaître l'état de l'esprit hu- réguliers; mais les parties irrégulières que
main dans ce siècle, les principes philosophi- Dieu avait négligées étant restées mêlées
ques qui dominaient dans ce siècle, l'art avec les productions organisées et régulières
avec lequel Valeutin les a conciliés avec le causaient des désordres dans le monde Va- ;
christianisme, et la philosophie des Pères, leutin croyait par ce moyen concilier la Pro-
dont on parle aujourd'liui si légèrement el vidence avec les désordres qui régnent sur
souvent mal à propos. la terre {3).
Je crois même qu'indépendamment de Mais tout existant par l'Etre suprême,
ces considérations, le système do Valeutin comment avait-il produit une matière indo-
peut former un objet intéressant pour ceux cile à ses lois? Comment cette matière pou-
qui aiment l'histoire de l'espril humain. vait-elle être la production d'un esprit infi-
On voit, par ce que nous venons de dire, niment bon ?
que le système de Valeutin était un système G 'lie diinciilté délermina Valenlin à aban-
philosophique et théologique ou son sys- , donner son premier sentiment, on à joindre
tème philosophique appliqué à la religion à ses premières idées les principes du sys-
chrétienne examinons ces deux objrls.
: tème des platoniciens.
Des principes philosopliiqucs de )'alcnlin. On supposait, (l:ins ce système, que tout
était sorti du sein même de l'Etre suprême
LcsChaldéens reconnaissaient un Etre su-
par voie il'éinanatiim, c'est-à-dire comme la.
prême qui était le principe do tout; cet Etre
lumière sort du soleil pour se répandre d.ins
suprême avait, selon eux. produit des génies
toute la nature, ou, en suivant une autre
qui en avaient produit d'autres moins par-
comparaison [irise chez les Indiens, comme
faits qu'eux; ces génies, dont la puissance
les fils de l'araignée sortent de son corps.
avait toujours été eu décroissant avaient ,
d.ins I nomme iii'êmctoutes les obseryalions jusqu'aux esprits purs et de jouir do leur
qui potivyii'nl faire coiinaîlrc les produc- bonheur : voici toutes ses explications.
tioii-> (lonl un
espril est ca|iab!e. L'Etre suprême est un es rit infini, tout-
On remarqua que notre esprit conntTJssnit puissant, existant par lui-même; lui seul est
qu'il formait des iilces ou des images des jiar conséquent éiernel car tout ce «lui ,
teurs et agités sans cesse. tre suprême confiât pour ainsi dire son désir
Nous ne sommes pas toujours agités par à sa pensée, afin qu'elle piit en diriger l'exé-
les passions ou jouissant d'un calme serein ; cution et c'est ce que \alentin exprimait
;
nous éprouvons des étais de langueur, de d'une manière figurée en disant que l'Etre
tristesse, des sentiments de haine ou de suprême ou le Bijtos avait laissé tomber ce
crainte, qui obscurcisseni nos idées el sem- désir dans le sein de la pensée.
blent nous ôler toute action les affections : La pensée avait donc formé le plan du
qui sortaient encore du fond de noire âme monde ce plan est le monde intelligible que
:
parurent avoir avec la matière brute et in- les platoniciens imaginaient en Dieu,
sensible une analogie complète, el 1 on crut L'Etre suprême , trop grand pour exécuter
pouvoir faire sortir d'un principe spirituel lui-même son dessein, avait produit un esprit,
des esprits el de la matière. et l'avait produit par sa seule pensée; car
Mais, comme llulelligence suprême n'était un esprit qui pense produit une image distin-
point sujette aux passions humaines, il n'é- guée de lui, et celte image est une substance
tait pas possible de faire sortir le monde dans le système des valentiniens, comme elle
immédiatement de cette intelligence, et l'on parait l'avoir été dans le sentiment de quel-
imagina une longue chaîne d'esprits, dont le ques platoniciens.
nombre était , comme on le voit , absolu- L'esprit produit par la pensée était une in-
ment arbitraire. telligence capable de comprendre son des-
Voilà, ce me semble, la suite des idées qui sein, et douée d'un jugement infaillible pour
conduisirent l'esprit des philosophes au en suivre l'exécution.
système des émanations queS'alenliuadopta: Ainsi, selon \ alentin, l'esprit et la vérité
voyons comment il en appliqua les princi- étaient sortis du sein de la pensée ; c'était en
pes au christianisme. quelque sorte le fruit du mariage de l'Etre
suprême avec la pensée.
Application des principes de Valentin à la
L'esprit, le fils unique, connut qu'il
ou
religion chiélienne.
était destiné à produire des êtres capables de
La religion chrétienne nous apprend que glorilierrKtresuprême,et vil qu'il fallait que
la première production de l'Etre suprême est ces êtres fussent capables de penser et eus-
son Fils ; que c'est par ce Fils que tout sent la vie c'est ce que \ alentin exprimait
:
a été créé , qu'il y a un Saint-Espril , une encore d'une manière figurée, en disant que
sagesse et une inQnité d'esprits de différents le mariage de l'esprit et de la vérité avait
ordres. produit la vie et la raison.
Voilà le premier objet que Valentin envi- La raison et la vie étant produites, l'esprit
sagea dans la religion chréiienue ; il ne com- créateur connut qu'il pouvait former des
mença donc pas explication de l'oiiginedu
1 hoiniiies, et avec l-s hommes composer une
niontle comme Moïse nous la décrit, mais société déires pensants cajiables de glorifier
par la production du Verhe, de la sagesse et l'Etre suprême ; el c'est ce que N alentin
des esprits inférieurs ; il fit ensuite bortirdes exprimait en disant, que du mariage de la
premières productions moud
corporel et
le '
raison et de la vie étaient sortis l'homme
les esprits humains; enfin il expliqua com- et l'Eglise.
ment ces esprits sont ensevelis dans les ténè- \ oiià les huit éons ou les huit premiers
bres, eorament ils s'unissent a un roi pset com- principes de tout, selon Nalentiii : il preieu-
ment parmi tous les esprits purs il s e.--l formé dail les trouver dans le commencemeut de
un Sauveur qui a délivré les hommes des té- l'Evangile de sainl Jean.
nèbres et les a rendus capables de s'élever Tous ces éons connaissaient Dieu ; mais
20o VAL VAL SOS
la connaissance qu'ils en avaient était bien beauté de l'inleiligence qui l'avait douée de
inférieure à celle qu'en avait l'esprit ou le la faculté de connaître, cette image la ré-
fils unique. . jouissait, et sa joie produisait la lumière;
La Siigfisse, qui était le dernier des cous, enfin elle retombait dans la tristesse.
vit avec peine l;i prérognlive du fils unique Toutes ces productions sont des substan-
ou de l'esprit; elle s'efforça de former une ces spirituelles, mais qui n'ont point la fa-
idée qui représentât l'Etre suprême; mais culté de connaître ; ce sont des mouvement^
l'idée (ju'elle s'en forma n'était iju'une imago ou des forces motrices, qui se resserrent ou
conluse. Ainsi, tandis que les productions qui se dilatent.
des autres éons étaient des substances spi- Pour fiire cesser les efforts et les angois-
rituelles et inti.'lligentes, l'effort que la sa- ses de la nile de la sagesse, l'intelligence en-
gesse pour former l'idée
fit de l'Etre suprême voya le Sauveur vers Achnmnt, le Sauveur
ne qu'une substance spirituelle,
produisit l'éclaira et la délivra de ses passions ; Acha-
informe, et d'une nature absolument diffé- mot délivrée de ses passions commença à
rente des autres esprits. rire, et son rire fut la lumière.
La sagesse, étonnée des ténèbres dans les- Dans le moment où Arhamot fut délivrée
quelles elles'étaitensevelie, sentit son erreur de ses passions, elle produisit un être surna-
et sa téinérilé elle voulut dissiper la nuit
; tnri'l qui fut le fruit de la lumière dont elle
dont elle él^iil environnée ; elle fit des efforts, avait été éclairée et de la joie qu'elle en avait
et ces efforts produisirent dans la substance ressentie.
informe des forces elle sentit qu'elle ne pou-
; L'âme qu'elle produisit fut donc ane âme
vait dissiper ses ténèbres, et qu'elle devait sensible et intelligente.
attendre de Dieu seul la forC(; nécessaire Toutes les passions produites 'pnr Achatnot
pour recouvrer la lumière. étaient encore confondues et formaient le
L'Etre suprême fut toutlié de son repentir: chaos le Christ les réunit etfornia la matière,
:
pour la rétablir dans sa première splendeur il sépara la lumière des autres passions, et
et pour prévenir ce désordre dans les autres la terre parut.
éons, l'esprit ou le fils unique produisit le C'' nouveau monde corporel fut donc com-
Cbrist, c'est-à-dire une intelligence qui éclai- posé de deux parties, dont l'une renfermait la
rait les éoMS, q\ii leur apprit (ju'ils ne pou- lumière et l'autre la terre.
vaient connaître l'Etre suprême, et un Sjint- Dans la région de la lumière était l'âme
Esprit qui leur fit sentir tout le prix de leur i\\x Achninol avait produite et qu'elle avait
état et tout ce qu'ils devaient à l'Etre suprême; douée de la sensibilité et de la faculté de con-
il leur apprit à le louer et à le remercier. naître.
Les éons par ce moyen furent usés dans
, , La première affection de cette âme fut le
leur état, et formèrent une société d'esprits sentiment de son exislence; avant d'avoir
qui étaient parfiitemcnt dans l'ordre. rien connu, elle sentit qu'elle existait.
Ces esprits connurent leurs perfections ; et C'iinnie toutes les affections de l'âme pro-
comme la connaissance d'un esprit produit <luisent hors de l'âme des êtres semblables à
une image distinguée de cet esprit, les éons, ces affections, l'âme qui habitait dans la ré-
en connaissant leurs perfections réciproques, gion de la lumière produisait une âme qui
produisirent un esprit qui était l'image de n'était que sensible.
leurs perfections et qui les réunissait Achuniot unit à celle âme sensible une âme
toutes. spirituelle, et de la réunion de ces deux êtres
Cet esprit était donc le chef naturel des il se forma un être sensible et intelligent.
éons; ils connurent qu'étant leur chef, il Les sentiments de joie, de tristesse, etc.,
fallait des ministres pourexécuter ses ordres: ne sont, dans les principes de Valentiii, que
ils en produisirent, et ces ministres sont les des efforts ou des l'iirces motrices; ainsi une
anges. âme sensible est douée d'une force motrice :
Cependant l'esprit que la sagesse avait l'âme sensible et l'âme spirituelle réunies
produit restait enseveli dans les ténèbres ; forment donc un être capable, non-seulement
le fils unique ou l'intelligence, après avoir de connaître et de sentir, mais encore démet-
éclairé les éons, donna a cet esprit informe tre en mouvement la matière, d'agir sur elle
la faculté de connailri' il ne l'i'Ut pas plu-
: et d'en recevoir les impressions.
tôt reçue qu'il aperçut son bienfaiteur mais ; il connut les dilTerentes manières dont il
le fils unique ou l'intelligenee se relira, et pouvait agir sur la malière et dont la matière
laissa cet esprit, ou l<i liile de la sagesse, pouvait reagir sur lui il forma donc des
;
avec un désir violent de le connaître : mais corps organisés, il y logea les âmes sensibles
son essence ne le lui permettait pas. Eile fit, et spirituelles, et produisit sur la terre ies
pour se le représenter, les plus giands efforts, plantes, les aniui<iu\,les hommes. Cet e-prit
en sentit l'inutilité et fut accablée de tris- est le créateur, selon Valenlin, et non ]as
tesse. l'Etre suprême, qui, étant un esprit exempt
Un esprit ne fait point d'effort sans pro- de toute passiuu, ne peutagir sur la matière
duire quelque cliose bors de lui ainsi de ; et la façonner.
l'agitition de cet esprit (ou de l'eiityme) se L'esprit qui habitait dans la région lumi-
produisit la tristesse elle sentit ensuite que
: neuse, et le ereaieiir (|ui occupait la région
ses efforts l'avaient affaiblie, elle craignit de dr 1,1 terre étaient composés d'une partie spi-
mourir, et produisit la crainte, l'inquiétude, rituelle ils ne connaissaient pas l'Etre su-
;
l'angoisse. D'autres fois elle se rappelait la prême; ils ne voyaient rien au-dessus d'. ux.
ÎOT DICTIONNAIRE DES HERESIES.
ninsl le Demiurgue voulut être regardé dans pour exister des esprits et des corps,
faire
les deux comme le seul Dieu, cl le créateur et imprimer à la matière tous le?
qu'il peut
Gt la même chose sur la terre. mouvements possibles.
Les hommes sur la terre vivaient donc LrsPères ont réfuté solidementceserrcurs,
dans une ignorance profonde de l'Etre su- et fait voir l'abus que les valentiniens fai-
prême; le Sauveur est descendu pour les saient des saintes Ecritures en faveur de
éclairer lorsque les hommes spirituels se
:
leur sentiment. 11 n'est pas possible de co-
seront perfectionnés par la doctrine qu'il a pier ici tout ce qu'ils ont dit ; mais nous ne
enseignée, la fin de toutes choses sera, di- pouvons nous dispenser de faire quelques
saient les valentiniens alors, tous les esprits ;
remarques sur 1-eurs ouvrages conlre les
ayant reçu leur perfection, Achnmol, leur valentiniens. 1° Ils y font voir une métaphy-
mère, passera de la région moyenne dans le sique profonde une grande force de raison-
et
Plérome, et sera mariée au S.iuveur fiirmé nement. prouvent que toute l'Eglise
'I" Ils
par les éons et leur chef voilà l'époux et : chrétienne professait la croyance qu'ils dé-
l'épouse dont l'Ecriture nous parle. fendent, et qui est la même que celle d'au-
Les hommes spiiiluels, dépouillés de leur jourd'hui. 3° Il est évident que ces Pères n'é-
âme et devenus esprits purs, entreront aussi taient pas des platoniciens, et que les chré-
dans le Plérome et seront les épouses des ,
tiens n'avaient point emprunté leurs dogmes
anges qui environnent le Sauveur. de ces philosophes : car, je le répète, c'est,
L'auteur du monde passera dans la région si je ainsi, par la masse
peux m'exprimer
moyenne où était sa mère; il y sera suivi des de de l'Eglise qu'il faut juger de
la doctrine
âmes des justes qui n'auront point élé élevés celle des Pères, et non pas parquelques pas-
au rang des esprits purs, et qui conserveront sages déiachés de leur place et dépouillés des
leur sensibilité; ils ne passeront point la explications quu les Pères eux-mêmes ont
moyenne région rar rien d'animal n'entrera : données de leur sentiment (2).
dans le Plérome. On ne sait quelle était l'origine de Valen-
Alors le feu, qui est caché dans le monde, tin ni précisément ((iiand il enseigna son er-
paraîtra, s'allumera, consumera toute la reur il parait qu'il fut célèbre vers le milieu
;
Dans le système de Valentin, l'Etre su- l>bres furent Ptoloinée, Seeundus, Héracléon,
prême était un par esprit qui se contemplait, Marc, Cularbasse, Bassus, Florin, Blaslus,
et qui trouvait son bonheur dans la connais- qui répandirent sa docii ine, cl formèrent des
sance de ses perfections c'était là le modèle : sectes souvent étendues, et qui étaient fort
que tous les esprits devaient imiter, tous de- nombreuses dans les Gaules du temps de
vaient tendre à cette perfection sans y pré- saint Irénce, qui nous a donné le plus de lu-
tendre; mais ils en approchaient autant qu'il mières .sur celte secte {'*].
était possible à une créature lorsqu'ils s'é- Voyez, à l'article M^rc, les changements
taient délivrés de toutes les passions. qu'on fit d.ins ce système.
Dans le système de Valentin, ces passions *
VALÉSIENS, ancienne secte d'hérétiques
étaient des puissancesaveugles cl des sub- dont l'origine et les erreurs sont peu con-
stances étrangères à l'âme il fallait que ; nues; saint Epiphanc, qui en a fait men-
l'homme veillât sans cesse pour les chasser tion (5), dit qu'il yen a\ail,dans la Palestine,
de son cœur par ce moyen l'homme : deve- sur le territoire de la ville de Philadelphie,
nait un pur esprit, c'est-à-dire une intelli- au delà du Jourdain. Ils tenaient quelques-
gence qui n'avait que des idées et point de unes des opinions des gnostiques, mais ils
sentiment; c'était alors que l'âme devenait un avaient aussi d'autres sentiments différents.
séjour digne du Père céleste (1). Ce qu'on en sait c'est qu'ils étaient tous
,
Valentin baptisait au nom du Père de tou- eunuques, et qu'ils ne voulaient point d'au-
tes choses qui était ÏTiconnu de la vérité, tres hommes dans
leur société. S'ils en re-
mère de toutes choses, de Jésus-Christ qui cevaient quelques-uns, ils leur interdisaienl
était descendu pour racheter les vertus. Ce l'usage de la viande, jusqu'à ce qu'ils se
sont vraisemblablement ces manièrcsd'admi- fussent mutilés; alitrs ils leur p rmellaienl
nislrerle baptême qui ont donné naissance toute espèce de nourriture, parce qu'ils les
à la coutume de rebaptiser et à l'erreur des croyaient dès ce moment à couvert des
rebaptisants. mouvements déréglés de la chair. On a cru
Il est inutile de s'arrêter à réfuter ces er- aussi qu'ils mutilaient quelquefois par vio-
reurs, qui portent toutes sur une fausse idée lence les étrangers qui |iassaieiit chez eux;
de la toute-puissance de l'Etre suprême. Tout et que jamais retraite de brigands ne fui
le système valenlinieu se dissipe lorsqu'on évitée avec plus de soin par les voyageurs;
fait attention que l'iitre suprême existant mais ce fait n'est guère probable; les peu-
par liii-néme doit avoir une puissance infi- ples voisins se seraient armés contre eux, et
nie, et n'a besoin que d'un acte de sa volonté les auraient extern)inés.
(Jomme saint Epiphane a placé celte ne- tien, Valdo et ses disciples prétendirent que
résic entre celle des noéliens el celle des l'Eglise romaine avait cessé d'être la vraie
novaliens, on présume (lu'clle existait vers Eglise depuis qu'elle avait des possessions el
l'an 240 ; mais elle n'a pas pu s'étendre des biens temporels; que ni le pape, ni les
beaucoup, ni subsister lon);tcuips (1). évêques, ni les abbés ni les clercs, ne de-
,
La mort subite d'un ami qui tomba pres- les papes , qui avaient approuvé ou excité
que à ses pieds faire de profondes ré-
lui fit les princes pour faire la guerre étaient de ,
flexions sur la fragilité de la vie humaine el vrais homicides, et par conséquent sans au-
sur le néant des biens de la (erre. Il voulut torité dans l'Eglise.
y renoncer pour ne s'occu[)er que de son De vaudois concluaient qu'eux seuls
là les
salut, et distriliua tous ses biens aux pau- étaient la vraie Eglise, puisqu'eux seuls
vres il voulut
; inspirer aux autres le déta- praliquaient et enseignaient la pauvrelé
clunioiit du montli' et le dépouillement des évaiigélique.
richesses; il exhorta, prêcha, el, à force de A|)iès s'être ainsi établis comme la seule
prêcher le désinléresseinent il se persuada , vraie Eglise, ils prétendirent que les fidèles
que la pauvreté évangéli(iue, sans laquelle étaient égaux, que tous étaient préires, que
on ne pcuivait être chrétien, ne permellail tous av.iieMl h; droit d'instruire, (|ue les
de rien posséder. prêtres et les évêques n'avaient pas celui de
Plusieurs personnes suivirent l'exemple les en empêcher. Ils prouvaient toutes ces
de Pierre Valdo, et formèrent, vers l'an 1136, prétentions par quelques passages de l'E-
une secte de j^ens qu'on appelait les pauvres criture tel est le
: passage de saint Mat-
de Lyon, à cause de la pauvrelé dont ils thieu, dans leciuel Jésus-Christ dit à ses dis-
faisaient profession. Valdo leur expliquait ciples qu'ils sont tous frères; celui de sainf
le Nouveau Testament en langue vulgaire, Pierre qui dit aux fidèles Remlcz-vou» :
que tous les chrétiens devaient savoir l'E- seule le pouvoir d'excommunier et de dam-
criture, que tous étaient prêtres et que tous ner par ce moyen ils calmèrent les con-
: ,
étaient obligés d'instruire le prochain. Fon- sciences alarmées par les foudres de l'E-
dés sur ces principes qui renversaient le glise.
gouvernement de toute l'Eglise, les vaudois Pour détacher plus efficacement les fidèles
conlinuèrenl à prêcher et à se déchaîner de l'Eglise, ils condamnèrent toutes ses cé-
contre le clergé. Si l'Eglise leur imposait rémonies la loi du jeûne, la nécessité de la
:
silence, ils répondaient ce que les apôtres confession, les prières pour les morts, le
avaient répondu au sénat des Juifs, lorsiju'il culte des saints, et en un mot tout ce qui
leur défendait de prêcher la résurreciion de pouvait concilier aux pasleurs légitimes le
Jésus-Christ Faut-il obéir à Dieu ou aux
: respect et l'attachement des peuples: enfin,
hommes ? pour cniretenir les peuples dans l'igno-
Les vaudois savaient l'Ecriture; ils avaient rance, ils condamnèrent les études et les aca-
un extérieur mortifié , leurs mœurs étaient démies, comme des écoles de vanité.
austères, et chaque prosélyte devenait un Tel fut le plan de religion que les vaudois
docteur. imaginèrent pour se défendre contre les ana-
D'un autre côté la plus grande partie du tlièmes de l'Eglise et pour se faire des pro-
clergé, sans lumière et sans mœurs, n'op- sélytes.
jiosail communémenl aux vaudois que son ne fondaient celle prétendue réforme,
Ils
autorité. Les vaudois firent des progrès ra- ni la tradition, ni sur l'autorité des con-
sur
pides, el, après avoir emiiloyé Ions les mé- ciles, ni sur les écrits des Pères, mais sur
nagements possibles, le pape les excommu- quelques passages de l'Ecriture mal inter-
nia et les condamna avec tous les autres
, prétés ainsi Valdo et ses disciples ne for-
;
hérétiques qui inondaient alors la France. mèrent point une chaîne de tradition qui
Les foudres de l'Eglise irritèrent les vau- remontai jusqu'à Claude de Turin.
dois ils attaquèrent l'autorité qui les con-
; Les vautlois renouvelèrent 1* les erreurs :
(t) t'illeiiionl, Mémoires pour Ihisl. eccIO»., lom. III, [2) Maltli. xïiii. 1 l'eir. iv, 10,
SM DIf.TIONNAIRK DES HERESIES. 212
donatistes sur la nullité des sacmnonls con- les albigeois et contre les hérétiques qui
férés par de mauvais minislrcs et sur l;i na- s'étaient si prodigieusement multipliés dans
ture de l'Eglise ; 3' les erreurs des icono- les provinces méridionales de la France.
clastes; '*'' ils ajoutèrent à ces erreurs que Ceux qui se sauvèrent dans le Dauphiné, se
l'Eglise ne peut posséder des biens tem- voyant inquiétés par l'archevêque d'Em-
porels. brun, se retirèrent à Val-Louise et dans les
Nous avons réfuté ces erreurs dans les autres vallées où les inquisiteurs les suivi-
articles des différents hérétiques qui les ont rent. Tous ces efforts n'aboutirent qu'à ren-
avancées, et l'erreur qui est particulière aux dre les vauilois plus dissimulés enfin, fati-
;
vaudois ne mérite pas une réfutation sé- gués des poursuites de l'inquisition ils se
,
fidèles et les raini'ilres de l'Eglise étaient Provence, ayant chassé de ses Etats tous les
éclairés dans ces siècles. Mais, au commen- sectaires qui ne se convertirent pas, les sec-
cement du douzième siècle, les peuples et les taires provençaux se retirèrent aussi dans
ecclésiastiques étaient ignorants, et le so- les vallées.
phisme le plus grossier était, pour la plu- Ils n'étaient pas poursuivis avec moins de
part des ecclésiastiques, une difficulté inso- vivacité en Bohême et dans toute l'Allema-
luble, et pour le peuple une raison évidente. gne, d'où ils se sauvèrent aussi dans les val-
11 y avait cependant des hommes respec- lées où se rendaient tous les jours d'antres
,
tables par leurs lumières et par la régula- hérétiques chassés de Lombardie et d'Ita-
rité de leurs mœurs; mais ils étaient rares, lie ; ainsi ces différents bannissements for-
et ils ne purent empêcher que les vaudois mèrent dans les vallées de Piémont un peu-
ne séduisissent beaucoup de monde. ple d'hérétiques qui adoptèrent la religion
Comme la doctrine des vaudois favorisait des vaudois.
les prétentions des seigneurs, et tendait à Le pape exhorta le roi de France, le duc
remettre entre leurs mains les possessions de Savoie, le gouvernement de Dauphiné et
des églises les vaudois furent protégés par
, le conseil delphinal à travailler à les enga-
les seigneurs chez lesquels ils s'étaient ré- ger à renoncer à leurs erreurs et même à
,
fugiés après avoir été chassés de Lyon. Ce-; les y forcer. Les exhortations du pape
Seigneurs, sans adopter leurs erreurs, étaient eurent leur effet on envoya des troupes
,
bien aises de les opposer au clergé, tiui con- dans les vallées.
damnait les seigneurs qui avaient dépouillé Quelques années après, Louis XII, pas-
les églises. sant en Italie, se trouva peu éloigné d'une
Les vaudois, chassés du territoire de Lyon, retraite de ces hérétiques appelée Valpules;
trouvèrent donc des prolecteurs, et se firent il les fit attaquer, et il y eut un carnage hor-
un grand nombre de prosélyli>s. rible. Louis XII crut avoir anéanti l'héré-
Valdo se retira avec quelques disciples sie, et donna son nom à la retraite où il
dans les Pays-Bas, d'où il répandit sa secte avait fait périr un si prodigieux nombre
dans la Picardie et dans différentes provin- d'hérétiques cette retraite se nomma Val-
:
avaient formé de grandes sectes i>n France. puissanc>^ des princes calholii]ues.
Louis Vil fit venir des missionnaires pour On vit des armées entières consumées dans
les convertir; mais ils prêchèrent sans suc- ces affreuses retraites des vau:lois et enfin
,
cès contre les erreurs des vaudois. Philippe on fut obligé de leur accorder dans ces val-
Auguste, son fils, eut recours à l'autorité; il lées le libre exercice de leur religion sous
fit raser plus de trois cents maisons de gen- Philippe VII, duc de Savoie, vers la fin du
tilshommes, oii ils s'assemblaient, et entra quinzième siècle (1488).
ensuite dans le Berri où ces hérétiques com- Les vaudois , se croyant indomptables, et
mettaient d'horribles cruautés. Plus de sept non contents du libre exercice de leur reli-
mille furent passés au ûl de l'épée ; beaucoup gion , envoyèrent des prédicateurs dans les
d'autres périrent par les Qammes, et, de cantons catholiques. Pour réprimer leur té-
ceux qui purent échapper, les uns qu'on mérité, le duc de Savoie envoya à la tête de
nomma dans la suite turlu|iins allèrent dans cinq cents hommes un officier qui entra su-
'
les pays vallons, les autres en Bohême ; les bitement dans les vallées des vaudois, où il
sectateurs de VaMo se répandirent dans le mit tout à feu et à sang. Les vaudois prirent
Languedoc et dans le Dauphiné les armes, surprirent les Piémonlais et les
Les vaudois qui s'étaient jetés en Langue- tuèrent presque tous; on cessa de leur faire
doc eten Provence furent détruits par ces la guerre.
terribles croisades que l'on employa contre Vers le milieu du seizièm.' siècle, Cffico-
S13 \AU VIG 2U
lampade et Bucer écrivirent aux vaudois nombre prodigieux de vaudois qui furent
pour les engager à se réunir aux Eglises ré- brûlés.
lorinées el malgré la différence de leur
, François h' mourut Henri II laissa les
:
croyance l'union se ûl. Le formulaire de foi vaudois en paix, et ils en jouiront jusqu'à la
porliiit : paix qui termiaa la guerre d'Espagne et de
1° Que le service de Dieu ne pourrait élrc la Franco, et qui rétablit le duc de Savoie
fait i|u'on esprit el en vérité ; dans ses Etats.
2° Que ceux, qui sont el seront sauvés ont Le pape fit faire au duc de Savoie des re-
été élus de Dieu avant la création du monde; proches sur son peu de zèle contre les vau-
3" Que quicoïKjue établit le libre arbitre dois, el ce prince envoya contre eux des
nie la prédi'stinalion et la grâce de Dieu; troupes; mais i'3 firent une résistance qui
k' Que l'on ne peut appeler bonnes œuvres détermina le duc à leur accorder encore une
que celles (jui sont commandées de Dieu, et fois la paix dont ils jouiront jusqu'en 1570,
qu'on ne peut appeler mauvaises que celles époque lù le duc Emmanuel entra dans une
qu'il défend ; ligue offensive avec plusieurs princes de
5° Qu'on peut jurer par le nom de Dieu, l'Europe contre les protestants. Dès qu'elle
pourvu que celui qui jure ne prenne point fut signée, il défentlil aux vaudois de s'as-
le nom de Dieu en vain ;
sembler, à moins que le gouvernement n'as-
6 Que la confession auriculaire n'est point sistai à leurs assemblées.
commandée de Dieu, et que quand on a pé- Ils élaient traités bien plus sévèrement eu
ché publiquement on doit confesser sa faute France, el ils se relirèrenl dans les terres
publiquement ; neuves, d'où ils furent bientôt chassés par lu
7' Qu'il n'y a point de jours arrêtés pour zèle des missionnaires, aidés el soutenus par
le jeûne du chrétien ;
les gouverneurs des provinces.
8° Que le mariage est permis à toutes sor- Ces expéditions el les guerres du duc da
tes di- personnes, de quelque qualité et con- Savoie avaient dépeuplé ses Etals, il était
dition qu'elles soient ; dans l'impuissance de réduire les barbels ou
9" Que celui qui n'a pas le don de conti- vaudois il prit le
; parti de les tolérer, mais
nence est obligé de se marier; à coiiilition qu'ils n'auraient point de lemples
10" Que les miiiistris de la parole de Dieu el qu'ils ne pourraient faire veuir de minis-
peuvent posséder qu('l(]ue chose en particu- tres étrangers.
lier pour nourrir leur fimillc; Cromwel demanda pour eux une toléranca
11° Qu'il n'y a ((ue doux signes sacramen- plus étendue, et leur envoya de l'argent,
taux, le baptcmf el reuchanslic. avec lequel ils achèteront de> armes, et U
Les vaudois ayant reçu ces articles avec guerre recommença entre le duc de Savoie
quelques autres de peu de conséquence, et el les vaudois ; les vallées furent encore
se croyant plus forts par celle union avec inondées du sang des catholiques el des vau-
les proieslanis d'Allemagne el les réformés dois; les cantons suisses proposèrent enfin
de France, résolurc nt de professer celte nou- leur mcdiaiioi), et les vaudois obliurent en-
velle croyance ils chassèrent dL's vallées
: core la tolérance civile.
dont ils éliiienl les niailres tous les curés el Les vaudois ne purent se contenter de
les autres prêtres; ils s'emparèrent des égli- celle tolérance ils chassèrent les
: mission-
ses cl en firent leurs prêches. naires, el l'on apprit qu'ils avaient des in-
La guerre de François 1 ' contre le duc de telligences avec les ennemis du duc de Sa-
Savoie f.ivorisail leurs entreprises; mais voie.
ans>iiot que ces deux princes eurent fait la Amédéo prit donc de rhasser
la résolution
paix, l'aul 111 fit dire au <iuc de S Évoie et au les vaudois de ses Etals Louis XI \' sin onda
;
pailemenl île Tiiriii que les ennemis qu'ils SOS [irojets el envoya des troupes en Piomont
avaient dans les valées étaient beaucoup roiiire les vaudois ; le duc de Savoie donna
plus à craindre <|ue les Français, et qu'il alors un édil par lequel il faisait à tous ses
fallait pour le bien de rEgli-.e cl de l'Èlal sujets hérétiques des vallées dél'ense de con-
travailler à les exlei niini'r. tinuer l'exercice de leur religion.
Sa Sainlelé ayant envoyé, peu de temps Les vaudois ne voulurent point obéir, et
apiès, une bulle qui enjoignait aux juges de la guerre recoaimença avec beaucoup de vi-
ce parlement de punir rigoureuseuieut tous vacité; mais eiiGu, après bien des fatigues et
ceux qui leur ser.iienl livrés par h'S inquisi- beaucoui) de sang répandu, les vaudois ou
teurs, ils cxeculcrriil cet ordre, suivant en barbels se soumirent, et les Français se re-
cela rexeiiiplc des parlemonls de France : tirèrent.
un vil brûler tant de vaudois dans la ville Quelques années après, le duc de Savoie
de Turin , qu'on eût dit ({ue son parlement s'étant uni à la ligue d'Aiigsbourg, révoqua
voulait se di>linguer des autres par celle SOS édils contre les barbets, rappela les fu-
manière de procéiJer. gitifs et leur accorda le libre exercice de leur
Les vaudiiisse mainlinrenl cependant dans religion ; depuis ce temps, les barbets se
les vallées , cl le duc de S:ivoie , trop faible sont rétablis et ont été très-utiles au duc de
pour les détruire, eut retours à François !", Savoie contre la France (I).
qui envoya dos troupes en Piémont pour VKjILANCE, prélreel curé d'une par isse
celle expédition; ces troupes arrêtèrent un de Barcelone, au cummencemeut du cin-
(1) tlisi. ili^ ulLiigcois et lies vaudois, lar le P. Beuoil D 'Argeuiré. CoUecli juJ., 1. i. Ueyiiiald, Du^in, Fleury, dô
lliuu. ilisi. Ue iTaucti.
,
quième siècle ou sur la fin du quatrième, l'antre ne sont pas écoutées les martyrs ;
connue le pensent les savants auteurs de mêmes demandent sans l'oblanir que Jésus-
riiisloire liUéraire de France, enseigna dif- Christ venge leur sang.
férentes erreurs. « Comment peut-on concevoir qu'un peu
Les ouvrages dans lesquels il les ensei- de poussière produise tous les prodiges qu'on
gnait ne sont point parvenus jusqu'à nous ; raconte et quel serait l'objet de ces mira-
,
c'est par saint Jérôme que nous connaissons cles qui se font au milieu des fidèles? Les
ses erreurs, et voici ce que saint Jérôme en miracles ne peuvent servir qu'à éclairer les
dit : infidèles je vous ileiuande que vous m'ex-
;
« On a vu dans le monde des monsti'cs de pliquiez comment il se peut faire qu'un peu
différentes espèces Isaïe parle de-; centau-
: de poussière ait tant de vertu.
res, des sirènes el d'autres semblables Job : « Si tout le monde se renferme dans des
fait une description niystériiuse du Lévia- cloîtres, par qui les églises seront-elles des-
than et de Béhémolh les poêles content les
: servies? »
fables de Ci rbère, du sanglier de la foi et Vigilance attaquait ensuite le célibat et les
d'Erymantlie, de la Cbimère el de l'hydre à vœux comme des sources de désordres (1).
plusieurs (êtes Virgile rapporte l'histoire de
; On peut donc réduire à trois chefs les er-
Cacus l'Espagne a produit Gérion qui avait
; reurs de Vigilance; Il attaquait 1" le culte :
trois corps ; la France seule en avait été des saints ; 2" celui des reliques ; 3° le céli-
exempte, et on n'y avait jamais vu que des bat (2).
hommes courageux et éloquenls; quand Vi- Les protestants ont adopté toutes ces er-
gilance, ou plutôt Dormitatice, a paru tout reurs nous allons les examiner.
:
doit point honorer les sépulcres des martyrs, Le culte des saints a deux parties l'hon- ,
ni chauler alléluia qu'aux fêles de Pâques il ; neur qu'on leur rend et l'invocation.
condamne les veilles il appelle le célibat
; Le culte des saints était généralement éta-
une hérésie, et dit que la virginité est la bli dans l'Eglise lorsque A igilance l'attaqua
source de l'impurelé. » par des plaisanteries et par le reproche d'i-
Vigilance affeclait le bel espril c'était un ; dolâtrie.
homme qui aiguisait un trait et qui ne rai- Les protestants ont combattu ce culte par
sonnait pas; il préférait un bon mot à une les mêmes raisons et ont prétendu qu'il était
bonne raison; il visait à la célébrité; il vou- inconnu aux premiers siècles.
lut écrire il attaqua lous les objets dans
; Il possible d'entrer dans le détail
n'est ni
lesquels il remarqua des faces qui fournis- des différentes difficultés que les protestants
saient à la plaisanterie. ont entassées contre le culte des saints , ni
« Est-il nécessaire, disait-il, que vous nécessaire d'examiner ces difficultés en par-
respectiez ou même que vous adoriez je ne ticulier, pour mettre le lecteur en état de
sais quoi que vous portez dans un petit vase? prononcer sur leurs sophismes : il suffit de
Pourquoi baiser et adorer de la poussière ,
donner une idée précise de la doctrine de
une vile cendre enveloppée de linge qui étant l'Eglise sur le culte des saints :
impure souille ceux qui en approchent et 1° L'Eglise catholique suppose que les
qui ressemble aux sépulcres blanchis des saints connaissent nos besoins et qu'ils peu-
pharisiens, qui n'étaient que poussière et vent intercéder pour nous , c'est un point de
que corruption au dedans Il faut donc ([ue "?
doctrine fondé sur l'Ancien et sur le Nouveau
les âmes des martyrs aiment encore leurs Testament Jacob prie l'ange qui l'a protégé
:
lâtres se sont presque introduites dans l'E- Saint Pierre promet aux fidèles de prier
glise sous prétexte de religion. On y allume pour eux après sa mort (5 .
cierges ceux que l'Agneau assis sur son trône N'irlemberg reconnaissent que les saints
éclaire avec tout l'éclat de sa majesté. prient pour l'Eglise.
« Pendant que nous vivons, nous pouvons Vigilance dit que, pendant que nous vi-
prier les uns pour les autres; mais après vons, nous pouvons prier les uns pour les
notre mort les prières que l'un fait pour autres. Saint Jérôme répond Si les apôtres :
(1) Hiero;i. contr. Vigilaiit. Barbeyrac, qui n'a été que l'écho de Le Clerc con-
(S) Le Clerc, bibliolh. univers., an. lUSll, p. IC9, ac- tre les Pères, a renouvelé ces accusations et a voulu
cuse saint Jérôme de inauva se foi conire Vigilance qu'il les prouver par des passa<;fis qui établissent le contraire'
regarde comme un habile lioinnie; mais on lie \oit point Uarlieyrac, Préf. de Puffeud. Uép. à 1). Cellier.
sur quoi il fonde son opinion, liasnage Hisl. Ecclés. , (.5) lie.ies., XLvm.
t.. 11, l. XIX, c. 7, prétend la même cliose, mais sans le (l) Jereui., xv.
(irouver. trij 1 Petr. iii'l.
247 VIG VIG 318
et les martyrs , encore revêtus d'un corps et pas d'une nature semblable au culte qu'ils
clans l'obligalion de prenilre soin de leur pro- rendent à Dieu il est faux que ce culte soit
:
pre salut, peuvent prier pour les hommes, de même espèce, et qu'il ne diffère que du
à plus forte r;iison ils peuvent le faire après plus au moins comme le prétendent les
,
dans le ciel, et il n'osera pas dire un mot lâtres, puis(iu'ils ont rendu un culte aux
pour ceux qui ont reçu l'Evangile par toute m;irtyrs (7).
la terre (1)? C'est donc à tort que les apologistes de la
Dans ce passage saint Jérôme répond à ce confe>sion d'Augsbourg dirent (lue les doc-
que Vigilance avait dit sur l'invocation des leurs anciens, avant saint Grégoire le Grand,
saints, que leurs prières n'étaient point écou- ne parlent point de l'invocation des siiints ,
tées et saint Jérôme fait voir par plusieurs
, et l'on trouve dans s.iint Grégoire de Na-
exemples que leurs prières sont écoulées. zianze une oraison sur saint Cyprien qui fait
Comment donc Basnage a-t-il pu dire que voir que le culte des saints était établi avant
saint Jérôme n'a pas cru que l'invocation le quatrième siècle.
des saints fiit légitime (2) ? Calvin iiétait détourné d'admettre l'invo-
Saint Jérôme suppose que la tradition de cation des saints que parce qu'il ne conce-
l'Eglise est unanime et constante sur le culte vait pas comment les prières peuvent leur
des saillis, et Vigilance ne s'est point fondé être connues c'est aussi le fondement de la
:
sur la tradition pour attaquer ce culte ; ce répugnance de \ ossius pour ce culte (8).
qui prouve qu'en effet la tradition n'était Grolius répond que cela est cependant fort
pas favorable à \igilance, comme B.isoage aisé à comprendre. « Les prophèles tandis ,
l'a prétendu, fondé sur des conjectures con- qu'ils étaient sur la terre, dit-il, ont connu
traires à toute l'antiquité ecclésiastique et ce qui se passait d.ius les lieux où ils n'é-
aux principes de la logi(iue et de la critique. taient pas. Elisée connaît tout ce que fait
En effet, au commencement dti troisième Giési, quoiqu'absent ; Ezéchiel au milieu de
siècle, Origène parle expressément de l'in- la Chaldée voit tout ce qui se passe dans Jé-
vocation des saints (3). rusalem ; les anges sont présents à nos as-
Eusèbe de Césarée, qui a passe une partie semblées, et s'emploient pour rendre nos
de sa vie dans le troisième siècle, et (jui cer- prières agréables à Dieu c'est ainsi (jue , :
tainement n'était ni ignorant, ni supersti- non-seulement les chrétiens, mais aussi les
tieux, Eusèbe, dis-je, assure que l'on visi- Juifs, l'ont cru dans tous les temps. Après
sitait les tombeaux des martyrs, et que les ces exemples, un lecteur non prévenu doit
fidèles leur adressaient leurs prières. croire qu'il est bien plus raisonnable d'ad-
Saint Hilaire, saint Ambroise, saint Ephrem, mettre dans les martyrs une connaissance
saint Basile, saint Grégoire de Ny.sse etc., , des prières que nous leur adressons que nuu
sont tous unanimes sur le culte des saints, pas de la leur ôler (0). »
et l'Eglise grecque est parfaitement d'accord Ce que nous venons de dire met le lecteur
sur ce point avec l'Eglise latine (i). en état de juger si c'est avec quelque fonde-
2° Les catholiques invoquent les saints et ment que tialvin, Charnier, Hospinien, Daillé,
ne les adorent pas. tête insensée dit saint 1 Vossius, B.isnage, Lenfant, Barbey rac, etc.,
Jérôme, qui vous a dit qu'on adore les mar- ont annoncé que !e culte des saints est une
tyrs (5)? bêtise, une rage, un blasphème, une idolâ-
Les catholiques ne prient point les saints
3° trie (10).
comme ayant un pouvoir indéi)endant de Si le culte des saints est une idolâtrie les ,
Dieu, mais comme des médiateurs et comme païens, Julien l'Apostat, Vigilance, ont donc
des intercesseurs puissants aupiès de Dieu ;
mieux connu ce culle que les Pères des qua-
ils reconnaissent que les mérites des saints trième et ciiuiuième siècles qui l'ont défendu ;
sont des mérites acquis par la grâce de Dieu ; cl tandis que ces Pères combattaient avec
ils ne rendent donc pas un culte idolâtre aux tant de zèle cl tant de succès les novatiens ,
saints, et le culte qu'ils leur rendent n'est les ariens , les manichéens, les donatistes,
(Ij Hipron. conlr. Vigilant. (7) 15asnag., Ilis'. Eoclés., t. II, I. xix, c. 10.
(i) liasnage, Hist. EclIos., l. Il, I. xix, c. 7.
(8J (.roiius, annol. ad coiisult. Cassand.
(3) Exlion. ail marivr. Iloin. iii Eze<li. (9) Grot., Voluni pro pace.
(4) Hil., c. 18 iii M'ailli. Aiulir , l. II, p. 200. Epliicm., (10) t-.ilvin., Inslil., 1. ii, c. 20. Clianiicr, I. \\,c. 1.
de Meiiss, etsenn. in saiul. (lui tief. It.is 1., orjt. -20, do Ilospin., Hist. san-., part. ii. Da lié, advcrsus Latin., de re-
40, iiiart. lire;;. Njss., Or. jn Tlipod. l'en cl. Je la fui. liip t^ullu. V. ssius, de Idol. L'uiifanl, PrésiTvaUr. liasnage,
t. V, |>. iOl. Hisi. Ecclés., 1. 11, 1. MX, c. 10. Barbejrac, Rép. au P.
(.S) llieroii. contr. Vigilant. ailier.
(6) Thcs,, (to Ciilm et Invoc.
219 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 290
les pélagiens, ils étaient les promoteurs et l'Eglise catholique rendait aux reliques un
les prédicaleurs de l'idolâirie, et coiitri- culte idolâtre.
buaii'nl de toutes leurs forces à éteindre la Mais il est certain que jamais l'Eglise ca-
religion et la piété. tholique n'a rendu aux reliques un culte qui
Les chrétiens qui accompagnèrent saint l'on rend aux reliijues et il y en avait peut-
,
Ignace dans le lieu de son martyre recueil- être p'us avant la Reforme qu'aujourd'hui ;
lirent avec grand soin ce qui resta de ses os, mais l'Eglise ne les approuvait pas, elle les
les mirent dans une châsse, gardaient ce dé- condamnait.
pôt comme un irésor inesliinable et tous les , Mais quelques abus introduits parmi les
ans s'assemblaient le jour de son niirijro fidèles sont-ils un motif suffisant pour rompre
p,our se réjouir au Seigneur de la gloire de l'unilé ? appartient-il à des particuliers de se
ce saint (2j. séparer de l'Eglise parce qu'elle n'enifiéche
Les fidùles de Smyrne ne négligèrent rien pas ces abus? que deviendrait la police de
pour recueillir les reliques de saint Poly- l'Eglise si des hommes sans autorité se
carpe (3). croyaient en droit d'y établir la Réforme?
L'Eglise de Lyon a toujours les reliques Les difficultés de Basnage contre le culte
des saints en grande vénération (4). des reliques portent toujours sur cette
Ce respect élail généralement cMabli dans fausse supposition savoir que les catholi-
, :
les démons rugissent auprès d'elles, et où D'anciens hérétiques regardaient tous les
ces esprits dont Vigilance est possédé avouent objets qui procnrrnt du plaisir comme des
qu'ils sentent l'effet de leur présence l'em- ; bienfaits de l'Etre suprême, et la loi qui dé-
pereur Arcaile est un impie, qui a transféré fendait d'en user comme l'oinrage d'un être
en Thrace les os du bienlieureus Samuel , malfaisant, ipii voulait contr.irier Dieu et
longtemps après sa mort tous les évèqucs ; rendre les hommes malheureux ainsi ils ; ,
qui ont porté dans un vase d'or une chose si faisaient en quelque sorte un devoir de reli-
abjecte et des cendres répandues dans (le la soie gion de se procurer un plaisir défendu; chez
sont non-seulement des impies, mais encore eux la fornication élail une action vertueuse
des insensés; c'a été une folie aux peuples de cl la continence une imbécillité ou une im-
toutes les Egll^es de venir au-deva;! de ces piété 8).
reliques avec aulaiit de joie que s'ils eussent Vigilance regardait au contraire la forni-
vu un prophète vivant et en si grand nom-
, cation comme un crime, et le célibat comme
bre que la foule en augmente depuis la P:i- un état qui rendait ce crime inévitable.
lestine jusqu'à la Macédoine, chantant liuiic LntluT au commencenientde la Réforme,
,
commune voix les louanges d Dieu (5). » prêcha un sermon où il s'exprimait ainsi :
C'est donc dans Barbejrac une ignorance « Comme il n'est pas en mon pouvoir de
grossière de l'histoire ecclésiastique d'assu- n'être point homme , il n'est pas non plus eu
rer que le culte des reliques commençait à ma puissance de vivre sans femme, et cela
s'établir au temps de saint Jérôme. m'est plus nécesaire que de manger, de
Le respect des fidèles pour les reliques a boire e! desatisfaireaux nécessités ducorps...
été général depuis Vigilance, dont l'erreur Si les femmes sont opiniâtres, il est à propos
ne fit point de progrès et le culte des reli-
; que le mari leur dise Si mois ne le voulez
:
ques depuis Vigilance n'a été altaciué que pas, une autre le voudra; si la maîtresse ne
par les pétrobusiens, les vaudois et les pré- veut pas venir, la servante viendra (9). »
tendus réformés, qui en ont fait un des fon- Zuingle, Bèze, etc., suivirent l'exemple
dements de leur schisnie, prétendant que de Luther ce qui fil dire à Erasme que la
:
(1) IV Ueg. xiu. F.sJi. ifcvm, Act. xiî. seront sauvés, mais coj-mp iiar Ip f. u.
(i) Ru'man, Aclu iiuilyrtiii. (7) Pipeliro-, Alla sanct. , l. V. Mab llun. pr.tf. act.
(5) lUid., p. 35. SS. fleniy, discours 5 sur l'Iiisloire ecclés.
(4) Ibid , !>. (i7. (8) Les Aiitila. les.
(oj Hieroii. coiitr. Vigii. (9j Serin. LuOier.
(tij 'l'illolson, Senu. sur ces paroles de saint Paul : Ils
,
qu'elle était inconnue à la primilive Eglise, mencé presque avec le christianisme (5).
qu'elle avait c.msé des désurdres infinis , et
Seconde qiestion. - L'Eglise a-l-elle imposé à ses mi-
que c'était pour remédier à ces désordres iiislres la lui du célibat, elceUe loi eat-elle iiyusteî
que les réform.iteiirs avaient attaqué la loi
du célibat tels sont les principes de Cha-
:
Le célibat n'est point une condition né-
rnier, de Kemnitius, des théologiens de Se- cessaire et de droit divin pour recevoir le
dan cl de Saumur de Jurieu de Basnage , , sacerdoce.
de Lenfanl. Cependant, de tous les apôtres nous ne
B.irbeyrac, qui, dans la préface de sa tra- connaissons que saint Pierre qui ait eu une
duciion de PulTeudorf et dans sa réponse à fi-mme, et si les autres en ont eu, il faut
dom Celli.r, a copié tout ce qu'il a pu trou- qu'ils aient renoncé à l'usage du mariage,
ver dans le Clerc contr<' les Pères a renou- ,
puisque thins l'hisioire il n'est fait aucune
velé toutes ces diffu ultés, et il a même pré- mention de leurs enfants l'opinion, du temps :
tendu que le célibat est coniraire au bien de de Terlullien et de saint Jérôme, était que
la société humaine en général et à celui des saint Pierre seul avait été marié (6).
sociétés particulières c'est par ce côlé que ;
Les auteurs, il est vrai, paraissent parta-
la loi du célibat principalement a été atta-
gés sur le mariage de saint Paul ; mais tout
quée dans notre siècle. Pour juger de ces le umnde convient que, lors(iu'il écrivit son
difficultés examinons 1° ce que l'Eglise :
,
Epître aux Corinthiens, il faisait profession
primitive a pensé du célibat ou de 1 conti- 1
de vivre dans la continence, puisqu'il le dit
nence ; 2 si elle a pu obliger ses ministres lui-même (7).
à l'observer ; 3 si le célibat de l'Eglise ro- Le concile de Nicée suppose cet usaçe éta-
maine est nuisible à la société civile. bli dans l'Eglise, puisqu'on y défend aux
Première question. — Sur ce que t'Fglise primilive a prêtres d'avoir d'autres femmes que leurs
peiis'j du célibat et de la coutiuence sœurs, leurs mères, ou des personnes qui
les mettent hors d'état de soupçon ce qui :
L'Ecriture nous représente la conlinencc suppose que les prêtres n'avaient point de
volontaire comme un étal de sainteté parti- femmes car on ne peut pas dire que sous
;
culière; il ne faut, pour s'en convaincre , le nom de sœur le concile ait compris la
que jeter les yeux sur le chapitre vu de la femme (8).
première Epître de saint Paul aux Corin- Saint Epiphane parle du célibat des prêtres
thiens. Il serait inutile, pour le prouver, de comme d'un usage généralement établi et
citer les théologiens catholiques les théolo- ;
observé dans tous les lieux où l'on observait
giens protestants le reconnaissent. Grolius exactement les canons de l'Eglise. 11 recon-
et Forbesius avouent que l'Evangile l'I saint naît pourtant que le contraire se pratique
Paul préfèrent la continence au mariage (1). en (luilque» lieux ; mais il dit que celte ex-
11 ne faut qu'ouvrir les Pères des premiers ception n'est pas fondée sur l'autorité des
siècles |)()ur se convaincre que le célibat et canons, ne se tolère que par condesicndance
la virginité furent très-communs dans les pour la faiblesse, et ne s'est introduite que
trois premiers siècles du christianisme. par négligence.
Dodwel reconnaît que, depuis les con- Le célibat est ordonné dans les canons
seils de saint Paul , l'estime de la virginité des apôtres, et l'on sait que la discipline
généralement répandue, et que, dès le
s'était contenue dans celle collection a été observée
temps de saint Clément, la virginité était en par les Orientaux pendant les trois premiers
honneur (2). siècles de l'Eglise (9).
On ne
larda pas à s'obliger par des vœux Cette pratique n'est pas moins générale
à garder la continence et ces voeux sont , dans l'Eglise laiine on le voit par le trente- :
presque aussi anciens que le christianisme : troisième canon du concile d'Eliberi qui ,
on le voit par saint Justin Athénagore, , défend aux prêtres et aux diacres, sous
saint Clément d'Alexandrie, TertuUien, Ori- peine de déposition, de vivre avec leurs fem-
gène (3j. mes.
(I) Grutius in 1 Cor. v». Forbesius, 1. 1 Tbeol. monil , (G) Tert., de Monogam. Hieron. contr. Joviiiian.
1. I, I-. là, |). 19. (7) Tert., iliid , c. 3. Epiph., hspr. S8. Itierou., ep. 22.
Dodwel, dissert. 2 sur la rlironologie des papes,
(l'i Aiig. , De Gral. et lili.Arb , c. i. Theo.forel, m l'aul.,
dans les ouvrajes postliurnes de IVarson. (lisent que s:iiut l'aul a été marié. Clem. Alex., 1. w
(.5) Justin, Apol. Aihen.igore l.et;»!. pr.i Christ. Cleni. Siroin., c. 7)0. I^us be el saïut Hélbode le uieni,
àlix., I. Ml Sirimi. 'l'en. Apol., c. 9 Urigeu. coDlr. Cels. («) Conc. Nie, eau. 4.
(i) l'erpét. de la foi, t. V, p. ïO'J. (U) Cau. 27
IS) MabilloD. ursef iii i sxc. Benedict., d. S, etc.
S25 DICIIONNAIRE 1>ES HERESIES. 234
Sur du quatrième siècle, le second
la fin différents canons cilés par les protestants,
concile de Carthage établit la même loi (1 \ prouve que la loi du célibat n'a pas totijours
Il est vrai que dans le temps de la persé- oliJigé diins l'Eglise, mais non pas que l'E-
cution l'Eglise latine ne fit point de lois pour glise n'a pu la porter.
punir les clercs qui n'observaient pas la loi C'est principalement sur les désordres du
de la continence, et qu'il y avait des prêtres clergé que les réformateurs ont appuyé leur
qui s'étaient mariés ou qui, ayant été ordon- infraction de la loi du célibat.
nés mariés, continuaient à user du mariage ;
Il est certain que ces désordres étaient
les uns parce qu'ils le croyaient permis, les
très-grands, quoiqu'ils aient été excessive-
autres parce qu'ils prétendaient que le ma-
ment ex^igérés par les protestants, et sur-
riatre était aussi bien permis aux prêtres du
tout par Jurieu, qui, dans sa défense de la
christianisme qu'à ceux di- l'aniienne loi.
Réforme, entasse snns choix, sans discerne-
Le pape Sirice ayant été informé de ces
ment, sans critique el sans pudeur, une
désordres, lorsque la persécution cessa, par-
foule dt' fables et de calo:iinies absurdes.
donna aux premiers à condition qu'ils
,
n'avanceraient pas dans les ordres, el qu'ils Mais ces désordres du clergé venaient du
ne feraient la fonction de ceux qu'ils avaient désordre général que les im ursions des bar-
reçus qu'en observant la loi de continence : bares avaient porté dans lEuroiie. Le clergé
il déposa les seconds, et défendit d'ordonner plongé dans la plus profonde ignorance, in-
des gens mariés, et à ceux qui étaient or- capable de s'occuper de ses devoirs el d'étu-
donnés de se marier. dier, fut entraîné par le torrent du désordre
F Eglise n'a point le droit de faire des lois, était puni à Sparte
et d'exiger de ses ministres certaines vertus On s'appuie sur ce principe pour condam-
ou certaines qualités, selon qu'elle les juge ner la doctrine de l'Eglise sur le célibat.
nécessaires au temps et aux circonstances. « Le mariage, dit-on, est honnête et néces-
C'est donc de la part des premiers réfor- saire dans loutes les sociétés civiles on sait ;
mateurs une révolte inexcusable d'avoir que tous les sages législateurs ont eiiipjoyé
violé les vœux
de continence qu'ils avaient les expédients les plus nécessaires pour
y
faits et d'avoir condamné la pratique de engager les citoyens cela étant suppo.-é, un
;
(1) Can. 2. Hist.du divorce de Henri VUl, 5 vol. in-1-2, 16SS, chez
(2) Innocent, ep. 3. Boudoi; on trouve à la fin de bonnes dissertations sur le
(3) L. V, cap. De eiiiscopiset clericis, colle.cu i, i. I. céliliat.
(4) Foi/ci, sur cetie question, Sjlvius, t. IV, supplem., Doiu (jBrvaise a aus^i Iraiié cette matière dans une dis-
quaest. 53. sert.ilio qu'il a mise à la fin de la Vie de saint Cvprieu.
I
Jiieniii, De impeil. naatrim. Il V a des tliéologicus qui prétendent que le célibat est
Ferrand, Réponse à 1 spologie Je Jurieu. de droit divin.
Lettres sur différeals sujets de controverse, par M. royêiSyhius, loc. cil., m.iis ce n'est qu'une opinion et
l'ahljé de Cordeiiioy, lellres 3 et 4. qui paraît sans fondement.
Hisi. des concles généraux; on trou'-e à la lin un excel- (5) Barbevrac, Traité de la morale des Pères, c. 8, [lage
lent traité du céJibat. tlô, etc.
Cellier, Apologie pour la moraie ilei; PP.
225 VIN VIN 226
On
a retourné !e fond de ces difficultés de vers l'année 18't0-il , dans le diocèse de
cent manières, et l'on est allé jusqu'à pré- Baveux, sous la dénomination d'OEuvre de
dire, d'après ces principes, que les proles- la miséricorde. Elle se révéla surtout par uu
tanls subjugueraient les Etals catholiques : Opuscule sur des communications annon-
faisons quelques réllexions sur cesdifûcullés. çant celte œuvre dont voici la substance :
de l'amour.
nature, les hommes doivent se multiplier
assez pour ne pouvoir subsister dans le « Que le troisième règne, celui du Saint-
même lieu et pour être forcés de former de Esprit, est le règne de l'amour. C'est aussi
nouveaux élablissemenls. celui dont Pierre-Michel a été élu le prédi-
cateur, ainsi que Monlan. »
Les émigrations, qui ne sont que la sura-
bondance des sujets, ne sont pas contraires Il suppose donc ,
par celle distinction
au bonheur de l'Elal; elles sont même né- bien formelle, que le règne du Père n'élait
cessaires, mais elles sont penlues pour l'Etat. pas en même temps celui du Fils, et que
La loi du célib.it ne serait donc pnint con- celui du Fils n'était pas eu même temps ce-
traire au bonheur d'un Et.il, quand on sup- lui du Saint-Espiil. Or, c'esl la
du Père et
poserait que le céliba absorbe celte sura- doctrine catholique que la Irès-sainte Tri-
bondance elle ne peut êlrc nuisible dans
:
nité, Père, Fils et Saint-Esprit n'a pas ,
un Kiat où l'on sait encourager cl favoriser moins régné sous la loi de Moïse que sous la
la population il est niètue certain que le
;
loi de grâce; que, quoique les trois person-
célibat, (jui absorbe celte surabomiance de nes soient parfaitement distinctes les unes
sujets qui se Irouve dans un Elal bien gou- des autres dans leurs opérations relatives
verné, est beaucoup plus utile que l'usage {ad intra suivant l'expression des théo-
,
d'envoyer des colonies, puisque ces colonies logiens), elles ne le sont point dans leurs
sont perdues pour i'Elat dont elles sortent, et Opérations extérieures {ad extra), et (lu'clles
que le célibat de l'Eglise calholi(]ue conserve y concourent toutes trois également. D'où il
à l'Etat les citoyens qu'elle perdrait par l'en- suit ((ue le règne du Père est tout à la fois
voi des colonies. celui du Fils et du Saint-Esprit.
Ce nesl donc point sur le célibat de l'E- Qui ne sait d'ailleurs que l'inspiration
glise romaine qu'il faudrait rejeter la dépo- des prophètes, partie essentielle de l'ancienne
pulation des Eials calboliques s'ils étaient loi, est attribuée spécialement au Saint-Es-
dépeuplés; leur dépopulation aurait d'autres prit, ainsi que celle des apôlres sous la loi
causes. Un auteur (ju'on ne peut soupçonner de grâce / N'est-il pas évident que le grand
de manquer de zrie pour le bonheur de l'E- mystère de l'incarnation est regardé comme
tal, l'Ami des hommes, a prouvé celle vérilé l'ouvrage du Saint-Esprit Spirilus sanclus :
nouvelle secte de montanisles, qui se forma verrons bientôt, emprunté à un célèbre hé-
Hist. critiq. du célil)at, AlmiI. des iiiscript., 1713 (i) .loaiin. XXVI, 15
!1)
2) Luc. I, 35. (.1) Alt. II, 4.
3) Sxinliol. aposi.
227 DICTIONNAIRE DES HERESIES 223
résiaiii'"" ? En enseignant, comme il lo pré- nouveau Cyrus et Constantin. Ce prince,
tend, des vorilés ignorées jusqu'à présent, appelé monarqne, dot ensuite, conjointe-
ne (locini'-l-il pas un démpiiti à Notro-Sei- ment avec un nouveau saint pape, établir
giieur iiui a déclaré à ses apôlres que le définitivement le règne de Dieu sur toute
Saint-Esprit leur enseignera toute vérité? la terre. Ce prince doit prophétiser et faire
Pararlelus Spirilus sanctus vos docebit om- des miracles. Le duc de Bordeaux, lui se
nia (1). Ne senibli^-t-il pas supposer que le démettra de ses droits au trône de France,
Sanvinir (lu monde a jugea propos de cacher à postérieurs à ceux du duc de Normanilie,
srs disciples certaines vérités de la plus haute deviendra l'auxiliaire de ce dernier pour
importance, que le Saint-Iispril a tenues l'expansion de la religion catholique sur
comme en réserve, jusqu'au jour où son tous les peuples.
grand prophète Pierre-Michel les annonce- « Après ces événements, un concile doit
rail (le sa part? examiner et admettre les nouvelles propo-
Nous voyons dans ce même premier article sitions de Pierre-Michel. »
que Pierre-Michel a employé, pour faire ac- Voilà certes bien des merveilles, et, à
croire à ses disciples qu'il est véritablement l'exception de la dernière, Pierre-Michel n'a
l'organe du Saint-Esprit, des moyens de sé- pas eu besoin, comme on le voit, de l'inspi-
duction qui annoncent un homme adroit, ration du Saint-Esprit pour les annoncer.
tout simple ouvrier qu'il est, à manier les
Aht. 2. — Nécessité de cette OEuvre.
c.-prils.
Pierre-Michel prétend la prouver par la
Voici le premier. C'est un bruit assez gé-
défection de l'Eglise catholique.
néralement répandu dans la société, que la
« La foi perdue, dit-il les crimes multi-
France est menacée de grands malheurs. ,
VMiidnnil p;is coiilri; elle ((). » Kl c.'llc K<îli- cet envoyé du ciel. » Kl il se fondait sur ce
se est Jippi'léi' p.ir s^ijnt Paul la colonne et que Paul Ex parte enim coi/nosei'
dit saint :
lique de ne s'élre pas monliée fidùle épou- supérieur; car c'est celui de l'Immaculée
se, a donc accusé Jésus-Christ lui-même. Conceplion de la sainte Vierge. Il y a aussi
Quant à sa mission pour réformer l'Egli- une croix de grâce qui lui a élé révélée par
se, il l'a reçue, à l'entendre, dans des exta- un archange. Celle croix a deux grands pri-
ses, des sommeils cxldliques, où il pluîl au vilèges: l'un au profil de ceux qui la porlenl,
Saint-Esprit de l'éclairer, de lui révéler tout car elle est pour eux un préservatif, au fort
ce qu'il doit enseigner aux auires. Celte |)ré- des événements lerrihles (in'il a piophélisés;
teiitioii ne paraîtra pas nouvelle à ceux (|ui l'autre, au profit de i'ierre-Michel car celle ,
connaissent l'bisloire des hérésies qui ont croix est pour ceux qui en sont décorés un
aftligé l'Eglise nous en citerons un oudcux
: indice del'dbnndon de leur volonté a Dieu dans
exemples. I,A PERSONNE DE PlERRE-MiCHEL !
il recevait, disait il, l'insjjiration divine. U mais suaves, se font alors sentir dî tous
se présentait comme prophète envoyé de côtés. Il a de plus, sur la région du cœur,
Dieu pour donner un nouveau degré de per- un stygiitnte en forme de croix qui, par mo-
fection à la religion el à la morale chré- ment est tout embaumé
, El toutes ces
tiennes. Il s'appelait le Pnrddel promis par merveilles sont présentées par Pierre-.Miehel
Jésus-Christ à ses apôtres pour enseigner à ses disciples, comme des preuves aitlienti-
les grandes vérités qui étaient réservées pour ques de su mission!!!
la maturité de l'Eglise.
Ses visions et ses extases lui atlirèrenl Art. 4. — Apôtres, laïques, onctions.
une foule de disciples. Les évéïpies d'Asie, C'est en l'honneur des sept dons du Sainl-
après l'avoir examiné s'assemlilèrenl elle
, Espritqu'ila partagé ses apôtres en sp/j/a/nes,
condamnèrent dans le concile d Hiéraple. chargées d'annoneer par le monde le rcgne
Malgré celte condamnation, nn \it en peu de de l'Esprit, eomme s'il n'avait pas régné sur
temps une multilude innombrable de /)/o- la terre depuis la création du monde Mais I
pliètes montanisles de l'un et de l'aulre sexe. il y a iiiKî seplaine dili^ sucrée, composée de
L'Eglise de Thjalire fut entièrement per- neuf membres , dont les noms ont été vus
vertie la religion catholi(iue y fui éteinte
; inscrits sur le cœur même de Jésus- Christ I
pendant près de 112 ans. Les moiiinnisles se \'us par <|ui Sans duoie par Pierre-.Midiel
'.'
Ou est porté à croire que Pierre .Miehel en Ce n'est ici, on le voit que merveil'cs ,
compte déjà trois qui lui sont emièrement sur merveilles. En voici une encore plus
dévouées, puisqu'elles forment partie de son admirable. Durant son sommeil exialiquej
grand conseil e'e,t cetju'il appelle une mys-
: Pierre- Michel a reçu une croix luir.iciileuse
térieuse Irinilé de trois femmes vénérées ('»]. renfermant du baume dit de la croix. Ce.
Environ un siècle après, mes, père des M baume est gélatineux et sanguinolent. (Ttst
manichéens, se vantait aussi d'éire inspiré avec ce baume que Pierre-Michel consacre
par le Saint-Esprit ; il alla même plus loin, les chels des septaines et leur confère la
tiques qu'il a empruntées à l'Eglise catho- ensuite chez un bijoutier pour y faire cou-
lique; car le ponlife, lors de l'ordination des fectionner des médaillons miraculeux, trans
prêtres, leur impose les mains, et consacre mis ensuite aux sujets pieux que le nouveau
les leurs par une sainte onction. Les chefs prophète veut en gratifier Pierre-Michel 1 —
des septaiues ont le droit de consacrer de la et deux de ses plus intimes adhérents possè-
uiêmo manière les membres dont ils sont dent eux seuls trois de ces médaillons , qui
présidents. El malheur à ceux des septénaires renferment une étoffe imbibée du sang
qui refuseraient leur concoursà l'œuvre, après de Notre-Seigneur , qu'il fait baiser aux
avoir reçu l'unclion car il y a des menaces
; fidèles 1!1
forinent alors le conseil de l'Immaculée Con- des fi lèles. Pierre-Michel s'est emparé adroi-
ception de Marie, se rattachant à VOEuvre tement de cette dévotion pour assurer plus
de la 7niséricorde. de crédit à ses extravagantes visions ; mais ,
Mais voici le plus curieux de celte grande en voulant lui donner plus d'éclat, il l'a dé-
révélation. C'est que ces membres de la sep- naturée.
taine sacrée, réunis en assemblée dans ce
Tous les théologiens tous les docteurs
qu'on nomme le cénacle, sont infaillibles
,
saint concile tenu par les apôtres; celte — de mettre publiquement cette dernière opi-
nion au nombre des articles de foi enseignés
infaillibilité accordée au grand conseil de
par l'Eglise, comme aussi de censurer ceux
Pierre-Michel et refusée par lui à l'Elglise
,
catholique, qu'il accuse d'infidélité; ces — qui ,en particulier, soutiendraient que la
conception de la sainte Vierge n'a pas été
trois femmes vénérées partageant le don de
riiifaillibilité ;
—
ces douze membres du
immaculée. Bossuet disait, en parlant de ce
mystère: « Après les articles de foi, je ne
grand conseil logés, pour ainsi dire, dans
vois guère de chose plus assurée. » ( Sermon
les étoiles de la couronne de la sainte Vierge;
— toutes ces inventions absurdes, ridicules
sur ta Conception. ) Enfin, tout récemment,
S. S. le pape Grégoire XVI a autorisé plu-
et blasphématoires, ne peuvent qu'exciter
sieurs évoques à faire célébrer dans leurs
une profonde indignation contre l'auteur de
diocèses, la fêle de l'Immaculée Concepiion,
pareilles impiétés.
el à faire insérer dans les litanies de la Irès-
Art. 5. — Visions et sang de Notre-Sei- sainle Vierge, celle prière: Vierge conçue
gneur Jésus-Christ. sans tache, priez pour nous.
Il n'y est question que de visions de l'ar- Mais ce n'est pas assez pour Piiirrc-Michel
change saint Michel de saint Joseph, de la
, d'admettre riinmaculée Concepiion de Marie
sainte Vierge, du sang de Jésus-Christ sorti et de > ouloir même qu'elle soit un article de
de son cœur, plus précieux, dil Pierre-Michel, foi. Il veut nous obliger de croire que la
que celui qui a ensanglanté la miraculeuse très-sainte Vierge a été réellement conçue
hostie d'Agen ; comme s'il y ava'l une por- du S'iint-Esprit qu'elle a pir conséquent
,
tion du sang de Jésus-Christ qu'on puisse une mère, mais point de père: il affirmo
dire plus précieuse qu'une autre I qu'il a lui-même élé témoin de l'opéralion
Un miracle assurément fort plaisant, c'est de ce grand mystère qu'i/ a vu le Saint-
;
celui d'un ange à figure humaine, qui, étant Esprit déposer un petit corps tout formé
descendu du ciel , va ouvrir le Ironc d'une dans celui de sainte Anne!!
S35 YEN WAL ss<
Art. 7. — Anges et hommes selon Pierre- culaire à son clergé do 8 novembre ISil.
,
exialique, que, dans l'origine, les âmes des port circonstancié et molivé d'un habile
hommes onl élé créées en même temps que théologien après un mûr examen de notre
,
)es anges que nos âmes onl élé ch.issées part, et de l'avis unanime de notre conseil,
;
avec eux du ciel pour n'avoir pas voulu re- nous déclarons que l'opuscule sur des com-
connaître Marie comme reine des anges, et munications annonçant l'œuvre de la miséri-
que Dieu a placé une partie de ces anges et corde , conlient des principes contraires à
des âmes dans des corps humains, afin (ju'iis l'enseignement el à la foi de l'Eglise catho-
puissent recouvrer le ciel par un bon usage lique; que les révélations et les miracles
de leur liberté. Il prétend aussi que la con- dont on veut se prévaloir, ne sauraient ve-
damnation de Lucifer n'a élé irrévocable que nir de Dieu; nous réprouvons et condam-
depuis la chute d'Adam , dont il a séduit la nons l'association établie pour la propaga-
femme. tion de ces révélations et de ces principes. »
Tout ce qu'il raconte à ce sujet est' fort Celte association fut condairiiiée pareille-
curieux; mais voici qui l'est bien davantage. ment par un bref du pipe Grégoire XVI,
Pierre -Michel est un des anges déchus et, ,
adressé le 8 novembre 1843 à Mgr. l'évêque
qui mieux est, un archange dans les séra- de Bayeux.
phins. Dieu, en l'appelant son Verbe, le hé- WaLFKÈDE, homme obscur et ignorant,
raut le clairon de ses volontés sacrées , \\i'i
,
qui soutenait que l'âme mourait avec le
Conféra des pouvoirs tels (]u'il ne faut ni corps il parut vers la fin du dixième siècle.
:
résister, ni répliquer à sa parole. Lui seul a Durand, abbé de Castres, le réfuta sans ré-
droit de juger en dernier ressort quand ii :
plique, et son erreur n'eut point de suite.
est dans ses fondions d'ext-ise et de visions, WALKÉRISTES. Les restaurateurs du
il est dit et cru entièrement infaillible. Il y a
christianisme primitif, qui se détachèrent
danger pour l'âme de celui qui résiste et de l'Eglise anglicane à la fin du dix-huitième
n'obéit pas incohtinent aux ordres ou con- siècle, sous la direelion du sectaire Brown,
seils donnés dans ses extases ou visions. reçurent le nom de walkérisles, de Walker,
11 est cependant une autorité supérieure auxiliaire de Brown, dont la prépondérance
à celle de Pierre-Michel dans ses extases ; a fait donner son nom à la société.
c'est celle de l'Eglise catholique, qui, dans Les walkérisles repoussent l'idée d'un corps
le concile de Constanlinople, cinquième gé- sacerdotal; mais ils ont des anciens ou in-
néral, l'u 353, a condamné et analhémalisé specteurs dont les fonctions sont seulement
les origénistcs, qui soutenaient que la peine administratives ou de surveillance.
des anges rebelles chassés du ciel n'a pas élé Ils sont opposés à toutes les sociétés chré-
une damnation éternelle, el. que les âmes tiennes, surtout aux arminiens, aux stricts-
des hommes onl préexisté avant la créaiion calvinistes, aux antinoméens, aux baplistes,
du monde. Quant à ce que dit l'ierre-.Michel, el plus encore à 1 Eglise anglicane, qu'ils
qu'il a élé jadis archange dans les séraphins, regardent comme un système anticbrelien
que Dieu l'a appelé son erbe.., qu'il est
I établi par l'intervention des lois humaines.
seul juge en dernier ressort, entièrement in- Pour trouver la religion véritable, il faut re-
failltble, etc., il faut nécessairement en con- monter aux temps aposloliciues; car s'éloi-
clure , ou qu'il est tombé en démence , ou gner de la tradi;i<in .iposioliqtie el des pré-
qu'il est l'organe de Salan pour séduire les ceptes de Jésus-Christ, c'est se placer crimi-
fidèles : car qui ne sait que les ravissements, nellement au-dessus d'eux. En parlant de ce
les extases, les mouvements extraordinaires principe, dont ils déduisent desconséquences
d'une certaine éloquence dont il fait parade, et tirent des applications, ils rejettent le
les parfums et une foule d'autres prestiges, baptême. Si, dans les premiers siècles, ou
ne sont ((u'uu jeu pour lui'? S.iinl Paul se l'administrait, c'était à des gens qui avaient
plaignail do son temps de ces faux apôtres professé le juda'iSme, le paganisme mais ;
ouiriers trompeurs gui se transforment m nous qui sommes nés de parents chrétiens,
,
apôtres de Jésus-Christ : et on ne doit pas n'en avons pas besoin. Il sudit, d'après la
s'en étonner, conlinuivl-il puisgue Si tan ,
recommandai ion (le saint Paul aux E()hesiens,
même se transforme en ange de lumière (I). de bien élever les enfants. On n'esl pas plus
Concluons donc avec ce saint apôirc écri- obligé de se faire baptiser (jue d'aller dans
vanl aux Gal.ites: « Il y a des gens, mes tout le monde, comme les apôtres baptiser
,
frères, qui vous troublent et qui veulent et prêcher. D'ailleurs, saint Paul se lelicite
renverser l'Evangile de Jésus-Christ... Je d'avoir baptisé peu de personnes. Ces sec-
vous l'ai dit l'i je vous le redis encore une taires ne considèrent pas que le but de saint
fois. Si ((uelqu'un vous annonce un Evan- Paul n'est pas de rejeter le baptême, mais
gile différent de celui que nous vous avons de combattre l'esprit de parti d'après lc(|uel
annoncé, qu'il soit analhème » ( Galat. i, certaines gens se disaient , les uns du parti
7, 9); c'est-à-dire retranché du corps de d'Apollon, les autres de celui de Paul, les
Jesus-Chrisl séparé de la communion des
, autres de celui de Céphas.
saints, banni de la société des fidèles. Ils s'assemblent le premier jour de la se-
Mgr. l'évêque de Uaycux, dans une cir- maine en rriéinoire de la résurrection du
(1) 11 Cor. XI, 13, ».
DlCTlONNlIRI DBS IlrHÉSIES. II.
,
d'après la tradition, expliquent en quel sens ses écrils; il réunit tout ce qu'on avait dit
il est défendu ou permis de
jurer; mais ils contre sa puissance et contre ses richesses
;
allèguent que la défense est scripturale, et il attaqua son autorité dans les choses pu-
quand on leur objecte que, d'après leur ma- rement spirituelles ;il prétendit trouver dans
nière d'interpréter le texte sacré, l'obliga- sa doctrine des erreurs fondamentales.
tion de laver les pieds aux hôios est égale- Le clergé d'Angleterre avait toujours pris
ment scripiurule , ils prétendent qu'on ne le parti des papes contre les rois et contre le
doit pas ici se Qxer sur le sens littéral, mais parlement, il avait retenu le peuple dans la
sur l'cspril du texte, et l'entendre des devoirs fidélité au sainl-siége. Wiclef entreprit de
de charité, quel qu'en soit l'obj'.'t. ruiner le crédit du clergé en allaquant ses
Les sexes sont séparés dans leurs assem- prélenlions et tout ce qui pouvait lui con-
blées. Elles unissent par un baiser de paix , cilier le respect et la confiance des peuples.
gatoire dans certaines circonstances, entre pieds du légal et remise par ce minisire sur
la lêle du roi , la cession de l'Angleterre au
des parents, des amis; par exemple, en
partant pour quelque voyage, et au retour; pape, el le Iribut imposé sur ce royaume par
à plus forte raison, disent-ils, à la fin du le pape; enfin les Anglais voyaient avec
service liturgique. En conséquence, à la On chagrin les bénéfices donnés par le pape aux
de l'assemblée, après les prières , les frères étrangers. Comme dans ces démêlés le clergé
embrassent les frères, les sœurs embrassent avait ordinairecnent pris le parti de la cour
les sœurs. Cependant des disputes s'étaient de Rome, il s'était attiré la haine d'une par-
élevées de la pari de quelques membres qui tie du peuple, qui d'ailleurs regardait avec
quit à Wiclif dans la province d'York, vers LoUards qui s'étaient fait des partisans en
l'an 1329 il étudia au collège de la reine à
;
Angleterre : il se fit des disciples et donaa
Oxford, et ûl de grands progrès dans l'élude de l'inquiétude au clergé.
de la philosophie et de la théologie. On envoya au pape Grégoire XI plusieurs
Fn 1361, l'archevêque de Canlorbéry fit à proposilions de Wiclef qui renouvelaient
Oxford une fondation pour l'élude de la logi- les erreurs de Marsille de Padoue "Je Jean
Deux ans après, Wiclef devint professeur évêques voulaient qu'il lût debout ; on se
en théologie ; il remplit cette foiiclioii avec dit de part et d'autre des paroles assez
beaucoup de distinction, et fit dans le cours vives, et l'on se sépara sans avoir rien fait
de fréquentes déclamations contre les moines; sur l'affaire de Wiclef, qui, à la faveur de
il leur reprocha même dos erreurs celte puissante protection, continua à ensei-
capitales.
Wiclef n'était pas dans des dispositions gner sa doctrine et fit des prosélytes qui la
plus favorables pour la cour de Rome soit , répandirent ; mais le clergé le condamna et
que son mécontentement vînt de la perle de le força de quitter sa cure.
son procès soit qu'il fûl caus^' par les dé-
,
La disgrâce de Wiclef ne fit qu'augmenter
uièlés (h's pajjos uvec l'Aiigk'line, sdù eiiliu sa liaim- coniie le pape cl contre le clergé.
qu'il lut produit par la lecture de celte loule 11 composa divers ouvrages pour insinuer
liain élait reconnu par l'Angleterre et Clé- par le diable; qu'il faut conseiller aux Odè-
ment par la prêcher
France. Urbain VI fit les de ne point demander d'indulgences au
en Angleterre une croisade contre ta France, pape, parce que la bonté de Dieu n'est pas
et aci'orda aux croisés les mêmes indulgen- renfermée dans l'enceinte des murs de Rome
ces (|ue l'on avait accordées pour les guerres ou d'Avignon ;
que ni le pape ni aucune
de la terre sainle. puissance sur la terre n'a le pouvoir de nous
Wiclef saisit celle occasion pour soulever empêcher de profiter des moyens de salut
les esprits cuntn- l'autorité du pape et com- que Jésus-Christ à établis; que le pape et
posa contre cette croisade un ouvrage plein ses collègues sont des pharisiens et des
d'emportement et de force. «Il est honteux, scribes, qui prétendent avoir droit de fermer
dit-il, que la croix de Jésus-Christ, qui est la porte du ciel où ils n'entreront point et où
un monument de paix, de miséricorde et de ils ne veulent point permettre d'entrer.
charité, serve d'étendard et de signal pour Les évêques n'ont qu'une puissance ima-
tous les chrétiens pour l'amour de deux faux ginaire; un simple prêtre dont les mœurs ,
prêtres, qui sont manifestement dis Ante- sont réglées, a plus de puissance spirituelle
christs , afin de les conserver dans la gran- que les prélats élus par les cardinaux et
deur mondaine en opprimant la chrétienté nommés parle pape.
plus que les .luifs n'opprimèrent Jésus-Christ Il donne aux ordres religieux le nom de
lui-même et ses apôires... Pour(iuoi est-ce secte. Il se déchaîne surtout contre les qua-
que l'orgueilleux prêtre de Rome ne veut tre ordres meniliants ces ordres sont fondés,;
pas accorder à tous les hommes indulgence selon lui, sur l'hypocrisie les Sarrasins qui :
plénière à condition qu'ils vivent en paix et rejettent l'Evangile sont coupables devant
en charité, pendant qu'il la leur accorde Dieu mais moins que ces quatre sectes; le
,
pour se battre et pour se détruire (1; ? » musulmanismu et la vie des cardinaux con-
Urbain VI envoya en Angleterre une mo- duisent, par des routes différentes, mais éga-
nition pour citer Wiclef à Rome mais il fut ;
leuM'iit sûres, à l'enfer. Si les fidèles sont
attaqué d'une paralysie et mourut peu de obligés d'honorer le corps de l'Eglise leur
temps après, l'an 138'i-, le 28 décembre. sainte mère, il n'en est point qui ne doive
travailler à la purger de ces sectes, qui sont
Doctrine de Wiclef. quatre humeurs mortelles dont son corps est
Wiclef avait beaucoup de sectateurs; le infecté.
clergé pour arrêter les progrès de ses er-
, Laconfession est une pratique instituée
reurs, renouvela les condamnations portées par Innocent lil , et rien n'est plus inu-
contre sa doctrine, et l'Université d'Oxford, tile il suffit de se repentir
; il conJaume :
après avoir examiné les livres de ce théolo- l'usage du chrême dans l'administration du
gien, en tira deux cent soixante-dixhuit baptême; il attaque le dogme de la Iranssuh-
propositions qu'elle jugea dignes de censure, stantiatiou.
et qu'elle envoya à l'archevêque de Cautor- Le livre du sermon du Seigneur sur la
béry (2). montagne contient quatre parties là il pré- :
Ces conclusions contiennent tonte la doc- tend que les apôtres ayant travaillé de leurs
trine de Wiclef et le plan de réformation mains pour vivre, <'t n'ayant pris sur les
qu'il avait formé , s'il est vrai qu'il ait eu un aumônes que le simple nécessaire, il est clair
plan ; car je vois bien dans ces propositions que les clercs qui entrent dans l'état ecclé-
un but, celui de rendre l'Eglise romaine et siasti(iue avec une intention différente sont
le clergé odieux, d'exciter contre eux l'iu- simoniaqncs.
dignatiou publique et d'anéantir leur auto- Les seigneurs temporels sont en droit de
rité; mais je n'y vois point de système, point dépouiller tous les ecrlésiasliques de leurs
de corps suivi de doctrine , point de forme possessions ils n'ont pas besoin, pour user
;
de gouvernement qu'il ait voulu subtituer au de ce droit, d'un décret du pape; c'est favo-
gouvernement de l'Eglise romaine. L'anar- riser l'hérésie que de ne pas s'élever contre
chie le désordre
, le fanatisme des ana- , les possessions de l'Eglise quoique les an- :
(1) Dans le livre iulilulô ; l'ilïtiliculiou •.la traiiU arrêt . (î) Dans la coUeiliou Jes conciles d'Angltierre.
de malédiciioa.
«59 DICTIONNAIRE DES HERESIES. îil
tin homme à qui sa conscience rend lémoi- terre; tout appartenant à Dieu, lui seul
gnage qu'il remplit la loi de Jésus-Christ peut donner à l'homme un droit exclusif à
est sûr d'être ordonné prêtre par Jésus- quelque chose, el Dieu ne donne ce droit
Christ. qu'aux justes et à ceux qui ont la grâce. La
Le livre de la simonie n'est qu'une répéli- qualité d'héritier, les litres, les concessions,
lion de tout ce qu'il a dit contre les religieux, les donatiims , n'établirent donc jamais un
Dans le livre de la perfection des Etats, il droit légiiime en faveur du pécheur; il est
prétend qu'il ne devrait y avoir dans l'E- usurpateur tant qu'il est privé de la justice
glise que deux ordres, le diaconat et la pré- habituelle et de la grâce.
trise ou le sacerdoce ; les autres ordres sont Un père qui meurt dans la justice ne donne
des institutions monstrueuses. pas à son fils le droit de lui succéder, s'il
Dans le livre intitulé De l'ordre chrétien, ne lui mérite pas la grâce nécessaire pour
il attaque le dogme delà présence ré 'lie et viTre saintement les hommes n'ont donc
:
renouvelle l'erreur des bérengariens. Il as- point sur la terre d'autres droits ni d'autre
sure que les enfants morts sans baptême loi que la charité.
sont sauvés il répète ce qu'il a dit sur les
; Ainsi un maître qui ne traite pas son do-
moines et sur les ordres il regarde comme ; mestique comme il voudrait être traité s'il
nn concubinage lemariage contracté p.ir des étiitàsa place pèche contre la charité, perd
personnes qui ne peuvent avoir des enfants; la grâce il est
; déchu de tous ses droits et
il nie que rextrêmeonction soit un sacre- dépouillé de toute autorité légitime sur son
ment. Il prétend que l'homme le plus saint serviteur. Il faut en dire autant <les rois, des
est celui qui a le plus de pomoir dans l'E- paprs et des évêques selon Wiclef lors- , ,
faut être juste, et qu'un homme |>crd.iit son procès pour les biens temporels, il ne doit
droit à ses possessions lorsqu'il commettait s'occuper que du ciel; il ne peut donc sans
un péché mortel. péché s'occuper à juger des affaires profa-
II est étonnant que Wiclef, qui n'avançait nés. Ainsi, lorsque les barbares ravagent un
celte maxime que pour autoriser lis fidèles à pays, il est plus conforme à l'Evangi'e de
dépouiller le clergé de ses richesses, n'ait pas supporter ci's malheurs que de repousser la
vu qu'elle établissait le clergé maître absolu force par la forci-.
de tous les biens temporels, puisqu'il n'ap- Dieu, selon Wiclef, n'approuve point que
partient en effet qu'à l'Eglise de jugrr si un les catholiques aient de domination civile ou
homme est coupable d'un péché mortel ; car riligieus<' it la
; colère, quelque légère
abandonner ce jugement aux particuliers, qu'elle soit, lorsqu'elle n'a pas pour objet
comme Wiclef le faisait, c'était ouvrir la la gloire de Dieu, devient un péché n)ortel;
porte à tous les vols et à toutes les guerres. il altaiiue ensuite la prière pour les morts.
Les fureurs des hussites et des anabaptistes. Le liire du Domaine civil contient trois
qui désolèrent l'Allemagne après Wiclef, livres les docteurs d'Oxford n'ont extrait
:
sont les effets de celte doctrine. que quelques propositions contre les nioines
Wiclef soutient dans le même ouvrage que et d( ux propositions dont on ne voit pas le
tout arrive nécessairement. sens.
Le Trialogue contient quatre livres , qui Tout ce que nous venons d'exposer des
ne sont (jue la répétition de tout ce t|ui a été principes de Wiclef il le répète dans son ,
dit contre les possessions temporelles du traite du Diable, dans son livre de la Doc-
clergé; il y condamne la consécration des trine de l'empire dans son livre Du ciel ,
,
entier sur la mcLiiihysique abstraite il est : depuis quelques années on ne trouve rien ;
destine à combattre la croyance de la pré- dans les monuments recueillis par les édi-
sence réelle par des difficultés tirées de la leurs de ces conciles qui suppose qu'on ait
nature même de l'étendue, parce qu'il est imputé à Wiclef des sentiments qu'il n'avait
impossible que les accidents eucharistiques pas, ou que l'extrait de ses livres ait été
subsislenl sans sujet, parce que deux corps infidèle.
ne peuvent exister dans le même espace. C'est donc sans aucun fondement que le
parce que Dieu ne peut produire en même docteurBurnet dit t)u'on ne sait au vrai si les
temps un corps dans deux différents en- sentiments qu'on lui attribue étaient vériia-
droils. blemenl de lui « puisque not;s n'en savons
:
Il y renouvelle les erreurs d'Abaelard sur rien, dit -il, que par ses ennemis, qui ont
les bornes de la puissance divine; il pré- écrit avec une pa-^sioii à tendre douteux tout
tend que Dieu ne pouvait faire ce qu'il a fait, ce qu'ils ont avancé (!).»
(t) Bnroel. Hisl. de la Réforme d'Angl., I. i, p. S9.
241 Zl'i Zll ta
Les sectateurs de Wiclef, qui étaient en Lorsqu'on eut abattu la secle des hussi-
grand nombre et aussi ennemis du clergé les, on n'anéantit pas dans les esprits la
que le Icrgé l'était de Wiclef; les seclaleurs
i doctrine de Wiclef, el celte doctrine produi-
de Wiclef, dis-je, n'iiuraieiit pas manqué sit ces différentes sectes d'anabaptistes qui
de relever les inliilélilcs des extraits, et leur désolèrent l'Allemagne lorsque Luiher eut
silence est une approbation formelle de la donné le signal de la révolte contre l'Eglise.
Cdé.itc de ces cxlrails. Voi/ez Anabaptisies.
l'art.
Des effets de la doctrine de Wiclef. Nous avons réfuté les erreurs des -wicléfi-
tes sur présence réelle, à l'article Bében-
la
Los ouvriiges de Wiclef contenaient donc GER et BÉBENGARiENs; SCS crrpurs sur la
des principes assortis aux différents carac- prière poui' les niorts, sur les cérémonies de
tères, iiroporlioiinés aux dilTérenles sortes
i'Lgiise, sur le sacrement de l'ordre et sur
d' sprit, et favorables à Tindisposiiion assez
la supériorité des évêques, aux articles AÉ-
générale en Angleterre contre le pape, con-
RiDs, ^IGILA^CE; son erreur sur la toute-
tre le ilergé, contre les moines: on conçoit
puissance de Dieu, à l'article Abaelard; son
donc qu'il se fît des disciples. sentiment sur les indulgences, à l'article
Le clergé n'oublia rien pour étouffer celle Luther; son senliment sur la confession, à
secle naissante ; il anathémalisa les widéG- l'arlicle Osma.
les et les lo'.larils qui se confonilireni en
A l'égard de son opinion sur les posses-
quel()iie sorte, il olitinl contre eux des édits
sions temporelles du clergé, elle n'a de fon-
rigoureux, et l'on brûla les wiclélîtes et les dement que l'abus que le clergé pourrait
lori.iids (1).
faire des biens temporels qu'il possède; et
Cependant la doctrine de Wiclef faisait du une dissertation qui prouverait que clergé le
progrès, et In chambre des communes pré-
peut posséder légitimement des biens tem-
senla, en 14-0'+, une adresse au roi, pour le
porels ne persuaderait à personne que le
prier de s'emparer des revenus du clergé;
clergé ne fait pas un mauvais usage de ses
mais le roi n'y conseniil pas. La chambredes
biens, si nous étions dans le cas qu'on pût
communes présenta une nouvelle adresse en reprocher au clergé qu'il fait un mauvais
lilO mais le roi la rejeta et deléntlit à
;
emploi des biens ecclésiastiques.
la hambre des communes de se mêler des
(
affilies du clergé; la chambre des commu- Les albigeois qui enseignaient qu'il fal-
nes demanda ensuite qu'on révoquât ou lait dépouiller les ecclésiastiques de leurs
(lu'on adoucît l'edil qui condamnait les loi-
possessions n'eurent point de partisans plus
lards et les wieléfiles cela uiéme fut refusé;
:
zélés que quelques usuriers el quelques sei-
el pendant la tenue du parlement le roi Gt gneurs avides el tyrans de leurs vassaux.
lirûier un loUard. On entend souvent renouveler ces anciennes
H nri V ne traita pas les lollards avec déclamations contre le clergé; mais il ett
moins de rigueur; mais il n'éteignit ni cette rare de les trouver dans la bouche d'un
sede ni celle des wicléliles ()ui fit des pi-o- homme d'esprit, désintéressé, modeste et
grès Secrets, mais considérables, dans la charitable.
chambre des comiiuims et prépara tout , WOÉTIENS, hérétiques ainsi nommés,
pour le schisme de Henri Vlll. parce que leur chef était un certain Woétius,
Les livres de Wiclef furent portés en Alle- qui enseigna qu'il fallait se contenter d'ob-
magne Jean Hus adopta une partie de ses
: server religieusement le dimanche, sans cé-
erreurs, el s'en servil pour soulever les peu- lébrer aucune fête.
ples contre le clergé.
z
ZISC.\. Foj/. HussiTES. Tandis que Zuingle s'occupait à corriger
ZUINGLE (Ulric), né à Tnckcnbourg en ces abus, Léon X faisait publier en Alle-
I'i8i, fil ses éludes à Rome, à Vienne el à magne des indnigi'nces pnr les dominicains,
IJàle, où il prit le bonnet de m.iîlre es arts ; et en Suisse par Bernardin Samson, corde-
aplé^ avoir fait son cours de thci)lo;;ie, il fut lier. Zuingle s'éleva contre l'abus que le
curé à Glaris, en iriOi, el ensuite dans un cordelier S;imsoii f.iisait des indulgences, et
gros bourg nommé Notre-Dame des Ilermi- il fut approuvé par l'evéïiue de (Constance,
tes c'était un lieu de dévotion fort fameux,
: qui était meconteiil de ce que le cordelier
où les (èlerins venaient eu foule cl faisaient Samson était entré dans son diocèse sans sa
benuroup d'offrandes. permission cl n'avait point fait vidimer ses
Zuinglc y découvrit d'étranges abus, et bulles à Constance.
vit que le, peuple était dans des erreurs Zuingle fui alors nommé prédicateur de
grossières sur l'ellicaril des pèlerinages et Zuiicb, et il peignit si vivement les abus et
sur nue l'onlo d'.iutres pritiiiues: il atta- mcinr les excès ilu cordelier, que le consul
qua ces .ibiis dans ses iustruclions et dans de Zniicli lit fermer les portes au porteur
ses discours. d'indulgences. Tous ces abus étaient fondés
(t) Abriigé dos .U'ies de r.vmcr. A la suiie de t'IIisl. de Ruin Tluiiras. 1 II, y. CO. Coiic. BriUui, t. UI.
U3 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 2U
sur (les traditions incertaines, souvent sur tendit n'appartenait qu'à l'Eglise de
qu'il
(iesf.iliiis; Zuingle, pour coupor la racine juger des controverses de la religion, et offrit
abus, allaqua toutes ies traditions, et
«Ji's de répondre par écrit aux articles de Znin-
préUMulit qu'il fallait n'admettre comme vrai gle qu'au reste, indépendamment de sa ré-
;
la doctrine de Zuingle un moyen sûr pour édit par lequel il défendait d'enseigner autre
faire tomber tous les abus, et une voie facile chose que ce qui était contenu dans l'E-
pour déterminer les points sur lesquels on criture.
devait obéir au pape et à la puissance ecclé- En conséquence de ce décret, Grégoire
siaslique. (3n adressa donc à tous les curés, Luti se mit à prêcher contre les cérémonies
prédicateurs et autres bénéûciers chargés de l'Eglise romaine et contre le faste du
du soin des âmes un édit du conseil, par le- clergé. L'administrateur des terres des che-
quel il leur était ordonné de ne prêcher que valiers de Saint-Jean de Jérusalem s'en plai-
ce qu'ils pouvaient prouver par la parole de gnit, et le magistrat condamna Luti à la
Dieu, et de passer sous silence les doctrines prison et à l'exil.
et les ordonnances humaines. Zuingle censura vivement en chaire la
Les livres de Luther contre les indulgen- conduite du sénat le grand conseil cassa
:
ces, contre l'Eglise romaine, étaient pas- celle sentence, et ordonna (jne désormais
sés en Suisse et on les j' avait lus avidement. les affaires de religion seraient portées de-
Zuingle, de son côté, avait communiqué vant lui bientôt Luti fui promu à une au-
:
cantons, il continua ses déclamations les : seigner que ce (|ui estcontenu dans l'Ecriture.
catholiques de Zurich combattirent les réfor- Cet argument tourmentait Zuingle nuit et
mateurs, et le peuple était partagé entre jour, y cherchait une solution.
et il
diction de se rendre à Zurich, et supplia une riche veuve. Voilà le premier effet que
révéiue de Constance d'y venir ou d'y en- produisit dans le canton de Zurich la rélorme
voyer ses théologiens. de Zuingle.
Les ministres obéirent au conseil, et l'é- 11 occupé de la difficulté de con-
était fort
vêque de Constance envoya Jean Faber, cilier lesentiment de Carloslad sur l'eucha-
son grand vicaire avec ses théologiens à ristie avec les paroles de Jésus-ChrisI, qui
Zurich. dit expressément Ceci est mon corps. 11 eut
:
Zuingle présenta sa doctrine contenue en un songe dans lequel il croyait disputer avec
soixante-sept articles ; mais Faber, (jui vit le secrétaire de Zurich, qui le pressait vive-
que le conseil voulait s'établir juge delà ment sur les paroles de l'institution ; il vit
doctrine, refusa d'entrer en conférence de- paraître tout à coup un fantôme blanc ou
vant le conseil assemblé pour juger ; pré- uoir, qui lui dit ces mots «Lâche, que ne :
24ij ZUl ZUI 246
rùpomls-tu ce qui est écritdans l'Exode, ne pouvait s'en dispenser, et il ne doulait
l'Agneau est la pâque, pour dire qu'il en est pas qu'il n'y péril. Une comète qui parut
11! signe. » alors le confirma dans la persuasion qu'il
réponse du fantôme fut un triomphe,
Ct^lte serait tué il s'en plaignit d'une manière
;
et Zuingle n'eut plus de difficulté sur l'eu- lamentable, et publiait que la comète an-
charistie; il enseigna qu'elle n'était que la nonçait sa mort et de grands malheurs sur
Ogure du corps et du sang de Jésus - Christ ;
Zurich malgré les plaintes de Zuingle, la
;
il trouva dans l'Eiriture d'autres exemples guerre fut résolue Zuingle accompagna
;
sens et à l'imaginalion, fut adoptée par beau- Après la bataille de Cappel, les catholi-
coup de réformés; ils voulaient tous abolir ques et les Zuriquois firent la paix à condi-
la messe, et le dogme de la présence réelle tion que chacun conserverait sn religion
formait un embarras sur cet arlicle, l'expli- Nous avons réfuté la dodrine de Zuingle
cation de Zuingle le levait; OEcol.impade, sur le célibat à l'article Vigilance ; son
Capilon, Bucer l'adoptèrent; elle se répan- sentiment sur l'euchari-itie, à l'article Bé-
dit en Allemagne, en Pologne, en Suisse, en RKNGER son erreur sur la messe, à l'article
;
France, dans les Pays-Bas, et forma la sicte Luthéuanisme: son erreur sur le culte des
des siicramenlaires. saints, à l'article ^'IGIL\NCE; son erreur sur
Luther, qui, aussi bien que Zuingle, avait les indulgences, à l'article Luthé'kamsme.
établi l'Ecrilure comme l'unique règle de la 11 faut appliquer à la réforme que Zuingle
foi, traita les sacramentaircs comme des hé- établit en Suisse ce que nous avons dit delà
rétiques, et l'on vit entre les sacramcnlaires réforme de Luther et de la Réforme en gé-
et les luthériens la même opposition qui était néral.
enire toutes ces sectes et l'Eglise romaine : Nous avons peu de chose à dire sur les
aucun intérêt n'a jamais pu les réunir, et talents de Zuingle et sur ses ouvrages; il
les luthériens ne persécutaient pas les sacra- n'était savant, ni grand théologien, ni
ni
meiilaires avec moins de fureur que les ca- bon philosophe, ni excellent littérateur: il
tholiques. avait l'esprit juste et borné il exposait avec
;
La réforme introduite en Suisse par Zuin- assez d'ordre ses pensées, mais il pensait
gle se répandit plusieurs réformateurs se-
;
peu profondément si on en juge par ses ou-
condaient ses efforts à Berne, à Bile, à vrages.
Constance, etc. Toute la doctrine de Zuingle est renfermée
Plusieurs cantons restèrent constamment dans soixante-sept articles, comme nous
attachés à la religion catholique , et con- l'avons déjà dit il a fait un ouvrage pour
:
damnèrent la prétendue réforme des autres pour prouver ces articles cet ou-
justifier et ;
cantons ; ils leur écrivirent pour leur re- vrage ne contient que les raisons employées
présenter que la réforme de la religion n'ap- par tous les réformateurs.
partenait ni au peuple, ni à un p lys particu- Zuingle, un peu avant sa mort, fit une
lier, mais à l'Eglise, à un concile général. confession de foi qu'il adressa à François 1";
Les prétendus rél'orniés n'eureiil aucun égard là, en expliquant l'article de la vie éter-
aux représentations des catholiques ; on nelle, il dit à ce prince qu'il doit espérer
employa de part et d'autre des expressions de voir l'assemblée de tout ce qu'il y a eu
dures et la guerre fut sur le point d'éclater d'hommes saints, courageux et vertueux
plus d'une fois entre les catholiques et les dès le commencement du monde. Là, vous
prolestants enfin les cantons de Zurich et
; verrez, dit-il, les deux Adam, le Racheté et
de Berne défendirent de transporter des vi- le Rédempteur, vous verrez un Abel, un
vres dans les cinq cantons catholiques, et Enoch... vous y verrez un Hercule, un ihé-
l'on arma
de part et d'autre. sée, un Socrate, Aristide, Antigonus, etc.
Zuingle tous ses cITorls pour éteindre le
lit Les ouvrages de Zuingle ont été recueillis
feu qu'il avait allumé: il n'était pas brave, en cinq volumes in-folio (1).
eiil fallait qu'en qualité de premier pasteur ZUINGLIENS. Hérétiques, sectateurs de
'
(1) On iicul, avec ces ouvrages, voir Uossucl, llist. dos Var.; Spoud. ad. an. 1517; Hisl. de la Rélormc, par to
Ducliat, Supplément de Uajle, url. Zuiksle.
-<«<'A)*'-
,
AVERTISSEMENT DE L'EDITEUR
On connaissait un livre intilulé : Bibliothèque janséniste, ou Catalogue alphabétique des
principaux iiires jansénistes ou suspects de jansénisme qui ont paru depuis la nai^sane de
,
cette hé este, avec des notes critif/'ies sur les vérilahles atiteurs de ces livres, sur les erreurs
gui y sont contenues et sur les condamniitions qui m
ont été faites par le saint-siége, ou par
l'Eglise gallicane, ou par les évéques diocésains (1); sans indicaiiou du lieu de l'iuipressioa
ui lie celui du libraire, uiais porlanl la date de 1722.
C'' livre eut plusieurs cditinns. N(ius avons smis les yeux la quatrième, revue, corrigée et
augmentée de plus de In moitié. L'auleur y a fait entrer les livres quesnelHstes , baianistes
ou suspects de les erreurs avec un traité dans lequel les cent et une prop sitions de Quesnel,
,
sont qualifiées en détail. Elle est île Bruxelles, Vl\k, Simon t' Serteievens , imprimeur de son
excellence Mgr Varclievéque de Malines, et forme 2 vol. in-12; le 1"^'', Ar 351 pages sans
compter la préface et la liste chronologique des livres, et li- 2', où se trouve aussi la Biblio~
thèque des livres quielistes, de 315 pages, sans compler la table alphubèiique des ouvrages.
La Bibliothèque janséniste a poi.r auieur le P. Dominique de Colonia , jésuite né à Aix ,
en 1660, mort à Lyon en 17il , qui n'y mit pas son ni)iii. li esi auteur de plusieurs autres
ouvrage? qui attestent ses connaissances étendues en littérature et en antiquités. Sa Reli-
gion chrétienne autorisée par les témoignages de- i:uteurs païens, plusieurs fos réimprimée,
lait partie df la collection des Démonstrations évangéliques.
Dans la Bibliothèque janséniste le P. de CoUmia ne re>ie pas toujours dans les bornes
de la modération; il emploie quelquefois des épitlièles un peu dures, et qualiGe de jansé-
nistes des auieurs estimables, des ouvrages exempts de cette tache, et dis opinions non con-
damnées. Son livre fut mil à l'index à Home, par décret du 20 septembre 1719.
Le P. Louis Patouillet, né à Dijon en 1699, mort à Avignon vers 1779, refondit et augn
nienta considérablement l'ouviage du P. de Colonia. Il éiait accoutumé à déployer la plus
vive ardeur contre le jansénisme (2j nul ne l'égnla dans la guerre qu'il fil à celle hérésie.
;
Son zèle la lui montrait, non-seuienient où elle pouvait se trouver déguisée, mas encore
où elle n'était réellement pas. Ainsi, au lieu de corriger le livre du P. de Colonia il le ,
rendit plus répréhensilde. Son édition de ce livre parut sous le titiC de Dictionnaire des /t-
^.vres jansénistes ou qui favorisent le jansénisme ; nous ignorons en quel lieu et en quelle
année elle fut publiée, et nous conjectui ons qu'elle était en k \ol. in-12. Quoi qu'il en soit,
elle fut aussi mise à l'index à Rome, par un décret du il n)ar> 17oi.
L'année suivante, et sous le titre que nous venons de transcrire, une nouvelle édition de
l'ouvrage du P. Patouillet fui publiée à Anvers, chez Jean-Baplisie Verdassen, aux Deux-
Cigognes. Nous en avons sous les yeux un exemplaire, '* vol. in-l2, le l"de xx-508 pages ;
le 2* de 552 le troisième de 50i, et le i° de 467. Au premier abord nous avions pense que
;
cette édition postérieure au décret de l'Index avait eie corrigée mais l'examen que nous en;
avons fait nous a convaincu du contraire. Le nom du P. Patouillet n'y est pas.
L'ouvrage que nous donnons sur les auteurs jansénistes et sur leurs livres n'est pas la re-
production de celui du P. de Colonia ou du P. l'alouillel cela est visible pour la partie bio-
;
graphique dont ces écrivains ne se sont pas occupés. Quant à la partie liibliographii|ue, nous
avouons que nous avons tiré beaucoup de choses de l'ouvrage du P. Patouillet. En cela
nous n'avons fait que suivre l'exemple de Feller et d'autres auteurs, qui lui ont fait aussi
des emprunts plus ou moins considérables. Et dans ces reproductions partielles, il nous est
arrivé souvent d'adoucir les expressions de l'écrivain et de rectifier ses jugements. On trouve
dans son ouvrage la critique de beaucoup de livres dont il n'est nullement que>tion dans le
nôtre; mais en revanche nous nousoccupou>de ceux dont il ne pouvait parrer, puiscju'ils n'ont
été mis au jour qu'après la publication du sien. Nou^ avons puisé les articles biographiques
des auteurs, et les appréciations critiques de leurs livres dans des ouvrages et des recueils
estimés des amis de l'orthodoxie c'était le meilleur moyen pour nous assurer de mettre
:
vigilants de la foi catholique et nous confessons que ces li* res, ainsi lléiris. ne nous ont pas
;
paru dignes de btaucoup de ménagement. Quant à ceux qui n'o:it pas été l'objet d'une telle
"ctrissure, mais qui nous ont paru repréhensibles , nous avt)ns cru pouvoir user à leur
égard d'une critique que nous croyons permise, et qu'on exerce librement en efTet dans
toutes les écoles, dans tous les parus, dans tous les journaux. Or, tel livre, dont on relève
quelques propositi ns, peut être bon d'ailleurs, au jugement même de celui qui les relève.
(1) L'n volume in-1-2 de 507 pages, plus la pré- de l'anonyme, l'Apologie de Cartouche, ou /e Scélérat
face et la table. grâce du P. Quesnei.
jintliie piir la
(2) En 1755, il avait fait paraître, sous le voile
DICTIONNAIRE
DES
JANSENISTES,
CONTENANT UN APERÇU HISTORIQUE DE LEUR VIE ET UN EXAMEN CRITIQUE
DE LEURS LIVRES.
outre beaucoup de brochures île circonstance sur l'Ecriture sainte :/.ps Psaumes, nouvel^
et fournit des articles à la Chronii/ue nii-
lemeiU traduits sur l'Hébreu, et mis dans hur
gi'MSf, qui parut de 1818 à 18'2l. Voy. Gré- ordre naturel. 1809, 3 vol. in-8 les Pro^ ;
taire de l'ablié IMoulun. On sait aussi qu'il vol. in-8° ;Ezéchicl, 1821 2 vol. in-8' Da-, ;
Justification de Fra-Paolo Sarpi, ou Lettres et il lui fut perniis do revenir. .M. Picot, qui
d'un prêtre italien à un maijistral fnimais mentionne ces circonstances ajoute « Il , :
sur le caractère et les sentiments de cet avait pris part aux troubles qui divisèrent
homme célèbre. 1811, in-8". l'Eglise de son temps ce qui fut cause que
;
pour le concile de Trenle. Voyez A.mei.ot. habile eslimé laborieux. Il passait pour
, ,
Rome, contre lequel ilse juslifla avec autant L'Histoire du concile de Trente de Fra-
de inodesiie cl de. calme, que de dignité et de Paolo, la Traduction qu'en a faite Amelot, et
îorce Bien qu'attaché aux sentiments des V Abrégé qu'en a donné Jurieu , « soni trois
llié'ilo^iiens de son ordre , il élait juste et livres, dit le même auteur, que les jansénis-
modéré à l'égard de ceux qui ne les adop- tes autorisent et qu'ils répandent partout.
taient pas. Je nepî^'s .«o»/7'îr, dit-il dans son Leur but est de rendre le concile de Trente
Histoire ecclésiastique, cvuxqui, à l'exem- odieux et d'anéantir ses décisions sur la
,
ple de Jnnsétiius, conservent témérairement grâce. C'était là une des maximes fonda-
des opinions qui ne sont point condamnées mentales de labbe de Saint - Cyran Quîi :
dans l'Eglise, et qui faisant de miiuvais pa- fallait tout mettre en œuvre pour décréditer
,
rallèles de lu doctrine molinienne avic les er- le concile de Trente, qui, selon lui a été fait
,
reurs des pclatjiens, blessent la vérité, violent par le pape et par les scltolastiqucs, qui y ont
la chnrité, troublent la paix de l'Eglise. beaucoup changé la doctrine de l'Eglise. Tels
A.MELOT DE LA HOLSSAYE (Nicolas, sont les propres termes de ce novateur dans
ou, selon quelques-uns, Abrauam-Nicolas) , sa vingt-quatrième Maxime.
naquit à Orléans au mois de lévrier 163i, Les prétendues Lettres de Vargas sur le
dans un éiat voisin de l'indigence, et mou- concile de l rente ou la prétendue version
,
rut à Paris le 8 décembre 1706. Dans les française qui en a été faite , sont encore un
premiers temps qu'il lut à Paris , il vécut artifice du parti pour prévenir les peuples
tantôt des aumônes qu'il recevait des jésui- contre ce saint concile. C'est l'apostat Le
tes, et lantôt*de ce qu'il gagnait à copier îles Vassor, auparavant prêtre de l'Oratoire, et
écrits pour eux. Il lut secrétaire du prési- depuis réfugié en Angleterre, qui eu est l'é-
dent de Saint-André, ambassad'iur de France diteur. » Voyez Vassor (le).
à Venise et , à ce qu'il parait
, s'attira
, ANDRÉ (N...), ex-oralorien
, bibliothé-
quelque disgrâce. Dans son séjour à Venise, caire du célèbre d'Aguesseuu , donna deux
il recueillit des ciocuments dont il se servit bons ouvrafi-s contre Rousseau, et, entre
plus lard pour son Jlistoire du gouvernement autres sur lesquels nous ne nous pronoi'.çons
de Venise, avec le Supplément et l'examen de pas, VEsprit de Duguet. 11 puljlia les OEu-
laliberté originaire (traité traduit de l'italien vres de d'Aguesseau, 13 vol. iii-i", dont la
de Marc V'eilerus), avec des notes historiques dernier ne parut qu'en 17S9. « 11 est bon de
et politiques. Amsterdam, 1705, in-12, 3 vol. prévenir , dit l'auleur des Mémoires pour
Cei ouvrage, assez mal lait et peu judicieux, servir à l'Histoire ecclésiastique , iome IV,
déplut au sénat qui s'en plaignit à la cour page 230, seco:.de édition, qu a la tête de ce
de France, et on prétend que l'auteur fut treizième volume, l'éditeur a [lacé un Aver-
enfermé à la Hasiilie. Amelot a publié beau- tissement , des Remarques ei des Extraits
coup d'ouvrages dont le P..Niceron a donné dont il doitseul être responsable. André, qtii
la liste dans le tome XXXV
de ses Mémoires. n'avait jiu insinuer ses idées dans les précé-
Nous ne parlerons ici que du suivant : dents volumes , a voulu apparemment s'en
dêdonmiager dans celui-ci, qui fut publié en
Histoire du concile de Trente, de Fra-Paolo 1789. Il y a inséré des réllesions et des opi-
Sarpi, traduite par le sieur de La -Molhe- nions qui n'ont aucun ra| port avec son su-
Josseval, avec des remarques historiques, jet, et qui n'ont d'autre but que d'insinuer
politiques et morales. Amsterdam G. P. les principes de son parti. Il prétend que plu-
et J. Blaeu, 1683, in-4-°. —
Seconde édition,
,
il fut avocat au Parlemcnl, où il acquit une était un éloge achevé; il n'y avait parmi eux,
grande célébrité moins par son mérite que
, à les enlondre, que des génies sublimes, que
par les circonstances ou il se trouva. Il avait des prodiges de srienee et de vertu. » Bour-
de l'éloquence; l'avocat général Muion ai- dal.. Sermon sur l'aveuglc-né.
mail à l'entendte et lui donna sa fille aînée « Arnauld, dil un autour, hérita de son
en mariage. Il plaida, lo'JV m
pour l'L'ni- ,
père une h.iine aussi iniplac.ible qu'injuste
versité contre les jésuites. « Son plaidoyer contre les jésuites. Il ne fut admis dans la
est ce.qui le fit connaître, dit l'autour dos maison de Sorbonne qu'après la mort du car-
Trois siècles litléraires ; les circonstances dinal de liichelieu ce mini>tre pénétrant
,
dans lesquelles il le prononça contribuèrent ayant empêché, tant qu'il vécut, qu'on reçût
beaucoup a le mettre en vogue clnz les on- un sujft dont certains .-ictes annonçaient le
iieuiis de la Société. Si on le lit anjourd'bui déplorable râle qu'il remplirait dans la
de sang-froid, on y rcniar(]uera plulol ce ton suite. Alexandre ^'l! l'a appelé enfant f/'/ni-
de cbaleur et d'eniporieuient ((ui nait de la quilé et perturbateur du rrpo^s public. Ar-
prévention, que le caractère de celle vérita- nauld, de son coié, n'a jamais mén.igé dans
ble éloquence qui réunit la vérité des faits à ses écrits les pui-sances de l'Eglise et de l'K-
la force de l'exprci-sion. Il pui)lia contre la îat. Il n'a cessé de représenter les papes le ,
Société de Je- us un autre ouvi a^e intitulé : roi, les évêques, comme étant unis ensemble
Le franc et véritable Discours du roi sur le pour persécuter la vertu et la vérité. 11 a été
rétablissement qui lui est demandé pour les chassé de ï-orbonne comme un hérétique
Jésuites, in-8°. Henri IV, au(;uel il était obstiné, qui opposait perpétuellement son
adressé, n'eu fit aucun cas et rétabli! les , évidence prétendue et particulière faillible
jésuites. —
Son li!s Ânloinc , sujet di' cet ar- et pleine d illusions, à l'aiilorilé infaillible de
,
ticle, naquit à Paris le G ié\ ricr l()l-2. Il vou- l'E:; ise. Aussi aucun bachelier n'esl-il reçu
lut, dit-on, se livrer à l'étude de la jurispru- dans la faculté de Paris qu'il ne s'engage par
dence, mais le vœu de sa mère et les conseils serment à rejeter constamment et pour tou-
de l'abhé de Saini-t>ran , son directeur, le jours la doctrine héréti(iue d'Arnaulil cen- ,
décidèrent à proférer la tbeologie. Elevé surée par celle faculté d.ins sa délibération
dans la haine des jésuites jiar son père, et du mois de septembie 170'r. Enfin il est mort
dirigé par Saint-Cvran, quel rôle jouera Ar- en per.>islanl dans ses hérésies, comme il pa-
nauld? Nous ne donnerons pas ici son his- raît par son Testament, où il a soin d'avertir
toire nous rapporterons seulement quelques
; qu'on doit regarder comme un faux bruit que
jugements tirés de différents auteurs. Le lec- la calomnie j)ourrn réjiandre, de supposrr que
teur peut lire l'article biograplii()ue sur Ar- c'est lui faite grâce que de croire pieucment
nauld dans le Dictionnaire instoriijue de Fel- qu'il se sera reconnu avant que dr mourir.
Icr. Tout le monde sait qu'Arnauld a beau- Ce docteur, ignominieusement retranché
coup écrit, qu'il a fait plusieurs bons ouvra- du corps dont il i'iisait parle, lut cependant
ges et une grande nuintilé de uiauv is, dont considéré comme un triomphateur ; c'est-à-
nous ne nienlionuerons qu'une p.irlie. On dire, sou parti, malgré cette lâcheuse aven-
sait aussi qu'on lui en a attribué qui ne sont ture voulut, dans la suite
, le présenter
,
dos jansénistes; sa vie fut tristement agitée, chassé de France; l'autre, qu'il av;iit été
et il mourut ;\ Bruxelles , entre les bras de nommément excommunié. La famille de
(juesnel , le 8 août 1694 à l'âge de quatre-
, M. Arnauld s'en jdai^init et > blinl une lettre
vingt-lrois ans. Les jansénistes l'appelaient de M. d'.Xgucsse.iu par laquelle ces faits se
,
le grand Arnauld. 11 lut i/rand , si l'on veut; trouvaient détruits et réiraclés. Celte eir-
mais de quelle grandeur".' I.titbor et Calvin ccmsiance jiarul favorable aux jansénistes,
avaient été grnw(/j-avanl lui. Il lut donc grand ; ils voulurent en rofitcr pour renverser d'un
]
nous l'avouons en pensant aux Kapba'i'm , à seul coup tout ce qui ava.il jamais élé fait
ces géants dont parle l'Ecriture. «Parmi les contre Arnauld. C'est dans celle vue qu'ils
esprits factieux , dit un célèbre orateur, être lireiu iniiirimcr el qu'ils publièrent un écrit
leur adhérent, c'est le souverain mérite; intitulé Triomphe de
: M
Arnauld..
n'eo être pas, c'est le souverain décri. Si vous A peine cet écrit eut-il vu le jour, qu'il fut
,
supprimé par un arrêt du conseil dont voici première on rapporte plusieurs propositions
la teneur : tirées des pages 49, 130, li9 et I.'S^. Sur la
« Le roi «nyant élé informé qu'on répandait seconde, on cite la fameuse proposition de la
diins le public un écrit infilulé Le Triomphe : pige 226, qui assure que l' Evoniiile el les
de M. Arnauld, Sa Majesté ;iurait reconnu, Pères nous montrent dans // person7ie de soint
jiar le C(im| le qui luien a élé rendu qu'en .
Pierre «a juste à qui In grâce, sons laquelle on
y avait eu la (émérité de jjublierdes faits qui ne peut rien, a manqué dons jtne occasion où
s'étaient passés sous ses yeus, el niémp une l'on ne peut pus dire qu'il n'ait point péché.
lettre écrite ar son ordre au sieur bbé de
j. ; 11 est (lit nsuile que la sacrée faculté (qui
I
Pomponne, d lyen de son conseil e! chance- pendant deux mois entiers s'e^t assemblée so-
lier de ses ordres, ce qui aurait en :\'^i' cet lennellemnit en Sorbonne pren/ue t<,us les
abbé à jtorier ses j 1. inles au roi d'une im- jours) a délibéré sur lotte cette affaire, et
pression faite à son insu, qui l'offen ait per- après une exacte discussinn, a décimé que la
sonnellement autant qu'elle et lil contr ire
, première question qui est le fuit, est téméraire,
au respec! qui est dû à Sa Majesté, et d nt il scandaleuse, injurieuse au pope el aux évéques
la suppliait de ne laisser exi>ier aucun ves- de France; et tnrme (/u'elle donne sujet de re-
tige; que, d'ailleurs le (ilre même qu'on a , nouveler la doctrine de Jan'éniit^ qui a été
donné a cet écrit snffir.iit seul pour faire voir ci-devant condamnée et que la secnde. qui
;
Dianifcslenieiit ([u'on av.iit cherché à baser reqarde le dr<it,esl téméraire, in pie blas- ,
d'une lellre qui n'avait pour objcl que la ré- phématoire, frappée d'nnatlième et hérétique.
tractation de quelques faits injuriiiis à la On ajoute que le sieur Arnaul na>ant I
personne de feu sii^ur Arnauld, sans qu'il pis voulu se soiimelfre, la faculté a juqé qu'il
fii question de ses senlimenls; l'auleur qui ,
devait être rejeté de sa compagnie rjfacé du ,
se rétractait, ayant s'iilenient déclaré •urce nombre de ses docteurs, el tout à fait letran-
point qu'en les couibaltanl, son in'eution ché de sou corps; et le déclare en effet rejeté
n'avait jamais élé d'i)ffenser la fandlle ni la ejfacé et retranché.
personne du sieur abbe de Pomponne, et que Enfin, cont'niienl les docteurs, pour em-~
cependant on avait voulu présenter au public pécher que cette pernicieuse doctrine dudit
cette rélracialion comme une justifie: tion so- Arnauld, qui comme une peste u déjà saisi
lennelle des sentiments de feu sieur Arn luld, beaucoup d'esprits, ne fasse un plus grand
malgré la censure toujours subsistante qu'ils progrès, la faculté a ordonné qu'on n'almel-
ava ent éprouvée de la part de la faculté de trail à l'avenir aucun des docteurs aux as-
théolo^rie de Paris en sorte qu'il était visible
: semblées, ou autres droits et fondions quel-
que ceux qui ont fait im|irimcr cet éciit n'a- con ities. concernant Indiie faculté, ni aucun
vaient eu en vue que de troubler de nouve.'îu des bacheliers aux actes de théaloqie, suit pour
la pais de l'Eslise. A quoi étant nécessaire dis))uter ou pour épundi e; ni aucun de ceux
i
de pourvoir, Sa Majesté étant en son conseil, gui se présentent pour entrer ilans la /'acuité,
a ordonné el ordonne que l'écrit qui a pour à supplier, comme l'on dit communément, pour
iHre Triomphe de M. Arnauld, imprimé
: le premier cours, ou pour répondre de tenta-
sans privilège ni permission, sera et demeu- tive, qu'ils n'eussent auparavant souscrit à
rera su; primé enjoint à tous ceux qui en
: cette présente censure.
ont des exemplaires de les remettre in es- En outre, que si quelqu'un ose approuver,
samm 'nt mu greffe du conseil pour y être sup- soutenir, inspiqner. prêcher ou éciire les sus-
primés. Faii Sa Majesté, très-expresses inhi- dites propositions dudil Ariiauld, il sera ab-
bitions et défenses à tous imprimeurs, li- solument chassé de ladite fucullé.
braires, colporteurs ou autres, de quelque Et de plus, la faculté a ordonné que cette
état ou condition qu'ils soient, d'en imprimer, censure serait imjirimée el publiée , afin que
vendre débiter ou au rement distribuer, à
, , tout le monde sache combien elle abhorre cette
peine de ])Unition exemplaire, etc. Fait au pernicieuse el pestilente doctrine. Fdil à Paris,
conseil d'Etal du roi. Sa Majesté y étant, tenu dans l'assemblée générale tenue en Sorbonne,
à Versailles le 27 avril l"i8. u le dernier jour de janvier, l'an de Jesus-
Peulv-être sera-t-on bien aise d'avoir une Ch'isi 1656, et confirmé le premier jour de fé-
connaissance plus p irliculière de la censure vrier de la mrme année.
toujours subsi.-^lanle dont il est parlé dans cet M. lalibé lie Cl oisi, dans le dixième vo-
arrêt. Elle porie en substance que depuis lume de son Histoire de l'Eglise rapporte
M
,
quelques mois Anloine Arnauld ai/ant la manière dont M. Arnauld lut chassé de îa
écrit en français et publié une certaine lellre facnllé après cette censure. Le pape (ajoule-
inlilule'e Seconde Lettre, etc., les docteurs
: t-il, paje approuva tout ce qui s'était
i't9]
députe's pour Texaininer ont rapporté qiCenlre fait et condamna la lettre d'Ar-
en Sorbonne,
auirts choses qu'ils y ont trouvées Irès-dignes nauld deux apologies de Jansénius (1).
cl les
d'être censurées , ils ij en ont principalement Le mi nie auteur, dans son tome 11, impri-
remarqué quelques-unes qui semblaient pouvoir mé en 1723, avec apj robiilion et ]Ti\ilége
*e réduire à deux q)iestions, dont l'une pour- du roi, s'exi rime aii si sur le crm])te de ce
rail s'api' 1er de fuit et l'outre de droit. Sur la dtcleur lldevint, dit-il, le chef des nouveaux
:
de l:i S<ii[) 11116 plus singii lèieel pins éi hilnnie, c'est Arnauld ,
a\aiiça el soiiliiu une héiésie irés-
qui
q'i'aui un li;(( lielier- ne peiii être nçu qu'il ne l'ait d.ingeieiise el qu'on criil devuir à jan.ais prémunir
,
auparavant signée; de surie qu'à porpéiuilé, el laut les candidats cuuire sa penlicl«u;^c duciriiie. i
.
dre aussi illustre. Aj.rèsla paix de flémetit IX, théologiques il écrsvit conire le prince d'O-
;
à laquelle M
Ariiauld eut lieaueoup de part,
. range, et le lilre (2) de son ouvrage suffit
il ne se crut pas en sûreté à Pari- (I) il ne : pour faire connaîlre la trempe de son esprit.
pourail pas s'empêcher d'avoir un commerce L'aiili ur du Siècle de Louis XIV prciendque
continuel avec ses amis des Pays-Bas, et ce ce livre n'est pas de M. Arnauid. à c.iuse !lu
commerce qui sentait la caliale , déplaisait à la litre qui lient du style du P. Gar sse. Cet
cour. Il se retira en Flandre, et >j demeura hi-torien n'a pas lu sans doute tons les ou-
ton ours caché.. .. Il craignait si fort d'être vrages de ce docteur; il en a composé incon-
reconnu, de peur qu'on n'exicjeât de lui vne (eslahleinent tant d'autres où le style du P.
soumissinn parfaite aux décrets de l'EijUse, Garasse se fait souvent sentir, que l'on est
que, sentant approcher sa dernière heure, il autorisé à lui atirlbuer celui-ci jusqu'à ce
n'osa jamais faire appeler un prêtre approuvé que l'on ait des preuves plus solides du con-
de l'ordinaire, et ainiameax expirer ertreles traire. »
bras du P. Quesn'l. son disciple, qui lui ad- « M. Arnauid,dit M. deJLoménie (His-
minslra te viatique et l'exlrêuie - onction , toire du jansénisme),a le corps petit el n'eut
quoiqu'il n'en eût /las le pouvuir. Comme . . jamais grâces en partage. Il n'a de vil
les
Tertullien, il eut le malheur de s'écarter de la que les yeux. Tous les autres Irails de son
fui dans def articles essent'els. L'imuijinaliun, visage ne marquent (pie de lastupidilé... Il a
le feu, l'éloquence, le savoir, ont été à peu le nez assez gros et d'une forme peu agréa-
près éqaux ; l'obstination, ieulctement ont été ble, les dents forl laide«, les lèvres pâles,
pare<ls. nul embonpoini, les nains fort peliles, les
« Aver du génie, (iH l'anleur dos Trois jambes grêles, les pieds de pygmée mais ;
siècles littéraires , de 't''l<)(]tienrr e'. une lillé- sa léie est fort grosse, ses épaules larges et
ralureétendue, Arnauid » n uvé coml)i<'n un \
sa poitrine à proporiion Quand une fois
homme sage (li)il se défier de s s prévi-nlions, il a chaussé quelque chose dans sa forte
el combien il est esseiiliel pour le b'mheur tête, il revient difficilement de ses premiers
,
el la véritable gloire, de s^iyoir les réprimer préjugés et trouve toujours des raisons pour
lorsqu'elli'S nous enipnrienl Irnp loin. 11 élail les défendre. »
né avec loules les qu;ilités ()ui forimni les « La passion de M. Arnauid, dit un autre
grands écrivains ; mais son esprii, nalurclle- écrivain, fut d'être l'idole d'une grande fac-
menl p lémique, l'engagea dans des disputes tion, il fut dins l'Eglise ce qu'éiaii le cardi-
qui iiiiTiienl s'm humeur el dégradèrent ses nal de I^etz dans l'Iitat , ne cherchant dans
talents. Il lui fall.iit absulunieni d(!s adver- la rébellion que le personnage de rebelle.
saires. En{iemi des proteslaiils il écrivit , Lutter contre Rome et \'ersailles, conire les
conire eu\ avec cetle vigueur it relie viva- papes et le roi c'était le point de
, vue
cité (|ui caractérisent autant le talent de la dans le(iuel il voulait être envisagé. Avec un
dispute que le zèle de la vérité. Dans ses C n- caractère si vain, on est bien é. oigne de la
troverses conire le mini-iire Claude, on ad- simplicité chrétienne. Aussi la seule idée de
mire une dialecliq^e profonde, une niciliode se lélracler, d'avoir lorl, le faisait frémir.
lumineuse, un enchaînement de [ircuves, une Ce n.iturel dur et allier le brouillait souvent
variété d'imagi s, une for^ e d'expression qui avec ses amis. On l'a vu aux prises avec
capii-. eut l'esprit et l'allachenl at:réahlenienl. Nicole et .Mallebranche : Pascal, i|uelque
Ce (]u'il a éirit contre les jésuites est dr la temps avant de mourir, éprouva aussi sa
même magie de slyle, de la même éluquence, mauvaise humeur. C'est que d Arnauid ms
sans pouvoir néanmoins y niéconiiaîire une le cœur n'avait pas de moindres défauts que
ameilume, un acliarnemcnl b en éloignés de l'espril. Si l'un était remjili de suflisance ,
ce Ion qui l'ait vabiir les raisons et prouve l'autre élail pétri de haine el rie colère. Sa
l'iniparlialité. On doit p;ir conséquent se gar- bouche et sa plume distillaient le fiel éga-
der d'adopter inconsidérément tout ce qu'il lement. Jamais les injures no lui parurent
leur impute dans sa Morale pratiquent d.ins assez fo tes, ni les iinectives assez \i(ilen-
ses autres écrits, où l'animosite étoulle le les. Il lit même un livre pour prouver géo-
discernement et laisse une libre carrière à niélriquemenl que les écrivains eu peuvent
l'exagération, à la l'ausselé , aux conlr.idic- user sans scrupule contre ceux qui combat-
lions. Ce n'est pas par des imputations tent leurs sentiments. On s.iit que, dans le
élrangères à la question qu'on réussit à ré- cours de sa vie, il eut un grand nombre d'ad-
futer ou à confondre ses antagonistes. Tel — versaires ; mais ceux qu'il a le plus forte-
était le caractère de .M. Arnauid une hu- :
ment si l'on peut parler di' la lorie,
haïs, el,
meur prompte à s'enllamnier, une grande fa- le plus solenneilemenl, ce sont les jésuiles.
cilité pour écrire el ,
plus (jne tout cela, le 11 avait hérité de toule l'aversion de son
(1) U.icine nous ajiprcnd dans la Vie de son père, l'épée an côlé.
pag. 177 que M An.an'd ne p.iraissail alors à l'Iiô-
, {>) Le vrai 'porlrail de C.uillamne Henri de Nassnu,
tel (le l.oii[;ncviIlc, ou il s'etail reine, qu'avec un nouiel Absatvn, nouvel lléiode, nouveau Séron, non--
,
pabit séculier, une grande perruque sur la tète, et veau Cromwel.
559 DICTIONNAIRE DES JANSÉNISTES. 260
père contre énx.etde toute celle de Jansénius Cet arrêt fronve dans les Ordonnances
se
et de Saint-Cyran de sorte que, dnns l'exacte
: du comté de Bourgnsne, approuvées ei coa-
vérité , s'estimer soi-même l'I h.iïr les jé- firmécs par Louis le Grand.
suites, t'était Arn.iuld tout entier. » Kii 1G90, plusieurs propositions qui étaient
Lfs plus dangereux ouvrages d'Antoine extraites du livre de la Fréquente cov)mu-
Arnauld ou du grand Arnauld sont les niini furent flétries par le décret d'Alexandre
suivants : \\\\, du 20 décembre ; en lG9o, le 15 jan-
De lafréqdente communion, où tes senti- vier, .M. Humbert Guillaume de Précipien,
ments des Pères, des papes et des conciles, archevêque de .Malines, en défendit la lec-
touchant l'usaije des sacrements de péniten- ture : F;iculté de Louvain se déclara
et la
ce et sont fidèlement exposés.
d'eurliariftle contre ce livre en 1703. Telle est l'hiitoire
Paris, 16i3, in-i°. —
Sixième édition, Pa- de cet ouvrage. Kn voici les erreurs qui
ris, Ant. Vitré, 16i8. in-i°. Traduction — furent signalées dans divers écrits du temps.
latine de ce tiièine livre, faite par l'auteur. i" Dans la préface, à la page 27 de la
Paris, Aiit. ^itré, ICi". in-i". première édition, on trouve l'hérésie des
Ce livre parut avec l'approbation de qiiel- deux chefs qui iren font qu'un. Elle se
qu' s évéqups et de vingt-(iualre docteurs de trouve aussi dans la table des matières
Sorl)i)niie. Nous n'avons pas besoin de dire de la cinquième édition, chez Vitré, et même
quel'a lcur.:urait pu lui donner un titre tout elle y est prouvée assez au long à la lettre
opposé car on sait qu'il rouie contre la fre-
; P.
quenie communion. 11 sembla dirigé contre 2° On lii dans la même préface, page li6,
les jésuites et jeta le trouble parmi les li- ces paroles remarquables: L'fcrifure sainte
dèles. Att.iqtié vivement, il fut détendu plus nous apprend qu'Elie et Enoch (1) viendront
vivement encore. Une foule d'écrits furent à la fin dn monde pour prêcher la pénitence
publiés à cette oecasion. De ceux qui récla- et que trouvant les hom7nes endurcis
, et
mèrent pour la doctrine de TKglise, nous incapables de se convertir, ils seront touchés
citerons M. d'Abra de Raeonis, évéque de d indignation contre leurs péchés ; et par-
Lavaur [Examen et jurjemcnt du livre delà ce que les hommes ne pourront alors ni faire
fréquente communion, Paris, Cr.inioisi, 16i4^, la pénitence à laquelle Elle les exhortera, ni
in-1' le père Vves de Paris, capucin
;
Très- supporter celle qu'il leur imposera malgré
humbles remontrances présentées à la reine eux. ils concevront une telle haine contre lui,
contre les doctrines de ce temps. Paris, lO'i-i, qu'ils le tueront enfin, etc.. C'e^t ici le dogme
in-i°) ; Camus, évêque de Belley iPralifiues lavori de M. Arnauld, l'impossibililé des com-
de la fréquente communion, etc. Paris, Bru- mandements de Dieu dans les circonstances
nel, lé'ti, in-8'; Exposition des passages des même oîi l'on oèche en ne les observant pas.
Pères, etc. Paris, Alliol, ICto, in-8°) le P. ; Les hommes, dit-il, seront incapables de se
Pelau, jésuite; Isaac Habert, théologal de convertir ils ne pourront faire pénitence,
;
mais encore tous les autres livres où celte son altération, de sa vieille.^se, de sa déftil-
proposition est établie et souleuue , tant lance et de son couchant. Ain^i, selon ce Dis
ceux qui étaient déjà imprimés, que ceux qui dénaturé, la Mère des fidèles, la sainte Epou-
le pourraient être à /avenir. Clause si re- se de Jésus-Christ, n'est plus qu'une vieille
niariiualle que M. du Pin, dans non Hist. décrépite, presqu'en enfance et en délire,
ecclés. duxvu' siècle, tom.ll, p. liG, recon- niaUré les promesses qui lui ont été faites
naît de bonne foi que l'inquisition avait en d'indéfcctibilité, d'infaillibilité et de sain-
vue dans ce décret la proposition qui est teté.
dans la préface du livre de la Fréquente com- 4°A la page 6?8, il assure que la pratique
munion. de l'Eglise aujourd'hui la plus commune dans
Le même livre, en 16i8, fut .condam!:é le le sacrement de pénitence favorise l'impi-
27 mai par l'archevêque de Besançon, Claude nitence générale de tout le monde,.... qu'elle
d'Achey. Quatre mois auparavant, le 2" jan- n'est ni la plus excellente, ni lu plus sfire. II
vier de là même année, le parlement du s'asit de la pratique d'abso.dre le pénitent
comté de Bourg. luiie avait rendu l'arrêt sui- bien disposé sans attendre qu'il ait accompli
vant Pour prévenir les pernicieux incon-
: toute la pénitence qui lui est ordonnée. L'E-
vénients qui peuvent naître de certains livres glise autorise cette pratique, et l'audacieux
imprimés depuis peu, contenant les œuvres novateur ose la blâmer et la censurer.
spirituelles compo.^ée.< tant par le sieur Ar- o' A la page i89, on lit La grâce est in-
:
nauld, prêtre parisien, que par le sieur l)u- séparable de l'exercice des bonnes œuvres.
vertjicr, abbé de Saint-Cyrnn (7 est défendu , C'est-à-dire avec Calvin, qu'il n'j a point
à tous d'apporter en ce paqs, lire et ouxr lire, de grâce suffisante.
retenir en sa mniion. débiter on acheter les- C'' A la page 562, il
s'élève contre ces pa-
dits licre.f imprimés ou manuscrits, sur peine roles Jn qmicum-que hora ingemuerit pecca-
:
d'en répondre et de l'aïuender arbitrairement. lor, salvus erit. 11 dit qu'e//es ne sont
point
sens qui, sons d'autres te: mes, se trouve en dans ses éloges. Vayez Jansémls.
effet dans l'Ecriture, et ([ui évidemment est 9" Cet auteur (mauvais critique) cite le
contraire aux piélcntinns du novateur. livre de la H erarchie ecclésiastique comme
7° On
à la paue ()80 ces paroles si con-
lit c i\nt de saint Denis r.\réopagile, et en con-
traires à la réaliié et si souvent reprochées séquence il veut qu'on é oigne de l.i commu-
à M. Arnauld Comme l Eucharistie esl la même
: nion ceux 7»! n'ont pas encore l'amour divin
viande que celle qui se mange dans le ciel , il pur et sans mé'anqe ( pirt: 1, ch. 4, p. 2i).
faut nécessairemtnt que la purelé du cœur Proposition qui éloigne ions les hommes des
des fidèles qui la mangent ici-bas ait de la saints autels , et qui fut condamnée par
convenance et de la pruporlion avec celle des A exandre \ 111, le 7 décembre 1690. C'est la
bienheureux, et qu'il n'y ait autre diU'e'rence 23' des 31 qui furent censurées par son dé-
qu'autant qu'il y en a entre la foi et la claire cret.
vision de Dieu, de luquille seule dépend la 10° Le mêmedécret a condamné In propo-
di/férenle manière dunl on le inanqe s%ir la sition suivante (c'est la 18») L'Eglise ne
:
terre et dans le ciel. iM. Arnauld parle, (omme tient point pour un usage, mais pntir un abus
on voit dans ce passage, de la manière dont la coutume moderne en ce qui regarde l'admi-
on mange le corps d(î Jésus-Christ sur la vistraiion du sacrement de pénitence, encore
terre et de celle dont on le mange dans le que cette pratique soit soutenue par l'autorité
ciel. 11 doit, dil-ii, y avoir de la convenance de plusieurs, et confirmée par une longue suite
entre ces deux manières et toute la di/fé- ; d'annéfs. Or cette pr^)positiou se trouve très-
rence qui doit s'y trouver est ctlle qui est clairement exprimée dans la préface du livre
entre la foi et la vision béalifique. La foi est de la Fréquente communion, page 67.
donc, selon cet é('rivain, la seule manière 11° M. Arnauld (pag. 2'r2 et 2i3) prétend
dont on uiange ce corps adorable sur la qu'autrefois la pénitence luibliquc était pour
terre, comme la vision est la seule manière les |iéehés même secrets. Faux et pernicieux
dont on le mange dans le ci. I. système {Voyez Varet). Mais ce rigoriste ou-
Mais est-ce là parler en catholique? N'y tré n'emploie de si fortes couleurs pour dé-
a-t-il donc pas, entre la mauducation des peindre l'ancier.ne discipline, qu'afin d'at-
fidèles et celle des bienheureux, une autre taquer, comme on l'a vu la conduite pré-
,
différence, que celle qui se trouve eutre la sente de l'Eglise. Pour le confondre, il suf-
fol et la viMon béatilique? Ces deux luan- fit de dire que l'ancienne discipline n'était
ducations ne sont-elles pas des manduca- bonne que parce qu'elle était approuvée de
tions purement métaphoriques? El n'y a-t-il l'Eglise, et que comme cette même Eglise a
,
pas une manducation véritable et propre- jugé à jiropos de la changer, il faut aussi
ment manducation orale) (]ui est in-
dite (la a|i[)rouverce changement, l'Église étant
dèpcnd.inle de la foi? Il faut donc convenir aujourd'hui aussi infaillible qu'elle l'était
que M. Arnauld s'est exprimé là en vrai cal- alors.
viniste. S'il ne l'a fait que par inadvertance, 12- Enfin, pour finir l'examen de ce per-
il devait rétracter, modifier, changer ces nicieux cl méchant livre, nous nous conten-
scandaleuses expressions, dès qu'on les lui terons de dire iiue c'est un ouvrage destiné
a reprochées or il ne l'a point lait; et toutes
; spécialement à combattre, non-seulement la
les éditions qui ont paru de son ouvrage coniuiuiiion fréquente, mais la communion
portent, comme la première, cette empreinte même, dont on cherche à éloigner, à priver
de calvinisme. Et (]u ou ne dise pas que les fidèles :de sorte qu'il n'est guère de livres
l'auteur do la Perpétuité de la foi ne peut jansénistes plus danirereux que celui-ci, et
être soupçonné d'en vouloir à l'Eucharistie :
((u'un directeur éclairé doive jilus soigneuse-
car, 1"M. Arnauld n'est pas seul auteur de ment retirer des mains de ses pénitents.
ce fameux livre; on sait que M. Nicole y eut ,\u surplus, il n'est guère dècril plus mal
une grande part; i' il ue >'agit pas des aii- co <ui que le livre de la Fréquente commu-
lics eeiits de .M. Ani.iuld ; il s'a., il du livre nion. M. l'evèque de Lavaar Uaconis) re-
(
de la i'réquente co.iinuniun, c! dans ce livre marque avec raison que bs trois parties qui
il s'agit de la proposition que nous venons
le couiposeut ne sont altucbées l'une à l'autre
,
cun projet général , et qu'elles peuvent être ne veut pas et qui n'agit point n'a pas reçu la
transposées iiidilïeremrncnt et qu'il ucun oh- ; grâce.
a sa place déterminée où il (•e doive ;j" Si saint Augustin avait admis cette ijrûce
ipl n'y
rapporter : te qui fait que l'auteur revient suffisnnte, que quelques nouveaux thenlo iens
sans cesse sur ses pas pour traiter les méuies prétendent être donnée sans exception à tous
matières qu'il a traitées piécélemmenl. ceux qui tombent dans le péché, il n'eût eu
Le préhit examine ensuite les équivoques qu'un mot à dire pour résoudre la difficulté :
les dégui>em€nts et ministres intrrprélatious mais il prend une route toute contraire.
les faijtesses el défauts de jnjetti'nt, les ca- (Saint Augustin l'a dit, ce mot , en disant :
lomnies, \es défauts de candeur et de siti'é- Perseverares si velles.)
rilé les ignorances en logique et en théolo-
,
4° Saint Augustin assure qu'on reprend avec
gie, les contrii'ticti ,ns , les conséqumces justice ceux qui ne persévèrent pas; parce que
dang reuses, les propositions qui vont à c'est à cause de leur înauvaise volonté qu'ils
l'erreur, lt!S propositions scandaleuses et in- ne persévèrent pas; et, s'ils ne reçoivent pus
jurieuses contre l'Eglise, qui ^e trouvent de Dieu la persévérance , cela vient de ce que
dans cet ouvrage. Et tous ces points sont si le don de la grâce divine ne les a pas séparés
s'é:onne qu'un livre si mauvais à tou> égards l'auteur, (''est pourquoi, si le secours san^ le-
ait pu avoir dans le monde quelque réputa- quel on ne peut demeurer dans le bien, leur
tion. manque, c'est une punition du péché. ( On
Ajoutons à cet article un échantillon du voit que celte proposition renferme totlt le
style d'Arnauld. Il vaut mieux (dit-il. p. 239) venin de la nouvelle hérésie.)
pour retrancher les discours superflus, que 3° Les saints à présent n'ont pas comme ,
nous nous résolvions tout d un coup, de vous l'avait Adam , une grâce qui dépende de leur
aller attaquer dans vos retranchements , et libre arbitre , mais une grâce qui soumet leur
que la vérité, ',îu' est plus forte et plus invin- libre arbitre.
cible que l'Hercule des poètes, aille étouffer ce 6' La volonté du premier homme eut le
mensonge grossier, comme le monstre de la libre arbitre pour persévérer mais àpésent
;
fable, au milieu de cet antre obscur d'une la nôtre est mue par la grâce divine, d'une ma-
fausse distinction, où il se relire et se ren- nière inévitable et insurmontable.
7° A présent les mérites des saints sont les
ferme. Telle est la façon d'écrire contrainte,
enflée, profane, indécente, de ce fameux au- mérites de la grâce et non pas du libre ar.
que s'exprime sa piété. En
teur. C'est ainsi bitre : c'est-à-dire ce sont des mérites qui leur
nous parlant du plus auguste de nos mys- sont donnés par une grâce qui soumet le libre
tères, el de la plus sainte Je nos actions , ce arbitre. Mais le premier homme eiit eu des
grand théologien nous cite l'Hercule des mérites qui n'eussent pas été spécialement des
poètes, le monstre de lafable, l'antre obscur mérites de la grâce, mais du libre arbitre;
d'une fausse disiinction, oit sp retire et se parce f u ils eu'-sent été propres d'un libre ar-
renjerine un mnisonye grossier qu'on va bitre aidé à la vérité par la grâce, mais par
,
éloujfer. Quel ridicule et impie galimatias 1 une grâce qui donnait la puissance d agir, et
7ion pas l action et ta volonté même.
ANALYSE du Augustin, de la
livre de siint En faut-il davantage pour conclure que
Correction 16ti. chez An-
et de la grâce.
ce libelle ne contient autre chose que le
toine Vitré à Paris réimprimé en 1690 ,
. ,
jansénisme?
chez François Muguet.
Apologie DE M. Jansénus, évéque d'Ypres
Cet ouvrage Gt beaucoup
,
de bruit.
etde la doctrine de saint .Augustin expli- ,
Les Pères bénédictins, par reconnaissance quée dans son livre (r.VugusIinus contre .
Blampain des' mémoires pour sa miuvelle Paris, prononcés dans Notre-Dame en 1612
édition de saint Auiiustin placèrent cette
et 16W. \6V*, in-i° de 430 pages.
,
mes , ni aucun des réprouvés, q. '*, n. 9. Si être le premier ouvrage que le parti ait pu-
Deus omnes omnino homines vellet salvos blie pour défendre l'hérésiarque. On y lit ces
fieri. omnes omnino salvarentur :
quiavolmli propositions hérétique^ et délesiables.
saltum facere nullum hominis resistit arbi- Si le diable avait le pouvoir de donner quel-
trium. . ,
que grâce aux hommes, il ne leur donne- m
Autres propositions erronées, tiiecs du rait point d autre que (la sul(isante) , puis-
même libelle :
qu'elle favorise tant le dessein qu'il a de Us
1° La grâce n'eit rien autre chose que l m damner (pag. 88 .
spiration de l'amour, avec ta'juelle les hommes Elle peut être appelée une grâce de damna-
uccomplissent les préceptes de Dieu par la tion (pag. 89).
Une grâce vaine inutile au salut de." ho)n-
charité. ,
2' Dieu
y
par la grâce, nous fait vouloir et mes ,
que l'Evangile ne reconnaît point ,
qm
,
précier tout l'ouvrage. M. l'archevêque de renferme en soi la plus divine de toutes les
Rouen le condamna par un mandement du prières qu'il ail jamais faites.
26 mai 1061, et en défendit la lecture sous On y trouve aussi, page 111, ce dogme de
peine d'excommxmication encourue par le seul Calvin Lu volonté antécédente pour le salut
:
M. Habert ayant répondu à la première Dieu, par cette volonté antécédente de désirs
Apologie de Jansénius par un livre intitulé et de souhaits , voudrait que les démens fus-
la Défense de la Foi de VEgiise, .etc, Arnauld sent sauvés aussi bien que les hommes.
répliqua par celte Seconde Apologie , oi\ se Ce livre fut condamné par M. l'archevêque
trouvent, comme dans la première, toutes de Rouen dans son mandement du26 mai 1601,
les erreurs de l'évéque d'Ypres contre la où il en interdit la lecture sous peine d'ex-
grâce suffisante , contre la possibilité de communication encourue par le seul fait.
l'état de pure nature. On y lit entre autres,
à la page 212, ce dogme affreux de Calvin :
Lettre d'un doctecr de Sorbonne à une per-
Dieu a voulu positivement exclure de la vie sonne de condition, du 24 février 1655,
éternelle cl de son royaume ceux qu'il n'y a sur ce qui est arrivé depuis peu dans une
pas prédestinés. Cette réprobation n'est pas paroisse de Paris ( Saint-Sulpice ) à un sei-
seulement négative, mais positive. gneur de la cour (le duc de Liancourt).
M. l'archevêque de Rouen condamna cette Paris, 1655, in-4\
Seconde Apologie comme la première et en,
Le duc de Liancourt faisait élever sa pe-
défendit la lecture sous peine d'excommuni- tite-filleà Port'-Royal; il donnait asile à
cation encourue par le seul fait , le 26 mai l'abbé de Bourséis, janséniste déclaré; il ne
1601. croyait pas que les cinq propositions con-
Le pape Innocent X l'avait aussi condam- damnées fussent dans le livre de Jansénius,
née le 23 avril 1654. et Arnauld l'avait exlraordinairement si-
Considérations sur l'entreprise faite par gnalé d ins sa défense de ce livre en con- :
server la première des cinq propositions , différents écrits. Alors il publia une Seconde
sans se déclarer ouvertement contre la doc- lettre du 10 juillet 1655, pour défendre la
contre les erreurs qui leur sont impo- occasion oi\ l'on ne saurait dire qu'il n'a
sées, etc. Paris, 1051 in-4° de 1009 pages
,
point péché. La seconde, qu'on appelait de
avec quelques approbations , mais sans fait : L'on peut douter que les cinq proposi-
privilège. .
tions condamnées par Innocent X et par
Alexandre VU, comme étant de Jansénius,
Les approbateurs attribuent cet ouvrage
évéque dYpres, soient dans le livre de cet au-
au sieur de La Molhe, docteur en théologie :
teur.
injiis ce prétendu de La Mothc n'est autre
A cette occasion, Arnauld publia divers
que .M. Arnauld qui composa, en 1050, celte
opuscules :
demption que les démons (Jaiis. t. 3, I. 5, pas. Mais nous dirons que cette volumineuse
c. lieves-vous être surprises
'21 ). aprt's , Apologie fut fortement attaquée par Jean
l'exemple et la chute de Libère et d'Uonorius, Des Marels Saint-Sorlin. Cet auteur publia
si de nos jours deux papes ont injustement contre elle un ouvrage en quatre volumes
condamné les cinq propositions ? in-I2, intitulé liéponse à l insolente Apo-
:
3° Les reli|,neuses de l'orl-Royal ayant été logie des religieuses de Porl-lioyal , avec la
transférées et dispersées en divers monas- découverte de la fausse Eglise des jansénistes
tères caliioliqucs, l'an 1709, en vertu d'une et de leur fausse éloquence, 16(iG.
bulle du pape el d un ordre du ruj, elles se iM. Louis Abbelli, cvéqiie de Rodez, pu-
soumirent insensiblement toutes; el qu,ilre blia aussi, en ICGO, un livre iniitule : /)^-
ans après celte dispersion, il n'en restait fense de l honneur de la sainte Mère de Di u,
plus qu'une seule qui n'eût point abjuré fies contre un attentat d» l'apologiste de Port-
erreurs. Hoyal arec un projet d'exumen de son Apo-
,
Nous dirons en particulier quelque chose logie. Paris, Florcnlin Lambert, 1 vol. in-12.
touchant l'Apoloqie pour les religieuses de C'est là que ce prélat, plein de zèle el de
Port-Hoyal- Elle est en quatre p.irlies, dont piéié, combat avec force ce que l'écrivain de
chacune a une pagination particulière la : Porl-I'.oyal avait avancé de contraire à l'im-
première renferme 1.'J2 pnges ; la deuxième, maculée conception, dans la Préface de la
101; troisième, Xll— 9lj, et la qunliièine,
la quatrième pariic de son Apologie.
qu'on dit être d'Arnauld seul, X\'l 251. — AiîDS et nullités de l'ordonnance subreptice
On a cru que Nicole avait eu une grande de M. l archevêque de Paris , contre te
part à cet ouvrage mais cela n'est pas cer-
,
Nouveau Testament de Mons. Paris , 1G67.
tain. On a dit qu'il était l'auteur des trois
premières parii<'s
M. Arnauld publia cet ouvrage pour en-
mais on voit , chnp. 11
;
tretenir les religieuses de Pori-Royal dans
pag. 28, que l'auleur était prêtre, et Nicole
leur révolte. Il y débite cetie maxime per-
n'était pas prêtre. Beloyne Uist. de Port-
,
nic euse : Que les personnes qui connaissent
Jloyal tom. V, pag. 2V7, assure (ju'il n'a
,
par leurs propres lumières que l'ordonnance
point eu de part à V Apologie, et qu'elle est
de Sainte-.Marlhe.
de M. l'archevêque de Paris contre la tra-
duction de Mons est nulle , ne peuvent pas
serait diHîcilc de se faire une idée de la
Il
en conscience s'y soumettre. On voit quelles
tnuliiplicité et même de l'étrangelé des me-
sont les con-équenees d'une tel e doctrine.
sures et des moyens employés par les direc-
Les sujets n'ont qu'à se p' rsuader que leurs
teurs du monastère de Port -Royal, pour
prévenir l'esprit des religieuses pour leur supérieurs ont tort, ils feront une bonne
,
oeuvre, selon M. Arnauld, de leur refuser
fournir des réponses sur tout ce qu'on pour-
l'obéissance qu'ils leur doivent.
rait leur objecter, pour les animer au combat,
pour intimider celles qui s'i/ porteraient avec Ce libelle a été condamné par l'ordonnance
de M. l'arrhevêque de Paris (Pérelixe , du
lâcheté. Cependant les auteurs de l'Apologie j
disent hardiment qu'il n'est rien de tout cela, 20 a\ril 16tj8, portant défense, sous peine
et que leurs directeurs n'ont eu qu'à les sui-
d'excommunication encourue ipso facto de
le vendre, publier, distribuer ou débiter.'
vre , à les modérer, et non à les pousser
(Préface de la deuxième partie, p. 3). Mais Défense de la traduction du Nouveau Tes-
pn connaissait plusieurs exemplaires ma- tament , imprimée à Mons, contre le sermon
nuscrits d'Instructions étudiées du Père Maimbourg, jésuite, prêché en 1UG7
par les-
quelles ces messieurs préparaient ces reli-
,
En sept parties. KitiH, in-4'. —
Autre édition,
gieuses à la plus surprenante résistance. Ces
Cologne, Dubuisson, 1GC8, in-12 de 4G2
J.
marques de P. Annat. —
Nouvelle Défense,'
Règles que nous devons garder en ce temps ou autre éiiilion , Cologne , Nie. Schouten
en 2ï articles, ou Avis sur la conduite qu'il
,
IGGO , in-8'. —
Autre, Cologne, Simon
faudra tenir au cas qu'il arrive du changement S.houien, 1G80, 2 vol. iii-12. —Continuation
dans le gouvernement de la maison. On y lit, de cette Défense, ibid. 1G81, in-12. Toutes
par exemple, ces paroles Il ne faut point ces Apologies de la version de Mons lurent
:
Lettre circulaire écrite parMM. les évéques Au reste, si le véritable Arnauld imposa
d'Alet, de Pamiers. de Benuvais et d'Angers,
quelque temps aux simples par le livre dont
nous parlons, le faux Arnauld quelques
à MM. les nrchevéques et évéques de France,
contre années après sut détromper le public de
te 2j avril 1668, sur le bref obtenu
toutes les fausses idées qu'on lui avait fait
leurs tnandements. ln-i°.
prendre, et le convainquit par une preuve
Morale pratique des jésuites, représentée en sans réplique, que le jansénisme n'était cer-
plusieurs histoires arrivées dans toutes tes tainement point un être de raison.
parties du monde; extraits de livres très- La douleur qu'eurent les jansénistes de
aittorisés et fidèlement traduits, et de mé- de s'être ainsi démasqués, leur fit jeter pen-
moires très-siirs et indubitables, 1670. dant sept ou huit mois des plaintes lamen-
dont le titre présente quelques tables (.3). On en fut peu touché; nn savait
Ce livre,
bien à quoi s'en tenir au sujet du fantôme;
variantes, parut d'abord en 1669 ou 1670, en
d'un côlé on plaisantait, de l'autre on rap-
un seul vol. in-12. H en eut huit dans la
pelait certains faits et on raisonnait. Partout
suite; le dernier parut en 1695. Le premier
partie du on croyait à l'existence réelle du jansénisme,
et le deuxième, ou du moins une
partout on voyait et on entendait des jansé-
deuxième, sont deCambaut de Pont-Château,
le voyage d'Espagno, «non
nistes.
qui fit exprès
Après tout cela, il était surprenant que les
pour débiter des bibles, conimo le candide
Borrow,» dit M. Valéry, mais écrivains du parti osassent encore parler de
M. Georges
fantôme. Ils le faisaient cependant tous les
pour y acheter le Tliealro jesuilico. Tout le
jours, ils le font encore, sans considérer
reste de l'ouvrage est d'Arnauld. M. Créti-
neau-Joly attribue aussi à Arnauld le tom. que par !à même ils détruisent ce qu'ils
avancent, et qu'en publiant sans pudeur
P', où se trouve le Théâtre jésuitique, mais
qu'il n'y a point de jansénistes, ils ne l'ont
c'est à tort, dit M. Valéry.
aulre chose que prouver évidemment qu'ils
M. larchevéque de Paris ayant fait exa-
le sont eux-mêmes.
miner la Morale praique par quelques doc-
Mais allons plus loin, et ne leur laissons
teurs de Sorbonne, leur avis un;mime fut
qu'il était tout rempli d'injures, d'impostures
à cet égard aucun subterfuge; qu'entend-
etdecalomnies, de lalsificiitions, d'ignorances on par le nom de janséniste? On entend ceux
qui, à l'occasion de Jansénius et des cinq
grossières, de propositions fausses, scanda-
jiropositions ou de Quesnel et de la bulle
leuses et héréiiques. Cet avis doctrinal fut
linifjenitus, refusent de se soumettre à l'E-
«uivi d'un arrêt du parlement de Paris qui
glise. Cela posé, on demande s'il n'y a per-
condamna ce livre à être lacéré et brûlé en
Grève par la main du bourreau, ce qui fut sonne qui soit dans ce cas, personne qui
rejette le formulaire, ou la constitution. N'y
exécuté.
a-t-il ni appelant, ni réappelant? Le jtarti
Quelques années après, \a Morale pratique
coniiamnée à Rome, et défendue sous n'en a-t-il pas lui-même publié la liste? Ne
fut
l'a-t-il pas grossie le plus qu'il a pu? El le
peine d'excommunication. Le décret en fut
diacre Paris et ses jjrétcndus miracles, et les
publié le 27 mai 1687.
convulsions et les convulsionnistes, tout cela
Le FANTÔME DU JANSÉNISME, OU justification
n'est-il qu'un songe? Et ces personnages vils
des prétendus jansénistes, par le livre même et obscurs, dont le gazctier fait dans ses
d'u» docteur de Sorbonne .'savoyard intitulé feuillcsde si fades éloges, n'ont-ils pas existé?
Préjugez légitimes contre le jansénisme (1). Après tout, ne nous étonnons pas que ces
Cologne, 1686, 1688 et 1714. novateurs rougissent de leur nom, de leur
Arnauld ne mit pas son nom à ce livre; et origine, de leurs s ntiments, de leur con-
voici en quels termes un écrivain en a parlé duite. Il n'y a rien là en effet qui puisse être
dans le temps. Ce livre est de M. Arnauld. Si avoué sans honte et sans confusion. Mais ils
nous en croyons l'auteur de la Question cu~ ont beau se déguiser et se renoncer, pour
rieuse (2) c'est-à-dire M. Arnauld lui-même, ainsi dire, eux-mêmes, ils sont toujours éga-
causés dans le monde, jusqu'à leur pacijiea ion, et les ([/ar M. Arnauld lui-iiièine). Pag. 139.
lement coupables, également ch;irs;és d'ana- A la page 3i3 avance que toute*
et 3kX, il
Ihèmes devant Dieu et devant les hommes. nos actions volontaires ont pour principe
Observons une chose assez singulière. l'amour de Dieu, ou l'amour de la créature
C'est que tandis que les prim ipaux écri- pour elle-même; c'est-à-dire, selon l'école do
vains du parti, les Duguet (l),les Le Gros(-i) l'ort-Royal, la charité ou la cupidité; er-
et tant d'autres, s'elTorcenl de persuader reur condamnée dans les propositions h-ï-kS
qu'il n'y eut j;im<iis de jansénistes, une in- de Ouesnel.
Gnité de personnages médiocres se ])iquent Les neuf parties de cet ouvrage furent
•TU contraire de l'être et en font parade : condamnées à Home par un décret du 3
l'ignorant, par émulation le demi-sav;int, ; mars 1705.
par orgueil; les femmes, par légèreté; le dé-
PBièRE pour demander à Dieu la grâce d'une
vot, par entêtement et le libertin par intérêt.
lin cela
;
Port-Itoyiil, faites ce que vous pourrez pour Ce petit livre n'est qu'un précis des er-
y être reçu. Vous n'avez que cette voie pour reurs les plus chères au parti. Tout le jargon
vous distinguer. Le nombre de ceux qui con- du jansénisme s'y trouve, mais d'une ma-
damnent Jansénius, est trop grand; le moyen nière séduisante et très-ilangercuse.
de se fiiire connaître dans la foule? Jelez- L'impuissance totale de la vobintéet l'état
vous dans le petit nombre de ses défenseurs ; purement passif 'le notre libre arbitre se
commencez à faire les importants, mettez-vous rencontrent à chaque page. Par exemple,
dans la tête qu'on ne parle que de vous, et que page 51 :C'est en assujettissant pleinement
l'on vous cherche purtotit pour vous arrêter; la liberté à la servitude de la justice et au
délogez souvent, chanqez de nom... surtout règne de votre grâce que tous la soutenez et
louez vos messieurs, et ne les louez pas avec la protégez.
retenue. Page 48. Lorsque vous la faites mouvoir et
Au reste, le fantôme du jansénisme n'a été agir, c'est la même chose que si elle se mou-
imaginé, que pour répondre aux préjugés vait et ai/issdit toute seule et par elle-même.
légitimes contre le jansénisme, du docteur De Page '38. Elle ne se possède jamais davan-
la Ville. tage que lorsque vous la fuites mouvoir. Vous
régnez sur elle sans violence, sans contrainte,
Question curieuse : si M. Arnauld , docteur
sans effort (il ne dit pas sans nécessité), mais
de S or bonne, est hérétique. A monsieur....
conseiller de Son Altesse l'évêque et prince
par une paix victorieuse, par une douceur
invincible, par ttxe facilité toute puissante.
de Liège. A Cologne, chez Nicolas Schou-
tcn. La première édition est de 1G90, in-12, Page .38. Vous faites tout ce que vous vou-
lez de cette V(donlé, et dans cette volonté, et
pages 228.
par celte volonté, sons qu'elle puisse jamais
Cette Question curieuse est de M. Arnauld
arrêter le cours de la vôtre, et quelle puisse
hii-mcnu'. Dupin l'attribue à Ouesnel dans
retarder un seid moment l'exécution de vos
sa Bibliothèque , mais il s'est rétracté dans
desseins. Saint litienne disait Vos semper
:
ses Additions.
Spiritui sancto resistitis.
I\I. Arnauld lâche, dans cet écrit, de sou- Page 30. J'éprouve en toute occurrence;
tenir cl de justifier toutes les erreurs qu'il a
que mes pensées et ma volonté ne sont point
avancées dans tous ses autres ouvrages, et
en mon pouvoir : je n'en puis disposer comme
il (lit en particulier, page 5!!, que l'apologie je voudrais ; je ne puis les retenir ; je ne puis
des saints Pères, défenseurs de la grdce, est
leur commander. L'I'xriure dit: Sub te erit
un excellent traité de la grâce, quoique ce appetitus ejus, et tu donnnaberis illius.
soit un livre Condamné par l'Kglise, comme Pag. 27. Ma
volonté ne peut être hors de la
hérétique. Il soutient aus-i de toutes ses
servitude, m" vous ne régnez absolument sur
forces que la proposition hérétique qui le
elle par votre grâce. Vous seul pouvez lui
fil chasser de la Sorbonne, n'a rien (juc de donner une véritable et parfaite liberté en
fort orthodoxe. exerçant sur elle votre puissance souveraine
Difficultés proposées à M. Steijaert en neuf et infinie de Créateur et de Rédempteur.
parties, dont les trois premières sont pour Les Eclaircissements sont encore plus
la justification des Pères de l'Oratoire de mauvais les erreurs et les héré-ics y sont
:
(1) l.mvo à M. lie Mdiitp., pag. 4 ei il. (ô) Si'contle lettre de M. Racine à l'auleur des
Ci) Kep. .1 1.1 Itilil. Jaas. Jmayinaires.
,
17-27, huil volumes in-12. Le neuvième est CoBRECTiON faite au P. Payen, sur sa réponse
de 17*3. à la justification de la troisième plainte.
Les leilres d'un homme lil qu'Arnauld ne 1692, in-12.
peuven qu'exprimer un lendre allachemciit Quatrième plainte aux PP. jésuites, sur la
à Janséiiius et à ses dogmes : une révolte prétendue lettre qu'ils viennent de publier
opiniâtre ronlre les papes <t leurs déci- sous le nom d'un inconnu qui se déclare
sions ; une op[jo>-iiion in\incible à la signa- être auteur des lettres du faux Arnauld,
ture du forniulaire, el une haine implacable 1692, in-12.
conire loiis ccu\ qui ont combattu ses er- NoTATioNÉs in decrelum romance inquisitio-
reurs; c'est là en effet tout ce qui résulte des nis de auctoritnte principum aposlolorum
neuf volumes dont il est ici question. Pétri et Paidi : IGW, in-8°.
AriK.uid a f.Jl beaucoup d'aulies ouvrages
en faveur du jansénisme ; tous sont répré- Trapuctiov d'un écrit intitulé: In decre-
beiisibles. Nous mentionnerons seulement tum romanic inquisitionis de auctoritale
les suiVi^ils.
principum apostolorum Pétri et Pauli no-
taiiones. 16i7, in-12.
CoNsicFBATioNS SUT wie censure prétendue
Sentence du prévost de Paris ou de son
de In Faculté de Théologie de Paris, contre
lieutenant civil, du 6 mai idVJ portant
quelques propositiom touchant la matière ,
opposition à la signature pure et simple du N" 798. LETTiiii de M. l'év éque d'Angers au
formulaire d'Alexandre \ 11, voulant rentrer roi, louchant la si nature du formulaire du
dans la communion du saint-siége, assurè- 6 juillet 1661, par M.M. Arnauld et Nicole.
rent Clément IX qu'ils y avaient enfin sous- In-k\
crit sans exception ni restriction quelcon- N° 799. Letthe écrite au roi par M. révo-
que Cependaril, malgrcces protestations, ils que d'Angers, le 2ijuillet 1662, touchant la
assemblèrent leur synode, où ils firent sous- signature du formulaire. Jn-k°.
crire le formulaire avec la distinction ex- N-SOO. Troisième lettre de M. l'évéqne
presse du l'ait et du droit, et ils en dressèrent d'Angers au roi, touchant la signature du
des procès-verbaux qu'ils eurent soin de te- formulaire, en date du 17 septembre 1U62,
nir secrels. Dix-neuf évéques se joignireut à par MiM. Arnauld et Nicole, avec la réponse
eux pour certifier au pape la vérité do ce du même évéque ù la lettre de mouseigueur
que ceux-ci lui avaient mandé. Des asser- le nonce, du 2*^ août 1662. Jn-k"
tions aussi positives détirminèreut Clément IX N'SOt. Répo.nse de M. d'Angers à une let-
ù recevoir les quatre évoques à sa commu- tre de M. de Lionne, du ±\ août 1661, par
nion en 1668; mais à jjeine celte réconcilia- M.M. Arnauld et Nicole. Jn-^°.
tion fut-elle rendue publique, que les quatre N 938. LETTREde .M. d'Angers, du 12 avril
cvéïiues et leurs partisans publièrent les 16G4, à iM. l'arclievéque de Paris, au sujet
procès-verbaux qu'ils avaient dérobés jus- des religieuses de Porl-Uoyal, par MM. Ar-
qu'alors à la connaissance du clergé; et ils nauld et Nicole. In-k".
en inférèrent que le pape en se réconciliant î\° idlk bi:<. Censire d'un livre intitulé :
avec eux, avait a;ipronvé la signature avec Apoloqic pour les casi(t»<fs, l'aile par M. l'é-
la distinction du droit cl du fait. C'est ce véque d'Angers le 11 novembre 1658, dressée
qu'on a appelé, assez mal à pro[)os, la Paix par Antoine Arnauld et Isaac le iMaistre de
de Clément IX. Voyez les brefs de Clément IX Sacy. Angers, Pierre Avril, 1658. 7n-i°.
à ce sujet, l'un adressé au roi, l'autre aux ARNAULD {le faux), jjersoiuiage supposé
quatre evéques, le troisième aux évéques mé- sur lequel l'Histoire ecclésiastique publie les
diateurs; liclationdu cardinal Rospigliosi;
la détails suivants, ({u'il est important de con-
la IJaranjue du cardinal Lslia'us daus la uuitre. Le jansénisme était fort accrédité à
279 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 280
Douai; mais il se tenait caché, surtout de- quit en 1664, frère du maréchal de France
puis la condamnation et l'exil, en 1(187, du Claude-François Bidal d'Asfeld, fut abbé de
sieur Giibe«t, professeur de théologie dans la Vieuville en 1688 et docteur de Sorbonne
l'université de crtle ville. Un docteur de en 1692. Il se démit de son abbaye en 1706,
Paris , que !e roi avait à Douai pour y pro- et mourut à Paris en 1745. Son attachement
fesser la théologie, forma le dessein de dé- au jansénisme, qui le rendit réappelant , lui
masquer les partisans du jansénisme, et y attira une lettre de cachet, en 1721. Cepen-
réussit ; le moyen pour les faire
qu^il ima'iina dant il ne donna pas dans la folie des con-
expliquer nettement, fût d'écrireà quelqu'un vulsions ; il provoqua même et signa la con-
de ce parti, comme il se figura qu'aurait pu sultation qui les condamnait.
le faire le célèbre Antoine Arnauld, et signa H fit longtemps des conférences à Saint-
A. A M. Deligny, bachelier en théolo- Roch sur l'Ëcriture-Sainte; Duquel lui en
gie, reçut la première lettre du faux Ar- fournissait la matière. Ces conférences
nauld, croyant qu'elle était du véritable, étaient très-fréquentées. 11 eut part à l'expli-
dont il ne connaissait pas l'écriture. 11 ré- cation de plusieurs psaumesdeDuquit.àcelie
pondit sur-le-champ, avec une grande affec- des vingt-cinq premiers chapitres A'hdie, et
tion de cœur, à l'adresse qu'on lui avait à celle des livres des Rois.
donnée; rien ne lui paraissait plus honora- Il est auteur de la préface des Règles pour
ble que d'avoir mérité l'attention d'un per- l'intelligence des saintes Ecritures, par Du-
sonnage si fameux, que les puissances ecclé- quel. Paris, Jacques Etienne, 1712, un vol.
siastiques et séculières n'avaient pu abattre. in-12. Telle est du moins la part que lui at-
{Voyez Delignï). Ce premier succès encou- tribuent à ce livre les \ouvelles ecclésiasti-
ragea le faux Arnauld, qui par le moyen du ques du 18 décembre 1745.
sieur Deligny, établit en peu de temps un On a reproché à l'abbé d'Asfeld de favori-
commerce réglé avec les sieurs Gilbert, ser et d'insinuer dans cette préface l'hérésie
Laleu, Rivelte, professeurs royaux, et avec de Quesnelsur l'impuissance et l'insuffisance
le sieur Malpoix, chanoine de Douai, tous de l'ancienne loi il s'exprime ainsi, page 23:
:
liés par leurs communs sentiments. Dans Pour le corps de lanation Juive, fa /oi o été une
toutes leurs lettres, ils témoignaient la plus occasion, quoique innocente, de méprise, en
haute vénération pour M. Arnauld et le plus exaltant avec pompe les biens temporels, et en
grand zèle pour soutenir la bonne cause teiiant cachés les biens éternels. Mais la ré-:
dont il était l'appui. Ce commerce dura plus flexion qu'il fait là-dessus est encore bien
de deux ans sans qu'on souj çonnâl la su- plus tjuesnellisle. Les Israélites, aioale-l-W,
percherie. Non content de savoir que ce» étaient dignes jmr leur orgueil de cette espèce
messieurs étaient de chauds partisans de de séduction.
M. Arnauld, l'imposteur voulut quelque Au reste, ce livre a été réfuté par un rab-
chose de plus ; et, vu la disposition où l'on bin conicrti, et l'on trouve un excellent ex-
était à son égard, il ne lui fut pas difficile de trait de cette réfutation dans les journaux de
l'obtenir. Il dressa une sorte de thèse, telle Trévoux, janvier 1728.
que Por^-ifoyo/ l'aurait pu concevoir, cl la
leur envoya avec une lettre où il leur mar-
Dom La Taste attribue à l'abbé d'Asfeld,
contre les convulsions, le Système du mé-
quait qu'il avait besoin de leur approbation
lange confondu et le Sgstème des discernant»
pour faire triompher la vérité. Cette thèse
confondus, 1735 et 1736. On le dit égale-
fut signée le 2 novembre 1690, par les cinq
mint auteur des Vains efforts d s mélangit-
personnes qu'on a nommées et par quatre
tes et des discernants confondus, 1738, où il
autres. Quand le faux Arnauld eut assez de
réfute Poncet, Boursier, d'Etemare. 11 pa-
documents pour convaincre ces messieurs de
raît que Besoigne le seconda dans ces écrits.
leurs mauvais sentiments, il les fit imprimer
Il existe une Relation de l'interrogatoire de
sous le titre de Secrets découverts. Le mys-
tère par\intà la connaissance du roi, qui
M. l'abbé d'.isfeld,e[c., sur laquelle un écri-
vain s'est exprimé dans les termes que nous
n'eut rien de plus pressé que d'éloigner ces
allons rapporter.
sujets de l'université. Mais lorsque le véri-
table Arnauld eut appris loute celte intrigue, La puissance ecclésiastique et la puissance
il en fut hors de lui-même; il traita l'auteur séculière sont également attaquées dans cet
d'imposteur, de Clou, de fourbe, de menteur, écrit. Le docteur qui y parle ne ménage ni
de fripon, de faussaire, d'ange de Satan, le cardinal de Noailles, dont il est le diocé-
d'organe du démon. Tous ces traits se sain, ni le roi, dont il est le sujet, ni les pré-
voient dans les écrits que sa plume enfante lats dont il traite indignement le caractère et
sur ce sujet, dans sa requête à M. d'Arras,- la dortrine, dans la personne des quarante de
en 1691, dans celle à M. l'évêque et prince l'assemblée de 1714.
de Liège, et dans deux lettres aux jésuites, L'instruction des quarante prélats (dit-il,
qu'il accusait d'être les auteurs de cette me- page 4) et le nottveau corps de doctrine, qui
née. Mais il se trompait dans cette accusa- sont venus au secours de la bulle, n'ont fait
tion, car on sut que M. Tournely en était qu'ajouter de nouvelles erreurs aux pretnières.
l'auteur, celui-là même qui a été professeur Page 5. Je n'ai pu apprendre qu'avec un
royal en Sorbonne, et qui se distingua tant sensible déplaisir, que par iine démarche pré-
dans la faculté en faveur de la constitution maturée, on jetât l'autorité royale dans un
Vnigenitits. labyrinthe dont elle ne pourra sortir qu'en
ASFELD (Jacques-Vincent Bidal d'J, na- retournant aux règles, c'est-à-dire en ré-
£81 AUD AVO
trogradant, ou se rétraclant, en détruisant Mère de Dieu. 11 n'aimait pas non plus à as-
tout ce qu'elle a fait. sister aux saluls. On dit, après sa morl,qu11
avait tout laissé aux pauvres; mais on ne
Ainsi, l'Eglise et le roi se sont trop avan-
tarda pas de savoir que, fidèle au\ leçons et
cés : l'Eglise en enseignant des erreurs, et
le roi en les appuyant de son autorité. C'est
aux exemples de son parti, il avait tout laissé
de l'autre le doc- à une certaine caisse destinée, non pas tout-
là ce que pense de l'un et
à-fait pour les pauvres, mais pour d'aulres
teur Bidal.
œuvres bien plus importantes et plus pré-
Veut-on savoir ce qu'il pense de lui-même? cieuses. Qui encore à cette époque ne con-
C'est bien ici qu'on va voir celle fatuité pha- naissait la boite à Perrette, grossie succes-
risaïque, cplte plénitude de soi-même, celle sivement parles largesses des jansénistes les
bonne opinion de sa capacité et de ses lu- plus fervents, el sur laquelle M. Picot a
mières, ce mépris de celles des autres, cette donné des renseignements dans ses Mémoi-
iilolûtrie de ses pensées et de sa raison celte ;
res, lom. III, pag. 621? Audran ne pouvait
adoration de son propre esprit, qui font le oublier cette petite et chère église d'Uirecht,
caractère propre et spécifique des pharisiens objet de tant de prédilections.
de nos jours, les jansénistes el les quesnel- ACGER (ATn4NASE), naquit à Paris le 2i
listes.
décembre 1734, se fit une grande réputation
quarante ans (dit l'abbé d'Asfcld, pag.
Il y a par ses traductions françaises de plusieurs
6 et que j'étudie la religion, et que j'y em-
"7) ouvrages grecs; il fut grand-vicaire de Mgr
ploie constamment huit ou dix heures par de Noé,évê(jue deLescars,qui appartenait au
jour, sans en avoir jamais rien soustrait, par parti janséniste, tantôt par le richérisme et
la grâce de Dieu, ni pour l'intrigue, ni pour tantôt par le millénarisme. Auger dans un ,
faire ma cour à ceux qui peuvent donner, ni de ses ouvrages, se déclara ennemi de la lan-
pour la bonne chère, ou poicr le plaisir. Qu'ils gue latine par des raisons très-peu satisfai-
en disent autant, ajoute-t-il fièremcnl, et santes. Il se signala grandement en faveur
qu'ils produisent des preuves de leurs profon- de l'Eglise constitutionnelle, et on peut dou-
des connaissances dans les Ecritures saintes ter qu'un autre ec( lésiasliquc eût mis dans
et dans la tradition. Je suis du métier. Nous celle lâche autant de chaleur et de persévé-
nous connaissons. Je suis ce qu'ils font et ce rance. Il combattit dans cette arène jusqu'à
qu'ils savent ; et qu'ils me permettent 'en ceci sa mort, qui arriva le 7 février 1792. Quel-
de ne les point regarder comme mes maîtres. ques symptômes avaient paru annoncer (ju'il
Quel tonl quelle insulte quel fanatisme Les
I 1
s'y distinguerait lorsqu'elle serait ouverte :
successeurs des apôtres, le corps épiscopal, un prêtre qui n'aime pas le lalin ; un grand-
cette Eglise enseignante, avec laquelle Jé- vicaire d'un évé([uc qui prophétise des cho-
sus-Christ sera jusqu'à la consommation des ses étranges et contraires à la nature de l'E-
siècles l'abbé d'Asfcld ne les roconnaît
, glise un orateur qui dans ses sermons sub-
;
poinl pour ses maîtres : il croit on savoir stitue d'autres versions latines à la Vulgate,
plus qu'eux. Le voilà donc livré à son es- etc., promettait bien de ne pas se perdre dans
prit particulier, el sans antre guide que la foule des prêtres du Seigneur, quand l'o-
l'ange des ténèbres qui l'inspire. raiie gronderait sur le sanctuaire, en disper-
AUDR.VN (pROSPER-tjAnniEi.), professeur serait les ministres.
d'hébreu au collège de France, naquit à AVOCATS. L'esprit d'opposition avait en-
Uonians (Daupliiné) en 17i3, de la famille traîné un grand nombre d'avocats surtout,
des célèbres graveurs de ce nom. Il entra du Parlement de Paris, dans la voie jansé-
dans la magistrature, et fut reçu conseiller nienne. On les vit jou(r dans lis affaires du
au Cliâtelet de Paris, le k août t7C8. Dégoûlé parti lin rôle doublement intéressé. Nous
de sa charge, il la vendit se livra à l'étude
, allons mentionner ici plusieurs pièces qui
de l'Ecrilure sainte, pril des leçons d'hébreu attestent leur goût pour les nouveautés et
sous Rivière, professeur de cite langue au leur amour du scandale.
collège de France , et fut nommé à sa place
le 15 novembre 1799. Il n'était cependant pas Consultation de MM. les avocats du Par-
très-forl dans l'hébreu. 11 mourut le 23 juin lement de Paris, au sujet du jugement rendu
1819, laissant une Gr'immairc hébraïque en () Etnbrun, contre M. l'évéquc de Senez.
tableaux; Paris 1803, in-V". On n'inséra pas 1727.
dans le catalogue de sa bibliothèque les li- I. — Cet ouvrage , signé de 50 avocats de
vres jansénistes dont il possédai!, à ce qu'il Paris, tend à établir que rinfaillihililé pro-
parait, un nombre assez considérable à cet ; mise à l'Eglise, que le pouvoir spirituel qui
égard , il poussait loin ses préventions. 11 lui a été donné par Jésus-Christ, que l'anlo-
avait une grande réputation de ])iélé dans ce rilc qu'elle a de décider les conleslations qui
parti que l'avocat Baudin (Voyez ce nom ),
,
s'élèvent dans son sein, résident dans la so-
son ami, était parvenu à lui faire embrasser; ciété entière en lanl qu'elle renferme les
il en avait épousé avec passion les erreurs pasteurs et les simples fidèles; de manière
cl mém(> les singularités. Le nom de la sainte que lesévêqucs ne peuvent rien faire i]ue
Vier;;e semblait lui être en horreur, et il ne dépendammeni de celte société à laquelle ils
voulait point parliciper au culte que l'Eglise sont subordonnés.
lui rend aussi le remarquait-on dans les
: Les avocats enlreprennenl de justifier celle
offices divins, abandonnant le lieu saint au proposition de Quesnel que c'est l'Eglise qui
,
daiiina'.ion de celte proposition. Ils se:iiblent peau et donnant lieu par là de révoquer eis
regarder l'Eglise coiume une république po- doute l'autorité de tomes les décisions de
pulaire, dont tout' l'autiriié législative et l'Eglise; que cette doctrine affaiblit autorité I
coactive réside dans la société entière et dans des conciles généraux et favorise le dogme
le consentement exprès ou présumé de la de l'esprit particulier; que de simples laï-
multitude ce qui est !e pur système de
, ques, s'érigeant en juges mêmes de la foi, y
M. Antoine du Doininis. Deus Spirilum siimn font une déclamation injurieuse contre une
loti Ecdesiœ promsit non aUirjando eam
, Constitution conGrmée par trois souverains
ceriis personis. Sunt luici in Ecclcsia, ipsius- pontifes, acceptée en France par cinq assem-
que sotidnm et majorein parlein constituunt b ées du clergé, reçue par toute l'Eglise, et
De Republ. Eccl. 1, cap. 12. revêtue tant de fois du sceau de l'autorité
Les mêmes avocats, en parlant de la bulle royale; qu'il n'est pas surprenant, après
Unigenitus, disent que le chrétien, le citoyen cela, que le souverain pontife soit si peu
et ceux qui ont eluclié les principes de la liié- respecté dans cèlleConsultalion, qu'un affecte
rarcbie en sont effrayés, consternés, indignés. de ne lui donner que le nom et la qualilé de
En parlant des c;Misures in globo quo ces , de chef visible dans l'Eglise, an lieu de celle
sortes de jugements ne sont qu'un joug hon- de chàf visible de l'E'jlise. Qu'on réduit sa
teux, qui ne présente que ténè'jres vt que con- primauié, qui est de droit divin, à urte simple
fusion. prérogative d'honneur et dé dignité, qui n'est
En parlant des conciles généraux, que c'est fondée que sur un droit pare rent positif et
la de la cour de Rome qui
fouisse politique non pas sur l'institution dé Jésus-Christ
s'oppose à leur convocation. même.
En parlant du concile d'Embrun, que tou- Sa Majesté ordonne que ladite Consu?/a/('on
tes les démarches qui ont été faites dans ce sera el demeurera supprimée, défend de la
concile ne sont qu'un tissu d'irrégularités-, retenir et de la distribuer, à peine dé puni-
dont il y a pe:i d'exemples dans l'antiquité , tion exemplaire,
et que la postérité aura peine à croire. III. —
Celle Consultation a reçu de toutes
il. —
Le roi, informé du trouble que cette parts les traitements qu'elle méritait. Le 9
considlation jetait dans les esprits et des , juin 1728, le pape Benoît XIII la condamna
plaintes qu'elle excitait dans le public , de- par un bref, comme contenant des proposi-
manda sur ce sujet l'avis et le jugement des tions scandaleuses, téméraires, séditieuses,
cardinaux , archevêques et évoques qui se pernicieuses, injurieuses à l'autorité du saini-
trouvaient pour lors à Paris. Ce fut pour siège et des évéques, favorisant l'hérésie, schis-
obéir à eêt ordre quo les prélats écrivirent à mnliques et hérétiques. Il défend de l'impri-
Sa Majesté une lettre signée p ir trente et un mer ou dî- la lire, sous peine d'excommuni-
cardinaux, archevêques et évéques, à la !èle cation ipso facto, sans autre déclaration, et
desquels on voit les cardinaux de Roh;in, de dont on ne pourra être absous que par lui
Bi<sy et de Fleury. ICIle est datée du 4- mai ou par le pontife régnant.
1728. En voici le résultat : Le même écrit a été condamné avec les
Il résulte de nos observations, Sire, que
« qualiGcalions les plus fortes, par des mande-
les auteurs de la Consultation se sont éga- ments particuliers de plusieurs grands pré-
rés en des points trés^imporlants ; nous lats du royaume.
déclarons à V. M. qu'ils ont avancé, insi- Ml'évcque de Soissons (aujourd'hui ar-
nué, favorisé sur rEglisi.% sur les conciles, chevêque de Sens) a proscrit la Consullà'^on,
sur le pape, sur les évéques, sur la forme et comiiie suspecte d'hérésie et même c me .
idées qu'on doit avoir de l'Eglise et de sa des pauvres, évêque digne des premiers siè-
puissance spirituelle sont altérées et obs- cles, a dit dans sa lettre à M. le cardinal de
curcies dans la Consultation des avocats ; Bissy que cette Consultation sapait les
,
qu'on y réduit le corps des pasteurs, en qui fondements les plus inébraulables de la rcii-
285 AVO AVO :6
où l'on trouve tout ce qui a été dit de plus abus d'en prononcer.
solide et de plus énergique sur cette ma- C'est ainsi que les jurisconsultes contre-
tière. disent tous les théologiens el canonistes fran-
M. l'évêqued'Evreux (Le Normand) suivit çais; ils auraient sans doute dû savoir que
les cinquante avocats jusque dans les sour- i'ipso fado est plus ancien en France qu'en
ces où étaient allés puiser tout ce qu'ils
ils Halle, et qu'il a été en usage dans nos con-
avaient avancé contre le concile d'Embrun; ciles avant que d'être employé dans les Dé-
et (pour nous servir des paroles de M. de crétâtes.
Sisleron ) il démontra, ou que, par la plus Mais riînorance sur tous ces points ne les
grossière ignorance, ils n'avaient eu nulle a rendus que plus téméraires ils osent nier
:
connaissance des lois, des règlements et des le pouvoir de l'Eglise, renverser ses règles,
exemples qu'ils avaient rapportés dans leur insulter aux premiers pnsteurs, et choquer
Consultation ; ou que, par la plus insif/ne leur juste autorité. Us n'atlacjuent rien de
perfidir, ils avaient supposé , tronqué et fal- moins (juela bulle Ad evilanda du concile de
sifié généralement toutes les autorités dont ils Constance, le concile de Bàle l'assemblée ,
mité, n'a presque plus d'autres défenseurs que procédure extraordinaire, instruite à l'of-
vous, et qu'elle implore voire secours et votre ficialité de Cambrai contre le sieur Bar-
,
foi avec larmes. Songez que c'est à Dieu même don, chanoine de Leuze, sur son refus de
que vous devez répondre d'une si grande souscrire aux bulles contre Raïus et Jan-
cause, qu'il a remise entre vos mains. sénius et à la bulle Unigenilus. 17i0, in-4*.
On aurait peine à croire que ce discours Requêtes présentées au parlement de Bre-
fût sérieux, si l'auleur ne se donnait pour
tagne et à M. l'évéque de Rennes, au sujet
un sincère janséniste. Selon lui, toute la d'un refus de sacrenipnls, en sa lettre cir-
grâce de Jésus-Christ est efficace, infaillible culaire écrite en 1731 aux évèques de
dans ses opérations et dans ses effets, par sa France, par ordre du roi. 1789, in-4'.
propre force. L'efCcacilé lui est tellement
attachée, qu'elle en fait la différence essen- Mémoire où l'on prouve l'injustice et la nul-
tielle d'avec la grâce de l'état d'innocence.
lité excommunications lioni on menace
des
La foi et l'espérance ne peuvent être sans ceux qui ont appelé ou qui appelleront de
charité. Depuis cent ans, les théologiens ont la constitution Unigenitus et où l'on ,
jeté une horrible confusion dans les matiè- marque les moyens de s'en garantir.
res qui concernent la nature et les opéra- 1719, in-i°.
tions de la grâre. Tout tj a été rempli de té- Mémoire sur le refus public des sacrements
nèbres; et néanmoins par une fatalité digne de au lit de la mort, qu'on fait dans plusieurs
larmes, la foi a été jugée, sans que la vérité diocèses aux fidèles de l'un et de l'autre
ni l'erreur eussent été éclaircies. Aussi le Sei- sexe qui ne reçoivent point la constitu-
gneur, par une providence cl une bonté admi- tion Unigenilus , in-V.
rables, n'a pas permis qu'il s'assemblât jus- Requête de la demoiselle Sellier, sœur da
qu'ici un concile génércd. sieur Sellier, chanoine d'Orléans , à mes-
C'est faire entendre clairement que l'Eglise sieurs de parlement en la grand'chambre,
dispersée n'est point infaillible; qu'elle a pour se plaindre du refus des sacrements
condamné injustement la doctrine de Jansé- fait par le chapitre d'Orléans audit sieur
nius et de Quesnel, et qu'on est en droit d'ap- son frère, à l'article de la mort. Paris,
peler de son jugement à celui du concile gé- Ph.-Nic. Lottin. 1739, in-4°.
néral. Il n'est pas surprenant que l'anonyme
déclame à toute outrance contre les théolo- Consultation des avocats du parlement de
Paris , pour la cause de M. l'évéque de
giens scholasliques, et que, pour les décrier,
il leur impute des erreurs chimériques. C'est
de Senez, du premier juillet 1727, in-i\
là le ton et la pratique de tous les novateurs. Consultation des avocats du parlement de
MÉvioiRE potir M. Franrois-Jacques Fleury, Paris, du 30 octobre 1727 au sujet du ,
curé de la paroisse de Saint-Victor d'Or- jugement rendu à Embrun , cmlre .M. l'é-
léans ])risonnicr à la liaslille accusé
véque de Senez, in-i".
, ,
d'avoir imputé une lettre à M. l'évéque On publia à celle occasion, entre autres
d'Orléans en imitant sa signature, et de
,
ouvrages les pièces qui suivent
, :
pétence, dans leur eonmîtation snr le juge- brun , surde Jean de Vert en Fran-
l'air
ment contre M. de Senez. In-i . ce, etc., et Remerciement des jnnséaisles
Consultation des avocats jan- .Tuxdits avocats, sur l'air de Joconde. In-
Apologie de la
8' et in-i*
sénistes de Paris, contre le concile li'Ém-
B
BAIUS (Michel de BAY, plus conna sous avoir dans cette matière, comire dans toute
le nom de né en 1313 au
) ,
, \ illage de Mclin autre, des abus et des excès, l'ouvrage de
dans le Hainaut, devint un docieur trop fa- Baillet él.iit, à bien des égards, propre à les
meux de l'universilé de Louvain. 11 mourut corriger et à les prévenir. On l'a peut être
au mois de septembre iti09 le 16, suivant ,
jugé un peu trop sévèrement, sans doute par
les uns, le 19. suivant les autres. On peut lu crainte que d'une extremi é il n'enirainât
voir son article dans le Dicl. hist. de Feller. dans une autre. » —
Feller. par ces dernières
Biiïus se soumit aux bulles des papes qui paroles, entend, nous le croyons, la critique
condamnèrent ses principes et ses erreurs. dont nous avons dit un mol. A cet égard ,
« Sa soumission, liit Tabarand ne termiua , nous sommes de son avis.
pas les disputes dans l'université de Louvain; S'il est vrai comme le dit Tabaraud que
,
,
mais leur histoire se rallaclie à celle du jan- M. l'archevêque de Paris ne trouva rien à
sénisme. >>. Biogr. univ. de Michaud art. ,
reprendre dans l'ouvrage de Baillet il est ,
1693, in-1-2. Autre édition, 1696, in-12. Baillet d'avoir fait de pompeux é oges de
Nous connaissons une critique de ce livre; Port-Pvoval, ans oubl er abbé de Saint- l
mais, comme elle nous paraît exagérée, Cyran ( tnm. Il, pag. 293; t:;m. IV, p. 562).
nous ne la rapporterons pas. 11 célèbre les Anauld. Quant au fameux
tieuses, souvent même superstitieuses. Cet p. 536. Quelqu'un voulant savoir pourquoi
ouvra;;e fut dénoncé à l'archeréque de Paris Baillet prodiguait ainsi aux jansénistes
le ,
(de Harlay), qui n'y trouva rien a répondr', n'en trouva d'autre raison que ces paroles
et à la Sorlionne qui au lieu de faire droit
,
de Baillel lui-même tom. 1 pag. 95 : C'est
, ,
à la dénoncialion, censura le livre de .Marie que le jansc'nisme est une licre'sie imaginaire.
d'Agréda , oii ce culte est poussé à des excès Baillel demande qu'on lui définisse ce que c'est
ridicules. —
Après ces paroles qui ne nous
>> que la société des jansénistes, qu'il a prise
plaisent pas du tout, voici sur le même sujet Ion /temps pour une cliiv>êre à laquelle on a
celles de Feller, qui ne nous plaisent guère :
nttaché un nom de secte qui est rejeté de tout
I
« Baillel désa[)prouve dans ce livre bien le monde. —
Or, c'est une proposition con-
de» pratiques que l'Earlise semble autoriser damnée par l'assemblée de 1700.
ou du moins tolérer: mais comme il oeut y Vie d'Edmond Richer , docteur de'Sor~
293 BAR CAR 294
bonne, e(c. Liège, ilik in-12 de ^07 pages.
, reprit, en
rappelant la sainteté du lieu.
lui
- Autre édition, 173'i., in-12 de 380
pages. 11 répondit brusquement Si locus est sor- :
On altribue communément
cette biogra- crus, quare exponiiis....? On ne lui laissa
phie à U;iiliet, qui semble ii'uvoir eu d'autre pas le temps dachever sa phrase tous les :
but que de faire l'apologie du livre De Ecde- écoliers se mirent à répéter son barbarisme,
siastica et poiiticn polestale. Richor, auteur et le sobriquet d'avocat sacrus lui en resta.
de ce livre, le rétracte, et Baillet s'attache On prétend que celte petite mortification le
à infirmer cette rétractation. Pour y réussir, jeta dans le parti opposé aux Jésuites, que
il adopte une calomnie assez mal concertée, depuis il allaqua en corps ou individuelle-
savoir que le Père Joseph força Richer à se
:
ment dans ses divers écrits.... Il ne fut pas
rétracter, en lui faisant mettre par deux plus heureux aux exercices du barreau, qu'à
assassins le poignard sur la gorge. Il ajoute ceux des jésuites la première fois qu'il
:
que Richer mourut sept mois apn's, de dou- plaida, il au bout de quelques
resta court
leur de s'être rctraclc mais celte rélracla-
;
phrases. » Il mourut
13 septembre 1694. le
tion de Richer fut donnée en 1629, et sa Ongient pour l* BRULURE, nu sccrct pour
mort arriva plus longtemps après, c'est-à- empêcher les Jésuites de brûler les livres^
dire le 29 novembre IG31. Cette horrible
anecdote est vic'oricusemrnt prouvée ca-
en vers burlesques. 166i, in -4" Satire —
d'environ 1800 vers, divisée en trois par-
lomnieuse par le Journal de Trévoux , jan- ties la deuxième esl intitulée
; Ce que :
des calendriers et les martyrologes. Paris, amis sur l'Onguent pour la brûlure ; du
,
Rouland, 170V, 4 vol. in-fol. h' avril 1664, in-4°. C'est sans doute contre
Cet ouvrage fut condamné par l'évêqne de celle même satire que fut publiée une pièce
Gap, qui en détendit la lecture, sous peine qui a pour litre l'Etrille du Pégase jansé-
:
sentiments de Jansénins, inspire encore ceux pas empêché qu'on ne l'ait réimprimée, en-
de lu prétendue reforme sur un grand nombre core contre les jésuites, en 1826 ou 1827,
d'articles , tant de dogme que de discipline. in-32,
Ce n'est donc pas un livre qu'on puisse met- Lettrr d'u\ avocat à un de set amis, du
tre entre les mains des lidèles. 11 esl moins 4 juin 1664, sur la signature du fuit con-
propre à édifier ou à instruire qu'à faire ,
tenu dans le formulaire, avec différents mo-
douier. .\ilulateur perpétuel des auteurs
tifs de signer le formulaire; en vers, in-4°.
protestants, il copie leurs ouvrages avec peu
de discernement, sans savoir démêler le bon CiAUDiNETTEs , OU lettres à M. Gaudin,
du mauvais, faute de théologie, faute de pré- officiai de Paris, sur la signature du for-
de sainl Piirre et de ses successeurs, qui, ver que l'autorité de l'Eglise doit céder à celle
après lui, ont été les vicaires de Jésus-Christ. de saint Augustin proposition condamnée
:
chevêque de Spalatro, Marc-Antoine de Do- crite Que les cinq propositions ont par elles-
:
minis tant il y a de conformité entre les mêmes un sens c Uholique, quoiqu'elles pour-
raisonnements, les preuves, la doctrine et raient être détournées à un autre sens par
les citations. une fausse interprétation Vero per se et ca-
:
Le pape Innocent X, par un décret du 24- tholico sensu prœdilas, sed qtiœ prava inter-
janvier 16i7, condamna le livre de l'Auto- pretatione alio deflecti possint.
rité de saint Pierre et de saint Paul, et celui DÉFENSE DE FEU M. ViNCENT DE Padl, insti-
de la Qrandeur de l'Eglise romaiue, autre tuteur premier supérieur-général de la
et
ouvrage de de Barcos, publié dans le même Mission contre les faux discours du livre
,
temps et (Jans le même but; et censura de sa Vie, publiée par M. Abelli ancien ,
chefs qui n'en font qu'un, dans quelque livre M. Des Marets, qu'il fait dans son livre de
qu'elle se trouve. l'Hérésie imaginaire, imprimé à Liège ; et
Recueil de divers ouvrages touchant la quelques autres pièces très-curieuses de M.
grâce. Eu 16i3. de Saint-Cyran. Revue et corrigée en cette
soins de dernière édition, 1672, in-12, p. 276, sans
Ce recueil a été publié par les
la Préface et la Table des chapitres.
l'abbé de Barcos. On y trouve divers écrits
M. Abelli, évéque de Rodez, avait publié
dangereux.
la Vie de saint Vincent de Paul. Différents
L'Abrégé du pèlerin de Jéricho, de Con-
rapporte prouvent évidemment
traits qu'il y
rius.
que ce ennemi du jansénisme, et
saint était
Le Mémoire présenté au pape et aux car-
Saint-Cyran comme
qu'il regardait l'abbé de
4inaux, par les docteurs députés de Louvain
un dangereux novateur. Tout ce que dit là-
pour la défense de Jansénius.
di'ssus M. Abelli a été confirmé par René
La Justificalion générale et particulière de
Aimeras, second général de la Mission. Le
la doctrine de M. l'étéque d'Ypres.
La Lettre sur la prédeslinanon et la fré-
même fait résulte encore de la déposition de
M. l'évêque d'Héliopolis il est démontré
et
quente communion, pour justifier M. Arnauld.
;
les pins outrés el les injures les plus atroces visiblement la liherté aux prélats qu'ils ne
se présentent tour à tour sous sa pluni-. pouvaient se soutenir sans miracle on pourra ,
Dans les articles des ennemis de sa bulle, il dire la même chose de Constantin à Sicée.
emploie loules les hyperboles des oraisons Enfin, il dit encore Trouver le témoiqnage
:
funèbres. On a dit avec quelque raison que perpétuel de la vérité dam un très-petit nom-
ce livre était le martyrologe du jansénisme , bre d'évéques opposants , et faire dépendre ce
fait par un convulsionnaire. ^>
témoignage éblouissant de certaines circons-
BAllREiDr la). Voi/.Mi.is.TRE{Àntoine Le). tances qui p'uvent être douteuses et contes-
BASNAliE Di': BEÀUVAL (Jacques) na- tées , comme l'influence de l'autorité royale ,
quit en lOS'i , fu' ministre à Koaen , sa pa- l'amour de certains prélats pour les dignités ,
trie , et ensuite en Hollande. 11 donna plu- la haine des autres pour un certain parti et ,
rieurs ouvrages, et mourut en 1T2;3. conjecturer avec certitude que le petit nombre
L'oMTÉ, la visibilité , l'autorité de l'Eqlise n'a ni enlétemeni, ni passion, ni intérêt, c'est
et la vérité renversées par la constitution Viù- faire dépendre la vérité elle témoiqnage de
genilus, et par la manière dont elle a été re i' Enlise de nos conjectures et de l'effet de l'i-
rité , puisque le chef des pasleuis et les pas- noine grand vicaire de Mirepoix, il fui en-
et
t3urs soni dans l'erreur. Enfin que l'Eglise , suile depu:é du second ordre à l'assemblée
n'ist plus fi'si'We, parce qu'on ne la reconnaît du clergé de 173), où il se rangea du côté
dus dans les asteurs qui sonl des héréti-
1
du cardinal de la Kochefouc luIJ devenu ,
ques, el qu'on ne peul s'assurer qu'elle soit ministre de la feuille des bénéfices ce qui :
dans le petit nombre des évéqurs ijui se sont lui valut, dit-on, l'évèclié d'Alais. Le IG
sépares d.s au'.res. Voilà des raisonnements avril 17t)i, il donna un mandement au snj.'t
qui sont bons pour Auiîtcrdaîn. des Extraits des .issertions, qui excita le phîs
Voici comme l'auteur s'exprinic (page IG) grand méronlenlement parmi ses collègue'^.
sur la voix et le cri des fidèles , en tant M. de Brancas, archcvéqui' d'Aix, lui é<riviL
qu'elle est opposée à celle des pasteurs Quel : à ce sujet mais il ne put en obtenir aucune
;
contraste et quel scandale, si l'Eglise est ré- salisfaciion. r.lémenl XIII lui adressa aussi
duite à des laitjues, si ces la'iques ont droit de un linf pour blâmer sa conduite , et ce bref
s'opposer au souverain pontife et aux évéques fut condamné au feu par le parlement d'Aii;
qti sont les dépositaires de la foi! Q lel ren- c '
qui indisposa encore davantage les évé-
versement si les laïques ont aujourd hai l an ques contre lui. Enfin son mandement fut
,
torité de juger que la bulle est remplie de déféré à l'assemblée du clergé, dont il refusa
il se moque de la violence que N pré- liment p.irmi son cleigé. Plusieurs de ses
tead qu'on a faite aux évéques de Tassera- prêtres se déclarèrent contre lui. Après sa
soi BEL BEN 50-2
mort, qui eut lieu 25 mars 1776,1a signa- le formes tentées dtns ce pays. En Italie il ,
liiri^du furtniilaire fut rélablie par les grands était lié avec Ricci Tamburini Zola el les
, ,
SÔ4
DICTIONNAIRE DES JANSENISTES
ûOj
qui ont dites et contradiction!. 91 pages in-4*;
d'innocence à ces religieux discoles
1731.
bravé loule aulorilé.
Au reste, les janscnisles font en vnin tro- Ce titre annonce un ouvrage des plus fa-
ponnerie des éditeurs : gaelques-uns mêmes dans sa gloire et dans sa wojesté. M. Jérôme
de ces religieux étaient morts avant la con- Castillon y Salas, évéque de Tarazona et
vocation du concile d'Embrun. Pour les au- inquisiteur général, « le condamna, dit l'^lmi
tres ( et le nombre en est aussi fort
grand ) delà Religion, tom. XXI, pag. 12, par dé-
Dieu leur a fait la grâce de reconnaître leur cret du 15 janvier 1819. La nature de cet ou-
faute, et de revenir de bonne foi à l'obéissance vrage. est-il dit dans le décret, son introduc-
(l à l unité. Ceux-ci ne
savent pas seulement tion furtite, sa publication clandestine les ,
Mère de Uieu\ uiquit à Lucqurs eu 1(586, est maii|UL' dans le déciet du 13 janvier qu'il
professa la théologie à ^aples, se rend.t, en a été rendu compte de cette aiïaiie au roi
1739, à Rome, oîi il devint assistant du gé- quia autorisé le décret. Les deux puissances
néral de son ordre. Il traduisil en ila.ieu les concourent donc ici parce que louies deux
,
Essais de morale et d'autres ouvrages de Ni- ont également iulérél au maintien des saines
cole raison pour laquelle Zacliaria lui re-
;
doctrines. «
proche d'avoir introduit le jansénisme en
Italie.
BESCîIERAND (l'abbé), eut l'avanlage et
la gloire d'éire le premier convulsionnaire.
Très-humbles remontuaxcfs de plusieurs Eu 1731, lai chevéque de Paris venait, après
Bénédictins de congrégation de Saint-
la une information juridique, de déclarer faux
Maur, ù S. E. M. le cardinal de Bissy, à le miracle d'.\nne Le franc. Les chefs du
M. l'archevêque d'Emirun et à MM. les pai li as^embles à ce sujet
. furent , dit-on , ,
évéques de Saint-Flour, Amiens, Saint- {Journal dis Convu's.. par madame Mol),
Malo, Angers, Soissons Québec, Saintes,
,
d'avis qu'il fallait détruire l'cITel du mande-
Laon, Alet, Saint-Pons, Bagonne et Senez, ment par quelque coup d'eiat, it jugéient
au sujet des approbations qu'ils ont don- que rien ne serait plus eflicace qu'un mi-
nées à la siconde lettre de dom Vincent racle. Un le demanda donc hardiment à Dieu.
Thuillier; dans laquelle ces quatorze pré- Besclierar.d se lit porteur de l'appel qu'on
lats ont autorisé par leurs suffrages, 1° une interjetait du mandement et se présenta sur ,
acceptation feinte, simulée et frauduleuse le tombeau du diacre, ne doutani pas que son
de la constitution L'nigenitus ^'plusieurs
; i'.ilirmite (il était boiteux
ne dispaiùt à la
erreurs contraires aux suintes Ecritures et fin de la neuvaine; mais il s'en passa deux,
à la tradition ; 3° des semences et des dc- et sa jambe ne se redressait [.oint. Alors les
. clarations de ce schisme dans l'Eglise de co;n ulsions le prirent des mouvements vio-
;
France; 4° des calomnies atroces contre des lents, des sauts, des élancomcnls, des agita-
. évéques et des personnes respectables de tions furieuses tel elail le caractère de ceg
:
'l'un et de l'autre sexe; 5" plusieurs absur- sor'es de scènes. Il fut décidé iiu'elles équi-
,;
val.iicnt au miracle allendu. Pondant que 1763 à l'âge de 77 ans. De ses ouvrages
,
foule des curiiîux, des scribes décrivaient Ol'kstions sur le concile d'Embrun, 1727.
exaclcnient toutes les vari.mlcs de ses con- (^LESTIONS importantes sur les matières du
vulsions et ces descriptio[is s'envoyaient
, temps, 1727.
dans l' s pro>inces. Cependant le boiteux Lettre de l'auteur de la tradition des pro-
rcsiaii toujours tel. Ce n'est pas qu'il ne s'o-
blèmes, du 2 octobre 1737, à un ecclésias-
)
tres écrits , et , à ce sujet , un critique ex- A la pase 13, dit-il, l'auteur parle ainsi
prime en ces termes sa façon de penser :
de Nicole et de l'abbé Diignct; Ecoutons deux
« La meilleure réponse eût été rallonge- auteurs de notre siècle, également estimés
ment de la jambe île lîescberanil mais celte ,
pour les lumières qti'ils ont puisées dans l'é-
réponse est encore à venir, et tout porte à tude des Pères, et pour la fidélité qu'ils ont
croire qu'elle ne viendra jamais. Le fana- eue à nous présenter la doctrine pure de la
ti(|ue après avoir donné les scènes les plus
,
tradition. Un écrivain, s'il élail calboliijne,
ridicules sui- la tombe de Paris, retourna parlerait-il amsi de deux bonimes si fameux
dans sa province aussi boiteux qu'aupara- par leur attacbement au parti, et qii ont
vant. De|iuis ce temps-là il n'a plus été rempli de tant d erreurs cette mulliinde de
question de lui il s'est confiné dans une re-
:
volumes qu'ils ont mis au jour? D'autre
traite obscnre, et il n'a laissé au monde (jue côté un censeur royal, s'il était ralboMqiie,
l'odieux souvenir de son impudence et de sa ou s'il lisait les livres qu'il ap()rouve, ou s'il
fourberie, avec une juste iiulignation contre faisait aHeiition à ce qu'il lit, a corderait-il
la secle c Dvulsionnislo dont il a été le pre- son suffrage à un écrit où Nicide et Dnmiel
mier et le plus méprisable instrument. » On sont déjieints sous de si belles couleurs? lie-
a de Besclierand ou à son occasion :
lui qui a approuvé cet écrit iunorc-t-il ce te
longue suite de maximes fausses, erronées,
Lettre de M . l'abbé Bescherand à M. l'abbé
liéréliques, qu'on a relevées récemment dans
d'Asfeld , cl la réponse de iM. l'abbé d'As-
le< ouvrages de morale de Nicole ? Ou bien
feld. In-V'.
a-t-il passé lui-même d.ins le camp des en-
Trois lettres an sujet des cliuifs singulicrcs nemis de l'Lglise et en est-il venu aujour-
,
et surpi-enanlcs qui arrivent en la personne d'hui jusqu'à estimer les chefs des philistins?
de M. l'abbé Heschcrand à Snint-Médard ,
A la paiie 420 l'auteur insinue la nécessité
écrites les 18, 28 octobre et 9 novembre de lire l'Kcritiire sainle.
17;U, par l'abbé Favier, 1731, in-i°. Les pages 378 jusqu'à la page 400 sont
BÉPONSE à tous les écrits qui ont paru contre d'une docir.ne outrée contre les dots «les .c-
M.l'ubhé fieschernnd elles miracles qui ,
ligieuscs. Mais tout passe, loul est approuvé
s'opèrent à Sainl-Medard première lettre, ;
aujourd'hui, quand la morale en estexies-
en date du l'i- janvier IT.'M. In-V .
sivemenl sévère. Terlullien s'il >ivait dans
,
BEUIL (du), prieur d;- Saint- Val , faux curé de Chevreuse, 1751. Gougel revit cet
nom sous lequel Louis-Isaac le Maistie de ouvrage. On attribue à Boidot une Lettre, du
Sacy. un des soliUiiros de Porl-Koyal, publia, 18 mars ^36, sur les imputations faites à
en 1062, sa Irailuclion de Vltiiilation de l'abbé Débonnaire, dans les !Souielle< ecclé-
Jésus-CItrisi. Barbier suppose qu'il y a eu siastiques. Il tenait chez lui des conférences
een; cimiuanle éditions d' celle traduction; sur les matières ccclésinsti'fues, et était le
ce n'est po rl.int pas qu'elle soit parfaite. chef d'une société particulière d'appelants.
L'auteur a négligé bien souvent la fldé- C'est de là que sortit le Traité îles prêts de
lité pour courir après l'éléganct» : il porte commerce, publiés en 17.']9, par Auberl, curé
même l'explication jusqu'à la paraphrase; de Cliânes, (t augmenté depuis par Mignol.
el M. Genu, en rendant justice à son élocu- Celte société des Trente-Trois passait auprès
lion abondante et facile, avoue que c'est par- du reste des appelants pour être assez har-
fois une imilatio libre, assez semblable,
1 die dans sa manière de penser, et pres(ine
dans son genre, à celle de Cormille en vtrs. pour socinienne, parce qu'elle ne voulait pas
11 n'est donc pas étonnant que cette irailuc- se soumettre à l'autorité de leurs deux ou
lion ait essuyé des criti(iues M. Barbier,
, cl trcis évêques. Boidot mourut en 1731.
qui en f>iit un crime ux ji'suili s, et qui BOILEAU (Jacqies), frère de Boileau Des-
leur rcprocli.' à cetie occasion de la jalousie prcaux, naquit à Par, s en 1(j3o, fut docteur
el de r.imerlume, montre, ce semble, à leur de Siirbonne, dojen et grand vicaire de Sens,
égard une bien grande sévérité. ch. moine de la Sainte-Chapelle, doyen de la
Les jansénistes ont voulu que Vlmitation faculté de théologie, el ii.ourul à Paris en
de Jésus-Christ, comme le Nouveau Testa- 1716. Comme son frère il av. il l'esprit porté
ment, servît à inoculer el à consacrer leurs à la satire, el son frèri; dis it de lui q':e s'il
Horreur*. Un Iraduteur
inFidèle a rendu ce n'avait été docteur de Sorhonne, il aurait été
tilre (lu cliap. XV
du premier livre De : docteur de la comédie italienne. Il a donné
opcribus ex carilale factis, par cette sen- un assez grand nombre d'ouvrages, qu'il
tence, qu'il faut faire toutes ses œuvres par écrivit en latin, de crainte, disait-il, que les
un motif de charité ; un autre écrivain de la évéques ne les censurent.
même école, qui n'avait pu se résoudre à Claud. FoNTEii O/)».'-' (le anliquo Jurepresby-
traduire de la mat ière la plu-, simple et la tirorum in re jimine eccicsiastico. Taurini,
plus naturelle le tilre du th.ip. 3 du iv= li- Barthol. Zappata , 167i'), in-12. — Edilio
vre Quod utile sit sœpe communicare, avait
: se. unda, correciior, 1078, in-8°.
imaginé de le rendre ain>i, qu'iï >st souvent Boileau se caeha sous le faux nom de
utile de communier. Un ant e avait mêiiie été Claude Fontaine.
encore plus luin, el trouvant encore cette Il est clair (dit-il, page 31 de la deuxième
derr.iène version trop cimtraire à ses proju- édition) par les Actes des apôtres, que saint
gés, il i'avaii remplacée par celle périphrase : Paul commande à l'Eglise de garder les or-
Comment l'dine pieuse doit trouver dans la donnances des prêtres comme celles des évé-
communion sa force et sa joie. On re-
sainte ques ou des apôtres. C'est pourquoi le docteur
marque ce trait d'infnléliié dans une édition de Sorbonne, auteur de l version du Nou-
•
des 'oinls, 1722, Paris, Desprez et Desessaris, ii'efl point auliement juge d'un prêtre que
ia-fol.; des Pensées évangéliques, pratiques el d'un autre évéque (page 33J.
309 BOl BON 510
proche qui les a distingués jusqu'à la mort, bue rien au parti qui ne soii prouvé par
tîs ont rendu célèbre la faculté de théologie de
d'.iutres actes bleu authentiques et par nu
Paris. détail connu de ce qui s'est passé depuis la
lIisTORiA C'iNFESsiONis AuiuciLAnis , cx anli- nais'.ance du jansénisme.
quis scriplwœ, palruin, pontifîcurn et ron- Un anonyme, non moins fanatique que lo
ciliorum monumcntis exprcssa.Par\s, Kdm. cuié Bonnery, voulut attaquer la Lettre du
Martin, 1083, in-8°. prélal; et c'est ce tju'il lit dans un gros livre
intitulé :
Cette histoire a élé approuvée par mes-
sieurs Chassebras et Antoine Fabre, et con- DÉFENSE de la vérité et de l'innocence, outra-
tient des erreurs capitales. Kn voici deux gées dans la Ictire pastorale de M. de Cha-
entre .-intres Irès-pernicien^es, qui se trod- raucy, évéque de Monipeliier , en da!e du
voni rémiics dans une seule proposition, à 2i septembre 17't0. Utri'elil, 17i'r, in-i*, dii
la page 00 Itaro jam, eccle.'^iir ivlate provecta
:
''i2G pages, sans la préface qai en a 230.
et ad seniwH veryenie, matas cogilationes esss L'aulcur s'élève avec yioleuce contre ia
DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. ?I2
Lettre pastorale; ruais la fauss'^é et la fai- d'Olivef dans son Histoire de l'Académie fran-
blesse de ses réponses ne sert qu'à mieux çaise. Du reçu dans cède académie
Bois fut
faire sentir la force et la vérité des accusa- en 1(593, une année avant
sa mort. La 'oii;.'ue
tions do M. de Charancy. préface qu'il mit à la lète du sermon de s.iiiit
1° Il lâche, mais en vain, de justifier sur Augestin est assez bien écrite, mais Irès-m I
divers points la personnelle Jiniséniiis, et de pi'nsée suivani l'abbé Irublet. Le docteur
,
montrer en parliculier qu'il a élé toujouis Arnauld en fit une cri ique judicieuse. Nous
très-éloigné de vouloir innover dans la foi. menlionnerons ici spécialement l'ouvrago
Les propn s aveux de l'cvêque d'Ypres prou- suivant :
réussir à lui donner cours qu'en formant uii cipes de Mongeron, 1750, et mourut à Paris ,
puissant parti, el en qaqnant surtout des com- en 1777.
munautés (\u'il fera en sorte que son ouvrage
; Double hommage que la vérité exige par rap-
ne paraisse pas de son vivant, pour ne pas port aux contestations présentes, 1780.
s'exposer à passer sa vie dans le trouble. Ce Cet ouvrage, qui ne parut qu'après la mort
sont de pareils aveux qui avaient autorisé de l'auteur, semble témoigner qu'il apparte-
M. de Char.incy à dire que Jansénius était naii au parti appelant.
convaincu de la nouveauté de sa doctrine : et BONLIRU , faux nom pris par Lalane.
ces prouves si frappantes de la mauvaise foi BONT (Charles de), licencié en théologie
de ce novateur, l'auieur du libelle n'a pu ni de la Faculté de Louvain, jouit des bonnes
les détruire, ni même les infirmer. grâces de M. de Sébasle, qui cependant ne
Il ne réussit pas iiiioux à justifier le sys- put réussir à le maintenir dans l'un des postes
tème doctrinal de l'évèque d'Ypres. 11 a beau importantsqu'il lui avait successivement con-
le défjuiser à la faveur du thomisme, il ne fiés : l'opposition des catholiques fut plus
peut le soustraire aux censures réitérées de forte.De Bout dut se contenter d'une cure;
l'Ejjlise. Aussi ce zélé défenseur de Jansénius mais au bout de près de douze ans, ses pa-
et de Cuesnel n'oppose à la noloriéié cons- roissiens le chassèrent comme hérétique, et
tante des faits qu avait allégués M. de Mont- M. l'archevêque de Matines le punit comme
peUier que de vagues el f.iusscs déclamations, tel, en l'exiluanl d'un bénéfice où il s'était
des injures grossières et des imputations évi- fait nouimer dans le Brabant. Le livre inti-
dem:! ent calomnieuses. tule La \ éiuth: catholique victorieuse im-
: ,
BOIS (du), faux nom sous lequel Godefroy primé, non pas à Amsterdam, comme le titre
Herm.ind a publié un ouvrage. le dit faussement, mais à Ypres, porte son
BOIS (Philippe Goibaid sieur du) na- , nom. Or ce livre est l'un de ceux où le jan-
quit à Poi;iers, commença par être maître de sénisme déborde on en va juger par ce qui
;
ses Lettres, en 2 vol. in-folio; mais les noies qu'ils établissaient cette doctrine comme le fon-
savantes el curieuses dont il a accompagné dement de toutes leurs erreurs; de là est venu
ses traductions ^oiit de l'abbé de Tilleuiont, aussi quaiccun des saints docteurs qui ont sou-
son anii parliculier. tenu la nécessité et la vertu de la grâce contre
Du Boi« donne à saint Augustin et à Cicé- les susdits hérétiques et leurs adltértnts n'a
Ton, dont il a aussi traduit quelques ou- jamais reçu cette doctrine, mais qu'au con-
vrages,le même style, le liiéme tour, le même traire ils l'ont tous rejetée et eue en abomina-
anangement , c'est-à-ilire qu'il en fait deux tion. D'où il s'ensuit qu'elle doit au moins
grands faiseurs de phrases, qui disent tout être regardée comme très-suspecle d'iiérésie.
Bur lemèine ton. Cette remarque est de l'abbé Page 136 ; Ces paroles, je ne prie pas pour
S13 DOR BOR 314
le mondo,monlrent manifestement qu'il y avait sorte de censure dont s'est servi Clément XI
Mrt monde et des hommes pour lesquels Je'sus- conlre Quesni^l. II n'a pas vu qu'en excitant
Christ n'avait pas dessein de rjiourir, et pour (p. 1'!) les magistrats à aitaquerla bulle Lni-
lesquels il n'a offert à son père ni son sanq ni genitus , parce que la censure qu'elle porte
ses prières. est générale el n'a|)plique point les qualifi-
Pape 13V Qui ent-ce qui peut entendre dire
:
cations , il souleva l par conséqu-nl b s mê-
ians horreur qui' Jésus-Christ soit mort pour mes magisirats conlre le c^nciie île Cons-
chacun des hommes en pnrliculier? tance, dont la censure con're Jean Hus est
On pourrait riipi orter un f^rand nombre précisément dans la mèiin' forme.
de propcisilions seinhiahles. lanl sure Uc ma- Tout le reste du libelle n'est pas moins
tière (jue sur la liberté ft la grâce, mais il méprisable tout y porte à faux; le jargon
:
sulfira de dire que depuis la page i80 jusqu'à géoméirique de l'auteur n'éblouii personne.
la page 483, tout le jansénisme se trouve cxai;- Ses maximes, s s corollaires, ses réflexions, ses
lenuMit renfermé en cinq pages; le reste du exemples, tout annonce unécrivain piu sensé,
livre est un tissu de calomnies, d'injures et lequel ou avance hardiment les principes les
de paroles méprisantes, d'accusations d hé- plus faux, ou, s'il en p >se de vrais, n en tire
résies tilles (lue pourrait (,:ire le calviniste
, que de fausses'consoquenccs.
le plus outré conlre la d clrine (ilbolii]ue.
TÛMoicNAGE de la vérité dans l'Eglise. Disser-
C'est ce qui a fait dire an célèbre proles-
tation théologiqai', oii l'on examine quel est
tant Lejdeker, dans son histoire du Jansé-
ce Témoignage, tant en général qu'en par-
nisme (page 273), que Bont e<t un janséniste
ticulier, au regard de la dernière constidt-
iinci're et plus inqénu quf les mitres, et qui
tion, pour servir de précaution aux fidèles
vaut pour le moins son maître et son patriar-
et d apologie à l'Eglise catholique contre
che Jansénius. si même il ne le .vM'/zdsse /ki.ï.
les reproches des protestants. 1714, in-12,
Hœc Carolus ({onlius,qu(Mn landamus ui jan- 'i.'{3 pages.
senislam ingcniium prse tœleris, ipsoque
palriarrha meliorem. 1.L'auteur prolestant du Journal litté~
BOKDIÎ (Vivien i.a), prêtre de l'Oratoire, raire s'élève avec justice contre la fin de ce
naquit à Touionse en IfiSO, fut envoyé à
.
liire. /in effet dit-il, qu'avaient affare là les
,
lion, devint supérieur du séminaire de Saint- niis de la conslitutinn dans toutes leurs vues
Magloire, à Paris, où il mourut le 13 mars contre cette décision ? Venir après cela mettre
17i8. Outre les ouvrages dont il va être (luis- froidement ii la tête d'un livre qu'il n'est fait
tion, le P. Labonle esl auteur de plusieurs que pour servir de précaution aux fidèleset d'a-
Mandements et Instructions pastorales du pologie à l'Eglise catholique contie les repro-
cardinal de Noailles etderévéque deTroyes, ches des protestants, n'est-ce pas leur chercher
Bossui t. degaîlé de cœur unevraie querelle d'Allemand?
surtout lorsque c'est un livre dont le principe
ExisiEN de la Constitution, etc., selon la mé- est tout protestant.... où l'on est continuelle-
thode des qénmètres. Première dissertation, ment obligé de recourir à la voie del'examen...,
contenant des maximes qénérales. Février et où l'on dénonce hautement : « Malheur à qui
1714, in-12, 67 pages, publié sous le voile n'entre point dans cet examen avec cet œil
de l'anonyme. simple et droit que la crainte n'effraie point,
D'abord l'avertissement est un amas d'in- que les espérances n'éblouissent point, que
Vectives contre Rome, contre les jésuites, le désir de plaire aux hommes n'altère point,
contre les cardinaux, surlout contre le car- que la vérilé seule peut fixer, parce (|u"elle
dinal Fab:oni, et centre les évèqties orllio- seule a droit de plaire malheur, en un mol,
I
doxes. L'auteur vient enstiile au\ louanges à qui néglige d'observer en ceci le précepte
du livre de (jucsncl et il ose dire que pen-
, de l'Apôtre Oinnia prohatc, quod bonum est
:
dant iO ans ce livre a été lu avec l'approhali.in lenele ; l'Xaiiiiiiez tout, et ne relenez que ce
des plus qrandf évéques de France, et l'édifi- qui est bon » Si c'est dans la vue de paraître
!
cation générale des pasteurs et des peuples éloigné des jirotestants qu'on en agit ainsi,
(p. 11), quoiqu'il eût déjà été condamné et coniinue le journaliste de La Haye, c'est en
a Kome et en France, ainsi que nous l'avons rechercher les occasions, ce semble, avec trop
dit ailleurs. d'affectation. C'est maintenant une mauvaise
l'.iisuile. le prétendu géomètre, après quel- finesse qui ne pe :t plus surprendre personne.
ques préliminaires Tort inuliles, attaque (p. 9) On suit trop aujourd'hui en quoi les réformés
les cond.imnalioiis in globo , par ce raison- tt lesjansénistes se ressemblent ; et il g aurait
nement absurde et cetlc façon de parler in- peut-être de l'avantage pour ceux-ci â en cn-
solente Qui se chargera de faire la distriliu-
: venir de bonne foi : cela leur serait êi tout le
liondcs qualifications énoncées, cl qui démêlera moins plus glorieux que la dissimulation qu'ils
ce chaos? On
pape lui-même a pu le démé-
le affectent depuis si longtemps à cet égard.
lir, ou il ne l'a pu. S'il l'a pu, que ne l'a-t-il (Jooin.il lilléraire, 171îi, p. 'i3'f.)
fait? S'il ne l'a pu, qui te pourra? L'auteur Tels sonl les reproches d'ami que le jour-
n'a pas vu qu'un hussile aiu'a droit de tenir naliste proleslanl fait à l'auteur oralorieii, cl
le même langage sur le coiuile d-.' ("oiistance, l'on d it convenir (lu'ii le jjrotesiant a toute
i
Dicme comme plus injuste et jilus violente. consé([uent la toléraiice de toutes les sectes.
C'e^l-à-dire que l'on n'^ijouterail rienà la force Principe abominable, qui est la destruction
des expressio.'.s de l'auteur, ((uanl avec Luther non-seulemetit de la catholicité, mais detoul
cl Cahin oa donnerait au pape le nom lï An- le christianisme.
téchrist,au sié^;e de saint Pierre le nom de m. Le parlement sentil le danger de cet
la prostituée de V Apocalypse à l'assemblée
,
ouvrage, el le proscrivit, par un arrêt du
du clerL;é le nom île concdiahule et de bri- 21 février 1713.
gandage, au roi le nom de persécuteur el de
Les Notivellcs ecclésiastiques du 23 mai 1715
tyran.
triomphent de ce que ni le pape ni les évê-
Pour comble de tant d'excès, l'auteur en ques ne se sont point élevés contre le Té-
ajoute un qui lui est propre et qui tend à
moignage de la vérité. Le parti n'a pas eu
les justifier lou-. Tandis (ju'il accuse fausse-
longtemps cette satisfaction. Ce livre a été
ment le pape et les évêques d'a\oir ébranlé condamné par le pape, par l'assemblée du
les fonilements de la religion, il fait lui-
clergé, par M. l'archevêque de Lyon, par
même trè^-réellement ce qu'il leur reproche. M. de Mailly, archevêque de Reims, etc. et ,
Car, pour défendre le livre el la doc rine du
P. Quesnel conlic les analhèmcs du corps
réfuté [larle père Daniel. —
Le pèrelaliorde
désavoua cet ouvrage dans la suite, en adhé-
des pasteurs uni à son chef, il entreprend de
rant à la constitution.
leur ôler le droit sacré qui leur a été donné
par Jésus-Christ de décider souverainement MÉMOIRE sur une prétendue assemblée de
des questions de la foi, pour attribuer ce l'Oratoire, etc. ,
juin 17i6 in-4°, pages 16.
droit aux peuples. Au lieu d'ob'.iger 'e trou-
peau à écouter la voix des pasteurs, il assu- Âvanl que la congrégation de l'Oratoire
tint son assemblée, en 1746, on fil paraître
jettit au contraire les pasteurs à écouter celle
du troupeau, lin vain le pape avec les évo- deux imprimes; l'un intitulé Mémoire, etc., :
peu de délic;ilossc dans cette affaire, et mit tion pastorale de M. l'évéque de Montpe lier,
plus que du zélé à la faire réuss r. I! oublia adressée au clergé et aux fidèles de son dio-
que s'il est glorieux de faire triompher la cèse, au sujet des miracles que Dieu fait en fa-
justice , il est plus beau encore de n'em- veur des appelants de la bulle Uniuenitii-.
ployer, pour y parvenir, que de la modéra- L'auteur, zélé partisan du figurisme n.o-
tion et lies moyens dignes de la cause pour derne, y insinue clairement el éiablit autant
laquelle on agit. Sa volumineuse correspon- qu'il peut la supposition impie d'une défec-
dance sur cet objet, publiée [lar Deforis, fit tion générale du sacré ministère , el par
peu d'honneur à sa sagesse et à son carac- conséquent de toute l'Eglise. Pour appuyer
tère. A son retour, eu 1699, il fut ordonne il cite en sa faveur les Médita-
son système,
prêtre, et pourvu de l'abbaye de Saint-Lucien posthumes de M. Bossuel évêcjue de
tions ,
de Beauvais. i: devint grand viiaire de son Meaux el lui Impute d'avoir enseigné la
,
parmi eux dont la doctrine était suspecte, 1737, il reprocha vivement à l'illustre arcbe-
il n'oblinl fcs bulles que deux ans apn's, sur vêijue d'avoir supposé gratuitement que celle
une allpstatio!) d'orthodoxie que le caidinal erreur (de la défection générale de l'Eglise
de la 'rréuiouille donna en sa faveur. Le des nations) était imputée à M. Bossuel par
nouvel évéque adhéra à l'accommodement M. de Montjcllier. M. d'Embrun ré|diqua
de 1720. En 1725, il se déclara pourl'évéquc par une lettre adressée à M. de Troyes, da-
de Montpellier, et maintint son opposition tée de Paris le 27 octobre 1737, in-V" de 40
à la bulle. L'année suivante, il donna un pages, où il démontre é^ileinmcnt ,
1" que
mandement contre l'ofiice de saint (îré- M. de Montpellier a réellement enseii/né la
goire \'\l, cl (léî'enilit (4] contre un abbé défection générale du ministère dnis l église
Fichant (5J l'aullienlicité do quelques-uns des des gentils; 2" qu'i7 s'est appuyé pour prouver
ouvrages posthumes de son onele, qu'il avait son opinion, de l'autorité de M. Ilussuet.
publiés, tels (]ue les Elévations sur les nvjslc- Or, dans le Projet de réponse, on prétend
res, les Méditations sur l'EcanqUr, le Traité encore justitier là-dessus .M. de .Montpellier.
de l'amour de Dieu, celui du Libre Arbitre et Mais il s'en faut bien qu'on y rénssisst\ Les
delà Concupiscence et celui de la Connaissance preuves alléguées p.ir M. de Tencin sont
de Dieu et de soi-même. Le parlement de toujours liiomphanles et subsisteront à ja-
Paris <loeida en sa faveur (6). Il eut ensuite, mais dans toute leur force.
avec M. Languet, archevêque de Sens, son Bien n'est eu elTet plus décisif conlre
métropolitain, de longues disputes, d'abord M. Colberl que le texte même de son instruc-
sur quelques-unes de ses instructions pas- tion pastorale. L'ancien peuple, dit-il, est la
torales, ensuite sur un nouveau .Missel qu'il figure du nouveau dans ses malheurs, aussi
(I) Celte noiice e-^t liréc de la Hiograpliie univer- Après la mort de l'évôqne de Mcaiix, r.ilibé Bossilei
selle Ak Feller, éilitiiin (le licsançun, (Jaiilliier fières. parut oublié. On voit pointa: l qu'il présenia Louis ;'i
{'i) Jamais choix ne fui plus mullieiiretix el n'eut XIV un exemplaire manuscrit de la Défense rie la
des suies plus déplorables, dit M. de Bejiissct , his- Déiiiirntiun de lOS-i. (^oile note est tirée des iîi-
lorion (le Bossuel. maires lieM. l'icol, loni. IV, p. I'J8. l
(5) Coït ai 1703 que l'évèqnc do Meanx présenta (i) Dans UMC autre édition de Keller, celle de
»n roi uiipl.KCI pniir (pi'il lui ddiniàt son neveu pour Paris, Mc(piif;iic ii-llavard , 17 vol. iii-8°, on lit Il :
co:iiljiilciir eu p in- snceessoiir. (ie placet a été iiii- prit ù rurlii les jourualiites de Trévoux, qui avaient
priiui' dans les Mémo rcs tic 'I rcioux, eu I7()5. On jeté du doute sur quelques ouvrages de son oncle.
assure qiii! lors de l'airiire du cas (l(! conscience, {h) Le prélat lit paraître conlre cet aliLé deux in-
l'ablié Bossuel se donna beaucoup de nioiivenient structions pastorales, où on rci;rclte, dit .M. Picot,
pnnr enjjager les ducleurs signataires à se relracler, qu'il n'ait pas prescrit à ses rédacteurs de mettre
et I'"ouilloii, dans son Histoire du dis de comcience ,
plus de modération.
(lit ipi'll s'aitira à celle occasion dis reiiroclies assez i(i) Dopids lors rauilienticilé de ces éciits n'a plus
vils sur s(.iii miitiiuuu et sur son dc.-ir (i'<.ire uvéqiie. die que (aiblcmeiil coniestée, dit M, Picot.
,
Que la foi n'opère que par lu charité. C'est flambeaux reliques de saints, tableaux. On
,
examina les rites nouveaux que ce prélat in- fert une excessive chaleur causée par le grand
troduisait dans son église ; il les expoa dans nombre de flambeaux allumés et par la grande
un mandement du 20 avril 1737, et il déelaia fouledu peuple.
que, pour remplir son minisièro, il ne pou- Le nouveau Missel de Troyes favorise
6'
vait se dispenser de les improuver, de les ouvertement s nouvelles erreurs. On y a
I
conilimner, el de défendre, sous peine de inséré tout ce qui peut es insinuer. On a af-
suspense, à tous ceux q li sont soumis à sa fecté d'y placer les textes dont les jansénisleg
juridiction , de s'y conl'ormer, cl de faire abusent, et do les rapprocher les uns des au-
(I) C'est la 17 (lu v«' Livre, adreÈSée .'i son ami Eripliiiis.
|
Petrus, et super liane petrain œdiflcabo Eccte- ces docteurs sont calholiijues , que l'Eglise
siain ineam : Vous êtes Pieire, ci c'est sur leur permet d'enseigner leurs sentiments;
celle pierre que j'édifierai mon Eglise; Quod- que le |)ape Alexandre Vil, par son bref du
cunque liijaverit super terrain , erit lùjalum a mai 1(JG7, dc'fend à tous les fidè es aux ,
un langage iiii« nwn. la'ilôt on y débile les ,'^entenlta liodie communis est pnfectam con~
trttionem esse t)onam, sea non esse necessa-
sentiments Janséniens avec un langage ca-
riam ad confessiunein, cum sufftciat dolor im-
lholi()ue. D'abord on dissimule le véritable
perfeclus,sice attritio, aut pura,jam superius
état delà question, et l'on alTecle de répandre
explicata, aut ad summum cotijuncla cum
les plu-, odieuses couleurs sur les théologiens
aliquali inilio amoiis bcnevoti erga Deum ;
et les é»é(ines (|u'on se propose de rél'uler.
\'oici de (luoi il s'agissait, et ce (jue l'au-
quod remunel hue usquc indecisum a sancta
Se de.
teur du mandement aurait dû exposer.
\'oilà encore une fois ce que M. de Troyes
(irand nombre de théologiens prélendent
devait ex[)liquer avant que d'éiablir son
que, pour être réconciliés d;ins le sacrement
de pénitence, il suflit d'avoir la foi, la crainte sentiment. Mais, au lieu de tout cela il dit ,
catholiques exigent , et même outre nn mier de ces deux souverains pontifes? N'est-
il pas évident que l'un et l'autre de ces papes
amour de bienveill;ince qui ne serait point
encore porté jusqu'à nn cerlain degré, il ont osé ou niir ou du moins revO(|uer en
faut, dans le temps qu'on reçoit le sacre- doulo la nécessité d'aimer Dieu d'un amour
de charilé appréciative, [lour être justifié
0) AiiRom.cnp. iv, 18. ,
'
., ;- < ••
dans sacrement,
le et que par conséquent, magis peccant et afficiuntur suis peccati»,
sel n M. de Troycs , ils ne sont ni des cliré- quœ coguntur, non autem votunt odiste. El
lienii ni des lioDDiies tant sott peu raison- hœc est illa contriiio, quam illi vorani extra
haùli's. carilateih non meritoriam, alii vacant allrir
Lp prélat continue en ces termes : Mais liunem proxime disponenlem ad contrilm-
aus-i , pirce qu'il s'est trouvé de tels
c'est nem : sic enim ipsi opinantur, quam opinio-
liiiinmes... qui ont porté la licence jusqu'à en- nem errorem tgi judici; 2° Paratur per
sei'jner qu'on n'est point ob'iijé d'nimtr Dieu, intuilum et contemplationem speciosissimœ
pas même pour être réconcilié avec lui; qui justitiœ. qua quis in pulchritudine et specie
par là ont réduit la vie chrétienne à une jus- justiliœmedilatusin eam ardescit et rapilur in-
,
tice tout humaine et tout extérieure et la , cipitque rum Salomone fieri amator sapientiœ,
pénitence à quelques formalités ou tout au , cujus pulchritudinem viderai. Hœc facit vere
plus à que! lue frayeur passagère; c'est parce pœniteutem, quia amore justiliœ id facit ; et
qu'il s'est trouvé îlrs prêtres des pasteurs et , hi sunt digni absolutione.
des chrétiens qui ont écouté ces faux docteurs On ose ici délier les partisans de M. de
et qui se sont formés sur leurs leçons empoi- Troyes de montrer la plus légère diiïérence
sonnées de pernicieu r préjugés, d'où s'en sont entre le premier article de son mandement
ensuivis un relâchement déplorable dans la elle sermon de Luther. Dir.i-t-on que Lu-
discipline, une effroyable corruption dans les ther est allé Iriip loin quand il avance que
mœurs, un renversement presque général dans la crainte destiluéedocharité rend le pécheur
la face du christianisme et la perle d'une , hypocrite et plus coupable qu'il n'était ?
infinité d'dnics ; c'est , dis-je, pour cela même Ma s M. de 'Iro^cs ne donne-t-il pas dans le
que rien ne peut être plus important qu'un même excès quand il soutient qu'on ne
ouvrnqe tel que celui que nous vous mettons peut nier la nécessité de la ciiariié pour être
aujourd'liui entre le^ mains. justilié dans le sacrement de pénitence, sans
Qui parle ainsi dans ce long texte? N'est- réduire la vie chrétienne à une justice tout
ce pas L'Jlher? 1° N'y voil-on pas les mêmes humaine et tout extérieure, el la pénitence à
calomnies dont le moine .iposlat chargea les quelques formalités ou tout au plus à quelque
docteurs llioijues, lorsqu'il disait
les plus c frayeur passagère. Qu'est-ce qu'une justice
(I resol. conlr. Coiul. Eck. Concl. 2] Ego : tout extérieure et une pénitence réduite à
scio et confit eormealiudno ndidicisse [inTheo- quelques formalités, sinon une véritable hy-
logia) quam igiioranliam peccali, baptis)ni et pocrisie?
tntius christianœ vitœ. Ncc quid virtus Dei, On a vu, dans la notice extraite de Feller,
gralia Dei, fdes, spes caritas sit, Breviter, que l'évéque de Troyes, possesseur des on-
non solum nihil didici [quod ferendum erat) vragps manuscrits de son oncle, en avait
sed nonnisi.dediscenda didici. Miror autein si publé plusieurs. Le Traité de l'amour de
alii felicius dedidiccrint. Chrislum amiseram Dieu, pour la publication duquel il donna le
illic , nunc in Paulo reperi. mandement dont il vient d'être question, est
2° Ne sunt-ce pas les mêmes crreuis sur un de ces ouvrages pislhumes. On a vu
le dogme, si, comme l'iissure le pré!at, on ne aussi, dans la même notice <t en noie, que
peut nier nécessité d'aimer Dieu d'un
la plusieurs de ces ouvrages firent naître des
amour de chariié parfyile, pour être justi- doutes sur leur authentirité. Les critiques
fié dans le sacrement, sans réduire la vie remarquèrent qu'il y avait des traces de jan-
chrétienne à «ne justice tout humaine et sénisme; principalement dans les Elévations
tout extérieure, et la pénitence à quelques sur les mystères, el les Méditations sur les
formalités, ou tout au plus à quelque frayeur évangiles; nous r;ipporlerons quelque chose
passagère? L'hérésiarque n'avail-il pas droit de ce qu'en ont dit ces criliques, lorsque
de condamner la crainte et l'espérance lies- nous aurons parlé d'un autre ouvrage to-
lituées de charité, et de s'exprimer ainsi laleiiicnt imputé à l'évéque de .Meaux. c'est-
dans son second sermon sur la pénitence. à-dire, de la Défense de la Déclaration de
Contriiio (sic enim cœpit vocari pœiiilen- 1682 ,
que cet illustre prélat avait aban-
tia interior) duplici via paratur : l" Per di- donnée, comme il jivait abandonné, répudé,
scussionem, collectionein,detestatiunem pecca- envoyé promener la Déclaration elle-niême;
torum, qua guis, ut dicunl, recogilat annos mais que son neveu ne craignit pas de pu-
suos in (imaritudine aninue suœ, pond'ranilo blier, après avoir osé l'altérer el la falsifier.
peccatorum gravitatem, damnum, fœdilatem, Nous terminerons cet article par un aperça
îuultttudinem ; deinde amisstonem œternœbea- des sentiments des jansénistes à l'égard de
titudinis, ac œternœ damnalionis acquisilio- l'évéque de Meaux, el un autre des senti-
nem, et atia quœ possunt trisliliam et dolo- ments de l'évéque de Meaux à l'égard du
rem excitare, spe mtisficiendiper bona opéra. jansénisme.
Hœc autem contritio facit hypocntam, imo_ Defensio declaratioms celeberrinuv quam
magis peccatorem, quia so'um timoré prœccpii de potestate ecclesiastica sanxit clerus gai-
etdolore damni id facU, et tah s omnes indi- licanus , anno lô82. Luxembourg, l'730,
gne absohuiitur el communicantur. Et si li- 2 vol. in-i°.
bère deberent {remoto prœcepto acmimspœnn-
rum] confxteri, certe dicerenl sibi nondispli- Edition faite lurtivemenl, à ce qu'il paraît,
cere'eam vitam prœlerilum, quam sic coguntur Irès-dél'ectueuse, et qui donna lieu à l'évé-
displicere et confiteri. Jmo quo magis timbre que de Troyes de publier cet ouvrage sur la
pœnœ el dolore damni sic conteruntur , eo copie qa'ii possédait. Voilà ce qu'on a dit;
52S DO? DOS z%
mais on aussi que l'évêque de Troycs,
n dit cialemcnt chargé. Voyez Queux { Claude
voulant, conlr;iirei>i(;iit à la volonté de son Le), et Drfuris.
oncle. pul)ller ce livre, lit f lire, sans avoir M. Picot, dans V Ami de la religion, s'est
l'air (ie s'en mêler, l'édilinn do Luxembourg, occupé au moins trois fois de la ùéfense de
afin de se trouver obligé d'en dunner une la Déclaration : la première, lom. 111, page
meilleure, et de se mettre ainsi à l'aliri du 278, en rendant compte de l' Histoire de ISus-
reproclie d'avoir viole la dél'ensc que lui suet, par M. de Beausset; la deuxième, tom.
avait l'aile sou oncle. XV, page 21, en rendant co.iqile du tome
L'abbé Le lioy, ex-oraloricn et janséniste, XXXI des OEurres de Bassuet, publiées ar (
a donné une tratuction Irançaisc de ce livre, Lebei; et la troisième, tom. X\\ jiag. 22G et
cl l'abbé Coulon, ancien grand vicaire de suiv., l'occasion des tomes XXXil cl
à
Ni'vers, un Abrège, en un vol. in-8°. Paris, XXXIII de cette mêtue édition. Nous allous
Méguii;non-Junior, arincincé dans V.iini de rafiporler ici ce ([u'il dit par r.ipporl à la
la religion,lom. 111, 181'i. Cet Abrégé a été Défense, à rcxccplioii de et; qui se trouve
public de nouveau, récmment, par M. de dans le tom. 111, parce (|ue cela st h oins i
Genoude, sous ce lilrc faux et trompeur : complet que dans les comptes-rendus subiC-
Défense de l'EjUne gulUcnne, par liossuel, en queiits, et y eslrépélé.
un volune in-18, au lormal Charpentier, do " Au tome XXXI, dit M. Picot, commence
k2k pages. la Défense de la Di clamlion du clerqé, qui
« Soardi (1) prouve assez bien, dit Fel- doit faire 3 volumes. L'éditeur mis en te e
.i
ler (2), que celte Défense, telle (jiie nous l'a- du volume la Préface faile par Le Itoy, pour
vons, n'est pas de Bossuct, quoi .u'il soit sou édition de l'7io. dite /-•( «/«ce, rédigée
vrai qu'il a fait un ouvrage sur ce tujel, par un homme exact el laborieu*t, qui aval
revu el beaucoup changé quelque temps beaucoup étiiiié h s nuvrajes de lîossuei,
avant sa mort. Il y avait, conu: e l'assure nous fait coiuiaître les diverses l'ormis que
M. d'Agucsseau, une péroraison où le liire prit sa Défense, et M. le cardinal de Boaus-
était dédié à Louis XIV", et qui ne se trouve s I, dans s m
Flisloire, a aclii vé de jorler la
pas dans ce que 1 neveu du célèbre prélat • lumière sur tout ce (jui a rapport à ce grand
nous a don:'.é omiiie l'ouvrage de son on-
< traxaii. Nous voyons, par un, (jue Bossuet
1
cle, » « L —
p:ir:emcnt de Paris, dit encore commença la Défense en 1G8», et lui donna,
Feller (.3;, puissamment sollicité ar les amis ]
celle année el la suivante, une preuièrc
de l'évêque de Trojes accusé par Soardi forme; mais après raccommodement de 1G93,
d'avoir altéré la Défense de it Déclnrniian, il sentit la nccessili! d'y lairc des cliange-
donnée sous \<- nom de l'évcque de Meaux, nieiils. Il su]ipriMia alors le litre de Dépense
supprima l'cuivrage de Suaidi par un arrél de la Uécinralion du clergé, el y siib.slitna
du 23 ]uin 17V8; mais il n"a sans dou'.e pas celui de la France orthodoxe, ou Apologie de
prétendu déroger par là auv très-bonnes l'école de P<iris el du cl rgé de France. C'est
raiso;is do l'auteur (i). En géiiériil, dit un le titre qu.' Bossuel donna ù une dissertation
critique cité ici par l'ellor, on ne peut re- préliminaire qu'il mil a la place des trois
garder comme étant réellement et tolalimeiit premiers livres i!e son ancien plan. Là, il
de liossuel, que les ouvrages imprimés de son n'est plus quesliou des quatre artic'es, el
vivant, parce que les papiers de ce grand Bossuet mêiiic di;, ii° 10 Que ia Déeiirail',n
:
homme ont passé par les mains des Bénédictins devienne ce (ju'on loudia, car ce n'est point
jansénistes des lilattcs- Manieaux, gui les te- elle (jne nom entreprenons de défendra ici, el
naient de l'évêque de Troyes dévoué à la s: ce. » nous aimons à le répéter souce, t. Il paiait
Ces Bénédictins jansénistes voulurent don- assez elonnanl, coii.ine le remarque Le Roy
ner une nouvelle édition des œuvres de l'os- lui-même, qu après une manière de s'expri-
suet ; Claude Le Oueux en fut d'abord spé- mer si loriuclle, l'ouvrage porle encore le
(1) D,' suprenn Romani Ponlficis niirlorilate tio- qui n'avait pas encore dévoile; tout le plan de s-es
diernd Ecclesiœ (jidlicanœ doctiiiia. A\\'j,nnn ^ 174', opérations. Il vnit ce même cleriié se jeter sans
I vol. iii-4°. 1 M. de Bruiiiinck, conseiller dereicclciir réserve entre les liras du chef de i'lij;l:se; deman-
pabtin en .1 donne une nouvelle éduimi , Iteidi't-
, der, altendre ses décisions , les acccpier comme des
berg I7j5, avec luie [iréface inléress;inle et une
, détrels irrcfragaliles , les preu'ire po ^r l!)ndement
épître dé licaloire au pape l'ie Vi. Dans ce livre plein des instructions adressées au pciip.'e et de la juste
d'érudition et d'une sage crititpie, Soardi inonlre rcclamaiiiin de leii'S sièges eavaliis ; promener la
que la dddrine aciuelle du clergé de l''rance n'i si profes-ioii prati |iii' de cclie iloi irinc dans toutes les
point du tout opposée, mais au coniraiie irès-favo- régions de l'turoi c , conibndre, par les jiaroles , les
rab'e à l'autnriié du pape, et que, dans la praiiquc Cents, les exemples et l'aspect seul de leurs per-
surtout, ce clergé semble regar.ler la Imieuse Déi'l.i- sonnes, les licliéris es des |.ay» éiranger»; elhuer
ralion de 1082 comme non aveinie Un ol)serviiei:r, on, SI l'on veut, expier toutes les traces d'une décla-
rapprocliant I'éji0(|ue de la déelaralii>n avec (cl.'e do raiioii qui , peut-être avec d'antres causes, a con-
la icvoliiiiiui, vdil d.ins les cvénemenls un coinrasio couru pour s.i part à préparer sa démocrat e ai é-
qni prête plus d'une matière à des réllexions utiles. pliale qui a dé^olé l'Eglise de Fiance. Feller, qui
II voit, après la révoluiiiui d'un sièile, le re peeiable nous a liiurni cette note, envoie ici à Innocent XII
i
titre de Gallia orthodoxa. Il fit à !a disserta- pas souhaiter que son ouvrage fut rendu
tion préliminaire quelques additions. 11 se public. A'oyez ce Mémoire dans ïllistoire de
proposait il'on faire d'autres tout l'ou-
i Bossuel, par .M. de Beausset, tom. Il, p. '*17.
vrage. 11 comptait retrancher le livre oîi il Nous remarquerons encore, avec l'élégant
est p.irlé de la conduite et dos prétentions et fidèle historien, que l'abbé Bossuet no
de Grégoire Yll, dans la crainte de mal édi- présenta point à Louis XIV la dissertation
fier ses lecteurs. L'abbé Bo>suet, l'évéque de préliminaii e : et on présume, avec assez de
Troyes, confirma à Le Roy qu'en elîet son fondeiiieni, que cette espèce de soustraction
oncle avait formé le projet de revoir encore était molivée par un passage de cette disser-
son ouvrage, mais qu'une multitude d'af- tation, qui n'a pas plu aux jansénistes. Bos-
encore ses infirmités, l'avaient
faires, et plus suet veut prouver que la ducirine gai icane
empêché de l'exécuter (page 1"J). L'abbé ii'ôte rien à l'autorité des décreis apostoli-
Le Queus, qui avait tiavaille à l'édition des ques, et il ajoute « Dans <juel lieu ou dans
:
Blancs-.Manteaiix, dit également, dans des quelle partie de l'unirers la C' nstitntion
notes manuscrites, qu'on ne peut guère dou- d'Innocent X
et les autre<, sur l'affaire de
ter que le dessein de Hossuet n'eâC été de chan- Jiinsénius ont-elles été reçues avec plus de
,
ger son ouvrage tout entier, comme il avait respect ou exécutées avec plus d'efficacité
changé les trois premiers livres. Le Roy, dans qu'en France? Il est notoire que les secta-
sa Préface, semble avoir été tenté de l'aire le teurs, soit serrets, soit déclarés de Jansénius,
travail de ces corrections telles qu'il suppo- n'ont pas la hardiesse de dire le moindre mot.
sai! q'ie Bossuel les aurait exécutées mais ; En vain ils apjielleraient mille fois aux con»
il craignit de passer en cela les droits d'édi- elles œcuméniques, ils ne serment pas écou-
teur, et il laissa l'ouvrage tel qu'il l'avait tés; et la constitution qui les conlnmne, étant
trouvé dans les dernières copies que lui une fois publiée et acceptée purlout, a toute
avait remises l'évéque de Troyes. la firce d'un juge nent irréfragable que le
a De tous ces renseignements recueillis souverain pontife drot dexé nier avec une
i
par les plu-i zélés a Imirateurs de Bossuct, il autorité sauver ine, ou par lui-même, uu par
est aisé de conclure que nous n'avons pas le ministère de tous les écêqnes. » il laul ren-
son ouvrage dans l'état où il l'eût mis, qu'il dre justice à Le Roy, il rapporte très-Gdéle-
y manque une dernière révision, et que le ment ce passante, nui nous prouve assez ce
titre même de Défense aurait dû éirc changé. que Bos-uet aurait pensé da es appels au
A ces détails, .M. le cirdinal de Beausset en futur concile (lui firent tant de b uil après
ajoute d'assez précieux. Il nous apprend (lue sa mort, ei de celle opposition si animée de
l'évéqui' de Meaux avait permis au cardinal la part d.s gens qu'il se fl.iltait de voir ré-
de Noailles et à l'abbe Fleury de [uendre une duits au silence. Disons encore, à la louange
copie de son ouvrage, tel qu'il l'avall com- de Le Roy, qu<', tout janséniste qi'il était,
posé d'abord en ]G8ï. La copie de l'abbé il blâme il s excès de qucLiues théologiens
Fleury est à la bibliolhèque du roi ce fut : français, qui, pro]iosaiit les ijuatre arti les
sur la copie du cardinal de Noailles qu'on comme des points de foi, déclament contre
fit imprimer à Lu\embour_^
, en 17.30, une
, les papes, et s'eiTonent d'avilir l'autorité la
première édition de la Défense. Cette édition, plus respectable qui soit sur la terre. II les
inexacte et pleine de fautes, ne contenait renvoie à l'école de Bossuet....
point par conséquent la dissertation préli- « .... Bossuel fait l'éloge des pères de Con-
minaire, ni les add. lions faites en 1698 et stanee et de leurs décrets; il ne distingue
en 1701. Ce fui alors q .e l'évéque de Troyes, point les sessions ei les temps. Ainsi il
dépositaire des manuscrits de son oncle, trouve insoutenable l'opinion de ceux qui
conçut le projet d'une édition plus complète n'admetient comme œcuméniques que les
de la Défense. Il avait présenté lui-même à sessions postérieures à l'élection de Martin V.
Louis XIN', en 17vJ8, une copie manuscrite Il parle convenablement de ce pontife et de
dj cet ouvrage, copie qui est déposée aussi à son zèle pour maintenir l'autorité du concile
(1) Dans son comple-reiidu de Vlih'.oira de Bos- en 1708. Son témoignage n'est pas suspect. Il dé-
suel, M. Picoi dil, d'.i prés celle Histoire : < Bossuct clare que son oncle, sentml approcher sa (in lui
,
Uossiiel d'ailleurs ne iiiiblii jamais ni son premier ajoulaiil que S. .W. persisterait .•oiis doitte dans la
Ir v il, ni la révisinn qu'il en lit. Il n'en laissa pren- résolution de ne le point publier, qu'elle avait eu peur
dre ((u'uue ou deuv copies. Il ne les montra luème cela des raisons qui tubsisliiient toujours el qu'aux
,
pas à Louis XIV. Nous pouvons conjecturer, avec coiisidéruiioiis importantes q.ii détournaient S. il. de
Leaueonp de londcmeiil que ce grand évèi|ue él.iit
, faire paruitre ce travail, il la priait de joindre celles
assez d'avis de ne pas faire paraître un ouvr.ige de de ménager sa réputation... Nous devons donc croire
celle naiure, la paix ayant été conclue entre les que Bossuet n'eùi pas approuvé la publication da
deux puissances. L'abbé Bossuet le dit même lor- son livre. »
mcllenienl dans un .Vémoire présenté à Louis XtV
,
l'Unité de l'Eglise. La Défense de la déclara- Paris, 1736; et, comme plus direct encore,
tion en fournirait aussi plusieurs. Le para- le Commentaire critique et historique sur saint
graphe X du Corollaire est intitulé Majesté : Libère, pape, par le P. Slisting, dans ses
et puissance du saint-siége. AiTétons-nous ici, Acta sanctorum; au 23 septembre, il renvoie
dit l'illustre auteur, à considérer avec admi- encore à ce que Bossuet avait dit lui-mémo
ration la imissance romaine, instituée pour à ce sujet dans sa seconde Instruction pas-
unir toutes les parties de l'Eglise, et pour torale sur lespromesses de l'Eglise, tome XXII
nous faire entrer dans cette charité éternelle de cette édition ,
page 580. Enfin, lillustre
par laquelle nous ne serions qu'un en Dieu : auteur de VHistoire de Bossuet dit dans une
Et après avoir montré avec quelle vigueur note, tome II, page 396 Je trouve également
:
les papes ont terrassé les hérésies Tout le : dans les notesde l'abbé Ledieu, que Bossuet lui
droit que nous attribuons aux Eglises, ajoute- avait dit qu'il avait rayé de son Traité àe ecclc-
t-il, consiste à reconnaître et à déclarer si siastica Potestate, tout l'endroit qui regarde le
l'interprète commun leur paraît avoir décidé pape Libère, comme ne prouvant pas bien ce
conformément à la tradition, afin qu'après qu'il voulait établir en ce lieu; ce qui montra
s'en être convaincues, elles acquiescent à sa que ce grand évêque avait, après un mûr
décision, qu'elles regarderont désormais avec examen, fait à son ouvrage des changements,
une foi ferme comme l'ouvrage du Saint- ou du moins qu'il voulait en faire, et que
Esprit, qui ne cessera jamais d'être le maître ces changement n'ont pas tous été insérés
et. le docteur de l'Eglise. H paraît que ce pas- dans les éditions de la Défense.
sage avait scandalisé quelques gallicans , et « A la fin du tome XXXIIl est l'Appendice
l'éditeur de 17i5, Le Roy, qui assurément de la défense , avec une préface, qui est celle
n'est pas suspect d'ultramontanismc, a cru du premier travail de Bossuet. Car on siit,
nécessaire de mettre dans cet endroit [Defcn- et nous l'avons dit ailleurs, qu'il revit plu-
sio declarationis, tom. II, pag. .313, édition sieurs fois son ouvrage. 11 le composa d'a-
de 17V5) une note pour réfuter ceux qui pré- bord vers 1683 et 1C85; en 1096, il fit la Dis-
tendaient que Bossuet avait affaibli la doc- sertatio prœvia; en 1700 et 1701, il revit l'ou-
trine gallicane. Il est vrai (]u'il a pris sur lui vrage, et des notes manuscrites de l'abbé
d'ajouter en marge, à la page citée, quelque Lequeux portent qu'on ne peut guère douter
chose iiu texte de Bossuet; addition que le que le dessein de Bossitet n'ait été de changer
nouvel éditeur a sagement fait de supprimer. son ouvrage tout entier (Histoire de Bossuet,
« Nous aimerions encore à citer la protes- tome II, page 400). Il avait même laissé des
sion de foi qui termine ce Corollaire. Bos- brouillons pour l'exécution de ce plan ,
suet y proteste, dans les termes les plus comme M. de Bausset le rapporte au même
forts, de son respect et de son dévouement endroit brouillons qne l'abbé Lequeux avait
;
pour le saint-siége, et promet d'obéir, si on vus, mais qui n'existent plus, soit que le
imposait silence aux deux partis. Il prie le temps ou la révolution les aient détruits, soit
saint-père de le regarder comme une humble que des dépositaires infidèles les aient fait
brebis prosternée à ses pieds. Quelques per- disparaître. Quoi qu'il en soit , ces détails
sonnes se sont étonnées, après cela, que Bos- expliquentcommciit plusieurs personnes ont
suet ait tant insisté, dans le livre ix, sur ce pu concevoir des doutes sur l'authenticité de
qu'il appelle les chutes des pontifes romains. la Défeufe. Lllcs ne connaissaient que l'é-
Kst-ce par de tels moyens qu'il faut défendre dition (]ui parut à Luxembourg en 1730, et
la doctrine gallicane, dit le nouvel éditeur qui ne fut imprimée que sur une des copies
d.snsune noie du tome XXXIIl? Tourncly du premier travail de Bossuet. Alors l'evê-
convenait que ces arguments n'étaient pas fort que de Meaux ne donnait pas l'ouvrage sou»
DlCTlONNAlHE DES IIl UÛSIES. II. 11
,
son nom; il ne parlait de lui qu'à !a troi- damner formellement, ne s'en abstint que
el
les motifs. Nous devons ces remarques à cardinal Orsi, qui porta sur l'snsemb'e du
M. lecardinjildeBausssI, et nous sommes bien livre ce jugement malheureusi Lasnt trop
aises de les insérer ici pour dissiper les dou- fondé // n'y a pas un Grec, il n'y a pas un
:
tes qui iious ont été quelquefois exposé-. » évêqite anglican qui n'adopte avec empresse-
ment les interprétations que Bossuet donne
Telhe est l'histoire que l'estimable rédac-
YAmide la religion a faite, il y a déjà aux passages de l'Ecriture et des Pères, dont
teur de
on se sert pour soutenir la suprématie du
longtemps, de la Défense de la Déclaration.
pape. Sa manière est de proposer les textes
On le voit, M. Picot la reconnaissait authen que now: citons en faveur de la prérogative
tique malgré tant de raisons qui s'y oppo-
,
pontificale comme d- s objections qu'il doit
sent. Alors iM. de Maistrc n'avais pas publié
réfuter. Les textes au contraire, que les hé-
l'examei! qu'il a fait de cet ouvrage dans son
,
par Louis XIV, aiors bien refroidi pour la plus encore aujourd'hui les conséquences
Déclaration, ne lurent imprimes que sur une funestes qu'on oserait tirer de son égare-
copie furtive, déloyalemenl livrée aux li- ment et de ses malheureuses condescen-
braires de H llande par l'évéque de Troyes, dances. »
« Nous devons à ses merveilleux talents
quarante et un ans après la mort de l'évéque ,
de Meaux. On sait, enfin, que cet ouvrage , dit M. de Maistre (de l'Eglise gallicane, liv. ii,
voué à l'oubli par le cardinal Fleury, comme ch. 9, p. 237), nous devons aux services
par son auteur, fut reçu a\ec affliction dans inestimables qu'il a rendus à l'Eglise et aux
toute l'Eglise. Clément XII voulut le con- lettres de suppléer à ce qu'il n'a pas écrit
,
(1) On connaît cette phrase signiûcative de la Qijo LiBUEpaTÎ c'esi-à-dire , connue traduit M. de
Defentio Dcctarationis: Aueat igitur Declabatio Maistre Qu'elle aille se promener !
:
BOS 554
daiis son testament. Il apparlioiU à tout amour, elqui en efietpeutélresanslacharité.
homme juste et écla ré de coidamiier tout La foi est une nouvelle vertu qui renferme
ce qu'il a rondamnc , de mépriser tout ce toutes les autres... Qui ne croit point 'v jtfils,
qu'il a méprisé, quand même le caract ro , n'a ni grâce, ni vérité, ni vertu (3). ëi ^a foi
auquel on n'échappe jamais entièrement, renferme tontes les vertus , celui qv' n a pas
l'aurait empêché de parler assez clair pen- la charité n'a donc jias la foi. Aps:i cit-on,
dant sa vie. C'est à nous, surtout qu'il ap- page 136, qu la foi est feinte en ceux où elle
partient de dire ri tout éditeur indigne, quel n'est pas soutenue par les Ijonnes œuvres. H
que son nom ci sa couleur, abi qd" li-
soit s'ensuit i'e toute cette doctrine que les inD-
BuiTRis! Il n'appartient à aucun de ces fana- dèles pèchent dans toutes leurs actions, ]iarce
tiques obscurs d'entacher la mémoire d'un que, n'ayant pas la foi opérante par la cha-
f;rand homme. Parmi tous les oiivr,:ges qii'il rité, ils n'ont ni grâce, ni vérité, ni vertu.
n'a pas publiés lui-même, tout ce qui n'est Satan n'avait point, comme nous, à com-
pas (ligne de lui n'est pas de lui. » battre une mauvaise concupiscence qui l'en-
On ne peut donc louer les éditeurs qui traînât au mal comme par force (k). Si l'au-
continuent d'admettre parmi les ouvrages teur avait dit simplement, par force, il au-
de Bossuet la Defensio, qui ne peut élr;- con- rait parlé contre le bon sens, puisque la
sidérée comme son œuvre; et il faut espérer volonlé ne jient être forcée, el qu'une volonté
que le public, par respect pour la mémoire forcé', comme le dit Luther lui-même, ne
de ce trand homme et par reconnaissance , serait pas une volonté, mais plutôt une non-
pour les services qu'il a rendus à l'Eglise et volonlé esset polius, ut ita dicam, noluntas.
:
vêque de ïroyes , que quelques-uns des ou- de cette malheureuse conctipi^cincc appesan-
vrai;es de piété composés par l'évêque de tit son joug sur les coupables enfants d'Adam,
Meaux furent publiés après sa mort par et les entraîne au mal comme par force.
son neveu, et que l'autiienticité en fut con- Adam pécheur, tu ne peux que fuir Dieu et
testée par plusie^irs éc;ivains ortiiodoxes; augmenter ton péché (3;. L'nomme laissé à
nous mentionnerons seulement deux ouvra- lui-même n'éviterait aucun mal (6). Le man-«
ges, et, comme nous l'avons annoncé, nors dcment donne un nouveau jour à ces propo-
citerons quelques passages de la critique sitions. On y lit, page 17 // fallait que
:
que ces écrivains en firent. riiomme laissé à lui-même sentît par une
Élévations à Diext, sur tous les miislcres de la
longue expérince qu'il ne peut que s'enfoncer
de plus en plus dans son ignorance el dans
religion chrétienne. Pans, Mat ielte, 1727,
deux petits volumes in-12, avec nn tnan- son pévité. C'est dire comme Quesnei, que
dement de M, l'évêque de Troyes. sans la grâee on n'a de lumière que pour s'é
garer, d'ardeur que pour se précipiter, de
Cet ouvrage posthume, attribué à M. Bos- force que pour se blesser. Proposit. 39.
sue! a paru à bieu des gens, ou supposé en
,
Il est de l'efficace de votre volonté... que
entier, ou altéré et falsifié par l'éditeur. En
tout ce que vous voulez soit, dès que vous le
le publiant, M. de Troyes était trop livré au
roulez, autant que vous le vouiez, quand vous
jaiiséiiisnic pour ne pas proOter d'une occa-
le voulez (7). Cette proposition est vraie,
sion si propre à le favoriser. De plus, les
lorsqu'on l'entend de la volonlé absolue de
Nouvelles ecclésiastiques de 172S, page V, di-
Di u; mais le- jansénistes en abusent, pour
sent que le mandement qui est ù la tête des
nier que Dieu veuille sauver aucun de ceux
Elévations, comme les .Elévations elles-mêmes,
qui ne sont pas sauvés, el pour soutenir
contredit la bulle dans tous ses points. Voici
qu'on ne résiste point à la grâce, et qu'on
quelques propositions qui ne jusiifient que
ne peut y résiste; ; la grâce de Dieu, selon
tr.;p ce jugement de la Gaze' te janséniste.
Quesnei, n'étant autre chose que sa volonté
Pensez que lagrdce quivous fait chrétiens.... toutc-puissanie.
n'est point pussujère, quelle vous fait justes,
persévérants marchant courageusement et
,
Voici quelques passages qui paraissent
liuiiibtement sous les yeux de Dieu durant
être d'une main jansénienne.
toute la suite de vos jours [i). Peut-on plus Touie la face de l'Eglise semble infeclée.
clairement exprimer l'inamissibilité de la Dep' is la plante des pieds jusqu'à la tête, il
grâce? n'ii a point de santé en elle (8j.
Le propre de la foi, selon ce que dit La régul' rite passe pour rigueur : on lui
saint Paul, c'est d'être opérante et agissante donne un nom de secte, et la /'c ,7e ne peut plus
par amour (2). Saint Paul n dit point cela; ' Pour affaiblir tous /.;.« pré-
se faire entendre.
il dit La foi qui opère par amour, pour la
: ceptes dans leur source, on attaque celui de
distinguer de la foi <iui n'opère pas par l'amour de Dieu, etc. (9).
(1) Pag. âOdu Mandement. Item, t. III, pag. 1"2C. (•,) P:.g. -m.
(2) Pag. 10 du Mand. ei i. I , p. 3.,
(7) Pag. 74 el 75.
(5) Toin. Il, p. 551. (S) Tom. U. p.2U.
{'0 Tom. I,p. m. l'.i Tom i:,r:>s. -m.
(;.) Tom. p. 173.
I
,
338 DICTIONNAIRE DIS JANSENISTES. 356
"leurs ministres, et dans des allusions mali- M. Bossuet, selon eux (Exam. Theol. , t. Il,
gnes qu'on fait en parlant de Pharaon, d Hé- p. .'jli et suiv. ne traite ce point qu'en pas-
,
rode, ete. C'est la coutume de ces Messieurs, sant, et n'approfonUl pas la difficxUté. Il a
de se donner pour des gens de bien, pour joint ensemble, apparemment sans s'en aper-
des saints persécutés, et de se servir de l'E- cevoir, deux questions ou deux idées diffé-
criture sainte pour dire toul ce qu'ils veulent rentes, dont l'une appartient à la foi et est
contre ceux qui ne favorisent point leurs expressément définie ce qu'un ne peiU pas
,
erreurs, fût-ce les puissances les plus res- dire de l'autre. Méprise grossière, qui ne se-
pectabUs. rait pas pardonnable dans an théologien de
trois mois surtout en matière si impor-
,
don de la bonne volonté. Toits les au- est un fantôme ; s'il paraît peu favorable au
c'est le
tres dons, s'ils sont sa<'s amour, ne guérissent jansénisme enfin s'il regarde la volonté de
;
point la maladie de l'homme. Comme ils ne sauver tous les hommes justifiés comme ex-
touchent point au cœur, où est le mal. ils le pressément définie par l'Eglise catholique,
laissent dans sa misère, dans sa faiblesse, dans dès lors il est exact au delà du nécessaire (2) :
de marcher après Jéstis-Chriat, de l'imiter, de opinion de cet évêque de cour; c'est un liès-
le suivre, pouvoir, c'est vouldr. 3tais sou-
pauvre homme, un prophète, qui claudicat
venes-vous que c'est vouloir fortement, que in utramque partem (3) il ne traite les
;
Faut-il conclure de là que l'illustre évêque cevoir, deux questions différentes , dont l'une
de Meaux favorisait le jansénisme? Il serait appartient à la foi, ce qu'on ne peut pas dire
plus vrai, plus juste, de conclure que l'é- de l'autre.
vèque de troyes a falsifié les manuscrits que Ainsi a-t-on toujours eu dans le parti deux
son oncle lui avait laissés. La falsificaliou poids et deux mesures, ce qui, selon le
des ouvrages de piété et la falsification de Sage, est abominable aux yeux de Dieu.
la Défense de la Déclaration se confiruient Prov. XX, 10, 23.
mutuellement. On vient de voir que l'évéquc de Meaux a
11 ne nous reste plus qu'à faire connaître justifié les Réflexions morales. Il paraît qu'il
les sentiments des jansénistes envers l'é- existe une lettre de Bossuet, fort curieuse,
vèque de Meaux et ceux de ce grand pré-
, dans laquelle ce grand prélat déclare ne
lat à l'égard du jansénisme. trouver aucun reproche à faire au livre des
Les jansénistes ont fort varié sur le Réflexions morales, si ce n'est du côté du
compte deBossuet; ils ne tiennent pas à son style. Celte lettre est rapportée par M. Va-
Trente, et encore très-expressément par la » Si nous mettons ici cet écrit à la suite
gieases de sembler mettre toute leur défense le publiant, on eût omis le meilleur de son
a décrier hautement, de vive voix et par écrit, c'est-à-dire des corrections importantes
et nécessaires au livre de Quesnel. Il y répon-
écrit, tout le gouvernement présent de l'E-
glise. Ce sont lès jansénistes, disîiil-il à l'abbé dit, dit Ledieu, aux écrits ries jésuites et des
faits. On connaissait depuis longtemps sa des jansénistes. Bosuiel voulait de plus qu'on
lettre du 30 septembre 1677, au m
réciial de mît un grand nombre de cartons à l'ouvrage
Bellefond. Je crois donc, y dit-ii, ^ue les pro- de Quesnel. II en indiqua le nombre et l'ob-
positions sont vérit ibl'ment dans Jansénitis, jet dans un mémoire que D. Défoiis avait
et qu'elles sont l'âme de son livre. Tout ce entre les mains, ainsi qu'il paraît par une
qu'on a dit au contraire me paraU une chi- noie de lui que M. tlo Bansset a vue. Mais
cane. on n'a point retrouvé ce mémoire dans ses
« Dans sa Défense de la Déclaration, Bos- papiers; et il en a été sans doute de celte
suet parle toujours de l'affaire du jansé- pièie comme de quelques autres dont nous
oisme comme d'une chose irrévocablement parlerons bientôt, et qu'on a fait disparaî-
décidée. Dans la Dissertation préliminaire, tre. Bossuet retira son avertissement, parc-î
chapitre lxxviii, iJ s'exprirao ainsi Dans : que Ion ne voulut pas se soumettre à ce
quel pays la bulle d'Innocent etc.. Xas-, (
qu'il exigeait. On trouva moyen de se le
sage cité ci-dessus ). On sait avec quel zèle procurer après sa mort, et c'est l'écrit qu'on
Bossuet s'éleva contre le docteur du Pin et publia sous le titre de Justification des Ré-
contre la légèreté avec laduelle ce critique flexions morales, en dissimulant, comme d
téméraire parlait des panes et affaiblissail la raison, la demande des cartons et les autres
primauté du saint-siége. C'étajt un d>s re- circonstances qui produisirent cel écrit, di-
proches les plus graves qu'il lui faisait. rigé certainement, dit l'abbé Ledieu, contre
Dans un mémoire qu'il présentaàLouis XIV, tous les excès des jansénistes.
avant l'assemblée de 1700, il cvpose le pn-il « B ssuet était si peu disposé à les ména-
extrême de la religion entre deux partis op- ger que dans sa Défense de la tradition et
posés : celui des jansénistes et celui de la mo- des saints Pères, il cens^'.re l'excès insouie-
rale relâchée. Quant au\ premiers, il se nable avec lequel Jansénius s'est permis d'é-
plaint d'écrits nombreux qui viennent des crire que saint Aiigus'.in est le premier qui a
Pays-Bas, ou l'un renouvelle tes propositions fait entendre aux fid'-les le mystère de la
les plus condamnées de Jansénias avf:c d<s , grâce. 11 n'avait donc i)as changé de senti-
tuurs •)lus arlificieux et plus dangereux qu' ment sur I.) fin de ses jours, comme on V:\
jamriis. 11 dcférail entre autres un livre inti- dit. Lors de l'affiire du cas de conscience,
tulé L'! Doctrine augustinienne de l'Eglise
: sélant mis à relire les principaux ouvrages
romaine, où, sous préieste de faire le procès sur le jansénisme, il adressa au cardinal de
au système du cardinal Sfondrale, on rame- Noailles un mémoire sous ce titre Réfle-
:
nait, dit Bossuel, le jansénisme tout entier xions sur le cas de conscience, et on con-
sous de nouvelles couleurs. Il apporta beau- jecture (jue c'est d'après son conseil qu'on
coup de zèle à le faire censurer. Il avait d a- se conlenla de deniamler aux signataires
bord noté cinq propositions sur !e jansé- une rétractation. Le journal de Ledieu nous
nisme elles lurent réduites à quatre par
; appreni qu'il fut chai gé par Louis XIV" de
iss mouvements que se donnèrent quelques rameiier à la soumission labbé Coue!, un
docteurs janséiiistes, et entre autres Kave- des principaux signataires du cas de con-
chet, qui se signala depuis lors des appels. science, et que l'on soupçonnait même d'en
Bossuel, dont ils exercèrent plus d'une fois élre l'auteur. 11 se concilia la confiance de
ia patience, et qui suspecluil leurs senti- ce do.leur, et rédigea une déclaration que
ments , consentit à omettre une de ces pro- Couet signa. Il y disait que l'Eglise est en
positions plulôt que de manquer la con- droit d'obliger tous les tidèles de souscrire,
damnation des quaire autres. avec une approbation et une soumission en-
« Ce fut Bossuet (|ui fut l'auteur de la par- tière de jugement, à ta condamnation, non-
lie dogmatique «le l'ordonnance du cardinal seulement des erreurs, mais encore des au-
de Noailles, du 20 aoûl ioyo, contre i'iVxpo- teurs et de leurs écrits qu'il faut aller Jus-
>ition de la foi, de l'abbé de Harcos, neveu qu'à une entière et absolue persuasion que le
.
de Saint-Cjran. Ce tte ordonnance ..yanl été sens de Jansénius est justement condamné,
attaquée par D. l'iiierry l'e Viaisnes, .^ulre Bossuet fit i)lus il. commença un ouvrage
:
janséîi sie, dans !e Problème ecciésia- ligue, sur l'autorité des jugements ecclésiastiques
Bossuel, qui éUiit ie vérit;:l)le auleur de l'or- et la soumi.-sion due à l'Eglise même sur les
dounanco, se trouva engagé à en prt ndre la faits. Il voulait encore, disait-il, rendre c"
déien.se. 11 fil un écrit pour montrer la diffé- service à l'Eglise. Je viens de relire Janse
rence qu'il y avait entre la doclrine du livre nius tout entier, c'est lui qui parle à son se-
de l'Exposition et celle du livre ds Ré- crétaire , comiue celui-ci le rapporte, j'y
flexions morales, que le cardinal de Noaiiles trouve les cinq propositions' très-nettement,
avait approuvées, il abandonna cet écrit à et leurs principes répandus par tout le livre.
son ami, pour la justification duquel il él.it 11 ajoutait t\\i'.irnauld était inexcusalle de
fait, et il se plaignil. dit l'abbé Ledieu, qu'en n'avoir employé ses grands talents qu'à s'ef-
541 BOS BOU 342
forcer de faire illusion au public en cher- mules de doctrine, montre l'obligation d'u|
chant à persuader que Jansénius n'avait pas déférer, et répond aux objections qu'on peu"r
été condamné; qu'il n'avait écrit sa fameuse élever contre. 11 cite des exemples de sem-
lettre àun duc et pair que pour soutenir cette blables jugements, el en est resté au yingl-
chimère, et que sa proposition de saint Pierre quatrième exemple.
n'avait eu pour objet qw de défendre celle de <(Nous avons réuni, sous un seul point
Jansénius sur l'impossibilité de l'acci^iiplis- de vue, tout ce qui a rapport aux senti-
sement des préaptes divine. Il ne pouvait ments de Bossuel sur des questions trop
comprendre comment les (juatre évéqucs, Ar- longtemps agitées. l'Ius on s'était efforcé de
nauld et les religieuses dr Poit-ltoi/al avaient dénaturer ces sentiments ,
plis il était im-
consenti à se servir d'une restriction aussi portant de montrer que <"- grand homme
grossière, qui lai paraissiit un mensonge for- n'avait point à cet égard u> autre manière
mel, li travaillait donc alors à un (raité sur de voir que la majorité du ses collègues.
l'autorité des jugements ecclésiastiques. Il y .Assurément personne ne connaissait mieux
metlait beaucoui' d'aniour. // faut, disail-il, que lui les droits de l'Eglise; et quand il
faire quelque chose qui frappe un grand coup, proclame si fortement la nécessité de lui
et ne reçoive pas de réplique. II conduisit cet obéir, on ne sait comment pourraient se
écrit jusqu'à la page 107. Forcé de l'inter- soustraire à celle obligalion ceux qui font
rompre par la maladie dont il fut attaqué, il profession de révérer l'autorité d'un bi sa-
le reprit à la fin de 1703. // te sentait excité vant évêque. Il sera donc constant que la
à l'achever, suivant le témoignage de l'abbé mort l'a trouvé les armes à la main pour
Ledicu, voyant qu'aucun évéque n'a touché le combiitire ceux qui ne voulaient point se
principe de décision sur celte matière qui est ,
soumettre à l'autorité, et ses derniers tra-
que l'Ecriture ordonne de noter l'homme hé- vaux ont été dirii^és contre un parti qae,
rétique, de le dénoncer à l'Eglise ; ce qui s'est d'après plusieurs années de tranquillité, on
toujours fait par voies d'itiformations ou de avait pu croire ilouffé, ou au moins dépé-
jugements ecclésiastiques auxquels on s'est rissant sensiblement, mais qui venait de
toujours somnis, quelque raison qu'on puisse montrer, dans l'afTaire du cas de conscience,
alléguer pour les croire sujets à défectibililé. son existence, sa force et ses moyens. Il
il ajoutait (m'outre les choses de foi, qui de- faut savoir gré à l'Iiistorien de Bossuet du
mandent une entière soumssion il y a celles
, soin avec lequel il a recueilli tout ce qui
?iui appartiennent à la foi, et de si près, que avait rapport à une matière trop souvent
a lumière de la foi se répand sur elles, et obscurcie par l'esprit de parti. Tous les faits
exigent par conséquent une soumission même qu'il a rassemblés convaincront les esprits
de foi. Malgré ce zèle et celte ardeur, l'ou- de bonne foi: il y a peu d'espérance de ra-
vrage ne put être terminé, et l'on doit re- mener les antres. »
gretter que nous ayons été prives d'ui> tel BOUCHER (Elie-Marcool) travailla aux
travail. On a même perdu le manuscrit ori- Nouvelles Ecclésiastiques, publia des relations
ginal du coiumencemeut de cet écrit. Ce ma- des assemblées de la faculté de théologie, et
nuscrit existait encore en 1760 entre les mourut le 19 mars 1754.
m<iins de l'abbé Lequoux, qui prépara les BOUCHER (Philippe), né à Paris en 1691,
premiers volumes de la dernière édition de mort en 1768, fit ses éludes au collège de
Bu.ssuet. Il a disparu depuis , et il ne reste Beauvais, el se destina à l'état ecclésiastique;
qu'uni' copie du préambule avec le plan de mais i! ne fui jamais que diacre. 11 est connu
1 ouvrage, écrits de la main du même Le- comme un des auleurs des Nouvelles Ecclé-
qucux. Il est assez facile de deviner le mo- siastiques, ou .Mémoires sur la constitution
tif qui l'a porté, lui ou D. Déforis, à su[ipri- Unigeiiilus , 1727. 11 est aussi connu par
mer un ouvrage en faveur du formulaire. quatre lettres sur les miracles de Paris, pu-
On prétend même qu'ils se sont vantés de bliées sous le nom de l'abbé Delisle ; il donna
celte infidélité. Ils ont anéanti également un de plus une Analyse de l'épitre aux Hébreux,
panéyijrique de saint Ignace, composé par et quelques autres écrits. Il mourut le 3
Bossuct, avec des éloges pour les jésuites. janvier 1768. Voy z Boursier (Philippe).
M. de Daussct ciii' une lettre de Grosley, PRF.MiàRE lettre de M...., du 10 septembre
académicien de Tro\es,à D. Tassin, bénédic- 1731, à un ami de Paris , pour lui faire pari
tin des Blancs-.ManUaux, et l'un des collabo- de SCS réflexions sur les miracles opérés au
rateurs de la dernière édilion de ISossuet. tombeau de M. Pdris. In-4'.
Grosley y engageait les éditeurs de Bossuel Seconde lettre de M. l'abbé Delisle, du 27
à conserver intacts el à publier même l'é- novembre 1731, sur les miracles de M- Pdris.
crit sur le formulaire et le iianégyrique de Troisième et ql atrièue lettre.' de M. l'abbé
saint Ignace. Le vœu d'un bonime (|ui ne Delisle, des mois de janvier et f crier 1732,
devait pus être suspect à ces éilileurs n'a sur les niracles de M. Paris, contre un écrit
pu l'emporter sur l'esprit de parti. Il y a qui a pour titre: Discours sur les miracles,
tout à parier que les deux écrits sont anéan- par un théologien. In-l".
tis pour toujours. Pour réparer cette perte, AniuVr du conseil d'Etat du roi, du 24
autant qu'il était possible, .M. de Baussct a avril 1732, qui ordonne que les deux libelle:
inséré ù la fin de son bistuire le précis de inlilufès : .Se^omlc et troisième lettres de
ronvr.igo sur le formulait t;, tiu'il a trouvé M. l'abbé Delisle sur les miracles de M. Paris,
écrit de la main de Lcqueus. Bossuel y dé- seront lacérés et briJIés, etc. Paris, impri-
fend le droit de l'Eglise de dresser des for- merie royale, 1732, in-'*',— a 0» trouve dans
345 niCTIONNAlRE DES JANSENISTES. 544
vrages, dont le suivant fit quelque bruit. // y a un fonds de cupidité qui demeure
toujours habituellement avec la charité; et
Théologie morale de saint Augustin, ou le comme ces deux inclinations habituelles de-
précepte de l'amour de Dieu est traité à fond, meurent ensemble, on peut fort bien en faire
et les autres maximes de l'Evangile sont In comparaison, et dire que l'homme est juste
expliquées et démontrées. Paris, Guill. Djs- s'il a unplus grand fonds de charité permanente
prez, 1686, in-12. que de toute autre affection, si la charité dans
Cet ouvrage ne fat pas publié sous le nom son cœur est habitu llement la plus forte (page
(lei'auleur, mais sous ces initiales pseudo- 2V9).
nymes E. B. S. M. R. D.
: Ce qui fait l'état de justice, c''est l'amour de
Feller nous ce livre méritait
fait croire que la justice au moins dominant habituellement,
le jugement sévère qu'en porta un critique c'est-à-dire plus grand que tous les autres
orthodoxe. t/i,>)Oi(?s
,
préférant habituellement la justice
C'est une théologie entière, dont les maxi- fi toutautre objet et à tout autre intérêt;
mes, liées ensemble et exposées successi- d'oi'i ils'ensuit évidemment qu'il n'y aura de
vement, se terminent enfin aux plus grandes péché mortel que celui qui, détruisant entière-
abominations du quiétisme, et au renver- ment, ou du moins affaiblissant extrêmement
sement de la morale de Jésus-Christ. l'amoiir de la justice, jusqu'à rendre la cupi-
La doctrine des faux
de saint disciples dité habituellement la plus forte, sera un étal
Augustin ne peut ne con-
.subsister qu'elle de cupidité dominante, et fera préférer à la
duise ses sectateurs à la morale la plus cor- justice, non-seulement dans le moment d'une
rompue et à un dérèglement général, dès action passagère, mais même habituellement,
qu'ils veulent appliquer leurs principes, soit quelque objet que ce soit; ou, pour parler
aux péchés, soit aux vertus, et en faire des encore plus nettement et plus ponliiement, qui
règles de mœurs. La Théologie morale, du augmentera l'amour des biens périssables jus-
docteur Bourdaille, ne prouve que trop sensi- qu'au point de le rendre habituellement plus
blement cette vérité. grand et plus fort dans la volonté, que l'a-
L'auteur, en efTet, n'y entreprend rien de mour de Dieu ou de la justice (page 572).
moins que de mettre les plus grands crimes [ Ceux qui ne se laisseraient aller à quel-
au rang des péchés véniels. qu'un de ces désordres qu'arec une extrême
Quelque péché que l'on commette, fût-ce répugnance , et comme malgré eux, ou forcés
idolâtrie, homicide, empoisonnement, forni- par la crainte d'un grand mal qui les mena-
cation, etc., pourvu qu'on ne se laisse aller cerait, ou cédant à la violence d'une passion
à quelqu'un de ces désordres qu'ar c une ex- qui les emporterait , de sorte qu'ils en eus-
tri'merépugnance,etcommemalgré soi, ou forcé sent un extrême déplaisir tout aussitôt qu'ils
par la crainte d'un grand mal, ou cédant à seraient hors de ces fâcheuses conjonctures, on
la violence de la tentation, il ne s'ensuit pas , ne pourrait pas dire si assurément qu'ils au-
selon qu'on perde la grâce ni qu'on mé-
lui, raient perdu la grâce et qu'ils auraient en-
rite l'enfer (pages 382,58.3). couru la damnation; car, encore que la cupi-
Le plaisir de s'occuper en idée des plus dité ait dominé dans ce moment, ce peut n'a-
cruelles vengeances ou des plus grandes im- voir été qu'une domination passagère, qui ne
puretés, lorsque Tacr/ufescemeuif/ite Ton f/o/nie change pas absolument le fond et la disposi-
à la suggestion ne va qu'au plaisir de penser tion du cœur (1) ]. Si la charité a cédé à la
aux choses défendues, et qu'on n'en veut violence et comme plié soits le poids, elle n'a
point venir à l'effet toutes les complaisances
; peui-êire pas laissé de subsister toujours pour
les plus volontaires pour ces objets si capa- se relever d'elle-même, quand elle n'aura plus
bles d'allumer la passion, et qui sont autant été opprimée par ^tne violence étrangère ; c'est
d'occasions prochaines, ne font qu'un i.éclié comme un arbre que l'on courbe avec violence
véniel, suivant le casuiste de la secte (pasres et qui se redressera de lui-même, pourvu qu'il
592 et 593). ne soit point corrompu : il se courbe parce
(i) Feller, obligé d'être court, r.ipporie seule- guslin, etc. , donna lieu à deux lettres du docteur
ment passage que nous mettons entre crochets et
le ,
Arnauld, où il l.i réfutait. Du son côté, le docteur
il dit; Cette proposition fui attaquée dans un écrit
(
liideus, un des approliateurs di livre, déclara qu'il
où on l'atlribuait à tous les disciples de saint .Augus- la désapprouvait, et qu'il n'avait donné sou appro-
tin, qui pomlant la dé.-.avouaienl. Cet écrit, intitulé:
hatiou qu'à condition qu'on la retrancherait. >
Quel renversement de la morale de Jésus- lui ont décernés ses partisans, Hoileau entre
Christ! Si Joseph se lut laissé vaincre par autres. Au contraire, il déchire les prélats
les fureurs de la femme qui le tenta son , qui lui ont été opposés, surtout M. Raconis,
adultère n'eût été qu'un péché véniel, puis- évéque de Lavaur.
qu'élant saint comme il l'était, il ne l'eût
Condition i;s»ro/)osîte ctc postulatœ a dorto-
sans doute commis qu'avec une extrême ré- ribtts faruitatVs theologtœ Parisiensi», ad
pugnance, ou comme malgré lui et forcé par ,
examen doctiinœ gratiœ , avec Noël de
la crainte d'un grand mal qui le menaçait.
La Lane, 16'i9, in-4°.
Ainsi ces apostats, dont parle saint Cy- Il paraît qu'il y a de cette pièce une tra-
prien, que la vue des échafauds fil chanceler duction française, qui est de Bourgeois seul.
dans la foi et sacrifier aux faux dieux mais ,
d'offense p.îortelle.
maison et société de Sorbonne. Il joua un
grand rôle dans les affaires du jansénisme, et
De malheureux domestiques, qu'un ordre eut beaucoup de crédit dans ce parti. Son
violent et absolu force de servir la passion
premier ouvrage fut le livre f/c /'.4c ion de
de leurs maîtres; des débiteurs prêts d'être
Dieu sur les crcutures, dont il va être ques-
accablés s'ils ne font de faux actes ; des fem-
tion dans un mouieut. 11 rédigea depuis des
mes que la crainte de la mendicilé la plus ex- Mémoires contre la constitution Unigenilus;
trême porte à prostituer leur pudeur; des
l'Acte d'appel des quaire évêques en 1717;
captifs chez les infi<lèles destinés aux trai-
,
divers autres écrits dt s mêmes; les articles
tements les plus rigoureux s'ils ne renoncent
de la faculté de théologie en 1718 (il en fut au
à Jésus-Christ tous ces fidèles, en succom-
:
haut que les autres contre la morale cor- Soanen lors de son jcgement à Embrun.
rompue! Voilà ce qu'approuvent les doc- Boursier déploya surtout son zèle dans cette
teurs Le Féron, Piques et Hideux. Voilà ce affaire, et mil en mouvement les théologiens
livre dont ils disent, qu'après l'avoir lu exac- et les avocats pour la défense do Soanen. Il
tetncnt, ils se sentent obligés de rendre ce té- fut des principaux arcs-boiitants de la Sor-
moignage, qu'ils n'ont jamais lu de livre où bonne depuis 1710 jusijn'en 1720. On le fit
la morale chrétienne fût si solidement établie, sortir de ce corps en 1729 avec les autres
et où le sentiment de saint Augustin fût si opposants, iîoursicrdressa la Le^^rt de douze
clairement expliijué. Oi, toute la secte ne de- évêques au roi contre !e concile d'Embrun ;
vrait-elle pas se trouver humiliée et se ré- l'Instruction pastorale de Soanen sur l'auto-
duire au silence en voyant ses chefs ensei- rité de l'Fglise; la Lettre du même au roi en
gner une telle doctrine"? 1729, cl plusieurs autres écrits au nom des
B0UUGEO1S(Ji:4n), docteur de Sorbonne, docteur:; ei des curés de Paiis. 11 rédigea eu
chanoine de Verdun abl é de la
chaiitre et , grande partie VInstruclion pastorale de Col-
Merci-Dieu, confesseur des religieuses et des berl, en 17110, où il est parle d 's srcows. On
domcsli(iues de Port-Iîoyal, mourut au mois a donc eu raison de dire qu'il était l'oracle de
d'octobre 1(587, à l'âge de (piatre-vingt trois tout (•(! parti. Il dirigeait les évêques oppo-
ans. Il était un des approbateurs du livre do sants, et les taisait parler à son gré. C'était,
la Fréquente communion, et fut jugé digne ce semlili', une grande faiblesse à des prélats
d'aller le défendre à Rome. Il a publié l'his- d'être r.insi asservis à un théologien exalté.
toire de sa mission sous le litre suivant : Latin de 1 ; vie de Boursier lui marquée par
,
d'autres brochures sur les convulsions , sur sur raisonnables. Toute la différence qu'il
les
l'espérance et la confiance, sur les secours, y a, c'est que l'obéissance des autres est éclai-
sur les vertus ihéologales. Il y eul parmi les rée et libre. Mai' Dieu doit opérer l'un et
appelants, sur ces différents points des dis- ,
l'autre. Noire être tout entier, celui de
putes dans lesquelles Boursier joua un grand l'âme, celui du corps, celui de leurs modi-
rôle, et qui lai occasionnèrent, de la part fications , est uniquement l'ouvraije de Dieu.
des siens, des chagrins et des coniradiclions Notre âme. nos actions, nos détermina-
auxquelles il fut fort sensible. Cet homme tions, les plus petites parties de nous-mêmes
était instrnil, laborieux et fécond , mais en qui doivent être asservies à ses lois, sont l'ou-
même temps ardent et opiniâtre. On le voit vrage de la puissance souveraine. Notre âme
présider à toutes les assemblées des appe- n'est donc que le théâtre des changements
lants dicter leurs démarches, exciter leur
, arbitraires qu'un autre produis en elle. Mais
zèle. Il fut surtout des asseinblécs de 1732 et quelles idées étranges que ceiles J'un asser^
1733, sur les convulsions, et s'efforça d im- vissement de toutes les parties de nous-mêmes
poser quelque frein à ce délire, dont il ne lui sous les loi' déterminantes e-. ab:c!ues iî la
fut pas donné cependant de sentir toute la puissance souveraine'f LulhBi ' dsl-ii jamais
honte. .Vîadamejlolie peint comme un homme exprimé plus durement? fi'e".;t-on aouter
cauteleux et ruse, qui aimait à dominer. Ses aprèi cela des extrémités ou les novateurs
amis l'ont loué ni plus ni moins qu'un Père de (S siècle sont prêts à se porter, et où il
de l'Eglise. n'( st que trop évident qu'ils se sont déjà
portés depuis longtemps.
De l'Action de Dieu sur les créatures : traité
Voici encore ce que la doctrine de Calvin
dans leifuel on protive In prémoiion physi- renferme de plus dur et de plus impie. Comme
que par le raisonnement et oii l'on ejca-
,
Enfin la urâce suffisante qu'admet l'auteur ponse à Julien justus est Deus. Potest ali-
;
est la petite grâce jansénienne. Seion lui, la quot sine bonis meritis liberare, quia bonus
grâce suffisante est, par rapport à la leisla- est;non potest quemquain sine 7natis meritis
tion , ce qu'est par rapport à un poids damnare, quia justus est (lib. il, cap. 18).
de 400 degrés une force de 399 degrés 3° Le spinusiiUie. Nos connai: sances, dit
(Sect. VU, part. I). l'auteur , contiennent certaines perfections
2° Le calvinisme. Suivant cet auteur, au- qui se trouvent en Dicd.
cune détermination ne vient de l'homme. C'est En connaissant nos âmes et les autres êtres
Dieu qui e.W le seul et unique auteur du mou- créés, nous connaissons quelque chose de ce
vement le plus léger et le plus déiical, du plus qui est Dieu (Secl. 111, ch. 3 j. Car Its créa-
petit acte, d'un souffle, pour ainsi dire, d'un tures (1, ::e sont que des écoulements et des
rayon de volonté (secl. I, chap. 3, secl. il, parlicip^:t:(>ns de l'être ou de celui qui est
p. I, ch. 5). D'où il s'ensuit que l'àme nesl comme l'ubime el l'océan de l'être, n'étant par
plus qu'un être passi!', inagissani, nécessité. elles-mêmes (2) qu'un néant •.n.iicrsel el sans
Dieu, dit-il dans un aulre endroit , exerce réserve, et n'ayant pour toui partage q\i,'un
Dieu ieul est l'Etre premier (1), l'Etre des pour établir un système dont le moindre dé-
êtres sans reslrictiiins. 1! e-t nnirciseUement faut est d'être incertain, et dont les consé-
Etre, puisqu'il poxsrde et f/ii';! contient loxiles c;ui nces, de l'aveu des meilleurs théologiens,
Us perfections et tous les dcjrés d'être qxii sont de porterattcinto à la liberté de l'homme.
sont dans les créatures, toulfs nos connais- Ces sortes de questions, nous le remarque-
s inces n'vtant que des parl'es de ce tout satis rons ici, ne sauraient dire agitées qu'avec
bornes. Dieu et l'Elre, n tout est renfermé de grands inconvénients. On instruira beau-
dans l'Etre. C'est là qne nous puisons noire coup plus utilement les hommes, et on rem-
nature, notre pcssibilité , notre être. L'être plira plus certainement les vues de la reli-
que Dieu donne aux crénlurn; , i' ("possède gion, en leur apprenant à réprimer l'esprit
en premier; il le poss'de dans son tout, et (ie dispute, à respecler les dogmes, à prati-
le réunit à ses autres perfections, et par con- quer la morale évangélique, qu'en employant
séquent il le possède d'une munière émincntc toutes les ressources de la logique à établir
et infiniment supérieure à cidle des créatures, des sj sternes qui peuvent bien rendre les
II est aisé de reconnaître dans celte doc- hommes poinlillcux , mais rarement meil-
trine le pur spinosisme, c'esl-à-iiire, la plus leurs. Sans prononcer sur le fond du livre de
impie et la plus extravagante des erreurs. M. Boursier nous pouvons assnrer qu'il
,
Jl s'ensuit en effet de tous ces passas;cs, que nous a paru ininlclligib'e en bien des en-
Dieu contient formcllînient tous les cires de drciit et que trop de subtilité y fait perdre
,
L'aulcur ne mit pas son nom à son livre « Qu'en remontant jusqu'aux premiers siè-
(et en rcla il tut plus sage que ses approba- cles de l'Eglise, ne se trouvera jamais une
il
jusqu'en 1728, pag. 2 « H a toute la force: privée d'un trésor qu'elle a possédé long-
du raisonnement el loule la solidité doUt temps avec frnit (c'est-à-dire le livre des
peut être susceptible le système des tlio- l{ê"r.rions mnrales);\cs plus durs anatlièmes
inisle;- C'' système, assez décrié defiliis quel-
. I mcés indistinctement contre tant de propo-
que temps, avilit besoin d'un pareil avocat sitions qui ne contiennent que ce qu'ils ont
pour le soiilcnir. Le jargon de leur école cU appris de leurs pères, que ce qu'ils ont en-
donnait de l'éloiiînem' iji. Cet aulèur leur spifjné à leurs peuples ;
fera de nouveaux prosélytes ; mais je ne «Que le décret du pape porte sur son
sais s'il ne véfiliori point une parole qu'on front un caractère de surprise, qui n'est pas
a die il y a bingtcmps, et qui parait bien moins contraire à toutes les lois du saint-
un paradoxe, c'est que de tous les théolo- siége apostolique, qu'opposé à la saine doc-
giens, les thomistes sont les plus pélai/iens. » trine, etc. ;
L'atiieur des Trois Siècles liiiéraires s'est « Qu'ils demandent à Dieu de ne point
exprimé en cis termes sur le nièinc livre : pernietlre qu" jamais cette Constitution soit
" lîoursier employa la métaphysique la plus reçue, puisqu'elle ne le peut être en aucune
profonde en faveUr de la préiuotiOn phy- manière sans s'écarter de la simplicité
,
sique; c'est-à-dire qu'il Ira. ailla beau'Oup de la fui, sans faire un mélange indigne de
(1) Sect. 'VI, part. 111, chap. 8. Sccl. 111 . cliap. 'j, Secl. I, cli. 4.
DICTIONNAIRE DKS JANSENISTES. "5S
la vèrilé et Je l'erreur, sans jeter dans l'E- clergé de France, aux souverains pontifes,
glise une semence de division éternelle, et et à toute l'Eglise, et à l'autorité du roi, er-
sans s'éloigner de l'exemple des anciens dé- ronées et favorisant une hérésie pernicieuse
fenseurs de la foi. » que toute l'Eglise a condamnée, etC'
Toutes lesquelles propositions ce grand La lettre de M'" à M'", au sujet de saint
prélat déclare respectivement téméraires , Vincent de Paul, nous apprend que la con-
scandaleuses, fausses, erronées, schismaliques, sultation a pour auteur le fameux Boursier,
hérétiques , injurieuses au saint-siér/e et à ce grand patriarche du parti convulsionniste,
l'épiscopat. Il défend en conséquence, sous l'apologi-te de toutes les prophétesses insen-
peine de suspensej qui sera encourue par le sées de nos jours.
seul fait, à tous ecclésiastiques de lire, ni Boursier publia une foule de brochures
de retenir ladite lettre imprimée o'u manus- contre les décrets des papes dans les matières
crite. Et défend pareillement à tous autres de la grâce.
fidèles, sous les peines de] droit, de la lire ni
Lettres à un ecclésiastique sttr la justice
de la conserver^
chrétienne et sur les moyens de la conser-
Apologie des chrés du diocèse de Paris, con- ver ou de la réparer. HSS, in-12 de 266
tre l'ordonnance de monseii/neur l'archevê- pages.
que de Reims, depuis cardinal de Mailly, du
k janvier illl, portant condamnation d'un
On avait attribué à tort ce livre à Gas-
intitulé : Lettre des curés de
pard Tenasson, de l'Oratoire; mais si on en
imprimé ,
tion cit M. l'aTcheviquc de Sens au sujet, d'impoccabilité, qu'il appelle morale; sur
des jniracles. quoi il s'explique à peu près comme les dis-
Si fincent de Paul eût favorisé le jansé- ciples de Calvin.
n'eût point trouvé d'abus dans Il improuve comme inutile, et même dan-
nisme, le parti
la bulle de sa canonisation. Mais ce servi- gereux, l'usage établi dans l'Eglise de con-
teur de Dieu se déclara baulement contre fesser ses péchés véniels.
cette hérésie, cl vint à bout de la faire solen- En établissant des règles pour distinguer
nellement condamner; voilà ce qui a porté les péchés mortels d'avec les véniels, il fait
les disciples de Jansénius à se déchaîner entendre que quelquefois on commet un pé-
sans pudeur contre le nouveau saint et con- ché en matière grave avec un plein consente-
tre le pape qui a donné la bulle de sa cano- ment sans perdre la justice.
nisation. Selon lui, quand on doute si un péché est
Dix avocats, des moins célèbres et des mortel ou véniel, tout juste est son propre
moins eatimés, ont prêté leurs noms à la juge, et n'est pas obligé de consulter son
consultation qui a paru sur ce sujet. La confesseur ou les casuiites ; parce que dès
h\A\o marque que la Providence a fait éclater là qu'il est juste, il a l'esprit de sagesse et de
la sainteté de Vincent de Paul, dans un temps discrétion, et un pouvoir suffisant pour se
où les novateurs en France tâchant, par des décider lui-même.
miracles faux et controuvés, de répandre leurs EnGn, rien n'égale son déchaînement
erreurs, de troubler la paix de l'Eglise catho- contre l'état présent de l'Eglise. A l'exemple
lique, et de retirer les fidèles de la communion des hérétiques des derniers siècles, qui l'ont
du saint-siége. Tel est le premier giiet des si indignement outragée, il la noircit sans
a>ocats, p. i. Les autres griefs de ces juris- pudeur par les calomnies les plus atroces.
consultes excitent encore plus, et la pitié Les endroits les plus pernicieux de ce
pour leur ignorance, et l'indignation contre livre sont 2' lettre, p. 39 et Vi, 58, o9, 60;
:
Licite téméraire consultation fut condam- 211, 198, 197, 19i, 195, 200; 12' lettre,
née, avec deax autres écrits sur le même su- p. 261, 262, 2Gi; li- lettre, p. 238, 251, 2+7,
jet, par un mandement de M. l'archevêque 2o4. et 255; 1" lettre, p. 12; 10' lettre,
de Cambrai du 16 janvier 1739, comme con- p.221, 223; 1" lettre, p. 12 et 13 10' lettre,
;
tenant des propositions respectivement faus- p. 231, 232, 233, 23i; 7' lettre, p. 14i, 145,
ses, téméraires, seandaleui>es, injurieuses au 147,148, 154; 6- lettre, p. 130.
3S3 BOU BOLl 354
C'est de ces divers endroits que sont es- A l'ouverture du livre, on est sûr de rencon-
("•aitcs les 25 propositions que la faculté de trer des horreurs et des blasphèmes. Je l'ou-
théologi(! a censurées. Elle les qualiGo, cha- vre, par exemple, à la page 209, et dans
cune on particulier, avec toute la sagesse et cette page je lis ces paroles Mille fois on :
la modération possibles, les unes comme l'a dit, el l'un ne peut trop le répéter : la bulle
hérétiques, les autres comme erronées, est affreuse; mais c'est parce qu'elle est af-
schismaliques, etc. M. l'archevêque de Sens freuse qu'elle porte avec elle so7i préservatif.
a adopté celle censure el l'a insérée en en- Les propositions qu'elle condamne sont si évi-
tiei- dans son maiidemont du l" mai 1735, demment vraies, leurs contradictoires si évi-
par lequel il condamne les lellres sur la demment fausses, que quand un ange descendu
justice chrétienne, etc. du ciel tiendrait nous annoncer une autre
Ce mauvais livre n'avait pas échappé à la doctrine que celle que contiennent les 101 pro-
vigilance et nu zèle de M. de Tencin, alors positions prises dans leur sens naturel, il fau-
arrhevéïi ne d'Embrun. Dès le 15 février 173V, drait lui dire anathème. On juge aisément
il le condamna comme contenant des maximes quelle sorte d'ange a inspiré à l'auleur de si
et des propositions respcctivenient fausses, affreux sentiments et de si horribles expres-
scandaleuses téméraires
, injurieuses aux
, sions. Tout le reste du libelle est dans le
usages de V Eglise, séditieuses, favorables aux même goût ; tout est marqué au même
hérétiques, aux hérédes et au schisme, erro- coin tout porte également l'empreinte da
;
Boursier avait compose (dit-on dans l'a- L'abbé de Bourzéis y avance, page 3, en
vertissement) ces deux lettres, pour défendre termes iorinels, la première des cinq fameu-
l'instruction pastorale de M. de Sencz sur ses propositions. Le sens de ces paroles
l'Eijlise. C'est déjà faire assez connaître com-
(dit-il).Dieu ne commande pas des choses im-
bien ces lettres sont mauvaises, puisqu'elles possibles , est que Dieu ne commande pas des
tendent à soutenir un ouvrage pcruicieux, choses impossibles à la nature saine, quoi-
qu'elles soient par accident impossibles lï ta
foudroyé dans un concile, et pour lequel
M. de Senez a été flétri e'. suspendu de tou- rtature infirme, comme elle l'est maintenant.
tes ses fonctions épiscopales et sacerdotales. Lettre d'un abbé à u« prélat de la cour da
D'ailleurs, on reconnaît dans ce livre-là cette Bome, 1649.
main dangereuse de Boursier, de ce génie Il traite ici la cour de Rome avec la der-
fourbe el captieux, de cet homme d'erreur, nière insolence. Il l'appelle, page 21, une
si plein de fiel et d'audace, qui a combattu retraite de larrons, latibulum latronum. Il a
l'Eglise par tant d'écrits où tout respire laudace d'avancer que les cardinaux el le$
l'hércsic et le fanatisme. théologiens, qui ont qualifié les propositions
BOURSIER (Philippe) naquit à Paris en déférées, n'y entendent rien pour lu plupart.
1693, fut diacre et dévoué, comme son ho-
monyme dont il vient d'être question, à la Lettre d'un abbé à un président.
secte qui a causé tant di' maux à l'Eglise. avance ici, page 79, cette proposition
Il
Il fut un des premiers auteurs des Nouvelles manifestement hérétique Un juste peut être :
Ecclésiastiques, où tous ceux qui tiennent à tenté d'un péché mortel, et n'avoir pas la
la caiholioiié étaient calomniés do la manière grâce de résister à la tentation, ni la grâce
la plus (xliouse. Il rédigea aussi les discours même de demander celle de résister.
qui précèdent chaque année, depuis 1731, Propositiones de Gratia in Sorhonœ Fa~
cet ouvrage de parti. Voyez Fontaine cultale prope diem examinrmdœ, prvposiCœ
[Jacques). Philippe Itoursier est peut-être le calendis Junii 16i9, in-4-' de 40 pages.
même que Philippe Boucher, dont on a fait On y trouve tout au long, page 2'i, et sans
par inadvertance deux personnages diffé-
nul ménagement, la troisième proposition
rents.
de Jansénius, en ces termes Sola libertas a :
Ces discours sont au nombre de dix-huit :
coaclione ad veram libertatem, et proinde ad
ce sont des déclamations, dont les unes sont
merilum est neccssaria.
courtes, les autres plus étenlues; les unes
sont des lamentations, les autres des apolo- Saint Algistin victorieux de Calvin et de
gies; les unes ne contiennent que les ca- Molina, ou Béfulalion d'un livre intitulé
lomnies el les injures de l'impoUeur le plus Le Secret du jansénisme. Paris, 1652, gros
elîronté , les autres ne présentent (jue les in-4°.
fougues el les fureurs d'un fréuetiiiue. Tou- Detous les livres de Rourzéis tn faveur
tes sont remplies du poison le plus subtil ; du jansénisme, c'est le plus considérable. Il
chaque pags est contagieuse et empestée. y veut justifier ces trois dogmes capitaux de
$55 DICTIONNAIKE DES JANSENISTES. 'se
mort pour lous les liommes; 2° que l'homme teur. Dorsanne dit do lui On l'a accusé d'a-
:
pèche même dans les choses qu'il fait néces- r ir souvent avancé dans ses sermons des pro-
sairement 3° que la contrainte seule est on-
•. positions dures. Il était suivi par tout ce qu'il
posée à la liberté y avait de plus zélé dam le parti. Dans les
On y trouve, page 17i, cettn proposiliou cnversations il parlait beaucoup et fort in-
hérétique, qui est la troisième de Janséiiius : discrètement , et paraissait par sa conduite
Le péché est dans nous volontaire et néces- vouloir s'attirer une lettre de cachet ; tom. III,
saire : volontaire, puisque c'est l'effi-l de la lo- pag. 66. Boyer joua un rôle dans le Journal
lonlé qui le produit; nécessaire, puisqu'elle des Convulsions. Comme il avait i'avantag
le produit, étant forcée par la tyrannie de sa de posséder la ceinture du diacre Paris ,
convoitise. cette relique lui donnait de la considoralion.
Pag. ik, il avance celte propusilion calvi- Il présidait quelquefois aux assemblées de
niste Les élus sont les seuls qui reçoivent
: convulsionr.aires, fat quelque temps direc-
des moyens suffisants pour se sauver. teur du fameux frère Augusiin, et finit par
Enfin, dans la page 142, il se ùéguise si le dénoncer au parlement.
peu qu'il ose mettre parmi les principes de
La solide dévotion du Rosaire, ou l'idée, l'ex-
notre créance cet affreux principe de Calvin :
cellence et les pratiques de cette dévotion;
Que les hommes qui pèchent dans cet état de
avec une exposition des saints mystères
la nature blessée le font nécessairement et ,
foi à ses erreurs, et rétracta, ie i novembre Dans la page 135, où il fallait parler de
[
1661, tuut ce qu'il avait fait pour les soute- l'Assomption de la sainte Vierge, on met une
nir. Il protesta eu signant ie formulaire, quil exhortation au silence et à ne point hono-
voudrait pouvoir effùcer de son sang tout ce rer la sainte Vierge par la témérité et par le
qu'il avait écrit, et qu'il aurait toute sa vie mensonge. L'auteur voudrait qu'au lieu des
un souverain cl inviolable respect pour les Ave Maria (|u'il regarde comme une prière
décisions du saint-père, qui est, dil-il, le vi- superflue après le Pater, on récitât pour le
caire de Jésus-Christ sur la terre et le maître losair.j les 150 psaumes. Il y enseigne à ne
commun des chrétiens en la foi. Le P. Gerbe- parler jamais de la sainte Vierge et de ses
ron n'y pensait pas, lorsiiu'il a dit dans son ï grandeurs, que pour lui rappeler le souve-
Hisloire générale du jansénisme, sous l'an i nir de sa bassesse. On peut juger par là que
16(il, que cet abbé avait s gué le novem l'aîiteur, quoiqu'il se dise enfant de saint
'i-
bre) par complaisance pour le cardinal Ma- Dominique, a entrepris de ruiner la forme et
zarin, qui était mort huit mois auparavant, l'esprit du Rosaire, sons le vain prétexte de
le 9 mars 1661. réformer l'ouvrage dc son sain! patriarche.
Il fautobserver quel' .4/jo/ogr(e dont il est ici On renouvelle dans la page 132 les erreurs
question a été condamnée par le saint-siégc, r^ de Baïus Sans vous et sans cet amour que :
et qu'on y trouve celte hérésie formelle La r>, 'vous donnez seul, tout n'est que péché dans
:
grâce opère dans nous par une douce, maix ;_; l'homme. Page 159. En vain on vous appelle
fofte nécessité. Père, si ce n'est pas votre esprit de grâce et
BOYEK (Pierre), prêtre de l'oratoire, né à ? d'amour qui crie dans nous et qui vous fait
Arlant, le 12 octobre 1677, m ri le 18 ja;;- v appeler de cet aimable nom.
vier 1755, s'est distingué par smi fanalismo Le P. Joseph Roux, prieur du couvent de
pour les saltimbanques de Sainl-Médard, qui la rue Saint-Jacques, qui était un des cinq
lui procura d'abord un interdit en 1729, puis approbateurs du livre, révoqua son appro-
le fit reléguer au mont Saiiit-.Michel, et en- bation au bout de huit mois, déclarant qu'on
fin enfermer à Vincennes pendant quatorze avait inséré dans le livre bien des choses qui
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n'étaient pas dans le manuscrit qn'on lui fondement. Saint Charles Borromée, le con-
avait donné à examiner, et qni ne so Irou- cile '!e Milan et la farullé de théologie de
vaicnt pas même dans le \oiume imprimé Paris, ont décidé qu'un curé ne peut appeler
dont on lui fit ensdile présent prévarication ;
d'nntres curés du diocèse pour confesser dans
frauduleuse et trop ordinaire aux écrivains sa paroisse, si ces curés ne sont pas ap-
du parti. prouvés généralement pour tout le diocèse.
La raison est que les curés, précisément
Maximes et aiis propres pour conduire «n
par leur institution cl en qualité de curés,
pécheur à une véritable conversion. Paris,
n'ont de juridiction que sur leurs propres
seconde édition, 1739, 349 pages. paroissiens.
Dans première édition le jansénisme y
la BRIQUET, excellent prêtre janséniste, qui
était plus crûment exprimé on y appelait
;
mourut en 1770, après avoir passé les cin i
notre liberté une mhérnbh liberté ; on y di- dernières années de sa vie sans célébrer le
sait à Dieu: j'applaudirai à votre puis- saint sacrifice de la messe et sans commu-
sante main qui aura lié dans moi le pouvoir nier. Cette dévotion n'était pas rare dans le
même que je me sentirai de vous résister. On parti. Voyez Le Gros, Tournls.
a corrigé ces termes dans la seconde édition, BROEDERSEN (Nicolas), pasteur à Dcifl,
mais ce qu'on y a laissé suffit bien encore puis doyen du chapitre schismatique d'D-
pour nous autoriser à en inspirer aux Hilèles trecht, composa, en latin, un traité on faveur
un juste dégoût et un salutaire éloignemcnt. des prétentior.sde cechapilre; un Court traité
Page 15. Avec quelque dextérité qu'on ait des contrats rachetahles des deux côtés, 1729
traité ici l'article de la justice chrélieiine, il et un autre sur les Usures permises et non per-
est aisé d'y apercevoir ce pemlianl qu'ont mises, 1743. Il s'était déclaré pour les prêts et
les jansénistes à croire que la grâce sancli- contrats de rentes usités en Hollande, il
y
fian e est presque inamissiblo quand on l'a, eut à ce sujet de vives disputes dans ce
et presque impossible à recouvrer quand on clergé, en 1728 et années suivantes. D'un
l'a perdue, ainsi que l'a enseij;iié l'auteur des côté étaient Broedersen.Thierri de Viaixnes,
lettres sur la justice chrétienne. Anoine Cinest, Godefroi Vaskenburg, cha-
Pag. 39. Avant la loi'ie Moï d'hommp fai- noine d'Dlrechl, Méganek, etc; de l'autre
sait lemrd comme sans le connaitre.Où l'auteur Barchman, l'etitpied. Le Gros. Chaque parti
a-t-il pris cela ? avant Moï^e, ignurait-on publia plusieurs écrits.
les principes de ia loi naturelle, et n*avail-on BROUE (Pierre de la), évêque de Mire-
aucune connaissance de ce qu'elle défend? pois, naquit à Toulouse en lG't3. Il fut un
Pag. 4() et kT. On conseille la lecture de des quatre évêques qui formèrent en 1717
plusieurs livres infectés do jansénisme. l'acte d'appel par eux interjeté contre la
P;ig. 67. Le pécheur doit consentir, quoique bulle Unigenitus : on verra plus bas le
commençant de n'être pluf snus la loi, de de- nom des trois autres. M. de la Broue ne vou-
meurer lin juste temps sous ta main médi- lut pas même souscrire à l'accommodement
cinale de lu grâce, afin qu'elle achhe dans lui de 1720. Il mourut à Bellestat, village de son
tout l'ouvrage qui doit précéder la réconci- dio(èse,en 1720. Le grand Bossuet avait été
liation. \r^\ galimatias, destiné unique- très-lié avec l'évêque de Mirepoix.
ment à faire entendre que la satisfaction Catéchisme du diocèse de Mirepoix. Tou-
doit précéder l'absolution, ainsi que l'a en- louse, Douiadoure, 1699, in-12.
seigné Quesne!. C'est aissi la doctrine des M. de la Groue y enseigne, page 181, que
pages 74- et 75. la grâce actueilo n'est en nous que quand
Pag. 81, l'auteur prétend qu'après avoir nous faisons quelque bonne action pour notre
reçu l'ab'^olution, il conviendrait eue peur 9alul. Cotte proposition comme on voit, ex-
,
se préparer à la communion on prît l'inter- clut la i;râce sufllsanlc, el renferme on peu
valle d'une quinzaine de jours on d'un mois.
de mots tout le venin des cinq propositions.
C'est, comme l'on voit, détournerlesânns les Son mandement a été condamne à Rome le
plus ferventes de la communion hebdoma-
12 décembre 1714, comtne contenant des pro'
daire, et à plus forte raison de la commu- positions et assertions uu moiiu fausses, sédi-
nion journalière. lieusis, scandaleuses, injurieuses ausaint-siége
Boyer fit lo Qunlrième gémissement sur la apostolique, et surtout aux évi'ques de France
destruction de Port-Royal, 1714, in-r2 ; une et aux écoles catholiques ; présomptueuses,
Vie de M. Paris in-12, et il'aulrrs ouvrair'.'S téméraires , schismatiques et approchantes
de parti. On lui attribua le Pandlcle de lu de l'hér'ésie.
doctrine des païens et des jésuites, in-8';
Projet de Mandement d'Instruction pasto-
et
mais il paraît que ce pamphlet est d'un laïque
rale.... au sujet la constitution de
de
nommé Péan. iV. S. P. le pape du 8 septembre 1713.
BRIANNK (N ), curé appelant.
—
1714, in-12 (le 58 pages. C'est comme
MÉMOIRE sieur de Brianne, 1737.
poiir le
un préliminaire de l'Acte d'appel qui suit
On entreprend de prouver par ce mé-
moire (jne tout curé a par son titre le droit Acte d'appkl au futur concile par MM. les
de pouvoir être commis par ses confrères évcqites Mirepoix, de Senez, de Mont-
île
quatuor illitftrissimos (ialliœ episcopos inlcr- somme on ne put faire que dix-huit cenîs
positœ in comiciis sacrœ facultnlis Parisien- appelants. Cette manœuvre fut décou-
fis, quœ et ipsa appellationi adhœsil insitUs verte par les plaintes des créanciers qui
Flandorum, 1717. ne furent jamais rembour-és. Un nommé
Il y eut aussi I'acte d'appel de M. de Servien, prêtre, qui était secrétaire de M. de
Noailles an pape mieux conseillé clau futur Noailles, évéque de Châlons, et qui avait
concile ; — 1"acte des quarante -huit curés fait la plus grande partie des emprunts, lut
de Paris, par lequel ils adhèrent à l'appel arrêté et condamné aux galères, où il trouva,
du cardin'tl de Noailles, etc ;— deux actes disait-il, lamorale trop sévère. Voyez VHis-
DE l'appel de ta conslitution Uni-
interjeté toire de Constitution, par M. lévêque de
la
gcnitus ait concile général, par le P. Quesncl. Sisteron, au commencement du livre IV.
Anislerdam Jean Potgieter, 1717, in-12 de
, Il convient de mentionner ici un in-l" de 68
18i pages, etc. pages, intitulé Actes et exposition des motifs
:
Il y eut beaucoup d'autres actes d'appel de l'appel interjeté par l'université de Paris le
interjetés de la bulle Unigenitus dont il serait 5 octobre 1718, etc, avec te discours prononcé
inulile de faire mention, par exemple, celui par M. Coffin, recteur, etc. Ces actes schis-
des Sœurs grises d'Abbeville, celui des Frè- maliques furent révoqués depuis par la fa-
res tailleurs, etc. Nous ne rappelons ici tous cullé de théologie et par la faculté des arts.
ces actes d'appel qu'à roccnsion de celui Ainsi dès-lors la flétrissure qu'ils avaient
des Cjualre' évêques, et pour dire que tout méritée ne porta plus que sur les facultés
appel d'une bulle dogmatique, reçue du corps de médecine et de droit, et sur Coffin, qui
épiscop:!l, est un appel schismatique et hé- persévéra jusqu'à la mort dans son appel.
rétique. L'histoire de l'Eglise n'en fournit DÉFENSE de la grâce efficace par elle-même.
point d'autres exemples que ceux des péla- Paris, Barois, 1721, in-12.
giens et de Luther. C'est ce que l'abbé Fleury, M. de la Broue fit ce livre contre le père
auteur de VHistoire ecclésiastique , assura Daniel, jésuite, et Fénelon, archevêque de
positivement à M. le Régent, qui l'avait con- Cambrai.
sulté là-dessus. On le mit en vente le 20 février 1721, et
Le crime deces sortes d'appel est de vouloir dès le lendemain le libraire reçut défense
anéantir les promes es de Jésus-Christ, en de le débiter.
niant l'infaillibilité de l'Eglise dispersée. On y trouve le plus pur jansénisme, c'est-
Aussi l'appel des quatre évêques fut-il con- à-dire, le système des deux délectations in-
damné en 1718 par un décret du saint-siége, vincibles. ^ oici les paroles de M. de la Broue,
qui l'a noté d'hen sie et de plusieurs autres pag. 2dd ; // s'ensuit manifestement que
qualitications flétrissantes. Ce sont les sept évê- quand la grâce est plus forte que la délecta-
ques appelants qui nous ont instruits de tion opposée de la concupiscence, il arrive
ce fait, dans leur lettre commune au pape infailliblement qu'elle l'emporte. Et à la page
Innocent XIII Tacere non possunms, disent-
: 258 La délectation victorieuse est, au senti-
:
ils , prœter alias horretidas qualiftcaliones, ment de saint Augustin, la grâce efficace.
inustamhœreseos notamrjusmodi instrumenta. BRUN Jeax-Baptiste Le ), connu aussi
(
r Celui du cardinal de Noailles fut aussi con- sous le nom de Desmareltes, naquit à Rouen,
damné, en 1719, comme approchant de l'hé- fut élevé à Port-Royal , resta simple acolyte;
résie : et en général tous ces appels furent posséda la confiance de Colberl, archevêque
déclarés schismaliques par les mandements deRouon.etducardinal deCoislin,à Orléans;
de quarante ou cinquante évèques. fit plusieurs ouvrages liiurgiques, une Con-
Voici les noms des quatre prélats qui don- corde des livres des Rois et des Paralipo-
nèrent le premier signal de la révolte contre mènes, à laquelle on a fait des reproches, et
l'Eglise, en publiant, le o mars 1717, de con- divers travaux d'érudition ;enfin, il s'attira
certaveclaSorbonne,leur appel de laBroue,
: des disgrâces à cause de son attachement à
évéque de Mirepoix , Colbert de Croissy, Port-Royal , et mourut à Orléans.
évèque de Montpellier, de Langle, évéque de BUZANVAL Nicolas Choart de ), né à
(
Boulogne, Soanen, évèque de Senez. Noms Paris, en 1611, fut sacré évèque de Beauvais,
qui ne seront guère moins détestés par la en lOoO, après avoir rempli plusieurs postes
postérité que ceux d'un Spifame, évèque de dans la magistrature. Il fut l'un des quatre
Nevers, ou d'un Odet de Ckatillnn, évéque évêques qui d'abord s'opposèrent à la signa-
de Beauvais. ture du formulaire , mais qui ensuite le
Le moyen qu'on prit pour grossir la liste signèrent ce qui amena la paix dite de Clé-
:
des appelants qui se mirent à leur suite ment IX. Voyez Arnauld {H(nri), et Pavil-
fut digne d'une si mauvaise cause. On em- lon. M. de Buzanval mourut en 1679, et Me-
prunta jusqu'à dix-huil cent mille livres zenguy, bon janséniste, écrivit sa vie.
saut des Discours sur les tics des saints de courtes et fumilières sur le symbole, et des
361 CAR CAR 562
Réflexions morates sur le livre de Tobie, t v. Bethléem (La Tasle), ne put se le uisoimuler.
CADUY Jean-Bai'Tiste ), autrement dit
(
11 était de sa religion d'> nmedier prompte-
Darcy. Fo//ez ce nom. menl mais quel travail que de ramener à
;
CAMUS (Armand-Gaston) naquit à Paris, leur devoir des Olies indociles, qui se fo:u ua
le 2 avril HiO, ûi dans sa jeunesse une élude mérite de leur indocilité! Il en uni à bout;
approfondie des lois ecclésiastiques , et de- il chassa de celle maison l'homme ennemi
vint avocat du clergé de France. 11 était jan- et la secte, au désespoir, gémit sur cette iui-
séniste; lorsque la révolution éclata il s'en ,
portante perte, et tint a ce sujet les discours
montra partisan enthousiaste. Il fut député les plus insensés. Elle publia sous la voilo
aux Etats-généraux par la ville de Paris et de l'anonjme un livre intitulé :
n'est pas dune fort grande dépense. Cependant A la page 4 et 3, on compare M. ne Be-
2"
le revenu de plus de dix nulle écus ne leur thléem à Alcime,que crurent les Assidécns.
suffisait pas. Elles emprunt.iienl chaque année Le jansénisme est en possession depuis sa
vingt mille livres ; (|uol usage ont-elles fait naissance de noircir les gens de bien qui le
de cet argent? Dirons-nous(iu'ellcs en ont se- réprouvent. Clie/ eux , les Saint-Cyraii, les
couru les pauvres de la paroisse, ou des ec- Arnauld, les Gilbert, sont les Elle et les Jean-
clésiastiques fugitifs et mutins? Nous disons Baptiste de leur temps au contraire l'ilale,
:
seulement, par discrétion, que ceux-ci exci- Uérodc, les scribes, les pharisiens el les
taient plus leur pitié que les autres. On ne princes des prêtres se retrouvent dans les
reconnaissait plus parmi elles cette pieté vive, personnes les plus respectables de l'IJglise
celle charité ardente , ce recueillement par- et de l'Etat. (Jue de fanatisme dans toutes ces
fait, cet esprit intérieur, qui caractérisent si ligures 1
témoignage contre la bulle. Les Monifaucon, reurs de l'un sont les faute s cl les erreurs de
tes Constant, les Marlène, les Ruinari et , l'auire.
plusieurs autres des plus habiles se sont ,
Cependant il faut avouer que la prétendue
toujours distingués par une sincère et par- traduction de Carrières dans cette ciQ(|uièm('
faiie soumission à ce décret. édition de la Bible de Vence a été corrigée
H y a encore dans ces Lettres bien d'autres dans bien des endioits, et liire que M. Draci;,
ch(ises,je ne dis p;is répréhensibles, li- terme qui donna ses soins à celte édition à parlii
est trop faible, mais condamnables, mais dé- du cinquième volume, a supprimé en grande
testables. partie le Co?n/nen((a're de Carrières î'nse/ ^dans
CABRÉ DE MONTGERON. Voyez Montge- le texte français. Mais écoutons, sur la va-
dre plus clair ei plus inielligii.le. Ces courtes tout, comme celle de Sacy, dans la traduction
phrases sont dislmiiuees du lexle par le ca- du Nouveau Testament que le oison est ]
ractère italique... il a eu beau'ou^ de suc- répandu souvent avec un art qui le dérobe
cès et il est d'une utilité journalière. Ce )> — aux. esprits peu atteo:ifs. Mais, répétons-le,
Couimenlaire ne méritait m
tel éloge ni ce la tradudio du .Nouveau T'estament dans la
i
manière les passages qui y ont rapport. » était dans Dx-u; ce qui prouve sa divinité.
Cela est vrai; mais l'auieur de cette rcil.ime Ibid., 27; Ipse est qui post me venturus
et (le celle observation, continuateur de Fel- est. qui aille m-' fuct us est. Klle dit avec hs
ler, ne s'est pas souviiiu appareinment qu'il mêmes hérétiques qui m'a été préféré. Il :
avait laissé dans l'article de rurri'e/ei-, ces fallait dire Qui est avant moi; pour ne pas
:
mo'.s, qui sont de Feller: «i/ ^Carrières) s'est favoriser les ariens et les sociuiens, parce
S^rvi de la traduction de Sacy. En effet. •> que toute préférence, selon saint Augustin,
Carrières n'a fait autre chojc que d insérer marque comparaison.
quelques mots, de courtes phrases, qu'on p- ; Cor. X\ 10 Mon ego auletn, sed
1. , : gra-
pel e son Commtn.aire, dans l.i traduci.on de tta Dii mecum. EVe porte: Xon pas mol
Sacy, dont il a con-ervc les fautes, quant à toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avtc
la traduction, et les erreurs, quant à la doc- moi; il fallait A/ajj la grâce de Dieu
: avec
trine, de telle sorte que les fautes et les er- moi.
5Co CAU CAY 566
2. Thess.il. II, 10 Idco mittet itlis Deas
; gnage, oii a clé sa conscience de ne pas ré-
oprriitionein crroris ut crcdnnl mendncin : parer la calomnie? C'est une nécessité qu'un
Elle dil C'est
: pourquoi Dieu leur enverra drs des deux saints sorte du calendrier. » Caulet
illusions si efficaces, qu'ils croiront au men- fut l'un (les quatre évéques qui refusèrent
sonije ; il Ces< pourquoi Dieu leur
fallait : d'abord de sif;ner le formulaire, mais qui le
éni-erra cet ouvrage de l'erreur, en sorte qu'ils signèrent avec une restriction dont il est
ajouteronl foi au mensonge. parlé dans l'article Arnauld (Henri). Voyez
Thcisal. II 13, ces paroles : Verbum
, cel article t celui de Pai ii.lon. Caulet mou-
<
.Dei qui operatur in vobis qii creditis sont , rut en 1G80, après avoir donné le paradoxal
îraduilcs ainsi La parole de Dieu, qui agit
: exemple d'un év< que qui se sacrifie pour les
efficacement en vous qui êtes fidèles. On voit droils du sainl-siége et re livre en même
sans peine que ce mot efficacement est une temps avec ses plus cruels ennemis. On a
addiiion malicieusement laite au texte. de lui un Traité de la régale, pubUé en 1681,
A'ojez les articles Hcré, Maistre (Louis- in-V.
I^aacJ, Le Quesmel, et vous (nuverez une CAYLUS ( Daniel-Charles -Gabriel De
conformité parfaite entre la Bible du P. de Pestel, De Levis, De Tlbières, De), naquit
Carrières et ces héré'iques. Au
versions à Paris en 1669, d'une famile illustre, fut
leste, il f.iut remarquer qu'elles étaient disciple de Bossuet le grand cvèque de
,
minaires, visita tout son diocèse, prêcha et apjiaremmenl de nouvelles lumières. Il signa,
édilia partout. Louis XIV ayant donné un avec seize evèques, une lettre adressée au
édit en IGT.'J, qui éiendail la régale sur tout régent pour demander des explications, et
sou royaume, l'évêque de Pamicrs r fusa de en sou crivit, dil-mi, une seconde plus l'orle
s'y soumettre. On fit saisir son temporel encore avec trente-un de ses collègues; mais
pour poiivnir l'ébranler. L'arrêté fui exé- celte deuxième lellreestune ciiimère, et on
cuté à la rigueur, cl le prélat 'l'ut réduit à n"a jamais pu en montrer les signatures. En
\iyre des aumônes de ses partisans ar, les ; ( 1717, il suspeiiilit dans son diocès" l'accep-
jansénistes lui étaient dévoués quoiqu'il
, latiOii de la ,.ulle, et, peu après, il se mit au
eût maltraité un de leurs chei's (l'abbé de rang des appelants, et depuis on le vit tou-
Saint-Cyran), et qu'il eût essuyé plusieurs jours un (les plus ardents du parti anli-con-
yarialioBs dans les affaires de cette secte. stilulionnairc. Il prit pailà toutes ses dé-
On sait ce qu'il iivait déposé, le 16 juin marches, signa plusieurs lettres communes
1638, contre ce premier saint du parti , aux autres evèques opposants interdit les
,
lorsqu'il n'était encore que l'abbè Caulel, e! Jesciles de son diocèse, delend.t leurs con-
quelle idée II donna alors de la bonne foi et grégations, et signala chaque année de son
des sentiments du iiou\el apôtre. Mais, de- épiscopat par des traits d'un de\ouement
venu evéqiie, il se déclara pour le silence entier à la cause qu'il avait embrassée.
respectueux sur le fait de Jansenius, et lut Toutes les autorités furent faiiguees de ses
dès ce moment un saint à placer dans le ca- lettres et de ses remontrances. L'assem-
lendrier de l'ordre. « Tant A est vrai, dil blée du cierge de 17.')"0 le fit exhorter en vain
là-dessus un historien en plaisantant, qu'il à tenir une autre coniliiite. Smi château <'e
ne faut désespérer de la conversion de per- Begeiines était pour les opposants un rendez-
sonne. Mais il me semble, après tout, qu'a- vous et un asile. Les canonicals, les cures,
vant de procéder à la canonisation, mes- tous les emplois à la nomination de l'évêque
sieurs de Port-Uoyal auraient bien dû tirer étaient réservés à des prêtres en guerre avec
une rétractation <'n forme de ce qu'il avait leurs évê(]ues, et le long gouvernement de
atteste juridiquement car enfin s'il a dit
; , M. de Caylus lui fournit le moyen de faire
vrai, qu^l homme était-ce iiue l'abbé de ainsi de son diocèse une place forte du jan-
Sainl-l^i'it" ' fc^l * '1 ^ rendu un faux ténioi- sénisme. Il conférait les ordres aux jeunes
567 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. S68
ses à ne pas la reconnaître. Us les échauf- heur attaché à l'aff iblissement prodigieux
fèrent par leurs lettres ei par leurs émis- des derniers temps, qui sont la lie des siècles,
saires. On dicta à ces filles des remontrances, qui approchent des moments où l'iniquité
des protestations , des signiûcalions. Des doit être consommée. Les jansénistes ne
avocats prouvèrent disertement qu'elles sont jamais si contents que quand ils dé-
avaient toute raison de se plaindre. Les no- crient l'Eglise présente et qu'ils annoncent
taires ne pouvaient sulûre à rédiger leurs comme prochain le jugement dernier. Cette
actes et les huissiers à les signitier; car, décadence prétendue de l'iiglise les autorise
c'était ainsi que l'on procédait, et il y eut à se révolter contre elle, et cette proximité
sur cette seule affaire des écriturts sans fin. sup|)Osée du jugement dernier et du retour
M. de Caylus ne parut pas approuver les d'Élie, les confirme dans leur fanatisme et
convulsions. On cite plusieurs de ses lettres les jette dans toutes sortes d'illusions. Voyez
contre les derniers volumes de Mongeron, Etemare.
contre le livre des Suffrages et contre les M. de Caylus insinue, page 5, l'hérésie de
Secours violents. En 17.33, on lui présenta, la grâce nécessitante par ces paroles Ils :
dit sa Vie, un projet pour perdre les jésuites. aiment la loi sainte, et tout le bien qu'elle
11 s'agissait de les dénoncer au
parlement. leur présente, et que la grâce leur fait faire.
L'évêque ne voulut pas donner les mains à Ces messieurs supposent toujours que la
CPtIe levée de boucliers, et le complot fut grâce seule fait tout, et que nous ne sommes que
diffère. Le duc d'Orléans lui écrivit ^ur sa des instruments passifs en Ire les mains de Dieu.
conduite. Le chancelier d'Aguosseau lui fit Cette lettre a été condamnée à Rome,
également des représentations inutiles. Cet comme pleine de l'esprit de schisme et d'hé-
évêque s'était iléclaré pour le schisme de réfie, par un décret du li juillet 1723.
Hollande, et avait donné son avis pour la Il j a une seconde lettre du même prélat
consécration d'un archevêque d'Dtrecht, et à M. de Poissons, au sujet de l' infaillibilité
ensuite pour celle des évêques de Haarlem que ce prélat attribue aux jugements de Rome.
et de Deventer. Il mourut à Régennes, étant Elle est datée du 16 mai 1722. C'est un in-V
depuis quatorze ans le seul évêque en op- de iO pages. On y aperçoit aisément le même
position avec les décrets de l'Eglise. Ses esprit, qui depuis sou appel, lui a dicté tous
OEuvres , en k vol., furent condamnées à •es ouvrages.
569 CAY GA\ 570
ce librlle (c.ir c'en est un, imprimé sans vertu chrétienne? Et l'on répond C'tst une
:
nom d'imprimeur, sans prit'ih'qe ni permission) vertu qui nous porte à faire le bien par amour
qu'en rajiport.'inlcequ'pu dit j'arrêtdu conseil pour Dieu, et m vue de sa gloire définition
;
d'Klat (lu 28 mars 173V. Sa Majesté déclare fausse il erronée, selon laciuelle rcsjérance
B iivoir reconnu (lue l'auteur de cel ouvrage ne serait plus une vertu chrétienne, puis-
a voulu établir des piiiicipes capables d'é- qu'elle nous porte au bien pour mi'riler le
mouvoir les esprits et de les révoller con're ciel, cl qu'elle n'a pas pour motif \'amour
l'autorité d'une consliliilion émanée du sainl- pour Dieu et la vue de sa gloire.
sié;;e, acceptée par le corps des pasteurs et On demande à la page 10 Qu'entendez-:
reçue solennellement d.ins le rovaumc avec vous quand vous dites que Dieu peut tout?
le concours de la pui«s;ince royale, qui en a Et la réponse est : J'entends que Dieu peut
ordonné tant de' fois l'exécution ; qu'on et fait tout ce qu'il veut, et que nulle créature
trouve d'ailleurs dins ce mandement des ap- ne résiste à sa volonté. C'est une des héré-
plicaiions odieuses de fails historiques, dont sies du p.ird, que la volonté de Dieu est
le priniipal objet est de faire entendre que toujours efficace; que jamais l'homme n'y
dans le temps présent la vérité souffre une résiste ; et en conséquence que tous ceux
espèce de persécution, et qu'elle ne réside que Dieu veut sauver sont en elTel sauvés, et
que dans l'esprit de ceux qui combattent qu'il ne veut sauver que les seuls prédesti-
une décision de l'Eglise. » nés. M. d'Auxerre, pour écarter ce mauvais
Instruction pastorale de M. l'évêque sens, devait ajouter, surtout dans les cir-
d' Auxerreau sujet de q\ielques libelles ou constances présentes, que. Dieu peut et fait
écritsrépandus dans le public contre son tout ce qu'il veut absolument, et que rien ne
mnndement du 2G décembre 1733, à l'occa- résiste à sa volonté absolue.
iion du miracle opéré dans la ville de Sei- Il est dit à la pan. 25 Nous devons re-
:
de lever le masque et de se révolter ouver- vent faire accroire dans ce mandement que
tement. répiscopal est p.irlagc sur ce décret, et (jue
Lepape,d'n M. d'Auserrc, pag. 1, exhorte tout l'abstarle à la paix est qu'on ne veut pas
Jes évéques, et même leur enjoint de publier s'entendre ; 2° il vante smi éluignemenl jriir
celle bulle aussitôt qu'ils l'auront reçue. Il toute erreur, la pureté de sa foi; lui qui a
est bon de remarquer ici avec quelle adresse signé, pul)lié, répandu, ou en son nom, ou
ce prélat supprime quelques paroles de la ci>njoinleiiient avec les autres évéques appe-
bulle, qui auraioni montré trop évidemment lants, une iuflniié d'écrits où les erreurs sont
que cette ethiirlalion et cel ordre ne le re- multipliées, accumulées, entassées ;
3° par
gardent nullemeni. Quels sont en effet les un abus ninnifesle des termes, il appelle
év qiies que le saint Père exhorie, et à qui srhismotiques ceux qui refusent les sa- re-
il ordonne de publier sa liulle? Ce sont inents à ces pécheurs publics, lesquels ont,
ceux, qui sont dans la grâce et la commu- comme lui, par des signatures solennelles et
iiion du siège apnsluli(|ue Epiacopos...
: des ai t' s publics, monlié 1 ur scandaleuse
gratiam et communionem scdif cpostolicœ ha- dé>^obéissance à une loi de l'Eglise et de
benles... hortainiir, rogamua,.. ipiis injungi- l'Etal ; h° il fait valoir une prétendue union
mus. Or M. d'Auxcrre est-il dans la grâce et avec Benoit XIV, sans faire aitention que ce
dans la communion du sainl-siége? lui qui pape, étant archevêque de Boulogne, a ap-
a si scandaleusement appelé et réappelé des prouvé par une lettre connue de tout le
décisions dogmatiques, les plus solennelle- monde tout ce qui s'e-t f;iit au concile d'Em-
ment reçues de toute l'Ég ise; lii, dont tant brun que, dans son livre sur laCanonisation
;
d'ouvrages ont été chargés d'anaihèmes par des saints il a loué les évéques de France
les souverains pontifes; lui qui ne reçoit d'avoir combattu les faux mir;icles de Paris ;
plus depuis long!em[)s aucune marque de et qu'à l'occasion du Jubilé de l'an 17i5, il
communion de la part des papes lui qui, ; écrivit une Irttre au roi, où il marquait à Sa
dans les délires de sa révolte et dans les ex- Majesté que, si dans sa bulle du Jubilé il
cès de son fanatisme, n'a pas craint d'en- n'avait pas nommément exclu les réfractai-
seigner dans une instruction pastorale adres- res à la constitution, c'est qu'il est évident
sée à tous les Gdèlttf de son dincèse, au su- que ceux qui ne rendent pas à l'Eglise
jet de quelques écrits contre les prétendus l'obéissance qui lui est due ne participent
miracle-, de Seii;nelay que les décrets de
: point à ses faveurs 5° il s'applaudit d'une
;
de la secte. Comme ce préiat e>l fort uvaiué très-grand nombre d'hoii;mes obscurs, dont
en âge, on met, tant (ju'on peut, son exis- on ciHiaît à jieine le nom. Cependant il y a
tence à profil. Il n'y a pas jusqu'aux per- quelques articles qui peuvent servir à l'his-
missions de manger des œufs qui ne soient toire littéraire.
pour le pani une occasion précieuse, qu'il Esprit de Nicole. 1765, in-12.
ne laisse pas é happer, de débiter sa doc- CHAPT DE HASTIGNAC (Loiis- J.4CQUEs
trine, et de déchirer à belles dents tous ceux de) naquit en 1C81-, dans le Périgord,fut
qui sont opposés. C'est que le temps ap-
lui évèque lie Tulles en 1722, et archevêque de
proche où il n'y aura plus de noms d'évêques Tours deux ans après. 11 s'illustra par son
à mettre à la têle de leurs écrits. 11 faut savoir et son éloquence. Il montra d'abord
donc les multiplier à présent, alin qu'on beaucoup de zèle contre le jrinsénisme, fut
paisse se soutenir dans la suite par des nom- approuvé par un bref de Benoît XIII, du 22
breuses citations du grand Caylus. août 1725, présida .ivec honneur à plusieurs
assemblées du clergé, et parut faire cause
Mandemlnt... pour le carême de 1750.
commune avec ses collègues, pour les inté-
On ût, à l'occasion de ce mandement, les rêts de l'Eglise. C'est sans doute ce qui
©bservalions suivantes 1* M. d'Auxerre
: excita le parti contre lui.
,
qu'à dire, page 3, qu'on tient la bulle ca- de l'Kglise. Il assurait, dans d'autres lelires,
cliée, parce que ses défcneurs se décrieraient que, s'il était condamné, il saurait imiUrFé-
en la ineilant entre les mains de tout le monde, nelon dans son obéissance. Un nouvel écrit
11 faut avouer que ce sont là de ces traits qui de Cussac, sous le litre de Réponse, excita
caractérisent bien le parti, cl qui annon ent les réclamations du prélat, qui le dé!éra aux
à toute la terre ce front d'airain que rsprit I magistrats el à l'assemblée du clergé. L'écrit
du mensonge sait d nner à ceux qu'il in- n'était pas modéré, mais les plaintes de
spire. l'archevêque ne le furent guère non plus. Sa
L'audacieux écrivain reproche ensuite à mort, arrivée en 1750, mit fin à lelle dis-
son archevêque, page 6, des coutradiclions, pute.
par exemple, de regarder les appelants CHAUVELIN (Henri-Philifpe de), abbé
comme scliismaliqnes, et néanmoins de leur de Monlier-Ramey, conseiller-clerc au par-
faire part du jubilé, et désigner une de leurs lement de Paris, et ch moine honoraire de
églises pour lieude station. Ill'accuse, pageS, Noire-Dame, joua un rôle très-actif dans les
de s'être occupé au jeu pendant le service, le (]uerelles sur le relus d s sacrements {Voyez
jour de la fête du suint apôtre dr Tonraine ; CoFFiN, etc.), el dans l'alTaire des jésuiies.
et après avoir avancé cette calomnie, il s'é- 11 fut un des plus ardenis soliciicurs des
crie que ce sont là les malheureux fruits de mesures prises en ces deux occasions par
la fatale bulle. Il lui reproche encore dans la les parlements, dénonça un grand nombre
même page d'avoir un att ichement public et de prêtres, l'arihevêqu de Paris, les évê-
déclaré pour l'écide molmienne , de les appe- ques, etc., prononça contre les jevuitos, en
ler des hommes apostoliques, puissants en 17(>l,deux discours fameux, el devint par
œuvrts t en parois, etc. Sur quoi cet écri- là le coryphée des jansénistes. Marmonlel,
vain, fécond en oulragiîs, entre d.ins de vio- dans ses Mémoires, le montre membre d'un
lents transports c mtre la Société, et finit sa comité delbéàtre avec mademoise le Clairon,
ZcUie' par exhaler contre elle tonte sa haine. et occupé à décider du mérite des pièces.
Plusieurs années se passèrent, et , dit-on , Voltaire avait été lié avec lui. L'abbé lui
M. de Uastigiiac eut avec quelques Jésui'es ayant envové son portrait en 176.Ï, le philo-
des dilîcrends qui commencèrent à l'aigrir. sophe lui fit p.isser en retour 1rs primiers
Dans son dépit, il donna sa confiance à des rogatons qu'il trouva sous ,<« tniiin, c'est-à-
gens qui en abusèrent pour lui faire tenir ce dire, apparemment quelques-uns des pam-
langage. Ce fut à l'occasion du livre du phlels el f/icéties qu'il enf.intait alors
P. Pichon que ces dispositions du prélat avec tant de fécondité contre la leliginn. La
éclatèrent. Il condamna ce livre, et en cela lettre de N'o laiic, du 1 novembre 170), qui
!
seconde'fois leur expulsion. On lui attribua pût être regardée comme tin texte corrompu.
1 6 Lettres: Ne repngnnie vestro bono, pii- Voilà jusqu'oij allaient les lumières de cet
blif'ps c nlre 1° clergé en 1730, et aux- avocat: il ne comprenait pas que la Vulgate
quelles Catilel, évêriue de Greno' le, et Du- étant approuvée par l'Eslise, on pût en faire
raiillion, dorieur de Sorbonne, on répomlii. en franc is une traduction infidèle et héré-
La Biograp'iie iinivei srlle donne ces lettres tique Dans la même page il prétend que
I
Abt de VKRiFiEh LES DATES (îes fttics histori- fausseté. Le formulaire dont on parle, con-
ques, des chartes, des chroniques et autres sidéré en lui-même, et selon la teneur des
ani lens tnonumenls, elc; par des religipux termes, n'était nullement arien. L'auteur
bpnéd. clins de la congrégation de Saint- aurait bien fait de consulter là-dessus saint
Maur. Paris, 1750, in-'r. Jérôme, el de lire la Diss' rt.ilion XXXII du
père Alexandre sur h- quatrième siècle.
Ce livre fui commencé par dom Manr Dan^ 4° Sur le cinquième roncile o'cnménique.
Une, qui en fit la plus gr,:ii(ie partie, si
mis au
— Les hérétiques n'aiment point ce concile,
niénic il m' le fit lout entier. Il fut qui a condamné les trois chapitres et décidé
jour par domDur.ind et dom Clémoicet; sur les faits dogmatiques. L'aulenr de l'Art
pu s, augmenté, il en fut publié une nou- de vérifier les dates sonti' nt (p. 28C) que ce
velle éilition en 1770,1 vol. in-fol.; puis en- concile n'a gi que des personnes. Revue
(
core augmenté, une autre édition en 1784^, grossière. Les irois cha|iiires éiaicnt-ils des
2 vol. in-fol. personnes? 11 assure encore qne s.iint (Irc-
Pour f ;ire juger de la façon de penser de goire le Grand n'avait pas In même vénéra-
dom Durand et d dom Clémencel, un crili- tion pour le cinquième concile que pour les
que, considérant les traits qu'ils avaient mis quatre premiers. El quatre [lages après, il
ou laissés dans cet ouvrage, publia les obscr- dit que saint Gré.'O re porte le même respect
vaions suivantes. au cinquième cnncile, (lu'aux qu itre premiers
1* Sur Gotlescalc. — Gottescatc (dit-on, conciles. Contradiction pitoyable!
pag. 492, liv. 19.) moine d'Orliais, tri's-versé 5° Sur Honorius. —
Notre auteur est trop
dans les écrite de saint Auf/ustin, avait donné bon janséniste pour ne pas adopter tout
occasion par quelques expressions un peu ce qu'on a avancé de plus dur contre ce
dures, etc.; et, à deux cents paees de là, pape.
dans une addition ou errata, p. 713, liv. 19, 0* Sur d'autres papes. —
On peut remar-
on s'exprime ainsi Dures : ajoutez, pour
: quer ici bien des omissions affectées. L'au-
ceux qui ne sont pas au fait du Innqnqe de teur avait promis, page iv de la préface,
saint Paul et de ^nint Augustin. Il résulte de ]tour ch'ique pontificat, la plupart des événe-
celle odieuse supercherie, que l'auteur de ments considérables el, sous le [lOnlificat de
;
l'Art de vérifier les dates veut faire pas- Clément XI, il ne dit pas un mot de la con-
ser Raban, et tout le concile de Mayence; stitution iniqrniltis. Au lieu que, sous le
Eincmar, et tous les pères du concile de pontificat de Clément IX, il ne manque pas
Kiersy et en général tous les catholiques,
; de parler de la préicndue paix de ce pontife.
pour des ignorants et des imbéciirs, q'ù ne Pag. 380, en parlant de Grégoire VII, il ne
sont au fait ni du langage de saint Paul, ni fait nulle u ention du titre de saint qu'il a
de celui de saint Augustin tandis qu'il nous
; dans l'Eglise. Pag. 192, il appelle saint
donne au contraire le moine prédestinatien Pierre le premier des apôtres. Pourquoi n'use-
pour un homme très-versé dans les écrits du l-il pas du termi' consacré dans l'Eglise, de
docteur de la grâce. prince des apôtres? Pag. 355, il dit que Jésus-
2" Sur le pape Victor. —
On mel ici, sans Clirist lui donna le premier ran i et la préemi-
aucun fondement, au nombre des conciles nence. Ponr(]uoi n'ajoule-t-il pas, d'honneur
non reçus, le concile que ce pape tint à Rome et de juridiction?
contre les asiatiques Qunrtodecimans; et on 7" Sur le concile de Florence. 11 dit, —
fabrique un passage latin, pour faire croire pag. 33f), que quelques-uns ne le regardent
que saint Irénée a blâmé et repris Victor plus comme général depuis le départ des
d'avoir séparé de sa communion de si gran- Grecs. Et ensuite il place une étoile, ou asté-
des Eglises. risque, qui est, selon lui, la marque des
3° Sur le pape Libère cl le concile de Ri- conciles non reçus. Mais qui lui a dit que le
mini. — Tout janséniste se croit en droit concile de Florence, dans ses dernières ses-
d'allérer la vérité sur ces deux articles. No- sions, est rejeié, et que le décret ad Armenos
tre auteur n'y manque pas. Libère a signé n'est de unie valeur 1)?
la première formule de Sirmicb, qui n'était 8" Sur le Port-Royal. —
Pag. 548, l'au-
point formellement hérétique; et il lui fait teur, donnant un prospectus du siècle de
signer ici la troisième formule, qui était Louis Xl\'. dit qne la France a vu des théo-
arienne, sans se ressouvenir qu'il a mis le logiens dont /e< sufilimes lumières, ht pro-
retour de Libère à Rome sous l'année .'i'iS, fonde science et le nombre prodigieux d'écrits
et qu'ainsi re pape n'a pu signer à Sirmicb, donne7tl de l'étonnemrnt et causent une espèce
en 358, la formule du troisième concile qui de surprise, selon l'expression du P. l'etau
s'est tenu en 359, sous les consuls Eusèbe et parlant d'un de ces grands hommes : « Stupor
Hypatius. incessit tôt ab unoconfecta fuisse volumina. u
Il assure, p. 242, que l'empereur engagea Telles sont les expri-ssions enflées et hyper-
les députés catholiques à signer ù Nice m boliques que le parti sait si b en employer
Thrace un nnuieau formulaire arien, qui fut quand il s'agit de ses héros. Celui dont les
enroué A Rimini, et enfin reçu par tous les écrits roiligieux ont cau-é, dit-on, l'étonnc'
I
les dates avait été publiée au mois d'août Bourg-Fontaine, 2 vol. in-12 ouvr;ige au-
;
1730. L'auteur y démontrait que plusieurs quel Clémencet opposa son livre de lu Vé-
endroits de cet ouvrage élaieul marqués au rité et l'Innocence victorieuses, dont il s'§git.
coin du jansénisme il y relevait
; les traits « Ce livre qui est écrit chaudement, dit
faux et perfides sur Golhescalc. etc., d;int D. Chaudon, n'est pas le seul dans lequel
il a clé queslion ci-dessus. Or c'est à celle l'auteur ait réfuté les jésuites. Il donna di-
Lettre que les auteurs irrités onl tâché de verses brochures contre euv avant el après
répondre par la apologétique dont il
lettre l'arréidu parlement de 17(>-2. il .lurait été
s agit. M.iis bien loin de dissip r les jusies sans doute plus généreux de liC pas jelerdes
reproches de jansénisme qui leur avaient été pierres à des gens qui élaient à terre. Mais
7<M CLE CLE 332
puisqu'un religieux voulait écrire contre des assez de détail. Voi/. encore la Réponse des
religieux, il aurait ilû prendre un ton plus extraits aux assertions, 1763, 3 vol. in-i",
modéré le sien ne l'élail assurément pas.
;
où l'on montre les falsifications et 1 s altéra-
Q l'on en juge par e tilrc d'une de ses bro- i tions lie toute espèce dont les Extraits sont
chures Authenticité des pièces du procès cri-
: remplis.
minel de religion et d' Elnt qui sinniruit con- Les autres monuments {car ce n'est 'pas
tre les jésuites, depuis deux cents ans,dé>non- tout) des préventions et du fanatisme jansé-
trée. 17C0, in-1-2. « nien de Clémencet sont VAuHieiilicilé des
:
geait pis que les Provinciales avaii'Ut été luire de Moréna<. 1733 et 17.">0 ; —
les Con-
brûlées par arrêt du parlenieni de Provenre férences de la mère Angélique Arnnuld ; —
dii 9 février |r,77. « Quoi qu'il en soit, dit les OEuvres posthumes de l'abbé Rnàne;
—
Feller. In RénlHé, mal à propos altriliuée au et, en manuscrit, une Histoire littéraire de
P. Palouillci ^lé réimpriméo (ilusieur»
,-, Port-P'iyal. qui feriiit, dit-on, '* vol. in-i°.
fois, Iraduji,. pn latin sous le titre de Veritas CLEMFN (Ai r,i stix jK4>-Cn4BLEs), na-
1"
présenle un labl au frappant, et que les évé- archevêque deSaragosse, les ministres Cam-
nemenls nesoient pas trop propres à lui con- pomanez et Roda, et se remua beaucoup ea
cilier la conlianco des Iteletirs je crois ,
faveur de son parti,préi- liant sans cesse contre
né inmoinsquerauleur a trop légèrement dé- la cour de Kouie et contie le molinisme. Il
signé quelques coopérateurs de cette œuvre, était allé quatre fois ^n Hollande d'.ibord
:
dérés, ne suffisent pas pour accuser ces in- qualité de ranoniste aux assemblées des
tentions, surtout dans un temps où le véri- jansénistes de le pays. Tant de courses ne
table esprit de la secte était peu connu et satisfirent pas le zèle de l'abbé (^.lément, qui
où les gens de bien ont pu être les dupes des entreprit encore, en 17(19. un nouveau
apparences. Quant aux si\ ])rinci[)aux ac- vova-îc en Italie, pour iniluer sans doute
teurs dont il est question dans le projet, sur l'élection d'un pape, et au-si pour obte-
nous en abandonnons le ju.remenl à ceux qui nir une expositi >n de doctrine, dont ce
auront comliiné sans prévention leurs ou- parti soliic'it.'iit l'approbation depuis long-
vrages et leur conduite, avec la lâche res- temps. Il ne réussit pas dans ce iiernier but,
pective que la Relation de Filleau leur mais il renouvela ses liaisons, à Rome, à Na-
attribue.» ples et ai'Iours, avec plusieurs théologiens
qui passaient pour se rapprocher de ses sen-
Extrait nEs asskiitions dangereuses et perni-
timents. I' entretenait avec eux une orres- <
cieuses des ouvrages des jésuites.
pond.ince très-suivie, ei dont la collection se
Clémence! n'est pas seul auteur do cette montait, dit-on, à vingt-quatre volumes, (".es
fameuse colle -tion, mais il est celui qui y correspondants étaient |{ollari Fojgini,
,
a le plus contribué. Dans cet ouvrage, on Del, Marc, de l'Oratoire; l'aluiieri, Tambu-
voit partout, selon l'archevêque de Sarl.it rini. Zola, .Mpruni, Pujati, Nanneroni, Si—
(Inslniriinnsixistoralef duHH iiDvnnhre 176'»), mioli, etc. La révolutiipn vint ouvrir un nou-
l'empreinte d'une main eniemie de Dieu et veau champ au yèle de Tablé Clément. Il
de ses saints, de l'Fgl se et de ses Ministres, s'attacha à l'K-lise constitutionnelle, et
dn roi et de ses sujets. ot/.. cette instruc- \ s'elint f.iit élire, par je ne sais qui, évéque
tion, celle de l'archevêque de Paris du 28 de Seine-et-Oise il fut sacré le 12 mars 1797,
octobre 1763, où cet ouviage est refuté avec assista aux deux conciles des conslituliou-
38S DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 384
nels, et prit part à toutes les démarches de de France, d'Espagne et de Naples, à Rome,
ce parii. II se rendit ridicule, aux yeux des présentèrent chacun au pape un mémoire
siens niénii'S, par les puérilités de son zèle sur ce sujet. Le mémoire du marquis d'.Au-
et les petitesses de sa vanité. Voulant srn- belerre, ambassadeur de France, semblait
ffUiT Ifl pipe de vitesse, il annonça en 1800, indiquer que Louis XV
ne faisait cette dé-
le jntiilé à son diocèse. Mais ce qui parut marche que par complaisance pour Char-
plus bizarre, ce sont les hançroniputs qu'il
i Cependant le ministère insista, et la
les III.
voulut introduire dans l'ailminislrat'on des Gazelle de France du 24 février 1769, en an-
sacrements. Le concile de 1797 avait ordon- nonçant la mort de Clément XIII, parla des
né la rédaction d'un rituel français, dont mémoires préiédents, comme proposant
les paroles sacramenleilcs seulement de- l'une des conditions dont les trois cours fai-
vaient être en latin. Franrois-Louis Pousi- saient dépendre leur réconciliation avec la
gnon, vicaire épiscopal de Clément, que Ton cour de Borne. On s'était en effet emparé
char;;ea de ce travail, mit tout en français, d'.Vvignon et de Bénévenl. Le Portugal sur-
fil même des changemfnis en t^adui^alll, et tout, eu rupture ouverte avec le dernier
commença à administrer les sacrements de pape, et les brouilleries entre les deux cours
celle manière. A l'entendre, la religion duraient depuis huit ou dix années, et
allait heaucoup paj;ner à cette innovation, avaient pris un caractère d'aigreur et d'ani-
dont il s'applaudit dans une letlic l'u 19 mosilé.
juillet 1799. (élément secomia son vicaire de Clément WV laissa voir, dès le commen-
tout son pouvoir et donna sur ce sujet deux cement de son pontificat, l'intention de se
lettres pastorales en septembre et octobre rapi rocher des souverains. Nous sommes
suivants. L'E'^lise conslilutionne le se di- loin d'adopter l'idée répandue par quelques
visa Le Coz, Saurine, Royer et Desbnis se
: historiens d'un pacte secret par lequel ca
déclarèrent par écrit contre les innovations. pape eût promis, dans le conclave, de dé-
D'un autre côté, leurs collègues Giégoire, truire la société, pacte dont son exaltation
Bruçière, Duplan, Renaud les f.ivorisèrenl , aurait été la récompense. Cette imputation
et écrivirent dans ce sens, et les Nouvelles déjà imaainée dans d'autres circonstances
ecctésiasiiques soutinrent aussi ce senti- par des détracteurs du saint-siège n'est ap-
ment. Les événements qui suivirent firent puyée sur aucune espèce de preuves, et est
tomber à jilat cette tenlat ve. Clément a regardée par t "US les hommes sages, impar-
laissé un Journal de correspondances et , tiaux et éclairés, en Italie et ailleurs, comme
Voyages d'Italie ft d'Esparjnc, 1802, .3 vol.; une fable ridicule. On peut croire sans doute
ouvrage risible pour le sl\le, plein de minu- que les couronnes firent tout ce qui était en
ties et où l'auteur se représente comme
, elles pour obtenir un pape favorable à leurs
chargé de la solliciiude île toutes les églises. vues. Mais il y a loin de là à la transaction
On publia en 1812, des Mémoires secrels sur absurde et honteuse qu'on prèle à leurs
la vie de M. Clciiient, qui sont dénués de partisans dans le conclave et à Ganganelli.
tout intérêt. Ce qui est plus vrai, c'est que, dès l'éléva-
On s'e-t quelquefois prévalu, à propos de tion de ce demi r, le ministère espagnol re-
la suppression des jésuites et de la pari f|u'y prit ses instances pour la destruction.
eurent les jansénistes, du journal de l'abbé MM. d'Aranda et de Roda, l'un président du
Clément et d'une lettre du cardinal de Ber- conseil de Caslille, l'autre chargé des affai-
nis. A ce sujet, un écrivain orthodoxe, qui res ecclésiastiques, profilèrent de leur cré-
connaissait et ce journal et cette lettre, a dit pour renouveler les sollicitations. Char-
fait des considérations qu'il est utile de re- les III parut bien quelques temps vouloir se
produire ici. Elles sont dirigées contre cer- contenter d'une simple sécularisation des
taines assertions d'un ancien magistrat, jan- membres de la société c'était l'avis du Père
:
de l'abbé Clément, nous allons, dit l'écri- d'.Aranda fit revenir avec plus de vivacité aa
vain (M. Picot, Ami de la religion) que nous projet d'une extinction absolue,
cilon';, y recourir aussi; nous en présente- Le 21 novembre 17G9, l'abbé Clément ar-
rons des extraits où l'on verra se soulever riva à Rome. Issu d'un(^ lamiile parlemen-
une partie du voile qui couvre les moyens taire, dévoué au jansénisme, il se vante
et les efforts par lesquels s'opéra l'extinilion dans son journal que son voyage était con-
de la soriété. Nous joindrons plusieurs au- certé avec un des ministres. Si. de l'Averdy,
tres témoignages à celui-là, et nous oxami- et avec quelques magistrats attachés au
-lerons ensuite la lettre du cardinal, qu'on même parti. Tout son /our«a/ dépose du zèle
nous a présentée comme si terrassante. avec lequel on poursuivait alnrs la de-truc-
La cour de Lisbonne et les souverains de tion de la société. Le conseil de Caslille, y
la maison de Bourbon avaient prnsrrit la lit-on, donna avis au roi Charles 111 de ne
gociété dans leurs Etals, et en aviil banni rien terminer avec la cour de Rome, même
ou laissé bannir les membres. Les jésuites sur la nonciature, qu'après avoir obtenu a
français étaient errants en .Allemagne ; les point essentiel (la destruction). Le 4 avril
anres avaient été jetés sur les ciMes de 17.0, j'appris oii'à la suite de ce plan les
l'Etat de l'Eglise. M
iis l'ordre existait encore: cours ré'inics venaient de donnr ordre de ne
Clément XIII fut vivement sollic té de l'abo- plus rien traitera Home qu'elles n'eussent ob-
lir. Au mois de janvier 1769, les ministres tenu rextmciiC'nrfeAJésuites(toni. m, pag. 40).
585 CLE cr,E 386
Les ministres des Crois cours reçurent l'ordre de préparer ses équipages pour quitter RorrM
de faire aie pape des instances riouvelles plus (pages 98 et 9!)).
précises pour l'extinction pure et simple (\)a^. L abbé Clément ayant quitté Rome pour
48). iM. de Bcrnis a reçu île nouve.iux repro- revenir en France, son journal ne nous of-
ches de sa cour, <t des ordres plus précis fre plus aucune lumière sur la suite des né-
d'accélérer la conclusiori (page 51). // est gociations. Mais ce que nous avons rapporté
vraisemblable, d\l \',ibbé Cleinenl.à la page sufdt pour nous faire juger de la vivacité et
suivante, que le pape, ennemi d'u7i côté des de la valeur des poursuites. On harcelait le
mesures violentes, et de l'autre résolu de pro- pape par des sollicitations réitérées, on le
curer, durant son pontificat, la paix avec les meiiiiçait, on lui gardait quelques-unes de
cours, n'a protnis que par nécessité l'extinc- ses possessions, on refusait de recevoir ses
tion si demandée; que cependant il n'a pas nonces, on ne voulait enlendre à aucun ac-
été sans espérance, (n nfême temps, que quelque commodemenl qu'il n'eût promis ce qu'on
événement pourrait survenir, et faire diver- souhaitait. C'est par cette sorte de coaction <
sion ou modification à une demande à laquelle décente et efficace, comma le dit naïvement
il ne se portait pis de lui-même. L'abbé Clé- rat:bé Clément, que l'on arracha le décret
ment voulait donc qu'on envoijdt un sollici- de suppression. D'autres témoignages confir-
teur plus puissant et bien décidé au nom de ment à cet égard le sien; les Nouvelles ecclé ,
tous les princes. Un bon solliciteur ne quiltt- siastiques prouvent assez les mouvements
rait pas prise qu'il n'eût emporté la place, si que l'on se donna pour la destruction des
bien armé de l'autorité d'un bon plan adopté jésuites. On peut consulter entre aulres k's
et applaudi par le concert des princes , qu'il feuilles du li mars 17Gi»;28août 1771 2i ;
en résultât une sorte de coaction dki:ente et ociobre 1774 ; 12 mars 1776, et 4 décembre
EFFICACE auprès du pape, soit que pareille 1779.
coaction ne lui serve que de prétexte contre Lediplomale Bourgoing, qui avait été à
les objections, soit qu'elle soit nécessaire pour Rome, et qui avait vu de près les ressorts
l'entraîner lui-même. Serait-ce trop [aire des événements, fait un mérite ai ministre
four une démarche si forte que de lui accor- d'Espagne, don Joseph .Monino, depuis
der, s'il y consentait, l'approche de quelque comte de FloridaBlam a, de son activité et
régiment de(Jorse?(pa^t's 52 et 53). de sa persévérance pour entraîner Clément
L'abbé Clément u'ist-il p;is fort plaisant Xn .Ce fut lui, dit-il dans ses Mémoires his-
avec sa coaction décente? Il rapporte (luel- toriques et philosophiques sur Pie YI et son
ques démarches du pape pour éviter une ex- pontificat, qu\ arracha, plutôt qu'il n'obtint
tinction absolue, en accor.l int une extinc- le bref de 1773. Plus loin, le même bistorien|
tion parlielle et comme provisoire. Ce pon- dont l'allachement à sa cause philosophique
tife, naturellement porté, par caractère et par n'est pas éiiuivo |ue, loue .Moniiiode sa fer-
système, à faire tout le monde content, s'était meté à poursuivre les jésuites après leur
flallé de satisfaire par là l'Iispagne et la extiuciiiin. Il rapporte, tome 1", page
43,
France, qui solliciiaieul avec p us d'iiisl.in- des preuves du despotisme que le ministère
ces mais la cour de France voulait l'exlinc-
; espagnol exeiçail a .Mailrid. Le pape ayant
tion absolue et universelle, et menaçail de promis au roi de Prusse de ne pas troubler
retenir Avignon en rejid.ini le (omiat. La les jésuites établis dans ses e-tats, les
minis-
dissolution de ta société devait être portée au tres d'Espagne cl de France lui en firent les
comble, et même être it/nominieuse [pixizQ Gl). reprocties les plus samjlnnts. Bourgoing cou -
On trouvera un peu plus loin, (l7iiis le vient qui> la cour d Espagne était exujeante
même volume, de nouvelles preuves de l'ar- et ombrageuse. Florida-Blanca fut appelé
au
deur des cours |)our l'extinction absolue. Au ministère eu 1777; m.iisle pape ne gagna
mois de mai 1770, les qu;iire .aiibassaileurs point à son d-parl, et Azara, qui était char-
de Naples, de France, d'Espagne et de Por- gé des détails sous le duc de (irima di, ne se
tugal, eurent successivement des audiences montra pas moins sévère et impérieux. Il
du pape pour cet objet. L'abbé Clément pré- tourmenta Pie VI pour l'alTaire de l'évêque
tend qu'à celte é|><if|ue le pape avait déjà de .Mallo; c'étaient des plainies et des re-
promis par écrit l'ertinction si désirée; mais proches sans (iu;ou en liouvera les détails
on ne savait ni quand ni comment elle s'exé- dans les Mémoires de Bourgning, chapitre
cuterait {pai^.SH). Le Portugal et l' Espagne IV, et on ne pom r.i s'étonner assez de celte
ne voulaient point recevoir le nonce sans cette rigueur impitoyable avec laquelle le minis-
condition préalable.... La reddition de firné- tère espagnol poursuivait jusqu'au fond
de
vent et d' Avignon ne tenait plus qu'au carac- la Russie les faibles restes d'un ordre
reli-
tère irrévocable qu'on exigeait décrite extinc- gieux, et cherchait querelle au pape parce
tion. A la pa^e '.IC, il est l'ait mention d'm- que cet ordre conservait encore quelques
Slances plus (iressanUsde )a part de l'Iispa- brandies à l'extrémité de l'Europe. Celle in-
gne elles redoublèient en avril 1771. Le
; tolérance tracassière a;inonç,iit assurément
roi d'Espagne faisait en ce moment de si vives un autre mobile que l'amour de la religion
instances, que le pape ne paraissait plus occu- et l'intérêt de l'Etat que l'on mettait en
r)é d'autre chose que de la grandeur de cet avant.
embarras, et il n'attendait que de pouvoir al- Nous Ironvons encore deux aulres his-
léguer une coaction suffisante pour en sortir... toriens qui s'accordent à rapporter la dos-
Le ministre de Porlugul dit que si les délais Iruclion des jésuites à la même cause. Ca-
duraient encor'> plus longtemps, il avait ordre raccioli, qui, par ses liaisons avec les janso-
«87 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 388
nistes, devait être au courant des secrets de de suppression, qui fut communiqué an roi
fp parti, dit, dans sa Fie de Clément XIV ,
d'K^pagne, puis revu, corrigé et augmenté
1775, inl2, que si ce pape n'pût consulté (jne par Moniuo, de conrcrtavec l'ambassadeur
son cœur, il n'y a pas de doute, comme il l'a de France. Depui-, Clément XIV fut livré
témoiqnc lui-même plusieurs fois, qu'il n'eût aux inquiétudes et aux regrets. Il disait
adouci leur sort au lieu de les détruire; iiiais soiweul Compulsas fec. Sa mort réveilla les
il s'était décidé par des raisons puissantes ; craintes et les agitations du roi d'Espagne.
et rautcur réduit ces raisons à la persévé- La seule idée de voir les jésuites ressuscites
rance iiificxitile de sollicitations des couron-
-
le faisaient trembler. Son ministre à Rome
nes (pau'e 17i). 11 ajoute que Charles III se eut ordre de travailler à prévenir l'élection
déclara leur accusateur auprès du sainl- d'un pape favorable à la société. Monino s'y
siégp, et qu'il poursuivit leur deslru( tion porta avec plus de zèle que de succès. Ce
avec ctaleur ; ce qu'il attribue à l'inQuence ministre était lui-même fortement préoccupé
de qiiil(]ui's niinisties puissants. de la crainte des jésuites, el le prince de
L'a!)bé Georgel, dont on a pul)lié réceiu- Kaunitz se moquait de ses terreurs exa-
nienl des Mémoines pour servir à l' Histoire gérées. Telle est la substance du récit de
des événements de la fin du 18' siècle, n'est l'abbé Georgel qui était alors secrétaire
,
pas moins précis sur celte ligue des c urs d'amba«sade à V'icune, et qui a pu être in-
contre la snciélé, ei si nous n'adoptons pas struit de plusieurs circonstances d'une affaire
tout ce qu'il r.pporte à cet égard, nous qui occupait l'attention publique.
pouvons du moins faire usage de son lénioi- Aux témoignages déjà prononcés, nous
cnage quand nous le tiouvons conforme joindrons celui d'un cvêque respectable d'I-
ans données historiques que nous fournis- talie, que sou caractère, ses vertus et son
sent les autres monuments du temps. âge mettent aii-dessus de tout soupçon, et
Charles lil, toujours
dit-il,a;;ité des qui nous a adressé des observations et des
frayeurs qu'on avaient inspirées (1),
lui éi laircissements sur qutlques endroits de
écrivit aux rois de France et de Portugal nos Mémoires. Il est certain, nous marque
jiour les presser de se réunir à lui afin d'o- M. C, évêque de M., que Clément XIV,
bliger, par un ciunmun efl'ort, le pape à sup- avant d'accorder la suppression, exigeait le
primer la société. La cour de Lisbonne ne consentement de Marie-Thérèse. (L'abbé
demandait pas mieux. Louis X\' fut plus dif- Clément le dit aussi dans son Journal). Il le
ficile à gagner; mais les instances de Char- demandait, et croyait que celte pnniesse le
les IiI et les insinuations eu duc de Choi- refuser. lit. Ont eut en effet de la peine à
seuil obtinreni enliii son consentement, et l'obtenir. Les ambassadeuis de diverses jiuis-
l'ambassadeur de Franc; eut ordre de s'unir sances eurent ordre d'insister là-dessus, et
a ceux de Madrid et de Lisbonne pour de- tous les li oyens furent mis en usage pour
mander la suppression. Les démarches cum- vaincre la répugnance de l'impératrice. Un
menccrent sous Clément XIII mais elles de- , de ces moyens l'ut l'intervention de la reine
vinrent bien plus actives sous Clément XIV; de Naples, sa fille, qui la pressait dans ses
le roi d'Espagne désira que le cardinal de lettres par toutes les raisons qu'elle pouvait
Bernis restât à Rome pour presser l'exécu- imaginer, ou qu'on lui suggérait. Marie-
tion de la mesure. Le cardinal eut besoin de Thérèse, harcelée ainsi par ce qu'elle avait
toute son adresse pour réussir. Il ne donnait de plus cher; sollicitée d'un autre côté par
aucun relâche au pape et savait même , les théologiens qu'on avait mis ai près d'elle,
l'effrajer au besoin. Les cardinaux italiens se rendit. La reine de Naples a raconté
n'approchaient plus Clément qui Xn% elle-uiêuie ce fait à plusieurs personnes, de-
avait tous les jours des conférences avec les puis que le roi Fer .(iiiand eut rap; elé les
deux ministres de France et d'Esp.igue. f^a jésuites en 180i, et elle ne faisait pas diffi-
,
cour de Madrid se plaignait de la lenteur du culté de dire qu'elle voulait réparer par cet
pape, et l'impatience de Cliarles 111 ne s'ac- aveu le tort qu'elle avait eu de contribuer
couimodail jjas de tant de délais. Clément à la suppression, e même prélat rapporte
i
XIV faisant valoir l'opposition des autres plusieurs particularités qui se lient avec tout
cours, et surtout de Marie-Thérèse, on tra- ce qui précède. Apiès le bief de suppression,
vailla à gagner cette princesse. Le comte le pape avait prescrit aux é\êques, par une
Mahoni, ambassadeur d'Espagne à Vienne, encyclique, les condiiions sous lesquelles ils
eut ordre de suivre etieafl'aire, et la cour
i doivent euij loyer les jésuites dans le minis-
de France donna la même commission au tèie. Cette encjcli:,u ne fut point publiée
prince Louis de Kohan, coadjuteur de Stras- en divers Etats; el le duc de Moiiène. Fran-
bourg, ambassadeur auprès de l'impératrice. çois 111, lui un (le (eux qui ne l'admirent
Charles 111 écrivit lui-même à Murie-Thi'rèse, poinl d'abord. Mais peu après, comme il dé-
qui résista d'abord, et ne s. rendit qu aux sirait obtenir de Kome des lettres appelées
instances de son fils. Il fallut même que le Sanatoria, au sujet de l'envahissement des
pape y joignit les siennes, et ou dit qu'il ala biens ecclésiastiques qu il se reprOvhail,
jusqu'à faire à l'impératrice un cas lie con- Monino, toujours à l'affût de ce qui pouvait
science de ses refus. Alors on dressa le bref étendre et consommer la proscription, lui
(1) Georgel cite le marquis de Montalègre , le destniclion des Jésuites , et qui lurent seuls ditiis le
comie (l'Ai'iiiida , Campomauez ei Monino , eimime secret des mesures prises contre eux.
ceux n\ii fiireni le plus de pari en Espagne , à la
,
389 CLE CLE 390
fit croire qu'il n'obliendrait pas ces ieltres la des domaines du saint-siégc,
restitution
s'il ne conseillait à faire exécu 1er l'eiicjcli- envahis sous le d; rnier rè-jne.
que. Le vieux duc sacrili.i donc sa répu- L'auteur auquel nous répondons ici, a l'air
gnance sur ce point au désir de tranquilliser d'ignorer to :l ela. Il nous renvoie au jour-
i
sa conscience sur un autre article; c'fst nal de l'abbé Ciémeut, et l'on dirait (|u'il ne
ainsi, dit l'évêquu qui nous apprend ce fait, l'a pas lu; car comment aorail-il pu ne pas
que les ministr, s étrangers diiigeaie;;l 1( s vuir tout ce que nous avons cité, ou s'il l'a
alTaircs dans les derniers temps du ponti- vu, comiiienl peut-il se prévalnir d'un tel
ficat de Clément XIV. Ce p ipe les craignait; témoignage, (lui confond enli ''renient sun
et, à fore de leur lédcr, il en était venu à
' système? Q.iant au bref de (Jllémeut XIV, et
ne plus oser rien faire sans leur autorisation. à la lettre du cardinal de lieruis, que noire
Sa complaisance pour eu\ avait tous les adversaire nous oppose, (omne il invoque
caractères de la peur qu'inspire un maitre encore, à cet égard, l'abbé C émenî, nous
sévère à lin discijle timide. M. C.en rajjporte avons eu recours au .ournal de cet abbé, cl
un trait qu'il lient d un de ses cullègui' , nous y avons trouvé, louie 111, page 17t, que
M Costaiiuti, prédicaieur distingué, flepuis madame Louise présenta au roi son [lère un
évéquede Bor^u san Sep(dcro. Celui-ci, à qui méiiioiie en laveur des jésuites; (jue ce mc-
le pape lémoignail des bontés, lui deni iiida iiioiie lutexaatiné dans le coaseil du roi, et
un jour à être autorisé à se confesser à un (lue,pour parer le coup, M. le .Montazel,
jésuite (ils étaient tous interdits] Clément : archevêque de Lyon, conseilla au duc d'Ai-
XIV refusa d'abord; mais le prédicateur in- guillon de donner ordre au car'.inal de Ber-
sistant, et représentant que celte grâce ne iiis de solliciler du pape un bref dans lequel
tirerait poinl à conséquence, 1 qu'elle ne 1 il exposerail au roi les motifs qui l'avaient
serait que pour lui seul, le pape regardant poriè à aboi ir la soeiété. Le pipes'étanl re-
autour de lui, comme s'il eût craint d'être i'u>é à cettedemande, le cardinal le pria de
entendu, et mettant son doigi sin sa bouche, lui ailresser au moins à lui-uK me un bref
lui dit tout bas: Je vous le periiiiis , mais dont il se servirait j)our empêcher le réta-
qu'on n'en sache rien. Les Nouvelles ecclé- blissement de ia société en France. Ce fui
siastiques rapportent elies-mèm. une preuve alors que Céienl Xl\ adressa au cardinal
de .'empire que la lour d'Espagne exerçait le Irel du 9 mac 177't, dont .M. S. veut tirer
à Rome. On lit dans la feuille du 19 déccniDre avantage, mais dont il e donne pas le lexte.
.
1774, qu'immédiatement après la mort de Ce brel en effet ne dit rien de plus que le
Clément Xl'v', le niiiii>tr(' d'Espagne alli bref de sop[)re^s Oii. Il n'en élaiî que la suite,
trouver le c rdinal Aibani, doyen du sacré et il aval elé so lie le ci.'mme le prem er.
collège, et lui dit (jue le roi son maitre en- r>ous savons l:è--bie que le pape ne pou-
tendait lU'on lui répondu des jésuites alors vait |,as allég.er W^t. m lil's que nous avons
enfermés «a (hûleau de Saint-Ange et qu'on , présentés pli;s haut; il de\ ait en pré^ci.ter
mil point en liberté. Tel éiait le Ion au-
lie les d'autres, p us conformes à la dignùé de son
(juel e dernier pontifical avait accoutumé siège et aui. convenan es; et c'esi ce qu'il a
les niinisires étrangers telle était la persé-
;
f.iii, tant dans le bref du IX juillet 1773 que
vérance de la guerre qu'ils avaient déclarée dans c lui du 9 i.ar- 177i.
au\ jésuites, iiieme après les avoir anéantis. La lettre du cardinal de Bernis au duc
En résumant les renseignements que nous d'.\i;,'uiilou,que M. S. donne, [ircsque en en-
venons de pié-.en!er, et qui nous vicnucnl de tier, à la suite de ses dissertations sur
voies non suspectes, on ajiprcnd à se l'aiie Henri/ l\ les jésuites et Pascal, est suscepti-
,
une idée juste des causes (jui délermim renl ble de plusieuis obser» allons. Nous vou-
l'extinction de la société. 11 est clair que celte lons aduiettie qu'elle so.t aulhentiqie, quoi-
mesure lut di: tée par les cours ciraagères ;
que nous n ayons a cl égard aucune preuve,
qu'on elTraya un ponlil'e faible cl timide, et et que -M. S. ail négligé d'établir la vérité de
qu'on lui arraclia un consenlemcut que ï<a ce document mais que peut-on conclure de
:
raiiportèrenl toutes les négociations des Clém ni lui-même lui leproche le person-
cours sous ce pontifical c'est de là que l'on
; nage politique qu'il iaisait dans cette alVaire-
faisait dépendre la réconciliation, ainsi ()ue Nous n'avons garde de vouloir manquer à
591 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 392
la mémoire du cardinal de Bernis ; mais, lement et ce grand mal, qui n'ont été que
sans parler dis reproche que lui faisaient les trop sensibles. Le cardinal ajoute que, si les
Italiens, d'être un peu léger, y aurait-il jésuites se fussent humiliés, au lieu de mon-
beaucoup d'injustice à rappeler qu'il eut trer la plus grande audace, et de se présenter
plutôt laréputaiion d'un homme de beau- toujours i^épée à la main, S. S. ne les aurait
coup d'esprit, d'un littérateur agréable, jamais supprimés. El où se sont-ils donc
d'un granl seigneur généreux, d'un diplo- présentés l'épée à la main ? quancf ont-ils
mate habile, que d'un évéque austère ou donc montré la plus grande audace? quelle
d'un théologien consommé? Chez lui, le est celte grande résistance par laquelle ces
poète et l'homme de société parurent faire hommes redoutables ont signalé leur pou-
oublier quei(iuefois le prince de l'iiglise et le
, voir? En Portugal, en France, en Espagne,
rôle d'ambassadeur et 'de courtisan put à Naples, ils ont été proscrits avec une faci-
nuire à celui de cardinal et d'archevêque. lité ^ui étonnait leurs ennemis mêmes. Ou
Quoi q'i'il en suit, un homme avec autant les a vus en un instant enlc\és de leurs mai-
de tact, n'était pas assez maladroit pour ap- sons, dépouillés de tout, bannis de leur pa-
plaudir ;ih rétablissement des jésuites après trie, frappés des lois les plus rigoureuses,
avo r passé cinq ans à solliciter leur sup- insultés dans des milliers de pamphlels,
pression. Il se serait décrédité lui-même en traiiés comme des criminels. Qu'onl-ils op-
changeant ainsi d'opinion, suivant les con- posé à la proscriplion et aux outrages?
jonctures. Kn v(nilant justifier Clément XIV, Quelques écrits, dont la haine leur a fait
c'était donc sa propre apologie qu'il faisait. même un crime. Leurs ennemis avaient tout
11 n'était pas moins intéressé que le pape droit de les accabler; pour eux, on leur in-
dans celte cau'ie, et dès lors son témoignage terdisait jusqu'à la plainte. Les jansénistes,
perd un peu de son poids. Celte pièce capi- leurs implacables adversaires, conune !< dit le
tale, et dont on nous fait tant de bruil, n'est Cardinal, ameutaient contre eux les minis-
plus que le ])laidi)jer d'une des parties, tres, les parlements, les écrivains ei l'oppo-
qu'un mémoire dicté par la posiiion même sition; les faisaient déporter en masse, les
du cardinal, que la manifestation d'une opi- emprisonnaient, cherchaient même à leur
nion qu'il ne pouvait se dispenser de profes- ôler tout asile; et cependant ces grands dé-
ser en public. fenseurs du précej)te delà charité trouvaient
Au surplus, celle lettre même, toute dé- encore qu'cm n'en faisait |oint assez. Tout
favorable qu'elle est aux jésuites, laisse ce- le monde, disait leur gazetier, a remarqué
pendant entrevoir les elToils qu'il fallut dans la manière dont le fameux bref d'extinc-
faire pour les détruire et le concert dont
, tion a été exécuté, à Rome même, que les par-
nous avons parlé. La cour d'Esparjne, dit le tisans des jésuites étaient venus à boni de sur-
cardinal, pria le roi (Loiis W)
de a'inu'r à prendre en pluiieur.< choses la religion dit
elle pour obtenir la suppression entière des saint père. [Nouvelles ecclésiastiques, feuille
je'suiles. S. M., par amitié pour le rui d'Es- du i'* octobre 177ij.
pagne, promit d'appuyer efficacement de son Assurément on ne se serait pas atlenda à
concours l'instance projetée. S. M. C. étant un tel reproche et il fallait être bien diffi-
,
sans par ses écrits. Après avoir publie les 1G63, à Dijon, où il demei ra jusqu'à sa
Ties des rclifjicuscs de Por'.-Royal,
1731) ,
mort qui arriva en H'J'k 11 a laissé dix vo-
k vol. in-l:2, il donna à AmslcTdam une lumes û'OEuvres spirituelles, «qu'on lit peu,
nouvelle édition des Nouvelles ecclésiasti- dit Feller, parce qu'elles sont pleines d'i-
ques, et une du Journal de Dorsanne, en dées singulières et bizarres, et d expres-
1753. Il fit paraître, en 17oG, le Renverse- sions peu assorties à la dignité des choses,»
ment de la reliqion par les bulles et les brefs Il sullira de mentionner ici deux de ses ou-
contre liaius, jansénius, etc., 2 volumes, et, vrages avec les observations critiques que
,
en 17û8, un Précis de dénonciation de ces firent sur eux des écrivains orthodoxes.
bulles. Le Clerc n'y reconnaissait pour œcu-
méniques que les sept premiers conciles gé- La DiîvoTiON des pécheurs pénitents; par un
pécheur. Lyon. Ant. Briasson, 1683, iu-13
néraux, et assaisonnait ses erreurs d'invec-
tives contre le p ipe et les évêques. En même
de 292 pages.
temps il tâchait de se faire des partisans, L'auteur dit, dans la préface : Après que
prêchait, écrivait, menaçait. Ce fut à son Dieu, tout bon, a comme attrapé une âme,
Bujet que les prêtres d'Utrecht s'assemblè- oserais-je dire avec le saint homme Job
rent en 17(i3. On lui fit dire qu'il pouvait se qu'il change bientôt de conduite et qu'il de-
présenter et donner ses défenses, mais il le vient tout cruel. Dire de Dieu qu'il a attrapé
refusa avec hauteur et publia de nouvelles une âme, est-ce une expression sérieuse et
lettres, atiaquant le dogme catholique sur décente ? A la page 'i3, il dit que tout ce que
la jjrocession du Saint-Esprit, la primauté fait Dieu dans la conduite in érieure des
du pape et le concile de Trente qu'il trai- âmes, aussi bien que dans l'ouvrage de notre
tait d'assemblée de novateurs. Sa condamna- rédemption, n'est que pour nous faire en
tion à Utrecht ne Gl que l'irriter davantage. quelque façon perdre l'esprit et la raison.
Il fit paraître, en 1704-, un écrit sous ce ti- Au chap. 5, il prétend qu'à m« péclienr rien
tre : Rome redevenue païenne et pire que ne doit être plus aimable que /c poids du pé-
païenne, où il l'appelait une synagogue de ché. Il l'appelle te bienheureux poids du pé-
Satan; plus une courte Apologie,ciVJdée de ché. Il ne voudrait pas condamner un pê-
la vie de M. Witte. La même année, il pu- cheur qui, moins hardi que l'enfant prodi-
blia un acte d'appel au concile œcuménique, gue, voudrait pendant quelque temps /jor-
et, le 24- mars 1763, un acte contre l'excom- ter le poids de son crime. Selon ce système,
municalion de l'évèque Van Stiphout. Ces il ne faut plus que le pécheur ait aucun
em-
écrits respirent la colère et l'emportement. pressement de se réconcilier avec le Sei-
Tel fut l'ahimc d'erreurs où l'habitude de gneur. Le Père de Cluny ose ensuiie blâmer
mépriser l'autorité entraîna cet appelanl. Il la conduite de Dieu même, en blâmant le
ne fil qu'abuser des maximes qu'il enten- père de l'enfant prodigue. // semble, dit-il,
dait débiter. Il est remarquable qu'il se dé- que l'enfant prodiyw en fat trop tôt quitte.
fendait à peu près comme avait fait autre- Le droit du jeu et la justice voulait qu il de-
fois (juesnel. Comme lui, il se plaignait meurât au nioim pendant quelque temps
qu'on l'eût condamné sans l'entendre; et exilé de la maison de son père. Insolent ot
l'auteur des Nouvelles lui répond, comme impie réformateur! qui, en blâmant ce bon
on avait répondu autrefois à Quesnel, que père (le s'être laissé fléchir trop promple-
ce n'est pas sa personne, mats seulement sa ment fait retomber ses reproches sur Jésus-
doctrine que l'on a condamnée. Toutes les Christ lui-même, lequel absout sans délai la
raisons que Le Clerc alléguait conire l'as- femme adultère, et accorde sur-le-champ à la
Ecmblée d'Utrecht, les jansénistes les avaient pécheresse de l'Evangile la rémission de tous
données avant lui contre le concile d'Em- ses péchés. Telle fut aussi la hardiesse du
brun; et tout ce qu'on lui objectait pour le traducteur de Jlons, qui, ayant à rendre en
convaincre, les catholi(|ues ra\ aient opposé français cet endroit du chapitre XV de saint
dans le temps aux défenseurs de Soancn. Luc Cilo proferte stolam. apportez promp-
:
dit que Dieu, qui coniiait si bien le prix et la pandre, de le lire ou de le garder.
valeur des elwses, a donné la vie de saint CODDE (Pierre) naquit à Amsterdam en
Jean-Baptine pour une ijambade et pour un IGVS, entra dans la congrégation de l'Ora»-
pas d'une petite baladine; et, à la page 89, loire, et, après la mort de Neercassel [voyez
que Dieu, qui rrgle tout arec tant de justice, ce nom), arrivée en 1686, fut choisi pour
a donné la tête du plus saint et du plu.-! grand lui succéder dans le vicariat des Provinces-
de tous les hommes pour la danse d'une pe- Unies. 11 fut fait archevêque de Sébaste. Mais
tite Quel raisonnement et (|uelles
effrontée. à son sacre il refusa de sigLier le formulaire;
expressions 1 A
la page 93, il prétend qu'on ce qui (it juger qu'il ne vaudrait pas mieux
diit beaucoup dévotion d'ému-
se défier de la que son prédécesseur. Il ne justifia que trop
lation. Dieu seul, dit-il, page 9i, doit être en cette idée par la conduite qu'il tint en Hol-
nous toute chose. Quand nous remarquerions lande. Les choses allèrent si loin, qu Inno*
quelque sainteté, quelque grâce et quelque cent XII, en étant informé, établit une con-
don extraordinaire dans une âme, il ne laut grégation de dix cardinaux pour vaquer à
pas l'admirer ou s'en occuper. D'où l'on l'examen de cette alïaire. On donna ordre,
doit conclure que c'est faire mal que d';id- en 1699, à M. de Sébaste de venir se justifier
mirer, de méditer les vertus de la sainte en personne il fallut obéir ma'gré toutes
;
\ ierge et des plus grands saints, et de s'ex- ses répugnances. 11 arriva donc à Kome sur
citer à les imiter, p jrce que c'e«t une dévo- la fin de 1700. On lui remit les chefs d'accu-
tion d'émulation dont il faut se défier. En- sation rédigés en 20 art clés. Il fournifses
fin, pages 98 et 99, il donne dans une mysti- délénses si\ mois après (1). Enfin la dernière
cité outrée, en parlant du néant du pécheur, congrégation s'étant tenue en présence du
néant volontaire qu'il appelle admirable pape, le 7 mai 1702, toutes les voix allèrent
par lequel le pécheur ne se meut pnint, ne à suspendre M. de Séba>le, et M. Gock fut
résiste point, et se trouve par là propre aux nomme vicaire par intérim. Le clergé jansé-
opérations de Dieu. N'est-ce [)oint la cet étal niste de Hollande n'' n fut pas plutôt in-
passif si souvent et si justement reproché formé, qu'il s'adressa à M. Heinsius, pen-
aux quié istes. siannaire, et aux bourgmestres d'Amster-
Su.iETs d'oraison pour les pécheurs, tirés des dam et en conséiu^cnce les Liais Généraux
,
Epitres et des Evangiles ; par un pécheur. défendirent à M. Cock de faire aucune fonc-
Lyon, Briasson, lG9a. tion de son vicariat. Ainsi les prétendus
On trouve dans ce livre des propositions augustiniens, sous la protection des puis-
qui favorisent les erreurs du temps ; par sances séculières et hérétiques, se crurent
exemple : Achevez en moi, Seigneur, votre en droit de braver le saint-siége. Le pape,
miséricorde, it jaites-moi bien faire le bien informé de cet odieux procédé, écrivit aux
que votre grâce me fait faire, (lette propo- catholiques des Provinces-Unies et des pays
siîion captieuse et mal sonnante; elle
eU voisins pour les exhorter à l'obéissance; et
insinue l'hérésie de la grâce irrésistiljle il ; quelque temps après, M. de Sébaste éiant re-
semble que l'hoinme soit pureme passif, et t tourné en Hollande, Sa Sainteté Clément Xf
tei que le prêt nd M. de Sacy, quanl il dit en publia un décret du 3 avril 170i par lequel
tiimes (xprès Bieviseul fait tout en nous.
: ce prélat était absolument déposé du vica-
(1) A celle occasion, nous meniionnerons: décret de l'Inquisition , comme conleiiani vne doctrint
DtcuRATio et Kes]>oiisiones Arcliieiiiscopi Scbas eides assertions pour le moins suspectes, singulières,
teni, Apo Hollandiœ missione Vicmii, super
totici in coinriiires aux Constitutions ecclésiastiques, capables
plurib.is, qi'iB luin ad ipaum, lum ad iilam iieiliiieiU, d'infecier les esprits de mauvaises opinions et d'erreur
inlei'Togutiunibus. 1701. toi pages. déjà condamnées.
Ce libelle lui conJanmé, le 5 avril ITOi, par un
597 COD COF so«
riat. Alors la fureur des jansénistes n'eut Peiri Coddœi aaversus decr'etum tnqutsUio-
plus de bornes. On vit paraître une foule de nis : Jani Parrhasii notœ in decretum : Con-
libelles plus insolents les uns que les autres, sul latio.
où l'on décidait sans pudeur (lue M. Coddc, Il parut encore d'autres écrits, qui, tout
tant sous la protection des Etals Généraux. abus et nullités du décret de Borne, du k octo'
Godde crut qu'il ne pouvait mieux faire, et hre 1707, au sujet des affaires de l'Eglise ca-
ce fut à cette occasion que les jansénistes tholique des Provinces-V nies , 1708, volume
firent frapper une médaille qui mit le sceau de 23'i. pages, plus la table.
à leur révolte. D'un côté on voit le buste de l/anonyme, le 1*. Quesnel, dans la pag. 53
M. de Sébasie en rocliet 1 en camail, avec
1 et les suivantes, attaque les condamnations
cette inscription au bas Illustrissimus ac
: générales et les censures in globo c mme
reverendissimus D. dcmlnus Piirus Coildœus, contraires à l'usage des successeurs des apô-
arckieptscopus Sebas'.oiiis , pcr fœd'rat'im tres, peu dignes de la majesté de l'épouse' du
Belgium vicariuf: apustolicus ; pour marquer Sauveur, éloignées de son esprit, peu propres
que M. de Sebaste, malgré sa déposition, à édifier et à instruire les fidèles, propres au
était toujours regardé par le parti comme contraire à les induire en erreur, eie. On voit
légitime > ic.iire jipustolique, en vertu de la p; r là le cas que cet hérétique écrivain fait
proleclion que lui donnent les Kta's de Hol- de la condamnation de la doctrine de Wiclelî
lande; ce qui est encore plus clairement et (le Jean Hus, publiée par le coi-.cile de
exprimé par ces p^iroles de la légende Non : Constance; de la bulle de Léon X contre
êumit mit ponit honores arbitrio populans Luther; de celles de Pi \ , Grépo re XllI, et
aurœ. Au revers de la médaille est ui: agneau Urbain VllF, contre Haïus. On reconnaît, à
couché, auprès duquel le lion belgi iue de- la page, 115, le jargon des protestants dans
bout lient d'un côié l'épée haute, et de l'au- celte phrase de l'auleu: janséniste /Va' pi i'ne
:
tre des javelols, en action de le défendre. On à croire que Sa Sainteté ait trouvé le don des
voit en l'air la foudre lancée, qui se détour- langues dans la succession qui lui esl échue
nant de dessus l'agneau va tomber sur le da côté de saint Pierre et de saint Paul.
palais du Vatican qu'elle met en léu. l^a lé- Au reste, Codde mourut le 18 décem-
gende, Insonlem frustra ferire parai, dévoile bre 1710; el comme il mourut dans son ob-
tout ce mystère. stination et dans ses erreurs, le pape jiar un
Les elioses avaient été portées à un tel décret du H janvier 1711 condauma sa mé-
point sur le vicariat aijostolique de M. Codde, moire, el défendit t'e prier pour lui. Les jan-
que les prêtres jansénistes administraient sénistes publièrent un libelle conire ce dé-
les sacrements en langue vulgaire, récitaient cret, intitule : Justification de la mémoire de
en llamand toutes les prières du liituel ro- M- Pierre Codde, etc.
niain. Au reste, les dilTércnics apologies COIFIN (CuARLis) naquit, en 1676, à
qu'on a publiées en faveur de -M. de Sébaste Buzancy, dans le diocèse de Reims, devint
ont été défendues sous peine d'excommuni- principal du collège de Beauvais en 1713,
cation. recteur de l'université de Paris en 1718,
Parmi les pièces qui parurent en faveur et se rendit célèbre par de belles prodiic-
de ce schisme, nous connaissons : lions en vers et en prose, et, ce qui vaut
DÉFENSE de messire Pierre Codde... contre le encore mieux, par de belles actions en fa-
décret de Home porté contre lui le avril '',
veur de la religion et du prochain. .Malheu-
170't. reusement il était janséniste, el janséniste
ardent et opiniâtre. Il mourut dnns la nuit
Causa Codd.ean*, sive collectio scriptionuin
(juihus Peiri Coddœi, archirpiscopi Scbas-
du 'iO au 21 juin IT'fO. Sa mort lut le com-
mencement des disputes entre le parlement
feni, vicarii nposloliei in fwderato Belgio,
orthudoxa, vivendi disciplina, regendi el l'ari hevèque de l'aris. Quand on demanda
fides
pour lui les derniers sacrements au curé de
ratio, jurisdictio et potestas ordinana in
Saint-Elienne-du-.Mont, ce digne pasteur,
Ecclesia Batava romano catholica contra
instruit des règles cl des usages du diocèse,
oblreclatorum calunmias adferuntur. An-
exigea préalablement un billet ou certificat
tuerpi;e, sumptibus socielalis, 1705.
de conlession. Les jansénistes trouvaient
On ne trouve dans ce l'.ccueil que les assez de prévaricateurs pour les conlesser,
plaintes, clameurs, les fausses excuses
les mais ils en trouvaient peu qui voulussent
d'un hérétique condaumé. Il st composé de
( s'exposer aux suites de celte prévarication.
différentes pièces la premièie, après une
: Celui qui avait confesse Coltin ne jugea pas
courle préface, est intitulé Uesponsio ad
: à propos de se déclarer; et de son côte Collîn
brève Mémorial c, etc., |)ag. 88; la seconde ne voulut jias le faire eoimaitre. .\iiisi ce fa-
a p(mr titre Ueclaratio et responsiones uh
: meux priinipal de lieauvais. qui, depuis
archicpiscupo Sebasttuo, cum in Urbe essct. 171."), avait établi dans son collège l'éloimie-
Et'. UD. cardinalibus traditu, etc., pag. 2o9. ment des sacrements, y mourut sans les
Les autres pièces sont Arcli. Scbasteni no-
: avoir reçus, et laissa à S€s disciples le scan-
taliones:Epistolœ; tria memorialia : Defensio daleux exemple d'uue constante revoit cou-. •
S09 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 40a
tre l'Eglise et ses décisions.Ce refus des sa- terie. Il n'y a même que jansé-
le gazctier
crements solennellement fait à un héros de niste et M. Guéret ,
qui puissent la porter
la sec!e, alarma tout ce qui reslail encore jusiiu'à ce point.
d'appel.inis à Paris. Ils engagèrent les pa- Eh quoi! on à ce
n'a pas fait de réponse
rents (lu défunt à suivre celle affaire au par- défi insensé des jansénistes? Quoi les Sup- 1
se distinguer pnr le scandale, rédigèrent censurées par la bulle, soit des vérités qu'en-
quatre consultations. Lii première qui parut seigne ce saint décret? Quoi dans la lettre !
est du 2 juillet. 1749; elle est signée de du P. Corber de l'Oratoire, qui fui imprimée
28 avocats. La seconde, qui est du 10 juillet, sur la fin de 17i6, sous ce titre Lettre d'un :
esl signée de 1-3. La troisième l'est do 9, et Père de l'Oratoire à un de ses confrères sur ,
conseil du I" août I7'*9, comme renfermant difficultés nouvellement proposées ; dans celte
des questions et des propositions dangereuses, lettre, dis-je, page 2 on ne trouve pas la
,
et capables de troubler la tranquillité pu- liste des principales erreurs que la bulle
blique. condamne ? Quoi dans tant d'autres écrits
1
(i'est par celle plainte portée au parle- solides et instructifs qu'on a composés pour
ment, el par ce qui s'ensuivit, que com- couibattre les réfractaires, on n'a pas mille
mença cette longue suite de dénonciations et mille fois représenté et détaillé les erreurs
dont les lribun;iux retentirent contre les proscrites par la bulle? Et l'on ose encore
refus des sacrements faits au\ appelants. là-dessus fiiire un défi! el l'on ose dire que
Quelques autres éirits turent publiés à la ce défi est accablant pour les catholiques ! et
même occasion que les Consultations dont il l'on ose assurer que les catholiques n'y ont
a été parlé nous allons en mentionner un
; jamais fait de réponses 1 Oh qu'il est bien !
qui concerne le neveu de M. Col'On. vrai que l'esprit d'erreur ôte à ceux qu'il do-
mine, non-seulement la foi et la probité, mais
Lettre de M. L à M. B , ou relation encore la pudeur et le bon sens !
faussetés, mensonges, calomnies. pas faire grand cas de la bulle'? Mais finis-
Cet écrivain sans pudeur ne craint pas de sons. C'est trop longtemps parler d'un mi-
dire, page 22, que depuis plus de tmite-sept sérable auteur dont la ruslicité, l'ignorance
uns, la bulle, ce sanglier cruel de la forêt, dé- et la mauvaise foi sautent aux yeux, et n'in-
sole Vhérilage du Seigneur. Il ajoute : On se spirent pour lui et pourson libelle que mépris
fougue à défier ses fauteurs d'articuler une et que pitié.
seule vérité catholique qu'elle propose à croire, COISLIN (Henri-Charles du Camboust,
ou }ine seule erreur qu'elle leuillc que l'on duc de), naquit à Paris le 15 septembre 1G64,
condamne. A un défi si accablant pour les bul- devint évèque de Metz, ville qui lui doit des
point de réponses. Je défie à mon tour
listes, casernes et un séminaire. 11 avait des vertus
qui que ce soit de jiousser plus loin l'clTron- et des lumières il lé^jua à l'abbaye de Saint-
;
iOl COL COL 102
Germain des Prés la fameuse bibliolhèt[ue plus profondément enfoncer le poignard. On
du chancelier Sépiuier, dont il avait hérité. Il voit par là s'exécuter de nouveau l'exécra-
mourut en 1732. Nous allons parler de son ble projet dont un oUt. ur janséniste n'a pas
Mandement, qu'il publia pour l'acreplalion craint d'informer le public dans des Ré-
,
de la bulle Unijenilus et qui (it du bruit. flexions sur l'ordonnance du 27 janvier 1732,
qui ordonne que la porte da petit cimetière de
Mà.NDE.MENT et Instruction pastorale , etc.
Saint-Médard sera et demeurera fermée. Non»
1714.
avons tâché disait ce fanatique dans son
,
Un évêque qui ne rccevr.iit les canons du par des coups si vifs et si redoublés, il inti-
concile général, que relativetn nt aux expli- miderait enfin le prélat. Il y réussit au bout
cations qu'il voudrait leur donner, serait-il de quelques années; car la guerre que ce
regardé comme un évèqiie oriliodoxe? digne évéque faisait aux doctrines j.insé~
Aussi le maniicraent de M. di- Metz fut-il ,
niennes lui oiéi ita l'exil, et le força, en H.'jS,
1° supprimé par un arrêt du conseil d'E- à donner la démission de son siège. La lettre
tat du o juilkt 1714, comme injurieux à Sa de Colart est pleine d'insolences de choses ,
Sainlclé et aux prélats de l'assemblée du ridicules et d'erreurs, qui, toutes, furent re-
clergé; 2° censuré à Komo , comme étant levées par les écrivains orthodoxes de l'épo-
au moins scandaleicx, présomptueux, témé- que. Nous ne mentionnerons ici que les er-
raire, injurieux au saint-<iége, propre à con- reurs.
duire au schisme et à l'erreur. L'auleurdit, pag.8: Un concile même, qui
COLART (N ).
prendrait le nom de concile général et qui
enseignerait contre l'Eglise, il faudrait le re-
LiîTxnE à M. Vévêque de Troyes en réponse
jeter. On ne doit donc pas interdire aux sim-
,
même surpassé la méchanceté de ses maîtres. plusieurs erreurs de (Juesnel, qu'il entasse et
Dans ses Nouvelles ecclésiaslitiues, du 11 sep- (|u'il s'imagine autoriser sullisamment par
tembre 17o0, il a publié contre M. de Troyes quelques passages mal entendus. Pag. 42, il
les plus atroces calomnies, avec cet air hy- prétend que pour être libre , il suffit d'être
pocrile que sa prendre un sréléral du pie-
t
exempt de la nécessilé de contrainte cl de
mier orlrc. Quand il veut j)lus sûrement et la nécessité naturelle, l'ag. 'j4 , il souliont
ioâ DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 404
que Néron, Domitien,Caligida étaient néces- aux calomnies, aux invectives qu'ils n'ont
sités à tous leurs crimes, et, parce que les cessé de mettre en œuvre contre nous, nous
caihoUques assurent le conlrnire , il pré- n'avons opposé qu'une modération dont
tend que les c;:tholiques excusent de péché nous n'éprouvons que trop riniitilité et le
ces empereurs féroces. Quoi! dire d'un préjudice. Mais pourrons-nous, Sire, ne pas
homme, que sans Dulle nécessité, de quel- nous élever contre une lettre téméraire et
que espèce que ce soit, par sa détermina- se litieusf, écrite à V. IL par M. de .Mont-
tion la plus libre, la plus dégagée de toute pellier, dans laquelle il s'efforce de décrier
iiiipulsion étrangère, il a commis un crime ses adversaires et de les rendre suspects au
afireav, c'est l'excuser! Pag. 45, le blasphé- roi ; dans laquelle il prend des auteurs pro-
mateur s'exprime ainsi Convenez avec moi
: testants les faits et les expressions les plus
que voire bulle renverse toute la morale et odieuses pour détruire dans l'esprit des pe i
ne garda plus de mesure, et fatigua loutes est d'un caractère à ne reculer stir rien. La
les autorités de ses écrits. La cliose alla si fermeté dégénîre en entétnnenl quand on a
loinqu"un arrêt du conseil du roi, du 2i sep- pris un mauvais parti. Le prélat saci ifiera
tembre 172'i-, saisit les revenus de son évê- l'intérêt de la vérité, le bien de VEglise, sa
ché, et déclara ses autres bénéfices vacants propre f/loire plutôt que de revenir sur ses
et inipélrables. L'assemblée du clergé de premières démarrhes. Il paraît que cette opi-
1725 demanda la tenue du concile de Nar- niâtreté formait le caractère du prélat. 11 est
bonne, et elle l'aurait sans doute obtenue bon de prévenir, au surplus , que dans les
sans les sollicitations d'une tamille accrédi- écrits de ses partisans il est désigne sou-
tée. Cette année même, l'évéque avait écrit vent sous le nom de Grand Colbert : exagé-
deux lettres violentes contre le décret qu'il ration r dicule quand elle s'applique à un
avait pris en aversion. En 1729, il adressa à évêque qui très-probablement ne fit qu'a-
Louis XV une lettre remplie d'invectives dopter la plupart des écrits oubliés sous son
contre les évêques de France, qu'il peignit nom.
comme de mauvais citoyens, parce qu'ils Mandement de l'évéque de Montpellier au
M.
étaient soumis aux jugements de l'Eglise. sitjet de interjeté par lui et ses
l'appel
C'est cette letire qui est si vigoureusement adhérents au futur concile général.
rérutée au ^ II' tome des Actes du clergé.
« Nous souffro s, disent les évêques en s'a- Ce mandement est daté du 20 mars 17!7.
dressant au roi, nous souffrons depuis long- Le prélat y joignit l'Acte d'appel. Voyez
temps avec la plus vive douleur tout ce que Bkoue (P. de La).
la licence et la mauvais.' foi ont jusqu'ici Cet Acteel ce Mandement ne sont qu'une
fait euireprendre aux ennemis ce la consti- énumération odieuse de différents chefs d'ac-
tution Llniijenilus pour anéantir, s'il éiait cusation contre la bulic. Il n'appartient qu'à
possible, ce juuement de l'Eglise. Nous at- l'hérésie de supposer que le pape, avec la
teodions que le tenps et la réflexion pussent très-grand pluralité des évêques, peut en-
ramener ces esprits inguieis. Aux artifices. seigner des erreurs capitales el les proposer
405 COL COL 4U6
meni, et en lieu sûr, au nous et nos députés que, sous la plus forte tentation, nous au-
puissent aller libremint et avec sûreté, et à rons toujours assez de force pour résister,
celui ou à ceux, auquel ou auxquels il appar- ou par la grâce déjà reçue, ou par celle
tient de juger de cette sorte de cause. C'est de qu'une humble prière pourra noUs obtenir 2' ;
conililions toutes semblables que Luther ac- touchant la force de la grâce, la doctrine de
compagna son appel. M. de Bissy est précisément celle du concile
MémoirI'; qjii accompagnait le Mandement de Trente, qui a défini que, sous la motion
deM.de Montpellier, pour la publication de la grâce, la volonté conserve toujours le
de son Acte d'appel du 19 avril 1719, dans pouvoir de résister. En conséquence de quoi
leque' un fait voir la néressilé d'un concile l'Eglise a encore décidé que, pour mériter et
général pour remédier aux maux de l'Eglise, démériter, il ne suffit pas d'être ixempt decon-
et où l'on déduit les mntifs de /'Appid inter- Irainlp, mais qu'il faut l'être encore de né-
jeté au futur concile de lu constitution, etc. cessité. Telle est la docirine de M. de Bissy.
L'erreur pernicieuse nes\. donc pas de son
Tout est à relever dans ce mémoire. Nous
côté, mais du côté de celui qui ilonne celle
n'en rapporlrroiis (|u'un seul trait, (|ui est
qualification à la doctrine de ce prélat.
le précis de (oui l'nuvrage. Conlinueia-t-on,
dit M. Colherl, à vouloir que nous condam- Remontrances ru roi au sujet de l'arrêt
nions des propositions orthodoxes, sous pré- du conseil d'Etat du 11 mars 1723; pu-
texte d'abus insensés qui n'ont point de par- bliées par M. de Montpellier en 172i.
tisans, tandis que leur censure favorise des
Cet écrit a été condaumé ]iar un arrêt
erreurs subsistantes qu'un formidable j)arli
veut ériger en dogme de foi (page 223) ? C'est
du conseil, du mois de septembre 172V, à
être lacéré. Il a pour but de justifier la pré-
comme on voit, accuser la bulle, 1" de con-
damner des projjosilions orthodoxes 2" de tendue nécessité de la distinction du fait et
;
fait un détail d'excès monstrueux que l'on voir pour le fait de Jansénius une soumission
assure être des suites nécessaires de la doc- de discipline. Paralogisme grossier; coiiimo
trine de M. de Bissy, et l'on finit par ces si l'on disait selon plusieurs catholiques,
:
^07 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES
la prodeslination doit être antécédente ; se- à s'obstiner à s'appuyer sur un appel schis-
lon d'autres, elle n'est que conséquente; niaiique et illusoire, censuré par l'Eglise,
donc il n'y
poinl de prédesiinalion. L'E-
a déclaré de nul effet par la loi du souverain,
glise prononce que le texte du livre de .lansé- et par conséquent criminel devant Dieu et
nius est hérétique. Celte décision appartient au devant les hommes.
droiietexigelafoidivine. Elleprononceconsé-
quemment que le sens déco texte est le même Lettre pastorale..., du 20 octobre 1723, ai*
que celui des cinq propositions le vrai dis- :
sujet du miracle de l'hémorrhoisse, arrivé à
ciple de Jésus-Christ ne se laisse point Paris.
ébranler jinr les disputes de l'école, sur la
Celte Lettre pastorale a été supprimée par
nature et sur le nom de la croyance due à
arrêt du parlement de Paris, du 13 avril
cette dernière décision, disposé à se soumet-
1720. Les paroles de cet arrêt sont remar-
tre avec la même docilité, quand l'Eglise ju-
quables : Sous prétexte de célébrer le mira-
gera à propos de prononcer sur ces disputes.
cle que le bras tout-puissant de Dieu vient
Lettre circulaire aux évoques de France, du d'opérer sous nos yeux, on entreprend de pé-
2 mai 1723, nu sujet de la demande d'un nétrer dans les secrets impénétrables de la
concile proposé dans l'assemblée provinciale Providence; on ne se contente pas de l'em-
de Narbonnei pour juger monsieur de ploijer contre les excès les plus énormes,
Montpellier. condamnables par eux-mémzs, on s'en fait
îinargument de parti et une vaine idée de
On peut remarquer, dans la page 4, deux
triomphe.
erreurs capitales 1° M. de Montpellier attri-
:
Il un miracle qu'on disait avoir
s'agissait d
bue à l'Eglise de soumettre les fidèles (par le
été opéré surune malade parle saint sa-
forraulaiiel, à une croyance qu'elle n'a pas
crement, porté par M. Goy, curé de Sainte-
droit d'exiger et, par conséquent, d'exercer
sur ses entants un pouvoir lyrannique 2" il
Marguerite. Comme ce curé était appelant,
;
le parti prétendait que le miracle avait été
dispense les fidèles de la soumission, à
opéré en faveur do la cause des appelants :
moins qu'il ne soit prouvé que les évêques
prétention téméraire et schismatique. Ce mi-
ont lu les livres que l'Eglise condamne, et
racle, s'il est vrai, rendrait témoignage à la
qu'eu même temps ils ne déclarent y avoir
foi vive de l'hémorrhoisse, mais il n'en ren-
reconnu les erreurs qu'elle réprouve; fausse
drait aucun au prêtre qui portail le sain!
maxime, qui annulerait toutes les décisions,
sacrement. Avec la même foi, la malade eût
et ouvrirait la porte à toutes les hérésies.
pu obtenir sa guérison du saint sacremsnl
Qîi'imporle à l'Eglise et à l'Etat, dit M. de
entre les mains du plus mauvais prêtre,
Montpellier, page H, qu'on croie ou qu'on ne
comme entre les mains du plus saint,
croie pas que Jansénius a enseigné cinq héré-
nesl Il importe beaucoup à l'Eglise, ré-
(( Lettre du l" décembre 1725, au
pastorale,
pond un grand prélat (1), que l'on condamne sujet de la protestation de M. de Montpel-
les cinq propositions dans le sens du livre de lier contre ce qui s'était passé par rapport
Jansénius, parce que ce sens est celui qui a d lui dans l'assemblée du clergé.
été nommément condamné. L'Eglise a per-
sisté constamment à vouloir que l'on souscri- A la page 10, M. de Montpellier, parlant
vît à la condamnation de trois chapitres, et
des chartreux qui sont allés à Utrecht, les
par là elle a fait connaître qu'il lui impor- appelle ces illustres fugitifs que la crainte
des plus grands maux a forcés de chercher un
tait, non-seulement que l'on condamnât telles
asile dans une terre étrangère. Gomment un
erreurs, mais encore que l'on reconnût
qu'elles étaient contenues dans tel livre, évêque peut-il ainsi se dégrader, jusqu'à
t^uoique cette décision renfermât un fait louer une troupe de religieux apostats, qui
nouveau, elle n'a pas jugé qu'il fût inutile sont allés chercher dans un pays hérétique,
,
et auprès d'un évêque schismatique et intrus,
et en a fait dépendre la catholicité; et elle a
cru qu'il pouvait devenir l'objet de notre un appui à leur révolte contre l'Eglise et
créance. » contre leurs supérieurs légitimes ?
Page 9, M. de Montpellier fait entendre Cette lettre a été supprimée par arrêt du
que l'Eglise poursuit depuis plus de quatre- ])arlement de Paris, du 13 avril 1726. En
vingts ans un fantôme. Proposition censurée voici les termes On oublie ce que l'autorité
:
en 1700, par le clergé de France. royale a fait de plus solennel, soit au sujet du
foriniduire, soit sur la constitution Unigeni-
Lettre circulaire.... à plusieurs évéques, à lus. On s'élève contre la constitution, et il
l'occasion des proji ts d'accommodement où semble qu'on se fasse toi devoir de la combat-
l'on s'était flatté que Rome allait entrer tre. On i.pplaudit, dans cette vue, jusqu'atix
vers les m"is d'avril et de mai 1723, datée écrits les plus outrés, qui sont moins une apo-
du 20 juin il-2'6. logie du S(andale i/u'a causé la fuite ne quel-
Tcnons-nous-ea à notre appel, dit .'\I. Col- ques religieux sortis du royaume, qu'une dé-
berl, page 5 c'est la seule voie qui puisse
;
clamation contre la constitution Unigenitus.
nous mettre à couvert devant Dieu et devant
Instruction pastorale adressée ait clergé
les Itomnies. C'est ainsi que ce prélat conti-
et aux fidèles de soti diocèse, à l'occasion,
nue et qu'il continuera pendant toute sa vie,
d'un écrit imprimé y répandu dans le publie^
(IJ .M, de Teiicin , ruchevêque d'Embrun.
409 COL COL 4ie
sou$ le titre de Mand«ment de M. l'évéque Lettres.... d M. de Soissons.
de Saintes...., donné à Paris le 2G novem-
La première est du G novembre 1726 la
bre 1725. ;
Celle inslriiclion esl du 19 mai 172G. L'au- 5 janvier 1727, à l'occasion du miracle opéré
icur y prend, contre M. de Saintes, la dé- à Paris, dans la paroisse S;iinle-.'\Iarguerite;
fense de douze articles que M. le cardinal de la quatrième, du 5 mars 1727 la cii qiiième,
;
Noailles avait proposés au pape Benoît XIII, en 1728, 42 pages in-i". Ces leltres, comme
pour en être apjMouvés. tous les ouvrages de M. Colbert, ne respirent
« Ces articles (dit M. de Sisteron, Hist. de que le jansén sme. Il en vent surtout au for-
la Consl., I. v), étaient tous équivoques dans mulaire, quoi(]u'il l'eut signé lui-même plu-
les termes, et suspects d'un mauvais sens. sieurs fois. 11 dit (dans sa (luatrième lettre,
Quelques-uns étaient faux par la trop page 23), qu'il l'a signé, sans savoir ce qu'il
grande généralité des ex|iression9 dans les- faisait. Jl pouvait, avec plus de justice/ en
quelles ils étaient conçus; quelques autres dire autant de tous les écrits (jui ont iiaru
enseignaient des erreurs raanilesles ]jIu- ; sous son nom.
sieurs donnaient lieu à des conséquences
nécessaires, in;iis pernicieuses et la plupart ;
P.ÉPONSE.... () M. l'évéque de Chartres, datée
étaient contraires aux sentiments les plus
du 17 juillet 1727.
communs des théologiens, et à la liberté des On y trouve, pages 1.3 et U, une déclama-
écoles catlioli(iues. » tion visiblement diclée par l'esprit du men-
De ne pouvaient manquer de
tels articles songe : Vous êtes bien bon de supposer qu'une
trouver dans AI. Colbert un zélé défenseur. cause qui est portée au tribunal de l'Eglise
Il prodigue ici, sur ce sujet, les déclamations universelle, par un appel reconnu pour lé/ji-
les plus outrées, les figures les plus violen- time dans tous les parlements du royaume,
tes, lestermes les plus emportés et les in- puisse être terminée dans un concile de quel-
vectives lesjjlus amères conire M. l'évéque ques évéques....; vous ne connaissez d'autre
de Saintes (M. de Beuumont), «ligne neveu mal que celui de ne pas recevoir la bulle Uni-
du grand Féiielun. genitus, U de ne pas souscrire purement et
simplement au formulaire d'Alexandre Vil;
Ordonnance instruction pastorale...., du
et
mais c'est déjà un lies grands maux de l'E--
17 septembre 172G, portant condamnation
glife de renfermer dans son sein des ] a<teurs
du livre intitule' : Insfilbliones catholicie. qui donnent au bien le nom de tna! et au mal ,
avait lui-tiiéme publié, et qu'on avait depuis pour y examiner la doctrine de ceux qui nous
traduit in latin. donnent aujourd'hui leur équilibre insensé
l'ages .'18 el .'i'J, il Irouvemauvais qu'on ait
pour un dogme de foi ; qui ajo'ilent aux pro~
corrigé dans son Cilécliisnie celle proposi- messes de l' Eglise, en lui donnant des privi^
tion Que la crainte seule des châtiments éler- léges que Jésus-Chiist ne lui a pas donnés.
:
neh dont Dieu punit le péché ne change 1° M. de Montpellier appelle ici légitime
que cette crainte ne puisse exclure la vo- enregistrée. 3" 11 accuse le p.ipe.les évé(iues,
lonté actuelle de pécher. Le concile de c'est-à-dire le corps des pasteurs, it par
Trente supjiose le contraire, et la r.iison le consé(|uent l'Eglise elle-même, d'ciiirelenir
démontre. Celui qui craint eflicactnimt ks le mal et l'erreur dans son sein, et de don-
châliinents éternels veut conséqucmmenl ner au bien le nom de mal. et nu mal le nom
éviter toul ce qui peut les lui atliier. Il ne de bien, en ordonnant qu'on reçoive la bulle
conserve donc pas la volonté actuelle de pé- L'n'genilus, et (jii'on souscrive purement et
cher, qui les lui attirerait. Le même prélat, simiilement au i'ormulaire d'Alexandre \ II.
page 2iS, parle ainsi Saint Augustin pose
:
'*" Il
donne le nom li'équilibre insensé à la li-
pour principe sur cette matière, que ce que berté exemple de toute nécessité antécédente :
veut le Toui-Puissant, il ne peut le vouloir liberté qu'on ne peul nier sans tomber dans
vainement. Et à celte occasion il entasse l'hérésie de la troisième proposition de Jan-
plusieurs passages de ce Père et des autres sénius. 5° Il ose dire (jiie conserver à rEj^lise
pour prouver que Dieu n'a aucune sorte de le droit iiiconteslable qu'elle s'atliibuc
volonté intérieure et réelle, non pas même d'exiger la créance intérieure de riiéréticité
conditionnelle, de sauver aucun de ceux qui d'un livre, c'est ajouler aux promesses des
ne «ont pas réellement sauves. (^ lie doc- privilèges <iue Jèsus-t^lirist n'a pas accordés.
trine rcnierine, au moins par une consé- Il n'y a guère que M. Colberl. ou celui
quence nécessaire, les impiétés, les bl<is- qui tient sa plume, i|ui ait éle capable d'en-
pliAmes et l'hérésie de la cinquième propo- tasser en si peu de lignes tant d'erreurs et
sition de Jansénius. de mensonges.
411 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 4)2
peindre sous les plus noires couleurs un condamnées, que le blasphème y esî porté
concile univei'selleraont applaudi. 11 accuse jusqu'à nier que Dieu soit tout-puissant.
page 9j les évêques de presque toutes lis Les plus grands, les plus savan s et les plus
(
nations catholiques, ou d'être les apologistes saints évêques sont chargés des injures et
de propositions monstrueuses et abominables, des calomnies les plus atroces. Il n'y a sortes
ou de les fomenter par le silence calomnie
:
de noirceurs qu'il ne publie contre les jé-
digne d'un protestant. Il a le front d'avan- Dans la lettre que nous examinons,
suites.
cer (p. V*] que les évèques assemblés à Em- ilavance que ces Pères ne mettent pas le
brun ont avoué que M. de Montpellier n'a Nouveau Testament entre les mains de leurs
enseigné aucune hérésie : imposture si gros- novices et de leurs jeunes profès , et comme
sière qu'elle est inconcevab e, puisque la une fausseté si manifeste excitait contre lui
doctrine de M. de Senez, adoptée par M. de l'indignation publique, il adressa une autre
Montpellier, a été comlamnée à Embrun ,
.
lettre au roi, où il rétracta cette calomnie;
comme téméraire, scandaleuse, séditieuse, in- mais il eut grand soin de ne rétracter que
jurieuse à l'Eglise, aux évêques et à l'auto- celle-là, afin de confirmer par son silence
rité roijale, schismalique , pleine d'un esprit les autres imputations qu'il ne rétractait
hérétique, remplie d'erreurs, et fomentant pas.
des hérésies. Il met (page 19) le témoignage Lettre pastorale... au clergé et aux fidèles de
de cinquante avocats au-dessus des suffrages son diocèse, au sujet d'un écrit répandu dant
d'un concile, muni de l'autorité la plus res- le public, sous le titre d'LnsIruction pasto-
pectable. Un témoignage d'avocats sur des rale de M. l'évêque de Marseille, et condam-
points de religion, éire donné comme une naliond'un livre ùi/î/w/e .-Moralechrétienne
preuve de la vérité! et cela dans un ouvrage rapportéeaux instructions que Jésus-Christ
qui porte le nom d'un évéquel Quelle honte nous a données dans l'Oraison domini-
pour l'épiscopall Les pages 20 et 21 font cale, etc.; du 30 décembre 1728.
frémir, par le fanatisme, le mensonge et L'auteur, dans cet écrit, et depuis la page
l'outrage qui y régnent. On y appelle 12 jusqu'à la page 13 parle avec si peu de
,
noKveaulé la doctrine opposée aux erreurs précision, et use de lant d'expressions équi-
de Baïus, Jansénius et Quesnel. Les moyens voques, qu'il donne un juste motif de le soup-
mis en œuvre par l'Eglise pour procurer l'o- çonner d'avoir voulu insinuer que tout acte
béissance due à ses décisions sont qualifiés qui n'est jias amour de Dieu est pèche, ou du
àe mensonges, d'intrigues, de rase.*, de vio- moins qu'il n'y a point d'autre acte surna-
lences, etc. On assure que les os des morts turel et chrétien que cet amour, ni d'autre
prophétisent en faveur des dogmes du parti ;
grâce actuelle que celle qui nous excite à le
c'esi-à-dire qu'on s'autorise desniiracles faux former.
et supposés qu'une troupe d'imposteurs aat- Pages 31 et 32. Le pape était revêtu comme
tribués à l'intercession du sieur Paris, mort les autres de l'autorité de Jésus-Christ il est
rebelle à l'Eglise. Pages 2i et 23, M.deMoal- question de la bulle Unigenitus); mais elle ne
pellier renverse toutes les règles de supério- lui aiait pas été donnée pour l'employer con-
rité qui constituent la hiérarchie ecclésias- tre Jésus-Christ. Peut-on blasphémer plus
lique. H anéantit la juridiction des conciles scandaleusement contre le vicaire de Jésus-
provinciaux sur les évêques de leur pro- Chriît et contre une décision de l'Eglise ?
vince. 11 excite ses diocésains à la révolte En général , il faul convenir que M. de
contre tout ce que pourraient statuer ceux Montpellier a étrangement abusé de la pa-
qui out une autorité supérieure à la sienne. tience de l'Eglise qu'il n'a point mis de bor-
;
413 COL COL 4U
nés a ses déclamations, à ses invectives et à Montpellier continue ainsi Si nous avons la
:
SCS injures, et qu'aucune vertu, aucun s^inc- douleur de voir dans les premières places quel-
tuaire n'a été à l'abri di s traits satiriques ques pasteurs [pourquoi ne pas dire cinq pa-
et envenimés de sa plumf. pes, toute l'Rgiise romaine, tous les cardi-
naux, tous les évêques des pays étrangers,
Lettre pastorale... au sujet d'un répandu
écrit
tous les évéquesd..' France, excepté alors trois
dans le public, sous le titre de Codicille ou
ou quatre) tellement déclarés pour les faux
siipplémenl au Ifstanient spirituel de M.
dogmes de la Oulle qu'il ne permettent pas
l'ancien évéqued'Apt, etc.,du 15 juin 1729.
qu'on enseigne sous leurs yeux la doctrine du
Page Non, certainement, dit M. de Monl-
2. salut; d'autres en plus grand nombre, au moins
peilier Jésus-Christ n'appellera pus de la
, en France, ne reçoivent que le nom de la bulle,
constitution ; mais pour marquer la condam- et prêchent des vérités contraires aux faux
nation (/u'il fait de cette bulle, après les mira- dogmes autorisés par ce décret. Que'le atroce
cles qu'il a daigné faire entre les mains des injure faite à des évoques, que de les dépein-
appelants, il en fera aussi sur leurs tombeaux dre commedes liommes sans honneur, sans
et parleur intercession, en attendant qu'il fasse bonne sans conscience et sans religion,
foi,
triompher leur cause au tribunal de l'Eglise qui reçoivent par lâcheté de faux dogmes, et
universelle qui en est saisi. qui, sans les rétracter, prêchent les vérités
M. Colbert s érige donc en proplièle. 11 dé- contraires? Comment M. de Montpellier a-t-il
clare allirmalivement que Jésus-Christ con- osé has.irder une pareille calomnie, sans
damne la bulle; il annonce des niiiacles faits même essayer d'en rapporter aucune preuve?
et à faire en preuve de celte condamnation. Tous les évêques ont reconnu d'une voix
Impiété, blasphème, témérité fanaliqu . commune et avec joie la doctrine de l'Eglise
dans la constilulion Unigenitus , et ils l'ont
Instruction pastorale... au sujet des miracles
acceptée dans le même sens el avec les mêmes
que Dieu fait en fa>eur des appi lunts de la
qualtficalions que le pape l'a donnée. Quoi de
bulle Unigenitus. Datée du 1^ lévrier 1733.
plus unanime? Leur conduite est conforme à
In-4"" de 50 pages.
cette démarche : les dogmes jansénieiis n'ont
C'est peut-être, a-l-on dl.le plus fanati(]iic pis de paraître dans leurs diocèses
la liberté :
des ouvrages écrits ou adoptés par M. de ils sont renfermés dans les antres et les ca-
Mont|)('llier. vernes. Où M. de Montpellier a-t-il pris
L'auteur, après avoir lancé mille blas-
1° qu'une acceptation, qui a des conséquences
phèmes contre l'Eglise de Jésus-Christ, con- si suivies, n'est qu'uim acceptation apparente
la vérité doit parler elle-même aux hommes. son instruction pastora e. il dit que c'est le
Voilà la cause de toutes les merveilles qui s'o- bref du pape qui doit être argué de faux que ;
pèrent sous nos ijeuT. Les hommes ne parlent c'est le bref qui a scatidalisé, que c'est le
plus de la vérité c'est donc à dire que la
:
bref qui est téméraire, parce qu'il nie des
prédic-ition commune de l'Evangile a cessé; aussi évidents que le soleil. Ensuite,
faits
el c'est (le ce blasphème contre les promesses
adressant la parole au pape même, il lui re-
de .lé^ns-Christque le prélat tire la cause des proche son aveuglement eu ces tcriih s ;
prétendues luervcillcs qu'il vaule. 3° M. de Quoi ! vous ne voyez pas les miracles, cl vous
*15 DICTIONNAIRE DES JANSENISTKS. 416
voyez des hérésies notoires dans notre instruc- feuillestombent de la vigne et du figuier. ..,
tion ! On ne dira pas de vous : Heureux les Qui peut douter que le ciel dans toutes ces
yeux qui ont vu ce que vous voyez ! Mais il prophéties ne désigne l'Eglise ; que le soleil,
est à craindre qu'on ne dise : Vous regarderez la lune et les étoiles ne soient le symbole
des
de vos yeux et vous ne verrez point. 2* Sur docteurs que Jésus-Christ a établis pour être
l'Rglise de Romeel sur ses coutumes, page 30, la lumière du monde. Voilà donc la défeclioa
il attaque les dispenses que donne le pape, générale prédite par Isaïe. Or, selon le pré-
Combien obtient-on tous les jours de dispenses lat figurisie, cette défection est déjà
arrivée
d'abstinence, de vœux simples, d'empêchements par l'incrédulité des premiers pasteurs qui
dirimants du mariage, sur des prétextes fri~ marchent sur les traces des juifs. Voyez
voles, ou même sans alléguer aucune cause, Etemare.
pourvuqu on satisfasse à la taxe? Page 31, , >,, „
il rapporte un pass/ige de Gontarin contre la ^ évéqiie de Babylone et à
,J'*^"/'
Daterie; il parle lui-même contre la coutume ^^-^^ ^''°^' ^'^^'^ '" réponse.
de l'Eglise romaine, qui exige de l'argent pour Lettre à .V. 5. P. le pape Clément XII. 173i.
les résignal ans, e[c.; il taxe cette coutume
Recueil des lettres de messire Charles-Joa-
d'erreur, puisqu'il met en tête de cet article
chim Colbert, évêque de Montpellier. Colo-
cette proposition C'est une erreur de soutenir
:
gne, 1740, in-4% 930 pages sans compter
qu'il est permis de ne pus donner gratuitement
ce que l'on a reçu de Jésus-Christ gratuite-
l'avertissement qui est de 6 pages. Autre —
édition des mêmes lettres en quatre volu-
ment. Il accuse donc d'erreur l'Ei-lise ro-
mes in-12, publiée sur la fin de 1741, ou
maine. 3° Sur l'Eglise universelle et »ur ses
au commencement de 1742.
décisions, page i3, il expliciue les prophéties,
comme si avaient annoncé la défection
elles Il ne serait pas surprenant qu'.ipres la
dans les pasteurs mêmes. Pages kO et i6, c'est mort de M. Colbert on eût fait paraître sous
la même prétention. Page 50, il accuse l'E- son nom des écrits qui n'étaient pas de lui;
glise universelle de tolérer les prêtres répun- puisque, même de son vivant, la chose était
dus par toute la terre, qui enseignent des er- onlinaire, et que souvent le prélat ignorait
reurs exécrables, et qui les enseignent partout pendant plusieurs jours les mandements et
avec une opiniâtreté invincible, et par là de se Ils instructions qu'on publiait à Paris, déco-
rendre complice de leurs iniquités. Quant aux rés de son nom et de ses arme~. Mais quoi
décisions de l'Eglise universelle, voici comme qu'il en soit de ces lettres, il faut convenir
illes traite, page 54 La bulle Unigenitus est,
: qu'elles sont dignes de lui, c'est-à-dire d'Lin
selon lui, ?iH funeste décret qui anathémalise himme dont l'emportement contre la consti-
les vérités saintes. tution et les constilulionnaires n'avait ni
En un mot,
ce qui forme le tissu de tout bornis mesure, le serpent symbolique qui
ni
l'ouvrage, ce sont, ainsi qu'on vient de le est à la tête du Recueil n'exprimant qu'in-
montrer, non-seulement les plus horribles parfaitement le venin qui y est répandu, et
déclamations contre le vicaire de Jésus- qui l'infecte d'un bout à l'autre.
Christ et contre le saint-siépe, mais encore Nous ne relèverons ici que Fiuiposture des
les contradictions les plus palpables, les plus éditeurs qui ont adopté de prétendues lettres
monstrueuses hérésies, les absurdités les plus du cardinal Davia à M. de .Montpellier, et
grossières, les principes de morale les plus ensuite de préiendues réponses de M. de
relâchés et les plus pervers, le figurisme et Montpellier à ce cardinal, et qui ont eu le
le fanatisme le plus outré. front de faire imprimer les unes et les autres
Qu'il est malheureux celui qui en mourant dans le Recueil dont il est ici question, ea
a laissé à la postérité de si affreux monu- citant les Nouvelles ecclésiastiques du 20 fév.
ments de son existence, de si scandaleuses J740, d'où ils ont extrait les fausses pièces,
leçons de rév.olle, et de si contagieux exem- pour en régaler une seconde foi s le public. C'est
ples d'impiété! à la page 895 etsuivantes qu'on les trouve. Le
cardinal Davia y est supposé vouloirdétruire,
I\STBUCTI0N pastorale... datée de 1737
anéantir les jésuites. Le faussaire (le gazelier
Le figurisme partageait
alors, comme l'on ecclésiastique), pour rendre plausible cemen-
sait ,secte des jansénisles. L'auteur de
la songe, avait imité le style d'un étranger qui
cette instruction, qui en est zélé partisan, parle mal français, et sous celle enveloppe
insinue clairement et établit une défection il avait cru débiter impunément les noirs
considérable de toute l'Eglise qui doit arri- sentiments de son cœur.
ver avant la fin du monde. C'est un système Dès que la feuille où saut ces lettres ima-
fanatique et monstrueux, mais il leur est ginaires eut paru à Rome, elle fut condam-
nécessaire pour soutenir leur parti l'auto- ; née au feu par un décret du 15 avril 1740,
rité du corps des premiers pasteurs est un comme étant un écrit détestable, qui contient
poids qui les accable. L'unique ressource des relations fausses et calomnieuses, tendant
est donc d'anéantir l'Eglise enseignante, par à séduire les simples et à ternir la réputation
une a|iostnsie pres(|ue universelle, afin de d'ine personne constituée dans une éminente
décréditer par là Sf s décisions. diijnilé comme si cette personne avait été ci
;
Isaie. dit M. de Montpellier, voit un temps liaison d'amitié et en société d'erreur avec ces
oit tes étoiles du ciel seront languissantes, les hommes réfractaires.
deux se plieront et se rouleront comme un Près de deux ans après, le faussaire lui-
livre, tous les astres en tomberont comme les même (le gazelier janséniste) fut obligé d'à-
—
vouer dans sa fouille du 4 février 1742, que ministres janséniens répondent qu'ils ont
les lettres à M. de Montpellier, (pii portent le pour eux tous les évêques appelants qui
7iom cardinal Bavia, ne sont pas de hti.
(la sont morts. Par cet ingénieux moyen, ces
C'est ainsi qu'en 1749, un aulrc janséniste, messieurs se pasi-ent des évêques vivants,
IM. Ponci'l, rjiuteur des Observutions sur le et réduisent tout le corps pastoral aux seu-
bref da pope au grand inquisiteur d'Espagne, les ombres d'une quinzaine de pasteurs tré-
y a ajouté une prétendue lettre du P. Dau- passés. 3° Ils prétendent que l'acceptation
Lentan, jésuite, au P. Croisel, qu'il a enrichie des quarante a été relative, et ils s'efforcent
de quelques notes. Celte fausse lettre avait de le prouver 1° par le tissu même des
:
déjà été publiée en 1714 les jansénistes la : mandements où il n'y a p^is un seul mot
ressuscitèrent en 172G. Enfin, en 1749, ils lui qui puisse le faire soupçonner; 2" par la let-
ont fait voir le jour pour la troisième fois, tre de plusieurs évêques à M. le duc d'Or-
sans se ressouvenir des écrits publics par léans, de janvier 17ÎC lettre fausse, sup-
:
lesquels on avait confondu l'imposture. On posée, dont la fausseté a été démontrée par
peut juger par ces traits combien la calomnie le cardinal de Bissy, dans son instruction de
est au fond inépuisable pour les héiéliciues. 172o, pages 22<5 et 227; en un mot, lettre
Mais quels hommes (lueceusquides.ing-tVoi.l chimérique, qu'on a délié les jansénistes de
fabriquent ainsi dans leur cabinet des lettres produire, et qui ne subsiste que dans leur
du cardinal Davia, fies réponses de M. Colbert, imagination.
des lettres du P. Daubentan, et qui ensuite La lettre des curés est suivie d'un mé-
en inondent le public, en s'écriant d'un ton moire apologétique de quatre-vingt quatorze
hypocrite qu'ils ne cherchent que la vérité pages.
et la charité ! CORDIER (JEâ.-s), un des pseudonymes de
Jean Courtot.
L'hérésie janséniennc, après la mort de
COUET, chanoine et grand-vicaire de
Colbert, eut quelques défeiiseurs dans le dio-
Paris, possédait la confiance du cardinal de
cèse de Montpellier. Voyez Gicltier. Voici
Noailles, du chancelier d'Aguessoau et de
Une pièce entre autres qui le prouve.
plusieurs autres personnages. Il fut d'abord
Lettre de plusieurs curés, he'néficiers et au- partisan de l'appel, mais ensuite il contri-
tres prêtres de la ville et du diocèse de bua même au retour du cardinal. C'est lui
Montpellier, à M. Georges Lazare de Cha- qui est l'auteur des lettres Si l'on peut per-
:
rancy leur évêque, au sujet de son mande- mettre aux jésuites de confesser et d'absoudf'e.
ment du V' juillet il'i^, pour la publica- 11 mourut en 1736.
tion de la bulle Unis.'nitus et mémoire ,
COURAYER (Pierre-Fra\çois Le) na-
apologétique pour la défense des ecclésiasti- quit à Rouen en 1681, fut chanoine résulicr
ques de ce même diocèse, accusés dans leur de Saint-Augustin, bibliothécaire de Sainte-
foi par M. l'évéque dans ce même mandement Geneviève à Paris, opposant à la bulle Uni-
1744, jn-4" 102 pages. genitus, apostat, et mourut le IGoctobre 1776.
La lettre est datée du 23 août 1742. On Voici ses ouvrages :
sans chef et sans évêques, les vingt-sept jacobin (2), Fcniiell(3), entrèrent en lice, el
(\) La disseï- talion du P. Le Courayer sur l.i sue- validilé des ordinations dus Anglais, (tnr le Père Le
cessiondes évêques ans^hiis el siir la validilé de leurs Quii'n , de l'ordre de Sainl-Doininiqne. Paris, Si-
ordinations, rélniée; en deux parties: l'une concer- inul, fi-iS, iii-1'2, ;J vol. Lamillité des ordin liant
nant la queslion de fait, eil'aulie celle de dnill par ;
anglicant's, dénionlrée de nouveau, lanl pour les laits
le l'ère Hardouin, jésnitc. Paris, Ant. Urb. Coiisie- (|iic pour le droit, contre la dcfi use du Pèr.: Le Cou-
lier, i~-li, \n-H, -i vol. rayer, par le l'ère Le Qnien, df l'oidre de Saint-
("2) JStillité des ordinalions aiuilicaitcs, ou réfu- Diiniini(ine. P.iris, Fr. Dabuty, ITTiO, in-l'i, 2 vul.
tation de la disfariatiuii du Père Le Courayer sur la (5j Mémoires, „« rtîesprtniînn sur la validité ul»
,
Le roi rendit ensuite dans son conseil un Rochebonne) est du 4 de novembre; celui
arrêt (le 7 septembre 1727) par lequel il or- de M. lie Luçon (Rabutin de Bussyj est du
donna que les deux livres seraient lai érés l"' octobre, etc.
et supprimés, à peine contre les conlreve- L'année suivante (le 18 septembre 1728)
nnnls de 3,000 livres d'amende et de plus les deux livres du P. Le Courayer ayant été
grande punition s'il y échoit. dénoncés au concile d'Embrun par le promo-
Il y avait trois ans que ces dangereux teur du concile, M. Gaspard d'Hugues, M. de
écrits se débitaient à Paris, et dans l'abbaye Marseille ût là-dessus son rapport, et, ea
même de Sainte-Geneviève. Le P. Le Cou- conséquence , le 2G du même mois, le concile
rayer s'en était déclaré lui-même l'auteur, dans sa 28* et dernière session condamna les
et cependant M. le cardiual de Noailles ne deux livres comme renouvelant des dogmes
l'avait point poursuivi par les censures. Ce hérétiques sous une fausse couleur de con-
religieux était appelant, et ce titre était pour cilier les dogmes catholiques avec ceux des
lui une sauvegarde. On souffrit qu'au milieu Anglais; comme combattant la primauté de
de Paris il montât à l'autel, et qu'il célé- la chaire de saint Pierre et l'autorité des
brât tous les jours nos saints mystères, évéi|ues; comme allaquanl' la doctrine ca-
après avoir publiquement dogmatisé contre tholique sur le caractère imprimé par les
la transsubstantiation et la présence réelle sacrements; comme défendant sur l'eucha-
dans l'auguste sacrifice de nos autels, contre ristie les erreurs des Anglais condamnées par
la forme de nos ordinations contre nos , le concile de Trente; comme soutenant que
or(lin:ii'o:i3 des Anglais, et sur la succession des amis , sur une dissertation toucbant la validité des
éveijues anglicans, en réponse au livre du Père Le ordiii allons des Anglais. Paris, Gabriel Auianry ,
Courayer. |iar M. E. Feiinell. Paris, Nicolas Leclerc, 172i, in-12. — Lettre an li. P. Le tourayer, sur son
172G, ui-S", 2 vol. traité des orilinalions des anglais ,
par un religieux
(1) On pulilia encore d'amres ouvrages conire Le Bénéiliclin. Paris l. B. Lainesle , 17ât), in-Ï2.—
—
,
jansénistes n'ont eu garde île s'expliquer chevêque d'Fmhrun, dans l'excellente In-
encore si crûment, quoiqu'ils aient laissé siruction qu'il a publiée contre ce pernicieux
connaître plus d'une fois qu'ils ne pensaient ouvrage.
guère mieux sur ce point. Les premiers égarements de Le Courayer,
Jusqu'ici, ils n'ont appliqué le nom de dit ce grand prélat, nous avaient préparé au
chimère qu'au prédestinaiianisme, au haïa- scandale que nous déplorons. Engagé dans le
nisme, au jansénisme et, dans les Nou-
, parti funeste qui cause aujourd liui tant de
velles ecclésiastiques, à l'acceptation de la troubles, il s'était accoutumé û mépriser l'en-
bulle Uniijcnitus. Le Courayer, en enfant seignement des premiers pasteurs : flétri par
perdu, est le premier qui dise si hautement son archevêque, par une nombreuse assemblée
que la présence celle est «»c chimère ; aussi
i d'évéqucs, par le concile de cette méiropoh
doil-il s'attendre que cette imprudente fran- (d'Embrun),... il s'était raidi contre les cen-
chise ne sera pas du goût du parti. sures, et il avait vu„ sans être effrayé, l'ex-
Un aulre article, où ils n'osent le soutenir communication lancée sur lui par te généra!
ouvertement, est ce qu'il dit des conciles gé- de son ordre. Faut-il donc s'étonner qu'il ail
néraux. Il ne pense pas que la décision des foulé aux pieds les engagements les plus sa-
conciles généraux dispense d'examiner, et ce crés , ete Quand on vient à méconnaîtra
n'est point à son avis une preuve certaine la règle qui seule peut fixer notre foi, quand
qu'un dogme soit de tradition parce qu'un , on se livre entièrement à sa passion, quand il
concile général l'a adopté. \oil;i ce que ilit n'y a plus que l'orgueil, que l'opinidii clé qui
des conciles généraux un appel mt au futur décident de ce que l'on doit croire, dans celte
concile. On voit par là quelle soumission il déplorable situation d'esprit dan^ cette pri-
,
aurait pour ses décisions, et en cela il a bien vation de toute saine lumière quelles bar-
,
des secrets imitateurs, lesquels, si on tenait rières ne franchit-on point ? N'esl-on pas en-
le concile, n'en feraient pas plus de cas que traîne d'abime en abîme ?
,
Ce qui est arrivé d'une iniinière si écla- la Fréquente conuminion, page 680, dit, quo
tante au P. Le Courayer, arrive souvent on comme l'eucharistie est la même viande qu:
effet d'une manière plus secrète à une in- celle qui se mange dans le ciel, il faut n'ces-
finité do jansénistes. Ils commencent pnr saireinent. . qu'il n'y ait autre di/fércnci.
.
se révolter contre la bulle Unigenitus, et iis qu'autant qu'il y en a entre In foi et la claire
finissent par n';ivoir plus aucnne es|)èco de vision de Dieu, de laquelle seule dépend la dif-
religion. Quoi ((u'il on soit, Yi. l'archevêque férente manière dont on le mangf sur la terre
d'Eîiibrun, .tpiès avoir f;iit connaître à fond et dans le ciel. Expressions fausses et très-
Fra-Paolo, après avoir montré ce que l'on suspectes, puisque entre ces deux manduca-
doit penser (lu sieu' LeConraver lui-même, tions mêt;iphorique^ l'une sur la terre par
,
cond;imua le livro don.t il s'asit comme éla- la foi, el l'autre dans le ciel par la vision
blUsant un sijslhne ch religinti impie el ln'ré- béatifii|ue,il y aune troisième manducalion,
tiquc, comme conlentint un très-grund nombre la manducation orale, la seule propre et vé-
de propositions respectiv meni fausses, témé- ritable mamkication qui est indépendante
raires, scandaleuses, captieuses, séditieuses, de la fui, et dont M. Arnauld devait parler,
et déjà condamnées; injurieuses aux évcques, s'il voulait parler juste ou s'il pensait ca-
,
les curés de Paris, à raison de divers éirils voyées de Home en Franre louchant les ex-
que les habiles du jiarli ont faits pour eux. plications demandées par les appelants de la
Ici nous allons mentionner quelques autres balle Unigenitus, lues dans lacongrcgation
pièces qui les regardent et dont nous nrcon- des cardinaux en présence du pape, et (/ui
,
naissonsjjas les autours. Voy Avocats, 1!oi;r- ont déterminé Sa Sainteté à n'en point ac-
siKBS, de. corder.
Lettre des citrés du diocèse de Paris, du 15 Mémoire de trente curés de la ville de Pa>is,
décembre il 16, à M. le cardinal de Nouilles, présenté ci Son Eminence M. le cardinal de
au sujet de la constitution Uiiigeuitus. Noailles. au sUjCt du bruit gui s'est ré-
In-12. pandu d'une prochaine acceptation de la
bulle Unigenitus. Le IG mai 1727. In-i-
Lettre du clergé de réglise paroissiale de
de 20 pages.
Sainl-Rock, à M. le cardinal de Noailtcs,
au sujet des bruits répandus que Son Emi- Les trente curés, dans ce mémoire .'(chis-
nence était sur le point de recevoir la con- matique, rappellent au cardinal sa fermeté
stitution Unigenitus. In-8°. p.issée, et l'encouragent à se soutenir. Ils lui
disent qu'on ne peut ni publier la bulle, ni
Le Témoignage de MM. les curés de la ville
rarcepter;ques'ils la publiaient, leu; s p.irois-
et du diocèse de Paris, au sujet de la con-
siens s'élèveraient tonU'e eux, et que par
stitution Uni^enilas, dans leurs lettres pré-
sentées à M.
une méprise peu bonorable à la bulle Uni-
le cardinal de Noailles
genitus, les !";los croiraient que les pro-
1717,in-4.°.
positions qu'elle condamne sont des instruc-
TÉMOIGNAGE du clergé séculier et régulier de tions qu'elle donne.
la ville et du diocèse de Paris, au sujet de
Un arrêt du conseil d'l*!lal, du li juillet
la constitution Unigenitus. 1717. 1727, supprima ce mémoire comme scanda-
Pour balancer l'autorité irréfragable du leux, et comme contraire aux dérisions de
corps épiscopul uni à son clief, on a em- l'Eglise et aux lois de l'Etat. Le roi, par cet
prunté cl mis en. œuvre l'autorilédc queliiues arrêt, ordonna que les exemplaires en se-
cures et de quelques supérieurs de; commu- ront lacérés. Par des lettres particulières, Sa
nautés régulières et autres, parmi lesquelles Majesté commet le lieutenant général de po-
on n'a pas manqué de placer les frères Tail- lice, pour informer contre les auteurs de
leurs de Paris, et les sœurs Grises d'Abbe- ce mémoire et pour leur faire leur procès
Tille. définitivement et en dernier ressort, selon la
Apologie des curés du diocèse de Paris , rigueur des ordonnances.
contre l'ordonnance de M. l'arclievéi/ue de Les très-himbles remontrances des curés de
Reims, du h- janvier 1717, portant condam- Paris qui ont présenté à M. le cardinal de
nation d'un imprimé intitulé : Lettre des Noaillesun mémoire au sujet du bruit, elc.
curés de Paris et du diocèse, etc., dans In- Dans ces très-humbirs remontrancs, mes-
quelle ils déduisent les causes et moyens de sieurs les curés de Paris répèlent toutes les
l'appel par eux interjeté de lu constitu- erreurs contenues dans leur Mémoire et
tion Unigenitus. 1717, in-4-°. dans leur Lettre. Ils y renouvellent leur ap-
Voy. Boursiers. pel schismaliquc au futur concile œcumé-
CocLDSioNS du chapitre de l'église métropo- nique; et, pour colorer leur révolte, voici "
lesijuelles il adhère à l'appel de M. l'arche- Ce n'est pas, disent-ils, une cause particu-
véifue. du 3 avril précédent. In-'t*. lière aux curés de Paris; elle leur est com-
Voy. NoAii.i.KS. mune avec un nombre d'évéqucs très-respecta-
bles : avec M. le cardinal de Noailles aux
Acte des quarante-huit curés de Paris, par
actes duquel ils ont adhéré, avec des universi-
lequtl ifs adhèrent à l'appel du cardinal de
tés, avec un nombre prodigieux d'ecclésiasti-
NoaiHes, etc.
ques du second ordre, tant séculiers que
hUTE des chanoines, cwés, docteurs et ccclc- régulers, dont l'appel a lié irrévocablement
siasti ntes sccitliers et régulic s de la ville
cette grande affaire au tribunal de l'Egliie
et dudiocèsede Paris,)ini ont déclaré par des universelle. Leurs personnes , leur honneur,
actes envoyés ci nos seigneu- s les évéïjuesappe-
leur liberté sont sous la protection de Dieu
lants, qu'ils persistent dans leur appel, et
et du saint concile. Nul trtbuwil inférieur,
prolestent de nullité contre tout ce qui
nul concile partiddier ne peut infirmer cet
pourrait avoir été fait, ou gui pourrait se
appel, ni juger définitivement une de» plut
faire, tendant à infirmer leur dit appel.
grandes causes </»t aient jamais été dans
II y cul plusieurs éditions de cette pièce; la l'Eglise.
troisième, corrigée ctaugmenléc, cil de 1721, Les trente curés ajoutent que la bulle
in-»'. Unigenitus ne peut jamais être par elle-même
DiGTiONM DES UÉatSIKS. 11. , - - 14
427 mCTIONNAIIlE DES JANSENISTES. 423
niunlrancL', l" le dogme impie de Marc-An- alors à l'aris, dans la communauté de Saint-
loine de Uoniinis et de lUclici-, que dans le HiLiire. Ce qui doit charger de confusion
gouvernement de l'Eglise tout doit se régler les auteurs de cette rc>]uêle, c'est que le
en commun; en abusant grossièrement de sieur Le Houlx celui-là même sur Icquels ils
celte parole de Jésus-Chri t : que tout es-
prélcndenl que le miracle s'est opéré, celui
prit (le domination y doit être interdit; que le par.i s'est pressé de conduire dans
2" licrcsie du prcsbjlcianismc, c'est-à-dire t ;us les quartiers de Paris p ur y publier
1
Le roi déclare que c'est par un esprit de ré- la que le jeune homme écrivit à son
lettre
comme si le roi avait excédé les bornes de son gère, on entreprit de lui faire entendre qu il
était en très-grand danger. On le confessa
pouvoir en ordonnant que cette loi reçue
le lundi et le confesseur lui déclara que
par le corps des paslcurs unis à leur chef, se- ,
peine de punition exemplaire contre ceux qui maison. Ces messieurs de la maison avaient
se trouveront saisis desdits exemplaires. Le
donc leur dessein; et ce dessein était de
roi ordonne que le procès sera fait à l'au-
grossir en apparence la maladie. Dans cette
leur, à l'imprimeur et aux distributeurs de ces
»ue, ils firent faire au malade de fréquentes
exemplaires, suivant la rigueur des ordon- saignées; il en fallait multiplier le nombre
nances.
pour embellir les certificats. .Mi'is pour faire
bientôt courir le jeune homme dans tout
Lettre des trente curés de la ville, faubourgs Paris, il ne fallait pas épuis;'r ses forces; le
etbanlieue de Paris, à Son Eminence M. le moyen de satisfaire à tout fut de reitérer
cardinal de Noailles..., au sujet de la let- souvent les saignées, et de ne lui tirer pres-
tre écrite à Sa Majesté par plusieurs pré- que point de sang. J'avais déjà été saigné
lats, à la tcte desquels se trouve Son Emi- tfUat^e fo.s, dit le sieur Le Uoulx, mais on ne
nence, sur le jugement rendu à Emhj'un „jg ((,„,; pi esque point de sang, cequifiit que
contreM.révèquedeSenez(Soanen), 1728, saignées ne m'affaiblirent puint. Comme
cessaiiinécs
ces Coiiin le
si considérables en elles-mêmes, si évidemment signa, tel (lu'i! lui fut présenté. Les chirur-
attestées par un grand nombre de témoins giens (Cuula\o et Baiily). r.sislcrent quel-
dont la sincérité est connue, et revêtues de ca- que temps, mais enfin ils succombôrcnl. On
ractères si éclatants, qu'ils espèrent que Sa lit l'aire au jeune homme une relation, qu'on
isd CUR CUR 430
corrigea plusieurs Enfin, on le condui-
fois. ordonnances de M. l'urchevéqur de lîcims,
sit d.iiis une infinilé de mai^iOns, pour y ra- cleso octobre 171() ^t 20 )n(iis 1717, nu su-
conter le inirucle imaginaire et donner vo- jet de la constitution Lnigcnilus; p.ir M'
gue à imposture.
1 Chevalier, avocat; avec des letlreset actes
Tel est le n)lr,.cle que les vingt-deux curés de plusieurs cures du diocèse de Reims.
de Paris ont eu l'audice de présenter à leur Paris, Fr. Jouenne, in-i".
archevêque pour imi informer. M. l'arclic-
vêquo en prit en effet connaissance, et le
MÉMomE pour le ch'ipitre de l'Eglise métro-
politaine de Rtims, et autres , appelant
sieur Le Uouls, par un acte du 30 mai,
lui déclara que la relation présentée par les
comme d'abus des ordonnances de M. l'ur-
clietégue de Reims, des o octobre et 9 dé-
curés et faite par lui même, à l'instigation
cembre 1716, et 2) mars 1717; par M' Guit'
de ceux, qui l'environnaient alors, ne conte-
let de Btaru, a\ocal, a.\ec un recueil de
nait point vérité, et qu'il persistait dans celle
pièccsqui j ont rapport. Paris, Fr. Jouenne,
qu'il avait faite à M. de Laon.
1717, in-V.
Le "2 avril suivant, le jeune homme, plein
de courage et de zèle pour réparer sa faute, Mémoire pour la faculté de théologie de
écrivit encore à M. de la Fare, et le pria de Reims, appelant comme d'abus des ordon-
vouloir bien donner son niandemenl, pour
démbuser le peuple sur ce prétundu miracle.
nances, aU-.; par W
Chevalier, avocat;
avec la proiestalion de l,i faculté de théo-
Ce lut en conséquence que ce prélat publi.i, logie de Reims etc. Paris , Fr. Jouenne. ,
d'iniquité; Nicolas Le Gros, Claude Baudouin nait qu'on fît lecture de ce mandement. Les
cl Jean-François Maillelér, chanoines de curés, le ciiaiiiirc et la faculté de théolo-
Reim,, rtf.saiit de se soumettre à la bulle gie, relubèrent de faire celle lecture, quoi-
Vniyenitus, furent excommuniés par sen- qu'elle leur fût prescrite sous peine de sus-
tences rendues le 17 juin l'io, en l'oflicia- pense encourue ipso facto.
lité de Reims. Ces sentences lurent publiées
L'hérésie est, comme on voit, peu d'accord
avec le mandement du vicaire gênerai de avec elle-même. Mille fois on a entendu les
M. l'arclievéque (de Maillij, à Reims, li. jansénistes soutenir que chaque evêque en
Multeau, 1715, iii-4°. particulier, indepcnd;inifiient 1 1 du pape et
A celte occasion plusieurs pièces furent du corps des évêques, est le mailrc absolu
publiées par les excommuniés, ou par leurs de doctrine dans son diocèse. Un homme
la
avocats, en leur nom. s'est depuis élevé, cl, dans un ouvrage fana-
Mémoihe pour les trois docteurs et curés de tique intitule le Témoignage de ia Vérité il
:
,
Jieims, appelant comme d'abus d'une sen- est allé jusqu'à vouloirqiie le cri tuiiiuîlueiix
tence d'txcommunicalion prononcée contre du sim|ile peuple fût la règle de notre foi. Ici
eux, etc. l'aiis, Uamien Beugnier, 171G, l'on prétend que la vois des évcq nés est inutile,
in-4°. sans le suffrage des ecclesiasliques du se-
Mëmoikk des trois docteurs et curés de Reims,
cond ordre, et c'est en particulier l'unique
pour obtenir but que s'est proposé l'auleur du Iroi.siéme
le renvoi au parlement de la
cause intentée contre eux, au sujet de la mémoire. Voici quelques-unes de ses propo-
sitions :
constilulion Unigcnitus. Taris, Uamien
Beugnier, 171C, in-4°. VagdOii Une croient pus flesdocleurs, cha-
.
channines et des trois curés, pour être dé- C'est ainsi que
jansénisme détruit toute
li-
D
DAMVILLIEllS, pseudonyme donl Pierre Soanen, le 12 février 1736 : Vous pom^fz voug
Nifole a fait usage. ress uvenir qu'au tnois d'octobre 1729, ro«*
DANTINE doin). Voyez Clkmencet. n'aviez point encore ouï parler il'un ouvrage
DARCY ou CADRY (Jean-Iîaptiste). Un condniinc le i" août 1726, dans une instruc-
de ces deux, noms est l'anagramme de tion pastora'e qui porte votre nam. Par où
l'autre;mais teiv^l? Les uns disent que l'on voit que Débonnaire croyait comme,
Darcy est le vr^i nom de cet honnête jan- d'autres, que les écrits publiés sous le nom
séniste, qui, par anagramme, l'avait c!)angc de ces prélats n'étaient pas d'eux. C'est lui
en celui iJeCaiirj'. D'aulri's prétendent le con- que Soanen attaque dans sa Lettre d"u 20
traire ; M. Picot croit que le vrai nom e4 juin 1736.
Cadiy, et D.ir-y le nom de guerre. Quoi qu'il DEFOUIS (DoM Jean -Pierre), bénédictin
en soii, Darcy ou Cudry naquit en l'rovence de congrégation de Saint-Maur, né à
la
en 1680, et fut tour à t mr théologien de Monlhrison, en 1732. Il se prononça forte-
Vcrlhamon, évêque de Pamiers, de So;inpn, ment contre les principes révolutionnaires,
cvèquo de Sencz, et de Caylus, évéque d'Au- dans une profession de foi courageusement
xerre. H mourut à Savigny près de Paris le exprimée dans une lettre qu'il adressa au
25 novembre 1736. Journal de Paris, et formant 23 pages in-S".
eut part à VInsiruction pastorale de
11
11 y fut fidèle, et la scella de son sang, le 2o
Soanen, qui donna lieu au concile d'Embrun. juin 179't. Arrivé au pied de l'echafaud, il
lï est auteur des Apologies, du Témoigiingc demanda cl obtint d'être exécuté le dernier,
et de la Défense des Charlrcus réfugies en
afin de pouvoir olïrir à ses compagnons d'in-
Hollande. fortune tous les secours de son ministère.
Histoire du livre des Réflexions morales et de Cependant ce religieux était janséniste;
,
papiers (1), et ce qui n'était destiné qu'à son professeur de Sorbonne, chanoine et théolo-
us.igc. Os essais informes, le plus souvent, gal de Rouen naquit à Paris en 1G72. F.xilé
,
allciidaicnl d'être mis en œuvn-, on n'ét àenl à Périgueux, lors duT'is île ron^cience dont
que des matériaux. D. Déloris n'en jugea pas il était un des signataires, il se rétracta et
ninsi, et grossit son éiiiUon de tous ces mor- obtint son rappel. Il prit part aux démarches
ceaux. Un autre défaut de son travail, c'est de la Sorbonne sous la régence, fut exclu
la longueur de ses préfaces, la profusion de des assemblées de la faculté, en 1729, et
SCS noies, rt surtout l'esprit dans lequel elles signa la Consullalion du 7 janvier 1735,
,
par l'ablié Chevreuil, et en porta ses plaintes On rendrait, dit-il, un ijrand serviceàl'Eglise,
au chancelier. Dom Déforis avait déjà reçu si l'on en exterminait te rosaire et le scnpu-
l'ordre de n'iu);Timer que le texte de lioisuet. laire. Proposition téméiaire, scandaleuse,
On dit (|u'il eut défense de continuer, cl il offensive des oreilles pieuses, et qui ne
parail (|ue le régiini^ même de .sa congréj^a- prouve que trop cette horreur impie qu'ont
lion lui interdit de s'en occuprr. C'est ce qui les jansénistes pour le culte de la sainte
ex])liquo pourquoi les derniers volunns, Vierge, et pour tout ce qui tient à une si so-
publiés par le libraire, n'ont pas reçu la lide dévotion.
dernière main. On essaya néanmoins de Les AiTELRs du Libelle inlilidé tLe venin des
ciintiiiuer cette édition. Ln 1790, on donna écrits contre les ouvrages du P. Platel et
les volumes XIX. et XX, contenant la Dcpnse du P. Taverne, découvert à -M.M. les ricc-
de la (/ec/ /rai'yji du cleigé, et il se répand tenrs de la Faculté de ihéologiedc Dou.ii,
en ce moni'ni (1813) (luedeux aulre-i vulumes convaincus de calomniis pir les lettres et
Tiennent d'être présentés au roi. Mais on a la déclaration de M. Deligni/ adressées à
beau faire; il n'est pas à croire que celle trois j)rrlats plus de deux ans avant (/u'il
édition se relève du discrédit où elle est revînt de son exil. 170i, in-12de 87 pages.
tombée, lille est jugée à jamais, non-seule- Les ou\ rages des PP. l'iatel et Taverne,
ment par ceux qui n'onl pas l'honneur de jésuites, ayant été attaqués par divers écrits
penser comme Uom Déforis sur certaines jansénistes, on y répon:lii par nue brochure
matières, mais par tous ceux qui cnl un piMi intitulée Le vmin ilcs écrits, etc., dans la-
:
de goût, de ju;;enient et de mesure. C'est une quelle le bachelier Deligny se trouva fort
collecli'in enlièriineul manquée , et les m.iltiailé.Ce fui pour se uefeiidre, qu'il pu-
elTorls qu'on a faits en dernier lieu pour la blia le Libelle dont il esl ici question. Ce
réhabiliter ne rccoucilieroiii pas le public n'est qu'un/ecueilde quelqnes-unesdeses let-
avec elle. C'est une ciim|iilation informe et tres dont la première est à .M. d'Arras, la
un ouvrage de parti: deux délauls majeurs, deuxièmi' à M. de Cambrai, cl la troisième
qui sont sans e\cuse et sans reuièile. » à M. de Pàri^; vient ensuite une déclaralioii
DELAN (FuANçois-IlïACiNruK), docteur et de ses sentiments, lùifia la quatrième lettre,
(I) El c'est, ajoiiions-noiis, lui en reiidrc un fort goût, avait dit Qu'elle aille se promener : Abeat quo
:
mauvais, ipie di; |iulilli r des ouvrages ipi'il avait libueril; car elle élail le Uiurihenl de sa loi, de -oi»
coiidunniés liii-iiieiiic à ue jamais voir li; jniir ; des p(enrel de son esprit. (Voijei Dussuet , ëvéjUe de
ouvrages tels , par ixeinp'e, (pie la Uéfemi: île la Troyes. )
déilarnl on île lUSi, dom linssiiel, qui l'avaii cnire- {i) Ce sont les lornies du pioccs-verbal. Note de
pii»e, iravadlco cl leliavaillco mai le ci inaiiile luis VAiiii (le la Itcligion.
(i-Tis pouvoir jalnai^ la Icnuiner on ta irouver de son
45J> DICTIONNAIRE DES JANSENISTES
qui e«t la plus longue, est encore à M. d'Ar- sionne cet article. Il en rétracte et condamne
ras, et renferme quelques lettres du P. de ta qiii'lques-uns; il veut justifier les autres:
Chaise. et il a l'audace de dire qu'il n'a avancé ces
Ce Deligny dont il s'agit est ce bachelier propositions que dans le sens des tho-
de Douai si connu par l'aventure du faux mistes, lui qui, en parlant à cœur ouvert,
Arnauld, dont voici en peu de mots la fa- avait traité deux fois ce sens des thouiisles
meuse histoire. de folie et d'extravagance. Voyez Arnauld
Quelques théologiens de Douai déguisaient [le faux).
avec grand soin leurs sentimcnis erronés, et DKSANGINS, prêtre dont on VQulut faire
disaient, avec les autres jansénistes, que le un thaumaturge pour relever le crédit de
jansénisme n'é'.ail qu'un fantôme. Un inconnu râris.
eut l'adresse de les faire sortir de leur se- Relation des maladies et des guérisons
cret. 11 écrivit au sieur Deligny, en prenant
miraculeuses de Marie Gault, et surtout
le nom de M. Arnauld; et par ce moyen il
de la dernière opérée par l'irit' rccssion de
l'engagea à se trahir lui-même, et à conve- M. Des ingins, prêtre, mort à Paris en
nir de S'in intime adhésion à la doctrine de enterré à Saint-Severiii, 1733,
1731, et
Jansénius. Ce bachelier, croyant écrire à M. Rousse, etc.
in-4-°. T'oT/e;;
Arnauld, ouvrit son coeur, et dévoila ses vé-
ritables sentiments. DESBOÎS DE ROCHEFORT (Élkonorï-
Je suis enlièremettt persuadé, lui dit-il dans M^RiE! naquit à Paris en 1710, fut doc'eur
une de ses lettres, (jue M. l'évéque d'Ypres a de Sorbonne, vicaire général de la liochelle,
été condamné par une faction d'une bande et ensuite curé de Saint-André des Arcs à
molinienne, ei qu'il ti'a jamais tenu d'autre Paris. Il embrassa les principts de la révolu-
doctrine sur la grâce qw
celle de saint Au- lion , et fut évêque constitutionnel de la
gustin : je crois même que nul pape n'a ja- Somme il subit néanmoins des persécutions
; :
mais donné de plus évidenti's 7narques de fail- lorsqu'on l'eut arrêté, on le mit, pour l'hu-
llliilité, que dans la condamnation rffs cinq milier, avec dos prosiituées. Au bout de
propositions in sensu a Jansenio inlento. vingt-deux mois de détention, il fi't rendu à
Je suis persurdé, dit-il dans une autre let- la liberté; alors il se fil imprimeur, et c'est
tre, que les papes ont manqué en condamnant de ses presses que sortirent les différents
Jansénius, et ainsi je ri'ai aucun scrupule de écrits en faveur du cler^'é constitutionnel. Il
lire les livrts qui traitent du jansénisme. fonda les Annales de la religion, ou mémoires
Et dans une aulre
il s'exprime ainsi : pour servir à I histoire du xviii' siècle, par
Quant à la grâce suffisante, je tous dirai ou- une société d'amis de la religion et de 1 paix.
1
verlement ma pensée ; je suis persuadé qu'une Ces amis de la religion et de la paix étaient
personne samnte en a porté un jugement très- Desbois lui-même et ses confrères Gréi^oire
juste et très-équitable, quand elle a dit que In et Uoy(M-. D';iprès le jiro pcclus qui parut
grde suffisante des molinistes est une errnir, au mois de juin 1793, il lut ai^é de prévoir
moi crois une liércsic, et quf la grâce
je la que le nou\ eau journal ne serait guère que
suffisante des thomistes est iine so'tise. la sui'e (\('S Nouvelles ecclcsiasiiquey, et n'ob-
Enfin, dans uneanlre lellre, voici comment tiendrait pas la confiance du clergé. Les
ilparle : Je déclare devant Dieu que j'<ii une noms (]ue nous venons de citer annorçaient
attache inviolable à tous les sentimnUs de M. as-ez que le j'uisénisme et l'esprit révolu-
Arnauld, etc. Que je
'-rois que lu liberté d'in- tionnaire brilleraient également dans les
difjéreuce dans la nature corrompue n'est Anna'es. D'autr^ s umis de la relijion el de la
qu'une rh mère et une invention htinaine, et paix concouraient à cette publicaiion nous ;
le reste d'une philosophie pé aginne. Que nomme ons Saint-Marc, ancien lédacteur
depuis la chute d'Adam il n'y a plus de grâce di's Nouvelles ecclésiasii/ues, Servois, Daire,
suffis tnte, 7nai< seulement efficace, etc. Que Pilel et Sauvigny. Minard et Grappin y don-
le sentioieni des molinistes sur ce chapitre est naient quelquefois des article^. Ces Annnles
deni'-prlngien, et que l'opinion des thomistes ci>nimencè enl en 1795 et durèrent jusqu'en
est une pure sottise et une extrava ;anee. Que 1803, époque où elles furent supprimées par
sans la grâce efficace, non seidement nous ne la police, comme tendant à jierpétuer les
faisons rieu de bien, mais encore nous ne troubles. Ce recueil forme dix-huit volumes
pouvons rien faire, et que c'est être demi-pé- in-8°. (^esl tout dire, qu'il peut être regardé
Ir.gien que de penser le contraire. Qu'entre comme la suite de la gazelt" janséniste. Les
les dérotion" populaires qui se bornent à un rédacteurs étaient presque tous allacliés
culte extérieur et demi- jud tique, on peut à ce parti. Desbois mourut le 3 septembre
compter le scupulaire. le rosaire, le cordon, et 1807. {Ami,\.. XVII, p. 71.]
d'autres confréries, it que ce serait faire un D!;Si;SSARTS (Alexis), naquit à Paris en
seriire â l Eglise que d'abolir ces dévotions 1G87, entra dans l'état ecclé-ia-lique, fut
fantastiques qui tienuent plus de la mome- appelant et concourut aux é;rils publiés
rie i/ue de ta rériiable piété. contre la Imlle, en 1713 et 1714. Il avait
L'iiicon- Il pr posa e core au bachelier quatre frères, tous ecclésiastique-. 1 jansé-
1
Deiijiiy de signer une thèse de sept articles, niste-; l'un deux est fort connu sous I" nom
pun meut j>ln^éni^nne, et le bacnelicr le fil de Poucet. Leur maison était un lieu de con-
de tout son cœur. férence, et comme le bureau d'adresse du
Or c'est 'ur tous ces aveux indiscrets que parti. Les réfugiés de la province y eu^
revient Deligny dans le libelle qui occa- vovaient des bulletins à la main, qui furent
437 DES DES m
le premier gpr'»e des I^'p,iiveUes ecclésinsli- concordat de 1802. Ils se divisèrent alors;
eues. Alexis prit part à toutes les querçlleç Desfours fut un de ceux qui refusèrent de
jnnsciiieiinos et fut un des [)his chauds par-
,
reconnaître la nouvelle organisation de l'E-
lis.'ins ilu IÏ!rurisme. !1 érrivil coiiire Dé- glise gallicane. Toujours à la recherche des
bonnaire, jn!is(;iiii..tc aus >i , mais qui alla- convulsionnaires et de leurs partisans, Des-
quiil ce sys'èine. Il oinhaltit anssi l'otilpied
i fours se rendit en Suisse; mais à son retour,
lurs des disputes sur la confiance et la ce voyage ayant éveillé les soupçons du
crainte, ou [)lnl;t sur lus vertus théologales; gouvcrnemenl d'alors il fut renfermé
, au
car la eoniroversc avait clian; é d'objet, cl 'l'emple où il resta six mois. Quelques-uns
ce fui le troiiènie ol.it de celte dispute. Il donnèrent pour principal motif de cet empri-
uioiirnl le i2 n)ai 17"4. sonnement une brochure sur le jugement du
Voyez Etfm vkk. duc d'Enghien que Desfours avait distri-
,
Fraxçois) naiiuil à Lyon, en 1757, du dcr- vit abandonné de tout le monilo. Une demoi-
nierprésident de la cour des monnaies de ctlc selle de Lyon, d'un âge avancé, qui regar-
ville. Sa famille, alliée au prince de Moiit- dait Desfours de Génetière comme l'homme
barrey, s'était jeléc dans les opinions de l'ort- le plus \eriueux,li' recueillit chez elle; il y
Royal; élevé dans ces iJées, le jeune Des- niourul le oO août 1819, à l'âge d soixante-
fours y fui affermi par les oraloricns de deux ans. D' sfours n'ayant voulu recevoir
Juilly, où il fil ses éludes. Lis jansénistes les secours de la religion que d'un prê-
s'él lient divisé-; en plusieurs sectes Dos- ;
tre dissident, le clergé de sa paroisse refusa
fours aiiopt celle dis conviilsionnaires. 11 en
1 d'assister à ses funérailles. Ses p-irljsans, de
fut un des plus cliairls pariisans et le con- ,
leur coté, se disputèrent ses »étcnieuts, se
vidsionnisme fui l'unique alTairc qui l'orcupa partagèrent ses cheveux, le regardèrent et
toule sa vie. Il y consacra tout son savoir, l'invoquèrent comme un saint.
sa fortune, sa tranquillité; entreprit de Les tbois éuils de l'Iiommc. 1788, in-S", sans
lonî^s voyages pour trouver ou former de indicatiou.de lieu. (]cs trois él^Js sont":
nouveaux convulsionnaires, cl pour recueil- Avant 1(1 loi, Sous la loi, Sous la grâce.
lir les faits des anciens sectateurs, dont plu- 11 est inutile de dire que l'auteur Us pré-
sieurs étaient vénérés par le parti, comine sente d'après ses opinions erronées.
autant de |)ro[iliètes. Desfours fut un dos
Hf.ciril dr prédictions intéressantes, faites de-
ennemis les plus déclarés de la révolution ;
puis 1737, par diverses personjic^, sur plu-
il la regardait comme un ciiâtimonl du ciel
sieurs événements importants. J792, 2 vol.
infligé à la France et aux lîuurbuns, « pour
in-12.
avoir persécuté la vérité dans les docteurs
et les disciples de l'orl-Hoyal. » l'our soute- Nous n'affirmons pas que celle date soit
nir et propager celte v'rité, il avait, à celte exacte.
même époque, des presses clandestines, d'où C'est un ouvrage siiij;ulier sous lous les
sortaient des ouvrages (jui se ressentaienl rapports , et qui n'est qu'un recueil d'ex-
de l'impérilio de l'imprimeur. Le parti con- tr.iiis de discours de dilTèronls convulsion-
tulsionnairc fui inliinemcul uni jusqu'au naires que les gens du parti vénèrent
,
,
comme prophètes. Ces fragments iiidigeslcs, diocèses, .iinsi ce n'est point, selon lui, le troU'
placés par ordre chronolocique , poricnt peau qui doit obéir au pasteur; mais c'est le
clijiciiii la date du jour et île l'année, depuis pasteur qui doit se conformer à la volonté du
le 20 mars 1T33, jusqu'au 30 mai 1792. Ils troupeau.
eipparlieiinciil en grande parte au frcrt Voici ([uelques traits qui découvriront en
Pierre (l'avorst Perrault), au frère Thomas, mènii' temps le ridicule et l'impiété de eet
à la sœur Marie, et à la snur IJolda fmad i— ou rage
\ :
moi-ello Fontdn) ,
qui est considérée par Le tribunal des évéques, du pape et du
les coiivulsionnaires comme la propliélcsse concile même particulier sort, dit l'auteur,
lie la révolution. D'autres de la même seclc page *9, les bailli iges; le tribunal souverain,
en parlent aussi, et leurs amis et dévots y où l'on ju'je en dernier ressort, c'est l'Eglise
lro^l^ent des prophéties sur le rétablisse- ou le concile œcuménique.
ment des jésuites, l'invasion étrangère, la 11 alla(jue ensuite avec une violence ex-
cnns;itution civile du c'ergé, etc. On remar- trême les censures ipso facto, et sa crande
que dan- le style de ces prétendus prophi'-tes, objection contre elles, c'est qu'il serait ridi-
U; e alTectation visible de vouloir imiter les cule de dire que, dès le moment qu'un scélé-
vrais p;oiihètes de la sainte Ecriture. .Mais rat a volé ou tué sur un qrand chemin, il est
en supposant même que les amis de l'OEuvre dès lorsroué en effet, ipso facto, page 51.
n'aient pas altéré les dates, toutes ces pro- Il continue sur le même ton, et dit qu'a-
pl élies se trouvent noyées dans un fatras jouter Vipso fado à l'excommunication, c'est
d'éloges [lour les jansénistes, de clioses et cimime ajouter à la livre le mot de sterling,
d'esp'ession^ si incohérentes qu'il faut tout ainsi qu'on fait en .Angleterre.
l'aveuilement de la foi convulsionnaire pour Il compare ailleurs (pag. 98) l'Eglise dis-
y déterrer ces (;bscures prédictions. Celles persée aux conseillers d'un parlement qui
de la koeur Holda ,
par exemple, sont dé- sont dispersés chacun dans leur logis. En un
Liyées dans l'original en 3o vol. in-12.
, mol, tout dans celle misérable brochure fait
il. Grégoire s'est plu parfois à citer le livre paraître un esprit également bas et auda-
de Desfours dans son Histoire des sectes re- cieux, burlesque et impie.
ligieuses. DINOUART (JosEPn-ANTOiNE-ToLSSiiJtT)
DESMAUES (Toussaint-Gli-Jg-eph), prêtre chanoine de Saint-Benoît à Paris, naquit à
de l'Oratoire, naquit en loDOà Vire en Nor- Amiens en 1710, rédigea pendant quelque
mandie, fut député à Rome pour défendre temps, avec l'abbé Cl.iudc Jouanet, de Dôle,
les opinions de Jansénius. Il prononça à ce les Lettres sur les ouvrages de piété, appelées
sujet, devant le pape Innocent X, un dis- depuis le Jintrnal chrétien, et eni reprit dans
cours qu'on troH\e dans le Journat de Saint- la suite \e Journal ccc/fsù/s/i^up, qu'il con-
Amour. Son aitachcmcnl aux idées de l'é- tinua jusqu'à sa mort, qui arriva en 1786.
vêqui' (i'V;.rcs le.i attira des disgrâces niéri- Ce Journal ecclésiastique est un ouvrage
lées. Oii leriieiciii pour l'enfermer dans la utile où l'on trouve souvent des articles in-
Bastille; mais, s'élant échappé, il se retira téri ssanis et instructifs. L'ensemble en eût
chez le ducdc Liaiscourt.un des plus ardents élé mieux lié et lus conséqucnl, sî
i
captivé
,
dévots du parti dans le diocèse de Beauvais. par les partisans de la Petite église, l'auteur
11 y lesia jusqu'à sa mort, qui arriva en ne s'é ait laissé cniraîner par les préven-
1687. C'e~t à lui que le parti doit le Nécro- tions d'une secte arlilitieuse, et n'avait ré-
lo(je de Port-Uoyal, 1723, in 4°, auquel ira- pandu à pleines mains la calomnie contre
vai 1.1 aussi Dom Rivet. ceux qui la démasquaient. L'édition qu'il a
DK5R0QUES (N ,
)
chanoine régulier. donnée de V.ibrégé de l'histoire ecclésiastique,
On lui a attribué un livre intitulé : de l'avocat .Macquer (nmrt en 1770), à la-
quelle il ajoula un volume, et la Vie de l'a—
Instruction pour calmer les scrupules, «u
Uifox, cvéque espagnol , que les jansénisies
sujet de la fo»!s/!<i(ii'on Unigenilus, et de
ont réclame couiine un de leurs partisans ,
l'appel qui en a été interjeté. 1718; seconde
portent l'empieiiite de celle fâcheuse situa-
édition, 1719, 119 pages.
lion qui, en faisant le tourment de l'écrivain,
Cet oavraae de ténèbres fut supprimé envoie encore le trouble et la défiance dans
par arrêt du Parlement de Paris, le i\ jan- l'esprit du leeleur. Notamment , le volume
vier 1719. On pourra se former une j sic qu'il ajoute a l'ouvrage de Macquer est visi-
idée de celle Instruction, par le caraetère blement calqué >-ur les hvres jansénistes.
(lu'rn a fait M. ra\ocit péi^éral de Lani'ii- UOMINIS (.Maiic-Antoine dk), mort eu
giioii dans son plaid'\ver oii il requiert la lC2'i ,à l'âge de snixante-quatrc ans au ,
vues qui dictèrent le livre du Témoiqn'ge de la pal de Segnia en Dalmaiie. Jîepuis il obtint
vérité, condamné si solennel lement par l'ar- l'aiclievêclié de Spalairo, par la faveur de
rêt du 21 février 1713. // ne craint point de l'cmpeicur Rodolphe. 11 eiait ami des nou-
rendre les peuples dépositaires de la foi, con- \eaMlés, iiiqiiiel, vain, changeant et enlre-
jeinleitient avec les évéques. La seule prérot/'i- prenan!. Il snufirail 1. s caresses des proles-
l le qu il accorde aux prélats est de les faire tanls, et av.ii- des idé' s qu'il prévoyait bien
maiciur d'un pas égal avec les curés de leurs ne dcv'ir pas cire partagées par les catiioli-
441 DOM DOR *ii
qups. Pour les rendre publiques, il passa en etaccuralionelatini facti studio et laboro:
Angleterre. Là, il publia di u\ oiivrafies dont Adnmi Xeictoni et Guillebni Beddli. Au-
il va êlrc question, el, aprôs plu icurs an- gustœ Trinobantuni, 1C20, in-fol.
nées lie séjour dans ce p.iys, il obiint du Petiu Siiavis Polani llistoriœ conciliiTriden-
pape Grép;oire XV de se rendre à Rome où ,
lini libri octo, ex italicis summa fide ac
,
il désavoua ses ouvrages el réiraita ses er- cura latini facti. Editionova, ab ipso auc-
reurs mais il fit de nouvelles finîtes, et Ur-
:
tore rnultis locis emendaia etaucia; ex
bain VIII le fit enfermer. versione yl'/rj»iî AV)r^o)i sed posteriorem
(
veut pas de chef dans l'Eglise n'en veut pas Padre Sforza Pallavicino, délia compagnia
dans i'Et t... Dominis prétend prouver (iiv. I, di Giesu; ove insicnie refiutasi con aulo-
011.4), que saint Pierre n'était pas le seul revoli teslimonianze un'istoria falsa.divol-
chef de l'Eglise, et que saint Paul lui était e ita ncllo stesso argomento sotto nome di
égal en autorité. Il dit ailleurs que l'Eglise Pietro Soave Polano. In Roma, Angelo
n'a point de vériiable juridiction, et il lui re- Bernabù dal Vernie, erede del ManelO,
fuse loi:le puissance coactive, ne lui lais- IfioG, 1G")7. 2 vol. in-fol. —
Autre édition,
sant que la directive. Il confond l'Eglise en- in Roma.Riagio Divers in, etc., 166 V, 3 vol.
seignante avec l'Eglise enseijinée. lit pour in-4°. —Traduite eu latin, studio et labore
peindre cet auteur (l'un seul trait, on peut et Joan. Rapt. Giattini, Anvers, ex officina
on doit dire que
sjslènie de liiclicr, ce-
le Planliniana Balthasaris ]\Ioreli , 1670,
lui de l'auteur ilu Te'inoignaije de la véiité , 3 vol. in-'t".
et celui des cinquante avocats, rentrent par- DORSANNE (Antoine), natif d'Issoudun
faitement dans celui de Marc-Antoine l'e en Berri, docteur de Sorbonne. chantre de
Dominis. Aussi liicher refusa-t-il toujours l'Eglise de Paris, fut gr.ind vicaire et officiai
4c souscrire à la censure <|ue fit de cet ou- du même dioièsc, sons le cardinal de Noail-
vrage la faculté de théologie le l.o décem- les. Il eut part à la confiance de ce cardinal,
bre 1G17. » et fut un des principaux instigateurs" des
Nicolas Coeffeteau réfuta savamment le mesures qu'il prit, et de son opposition à la
livre de Dominis, leiuel livre fut brûlé avec bulle l'nifienilus. Il mourut en 1728 de la ,
la it'présentatiii?\ du corps de son auteur au douleur que lui causa l'accpptation pure et
Champ de Flore, jiar senlencc de l'inquisi- simple (|ue ce même cardinal de Noailles
tion. Plusieurs é( livains, les uns jansénistes, avait faite enfin de la bulle. Nous avons de
les autres gallicans, ont adopté plusieurs lui un Journal très-minutieux, contenant
idées de Dominis non-seuiemcn! dans le
,
l'histoire el les anecdotes de ce qui s'est
siècle dernier, mais encore dans celui-ci. On passé à Rome et en France, dans l'affaire de
peut nommer l'évéque constitutionnel (Iré- 1.1 <onslitution l'niijcnitus , 2 vol. in-l*, ou
goire, l'abbé Taiiaraud et M. ^)\.^)'m. Voyez 6 vol. in-I2, en y comprenant le supplé-
le Dict. histor. de Eellcr, au mol Dominis. ment. L'auteur s'y montre très- prévenu ,
Environ deux ans après l'appari ion de son Irès-p.irlial et très-ardent; il a tout vu , tout
livre sur le gouvernement de l'glise, Mai'c- 1
entendu, el méie à quelques laits intéres-
Antoinede Dominis puldia VJJisluire du con- sants les détails les plus minutieux et les
cile de Trente de Fra-Pao!o Sarpi sous le ,
anecdotes les plus suspei tes. Ses amis seuls
nom de Pietro Soave Pohnw, anagr.imme de ont le sens commun ; les antres sont des
Paolo Snrpio Vcnet)
, c'esl-.i-dire Paul
,
iiiilié iles ou des fripons. Dor>anne est à la
Sarpi de Venise, liy eut plusieurs éditions et fois, dans ce jnurnal, fort crédule et fort
plusieurs traductions de ce livre nous avons ;
n-a!in il
: ne dissimule pas qu'il fit tout ce
parlé ci-dessus des traductions i'rançaises; qu'il put pour empêcher le cardinal de
et ici nous mentionnerons seulement ':
Homa per impedire che ne la vcrilà di composition <le son ouvrage; aussi retrouve-
,
dngmi si pales iss(<, né la rilVuiiia di pa- t-on dans le journal une lionne partie des
pato, et de;ia Cliiesa si traitasse faits, faux ou vrais, rapportés dans les .Anec-
di Pie- ;
tr» Soare Polann, piilili<ata, etc. In !.on- dotes. L'aulenr des Ane.-dotrs ne conduit son
dra, Giovan. Billio. IGl',), in loi. liisioîre (loe jusqu'en ITl.S. le journaliste l'a
ciinlinnée iusqu'(n 1728. La narration du
Petiu SiKiv.'s Plnni llishria- coiicilii Tri- premier est vive et coulante, celle du second
denlini, libri octo ; ex italicis suuima fidc est simple el fort négligée.
,
de Sorbonne, du faux systcmc de M. l'evêque varié, plus précis on lui reproche aussi un
:
nilus. 1719. In-S" de 1S2 pages. une partie do l'article que lui a consacré M.
Dublineati vieux docteur janséniste, s'é-
,
Picot, dans ses Mémoires, [um. IV, pag. lié.
tait avisé décrire à M. l"évêque d'Angers « Duguet ne renonça jamais à son appel
;
jielcr nu futur concile. Ce prélat, qui, par de zèle à engager d'autn s à faire même 1 !
la public ilé de ses senlimenis sur ce sujet démarche. Sa lellre à réièque de .Montpel-
se Cl oyait à l'abri d'une pareille proposiiinn, lier, en 172i mérita d'être llélrie par arrêt.
.
répondit avec force au ducleur, le 10 de dé- Ses nui res ouvrages sont nombreux. Les voici
cembre 1718, et fil ini])rimer sa réponse, dans l'ordre des dates 1° Traité de la Prière
:
pour détourner les fidèles de son diocèse des publique et des Dispositions pour ojfiir les
pièges que leur tendaient les novateurs. Or, saints mystères. 1 vol. in-12. Paris 1707; il ,
c'est de celte réponse qu'un anonyme a en- a été réimprimé fort souvent. 2' Traité sur
trepris la Réfutation, par un assez long écrit les Devoirs d'un évéqne, Caen, 1710. 3" Rè-
qu'on peut appeler à juste tilrc une misé- gles pour l'intelligence des saintes Ecritures.
rable compilation de tous les lieux communs 1 vol. in-12. Paris, 1716. L'abbé Asfeld y a
des Qufsiiellistes. travaillé elles ont été attaquées par l'aca-
;
tendre, et le nombre en était considérable. Cet ouvraie, dont il a été fait plusieurs édi-
Sa santé, n;ilurellemenl délicate, ne put sou- tions, n'est qu'une portion d'un plus grand
tenir longtemps le travail qu'exigeaient ses ouvrage qui parut sous le même tilre, (n
conférences, il demanda, en ICSO. d'être dé- li vol., 1733. 13° Réflexions sur le mystère
chargé de tout emploi, et il l'oblint. Cinq de la sépulture ou le tombeau de Jésus-Christ,
ans après, en 1(383, il sortit de l'Oratoire, 2 vol. iM-12, 1731. li" LOuvraye des six
pour se retirer à Bruxelles, auprès du doc- Jours, ou Histoire de la Création , 1 vol. in-
teur Arnauld, son ami. L'air de celte ville ne 12. 1731. Sou\ent léimprimé. C'est le com-
lui étant pas favorable, il revint en France, mencement de ['Explication de la Genèse,
à la fin de la même année, et vécut dans la qui parut l'année suivante, à Paris, en 6 vol.
plus grande relraite au milieu <!e Paris.
, in-12. 13° La même année, Explication du
Quelque temps après, en 1C90, le président livre de Job, V vol. in-12. 10° Explication
de Ménars, désirant avoir chez lui un homme de plusieurs psaumes, 4 vol. in-12. Paris,
d'un si grand mérite, lui ollrit un apparte- 1733. L'abbé d'As'feld y a donné un supp'é-
ment dans sa maison. L'abbé Duguct l'ac- menl. 17° Explication des xxv premiers
cepta , et en jouit jusqu'à la mort de ce ma- chapitres d'Isaie, 6 vol. in-12. Paris, 173i.
gistrat. Les années qui suivirent cette perte L'abiié AsTold y a eu sa [lart. 18° Traité des
lurent moins heureuses pour cet écrivain. Principes de lu foi chrétienne, 3 vol. in-12.
Son opposition à la constilution Unigcnilus, Paiis, 173C. 19° Explication des livres des
et si'n attachement à la doctrine de Quesnel, Rois 3 vol. in-12. Piris, i73S. L'aijhéd'As-
,
son ami, l'obligèrent do changer souvent de feld y a eu sa [«art. 20° Institution d'un
demeure et même de pays en le vil succes- : prince, 4 vol. in-12, 1739. Cet ouvrage fut
.sivemenl en Hollande, à Troyes, à Paris il ; composé pour le duc de Savoie, depuis roi
«r. DUG DUG UG
de Sar(lai;^nc. 21" Conférences ecdciias- a ni Dieu nirelir/ion où n point de d-a-
il n'i/
plusieurs de ses ouvrais sont eslimés d('S gémir, tout If reste n'rst r/u'iin son sem''lnble
ccciési.isliques il y rèL'ne un ton d'onction
; à celui d'un airain relenlissant ou un bruit ,
qui n'est pas commun dans cetic école. Les importun; rien n'est mesu-é, rien n'est dans
Explications de l'Ecriture sainte méritent le ton, rien n'est d'accord, que ce que pro-
surtout d'être remarciné-s. C'est le fruit des nonce la cliarilé, tout est insnpjioriatjle sans
conférciiC'S que r.iuleur faisait à Saint-Uoch, elle, et discordant ; nous ne dn-ons demander
ayec l'abbé d'^sfidd, et qui eurent dans le que la charité. On affecte d'iiisinner dins le
temps beaucoup de vogue et de réputation, dixième moyen, l'iiérésie de la caduciié et de
On a encore de Duiiuet une lettre à Van Es- la décadence prétendue de l'Egli'c, en disant
pen en laveur de l'appel, tribut qu'il a payé
, que Dieu la renouvellera dans sa vieillesse.
aux préjiifçés de son parti. Il était néan- Voyez Etemare.
moins bien éloip;né de l'âcreté et de la pas- Dans le Traité de la préparation aux saints
sion qui dominent dans tant d'écrits publiés mystères, on ne permet à un chanoine très-
vers cc'le époque. Dans une lellre du 9 fé- homme de bien et trés-fcnent de ne dire la
vricr 1732 , qui fut imprimée, il s'élève for- messe (|ue trois fois la semaine,
tement contre les Nouvelles ecdésiisliques , Règles pour l'intelligence des saintes Ecri-
et caractérise dignement cette misérable <;a- _ turcs. Paris, Jacques Etienne, 17iG petit ,
Tra\tè de la prière publique, clc. Voyez la autres, et il dit en noie :« La plupart dos
citation de M. Picot. règles «lui vont êlre ici présentées se trou-
Le style de cet ouvrace e^t diffus, dit Fel- vent développées avec beaucoup [)lus d'élen-
1er, qui ajoute que l'auteur se rapproche due dans l'ouvrage intitulé : lièglcs pour
des principes m opiniâlrénient défendus pir rinlrltii/enre des sainle.f Fcrilures. Paris',
Messieurs de Port-Hoyal. Etienne, 1716, petit in-12. On les trouve
Les catholiques, dit un autre écrivain, ont aussi sommairetnenl présentées ilans le /;(,<-
trouvé quaniité de choses réprébensibles cour.? prcV/wfna/re qui se troui e à la télé de
dans cet ouvrau'e. En voici qnelqiies-unes : l'édition de la Bible deSacy, \n^pr'\mce àParis,
1° L'erreur de la grâce irrésistible, c'est-à- chez Desprez, en 1759, in-fol. Il csl permis
dire, la second- dos cinq propositions liéré- de répéter ici ce qui a été dit dus ce DiS'
tiques de Jansénius, se trouve formell<?iiieiit cour* d'aï rès l'aiileur de l'ouvrage que ron
dans le Traité de la prière, par:i(! lli, nom- vient de citer. Ces règles solii^es ne f euvenl
bre 9 Nous ne devons l ,i deman 1er à Dieu),
: être trop répandues et le précis que l'on en ;
que cette grâce qui nous apprend à user bi'n donne ici, ne peut qu'inviter le Icclenrcà lire
de tout le reste, et dont nous ne saurions ja- l'ouvrage même d'où elles sont tirées. »
mais auuser. Co\nriTK d'une dame chrétienne pour vivre
2' 11 est visible que Diiguet ne pense pas
saintement dans le monde. Ce livre fut
autrement que le P. Quesnel sur la charité. composé pour Mme d'.s,auesse,iu, vers l'an
11 prélend avec lui que toute action qui ne
procede pas de la chante par|-,.it' est ré-
prouvée de Dieu. On jnirera pir ce court pa-
rallèle de l'unanimité de leurs sentiments.
Le P. Ot'osnel dil (1) C'est la charité seule
:
l(;8fl,ei imprimé en 172">; Paris, Jacq.Vin-
cent in-12.— .\utre édition, il
^
;
^°"?','''';^''^"^
, .
iind.
"'"'' ''«^^
.
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qui parle à Dieu, c'est elle seule que Dieu en- «î*^ '.•"'•''^, ""^ i^'i'nl-Cyran. h lies sont, d,t-il,
tend; cl Duguet dit Dieu ne prèle l'oreille
:
'"'":' '' '""' '""«"'';« '|«
Pf" '"''f'"'- '"'"« 'f»
qu'à la charité (.'5' moven. nombre H). maximes en sont admirables. T oyez Saint-
Lc P. Quesnel dit (2) La charité seule ho-
:
Cyban.
nnrr />(>»,( t M. Dugmt dit apn's lui: La Lettre... à M. de Montpellier {Co\bcr\] au ,
charité seule le jieut louer fibidcm). sujet de srs remontrances au roi; in-4".
Le P. Ouesnel dil {3}: C'est en vain qu'on A l'occasion de cette lettre, un critique
crie à Dieu : Mon Père, si ce n'est point l'es- s'exprima, dans le temps ainsi qu'il suit , :
prit de charité qui crie... La seule charité fait M. Du;;uel, après avoir été longtemps un
{es actions chrétiennes... Dieu ne couronne janséniste assez modéré lève enfin en<ière- ,
que la charité. Qui court par un autre mniirc- nienl le masque. Sa lettre est datée du 2ojuil-
nient et par ttn autre tnotif(U'\ que la foi ou Ici 172i; au lieu de s'envelopper comme il
l'espérance), court en vain... Il n'y a point faisait auparavant, et de mesurer ses expres-
d'espérance où il n'y a point d'amour... Il n'y sious, il y prend le ton de M. de Witli du ,
fort agitée. C'est alors qu'on le vit successive- attacliemenl inviohiule à l'Eglise. Les lioiu-
ment en Hollande, à Troyes, à Paris, et dans iiies spiriluels, comme les appelle saint Au-
plusieurs autres lieux différents. gustin, qui demeurent attachés et soumis à
H^ DUC DLG 455
l'iiglise, lors'lu'il en paraissent chnsses par l'en distingue; mais il la fallait fiire aussi dans
la mal. ce des lactieuv el par la fail)lesse îles tous les aulcs endroits où l'auteur répèle
aulres, sont alTcrmis dans cette dispos tion Il même erreur en d'autres termes, el où
,
par une cliariié qui ne s'aigrit jamais, etc. » sous prétexte de die que l'ancieiine loi ne
Pourrail-on employer des couleurs plus donnait point la gràc(! par vl e niéiiie il dit ,
fausses pour peinilre les partisans et les en- qiK! Dieu dans l'ancienne alliance ne don-
nemis du jansénisme? Ceux-ci sont Irailés nait aucune grâce qui rendît l'accoinplissc-
4'liommes f.tcùeux cl d injustes prrscrutenrs : nient de la loi jiOjSible, et que dans la nou-
ceux-là sont canonisés cuinuK! autant d'il- velle il donne une grâce eflicace qui fail ac-
lustres marlijrs de lavérilc et de l'iuiilr. Les complr la loi.
proteslanis ont-ils rien avancé de plus inju- Page 58. Dans une (dliance dil-il,... où ,
Seifpieur Jcsas- Christ. La seconde a pour principes, le lion et le mauvais, font tout en
litre : Le vu/slire de Jésus- Christ crucifie, dé- nous. Or qu'est-ce que ce système, sinon le
voilé par saint Paul. pur manichéisme ?
Un critique orthodoxe a signalé dans la Explication littérale de l'ouvrage de six
première partie beaucoup de juissagcs où
jours mêlée de réflexions morcdes par
,
l'efficacité de toute ;;ràce est élat)lie.
\ oiri un endroit où l'inamissiiiililé de
M. '" à Bruxelles, chez Foppens.
, .\ulre —
édition; Paiis, lîabuiy 1736, avec les ,
la justice est assez clairement expiimée ,
explications des chapitres xxxviii el \xxix
page l'-lG Zacharic.... nous dit que le ser-
:
deJoi),el des psaumes xviii ciii,in-12, ,
ment que Dieu avait fait à Abraham.... avait —
i48 pages. .\utre éiiition , ou plutôt la
pour objet un peuple nouveau ce nouveau
même, augmentée du second sens du
peuple.... n'est plus captif.... sous la tiialé-
psaume CM el d'one laMo des matières.
,
diction de la loi. Il est saint et juste. Il l'est
Paris, Babuly, i7'i^0, in-12 de o27 pages.
également tous les jours de sa vie ce peu-
ple nouveau n'est autre que nous.... c'est no- « L'abbé Diignel, un théologien insi-
dit ,
tre sainteté et notre justice qui ont été pro- nue avec adresse dans ouvrage le dogme
cet
mises à ce père des fidèles , mais une sainteté' impie de Calvin el de Pierre Dumoulin sur
et une justice non interrompues. la réproliatioii. 11 y enseigne que le juste ne
Voici une autre erreur, page 99 : La voix coiitriliue en rien à sa sanctification et que ;
du Père et In manière dont il enseigne, sont si l'impie se damne, c'est <(ue Dieu a voulu
infailliblement suivies de la persuasion et de le laisser dans la masse de corru| lion. »
l'obéissance. La conséquence immédiate de « Seigneur (dil-il, page lUG et 107, éditions
cette doctrine est que ceux qui n'ont pas été de Paris), oseront-ils vous demander pour-
persuadés, qui n'ont pas oliéi n'ont pas élu , quoi vous avez préféré certains jours à tous
enseignés, ou ct' qui revie:il au même, n'ont les aulres, et pourquoi vous aves discerné les
pas eu la grâce. mois et les années, en luissanl les autres dans
Le théologien que nous citons relève, dans r obscurité et ilans l'oubli ? Y a-t-il eu du côté
la seconde jiartic, les passages où l'auteur des jours, des mois et des années, quelque mé-
établit le système erroné qui refuse aux Juifs rite particulier
les forces pour accomplir li loi. « C'est moi seul qui les ai séparés depuis la
Page '62 (édiinm dr Hollande); f^a doctrine création du soleil. C'est ma seule faveur qui
de Jésus-Christ, précisément comme doctrine , a fail le mérite et la gloire des uns, sans que
e^^ la même chose que la loi. C'est la grâce les aunes aient droit de se plaindre... Mon
seule qui l'en distini/ue : ex()re sioii qui an- dessein a été d'instruire, par ce ihoixsi visi-
nonce clairement lo systèm de I au cur sur bleinenl lilne et graluii toute ta postérité
,
la différence des deux alliances. I,a coiri'c- d'.iitatn, à qui je ne dois rien depuis sa chute,
tion qu'on a fiite à Paris est juste, en met- mais dont je discernei ai mes élus pour me tes
laul : C'est l'abondance seule de la grâce qui consacrer d'une manière particulière, et où ;«
,
laiiserailes autres dans Vétat profane où je les Réimprimé en 1743 avec ce nouvenu litre :
« Il est évident par ce passage que, selon Entretiens familiers d'un curé dvec un nuir-
Duguel, le juste ne contribue pas plus à soa chund, sur les contestations dont l'Eijlise est
salut que le juur, qui est choisi de Dieu pour agitée, et en particulier sur la constitution
être brillniit, ne contribue par lui-même à Unigcnilus. On y a joint la constiiulion elle-
celle gloire et que le pécheur ne contribue
;
niôme avec des remarques, ce qui forme
,
pas plus à son malheur que le jour, qui est deux volumes in-12. Cette édition fut don-
laissé dans l'oubli, ne contribue à sou obs- née par Grillot. Voyez ce nom.
curité. » Si jamais l'erreur fut rendue sensible et
Malgré cela, Feller dit que ['explication de palpable, c'est dans f e livre fanatique. Il est
l'ouvrage des six jours est un ouvrage es- composé en forme de dialogues. Il a été con-
timé ; « l'utile y est mêlé à l'agréabli', dit-il damné par une sentence de l'olficial de Cam-
encore : c'est un des meilleurs commentaires brai, rendue le 13 avril 17 3, comme renou-
que l'on puisse lire sur l'histoire de la créa- velant les erreurs condamnées injurieux à
,
« Il est bien à regretter que Duguel n'ait à exciter de nouveaux troubles en tyiature de
pas éié comme il devait l'être, soumis à
, doctrine; et en vertu de celle sentence, il fut
l'Eglise, en loul, partout et toujours. Les lacéré et brûlé par la main du bourreau, à
explications qu'il a données sur divers livres Alons, le 17 du même mois.
de l'Ecriture sont éililianles, inslruclives, di- On
peut dire que ce malheureux ouvrage
gnes d'être lues cependant elles n'ont joui
;
est un
tissu perpétuel de sopliismes et de pa-
et on le conçoit, que d'une médiocre laveur
radoxes , de mensonges, de principes perni-
auprès des catholiques fidèles. « Duguel, dit
cieux, de faussetés débilées avec un air de
Feller, s'allache moins à lever les difficultés
hauteur et de confiance capables d'éblouir les
de la leltre dans ses dilTérents commentaires, simples. Tout y est injurieux aux papes, aux
qu'à faire connaîlre la liaison de l'Ancien
évêqucs, et à toutes les puissances.
Testament avec le Nouveau, ei à rendre at-
tentif aux figures qui représentent les mys-
L'autcur ose dire dans son avertissement
tères de Jcsus-Cbrisl et de son Eglise. Mais au lecleur, et il affecte de répéter plusieurs
fois dans le corps de son livre, que les au-
il ne néglige point absolument le sens de la
cations plus pieuses que solides, elKs ne dé' chent avec grand soin comme un ouvrigc
,
rogent in rien à ce qu'il dit d'ailleurs de sa- capable de révolter les fidèles. On a remarqué
tisfaisant sur les mômes objets. »
dans différents endroits, dil-M, page 7 do son
avertissement, que les fauteurs ae cette pièce
DUHAMEL (Robert -Josls'u-Allxis), cha-
pelain de Seigneliiy, et théologien de Cajlus, n'ont (jnrde de la mettre entre les mains de
évêque d Auxerre , est auteur d'un l'rojcl ceux qu'ils veulent engager dans leur parti,
d'imlructwn paitorale contre licrniyer ; des purce qu'elle est seule capable de les trahir, et
Lettres sitr les explications de Bujfon, 1751 ; qu'on y aperçoit du premier coup d'oeil tes vé-
rités de la religion proscrites et censurées. Les
des Lettres llnnandes, ou Histoire des varia-
opposants au contraire ne craignent point de
tions et conlradi lions de la prétendue rtli-
mettre au jour cette bulle, q a suffit pour les
(jion naturelle, \'îo-2; de l'Auteur malijré lui
à l'auteur volontaire, i'tGTt iuv l'éliiion du ,
pour détromper ceux qu'on s'efforce
justifier et
J)iscours de Eleuiy, et le Commenlaiie do de séduire par des discours vagues, et par de
Cbiniac de la Baslide. T'oyez Flelry et d'une ;
grands principes qu'on appliiiue à tort et à
travers... On, a donc cru qu un ne pouvait
Dissertation sur l'autorité du saint-hietje pu- ,
bliée par .Mauslrutcn 1779. il assista au con- tnieux faire que de la mettre enirc les mains de
cile d'Llrechl avec d'Eteniare, Pelvcrt, Paris-
tout le monde, en la faisant imprimer à la tête
Vaquier, Mercadier, etc. de cet ouvrage.
DU.MO.NT, pseudonyme de Le Maistre de Mais par quelle audace un écrivain ose-
Sacy. t-il avancer qu'un cache avec soin une cons-
DUPAC DE BELLEGARDE. Voyez Bklle- titution qui se voit à la tête de lanl de man-
GARBE. dements d'.irchevèques et d'èvêques ortho-
DURAND (Dom). Voyez Clémencet. doxes, et en particulier à la lêie du mande-
DUSAUSSOI? (N... , né vers l'an 1687, fut ment commun que quarante prêLits firent
curé d'Haucourt, dans le diocèse de Rouen en 171i; une coLi~litulii.'U que curés ont
les
mourut dans sa paroisse au mois d'octobre eu ordre de publier dans leurs prônes ; une
1727, après avoir, dans un zèle mal entendu constitution dont on a liisliibué une infinité
et alors trop commun, publié l'ouvrage sui- d'exemplaires, et dont toutes les arties ont |
dre placé tout|aa moins au niveau du pre- leur accepiation , par la condamnaliou
soit
mier. du pern;ciïLi'; livre dos Héxaples, soil par
Noire auteur avance, page 261, comme un le il/e'/(iyi/ e (ju'ils presenèrcnt à .M. le ré-
fait do noloriélé publique, que l'ai ceplation genl. Touli's les contiailiclions ([u'ilî eurent
des évêques de France n'a p;is clé libre, el à essiijer ne servirent (|u'à k-s ^ilTermir da-
qu'on doil uniqucmcnl l'altribuerà la crainte vantage dans l'unanimité de leur foi.
qu'ils eurent d'( ncourir rinlliinitioa du roi. On aliribue au même Dusau<-sois ou du
Laphtpart des évc'ques, dit-il encore, p. 2()2, Saussois :
cruiijnant de ch<njrinerle roi et de moriifier 1' Une lettre d'un philosophe àM.l'é,ê'
trop le pape, lésulurenl de recevoir la cons- que de So'ssons, stir son premier <ivcrlisse- |
tittUion. Mais pour anéantir celle ihiuirre,
ment 1710, in-l2 de prèi d.; 200 pages
, | ;
on n'a qu'à jcler un coup d œil sur ce qui se
passa après la mort du roi Louis le Granl,
2° Une lettre d'un théologien, au même.
arrivée le 1" septembre lllii. Ce fut ccrlai- ]M. de Soissons ripondil à ses diu: lellres
nement pour lors que la si èiu' aurait dû par sa sixième U'iiri' paslurule, el le llicolo-
i;ien répliqua, en 17i3, par une Iroisièiiio
changer, cl que les suffrages, s'ils n'eussent
lellre de 80 pages.
pas élé libres, comme on le prétend, auraient
3' Une lis:e ou catalogue des priiicipc.les
dû se réunir et s'exp iquer en faveur de
M. le cardinal de Noailles qui élait le maître erreurs, sophisines ealoDinies, fnlsijicitioA^
,
des grâces. Cepeiulaiil tuut le contraire ar- l'auss'te's et conlradiclions qui se trouient ,
riva aux jeux de toute l'Europe; les évoques dans tes écrits^de M. de Soissons; 1722, in-4°
sollicités, pre^sés et menacés, (irenl éclater de \8 pages.
plus de zèle el de courage qu'auparavant; DUVlîRtiER ou DUVERGlEll de HAU-
ils raliOèreut et cunûrmèrcnl plusieurs lois RANNE. Voyez Saint-Cyran.
E
ESPEN (Zegkr-Bkrnauu 'Van) naquit à , sur an second avènement de Jésus-Christ et
Louvain le 9 juillet IG'ttî, fut docteur en droit un renauvellement de toutes choses. C'est
en 1675. 11 était ccclé iaUique cl rcm- pourquoi nous donnerons, à la suite de sou
piissait avec distinction une chaire du col- arliclo, un précis historifiue de ce système.
lège du pape Adrien \'I. rcs lii'.i>ons avec D'Eleniare naquit au châleau de Méiiilh'S,
les ennemis do l'Eglise, ses senliai'nls -ur en Normandie, le janvier 16-^2, fil ses élu-
'i
le Formulaire et sur la bulle Uni(jeiiitus, dos chez les oratorions de Saumur, puis vint
l'apologie qu'il fit du sacre de Sleenoven, à Paris, au séminaire de Saint-Magloire, où
archevêque schisiiia'.iqut' d'Utreclit, rempli- rab'é Dnguet était alors professeur de théo-
rent de L'Iiagrii s ses derniers jours. 11 é ait logie. Il tut orilonné piélro en 170,», la
le grand casuisle du parti. C'est lui qui, de même année où Port-Hoval fui détruit; il pa-
concert ave le V. O :esnel, fit cette étrange r.iît cependant qu'il eut encore le len)ps de
décision que le clenjé de Hollande pouvait
: visiter le berceau du jansénisme, et que dans
en bonne conscience s'adresser aux supérieurs ce pèlerinage il se dévoua à la défense de
protestants pour avoir un vicaire apostoli- celle cause. 11 fui envoyé dans le midi de la
que à son (jré, et pour [aire interdi^'e et reje- France, alin d'y exciter les évoques à se
ter ceux que le pape leur avait donnés. Ce plaindre de quelques arréls du conseil con-
qu'il écrivit sur le sacre des évoques et leur tre les écrits des évèi|ues de Rayeux el de
juriiliclion conlonlieuse obligea le recteur Montpellier. En 1725, il se rendit pareille-
de l'Université de Louvain de rendre contre ment à Rome, dans l'espérance d'y obtenir
lui une sentence par laquelle il l'interdit a Uiie bulle (/oc(r(>ui/e favorable à son parii;
divinis cl a funclionibus academicis. VanEs- mais il ne réussit pas dans ces deux mis-
pen se retira à .Maeslriclil, puis à Amors- sions, el son peu de succès à Rome n'aug-
forl, où il mourut le 28 o(-lobre 172Ji. Sui- menta pas son respect pour l'autorité du
vant .M. l'archevêque d'Embrun, dans son sainl-siét;e. On le regarda avec raison comme
Instruction dogmatique sur la juriiliclion, l'un des principaux promoteurs do celle es-
^'an Espen est un cinonisie flétri, scntcntié, pèce de système qu'on appelle /îr/i(ris»(f, dans
apostat, et mort dans surétolle. Voyez son lequel on voit dans tous les passages de l'E-
article dans l'eller. On a donné plusieurs ciiture sainte des figures el des prédictions
éditions des œuvres de Van i-^spen. Les ma- des lemps présents el à venir. D Elemare
nuscrits do ce canonisle l'urenl remis à avait puisé ses principes dans les leçons de
l'abbe de Ileilogaido, qui lit un choix cl pré- l'abbe lUiguel, mais il les oulrail d'une ma-
para un supplc:iicnt ; il y joignit la vie de nière hizuro et ridicule. Il ne voyait partout
l'auteur, et forma de loui un cinquième vo- que des figures de la dérectinn do l'Eglise et
lume in-folio, (jui fil suite aux ([ualrc de l'c- de laconversion des Juifs; cl il parait certain
dilion de Lyon de 177H. que c s illusions ameuorcsit les scènes déplo-
TÎTîiiMAUKIl.llîAN-BAl'TISÏELESIvSNE DE .ME- rables des convulsion^. D'Elemare se mon-
NU. I.K u'J,préire appelant cl qu'on peutcon- tra chaud |)arlisan decclloffurre qu'on appe-
^i(léror comme le chef de ceux qui, vers laiU/'ruiP, el cul le Irisie honneur d'être un
1720, commencèrent à, forger, à accréditer des directeurs lie ces farces, où, à des dérisions
et à développer un système de prophéties sacrilèges, se mêlaient d'impudenles prophé-
,
minuer sa cousidcration. Il finit par s"a|ii'r- à des opinions proscrites, et qui se sentaient
cevoir que Vœwre n'était pas aussi divine frappés par l'autorité, cherchaient un refuge
qu'il l'avait cru d'abord. La honte qu'il en dans l'avenir. Puisque l'iiglise les condam-
eut l'engagea à se vouer à la retraite pen- nait, il était clair que c'était de sa part une
dant quelque temps. Il vivait fait en l'I't, prévarication dont il fallait qu'elle fiit châ-
dans un vojagc on Hollamle, la connais- tiée. On ne rêvait donc qu'obsrurcissement
sance du P. Qupsncl, cl prit pai t à l'établis- defeclion, apostasie. La yeniilité élail mau-
sement d'un épisfopal dans cepajs. II as- dite et corrompue, et devait s'attendre à être
sista aussi à l'espèce de concile tenu à lotaiemeni abandonnée. Dieu devait venir
Ltreclil en 17(i.3. N'ers la fin de ses jours, il au secours de son Eglise par quelque moyen
alla se fixer dans cette pctiie église, et il extraordinaire; cela était sûr. Mais quel
mourut au séminaire de Rhinwick, le 29 était ce moyen'? Vaste champ aux supposi-
mars 1770, âgé de 88 ans. Il a laissé : tions et aux chimères. Rien n'était si aisé
que de s'égarer dans une telle route, de la
Lettres THÉOLOGIQUES contre une insfruc-
p irt des gens qui n'avaient d'autres guides
tion pastorale du cardinal deDissy, où on
que leur imagination; qui, de plus, étaient
entrevoit déjà son système de figures ;
aveuglés par l'esprit de parti, et qui cou-
MÉMOIRES, au nombre de r.euf, sur les raient eux-mêmes au-devant des illusions.
propositions renfermées dans la constitution Aussi mille rêveries se succédèrent on an- :
Uiiigenitus qui regardent la n'iture de l'an- nonça la venue prochaine d'Elie, la conver-
cienne et nouvelle loi. 1714-, 1713, 1716. sion des Juifs et le renouvellemenl de l'E-
Essais des parallèles des temps de Je'sus- glise. Pour Elle, rien n'était plus certain. Il
Christ avec les nôtres; était en route; les uns l'avaient vu, les au-
tres partaient pour aller au-devant de lui.
Explication de quelques prophéties;
II. On reproche à Duguet d'avoir favorisé
La Tuadition de l'Eglise sur la future ce mouvement des esprits. Cet écrivain in-
aonversion des Juifs ; struit et habile avait aussi adopté, dit-on,
MÉMOIRE envoyé à M. Petitpicd le 20 août ces id{;es d'un renouvellement nécessaire, et
1736, au suj t de deux écrits intitulés Sys- : il a poussé un peu loin dans ses ouvrages
tème du mélange, etc., et système des discer- l'usage des applications et des figures de
nants, etc., ini .
nos livres saints. Il était trop judicieux et
tn p modéré pour donner dans les excès de
Eclaircissements .«ne la crainte scrvileetla
SCS disciples mais il leur a peut-être ouvert
crainte filiale, selon les principes de saint Au-
;
Un écrivain dii temps dU à ce stijel: « P'Ele- et commencer sa mission avec ce d gne cortège, afin
(1)
ir.arc nous apprend que le jdhp de son ordination , de rétablir louies choses en faveur du qnesiiellisme.
entre lt;s deux élcv:iilons de messe, Dieu lui dnnna
1 1
Telles sont les rares découvenes du sieur d'Elemare.
rintelligence di'S Ecriliires et le don de les inlerpio- lioinsier son contrée et son inunje ami, n'avait pas
par Judas Macli bée. L'.^nesse de Balaani lii^urc le de la cotisdiution , rapoi,(aiie prédite par saint Paul,
clergé du seennd ordre, que les mauvais Iraiienieiiis et ptns amicnnemeul prédite et figurée dans les ancient
du premier oui forcé d'ouvrir la houclie contre la livres. Il éiaii aussi pleieement peisuadé qu'il fal-
bidle Unigeniliis. Celle même ânesse avait ligure la lait que le propliéic Elle parût pour leiiaier toutes
mère Angélique Aruauil, abUes^e de l'ort-Uoyal. clioses.
Efle représente enioie loute^ les religieuses qui ont < Lu docteur-aussi insensé qu'eux tous (le sieur
réc amé cou re la eousiituiioii. le Gros) rélugié en Ibillandi!, a prédit dans des
,
< L.i pénéiralion de notieilluniinécsl si inodigieuse éerils qu'il a dicics piil liqueineni à llirecht , que
l'ima^ic et la ligure de celte premolio!) t\r martyrs et (-2) Nous donnons ce titre au morceau qu'on va
de confesseurs, que Dieu a f.ite depuis l'arrivée de la lue , ei que nous avons tiré de \'.\mi de la Religion,
bulle. Eiilin il voii dans l'Ecriture ([ue le prophète lom. X.W, n"' du 15 el ^0 sepieubre 1820.
Elio doit se mettre à la lèlc des convulsionuaires.
457 ESP ESP 458
vailles Explication de quelques prophéties
:
qu'elles fussent fort réservées sur cet
sur lu future conversion de^ Juifs; Réponse arti-
cle, el(|u'elles cherchassent à sauver
l'Iion-
aux (liflicultés sur celle Explication; Tradi- neur de leur parti en dissimulant ces
tion sur la future conversion des Juifs ; Pa- im-
postures, les avouent cependant en deux
rallèle du peuple d'Israël et du peuple chré- ou
trois endroits. « On apprend, disent-elles
tien; Histoire de la religion, représentée sous que quelques personnes, malheureusemenî
divers symboles elc. D'Elemare jouissait séduites et li\rées
,
à l'illusion, se sont ré-
d'une grande influence parmi les siens; dans pandues en diverses provinces pour y débiter
ses discours, dans ses écrits, dans ses eon- quElie est venu que cet Elle est AI. Vail-
;
versalioiis, il inculquail son sysième de fi- lant, prêtreappelant, né de nos jours, au
gures, et celle manie se propagea parmi des milieu de la France, lequel est actuelleaient
hommes que le méconlenlemeiil disposait à a la Bastille pour la seconde fuis
l'exallation. Boursier, le Gros, Iioyer,Ji)ubert, qu'il ;
sortira de sa prison par miracle
qu'il sera ;
Poncel,Fourquevaux,Fernan\ilieei d'autres misa mort, elc. On aurait de la peine à
appelanis donnèient pleinement dans ces croire que des personnes, qui jusque-là
idées. n'a-
vaient [las manqué de sens et de
raison
JII. Les convulsions et les miracles pussent ajouter foi à de pari illes extrava-^
contribuèrent encore à écluiulTer les es- gances, les proposer et les expliquer par
prits. On voulait du merveilleux. Les re- des
dénouemenis non moins absurdes, si l'on ne
ialions du cimetière Saint - Médard les , savait que ces absurdités ont en effet
journaux des convulsionnaires, les écrits des
partisans et des sectateurs à Paris, et
même des théologiens appelants, lout relen- qu'un
curé d'une des principales villes du
lissait de prédiclions et de prodiges. Chacun rovau-
me, appelant et homme d'esprit, les
voyait clair dans l'avenir, et Imuvait dans a'tout
récemment annoncées à son peu|)le. Cet
les livres saints les preuves du sysième qu'il exemple et celui du frère Augustin
s'était fait. L'Apocalypse surtout leur lour- qui ',
Il donna, a?ec Boidot, des Traités historiques beaucoup la fin du monde. Nous rapportons
fl po'émiques de la fin (lu monde, de la venue au même temps Vfloroscope des temps, ou
d'Elie, et du retour des Juifs (on ne sait si Conjectures sur l'avenir, par le père Pinel,
ce Iroisième Irailé a paru). Ces ouvrages appelant fameux par des égarements de
leur attirèrent une nuée d'adversaires, lont plus d'un genre. Rondet, éditeur de la Bible
le camp des fiofiirisles s'ébranla; \<s évéques d'Avignon, ayant remarqué avec assez de
de Sénez, de Monipellier et de Babylone ; de raison que toutes ces idées conduisaient
Gennes , Poncet , cl des écrivains plus aux erreurs des millénaires, un autre appe-
obscurs encore, enfantèrent force brochures lant, l'abbé Malot , le comballil dans une
en faveur de leur système; les plus remar- Dissertation sur l'époque du rappel des Juifs,
quf^bjes de ces écrits sont la Le/(redu 20 juin 1776, in-12. Ronde! s'était un peu moqué
1736, publiée sous le nom de Soanem, mais des règles de Duguet et des explications de
qui éliiit liu P. de Gennes, et où l'on auto- Jouberl, et il soutenait que la conversion
risait le fanatisme des 0<;uf isles sur la venue des Juifs et ses suites devaient être ren voy ées
d'Elie, la défeciion de l'Eglise et la < onver- à la fin du monde et à la persécution du
sion des Juifs; dix-neuf Lettres sur VOEuvre dernier antechrist. Malot, au contraire,
des convulsions, par Poncet ; Défense du srn- admettait un long intervalle entre la conver-
lim nt des saints Pères sur le retour futur sion des Juifs et cette persécution. Rondet
d'Elie, par Alexis Desessaris, 1737, in-12 ; développa son sentiment dans une longue
Suite de cette défense, 174-0, in-12 ; Examen Dissertation, 1778, in-12 de 796 pages, et
du sentiment des Pères sur la durée des siè- ensuite dans un Supplément à cette Disserta-
cles, où l'on traite de la conversion desJicifs, tion, ou Lettre à.Eusèbe, 1780, in-12 de.704
1739, in-12 de 565 paj;es. Débonnaire répon- pages: Matot, d'un autre côté, donna une
dit à tous Ce j écrits il soutenait que la ve-
: seconde édition de sa Dissertation, 1779,
nue d'Elie n'était qu'une opinion particu- in-12 de 26'i^ pages; puis un Supplém.ent
lière. Nous ne déciderons point si, dans la 1780, in-12 de 50 pages puis une .Swùe et
;
chaleur de la dispuie, il n'est pas allé trop défense de la Dissertation sur l'époque du rap-
loin; mais les excès intolérables de ses ad- pel de Juifs, 1781, in-12 de 206 pages; puis
versaires atténueraient un peu ses torts. une Lettre à l'auteur des Nouvelles, datée du
Celui de ses écrits, qui va le plus directement 10 juin 1782. Dansées écrits Matot assignait
à notre sujet, est \c'J ugemail sommaire de l'évé- le rappel des Juifs en 1849, et établissait un
que de Sénez, iroisième partie, où il traite de avènement temporel de Jésus-Christ sur la
la conversion des Juifs et de la venue dElie. terre; et ce qu'il y a de bizarre, c'est que
V. Au milieu de ces disputes , le fa- Roiidet, tout en combaitanl ce millénarisme
natisme des convulsions et des prophé- et ces calculs, voulut aussi assigner l'époque
ties continuait et enfantait des écrits ridi- de la destruction de l'antechrist qu'il an-
cules et des scènes déplorables. Un nom- nonce pour 18G0. Toutes ces prédictions re-
mé Ottin, dont la conduite était aussi hor- posent sur des rapprochements arbitraires,
rible que la doctrine, annonçait toujours et on peut se conienter de leur opposer ces
Elle. Un père Ponehurd, appelant, écrivait paroles de Nolrt-Seigneur Aon est vestrut:i
:
dans le même sens. Le IG septembre 1752, no.'se tempora lel momenta, etc. Quant à
on déféra au parlement de Paris une prédic- l'avènement intermédiaire, on a défié les
tion d'une jeune convulsionnaire à ALM. du millénaristes de citer un seul auteur ecclé-
parlement sur les affaires présentes. .L'abbé siastique qui ait admis plus de deux avène-
Joubert, autre appelant, disciple de Duguet, ments extérieurs et sensibles de Jésus-Christ,
et auteur de quelques écrits cités plus haut, le premier dans son incarnation, et le se-
appliquait les prophéties ù tort et à travers. cond lorsqu'il viendra juger le montle.
Ses trois Lettres sur l'interprétation des Ecri- VI. La même controverse produisit quel-
tures, 1744, autorisent celte manie des G- ques écrits en Italie. 11 parut à Brescia, en
gures. Son Explication des principales pro- 1772, une dissertation sous ce titre du Re-:
phéties de Jérémie, d'Ezéchiel et de Daniel, tour des Hébreux à i Eglise, et de ce qui doit
disposées selon l'ordre des temps, 17't9, 5 vol. y donner occasion, in-12, de 154 pages.
in-12, et son Commentaire sur les douze pe- L'auteur (Ij, qui parait s'être nourri de la
tits prophètes, Vt^k-Ma^, 6 vol. in-12. sont lecture des écrits de nos appelants, par-
pleiiis d'allusions malignes et de rêveries ;
lait à peu près comme eux de l'obscurcisse-
il n'y est queslinn que d'ol)Scuici.ssement, ment des vérités de a grâce, de la défection
de vérité- proscrites, d'erreurs qui infectent des geniils, de la venue d'Elie, de la corru.-
le sanctuaire, de pasteurs infidèles et deve- lion de la morale, et faisait des allusions
nus des idoles ; et l'on y appelle les juifs malignes eldes menaces effrayantes. L'.ibbé
pour renouveler l'Eglise. Depuis, Jouhert Ot Muzzi, chanoine de Bergame, réfuta cet au-
encore paraître un Commentaire sur l'Apo- teur dans trois Lettres, imprimées à Luc(jues,
calypse, Avignon, 1762, 2 vol. in-12, où il 1777 in-8° il y établit qu'il est faux et er-
;
(t) Nous croyons que cesl le P. Pujuli , bétié- il nionire aussi quelques penchaotï pour les uuuvelles
UictiD de Moiii Cassin connu par d' autres écrits où
, doctrines.
461 ESP
des Ephémérides littéraires de Rome, 1T78, position des
ESP m
prédictions et des promesse,
31 pages iii-12, prit la défense de la Disser- faites u l'glisepour les derniers temps
talion, dont l'auteur répondit lui-même par de la
gentilité, 1806, 2 vol. in-12.
une nouvelle dissertation sur l'époque du Le P Lam-
bert, qui s y était nomme, n'y
retour des Juifs, Venise, 1779, in-8' de 373 parle que de
menaces « Nous touchons au\ derniers
:
(1) On peut
voir là-dessus un ouvr.nge nui
parut oins,enprésencede quarante personnes; il futdirigé
anonyme, sous le litre de Nolhn rie l'œuvre des
con- par deux cures assez connus, les sieurs
vulsions et des secours , surtout par rapport B, Merliiiot
à ce qu'elle avocat de Trévoux, dénonça le lait.
est dans nos provinces duLtjonnais, L'ùrcbevéquè
forez. Maçon- envi.ya sur les lieux un de se> grands-vicaires,
nais, eic, à Coccason du crucijiemenl public de l'abbé
Fur- Joyclerc, p iir a.^soupir l'affaire; il nblint une
nns. (Lyon, i7S8, in-12 de 504
p;.gcs.) L'ouvn.Ke Icltie (le caibel contre le curé de
est divise en (juiiize cLapiircs, Farcins qui fui
on l'i.nicur le I' enlerme cbez les Cideliers de Tanlav. limi
trépc, doininic: enlieméle les faits et les l'aison- our
avait prédit qu'il viendrait faire les
nemel.t^ pour montrer raksnrdllé Piuiûes dans sa
dis convulsions. paroisse, en 1788; ce qui i.'em pas lien.
Il <lonne lii-ioire abrégée de ces folies, Toutefois
1
an moins Il p;irvint dans la suite .i
s'ccbapper. Son frère avait
pour son temps, et insiste surtout sur
la brandie été relègue au Pont-d'A)n, leur piys
des coiivulsionnaires dont le 1'. natal. Les pro-
Pinel élaii Je pbeli.-s des conviilsioniiaires annonçaient
Clicl c est celle qui éiait le plus répandue une grande
;
dans le persecuiion qui devait eommencer en
miai. Le Pmel éiait un ancien 1S02 et durer
oraiorien, né en trois ans et demi Elle. Pmel et Urigitte devaient
;
Ainerifine , (jui vivait dans le y
momie, et «ni était périr, llement XIV cl P.e Mélaieu
riche. Il gagna une s*nr Brigille, les antecbrisU.
du grand liopiial Le I Lrepe donne ans-i queiques détails sur
de fans, qu'il enleva, et qu'il piéiend .
la
.it eue la licence des mœurs dai.s l'œuvre, f.nlin,
leinme marquée dans l'Apocalypse. il pr.pos- à
Il dèblialt sur ses partisans des dilficuliés sur
elle mille rêveries, p.rcouram l'appel, sur lemilïé-
les provinces, et narisine, sur la sobslituiion de Pieuvre
menant une viescandaleuse.il mourut, sans à l'Kglise et
secours à la fin du volume, sur les propbéties et les
flans un village où la maladie miracles
le surprii, laissant son Le iciiioigiiage du P. Crêpe sur ces matières
l)ien a Biignie, qui rentra
à Tbopilal , et ne lit mé-
plus ril' d autant plus de cimliance
qu'il avait éié d'abord
parler (i elle. On crut qu.lqiie
lemps que Pinel res- initie a ces (olies. li avoue,
s;i-caerau po.ir raccumpiisscmenl pa-e iS, qu'il a été au
des propliélies noviciat de l'uîuvre, et il rappelle, li et
<,u 11 avait laues, mais d ailleurs, ce
lallut renoncer à cet esimir qu II
y a enlendu. Il parait que les absurdités et les
cruautés di.nl il lut léinoiii le r.imeiièrent
Il aicliand de
Par.s, qui avait beaucoup d'apparitions au parti
el prophetisaii aussi.
delà soumission. Il ab.uidoima, non seulement les.
Saint-Golmier eut également convnlsionnaires mais le parti d'où ils étaient
u ne convulsionuaMc; ,
mais elle lui renferm e, et le sortis, ei il parle toujours comme fort
cme qui la prônait fui (léiri
cl exilé. Le fi octobre
opposé à toute
leur secte, et buuteux de ses excès.
»<iS^ crucilieiiient de Tienicon
Tboniasson, à Far-
^63 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 464
dans ces dernières années on a vu paraître deux écrivains précédents, et ne fait guère
plusieurs écrits pleins de conjectures les que répéler ce qu'on av;iit dit avant lui. Il
plus hasardées. De re grnre esi un /Jiscoius soulieiit le système de .M. Dufour, du P.
sitr les promesses renfermées dans les Ecri Lanibirt et de M. Agier, qu'il nomme les
tures, et qui concernent le peuple d' Israël, millénaires catholiques, cl cherche à répon-
1848, in-8* de 81 pages. Ce Discours, qui n'a dre aux objections qu'on leur a faites, et en-
jamais été prononcé, par.iîlétre d'un liomnir; tre autres à la liéfutation de l'ouvrage du
qui a beaucoup éciild ms ces derniois temps P. Pujati, Biuédiclin du ."^lont-Cassin, qui,
en faicurde son parti. L'auteur aipelle les tout favorable qu'il éiait à nos appelants en
Juifs de tous ses \œus; il les voit r.issem- général, avait blâmé le système du Domini-
blés en corps de nation, rebiStis^aut Jéru- cain français. Le livre de l'abbé Giudici est
salem, et élevés en gloire et en puissance; fort superficiel, et l'auteur a la na'iveté de
il ne veut pas, dit- il, se prononcer sur la convenir qu'il étudie la matière à mesure
question du règne visilile de Jésus-Christ sur qu'il compose: ce qui e>t un bien mauvais
la terre , et néanmoins il regarde comme nio\en de donner quelque chose d'instructif
très-croyable que le vrai Joseph se manifes- et (it! solide.
tera d'une ynanière sensible à ses frères; que X. Ces trois ouvrages, comme presque
les Juifs verront cehii qu'ils ont perce', et que tous les précédents, élairnt sortis du parti de
Jésus-Christ viendra lui-même en personne l'appel ; mais il en a paru récemment un au-
insl?-iiire son peuple. Voilà dune un avéne tre qui est remarquable en ce qu'il semble
meni assez clairement marqué ce qui ne : avoir été composé par un Jésuite. Emma-
surprendra point ceux qui savent que cet nuel Lacunza, né à Saint-Jacques du Chili,
auteur était discip e et ami du P. Lam- en 1731, et Jésuite profès en 1766, ayant été
bert. On va plus loin dans un écrit plus ré- déporté l'année suivante, ainsi que tous ses
cent encore, qui a paru sous le titre des confrères, fut envoyé à Imola, dans l'Etat
Prophéties éparses concernant Jésus-Christ et de l'Eglise, où, peu après, il se séquestra de
son Eylise, 1819, in-8° sans, nom d'auteur, toute société, se servant lui-même, se cou-
mais qui est de M. Agier, auquel le jarti chant au point du jour, et passant la nuit à
doit d'autres ouvrages. Dans celui-ci M. travailler. Le 17 juin 1801, on le trouva
Agier se plaint beaucoup du pharisaïsme et mort sur les bords de la rivière qui baigne
de l'ultramonlanisme, qu'il regarde appa- L'S murs de la \ille; on présuma qu'il y était
remment comme les deux plus grands fléaux tombé la ^eille en fiiisanl sa promenade ac^
de notre temps pour nous en garantir, il
: coutumée. Soit que la solitude et le genre do
ne trouvi' pas de meilleur moyen que la vie bizarre qu'il avait adopté eussent échauffé
conversion des Juifs aussi raméne-l-il à cet
; sa tète, soit que son système tînl à d'autres
objet toutes les prophéties et même ce qui causes, il a l.iissé, ou du moins on lui at-
n'est point prophétie, cl il pré-ente les Juils tribue un ouvrage sous ce litre : ,4fene»ien<
rassemblés en corps de peuple en Palestine, du Messie arec gloire et majesté. L'auleur d\s'
rétablissant l'ordre dans l'Eglise, lonverlis- lingue plusieurs sortes de millénaires, et
sanl ks mahometans et portant partout
, prétend laver de ce reproche ceux qui,
l'Evangile. Le chef de l'Eglise sera pris par- C(mime lui, admettent dans le règne de mille
mi eux, et sera infaillible; ce qui nous a un ans une félicité spirituelle. 11 entre ensuite
peu éionné dans un ad\eisaire déclaré de dans une explicaiion des prophéties, qui est
î'infai'libilité romaine. Au surplus, l'auteur trop longue et trop minutieuse pour que
trace l'histoire des Juifs dans ces tenu s à nous entreprenions d'en donner uneanalvse.
venir d'une manière si précise et si détaillée, Nous nous contenterons de dire que La-
que nous n'en saurons pas davantage quand cunza n'admet point précisémrnt un avé-
les événements se seiont passés sous nos ment intermédiaire de Jésus-Christ. Il sup-
yeux. Jfsus-Christ descendra sur la terre pose que le Fils de Dieu descendra plein de
visiblement, et y établira son règne, qui gbire sur la terre pour exterminer l'ante-
durera mille ans; mais l'auteur es't si ré- chrisl, et tirer ses saints de l'oppression;
servé qu'il n'ose pas assurer si ces années qu'il y aura une résurrection et un jugement
seront les mêmes que les nôtres. (Juant aax partir!, et qu'il établira un règne de mille
gentils, il les acraide de fléaux, et leur ap- ans; qu'après cela Satan, ayant été délié,
]>lique ce qui est dit dans l'Apocalypse des el recommençant à troubler la paix, Jésus-
sept coupes de la colre du Seigneur. Tel Christ le vaincra sans remonter au ciel, et
I si cet ouvrage, où M. Agier a laissé bien commencera le jugement universel. Sans
loin derrière lui les autres interprèles, et où nous arrêter à celle explication, qui n'est ni
il a bravé les reproches de millenarisme, de plus ni njoins plausible que tant d'autres, et
hardiesse el de nouveauté qu'on pourrait
,
repose, comme elles, sur des rapproche-
justement lui faire. ments et des inductions fi>rt arbitraires,
IX. Un troisième ouvrage a paru en Italie; nous remarquerons un endroit où l'auteur
ce sont des Lettres sur l'arénement intermé- dans une des bêtes citée dans l'.Vpocalypse,
diaire et le règne visible de Jésus-Christ Lu- ; voit le Sacerdoce ou l'ordre sacerdotal cor-
gano, 1816 el 1817. Il y a huit lettres, dont rompu dans sa majorité au temps de Vante-
la plus ancienne renionie pour la date jus- christ; explication assez peu séante, pourne
qu'en 1811. L'auteur est l'abbé Giudici, frère rien dire de plus, dans la bouche d'un prêtre
du conseiller d'Etat de ce nom, qui est aussi (la -.iiigulier ouvrage n'a point élé im-
ecclésiastique. Il abonde dans le sens des primé du vivant de Lacunza; il s'en répandit
*r,3 FAB FAU 466
seulement des copies incomplt-lis. C'est sans tenir au jugement du saint-siége et à celui
dotile sur une de ces copies qu'on en fit des évoques, qu'à l'opinion de M. Agier et de
une édilion en doux volumes, dans l'île de M. Silvy. Acelaprès, l'anonyme fait l'éloge de
Léon, près Cadix, du temp'i que les corlès Lacunza et de ses explications, et il parait
y siéiieaiiit. Depuis, l'envoyé de la républi- goûter entre autres sa manière d'entendre le
que de Bnénos-Ayrps à Londres, en ayant règne de mille ans.
eu un manuscrit plus cumplel, l'a fait im- il est à propos de faire observer que la
primer en espagnol, à Londres; 181(5, '* vol. Chronique religieuse a parlé aiec éloge de
in 8° ; l'auteur y est nommé
Jean-Jos;ipliat tous ces derniers écrits en faveur du millé-
Ben-Ezra, nom sous lequel les copies nia- ranisme; les rédaciei'.rs de celle fi'uille pa-
nuscriles ontcircu'é (Voi/pz Ben-Kziia). Plus raissent 'coûter un tel système. Héritiers de
récemment on a traduit l'ouvraire en lalin : l'esprit des premiers appeladts, ils eu perpé-
Messiœ udventus cii'ii gloria cl mnjeslale ; tuent les illusions et les chimères, comme
le traducteur est Mexicain, et il demande les erreurs et l'opiniâ'relé. Ceux qui se-
grâce pour son latin, qui en elTi t paraît a^- raient bien aises de voir reproduire de nos
Bez barbare. Celle Iraduciion est encore ma- jours tous les principes de [)arti, n'ont qu'à
nuscrite; mais on dit qu'il en existe beau- consulter enire auires dans ce\li' Chronigue
coup de copies. des lié flexions sur les interilils arbitraires, par
C'est sur une de ces copies qu'a été rédigée D. A. E. D. H., tome I", jiage VXi; un article
la brochure intitulée Vues sur le second aré-
: sur la Lettre de M. Jean à M. fiodet, page
nem:nt de J es us-Crhisl, ou Analyse de l'ouirnie 205; un article où l'on rend comple de iJin—
de Lacunza sur cette impor'.anie manière; Pa- logues sur la grâce efficace pir elle-mnne, en-
ris, 1818, in-S" de 120 pages. L'auteur, qui tre Philocaris it Alethazetîe, même Vidume,
n'y a pas mis son nom, mais qu'on sait èire page 35!) le Jansénisme dans tout son jour,
;
M. Agier, pense au fond comme Lacunza, et page312; ou plutôt il leur suffira d'ouvrir
approuve ses principales conjectures. Il ne un cahier de cet ouvrage pour s'assurer
s'écarte de ses sentiments que sur des ac- qu'on y suit fiilèlemcnt les traces des iVou-
cessoires de son système. 11 a l'air tout velles ecclésiastigues. Il aurait été trop fâ-
étonné qu'un Jésuite ait des idées justes sur cheux que le gazelicr n'eiit pas eu un suc->
la religion; il lui reproche seulement d'a- cesseur.
voir parlé des erreurs folles et dangereuses EYKENBOOM 'Igxacr), nom supposé sous
de (Juesnel, et ce zélé partisan des Réjlexions lequel on a puldié un livre intitulé Idée gé-
:
morales est scandjiisé qu'on traite ainsi un néra'e du catéchisme, et qui est une critique
livre si précieux. C'est mie tache, dit-il, dans assez pauvre de la doctrine catholique sur
l'ouviage de Lacunza et il est horrilde, en
;
tous les points contraires aux erreurs de
effet, que cet Espagnol ait mieux aimé s'en Jansénius.
F
P'ABRE (Claude-Joseph), naquit à Paris de Fleury avec celte Continuation de Fahrc,
le 13 avril ltiC8, entra dans la congrégation et on y a ajouté quelque chose du même
de rOiatoire, y professa avec disiinclion, Fabre. dont on avait trouvé un manuscrit.
fut oblige de la quitter, y rentra en 1715 et L'entreprise réussit mal; le public ne vint
y mourut le 22 octobre 1733. pns en aide à l'éditeur. Fleury lui-même
DiCTio>iNâiBE de liichelet, dont il donna une n'est plus goûté; il n'est jias toujours exact,
éilition, dans laquelle il laissa insérer plu- et il est souvent partial. On préfère avec
sieurs articles sur les matières de théolo- raison l'Histoire de l'Eglise, pir M. l'abbé
gie, et des salires odieuses dictées par Rohrhacher. .Mais revenons au P. Fabre.
Il mit à la tête de sa Continuation un
l'esprit de parii. C'est ce qui l'obligea de dis-
sortir de sa congrégation. cours où la critique orthodoxe a trouvé plu-
sieurs choses réprébensihies, entre autres :
Co^TINlIATloN de rHisioirc ecclésiastique de
une proposition injurieuse à Egli>p, et qui
1
Fleuri/.
heurte de front la promesse que Jésus-
L'esprit de parti s'y montre souvent; c est Christ lui a faite, que les partis de l'enfer ne
d'ailleurs un travail mal fait., « sans correc- prévaudront jamais contre elle. C'est que
tion, sans élégance. Uondel,(|ui l'a conlinuéc dans le l'r siècle les pasteurs de l'Eglise ro-
après lui, a encore plus mal réussi, et dunne maine n'avaient ni règle sûre, ni imtructioa
au fanalisme de la Petite l'gliye un essor solide pour se conduire.
plus libre, t^e-t cependant celle Continua- On fait aussi, dans ce même discours, un
tion de Fleury qui est conlinuellcment cilée préceple indispensable de rapporter positi-
par les compilateurs du jour le fanatique
; vement à Dieu toutes nos actions, parle mo-
l''abre, le fanatique Uoiulel. s inl sans cesse tif de l'amour divin : doctrine condamnée
allégués comme des aulorilés légales, par dans Quesnel.
des gins mêmes qui veulent avoir des litres C'est ce enême P. Fabre, continuateur do
à la ])liilosophie. Tel est le sorl de l'histoire Fleury, qui, dans le livre cwxi, n 74, p. 522
dans ces jours de subversion et de men- et 3'23 du tome X\.VI, édition in-12, de
1727,
songe. » Ces ohseivations sont fort justes. a traduit ainsi ces paroles d'Erasoie, qui vou-
Ou a donné, vers 1833, une nouvelle édiliou lait mettre l'Ecriture sainte entre les
mains
^ DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 4G8
de tout le monde : Me auctore, sacros Hbros doctrine, dans l'écrit dont voici le titre :
iegel Agricola, leget Faber , leqet Latonms.
Déclaration du sieur Fauvel... sur certaines
La troisième proposition d'Erasme (condam- propositions tirées de ses écrits de philoso-
née par la Sorbonne) est qu'il stra cau^e phie. Paris, imprimerie royale, 1722, in-4*.
qu'Ayricola, que Faber, que Lntomus, liront FIUILLET (N...), chanoine de Saint-
let livres sacrés. L'oratorien en délire a cru Gloud.
que ces mots Agricola, Faber cl Latomus, Histoire abrégée de la conversion deM.Chan-
étaient ici trois noms d'hommes, et que la teau. Paris, Simart, 1706
Sorbonne pouvait condamner et condamnait A page 161, on confond la crainte ser-
la
en effet une proposition, parce qu'on y con- vile avec la crainte servilement servile.
seillait à trois personnes de lire l'Ecriture C'est une adresse jansénienne, afin d'avoir
sainte. un prétexte de lâmer toute crainte.
I
On peut juger par ces différents traits Page 179, on ose avancer « que des pré-
quelle est la foi et quelle est la science d.i dicateurs et des directeurs dans les chaires,
P. Fabre. Aussi lui fut-il défendu de pousser dans les confessionnaux , disent tous les
plus loin la Continuation de l'Histoire de jours aux amateurs du monde Communiez :
mint, et do laquelle le pape et les évéques mais Gerberon, historien de la secte, nous
l'ont reçu. apprend qu'il est de Feydeau.
Une si dangereuse doctrine fut censurée Ce petit Catéchisme est un précis fort
par M. l'archevêque d'Embrun, dans son exact de l'Augustin de Jansénius. H a été
excellente Instruction pastorale sur le Mé- reimprimé plusieurs fois, en Flandre, à
moire des quarante avocats, du 26 janvier Paris, à Lyon; on l'a fait aussi paraître sons
17.31. le titre û'Eclaircissement de quelques difficul-
Mais n' us devons dire que Fauvel revint *cs touchant la grâce. 11 a été traduit en plu-
nistes de Genève, sans qu'ils y changeassent commencer à se convertir à Dieu, que d'enten'
un seul mot el ce fut surtout alors que les
: dre les vérités chrétiennes, d'y appliquer son
prétendus réformés de Hollande offrirent esprit, et d'en comprendre le sens, sans une
aux jansénistes des Pays-lias et à ceux de grâce particulière que tout le monde n'a pas.
France, de les recevoir dans leur commu- Jl est donc des personnes qui n'ont ni la
nion. grâce nécessaire pour commencer à se cou-
Samuel Des Marets, français de nation, ver tir, ni le pouvoir prochain ou éloigné de
professeur de théologie à Groningue, en pu- faire un pas vers Dieu.
blia une traduction latine (voyez Marets), Pag. 385
L'Ecriture ne commande que la
:
et le fit soutenir en forme de thèses par ses charité. Autre erreur. L'Ecriture ne com-
écoliers ,comme contenant clairement la »«ande-t-ellepas au>si la foi, l'espérance, etc.?
doctrine décidée dans le synode de Dor- Pag. 388 et 389, l'auteur enseigne, sans
drcchl. aucun détour, le système hérétique des deux
Dans sa préface, il loue Jansénius d'avoir amours, unique principe de toutes nos ac-
puissamment défendu la cause de Mieliel tions. Selon lui, tout ce qui vient de la cha-
«aïus, que l'autorité et la force avaient plutôt rité, est bon; lout ce qui vient de la cupi-
opprimé, dit il, que lu vérité et la raison. dité, est mal; toutes nos auvres sont des
Vaius, ajoute-t-il, était un homme de mcrile, fruits qui viennent de l'une de ces deux ra-
peu éloigné du royaume des deux. cines.
Enfin assure que ces disputes sur la
i'I Tom. III, pag. 166, on demande Faut-il :
grâce servent beaucoup à ébranler le siège de que je fasse toujours des actes de l'amour de
l'antechrist , qui est sur le penchant de sa Dieu? et l'on répond vous y êtes obligé tou-
:
ruine, et qu'il faut espérer que ceux qui ont jours et à toujours en sorte que toutes nos
embrassé la défense de la vérité sur ce point, actions doivent être faites en vertu de l'amour
éclairés d'une nouvelle lumière, abjureront de Dieu.
'enfin les autres erreurs de leur communion, Quel affreux rigorisme , suivant lequel
et se déclareront ouvertement contre le con- tous les actes de foi d'espérance, de com-
,
cile de Trente, qu'ils n'osent encore rejeter misération et des autres vertus, soit natu-
tout à fait, se contentant d'adoucir ses ca- relles, soit chrétiennes, sont des péchés, dès
nons, de les plier comme de la cire molle, pour qu'ils n'ont pas pour motif l'amour actuel de
l(ur donner un sens favorable, et les ajuster à Dieu!
leurs opinions. FITE-MARIA (N... De La], frère de Henri-
D'un côté on a publié contre le Catéchisme Antoine, qui était né à Pau, qui fut abbé de
de la grâce un ouvrage intitulé Réponses
:
Saint-Polycarpe, réforma ce monastère et
catholiques aux questions proposées dans ce y
donna l'exemple de toutes les vertus de
prétendu catéchisme, par le P. Dorisy, jé- l'étatreligieux. « Il parait, dit M. Picot dans
suite. P>iris, l(i50, in-12; et Les jansénistes
:
ses Mémoires, édit. de 1816, tom. IV, pag.
reconnus calvinistes par Samuel Les Marets, 126, qu'on voulut l'attirer à un parti re-
par Jean Urisacier, jésuite. Paris, 1652, muant. Tournus, appelant zélé, Cl le voyage
in-12. de Saint-Polycarpe, et n'omit rien pour com-
Et d'un autre côté on en fit l'apologie sous muniquer ses sentiments à l'abbé, qui
ce titre Fraus Calvinistarttin reticli; sive
:
luonira toujours de la répugnance, et per-
y
catechismus de yralia ah hœreticis Sam. Ma- sévéra dans la soumission. Ce ue fut qu'a-
reêii corruptelis vindicatus; per Hierony- près sa mort que ce parti, é.ant revenu à la
lill DICTIONNAIliE DES JANSENISTES. tn
cliaigi i'emporla; ce qui amena la dissolu-
,
et de Saint-Pons donnèrent sur le même su-
tion du cet élaUiissemenl. On s'y écarta bien- jet des Mandements que les parlements de
tôt (Jes régis et de l'esprit du sage abbé, et Paris et de Toulouse cherché ent à flétrir
l'on s'y livra à de vaines disputes. Un autre par d'odieuses condamnations. Il y eut une
la Fite-Maria, frère du pieux, réformateur, commission de quatre évéques nommés pour
vivait dans l'abbaye, et y déclamait sans mé- iusiruire celle affaire, el ce fut à ce sujet
nagemenl contre la bulle et contre les évo- que l'abbé le Gras rédieea son Mémoire pour
ques. L'auteur que nous citons plus bas prouver que l'évêque de Soissons avait passé
avoue qu'il avait donné prise sur lui par un les bornes de l'enseignement épiscopal. L'é-
zi'le peul-ftre excessif. 0:i fut ohligé de l'éloi- vêque y répondit. Mais son meilleur appui
gner. Mais d'autres appelants y venaient fut dans l'esprit du ministère qui influa sur
secrètement. En 17il, on fil défense de rece- l'avis de la commission. Elle se déclara, dit-
voir des novices. On sut qu'on y avait des on, pour .M. de Fitz-James. Ce prélat paraît
reliques du diacre l'âris et de Soanen. Le avoir été guidé dans ces diff'rentes occiisions
1" sepiembre 17i7, les trois religieux res- par quelque ressenUment secret. Il s'était
lanls appelèrent de la bulle Unigenilus. Le entouré à Soissons d'appelants, quoiqu'il ne
6 avril 1773, le dernier religieux, U. Pierre, pensât pas en tout comme eux. Il faisait si-
fut assassiné dans l'abbaye qu'il n'avait pas gner le formulaire dans son diocèse, el nous
voulu abandonner. Les bier.s furent donnés retrouvons de lui une lettre du 31 mai 1759,
au séminaire de Narbonne. Vouez l'Histoire à Meindariz, archevêque d'Utiecht. C'est une
de l'abbaye, publiée, en 1783, par lleynaud , réponse un peu lardi^e à une autre lettre
curé de Vaux, au diocèse d'Auxerre. Appe- que Meindartz lui avait écrite, deux ans au-
lant lui-même, il fait assez connaître les re- paravant. De Fitz-James s'y explique contre
lations étroites des religieux de Saint-Poly- l'appel, et conseille à Meindariz d'y renon-
c.irpe avec le parti. Il e>t remarquable que cer et de recevoir la bulle pour le bien de
la maison alla en décadence de ce mumenl. » la paix. Ses OEuvres posthumes, publiées par
IirZ-JAMLS( François, duc de), éNcque Goui sin, I7G9, 2 vol. in-12, sont plus de ce-
de Soissons, né en 1709, était fils du duc de lui-ci que de l'évêque.
Brrwik, lils naturel du roi d'Angleterre FLEIJKY (Claude) auteur fameux d'une
,
Jacques 11. Ayant embrassé l'état ecclésias- Histoire ecclésiastique ,sur laquelle nous
tique, il fut nommé, en 1738, à l'évéclié de n'avons pas à nous expli(|uer ici mais qui
,
boissons, et fnit peu après premier aumônier est heureusement remplacée par ["Histoire
de Louis X"^'. Ce fut en celte qualité qu'il universelle del'Eijlise catholique de M. l'abbé
administra les sacrements à ce prinre dans Robrbacher. Nous voulons parler d'un des
sa maladie de Metz, et qu'il exigea de lui, discours de Fleury, du neuvième, qui traite
avant cette cérémonie, l'éloignement de la des libertés de l'Eglise gallicane. Ce disrottrs
ducbesse de Cliâleauroux. Lf s amis de cette ne fut point publié du vivant de l'auteur, qui
dame critiquèrent cette démarche dn préial, mourut en 1723. « Il ne parut qu'après sa
qui ne fit en cela que son devoir; et Voltaire mort, en 1723, dit M. Picot {Mémoires, tom.
qui s'élève contre lui à ce sujet n'aurait IV, pag. 10'*, édit. de 1816). L'édition fut
sûrement pas manqué de se moquer de lui clandestine. L'éditeur, peut-êire l'abbé Dé-
s'il eût toléré le scandale. Quoi qu'il en soit, bonnaire (voyez son ariicle), y joignit des
il paraît que la conduite de M. de Fitz-James notes qui annoncent un homme de parti ; ce
lui attira une sorte de disgrâce. Il devait qui fut cause que le discours fut supprimé
avoir le chape:iu à la présentation du pré- par un arrêt du conseil du 9 septembre 1723,
tendant; celle dignité p.issa à un autre. Il portant (|ue les notes sont pleines d'une doc-
donn.i, en 1748, sa démission de la première trine très-dangereuse pour la religion. U fut
auniônerie. Depuis il parut se ra|)procher aussi mis à l'index à lîouie, le 13 février
de plus en plus des appelants, dont il em- 1723. En 1763, Anloine-Gaspnrd Bouclier
prunta la plume en plusieurs occasions. Le d'Argis (avocat, mort vers 1780) donna une
P. la Borde rédigea son Instruction pastorale nouvelle édition de ce discours, où l'on se
conire le P. Pichon, en 17i8. Goursin com- germit des aliéralions considérables, qui ont
posa son long Mandement en 7 volumes été relevées par M. Emcry dans ses Nou-
contre Hardouin et Berruyer, en 1739. M. veaux opuscules de Fleury. Celui-ci y donne
de Fitz-James donna vers le même temps à le texte du discours, conforme à un manus-
son diocèse un Catéchisme et un Rituel avec crit qu'il avait entre les mains, cl on voit
de- Instructions sur les dimanches et fêtes avec surprise que Boucher d'Argis a^alt al-
en 3 vol. in-12,qui sont probab emeni aussi téré précisément les passages les plus favora-
de Goursin. 11 se déclara conire les Jésuites bles à l'Eglise cl au saint-siège. Un autre
a l'assemblée des évéques, en 1761, et pu- avocat, Chiniac de la Basiide, lit encore im-
blia, le 27 décembre 17G2, au sujet du re- primer le discours de Fleury, en 17G3, avec
cueil lies Assertions, une Instruction pasto- un commentaire si violent, qu'il déplut même
rale qui était du même Goursin, qui fut cun- au parti auquel l'éditeur était attaché. [Y oyez
d.imnéo par un bref de Clément XUl, du 13 Dlhamel). Ainsi ce discours avait loujour»
avril 17(i3, et qui indisposa contre lui tous été altéré en lui-même, ou déparé par de
ses collèi,'ues. De -Montesquiou, évéque de mauvaises notes, quand .M. Emery le publia,
Sarlat, l;i réfula dans une Instruction pasto- en 1807, dans sa pureié primitive. 11 lit voir
rale,du 2'* novembre 1764, qui est bien faile, que Fleury n'était pas aussi opiiosé à la
solide et modérée. Les évéques de Langre» cour de Home qu'on a voulu le persuader. »
i" FLO FLO <7i
FLORE DE SAINTE-FOI, un des pseudo- d'une âme pécheresse n'est autre chose dans la
nymes dont usait le P- Gerbpron. vérité, que le clianaeinent d'un plaisir en un
FLOKIOT (Pierre), préde du diocèse de autre plaisir plus fort. Peut-on exposer et
Langres, fut confesseur des religieuses de admettre plus clairement le système inventé
Porl-Royal, puis curé des Lais, ci cinq ou par les novateurs, pour détruire la liberté
six lieues de Paris, et mourut le 1" décem- de l'homme; pour lui ôter toute force dans
bre 1691 à l'âge de 87 ans.
, la coopération de la volonté; pour la rédnire
à suivre en esclave les mouvemenis étran-
Morale chrétienne rapportée aux instruc-
gers qui la déterminent invinciblement; et
tions que Jésus-Christ nous a données dans
pour établir le mérite et le démérite de nos
l'oraison dominicale. Rouen, Eustache Vi-
actions dans la nécessité même qui nous
ret, 1672, iii-i" de 1020 pages.
emporte?
Les titres les plus saints ot les plus spé- Ibid., page 62 Notre vie, dit-il, considérée
:
cieux furent toujours employés par les jan- comme nôtre, n'est que péché. Si elle est
sénistes pour faire passer plus facilement bonne, elle n'est point de nous, mais de Dieu
leurs erreurs. en nous. Et page 61 Notre salut ne dépend
:
Celte préiendue Morale chrétienne qu'on point de nous, mais de Dieu seul. A (|uel li-
appelle onlinairemenl la Morale du Pater, bertinage, ou à quel désespoir ne conduisent
fut souvent réimprimée à Paris. La cin- pas naturellement de pareils principes ?
quième édition est celle que nous suivrons On enseigne, liv. III, sect. 3, art. k, qu'un
dans nos remarques. pécheur qui assiste à la messe, fait un nou-
L'iiuleur enseigne, liv. V, sect. 2, pag. 500, veau ])éché, et ([u'assister à la messe et com-
que dans l'élal où nous sommes , malgré munier ,demandent /es mêmes dispositions.
l'impossibilité des commandements de Dieu, On dit, page Vil, que la prière du pécheur
nous péchons en ne les observant pas. se tourne en péché que le pécheur impéni-
;
L'homme, dit-il, est tombé par son péché dans tent qui assiste à la messe, même un jour de
un si ep'royable désordre, qu'il se trouve dans commandement, un nouveau péché
faii :
l'impuissance de les accomplir...; par le dérè- mais (lue ce péché n'était p s enco>e assez
glement de sa volonté il est devenu comme connu, étant couvert du spécieux prétexte du
perclus, et a contracté une certaine paraltjsie comtiandemint de l'iù/lise.
spirilufVc qui est cause qu'il ne peut plus de Cette héréliqne doctrine, on la prête faus-
soi-même faire le bien que Dieu lui ordonne : sement à ^aint Chrysoslome et c'est ici que :
ce '/ui n'empêche pas que Dieu n'ait toujours nous allons faire \oir une de ces falsitica-
le droit dn lui commander, et que l'homme en lions atroces dont il n'y a que le parti qui
celte infirmité où il est tombé par su faute ne suit capable.
p'che en ne faisant pas ce que Dieu lui com- Floriot, liage 405, fait parler ainsi ce saint
mande. Il faut reraar(]uer qu'il ne s'agit pas docteur : En
vain nous assistons à l'autel,
ici de la grâce qui est nécessaire pour faire puisijue personne ne communie. Ce que je vous
un bien qui est surnaturel l'abbé Floriot
: dis, non afin (jue vous alliez à la commhUion,
n'en doute pas mais il suppose le comman-
; mais afin que vous vous en rendiez dii/nes. Go
dcmenl d'une pari, ei de l'autre l'itnpuis- qu'il y a d'inconcevable, c'est qu'il met à
sance de l'accomplir depuis le péclié origi- côté le texte latin qui le condamne. Car voici
nel, l'homme, depuis ce poché, manquant les termes de saint Chrysoslome : « Hoc dico
des grâces nécessaires pour lui rendre pos- non solum ut partiriptiis, sed ttt vos diqnos
sibles le< commandements : et il prétend reddatis. Ce que je vous <\\s, non-seulement ;ifin
que, malgré cette impuissance, l'homme que vous alliez à la communion , mais en-
pèche en ne faisant pas ce que Dieu lui com- core afin que vous vous en rendiez dignes. »
mande. Telle est donc l'idée qu'on nous Le faussaire, comme on voit, mel simple-
donne de notre Dieu. 11 ordonne d'agir; il ment »ion, au lieu de non-seulement, et par
ne donne point de secours pour agir; et là il change totalement la proposition et y
l'homme pèche en n'agissant pa«, cl il est sulislilue un sens tout différent. Or, fut-il
damné pour n'avoir pas t'ait ce qu'il lui était jamais une plus mon-trueuse infidé ité'?
impossible de faire. La page suivante nous offre une autre su-
Le même auteur ne reconnaît point d'au- percherie. L'auteur finit le passage de saint
tre grâce actuelle, que l'inspiration eflicace Chrysostorne par ces paroles : .Ainsi, afin que
de la charité et de l'amour de Dieu, par la- je ne vous rende pas plus coupable devant
quelle le Saint-Espiit nous éloigne du mal, Dieu, je vous conjure, non pas de vous trou-
et nous fait faire le bien (2' Trailé, préamb. ve'- simplement aux sacrés mystères, mais de
art. 1, 3' point). vous rendre diqnes d'y entrer et d'y assister.
Il embrasse aussi le système jansénien Et dans le texte latin, qui est encore cité à
des deux délectations alternalivemcnl néces- la marge, il a soin, cette fois-ci, d ne pas
sitantes. La même action (dit-il au même rapporter les termes de saint Chrysoslome.
endroit, page 6i) de la volonté humaine étant Il a raison car ils font un sens absolument
;
d'aimer, elle ne se meut et ne se porte à ses différent de celui qu'il leur donne d.ins sa
objets que par ce plaisir; c'est-à-dire qu'elle traduction. Le saint docteur ne veut point
n'aime que ce qui est agréable. Partout où détourner ni les pécheurs, ni ceux qui ne
elle trouve son plaisir, elle s'i/ attache : et de ronununieni point, de venir à la messe; cl il
deux plaisirs qui se présentent â elle, le plus les en averlil; mais son désir est de les voir
fort l'emporte. De là vient que la conversion toujours prêts et digites de communier au-
*75 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES,
tant de fois qn'ils viennent à la messe : liogo théologiens , le saint nom de Dieu invoqué,
I
quidem vos, non ut non ndsilts, sed ut prœ- nous avons condamné et condamnons le dit
sentin et udilu vos reddalis digno/t. Je vous écrit, comme rempli de sentiments contraires
conjure, non pas de rous absenter uns sacrés à la doctrine et aux décisions de l' Eglise , et
mystères, mais de vous rendra dignes d'y conten'int plusieurs erreurs condamnés dans
entrer et d'y assister (pag. 888 du Comment, Luther, dans Calvin, dans Batus, dans Jansé-
de saint Chrysostome sur l'épî re <1s saint nius et dans Que<nel; défendons sous les pei-
Paul aux Ephésii'ns. Homél. 3, chaj.. 2, de nes de dridt de lire le susdit livre, de le
,
auteur eût cru la présence réelle n'eût-il , formé deux partis opposés qui se disputaient
pas dit que nous mangeons ici le corps de et qui écrivaient suivant leurs opinions dif-
Jésus-Christ réellement 1 substantiellement 1 férentes. Fontaine fut un des plus chauds
dans l'Eucharistie, en attendant que nous adversaires de celte bulle son zèle à la dé-
;
pernicieux les foudres et les analhèmes de profonde retraite que peu de gens connais-
l'Eglise. M. de Marseille, cet évêque illustre, saient. On cite une dame TbéoJon , Irés-
digne par ses talents et ses vertus héroïques attachée au parti des appelants , comme la
des siècles les plus Iieureux, flétrit cet ou- première qui imagina les imprimeries se-
vrage de ténèbres, le 23 février 1728. 11 est crètes, oîi l'on confectionnait ce journal ,
vrai que M. Colbert, évéque de Montpellier, ainsi que l'on confectionna ensuite tant d'é-
chef de la secle, et connu par sa révolte crits divers, notamment lors de nos troubles
persévérante contre l'Eglise, s'éleva publi- révolutionnaires. On avait établi celte im-
quement contre cette censure; mais ce fut primerie près de la rue de la Parcheminerie,
au grand étonnement et au grand scandale au faubourg Saint-Jacques. Hérault , alors
des fidèles. M. le cardinal de Tencin alors , lieutenant de la police, mil tout en œuvre
archevéqlie d'Embrun fit éclater sa juste
, pour connaître l'auteur des Nouvelles ecclé-
indignation à ce sujet, par un mandement siastiques; mais Fontaine, protégé par le zèle
du premier mai 1742, dont le dispositif est de ses partisans malgré la surveillance ac-
conçu en ces termes Après avoir fait toutes
: tive de Hérault , continua à publier sa ga-
les t'éftexions que demandait l'importance de zette une fois chaque semaine ^1). Deux de
la matière, après avoir pris l'avis de plusieurs ses colporleurs furent arrêtés, interrogés,
Tliéudon, livrée an uarti, et niorle en 1739, est citée Note tirée des ilémoirei de M. Picot.
,
m FON FON 4, a
lieu où se cachait le rédacteur. Une femme pour serv'r à l'hiittuirr ecclé'tiastique des
tomba également entre lels mains des agents années^ 1728, 1729 , 17;iO , 1731 ; \n-k'. -
de police, au moment où elle allait distrihuer 1732,1733; in-i". 17.%, 17.35, !73(); in-V
huit cents exemplaires des Nouvelles; on lui — 1737, 1738, 1739; in4% etc.
demanda si elle savait que le roi eût défendu
Tables des noms et mnlières r nitenues dans
de cdlporter cette {lazelte Oui, répondit-
:
lesNouvelles ecclésiaslinues des années
elle, Mais Dieu me t'a ordonné. M. de Vinti-
1728, etc.
niille, archevêque de Paris, donna le 27 avril
1T32 nn mandement pour condamner les Maintenant, nous allons mettre sous les
Nouvelles. Quelques curés de Paris refusè- yeux du lecteur une ap[irécialion qui lut
rent de le publier; d'aulres en donnèrent faitepar un homme eonifiélent de la gazette
leclure dans leur paroisse; et alors les gens de Foniaine, lorsqu'elle était dans son bon
qui app.irteiiaient au parti de Fontaine sor- temps, et que, malgré quelques expressions
tirent de l'éçîlise pour éviter cette condama- dures, nous avons tout lieu de croire juste.
tion, et rendre par là disaient-ils dans leur
, Nouvelles ecclésiastiques, trésor de men-
langage, im témoignage de la foi. L'archevê- songes, dit l'auteur que nous avons an-
que ordonna aux curés appelants de lire le noncé et que nous allons laisser parler ;
mandement en question; mais les curés eu- Noiivelles ecclésiastiques , trésor de men-
rentrecours au parlement, qui se saisit de songes , non de mensonges légers, de fle-
celte affaire avec beaucoup de chaleur et un lions innocentes, de railleries ingénieuses
intérêt marqué pour l'auteur des Nouvelles ; mais d'alTreui blasphèmes contre Dieu, de
intérêt que partageaient un grand nombre déclamations forcenées contre les déci-
de magistrats. Le larleinent mit tant de zèle sions de l'Eglise, d'expressions séditieuses
d;ms la défense de son protégé, que plusieurs contre le roi, ses ministres et toutes les
conseillers furent exilés , et d'autres de- puissances établies de Dieu d'impostures ,
mandèrent leur démission. Lors des discus- atroces contre les fldèles soumis à la bulle,
sions du parlement avec la cour, Fontaine, de faux miracles conlrouvés pour séduire
de son côté, se déclara son défenseur, et la les simples, de convulsions diaboliques éri-
gazette devint un foyer de discorde. Les jé- gées en dons du ciel, d'erreurs palpables et
suites opposèrent (en 173V), à la gazeite de cent fois condamnées de falsifications vt
,
Fontaine qui ne les épargnait pas dans ses d'aulres traits d'un faussaire consommé,
diatribes,un Supplément qu'on leur délendil d'exemples bizarres d'une partialité révol-
de publier en 1748 (1). Tous les partisans ne tante, de contradictions sans nombre, do
trouvaient pas cependant son écrit bebdo- platitudes méprisables. Tel, et plus détesta-
madaire exempt de critique; parmi ceux-ci, ble encore est le libelle périodique, com-
Duguct, Delan , Débonnaire, remarquèrent mencé en 1728, et continué jusqu'à présent,
qu'il ne respeetait pas toujours la vérité, à la honte de notre siècle, sous le titre de
qu'il se plaisait souvent à deliiler des minu- Nouvelles ecclé^iasligues, ou Mémoire pour
ties, des ilaiitudes; ils se plaijinaient sur- sertir à l'hi.<toire de la constitution.
tout des excès du rédacteur. Malgré cela. ]. Blasphèmes du Nouvilliste. N'est-ce
Fontaine était devenu, pour
les siens, un point d'abord une horrible impiété de com-
oracle. C'est d'après cet oracle, que l'on parer les miracles de Paris à ceux de Jésus-
cita comme des prodiges, les convulsions et Christ, et de prétendre justifier le doute des
les miracles de Saint-.Médard. Toujours ar- incrédules par rapport aux miracles du Sau-
dent contre les papes, les évèques et en gé- veur, par le doute que les constitutionnaires
néral contre l'autorité, dit un écrivain im- fonl paraître pour les prétendus miracles du
partial, il a le mérite (Foniaine) d'avoir con- diacre de Saint-.AIédard ?
tribué à affaiblir les sentimenls de reli'^ion C'est cependant à cet excès d'impudence et
par l'àcrelé de ses disputes et la persévé- de témérité que s'est porté le Noinelliste ,
rance de ses calomnies. » Ou croit aussi dans sa feuille du 24 dérembre 1731. \ oici
que Fontaine fut, par ses déclamations vio- ses propres termes L'auteur des Lettres ,
:
lentes, une des principales causes de l'ex- comme M. l'arclteiéi/ue cl les autres' , qu'on
pulsion des jésuites. Et après avoir rédigé peut appeler en pareil cas tes i.vocats du dia-
sa gazelle pendant plus de trente ans, il ble, consentiront de reconnaître pour vrais
mourut d'un ulcère à la »essie, le 2G mai miracles les guérisons subites dis malades
1701, à l'âge de soixante-treize ans. Celle désespérés. L'auteur de la Dissertation plus
,
notice est tirée du Diclionn. hist. de Feller, conséquent dans ses raisonnements, réserve à
édiliim de Paris. 17 vol. in-S", article Fon- la nature les guérisons subites, comme tes au-
taine (iac<\m-s). Voyez ci-ai)rès Louail. tres. Pourquoi en effet mettre cette liarrière à
Nous connaissons :
l'incrédulité? Elle expliquera désormais par
tes mêmes principes tous les miracles de Jésus-
Nouvelles ecclésiatiques, depuis l'arrivée Clirist. Les morts ressuscites ne l'embarrasse-
delà cotisiiiution en Frunccjusqu'enl~-28' ront pas davantage. Le jeune homme de Naim
et la fille de J aire étaient en syncope. Celle du
(1) F(.nian\e peut être reprdé , par l'assiduité n'ont pas eu home de vanter sa piété, conviennent
de ses clameurs contre les Jésuites . coniim; une qu'il ne Misait pas la messe. Noie lirée des iléinoiret
des causes de leur dostruclion. Ses pariisaiis,
qui du Jl. l'icot.
,
celui d'un liomme qui croirait en Jésus- papes; les conciles de Rome, d'Embrun, d'A-
Clirist, cl qiii serait persuadé de ses mira-
vignon les cardinaux de Fli ury, de Rohan,
;
cles ? Ouoi mi'itre en parallèle un impie qui etc.; tout ce qu'il y a de plus respectable au
!
gage, n'est-ce pas ii religion, iaîpiété, exé- on punit de l'exil et de la prison des hommes
crable blasphème? dont tout le crime est de combattre gé.néreu-
sentent pour les droi's sacrés de sa couronne
Faut ii s'étonner si, depuis le jansénisme, el les intérêts d la religion : l'oppression est
l'incrédulité a fait de si prodigieux progrès?
telle, et la persécution si ouvertement décla-
La secte impie de Jansénius ne se contente
rée, qu'on voit encore aujourd'hui des tnar-
pas de représenter Dieu comme un tyran
tyrs de la foi comme on en vit au temps des
,
et ennuyeux plaidoyers pour leur défense. naux des lettres exisiaient cerlainement ;
Dans la feuille du 12 novembre 1735, il copie qu'on était en état de les prcduire, et qu'elles
avec G implaisaiice l'inlânK? doctrine conte- étaient véritablement écrites par le cardinal
nue dans la Plu'nle de Charlotte, et par là Davia ; que nous sommes dans un siècle oie
cet empoisonneur public cherche à répandre l'on nie tout; et que queli/ue clio^e qu'on dise
la corrupiion jusque dans les provinces les et qu'on fasse, il en est de ces lel.res comme
plus éloignées. des miracles qui y sont reconnufi par te cardi-
VI. Erreurs palpables et cent fois con- nal Davia; aveu rem.irquable et dont l'im-
damnées. Toutes les erreurs de I5aïus , de posteur n'a p,i5 senti la conséquence.
Jansénius et de Quesnel sont répétées, re- Cependant , la fausseté de ces mêmes let-
nouvelées, ressassées, inculquées, défendues tres devint enfin si sensible et si palpable,
et justifiées à chaque instant par le seci et lire que celui qui peut-être les avait fat'riiiuées,
du parti. Son but principal est en efl'et de les ou du oins qui en avait soutenu avec tant
II
faire revivre, et d'inspirer un souverain mé- d'impudence la vérité, fut obligé, dans sa
pris pour tous les papes tous les é^équis ,
, gazelle du '» février 17i2, de se rétracter. Il
tous les tribunaux qui les ont condamnées. le lit donc, mais dans les termes les plus ra-
Pour ce (jui est de la doctrine catholi(|ue sur doucis, et avec tous les détours et tous les
la grâce, sur la liberié, sur l'amour de Dieu, artifices qu'il jugea les plus jiropns à dimi-
ilne la rapporte (lu'avecétonnement, comme nuer sa honte et à pallier son crime.
si c'était une doctrine nouvelle, absurde, in- 2° Dans les Nouvelles ecclésiastiques du 7
soutenable. octobre 1729, le même gazelier fait dire au
\I1. Traits odieux qui caractérisent tm pajie Benoît XllI*/»'!/ rou'/ra!/ pour beaucoup
faussaire. J'ai pelle un fauss.iire du premier que le concile d Embrun n'eût jamais été tenu.
ordre celui , par exemple, «jui supposerait à 11 assure coumie un fait certain que c'est à
un c.irdinal des lettres qu'il n'a jamais écri- un gentilhomme français, présenté par le car-
tes, età un pape des discours ()u'il n"a ja- dinal Polignac.q ne le saint-père dit cette parole,
mais tenus. Or c'est jusqu'à cet excès de bri- et que c'est ce gentilhomme qui a publié ce
gandage fju'e^t allé l'auteur des Nouvelles fait à son retour en France. Or tout ce récit
tcclési<isliques. est faux; et ce même genlilhomme(le marquis
l" Dans l'édition des lettres de M. Col- de Magnane) qu'il a osé citer, donne sur ce
berl, évêque de .Mcmlpellier, on avait inséré sujet un démenti public et solennel par une
des lettres du cardinal Davia à ce prélat, et déclaration faite jiar-devant notaire.
des réponses du prélat au lardinal. Les Contentons-nous de produire ici ces deux
prétendues lettre-; de cette éminence imi- traits d'imposture. 11 n'en faut assurément
taient les fautes de langage et d'orthographe pas davantage pour inspirer une just.' horreur
que peut faire un étranger qui a irès-peu du faussaire insigne, (|ui s'en trouve si au-
d'usage d'écrire et de parler en français. Du thentiquement convaincu.
reste on s'y déc arail ouvertement en faveur Vlll. Partialités bizarres et contradictions
du parti jau'-éniste. On y ajiprouwiil le culte révoltantes. Nous nous bornons à un seal
saer Icgc et les faux miracles de l'âiis. On y exemple. L'auteur du .S"i(/)/)/i//HfHMlu 8 août
adhérait à la cause schismatii|ue et à tous 17'i7 avait prétendu que Le Tourneux, dans
les sentiments hétérodoxes de M. (lolbert. son Année Clirelieune avait avancé un dou-
,
cour de Kome et la société des jésuites. Ces Chrisl, il a dit en termes exprès // délibéra :
frémir de cette calomnie!... (^alomnie atroce, dans ses feuilles pour y tenir lieu de sel et
par laquelle on prétend noircir un auteur mart d'enjouement.
dans ta paix de l'Eglise. Parlerons-nous encore des éloges funèbres
Il fui aisé à l'auteur du Supplément de ré-
qu'il fait à tout. propos des premiers venus,
pliquer. 11 montra que les paroes en question maîtres d'école, servantes, etc., qui sont
se trouvent au quatrième tome de l'Année morts dans le parti? Toutes les inepties qui
Chrétienne dans l'explication de l'Evangile
,
s'y trouvent pourraient en effet rendre cet
pour le samedi de la semaine de la Passion, écrivain méprisable; mais d'un tel homme,
à la page 368, seconde édition chez Josset eu ce n'est pas seulement du mépris, c'est de
1683, dernière ligne de cette page, folio verso. l'horreur qu'il en faut inspirer.
Tout autre que l'effronté nouvelliste aurait Ecoutons un appelant qui le connaissait
avoué son tort. Celui-ci ne s'est pas décon- pourle moins aussi bienque nous le connais-
certé. Il a reeonnu, dans sa feuille du 9 jan- sons.
vier 1748, que les expressions étaient ea elTel X. Caractère de l'auteur par M. Petit-Pied.
dans Le Tourneux; mais il a nié que ce fus- Voici comment s'exprime M. Petit-Pied dans
sent des impiétés. Ainsi donc les mêmes une lettre imprimée, qui parut en 1733:
expressions sont, selon lui, îles impiétés, si L'auteur insensé des Nouvelles ecclesiasti-
elles ne se trouvent pas dans Le Tourneux , qu'S est celui qui, abandonnant les voies de
et si elles s'y trouvent, elles sont alors bon- la charité, n'a point trouvé celle!- de la vérité.
nes, louables <t édifiantes. Or n'est-ce pa> là C'est un imprudent qui reçoit des mémoires de
une partialité révoltante et une contradiction toute main, et les imprime sans discernement.
si bizarre, qu'en la voyant on a peine à con- C'est un historien partial, dès là indigne de
tenir son indignation? toute créance, qui ignore les premières règles
IX. Platitudes méprisables. Il semble en vé- de son métier; qui ne fait point ou qui fait
rité que le nouvelliste veuille réunir en lui infidèlement et avec mépris les extraits des li-
tous les vices et tous les délauts. Il n'est pas vres de ses adversaires, et qui transcrit au
seulement hérétique daus sa doctrine , im- long, et comble de louanges insipides les ou-
posteur dans ses écri's, séditieux dans ses vrages de ses partisans. C'est un ingrat, qui
plaintes ,forcené dans ses invectives, témé- commet malicieusement les personnes à qui
raire dans ses soupi.ons; il est encore lado ion a de singulières obligations. C'est un in-
et insipide dans ses plaisanteries. Uiraii-on docile, qui h''i aucun égard aux sages cor-
que ce coryphée du parti cet oracle d'une
,
rections que lui ont faites et lui font journel-
Secte qui se pique lanl de sérieux et de gra- lement les plus célèbres Ihéidogiens. C'est un
vité, s'amuse néanmoins à faire des anagram- rebelle qui, après la juste sévérité du ministère
mes, et qu'il croit régaler le public en lui pré- public. Il mar/ué encore un plus vif acharne-
sentant des puérilités de celte nature? Dans ment. L'esprit de vertige s'est saisi de lui avec
l'année 1731, page 274., il fait l'anagramme tant de violence qu'il a déshonoré dans ses
,
heur de se rendre coupjible de quelqu'un de prisés; qui est tombé dans un excès d'avilis-
ces articles, on doit s'en accuser exactement sement auprès de gens sensés en donnant le ,
dans le sacrement de pénitence; et que, sur nom de miracles à des tours de pusse-passe
ce point, la vigilance el l'allenlion des con- dont les charlatans de la foire rougiraient ; en
fesseurs est un devoir essentiel, auquel ils faisant l'éloge de ces filles séduites que des
ne peuvent manquer sans une criminelle imposteurs ont dressées des l'enfance pour
prévarication. » jouer à prix d'argent celle farce abominable.
— Tel est le jugement porté il y a cent C'est un blasphémateur, qui calomnie le vi-
ans contre les Nuuielles ecclésiastiques , par caire de Jésus-Chrisi en citant l'Evangile ;
un auteur que plusieurs personnes ont pu (lui ne parle que de la charité dont il viole
croire prévenu et exagéré. Un autre écri- toutes les lois, qui vend toutes les semaines
vain Voulant savoir à quoi s'en tenir, et rec- un libelle qui dégoûte aujourd'hui tes lecteurs
tifier ensuite ce premier jugement, crut que, les p' us avides de satires : qui ne respecte ni
dégagé de toute prévention, il lui apparte- les oints du Seigneur, ni /c< premiers pasteurs
nait d'examiner cette affaire, de se livrer à de l'Eglise, ni les ministres des souverains;
des recherches el d'en publier le résultai. qui disiille, en un mol son venin sur les ta-
,
Or voici ce résultai dans les ligne- sui- lents el les vertus qui honorent la religion.
vantes, où l'on retrouvera des passages tirés Si l'on consulte enlin les jansénistes, dont
de ce qu'on a déjà lu ci-dessus; mais le lec- il est le secrétaire el renlre^jôl ils n'eu font
,
teur voudra bien pardonner ce> répétitions. point un portrait plus flatteur. Le célèbre et
« En comparant, dit l'auleur que nous modéré Duguel dit que Vauieur inconnu des
voulons citer, les témoignages des jésuites, Nouvelles ecclésiastiques se rend coupable
des jansénistes et de ceux (jui se moi|uenl d'un attentat énorme. M. Petit-Pied, appe-
des uns et des autres, il sera aisé de déter- lant, le caractérise aiu'-i L'auteur insensé
:
rien n'est épargné par ce frénétique; le pel Après ces portraits divers tracés pai- des
ro!(.«.
coule de sa plume, le noir sang qui bout dans mains non suspectes, ceux qui sont condam-
ses veines se répand sur les personnes de nés et calomniés dans ce libelle peuventdire
tout état, de tout sexe, de toute condition. avec Tertullien Tidi dedicatore, damnatio-
:
rainpontife. depuis Neuteleljusqu'à Louis XV, succéda et continua les Nouvelles jusqu'en
,
et tout ce qui est entre ces deux extrêmes. De 1793. 11 avait d'abord eu comme révisseùrs : ,
ces Irois portraits, on pourra choisir celui Gourlin, May, Maultrol él dans les derniers ;
qui paraîtra le plus ressemblant et le plus temps il était secondé par Lanière et Hau-
flalteiir. tefago. Depuis 1793 les Nouvelles furent,
En voici un quatrième, tracé par une main continuées à Ulrecht, par Jean-Baptiste-Syl*
respectable à tous égards, par un des plus vain Mouton prêtre , né à la Charité-sur-
,
grands prélats qu'il y ait eu en France. Loire. Elles ne paraissaient plus que tous
M. deMontillet, archevêque d'Vuch, dans son les quinze jours et elle-- cessèrent totale-
,
instruction vraiment pastorale, du 2'i- jan- ment en 1803. Le parti les trouva avanta-
vier nCi. apprend ainsi à ses diocésains à geusement remplacées par les Annales des
se former une juste idée du gazetier ecclé- conslitut onnels. et ensuite par la Chronique
siaslique C'est un écrivain caché, inconnu:
: religieuse, donile fameux Grégoire et Taba-
on ne sait où il habile ; cependant, du fond raud étaient rédacteurs. La Chronique cessa
de son repaire, il lance incessamment les traits de paraître en 1821. Le parti a maintenant
les plus envenimés contre tout ce qui lui dé- pour organe la Revueecclésiasiique, qui pa-
plaît ; ynonstre déguisé sous les dehors d'un raît une fois par mois, et a pour rédacteurs
défenseur du grand précepte de la charité, il une petite coterie de laïques, M. Dec..., mai-
en viole toutes les règles; c'est un fourbe, un Ire de pension ; M. Rav... espèce d'homme ,
tout lui est égal, pourvu qu'il nuise, qu'H dé- ans aux solitaires de Port-Royal. Il se char-
chire, qu'il mette en pièces ; rien ne le décide gea d'abord d'éveiiler les autres mais dans ;
que l'intérêt de la cause à qui il a vendu sa la suite eut le soin plus nobie des études
il
plume, son honneur et son âme ; il est connu de quelques jeunes gens qu'on y élevait. Les
par les siens tnémes sous ce caractère : mais heures de loisir qui lui restaient, il les em-
on a besoin d'un tel homme, on le paie, on le ployait à transcrire les écrits des savanis qui
méprise et on s'en sert. habitaient cette solilude. II suivit Arnauld
Ecoutons encore M. d'Alemberl [Dict. en- et Nicolle dans leurs diverses retraites Après
cycL, art. Nouvelles ecclésiast.). Nouvelles l'expulsion du doc'eur Arnauld de la Sor-
ECCLÉSIASTIQUES est le titre très -impropre bonne. Fontaine suivit le sort des jansé-
d'une feuille ou plutôt d'un libelle périodique, nistes qui étaient obligés de se tenir ca-
,
sans esprit, sans charité et sans aveu, qui chés. Ils avaient entre eux des conférences
s'imprime clandestinement depuis 1728, et qui secrètes pour la rédaction de leurs ouvrages :
parait régulièrement toutes les semaines. Fontaine assistait avec son ami Sacy à celles
L'auteur anonyme de cet ouvrage, qui vrni- qui se tenaient à l'hôtel de Coqueville, où
semblableinenl pourrait se nommer sans être l'on s'occupait de la traduction de la Bible.
plus connu, instruit le public, quatre fols par Ces réunions déplurent au gouvernement
mois, des aventures de quelques clercs tonsu- qui fit enfermer Fontaine et Sacy à la Bas-
rés, de quelques sœurs converses, de quelques tille, en 16GG, d'où ils ne sorlirent qu'en IGGS.
prêtres de paroisse, de quelques moines, de Ces deux amis ne se quittèrent [dus. Après
quelques convulsionnalres, appelants et réap- la mort de Sacy, en 168i, Fontaine changea
pelants; de quelques petites fièvres guéries par plusieurs fois de retraite. Il se liïa enfin à
l'intercession de M. Paris; de quelques mala- Melun, où il mourut eu 1709, à quatre-vingt-
des qui se sont crus soulagés en avalant de la quatre ans.
terre de son tombeau, parce que cette terre ne Homélies de saint Jeun-Chrysoslome sur ,
les a pas étouffés, comme bien d'autres. Quel- saint Paul, traduites en français. Paris,
ques personnes paraissent surprises que le gou- 1682, 5 vol.
vernement, qui réprime les faiseurs de libelles, Le traducteur fut accusé de tendre dans ,
et les magistrats qui sont exempts deparlialité cet ouvrage, à la réalis.ition du fameux pro-
comme les lois, ne sévissent pas efficacement jet de Bùurgfontaine qui était d'attaquer le
,
Fontaine ne resla pas sans défenseur. On 88, V. 23; ps. 97, v. 2;premier cantique }ù
publia en sa faveur l'écrit qui a pour titre :
Moise, V. 17.
Le Roman séditieux du Neslorianismc renais- Mais rien par nous. D'où il suit quo
$anl convaincu de calomnie el d'extravagance, nous ne sommes que des inslrumenls ina-
libelle généralement au P. Qucsnel,
attrii)ué nimés, qui n'ont aucune part ni au bien ni
et qui, indépendamment de la doctrine, à au mal. Ps. 43, v. 10. Voyez la première
n'en regarder que le style et le goût, ne fit édition. Ps. 17, v. 23 ; ps. 43, v. 3 deuxième
;
pas honneur à son auteur. cantique de Moise, v.\l.
Pour ce qui est de Fontaine il reconnut ,
On y restreint aux seuls élus ce qui est
ses erreurs. Il écrivit à M. l'archevêque de écrit du salut éternel. Si David dit Je n'ai :
Paris le k septembre 1693, et lui envoya une point vu le juste abandonné ; on ajoute par
rétractalion solennelle qu'il promit de faire forme de commentaire -.Secours de Dieu pour
mettre à la tête de son dernier volume (pro- les élits. ,
messe néanmoins qui ne fut pas exécutée), Si Jésus prie avant que d'aller à la mort
cl en conséquence il fit mettre plusieurs car- on met pour titre : Jésus prie pour
le salut
tons en diflerents endroits de sa traduction. de tous ses élus. Ps. 3G, v. 26.
11 parut aussi sous son nom un écrit in- A côté de ces paroles d'un psaume : Sei-
titulé : Avertissement de l'auteur de la tra- gneur, sauvez voire peuple , on met : // faut
duc:ion des homélies, etc., dont on fut très- prier pour les élus.
mécontent et contre lequel le P. Rivière écri- lit sur ces autres Le Seigneur est doux
:
vit encore. Goujet, auteur du Su[)plémenl envers tous; on dit Jilus : Dieu les pré-
:
d' 6 ter les livres saints d'entre les mains des FOUILLOUX (Jacques du) naquità La Ro-
/îdè/es. chelle, fut diacre et licencié en Sorbonne, se
Dans Cantique : Audite, cœh, quœ lo-
le donna beaucoup de mouvement en faveur
quor, on calomnie l'Eglise par celte no'e du jansénisme et mourut à Paris eu 1736, à
lïiarginale Nouveauté que l'on aime dans
:
l'âge de 66 ans.
l'Eglise. Nouielles opinions que l'on a insti- 11 eut une grande part à la première édi-
tuées à la place de l'ancienne vérité. (Note 27.) tion de l'Action de Dieu sur les créatures.
Novi recentesque venerunt quos noncoluerunt Voyez Boursier.
patres eorum. »
DÉFENSE de tous les théologiens, et en parti-
Le hS' verset du même cantique est ac- culier des disciples de saint Augustin, con-
compagné de cette note condamnée dans tre l'ordonnance de M. l'évèque de Char-
Baïuset dans Quesnel : OEuvrcs des païens,
tres du 3 août 1703, portant condamnation
toutes empoisonnées ; fruits de mort.
ditcas de conscience (i), avec une réponse
Dans une note du psaume 77, verset, 6ol, aux remarques du même prélat sur les Dé-
voiii comme on s'explique avec Quesnel :
Esprit d'erreur et de révolte, tel est le positions dont celte prétendue Défense est
fond de cet ouvrage. Les détails y abondent remplie.
et vont jusqu'à la minutie; tout paraît pré- Page 243 La bulle d'Urbain VIJI, In emi-
:
cieux dans les saints d'un parti auquel on nenli, bien loin d'être nn jugement définitif,
est dévoué. est certainement subreptice. De même, pages
2i6, 2G6, 270, 281.
Abrégé de l'histoire de la Bible. Voyez
l'âge 513 // n'y a peut-être point d'affai-
:
Maistre DR Sacy.
re dans toute l'histoire de l'Eglise, où toutes
Heures Curétiennes ou Paradis de l'âme,
les règles (dent été plus violées, et où l'on ait
contenant divers exercices de piété , tirées fait paraître plus de bizarrerie, d'injustice
de l'Ecriiure sainte et des saints Pères , et de cet esprit de hauteur et de domination,
traduites du latin, intitulées: l'aradisusani- qui est si opposé à l'esprit de Jésus-Christ,
M- Horstins,
niai clirisli.<nîe,com/)os(fci/)a)- que dans l'affaire du Formulnire.
docteur de l'Univirsité de Coloqne et curé C'est ainsi (lue parlent ces hommes qui se
dans la même ville, lG8a, et nome.le édi- retranchent dans le siVence respectueux. Tel
tion, revue, corrigée et augmentée. A Paris, est donc leur silence, et tel est leur respect.
t7i5, vol. in-12. La première de ces propositions fut condamnée
Celle traduction dont M. Fontaine est l'au- en tenues exprès par le décret d'Alesan-
teur, a été coiîd imnée par [dusieurs cvè- dre V'IIL du 7 décembre 169'J. BuHa Urba-
ques comme favnri!.anl en bien des endroits ni VIII, In emiiienli, est subrcptitia. La se-
les nouvelles erreuis. En effet, à toute oc- con<lcest un tissu de calomnies .ilroces con-
casion on alïecto d'y insinuer que Jésns- tre la conduite du pape et de l'Eglise.
Clirist n'estmon que { our les élus. Et dans Aux pages 7, loi, 'i09, 490, on représente
les prières que Ton doit faire avant et apès les cvêques, le pape, tius les supérieurs ec-
- hostie,
l'élévation de la sainte
' '
'- -'- re-
on n
'
y ' - — clésiasliques, comme des tyrans, des persé-
garde jaina s que Jesus-Christ assis à la cuteurs, (|ui obligent des chrétiens, des prê-
droite de son Père ou mourant sur la croix, tres, des docteurs, à se rendre sourds à la
jamais Jésus-Christ présent réelliment sur voix (le Dieu, en signant le Formulaire.
nos autels. Comme M. Fonlaine était fort Selon ce ((ue dit cet auteur, p. 517, 519,
altaclié au jansénisme, il n'est pas surpre 620, siuffrir pour ce sujet, c'est souffrir le
nant qu'il ail pris les Heures de Purt-lioynl martyre, non pour unpoint de fait, mats pour
pour son modèle. L'original, le Paradisus le dogme et c'est sur ce f milemenl qu'il
:
auijnœ (hristiunœ, est pur de lansénisine. exhorie les gens du parli à la constance au
Fontaine, en le tradui-ani, le défigura et y milieu de leurs disgrâces.
mit ses poisons. Hir-tius iiait un vertueux Voici deux auires propositions qui retom-
et savant prêtre, toujours fulèle à pratiquer bent évidemment dans les dogmes condam-
et à enseigner la doctrine catholique. Son nés.
Paradisus res|iire la piété la plus suave et la Quand on supposerait (dit l'auteur, p. kk'i)
plus pure. Une nouvelle traduction française que des justes n'ont aucune grâce actuelle qui
de ce charmant ouvrage ne manquerait pas leur rende possibles les commandements, et
d'être favorablement accueillie. qu'on ne voudrait pas faire valnir lu pussibi-
FOSSÉ /PiERBE Thomas di). Voyez liio- Uté que leur donne la grâce luibitueile, selon
j,^g_
•
saint Thomas, on ne pourrait encore préten-
qu'InnocentXIlles a expliquées dans son bref sont les Lettres de l'abbé de Suint-Cyran
:
aux éïêques des Pays-Bas; mais que sur le le Rituel d'Ateth, le livre de la fréquente
fait, il croit qu'il lui suffit d'avoir une sou- Communion, Heures de Port-Royal le Nou- ,
respectueux. Il y eut aussi une délibération quel fond faire sur des anecdotes de parti?
de la Faculté de Paris contre cet écrit, le 2" Que M. le cardinal de Noailles avait vu
1" septembre 1704. le cas avant qu'on le rendît public, et qu'il
Les plus célèbres d'entre ces docteurs fu- avait même permis à quelques docteurs de le
rent MM. Petit-Pied ctBourret, professeurs signer, pourvu qu'ils ne le commissent point.
de Sorbonne; Sarrazin, Pinsonat, EUios Uu- Et pour rendre probable cette duplicité du
pin, Hideux, curé des Innocents; Blampi- cardinal, il rappelle malignement la conduite
gnon, curé de Saint-.Merri Feu, curé de
; qu'il avait, dit-il, tenue en d'autres occa-
Saint-Gervais de Lan, théologal de Rouen
; ;
sions. C'est ainsi que les écrivains du parti
Picard, curé de Saint-Cloud; Joly, Gucstor, ont exalté ce cardinal, quand il leur a été
chanoine régulier de Saint- Vidor; le favorable, et qu'ils ont tout mis en usage
P. Alexandre, dominii ain, elc. Celui-ci, en- pour le décrier, dès qu'il a paru se déclarer
seignant le cas hérétique, avait sans doute contre eux.
oublié la doctrine catholique qu'il avait cn- 3° Que l'abbé Bossuet, depuis évêque de
seignée dans ses dissertations sur l'Histoire Troyes, se décHra alors pour la cause ca-
ecclésiastique du \i' siècle (dissert. 5). En tholique. Celte déinarrhe dit Fouilloux lui
, ,
effet, il y dit en termes exprès que l'Eglise, attira de la part de ces docteurs (du parti des
éclairée par l'Esprit de vérité, ne peut se reproches assez rifs sur son ambition et sur
tromper en prononçant sur les textes des son désir d'être évéqw, à quoi ils attribuè-
livres dogmatiques, et la preuve qu'il en rent tout le mouvement qu'il se donn:i,
apporte est que si elle pouvait errer dans
JtiSTii'iCATioNdu silence respeclumx, ou ré-
ces occasions, elle n'nuiait pas tout ce qu'il ponse aux Instructions pastorales et autres
faut pour nourrir , guérir et conduire les fi-
écrits de M. Varchevêque de Cambrai, 1707,
dèles comme un pasieur qui ne saurait
:
irois tom. in-12, faisant en tout 1394 pages
pas discerner les bons et les mauvais pâtu-
rages ne serait pas propre à faire paître les Les chaoitres 50 et 51 sont de M. Petii-
brebis, et comme un médecin qui prendrait Pied.
du poison pour de l'antidote ferait un fort L'illuslre Fénelon avait fulminé quatre
mauvais médecin. Instructions pastorale^, s lit contre le cas de
Le père Alexandre rétracta le premier sa conscience, soit à l'occasion de cet écrit, et
signature. Tous les autres en firent aulani, sur l'infaillibilité de l'Eglise, à propos de la
excepté M. Petit-Pied; dcmpto uuo Pario- nécessité de siirner le formulaire. Il publia
pecle, dit M. Gilbert, prévôt de Douai, dans aussi une Instruction pastorale contre la
l'histoire anecdoic et allégorique qu'il a faite Justification du silence respectueux.
de ce cas. Ce qu'il y a de singulier, c'est que Ce livre, dit le grand prélat, porte pour
M. Petit-Pied, quand il signa le cas de con- ainsi dire la révolte écrite sur le front. Vott-
science, n'avait jamais lu Jansénius, comme loir JHStifier le silence respectueux que l'E-
il l'avoua, la veille de la Fêle-Dieu 1703, glise a condamné avec tant d'éclat, c'est oser
dans sa maison, à un célèbre docteur. cundamner la condamnation même qu'elle en
Il faut aussi remarquer que dans la déci- a prononcée. liouchez donc vos oreilles, con-
sion des quarante docteurs, on autorise des tinue ce prélat, en parlant aux fidèles de sou
livrée très-pernicieux et condauinés. tels que diocèse, bouchez vos oreilles aux paroles m-
,
leux ouvrage avec celle force de raison, celui d'accepter humblement la bulle, oud'en
cette clarté d'idées, ces grâces de langage appeler au futur concile qu'alors M. Ar-
;
qui lui étaient propres ; son Instruction pas- nauld s'apercevanl de l'impression que fai-
torale sur ce sujet est du 1" juillet 1708. sait l'avis de M. Pascal représenta avec
,
Nous ne ra])porlerons ici qu'un trait de la force que la voia d'appel était très - dange-
prétendue Justification: il suffira pour faire reuse, et suggéra la distinction du fait et du
connaître toute l'audace de son auteur. La dioit, dont on a fait depuis un si grand usa-
suffisance rfw silence respectueux dit-il , ge ; qu'il parla fort longtemps et qu'il
page 249, demeurera démontrée, quelque trompa ceux qui en efl'et voulaient être trom-
bulle et quehjues mandements qu'on publie. pés. )>Le P. Thomassin ajouta à M. d'HiJ-
C'est ainsi que ce novateur foule au\ pieds lerin qu'il avait été effrajé de cette délibéra-
toutes les décisinns du saint-siége et des évê- ti.m, et <]u'il rommença dès lors à sï défier
ques, et endurcit son cœur contre l'Eglise d'une société de gens si peu sincères. Dé fiez-
jusqu'au point de rejeter avec mépris toutes vous-en aussi , mon enfant , lui dit-il en le
les bulles et tous les jnandements pub'iés ou congédiant, ce sont des fourbes qui trompent
à publier. l'Eglise.
Ce conseil venait fort à propos pour ache-
Chimère du jansénisme, ou Disserlalion sur
ver de convaincre .M. d'HiUcrin de la mau-
le sens dans lequel les cinq ])ropositio7is ont
vaise foi du parti. Il faisait alors son sémi-
été condamnées , pour servir de réponse à
naire à Sainl-Magloire, oîi le P. de La Tour
^^n écrit [i) qui a pour f/fre ; Deuxième
était supérieur. Comme il entendait répéter
défense delà Constitution, Vineam Domini
sans cesse, dans les conversations que les
Subaolh. 1708, in-12. ,
lennellement condamnée, en 1C53, ses prin- par aucun des disciples de Jansénius, et que
cipaux défenseurs s'assemblèrent pour déli- ce n'esl que par pure calomnie «lu'on les
bérer sur y avait à prendre. Les
le |iarli qu'il leur impute , sa surprise fut extrême d'a-
uns opinèrt'nt pour soumission à la bulle,
la percevoir dans sa chamlire différents écrits
les autres prétendirent qu'il en fallait appe- qu'on y glissait, et dans lesquels on mettait
ler au futur concile. M. Arnauldqui ne vou- en thèse ces mêmes propositions qu'on disait
lait ni abandonner cette doctrine, ni avouer n'être sontonues par personne. Fatigué do
qu'elle oLit été proscrite, ouvrit un troisième voir ces manuscrits renaître tous les jours
avis, qui fut de distinguer le droit du fait, et sur sa table, il en fit la confidence au P.
de dire que les cinq propositions étaient lé- Bordes, l'un des directeurs du mêmi- sémi-
gitimement condamnées dans un certain naire ce père s'écria, outré de douleur:
:
bien les avantages de son système, qu'il en- il lui promit de lui faire avoir une conver-
traîna toute l'assemblée dans son sentiment. sation avec le P. Thomassin qui était alors ,
mère, est incontestable. On l'a appris de une véritable hérésie, conjurée en faveur des
M. Robert, docteur de Sorbonne, élevé à cinq propositions et qui ne fait se.i.blanl de
,
Port-Royal, et qui s'était trouvé à l'assem- les condamner que par pure supercht rie- Ce
blée dont il s'agit. Son frère, M. Robert, con- fut là l'occasion qu'eut M. d'Hillerin de rcn-
seiller cteie au parlement de Paris, le con- dri' visite au P. Thomassin, et d'en appren-
firma depuis à M. le cardinal de Flcury cl ; dre. ainsi que nous venons de le dire, tout ce
le même fait esl encore constate par une qui s'était pas-é dans l'assemblée des doc-
lettre très-curieuse de M. d'ilillerin, docteur teurs du parti.
de Sorbonne et doyen de La Rochelle dont , Mais [)our revenir à cette asseuiblée , à
voici un fidèle extrait. peine se lut-elle séparée, que ceux qui la
Ce docteur (2) raconte à un de ses amis ce composaient publièrent pa; tout ci nformé- ,
que lui avait dit autrefois le P. Thomassin , men! à l.i résolution (|ai;s y av.^ieiit prise,
savoir: « qu'après la bulle d'lnn(!CL'nl X , (jue le jan.énisnu- n'était qu'une chimère;
l'assemblée des principaux du parti s'élail que riîglise avait pris un fanlôms pour une
tenue au faubourg Saint- Jacques «ju'i s , chose réelle que les cinq popositions
;
libération fut ouverte par ces paroles (>((!(/ : censurée nr se Irouiail nulle pari.
faciemus, viri frutres ? que l'avis de M. Pas- Le pape Alexandre \'ll fui instruit de ce
cal fut que les cinq propositions ayant été nouveau langage des docteurs de Port-Royal
(\) De M. Deker, doyen deréglisede Maliiies. M. d'Hillerin , trésorier el grand vicaire de La Ro-
(i) L'cirit;iii:d de cette lettre , dil l'écrivain qui chelle.
fournil ces détails, est entre les mains de son mcvcu.
,
Arnauld publia de son côté le Faniôyne du que l'Eglise ne fût pas en droit de les pro-
]'ansénisme. Nicole mit au jour les Imaginni- scrire car \' les mêmes termes, détachés de
;
res et hs Visionnaires. Enfin Jacques Fouil- ce qui les amène et de ce qui les suit, peu-
loux publia le livre Chimère d
inlilulé : i vent avilir un sens fort différent dans les
jansénisme, où, par un aveuglement incun- originaux d'où ils sont empruntés; 2* il y a
cerable en voulant prouver que les cincj
, des temps où certaines expressions sont fort
propositions ne se trouvent nulle part il ,
innocentes, lesquelles dans d'autres temps
avança lui-même la troisième presque en deviennent dangereuses par l'abus qu'en
propres termes. C'est dans la page 217, où il font les novateurs, et alors l'Eglise ne peut
s'exprime ain-i : La nécessité n'empécltc point rien faire de plus sage que de les interdire
que la volonté humaine n'agisse atee une vé- à ses enfants. C'est là précisément ce que
ritable indifférence. saint Augustin disait à Julien, qui se préva-
Mais toutes ces propositions, qui font du lait de l'autoriié des Pères grecs, comme
jansénisme une hérésie abstraite et sans M. Fouilioux de celle des Pères latins. Vohi$
sectateurs, furent condamnées en 1700 par nondum litigantibus securius loquebantur.
l'assemblée générale du clergé , comme (Lib. I contra Julian., c. 22.)
fausses, téméraires , scandaleuses , injurieuses L'auteur des Anii-Héxaptes (le P. Paul de
au clergé de France, aux souverains pontifes Lyon, capucin) rapporte dans la préface do
et à l'Église universelle, comme scitismatii/ues son livre un fait remarquable, qui est une
et favorisant lescondamnées. Voyez
erreurs nouvelle preuve de la mauvaise foi du parti.
Ar\aild, Girard, Nicole, Oiesnel. L'auteur des Hexaples avait osé calomnier
Hexaples, ou les six colonnes, sur la consti- le cardinal Cassini, en publiant dans sa pré-
tution Unigenitus 1714, un vol. in-i* ou
, face que ce cardinal s'était allé jeter aux
in-8". pieds du pape, pour le conjurer de ne point
Telles sontles premières éditions. An mois faire paraître la constitution Unigenitus. Le
de mars 1721, il parut une nouvelle édition P. Paul prouve évidemment la fausseté de ce
des Hexaples, en 7 vol. in-l". fait, p;ir deux témoignages authentiques da
Cet ouvrage est un amas prodigieux de cardinal Cassini lui-même. Le premier est
textes tirés de l'Ecriture et des Pèr s, dont tiré d'une lettre de ce cardinal au général des
on abuse indignement pour affaiblir dans capucins, où il lui dit expressément que,
soumission qu'ils doi-
l'esprit des fidèles la bien loin de s'être jeté aux pieds de Sa Sain-
vent aux décisions du souverain pontife et teté pour l'empécker de publier sa constitution,
de l'Hglise, pour s'en faire un rempart con- il s'y serait jeté pour l'y engager. Le second
des Visionnaires) que vous ne vous jus:ifiiez est prêt à répandre son sang el à donner sa
par VexempU de quelque Père: car, qu'est-ce rie pour la défendre.
que vous ne trouvez point dans les Pères? 11 résulte de tout ce que nous venons da
M. Fouilloux a su m
effet y trouver tout dire que Fouilloux est un infâme calomnia-
ce qu'il souhaitait; mais c'est en commet- teur, qui impute aux personnes les plus res-
tant les infidélités les plus criantes, on ajou- pectables des faits faux et conlrouvés , et
tant aux passages qu'il cite, des paroles es- un insigne faussaire qui altère et falsilie
sentielles qui ne furent jamais dans le texte; grossièrement les passages^qu'il i ite. .Aussi le
en les faisant même imprimer en gros ca- livredes Hexaples ^-i-\'i été censuré'par l'as-
ractères, pour imposer plus sûrement aux semblée du clergé,le 23 octobre 1715, commère»
lecteurs. nnuvelant les erreurs si souvent condamnées par
Au reste, ce n'est point précisément parla le snint-siége, et nommément par la constitution
conformité des passages qu'on doit juger du Unieenitusef par les évêjues.et contenant une
véritable sens des auteurs, puisqu'il n'y a doctrine injurieuse au sainl-siéi/e et aux évê-
jamais eu d'hérétique qui n'ait assez ra- ques, scandaleuse, erronée, hérétique, et au
massé de passages pour faire croire aux surplus un grand nombre de passaijcs fatsi/iL'i
ignorants que la tradition lui était favora- de l' Ecriture sainte, des conciles et des Pères.
801 FOU FOU 502
Plusieurs évêques de France ont fait des Son Traité de la confiance chrétienne, pu-
mandements particuliers pour la publication blié en 172K, lut la première origine des
de celle ci^nsure entre autres, M. l'évêque
: disputes sur la confiance et la crainte. Petit-
de Marseille, le 11 mars 1716; M. •l'arche- Pied l'attaqua dans neuf lettres successives.
vêque (le Vienne, le 12; M. de Toulon, le Fourquevaux se défendit par deux autres et
20; M. d'Angers, le 1 ' d'avril; M. l'archevê- fut secondé par d'Eltemare, Le Gros et au-
que de Lyon, le 10 M. révè(iue de I. autres,
; tres. Il joua un rôle dans les convulsions et
espérance qui u'ost fondée que sur un se- Mais que doit-on penser d'un prétendu
co lis que j'ignore s'il me sera accordé on mystère, dont l'exposition contredit ouverte-
relusé? ment et deiruil visiblement divers points de
Le nombre des élus est très-petit en com- la créance catholique? Qu'est-ce qu'un mys-
paraison de celui des réprouvés par con-
: tère fondé sur l'erreur et inalliable avec
séquent, le chrétien dont l'espérance n'est plusieurs vérités de notre sainte r( ligion ,
fondée que sur l'amour spécial en favtur un mystère qui favorise le libertinai;e ou le
des élus n'espère le salut ciernel qu'autant désespoir, et qui tend à ruiner les fonde-
qu'il peut se trouver dans ce petit nonihre. ments de la précieuse vertu qu'il faudrait
Il n'est pas assuré d'en être exclus, c'est-à- établir? voilà ce que les nouveaux seclaires
dire qu'il n'est pas dans un désespoir ab- osent nous donner pour un traité orthodoxe
solu: voilà loule son espérance. Mais est-ce de la confian'-c chrétienne.
là celle espérance qui, selon l'Apôtre, ne Catéchisme historique et dogmatique «ur les
confond point, qui doit nous servir comme contestations qui divisent maintenant
d'un ca-que contre les traits enflammés de l'Eglise ;où l'on montre qu'Ile a été l'ori-
l'enncnii, et qui, couimc une ancre ferme et gine et leprogrès îles disputesprésentes, et où
«nssurée, nous nnd foris it inébranl ibles l'on fait des réflexionsqui mettent en état de
jusqu'à la fin.' Est-ce là cette espérance discerner de quel côté est la vérité. Tom. I. à
très-ferme que tous doivent avoir dans le la Haye, aux dépens de la Société, 1729,
secours de Dieu, selon le concile de Trente ? in-l-2'de387pages.Tom.II, 1730, i-'i pag.
L'espérance du chrétien ne peut être so- Ce li\re est par demandes et par répon-
lide; il ne peut espérer personnellement ses, en forme d'entretien entre un maître et
pour lui la gràie et la gloire qui esl pro- un di'-ciple. C'est le même plan que celui
mise, s'il n'a une assurance, pour ainsi dire de la Vérité rendue sensible. Voyez DiSAis-
personni'lle, que la promesse le regarde et sois. L'ouvrage entier est divisé en trois
lui appartient. sections. La première conduit jusqu'à la fin
que Jésus-Christ est
C'est parce qu'il sait des congrégations de Auxiliis la seconde
:
mort pour son salut, que Dieu veut sincère- contient ce qui regarde le formulaire et les
ment le sauver qu'il ne l'abandonnera pas
, autres affaires du Port-Koyal la troisième
;
res, n'ayant plus pour lui d'application cer- 1760. Il y a une édition de 1766, o volumes
taine, il ne pourra sans témérité espérer in-12, av( c les suites
avec assurance d'être de ce nombre heu- FRESNE (De), faux nom que prenait quel
reux car aucune de ces vérités de la foi ne
,
quefois le P. Quesnel.
l'assure qu'il en est, et elles lui font même FHOIDMONT ou FROMONT ( Libert )
veut que le plus grand nombre périsse; et de saint Paul, 1(570; c'est proprement un
cela doit arriver uniquement parce que tel abrégé de celui d'Eslius; puis des commen-
est son bon plaisir. Le moyen de pouvoir taires sur le Cantique des cantiques el sur l'A-
concilier avec celle doctrine une tendre et pocalypse, peu utiles el qui se ressentent
ferme confiance ! des erreurs qu'il avait adoptées. 11 donna
L'auteur du Traité ne dissimule pas que aussi, en faveur des mêmes erreurs, plu-
la difficulté est très-r/rnn'!e: et pour se tirer sieurs ouvrages de olémiquc, avec des titres
|
d'embarras, il répond que la confiance est une bizaires el ridicules, comme on va le voir. Il
espèce de wjjslcre (H l'on se fie en Dieu pour mourut à Louvain en 1053.
espérer en lui contre toute espérance. Anatojha hominis. Louvain, 1641.
505 GAB GAB 506
Ouvrage condamné par Urbain VIII, dans Augustini ditcipulis. — La lampe de saint
sa bulle In eminenti, en ICil, el par Inno- Augustin, etc.
cent X, décret du 23 avril 1(j5'i., en même Condamnée, comme les précédentes, parle
temps que le Convcnlus africanus, qui fut at- décret d'Innocent X.
tribué â Froidmont, puis à Sinnich, puis à Theriaca Fincenlii Lenis (la Thériaque de
Stockraans, et que nous placerons parmi les Vincent le Doux) adversus Dion. Petavii et
anonymes. Anl. Ricardi libros de libero Arbitrio.Lon-
Epistola Liberli Fromondi et Uenrici Ca- vain, 1647, in-i". L'auteur y fait rcvinir la
leni,Lovanii, 16 junii, 1041 , quœ incipit troisième proposition de Jansénius. H dit que
Thèses vestras. toutes les fois que la volonté agit nécessai-
Cette lettre fut condamnée par le décret rement, mais p-ir une nécessité volontaire et
d'Innocent X, déjà mentionné. suivant son inclination, elle agit librement :
Cbrysippus, sen de libero Arbilrio, adphi- Tolies nécessitas est voluntaria, nec liberta-
losophos peripatfticos. Louvain, 16W. tem consensus evertil.
Condamné p.ir le nième décret comme les Emdnctorium lucernœ Aiigttstinianœ, quo
précédents. L'auteur y enseigne la troi-ième fuligincs a quibusdam aspersic einunguntur ;
proposition deJansénius, que la nécessité est c'est-à-dire à la lettre Mourheltes de la
:
LucERNA ADGUSTiMANA, qufi hreviter et di- fumée dont certaines gens tâchent de l'obscur-
lucide dechiralur concordia qua et discordia , cir. Ouvrage condamné par le décret d'In-
duo nuper ex DD. doclores S. Th. Duacen, nocent X, du 23 avril 165*.
conveniiint mil recedtint a cœleris hodie sancti
G
GABRIEL (Gilles de) ou jEiîidjcs GA- dant plus de vingt ans agent du parti â
BRIELIS. licencié de l'université de Lou- Rome, et c'est à ses amis des Pays-Bas qu'il
vain, prêtre, religieux du tiers-ordre de écrivit la lettre que nous citons.
Saint-François, Iccleur en théologie, etc. Les Pères du tiers-ordre, toujours invio-
Specimina moralis christi inœ et moralis dia- lablement attachés au saint-siél'e , furent
bolicœ in praxi. Bruxelles Eug. -Henri ,
eux-mêmes les premiers et les plus ardents
Fricx,167o; in-8°. — Autre rdition, Rome, à solliciter la condamnalion d'un si dange-
Tirroni, 1G80. —
Autre, Lyon Jean Certe, ,
reux écrit.
1683,111-12. Voici quelques-unes des propositions er-
Ce livre, où d'abord se montraient trop à ronées du P. Gabrielis. Elles sont tirées de
découvert le baïanisme et le jansénisme, fut la seconde édition de son livre, faite à Rome
dénoncé à Eglise et le 27 septembre lf)7l),
I , en 1G80.
il fut condamné par un décret de l'imiuisi- 1" Page 335: Duo sunt amores,qHi de cordis
lion comme capable d'infecter d'erreurs le humani r^gno, adeoqne de imperundi jure in-
tieuple fidèle. L'auteur fut obligé d'aller à ter se rontemlunl, nempe amur I)ei et mnor ,
lome; il y donna une nouvelle édiiion de mundi... Quatenus autem alteruter istorum
son livre en 1680; mais il déguisa encore si aiHorum prœvalct , delihcraliuncm el opéra-
mal sa pernicieuse doctrine , qu'on parla tioncm vel ponit, rel imperal sic ul omnis ;
aussitôt d'en faire une seconde condamna- hiimann vulitio, sivevoiunlas, omnis delibera-
lion. tio et actio velab amore Dei procédât vel ab ,
dit-il, la censure encore i)lus atroce et jilus aliad facitis, omnia ;id gloriam Dri f.iciie :
(tulhentique. Duvaucel, ou Walloni. fut pen- prœcepluin natur.de est ab Aposlolo rcnoia-
507 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. K(:8
tum, nec sine caritale impleri potest, id est, adressée à ce prélat, et qu'on appelait agréa-
stne amore Dei super omnia , et per conse- blement dans le parti les Verges d'Héliodore.
q}iens sine gralia ijuœ caritilis principium Il composa dans le même genre le Mémoire
est. —
Erit eigo pcccntnm ex inordinnlione apologétique des curés de Montpellier ; deux
amoris nnlurœ corruptœ quod homo non
,
nouvelles Lettres à M. de Charency, en 17'ii
omnia référât in Deum, lanquam in ultimum et 17'j5; Abrégé de la Vie et idée des ouvrages
f,nein. de M. Colbert ; cinq Lettres pour les Carméli-
r. est encore là la doctrine de Baïus, pro- tes du faubourg Saint-Jacques {Voyez Car-
'foules ces erreurs, et encore d'auires , sage et du peuple, de Voltaire, et les Lettres
furent relevées et combattues dans un livre persanes, convaincues d'impiété. Enfin, il est
imprimé à Liéfie, en 1683, sous ce titre: encore auteur de di\-sepl Lettres Théologi-
Jt. P./Egidii Gabrielis moralis dortrinœ reitc- ques contre Berruyer, et de la Lettre à un
ratum examen , ejusque citholica repetita duc et pair, sur les affaires du parlement,
casiigalio et dans un ..ulre ouvrare im-
; du 20 octobre 1733. Ce dernier écrit est un
primé à Colop:ne en 1C80 et intitulé: Scni- libelle contre les évêques, et fut condamné
puli ex lectione speciminnm mornlium P. F. au feu par un arrêt du parlement de Rouen,
Gabrielis Leodiensis, uborli Cornelio légers. du 20 fé*rier 17oi.
GADFRIDY, avocat général au parlement GAUTHIRS (François-Louis) , naquit à
d'Aix, fut un adversaire passionné de la Paris en 1096, fut mimmé curé de Savigny-
constilution. Il eut un apo ogisle qui l'égala sur-Orge p :r le cardinal de Noailles en 1728.
et même le surpassa dans sa haine, comme il Sa p:iroisse fut longtemps un asile pour les
appert d'un livre intitulé : appelants qui avaient des raisons de se ca-
cher. C'est pour cela que nous le plaçons
DÉFENSE du discours de M. de Gaufridy, avo- ici, et non pour ses écrits, qui sont irrépro-
cat (jénéraldu pniemeni ifAix. du 22 mai chables. Il se démit de sa cure, et se retira
1716; des ar'éls des parlements de Paris, au Val-de-Grâce, à Paris; ce <;ui ne contri-
d'Aix, de Dijon, de Douai , et de la con- bua lias peu à fortifier les soupçons qu'on
duite de la S irbnnne eu Réfutation de la
.
avait de son opposition aux décrets de l'E-
httredu prétendu abhé provençal, adressée glise. Il mourut en 1780, un mois après sa
aux RR. PP. jésuites, 1616, in-12, 117 retraite au V;il-ile-Grâce.
pages. GAZAIGNES (Jean-Antoine), plus connu
Cet apologiste prétend (page k) que la sous le nom de PHILIBERT, naquit à Tou-
Saint-Esprit, ensuilp à Nîmes, et de là à l'île l'une sur l'autorilé des bulles contre Baïus,
do Ré, où il passn 15 mois. Rendu à son dio- l'aulre sur l'état de jiure nature; ou Lettres
cèse, à In prière du p.'ipe, il se nova dans un du P. de Gennes pour sa justification contre
pcl t torrent en relournanl d'Avignon à Vai- la censure de la thèse soutenue à Saumur.
culté de théologie de l.ouvain, dans un juge- Ouvrage publié aussi souj le voile de l'a-
ment doctrinal qu'elle rendit le 10 mars nonyme.
1703, au sujd du fameux cnsde conscience L'auteur cherche à persuader que l'E-
que M. l'archevêque de Malines lui avait glise n'a reçu ni expressément ni tacitement
proposé, rangea la Théologie Morale de Gre- la bulle contre Baïus. Entreprise aussi vaine
noble parmi les livres suspects, à cause du que téméraire et folle.
rigorisme qui y est affeclé. 1* La bulle contre Baïus, publiée i)ar l
La moins mauvaise édition de cette théo- saint pape Pie V, a été confirmée par Gré-
logie est de 1715, 8 vol. in-12. Les deux vo- goire Xl!l et par Urbain VIII.
renouvelée
lumes de Hemarques, publiés sous le nom de 2° Nous avons publicatiou so-
l'acte de la
Jacques de Remonde contre la Morale de Gre-
lennelle de ces bulles dans Rome et par toute
noble, furent censurés par le cardinal Le Ca-
l'Italie.
mus, et mis kVlndex à Rome: le zèle du 3° On a de même les actes et les mande-
critique a paru le conduire à une extrémité
ments d'acceptation des évêqucs de l'Eglise
contraire. La Théologie deGrenohle a été tra-
de Belgique; les décrets des deux universi-
duite en latin, 1702, 7 vol. in-12, par l'alibé
tés de Flandre et l'édit de Philippe IV, roi
Genêt, frère de l'évéque et prieur de Suinte- ,
homme vif, véhément, emporté. Son ardeur, soumission la bulle d'Urbain V 111 et sans res-
dit un auire, sou ardeur pour la vérilo des
triction. Je déclare que je n'ai jioint d'autres
prétendus miiacbsde Paris et pour les pro- sentiments que ceux qu'elle approuve.
diges des convulsions passait les bornes 7" Qtiaire-\ing'-cinq évêqucs de France
d'un fanatisme ordinaire. Nous citerons de
marquent au pape Innocent \, dans une
lui
lettie commune, que tous les mouvemer.Is
:
Sentiment des facultés de théologie de Paris, qui aiiilent ce royaume auraient du être
de lieims et de Nantes s}ir sa thèse soute- apaisés, tant par r.nitorilé du concile de
nue à Saninur, et condamnée par un man- Trente, que par celle de la bulle d'Urbain
dement de M. l'évéque d'Angrrs, du .30 VIII, donn'o/)c Sainlclé,a'pnU'nl-\\s,nélnliti
septembre 1718; avec deux ditserlalions ,
par un nouveau décret lu force et la vérité
Mi DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 512
teau de Vincennes, sins que ni les prisons rites ni aux démentes, a, dès l éternité, formé
ni les châtiments pussent modérer la cha- un dessein absolu et efficace de sépnnr quel-
leur de son zèle pour ce qu'il appelait la ques-uns de la m issc du péché et leur don- ,
bonne cause. L'on ne doutait pas qu'il diit ner sa grâce et sa glnire, abandonnant les au-
mourir dans l'opposition aux décrets de i'E- tres et les prédestinant aux supplices de l'enfer.
glise, lorsiu'ii rcnint à des sentiments plus
Page 12i Après le péché originel. Dieu n'a
:
qui a pu en expier le délai. » vin, lib. 3, Inft. cap. 2i, et l.b. dartern. Prœ-
Le P. Gerberon avait dans ses ouvrages, dcst., et par son disciple Bêze dans ^ou Apo-
comme dans son caractère, une impétuosité logie du colloque de Montbéliard.
qui faisait de la peine à ses amis mais en , II. Sur la mort de Jésus-Chrit. P. 125. —
même lemp- quelque chose de plus franc et Jésus-Christ n'est point mort d'Tni le des ein
de plus droit que n'ont ordinairement les de mériter à chacun des hommes les grâces né-
gens de parti ; et c'est peut-êire ce qui le cessaires pour le salut. Doetrine détestable
détacha enfin de sa faction à laquelle il qui détruit tous les sentiments de piété et
avait sacrifié ses talents et son repos l'es- et de reconnaissance envers Notre-Seigneur
pace d'un demi-siècle. Jésus-Cliri?t.
Ses ouvrages en faveur du parti sont au III. Sur la grâce. —
Page 101 Sans un se- :
nombre l'e plus de quarante volumes, qu'il cours qui suit efficace, c'est-à-dire, qui par la
publia sons dix ou douze [noms dilîércnls. force de ta douceur fasse invinciblement fairi
, ,
p. 35.
crime de sa naissance, qui péché origi- est le
nel, il a perdu la liberté, d s'est engag' dans Minom sans tache, où l'on voit que les vérités
la nécessité de ne plus faire que le mal. que Flore enseigne dans le Miroir de la
Page 104 Que de pécheurs qui gémissent
:
piété sont très-pures par l'abbé Valentin. ,
les envies, les médisances , les mauvais soup- dit, à la vérilé qu'il la condamne de cœur et
,
Ç071S et les disputes pernicieuses. de bouche et il avoue qu'il y ades grâces in-
,
dés mêmes erreurs qui firent condamner le vol i, de la petite grâce ileJanséni us, de ladélec-
Ctiiéchisine de la grdce. Voyez Feydeac. lation qui est inférieure en degrés à celle de
la concupiscence; cette délectation, quoique
I.EsENTaETiENS de Dieudouné et de Romain,
inférieure, a sou pouvoir intrinsè(iue et qui
où l'on explique la doctrine chrétienne lou-
inspire que qnes faibles désirs mais elle ne ,
chant la prédestination et la grâce de Jésuf-
peut pan en inspirer de plus torts relative-
Christ , etc. Cologne , 1091 , in-12 de iS6
,
ici crûment exprimées, et que l'anonyme n'y ou frénétiques, il convient donc que pour
met pas en usage les déguisements ordinai- être libre, il faut être exempt de la nécessité
res aux auteurs du parti on a encore la sa-
, de la nature de la nécessite absolue , n'être
,
tisfaction de voir dairem "Ut quels sont leurs pas comme les béies et les fous ; mais il ne
subterfurj;es secrets, lorsqu'ils font semblant convient pas qu'il faille être exempt de la
de condamner les cinq propositions de Jan- nécessité relative. Au contraire, il dit, p.'ge
sénius. 1d,que la volonté est libre, et qu: l'homme pè-
Quand par exemple il dit (page 113) qu'il che avec liberté parce qu'il ne pèche et ne
,
condamne de cœur et de bouche la première commet le mal que parce qu'd le veut (ù[-'i\ ,
proposition, quand il assure que la grâce est nécessité à le vouloir par'la cupiditéquil'en-
donnée à tous ceux qui la dcm.ndent comme traine au mal.
Telles sont les indijines subtilités par les- liatus avant que de l'intituler : Augustimts.
,
par les différents entretiens et les commu- en mourant n'a-t-il pas donc offert sa mort
,
nications qu'il avait eues avec lui, il recon- pour le salut éternel de ceux qui n'étaient pas
naît et il conlessc que c'est à bon droit, et prédestinés? Et Koinain répond ; A'o/i. 11 est
après un jugement mûr et un ex.imen très- aisé de recoH uiître là l'hérésie de la cin-
diligent, qu'a été faite et décernée la cou- quième proposition de Jansénius.
Pliantasma Bdiaiiism't Ce n'es! pas seulement
(1) M. Maugnin , |ir.'»ideDt à la cour des Monnaies,
le j.insénisiiie qu'on ali ai>!,rciriiié en faiilùiiie ou eu
: qui s'est avisé d'écrire sur ce sujet, l'a aussi iraiié
a lait uulauL dis liéi cs.es piccédcnlcs .•.ux(|uelles il d'i'mnf/maire. l'^iliu le f. Gerbermi a lait un ouvr.i^-e
doit sa nuiss:incc. Mais le [jar n'a |);is l'honneur de
i piiur nietre aussi le Baïaiiisnie au nombre de
phàn-
celle invenlion. Ussérius (llisl. Cothescalci a l'rœdc- lùmes. C'e>l le mauusi rit dont il est parlé dans le
flinat.anœ cunirmersiœ ab co inolœ. Jhibliiii, l(j,jl) pr.cés de ce Père, et qui lut trouvé parmi ses pa-
lui en avilit donné rexeiuple. Ce fameux calvinisle
jii.TS. L'ouvrage était tout prêt pour rimiuession,
d'Irlande a soutenu le luemler que le l'réde-iinalia- avec l'approbation du P. Blanqiiaerl. Le P. Gerberon,
nisnie êiait une cliiinere, et ijue la docinne des Go-
qui a avoué qu'il eu était l'aiileur, veut v prouver
iheseiilc éiait irréiiréliensible.
que les erreurs de Uaius n'ont jamais existé que
Une si lielle découveiti; charma Jansénius et il , dans la tète de ceux (fui les ont cundamncos, c'est-
eu sut proliur. Tout le chapiin; 'iô de son iiuiliènie à-diie, du saint pape Pie V et de Grégoire XllJ. Ce
livre esl employé à prouver qu'il n'y ajimais eu qu'il y a encore de plus extravagant, c'est qu'il dit
d'Iiérésie piédestiualiciiiie et que c'est une chimère
scriousemeiit qu'il ne dénias jue ce pliaiitàine que
des .scuii-pélagieiis.
pour soutenir l'honneur de l'iiglise romaine.
DICTIONNAIRE DES JA.NSENISTES. 520
519
à Rome, par un professeur en théologie, le père Gerberon
Ce livre a ele condamne
présente, dans ce livre, en forme de médi-
décret du 11 mai i70i.
tations chrétiennes, le jansénisme le plus
Defensio Ecclesiœ Romanœ catholiccvque veri- cru et le moins mesuré.
tatis de gratta adversusJoannis Leydeckcri,
On peut en juger par les propositions
in sua Hislori(ijanseni''mi, halliicinatiunes suivantes :
justes accusations de Jean Leydecker, dans dans la masse du péché, et pour lesquels il n'a
son Hiftoire du Jansénisme, par Ignace point de pensées de salut, il ne leur prépare
Eyckenboom, théolugien. point dâ secours avec lesquels ils puissent, au
Leydecker publia, en 1695, une histoire moins d'un pouvoir prochain, arriver où Une
latine du jansénisme. Comme c'était un bon les destine pas.
protestant, il avança une infinité de choses Page 161 // est hors de doute qu'il ne leur
:
contraires à la doctrine de l'Eglise; mais il prépare point de grâca qui puissent leur mé-
y meMa aussi un grand
nombre do traits qui riter ce qu'il ne leur veut pas donner.
incommodèrent fort les janséiiivtes. 11 leur Page 155 Le sens de l'Apôtre n'est pas que
:
remit, par exemple, sous les yeux la ressem- Jésus-Christ, qui est toujours écouté de son
blance de leur doctrine avec celle des pro- Père , ait d' mandé le salut de ceux qui se per-
lestants il leur reprocha de ce que, pen-
; dent, ni qu'il ait offert sa mort pour leur salut
sant à peu près comme eux, ils voulaient éternel.
cependant bande à part, et étaient
laire Pag. 211 et 212: Pourquoi rechercher si
assez ingrats pour méconnaître une religion j'ai pu ou si je n'ai pas pu éviter les crimes
qui était la source et le modèle de la que j'ai commis, pour trouver en mon im-
leur. puissance de fausses excuses ? Je l'ai voulu:
Les disciples de Jansemus ne crurent pas c'est assez, je suis coupable. Cette puissance
devoir laissersans réplique cet ouvrage. Ces de vouloir ou de ne pas vouloir n'est point
messieurs veulent bien penser comme les ce qui fera la gloire ou le reproche de in:s
protestants; mais ils ne veulent pas (lue ni actions.
s'en aper-
les catholiques ni les protestants Page 137 Les secours qu'on appelle suf-
:
tione et de gratia per se ipsam efficaci. cace, l'on ne peut en cet état de corruption,
Rotterdam. ni éviter aucun mal que par un autre mal, ni
faire aucun bien véritable.
Ces deux dissertations sont une espèce d'a-
Page. 81 // ne se peut faire qu'une action
pologie du buïani^me et du jansénisme; le
;
adoptait les sentiments de ce Père, elle serait M. l'évêque de Gap, le 4 mars 1711.
bientôt réunie avec les églises protestantes.
Les traités historiques ont clé condamnés Le chrétien désabusé sur le sujrt de la
grâce, 1698.
par M. Précipiano, archevêque de Malincs,
le 2 janvier 170'i-. Il mention de ce livre dans Vllis-
est fait
MÉDITATIONS chrétiennes sur la providence /uir? et les ,4c«esdu procès que M. l'arche-
la misère
et la miséricorde de Dieu, et sur vêque de Malincs fil faire au père Gerberon.
et la faiblesse de l'homme,
pour les per mêmes actes font voir évidemment que
sonnes de piété qui nimenl à connaître leur l'écrivain janséni^te n'entend autre chose
faiblesse et In force de la grâce, pvur mettre |,.,r le liire du Chrétien désabusé, que le
en elle toute leur confiance, avec des exer- chrétien bien convaincu que Dieu n'a ni
eices. donné, ni offert des moyens de salut à aucuQ
gousle faux nom de sieur de Preisigny, de ceux qui se damnent.
521 GEl^ GER 522
Trois conférences des Dames savantes, 1G89. son nom, est aussi enfermé (dans la Bastille)
Les deux premières de ces conférences pour le même crime;
c'est-à-dire pour avoir
lonl contre le P. Alexandre, dominicain. La aimé l'Eglise et la
grâce de Jésus-Christ...
troisième est sur le Problème ecclésiastique, Elles ne voyent (les religieuses de Porl-
et l'on y trouve entre autres choses un fait Uoyal) que des soldats prêts à les immoler à
singulier; c'est que ce fameux probièmo, qui lu fureur de leurs persécuteurs, si elles n-
avait tant intrigué les jésuites, est l'ouvrage s'iminolent elles-mêmes au parjure et à la ca-
d'un des nouveaux disciples de saint Au- lomnie par xm faux serment... Cvs saintes
gustin. filles sont chassées de leur inaison par une
Le P. Gerberon suit, dans ces Conférences, injustice qui frappe les yeux de tout le monde...
les traces de Marcion, de Montanus, d'Arius, L'on ne persécute pas dans la France seule-
de Pelage et de tous les hérétiques qui, se- ment l'Evangile de Jésus-Christ, en bannis-
lon la belle remarque de saint Jérôme, se sant ou faisant mettre en prison, sans au-
sont toujours efforcés d'enga'^er les femmes cune forme de justice, tous ceux qui en soti-
dans leurs erreurs, parce qu'elles sont plus ticnnent tes vérités les plus saintts... L'on
faciles à tromper, plus difficiles à détromper, pousse les conquêtes qu'on a entrepris de faire
et plus propres à tromper les autres. sur l'Eglise, jusqu'aux lieux les plus inviola-
bles et les plus sacrés, dont nos rois se faisaient
Confiance chrétienne appuyée sur quatre prin-
autrefois une piété d'être les protecteurs.
cipes inébranlables, d'où s'ensuivent néces-
Le même novateur honore du nom de
sairement les principales vérités qui regar-
martyrs ceux que le roi jugeait à propos
dent le salut des hommes. 1703.
de punir comme rebelles ci l'Eglise. C'est re-
Cet ouvrage fut premièrement censuré par présenter le prince comme un Néron et un
les deux universités de Louvaiii et de Douai, Uioclelien. La plupart des livres jansénistes,
à la réquisition de M. l'archevêque de Ma- et surtout ceux du P. Gerberon, sont remplis
lines il fut ensuite condamné par M. de
; de CCS traits justes et polis.
Matines lui-même, et par l'électeur de Co-
j\Ii;>!0RiAL historique de ce qui s'est passé
logne. Le P. \"an Hamme de l'Oratoire de
depuis l'année IGkl, jusqu'à l'an lGo3, loU'
France fut arrêté et puni pour en avoir dis-
chant les cinq propositions, tant à Paris
tribué les exemplaires. Enfin ce livre fut
qu'à Rome. 1C70.
condamné par le saint-siège, le 11 mars 170i.
C'est un des ouvrages où le prétendu fan- C'est ici un abrégé assez fidèle, que le
tôme du jansénisme est le plus scnsiblctiient P. Gerberon fil ilu Journal de Saint-Amour ,
réalisé. Le P. (ierberon y établit la confiance journal qui fut brùlé par la main du bour-
chrétienne, en enseignant comme une vérité reau, après avoir été examiné par plusieurs
incontestable, et même comme un article de des plus notables prélats et docteurs de la Fa-
foi, que Jésus-Christ est mort pour les seuls culté de Paris.
prédestinés. Il y établit pour principe dans
Histoire abrégée du jansénisme, avec des
la page 25 et les suivantes, que Dieu ne
veut sauver (jue ceuv qu'il a donnés à son remarques sur l'ordonnance de M. l'arche-
vêijuii de Paris. Cologne, 1G98, in-12 de
Fils et voici les affreuses conséquences qu'il
;
nous oblige de croire que Jésus-Christ n'a Barcos, le P. Gerberon publia cette Histoire
pas prié vour eux, et n'a pas demandé leur abrégée, dans laquelle il déclama avec sa
iulut.
violence ordinaire contre l'ordonnance de
Donc, s'il est sûr que tous les hommes ne ce prélat.
sont pas sauvés, il n'est pas moins sûr que
Jésus-Christ n'a ni voulu qénéralemenl le sa- Histoire générale du jansénisme, contenant
lut de tous les hommes, ni offert ses mérites, ce qui s'est passé en France, eri Espa /ne, en
ni donné sa vie généralement oour le salut Italie, dans les Pays-Ilas, etc., au sujet du
de tous. /it-reina/u/e; AugustinusCornelii Jansenii.
Donc, si quelques-uns se perdent, le Fils de Amsterdam, Louis de l'Orme, 1700, yoI; .'!
Dieu ni son Père n'ont pas voulu les sauver. in-12. Lyon, 1701, 5 vol. in-12; par M.
l'abbé " Dumanoir.
L'Eglise de France affligée. 1G90.
Dans ce livre sédiiieux, publié sous le Le P. Gerhcron a recueilli dans ce livro
pseudonyme de François Poitevin, le P. (ier- presque tout ce qu'il a écrit ailleurs sur
beron se déchaîne avec fureur contre Louis cette matière. Mais bouillant et impétueux
XIV, cl exhorte vivement les évéques de comme II était, et incapaMc par son carac-
France à s'opposer à la prétendue persécu- tère de (léguis r ses sentiment*, il y a peu
tion subie par les jansénistes. Suivant ce fa- ménagé les expressions.
natique, le roi et ses ininisires étaient cou- Il con-
y enseigne à découvrir les erreurs
pables des plus grandes violences. damnées. avance sans détour, en diffé-
Il
ployé l'autorité du roi pour faire mourir un n'est mort que p 'ur les élus; que toute
juste et un inmoccnl... L'on assure qu'un prê- grâce médicinale est efficace i]ar elle-même;
tre de l'aris, jilus noble par .la vertu que par et qu'il n'y a aucune grâce suftisanto qui
Dictionnaire des Hérésies. II. n
555 DICTIONNAIRE bES JANSENISTES. 52i
soit donnée à tous, et avec laquelle ils pour- Jlste DiscERNEMrNT cntrc créance catholi-
la
raient se convertir s'ils vouliiieiil. Il nie la que e' les opinion': des protestants et attires
possihilité des comniandoinents ; il anéaiil;t touchant la prédestination el la grâce. 1*703,
la liberté; il refuse ouvertement de se cou- in-12 de 30 pages.
vrir du manteau des thomistes, comme le
Ce discernement prétendu juste est en quel*
faisaient les autres prétendus di-ciples de
que sorte une nouvelle édition du fameux Ecrit
tiiinl Augustin. Il déclame contre toutes les
à trois colonnes. Il n'y a en effet presque
puissanciS erclésiastiques et séculières. Il
point de difTêrenco entre ces deux libelles,
traite avec mépris les plus grands hommes
si ce n'est que le P. GcrliTon auteur du
de son Selon lui, MM. Vincent, Eudes
siècle.
,
brielis; elle ne fut pas [lus heureuse que les h>mmes, ni même à tous les jus es , les
rouiinaïuh nienls de Dieu Si ni donc impossi-
l'original , car elle fut condamnée avec lui,
bles à plusieurs justes ce qui est l'hérésie
par décret du saint office. Voyez Gabrielis. ;
20 d'août 169G, VExposiiinn de la foi cathn- encore finie par tant de conslitutioj s aposto-
liques, auxquelles est joint le consentement
liqxie, touchant la grâce et la prédestination ,
sucl, évéque de Moaux, venait de; [lorlcraux meux Le Noir, thé lou'al de Séez, le mémo
jansénistes un coup terrible, en condamnant, qui a publé l'L'véque de cour el qnelaues
par le< plus fortes censures, quatre proposi- autres écrits en faveur du jansénisme.
tions, qui s ;nt répandues dans tous leurs
libelles.
LETTRb d'un théologien à M. l'évéque de
illcaux touchant ses sentiments el sa con-
La première de ces propositions était Que :
el pour commencer à engager M. de Féne logiens, les plus pures vierges, plusieurs au-
Ion, il publia d'abord une letlrc conire son tres personnes de toutes sortes d'états, qu'on
adversaire, M. deMeaux, dont le parti était a opprimées et qu'on continue d'opprimer...
uiéconlent mais ce grand homme ne répon-
; Et n'est-cepas là ce gouvernement tyran-
dit à ces offres que par une entière soumis- nique que monseigneur s'efforce d'établir f
sion aux dé^sions de l'Eglise. Les calvinistes les plus furieas ont-ils ja-
Le P. Gerberon a avoué dans ses interro- mais invectivé avec plus d'audace el plu»
gatoires qu'il jugea la soumission de ce ])ré- d'impiété contre le gouvernement de nos
lat tropgrandeelindigne du rang qu'il tenait rois ?
dans l'Eglise.
Examen des préjugés de M. Jurieu. 1702.
Lettre à M. Abclly, évoque de Rodez, lou- Publié sous le nom supposé de Tn^ô^ Tîi-
chant son livre de V Excellence de Ui sainte chard. Semé d'erreurs capitales, sans comp-
Vierge. ter les traits injurieux que l'auteur y lance
M. Abelly, prélat plein de science et de contre l'Eglise et le sainl-siége.
piété, a composé un livre de i'£'.rce//ence de Second entretien d'un abbé et d'un jésuite.
la sainte Vierge. Il y rapporte cl il autorise
tout ce qui' les s.iints l'èrcs ont jamais dit
On ne vit pcu'.-être jamais rien de plus
insolent et de plus emporté que cet ouvrage.
de plus magnifique à l'honiieur de la mère
de Dieu. Cetie matière ne pouvait pas man-
Dom Gerberon parlant du décret d'A-
,
et un autre écrit \nUlu\e Discordiœ jansenianœ vers la sainte Vierge dans les mystères
enarrator (1G96). 11 y exhorte vivement à GERV, un des pseudonymes de Quesnel.
lever le masque cl à prêcher le pur dogme, GES\ RES (Dom François), bénédictin de
selon lui de la prèdestiualion el de la
,
la congrégation de Saint Maur.
grâce.
Voici en quels termes et avec quel air de Defensio Arnaldina, sivc analylica synopsis
fices de la secte, il se plie et replie pour qu'il se détrompa en lisant une censure de
éluder les raisonnements victorieux de l'au- Il Sorbonne faite en 1G50, le 27 juin, par
teur de l'histoire des cinq propositions. laquelle elle condamnait comme hérétique
Voici une partie des subterfuges qui lui cette proposition Liberum hominis arbitriwn
:
sont communs avec M. Arnauld et les parti- non habet potestalem ad opposila.
sans les plus subtils du janeénismi'. Quoique le P. Gibieuf eût avancé bien des
Le texle formel de suint Paul Deun vult : erreurs dans son livre, il aimait cependant
oinncs homines salvos fieri (I Tim., ii, h), est la religion et la vérité. Il n'eut donc pas
décisif contre la doctrine jansénienne. Ce idutôt vu le jansénisme condamné par le
passage est clair par lui-même, et Ion sait saint-siége, (ju'il changea de sentiminls et
i'inlerprélation simple el naturelle que lui de conduite, et rompit avec Port-Uoyal. Il
donne l'Eglise- Dom Gesvres en pense autrr- écrivit en IGi'J aux religieuses carmélites
mcnt. Il' soutient (pag. 2) que omîtes ne si- une lettre circulaire, par laquelle i! leur dé-
gnifie point là la même chose que siiu/ulos ; fend en qualité de leur «-upérieur, de lire
,
que (pag. 8) oinnes lunnines ne signifie pas aucua des livres du parti sur la grâce, la
les prédestinés, parce qu'il y a des prédesti- pénitence, la fréquente communion délire ;
nés de tout sexe, de tout âge, de toute condi- leur Apologie, leur Vie de saint Bernanl.
tion ;que (pag. 10, 15;ces parolesd'InnnccnlX Cette lettre est enregistrée dans toutes les
(qui condamne la cinquième proposition, communautés des carmélites, et M. l'abbé
Inlelleclam eo sensu, iil Christus pro suhile Hochclte, un de leurs visiteurs, avait un
duinldxat prœdeslinntorum mortuus sit, ne exemplaire de celle lettre écrite de la niaio
signifient pas entendue en ce senu, que Jésus- même du P. Gibieuf.
Christ soie mort pour le salut des seuls pré- GILBEKT professeur royal en tliéologie,
,
destinés; mais que Jésus-Christ soit mort seu- dans l'université de Douai, publia un livre
lement pour le salut des prédeslitiés : en u\W\u\ë:Tractatus de gralia; mais ce livre
sorte que le terme dumlaxat appartient, excita des inquiétudes et des réclaniations.
dit-il, au mot salule et non pas au mot prœ- Cinq célèbres docteurs et professeurs de la
destinatorum. Par celle pitoyable chicane, Faculté de Paris, MM. Pirot, Saussoy, J. Ko-
il convient que Jésus-Christ n'est pas mort bert , B. Guichard et de l'Estocq lurent
,
seulement pour le salut des élus, mais qu'il chargés d'examiner le Traite de la ç/rdce;
est mort encore pour mériter à d'autres ils déclarèrent, le 28 janvier 1687, qu'après
hommes non prédestinés une justice passa- une exacte discussion ils avaient reconnu que
gère et des grâces; et qu'avancer le con- la doctrine de Janscnius, condamnée par les
traire, c'est une erreur mais il persiste à
; constitutions d'Innocent X
et d'Alexandre
nier que ce soit errer dans la foi, que do VII, reçues de tous les catholiques, y était
dire de Jésus-Christ qu'il est mort pour le établie, et non pas d'une manière obscure et en
salut des seuls prédestinés. passant, ou en peu demots,mais ouverlemenl,
Il est bon de connaître par cet échan- de dessein formé, avec un empressement et une
tillon jusqu'où peut aller la mauvaise foi obstination extrême, sans y ou'dier les ex-
des esprils orgueilleux qui, quoique con- pressions injurieuses el pleines d'aigreur, qui
vaincus qu'on les a condamnés réellement, ressentent l'espril des novateurs; que par des
ne peuvent se résoudre à en convenir, et interprétations chitnériques on y éludait U$
cherchent à tromper les autres et à se trom- décisions des souverains pontifes, en les dé-
per eux-mêmes par de misérables faux- toitrnant à un sens étranger et entièrement
fuyants dont ils sentent eux-mêmes dans éloigné de leur pensée. Enfin que ce poison,
Uuir conscience l'insuflisance et le ridicule. aussi dangereux qu'il y en puiise at'oir pour
(ilHlKUF (GriLLAL'Mi:) naquit à Bourges, les écoles, était tellement répundu dans lous
entra dans la congrégation de l'Oratoire, fut ces écrits, qu'il serait impossible de les corri-
docteur de Sorbonne, et mourut à Saint-Ma- ger, et qu'il n'y avait p:s d'autre moyen de
gloire, à Paris, après l'an Ili.oO. lever le scandale qu'ils avaient causé que de ,
Dans un de ses ouvrages intitule De li- : les abjurer expressément. Ce qui leur a fait
(l) lllius (Gibie(ii) ego prob;iliileni ali(|ii.'iiiJo «eii- nip.T .tgniiuni Decreiuni, ac Euccresccntia ab ea op.-
leniiam jiiiiii)r Ihenlogus judic:ibam; jiiitiriiun istnd ruDDC crroruni prliis laientinin gurinina, minime pu*
vero cmeudarc ac relractare post l'aculiaiis niairis dore aiit niolesiuin essedel>ei.
t-A DILTlOiNNAlUE DES JANSENISTES. 511
juger qu'un ne juminil i.as souffrir, sans par M. le cardinal de Bissy, dans son mande-
perdrc l'itnivrrsité de Dounif que celui qui les ment conlietes Inslilutions lhcolo!j;iqucs du
a rompon'f (untinue d'y enseigner l'hait à P. Jnenin. Voici commp il p;irle p.ip. 37C :
ses ;ii(iennis erreurs dans une lettre qu'il el effective en Jésus-Chrisl de sauver ces hom-
écrivit.iu P. nuesnel,et q li porte p ur titre: mes, il est constant que cet auteur établit par
Lettre ustificntive de M. (Hlherl, prêtre, doc- es textes, quejansénus n'a reconnu rnJésus-
teur en Ihéolog e. etc. 11 lit signifier à l'évé- Christ aucune volonté de sauver les réprouvéii
que d'Arrns qui l'avait aussi condamné, un même baptisés.
appel dans lequel il soutient qu'il n'y a rien En cénéral, le dessein de Raimonl est de
que de lrès-orllioi!o\e dans tout son Traité se révolter ouvertement contre les constito-
de la grâce; el il continua d'infecter luiiiver- lions apostolique^ en prolesianl que ni lui
silé de Douai par l'ascendanl que sa capacité ni ses confrères ne croient point que les cinq
lui donnait sur l'esprit des professeurs. 11 propositions soient de Jansenius. J'espère,
dogmatisa dans la ville de .-^ainl-ljuentin et dil-il, que te lecteur demeurera pleinement
dans les autres lieux oij il fut relégué, el il convaincu que tes disciples de snnt .-ittgustin
mourut enfin à Lyon, dans le cliâleiiU de o»( toujours traité tes cinq provositions di
Pierre-Encise. faius û plaisir.
Dans un gr-ns ouvrage manuscrit, qui fut Quand il dit toujours, c'est une insigne
supprimé par les ordres du roi, il a osé en- '''"ssele qu'il avance; car il est ceriain
seiîner que depuis le concordai passé l'an «JtJ'avant la rondamnation des cinq propn-
151G, entre le pap' Léon X et le mi Fran- silions, les Jansénisics el leurs adversaires
CoisI",iIn'y avait plus en France de vérita- reconnaissaient d'un commun accord, qu'el-
bles évéques; et il n'a point rougi d'y rom- 'p étaient veut iblemcnt dans ['Auquuin de
parer les quarante docteurs, qui signèrent le Jansenius. Les Mf:5,dit le urand Fénclon,
fameux cas de convcier.ee, avec les qnaran'e ujtnqua\ent ces proposit:on^ et 1rs autres Ici ,
martyrs qui, sous Truipire de Licinius, mou- delvndatmt c.mme lu docirin" de J<mséniuf.
rurenl à Sébaste p'uirla cimfession de la foi ^«' "^e"'* du parti auprès du pape tâchaient
de Jésns-Christ .W'.i5 avec celle différence,
:
de tes justifier comme la doctrine cathoUqut.
dit-il, i7!/e les quarante martyrs du troisième Q}*" Jansenius avait puisée dans saint .iugus-
pue
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a Roine avec Sam'-Amotir, Rrousse et
,
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. . , . ,'„ „„,. •„ . „„';i nous avons dit, que, qnoiqu avant a con-
,
Pierre de Saint- Joseph, feuillant, 16G0, in- des subalternes, et jeta de l'inquiétude même
4°, publié sous !e nom supposé de Denis dans Port-Royal. C'est, comme l'on snit,ce
Raimond. qui opéra la conversion de la sœur Fla\ie,
L'abbéClaudeGirard n'est passeul l'auteur religieuse de ce monastère. Celle bonne Glle,
dècelivre;unautredocteurjanséiiisle, nommé dit un auteur célèbre (1), était janséniste de
aussi Gérard, y eut beaucoup rie pari. Tout tout son cœur, et avait cru jusque-là, ainsi
le système de Denis Raimond el de s n mailre qu'on le lui avait toujours dit, que les cinq
Jansenius sur la mort de Jésus-Christ pour propositions étaient autant d'articles de loi.
tous les hommes est parfaitement déveloooé Quand donc elle apprit que le rosullat de
rassemblée clail de les abamloimcr à leur arcbevêquede Sens, son cousin. Il prit pos-
mauvaise forliine, et de se rodiiiic à soute- session de cet arcbevêcbé en IG'tG, et io
nir qu'elles n'étaient point de Jansénius , gouverna jusqu'à sa mort, arrivée le 20 sep-
elle en fut sca idalisée au delà de ce qu'on tembre lG7i, à cinquante-(|ualre ans. Il eut
peut dire, et protesta qu'elle les re;;arde- de grands démêlés avec les jésuites, qu'il
rnit tDiijours comme la plus pure doctrine interdit dans son diocèse pendant plus de
de saint Au;;usliii. Sa sincérité embarrassa vingt-cinq ans. Le parti de Jansénius le re-
beaucoup. Ou lui dit que tout ét.iit perdu si gardait comme un appui; cepcndani Cion-
elle ne faisait aveuglément ce qu'on désirait drin signa en 1C5.3, la lettre de rassemblée
ou
d'elle; et lui fit enleiidre qu'il fallait dissi- du clergé au pape Innocent X, où les prélats
muler dans conjoncture présente, et que
la reconnaissaient « Oue les
: cinq fameuses
les cinq propositions ne seraient pas lou- propositions sont dans Jansénius et con- ,
jotirs malbcureuses. Mais c mime elle avait damnées au sens de Jansénius lians la con-
,
l'esprit droit et éclairé, elle reconnut aussi- stitution de ce pontife. » Il signa aussi le
tôt !a fi^urberie des docteurs, et prit en même formulaire, sans distinction ni explication ;
temps la résolution de renoncer aux cinq mais ensuite il parut s'en repentir, et se
propositions, à Jansénius et aux janséniste-i, jiiignit aux quatre évêques d'Alel, de Pa-
et d'abandonner le maître, les disciples et lu miers, d'Angers et de Deauvais, [lour éciire
dortrine. à (élément IX, « qu'\\ était nécessaire de sé-
Mais quoique ces prétendus augusliniens parer la question de fait d'avec celle de droit,
perdissent par là quelques amis, ils ne se qui étaient contenues dans le Formulaire.»
départirent pas néanmoins de leur nouveau L'abbé Bérault l'aiipelle un caméléon qui
<-
dans le litre de Jansénius, ni quant inir ter- nances pastorales; 3° on lui al'ribiie la tra-
mes, ni quant au sens. Ainsi, il s'est ranpô duction dus Lettres choisies de saint Grégoire
de lui-même au nombre des enfants d'ini- le Gran I, publiée par Jacques .Boileau Dans
quité et des perturbateurs du repos public ,
sa Lettre pastorale à l'occasion de la bnllt
dont Alexandre \'II avait parlé quatre ans d'Innocent A", publiée en lOoi, il soutient
auparavant; et son ouvrage, en préparant que les cinq propositions avaient été fabri-
les voies à la chimère du jansénisme , aux quées par les ennemis de la grâce du Sauveur,
imaginaires et aa fantôme du jansénisme, qui dans le dessein de décrier la doctrine de
n'en sont qu'une ennuyeuse répétition, a et •
saint Augustin, et qu'elles (mt été condam-
enveloppé comme ces libelles dans la cen- nées par le sainl-siége dans le sens héré-
sure portée en 1700 par l'assemblée géné- tique qu'elles renfermen', et nullement dans
rale du clergé. celui de Jansénius.
On peut dire que M. de Gondrin fut cause
EcLAincissEME'VT sw queiques difficultés lou-
que le jansénisme répandit ses poisons dans
chant la signature du fait, en ICti'i.
le diotèse de Sens. Sous !M. Languet, ces
Ce libelle est du même docteur, Claude nouvelles doctrines y exerçaient encore da
Girard, masqué encore ici sous le noni de grands ravages; ce grand prélat rencontra
Denis Uaimond- une vive opposition, qui produisit beaucoup
Dui-OGUEs entre deux paroissiens de Saint- d'icrils; nous parlerons des suivants.
Ililuire-du-Monl, sur les ordonnances con-
Lettre de plusieurs curés, chanoines et autres
tre la traduction du Nouveau Testament,
ecclésiastiques du diocèse de Sens à M. leur
imprimée ù Mons, IGG'p.
archeré(iue ( Languet), datée du 1" juil-
Ces deux dialogues ont pour but d'avilir let 17;51, et loriiiant (]ualorze p'iges in-4*,
l'autorité épiscopale, de rendre ridicules les compris ra»erlissemcnl qui a huit
y
ordonnances de M. do Paris et de M. d'Em- pages.
brun, de faire mépriser 'les excommunica-
tions, et de justifier une traduction infidèle, Les esprils révoltés qui écrivirent celle
firoscrite par les deux puissances. Ils ont été lettre avaient pour objet principal de dé-
condamnés par l'ordonnance de M. l'arcli- fendre et d'établir la prétendue obligation de
vè(iue de l'aris du "iO avril IGCiS, portant dé- rapporter timles srs ai lions à Dieu par un
fense sous peine d'excommunication en- motif de charité. Cette erreur, qui détruit
courue ipso fado, de les vendre, publier, dis- toutes les vertus, et qui élève sur leurs dé-
tribuer ou débiter. bris la seule charité, est la plus chère au
est li plus spécieuse, et
jiarli, [larce qu'elle
CIllAUl) DE VILI^ETHIKHllV (Jean), qu'elle donne à srs suppôts un plus beau jou
prètn" de Paris, mort en 170!), passait pour
être altacbé à Port-Uoyal, dit M. Picot, et a
pour dé|)loyer leur éloiiiience, et pour s'é-
crier avec emphase (ju'on veut abolir le grand
lais.sé beaucoup d'ouvrages dont Feller parie
précepte de l'amour de Dieu. Mais rien n'est
fort bien.
plus aisé que de les confondre. Il suffit pour
CONDUIN (LouisHenui de PARDAILLAN cela de leur opposer simplement la doctrina
DE), né. luchâlciu de r.ondrin, diocèse d'Auch, de rriglisc sur cet article. l'Ile enseigne l'in-
eu ItiiO, d'une famille ancienne, fut noMinié dispf nsalile (obligation d'aimer Dieu elle re- ;
en HJdï coadjuleur d'Oclave de Itellegarde, connaît la charité pour la reine des rerlus j
-
plus ni voile ni obscurité. Il n'y a plus qu'à qui regardent la bulle conmie la règle de
rlioisir entre mon catéchisme, ou plutôt entre leur foi; et au contraire il veut nous assujet-
l'Evangile et la constitution. tira l'autorité de M. de (îondrinetde sept ou
IV. —Lcltre , page 10. Si c'est une er- huit évéques. Fut-il jamais prétention plus
reur d'enseigner que toute action délibérée dont absurde? Mais nous ne saurions omcllre le
la charité au moins actuelle n'est pas le prin- bref d'Innocent XII, en 1699, contre les pro-
cipe, estun péché ; si c'est une erreur de dire positions 1, 2, h, 5, 0,2.3, de M. de Fénelon.
gue celui-là pèche en ses actions qui n'a pis la Le pape y décide, dit un savant prélat (1),
charité théologale commencée , il fnit aussi que le motif de l'intérêt propre n'est pas in-
regarder comme jmeerreur de tenir pour compatible avec l'état de perfection: que dans
maxime que chrétiens
les doivent dans toutes cet état, on ne perd pas tout motif intéressé de
leurs actions aimer Dieu, et qu'il n'y a point crainte et d'espérance que ce n'est pas un»
:
d'action vertueuse, si elle n'est commandée chose contraire à cet état de vouloir son salut,
par la eharilé. comme salut propre, comme délivrance éter-
Ce quatrième article, extrait du libelle dont nelle, comme récompense de nosmérites, comme
il s'agit, mérite une alteniion particulière. Il le plus grand de tios intérêts, etc. Sur ee
renf rme Irois propo itions qu'on prétend principe, continue M.] de Saléon, nous pou-
sembl.iblcs. Les deux premières sont de vons raisonner ainsi : Une œuvi e faite en ré-
M. Languet, archevêque de Sens, el la troi- compense de la vie éternelle, sans se proposer
sième, qui est de VApologie des casuistes, a actuellement aucun motif de charité pure et
été censurée par M. de Gondrin, archevêque désintéressée, n'est pas incompatible avec l'état
de Sens, et par sept ou huit autres évéques. de perfection; elle n'est pas contraire à cet
Les propositions de M. Languet sont C'est : état; le pape Innocent XII l'a décidé, et l'E-
une erreur d'enseigner que toute action déli- glise entière s'est soumise à cette décision,
bérée, dont la charité au moins actuelle n'est Nous devons donc, à plus forte raison, dire
pas le principe, est un péché. qu'une œuvre de cette sorte n'est pas un pé-
Ilem. C'est une erreur de dire que celui-là ché, comme Jansénius l'ose assurer. Il est vrai
pèche m
ses actions qui n'a pas la charité que désirer le ciel dans la vue d'y glorifier
théologale commencée. Dieu est un acte plus parfait que de le désirer
La proposition censurée par M. de Gon- dans la vue de son propre bonheur. Mais ce
drin est celle-ci C'est une erreur de tenir
: motif intéressé quoique moins parfait, est
,
pour maxime que les Chrétiens doivent dans nécessaire quelquefois, même aux plus par-
toutes leurs actions aimer Dieu, et qu'il n'y a faits, tantôt pour y trouver des forces contre
point d'action vertueuse si elle n'est comman- la tentation, tantôt pour ranimer leur ferviur
dée par la charité. dans le bien. Les plus grands saints se sont
Or les deux propositions de M. Languet servis de ces motifs intéressés. C'est donc une
sont appuyées par e prélat sur la condam-
i erreur que de vouloir les exclure de l'étal de
nation que l'Eglise universelle a faite de la perfection, comme avait fait feu M. de Cam-
brai dans son explication des Maximes des ipse pugnat Augustinus qui non dirersis
saint.t. Mais c'rst encore une irreur bien plus rerum elinm eodem alii/uando in loro, impii,
grossihede prétendre comme Jansénius (Ques- hoc est, infidelis, et bona et non bonn opéra
nfl, les curés de Sens qui ont signé la k-llre esse dicit ? Nulla dissensio, nulla pugna est.
en qiieslion) que toutes les actions faites par Verum quod alicubi dicit Augustinus ubi fides
de semblables motifs soient autant de péchés, non eral, bonum opus non fuisse, nequnqunm
et que pour exempter de péché toutes nos sic inlelligere loluisse, credendus est quasi, ,
iruvres et tous les mouvements de notre cu'ur, quod hœretici temporis faciunt opéra
iiostri ,
il faille leur donner l'amour de Dieu pour omnium infidelium esse vere peccala judicw
motif et pour principe. veril.
Or revenons. C.elte aulorilé du pape Inno- Dans la lettre dul" m.irs 1732, signée par
cent XII que M. de Saléon fait si bien valoir soixante et un prêtres du diocèse de Sens, p. 6,
dans cet endroit, et celle de toute l'Iigliso (jui on lit ces paroles Instruits par notre caté-
:
qu'on prétend être semblable à celle de ont... soutenu... qu'il n'y a point debon fruit
M. Langue! (c'est-à-dire d'action exemple de péché ) qui
ne naisse de ta charité, ou parfaite, ou impar-
Seconde lettre des curés, chanoines et au- faite, ou achevée, ou commencée. Quant au
tres ecclésiasiiques du diocèse de Sens à ,
Mémoire, il a pour titre Mémoire de plu- :
M. rarchevé'iue, avec un Mémoire qu'ils lui sieurs curés du diocèse de Sens.... touchant
ont présenté le 2 mars 1732, pour servir de l'obligation de rapporter toutes nus actions A
réponse à la lettre pastorale qu'il leur a Dieu par le motif de la charité.
adressée en date du io août 1731, de sept Voici quebiues-unes des propositions er-
pages in-4-" pour les deuv lellres, cl do ronées dont e libelle esl rempli.
(
fur tum admisit. exclusif is quidem charitatem. . porte ? Elle a été soutenue devant M. do
sed iterum nihil impc.iit quominus in eo ma- (londrin c'en est assez. M. de (londrin leur
;
neat habitas tasiitatis: ita nulla est ratio qme lient lieu du pape, du sainl-siéce et de toute
impediat quominus qui fur est, idem, amissu l'Eglise.
tharilale, fidei relineal habitum et spei. Il ad- IV. —
N. iO, p. 33 La Morale sur le Pa- :
met même, cap. 7.3, folio 227, riclo, des (EU- ter, disent-ils est devenue en quelque sorte
,
vres exemptes de péché avant la foi, suivant propre ù ce diocèse par l'upprobalion qu'elle
la duclriue do saiul Augusliu. Nwn secuin a reçue du mémt prélat (M. de Gondriuy, qui
559 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES 540
exhorte les curés et les ecclésiastiques à s'at- positions condamnées dans le P. Que<nel,
tacher aux maximes de ce livre, et à s^en ser- les(juelles enseignent que toutes les action'?
vir pour l'instruction des peuplen... lu doc- qu'on ne fait pont par le motif da la charité
trine qw
les curés défendent... emeiiinée est sont des péchés.
en jilusirnrs endroits... de cet ouvrage si re-
MÉMOIRE justificalif des remontrances du
commandable pour lu pureté de ses principes
clirgé de Sens, au sujet du nouveau caté-
et t m
recommandé par plusieurs savants ar-
chisme de .1/. l'archevêque, pour servir de
chevêques et évéques du dernier siècle.
réponse à In lettre du curé du diocèse de
Voilà un grîiiiil éloge de la Morale sur le
Sens â nn de ses confrères, 1733, iii-V,
Pater: mais des curés qui oui choisi M. de
page Vi.
Gondrin ;)Our leur oracle, peuvent bien n'ê-
tre pas connaisseurs eu bons livres. Ils ci- Cet écrit (dit M. l'archevêque de Sens
tent de même, n. 22, p. 19, M Nicole ; n. 4-8 , dans son mandement du 29 mai 1731-) n'est
p. 1, le célèbre Hesselius ; n" Vi), p. kl, l'In-
'i qu'un tissu monstrueux d'erreurs grossie»
struclion P.islnrrile de 1719, de M. le cardinal res el si son auteur les enveloppe ijuelque'
;
de No.iilles. Voyez à r.irlicle Fioriot, ce fois sous des tours captieux, plus souvent il
qu'il laut penser de la l\[orale sur le Pater, les expose sans déguisement. Sans crainte
et ce qu'en, iiensent le-; savants archevêques de révolter la foi et la piété des fidèle? , il ose
et évoques de ce siècle. Nous nous conlen- avancer :
\. —
N" IC, p. Ik- Puisque l'Eglise n'a ja-
: que ce que Dieu Tcut
n'est pas sincèrement
mais connu que deux principes des actions le salutdes fidèles qui périssent qu'il ne ;
raisonnables, la charité et la cupidité, il faut veut pas les sauver; quoique Jésus-Christ
conclure que toutes les actions qui n'ont pas ail dit si expressément voilà la volonté de :
la charité pour principe sont souillées p r mon Père, que quiconque croit en moi n»
la cupidi'é. périsse pas, mais qu'il ail la vie éternelle.
On voit ici que l'eircur <'es deux amours Suint Jean, cliap. iii;
n'est point déf^uisée Iqu'elle est clairement
;
Que toute grâce accordée pour faire le
exprimée. Mais combic'n est-elle contraire bien el pour éviter le mal ( p. 7 el 17 ) con-
aux rincipes de saint Augustin Opus est
I
1 siste dans une inspiration de charité; qu'il
«n;o, dil le saint ductcur , ut intrct timor n'y a point d'autre grâce que celle-là. Ainsi
primo per quem veniat charitas. Timor medica- les mouvemenis de la crainte de l'enfer ne
mentum : charitas, sanitas (Tracl. 9, in pri- viendraient pas du Saint-Esprit; ce qui est
niani Juan., n. 4, t. lli, nov. cilit., part. 2, formellement condamné par le saint concile
p. 888, I" 9, lege numéros i, 5, (">). Or un re- de Trente;
mède qui criiidiiit à la santé de l'âme, qui Que les mouvemenis mêmes de l'espérance
conduit à la charité, vien'-il de la charité? (p.iges 19, 21 el 22) ne sont bons qu'autant
Non, sans douto. Vient-il de la cupidité? lin- qu'ils sont ex saiicia charilale, qu'ils ont
core moins. Il y a donc un miliiu entre la pour motif la charité théologale, cl que tout
charité et la cupidité? acte qui n'a pas celle charité pour principe
et pour motif naît de la cupidité vicieuse,
Lettke de plusieurs curés du diocèse de Ne- et qu'il est par conséquent un vrai péché.
vers à Myr
leur évéque , à l'occasion de
Erreur depuis si longtemps condamnée dan»
la lettre des curés du diocèse de Sens à
Luther et dans Baïus
Mgr leur archevêque, au sujet de la cha- Que toutes les vertus, n:êmé celles de foi
;
Item. Lettre des curés du diocèse deTroyes, qu'il a maintenant de permanent, c'est la foi,
etc., 2o novembre 1731. l'espérance et la charité ce sont trois choses,
;
Ces ûeux écrits sont une suite el une triahicc. Et quoique cet écrivain paraisse
preuve de la conspiration formée par les par une coniradietion manifeste avouer en-
jansénistes dans la province de Sens, pour suite la distinction réelle de ces trois vertus,
: y établir les erreurs sur la charité, cl pour cependant l'erreur n'en est pas moins avan-
combattre à toute outrance les instructions cée par lui en termes précis ;
lumineuses de .M. l'archevêque sur une ma- Que ( page 6 ) tout ce qui est énoncé dans
tière si importante. La doctrine est ici la le symbole de Nicée, qu'on récite à la messe,
méine que dans les deux lettres dont nous n'est pas objet do notre foi ; mais qu'il y ar
avons parlé ci-dessus et où nous avons , des choses qui nf sont qu'un objet d'espé-
traité ce sujet avec assez d'étendue rance. Dans til endroit de ce symbole, dit-il,
c'est un acte de fui qu'il finit faire ; dans tel
MEMOIRE d'un grand nombre de curés et d'ec'
antre c'est un acte d'espérance ; ce qui est
clésiasliqaes présinté à Fil. l'archevêque de
contraire au texte même de ce symbole ;
Sens, 1732.
dont lotîtes les parties sont renfermées sous
On renouvelle daiis ce mémoire les pro- ce mol credo, jpi crois ;
:
EU GON GON 542
Oii'ôh â îorl Je dire que les pasleurs du se- teur du calécliisme qu'on veut décrcdilcr
roiid ordre sont (/nucernés et conduits par ici. parce qu'il sape le jansénisme parles
rnnlorilé souveraine du jiape et des évh[Ues fondeiiiints.
(
pyge 2G ) ; que les simpl s prêtres sont Le donneur d'avis avance hardiment qu'el-
juges de la doclrinr, coiijoiiiletneiil avec les les ne peuvent pas eu conscience enseigner
évoques ( pa;;i' 29 ; qu'ils ont voix décisive
)
aux cnf mis nouvrati catéchisme de leur
le
en mulière de dnclrine ; que c'est là une pré- arclievOque preuve qu'il en apporte,
; et la
rofjnlive atinchér au carnclhe du second or- c'est que M. l'évéque d'Auxeneel feu M. l'é-
dre ( paijeSO ; et il Iraile avec mépris (p ijïc
)
véque de Troyes ont assuré dans leurs ou-
27 ) un concile de Bordeaux qui a condamné vr.iges que ce catéchisme ne valait rien.
cellemaxime ;
L'Anonyme achève de se démasquer dans
Que c'est falsifier le texte de l'Apotre, po- .h seizième page. On ne peut pas dire sans
suit episcopos reyere Ecclesiam IJei, de le erreur, dit-il, qne Cévérjue ait s'ul le droit
traduire ainsi Le Saint-Esprit a établi les
: d'i nseigner, et que les prêtres ont l'obéissance
évéf/ues pour (jouverner l'Eglise de D eu; pour leur partage. Ce que Jésus-Christ a dit
qu'il fallait Irailuire le mol Ciiscopos, par aux apôtres, ne l'a-t-il pas dit aussi aux dis-
celui de snrveillunts, pasteurs, en quoi il ciples ? Les paroles de la promesse regardent
se lonl'orme aux couuuenlaleurs calvinis- aussi te prêtre du second ordre.
te» (1); et il va nK^ine plus loin que les Bi- C'est là, comme l'on voit, renouveler l'Iié-
bles (le Genève où le mol de l'Apôtre csl résie u'Aérius, et enseigner le pur et parf lit
rendu n français par relui d'évèi]ue;
( presbytéranisme.
OiiC ce n'ist pns à l'éié'jue seul qu'il ap-
partient de décider : que le droit de décision
Remarques importantes sur le catéchisms
d'appi auver ou île soutenir aucune des pro- solue du péché d'origine, Dieu n'a jamais
po.^Mons Cou lamnées dans ladite bulle... voulu d'une vraie et sincère volonté sauver
lui c inséquence de ces erreurs, tant de
aucun des réprouvés. L'abomin^ihl doc-
fois proscrites par l'Eglise, M. rarchcvéciuc Et faul-il être surpris si elle enfante
trine !
de Sens condatuna ce libelle anonyme , tous les jours dins le royaume tant d'im-
comme contenant et insinuant des proposi- piété et tant d'irréligioa ?
tion^ respectivement fausses, captieuses, té- L'observateur trouve fort mauva's qu'en
méraiies, calomnieuses scandaleuses, erro-,
parlant du gouvernement de l'Ljjlisc, on no
nici sdiiant ihérisie; impies, hlasphémi-
,
fasse nie.ilion que du pape et des éiêques;
lidres , dérogeant à la bonté de Dieu , il prétend, coumie l'hérétlqui' de Duminis cl
S(/iismiitif/ues (t hérétiques. comme Richer, que le pouvoir de gouverner
Avis aux personnes chargées de iintlruction est donné à toute l' Eglise en corps, c'esl-à-
de la jeunesse dans le dioci'se de Sens, tmi- dire à la société entière, en tant ((u'ellc ren-
chanl l'usage du nouveau catéchisme, in-4°, ferme le peuple avec les pasiems.
20 pag., sans oui d'auleur, de ville et
i !l l) àme la praliipie de consullrr son pas-
former à ses avis elles verront bientôt Sa- les, en lo8o; de Cam!)rai, en 158t! de lou ;
tan brisé so'is leurs pieds. Or, ce Satan louse, e:i 1590; d'A»ignon en Ij'J'j d'Aix, ;
n'est autre que .M. l'arclicvcque de Sens, au- en 159b de Malines, eu 1607 ; de Narbonûe,
;
loppe ces deux articles plus au long que ce- Supplément au grand Dictionnaire histori-
lui de Sens. que ,
généalogique, géographique, etc., de
F.nfin,suivant les observations de l'ano- M. Louis Moreri, pour servir à la der-
nyme, on est obligé, sous peine de péché, nière édition de 1732 et aux précédentes.,..
d'agir toujours par le motif de la charité Paris, 1735, avec approbation (de M. Gai-
théologale et il ne peut y avoir de milieu
;
liol) du 27 octobre 1735, 2 vol. in-fol.
cnire les actes pro|;res de cette vertu el ceux
Nous rapporterons ici quelques proposi-
de la vicieuse cupidité. Nous avons déjà
tions de cel ouvrage en y joignant de courtes
montré plus d'une fois quelle foule d'er-
remarques.
reurs ce principe monsirueux entraîne avec
Première proposition. Page 1 de l'ayer-
Ml.
lissemenl. Quelque préférence que l'on doive
GOUJET (Clai'de-Pierre) naquit à Paris, donner à l'édition de Moreri de 1732, sur
d'un tailleur, en IGiH, fut chanoine de Saint- toutes les précédentes.... (Il faut observer que
Jacques de l'Hôiiilal, cl passa toute sa vie de toutes les éditions, c'est la plus favorable
dans les travaux littéraires. Il mourut à Pa- au jansénisme.)
ris en 1767, après avoir été quelque temps Seconde proposition, t. 1, page 69, arti-
de la congrégation de l'Oratoire. cle d'AiBERY. Jl ne manquait pas auasi de
Tioujet croyait qu'il avait été guéri d'une savoir mais il n'avait pas puisé sa science
;
malailie en 1735, par l'intercession du diacre dans des auteurs du premier ran /, et il s'é-
Paris. Il fournit des articles aux Nouvelles tait fait nu mérite de s'élever contre les jan-
Ecclésiastiques, et des préfaces et dos notes à sénistes. (Ce fut toujours un véritable mérite
beaucoup d'ouvrages du parti. C'est lui qui dans les enfants de l'Eglise, d'altaquer avec
rédigea le prospectus pour l'édition des zèle les parisans de l'erreur.)
OEuvres (rArnauld, faite à Lausanne. H Troisième proposition. I. I p. 123, art.,
écrivit à l'archevêque d'Uirecht pour adhé- Hkrésies. Dans le vr siècle on compte, dans
rer à son concile et Ir.ivailler aux Extraits Moreri de 1725 parmi les hérétiques, les
,
des Asserliims (ie'iicsuiU's avec Minard et le prédestinaliens, qui n'ont jamais existé. Un
conseiller Roussel de la Tour. 11 donna quel- auteur moderne en a fait ttne histoire pleine
ques autres écrits contre les Jésuites, il d'absurdités et de suppositions fausses, (Les
fournil ierécil de quelques miracles de Paris absurdités el les fausses suppositions sont le
dans le ridicule recueil de Monlgeron ; il fit partage de ceux qui, contre la foi de l'hi-
une lie de ce prétendu thaumaturge, il stoire, osent nier l'existence des prédestina-
donna aussi les Vies de Vialnrt, de Sinf/ltn, tiens dans le sixième et le neuvième siècle.
de Nicole: les Eloges de Levier, de Giberl, Ces suppositions et ces absurdités appartien-
de La-hbert , de Floriot , de Thoinns du nent surtout d'une manière spéciale au pe-
Fossé, etc., etc. Il donna beaucoup d'autres sant compilateur dont nous examinons ici
ouvrages ; nous nous arrêterons sur les sui- l'ouvrage).
vants. Quatrième proposition. Ibid. Gotescalk
a été accusé faussement d'hérésie, el plusieurs
BiHLi THÈQUE des écrivains ecclésiastiques ,
auteurs très-c nnus l'ont justifié dans des ou
'3 vol., pour faire suite à celle de du Pin.
vruges publiés (ajoutez, ouvrages remplis do
Dans cel ouvrage l'abbé Goujet se montre
l'cspril d'erreur et d'hérésie).
consiammont grand admirateur de l'évê-
Cinquième proposiiion. t. I pag. 12t. ,
que d'Ypres.
M. de Héricourt, dogcn de l'Efilise cathé-
drale de Soissons, mort appelant de la consti-
Discours sur le renouvellement des éludes
tution Uitigenitw:, le 19 feirier 1731, a été
depuis le xiv siècle.
sincèrement regretté et pleuré des gens de bien
On le trouve dans la continuation de l'His- et des personnes raisonnables de tout sexe el
par le P. Fabre {Voyez
toiie ecclésiastique, de toute condition. Dès qu'il fut mort, toute
ce nom], que l'auleur avait beaucoup aidé, la ville Ma
avec empressement lui baiser les
515 COU GOU S46
par une ordonnance publique l'u l'ô av il l'Fglise par h ur obstination et perpétuèrent
1693. (iM. Goujet se constitue, comme on d- miilheiiicnses querelles, y sont vantés
voit, le vengeur des jansénistes qui ont été conmie de- Pèn-s et .les lumières de l'Eglise.
547 DICTIONNAIHE DES JANSENISTES. SiS
par son archevêque, M. de Vintinii'lo, il vé- qu'il liit envoyé aux Ktats-Généraux. Nous
n'avons pas à nous occuper de sa
"' ~" vie pol"
cul caché, ne s'oC(upant qu'à écrire in faveur
'
' ~ ' "
du parti qu'il avait embrassé, et mourut le Ijque ou des fai's qui sont la conséquence
1 j a> ril 1775, à Pai is. Le curé de sa paroisse
(le ses opinions. 'Nous dirons sculcnienl que
lui refusa les derniers sacrements; mais p.ir lorsque la constitution ciiiledu cleigé eiit
ordre du parlement et des huissiers exécu- été décrétée, il fut le premier ecclésiastique
teurs, il administré.
fui qui prêta le serment, cl que deux dépar.e-
tiev de uuuisici,
Elèv.- ui; Gourlin lui
Boursier, vjuuiu.i .u. succéda
=u^iv.uu incnls l'elurent pour évéquc, la Sarllie ct le
dans la tâche de composer des écrits pour Loir-t t-Cher. Il opta pour ce dernier et fut
les évcques et les curés qui lui en deman- sacré le 13 mars 1791. Sa carrière ecclésias-
dai 'ni, et pcul-élre pour ceux qui ne lui en tique fut terminée par le concorda!. 11 écri-
demandaienl pas. Son premier ouvrage en ce vit beaucoup pour la défense de l'Eglise
genre fut un Mémoire pour des prêtres du constilulionnelle, dont il était la plus ferme
diocèse lie Sens contre Vlnstritclion p'isto- colonne ouire un grand nombre d'arlic es
:
raie de ,M. Languel, du 15 août 1731. C'était dans les Annales de la religiin [voyez Des-
alors l'usage d'exciter les curés à réclamer bois), il publia aussi un gr.ind nombre de
contre la doctrine de leurs évèques. Ce M(f- lirochures. Nou-seulemenl il fil beaucoup
moire, publié en 1732, fui suivi d'un second, parler de lui, mais il en parla beaucoup lui-
publié de 17i-2 à 1755, en 2 vol. \n-'*°. <îour- même, et il mourut le 23 mai 18)1. On peut
lin inlcrromi>il quelque tomps ce travail, p:ir
"- --•:-.- dans
voir son artic'e ^ i~ « '•- j-c-.i
\a Biographie de Fel-
l'ordre de Coursier, pour composer Vinslru- 1er. Nous noterons ici quelques-uns de ses
clion pastoral- sur lajitflice chrétienne, pu- ouvrages, et d'abord nous parlerons de sa
bliée en 17i9, sous le nom de M. de P. isli Chronique religieuse qui parut île 1 18 à
gnac. Depuis il donna succcssiiemcnt les 1821, cl dont la collection ro:nie 6 vol. iu-8".
Appelants justifiés; liuelques écrits contre Cette Chronique continuait dignement les
l'abbé de Prades car Gourlin est de ces cens Annales de la religion, qui avaient continué
qui, à la honte de l'esprit humain, combat- de même les Nouvelles t'cclésiastiques. Ceux
I» .A..:!.;, ni l'/x..........
vérité Pi..^r\ïAlA
et l'erreur, l'impiélé
£i
etî1 .1
la fiii
foi mil y
qui V travaillaient
f rH V H on
.1
avec
ï I^rpnr.'ii ni
ninf. Grégoire
1 1 ï âtnii.iit
étaient
1
tent la
avec une ardeur égale) cinq lettres aux édi-
;
Deberlier, ancien évêqne de l'Aveyron; le
teurs des œuvres posthumes de Petit-Pied, président Agier (fu//C3 son article); le pair
1750; Examen des Réflexions sur la foi adres- de France Lanjuinais ; l'abbé 'l'abaraud,
sées à M. rarclieiéque deParis, 17C2; l. tires éi dont nous parlerons plus loin ; l'ubbé
un duc et p lir sur l'instruction pastorale île Orange, qui avait été aussi rédacteur des
ce prélat, du 28 octobre 1703; requête conlic Annales, tic.
les actes de 1705, elc. Nous avons vu qu'il Légitimité au serment civique exigé des
fui auteur de VJnstruction pas:orale, pub.iée in -8" de
fonctionnaires ecclésiasii'/iies ;
OEuvres posthui e.? étaient de l'éditeur même. Il dans VAmi de la religion deux nr-
y a
C'était encore Gourlin qui rédigeait ce qui sur cet ouvrage. Nous allons extraire
ticles
paru! sous le nom de M. de Beauteville, évo- quelques passages du premier (ton. XIV,
que d'Alais, dont il a\ail gagné le grand vi- « Je défierais le plus bab !o
n° 301, paiie 33'7).
caire de confiance, ct dont par ce moyen, il faiseur d'analyses, dit l'auteir, de par\enir
dirigea les démarches, comme il avait dirigé à en faire une bonne de cet ouvrage incolié-
celles de.M. de Filz-James. Le même lut éditeur renl cl confus, assemblage informe d'anec-
du Traité de la nature de l'dme et de l'origine doctcs vraies et fausses, de réflexions dé-
de ses connaissances, par Iloclie, contri' le cousues, de sorties déplacées, de digressions
système de Locke. Enfin il est auteur de ['In- ennuyeuses. On ne sait jamais où en est l'.iu-
stitution et instruction chrétienne, dile Je teur ni où i; va; il confonl perpétuellement
Catéchisme de Naples, et dédiée à la reine les épo ;ucs ; il cite à tort ct à traversiez
des Deu\-Siciles, 3 vol. in 12 ouvrage par- : au'orilés les pins suspecie;. C'eU dans des
ticulièrement cher aux appelants, parce que recueils décrics qu'il va le pins souvent
leurs maximes y sont développées avec une chercher ses témoignages et c'est là-dessus ,
préférence et une afîectation marquées. qu'il fovde ses plaintes cl ses reproches. Pas
Gourlin présidail aux Nouvelles Ecclésiasti- plus de criliqu que de méthode, ni de rai-
ques, et a même eu part, dit-on, à tous leis sonnement que de si j le. E-say ns ce[^^endant
écrits sortis de son parti dans lei Ircnle der- de distinguer quelque chose dans ce chaos ;
nières années de sa vie. cl si nous ne parvenons p is à bien analyser
GllEGOlUE (Hesri), évéquc consliUili hi- cette production sineulière , délachons-cQ
»49 GRE GRE 550
quelques traits. Nous n'avons gnrac ae cher- bien précieuse; il aurait pu s'apercevoir
cher à réfuter loiilos les nssertioiis clo l'au- que le même fait est rapporté dans les Mé-
loiir; il f.iuclrait pour cela des volumes, et, moires pour servir à l'histoire ecclésiastique
en vérité u'ia n'en vaut pas la peine. Nous du xvm' siècle, tome H page i35, et que ,
nous bornerons donc à des remarques qui le pape, dans un bref aux cardinaux fran-
feront juger des principes et du goût de çais, annonçait cet acte si mystérieux et si
M. Grégoire, ainsi que de la confiance qu'il occulte.
mérite.
L'auteur, après avoir tracé à sa manière
M. Grégoire proposé de faire l'his-
s'est ^
crements aux mal, ides, ou bien ci lies qu'on tranche la (|iieslion avec la même faciiité. II
commencer par s'entendre; mais je serais se consolerait d'en voir un second, comme
tenté de croire que c'est ce dont se soucient Buonaparte lui en avait donné quelque temps
peu ceux qui ne l'ont sonner si haut nos li- l'espérance. Louis XIV, qui n'élail pas si
épris de ce doux moyen que l'évcque coi:Sli-
bertés (juc pour avoir le plaisir d'y liouver
lutioiinel, (it donc la faute d'écrire au pape,
toui ce qu'ils veulent, et de faire passer sous
le 24 septembre 1G93, une lettre où 11 lui
ce nom des systèmes funestes à l'Eglise, et
subversifs de sa discipline. Je gagerais même annonçait qu'il avait donné des ordres pour
que M. Grégoire, tout évéque et tout gros que les choses contenues dans son édt du
de citations qu'il est , aurait de la peine à 2 mars 1G82 ne fussent pas observées. Plu-
nous spécifier bien nettement en quoi con- sieurs évêques nommés écrivirent aussi dan.»
sistent nos libertés. Il a l'air de regarder
le même
temps, et chacun en son nom, une
coniMie des auiorités à peu près égales les uns ont cru voir une ré racta-
lettre oii les
lion, t.inJis
que les autres n'y ont trouvé
quatre articles de ItiSi, ou un arrétdu p,ir-
leuient; il met prosiiue sur la même ligna qu'une excuse générale. Ce qu'il y a de cer-
tain, c'est que les signataires
Bossuel et Durand de iM.iillanun; il a sous y assurent
la main un tas (l'écrivnins jdtucnhti s dont il que leur intention, non plus que celle du
clerijé de Fi ance, n'a ],as été de rien
étale complaisammcnt les pass.iges, et qu'il détermi-
nous donne bonnement comme des espèces ner sur la foi, et de proposer au':un doqme
d'oracles. Ainsi , vous le voyez s'appuyer comme appartenant à la foi. Laissons M. Ùré-
tour à tour sur Caylus, l'évoque d'Au\erre , goire se récrier sur la pusillanimité des
évo-
sur Colbert, l'évêque de .Montpellier, et sur ques
des hommes tout à fait obscurs ou décriés ;
M. Grégoire aurait pu se dispnser de
Le Gros, Gau'hier, Minard , ['Avocat du faire ntrer dans son Essai ce qui s'est
(
diable, etc. Ce dernier recueil, aussi insipide passé en France à l'occasion du livre de
qu'impertinent, est un triste lémoignage à Quesneletdcla bulle qui le cond.imraait.et il
invoquer, et j'ai bleu mauvaise opinion de aurait bien dû nous faire grâce d'une foule
la sag.icite et du discernement de celui 'jui d'anecdotes apocryphes, de réllexions niai-
i
écrit l'histoire sur de telles garanties. ses et de déclamations vagues qu'il a trou- i
M. Grégoire a la prétention de savoir vées à cet égard dans les écrivains jansé-
beaucoup de choses, et d'avoir fait des dé- nistes du temps. Les Uexnples, h's Mémoires
couvertes qui avaient échappé aux recher- sur Port-Royal, la Vérité rendue sensible
la ,
ches faites avant lui. Ainsi il f.iil grand bruit Vérité persécutée par l'erreur, et autres pam-
des pièces curieuses qu'il a trouvées dans phlels de cette force, sont de tristes sources
,
'
•iNoiis ajoutons ce mol, que M. l'icoi ix oiililié toutes lois qu'il a iioiiiiiié ce grand poniifc cdwvmsé
par ri^I^lise.
.
quelques années, de célébrer la sainte messe l'ied dans sa fameuse Le^re, imprimée en
,
(Voyez BniïjLET, de Gknnes). Le soi-disant décembre 1735 « C'est une chose incom-
:
lui eontia la chaire de théologie de son sé- qu'un célèbre théologien des nôtres a osé
minaire d'Amcrsfort emploi qu'il remplit
,
entreprendre de Vautetir des Nouvelles Ecclé-
arec tout le zèle d'un enlliousi.isle jusqu'à siastiques. L'air de la Hollande est conta-
EH m;irt, arrivé'' à Itliinwik près d'Utrecht, ,
gieux. Le convuMonismc, monté sur le figu-
le '• décembre ITol, à soixante-quinze ans. risme a pénétré dans cette province; il y a
infecté pr.sque toutes Ls létcs : le bon cœur
Du nENVEiisîîMENT (hs libertés de VEgliae de notre théologien fait illusion à son esprit.
gallicane, dans
l'affaire rle'Ja'conslilulion Parmi les appelants qui ont de la réputation,
Unigenilus. 171G ou 1717, 2 tomes in-12. il esl le seul qui ait fait une si t 'méraire en-
M. Le Gros fait ici montre d'un zèle qu'il treprise aussi n'esi-il avoué d'aucun de ses
;
n'a pas pour la conserv;itiou de nos dioils confrères, et nous sommes ici bien autorisés
légitimes (1). 11 a cru qu'en s;> couvrant de de leur part à ia désavouer. »
ce spécieuv prétexte, il séduirait plus aisé- Pour montrer combien cet écrit oe Le Gros
ment le peuple, et sur^jrendrait uséme des est indigne d'un chrétien nous en allons ,
personnes plus éclairées, il s'est trompé. A rapporter quelques traits ils sont si mons- ;
peine son livre parut-il, qu'on publ a une trueux que leur difformité suffira pour en
,
(I) L'auteur de ces réflexions emploie, en parLini bien tenir, il y a cent ans, dans un journal ou
(\dlait
des préienitues libertés gallicanes, un langage qu'il dans un livre qu'où voulait publier.
j 1 ,
çue relies qu'ils avaient puisées à SaintSul- différence n'est-elle pas aussi grande qu'on
pue OH rians clef écoles encore plus suspectes.... le pense.
Au milieu de la capitale du royaume, s'éle~ Il e^t(page 9) extrêmement embarrassé
Vident des séminaires et des écoles pulilii/ues des excommunications ipso facto que l'on
cil l'on faisait profession d'ensei ner les fables encourt en lisant les livres dont la leclure
vltramont ines avec le uiolinisme ; et c'était esl défendue sous cette peine. Pour s'y sons-
dans es sources emjioisonnées que la noblesse
< traiie, lui et les siens, il prétend que cello
française qui se destinait à l'é.at ecclésias- défense est dans ces bulles une clause abusive.
ti'jue ollaii puiser, et c'est là que se formaient Il loue ( page 86 ) Saini-Cyran aux dépens
les évéques. de saint Vincent de Paul, sur quoi il a été
Enfin , pour joindre nuK \ices du cœur soliiloment réfuté par M. Collet, dans son
l'ahsdidilé et les tléfauls de l'esprit , Le tires livre intitulé Lettres critiques sur différents
:
nous donne, page 17, coiiune nne chose ca- points d'histoire et de dofjme , adressées à
pable de rajeunir l'H^lisc ou du moins de la i'auttur de lu Uéponse à la'Bibliothèque Jan-
consoler dans .-ïi lieillesse { le croir lil-o ? ) i séniste par M. Le Prieur de Saint-Edme.
,
l'abdication volontaire de révér/ue de Saiiit- 1744. Ces lettres mettent en pou Ire tout ce
Fuponl de cet infortuné iirélal qui fut le
, que dit Al. Le Gros, soit en faveur de Saint-
jouet et la viclim du pirli. Au reste, Le
' Cjran, soit conire saint Vincent de Paul.
Gros est un des chels di: p;irti des figurisles. 11 prétend ( page 15
_ )
que c'est une imper-
Il n'a pas rougi d'onscifiner publiquement, tinence ( car il aime beaucoup ce terme) de
dans 1rs écrits qu'il a dictés à Ulreclit, qiio dire que le système de la délectation victo-
le grand prêlre 7/''7(, déposé du sacerdoce, rieuse conduit au quiélisme, couioie si la
nous marciuail clairement (|uc le pape serait chose n'était pas démontrée.
liienlôt dej)osé , parce qu'il a prévariqué à PagelS, ilailaque le saint el savant arche-
l'exemple d'iléli. Dans cette ridicule pensée, vêque de Vienne, M. De Saléou, sur les Irois
^oici cumme il a expliqué ces paroles du Lettres qu'il a adressées à M. Bossuet, évéque
premier livre des Rois, cliap. 2, .<uscilabo de Troyes.
viihi sacrrdotem fnle'em : Nous aurons hien- P;ige 57, en parlant de M. l'ovêquede .Mar-
lôt un pipe juif [Voi/ez Eiemare). Avouons, seille, il dit Un M. de Delsunce; mais quel
:
après cela, que tous les fanaiiques ne sont autre qu'un Le Gros peut parler avec si peu
pas dans les Cévennes, et (|u'iin pareil appro- de respect d'un des plus respectables prélati
bateur des Nouvelles ecclésiastiques est par- du royaume?
faitement assorti au mérite du libelle dont il Il suppose que c'est le sens de Calvin
qui ,
a pris en main la défense {Votjez Fontaine). a été conlamné dans les cinq Propositions, el
il ne dit sur cela que ce qu'a
RiiPONSE à la Bihliolhèijue Janséniste, avec dit sa secte,
des remarques sur la réfutatinn des cri- dans l'écrit à trois colonnes, etc.
ti'jues de M. Eaijle , et da éclaircissement» Ce vieux liéréli(iue a l'insolence de pré-
sur les lettres de M. de Saleon évéqae ,
tendre que quand ou transgresse une lo'
dclihodez, à M. IJossuet, évé /ue de Trai/es. souvent, elle n'oblige plus, el qu'ainsi,
Naniv, aux dépens de Joicpli Nicolai, 17iO. parce qu'on a transgressé la bulle d'A-
lu-12; W8 pages. lexandre MI, il n'en doit plus être question
C'est donc pour cela que la secle ne cesse
Le Gros dans cet ouvrage, veut faire
,
qu'un nomme, ceux qu'on appelle, ceux à qui sa révolte même le drot d'infirmer la loi
fonde la délectation viilorieuse avec la né- suivie par les of/iciuux n'a fait refuser les ,
yeux de tout le monde ? Les catholiques , les n'ont pas tort; c'est leur raisonnement.
calvinistes, les luthériens, la voient ti'us, 11 soutient on plein le richérisme, et il est
celle coi!/"ormi(e, parce qu'elle esl en effet surpris, dit-il, page SO , qu'on ait souscrit
sensible et palpable. Ou delinit quelquefois CI) France à la condamnation de la 'JO' pro-
un janséniste, un huguenot qui va à lu inesse. position de Qucsnel.
Poiiiciuui? parce qu'il est évid nt qu'à la Maniel di cnnÉriF.'), contenant le livre
messe près , le jansénisle s'accorde avec des Psaumes, le Nouveau Testament et l'Imi-
\e Jjuguenot. Encore, sur la messe même, 1 tation de Jésus -Christ, avec l ordinaire de
DlCTlOnNAlUE U£S Uéuésies. 11.
IS
555 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 55B
fa mwje. A Cologne, aux dépens de la com- Il ne pas moins qu'anc tête nnssi
fallait
pas;nie. 1740, ia-18. folle el aussi impi'^ que celle de Gu..v>r
Il a été imprimé à Utrecht, sous le nom pour concevoir l'idée fanatique qui remplit
tout ce 1 belle.
de Cologne, ei réimprimé à Paris.
Tout le monde sait qj'on a fait une infi-
fjudver prétend que par la Constitution,
Jcsus-Ciirist est ercoinmunié ; «I, en consé-
nité d'é iilions du Nouveau Testaaient de
Mons des psaumes al- quenee, il a dressé des p; ières pour honortr,
; qu'on a publié aussi
dit-rl, page 61, le mystère de Jésus-Clirist ex-
Icrés et corrompus, et des traductions infi-
dèles de rimilalion do Jcsus-Cbrisl. Le .'\Ia-
communié. Un autre sou; ôt de la secle a fait
faire une estampe qui représtnle Jésus-Christ
nuel dont il s'iîgil réunit ces trois objets
daas un Irès-pelit volume d'une impression daas le désert, et le diable, qui, pourtenier
nompareille. Lu tra iuction du Nouveau Tcs- Kûtre-Seigneur, lui présente la (Constitution.
lamenl c.-l pus mauvaise, plus infidèle On voit, par ces traits odieux, que Jésus-
de Mons. Pour la version des Psau- Christ lui-même est devenu le jouet de ces
(jue celle
liveriil dans la préface qu'elle est
hypoeritis, qui font a leur gré servir son
iii s, on
Entretiens sur les miracles de M. Paris. Cooim il ne passait pas pour un habile
•
tisan ridicule du d acre Pars, après s'être mort arrivée en 1S03. Les Nouvelles ccclésias-
donné si longtemps en speclacle, et avoir t ques finirent avec lui. Lorsque les temps
éié la table du public, par tant de scènes
furent devenus plus caluies, Gu.nin tra-
iiidérent?s, a eu !a confusion de s'en re- vailla aux Annales de la religion, qui s'im-
tourner dans son pays, avec la jambe aussi
1 rimaient chez Desbois, et qui étaient dignjs
défeclueuse qu'auparavant , et la réputatian en tout de soccéder aux Nouvelles. (Voyez
plus flétrie que jamais? Voyez Bescuerant. Di'SBois.) 11 pnraii q^'il n'était pas daas les
JÉsus-CnRisT sous l'anaihèûic. ordres sacrés, ou qu , tout au plus, il avait
Libelle de G7 p.iges, sans compter l'Aver- reçu lesous-diarouat. Gueuin mourut à Pans
Jissemenl et la Préface. le'l2avr 11807.
6bl GUE GUE iss
GDERARD (Robert) naquit en 104.1 à rait pas droit pour cela de refuser les tacre-
Rouen, entra dans la consré'^alion de Sainl- nienls.
Maur, eut p;irt au livre iiiiiiulé VAIibii com- isous ne parlerons ici que de ce qui re-
mendataire, el l'ut, pour cela, exilé à
Aui- i
garde la Constitution.
bournai, dans la lîresse; de là il fut envoyé I. M. Guérel a grand soin de répéter ce
à Fécamp, puis à Rouen, où il Diourut en que ont dit mille et mille
les quesnellistes
1715. fois , que
bulle e-i uniquement le fruit de»
la
inlrigues de la sociéîè; que les 101 proposi-
AiiRFGÉ de la sainte Bible en forme de ques- tions sont susceptibles d un sens vrai et or-
tions et de réponses familicrps avec des
thodoxe (pag. 32); qu(> ce n'esiqu'à forcf du
éclaircisseynenfs tirés des SS. Pèes el des
glosfs et d'interprétations sinistres qu'on a
meilleurs interprètes, divisé en dnix par-
pu leur attacher un sens faux et condam-
ties, l'Ancien et le Nom eau Testament ,
nable ; qu'on peut les défendre, sans être
troisième édition revue et atnimenlée.
hérétique en aucune manière (page 12^;
Rouen, Nicolas le Boucher, 1711, deux vo- qu'on n'est que lorsqu'on
sehi^mutique
lumes iii-1-2. Pub i en latin avec des prolé-
!
,
premier tome, après celte demande Dieu : qu'ils sont soumis à toutes tes déc.sions de
était donc obliijé de donner la grâce au pre- V Eglise; qu'ils embrassmt et qu'ils professent
mier liomme ? Il répond Dieu ne peut fiire un
: tous les doi/mes et toutes les vérités que
corps parfait ^ans toutesses parties. Il ne peut l'Eglise enseigne, et qu'ils condamnent de
faite une créa'ure intellectuelle, qu'il ne lui tout leur cœur toutes les hérésies et les >-r-
donne sa grâce. Voil.'i l'erreur de Baïus, qui reurs que l'Eglise proscrit et condamne
disait que l'éîat de la nature pure éiait im- (page 12).
possible. lirrcur inconcevable car, si la : Expressions, comme on voit, purement
grâce élait due à l'homme avant sa chute, jansèniennes, et qui montreni évideuuueiit
ce ne serait plus une grâce, mais une dette. que l'auteur ne regarde nu lement la C u-
Le pélagianismc se trouve donc iri uni avec stiiution comme une décision de l'Eglis';
le jansénisme; cl c'est ainsi (juc les extré- qu'au contraire, il approuve ceux qui refu-
mités se touclient, selon la remarque de sent de s'y soumettre.
saint Jérôme. Il les comble en effet d'éloges ; il les re-
2° L'Eglise nous enseigne que Jésus-Christ présente comme les meilleurs de tous les
veut sauver tous les hommes Omnea homi- : chrétiens, et en un sens comme les seuls
nés vult salvos fieri. 1 'l'im., c. II. et que Jé- vrais fidèles, tandis qu'il n'épargne ni les
sus-Christ a prié non-seulement pour les iineetives, ni les traits satiriques, à ceux
élus mais aussi pour ceux qui ont le mal-
, qu'il dit èlre leurs uni(iui's aihersaires.
heur de ne l'être pas. Le P. Guérard insi- II. Il prétend que les opposants ne sont
nue une doc rine toute contraire, dans la point coupables d'hérésie , et voici comme il
page 187 du second volume. Jésus-Christ, s'exprime, page 22: Quoique le pape et les
dit-il, finit ses instructions en demandant à évèl/ues aient pris les propositions du l'.Qties-
son Père l'esprit d'arnoxir et d'union, et la nel dans un sens mauvais, conihimnable et
grâce de la persévérance pour ses apôtres et même liérélique, en les prosrriiant sous ces
généralement potir tous ceux qui devaient qualifications; cependant ceur qui n'y toiml
croire en lui, et à qui il devait donner sa point ces sens mauvais et hérétiques, et qui
gloire. ne les soutiennent que dans des sens vrais et
CiUÉRET (Louis-Gabriel) naquit à Paris, orthodoxes , ne sont point coupables d'hé-
fat docteur do Sorbonne, se fit connaître par résie.
quelques brochures en faveur des réfractai- L'auteur affecte ici d'ignorer que c'est
res aux décrels de l'Iigliso, el des moyens dans leur sens naturel que l'Eglise a con-
qu'ils employaient pour soutenir leur ré- damné les loi propositions, el que les ap-
bellion. Il mourut à Paris le 9 septembre pelants les souiieiinent aussi dans le même
1759, à l'âge de 80 ans. sens d'où il s'ensuit que, si les appelants
:
lontaire de l'unité de l'Eglise, soit en se reti- les écrits de Thcodoret et d'Ibas, quoiqu'il
rant, soit en ne voulant pus en reconnailre le n'en eût jtistilié que la personne. En est-il
ehff. Or, ajoute-l-il, il est visible que ceux de même des opposant' ? En rejetant la bulle
gui n'acceptent pas re-
la bulle Uni;^\'niliis, l'iiii/enitus, onl-ils quelque autre bulle stT
conhaissiiit le pape comme le chef île l'Eglise, le jansénisme, dont ils puissent s'autoriser?
elc. EliMiige illusion <le l'aulcur il ne veut ! Ne rejelteat-ils pas toutes celles iiu: ont été
pas ai.ercevoir la coiiliadiclion sensible qui auparavant publiées sur celle malière?
se Irouv."! onlre le laiigasçe des opposants et Les Occidentaux, qui refusaient de sou-
leur conduite. Ils reconnaissent le pape, et scrire, n'étaient nullement ne>loriens iis ;
œcuménique de Chalcedoiue, en quoi ils alisé les fidèles, et que M. Bossuel, après
avaient raison, et de l'autre, ils supposaient avoir essajé de le rectiûer, à l'aiile de six
fauâscKcnt que ce concile avait approuvé .:-<:-Js cartons qu'on lui promit de melir»,
5G1 GUI
GUI S62
renonça à ce dessoin, et abandonna l'ou- voif; mais qui, en le voyant, ont
vrage à son malheureux sort? manifesté
la hoiitiî de leurs auieurs 1
refuser le viaiique à un péclieur public, s'il Il eut avec le même une controverse sur
ne viut pas répaicr le scandule qu'il a la loi du silence. Cclavoc.il avani publié, en
donné. Or celui qui est no'oinment opposé 1738, un éi riti'itiluîé Laléiiilimité et In né-
:
prélat. Il ne voulut pas même pr< ndre la Di.i.i.oGiE entre un éréqne et un curé sur les
préirise, pour ne pas signer le Formulaire. mariages mixtes des proteslunls. 1773.
Après avoir |irofessé les liumanilés et la Dans cet ouvrage superficiel et déclama-
philosophie à ézénas et à Condum, il fut
I toire, Guidi plaide avec beaucoup de cha-
appelé à Soissons par iM. Filz-Jnmes, et il leur la cause des calvinistes. Ses sopliismes
rédigea avec V;illa rlCh.ibot, le Dklionnaire fuient dévoilés jiar le dominicain Chai les-
Itisiurtqiip, liUciaire et criiiijui', publié Louis Rii hard, dans Les protestants débou-
sous
le nom de Banal e'esi lui qui fournit l'ar-
: tés de tmrs prétentions par les principes et
licle Saint-Cjran. Il passa ensuite à les paroles mêmes du curé leur apolof/isle.
Lvon
sous M. de Moiiiazet, et devint piéfcl des Liège, 1776, in-12. Guidi fit une suite à
éludes au collège de l'Oraioire. Après la son Dialogue qui fut réfnté ingénieusement
mort de cet arrlie\êi|iie, il fct accusé do jan- par le même n liiMeux, dans les Cent ques-
sénisme et cbassè du ilioecse à l'âge de 77 tionsd'un paroissien, Liège, 177C, in-12.
ans :il se relira dans la maison
de repos de Tout l'ouvrige du prêtre j.inséuiste, de-
Marseille (ui appartenait à son ordre, et il venu avocat des calvinistes, fut misau néant
lit le serment. 11 mourut à Ilières, d.ins sa par le livre de Jean Pey, intitulé La loii- :
famille en nui. Il élait ami de l'abbé de rance chrétienne, opposée «ît tolérantismt
Cellegarde, et fort anient à répandre les li- philosophique, ou lettres d'un patriote t.u
vres de son parti. Ses ouvnges sont :Ex- soi-disant curé sur son Dialogue au sujet des
p'icnlion dit lyoïivcau Testament, à l'usage protestants. Fribourg, 178'*, iu-12.
piincipalrmetit des colh'gcs, l7Sa, 8 tcunes
en 5 Vol. in-12. Il y a fiii cnirer beaucoup GL'ILP.FRT (Picrue), tonsuré, naquit à
de p.issages d.s Réf exions mor, 1rs : frmis- Paris en 1097, lut précepteur des pages de
seiiieuis d'une dme pénitnila in-18, souvent
Louis XV, donna les Mémoires hislonqws et
riinipriuié. chronologiques sur l'ahbnye de Port-Roi/at,
La 3« èdiiion a été ai-gmentée
3' partie, de 1(;G8 à 1752, Ulreeht, 1755,
des Maxnnes propres à conduire unprclieur
à une ve'ritable conrersiun. Ce li»re à été tra- 7 vol. in-12; et la premièro pirlie des mo-
duit eu italien. La Morale en ucdon, ntes Mémoires, depuis l'origine jusfju'en
ou 1032, Ulrccht, 1738, 2 vol. Ladcuxièuie n'a
Elile des faits mrmornblcs, cic, conleniut
te Manuel de lajeunesse française, pas été imprimée. Ouvrage minmieux et
1787,iu-12,
OU', ragi- (lesiinéa faire suite au livre empniut d'esprit de parti. Guilbert donna
publié
par Uérenger, sois le même liire, mais qui encore la traduction de /'.loior /jœniVfn» de
N!'crc:issel,3 wd. in-12, vUésusmi Calvaire,
t) a
p is eu le même succès. Il a auss rédigé
le^ tleures ducollé'/e de I yon, et publié une 1731, 1 vol. in-12. Il mourut en 1759.
nouvelle édition du Catéchisme de Naples. GUILLEMIN (l'iERRi-l, religieux bénédic-
Il avait couiuioueé une //i.f/oi/c tinde la congrèjation de Suint-Vanues et de
a'irétjce de
Port-lioy I, qui na pas vu le joir tant
:
Saint-lludulpbe.
liauires histoire, comilèles et histoires Commentaire littéral abrégé sur tous les li-
abrégées l'ont vu, qui n'auraienl pas du le vres de l'Ancien et Nouveau Testament,
,
avec la version française. Paris , Emeri sau, insinue le délestable dogme de Cal?in
1721. sur la réprobation positive; et, à l'orrasion
Commentaire abrégé de colui de rîom de l'an he, une des pri. cipales erreurs de
Calmet, mais fort au-dessoas de l'original. Qiiesiul, s;ivoir que l'Eglise n'est cocoposée
Le P. Guillemia, parlaat de Jacob et U'£- que dci seuU prédesliDéa.
née à pécher, par une certaine nécessité, non 1 senr ne soit plus sujet ni au péché mortel,
ahsohie, mais morale. Selon lui donc, «ne ni au péché véniel ; t quoiqu'il avoue que
<
nécessité, quoique inévi aliIe et invincible cette ol)ligation est connue celle du preniicr
qu'elle suit, n'est que morale, pourvu qu'elle conimanilement , qui ne s'accomplira par-
opère en délectant ; et les dainiios trouvant faitement qu'en l'autre vie, epcndant il fait
;
est une nécessité morale. Suivant ce langage,, n'osera s'y engager. Il en exclut même les
riicurense nccossité, où sont les bionheu-' bons religieux, parce qti'ils ne font qu'aspirer
reuK d'aimer Dieu, n'est aussi que morale, à la perfection, et que les confess itrs (-elon
puisqu'elle vient d'une suprême délerlalion. lui) doivent ravoir acquise pageSG, et dans
Ainsi, selon iM. Hahert, il n'y a dans le ciel, l'édition de 1729; page k3).
ri dans l'enfer, (lu'une né.essité morale, ,
Pour la science, qui est la matière du
quchjue invincible qu'elle soit; et la néces- quatrième chapitre, le sieur Habei l veut quo
si:é qui dclcrmir.e les hommes sur l terre,
:i le c iifisseur soit si savant que, s'il a ob-
n'est nommée morale qu' comme celle qui servé la règle qu'il donne lorsqu'il a élé
détirmine les bienheureux au ciel el les grand vicaire, il n'a permis à personne do
ordonn;> (païe 4ÎI) à de^ gens de travail de de Gémissement d'un cœur chrétien. On ajoute
f.iirc ('es .ibstinemos, des jours de fêles et que l'original latin a été composé par M. Ha-
de dim.inches. 11 dit que la pénitence doit mon, médecin de Port-Uojal, en deux vol.
durer tout autant que ta lenlaiinn où dda ;
in-i2 (1).
va-t-ii? l2nore-l-il donc ciiie la péniience Tout le venin des principaux dogmes du
quo je fais aujourd'hui, si je suis en état de jansénisme y est ré^'andu avec beaucoup
glace, est merilo're pour l'avenir? 11 exige L'au'ctir se démasque suriout à
d'ariifiie.
q e tous les confe>seuis aient une expé- 1 paue 210, à l'occasion de cis paroles de
1
rience consommée. Idée liizarre. Cnminent r.\p6tre La volonté de Dieu est que tnus les
:
s'acquiert celle expérience? C'est sans doute hommes soient sauvés, et qu'ils viennent à la
en con essanl. Pour confesser, il ne faut connaissance de la vérité ; et il insinue clai-
donc pas attendre qu'on ail une expérience rement que ce terme tous ne doit point s'en-
consoHDnée. Or, nuire rigoriste l'a-t-il ja- tendre sans exception, mais d'un certain
mais eue celle grande expérience? Ceux nombre d'hommes choisis, de tout âge , de
qui louent ses principes doivent donc cm- tout sexe, de tout élat, répandus par lonle
péclier qu'on ne fasse des prêtres à 25 ans, la terre. Le Seigneur est prié de rassembler
et qu'on ne donne des cures à de nouveaux seulement quelques uns de nos frères vrais
prêtres 1 fidèles, et quelques-uns de nos frères égarés,
et quelques-uns de nos ennemis, qui soni les
CossLLTATiON sur l'oppeU imprimée à Cliâ-
hérétiques, les païens et les Juifs. Ce terme
lons, in-12'de2't pages.
quelques-uns est employé trois fois pour
Ce!te faible Consultation en faveur de
restreindre la volonié de Dieu au salui du
l'appel suppose partout l'Iiéréliquc doctrine
pelit nombre des élus ; et jamais, d.uis toute
que l'Eglise dispersée n'est pas infaillible, la prière, le mot de tous n'est fniployé,
qu'on en peut appeler à lEglise nssomblée , quoique le texte de l'Apôtre le demande ex-
et que cet appel est non-seulement dévnlutif,
pressément, e! qu il doive s'entendre d'une
mais encore suspensif. Elle est du 21 mars vraie et sincère volonté de Dieu et de Jésus-
1717, et se trouve si;;née par Habert, J. Le Christ de sauver tous les hommes. Car, se-
Meur, Lambert, L. Elles J)upin, de la Cosle, lon l'Apôtre, il doit évidemment avoir la
curé de Saint-Pierre des Arcis, et L. Hideux même étendue à l'égard de ceux que Dieu
curé des Sainls-lnnocenls. Elle est approu- veut sauver, qu'à l'égard de ceux dont il est
vée par trois grands ticaires de Châlons, Dieu. Or Dieu est Dieu de tous les honuiies
L'iigneau de Vaueienne, Taignier etJ.Gtllut. sans exception Dieu veut donc, selon la
:
IIAMON (Jean), docteur en médecine de doctrine de saint Paul, sauver tous les hom-
la faculté de Paris, né à Cherbourg en N(ir- mes sans exception. C'est aussi la Iradiliua
mauîie, vers 1618, mourut à Port-Koyal- constante de l'Eglise.
dcs-Champs en 1687. Il ctait depuis 30 ans Selon le novateur, il n'y a point d'autre
dans celte retrait?, à laquelle il se consacra vertu que la vertu théologale, point d'aclions
pour acquérir des vertus; mais il ccliona tou- bonnes que celles qui procèdent de la c!ia-
jours devant celles qui sont nécessain s pour rilé; on n'accomplit point tous les autres
se soumeître aux decisiuns de l'Eglise, r^es commandements, si on ne les accomplit par
ouvrages, fort recherchés du parii jansé- la charité; la volonié de Dieu est toujours
niste, renferment des maximes étrangement efficace , et la grâce eflicace est la seule
propres à affermir les esprits dans la rébel- grâce de notre élat. Ainsi, il n'y a point de
lion contre l'Eglise car elles portent à re-
;
grâces suffisantes qui rendent l'observation
garder comme mcriloire et prolilable la pri- du précepte possible an juste qui le viole,
vation des sacrements et autres peines dé- point de grâces suffisantes qui rendent le
cernées contre ceux qui refusent d'écouter salut éiernel possible à d'autres qu'aux
la mère commune des lidèles. préJestlnés. Dieu est l'unique auteur de tous
Entretiens d'une âme avec Dieu, qui com- nos mérites; couronne de justice el la
la
prennent un grand nombre de prières plei- récompense des justes sont de purs dons du
nes de l'esprit des divi7ies Ecritures et des Saint-Esprit, c'est-à-dire que les mérites de
saints Pères, etc. l'homme ne sont que des mérites de nom,
C'est un in-12 de 58'i- pages, polit carac- des mérites où la coopération libre de la
lè:e. Si l'on s'en rapporte au froniispice, il volonié n'a au( une part, ei que l'on acquiert
a elé imprimé à Avignon, eu IT'ro, mais on en céilant précisément à l'attrait nécessitant
(1) .Eçira an'mœ et dohrem siinm tenhe cnmntis les fiaroles du Psaume rwin, Be:ili immaculali. Nou^
pin iii Psiil. cwm sotiloquia. Liège l(Jût. Ouvrage vpJle édition, l'ans, P. iN. l.ollin, 1731, iii-12 de
Iradiiil sous le lilre de : 591 pages.
SoliIcKjves tur le Psaume cxvin. Paris, Elle Jnssct, Jofi. Ilawon clir'nlimii cordis gemilut teu (cgrte
16SÔ. Ciiue iraduciion esi de Fontaine, selon les uns, animer et dulorcm suum Icnire conaiitii pin in Pinlmum
(Je Goiijei, selon les .imres. cxviii soli:oquin accesseruni ejusdem preces,
: PariSi
Les gémiisenwiis (Cim cœur chrétien exprimés dan$ P, iS, Louiii. 17â-i, 2 vol. in-li.
5G9 HAM HAM 570
instamment qu'il nuits le pardonne; il ne faut tice, et Jésus-Christ deviendra notre justice d
que l'en prier, elc. — 'ilO. Jl nous pardon- proportionque nous la croirons, e'c. —
185.
nera tous nos pérhés, si nous l'en ])rions. Dieu n'enseigne sa volonté qu'èi ceux qui sont
— 'i-13. // nous pardonne nos pérhés quand véritablement à lui. — 2oJ. Ces peines, ces
nous l'en prions, et cette prière fiit notre mé- sécheresses, ce trouble, cet abattement et ce
rite. — 500. 1' a-t-il un chemin si abrégé que renversement de cœur ne sont que cotume la
celui-là, et un remède qui soit si facile? £n voix de nos péchés et l'expression de nos cri-
se croyant le plus malade on n'est plus ma- mes c'est le poids de nos péchés qu'il nous
l ide, et on îi'a qu'à se plaindre sincèrement fait ressentir. — -ioD. Jésus-Christ ne prie
plus que les autres pour recouvrer sa santé. son Père que pour nous montrer à le prier.
— 531. Vous ne me demindez pour me guérir — 202. Soil innocent, soil pénitent, il faut
et pour me rendre heui eux que de voir avec que les mains soient nettes avant que lecteur
amour ce que l'amour que vouf avez pour moi soit net. La perfection commence par Us
vous fut souffrir. Y ous vous conteniez de vos mains et se termine au cœur. — 351. Quand
souUrances pourvu que je les voie.. .vous vaits Dieu parle et que le tonnerre de cette voix
en c ntentez, Seigiieur, pour me pardonner et divine se fait entendre dans son cœur, quelque
—
pour me donner votre royaume. 31. On ne l'ob- injuste que soit un homme, il devient juste. —
tient {la rémission de ses péchés) que par 532. Je rous ai f lit attendre si longtemps
ses prières. —70. Non-seulement les pénitents 6 mon Dieu faites attendre cet ingrat qui
n'ont rien ilonné les premiers, mais ils ont a eu la témérité et la présomption de vous
même perdu tout ce qu'on leur avait donné. fiire attendre. —
418. Appuyons-nou^ mtiè-
— 110. Diu n'exaucerait jamais leurs prières rement sur Jésus-Christ, voilà ce qu'il nous
et mente ne les entendrait pas, pour ainsi demande pour nous guérir; cl y a-t-il rien
dire, s'ils ne s'efj'urçaient de surmonter le de plus aisé? Ksi-ce travailler que de se repo-
bruit de l'iniquité par le cri de la charité. — ser sur Jésus-Christ ?
398. lin effet, il n'y a que l'esprit de charité
qui nous ewpéehe d'être muets. — 131. Les Traités de piété composés pour l'instruction
et la cons ilution des religieuses de Pnri-
enfants de l'ligli<e serairnt inexcusables si
1rs ruines delà maison de Dieu les empêchaient
]{ay il, àl'occasion des épreuves auxquilles
de la respecter , et s'ils avaient tnoins de ten- elUs mit été exposées. Paris, 1G75. Am-
dresse et d'amour pour leur Mère , parce sicrJam, Nicolas l'olgieter, 1727.
qu'elle est fort milaile. —
132.| Nous d'Vons 1° La préface qu'on voit à la tête de ces
dire avec une ferme confiance, lorsjue nous Traites est de la faconde .M. Nicole, qui le»
ne voyons que des ruines et que tout pa- a recueillis et (jui a prodigué à l'auteur dont
rait renversé quia îcililicavit Dominas
, il était le bon ami, les plus raagnitjques
,
louanges. 5onseu/ nom, du JI. NicoUe, fniC nous ne pouvons plus nous confesser à nos
l'éloye de (ont ce qui est parti de sa plume. Pères. Il me semble, ajoulc-t-il ( ibid.
), que
ou, pour mieux dire, de son cœur : tous ses je serais aussi longtemps que vous sans aller
ouvrages portent un caractère de pie'té, d'onc- à confesse, pourvu que je connusse une per-
tion et de lumière, etc. sonne qtii fût à Dieu et qui voulût bien me
2° Ces ouvrages, malgré leurs prétendues donner conseil. H les console de la privai imi
lumières, onclion et piéié, ont elécondamnés de l'eucliarislie par ces (laroles dignes da
eoii:nieséditieux, impies et pleins d'un esprit Calvin On communie toujours en aimant
:
héiélique, dans un excellent oiandement pu- au lieu qu'on n'aime pas toujours en commu-
blié le 15 juin 1737, p;ir M. Henri-François- niant. Quand il ti' y aurait qu'une personne
Xavier de Belzunce de Castelmoron, évoque qui communia! en un jour, si nous avons la
do Marseille. fn de la communion des membres de Jésus-
3° L'esprit de révolte, dit ce grand et saint Cftrist, telle que 7îous devons l'avoir, nous
prélat, s'annonce dans le titre même. On y communions. . Toutes les fois que nuis
. .
traite à'èprenves la sage coniluile du roi croyons l'avoir reçu comme il faut, nous le
dans la manière dont il a traité ces réirac-
taires. On y enseigne, page 9, pour affer-
rececuns (page 23G) —
La confiance qu'on
a dans la confession sacramentelle fait qu'on
inir les religieuses diins leur obstination, ^]\}0 gémit moins en la présence de Dieu {page
c'est un bonheur d'être privé
r des sacrements 172).
pour la défense de l'Eglise; que ce refus
Paixciprs propres A affermir et à consoler
injuste qu'on leur fait des sacrements est
dans les épreuves présentes. Et la Consti-
l'absolution de tous hurs péchés, a J'ose
tution Unigenltus avec des réflrxions suc-
diro, ajoute ?,I. Hamon, que 1-^ refus seul
cinctes et de^ passages de l'Ecriture et de la
qu'on fait d'admettre le pénit nt à la coui-
Tradition, après chaque proposition con-
fession, est capable de le laver. Il y a un
damnée, 17H, ia-12, 118 pages.
double mérite à ne point se confesser quand
c'est pour Dieu qu'on ne se confesse pas ; Ce que Jean Hamon appelle ici la défense
car je ne doute pas qu'il n'y en ait un ren- de la vérité, est la défense de l'erreur les ;
tuple à se priver de cet avantage le seul temps d'épreuves et de p-rsccution sont ceux
relus du sarrement de pénitence pour- où la puissance séculière et la pu'ssance
rait suiflre pour faire des martyrs cela suf-
: ecclésiastique concourent à punir les réfrac-
firait (juand même je n'aurais pas été bap- taircs ; et les principes de conduite aboutis-
tisé. Les P«ri-!'ioyalistes souffrent dit il,, sent à ne pas plier sous l'autorité légitime.
n° o98 et 399, pour une acli )n de verlu. ils Voyez Le Roi.
sont les "'nfants de la \érilé et de l'amour ;
Recceil de lettres et opuscules de M. Ha-
ils peuvent devenir une espèce d'eucharis-
mon, etc.; Amsterdam, 17.3i,in-12, deux
tie. »
tomes; le premier, de 412 pages, le se-
M. Hamon, page li, inspire du mépris pour
cond, de 432.
touips les [luissances de la terre. Nous de-
vons, dil-il, mépriser toute la puissmce des Dans les deux tomes de ce recueil, on
hommes. Jésus-Christ était abandonné de son sent à chaque instant le zélé port-royaliste.
Père de (elle sorte qu'il ne l'était point, et cela En voici un singulier exemple tiré du se-
nous convient bien. (Page2i2.) Nous devons cond volume, page 413. Hamon veut y
prendre patimce. parce que notre ennemi a prouver qu'il faut s'approcher de l'eucha-
vil gt mille homms, et nous n'en aïons pas ristie avec joie; et tel est son raisonne-
n'iême dix mille, ^l'age 26.) Nous avons le ment: Si toutes les personnes, âi\.-\\,gue
temps de consulter. La privition des sacre- vous aimez le plus, étaient à Paris, et que
nienls est pour nous une confessi/n plus puis- le roi leur ordonnât à toutes et à vous aussi,
sante que celle dont on entreprend de nous pri- de venir demeurer ensemble à Port-Royal-des-
ver (page lli). Champs, dnns quel transport de joie ne se-
4° Le médecin de Port-Royal, m!rchant rions-nous point? Et si tout ce qu'il y aurait
sur de Calvin
les traces substitue hardi-
,
de plus fâcheux consistait en ce que nous se-
ment à la confession sacramentelle, la con- rions obliges d'aller quelques-uns par Ver-
fession faite à Dieu seul. Les hommes nous sailles pour y recevoir une grande somme
refusent l'absolution conf-ssons-nous à d'argent qui serait toute p>éte , et pour y re-
Dieu humblement et dans l'amertume de notre cevoir aussi un remède excellent que l'on nous
coeur, et nous somn^es assurés qu'il nous ab- donnerait en même temps, qu' notis guérirait,
soudra. Il donne même la ;iréforence à la et nous et nos amis, de toutes sortes de maux;
confession f ito à Dieu seul. Il arrive soû- en vérité, mon très-cher frère, aurions-nous
vent, dil-il (page 172), çue la confession qu'on sujet de nous plaindre, principalement étant
fait ià Dieu dans l'amertume de son âme, est assurés que nous arriverions tous le même
plus avaniagense que celle qu'on fait aux jour a Purl-Roi/al, et que nous y souperions
prêtres Nous pouvons nous confessri- â avec nos pères et nos mères?.., nous allons
Dieu S'iil qui est le grand prêtre (page 95). bien à un autre souper et à un autre Port-
Son confessionnal est notre cœur;c'est là qu'il Royal que celui-là.
entend la confession de nos fautes. Ne \oilà-t-il pas un homme étrargement
':j°
.m. Hamon va même jusc.u'à conseiller infatué de son Port-Royal, et des pères et
la confession faite ans laitues. Confessons- des mères qui s'y trouvent? Y a-t-il rien de
yioua à nos frères , dit-il (page 98), puisque plus plat et de plus pitoyable qu'une pa-
T
Hamon a encore composé d'antres on- du bailliage porta décret de prise de corps
contre le sous-principal et contre quelques
vrages , également marqués au cuin de
autres maîtres. M. Hautefage étant coulu-
Porl-Rojal.
niaee, la procédure continua cependant; et,
Explication du Cantique, des cnnliques, etc., le li août 1773, une sentence extrêmement
en i volumes iii-12; Piris, Eliemie, 1708, sévère bannit le principal, le sieur le Roy,
avec une longue préface de Nicole. el condamna les sieurs Hautefage et le Franc
au fouet, à la marque et aux galères à perpé-
Traite de piété; Paris, Desprcz; 1689, deux
tuité. Les autres étaient condamnés à diver-
volumes in-8°.
ses peines. On les accusait d'avoir distribué
Ecrit touchant l'excommunicntion composé , de mauvais livres, el tenu des propos sédi-
vers l'année IG'io.tî roccasion des trou- tieux. La même sentence condamnait au feu
bles excites dans l'I^glise, par rapport an la feuille des Nouvelles ecclésiastiques , du
Formulaire;\\\-li" 24 pag^s, etc. IG juin 1773, et quelques écrits relatifs aux
circon--lances. La plupart des maîtres surent
Delà solitude: Amsterdam, 1734; in-12.
se soustraire à l'exécution de la sentence.
Pensées diverses sur les aranlajes de ta pau-
vreté; 17o9, in-12.
L'abbé Hautefagi! se cacha à Paris, à l'ab-
baye de Gif, à Alais; el à la tin il se rendit
HAUTEFAGE (Jean), naquit en 1735 à en Hollande, aujcès de l'ahlié Duparc de
Puy-Morin, dans le dioc'èse de Toulouse, fut Bellegarde, qui y était comme l'agent géné-
destiné à l'état ecclésiastique dès sa jeu- ral de tout le parti, et qii, par sa fortune,
nesse, el se dévoua jnsiuà la mort au ses relalioi\s el sou ?èle, avait acquis une
parti jansénicn. On publia en 1816 un L'ioge grande iniluence. i.'abbé de Bi ilegaide s'i.t-
de M. l'abbé L'aulefage , ancien chunvine tacha M. Hautef;ige, et l'emmena dans le
d'Attxerre; in-8° de 2h pages. C'est de cet voyage qu'il iit, en 177i, en Allemagne et en
écrit, tnoins intéressant par ce qu'il apprend Italie. Ils séjournèrent ensciiîble a Itome,
de l'abbé Haulef ;ge , que par ce qiTil révèle sur la fin du ponliiicat de Clément X1V\ et
du parti auquel cet abbé futatlaihé, qu'est ils passèrent aussi quelque temps à Vienne.
tire cet article. Jean Haute fase eut le mal- Ce voyage, les exborialions de ces deux
heur d'étudier d'ahord ch z les jésuites , et hommes, les livres qu'ils répaudircnt, les
J'auleurde la nlice le dit Irès-séiieusemeiit;
i intrigues qu'ils formèrent , les partisans
il ajoute que l'alilté Hautefage, au sortir du qu'ils se fil eut innurenl beauc' up sur l'es-
«émii'airc, ayani lu les ouvrages de Duguet, p; il qui piévulul peu après à Vienne el ail-
^ie fit lui-même une théologie. Nuuvc. u (on- leurs.
vcrti et plein de zèle, il paraît (|u il donna Pendant l'absence de M. Hautefage, se»
prise sur lui dans des piôiies eu il insinuait, aniis profilèrent du retour des parlements
sans doute, les senlimenls qu'il \en il d a- pour faire casser la sent intc rendue contre
[do|)ler. Il fut mandé par un gra:.d >i;aiie lui. Ils pensaient avec raison que les uiagis-
Iflui reconnut bieiitùt à qui il avait alïairp, Irats rappelés ne demanderaient (las mieux
et qui l'interdit. Des amis zélés de la mime que de révoquer ce qui a^ait été fa t par les
cause s'empressèrent d'aceuei lir ce confes- lril;u;:aux de la création du chancelier Ma. j-
seiir, et comme le dit l'auteur de la notic, peou. On avait d> jà [luldié un /Ulc de noto-
Vuctivité des relalions qui existaient alors riété en faveur des anciens professeurs. O.i
d'une extrémité du roynume à l'autre, entre fit paraître, en 1773, un Mémoire signé par
les gens de bien altucliés à cette cause, pro- plusieurs avocats en leur faveur; cl le
cura, en fort peu de temps, à l'itbbé Uaulc- 21) janvier 177G, le parlement de Paris ren-
fi'Qc, tinc place au collège d'Auxcrre, où il dit un arrél qui cassait tout ce qui avait été
fut admis el agrégé, en 1760, comme sou - fait.
princijial. 11 exerça ces fonctions pendant Cependant l'abbé Hautefage ne revint pas
liiiitans dans un étaMissemcnl où les jiarli- en Franie, et l'abl'éde iiel egarde l'emplova
sans de l'appel avaient trouvé le moyen de à un travail auquel le ;;rti attachait beau-
|
s'insinuer après la destruction des jésuites, et coup d'importance; c'était une édition des
kjui était alors fort accrédité parmi tous ceux œuvres d'Arnauld, dont on s'occupait depuis
qui tenaient aux mêmes idées. On y envoyait fort longtemps. Un libraire de Lausai.ne
de toutes paris des ini'anls puiser les princi- avait |)uï)lie, en 171i'.>, uu pro>peclus d'une
pe:; de Nicole, de Mezenguy et de Gmirlin. Ce- édition d'Arnauld. Cet e entreprise n ayant
pendant M. d.' Cicé, alors évêque d'Auxerre, pns eu lieu, Grasset, de la même ville, lil pa-
iouiïrail avec peine d.ins son diocèse et sous raître un nouveau pr jsj e^lus, en 1767; mais
ses yeux un éiablissement où l'on prêchait il se désista de sou projet, et l'édition fut
ou\ertement iiie docirine opposée aux dé- anîioncèeebczd'Arnay, braire à Lausanne.
1
les matériaux, revoyait les éprouves, entr it l'ordre de Prémontré, était né avec un génie
entin clans tous les détails qui appartiennent prématuré vif pénétrant mais avec une
, , ,
à un éditeur. Les deu\ premiers volumes santé extrémemeni délicate, qu'il acheva de
parurent en 1773, et le dernier eu 178L il y ruiner par son application continuelle à l'é-
avait alors 42 tomes, qui peuvent se re- lude. 11 mourut en 1G80 à Anvers âgé seu- ,
dure à 37, par la réunion de quelques-uns lement de IK ans. Ses ouvrages sont :
qui se Irnuvenl moins loris. La Vie et la 1° Tvn ciNiLM throl igiœ mornlis , Anvers ,
tal)le des malières parurent dans un autre
1675, 2 vol. in 8' 2" la iJéfensf do ce livre,
;
Libre de ces soins, et rentré en ^rance, HENNEBEL (Libert) Flamand, , fut long-
M. llaulefage s'appliqua encore à des tra- temps l'agent du parti à Rome.
vaux à peu près du même genre, il rédigea
Thèses theologicœ, IGSO.
an Abrcgé (lu catéchisme de A'"/;/es; ii tra-
vailla dans les dernières années aux Nouvel- On
leur a reproché de Textravagance eti
les ecclés obliques, dont l'abhe de !-ainl-Marc de l'impiété. L'auteur ose y calomnier saint
était le principal rédacteur; el; tels étaient François de Sales et l'accuser d'avoir donné
le mystère et les précautions que l'on met- dans le semi-pélagianisme. Franciscus Sale^
lail en( ore à celte gazelle, que l'abbé Hau- sius, dil-il, fait infectus errore semi-pelagin-
lelage qui y travaillait et qui voyait journel- no. Le Irait qu'il lance contre saint Jeaa
lement l'abbé de Saint-Marc , ignora long- Capislran n'est pas moins impie, et no pou-
temps quL' ce dernier lût attacbé à la même vait partir que de la main d'un hérétique.
entreprise. M. Hautefage dressa la deuxième Jean Capistran, dit notre docteur, a été ca-
lal)le des Numelles , dejiuis i7Gl jusqu'en nonisé par le pape Alexandre Y 111; mais sa
17'J0, où, pour éviter la prolixité de la pre- doctrine n'en e>t pas pour cela moins perni-
niièie, il est ijeut-élre tombé dans un delaut cieuse ; et si nous doutons de sa saititeté, nous
opposé. n'en serons pas pour cela moins bons ca:ho-
Pendant la révolution , il entra comme liijues Joannes Capistranus fuit ab Alexan-
:
Dans ses deinières ;;nnées, il faisait le ca- tale dubilamus, non ideo sumus minus boni
en elTct que l'ablié Hautelage éiait un bon Ethica tfmoris (la Morale de la charité), sive
homme. 11 avait cru remlie service à l'Lglise
The ilogia sanetornm magni prœserttm Au-
par son iiévoûment à la c iu<e ([u'il avait
gnslini et Thomœ Aqu natis circfi uni- ,
dans cet ouvrage le haïanismeet le jansé- louanges données si libéralement par un en-
nisme. Il y avance celle propos lion coiida;ii- nemi déclaré de la religion, pouvait leur
nép dans Biius Philoso}ihoravt virilités svnt
: nuire dans l'esprit des vrais caiholiques.
vitia. Dans tout le secoiiil voliiine, il établit Pour en pi évenir lis suites le docienr Go~ ,
la de la néressilc volonlaire
C(in)palibililé defroij Ilerinant adressa trois lettres à .M. de
avec le libre arbitre. Il s*' drclare hautcmi-nt Sainle-Beuve, sous le litre de Fr^us, etc.
pour la proposition hércliquede M. Arnauld : Les efforis de cet auteur ont rte inutiles;
il dit qu'on a vu dans saint Pierre un juste tout Cl- qu'il y a eu de plus habiles et de |)lus
à qui la grâce a wanr/ti«. Il cite avee éloge honnêlei gens parmi les calvinistes, ont tenu
les lii'flexions morales de Qucsnel ,et il nse le même langage que Des Marets; elles au-
dire que la condamnation de ces mêmes lié- teurs catholiques intimement convaincus
,
flexions a éléVefJet d'une cabale. (Juelijue que Calvin et Jansénius ne pensent p;is en
mal écrit que soit cet ouvrage, qui ]iourtant effet dilîéreminent sur ce qu'il y a d'essen-
est assez méthodique le iiarti lui prodigue
,
tiel dans la matière de la grâce et de la li-
les plus grands éloges. Mais les Pères car- berté, ont fait voir évidemment que les jan-
mes en ont jugé bien différemment. Ils l'ont sénistes n'ont point d'auires armes pour at-
fait réfuter par un savant auteur de leur taquer et pour se défendre que cell(;s des
ordre; ils l'ont dénoncé eux-mêmes, et ils calvinistes. C'est ce qu'on peut voir dans
disent dans bur dénonciation qu'ils n'ont i)U les ouvrages de M. Raconis, évéque de La-
le voir san» horreur. Le vre aeu le sort que
I vaur, de M. Haberl évèijue de Vabres, du
,
versité de Paris en 16'tG, et mourut en Ui'JO, pour les rasuistes, etc., et son ordoniunct
après avoir été exclu de la Sorhonne et de pour il condamnation du innne livre, dres-
son chapitre pour l'affaire du Fornmlaire. sée par (io Iciroy Hermant. Pans, Ch. Sa-
Sci vertus et son savoir firi-nt regretter à la vreux. I6o8, in-4°.
SHgc partie du putdicun dévouement si dérai- RÉi i.ExiON> du si-ur Du Rois (Godefroy Her-
sonnable à des opinions condamnées. Her- mant) sur dicers endroiis du Itvic du P.
,
manl était intimement lié avec les solitaires Petau, où il approuve Li doctrine de celui
de Port-Royal notamment avic Sainte-
, de la Fréquent! Communion, composé par
Ifeuve et l'illemont. Des nombreux ouvrages M. Arnauld. IGii, in-i'.
qu'il a composés, nous ne mentionnerons Hermant eut part avec Biaise Pascal et
()ueceux qui renticnt dans notre plan. l'alibé Perricr,an Factam pour Us curés de
Fiuts calvinistariim retcrta; sive Calechi'inus Paris contre un livre intiiulé : Apologie pour
de Gralia ub hœielicis Samnelis Murezii les casuistcs ff conOe ceux qui l'ont chm-
,
faire déilarer palrianlie. C'^ livre, qui était bulle est l'ouvrage <iu pape seul, comme si
adret^sé aux prélats de l'iiglise de France, elle n'aiait pas été nçue p;ir tons les évé-
fut condamné jiar ouï , comme propre qiies du monde; 2° qu'une bulle reçue par
à trouhier la paix
publique et à révol- presque tous les évêiues du monde, peut
ter les sujets contre leur souverain sous , être une bulle faiale à la foi, à la morale et
le maUn prélexle d'un schisme imaginui- à la discipline; 'i' qu'il n'y a qn le concile
•
re. Cependant voicice nue dit à ce su- qui [)uisse décider et juger infailliblement;
jet l'alibé Bérault : « L'auteur violent et ce ((ui est une hérésie formelle, censurée
déclamateur de son naturel , qui l'a- comme telle, il y a plus de cent ans, el con-
vait réduit à sortir de la congrégation de damnée fortnellemenl par saint Augustin, il
l'Oratoire, pniivait avoir des lorts dans les y a treize siècles.
tours el les ^aillies de sa ch lude éloquence, Passant à la seconde partie, il prouva que
mais ses alarmes à l'égard du schisme n'é- les raisonnements y sont aussi peu solide-,
taient pas tout à fait iinasjinaires. Le prince aussi absurdes que ceux de la première.
du Condé qui, tout aliaclié qu'il était à la
HÎ'GOT (N...), simple arolyte, qui appela
foi el à l'unté ralliolique, n'avait assuré-
de la bulle Unigenilus; il était né a Paris, et
mi^nt pas l'iinatrinatiou visionnaire, parlait
faisait des conférences de théologie et expli-
de schisme redoulé comme d'un malheur
quait le calécliisine aux enfants. Mais M.
presque inévitable dans la situation où
de ^'inlimille lui interdit ce double ensei-
éiaienl les choses. »
g!ipi)ient. 11 est auteur d'une Retraite pour
Quoi qu'il en soit, Hersent passa à Rome, les enfants ; d'Instructions pour prépara' à
où son génie bouillant el emporié ne lui lit la mort; d Avis aux riches, et d'Instructions
pas plus d'amis qu'à Paris. Ayant prêché le sur les vérités de la grâce et de la préde.itina-
Panégyrique de saint Louis, il fut décrété tion.
d'ajournement personnel, pour y avoir mê é
que ques rreurs janséniennes, savoir: Oue
i IIURÉ (Charles) naquit, en 1639 à ,
depuis la chute d'.Adam, notre volonté est H Charapigny-siir-Yonne, d'iin laboureur, fut
corrompue, qu'elle ne peut que pécher, si elle professeur d'humanités dans 1 université de
n'est aidée de la grâce. Qac Us élus suivent Pari s, el devint principal du col ége de Bon-
les mouvements de ia grâce librement, parce court. 11 était lié avec les jansénistes, mais
qu'ils les suivent volontairement. 11 débita le n'adoptait pas toutes leurs erreurs; on en
plus pur baïanisme, et le plus cru jansé^» trouve plusieurs dans ses ouvrages, notam-
nisme dans le centre même de la religion. ment dans son Nouveau Testament. Il concou-
Le P. Gerberon fait là-dessus une curieuse rut avec Pierre Thomas du Fossé à l'édition
remarque. 11 dit que ces vérités parurent d'une Bible complète avec des notes, publiée
nouvelles à quelques romains qui avaient été à Liège, Bromart, 3 vol. in-fol. Voyez Tho-
nourris dans les sentiments d'orgueil qu'in- mas DU Fossé. Huré mourut en 1717.
spire la nature corrompue, et qui ignorent la
Le Nouveau Testament de Notre-Sngneur
doctrine de saint Augustin sur ces matières.
Jésus-Christ, e7i français, selon la Vulgate,
Hersent, averti do lorage qu'il allait atlirer
avec des notes, de. PiiTis, 1702.4 vol. iu-12.
sur sa tète par des [iropositions si scanda-
leuses, se réfugia dans le palais de l'ambas- Un théologien, à propos de cet ouvrage,
sadeur de i rani e, et eut l'audace de faire s'est exprimé dans les lennes suivants:
imprimer son sermon avec une épilre dédi- M. Huré est un Ouesnel Un peu mitigé.
catoire au pape Innocent X, dans laquelle clairement le même système héré-
Il établit
deTotispnur la pnblica ionde l'appel. 1718. hérétique. Il est de foi (jue ces dilTérends 80
M. !,;ii:!iiiel, de Siiissons, publia
cvê(]tie dee dent aussi par les constitutions des sou-
pne lettre sur ce mandement, et montra com- verains puntifes, acceptées par l'Eglise,
5S1 JAB JAB 5S2
comme on a vu dans ies hérésies de Jansé- Deuxième édilion, augmentée d'un Iroi-
niiis, de Pélag»^, dos manichéens, elc. sièuie traité, Louvjin. lliT'i'. in-8v —
I Pctr. 1,23: La seconde n'tUsnnre, ayant Traduclion française. Pars, IGIT, in-12.
pour principe la vie et Céternilc de Dieu Cette méthode, oîi le jansénisme est ré-
même, renferme en soi une ver lu qui la rend paud'.icomme à pleines mains, fut censurée
immuable C'est là précisément
et éternelle. par rinquiotlun do Tolèdi-, le 28 août iG31,
ce dogme calviniste de la justice inamissible. comme contenant des propositions condamnées
On trouve cette rnème héré-ii* dans trois au- dans Janscnius, et comm- eus i/nant une
tres enilroils du livre de M. Huré. doctrine également pcrntciewff, et aux fidèles
II 'lliessal .II. G: D'autres croient que l'An- qui approchent d:t sacrement de pénilencr et
téchrist ne paraî.rn point que quand on ver- aux confesseurs qui iaïUninitrenl.
ra cesser la profession publique de hi foi or- Cet ouvrage fut aussi condamné, en 1G05,
thodoxe. Cetie proposition (St hércii(iue. Il par M. raichevéquede M ilines (l'réiipiaoo)
est de foi que la foi ne sera jamais éteinte avecle livre de la Fréquente Communion. Et
dans l'Eglise qni subsilera toujours, selon ce fut surtout celle ci.ndamnaiiou qui pro-
cette parole de Jésus-Christ: Hcce ejo vobis- duisit l'injurieux libelle de Quesnel, inti-
cuin sum omnibus diebus usque ad cunsumma- tulé: TrèS'huinl le remontrance, (jui fui brûlé
tionrm sœculi.... par la main du bouneau, en lGi)5, et où il
Sur saint Matthieu, vu, 4, 2, à roccasion emploie contri' ce grand arclievéqne, primat
du lépreux guéii par Jésus-Chiist, RI. Huré des Pays-Bas, ies teruics de lâche, d'indigne
él.iblit clairement le doi^mc de la grâce né- et de malhonnête homme.
cpssilanle et irrésislib'e, p.ir ces paroles
calvinistes: iln'e t pris p'us possible anx pé- Apologu Dro melhodo sua; a'iversus re^pon-
cheurs de résister à la (jràce ou d'y coopérer, sione.n orevem Fr. Car. Reymakers. Lou-
qu'à ce Ir-preux de r.sisler ou de coopérer à vain, 1674, in-S".
sn quérison miraculeuse Notre coopéra- CoMPESDiuM theologiœ. Louvain.
tion n'est autre chose que r outrage de Dieu
en nous, dit-il sur l'épilre aux Epliés. ii, 9. Condamné par le saint-siège.
Eufin il reiiouvi'Ue, sur saint M.irc, Brèves observationes theoloqicce; seu rursus
c. II, 27. celle détestable proposiiion du tiieologico-moralis. Ces courtes observa-
1'. Quesnel L'homme pmt pour su conser-
: tions n'ont pas moins de douze ou quinze
viition, se dispe>>scr d'une loi qui n'est fuite vol. in-12. Leodii, 109'» et suiv.
<jU" pouf son utilité
ConferentijE théologien:. 5 vol. in-12.
IIUYCENS (Co^nuRF.) naquit en 1G31, à
Lier, daii- le lîrabant, fut professeur de LET!REau/)ape, en latin, du 10 février 1797.
tliiologic à Louvaiii, ei mourut ou 1702. Il
Diverses thèses sur la grâce, in-4*.
était intimement lié ;ivec ArnauM et Quesnel,
doui il défendit la cause avec eulhousiasuie. Tons ces ou^ rages sont empreints de
l'esprit de la secte oîi Hujgens s'etuil engagé.
Metuodus remitlendi et r titiendi peccata. —
lUÊNÊE (Pail). faux nom sons lequel le ISLR (M. DE L'), un des noms de guerre
fan, eux Nicol;; a |>ui)Ué quelnues ouvrages. de iabbé Duguel.
ISLE (L .ABGÛ ue), faux nom emprunté par ISOLÉ [D m] aure nom de guerre de
Boucher. l'abbé Duguet.
JABINEVU (Hknri), dorfrinaire, puis avo- el où il s'était fait quelque répntalion. Il <e
cat, né à Eiaiiipos, é ail iirofessi ui- au (ol- ren lil à Par s, y do.:m,itisa à sa manié e, el
lége des Doclrin.iire àVitry-le-Françiis, où
. se fit interdire de nouveau pir M. de lîe lu-
il restait sans prendre ies ordres, pour ne nioiit. Ce fut alors qu'il abandonna sa con-
\r.s souscrire le Formulaire, lorsque Poncct grégalion ri obtint le prieuré d'Andelot,avec
iusossarls obtint de l'évêquc de Châlons- le litre de chapelain de Saint-Benoît. Il con-
sur-Marnc (de Choiseul) qu'il lui coulércrait tinua, malgré son inler.liilion, de prêcher
les ordres sans exiger sa signalur-. On dit dans des réunions particulières el de col-
que cette complaisance fat payée 20,000 poifer de province en province S' s ''uchan-
francs, que l'oncet Descssarts avait piouiis les homélies. Di'giûlé de ce miiiislére, il se
à c<tte couililion pour les iuceudics de la fil avocat en 17(J8, fréquenta le barreau et
Fère-tMiampenoise. A|irès la mon de .M. de donna un grand nnuilire de consultations
Choiseul, Jubineau lut interdit par son suc- sur toutes les alTiires du parti on l'entendil
;
cesseur et oliligé de s'arrêter dans la car- niéiiie plaider. I.e patlem nt ayant été dis-
rière de la préd. cation, qu'il avait embrassée sous eu 1771, il embrassa avec chaleur la
,
ment du mois de juillet 1792, laissant de de campagne. Elle avait pour but de répon-
nombreux mémoires sur des questions de dre à deux écrits publiés à Lyon, dont l'un
droit et plusieurs écrits contre les innova- avait pour titre : Ré/lexions sur le respect dû
tions de la constitution civile du clergé. Le au ptipe et à ses décisions dogmatiques; el
15 septembre 1791, il commença un journal l'autre : Précis des vérités catholiques.
intitulé Nouvelles ecclésiastiques, ou Mémoi'
:
JAILLE (N.
les pour servir à ildstnire de la constiluiiun
•prétendue civile du clergé, qu'il voulait op- Vie de Jésus-Christ.
poser aux anciennes Nouvelles ecclésiasli- r . -, , v j i v
Explication des Epitres et Evangiles de l an-
ques, rédigées par Saint-Marc, qui étaient "'"'
'"''•
née. '^ vol.
l'avorables au schisme constitutionnel. Jabi
't
neau releva leurs inconséquences et leurs D'un côlé , les Nouvelles ecclésiastiques
erreurs, et son journal est assez curieux. firent,en 1729, l'éloge de ces deux ouvra-
Deut autres avocats, qui travaillaient avec ges; el d'un autre côlé, M. l'évêque d'An-
lui. Blonde et Maultrot, entreprirent de le gers les condamna, la même année, par un
conlinuer; ils paraissent avoir cessé au U Mandement.
a ;ût 1792.
JANSENIUS (Cornélius), cvêque d'Ypres,
JACQUKMONT (François) naquit en 1757. avec lequel il ne faut pasconlondre un autre
à Boen, dans le diocèse de Lyon, fut élevé Cornélius Jansénius, évéque de Gand, mort
dans les opinions janséniennes el embrassa quelques années avant que celui dont il est
létal ecclésiastique. Il fit et bientôt après ici question ne vînt au monde, en 1585,
rétracta le serment prescrit par le pouvoir dans le village d'Acqnoy, près de Lurdam en
révolutionnaire , <i resta caché dans les Hollande; ses parents étaient catholiques;
monîagnes du Lyonnais et du Forez. Sa en 1G0+, il se rendit à Paris, après avoir
principale résidence était à Saint-Médard, étudié à Utrecht el à Louvain. Les mêmes opi.
petite paroisse de rarrondissemeut de Mont- nions sur certaines matières Ihéologiques
brison , d'où il se répandait dans les envi- uniient Jansénius et Sainl-Cjnn, qui le
rons en encourageant les prêtres et les
,
plaça, en qualité de précepteur, chez un
fidèles de son parti. En 1802. à l'époque du conseiller. Saint-Cyran l'appela quelque
concordai, Mgj de Mérinville évêque de .
temps après à Bayonne où ils étudièrent
Chamliéry, se rendit à Lyon pour organiser ensemble pendant plusieurs années, cher-
provisoirement le diocèse. Jaequemont se chant dans saint Augusiia ce qui n'y était
présenta à lui et refusa de signer le Formu- pas, mais croyant ou voulant l'y trouver. Ils
laire. Tanl que Napoléon régna, Jaequemont avaient pour butd'introduiro des nouveautés,
dogmatisa avec beaucoup de circonspection; l'un dans la théologie, l'autre dans la disci-
mais à la restauration il se gêna moins cl pline de l'Eglise. Jansénius, revenu à Lou-
roaipit le silence. On a tout lieu de croire v lin, en 1G17, prit le bonnet de docteur en
qu'il ne fut point étranger aux plaintes 1619, et on lui donna le gouvernement du
amères répandues en 1816elen I8l9contre collège de Sainte-Pulciiérie. 11 fut choisi [xiiir
l'administration du diocèse de Lyon. Il y eut piofesseur de l'Eiriture sainte en 1G30, et
à cette époque des péti'ions présentées aux composa le petit livre intilulc Mar* Galli-
:
c!:.imbresà l'occasion de divers refus de sa- cus, sous le nom emprunté,.l/exani/n' Pairi-
crements et de sépulture comme ces refus
:
cii Armacani, où il lait la plus indigne satire
eurent lieu précisément dans les c intuns où de la personne et de la majesté des rois de
il exerçait de rinlluence,il est vraisemblable
France. (Voyez Uebsan). lùitin il fut nommé
que les renseignements venaient de lui. Il à 1 é\êclié d Ypres par Philippe IV; il fut sa-
mourut à Saint -Etienne le 14 juillet 1835. cré en 1(136, ei il gouverna celte église jus-
I^^Tl!UCTlONS sur les avantages et les vérités qu'en 1038, qu'il mourut frappé de la peste,
de la religion chrétienne , suivies dune à l'âge de 53 ans, après dix-huit mois d épis-
instruction historique sur les maux qui copat.Nous n'avons pas à jiarler icides Com-
afIHijent l'Eglise et sur les rçmkles que mentaires latins qu'il a laissés sur le Penla-'
Lieu promet à ces maux. 1795, in-12. lexique, les froierbes. VEccésiaste et les
Avis Mtr fidi'les sur la conduite (juils dnirr.nt Eviiiigiles. Nous mentionni rons n'S lettres et
tenir dans les disputes qui aflligenl l'Eglise. l'abbe de S,iiiit-( yran. trouvées parmi les
il\)G, iii-i2. papiers de cet abbé cl publiées sous le titre de;
S85 JAN JAN S80
RiissANCE du jansénisme dr'couverte, ou ht- une demi-heure avant que d'expirer. Sentio
1res de Jnnsénius à l'abhé de Sainl-Cyran aliquid dif/icnltrrmulari passe; si tameriRo-
depuis l'an 1017 jusqu'en lG3o. Louvain, mnna sede" aliquid miitari velit, sum obediens
165i. in-8°. plius, et illius Ecchsirr, in qua semper vixi,
Venons maintenant à l'ouvrage si célèbre xisque ad hune lectum mords obediens sum.
et trop célèbre, qui est intitulé :
Jtn poslrema mea voluntas esl. Aclum sexla
Maii 1638.
CoRNELu Jansenii, Episcopî Yprensis, AU- Tout le système de ce famenx ouvrage se
GUSTINUS, seu doclrina sancli Aufjusiini réduit à ce point capital,que depuis la chute
de humanœ naturœ sanilale œgriiudine ,
, d'Adam le plaisir est l'unique ressort qui
medicina, ndversus pelagianos et Massilien- remue le cœur de l'homme; que ce plaisir
ses. Lovanii, Jac. Zegerus, 1G40, in-fol. 3 est inévitable, quand il vient, et invincible,
tom., 1 vol., c'est-à-dire l'Augustin de
:
quand il est venu. Si ce plaisir est céleste, il
Cornélius Jansénius, évcquod'Ypres; ou la porte <à la vertu;
est terrestre, il déter-
s'il
doctrine de saint Augustin sur l'innocence, mine au vice; volonté se trouve néces-
et la
la corruption et la guérison de la nature sairement entraînée par celni des deux qui
humaine, contre les pélagiens et les Mar- est actuellement le plus fort. Ces deux délec-
seillais. tations, dit l'auteur, sont comme les deux
Cette édition de Louvain, 16V0, est la pre- plais d'une balance; l'un ne peut monter,
mière. L'année suivanie, on fit !a seconde à sans que l'autre ne descende. Ainsi l'homme
Paris, augmentée d'un petit traité de Florent fait invinciblement, quoique ^oion(airement,
CunTiMS- Accessit liuic edilioniFlorentii Con- le bien ou le mal, selon qu'il est dominé par
riir archiepiscopi Thunmensis, t7-actalus de la grâce ou par la cupidité. Voilà le fond de
Statu pariulurum sine baplismo decedentium. l'ouvrage, et tout le reste n'en est qu'une
Paris, Mich. Saly, etc., IGU, in-fôl., 3 tom. suite nécessaire.
2 vol. Au reste, Jansénius prétend qu'avant saiut
En 1647, on publia Cornelii Jansenii En-
: Augustin, tout ce système de la grâce était
chiridion, conlinens erroris Mussiliensium et dans d'épaisses ténèbres, et qu'il y est de
opinionis quorumdain recentiorum T:«{,vl\r,'i.vj nouveau retombé depuis cinq ou six cent»
et slnteram. Lovanii, vidua Jac. Gtavii, 1GV7, ans. D'où il s'ensuit visiblement que, selon
în-12. Dans let étiit, où Jansénius fait le lui, l'anciinne tradition sur un point de foi
parallèle des sentiments et des maximes de essentiel s'est perdue dans l'Eglise depuis
quelques théologiens jésuites, et des prin- cinq à six siècles.
cipes des semi-pélagiens de Marseille, il ne Or, ce système du plaisir prédominant
distingue pas assez ce qu'il y a, dans les détruit visiblement tout mérite et tout dé-
écrits de ces Marseillais, d'opposé à la saine mérite, tout vice et toute vertu. II livra
doctrine d'avec ce qui peut se concilier avec l'homme à un libertinage affreux et à un
elle.Ce jugement est de Feller. désespoir certain enlin il fait de l'homme
;
Enfin, on donna, en lGo2, à Rouen, une une bêle, et de Dieu un tyran. C'est le pur
troisième édition de ÏAugustinns, à laquelle calvinisme tant soit peu dégui é. Lnn et
ou ajouta l'Enchiridion dont nous venons de l'autre s'appuient sur les mêmes principes,
parler. et se prouvent par les mêmes arguments ; de
Si l'on en croit Jansénius, il travailla pen- sorte que le jansénisme peut être défini ea
dant vingt ans à son Auguslinus. Cela est deux mots £e Ilugucnotismc un peu mitigé.
:
douteuv (Voyez le Dicl. tilsl. de Feller). h' Auguslinus Ae 1 evêque d'Ypres fut con-
Quoi qu'il en soit , Jansénius, peu de jours damné par la bulle/n eminenli d'Urbain \UI,
avant sa mort, pressé par les remords de sa en 1641. L'université de Louvain résista huit
conscience, écrivit au pape Urbain \IU qu'il à neuf ans; mais depuis ce temps-là, elle a
soumettait sinrèremenl à sa décision et à son donné constamment toutes les preuves de la
autorité VAujustinns qu'il venait d'achever ; foi la plus soumise. Pour l'universilé de
et que si le saint Père jugeait qu'il fallût y Douai, elle a toujours été inébranlable,
faire quelques changements, il y acquiesçait malgré tous les artifices qu'on a mis en
avec une parfaite obéissance. (]etic lettre œu\ rc pour la séduire.
était édifianle; mais elle fut supprimée par Douze années après, les cinq propositions
nés exécuteurs testamentaires (Cal'nus et et le livredoù elles sont extraites furent
Fromond), et selon toutes les apparences, on solennellement condamnées par une bulle
n'en aurait jamais eu aucune connaissance, d'Innocent X, avec les plus fortes qualifica-
si après la réduction d'Vpres, elle n'était tions.
tombée entre les mains du ^rand prince Nous rapporterons ici les cinq fameuses
Louis de Condé, qui la rendit publi((ue (I). propositions et les textes de Jansénius qui
Jansénius, quelques heures a\aiit que de y répondent.
mourir, et dans son dernier Icstameni, sou- Prnnicre proposition. « Quelques comman-
mit encore et sa personne et son livre au dements de Dieu sont impossiblesàdt s justes,
jugement et aux décisions de l'Eglise ro- lors même qu'ils tàclienl de les accomplir,
maine. Voici les propres termes qu'il dicta selon les forces qu'ils ont alors, et la grâce
(1) Lettre de Jansénius, évêquo d'Ypres, au pape lion de ce livre, avec les rcllcxioDS du Père Aocal,
Urliahi VIII, coiitenanl la dédicnce de son livre iiill- jé.-uite. Paris, Sél)ast. Cranioisy, l(j66, in-*».
liiié Auguslinus, e. supprimée dans la première ddi-
DlCTIOMNAlHE DKS HfreSIKS. II. 19
587 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 581
leur manqup, par laquelle ils leur soient prévenante pour chaque acte en parlicnlier,
rendus possibles. » même pour le commencement de la foi; et ils
Janséniu*. Totn. de Gralia Christi, lib. m, étaient hérétiques, en ce qu'ils voulaient que
cap. 13, pag. 133, col. 2, lilt. E, de l'édilion celle grâce fût lelle, que la volonté pût lui
de Rouen , 1G52. « Hœc igilur oinnia plenis- résister, ou lui obéir. »
sime planissiaieq.ue. demonstrant nihil esse Jansénius. Celte proposition est dans le
in sancti Augustiai docirina certius ac fun- livre vin,de Hœresi Pelagiana, ch. 6, p. 188,
datius quam esse prœceptn quœdam qiiœ ho- col. 1, lett. B. In hoc ergo proprie Massilien-
»7imi7jMs , non tanlum infidelibas exceecalis ,
sium error situs est, quod aliquid primœrœ H-
obduratis, sed ftdelibus quoque et justis, vo- beriatis reliquum piiianl, quo sicitt Adam, si
Untihus, conantibus, secundum prœsentes quas voluisset, poterat perseveranter operari bo-
hatient vires, sunt impossibilia; déesse quoque mim, ita lapsits horno posset saltem credere,
gratiam qua fiant possibilia. » siveltet, neuter tamen absqup inlerioris gratiœ
N'est-ce point là mot à mot la première adjulorio, cujus tisus vel abusus relictusesset
propnsilion? Jjinsénius ajoute, pour confir- in tmiusctijusque arbitrio.
malion de la même doctrine : Hoc eniin sancli Voyez encore de Grat. Christi, Lu
c. 15.
Pétri exemplo, nliisque mullis qnotidie mani- Cinquième proposition. « C'est une erreur
festum esse, qui tentantur, ultra quam possint des semi-pélagiens de dire que Jésus-Christ
sustinere.... Cum ergo nec omnibus qraliam soil niort ou qu'il ail répandu son sang pour
ferventer pelendi, tel oinnino petendi , Dcus tous les hommes sans exception. »
largialur apcriissimum est fidelibus mullis
,
Jansénvs. Celle proposition est si claire-
déesse illam sufpcienlein gratinm, et conse- ment, si neltemenl exprimée dans les paroles
quenter illam perpetuam, quam quidam prœdi- suivantes, qu'il ne laut qu'avoir des yeux
cant facicndi prœcepti potnstatem. pour en être convaincu. En voici d'abord la
Seconde proposition. « D.ms l'état de la na- première partie. Nam illa exiensio tam vaga
ture corrompue, on ne résiste jamais à la modernorum scriptorum non alio ex capile,
grâce intérieure. » quam ex ista gênerait indiffercnli voluntale
Jansénius. Le 2' deGr. Christ, c. 2i, p. 82, Dei erga salulem omnium, et ex illa sufficien-
co'l. 2, lellr. B. Augustinus gratiam Dei ita tis gratiœ omnibus c nferendœ prœparationti
victricem slatuit, ut non raro dicat hominem fluxit : quorum utrumque Augustinus, Pros-
operanti Deo per gratiam non passe resis- per, Fulgenlius elantqua Ecclesia, velutma-
tere. cbinam a semipela /ianis introductam repu-
,
Ne voiià-1-il pas presque en propres ter- diavit, t. 111, de GraiiaChrist., lib. m, c. 21,
mes la seconde proposition? La même doc- p. 16C, col. 2, litt. D. La seconde partie de
trine n'est pas moins clairement exprimée la proposition se trouve dans la même page,
dans paroles suivantes du même livre,
les et à la môme colonne, et à la lettre .A. Quœ
c. 4, p. 41, col. 1, lettre C. Gratia vero lapsœ sane cum inAugustini doctrina perspicua cer-
œgrotwque volnnlatis, nullo modo in ejits re- taque sint, nullo modo principiis ejus con-
linquitur arbitrio, ut e^m deserat aut arripiat sentnneum est, ul Christus, vel pro infidelium
si voluerit; scd ipsa sit potins illa postrema in infidelitate morientium, tel pro justorum
gratia, quœ iniiclissime facit tU relit, et a vo- non perseverantium alerna srilute, morluns
luntate non descratur. e^se, sanguinem fudisse semelipsum redemp-
,
hilrium non esse amissum per peccatum, quia 2' qu'elles sont dans le livre de Jansénius;
remansit liberum a coaclione. Ajoutons en- 3° qu'elles sont condamnées et hérétiques
core uu passage tiré du llv. viii, cb. 19, p. dans le sens même de l'auleur, c'est-à-dire,
366, co!. 2, lilt. D. Nulla nécessitas actibus dans le sens que le livre tout entier présente
volunUUis libcris farmi !'indn est, sed sola vis, naUirelleraent i" que le silence respectueux
;
coaclio et nécessitas violcntiœ. ne sulfil pas ; mais qu'on est obligé de croire
Quatrième proposition. Les semi-pélagiens sincèrement, avec une soumission intérieure
•dnieltuieat la uécessiléde la grâce intérieure, d'espi-Uetdecœur, que les cinq propositions
e?9
damnatione romannrum ponlifîaim Ur- , lignes et souvent même odieuses. Tels sont
bani VIII, hmocenlii X, Alexandri Vil et ces ouvrages qu'on donne pour des livres de
démentis XI, rreptus et erulu- : sive apo- piété, .loubert en a fait d'aulres du
même
logeticus perillustris ac revrrendissimi do- genre, et une lettre au P. de Suint-Genis
mini Cornelii Jansenii, etc. In quo con- sur les indulgences, 1759.
troversiœ Jansenianœ prima tlemcnta et
principia statuunt.ir, etc. Per /Ecjidium JUBE (Jacques), curéd'Asnières, né à Van-
Albanum nuper, m
civitulc mctropolilica vesle 27 mai lG7i, mort à Paris le 20 dé-
Merhliniensi decanumet pastorem Ecclesiœ cembre 1744, fameux pour les change'ments
eollegiatiret parochialis beatœ Mariœ trans qu'il s'avisa de faire dans la liturgie.
Voi/ez
Diliam, anno afflictœ graliœ 70, œrœ vul- à ce sujet son article dans le Diction, hisior.
garis 1711, in-V, 51G pages. de Feller. C'était un appelant fort zélé.
Le
diacre Paris habita quelque temps ciiez
C'est iciune criminelle apologie de Jansé- lui.
de sa doclrini' il faut donc s'atten-
Jubé se donn beaucoup de mouvements,
I
nius et : eri
dre à y trouver toutes les erreurs de celui
1714 et les années suivantes, pour fomenter
l'opposilion à la bulle. Il paraît qu'il
qu'on entreprend de justiDer; mais comme si par-
courut une graniie partie du diocèse
ce u'en était pas assez on y en ajoute encore
, de
Paris, pour exciter les curés, et
de nouvelles, qui ne méritent pas moins tous qu'il sa
les anathèmes del'Eglise. Nous n'en citerons chargea de l'édition de plusieurs ouvraces
qu'un exemple. A la page 112, ch. 23, l'au- En 1725, révoque de Montpellier lenvovâ
teur établit (et il en fait la matière du chu-
a Rome pour lâcher d'éc airer le papi' et
'le
concile. Jubé déguisé accompagna
pitre entier) que tout chrétien est obligé, par en Hol-
lande les Chartreux fugitifs, et prit le
un précepte divin de croire fermement qu'il
, nom
est du nombre des prédestinés. N'est-ce pas
de Incowr. 11 voyagea aussi en Angl.
terre
donner un démenti formel à saint Paul, ijui en Allemagne, en Pologne et se rendit
ciî
Russie. Après un séjour, comme
veut que nous travaillions à notre salut avec précepteur
crainte et tremblement? N'est-ce pas inspi-
Il revit la France, retourna en Hollande, «t
rer, n'est-ce pas même ordonner aux fidèles
revml à Paris où ilmourut dans la misère à
une fausse sécurité, qui no peut que produire l'Hôtel-Dieu.
en eux l'orgueil et la présomption, tarir la
JUENIN (Gaspard), naquit en 1G40, à Va-
source des bonnes œuvres, détruire la vigi-
rembon, dans la Bresse, fut prêtre de
l'Ora-
lance chrétienne et enfanter le plus honteux
toire, professa longtemps la théologie dans
quiétisDie et le plus aiïrcux libertinage.
plusieurs maisons de sa congrégation,
sur-
.TARD (pRANçots), pré!re de la doctrine tout au séminaire de Saint-Magloi're
à
chrétienne, prédicateur, né près d'Avignon ,""'' ,.°" '' "courut le 16 'décembre
^ȕ'lf'
en 1675, mourut à Auxcrre, laissant desser 171J. Des divers ouvrages qu'il a lais'^és
roons en 5 vol., et la Kelif/ion chrétienne mé- nous mentionnerons :
« 1° Que Dieu veut d'une volonté sincère et Grégoire et autres coryphées. 11 était sur-
réelle sauver tous les fidèles; que celte vo- tout lié avec le constitutionnel Saiirine,
lonté n'est ni une volonté de signe ni une mort évéque de Strasbourg, et on jijoule
volonté métaphorique qu'il combattait avec contre l'ullramon-
lui
mais une volonté
,
proprement dite, qui, pour cet effet, leur tanisme et pour les vérités de la grâce el la
donne tous les moyens nécessaires et suffi- doctrine de Port-Koyal. C'est dans ces senti-
ments qu'il mourut le 20 décembre 1819.
sants pour y pouvoir parvenir 2' que tous les;
fidèles justifiés ont toujours, lorsqu'il s'agit Nous ajouterons à sa louange qu'il avait
de l'accomplissement de quelque précepte, fondé à Paris une école gratuite et chré-
une grâce actuelle tienne.
suffisante
, qui leur ,
LABORDE. Voyez Borde {Vivien La). attribue plus da 40 ouvrages différents sur
LABROUE, évéque de Mirepoix. Voyez ces maiières, sur lesquelles l'autorité de l'E-
Broue. glise eût dû lui donner des sentiments diffé-
LAFONT De), prieur de Valabrègue,
(N... rents. Il mourut en 1673, à 55 ;ins. Outre
ancien naquit à Avignon, fut
officiai d'Uzès, les ouvrages dont Laiane est seul l'auteur,
un homme de Dieu, ce qui est assez dire qu'il il en est d'autres qu'il fit en commun avec
ïie professait par les erreurs condamnées, Arnauld, Nicole, etc.
et mourut au commencement du xvnr sièele,
CoNFOHMiTÉ des jansénistes avec les tliomis~
laissant quelques ouvrages estimés. Cepen-
tessur le sujet de cinq propositions contre
dant une de ses productions a prêté un peu
le P. Ferrier, jésuite, avec la conviction de
à la critique on a cru trouver, dans la pré-
;
ses falsifications et impostures, et la réfuta-
face mémo, une erreur condamnée dans
tion de ce que le P. Annat a allégué dans
Baïus dans Quesnel. Le premier homme, dit
et
son lii re de ht conduite de l'Iù/lise touchant
l'auteur, dans l'heureux état de la jusli<-e ori-
ce point. 1638, in-i" do 132 pages.
ginelle, où il fut créé, avait une droiture
d'esprit et de cœur qui lui suffisait pour la Des ouvrages composés par Lakno, celui-
conduite, de sa vie, n'avait pas besoin d'au-
et ci est des plus méprisables. 11 y cite de mau-
tre lumière que celle de la raison. Sur quoi lo vaise foi les objections et les réponses du
criti1[uc dont nous parlons dit que c'est là P. f'erri'er; et dans l'infidèle parallèle qu'il
le pur ])élagianisme renouvelé par les jansé- fait (le la doctrine dos jaiisénistos avec celles
nistes mêmes. des thomistes, il impose à ceux-ci avec la der-
LALANR (Noii. de), fameux docteur de nière effronterie, en leur attribuant des sen-
Sorbonne, né à i'nris, fut lo chef des dêpulés timents diamétralenunt opposés à ceux do
à Rome, pour l'alfinri' de Jansénius, à la dé- leur écolo.
fense duquel il travailla toute sa vie. On lui Montrons ici au contraire les différences
, ,
qu'ainsi eut
il n'y ses, mais qu'elle en dé- ne refuse jamais la refusée à i/e< justes
jamais science
ni pind, et que les chosi s grâce suffisante à un tentés, lors même qu'ils
moyenne, ni décrets sont la 7ncsure et la juste tenté, ou lorsque font de pieux efforts;
indifférents. règle de la science de le précepte oblige; 2° qu'on ne la prive
Dieu, quant à la véri- 2° Que cette grâce est jamais de l'effet qu'e le
té et à la certitude. toujours privée de peut obtenir, eu égard
l'ellet pour lequel aux circonstancesdans
Les thomistes en- Dieu la donne, si la lesquelles elle est don-
Les jansénistes au
grâce efficace ne viont née; 3° qu'elle ne donne
seignent que Dieu a contraire reconnais-
maintenant, comme à son secours 3° que ; pas pour prier ou
sent en Dieu, avant le
avant le péché d'A- la grâce suffisante pour agir «n pouvoir
premier péché, une vo-
dam, une volonté an- lonté antécédent epour
donneun pouvoir pro- prochain, dégagé, re-
chain, immédiat, re- latif, et propurti nné,
técédente , véritable le salut des hommes,
latif,dégagé et pro- si elle n'est dans w?»
et sincère de sauver mais depuis le péché,
portionné à la vic- degré égal ou supé-
tous les hommes, par ce n'est plusqu'une
toire de la concupis- rieur au degré de la
laquelle il leur otïre volonté de signe et mé-
et prépare ou leur taphorique, qui con-
cence la plus forte. cupidité.
donne tous les se- siste dans la précision Minima gratia. dit saint Thomas, potest re-
cours suffisants pour de notre esprit. Cette sistere cuilibet concupiscentiœ. (De Th. in 3,
faire leur salut. volonté n'a plus pour q. 70, art. 1, ad 4, item 3, p. q. 62, art. 6,
objet la grâce médici- ad 3).
B97 LAL LAL 593
9* art. 8, fait voir la grande différence qu'il y
a entre les deux écoles. Thomistaruin sentent
Sur «a grâce efficace par elle-même.
tiam ajanseniana doctrina discrepare pluri-
LéS thomistes disent Les jansénistes ài- mum, nihil^ue cum ea habere commercii, brt-
1» que la grâce effi- senl,\° qu'elle estnéces- viter demonstrandum suscipio. Il combat les
cace par elle-même snxre, afin que l'hom- cinq jtropositions par des textes formels de
n'est pas absolument me puisse prochaine- saint Augustin et de saint Thomas.
nércisairc, afin que ment faire le hien; Massouli'é en fait autant dans son Sanctus
l'homme puisse pro- 'i" qu'au moment qu'el- Thomas sui interpres. Conlenson dans le
chainement faire le le est donnée, elle »!^- 5' t. de la théologie , dissertation 5. Le
bien; 2°qne quelque cessile à consentir,
à P. Jean Nicolaï, Prœfat. ad 2 partem pan-
forte qu'elle soit, la cause de sa supério- theologiœ. Le P Alex;mdre Sybile dans le li-
volonté y consent 11- rite à l'égard de la vre du Libre arbitre, composé contre les jan-
brement; 3° que la concupiscence oppo- sénistes. Un autre dominicain dans un livre
volonlé conserve tou- sée; 3" qw
volonté,
la imprimé à Cologne en 1712, sous co titre :
jours le pouvoir de eu égard à la supério- Prœdicatorii ordinis fides et rciigio vindi-
résister à celte grâce, rite df celte grâce et cata. Le P. François Van-Rant de l'univer-
quelque supérieure à l'infériorité de la sité de Louvain, dans son ouvrage, Veritas
qu'elle soit à la con- tentation opposée, n'a in média, imprimé à Anvers en 1718, fait
cupisccnce pas lepouvoir relatif voir que la doctrine de saint Thomas con-
et proportionné d'y damne les cent une propositions
résiste!'. Le P. Charles de l'Assomption , carme
Comment donc jansénistes osent-ils
les déchaussé, dans son ouvrage, l'homistarum
dire sont unis aux thomistes sur la
qu'ils trinmphus, id est, sanctorum Auguslini et
grâce efDcace par elle-même? Ihoi œ, gemini Ecclesiœ solis, suminù con—
Selon ceux-ci, la prédétermination physi- cordi: ; et dans un autre, intitulé Funiculus
:
que est toujours efficace, c'est-à-dire que, triplex, fait voir que Baïus et Jansénius ont
dans quelques circonstances que se trouve erré pour n'avoir pas suivi les lumières do
la volonté, cette "irâce surmonie toujours la saint Augustin et de saint Thomas.
résistance, et lui fait produire infailliblement Le cardinal de Bissy montre la même
le bien. chose dans son mandenieiit de 1710.
Au lieu que, suivant Jansénius et son Le P. Annal dans l'opuscule qu'il fit im-
école, la délectation victorieuse, ou la grâce primer à Rome, sous ce titre Jansénius a
:
efficace, est seulement relative, c'est-à-dire thotnistis gratiœ per seipsam efficacis defenso-
que la même grâce est tantôt efflcace, et ribus conileutnatus, circa quinque propositio-
tamôt elle ne l'est pas. La même grâce qui nes quœ Komrr exominanlur. H ne cite que des
n'a pas son effet dans Pierre, lorsqu'il a trois thomistes qui ont assisté aux congrégations
degrés de cupidité, aurait tout son effet dans de Auriliis, comme Diadacus Alvarez, Joan.
le même Pierre, s'il n'a\ait que deux degrés Gonzalez de AlLeda, ou qui ont écrit pendant
de cupidité. le temps des congrégations, comme Peirus
Prœdeterminalio physica, dit Jansénius, Ledesma; ou qui ont lait imprimer leurs ou-
talis esse dicitnr, ut in quibuscumque circum- vrages peu après, comme Paulus Nazarius,
stantiis voluntas collocetur , « mper faciat Diiiacus Nuguez, Cabezudo et lialtazar Na-
facere, et opiretur effecium suum, omnemque varrette.
superet resistentiam : Chrisli ailjutorium nullo Le P. Aniiat prouve la même chose dans
modo. Namdelectatio victris, quœ Aujustino son livre de la Liberté: dans Informatio de
est efficaxadjulorium, relalha est. Tune quinque propositionihus ex Jansenii iloririna
enim est victrix qiiando alieram superat. cnlleclis: et surtout dans lu conduite de l'E-
Quod contingat alieram ardenliorum esse,
si glise, où il montre dix-huit dilîerences entre
in solis inefficncihus desideriis hœret animus, les thomistes et les jansénistes. Ce qui fait dire
nec effïcaciter umquam volet, quod volendum à Gonet (Apol. Thomisl. art. 9.) Unde plu-
:
est. (Jans. deGr. Christ. Salv. 1. viii, c. 2.) plurimum illi débet scliola thomislica, quod
Il met encore sept sortes de différences en- eum ajanseniana sejunxerit.
tre lu grâce victnrieuse et la préilétermina- Un docteur de Paris a fait à peu près de
tion physique. 11 se moque de celle-ci comme même dans le livre Observationes doctoris
d'une spéculation sortie de la philosophie Parisiensis in libellum cui tilnlus est ; Doc—
d'Arislote, qui répugne à la grâce de Jesus- trinœ augustinianorum exposilio circa ma-
Christ, dont on ne trouve aucun vestige dans Icriam quinque propositionum quinque arti-
'aint Augustin, et qui met une confusion culis comprehcnsa, 1692.
aexplicablo dans la doctrine de ce l'ère. Jansénius lui-même ne dit-il pas. Let-
Que dire après cela de l'abbé de Lalane ot tre XVI, que quand toutes les deux écoles,
de son livre sur \àConformilé des jansénistes tant des jésuites que des jacobins, dispute-
avec les thomistes, au sujet des cinq praposi- raient jusqu'au bout du jugement, poursui-
tions? Colle cliiinéri((uc conformité qu'il a vant les traits qu'ils ont commencés, ils ne fe-
prétendu établir n'est-elle pas d'ailleurs ront autre chose que s'égarer beaucoup, l'un
détruite par les témoignages les plus déci- et l'autre étant à cent lieues loin de la vérité.
sifs d'une infiiiilé d'écrivains? Il appelait par raillerie l'école de saint Tho-
Gonel dans son livre, Apologia thomisla~ mas, la ihoniitterie.
rum, seu calcinismi et jansemsmi depulsiOf Gerberon, éditeur de ces lettres, fait cette
,
remarque sur les paroles que je viens d'in- nire, in quo thomistœ et jesuitœ eonveniunt.
diquer :Et c'est ce que jugent tous ceux qui Id in quo convenimus, sancivit pontifex,
ne sont pas prévenus, ni de Vopinion des do- et id in quo dissidemus, disputationi nostrœ
tiuiiirains, ni de celle des ic'suiles, et qui li- reliquit, ditle P. Annat Cavilli jansenio-
:
Sainl-Cyran disait que saint Thomas avait mais avec la coopération du libre arbitre;
ravagé la théologie {ibid. p. 517). 4° que la grâce efficace ne nécessite jamais
Pascal dans sa première lettre se moque le libre arbitre à coopérer; mais que le libre
du pouvoir prochnin : dans la seconde il arbilre y coopère toujours sans nécessité et
attaque directement la grâce suffisante et librement; 5" qu'il n'y a point de grâce ef-
l'opinion des thomistes sur ce sujet. Ainsi ficace,quelque forte qu'elle soit, à laquelle
l'exclusion de la grâce sufQsante étant d'un la volonté ne puisse résister; 6° que c'est
côté comme le fondement des cinq proposi- dans le consentement toujours libre et ja-
tions, et d'autre part, les thomistes admet- mais nécessité, donné par l'homme au mou-
tant une grâce suffisante qui donne le pou- vement de la grâce, que consiste le mérite
voir procliaifi ou dégagé, de faire le bien ou de la bonne œuvre, revêtu des mérites de
d'éviter le mal, la dilTérence entre eux est Jésus-Christ; 7" que non-seulement il peut
sensible et palpable. résister, et résiste très-souvent en effet à la
Que les jansénistes ne reconnaissent d'au- grâce, mais encore qu'il ne se damne qnt
tre grâce que celle qui est efficace, cela est par cette résistance, qui est un pur effet de
si constant, que Sainl-.Vmour nous appiend sa mauvaise volante; 8' que Dieu a une vo-
(Journ., p. 484) que le P. Desmarcs, député lonté sincère et véritable de sauver généra-
à Rome, prononça un discours, le 19 mai lement tous les hommes et que Jésus-Christ
,
1653, en présence du pape, des commissaires est mort dans l'intention de les sauver et de
et consulleurs, dont le but était de montrer leur mériter les grâces suffisantes avec les-
que la grâce efficace par elle-même, qui fait quelles ils peuvent faire leur salut.
vouloir et agir, est nécessaire à tout bien; Voilà des principes sur lesquels toutes
et que tOLile grâce, qu'on peut imaginer liors les écoles catholiques sont réunies. Or ce»
celle-là, n'est point la grâce de Jésus-Christ, dogmes renversent de fond en comble le sys-
mais une grâce pclagienne. tème de Jansénius, de Quesnel et des théo-
Fouillinix dans le livre qui a pour titre :
logiens de Port-Royal. C'est donc une insi-
Défense des théologiens, etc. p. 4(J5, s'ex- gne mauvaise foi dans l'abbé de Lalane
prime ainsi Qui a dit à M. Dumas que
: auteur de la Conformité des jansénistes, etc.,
M. Arnauld est en tout conforme aux nou- dans M. Pelitpied, auteur de ['Examen théo-
veaux tliomistes? On avoue sans peine qu'il logique, et dans plusieurs antres, d'avoir
leur es' opposé en ce qu'ils veulent que sans la forgé une union, une concorde, une parfaite
grdce suffisonte les commandements seraient intelligence entre l'école de saint Thomas
absolument impossibles; en quoi ils se sont et la secte jansénienne.
éloignés des sentiments des saints Pères.
Cet endroit est important. On expose la De la GRACE victorieuse de Jésus-Christ, ou
doctrine de M. Arnauld et du parti, et l'on Molina et ses disciples convaincus de l'er-
avoue sans peine que cette doctrine est op- rcur des pélagiens et des semi-pélagiens,
posée à celle des thomistes. sur le point de la grâce suffisante soumise
au libre arbitre.... pour l'e/plication des
Le bachelier Verax, dans le livre intitulé :
p. 61, 62, G4, se moque du pouvoir pro- Lalane qui s'est caché sons
C'est l'abbé de
chain au sens lliomistique. Il assure que ce le nomde Bonlieu. On trouve, à la page 55
sens d'Alvarez est un sens dont on ne trouve de son livre, cette proposition si semblable à
pas le moindre vestige dans les ouvrages de la quatrième de Jansénius Gennade, un des
:
saint Augustin; un sens qui n'est ]ias moins chefs des semi-pélagiens, a reconnu la grdce
contraire aux idées de suint Thomas qu'à suffisante intérieure, et il a reconnu qu'il est
celles de saint Augustin. en notre pouvoir d'y acquiescer ou d'y ré-
Gonet s'exprime ainsi dans le livre Apol. sister. Cet auteur convient, page 369, que
Thomistarum, art. 8 Doctrinam de gratia
: son maître, Jansénius, a enseigné que la
perse efficaci nihil cum janfeniano dugmate grâce manque au juste qui pèche. Ce prélat,
habere commercii, exeo patet quod Innoc- X, dit-il, n'entend point qu'il y ait d'autre im-
post éditant adversus quinque Jansei.ii pro- puissance dans le juste qui pèche, que celle
positiones constitution'in, sœpitts viv(r vocis qui procède de l'absence de la grâce néces-
oraculo declaravit se non inlendisse dnctri- saire pour ne point pécher. C'est ce qui lui
nam de gratia per se ipsam efficaci directe fiitajouter en expliquant cette impuissance :
tei indirecte attingere, sed id dunlaxat defi- Non polest proxiiiie, non potcst comoletis-
601 LAL LAL Ui
sinie. Enfin, dans page k\0, l'abbé de
la tinctioti des sens, est que les députés
celui
Lalane Iraitc le jansénisme d'iniaginalioo des jansénistes présentèrent au pape inno-
et de fantôme. cent X et que l'abbé de Lalane lut mot à
DÉFENSE de la constitution du pape Inno-
mot à Sa Sainteté dans la célèbre audience
qu'elle leur accorda le 19 mai lGo3, douze
cent Xde la foi de l'Eglise contre deux
et
jours avant la constitution, Cum occasione.
livi'es , dont l'un a pour titre : Cavilli
janscnianorum, et l'autre : Uéponse à On donna à cet ouvra^'c le nom li'Ecrit à
trois colonnes, parce que l'on y voit trois
quelques demandes, etc. Paris, IGOo.
colonnes, trois sens d ffèrents sur chacune
L'abbé de Lalane s'y décian- hauloment des cinq propositions. La première contient
contre la grâce suffivinle. Saint Auf/uslm, le sens reconnu par eux pour hèrctuiue et
dit-il, pag. 7, n'a jamais eu recours à une qu'ils appellent i.n sens étranger. La seconde
grâce suffisante qui donnât un pouvoir pro- contient le sens dans lequel ils soutiennent
chain pour soutenir contre Pelage et con-
, chaque proposition, et qu'ils appellent le
tre Célestius que Dieu ne commande rien vrai sens, le sens naturel cl légitime. La troi-
d'impossible. sième contient un sens opposé au leur, et
IIÉPONSK ait P. Ferrier, ou réfutation de la qu'ils attribuent faussement aux catholi-
Relation du P. Ferrier de ce qui s'est , ques. Saint-\niour et ses collègues, en pré-
passé depuis un an dans l'affaire du jansé- sentant cet é'irit au pape, lui déclarèrent, au
nisme. nom de tout le parti, que jamais ils n'a-
L'abbé de Lalane y altère partout la vé- vaient eu d'autres sentiments sur la matière
il y soulienl opiniâtrement le dogme des cinq propositions, que ce qui est ex-
rité;
proscrit de la grâce nécessitante. primé dans la seconde colonne.
Or il est aisé de prouver que ce sens Je
ViNnici.*; sancti Thomœ circa graliam suffi-
la seconde colonne est précisément celui
cientem, adversus fratrem Joannem Pico-
qui est condamné par la bulle; voici les ar-
lai ordinis fralrum Prœdicatorum et doc-
guments ad hominem qu'on fiit là-dessus à
torem Parisiensem. 1C5G, in i°. confondront à
ces messieurs, et iiui les ja-
Le P. Nicolaï, jacobin, estimé des gens mais.
(le lettres pour son érudilion, fut un des 1 Le sens condamné par le pape dans les
zélés défenseurs do la foi orthodoxe. Voilà cinq propositions est, selon vous, le sens pro-
pourquoi Lalane, Arnauld et Nicole, se dé- pre, naturel et littéral, que les termes ren-
terminèrent à l'attaquer ouvertement dans ferment selon la signification ordinaire qu'ils
cet ouvrage. ont parmi les hommes. Or le -e/is propre
et naturel est celui que vous avez exposé
Deux ikttres P. Amelotle, de l'Oratoire,
ait
sur les souscriptions.
dans la seconde colonne, comme étant vo-
tre sens et celui de Jansénius. Donc le sens
Le P. Denis Amelotte, dont il s'agit dans condamné est celui de Jansénius et le vôtre.
ce libelle, se signala par son zèle et par ses 2- Le sens naturel et littéral des cinq pro-
euvrages pour la défense de la foi ortho- positions est, selon vous, le dogme de la
doxe; sa traduction française du Nouveau grâce nécessitante. Or celui qui est compris
Testament fut opjiosée par l'Eglise à la dans votre seconde colonne est le sens na-
version hérétique de Mons, et par là il de- ture' et littéral des cinci propositions. Donc
vint infiniment odieux aux jansénistes. ce qui est compris dans votre seconde co-
Mensonges lus et enseignés par Alphonse lonne est le dogme de la grâce nécessi-
Lemoine. tante.
Celui que Lalane attaque dans co libella Comme ces raisonnements sont en bonne
olait un savant docteur de Sorbonne, des forme, jansénistes ont avancé eux-
et (|uc les
de Jansénius, sans explication. 1663, in-4-°. montre plus ou moins homme de parti.
se
Examen de la conduitereligieuses de
des
Outre les erreurs de secte, on peut encore y
reprenilre une hauteur et une âcrelé de
Port-Royal loucbant signature du fait
la
style qui n'annoncent pas beaucoup de mo-
de Jansénius, selon les règles de l'Eglise
dération el de charité. « Le P. Lambert, dit
et de la morale chrétienne. 1664, in-4'.
un écrivain judicieux, avait du savoir et des
Lettre d'un théologien à un de ses amis, du connaissances en théologie. Si parmi ses ou-
22 septembre 1665, sur le livre de M. Cha- vrages il s'en trouve qui contiennent une
millard contre les religieuses de Port- doctrine répréhensible, et parmi ceux-là il
Royal, in-4°. fciut compter non-seulement ceux qu'il a
composés en faveur du parti auquel il était
DÉFENSE de la foi des religieuses de Port-
attaché, et dans lesquels il essaie de justifier
Royal, etde leurs directeurs contre le
une résistance coupable aux décisions du
,
ceux où il défend l'état icli?;icus, etc. Tous Préservatif conrre/e schisme (âe Larrière)
vos écrits font regretter que le P. Lambert, convaincu de graves erreurs. 1791, in-8%
s'il est permis de se servir de cette evpres-
L"autorité de l'Eglise et de ses ministres dé-
Bioii, ait semé l'ivraie avec le bon grain. On
findue contre l'ouvrage de Larrière, inti-
aimerait à n'avoir pas à lui reprocher d'avoir
tulé: Suite du Préservatif, etc. '1792, in- 8°.
fait revivre d'anciennes erreurs, et d'en
avoir soutenu de nouvelles d'avoir manqué ; Avertissement aux fidèles sur les signes qui
de respect envers des ecclésiastiques consti- annoncent que tout se dispose pour le re-
tués en dignité, quand ils n'étaient point de tour d'Israël et l'exécution des menaces
son sentiment d'avoir trempi; sa plume dans
; aux Gentils apostats. 179 J, in-8'.
fuites
le fiel, quand il écrivait contre srs adversai-
res, et enfin d'iivoir fait l'apologie absurde
On peut rapporter au même objet VAvis
des folies da secourisme, qu'il a défendu opi-
aux calhuliqiies sur le caractère et Us signes
niâtrement, quoi<|ue méprisées et rejetées de du temps oii nous vivons, ou de la Conversion
des Juifs, de l'avènement intermédiaire de
ceux avec lesquels il faisait cause com-
Jésus-Christ el de son règne visible sur la
mune. » Au reste, le P. L nnbert était un re-
terre, dédié à M. do Noé. évéque de Lescar
ligieux attaché à sa profes^io^ il en reui- ;
(par Desfours), Lyon, 179+, in-12.
plissail les devoirs, même après y avoir été
arraclié. il mourut à Paris d'une attaque Devoirs du chrétien envers la puissance pu-
d'apoplexii', qui lui ôta la connaissance, et blique, ou principes propres à diriger les
il ne reçut point les sacrements ce fut le ; sentiments et la conduite des gens de bien
27 février 1813. Ses ouvrages sont nom- au milieu des révolutions qui agitent les
breux. C'est lui qui fournit les matériaux de empires. Paris, 179)J , in-8''
Vlmtrncliftn pastorale contre l'incrédulité,
publiée par M. de Montazet , archevêque de Réflexions sur la fête du2l janvier. ^1-8' da
Lyon, en 1776. 32 pages.
Apologie Je l'état religieux. Sans date. In-12. RÉFLEXIONS sur le serment de liberté et d'é~
Reyuéle aux (idilcs île France pour deman- gai i té. 1793, in -8'.
der l'abolition du Formulaire. 1780,
Apologie de la religion chrétienne et catho-
Recueil de passages sur V avènement inter- lique, contre les blasphèmes et les calomnies
médiaire de Jésus-Christ, soumis à l'éditeur de ses ennemis. Paris, deuxième édition,
dudiscoursdeM.l'évéfiuedeLescar{dcîioé) 1796, in-8-
sur l'état futur de l'Eglise. Paris, 1785,
in-12 .
Lettres aux ministres de la ci-devant église
constitutionnelle, 1793 et 1796, in-8*. Il y
Il fit aussi des Remarques sur ce même en a cinq.
discours de M. deNoé, dont il était l'ami.
La vérité et la sainteté du christianisme
Idée de l'œuvre du secours selon les senti- vengée contre te livre de /'Origine des cul-
ments de ses véritables défenseurs. Paris ,
tes,de Dupuis. 1796, in-8".
1786, in-4°.
Essai sur la jurisprudence universelle. 1799,
y préconise les Convulsions
Il ce qu'il ;
in-12.
fit encoie dans l'Avertissement aux jidc-
Iti, etc. Il eut sur cette matière une contro- Lettre à l'auteur de deux opuscules intitu-
verse avec Regnault, curé de Vaux. lés, l'un: Avis aux fidèles sur le schisme
Lettre à M. l'abbé A. (Asseline), censeur et dont la France est menacée; l'autre : Sup-
approbateur du discours à lire au con- plément à l'Avis aux fidèles, in-8°.
seildu roi sur les prolestants. 1787. Cet auteur est le P. Minard, doctrinaire,
partisan de la constitution civile du clergé.
Traité dogmatique' et moral de la justice
chrétienne, 1788. REMONTRiNCES OU gouvememcnt français sur
la nécessité et les avantages d'une religion
Adresse des Dotyiinicains de la rue du nationale. 1801, in-8°.
Bac, à l'asscndjlée nadonnle. 1789.
Ma.nuel du simple fidèle, où on lui remet
Ily en eut une autre la même année, des Do- sous les yeux, 1° la certitude et l'excel-
minicains de la rue Saint-Jacques. lence de la religion (hrélienne; 2' les ti-
MÉMOIRE sur le projet de détruire les corps tres et prérogatives de l'Eglise catholique;
;{• les voies sûres qui mènent à la vérita-
religieux. 1789.
ble justice. 1803, 1 vol. in-8°.
Mandement et instruction pdstarale de M.
l'évêque de Suint-Claude (de Chabot), pour Li.tt«e d'un théologien à M. l'évêque de
annoncer le terme du synode, et rappeler Nantis (Du Voisin). 1803. Il y en a qua-«
aux pasteurs les premiers devoirs envers la tre.
religion. 1790, in-'i° el in-8*. On y fit deux réponses qui se trouvent dans
millénarisme, et soutient, comme les protes- tinua jusqu'à la mort du dernier abbé de
tants, que le pape est l'antechrist. il n'a Sainl-Gyran. »
pas honte d'y préconiser les Convulsions MÉMOIRES toucnant la Vie de M. de Saint-
comme une œuvre surnaturelle et divine, et Cyran, pour servir d'éclaircissement à l'his-
dans un morceau fort long, il veut faire ad- toire de Port-Royal. Cologne, 1738, 2 vol?
mirer, comme des prodiges, un mélange in-12.
honteux de folies, de farces et d'impiétés.
Aussi ce passage fut-il blâmé dans le parti Ouvrage d'un enthousiaste, qu'il faut ap-
même de l'auteur, et l'on y a mis des cirions. précier sur la vie et les qualités connues de
On ne peut assez s'étonner qu'au XIX* siè- son héros. Voyez Saint-Cyran.
cle, un homme qui ne passait pas pour fou,
un religieux, un théologien, ail imaginé LANGRAND ou Lengrand (N...).
d'exalter encore des scènes révoltantes , des Catholicité du système suivi par les sieun
impostures manifestes des blasphèmes
,
Langrand, Maréchal et Michaux, etc.
monstrueux. L'auteur avait déjà insinué les
mêmes idéi^s dans l'Avertissement aux fidè- En 1722, les cahiers de
philosophie des
les, en 1793. Rien n'est plus propre à désho- sieurs Lengrand et Maréchal ayant
été dé-
norer sa cause que cette ténacité à soutenir noncés à la fai'ullé de théologie de Douai,
des folies et des excès, que le bon sens, la comme contenant les principaux dogmes du
morale et la religion s'accordent à pros- jansénisme, la faculté les examina avec
crire. soin, et en réduisit toute la doctrine à sept
Cet ouvrage fut vivement attaqué dans les articles qu'elle censura. Or celte censure est
Mélanges de Philosophie, lom. 1, pag. 193 ; ce qui a donné occasion au libelle anonyme
et le P. Lambert donna une Réponse. dont il s'agit. L'auteur, en bon janséniste,
vient au secours de ses confrères attaqués,
hx PURETÉ du dogme de la morale vengée et l'ait les plus grands efforts pour les dé-
contre les erreurs d'un anoni/me (l'abbé fendre.
Lassausse, dans son Explication du ca- 1° Dans la préface, il tâche de renouveler
téchisme), par P. T. Paris, 1808 proposition condamnée par l'Eglise,
cette
Le P. Lambert ne s'y montre ni modéré que jansénisme est un fantôme ; 2" le prin-
le
ni charitable. cipal moyen de défensequil emploie, ce sont
les fameuses censures de Louvain et de
La vérité l'innocence vengées contre les
et
erreurs et calomnies de M. Picot, au-
les
Douai; comme si l'on ne savait pas que ces
teur des Mémoires pour servir à l'his- censures furent désapprouvées par le pape
toire du XVHl- siècle. 1811 , in-8°. Sixte X, et que ce souverain pontife approu-
va au contraire, comme contenant une saine
Il ajouter à cette liste
faut Lettre à la :
doctrine, les propositions qui étaient l'objet
maréchale de.... sur le désastre de Messine et
de ces censures. {Voy. M. Habert, évêque
de la Calabre, puhWée à uuedale que nous de Vabres, Defens. fidei, c. ii § 3).
ignorons, et tiens autres ouvrages restés 3° Il ose dire que le système des deux dé-
manuscrits, savoir Traité contre les théo-
:
lectations nécessitantes, enseigné par Jansé-
philanthropes, et Cours d'instruction sur par
nius, et suivi les sieurs Lengrand, etc.,
toute la religion.
a été soutenu par un grand nombre de théo-
LANCELOT (Dom Claude) naquit à Paris, logiens les plus distingués et les plus ortho-
en 1615, fut employé par les solitaires de doxes, mais surtout par saint Augustin.
Port-Royal, dans une école qu'ils avaient Fausseté insigne puisque s'il est vrai que
,
établie à Paris, et enseigna les humanités saint Augustin donne souvent à la grâce le
et les mathématiques. Il fut ensuite chargé nom de délectation, il n'est pas moins vrai
de l'éducation des princes de Conii. Cette qu'il prend souvent le mol de délecter ou do
éducation lui ayant élé ôlée par la mort de la délectation, comme il est presque toujours
princesse, leur mère, il prit l'habit de saint pris dans l'Ecriture sainte et dans les au-
Benoit dans l'abbaye de Saint-Cyran. Ayant teurs latins, pour une délectation consé-
contribué à élever quelques troubles dans ce quente et délibérée, pour le choix libre qu'il
monastère, il fut exilé à Ouimperlé en Basse- plaît à la volonté de faire. C'est dans ce sens
Bretagne, où il mourut en 1695, à 79 ans. que nous avons coutume de dire, lorsque
Les vertus que lui attribuent les Mémoires nous préférons une chose à une aulr i\ hoe
tur Port-Royal ne s'accordent guère avec me deleclat, hoc placet : c'est comme si nous
ce qu'on disait le comte de Brienne en 1685 : disions hoc eligo, hoc volo.
:
,
LANGLE (Pierre de), évêque de Boulo- garde, à Lausanne. Elle forme un Toiume
gne, naquit à Evreux en lC'i.i, devint doc- in-i".
teur de Sorbonne en 1670, et fut choisi, à la Principes sur l'approbation des confesseurs.
sollicitation du ^rand Bossuet son ami, pour 1785.
précepteur du comte de Toulouso. Louis
XIV le récompensa en 1698 de ses soins au- On lui attribue ce livre.
près de son élève, par l'évêché de Boulogne. Ses ouvrages relatifs à la constitution ci-
Le mandement qu'il publia en 1717 au sujet vile du clergé sont :
ecclésiastiques. Klevé dans les principes des ouvrages. Il fut aussi l'un des rédacteurs des
appelants, il s'occupa particulièrement de Annales de la re'.iijion fondées par Desbois
déhndre les intérêts de ce parti, et prit la de Rochefort, évéque constitutionnel et im-
6lus grande part aux querelles du temps, primeur. En 1798, il commença, sous le ti-
éputé en Hollande par le parti, il y tra- tre A'Annales religieuses, un recueil pério-
vailla longtemps sous les yeux de l'abbé dique dont il ne parut que huit numéros, et
Arnauld, qui lui Taisait, dit-on, une pension. qui fut su[iprimé par le directoire. On a dit
La révolution ayant éclaté, Larrière, qui en qu'il laissa en manuscrit un Traité contre le
épousa les principes, revint en France et le Contrat social , et une Théologie d'Ar-
soutint avec un zèle particulier la constitu- nauld, qui ferait six volumes.
tion civile (lu clergé. Il assista, en 1797, au
LATIGNY (Le sieur de'i. un des faux noms
concile des constitutionnels, et appuya leur
empruntés par Lulane.
cause de toutes les ressources de son esprit
et de ses connaissances. La persécution du LAUC.IER ou LOGER, curé de Chevreuse.
directoire l'obligea de retournera Aillas, où Voyez Loger.
il mourut d'une attaque d'apoplexie fou-
droyante, en sortant de table, le 3 janvier
LAVAL, un des pseudonymes de Le Mais-
tre de Sacy.
1803. On l'appelait communément l'ahhé
I.arrii're, et il portail l'habit ecclésiastique, LENET ( Philirkrt-Bernard ) naquit à
quoiqu'il ne paraisse pas avoir été même Dijon en 1077 , fut chanoine régulier de
tonsuré. Ses ouvrages sont : Sainte-Geneviève, travailla au Missel de
Entretie>'S d'Eusèbe et de Thi'ophile sur le Troyos, donné par Bossuet, évêque de cette
ville, cl qui était son parent. Il fut éditeur
sacrifice de la messe. 1779 , brochure
in-12. de quelques ouvrages de Daguet.
Observations sur le Pastoral de M. de Jui- LEOUF.rX (Claidi:), bénédictin jansé-
gnc archevêque de Paris. 1780
, 1787 niste des Blancs-Manteaux, mort en 1708,
in-12. auteur de plusieurs ouvrages, entre autres
Elles sont au nombre de d'un Mémoire juslificalif de TExposilion de
trois.
la doctrine chrétienne de .Mescnguy; mais
ViB d'Arnauld, jointe à l'édition des œuvres plus connu par te prospectus d'une édition
de ce docteur, donnée par l'abbé de Belle- des œuvres de Bossuet, abandonnée, après
611 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. «19
ia mort qni ne tarda pas a arriver, à dnni naquit dans le Perche, en 1657, se flt res-
Déforis [Voyez ce nom ); « édition prosciile pecter par ses vertus et ses lumières, cl
par lo clergé de Franco, dil Feller, cl entre- néanmoins censurer à cause des erreurs
prise précisément pour corrompre les écrits qu'il enseignait; après quoi il mourut en
de ce grand homme, et rendre sa foi sus- 1735.
pecte. On raconte, au sujet de l'abbé Le-
gueux, l'anecdote suivante, que nous trans- Su5niA TnEOLOGiE ad nsum scholarum ac-
crivons (c'est Feller qui parle ) telle qn'ell? commodatœ. Paris, Delaulne, 1709, 7 vol.
nous a été romuiuniquée. Feu M. Ribaliier, in-S"
si/ndic de la faculté de Paris, parlant à M. Le système de celte Ihéologie est un jan-
l'abbé Leqneiix du petit ouvrage qu'avait fait sénisme radouci, un demi-jansénism-^ qui ,
ce prélat sur le Formulaire d' Alexandre Vil, n'en est que plus dangercisx. Dès que l'ou-
lui dit que sûrement il avait dû le trouver vraire eut paru, il fut attaqué p ir une bro-
parmi ses manuscrits. L'abbc répondit qu'ef- (hur:^ intitulée: Dr'nonciatinn de la théolo-
fectivement il l'avait trou\é, mais qu'il l'a- gie de M. Lherininier , à Aos/^eigneurs les
vait j lé au feu. M. Ribaliier [ai fit à ce su- c'véques. 1701). L'auteur , en conséquence
jet une réprimande convrnable.^oiis pouvons dune vive attaque, donna une seconde
si
citer les personnes les plus respectables qui édition de son Traité de la grâce', où il mit
vivent encore, et à qui M. Ribaliier a fait plusieurs cartons pour faire disparaître les
part de cette anecdote. Il n'en revenait pas propositions les plus révoltantes; mais lé
toutes les fois qu'il racontait cette imperti- théologien catholique ne se contenta po^nt
nente réponse. » de ces palliatifs, et il publia, en 1711, une
0:1 a encore de Leqneus Le Verbe in-
: sai'.e de sa Dénonciation, où l'on voit en
carné, 1 vol. in-12; les Dignes Fruits de pé- quoi consiste la nouvelle hérésie, et quels sont
nitence dans un pécheur vraiment converti ; les subterfuges de ses sectateurs. Les efforts
un Mémoire sur la vie de Mésenguij ; une de ce théologien ne furent pas inutiles :
édition abrégée en sis vol. de V Année chré- quelques évoques censurèrent la Somme
tienne de Le Tourneux ( Voi/ez TouR>iEux) ; Théologique de Lherminier, enire autres,
une tra luction des Traiter, de saint Augus- M. l'évéque de Gap, dans son mandement
tin sur la grâce, le libre arbitre et la prédesti- du i août 1711.
nation ; une nouvelle édition des Instruc- « Nous avons, dit ce prélat, reconnu et
tions chrétiennes de Singlin, avec sa Vie. jugé, jugeons et déclarons que l'ouvrage du
sieur Lherminier, intitulé Somme de Théo-
LEVIER, prêtre habitué de la paroisse de :
tion de l'Ecriture sainte et des Pères, ni sieur François V'an-Vianen l'a ausM ensei-
,
cerlitude dans ses principes, ni liaison dans gnée dans SCS thèses de théologie, où il s'est
ses idées, etc. exprime en ces termes Mère commentitia
:
gnore. Voyez là-dessus les Noies criiii/ues lement nous devenons dès lors coupables
d'un anonyme sur le. mandement de M. l'ur- d'une prévarication qui nous rend désagréa-
chevéque d'Arles du 7 septembre 1732, vous bles aux yen < de Dieu, et produit en nous
y ce que les théologiens appe lent la coulpe,
trouverez un ttxte remirquable d'un écri-
vain de la secte Quand on a dit (ce sont ses
:
realum culpœ, mais encore digncsd'une cer-
termes), quand on a dit que le jubilé était un taine peine due à notre péché, reatum
f;œnœ.
mot de trois sijllabes, c'était peut-être la dé- 2" Par la vertu de la cjutrilion
parfaite,
finition la plus propre à donner une juste idée ou par l'opération du sacrement de pénitence,
de sa nature et île sa valeur. toute la tâche et toute la coulpe du péché
Aussi la plupart de ces novateurs n'onMJs nous est remise mais toute la peine ne l'est
;
fait attention au jubilé de l'année susdits, pis; la peine éternelle esl seulement changée
que pour en décrier les indulgences, en les en peines temporelles qui restent à subir
,
représentant dans leurs écrits, ncn comme ou d.ins cette vie ou dans l'anlre.
une remise des peines temporelles dues au 3° Ces pein s leujporelles sont de
deux sor-
péché, mais comme une relaxation précisé- tes les unes regardent le for externe, et
;
ce
ment d'une partie des peines cuvoniques les- sont
.
les eincs cm niques, ou celles qu'im-
1
quelles, comme l'on sait, ne subsistent plus pose le confesseur, et les autres le for in-
depuis longtemps. Or, ce système sur les terne , et ce sonl celles du purgatoire.
indul<;ences, tout faux quilest, le P. Jo- 4.° Les satisf.ictions
infinies de Jésus-Christ
lepli Lieppe, bénédictin, l'a ilairement aiiopié et les satisaciions sur.ibondantes
de ses
dans le passages de son prétendu mande- saints ne sont point perdues, elles
subsis-
Menl. Ce bachelier en théologie (car il nous tent Irès-reellement aux veux du Seigneur
apprend qu'il l'est a jugé encore que le ju- et composent le trésor prerieux dont Jésus-
j
bilé pouvait être pour lui une occasion Christ a confié la lii-pensatiou à son Eglise
fa- ,
Torable de renouveler quelques propositions ainsi que l'a décidé le concile de Tren.e.
proscrites parla bulle. Il a donc avancé 5' Ouelques anciens a:;tenrs dont
sans parle
pudeur (pages 5 et 6) les principes erronés sainl Thomas ont cru que l'indulgence
ne
de Quesncl sur l'inutilité de la crainte. C'est, remettait que les peines canoniques qui
re-
dit-il, à l'amour pénitent qu'il est
accordé de gardent le for externe. Mais ce sentiment
a
changer le arur.... Il n'y a que le changement été rejeté par ce saint doiîeur et par
saint
d amour qui fasse le changement du cœur. Son Bonaventure, et universellement par le tor-
maîlre avait dit avantlui La crainte n'ar- rent des théologiens catholiques, qui
:
sont
réle que la main et le cœur esl livré au v^en us après ces deux grandes
lumières de
,
pé-
ché, tant que l'amour de la justice 1 Eglise. Ils enseignent tous que
ne le con- l'indulgence
duit point. ( Proposition 61. remet aux fidèles véritablement pénitents et
justifiés la peine temporelle dont ils
LIGNY (N... de). Voyez Deugnt. restent
redevab!es à la justice de Dieu dans le for
LISLE (L'abbé de), pseudonyme emprunté intérieur, et qu'ils devraient subir, ou dans
par Boucher. cette vie, ou dans le purgatoire. Le
cardinal
Bellarmin établit celte doctrine sur les preu-
LOGER (N....), curé de Chevreuse, lais-sa ves les plus convaincantes. .M. Bossuet,que
un livre, dont BoiJot ( Foy;;: ce nom) fut ses disputes avec les ministres protestants
édi-
teur. Le livre a pour titre : obligeaient à parler sur cesujet avec la der-
Traité théologique, dogmatique et nière réserve, et à ne rien avancer que
critique de
des indulgences et du juhilé certain, l'appuie sur une raison qui paraît
de VF alise ca-
tholique. Avignon, 1731 in-12 sans réplique. C'est dans la considération du
de -m pages.
,
La doctrine de l'auleur esl que les septième point des méditations pour le temps
indul- du jubilé : « La doctrine de ce concile
gences ne sont qu'une relaxation de {
des peines 'Irentc) dit-il, est que l'indulgence est très-
canoniques et de la discipline ,
extérieure de uiile et très-salulaire; mais, 6 Seigneur!
1 hglise et que s imaginer
qu'elles sont une quelle serait celle utilité, quelle serait celte
remise des peines temporelles
dues au pè- huninnilé et celte douceur, si en exemptant les
che, c est donner dans une chimère
c'est fidèles des rigueurs de la justice de l'Eglise,
Ignorer la sainte antiquité. Cette
doctrine ce n'était que pour les soumettre à
de plus
DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 016
615
Celle uni aux solitaires de Port-Royal, el demeura
(iranâes rigueurs dans la vie future ? »
quelque temps dans leur maison il tradui-
raison est décisive , et la doctrine du
concile ;
plus bas « Que sert de nous tin et saint Cyprien ont chez lui à peu près
quelques lignes :
mêmes même
objecter que les pénitences qucn exige
dans le même style, les tours et le
Ce trésor (il parle du trésor des mentes n'est pas étonnant que son ouvrage se res-
infinis de Jésus-Christ) n'est
point enfermé
sente de cette liaison. Je vais en extraire huit
mais
dans un linge, ni caché dans un champ; ou neuf propositions, et je mettrai à côté
Jésus-Christ ena commis la garde à son Eglise quelques réflexions qui en feront sentir tout
pour être salulairement dispensé aux fidèles
le venin.
par le bienheureux Pierre, qui tient les clefs /, Proposition. Réflexion
deux, et par les successeiirs de Pierre, ses
des
mérites de Pag. b-2. Le iraducieur *
La preuve de cette
vicaires sur la terre, et afin que les pose celle maxime :«L'F,gli-
miséricordieusement appliques maxime CSt aussi sus-
ce trésor soient se calholiqiie u'élanl point maxime .
P^cie que id '"""."«
par eux à ceux des fidèles qui seraient vérita- divisée, coiimmniquer avec
même. On peut laire
un évêque callioliciue, c'est
blement repentants de leurs péchés, et qui
les
pénitence, communiquer avec l'Eglise; voir que celte Epître
auraient confessés au tribunal de la évéque
peine tempo-
et se sérarer d'un ^j^ Fjrmilien, Comme
leur remettant, tantôt toute la grecque, a été incon-
doivent encore satis- de regTse'.rPour p^rif
relle p'ir laquelle ils
justice de Dieu, tantôt «ne partie celle mavime, il rapporte nue à EUîèbC, qui a
faire à la les paroles que lévèque ramassé toutes les
seulement de cette peine, soit généralement, Fiimilien osa écrire au pape Anîirps
épi ternes sur la
res .irrilps a
jugeraient de- «• Excidisii
soH spécialement, selon qu'ils le saint Eiieu.ie.
matière du baptême
vant Dieu. Nunc pro tolali, nunc pro pnrtiali enim te ipsum, noli te fal-
hérétiques
lete, si quideuiille esivere des ;. et
remissione pœnae leniporalis pro pcccalis dé- sciiismaiicus qui se a corn- conj^e latine, incon-
bita? proat cum Deo
expedirc cognoscerent, munione Ecclesiastic.ae uni- ,
/-„„,:,..,
. , .".
'*
lorsque par qu^uu évêque quel qu'il soit, Si le pape est le
bilé, et qu'ils obtiennent en effet, qui se sépare de la commu- i
yisible de l'E-
f
une conversion véritable et par les disposi- nion d'un autre evêque, qui ,. •. :, ai-p In
gl'Se , il doil eire le
.
solence extrême d'entreprendre dans un li- le juge. Or le juge qui condamne les autres,
los papes
belle d'anéantir lindulgence que ne se condamne pas soi-même; le bras qui
accordent à loute l'Eglise;, et de choisir ex- coupe cl qui retranche ne se retranche
près le temps sacré où loute l'Eglise s'em- pas; le centre qui attire n'est pas attiré.
presse à en profiter pour répandre dans le
,
Qui détruit ces principes détruit le chef
public un si scandaleux écrit. visible de l'Eglise qui n'y connaît point
;
liien d'.ivec le mal. Il y a dans l'Eglise une slion [du baptê'tie des héré- ce traducteur ce qu'il
tiques) fut aiiitée JVPC cha-
séji;ira(ion de commandement , et il y en pense de la préten-
leur, el que ce pape l'ay mt
a une autre d'obéissance la première :
prise cxlrLUieineul à caur, tion des i)apes Inno-
réside dans le chef qui sépare, sans se sépa- et voulant ipie son senti- cent etX .Alexan-
rer la seconde dans les mi mbres qui se ment servit de régi' à a nie dre Vil, lorsqu'ils ont
;
rK;.'lise, il lût ^au^é iiidii-
séparent, sans séparer les aulres. liilalileineiit un siliisine, s'il
voulu faire souscrire
//" Prrposition. Réflexions. n'eût lioUNédesévéquesiini tout monde à la
le
n'éiaieui pas nioin enueinis .
condamnation des
fa-c 7,s II dit, «qu'il est • Celle recherche de orde que de ceue
la disi
cinq propositions ce ;
nouvelle domination. *
SI sailli CvpruMi eis lut l'ir- '
'
sera, suivant lui, une
milieu cliaiigrreiil di' senli- importante n a pas
nouvelle domination.
nieiils, nu uiiii ;l(!ui'.saiiilelé éié néanmoins juj;ée
esl indépeiidaiiie de cela, indigne des joins de VI' Proposition. Réflexions.
et elle esl aussi assurée,
que leur cliangement esl saint Ân<Tiislin. 11 est Page 72. « 11 eiH été à Nous n'avons au-
'
douleuii. Ce qui pourrait vrai (ju'il n'a pas as- souhai: er que le pape Etien-
ne en eût usé de sou côté
cun ouvrage de ce
faire le sujel d'une quesiiori suré posilivementque pape.oiî lesieurLom-
plus raisoiLuable, c'esl de avec la mènip mo éiaiion.
sainl C}p''ien eût Car (luoiqn'il déf ndit le lion bert ait pu voir cet
savoir si le pipe Klienne
s'esl réconcilié avec cliangé de sentiments l'arli, et celui auquel lonte
entêtement pré endu.
avant que de niouiir, et est avant que de mourir, l'Eglise se rangea depuis;
coiunie elle n'avait encore Saint Augustin nous
rentre dans leur cuniiiiu il s'est conlenté de
niun. t)> il n'en faut point rien délini là-dessus, il était le représente eonmio
douter, vu que I lighse l'ho- nous laisser la chose lihre a chaque évèque de ayant totijours voulu
nore comme un marijr, et dans le doute. tenir ce qu'il croyait le plus
véritable, comme S. Au-
conserver la paix
que le inarlvre est iiicouipa- " il est inouï que même avec ses ad-
titilc a\ec le scliisuic et la gustin le reconnaît. ' Cepen-
l'innocence d'un juge dant ce pape s'attacliaut im versaires. Cet entête-
division. '>
tiemment les renionir ne. s de plusieurs évêques latholi- iidevaii.i'évêque du pre- ^T^' lue saint Leon
ques, e s'éiail séparé de leur couiniunii/n. si, avant que iiiier séxed"t)crideiit, il ne l'Ût recimnu que ce
de mourir, il ii'eOi t'ait la paix avec eux, et neùt renoué
croyait pas qi.e ce respect fût au seul concila
les liei.s de la clurité et de l'unité. » œcuménique à déd,
pui^i::;^::ï;";r-:i;pni
IV' Proposition. dut considérer dans cette der absolument les
Réflexions.
reiicunire .son sentiment qt.'estions agitées dan s
Pag. 73. « *
Ainsi sainl Saint Augusiin plus i)iie celui d'un ainre
typneu conservant toujours l'Eglise, s'en suivrait-
nous assure en plu- évéque, pHi.s<pie la question
Sa mode ation ordinaire, et il pour cel que l'on
dont il .-'agissiil ayant par- t
ne rompant point avec Ltieii sieurs endroils (jue le tagé les prélats de l'Eglise, ne dût pas considérer
ciuoique Klienne eiU pape Etienne ne rom- elle ne pouvait êlre décidée davantage le senti-
TOmiiu avec lui demeura pji ,,,,:,,, i,, :
q e par un concile œcuiné-
,
•ousUieu.eiiuectiteque- ne peut contraindre ses cul- '""'• »> 'i"' Voir les
mander après cela à lègues à lui obéir, puisque étranges conséquen-"
DlCriO.NNAlUE DES HÉHISIES. 11.
«lé DICTIONNAIRE DES J.\NSENISTES. 6S0
tnut évêqoeest libre de qui se peuvent résolution de la part dn sainf-siége, il n'est
faire ce qui lui pbit, et ne ^ j ,, .,rop,)_ pas surpion.int qu'il ait cru que jusqu'à ce
neiit non plus êtieingb par ...
sition.
^ remar(iMe
On
' '
Etienne pis.çail en eette «lll fait paraître (16 illusion à cet autour d'avoir voulu nous
reneoMirel s bornes
défendre rie
S.lint sonCv- exprimer par là le véritable sentiment de
pouvoir.elentreprenàmne pr;en ', i| n'a pu se saint Augustin, parce qu'il est certain que
c lose qui appartenait qii a
'! ",. . '
sonlenable , elle demandait d'être res- recours alors aux définitions d'un concile
treinte dans un cas particulier. œcuménique, mais il a regardé les déûni-
tions du siège apostolique tomme devant
JX' Proposition. Réflexions. servir de règle à la créance générale de
Page lli. Ceiadiicteur •
Ce fait n'est pas l'Eglise.
demande pourquoi saint Cy- véritable; et si le Ira-
Drieii avant comhattu le sen- /•-, j
toent du piipe Etienne sur
• ,
ducteur se fut donne LORRAINE (François-Armand), évêque
le baptême des hérétiques la peine de lire le dé- de Bayeux, mort à Paris le 19 juin 1728.
avec tonte sort(> de liberté
Tignorance
crei de ce pape dans Louis W\avait refusé de le nommer évê-
iusqu'ij le ta , L . c» source
«^ «niirrp et nnn pas
pt non nae que ; la régence n'y regarda pas de si près.
et d'indiscrétion, ses écrits
seulement dnns Gra- ]M. de Lorraine fut un des douze prélats qui
n'ont pas laissé d'être en si
grande vénération dans l'E- tien, il eût VU qu'a- signèrent la lettre contre le concile d'Em-
glise-quele pape Gélase p^ès que Ce pape a brun, et un des neuf qui firent signifier au
leur a fait cet honneur de
'^ "^
,^
. j
les meure sans di.tiueuon à
mis les œuvres de procureur général un acte pour dénoncer le
la téle des ouvrages des sailll Cypriin a la bref ap[irobaiifde ce concile. M. de Lorraine
Pères ue l'Eglise romaine
<
tôle des Pères que avait mis toute sa confiance dans l'ahbé Petit-
reçoit et approuve. " « Et
l'Eglise reçoit, il met Pied, qui, au dire du gazelier janséniste, est
la réponse quM v a à faire 'a
cet e demaiid», c'est que,
ensuite parmi les li- l'auteur (les mandements du prélat.
comme le ditsaiul Auguslni, vres apocryphes les
Mandement..., contenant jugement qu'il
le
lorsque saint Cyprien reje- œuvres du même saint
ta le ijaptême des héréti- porta sur différentes propositions qui lui
ques, cette question n'avait
Cyprien ; ce que le
avaient été dénoncées par le P. de Gennes,
pas encore été lerminée et
définie par un concile œcu-
cardinal Baronius a
expliqué des lettres
jésuite. —
Autre Mandement, portant ap-
ménique et qu'ainsi 11 lui probation et confirmation de la censrire de
;
que saint Cyprien a
était libre de tenir la-d la faculté de théologie de Caen, du .31 dé-
sus ce qu'il croyait de plus écrites sur le baptême
cembre 17-20, contre dix-sept propositions,
vrai, quoique le pape El ien- des hérétiques.
ne lùtd'uiiautre sentiment.» tirées tant des cahiers que des thèses pu-
*
Si cette réponse
(El -plui bai). « Ainsi saint bliques des jésuites que du collège de Caen.
Augustin était bien éloigné
contient les vérita-
de s'imaginer que le senti- bles sentiments de cet Ce double mandement, qui est de llipages,
ment du pape Etienne dût auteur, il est aisé de porte la date du 25 janvier 1722. Rome le pro-
être celui des autres évê-
qiies s r ce point, puisqu'il
conclure de là ce qu'il scrivit comme contenant quelques opinions et
reconnaît que ceux qui n'en croit des cinq propo- doctrines téméraires, suspectes injurieuses
,
dans le ciel. En sorte que les évoques el les 1734 el 1738, 3 tom., o vol. in-12
prêtres n'ont déplus que les auircs fidèles Irième partie, sixième, septième et hui-
que le ministère ot l'exercice de oe pouvoir: tième section, 1738, 3 vol. in-12.
pouvoir qui au fond réside dans tous les Autre édition de la première partie : Bis-
membres de l'Eglise, laïques, f'mtnes et en- toirr du livre des lîéflexions morales .<ur
fants. C'est même du consentement au moins le Notweau Testament, par le P. Quesnel et
tacite de toute l'Eglise, el par conséquent des de la constitDtio!! Unigenitus, servant' de
laïques el des femmes, que ce pouvoir csl préface aux Ilexaples. Première partie.
exercé par les évéques et p;ir les prêtres.
Voilà ce que le grand Bossuel appelait au-
Amsterdam, Nie. Pogieler, 1723, in-i°.
Autre édition, Amst. Nie. Fog., 1726, in-i».
—
trefois mettre en pièces le christianisme et
Autre édition de la seconde partie. Amst
préparer la voie à l'Antéchrist. Nie. Pog., 1730, in-4°.
'
ne
donne aucune atteinte, ou des opinions de RÉFLEXIONS .vir le décret du pape, du 12 fé-
Baïus et de Jansénius déjà plusieurs vrier 1703, in-i°. '
fois
proscrites.
Le parlement de Rouen Histoire abrégée du jansénisme et remarquée
supprima l'/n-
Uruciion, par un arrêt du 8 sur l'ordonnance de M. l'archevêque de
juillet 1727. Pa-
ris, du 20 aotlt 16%. .\vec
Françoise-
LOUAIL (Jean), prêtre, pi leur d'Auzai Marguerite de Jomoux. Cologne 1698.
appelant, naquit à Mayenne, dans le Maine|
Histoire du cas de conscience signé
par
£l?5 DICTIONNAIRE DFS JANSENISTES. en
quarante docteurs de Sorbonne. contenant s\e\irs Garckusius et Verkeul,do2\na l'Extra
les brefs du pape, ordonnances épiscopnles, tempora ; ce qui n appartient i|'iau pape^
etc.; R fl'X uns sur cespi'ces. Avec made- comme per'îoune ne l'ignore. Tout irrégu-
iiioi&clie de Jomoux ; noirs de Fnuilloux, iiers, tout inrormes qu'étaient ces dimissoi-
Pclilpied, etc. Nancy, 1703, 1706, 1710, res, M. de Senez (qui ne pouvait pas ignorer
1711. 8 vol. iii-12. que le chapitre schismalique d Utrechl avait
été nommément excommunié par trois papes)
LOUVART (dom François), béncdiclin de ne laissa pas de les admettre. Il fit encore
S.iiii-iMaur, appelant, iiaiiuit en 1062 à
quelque chose de plus étrange. Dans trois de
Champ-Généreux, diocèse du Mans : il fut le
SCS ordinations il ne célébra point la messe
premier de sa congrcgalloii qui s'éleva con- lui-mcmc, mais il la fit célébrer par de sim-
tre la constitution llhKjenitus. Ce religieux, ples prêtres. C'est ainsi que ce prélat fanati-
qui aurait du rester djns la retraite et dans que se mettait sans remords au-dessus de
l'ob curilé. écrivit à quelques prélats des toutes les règles. Mais quand on a prrdu la
lettres si sédilieuscs, que le roi le ût enfer- foi, il n'e^t plus de barrières que l'on ne
mer à la Bislille et en d'aulres maisons de franchisse aisément.
force. Ùulin il se refuyia à S.liuonaw, près Cependant, comme c'était pour les jansénis-
d'U;rechl, où il mourut en 1739. tes d'Ulrecht une chose très-incommode de
X^ZTWiE de communion, écrite en français et faire traverser toute la France à leurs élèves,
en latin, à i archevêque d'Ucrechl, le 31 pour venir chercher dans le fond de la Pro-
juillet 1727. vence M. de Senez, le seul évcque qui voulût
leur prêter son ministère, M. Varlet, évéque
Cette lettre est souscrite par trente-trois de Rabylone, pour lors retiré à Utrechl, les
jansénistes de Nantes, préircs, clerts, moi- délivra de cet embarras. Tout interdit qu'il
nes rie Saint-.Maur, etc. Elle est adressée à était par le pape et suspens de toutes ses
M. Corneille Jean Burdtman, arclievéïjue fonctions, il n'iiésita point d'imposer ses
dUtrocht, intrus et schisraaiiquo, comme mains sacrilèges sur les sujets présentés par
l'élail son prédécesseur, M. SCanoven. le clergé sihismnti(iue et excommunié, et il
Par ceie lettre les jansénistes lui décla- ne laissa plus à M. de Senez que le mérite de
rent qu'ils s'unissent a lui de corauiun on; la bonne volonté.
et xoici les motifs qu'ils en apportent. C est Par t lUt ce que nous venons de dire, oa
qu'il fpjetie la cousliluiion Unigenitus, qui peut voir ce (lue c'est que cette église dU-
combat, disent-ils, la foi, la morale de Jé- tiecht dont les jansénistes de Nantes recher-
sus-Christ et la discipline, et (lu'il a refusé chaieut avec tant de zèle la communion.
de sigm r le furumlacre qui cause tant de
maux à l Eglise. Dom Lou\ard, bénédictin Lettre de dom Louvard à un prélat, datée
de Sainl-Maur, est i'auteur de la le tro la- du 19 octobre 1727.
tine, signée par plusieurs de ses confrères. Lettre du même dom Louvard à un pre'lal,
La prétendue église d Uirechi, dont il est du 22 février 1728.
ici (lucslion, n'était pas seulement unie avec
les jansénistes de Nantes ; elle avait un com-
Dom Louvard, dans sa première lettre,
meice imime avec l'évêque de Seuez (Sua- exhort.* en ces termes un prélat à se déclarer
, . , .
nenl qui, à la prière du P. Quesnel, s'enga- «"0" hautement pour le jansénisme Aujnur- :
gea à ordonner, el ordonna clïectivemenl en d ''"' '' f»»t aller contre le fer, le feu, le temps
et tes princes. Audacieux langage et tout à
1718 el 1719, les sujets envoyés d'Ulrecht,
fait semblable à celu'i de dom Thierri, qui ne
où il n'y avait point alors d évêque, ni in-
craignait pas de dire qu'il fallait lâcher de
trus, ni légitime. Cet e ordination est con-
mettre nos rois hors d'étal de pouvoir exécu-
statée par les registres des ordinations du
diocèse de Senez et M. Corueille-Jeau
;
ter d s injustices pareilles à celles qu'il avait
éprouvées.
B "climan (depuis archevéqui; schismalique
d'U.recht) est un de ceux qii reçurent de ce Dans la seconde lettre, dom Louvard de-
prélal, en 1719, la tonsure et tous les ordres nianile qu'on exige comme une chose esscn-
jusqu'à la prêtrise inclusivemenl, en trente- lielle, 1° que la bulle ne fasse jamais loi dans
neveu du fameux Arnauld, naquit à Paris limur. Datum Cameraci... die 12 mensis oclo-
en 1013, fit ses études sous les yeux de bris anni 1665.
Saint-Cyran, reçut le sacerdoce en 1648, et Vient ensuite une approbation de monsei-
fut choisi pour diriger les religieuses et les gneur l'évêque de iSamur, conçue en ces ter-
solitaires de Port-Royal. Le jnnséiii<me l'o- mes :
bligea de se cacher en 1660, et le fil renfer- Scriplura divina nihil temere vel fortuito
mer LMi 1661, à la Bastille, d'où il sortit en
loqnitur; sed, ut ait sunctus ('hrysostomus, et
1668. Après avoir demeuré à Paris jusqu'en syllnba et apiculus tinicus reconditum habet
1675, il se relira à Port-Royal, (|u'il fut obligé thcsdurum. Hinc periculosum est intcrprcta-
de quitter l'année suivante, et alla se fixer à tionem aut versionem ejus suscipere. l'urro
PiPMiponne, où il mourut en 1684. Le nom de qttisquis hanc Novi Testamenti translnlionem
Sacy, qu'on écrivait primitivement Saci, lui in yallicam linguam cum annolationibus ad
vient, dil-on, de l'anagramme d'un de ses calcem cujusque paginœ scripsit genuinnm
,
des églises de cette ville, faubourgs et dio- reçiîmes de tontes parts des plaintes du
cèses, à ce que personne n'en prétende cause trouble, du scandale el de la division qu'ellH
d'ignorance.... » causait parmi les fidèles. Nous demeurâmes
Peu de jours après la date de la première néanmoins quelque temps dms le silence,
ordonnance de l'archcvêiiue lie Paris, c'cit- pour nous éclaircir de la vérité, el afin de ne
à-dire le 22 novembre, le const'il d'Etal ren- rien précipiter dans une affaire de celle im-
dit un arrêt dans lequil il est dil que Sa pertance. Mais ces plaintes conlinuanl, et
Miijeslé « défend à tous liliraires el impri- ayant considéré que cette traduction avait
meurs de vendre ou débiter ladite version , été mise au jour par des personne^ suspectes,
sous peine de punition; ordoiine à toutes sans observer les règles que l'Eglisi' |jres-
personnes qui en auront dis exemplaires de crit ,louchant les versions et la publica-
les porter incessamment au greffe, pour y tion des livres sacrés de l'Ecriture sainte, en
être supprimés , à peine de quinze cents langue vulgaire , nous nous résolûmes à la
francs d'amende. » Il est encore dit, d.ins le vérité d'en défendre la lecture aux peu|les
n.ème arrêt, que cet ouvrage a pour auteurs de noire diocèse , mais avec toute la mode-
des gens notoirement désobéissants à l'Eglise. ration qui se pouvait apporter dans une af-
De son côté, Arnaiild publiait son écrit faire de cette conséquence et que chacun
,
écrits furent publié» par Arnauld, Nicole, elc, en notre personne celui qui nous a envoyés.
à l'occasion de cette requête, qui d'ailleurs Cependant nous apprenons qu'au préju-
fut défendue. dice d'une ordonnance si légitiuie qu'au ,
attendre toujours les remèdes dont la pré- pour titre Le Nouveaii Tesitnnrnt traduit en
:
mais encore y ayant employé plusieurs per- reiranché ce qu'ils ont voulu Tiit quantité ,
sonnes recominan ables par leur doctrine de transpositions, attiré à leur t'anlaisie,
et par leur piété, dont il y eu a qui sont et perverti le sens de l'Ecriture en divers
d0(tfurs en Ihologie, avec lesquels nous endroits.
étant fait représenter , et ayant mijrement En (lualrième lieu , ils ont contre la cou-
,
consi téré diverses censures que la facullé de tume ancienne et communément reçue dans
théologie de celte ville de Paris a faites de l'Eglise, divisé ce qui devait être joinl, et
teuips en temps contre les versions de la joint ce qui devait être divise dans le texie,
Bible et autres livres sai'rés en langue vul- n'ayant à cet effet gardé aucune exactiiude.
gaire, et parliculièremcnt celle qu'elle fit dans les points ni les virgules ce que l'on ;
publier, au siècle passé, contre la traduction sait a.ssez cire de conséqiience lorsqu'il ,
de Hené Benoist et celle du 4 janvier ICGl, s'agit des dogmes et vérités c^ilho'iques.
nous avons reconnu que cette nouvelle tra- En cinquième lieu, ils ont fait enlrer de
duction du Nouveau Testament en français, toutes parts dans le texte de l'Ecriture des
imprimée à Mons , chez Gaspard Mig'eot, choses qui n'en sont point. Et comme ils
contient des choses qui la rendent en soi aiment la nouveauté, ils suivent en cela les
très-condimnablc dans tous les chefs et par ministres de Genève, favorisant ainsi li nrs
les mêmesraisons qui obligèrent il y a cent erreurs en plusieurs endroits. Mais ils n'en
ans facullé de Paris de censurer celle de
la sont point demeurés là , et ne se sont pas
René Benoist, laquelle fut aussi condamnée contentes d'y faire entrer seulement queiqoes
par l'éminenlissime cardinal de (Jond}, l'un mois; ils y ont mêlé de leurs explications ,
de nos prédécesseurs, et même par le pape des paraphrases et quelquefois des lignes
Grégoire XIII qui la mit au rang des livres
, entières, sans aucune différence de carac-
delén lus, sous peine d'anaihème, et la re- tères, et sans les distinguer d'avec le texte,
jeta de lEglise, par un bref exprès, adressé ainsi qu'ils avaient promis. Et quoique d'ail-
à ladite facullé, en date du 3 noven.bre 1575. leurs telles additiuus s'y trouvent souvent en
Car, en premier lieu, elle nouvelle tra- moindres iellres, en caraclères différents et
duction , imprimée à Mons, n'est point con- italiques , c'est tou'.cfois une chose qui est
forme, non plus que celle de René lienoist contre l'usage de l Eglise et qui n'avait
,
au texte de la version latine, communément point été pratiquée avant Calvin. De plus,
appelée Vulgaie, en ce que souvent elle lui ces sortes d'addilions ne sont point sans
préfère le grec vulgaire, quoique l'Eglise ne quelque péril, parce qu'il peut arriver dans
l'ait point déclaré authentique, le substituant ia suite des temps qu'elles seront imprimées
même presque toujours en sa place, et reje- en même caractère que le texte, et qu'ainsi
tant à la marge ce qui est de la \'ulgate. on ne pourra plus en faire le discernement.
En quoi ils manquent manifestement au res- En sixième lieu, ces mêmes auteurs ont
pect qii est dû au saint concile de Trente, rejelé tous les titres ou sommaires des Inres
lequel a déclaré la version vulgale authen- et chapitres de la iîible, qui de toute ancien-
tique, avec défense expresse de la rejeter, neté se trouvent communément dans les édi-
sous quelque prétexte que ce soit, tit nemo tions de la Vulgate, lesquels, dans l'opinion
illttin rejicere sub quovi$ prœtextu audeat tel commune, ont été rédigés par saint Jérôme,
prœsumat. el ils ont mis dans leur place des sommaires
Ils imposent encore étrangement, par ce de leur invention , en coupant et divisant les
litre qu'ils donnent à leur ouvrage, le Nou~ thapilres à leur fantaisie.
venu Testament de Notre- Seigneur Jésus- Ou re toutes ces choses qui ont été obser-
Chbist, traduis en fraiictiis , selun l'édition de vées par la faculié de Paris, el condamnées
ia Yuiyiite, avec ie« dil}'érenççs du giiC, puis- dans la version de la, liiblc qui parut a^
,,
siècle passé,sous !e nom de René Benoist do semblables libelles contra nos ordûn»^
nous avons encore remarqué dans ladite Ira- nances, et par tous ceux qui les Imprimenml,
diiclion, imfiriniée à Mens, {lusieurs iiitcr- les débileionl ou en favoriseront l'Impression
pnMalions qui tendent h favoriser et renou- ou le débit. Défendons h tous nuirfs qu'à
veler les erreurs du jansénisme. De [lus, nos vicaires généraux, à noire ponilenrier
nous y avons trouvé plusieurs façons de par- ou à ceux qui auront pouvoir spécial i\i\
ler Irès-m.iuvaises et dangereuses, lesquilles, nous pour cet effel d'absoudre ceux qui au-
,
prélace qui contient quantité de propositions sonne que ce soit de lire ladite traduction.
,
A CES CAUSES, nous croyons qu'il est du cèse, à ce que personne n'en puisse prendre
devoir de noire cliarge et do notre vigilance cause d'icnorancc. »
pastorale d'improuver et condamner, comme l-ait à Paris, le 20 avril 1C68.
de fait nous improuvons et condamnons, la Signé Hardouin,
susdite traduction du Nouveau Testament nrcbevcque de Paris.
en français, imprimée premièrement en, la Le20avril,le jourmême oi'i Mgrl'arrbevêque
ville de Mons , et du depuis en quelques au- de Paris donnait sa seconde orilonnaice, le
tres lieux. Et afin d'en empêcher le cours pape Clément IX donnait son bref; et nous
autant qu'il nous est [)ossible , nous dé- lisons à ce sujei, dans un ouvrage dont nous
fend(ms, sous peine d'excommunication à , parlerons plus bas (Ernmen de auelqnei
toutes personnes de notre diocèse, de lire ni passar/es , eic, préfiee du dernier recueil,
retenir ladite traduction. Et parce que nous pag. hkl et suiv.) les lignes qui suivent :
avons appris que certains m.ilintcntionnés « Le Souverain pontife qui a été établi de
n'avaient pas laissé de la distribuer, vendre Dieu pour veiller sur son Eglise, a rru qu'il
ou débiter du depuis, au mépris de notre dite était de son devoir de prendre connassance
ordonnance et au grand scandale de l'Eglise, de la Iradiielion de Mous, et qu'après avoir
nous voulons que la peine de l'excomniuni- observé tontes les bos'es que sa raison et sa
(
-
calion, dont nous avions seulement menacé prudence detiiindeul dans une nffaire de si
les imprimeurs -libraires et autres
, soit , grave conséquence. Il a enfin donné son
désormais encourue, ipso fac(o par ceux , jugement définitif qu'il a fiit puldier A Home,
qui oseront imprimer, vendre on distribuer, et dont il est à propos d'en peser ici les i)a-
publier et débiter ladite traduction renou- , roles parce qu'elles sont t'X>s-nolables.
velant en cela l'ancien décret du concile de « Clemens Papa IX. Ad futurnvtrei inemo-
la province de Sens, tenu en cette ville de riain. Dcbitum pastoralis offiai qko licclrsiet
P.iris, l'iin 1328. Laquelle excommunication, catholiccr, per nnivnsum orbnn dilfasœ, rerji-
conformément à notre première ordonnance mini, divina dispositione, prœfidemHs,eûcigil
du 18 novembre lG(i7, sera aussi encourue, vt sacrœ Scriplinur, in ea purital'', in </h per
i
ip<o fado, par les prêtres, curés , vicaires, tôt sœrula,in(/cnli dirinwbunitatis bénéficia,
confesseurs et directeurs des âmes qui en , cow^erviilœ fuerunt, illibatas cuslodire omni
permettront la lecture. Nous entendons pa- studio atque tii/ilantia sataqamus.
reillement que la même peine soit encourue, « Ce n'est pas l'iniinisilion de Rome qui
ipso fado, par tous ceux qui entreprendront parle ici, c'est le chef de l'Eglise qui jiro-
de vendre , publier distribuer ou débiter
, nonce lui même ctciui nous déclare d'abord
trois libelles imprimés sans nom d'auteur, l'importance du sujet dont il est question, eu
d'imprimeur, ni du lieu de l'impression, nous disant qu'il s'agit de maintenir la pu-
dont l'un a pour titre Abus it milliles de
:
reté de la parole de Dieu, que la provi-
l ordonnance sidireplice de )ii()>isei(ineur l'ar- dence divine a conservée depuis tant de siè-
chevêque de Paris, par laqurl e il a défendu cles jusqu'à présent par la protection sin-
de lire et de débiter la Iriuiudion du \oureaii gulière qu'il a donnée à son Eglise. Il ajoute
Testiimenl ,imprimée à Mans et les deux ; ensuite que, pour procéder dans unealTairc
autre- intilules Dialogues entre deux pa-
:
de telle conséquence, il veut prendre toutes i
roissiens de Saint-Uilnire du Mont sur les , les précautions nécessaires, et que pour ce!
ordonnances cuire lu traduction du Xoiivenn effet il a choisi quel(]ues cardinaux et d'au-
Teslnment imprimée d !\lons comme aussi tres personnes éminenlcs en piéié, en doc-
pur ceux qui oseront à 1 avenir écrire trine et eu satïesse pour examiner celle ira-
635 DICTIONNAIRE DES JANSENISTLâ. C35
duction de Mons, et lui en faire Bdèlement « Ita iit nemo deinceps, eujusciimque gru"
leur rapport, comme il paraît par ces pa- dus et conditionis eaislat, eti'ivi speriali et
roles qui suivent : siwplicit^sima nota dignus, sub pœna excom-
« Ciim iia'jue, siciit ad auref: nostras per- munieationi^ latœ sententiœ, ipso facto in-
venit, Hier quid un versionis gallicœ Novi 7e- curreiidœ, illum légère, relinere vendere ,
gement que le papi' a donné sur un sujol qui Mgr l'évêque de Toulon (Jean de Vinlimille),
regarde lellenicut l'intérêt de l'Eglise, comnu proscrivirent la traduction de Mons, ce der-
est la p:re:é de la parole de Dieu, et dans nier, comme téméraire, dangereuse, différente
Icqui 1 il a procédé avec tant de circonspec- de la Vulgale dont elle s'éloigne pour suivra
tion, ne soii très-légitime, et qu'il ne doive la version des hérétiques et les dépravations
faire une for'e impression sur Tesiirit des de la Bible de Genêt e; il ajoute qu'e//e insi-
catholiques qui ont tant soit peu de crainte nue les erreurs des propositions condamnées
de hasarder leur salut. Voici donc ce qu'il a dans Jansénius.
prononcé: Le 19 septembre 1679, le pape Innocent
«Quoi'uin scnleoliis auditis atque consi- XI, dont les jansénistes faisaient assez sou-
deralis,eumdem librum versionis gullicœNovi vent l'éloge (1), condamna aussi cette \er-
Teslamnli, ut supra, et ubicumque impres- siou; or, il la condamna d'une manii re très-
sum, sive in poslerum imprim>ndum, t n- expresse, puisque de tous les livres désignés
quam temerarium daninosum, a vulsaia
.
et censurés dans son décret, c'est le seul
ediiione difformem, et offendicula
praeiiicta sur lequel il répèle en particulier ces pa-
simpiicium contineniem, aulhoritalc apo- roles : Vel ubique îocorum et quocunique
slolica, teuore prœsenlium damnamus et , idiomale impressus et iii:primendus.
prohibcinus. Le 4 mars 1711, .\igr l'évêque de Gap pros-
« n'est point nécessaire de se mettre en
Il crit également la Irailuclion de Mons.
peine de justifier toutes los notes de cette En 1713, Clément XI, dans sa constitution
censure qui condamne la traduction de Mons, Unigenitus, reçue par toute l'Eulise, déclare
et qui la dé: Lire téméraire, dommageable, qu'une des raisons qui l'obligent à con-
différonle du Vulgale et dange-
teste de la damner le livre du P. Quesnel, c'est que le
reuse aux personnes simples qui y tr'Uvc- texte français de son livre est conforme en
ront dis occ.isions de siandale et de chute, beaucoup'dendroits, à celui de Mons. Sa-
puisque les passaiies que nous venons d'exa- crum ipsum Novi Testamenti textum damna-
miner, et biaucoiip d'autres que nous avons bilitr vitiatum comperimus, et alteri dudum
omis, de crainic l'è'.re ennuyeu'; en sont , reprobatee versioni Gallicœ Monlensi inmultis
des preuves trop convaincantes; car quelle confurmcm.
plus grande témérité peut-on commettre en Beaucoup d'écrits furent publiés contre la
lait de relii^ion, que de se rendre juge du traduction de Mons sans parler des sermons
;
texte de l'Ecriture sainte, d'abandonner la prêches contre elle par le P. Mai nbourg,
VuL'ate dans une infinité d'endroits pour qui furent attaqués d'une p.rt et défendus
donner des interprétations différentes et de l'autre. Nous indiquerons :
si pernicieuse, qn'il a détendu à tous les fi- Examen de quelques passages de la traduction
dèles de la lire, de la garder, de l'imprimer ou française du Nouveau Testament imprimé à
de la vendre à peine d cscommunicair.ou Mons , divisé en plusieurs reçut ils selon
actuelle. la diversité des matières, etc. Rouen, Eus-
(1) I S'il n'est peint de pape, dit un liistorien, que aucune bulle contre eux. Ce n'est pas toulefiiis
les jan^éuisies aient lanl exalté, c'est qu'd esi ir.au- qu'ilapprouvât leur doctrine la censure qu'il a Hiite
:
rel lie régler son csiiiiie sur smi intérêt. Il n'y a point de leur Nouveau Teslaïueut de Mons ei de plusieurs
de mal qu'ils ii'aieni dit d'Alexandre VU, irrépro- autres piuiluciioiis de même espèce eu esi une preuve
cliable dans ses ii.œurs, ainsi que des aiilies pa, es qui n'en dcinaude point d'autre. Mais ils avaient •iiQu
qui les ont conilainnés; cl point de loiiangcs qu'ils irduvé le secret d'écliapper à s<'u lè e, en ^asiiaut
u'aieiit piuiiiguées à loauccat XI, qui n'a publié quelques perswme» v^ï avaicnuurpns sa couaauue.»
;
tache Viret, 1676, in-12de W5 pages, plus toujours avec celle de Genève, même dans
m pages pour ks litres il l'avaiii-propos. les passages essentiels dont les hérétiques
se servent, et qi'ijn leur a reproché sans
Chaque rec«<fi7 a une préface particulière. cesse d'avoir falsifiés. En voici quelques
Le preiiiiiT est sur la chasteté et iimpudici'é ex( mpics.
en i/énéral. L'auteur y examine dix passades « Omnis qui irascitur fralri sua, reus erit
de la Iraluclion, el lait voir les erreurs judicio. .Malt., v, 22. Ils traduisent Qui- :
qu'ils reiiliTmcnt: puis, sur la chaslrté îles conque sans sujet se mettra en oUre contre i
éréq es et des prêtres, huit passaj^es du on- son frère ; ce mot. sans sujet est ajouté;
zième au (lix-huiiième; ensuite, sur la chas- par conséiiuent c'est une fausseté mani-
teté des diacres, un passage, le 19'; sur le feste. D'ail 'Urs, c'est donner la liberté
tau de chasteté, cinq p.issagps. les 20-2V' de se venger d'un lionime que nou- croinius
sitj/d chasteté des vieillards, un, le 23*; enfin, nous en avoir dunné sujet, ce qui est un
sur l'iinpudicilé des hérétiques, trois, les 26- horrible relâehoment.
2 '". Le ilcuxièuie recueil est sur la virginité « El Verbum erat apud Deum. Joan. i,
de la mère de Dieu. L'auteur y relèvi^ douze 2. Au lieu de traduire eti Dieu, ce que signi-
passages. Le Iroisièine, sur l'eucharistie; iipud, et le t.iec, npo; rov e:ôv ils mettent,
— seize passages. Le qualrième, sur la pré-
fie
même que Genève, avec Dieu, ce (lui ne
destination el la réprobation dis hommes; — de
prouve point la divinité do Jésus-Christ,
huit passages. Le cinqnièino, sur la mort de comme le prétend saint Jean contre Ebion
Jésus-Christ pourle salut de tous les hommes; el Cérlnlhe.
— huit passages. Le sixième, sur lu grâce et « Infirnuitur quis in vobis, inducat presby-
la liberté; —
douze passages. Le si'pliiMiie, teros licclesiœ, el orenl super eum, ungentes
sur la justification, la récompense des anitils cum oleo. Jac. , v, 14. Pm'.-Hojal tra-
et le châtiment des damnés —
dix passa i»es.
;
duit, i.u'ilsprient pour lui au lieu de .'^ur lui,
Le huitième, sur la divinité du Fils de Dieu, comme il y a mémo dans le grec, iîr' ajtov,
la personne de Jésus-Chrisi, l'Er/lis', les pré- marque <]ue la pri. rc est sacerdotale
ce qui
lats de l'Eglise, l'intercession des saints, les
et sa ramentellc , et non pas une prière
œuvres sutisfactoires et l'assurance du *a- commune, qui se peut faire même pour un
lut; —
onze passages. absent.
Le dernier recueil contient (rabord, dans illis (Deus) operationem erroris
« !\Iitlet
la préface, le bref de Clément JX, d ni le ut credant mendacio. 11 Thess. ii , 11. ,
texte se trouve rapporté plus liaul ; ensuite, L'Apôlrc parle des illusions de l'Antéchrist
l'ordonnance du cardinal Barbeiin, 1rs deux et des iiiipostures qu'il emploiera pourlroiu-
(le Mgr l'archovcque de Paris , qu(! nous per les Juifs, el Mons a traduit comme Ge-
avons aussi reproduites ci-drssus; celle de i\è\ù Il leur enverra un esprit d'erreur si
:
lévèque d'Evriux ; celle de l'évêque <r.\- efficace, qu'ils croiront au mensonge ; on met
iiiieiis el celle d'Antoin:' Lambert, grand en me.rge : L. ^inc efficace d'erreur, pour.
vicaire d'Embrun ; cnQu l'arrél du conseil Tirons de ceci les conséquences qui eu sui-
d'Elat. vent naturellement.
Nous avons vu plus haut, dans la citation « Dieu est l'aulcur de 'oui le bien que
d'une partie de la préface de son dernier nous faisons , parce qu'il nous donne la
recueil, que l'auteur déclare n'avoir pas grâce efficace pour le faire il .sera donc ;
relevé tons les passades répréhensibies et eu l'auteur de limpiélé des Juifs, p qu'il ne
avoir omis beaucoup, de crainte d'être en- leur enverra un esprit d'erreur efficace, c8
nnyeuT. Comme il est possible que ce livre une efficace d'erreur, pour croire aU tnen-
soit réimprimé, nous n'allons pas lui em- songe et parce que, selon ces mes-ieurs,
;
prunter d'exemples des falsifications repro- on ne peut résistera la grûce, qui est tou-
chées à la version de Mons; nous nous bor- jours efficace, les Juifs ne pourront résister
lierons à citer ceux que nous trouvons daus à c<^l esprit d'erreur efficace, et à cette effi,'
un autre auteur, (]ui dit ce qui suit. cace d'eireur; ils seront donc impies par né-
! « La raison qui attira tant d'analhèmcs cessité, el ne pourront garder le comman-
SUr celle malheureuse version, c'est que ,
dement de l)i:u, qui les oblige an contraire;
par elle, les novateurs ont prélcndu, si on et ensuite n'ayant point de grâce pour le
l'Ose dire, engager Jésus-Chrisl même dans garder, Jésus-Christ ne sera pas mort pour
les intérêts de Jaiisénius ou du moins, per-
, eus. Voilà quatre propositiouj de Jansé-
suader aux fidèles que le jansénisme est la nius cl une de Calvin, dans un seul passage
pure doctrine de l'Evangile. mal Ira luit.
«Pour y réussir, les traducteurs ont altéré y'erbum Dei qui opcratur in tobis qui
«
in version latine, qui est la seule authentique crcditis. 1 ïbess., ii 13. Mons Induit:
,
dans l'iiglise ; c'est ce qui a fait dire à M. de La parole de Dieu qui agit efficacen>ent en
Péréfixp qu'on aurait dû intituler cette tra- tous qui êtes fidHes. Ce mol, efficacement est
duction, non pas le Noin-eau Testament tra- encore ici une addition malicieusement faite
duit en français, selon l'édition ruigale, avec au texte.
lesdi/fcrenrcs fin grec, mais plutôt, le Nou- « Abundantius illis laboravi, non ego au-
veau Testament traduit en français selon le tem, sed gratin Dei mecum. I Cor., xv, 10.
grec, avec les différences de l'édition, vttigate. J'ai tracaillé plus que tous les autres, non
« Et de là vient celle malheureuse confor- pas moi toutefois, mais la grâce de Ditu qui
milé que la trajluçliou de Mous a piciiiue est uvic moi. Ces mwls, q<*i csc, seul ajoulcs.
C39 DiCTioNN\mr: des jansénistes. C40
jansénièii ne renferme-l-elle pas? Elle a été mais la grâce Je Dieu... gui est avec moi (3);
souvent réimprimée, même par des libraires il fallait traduire mais la grâce de Dieu
:
qui ne clercliiient pas à favoriser le jansé- avec moi ; ce qui donne clairement à <'nten-
nisme. Nous connaissons des élilions qui dre la coopération libre de la volonté à la
semblent n'être que la reproduction de la grâce. On sent de quelle importance il est
version de Mons. Ce n'eU ptut-élre qu'une pour la doctrine de Jansénius que l'on tra-
édition de la version de Mons un peu relou- duise ce passage comme a fait le traducteur
chée. La traduction de Sacy fut examinée de Mons, et après lui M. de Sacy. C'est faire
dans le teftips par un critique qui releva les dire à saint Paul qu'on ne coopère pas libre-
passages suivants. ment a.la grâce
, mais qu'on y consent par
Saint Jean, vi , k^ Tous ceux qui ont oui
: nécessite, et qu'elle seule fait tout en nous,
la voix du Père, et ont été enseigjiés de lui, cunune système de Janséuius et celui de
le
fant déperdition (1), afin que l'Ecriture fût renouvelée par Jansénius.
accomplie.U y a dans la Vulgale Quos de- : Il Thess. 11,3: Cet homme de péché qui doit (5)
disli milii, cu-todivi; et nenw ex iis periit, périr misérablement. Il y a dans la \ ulgate :
nisi filius perditioni-. 11 fallaii traduire : Homo pecculi filius pcfdilionis. Il fallait
,
J'ai conservé ceux que vous ai'aiez donnés, traduire Cet homme de péché, cet enfant de
:
et nul d'eux ne s'est perdu, sinon le /ils de perdition. Le traducteur de Mons a traduit :
pirdition. Ce texttî a toujours exlrêmement Cet homme de péché, destiné à périr »?itscra—
embarrassé ceux qui ne veulent point que Jé- blemcnl: c'est favoriser visiblement le dogme
sus-Christ soil mort pour le salut des ré- de Jansénius « Qu'il y a des hommes desti-
:
prouvé?. Car si Jutlas a été du nombre de nés à l'enfer par une volonlé de Dieu posi-
ceux que le Père Eternel a donnés à son tive el absolue, qui n'a point supposé leurs
Fils, et dont le Sauveur a pris soin, il s'en- péchés particuliers, mais le seul péché d'A-
suit nécessairement que le Père Eternel a dam, et qui les met dans la nécessité inévi-
donné à son Fils des réprouvés qui se table de se perdre, en les privant des se-
damnent malgré ses soins. Tel est le raison- cours sans lesquels il leur est impossible
nement des saints Pères. d'éviter la damnation. »
Quant aux novateurs, ils expliquent la M. de Sacy favorise encore ouverlement
(I) De même dans la version de Mons. (i) Encore comme dans li même version.
(-2) La version «le Mons dit Hais celui-là ; seule- (5) Au lieu de qui doit, la version de Mons dit,
Mi MAI m\ ej2
les nouvelles erreurs, par la manière infi- Mons. C'est dans ces mots mêmes que con-
dèle dont il Iraduil plusieurs autres endroits siste l'erreur. Voyez ci-dessus.
du leste sacré, nolamnieiit les versfls 10 et Saint Jean, i , 27 Ipsc. est qui post me
:
11 du chapitre six de saint Maltiiieu le ; venturns est, qui unie vie ficlus est. Sacy tra-
verset l'* du chapitre ii de saint Luc; le ver- duit «Celui qui doit venir après moi m'a élé
:
set 10 du chajiitre m de l'iipilre aux Ho- préféré.» L'erreur de celte traduction, qui
niains; le verset 14 du chapitre vu de la est aussi dans le Nou. tau Teslamcnl de
même Epîlre le verset 22 du chapitre \i de
;
Mi ns, a élé copiée par le Père de Carrières.
cette inèine Epîlre; le verset 9 du chapitre Yoijez CiiîRiÈKES.
vil de la première Epîlre aux Corinthiens; 1 Thcssal., 11, 1.3 Verljutn Dei, qui opera-
:
apocrjplies, en latin et en français, rt plu- a pas choisis pour être des objets de sa colère.
sieurs autres pièces. A Paris, chez Guillaume C'est dire en français ce (lue n'exprime ni le
Desprez, et Jean Desessarlz. 1717. latin ni le grec, tant s'en laut. Il est parlé
C'est une nouvelle édition. La permission ailleurs de celle Iraduciion hérétique.
d'imprimer, de débiter et de lire celle traduc- H Tlies., II, 10 -.Minet illis Deus operntio-
tion de la saillie Bible est du cardinal de nem erroris, ut credant menduiio. 11 traduit:
Noailles, archevêque de Paris; elle a élé Dieu leur enverra des illasions si e/fiures
donnée à Paris le treizième jour de mars mil qu'ils croiront au mensonge. Celle traduction
sept cent un. il y est dit «vu les approba-
:
dilîère un peu de celle de jMoiis; mais ce
tions des sieurs Courcier, chanoine el théo- n'est que dans les termes : elle exprime les
logal de notre église métropolitaine le
,
mêmes hérésies. Sa noie, plus loi-.gue que
Caron , curé de Saint-Pierre aux Bœufs celle qui se trouve dans le Nouveau Tesia-
r.Houllaud, Blampignon, chefcier et curé de mciit de .Mons, porte « Letlr., une opération
:
Sainl-Merri, et Ph. Dubois, docteurs en théo- d'erreur. Grec, une énergie, une veilu, ou
logie de la faculté de Paris, d'une iraduciion une efficace d'erreur.»
franc lise de l'Ancien et du Nouveau ïesia-
Saint Jacques, v, lï : Infirmntur quis in
meni, nous avons permis, etc. » vobis, inducat presbqlcros Ecclesiœ, et orent
Vient ensuite l'approbation de M. l'abbé
super eum, ungentes euin oleo. Sacy traduit:
Counier, qui atteste «lue tout le monde con- Quelqu'un parmi vous est-il malade? qu'il
naît lu lidétité et l'exactitude du traducteur.
appelle les prêtres; et qu'ils prient sur lui. elc;
Celle approbation est datée du G du
mais il met en note: «-4it<r., pour lui.» C'est
même mois et de la même année. Le lende- en cette explication que consiste l'erreur,
main M.M. Le Caron, Blam iguon, T. Uoul- qui se trouve primilivement dans la version
land el Ph. Dubois donnaient ensemble leur
de Mons.
approbation et cerliliaient avoir lu et exa-
Si à propos de celte iraduciion de la Bible,
miné celte même traduction. «Nous l'avons,
nous ne donnons que des exemples d'erreurs
trouvée conforme ou texte de la
disent-ils,
janséniennes semées dans le Nouveau Testa-
Yulgate, traduit en langue vulgaire.»
ment, c'est c|uc leNouveauTesiameniest heau-
Enlln vient une dernière approbation, dont
cou|) plus répandu que l'.\ncien. « Depuis lo
la date est du 14 avril 1712, el (|ui a pour au-
temps (où parut pour la première fois la ira-
teur M. Quinot, d jcleur de Sorbonne, profes-
duciion de la Bible par Sacy) on y a fait, dit
seur eu théologie, et censeur royal des livres.
doiii Cd\mei{f)ici. de laBible, nrl.Siljlejbeau-
«J'ai lu, dit-il, celte nouvelle éd.tionde la Ira-
coup de ciirrcctions. Celui qui a procuré l'é-
ductioii de laBible de M. de Sacy, je lai trou-
ditinn deBroncart, en 1701, l'a revue ei cor-
vée de^ plus correctes el des plus etacles qui
rigée en plusieurs endroits. Nous l'.ivons
aient nicore paru; les noies en sonl beaucoup
aussi retouchée dans l'édilion de ce texte
plus littérales el mieux choisies; ou a même (]ui commentaire lilté-
est à la Icle de notre
recherché tout ce qui pouvait rendre cette
r.A.» De Carrières reproduisit la IraducUon
édition plus agréable et plus utile, etc.»
de Sacy, qui se retrouve dans la Bible de
Voilà des docteurs qui lisent, examinent
\'ciice; M. Diach, dans la cinquième édition
et approuvent, et la traduction dont ils font
de celle Bible, a fait aus^i de nouvel es cor-
si bien l'éloge en slyle de réclame est semée
rections à la traduction de Sacy, et a fini par
d'erreurs janséniennes.
supprimer presque tout à fait la paraphrase
Celle parole de Notre-Seigneur Omnis qui:
peu utile, (juelquelois inexacte, de Carrières.
irascitiir frutri suo, etc.. Mat., v, "22, est tra-
Après tontes ces corrections faites à la Ira»
duite en ces termes dans le Nouveau Testa-
ducliun de Sacy, il en reste encore beaucoup
ment de Mons : Quiconque se mettra en colère
à faire. Le slyle en est d'ailleurs suranné.
{sans sujet) contre sou frère, etc.; Sacy la
rend dans les mêmes termes, à l'exception HisTOUu; du Vieux el du Nouveau Testament,
qu'il met en note les mois sans sujet, qui sont avec des explications édiitunles, tirées des
entre pareothèses duas la traductioa de saints i'èrea pur
régler les mœurs dar.s
645 DICTIONNAmE DES JANSENISTES eu
toutes de conditions. Par le sieur
tortei à saint Pierre que le démon avait demandé
Hoyaumont, prieur de Sombreval, en 1669, de le tenter (2). Il y a dans le latin Ecce :
1081, etc. el in-i% en 1687, etc. Satanas expetirit vos ut cribrarct sirnt tri-
Sacy composa cet ouvrage pendant les ticum. Pourquoi vos est-il traduit par le sin-
doux années et demi qu'il fut à la Bastille gulier? pourquoi l'auteur allribue-t-il à
par ordre de Louis XIV. Quoiques-uns disent saint Pierre en j'articulii r ce qui lui est com-
que routeur de ce livre est NicolasFonlaine, mun avec les autres apôtres?
D'ailleurs il supprime tout ce qui es! favo-
qui él lit à la Bastille dans le même temps
que Sacy. Cependant on rattrit)ue t^énéralo- rable au pape et au saint-siége. Il ne fait
nient à Sacy; quoi qu il en soit, on trouve mention nulle part, ni de ces paroles Tibi:
souvent dans cet ouvrage de malignes allu- dabo claves regni cœlorum; ni de celles-ci :
sions aux prétendues persécutions que les Ego autem rognvi pro le, ut non dejiciat fides
tua, et lu a'iquamlo conversiis confirma pra-
janséni-ips avaient à souffrir. Un écrivain
ires tuos ; ni de ce bel endroit du ch. xxi de
fit à ce sujet les remarques suivantes.
saint Jean, où Notre-Seigneur dit à saint
La prison royale, dont l'auteur parle dans
Pierre: Pasce gnos meos,...pasce oves meas.
<
omis certains textes qui devaient passai.'le- l'âme du néant de l'être, il l'a tirée ensuite du
nient importuner Port-Royal. Voici ce que néant du péché; et cette seconde création est
dans le temps on a relevé de plus essentiel. encore plus admirable que In première. D'où
C"S paroles de la Genèse Sub te erit ap- : il s'ensuit que le pécheur ne contribue pas
pelilus ejua, et tu dominaberis iltius, Sacy les plus à sa conversion que le néant à la créa-
traduit de cette nuiiiière Dieu dit à Caïn,: tion.
que son péché seul lui nuirait, sans que te Lrs quatre propositions suivantes ne sont
bien ou le mal des autres le regardât en au- pas moins contraires à ia vérité et à la foi.
cune sorte. C'est le Saint-Esprit seul qui remue les
Le passage étaitpar lui-même
en effet cœurs (i; ; c'est In grâce de Dieu qw fait tout
trop favorable à la liberté, pour qu'un bon en nous (5). Quelque ouvrage que nous ayons
janséniste pût s'en accommoder ou le pré- fait pendant notre vie. Dieu ne couronnera
senter aux fidèles. que h es dons (6). Cest Dieu seul qui fait tout
Selon le même auteur, Jésus-Cbrist a dit en nous (7).
(1) Fig. 5, 16, 19, 30. , (.5) Fis. 49, du Nouv. Test.
(2) Fig. du Nouv. Tesi.
5-2, (Cl Fig. -tô.
(3) Fis;. 3-2, 52 et 54, du Nouv. Test. (7) Fig. 30.
(i) Fig. 7i,de l'Ane, lest.
,,
Ceito dernière proposition exclut, comme son Hiftoire latine du jansénisme, où il as-
l'on voit, de la manière la plus nette el la sure, page 615, que Calvin lui-même n'au-
plus prérise, toute coopération et tout mé- rait eu nu'le peine à dire avec M. de Sacy :
rite (Je l'homme, et n'admet dans les justes A'ioro le etevalwn iti cruce, in extremo judi-
qu'un éiat lassif, sous une grâce néces- cio, et ail dextereim Pitris œlerni.
sit:into. Outre les inûilélités que 1(! Tonrneux a
Selon 'rary (1), le principe qui rend nos commises dans sa Irailuclion du Bréviaire
aclions mauvaises n'est pas moins nécpssi- romain, et qui se reirouveni dans les Heu-
tnnt que celui qui les reii'l bonnes L'd i.e : res, nous n relèverons ici quatre autres.
d'un pécItcH) est, dit-il, véritablement comme Oans la piemière hymne, pa^e 376 de
lin corps mort, qui est presque incapable de la seconde édition Cliriste l'iedemplor om-
:
remuent, comme on dit qu'ils remuent quel- Jésus divin Sauveur, clair flambeau des fi-
qui-fois des charognes, pour paraître visible- dèles.
ment à nos yeux. Cette pioposilion ne len- Dans l'hymne de Noël, page 380, il est tra-
feime-l-ell' pas .lu moins tout le venin de la duit avec encore moins de lidélité :
première d Quesnel? el n'est-elle pas abo- Jésus égal au Père, et le même en sub-
minable à tous égards? stance.
i.aVia veut-on une proposilinn non-seule- Dans l'hymne ponr l'Ascension, page 408,
ment janséniste, mais calviniste? On la trou- Redemptor et fidelium, est rendu par ces
vera dans la fig. l'J de l'Ancien Testament, mots :
Rome en IGoi, malgré les mouvrrapnts ex- basti me, en traduisant ces paroles hlihi :
traordinairesque se donnèrent les jansénistes autem nimis honorificati sunt amici lui ,
pour parer ce coup. Deus, nimis confortnlus est principatus eo-
Les principaux motifs de celte condamna- rum; au lieu de dire avec les caiholiques :
tion, selon le rapport de M. de Saint Amour, Vous comblez, 6 mon Dieu, vos amis de gloi-
pages 100, etc., de son Journal furent 1°
, :
re el vous affermissez leur puiss :nce on ,
parce que dans le calendrier de ces Heu- s'enveloppe dans un affreux galimalhias
res on avait placé en qualité de bienheu- pour ne point autoriser par une fid le ver-
reux, le cardinal de Bérulle, instituteur de sion le culte que l'Eglise rend aux saints,
la congrégation de l'Oratoire, ce qni est un avec Marol O
et l'on dit avec Bèze et : Z>ie«
attentat contre l'autorité du saint-siége. Au gtte la stUdimité de vos œuvres el de vos pen-
reste, dans ce calendrier, il y a encore bien sées m'est précieuse! Pcul-on falsifier plus vi-
des choses à reprendre, ainsi qu'on le peut siblement un texte ?
voir dans une brochure de 59 pages, intitulée;
Le calendrier des Heures surnommées à la Dans Prose Veni, sancte Spiritus, pour
la
le jour de la Pentecôte, on dit avec Baïus :
janséniste, revu et corriné par François de
Haint-Itamairi, prêtre catholique , à Paris, Toi çe'il nous fais ce que nous sommes,
1(50. 2° Dans la traduction du Déralogne,
Sans toi rien n'esl bon d^ms les hommes.
Tout l'st ini(jur, tout est (jécii-i.
on a affecté de suivri' la version de Genève,
et de dire avec Calvin, avec Bèze el avec Au ;este, la Faculté do Ihéo'ogiede Paris
Marol Vous ne vous ferez point d'imige.i
:
, censura par un avis doctrinal, 4 janvier le
au lieu de dire avec l'Eglise : Vous ne vous ICOl, ces //eurps à la janséniste, publiées
ferez point d'idoles. 'S' Dans la prière pour i-ous le titre ûcPrières pour fàre en commun
l'élévation de la sainte hostie, on y dit: Je dans les familles chrétiennes. Elle y trouva
vous aetote au juijement général et la e'i
plusieurs choses li adultes de mauvaise foi
droite du Père étimel. On atïecle de n'y finisses, qui ressentent l'Iiéré^ie et y portent
pas dire un seul mol de la ré ite comme ; ceux qui tes lisent, louehanl la doctrine des
l'a remarqué le calviniste Leidekcr dans tacrementf, et qui renouvellent lef qpinionf
U) Fig. 25.
€\1 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 643
con(1amnées (tep\ns peu sur la grâce, sur le ner d'autres, que l'on reconnaît les éii'li^a»
libre nrhiCre et sur les actions humaines. janséniennes de ['Imitation en français.
Les Ilniri's de Port-Royal ont élé aussi
Le poème de saint Piiosper sur les ingrats,
coiiilaninées sous le litre d'Of/icc de l' Ef/lise
traduit en vers et en prose. In-l2.
et de la Viirgeun niandenn'nl de
, <Ic., p;ir
M. de Toulon, Jean de Vinlin)ille, du 19 fé- Un théologien a fait un grave reproche à
vriiT 1678, comme contenant des versions cette Irailuclion. 11 a dit que la proposi-
fausses de l'Ecriture sainte, des In/miies et tion (le Baïiis «t de Quesnei, que tmites les
des prières p'ibli<pirsde l'E(jlise, en des points œuvres diS infiilèirs sont des péchés, était
essentiels de la foi ; insinuant aussien divers clairement énoncée dans ces quatre vers:
endroits les erreurs des propositiont^ condam- Car si nos actions, f|iioique bonnes en soi,
nées de Janséniiis, et favorisuTii d'autres hé- Ne sonldes Iruils nais'sanls des ijermesde la foi,
Non pas moi toutefois mais la grâce de Dieu ces hommes qui prétendaient passer pour
,
qui est avec moi ; et pages 437, autre citation les plus beaux esprits du royaume.
de l'Apôtre, dans ce texte C'est pourquoi :
Les Enluminures ont élé condamnées par
Dieu les abandonnera à un esprit d'erreur Innocent X, le 23 avril 1654.
si efficace, qu'ils croiront aumensonge. L'inû- MALLEVILLE (Guillaume), prêtre, né à
délité est dans les mots qui est, de la pre- Domme, petite ville du iiaul Périgord, en
mière citation, et si efficace de la deuxième, 1699, s'est fait connaître par divers ouvra-
qui ne sont pas dans le texte latin. ges pieux ou utiles à la relij;ion, dit Feiler.
Imitation de Jésus-Christ; traduction faite Cependant nous trouvons dans un recueil
sous le faux nom de du Beuil, prieur de littéraire un compte rendu où le critique,
Saint-Val. Paris, 1663. écrivain orthodoxe, reproche au premier
ouvrage de Malleville des choses assez gra-
Le titre du troisième chapitre du livreiv de ves, l'eut-être cet écrivain est-il un peu sé-
riiiiitationest : Quodutile sil sœpecommunica- vère dans sa critique ; quoi qu'il en soil,
re.ce queSacy a rendu de cette manière :0i('î7 nous allons indiquer l'onvr.ige et rapporter
est souvent utile de communier : maiscelanese
le compte rendu qui en fut lait.
trouve pas ainsi dans toutes les éditions, et
il se peut que celte singulière traduction du Lettres sur l'administration du sacrement de
litre dont il s'agit soit d'un autre que de pénitence, où l'on montre les abus des ab-
Sacy. Il y a une édition, celle de 1736, Paris, solutions précipitées, et oîi l'on donne des
Des|)rez,oùce titre est traduit dans lestermi's principes pour se conduire dans les plus
suivants Comment l'âme pieuse daU trou-
: grandes difficultés qui se rencontrent dans
ver dans la sainte communion su force et sa le tribunal. Itruxellcs, 1740, deux tomes
joie. C'est à ces traits, qui eu font soupçon- iu-12.
qu'à la page 05, l'auteur s'efforce de prou- Sans toutes ces assurances on ne doit ja-
ver qu'un chrétien, dans qui il reste après mais donner l'absolution, si ce n'est en c.is
la communion quelque amour du monde, et de mort. Mais tout cela supposé, l'auteur se
qui ne vit pas dans un élat fervent et rruci- flatte-ti d'être absous lui-mème avant les
Oé, a protané le sacrement. Il commence derniers moments de sa vie?
même par présumer le sacrilège dès que dans Dans l'article 3, il met pour principe que
une paroisse le très-grand nombre des parois- ^
S
veaux d'sciples de Calvin, des
deleu'r donner des
nrendre en main leur défense.
louanges
Marels ne
C était avec
par e^e-p .
ed fluevaux, et deux derniers
condamnée le 23 avril
Celle apologie fut
i65i.
e^ô MAU M KG 6Ô4
tracter. Jean-Bapti>;lo Mesnidrieu, autre ap- MAUL TROT (Gabriel-Nicolas), naquit à
pelant, retiré alors à Orléans, et mort le 23 Paris en 17U, fut reçu avocat au parlement
janvier 1766 , composa deux petits écrits en 173J, éi-rivit plus qu'il n- plaida, s'a ta-
contre lui. Le nom do Mariette ne se trouve chant presque exclusivement au droit ca-
dans aucun Dictionnaire historique. non. Il se dévoua au parti appelant, et pour
prouver son zèle pour la cause, il se fit le
MASCLEF (François), habile hébraïsanf,
défenseur de tous ceux qui refusaient de se
né à Amiens, vers 1063 ,fut l'homme de
soumettre à la bulle ; il publi dans ce Lut
confiance de M. Brou, évoque de cette ville, i
d'altnquer aussi le décret de l'assemblée dangereuse. Par exemple (tom. Vlll, p. .'j7,
d'Ctrecht touchant la supériorité des évcques 1. Vlll et suivantes), l'auteur veut faire en-
sur les prêtres. 11 y a lieu de croire qu'il n'a tendre que ce que nos rois ont fait contre
pu exécuter ce projet, étant mort vers ce les jansénistes sont des injustices, où on les
même temps. a engagés par de faux rapports et des sug-
gestif ns miilignes. P. 49, il parle des mira-
ME8ENGUY(François- Philippe), néàBean- cles qui s'opèrent dans chaque siècle, et il
vais le22 août 1077, de parents pauvres, fut s'écrie Heureux
: ceux qui entendent ce lan-
d'abord enfant de chœur, obtint ensuite une gage! etc.
bourse, et, en 169i, il fut reçu au collège A s'en tenir à la lettre, il n'y a rien de
des Trente-Trois à Paris. Six ans après, il réprèhensible dans tous ces endroits, mais
professa pendant plusieurs années les hu- à en pénétrer l'esprit elle motif, on ne peut
manités et la rhétorique au collège deBeau- douter que ce ne soient des allusions malignes
vais il obtint la place de gouverneur de la
; aux circonstances présentes, soit des ordres
chambre commune des rhétoriciens au col- du roi, soit des miracles de Paris.
lège de Beauvais. Coffin, devenu principal Pages 275 et 276, l'auteur exhorte à la
de ce collège niirès le célèbre Rollin, prit lecture de l'Ecriture sainte à la bonne
;
l'abbé Mèsenguy pour son coadjuteur, et le heure, pourvu qu'il n'y exhorte pas indilîe-
chargea d'enseigner le catéchisme aux pen- remment tout le monle. Mais quand il dit que
sionnaires. Ce fut pour eux qu'il écrivit son l'Ecriture sainte est la source de toute vérité
Exposition de la doctrine chrétienne. Son de toute lumiire et de toute consolation, n'a-
opposition à la bulli^ Unigeniius l'obligea à t-on pas lieu de croire qu'il ne reconnaît
quitter le collège de Beauvais en 1728. Il d'autre règle de foi que l'Ecriture, et que
mourut le 19 février 1763 , à l'âge de p;ir ces mots il prétend exclure la tradition,
86 ans. laquelle néanmoins , selon le concile de
Trente, est aussi une autre source de vérité
Abrégé de l'IIistoire de l'Ancien Testament,
et de lumières? Et d'ailleurs, est-il bien vrai
ai'ec des éclaircissements et des réflexions.
que l'Ecriture sainte est la source de toute
Paris, Desaint et Saillant, 1737.
consolatio7i ? peut-on dire que ceux qui ne
Cet ouvrage était cité quelquefois avec savent point lire et qui ne sont point à por-
complaisance par le gazetier janséniste, no- tée de l'entendre lire sont dépourvus de
tamment dans la feuille du 27 mars 1750. toute consolation ' Tout ce langage est donc
Voyez Fontaine. un langage outré. L'Ecriture sainte est di-
A la page 430 du premier tome, l'auteur vine, la tradition est divine, ce sont les deux
compare la famine de l'Egypte au refroidis- règles de notre foi il ne faut rien avancer
;
sement de la charité dans l'Eglise, et le blé à la gloire de l'une qui puisse porter aucun
que Joseph conserva dans le royaume où il préjudice à l autre.
commandait, à tout ce qui peut nourrir la Tome IX, p. 56, l'auteur se fait cette
foi et la piété des fidèles. Les récritures, dit- question .\'y a-t-il pas au moins de la témé-
:
il, l'inlelligence de ce pain céleste, les vérités rité à dire, comme plusieurs font aujourd'hui,
révélées et pour le dogme et pour les rnœurs. si Dieu faisait telle et telle chose, il serait in-
lesbons exemples dans chaque siècle, les élus juste et cruel ; et à rejeter, sous ce prétexte.
qui ne se sanctifient jamais hors de l'Eglise, des vérités qui ont toujours été enseignées
et qui seront toujours sa principale richesse, dans l'Eglise , et auxquelles les Ecntureu
les sacrements et les autres moyens de salut ; rendent témoignage?
enfin la grâce intérieure, qui est véritable- Qu'a-l-il en vue quand il s'exprime ainsi?
ment le pain de l'âme et du cœur, sont le blé Le voici. On dit aujourd'hui aux jansénistes
que le véritable Joseph a réservé dans des pour les confondre : Si Dieu commandait
greniers pour les années de famine. Puis il l'impassible , s'il punissait un homme d'un
ajoute tout de suite C" blé ne se trouve que
: supplice éternel pour n'avoir jias fait une
dans l'Eglise où règne Jésas-Christ. 11 pense action pour laquelle il n'avait ni secours ni
donc que ta grâce intérieure dont il vient de moyens nécessaires, Dieu serait injuste et
parler ne se trouva que dans l'Eglise; par cruel. Cette vérité qu'on leur oppose est si
conséquent que les infidèles n'ont jamais de sensible et si palpable, qu'il n'est pas pos-
grâce intérieure, par conséquent encore (]ue sible de rien répliquer de sensé et de raison-
la foi est la première grâce,' ce qui est la nable. Que fait ici M. Mèsenguy? Il assure
vingt-septième proposition de Quesnel. D'où qu'il y a du moins de ta témérité à faire cette
il s'ensuit (selon le système du parti, qui est objection, et à rejeter sous ce prétexte les
évidemment celui de l'auleur) que toutes les )iri'iendues ve'r/^^s lanséniennes. C'est, com-
actions des infidèles sont des péchés, puisque me l'on voit, une manière de répondre aux
étant toujours faites sans la grâce, elles ont également aisée et commod' ,
diflicultés
dans ce système nécessairement pour prin- mais qui ne peut satisfaire que des imbé-
cipe la cupidité. ciles.
Ce seul échantillon fait assez connaître Page r54 et suivantes, l'erreur jansé-
que l'ouvrage jiublié sous le vo'le de l'ano- nieiine sur la stabilité de lu justice est pio-
C57 MES MES 658
posée nvec assez d'élemlue ot peu de ména- pas possible de n'être point prévaricateur et
gcnieiil; on y ilil que !e juste marche con- coupable.
stamment dans la voie de la justice qu'il ;
Page 298, dans une disscriaiion, où sont
est rare qu'un jusli', après s'être relevé, citées ces paroles du concile d'Orange Ne— :
retombe dans quelqu'un de ces péchés qui mo habet de suo nisi mendacium et peccatum,
donnent la mort à l'ême. Les voilà donc ces Mesenguy les traduit ainsi L'homme par sa
:
sectaires qui, quelquefois, exagèrent avec prévarication est tombé dans une .n extrême
tant d'emphase la faiblesse de l'homme, les pauvreté à l'égard de tout bien, qu'il n'a de
voilà qui font ici l'homme si fort si con- , son fond que le mensonge et le péché. Dn ca-
stant, qu'il ne lui arrive presque jamais de tholicjue aurait expliqué le vrai sens des pa-
retomber quand il s'est relevé telle est l'hé- : roles du concile. Il aurait montré l'abus que
résie; uniquement appuyée sur le mensonge, Baïus en a fait, en avançant ces deux pro-
il est impossible que souvent elle ne se com- positions Liberum nrbilrium sine gralia et
:
l' Lsprit-Sainl ne corrige par sa vertu le pen- mot, que la créature lilre prive de son effet
chant vicieux de notre volonté , tous les l)ar le mauvais usage (ju'ellc fait de sa li-
moyens extérieurs joints aux plus grandes lu- berté.
mières de l'esprit ne peuvent rien, ni pour
Tome II, page 231 Nous n'avons aucun
:
la chute, se trouva dans nn(^ situation, où, noire volonté n'a de force que pour le mal,
de quelque côté qu'il se tournât, il nu lui était et elle ne peut ni faire ni vouloir aucun bien
659 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. COfl
que par la grâce qui donne le vouloir el l'ac- Peut-on adopter plus crûment l'erreur de
tion (au sens de Jansénius el de Quesnel ). Ba'ius, de Jansénius et de Quesnel sur les
Depuis la page li-2 jusqu'à la page 152, deux amours?
inclusivement, on s'élève avec audace contre Tome cinquième, à la page 501, on lit ces
les censures m
globo. L'auteur ensuite pré- paroles Le sacrifice de la messe est offert
:
sente aux fidèles une foule de prétextes po;!r par les prêtres, au nom de tonte l'Eglise.
refuser leur soumiss-on à toutes les déci- Car le prêtre n'offre pas le sacripce en son
sions de l'Eglise, au moins de l'Eglise dis- propre nom. Il est à t'auiel comme ministre
persée. public de l'Eijlise, choisi el député pur elle
Page 138 Le pouvoir d'excommunier a été
:
pour cette aurjuste fonction. C'est en so7i nom
accordé par Jésus-Christ à l'Eglise; pour qu'il parle et qu'il agit. Ainsi le sa<rifice est
être exercé par les premiers pasteurs, c'est-à- offert par tous les fidèles ensemble et par cha-
dire, les cvéqiies. On reconnaît là le riché- cun en particulier.... D'où l'on conclut (page
risme, qui ne regarde l'Eglise que comme 5îV) (lue to\ts ceux qui savent lire doivent
une république populaire, dont toute l'au- fiire usage de l'ordinaire de la jnesse, et suiv e
torité réside dans la société entière et dans le prêtre surtout depuis l'Offertoire jusqu'à
le consentement exprès ou tacite que cette la Communion; et que le prêtre de son
société donne aax actes de juridiction exer- côté ne peut rien faire de plus conforme à
cé<i par ses ministres. l'esprit de l'Eglise, que de pronancer toutes
Page 183 On ne doit pas aller contre son
: les paroles de la messe d'une voix capable
devoir par la crainte d'une excommunication d'être entendue des assistants. C'est aux
injuste. femmes et aux artisans à remercier l'auteur
Page 181 La crainte qu'a nn chrétien
:
des singulières prérogatives qu'il vent bien
d'unp excommunication injiiste ne doit ja- leur attribuer contre l'esprit et la doctrine
mais l'empêcher de faire son devoir. C'est là, de l'Eglise.
comme l'on voit, renouveler sans 'ludeur la Tome sixième. Vingt pages sont employées
proposition 92 de QuesU'l. à inculquer en diverses manières que la
La doctrine de Mésenguy sur le schisme, cr,iinie des châtiments éternels la plus effi-
pages 188 et 189, répond parfaitement à cace n'arrête que la main et ne peut ja-
l'état présent de la sert.'. On ne peut (dit-il, nriis exclure la volonté actuelle de pécher.
page 190), être schismatiquc malgré soi.... C'est une suite nécessaire du système jansé-i
Quiconque est attaché à l'unité et prêt à tout iiien; car cette crainte ne venant pas de la
souffrir plutôt que de se séparer , ne peut charité, il faut dans ses principes qu'elle
être schismalique. Ainsi l'on ne pourra re- \ienne de la cupidité vicieuse et qu'elle soit
garder comme scliismaliiiues les pélagiens, mauvaise elle-même.
les manichéens, les priscillianistes , puis- Si les nouvelles erreurs sont moins répan-
qu'on ne trouve nulle part (ju'ils aiiut fait dues dans le quairièmc tome de l'écrivain
une séparation volontaire, et qu'en effet ils qucsnelliste, c'est que les matières qu'il y
ont été séparés malgré eux. Les aritns de traite n'en étaient guère susceptibles.
même n'iiuront point été séparés de l'Eglise, Cet ouvrage a été souvent réimprimé;
parce qu'ils ont tâché par des formules cependant il y a contre loi un décret de \'In-
trompeuses d'éviter l'apparence de la sépa- dex (lu 21 novembre 1757; et le pape Clé-
ration. Tous ceux qui font schisme se flat- ment XIII le condamna par un bref particu-
tent toujours de n'en point faire; et ils sont lier du îi juin 1761. Un Italien nommé Ser-
depuis longtemps séparés de l'Eglise, iju'ils rao,(lansune brochure intitulée Deprœclaris
se persuadent encore et tâehenl de per- catechistis, fait de cet ouvr;ii;e de Mésenguy
suader aux autres qu'ils y demeurent atta- un éloge immense et amphigourique : c'est,
chés. selon lui, le catéchisme des caîécliismes, ap-
Tome troisième. Que d'erreurs dans ce vo- paremment parce que l'auteur en établissant
lume sur la loi naturelle, la loi de Moïse l'existence des miracles, en trou vêla preuve la
et la loi muvele, surtout pages 25, 20, 271 plus évidente dans ceux du bien heureux diacre
Depuis la page 123 jusqo'à la pa|;c lil, Paris tom. IV, pag. 393,édil. de Paris, 1777,
on s'elîorce d'établir que nous devons sous en 4 vol.). A ces miracles, il faut joindre
peine de péché rapporter à Dieu cliacune de sans doute celui que .M. Serrao dit très-sé-
nos actions p ir le motif de la charité théo- rieusement être arri\é lors de la condamna-
loa;ale. tion du Catéchisme de .Mésenguy. Le cardi-
Page 71 : Le culte que nous rendons à Dieu nal Passionei avant eu la faiblesse de si-
par la foi, l'espérance, la vertu de relijion, gner le bref de Clément XIII, qui proscrivait
n'est véritable et chrétien qu'autant qu'il a cet ou» rage divin, entra tout à coup dans
pour principe l'amour. une espèce de manie et mourut peu de
,
soit mitoyen entre l'un et l'autre. La charité post dies exstinclus est (p. 2â3}. « C'est, dit
étant donc le bon amour, tout ce qui découle un auteur orthodoxe, au milieu de la cor-
de cette source est bon : au contraire tout ce ruption et de la séduction de ces temps
qui fit produit par In cupidité, qui est le malheureijx, que ce parti inquiet, actif et
mauvais amour, est mauvais. fécond en artifices, cherche surtout à oé-
6fil MEZ MIG oei
crier les sources connues d'une instruction que c'est encore au roi qu'en vent le jansé-
sûre, pour leur substituer celle oii coule, nisme; que ce n'est pas seulement l'autorité
sous l'apparence d'une onde pure, le poison de l'Eglise, mais encore l'autorité du souve-
de l'erreur. » rain qu'il prétend renverser; que son des-
On attribue à Mésenguy une des Vies con- sein n'est pas seulement de mettre la Fraïue
damnées du diacre Paris. Il se mêla aussi de au point où est l'Angleterre, quant à la reli-
la polémique jansénienne. En ce genre, il a gion, mais d'en faire, et pour le temporel et
donné : pour le spirituel, une république monstrueuse,
où la communauté ait seule toute la puissance
La constitution Unigenitus, avec des re-
et toute l'autorité. Ceslignes
sont écrites depuis
marques, iii-12.
plus de cent ans. Aujourd'hui, il est certain
Lettre à un ami sur la constitulion Uni- que le jansénisme a contribué à amener la
geiiilus, in-12. révolution de 1793. C'est ce que fait voir
Et d'autres écrits. Voyez \e Mémoire abrège'
M. Louis Blanc, dans le 1" vol. de son His-
toire de la révolution.
sur sa Vie et ses ouvrages, par Lequeux, qui
était aussi de la secte.
« On peut, dit un critique, louer les ou-
MIGNOT iEtiewe), docteur de Sorbonne,
vrages de Mésenguy du côté du savoir, du
et membre de l'Académie des inscriptions,
naquit à Paris en 1C98. Les dictionnaires
style et de l'onction; mais ceux qui aiment
historiques citent de lui les ouvrages sui-
l'exactitude dans le dogme, la conséquence
vants Paraphrases sur les psaumes, sur les li'.
:
dans les principes ,francbise d;ins la
la
vres sapienliaux et sur le Nourtnu Testa-
manière d'exprimer ses pensées, ne trou-
ment, 1754 et 17So, 7 vol in-)2; liéflexions
veront pas ces qualités dans son Abrégé de
sur les connaissances préliminaires au chris-
l'histoire de rAncien Testament, non plus
tianisme; Anali/se des vérités de la religion
que dans son Exposition de la doctrine iliré-
chrétienne, 1755; Mémoires sur Us libertés de
lienne, condamnée par le pape. Ceux qui
l'Eglise gallicane; Histoire des démêlés dt
exigent l'iniparlialilé dans les sentimenls,
la soumission à l'aulorité, la modération
Henry II avec saint Thomas de Cantorbéri;
Traité des droits de l'Etat et du prince sur
dans la dispute, goûteront encore moins ses
les biens du clergé, 2 vol.; Histoire de la ré-
ouvrages polémiques, où il est aisé d'aper-
ception du conrile de Trente dans les Etats
cevoir que les illusions du préjugé l'empor-
caiholiques,2\o\. Ces derniers écrits sont
tent sur sa raison cl peut-être sur ses pro-
de 1750. Le choix des sujets, et encore plus
pres sentiments. »
la manière dont ils sont traités, et dont l'au-
MEZERAI François EUDES de), naquit teur parle, soit des droits du pr nce, soit de
en 1610, au village de Kyc, prèsd'Argeutan, ceux de l'Eglise, ne font pas toujours hon-
en Basse-Normandie, vint se fixer à P.iris où neur à sa modération. Outre ces écrits, il
il se fit appeler Mézcmi, du nom d'un liameau entra dans plusieurs controverses qui firent
de sa paroisse. Il se rendit célèbre par ses du bruit de son temps. Appelant, lié avec
travaux historiques. Plusieurs passages de Débonnaire, Boidat, de la Tour et les autres
ses ouvrages et plusieurs traits de sa vie membres de l.i société dite des Trente-Trois,
ont l'ait penser qu'il aurait joué un rôle il prit part aux écrits sortis de cette société,
dans la révolution française. 11 mourut en et on lui attribue entre autres trois lettres
1083. Nous ne mentionnerons de Mézerai que publiées en 1736, contre le juste milieu à
l'ouvrage suivant : tenir dans les disputes de l'Eglise, par Besoi-
gne. Lorsque Soanen eut adopté la le'tre du
Mémoires historiques et critiques sur divers
P. de tiennes. Sur les err-eurs avancées dans
points de l'Histoire de France, et plusieurs
quelques nouveaux écrits, Mignot prit la
autres sujets curieux. Amsterdam, Jeau-
défense de ces notcveaux écrits, qui étaient
Fred. Bernard. 17.'{2, 2 vol. in-12.
ceux de l'abbé Débonnaire, et dont le grand
Cet ouvrage, publié par le parti, a été con- défaut aux yeux de l'évéque était de com-
damné |)ar M. l'arclievèquc d'Embrun (de battre le figurisme et les convulsions. Mi-
Tenein). Il contient le Mémoire sur le Judi- gnot fit donc paraiire une Réponse, du 22
ciwn Francorum, dont nous parlerons dans sejjlembrc 1736; une suite, du k novembre ;
la suile (pag. Hj4). l'Examen des règles du figurisme moderne, et
On voii ici avec frayeur les suppôts du successivement, en 1737, trois autres écrits
jansénisme attaquer avec la dernière audace suite des précédents, pour combattre l'abus
le Irônc lie Sa Majesté; l'ébranler jusque de ce système et en montrer les illusions.
dans ses l'ondemculs; dégrader la personne Une lettre de plusieurs tliéologiens aux évé-
sacrée; la soumettre à son parlement; dé- gues de Senez et de Montpellier, en date du
velopper ainsi le système des quaranle avo- G février 1737, et une dernière lettre à Soa-
cats, cl le sens affreux de ces paroles énig- nen, du 28 février 1738, sont encore de Mi-
inatiquesdo I). Tbierri qui écrivait en 1712, gnot; qui y couibat d'Etemarc, Uelan et
à M. Pelilpied, qu'il falliiit mettre nos rois Alexis Descssarts. Ces productions, qui
hors d'état de pouvoir exercer, soit par eux, réun es forment un petit volume in-V°, fiicnt
soit pur leurs ministres des injustices pareilles partager à l'auteur "les anatbèmes dont on
à celles qu'il prétendait avoir éprouvées. accablait Débonnaire et sa société. On les
Ces libelles apprennent à (oui l'uiiivcrs appela des socinianisants, et tout le parti
que ce n'est pas au pape seulement, mais contre eux. Mignot ne
/iguriste se souleva
CG3 DICUONNAIRE DES JANSENISTES. CC4
se laissa point effrayer par ces plaintes. 11 motif, le interdire par M. de Beau-
firent
faisait profession d'avoir des opinions trôs- mont. Retiré au Petit-Bercy, il y faisait des
décidées, et nul n'était moins disposé à ju- instructions familières qui eurent de la ré-
rer m rerba mafjistri. Il le prouva dans putation parmi ses partisans. 11 dirigeait
uuu aulre dispule qui ne fut guère moins beaucoup de personnes, et exerçait sans
vive qui^ la précédente. Il avait paru, en pouvoirs un ministère secret. C'était un
17.39, un Traité des prêts de commerce, qui usage introduit parmi les appelants, pour
passait pour être sorti de la société des éluder les règles de l'Eglise. Le confesseur
Trente-Trois, ei dont Aubert, curé deChânos, approuvé n'était en quel<iue sorte que pour la
au diocèse de Mâcon était regardé comme forme; on ne lui confiait quece que permettait
,
Miunot était mort alors; mais d'autres liéii- gen,en 1712. Etant entré dans l'état ecclésia»
lèrent de ses sentiments, et c'est depuis cette stique, il s'attacha à M. de Fitz-James,
époque que l'on vit paraître un plus grand évèque de Soissons, qui le fit chanoine éco-
nombre d'écrits en faveur du prêt. Mignot làtre de son église, et son grand vicaire, et qui
lui procura une place d'aumônier du roi,
paraît assez hardi et tranchant dans ses
cet évêque étant alors premier aumônier.
assertions. Il ne faut pas le confondre avec
Jran-André .Mignot, chanoine et grand vi- L'abbé de Montazet fut député du second or-
dre à l'assemblée du clergé de 17i2. Nommé,
caire d'Auierre sous M. de Caylus, qui eut la
principale part au Martyrologe, au Bié-
en 1748, à l'évèché d'Auiuit, il fut sacré le
viaire et au Missel donnés par ce prélat, et
2'jaoût de cette année. Il lit aussi parti*; de
l'assemblée du clergé de 1750, et fut chargé
qui est éditeur du discours de sai7it Victrice,
d'y prêcher le discours d'ouverture, où il s'é-
traduit en fr.inçais par Morel. Celui-ci était
leva contre l'incrédulité naissante; il en si-
mort le 14 mai 1770.
gnala les causes, qui étaient, dit-il, les pro-
jMINARD (l'abbé) travailla aux Extraits grès (te la corruption, l'orgueil et l'amour de
des assertions avec Goujel, et publia VHis- l'indépendance. On se servit plusieurs fois
toire d'S jésuites en France, 17G2, in-12. On
des talents du prélat dans cette assemblée,
lui attribue aussi divers écrits des citrés de qui fut assez orageuse, et qui se trouvait eu
Paris, de Rotten, etc. , contre la mor(de des opposition avec le ministère. Ce fut l'évéque
jésuites. Cet abbé Minard est probablement d'Autun qui rédigea les remontrances sur le
le même que celui dont parle Rousseau dans vingtième, auquel on voulait assujettir les
1.' dixième livre de ses Confessions, et qu'il biens ecclésiastiques il y réclamait forte-
:
avait connu à Montmorency. Minard y pas- ment en favi urdes immunités qu'un longue
sait les étés avec un abbeFerand, tous deux possession semblait avoir assurées au cl«!i gé.
déguisés et porlaut l'épée. Rousseau. croyait En 1752, il adiiéra, ainsi qu'environ quatre-
qu'ils rédigaient la Gazette ecclésia'^tique. vingts de ses collègues, à une lettre du
MINARD (Louis-Guillaume) , naquit à 27 juin, adressée au roi par dix-neuf évéques
Paris en 1725. entra dans la congrégation de réunis à Paris, contre nu arrêt du (larlement,
la doctrine chrétienne, prononça un panc^ injurieux à .M. Languel, archevêque de Sens.
gyrique de saint Charles, où l'on reconnut M. de Montazet ne se montra |:as moins
des traces de jansénisme. Ses opinions et attaché aux m.iximes de •on corps dans l'as-
son zèle, et peut-être eucorc quelque autre seuiblée de 1755; il rédigea un uiémoirc so-
, ,
lide et pressant sur un arr<';t du parlement ce droit, comme évêque d'Autun et admi-
de Pans, dans une affaire qui faisait alors nistrateur du spirituel et du temporel de
beaucoup de bruit, savoir le refus de snere- Lyon, le siège vacant. Mais quand il en au-
nienl fait à un chanoine d'Orléans, appelant, rait eu le droit rigoureux, ce qui était loin
nommé Cougniou. Le prélat fut, dans celte d'être 'énèraleraent avoué, ce jugement pré-
assemblée, du parti qu'i>n appela des Feuil- cipité à l'égard d'un collègue, son ancien
lants, parce que le ministre de la Feuille dans réjiiscopal, et alors exilé, parut bles-
était à sa (été parti qui d'ailleurs se pro-
:
ser toutes les convenances. 11 y eut dans le
nonçait aussi en faveur de la bulle Uniye- clergé un soulèvement général contre M. de
nilu's, et contre ceux qui refusaient de sy Monlazet. Les asseniblées des provinces, qui
soumettre. L'évêque d'Autun haraiiirua le se tinrent peu après, pour nommer à l'as-
roi pour la clôture, et dans sou discours, il semblée extraordinaire du clergé de 17.58,
dé)dora les maux de l'Kglise et les préven- voulaient qu'on obligeât ce prélat à réfor-
li(in.i des parlements, qu'on avait vus s'élever mer son ordonnance; M. de Beaumont sur-
contre nos jugements lis plus irrévocables en tout réclama contre un acte qui protégeait
matière de doctrine, usurper la dispensation la désobéissance et favorisait la révolte. Ses
de nos saints mystères juger des dispositions
,
mémoires furent peu écoutes, et la cour fit
qu'ils exigent, suppléer la missiun léi/itime en sorte que les assemblées du cierge qui
des pasteurs, troubler la paix du sanctuaire, suivirent ne s'occupassent pas de cette affaire.
et disposer en maîtres de ce i/u'il y a de plus Le nouvel archevêque de Lyon, car M. de
spirituel dans la religion. Il exprima la dou- Montazel fut institué en celle qualité', le
leur de l'assemhlée, de n'avoir i)u olitenir le 23 août 17.58, trouva dans la faveur de la
rappel de tant de \ ictimes d'une proscription cour, dans l'appui du parlement et dans les
riftoureuse, et insista sur la nécessiié d'ex- applaudissenientsd'un parti, uneconsolalion
pliquer une loi dont on abusait (la déclara- du blâme de ses collègues. Il essaya de sejus-
tion du 2 septembre 17o4.j d'effacer des ju-
, dans une lettre de M. l'arcltevéï/ue de
tifier
gements désavoués par la justice comme par Lyon, primat de France, à M. l'archet éqtie de
la religion, et de fermer les portes du sanc- Paris; L)on, 17()0, in-V de 1C8 pages. Dans
tuaire à la tacite i/u'on voulait lui imprimer cette lettre, qui fut attribuée aux ahliés Hook
par l'arrêt rendu dans l'affaire d'Orléans. et Mey, on exposait les laits tout à l'avantage
Nous reniari]Uons ce langage el ce zèle de de M. de Monlazet, et on exaltait les droits
M. de Montazel à délendreles droits de l'E- de sa primatie. M. de Monlazet crut les re-
glise contre d'injusies entreprises, parce que lever encore en prenant le titre de primai de
nous allons le voir prendre subileinent une France, tandis que ses prédécesseurs s'inti-
autre couleur. On était alors au plus fort des tulaient printats des Gaules. Les parlement»
disputes entre le clergé et le parlement. La et les jansénistes appuyaient ses prétentions
cour, f;iible et incertaine dans sa ujarche, el le prélat, devenu ainsi l'instrument de
exilait tantôt des évéi|ues, tantôt des magis- ceux mêmes dont il avait autrefois signalé
trats. On suscitait des tracasseries à M. de les écaris, se trouva engagé dans une roule
Beaumont, archevêque de Paris, et un cou- d'où il ne lui fut plus possible de s'écarter.
vent d'hospitalières, établi rue Mouflelard et 11 faisait cause commune avec M. de Filz-
poussé sans doute |iur d'insidieux conseils, James et avec une très-petite minorité d'é-
harcelait obstinément ce prélat. Le parle- vêques ; il avait adopté un système particu-
ment s'empare de l'affaire et ordonne aux
, lier sur les affaires de l'Eglise, reconnais-
leligieuses de procéder à l'élection que l'ar- sait l'autorité des constitutions des papes, et
chevêque leur défendait de faire elles .se ; favorisait néaLimoins le parti qui leur était
hâtent de déférer à un ordre qu'elles avaient contraire.
peut-être provoqué. Le prélat les menace lA'tte conduite lui attira quelques morti-
de censures canoniques, et interdit leur fications de la part de ses collègues, entre
église. La cour veut qu'il rétracte cette me- autres, a l'assenjblécde sa province, en 17C0.
sure cl sur son relus , il est exilé dans le
; , En 17()i, il fil un nouvel essai de ses préten-
Périgord. Le cardinal de Tencin, arehevéque tions contre rarclievé(iue de Paris. Celui-ci
de Lyon, étant mort sur ces entrefaites (le ayant refuséou plnlôtdilîérérexhumalionde»
2 mars 1758), on imagina de profiler de cette Ossements déposés dans les chapelles de quel-
circonstance pour protéger les filles opi- ques petits collèges que l'on venait de sup-
niâtres auxquelles on prenait un inlérêl,si primer on eut recours à larchevêque de
,
vif. Le bruit jiublic dans ce temps-là fut qu'on Lyon, qui rendit, le 1!> octobre 17()V, une or-
avait oll'ert à M. de Monlazetle siège de L\on, donnance pour autoriser l'eNlii'mation , et le
à condition (ju'il crisserait, comme primai parlement le seconda par ses arrêts. M. de
l'ordonnance de l'archevêque de Paris. Le Beaumont lit à ce sujet des représentations
16 mars, l'évêque d'Autun fut nommé par le au roi, et se plaignit de la précipitation qu'on
roi à l'archevêché de Lyon ; les hospita- avait mise a cette afl'aire; el il e-t vr i (jue
lières lui présentèrent de suile leur reciuéie, le parlement ne le ménageait guère, en même
et, telle était l'impatience (|u'on a>ait de les temps qu'il couvrait l'archevêque do Lyon
soutenir, que le 8 avril, avant d'avoir reçu de touie sa |)['oteclion.
ses bulles pour Lyon, M. de Montazet l'es Ce prélat avait eu, en 1763, des démêlés
autorisa à passer outre à l'ordonnance el avec les olfieiers delà sénéchaussée de Lyon,
aux monitions de leur archevêque, et à pro- relativement au choix des maîtres qui de-
céder à leurs electious. il préleudil qu'il avait vaient rcu:^)luccr les jésuilet dans Us cul-
,
léges de celte ville. Il exposa les mqlifi de usage dangereux pour la dissipation et la
sa conduite dans une Lettre pastorale, du perte de temps avant d'entrer en théologie
:
lorale contre Cliistoire du peuple de Dieu , derniers surtout ionl tout à fait dans le goût
par Berriiyer, in-12 de 212 pages. Il y carac- dtS écrits que les appelants ont publiés sur
lérisail fort sévèrement cet ouvrage, cl cun-
-
cette
:i— on y rappelait
" matière :
„.i..:. i _„ „_
les quatre ar-
dairjnait, ainsi tjue le Commentaire latin du ticles de 1682, qui n'avaient cependant aucun
P. Hardouin sur le Nouveau Testament, et trait au jubilé; on s'y élevait contre les
renvoyait à la censure de la Faculic lie maximes ultramonlaines , et on y affectait
théologie de Paris et à l'instruction pasto- d'ailénuer l'eiïet des indulgences. 11 est assez
rale de M. de Filz-Jauii s, sur le n.éme oh et. vraisemblable que le P. Lambert a eu part à
Il parut un Examen du mandement de l'ar- ces mandements on le regarde aussi comme
:
chevêque, iiC pages iu-i"; cet écrit fut con- l'auteur de l'instruction j.nslorale sur les
damne au f u, par arrêl du parlement de sources de l'incrédulité et les fondements de la
Paris, du 22 lévrier lT6i, comme tous eeuK religion, in-i° de 200 pages, que l'archevêque
qui paraissaient alors en laveur lies jésuites. donna sous la date du 1" février l';76. Il y
M. de Monlazet fut un de. quatre évéques a de belles choses dans cette instruction et ,
qui n'adheièrent point aux actes du clergé elle fut fort applaudie, jusqu'à ce qu'on eùl la
de 176a; il avait beaucoup de confiance tn malice de la faire imprimer, en mettant en re-
l'abbé Mey, avocat tanoniste, qui jouissait gard des passages du traité des Principes de
alors d'une grande rtputation, et qui était la foi chrétienne, ilc Duguel, 3 vol. in-12,
du même âge que lui. Mey, né à Lyon, élait avec tilre Plagiats de M. l'archet-îque. Il se
:
un des écrivains Ks plus féconds du parti irouve en effet qu'en ])lus!eurs endro.ts. Du-
appelant il avait part aux Nouvelles Ecclé-
;
guetaviiil éléassezexaclement copié, et qu'en
sia. tiques, et on croit qu'il prêta sa plume à d'autres il était abrégé d'une manière tiès-
l'archevéque eu plusieurs occasions. Il pas- reconnaissabie. C'est le r))ême ordre, ce sont
sait souvent ses \acances à sa campagne les mêmes réflexions les mêmes preuves et
,
d'Ouliin.s. Le prélat a^iiela aussi à Lyon souvent les mêmes expressions. Nous avons
plusieurs théologiens déclarés pour la même élé curieux de faire nous-même la compa-
cause, comme les oraloriens Valla Guibaut , raison, et nous avons trouvé l'emprunt trop
et Labal , et les dominicains Gaussanel visible et trop fréquent pour être contesté.
Chaix et Crêpe. li fit donner à l'Oratoire le Cepcudanl, M. de Montazet se lassait d'être
collège de la ville occupé autrefois par les divisé de ses collègues. La disgrâee des par-
jésuites. Le séminaire baint-lrénée, dirigé bmcnts, en 1771, le laissait sans appui. 11 fit
par MM. de Saint-Sulpice, avait joui de la donc ('ueiijues démarches pour tè rappro-
confiance des précédents archevêiiues. M. de cher de M. deBeaumunt, et depuis, ces deux
Montazet les molesta en toute rencontre. 11 prélats se virent. Le premier résultat de ce
établit pour les séminaristes l'armée de ville, changement fut que M. de Mçntazel, qui n'a-
(\) Le 2-2 juillet 17l)b, une semence de la séné- tendit qu'il n'avait | as toutes les conditions requises,
chaussée de Lyiin connanina an leu une lirocliure in- et on aiiaqua l'union du sé:iiinaire de Lyon à l'uni-
lilulée : Les clénonciaeun secri:ls clénoïicés au public, versité de Valence, comme n'ayant élé prononcée,
en 1737, que par îles leiire-paienles non enregis-
48 pages in-li; brocliuii; dirigée conire révé|iie
trées. Ce fut l'obiel (i'un mémoire publié eu
17S4, et
d'Egée, sufTrag.oii de Lyon, ei coiilrc les (iirecieius,
du séiiiiiiaiie isaint-lién'ée. Ce séiiiinaue élait agrégé signé Mey, Gerbler, Targei, Blondet, Picart et de
à l'université de Valence. Leurs eniieuiis, i qui cetie Bonnières. Le puiement de Paris rendit, le 18 mars
agrég;!iii>n déplaisait, s'elli;rcèrcni de la Caire casser. ) 7So, un arrêt qui rendit nuis les grades de l'abbé
Un abbé Billet, gradué en l'nniversiié. ayant jeié suu Biilel.
dévolu sur une cure, elle lui fut disputée. On prè-
6C9 MON MON 670
vait été d'aucune assemblée du clergé de- auquel chapitre métropolitain se soumit
le
puis 1755 , fut élu pour colle de 1772. Il fit le 13 novembre 1776. Plusieurs se montrè-
dvs rapports sur des mcsuri-i prises contre rent pposants à celle délibération, et il pa-
I
concernant les sacrements, les vœux cl au- veaux livres pour l'enseignomrnt dos sémi-
tres malières purement spirituelles. Il se naires. Il chargea le P. Josiph Valia, de
plaignit aussi d'arrêts rendus par les parle- rOi atoire, de composer ur.e théologie et une
ments de Rouen et de Bordeaux, en faveur phil sophii", en recommandant seulemenl à
d'ecclésiasliques auxquels leurs évéques ce pr(desseur de modérer son zèle et de ne
avaient refusé le visa. point trop laisser paraître ses sentiments en
C langagi! aurait pu faire croire que M. de
' faveur du jansénisme. Les amis de Valla
Montazel revenait sur ses pas; mais sa con- assurent que ce sacrifice lui fut Irès-i èni-
duite dans l'administrai ion do son diocèse blo cependant il trouva les moyens d'insi-
;
quelques poinis, el qui fut adopté en 178G, qu'un essai. Les professeurs, et même ceux
par Ricci et par trois autres évéques de Tos- de Saint-Sulpice fur. nt invités à présenter
cane, lorsque l'on travaillait à introduire le leurs ol servations sur l'ouvrage ; ils le
jansénisme en ce pays. Ce CatécUisinc ayant Orinl, et on leur promit d'y avoir égard.
été attaqué par une critique en forme de dia- Mais les corrections auxquelles l'auteur
logue, le prélat la condamna par un mande- consentit, deviurenl illusoires par ses artifi-
meni et iitslrurtion pastorale, du G novem- ces s'il ôla dans l'exposé des thèses ce qui
:
bre 1772, in-4° de Vil pages, et in-12 de 29{j paraissait favoriser Irop ouvertement le jan-
pages, qui fut fort loué par quelque-; jour- sénisme, il eut soin de Tmculqucr plus bas
naux du temps. Il y a lieu de croire que dans la réponse aux objections, et l'es^^i^
celte instruction, ou au moins le fond, est de celle théologie resta le môme. On y évita
encore du P. Lambert. Klle donna lieu à de s'expliquer sur des questions importiu-
quel([ues observation:! (]u'une feuille non tcs cl de parler des décisions les plus solen-
suspecte assurait avoir été accueillies avec nelles. En 178i parut la. seconde édition,
une espèce de triomphe par le plus grand nom- ainsi arrangée (2) elle porte en tète un
:
prétendait exempt, appela comme d'abus de guet, Drouin, .luenin, etc. L'instruction pas-
ce règetncnt, el lil paraître, en 177.V un , torale contre llardouin et lierruyer. réJigée
mémoire rédigé par l'avocat Courtin, el qui par Goursin, sous le nom de l'évêque de
ne peignait pas la conduite du prélat sous î^oissons, y est indiquée sept ou huit fois
des couleurs très-favorables. Il y eut un sur des questions différentes. On y nomme
autre mémoire eu réponse, sous le nom du aussi l'instruction pastorale d" M. de Rasli-
syndic du clergé, in-4 de 130 piges, el un gnac sur la justice chrétienne les ouvrage^ ,
(1) Ordonnance de M. l'archevêque de Lyon, por- (2) Elle a pour titre ; Inililutiones Ihcotogicœ, au-
tant règlement pour le chapitre de l'église priniaiinte, ctoriiale D. V. arêhiepheopi Lngdunensis, ad utum
tur le réquisitoire du promoteur; Lyon, 1"75, ill-4* de sctiolarum suce diœcesis editœ ; Lyon, 17X4, C vol,
43 pages, el in-12 de S3 pages. jn-12.
,
inéine année, les Institutions philosophiques, lespauvres ouvriers qui manquent de travail,
aussi en lalin, parurent à Lyon, en 5 vol. 1788, in-4'. La fin de sa vie fut troublée par
in-12, dont '2 pour la ])hysique il y avait
;
des chagrins domestiques et par les éclats
aussi au commencemenl un mandement de scandaleux de quelques convulsionnaires.
l'archevéïiue. 11 s'aperçut peut-être alors des tristes résul-
Il avait exigé que les professeurs du tats de l'imprudente protection qu'il avait
séminaire Saint- Irénée enseisnassent sa accordée à un parti. Lyon, Montbrison ,
théologie, et ils ne s'y soumirent iiu'aprè» Saint-Galmier, eurent des convulsionnaires
avoir pris l'avis des prélats les plus éclairés, et des prophètes; une fille fut crucifiée, le
entre autres de M. de Pompignan, évéque de 12 octobre 1787, à Fareins, près Trévoux, en
Vienne; mais ils y joignirent des explica- présence de quarante personnes, et le curé
tions qui suppléaient à ce qui était omis du lieu, Bonjour, fut accusé d'avoir présidé
dans l'ouvrage, ou qui en redressaient les à cette scène. Un cri général s'éleva contre
inexactitudes. Les jeunes gens prenaient cet excès de fanatisme, et l'autorité en
note de ces explications, et l'archevêque poursuivit les auteurs. Ce fut au milieu de
qui en fut instruit, se montra très-blessé de ces scandales que M. de Monlazet mourut à
re correctif, qu'il ne put empêcher. On porla Paris, le 3 mai 1788, à l'âge de soixante-
bieitot un autre coup à la nouvelle produc- seize ans. Il avait occupé le siège de Lyon
tion, dans des Observations sur la Throlofjie pendant trente ans, et eut le malheur d"y
de Lyon, 178G in-12 de 127 pages. Elles
, avoir fomenté des disputes que l'on n'y con-
étaient de l'abbé Pey, chanoine de l'Eglise naissait pas, et dont les suites subsistent en-
de Paris et auteur du traité De Vautorilé des core. Outre l'archevêché de Lyon, il jouis-
deux puissances. Il y signalait dans quatre sait de l'abbaye de Moustier en Argonne et
lettres le^ artifices, les réticences et les prin- de celle de Saint-Victor de Paris, dont le
cipes faux du nouveau théologien, et il fai- palais abbatial lui procurait une résidence
sait Voir que le jansénsme s'y retrouvait agréable dans la capitale. Il avait été reçu à
sous d'adroits déguisements (1). L'auteur des l'Académie française en 1757. Le diocèse da
Nouvelles Ecclésiastiques ayant critiqué ces Lyon, vu son étendue, avait le privilège
Observations dans ses feuilles des 11 et 18 d'avoir des évêques sufl'ragants pour aider
décemtire 178G, l'abbé Pey joignit en 1787, à l'archevêque dans les fondions épiscopales
une deuxième édition de ces mêmes Oliser- Deux prélats eurent successivement ce titre
valions, une Réponse uu (/aselier janséniste; sous M. de Montazel, savoir M. liron, évé- :
le tout forme un in-12 de 243 pages, en y qne d'Egée jusqu'en 177(j, et depuis cette
comprenant ia Lettre d'un séminariste, qui époque M. de Vienne, évéque de Sarepta.
est à ia suiie. On prétend ((ue c'est Vaila L'un et l'autre ne partageaient pas les sen-
lui-même qui avait fiiit les deux articles ci- timents de l'archevêque, et s'eflbrcèrent en
dessus dans les Nouvelles. D'un autre côl il • plus d'une rencontre d'atténuer les effets du
parut uiiC Défense de la Théologie de Lyon, système «lu'il avait adopté. Dès qu'il fut
ou Réponse aux Observations d'un anonyme morl l'ordre ancien fut rétabli. M. de Mar-
contre celte Ihéohigie, 1788, in-12 de 413 beuf, évéque d'Aulun, ayant été nomme q
pages. On dit que l'auteur était un augusli- l'aichevêché de Lyon envoya dans cette
,
nien, mais soumis aux constitutions contre ville l'abbé Hemey, architliacre d'Aulun et
(1) Ces Observalions ne sonl cependaiu pas parl'ai- ministres de Charles III; elle a été prohibée récem-
leuienl exactes. Pey y présentait comme un article ment par les soins d'un prélat aussi zélé qu'instruit,
de lui la volonté de Dieu de sauver tous les liomuies. AI. Casiillon y Salas, évéque de Tarazona. Dans les
Voyez sur ce que l'on doit croire, à cet égard, Pays-Bas , Feller attaqua plusieurs lois cette théo-
VAiierlissenieiii sur le livre des Réflexions morales, logie dans son journal nous avons vu une réponse
;
par Kossuel. § IG. qui lui fui faite par l'abbé Bigy, prélre fiançais, dé-
(2) La Théologie de Lijoii, proscrite en France, se porié par sniie de la réviduljon. Celte réponse, peu
réfugia dans les pays étrangers, on l'esprit de parti connue en France consisie en deux lettres, du 25
,
lui donna nn instant de vogue. Ricci rinlroiluisit en novembre 1793 et du 13 lévrier 17',ti. L'auteur ren-
Italie; mais elle fut condamnée par un décr'-t de voie à la Défense de la Théologie, citée plus liam; il
riudex, du 17 déceinlir.- I7y-i, et le grand duc Fer- esld ailleurs modéré, et lie avantage de quelques
dinand, en Toscane, la fil retirer des séminaires, à a-senioiis peu exactes de Feller. La ihéologu; de
la sollicitation du nonce et des évêques bien inien- Lyon est aujourd'hui aliandoiuiée; elle n'avait pas
tionnés. A Naples, où on l'avait iniprin)ée elle fut
, même le mériie d'une bonne latinité. Ce n'est, à pro-
interdite lors <le rarran^'e,meni de Ferdinand IV avec liremenl parler, que du lalin en français, ei on n'y
l'ie VI. En Espagne, elle b'é'ait insinuée dans les trouve ni inversions, ni tournures des bons auiems.
universités, grâces à l'esprit qui auiniait plusieurs des
675 MON MON 6/>i
bïes, à la vériié, viennent de s'élever pour trop long, on se borne à indiquer ceux qui
cxiiller lo systrriio suivi par M. de Monlazet. suivent :
Mais les faits parlent plus haut que ces élo- Il page 13, que l'Eglise approuve et
dit,
ges intéressés il est iiotoiri^ qui- le
: prélat désapprouve les mêmes auteurs. Pag(!s3, 14,
avait conire lui le plus grand nombre des 23, 23, 2G et 03, (jue révi'leiice d'un parti-
ecclésiasiiques de son diocèse, et nous avons culier le peut dispenser de la croyance inté-
vu ses partisans inèuies l'avouer. Il avait rieure.
également contre lui ses collègues; et les Page 9, il donne comme un nouveaudogme,
illusions et les excès qui éclalcrenl à la fin au(]uel a eu raison de s'opiioser, l'insépa-
il
de son épiscopal déposent fortement cjnlre rabiliiédu droit et du fait de Jansénius, quoi-
la marrlie de son aiiministration. que l'Eglise, par ses décisions réitérées, les
ail unis d'un nœud indissoluble. Ijifin, page
MONÏEMPUYS. Voijez Petit.
76, il prétend que, selon plusieurs théolo-
giens, saint l'homas n'a pas cru d'autre né-
]\IONTG.\ILI>ARD (Piiîrre-Jean-Fiiançois
cessilé opposée à la liliené et an mérite, que
DE PEHCIN DK),évéque de Saini-Pons, naimit
l'impuissance de vouloir et de ne pas vouloir.
le 2!) mars l()3;i, de Pierre de Percin, baron
Et non-seulement M. de Saint-l'ons donne
de Montgaillard, gouverneur de Blême dans
ainsi atteinte au droit, sur la troisième pro-
le Milanais et décapité pour avoir rendu cette
position mais, ce qui est pius pernicieux, il
place faute de munitiiins. La mémoire du ;
Plongé dans l'incrédulité et tous les vices qui grand scélérat, pour une âme basse et timide,
la font naître, il en sortit tout à coup pour atec un orgueil ridicule, et qui ne craint pas
se donni'r un spectacle sur le cimetière de d'écrire sur les matières de la religion. Cepen-
Saint-Médard. Il alla le 7 septembre 1731
,
dant on lui prodigue les louanges les plus
au tombeau du diacre Paris. Son but (à ce outrées, et on le représente comme inspiré
qu'il nous apprend) était d'examiner, avec par l'Esprit-Saint. Pourquoi celte différence?
les yeux de la plus sévère critique, les mira- C'est que M. deMon'.geron, après avoir quitté
cles qui s'y opéraient; mais il se sentit, dit- sa vie déréglée, a consacre sa plume à la dé-
il, tout d'un coup terrassé par mille traits de fense du parti, et que le parti fait profession
lumière qui l'éclairèrent. D'incrédule fron- de changer de maximes selon ses intérêts, et
deur, il devint tout à coup chrétien fervent, de blâmer sans pudeur dans ses adversaires,
et de détracteur du fameux (iiacn-, il devint les choses qu'il admire dans ses suppôts.
son apôtre. 11 se livra <lepuis ce moment au Au reste, les prétendues démonstrations de
fanatisme des co:ivulsions avec la même im- neuf jniracles, qui composent ce premier
pétuosité de caractère qui l'avait plongé dans tome, ne sont que des assertions nouvelles
les plus houleux excès. 11 n'avait été jus- de neuf impostures, et par conséquent ce ne
qu'alors que confesseur du jinsénisme, il en peut être que l'esprit de mensonge et d'er-
i fut bientôt le martyr. Lorsque la chambre reur qui les a dictées. Voyons ce que le même
des emiui'les fut exilée en 1732, ii fut relé- esprit a inspiré à l'auteur dans les deux to-
gué dans montagnes d'Auvergne, dont
les mes suivants , qui comme nous l'avons dit
,
changement est symbolique, et que l'excré- vingt-une ; la dix-neuvième fut, dit-on, sup-
luenl marquait la doctrine des molinistes. primée par arrêt du parlement et censurée
Or se peut-il rion de plus détestable que tout par la Sorbonne, parce que l'auleur attri-
ce fanatisme ? En
fâut-ii davantage pour buait aux démons le pouvoir de faire des
faire ouvrir jeux aux personnes sé-
les miracles bienfaisants et des guérisons mi-
duites qui "Ut le malheur de tenir encore raculeuses. On y trouve des faits curieux
au parti? Garderont-elles quelque affection et des observations péremptoires contre les
et quelque estime pour une secte qui enfante farces du cimetière de Saint-Médard. Ces
de si monstrueux excès ? Lettres ne tardèrent pas à élre attaquées
L'auteur vient ensuite aux différents se- par les dévots du parti, qui, dansleuis ecrils
cours dont il est l'admirateur et qu'il veut appelèrent honnêtement l'auteur « bêle de
diviniser. Nous ne ferons qu'en donner la l'Apocalypse, blasphémateur, mauvaise bête
liste ; les nommer, c'est charger de confu- de l'île de Crète, moine impudent, bouffi
sion ceux qui les font valoir. Ces secours sont: d'orgueil, écrivain forcené, auteur abomi-
1* Un coup extrêmement violenl d'un (jros nable d'impostures atroces et d'ouvrages
chenet donné dans l'estomac ; 2" un poids monstrueux. » Voilà le sel délicat qu'on a
énorme soutenu ; 3° un coup terrible donne répandu sur l'ouvrage d'un religieux et d'un
sur le sein d'un cailloux pesant vingt et une li- évéque respeclable, qui, aux yeux mêmes
vres ; h-" deux clefs de porte cochcrc enfon- de la secte, n'a commis d'autre crime que
cées dans l'estomac ."S" des tringlesde fer poin- celui de ne pas croireà la vertu miraculeuse
tues, des pêlis coupantes contre le sein ; G" un de ses saints.
coup dans l'estomac avec un pilon de fer pe- On sait que le célèbre Duguet {Yoyes ce
sant quarante-huit livres ; 7" cent coups de nom) regarJait aussi les prétendus miracles
tranchant d'un très-grand marteau de fer; 8° du- Paris comme des scènes de sottise et de
un très-grand pilon de fer dont la masse se scanJale. « Ne vous imaginez pas (dit un
terminait en pointe ; 9° une bûche ; 10" ime écrivain protestant qui a examiné par lui-
pierre qui pèse soixante livres; 11° des épées même le phénomène des convulsions) que
des broches ; 12° du feu, etc. De lout cela i) la yertu émanée du corps du bienheureux
conclut que les antisecourisles résistent Paris ait la force de ressusciter dos morts,
à la voix de Dieu. Lo livre est terminé de rendre l'ouie à un sourd, de donner la
par deux miracli's opérés par l'inlercission vue à un aveugle de naissance de faire
,
flexions sur la démarche de M. de Montge- ges en ont gémi el ont vu avec déplaisir
ron, in-V". —
Ri flexions en forme de lettre ces extravagances. Les jansénistes ne se
sur la démarche de M. de Montgeron, in-i". font pas honneur de vouloir s'accréditer par
— Suite des lettres à un magistrat, où l'on des voies aussi frivoles et des moyens aussi
montre que M. de Montgeron n'a fait que ce opposés au caractère de la religion. Cicéron
qu'il était ind\spen<ab'ement obligé de faire ,c\c, leur prescrit une leçon qu'ils devraient ob-
in-V". —
Le magistrat trompé, ou la victime server Ut religio propaganda suptrslilionis
:
du parti junsénisle ; réponse à un écrit inti- stirpes omnes eiidndœ. Ce n'est pas de la
tulé : La vérité des miracles, etc.; Lettres do manière qu'ils agissent que l'on concourt à
M. de 1737, in-i". l'avancement de la religion. » Rrcueil de
C'est surtout par dom La Taste, bénédic- lilt.,de phil. et d'hisl.; Amsterdam, 1730,
tin, depuis évéque de Bethléem, que l'ou- pag. 123. Quel(|ues speclaieurs, même phi-
vrage de Montgeron fut solidomeut et peut- losophes, ont cru dans certains cas y. voir
être trop sérieusement réluté, dans ses Let- riiilervention du père du mensonge el de la
tres théologiques, 1 vol. in-V, dirigées en puissance des ténèbres, à laquelle cette Secte
général contre les convulsions et les miracles devrait être moins indifférenleque todté au-
aUribués à Paris. Elles soqI au nombre de tre. Le sage et pieux pape Clément XUI
679 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES 900
croyait que ces farces ridicules et sacrilèges tablement et j'adore celui-là même que Irs
n'élaienl f]ue le fruit loul n iturel de l'aveu- ange:' adorent dans le ciel, mais je ne le possède
glemoiU dont Uieu avait frapi)C une secte que par la foi. ISe voilà-t-il pas !e dogme im-
qui s'était plus que toute autre couverte du pie de Calvin, qui est que nous ne recevons
voile de la piété et de la vertu : Quas fœdiln- dans l'euchuristie le corps de Jésus-Christ
les cuyyi le(/eremus in ynenlcm nobis venit
,
que par la foi.
janseiuanorum per simulalionem pielalis 2' Page k3 , on trouve ce dogme favori
,
ter superbiam Deus perculerit , et pestitentis- ne fais rien; car j'appelle rien tout ce que je
simœ sectœ conatus ad hœc dedecora tandem fais qui n'a pas votre amour, 6 mon Uieu,
rediisse permiserit; quasi dixerit Dominits : pour principe. C'est la 55* proposition de
Revelabo pl'denda tua, etostendam ge>ti- Quesnel Dieu ne couronne que la charité;
:
bcs nud tatem tuam, et regnis ignominiam qui court par un autre mouvement et un au-
TCAM. Nahum m. Bref à l'cvêque de Sarlat tre motif, court en vain. Comme si Dieu
du 19 novembre 1764. n'était pas honoré par la foi, par l'espé-
rance et par les autres vertus chrétiennes.
MOREL (Dom Robert;, bénédictin de 3" Page 26o, dans une effusion de cœur
Saint-Maur, né à la Chaise-Dieu en Au- ,
devant Dieu on lit ces paroles
, : faisant
vergne, l'an 1655, fut supérieur de différen- gloire de vous devoir tout, de n'aroir point
tes maisons de son ordre, et se retira à Saint-
d'autres mérites que ceux qw vous créez dans
Denis, où il composa des ouvrages ascéti- moi. On sait que les jansénistes emploient
ques, et où il mourut en 1731. On prétend ,
volontiers le terme de créer, de création la ;
tre, 6 mon Dieu! nest capable que de m'éga- y puisa les principes de Port-Uoyal {Voyez
rcr et de me perdre. Glémn). Après y avoir achevé ses études et
On y a vu la 39* proposition de Qaes- pris les ordres, il passa en Hollande, et s'y
bel. fixa près de l'abbé du Pac de Bellegarde.
Atlaché au parti janséniste il voyagea
, en
La volonté que la grâce ne prévient point Italie et en France pour le soutien de cette
n'a de lumières que pour s'égarer, d'ardeur
cause. Lorsque l'abbé Gucnin , en 1793,
que pour se précipiter, de force que pour se cessa de travailler aux Nouvelles Ecclésiasti-
blesser, etc.,page i49 :
ques qui s'imprimaient alors à Paris, Mou-
Sans mes démarches seront des
vous., toutes Ion les continua à Dtrecht, sous le même
égarements ou des chutes. Page 489 Faites : format et dans le même esprit; seulement
que j'agisse toujours par la charité ; car tout elles ne parurent plus (lue tous les quinze
ce qu'elle ne sanctifie point est une semence jours {Voyez Gcénin). L'abbé Mouton mou-
perdue. rut le 13 juin 180 î, et avec lui finirent les
Toutes propositions qui paraissent copiées Nouvelles Ecclésiastiques. Voyez Fontaine
de (^uesnel. JvcQiES.jll les rédigeait pendant les longues
L'Eiîlise nous enseigne que, sans la grâce souffrances et la captivité de Pie Vl. Quel-
du Rédempteur, l'homme peut opérer quel- ques personnes ont remarqué qu'à peine
ques œuvres dans l'ordre naturel, qui sont a-t-il parlé deux ou trois fois de ce vénéra-
moralement bonnes; et que c'est un senti- ble et infortuné pontife, et qu'il ne lui était
ment impie de dire que la connaissance pas échap|ié le moiiulre signe de pitié pour
naturelle de Dieu dans les païens ne pro- ses malheurs, ni la moindre marque d'impro-
duit qu'orgueil, que vanité, qu'opposition à bation du cruel traitement dont usaient en-
Dieu. vers lui ses persécuteurs. Mouton fut le der-
Imitation de Notre-Seigneur Jésus-Christ , nier des Français établis en Hollamle par
suite de leur attachement au jansénisme et ,
traduite nouvellement, avec une prière af-
fective ou effusions de cœur à la fin de à sa mort se trouva dissoute cette colonie
,
chaque chapitre; Paris, Jac. Vincent, 1722, formée autrefois par Poucet et plusieurs
1724, in-12. autres appelants, et soutenue successivement
par d'Elemare et lieliegarde.
l» Page 387, on lit ces paroles si contrai-
res an dogme de la réalité :Je possède véri- MULLET, professeur de philosophie au
6RI NAT NÂV 032
censure contre des jansénistes ont dû s'at- teurs, des culumniatiurs des sophistes
, des
,
teiidr(! à i-trc traités par le parti comme téméraires, des meurtriers, des (jens de mau-
Luther traita les docteurs de Cologne, de Paris vaise foi et d'un zèle amer, qui n'est aecom-
et (li> Louvain, (|n'il appela des ânes et des pai/né ni de science, ni de charité ni de jus-
iopliittes; comme Mélancthon tr.iita les i!oc- tice ; el leur censure est pleine d'obsc irité ,
leurs de Pai is dans un écrit q;ii a pour litre : d'équivoques f/rossières , de faux raisonne-
Adversus furfosuui Purisicnsiuiu llieoltxjns- ments, de sophisni's palpables, de faussetés,
trorunt decretuin ; comme les Aruanld les , d'abus et de nullités.
Gerberon, les de Witte et leurs pariisans Tel est le langage de riiérciiie démas-
Iraitèreiit les H.ibcrt, les Desmarelz, les .Ni- quée et vaincue. Les docteurs catholiques
colaï, les StC3aert; enfin comme les liéréti- confondirent le faiseur d'observations par
ques di- Ions les temps ont traité dans leurs un imprim qui a pour titre Justification
'
:
écrits tout ce qu'il y a de plus rcspcclab'c de la censure que la faculté de ihénloqie île
au monde. l'université de Douai a faite lei-2 août 1722.
N
NAT.\LI naquit dans le diocèse
(.^IautiV; tirée des saintes Ecritures et de la tradi-
d'Albenga, Ktat de Gênes, en 1730, fut clerc tion de l'Eglise. 1731, in-12 de 33i pages.
régulier des écoles pies, enseigna la théolo- Autre édition. 1732, 2 vol.
gie au collège nazaréen, à Home; manifesta
des opinions suspectes et perdit sa chaire;
Les additions qui sont dans cette édition
ne viennent point de M. de Natte; on croil
fut appelé à Pavie, où on lui donna une
qu'elles sont de M, d'Etemare. Ce livre,
chaire, et où il aflichn ouvertement le jansé-
qui a été loué dans les Nouvelles ecclésias-
nisme qu'il dissimulait ci Rome; refusa, en
tiques du 21 avril 1731, est une explication
qualité de censeur, son apjirobation au ca-
téchisme de Itellarniin, déjà ancien, et fort étendue de la dissertation latine de M. Op-
autorisé; eut à ce sujet des démêlés qui lui De conversione peccaloris, imprimée
strael, à
attirèrent une sentejice d'excommunicaiion Louvain en 1G87.
de la part de l'évéquc de Pavie, le 3 mai La seconde partie de co livre établit et dé-
1775. Protégé par le système de .losepli II, veloppe les preuves du système monstrueux
qui prévalait en Italie, Nalali fut maintenu, de Bourdaille [Voy. ce nom). On a ajoute à
malgré le pape, dans sa place, et on bannit la fin de louvrage un Traité de la confiance
un dominicain qui l'avait attaqué. Il mou- chrétienne, qui suf.lt seul po'ir ruiner la pré-
rut à Pavie le 2i5juin 1791. cieuse vertu qu'il faudrait établir. La con-
Sentiments d'un catholique sur fiance, d\[-on, ch. 10,consiste à se'reqnrder
la prédestina-
tion. 1782. comme étant du mmbre
des é!us, et à espérer
en conséquence toutes les faieursque Dieu ré-
Prièues des Eglises pour obtenir la grâce. pand sur ceux qui appartiennent à cet heu-
1783. reux troupeau : d'où il suit évid minent
bRh'iyjvsTE accusation de jansénisme, plaint: que labonté spéciale par laquelle Dieu
conduit ses élus à la gloire, est le seul fon-
à M. llabert; par Peiil-Pied. 17S3.
dement de notre espérance. Or corniiie nous
Ouvrage auquel il mit des notes où il ne savons pas si nous «ommes du nooibie
parle avec éloge des appelants français. Son des élus, nous ignorons conséqucmment
zèle le porta aussi à publier, en lialie, un si nous avons quelque part à celte bonté
ouvrage de d'Elemare. On ne sait comment spéciale, qui seule, selon les jansénistes,
qualilier la manie de reproduire de tels nous fournit les secours nécessaires au sa-
ouvrages et de telles disputes. lut. Quelle est donc celle espérance qui
dd'iwi.v.wo^v.s Augustinianœ de gratiaChristi. n'est londée ciuesur un secours que j'ignore
2 vol. s'il mesera accordé ou refusé'? Une lon-
fiance aiipu\ée uniquement sur un peut-
Traité de l'existence et des attributs de être est-elle l'inébranlable confiance d'un
Dieu, de la Trinité, de la création et de chrétien?
la grdce. 3 vol.
Et quelques autres ouvrages. N.WEl'S (Joseph né dans le pa^s do
,
NEERCâSSEL (Jean De), évêiiue de Gas- liabituelle ; et c'est peu;-ctie le vrai sens
lorie, né à Gorcum en 1623, entra dans la du concile de Trente, qui dit, en parlant de
congrégation de l'Oraloirc à Paris. Après l'atlrilioii Ad Dei gratiam in sacramento
:
avoir professé avec succès la théologie dans pœnitentiœ impetrandam d sponil. C'est cer-
le séminaire archiépiscopal de Malines, l'an tainement le sens raisonna'ole qu'on peut
1C52, et dans le colléa;c des SS. \Yillibrod et donner à cet adage de l'crole Attritus in :
Bonifacc à Cologne, qui était le séminaire sacrumeido fit contrilas; co;iime c'est le seul
de la mission hollandaise, il devint provi- encore qui se présente naturellement dans le
caire apostolique. AlexaTiilre Vil le nomma titre du paragraphe 47 de /'cp?N7en/(o, dans le
en 1662 coadjuteur de Baudouin Catz, ar- calé"hisme romain Conirilionem ptrficit
:
chevêque de Philippes, vicaire apostolinua confessio, litre niai expliqué dans le para-
en Hollande, auquel il succéda l'an 1C63, graphe selon lociUi
, il faudrait supjilel-
I
sous le titre iVéïêque de Castorie. Ea 1670, il « Le Seigneur (dit un théoli gicn ', toujours
se rendit à Rome pour rendre compte à Clé- licheeu misé.icorde, acciicille le pénitent
ment X
de l'é at de la religion catholique timide et craintif; louché de sa candeur, de
en Hollande. 11 fut bien accueilli du on- | ses aveux et de sa vo!oiilé d'apparten r à
life, et souscrivit solennellcncnt et avec ser- Dieu d'une manière quelcunque, il achève,
ment au formulaire d'Alexandre VU. Il ne purifie et perfectionne tout cela fait naître ,
s'arrêta guère à Rome, et revint en Hol- son amour dans un cœur qui se montre dis-
lande, où l'on PiC s'aperçut que trop, par ses posé à le recevoir, et loul cel.i se fait dans
liaisons avec les chefs du parli, que sou le sacrement même. » Quoi qu'il en soit, ou
adhésion n'avait pas été sincère. 11 mourut trouve dans VAmur pœnilens (juclques en-
à Zwol en 1G86, et eut pour successeur Pierre droits favorables aux erreurs de Jansénius,
Codde (1 oy. ce nom). On a de lui trois trai- et c'est ce qui l'a lait censurer par Alexan-
tés latins le premier sur le culte des Saints et
: dre \11!, et défendre par un décret de la
de la sainte Vierge (1), traduit en français (2 ;
sacrée cor^grégalion. Innocent XI, à qui il
le second sur la lecture de VEcriiure avait été delère, ne voulut pas le condam-
sainte (3), et le troisième intitulé \'Amour ner usais ce qu'un a fut dire là-dessus à
;
Dieu dans le sacrement de pénilenco. La santo, est une fable. (Voijcz sur ce sujet
meilleure édition de VAmor pœnilens de recto l'ouvrage iniiirimé par ordre de l'arc!. evé-
usu clavium, est celle do 168i, 2 vol. que de j^Iaiine.-;, sous le litre de Causa Ques-
in-12 (4). H parut en français, en 17i0, en nellianu; ainsi que i'Historia Eîclenœ ultra'
3 ^o!. in-12 (5). Le but de cet ouvrage est jeclinœ, Cornelii lloijnck van Pupendrecht
d'établir la nécessité de l'amour de Dieu canonici Mccldinicnsis.) Il ne faut nullement
dans le sacrement de pénitence, contre les croire ce (juc dit Heus>énius dans sa Bata-
lliéolûgiens qui prétendent que l'altrition via sucra, part. 2, pag. 482 on sait qu'il :
suffit. On sait que les deux se:iliments sont éaii totalement livré au parti. Nécrcassel
appuyés sur des raisons imposantes si, : no cependant ])as être compté panui
d<iil
d'un côté, il paraît absurde qu'où p\iisse les corj'piice, du jansénisme, r.on-seulement
être justilié tt devenir l'ami de Dieu sans parce qu'il a souscrit au formulaire, mais
charité, de l'autre le sacrement de pénitente parce qu'il n'adoptait pas la plupart de kuis
semble perdre son efficace, si la charité est opinions, et qu'il était zélé au contraire
nécessaire, pane qu'elle suffît seule pour pour des choses qui leur sont pour le moins
couvrir la multitude des péchés. Peut-être indiffércnies : comme on voit dans le traité
concilie-l-on heureusement les deux opi- du Culte des saints et de la saint: Vicrae. On
nions, en disant que l'attrition se change en assure qu'il a été longtemps très-opposé à
(1) Tractalus quatuor de Sanclorum et prœcipue B. Traduit en français, par Guil. Le Roy, abbé de
V. Mariœ ciiltu. UUrajecti, Ani. ab Eyndeii. 1675, Haute-Fonlaine :
l'amliilion sont inlerventis l'en ont r;ippro- caché pour ce Père, mademoiselle ne doit
cho. On croit que M. ArnaulJ, qui a de- pas être réservée pour lui. Ce trait bien
meuré quelque ttm[)s chez lui, a eu pari approfonli donne de cet écrivain célè-
à ses ouvrages. bre une idée au moins singulière. Il fut
logé très-longtemps au faubourg Saint-.Mar-
Nir.OLE (Pierre) naquit A Chartres, le cel. Quand on lui en demandait la raison,
13 oclobre 1025, de Jean Nicole avocat au , c'est, répondait-il, que les ennemis qui rava-
parlement de Paris et juge de i^i chambre fjenl tout en Flandre, et minaient Paris, en-
épiscopale <le Cliartres. Après avoir lerniiné treront par la porte Suint-Martin avant que
ses humanités sous les yeux de son père, il de venir chez moi. « Lorsqu'il marchait
vint à Paris sur la fin de lGi2, pour faire
, dans les rues, dil la comtesse de Rivière, il
son cours de philosophie et de théologie. 11 aiait toujours peur que quelque débris de
fut reçu inaîîre-ès-arts le 23 juillet IGiV. 11 maison ne lui tombât sur la tête. Quand il
C nnut les solilaires dr Port-Uoyal, qui trou- allait en voy^ige sur leau, il avait toujours
vèrent en lui ce qu'ils cherchaient avec tant peur d'être noyé. (Lettres de M. L. c. de
>i
'
d'empressement, l'esprit et la docilité. Ni- la H., Paris, 1070.) Un auteur judicieux a
cole doiin I une partie de son lenips à l'in- remarqué que celle (erreur avait beaucoup
slruction de lu jeunesse qu'on élevait dans de r.ipport avec le fantôme qui troublait
Celle solilude. Après ses trois années ordi- Pascal. On dirait que ces chefs du parti n'a-
naires de théologie, il se préparait à entrer vaient pas l'àine bien rassurée et bien calme
en licence; mais ses senlimrnts n'étant pas à la vue des asitalions qu'ils préparaient à
cens de la facuUé de théologie de Paris, ni l'Uglise. C'est Nicole qui est le premier fon-
d'aucune université catholique, il se déter- dateur de ce dépôt si avantageux aux affaires
mina à se contenter du baccalauréat, qu!il du jansénisme , nommé communément la
reçut Cil I6i!). Plus libre alors, ses engage- boite à Pcrrcllc, dont le produit annuel était
ments avec Porl-Uoyal di^vinrenl plus suivis eo 17c0, de 40,000 livres, comme nous l'ap-
et plus étroits; il fréquenta cette maison, y prend M. le président llolland, dans un Mé-
fit môme d'assez longs séjours, et travailla moire imprimé en 17U, mémoire où, en
avec Arnaud à plusieurs écrits pour la dé- se plaignant des grands leas faits par son
fense do Janséiiius et de sa lioctrine. En, oncle à la même fin, il ajoute, page 35, ces
ICC'i-, il se rendit avec li;i à Châiillon, près paroles reiiiarcjuables « J'avais beaucoup
:
sulta Pa\illon, é\êiiue d'Aletii, et après un œuvre mon temps, ma santé et mon argent,
examen de trois semaines, la conclusion fut ne devaient pas m'attirer une cxhérédaiion
qu'il resterait simple tonsuré. Une Lctlre de luuii oiicic. » Nicole fit plusieurs de ses
qu'il écrivit en 1G77, pour les évoques de ou\ rages avec Arnaold, Lalane .\nt. le ,
Saint-Poiis et d'Arras, au pape Innocent XI, Maistre Charles Uufour, etc. Il eu publia
,
attira sur lui un orage qui l'obligea de quitter d'auhcs sous des noms supposés, tels ciue
la capitale. La morl do la dus liesse de Lon- Pro fatums, Paul Irénée, le sieur de Dam-
guevillc, la plus ardente protectrice du jan- ville rs , Wendrock , un Avocat au parte-
sénisme, arrivée en 167'j, et plus encore la ment, etc.
crainte des suites que pouvaient avoir ses Belga percontatou , ou les scrupules de
démarches imprudentes et factieuses, l'enga-
François Profuturus, théologien, sur la
gèrent à se retirer aux Pays-Kas. Il revint narration de ce qui s'est passé dans l'as-
en France en IGS.'J, et s'y tint caché pendant semblée du clergé de 1050.
quelqui' temps. 11 entra, à la fin de ses jours,
dans deux querelles célèbres; celles des DiSQi isiTioNES ad prœs nies Ecclcsiœ tumul-
éludes monasticiues et celles du quiétisme. Il tus sedandos opportunœ : Prima, an sinl in
défendit les sentiments de Mabilton dans la Ecclcsia novœ alicujus hxresis sectatores ;
première et ceux de Hossuel dans la deu- secunda, de vero sensu Janseu.i, cl niullis
xième. Les deux dernières année.-, de sa vie commenlitiis sen^ibus illi affictis circa
furent fort languissantes, et eiiliu il mourut priinam proposilionem; tcrtia, sive Eccle-
en lG9a, à 70 ans. On raconte de lui plu- siœ turbœ Fr. Annaio, jesuiia, judice com-
sieurs anecdotes. Une demoiselle éiail venue positae. 1037, in 4 .
le consulter sur un cas de conscience. .\u Publiées sous le fiux nom de Paul Irénée;
milieu de l'entretieu arrive le V. l'"ouquet,de il y en « trois autres, et dans louies Nicole
l'Oratoire, fils du lameux intendant; Nicole, soutient les cinq propositions.
du [dus loin qu'il l'aperçoit, s'écrie : rcj'ci,
mademoiselle , qachiu'un qui dcci lera la F. JoAV. Nicoi AI,... Mulinislicœ thèses, Tho-
c/»05e; et sur-le-champ il lui conte l'histoire mifticis nolis cxpunctœ; i. e. Thèses uio- :
delà demoiselle qui rougit beaucoup. Ou fit linisles du P. Nicola'i..., efl'acé s par des
des reproches à Nicole de celle im,)rudence :
notes Ihomisliques. 163G.
il s'excusa sur ce que cet oratorieu était son Le P. Nicolaï, savant dominicain, et un
6SÏ DICTIONNAIRE D ES JANSENISTES. G88
des plus zélés déCenseurs de la -saine doc- l'entrée de son livre sur le capuclion des
trine, porla, en Surbonne, son suffrage con- cordeliers.
tre Arnauid, et le publia même par la \oic Cet ouvrage, ainsi que tons les autre; qui
de l'impression; c'était plus qu'il n'en fallait font du jansénisme un fantôme-, a éie cn-
pour s'altirer la haine du parli. C'est du damné par l'assemblée généraU' du clergé
moins ce qui détejmine Nicole ù atUiqiier les de 1700. Yoijez Folillolx, Chimère du j'sn-
thèses catholiques du P. Nicolaï, par des sénisme.
notes remplies d'erreurs cl de malignité. Au reste pour justifier celle censi;re, et
pour se convaincre que l'Iiérésic dont il
Idée générale de l'esprit et du livre du P. s'agit n'est pas tant imaginaire que le pré-
Amelollc. 1638, in-4".
tend M. Nicole il ne faut que Sf rappeler un
,
L'année siiivanle on en fil circuler huit sition. La chose ne fut pas aisée, et peu s'en
autres sous le litre de Visionnaires. On les fallut que la cu])idité plus forte i|ue la cha-
rité n'occasionnât dans le parli un procès
réunit et on publia :
huit Litres mr l'hérésie imaginaire. Liège, les leurs coûtaient un tiers plus cher.
Ad. Bojers, 1667, -2 vol. h\-l2. M. Niciile, iniéressé dan? celle dispute et
Elles parurent sous le pseudonyme du mécontent, écrivit sur ce sujet à un de ses
sieur de Damvilliers. —
Aulic édition, aug- aîiiis une lettre assez singulière. Pour lui
nîentée de diverses pièces, Cologne, Pierre il ne voulut point que sa famille profitât de
Marteau, 1683. in-8°. —
Antre édiiion aug- ce qui pouvait lui revenir de celte vente. Il
mentée d'un plus gran nouibre de pii'ccs.
I le légua par forme de codicille à madame
Rions, Antoine Bai bitr, 161)3, 3 vol. in-12. de Fonlpertuis, une des principales dames de
Le principal but que Nicole s'est pro- la grâce et héroïne du parli; voici les
1
posé dans cet ouvrage est de faire du termes du codicille, qui a été imprimé, et qui
jansénisme une cliinière; et c'est sur cela est du k juin 1693 Je donne à madame de
:
que >L llacine écrivit en ces termes à l'au- Fonlpertuis tout ce qui pourra me revenir,
te'ir :Il y a vingt ans que vous dites tous tant en principal qu'en inléréts de .M. le duc
les jours que les cinq propo^'itions ne sont de Holstein, pour l'acquisition qu'il a fiite
pas dans Jansénius, cependant on ne vous des terres que nous lui avons vendues en
croit pas encore. Que l'on regarde ce que vous commun dans l'ile de Nordstrand, par con-
avez fait depuis dix ans, vos disquisitions, trat passé par-devant Boucher et Lorinier,
vos dissertations, vos rc flexion», vos considé- notaires au Cliâlelet de Paris, le 18 ou 20 no-
rations, vos observations, on n'ij trouvera vembre 167ti.
aarc chose, sinon que les propositions ne Le voilà donc bien réalisé ce parti pré-
sont pas dans Jansénius. lié! vfssieuiSfde- tendu imaginaire. Il s'agissait là d'hommes
meurez-en-là ; ne le dites plus. Aussi bien, à et de femmes très-réels, très-iéeliemcnt atta-
vous parler franchement, nous sommes résidus chés aux sentiments de Jansénius (tels que
d'en croire plutôt le pape et le clergé de ,M. Nicole, M. de Ponlchàicau, madame de
France que vous. Fontperluis), et qui, pour se soustraire aus
M. Nicole avait voulu dans ces lettres suites de leur révolte, voulaient se canton-
attraper le genre d'écrire de Pascal; mais ner dans une légion éloignée et y faire un
il n'y réussit pas. On ne peut rien de plus corps à.parl, une sorte de république indé-
insipide que la manière dont il plaisante dès peodanle, une nouvd'e Genève.
6S0 NIC NIC eoo
Si M. Racine eût vécu dans noire temps, jc/ Savez-vous qu'il a fait un grand éciit
aurait-il eu liesoin do ces règles qu'il de- qui a mérité d'être brûlé?
mandait malignement pour décider si les
prophélesses, les convulsionnaires, les con- DÉFENSE de la proposition de M. Arnautd,
vulsii)nni>tes, les niéla'gistes, le frère Au- docteur de Sorbonne touchant le droit, ,
I/esprit d'erreur et de satire dicta ces cole est l'auteur du premier, 1606 du scconit, ;
et doctes périodes ; cittz les Pères ; jetez- point de sorte qu'il se sert des arnios d'un
;
vous souvent sur les antithèses : vous êtes jésuile pour combattre un sentiment qu'il a
appelé à ce style ; il faut que chacun suive sa le front d'imputer à tous les jésuites sans
vocation. exception.
Des piquants mortifièrent tout
Irails si Les notes de Nicole ne restèrent pas sans
Poil-K()j;il. M.M. Dubois et d'Aucourt furent réponse: on publia Ilcrnardi Slubrockii:
chargés d'j répondre, ils se récrièrent sur (Honorali Fabr\) societatisJesu, Notœ in no-
ce ([ue leur a(lver>aire a\ait confondu les tas Wi'L Wendrockii, etc. Cologne, J. Bu-
('l!ai:iillardfs avec les Vt'.ionnaiies, comme sœus, 16.59, in-S°.
«i c'eût été faite tort à celles-ci (2], que de Les noies de Nicole furent traduites en
(I)Dosmareis de Suiril-Surliii, qui nvnit dit Irop (-2) tilles étaienl les nues el les ..uiros du uiêine
(I.- mal (les jansénislt's oui- ne pas s'aiiiicr l'indi-
| aiiieur; ainsi In méprise était pardonnable.
yiiaiion du parti, el en particulier de tSicolc.
601 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 69»
français par Françoise Marguerite de Jon- Pai- un adroit commentaire, il rcstroiit ce
coux, pour l'édilion du Provinciales, 1700, texte au syslome de son maître. // v n, dit-il,
2 TOI. iii-12. «ne véritable lumière, qui /claire tout homme
qui vient au monde : C'est-à-dire que les
DÉFENSE f/w professeurs en théologie de t'u-
hommes ne sont éclairés qu'autant qu'il plaît
niversilé de Bordeaux contre un écrit inti-
à cette lumière divine et incréée de luire d tns
tulé : Lcltre d'un théologien à un officier
leurs esprits.
du parlement sur la que^lion si le livre
Cet écrivain, comme tous les jansénistes,
inlilulé : L. M.Htierœ proiinciales, elc,
exagère les suites du péché originel. Il insi-
est hérétique. IGGO, in-i". — Seconde Dé- nue que Dieu ne veut sauver que quelques-
fense... contre divers écrits dictés par les
uns d'entre les hommes; que la grâce qui
jési'.ilrs , oi\ Von fait voir l'absurdité de la
élève vers le ciel n'est donnée qu'à quelques-
prétention de ces Pères, que le fait de Jan-
uns. Tous les autres sont abandonnés , à
sénius soit inséparablement joint à la foi.
cause du [léché originel car, selon lo sys- ;
16G0, in-V.
tème de la secte, ce ne sont point les péchés
Bemarques sur la requête préfentée au roi personnels des ré] rouvés qui sont cause de
par M. l'archevé/jne d' Embrun (Georges cet abandon, c'est au contraire cet abandon
d'Aubnsson), contre h traduction du Nou- qui est cause de leurs péchés personiuls.
veau Testa lient, imprimée à Mons. 16G8, La faiblesse de l'homme (dit Nico e, page 37,
in-i". —
On répondit par Réflexions sur:
premier Traité de la faiblesse, ch. Xl ), con-
les remarques que l'on a imprimées à côté siste d «s l'impuissance où, sa volonté se
de la requête de M. l'archevêque d'Em- trouve de se conduire par la raison.
brun. Paris. Cramoisj, 1G68, in-i". Page i3 et 4'i- La nature corrompue...
:
Jacques Brousse et Guillaume Le Roy Page 130 : Tous ces gens aveugles et aban-
écrivirent anssi contre la Lettre du P. donnés à leurs passions sont autant de preu-
Bouliours, et ils ne furent pas les seuls. ves de la rigueur de la justice de Dieu. C'est
elle (juiles livre aux démons, qui les domi-
Cette Lettre fit beaucoup de bruit.
nent, qui se jouent d'eux , qui les jettent dans
Causa, jansemana, sive ficlilia hœresis, seœ mille désordres, etc.
disquisitionibus theoloyice, historiée expli- Second volume, Voici un portrait bien ou-
cata et explosa a l'aulo Jrentro; adjccti tré du pécheur, page 85 : « On'esl-ce qu'un
sunt super eamdem materiam alii tractatus pécheur? C'est un aveugle, puisqu'il ne par-
et epistolœ; cdente Antonio Arnaldo. Colo- ticipe point à la véritable lumière.... H est
gne, 1682, in-8°. dans les ténèbres, puisqu'il tombe à tout
Essais de morale, contenus en divers traités
moment, et qu'il ne sait où il met ses pas
sur plusieurs devoirs importants. Publiés — (page 8t;). C'est un sourd, c'est-à-dire qu'il
n'entend point la voix de Dieu C'est un
successivement , réimprimés en divers
paralytique, parce qu'il est toujours abattu
endroiis, et parvenus à treize volumes in-
1-2 ou in-18. Paris, Desprez.
à terre, et dans Vimpuissance entière de se
relever. Ctst un homme réduit à l'extrémité
11 y a un qu;itorzième volume, contenant de la pauvreté, puisqu'il est dépouillé de
la Vie de l'auteur. Celle collection rinferme toutes les vraies richesses spirituelles, qu'il
les Lssais proprement dits, et la continua- a perdu tout ce que Dieu lui avait donné
tion des Estais. dans son baptême C'est un cschne, non-
« Il y n'gne, dit Feller, un ordre qui plaît, seulement de ses passions qui le dominent,
et une solidité de réflexions qui convainc; m lis du diable qui lo possède, qui le remue,
m.'is l'auteur ne parle qu'à l'espiil ; il est rag:te, le secoue, le fait agir à sa fantaisie.
SfC et froid. » C'esl aussi un escia\(; des éius de Dieu et
On
a fait aux Essais de Nicole des re- des justes, c'esl-à-dire que tout son office
proches plus graves ; le lecteur décidera en ce monde, pendant qu'il deneure en cet
s'ilssont justes. \'oici donc en quels termes état, est de travailler pour autrui, et non
un critique orlliodoxe en a p.irlé. pour soi, de contribuer à quelque avan-
( t
mellement contraires au système jansénien : perdu Dieu et sa 'p-dee, sinon le péché et ses
Erat lux vera quœ illuminât onsnein hominem suites, une orgueilleuse pauvreté et une indi-
venienlem in hune mundum. Que fait Nicole? gence paresseuse; c'esl-à-dirc une impuis-
b-3 NIC NIC C94
nance générale au travail, à la prirre, à toxtt la vertu est donnée; et que là où il n'y a
lien. La ko^ et la ?)-S* Que peut-on être autre
: point de vertu, il n'y a poiiil de grâce.
chose que lénibres, qu'égarement et que pé- Cinquième vohime. Pag. l.ol, 152, traité 9,
ché, sans la lumière de la foi, sans Jésus- des Supérieures, n. 20 Bien souviit on ne
:
Christ, sr.ns la charité 7 La 57' et 58' Il h : fait des fautes... que parc; qu la concupis-
n'y a ni Dieu ni religion où il n'y a point de cence e?t plut forte que la grâce, dit saint
charité. Augustin. 1° Fausse citation. Saint Augus-
Troisième vohtme. Pages lCi2 et 163, troi- tin n'a dit cela nulle pari; 2" c'est exfirimer
sième traité où il s'ii[iit des manières dont assez clairement les deux délrclalions né-
on tente Dieu, cli. iv. Les saints persuadés cessitantes. 11 en c^t de méii'e de ce qu'oa
que Dieu est le maître des cœurs et qu'il lit à la page 222 On nerénsie aux attraits
:
opère en eux tout ce qu'il veut par une forv des sen-i que par un attrait spirituel plus fort
invincible et taule - puissante. C'est dire et plus efficace.
que riiumme ne peut rcsislor à la grâce, Page 225, trnilé 10, de l'emploi d'une
qu'il ne coopère avec elle que passivement, mai'resse des novices. On peut se servir pour
et que les saints en étaient crsuadcs. | cela d'un livre intitulé : Inslrudions sur les
Page \S^\: Quelque honnêteté qu'on se puisse dispositions qu'on doit apporter aux sacre-
imaginer dans l'amour d'une créature mor- ments de pénitence et d"eucliarist e, lyui est
telle, cet amour est toujours vicieux et illé- dédié èi madame chez Guil-
de L' nguevil'e ;
gitime, lorsqu'il ne naît pas. de l'amour de laume Dfsprez,à Paris, (le livre que conseille
Dieu. Quesnel en dit autant ( Prop. 43 )
: Nicole pour la lecture des religieuses no-
Quand l'amour de Dieu ne règne pas dans le vices est très-propre à en faire les plus ou-
cœur du pécheur, il est nécessaire que la cu- trées jansénistes. Llles y apprendront par
pidité charnelle y règne et corrompe toutes exemple, que l'esprit de l'Eglise est de n'ac-
ses actions. C'est une suite do la ii' prop. corder la grâce de la réconciliation pour les
Jl n'y a que deux amours, etc. péchés morlels qu'une seule fois dans la vie,
Tout ce volume est rempli de piopositions et jamais plus. Que quand on est pécheur, on
janséniennes, mais la plupart sont envrlop- ne peut suivre que les mouvements du pé-
jiécs avec tout l'art imaginable; quelque- ché que le pécheur irrite Dieu au lieu de
;
fois même Nicole leur donne un air de ca- l'apaiser, quand il assiste au sacrifice de la
tholicité. mes^e, etc.
Quatrième volume. Traité 1", des quatre Page 153 du traité •îeuvième des Supé-
dernières fins, 1. i, chap. 13. // faut que Dieu rieures, il appelle Sainl-Cyran im humme de
OH le diable règne en tious ; il n'y a point de Dieu. Donner ce litre glorieux à un homme
milieu. atteint et convaincu par ses propres aveux
Dieu a tenu cachée à toute la terre l'espace de toutes sortes d'erreurs, de folirs et do
de quatre mille ans la grande et heureuse blasphèmes, c'est un abus si étrange, que
nouvelle du royaume des deux. Tr. 1, des pour s'en rendre coupable, il faut penser
quatre dernières fins, 1. iii, du Paradis, presque aussi mal que celui à (jui l'on donne
chap. 2. un éloge si déplacé. Quand on parle d un
L'Eglise n'est presque plus composée que de homme dont plusieurs ouvrages ont été con-
monceaux de sc.ble , c'est-à-dire de membres damnes qui a été arré é par l'ordre du
,
conrhil que la grâce est rare, parce qu'il ne justice de Dieu s ir les hommes, destiné à lei
reconnaît point de grâce qui ne soit ellicace; iivcuglcr, ne lusse pas d':tre, à l'égard ds
que, selon lui, dès que la grâce est donnée, plusieurs , ministre de sa miséricorde. Les
^
m'a dit à B..., qui est une ville oii il y a en- sespérer, si notre salut était remis à nos.
core di- la piélc, qu'il leur était presque im- soins, à notre vigilance et à nos efforts :
possible de trouver des prêires qui ne s'eni- mais étant en re les mains de Dieu, dont la
vrassent point. Ce mal si ordinaire n'a pas force et invincible et la miséricorde infinie,
commencé à ce siècle, il a été de tous... qui aime «es élus cl qui les veut sauver,
Quel-, pasteurs avaient tant de bons cliré- toutes les marques que nous avons d'être
liens, qui ont vécu dans l'Orient , pendant de ce nombre heureux, nous doivent rem-
que presque tous les évèques et les ecclé- plir d'espérance que nous surmonlerous
siastiques étaient ou ariens, ou eutychéens, tous les obstacles de notre salut. »
ou ninnoihélites ou iconoclastes ? » On a raison de dire que le qniélisme est
Comme Nicole ne reconnaît pour bons une suite da jansénisme. L'espérance des
pasteurs que les jansénistes, il a raison de jansénistes est fondée, comme on toit, sur
dire qui' la disette en est encore plus grande la force invincible de Dieu qui veut sauver les
dans les autres royaumes. Mais un auteur élus : et comme ils ont toutes les marques
c.itliolique exagérerait-il ainsi la disette des d'être de ce nombre heureux, ils laissent aux
tons pasteurs ? avancerait-il, sur le seul té- autres les soins, la vigilance et les efforts.
moignage d'une religieuse, que tous les prê- Les chrétiens qui n'observent la loi de Dieu
tres d'une ville sont des ivrognes? Ce qu'il y que par crainte ne sont point distingués des
a de plus condamnable dans ce passage, juifs, et doivent plutôt passer pour juifs qub
c'est que Nicole ose assurer que dans l'O- pour chrétiens. (Sur le dimanche dans l'oc-
rient, pendant qu'il y avait tant de bons lave de Noël, n. 2).
chrétiens, presque tous les évèques et les ec- Ceux d'entre les chrétiens déchus qui obser-
clésiastiques étaient ariens, etc. vent ext rieurement les lois du christianisme,
Ibid. 11 avance celte étrange proposilion : mais pir xm esprit de crainte et pur des mo-
Quelque grande que soit l'uiilité d'un con- tifs intéressés sont effectivement de cesjufs
,
fesseur, elle n'est pas telle que sans ce se- charnels qui n'ajipar tenaient gu'èi l'AncifH
cours on ne puisse se sanctifier dans les Testament. [Ibid., trois pages aj^rès).
monastères. Car pendant les premiers siècles Ces deux textes ne font-ils pas clairement
de l'Eglise, non-seulement les religieuses entendre 1" que tout chrolien qui n'ob-
:
n'avaient pas de bons confesseurs, mais elles serve la loi év.ingélique que parce qu'il
n'en avaient point du tout. craint l'enfer, quoique cette crainte soit sur-
Huitième volume. Dans la lettre LXXX, naturelle et un don de Dieu cesse dès là
,
page li2, Nicole parle de M. de Pontchâ- d'être chrétien? 2° que c'est agir en juif, et
ttau, m.irl à Port-ltoyal, où il avait été, dit- suivant l'esprit de l'ancienne loi, que d'agir
il, un modèle de pénitence et d'humilité. par la crainte des [ieiiies éternelles : ce qui
Puis il ajoute Je vous avoue, au reste, que
: est absoluuicnl f lUx , puisque celte crainte
je ne [lis pas un grand fond sur ce concours n'est pas tellement le propre lie la loi ancienne,
dépeuple à son tombeau, ni sur les miracles qu'elle ne couueiinu aussi à la loi nouvelle,
qu'on lui attribue. Je ne sais pas même s'i's et que sous celle loi ou ne puisse encore
sont e',Jer,tifs... ne paraissant pus de la qualité aujourd'hui suivre le mouvement qu'elle in-
de ceux oit l'opération particulière est in- spire.
contestable ; il eût été bon, ce me semble, de Qui doute qu'il ne faille que toutes nos ac-
n'en pas faire du bruit. On voit par là que le tions aient la charité pour principe, puisqu'on
goùl pour les miracles a été de tout temps ne rend le culte n Vieu que par la chariléT
dans le larli ; qu'on en publiait qui n'étaient Sur l'épitre du dimanclie dans l'octave de
pas effectifs; qu'ainsi le diacre Paris n'est rE|>iphanie.
pas le prL'inier lliaiimaturge de la secte; et Nicole prétend que le juste dans notre état
qu'on en a essayé plusieurs autres avant lui. n"a point do mérites propres. Ce néant de
Neuvième volume. A 'a page 161, sur l'é- mérites propres, dil-il , qui subsiste dans
pîirc de la messe du jour de Nuël, n. 'S : l'homme ré<iénéré, même avec l'abondance des
« Quel autre moyen, dit notre auteur, que grâces et des dons de Dieu l'oblige de se re-
,
l'incarnation nous eût pu marquer autant la garder toujours comme pauvre et dépourvu de
boulé et l'amour inlini de Dieu envers ses tout bien. Sur l'épitre de la messe du point
élus, puisque, pour les sauver, noii-seule- du jour.
nieui il leur a donné sou Kils, mais II l'a li- .Mais saint Paul, avec l'abondance des grâ-
vré à une mort cruelle pour eux? Il a telie- ces qui lui ont fait pratiquer les plus éiui-
iiiont .liuié le monde, dit le Sauveur même nrntes vertus, u'avail-ii ];oinl de mérites pro
rians l'Evansiie de saint Jean, qu'il a donné près? Etait-ce une pure grâce, un don de la
8
Sur ces paiol(^s uc l'ange Je viens vous : que jour toutes les larmes de lEglise, lors-
apporter utie nouvelle qui sera pour tout le qu'il t'aura transportée dans le liel. Elle
n'y
peuple le sujet d'une grande joie, Nicole dit : pleurera plus, parce que tous ies enfants se-
« Elle est en elTct pour loul le peuple, mais ront sauvés. » Les fidèles qui périront ne
c'est pour tout le peuple des jnsles... nul sont donc point enfants de l'Eglise, puisque
autre qu'eux n'y a pari. » (Sur l'évangile de tous les enfants de l'Eglise seront .••auvés.
la messe de minuit).
« Dieu, ajoute .M. Nicole, veut redonner
la
Dixième volume. Dans l'épîtredu troisième vie à certains morts; mais il veut que ce soit
dimanche de Carême, il s'agit de ce passade par les larmes de l'Egli-e. 5a charité est toit-
«le lépitreaux Ephésiens, ch.
5, v. 8 Eraiis : jKurs efficace dons tous ceux que le l'ère a
uliquando lenebrœ. Nicole altère et corrompt donné à Jésus-C'n ist. « Il est évident par ces
<:e passage, afin d'y insinuer l'erreur que passages, que, selon cet auteur, les seuls
Ouesnel a depuis développée dans sa pre- élus sont ces certiins morts, à qui Dieu veut
mière proposition; et au lieu de traduire redonner la vie par les larmes de l'Eglise, et
tout n.iturellpmcnt Vous étiez autrefois les
;
que Jésus-Christ n'est mort pour le salut
ténèbres 7iiéincs, il Iraduit avec les traduc- élernel d'aucun autre.
teurs de Mnns cl Sacy Vous n'étiez autre-
:
On pèche en assistant au sacrifice de la
fois que ténèbres. messe sans les dispositions qui y sont essen-
Dieu qui 71'est que charité est incapable tielles, lesquelles consistent dans l'amour.
^
actions criminelles que par la crainte, sont uni" chose inouïe dan> tous les Pères qui ont
nécessairement hypocrites en celle matière. connu l'esprit du chrisli.inisme, que ces vi-
Car n'ayant point d'amour de Dieu, ils ne cissiludes de vie et de mort dans lesquelles
sauraient aimer que la créature... ainsi ils
plusieurs se persuadent qu'un chréiien peut
sont bien éloignés de pouvoir être justifiés
vivre. L'espr.t de Dieu ne prend point pos-
dans ceté.at, puisque c'est celui que Jéf us- session d'un cœur pour si peu de temps, et il
Christ reproche aux Ph irisiens et pour lequel
n'y rentre point si fn ilement qu;uul on l'eu
il les condamne comme hypocrites. (Sur l'é- a banni. « La st.ibilité de la justice est un
vant,'ile du mercredi de la troisième
semaine dogme favori des novateurs. Bonrdaille le
de Carême). N'ostce point là dire avec Ques-
développa f:>rtau long dans sa Théoloqiemo-
nel, que l'oliéissance à la loi n'est qu'hypo-
rcde de .saint Augustin. Il prétendit ('(Oinme
crisie, quand la charilé n'en est pas le prin-
fait ici Nicole) que l esprit de Dieu ne
cipe? Propos tion condamnée par la bulle prenait
point possession d'un cœur pour si peu de
Lnigenilus (c'est la 47-), déjà proscrite au- temps, el que la chaiilé était un état si du-
tre ois dans les proposiiions 2;') et 33 de rable il qui av.iit tant de fermeté, qu'un seul
liaïus, et coniradicloirement opposée au péché, même mortel, n'en déiruisait pas tou-
concile de Trente, qui a frappé d'anallième
jours tolalcmcnl le fond et l'habitude; d'où
ceux qui enseitjneraient (]ue la douleur du il s'ensuivait que le péché
péché conçue par le molif de la ciainte de morl.l et la cha-
rité pouvaient subsister ensemble. Mais
1 enfer nous rend hypocrites et plus grands ce
système abominable l'ut condamné par l'as-
pechcitrs.
semblée de 1700.
Onzième volume. Notre auteur en parlant
i'age 159, sur l'épîlre du dimanche dans
de la résurreclion du Lazare et du fils de
la l'oclavede i'.Vscension, n" :A'ohs (/étions tou-
veuve de Naïm, dit, page (JG, sur l'évangile jours nous considérer <} l'égard du bien comme
du jeudi de la qualrième semaine du Carême, de purs instruments qui ne peuvent rien faire
n. 1 Jl n'y a pas lieu de douter que Jésus-
:
d'eu, -mêmes, s'ils ne sont appliqués el remues
Christ ne nous ait marqué par les circon-
de Dieu. Toute notre activité propre ne peut
stances d'' ces deux résurrections de
quelle être que mauvaise..., celles de nos auvres qui
7nanière il opère ceile des dmes dans le
cours viennent de Dieu sont bonnes...; mais celles
des siècles. C'est à peu près ce que
dit (Jucs- qui sont purement de nous
nel dans sa 23- ])roposiîion : Dieu nous ne peuvent être
,
ne garde point mes paroles...; il ne les garde Tom. chap. 1-2 Il m/ a que l'amour qui
I, :
que la cupidité chariieile y règne et en cor- quelque désir de se convertir, n'en ont-ils pas
rompe tontes les aclions. •>
le pouvoir? Rien sans doute n'éiait plus aisé
Treizième volume. Le motif de la charité que de répondre à cette question. Il n'y avait
étant nf'cessaire dans toii:es les aclions l'est , qu'à diri' que ces hommes en avaient çn vé-
par conséiiuent dans la pvatVjue de tous les ritab'e pouvoir, et que c'était leur faute s'ils
commandements... Il n'y a point d'autre prin- ni' se converiissaiont pas. Voii-i donc la cap-
cipe légitime que l'amour de Dieu. Sur lévan- lieuse réponse que fait Nicole Si ces désirs :
gile du dix-vepliènio dimanche après la Pen- sont encore faii,les iU ne mettent l'dme que
,
jours le sjsième erroné, qui ne reconnaît est pour justifier la proposition d'Arnarld, et
d'autre vertu que la charité, et qui veut que la première dos cinq de Jansénius c'est iiussi :
tou(e action soit péché, quand elle n'est pas ce qu'a prélendu le P. Quesnel dans ses neul
produite par un motif de charilé; d'où l'un première^ propositions.
conclut avec Baïus que toutes les actions des Ibid., ch. 12, réponse première à la qua-
infidèles et des pécheurs sont des péchés.
trième demande. La crainte, quoique bonne
Nous nous sommes fort étendus sur cet en elle-même, n'estquvne dispositionjudalqiic:
ouvrage; mais le lecteur doit considérer l°de car la crainte fait les juifs, comme la charité
quelle iinporl.ince il est de bien connaître un failles chrétiens. Ne voiià-l-:l pas les propo-
auteur que les novateurs mettent entre les sitions 53 et C3 de Quesnel? Un bap'.isé est
mains de tout le monde 2^ qu'il est néces-
;
encore sous la loi comme un juif, s'il accom-
saire, pour le bien connaître, de rapprocher plit la loi par la seule crainte... La seule cha-
toutes les fausses idées qu'il a dispersées lui- rité fait les aclions chrétiennes chrétienne-
même avec art dans un grard nombre de vo- ment.
lumes, afin qu'elles fussent moins sensibles , Ibid., réponse neuvième à In n érae de-
mais qui, étant réunies, se donnent un jour mande, y^ est nécessaire que la contrition
mutuel les unes aux autres, et, comme autant naisse de l'amour de Dieu, afin qu-^ l s œuvres
de parties d'un système suivi, forment un qu'ille produit ne soient pas des (cnvrei de
tout frappant, et un corps d'erreurs au^si ténèbres. Etrange (iécj^ion Quoi les oeuvre» I 1
complet que celui de Le Tourneux dans son qu'un pécli'ur pénitent fait par la crainte
Année Chrétienne, et celui de Quesnel dans surnature le de l'enfer comme les pnères, ,
ses Ré flexions morales. On va voir la suite à les aiimônrs, les restitutions, les réconcilia-
propos des Instructions du même auteur. lions, etc., sont des œuvres de ténèbres 1 ce
Instructions THicoi.oGiQiES. Api es ce qna sont des péchés! Le bon sens et î.i r.iison ne
noti-iav!,n. dit de M. Nicole. <à l'occasion de réclament-ils pa-; également contre une si
ses Essais de morale, on doit s'attendre à dangereuse doctrine?
trouver bien des erreurs dans les différentes Tom. Il, insir. 8, ch. 21, réponse à la
Instructions qu'il a publiées. C'est ce que quatrième di'mande. .tésus-Christ di; Ni- ,
nous allons examiner. cole, n'a été pr'tre parfait qu'cprès sa résur-
rection. Que veut-il dire, et quel sens rai-
I. — IssTniCTiONS théologiques et morales soiinab'e donn r à de si indécent' s cxires-
sur les Lu naije,Adrie)il\!oet-
sacrements, 2 v.,
sions ?
jeiis, 171 approuvées en lo; 8 par M. Ccr-
-,
bais, et en 1700 par M.M. Clampignon, Hiileux il. l'VSTRLexioNS théologiques et morales sur
et d'Arnaudin, fameux approbateurs de m su- le premier commandement duDécaloijue, elc
BIP OKV'5 P"ï' M. Bigres, le 9V scptcmbrc- I 0^t:'$nn dominicale, etc. Paris, et se vend
1708. à Brurelles chez Eugène-Uenrg Fric!;.
Tome I. De r.iniour de Dieu comme jus- Jn~tru(lion cinquième, ch. 3, réponse à
tice , iirl. 8. On doit reco>in'iiln> qnp. pnr la septième dcuamle yous n'avons pas le :
nous-ivémes nous ne saurions faire autre pouvoir de demander à Dieu son assistance, à
chose que pe'chrr. moins qu'il ne nous fasse prirr. Ainsi le com«
Cti. 2. De la crainte. Ceux qui s'abstien- mamicment de prier est impossible à tous
nent de faire quiit/i(e péch(< pnr la seule crainte ceux qui n'ont pas la grâce efficace qui fait,
de la damnu'.ion ne sont pas exempts (lu prier.
péché qu'il y a à ne rapporter pas toutes ses Instruction septième, ch. G, réponse à la
actions à Dieu, et à n'agir pas par principe septième demande Dieu veut sauver les :
d'amour de Dieu ac'uel ou virtuel ; car une élus, comme faisant tous eiiscmlile un corps
action faite pnr [a crainte des peines n'a pas et une société qui est l'Eglise. Et à la pa^e
l'amour de Dieu pour principe, et par con- suivante L'Eglise comprend les saints vi-
:
séquent est défectueuse. vants et les saints morts, (^est définir l'Eglise
Ibid. Uemaniie troisième. i)/f(is celte crainte comme a fait Quesnel dans les propositions
de Dieu, quoii/ue servUe , n'cst-elle point 72.73, 7i, 7.3, 70, 77, 78.
bonne alisolunent, et n'a-t-elli pont quelqws Instruction quatrième, ch. 2, ré[/onse à
utilités ? Héponse.... Elle empêche l'œuvre ex- la première deminde : fe peuple, O.'il Ni-
térieure du péché, et p':r là elle rend le péché cole, coopère avec le prêtre à l'oljlnlinn de a
moindre. On reconnaît ici le l<inn;ai:c de Jm- sacrifice. Le même auteur, dans ses inslruc-
sénius et Ouesiicl. Nicule n"a(linct aucune tions sur !e Décalogue, ch. 4, de la charité
action exemple du pécîié, que celle qui est envers soi-même, réponse à I.» iloiiziènie
faite par un motif d'amour de Dieu. Observer demande, avait dit: Tous les chrétiens .-ont
un conimaiidement de Dieu par le seul mo- aifsi des prêtres, puisqu'ils ont le pouvoir ds
tif surnaturel de la crainte de l'enfer, ou s'offrir... en s'unissant au sacrifice de Jésus-
de l'espérance , vertu théologale , c'est Christ, et en le sacrifiant lui-m'me avec lei
pécher. prêtre-^. C'est sur celte flatteuse ilée que Ici
Toin. II, In^t^. 8, de la charité envers soi- femm s janscniennes ont grand soin de
même; sccl. 1, ch. 3, répon>:e à la huitième proiioiicer avec le prêtre les paroles de la
demande I,a grâce, dil Nicole, n'est autre
:
consée;alion , nfin de supjilérr à son dé-
chose que l'amour de Dieu. Car conséquent faut, au cas qu'il ne fût pas en étal de con-
le pécheur n'a point de grâce. sacrer.
ibid., ch. 9, réponse à la cinquième de- IV. Instrlctioxs théologiques et morales sur
mande: La grâce n'est autre chose que l'amour le Sgmbole. La Ilaije, Adrim Moeijens,
de la vérité. 1719, deux tomes. L'approbation de M. Bi-
Ibid., sert. 2, ch. G réponse à la seconde
,
gres est à la fin du second tome en date ,
demanilc Toutes nos actions doivent être
:
du 9 août 1705.
rapportées à Dieu, et être faites par l'impres-
Le premier \olume est employé tout en-
êion de son amour. C'est encore ici, comme
tier à expliquer le premier article du Sym-
l'on voit, l'erreur mille fois répétée sur la
bole, et à établir ^ous ce prétexte l'hérésie
charité.
jansénienne, en sorte qu'on pourrait l'inti-
Sect. i, cl!. 6, part. 3, nrl. 1, Réponse à la
tuler V .Augustin d'Ypres mis en français.
:
quatrième demamle Jésus-Christ a été le
:
Nicole y enseigne la réprobation positive:
seul qui ail sauffert comme innocent : aucun
(Ju'il n'y a que deux amours, d'où nai6~
des autres ne peut s'attribuer ce privilège.
sent toutes nos actions la cuoidilé et la
La sainte Vierge n'était donc ni pure, ni ,
charité ;
innocente, puisqu'elle a été, surtout au pied
de la croix, percée d'un glaive do douleur.
Que les commandements de Dieu sont im-
possibles au juste même, lorsqu'il no les
Ibid. On ne soutfre r.en en ce monde que
accomplit pas ;
l'on n'ait mérité par ses péchés, et qui ne soit
Que la liberté de notre état consiste dans
le remnie de ces mêmes péchés. C'est la 70'
l'exemption de contrainte
proposition de Quesnel Dieu n'afflige ja-
:
;
mande deiixième. On prétend que la lec- volonté celle effroyable différence (ntre I s
ture de l'Ecriliire sainte, et surtout ilu Neu-
uns et les au'res (les élus et les réprouvés}.
ve u Test.iiiient, est p lur tout le monde de L'affreux langage si la seule volonté de Dieu
I
spioflui a faii en eux îc péché, l'obstination (I Cor. IX, 27) ne forte cûm
: aliis prœdicave-
dans lo pùclié et les terrililcs suites du pé-
, rim, ijne rrprohus effîciar.
ché car cV'U vn cAa que consiste l'elfroija-
; k' Page 39, ligne 31 // (Dieu) ne se tient
:
le quiélisuie, mais il y insinue adroitement des firâccs que Dieu avait versées dans l'âme
le jansénisme. de l'homme en sa création, le mettant hors de
1° Dans la préface, page 3, lig. 13 la nécessité de prier, ne lui laissait point
C'est :
bien différent.
Avertit erijo faciem ab itlo, qntm emisit foras
3° Dans le corps de l'ouvrage, page 30, de paradiso. Jam hic posilus clamet et dical,
ligne 28 : Quand cette intention est droite, ce ad te, Domine, clamalio, et ad Dcum meum
n'est aiitie chose que
qui tend à
la charité deprecabor. In paraliso non clamahas, sed
Dieu. Notre inlenlioii n'est donc pas droite, hiudabas non gemibas, sed fruebaris : loris
,
quand <e n'est pas la charité, mais l'espé- posilus geme et clama. Mais 1" il est évident
rance, la niigion, l'obéissance, etc., qui tend que ces deux expressions, non orabas, non
à Dieu. .Moise n'avait dune pas une inten- clainnbas, ne sont point synonymes. La pre-
tion droite, lorsqu'il envisageait la récom- mière, non orabas, exclut toute prière ; la
pense .•lsp(':(e/;n/ enim in r(inuneralionem
: seconde, non clamobas, exclut seulement la
[Uelir.w, 26). David avait donc une inten- prière d'un homme qui gémit sous le poids
tion perverse, quand il gardait la lui de Dieu de la concupiscence: non clamabas, sed lau-
en vue de la récompense Inclinavi cor : dabas ; non gemebas, sed fruebaris. ,\dani in-
menm ad faciendas jui:if>cationes tuis in nocrnt goiitait toutes les douceurs du para-
œlernum, p opter rctriliutionem iPs.cxMw). dis terrestre, bénissait le Seigneur.
et en
Saint Paul (11 'Jim. iv, 8 ava t doue une in- Ad.im coupable était privé de ces chastes dé-
tention perverse, (juand il se proposait d'ob- lices, et il gémissait d'en être pri\é. ^'oi^à
tenir du juste Juge la couronne de justice: tout ce que dit saint .-Augustin. On peut bien
In reliquo reposita est mihi corona Justitiie, conclure de là que la prièie d'.Adain inno-
quam reddit inihi Dominas in illa die jUstus cent n'était pas la même que la prière
Judex. Jésus-Christ nous sui;gère donc une d'Adam coupable; m;iis non pas qu'Adam
intention p(rver^e, quan il nous exhorte à I innocent aucun besoin de prier.
n'avait
nous réjouir et à tressaillir de joie {.Uatth. 2° Sailli Augusiin, dans le même sermon,
v, 12], parce que la recompense qui nous nombre contredit manifestement
j)remier,
attend dans le ciel est aboiuiaiite Gaadcle et : noire auteur car en exfiliqu iiit ces paioles
:
easulloti, quoniam merces restra copiosa est du prophète: Exallabo te, l'omine, quoniam
in cœlis J en dis autant de la crainte des suscepisti me, il les apjilique à Jésus-Christ
peines de l'enfer {Luc. xii, '6) Ostendam au- : en tant qu'homme, et il dit: Primo ipsum
tem vobis qucm timeatis : limete eum qui, Dotniniim consideremus qui, sccundum id
postyu'im occiderit, hali£t polestatem mittcre quod homo esse dignatus est, potuit sibi per
in (jihennain. lia dico vobis, hune timelc, prœcedentem prophetiam non incongrue
Cusligo corpus meum et in servilutem rediijo verba ipsa coaplare. Ex quo enim homo, ex
70.-; NIC MC TOfi
hoc cl in/innus : ex quo infirmus, ex hoc et point une vie temporelle comme à des Juifs,
ornns. Selon sainl Aiifjusîin, il suffit donc mais une vie élenelle, comme à des chréliens.
(J'élre faible pour avoir rncours à la prière; Veut-on dire que nul Juf n a obienu la vie
il nVsl pas nécessaire d'être coupalil •. L'au- éternelle ? Quel serait donc le sort de tant
teur du Traité Je l'oraison imite donc les de palriarcîies, de tant de prophètes, etc.
jansénistes. Il cite en sa faveur saint Au- 11° Page 278, ligne 21 La nrilé n' et que
:
non pas aur iiiiff. L'i^ne. 2i; Qu'isl-ce donc est Sion, dit-il, perindeesi ac fi dicerel : Sion,
que cette adoration véritable, qui ne convient quœ ad inlelliqendum occasiones accepit, iaw
point aux juifs, cl qui fait le caractère des vero. quœ spiritualibus adjiimeniis abunda-
chrétiens? C'(st l adoration d'amour. Le vit, in defectionem et aposiasiam defluxil?
premier précepte du décalogno, pronuilgiié Pourquoi saint Prosper, lih. 2. De voc t. Gent.
par Moïse, n'obligcail-il point les Juifs à c ip. l'i, assurc-t-:l que l'es rit do Dieu con-
celle adoration d'amour? N'obligoail-il pas duisnil le peuple do Dieu Reqehatur erqo pri* :
même toute créature inielligciile, iiidépon- mus illrpopul us Dei s jiir il u Dei? PouTC\{inis:nnl
danimont do la pioninl;;ation eviéiieure? Au^^uslin, I. III ad Bonif., cli. 4, ilil-il qii'.:u-
Pourquoi donc ne convten<trait-il r'oint aux cun c ilholique ne soutient que le secours du
mais aux seuls (hrélions? Esi-ce que
juifs, Siint-Esprii ait manqué dans l'anc enne loi:
les chrétiens soni les seulsqui ai ni la irrâce Quis calhoUcus dical quod nos dicere jaclilant
nécess lire rour l'accomplir? Voyez Quisnel, (pelagi mi) .S'/n'' i<wm sanclum ailjitlorcm vir-
Prop. G et 7. tutis in Veteri Téstamrnlo non fuisse? 2" La
7° Pas. 160, 1. 1 : Les Juifs n'ont point vérité n'e-t pas gradée dans le cœur d'un
adoré Dieu vériiablement, parce qu'ils ne le chrétien qui e-t on péché mortel. La vérité
terraient que pour des récompenses charnelles, ce«se-l-elle pour cela d'élre loi nouvelle et
et qit'ils ne Vannaient point pour lui-même. évanqéliqne? Le rhrétien, dès qu'il est pé-
Il n'y a donc poini eu un srul Juif de sauvé; chniir. cesse-l-il d'.ipparlenir à la nouvelle
car on ne prut êlrc sauvé sans aimei- Dieu allianc? C'estce que prétend Quesael. pro-
pour lui-même. N'clail-ce quo jiour des ré- pos. tion huitième ; mais sainl Thomas en-
compenses charnelles quo Moïse abandonna seigne le contraire, 1-2., q. lOti à 1 ad 3.,
la rour do Pharaon que les Macbabéos
;
per fulcm...: Christipertinet homo adNovum
souffrirent le plus cruel ma'tvre; que îant Teslamenlum.
d'auires, dont, selon saint Paul, le monde 12' Page 281, lig. 27 Si nous avons de la
:
n'était pas digne, furent lapidé--, sciés en foi.nous pouvons communier partout parce ,
deux, etc. Lapidati sunt, secali sunl, in occi- qw nous pouvons adorer Jésus-Christ par-
sione gladii pcric uni, etc. Sainl Augustin se tout // suffit de l'aimer de savoir qu'il
et
trompait donc, ou nous trompait, quand il y e^t pour l'ailorer. Il suffit de l'adorer pour
disait que la crainte «l l'anniur nonviennmt y communier. L'auteur aur lit pu se passer
à l'un et à l'autre Testament (L. de Morib. de citer et d'adopter ces paroles tirées d'un
Eccles., c. 28) Utrumquc in ulroque est. Il
: livre intitulé des trois Communions, parce
:
quippe et ijisi mundnbantur fiile, qua et nos nous assure-t-il pas que les personnes qui s'é-
unde Apnslolns dicit : llabcntcs eutndem spi- loignent de l'autel pour un temps, avec une
ritum fidei et tune erqo illa qratia tnedia- foi aussi vive que ceux qui s'en approchent,
toris Dei et hominum rral in populo Dei. n'honorent pas moins Jésus-Christ. D'où il
Voyez Qupsnel, Prop. (lo. est aisé de conclure que ceux qui s'en éloignent
8° Page IGO, lii'. 24 Tous les amateurs du
: avec une grande foi, l'honorent davantage que
monde sont incapables d'adorer Dieu. ceux qui s'en approchent avec ttne foi médio-
Quoi donc, quand on est coupable d'un pé- cre. 1" Il serait à souhailer que l'auteur eût
ché mortel, ne peut-an plus faire aucun acte indi(iiié l'endroit où saint .\ugusliii dit ce
de religion, de foi, d'espérance, de crainte, qu'il lui fait dire car nous avons déjà mon-
:
de contrition, d'obéissance, cic? tré qu'il n'est jias exact dans ses citations;
Page ICI, ligne 4: Aimons donc Die>i, si
9° 2' co qu'il dit ici n'est rien moins ([u'une
nous voulons l'adorer en chrétiens; que tous exhortation à la fréquente communion
les respects que noiti lui rend )ns naissent de 14° Page 317, lii;. 22 La prière chrétienne
:
la charité. N'y a-l-il donc qm- l'amour, et n'csl point une action intéressée Toute au-
l'amour de chariié, qui soit une vertu chré- tre prière, quelle qu'elle fût, ne sirait point
tienne? Pourquoi donc saint Paul nous dit-il : celle que i)ieii a promis d'exaucer; et comme
A'unc aulem manent fidcs , spcs cliaritas , ; elle au ait un autre principe que la charité ,
tria hœc; major aulem horum est charilus. elle serait incapable de toucher le coeur de
10° Page i81, ligne 24 Dieu ne nous donne
: Dieu, qui ne se tient honoré que par la cha^
t07 DICTIONNAIRI:; DES JANSENISTES. 708
saint Augustin peut-il dire, épîl. l'^G, que ausNi en désespérer? 2^ Le terme d'/mpiiis-
la toi olilient la charité? Uanc fidem vidainus sance employé dans !a première partie de ce
haheanl qua impetrcnl chnrilatem. Car si la tcvte i\e m jdifie-t-il pas ces termes de la se-
foi obtient la charité, la charité n'est donc conde, nous ne ferons rien de bien s'il ne noiès
pas le prinripe de toute prière capable de le fait faire; en so: le que ces dernières pi-
toucher le cœur de Dieu ; 3» si Dieu ne se roles signifient Nous ne pourrons rien faire
:
tient lionoié que ]iar la charité, pourquoi de bien s'il ne nous le fait faire. Si c'est-là 'a
donc saint Bernard dit-il (Serm. 72, de Di- pensée de auteur, il n'admet point de grâce
1
spe et cliaritate? Pourquoi saint Bonaveu- qui donne la puissance d'agir sans donniT
ture ajoule-t-il (1. m, dist. 2, dub. 1) Beus : l'action même.
non tantum coliiur dilectione, sed ctimn fide ? 19° Page 4lo, lig. 10 Toutes tes vertus ne
:
k° On cite un texte de saint AUj;us!in (tiré de sont que divers mouvements de l'amour de
la lettre à Honorât.) Non colitur ille nisi
: Dieu. 1° Cela est-il bien vrai de la foi? par
amando ; mais il faut expliquer ces paroles exemple la volonté de croire qui précède
;
du culte le plus parfait par ce que saint la foi, et que les thé.)lo;;ieMS appellent plus
Augustin dit ailleurs, qu'on lioit iionurcr credulilatis affectas, esl une espèce d'amonr;
Dieu par la foi, par l'espérance et par la mais cet amour n'a pas Dieu pour objet,
charité Fide, spe tt charilate colendus De>fs.
: mais la (rédibilité du mystère proposé à
13' Page 318, lig. 22 Comme c'est lu cha-
: croire. D'ailleurs, quand le plus c edulitatis
rité qui le rend sensible au péché et aux mi- a/fectus serait un acte d'amour de Dieu, il ne
sères qui en nais enl, c'est elle aussi qui lui s'ensuivrait pas pour ce'a que l'acte de fji
fait pousser ces cris vers Dieu , pour lui de- fût un acte d'amour de Dieu. Cesi l'entei;-
mander miséricorde. Si cette proposition si- dement qui produit l'acte de foi, puisque ce
gnifie, comme il y a tout lieu da le cruire , n'est aulre chose c\nassensus rei' revelata
que la charité seule rend le cœur do l'homme datus, au lieu que l'acte d'amour n'est pro-
sensible au péché, etc., elle revient à la duit que par la volonté ; 2° quelques lignes
proposition cinquanle-quatiièmc de Quesnel plus bas, cet amour de Dieu est appelé cha-
dont nous venons de parler. rité. On prétend donc que toulcs les- vertus
16° Page 319, lig. 32: L'étal du péché où ne sont que divers mouvements de la cha-
nous sommes nés renferme une incapacité rité. Rien de plus conforme aux cireurs de
de tout bien, iinc perde à tout mal, we
priva- Quesnel, do Jansénius et de Luther. Voyez
tion de tout droit aux ltimiè:es et aux (jrdces Quesnel, propositions '62, 57, 38.
de Dteu. De sorte que lorsque Di u en donne 20° Page 430, lig. 6 La qrâce n'étant
:
maintenant aux hommes, ils n'ont point de qu'une impression de cette lumière et de cette
droit ni à celles qu'ils reçoivent, ni à celles charité qui est Dieu même, elle produit tou-
qui sont nécessaires poir y per^écéier. 1° La jours dans les âmes et la lumière et la charité.
première partie de cette proposition rentre il parait par toute la suite du discours que
sommes nés nous rend-il incapables des seconde des cinq hérésies de Jansénius.
vertus morales? 3' Quand une fuis Dieu nous 21° Page 487, lig. 20 La grâce (il s'agit
:
a juslilié par sa grâce, nous sommes ses en- de ractuelle) n'étant autre chose que la cha-
fants adoptils , nous avons droit à son hcri- ulé, il y n plus de grâce où il y a plus de
lage, et par conséquent aux grâces néces- chariié. Il esl faux que la grâce actuellene
saires our y parvenir. Saint Augustin
I
sur , soit aulre chose que la charité. La grâce
le verset U
du psaume vu, ne dit-il p.is que est nécessaire p mr produire des actes de foi,
le secours que Dieu donne aux. pécheurs d'espérance, de crainte, de religion, d'obéis-
est un secours de miséricorde mais que ce-
, sance, t te, mais il n'est point nécessaire que
lui qu il donne aux justes, esl un secours de cette grâce soit un act indelibéré de charité.
justice? Justum adjuturium quod jam justo Si cela était, en consentant à la grâce, je ne
iribuilur. produirais jamais d'actes de foi , d'espé-
17° Page 332, lig. 20 : Ce désir (marqué par rance, de crame, etc., mais seulemenl des
nos prières ) n'i/ est souvent ( dans le coeur ) actes de charité.
gue comme un désir huntain, qui se termine à Traité de la grâce générale.
notre intérêt. Tou^-ce qui se termine à notre
intérêt n'est doue qu'/tumatn , n'est donc Tanl que Nicole soutient la doctrine do
,
de sauver tous les hommes. vraie règle de foi ne fut jamais ce que vous
Cela posé, ou ce théologien étiil d ns les appelez la plus grande autorité visible : ja-
mêmes .sentiments, lorsqu'il aéiriten faveur mais les Juifs n'en connurent d'autres que
du jansénisme, ou il ne les ava t poinl. S'il l'Ecriture sainte.
était dans ces sentiments, que i'.int-il jjenser S'il parle de la tradition, ce n'est que fai-
de lui pour avoir soutenu pendant tant d'an- blement, et comme un homme qui lient à
nées, et avec tant de chaleur, une doctrine peu près sar ce point la doctrine des protes-
qui était très-opposée à ses véritables sen- tants. On voit donc que l'auteur dj cette
tinienls, et qu'il croyait insoutenable? Mais Lettre ne craint pas dr tir; r tiut haut des
s'il n'était pas dans ces sentiments il faut
piincijies janséniens les onséiiuence.i ((ui en
;
déclaration solennelle des sentiments dans que les calvinistes, l'Eglise n'ayant, suivant
lesquels il voulait mourir, et dans lesciuels il eux, quand elle est disp^Tsée aucune auto-
,
est mort. On assure qu"ii avait souhaité qu'on ritéponr décider, el ue se trouvant presque
le fil ioiprimer après sa mort cependant te ;
jamais assemblée.
traité n'a été donné au public que longtemps NOAILLES (Louis-Antoive de), né en 1631,
après. H fut imprimé à Cologne chez Cor- , fut élevé dans la piétéctdans les lettres. Après
neille Egmont en 17U0, el depuis en 1715. avoir fait sa licemc en Sorbonneavec distinc-
Or, tout cela étant cimnu des jansénistes , tion, il prit le bonnet de docteur en lOTO. Le
où est leur équité d'alléguer le témoignage roi le nomma à l'évéclic de Cahors en 1G79.
d'un auteur, |)our établir un sentiment qu ils 11 fut transféré à Châlons-sui-Marne l'année
savent cet tainement qu'il ne croyait pas vé- d'après, et l'archevêché de Paris él.inl venu
ritable, ou qu'il avait abandonné? (lue di- à vaquer en IG'Ja, Louis XIV jeta les yeux
rait-on d'un homme qui citerait sérieuse- sur ini peur remplir ce Mégc iinportant.
ment saint Augustin pour établir une doc- Noailles parut hésiter à l'aeeepler ; mais
trine, sachant trôs-bii'ii (jue ce saint docteur quelque ti inps après, non content d'ac luies-
l'a rétraclée sur la fin de sa vie? Pourquoi cer à sa nomination, il demanda et obtint
donc emploient-ils en plusieurs endroits (1) encoie son frère |) )ur successeur dans le
le témoignage de M. Nicole, du l*. Thonias- siège de Cliâions. L'archevêque de 1 aris fil
sin,du P. Luc Wadingt, franciscain, et do des règlements pour le gouvernemcnl de sou
l'abbé de Hourzcis, pour appuyer lenr pré- diocèse el pour la réforme de son clergé;
jugé, quoiqu'ils n'ignorenl pas que ces mais il ni' ménageait pas assez lesjéiuites.
théologiens ont solennellement rétracté les U ne voulait pas être leur valet, suivant ses
sentiments favorables qu'ils avaient pour le expressions, cl ceux-ei crurent , de leur
jansénisme? côlé, avoir sujet de se plaindre de ce prélat.
Au reste, quoique M. Nicole se soit ici Noailles avait douué en 1085, n'étaut encore
plus de vraisemblanre élre d'un écriviiin du uns purement et simplement , les autres
parli de Jansénius, doin Tliicrri de Viaixnes moyennint quelques explications excepté,
janséniste des plus outrés, l'il d'Agucsseau. sept qui ne voulurent ni de la bulle ni des
,
donner les sacrements à un homme qui au- décembre de la même année. L'archevêque
rait signé le formul iire, eii croyant dans le renouvela son appel en 1718; et le 14 jan-
fond de son cœur que le p:ipe et même 1"E- vier 1719, il donna une Instruction pasto^
plise peuvent se tromper sur les faits?» raie, qui fut condamnée à Rome le ci août
Quarante docteurs siL;nèrent qu'on pouvait 1719, par un décret du pape. Le régent con-
donner l'absolution à cet homme. Le cardi- fondant l'erreur et la véiité ordonna le si-
.
nal de Noailles ordonna qu'on crût le droit lence aux deux partis. Celte loi du silence,
d'une foi divine et le fait d'une foi liumaine. toujours recommandée et toujours violée, ne
Les autres évêqnes exigèrent la foi divine fll qu'encourager les opposants. L'expérience
pour le fait, disant que te fait élant le sens de tous l«!s siècles apprend que c'est toujours
d'un livre, il élail nécessaire que l'Eglise à l'ombre du silence que les sectaires se for-
pût en juger avec cerlilude que les f;iils
;
tifient
: bien résolus de ne pas le garder, ils
docirinaux ne peuvent cesser d'être du res- envisagent comme un Iriomphe Tordre qui
sort de la foi, sans que le dogme en lui- l'impose à leurs adversaires; et c'en est vé-
même y soit également souslraii. Clémeiil XI ritablement un pour l'erreur, que de voir la
crut terminer la querelle en donnant en ,
vérité captive, cependant le moment du Sei-
170j, la bulle Vincam Domini par laquelle
,
gneur arriva pour le cardinal, il reconnut
il ordonna de croire le fait, sans s'expliquer tout à coup, comme il s'en expliqua h.uile-
si c'était d'une foi divine ou d'une loi hu- ment, qu'on l'avait cniiagc dans un parli de
maine. L'assemblée du cleri^é de la même factieux. Les remords qu'il éprouvait depuis
année recul celte bulle, mais avec la clause longlemps, joinis à près de quatre-vingts
que les êvèques Vacceptaienl pur voie de jn- ans d'âge qui le menaçaiLnt d'une mort pro-
(jemnl. Celte clause, su;rgérée par le cnrdinal chaine, le délerminèrent a écrire au pape
de Noailles, imlisposa Clément XI contre lui. Benoît Xlll, en termes trop édifiants pour .
Cependant le cardinal voulut faire signer la qu'un les trouve déplacés, quelque soit l'en-
bulle aux religieuses de Port-Uoyal-des- droit où on les rapporte. Après avoir dit que
Champs. Elles signèrent, mais en ajoutant son grand âge neJui permettait guère de
que « c'était sans déroger à ce qui s'était fait compter sur une vie plus longue, et que les
à leur égard à la paix de Clémeiil IX. » Cette approches de l'éternilé demandaient de lui
déclaration fut mal interprétée. Le roi de- qu'il se rendit enlin aux déairs du chef de
manda une bulle au pape pour la suppres- l'Eglise :« Dans cetie vue, poursuivait-il,
sion de ce monastère et en 1709 il fut dé-
, je vous atteste, en présence de Jésus-Christ,
moli de fond en comble. Le cardinal qui avait que je me soumets sincèiemenl à la bulle
dit plusieurs lois que Porl-Royal était le sé- Unigeninis que je condamne le livre des
,
lui de l'opiniâtreté. L'année d'auparavant nière qu'elles sont condamnées par la cun-
tl708; Clémeût XI avait porié un décret
, stituUou ; et que ie révoque mon Instruction
"/IS NOA NOA 714
pusloraïe, avec tout ce qui a pai'U sous mon permission d'imprimer une lettre de [eu
nom conlre celle bulle. Je promets à Votre M.l'cvéque de Meaux aux religieuses de
Siinleté, contiiiue-t-il , de publier au plus Fort-Royal. Paris, Josse, 17U'J, in-4*.
tôt uu maiuleiiieiil pour la faire observer
dans mon diocèse. Je dois encore lui avouer Lettre.... aux religieuses de Port -Royal
des Champs qui ne se sont point encore
que depuis que, parla grâce du Seigneur, ,
d'une paix et d'une tranquillité que je ne Lettue... à /(/. révéque d'Agen, en date du
guùtais plus depuis longtemps. » Toutes ces 20 décembre 1711 pour se plaindre de fac-
,
Voyez ci-après, dans le cutalogue des livres fense de lire les ordonnances et mandements
dont on ne connaît pas les auteurs, l'article de MM. les évéques de Luçon , de la Ro~
Actes, lellres et discours, etc. .M. le cardinal chetle et de Gap. In-S".
de Noailles mourut en 172!), à 78 ans. Ses Mandement... du 28 septembre 1113, portant
charités étaient immenses; ses meubles ven- défense et condamnation du Nouveau Tes-
dus et toutes les autres dépenses pa>ées, il tament en français , etc. Paris, Josse, 1713,
ne laissa pas plus de 500 livres, il aimait le in-4°.
bien et le faisait. Uou\, agréable dans la so- Lettre pastorale et Mandement... du 25 fé-
ciété, brillant même dans la conversation vrier nik, au
, sujet de la constitution de
sensible à l'amitié plein de candeur et de N. S.
, P.Pape, du 8 septembre i1V3.
le
franchise, il attachait le cœur et l'esprit. S'il Paris , Coignard 1714, in-i".
,
se laissa quelquefois prévenir, c'est qu'il
Lorsque les docteurs de Sorbonne s'as-
ju'^'eait les autres par l'elévaiiori de son âme,
semblèrent le 1" jour de mars 17ii, pour
cl cette âme était incapable de tromper. Ses
faire insérer la Constitution dans leurs re-
adversaires crurent voir en lui un mélange
gistres suivant les ordres i!u roi, M. le
,
de grandeur el de faiblesse, de courage et
cardinal de Noailles leur lit distribuer à la
d'irrésolution. Plein de bonne foi il soute-
,
porte de leur grande salle , à mesure qu'ils
nait des gens qu'on accusait d'en manquer.
entraient , le mandement dont il est ici
11 favorisait les jansénistes, sans l'être lui-
question.
même. Quoi(iu'il luttât contre le pape et
Cet ouvrage est donc un signal de révoKe
contre tous les évéques du monde catho-
contre une constitution dogmati(]ue, accep-
lique, à quelques appelants près, on était
tée par le corps épiscopal , revelue de l'au-
parvenu à lui persuader (ju'il n'avait pour
torité royale , enregistrée dans les parle-
adversaires que les jésuites ce qui parai-
;
ments; et ,M.de Noailles est peut-être le pre-
trait incroyable, si on ne voyait cette sin-
mier évêque du monde, qui ait osé dans ses
gulière persuasion consignée dans ses pro-
pres lettres et celles de ses correspondants.
mandements défendre , sous peine de sus- >
pense, de recevoir une constitution si au- '-
pondant à une de ses lettres) « est-il impos- pense fit une si vive impression sur un doc-
,
leur nomraéfi/grfs, qu'il s'écria avec frayeur: '
iii-4-°.
lion) (lu î-";i;/.': 1717, à cet appel; sa le'.tre
.
qui favorise Ls hérétiques , tes hérésies, les Paris. Nous parlerons ici des ouvrages sui-
schismatiques , et même hérétique et schisma- vants :
ti'que , e'.c.
'
Le 6 septembre 1719, intervint un arrêt de Lettre en vers libres « tut ami, sur le
la cour de parlement, qui ordonne la suppres- mandement de M. l'archevé jue de Paris,
sion d'un décret de l'Iujuisition de Rome, du portant défense de lire le Xouveau Tes-
3 août 1719 condamnant celte première ins-
,
tament , traduit en français , imprimé à
truction pastorale. Mons.
C'est une des plus insipides productions de
Seconde instriction pastorale... au sujet de
la secte. En voici le début :
l'appel qu'il a inlerjelé de la constitution.
1719, 'm-%°. Puisiiue vous désirez qu'ici je vous ex[)Ose
Le nouvt^au niaiiJenieiit qui faillie l'embarras,
Mandement... d 2 août 172 >, pour la puhli-
i Toul (le Lion ce u'est pas grand' cliose,
caiion et acceptation de la constitution Uni- Et cela ne mérite pas
Que je vous en écrive eu prose
genitiis, suivant les explications approu- Mais dans quelques vers seulement
;
Un auteur anonyme , dit ce maçistrati, du 1" que le mandement duII octobre est h
fond de son obscurité, entreprend de faire véritable ouvrage du cardinal, le fruit de ses
parler un peuple entier; et en lui prêtant ses mûres et longues réflexions , et l'exécution
paroles , il entreprend de lui inspirer en effet d'une volonté déterminée et c instante ; 2° que
ses pernicieux sentiments. On n'aperçoit dans les déclarations que l'on oppose à ce mande-
cet ouv ar/e que témérité , qu'emportement et ment solennel portent tous les caractères d é-
qne scandale; il ne se contente pas de se dé- crits supposés.
clarer contre l'ordonnance de M. l'archevêque C'est contre de si authenliqnes témoigna-
de Paris, du 1 septembre dernier il attaque
) , ges que le parli a dressé ce recueil arliGcieux
en même temps sa personne et la droiure de de pièces fausses ou surprises mais pour
:
ses intent-ons. iNous vous plaindrions, dit le me servir des paroles du nouvellis c de la
libelle si vous n'étiez que séduit mais votre
, ; secte, en les appliquant mieux qu'il ne fyit
loi s'est aperçue du piège qu'on veut lui et en les toui nant contre lui :// est difficile
tendre. Les reproches injurieux d'affectutinn ,
à l'erreur de se soutenir, même avec tous les
de déguisement , de mauvaise foi, de fausses appuis de l'art, contre les charmes naturels de
insinuations , de détours artificieux sont les
, l'ingénue vérité.
expressions qu'on y trouve à chaque page
contre ce prélat. Les évêques de France sont
NOAILLES (Gaston-Jean-Baptiste-Loufs
de), frère du précédent, aoiiucl il succéda
encore tnoins épargnés. Sans égard ni pour
sur le siège èpiscopal de Chàlons; il le sui-
leur dignité, ni pour leurs pers.nnes, on met
vit dans son opposiiion à la constitution Uni-
en œuvre les couleurs les plus noires pour les
genilus, m. lis ne l'imita point d;ins sa réunion
décrier. Il n'est point d'invectives ni de traits
avec le corps des pasteurs. Il donna : Lettre
envenimés qu'on ne rassemble contre eux.
et mandement.... ausnjet delà constitution,
Four comble d'attentat , on ose s'élever contre
le 15 mars 17H. Gft écrit fut condamné à
le vorps de l'épiscoput ,et il semble qu'on
aspire à le rendre odieux et m -prisatile. Home, avec une pareille pièce de l'évê^uo
L'auteur s'abandonne à des déclamations et à de Boulogne et une autre de l'évéque de
des invectives conlrp. la constitution Unigc-
Ba)0iine; ces trois écrits donc furent con-
nitus. // avance, sans détour les maximes les
damnés à Borne le 2 mai 17li, comme cap-
tieux scandaleux , témiraires injurieux au
, ,
plus dangereuses. 11 est faux, dit-il, qu'en
saint-siége, approchant du schisme et y in-
toute circonstance, l'autorité du chef et du
duisant, erronés et sentant l'hérésie. Gaston
corps des pasteurs (ioit rendre notre sou-
de Noailles mourut en 1720, à l'àgo de 52
mission tranquille et exemple de scrupule.
ans.
Après tout, dU-il encore, et ce sont ses pro-
pres termes ,
pourquoi ne dèfendrions-nous NOÉ (Marc-Antoine de), naquit en 1724,
pas la vèrilé contre le pape et contre tous au château de la Grimaudière près de la ,
par le peuple même. C'est là le but que l'au- où il publia, en 1801, un' édition de ses
teur semble s'être proposé d ms son ouvrage , œuvres, en un ^ol. in-12. 11 donna sa démis-
où il renverse les fondements de l'autorité in- sion la mèuie année, lorsciu'elle lui l'ut de-
faillible de l'Eglise. mandée par le pape pour faciliter l'exécu-
En conséquence de ce réquisitoire, un ar- tion du concordat, et repassa peu après
rêt du parlement rendu le 23 février ITJO, en France. Au mois d'avril, il fut nommé
condamna ce libelle , rempli du plus pur à réïéché de Troyes, où il ne lit, jiour ainsi
presh) téraiiisme, à être lacéré cl jeté au fou dire, que paraître; car il mourut le 21 sep-
au bas du grand escalier du palais. tembre 1802.
M. de Noé fut un des quatre évéques qui
Actes, lettres et discours de feu M. le cardi-
n'adhérèrent point aux actes du clergé ds
nal de Noailles, qui montrent l'opposition
17G5, et cette affecialiou ù se séparer de l'im-
qui Si; trouve entre les sentiments constants
mense majorité de ses collègues parut tout
et uniformes qu'il a conservés jusqu'à la
au moins une singularité. Les trois autres
mort, et le inandemcnt d'acceptation de la
évéques dont M. de Noé suivit l'exemple
bulle du 11 octobre 1728, qui a paru sous le
passaient pour éire favorables à un certain
nom de S. E parli, et s'il ne l'était pas lui-même, il eut le
Ce recueil, daté du 12 septembre 1729, tort de céder dans celle circonstance à une
contient 23 pages in-i", y compris l'avertis- influence domestique. Le chevalier de Noé,
sement et la conclusion. son frère, qui avait beaucoup d'ascendant
La soumission de M. le cardinal de Noail- sur son esprit, se conduisait, dit-on, par les
les à la bulle Unigenilus, et son mandement conseils du P. Lambert c'est ce qui explique
;
d'acceplalion, furent un coup ck; tondre pour quelques démarches du p.élat, c'est ce qui
les novateurs. Ils tûch 'rent de l'éluder eu rend raison entre autres de ce discours sur
publiant deux, déclarations de ce cardin;il; l'élut futur de l'Eglise, où M. de Noé a re-
mais ces déclarations furent déiuonlrejs vêtu d'un beau style lis idées du tiiillena-
fausses; et MM. les vicaiics généraux, le risme. Ce discours devait être prononcé à
siège vacant, publièrent une lettre imprimée , l'assemblée du clergé de 1785; mais il ne le
où ils prouvèrent avec ta ch.'ri><ère évidence, fut pas, parce qu'on sut qu'il y était question
;i9 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES: :20
pour la bénédiction des guidons du réfjiment blié à Lyon, par Desfours de la Genetière, et
du roi; 3" celui pour le jubilé de 1775; et il a l'air d'ignorer que ces divers ouvrages
k" celui pour une confirmation à Londres, en viennent d'un parti condamné pour ses er-
1799. Le premier et le second sont les plus reurs, et non moins condamnable pour les
travaillés de tous. illusions où il est tombé dans ces derniers
Le discours sur l'état futur de l'Eglise est temps.
divisé en deux parties, les promesses et les Parmi les autres pièces qui composent la
menaces. Chacune renferme des choses bel- collection des OEuvres de M. de Noé, nous
les et vraies, mais mêlées de conjectures et mentionneronssa traduction ou plutôt sa para-
d'idées particulières. L'auteur exagère le be- phrase de l'Epître de saint Paul aux Romains.
soin d'un renouvellement qui doit, selon lui, Il ajoute et supplée beaucoup de choses
s'opérer par les juifs; il s'élaie de l'autorité au texte de l'Apôtre, et on voit clairement
de Bossuet, sur lequel on ne cite que des dans ce travail l'intention d'insinuer les
anecdotes sans autorité (1). 11 annonce la dé- mêmes doctiines que dans le Discours sur
fection de la gentilité,el l'établissement d'un l'état futur de l'Eglise. L'auteur fait en [ilu-
nouveau règne de Jésus-Christ. Enlin il ré- sieurs endroits violence au texte pour auto-«
chauffe à ce sujet les idées des anciens mil- riser son sentiment.
lénaires et de quelques écrivains modernes
qui condamnés par l'Eglise, s'en vengent
,
NOE-MENARD (Jean de la) prêtre ap-
,
de Dieu même. L'éditeur loue beaucoup ce prêtrise et fil des conférences à la c nn-
discours, qui est effectivement bien écrit, munauté de Saint-Clément, à Nantes, où il
niais dont le mérite est au-dessous des éloges fonda une maison de refuge. 11 avait du
qu'il lui donne il y a lieu
: de croire qu'é- mérite et des vertus. Le parti le revendi-
tranger aux matières ecclésiastiques et aux qua, il en voulut faire un saint, un thauma-
notions de la théologie, il n'aura pas remar- turge. Outre un article dont il est l'objet
qué dans ce discours ce qui s'y trouve de dans le Moréri de Goujet, et dans lequel il
singulier et de systématique. 11 se montre est loué avec une affectation prononcée,
mal instruit de quelques faits qu'un peu p'us un écrivain du parti le présenta à l'admira-
de recherches lui aurait fait connaître. Il tion du monde, dans un livre intitulé :
qui se disaii cailiolique, a paurtant osé recueillir et de Bossuet est une suppo5ition dénuée de fonde-
renouveler dans un écrit récent enfanté par le plus ment et de vraisemblance. Quant à l'application qu'il
prodigieux égarement (M. Picot veut sans douie par- l'aitdes dilïérentes parties de la propliéiie aux évé-
ler du P. Lambert). Et ce qui ajoute le ridicule au nements de l'histoire, il ne propose ses conjectures
délire, c'est que cet liomnie de parti et les siens n'ont (pi'avec une modestie qui fait voir encore combien
pas craint de s'appuyer de Tauiorité de Bossuet. Ils il eût été éloigné d'autoriser des liypotlièses hardies
privil(^-ge,parce qu'on exigeait des condi- La première, parce qu'elle est émanée d'un
tions que l'auteur ne voulut pas accepter. évéque qui a passé de l'évéché de Glandèvcs à
Il n'a été publié qu'en 17•'î'^, sans privilège celui d'.Amiens.
ni approbation, et tel qu'il est sorti des La seconde, parce qu'elle ne marque dans
mains de son fanatique auti'ur. Les pages le livre aucun endroit sur lequel porte la coH'
155 et suivantes sont eini^loyées à célébrer damnation.
l'appi'l du sieur de La Noë. Il semble, dit-on, La troisième, parce qu'elle fait mention
page 156, ^1(6 /)/. f/e La Noë n était retenu à' unbref du pape contre la traduction de
dans ce monde que pour y faire cette sainte Mons, lequel est peut-être nul. Or, exposer
action. Après cela, on entreprend de lui faire un bref du pape aux doutes qu'on doit avoir
faire des miracles. La secte, comme on sait, de sa vérité et de sa validité, c'est itne con-
ihercfiait ci multiplier ses lliaumalurgcs . duite injurieuse à Sa Sainteté.
mais inutilement : Paris était tombé, et ses La quatrième, parce qu'elle est injttrieu-
pelils copistes n'eurent aucun succès. Voyez se au roi, qui, à la vérité, a suppritné par
Levier, Rolsse, un arrêt du conseil, la traduction de Mons,
mah qui depuis a donné la paix à ces mes-
NOIH (jRiN LE), fameux chanoine et théo- sieurs.
logal de Séez, était fils d'un conseiller au La cinquième, parce qu'elle est injurieuse
présidial d'Alençon. Il prêcha à Paris et en à tous les évéques île l'Eglisi' , la traduction
province avec réputation. 11 eût pu conti- de Mons ayant été approuvée par M. l'évéqut
nuer d'employer utilement ses talents, si de Namur et M. l'archevêque de Cambrai.
une opposition tout à fait déraisonnable aux
décisions de l'Kglise ne l'eût brouillé avec
La sixième, parce qu'elle est téméraire et
sou évéque, qui avait donné un mandement
précipitée, M. d'Amiens n'avant peut-être
pas lu l'arrêt du conseilet le bref dupape dont
pour la publication du formulaire. 11 eut
il parle.
l'audace de l'accuser de plusieurs erreurs
dans des écrits publics. Ses excès indignè- La septième, parce que dans cette ordon-
nanci- il est dit que les traductions dtl'F-
rent les gens de bien. On nomma des com-
criture sainte imprimées sans permission sont
inissaires pour le juger, et, sur la repré-
dangereuses. D'où il faut conclure que la
sentation de ses libelles, il fut condamné le
traduction de Mons, que condamne il. d'A-
24 avril 168i, à fiire amende honorable de-
miens, ayant été imprimée avec permission,
vant l'église métropolitaine de Paiis,elaux
l'ordonnance se contredit elle-même.
galères à perpétuité. Quelques jours après
ce jugement, les jansénistes qui l'avaient
Tout le reste île ce libelle est un tissu de
égaré à ce point, tirent courir une com- raisonnements de la même force, toujours
plainlc latine, dans laquelle on disait «qu'il
exprimés de la manière la plus indécente.
était noir àc nom, mais Llunc par ses ver- Hérésie de la domination épiscopnle , ou
tus et son caiactérc. » Cependant la peine Lettre de M. Lf Noir, théologal de Séez, à
des galères ayant été commuée, il fut con- Son Altesse Royale madani'' lu duclirsse de
duit àSaint-Malo, puis dans les prisons de Guise, 1682, in-12, sans nom de ville.
lîrest, et enfin dans celles de Nantes où il
Jean Le Noir franchit ici toutes les bornes
mourut en 1692.
de la pudeur, non-seulement à l'égard de
L'ÉvÛQiE DE COUR opposé (l l'ccéque aposto- son évcque et de son métropolitain, mais
lique. Premier entretien sur l'ordonnance encore à l'égard de tout le corps éjiiîropal
de M. l'évéque d' Amiens contre la traduc- et de l'Eglise elle-même. Jamais peut-êire
tion du Nouveau Testament en français inu ,
hérétique n'a parlé de l'cpiscopat d'une
primé à M3ns. manière plus injurieuse et plus outra-
geante. On en jugera par cet échanlil-
Cet Entretien est daté du 2 janvier 1()74.
lon qui se trouve cà la page 152 Les :
Item, .Second entretirn, du janvier de la hérétiques nous demandent tous 1rs jours,
môme année. Brochure in-4% l'une de .30, madame, où est donc notre Eglise? Nous ne
l'autre de 31 pages. Il y a six I-Jntretints saurions leur tn montrer d'autre qu'une dé-
dans l'éililion in-12, en 2 volumes. Co- chirée et déshonorée par ses propres infants.
logne, 1682.
Il y a plus de deux cents ans que l'Eglise a
Hien n'est plus méprisable en soi, ni plus été réduite à un si pitoyable étal par la
injurieux à l'épi-copat que ces lintirtiens. domination épiscopale, que ce provrrlie est
L'abbé (|ui y jnue le rôle princiiial, trouve devenu commun dans la bouche de tout le
sept nullités dans l'ordonnance de M. d'.V- monde, que l'Eglise ne pouvait plus êiro
miens. gouvernée par des réprouvés.
pal du collège du Faucon. Il mourut dans mission pure et simple à cette bulle, sans
cet emploi en 1720, après avoir reçu les sa- exception, sans modiGcation, sans explica-
crements, moyennant une déclaration de tion. Or «cet acte si orthodoxe ne pouvait
soumission à l'Eglise. Cependant plusieurs manquer de déplaire infiniment aux jansé-
collèges et corps de l'université refusèrent nistes. Ils avaient toujours ardemment dé-
d'assister à son enterrement. Ses lumières siré (l'avoir des intelligences dans cette fa-
l'avaient rendu l'oracle des jansénistes de culté mais enfin voyant que cet acte était
;
que tiop toutes ces coniradiclions. Le P. Pa- qu'à accumuler les péchés si on le fait dans
,
cau'î, p. 173, 17'i', 17o du premier tome, en- l'état du péché ; et page 94 du tome 111, que
seigne que si rhonime n'a point la cliarilé, l'aumône se change en péché, si on ne la rap~
ses actions sont vicieuses. Sans l'amour rf/- porte pas à Dieu.
fî'n ( dit-il, dans le sermon sur l'aaiour de Il (lit encore dans le même sermon Dieu
;
etdésordonné, qui ne tend qu'à la corrompre de nore Dieu, que C' qui se fait pour son amour.
plus en plu.... qui n'i-xhale que la mauvaise Diictrine de Quesnel dans sa 36= proposition
odeur dapérhé el la chntagion du scandale... et (Sans plusieurs aulres qui expriment la
L'Iiomme sans la charité est sans intelligence même erreur.
.
Pacaud renouvelle aussi lafil* etia 62* pro- peut que Paccori eût caché se> sentiments ;>
posilion en disant, à la fin d(; la p. i28du l. H, M. de Coislin. Paccori vint à Pari-;, où il
Le péchtnr n'ngissnnt que pal' In crainte (/les mourut en 17.30, jigé de près de quafre-vûigls
maux éternels ), /« péché vit toujours dans ans. Il n'était pas prélre, mais seulement
soticœur. C'est piélenJre que celte crainte d acre, ne voulant point recevoir le sacer-
sans la cliariié ne saurait exclure la vislonté doce, suivant un usml'c assez commun par-
actuelle de péc Iilm- (|U e le arrête seulement
; mi les disciples de Jansénlus. Les Nouvelles
la main, et que le cœur, laniiis qu'il n'agit Ecclésiastiques du 11 mars 1730, disent qu'il
que par cet e iinpn ssion, est toujours livré laissa à sa mort, en forme de tcitamenl spi-
au ciinie. VA voilà ce qui fait dire au même rituel, deux déclarations de ses senfimenis de
auteur, que t'e<prit de Jésus-Christ n'est pas révolte contre la constitulion et le formu-
un esprit de crainte, 7nais un esprit de clia- laire. Il composa un grand nomlirc d'ouvra-
riié. Comme si Jésus-t^lirist et ses a|iôti-es ges tenus pour suspects nous nieniioisne-
;
l'impénitence? prières.
A la page 273 du premier volume, l'aii- Pensées cnnÉTiENNrs pour tous les jours du
teuraffccie de dire aux simples fidèles loin :
mois. Paris, Desprez, in-18.
devez offrir le saint sacrifice comme prêtres
et comme victimes. C'csl ainsi que les héré- Il ne faut pas roi plus le confondre avec
tiques de ce siècle, après avoir mis les prê- uu autre livre qui porte le même litre ot
tres au niveau des évéïiues, élèvent les laï- qui est du P. fJouhours. Les Pensées chré-
ques et les femmes mêmes à la qualité de tiennes du jésuite sont courtes, excellentes;
prêtres. Ils es| crent surtout que les person- celles du diacre Paccori sont prolixes, pesam
nes du sexe se laisseront séduire à ce dan- ment écrites, ce.
gereux artifice, et que l'envie d'être prêtres- RcGUETs sur l'abus du Pater. Orléans, in-12.
ses les attachera à une secte qui leur accorde
libéralement une si haute prérogative. RÈGLEspour travailler utilement à l'éducation
des enfants. Paris, 172G.
PACC<IIU (Amiiuoise ), naquit à Céaucé,
dans le bas Maine, et, après a\oir élé prin- Vie de Jésus-Christ. Orléans.
cipal du collège decelte ville, fut appelé,
RÈGLES chrétiennes pour faire saintement ton-
par le cardinal de Coislin. évêque d'Orléans.
tes ses actions.
à 11 tête du séminaire de .^Icung. M.
pelit
de Coislin mourut en 170G. l'eu de temps Ce n'est pas, a dit un critique orthodoxe,
après. Paccori fut oliligé de sortir du diocèse dans les ouvra^'es du diacre Paccori qu'il .
d'Orléans, à cause de son pi^osition aux dé- < faut chercher principes de la véri:able
les
crets de l'Kglisc, e! cette opposition fit naî- piété; on y trouverait ceux de l'erreur.
tre quehiue soupçon sur l'orthodoxie du
j Parexemple, suivant Paccori, dans ses Règles
prélat qui lui avait donné sa confiance : prétendues c/uf'n'cnnrs, p. 5 del'avant-propos,
d'un autre colé les gens du parti faisaient ne faire pas pour l'amour de Dieu le bien que
l'éloge du cardinal de Coislin mais ce n'est : l'i.n fiil, c'est un sujet de condamnation,
sans doute ([u'une nouvelle preuve du dan- c'est mériter d'être jeté pieds et mains liés
ger qu'il y a pour les Lens de bien d'être d^nis les prisons lé icbreuses de l'enfer. Ainsi,
loués par des sectaires; cl d'ailleurs il so toutes les actions des infidèles, foules celks
,,
de ses piirnles suflit pour ressusciter une PARADAN (Pierre) , abbé du monastère
âme morte par lorsque Dieu veut
le péciié, d'Ulierbech en Flandre , diocèse d'Anvers.
bien opcralinn de giâce et
y joindre tnie On publia ses Sentiments en 172S. Or il fui
d'dinoni-, lion muini puissante et efficace que convaincu d'avoir enseigné et publié: 1' que
celle par laquelle l'utivcrs a été créé. Les ceux qui ont accepté la c<msiitulion Unige-
jansénistes aiment celte comparaisoii, parce nitus ont péché plus grièvement que les
qu'elle détruit toute coopération de notre Juifs en crucifiant Jésus-Christ 2" qu'on ;
y meurt à la fui? C'est qu'on ne reçoit point Louis \1V, mort comme Antioclius 3° que ;
le secours de In grâce sans lequel on ne peut les évéqiies qui autorisent celte constitution,
éviter le péché. Par conséquent, point de cherchent, conime Héiode,à pi rdre l'Enfant
grâce sufiisante, toute grâce est efficace; et Jésus 4° que la doctrine de cette bulle est
;
celui qui pèclie, manque du secours qui lui l'abomination de la désolation prédite et
est nécessaire pour pouvoir éviter le péché. annoncée dans l'Ecriture. En conséquence
Page '246, l'auteur insensé défend do se de ces chefs et de duanliié d'autres suffisam-
confesser les^ jours de fêtes. Lu confession ment prouvés, l'abbé a été suspendu de tout
dit-il, se devant faire avec douleur et devant ordre et juridiction et privé de la commu-
,
être précédée et suivie des exercices de péni- iiiou laïque avec quatre de ses adliérents.
,
tence, on doit se confesser les jours de devant Cette seiitence a éié porlée par M. l'évéquo
la fêle, parce que cette douleur et cette péni- d'Anvers, député du saint-siége.
tence ne sont point convenables aux diman-
ches et aux fêtes, qui sont des jours d'une PARIS (François), prêtre, né à Chàtillon,
réjouissance toute céleste. près de Paris fut domestique de M. Vaiet
,
Page 2o'J : Quiconque va à la messe en état vicaire général de Sens qui le fit insiruire ,
de péché n'est capublc que de profaner de si et élever dans le sacerdoce. Après avoir des-
saints ynystères.... faire mourir Jésus-Christ... servi la cure de Saini-Lambcrl et une autre,
il vint se fixer à Paris, où il fut sous-vicaire
répandre son sang divin.... et attirer sur soi
la mnlédittion de Bien. Cette maxime, qui de Sa nl-Eiienne-du-.'\Ioiit poste dans le- ,
est aussi celle de Quesnel, suit nétessaire- quel il mourut fort âgé en 171S.11 avait pu-
usent dis principes janséniens. sel u k-squols blié, par ordre de M. de Gondrin quarante ,
un homme en éial de péché moi tel n'est pas ans auparavant, un livre intitulé Traité de :
vres assez médiocres. Quelques-uns disent renflant compte de ce livre, après avoir fait
qu'on les lui a supposés pour lui faire un un saint d'un hérétique entêté qui ne faisait
nom. Nous en parlerons ci-après. Son frère pas ses pâques a entrepris au-si de faire
,
lui ayant fait érijjer un tomhe;iu dans le pe- d'un idiot un auteur et un savant. Elle ne
tit cimetière de Saint-Médard tous les dé- ,
s'est donc pas contentéede supposer des mi-
vots du parti allèrent y faire leurs i)rières. II racles au sieur Paris , elle lui a encore sup-
y eut des guérisous (]u'oii disait m.'rveiili'u- pose des livres ; de sorte que cet imbécile
ses il y eut des convulsions qu'on trouva
, qui ne savait que faire des bas se trouve ,
fantôme , pour une secte qui n'existait que où la coiislilulion le saint-siège el ceux
,
dans l'imagination des jésuites? Leur sépa- qui sont soumis aux décisions de l'Eglise
ration n'esl-elle pas d'ailleurs manifeste dans sont l aités, comme <in doit s'y atlencJre de
la prétendue Eglise d'Ulreclit, méconnue de la part des hérétiques modernes , ennemis
tous les catholiques de l'univers? Ce tom- nés de la foi et des fidèles.»
beau du diacre Paris fut le toml>eau du jan- Voici ce qu'un lit dans ce livre, sur le cha-
sénisme dans l'esprit de bien des gens. Le filreii. verset 11 de l'Epiire aux Calâtes ,
célèbre Duguel, quoique d'ailleurs très-atta- ainsi conçu Cum autem venisset Cephas An-
:
ché au parti, regardait ces farces avec indi- liocliiain,'eic., et ainsi traduit Or, PIERRE :
gnation et avec mépris. Petit-Pied en fit voir étanlvcnu à Anlioclie je lui résistai en face
.
,
breux et fort puissant en France , et com- évêques, et même au premier d'entre eux au ,
posé d'un cote de gens sages et habiles , et pape, et qu'on ne doit pas toujours regarder
de l'autre de bigots et d'enthousi.isles. Tout comnîe des hérétiques qui méprisent l'épi-:-
ce corps entier se réunit et se ligua pour copat ceux qui tiennent cetie conduite...
,
accréditer les miracles que l'un disait s'opé- Nous voyons ici dans saint Paul un rare
rer en laveur de leur parti et ceux qui y ;
exemple du courage et de la liberté chré-
ajoutèrent foi étaient extrêmement disposés tienne. 11 tient léte et résiste en face à saint
à les croire. Cependant milgré tous ces ,
Pierre, sans considérer qu'il était au-dessus
avantages, avec quelle facilité tous ces pré- de lui. U a été généralement approuvé en
tendus miracles n'ont-ils pas été supprimés ? cela car ce restiti in faciem marque que
:
11 ne fallut pour réussir que murer simple- sa nt Pierre disputa quelque temps le terrain
ment l'endroit où celte tombe était placée... avant que de se rendre... Je lui résistai en
Si Dieu eût réellement opéré ces miracles ,
face pnce qu'il était réprékensible. Nous pré-
aurait-il souffert qu'une misérable muraille tendons prouver par ce mot et par toute
eût traversé ses desseins? Ne vit-on pas des cette histoire ce qu'on doit penser de iinfail-
anges descendre autrefois dans pri^on des la li'nlité des papes. Saint Paul n'en était pas
apôtres et les en tirer
, lorsqu'ils y furent
, assurémenl persuadé lorsqu'il reprit saiiil
renfermés pour les empêcher de taire des l'ici le
et saint Pierre ne njcunnaissait pas
,
mir.icles? Mais l'abbé Paris a été dans lim- en ce droit si fort au-dessus de riiuma-
lui
puissance d'abattre le petit mur (pii le sépa- nilé quand il se soumit avec tant de modes-
rait de ses dévols et sa vertu miraculeuse
, tie etd'humilité à la répréhension de saint
n'a pu opérer au delà de ce mur. Et sied-il Paul, son inférieur.
bien après cela à nos incrédules modernes <(Mais quand je vis qu'ils ne marchaient pas
de comparer et d'opposer de tels miracles à droit etc. Nous apprenons de ce fait à ne
,
ceux de Jésus-Christ et des apôti es ? .\ussi pas non plus juger de la vérité par le grand
n'est-ce que pour leur fermer la bouche à nombre. Saint Pierre avait assurémenl avec
cet égard que j'ai attaqué l'exemple en ques- lui le plus grand nombre, puisqu'il avait
tion, et que je m'y suis arrêté.» (Foy.Mo.NT- avec lui tous les Juifs convertis el mémo ,
« Ce lan^ag;e est clair, ditM. l'abbé Ja- sieur I,e Doulx, et il défendit de rendre direc-
nies , il lail parfailenipiit voir poui(|uoi on tement ou i)idirectemenl aucun culte religieux
attribue une si graiule imporiance a:i fait en au prétendu Tliaum iturge; de célébrer ou
(luestion pourquoi on soutient qve Cépiias
,
fuir." célébrer des messes en son honneur; de
repris par saint Paul est le moine que s lint gard r ou lire l'écrit intiltdé :\\c (\e:}t\. Piiris,
Pierre , et pourquoi on mandait à iloin Cal- d'iiucunc des éditions qui ont paru; le tout
me! qu'il é:ait important d'arrêter le pro- sons peine d' excommunication.
gros de ropinif;n contraire. M. rarcl)evê(;ue de Paris, Vintimille ,
«Mais ce lan|;aire est loiïique aussi , et dès cnnilamna aussi ces Iroi-i Vies, le 30 janvier
que vous admettez le fait comme on vous le 1732, comme contenant des propositions res-
lM•o^ente, il faut nécessairement en ailtiiCltre pectivement fausses, scandaleuses, injurieuses
les conséquences. » à l'autorité du yaint-sié-ie et de iEqlise; té-
.M. l'ablié James a encore remarqué méraires, impies, favorisant les hérétiques,
que le passase qu'on vient de lire a été erronées, schismatiques et hérétiques; défendit
c p:é dans la Discipline de Vlujlise de Qui s- de lire lesdits écrit ou de les ijarder, sous
<
cre Paris n'est qu'une compilation de passa- préjudice des lois générales de l'Eglise ou
ges tirés des divers ouvrasses compo^cs par desdîles défenses.
les jansénistes et arrangés de manière à
,
riusieiirs prélats en firent autant. M. l'é-
remplir le plan tracé par i'Ejntre elle-même, vêq ic de .Marseille, M. de Vaugirauld, évo-
et à donner de nouveaux aliments à l'esprit que d'Angers, M. de Saint-Albin, archevêque
de parti. M. l'abbé .lames a parlé de ce li- de Cam'irai, etc.
vre à l'occasiiin de la questinn de savoir si Par une snlencc de l'orficialilé de Cam-
le Céplias repris par saint Paul est le i!:j;r.e brai, rend e le 25 avril 173 \ il fut ordonné
que saint Pierre, qu'il voulait examiner pour que les fragments des prétendues reliques de
repondre aux gallicans qui se trouvent ,
Frcnçois de Pdris, diacre, trouvées chez un
quelquefois, trop souvent, d'accord avec les nommé Bosquet, avec quatre images en pa-
hérétiques sur ceriaiiis points, \oyez son pier , et un petit 7néntoire contenant Vidyrégé
opuscule, intitulé : hi^srrtations où il estir- de la Yie duiit Paris, siraienllacérésetbrûlés
rcfragableinent prouvé que suint pierre fcul en p'ace pnbli'jue, par l'exéculeur de la haute
décida lu (juesiion de foi sour)iiie au concile de justice : ce (Aii fut exécuté à Mons, sur la
Jérusalem el que Céplias, repris par saiht
,
place, enst:ite d'autorisation de la cour , le G
Paul , à Antioche , n'ist pas le même qne le mai de la mèmn année.
prince des apôti es. Deuxième édition. Grand Ces mêmes Yi:! eurent le même sort à
in-8° de fJO pages. Paris . Périsse et Camus , Rome. Elles j fuient chargées des plus fortes
t8i6. qualifications, cl (ondamnées au feu.
On a encore fait honneur au diacre Paris Voici les principales raisons qsii onl attiré
des ouvrages dont voici les litres : tanld'anathèmcssurce malheureux ouvrage.
1° L'objet do ces trois libelles est d'éloi-
Plan de parle bienheureux diacre
la religion,
gner les fidèles des sacrements, de leur ins-
François de Paris. En France, 1740, in-12i pirer la révolte contre l'Eglise, d'accréditer
Science du vrai, qui contient les i)rincipaiix le jansénisme, el de soulever les ouailles
mystères de la fui. Par feu M. de Paris, contre leurs pas'eurs.
diacre, lin France, in-12 de 55 pages. 2° On o<c y avancer qu'il peut se faire que
tous les évêques de l'univers, de concert
Lettre â un de ses amis, écrite en 172i, in-'t". avec le pape, combattent la voix de l'Eglise,
Publiée à la .-uite d'une lettre de M. Du ou ce qui est la même chose, dit l'une de ces
Mont à il/, l'abbé '", en date du 2 janrier Vies (Edition de Bruxelles, préface, p. 31),
1733, au sujet d un ouvra'je de M.Pdi is in- la voix de l'Evangile et la tradition. Dans la
titulé .Science du vrai. même édition de Bruxelles, page 151, on
ExPLicATiox de l'Epilre aux Romains. fait un mérite au diacre Paris d'avoir dé-
noncé la bulle au concile œcuménique, par
Analyse de l'EjAlre aux Hébreux. des actes réitérés; de l'avoir regardée comme
On a imprimé dillérenles Vies de Paris ,
un décret qui avait alluiiié la colère de Dieu,
doi;t on n aurait peu;-étre janiais jarlé, si qui .iuinrisait des erreurs, des relâchements,
on n'eût Miulu en faire un tliaumaUirge. lïlles des scandales; qu'on ne pouvait y souscrire
furiut pul liées prcscjuc en mê:iie temps. Vie sans renoncer à la fo: ; qu'il avait vu dans la
de M. Paris, diacre. Î3ruxellcs, Fofipens, bulle l'apostasie prédite par saint Paul.
1731, in-12, avec une préface. Vie de — 3' Paris prone l'Eglise sehismalique d'D-
M. Paris, (itère du diocèse de Paris. Fn treclit, autant qu'il avilit et qu'il décrédila
Franie, 1731, in-12 de 179 pau'es. Vie de — celle de Jésus-Christ. Celle-ci lui paraissait
AI. Pdris, diaci e, 1731. M. de la Fare, évèque telle que cette Sion, autrefois remplie, riche,
de Lyon, est le jvemiir évcque qiii ail cun- mailresse des nations, dans la gloire et dans
d :mné ce 1 vre fanatique. Il le fil d'abord l éclat, et depuis déserte, appauvrie, foulée
p r i;u mandement du premier décembre aux pieds de tous les passants, et enfin asservie
1731. 11 dévoila dans un autre mandement à la tyrannie de Babylone. Au contraire, les
l'Imposlure du fameux miracle que l'on pré- réfugiés d'Utrcrht lui étaient infuiiiiient cheri.
leudu.l a\oir clé opéré eu la personne du ^L'EgHse d'Hollande l'occupait beaucoup. Il
735 PAR PAR 734
avait fait le projet de partir à pied pour aller général, présentèrent une requête à .M. l'ar-
visiter cette Eglise, qui lui était infiniment chevêque de Paris, dans laquelle ils le sup-
chi're. Il avait une vénération infinie pour les pliaient de faire informer jiiridiquen)ent de
illustres confesseurs de Jésus-Christ qui s'y tous ces jjrodiges et ces miracles. Ils s'éten-
étaient réfugiés. daient fort au long non-seolemenl dans cette
L'auteur de la Iroisième Vie avance celte requête, mais encore dans plusieurs autres
étrange proposition, que par le moyen de la écrits pour démontrer qu'on ne pouvait em-
bulle, on a et ibli le judaïsme jusque dans le pêcher un culte privé; que celui que l'on
sanctuaire ; que l'Eglise chrétienne, séduite rendait au diacre Pâiis était île celte na-
par ses propres pasteurs, a abandonné la vraie ture, (|uoique ce fût en public. Ils ne cessè-
foi, et qu'à l'imitation de In Synagogue, elle rent outre cela de produire (juanlilé de rai-
persécute le Sativeur et ses disciples, et fait sons pour constater la vérité d.' ces prétendus
une III ofcssion publique du paganisrne. miracles, et our prouver que les guérisons
|
p. C3) pour avoir transgressé deux fois le saient les forces de la nature mais plusieurs
;
5° Ajoutons que d.ins difl'éreiits écrits pu- leur côté les médecins démontrèrent dans
bliés par le parti, au sujet de la \'ie et des leurs écrits que les miracles qu'on publiait
miracles de Paris, on trouva cette proposi- de tous côtés étaient faux, et que les gué-
tion impie, scandaleuse et blasphématoire, risons qui pouvaient être vraies n'excé-
,
que Si on avait examiné les jniracles de Jésus- daient en rien les forces de la nature. Les
Christ Comme on examine ceux qui sont attri- théologiens (M. l'é\éque de Bethléem, etc.),
bués à M. Paris, les m
racles de Jésus-Christ dont nous avons rapporté les paroles dans
et la résurrection même des morts n'aaraient ce chapitre, confirmèrent cette vérité par
point tenu contre une pareille critique, des arguments invincibles. Le roi très-chré-
tien, vraiment héritier de la religion de sss
MIRâCLES DE PaHIS. ancêtics, bien convaincu par le rajiport des
On ne saurait dire le nombre des écrits médecins , que les miracles attribués au
qui ont été publiés à l'occasion de ces pré- diacre Paris ne pouvaient pas soutenir
teodiis miracli's. Avant de donner la liste la preuve du grand jour, comme il est
de ceux dont nous avons les titres, nous aisé de le remarquer dans les édils du
nous contenterons 1° de remarquer en gé- 27 janvier 1732, et du 17 février 1733, ap-
néral que tous ces prestiges qu'on a opposés puya de loutc son autorité .M. l'archevêque
à des décisions du saint-siége reçues par le de Paris, et fit fiTmer le cimetière de Saiiit-
corps épiscopal, sont la dernière ressource Médard. Le très-saint pape Clément XII
d'une cause désespérée; 2° de représenter condamna pareillement, sur le rapj)ort que
aux novateurs ce qu'a pensé de leurs faux lui en fit la congrégalion de la sainte inqui-
miracles Benoît XIV, dont ils font semblant sition, la Vie du diacre Paris, comme con-
de respecter le mérite. Ce savant pontife, tenant des propositions et des assertions
dans l'ouvrage sur la Cnnofu'sna'oji des suints fausses, oITensives des oreilles pieuses, sc.in-
dont il a enrichi l'Kglise, après avoir dumé daleuses, injurieuses, tant à l'aulorilé du
des règles pour discerner les vrais miracles saint-siége qu'à l'autorité de l'Eglise et des
des prodiges séducteurs, s'explique ainsi sur évêques, surtout des évoques dr France; té-
les mirac les du diacre Paris. méraires, impics, favorisant les héréliquis,
« Il nous reste, pour achever ce cli.ipiire, erronées et même schismatiques et héréti-
à dire quelque chose sur ce qui a donné lieu ques, pleines de l'esprit d'hérésie, comme
à ces écrits. On sait qu'il est mort dans ces on le peut voir dans le décret donné le 22
derniers temps, un certain iliacre nommé août 1731, affiché et publié le 29 du n;ême
Paris, et que son corps a été inhumé dans le mois , et par des lelltes apostoliques eu
cimetière de Saint-Medard de la ville de Pa- forme de bref datées du 19 juin 173'i. Il pro-
ris. Sa Vie a été imprimée, et il s'en est fait scrivit par une semblable censure une or-
différentes éditions dans divers endroits. donnance de l'évêque d'Auxeire, qui annon- .
L'auteur qui l'a composée ne dissimule pas çait et approuvait un certain miracle que
quelle fut l'opposition du diacre Paris à la l'on disait s'élre fait dans sou diocèse par
constitution. Les appels qu'il inlerjela plu- l'intercession du diacre Paris dont nous
,
refusé de recevoir des informations juridi- Relation de lamanière dont Gabrielle Gau-
ques, et qu'ils se sont opposés à un culte tier, reuve Delorme, a été fr.ippée d'une
insensé, scandaleux et téméraire. » paralysie subite au tombeau de Sl.de Paris,
\'oici niainleiiant la liste des ouvrages le i aoiit 1731, avec un détail des circon-
puliliés à l'occasion des faux prodiges du st.inces qui ont précédé et suivi cet évé-
diacri' Paris; c'est-à-dire de ceux seulement nement recueillies par .M. François Chau-
;
diacre, ou opérés sur le tombeau et par l'in- Gabrielle Gautier, veuve de P. Delorme, des
t'rcrssion de M. l'abbé de Paris; car ces re- dispositions dans lesquelles elle est allée an
cueils, publiés séparément et à des époques tombeau de M. Paris, !»-i'; avec la copie
différentes |irésentenl cette variante. Les
, collationnéc de ladite déclaration, signée de
deux premieis soni in-12, l'un de liO pa<;cs, deux notaires, in-fol.
l'autre de to.3, et portent la date de 1732.
Les huit autres sont in-i°.
Lettre de M. l'évèque d'Auxerre. du h- mai
1732, et de M. de Senez, du 12 desdits
Dissertation sitr tes miracles et en particu- mois et an à M. Chaulin, à l'occasioa
,
lier sur ceux qui ont été opérés au tom- du miracle opéré sur la veuve Delorme.
beau de M. Paris, en l'église de Saint-.Mé- In-ï\
durd de Paris, avec la relation et les Lettre du iG janvier 1732, écrite au sujet de
preuves de celui qui s'est fait le 3 no- la mort surprenante du garçon chirurgien
vembre 1730, en la personne A'Anne Le de ?J. Lombard, nommé Jean de LaCroix.
Fratic, de la paroisse de saint Barthélémy. 1732, î/i-V.
1731, in-i°.
DÉCLARATION de Madame Le Moine . reli-
La fausseté de ce miracle, tant vante par gieuse de Hautebruière, ordre de Fonte-
le a été aulheniiquement constatée
parti, vrault, au sujet de sa guérisou opérée au
par mandement de M. rarchevéque de
le Icmheaude M. de Paris. dansie cours d'une
Paris (de Vinlimille); ouvrage excellent, neuvaine, commencée le 20 septembre
qui a confondu à jamais les fibricateurs et 1731, avec les certificats des médecins, etc.,
les partisans de cette imposture. On jieut qui ont eu connaissance de sa maladie.
voir, à l'article Curks de Paris, où il s'agit In k\
de leur Seconde requête, un autre miracle
Acte passé par-devant notaire, le 5 décembre
de la même espèce, détruit et confondu, dé-
1731, contenant plusieurs pièces au siijel
voilé et rétracté par celui-là même qui en
du miracle opéré en la personne de Made-
était l'objet, et qui eu avait été le puhlicaleur.
moiselle Hardouin. In-'*".
Lettre de M'" à un de ses awis, touchant Cantiqle sur le miracle opéré en ta personne
les informations qui se font à l'ofiicialité
de Mademoiselle Hardow'n, par i'inlerces-
de Pans, nu sujet du miracle arrivé le
sion du B. F. de Paris, diacre, /n-12.
3 novembre 1730, en la personne d'Anne
Le Franc. 1731, in-4°. DÉCLARATION de Madame de Mégrigny, reli-'
gicuse bénédicune de iabbaje de Notre-
Lettre du 2o juillet 1731, à M"' au sujet Dame de Troyes, au sujet de sa guérisou
du concours qui se fait à Saint-Médard, et opérée par l'intercession de .M. de Paris, le
d'un écrit intitulé :Dissertation sur les
23 mars 1732. In-'f.
miracles, el en particulier sur ceux qui ont
été opérés au tombeau de M. Pdris, en l'é- Lettre du 2 avril 1732, au sujet du miracle
(jUse de Saint-Médard de Paris; avec la opéré en faveur d'une religieuse béné-
relation el les preuves de celui qui s'est fuit dictine de la ville de Troyes, par l'inter-
le 3 novembre 1730, en la personne d'Anne cession du B. H. François de Paris, in-'*';
Le Franc, de la paroisse de Sainl-Barlhé- avec deux estampes représentant l'enlève-
lemy, in-k'. ment de ladite religieuse, fait par ordre
du roi.
Acte d'appel au parlement , interjeté par
Anne Le Franc, du mandement de .M. l'ar- DÉCLARATION- du révérend P. Cotinet, prêtre
chevêque de Paris du 15 juillet 1731, in-'*°. de l'Oratoire, supérieur du collège de
Troyes, au sujet de la guérisou miracu-
Lettre d'un chirurgien de Saint-Cosme à un leuse de madame de Mégrigny, religieuse
autre chirurgien de ses amis, en date du
bénédictine de l'abbaye de Notre-Dame de
8 septcmlire 1731. uu sujet du certificat Troyes, obtenue par l'intercession du bien-
des sieurs Petit, Guérin et Morand, joint
heureux François de Paris, in-'*".
au mandement de 'SI. 1 archevêque de
P.iris surle mirncle opéré à Saint-Médaid, Deux LETTRES de M. l'évèque de Troyes à
en la personne d'Anne Le Franc. in-'*\ M. l'évèque d'.Uixerre, du mois d avril
1731 , au sujet de la guérisou mira-
Relation du miracle opéré sur un jeune Sa- culeuse de madame de Mégrigny, reli-
votjard, extr.ùte de la lettre de M. le duc
"', religieuse. gieuse, in-'*'.
•
de Châlillua à Madame
1731, in-'*\ .
DÉCLARATION de Guillaume Bourdonnay, au
,
Î37 PAR PAR 7.-$
la guérison miraculeuse de darae Margue~ voulant pas qu'on crût qu'ils s'étaient prêtés
rite Loi/sel, dite de Sainte-Glolilde, reli- à l'imposture, sont allés de porte en porte dé-
gieuse (iu Calvaire, ue de Vaugirard, opéré
i clarer qu'ils n'avaient ni cru ni certifié le mi-
le 8 juin 1733, m-i". racle, ei que leur attestation, qu'ils avaient
accordée à l'importunité de .M. fessier, n'at-
La vérité miracle o[,éré en la jiersonne
dit
testait rien qui tint du miracle.
de Marguerite llulin, fille native de la
i° 11 est faux que M. Boussel, prêtre ir-
ville de Uciins, connue sous le nom de
landais, prècepteurdu fils, soit un fanatique.
sœur Marguerite, estropiée du bras droit
On l'avait regardé jusque-là comme un
(lendant trente ans par une mauvaise
saignée, et guérie par l'intercession du
homme raspeclable par >a piélé, sa modéra-
tion et ses mœurs irréprochables. .Mais il est
bienheureux François de Paris, au mois de
devenu un fanatique et un homme indigne
juin 1732, en la cinquantième année de
do son caratièrc, parce que, pressé de certi- '
Certificat de M. le Juge, correcteur des et qu'on a lieu de le craindre dans les prin-
comples, du 17 mai 17^7, par lequel il re- cipes semés dans les derniers mandements
cuiiiiail la vérité de tous les faits contenus de MM. les archevêques de Paris, de Sens,
dans la relation de la p;uérison oiiraculeuse de Cambrai, d'Embrun, etc., auxquels on
de uiademoiselle sa fllle. 1737, in-k°. répond, en réfutant toutes les autres dif-
ficultés qu'ils font pour ôter créam e aux
Copie de l'Acte passé devant le notaire de miracles des Appelants, et cacher le sceau
iMuisy, diocèse de Blois, par Louis/' Tre-
qu'ils portent. 1734, in-4-°.
tiiasse, guérie au mois d'octobre 1737, par
l'intercession du B. Paris, ia-4°. Voyez Cu- Lettre apologétique au su^et des miracles que
bés de Blois. Dieu opère sur le tombeau de M. de Paris;
pour servir de réponse aux dilQcultés que
IlÉFLEsiONs importantes sur le miracle ar- l'on objecte contre ces miracles. Iii-4'.
rivé au bouig de Moisy, en Beauce, diocèse
de Blois, en la personne de Louise Tremass ,
Démonstration de la vérité et de l'autorité
veuve Mercier, par l'inlenession de Al. de des miracles des Appelants, suivant les prin
Paris avec des pièces servant de preuves.
;
cipes de M. Pascal. 1732, in-i°.
1738, in-i". Voyez la pièce ci-dessus et
La cause de Dieu recotitiue par les miracles
CuuÉs de Blois.
chez les Appelants, suivant les principes
Lettre d'un nouveau converti à son frère établis par le P. Lallemant, jésuite, dans
encore protestant, résidant en Angleterre, ses Réflexions morales avec des notes sur
au sujet des miracles de M. de Pans. 1732, le Nouveau Testament. 1737, in-i'.
in-i".
Elévation de cœur à Dieu sur les maux de
Extrait d'un" lettre d'un chartreux de Hol- l'Eglise et sur les merveilles qui s'opèrent
lande (Dom Asp.iis) à un de ses plus proches au tombeau du bieuheureux de Paris, in-S".
parents, du 3 septembre 1731, au sujet des
mir.icles qui s'opèrent jouniellement au Prière d'un malade qui demande à Dieu sa
tombeau de "SI. de Paris, in-1". guérison par l'intercession du saint diacre,
M. Paris, in-8°.
Discouiis sur par un théologien ;
les tniracles,
allriljué au P. Jacques Longueval , jé- Relation des miracles de saint Paris, avefl
suite, in-4'. un abrégé de la Vie du saint, et un dialogue
sur les neuvaines troisième édition aug-
:
Dissertation physique sur les miracles de M. mentée dune chanson nouvelle; avec des
Paris; dans laquelle on prouve que les gué- remarques par le docteur .Mathanasius.
risons qui se fout à son tombeau, ne sont que Bruxelles, 1731, in-12.
les effets des causes purement naturelles,
et qu'elles n'ont aucun caractère des vrais RÉFLexioNS sur les miracles que Dieu opère
miracles. In-4°. au tombeau de M. de Paris, et en particu-
lier sur la manière étonnante dont il les
Récit au sujet de la mort funeste du sieur opère depuis six mois ou environ, in-4°.
Robert, prêtre, arr vée à Issoudun à la fin Arrêtons-nous, car il faudrait mentionner
de novembre, après qu'il se fut fait mettre les écriis sur, pour et contre les convulsions,
sur la tête de la poussière du tombeau du etc., dont le nombre est incroyable.
sieur Paris. 1732, in-i°.
Voyez Bescherant, Boucher, Caylus,
L'apotuéose de l'abbé Paris racontéeen détail Colbei-.t, Curés de Paris, Cubés de Blois,
par le fidèle témoin Vifvinfras, in-'t". Montgerun, Fouilloux, Rousse, etc.
Procès-verbaux de plusieurs médecins et chi-
PASCAL (Blaise), né le 19 juin 1623, à
rurgiens, dressés par ordre de Sa Majesté, Clermont en Auvergne, d'un président à la
au sujet de quelques personnes soi-disant cour des aides, mort à Paris le 19 août 1662, •
agitées de convulsions. Paris 1732, ia-i°. se rendit fameux comme savant et comme ,
pREMiEii DISCOURS sur les miracles de M. de janséniste. Nous n'avons pas à nous occuper *>
Paris, où l'on répond à tous les prétextes ici du savant; Feller nous paraît l'avoir jus-
qu'on allègue pour les rejeter, in-'i". tement apprécié sousle rapport de la science.
Pascal prit une grande part aux affaires
Second discours sur tes miracles opérés au janséniennes. Il va être question, en pre-
tombeau et par l'intercession de M. de Pa- mier lieu, de ses fameuses Provinciales;
ris, diacre; où l'on répond aux objections,
ensuite nous mentionnerons ses divers
in-4°.
écrits polémiques enfin il s'agira de ses Pen-
;
1637. L'édition de Colop;iie, dont nous ve- laquelle on ne peut rien, a manqué; qui ne
nons de transcrire le titre, est sans doute soit si clairement exprimé dans les passages
la première qui ait été faite des dix-huit des Pères que M. Arnauld a rapportés, que je
lettres réunies. n'ai vu personne qui en pût comprendre la
Il y a une autre édition, que nous croyons différence.
être la deuxième (ou la 3% en considérant Au surplus, c'est le libelle diffamatoire,
fomme la première celle des lettres publiées où calomnie est répandue avec le plus de
la
séparément); cette deuxième, avec les avis profusion, apprêtée avec le plus de sel ei le
(les curés de Paris, par Arnauld et Nicole, plus lie malignité, et portée ju!-qnà l'outrage
aux curés des autres diocèses, sur les tnau- avec le plus de violence et le plus de noir-
vaises maximes de quelques nouvnmx ca- ceur.
suisles. Cologne, Pierre de la Vallée, 1637, La partialité et l'injustice y éclatent à
in-12. chaque page. On attribue aux casuisles jé-
Les mêmes septième édition, nurpnenlée
: suites, comme
leur .-.ppartenant spéciale-
de la lettre d'un avocat du parlement à un de ment, les opinions qui é aient alors les plus
ses amis. Cologne, Nie. SchoiUe, 1(309, in-12. communes, et qu'ils avaient puisées dans
! Les mêmes ; arec les noies de Guil. Vcn- tous les casuistes qui les avaient procéJés (1).
i droi-k (P. Nicole. Voyez te noin), traduites 11 est évident qu tout ce que dit là-dessus
4' en fronçais pur Françoise Marrjuerite de Jon- le malicieux écrivain, est pillé du livre de
coux. 1700, a vol. in-12. DumoiJin qui a j)our titre: Catalogue, ou
Les mêmes ; avec les notes de Guil. Vin- dénombrement i/s traditions romaines. D'ail-
drock, traduites par Fr. Marg. de Joncoux: leurs les passages des auieurs jésuites qu'il
nouvelle édition, augmentée d'une lettre de cite, sont ou altérés avec inûdi'lité, ou tron-
Polémarqie à Easèbe,vt d'une lettre d'un qués sans pudeur, ou interprétés avec la plus
théologien à Polémarque. 1700, 3 vol. in-12. noire mécliam été.
Ou sait (juc Pierre Nicole lr..duisit en l>i- Voici ce que .M. Racine pensait de ce f ;-
tin les Provincinles, et y ajouta des noies la- n'.eux écrit (2) : Vous semble-t-il que les Lelti es
tines, encore pires que le leste. Voyez Ni- provinci.iles soient autre chose que des comé-
coiE. Onaussi que le Prov ncial auquel
sait dies? L'auteur a choisi ses personnages dans
ces lettres sont adressées est ie lieaii-frère les coicvents et dans la Sorbonne. Il intro-
de Pascal, M. Ptrrier, dévoué cumnie lui au duit sur la scène tantôt des jacobins, tantôt
parti. des docteurs, et toujours des jésutey. Conibien
Parlons maintenant de ces fameuses tei/res, de rôles leur fait-il jouer! Tant.'it il amè e un
qui nous doni;eront l'occasion de ra|:peler jésuite bon homme, tantôt un jésuite méchant,
quelques faits qui concernent l'auteur. et toujours un jésuite ridicule; le monde en
I. Dans ks deux premièios lettres, Pascul a ri pendant qiclque temps, et le plus austère
attaque vivement la Sorbonne et les Domi- janséniste aurait cru trahir la vérité que de
nicains. D'aliord la Soriionne, ou plutôt n'en pas rire.
toute la faculté de théologie de Paris, assem- Ce l là en effet le vrai caractère des Pro-
blée par les ordres du roi, en prôs.'nc,' du vinciales. Outre l'erreur, l'hérésie, et l'im-
chancelier de France, est traitée avec un posture, (]ui y régnent, on peut dire que te
mépris, avec des outrages, avec une inso- qui y douiin le plu~, est une raillerie p eine
•
(1) Voyez l'anitle Moyv dans le Diclionn. hhlor. de l'iiisloire de Port-Royal, Cologne, 1770, pig. 73.
de t-'elhr, et ceux (in'il y uidi jne.
(1 1 l,e reJaclciir des lyouvelies ecclinailmies. Voy.
(2) Ltlre de. M. liacine, on réplique .iiix réponses Fontaine, ci-deftsii».
de Mil. Dubois cl IJarbier d'Aiicourt, dans VAbréaé
—
qu'il tournait si bien en ridicule. » Tradu- pour juger d'un livre intitulé Lettres Pro-:
ctiun d'une lellre de milord BoliiKjbrohe; vinciales de Louis Montalte, etc., après l'a-
pièce qui est de Vidtaire, dans ses OEuvres, voir examiné avec soin, cerlilions que les
éiliiion Beuchot, loni. XLlIi, ou Vlli des hérésies de Jansénius conl imnées par l'E-
Mélanges, pag. 208. glise sont soutenues et défendues, soit dans
« Les Lettres proirinciales sont lapins in- les lettres de Louis de Monlalte , soit dans
génieuse, aussi bien que la plus cruelle et, les notes de IVilliam Wendrock, soit dans
en quelques endroits, la plus injusie satire les disquisitiuns de Paul Jrénée (l) qui
y
qu'on ait jamais l'aile. » Temple du goût, sont jointes; qu'au reste cela est si évident
notes, tom. Xll de la nièaie édition, pag. 373. que, pour en disioiivrnir, il faut ou n'avoir
« Je ne cesse de ui'étonner qu'o.i puisse point lu ce livre, ou ne l'avoir pas entendu,
accuser les jésuites d'une moi aie corruptrice. ou même, ce qui est encore pis, ne pas tenir
Ils ont eu, comme tous lus autres religieux, pour hérétique ca (jui est condamné comme
dans des temps de lénèbrfs, des casuistes tel |iar les souverains pontifes, par le clergé
qui ont traité le pour et le contre des ques- de France et par la sacrée fa^ ulté de théolo-
tions aujourd'hui éclaircies, ou mises en ou- gie de Paris. Nous certifions de plus (]ue ces
bli. Mais, de bonne loi, est-ce par la satire trois auteurs sont tellement accoutumés à
ingénieuse des Lettres provinciales qu'on mé.lire et à parler insolemment qu'aux ,
doit juger leur morale? C'est assurément seuls j.inséiiistes près, ils ne ménagent per-
par le P. Bourdaloue, par le P. Chemi- sonne et n'épargnent ni le roi, ni les prin-
nais, par leurs autres prédicateurs, par cipaux ministres d.; l'Etat, ni la sacrée fa-
leurs missionnaires. culté de P,.ris, ni b s ordres religieux; et
« Qu'on mette en parallèle les Lettres pro- qu'ainsi ce livre mérite la peine portée par
vinciales et les Sermons du P. Bourdaloue, le droit contre les libe les infâmes et héréti-
on appri'iidra dans les premières l'art de la ques. Fait à Paris le 7 septembre de l'année
raillerie, celui de présenter des choses in- IGoO. »
diiïérentes sous des faces criminelles, celui He:iry de la Mothe, évéque de Rennes.
d insulter a\ec éloquence: on apprendra Hardouin, évéque de Rodez. François, —
avec le P. Bourdaloue à être sévère à soi- évé(iue d'Amiens. —
Charles, évéque (Je Sois-
même et indulgent pour les autres. Je de- sons. — Chapelas, curé de Saint-Jaeques.
mande alors de quel côié est la vraie mo- C. Morel. —
L. Bail. —
F. Jo. Nicolaï, de
ral ', et lequel de ces deux livres est utile l'ordre de Saint-Dominique. —
M. Grandisi.
aux hommes. — Saussois. —
F. Matthieu de Gangi, de.
« J'ose le dire; il n'y a rien de plus con- l'ordre des Carmes. —
Cbamillard. G. de —
tradictoire, rien de plus honteux pour l'Iiu- Lestocq.
maniie, que d'accuser de morale relâchée En conséquence de ce jugement, le con-
des hommes qui mènent en Europe la vie la seil d'Etal, S. M. y étant, reudit un arrêt le
plus dure, et qui vont chercher la mort au 2a septembre de la même année, qui con-
bout de l'Asie et de l'Améiiiiue » Lettre damne les Lettres Provinciales à être lacérées
au P, de la Tour, du 17 février 17i'j, im- et brûlées à la croix du Trahoir parles mains
primée cette même année in-i° et in-8°. de l'ej-éculeur de la haute justice.
OEuvres de Vultaire, édition Beuchot, tom. Trois ans auparavant, le 9 février 1657, le
LV, Correspondance, tom. V, lettre 1383, parlement de Protence les avait déclarées
pag, 90. diffamatoires, calomnieu.^i et pernicieuses au
11. —
Les deux puissances concoururent public; et cotnme telles les avait l'ait brûler
sans délai à foudroyer les Provinciales. par la main du bourreau.
Le 6 septembre 1637, ce livre fut con- Pendant plusieurs années on comballil de
damne à Hume par Alexandre VII. Dans le toute part les Provinciales pur un grand
décret on spécifie chaque lettre nommément, nombre de très-bons écrits. Le plus connu,
en commençant par la première, et en les et en effet le plus estimable, est la réponse
mari|uant toutes les unes après les autres du P. Daniel intitulée
, Entretiens de
:
jusqu'à dernière.
la Cléandre et d'Euduxe, Cologne, 1696, in-12.
Léo juin il fut proscrit par l'inquisition 111. — L'auteur des Provinciales était un
d'Espague, comme contenant des propositions bel esprit, grand luathemalicieu, bon physi-
Il reliques^ erronées, séditieuses, scanda- cien, mais très-ignorant en matière de Iheo-
logie, et logicien si pitoyable, qu'il se con- de nouveau le précipice qui l'effrayait. Que
tredisait sans s'en apercevoir. Par exemple, sert-il de parler à des imaginations alarmées?
dans ses premières Le/<rfs il regarde les Iho- vous voyez bien qu'on y perd toutes ses rai-
inistes comme ses grands
adversaires sur sons, et que l'imagination la toujours son
les matières de grâce. Il dit que les tho-
la train.
mistes se brouillent avec la raisoiL les moli- , Pascal, (lit Voltaire, croyait tnujours, pen
nistes avec la foi, et que les seuls junsénistcs dant les dernières années de sa vie, voir un
savent accorder la foi avec la raison. a'iime à côté de sa chaise. OEuvres de Voltaire,
Cependant, dans sa dernière lettre, il sou- édit. Beucliot lom. LIV, Correspond., tom.
,
tient que les jansénistes sont, sur la grâce, 1\', lettre 1100 à M. de S'Gravesande, pug.
du sentiment des thomistes. Y a-t-il contra- 330.
diction plus sensible et plus palpable? Son cerveau, dit ailleurs A'oltaire, se dé-
il s'embarrassait peu si ce qu'il avniiçiit rangea sur les dernières années de sa vie, qui
de plus injurieux au prochain était vrai ou fut courte. C'est une chose bien singulière que
non, pourvu qu'il fût tourné avec esprit. La Pascal et Abbadie, que l'on cite le plus, soient
marquise de Sablé lui ayant un jour deman- tous deux morts fous. Pascal, comme vous
dé s'il savait sûrement tout ce qu'il mettait suivez, croyait toujours voir un précipice à
dans ses lettres il lui répondit qu'il se con-
, côté de sa chaise. Traduction d'une lettre à
teniait de mettre en œuvre les mémoires niilord Bolingbruke, déjà citée plus haut.
qu'on lui fournissait, mais que ce n'était pas Pascal était donc, comme l'on voit, un
à lui d'examiner s'ils étaiinl fidèles. Etrange cerveau blessé, aussi bienqu'un cœur ulcéré;
moralel avec laquelle on s'associe aux plus or quel fond peul-oii faire sur le» ilécisions
grands imposteurs, on est complice de leurs et sur les récits d'un pareil écrivain? Un
plus atroces calomnies, on les colore ces ca- hypocoudre, qui voyait sans cesse un abime
lomnies, on les assaisonne, on les répand à son côté gauche, a dû voir dans les livres
dans tout I univers, et cela sans scrupule, des casuistes bien des choses qui n'y étaient
sans inquiétude et sans remords. pas.
Quoique Pascal eût ainsi sacrifié au parti
tout sentiment de foi, d'honneur
de pro- et Lettre au Père Annat... au sujet des ca-
bité, il n'eut pas la consolaiion de trouver suistes. 1637, in-4°.
dans ces messieurs des cœurs reconnais- Pascal essaya de répondre par cette lettr»
sants. 11 eut même
dans la suite les plus au Père Annat, qui avait publié un écrit in-
grands démêlés avec eux. Il prétendit qu'ils titulé La bonne foi des jansénistes en la ci-
:
avaient varié dans leurs sentiments, ou du tation des auteurs reconnue dans les Lettres
,
moins dans l'exposition de leurs sentiments. au Provincial. Paris, Flor. Lambert, 1656,
Eux, de leur côté, firent de lui un portrait in-i^".
peu avantageux. Ils dirent qu'on n- pouvait
guère compter sur son témoKjnage, qu'il ne Factum pour les curés de Paris contre un li-
voyait que par les yeux cVaulrui; qu'il était vre intitulé : Apologie pour les casuistes,
peu instruit des faits qu'il rapporte.,.; qu'en contre ceux qui l'ont composé, etc.,
etc., et
écrivant les Provinciales il se fiait absolu- avec Godelroi Hermant et l'abbé Perrier.
ment à la bonne foi de ceux qui lui fournis- Janvier, 1058, in-4°.
saient les passages qu'il citait, sans les véri- RÉPONSE des curés de Paris pour soutenir le
fier dans les originaux; que souvent, sur des Faclum par eux présenté à MM. les vicai-
fondements faux ou incertains il se faisait ,
res généraux pour demander la censure d»
des systèmes d'imagination qui ne subsistaient /'Apologie des casuistes contre un écrit;
que dans son esprit. Anecdotes importantes, intitulé : Réfutation des calomnies nou-
confirmées par les jansénistes eux-mêmes, vellement publiées par les auteurs d'un
dans un écrit intitulé Lettre d'un ecclé-
:
Faclum sous le nom de MM. les curés de
siastique à un de ses amis, pa;;. 81, 82. Paris, etc., le 1" avril 1658, in-4°.
Mais ce qui achève d'ôter toute créance à
ce satirique écrivain, c'est ce que dit de lui Censure du livre intitulé : Apologie pour les
M. l'abbé Boileau dans ses Lettres sur diffé- casuistes, faite par M. l'archevêque de
rents sujets de morale et de piété. Lettre 29, Rouen, 3 janvier iC>o'.), dressée par Biaise
le
t. I, page 207: Vous savez, dit-il, que M. Pascal. Suv l'imprimé à Rouen, chez Lau-
Pascal avait de l'esprit, qu'il a prisse dans le rens Maurry, 1659, in-4*.
inonde pour être un peu critique et qu'il ne ,
Censure de M. de Chery, évêque de devers,
s'élevait guère moins liant, quand il lui plai-
de /'Apologie des casuistes, du 8 novembre
sait, que le Père Mullebranclie. Cependant ce
1638, \n-k\
grand esprit croyait toujours voir un abime
à son côté gauche, et y faisait mettre un- Sixième écrit des curés de Paris, où l'on fait
chaise pour se rassurer. Je sais l'histoire d'o- voir par sa dernière pièce des jésuites, que
riginal. Ses amis, son confesseur son direc- , leur socié é entière <st résolue de ne point
teur avaient beau lui dire qu'il n'y avait rien condamner l'Aiioiogie, ei où l'on mo'itre,
à craindre; que ce n'étaient que des alarmes par plusieurs exemples, que c'est un prin-
d'une imagination épuisée par une étude ab- cipe des plus fermes de la conduite de ces
straite et métaphysique, il cunvenail de tout Pères de defeniro en corps les sentiments
cela avec eux; car il n'était null' vient vision- do leurs docteurs p;irliculiers le 2'» Juillet ;
ftfiQDÊTE des curés d'Amiens, présentée à déplacés, que la nature du livre et de la reli-
leur évêque le 3 juillet 1638, contre le li- gion dont il traite, les exclut positivement,
vre intitulé Apologie pour les casuistes;
: (icci regarde les Pensées en général. Un cri-
avec le Faclum qu'ils lui ont présenté le tique orthodoxe a relevé divers passages des
27 du même mois, et les extraits des écrits Pensées et du Discours sur les Pensées, édi-
dictés dans le collège d'Amiens par trois tion de 171i, et voici comment.
jésuites, contenant les mêmes erreurs que Après avoir cité et loué ces lignes extrai-
YApologie, attribué à Biaise Pascal. 1638, tes de la page 207, et qui sont trcs-rcmar^
in-4°. quables ,parce qu'elles sont de Pascal :
curés de Nevers, présentée à
Toutes les vertus, le martyre, les austérités
Requête des
et t'utes les bonnes œuvres, sont inutiles Imrs
leur évéque le 3 juillet 1638, contre un li-
Apologie pour les cnsuisles; de l'Eglise et de communion du dief de l'E-
vre intilulé :
f.uNCLCsioN des curés de Paris, du 22 no- dam, il ne lui resta d'usage de sa liberté que
vembre 1658, pour la public.iiion de la pour le péché, et il se trouva sans force pour
censure du livre de V Apologie des casuistes, le bien. Proposition fausse.Il est faux qu'.\-
faite par les vicaires généraux de l'ar- dam après sa chute n'ait pu faire que des
cLevcque de Paris; attribuée à Biaise Pas- péchés, et que le bien dans l'ordre naturel
cal. ln-i°. lui ait été impossible. Il ne lui fut pas même
Arrêt du conseil d'Etat, du 7 juin 1659, impossible dans l'ordre surnaturel, puisque
contre le libelle intitulé Journal de ce : la grâce nécessaire ne lui manquait pas.
qui s'est passé tant à Paris que dans les Non le Seigneur ne se cacha pas pour
:
provinces, sur le sujet de la morale et de Adam dans une nuit impénétrable comme le i
l'Apologie des casuistes. Paris, Gramoisy. dit le disciple de Pascal). Dieu ne lui parla-
1639, in4'. t-il pus après son péché, et ne lui promit-il
Ces pensées sont différentes réflexions sur refusait la grâce sans laquelle cet accom-
avait projeté d'en plissement était impossible cette grâce
le christianisme. Pascal
:
sifiées. Voltaire les a attaquées ; non content de Dieu , si on ne prend pour principe qu'il
uns éclaire les autres.
d'avoir traité l'auteur de misanthrope sublime aveugle les et
son livre. On sent comment un ennemi for- commença parfaire voir... que l'Ecriture a
cené du christianisme a dû parler d'un ou- deux sens quelle est faite pour éclairtr les
,
nés réflexions il mélo des cgûïsmes dont il il ne se veut découvrir qu'à un petit nombre
de gens qu'il en rend lui-même dignes, et ca-
sen^blc avoir pris le modèle dans les Essais
de Moutaigue, mais qui sont d'autant plus pables d'une véritable vertu.
, ,
qui périssent. Ils vont plus loin ils pré- : publia bientôt après une Suite de la Dénon-
tendent que Dieu les aveuyle que ses sain- ,
ciation ; Pastel voulut continuer de se dé-
tes Ecritures sont faites pour les aveugler, fendre, el de défendre en même temps la
et qu'i'/ ne veut se découvrir qu'au petit théologie qu'il avait approuvée il fil donc ;
pidité ou la charité rendent l'usage des sens Ce magistrat, qui ne devait pas être su'.pect
bons ou mauvais. Et la 4-8' Que peut-on être : au part:, parlant d'abord des tinq proposi-
autre chose que ténèbres, qu'égarement et que tions, dit qu'elles ont été portées à Rome comme
péché, sans la lumière de ta foi, sans Jésus- ertriiites des livres de Jansénius qu'il ist de
,
pour en réveiller la dispute; qu'on apurtaffé firmer dans les sentiments où j'étais sur ce sw
l'autorité des bulles et le pouvoir d; l'E(jlise, jet, me disant plusieurs fois qu'il ne pouvait
et prétendu que la soumission des eprits à la y avoir en ce monde ni repos, ni salut, qu'en
décision des papes, quant au droit, ne portait écoutant et recevant sa paiole dems une par-
aucun préjudice, el ne tirait aucune consé- faite dépendance. Il me lut luimême des écrits
quence pour la question du fait ; qu'ainsi l'on les plus forts qui lai avaient été enroys et
pouvait soutenir que ces mêmes propositions qui avaient été fait< contre la signature du
tant de fois soutetiues sous les étend irds de Formulaire ; il me dit : Il n'y a iicn de plus
Junsénius, avaient comme par un ai C mayi- savant, ni de plus cloquent; cependant mes
que disparu de ses écrits. sentiments subsistent, et il n'y a rien qui soit
M. Talon, venant ensuit à la leilie de • capable de les ébranler. El il m'exhorta fort à
M. il'Alelh, fait voir que le but de l'auleur est la pei sévérance.
de battre en ruine la déclaration par laquelle La vérité est madame, que je n'ai jamais
,
le roi a ordonné la souscription du Formu- été plus surpris que quand je sus qu'il avait
laire, d'élalillr comme un principe certain changé d'avis et qu'il était dani< le parti des
,
que l'hérésie des ja7isénistes est une chimère adversaires de la souscription. En ttn mot, je
sans fondement, et que le Formulaire n'étant crus, et je le crois encore, qu'il y aurait plus
ni l'ouvrage du pipe, ni des évéques assem- de sùretédc suivre monsieur d' Alelii, qui n'avait
blés dans un concile, personne n'est obligé d'y en ce temps-là consulté que Dieu seul. et écouté
souscrire. Le magistral foudroie ces pré- sa parole, que d'embrasser ses pensées lorsqu'il
tentijiis avec beaucoup de furce et d'élo- eût prêté l'oreille, et qu'il se fût laissé aller
quence, el démonlre qu'(7 ne se peut rien aux instances pressantes de ceux qui entre-
figurer qui choque plu-i ouveriemenc que cette prirent de lui faire changer sa première opi-
Lettre, et l'honneur du saint-siége, et lu di- nion, qu'il avait prise uniquement dans la pré-
gnité épiscopide, et l'autorité rogale ; que sence de Dieu, et qu'il avait conservée jus-
ï'évêque, protecteur d s jansénistes et lié d'in- qu'alors avec tant de fidélité et de religion.
térêt arec eux, rompt toutes les mesures du Je vous dirai madame une circonstance
, ,
devoir et du respect, et j)asse par-dessus tou- remarquable, qui est que la première fois qu'il
tes les règles de la ma lesiie et d' la bien- vie parla de la signature fut quelques jours
,
séance; que ntenaçant d'anathème les ecclé- après que je fus arrivé à Aleth ; et que 1 1 veille
siastiques de son diocèse qui sign-roni le For- démon départ il fit porter deux sièges à trois
mulaire, il sonne le tocsin de la guerre pour cents pas de sa maison sur le bord d'un tor-
,
renouveler un combat d'autant plus dange- rent où, après un entretien de deux heures,
,
reux, qu'il s'adres<:e directement à la piété et il me répéta ce qu'il m'avait dit sur cette ma-
à l'autorité rogale; qu'en un mol c'est un tière, me conjurant de demeurer ferme dans
libelle remnii d erreurs et de propositions pé- les sentiments oi'i il me laissait, nonobstant
rillemes. Telle est la juste idée que donne toutes les conduites qu'on pourrait pren^ire,
RI. Talon du scandaleux écrit de .M. l'uvêque et les 7'aisons dont on pourrais se servir pour
d'Aletli. Aussi fut -il supprimé, nvec ordre m'en faire changer. Parla grâce de Dieu j'y
d'informer contre ceux qui lavaient imprimé ai été fidèle, et je le serai jusqu'au dernier sou-
ou fait imprimer. pir de ma vie. ous pouvez prendre ce que je
i
sait aux autres les leçons les plus toiicîi.in- l\l. l'évêque d'Ali^lh en lOGil; "i" la sui prise où
les. Tout chrétien, disait-il, à l'abbé de llaiicé fut M. de la Trappe de son changement
,
;
(Projet d'une lellre de M. de Rancé à .M. de 3' les pensées vraiment catholiques de ce fa-
Tillemonl) est obligé de suivre les décrets et
, meux abbé sur le Formulaire.
les déclarations de ï' Eglise ; (7 faut demeurer M. d'Alotli,a,)rès son changement, enseigne
Jernic et mourir dans cette c mviction, et les en termes formels dans le Mandement donl
raison^i contraires ne valen' pis la peine d'être il est iii question l'héréiique distinclion
,
écoutées. Je sais, ajoute cet abbé, qu'il cban- du fait et du droit. Lu soumission que ion doit
Sea depuis. Mais je s lis aus >i de quelle adresse aux décisiotis de l'Eglise, se renferme, dit-il,
et de quels artifices on s'est seiv., et quelle di- dans les vérités révélées. ..Quand l'Eglise juge
ligence a été faite pour l'y porter. si des propositions ou des sens hérétiques sont
môme abbé
Le écrivit en ces termes sur le contenus dans un tel livre, elle n'agit que par
même sujet, le 2 janvier 1097, à madame de
) une l imière humaine, et en cela elle peut être
Saint-Loup Je vous dirii avec sincérité que
: surprise; et dans ce cas il suffit de lui témoi-
ma joie fut quand je trouvai M. d'Aleth,
entière, gner son respect, en demeurant dans le silence
non-seulement vivant selon les règles el'une mo- Ce mandement fut adopté par .M. de Beau-
rale exacte, et passant sa vie à les apprendre vais (Buzanval) le 23 jui.i; par -M. d'Angers
aux autres et à les faire observer dans tout (Arnauld) le 8 juillet et par AL François de
;
son diocèse ; mais quand je lai reconnus une Caulet évéque de Pamiers le 31 du même
, ,
et supprimés par un arrêt du conseil rendu parfaitement le mystère odieux des appro-
le 20 juillet IGGo. Peu s'en fallut que l'opi- bations de plusieurs évéques données après
nlâlrelé de ces prélats ne leur fil perdre leurs coup au Rituel d'Aleth.
sièges, et ne bouleversât l'Eglise. Nous menlionnerons encore de M. Pavil-
lon :
lique et de ses sacremenis; et il le prouve raît, du livre suivant, qu'on avait attribué 9
par ce qui est prescrit dans la page 91, savoir, Pierre Bojer.
que la satisfaciion doit précéder l'absolution : Parallèle de la doctrine des païens avec cellt
Satisfaclio débet absolutionem priecedere. des jésuites el de la Constitution. Amster-
Le pape Clément IX ajant fait examiner
,
dam 1726. ,
son ami et son confrère en Jansénius, fût Relation abrégée de la maladie et de la mort
alta(]ué après sa morl pir un évoque parti- d' M. Ravechet.
culier Il écrivit donc une leitre piquante à Sous le Rouge , la fa-
syndical de M. Le
!\Lde Toulon, qui lui réjjondit avec fermeté. culté de théologie de Paris avait reeu pure-
M. de Saint-Pons répliqua par une autre ment el Cooslilulion. Ilya-
sinipleiiu'iit la
Icitro d'une longueur énorme, datée du 19 cinlhe l'aiccliet, dexenu syndic el sc ulènu
jioûl 1678, dans laquelle cet adroit prélat par quelques ilocleurs hélérodoxes, enlre-
cheicheà donnrrle change el ne vient jamais pril (le fiire reg irder comme nulle une si
à son -ujel. On a réuni toutes 'es pièce> de solennelle uccepialion el, pour y réussir, il
;
celle dispute dans un pi lit iii-1-2, intitulé: ne craignit jias de se rendre roupai)lc de la
Rerueil de ce q it s'est passé ei\tre les MM. plus indigne fourberie, ainsi qu'on le démon-
éiéqnrs de .'iaint-l'ons et deTonlon, au sujet tra en 1716 par des laits certains et incon-
du lUtnel d'Mcib. La rtern:ère ièce de ce He-
|
testables. Ce fougueux docteur ayant été ,
cueil est cxcelenle elle met en poudte les
: pour prix de ses criminelles manœuvres ,
<lcux lettres de .M.deSainl-Pins. c; dévoile exilé à Saint-Brieuc en 1717 et passant par
,, .
révénemeiil qui fait la matière de lécrit dont d'un théologien sur la distinction de religion
nous parlons. naturelle et de religion révélée, 1770 ; sis
Les religieux de l'abbaye de Saint-Melaine, Lettres d'un théologien où l'on examine la
qui passèrent dans le temps pour en être les doctrine de quelques écrivains modernes con-
auteurs, traitent le sieur Uavechet de confes- tre les incrédules, 1776, 2 vol. (ces écrivains
feur de Jésus-Christ, il'honime qui a rendu sont Delamarrc Paulian Floris el Nonotle,
, ,
d'imporlanlis services à VE(jlise, qui a souffert tous anciens jésuites, qui avaient le malheur
pour la cause du Seigneur, et qui lui a été de ne pas penser comme Pelvert sur beau-
immolé comme une viclime d'agréable odeur. coup de matières, et qu'il critique en consé-
Et comme ce rél'ractaire renouvela à la mort quence avec la sévérité la plus minutieuse) ;
son appel au futur concile, et confirma tout Dissertât on sur la nature et l'essence du sa-
ce qu'il avait fait en Sorbonne pendant son crifce de la messe, 1779, in-12; Défense de
syndicat ces mêmes auteurs parlent de cet
, celte Dissertation, 1781, H vol. in-12 (1);
acte comme d'un monument éternel de son H.! position succincte, et comparaison de la
attachement à la foi de VEqlisc, et de son zèle doctrine des anciens et des nouveaux philo-
à la défendre jusqu'au dernier soupir. C'est sophes, 1787, 2 gros vol. iii-12. Pelvert mit
comme on sait, la coutume de la secte de la dernière main au Iraité posthume de Gour-
travestir en héroïques vertus les plus grands sin sur la grâce et la prédestination, en 3
crimes de ses suppôts. gros vol. in-4-°.
On tenta à Rennes de faire passer pour PERiîIER (L'abbé). Voyez Mautre (.In-
saint ce novateur; mais comme il ne se
toine Le).
trouve point dans cette ville autant de dupes
qu'à Paris, el que d'ailleurs les plus habiles PETIT DE MONTEMPDYS (Jean-Gabr»el),
fourbes du parti étaient occupés à Sainl-Mé- recteur de l'Université de Paris.
dard, la tentative n'a point léussi.
Oratio habita die 22 mensis junii anni 1716
On attribue cette relation à dom Julien
Pelé, bénédictin.
m comitiis generalibus Lniversilatis, ad-
versus libellum cui titulus : Déclaration de
PELVEUT (Bon-François RIVIÈRE , plus M. l'êvêque de Toulou au clergé de son
connu sous le nom de), théologien appelant, diocèse; cum conclusionibus universita-
naquit à Rouen en Hli, et se fit ordonner lis, etc.; latine et gallice. Paris, 1717,
prêtre en 1738, par M. de Giylus, qui réu-
in-4'.
nissait précieusement les réfractaires des
Il y fut répondu par une Lettre d'un ancien
autres diocèses. Pelvert fut professeur de
théologie à Troyes, sous M. Bossuct. Lors de professeur. In- 12.
la démission de ce prélat il se relira à Paris, ,
DÉLIBÉRATIONS et conclusions de VUniversiti
et fut reçu dans la communauté des prêtres de Paris sur la proposition d'appeler de la
de Saint-Josse, ou le curé Bournisson ras- consiitution Unigenitus au futur concile
semblait des appelants de Paris et des pro- général, 1717, petite brochure in-12 de 35
Tinces. La mort de ce curé, en 1753, engagea pages.
Pelvert à se joindre à l'abbé Mesnidrieu, M. de Montempuys présida à ces délibéra-
et à former avec lui et quelques autres tions.
une autre communauté secrète; cardans Cet écrit n'est pas l'acte d'appel de l'Uni-
ce parti on aimait beaucoup 1rs rassem- versité, mais la résolution qui fut prise, le
blements el le mystère et pour cause. Pel- , 12 mars 1717, d'envoyer des uéputés à M. le
vert assista au concile d'Utrecht, en 17G3. duc d'Orléans, régent du royaume, pour l«
Voici les titres de ses ouvrages Disserla- : supplier de lever la défense qu'il avait faite
à l'Université d'adhérer à l'appel des quatre morum pontificum ;lalinitnle donatus pcr
évêques. P. Gallum Cartier; editio prima, ab auctore
Dans los Délibé7-ations, dont il est ici ques- revisa. Auguslœ Vlndelicorum, G. Schliiter,
tion, chaque nation de la faculté dos arls 1727, in-8'. L'autour y soutient que les Pères
parle de la Constitution d'une manière in- ne décidèrent la supériorité du concile sur le
digne et avec la plus grande indécence. La pape que relativement au temps de trouble
nation de Picardie dit (pag. 17) que celte et de schisme oîi se trouvait l'Eslise. Il y a
bulle est contraire aux droits du roi et du dans cet ouvrage des extraits d'un traité de
royaume à VmUorité des évê(iues et aux
, Gerson, qui ne répond guère à l'idée que l'on
dogmes de ta foi et di-s mœurs. La n.'iticn de avait ordinairement de cet homuie célèbre ;
Normandie assure (pag. 19) que ce décret mais des critiques judicieux ont pensé avec
iparaU contraire à la parole de Dieu, à In pra- raison, ou que ce traité n'est pas de Gerson ,
tique de l'Eijlise catholique touchant Vadmi- ou qu'il a été substantiellement altéré par le
nistraiion d'S sacrements de la pénitence et de luthérien Vander Hart, cjui le publia le pre-
l'eucharistie, à la discipline de ta même Eglise, mier ,
quoiqu'on puisse excuser certaines
et aux libertés de celle de France. Les fa- expressions par les circonstances tout à fait
cultés de droit et de méJecinc n'opinèrent pénibles et alarmantes où était l'Eglise du-
point dans ce;te occasion. rant le grand schisme.
çaise, habillé en femme, et qui, pour avoir y fil l'essai des règlements et de toute la li-
donné au public une scène si scandaleuse, turaie que les frères pratiquaient en Hol-
fut exilé par lettre de cachet.
lande. La renommée en publia des clioses
étonnantes. On y accourut en foule de la
PETIT-DIDIER Dom Matthieu), bénédi. tin capitale et bientôt Asnières devint un autre
;
logie, qu'il révoqua son appel, et rompit l'aulorité royale s'indignait enfin contrai- ,
toutes les liaisons qu'il paraissait avoir avec gnit les officiers de la faculté à lomparaitre
quelques-uns du parti. par-devant les ministres, fit biffer la conclu-
Apologie des Lettres provinciales de L. de sion qui réliabilitait le docteur, et chassa
Monlalle, contre la dernière réponse des plus ignominieusement ce perturbateur du
PP. Jésuites, !/i(ii«/^e; Entreliens de Cléan- repos public, p L'évéque de Baye^x M. de (
dre et d'Eudoxe (par le P. Daniel). Rouen Lorraine) le prit alors pour son théologien.
(Delft, Henri van Rhin ) 1097 et 1C98 ,
,
Ce prélat étant mort en 1728, Pclit-Pied se
lom. II en 1 vol. in-12. retira de nouveau en Hollande. 11 obtint son
rajipcl en 173+ et mourut a Paris eu 17i7.
Nous avons déjà dit qu'il désavoua cet ou- ,
vrage ; on y avait fait beaucoup de change- Pendant son séjour en Hollande, près de
ments. Après cela, el après s'élrc déclaré en Quesnel, Pelit-Pird publiâtes Lettres sur let
faveur de la bulle
Unigenitus, Petit-Didier fit excommunications injustes, —sur le Formu-
imprimer une Dissertation sur le sentiment laire, —
sur le Silence respectueux; —la Jus-
du concile de Constance sur l'infaillibilité des tification de :M. Codde; — de l'Injuste accusa-
papes; Luxembourg, 172'i— 1723, in-12; tra- tion de jansénisme, plainte à M. Hubert; —
duite en latin sous ce titre 'frnctalus theo- : Us Réflexions sur un écrit du dauphin; — les
logicus de auctoritate et infallibilitate sum- Lettres théologiques , contre le cardinal do
759 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 760
nissy, en faveur de Juénin, — et l'Examen Il y nie précisément tous les faits allégués ; et
tliéologique. voici en particulier comme il s'exprime sur
Revenu en France, il écrivit contre M. Lan- le jansénisme.
fîuet et contre le corps de doctrine de 1720. Quoique je ne sois pas bien profond dans
Il le nom de l'évêque de Ba\eu\,
donna, sous la théologie, je sais assez que la doctrine de
deux Mandements, en 1722, sur des proposi- Jansénius rend quelques commandements de
tions de théologie deux Instruciion^ pasto-
;
Dieu impossibles aux justes ; qu'elle éla' lit
ra'cs, l'une du 17 juillet 172'i, et l'autre du une nécessité d'agir, selon la détermination
15 janvier 1727, et des Remon:rances au roi. de la grâce intérieure on de la concupiscence,
Le Mémoire des curés de Paris (Voyez Cl'RÉs sans qu'il soit pos.-ible de résister, se restrei-
de Paris], du 16 mars 1727, et la Lettre des dix gnant à la seule exemption de contrainte pour
évéques au roi, du ik mai 1728, sont encore l'action, soit méritoire nu non; qu'elle fuit
de Peiit-Pied. Dieu, injuste lui-même, puis/ue, contre la dé-
Retourné en Hollande en 172S, il travailla cision expresse du concile de Trente elle le ,
r.vec Le Gros au dogme de l'Eglise touchant fait ab indonner le premier, les justes lavés
l'usure, ouvrage latin. dans le baptême de la tacite du péché originel
Revenu de nouveau en France en 1734, et réconciliés avec lui; en sorte que, tout par~
il composa ses trois Lettres sur le> convul- donné qu'est ce péché. Dieu en conserve encore
sions plusieurs écrits sur la dispute agitée
;
assez la mémoire, pour, en conséquence leur ,
être question plus au long de quelques-uns Dieu agit alors tn l'homme, sans que l'homme
de ces écrits. y ait aucune part que de faire volontaire-
,
Voici quelle en fui l'occasion. peut être un véritable mérite ni démérite de-
Deux mois avant la mort de M. le dauphin vant Dieu, toujours infiniment juste; enfin
(duc de Bourgogne arrivée le 18 février
, qu'il enseigne que de tous les hommes. Dieu ne
1712, ce prince lut informé, par des lellres veut le salut que des seuls élus , et que Jésus-
écrites de Rome, qu'on y débitait diverses Christ, en répandant son sang, n'a prétendu
faussetés sur son sujet par exemple, qu'il
: sauver que les seuls élus.
s'était entièrement déclaré contre les évoques Je s^iis que tout ce système, supposant en
de La Rochelle et de Luçon, dont le procédé Dieu de l'injustice et de la bizarrerie, si j'ose
l'avait extrêmement indigné qu'il était dis-
; ainsi m'exprimer, porte l'homme au liberti-
posé à favoriser hautement les jansénistes ,
nage par ta suppression de sa liberté. Je sait
qui trouveraient dans lui un protecteur d'au- aussi que les jansénistes, après avoir soutenu
tant plus éclairé, qu'il possédait parfaite- hautement le droit de la véritable doctrini
ment les Pères et surtout saint Augustin ;
des cinq proposi ions et ayaiil été condam--
,
que le P. Le Tellier lui ayant présenté un nés, se sont rejetés sur la question de fait du
ouvrage contre 'es Réflexions morales du livre de Jansénius ; qu'ayant encore perdu ce
P. Quesnel, les Pères Bénédictins quelques ,
point ils sont venus à la suffisance du si-
semaines après, lui en avaient donne un au- lence respectueux; et que, forcés dans ce rc
tre, où ils faisaient voir que celui-là était tranchement par la dernière constitution de
plein de fausses propositions et de passages y. s. Père le pape, ils ont recours à mille
tronqués ou altérés ; qu'il avait fait là-des- subtilités scholastiques pour paraître simples
sus une forte réprimande à ce jésuite, et un thomistes, mais qu'ils gardent dans le fond
éloge des jansénisies et de leur doctrine. tous les mêmes sentiments; qu'ils sont schis-
Le prince apprit en même temps que ces maliqiies en Hollande: et que, soit qu'ils sou-
bruits avaient été non-seulement répandns tiennent ouvertement la doctrine, soit qu'ils
dans Rome depuis plusieurs mois, mais qu'ils se retranchent sur le fait, soit qu'ils s'en
y faisaient impression sur le peuple que des ;
tiennent à ce silence respectueux , ou à un
prélals, des cardinaux, et le pape même, ne prétendu thomisme, c'est toujours une cabale
laissaient pas d'en être alarmés, vu la hardiesse très-unie e! des plus dangereuses qu'il y ait
avec laquelle les émissaires du parti don- jamais eu et qu'il y aura peut-être jamais
naient ces prétenilus faits pour conslants, sur Je crois qu'en voilà bien assez , dit le
les lettres qu'ils se vantaient d'avoir de per- prince en finissant, pour détruire les soup-
sonnes d'une grande distinction qu'ils nom- çons que l'on a répandus si mal à propos sur
maient. Tout cela détermina M. le dauphin mon sujet, mais dont je ne saurais être que
à composer, avec l'agrément du roi., un .Mé- trrs-alarmé pu'squ'ih sont arrivés jusqu'aux
,
Je voudrais être à portée de pouvoir les n'avait fait que transcrire, encore d'une ma-
dissiper moi-même, et d'expliquer plus au nière qui prouvait qu'il n'entendait pas ce
long que je ne ne fais ici ma soumission à qu'il écrivait en sorte qu'il eût été à dési-
:
VEglite, mon attachement au snint-siéi/e, et rer, pour son honneur, aue l'écrit n'eût ja-
mon respect filial pour celui qui le remplit mais paru.
aujourd'hui. C'est donc afin qu'il connaisse L'audacieux calomniateur pouvait-il se
mes sentiments que j'ai cru devoir donner contredire d'une manière plus altsurde et
ce Mémoire, oii. repondant article par article plus grossière? Après avoir parléde M. le
aux mon cha-
choses que l'on a avancées sur danphin, comme d'un prince qui avait l'es-
pitre ,
j'espère demeureront plus
qu'ils ne prit infiniment élevé et pénétrant, il ne rou-
douteux, et que non-seulement par mes dis- git pas de le représenter aussitôt comme un
cours, mais par toute ma conduite on me ,
homme faible et crédule à l'excès, ou plutôt,
verra suivre les traces du roi, mon grand-père, comme un imbécile, qui ne sait presque ce
au témoignage duquel je puis m'en rapporter, qu'il dit, ni ce qu'il fait. M. Joly de Fleury,
s'il en est besoin l'un des avocats généraux, ne manqua pas
Le prince était sur le point d'envoyer cet de faire sentir cette contradiction. L'arrêt
écrit à Rome, lorsqu'il tomba malade. Après qui condamna le libelle a être lacéré et
sa mort, on le trouva parmi les papiers de brûle par la main du bourreau fut rendu le
sa cassette, tout de sa main, avec des ren- 17 juin 1712, et exécuté le jour suivant, avec
vois et des ratures, qui ne permeit.iicnt pas les plus grands et les plus justes applaudis-
de douter qu'il n'en fût l'auteur. Le roi, pour sements de tous les catholiques.
suivre. les pieuses intentions du prince, fit M. le Normant, évéque d'Evreux publia ,
présenter le Mémoire au pape par M. le car- cet arrêt dans son diocèse par une lettre du
dinal de la Trémouille, et Sa Sainteté mar- 1" septembre de la même année.
qua dans son bref à Sa Majesté, en date du
RÈGLES de l'équité naturelle et du bon sens
k mai, « qu'elle l'avait reçu avec plaisir, lu ,
fût pure et sans tache, il était néanmoins L'auteur, dans l'avertissement, page i
très-important pour la doctrine orthodoxe convient que la bulle a été reçue et enregis-
<iue le Mémoire dissipant tous les nuages , trée à la pluralité des voix, par la faculté de
découvrît l'artifice et les tromperies de ceux théologie de Pans : cependant il ne laisse
qui semaient des discours pleins d'impostu- pas de publier son libelle, pour consoler,
res; que cet écrit serait un monument plus dit-il, ceux qui n'ont pas été de l'avis d'ac-
durable que l'airain, un monument éternel cepter et d'enregistrer. Pour lui, il prétend,
de la piété et de la gloire du prince. " page 5.3, que Von ne peut ni accepter ce dé-
On le répandit donc à Rome et en France; cret , ni l'enregistrer, même avec des explica^
il fut imprimé par ordre de Louis Xi\', et tions, parce qu'il n'est pas possible d'en trou-
envoyé à tous les évéques et intendants ver aucune qui soit en même temps conforme
.des provinces. Il est aisé de s'imaginer que à la raison, à la religion, à l'équité.
ceux dont on attaquait la doctrine ilans le
Mémoire souffrirent fort impatiemment qu'il I'aamf.n théologique de l'instruction pastorale
fût devenu public par l'ordre exprès de Sa approuvée dans l'assemblée du clergé de
Majesté. Aussi mirent-ils tout en usage pour France, et proposée à tous les prélats du
le faire tomber dès qu'il parut; et c'est le royaume pour l'acceptation et la publi-
but du libelle qui donne lieu à cet article. cation de la bulle du pape Clément XI
Comme il y aurait eu de la folie à le pren- du 8 septembre 1713, 1715-1716, 3 vol.
dre sur le ton dédaigneux, en p'irl.int du in-12.
prince, après les louanges qu'on lui av.iit Le P. Honoré de Sainte-Marie carme dé-,
données en toute occasion, et qu'on sentait chaussé, répondit à Pdit-Pied par quatre
malgré soiqu'il méritait dans tnulc leur éten- tomes de difficultés qu'il lui proposait, et
due, l'auteur prit le parti de le comiiler de il lui démunir,! qu'il soutenait les cinq
nouveauv éloges; mais ee ne fut que pour propositions de Jaixénius et qu'il avait
,
en conclure qu'il n'avait nulle pari au Mé- réalisé le prétendu fantôme du jansénisme.
moire, (jn'on supposait peu eo ivenablo à sa Rien n'égale le style mordant et chagriu
dignité et indigne de lui. C'é'ail, disait-on, de Petil-Pied. Son ouvrage est un dicliou-
l'ouvrage de la cabale molinienne, ijui avait n-iire d'injures et de calomnies. (Jn ne sait
lâché de lui inspirer ces frayeurs; et (ju'il s'il n'a pas surpasse dans cette sorte Uo lit-
703 DICTIONN.\mE DES J.\NSENISTES. 764
vrase en Hollande sous les jeus du P. Ques- Second Mémoire pour MM. les plénipoten-
nel." tiaires a<sembtés à Soissons, en leur adres-
Ildébute en ces termes Si on ne peut : sant la Dénociation des jésuites et de leur
donner uie plus jufle idée de la constitution doctrine. ln-4°.
du 8 septembre 1713, qu'en disant qu'elle On se propose dans cet imprimé, comnae
renverse tes notions communes de la religion dans le précédent, d'engager Sl.M. les pléni-
et de la lliéologie chr' tienne, on ne peut
potenliairesàsemêlerdes affairesde l'Kglise,
mieux caractériser l'instrurtion pastorale ap- et en particulier à soutenir contre les jésuites
prouvée par quarante évô lues de France, le parti que^n( liisle. Ce libelle fut lacéré et
qu'en disant qu'elle choque toutes tes règles brûlé pararrêl du parlement du 8 mars 1728.
du bon sens, de l'équité et de ta bonne foi. Les auteurs inconnus de cette Idtre, dit l'ar-
Tel est IcjU-'cnienl que ce téméraire écri- rêt, semblent adapter tin nom de parti, et sou-
vain, ;issis sur la chaire de pestilence , a mis aux lois de l'Etat par le litre de sujets du
prononcé contre ces deux objets dignes de roi, ils ne craignent point de réclamer des
la vénération de tous les siècles par les ,
pu&sances étrangères par un libelle anonyme
grandes lumières répandent, par les
qu'ils
et scandaleux.
dogmes qu'ils alTerniisseut et par les er-
,
Qu'on ajoute à ces deux Mémoires ce que
reurs qu'ils condamnent. nous avons dit de la lettre à .\1. d'Avaux (1),
h'Examen lliéologique fut censuré par le et l'on verra que les jansénistes ,
malgré
suffrage de près de trente évêques en 1717. l'envie qu'ils ont de se cacher, prétendent
cependant dans les grandes occasions se dis-
Répo!*se au premier Avertissement de M. l'é-
tinguer du reste de la nation, et en être,
xéque de Soissons, imprimée en 1719, cl
pour ainsi dire, une portion séparée qui
publiée en 1721, olG pages in-12, outre
puisse figurer dans l'Europe et traiter avec
un Avertissement qui n'est pas de l'auteur
les minisires des puissances étrangères.
de la réponse.
L'Examenpacifique de la bulle et le Traité
Ce sont là les deux premières parties de de la ne furent publiés qu'après la
liberté
l'ouvrage. Deux mois après ont paru la troi- mort de l'auteur. On remarque que Petit-
sième et la quatrième partie, eu 328 pages Pied et son éditeur y miti^eaient sur plu-
in-12. sieurs points lado trine des appelants. Gour-t
Rien ne prouve mieux la bonté des ou- lin le réfuta dans cinq lettres où il leur re-
vrages de M. Langue), é\cque de boissons proche de favoriser le molinisme. Plusieurs
et depuis archevêque de Sens, que l'embar- Lettres de Petit-Pied, une entre autres du
ras où ils ont jeté le parti l'empressement , 13 mars 1737, où il se déclare contre les cou.
qu'ont eu les jansénistes d'y répondre, et le vulsions et blâme hautementles convulsion-
peu de suecès de tous leurs clTorts. 11 est naircs ; sa cou roverse avec Boursier sur
évident qu'on n'a opposé jusqu'ici à ce pré- les vertus théologales, qui produisit plu-
lat que des erreurs, des sophismes et desin- sieurs écrits ; celle sur la crainte et la con-
jures. fiance, qui en enfanta encore davantage ,
mecoiUenlèrent le gros des appelants. Ou
MÉMOIRE fji forme de lettre pour être présen-
ne trouvait plus Peiil-Pied assez ardent. Il
té à MM. les plénipotentiaires de Soissons.
paraît que dans sa querelle sur la crainte,
In-i°.
il abaudonnail les principes rigoureux des
L'objet de cet écrit est d'intéresser le janséustes.
congrès de Soissons dans la cause com-
mune des nouveaux sectaires, et par là PHILIP.ERT (Emmancel-Robert de), pseu-
ils se flattent, disent-ils, de rendre jansé- donyme de Jean Antoine Gazaignes. Voyez
niste toute la terre, jusqu'au Mexique et au ce nom.
Pérou, jusqu'au Paraguay et aux jésuites PILÉ (Dems), prêtre du diocèse de Paris,
mêmes. Ils s'efforcent de faire remarquer à suivait pour la liturgie rexemple de Jubé,
MM. les plénipotentiaires et à leurs maîtres curé d'.Csnières. Il est auteur de plusieurs
une inOniié de maux auxquels le seul con- ouvrages dont nous citerons uni' Réponse
cile général peut remédier. Ils leur repré- aux Lettres thcologiqws de La Tasie un ;
sentent les abus de la cour de Uome. Ils écrit en l'honneur du diacre Paris la Lettre ;
leur exposent la décadence des bonnes élu- d'un Parisien à M. l'archevêque ; et une tra-
des, et spécialement la négligence des fidèles duction des Livres de saint Augustin à Potlen->
dans la lecture des livres saints, ei les abus tius.
qui en résultent. PIN (Louis Ellies du, naquit à Paris ea
Ce Mémoire, daté du 21 avril 1728, a 1657 il fut docteur de Sorbonne, grand ap-
;
été trouvé dans ies papiers de Pelit-Pi^d, probateur des mauvais livres (p ir exemple,
salais par le commissaire l]ourcy, suivant le des Réflexions de Quesuel, des ouvrages de
(1) Voytt k l'article QoESKBL, l'endroit où il s'agit de la Leiin à un député du tecond ordre
7G.J PET PET 766
Fontaine, cic.) ; et il on
liii-môme de
fit façon de penser et de sa conduite, on no peut
trè>--|)ernioienx. Il fut exilé on 1701 pour lui refuser un esprit net, précis, méthodi-
avoir signé le fame'ix Cas de con^cioiice, et que une lecture immense une mémoire
, ,
lo pape en remercia le roi dans un bref du heureuse, un style à la vérité peu correct,
10 avril 1703, où il appelle ce docteur un mais facile et assez noble et un caractère
,
homme d'une très-mauvaise doctrine et cou- moins ardent que celui qu'on attribue d'or-
pable de plusieurs excès envers le siéîe apo- dinaire aux écrivains du parti avec lequel
stoli(|lre :A'fr/Kî'on's doctrinœ hominem, te- il était lié. » Il mourut à Paris en 171'J, à
moralœijue sœpius apostolicœ sedis reum. Il l'âge de soixante-deux ans.
é'ait d.iiis nne clroilc liaison et dans nm^ re-
BiHLioTnÈQUE des auteurs ecclésiastiques.
lation c nlinuelle avec r.irclievèqne de Can-
torbéry, Guillaume Wake. On on
sut, et
Deux éditions : une à Paris , l'autre en
le
Hollande.
finit par découvrir qu'il existait entre eux
un projet pour réunir à l'Eglise amilicane le C'est un livre semé a erreurs capitales.
parti des jansénistes opposants, rédigé par Aussi a-t-il été flétri par plusieurs évéques
du Pin. Miùs écoutons la-dessus M. Lisfi- du royaume, et en particulier par M. de
leau, é\cque de Sisleron. « Le docteur du Harlay, archevêque de Paris, qui le con-
Pin, dit-il [Ilist. de la Constitution, tom. H, damna IG avril 1G93, comme contenant
le
liv. v), si connu en Sorbonne par ses excès, plusieurs propositions fausses , téméraires,
avait fait un traité exprès sur ce projet de scandaleuses, capables d'offenser les oreilles
réunion. Il y avait longtemps qu'on le savait pieuses, tendant èi a/faiblir les preuves de la
dans une étroite liaison et dans une relation tradition sur l'autorité de livres canoniques,
continuelle avec MI. l'arclicvéque de Canlor- et en plusieurs autres articles de foi, injurieuses
béry, c'est-à-dire arec l'homme que l'/ùjtise aux conciles œcuméniques , au saint-siége
anglicane a le plus distingué par le rang. apostolique et aux Pères de l'Eglise, erro-
D'abord on supposa que ce commerce était nées et induisant à hérésies respectivement.
un devoir de pure civilité. Dans la suite on Voici uneparliedes erreurs que l'on trouve
y soupçonna du mylère, il transpira quelque dans ce volumineux et pernicieux ouvrage.
chose : on y cul l'œil, lin fin on parvint à la 1° M. du Pin répète cent fois dans son
connaissance du plus abominable complot Cinquième siècle, qu'on peut appeler Marie
qu'un docteur catholique ait pu tramer en ma- mère de Dieu, it que celte expression est
tière dereligion. L'apostasie n'eut jamais rien tolérée et vraie dans un sens ; mais il affecte
de plus crimiml. {Y oyez Covrwer.) LeiOfé- d'inculquer que cette expression n'csi pas
v;i>r(1710) l'ordre fut donné en ma présence ancienne et qu'elle a été introduite parle
d'aller chez le sieur du Pin et de saisir concile d'Epbèse. 11 affaiblit tout ce qui fa-
ses papiers. Sicr l'heure ils furent tous enlevés. vorise le culte d'hyperdnlie que l'Eglise
Je me trouvais au Palai-Royal au moment rend À la mère de Dieu. 11 accuse le concile
qu'on les y apporta. Jl y était dit que les prin- d'Epliè^e de précipitation et de politique. 11
cipes de notre foi psuvent s'accorder avec les ose avancer que ce concile a donné dans
principes de la religion anglicane. On des excès qui n'ont pas été suivis; et il faut
y
avançait que, sans altérer l'intégrité du dog- bien remarquer que ce qu'il appelle excès
me, on peut abolir la confession auriculaire dans ce concile, c'est d'avoir dit souvent que
et ne plus parler de transsubstantiation dans Dieti est né , qu'il a soujjert et qu'il est mort.
le sacrementdel' eucharistie, anéantir les vœux 11 supprime tout ce ((ui peut rendre ^es-
dereligion, permettre le mariage des prêtres, torius odieux, et il accuse au contraire saint
retrancher le jeune et l'abstinence du carême, Cyrille de cabale et de partialité. Il le peint
se passer du pape et n'avoir plus ni commerce comme un homme inquiet, brouillon, em-
avec lui, ni égard pour ses décisions. porté, faux et mauvais politique. Et voilà
« Les gens qui se croient bien instruits, ce qui a donné tant de cours en Hollande
dit Fcller, assurent que sa conduite était aux ouvrages de du Pin, et ce qui l'a
conforme à sa doctrine qu'il était marié, et
;
tant fait vanter par les sociniens, surtout
que sa veuve se présenta pour recueillir sa par Le Clerc.
succession. Si ce docteur était tel qu'ils nous 2° Notre auteur affaiblit autant qu'il peut
le présentent, le pape devait paraître mo- les preuves de la primauté du saint-sii'ge ;
déré dans les qualifications dont il le charge. il traite de purs compliments tout ce que
Ses amis ont voulu faire regarder son projet saint .Viigstin dit là-dessus.
de réunion de l'Kglise anglicane avec l'E- 3' lldii dans s in V' tome que le culte des
glise romaini' plutôt comme lo fruit de sou imagos n'a été introduit que par les igno-
esprit conciliant que comme une suite de rants et par les simples, et qu'il a été fortifié
son ppncliant pour l'erreur mais comment ; par les faux mira les (ju'on a attribués à ces
accorder ce jugement avec ce que l'évéquc images. Il ajoute (ju'on ne doit point traiter
de Sistcron dit avoir lu de ses propres yeux d'bérétiiines ceux qui rejettent les imai;es,
dans les écrits dd du l'in On sait d'ailleurs
'? et qu'il n'en fiui point souffrir qui repré-
qu il ét.iil partisan de Uiclier, et qu'il prù- se;:t.nt ni Dieu, le Père, ni la très-sainte
iiait son démocrali luo système, lotalemenl Trinité : proposition condamnée en particu-
desiructif de la hiérarchie et de l'unité de lier par Alex.ndre V'IIJ.
l'Eglise, et cela même après que le syndic 4' 11 parle des samts Pères et dos plus
eut soleniiellemcnl abjuré ses erreurs. Du grands docteurs de i'Egiise de li manière du
reste,quelque idée que l'on se fasse de sa monde la moins respectueuse , ou plutôt
767 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. %&
avec autant et plus d'auilace que n'on ont l'assemblée du clergé, et qu'elle a été ac-
fait paraître Le Clerc, Bai/le et Barbeyrac. compagnée de lettres patentes enregistrées
Il dit qup saint Grégoire de Nazianze a eu dans tous les parlements du royaume. Eul-
trois éiéchés sans avoir jamais élé légitime il jamais rien de plus conforme à nos usages
norait les reliques et rro} ait facilement les Du Pin prétend ici infirmer l'autorité du
miracles saint Léon ne cherchait qu'a faire
;
bref de Clément XI, en 1708, contre le Nou-
valoir son autorité saint Epiphane n'avait
;
veau Testament du P. Quesnel, et donner au
ni conduite, ni jugement, etc. Et tandis contraire un grand poids à la prétendue jus-
qu'il traite avec si peu de respect les Pères tification (le ce même ouvrage, publié sous
et les docteurs, il prodigue au contraire le nom de M. Bossuel, après sa niorl.
ses éloges à Eusèbe de Cesarée, et il dit Il trouvait mauvais que M. Gaillande as-
qu'on ne peut sans injustice lui disputer le surât qu'il y aurait bientôt une nouvelle
titre de saint, quoiqu'il avoue qu'il a rejeté coustilution contre le livre de Quesnel ce- ;
Vhomouusion, et qu'il n'a pas reconnu la pendant elle parui, cette constitution, dans
consubstanlialité du Verbe. cette même année
1713, au grand étonne-
5° 11 ose soutenir avec les hérétiques des ment et au grand regret de l'abbé du Pin,
deux derniers siècles que le célibat dos prê- qui depuis en appela et qui mourut dans
,
ties, Pinel s'efTorça de leur donner quelque enfin, Pluquet n'avait pas publie cet écrit ,
couleur par l'écrit intitule Horoscope des
: il l'avait gardé dans son portefeuille. (Jui
temps ou Conjectures sur l'avenir. Nous sait s'il ne s'était pas re|)enti de ce qu'il
n'avons point vu cet écrit, qu'on dit curieux. avait écrit, et s'il ne l'avait pas condamné
Cet appelant courait de province en pro- à ne pas voir le jour? il en aurait sans doute
vince , débitant d'absurdes prophéties, an- retranché ce chapitre, et son indiscret ami lui
nonçant Elie, le retour des Juifs, etc. La a rendu un bien-mauvais service en ne faisant
mort le surfirit au milieu de ses folies, aux- pas cette suppression; car il y a d'ailleurs
quelles il joignait des scandales de plus dans ce traité d'assez b )nnes choses, sur-
d'une sorte. 11 Gnit ses jours dans un village, tout à la fin, où l'auteur montre les sinistres
sans aucune espèce de secours, et laissa la effets de l'athéisme et de l'irréligion, et ou
nioliic de sa fortune à la convulsionnaire il dissipe les sophismes el repousse les ca-
Brigitte, qui abandonna bientôt Vœuvre et lomnies du Système de la Nature. Plutiuet
rentra dans son hôpital. Une si triste (in ne n'a point parlé des erreurs postérieures au
détrompa point les sectateurs insensés de XVI' siècle; il n'eut garde de ])lacer le jansé-
Piuel. On dit qu'ils lui rendaient encore un nisme dans son Dictiotinaire et il n'a pas ,
culte, et qu ils attendaient sa résurrection. assez vécu pour voir le schisme des consti-
Voyez la Notion de l'œuvre des coniulstons, tutionnels » Cet article est tiré d'une
par le P. Crêpe, dominicain, Lyon, 1788, On notice de M. Picot Ami de la religion
,
trouvera sur Pinel quelques autres détails lom. XX, pag. 337 et suiv., 2i juillet 1819.
dans une note de l'article Ete.mare.
POITEVIN (François), un des pseudo-
De la primauté du pope , en latin et en nymes dont faisait usage le P. Gerberon.
frani ais, Londres, 1770, in-8°;— 1770, in-12,
on français seulement, avec un avis de
POMAKT, curé de Saint-Médard, fut relé^
que la primauté qu'alTectent depuis long- plus connu sous le nom de ), frère d'Alexis
temps les papes non-seulement n'est ni
,
Desessarts, naquit à Paris en ItiHl il était ;
divine ni de juridiction, mais qu'elle est dé- diacre et fut un zélé janséniste. Plusieurs
nuée de tout fondement. fois il fit le voyage de Hollande pour voir
Quesnel ,
entreprit l'apologie des convul-
PLAIGNE (La), nom emprunté par le sions, sacrifia sa fortune à son fanatisme, et
P. Lauibcrt. mourut à Paris, le 2.J décembre 17(i2, avec
PLUQUET (François-André-Adhien), na- la réputation d'un enthousiaste et d'un vi-
quit à Bayeux le lï juin 171(), vint à Paris sionnaire, même dans l'esprit de plusieurs
en 17i2, lut bachelier en 17i3, et licencié de personnes de son parti.
Surbonne en 1750. On dit que les encyclo- Apologie de saint Paul contre l'apologiste de
pédistes cherchèrent à l'attirera eux mais il
; Charlotte. 1731.
évita des gens dont les primipes lui ctaiint Lettres sur l'écrit intitulé •
Vains efforts
justement suspects. Il publia son Bicliun- des mélangisles, par Besoigne et d'.Vsfeld.
vaire des liére'sies en 17G2. 1! donna d'autres 1738.
ouvrages estimés, el il mourut le 19 sep-
tembre 1790. «C'était un homme instruit Llttres, au nombre de dix-neuf, sur l'au-
dans l'histoire et dans les aiili(iuiiés vre des convulsions. 1734—1737.
et ,
dont les ouvrages annoncent beaucoup d'af- De la possiHiLiTÉ des mélanges dans les œu-
tachement à la religion et une sorte de mo- vres surniiturelUs du genre merveilleux.
tleralion. 11 passait pour être attaché au Ili.lsion faiteau public par la fiasse descrip-
p.irti, unis il n'en épousa pas lou^ les tra- tion (]uc M. di' MontgeroH a faite de l'élut
vers el les passions. Une fois cependant il présent des convulsionnaircs. 1749.
771 DICTIONNAIRR DES J.\NSENISTES. 772
Autorité des miracles et usage qu'on en doit ans. On a de lui, les deux premiers volumes
faire. 17W. de la Morale pratique des jésuites, dont Ar-
nauld a fait les six autres ouvrage que :
Traité du pouvoir du démon. 17i9
le parlement de Paris condamna à être
Recueil de plusieurs histoires très-autorisées, brûlé et lacéré par la main du bourreau, et
qui font voir l'étendue du pouvoir du dé- que Rome défindil sous peine d'excommu-
mon dans l'ordre surnaturel. 1749. niiation, par un décret publié le 27 mai
1687. Voyez Arnadld. Ponlcliasteau a encore
Observations sur le bref de Benoît XIV au donné une Lettre à M. de Péréfixe, 1666, en
grand inquisiteur d'Espagne, etc. 1749. faveur de II. de Sacy, qui avait été mis à la
Dans la conlroversc des convulsions, qui Bastille; et il a traduit en français les Soli-
enfanta lant lie brochures de loule espèce, loques de Hamon sur le psaume cxriii.
Ponoel comballait à la fois, d'un calé Monl- Voyez Hamox.
geron et les partisans des secours violents;
de l'autre Delaii, d'AsIeld, Débonnaire et PORTE (Etiesne de La), prêtre du diocèse
autres ennemis des c nvulsioiis en générai. de Nantes connu par les excès de révolte et
,
et la confiance avec laquelle il la soutint, solennelle qui fut portée contre lui à Caslcl-
qui le remlirent de plus en plus ridicule aux lane le 2 octobre 1728, par laquelle il fut
,
maison, mais il n'y resta guère. Apn' s di- tre à iM. de Senez, page 3) les expressions
vers vo)a;;es en Allemagne, en Italie et qui furent employées par les premiers émis-
dans les différentes partiesde la France, et saires du calvinisme dans les discours sédi-
après plusieurs aventures il rentra de
,
tieux qui soufflaient le feu de ia division et
Mouve-iu à Port-Royal, et s'y chargea, en de la révolte.
1668, de l'office de jardinier, dnnt il fil pen- Le sieur de la Porte pousse remporlement
dant six ans toutes les fonctions. Obligé de et le fanatisme jusqu'à dire, dans sa lettre du
sortir de sa retraite en 1070, il alla à Rome, 19 avril 1729 , qu «7 ist important de bien
où il agit en faveur du parti. H y demeurait comprendre et de savoir que nous devons au-
sous un nom emprunté, lorsque la cour de jourd'hui confesser la foi devant les évéques,
France le découvrit et obtint son expulsion. sur les mêmes principes que les martyrs ont
Pontchaslcaa se relira dans l'abbaye de la confessé ta vérité devant les tyrans.
Haulc-Fontaine, en Champagne, puis dans Les iraits suivants ne sont pas moins re-
celle d'Orva!, où il vécut pendant cinq ans. marquables. Dans sa lettre du premier avril
Quelques affaires l'ayant rappelé à Paris, il il dit aux mêmes ro'.igieuses :
^ tomba malade et y mourut en 1690, à 57 Qu'elles doiVint regarder comme des lenla"
; ,
tions (lu démon le désir qu'elles ont d'appro- Plan d'ktcde au contestations im- sujet des
cher des sacrements; portantes qui agitent aujourd'hui l'Eglise
Qu'elles peuvent faire dire la messe chez luiiverselle.
elles, quoique Irur église sott interdi'e; C'est une planche gravée en forme de
(Jue manquent de prêtres, elles pour-
si elles carte, qui représente en abrégé le système
ront sortir de leur monastère pour aller l'en- hérétique développé dans le pernicieux li-
tendre ailleurs ; vre intitulé: CoIecAismc iiistorique et dog-
Qu'elles peuvent transporter le saint sacre- matique.
ment elles-mêmes; Etienne de La Porte composa ce Plan d'é-
Qu'elles peuvent s'administrer la commu- tude pour entretenir le goût de nouveauté
nion, i
vous ne pourriez pas me faire une petite cel- ceux qui soutiennent la vérité, depuis tout
lule de Votre Saint-François (Ht
cliap'lle de ,
le temps qu'elle se trouve si vivement atta-
haut du jardin, pour pouvoir m'vnfermcr et quée ?
vous rendre tous les seriiccs qui dépendraient 11 convient d'abord que les disputes qui
de moi: .... cette solitude ne m'effrayerait pai. nous divisent aujourd'hui se sont formées
Ce que l'abbé de La Porte dit aux mêmes depuis plus décent cinquanteans. C'esi àsouer
religieuses dans sa lettre du 12 juillet 1729 ingénument que les erreurs de Ba'ius ou de
esl encore plus étrange. Il leur fait entendre Calvin même y ont donné lieu. Mais, ajoute-
que le pape n'a pas plus d'autorité qne les t-il ce mal a des racines plus anciennes. Se-
,
autres évéques. 11 leur conseille de s'encou- lon lui les dissensions qui nous troubleni
,
rager par lu lecture de bons livres et les li- ; viennent des /flîissesrr/ir/iies qu'on a exposées
vres qu'il leur désigne, sont : les Réflexions sur nos autels à la vénération des fidèles;
morales de Quesnel ; la Morale du Pater ; le des fausses histoires qu'on a données dans la
Nécrologue de Port-Royal ; les Relalions et Vie des saints ; dos fausses léijendes qu'on ci
les Gémissements ; la Vérité rendue sensible; insérées dans les brévi, lires des fausses dé- ;
le Mémoire des quatre évéques; l'Instruction cret des des papes des fausses opinions théo-;
let que l'apprubation que le pape Ueiioil Royal; et aujourd'hui c'est le clergé de Hol-
,
Histoire des cinq propositions, par M. Du- est 1 Instruction pastorale des quaraute évé-
mas, conseiller-clerc an parlement de Paris ques de l'assenihlée-
cl docteur de Sorbonne. Trois petits tomes Slephani De Champs, e Socielate Jesu, de
in-12. Trévoux, Ganeau, 1702. Hœresi Janseniana ah apostolica lede merito
Lettres d'un docteur sur les hérésies du proscripta libri très. Lulelia; Parisiorum,
XVII' siècle, iii-12. Paris, Louis Josse, 1707. 1 661, in-fol. Le parti, qui se pique de répondre
Mémoires chronologiques et dogmatiques à tout, n'a jamais répondu à cet excellent ou-
pour Sfrvir à l'Histoire ecclésiaxtique depuis , vrage.
1600 jusqu'en 1717, avec des réflexions et des Les opusculfi théologiques du P. Annal sur la
remarques critiques 1720. Quatre volumes
,
^^dfe. 3vol. in-'»^°. Pans. Cramoisi, 1666. Rien
in-12. Ouvrage excellent et généralement de plus solide, de plus clair, de plus profond et
estimé par tous ceux qui ont de l'esprit du , de mieux écrit.
goût et de l'amour pour la vérité. Les sentiments de saint Augustin sur la
Histoire de la constitution Unigenitus , grâce, opposés à ceux de Jansénius, par le P.
par M. l'évéque de Sisteron. 2 vol. in-i°, ou Jean le Porcq, prêlre de l'Oratoire de Jésus.
3 vol. in-12. Paris, 1682, in-V'.
Réfutation des Anecdotes, par le même. Le P. Fontaine sur la Constitution In-fol.
173i, in-8% Lesinstructions et les Mandements du grand
Réfutation de l'Histoire du concile d'Em- Fénelon, arclievéque de Cambrai.
brun, par le même. ln-8°. Les ouvrages de M. te cardinal de Bissy ;
Recueil historique des bulles, constitutions, surtout son mandement contre Juénin, en
brefs, décrets et autres actes concernant les er- 1710, mandement qui est un chef-d'œuvre,
reurs de ces deux derniers siècles , etc. In-8» où loul le système de Janscnius est très-clai-
Causa Quesnellinna, ou Procès du P. Ques- rement dévoilé et très-solidement réfuté.
nel. Bruxelles, 1704. Les Avertissements et autres ouvrages de
Exposition historique de toutes les hérésies M. Languet évêque de Soissons, et depuis
,
pelé par Colbert, évêque de Montpellier, à indéGnie, est fausse, injurieuse à l'Eglise et
la tête de son séminaire, il remplit avec zèle contraire à ses usages.
les fonctions allachées à ce posto, et vint à On s'explique ailleurs d'une manière fort
Paris, dans la tTiaisuji de Saint-Magloire , où suspecte en disant
, C'est Jésus-Christ qui
;
autrement C;iléchisme de Montpellier. P,i- cessaire pour vivre saintement 'f El l'on ré-
ris. 1702; Lyon, Plai^nard , 1705 et 1713,
pond (jue, pour pouvoir viv^e saintement,
iD-4' et ln-12. il f<iut une grâce qui éclaire l'esprit qui ,
Colbert, évêque de Montpellier, adopta cot touche le cœur et qui fasse agir. Celle propo-
ouvrage, approuvé par le cardinal de Noail- sition est suspecte d'hérésie, nu luéiiu' lié-
les. rélique. puisqu'elle exclut la giàce suffi-
Le Catéchisme de Montpellier, quoique bon sante, qui sulfil pour faire agir, mais qui ne
à certains éf!;nrds, a clé coixlamné par un fait pas agir elTeclivement
ilécrcide C émut XI, du 1" février 1712 (1). .M. de Monlpellie.', ilans son Instruction
Celle condumnalion est un des ^;ripfs dont se pastoride du 17 septembre 172(i, dil des cho-
plai|;nent les sept évéques appelants , qui ses assez singulières sur le catéchisme pu-
écrivirent une lettre c uimune au pa|)e In- blié sous son nom. Il décl.ire !" qu'il ne re- :
des livres mis à Vindex. Ce catalogue nous montas pertinet, brevi competidio explanatur,
apprend que le Caiéchisme de Montpellic r ex G illico idio holein Lttinun iranslatœ. Les
fut aussi traduit en an;;lais et en espagnol, deux motifs de telle condamnation, c'est, dit
et que ces deux, traductions furent égilement M. de Mont, ellier, qu'on g a retranché notre
condamnées l'anglaise par décret du 15
:
,
nom, et qu'on y a mêlé beaucoup d'erreurs;
janviei 1725, et l'espagnole par décret du c'est à-elire, à bien apprécier ces dernières
,
pour faire sentir aux hommes la corruption vain, 177'i-, et en \k vol. in-8*. Cet ouvrage
de la 7aison abandonnée à elle-même et l'im- ,
siilide peut tenir lieu d'une ihéologie entière.
perfectiun de la loi, qui n'était écrite que sur 11 v a peu de productions de ce genre où les
la pierre. Cette proposition est fiusse, erro- d.)gmes de la religion, la morale ci rét enne,
née, suspecte d'Iiérésie elle renouvelle la:
le- sac e iieiits , les prières , les <érem iuies
sixième et la septième des propositions de et les usages de l'Kglise soient exposes d'une
Quesnel. m nière |)lus dure et avec une simplicité
On débile dans le second (orne, part. 2, sect. plus élégante. Il y a cependant quelques en-
2,ch. 2, §3, quelalecturederEcritiire sainte, droits (|ui Ont essuyé des dillicnltes, et qui
tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, firent condamner ouvrage à Itoiiie en 1721.
I
doit être l'occupation ordinaire des /idèlcs. L'.iutei.r cite toiijours, en preuve de ce qu'il
Cette proposition, ainsi prise d'une manière avance, les livres saints, les conciles elles
(l)Nous laissons cette date que nous trouvons dans l'auteur dont nous empruntons ces lignes ; mais nuits
se savons au juste si elle est certaine.
Dictionnaire des Hérésies. II. 25
779 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 78«
Pères; mais l'on remarque dans quelques PRES -IGNY {Lesieur de ), un des pseudo-
cildti'ns non-seulement une prédilection qui nymes dont Gerberon faisait usage.
semble tenir à l'esprit de parli, mais encore
PRIEUR. Le P. Quesnel
après la mort
,
des applications qui ne tii nnent pas au ,^ens
d'Arnauld, le pape des jansénistes, ne voulut
littéral, ce qui est cependant essentiel d .iis
pas prendre le titre de père abbé ; il se con-
un catéchisme. Charanry , succe-siur de
tenta de celui de père prieur. Et quelquefois,
Colbert, le fit imprimer avec des corrections
ne \oulant pas décliner son vrai nom, il di-
qui firent disparaître ce qui se ressentait des
sait qu'il s'appelait /e père prieur. Voyez soa
préventions de l'auteur et paraissait favoriser
article.
les opinions condamnées par l'Eglise, el c'est
lie cette éJition qu'il faut entendre les éloges PROFECTURUS pseudonyme dont
, 8'«st
que les catholiques ont faits de l'ouvrage. » servi le fameux Nicole.
d'une familli' lioniiéte, fit son cours de théolo- et se consoler auprès de M. Arnanld à
alla
gie enSorboiuie avec beaucoup dedislinction. Bruxelles. C'est alors qu'il commença à jouer
Après l'avoir aciicvé, il entra dans la con- unrôle. Ayant un talent singulier pour écrire
grégation de rOraloireen l(Jo7.Consa.^^rélout facilement, avec onclon el élégance, jouis-
enlier à l'éliiJe de l'Ecrilure et des Pères, il sant d'une santé robuste, que ni l'étude, ni les
cooiposa de bonne !:eure des livres de piété, voyages, ni les peines continuelles d'esprit
qui lui niéritèrenl, dès l'âge de -18 ans, la n'altérèrent jamais ; joignant à l'étnde le dé-
place de premier directeur derir.stitulion de sir dediriger les consciences, personne nélail
Pari-. Ce fut pour l'us.ige des jeunes élèves plus en état que lui de remplacir Arnauld.
confiés à ses soins qu'il corn ;0sa ses Ré- Il en avait recueilli les derniers soupirs. Un
flexions morales. Ce n'étaienld'abordque quel- auteur prétend < qu'Arnauld mour;int l'avait
ques pensées sur les plus belles maxioies de désigné chef d'une faction malheureuse.
l'Evangile. Le iiiarquis de Laigue ayant goûté Aussi les jansénistes, à la mort de leur pape,
cet essai, en fit un grand éloge à Félix Via- de leur père abbé, mirent-ils Quesnel à la
lart, éiéque de Châlons-sur-Marne, qui ré- tète du parti. L'ex-oratorien méprisa des
solut de l'adopter pour sou diocèse. Loralo- titres aussi fastueux, et ne porta que celui de
rieu flatté de ce suffrage, augmenta beau oup père prieur. 11 avait choisi Bruxelles pour
son livre, il fut imprimé à Paris eu lo71, avec sa retr/iite. Le bénédictin Gerberon, un pré-
un mandement de l'évéque de Cliàloiis et tre nommé Brigode, et trois ou quatre autres
l'approbation des docteurs. (Juesnel travail- personnes de confiance co .posaient sa so-
,
lait alors à une nouvelle édition dos œuvres ciété. Tous les ressorts |u'on peut mettre en
de saint Léon, pape, sur un ancien manuscrit mouvement, il les faisait ;igir en digne chef
apporté de Venise, qi-i avait appartenu au du parli. Soutenir le courage des élus per-
cardinal Grimjini. Elle parut à Paris en 1675, sécutés, leur conserver les anciens amis et
eu 2 vol. in-4°, fut réimpriinée à Lyon en 1700, protecteurs ou leur en faire de nouveaux,
in -fol, et l'a été de|>uis à Home en 3 vol. rendre neutres les personnes puissantes
iu-fol., avec des augmentations el des chan- qu'il ne pouvait se concilier, entretenir sour-
gements. Quelque éloge qu'en fasse ^l. du dement des correspondances partout, dans
Pin, l'oratorien semble ne l'avoir entreprise les cloîtres, dans le clergé, dans les parle-
que pour attaquer les prérogatives du saint- ments, dans plusieurs cours de l'Europe :
siége d'ailleurs il s'est donne des peines
; voilà quelles étaient ses occupations conti-
inutiles pour prouver que saint Léon est au- nuelles. Il eut la gloire de traiter par ambas-
teur de la Lettre à Dimétriade el du livre de sadeur avec Rome. Hennebel y alla chargé
lu Vocation des Gentils. Le repos dont il avait des atTaires des jansénistes. Ils firent de
joui jusiiu'alors fut irouoié peu do temps leurs aumônes un fonds qui le mit eu état d'y
après. L'arciievèque de Paris (M. de tlarlay), représenter. 11 y figura quelque temps il y :
instruit de son attachement auv nouveaux parut d'égal à égal avec les envoyés des têtes
disciples de sainl Augustin, et de son oppo- couronnées; mais les charités venant à bais-
sition à la bulle d'Alexandre VU, l'obligea ser, son train baissa de même. Hennebel
de quitter la capitale et de se retirer à Orléans revint de Rome dans les Pays-Bas en vrai
en 1681 mais il n'y resta pas longtemps. On
; pèlerin mendiant. Quesnel en fui au dé-
avait dressé dans l'assemblée générale de sespoir mais
; réduit lui-même à vivre
,
à le lire. 11 le proposa aiiK fidèles comme le éclat. Quesnel survécut peu à ees événe-
pain des forts et le luit des faibles. Les jé- ments. .Vi.rès avoir employé sa vieillesse à
suites, voyant qu'on multipliait les éditions former à Amsterdam (|uelques églises jan-
de ce livre, y soupçonnèrent un poison ca- sénistes, il mourut dans cetie ville en 1719,
ché. Le signal de la guerre se donna en 1693. à 80 ans.Voyez Causa ^UMne/h'ana, Bruxelles,
No lilles, devenu archevêque de Paris, publia 1704, in-4°, et Historia Ecclesiœ Ultrajectince
uie instruction pastorale sur la prédeslina- a tempore mutatœreligiunis, par Hoynek Vao
tion, qui occasionna le Problême ecclésiati- Papin Drecbl, Matines, 1723, in-ïolio. La
qiie. {Voyez Bahcos, Noailles.) manière dont Quesnel s'expliqua dans ses
Cette brochure roulait presque entière- derniers moments est remarquable. Il dé-
snent sur les Re/l xinns morales. Elle donna clare dans une profession de foi qu'il vou- :
lieu à ex.iniiniT ce livre. I^e cardinal dj lait mourir, comme it avait toujours vécu,
Noailles convint ([ue la iritique était fondée, dans le sein de l'E /lise cntlwlit/ue ; qu'd
et (it faire des corrections; l'ouvragi; ainsi crufjait toutes les vérités qu'elle enseigne
;
corrigé parut à Paris en 1696. La retraite qu'il cond'im»ait toutes les erreurs qu'elle con-
de Quesnel à Bruxelles ayant été découverii', damne; qu'il reconnaissait le sourenim pon^
Philippe V donnai un ordre pour l'arrêter: tife pour le premier vicaire de Jésus-Christ, et
l'archevêque de \ialines, Uunibert de Pré- le siège apostolique pour le centre de l'unité.
cipiani, le fit exécuter. On le trouva au re- Dan, cours -le la même maladie, il rap-
le
fuge de Forêt, caché derrière un tonneau. pela à une personne qui était auprès de lui
« Comme un aviiiide la peine à le reronaî- les accusations qu'on avait formulées contre
tre, dit l'abbé Béraull, sous l'habit séculier lui à Louvain, tourhant ses moeurs, et assura
qu'il portait, on lui demamla s'il n'était pas qu'elles élaient mal fondées. Quelque temps
le P. Quesnel. 11 répondit qu'il s'a|ipeiail de auparavant, son neveu Pinson lui ayant de-
Rebecq, De Fresne, de Reberq, le P |)rieur, mandé conseil sur le parti à prendre dans les
c'étaient là pourlui autan! de noms de guerre disputes qui l'avaient tant occupé, il lui re-
et de pieux expédients pour éviter les re commanda de rester attaché à l'Eglise Les :
dame de Maintenon lisait tous les soirs quel- OEuvres de saint Léon le Grand, augmen-
que fhose à Louis XIV pendant lesd Tnières tées, corrigées et éclaircies par des noies.
anné.;> de sa vie. Le monarque y trouva des Par le P. P.isquier Quesnel, parisien, prêtre
motifs nouveaux de ne pas se repentir des de la congreg ition de l'Oratoire. A Paris
elîorls qu'il avait faits pour ab^ittre celle chez Jean-Baptiste Coignard, 2. vol. in-i°.
secte naissante. Quesnel remis en liberté Les notes du P. Quesnel sur les ouvrages
s'enfuiten Hollande, d'où il décocha (juel- de saint Léon le Grand lurent condamnées
ques brochures contre l'archevêque de Ma- à Rome, le 22 juin 1670.
lines, un des plus sages cl des |ilus zélés Quesnel écrivait à Aiagliabechi le 30 avril
prélats qu'eût alors l Fglise catlio ique. Ce- 1677 « On m'a envoyé plusieurs mémoires
:
époques, et en dernier lieu solenn» llement même été obligé à répondre à plusieurs ob-
analhèmalisées parla constitution Uuigeni- servations que M. le cardinal Barberin
tus, publiée à Rome le 8 septembre 1713, sur doyen du sacré collège, m'a fait la grâce de
les instances de Louis XIV. Celte bulle fut m'envoyer sur mon ouvrage de saint Léon.
accepiée, le 21 janvier 1714, par les évéques 11y en a de Mgr Suarès, d'autres de Mgt
assemblés à Pans, enregistrée en Sorbonne l'archevêque de Rozzane, et d'autres euDu
le o mars et reçue ensuite par le corps épi- d'un prêtre de l'Oratoire de Saint-Philippe,
S(0pal, à l'exception de (juclques évéques nommé le P. Marquez. L'honneur que l'ou
fi aurais qui en appelèrent au t'ulur concile. m'a fait de me
mettre dans VIndice de Rome
Uc ce nombre était le cardinal de Noailles, m'a attiré ta conuaissance de cette Eminence
qui daus U
suite abandonna le parti avec qui me témoigne beaucoup de bouté, et m'a
783 DICTIONNAIKE DES JANSENISTES. 784
envoyé beaucoup de diverses leçons [v:iriœ de l'auteur; celui de Schlstrale fut publié
iectioiies) pour corriger ou pluiôl pourcon- d,"ins launée même où l'édition des œuvres
iinner les corrections que j' li faies d.iii-, le do saint Léon eut é'é mise à \'index.
texte de suint Léon. « Corrcspon. iné .île dû
Mabilloii, elc, avec l'Itnlic ,
DoGMiîS de la disciidine et de la morale de
publiée par
l'Eglise. 1676.
M. Valéry, tom. 111, pp. ikO, -IV*.
Le P. Lupus, religieux aiigustin, dont le Quesnel y renouvelle l'hérésie des doux
témoignage n est pas suspect au parti, n'a qui n'en font qu'un. Voyez Arsaulo
cliei's
meux Fébronius (Honheim); il y prouve le pouvoir si ample, elc. Et elle es' signée,
le droit d'appeler au pape, par la nature vos très-himblfs et très-oi élisants sirvileurs,
de sa primauté et par l'histoire ccclé-ias- les disciples de sa ni Augis in. C tte pièce
tique. existe cmoro aujourd iiui. Elle fit trouvée
R;en n'égale l'emportement avec lequel le en original parmi les papiers du Père Ques-
P. Quesnel éclata contre le décret de Rome, nel, quand il lut arrête à B uxelles; et on
do;it il prétendait donner l'idée la plus l'a insérée tout entière dans le procès de ce
atroce, dans une espèce d'analyse suivie qu'il Père (piig. 236) , imprime par l'o'dre de
eu fit. Scliin lui, ce n'e^t pas un décret M. larcbevéque de Maiines en 17('4. Aussi
émané d un tril)unal respectable C'est un
: le Pèro Qu snel n'a-l-il eu gar.le de la trai-
li'ielle diffamatoire, contraire à la loi de Dieu ter de suppioitio'i et d caloinnic. Il savait
•
et aux bonnes mœurs, plein d'impostures et de qu'on était en état de rouver le fait. Il se
i
faussetés. ... C'est une entreprise schismutl- conleule de dire dans VA'ialomie de In Sen-
que, une erreur plus quintolérnb'e, (ju .ne tence de M. de Mnliiies, qu'on n'iivait jamais
congrégation tdle q te Ctlle de iinquisilion eu dessein de publier citle lettre (|ue ce ;
ait enirepiis de condamner et de défendre les n'est dans le fond qu'une pure badinerie q li
avis salutaires de la sainte Vierge. C'est une n'a jamais été faite que pour se divertir. Es.,
insolence insupportable, qu'un" conirégation pèce de justilic atioii aussi singulière que la
de moines présidée par un c'erc habillé de pièce même qu'il prétend excuser
rouge ait la hardiesse de proscrire des livres Dans cet insolent écrit les disciples de
approuvés pur des évêqaes. C'est un attentat sai t Avqnslin marquent à .M. Davaux les
nouveau, un renversement horrible, qu'un pe- huit conditions so's les iuelles ils souhaitent
til moine appelé inquisiteur se donne une d'élro compris dan< la trêve générale. La
parei'le hardiesse, etc. première est qu'il 1. ur s ra periiiis de se
C'est dans ce même esprit de rébellion que juslilier par de bonnes apo ogies. La
Quesnel accueillit le décret de lii congréga- deuxième, que Sa Majesté sera suppl ée de
tion de Vlndrx contre son travail sur les faire cesser lesvoiis de fait et l'usage des
œuvres de ^aint Léon. Il écrivit au [)ape lelires de cachet, qui décrient sa justice. La
Innoieut XI et au cardinal Cibo des lett' es Iroisième, qu'il leur accordera une amnistie
où il protestait avec une irrespectueuse li- générale. Li quatrième, que les disciples de
b''rté contre ce qu'il ap -elait l'injustiie a>ec saint Augustin ne lui deiu.inderout jamais
laquelle on avait mis sou rnvrage à \'i/idex; aucun hé élice. La cinquième, qu'ils tra-
et lorsqu'il eut ;ippris, par un coi re>-poiidant vailleront à convertir les hérétiques p.ir de
qu'il avait à Rome, que Schelstr^ite et Lupus bons livres qu'ils compo-eroni. L.i sixième,
avaient été charges de le réfuter. Il liit dans qu'ils soutiendront de toutes li urs forces la
une lettre : Le déi.re< rfe l'indice n'est dune grâce de Jesus-Clirist précitée par saint
,
pas capable de réparer le tort qu'ils préten- Paul et expl quée par saint .Vugustin. La
dent avoir reçu de mol, et il faut qu'ils louent septième, qu'ils s'opposeront au cours de la
des bravjs pour me battre et m'assassiner ! mauvaise doctrine. L;i huitième, que Sa
// ne leur est guère honorable d'être réduits à Majesté leur permeiira de se b.en défendre,
armer contre moi un bon Flamand ijui n'est cl qu'elle s'obligera à punir leurs calomnia-
pas le plus terrible homme du monde J'at- teurs.
tendrai le loup (le Père Lupus dont il vient Telle est la lettre que les jansénistes écri-
d'être question), et j'espère faire si bien, qu'il virent en commun, et qui prouve, avec la
ne memangera pas. Le livre du Père Lupus dernière évidence, qu'ils font un corps et uii
parut en 1681, peu de temps avant la mort corps considérable ,
qui veut marcher de
7C5 QUE QUE 786
pair avec les léles couronnées ; qui prétend vain et de Douai, dont il vient d'être ques-
tryiler avec son roi, et qui ose proposer les tion cette censure fut attaquée dans les
,
conditions auxquelles ils offrent d'entrer .Mémoires importants dont il s'agit ici; mais
d iiis une trêve générale. la faculté ne laissa pas ces Mémoires sans
flétrissure elle lendit contre eus un juge-
:
Celle tradition prétendue romaine est l'ou- libille ayant p'iur titre Suiiedes Méoiuires
:
vrage de Ques e', comme on l'apprend [lar le impartants, et un autre intitulé Avis à la :
procès fait à ce Père (page 4-90, Cuits r Qties- faculté de théologie de Douai, etc., qu'on dit
riel.), et comme le témoigne l'auteur de é;re aussi du P, Quesnel. Voyez Ar.nalld [le
l'Examen ihéol'Kjiqne. faux), Gilbert
Le troisième lome contient plusieurs er- Histoire abrérjée de la Vie et des ouvrages d$
reurs sur la grâce 1° on y rcjetie la grâce
:
M. Arnauld. Cologne, 1695, in-12 de 296
suffisanle. On y dit quo t'est un monstre
pages; Liège, 1697, inl2 de 373 pagis.
et un munstre il'errcur, et non pas une
grâce de Jésus-Christ 2" on y soutien! que
;
Si Vie de M. Arnauld était éeiite avec
la
i'eflicace est nécessitanle; 3° on y jiisiiD.' la fidélité,on la pourrait lire avec fruit. Ce
proposiiioii lie M. Arnauld sur sain Pierre... qu'on y \ errait de son orgueil, de ses em-
On y l'apologie des cinq [iropo^ilions.
fait portements de ses erwurs,de ses calom-
,
Voici com
lie l'auleur parle dans la p.Tge nies, de ses inlrgues, de son o'iiniàtn té
335 Ceîxd à qui ta grâce efficace manque, ne
: dans riiérésie, donnerait à coup sûr un juste
peut acciimplir le commande i.ent, il ne lui est éloiu;nement pour sa personne pour ses ,
pas possiLte de l'accomplir. Adieu, grâce dite écrits et pour ses sectateurs. .Mais l'Histcire
aux pécheurs, dit Ouesncl dans la mi-
le P. dout s'ag:t ici est dans un goût tout op-
il
nute d'une de ses letires, où il tourne en ri- posé : c'est un panégyrique continuel do la
dicule la grâce sufïlsaute, adieu grâce néces- criuiinelie conduite et des pernicieux écrits
saire pour pécher ; adieu grâre qui n'a jamais de ce novateur; et dès lors on ne peut nas
aucun effet, et qui ne sert qu'à rendre l'homine plus la laisser entre les mains des fidèLs
criminel et condamnnlile; adieu adieu, mis que la vie de Calvin qui serait écrite par ua
adieu sans regret : car vous ne servez de rien zélé calv.niste, pour la défense de la religion
aux réprouvée, et les élus n'ont que faire de prétendue ref >rmée.
vous, contents de leur patrimoine, qui est la Ainauid mourut le 8 d'août 1694. Non-
grâce toute-puissante duSauienr. Vous ne seuleuienl il ne s'est point reconnu à la
faites jamais de bien, et vous faites toujours mori mais il a même craint de paraître
,
du mal. Allez vous promener. Causa Ques- alors revenir à rési|iiscence. C'est pourquoi
neiliana, [lage i91. dans son testa ent il s'exprime ainsi Je :
Le P. Quesnel, dans ce livre de la Tradi- veux prévenir les faux bruits qu'il est aisé de
tion de l Eglise romaine, ('[ahMl lui même, prévoir que la calomnie pourra répanire
,
comme un principe inconlestatile, que tout soit en me traitant 'hérétique in< rt dans son
jugement dogmaiiquc (iu saint-siégc accepté erreur, soit en supposant- que c'est me faire
par quelques égl ses arliculières doit passer
i grâce que de crone pieusem nt que je me serai
pour un ciinsenlernent général et doit être recnnu av :nt que de mowir.
censé le jugement de l'Eglise entière, si les Le fameux abl'é de la Trap e, écrivant
autres Eglises demeurent dans le silence. sur cette mort à M. l'abbé Ne i.:?, se servit
Tom. J, pag. 217. de ces t rmes remarquables Kr.fin voilà•
et condamné par le pape Iirocent \ll, le 8 tout ce qui pourrait l'en séparer ou l'en dis-
mai 1(J'J7. Le P. Que<nel en est l'auteur, et traire, même pour un moment,
s'y atCacht
le nom de Gery n'e^t qu'un n^m supposé. avec tant de fermeté, que ritn ne suit capable
Cette entreprise de Quesnel pour gagner de l'en di'prendre.
l'université de Douai fui, (o.nme l'i n voit, Nous av ns assez parlé d'Arnauld dans
assez niallieareuse : cepeud,nU il encore
fit d'autres articles. surtout dans celui de \' Apo-
dans la suite de nouvelles tentativesmais , logie d Jansénias et celui de la l'réi/uente
elles ne lui réussirent pas mieux. Voyez ci- Communion. Mais pour réjiondre aux épita-
après. plies et aux éloges en vers qu'on lit à la fia
Mémoires importants pour de Vif stoire abrégée, nous ailoiis donner ici
servir à l'histoire
de la faculté de théologie de Douai, etc. un portrait fidèle de ce docteur, si tant est
1695. qu'on puis e encore l'apfieler docteur, après
qu'il a été chassé de la faculté «t de la Sor-
La faruHé de théologie de Douai ayant bonne à cause de se» erreurs e* de ses lié-
ensuré l'Apologie des deux censures de Lou- résics.
.
l'école de saint Thomas et pour faire illusion de les traiter comme des déserteurs. Il sou-
aux ignorants en leur faisant croire que les tient (page 36) que c'est dégrader la raison
jansénistes n'ont point d'autres sentiments humaine que de vouloir imposer à un homme
sur la grâce que ceux des Ihomistes, «luoi- éclaire le,joug d'une créance aveugle à l'égard
que le P. Ferrior ail si bien fait sentir les d'un autre homme, dont la raison est aussi
dix-neuf différences essentiilles qu'il y a en- capable et peut-être plus capable de se trom-
tre les uns et les autres. Jansénius se van- per que la sienne.
tait souvent qu'il saurait bien rendre ses Tournant ensuite le discours sur le cardi-
adversaires se ni-pélagiens, malgré qu'ils en nal de Noailles : Ne nous flattons point, dit-
eussent el en dépit d'eux-mêmes Velint, : il. En matii're de raisonnement la mitre et la
nolint, fnciam itlos semipelagianos. Le P. crosse n'y font rien. Une raison croisée et
Quesnel veut de même rendre les lliomistes mitrée est toujours une raison humaine su-
jansénistes malgré eux : Velinl, nolint, fa- jette à se tromper, et d'autant plus que la mi-
ciam illos jansen stas. tre et la crosse nous engagent à tant d'occupa-
3' Al'occasion de l;> prétendue paix dont tions différentes que souvent nous n'avons pas
il est ici question (Voyez, ci-dessus immédia- le temps d'étudier. C'esl ainsi que ce nova-
tement), il est bnn de r.ippeler le souvenir teur veut donner le change aux catholiques.
d'une fourberie des jansénistes. Ces mes- l^st-ii donc ici question si un évéque, si dix
sieurs se servant (dit M. Dumas) du crédit ou vingt peuvent se tromper? Tout le monde
qu'ils avaient auprès des ministres, leur ne convient-il pas qu'ils le peuvent? Il s'a-
persuadèrent de faire frapper une médaille git de savoir si tout le corps épiscopal uni à
sur une paix si glorieuse à Sa I^îajesté. Ils son chef, qui est le pape, peut se tromper en
fournirent le dessin de la médaille, et il fut prononçanl sur un lait di.gmalique. C'est là
exécuté. ce que nienl tous les catholiques, etce qu'on
D'un côté étaient la figure et le nom du ne peut avancer sans renverser tous les fon-
roi; de l'autre on y voyait sur uti autel uu dements de la religion.
livre ou\er(, et sur le liire les clef^ de saint
Priùbes chrétiennes en forme de méditations
Pierre avec le sce[i(re el la main de justice
sur tous les mystères de Noire-Seigneur,
du roi passés en sautoir au-dessus d? ; ut 1
de la sainte Vierge, et sur les dimanches et
cela un Saint-Esprit rayonnant, avec ces
les fêtes de l'année. Paris, 1695.
mots à l'entour : Gralia et pax a Deo; cl
ceux-ci dans l'exergue ; Ob nslitutam Ec' Les partisans de Quesnel ont fait faire
clesim concordiam. grand nombre d'éditions de ce livre. Dans
Le nonce s'en plnignit au roi. Sa Majes'é les prières sur la fête de saint Bernard, il in-
tation sur le fameux cas de conscience, de bonnes œuvres que celles ijue l'homme rap-
170'j, in-12 de 139 pages. porte à Dieu par la charité.
\ la p;i):e 310, un iil celle proposition
Quand lo cardinal de Noailles eut con- fausse et injurieuse à l'Eglise, que les fidèles
damné, en 1703, la décision du fameux cas
doi\enl lire l'Ecriiure sainte tout entière et
do con»cience, et que les docteurs i\m l'a-
dans toutes ses parties.
vaienl signée se furent pres(]ue tous rélractés,
Ce livre fui défendu par Mgr l'évéque de
le P. Quesnel fit paraître cette lettre. 11
y Marseille, en 171i, sous peine d'excommu-
traite ces docteurs àefoutiies, de lâches, lï'hy-
nication encourue ipso facto.
porrite», de parjures scandalrur, qui sacri-
fient leur conscience à des vues humaines, il CoNDi ITE chrétienne touchant la confession
dit (lue puisqu'ils l'avaicul reconnu pour et la communion. Paris, Josset.
leur chef eu signant le cas, ilétait en droit Les approbations, datées de 1675, ont été
.
"Jonnees par de bons jansénistes, M^rdeBu- Fnsteren. exige de lui une réparation
Il
zinviil, 6viM]iie de Beauvais, les docteurs d'honneur, et dans tout le cours de la lel-
Meili Blanipignon el Grojn. Nous connais-
,
tie, il lui parle avec la hardiesse et l'inso-
sons l'édition de 1720, qui est la huitième. lence d'un criminel nouvellement échappé
des mains de la justice, et tout fier de sa
jÎLÉv ATio.NS à Jésus-Clirisl sur sa passion et
liberté et de l'indépendance qu'il s'est procu-
sur sa mort. 1688 rée.
Idée du <:acerdore et du sacrifice de Jésus-
Christ, tvec qnel(iiies éclaircissements et
Lettre au roi. Liège , 170i.
une ex. liralion des prières de la messe. Les émissaires du P. Quesnel répandiraint
Paris, 11)88. cette lettre avec profusion dans Paris. Ce
novateur y assure Sa Majesté de son inna-
Analyse des Proverbes et de V E cclésiasteA&^i cence et de celle du sieur >\illart. Mais
Le BONHEun de la mort chrétienne. Retraite celte protestation fut fort inutile à tous les
de huit jours. A Paris, 1693, in-12. deux. Louis XIV connaissait le génie el le
Los évangiles et l'S épilres qui s'y trou- si} le des h."rétiques et ne se laissa point
,
vent pi.ur cliaque jour de la retraite sont tromper par l'hypocrisie. Les honnêtes gens
toutes de la tiaduciion de Mons. n'en fure.it pas non plus fort touchés. On
ne put se persuader qu'il fût permis à un
Exercices de piété pour le renouvellement prêtre de sortir de l'Eglise par le schisme et
annuel des trois consécrations du ba/itéme, l'hérésie ; de se soustraire à l'obéissance du
de la l'Vnfession religieuse et du sacerdoce. roi p.ir la rébel ion ; de recevoir et d'écrire
Par:s, 109't. des lettres injurieuses aux deux couronnes,
On reconnaît ici les maximes de l'abbé de de Fran- e et d'Espagne ; de soulever les
Saint-Cyran, qne personne n'a peut-être fldèles contre le souverain pontife ; de dé-
plus fidè'enienl suivies que Quesnel. chirer la réputation d'un grand archevêque
(de Malines) ()ui en l'emprisonnant n'avait
Li FOI et l'innocence du clergé de Hollande
fait qu'exécuter les ordres des doux rois,
défendues contre un libelle diffamatoire iti-
et de calomnier enfin avec une fureur incon-
tilulé Mémoire louchant le progrès du
:
cevable tous ceux qu'il croyait fortement
jnnseninie en Hollande. Delft, Henri Van-
at'achés à l'Eglise.
Rhin, 1700.
Pul'lié sous le nom de M. Dubois, prêtre à Motif de droitdu révérend Père Quesnel, di'
Delft. Quesue\ l'a reconnu lui-même pour visé en deux parties, etc. 170i, in-12, 293
tien dans \' Analomie de la sentence portée payes.
contre lui (pjige 109). Anatomie de la sentence de M. Varcheviqna
)l y soutient de toutes ses forces, page 26, le Malines c< ntre le P. Quesnel, où l'on
que le jansénisme est un fanlôme. Je le dis découvre les injustices et Us nullités fondées
encore une fois, s'écrie-l-il, te jansénisme sur les calomnies et les artifices de son
consiste dans l'erreur des cinq propositions. fiscal, et sur les défauts essentiels delà pro-
Et comme il n'y a personne dans l'Eglise qui cédure. 1705, 2(i4- pages, in-12, sans nom
les soutiinne, la S'Cte du jansénisme est «ne de ville ni d'auteur.
chimère; un janséni'te est un fanlômeque l'on Le Père Quesnel ayant été arrêté dans les
dit qui apparaît partout, et que personne n'a Pays-Bas, son procès lui fut fait dans toutes
encore rencontré. les foinies, et une sentence fut portée contra
Uiins les pages 109 et 110, il débite sans lui à Bruxelles, le 10 novembre I70i, par
détour ces erreurs condamnées La doctrine :
M. l'archevêque de Malines, Humbert-Guil-
qui enseigne que Dieu veut sauver tous les laume de Precipiano.
h' mm s, a été la doctrine de lous les héréti- C'est contre celte sentence qu'il s'élère
qui's...Tous les hommes n'ont pas la grâce né
dans le libelle dont nous parlons. Il emploie
cessait e pour leur salut.
toute la force de son esprit et toute son éru-
Lettre au P. de la Chaise, confesseur du dition pour défendre et pour jusliller ses
rot, in-12, 00 pages. erreurs et ses excès. Il reconnaît lui-même
dans cette audacieuse apologie qne les prin-
Ce sont ici les plus sanglants reproches,
ci|iaux chefs, dont on prétendait l'avoir
les plaintes les plus vives et les plus anières
convaincu, étaient, 1° d'avoir fait entrer
que l'oii fait au confesseur du roi. Le P.
partout dans ses écrits les hérésies ensei-
Quesnel lui impute tous les prétendus mau-
gnées par Jnnsénius et proscrites par l'E-
vais traitements qu'ont soufferts ses ;imis. On
glise d'avoir refusé de souscrire simple,
-1'
ne manque pas d'y faire à l'ordinaire un
;
roir écrit d'une manière inilign* contre les auxquels, selon la coutume de la secte, il
papes, les évêques, les rois et leurs minis- attribue tout ce qui s'est fait contre lui.
tres, et de les avoir outragés saiis pudeur ;
5° d'avoir soutenu opiniàiréinent que le jan-
DÉSAVEU d'un libelle calomnieux attribué au
P. Quesnel dans la dernière instruction
sénisme n'èlait qu'un fantôme; 6" d'avoir
pastorale de M. l'arclievé(jue, duc de Cam-
fait des notes fort injurirusos contre le dé-
brai, 1709, in-12, 7(j pages.
cret de la sacrée congrégation du 22 juin
1676, par lequel ses disserlalioiis sur les Il avait paru nn libelle intitulé Lan- :
Suvres de saint Léon sont pruhibées ; 7° d'a- cienne hérésie des jésuites, rennuvelée dans un
voir approuvé, loué et répandu Ir-s écrils du mandement publié sous le nom de M. l'évéque
P. (îerberon, condamnés par le saiiil-siégo ; d'Arras, du 30 décembre 1G97, dénoncée à tous
8* d'avoir écrit que le temps de rendre jiislire les évéques de France. Ce libelle était incon-
à Jansénius, et de réparer le tort (ju'on lui testablement une production de la secte jan-
a fait, n'était pas encore arrivé "9" d'avoir sénieiuie , où les jésuiies et M. d'Arras
soutenu que plusieurs des propositions con- étaient extrêmement maltraités. .M. l'arche-
damnées dins Baïus renferinenl la vraie vêque de Cambrai , dans son Instruction
doctrine de saint Augustin 10° d'av.iir mis
;
pastorale sur le silence respectueux, cita ce
l'immaculée cinceplion de la Mér(! de Dieu libelle comme étant du P. Quesnel et c'est ;
au rang des opinions contraiies à la vérité, là ce qui a donné occasion au Désaveu dont
d'oij l'on peut tirer de porniciiusiîs tonsé- nous parlons
quences ; ll°il"avi)ir soutenu assez ouvcrle- Le P. Quesnel désavoue donc cet écrit et
menl l'opinion condatnnee des deux chefs assure qu'il n'en est pas l'auteur s'il s'en ;
Cliâlons, avait approuvé les Réflexions mo- meux libelle dont il a été parlé dans la no-
rales. C'est de leur part une imposture qui tiie biographique et dans les articles de
se trouve confondue par la déposition de Barcos et de Noailles.
Jacques Seneuze, imprimeur de M. de Via-
lard, laquelle fut mise entre les mains de
Le NoL'vEAi Testament en français, avec de*
M. Grossard, avocat du roi à Cliâlons, et Réflexions mohalks sur chaque verset.
qui est conçue en ces termes « La preinière
:
Pans, Pralard, 169.3.
impression du Nouveau Testament du Le P. Quesnel,dans ce fameux ouvrage, a
P. Ouesoel a été en 1671, chez Pralard, avec réuni, avec adresse et malignité, tous les
le privilège de Jacques Seneuze, imprimeur dogmes du jansénisme, non-seulement tous
de M. de Vialard, évéque de Cliâlons, et le les dogmes de spéculation, mais encore les
mandement de inondit seigneur de Vialard, dogmes de pratique.
du mois de novembre de ladite année 1671. Car il ne faut pas s'imaginer que le jansé-
Mais est h observer que pour lors le
l'I nisme ne soit qu'une doctrine erronée sur
P. Quesnel n'avait travaillé ((ue sur les qua- les matières abstraites de la grâce, sans in-
tre évangélistes, et même n'avait fait que flner en rien sur les mœurs ; jamais, au con»
•les Héllexioiis courtes sur cbaque verset, et traire, hérésie n'y eut un rapport plus es-
que mondit seigmur de Vialard y avait l'ait sentiel, plus immédiat et plus universel que
beaucoup de corrections, que l'on appelle celle-là. Le jansénisme ne donne pas seule-
des cartons en termes d'imprimerie. Et huit ment aitcinte à la foi, en détruisant un ar-
ans après il a paru un nouvel ouvrage du- ticle spéculatif de notre créance, il sape le
dit P. Quesnel, savoir :des Réflexions sur fondement de toute la morale, tant chré-
les Actes des apôli e.<, les Epiires el le reste du tienne que naturelle, en détruisant le libre
Nouveau Testament; lesijuelles Réflexions arbitre; parla il anéantit toutes les lois et
étaient fort courtes, el par versets, comme toutes les vertus, et il devient, pour ainsi
celles qui avaient paru d'abord sur les cvaii- dire, l'absolution générale donnée à tous les
géiiales. Mais M. Vialard n a jamais eu au- crimes et à tous les vices, et c'est là ce qui
cune connaissance de cette suite du Nouveau a rendu si pernicieux le livre des Réflexions
'feslamcnt, et bien moins de nouvelles ioi-
. morales.
pressions qui uni été faites depuis ce temps- Le jansénisme détruit le libre arbitre par
là, et lîiéuie augmentées de plus d'un tiers ce dogmecapital qui lui sert de base : qua
depuis son décès, quoique l'imprimeur y l'homme a pour principe de toutes ses ac-
ait toujours mis h^ mandement de M. de ^'i.i- tions un double instinct de plaisir, l'un pour
lard, et lis ait fiil passer comme imprimées le bien, l'autre pour le mal , lesquels le do-
par ordre dudil seigneur évr(iue. » minent tour à tour, sans qu'il soit jamais en
Le Dictionnaire île Moréri rie 1718 a donc son pouvoir, ni d'en éviter le sentiment, ni
grand tort df dire <iuc l'an 16'J.ï, le cardinal de s'empêcher d'y consentir, lorsqu'il en esl
de Noaillcs ayant trouvé que ce livre avait éié prévenu.
recommandé par son prédécesseur, en recom- C'est principalement ce dogme de Calvin,
mmdu la lecture. C'e^t confomlre étrange- adopté par Jansénius, tiui a fait appeler le
ment les objets. Le livre que recomman- calvinisme à juste titre, le renversement de la
dait 'I. le cardinal et lil les Réjlevions mo- morale: et c'est par là que l'une el l'autre
rales dans louie leur étendue , lesquelles hérésie est la source de tout ce qu'il y a de
avaient paru rn 169't, en i tomes in-S". Au plus abominable dans le quiélisme sensuel.
contraire le livre qu'avait ret-om'ianf/e M. de Par ce principe, le jansénisme fait de noire
Vialard n'elait (ju'un très-petit in-1'2, conte- Dieu un maître également insensé et cruel;
nant (le Irès-courles réilesions sur les qua- insensi' jusqu'à nous demander des choses
tre Evingiles. Mais sur cette matière le Mo- qu'il sait bien nous être impossibles, qu'il
réri esl rempli di- faussetés. Il paraît qu'il ne venl pas nous rendre possibles el par
,
n'a été fabriiiué que par un écrivain sus- conséquent qu'il ne peut pas réellement
pect, livré au jansénisme el gagé pour en vouloir que nous fissions. Cruel jus(|uà pu-
louer les partisans, el pour en adopter les nir par une éternité de supplices des ac-
mensonj^es. C'est Liien pis encore dans le tions que l'ennemi le plus outre et le plus
Supplément de l'abbé Goujet. barbare aurait honte de punir mc'me d'un
reproche.
Solution de divers problèmes très-importants
Par là le jansénisme nous apprend à re-
,
Le P. Quc'^nel renouvelle ici toutes les er- voyé son Fils pour racheter les hommes, il
reurs que l'Kglise a si souvent proscrites devait dire, parlant même des fidèles, qu'il
dans les temps qui ont précédé la date de l'a envoyé pour les condamner ou pour ag»
707 QUE QUE 798
praver leur dninnation; de sorte quo s'il coup d'autres qui n'y sont pas rapportées.
doit porter l'un de ces deux titres, de san- Non content d'avoir répandu ce principe
l'ur ou d'eniiem: du genre iiuinain, c'est le
', dans tout son ouvrage, le P. Ouesnel avance
Utriiier qui li cniniendrait liien plus ju>-te-
i les propositions qui en <ont les conséquences
liieiil que le jiremier. naturelles et nécessaires.
Par ce même principe, la doctrine du jan- 1° De ce que la irrâce de Jésus-Christ est
sénisme vertus
est l'extiiicliiui de toutes les une opération lonle-puissanle de la volonté
tluMdo-çiques et morilles, de l'espérance et de de Dieu à laquelle on ne résiste jamais, il
la charité, de riiuniilité, de la contrition, des s'ensuit que Vus ceux qu'il veut sauver
voeux, de la prière, de l'obéissance à ré<ïnrd sont infailliblement sauvés. Et c'est l'asser-
des supérieurs, soit leui|iore!s, soit spiri- tion expresse du P. Ouesnel dans les propo-
tuels, etc.; de l'espéranc chrétienne, parce sitions :J0, 31, 33.
qu'elle ne peut être fondée en chacun de 2" De ce que la grâce de Jésus-Christ est
nous que sur l:i persuasion certaine qu'il une i.péralion de Dieu toute-puissante à la-
a que Jésus-Christ a voulu le sauver, qu'il quelle rien ne peut résister, il s'ensuit que
lui a rendu lu salut possible, persuasion noire liiire arTiitre n'a pas plus de part anx
que nul jaiiséiiislo ne saurait avoir sans fo- bonnes actions que nous faisons sons la
lie ; de la charité parce que, comme il ne
,
grâce, que n'en a eu l'huma ni lé de Jésus-Christ
peut y avo r d'espérance sans la fui, il ne à l'opération par laquelle D eu l'a unie au
peut non plus y avoir de ch.irité sans espé- Verbe ; pas plus que le C'rps du Sauveur
rance, t-omnient aimer Dieu ou Jésus- n'a Cil di- paît à l'opération par laquelle le
Clirisl si je doule que j'en sois aimé, qu'il Verbe le réunit à son âme en le ressusci-
m'ait voulu mettre en état de me sauver, tant; pas plus que les morts re-suscités ou
qu'il m'ait voulu tirer de la nécessité d'être les malades guéris par le Fils de Dieu ne
damné élernellen.ent? Sans cela, tout le bien coopéraient à leur guérison ou à 1 ur résur-
qu'il pourrait ui'avoir fait pour le temps rection que notre consentement à la grâce,
;
serait moins un elïet de son amour cjue de cl ce que nous appelons nos mérites, ne sont
sa haine pour moi , jjuisqu'il saurait bien que des dons de la pnre libcralit' de Dieu;
lui-même que tous ses dons ne pourraient que c'est lui seul qui fait en lious (out le
servir qu'à me rendre ulus malheureux pour bien; qu'il n'y a pas plus du nôtre dans les
toute l'eiernité. bonnes actions, que dans le niouvenient in-
Enfin, le jansénisme est un système thé - délibéré di' la grâce qui nous prévient; que
logique, suivant leiinel il est vrai de dire nous n'avons droit à la gloire du ciel que
avec Calvin, que l'Iiomme ne fait iiucune par une pure miséricorde de D;eu, c'est-à-
bonne œuvre sans un péclié; que to :lo ten- dire, qu'à l'égard des adul <s,non p'ns qu'à
tation nous rend coupables devant Dieu; l'égard des enfants qui meurent avec la
qu'il y a plus de péi'lié à la coinhaltie (]u'à seuil' grâce du baptême, la gloire du ciel
s'y lasser aller sans résistance; que Jésus- n'est point une couronne de justice ni une ,
Christ nous commande ou nous conseille de> récompense qui soii due aux mérites, mais
actes qui sont essentiellement par eus-mé- un don de la pure libéralité de Dieu.
ines de véritables péchés, etc. Toutes ces conséquences, qui sont autant
Ces païadoxcs et beaucoup d'autres non d hérésies de Calvin, le P. Ouesnel ne nous
moins liorriiiles qui en dépendent drvien- laisse point la peine de les tirer de son prin-
nent autant de vérités incontestables, dès cipe il les a tirées lui-même, ainsi qu'on le
:
qu'on pose pour principe le dogme (jui sert voit dansles propositions •il, d'2, 23, (i!).
de fondement à la théoiogie janséuitune et ,
3" De
ce que la grâce, sans laquelle on ne
qui est le plus souvent et le plus fortement peut rien pour le salut, est une inspiration
inculqué d.ius les Uéiiexions du P. Oucsnel. d'amour et une délectation, il s'ensuit :
Ce dogme est que la grâce aclucilc de \<.n premier lieu, que la cr.iinte des peines
Jésus-Christ, sans ia(|ueile il est de foi (ju'on de l'enfer, si elle est seule sans un acte de
ne peut rien faire du bon par rapport au sa- charité, n'est point un acte de vertu, ni un
lut éternel, est une grâce d'action qui nous mouvement du Saint-Ksprii ,
quoi qu'en ail
fait (aire le bien qu'elle mri eu notre pou- pu dire concile de Trente, puis^iue cetie
le
voir que c'est une o(iéi alion toute-puissante
; crainte n'est pas accompagnée de délecta-
de la volonté de Uien, par laqu-lle i^ fait en tion, que C(! n'est pas un amour, et qu'elle
nous inlaillibleiiieiit tout ce qu'il veut que ne procède pas d'un mouveinent d'amour.
nous fassions; opération qui se remi tou- Il s'ensuit en deuvième lieu qu'une telle
jours maitrcïse de notre cœur, et ijui est in- crainte ne peut pas seule ex;lure louie v -
séparable du consentement de notre volonté; loiile de peclier, comme l'a suppose le saint
que c'est une inspiration de l'amour divin, concile jiuisiiu'il n'y a que la grâce, ((u'un
,
une délectation cèles. e et toujours victo- mouvement du Saint-Esprit, (|ui puisse avoir
rieuse, ([ue le saint-Esprit réiiand dans nos cet clîei, et que, selon le I'. (Juesnel, la
lœu^^, etc. crainte n'est qu'un mouvement du la cupi-
de la grâce prise en général ex-
(>ette idée dité.
cluttoute grâce non ellicace, et c'est ce Il s'ensuit en troisième lieu que la don-
dogme capital du jansénisme (|ui se trouve leur et le repentir qui n'esi fonde que sur
exprimé en plusieurs manières dilTérentes celle crainte est une douleur ei un rep.'utir
par les vinj{t-ciDq premières propositions simule, i|ui fait du peiiitcnl un >r.ii liy[>o-
marquées dans lu bulle, sans parler da beau- critu, puisqu'il veut paraître peuiieiil aux
799 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 800
reg;irde le salul, dès-là qu'il n'y a point bre écrivain, c'est la rhétori(jue des réprouvés.
d'autre giâce d'action, il est vrai eu toute Que ne se peruielira pas un homme qui
rigueur que sans telle grâce qui fait agir croira avec le P. Quesnel, dans sa proposi-
on ne peut ni prier, ni vouloir aucun bien, tion 08, que Dieu a abrégé la voie du salut,
ni faire comme il faut ; c'est-à-die que tous en renfermant toni dans la fni ei dans la priè-
ceux qui ne sont point entrés dans le> voies re, et dans la proposition 71, ^ue l'homme
de la justice, ou qui n'onl point persé\éré, peut se dispenser pour sa conservation, (Pune
étaient daiïs l'impuissance de le l'air;- , fau e loi que Dieu a faite pour son utilité? SKran^hi
de grâce, et c'est aussi ce qu'établit le par ces deux maximes, de toutes les lois, de
P. Quesnel conséqueiiiment à son priniip •, la nécessité des bonnes œuvres et de l'usage
avançant celle maxime, que sans la grâce des sacrements, ne donnera-l-il pas carrière
efiicace on ne peut rien, proposition 2. à ses sens et à ses passions?
11 n'y a personne qui ne voie que c'est Il ne faut pas s'éionner si l'on découvre de
dire positivemenl de tous 1. s infidèles qui ne temps en temps des personnes qui paraissent
sont point entrés dans la voie du salut, de l s plus éloignées de mettre en praiique cella
tous les chréiiens pécheurs qui n'y soiil po ni doeliine, et qui cependant ne laissent pas,
rensrés, et de lo s les jusies qui n'y pt-rse- sous un extérieur Irès-reformé, de commet-
vèri'ut point, qu'ils n'onl eu nulle gàce de tre sans rcmoids les plus grandes abomina-
Jésus-Christ pour le faire, puisqu'ils ne l'onl tions. C'était agir conséqoemraent et régler
pas fait effectivement; que Dieu les a tous leur conduite sur leur créance. Si tous n'en
laissés dans l'impuissance, les uns de se con- font pas autan!, il faut que ce soit, ou parca
vertir, les autres de persévérer, tous dans la qu'ils ne cro eut pas dans le cœur ce que
nécessi é de se prdre; enfin que nul ré- quelque inlcrê! les oblige à soutenir devan)
prouvé même d'entre les chiélieus, n'a pu
, le moode, ou parce qu'ils n'en comprenneni
éviter la damucition éternelle. pas les consecjucnces. C'est qu'ils sont meil-
A de si affreux paradoxes, les catholiques leurs que leur religion. Un catholique qui
ont toujours oppo-é cet axiome de saint Au- croii comme l'Eglise n'est jaraa s nussi hom-
gustin, qui est celui de la lumière n;ilureile iî.ede bien que sa foi le demanderait; et quand
et du bon sens, peccati reum teneri quenu/ tam, il n'r-bserve pas la loi, il l'evienl une espèce
quia non féal qnud facere non polutt, suminœ de monstre dans la moale. Un janséniste,
iniquitittis est et inaniœ. au contr.iire, qui ailie avec la doctrine de son
Pour éluder celte objection, les novateurs parli la vie d'un homme de bien, esl une au-
ont conspiré tous à soutenir au coiilrdire tre espèce de prodige, puisqu'il joint deux
que l'impuissance de faire ce qui est défendu choses qui paraissent incompatibles.
n'empêche po ni que la Iransgressioi du pré- Pour revenir au livre du P. Quesnel, nous
cepte ne soit une oHense de Dieu qui mérite ne dirons ici que deux mots : 1° de r.iffecla-
l'enfer, elc'esl ce qu'ils s'efforcent dr justifiiT tioii (le cet auteur à peindre les partisans de
par I exi'mple des infidèles et des JuJs, qui JiMiséiiius coiiime des mnrtyrs de la vérité
sont, disent-ils, dans l'impuissance d'éviter persécu ée par toutes les puissances ecclé-
le mal, et qui ne sont pas excusables pour siasliques et lempo' elles; car c'est à ce but
cela. que lenden' d'une m;inière sensible et palpa-
Cesl ce quele P. Quesnel établit oiiver le- ble toutes les allusions si bien marquées dans
ment à l'égard des Juifs dans les propositions son ouvrage; 2° du plaisir qu'il trouve, com-
6, 7 et 8 de la bulle, et dans plusieu. s autre» me tous les novateurs, à représenter l'Eglise
qui y sont omises et à l'égard des infidèles,
;
dans un état de vieille,-se, de caducité et de
par les propositions 20. 27, 2D, 4-0, il, 'i2. ruine; 3' du soin qu'il prend d'attribuer la
Us pèchent, selon lui, lorsqu'ils n'observent jurididion ecclé-iaslique et le pouvoir des
pas la loi; et ils pèchent encore en l'obser- clefs aux laïques et au peuple;
'*"
Du zèle
vant, parce qu'ils ne le f mt que par un mo- qu'il a pour faire lire in liiféreminenl à toutes
tif de crainte, et sans rapporter leurs aclions sortes de personnes les saintes Ecritures en
Dieu comme à leur dernière Cn, pur un langue vulgaire. Toutes erreurs répandues
801 QUE QUE 801
diiiis les do Jean Hns, de
livres de Wiclef, Quesnel ne réagit pas d'y avancer que la
ii.rnis, (le Saiiil-Cyran, de Marc-.' nloine, de cour de Rome est le lliéâlra des passions, et
Diiininis cl de lliclirr; et que Quesnel a visi- que le brifdu pape était l'effet de l'intrigue.
liletneiit, mais ailruitement semées dans ses On ne peut, dit-il, regarder une telle c- nluite
lléllexions. que comme un attentat scandaleux (/ni bUsse ,
Apîès avoir ainsi examiné le fond de ce l'épiscopat dans le cœur.... un ouvraijr de té-
dangereuse ouvrage, il ne reste plus qu'à par- nèbres l'entnprise d'une horribi" cabale.
et
ler liu sort qu'il a eu, et de la personne de Après tout ce que nous avons dit h ce su-
soiiauteur. jet, pourra-t-on entendre sans indignalion un
Les Ho.lpxions morales ont été condamnées grand noii;bre de quesnellisies (jui ont le
par un décret de Clément XI, da 13 juillet front d'assurer que le livre des liéflcxions
1703, morales a été longtemps sans essuyer aucune
Par M. l'évéque de Gap, le 4 mars 1711, ctr. contradiction?
Sup riméi's par un arrêt du conseil du 11
Explication apologétique des sentiment^du P.
novemliri? 1711.
Quesnel dans ses Itiflexions sur le Xonrenu
Proscrites par M. le cardinal de Noailles le
Testament, pur rapport à l'orilonnaice de
28 septembre 1713, après avoir révoqué son
messieurs Ifs évéïjue^ de Luçon et de la Ho-
appro..aliou (1).
chelle, du lo juillet 1710. 1712,in-12, deux
Eiîfin elles onlélé solennellement condam-
parties la première, do IJl pages- la se-
:
nées (>ar l.i conslilution Uiiù/rnilus, publiée
conde, de 30i pages.
à itoiiio le 8 septembre 1713, sur les instaii-
ci-s lieLouis XIV, acceptée le 'io janvier nii On a vu de quelle rain ère le livre du P.
par évéques asseniulés à Paris enregis-
les ;
Quesnel a été approuvé par M. Vialard.
ti-ée (MlSorhonne le 5 mars; reçue dans l lut Quesnel raconte ici la cho«e tout autrement.
l'uiMvrs caliioliijue par le corps épiscopal; 11 veut rendre une inlinile ùf personnes com-
publiée par les lettres patentes du roi en- ;
plices, pour ainsi dire, de ses né/lejrions mo'
reï;is rée en parlement et devenue ainsi loi raies, et approbateurs d'un si mauvais livre.
de riîglise et de 1 Etat. Il n:' faut pas en être surpris, les hérétiques
Trois conciles (d? Lalran, d'Avignon et ne sont pas moins habiles à altérer les faits,
d'Embrun) ont anatliétnatisé le livre de Ques- el à ingénier des fables, qu'à corrompre la
nel, et ont applaudi à sa condamnation et ;
doctrine el à publier des erreurs. Quesnel
c'est a tuellemcnt le cin |uième pape (|iii ap- a le front de dire (p iges 3i, 3(5, .17, 38 el 39j
l)uie de sou iiutorilé le saint décret, et que les jésuites, le P. de la Chaire, par exem-
qui flétrit ceux (|ui n'y sont pas soumis, en ple, le P. Iiûurdaloue,etc.,ont longtemps loué
les déclarant exclus de la grâce du jubilé, son ouvrage, el iju'ils en ont auiorisé lec- 1 ;
comme il a dé à lait en 17i5, et comme il ture. Ensuite, par une supercherie digne
vient de f.iire par son bref au roi. d'une si méchante cause, il ose assurer (]ue
De sorte que l'oppo^iiion des novateurs à lonl le jansénisme renfermé dans son livre
la coiisdtutiiiu n'a produit autre chose que et ataqné par messieurs de Luçon cl de la
de rendre l'acneptatiou de ce décret la plus Rochelle n'( st que le sentiment de la grâce
authentique et la plus solennelle qu'il y ait efficace par el e-raéme.
•jamais eu dans l'église de Jésus-Clirist. Dans i'avertissemcnl qui est à la fêle de la
Pour ce qui est du P. Pasquier Qnesnel, seconde pail e, page xvi, le P. Quesnel fait
préire de l'Oratoire, cl auteur de cet ouvra- celle hypocrite pri.testation. 7e .snum -^s irès-
ge, il fut arréie à Bruxelles le .10 mai 1703; sincèreinenl el mes Rellexions sur le l\'ouieiu
il s'rchappa de sa prison le 12 septembre de Teslatnent et toutes les ixplications iju- j'en
,
Nouveau TeslamniC de Châlons, 1709; iu-12 p :pe,et (lue la condamnaiion a été reçue avec
appl.iadissement de toute l'Kglise, qu'est de-
de 2i)(i pages, sans les pièces justilicalives
venue cette >oi(m.<sion Irès-sinciri? \ quel
et la table.
excès, au contraire, de révolte, d'invectives
C'est contre le bref de Clément XI, du 13 cl d'outrages ne s'est-il pas porté contre
juillet 1708. (Oiidamnanl les Rcjcsiotis mu- l'autorité (lu -ainl->iége et des évé(iucs ? Et
rales, et précède d tant d'autres condam-
•
enfin n'est-il pas mort dans un déplorable
n:itio.is émanées de l'épiscopal, que sont eiidiircissemeiil toujours opiniâtrement al-
,
composés les Entretiens dont il s'agit. Le P. tachè à son appel impie et schismatiquc'?
(I) Le parti a publié : Défense au mnndetneni de bl é deux cxcelliniis peiiis oiivrases, l'un iniltiiié :
M. te cnrdiiial de Noaitlcs, artlievciiu,- de l'jiis, por- Qu snel sédiiieiix, el \'.nilTe :Quesnel liérélique. Le
tant approtia.ion des Ité/lexions momies du l>.
Quesnel paru leur oiipi sa le libelle dont il s'agit, qui doit
sur le .\ouiieau Testament, à Paris, chez André
l>ra- être censé condaïuiic par la bulle Uniûenilus, puis-
lard, 17u5, in-li, page 105.
qu'elle condamne lous les livres il libellis, soit uia-
sont quatre leilres écrites pour la jiisiillcaiion
C('
nuscrils, soit imprimés, ou qui pourraient s'imprimer
du Nouveau Tesl;iment du P, Quesnel. On avait pu- pour défense du Nouveau Tesiaiiient du
la 1'. Quesnel.
,
pages; 171i. On prétend y justiÔer les pro- 2 qu'on a encore entre les mains les lettres
positions 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 4G, où il le lui reprochait à lui-même; 3 que
47, 48, 49 et 50. dans son écrit il ne justifie le livre de Qnes-
nel, qu'.: condiiion qu'il sera corrigé et rec-
Cinquième Mémoire pour servir, etc.; 1715, tifié par six-vingls cartons au moins (con-
et sub judice lis est; 324 pages. On
lulliuc
damnation encore |)Uis forte que celle qui
y déftnd les propositions 51' et suivantes, est portée par la bulle, où l'on n'a spécifié
jusqu'à la 68'. en détail que 101 propositions); 4° qu'il
Sixième Mémoire pour «eiDi'r, etc.; 1715, avrc avait composé un avertissiment, pour ex-
deux avertissements, 271 pages. Il s'y agit pliquer le sens cati.idique que devaient
des propositions 68' et suivantes, jusqu'à avoir les autres points qui lui faisaient
la 87'. peine, et qu'il n'avait pu comprendre dans
les 120 carions 5' qu enfin convaincu dr la
Septième Mémoire pour servir, etc.; 1716. ;
que la doctrine qu'elle condamne est une doc- que son orgueil et son opiniâtreté. Il con-
trine de foi que le concile de Trente nous en- seilla à son neveu de s'altacher au gros de
seigne, et sans la croyance de laquelle l'an- l'armée; que n'a-t-il suivi lui-même le con-
cienne Eglise romaine a déclaré qu'on n'est seil qu'il donnait aux autres ?
point catholique (Ibid., p. 70,71, 74).
Si ces affreuses paroks sont vraies, le saint-
Lettre.... aur cardinaux archevêques et ,
siége a afOrmc cent une erreurs; il a renoncé évéques de France assemblés à Paris au
,
tique qui était comme l'àiue de sa conJuite ment des mysiéres d'iniiiultés contenus lans
et de toutes ses démarches. ces nouveaux Rèijlements, et des dan;>ereux
con plots qu'on avait formés contre la reli-
RÉPONSE.... à une religieuse, au sujet de l'in- gion.
tCruction pastorale des quarante évéques. M. d'Aubigné, archevêque de Rouen, en
Le P. Quesnel ose avancer, page 2, que eut une copie exacte et l'envoya à M. le ré-
l'instruction pastorale publiée sous le nom gent, qui m'ordonna de l'exaininer et de lui
des quarante évéques est une misérable pièce, en faire mon rapport. Cette copie avait été
un ouvrage de ténèbrts, entrepris et exécuté donnée à M. l'archevêque de Rouen par un»
de mauvaise foi , duquel il ne faut faire aucun religieuse, jusqu'alors des plus entêtées, vmis
usage. C'est ainsi que ci' vieil hérétique in- qui revint de bo,<ne foi de ses erreurs. Les
sultait à ses ju^es. li assure, pa<;e '*, que la règlements lui avaient été adressés en 1;,9'J
constittition est telle qu'il ne peut y avoir par une lettre du P. Quesnel : celle lettre
aucune bonne manière de la recevoir. me fut rema-e avec les règlements.
Ces règlenunts ou statuts consistaient en 10
Préjugé légitime, pour justifier ses injusti-
ou 12 articles, qu'on udrtsmit par une lettre
fiables erreurs.
circulaire à ceux qui da)is chaque province
Instbuctions chrétiennes et prières à Dieu étaient regardés comme les supérieurs locaux,
pour tous les jours de l'année, tirées des et qui, selon le devoir l'e leur charge, s'appli-
Réflexions mora es. Paris, chz Praiard, quaient à former de nouveaux prosélytes. On
1701, in-12 de 420 pages. y avait joint une courte instruction sur les
Quesnel a donné à ses Réflexions morales principaux points du dogme et -ur les diffé-
toutes les tournures imaginables Instruc- :
rnies manières de converser avec les simples,
tions , Jour évangélique Pensées pieuses.
.
avec les neutres, avec les dévots, avec tes li-
Prières chrétiennes; Méditations, etc. H a bertins, avec les prêtres. Pour les religieux,
il était enjoint à tout le p irti de n'avoir au-
sassé el Iduté ses erreurs sous une infinité
de tiires. Par celte industrie il augmentait cune liaison avec eux. Ils devaient les regar-
ses finances et répandait plus au l<>iii son der coiinne des usurpoteurs qu il fallait dé-
poison. Qu'on ouvre les Instructions chré- pouiller de tous leurs biens.
tiennes, trouvera à coup sûr quel-
et l'on Dans celte lettre circulaire, on recomman-
ques-unes des cent et une propositions con- dait aux nouveaux disciples de la grâce, de
diininées. Par exeraide, je tombe sur la page cimeriter entre eux une parfaite union , de
180, et j'y trouve La grâce de Jésus-Christ,
:
n'agir que par un même esprit, d'ensevelir
principe efficace de toute sorte de bien, est né- dans un profond secret les points fondamen-
pour toute bonne action.... Sans elle,
cessaire taux de leur doctrine, et d'avoir égaid aux
non-seuLmenl on ne fait rien, mais on ne personnes qui pourraient s'en scandaliser.
peut rien. Le secret étuit surtout nécessoiie sur l'ar-
Me voici à la page 23, ticle de la messe. Selon eux, on ne doit jamais
et j'y lis
: Les sou-
haits de Jésits-CUrist ont toujours leur ef- la dire qu'en présence du peuple. Ils reje-
'
fet, etc.
taient généralement toutes les messes privées.
Ce livre a été défendu par M. l'évéque de Ils s'expliqutienl avec la même aversion sur
Marseille en 171i, sous pt'ine d'excommuni- les messes basses où personne ne communie
cation encourue par le seul fait. avec le prêtre. Ils voulaint qu'on détruisit
toutes les chapelles, du moins, disaient-ils,
Instructions chrétiennes et élévations à Dieu si on les laisse subsister, qu'on se contente d'y
sur la passion, avec tes octaves de Pâques, adress r les prières au Seigneur, mais qu'on
delà Pentecôte, du Saint-Sae.) ement et de n'y offre juuHiis te sacrifice. Qu'on sache
,
Noël, tirées des Réflexions morales sur le ajoutaient-ils, qu'il n'y a point d'église pour
Nouveau Testament. Paris, Praiard, 1702. les religieux; qu'ils ne peuvent avoir que des
Ce livre, comme le précédent et le Jour chapelles ou oratoires; que s'il leur est per-
évangélique, lut déf ndu par M. i'évêque de mis d'y célébrer les saints mystères, ce doit
Marseille, sou5 la même peine* toujours être portes clauses, el que r'e^t un
péché pour les laïques d'y assister, en s'absen-
Epitrks et Evangiles pour toute l'année, etc. tant de leurs églises.
Paris, Praiard, 1705. Sur l'eucharistie; à la vérité, disaient-ils,
C'est un précis de co que les Réflexions lecorps de Jésus-Christ n'y est ni par la foi,
morales contiennent de plus mauvais. Ainsi, ni en figure, comme les calvinistes le préten-
ce livre porte avec soi sa condamnation; ce dent; mais aussi, poursuivent-ils, il n'y est
qui n'empêcha pas que M. l'évéque de Mar- ni réellement ni substantiellement, comme
seille ne le proscrivît spécialement VEg'ise romaine nous l'enseigne. Il y est
par un
mandement publié en 1714. d'une manière inconcevable et indicible.... Us
ne reconnaissent point d'antre purgatoire que
Pensées pieuses tirées des Réflexions mo- les tribulations qu'on souffre dans cette
rales du Nouveau Testament. vie;
Paris, Pra- point de caractère indélébile dans l'ordre de
iard, 1711.
prêtrise; c'est-à-dire que lorsqu'un curé ou
801 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 808
même quun evéqtie est déposé, leur carartcrc mer une du sieur Pinson, sculpteur, et
lettre
s'e/pice, el l'un et Vautre est réduit à l'éuu neveu ilu P. Quesnel. Dans elle lelir.', dont
des laïques. ce préLil avait l'origiiiul, ce sculpteur dé-
Dans les articles suivante ils ané intissent clara nettement {\u'ayant demandé à son
lepouvoir et la vertu, des clefs clans le sacre- oncle Quesnel à quoi donc s'en tenir sur
ment de pénitence. toues les d sputes qu'on voit aujourd'hui, il
Ils prétendaient que dans la confession les lui avait répondu de se tenir attaché au gros
péchés sont déjà remis avant l'absolution; que de Varbr de l'Eglise, et qu'il n'y avait que
la contrition y est toujours requise, et par les manières ouïr géantes des jésuites qui
conséquent que l'altriiion ne saffit pas avec l'avaient engagé à soutenir avec opiniâtreté
le S'irrement. ce qu'il soutenait aujourd'hui. Le sculpteur
On jugera des desseins et de l'esprit du ajoute que cela est très-vrai, son oncle Ques-
parti, par les schtes que donna M. Petit-Pied, nel le lui ayant dit plus de vingt fois. Une
un de leurs principaux chefs, après qu'il fut pareille découverte mit l'aLirme dans lé
revenu en France. Asnières fut le l eu qu'il parti; il en sentit tnules les conséquences.
choi it pour y exposer sa nouvelle liturgie C nseiller de s'attacher au gros de l'arbre de
aux yi'ux d public. Ce vi'lage est aux portes
; l'Eglise, quand on s'en sépare soi-même;
d' Paris. On y accourait en foule, el on en résister avec opiniâtreté à la plus sainte et à
rapportait des choses si étonnantes, que la la plus ligilime auto ilé, pour se dépiquer
posli'rité aura peine à croire que M. le cardi- de quelques manières qu'on appelle outra-
nal de Noailles ne se soit jamais mis en peine geantes, ce sont dis dispositions peu aposto-
d'en arrêter le cours. liques, peu honorables à celui que la petite
M. Pelit-Pied commença par construire un Eglise regardait comme son pape. D'ai leurs,
nouvel aatel.... Dans le temps même du sa- les jansénistes craignaient avec raison que
crifice on ny voijait ni croiX ni chandel ers... ceux qui liraient cette letlre, ne prissent le
Le pain, l'eau et le vin, qui devaient servir au P. Quesnel au mot, et ne suivissent en effet
sacrifice , lui étaient portés parmi les of- eux-mêmes le conseil qu'il donnait à son
frandes du peuple. Dans la saison on y aiê- neveu.
lait les prémices des fruits, et on les plaçait Ils résolurent donc d'attaquer M. d'.\n-
sur l'autel.... De temps à autre les bénédic- gers. On crut que les carquois jansénistes
tions qu'il est ordonné de faire sur le sacré allaient s'épuiser. Tout aboutit à deux écrits
corps et sur le sang dorable de Notn-Sei- anonymes et à un acte d'un bénédictin de
gneur se faisaient sur les fruits de la saison, Château-Goutier, élajé d'un menuisier de la
qu'on avait placés à côté du calice. J'ai vu méuiu ville.
moi-même trois ans après, coniinue .M. l'évé-
que de SIsteron, pratiquer la même chose sur Le prélat détruisit aisément cette pitoyable
un bassin d'asperges. A la communion des batterie par sa lettre à M. le marquis de
laïques, le sous-diacre, revêtu de sa dal'na- Magnane. Or, c'est contre cette lettre ([uo
tique, communiait mêlé à la mêiiie table avec s'élève avec violence l'auteur de la Réponse
les femmes. Parmi les dernières arasons, on dont il s'agit dans cet article.
en avait inséré une qui était pour demander à M. d'Angers y répliqua par une lettre à
Dieu la conservation de la nouvelle église. Je M. l'ablié de Glaye, du 7 août 1721, où il re-
Vai encore entendu chanter en ma présence. leva admirablement toutes les conlradic-
A ces rubriques nouvellement inventées et tions. les déguisements et les injures de la
pratiquées sous les y' ux de M. le c rdinal de Réponse, s'eloiinant (|u'une cellule eût pu les
Noailles et à la vue de tout Paris, le sieur enfanier. il confondii à un tel point les mi-
Petit-pied en ajoutait une infinité d'autres; sérables adversaires qu on lui avait opposés,
par exemple il faisait publiquement la cène le qu'il resta pour certain iiue le sieur Pinson
jour du jeudi saint, et le curé d' Asnières la éiait neveu du P. Quesnel; qu'il l'aviiil vu
fit encore après lui. Avant Is vêpres, une dans le voyage que ce Père fil en cachette de
espèce de diaconesse Usait à haute voix Hollande à Paris; qu il lui avait servi
l'évangile du jour en français. En un mot, d'homme de confiance pendant son séjour:
le fanatisme était porté à son dernier période.
qu'il l'avait accompagné dans son retour en
RÈGLEMENT d'une dame. Ho lande, et que penuant tout ce temps, le
P. Quesnel lui avait souvent conseille de se
M. Brigode, secrétaire de Quesnel, avoue tenir attaché au gros de l'arbre de l'Eyl se, et
que c'est lui qui a fait réimprimer ce livre. lui avait dit que lui, Quesnel, ne soutenait
Nous n'avons pas, à beaucoup près, donné avec opiniâtreté ce qu'il soutrnaii, que parce
la liste de tous les ouvrages de Quesnel. que des manières outrageantes l'y avaient en-
Réponse de M. le marquis de
'" à la lettre gagé. Précieuse anecdote, qui nous apprend
de M. l'évêque d'Angers, du 30 octobre pos tivement, ce qu'on avait déjà raison de
1720, où ion justifie le sieur Pinson contre croire, que c'est le depii, la jalousie , la
les nouvelles calomnies de ce prélat, etc. haine, l'orgueil, mun mol, les plus grands
vices de l'esprit et da cœur, qui ont entante
M. l'évêque d'Angers, (Poucet de la Ri-
le quesuellisme.
vière,) à la Gn d'un de ses ouvrages inti-
tulé ; Réflexions consolantes, etc., fit impri- QUKUX (Cladob Le ). Voyez Leqdeox.
m RAC RAC 8in
R
RACINE (Louis), fils de Jean Racine qui Réprobation positive.
fut un des plus beaux génies du siècle de
Louis XIV, et peul-^^'tre le poi'le tragique le Chant IV, v. 37, etc.
pins parfait qui ail jamais piru (1), naquit Des tjumains en deux parts Vieil sépara ta masse-
à Paris le 6 novembre 1G92, et se fit un nom Les liomiues à ses yeux en mérites é,jaux
Reçurent pour parwge ou les biens nu les maux.
fiarun poëme sur la religion et un autre sur Nous frtuies lous ,iu!»és. De la race proscrire
a (jrdce, et mourut dans de g;rands senti- Sa bonlé sépnra la race lavorile...
ments de piété, en 1763. Les liommes par ce ciio'x qui partage teur sort
Sont lous, ilevanl celui qui ne lait aucun tort,
PoEME sur la grâce. Les uns, \ases d'Iininieur, obiets de ses teulresses,
Connus, prédestinés à ses riclu-s promesses;
L'auteur de ce poi'me est M. Racine fils ,
Les aulrt s, malheureux, imonnus, réprouvés,
du fameux poète de ce nom. (]omme il était Vases (l'ignominie, aux flammes réservés.
jeune quand il le publia, on peut rejeter sur Et le principe de ce partage et de toutes
son âge et sur son cdiicalion les défauts de ses suites est la seule volonté suprême.
son ouvrage, et par là l'excuser en quelque
louche, il endurcit, il punit, il pardonne.
sorte d'avoir ignoré la véritable doctrine de Il
Dès que ce poème parut, on en fit une cri- Ce qu'il veni, il l'ordonne ; et son ordre suprême
S'a po:ir taule raison que su volonté même.
tique littéraire el une crilique dogmatique.
On l'examina, l" sur le fond du poème et sur Et quel est le fondement de celte répro-
la versification 2" sur la doctrine. De ces
;
bation positive"? Le péché originel qui est en
deux articles, le premier n'est point de notre tous.
ressort, nous nous bornerons donc au se- Qui suis-je pour oser murmurer de mon sort,
cond, et nous nous contenterons à cet égard Jl/oi conçu dans le crime, esclave de la mort !
tion pour les uns à force de grâces nécessi- donc point au pouvoir du baptisé de se sau-
tantes ou qui sauvent nécessairement;
, ver! Il deniourt' donc prédestiné pour le
y" l'impossibilité du salut des autres, faute mal Or, toutes ces erreurs n' sont-elles pas
!
(1) Jean Racine donna une Histoire de Port-fioijal, rie paiii. Il en a pirii une minvelle en 1786, Paris,
du
17G7, 2 parties in-li. Le slyle de cet ouvrage est 4 toni. I11-1-2, -2 voi. Outre cela, nmis avons encore
coulant et liistorii|uc, mais souvent néglige; on sent les Mémoires liist. et citron, de (îiiilbert. T.int d'Iiis-
asseï i|ue riiistorien est dans le cas de laire quelque- loircs d'une maison religieuse semlilent dire qii'ello
fois l'apiilogistc et queliiiielois le p,iné(,'yrisle.Clénieniit avail grand liesoin do gens inii en contassent du bien-
nous a duiiiie aussi une llisioire de cette maison chc-
DlCTIONNAIRE DES HÉRÉSIES, li. 2G
8H DICTIONNAIUE DES JA^SENISTES. SIS
Impossibilité chi salut pour tous ceux que voyons à \' Examen
de cet ouvrage, examen
Vieil a destinés à l'enfer, en vue du seul pé- qui a été imprimé en 1723, et que nous n'a-
ché originel. vons fait que copier jusqu'ici.
Le poêle développe ainsi son dogme. La Au reste, comme l'auleur ne s'est point
grâcB conlinueliemeul néces>aire au
est défendu contre cette critique, il faut croire
jusU-, pour qu'il ne tombe pas en péché qu'il en a reconnu la justice, et qu'il n'est
morts). plus aujourd'hui (I) dans les mêmes senti-
ments, oii il a eu le malheur d'être en com-
Chant II, V. 129, etc.
posant son poème.
De tant d'ennemis quoiqu'il soit le vainqueur,
Felier dit que cette critique est quelque-
SI a grâce un mo'iitin ai. an lonne son cxur,
Le lri(im(ilie >era d'une cour le ilurée :
fois UQ peu sévère, mais qu'elle renferme
Des dons qu'on a reçus la perle est assurée, des observations raisonnables.
St la nrJce à lou:e heure acconl ml son secours On connaît ces vers que Voltaire a adres-
De ses premier^ bienlaits ne prolonge le cours.
sés à l'auteur du poëme de la Grâce
Or, Dieu sousirait quelquefois, souvent
même à l'homme justifie, ces grâces si né-
Cher Rncine. j'ai lu, dans les vers didactiques,
De Ion Jan^énius les dogmes fauaiiqu s :
cessaires, et par il les relire la seule raison Quelquefois je l'admire, et ne te crois en rien ;
de sa suprèmi? volonté, voulant par exem- Si ton slyle ineplail, ton Dieu u'esl pas le mien;
ple faire sentir à l'homme juste toute sa Tu m'eu un tjran, je veux qu il sOit mou père.
lai-
Si ton cnll' est sacré, le mien est volonlaire;
faiiili'sse. Car Dieu (dit le poète, chant IV,
De s"n sang mieux que toi je reconnais le prix :
pu parer.
heure apprélienue sa chute
CATÉcnisME de la pénitence qui conduit les
Qu' le juste à loule :
S il tnmbe cependant qu'à lui-même il rini|iule. pécheurs à une véritable canversiun. Pa-
ris, Josset, 1677, in-12 lie 20i pages.
Mais parler ainsi n'est-ce pas déclarer
que quelque usage que le juste fasse de ses Ce livre, qui était d'abord en latin, repro-
forces présentes, qu('li|uefois les commande- duit les erreurs du Caiéchisme de la grâce ,
ments lui sont impraticables, faute d'une qui avait été condamné. Voyez Peyoeac.
grâce qui lui rende la loi possible? Par con- REBECQ (de), faux nom que se donna le
séquent, n'est-ce pas souienir ouvertement P. Quesnel lorsqu'il fut arrêté. Voyez sou
la première des cinq propositions de Jan- article.
sénius? REVNAUD (AIARC-A^•TOI^E), naquit à Li-
mon x vers 1717, entra comme novice à
,
La damnation impossible aux prédestinés par l'abbaye de Saint-Polycarpe, livrée au jan-
le moyen des grâces nécessitantes.
sénisme depuis la mort du pieux Lafite-.\la-
Pour soutenirla seule grâce nécessitante, ria, [Voyez ce nom). Comme par ordre du
le poêle quatre choses
fait : roi, en 1741, il élait dtfendu d'admeilre au-
grâce catholique; et après
1" Il décrie la cun novice à la profes^ion, il fui obligé de
l'avoir atiribuée non à l'Eglise, mais à un sortir, n'étant encore que tonsuré, et se ren-
seul théologien ou à une seule école, il la dit à .\uxerre, oii il fut accueilli par de Cay-
note par deux endroits; premièremint, comme lus,qui l'ordonna prêtre et lui donna la cure
subordonnée imlécemmenl à la volonté hu- de Vaux, à laquel e était unie la ilesserle de
maine ; secondement , comme laiss ni à Champ. Il avait du labnl, cl il le consacra
l'homme seul la gloire de la bonm- cEuvre; à la uefensc de son p,ir!i,sans pourlaiil tom-
2" Il décharge la grâi-e nécessitanie de la ber dans les excès et les absurdités de quel-
double flétrissure qu elle a d'être la grâce <ie ques-uns, qu'.iu contraire il prit à tâche de
Liither et de Calvin, et la grâce analliéma- signaler et de comhatire. Il est un de ceux
tisée par le concile de Trente; qui ont le mieux mis à découvert les folies
3° Il exprime l'efficacité qu'il approprie à et les abominations des coinul ions, dans
la grâce par les termes les plus pra|)res à deux écrits intitulés Le Secourisme détruit,
:
marquer une vraie nécessité, sans la nom- et Le Mystère d'iniquité. 11 laissa de bons ou-
mer nécessité ; vrages. On peut voir sur lui, dans VAini de
i" il accorde aux œuvres faites par la la eligion, tom. XX W,
une notice élinJ..e
grâce nécessitante la vertu d'être mériioires. et intéressante.
Nous n'entrerons pr)int dans le délai! pour RICCI (SciPio\) êvcquo de Pisloie et
,
prouver tous ces points par des morceaux Pr.ito,naquit à Florence en I7il, parvint à
du poëme, cela serait trop long. Nous ren- l'épiscopat en 1780, el signala chaque année
(1) On voit que l'auteur de cal article écrivait lorsque llaciue vivait encore.
815 RIC ftIC M
de son gouvernement par des actes indiscrets échecs, Ricci, soutenu par le grand-duc, n a-
ft turbulciils. Son premier écrit p;ir;iit être bandonna pas ses plans. A son instigation,
Ylnstriiction pnsi orale, du 23 juin 1781, sur de nouveaux édits en leui- faveur, et calqués
la dévoiton au sncré-cœar. On ne multiplie sur ceux de Vienne, se succédaient. Un évé-
que trop les dévotions dans cède H- des nement au |uel on ne s'attendait pas vint
siècliS, disait le |
ieux évéquo. Dans une au- meltre fin à ces funestes innovations. La
tre Instruction pastorale du 1" mai de l'an- murt de l'empereur Josep'i 11 eu 1T90 fit
, ,
née suivante, sur la nécessité et ta manière passer Léopold sur le trône impérial. Il pa-
d\'ludicr la religion, il appelait Quesnel un rait que la conJuite de ce prince, dans ce
pieux et snV'int martyr lie la vérité, et louait qui s'étaii passé, tenait moins à ses propres
les autres appelants français. Il faisait irn- op nions qu'au désir de ne polni coiitrarier
primi-r à Pisli)ie un reçu, ij d'ouvrages jansé- son f ère. Après son déparlde Toscane, tout,
nistes, dont il parut successivement onze vo- sous le rapport r lignux, y rentra dans Tor-
lumes qui ren ermaient des acU'sd'ap|)cl, il^s dre. Une nouvelle éun ule (|ui eut lieu à
mémoires contre le saint-siégc, des écrits Pisloie conlie Ki(ci l'obligea de fuir et le
conire les jésuites. On a peine à concevoir le détermina à donn t sa deiuiss-on. Pie V'I, en
but d'un prélat qui suscil.iil ainsi des que- 17!)i, coudanma par la bulle Aucorem fidei
relles sur des sujets peu connus en Italie. sa docirine établie ilans le concile de Pistoie.
Déjà fauteur des léformes iniroduites dans Cette condamnation ne suffit pas pour ouvrir
les Etats autrichiens par l'empereur Jo- les yeux à Kic. i. Plus lar.l, eu 1799, il subit
seph II, Hicci devint le conseil de Léopold H, un emprisonnement pour s'être déclaré en
gran.i-duc de Toscane et frère de cet em- faveur des décrets de l'assemblée consti-
pereur. On vil dès lors le gouvernement se tuante et lies Français qui avaient momeuta-
mêler des jifTiires ecclésiastiques, vouloir némenl ociupé la Toscane. Rendu à la li-
ré;;ler le colle et les cérém<mies, ei s'empa- berté, il persista dans ses erreurs. Ce ne fut
rer de l'enseignement spirituel. On faisait qu'en 1805 nu'il revii.t sur ses pas. Pie VII
composer des catéchismes sans consulter les passait par Florence on revenanl de France.
évoque^; on établissait dans les écoles de L'heure du rep 'utir était ariivee. L'ancien
théologie des professeurs imbus drs doclriaes évèque de Piitoie vit le saint-père et lui re-
qu'on voulait accréiiter. Le 18 septembre mit une déclaration portant qu'il recevait les
1786, conformément aux désirs du grand- coiistilutions aposioliques conire fia'ius, Jan-
duc, hicci ouvrit à Pisloie un sjnode pour sé:iius et Quesnel , et no animent la bulle
procéder régulièrement aux réformes qu'on Auctorem fidei, qui condamnait son synode.
voulait faire. Il s'en fallait bien qu'elles fus- Gel évê(iue mourut le 27 janvier 1810. Un
sent du goût de la nia,orité de s^n clergé; lit dins le Dictionnaire universel de Prud-
mais la nouvelle théologie avait pénétré homme (lue Ricci ne se rétiacta point, et
dans l'universiié de l'avie. On fit venir de on en fait pour lui un sujet d'eloges. Son
celle ville 'lamburini, qui avait été pri\é retour à de meilleurs sentiments est un fait
de sa chaire i^ar le cardinal Molino, évèque po-i if, et nous croyons le louer mieux en
de Pavie, pour une dissertation oii il établis- aflirmant sa rétraclalioii et sa soumission
Bail sa d iclrine janséniste sur la grâce. aux lois de l'Eglise. En 182+ on a puljliéà
Ricci le ût promoteur de son synode, (|iioi- Bruxelles un ouvrage intitulé: Vie et mé'
qu'il n'eût pas même le droit d'j assister. Il moires de Siipion Ricci, par de Po ter, 4- vol
y joua le principal rôle, aidé d'ecclé^iasli- in-8". U a été réimprimé en 1823 à Paris
ques pensant comme lui , qu'on avait eu chez les frères Rauilouin. Celte édition, qui
soin de lui adjoindre; on y adoi)ta toute la est mutilée, a été publiée par l'abbé Gré-
doctrine des appelmits français. (;n y consa- goire et \r comte Lanjuiuais.
cra le système de Ba'ius et de Quesnei sur RICH.\RU [Viibbé, , un des pseudonymes
les deux amours, sur l'eflicacité et la loule- dont usaii le P. Gcrberon.
puissance de la uràce, sur riiiefGracilé et RICllKR (Edmono) naquit, en loCO, à
l'inutilité de la crainte; en un mit, sur les
Chaource, dans le diocèse ne Langres, vint à
dogmes que l'Eglise repousse de|iuis le com- Paris, mérita le boimet de docteur en 1590;
mencement de ces disputes. L'anné' sui- eut la haidiesse, dans une thè-e soutenue en
vante, une seconde assemblée se tint à FId- octobre lo91, d'approuver l'aciion de Jac-
rence le 2:J avril ar ordre du grand-duc;
i
puissance ccrléfiaslique et politique, avec les coiiipelit, ut seipsam gubernet, quam alicui
preuves «ur lesquelles il est aiipuyé, et la homini singuhvi ut tolam societatem et com-
dét'eiise ou jusiiricatioii de ce même écrit. munilatem re/at. Cap. i, p. 2. Adversus legem
Ce lui en IGII, pendant la ininorilé de divinam et naturalem neque spatia teuporum,
Louis XIII, un an après la mort de Henri n que privilégia locorum , neque dignitates
IV', que fui imprimé pour la première fois le personarum unquam prœscribere poterunt.
livre sur la Puissance ecclésiastique et poli- Cap. Il, p. 3.
tique. A peine parut-il qu'on le regarda, en De ces principes Richer c mcluait que le
France el à llonie, comme un écrit des plus pape n'a point sur toute l'Eglise, ni les évê-
dangereux par r.ipporl à 1 religion, parce
1
ques sur leuis diocèses, une primauté de ju-
que laulcur y donnât alleintc à la pri- ridiction mais que la juridiction appartient
;
m ulé ilu pape, qu'il y a'Iiiqunit le p'>uvoir à la communauté, et que le pape est le pre-
des évêques el qu'il y blâm.iit ouvertement mier des ministres de l'Eglise, Caput ministé-
le gou\eruemenl présent de l'Eglise. Aussi riale, et les évêques les premiers ministres
temps-là celle de Sens et celle de Paris, ron- ral, ])arce que ni les uns ni les autres n'a-
ilamna, lui cl lous ses suffiagauls, cet écrit, vaient le pouvoir de faire des lois et des
comme contenani des propositions, des cita- canons m;iis seulement le pouvoir de faire
,
tions, des expositions fausses, erronées, scan- exécuter le< lois portées dans les synodes el
daleuses, schismnti'iues et hérétiques, à pren- d ins les comiles.
dre les termes dan- leur signification n'tiureUe, Il concluait en troisième lieu que la fré-
Celte censure est du 13 mars Hil^. Les évê- quente célébration des conciles était abso-
ques de la province d'Aix censurèrent le lument nécessaire pour mieux gouverner
iiiéme écrit le -l'i mai de la même année. La l'Eglise.
sorhonne se disposait aussi à le censuriT, Il n'est point nécessaire d'ajouter ici les
quoique Richer en fût alors syndic, mais autres conclusions qu'il lire des principes
M. de Verduu, premirr président, fit défense que nous avons rapportés; il suffit de re-
à la Sorltonne de passer outre. marquer que si ses principes élaient vérita-
Le décret, par lequel le s linl-siége con- bles, ou en pourrait conclure aussi que dans
damna le trai'e de la Puissante ecclésiastique un royauiie la juridiction appartient aa
et palitique, csl du JO mai lî)l3 ce livre fut
; corps (le l'Etat et non p is au roi que le roi
;
encore condamné par les démis du 2 dé- est seulement le premier des ministres qui
cembre \Cyll, cl du mars 1709.
1 doit veiller à l'exécution des lois portées
La (".our ne fu! pas plus coniciile de l'écrit dans les él ilsdu royaume; mais qu'il ne
de Uicher que le pape et les évêques. On p -ut p is lui-même faire des lois que la te- ;
s'aperçut bientôt que ce docteur, sous pré- nue des étals est absolument nécessaire pour
texte (i attaquer la puissance du pape, éla- mieux gouverner le royaume, etc. Car le
blissail des jirincipcs généraux qui renver- principe qu'on a établi étant général et com-
saient la puissance royale, aussi bien que mun à la sociélé ecclésiasiique et civile, les
celle du jjape et des évêques, principes qui conséquences qu'on en tire par rapport à la
étaient ceux-là mêmes dont les séditieux s'é- société ecclésiastique peuvent également
taient servis sous Henri III et Henri IV, être appliquées à la société civile.
pendant les temps de troubles, pour attaquer Il est vrai que Richer n'a osé appliquer
dans leurs discours et ilans leurs écrits la ces conséquences à la société civile, el qu'il
puissance absolue de nos rois. Ces principes les a seulement appliquées à la société ec-
sont: que le gouvernement aristocratinue clésiastique. Mais on avait sujet de croire
est le meilleur de tous et le plus conve- qu'il avait eu en vue el les uns et les autres,
nable à la nature que toute communauté
; parce que jiendant la Ligue il avait été un
parfaite el toute société civile a le droit de» plus sediiieux, et qu'il avait en l'audace
de se gouverner elle-même ; que le droit de soutenir en Sorbunne, au mois d'octobre
de gouverner toute la communauté appar- 1391, dans une llièse imprimée (1), que let
tient dans la première origine à la com- états du royaume étaient indubitablement par-
munauté même ; qu'il lui appar'ienl plus im- dessus le roi qu'Henri J II, qui avait violé la
;
niédiatemenl, plus essentiellement qu'a au- foi donnée à la face des états aiait été ,
cun particulier; que tout cela est fondé sur comme tyran justement tué; el d'autres cho-
le droit divin et sur le droit naturel, contre ses encore plus horribles.
lequel ui la uiullitude des années ni les pri- Il y avait encore une autre circonstance
la mort d'Henri l\^ Tout le momie sait sont seulement contraires par zèle pour la
qu'Henri IV avait obtenu du pape qu'il dé- conservation des libertés de l'Eglise gal-
clarât nul son mariage avec la reine .Mar- licane, et ceux-là ne disputent point au sou-
guerite, et qu'ensuite il avait épousé la prin- verain ontife sa primauté de juri'liclion sur
I
cesse de .Médicis, dont il av.it eu le roi Louis toute I Eglise. Les autres sont contraires au
XIII et le duc d'Orléans (laslon. Dans «es pape,par les principes du richérisme. Ils ne
circonstances, prouver, comnu' le faisait Ui- lui accordent qu'une pr mauté de ministère,
clier, que le pape n'avait fioiiit une prini ulé ciiput minisleriide, et ils sont autant en-
de juridiction sur louie l'Kgli-e, c'était atia- nemis de la jiuissaiice absolue des rois que
quer indirectemrni le n)ariage de Hrnri IV de celle du pape. 11 faut noue, en soutenant
avec la princesse de Médicis, et par consé- les libertés de l'I'^glise gallicane, examiner
quent la naissance du roi Louis XIII. Aussi par quels motifs on doit les soutenir, de
crut-on en ce temps-là que c'était à l'insti- peur qu'on ne s'engage insensiblement ilans
gation du prince de Condé que Iticher avait les principes du richérisme, sans les avoir
composé son traité et le cardinal du Perron
: bien pénétrés et sans en avoir aperçu les
dit en plein conseil que c'était à la dignité de conséquences.
la reine régente, et encore plus à ceile du Pour ce qui regarde les jansénistes (1),
jeune roi, qu'on en voulait par cet écrit sé- c'est de tout leur cœur qu'ils ont adopté ce
ditieux. système; et ils ne cessent de le renouveler
Toutes ces considérations obligèrent la ouvertement dans leurs écrits. M. de Sainte-
cour d'ordonner à la Sorbonnc de déposer Beuve, qui sans doute n'ignorait pas leurs
juridiquement Uithcr, qui en était syndic, véritables sentiments, l'avait bien prévu.
et d'en élire un autre. Le premier président, Dans une lettre écrite à M. de Saint-Amour,
qui l'avait protège d'abord, rab.indodiia et ; au mois de mai 1633, il lui demande que, si
Uicher ayant voulu appeler comme d'abus ce dontse anlenl les inuLnist s e<t vcrilahle,
I
requête au conseil, mais aucun maître des choses les plus dcsuvaiilng uses au sainhsirye,
requêtes ne voulut la recevoir. el qui diiiitnucra duus lu plupart des esprits le
Tel est le libelle sur lu Puissance ecclrsias- respect et lu souiuiss.un qu'ils ont luUjOurs
Ikjue et poluiijue, dont on a tait eu 1701 une (jardés pot.r Hume, et quijera inclin r beau-
nouvelle édition. coup d'autres dans les sentiments des riche-
La défense de cet écrit, qui occupe la plus risles. Et pins bas Faites, s'il vous plaît, ré-
:
grande partie des deux volumes, n'avait (lexiun sur cela, et souvenez-vous que je vous
point encore été imprimée. Uicher n'avait eu ai mandé il ij a longtemps que de cette déci-
garde de la publier de son vivant. 11 nous sion dépendra le renouvellem ni du richérisme
avertit lui-ménic qu'on lui avait détendu en France: ce que je crains très- fur t.
sous peine de la vie de rien imprimer da- Oite prcdi; lion de -M. de Sainte-Beuve, ce
vantage contre ceux (lui avaient réfuté son sont les jansénistes eux-mêmes qui ont jugé
livre. Miliipœna caitilis inlerUiclmn ne quid à propos de la faire imprimer en lliC2. Ce
pro meu definsione lucubrareiii. Cetti; délense sont eux aussi (]ui ont fait faire, en 1701,
lui fut signifiée par le cardinal de Bonzi de l'édition des deux volumes dont il esl ici
la part du roi et de monsieur le chancelier question. Anecdote iuléressanle que nous
firulart; et on l'avertit qu'on lui imputerait aiiprenons de dom ihierri de iaixnis. 'i
tous les livres qui paraîtraient pour sa dé- Dans une lettre du -2 avril Ki'jy, écrite
fense, quand même ils seraient composés au sieur HrigoJe, prisonnier à Bruxelles,
par un autre. Un ordre du roi, si [irétis cl ce bénédictin s'exprime ainsi J'ai dé- :
si sévère avait retenu Richer dans le devoir, terré tin manuscrit d'un gros ouvrage de
mais il n'y a pas contenu ceux qui depuis Richer, qui n'a pas été imprimé. Il y a plus de
ont fait imprimer son apologie. 2000 pages plus granles que celles-ci. Ce se-
Kiclier, dans celle apologie, ne désavoue rait pour faire un gros in-folio ou trois in-
aucun des principes que nous avons rappor- quarto. Je suis persuade qu'un semblable ma-
tés. Il s'applique seulement a appuyer, par nuscrit eitrichirail un l. bruire, et qu'on y
des passages des pères et par des faits de courrait comme au feu, surtout en Frince. Un
l'Iiistoiie ecclésiastique, les conséquences de mes amis a tiré une copie d'après l'original
qu il en avait tirées par rapport à la puis- qui appartient à M. Errard, avocat de Paris,
sance du pape et des évéques. Il y soutient qui a épousé une nièce de M. Richer, c'est
aussi (jue les éleclions aux bénéiices sont proprenieni la justification et lis preuves d'un
de droit divin; proposition directement op- autre petit ouvrage De Ecclesiaslica et poli-
posée au concordat et dont il s'ensuivrait lica pote-tate. On ne peut rim de plus fort ni
que tous les évéques nommés par le roi ne de plus mordinl...Je ne désespère vas d'être
sont pas des pasteurs légitimes. dans peuma'Ure de ce manuscrit
(I) Qui ions élaioiit primilivement des g.illicins. de n'èire p is conséquent. Il conduit nécc*s;iireitient
Le gd.icanisiiie, iiièino le plus inodéié, e>l nue pente ,111 sehibMic ceux qui veulent les conséquences d'uu
glissante. Si l'on s'y aricle, c'csi (lu'oii ue craint pas piineiiif admis.
à
Dans une autre lettre, dn 17 d'avril 1703, RONDET ( Laurent - Etienne ) naquit'
écrite au même M. Brisode, il donne à con- Paris, d'un imprimeur, le 6 mai 1717, et de-
naître que c'est lui qui l'a fait imprimer; vint célèbre |)ar ses travaux bibli(iues et au-
«ar, à l'occasion des onze tomes manuscrits tres, et mourut le 1" avril 1785. Rondet
de Richer qui lui restent encore entre les croyait fermemeut avoir été guéri d'une ma-
mains, il lui parle en ces termes J'avoue
: ladie en 174-1, par l'.ipplication des reliques
que four les mavuscrils de nicher II me fau- de l'évêque Soanen. il révérait beaucoup
drait un secrétaire, mais il faudrait qu'il fût Saint-Cyran et Paris, et visitait leurs tom-
habile et entendit les matières, fans quoi il beaux avec dévotion.
ferait une infinité' de fautes. Je le vo s par Il fut l'éditeur de l'abrégé de l'Histoire
l'édition des deux derniers in-marto, Deten- ecclésiastique de Racine, in-i"; de la sainte
sio libelli. Elle a été faite à Licqe, où vn ne B.b e de Leiros, 1736; de celle de Sacy, pa-
pouviiit pas être. On l'a trèx-wai fn(j tre en rai. brasée par (le Carrières ; d.'S Lettres pro-
toutes manières. A tnoins quon ne donne tout vinciales de Pascal, 17r)'i-: du Souveau Tes"
mâehé aux imprimeurs, ou qu'on ne soit pré- tament de Méseng'iy, 173'i-, in-12; etc.. etc.
sent po'r les conduire sans esse, lu plu; art « Toutes ces éditions et les notes qui les ac-
n'impriment rien qui vaille. J'ai été assez bien compagnent, dit Feller, pronveni l'applica-
servi pour le Lemnz. Ce n'a pas été sans des tion, les recherches et le goût de llondet
peines in fi :,ies. Il faut que fm
prenne autant pour les SI iences ecclésiavliques; il est fâ-
pour Richer, si je veux l'imiiression belle, cheuï qu'on y découvre des vues de parti,
oien correcte et commo e; mes écol -rs ne se- et des traces de ses liaisons avec les agents
raient pas /ropres à transcrire et ne roi<- d'une secte qui porte le tiouble dans la
draient pas s'y assujettir. Ce travail est trop science Ihéologique, en même temps qu'elle
inyrat et trop pénible. Chacun ne pense et ne essaie de détruire la hiérarchie et l'union
t'occupe que de ce qui le regarde. calholi(]ue. »
Enliii l»' P. Qui snel, d.ms s;i 90* proposi- DissEiiTATioNS où il adopte presque toujours,
tion {c'est l'Eqlise qui a l'nulorilé de l'excom- dit Feller, l'opinion la moins suivie et la
mnnicntion, pour l'exercer par hs premiers plus propre à -nourrir des impre>sions
pasteur', du consentement au moins présumé désavantageuses au texte sacié.
de tout le coip'), et le I*. Lai orde, duns sou
fameux livre du Ténvnqnnne de la vérité, Dissertation sur les sauerelUs deil'Apoca-
ont si ci;iirement renouvelé le sys ème de lypse, 1775.
Eichi^r, qu'on ne peut lus douter que les
i Feller dit qu'elle « est le froid du fana-
jansénistes ne soient de véritables riché- tisme 1 plus forcené, d'une fureur de haine
ristes. indigne d'un chrétien et même d'un buiume
Richer se rétracta en 16-29. tl déclara, par sensé. » Il renvo e, pour la preuve de ce ju-
un écrit signé de sa main, qu'il reconnais- gement, à f^on Journal histor.et littéraire da
sait TEiilise romaine pour mère el m.TÎfresse 1" juin 1781, pag. 173.
de toutes les églises, cl pour juge infiiilliblc Cette Dissertation est probablement celle
de la vérité. Kt tout ce que le paili a publié qui est dirigée contie Desliauternyes. Ron-
d'une prétendue violence faite à ce docteur det y assig;ie l'épo jue de la fin du monde à
n'est qu'une pure fiction qui ne mérite au- l"an 18G0, et préle;id que les temps qui sui-
cune créante. vront le rappel el la conversion des juifs ne
Au système de Richer, dit M. l'é-
reste, te seront que de trois ans el demi. Cela lui at-
véque d • Luçon, d:ms son ordonnance et tira une dispute avec Malol { Voyez ce nom).
instruction p stor;ile de 1728, est préi isé-
ment la confession de foi d'Anne Diibourç,
Vie de M. Besogne- — Panégyrique d'un
homme de parti fait par un homme du
martyre du calvinisme en lbo9./'î crois, di-
sait-il, la puissance de li<r et de délier, qu'on
même parti.
appelle communément les clefs de l' Eglise, être ROUSSE GÉRARD ( )
prêtre , chanoine
,
donnée de Dieu, non point à im homme ou d'Avenay, dans diocèse de Reims, appela
le
deux, maisà toute l'Eglise, c'est-à-dire à tous et réappela, et mourut le 9 mai 1727. On
les fitcles ei croyant en Jésus-Christ. voulut en faire le Paris du diocèse de Reims.
RIDOLFI (Angl), professeur de droit pu- Relation du miracle arrivé à Avenay, le 8
blic à Bolofjne, publia un ouvrage intitulé: juillet 1727, sur le tombeau de .M. Gérard
Du droit social, trois livres. Bologne, 1808, Rousse...., en la personne d'.lnne Augier,
un vol. in-S°. Cet ouvrage, par un décret de fiile, native cl habit. mie de Marueil, ana- |
l'inquisition, du 22 août 181G, fut condamné lytique depuis l'espace de vingt-deux ans.
comme contenant des propositions dans l.ur 1727, in-V.
sens mtur;l, et, suivant tout le contexte,
respectivement fausses, téméraires, scanda- On y a joint la requête des trente-deux
leuses, erronées, injurieuses à l'Eglise et au curés dos doyennés circonvoisins d'Ave-
souverain pontife, subversives de la religion nay, présentée aux gran !s vicaires du dio-
révélée el de la hiérarchie, imp'cs, favora- cèse ai: sujet de leur mandement du 29 août,
bles au schisme et à l'hérésie, et y condui- et une lettre de ces mêmes curés à leur ar-
Tre Rousse ne put avoir pour panégy- Paris avec l'abbaye de Haule-Fontame. il y
ristes que quelques curés de villai^e qui fi- vécut jusqu'à sa mort, arrivée en 1684, à
rent tout ce qu'ils purent pour se rendre 7i ans. il était ami des Arnauld, des Nicole,
aussi méprisables que la reiiuéle qu'ils pré- des Ponl-Chàteau.
sentèrent à leur arclievêque. Lettre sur la constance et le courage qu'on
SlÉMOiRES et pièces justi/icaliies touchant le doit avoir pour la vérité, avec les s nti-
miracle arrive à Àremnj.... en la personne ments de saint lifrnard sur l'obéissance
li'Anne Augiir.... 1728, u\h\ qu'on est obligé de rendre aux snp>'rieurs,
et sur le (Ivscernement qu'on doit faire de
UiîCUEiL de pièces justificatives du miracle
ce qu'ils coiniiianilenl ; tirés de sa septième
arrivé à Averi'iy, le 16 mai 1728, sur le
lettre, 1601, ou 1667, in-4°, sans nom d'au-
tombeau de M. Gérard Housse,... en la
teur ni de libraire.
personne de Marie-Jeanne Gaillard, épouse
de M. François Stapart, notaire à Eper- Cette lettre de la Constance, ou plutôt de
nay; avec quelques nouvelles pièces tou- la désobéissance, fut composée pour exciter
chant la i;uérison miraculeusi" A' Anne Au- tout le monde à ne point obéir au p.ipe, aux
yier ;... le tout précédé d'un petit discours évcques et au roi. C'est ainsi f|ue les péla-
sur les mir.icles eu jjénéral, en forme de giens firent un traité exprès de la Constance,
préface. 1729, in-4 . fioiir s'animer à soutenir généreusement
eurs opinions hérétiques contre les déci-
Ce sont les lémoignn^es, requêtes,
letlres,
extraits de letlres, certificats de prêtres, cu-
sions des papes et les édils des empereurs.
L'auteur de ce sédilieus libelle déclare dès
rés, chaiiDiues, médecins, cliirur<;iens, etc.,
le commencement que la doctrine contra re
qui aileslent tous le mensonge avec u:>c as-
surance et une cfl'ronierie inconcevables. à celle de Port-Royal est une doctrine dam-
Celte fureur qu'avait
nable; que c'est renoncer à Jesus-Christ que
la secte do multiplier
les prétendus miracles d(î ses suppôts et de de s'éloigner des sentiments de ces mes-
fabriquer tant de faux actes pour les soute- sieurs ; (jue la disposition où sont les ecclé-
nir, faisait ci la reli;;ion un loil infini. Les
siastiques soumis est une tentation ef-
froyabli' ; que la conduite des puis^iincei
incrédules se croyaient autorisés à douter
des miracles anciens et à les mépriser, sur- dans l'affaire de la signature est une p rsé-
culion anssi ilangereusequecelle des lyr;ins,
tout quand ils voyaient b- gazelier de la
el i\ini les vrais serviteurs de Dieu murclienl
secte conipar'r les prétendus miracles de
sur l'aspic et sur le busilic, et foulent aux
Paris à ceux de Jésus-Clirist. Voijez Levier,
pieds le lion et le dragon; c'est-à-dire fou-
Paris.
lent aux pieds le pape, le roi, l'archcvêqne
KOUSSli: (N.... ), c'est le Paris du diocèse
de Paris et toutes les puissances qui veuleut
de Reims.
les obliger à se soumettre.
ROY (Ciiarli'S-François Le) naquit en
1C99, à Oiléans, étudia la théologie da;is
On a dit avec raison qu'il ne s'est peut-
être jam;iis rien écrit de plus insolent ni de
l'oratoire sous le 1'. de Genncs, à ^ .umur,
pins impie. Ce qu'il y a de sûr, c'est (|ue les
mais n'entr.i point dans les ordres. Il [ir.t
de son niaitre des idées qui n'étaient pas huguenots, dans leur Martyrologe et en par-
ticulier dans le Traité dis afflii lions gai ad-
saines, et soutint des thèses (jne Poucet,
viennent aux jidèles, n'ont pas snrp.i.ssé et
évèque d'An;;ers, cond.imna. Il n'approu-
n'ont p.is même égalé cet esprit de lai lion et
vait pas les excès des fanatiques de son
parti, et on connaît de lui une lettre
de révolte, qui règne d'un bout à l'autre
dans la-
quelle il traite le gazctier janséiiisle comme dans la lettre sur la Consianre. Aussi bg
jansénistes ont-ils fait d'abord tout ce qu'ils
il le méritait cette lettre, qui est du 13 mars
:
S
SACY. Voyez Maistke {Louis-Isaac Le). et une impudence insupportable : en sorte que
SAINT-AMOUR (Loiis GOBIN de), né à ces livres étaient dignes des peines que les lois
Paris, en 1619, d'un cocher du corps royal. déciment contre hérétiques. Sur cet
les livres
\\ était nileiil de Louis XllI. Après avoir avis, le roi rendit en son conseil, le i jan-
fait de brillantes études, il prit le bonnet de vier 1064-, un arrélqui condamna ce livre à
docteur en théologie, et devint recteur de été brûlé par la main du bourreau.
l'université de Paris. Les évéques partisans Le journal do Saint-Amour fut aussi con-
deJausénius l'envoyèrent à Rome, sous In- damné à Rome, le 28 mars lOOi.
nocent X, pour détendre leur cause. N'ayant H fut traduit en anglais The journal of :
pu la gagner, il revint à Paris plaider celle Mons. de Sainl-.Amour, etc., par G. Havers,
d'Arnauld. H lut, comme beaucoup d'autres, Lundon, T. Ratcliff, lOOi, in-fol.
exclu de la Sorbonne pour n'avoir pas Le cardinal Bona fit du journal de Saint-
voulu souscrire à la condamnation de ce Amour une censure détaillée qui existe eu
docteur. Il niourut en 1687. manuscrit, datée du mois de fé-
el qui est
JouBXAL de ce qui s'est fait à Rome dans Le savant prélat y dévoile excel-
vrier lOO'j.
l'affaire des cinq propositions, 1062, in-folio lemment mauvaise foi et l'esprit hétéro-
la
de 578 pages, avec un recueil de pièces de doxe du chroniqueur janséniste.
286 pages. SA1NT-AUBL\ (L. de), pseudonyme d'An-
Jl contient une relation fort détaillée de toine Le Maisire.
tout 16 que les jansénistes avaient fait en SAINT-GYRAN (Jean du VERGER de
France et à Borne pour la défense de leur HAUB.VNE, plus connu sous le nom li'abbé
doctrine c'esl-à-dire depuis la naissance
,
de), naquit en 1581, à Rayonne, il'une fa-
de celte hérésie jusqu'en l'année 1062. mille noble, étudia en France el à Louvain,
Le roi Louis le Grand ayant fait exami- fut pourvu, en 1620 , de l'abbaye de Saint-
ner ce livre par plusieurs prélats et doc- Cyran, et assista la même année à la fa-
teurs, leur rapport unanime fut que l'hé-: meuse conférence de Bourgfoulaine , qui
résie de Jansénius était ouier tenu ni suule- avait été précédée d'une autre à Bordeaux
nuc et renouvelée dans ce journal; que les {Voyez FiLLEAU DE Villiei'.s). Après la mort
auteurs et les défenseurs de cette secte y de Jansénius, son ami. il redoubla d'efiorts
étaient exlraordinairemenl loués, et les doc- pour établir la nouvelle secte. Paris lui pa-
teurs catholiques chargés d'injures; que les rut le théâtre le plus comenable pour dog-
papes, les cardinaux, les évéques, les docteurs, matiser. Il y fit usage de tous les moyens
loi religieux y étaw^t traités avec un mépris pour y faire des prosélytes, et préleudU
825 SAI SA! m
même avoir des révélations. Oui, je vous le jouit pas longtemps de sa liberté, étant mort
confesse, dil-il un jour à saint Vincent de à Paris en 1G4-.3, à 62 ans.
Paul, Dieu m'a donné el we donne de gran- Ce qu'on vient de lire est tiré de Feiler.
des lumières. Il vi'a fait connaitre qu'il « Je dois encore ajouter, dit un autre bio-
n'y a plus d'Eglise. El comme à ce pro- graphe, que, selon les dispositions juridi-
pos le s.iinl léinoigna la plus cli'ani^e sur- ques de saint Vinrent de Paul et de M. l'ab-
prise Non, répliqua l'illuminé, il n'y a
: bé de Caulet, qui fut depuis le célèbre évo-
plus d'Jujlise Dieu m'a fuit connaître que
, que de Pamiers, et de plusieurs autres té-
depuis cinq ou six cents ans, il n'i/ avait plus moins respeciables, on remarqua toujours
d'Eglise. Aiaiit cela, l'Eglise était comme un dans l'abbt! de Saint-Cyran le vr/ii caractère
grand fleuve qui axait ses eaux claires; mais à des hérétiques, c'esl-à-dire un fonds d'or-
présent, ce qui nous semble l'Eglise n'est gueil étonnant Si on lui alléguait le sen-
plus que de la bourbe. Le lit de cette belle ri- limenl des théologiens, il disait franihc-
vière est encore le même, mais ce ne sont plus mcnt qu'il en savait beaucoup plus (ju'eux,
les mêmes eaux. « Eh quoi Monsieur, 1 lui dit et qu'il avait puisé dans les premières sour-
le taiiit homme, voulez-vous plutôt croire ces. J'ai connu, disait-il, tous les sièrh s, et
vos seiiiimenls particuliers ((uc l.i parole de j'ai parlé à tous les grands successeurs des
Nolre-Sei};neur qui a dit qu'il éilifierait son apôtres, et je vous confesse, dil-il un jour à
Eglise rt que les portos de l'ciifer ne pré- M. Vincent de Paul, que Dieu m'a donné et
vaudraicul p;is contre elle? » Il est vrai, ré- me donne de grandes lumières <i)-
pondit Vii\)bc, que Jésus-Cltrist a édifié son Il inculquait élerncllemenl à ses disciples
Eglise sur la pierre ; mais il y a temps d'édi- ces maximes fanatiques : que les pasteurs el
fier et temps de détruire: elle était son les directeurs de notre siècle étaient dé-
épouse, mais c'est une adultère et une prosti- pourvus de l'esprit du christianisme, de l'es-
tuée : c'est pourquoi il l'a répudiée, et il veut prit de grâce et de l'am ienne Eglise, mais
qu'on lui msubstitue une autre qui lui sera que Dieu l'avait suscité pour le faire re-
fidèle. L'artificieux prédicanl n'en était p is vivre.... Que les sentiments communs ne sont
venu tout d'un coup à cette horrible confi- que pour les âmes communes; qu'il ne p)ti-
dence. Dans plusieurs autres entrevues, il sail point ses maximes dans les livres, mais
avait travaillé à y préparer insensiblement qu'il les lisait en Dieu qui est la vérité même...
son pieux ami. Un jour qu'il l'avait trouvé qui le conduisait en tout par les sentiments
ayant l'Ecriture sainte entre les mains, il intérieurs et les lumière-: que Dieu versait
s'étendit sur les lumières spéciales que Dieu dans son esprit et dons son cœur : et qu'enfin
lui donnait pour l'intelligence dfs livres lorsqu'il avait sondé une âme, il connaissait
ainls; et il alla jusqu'à dire qu'ils étaient si elle était élue ou réprouvée. Tous ces
plus lumineux dans son esprit qu'ils ne traits sont tirés des informations authenti-
l'étaient en eux-mêmes. Si ce galimatias n'ex- ques faites en 1638 au sujet de Saint-Cjrau.
j)rime pas le dogme calvinien du sens parti- « Ecri\ain faible et diffus, en latin ciuiine
culier, il couvre quelque chose de plus dan- en français, sans agrément, sans correction
gereux et de plus superbe. Dans une autre el sans clarté, dit un crilicpie du dix-hui-
occasion, où ils discouraient ensemble sur tième siècle, Sainl-Cyran avait qnehiut- cha-
quelques articles de la doctrine de Calvin, leur dans l'imagination, mais cette chaleur
l'abbé prit le parti de riiércsiar(iue et en n'étant pas dirigée par le bon sens el le
soutint formellement quelques erreurs. Le goût, le jetait dans le galimatias, il y en a
saint lui représenta que cette doctrine étaii beaucoup dans ses Lettres. La pln|iarl de
conilaiiinée par l'Eglise. Calvin, repartit ceux qui le louent autant aujourd'hui ne
l'abbé, n'avait pas si mauvaise cause ; mais il voudraient pas être condamnés à le lire. Sa
l'a mal défendue : il a mal parlé, mais il pen- plus grande gloire aux yeux des gens du
sait bien. Une aulrc l'ois, il dit, en pailant parti est d'avoir fail du monastère de Port-
du concile de Trente : Ne me parlez point de Royal uiif" de ses conquêtes, el d'avoir eu
ce concile, c'était du pape et des
itn concile les Arnauld, les Nicole el les Pascal pouï
sculastiqucs, 011 il n'y avait que brique et ca- disciples. »
bale. n'en fallait pas davantage pour rom-
Il Un autre critique a fail de Saint-Cjran
le
pre loui lien d'aniitié entre le saint et le no- portrait suivant : « Avec un esprit des plus
vateur. Mais si celui-ci désespéra de s'atta- communs, ou plutôt fort éloigné du sens
cher CCI homme vertueux et orthodoxe, il ne commun, el approchant du délire, il avait
réussit que trop bien ailleurs. Son air sim- au degré suprême le génie de l'inlrigue et
ple et moriilie, ses paroles douces et insi- de la séduction. Ou on en juge par le point
nuantes, lui firent beaucoup de partisans. aui|uel il réussit a fasciner le docleur An-
Des prêtres, des la'itjucs, des femmes de la toine Arn luld et tant d'antres. Telle fut la
ville et de la cour, des religieux et surtout raison pour laquelle le cardinal Hiclielieu le
des religieuves, adoplèrcnt ses idées. La mil hors d'état de brouiller, en le faisant
cour informée de ce commencement de secte confiner dans une prison où il demeura
regarda l'abbé de Sainl-Cyran comme un jusqu'à la mort de ce ministre. Son princi-
homme dangereux, elle cardinal de liiche- pal ou\ rage Cil un gros in-fol. intitulé Pe- :
lieu lefil renfermer en 1638. Apres la mort trus Aurelius. el qu'on réduirait au plus
de ce ministre, il sortit de prison mais il ne ; petit livre, si l'on en retranchait toutes le^
gan, el jeté sur quelque pi ge déseric, se temple matériel ; mais plutôt où elle était
verrait au moment, de mourir de faim. Dans comme in, orporée... Il était assisté it conduit
cette supposition, nu ce rêve de fièvre chau- en ses actions par un génie qii se plaisait à
de, le gr.ive moralisie prononce qu'un su- sa conienatlon, et qui se mêlait tellement à
jet qui acconjpaguerait le prince serait son en tend' ment, que leurs communes actions,
obligé de devenir son propre assassin, ou comme si elles eussmt jirocédé d'une même
plutôt son bouclier, afin de fournir de sa forme, semblaient être de tous les deux comme
chair la table de sou souverain et d'en être d'une même personne... Quelle merreille de la
mange. I)u devoir des sujets, il passe à celui raison pat faite est lelle-là, Sacrale se don-
des esclaves, et décide formellement que nant la mort?... Ce sont les merveilles que
ceux-ci, par l ordonnance de ce! te raison qui Dii II f'it voir en la raison qui est Son imaje,
tien! la place de la raison de Dieu, peuvent uu à ceux qui se rendent lapailes par la puri-
se trouver obliges d'éteindre leur vie par le fiiaiion de leurs sens d'en voir l'exemplaire
poison, afin de la conserver à leur maître. quelque jour...
L'homme, ajoute-t-il en preuve, cst-il moins Enfin, l'abl é de Sainl-Cyran ré.luit à Irente-
maître de sa liberté que de sa vie? Uim, lui a- qualre ou environ les cas dans k'Miuels un
t-il moins donné l'une que l'autre? Mais ne hoitim' peut se tuer innocemment lui-même,
lui a-t-il pas donné Tune pour l'autre puis- ,
de sa propre autorité; et dans Ll manière
qu'il ne l'a pu faire vivre qu'afin qu'il vécût dont il parle de la raison et des anciens pbi-
/itrement? Il va jusqu'à irouver cofitre la iosophis, on reconnaît un pur déiste, mais
raison que la vie demeure à cet esclave, déiste très-fanatique.
taniis qu'on le prive de la liberté, qui est Pétri Aurisli! theologi opéra; jussu et im-
la fin de sa vie. pensis cleri Gullicani denuo édita. Paris,
Le manquement de propriété sur sa vie, Anloiue Vilré, ibk-I, iu-fo;,
(i ) l'ar Mt. Le Tardif, avocu au paiieiuen t de Paris.
e!29 SAI SAI 830
La haine de Saint-Cyran pour les jésuite» Saint Augustin, dit-on, et ses disciples ont
le (léteruiiiia à composer son Petrus Aure- enseigne tout le contraire, et leur sentiment
lius. En voici l'occasion. Riciiard Sinilh,An- a été applaudi de toute l'Église. Illud Deu$ ,
glais, fui envoyé par Urliain Vlll on Angle- vult omnes hnmines salvos fieri, queniadmo—
terre, avec le caraclère d'évéquode Chalcé- dum non de singu'is hominihus intelligi de-
doine. Les réguliirs, qu il troubla dans beat, sed de ii$ solis qui salvantnr, jam pri-
l'exercice de leurs foiicli'ins, s'en plaigni- dem Ecclesia plniidente , fremenlibus pelagia-
rent, el la divi>ion auiîmenliinl cli ique jour, nis, gementibus molini'lis, exposuit D. Au-
ils publièrent quelqurs ouvrages, dont deux gustinus, ac post eum discipuli ejus... lo
surtout parurent contraires à l'autoriié épis- Assert. Epist. illust. et rev. Galliœ antisli-
copale. Saint-Cyrnn saisit cette occasion pour tum, p. 55.
altaquer la compapni^' et pour vo;iiir contre 5° Il n'y a que les actes de charité qui
elle les plus grossières injures, il se masqua soient méritoires : Non solum actus virtutum
sous le nom de Petrus Aurelius, et composa, moralium, qualis est jusliti'i, sed ne quidein
sous ce litre, avec l'abbé de iîar( os, son ne- virtutum tlieologicarum, nisi solius cliarilalis,
veu, un f;r' s in-folio, qu'il regardait comme per se mericorii sunt (Vindic, p. 13(j).
son cbeMi'œuvre et comme le meilleur ou- 6° L'état religieux n'est point incompati-
vrage qui eûl parti, depuis six cents ans. Il ble avec le mariage : nouvelle docirine qu'on
trouva II! moyen (!e le faire imprimer aux fait débiter à Suarès, quoiqu'il at dit le con-
dépens du cler;;é de FraïKC, <iui, dans ce;te traire en termes cxiirès : Ad religionis sta-
occasion, lut surpris (comme nous l'apprend tum siinpliciler, seu perfectum ac proprie di~
M. HabcrI) iiar des personnes aurquelles il ctuin necessaria et essentiidia sunt tria vola,
rten fui pus beaucoup redevable ^Delcuse de pniperlalis, castilatis el ohedientiœ, Suar.
la ftii de l'E^'ise, p. ih). Mais le c ergé s'a- t. lil, de Relig., I. ii, cap. 10.
perçut d;ins la suite de la surpriae ([ui lui 1' On assure (pag. 252, in octo causas) que
avait été faite; et bien loin d'avouer un si Richer et les richérisles n'ont jamais été con-
pernicieux écri!, il fit un déciet exprès dans damnés que par des fous.
une assemblée générale, pour rayer du Gal- 8° On débite claireaient l'hcrcsie d'Arius,
lia C hrislianaVélo'^c fie l'abbé de Saint-Cyran. en égalant avec iui les curés aux évèques :
La cour de son coté supprima l'ouvrage et Omnes paroc/ios simul cum episcopo unum in«
en fit saisir les exemplaires. ter se ac per hoc cum Christo pastorem dicere
Le Petrus Anrelius est rempli des erreurs possumus (Vindic, pag. 110).
les plus monstrueuses, mais débitées avec 9" On dit qu'un é\êque qui se démet de
un air de hauteur, qui a imjiosé à bien des son évcché n'est plus reconnu dans l'Eglise
personnes, ou peu éclairées, ou pou atten- po'ir évéque Non remanel (poleslas ordiuis)
:
tives. Voici quelques écbautiUons de ces er- ex more loquendi Ecclesiœ , quœ talem poles-
reurs, talem non magisaqnoscit, quam >i rêvera nulla
1" Selon Saint-Cyran , l'ancienne loi par esset... el omnem ejus mimoriam rulionemque
elle-même entraînait les Juifs à la damiiadon ila ahjiciens, quasi nunquaui fdisset.
et à la mort ; elle imposait aux Juifs un far- 10° Selon Petrus Aarelncs, les moines ne
deau pesant et ne leur donnait pas le moi/en sont point propres à gouverner les égiises ;
de le pori er (Vindic, pag. 286). G'i si là pré- il y en a fort peu, dit-il <iui y aient réussi :
.
et de tous les divers exercices de piété qu'on 1ndép;;ndance. Afin que Jésus-Christ n'ait
j devait pratiquer à chaque heure du jour. point d'égard à ce que les âmes méritent (Dieu
« 11 est vrai que dans la première page des sera donc injuste en privant de récompense
conslilulions il est marqué que les trères, le mérite); wais qu'il fusse tout selon lui, et
conduits par leurs do)ens, iront dans le cha- que les âmes renoncent au pouvoir qu'elles
pitre, où ils confessrront leurs fautes ; mais ont d'assujettir Dieu; en ce qu'étant en grâce,
il est évident qu'il ne s'agit point là d'une il leur u promis de se donner â elles (Dieu
confession sacramentelle, puisqu'il ne s'y aura donc eu tort de nous faire dis promes-
trouve point de prcire pour la recevoir; mais ses, puisqu'il vaut mieux y renoncer).
qu'il n'y est qu( slion que de prosternations Incommlsicabilité. Afin que Jéms-Christ
et d'un aveu pubiic qu'on doit y faire de ses ne se rabaisse point dans drs communications
fautes, uniquement pour s'humilier, et non disproportionnées à son infinie capacité {y esl-
pas pour en recevoir l'absolution. Cl' pas là renverser les desseins ineiïables de
« Dans toutes ces constitutions il n'e^t pas Dieu dans l'économie de l'incarnation et du
dit un mot ni de l'Eglise romaine, ni du saint sacrement?) çae les âmes demeurent
;
pape. dans l'indignité qu'elles portent d'une si di-
« Le projet de l'établissement de ce nou- vine communication Dieu cependant exhorte
vel ordreayant échoué par la prison de l'abbé 1 s hommes à s'en rendre dignes Ut ambu-
:
de Sainl-Cyran, ses di>ciples ont suivi et letis digne, Deo per omnin p!acentes).
réalisé ce projet auiant qu'ils ont pu en se
Illimitation. Afin que Jésus-Christ agisse
désignant dans leurs leitres secrètes, sous dans l'étendue divine, qu'il ne lui importe ce
l'idée d'un ordre religieux, comme on en a
qui arrive de tout ce qui est fini. (Horrible
été convaincu par le procès <le tjuesnel et discours! Jésus-Christ a versé tout son sang
par la lecture des papiers qui furent saisis pour une âme, et on dit ici, qu'il arrive ce
à Paris et à Bruxelles.
qu'il voudra de tout ce qui est fini : que la
Cet ordre a son général, son abbé, son
«
sainte ^'ierge et tous les saints, qui sont finis,
prieur, ses simples moines, ses monastères, st;ient damnes que rien de tout cela n'im-
ses hospices, etc., chacun y est désigné par
;
de la petite bienheureuse Marie Richer, en- Telle est l'idée que ce fanatique s'efforce
fant dePort-Royal-des-Champs, âgée de qua- de nous donner de Jésus-Cbrisl. il veut le dé-
tre uns sipt mois ; la première vêlure de la
pouiller de tous les traits de sa boulé, et nous
fai e renoncer en quelque façon à ses misé-
mère Agnès ; l.i naissance de M. de Singlin,
pape de Port-Uoyal, par lequel la ij:ère ^(i- ricordes.
(/e7i(/i.e aurait. mieux aime être canonisée que Aussi sept docteurs de Paris, consultés en
par le pape de Uome, à ce qu'elle disait ijuel- 16i3, portèrent sur ce détestable libelle le
ijucl'ois. » jugement qui suit Mous certifions, disent-
:
dans la sviite confirmé par celui du sainl- tend avec Pelage qu il n'avait nul besoin,
siége. comme ou veut d'autre part, que la grâce de
L'abbé de S.iint-Cyran fit cnntro celte ren- Jésus-Christ nous inelte sous la comluile de
sure l'apologie île son libelle avee une ma- Dieu, à l'exclusion de notre propre conduite,
gnifique approbation de Janséiiius lui-même. c'esl-à-dire de notre liherlé comme si l'u-
, ;
Cette Théologie est semée d'erreurs capi- Ou anéantit, dans la première leçon de la
tales en louti'S sortes rie matières. Par exem-
Théologie familière, le mystère de la sainte
ple, on demande dau'i la sixième leçon île la
Trinité, et on semble vouloir y reconnaître
Théologie familière : Qu'est-ce que i iiglise? une quatrième personne, en disant que Dieu
n'était pas seul avant la création du monde, et
Et on répond avec Luther, Wiclef cl Ouesnel :
d'innocence et d'élévation où il fut créé, élail cnlix iste ; et que lliglise l'erait mi( ux de no
une suite naturelle de sa création, et qu'elle point prier pour le beau tem[is et pour la
élail due à la nature saine et enlière. On paix.
y
joint rimpiétéetriiérésie,en insinuant que la On trouve, dans le Traité de In prière, ce
grâce donnée à Adam le mettait en sa propre danirereux prineipe des quielisies et des illu-
conduite, à l'exclusion de Dieu; on eu pré- mines , (lue l'oraison la plus parfaite est cellt:
835 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 85C
qui est purement passive, dans laquelle Dieu seté est démontrée par les deux faits de Jouas
fait tout, cl lame ne fait rien. et de la Satnaritaine.
La doctrine des pharisiens est renouvelée On a donné encore au public, an commen-
dans la neuvième leçon de la Théologi' fa- cement de 17i4., deux autres volimies in-12
milière, où l'on dit que le tjualrièmf coniinan- de Lettres chrétiennes et i-piriluetles qui n'a-
deuienl regarde encore plus nos pasteurs que vai.ut pas encore été imprimées. Le^ deux
nos propres [ ères. tomes nscmble, chiiTrés de suite, contien-
'
Celle erreur nous en rappelle une autre une marque de pardun accordé; mais elle ne
ContMiue dans se-; Lettres spirituelles où il confère jamais la grâce, et elle doit toujours
,
l'accompagnaient ne l'entendit; quoique les cile i!e sc'ilastiques, qui a fait grand tort à
,
Actes des apôtres disent positivement tout le l'Eglise et corrompu la saine dnclrine;
3° La fréquentation des sacrements est nui-
COi. traire Audicntes qui em vocem, neminem
:
sible;
uutem fidcntes : et une autre de la lettre 75 ,
4° La théologie scolastique est une théo-
où l'on remarque que Jéstis-Christ, après
logie pernicieuse qu'il faudrait b innir des
avoir fait durant sa rie mortelle une infinité
de miracles sur les corps, n'a produit l'amour écoles ; on ne peut donc pas rendre un plus
dan^ les dmes qu'après sa résurrection. Il grand service a Deu que de travailler à dé-
fallait du moins excepter la Madeleine, qui
créditer les jésuites ;
5° Saint Thomas, avec son beau nomd'Ange
avait un amuur si ardent pour Jésus-Christ
avant sa nioit et sa résurrection , dilexit de l'Ecole a ruiné la théologie;
,
6°
Les curés sont égaux aux évêques
mullum. ;
Port-Royal, qui parut en 1733 (voyez Des- sainte; qii'elli'S ne doivent pas même crain-
marks), il travailla onsuile à \' Histoire de dre de lire et d'apprendre par cœur le Canti-
'
i*ai j7/on,évèqiie (i'AIet,ouvrage qui marque que des Cinliquos. Proposition fausse, témé-
assez ses liai-ous avec les tiens do \t:\rl\ (voyez raire, injurieuse, et oulraueanle pour l'Eglise
Pavill n). il donna aussi un Abréijé chrono- dont elle attaqueconduite.
la
logique de l'histoire d'Italie, 6 vol., où il fail Il prononce que tous les hommes sans ex-
de jjénibl's efforts pour couiourner les faits ception sont né^ avec le pé^ hé originel. (Vest
au prolit de la petite Eglise. Il mourut en condamner la conduite de l'Eglise, qui (élè-
1770. bre avec tant de pieté la fétc; de l'immaculée
SAINT-MARC, pseudonyme de Guenin, ré- Conception de la Mère de Dieu.
dacteur des Nouvelles Ecclésiastiques. Xoyez SAMSON (M....), curcd'Olivet. Voyez Avo-
Guenin. cats.
SAINTE-FOI (Flore de;, un des pseudo- SANDEN (Beknard de), théologien luthé-
nymes sous lesquels se cachait le Père Ger- rien, preniierprédicateur.le lacourde Prusse,
beron. né en 1666, mort eu 1721 prêta un coufi de
,
S.MN'TE-MAKTHE (Abel-Louis de), fils de main aux Jansénistes par un écrit intitulé :
des religieux de Port-Hoyal. Sa révolte contre Ecclésiastigues blâment l'abbé de lEpée d'a-
l'Eglise le fit exiler deux fois par ordre du voir hésité à confesser l( s sonids-muits, (juoi-
roi. Retiré à Courbeville en 11)79, il y mourut qu'il fûl sans pouvoirs. .Maulirot, dans sa
en 1690. Dissertation sur C approbation des confesseurs,
Lettre à M. l'archevêque de Paris (Péréfixe). dit (jne cette approi)ation est une innovation
11 y exprime son attachement au parti jan- du concile de Trente; ainsi on peut s'en pas-
sénien. ser, et tout prêtre a, en vertu de son ordina-
tion, tous les pouvoirs nécessaires.
DÉFENSE des religieuses de Port-Royal et de S-SUSSOIS ,Du). Voyez Uusau>sois.
leurs directeurs sur tous les faits alli'yués
,
SÉGUR (Jean-Charles de) naquit à Paris
par M, Chamillard docteur de Sorbonne
,
, en 1695, enira dans la congrégailoii de l'O-
dans ses deux libelles contre ces religieuses. rato.re, et appela de la consti ution Unige-
Traités de piété, ou Discours sur divers su- nitus. L'ambition lui fil révoiiuer son appel;
jets de la morale chrétienne. Paris, Osmond, il quitta rOra:oire et fut fait evêque de Sauit-
pae 12 : // est étrange que dans l'Eglise... avait fait en faveur de la conslituliou il se ;
où l'on ne devrait trourcr que des pasteurs (iémil de son evêehé, et il consomma sa ré-
éclairés gui nous conduisent à Jésus-Chrisl , volte en adhérant à l'appel des quaire evê-
on y trouve 'les docteurs de mensonge, des sé- ques. La thule de ce prélat fut le malheureux
ducteurs, des loups, des pasteurs mercenaires fruit des liaisons secrètes qu'il entretenait
qui perdent les ânes, etc. toujours avi'c 1rs réfraclaires. maigre son ac-
SAlNTIi-MARïHE (Denis de) naquit à Pa- ceptaion. Comme il avait l'esprit médiocre
,
ris, en 1650, d.' la faniille des préeedenig et qu'il n'avait nulle science, il leur fut aisé
,
entra dans la congrégation de Sainl-.Vlaur, de le séduire. Dès qu'i s le virent ébranlé, ils
et devint, en 1720, général de cet ordre. Il l'obsédèrent sans relâche^ Les mauvais prin-
appela, mais il adhéra à raccommodeuient cipes qu'il avait puisés dans la congrégation
de 1720. Il ...oiMiii en 1725, après avoir ho- de l'Oratoire lui revinrent dans l'e-pnt; l'a-
noré son oiuâc par sa vertu et ses ouvrages. postasie se forma dans son cœur, enlin il
< i
qu'il renverse, contre la chaire unique dont il EKERciTATioJiEi historicœ, criticœ, polemicœ,
se sépare, et contre la grâce de Dieu qu'il blas- de Chrislo ejusque Virgine maire in quibus ,
phèm- en lui attribuant son illusion. M. le Judœorum errorcs de promisso sibi libe-
cardinal de Toncin, alors archevêque d'Em- ratore nova melliodo refellunlur ; chris-
brun, M. l'évêque do L.ion (La F;ire), M. de t:anœ reliqionis mysteria omnia ad certam
Châions-sur-Saôiie, M. l'iiTclievèqu deTnurs historiée fidem exigunlur, explicnntiir, de-
(Cliapl de Rilignac), s'élevèrent avec force finiunltir , habita in acndemia Palavina a
contre cet affreux niandemeiil. Enfin, cette fratre IJyacirttho Srrry. Dissertations his-
pièce sciiismali(|ue lui supprimée par un ar- toriques, ciilii|ues , polémiques, sur Jé-
rêt du conseil d'Etal du 2 avril 1733, comme sus-Christ et la sainte \ierge, sa mère,
injurieuse à l'Eglise, contraire à son autorité, où l'on réfute avec une nouvelle méthode
attentatoire à celle du roi, tendant à inspirer les erreurs des juifs au sujet ilu libérateur
la révolte contre l'ime et l'autre puissance, et promis, l'on explique con-
et l'onéclaircit
à troubler In tranquillité publique. formément à l'histoire tous mystères de les
M. de Ségur, depuis son apostasie, vécut notro religion, prononcées dans l'Univer-
treize ans dans l'obscurité, qu'il méritait par sité de Padoue, par le frère Hyacinthe
tant de titres. Il mourut le 28 septembre 1748, Scrry; Venetiis 1719 apud Joannem Mula-
sur la paroisse Saint-Gervais. chinum.
Les Jansénistes en font de grands éloi^es ,
Cet ouvrage fut condamné par un décret
faible dédommageniint de l'opprobre dont ils
du saint-siège du 11 mars 1722, comme con-
l'ont couvert et du malheur où ils l'ont pré-
tenant plusieurs choses téméraires, scanda-
cipité. Ils en font presque un saint. Ils ont
leuses , pernicieuses , injurieuses aux plus
publié :Abrégé de la Vi' de messire Jean-
saints et plus célèbres écrivains de l'Eglise,
Charles de Ségur, ancien écéque de Saint-Pa-
comme offensant les oreilles pieuses, et ten-
poul, mort en odeur d'une éminenlc piété, arec
dant à pervertir les simples fidèles.
son mandement d'abdication ; tm Recueil de
lettres et autres pièces. Vlrechl, 1749, in-12. De romano Ponlifice Padoue, 1732,
. etc.;
Public sous le f.iuv nom d'Augustin Le ont un caractère si original qu'aucun ou- ,
« On peut appeler ce livre un roman théo- cela que nous avons à nous occupi'i-. .Ma-
logique, tiint il y a de faussetés, de calomnies dame de Sévigné s'est quelquefois mêlée de
et de mensonges débités avec une audace in- questions iheologiques et nous allons rap-
,
croyable, » dit l'auleur du Dictionnaire des porter les observations qu'a faites à cet
livres jansénistes. « .Mais on sent bien, dit à égard un écrivain orthodoxe.
son tour Feller, que tout ie monde n'en a pas On sera peut-être surpris, dit-il, qu'à pro-
porté un jugement si sévère. Ce fut le Père pos de matières théolugi |ues, mais parlions
Quesnel qui revit le manuscrit , et qui i-e des Lettres de madame de S) vigne, de ces Let-
chargea d'en diriger l'édition. » Ainsi, les tres si estimées du public pour l'esprit, l'élé-
Jansénistes pensaient bien de ce livre. gance, le naturel el la finesse qui y régnent.
L'autt ur lut accusé d*y autoriser le jansé- Ce n'est pas que nous ne convenio is .sans
nisme el même le calvinisme, en reconnais- peine de tout ce mérite littéraire, cl que nous
sant pour orthodoxes des propositions héré- n'en soyons touchés autant (jue personne;
tiques, par exemple quand il dit, I. m, ch. 46: mais nous ne pouvons dissimuler que celte
que l'opinion de la cjrà e toujours irrésisti-
, dame était infiniment altaihee aux jansénis-
ble, toujours xiclorie ise dans les élus f qui , tes cl à kur doctrine ((u'elle ne cesse de les
;
détermine néces>:airement la volonté, et telle louer, eux et leurs écrils et que par là ses
,
enfin que M. Jurieu l'enseigne, est une opinion Lrllros sonl dangereuses parce qu'en efl'et;
tome, page 9, où il nous dit avec emphase ler communément. Moyennant cela elle prend
que quand madame de Sévigné parle des au pied de la lettre tous les endroits de l'Ecri-
grandes vérilés, c'est d'une manine sublime lure qui expriment la loule-puissaiice et ia
et lumineuse, qu'on ne peut assez l'admirer, justice ;mais ceux qui énoncent la miséri-
et que c'est toujours sans s'écartir des bons corde divine el noire liberté elle se doiine,
principes. Pour nous, nous allons montrer bien de garde de les prendre litléralcnuiit
combien cet éditeur peu instruit s'écirle de ce sont pour elle des métaphores.
la vérilé et de la saine critique, en louant On peut ajirès cel.i facilement conjecturer
ainsi précisément ce qu'il y a de répréhen- quels sont ses scnliinenls pour le pape. Je
sible dans ces Lettres. vous envoie dit-elle
, /'( lettre dit pape
,
Nous commencerons par un endroit du cin- vous verrez un étrange pape. Cor.iment ? il
quième lome, où cette dame parle en vraie parle en maître ; diriez-vous qu'il fût le pèrt
dame de la grâce, fait le docteur et veut sé- des chrétiens ? Il ne tremble p-.int il ne ,
duire madame de Grignan, sa fille, qui n'avait faite point il menace; il semble qu'il veui'le
,
aucun goût pour les nouveautés proscrites, sous-entendre quelque blâme contre M. de Pa-
qu'on faisait passer sous le nom de saint Au- ris [ de Harlay ). Voilà un homme étrange,
gustin. est-ce ainsi qu'il prétend se raccommoder El 'l
Une bonne fois, ma très-chère , dit madame après avoir condamné (i5 propositions ne ,
de Sévigné ( page 175 ), mettez un peu votre devait-il pas filer plus doux ? Selon celle bi-
nez dans le livre de la Prédeslinution des zarre pensée, un pape qui a condamné plu-
saints de saint Augustin', et du Don de la sieurs propositions erronées, doit après cela
persévérance ; c'est tm fort petit livre. Vous filer doux, el en laisser passer bien d'autres.
y verrez d'abord cotnme les papes et les con- Quoique père des chrétiens quoique clief de ,
docteur de la grâce ; ensuite vous trouverez trine, pirler en maître , il doit au contraire
des lettres des saints Prosper et Hilaire qui ,
trembler, jUiUer et no point menacer.
,
font mention des difficultés de certains prê- Dans la Wl' lettre, page 3S;J, elle loue à
tres de Marseille, qui disent tout comme vous; toute outrance un certain janséniste mort
ils sont nommés semi-pélagiens. Tel est le dans la piroisse de Saint-Jacques et qui, ,
catholiques de dire tout comme les péla- même place où était morte madame de Lou
giens ou semi-pélagiens. gueville. C"i st celle princesse qui avait tou-
Vorjcz continue la dame docteur, ce que
, jours protégé Port-Hoyal, et à ()ui le si"';r
saint Augustin répond à ces lettres, cl ce qu'il Treuvé a dédié son fanatique ouvrage, inti-
répète cent fois. Le onzième chapitre, du Don tulé : Instruction sur les sacrements de p(ni~
de la persévérance , me tomba hier sous la tence et d encharislie.
main ; lisez-le , et lisez tout le livre , c'est où Il fiut bien s'attendre qu'avec de pareils
i'ai puisé mes erreurs. Autre façon de parler sentiments, madame de Sévigné ne sera guère
des jansénistes : ils disent hardiment que favorable à la fréquente cou'munion. Aiis';
les erreurs qu'on condamne dans leurs li- quelles exclamations Uf fait-elle pas, nou
vres sont puisées dans saint Augustin. sur la communion journalière ou sur la com-
Je ne suis pas seule, poursuit madame de niuniiin hebdomadaire, mais sur vingt ou
Sévigné, cela me console. C'est pour une dame vingt-cinq communions par an. Jesuis assu-
d'esprit bien mal raisonner. Une femme cal- rée (dit-elle, page 100 du 6' lomej que tous les
viniste n'est pas seule; cela doit-il la consoler? premiers dimanches du mois, tuutisles douze
Quand il y a une révolte contre le souverain, ou treize fêtes de la Vierge, il faut en vasser
chacun des révoltés peut dire qu'iV n'est pas par là! ô mon Uieul
seul; en est-il pour cela jjIus justilié? Le nom- Kniin, tous les Por!-Koyal font
livres de
bre des coupables doit-il rassurer, ijuaud on l'admiration de madame de Sévigné : les li-
a affaire à un maître qui peut les punir tous, vres de Nicole sont divins; Hanion. cet héré-
quelque ;;rande qu'en soit la multitude? Si tique médecin de Port-Koyal, dont les œuvres
cette dame avait manqué aux bonnes mœurs, ont été si justement condamnées par M. de
elle aurait sans doute pu dire de même, je Marseille, etc., est un saint homme; ses livres
ne suis pas seule; aurait-elle eu droit jiour soi\\. spirituels, lumineux, saints, et charment
cela de dire, cela me console? Disons donc la deviite du parti, quoiqu'ils lui passent cent
que quand on lutte, en matière de foi, con- pieds p u-dessus la têle. Mais où elle s'épa-
tre l'autorilé du corps des jireaiicrs pasteuis nouit le plus, c'est sur les Lettres provincia-
unis à leur chef, on est aussi faible, fùt-un les. .Madame de Grignan ne les apj rouvait
cent mille, que si l'on élail seul. pas. Elle trouvait que c'était toujours la mêmg
Il y a une autre lettre (c'est la 'tV'i-', page chose; cl en cela elle marquait la bonté de son
20o), où madame de Sévigné a grande raison goût et la justesse de son discernement ;
de dire que sa plume va comme une étourdie. puisqu'en effet, c'est toujours un jésuite qu'on
Elle y prêche en effet à la janséniste la toute- lait ridicule à l'excès et qui rapporte sant
,
puissance divine, c'ost-à-dire, sans aucun cesse par ctcur de grands lambeaux de ca-
égard ni pour la miséricorde de Dieu, ni pour suistcs, dont on plaisante ensuite à sou aise«.
Dicyiunmaiul: uus Hékèsils li,
s m DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 844
Mais madame de Sévigne, en savante du pre- Singlin, par l'abbé Goujet. Il a aussi laissé
mier ordre, y trouve une plaisanterie, digne quelques Letires.
fille (dit-elle) de ces Dialogues de Platon, qui
SINNICH (Jean), Irlandais, né à Corck,
sont si beaux.
docteur en théologie, présiilent du grand col*
Les railleries de Pascal finissent, comme lége à Louvain, fut un des ardents défenseurs
on avec les dix premières letires; et les
sait,
des idées jansénicnnes,sc rendit ta Rome pour
luiitdernières ne sont plus qu'un tissu d'in-
plaider la cause de l'évêquis d'Ypr.s, fit ce-
jures et d'assez grossièresdéclaniations. Point pendant plusieurs fonda ions charitables ,
du tout, c'est ce qui eiichanle madame de Sé- uli'cs, édifiintes, et mourut à Louvain en
vil^né. Elle y trouve un o(/!oi(/' parfiiit pour ICGG. Les litres de ses livres sont sini'uliers ;
Dieu et pour la vérité, et une manière admi- si du moins ses livres étaient exempts de re-
rable de la soutenir et de la faire entendre.
proches !
que madame de Sévigné f.iit quelquefois la muin sublimnto ac deinde ob violatam rdi-
,
femme docteur, qu'elle piononcesur des ma- gionem principalu vitaque exulo. Louvain,
tières qu'elle n'entend pas, que ses éloges et 166:2. —SiTonde édition Louvain. 1663 el
ses censures ne sont pas toujours exempts 1067, 2 vol. in-fol.
de l'esprit de parti mais quoiqu'elle ait paru
;
lui lisait tous ses ouvrages avant de les pu- en faveur de Jansénius.
blier, et s'en rapportait à ses ;;vis. Singlin eut ViNuici.E Decalogicœ desumptœ ex Saule, ex-
beaucoup de pan aux affaires de Pori-Royal
rege ; quibus asseriiur rigor prœctptorum
et aux traverses que ce monasière essuya.
Decalogi adversus laxiorcs quorumdain opi-
Craignant d'être arrête, il se retira dans une nioncs... Accessit Mat. van Vienen opus-
des terres de la duchesse de Longueville. Il culum de juris naturalis ignorantia. Lou-
mourut en ICG'i, dai:s une autre retraite. On vain, 1672, in-4\
a de lui un ouvrage inlitulé Insiructions :
chrétiennes sur les ii.yslères de Nolrt-Seigneur VuLPES Ripaldœ copia a thcologis Lovanien'
et les principales fêles de ['(.nnée; Paris, 1C71, sibus. C'est-à-dire, le Renard de Ripalda
en5vo!.in-8, réimiirimé depuis, 1736, 12 v. (jésuite) pris par les théologiens de Lou-
in-12. Celte édition est précédée d'une Vie de vain.
m SOA SOA sid
La Molinomachie; ouvrage publié en lalin, veaux écrits, est du P. de tienne:. Ces nou-
sous le nom ti'Aurélius Avitus. veaux écrits étaient ceux de l'abbé Debut;-
naire, appelant, qui s'était associé avec l!oi-
Le Pèlerin de Jérusalem; publié en latin,
nom dat, .Mignot, de La Tour, et autres appelants,
sous le di' Célidonnis Nicasiits.
pour combat re le figurisme et les convul-
La TniâDE des saints Pères, etc. sions. Voi/ez bEi^ovNAiRE, 1752. Soanen était
Plusieurs de ces ouvrages ont été condam-
visité avec cmpresseuient dans sa retraite, ,
rnle, plus digue d'un ministre de Genè\ e que arrêté |)oiir ses intrigues, relâché ensuite, et
d'un évèque de France, et dans laquelle il mena Une vie errane et vagabonde, tjn pu-
s'élevait avec force contre celte (o.islilulioii. blia, en 1751, la Vie ( t les Letties de .'u'.Soa-
Le carilitial de Heury \oulaiil f.iire un, nrn, en 8 gros vol. iu-12. On y trouve un
exemple d'un prélat (luesnelliste profila de , abrégé des miracles 0);érés par sou inierces-
cette occasion pour faire assembler le con- sion; car il y en eut une fonle pendant sa vie
cile d'Embrun, lenu en 1727. Le cardinal de et apics sa mort. Les lettres contenues dans
Tencin y présida. Soanen y lui condamné, ce re( ueil sont au nombre de plus de seize
suspendu de ses fonctions d'évèque et de prê- cents. La plupart étaient de la façon de Jean-
tre, cl exilé à la Chaise-Dieu, e.i Auicgue, Joseph l'ouynet, dit 15 rard ou Iteaunioul,
où il mourut eu 17i0. que l'on av.iil donné au prélat pour secré-
Dorsanne dit (lu'en 1720 on gagna Soa- . taire, cl qni fut depuis un agent très-actif de
nen, qui ordonna en peu de jours douzcHol- i'Lglise d'I'lrcclil. Il y faisait tenir à l'evéque
landais sur les démissoiies du cliap Ire d'U- le laiig.ge de chcl de parti. Ces lettres sont
Irechl, et sans ixlra Umpora. Ce prélit avait pres(|ue tontes en ell.t pour la gloire et les
des qualité.-; mais il lut la dupe d'intrigants iniérêis des apiielauls.
qui abusèrent de son extrême faci.ilé. Nous Voyez Broue (La), Coi.bert, Lol vaut, cic.
avons parlé de so appel et de sa condamna-
i
pari à i'Instrurtion pastorale de 172G, qui tieuse injurieuse à l'Eglise, aux évéques et à
,
<l) On voulut .-iitifiucr le concile il'làuoruii par liilc : ilémoiy/' abn'ijé oii l'on montre l incumpélenct
un autre écrit puhiio dans le uièuic iciniis, cl iiili- du concile d'Einb;un. i7i8, ii p;ig. iii-4*
f.;"7 DICTIONNAIRE DES JANSENlSTi:S. iiS
seigneur Jean de Soancn, évé /uc de Senez, qui gue fMUx dans \es p incipes qu'il pose. Par
;
n avoué, adopté et signé ladite Inslruclion, et rapport auic faits dont l'anonyme charge les
qui, nonobstant les monilions canoniques à lui Pères du concile d'I-mbrun, M. de Sisleroli
' '' >- <--
faitci de rétracter lesdits excès, 1/ a opiniâtre- montie qu'il accuse faux dans les- démarches
''
vient persisté, soit et demsurc sus/.ens de tout qu'il leur impulo; faux dans les discours iju'il
pouvoir et juridiction épiscopale et de tout leur attribue faux dans les porlruits qu'il
;
exerrice de l'ordre, tant épiscopal que sacer- en fait. Par rapport aux principts dont il
dotal, jusqu'à ce qu'il ait satiffiit par due ré- prétend qu'ils se sont écartés, le prélat prouve
tractation clc.
, qu'il expose faux dans les maximes qu'il éta-
Celle sonleiice fut signifiée à Soancn le 22 blit; faux dans les maximes mêmes qu'il
septembre. On a vu ci-dessus que, exilé à la adoii(o. Do sorte que par cetie excellente ré-
Chaise-Dieu, il y mourut le io décembre ITiO. futation, il est i!émon!réque,s lit que l'auteur
Dieu lui donna bien le temps île ^e rclracter, de IHistoire raconte, soit qu'il raisonie, cet
car il 11^ l'appela à son jugeinenl que dans
ne *iiuijcu»a:'^^iijUj;c:ii\;in.\^uvuiiitJ indigne écrivain
iiiui^iicci, également
s'écarle toujours Cgaitiiitiiv
llldlliacLUltULUllJvjUi^
la 9't'année de son âge; mallicuwusement de la vérité. Une marque de la petitesse
ce prélat mourut dans son opiniâtrelcet dans extrême de son esprit, c'est qu'il ne rougit
sou endurcissement, et consomma ainsi sa pas de produire en faveur de la cause de M
répro'ialioiK Soanen, un quatrain de Nosiradamus, conçu
Le parli essaya de justiHer Soanen ; il pu- en ces :ernies :
osé altaqntw- avec la plus grande violence SOL.^Rl (BenoIt) naquit à Gênes en 17i2,
dans le libelle dont nous parlon*. entra dans l'ordre des dominicains, enseigna
Cet ouvrage de ténèbres élait resté sans la théologie, dissimula ses opinions, et fut
réplique jusqu'en 17.39. Mais ayant alors re- fait évêque de Noii le 1"' juin 1778. Il se dé-
paru sous le titre de Mémiire de monsei-
: clara en faveur do Ricci, évêque de Pisloio
gneur l'évéque d'Angou'éme sur le concile {Voyez son arlicle). Quand la bulle Auctorem
(1) Le 'l" août l'cvêqne de Senez nv.iit publié une sur la visibilité de l'Eglise, sur l'autorité du plus
autre Ins'ruciion paslorale sur l'aulorhé infaillible de grand nombre des premiers pasteurs unis à leur
l'EijIhe et sur les caniclcres dt- ses juqemcnis dogmati- tliel, sur l'Eglise dispersée, sur la soumission due à
ques. Au sujet de celle Inslruciion, un lliéobigien fil la consiituiibn.
les observations siiivanles : Ce prélat rcfraciaire ne tarda pas à être puni de
I L'Iiglise des jansénisies est nne Eglise sans p^pe tant d'excès, puisque sept semaines après il l'ut jugé
el presipie sans évéques. Selon eu\. le peuple esl et ciindamné dans le concile de sa province.
juge de la fui : les premiers pasleurs tiennent de lui Comme la doctrine de cette longue instruction est
leur auloriié el l'cKercent en son nom. Avec de pa- obère au parti, on en a fait un pré'is qui a été im-
reils priiu ipes, coinnu'nt pourraient-ils se distinguer primé, et dont on arrêta nne édiliou entière à Rouen
(les prniesiants? C'est cependant ce qu'citieprend en mai 1729. Ce même p ècis se trouve dans nue
M. l'évoque de Senez dans son luslruelion. II emploie prétendue inslruclion pnslorale, que publia celui qui
à ce a la pren.ière partie, qui est irés-coune et irès- se disait vicaire-général de .M. de Senez. Voiiez Portr
laible. Pour les trois autres parties, il les consacre {Eiieivie De Là>
(ont entières à attaquer les princij'es catholiques
849 3TA lAii 8S0
fdei pnrui, en l'9+,il contre cet ac(e
rriCiiL'a fi dans lequel il les réfute complètement.
Ici,
(lu pouvoir poiilifica! une opposition formelle Sohiri répliqua par une apologie, quoiqu'il
et putilique en le déiionçanl par une lellre
, ,
ne fût pas de force à luUer eotilre le savant
du 8 octobre, au sénat Axt Gênes. Il applaudit cardinal. Il mourut le l'3 avril 181i.
à la révolution génoise, en 1797, et mérita STANOVEN, ardicvêque d'Utreclit. Voyez
d'être fait membre de la commission de lé- LOUVART.
gislation. 11 donna des mandements patrioti-
Lettre... sur les me'moirrs que la cour a fait
ques, et pul'lia une lettre à l'avocat (iiusli,
faire pour rendis odieux en France, et sus-
en faveur des jansénistes, et correspondit
pects â leurs hautes puissances, M. d'Utreclit
avec le clergé constiluiionnel de France. Sol-
et ceux qui lui sont attachés. In-ï' do
licité de venir au second concile de ce clergé,
en 1801, il ré|;ondit, le -23 mai, par un let- •
S pages.
tre d'excuse où il avoue qu'il est devenu
, L'archevêque d'Utrecht a [lour but, dans
odieux, non-seuleincnl aux Romains, in;iis cet écrit, de se justifier lui-même en fuisanl
encore à ses propres com| alrintes. Le célè- tout son possible pour jnsliier l'évêque de
bre cardinal (Jerdii publia, en 1802, un Exa- lîabylone, Pelii-Picil, Ulondel, Pincclet.Mau-
men des motifs de Solari à la bidle Auciorem pas. Entreprise au-dessus de ses forces.
former à iesprit du siècle. Il ne se contente tenee, outre les actes de foi et d'espérance , il
pas d'insinuer principe de l'obscurcisse-
le ne commence à aimer Dieu comme source de
nient, essaie de l'établir par do nombreux
il toute justice? Les livres de piété sont rédigés
exemples, et c'est à ela que tend principa-
i dans ce! esprit. Ils inculquent l'amour de
lement son Disconrs prélimin liri' . qui rst Dieu, ils en offrent de» actes aux fidèles dans
assez lonj;, et où il répète beaucoup «Je clio- les exercices de piété , et surtout dans la
Bes qu'il avait pri^ déjà la [>oin de ..jus dire • préparation à la onfession et les formules
i
;
derniers temps, el qui n'en sont pi^ moins dictions qu'oui essuyées les quatre articles
fausses. Les jésuites n'onl-iU pa- tcnlé, ilit- de 1()82. Il aurait dû lire avec attention la
il, de renverser la doctrine de saini .Vuguslia Défense de la déclaration, par Bossuet, el il y
<ur la grac efficace par elle mè. ne et sur aurait vu ce grand évéque assurer que les
la prédestination gratuite, 1 n'y ont-ils pas1 évéques ti'ont pas firétenda faire un décret sur
substitué I System- de .Molin r, qui a obtenu la foi , mais indii/uer une opinion comme
la préférence, et n'a plus laissé à l'ancienne meilleure et préférable: qu'Wi ont énoncé un
doctrine que la simple tolérance' Ce premier sentiment ancien et suivi dans c- pays, et non
exemple e-t sans doule assez mal cboisi. Le une ddctrine qui obligeât tout le monde. Ce
sysième de .Molina n'a point o'itenn la préfé- sont les expressions de Bossuet lui-même,
rence dans l'Eglise, il n'y si que toléré, et
i qui apparemment sava ce que l'assemblée
t
on peut même dire qu'il n'y est point r.'jj.in- de 1G82 a\ail voulu établir, et ce qu'il avail
du. Les théologiens les plus suiiis île nos »oulu soutenir lui-u)éine (I).
jours ne s'appliquent plus à déie .dre lellt! M. Tabaraud, qui avait de l'humeur, et
ou telle cxplicalion des mystères de grâce, 1 1 qui était décidé à trouver de l'obscurcisse-
el celle-là moins que loule autre; ils énon- ment d ms l'Eglise, regarde encore comme
cent ce qui, à cet égard, si de foi, sans i une preuve de ces ténèbres la croyance com-
cherciier à connaître les secii is iks opéra- mune sur l'assomption et la conception de la
lions divines, ils exhortent plu- à demander sainte Vierge. En vain lui dira-t-on que l'E-
la grâce, qu'à s'enijuérir comment elle agit. glise universelle n'a rien défini à cet égard ;
Enfin, l'auteur est d'autant plus de mauvaise c'est précisément celle réserve qui n'est pas
foi dans cet article, qu'il sait très-bien sans de son goût. Plus difficile i|uc l'Eglise, cet
doule que, dans le nombre des théologiens âpre théologien paraît avoir pris son parti
qui adoptent encore un sentiment particulier de la censurer, soit qu'elle p nie, soit qu'elle
sur c s hautes matières et ijui sont presque
, se taise, il nous l'ail grâce de plusieurs au-
tous étrangers , il y a plus d'angu^tiniens tres reproches (jue ,dans son humeur cha-
que de molinistes. grine, il élai' dis|iosé à lui adresser, PcUt-
Le même obscurcissement, continue-1-il ètre allait-il lui fai'e la guerre sur les pro-
s'est répandu sur la doctrine de la nécessité cessions, les pèlerinages les Agnus Dei el
,
d'un commenC' ment d'amour de Dieu par- autres abus énormes qui sans doute scanda-
dessus ioi.te> choses, pour être réconcilié lisent une piélé si fervente el un zèle si pur;
dans le sacreîiie: l de pénitence. Il se plaint mais la dévotion du s:;cré-cœur lut es! reve-
qu'on ensei_ne généralement que l'ailrilinn nue en mémoire, et sa bile s'est déchargée
])urem('nl s.rvile, c'e>t-à-dire conçue par la sur celle pratique, objet d'une antipathie
seule crainte des peines de l'enfer, sans a - ancienne el déclarée pour l'école à laquelle
cuii acte d'amonr de Dieu suffit pour être
, il a: partienl.
redoute ni le nombre, ni la qualité de ses défaut de ses arguments. Il faut d:ne mon-
adversaires, et il ('it à chacun son fait, avec trer les artifices, les subtilités et le ma.iège
la modestie d'un homme qui se charge de d'un homme qui parait assez exercé à tor-
réformer l'univers. Voici entre autres un dre les passages par des interprétations for-
argument auqc.el on ne s'attend pas. On ne cées, cl leur faire fircndre la couleur qu'il
retrouve, dit-il, les rrais principes sur cette juge à propos de laiir donner.
question gue clnns le code civil, cjui a établi D'abord, .M. Tabaraud, trouvant dans les
(le la manière la plus formelle la distinction monuments de la tradi;ioa Irès-peu de teï'es
du contrat et du sacrement il). Pour uu qui se pliassent à ses vues, a eu le soin de
homme qui se dit théologien, c est l;i sans faire précéder el suivre chacun d'un com-
doute un singulier aveu. Ainsi c'est dans le mentaire plus ou moins adroit, mais toujours
code civil qu'il faudra aller cherclur les ri'- as>ez long pour disposer le lecteur à n'y
glcs de l'Eglise, et le code civil doit être la voir que ce qu'on veut lui insinuer. 11 ap-
boussole et l'oracle des écoles catholiques. pelle à son secours la science des distinc-
La question du mariage était aup.iravanl tions, des explications, des r. striclions, et
ignorée et obscurcie c'est le code civil qui
, tout en Se moquant îles scolastiques, il imiie
l'a remise en lumière. Ce n'tst que là qu'ont Ir. s-bien les sub'.ilités qu'il leur reproche.
été enfin proclamés les jirincipcs méconnus Par exemple, il rapporte un passage de saint
depuis longtemps par les conciles comme Ignace, disciple des apôtres \ubat in Ec-
:
par les théologiens. L'Eglise avait laissé clesia, bencdictione Ecclesiœ,ex Dom.ni prœ-
s'altérer la bunne doctrine; Bonaparte et son ceplo. ^'ous croyez peut-être que ce passage,
conseil d'Etat l'ont h^'urenseiiieiit res usri- qui indique un précepte s\ formel de Notre-
tée la science et la piété de (jucliiues a\o-
: Seigueur lui - même ,
gène M. Tabaraud.
cats, bien (|u'iin peu révolutionnaires ont , Point. Saint Ignace ne dit pas en cet endroit
dissipé les ti'nèbres (|ue les docteurs et les que la bénédiction fût nécessaire à 1 vali- 1
Pères avaient répandues parmi nous dcjiuis dilédu mariage. Ces! une simple reconvnan'
tant de siècles, et ce n'es! que dans un code, dation qu'il fiil aux fidèles; el ainsi \c pré~
oîi il n'est point question de Dieu i/iip l'on
, cspte lie d vient plus qu'un conseil, el le
retrouve l'S vrais principes, i\u'\ s'ciaicnl ci- témoignage d un évéque contemporain des
faces parla néi;ligence des dépositaires de la apôtres est adroitement éludé. L'auteur in-
tradition. Ne perdons point de vue celte dé- lerprèle de même les autres passages où il
cision deM. Tabaraud. Elle montre quelles est parlé de la bénédiction nu|)tiale. Teriul-
sont les autorités qu'il préfère, et quel cas il lien à la vérité (letrit les mariages qui ne se
fait dans le fond de la vénéraliie antiquité, célébraient pas à l'église mais ce sont des
;
qu'il tâche pourtant d'attirer à lui pour la expressions outrées, échappées à son imagi"
forme, llle nous dispenserait peul-élie de naiiiin bouillante. D'ailleurs , il n'a pas dit
recherches ultérieures ; car celui qui ne absolument que ces mariages étaient nul; ,
trouve les vrais principes que dans le code, et tout ce qu'on trouve dans les Pères contre
rt qui , par une suite nécessaire, ne rencon- ces sortes d'unions doit s'entendre d'une
tre qu'obscurcissement dans l'ancienne théo- simple probibiiion et non d'une déclaration
,
logie, ne paraîlia bûremenl aux lecteurs de (le nullité. Cette distinction, (jue AI. Taba-
sang-froid ni un caiioni-le bien profond, ni raud répète fréquemment , est une des clefs
un juge bien clairvovant, ni surtout un dis- avLx lesquelles il se lire des plus mauvais
sertateur bien ioiparlial. C'est ce dont il a pas.
pris soin di' nous convaincre par toute la 11 est une autre clef non moins ingénieu-
suite de son livre. sement imaginée, et dont l'auteur fait aussi
§ II. —
M. Tabaraud, qui avjiit eu la fran- un grand usage. Saint Basile déclare que le
chise de nous avouer qu'il n'avait trouvé les mariage contraciê successivement a\ec les
vrais principes sur le niariaijr (/w dans le deux sœurs n'est pas un vrai mariage cl ,
code civil, ce qu'il ne faut jamais oublier, que les conjoints doivent être exclus de l'as-
aurait pu, après cela, s'é; arguer la peine de semblée des liilèles, jusqu'à ce qu'ils consen-
fouiller dans la tradiiion, el il'y ch. rchcr les tent à se séparer. Les lliéolugiens ordinaires
preuves de son système. Ce ne peut être tiue croient voir là un empêcliemenl dirimant
pour la forme, et en quelque sorte p;ir décen- établi par l'Eglise et ils s'imagine, l que
,
ce, qu'il a interrogé sur ce siijet les monu- quan un Père de l'Eglise déclare que telle
I
ments de l'antiquité. Il a |ie osé sa 11 -doute qu'il union n'est pas un vrai mari g/", cela signifie
serait aussi trop ridicule de discuier un(! pa- un mariage nul. M. Tabaraud leur appren-
reille question, sans y mettre uu peu d'appa- dra cuinmcni on élude des expressieus en
reil théoloj;ique, et sans avoir l'air de s'envi- apparence si précises, et par quelle tournure
ronner de quelques autorités. Plusieuis lec- on peut avoir l'air d'écnapper à une décla-
teurs pourront y être trompéset, en lui voyant ralion si lormelle. C'est là qu'il applique celte
citer les Pères cl les conciles, s'iaiagineroiil autre clef dont nous avons parle. L.i ^épa^a-
qu'il les a en cITet pour lui. On est quelque- lion dont pai lent les Pères dans ce cas ei plu-
fois dupe d'un certain cl.ilage d'érudition, et sieurs autres . ne doit pas être étendue o»
Cela convient en effet au système de .M. T.i- assemblée est établie dans l'Eglise depuis
baraud, et cela lui convimt si bien, qu'il eu près de trois cents ans, el les calholiques
use souvent, el qu'il l'applique à plusieurs sont accoutumés a regarder ses canons et ses
décisions pareilles qu'il trouve dans l'anli- décrets comme la règle de l-ur croyance et
quilé. l'oracle de l'Espril-Saint. Rome, les évêques
Deus conciles du viir siècle embairas- des différentes Eglises, les théologiens des
sènS un peu M. Tabaraud, ou plutôt embar- diverses écoles, les pisleurset les fidèles,
rasseraient tout autre; car, pour lui, il ne professent un religieux resjiect pour les dé-
s'épouvante d'aucur.e ;iu!(irilé, et il sait cà- cidons de C' grand p'irlemmt de; chrétiens,
quivrr les ]j1us forh s objections. L'un de ces ainsi que l'appelait un philosophe célèbre;
conciles, celui de Chalcu', eu 787, prononce et les dérisions de ce dernier concile, forti-
sur l'état des enfants n-'s de certains maria- fiées de l'assentiment de toules les Eglises
giS. Ce n'est là, dit M. TabiTraud, qu'une en- catholiques, sont un rempart contre les er-
treprise extraordinah'e sur laquelle on ne reurs des derniers siècles, e! un frein contre
saurait fonder un droit légitime... On ne peut celles qui voudraient naître cneore. Or, ce
en rien Ci,nri'tre ni contre les droits rf^s prin- concile a le malheur de [iroles^er sur le ma-
ces, ni en fi.veur des prétentions de l'Eglise riage une autre doctrine que M. Tabaraud.
sur le mariage. Il esl bien plus indigné en- 11 prononce analhème cou ire celui qui dirait
core contre le concile de Forli, en 791, qui que le mariage n'est point un sacrement, et
ose déclarer nuls des mariages entre des pa- conlvc celui qui pré:eniJruit que l'Eglise n'a
rents à des dcLÇiés prohibés et il s'écrie : pu établir des empêchements dirimants. Cet
Quel avantage pourrait-on tirer d'un canon anathème d'un concile œcuménique a quel-
gui entreprend maiiifeslemenl sur les droits que chose d'effrayant pour nous autresgens
imprescript'bles de la puissaitce temporelle à siujples; mais un théologien aguerri comme
laquelle seule il appartient de prononcer sur M. Tabaraud saura bien esquiver un tel
l'état des personnes? 'Sïais c"est frécisémcnt coup, el sa méthode des distinctions lui sera
là la question, el celle manière de raisonner ici d'un merveilleux secours. Il n'attaque
est ce qu'on appelle, eu bonne losrique, une poinl l'œcumcnicilé du concile, il esl trop
pétition de primipe, espèce de sopliisme as- adroit pour heurter do fronl un point sur le-
sei facle, (;ui n'a pas le mérite d'être fort quel il y a unaniiiiilé dans les écoles catho-
spécieux, et qui devrait être interdit, surîout liques; ce procédé ne ferait pas fortune el in-
à un ancien professeur; car M. Tabaraud ne disposeraii contre l'auteur, il est des ma-
se débarrasse ici de ce canon incommode nières détournées d'arriver au même bul.
qu'en supposant manifestement vrai le sys- On ne conteste point directement un prin-
lème qu'il a\ait à prt)uver, et que ce canon cipe, maison l'aiteiiue dans ses détails. Nous
renverse. Aiec une volonté aussi décidée allons voir comment M. Tabaraud sait mi-
d'avoir raison tout seul, on peut compter ner et détruire une autorité tout en ayant
qu'il ne rencoHlrera plus d'obstacles. l'air delà révérer profondément.
Les fausses décrélales lui fournissent par- Le concile deTrenie, dit-il, est infaillible
ticulièrement un moyen de battre en ruine lorsqu'il statue sur la présence réelle, sur
ses adversaires. Ce sont les fausses décré- l'invdcalion dos saints el sur les dogmes et
lales qui ont fait tout le mal: elles ontch injé les pratiques de la foi; il n'en est pas de
loute :a discipline et inlerveiii toules les no- même de ses décisions sur le maria.e, parce
lions. Les principes ont é'é altérés tout à qu'elles iniéressent les princes, et qu'elles
coup, et l'Eglise, assistée de l'Kspril-S.iinl, a leur enlèvent leurs droits pour soumettre à
laissé prévaloir, sur une foule de poinis, des la juridiction ecclésiastique un contrat pure-
idées, une discipline el même une doctrine ment profane par sa nature. Le concile, en
tout opposées à celLs qui avaient régné jus- statuant a cet égard, a visiblement excédé
que-là. Ou sait que c'est là le texte le plus les bornes de son pouvoir, et ses décrets
habituel des déclamations ties prolestants, et sont nuls par défaut de compétence du tri-
il s'est trouvé des calholiques qui les ont ré- bunal. Aiui-i parle M. Tabaraud, et il se
pétées, ou par légèreté, ou à mauvaise in- fonde, comme on voit, sur ce que les ques-
tention. Les canoniste; du dernier siècle sur- tions que le concile a décidées sur le mariage
tout ont appuyé là-dessus les nouvelles maxi- ne louchent point à la foi. A la vérité le
mes qu'il leio' plaisait d'introduire, et ils ont concile dit le contraire. Dans la vingt-troi-
mieux aime ;iccuser l'iiglise de changeuienl sième session, en indiquant les matières qui
qued'avouer que c'elaieni eux (jui méritaient devaient faire l'objel de la suivante, il fut dit
ce reproche. A leur iuiilatiou, le religieux que l'on y iraiterait du sacrement de mariage
Ihéologien, qui veut réfo/uier la doctrine et des autres objets qui appartiennent à la
riiocneur de cette société à (lui Dieu a pro- ciles et loute la tradition ecclcsiastique nuits
mis l'assistance, et que tous les chrélicns enseignent que le mariage doit être compté
doivent chérir comme leur mère. P':rmi les sacrements de la loi nouvelle. Ce-
Cet'e di^.nos ii m d M. 'i'ab.uauJ s'appli-
> pendant plusieurs hommes impies et insenséf
,
de ce siècle, non-seulement ont mal pensé sur cis. C'est la prcteiilioti de lous ceux dont VE-
ce sacrement rcncnible mais introduisont
, glise a condamiu' les erreurs. Fra Paolo à la
suivant leur usage, la licence scus prétexte de main, ils suivront loulo l'histoire du concile,
la liberté évungélique, ils ont avanxé de vive telle que la rapporte cet écrivain si bien ca-
voix et par écrit plusieurs choses éloignées ractérisé en deux mots par liossuet. Ils (roi:-
du sentiment de l'Eglise catholique et de la vcront dans ce critji|ui' iiilidèlemilleprétextes
pratique du temps des apôtres, et cela non pour censurer et calomnier les opérations di'i
sans un grand dommage pour les chrétiens. l'ères, et .M. 'l'at)arauii \eul hien les aider en-
Le saint concile universel, voulant aller au- core à cet éi^ard de ses lumières et de son im-
devant de leur témérité, a jugé convenable parlialilé. Telle déci>ion est obscure, selon
d'exterminer les plus remarquables des héré- lui, parce qu'elle a élé jugée telle par deux
sies et des erreurs de ces schisinatiques de , ou trois jurisconsulles. On y a omis tes règles
peur que celte dangereuse contagion 7i'en se- que M. Tabaraud vient de tracer avec tant
duise un plus grand nombre : en consé'/uence de sagesse, cl on attribue avec juste raison
il a décerné les anathèihcs suivants contre ces l'oubli de toutes ces rê jles au défaut de liberté,
hérétiques et leurs erreurs. Ici il ré|)èlc les i)Iaiiitcs de Fra-Paolo, et il
Il semble que ce passage ait clé écrit ex- conclut en disant que quand même les décrets
près piiur prévenir les v.iins subterfuges de du concile de Trente sur le mariage auraient
M. Tabaraud. Ce théologien de nouvelle fa- pour objet une doctrine appartenant à la foi,
brique prétend que les canons et les décrets on pourrait encore leur lefuser la qualité de
sur le mariage II'. ipiiarlieiineiil poinl à la foi, règle de foi ; el plus loin, que ffs canons doi-
et le concile emi)Ioie 1;'S plu.s forles exprrs- vent être regardés comme non avenus.
siens pour prouver le coMlcirc. Il signale Tant de hardiesse et de haulci'.r de la part
avec une juste sévérité /evAe/isfCi- e^/e*' sf//is- d'un hommi' obscur, et qui ne s'est pas
maliques qui introduisent lalicenee et sédui- nommé, doivent suis doule élonner et con-
sent les fidèles. Maintenant à ([ui croirons- fondre je lecteur qui connaît les lègles et
nous, ou du saini et œcuméiii(iiie concile de les droits de l'Eglise. On se demande qu. a
Trente prononçant qu'il s'agit iii du dépôt pu inspirer celte audacii use ('*sobL'issance
de la loi, ou d'un [larticulier sans autorité et cette critique «ITrénée : c'est l'esprit de
qui (irélend déciler le conlraiie? Aquicioi- parti. Arnauld et Nicole, coml)ien \ous se-
rons-nous de celle assembléeantiquelinçant riez humiliés de voir vos disciples si ilifl'e-
un anathènie contre celui qui ilir.iit que l'E- rents de >ous!lin ailaquant les droits de
glise n'a pu établir des cinpcihemenls diri- l'Eglise dispersée, vous taisiez profession du
mants, ou d'un dis'-eriateur n.oderne qui af- nioins de révérer les décisions des conciles
fronle cet au.itbéaie, et (jui met en thèse la généraux, cl vous auriez regarde comme
proposition que l'I'^glise réprouve? A qui une injure le moindre soupçon (]ue l'on au-
croirons-nous des premiers pasteurs, des de- rail conçu contre vous à ce! égard. A'ous les
posilairesdclalrad lion, des députés de toutes ave/ niis sur la voie, ils j ont fait de rapides
les églises, avertissant les fidèles que le ma- progrés, et il n'y a jdus de moyen d'arièler
riage est un sacrement pour les exhorter à le désormais des gens qui ne s'elTr.iicnl point
recevoir saiulemenl, ou bien d'un sophiste des condamnations les plos solennelles, et
qui vient dire gr.ivemenl que ce n'est point qui bravent les analhèmes les plus clairs.
ici une simple inexactitude de langage, (;[ qui. Que deviendrait Tliglisc si un tel système
repoussant un principe cons.icré ])ar la pouvait y prévaloir'.' Toutes les erreurs y re-
croyance el la pratique coniin'.ines. emploie naîtraient imijunemenl, el chacun s'ariogc-
iin volume entier à subtiliser sur ce sujet, el rail le (iroit de remettre en queslioii ce ([ui
a enfanter un système immoral el absurde ? aurait été décidé de la manière la ]ilus solen-
11 y a plus: la légèreté avec laquelle .M. Ta- nelle. C'cnI bien alors que nous llolterionsà
baraud parle des décisions du coiieile ne se tout vent de doctrine, el que, lancés sans
borne pas aux canons et décrets de la vingt- boussole dans la m: r des opinions humaines,
quatrième session. Il pose des [irincipes avec nous irionsnous briser conirclous lesécui ils.
lesiiuels on pourrait aussi bien ébranler les 11 n'y aurait plus d'autorilé, plus de" frein,
aulrc's décrets de celle \énérable assemblée, et le Fils de Uieu aurait cessé, malgré s.i
Ainsi il faut, selon lui, pour que l< s décrels promesse, d'être avec celle sociélé sain:c à
d'un conciie œcuménî(|ue soient iiréfraga- laiiuelle il a assuré son assistance élernelle.
blés : 1° que les matières aient été sérieuse- .i;
III. — On avait cru jusqu'ici que l'in-
menl disculécs dans les conléronccs; û' que variabilité de doctrine était un des caractères
dans cct'e discussion lous les nuages qui di' la véritable Eglise, et les changements
cou vraienl la vé.'ilé aient élééclaircis; 3' qu'il dans la fo; un des signes les plus marqués de
y ail eu un accord unanime entre les Pères. l'erreur; et IJossuel, eu r.icontant Ks varia-
Or, qui ne voit (juc de telles conditions len- lions des Eulises proieslantcs, s'était per-
dent à iiilirmer les décisions les plus sages suadé qu'il les avait decreditées |iar ce seul
et les plus respectées. Ell.s founiissenl, par l'ail, el qu'il les avail dépouillées de ce ver-
exemple, des armes aux protestants pour ic- nis d'anliquilé dont elles se paraient. Mais
sister aux décrets du concile de Trente. Ils ce grand homme éiail dans illusion à cit
.
pourront toujours dire que les matières n'ont égard, ainsi que les théologiens (jui l'ont
pas (te sullisammenl discutées. Ils manque- piecéde el sui. i, el M. l'abaraud >ienl recti-
ront encore moins de dire <iue les nua;;es lier les idées ciuumunes sur ce! arlc e comme
qui couvraieul l.u vérité n'ont pas été éclair- sur tant d'autres. 11 a tort a ca'ur de couso-
859 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. sno
1er les prolest ints en leur monirnnt que l'E- tions de revenir, et sur son refus présrn'ail
glise calliolique a aussi vnrip, qu'elle s'est requête à l'olficial de Soi^sons pour être au-
trompée dans ses d;'cisioiis, el qu'elle a pro- torisé à se remarier. // avait en sa faveur, '\i\.
clamé comme de foi ce qui ne l'était pas. 11 M. 'iabaraud lui-même, la doctrine générale
n parle que d'altérations dans l'ensei^ne-
' répandue dans l'Eglise. Saint l'.iul, daus lo
de préjugés surles
tneiit, (['oiisc'urcissemi'nts, vir chapitre de la 1" Epître aux Corinthiens,
questions les plus importantes. Il se plaint permet à l'époux converti à la foi de se ma-
de l'empire de la routine, c'est-tà-dire appa- rier, si l'épiiux infidèle l'abandonne. Du
remment de raliachemenl (]ue l'on a pour la moins ce verset avait toujours été entendu
doctrine de i'anli(iuilé. Il répète souvent ainsi. L'Eglise avait rendu jilusieurs déci-
qu'il faut mellre nos mœurs en harmonie avec sions conformément à ce texte, et récem-
nos lois, et faire disparaître In dissonance ment lienoît Xl\' venait de déclarer, dans
qui èf/ne entre la tliéolo ie el la juriapr-n-
I une bulle du 16 novembre 17i7, et dans un
dence. On croit peut-être que pour établir bref du y février 17V9, qu'il est lilire à un
cet accord il faut que la" jursinmlence se juif ciinverli de contracter un autre ma-
réforme. Au contraire, c'est à la théologie à riage. Il y discutait celle question avec son
se plier aux nouvelles lumières et à se met- érudition ordinaire, el il semble que son au-
tre en harmonie avec modernes. C'est
les lois torité, fortifiée par l'usage génér, il de l'E-
à l'Eglise à céder et à clianger son enseigne- glise, deiait l'aire quelque impression sur
ment par déférence pour les jurisconsultes, l'offii ial de Soissous. Mais révê(|uc de Sois-
et c'est pour coopérer à ce but que M. Ta- sons éiait alors M. de Filz-James, et les ca-
baraiid a f.iit son livri', où il dit licitement nonistcs auxquels il accordait sa confiance
qu'il faut en venir à wne ample reforme dans commençaietil à pen_ser, coinr.'c M. Taba-
renseignement ecclésiastique. Ce n'est pas là raud, que l'Eglise n'a pas le drcdt de mellre
du moins cacher sa marche. des eiupéc!ienienls dirimants. Ils profitè;ent
Ces deux grandes qnesiions qu'il traite, ne de l'occasion pour consacrer leur système
commencèrent, lilt-il, à sortir du chaos où elles par quelque démarche éc'alante; el, uialgré
étaient plonrjées que vers la fin du xvir ^iê- la di cirine consignée dans le Uituel même
cle. Ce lui le docteur Launoy qui osa le pre- du d:ocèse, l'official deSoissons déclara Lévi
mier, en France, s'dever contie les préjugés non recevabie daus sa demande, par deux
alors en vogue. 11 publia, en ItiT'i-, le Ir.iiié sentences du 5 septembre iTïi ci 17 janvier
intitule : ll'-qin inmalrimonium jiolC'ilas, AovX 173G. Ce juif convcrli en appela au p ;rle-
M. Tabaraud fjit un gram! élo:;e. 11 dissi- ment de Paris, où sa cause deiail être en-
mule les réclamations <\\\\ s'élevèrent conti e core moins favorablement accueillie. Il fut
ce livre. La témérité du docteur, ilil un illus- déboulé par un arrél du 2 janvier 1758 ijui
tre cardinal, excita d'abord les rcclamatians lui défendit de se marier du vivant do sa
des écriiaiits contemporains , et attira sur femme, il parut alors plusieurs mémoires et
l'auteur le bldme des évéques de sa nation et consuitaiioiis rédigés dans le même sens, et
de toute la chrétienté. Son étrange système ne ce fut à cette ocianion que l'avocat Lo Ri-
produisit aucune rérolnlion, ni dans la t'iéo- dant publia so:i Examen de deux questions
logie, ni dans la jurisprulrnce ; l'oitrrag : dé- importantes sur le mariage, où il se déclarait
féi é à Rome y fut rcléijué parmi l'S livres per- croître l'aulorité de ri''glise sur celle matière.
nicieux, d'où il tomba dans l'oubli et le mé- De|uiis cetemp;, M. Iabaraud ne ir.anque
pris. ressuscita, sur la fin du win''
Lorsqu on pas d'avis en laveur de son sentiment, el c'est
siicle, laprétention de Launoy, elle rencontra à cette époque que couimeuce véritablement
dans les écoles chrétiennes les mêmes opposi- une tradition non inlerrom;iue, qui, si elle n'a
tions qu'elle avait éprouvées an dix-septième, pas pour elle l'anliiiuilé, peut au moins se dé-
et l'Eglise romane, toujours attentive à coii- dommager ar le nombre des écrits. Celte tra-
'
seiever le dépôt de ta docirine, »'(i puinl man- dition est d'autant plus précieuse qu'elle se
qué de se déclarer contre cette vieille nou- compose uniquement des témoignages d'un
veoh<é. Gcrbais, qui écrivait peu après Lau- certain parti. .'. sa lève est l'avocat Maultro'.,
noy, prouva contie celui-ci le droit el l'usage que .M. Tabaraud
v.inte à l'ég.il d'un Père da
de l'Eglise d'apposer des empéchenienls di- l'CgIise , il a in effet beaucoup d'o-
et à qui
rimanls, sans nier que les princes eussent bligations; car c'est dans les ouvrages de ce
aussi ce droit. Son sentiment était adopté canonisie qu'il a pris et sun s\slèuie el ses
généralement en France. Non-sculemenI les preuves. Seulemeni il n'ose pas aller tout à fait
Ihéologiens, mais des jurisconsultes, d'Hé- aussi loin que sou guide sur l'article du con
ricouil, Ciidert, Lacombe, d'Aguesstïu, le cile de Trente, donl Maullrot attaquait ou-
célèbre l'otiiiei ,
doc-
professaient la même vertement l'œcuménicile. A cela près, sa dis-
trine. Leur aulonié n'embarrasse nullement cussion sur les canons de ce concile offre, dit
M. Tabaraud, qui en est quille pour dire M. Tabaraud, xtne citiqu- exacte et des ar-
qu'ils oliéissaieiit encore aux ani iens préju- guments irrésistibles; tic sorte qu'il est clair
gés. Mais il prétend tirer un granl avan- que les deux écrivains ne s'éloignent pas
t.ige d'un arrêt fameux rendu par le parle- beaucoup dans !e fond, et que leurs conclu-
ment de P.iris, vers le milieu du xviii' siè- sions sont à peu près les mêmes. Le même
cle. Le fait lit beaucoup de bruit dans le respect pour le concile de Trente a guidé l'au-
temps. Un juif, Borach-Lévi, fut abandonné teur d'une Dissertation sur l'indissoluOilité
par sa femme parce qu'il s'éiail fait chié- Ja lien conjugal ; ce! auteur était un abbé Pilé,
liiii. Il lui fil inuliie.iienl plusieurs suniiiia- appelant, mort en 1772. Eniin, dernièrcmenl.
861 TAB TAB 8GÎ
un mngislrat fort connu n profossé la tTiéme pares l'un de l'autre. Le premier précède tou-
doctrine d;ms un Truite (/» maiiaf/e, qu'il au- jou s la seconde; mais il n'est rien que les
rait pu iî'tituicr aussi bien Traité conire le ministres de la religion rerommaiident avec
concile de Trente; car une grande partie de plus de soin que de recourir au m iiisière
rotivrofte rsl diriojée contre ci'tle assemblée, ecclésiastiq'ie immédiaiement après avoir sa-
à laquelle l'auteur fait le procès dans toutes tisfait à ce qu'exige la loi. Les époux qui ont
les formes, et qu'il déclare être dépourvue de qu liiue zèle pour leur salut, ou qui même
tout caracière d'œcumcnicité. Ainsi, on voit tiennent simplement à leur réputation, s'em-
que c'est nn parti pris parmi ces messieurs de pressent en effet de s'adresser à l'Eglise après
fronder l'autorité du cimcile, et de refuser avoir comparu devant l'officier civil. Ceux qui
obéissance à ses dé( rets nouvelle preuve de: s'en dispensent sont regardés comme de mau-
l'esprit de dorililé qui les aniine, et de leur vais chrétiens qui donnent un scandale ([uele
respect pour l'Eglise, et pour des décisions monde même (léirit. Cette différence de con-
que, depuis près de trois ;iècles,elle a sanc- duite forme en qu Ique sorte l.i ligne de dé-
tionnées de son suffrage- marcation enirc ceux qui respectent encore
Nous avons vu que M. Tabaraud -'appro i- la religion et ceux qui en ont secoué les pra-
vait pas qu'on appelât le niariagi- un sacre- tiques et un des plus gr nds sujets de cha-
;
ment, et qu'il blâmait fort le concile de Trente grin des pasteurs est de voir, parmi leurs
de s'être servi de cette expression, et de l'a- ouailles, des hommes qui, soit incrédulité,
voir même consacrée par un canon exprès. soit indifférence, vivent tranquillement dans
Comme il est assez conséqueisl dans sa mar- des engagemenis que Dieu n'a point bénis.
che il n'improuvc pas moins celle maxime
,
La suite la plus naturelle d'un tel état est de
que, sous la loi évanrjélique, le mariage a clé ne faire aucun acte de religion, et d'aecoutu-
élevé à la dignité de sacrement. C'est, dit-il , mer leurs familles à suivre cet exemple. Eh
une idée nouvelli' imaginée pour appuyer un
, bien! ce qui faii gémir l'Eglise est précisé-
paradoxe, et que tmis les modernes répètent ment ce que i\L Tabaraud conseille. Il ap-
inconsidérément. Elle s'est insinuée dans tous prouve que l'on sépare la convention civile
les livres liturgiques, dans les rituels, dans les de la cérémonie religieuse. Il ose dire que
catéchismes, les instructions familières; ce l'esprit de l'Eglise esl qu'on fasse le mari .ge
qui prouve apparemment que c'est la doc- devant l'officier civil, sauf à attendre pour
trine de ri'"glise. Mais M. Tabar.md ne s'en rerevoir le sacrement. Il prend le langage de
mor|ue pas moins. On dirait qu'il pieiul plai- la piété pour motiver ces délais. 11 semble
sir ici, comme ailleurs, à trouver l'Eglise en dire aux personnes gue le vœu de la nature
défaut. S'il blâme, c'est avec aigreur; s il porte irrésistiblement au mariage (car ce sont
raille, c'est avec amertume. On voit qu'il a ses expressions) il semble leur dire Prenez
; :
clé nourri dans une école accoulumée à fron- voire temps, ne vous pressez pas de vous pré-
der l'autorité, et qu'il n'est pis fâché d'hu- senter à l'autel, attendez que vous soyez bien
milier un peu celle (loni Inietlc-- siens croient disjiosés. La grâce vous viendra qwl'juc jour,
avoir à se pl.iindre. ils lui conlcslent tous si's et alors vous recevrez le sacrement. C'est le ré-
droits, ils !a mettent sous le joug, ils la dé- sultat de sa doctrine; de sorte qu'on verrait
priment c'est une pelile \ engeance dont leur
;
dc'- chrétiens passer des années entièri s dans
cliarité se ménage la douceur. un étal que nous n'osons caractériser, élever
Il curieux d'observer jiisqu'où cet es-
est leur-, familles dans cet oubli de leurs devoirs,
prit de secte a entraîné le P. Tabaraud. L'E- et mourir paisiblement après une tcile con-
glise nicl dans la b uche du prclre, quand il duite. Certes, un tel scandale est moins grand
administre !e sacr<ment de mariage, cette encore que celui que donne un prêtre qui
formule f'-go vos in matrimonium coiifungo.
: prêche une telle doctrine, et le chrétien qui
Or, cette formule déplaît souverainement à suit de telles leçons est moins coupable que
notre censeur chagiin, alicndu qu'elle est le théologien qui les |
ro'esse. Jusqu'ici, il
trop impéralive, cl qu'elle autorise une doc- élail réservé aux ennemis de la religion de
trine qu'il réprouve. 11 veut donc qu'on la détourner les (idèles de recourir au ministère
change, et qu'on y substitue ui.e foi niule|)lus ecclésiastique; un notait ceux qui l "uaienl ce
modeste. La première n'a plus de sens, dit- langage. On avait vu en elT sous Bonaparte,
t
il, et ne peut servir qu'à entretenir l'erreur. car nous supposons qu'il n'en existe plus au-
Ce n'est pas sans raison qu'il avait été ques- jonr l'hui, des maires irréligieux se faire un
tion, dans le conseil d'Etat de Bonaparte, de plaisir, apr< s avoir dres^él'acteeivil des Jeux
la supprimer. Ainsi, attendons- neus à voir éfioux, de leur dire à peu près, comme M. Ta-
quelque jour M. Tabaraud ou ses amis nous baraid, (jue l'essintiel était fait, et qu'ils
donner nn rituel de leur façon, qui ne don- pouvaient se retirer chez eux. (Nous serions
nera iilus lieu à aucune éq ivoqui-, et où la iionleux de rapporter ces perfides conseils,
nouvelle doctrine sera bien clairemenl ex- qui ont plus d'une fois, dans les campagnes
primée. surtout, Iro iipé des gens simples et crédules.)
Et ceci nous conduit à un ai.tre cliangc- Mais que dirons-nous aujourd'hui, que ces
menl bien autrement grave que propose insinuations partent, non pas d'un laïque dé-
M. Tabaraud, et qu'on pourrait à peine croire, crié pour sa conduite et ai coutume à insullcr
si ce point n'était pas développé expressément à la relij^iun, mais d'un ccclési.isliqne, d un
et répété plusieurs fois dans son livre. On sait auteur cl d'un professeur en théologie, d'un
assez que dans notre législation actuelle,
, membre d'une congrégation renommée, d'un
l'acte civil et la Léiiédiclii n nuptiale sont sé- homme qui crie contre le relâchement cl qui
863 DICTIONNAIUE DES JANSEMSTKS. 8G4
parle de réformer les mœurs? Voilà où un Pamphlet réimprimé plusieurs lois. Il est
taux sysiôme cl la inanic d'innover el de con- dicté par la parli ilité la plus déclarée.
tredire onl conduit le P. Tabarand. Il ne s'a-
Histoire de Pierre de Bérulle, cardinal, mi-
git plus ici d'invoquer l'autorité du concile
nistre d'Etat instit.iteur cl premier supé-
,
tle Trenle, qui déclare nuls les ma-iapes con-
rieur dis Carmélites en France fondateur
iraclés ailleurs qu'en présence du propre
,
qui lous désole, que pourrcz-vous dre à vos M. Tabaraud, décriaient partout l'Oratoire ;
ouailles, quand elles sauront ([u'un de vos l'Oratoire; au coi»traire, n'avait que de bons
collègues autorise leur éloigneinenl de l'au- procédés pour Ici jésniies non-seu'cment
:
rez-vous ce zèle affecté qui conduit à se pas- dans les bornes de la modération. Un seul,
ser du ministère de l'Eglise, et à coutracl-r le P. H'rsenl, homme d'un caractère im-
mariage comme des païens? Ne suffit-il pas pétueux et turbulent, se permit des invec-
d'un tel lésultat pour llélrir, aux jeux de tives contre la société. Le P. de Bérulle le
toute àme religieuse, un système qui mène à fit changer de maison, et le renvoya peu de
de telles conséquences, et ne faut-il pas re- ten^ps après. Le cardinal de lUclielieu s'ef-
garder ronime un scandale qu'un prêtre ait força de réconcilier les deux corps, el les
osé soutenir celte doctrine et insulter si hau- engagea à exposer leurs plaintes récipro-
tement à l'Eglise, à son enseigneme.il, à sa ques. M. de Bérulle n'en allendait rien ce- ;
relever dans le li\re de M. Tabaraud; mais, qu'elle ne nous a nullement paru digne d'un
après ce que nous \en()iis de voir, il serait homme si sage el si pacifique. Elle renferme
inutile de pousser plus loin notre examen, li bien des mînulies el des peiilesses elle est ;
n'y a plus qu'à gémir et se taire. appuyée sur des rapports et des oui-dire ;
Cet ouvrage de Tabaraud fut condamné elle est même Ce furent les jan-
ass: z aigre.
dans un nianifeste du 28 février 1818, donné séni-les qui la publièrent, pour la première
par.M.l'évéquedeLi oges,donlladécisionfut
;
fois, dans quelques-uns de leurs recueils
confirmée par le souvecain pontife. L'auteur contre la société et M. Tabaraud, qui la cite
;
nettement pour les partisans de celle nou- sidérant les jésuites en homme d'Etat, plutôt
velle doctrine el blâme tout ce qu'on a fait
, que comme chef d'une congrégation rivale,
contre eux. Les papes, les évéqnes, le clergé, quêteurs prélenlinns excitaient la sensibilité
!es jésuites, se sont tous trompés en coursui- du cardinal de Bir.il'. Si c'est là ce que M. de
vanl une secte chimérique. Uichelieu appelle liair les jésuites, le pieux
cardinal n'aurait pas désavoué ce genre de
Essai historiqle et critique sur l'instilution
haine qui lui était commune avec tant d'au^
des évèques. 1811 , in-S".
1res gens de bien. Mais cette haine chrétienne
Lorsque cet ouvrage fut publié, Pie VII ne lai fil jamais rien entreprendre contre la
était prisonnier à Savone. Tabaïaud cherche compagnie de Jésus , et elle s'accordait très-
à établir (jue, quand le pape refuse des bulles bien avec l:; charité. Ce petit passage ne laisse
à une grande église, elle a le droit de revenir pas do f.jrmer un commentaire fort curieux
à l'ancienne discipline, el de f;iiro ins'.ilu r de tout louvrage. Celle haine chrétienne, celle
les évèques par les mélrorolitams. haine qui i'adorde très-bien avec la charité,
Dd Pape tl des Jcsuilcs. Paris , 1814, ia-8°. nous révèle toulc la douceur janséniste. C'est
Sfir; TAB TAB 86G
en a hérité, et qui s'exprime ici avec tant de plaintes eoutrelo clergé, ci une cotiaineâprelé
naïveté, est un casuisie Tort coniniodc pour qui est le caiaclère de l'esprit de parti, nous
ses amis. Il leur permet la haine en loule avons vu tout de suite à qui nous avions
( «Jiiscieiico, cl la huine contre les personnes; affaire. Psi. Tabaraud est mécontent do lout
il les assure qu'elle s'accor'de très-bien avec la et de tout le monde. Il en veut aux viianls
c/(f,;t7^ dos jansénistes; car ce sont là les pens et aux nvirls. Il attaque et fou M. Emery, et
de bien chez (jui la Itdine ronlre les jésuites l'abbé Proyarl, et des évoques français vi-
était et est encore commune. Knfin, M. Taba- vants, et l'ensoignemonl des séminaires, et
raud se trompe encore, ou nous trompe, dans l'esprit général du clergé, et plusieurs écri-
te tnénie passage, en disant que le cardinal vaiusmodernes. De quoi sont donc coupables
de lîéruUe était opposé aux jésuites, plutôt ces corps et ces i)arliculiers que M. Taba-
ïomme homme d'Eial, que comme chef d'une raud dénonce dans chacun de ses écrits ? .\h 1
congrégation riviile; car il \enait de citer, ils sont coupables d'une chose bien odieuse,
quatre li;i;iics plus haut, nne lettre du car- d'ullramnnlanismo. Mais M. TabirauJ a-l-il
dinal de IJérullo, qui prouve le contraire, et donné (luelquo preuve de son accusation?
où il se plaignait que les iésuiles eussent trop Non, il n'a piscru devuir en prendre la peine.
de collèges. A-t-il du moiiis S[écirié c que c'est que l'ul-
•
N'allez pas croire cependant que la modéra- seulement qu'on ne partage pas ses préjugés
lion cl la charité soient étrangères au c ur .
et son esprit d'oppositon, comme le repro-
de l'écrivain. Wiyoz plutôt avec quels égards che de fanatisme dans la bouche du mécréant
il parle de Corneille Jansen, évêiiue d'Ypn s,
ne proove autre chose sinon, qu'on a la sim-
dans une longue note du 1" volume. 11 n'a plicité de cro re eu Dieu et d'être attaché à
Cyran, qui jouissait d'une grande répul lion M. Tabaraud aurait donc dû s'expliquer
de scietice cl de piété ; et il épargne aux amis d'une manière précise à cet égard car si par ;
de ces deux fameux personnages les épi- hasard il était janséniste nous espérons
(
tliètos qui pourraient blesser le moins du que oclto supposition ne peut faire aucun
monde leur exlréme délicatesse. Ses expres- tort à sa réputation) ;
s'il étaii, dis-je, j insé-
sions sur un certain |iarli sont toujours clioi- ni^le, s -n zèle contre l'ultramontanisme ne
sies avec art. Conduit à parler d'une erreur serait plus étonnant, et (eux qu'il dénonce
si
système. Les idées particulières (jue M. Ta- parait oiciipé (ju'à censurer tous ceux qui
baraud s'est (ailes sur cetle partie de l'histoire travaillent dans le champ du ï-eigneur, cvê-
de l'Eglise édalenl dans tout ce qu'il ra-
,
ques, curés, confesseurs, prédicaleurs, pro-
conte, et des congrégations des Aiixiliis , ol fessour^, etc. N'aurait-il pas bicnmieux lailde
de la bulle i'nigemius, cl de tous les événe- vaquer un peu aux fondions de son état, que
n)ents qui ont rapporta l'origine et aux pro- de aroolei ceux qui s'y dévouent? et n'au-
i
grès du jansénisme, .\insi il donne à Ivove- rail-on pis ]iu lui a|ipliquer re reproche,
nius, vicaire aposl(di(iue on lloll ,nde, le li- que ne f lisant rien, il nuit éi qui veut fairei
tre d'archevêque de Philippins et d'itrccht; Ouello est donc collo opiniàtre'é fatigante
or Rovenius ne prit jamais ce dernier litre. qui le piirlo à rcbaltrc les mêmes plaintes
dans chacun de ses écrits, à signaler des
Observations d'un ancien canoniste sur la abus que lui seul voit, à s'élever lanlôt con-
convention conclue (] Rome , le lijuin 1817; tre telles firaliquos de piété, tantôt contre
— Paris, 1817, in-8'. l'enseignement des écoles '.'Lui semblc-t-il que
867 DICTIONNAFRE DES JANSENISTES.
les prêtres jouissent de trop de considéra- sition où s'était trouvé alors le pape, pouvait
tion, et croit-il nécessaire d'aigrir contre eux l'autoriser, en vertu de sa sollicitude générale
les esprits par des reproches réitérés ? Est-on sw tontes les églises, d'adopter une mesure
irrévocablement digne de mépris et do pitié cx'rnordintiire à l'égard de celles de France.
13arce qu'on ne pense pas comme M. Ta- Ainsi M. Tabaraud convient que les circon-
baraud sur Jansénius et sur Qucsnel, ou
, stai^ces auiorisaienl Pie VII à déployer un
parce qu'on ne partage pas sa bienveillance touvoir extraordinaire. .Assurément ce ne
pour la C0U7' df Rome?.... sont pas des préventions favorables nu saint-
M. Tabaraud est également ennemi de tous siége qui ont arraché de lui cet aveu et il
,
les concordais, et il les bat en ruine les uns faut la chose soit vraie, pour qu'un cen-
que
après les autres. Celui de Léon X ne fut seur âpre le croi' el le dis". Ce qui suit
si
qu'une trnnsmt'oi} politique oii les droits des est plus étonnant :On était convenu, dit
é(jli^es furent facripc's, et où clinciin se donna IM. Tabaraud, de regarder la loi qui faifa't ie
récipr-oquetneut ce qui te lui appartenait pas. titre des iiouveaux pasteurs comme un simple
Bien d'aulres l'avaient dit avant M. taba- règlement provisoire, et la partie du clergé du
raud mais il le répète et-le confirme de son
;
second ordre la plus éclairée, la plus atlachre.
mieux, et il suit de ses principes que nos à nos anciennes maximes n'a jamais reCjurdé
,
rois n'ont nommé depuis aux évècbés que les évêques concordataires que comme île sim-
sur un titre usurpé, de même que le pape ples administrateurs chargés en vertu d'un
,
n'a donné l'institution que sur un titre aussi titre apparent, de gouverner les nouveaux
peu solide. Voilà le code qui régit l'Eglise de diocèses cl dont l'administrati n devait ces-
,
pas eu depuis ce lemps un évoque , dont la M. Tabaraud. Mais ce n'est assurémi'nl pas
nomination et l'institution fussent canoni- celle d la partie la plus éclairée du clergé.
•
ne lui .irrache des larmes. Avec e'io on se comme des évêques titulaires. Ils sont donc
serait passé delà cour df Rome et lo.it se- , évêques titulaires, ou ils ne sont rien di
rait allé;m mieux, au lieu que la coiuordat tout. Le pape n'avait pas plus le droit do
est cntathéd'ullramonlanisim', et nous a mis les fairo administrateurs que titulaires, et
dans des r.ipports habituels et nécessaires deleur donner une mission provisoire qu'une
avec le chef de l'Eglise. Nous eussions formé mission définitive. Ils ont donc la juridiction
une Eglise indépendante, au lieu que le con- ordinaire, ou ils n'en ont aucune, et si leur
cordat a resserré nos nœuds avec le centre titre n"es'L pas réel, il n'c-t même pas appa-
de l'unité. Quel dommage ! rent. D'ailleurs, qu'élaient, dans ce système,
C//nc!in, dit M. Tabaraud, après d'autres les évêquos envoyés sur des sièges dont îes ti-
canonistes chacun
, dans le concordat de
, tulaires étaient morts? Les réiuira-t-on aussi
Léon X, se donna réciproquement un droit àn'étrcijuedesimpl' sadminislralcnrs.quand
qui ne lui appartenait pus. D'abord la innsée cepiMidant leur siège était bien réellement va-
est fau se. Le roi ne prétendit point donner cant ? Et si on accorde que ceux-là étaient
au pape le droit de confirmer les évoques, il légitimes titulaires, il y aurait donc eu alors
le reconnut seulciiicnt. Le pape n'acquit pas ici des évêques titulaires, là de simples ad-
alors un droit iiouM'au,il rentra dan^ l'exer- ministrateurs, ailleurs même des évêques qui
cice d'un droit ancien, (juant à ce qu'il ac- étaient à la fois el titulaires pour ti^l lieu et
corda au roi les nominations, il s'agirait de administraieurs pour tel autre, et l'Eulise de
savoir si le moile dci élections était encore France n'aurait été qu'un composé bizarre
possible, s'il n'était pas aboli par le fait, si de pasieurs sous di{ïeren;s noms et de mis-
les désordres et les abus qui s'y commet- sions diverses.
taient ne devaient pas en provoquer la sup- On peut juger par là de ce que dit M. Ta-
pression, si les princes n'y avaient pas déjà baraud à l'occasion du concordat de lî;'17, et
la (lus grande influence, et s'il ne valait ])as des conséquences qui résulter ient du prin-
mieux autoriser ce qui se serait fait par des cipe qu'il a posé. On voit d'avance qu'il s'op-
moyens moins régulii^rs. Etait-il donc si pose à celte nouvelle convention. Cela lient
étrange que le chef de l'Eglise et le chef i;e sans doute à la tournure parti ulièrc d.' son
l'Elai se concertassent pour faire cesser un esprit un peu conirariant, el aussi à l'in-
orJre de choses qui tombât de lui-nn'me, et fluence du parii auquel il s'est atlaché, et
cet accord ne valait-il pas bien les querelles, otJ, depuis plus de cent ans, on s'est fait une
îes dissensions, les violences qui revenaient douce babilude de blâmer, de censurer, de
périodiquement à chaque élection ? gronder et de se plaindre, le tout par charité.
Après avoir représenté le concordait de DÉiENSE de lu déclaration du clergé pir
Léon X
comme entaché d'un vice radical et BossuH; 1820, in-8'
indélébile, M. Tabaraud ne devait pas mieux
Il appartenait bien à M. Tabaraud de faire
traiter le Concordai de Î801, auquel il trouve
un pareil livre.
encore bien d'autres défauts. Nous ne discu-
terons point le jugement iiu'il en porte mais ;
De l'inamovibilité des pasteurs du second
nous ne pourrons nous empêcher de remar- ordre: 1821, m-8°.
quer ce que dit l'.iuteur, que /' fâcheuse po- L'auleur plaide en faveur de tous les pjê-
m TER TIH «70
Ires qui sont mal avec leurs supérieurs, et l'Eglise l'obligea de quitta en même
temps
qui ont été frappés d'inlerdil. l'Oratoire et la ch.ire. Il paraît cepemiant
Des sacrés coeibs de Jésus et de Marie par qu'ilaccepta la huile en 17^i, et il mourut
un vétéran du sacerdoce; 1823, iii-8".
,
à Paris en 1752. On lui attribua les Lettres
sur la justice rhréiienne , censurées par la
Dans cet écrit l'auteur attaque la nouvelle Sorborine, parce qu'elles ont principalement
édition du bréviaire de Paris, et la fête des
pour but de calmer la conscience des anli-
sacrés cœurs de Jésus et de Marie'. constilutionnaires sur la privation des sa-
KÉFLEXioN'i sur rengagement exigé des pro- crement-;, et quelles nnf'rmeut des atta-
fesseurs de théologie, d'enseigner la doctrine ques injustes conirc l'état présent de l'Eglise.
contenue dans la déclaration de 1682; Mais ces lettres ne sont pas de Terrasson.
1824, in-8°. THIEllRI de A^IAIXNES (Dom). Voyez
Elles sont principalement dirigées contre VlAISNES.
M. de Clermont-Tonnern-, archevèqu" de
Toulouse, qui ne reconnaissait pas au {îou-
THIROUX (Dom Jean-É> angéliste ) ,
bénédictin de la congrégation de Sainl-
vernemeiit le droit de s'immiscer dans l'en-
Maur, naquit à Aulun en 1663, d'une fa-
seignemeiil des séiuinairis.
mille Irès-cousidérée. 11 professa la hilo- |
LarTHE à M. Bellart; 18-25, in-8'. Il reproche sophie et la théologie dans quelques mo-
à cet avocat •;énéral de s'endormir sur les nastères de sa congrégation. Lorsqu'il
progrès de l'ullramontanisme , sur les jé- professait à Reims, dum Thierri do Viaix-
suites, etc. iics, de congrégation
la di; Sainl-\ annes
Essai historiijue et critique sur l'état des jé- professait aussi à Le uiême
Ilautvilliers.
suites en France ; 1828, in-8°. genre d'occupation , goût pour
le même
Cet écrit parut en même temps (|ue l'or- l'étude et la conformité des sentiments
donnance du Iti juin 1828.
sur des points agités alors contribuèrent ,
tes ; 175i), 2 parties in-12, etc. P. (!c la Chaise. Les supérieurs de la con-
Histoire de Louis Xll. .Milan (Paris), 1753; grégation firent les démarches convena-
bles pourdélivier dom Thiroux, ou savoir
autre édition, 178i, o vol. in-12.
au moins la cause de sa captivité; mais ils
REMAKytEs succinctes et pacifiques sur les ne purent rien en apprendre. Pour charmer
écrits pour et contre lu loi du silence;
l'ennui de sa prison, et pour ne point per-
1760, in-12. dre par la désuétude le fruit de ses veilles,
Portrait des jésuites : 1762, in-!2. dora Thiroux s'était avisé de faire chaijue
jour, dans sa prison, deux leçons de philo-
HrsTOiRE des enlrepiisrs du cUrgé sur la sou- sophie ou de théologie comme s'il avait eu
teraineté des rois ; 1767, 2 \ol. in-12.
des auditeurs. Ayant ensuite obtenu des
Compilation déshonorante de ce qne les
livres et do quoi écrire, il composa un
philosopliis ont écrit sur ce sujet. Elle lut
mise à Vindex le 1!) juillet 1768. > abrogé de théologie, et apprit aussi l'hé-
breu et l'anglais de deux ecclésiastiques
Traité de la nature du gouvernement de avec lesquels il avait eu permission de om-
l'Eglise; 1778, 3 \o\. in-12. munlquer. Ce religieux demeura à la Bas-
tille jusqu'au
^
TAMUURIM (l'abbé Pierre) professeur ,
15 lévrier 1710, qu'il fui
a l'Université de Paris, né à Brcscia en 1737, él.irgi ,
et amené à Saint-Germain-des-
mort le 14- mars 1827. Voyez l'article deZoLâ. Prés ; mais quelque temps ajuès, un ordre
du roi le relégua à l'abbaye de Bonneval
TERHASSON (GiSPARt), prêtre de l'Ora- avec dèlense d'en J^orlir et interdiction do
,
,
toire, frère d'André, qui fut aussi prêtre
de tout ollice sans une permission préalable,
l'Oratoire, et de Jean, qui n'en voulut pas
obtenue du gouvernement. On sut alors (jue
être, mais qui cependant était prêtre aussi,
et quelques écrits sur les affaires du temps ,
obtint une place à l'académie des sciences et
une visite que dom Thiroux et dom de
une chaire au collège royal. Leur père était Viaixnes avaient fiile au P. Oucsnel
conseiller en la sénéchaussée et presidial de en ,
le style. H fut obstinément opposé aux dé- illusions si efficaces qu'ils croiront au men-
,
crets de l'Etilise a fortemciù attaché au som/e. On y répète dans la première aux Co-
parti qui la tVouOla si longtemps. Il aimait rinthiens ^ liap. xv) les propres termes de la
la vie cachée et mourut dans le célibat en
, vcrsiiin de .Mous Non pas moi , mais la
:
déguiseuient et en propre^ termes les sept rance et les vertus chrétiennes; t'est deuien-
fameuses propositions bi solennellement con- ij,- expressément saint Augustin qui nous
damnées dans les Piéflexions Morales de apprend que Dieu est honoré par la foi et
Quesnel (Jue la Icclure de l'Ecriture s.:inte
:
par l'espérance. (Enchirid. c. 3.)
est pour tout le monde... qu'il est nécessaire La remarque que l'on f.iit sur le chap. svi
à toutes sortes de personnes de l'étudier, etc. de la même épitrc, contient encore celte
(Prop. 79, 80, 81, 82, 83, S'a, 8o.) L'Eglise, doctrine erronée. On y enseigne Que ce qui :
au contraire, toujours opposée à celte per- ?,'« pas pour fin et pour principe l'amour de
nicieuse doctrine, ne permet la lecture de D,eu, n'est pas fait comme il faut, et pur con-
l'Ecriture sainte, surtout dans la langue sé'juent n'est pas srt?i>' qucl'/ue péché. Cepen-
Yulgaire, qu'av( c certaines précautions ; de dant l'Eglise, instruite par l'Apôtre, nous
peur qu on n'en abuse par ignorance ou p.ic apprend que les mouvements de foi, de
malice. Cette sage conduite est aussi an- crainte et d'espérau'e par lesquels Dieu
,
cienne que l'Eglise elle-même. Saint Pierre prépare à la justification ne sont poliit des,
avertissait céjà de son temps les lidèlesqu'il péchés que bien loin de rendre l'homme
:
y avait dans les Lettres de sainl Paul des hypocrite et plus criminel ils sont b ms et ,
cliosis difficiles à entendre, auxquelles des utiles; qu'ils sont des dons de Dieu et des
hommes peu instruits et légers donnent un mouvements du Saint-Esprit et que les ac- ;
faux sens, de même qu'ils font aux autres tions qui sont faites par ces motifs non-seu-
Ecritures, pour leur propre ruine. In quibus lement ne sont pas mauvaises, mais qu'elles
untqua^daui diflicilia intcllectu qu;e iudocti sont des dispositions à li justification. C'est
(t inîtabiles dépravant sicut et cœleras .
ce que le saint coiiciie de Trente a déclaré
Scrinluras, ad suam ipsoruui perditionem. dans la session XIV, chap. iv, can. o.
(/y Petr., 111.) Il faut obser-.er que la faculté de Théo-
quelques-uns et trouva que ce n'étaient que saint Paul sont deux chefs (/ui n'm font qu'un,
des impostures. Entre autres, celui du a éié condamnée comme hérétique par Inno-
sieur
le Doulx, de Laon, fut démenti
parle mira- cent X, le 2i janvier 1(547. Or celte proposi-
culé lui-même qui déclara naïvement à
,
tion est insinuée fort clairement pir LeTour-
M. l'évêquede Laon, et ensuite à M. l'arche- neux. Il (lit de saint Evariste, le 26 octobre,
vêque de Paris tous les arlilices dont on
,
que ce fut le quatrième pape après iaint
avait usé pour mettre un miracle sur Pierre et saint Paul.
son
compte, et pour accréditer par là le culte 5° L'autorité épiscopale est combatluc ou
du
diacre Paris. plutôt anéantie par Le Tourneux dans son
Année chrétirnne. V.n voici la preuve.
TOUUNr;UX iNicolas le) naquit à Rouen T. l.\, sailli Apollinaire, 23 juillet. Il n'est
Je 30 avril 1640, de parents qui n'avaient pas permis dans l'Eglise de commander par
Dictionnaire des Uéki sies. 11.
28
875 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 876
autorité, c'est-à-dire en sorte que l'autorité 9° Sur la différence des deux alliances. Le
seule soit la raison qui fasse obéir. Tourneux un autre Quesnel.
est
Ibicl. Quand il n'y aurait qu'une seule âme,
Explication de l'épîlre du 13" dimanche
qui fût gênée d'un commandement de l'Eglise; après la Pentecôte // a fallu que l'homme ait
:
considéré pour imposer à cetie personne un naissant sa faiblesse, il reconnût qu'il avait
joug qui lui serait insupportable. besoin de la grâce.
Ibid. Les rois commandent à ceux qui ne
10. Ils sont aussi d'accord sur la définition
veulent pas obéir, et les évêques à ceux qui le de l'Eglise.
veulent. Tom. IV, Explication de l'épître du 4' di-
Ibid. Un
véritable pastrur ne commande manche de carême par l'Eglise, il faut en-
:
qu'à ceux qui veulent bien obéir. tendre l'assemblée de tous ceux qui servent le
Comment les évêqucs pourraient-ils souf- véritable Dieu en esprit et en vérité ; en en-
frir de si rudes atteintes portées à leur au- fants, avec un esprit de liberté et d'amour.
torité? Tom. VII, pag. 80 : jVous voilà dans le
Le Tourneux, après les avoir ainsi réduits
corps de votre Eglise; mais purifiez-nous
à la seule autorité de persuasion, veut en- sans cesse, afin que nous soyons de son corps.
core qu(^ ce pouvoir n'ait pas été donné en
propre aux premiers pasteurs. Les pécheurs sont donc exclus de l'Eglise;
ils ne sont pas de son corps; et comme per-
On défère un coupable à l'Eglise, disail-il ,
l'oraison du 12^ dimanche, où il est parié de avec une témérité sans exemple que tous les
la grâce efficace, qui nous fait servir Dieu prêtres sans distinction, même lorsqu'ils sont
comme il faut, la traduction dit que, sans interdits et suspens, peuvent confesser tous
cette grâce efficace, nous ne pouvons lui les fidèles, et I s absoudre validement de
rendre aucun service. tous leurs péchés, sans être approuves des
h" Dans la troi-ième leçon du samedi des évêques; et pour empêcher qu'une pareille
Quatre-Temps de septembre, où on lit ces doctrine n'alarme les fidèles, il débite d'une
paroles latines, fort aisées à traduire : Quo- manière confuse les dogmes les plus propres
rumdam pravorum inentes nec inspirata lex
à rassurer les consciences qui auraient
naturalis corrigit, nec prwcepta enidiurtl, nec
peine à secouer le joug de l'autorité légitime.
incarnaiionis ejiis miracula convertunt Le :
Cette consultation fut condamnée par
Tourneux grand soin de les corrompre Il y
a :
M. l'archevêque de Sens, le 1" mai 1733, et
a, dil-iî, une lufinité d'hommes que Vimpression censurée par la Sorbonne, le 13 septembre
de la loi naturelle 7i'a pu corriger, ni la con-
delà mêineannée. Elle fut aussi condamnée
naissance des préceptes n'a pu instruire, ni les lel" octobre, eldéfeuduesoiis peine d'excom-
miracles de l'incarnation n'ont pu convertir.
munication par M. archevêque d'Embrun
I
Mais depuis quand le niot quorumdam si- (depuis cardinal de Tencin), « comme conte-
gnifie-t-il nnc infinité d'hommes"! D'ailleurs
nant des propositions et des maximes res-
il n'y a point dans le latin, qu'i's n'aient pu
pectivement fausses, scandaleuses, témé-
raires, captieuses, séditieuses, ouirageantes
être corrigés ni convertis, ii y a seulement
qu'ils ne l'ont point été. Dire qu'ils n'ont pu
au concile de Trente, contraires à son auto-
rité, injurieuses aux premiers pasteurs et au
l'être, c'est leur ôter toute grâce suffisante
roi, destructives de la puissance de lier et de
pour éviter le péché, et pour sortir de l'état
du péché. délier tendant au schisme, sentant et
favorisant l'hérésie, et même hérétiques.»
5* L'auteur, par des traductions sembla-
Travers, publia, en 1736, un écrit pour
bles, c'est-à-dire, ou fausses ou forcées, servir de défense à ses opinions inouïes, et
marque une affectation continuelle à faire il l'intitula :
Jésus , divin Sauveur, clair flambeau des Cet énorme volume fut publié au moyea
fidèles. des secours pécuniaires que J'auleursut se
6°résulte de tout cela, que le Bréviaire
Il procurer.
français est un livre p esque aussi dange- C'est un ouvrage longtemps médité dans
reux que l'Année chrétienne. le secret pour donner des confesseurs à la
sec e, et pOLir servir de ressources dans le
TOURNUS, préire, bon janséniste, qui besoin. Le tfmpsest venu (dit l'auteur, Avert.,
avait cessé de célébrer la sainte messe; de page xix), de dévoiler tout, de mettre dans
sorte que, (\uaud il mourut, en 1733, il y Î4U grand jour l'approbation et la juridiction
avait environ vingt ans qu'il n'était monté a xn'cessaires pour le ministère ecclésiasiique.
l'autbi. Voyez Briquet. 11 tint en effet parole ; il ève le v oile et il met
dans plus grand jour tous les traits odieux
le
TOUROUVRE (N... de), évèque et cmite
qui caractérisent un ouvrage de parti. On y
de Uhodez, publia : Ordonnance et instruc-
trouve des emportements, des iujures, des
tion pastorale pour la condamnalian du Traité
outrages contre ce qu'il y a de plus auguste
des actes humains, dicté au collège de Rlio-
dans l'Eglise et dans l'Etat. Les papes (p.G49,
dez, par le P. Cabrespine, jésuite, l'an 1722,
et passiin), les évêqiies (page 630, et passim),
qui fut conilamaé à Kome par un décret du
Avert. (p, XXV, xxxii), note (6), les assem-
li juillet 1723, comme contenant quelques
blées du clergé de Franco {ihid. et passim),
opinions contraires et doctrines téméraires
.\vert. (page xxx), les conciles page 289), les
suspectes, injurieuses au siège apostolique, et
facultés de théologie, Avert. (nages x, xxv,
favorisant des erreurs condamnées.
xxxi), les grands vicaires, {ibid. page 20,
TRAVERS (^
et forment l'Ei^lise, à hiquello il appartient qui l'attira à Meaux, lui donna li Ihéoh-gale
de porter des lois, de décider des contro- et un canonicat. Le cardinal de Bissy ayant,
verses, et do punir les réfiaclaires. De là, il dit-on, eu des preuves que Treuvé était fla-
arrive, dit-il, page 721, (pie quand ils ne con- gellaiit ,
-même à l'é-ard des religieuses, ses
courent pas tous dans un jugement d'excom- pénitentes de plus, très-opposé aux dé-
, et,
munication, et même dans les jugements de cisions de l'Eglise, cherchant en toutes ma-
doctrine et de discipline, les uns en le ren- nières à propager le parti de Jansénius,
dant, et les autres en l'approuvant, du moins l'obligea (le sortir de son diocèse, après qu'il
tacitement, ce n'est point l'Eglise, mais des y eut demeuré vingt-deux ans. Nuus venons
particuliers, qui, par un a'jus visible, et un de copier Feller. Treuvé se relira à Paris, où
txircice indiscret et précipité de l'autorité il mourut en 17;J0, à soixante-dix-sepl ans.
qui leur est commise, irononcent un" censure Instrictions sitr les dispositions qu'on doit
et un jugement contre la volonté de l'Eglise. apporter a>ix sacrements de pénitence et
D'où il résulte que cette censure, ou cet autre d'eucharistie, tiréis de l'Écriture sainte
jugement n'étant point porté juridiquement, ,
des saints Pères et de quelques autres saints
il n'y a pas à douter qu'ils n'ont aucune force
aitteurs.
devant Dieu, et que les censures des évéques,
portées malgré le clergé et le peuple n'ont Ce livre, que Treuvé composa à l'âge de
,
vin^l-qualre ans, fut souvent réimprimé.
point leur effet.
Il 'st dédié à madame la duchessi-
On voit que Travers, ndoplant le pur ri- de Lon-
gueville, el l'abrégé qui en a été fait lui est
chérisme, assujettit la puissance des sucees-
scurs des apôlres au suffrage de la multi- ausM déiJié : on sait que cette dame tenait à
la secte jansénienne.
luilo, et qu'il regarde l'Ei^lise comme une
république populaire, dont toute l'auloriié Des théologiens, connus par leur ortho-
rés de dans la société entière. C'est ce qu'il
doxie, ont parlé difl'éremment de ce livre :
l'un par.iît l'avoir jug.; avec un peu de sé-
exprime encore plus claiiement quand il
vérité, dans les douze observations (lu'il
ajouic Les pasteurs exercent ce pouvoir et
:
,
a
font ces sortes de jugements au nom de toute
faites sur les éditions de 1G97 et d •
1734, et
l'Eglise d'où il conclut qu'ils ont besoin
que nous allons rapporter.
:
quatorzième degré de la conversion du pé- vrai aussi qu'il y a des inexactitudes, dont
cheur est qu'étant réc ncilié , il a droit d'as- quelques-unes pourraient faire soupronner
sister au sacrifice de l'Eglise. de la mauvaise foi, et des assertions qui,
VI. —
Première panie, ch. 14, Elévation, prises à la lettre, pirteraient le décourage-
page 143 (88 et 89) Adorable Sauveur,... : menl dans des âmes faibles et timides. »
la justice que l'on acquiert par ses propres
PiscoiRS de Piété, contenant l'explication des
actions est toute souillée devant vous , elle
mystères et l'éloge des saints Pères que l'E-
n'est qu'iniquité , elle n'est qu'abomination à
glise honore pendant l'Avent. Lyon, 1697,
vos yeux.
vil. — Seconde
partie, ch. * , Elévation ,
in-l:2.
amour par lequel on préfère le Créateur à la chrétien, pour communier, possédât un amour
créature. Ainsi Jésus-Christ ne nous a mérité pur et sans mélange. Laquelle est condamnée
aucune grâce suffisante. par Alexandre VIII. El, page 62, il dit que
X. — Première[lartie, ch. 19, page 179 les Pères demandaient aux fidèles une pureté
(109) Nulle inclination n'est bonne en nous,
: presque aussi grande pour assister à la messe
qu'elle ne vienne de l'amour de Dieu. que our communier.
XI. —
remière pariie, ch. 16, page 157
i
On
I
des péchés, it leurs vertus sont des vices, ThI, EUET (dom Hii.aire), bénédictin, 'de
XII. —
Première partie, ch. 19, page 183 la COU! régalion de Cluny, a laissé divers
(113) On n'adore Dieu qu'en l'aimant, et il
: écrits, 1711, la Charité-sur-Loire, dans les-
ne veut point d'autre culte que l'amour. quels se trouvent plusieurs erreurs, entre
Ce n'est pas ainsi que pense saint Augus- autres, que les pa'i'ens ne faisaient et ne pou-
tin. La crainte, dit-il, est le remède, l'amour vaient faire aucunes œuvres moralement
e«< /a «an<e. Tract. IX in primamJoan., n. k, bonnes, el que, sans la grâce, toutes leurs ac-
ad Eph., IV, v. 18. tions étaient des pèches.
La piété, (et par la piété,
dit-il ailleurs M. de Caylus, evéque d'Auxerre, en étant
il entend le vrai cuite du vrai Dieu com- ) ,
informé, reconnut que cette doctrine était
mence par la crainte, et se perfectionne cell.' dr Uaïus el de Jansénius. 11 exigea de ce
par la charité. C. xvii, n. 33, lib. De vera religieux une rétractation dans les ft)rines,
Keligione. et il l'obligea de signer les contradictoires de
De là , vient que, selon le saint docteur, ses erreurs, el en pariiculier Que, sans un:
Enarral. in Psaimum csLix, n. 14. d'un ordre naturel , lesquelles ne sont pus
Il est donc é\idenL que quand saint Au- péchés. Et ce prélat publia à ce sujet une
gustin a dit ( Ep. 140, ad Honoratium, c. 18, Lettre pastorale, le 22 mar^ 1711, à la suite
n. 43 Pietas cullus Dei est nec colilur ille
: ,
de laquelle est la retractation du bénédictin.
nisi amando : La piété est le culte que l'on Mais ce qu'il y a d\Hra:ige, c'est que M. de
rend à Dieu et ce culte ne lui est rendu que
,
Caylus a depuis qualifié d'erreur dans M. l'ar-
par l'amour, il a prétendu parler du culte chevêque de Sens cette même proposition
parfait, qui. en ell'et n'est point sans la , qu'il avait fait signer à dom Triperet. Vouez
charité Caylds.
. ,
TRONCHAY (Michel), naquit à Mayence, évêqne de Montpellier. C'est lui dit-on , qui ,
en 16G7, fut associé à Leiiain de Titli'monl mit en ordre les Mémoires de iMcolat Fon-
auli'ur des Mémoires pour seriir à l'histoire taine,
ecclésiastique; reçut les ordres sacres dos
mains de Colhert, évèquc de Montpellier, et TROYA D'AssiGNT (Loris) , prêtre de Gre-
noble, né vers 10%, mort en 1772, fut un
lïuiiirul au rhàlcau de Nonant.dans In <iio-
des premiers rédacteurs des Nouvelles ecclé-
cèse de Lisieux, le 30 septembre 1733. Tron-
siastiques, et, entre autres ouvrages, publia :
chay partageait sur les questions de son
,
appelait son maître. Ayant fait connaissaircc mort l sur le petit nombre des élus. 3 vol,
de Quesnel à Paris, en 1701, il se lia avec lui, in-12, 1751. C'est une refonte, avec aug-
et il y eut entre eux une correspimdance mentation de la Science du salut d'Olli-
, ,
le Forez, entra dans la congrcgaiion de l'O- l'Histoire évangélique. Seconde édition, cor-
ratoire et dans le sacerdoce; l'ut opposé à la rigée et augmentée par l'auteur. Anvers
,
DÉFENSE DE LA DISCIPLINE qui s'observe dans Varlct partit ensuite pour la Perse; mais
It diocèse de Sens, touchant l imposition de révè(ine d'Ispahan eut ordre du pnpe de le
la pénitence publique pour les péchés jiu- suspendri' de lout exercice de ses ordres et
blica ; imprimée par l'ordre de M. de Gon- de sa juridiction et en effet l'acte de sus-
; ,
drin , archevêque de Sens. Sens, Louis pense lui fut remis à Schiimaké, en Perse, la
Pressurot, 1673, in-8°. 15 mars 1720. Il est daté de Casbiii, du 17 dé-
On a dit que le docleur Boileau avait tra- cembre 1719, et signé Barnabe, évêque d'Is-
vaillé à ce livre. pahan.
Les novateurs ayant voulu établir dans L'évèque de Babylone, après cette flélris-
l'Eglise de S:'ns l'obligalion de la pénitente surequ'ilavaitsi bienmérilée, quitta la Perse
puhliquo, le sniii'-sicge et plusieurs évéqiii'S et revint à .Arasteriam. Là, au lieu de reciMi-
de Frmce condamnèrent les livres publiés naître sa faute il consomma sa révolte et
,
p.ir le parti pour autoriser celte dangereuse son schisme ; n.éprisa la suspense, l'irrégu-
discipline", ils suivirent en cela l'exemple de larité et rexcominimication , appela de 1&
saint Léon qui, douze cent'* ans auparavant, bulle Unigenilus au futur concile , exerça
avait porté la même cond.iinnation dans cette toutes les fonctions de l'épiscopat , et sacra
lettre i8. Rem
ivc ntur tam improbabilis con- archevêque d'Utrecht Corneille Stunhoven ,
sueludn ne multi a pœnitentiœ remediis ar-
, le 15 octobre 172i dans la maison du sieur,
ceantur ; et celui du conc le de Trente , qui Brigode à Amsterdam ordinaiion qui fut
, :
nes'csl pas expliquésarce sujet muins claire- déclarée illiciie et exécrable, et l'élection
ment dans la session 24, ch. o. Iitsi Chris- nulle par le pape Benoît XIII, le 21 février
ius, dit le saint concile, non veluerit quomi- 1725. Ce fut encjre lui qui imposa les mains
nus aliquis in rindictam suorum srelerum et aux trois successeurs de Stunlioven, qui fu-
sui humiliationem... delicla sua publiée confi- rent également excommuniés par le saint-
teri posset, non est tamen hoc divmo prœccpto siége. Celle conduite irrita tout le monde :
mandatum nec, salis consulte humana nliqua vainement il tâcha de se justiGer par deux
lege prœciperetur^ut delicla, prœsertim sécré- Apologies qui, avec les pièces justiGcatives
ta, essent confessione aperienda. forment un gros vol. in-i". M. Languet. évê-
Le décret de Rome contre cet écrit, est du que de Soissons.eu Gtvoir l'illusion. Il publia
19 septembre 1G76 ,dit un auteur ; de 1G79 , encore une Lettre du 20 octobre 1736 à Soa-
dit un autre. nen pour donner son assentiment à la let-
Relation de ce qui s'est possédons l'affaire de tre de celui-ci, du 20 juin précédent; une Let-
tre, du 12 mai 1736 , à l'évèque de Montpel-
lapaixde l'Eglise, sous le papeClémcntW,
lier, en faveur des miracles du diacre Paris;
avec les lettres actes, mémoires et autres
,
pièces qui y ont rapport. 1706, 2 vol. deux autres Lettres à l'évèque de gênez et ;
teur de Babylone. par un bref de Clément XI, dans le même pays s'étaient efforcés dans , ,
du 17 sep embre 1718. 11 fut sacré à Pari^le une conférence de l'engager à abandonner
,
19 février 1719, et le jour même de sa lonsé- le parti auquel il s'était livré ; ils n'avaient
cration , il apprit la mort de M. lévêque de pu réussir.
Babylone, Louis-Marie Pidou deSaint-Olon.
Dès lors il commença à lever le masque et ,
VARLET (Jacques), chanoine de Saiiit-
à ne plus garder de mesures. 1* Il reçut or- Amé de Douai, mourut en 17.30. On a de lui
dre lie Rome de voir à Paris M. le nonce des Lettres sous le nom d'un ecclésij»liqut
Bentivoglio mais de peur que ce prélat ne
;
de Flandre, adressées à Languet évê(,!fe de ,
2= Passant par Bruxelles, il eut la même at- fut prêtre de l'Oratoire, s'attira des dèsaaré-
mcnts ilans cette congrégation , qu'l quilla
tention à ne pas voir Tinternonce 3° sans la ;
de soixante-dix ans.
tendus pouvoirs du chapitre de Harlem et
d'Uirecbt. composé de geiis désobéissants au Avant de se rendre en Hollande, dans l'in-
scbismaliques; 4 il
sai nt- siège, ré tractai res et tention de se faire protes-tant Le Vassor ,
18i6. Un vol. inl2 de 332 pages. I.— Nous ne nous étendrons pas ici sur
la
première de ces erreurs. On a suffisamment
Celte éd'lion paraît cire la troisième.
Il en prouvé que l'Eglise ne pourrait sa voir
avait été donné une nouvelle en 1777. avec
une .issurance
entière qu'elle transmet a ses
Feller lait l'éloge de cet ouvrage « pro-
, enfanis le dépôt de la sainte
fond et solide, dit-il, plein d'onction et doctrine si
de elle peut se tromper sur la valeur
luniièrrs; il a été traduit en italien p,ir des termes
Louis quelle emploie pour le faire passer jusqu'à
Riccoboiii.»Ge qui est certain , c'est que
ce eux que c'est lui ôler le pouvoir de dresser
livre a aussi presque loule la ;
70, fi tous lis P-'res et les théologiens de cennes. Par suite de celte arrestation, dom
Vc'cole avant le seizième siècle. Thiroux, alors prieur de Saint-Mcaise à
On ne peut guère se déclarer plus nette- Meulan dont on avait trouvé des lettres
,
ment pour l'heresie de la première des cinq dans les papiers de dora de Viaixnes, subit
proposiiions, que le fait ici le baclulier V'e- le même sort {Voyez Thiroux). L'un et l'au-
rax ; et Ton doit du moins lui rendre cette tre recouvrèrent la iiberlé en 1710; mais dom
justice qu'il éclaircil tout, el qu'il ne l.iisse de ^'iaixnes fut exilé à l'abbaye de Sainl-
presque rien à développer, pour que l'er- Florent, près de Saumnr. En 171i, dom de
reur saute aux yens; bien différent d'une Viaixnes fut de nouveau enfermé au château
infinité de quesnellistes de nos jours qui deVincennes, d'où il ne sortit qu'après la
pour se tirer d affaire, ont recours aux plus mort de Louis XIV. D'autres imprudences
lâches dissimulations. le firent exiler de nouveau en 1721, à l'ab-
on l'adribuail aussi à dom de Viaixnes, à point que, dans un concile libre et général
dom Matthieu Petit-Didier, à dom Gerberon, tel que je le requiers au nom de Dieu, la bulle
à dom Senocq. Personne ne reconnaissait ne soit brûlée avec infamie en plein concile
l'avoir fait dom de Viaixnes le désavouait
; et que San auteur n'y soit déclaré hérétique
hautement, à ce qu'il paraît il feignit même
; et même hérésiarque.
de faire un voyage en Flamlre pour en dé- Un fait intéressant se trouve dans cet écrit,
couvrir le véritable auteur, et disait à qui et nous dévoile le mystère d'iniquité caché
voulait l'enteiulre qui' c'était un jésuite (jui sous les douze fameux articles. Dom de
l'avait composé, puisque c'était sûrement Viaixui's nous apprend que les augustiniens
un jésuitequi l'av.iil fait imprimer. Dom élaionl tous disposés à y souscrire, et que
Calmet assurait avoir entre ses mains uni' pour lui il l'aurait fait de tout son cœur,
lettre de dom de Viaixnes, dans laquelle il il ajoute qu'il n'en fallait pas davantage
dit avoir démontré , dans son interrogatoire pour renverser de fond en comble la bulle
en 1704, que ni lui ni Petit-Didier n'étaient Unigenitus.
les auteurs du Problème. Ceux qui disent Dom Thierry expose ensuite à M. Petit-
que le véritable ;;uieur était le P. Doucin, Pied le dessein qu'il a de publier un iriiporî
ou quelqu'aulre jésuite, n'apportent aucune tant ouvrage, où il fera, dilil, cesser l'op-
preuve en faveur de cette opinion que dom ; pression ,tant pour la religion que pour
de Viaixnes, dans les circonstances où il l'Etat, L'auteur fixe lui-niênie ces paroles
s'est trouvé, ait nié en être l'auteur, cela se au sens le plus criminel // faut dit-il, tâ-
:
conçoit; mais on a déjà vu, dans l'article cher de mettre nos rois hors d'éiul de pouvoir
Barcos, que dom ("icrbion, qui n'est pas exercer de pareilles injustices, soit par eux,
suspect, avait prouvé que cet écrit venait soii par l'urs ministres. Les bons Français
d'un aiigustinien , et qu'en effet on l'avait feront sur ces paroles les réflexion- qu'elles
trouvé dans les papiers de dom de Viaixnes méritent. La dénonciation est datée d'Am-
écrit de sa propre main. Voyez Gerberon, s.erdaui, où l'auteur s'était retiré, du jour
où il s'agit de VApoloyie du Problème. même de Pâques, LJ avril 1727.
M. d'Aguosseau dii aussi que dom de Viaix- Tous ces iaits sont tires des papiers que
nes est l'auteur du Problème. les jansénistes de Hollande avaient confiés
parla prolixité des détails et par les mi- dans lefond delà question, le pape, après
îiulics sur lesquelles se traîne l'auteur. Il avoir donné des éloges au prélat, distingue
fut mis en poudre par Mgr l'évèque de Sisie- trois espèces de rérmclaires et trace lu»
ron dans son excellent ouvrage inlulé; Ré- règles à suivre pour chacune. Il lui recom-
fiitalion des Anecdotes adressée à leur au- mande d'ailleurs la réserve et la circonspec-
»-..i«-
teur. lion. Quant ci Viou, le général de son ordre
Ce prélat voir que ces Anecdotes ne
fait l'en exclut ponr toujours, par un décret du
sont quun de principes qui établissent
ti^su 13 mars 1743. Un autre décret, du 10 mai,
l'erreur, de maximes qui inspirent la révolte; défendit de le recevoir dans aucune mai-
de faits qui portent sur la calomiue et le men- son. Vidu essaya d';ippeler comme d'abus :
songe ; d'éloges qui encensent le scliisme ; de des avocats lui prêtèrent leur ministère;
satires qui décrient la vertu. C'est piiurquoi mais If parlement de P. iris prononça, le 5
il les condamne par son mandement du 13 septembre, que son appel pour le présent
août 1733, comme contenant plusieurs propo- n'était pas recevable.
sitions respectivement fouisses, scandaleuses,
VOISIN (JosrPH de) naquit à Bordeaux
téméraires, séditieuses, atlaitatui es à l'au-
d'une famille noble et distinguée dans la
torité royale injurieuses au saint-siége et
,
robe, fui d'abord conseiller au parlement de
aux évéques, opposées à un jugement dogma- sa ville natale, et entra ensuite dans le sa-
tique, irrévocable et irnformu'de de l'Eglise,
cerdoce. Il mourut en 1683.
erronées, schismatiques et hérétiques.
Celte ci-nsure, quelque forte qu'elle pa- Missel romain , traduit en français, 1660,
raisse, est peut-être encore au-iicssous de 4 vol. in-12.
ce que mérite ce détestable libelle, où lout L'assemblée du clergé de France défendit
respire en effet l'hérésie et la révolte, et où en 1600, sous peine d'excommunication,
l'imposture est portée jusqu'à l'extrava- celte traduction française du Missel romain,
gance. et non contente de c la, elle écrivit à tous
Croirait-on, par exemple, qu'un écrivain les évêques du royaume, pour les prier d'en
fût assez fou pour publier que Louis XIV, faire autant, chacun dans leur diocèse, et
avait fait les trois vœux de religion ? assez sous les mêmes peines.
effronté, pour traiter de pièce supposée le L'année suivante, ces mêmes évêques
célèbre mémoire que M. le duc de Bour- écrivirent au pape le 7 janvier, et le prièrent
gogne écrivit au pape, e! d mt le roi con- d'appuyer leur décision de l'autorité aposlo
servait l'original écrit de la main de ce lj(]ue. Us disent dans leur lettre que si d'una
prince? assez ignorant, pour auribuer au part n'y a rien de meilleur et de plus utile
il
ûm WAT wiD m
IfJGO, fut docteur et professeur en Sorbonne. i!revint à Pnris, cherrhant à se faire rétablir
Il refusa de recevoir la liuUe Uiii/jenitns; ce et continuant à décl.imer contre la bulle;
qui lui fil perdre sa chaire uni; lellrc de
: mais la inorl ne le laissa pas longtemps sol-
cachet l'exila à Noyoïi mais, au lieu d'obéir,
;
liciter ce qu'il désirait il fut frappé d'apo-
:
il prit la fuite. Après la mort de Louis Xl\', plexie en 1716, laissant plusieurs ouvrages.
si extravagant. Du moins les autres s'a- que le saint-siège ayant prononcé, la cause
dressaient-ils au concile général éiait finie.
et leur;
et prétendre fibliger toute l'Eglise à plier pour la conversion des proteslanis, on lui fit
sous la décision du synode de Tournay, cnlendre qu'un excellent moyen pour les
c'est une folie si étrange, qu'elle était réser- guérir de leurs préjugés était do corriger
vée au curé de Carvin et à son défenseur. les abus oui s'étaient glissés dans le cii!!a
899 DICTIONNAIRE DES JANSENISTES. 900
de l'Eglise romaine. Quand on le vit bin que Vierge ne déteste pas. Autres
la sainte
disposé d'esprit et de cœur à tout ce qu'on ment, Dieu pourrait dire aussi ; Je déteste le
pourrait souiiaitcr de lui, on lui proposa le culte qu'on me rend, qtumd -n ne th'aime pat
dessein des Avis salutaires; on lui fil voir par-dessus toutes choses. Ce qui est al solu-
des raisons spécieuses pour l'engairor à cet mentfaux; un pécheur qui se dispose à sa
ouvrage, un lieu sûr pour l'imprimer, des conversion, pouvant rendre à Dieu un culte
approbateurs favorables, des gens prêts à véritable, e< que Dieu ne déleste pas, quoi-
le distribuer partout, des protecteurs assez qu'il ne soit pas encore parvenu à cette
puissants pour le soutenir, et de bons amis amour de Dieu parfait et par-dessus toutes
àliome pour on empêcher la condamnation, choses.
qui par. lissait sans cela inévitable. C'est VIII. —
Dès que les Àris salutaires paru-
ainsi que l'on embarqua le bonhomme, et rent, tous les c:plholiqiies en furent scanda-
qu'on l'obli.ea à se sacrifier pour un parti, lisés : hérétiques d'Hollande, d'Allema-
les
qni s'engageait de si bonne grâce à ne l'a- gne et France en triomphèrent haute-
de
bandonner jamais. ment traduisirent en leurs langues,
VI. — \>idonr.'liil fit dtonc imprimer son li-
; ils les
et les répandirent partout avec l>s réfiexions
belle. Cet auteur, à l'exemple d'Erasme les plus injurieuses à l'Eglise catholique,
dans ses colloques, cl de semblables impies, jusqu'à publier dans une infinité d'écrits,
qui ont entrepris do tourner en ridicule les qu'enfin elle commençait à reconnaître par
dévotions des calholiques, se sert d'une fic- ce libelle, ses erreurs et son idolâtrie. El c'est
tion aussi scandaleuse que puérile, f.iisant pour cela que Widenfeldt fut obligé de faire
parler dans tout son livre la sainte Vierge une grande apologe, tant de sa doctrine que
contre sa propre gloire, el condamner elle- de ses intentions.
même les scnlimcnts les plus légitimes de la
piété de ses serviteurs, qu'elle appelle in-
IX. —
Cette apologie ne fut pas heureuse.
Elle fut condamnée par le saint-siége, en
discrets. Cet cirnnge discours se (léveloppe
1675. Peu de temps aup iravani, le 27 nov.
en huit articles où s'expliquanl sous la
,
qualité do mère de la belle dilection, elle dit 1674, l'inquisition d'Espagne censura les
tout ce que les enfants du père du mensonge
Aiis salutaires comme indiscrets, dangereux
et pernicieux, détournant les fidèles du culte
ont ingénié de plus propre à ruiner dans les
coeurs des fidèles les sentiments de resped, de la sainte Vierge, etc. Le même ouvrage
fut mis à Rome au nombre des livres défen-
de confiance et de tendresse que le Saint-
Esprit inspire envers Marie.
dus en 1675, et ensuite positivement censuré
VII. —Il n'y a pas un seul endroit de en 1676, malgré les approbations dont il est
muni, malgré la lettre pastorale que M. de
l'ouvrage, où la ilcvolion envers la sainte
f. oiseul, évêque de Tournay, publia pour
Vierge soit approuvée; et la plupart des
r.idopter, enfin malgré tous les efforts du
proposilions qu on y trouve, sont toujours
parii (1).
exprimées d'une manière ariiûcieuse et sus-
ceptibie du plus mauvais sens. Telles sont X. —
Un grand nombre de catholiques, de
les proposiliens suivantes :
tous ordres et de tous étals, ont écrit con-
i\'e in appelez pas médiatrice et avocate. tre ce misérable libelle; entre autres, le
Ne dites point que je suis ta mère de mise'- célèbre P. Bourdaloue, qui a fait un sermon
ricordc. exprès pour le combattre (.Mystères, lom. Il)
Ne comptez pour rien les éloges nyperboly- et iM. Abeliy, évéque de Hhodez, qui l'a ré-
ques que quelques saints Pères ont donnés à la futé avec autant de solidité (|ue de zèle, par
sainte Vierge. un livre imprimé à Paris en 167i, et intitulé :
L'honneur qu'on rend à Marie, en tant que Sentiments des saints Pères touchant les excel-
Marie, est un honneur vain et frivole. (Pro- lences et les prérogatives de la très-sainte
position condamnée itepuis par Alexan- Vierge. Des universités entières en ont porté
dre VIII, en 1690.) lemême jugement; et en p.irticulier celle de
De plus, dans quelques endroits de ce li- Mayence, toujours inviolablnmcnt attachée
belle, la sainte Vierge défend de parer ses à la foi, s'exprime, ainsi dans la censure
images et ses autels, ou de les éclairer. En- qu'elle fit, en 16T4, de ces Avis prétendus
fin on lui fait dire Je déteste l'amour qu'on
:
salutaires : Damnumus hujusmodi monita
me porte, quand on n'aime pas Dieu par-des- scandalosa, noxia, officinam jansenianorum
sus toutes choses. ProposiiionerTonée car un :
olentia et gusiui Luthero-Calvinicorum vehe-
pécheur qui n'est pas encore converti, et menier arridentia.
par conséquent qni n'.iime pas encore Dieu XI. — Le coupable
auleur des Avis salu-
par-dessus toutes choses, peut néanmoins taires,Widenfeldi, quatre ans et demi après
se confier en la sainte Vierge dans l'espé- leur publication, mourut le 2 de juiu 1078,
rance qu'elle lui obtiendra de Dieu la grâce âgé (l'environ bO ans.
de sa con\ersion. Or, cette conûauce vient XII. Nous ajoutons ici, pour la satisfac-
d'un amoar qa'il porte à la sainte Vierge, et tion des curieux, le catalogue exact de tous
({) Nous rapportons ces observa lions telles que ganlur, p;ir décret ilu 19 juin 1674. Nous y lisons
nous les avons irouvée-; dans un auteur; mais nous a issi qu'une trailuchon liaiiçiiilt' de rel ouvrage,
lisons, dans le Caicûogue diS livres mis à l'index, édi- c'e^l-à-dire les .\vernssemems salutaires, etc., par M.
tion de lo'2b (Paris, éd. Gariiol), que les Mûuila sa- W-, lui cm également mis à l'nidex par décret du 50
luiiiiiti furent mis à Vindex, avec la note donec coni- juiliei Hi7S, el avec la noie donec corrigantur.
,
les écrits qui ont été imprimés p lur et con- tes excellences et les prérogatives de la très-
tre ce libelle. sainte Vierge pour servir de réponse aux
An 1674. Avis salutaires. A Paris, par M. Abelly. Voyez
1. Tract alus brevis nd Libellum, cm tilu- les numéros
23, 26, 37, 38.
lus : Miinila saliitaria. Duaci. 23. Leilre à M. Abelly, érêque de Khodez,
2. Rcsponsoriolum ad scriptiunculam Mo- touchant son livre des Excellences de la sainte
nitoris. Ibid. Vierge.
3. Cnvillator veriffypcrduliœ cullus magnœ 26. Réponse de M. Abelly, à cette lettre.
Dei Malris dipreliensus et rcpreliensus. A 27. Defensio B. V. Mariœ et piorum cul-
Pr;igue, p;!r le P. Max. de UeirlicmbiT};, jé- torum ejus. etc. A M.iyence, par Lodviscius
suite. Yoi/ez les numéros 4, 5, 13, 41, 40. Boiia; c'est-à-dire, M. Dubois, professeur de
4. Rcftexiones super approbaiionibus Louvain.
Libelli. Par le même P. de Keicheiuberg, jé- 28. Appendix contra defensionem Lodvis-
suite. cii Bona; par M. Widenfeldl. Voyez les nu-
5. Parœnesin ad Monitorem Amarianum. nie,os 21, 27, 42, 'i3.
Par le même. 29. Status (/uœ^lionis deinlercessione, invo-
6. Ulula seu Rubo ecclesiasticus P. Alexii calione et vcncratione SS. Par le prince Er-
Becollecti, in suo sermone habita 8 decembris nest, landgrave de Hesse.
1673 super Libella diclo, Moiiila salularia. 30. Divers smtiments, autant des catholi-
7. Epistola apulogetii-a Auctoris. Meclili- quf'sque des protestants sur l'iuvocation et le
niiB. culte de la irès-sainle Vierge. Parle prince
8. Jesu Chrisli Monita maxime salularia de Ernest, landgrave de Messe.
cullu Mariœ débita eaAj6erido.ParM.de Cerf, 31. Reflexianes Ernesti principis Landgra-
à Douai. vii in puncto intercessionis, incocationis et
9. Idem amplificalum et illustralum. Par veneratioiiis B. V. ad sutntnum ponlificem
un jésuile. Clemenlem X.
10. Première traduction, à Douai, puis à 32. Orthodoxasalulatio B. M. Virginie.
Rouen. An. 1675.
11. Seconde traduction réformée par le 33.Accord amour (ux entre l'amant de Jésus
P. Vignancour. à Rouen. et de Marie. A Douai, par un récollel.
Remarques sur un libelle intitulé Avcrlis- : 34. Apologie des dévols de In sainte Vierge.
sements salutaires de Jésus-Christ d^d/es aux A Bruxelles, par M. lircnier (2).
congre ganistes. 35. De cultu et imocalione Sanctorum,
13. Appendix parœnetica in apologinm si- prœcipueB. V. Mariœ.VarM. de Castorie,
mul et palinodiam defensoris Monitorum à Ulrecht.
insalularium. Par le P. de Reicheniberg. 36. Expunctio notarum quas in favorem
14. Nota- salubres ad Monita, nec salularia, Moniloris anonymi aller anonymus innuere
nec necessaria. AMayence, par AF. Volusius. niiitur cultai B. V. Mariœ vindicata per P.
15. Introduction an culte que l'on doit Ileniieguyir. Cameraci.
aux saints. Par M. Guillemans, à dand. 37. Sentiments des suints Pères et docteurs
16. Lettre pastorale de M, l'évéque de Tour- de l'Eglise toucbantles excellences de la sainte
nai. A Lille. Vierge. Seconde édition augmeniée oar M.
,
(1) Ce livre fut mis à l'index par diieret du 22 juin dovisii Bona. Voyez les n"» 27, 4L
lG7t). Voici le litre tel qu'il se trouve dans le catalo- (-i) Nonn trouvons, dans le Catalogue des livres mis
gue des mis à l'index, édiiion de Paris, 182(i
tivres : à l'index, l'article suivant Apologie des dévots Je la
:
MuiiiiasatulaTia B. Y. Mariœ vindicata pcr nolan ta- sainte Vierge, ou les senlinienls de Thcoiisme sur le
lulares ad libellum intiiulatum
Cu\hia li. V. Mari*
: libelle liiliiulé Les avis salutaires de la Bienheureuse
:
ynidicaliis P. llieron. Honiiegiiyer (voyez, le n° 18), Vierge à ses dévols indiscrets, sur la Lettre apologéti-
et similes scriptores; auctore quoUam reijulari orlliodoxi que (le .'iou auteur (voyez le u° 7), cl sur les i\ou-
cullu$ bi'atisstmœ virginis Mariœ zetaiurc. Cui occcdit veaux avis en l'orme de réllexiOHS, ajoutés au libelle.
Appendix contra aefensionem B. Virginis M ariw Lû- Decr. 5 iunii 1G77.
»03 DICTIONN.\mE DES JANSENISTES. 904
Prairœ. A'ojez les n»' 3, eic. ter Ecclesiam fJei régit, qui verum Dei gra-
An 1IJ79. tiam, qua Chrisliani sumus in Janseniano li-
47. La véritable dévotion envers la sainte Lro fulgenlem, a morigeris Ecclesiœ filiis,
Vierge établie et défendue. A Paris, par^ le hoc est Romance curiip projeclis servis, dam-
P. Grasset, jésuite. nitri, rejici. alque ejerari compellit. Le reste
WITTE (Gilles de) naquit à Gand, en de l'écrit est de la métne violence on rap- :
1641 ou eu 1648, entra dans la congrégation pelé Libère, saint Athanase, etc. On in-
de l'Oratoire, fut docteur do Louvain, et se vective contre Clément XI, contre les jésui-
rendit fameux par son zèle fougueux en fa- tes ; et c'est tout l'ouvrage.
veur du parti el par ses emportements con- Nous ne mentionnerons pas, à beaucoup
tre le saint-siége, et mourut en 1721. près, tous les écrits de Witte, qui remplaçait
Panegyris Janseniana , etc. Gralianopoli souvent son n mi qui veut dire blanc, par ce-
(Delphis), 1698, in-S". lui de Candidus et par celui d'Albanus. Le
ap; robations
nombre de ses libelles se monte à 140; il
Ce sont principalement les
suffit de dire qu'ils ne respirent que l'em-
que des docteurs et dos théologiens avaient
porlement le plus violent.
données au livre de Jansénius, et qui furent
supprimées dans l'impression qu'on fit de ce WITTOL.V (Mabc-Antoine' naquit le 25
livre. avril, 1730, à Kosel. dans la Silésie, fut or-
Witte, page 31, traite outrageusement les donné prêtre à Teschen, pourvu de la cure
consulteurs de la cour de Home, ^'oici ses de Schorfling, puis nommé curé de Probs-
paroles Factumqne tidit Roma, ut lii quo-
:
dorlT et censeur des livres il fut prévôt mi-
;
rum plerique, leste P. Pascaliqonio, suncti tre deBianco, en Hongrie, et mourut subite-
Augustini scripta nec a limine salutaiera>t, ment, à Vienne, en 1797. Il avait embrassé
ac multi, ne vel prima principia, ipsos termi- avec chaleur les opinions théologiques qui
nas rei de qua tractabatur, intelligebunt, judi- s'enseignaient alors en Allemagne, surtout
ciuvi lulcrint de re ijravissima. dans les Etals autrichens, et il faisait tout
Capistrum ab Embricensi interprète dono ce qui dépendait de lui pour hs propager.
missum N. declamatori in versioiiem Belgi- C'est d ins ce but nu'il traduisit de l'italien
ca<n novisstmam Novi Testamenti. C'esl-à- et du français en allemand tous les livres où
dire Licou envoyé par l'inlerprète d'Em-
:
cette doctrine était favorisée, et notamment
n;eric à *" qui déclame contre la nouvelle les écrits des appelants. Il était lié avec les
version flamande du Nouveau Testament. principaux d'entre eu\, se signalait par sa
1710. haine contre les jésuites, el entretenait une
correspondance avec l'abbé de Bellegarde,
Un auteur catholique avait atlariué la ver-
l'un des plus ardents sectateurs de ces doctri-
sion flamande du Nouveau Testament Gilles :
z
ZOLA (Joseph), profrssour d'histoire ecclé- l'index ù Rome, le 5 février 1790. La mort
siastique à l'avie, naquit à Concejo, près de Joseph fut un grand sujet de deuil pour
Brescia, dans l'Etat de Venise, en 1739, et Zola et ses amis. Le 20 mai suivant, il pro-
prol'.ssa la morale dans le séminaire de nonça l'éloge funèbre de ce prince, dont il
cett(!vill<>, de 17G0à 1770. Il fut privé de sa loua la piété profonde, l'amour pour lEglise,
chaire par l'évcque, le cardinal Àlalino, en la sagesse et la modération. Ses partisans
uiéme temps que son collè;^ue, Pierre Taiii- mêmes trouvèrent une exagération ridicule
bunni ,
pour une dissertation où celui-ci dans ce qu'il disait du zèle et des connais»
établissait toute la doctrine janséniste .^ur sauces lliéo ogi(|ues de l'empereur. Cepen-
la grâ.e. Les deux amis se retirèrent àllome, dant l'archevêque de Mi an et les autres évè-
où le cardinal Maresfasclii les fit placer : ques de Lombardio ajant porté à Léopold
Zola au collège Faccioii, et Tamburini au leurs pl.iinles conlre le séminaire général de
collège irlandais. Zola professa la morale Pavie, ce prince supprima celte école, le 9
jusqu'en 177'i, qu'on l'attira à Pavie pour aux èvêqiies leurs droits
avril 1791, et reiidi,
y tiavailler à mettre celte université sur le sur l'ensiignenieul, et aux séiiiinaires diocé-
même pied que celles des autre. Etals heré- sains leurs bens. En 179'j, Zola el Tambu-
dilai es. Il se consacra à cette œu»ro a\ec rini furent privés de leurs chaires sur la de-
beaucoup de zèle, et publia successivement mande de Pie VI. Lors de la révo ution d'I a-
un Traité des lieux tliéologiques et un autre lie, on rappela le premier à Pavie pour
y oc-
de lu fin dernière, 1775; un Discours pour cuper une chaire d'h sloire des lois et de la
montrer qu'il ne faut point dissimuler les diplomatie. Comme lui et ses collègues s'é-
maux de l'Eglise en écrivant son Histoire, taient déclarés partisans de la révolution de
1770 une éditiou de l'opuscule de Cadociiii,
; leur iiays, la cour de Vienne supprima l'u-
sur ce |ias-age de saint Augustin L'Eglise : niversité de Pavie, lorsqu'elle reprit le M la-
sera dans lu servilaile smis li'S princes sécu- nais eu 1799. Zola entra, en 1802, dans la
liirs [Voyez l'article Cadocini, 178tî). Une collège des Dalli, de la république italienne,
édition de la Défense de la foi de i\u-ée, de cl mourut à Cencejo, où il é'ait allé pendant
liull ; les Prolégomènes des Coiiunentaires 1( s vacances. On connaît encore de lui un
historiques du cluislianismr, avec un Supplé- pelit traité iniilulé : Du catéchiste qui n'est
,
ment, 1778 les Cc,::„anlaires mêmes, dont le
;
qu'un abrégé de l'ouvrage de Serrao sur la
troisième volume vit le jour en 178(>, cl va même matière. Ce fut un des hommes les
jusqu'à la Mil du second siècle. Dans le même plus zélés conlre ce qu'ilappelait l'hildehr-an-.
temps Zola lui nommé recienr du collège disme, sobriquet injurieux par lequel ces
germanique-hongrois, transféré, par Joseph, nouveaux théologiens désignaient les droits
de Kome à Pa\ie. En 1788, Il donna une Z)i,5- et prérogatives du saint-siege. Son livre
ier(anon anonyme sur l'autorité de saint Au-
De
Rébus chrislianis aule Cunstanlinnm, 3 vol
juslin dans les matières théologiques, surtout et ses Lrçons Ihrotogiques au séminaire
;
de
par rapport à la prédestination et à la grâce. lircseia, 2 vol., s^jiit à l'index par décret
La Dissertation et le Prologue furent mis à du
10 juillet 1797.
INDEX
LIBROIIUM PROIIIBITORUM
JUXTA EXEMPLAK KO .
v.n'J.M
JUSSU SANCTlSSnil DOMLM NOSTKI KDITLM ANNO MDCCCXXXV;
ACCESSERUNT SUIS LOCIS NO.VUNA EORL'M QLI ISQUE AD HANC DIEM DAMNATI FCERE.
rogarelur. Quamobrem non soluni hujus- busvis statutis, decretis, usibus, stjlis, et
modi libros improbarc et proscribere con- consuetudinibus etiam immemorabilibus
sueverunt, sed ne vetitie quoqne eorum Icc- Cieterisque in contrarlum facientibus qui-
tionis oblivio ulla unquain subreperet, aut buscunque. Volumus autem, ut earumdem
ignoranlia obtenileretur, publicis tabulis praesenlium litlerarum transumptis seu ,
atqae calalogis eosdeiu perniciosos libros exemplis eliam iinpressis , manu alicujus
describi, et consignari voruerunt; quo sane noiarii publici subscriptis, et sigillo prœlati
6eret, ut, palam dcnuntiala, nique oculis alicujus in dignilate eeclesiastica conslituti
subjecla eorum pravitate, ab omnium niani- obsignatis eadem prorsiis Gdes habeatur,
bus facilius removerentur. Crcscente autem quce ipsis prœsentibus haberetur, si forent
in dies exitiosa ipsorura segete, et copii, re- exhibilœ vel oslensœ. Datum Romee apud
novari identidem, atque aiigeri oportuit in- Sanclam Mariam Majorem sub annulo Pis-
dices ipsos, quorum primum quidem pu- catoris die xxiii Decemb. mdcclvm, pontifl-
blica Écclesiee auctoritate a sapientissimis catus nostri anno xviii.
Tridentinœ synodi Patribus dijpositnm fel. Cajetanus Amalus.
rcc. Plus V^. IV prœdecessor no!-ter optimis
regulis communitum perfecit, atque aposlo- CATHOLICO LEGTORI
lica auctoritate vulgavit deinde vero dé-
:
FR. THOMAS ANTONINDS DEGOLA,
mens PP. V^III itidem prœdecessor noster
librorum numéro auctum, atque nonnuUis urdinis prcedicatorum , sac. congregationis
in aniedictas régulas observaiionibus illn- Indicis secretarius.
slratum nova luce donavit. Alexander deui- Dislractis Indicis librorum prohibitorum
que PP. Mi pariter praedecesscr noster di- postremœ edilionis anni 1819 exemplaribus,
versa a prioribus methodo o-.diiiatum, atque novam illius, niandante SS°" D. N. Grego-
in varias partes Irlbiitum hujusmodi indi- RIO XVI, accttriatori, quoad licuit, sedulitate
cem suo nomine cdi voluil, ac promulgari. ac stndio elabnrandam siiscpimus. Eo vrro
Etsi autem pro tcniporum conditione satis in id operœ laborisque ulacrius intenditnus
diligenter, atque utililer in iis conticiendis quo et exposrentiwnplurimorumvotis, et rei,
laburalum sit, diuturna tamen observatione, tum christianœ, tum civili his maxime tempo^
alque experimento compertum est, memo- ribii!! pertnrbatœ opporlunius c 'iisulerelur.
ratos Indices neque satis corrcctos, neque Integram igitur dum hic promimus librorum
snlls usui accommodatos proJiisse : qua- velilœ ad hanc usque diem lectionis seriem,
propter e publica utilitate fore visum est, methodo pariter ac ratione, quœ aplior atque
si novus Indes methodo apiiore digestus, expeditior videretur per quam addieti, eam
atque a mendis, erralisque pluribus, quae in potissimum consectandam prœ reliqids insti-
priores irrepserant, CQieudalus construere- tuimus, quim Indiiis anni 1758 veluti nor-
tur. Rem hanc omni procul dubio laboris mam, celebris olim doctrina et eruditione vir
etdiligentiœ plenam jam tum animo praî- Fr. Thomas Augustinus Ricchinius sacrm
conceperamns, cum certas régulas in exa- ejusdem Indicis congregationis a secretis ex~
mine et proîcriptione librorum servandas posuit his fere verbis :
tradidimus in cons ilulione nostra, quœ in- « In primis Indici universo cttm régulas
cipit Sollicita, ac provida, vu id. Jul., ;inno
: ipsius Indicis sacrosanclœ synodi Tridentinm
Incarnat, Dom. mdccliii, ponlificaïus nostri jussu éditas, tum easdem in régulas observa-
anno xiii data. Hujusmodi sub.nde ncgo- liones, quœ démentis VIII et Alexandri VII
tium mature jam discussum Yen. Fratribus auctoritate conferlœ sunl. prœmisimus, unu
nostris S. H. E. cardinalibus congregalioni cum ejusdem démentis VII] instructione.
Indicis librorum probibitorum praiposiiis Quibus quidem rébus omnibus cum majorem
dirigendum, promovendumque commisimus, e! iucem, et cnn afferat sapientissimt pontifi-
qui pro injuncli sibi muneris ralione, zelo cis Benedicti XIV constilulio incipiens : Sol-
ac solertia.adhibitis etiam in consultationem licita ac provid.i, earn idcirco adjungrndam
et opus dociis, ac diligentibus viris, omnia putavimus. Subjecimus deinde décréta quœ-
pro votis sedulo accurateque perfecerunt. dam (jeneralia,, quo et brevitati Indicis con^
Absolulum ilaque juxla menlem nosiram suleremas, et dubitationem omnem tolleremus,
laudatum Indicem, cl ab iisdcm cardinalibus SI qua de certis quibusdnm libris suboriri
revisum , atque recognilum «ypis came- Dosset, qui in Indice nominatim descripti non
rœ nostrse aposlolicae cdi voluimus, ipsum- essenl.
que prœsenlibns litltiis nostris tanquam Auclores autem ipsos, quorum nomina, ac
expresse insertnm habenlcs , auctoritate cuynomina, magna adltihita diligentia Ger-
apustolica tenore prœsenlium approbanius nianœ leclioni restituimus, in alphabeticum
et coiiQrmamus . alque ab o.nnibus et sin- ordinem redegimus, majoremque in iis u/Je-
gulis oersonis. ubicumque iocorum existen- rendisrntionem liabuimus cognominum, quam
»09 LNDEX LIBRORUM PROHIGITORUM
^^
nominum, quod hœc minus nota esse vi-
illis tione AlexandriVII, quœ incipit : Speculato-
deantur. Cognominum tamen loco habuimus
Y(ii,stutuHur: sed quod ii etiam fere omnes
cjtioqtie simulala cognomina, i/itihus
pseudo- libri hujusmodi pœna proscribuntur
nymi delltescwU tum aliquando palriam, ,qui v«st
,
prœdictam Alexandri VII constilutionemedi-
aut etinm sanclos ipsos. quos sibi nonnulli
tam die 5 mnrtii anni ICCi-, braibus, aut
tavqiuim cognomina assumunl. bullis pontificiis prohibili indicantur,
Thèses alque dispulntiones non discipulo- ut ex
tpsis breribus inlelligi polest
rum, sed m'K/i.itrorum, aui prœsidentium no- , ad quœ lectu-
res remitlimus. »
mine, qui ptrr unique (arum uucCores esse so- Monendiim denique catholicum lectorem
ient, disposuimus, nisi forte quis, vel suum
ducimus omnibus Indicis anni mdcclvui prœ-
unice, non magistri nomen uttulerit, vel ipse missis additum hic, ad calcem scilicet regu-
qiiidem earumdem Ihesium verissimus auctor larum et decretorum fuisse 1° Mandatum •
gala editione circumferuntiir,e\piinftis locis qui bujusmodi librornm leclinne facile cor-
guspeclis a Facullate llipologica aliiujiis rumpi snleni, ratio habomla si!, oiiinino pro-
Uiiiversilaiis calliolira', aul inquisiiioiic ge- hibiMitiir; et qui eos babuerint, scvere ab
nerali, peniiilli eisdem poleruiil quibus et episco()is pun aiilur.
veisiunes. Anliqiii veioal) cibniris conscripti, prn-
Quibus condilinnibus tolum volumen Bi- pl'r sermoiiis eleganliam, et proprietatem,
blioium q'io vulgo Biblia Aatabli diclur,
,
I permiUuntur nulla tamen ratione pueris
:
seu h;ibere prœ.'tumpseril, nisi prius Bibliis aslroiogiic judiciariœ libri Iraclatus, indices
ordinario reddilis, pcccaloruui aOsolulioueni li'g intiir, vel habeanlur, qui de futuris con-
omnibus legi non expédiai; si eorum auoto- eos habiierint el legerint, nisi auctores pro-
res catbolici sunl, poslqu.un eine dati fue- diderinl, pro auclnribus habeanlur.
rini, permilli ab episcopo et iiuiuisilore po- Ipsa vero bujusmodi librorum probalio in
te nnil. scriplis delur, et in fronle libri, vel scripli,
Reglla VII. — Libri qui res lascivas, seu Vel impressi, aulbentice apparent; probaiio-
obscenas ex professo tract.iul, narrant aut que et examen, ac cœlera gratis fiant.
Uocenl, cum non soluui fidei, sed et morum, Prœlerea in singulis civitalibus ac diœce
913 INDEX LIBRORUM PROIIIBITORUM. 914
sibus, oonius, vol loci, iihi ars improssoria probibKa Irgrrit,
sive habuerit, slalitu in
exerceliir, ri bibliolliecip libroniin vcn;iliiim excoiiHiiunic-lioiiis senlenliaui incurral.
sœpius viMk-ntdr a personis ail id dopulandis Qui vc'o libros alio nomine inlerdictos lè-
ab cpisropo, sive ejus vicario, nique eliatn vent aut habucril, prater peccali morlalis
ab iiiquisilore hjBrolirae praviiatis, ut mhil reatum, qiio afficilur, judicio episcoporum
eorum qua; prohibenlur, aut imprimatur, severe punialur.
au( vcndalur, aul habeatur.
Omnes vrro librarii et quicunqiie libro- OBSERVATIONES
rurii vendilorrs haleanl in suis
bbliolhecis
indicem librorum venalium, quos habent, AD REGCLAM QUARTAM ET NONAM CLEMENTI»
cum .'•ubscriplione diclarum personarum ;
PAP.K VIII JUSSU FACTB.
nec alios libros habe.inl, aut vfnilant, aut CIRCV QUARTAM REGULAM.
quacunque rationc Iradaut, sine licentia eo- Animadvertendiim
^n,.,.uuv., ,enaum est sunra^rrintnm
esi circa suprascriptam
rumdem depu.alorum, sub pœna
.hro, um, el alus arbXrio episcoporum,
vcl
amissinnis q„arta,n rcgnUnn IndU fd
1 V nullnn ver hmichnvre'Lne' VtJi
ZpuZnZ
jnqu.sitorujn imponondis ; emptores voro
, nem <l. nol trî^u' Pf^Zlpà '^^
ronceilenili Ucenliam ememli, leqendi,
A,,,, I cV oi- i-u ma ri--
7"''"^ '"- ;''""'' ^' y"
^"'^"'•' ""»"« i^»
qui
qudm (iviiauii.
n- 'S;i:!rf leiieantur lis-
u;,'?,"'iiiiltoduraiil.
c'.:;: L,:.
tenus maivatu, et unt sanclœ nomnn(p pt ,i,i{
Ion./,"';!""
''*'P"'",''J'* renuntiare; vel si versaUs ing.i^àioni. smI Ziu^^
tus sit, mi nistri publici cjus loci pra>diclis vel retinendi Bihiin vulaa'ia
person.s. s,gn,ficent. ibros esso adductos.
aut nbJonrr^
Scripturœ, tam N<nn uam vè^s TeTlanemi
anus m cnitalem iiilroduxil, aliciii Icf^cn- j j ""
dum Irailcre, vel aliqua ralione alienare,
aut ADDITln.
commodare, iiisi oslenso prius libro, et ha- Quod si hujusmodi Bibliorum versiones
bita liieiilia a pcr^onis deputaiidis, vulgari lingua foerinl ab aposloli a sodé
au! nisi ap-
notorie conslcl, librum jum esse omnibus probalaî, aut oditcB cum annolalionibis
de-
permissuni. suniplis ex sanctis Eccli-siœ Palribus,
vol ex
Idem quoquo sorvelur ab ba^redibus, et ilociis, calholi.isque vins,
conceduniur.
exsccutorihus iiltimarum vulunlatum, ul li- Decr. sac. congregaiionis Ind. 13 Junii
1757.
bres a defunclo reliclos, sive eorum'
indi-
cé:)), illis personis dcputandis CIRCA NONAM REGULAM.
afferant, et ah
IIS licentiam oblineanl,
priiisquani eis nlan- Circa re/pilan nonam ejiisdem Indirix ab
lur, ;iut in alias personas ejnscopis, et inf/iiisiln-Hins Chiisli
quacunque ratione fidiles se-
cos transferanl. dulo admonendi sunt. quod in legentes, aut
In bis aulein omnibus, et singulis
pœna
reCinentes contra reijul m
liane lihros Itnjui-,
statualur, vcl amissionis librorum, vd nivdi astrologiw jadiciariœ, divinalionum
alia, et
arbitrio corumdein rpiscrporu:n , snrtilerjiormn, rerumque aliarum in eudsm
vel inqui-^ ré-
sitorum, pro qualitate contumaciœ, gula expressarum, procedi potest, non modo
vel de-
Iicli. per tpsos epi'icopos et ordinariof, sed elimn
Cirra vero libros quos Patres per inquisitores locorxim, ex Coustit.
depulaii rcc. fel.
auî exan)inarunt, aut cxpuri^andos Iradi Sixli papœ quinii contra exerccnles ustrolo-
o-
runt, aut certis condiiionibus, ut rur-us ytœjwhcinriœ ariem, et alia quœcunque diri-
ex-
cuderenlur, concesserunt.quidquid illos nationwn gênera, itiirosque de eis teqrntcs, „c
sla-
luisse consliterit, tam tenentfs, promultjnta, subDnt. Bomw apud
bibliopolas quamcœleri
observent. Sanctuin^ J'elrum, anno incamut. JJomini
Uberum tamen episcopis aut inquisi-
sit MDLXXXV nonis Jannarii, pontilicntus siii
toribus geiieralibus, secundum lacullalem anno prtmo.
quam habent, eos etiam libros, .jui bis re- DC TIlAUmn ET ALIIS LIBRIS nEBR.tOIUU.
gulis pcriiiilli videnlur, prohiberc, si
hoc in Qiiamvis in Indice prœdicti PU
suis regnis, aut prou.iciis, vcl prpoe
diœcesibus quarti Thalinud Ilehrœorum, ejuu/ne
cxpedirc judicavcriiit. ijlussœ
annotationef, intrrpreiationes et expofiiiune's
Cœtcruiii noinina cum librorum qui
a Pa omnis prohibeantnr; sed
"".•'" %"',""""'''"'
tribus d..pulalis purgali .unt '^C quod,
q"od, si uhs/ue
uhsp.e no-
no~
tum r ..„rn
quitus
qui'jiis
rumdem
ilii
illi bancVrc^nciam
banc, rovinciam dederunt, co
i delZr'^ '1'"!,^ "'^^"'"' :,^'/'"« i'<juri,s, cC,ulun,niis
ai religtonem ChnsOanam ntiquando
prodiii-
defiulalorum s.'creiarius nniario srnt, lolcrarentur
sarraî uiiiver.salis inquisil.onis Romnnœ : quia tamen snnctissimus
de- domtnus nosler dominus Clemens papa Ylll
scripia, santtissimi domiiii iio>tri
jussu Ira- persuam constitulionem contra impin scripta
d.it.
et libros fleljrœorum sub Dut.
Ad exiremuw vero omnibus fidelibus prœ
Komœ apud
cipilur, ne quis audoal contra
S nctutn Petrum anno incarnai.
"î'"'""'"- Dnmini
'»""">»
b.irumrôffn Afn\'r', pndiekat.
'^"^^^''^ ,,""i?
larum pra^scriplum, aut Martii, pontifiratus siii
,u us I c s nn m'
bilionem, libros alunu, " /" ''"'"''" '""' '^'"'"''«''. «''/»'' damna-
'iore h^l oiô"
Quod si qnis lil.r .s h J ^ .Cru "
' '"7" "'' '"' P^opt^rea uila-
vel on V\ ''"^'T ",7'
jusvis auoloris scripta Vl ha rês ''" (o>^<'itionil,Hs perr.il-
vli^h m '/
/" V^'
lalsi dogmatis suspic
i cionem
one, uamuata,
a mat,' atquc
a.m.>
"'''
? '.'''^'•"«" '
presse statua et vult ut liujusmodi
''''' -^pecialiter
impii thaï*
et rx^
9!î; DICTIONNAIRE DES HERESIES. 916
mudici, cabalistici, aliiqiu nefarii Hebrœo- natœ leclionis sint, cognoscere (quodlndice^
ritm libri omnino damnati, et prvhibiti ma- et regiilis confectis per Patres a generali
neant et censeanlur ; alque super eis, et aliis Tridenlina synodo delectos, preecipue sanci-
Ubris hujusmodi prœdicla constitutio perpé- tura est), nisi illud eliarn caveatur ne vel
tua et inviolabililer observetur. iidem denuo pullulent libri, vel sirailes alii
DE LIBRO UAGAZOR.
emergant et propagenlur, qui incaulas Gde-
lium mentes occullo veneno inFicientes, justa,
Ad hœc sciant episcopi. ordinarii et inqui- ac mérita, damnatione digni judicentur.
sitores locorumjibrttm Magazor Hebrœorum; Ut igitur quicunque postliac, seu veteres,
qui continet pariein ofpciorum et cœremonia- seu novi libri eilenlur, quam maxime puri,
rum ifisorum, et Sijnugogw, Liisitanica, His-
et tam in iis, quœ ad fidem, quam quae ad
panica, Gallica, Gennanica, Ilalica, nul qita-
mores peitinent, incontaminati existant;
vis alla vulgari lingua prœterqunm Hebrœa,
quid circa nialorum librorum interdictionem,
tditum, jamdiu ex speciali décréta rcitionabi-
ad eos penilus abolendos, tam ab episcopis
liter prohibilum esse. Idcirco provideatit, il-
et inquisitoribus quam a cseleris, quoru .1
lum nullalenus permitli, otit tolerari debere, ad il in Ecclesia Dei studium valere, et au-
nisi Hebraica lingua prœdicta.
ctoritas potest; (prœler ea, quse Tridentino-
rum Patrum re^îulis supradictis décréta sunt)
OBSERVATIONES publica uli!itas exigat, capitibus infua posi-
D BKGULIU DECIMAM aLEXANDRI PAPiE VII tis, diligentius sancitur, iisdemque slaluitur,
posterum, tum ab iisdem
lUSSU ADDlTiE. qu% omnino in
episcopis et inquisitoribus, aliisque, ut prœ-
Obtervandum e-^t circa regulam decimam, fertur, in malorum librorum interdiclione,
quod degenles in stalusedi apa>tolicœ médiate, et abolitione, tum a correctoribus in libro-
vel immédiate subjecta non pussunt iransinil-
rum, ac cœlerorum qiiorumcunque scripto-
tere libros a se compositas, alibi imprimen-
rum correctione, atque emendalione, tum a
dos, sine exprcssa approbaiiane, et in scriplis
typographis in ipsorum librorum iuipres-
eminenli:<si!iiif ac revrrendissimi D. cardina-
sioiie (pœna pro arbilrio episcopi et iuquisi-
lis sanctissimi damini nosiri vicarii et ma(jis-
toris adversus eosdem typographos consti-
tri sacri palatii, si in Urbe; .-i vero extra
tuta] inviolate sunt observanda.
Vrbem existani, sine ordinarii laci illiut,
«lee ab his deputatarum facultate, et licentia De Prahibitione librorum.
operi iiifigenda.
Qui vero super imprefsianem lihroru n, or-
§ 1. — Lurent
episcopi et inquisitores, ut
slatim atque hic Inde\ fuerit publicatus,
dinariam, aut delegatam aucloritatem exer- eorum jurisiliclionesul)jecliadipsosdescri|jta
cent, dent operam, ne ad examen librarum
singillatim defer.mt nomina librorum om-
hujusmodi, personis affectai auclorum quo-
nium, et singulorum, quos apud se in eodem
modolibet addiclas , prœsertim vero prapin-
indice prohibilos quisque reperiet
quitate illos, aut alia,qunntumvis a longe pe-
AI hujusmodi vero libros sic significandos,
tita ea sit ivcri et sinceri judicii corrtiptiice)
infra certum teinpus ab episcopo vel inqui~
necessitudine contingentes admitlant : super
silore prœscribcndum, omncs cujuscunque
omnia autem ab oLlatis sibi in hanc operam grailus et conditionis essiitt'rint, sub gravi
per eosdem uuctores censaribus caveant; sed pœna, eorum arhitralu indigenda.teneanlur.
lis demum utanlur, quos doctrina, murum-
Homse vero ha-c omnia, certo a se, propo-
que intigrilate probatos, ab omni suspiciane silis ediclis,praescribendo lempore, praestari
gratiœ iutnctos, ac, si fier i putest, auctoribus curabit sacri palatii magister.
ipsis ignotas, et iitiius boni publici, Deique
gtoriœ siudiosos cagnoverint. Qua vero ad
;;II. —
Si qui erunl qui librum unnm, aut
plures ex prohibilis, qui ad prœscriptum re-
auctores regulares, cujuscunque ordinis, et
guiarum permitli possunl. certa aliqua ex
inslituti sint, illud prœtcrea observandum, tit
causa polestatem sibi retinendi, aut legendi
ne earuin scripta, vd opéra aliis ejusdem in-
fieri ante expurgationem desiderent, conce-i
stituliregularibusexatninandacommittantur,
dendœ facullutis extra Drbem jus erit pênes
sed alterius ordmis, et instiluti viri pii, docti-
episcopum aut inquisilorem Romœ, pênes
;
que, et a parlium studio, alque ab amoris et
magisirum sacri pilalii.
odii stimulis prorsii< remoti eligantur : per manu
Qui quidem gratis eam, et scripto
hac iiutem non totlitur, quin intra eorumdem
sua subsignalo tribuent, de triennio in trien-
regularium ordinem, per religiosos ejusdem nium renovandain; ea in primis adhibita
ordini$, superiurum suorum jussu, prœfati
consideratione, ut nonnisi viris dignis, ac
libri examinari debeant.
pielale, et doctrina conspicuis, cum deleclu,
ejusinodi licenliam largianlur; iis autem in
Ii>STRUCTIO primis, quorum sludia ulilitali publies, et
rtO us, QUI LIBRIS TL'M PROHIBENDIS, TCM EXPURGANDIS, sanclœ ratholice Ecclesiœ usui esse, com-
TDM ETIAM lUPRISlENlllS, DILIGENTEU, AC FIDELEM, pertum habuerint.
UT PAB EST, OPERAM SCNT DATURl. Qui inter legendum, quœcunque repererint
aiiTmadversione digna, nolalis capitibus et
CLEMENTIS VllI foiiis, significare episcopo vel inquisitori
ADCTORITATE REGDLIS INDICIS ADJECTA. tcneantur.
conservalionem non § III.— Illud eliam catholicae
fidei conser-
Ad Fidei catholicœ
satis est, quinam ex lam edilis libris dam- vandae nécessitas extra Italiani, maxime cum
INDEX LIBRORUM PROHIBITORUM. 9iS
ab episcopis lum
a publicis
et inquisitoribus, Quae autem correctione atque expurgations
universilalibus, omni doctrincp lar.de (loren- indigent, fere haec sniit quœ S' quuntur.
tibtis postulat, ut eorum libroruin indicem Pro|!o«itionos ha^rcticae, erronpae, haeresini
confici et publicari curent, qui pcr eorum sapientes, srandalosa», piaruin aurinmoCfen-
régna alque provincias, hirrolica labe in- sivœ, temcrariœ, schismaticœ, sediliosae et
fect! , ac bonis nioribus conirarii vagantur, blasphem;e.
sive illi propria nationis, sive aliéna lingua, Quîe contra sacramentornm rUns el cœre-
conscripti fiierint. monias, contraque recoptum usum et con-
Utque ab eorum lectione, seu retentione, suetudincni sanclœ Romance Ecclesiœ novi-
rcrtispœnis, ab eisdeni episcopis et inquisi- tatem aliquam inducunt.
toribus propositis, eorumdeni regnorum, ac Profanœ etiam novitates vocum ab haere-
provinciarum homincs arceaiit. ticis excogitalae, el ad l'allendum inlroduct».
an ex doclnna, locisque
dili-'pntia, quorum muneris erit faculialem liliros im-
cnlhilis, rjiisdem piimendi conccdere, ul eis examinandis
aiK-|..ns senlcntia difficilior illustrari- ac
spei laU-e pi.lalis et doclrin.-p viros
mens ejus pl.inius explicari possit. adhib.anl
de quorum fi.le et in'eu'rilaie silii
§ V. —
Poslqii;im (ode\ expurçatorins queanl, nihil eos gralim daluros, nihil
pollireri
confeclus eri(, ac mandaio episcopi ei odio
in(|ui- sed omni hnmano affeclu
silons impressMS, qui libros poslhahilo Dei
expurgandos (lunlaxat gloriam speclaluros el
,
nuosil iuipiimendus,pra;feralliiulo
Ulramque autem concessionem, quœ ap- inscrip-
parent ad princ pium operis imprimi
tum noinen aucloris cum nola <laninaliunis
faciant.
III.
i5 —
Curent episcopi et inquisilores
.
ul(|u,imvisqiioadaliqua liber recipi, auctor
tamen repudiari inlelligaliir.
pœnis eliam proposais, ne impressuriara
ar- In ejusdem quoque
lem exiMceiiles, obscenas imagines, libri principio, tum
tur- veleiis |)rohibilioiiis ,
pesve, eliam in grandiusculis litleris lum .ecenlis emeiida-
i'mp;i- lionis, ac [lermissionis nu-nl
nii consuelas in librorum deinceps impres- o fiai; exemi.Ii
,
gralia: Bibliotheea a Conrado Gesnero
sione appoiiant. Timi^
Ad libres vero qui de rébus ccclesiaslicis rino ,
damnât auctore , otim edila ac prohi-
btta 7ninc jussu superiorum expuraala
aul spiritualibus conscripli sun(, ,
" el
ne charac- permissa.
teribus grandioribus utanlur, in
quibus ex-
presse appanal alicujus rei
profanœ.nedum BENEDICTI PAPyE XIV CONSTITUTIO
turpis, oliscen.eve species.
Qui eliam invigilabunt snnimopere OUA METHODOS PR^SCRInlTCR IN ETA^HNE,
ut in ET PROSCn[pilO-<B
SMigulorum impressione librorum LIBRORCM SERVANDA.
nomen
impressoris, locus impressionis
, et annus
BENEDICTUS EPISCOPCS
quo liber impressus est, in principio SERVDS SERVORLM DEI
ejus
atque in fine adnoletur. AD PERPETCAM REI MEMORIAM.
§ IV.— Qui operis alicujus edKionem
pa- Sollicita ac provida Romanorum
rât integrutn ejus exemplar exhibeat ponlifi-
,
epi- cuni prœderessorum noslrorum vigilanlia
scop vel inquisilori id ulii in
,
rerognoverint
:
eam semper curam incnbuil, ut Clirisli fidè-
probaverinique, pênes se relineant.
Romœ quuli-min archiiio niagislri sacri'Quod
pa-
les ab eorum librorum leclione
aveiterel,ex
quibiis incauli.ac simplices delrimenfi
lalii extra Urbem vero, in lono qu'id-
;
idoneo piam capere possent, imbuique opinionibiis
qiicm episcopus aut inquisitor
elegerit ' re- acdoclrinis, quœ vel morum inlegrilaii
servetiir. vel ,
!)-21
INDEX LIBRORUM PROHIBITORUM. 0»
tum peronctum.de votilœ leolionrs libronim quas deinceps libroram examen, judi-
jiixia
Indice confiriendo.alquc vulç^ando, non ab- ciumque peragatiir; lamelsi plane alfirmari
solvprenl solurn a^iuo perfirercnt, sed sa-
, possit, idipsum jainpridem, vel eadem pror-
pienlissimis rtiam decrctis an ren;ulis com- sus ratione, vel alia œquipollenli constan- ,
munircnt. Quod quidem nogolium aposlo- ler artum fuisse.
lica sedes coiitinenter urfret ac promovel Porro Romanpe universalis Inquisilio-
3.
; §
ad ici deput;itis duabus sanelae Romanœ Ec- nis congregalio ex pluribus constat sandje
clesiœ cardinalium con^regatlonibus qui- Roti.ana! Ecclesife cardinalibus a summo
,
bus onus in juirendi In pravos noxiosque quorum aiii sacra; Ihiolo-
poiililice dolcctis,
libros imposilum est cognoscendiqiie qui- givO canonici
alii juris doclrina
,
, , alii eccle- ,
bus emendalio, cl quibus proscriptro deb^a- siasiicarum rerum peiilia.muncrumque Ro-
tur. Id muneris rongregalioni quidem Ro- manœ curi.e exercitalione prudeniiœ de-
manœ universalis inquisilionis a P.iuId IV mura,ac probiiatis laude, conspirai haben-
,
commissum perhiheiit , idqne ndhuc ab ca lur. His adjungitur unus ex Romanœ curiœ
exercer! pergi(,ij|ii de libris ad cerla rcrum pr.x'Siilibus, quem assessorem vocaiil ; unus
gênera pertincnlibus juiiicandum occurril. eliam ex oïdine Prœdicalorum sarrœ the ilo-
Certum est auSem, sanctiim Pium V primum gi.!' magister, quem comm ssiirium appel-
fuisse congrrgalioiiis liidiris insliiutorem lant; cerlus pi;eterea consullorum nuiiierus,
,
quam subséquentes doinde ponlificos fire- qui ex utrdque clero sœculari ac regulari
Korius XIII , Sixlus V et Gieinens VHI cnn- assnmunlur;alii demum pra>stanles dodrina
finnarunt, variisquc privilegiis et facultali- viri qui a congregatione jussi de libri len-
,
nos ipsi plane perspectum, ac diuturna ex- rumque ralionc sibi de illo cognosiendum
pcrientia coiiipertum babemus ; nam in mi- esse arbicrelur; nos, inhœrentes decrcio lato
noribus conslituli de libris nonnullis in ei
, ab eadem congregalione feria quarta kalen-
censuram lulimus, consulloris ejuvdemet dis Juliianni millesmii septingentesimi quin-
congregalionismunere diu perfuncli sumus; quagesimi , alque a nobis confirmalo feria
poslreuio inter saiiciw Uomanœ Ecclesiaî quinla insequenie hac ratione et melhodo ,
cardinales cooplali inquisitoris seneralis
, judicium instilui mandamus.
Jocum in ea obtinuinuis; ac demiim ad apo-
§ V. Primo nimirum uni ex qualificalori-
stolicam sedcni mrrilis licct imparibus
, bus, aul consulloribus a congregalione de-
,
evccti ,
non modo censorum animadvcrsio- signando, liber tradalur quem is attenio ,
nes in libros nonuullos aliquando légère ac animo légat ac diligemer expendat lutn
, ;
pondcrare sed eti.im in congregationibus
, censuram suam scriplo consignet, locis in-
,
qu;e singulis feriis quinlis coram nobis ha- dicalis et paginis in quiDusnoiali rrores
, >
bentur, cardinalium seiitenlias atque sulTra- conlincnlur. Mox liber cum animadversio-
gia, anlcquani de iisdem libris quid décerna- nibus revisoris ad singiilos consullores mil-
lur, audire et excipere consuevimus. Haud tatur qui in congregalione pro more lia-
,
niinoris diligentia; leslimonium ferre benda singulis feriis secuiidis in a>libus
possu-
miis , adeoque debemus, pro altéra congre- sancli onicii,de libro et censura senttnli.iin
galione Iiidicis
cui generalitor incumbit
, dicant ipsa deinde censura , cum libro , et
:
nisi audito coiigregalionis sccrelario, qui li- Irio judicium omiie ab>olvelur.
bri maleriem, reviNorum ci nsuras, cardina-
§ 5. Cum aulem sit veleri in>.titulione re-
lium ju(licia,e( sulTragia accurate nobis ex- ceptum.ut aucloris catholici liber non unius
poiieret. lantum relatoris perspecla censura illico ,
Sed quoniam compertum est nobis,
2.
§ proscribatur ; ad normam pra;laii decreti
al(iue exploralum multas libroiumpro-
, mensis Julii anni millesimi septingentesimi
scnpliones, prascrlim quorum auctores ca- quiuquagesimi volumus eam consueludi-
,
nierilo, aliisque circumslanliis Iribuendum non ila crebro convocari soleat, ut altéra
censeat,Iibri judicium coram seipso in con- sancli OfOcii congregatio, quee ob causarum
gregalione feriee quintae habendum decreve- el negoliorum multitudinem singulis heb-
rit ;
quod sœpe a nobis faclum fuit , et quo- domadis ter haberi consuevii illius prop- ;
lies ila espedire judicabimus in posterum , lerea secretario peculiare munus , et ofû-
quoqne Gel ; tune salis fuerii exhibere pou- cium recipiendi librorum denunliationes ut ,
lifici et cardinalibus libri censuras et con- fieri jam anle consuevii, conimiltimus et
suUorum sulTragia, omisso examine congre- demandamus. Is aulem a libri deiatore per-
gationis feriœ quarlœ, ejusque rclatione, cunclabilur diligenler, quas ob causas illum
quam per assessorem pontitici faciendam prohiber! poslulel, lum librum ipsum haud
diximus nam cardinalium suilragiis coram
: perfunclorie pervolvet, ul de propositae ac-
ipso pontlBce ferendis alque hujus deQni- , cusationis subsislenlia cognoscat duobus ;
tira sententia, vel alio opportuno consilio in eliam in eam rem adhibitis consultoribus, ab
eadem congregalione capiendo, res absolve- ipso, prœviasummi ponlificis, aul cardinalis
tur. praefecti, vel ejus, qui praefecti vices supplel,
§ 6. Altéra quoque Indicis congregatio approbatione eligendis quorum collato con-
:
plures compleclilur cardinales ipsi a ponti- silio, si liber censura et nota dignus videa-
fice ascriplos, iisdemque dolibus prœditos, tur, unus aliquis relalor ad ferendumde eo
quibus sancli oflîcii cardinales pollere so- judicium idoneus, illius nempe facultatis, de
ient; cum eliam eoruin aliquos ulraque m qua in libro agilur, perilus, eadem quam ,
congregalione locuin habere conlingal. Ex nuper inuuimus, ratione eligendus erit, qui
iis unus ejusdem congregalionis prœfeclus scriplo referai animadversiones suas, anno-
exislil assislens vero perpeluus est maifis-
-, lalis paginis , quibus singula ab ipso repre-
tersacri palatii secretarius aulem, a prima
; hensa conlinentur. Sed anlequam ejus cen-
congregalionis inslitulione usque in prœ- sura ad cardinalium congregalionem fera-
sentem diem, ex ordine Fratrum Prœdicato- tur, haberi volumus privalam consullorum
rum a summo ponlilice pro tempore eligi congregalionem, quam olim parcam dixe-
consuevii. Sunl prœlerea ex u troque clero riini, nos aalem pi œpar ai or iam vocabimus,
sœcuiari,et regulari ejusdem congregalionis ut relaioris animadversionibus ad librum
consullores el relalores selecti et quidem, ; coUatis de earum pondère judicium liai.
,
ubi aliquis librorum relalioiies coram con- Hujusmodi congregatio semel omnino sin-
gregaliones semel bis tertio laudabiliter , , guli mensibus
. aut eliam saepius, si opor-
,
rogare solet.ut ejus auctorilate in consullo- convocanda erit, vel in suis cubiculis vel ,
ejusdem sa nclae Romanœ Etclesiœ bibioihe- ter secrctarium ipsum, cujus parles eruutin
carii el dictœ congregalionis prœfecti , qui
, tabulas relerre consullorum senlenlias ,quas
pari prudenlia et doctrina suum nobis sen- di'inde ad congregalionem cardinalium mil-
sum stripto declaravit; verum eliam anli- let cum
relaioris censura. In generali de-
quiorcs aliquoi ejusdem congreg.iliouis con- mum congregalione omnia illa servari de-
sullores coram dileclo filio Josepho Augus- bebunt, quae superius slatula sont pro con-
liuo Orsi, ordinis Praedicalorum , tune ip- gregalione sancli ofOcii circa librorum exa-
, ,,
,
bit, quoties hœc libriim aliquem proscriben- demptis demendis in publicum prodesse
,
duni , aut emendandum censuerit, ejusdem posse digiioscatur, vi auctorem ipsum suam
\
nonnulla hoc loco adjungenda judicavimus, galione sancti officii agebamus, eidem nos
eideincongregationi potissimuru usui futiira, semper interfuluros recepimus, quoliescun-
quœ lamen ab altéra eliam coniiregatione que de libro, cujus materia gravioris mo-
sancti officii, dum in hujus quoque generis menti sit, judicium agatur ; quod eril nobis
causis se immisce!,, ubi similes rerura cir- racillimum, cum eadem cons;regatio qua-
cumstantiœ se offerant a-que observanda
, libet feria quinta coram nobis habeatur sic ;
corrigalur, seu Donec expurgelur, si locum examen adducilur, quo récite murum régula
Iiabere possit, nec grave quidpiaui obslet labefaciantur, ac vitiis , et corruplelis fo-
quominus in casu de quo agitur, adhiberi menta prœbentur. lu bis enim casibus ne
valeat. Uac autem conditione proscription! iilas quidem, qaas supra scripsimus. accu-
adjecta, non statini eilatur decrelutn , sed ratiores cautelas adhibere necesse erit sed ;
suspensa illius publicatione, res anlea cum htcretico dogmale , vel pravo moris incita-
auclore, vel quovis altère pro eo agente et mento semel comperto proscriptionis de- ,
rogante, communicetur, atquo ei quid de- cretum illico sanciendum eril, juxta primam,
lendum, mutandum, corrigendumve fuerit, secundam, et septimam Indicis régulas, sa-
indicelur. Quod si nemo auctoris nomine crosancli Tridenlini concilii jussu éditas
çompareat, vel ipse, aut aller pro eo agens, alque vulgatas.
injunclam correctionem libri delreclet, con- § 12. Cum in prœlaudala congregalione
grue defînito lempore docretum editur. Si sancti officii severissimis Icgibus caulum sit,
vcroiilcm auctor cjusve precuralor
, coii- , ne de rébus ejusdem congregalionis quis-
grcgatioiiis jussa fecerit, hoc est novam in- quam cum alio extra illam loquatur; nos
stitucrit libri edilionemcura opportunis ca- banc camdem silenlii legem a lelaloribus ,
quid pro se ipso, aut pro doctrina; sua- de- pari cerle de causa, prœstare oporlet hujus
fensione potuissi t auctor atTerre, id minime nostiiB congregalionis revisore» et consul-
a censoribus, aut judicibus i; noratuni ne- tores, ('.unique eos omnes, qui nunc liujus-
glectumve luissc. ^ihilo lamen minus, quod uiudi munera obliuent, taies esse non iguo-
•tepe alias , summa iequitatis et prudcnliae remus , oplandum speranduuique est, non
raiiuue, ab nadoui coagregutiouc factuui absimiles dcinccps luturos ,
qui ad id eli-
937 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 'J28
ruplo aCTeclu, ab oinni partiuin sludio, pcr- esse opininnes, qu;e uni schoUe, inslilulo,
sonariimque acreplione aiienos quiœquita- ;
aut nation! cerlo cerliores videntur, cl ni-
tem liliertatemque judicandi, cum pruden- hllominns, sine uilo fidei aut religionis dé-
lia et verilalis zt'io conjungnnl. Cum aulotn trimento, ab aliis catholicis viris rejiciunlur
eorum numenis nunc certus et constilutus atque impu^naiitur, opposilœque defendun-
non sit; ab ejusdem consiregationis cardina- tur, sciente ac perDiillenle aposlolica sede,
libus consiliiim exspeciabimus alque capie- qus; unaiiiqu;'mnue opinioneni bujusmodi
mus, nuni euni pro futuiis tcmporibus défi- in suo probabililatis gradii relinquit.
nire oporteal vel expédiât: hoc lamen jam
, 18. 1\". Hoc quoqiio diligenler animad-
§
nunc ileceriientes, qualenus eorum nuiiierus verlendum monemus. hnud rectum judicitim
definiatur , ut tani relatores, qu;im consul- dn vero aucloris sensu fieri posse, nisi omni
tores, ex utroque ciero saeculari nompe et, ex parle illiiis liber legaUir (jusque diver-
;
to'e electo, ex ipsa libri leciione depreben- aliorum inventa et cogilaia, exponuniur et
daiur; noveritis, se nequc apud Ueum, ne- referunlur, alisque eo quod anctor, qui opus
que apud homines culpa vacaturum, nisi suuin pravis bujusmodi mercibns oncrare
(juamprimuni id congre;.;ationi aut secre- s.itegit, ea refutandi curam in se reripiat.
tario aperial, seque ad fcrend.im de hujus- Putant vero, qui lalia agunt, nulli sese rc-
modi libro censuram minus apium profes- prebensioni aut censurje ohnoxiosesse, prop-
sus, alium magis idoneuin ad id muneris sub- terca quoil de alienis, ut aiunt, opinionibus
rogari curet quo lantum abest, ut exist-
: nibil ipsi alfirmenl, sed historiée ;ig m'. At
niaii^nis suaî dispendium apud pontilicem quidquid sit i!e eorum animo, et consilio,
et cardinales passuîus sit, ut magnam po- drque personali in eos animadversione, de
lins prohiiatis et candoris opinionem et lau- qua viderint, qui in tribun.ilibus ad coer-
dcm ^ibi s;t conciliaturus. ceiula criinina insiitulis jus dicunt; dubilari
§ 17. De \aiiis opinionibus, atque
I.I. cerle non potest, magnam cjusmudi libris in
stnientiis in unoquoque libro (Ontenlis, ani- Cbrjslianam rempublicam labem ac perni-
rpo a piœjudiciis omnibus vacuo, judican- cicm inieiri; cum incaulis lotloribiis \e-
duni lami-
sibi esse sciant. Itaiiue nalionis, nena propinent, nnllo exbibito, vel paralo,
liœ, scbolœ insliluli aUectum cxcutiae.t
, ;
quo prîeserventur antidolo. ^ublilissiniuin
,
sludia Itanium seponant; Eiciesiœ sancta; hoc bumance malilire inventum, ae nnvnm
dogmala, et communem catholicorum doc- seductionis genus, quo simplicium mentes
trinam, quœ cunLiliorum generalium decrc- facile implicanlur, quam diligenlissime re-
lis, llomanorum ponliQcum conslilulionibus, visores adverlant ac censur.e subjieiani;
et prthodosorum Palrum atque doctorum . ut vel bujusmodi libri, si aliqua ex ipsis capi
—
possit iililitas, çmendonlur, vel iii velilo- bea'ijicanlem anliquos doctores, proba qunlis
rum Indici'in omnino referanliir. sit circa siios doclores ; si enim îHos cum
§ 22. In ea, quain siiperius laudavimiis, quibus vicit sustinet et honora!, sine dubio
pradccessoris iiosiri Clemenlis pap;e Vlll, itlos, si cum illis vixisset, honorasset : si au-
Insl.i'uclioiie, Til. de Currect. lib. § '2, sapien- tcm suos conleinnil, si cum illis vixisset, et
Ijssiine cauluin legilnr, ut qitœ famœ proxi- illos c intempsissct. — Ouaiiiobrem firmum
inoriim , et prcrserlim ecclesiasticorum et raiumque sit omnibus, qui adversus aliorum
priiicipum detrahitnl, bonisque morUtus et senicntias scribunl ac disputant , id quod
Chrisliunœ disciplina! sunt contraria, ex- graviter ac sapientcr a Ven. servo Dei prœ-
pungantur. Et paulo posl Faceliœ eliaiii,
: deces>oie noslro Innocenlio papa XI prœ-
aut dicteria, in perniciem , aut prœJHdiciuin scriptum est in decrelo cdito die secuuda
fiimœ, et exiflimatiunis aliorum jactaln, re~ Mariii anni mille^imi sexcentesimi seplua-
pudientur. Utinani vero in aspeclum , lu- gesiiiii noni : —
Tandem, inquit, ut ab inju-
ceniqne iiominuni libri pjusinodi in iiac riosis contentionibus doctores, seu schnlastici,
lemporum licentia cl pravitale non efferren- aut alii quicunque in poslerum abslineani ,
lur, in quibus dissidentes auclores mutuis ut paci et charitati consulalur, idem sanclis-
se jurgiis coiiviciisqiie proscindunt : alio- simits in virtute sanct v obedicnliœ eis prœci-
rum opinioni's nondmii ab Ecclesia damiiii- pil, ut lam in libris impriinendis ac munu-
las censura persiriiigunt, adversarios eo- scriplis, quant in thesibus ac prœdicationibiis,
ruinquc scholas, ac cœtus sugiilanl, et pro cavea/it ab omni censura et nota, nec non a
ridicuiis ducunt, niagno equidoni l)onuruin quiljuscnnque conviciis contra eas proposi-
scandai. ), hœrelicorum veio conlemptu, qui tiones, quœ adhuc inter cathoiicos contro-
digladianiibiis inter .so calbolicis, stHiue niu- vertunlur , donec a snncla sede recoynilœ
luo laceraniibus, plane Iriumphant. Elsi vcro suit, et super ris judicium proferatur. —
(jeri non posse iiitelliganius, ut dispiilationes Cohibeatur ilaquc ea scriptorum licentia,
oiiiiu'S e niundo lollanlur, prœMTlim cum qui, ut aiebat Augusiinus lib. xii Conf. cap.
libroruni nunicrus oniinentcr augealur
(
; 2o, num. oV, sententiam suum atnanles, non
faciendi enim plitrc:' librvs nullus est finis, ut quia vera est, scd qu,ia sua est, aliorum opi-
est apud Ecclesiaslen co^. xii; coniperlum n:ones non modo improbant, scd illibcrali-
prœlerea nobis sit, niagnam aliquando uti i- ter etiam notant alque Iraducunl. Non fera-
talem ex iiscapi posse; nioduni lanien in de- lur omnino, j.rivaias sentenlias, veUili cerla
fendendis opinionibus et Chrisliaiiaiii in
, ac definita Ecclesi;c dogmala, a quopiam io
scribendo niodeiaiionem servari nierilo vo- libi is obtrudi, opposila vero erroris insimu-
luiniis. Non inutititer (iiiquit Aiiguslinus in lari ; quo lurl œ in Ecclesia excilantur, dis-
Enchirid. cap. iJ'J prope finein) excrcculur sidia inter doclores aul seruntur, aul foven-
ingénia, si adliibealur discept ilio inoderata, lur, et Cliristianfe charitatis vincula persœpe
et ubsil error opinaiitium se siire quod ne- abrumpunlur.
sciunl. Qui veritalis studiuin, et purioris duc- § 2i. Angelicus scholarum princeps, Ec-
Iriiiie zelun), (|Uo suarucn scriptionuni nior- clesiieque doctor S. Tbomas Aquiiias, dura
dai'ilalein cxcustnl, oblenilere soient, ii pri- tôt conscripsit nunquarn salis laudata volu-
niuni iiitelligant, non minorent habondarn niina, varias neces-ario oITendit pbilosopbo-
veritalis, qnain evnnijelicœ mansuetudinis, ruui Iheologorumque opinioncs.quas veriiate
et Chrisliana; cliaritalis ralionem. Cliaiilas impellcnte refellere debuit. Cteleras vcro
autum de corde pure, patiens est, benigna lanii docioris laudes id mirabiiiler cumulât,
est, non inilalur, non œmulatur, non agit quod adveisariorum nemniem parvipendcre,
perperani, (ulque addil idem Augusliiius lib. vellicare aut traducere visus si', sed omnes
contra Lilteras Peliliani ca[). 29, ii.3IJ sine clficiose acperbumaniler dernercri nam si ;
superbia veritatc prœsitmil, sine sœvilia pro quid durius, amliiguum obscurumve eorutn
veritate certat. Ha'C niagnus ille non veritalis diclis subessct, id leniter benigiieque inler-
minus quain cliaritatis doctor, et scripto, et pretando emulliebat alque explicabat. Si
,
opère praimonslravil. Nain iu suis adversus aulem rcli^ionis ac fidei causa posluiabal,
Alanicliieos, l'elagiaiios, Donatislas, aliosquc ui eorum senlenliam exploderet ac refuta-
lam sibi <|uain Ecclesia) adversantes, assiduis ret. lanta id pnestabat rmideslia, ut non mi-
conflictalionibus , id semper diiigentissime iiorem ab iis dissentiendo, quam calbolicaiu
cavit, ne queinpiam euruin injuriis, aul con- verilaleni asserendo, laudcm inererelur. Qui
viciis lideret at(iue cxasjjeraret. Qui secus lam exiniio uli soient, ac gl.iriari magisiro
scribendo, vel dispulando fecerit, is profecto (quos magno numéro esse, pro singuiari
nec verilaleni sibi prsRcipue coidi esse, nec noslro e-ga ipsum eullu sludioque gaude-
cliaritalcni siclari se oslendit. nins) ii sibi ad louiulandurn proponanl lauli
§ 2:). Ii quoquc non salis idoneain jus- docioris in scrincudo moderaiianem, bones-
lanique cscusalioncm afferre videulur, ((ui tissimamquc um advers iriis agendi dispu-
(
ob singulare, quod prolilentur, erga velcres lanJiiiue ralionctn. Ab hanc ca'teri quoquc
doclores sludium, eam sibi scribeudi ratio- scse compoiiere studcant, qui ab ejus scbola
ncm licere arbiiranlur; nam si carpere no- d iclrinaque receduiit. S anclorum enim vir-
vos audeant, l'orle ab Uedendis veleribus sibi lules omnibus in exemphwn ab Ecclesia pro-
minime IcDiperassent, si in corum (einpora posita- sunt. Cumquo aiigelicus doi lor san-
incidisscnl quod praeclare animadversum
; cluruin aibo ascriplus sil, quanquam di~
estab auctorc Operis imper fecti in Mallhaium versa ab eo sentire liceal, oi lamen contra™
Hom. 1^2: Cum audieris, iuquil, aliquem nam iji agendu,ac dispulando raliuueui inirc
931 DICTIONNAIRE DES HERESIES. Û5t
omiiiiio non licet. Nimiuiii interest publiciB comprehensiim, cxoritor dubinm, intelligi
tranquillitalis, proximiorutn œdificalionis et possit utrum inler prohibltos sil compu-
charilatis, ut e c;Uholicorum scripiis ali- tandus.
sit livor, arerhilas atque scurrilitns, a Chri-
stiana institulionc ac disciplina, et ab omni
§ 1". — Libri ab hœreticis scripti, vel editi,
aut ad eos, sive ad in&deles pertinentes
honeslale prorsus aliéna. Quamobrem in
prohibiti.
liujusniofii scriplorum licentiatii ;;raviter pro
munere suo lensuram intendant revisores 1. Aqenda, seu formulœ precum, aut officia
gnutur, vel quoniodolibet approbatur, aut de- lur omnimoda œqualilas inter S. Petrum et
fenditur. S.Paulum, sine subordinatione S. Pauli ad
6. De constitulione Unignnilus démen- S. Petrum in potestate suprema universalis
tis XI libri, afiaque scripia,in quibus illa sub- Ecclesiœ.
dole e'uditur, lemere carpitur, aut contemni- 12. De vera et non interrupta successione
tur et irnpugiialur filiorum S. Franrisci, et de ver-a forma capu-
Item Libri, sive libelli vel scripti, vel typis tii ejusdem libri omnes imprefsi, et qui incon-
editi, aut cdemli in defensionem libri in- sulla sacra congregatione imprimentur , trac-
scripli : Le Nouveau Teslament en fr.inçais, tantes hanc eumdem controversiam.
avec des Uélli'xions morales sur chaque ver- 13. Pasquilli omnes ex verbis sacrœ Scrip-
set, aut alio titulo : Abrégé de la Morale de turœ confecli.
l'Evangile, etc. Ilem Pasquilli omnes etiam manuscripti,
Item Aclus, sivcinstrumentaappellationum omnesque conscriptiones, in quibus Deo, aut
qu'icunque aconslilulione Uiiif;eiiilus ad con- sanctis, aul sacramentis aut cathollcœ Eccle^
,
cilium générale ; iiec non judicia tlteologo- siœ, et ejus cultai, ait apostolicœ sedi quomo
rum, aul facultalwn theologicarum, sive aca- docunque detrahitur.
demiarum, earumque deliberationes, consulta- 14. Libri omnes agentes, ut vulgo dicitur
liones, acla, décréta; quorumcunque eiiam délie venture, e délie sorti.
aliorwn mandata, ordinal iones. arresta, epi-
stolœ ;interprel(itiones eliam et declarationes, § m — Imagines et Indulgenliœ prohibitœ.
ac scripta quœlibet, quibus expUcationis aut 1.Imagines cum laiireolis, aut radiis, sive
alio quovis prœlcxtu aliquid dicitur, vel scri- splemloribus, eorum, qui neque canonizaiio^
bitur, quo dictœ constitutionis robur, atqite tns, neque beatificationis honore insigniti sunt
auctoritas et obligatio minui, aut infringi a sede apostoira.
possit. 2. Imagines Domini Noslri Jesu Christi, et
7. De duellis agent es libri, li tierce, libelli, Deiparœ Virginis Mariœ, ac angelorum,eian-
scripta, in quibus eadein duella defendunlur, gelistarum, aliorumque sanctorum cl sancta-
suadentur, docentur. Si qui vero hujusmodi rum quarumcunque sculptœ, aut pictœ cum
L-hriad coniroversias sedani:la<, pacesque com- alio habita et forma, quam in caihitlica et
ponendas utiles esse pussunt.expurgati et ap- apostolica Ecclesia ab antiquo tempote con-
probati pcrinittuntur. sucvit, vel etiam cunt habitu peculiari alicujus
8. De Joannis Cala asserti anachoretœprœ- ordinis regularis.
tensa sanctilate, miracnlis, vaticiniis, visio- 3. Imag »es, numismata insculpla pro con-
nibits aliisque hujusmodi signis libri, codires fraternitatibus m'incipiorum Matris Dei, Ita-
et folia quœcunque sive manuscripta, sive im- lice ^^chi.lïi dolla Madré di Dio, sodates cnte-
pressa. nalos exprimentia.
Item Omnia et singula transumpta, seu co- llein Libelli, in quibus eisdem confraterni-
pies, tam impressœ quam manuscriptœ decreti a tatibus regulœ prwscribuntar. Confralerniia^
vicario gênerait dassanensi emanati, pcr quod les autem, quœ catenulas distribuunt confra-
idem viearius ausus fuit defitiitive pronun- tribus et consororihus bradais et collo cir-
,
tiare, eumdem Joannein fuisse in quasi pos- cumponendas uique gestanda-, ni eo signo
sessionc cullus, atque ideo in eo tnanutenen- bealiisimœ Virgini emancipalos se esse profi-
dum. ^
teantur, et quarum inslitutum in eo manci-
9. Libri omnes immunilatem bonorum ec~ patu prœcipue versatur.dainnanlur et exslin-
clesiasticorum impugnantes. guuntur. .Societatibus vero guœ rilum ali-
,
10. Uelaminis plumbcis arabica sermone, et quem, aut quodcunque aliud ad mancipalum
antiquis characleribus conscriptis, ac in ca- cjusmodi pertinens adhibent,prœcipitur, ut id
vernis montis Illipiilitani, dicli Sacri, prope siatim rejiciant.
Granalam repcrtis, et de scripturis in turri k. Imagines, catenulœ, folin, libelli pro usu
Torpiana ejusdein civitalis inventis, libri om- confralernitalum sub imocatione SS. sacra-
nes, Iraclatus, responsa, consulta, commenla- menli B. Mariœ Mrginis immarulatœ, et
,
rii,glossœ, addilanientu, annotatianes etquœ- S. Josephi sub titulo Gregis boni l'astoris
eunque alla, sive manuscripta, sive typis im- ereclarum, et in quibus reprœsentantiir ho-
pressa. Alii vero lil/ri, sive Iractatus, qui ad mines penduli a Christo, a sacra pgxide, a
alia argumenta speclant, obiler vero de Itis B. Virgine, a S. Joaepho et a quuvis alio
,
iampridem impressis] suhstituti snnl treii pres- prœler litanias de B, Yirgine, quœ in ccirr'7,
oyteri regu'ares cum Itis versibus : Jesu do - œde Lauretana decnntari soient.
cloruin intima, qui uubes ignorantiœ pcllis 4. Miss dis Bomnni omnia exempîaria at-
virore gr;itiae, elc. terata post ediclum PU V ,
prw^ertm quœ
6. Imagines sive depictœ, sive sculplœ, sive Venetiis o/n*'/ Junrl.is, Sessas, Mysserinuin,
impressœ Joanncm Cala qnociinque sanclila- et ad Signum Sytcnœ. alque Kuropte, et quos-
lis, tel beatitudinis sir/no repiœsenlnnle-:. cunque a'ios. impressa sunt ab anno 131)6.
7. Imagines, vbi reprwsenlalar li. Virgo 3. Offiria B. Mariœ Virginis, vil sancto-
cum Filio in medio duorum sanctorum socie- rum ai(t sunct irum, aliaque hujiismodi abs-
talls Jesu, quorum uni tradit libram, alii ro- que appro'iiitione S. Riluum congregalionis
surium cum hac inscriptione : Deipara Virgo edila, lel idenda.
cum Filio inspirât, coniinenilalque sociel.iti 6. De rilibus Sinicis eorumgue C'introversiis,
Jesu inslitulionem Sodalitatum , et oflicii, aut illorum occasiane exortis, libri, libelli,
rosariique usum. relationes, thèses, folia et scriptu quœcunque
Inscriplinnes omnes Imaginum SS.Fran-
8. post dien 1 Octobris 1710 ea'ila, in quibus et
Antonii de Padua, in quibus dicilur,
cisci et professo, vel incidenter, quomodolibet de iis
(ormam liabitus qua depicti sunt, esse eumdem tracletur, sine expressa, et speciali licentia
ijua ipsi nsi fueritnt; rcl in quibus asseriiur, Romani ponlificis in congregalione sanclœ,et
in lioc,vel illo ordine S. Fiancisci esse verain, univirsalis Inquisitionis oblinenda.
legilimam et non inlerntptam ejusdem S. Pa- 7. Riluali romano ndditiones omnes f des
tris in Filios successionem. aut fariendœ post reformutioncm- Puuli V,
9. Indiilqenliw omnes concessœ coronis sine approbatione Sx. congregalionis P,i-
granis,seu ciilculis,crucibus et imaginibus sa- tuum.
o'is unte decretum démentis VIII un. 1397 8. Rosnrta quœcunque de novo inventa aut
edilum de forma indulgonliarum. invenienda, stne oppurtunaS. S'dis fucalln.e,
Iteiu Indnlgentiœ omnes cuncessœ quibus- quibus a-illienlicum rosarium Deo,etB. Ma^
cunque regularium ordinibus confraternila- riœ Virgini sacrum anliquaretur.
libus sœcularibus , capituiis, collegiis , aut
ftlANDATUM
eorum superioribus, anteCon^tilutionem ejus-
dem démentis Y I II Quœcunquo f/.7 Deeemb. s. M. LEOMS XII ADDITUM DECRETO SAC. CONCREG.
160i, et Pauli. V Romanus Ponlifex. d. 13
DIE SABBVTI XXYI MARTIl MDCCCXXV
Maii 1606, e^Quœ salubriter d. 23 Notsinh. Sanclitas Sua nmiidavit in memoriam revocanda
1610 revocatœ sunt of//ue apocryphœ ha-
,
esse uii'wersis paliiarcliis . ardiiepiscopis , episcopi)
bendœ, nisi ab iisdem summis poniificibus aliisque in ICcclesiarum regiDien prd'pnslis, ea quœ in
reçiutis ludicis sacrosanclœ sijiwUi Tridenli'iœ jussu
aut eorum suixessoribus renovatœ ac confir-
edilis, alque iii observnlionibus, insiriiclione, a'IiHiiime
malœ fnerint.
el qenerahbus decretis suinmorum ponlifirutn Clenteuiii
10. Indulgenliœ concessœ coronis S. Bri- y III, Mexnndri VU, et Benen^ti XIV iiuct 'rilale
gitlcj ab Alexandro VI, declarantiir apucrij- ad pravos libros proscribendos abolcndosque Indici
pliœ, et niitlius roboris ac momenti : sine librvrum proliibitorum prccposila iunl, ut uiinirum,
prœjudicio tamen Indulgentiarum a Leone X q.ia prorsus itnpossib te est libros omnet nnxios ines'
dictis coronis concessarum vi Id. Jul. 1313. sitnier prodcunles in Indiccm refnrc, proprin cuclori-
11. Indulgenliœ concessœ crucibus S. Tu- tate itlns e miniiinis fidetium evelleie slwleatit, ac per
eos ipsimet fidèles cdoceautnr quod pabuli geniis iibi
ribii ab Urbano V III ,tanquam falsœ habend.e
salut:ire, quod noxiiitn ac mortifiTum ducere debeanl,
sunt.
ne uUn in eo suscipicndo capianlut specic. ne pereertan-
12. Indii'genliarum libri omnes, diaria ,
tur illecebra.
summaria, libelli, folia, elc, in quibus earum
concessiones continentur, non^ eduntur abs- MONITUM
que licenlia S. congregalionis Indulgentia- SAC. CONGREG. EDITUM FFR. III, ME IV MARTII
rum. MDCCCXXVIII.
§ IV. — Quœdain ad ritus sacros spectantia, Sacra congrcgaiio in nientem revoc^t omnibus pa-
quœ prohibila sunt. ep sccipis, ordiiiani-; et in-
triarcliis, ar. liiepiscnpis,
quisitnrihiis loCDrniii iJ qiioil pr^e-cribitiir in regnla,
1. Benedicliones omnes ecclesiaslicœ, nisi
inier éditas jusu S. conc.
•
lid., N. Il, liis verbis
1
npprobalœ fuerint a sucra Riluum congrega- H ccreticorum libri qui de reliçiune ex profes o tractant
tione. oinnino dnmnanlur. El ea qiioB niandavil S. M. C e-
2. Exorcismorum formulée diverses ab iis ^lell^ Mil in inbirnciinne de proliiliendis li: ris siî-
quœ prœscribuntur in regnlis Bitualis romani, quenliliiis vcrbis § vi. In univt'rsum atilein de nialis,
:
Aprilis 1628.
( Dccr. 11 Junii 1827. )
)
ABC id est libellus iractans rudimenta Abrégé des Systèmes. Vide de la Mettrie.
Abréj;é Méthodique des ouvrages de Bayle.
Reliyionis, et duo tantuminodo Sacramenta
commemorans. (A pp. lud. Trid.) Vide Analyse raisonnée de liayle.
ABC Lalino, vcl Flundrico idiomate, ubi AbsleminsLaurtntius.Fabulœ. (Ind.Trid.)
secunda pars SalulationisAnyelicœmutataest, Abudacnus Joseph, Hisioria Jacobitarum,
et omissts vrrbis SaHcta Maria Mater Dei
: :
sea Coptorum in ^Egypto, Lybia, Nubia,
substitula sunt liœc aliu: Mariai Mater Gra- jEthiopia tota, et Cypri insulae parle habi-
tiœ, Mater Mistricordiie. (Dccr. 9 Septembris tantiuui. Cum annotationibus Joannis Nico-
1688.) lai, antiqui quondam in Academia Tubin-
ABC (r),etc. Ftdela Raison par alphabet. gensi Professorisceleberrimi. Vulgavitnunc
Abhandlung von Vi'rlirechen und Slrafen. primum ex Bibliotheca sua Sigebertus Ha-
Eiiie gokronlePreis-Schrilt nebsl angehang- vercampus. (Decr. 7Januarii 1705.
)
ten Leiirsàlzcn aus der Polizey-VVissens- Abus (divers)et nullités du Décretde Rome
chaft welcbe Josepii Edler von Montag du 4 octobre 1707, au sujet des alTaires de
vertheidigenwiid. DeuSJulii... AllsladtPrag l'Eglise Catholique des Provinces-unies.
gedrukt bey Job. Jos. Gluusct.... auno 1767. (Decr. 22 Junii 1712.
)
que Romse paganœ et hodiernae moribus. Agricola (Joannes) Islebius. (1 Cl. Ind. Trid.)
(Decr. k Decembris 1725.J Agricola Mnrtinus. (1 CI. App. Ind. Trid.)
941 INDEX LIBRORUM PROHiniTORUM. 942
— Commenlaria in P. Cornelii Taciti li- Ame (de 1') et de son immortalité. (Decr.
bellum de situ, moribus, populisque Germa- 24 Maii 1775.)
nise. Donec corrigatur. (Decr. 12 Decembris
1024.) (Decr. 2 Dec. 1667.)
Allhusius Joannes. Dic.eologiae libri Ires, Amelol de la Houssaye {\icolas Abraham.)
Jotum et universum Jus, quo utimur, coui- Histoire du Gouvernement de Venise.
plecleutes. (Decr. 16 Martii 1621.) — Supplément à l'Histoire du Gouverne-
(Decr. 22 Octobris 1619.) ment de \'enise.
Francia ai Vcscovi, e '^lero di quella Na- Angers Evêque (d'). Mandement sur la
zione. (Decr. 26 Auijusli 1822.) Signature du Formulaire du 8 Juillet 1665.
Analisi scrupolosa dclla Keligionc Cri- (Decr. 5 Januarii 1667.)
stiann. Vide la Religione Cristiaiia liberatu Angliie (lllustrissimi, ac potentissimi Se-
dalle ombre. nalus, populique) Seiilentia de eo Concilio,
Analyse RaisonnéedeBayle, ou Abrégé Mé- quod Paulus Episcopus Homanu.-; Manluaj
IhodiqiK^ di- ses ouvrages, particulièrement futurum simulavit. (Ind. Trid.)
(le son Dictionnaire historique et critique, Anglica,Hibernica,Noriuannica, Camorica
dont les Remarques ont été fondues dans le a V( teribus scripta ex liibliolheca Guilielmi
texte, pour en former un corps instructif et Camileni. Donec corrigatur. (Decr. 16 De-
agréable de b ctures suivies. (Decr. ISiulii cembris 1605.)
1777.) Anglus Antonius, auctor libri de Origine
Analyse Raisonnée des Evangiles. Vide Missœ. (1 Cl. Ind. Trid.)
Histoire critique de Jésus-Christ. .\nglus (Thomas) ex Albiis East-Saxonum,
AnalyMs, resolutio Dialeclicn quatuor li- seu Albius, cognomcnlo White. Opéra omnia
lirorum Institutionum Iniperialium, una cuni et Scripta. (Decr. 17 Novembris 1661.)
qnaiumdam ulilium qua^slionuiii Juris ex- Anguisciola (Angelo (iabriello). Délia Ile-
plicallone, cum prœfalione Ludovic! tiremp. braica Medaglia delta .Magtien Da\ id.el Abra-
(App. Ind. Trid.) ham Dichiarazione. (Decr. 16 Martii 1621.)
Analy.sis professionis. Vide Pcrcira de Fi- —
Prohi'.etitr eliam omnc Imjusmodi A'w-
guiereido. Idem lialice cum dilucidationlbus. inisma, cl mandalur tit qui itiud hnbent ai
'Av«y.')-,Tef juris, quod in approbandis Pon- S. Officium déférant. 'Decr. 16 Mattii 1«21.»
M7 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 9lS
Apologia di Fr. Benedetto Solari Vescovo Aquin Ludovicus Hehrîétis ((ï'). Vide Da-
di Noii contrp il fu E'"" Gard. Gerdil divisa quiii.
in Ire parti. (Derr. 30 Sepicmbris 1817.} Arciîno Pietro. Opéra omnia. (Ind Trid.)
apologie de Monsieur Jansenlus, Evéque Aretinus (Benedictus) Bernensis. H CI.
d'ipro, et de la docirine de S. Augustin ex- App. Ind. Trid.)
pliquée dans son livre inlKulé Augustinus, Argens Marquis (d). Vide Boyer.
contre trois sermons de Monsieur Halieri, ArKeiitauo Luigi Francesco (d'). Esercizj
Théologal de t*;irîs. (Decr. 23 Aprilis 163'i..) del Cristiano interiore. nequrli s'insc-rnano
Apologie (Seconde) pour Mr. Jansi-nius le prattiche per conformare il nostro inte-
Evéque d'Ipre, ot pour la doctrine de S. Au- riore a quello di Gesù, dalla lingua Fiancese
gustin expliquée dans son livre iiililulé Au- iradotli nell' Italiana. (Dec '. Julii 1728.)
quslinus, conde la Réportse que Mr. Habert, Argolus Andréas. Ptoler dus parvus in
Théologal de Pari<, a faiie à la première Genelhliacis junctus Arabibus. (Decr. 10
,
pristino penitus cxcidisse evistiinaiit. Per Avertissement sur les Lettres suivantes :
Alrociauiss Joannes. f 1 Cl. App. Ind. cent XI contre plusieurs proposiiions de Mo-
Trid.) rale (Decr. 31 Marlii 168i.)
Allestatio Nolarialis, quod neqiie Deere- Avertissement qu'ont mis à la léte des vrais
luni SS. D. Urbani VIII, neque Pauii V MS. d'un Curé de W. des personnes qui se
Lovanii sit publicatuin. Incipit: Ego in- propo-enl de les rendre puldics. (Decr. 11
frascriptus aluiœ Univorsitatis Studii Geni'- Julii 1777. Vide Curés Lorrains Allemands.
j
Atti e Decreli dtl Concilio Diocesano di Dci, propler tradilionem veslrum Math, xv, :
Pistoja dell'anno sîdcci.xxxvi. In Pisloja per 3. A Londres, 18li9, sine nomine aucloris.
Atto Bracali Stampatore Vcscovile. (Bulla (Decr. 23 Junii 1817.
Auclorem Fidei SS. D. N. PII PAIVE SEXTl, Auguslini et llieronymi Theologia (Ind.
22Augusti 179'i.) Trid.)
Avantages du Mariage, et combien il est Augustini Hippnnensis et Augustiiii Ipren-
nécessaire et salulaire aux Prêtres et aux sis. De Deoomnes salvari volente, et Chri-
Evéques do ce temps-ci d'épouser une fille sto omnes redimente, Homologia. (Decr. 23
Clirt'tienne. ïome 1 et 2. (Decr. 7 Januarii Aprilis 1054.)
1765.) Auguslinis{de) Thomas. Librorum omnium
Au-delà du Bliin. Vide Lerniinier. in Sac:œ Imlicis Congregationis Decrelis pro-
Auctorilate (de;, officio et poteslaie Pas- hibiturum ab anno 1(J31) usquc ad annum
torum Ecclesiaslicoruai et quatenus sint
; 1653 Elenchus ordine alphabelico iligestus.
audiendi, e sacris litleris dcclaralio. (App. Cuin deficiens sit, nec oninia Décréta con-
Ind. Trid.) tinent édita a S. Congregatione usque ad eum
Audingus Wolfgangus. (1 Cl. App. Ind. annum. Decr. 10 Junii
i
ItioS.)
Trid.) Augiisiinus Antonius. Vide Baluzius. Vide
Audoiil Gaspard. Traité de l'Origine de la Mastricht.
Régale et des causes de son établissement. Avicinius Joannes. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
(Brevi Clem. XI, 18 Januarii 1710.) Avis sincères aux Catholiques des Provin-
Avenarius vhI(jo
, Habermaii Joannes. ces- Unies sur le Décret de l'Inquisition de
(1 Cl.App. Ind. Trid.) Rome, contre Mr. rArchevéqiic de Sebaste,
Avendano Michel. De Divina Srientia et avec plusieurs pièces qui ont rapport à sou
Priedeslinatione. Toinus i, ii et m. (Decr. 17 affaire. (Brevi Clemenlis XI, iOctobris 1707;.
Januarii, et 3 Aprilis 1685.) Avitus Academicus. Par;onesis ad Alumnos
Avcne (Joannes) llubeaqueiisis. (1 Cl. Ind. Aima' Universilalis Lovanicnsis, e (lua li-
Trid.) ((uet quid dcferendum sit Constitutioni Vi-
Avenslein (d') Scbmid. Principj délia Le- nram Domini Sabaolh. (Decr. 26 Octobris
gislazione universale. Uoncc corriijalur. 1707 ).
(Decr. 11 Junii 1827.) Avitus Aurelius. Molinomachia , hoc est
Aveiitinus Joannes. (1 CI. Ind. Trid.) Molinistaruin in Augustinum Janscnii insul-
— Liber, in qtio declaranlur cau.s;c mlse- tas novissimus. (Decr. 20 Novembris 1663.)
riarum, quibus Cliristiana Hespublici pre« Avocat (1') des Prolesianls ou Traité du ,
niitur. Qui exlat in Tom. i Chronic. Turci- Scliisini;,dans lequel on justifie la séparation
cor. Loniceri par/. 113. (App. Ind. Ttid.) des Protestants d avec l'Eglisellomaine, con-
Aventrol Giovanni. Lellera al polentissimo tre les objections des Sieurs Nicole, Brueys et
Re di Spagna, nella quale si dicliiaia il mi- Ferrand; [lar le Sieur A. D. \. (Decr. 4-ÀIar-
stero délia Guerra délie xvii Pri>\ incie dol tii 170J.)
Paese Basso. (Decr. 16 Marlii 1621.) (T) du Diable, ou Méinoir s histo-
Avocat
— Endcm flispnnico idiontale. riques critiques sur la Vie elsur la Légende
et
Avi-rtissi'nunis «-alulaires de la Bienheu- du Pape Grégoire VII. (Decr. 29 Februarii
reuse Vierge à ses dévots indis( rets par M. W. 1752.)
Donec corrif/antur. (Decr. 30 Julii 1678.) Aurelius Paulus, Pancgyris Janseniana
Avertissement sur la Déclaration suivante : hoc est lestimonia erudilorum viroruu» cele-
Déclaration de plusieurs Religieux Bénédic- brantia librum, cui titulus Cornelii Junse- :
,
B
— Taxa S. Cancetlaria^ Bomauœ in lueern
emissa ,nolis illustrala. (Decr.
et 16 Junii
BabyI6ne h'véqiie (de). Ouvrages posthu- 1634, et 13 Novembris 1662.)
mes ,où il est princi, nlement traité des mi- —
Tarifîa delle Spedizioni délia Dâfària.
racles contre Mr. TArchevêque de Sens. (Decr. 13 Notembris 1662.)
(Decr. Febniarii 1732.)
1
Bandinius Angélus Maria. Colledio vete-
Bacchi et Veneris facetise, ubi agitur de rum aiiquot Monumenlorum ad Hisloriam
generibus cbriosorum et ebrielate vilanda.
,
prœcii ue Litlerarum pertinenlium, Donec
(Decr. 18 Junii 1651.) corriyalur. (Decr. 16 Maii 1753.)
Baccinata, ovvero Batiarella per le Api Bangius Thomas. Coelum Orieniis et prisci
Barberihe. (Decr. 3 Aprilis 160:>.) Mundi, triade Esercitalioiium lilterariarum
B.tchiniius (Arnoldus) Denstonius. Pnn-
reprcTsenlalum. (D cr. 10 Junii 1659.)
SophiaEnchiretica,seu Phi losophia uni versa-
Baralerius Johannes Philippus. Disqtiisitio
lis experimentalis. (Decr. lOSeplembris 1638.)
Chronologica de successione antiquissima
BacLmeisterus Lucas ) Luneburgensis.
(
Epi>-coporum Komanorum. (Decr. 13 Augusli
(1 Ci. App. Ind. Trid.J
1748.)
Baronus (Franciscus) de Verulamio. De
dignitate et augment s Scienliarum. Oonec Baralotli Galerana. La Semplicità ingan-
corrigiitur. (Decr. 3 Aprilis 1669.) nata. (Decr. 4 Julii 1661.)
Badius Conradns. (1 Cl. App. Ind. Trid.) Barba Pompejns. De SCcreds datur». (lad.
Baduellus Claudius. Liber de ratione fita) Trid.J
957 INDEi LIDRORtJii PROHIRITORUM. 938
Barbault (Mr.), Curé de Bouillant, Diocè.se C.illiolica; sive Apo.ogia pro dispiitationede
deSenlis.Lcttroécrileà Moiiseit^no'irl'Ri ê jue formili objeclo Fidel. (Decr. .3 Aprilis 1669.
de Senlis, an mois de Novembre 1716. (Decr. — Et Citera ejusdem Opéra omnia. (Decr.
)
slale Papœ, an, cl (lualer.us in Uoges et menti Mcdico et Philologico Comm^ nlario
Principes siccularei jus e' imperium ha- illuslrali. (De.r.22 Decenib. 700.)
beat. (Decr. 9 Novcmbris 1609.) Bartliololti Joan. Kepom c. Cœs. lîcgia)
lîarclajus Joannos. Piet.is , sive publ'Cie Commi sionis censurœ librornni .\ssessoris
pro Regibus ac Piincipibus, et piivalîc pro ih facultaleTheologica Univ. Vindob. Exa-
Guil. Barcbijo parente Vinùicia! aiiversus minatoris, nec non Thiiolo^iae Doctoris, ejus-
Gard. Btll.in ini Traclatum de Polestate demque antea Piofess iris Publ. Ord. O. S. P.
Snmmi Ponlificis in rébus temporaiii)ns. P. E. Exercilati^^ Politico-Theologica, iit (jua
(De( r. 10 Maii 1G1;5.) de libcrtale Coiiscieiitiœ et de rcceplaium in
— Euphormionis Luïiniui Satyricon. (Dec. Imperio Romano Theutonico Riligionum lo-
7 Sepiem'nri-; 1G09.) lerantia cuniTbcologica.tumPoIitica disp.ila-
Barclay Robert. Apologie de h
véritable tui',necnon de disjonctorum slàlii (iraecoruin
Théologie Clirétienne, ainsi qu'elle est soii- tractaîur. Viennœ Typi.s Joscplii Nobilis de
tiiiue et piécliée par le peuple appelé par Kiulzboli Mnr.cLxxxii. (Decr. Fer. V, die 7
mépris les Trcmbleiirs traduite eu Fran-
. Jai:i;.irii 1785.)
çais. (Decr. 22.luMii 1712.) lîariolus Scbaslianùs. Aslronomiœ .Micro-
Barcos (Mr. Martin). Exposition de la Foi cosmicaj Syslema noviim. (Decr. 21 Junii
de l'Eglise Romaine touchant la Grâce cl la 1666.)
Prédestination. (Decr. 11 Martii 170V.) — !n eversionerii Scholaslicai MeJicina;
Bar aamus Munachns. De Principatu sru Exercitalionuin Paradoxicarum dccas.^Decr.
Primalii Papœ, Jomne Luydo inicrpiele. 18 Januarii 1667.)
(Decr. l'i- Novembiis 1609, et ;J0 Januarii — Idem (dit! tiluUi : Arlis Medica; dogma-
IGIO.) lum coniuniiiilor recoplorum examen. (Decr.
Barlandus Adri.inns. Inslitiilio Chrisliani 3 Apriis 1609.)
honiiiiis. (App. Idd.T.'id.) B.isileensium .Ministrorum Rcsponsio con-
— Liberseloctas qo.isd.im EpistolasËrnsmi Ir.i Mis-am. Api). Ind. Trid.)
Rotrrodanii conlincns. (.\pp. Ind. Trid.) Basil a (S.) Mngni Imai/o tijins œneis im-
Barlow C.ulieliniis. (1 CI. App. Ind. Trid.) pressa n Joanne de Noort. (Decr. 10 I)eceni-
Barl :(hi ;i' dircltori negl' Êseicizj di S. bris 1630, et 3 Aprilis 1728.)
Ignazio Lojola Foiidalorc dclli Compagiiia Bisilius Gioii'ngensis qui et Wesfelus
,
di Cîcsù ,
pcr facililarc la jiîalica loro con Gansforlins. (1 Cl. Ind. Trid.)
(|iialsivoglia slalo di personc. iHecr. 9 Sept. Basnagins Jacobus. Divi Chrysoslomi Epi-
l(iS8.) stola ad Cœsarium Monachurn, cui adjnnclaj
Barnes, .fcuBarns l'iobertus. (iCl. liid.Trid.J suiil 1res EpistolicaîDissertaiione?. Prim de i
rima, cnjus initium : A le colle mani giunle. lio opinionum de abulilione Cœlibatus pro
(App. Ind. Clem. XI.) Clericis Catholicis. (Decr. 21 Augusti 1829.)
Beneficiaria (de Re) Disscrtationcs 1res, Beringerus ,Erichus) Piiilyreus. Dis(ursus
ubi CaroJi III, Auslrii, Hisp. Régis Edictum, Hislorico-Politicus m 1res secliones distribu-
quo fructuum capioncm in sacerdotiis cxter- tus, quihus errores scriplurieniium nostri
norum, et vagaiiliuni Clericorum jubel, lum œvi dcleiiîuntur. (Decr. 12 Novembris 1616.)
summo, lum opiimo jure, recte alquo or- Berlando (Malleo), e Jacopo Filippo Ra-
dine l'aclum demonslralur. (Brevi Clemcn- vizza.Il nuovo (^onlederamento di Gesù il
tis XI, 17 Februarii 171U.) Messia Salvalor noslro divolgarizzalo fedel-
Bene6cii (de) Ecclesia^liii, laicali, e misli, menle di (ireco, e rcso inlelligibile iriniioal
del Doit, di legge D. Isidoro Carli. Donec volgo. (Decr. 21 Januarii 1721.)
expurgetur. (Dicr. 23 .lunii 1836.) Bcrlichius Matlii.is. (^onclusionos practi-
Ben-ezra Ju;in Josaijliat Hebreo Cliristia-
cabiles secundum Ordincm Conslitulionum
no. La Venida del Mesias en Gloria y Mii- ,\ugusli Elecloris Sasoniœ. Pars i, ii, m, iv
gestad Observaciones dirigas al Sacerdole
:
et v. Decr. lOJunii <659.)
Christofil" {verumAuctorisnomen lùnmanuel
Beriiaidi ( Barlhoiomaîus ) Ccmbergcnsis
Lacunza). Opusposlliumum. Quocumiiue idio- Pastor. (I Cl. Ind. Trid. )
male (Decr. 6 Seplembris 1821..) liornardi Barlholomaus 1 Cl. .\pp. Ind.
Benianiin Tuleleusis. Ilinerarium. (App.
Trid.)
Ind. Trid.)
Bernardino Botelho José (de S.). Salvaçao
BoniusPauIus. Qua tandem ralione dirimi de todos innocentes de la Bedamçno de Jé-
possil controvcrsia de efficaci Dei ausilio et
sus Christo. (Decr. 6 Septcnibris 1824.)
libero arbitrio. (Decr. 16 Decemhris 1605.)
Bennazar Petrus. Brève, ac compendiosum Rorneggerus Malhias. Observationes His-
Uescriplum naliviiatem, viiam, m;irtyriuin, torico-l*olilica\ (Decr. 10 Junii 1659.)
cultuin iinmcmorabilem Baymundi l.ullicom- Bernieres Lovvigni Gio (di). Opère Spin-
pleclens. (Dec r. 20 Jiinii lïi'JO.) luali, unde fu cavato il Ciisiiano inleriore,
Beno, seu lienno Cardinalis. De Vita et ovvero guida sicura per quelli, che aspirano
gestis liildebrandi Pap;e. (Ind. Trid.) alla periczione. Parle i, c ii. (Decr. 10 .Mar-
Bentlianius lliomas) .^nglus. (1 Cl. App.
( tii 1692.)
Ind. Tria j iieroaldus Mallhœus. (ICI. App. ind. Trid.)
963 DICTION.N.MP.E DES HERESIES. Û()4
Berqninus Liulovicus. (1 Cl. App. Ind — Snsanna, Lomœdia Tragica. (App. Ind.
Trid.) Trid.)
liei'ruyev Isaac-Joseph. Histoire du peuple Beveregius Gnlielmus. SVNOAIKON, sive
e Dieu, depuis son origine jusqu'à la nais- Pandectse Canonnm Sauctorum Apostolorain
sance du Messie. (Decr. 17 Maiil73i.) et Conciliorum. (Decr. 22Juuii 1G76.)
Berus Oswaldus. (1 Ci. App. Ind. i rid.) Divinae Maiesiatis voce pronun-
ciatus in monte Sinai. (App. Ind. Trid.)
(Decr. 22 Oitob. 1619.)
Bibliorum (Novorum) Polygiottorum Sy-
Besoldus Chrislophorus. Dispatationum nopsis. (Decr. 2 Julii 1C86.)
Noniicu-l'oliticaruiii libri très. Bibliolhera Fralrum Polonorum. (Decr.
—De Jurisdictione Iniperii Romani Dis- 10 Mail 17.o7.)
cursus. Bibliollieca Hislorico-Philologico-Theolo-
— Templum Juslitiae, sive de addiscenda gica Bremensis. (Decr. 2 Seplembris 1727, et
et exerrendajurlspruilentia DisserUiio. 10 Maii 1737.)
(Decr. 16 .Martii 1621.) Bibliollieca Lublecensis. ( Decr. 14 Jaaua-
—Dissertutio PolitJco-Jaridica de Fœde- rii 1737.)
inocratica da darsi al Popolo Ilaliano, Milano (sermones hortalorii) pro Academicis. (Decr.
Anno I, D. R. c. (Decr. 20 Augusli 1805.) 4 Marlii 1828.)
Boccaccio Giovanni. Il Decamerone, ov- Bomlius (Henricus) Wesaliansis. (1 Cl.
Tero Genlo Novelle. Donec expurgelur. (Ind Ind. Trid.)
Trid.)
Bomslon. Vide la Nouvelle Héloïse.
Boccalini Trajano. Commenlarj sopra Cor
nelio Tncito. (Decr. 19 Septembris 1679.) Bonaparte in Italia. Vide Gianni.
-- La Bilancia Polilica di luKe le sue Bonartes Thomas. Concordia scientiœ cum
Opère con gli Avveilimenli di Lodovico du Fide, e difficillimis Philosophiœ et Theolo-
May. Parle i, ii, e m. (Decr. 13 Martii et 19 giae Scholasticae quœstionibus concinnala.
Seplembris 1679.) (Decr. 10 Novembris 1662.)
Bocerus (Joannes) Lubecensis. (1 CI.App. Bonavenlura Anterus Maria (de S.). Auri,
Ind. Trid.) gemmarumque mystica fodina, sive Chari-
Bochellus Laurenlius, Decretorum Eccle- tatis Congregalio a Domino nostro Jesu
siœ Gallican^e Libri viii. Donec corrigantur. Christo fundala el saluberrimis regulis
(Decr. 3 Juiii 1623.) comniunita. Donec corrigatur. (Decr. 9 Fe-
Bockelmannus Joannes Fridericus.Tracta- bruarii 1683.)
lus poslhumus de Differenliis Juris (]ivilis, -^ Svegliatojo de'sfaccendati , e slimolo
Canoiiiri el hodierni, quem Cornélius Van- d'alTaccendati per ben impiegare il tempo.
l'civ edidil, el pr.Tfatlone ausit. (Decr. 21 (Decr. 14 Aprilis 1682.)
Jaui.arii 1721.) Bonfuiius Anlonius. Symposion trimeron,
Bodenbergius seti Bodenborgius Daniel.
, sive de pudicitia conjugali et virginitate
(1 Cl. App. Ind. Trid.) Dialogi ni. (App. Ind. Trid.)
Boilenslein (Andréas) Caroiostadius. (1 Ci- Bonicel J. Considérations sur le Célibat
Ind. Trid.) des Prêtres. (Decr. 10 Septembris 1827.)
Bodin Félix. Résumé de l'Histoire de Bonini Filippo Maria. L'Ateista convenlo
Franco. (Decr. 28Julii 1834-.) dalle sole ragioni. (Decr. 10 Aprilis 1666.)
Bodinus .loannes. De Republica libri vi. — L'Olficio di Maria Vergine trasportato
(Decr. 13 Octohiis 1392.) dalla Latina allltaliana lingua. 'Decr. 19
—De .Magoniin D.emonomania. (Decr. 1 Junii 1674.)
Septembris 159i.) Bonis Francesco (de). La Sciiûia dcl Mon-
—
Methodus ad facilem Historiarum co- lalto, cioè un LIbricciuolo inlitolato : Apo-
gnitionem. (App. Ind. Trid.) logiii in favore de' Santi Padri, conlra quelli,
—
Univers.e Naturœ Theatrum. (Decr. 19 cite in materie morali fanno de'medesimi poca
Akademiker. —
Latine ref) lîxitorlationos
: où il est traité du Pape, des Patrianhes, des
j i
Cardinant. To'm. i. Partie i et ii. (Oecr. 29 Cappuccini tradotli nell' Italiano da Fr. Be-
Maii 1690, et 22 Decembris 1.700.) nedcito Sanbeneilelti.
Boul.inger (Mr). L'Antiquité dévoilée par
(Decr. 22 Dec. 1700).
ses usages. (Dicr. 20 Januarii 1823.)
— Des Offictes Ecclï^siastiques, où il est Boulogne Pierre Evèque (île). Firfe Langle.
traité lies Légals, Vicefégals, et des Nonces. lîourignon Antoinette. La Lumière do
Tom. 11.
monde, récit très-véritable d'une Pèlerine
— Des matières Eccl'ésinsliques, où il est voya);e;int vers l'élernilé, mis au jour par
traité de l'institution des Droits, des
Biens, Mr. Christian de Corl. (Decr. 15 Maii 1687.)
des Privilèges. Toin. m.
— où il est
— La Lumière née en ténèbres. (Decr. 30
Des Matières Bénéficinles ,
Junii 1671.)
traité des BénéOces, de la Nomination, de
Tom.
— ht cetera ejusdem Opéra omnia. (Decr.
l'Institution. iv.
10 Maii 1737.)
Bornilius Jacobus. Tractatus duo. i, de Bdurn. Homélie prêchée à Londres. Vide
Majestale Polilica, et summo Imperio, ejus- Libellus continens impia opuscula inscri-
que funclionibus. ii, de Prœmiis in Rcpu- pla, etc.
blica decernendis, deque eorum generibus. Bouzteus Ludovicus. Prohlematom mis-
(Decr. 22 Novembris 1619.) cellaneorum anli-Aristotelicornm Cenlurià
Borremansius Antonius. Variarum Lec- dimiiiiata. (Decr. 15 Febrnnrii 1625.
tionum liber; in quo varia utriusque linguee Boxbornius Marcus Ziierius. Historia uni-
auctorum loca emendunlur. (Decr. 30 Julii versalis sacra, et prophana a Chrislo nato
1678.) ad annuin usque 1030. Accessit Appendix
Borrhaus (Martinus) Sluggardianus. (1 Cl. proxiniorum sequentiiim aiinorum res com-
Ind. ïrid.) plexa. (Decr. 30 Julii 1678.)
Bortius Mathias. De nalnra Jiirium Majes- Boycr (Joaii-B.iptisle de) Marquis d'Ar-
Kegalium Explicatio. (Decr. 22 No-
tatis, et gens. La Philosophie du bon sens, ou Ré-
vembris 1619.) flexions hilosopliiques sur l'incertitude des
I
Botiazzi Francesco Maria. Vide Cate- corne stanno. Firense 178i). (Decr. iSSeptenv
chisnio Bopubbliiano. bris 1789.)
Boléro Giovanni. Relazioni Universali. Brandiiùller Gaspar. (1 Cl. .\pp. Ind. Trid.)
Non pcrinilliuilur, nisi correclœ juxla eiii- BrandinulU'ru< , seu Branlmillerus Joan^
tionem Taurininsem anni 1601. (Decr. 2 De- nés. (I Cl. Append. Ind. Trid.)
cembris 1622.) Brauezek Guilielmus. Hrevis Relatio de
Botsaccus Joannes. Promptuariam allego- origine, et divisione Religionis S. Fiancisci.
riarum trihutum in Ci-nturias sviii, cl supra. Aon pcrniitliiur, nisi delelis Litaiiiis. (Decr.
(U.cr. 10 Junli IGo'i..) 21 M.irtii 16(18.)
— Et
cèlera ejttsdem Opéra de Rcligione Rr^iudlarlil Georgius. Ejjitome Jurispru-
traclantia. (Decr. 10 Mail 1757. dcntiœ publica; universis. ( Decr. 20 Junii
1662.)
(Nisi fucrint correcli juxta Decr. 19 Novem- Hiannius Joannes. Vcstilus Sacerdotum
bris 1052). Hebr;roruni si\e Commentarius in Kxodi
Boverius Zacharias. Annales Minorum cap. 28 ;ic 29, rt Levilici cap. 16. Liber i et ii.
Cappnci'iiHiruin. (Decr. 3 Ap:ili. 1(183.)
— Annali Ordine de' Frati Minori
dell' hreilingcro Gio. G>acomo. Inslruzione fon-
Dictionnaire des Hérésies. II. 31
171 DICTIONNAIRE DES HERESIES. 974
in qua origines, annales, ac ceiehriora mo- mnnœ EcclesicJ.'e' prœifrcasex paginœ apcuj.
numenta recensentur. (App. Inii. Trid.) 289, cujus iniliiim In nomine Domini
:
,
Brusoni (iirolami). La Gondola a tre remi. nsr/ue ad paq. oOO. (Derr. 3 Augusti 165G.
(Dec. 20 Noveinbrisl6C3.) 27 Julii 16;i7, et 10 Junii 1058.)
— 11 Carrozzino alla moda. (Decr. 4- Apri- Bullarii Romani ab Drbano VIII usqnead
lis 1669.) Clementem X Toraus v. Lugdtini 107'}. Do-
Brutum fulmen Papae Sixli V, adversus nec in eo ponutur lîuUa Mexandri Y 11 data
Henricutn Regem Navarrae, el Hcnricum VII Kal. Julii 1665, quœ incipit ; Cum ad au-
Borboniura Principem Condxum una cutu , rfs nostras pcrvenerit duos prodiisse libros,
Protest.'ilione mulliplicis nullilalis. ( App. proul est in Bullorio Homano edito Eomœ
Ind. Trid.) anno 1G72. fDecr. 2'i Januarii 16b4.)
Brulus (Slephaniis Junfus) Celta. Vindi- Bullarii Romani Deslructio, el confnlatio
ciœ contra Tyrannos sive de Principis in
, generalis, ac spccialis Bullarum Innocen-
populum, populique in Principem légitima tii X, et Urbani Vill de abroL-alione pacis
potestate. (Decr. 14 Novemhris 1609.) Girmaniae , de suppressione Jesuili»sarum ,
Bryllngerus Nicolaus. (1 Cl. Ind. Trid.) de cullu Imaginuui, et observalione Festo-
—
FîrfeComœdia), Tragœdiae aiiquot. rum. (Decr. 10 Seplembris 1668.1
Bucerus Marlinus. (1 Cl. Ind. Trid.) BuUingerns Hi^nricus. (1 CL Ind. Trid.)
Defensio adversus axioma Calholicum, id Bullingham (Joannes) Anglus. (Cl. App.
est criminationem Roberti Episcopi Abri- Ind. Trid.)
censis. (Ind. Trid.) Bullus Georgius. Opéra omnia. Donec eor-
— M'taphrases, et enarrationes perpétuée rigmitur. (Decr. 13 Aprilis 1739, el 13 Junii
Epistolarum Divi Pauli Apnstoli,quibus ^in- 1757.)
gulatim Aposloli omnia cum argumenta , , Bunnius Edmumlus. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
lum sentenliaî excutiuntur. (Ind. Trid.) Buno Joannes. Univcrsœ Historiœ cum sa-
Bucerus (Nicolaus) Brugensis (1 Cl. App. crœ, lum prophanae idea. (Decr. 18 Januarii
Ind. Trid.) 16G7.)
Buchananus (Georgius) Scotus. (1 Cl. Buongiorni Ferdinando. Il Buon giorno.
App. Ind. Trid.) (Decr. 17 Augusti 1003.)
Buchoitz Andréas Henricus. De Eccle- Buon Sinso (il),ossia Idée naturali op-
siae Romano Ponlilici sulijeclx Indnigenliis poste aile soprannalurali. Vol. due. Italia
Tractaïus Theologicus. (Decr. V Mariiil709.) 1808. (Decr. 30 Septembris 1817.) Opus jam
Buddcus Joannes Franciscus. Inslilutiones damnatum idiomale Gallico. ( Decr. S. G.
Theologiae Dogmaticœ variis observaiioni- Ind. 18 Augusti 1773.)
bus illuslratae. (Uecr. iDccembris 1725.) Burbacbius Pelrus. (1 Cl. Ind. Trid.)
Et cetera ejusdem Opéra omnia. (Decr. Burcardi (Franciscus) Vilnensis Superin-
5 Maii 17o0.) tendc-ns. (ICI. ind. Trid.)
Budone Henrico Maria. Vide Dudone. Burchardus Johannes. Vide Leibnitius.
Budowez Wencesl lus. Circulus Horologii Burgess Richard. Lectures on Ihe in-
Solaris, ac Lunaris, seu de variis Ecclesiœ sufticienry of unreveaied religion, and on
mulationibus. (Decr. 22 Octobr s 1019.) the succeeding influence of Chrislianily.
Bufli Bcnedetto. Opéra di tiiovanni Cas- —
Latine vcro : Sermoncs de insuliicientia
siano dellcCostituzioni, e origine de' Mona- Religionis non revelalîB et de succedenta
chi tradolta di latino in volt;are. Donec cor- influxu Christianitatis. ( Decr. 3 Augusti
rigatur. (Decr. 19 Junii 167'i.) 1833.)
Bugenhagius (Joannes) Pomeranus. (1 Cl. Burgovius Franciscus. (1 Cl. App. Ind.
Ind. Trid.) Trid.)
Buble Jean Gottlieb. Histoire do Philo- la Burgundia Jacobus (a). (1 Cl. Ind. Trid.)
sophie moderne depuis la renaissance des — Apologia, qua apuil Imprralonam Ma-
Lettres jusqu'à Kanl; traduite de l'allemand, jestaleui inustas sibi criminationi's diluit,
par A. J. L. Jourdan tom. i ii m, iv , v,
; , , fideique suiB confcssionera edit. (App. Ind.
VI. (Decr. 27 Novembris 1820.) Trid.)
Buble G. Amadeo. Sloria ilella Filosofia Burlamacchi Nicolao. Aita di D. .\rmando
Moderna. (Decr. eod. et V Marlii 1828.) Giovanni le Bouthillier di Ransé.raccolta da
Bukentop Henricus. Thèses sacra- in Ac- quella, che ha S( ritta in lingua Francese
lus Aposlolorum, quas défendent Fr. Ludo- l'Abbate di: Marsollier. Donec corrigalur.
vicus Jansscns, et l'elrus Claessens Lovanii (Decr. TFeliruani 17i8.)
in Conventu SS. Trinitatis die 21 Julii U)9i. — Yide Si-ienza délia salute.
(Decr. 7 Dccembris l(i94.) liurnel Gilbert. Histoire de la réformaliou
Bùllfingerus Georgius Bernardus. De Har- de l'EgliSe d'Angleterre, traduite de l'An-
uionia animi, el corporis humani maxime glois par M. de RoscmonJ. (Dccr. 29 Mail
pru-stabilita ex mente Leibuitii. (Decr. 2 1690, et 21 Aprilis 1693.)
Septembris 1727.) —Hisloirc lies derni(''res Révolutions d'An-
Bulla Diaboli, qua Papam admonet. (Ind. gleterre avec un rccil préliminaire des
,
Bullarii (.Magni) Romani Tomus iv, Edi- Charles I, el Cromwel. (Decr. 21 Januarii
tiorUi Lugdun. sumplibus Pliilippi Bordé, 1732.)
DICTIONNAIRE DES HERESIES. 9/5
1,75
ITMaii 173i.)
(Decr. tiutn Serenissime Cardinalis. P. D. Damia-
:
i
nus de Cacrinis.
Burnetius Thomas. De Statu Morluorum, — Alleslazioiii , e fedi fatte in difesa dcl
cl Resurccntium. Damiano
— De Fide, et Officiis Christianoram.
P. D. Caccini.
Cadana Salvaloie. Quaresimale. (Decr. 10
— Appenilix de fulura Judœoruin Kestau-
Junii 1650.)
ratior.e. — Dubbj Srritlnrali. Donec corriganlur.
— Telluris Theoria sacra. (Decr. 13 Apri- (Dec. 8. Marlii 1662.)
lis 1739.) Cfplius. V idc Corlius.
Buschius (Hermannus) Piisiphilus. n CI. C.esaris (Caii Julii) Opéra. FfJeMontanuâ
Ind. Trid.) Cffsena Micha (de). (1 CI Ind. Trid.)
1
Cambronne ( Mr. de) Chanoine de Cler- Divi Dominici propngnandae a Fr. Henrico
iTionl. Lellre écrite à iMonsei^netir l'Evêqiie Antonio Verzeili in Conventu SS. Anniin-
de Beauv;iis, ciijus iniiium : Ayant appris ciaiœ de Florenlia. (Decr. 1 Aprilis 1688.)
d.ins le public ; linis vero : et un respectueux Capellis Franriscus Maria (de). Circulas
all.irhement. (Decr. 17 Februarii 1717.) aureus, seu brève Compendium Cicremonia-
Cainerarius Joachiuius. (C. Ind. Trid.) rum, quibus passim ad suas, et proxmi uti-
Camcrarius Joannes. Pbilosophia moralis litates PrîBsbyteris uti coniingit. (Decr. k De-
Cbrisliana, continens 1res Dissertalloncs. i, cembiis 1725.)
de rectiludine el pravitale acluiiin huuiano- Capellus Ludovicus. Vide Synlagraa The-
rum. Il, de libero arbiirio. , de concursu m sium.
Divino. (Decr. 23 Aprilis lOSi.) Capiliipus Lœlius. Cento ex Virgilio de
Camcrarius Philippus.Operw horarum sub- vita Monachorum, quos vul;;o Fratres appol-
cisivariiin, siveMediiationt'sHistoricœ.(Decr. lant. Nisi fuerit expurgalus. (Inil. r d.)
1
Cardinale, Bischôfe, nnd Prie?ter, elc. — ctica nova Imperialis Saxonica rerum Cri-
Id est : Cardinalps , Episccpi, et Sacerdotcs. niinaliuin iii partes très divisa.
(Decr. iH Seplcmbris 1833.) —
Commenlarius in legem regiam Germa-
Cardiiiallsmo (il) di santa Chiesa difiso in norum,sive Capilutatioiieni Imperaloriam.
tre parti. (Decr. 13 Aprilis 1G69.) —
Decisiones illustres Saxonicie rerum,
Carega Fraiicesco. Su la legge del Divorzio. et quœsiiunum Forensium.
Dissertazione. denora dalla Stamperia di —
Decisionum illuslrium Saxonicaram
G. Grossi. 1803. (Decr. 27 Januarii 1817.) Pars II, et m.
Carerius Aiexander. De Poteslale Romani — Centuriœ juridicarum posilionum de jn-
Ponliflcis advcrsus iuipios l'olilicos libri iluo. ribus foeminarum singularibus. (Decr. 8Mar-
Vonec corrigantur. (Decr. 7 Augusti 1603.) tii1662.
C;irion, sea Cario Joannes. (1 Cl. Ind.Ti id.) —
Jurisprudentia Ecclesiastica, seu Con-
Carlymmesiiin Eusebius. Antilogia, su ju- sistoriali;! rerum, et quaestionum in Electo-
ridico-historica defensio, et responsio ad ris Saxoniee Senatu Ecclesiaslico et Cousis-
,
nianae Catholicœ Ecclesise in Germania, auc- de los obispos. 14 et 15, Disciplina exierna.
tore Frid. Gui. Caroyé. (Decr, 7 Januarii (Decr. 17 Decembris 1821.)
1836.) Caria xvi, xvii del Compadre. (Decr. 26 Au-
Garpovius Jacobns. Theologia revelala gusti 1S22.)
Dogmatica, melhoJo scienlitica adornata. Carlerius Ludovicus. Jusla expostulatio
(Decr. 14 Aprilis 1755.) de P. M. Xante Mariales. (Decr. 2 Oclo-
bris 1673.)
(Decr. 24 Novembris 1655.) Carteroiiiaco Niccolè. Ricciardetlo. (Decr.
Carpzovius, seu Carpzov Bcnediclus. Pra- 13 Aprilis 1739.)
INDEX LIBRORUM PROHIBITORUM. 982
servirsene d'islruzione ai loro l'opoli. In Catcna preziosa de' Schiavi dclla Santis-
Colle 1787, sive seorsim, sive conjunctim cum sima. et inimacolala ilcgina del Cielo .Madrc
aliis LiOris. {Decr. ODecembiis 1793.) di Dio. ( Decr. 2 Octobris 1G73, et Brev.
Catéchisme, cioè Formulario per ammaes- Clem. X, 13 Decembris 1G73.)
trare i fanciulli nella Keligione Cristiana Catharinus .\inhrosius. Vide Politns.
falto in moilodi Dialogo. (Ind. Trid.) Caiholic;c Fcclcsiœ, etc. FirfeKathoiischen
Catecliisrno dclla Doltrina Cristiana, e de' Kirihe, etc.
Doveri sociali ad uso dei Licei, e Collegii Catholick Cliristiaiis new the oniversal
Roali dclle scuule primarie del licgiio. Na- manual being a trne spiritual guide for
,
poli 181G. (Decr. 17 .Marlii 1817.) those, who ardenlly aspire to salvalion. —
Catcchismo del Galanluonio dcdicato al Coniaiu'n^; amongst otIuT requisices, somo
FauciiiUo Federico de \'ecchi. Zara. l'resso elcvated hymns and nccessaiy dévotions,
Doraenico Fracasso con pcrmissione ; sine ncver publislied before in this Kingdom being
annutcilione anni. (Decr. 2 Julii 1801.) absolutely ncces^ary for ail Honian Catlio»
Catéchisme esposio in forma di Dialoghi licks in gênerai. Pcrinis-u Superiorum. Lon
suUa Comuiiione. Vide Comunione del Po- don. Printcd in tlie year 17G7. Id est : No-
polo nella .Messa. vum universale Chrisiianorum
Caiholico-
Catecliisuio, nel qualele controversie prin- rum Manuale, quo tamquaiii a spirituali duc-
cipali di questo tempo sono brevemeiite de- tore maniiducunlur, qui ad salulem ardenlir
cise per la parola di Dio, tradollo in lingua aspir.int. Conlinel inter aiia necessaria hym-
llaliana, ed accresciuto. (Decr. 12 Septtm- nes nonnuU'js sul limes, et neces^arias pre-
bris 17îi.) ces, aille in hoc Kegno numqu.im publica-
Calechi^mo per i fanciulli ad uso délia las, i|nibus generalim indigcl omniiio quili-
Ciltà, e Dioccsi di Motola. In Napoli 178'J. bet Catliûlicus Komanus. Permissu Sujerio-
(Decr. 9 Decembris 1793.) runi. Londiiii impressum anno 1707. (Decr.
Catechismo Hepubblicano, ovvero verità 2d .Martii 1770.) Uœc editio et qucelibct ali^
elementari su i dirilti dell' Uomo, e sue con- juxta eamdem.
5)85 INDEX LIBRORUM PROHIBITORUM.
Calo ( Hieronymus ) Pisauriensis, (1 Cl.. Maii in fesio S mcti Gregorii VII. (Brevi Be-
Ind. Tri.l.) neilicliMM, 17 Septembris 1729.)
Calo Uticensis redivivus ad amplissimos — Mandi'inent à l'occasion du miracle
archiiiiœceseos Ultrajectensis, et dia'cseos opéré dans la Ville de Seingnelay le 6 Jan-
Harlemionsis Capilulares viros. Pro aris, et vier 1733. (Brevi Clemenlis Xli, 19 Januarii
focis. (Brevi Clément. XI, ^^ Octobiis 1707.) 173!|..)
anima, Meditaziuni. Donec corrigatur. (Decr. eiistendi Christi Domini sub speciebus panis
15 Junii 1714.) et vini, expendilur. (Decr. 12 Mail 1655.)
Châlons, Gaston Evêque (de). Vide Noail- Chierico Lombariio. Vide Emende sincère.
les. Cliiesa Stepliauus. Epislolica Dissertalio
Ch.iho J. Auguste. Paroles d'un V^ojant en Scoti - Thomislica super facti qua^stione ,
réponse aux paroles d'un Croyant de Mons' utrum Doctor Angelicus docuerit B. Virgi-
,
nera fuisse immnnem a peccato originali ; bles depuis l'an 1598, jusqu'à la Hn de l'an
cui accessit duplex Disserla(io circa B. Vir- 160V, par P. V. P. G. (Decr. 16 Decembris
ginisConeeplionem. Donec corrigatur. (Decr. 1605.)
18 Julii 1729.) Chrysippus, sive de libero arbitrio Epis-
Chiesa (la), e la Repubblica dcniro i loro lola circularis ad Philosophos Peripateticos.
limiti. — Concordia discors — 17C8. (Decr. (Decr. 23 Aprilis 1654.)
12 Augusti 1769.) Chrysostome S. Jean. Yide Homélies et
Cliiesa Subalpina. Yide Morardi G. Noiœ.
Chirulll Isidoro. Istoria Chronologica délia Ghumillas Julian. Retractatorias vozes
Fraiica Martin;i. (Decr. 2 Augusli 1751.) que levanta à el Cielo el nemor poslrado ,
Conrado uliimo Suevise gentis Principe. (De- cia quani'JefendetFr. Franciscus Peemans.
,
l'Eglise Catholique louihanl l'Eucharistie livilà délia gran Madré di Dio. (Decr. 30 Ju-
défendue. (Decr. 30 Junii 1671.) lii 1678.)
— Et retiqua omnia ejasdem Opéra. (Decr. —Cento discorsi per le cinque Novene , e
10 Mali 1757.) solcnnilà délia gran AJadre di Dio. (Decr. 17
Claudia Gio (Barlholoraeo da S.). Rinforzo Octobiis 1678.)
dello spirilo Religioso con dieci giorni di
, Clovei François. Déclaration où il déduit
ozio sanlo. (Decr. 29 Julii 1722.) les raisons qu'il a eues de se séparer de
Claudius Taurinensis, qui scripsit de ima- l'Eglise Romaine. (Decr. 26 Oclobris 1640.)
gitiihus. (ICI. Ind. Trid.) Cludius Andréas. Ad illuslr. Til. Digest. et
Clavesliiin Ferdin;indo. Apologia in difesa Coda is de Condictioiie ob lurpem vel injus-
d'una doilrina di Piètre Conii. (Decr. 10 Ju- tam causam Commenlarius. (Decr. 16 Mar-
nii i6o8.) tiil621.)
Clavicula S;ilomonis. (Ind. Trid.) Clulen (Joaehim) de Parchun , Megalopo-
Clavier E. Exijosilion de la Doctrine de litanus. Sylloge rerum quolidianaruui. (Dec.
l'Egiise Gallicane par rapport aux préieii- 12 Decembris 1624.)
tions de la Cour de Home par du Mars lis .
,
Cluverius Philippus. Vide Hekelius.
et libertés de l'Eglise Gall cane par P. Pi- Cluverius Johannes. Opéra omnia. [Docr.
thou. Opusculajnm prohibila : Primuin Dec. 26 Oclobris 1640.)
21 Novembris 1757. secundum Uecr. 3 Julii Cocajus Merlinus Macaronicorum Opus.
,
1623, nunc denuo impressa. .Wec un Dis- Nisi rcpurgalum fuerit. (App. Ind. Trid.)
cours préliminaire. (Decr. 27 Julii 1818.) Cocburnus Patricius. (l Cl. App. Ind.
Clauserus Conradus. (1 Cl. Ind. Trid.) Trid.)
— Laonici Chalcondylœ de origine et ré- Cocchi Antonio. Del Matrimonio Discorso.
bus geslis Turcornm libri x cum annolatio- llem hoc lilulo : Del Matrimonio Ragiona-
nibus. (Ind. Trid.) menlo d'un Filosofo Mugellano. EJiziono
Cleander et Eudoxus, seu de Provinciali- seconda coil'aggii'nla d'una Leilera ad una
bus , quas vocant, lilleris Dialogi. (Decr. 26 Sposa IradoUa dall' Inglese da una Fan*
,
tionis Romœ emanatum die 3 Aprilis 1704. en forma de Catechismo Iraducidas en Cas-
(Dec. . 23 Julii 1704.) tellan por U. Manuc de Villcgas y Pin.ileli.
1
Collatio Ântuerpiensis ad Petrum Aure- Colonna Biagio. Ft'rfeta I)ifesa délia Ghiesa
lium. (Decr. 23 Aprilis lGo4.) Greca.
CoUalio Di>inorutn et Papalium Cano- Columbus Hieronymus. De Angelica, et
num. Iiid. TriiJ.) humana Hierarchia libri viii. (Decr. k Julii
Collazione del Simholo Niceno, e Conslan- 1G61.)
linopolilano col Simbnlo, che si ri.ava dalle —
In Sanrtam J. C. temporalem nalivita-
Dollrinede'PP. Arduino,e Berruyer (lesiiili, tem,quonam paclo pi inettp, ne sidora Christe
indirali îuo' iii délie ioro Opère, d'onde son
i Domino famulentur, Thcologica Disquisitii.
tratli.(Uccr. 13 Aufjusti 1764-) (Decr. 29 Maii 1690.)
Collecion diplomalica de varies Papelles Colus Guilielmus. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
autiquos y moderDOs sobre dispensas nialri- Colzeburgius Matthœus. (I Cl. Ind. Trid.)
moniales y oliO'. punlos d.^ disciplina Ecle- Comani'er Joannes. (l Cl. Ind. Trid.)
sias-Uca. (Dec.-. 2G AuguMi 1822). Comazzi Gio. B.iltista.La mente del savio.
Collecion de cuentos diverlidos en vprso y Mariiil70V.)
(D.'cr. 11
proa con algiina-^ fabulas, Por D. T. H. de — Politica,
c Religione trovale insieme
T. (Decr. 6 Sep!embris 182V.) nella persoaa, parole ed azioni di Gesù
,
Spiritus Sanclus a solo Paire procedit. (Ind. — La Coscienza illuminata dalla Teolo-
Trid.) gia di S. Tommaso d'Aquino. (Decr. 15
Collectio Bullarum, Brevium, Al'oculio- Mail 1714.)
num, Epistolarumque Felicis record;itionis —
La morale de' Principi osscrvataneU' Is-
Pii PP. VI, coiilra Constitulionem Civiletn toria di tutti gl'Imperadori, che regnarono
Clerl Gallicani, etc. Item concordatorum in- in Roma. (Decr, 7 Februarii 1718.)
ter S. P. Piuiu VII, et Guberniuni Reipublicœ —
Filosofia, et Amore neila Raccolla d'al-
in Galliis, etc. Tumesposlulalionum Una cuni Sonetti. (Decr. 7 Februarii 1718.)
cum epistola, cujus iniliitm : Benevolrr ampli- Combasson Boniius. Vera , et dilacida
tudini tuje ; finis vero: in hacee collectione esplicatio praesenlis status totius Seraphicae
nostra insertorura ; cum subscriplio>e : Fratrum MinorumReligionis. ,Decr. 10 Junii
L'abhé de la Hoche Aymon, etc. data London 1638.)
29 Septerabris 1821. (Decr. 26 Augusli 1822.) Combat critique avec l'Eglise et lElat, par
Collectio Ggurarum omnium Sacrée Sciip- Edgar Bauer. (Decr. 5 April. 18V5.)
turae. Nisi expurgetur. (App. Ind. Trid.) Combat (le) de l'erreur contre la vérité :
Collection de lettres sur les miracles. Vide Suite du Parallèle de la doctrine condamnée
Opuscula ses. par la Bulle Unigeniius, avec celle des Ecri-
Gollendall Henricus. Thèses Theologicse vains sacrés, des Pères, et des Docteurs de
de peccatis, et gralia defensœ in Gymiiasio l'Eglise. (Decr. UMarlii 1754.)
P.iulino Monasteriensi Westphaliœ PP. So- Combe Franciscus (la). Oralionis mentalis
cietatis Jesu, 17 Jaauarii 1703. (Uecr. 11 Analysis deque variis ejusdem speciebus
,
lus Apostolus Romanis sciibere insliluisset. moderna di V... F... Venezia 1781. (Drcr.
'App. Ind. Trid.) die 6 Decemb.' 1784. ) Donec corrigniur.
Commcnlitrii (in Evangelinm secundam Compendio cronologico dell'Istoria Écde-
Maltha-um, Marcum, Lucam) ex Ecclesiasli- siaslica diviso in quattro Tomi. (Decr. 24
cis Scriploribus collecti novie Glossœ ordi-
: Aprilis 1758.)
nariœ spccimen, donec meliora Dominus. Compendio de' che si tengono
discorsi,
(App. Inil.Trid.) nella Regia di Bologna, djl!a
Universiià
Comm(>nlariornra de Regno aul quovis Cattedra di Fisiologia, e di Nolomia com-
Prinripalu rcctc et tranquille adminis- parata. Bologna 1808. Nella Tipograûa'Sassi.
trando libri 1res adversus Nie. Macciiiavel- (Decr. 23 Junii 1817.)
lum Florenlinum. Quod tamen fdso nsseri- Compendio delli obblighi, indulgenze, gra-
tur, cuniei faveat. (Decr. 16 Decembris 1605.) tie, e privilegi, che godono li Fralelli, e So-
Commenlariorum de statu Religionis et relle délia Compagnia délia Santissima Tri-
Reipublicœ in Regno Galliœ. Part, i, ii, m, nità del Riscatto. (Decr. 10 Aprilis 16G6.)
IV et V. (Decr. 7 Augusti 1603 et 30 Januarii Compendio de la Hisloria de la Inquisicion
IGIO.) por el Pi-" D. F. L. (Decr. 26 Augusli 1822.)
Commentarium Bibliorum. ( App. Ind. Compendio délia Confédération Mariana ,
Trid.) ereta soUo la tiroteltione délia IJeala Vergine
Commentarium Bullam Pauli III Licet
in Maria nella Chiesa Parrochialc di S. Pietro
ab inilio, dalam anno 1342, qua Romanam délia Citlà Elellorale di Monaco. (Decr. 17
Inquisitionem conslituit, et cjus regimen non Novembris 1689.)
regularibus, sed Clcro sœculari commisit. Compendio délia Dottrina Cristiana per
(Decr. 21 Novembris 1757.) facililare la praltica d'insegnarla, et impa-
Commentarius de Anselo Melanchthonis. rarla con nuova aggiunta. In Cuneo 1714.
;
Concilio Diocesano di Pisloja. Vide Alli, Vel A\ nome di Gesù con divozione. (App.
e decreii, el ,\nalisi. Ind. Clem. XI.)
Conciliura Pisanum, quod vertus Concilia- Confiance (la) Chrétienne appuyée sur qua-
buium dicenlum est. (Ind. Trid.) tre principes inébranlables, d'où s'ensuivent
Concilj, e Sinodi tenuti in Firenze dall'An- nécessairement les principales xériles qui
no MLv all'Anno MDCCLxxwii; sine annota- regardent le salut des hommes. (Decr. II
tione nominis Auctovis, Lociet Anni, (Decr. Marlii 1704 )
31 Miirlii 17S8). Coiiût.mini deUa B. ^'ergine (il). (App
Coiiciones do decem prœceplis Dominicis. Ind. Clem. XI.)
(Ind. Trid.) Conformi BarUiolomœus. (1 Cl. Jnd. Trio.)
1001 INDEX LIBRORUM PROIIIBITORU.M. 10Ô2
Corso compieto di Iczioni di Theologia François, avec des notes critiques, histori-
dogmatica per uso délie scuole Theoiogiche ques et théologiques. (Brevi Clément. XII,
di Sicilia delUev. Can. Michèle Stella. Auc- 26 Januarii 17i0.)
lor laudabiliter se subjecit et reprobavit. — Défense de la nouvelle traduction de
(Uecr. 22 Septembris 1836.) l'Histoire du Concile de Trente. Decr. 7
Corlaguerra Romolo. L'Huomo del Papa, Oclobris 17i6.)
c del lie contra grinlrighi del nostro (eni|)0 Coiircier l'elrus. Virgini Deiparœ. Qii.Tstio
di Zambcccari. (Decr. 30 Junii 1771.) Theologiea Qitid est Columna et firmameii'
:
Mariic dicitiP. Quœslio ïheologica Quissii- : Junii 1707, in llegia Navarra. (Decr. 26 Oc-
piens. Defens;n Rom;e in ^ile Miniinoruin lobris 1707.)
SS. Trinitalis Monlis Pincii 24- Aprilis 1703. Cours d'étude pour l'instruction du Prince
(l).cr. ISMaii 1703.) de Parme, aujourd'hui fon altesse royale,
CorI (Christian de). ViiJe Bourignon. l'infant D. Ferdinand, Duc de Parme, Plai-
Corle B;irlolumco. Leilera, neî:a qualc si sance, Guaslalle, clc, etc., par .'M. l'abbé do
discorre,da quai tempo probabilincnle s'in- Condîllac. (Dec. 22 Seplembrisl836.)
fonda ncl feto l'anima ragionevide. (Decr. 11 Cours (le l'histoire de la philosophie, par
Martii 170'..) M. y. Cousin. (Decr. 5 April. IS'io.)
Corte (la) di Ronia convinta dalla vcrilà. Coxus Leoiiardus. (1 Cl. Ind. Trid.)
Vide Pirani Avvocalo Giuseppe. Coxus llichardus. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
Corthymius Andréas. Florilcgium Hi-to- Crakanthorp Richardus. Defensio Eccle-
ricuni Sacro-profanum. (Derr. Dccenibris 'i- siiCAnglican.'e conira M. Anlonium de Do-
J72.3.) minis. Opus poslhunium a Joanno Barkam
Corvinus Andréas. (1 CI. App. Ind. Trid.) in luceiii editum. (Decr. 23 Augus:i 103'f.)
Corvinus Anlonius. (1 Cl. ind. Trid.) Crane!)er;;h (Cornélius a). Fraus qainqnc
Corvus Andréas. Liber de Chiromantia. Arliculoriini a Pseudo-Augustini discipulis
(Ind. Trid.) priinuniAlcxandro Ml.nunc ilerum Alexan-
Cosa è un Appeilante. In Piaccnza 178'«, dro \ m
ohlrusoruin, sive eorum cuin Au-
,
sine Aucloris nomine. (Decr. '» Junii 1787.) guslino Iprensi convenientia denionstrala.
— Conlinuazione deli'Appellanle : Caral- (Decr. 19 .Martii 1692.)
teri de'Giuilizj dommalici délia Cliiesa. In Oaninerus Thomas. (1 Cl. Ind. Trid.)
Piacenza 178'*, sine Auctoris nomine. (Decr. Cratander Andréas. (1 Cl. lud. Trid.)
29 Maii 1789.) (hcdo (il). Vide Collini.
Cosinus (Johannes) Dunelmensis Episco- (:rellius Fortunatus. (1 CI. App. Ind. Trid.)
pus.Historia Transublantialionis l'apalis, cui Crellius Johannes. De uno Dco Pâtre.
pnemilliluratqueopponiturtuni sacra> Scrip- (Decr. 18 Decembris 16't6.)
velerum Patrum et rcformatarum
lur;e, luin —/•'< lelii/ua ejitsdem Opéra o/nnia.
(Decr.
EccKsiaruni doctrina. (Decr. 1 Decembris 10 Maii 17o7.)
1G87.) Crellius Paulus. (1 CI. App. Ind. Trid.)
Cosmius Joannes. (l Cl. Ind. Trid.) Crema (Battisla da). Opeia omnia. Nisi
Costa (Jérôme a),
llistoire de l'origine et emendehir. (^Ind. Trid.)
du progrès des revenus ecclésiastiques. (Decr. Cremcr Bernardus Sebastianus. Prodro-
21 Aprilis 1093.) mus (ypicus, conlinens Exercilaliop.es Theo-
Coslanlini P. L. Scella di Prose italianc logico-lMiiU)logicas in \'. et N. Testamenti
(ratte da più celebri, e classici Scriltori , loca. (Decr. i Decembris 1723.)
etc. (Decr. 11 Decembris 1826.) CrcmoninusCiesar. Disputalio de Cœlo in
tics partes divisa. (Decr. 3 Julii 1623.)
Costo Tommaso. 11 piacevolissimo Fug-
gilozio, Ijbri VIII. />ojiec corriijatur. (Decr.
Creyghton Roiicrlus. Nota; in Silveslruin
17 Noveiubris 166i.)
Sguropulum. Vide Sguropulus.
Cricchi Venanlius. Vide Consalvi.
Colhmannus Erncslus. Commcnlarius me- Crisis de Probabilitate ex Academia Mo-
thodicus in librum Codicis Justinianei pri- nacliorum (]assinensium in Monasleiio S.
muin (Dc'.T. 22 Oclobris 1619.) Calliarina- (ieniiic. (Decr. 8 .Maii 1097.)
— RcspunsaJuris et Consultationcs. (jisis p.uadoxa super traciatu insignis
(Dtcr. 3 Julii 1023.] P. Anto.iii Vieyra- I.usitani S. J. De Rcgno
U)(a OICTIONNAIRE DES IIKKtlSIES. 10,03
Clirifli in terris consummalo, etc. Auclorn lii che sollevano l'anima alla conlenipla-
,
quonriam Lusilaiio Aiionjmo, clc. (Dccr. 3 tioue, et amor di Doo. (Dccr. 20 Junii KiOO.)
Uecembris 1759.) Cudworlh Radulphus. Systema intcllec-
Crispinus Joanncs. (1 Cl. App. Intl. Trid.) tuale hujus Universi, seu de veris nalurœ
Crisiiano (il) inleriuro. Vide Clirisliano. rcrum originibus Commenlarii. (Dccr. 13
Ciisliano (il) orcupato ncl riliro di dieci Aprilis 173'J.)
giorni per far gli EstTcizj Spiriluali di S. Cueslion importante? Los Dipulados de
Igiiazio, di un Reiigiosodei Minori Convcn- nucslras Cortes son inviolables respeclo de
luaii di S. Francesco. (Dccr. 28 Julii 17i2.) la Curia Uomana ? (De. t. 26 Augusti 1822.)
Corrrctiis vero jitxta cditionem Romanain Cuillerie Stephanus. Muiri inler V irgines
anni {'11 permiUilur. purissimie. Quics'.io Theologica. Thèses de-
Critique générale de l'Histoire du Cnlvi- fensie in AcaJemia Doluna a Joannc Adamo
nism de M. Maiin!)ourg.(Decr. 18 iMaii 16Si.) Groob 29 Martii 1690. (Decr. 21 Novembris
Criiius (Andréas) Polonus. (1 Cl. App. Ind. 1690.)
Trid.) Culman , seu Culmannus Leonhardus. (1
Crogerus Nicolaus. Amphitliealrum mor- Cl. Ind. Trid.)
tis nialurœ, sortis durje. (Decr. 22 Oclobris Cuno Joannes. (1 CI. App. Ind. Trid.)
1G19.) Cura salutis sive de statu vilœ mature
,
Cronerus Joannos. (1 Cl. App. Ind. Trid.) ac prudenter deliberandi melhodus, per de-
Cronica del Paradiso, sine nomine Anclo- ceai dierum A'eneris, Spiritus Sancti, Sanc-
ris et Annolalione loci el unni. (Decr. 2 Julii tissimœDei Malris boni Consilii S. Ignatii ,
,
Croy (François de). Les trois Conformi- di alcuiie note. l'om. i, ii, in, in Pralo 1787.
tés, savoir l'harmonie et convenance de l'E- (Dccr. 5 Februarii 1790.)
glise Uoiuaine avec le Paganisme, Judaisme Curés Lorrains Allemands. Projet de re-
et liérésies anciennes. (Decr. 12 Decembris quête au Uoy. (Decr. 11 Julii 1777.)
162i.) —
Vide .Vveriissement qu'ont mis à la
Croyant Je) détrompé, ou preuves évi- tête, etc.
dentes, etc. Vide P. Dubois. — K/rfeCalcchismus Oder Milcb, etc.
(Decr. 28 Julii 1742.)
— Vide Extraits des MSc.
Crozc Malurin (la). Veyssiere Histoire du
— r((/c Knôpller.
Christianisme des Indes. Curi us,«e!tCurœus Joachimus. (1 Cl. App.
— Histoire du Clirislianisme d'Ethiopie et Ind. Trid.)
— Gnlis SilesiœAnnales. (App. Ind. Trid.)
d'Armcnie.
Curio Cœlius Horatius. (1 Cl. Ind. Trid.)
Cruciger Gaspar. (1 Cl. Ind. Trid.)
Curio Cœlius Secundus. (1 Cl. Ind. Trid.)
Cruciu> Jacobus. Mercurius Hatavus, sive
Curte (Camillus de). Secunda Pars Divi r-
Epislolarum libri v.(Decr. 25 Januarii 168'^.)
sorii,seu Couiprensorii juris feudalis. (Decr.
Crudeli Tommaso. Uaccolta di Poésie.
16 Decembris 1605.)
(Decr. 7 Oclobris 17't6.)
Cuspini:iniis Joannes. De Cœsaribus atque
(Decr. 15 Januarii 1714.) Imperaloribus Romanis Z^onec corrinatur, .
Daillon (Beniarain de). Examen de l'op- Davidis Franciscus. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
pression des Uéfoi niez en France où l'on , Davila .loannes de Roa. Vi'rfe Roa.
juslifie l'innocence de leur Religion. (Decr. Deciniator Henricus. Sylva vocabulorum
k Marlii 1709.) et phrasium cnm soluUe, lum ligaU'e oratio-
nis. Donec corriqalur. (App. Ind. Trid.)
(Decr. U Januarii 1737.) Decisionum novissimarum Rotœ Rumanœ,
Dale (Anlonius van). De Oracnlis Elhni- sive Sac. Palalii Romani Pars vi, conlinens
coruni Disserlationcs duie. Acccdil Schedia- tum Decisiones varias,lum Declaraliones
snio de Cousecraiionibus Ellinicis. Concilii Tridentini habitas e Bibliotheca D.
— Disseilaliones de origine ac progressa Prosperi Farinacii. (Decr. 7 Sept. 1009.)
ldoloialri;e cl Superstitionuni. Declaralio Si crie Ciesarcaî .Majeslalis)
— De veia, et l'alsa l'ropiielia, et de Divi-
(
Dekreet (Naeder) van de Roomse viers- Parle i, divisa in due volumi. Item Ideologia
chaer genaemd Inquisice by lict welke onder liropriamenle delta. Parte ii, divisa in due
andereu verdotmt wort licl smeekschnft volumi Cramniatica Générale, ec. Item Par-
:
van Heer Adrien van Wyck. kl est: Dccre- te III divisa in due volumi
,
Logica, ec. :
tum nuperum Tribunalis Romani qitod In- , Item Parte iv, ossia Traltato délia volonlà,
(jusiliunem vocamus quo inter cetera dam-
, e de'suoi effe li, divisa in Ire volumi con un
nniiir supplicatio D. Adriani van Wtjck. saggio di Catechisnio. Deniijue : Saggio di un
(Decr. 7 Septenibris 1693.) trallato morale in forma di Caticliismo pub-
Delilti (dei),e délie penc. Decr. 3 Februa- blicato in seguitodegli l'^lemenii d'ideologia
rii1766.) Vide Voltaire. Vide Abhandlung. del Siiz. Conte DcsIuU di Tracy, del Cava-
Di'liberatio (siaiplev ac pia) qua ralione lière Cooipagnoni. Qaocumque idiomate sive
Christiana et in verbo Dei fundala Refor-
,
c»m î'rœfationp et Notis Equitis CompagnOi
. maiio doclrinae, administrationis Divinorum vi, sive sine illis. (Decr. 27 Novembris 182).)
Sacranientorum , Caeremoniarum tantisper Dévotion (de la) à la Sainte Vierge, et du
insliiiienda sit. (Ind. Tiid.) culte qui lui est dû. Donec corrigalur. (Decr.
Dempsierus Thomas. Anliquitatum Roma- 7 Septembris 1695.)
narum Corpus absolulissimum, in quo prœ- Dévotion (de la) à la Sainte Vierge, et du
ler ea, qu^e Joannes Kosinus delineaverat culte qui lui est dû nouvelle édition. Donec
;
queMr.Crugé lui avoit écrite au sujet de son S. Anna Madré délia gran Madré di Dio, ad
Mandc:iicnt sur le livre des Uexaples. (Decr. istanza di Agoslino llispoli. In Napoli 16G3.
29 Julii 1722.) ;Decr. 30 Julii 1678.)
Donunliatio solemnis BuIIre Clemenlina; Devotioni, che si possono fare in onore di
quœincipit: Vi'ieam Domini SabaoUi facta , S. Anna Madré délia gran Madré di Dit), lu
unjversœ Ecciesiîe Calholicœ , ac prœsertim Viterbo. (Decr. 30 Julii 1078.)
1013 INDEX LIBRORDM PROHIBITORUM. i0l4
Dcvolioni dn farsi n!la {zloriosa S. Annn. ta di S, Agoslino, e di S. Monica. (Decr. 21
Napoli 1003. (Derr. 18 Maii 1677.) Februarii 1712.)
Dcvolioni [piicre, o fcrvorosc, clie si rscr- Diatriba Theolosica de pcecalo pbiloso-
citano dalli Fr.iloili, e Sorelle délia Confia- phico, cuiii pxposilione Dccreli InquisiUonis
Jpinila (ii S. Aima di N.ipoli. (Decr. 30 Julii Roiiianœ , cdili 2i Augusti 16!)0. (Decr. l
1078.) Julii 1093.)
Devozione ali'amal)ilissiino. Vide Divo- Diazius Joannes, ille cujus mortis histo-
zionc. riam scripsit Sennrrlœits. (1 CI. Ind. Trid.)
Delis Dt Rex. sivc Dia!on;us quo demon-
,
Dicliiaratione (l.i) delli cento cinquanla
slralur Seienissiinutn Jacobuin Regem in Salnii di D.ivid con le sue vere csplicalioni,
repiiis suis justissime sil)i viiidicare quid- e vil tù, estratti da molli libri di virluosi Rab-
quiil in juranicnto Fiilciitalis reiiuirilur. biiiiEhroi; con una insigne labella de' ca-
'Decr. 2 Deccmhris 1017.) ralieri ebraici , e sue viilù. (Decr. 13 Ja-
Dialectica Lcg;ilis. (App. Ind. TriJ.) nuarii 1711-.)
—
Idem Opus cum nomine Auctoris. Vide Dicliiarstione pubblica di Federico per la
Hcgendorpliinus. Dio gralia Re di Boemia, per quali ragioni
Dia 0[ilii de' Morti. FîrfeNuovi Dialophi. abbia accettato il govcrno, el Regno. (Decr.
Dialoghi (due), l'uno di Mercurio, et Ca- 12 Decembris 162i.)
ronte, nel quale si racconta quel ciie accacè Dickius Lcopoldus. (1 Cl. Ind. Trid.)
nella guetra dopo l'anno 1521, l'allro <ii Lal-
tanlio, ït di uno Aicliidiacono. ;Ind. Tiid )
Diclamen de la comision eclesiaslica de
las Corlcs, sobre que no se exporte dinero
Dialosîlii Historici, ovviro Compcndio Hi-
para iioma con motivode la im|)elracion de
slorico deirilaiia, c drllo slalo présente de'
Biillas, dispensas y demas Gracias Aposlo-
Principi, e Republjliche Italiane, dcU'Acca-
licas. Decr. D Seplembris 182i.)
demico Incognito. (Decr. 10 Aprilis 1600.) I
obiit, Dissertatio. (Decr. 29 Maii 1690.) mul tam pr;eccptorum quam parentnm in
Difesa (la) délia Cliiesa Greca ultimamen- eosdem officio, doctorum virorum libelli ali-
tc assalila da Comenido Reaisiei scrilta da qunl veie aurei. (App. Ind. Trid.)
Biagio Colonna Sinclerico. Oorfù 1800. (Uecr. Discorsi sopra Fioretti di S. Francesco,
i
S. OfGcii Fer. h, die 27 Aprilis 1803.) ne'quali délia sua Vita, et délie sue Stigmate
Difesa dol Purgatorio dalle moderne opi- si ragiona. ,lnd. Trid.)
nioni ossin il Purgatorio vendiralo dalle Discorso, e parère d'un Tenlogo intorno
,
Urbanuni Vlll. (Decr. 10 Junii IGo's.) l'Anglois. Vide Traité de Lois Civiles.
Dilberrus Joannes Michae!. Disputationum Discours sur la liberté de penser, écrit à
Acadeiuicarum , pri-jcipue Pliilologicarum. l'occasion d'une nouvelle Secte li'Esprils
Tom. 1 et 2. (Decr. 10 Juuii 165i.) foits ou de gens qui pensent librement.
Dillerus Michaci. (1 Ci. App. Ind. Trid.) (Decr. 7 Februarii 1718.)
Dillcrus Pelrus. (1 Ci. App. Ind. Trid.) Discourse (a Seasonable ) shewing bow
Diiiellus Michael. (1 Ci. App. Ind. Trid.) that Ihe Oaths of allegiance et supremacy
Dinluin Fridericus (a), (l CI. Ind. Trid.) contain nolliing whicii any gool Christian
Dinothus Richardus. De rébus el faclis oiight lo boggie al. By. W. B. Idesi : Diseur-
«lemorabiiibusLoci communes Historici. Do- sus opportiinus ostendens qua rationc jura- ,
nec conigantur. (App. Ind. Trid.) menta fidelilaCis et supremd'us nihil conii-
—
Adversaria Hislorica. Doncc conigan- néant quod cuipiam bono Christiano scru-
tur. (App. Ind. Trid.) pulum injiciat ; auctore W. B. (Decr. 2"?
dalis in Basileensium Acadcmia publiée pro- bionhfureuse Vierge Marie. (Decr. 19 .Maii
positarum. (Dccr. 16 Martii 1021.) 17C0.)
Disquisitio Thcoiogica de poteslate ac Disscrialions mêlées sur divers Sujets im-
jurisdictione.quibus in l'œdcratis Kclgii Pro— portints el curieux. Tome premier. (Decr.
vinciis cliamiiuiu fruitur Ai chiepiscopus Su- 28 Julii 17't2.)
bastenus aiilalo licel Vicarialu Apostolico.
, Disscrlazione isagogica iutorno allô Stalo
(Brpvi démentis .XI, V Oclobris 1707.) délia Chicsa e Podcsià del Itomano i'onte-
,
tcntia asscritur. (Decr. 12 Mai lii 1703.) quid senlianl Pastores carum. (Decr. li No-
Disserlalio de (jralia scipsa ofllcaci , e( de vembrisl7G3.)
PraMieslinalionc. (Decr. k Decembris 1725.)
(Decr. 23 Aprllis 165V.)
Dissertatio de Sanguine D. N. Jcsu Ch, isli
ad Fpist. l'i() S. Auju'sliui (jua, niiii! .idhuc
,
Distinetio (brevissima quinque Proposi-
exislat, inquiritur. ( Decr. 12 M.irlii J703.) lionum in varios seiisus) apcrlaciue de iis
niiliil Antonius Ucmiz. (Dccr. 31 Januarii Diviiia (de) inslilulionc Paslorum. Vide
1777.) de UoUenslandler.
Disserlalio liislorico-ccclesiaslica , etc. Divinalriei.; (Arlis) encomia , et palroci-
Yide P<i|:e Fridcriciis. nia diversorum Auetorum. (Ajjp. Ind. Trid.)
!)is>erlalio pro Francisco Suarcz. Vide Divinité ou le principe de l'unique vraie
A. S. C. forme de l'cducaliou de l'homine, par Gra-
Disscrlalion, où l'on prouve que .^. Paul scr. (Decr. Janv. 1S!9.)
l 'i
dans le 7 Ch;ip. de lai aux (".orinlhirns n'cn- Division do lo^ Dominios dcl Papa. Tradu-
sri;.;iu' p;i- que le mariage puisse être rom- ciou libre del Follclo lilulado il Papa in Ca-
pu , loiiiiu'uuc des parties embrasse la Uc- mistia. (Dccr. 6 Seplembris 182V.)
,
Divortio (il) céleste cap;ionnto dalle disso- Doppia (la) impiccata. (Decr. 20 Marlii
lutezzn dclla sposa Uomana. (Decr. 28 De- 1668.)
cembiis IGiC.) Dordraccnse (Synodi), et corum qui illi
Divozii>no (la) air.iniabilissitno, e divino pra'l'eruntiu Bcigii Renionstranlcs quos ,
Cuoro di'l no>trn Sin;norc Gcsù Crislo, cava- vocant, crudelis iniquitas exposiia. (Decr.
ta dairOpere di Giovanni Lauspergio Cerlo- 16 Marlii 1621.)
sino. (Docr. 22 Maii 1745.) Dorcn (Bernardus van). Fides in una
Divozione (la) di Maria Madrc Sanlissinia Sancta, Calholica, et Aposlolica Ecrlesia
delLume, dis ribuila in (re parti da un S;i- sub uuo in terris Capite Romano Pontiûce ,
Ministeriis ac BeneGciis Libri vin. Item pro Tlieologica Quis renil legem adimphre ?
:
libertale Ecciesiai Gallicic ad versus Hoina- Thèses, (|uas tueri conabitur Joannes Nico-
nam Aulam Defensio Parisiensis Cuiia», Lu- laus (îuillaume die V Maii 1719. (Deci 29 Ju- .
Sali Lovanii in (^oilegio S. Anionii de Padua catio «luœstionis de Lcge Uegia, de qua lan-
FF. Miiiorum Hibernorum die 28 Julii 1671). topere JurisconsuUi disceplarunt. (Decr. 3
(Docr. 15 Martii 1684.) Julii 1623.)
Diifnuoy M. Biographie des jeunes de- Ecclesia (cur) quatuor Evangclia accepta-
moiselles, ou vies des femmes célèl)ies, de- vit. (Ind. Trid.)
puis 1rs Hi'brrux jusqu'à nus jours. (Decr. l'^cclesiîD Gallicana; in Schismate st.Ttns.
11 Derembris 1826.) Sive scorsim, .livc insrrlus Opeiibus Pétri
Dngo Joaniies. i ide Philonius. l'ithœi. (Decr. 3 Julii 1623.)
Dugnel. (iMrJacquusJoseph;. Lettres à Mon- I'>clesiaslica (de) et polilica poteslaie. Opits
seigneur l'Evèque de Montpellier au sujet do Edinundi Richerii. (Decr. 10 Maii 1613, et 2
ses Uemonsirances au Uoi, 25 Juillet 172'i-. Decembris 1622.)
(D.'or. l.'î Fe' ru.irii 1725.) Iicclesiastico (F) in solitudine, composto
Dulaure J. A. Histoire abrégée de diffé- da .N. Prête délia Congregalione deirOr.ilo-
rens Cultes. (Decr. U Decembris 1826). rio. (Decr. 2 Julii 168ii).
Dunelmcnsis Joanncs Einscopns. Vide Co- Ecliialli! Mufti. Vide Religion, ou Théolo-
sinus. gie (les Turcs.
Dunoyer ALadamc. Lettres historiques et Eckard Ceorgius. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
galantes de deux Dames de condition. (Decr. l'.clihardus Tobias. Ilcnrici Lconis aiicloii-
4 Decembris 1725.) tas circa Sacra in coiislitucnd.s aliiue nm-
Dupaly. Lettres sur l'Italie. (Decr. De- U firmatidis Episcopis. (Decr. l'i Januarii 1737.)
cembris 1826.) F^rlaircis-euieuls sur l'autorité des Conci-
Diipin Ludovicus lîllies. De anliqua Ec- les géncraux et des l'.ipcs, ou Explication du
clc>i;e disciplina Dissertalioms llistorica;. vrai sens de trois Décrets des Sessions iv et
(Urevi Innncput. \1, 22 Januarii 1688.) V, du Concile général de (^ou-^tance, contre
—Niiini'lle Itib!iolliè()iie «le-. .Vuiours Ec- la Disserlalioii de M. de Sciielstratc. (Decr. 7
clésiastiques, contenant i'Iiistoirc de Icurvie, Februarii 1718.)
4025 niCTIONNAIRE DES HERESIES. 102i
Eclog'a Oxoiiio-Canlabrigiensis tribiita in *
Eloge de l'enfer. Ouvrage critique, histo-
libres duos. Opéra et studio T. I. (Uecr. 7 rique et moral. (Decr. 13 Augusli 176V. i
mania vigenlis, elc. (Decr. 5 Augusli 1833.) dendain novilatem. (Brivi Bened. XI \, 5
Engelbcrl Jean. Divine vision et révélation Seplembris 1757.)
des trois étals, rEcilésiastique, le Politique Epislola Anglice et Laline data Roma; 13
et l'Economique. (Decr. 15 Maii 1714.) Novembris 1816, qure incipil : omnibus et
Eiigelgrave Henricus. Luris Evarigelica; singulis. Vide Gandolpliy Peler.
sub vélum sacr"rum Emblemalum recondilœ E|)islola Apologelica ad sinterioris Cliri-
p.irs m, hoc est cœlestc Panthéon in testa slianismi sectalores per Frisiam Orienialem
et gesla Sanclorum totius anni. Pars i. cl alias inferiores Germani;u regiones. (Ind.
(Decr. 2 Julii 1686.) Trid.)
English Loyally vindicated by the Frencli Epislola Christiana e\ Balavis missa, lonje
Divines, or a De( i.iralion of liireescore Doc- aliler traclans cœnam Dominicam, quara
lors of Sorbone for the oalh of Allegiance, hacienus tractala esi. (Ind. Trid.)
dons in English by W. H. /(/ est : Anglicana Ef)islola consolatoria ad revercndos et
Fidelitas vindicala a Theologis Galtis, seu gravissimos Theologos J.icobum .\ndrea; et
Declaratio sexaginta Doctorum Sorbonœ in Lucam Osiandrum de Palatinalus EbclCuMlis
favorem juramenti Fidclilutis, in Anglicum admiiiistratione, et insii ula in Eidesiis et
translata a fV. II. (Decr. l'i Maii 1682.) Scholis emendatione. (.\pp. Ind. Trid.)
Enluminures (les) du fameux .Mmanach Epislola d'Elisa ad Abclardo. Vide Scella
des PP. Jésuites, intitulé la Dérou e et la di Prose, e Poésie.
Confusion des Jansénistes. (Decr. 23 Aprilis Epislola dedicatoria pra;fixa liliro, ciu" titu-
1G5V.) liis : P.egulœ Socictalis .]csn,jaxla cxemplar
Jebot de la Salle, olim Episc^pi Tornacensis, Servitœ incipiens : Panlus Venelus Scrvita-
Joannis BaplisliB de Vvilhuitionl Episcopi rum Onlinis Theologus, lia prudcns, inte-
A|iainiensis, Joannis Soiiicn Episcopi Sene- i;er, sapiens elc. Tarn impressum
,
,
quam
censis , Caroli Jonchim Colbert de Croissy maiiitscripttim. (Decr. 3 Julii 1623.)
Episcopi iMontispussulaiii ,Pelri de Langle Epiihemaia Historiœ de bello Keligionis.
Episcopi Bolonicnsis, Caroli de C-iylus Epi- (App. Ind. Trid.)
scopi Anli-siodorensis, et Miciiaells Cassa- Kpitomi Responsionis Sylvestri ad Marli-
jjiiel de Tilladel Episcopi Matisconénsis, ad num Lutherum a Lulhero édita. (Ind. Trid.)
SS D. Iiinocenliutn Papain \I1I occasione Epilome belli Papislarum contra Germa-
Consliliilionis Unigenilus. (Decr. 8 Januarii niam ail] ue pairiam ipsam, Cœsare Carolo V
1-/22.) duce. (Ind. Trid.)
Epislola invilatorla (Theologorum quo- Epilome Chronicnrum HistoriarumMun-et
rumJaiii in Elecloralu Saxonise) ai uiiivcr- di, veiul Indes. Priwœ,
secundœ iinpres-
et
sos Dominos Tlicologos et
, Ecclesiarum s'onis uhi sunt impressœ
, atquc pguralœ ,
Système de la nature ementito MiraLeau no- Chrétiens, ou Lettres et ^Mémoires d'un En-
mine cditi. (Uccr.2 Juin 180i.) voyé secret de la Porte dans les Cours de
Erslcr Sies des Licthes iiber die Finsler- l'Europe.
niss in der Katbolischen Kirclie Schlcsicns.
—
Suite de l'Espion dans les Cours des
Ein iiilerossantes Adensluclî. Latine veto : Princes Chréiiens.
Primus tiiuniphus lucis [relalus) de lencbris Espion (!') de Thanias Kouli-Kan dans les
in Catholica Ecclosia Silcsia». Docuîiienta Cours de l'Europe, ouLetIres el Mémoires de
niagni inonieiiti. (Decr. 11 Junii 18i7.) Pagi-NasMr-lieli. Traduit du Persan par
Erizberg Heiiricus. (1 Cl. App. lud. Trid.) l'Abbé de Rochebrune. (Decr. 11 Septembris
Erynachus Pauliis. Sanclornm Palruni do 1750.)
Gralia Chrisli el libcro arbitrio diiiiican- Espositione dell'Oratione dcl Signore in
tiuin Trias. Donec corriganutr liluli Ccipi- volgare composta per un Padre non nomi-
ttim et Articulurum , alque Index (Uecr. iialo. (Ind. Trid.)
3 Julii 1G6!.) Esposizione di'lla Doltrina délia Chiesa, o
Erytbranis Valenliuus. ( 1 Cl. App. Iiid. sicno Istruzioni lamiliari, c necessarie ad
Trid.) ogni sorte di persone iiitorno alla Grazia di
Esamc crilico di una Lettera di D. Fran- Gesù Crislo, por servire di fondamento alla
cesco Spailca coiilro gli Elemenli dcl Driilo },Iorale Crisliana, c di preservalivo contro i
naliirale doilWbb. Grcgorio Aracri. Napoli ful>i princi|)j délia inoudana Filosofia. To. i,
1787. (Uecr. 21) .Maii 1789.) 11, lii. In Siena. Sine Auctoris nnmine cl
l!\ame dclla Conl'cssioiie Auriculare , c Anni annututione. (Dccr. 11 Januarii 17!iG.)
deila vera Cliicsa di Gesù Cristo : Conoscc- Esprit (de l'J. (Urcvi Clemenlis XIII, oi
rcte la verilà, e la t-crità snrà la voslra libr- Januarii 1759.)
ratrice. Gesù Cr slo in S. (jio. vni, 32. Mi- Esprit de Clément XI\', mis au jour [lar
lano l'anno ii délia hberlà ilaliaiia. Pro- le H. P. 15... etc.. cl traduit de l'italien par
,
prictà de) Citladino (j. A. Kanza 1797. (Uecr, l'Abbé (-... (Decr. 18Augusti 1773.)
27 Jaiiuarii 1S17.) Espr.t (F) de Gcrson, ou l'nstruciions Ca-
Escandalosa (A) Vida dos Papas. (Decr. Iboliqiies touchant le Saint-Siège. (Decr. 13
2.) Junii 183(i.) Septembris 1707.)
Escalanle (Fcrdinandus de). Clypeus Con- I{spril(l') de Jésus-Christ sur la Tolérance,
cionaloruni verbi Dei. \onpermittilur,nisi pour ••ervir de réponse à plusieurs Ecrits de
correct:s iis quœ liabentur capitc ultiino li- ces temps sur la même uialière. (Decr. 1
bri M
jam nolata a Jacolio Grelsero in Admo- Septembris 17(>0.)
nitione nd Exleros de Biiiiis Ti g urini s. {Dccr. Esprit (F) de Mr. Arnaud, tiré de sa con-
3 Julii 1023.) duite et des Ecrits de lui el di' ses disciples,
Estarliolier (F). Vide Libelliis conlinens. paniculièrement de l'Apologie pour les Ca-
Estrcizj di iUligione. (Dccr. 26 Augusli tholiques. (Decr. 29 Augusli 1G90.)
1822.) Esprit (F) de Mr. de Voltaire. (Decr. 19
Esiiaudicre (Pierre de F). La Loiiangc du Maii 17G0.)
Mariasse, cl recueil des Histoires des bonnes, Esprit dos Loix (de F), ou du rappoit que
Acrtueusis el illustres femmes. (Anu. lud. les Loiv doivent avoir avec la constitution de
Trid.) chique gouvernement, les mœurs, le cli-
Esorialioiic (supplice) di iiuovo iiiaïuiala mat, la religion, le commerce. (Decr. 2Mar-
all'inviliissim.iCesare Carlo V. (lud. Trid.) lii 1752.)
Espagne (Jean d'). Les erreur^ populaires — JiUm Vide Spirito délie I.e^'gi.
llalice.
Cl poiiiis principaux qui concernent Fiiitel- Esprit du dogme de
la rranche-maçomie-
ligence de la Urligion, rapportez à leurs cau- rie ; recherche sur sou origine et celle de
ses. (î)ocr. 22 Juuii 1070 j SCS dilTérenls rites, compris ceux du carbo-
,
religion, etc., par Guillaume Tiberghicn. struction du Gardien des Capucins de Ba-
(Decr. o April. 1845.) guée à Frère Pediculoso partant pour la
Essarts (des). Vide le Livre à la mode. Terre S.iinte Tout eu Dieu , Commentaire
;
Eslienne Henry. Vidf Stephanus Hcnricus. sur Sla'ebranche par l'Abbé Tilliadel Dieu ;
Eslor Joannes Georgius. Uelinealio Juris et les hommes, OEuvre Théologique, mais
publie! Proleslanlium exhibens jura et Le-
,
raisonnable en xliv Chapitres, à Londres.
,
neOcia Auguslanœ Confessionis. ( Decr. 28 Oiiinia impii •icurrœ commenta. (Decr. 3 De-
Julii 1742.) cembris 1770.)
Estratto di alcune délie tante iiroposizio- Evangile (l'j du peuple. (Decr. 30 Mart.
ni , eic Vide Comuniono del Popolo nella 1841.)
Messa. Evangiles (les) traduction nouvelle avec
,
Examen critico de las causas de la Pcr- etiam aliarum rerum maxime memorabi-
secucion que han experimentado los Franc- lium. (App. liid. Trid.)
masunes, y cxplicacion de las Bullas de los Exempiariiim sanct;c Fidci Catholicœ.
Sumos Pontifices Clémente XII y Benediclo (App. Ind. Trid.,
XIV. Decr. 27 Novembris 1820.
( )
Exemplorum >ariorum liber de Apos'olis
Examen criliaue des Apologistes. Vide el Martyribus. Sive scorsum, sive conjunclus
Fréret. Calnlixjo S. Hieronyiiii de Ecrtcsiasticis Siri-
Examen de deux questions importantes ptoribus. (App. ind. Trid.)
sur le ; Comment
Mariage la Puissance Ci- Exer< itatio polilico-lheologica elr. Vidt ,
Examen de la nota pasada por el E"" Se- pendere videnlur. (Decr. 12I)ecembris 162'i..)
norNunciode S. S. al Ministerio d'iislado. Exhortationes (sermoncs horiatorii). etc.
Por un Nielo de Don Uoque Leal. ( Decr. 6 Vide Bolzano Bernardo Erbaungsredeu:
Innocent X, contre la paix de l'Allemagne ordoScholafi^qi., qOtts annis 1771 el 1772 ex-
conclue à Munster l'an lGi8, fait en Latin plicaturus est in Qymnasio Palavino. (Decr.
par Amand Flavian. (Decr. 4 Martii 1709.) 11 M.irtii 1772.)
Extrait d'un livre Anglois, qui n'est pa? Fabri (Carlu ^e) d<i Mondolfo,. Scudo di
encore publié, intitulé Essai Philosophique
; Chrislo, ovvero diDavid in Ire libr^distmtQ.
concernant l'enlendemenl hutoaiu; cum- (Decr. 26 Octobris 1701.)
muniqué par Monsieur Locke. (Brevi Clc- Fabri (Honoralus). Apologeticus iHçictr^i^ça
mentis XII, 19, Junii 173i.) Moralis Socieia^is .lesu. Pars i et \i. (Ljçcr.
'
1821.)
—Item ejusd. liber geroianico idiomatc Fabricius (Andréas) Chemnicensjs. {\ Cl.
éditas, cui titulus:Was cnthaltcn die Ur- Ind. Trid.)
kunden des christlichen Allerthuins von Fabricius Anlonius Vide Bleyiiiaims.
der Ohrenbeichte? Wen, bej Joseph Edlon Fabricius Erasmus. (1 Cl. lud. Trid-)
von Kurzbek us. f. 178i. Latine vero : Quod Fabricius F'ranciscus. O.rator sacer. Açcçs,-
continent Documenta Antiquitatis Chrtstianœ sit heplas disserlationum Tbeologico-Orato-
de Auriculari Confessione'/ Vindoboiiae apud riariim. Decr. 14 Januarii 1737.)
Josephum Nobilem de Kurzbek, etc. 1784. Fabricius (Georgius) Chemnicensis. (1 Cl.
(Brevi Pii VI, die 11 Novembris 1784.) Ind. Trid.)
—
Item pjusd. liber Germaniio idiomate — Saxoniœ iUustratœ libri ix (Oecr.23Au-
editus, cui titulus cWas ist der Pabsl? Grœce gusti 1634.)
ou^ew Ti ÈTTJv 6 nùTza.;; Latine vero : Quid
; Fabricius Joannes. (1 Çl. ^nd. Tri^.)
est Papa? Viennœ apud Josephum Edlen Fabricius Joannes. Oratio inauguraUs d^
de Kurzbek 1782. (Brevi Pii Yl, die 28 No- utililate, quam Theologiœ stuoiosus ex iti-
vembris 1786.) pere capere potesl Kalico. Adjectis fabula
Eychlerus Michael. (1 Cl. App. Ind. Trid,.) figurarum, sive locorum, quibus nounulla
Eykenboom Ignatius. Adumbrata Ecclesi<£ àe Grcecœ, el Romanae Ecclesiee ritibus di-
Romanae, Catholicfeque de Gralia
veritatis cta oculis subjiciunlur, et notis. (Decr. 10
adversus Juannis Leydeckeri in sua His- A^arlii 1679,.)
toria Jansenismi liatlucinalioues Defensio. Fabricius .lo. 41hÇ''tus. Bibliograptiia Ap-
(Decr. 8 Aprilis 1699.) tiquaria. Dunec corrigatur. (Decr. 21 J[a-
puarii 1721.)
— Saluiaris lux Evangelii tot| Pjl)i per 4'-
vinam graliam exoriens. Donec coxrigxitux,
Faba(AppioAiineoCromaziano de).Ritrat-
(Decr. 14 Januarii 1737.)
tiPoetici, Storici, e Critici di varj uomini di
Fabricius (Joannes) Montauns. (1 Cl. Ind.
Lettere. (Decr. 14 Aprilis 1733.)
Trid.)
Faber (Basilius)Sûranus. (1 Cl. App. Ind. — Poëma^. (Ind. Trid.)[
Trid.)
Fabricius (Joannes) Palavinus. Epislola-
Faber Gaspar. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
rumMiscellanearumad FridçricumNauseam
Donec corrigantur. (Ind. Trid.) liber vin, qui est Roberti a ]^oshaim.{\\iu.
^nd. Trid.)
Faber (Jacobus) Stapulensis. Commentarji
Fabula (de) Equestris PrdinisCQnsl^ntinia-
in quatuor Evangelia.
ni Epistola. Tiguri 1712. (Oeçç. 15 Jauuarii
-^In omnes Epi>tolas D. Pauli Commcnta- - .
1714.)
riorum libri xiv.
— Commentarii in Epislolas Catbolicas Facetiae faceliarum, hoc est joco-seriorum
Fascicuins exhibens variorum Auctoruu»
Joannis, Pétri, Jacobi el Judie.
— Quinluplex Psalteriuoi Gallicum, Ronia- scripta lectu jucunda et jocosa. (Decr. 18
Julii 1631.)
num, Hebraicuiii, N'etus, Conciliaium.
—
De Maria Magdalena et ex tribus una
Faceliee faceliarum, hoc esit joco-seriorum
Fasciculus novus exhibens. va^ior^m Àu-
Maria Disceptatiu.
ctorum scripta lectu jucunda, et jocosa.
Faber Martinus. (1 Cl. App. Ind. Trid.) (Decr. 4 Julii 1631.)
Faber Timseus. Vide Scotanus. Facius Gaspar. PoUtiça Liviana- (Re.cr. 2
Fable (la) des Abeilles ou les fripons deve- Peccmbris 1G22.)
nus honnêtes gens, avec le Commentaire, où Faclum et Instruction pour le Sin^ic ciçi:?
l'on prouvé que les vices des particuliers Recelez de la Province appelée de S. ^{er-
tendent à l'avantage du public. (Decr. 22 nardin, appellant comme d'abus d'une Or-
Mail 1745.) nance de Mr. l'Evéque tlç S. Pons du 11?
Fabre d'Olivet. La langue Hébraïque res- Septembre t694. (Decr. 27 Apnlis nçi.)
tituée, et le véritable sens des mots hébreux Èactum, ou Propositions s.ucçincteme.nt re-
rétabli et prouvé par leur analyse radi- cueillies des (lucstions, qui se foru^e^t at^
cale. (Decr. 2G .Marlii 1823.) jour d'huy sur la matière de l'usure. (Pecr.
Fabri(.4n5'a/Ms .Iw^onius) Tarvisinus. Juris 11 Martii 1704.)
publici eccle: iastici. P. P. Materies, alque Factum pour les Directeurs des yillages du
1037 INDEX LlRROaiJM rR(Jlll[{IT0r,U5î. 1038
païs (lu franc fie Bruges, au sujet des dixnios lira nd Cl. V. Jusiinum Fe' ronium Ictuiu do
contre les Ecclésiastiques, et autres prélen- légitima polcstate Summi Pontilicis.
daus icelles dixmos. Decr. 8 Apriiis 169'J.)
i
— AppeiidiK Joannis Clerici Pala-
terti.i.
Faes (.Ii)hannes) Luneburgensis. Esercila- lini ad Jusiinum Febronium E[jislola exci-
tio Academica de vuliieribus Christi, cujus talori,! adversus Observationes quasdaiu
Thèses sub prœsidio Johaanis Sauberli de- summarias Heidclbergensis Jesuitœ in ejus
fendel. (Dccr. 30 Julii KHS.) Librum singularem. Cum noiis ad easdem
Faaius Pauius. (1 Cl. Iml. Trid.) Obsorvationes.
— Tliargum, hoc est Paraptirasis Onkeli — App "ndix quarla. Auli Jordani Icti Exa-
Chaldaica in S:icra Biblia, additis in sin- men Dissçrtationis, quam .Magister Carolus
gula fere capita suceinclis Annolationibus.
''
Fridiricus Balirdt Lipsiensis die Ik Decem-
(Ai.p. ind. Trid.)
' '
bris 1765, adversus Juslini Febronii Trac-
— Vide Kinihi David. talum publico exposait. (Decr. 3 Februarii
Faillibil té (la) des Papes dans les décisions 176G.)
dogmatiques, démontrée par toute la tra- — De Statu Ecclesife et legiiima potestate
dilioii. Avec des Remarques sur une lettre Romani Ponlificis. Liber singularis ad
reu-
au Pape de Mr. l'Archevêque de Malines niendos dissidentes iii Religioiie Christiana
el des autres Evêques du Pays-Bas. (l)ecr. compositus. Tom. lu, uiteriorcs nperis vin-
19 Julii 1722.) dicias continens. (Derr. 3 Martii 1773.)
Falconc Nitcotq Carminio. L'inlera Storia Fechlius Joannes. Disquisitio de Judaica
délia f:imiglia, vila, miracoli, traslazioni, Ecclesii, in qua tacies Ecclesiœ qualis bodic
e culto del glorioso Martire S. Gennaro est, et hisloria per omnem jclalem eshibe-
Vescovp di Benevento. (Decr. 7 Februarii tur. (Decr. 12 .Martii 1703.)
1?Ï8.) ' ' Feguernekinus Isaac L. (i Cl. App. Ind.
Aprilis IG88.) Trid.)
(Decr. 1
Falconi Giovanni. Alfabeto per Siaper leg- Felde Johannes. (1 Cl App. Ind. Tri I.)
gere in dhrislo, Ubro di vila eternu. Felic Slanislaus. Notée sex.iginta quatuor
— Lettera scrilldadunafi^^liaola sp^rituale, morales, censoriae, historica> ad inscr:ptio-
pella quale l'ioscgiva il più puro, e perfetlo
nem, epistolam, approhationein et capila
spirilo deU'or^tioue. XIII introductionis al Historiam Coiicilii
—
Letlçr^\ sciilia ad un I\i'ligioso in difesa
Tridenliiii P. Sforlia; Pallavicini. (Decr. 22
Julii 1663.)
'
-'
'
Vayiensis. l\isi coni(jiilw. (App. InJ. Trid.) Fiori Romani. (App. Ind. Trid.)
Feriella (Gio. Paolo), Fiorelti Spiriluali. Fireiize Nicodcmo (da). Pratlica de'casi di
(Decr. 10 Maii 1(J19.) coscienza, overo S|)ecchio de' Confessori. Do'
?erri (Marcello). Del danno avvenuto alla nec corrigatiir. (Decr. 16 Martii 1621.)
Religione, e allô Slato per le ricchezze, e Firmanus Seruphinus. Apologiapro Bap-
numéro de'Kegolaii. A sua Eccellenza il de Crema. (Ind. Trid.)
tisla
Signor Marchese Tanucci. (Decr. 11 Julii Fischer, seu Fischerus Christophorus. (1
1T77.) Ci. .^pp. Ind. Trid.)
Ferro Marcus. Justa damnatio quinque Fischerus (Johannes) Episcopus Roffeusis.
Proposilionum Janseaii. (Decr. 23 Aprilis Opusculum de Gducia et misericordia Del.
165i.) Quod tamen ei falso adscribitur. (App. Ind.
Férus Joannes. Opéra omnia. Donec cor- Trid.)
rigantur. (App. Ind. Trid.) Fischerus Samuel. (1 CI. App. Ind. Trid.)
— Excipiuntur Commentaria in
tamen Fischerus Wilichius. (1 CI. App. Ind. Trid.)
S. Matlhffium, Commentaria in Evaiigelium FischlinusLudovicus Mcichior. Myslerium
Johannis, et in Johaniiis Epistolam primain primogeniti omiiis creaturœ, sive examen
editionis Romœ ; et Examen Ordin.iiidum, Theologicum hypotheseos Jo. Wilhelmi Pe-
impresit»npost(innum 1587. (App. Ind. Trid.j tersenii de humanilale Christi antescculari
Fêtes et courtisanes de la Grèce, supplé- ac cœlesti Accessit qusestio singularis de
:
Filpotus Joannes. (1 Cl. App. Ind. Trid.) Flores Epigrammatum. Vide a Quercu.
Fiuckelihaus Wolfgangus. (1 Cl. App. Ind. Flori Benvenuto. H J'eofllo, Coininedia
T id.) spirituaie. Douce conigatur. (Decr. 18 Ue-
F'ineck Hermannus. PracticaMusica,'. (App. cembris 1646.)
lad. Trid.) Florus Nicolaus. (I Cl. App. Ind. Trid.)
iOii INDEX LIBRORl'M l'P.OfHniTORUM. 1042
Flo9 Sanctorum. Impressus Cœsaraugustœ Forslerus Joannes. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
ann. 15oG, et alibi. Donec corriqalur. (App. Diclionarium Heliraicum. Donec corriga-
Jnd.Tiid.i tur. (App, Ind. Trid.)
Fluild (Uobertus). Ulriusque Cosmi, majo- Forsterus Valenlinus. De Successionibus,
ris scilicel etminoris, Metaphysica, l'hysica, quœ ab intestato deferuntur. libri v. Donee
atque Technica Historia. (Decr. 4 Februarii corrigantur {\pp. Ind. Trid.)
1G27.) Fortius [Joachiraus. Vide Ringeibergins.
Foi (la) des Appellaiis jusiifiée contre les Fossati. Vide Nouveau Manuel de Phréno-
calomnies contenues dans une Leitro Pasto- logie.
rale de M. Berger de Cliarancy, Évéque de Fourkr Ch. Le Nouveau monde industriel
Montpellier. (Dicr. 19 Aprilis l"i2.) ou invention du procédé d'in-
et Sociétaire,
Folenyius (Joaiines Baplista). In Canoni- dusirie attrayante et naturelle, distribuée
cas Aposlolorum Fpistoîas, Jacobi unani, en séries uassioniiées. (Decr. 29 Januarii
Pelri duas, ac D. Joaiinis primam Cocimen- 1835.)
tarii. (App. Ind. Trid.) Fox (Jean) de Bruges [Pierre li(i)jle). Corn- '
Folia inipressa contra rcliL'ionem Calholi- mentaire Philosophique sur ces paroles de
'
cani insidiosc vulgala, (juorum tituli : « Dif- Jésus-Christ: Contrains-les d'entrer. (Decr.
IVrenza |>rincipali trala religione protestante, 12 Septembris 1714).
e la Catiolica roniana. » LavalU'se. « La via Foxus Joannes. (1. Cl. Ind. Trid.)
délia salvazione » un brève e chiaro esame
(Decr. .30 Julii 1078. )
de' due patli... « riflessioni série » Progrc sso
dcl peccato » ristretto délia I$il)blia, che
Foy Flore de S.). Le Miroir do la piété
niostra, quel ch'Essa contiene, e quel clie,
chrétienne.
cinsegna » aliaque his similia. » (Decr. 23
— Suite du Miroir de la piélé chrétienne.
Junii 1836.) Fragment d'une Lettre du I.ord Bolin-'
Folia hoc titulo impiessa. Annali Eccle- broke. Vide Libellus conlinens.
siastici. Secolo xviii. Roliqua (Conlinuazione France (la) au Parlement. (Decr. 24 Au-
quœque desinunt
digli Annali Ecclesiastici) : gusti 1761.)
(jiuseppe Pagani Gazzcttiere in Firenze è il Francheville (Mr. de). Le Siècle do Louis
Dispensatore de;:li Annali Ecclosiaslici. Om- XIV. (Decr. 22 F. bruarii, et 16 Mail 1753.)
nia et singula impressa unno 1780, 1781, 1782. Franchi (Francesco de) Parenesi al Dottor
(Decr. 8Julii 1782.) Capriala. (Decr. 3 Aprilis lOhQ.)
Folia, quorum tirulus Giornale leltera-
: Franchinus Franciscus. Poémata. (Ind.
rio — Tros Tyriusve mihi nullo discrimine Trid.)
ai/itur. N'irg. .Eneid. ; et desiiuint Alii con-
: Franchois (Joannes Baptista. ) Thèses
fiiii d'Huropa. Anton. Graziosi Stampatore, Theologic;p de Deo et Ueligione, cum digres-
e Negoziante di Lihri in Venezia. Singula sionibus ad Thèses Arcana Dei, (Decr.
:
Gedankeii ikhr die Punkt.tlion des emhser Gerardus (Andréas) Hyperius. (1 Cl. Ind.
Kongresscs, uiid die iin Sireil befangeiie Tril.)
papsiliche Nunziaiursaclie iiii Rdniischon Gerbais Joannes. Dissertatio de Causis
lifiilsclien Ueiche von H. D. T. I. In majoribus ad capul Concordatoruuj de Cau-
Deulscliland 1790. Id est: Befle.iioncs su- sis Luteliœ Parisiorum 1679. (Brevi Itmo-
per Stalutis Congrcssus Evibsensis, et Punc- cenlii XI, 18 Decembris 1680.)
tis Nuncialurœ ÀposloliciP in cBnlrover!:iam
— Première Lctlre à un Bénédictin de la
•
jjeria de' Palriolli Francesi. (Decr. 26 Sep- qui vocatitr Litiiis Gregoriiis.{\ Cl. Ind. Trid.)
l.-tii!)iis 1818.) Girard (Bernard de) Seigneur du Haillan.
Giaiiiione Piclro. Historia Civile dcl Rogno De l'Eslat et succez des- affaires de France,
di Napali. (Decr. 1 Julii 17:23.) en IV Livres. (Decr. 7 Septembris 1009.)
Giardino spirituaie per li puUi, cujus ini- (iiraidus (Joannes) Genevensis Impressor.
titi)n:0 somma, o sacra, o ailaTrinittà. (A pp. (1 Cl. Ind. Trid.)
Ind. Clément. XI.)
(Decr. 15 Januarii 1681.)
(jiesù (di) Paola .Maria. Varj Esserciij Spi-
Gisolfo (Pielro^. La Guida de' peccatori.
riliiali, coinposli in varj lemni. Donec corri-
Parte i e ii.
yantur. (Decr. t Julii 1G93.)
(jiffllieil, seu Giefflheil Joaihimus. (1 Cl.
—
Prodigio di mature virtii nella vila di
Nicola di Fusco fanciullo di treanni, e mesi.
App. Ind. Trid.)
Giubileo (del) di N. S. Innocenzo X con il
Gigas (Joannes) Norlhusianus. (1 CI. Ind.
Trid.)
Sommario degli altri passali (jiubilei e del ,
— Esercizio Logico sugli errori d'ideolo- Giassius (Salomon). Philologiic sacric, qua
tolius Veleris et Novi Te-tamenli Scripliira
gia, c Zooliigia, ossia arlr di trar profillo dai
ralio cxpendilur, libri v.(Decr. IV Jan. 17.37.)
caltivi l.iliri. (Decr. 18 Augusli 1828.)
—Ideologia. (Decr. 18 \ugusti 1828. Glatesfcha (Haniigdio). Fanlasie capric-
—Nuovo Galaleo. (Decr. 12 Juiiii 1826.) ciose trasportale in sensi politici, e morali.
—Nuovo Prospetto di Siienze Economi- (Decr. 13 Januarii 171V.)
Giaubensbckenntniss eines mil deai Tode
che. Toni. i, ii, m, iv, v, vi. (Decr. 27 No-
vembris 1820.) ringenden .Mannes Herrnhulh 1783. Id est ita-
— lice Profession di fede di un Uomo agoniz-
Teoria Civile e Pénale del Divorzio, os- :
sia nécessita , causa nuova maniera di or- zanle. (Decr. 7 Augusli 178U.)
,
IroCcIestino. Parle i e ii. Decr. 2!)M.iii 1C90.) leclionum .Xcadeiuicarum. (Decr. 10 Septem-
bris 1827.)
(îiurnalc dellTndulgcnze dclla Cinlura di
S. Agoslino, e di S. Monica. (Decr. 17 Marlii
Gnaplieus, .«eu Gnaphaîus (Gulielmus) Ha-
giensis. (1 Cl. Ind. Trid.)
1738.)
Gioi nata bene spesa del Ci istiano, con ora- Gocchiantis. r;./e Pupperus.
zioiii assai divole, ed afleiltiose, raccolte da
Goccbius Joannes, f/iu' ri Joannes Puppe-
molli SS. Padri, e rosi disposte da un Heli- rus Goccliionus. (1 Cl. Ind. Trid.)
gioso Francescaiio de'.Miiiori Conventuali. Gockelius Erneslus. De l''iirop;iis Keginus,
(Decr. 28 Julii 17V2.) eorunuiuc prajcipuis majeslalicis juribus
Giovane (il) instruilo ne' principj délia De- Tradalio itictliodica. (Decr. -U) Junii l(i71.)
mocrazia rap[>rescntalivu e ne" dovcri di Gucicnius Uodolphus .S(«i«r. Pliysica; com-
,
Citladino. Jesi dalla Slamporia Nazionale di pléta! Spe.:uluin. (Decr. 10 .Mail lli'l.J.j
nis excreverunt. (Decr. 18 Januarii 1622.) Grandeur (la) de l'Eglise Romaine esla-
Goriiii Corio (Giuseppe). Polilicn, DirillO, blie sur l'autorité de S. Pierre et de S. Paiil,
e Ri liiïione per ben pensare, e sccgliere il et justifiée par la doctrine des Papes, des Pè-
vero dal falso. (Decr. 4 Julii 1742.) res et des Conciles, et par la Ira lilion Je
tous les siècles. (Decr. 24 Januarii 1 47.).
(Decr. S. Offic. 19 Julii 1759.) Granduillers Joannes Friilericus. Vidé
Sonner.
— LT'omo. Trallato Fisico-Morale divise la) Carolus. Quieslio Theolo-
Granî^e (do
in tre libri.
Quodnam
est scutumfidei? Epites.cnp.
— r.tsiue Aiictoris nomine. LTonio. Trai-
gica
0, v. 0.
:
ties du monde. (Decr. 18 AugUli 1828.) — Opéra omnia Theologica in 1res Tomos
(îregorius Hieromonaclius Cliius l'roto- divisa. (Decr. 10 Maii 1757.
syiicellus. Synopsis Dbgmalu.m Ecclesiasli- GruiicherViiicentius.(l CJ. .\p;i.tnd. Trid.)
corutu vernaculoGrtecorum idiomate. (Decr. Grunpeck, seii Grunbeck Jose[)hUs. (1. Cl.
18 Junii 1651.) Ind. Trid.)
Grellus Jolïannes. (ICl.Iid. Trid.) Gryn;eus(Georgiiis) Dmiicenus. (1 Cl. App.
Gremoire (ou Grimoire) du Pape Honorius Ind. Trid.)
\emfnliliini nomen), avec un recueil des plus Grynwus Jacobus. ( 1 CI. .\pp. Ind. Trid,)
rares secrets. A Rome ([alsa loci Annotuiio) Gryn;cus Joannes Jacobus. (1 Cl. App. Ind.
1800. (Decr.aJulii 1804.) trid.)
Grenei Claudius. Vcritati audicndip. Quics- Grynœus Simon. (I Cl. Ind. Trid.)
lio Theologica Quis enl caput corporis Ec-
.• Grjphius Otho) Goarinus Catlus. (
(
Cl. 1
de statu Romani Iniperii. ( Decr. 2 Deceiu- pbia Eleclor. Acadomica an. 1779. !
Hellingiis Mauritius. (1 Cl. App. Ind. Trid.) Herefordiiis Nicolaus. Vide Herforde.
Helniboldus Ludovicus. (1 Cl. App. Ind. Heresbachius Conradus. (1 Cl. App. Ind.
Trid.) Trid.)
Helmoldi f.hronica. Vide Ri ineccins. Hérésie (1') imaginaire. (Decr. 11, (t 18
Helvelise ttralulalio ad Galliain de Henrico Januarii 1667.)
hujus nominis quarto Galliarum et Na- Herforde. seu Herefordius (Nicolaus) An-
varrœ ^\ege. (APP- '"d- Trid.) glus. (1 Cl. Ind. Trid.)
Ileiveliornui ^de) Jurib;is circa sacra, dîis Herforlus Antoniys. (1 Cl. App. Ind. '^'rid.)
isl ; K^i[zer |iislorischcr lîntwurfî der t^rej- Herman (Giuseppe). Vide Riilessioni sopra
lieiten ,t\nd der Gerudsb arkeit der Eids- una letlera.
genossen, in so geiianlem geisilichen diiigen. Hermannus Joannes GolTredus. Historia
(Dfiçi;. S. qfficii \ Februarii l769.j cqncertalionum de pane ?;zymo et fenneni
Sçlvétius. Vide de i'Honinie. lato in Cœna Domini. (Decr. 28 Julii 17^2.)
elvicus Chrislophoiiis. Synopsis Historiie Hermannus ItiUiis. (1 Cl. Ind. Trid.)
unjversalis ab o(-igiiie Mundi ad prœsens Hermannus Michael. ( 1 Cl. App. Ind.
tempus deducta. (Decr. 16 Marlii 1621.) Trid. )
Heimueilin Félix. Vide Malleolus.
(Brevi S"' D. N. Gregorii XVI 26 Seplemb.
HemmiDgius N|colaus. (1 Cl. App. ^ç|. 18.3a , et Decreto Declaratorio ex man-
Trid.)
daloejusdeni sanctilalis suae,die 7 Januarii
Hempeliis, seu Hempelius Miçliae|. (1 Çl.
18.36.)
App. Ind. Trid.)
Hennehel Joannes Libertus. Thèses Saçraî Hermès Georgius Einleilung ii\ dieChrist-
Dniversitalem Parisiensein. (.Vpp. Ind. T.id) G!:risli ino-Calholicani, auctore Géorgie Her-
,
feld iii academia Theoiogiœ professore orii- Hibernicus Thomas. Flores Doçlqrum pêne
nario, ac Catholiii Con\iclorii Thiologici omnium, qui tum in l'iioologia, tuni in Pbi"
i Boniiensis Inspectore. Pars prima. Mnnasie- losopliia hadenus clarueruni. Ex T'/pogra^
rii ex Biblio, ataue Iconopolio Coppenralh, pliia Jucobi Sloer Oenèvœ cum sinl multi^ in
:
HocU-rius Jodocus. (1 CI. .\pp. Ind. Trid.) Homme(!') plante, lù/e de la Mellrie.
des Filles célèbres du xviii Siècle. Fabulœ Huarte Gio. Esame dcgl'ingegni dcgii huo-
narrari cieduutiir , historiée sunl. ( Decr. mini. (Decr. lôDecembris KiOS.)
6 Seplembris 1762.) Huberinus Gaspar.(l Cl. Ind. Trid.)
Honlan(la). >'((/« Lahonlan„ «Huebmeir, seu Hubmajer (Ba|lhasar;- Pa-
Hooperus Joannes. Vide Hoperus. cimonJanus. (1 Cl. Ind. Trid.)
Hoornbeek seu Hoornbeeck Johannos.
,
Hugo Jacohus. Vera Historia Romana, seu
Examen BulLe Papalis, qua P. Iiinocenlius X origo Lalii, vel Itali», ac Romaf.ae Urbis.
abrogare nilitur pactm Germ miœ. (Decr. (Decr. 3 Augustil6o6.)
10 Juniil658.) Hugo Joannes. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
—
Et cetern ejusdem Opéra omnia. (Decr. Hugo Victor. Vide Notre-Dame.
10 Maii 1757.) Hugvaldus Ddalriciis qui et Huldricus
,
Hosmarius Zacharias. (1 Cl. App. Ind. unico, proprio, et Catholico marlyrio fldei
Trid.) sanguine ^anclornm violenter effuso; qui-
Kospinianus (Joannes) Steinanus. (1 Cl.
bus juiiguntur Digressioiies de germana in-
Ind. Trid.) telligeiitiaquorumdam Canonum lUiberitani
Hospinianus Ro'.olphus. (1 Cl. App. Ind. Concilii, de variis tornienlorum instrumen-
Trid. tis, el de Mart) rio per pestem. Donec corri-
; — Historia Jesuitica. (Decr. 13 Februarii ganlur. (Decr. 10 Junii 1639.)
1623.)
Husanus Henricus. (ICI. App. Ind. Trid.)
Host Joannes (1 Cl. Ind. Trid.) Hiischiniis Joannes. Ind. Trid.)
(1 Cl.
Hotomanus sive Hottouiannus Francis-
,
Huserus Joannrs. (1 CI. Ind. Trid.)
CUS. (1 Cl. App. iud. Trid.) Huss, seu Hus Joannes. (1 CI. Ind. Trid.)
Hottingerus Joh. Heuricjs. Thésaurus Phi- Hutten {seu Hultenus Ulrichus de). Cl.
lologicus, seu Clavis Scriptur». (Decr. 20 Ind. Trid.)
Junii 1662.) — Phalarismus Dialogus Hnttenicus. (Ind.
— Et cetera ejusdem Opéra omnia. (Decr. Trid.)
:
quas defendet Joanncs Beauver 12 Julii 1683. Indi'x rerum omnium, qua; in noyo, ac
(Decr. 8 Augusli Ki.So.) veleri Tislamenlo habenlur, lociij'lctissimus,
— Compeiidium Theologiœ, id est Thesos una cum Hebr;eorum, Cliald;eorui!î, ne Lali-
c\ prima parle, 1, 2 ri 2, 2 D. Thomœ, de- norum nominum inlerpreta'ion;-. Venetiis
fensœ ab anno 1672 iisque ad annuin 1679. ad signum Spei. l'ôk^k. (App. hid. Trid.)
(Decr. 17 Januarii 1691.) Index utriusque Teslameuli. feue similis
Huyssen (Henricus) lissendiensis. Dispu- Jndici Bibliorum Roberti Stephani. App.
laiio inaugiiralis JiiridJca de Juslitia, Voui Ind. Trid.)
Still-sland des Gericlilos, quam Jova juvante Indirizzi. Vide Raccolta de'cosi delti.
erudilorum examini subjicil. (Decr. 22 De- Indulgenliaî, quœ conresfœ fwrvnt c sair.
conihris 1700.) mem. Papa Sixto V, Panio V Urbano VIII,
.
Ignalio (Henricus a S.i. Ethica amoris, del glorioso Apostol Santiago de Gaiic^a, etc.
sive Theologia Sanclorum. Tom. i, u et ni. Finis : Dada en Koma en Santa Maria la
(Decr. 12 Seplembris 1714., el 29 Julii 1722.) IMayor debaxo del .\nillo del Pesca .'or a 2 de
U codice délia Fortuna. (Decr. 23 Junii Enero de l68i.
IS-JB.) —
Nuestro Muy S.into Padre Innoccncio
11 vélo rimosso da sulle trisli avvenluro Undecimo avienilo sido informado de los
del 11"" P. Giovanni da Capi3lrano ex Gé- inucbos, et inlinitos Milagros, que baze el
nérale di tuUo rOrdine de'ininori. (Decr. glorioso S. Lizaro de Palencii, etc. Finis:
23 .Uiiiii 1836.) D.ida en Koma e,i S. Maria la Mnyor, d baxo
lllyricus Matliias. Vide Fiacius. del Anillo del Pescador à ocho de Febrero
Imagines Morlis, cum medicina aniin;e. de 1685.
(App. Ind. Trid.) —
Cleniente Obispo, Sieivo de los Siervos
linelius Jacobiis. (1 Cl. Ind Trid.) (!e i)ios, ad fuluram r nieiuoriam, à todos
i
Imlerus Chrislophorus (1 Cl. App. Ind. los Fioles de Jcsu Christo, que las présentes
Trid.) lolras vieren,salud, y Aposlo!ic:i benedicion.
Impcratorum et Caîsarum Vita^. (Ind.
, Coiisiderando la fiagilidad de nuesira iiiorla-
Trid.) lidid, y condicion de la huniana n.-'turaleza.
Iiicariialione Maria Bon (dell'). Slali di y la severidad del Divino jui^io, etc. Finis :
oralione inenlale per arrivare in brève tempo Dadd en Roina en Santa !\la ia la .Mayor de-
a Dio. (Dicr. 22 Junii 1676.) baxo del Anillo del Pescador San Pedro, en
Incendio (1') ili Tordinona. l'ocnia eroi- diez de Marco de mil y seiscientos y ochenla
coniico. In Venezia 1781. (Decr. 13 Seplem- y cinco aniios.
bris 1781.) —
Br: ve Sumario y compendio de las
,
confirmadas por Nuestro muy Saiito Padre genze concesse a detlo Ordine. (Decr. 10
InnocencioXIl, à loJos les Fieles Chrislia- Aprilis 1660.)
nos, veziiios de toda la Chrisliandad, que Inslitutiones Grammalicae, el aliarum Ar-
fuereii Coiifradros, y aora de iiuovo se es- tium. Nisi expurf/enlur. (App. Ind. Trid.)
criviiren en los libros de la Real confiadria Inslitutiones hislorire Ecrlesiaslicce, etc.
de cl Saiilissimo Christo de la Quinla An- Vide Dannenuiayr Malhias, eic.
guslia de la Villa de Zalamea,ttc. Finis: Insliluliones Juris Canonici. Vide Ga-
Dada en Roma en el Palacio Sacro a 10 de vallari.
Marco de 1G92 annos. Insliluliones juris Civilis Lusitani cum
Indulgenliarum (LiUer) Frairum Ordinis Publici, lum privali, auctore Paschale Jose-
Carmelilaruni. Vonec emendetur. (Decr. 7 Au- pho .Mellio Freirio. ,Decr, 7 Januarii 1836.)
gusli 1603.) Insliluliones Ji:slili;e, Chrisli.inœ , seu
Indulgenliarum (Liber) Frairum Ordinis Tht'ologia m^iralis. Auctore P. F. Herculano
Servorum. Donec expurgetur. (Decr. 7 Au- Oberrauch. OEniponie sidcclxxiv. (Decr. 11
gusli 1603.) Januarii 1796.)
Indulgcnze, e graiie délia Sacra Religioiie Insliluliones Theologira; ad usum Schola-
délia Mercè délia Redentione de'CaUivi. Do- runi acconiiidalœ ; quas vulgnriier circumfc—
nec rorr/jarur. (Decr. 16 Martii 1621.) runfur siib nomine TU IiOLOUIjE LUGDU-
Infanlas (Frrdin;!ndus de las). Traclalus NENSIS. Lugduni 1780. Cwn céleris editio-
de, Pra^deslinalione secundum Scripturaai nibits indesecutis. (Decr. 17 Dccombris 1792.)
sacrara, et veram Evangelicani lucem. (Decr. Institutions de la Science de la Religion,
7 Augtisti 1603.) ou cahiers des leçons d'un ancien précep-
— Liber di\in;e lucis secundum divinœ, teur de religion dans une université catho-
et Evangelicse Scripluraî lucem in centesirai lique, recueillis el publiés par quelques-
noni Psalini exposiiionem. (Decr. 16 Decem- uns de ses disciples, par Anne Pepoli, veuve
bris 1603.) Sanipicri. (Decr. 23 Sept. 18.39.)
Informaciones (dos) muy utiles, la una di- Instituzioni del Drillo Pubbliio Ccclesias-
rigida à la Magestad del Eisiperador Car- tico accomodate alla pralicadi Vcneziadall'-
los V, etc. (Decr. 7 Augusli 1603.) Abale A. B. Giureconsullo Veneto. (Uecr.
Informalio pro veritale contra iniquiorem 24- Augusti 1772.)
famam sparsam per Sinas cum calumnia Inslrutlio ad lyronem Theologum. Vide
PP. Sociel. Jcsu, eldetrimenloMissionis com- Buscum.
municata Missionariis in Imperio Sinensi. Instructio (brevis et compendiosa) de Re-
(Decr. 21 Januaiii 1720.) ligione Chrisliana. (Ind. Trid.)
Informalione reale délie false apparizioni, liislruclio Pueroruni, etc. Vid. IIINAKE2
e miracoli délia Madonna di Tirano, di S. nAïAArariKoi, etc.
Carlo Borromeo, e del B. Alviggi. (Decr. Instructio, qua vitam seternam obtinebi-
16 Martii 1621.) mns. (App. Ind. Trid.)
Informazione délia B. V. Maria Auxilia- 1istiucli) Visiiationis Saxonicse ad Eccle-
trice, o Sacra Lega spriluale «rctta nella siaruni Paslores de doclrina Chrisliana. ^Ind.
Citlà di Sanla Fedc ncll'lndie Occide;tali, ed Trid.)
in Torino nella Ciiitsa del Real Collegio Instruction du Gardien. Vide Evangile da
de'PP. Minimi di S. Francesco di Paola. Jour.
(Decr. li Aprilis 1755.) Instruction pa.'torale de Henri-Jean Van
Informe de la Sociedad. Vide de Jovella- Biiul, évé<iiic de Harlem sur le .••cliisme qui
,
Inquisilione-i Th. ologicae in usum Cleri- ^yitli a Calcchism for yoiing childien. Id est :
corum Panorniitana; Diœcesos adornatœ, in- JnslnicCiunes, et preces pro pucri'i cum Cit- ,
slante Canoiiico D. Antonio Calvo C.itbi'dra- techismo pro adolescenlibus. (Decr. 12 Ja-
lis Eccle^iœ Decano, alque Seminarii Archi- nuarii 1735.)
episcop;ilis Reclore editje. Panoruii 1774. Instruclioiis sur les vérités de la Grâce, et
(Decr. 20 Januarii 1783.) de la Préilcslinaiion en laveur des simpl s
Inquisilionis (Sanciœ) Hispanicœ arles. Fidèles. Nouvelle éililion, revue cl corrigée.
Vide (lonsalvius. — Eœdenujue Il/ilice hoc litulo : Le ver;là
Iiistiluiio Principis. (App. Ind. Trid.) délia Grazia, e délia Predestinazi ne per
Institulio Religioiiis Chiislianee. WiCtem- amiiiacs ranienlo de' senplici e buoni Ca;to-
6er^œl536. (App. ind. Trid.) 1 .Martii 1768.)
lici. (l»e, r.
titolo : Il Giovane insiruitu ne'principj délia d'occhio si vede. quando sono slali creali, il
Democrazia rappiesentaliv e np'dovfri di
i , tempo che hanno regnato, ed il giorno délia
CiCCadino: {in fine, Senigallia 1800, pel Laz- loro mort' si vende in Italia. (Decr. 31 Mar-
:
bucli liir die oberen Klassen der Volksschu- capitis discrimen vocatum. (App. Ind. Trid.)
len. Latine vero : Amicus jiivenlutis seu li- Justitia, et verilas vindicata conira ca-
ber dofirinfe cl leclionis pro classibiis Su- lumnias, errores, et falsilates, quibus scatet
periorlbus Scholaruin coaimunium. (Decr. Apnlogia P. Désirant in iis, quae c<jncernunt
5 Soplerabris 1825.) quosdam Superiores Carmelitarum Discal-
Juirio Hisloiico-Canoniro-Politico do la ceaiorum. (D'cr. 12 Seplembris 17H.)
Anioriiad de l.i^ Niciones en ios Pi nés lic- Juvencius Joscpbus. Historia Societatis
cleslasiifos. (Decr. 2T Novembris 1821.) Jesu. Pars y. Tomus pos'erior. Prohibendir
Julianus Joannes. Manuductio ad Tluoln- quœ conrernunt Ritus Sinertses, quibus delelia
giam raoïaiem. Donec corrigutur. (Decr. 26 permittitur libtr. (Decr. 29 Julii 1722.)
Oclobris 1707.)
Julius. Dialiigus viri cujuspiani erudilissi- E
mi feslivus sane ac elcgans. {Ind. Ti id.) Kaiserling, Major au service du Roi de
Jui us C;e-ar P.,7i(j <'aliini Instiluiioncs Prusse. Discours aux Confé lércz de Kami-
in Jtalicain linguam transtulii. fl Cl. Ind. nirik en Pologne. (Decr. 11 Augu^ti 1769).
Trid.) Kalb Z. h. Tbeolngisch-politisclie .\bban-
Juliiis Mediolanensis. Vide .Vlediolanensis. dlungen von Spinosa; freye Febersetzung
Junius Fianciscus Senior. (1 Cl. App. !nd. und mit Anmerkungen begleitel. Latine vero:
Trid.j Traclaluum Theologico-pdlilicorum Spino-
—Vita ab ipso conscripta. (Decr. 12 Dc- sa? vcr^io libéra cum adnotalionibus. (Decr.
cembris 162i.) 12 Junii 1826.)
—Vide Pappus. Kammerer Joannes Jacobus. Abhandiung
Junius Hadrianus. (1 Cl. Ind. Trid.) iiber dieExkomunikation, oder den Kirrheii-
Junius Slephanus. Vide Brulus. bann. Strashurg 1792. Id est latine Tracta- .-
Réponse aux Instructions Paslor.iles et au- graphi pro nova ejusdem (Ecclesiœ) ratinne
tres Ecrits de M. l'Arcbevéque de Canibray. conslituenda cum l'undamenlis ex historia,
Tome Troisième. (Decr. 17 Julii 1709.) Christianismo, ac ralione depromtis. (Decr.
Justification de Fia-Paolo Sarpi, ou Let- 5 Augusli 1833.)
tres d'un Prêtre Italien à un Magistral Fran- Kalzscl)ius Joannes. De Sauitate guber-
çais sur le caractère cl les sentiiiiens de cet nanda, socuiuium ses res nou naturales
homme célèbre à Paris cli z Eberharl Nève
; (App. Ind. Trid.)
et leNoiniant. 1811. (Decr. 22 Decembrisl817.) Kaulius Jacobus. (1 CI. Ind. Trid.)
novus. Vide Febronius. Ap-
Jiisiiiiiaiius KeckermannusBarlholomœus.Gymnasinm
pendix secunda. Logicum, id est de usu, et esercilatione Lo-
Juslilia Britaniiica, per quam liquet, ali- giea? libri très. (Decr. 10 Mail 1613.)
quot, in co Hegno cives morte mulctalos Kednadon (Palatinus^ a Straswich. (1 CI.
esse propter Ueligionem vero, neminem in
: App. Ind. Trid.)
1081 INDEX l.IRUORUM PKOIIIBITORUM. msî
Kemerius Paulus App. Ind. Trid.)
(1 Cl. Kling, seu Kliugius Melchior. Commenta-
Keinnitius Mnriinus. Vide Chemnicius. rii in priecipuos secundi libri Decrelalium
Kempisius Th'imas. Vii/e Gasialio. titulos.
Kerapius Martinus. Opus Polyhistoricum — In quatuor Institutionum Juris Princi-
Disserlalionibus xxv de osculis absolutuin. pis Justiiiiani libros Enarraliones.
(Decr. 31 Marlii 1681.) (Decr. 30 Julii 1678.)
Kenerus Joannes. (ICI. A-pp. Ind. Trid.)
Klockins Gaspar. Tractatus JuridicoPolili-
Keyscr Philippus. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
CO'Polemico-Historiciisde^'Erar o,observatio-
KeYsersper^ius, scu Keisersbergius Joan-
nibuslocuplelatus operaChnstophori Pelleri.
nes. Vide Geyler.
KhammCorbinlanus.Hieran hia Aiiguslana
— Tractatus Nomico-Polilicus de Contri-
bulionibu'^.
Chronologica Iripartita in parlem Calliedra-
Klug Josephus. (1 Cl. Ind. Trid.)
lem, Collegialem, et Hesularem. Prodromus
Knewstub Joannes. 1 Cl. App. Ind. Trid.)
Partis m, Regularis. (Decr. 21 J;iniiarii 1721.
Knibbe David. Manuduciio ad Oratoriam
Kiesiiniîius Jo. Hiidol()hus. Hisluria con-
sacrara. (Decr. 31 Martii 1681.)
certation isCrieroru m Lalinorumquedi- Irans-
subslaiitiatione in Eucharistia; Sacramenta (Decr. 29 Julii 1722.)
(Dei-r. 21 Noveinbris 17o7.)
Knippenherg Sebaslianus.Opusculuni. Do-
kimedoncius .lacobus. Cl. App. Ind. Trid.)
( 1
c'rina S. Thomœ in nialeria de Gratia, ab
Kiiulii H. David. Commenturia in )'elus
erroribus ipsi falso iniposilis liberala. Ad-
Testamentum, tam Hebrnice, c/uam Latineper junu'ilur Compendiuin doctrin;e Gornelii Jan-
Piudum Fwjiiim, et Conradunt Pellicanuin senii Ipron^is Episcopi in quinque famosis
translata. (App. Ind. Trid.)
Proposilionibus illius damnala^.
Kiiirningins Ol.ius. ComincnlatioHistorico-
Tlieologica, qua controversia de Gonsecra-
— Opusctilurn contra libruni Auctorisano-
nymi intltulalum: Pra'dicatorii Ordiuis Fides,
tionibusEpiscopoi urnAiiglorurnrecenselur.et
et religio vindicala.
dijudicalur; in Acadt-mia Julia pra-sidenle
Knipperdolling Bernardus. (1 Cl. Ind. Trid.)
Jo. Lanrentio Moshemio conscriplu, et exhi-
Knipsiroch seu Knipstrovius (Joannes)
,
bila. (Decr. 11 Seplembris 1730.)
Ponieranus. (1 Cl. Ind. Trid.)
Kippii'gius Henriens. Melhodus iiov.i Juris
Knoblouchus Joannes. (1 Cl. Ind. Trid.) •
(Juod hahctiir Tom. ii, pag. 14.'t Matrimo- : Kolbius laiicisciis. ICI. Iiul.Triil.)
I
nialium Cnnsiiiorum Jo. Haptista; Ziletli, et Kolch Jacobus. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
Nicolai Uuckeri. (Decr. 10 Decembris lOO'i.) Kollarius .\dai))us l-raiiciscus. De origini-
Klainmer Hallbasarus. Prompluariiim lani bus, et usu perjetuo l'ote-tatis legislaloriip
Juris (^ivilis, qiiani Kcudalis, multis qtiies- circa Sacra .Vpostoiicoruni Regum L'ngariie.
tionibus, et decisiotiibus auctnin opéra Joa- (Decr. 13 Augusli 170V.)
cbiiiii Scheplitz. (Decr. V Fcbruarii l(i27.) Ivopp. G. L. Die katholische Kirche im
'.",.
De aUrilo per Papas hnperio, deque Poiili- univcrsas perditionis seclas Commenlarii.
ficatu a Cœsare , Ecclesia? Re-ique publiccC (Ind. Trid.)
causa capessendo, Dissertatioties. (Decr 1
Lamenta , et querelœ sponsae Sebastense
Decembris 1687.) per Clenieiitem XI viduata», ad enmdem pro
Krompach , seu Krumbach Nicolaus. (l sponso juo. (Brevi Clemenlis XI k Octobris ,
tion. (Decr. -23 Aprilis 165i.) deli'eterno Cnalore Trinilà santa. (App.
— Et cetera ejusdem Opéra omnia. (Dci r. Ind.CIcm. XI.)
21 Aprilis l(i93. et 22 Decembris 1700.) Lamenta nuovo délia Madonna, eujus ini-
Labbé Prtrus. Elogium Scili. Quod prœ- tium : Hegina benedetta e santa (App. Ind,
CU>ii!. XI.)
fixum est Theologise Scoti Joannis Gabrioiis
Boyv[i\,etcujusinitiuin: Hic pcnc anlesul)li- Lamentos de la lulesia de Espana dirigi-
lis fuit, quam homo esset. iDecr. 12 Junii dos a la< Cortes p'r la Deputacion Provin-
1680.) cial de (ialicia. [Decr. 17 Decembris 1821.)
Lachkern Jacobus. 1 Cl. App. Ind. Lamina' plumbi'a' et membranœ, Gruna-
(
t790. Tomus sexltis tantummodo, ob anno- Laude dcvolissima, cujus initiwn Chri'lo :
tationes allerius Anctoris acijectas. (Decr. 27 santo glorioso. (App. Ind. CIcm. XI.)
Novembris 1820.) Laude, alias de Lauro Gregorius (d( \
—
Asltonoiiiia pel bel sesio. (Decr. 5 Au- Bcali Joannis Joachim A' balis et Floren.« i ,
gionc, Irasporlato dal Fr.incese iieiritnliano Donec corrigaliir. (Decr. 20 Novembris 1063.)
idioma, snspensus- , donec corrigalttr. (Decr. Laudibus (de) Jnlii l!l Hymnus,et Seiiuen-
20 Januarii ITito.) lia Miss<p, (juœ dicilur in die Corporis Chri-
Landsheigius (Petrus) Limburgensis. (l sti, (App. Ind. Trid.)
num Coocilii, in < ausa Rebaptizantium, Dis- Leigh Eduardas. In universum Novum
serlatio. Tevtamentum Annotalioncs Philologicae ri ,
Leti
Greirorio. Opcrn omiiia. ( Decr.^ 22 si dimostra clie la fede, ec. (Ind. Trid.)
Deccmbris 1709.) Letlere scritle da un Teolugo a un Ves-
Lellera ad un Cavalière Fiorenlino devoto covo di Francia sopra l'imporianle ques-
de' Santi Marliri Cresci, e Gompagni m ris- lione, se sia lecilo di approvare i Gesuili per
posta di (lucila scrilla dalP. Kr. (iherardo predicare , e confessare. (Decr. 28 Augusli
Capassi deil' Ordiiie de' Srrvi di .Maria a 1738.)
Giusto Fontanini. (Dtcr. 22 Juiiii 1712. Lellere scritle dal Sig. March. Carie Mesca
Ldlera al Maresciallo Keil, sopra il vano Barzi ad un suc amico di Uoverede in pro-
limore délia morte, e lo spaveiilo d'tin'altra posito délia liinosma. (Decr. 20 .Martii 1760.)
vita del Filosofo di Sans-Souci ex gallica : Quœ epistolœ a dorili Auctore solemniter re-
editione quœ est ex adverso. (Decr. 27 No-
,
tractatœ fuerunt, die l.'i Apiilis.
vembris 1767.) Letlere Teoingico-politiche su la présente
Letiera Apologelica a S. E. il Signor Mar- siluazione délie cose ecclesiasliche. Sine an-
chese N. N. aiuico del Signor Avvocalo Be- no et loco. (Decr. 10 Julii 1797.)
nedetli di Ferrara scrilla dal Signor N. N.
neU'occasione di certo Libre dilîaniatorio (Decr. ISSeptembris 1789.)
conlrogii Ebrri vonuto alla luce sotlo il ti-
, Lellere di un Teologo Piacentino a .Mensig.
tolo Disserlatioiie délia Kcl gione
: e del , Naiii \esc.ivo di Brescia snl rumore eccilaio
giurameiito degli Ebrei fallacemenle allri- d,i alcuni suoi Teologi contre l'analisi del
builo a dello Signor Avvovalo. (Decr. 11 De- Lil)ro dclle prescrizioni di Tertulliano. Sine
cembris 177G.) Aiiclori.^ nomine.
Letlcra Apologelica dell' Esercilato Acca- —
Lellera snjla c.)ndoUa da lui Icnuta in
!
demico ddla Crusca conienento la d.fesa del quesTailare. In Pi.i- enza 1782.
libre intitolato Letlere d'una Peruana per
: —
Leltçra ii 11 Credo dell'Abb. Cellini, e
rispello alla supposiziono de'Quipu. (Decr. Compagni colla spiegazioiic del medesimo, e
2 Martii 1732.) di quelle di Fr. Marce. In Piacenza 1782.
Letiera a' Sovrani Callolici. Vide Néces- — L<>tlera lit sulla Lugica dei Teoloei di
sita, e ulilità del Malrimonio degli Ecclesias- Mensig. N ini. In Piacenza 1783.
tici.
Lettora dell' Eminentissimo Signor Cardi- (Decr. 7 0ctobrisl7i6.)
nal Spinola Vescuyo di' Lucca agl'oriundi Lettre à M. Bcnjucl, Professeur en Théo-
di Lucca stantianti in (îeneva , colle consi- logie an Séniin.iire de \'erdun, au sujet di; la
derationi sopra ad essa f.itle. Quœ Considc- Tlièse qu'il y a fait soutenir au mois d'.V-
rationes sunt Francisci Turrelini Minislri vril 1741.
Genevensis. (Decr. 2U Junii l'ISl.) —
Seconde Lettre à M. Bcrquel, au sujet
Letiera di Antonio Posscvino nella quale , de la seconde Thèse qu'il a fait soutenir au
si sforza di provarc, clic i Lihri, chc si leg- mois d'Avril Hil.
gono solto il nome di Dionigi Arcupagita,
siano di qucllo clie fii discepolo di S. l'aolo (Dr-cr. 22 Deccmbris 1700.)
,
con la re'ulatione délie sue ragioni. (Decr. Lettre à un ami sur l'Onguent à la brû-
19 Marlii 1()21.) lure
1. citera di N. ad un' Ambasciatore di Papa Lrllri^ à un ami sur la signature du fait
Giiiliolll. (Ind. Trid.) contenu dans le Feimulaire.
Liltera di risposia alSignor Ignalio Barla- un Docteur de Sorbonnc sur la
i^etlre a
lini sopra l'ccceltioni chc dà un difensore
,
déniinciatien el l'exanicn des Onvragcs du
,
Lrttre d'un homme de qualité, pour ser- 1722. (Decr. 23 Seplemb. 1723.)
vir de réponse à une autre à adressée par
lui Lettre de MM. les Illustrissimes et Révé-
,
mœurs ne sauraient is'établir dans lesjstème Tilladet E\êque de Mâcon, au Koi par la- ,
XVIII, escrite à un Provincial par un de ses intérêts de quelques Etats d'Italie. (Decr. 17
amis. Januarii 1691, et 19 Martii 1692.)
Lettres à Monseigneur l'Evêque d'Angers, Lettres d'un Théologieii-Canonistc à N. S.
au sujet d'un prétendu extrait du Catéchisme P. le Pape Pie VI. au sujet de la Bulle Auc-
de Monipellier autorisé parce prélat. (Decr. torem lidei,clc., du 28 Août 1794, portant
11 Martii 17oi. ) condainnalion d'un grand nombre de Propo-
Lettres à un ami sur la Constitution Uni' sitions Urées du Synode de Pistoie de l'an
genilus. 1752. (Decr. 22 Februarii 1753.) 17^6. Opusin Constilutione Dogmatica indi-
Lettres tlabalistiiiues ou correspondance
, cata fil. record. Pii Papa- VI. § Hisce pro- .
Juives, et des Lettres Cabalistiques. Decr. l'Homnie considéré tant dans i'éi;il de pure
28.1unii 17V2.) nature que dans la société. (Decr. 31 Janua-
Lettres (les) d'Amabed, etc., traduites par rii 1777.)
l'Abbé l'amponet ; par M. de V.... Genève Leunclavius , seu Leunclajus Joannes. ( 1
1770. (Decr. 14 M lii 1779.) Cl. App. Ind. Trid.)
Lettres d'une Péruvienne (Decr. 8 Julii
1765.) ( Decr. 2 Julii 1680, et 28 Julii 1742. )
Lettres d'un Voyageur, par Gcorgus Sand. sliones Hi'braicas qu;:.' lirca velus Testa
,
ées envoyées à messieurs les asteurs de l'K- i quœstiones Hebraio-Grieias quœ circa no- ,
niraque jarisdictione lalissime disserenles aus dem Ordender Heil. Clara velche zu ,
tier.... Capucin... au R. P. Elia Carme , o dolori , che Chri^to Noslro Signore pdiesà
chaussé , cuni liujusce responsis. a viva voce alla divota ed amante di Dio
— Conseils raisonn.ibles à Mr. Bergier, Santa Suor .Mar.a Maddalena dell' Ordine di
pour défende du Christianisme. Pjf une
la Santa Chiara, la qu aie è vivuta in Roma con
Société de Bacheliers en Théologie. gian Sanlltà, e moria ivi piamente. Con una
— l/Epiire aux Romains. S|)iegazione sopra il Gloria Patri e la ma- ,
Paschasii, de gi-nuiiio Eucharisliie negolii Wien mil Joscplis Hegieriing Von. i. B. Ita-
inl' lleclu, et usu. (Ind. Trid.) lice l.i non
: oiitenti. In Vieiina nel Gi)Verno
<
Libellas germanica liiignn edilus , titulo , di (iiuseppe, 1782. ( Decr. die 6 Decembris
qui sic latine redditur : Reddite quœ sunt 1784.)
C;esaris Ca'sari, et quœ sunt Papic Papœ. Liber Belial, de consolatione peccatorum.
(Decr. S. Otticii 20 Marlii 1767.) ( Ind. Trid. )
lice reddilus sic sonat , Enrico Giuseppe : Jo. Albcrli.et D. Hulderici fralrum Ducuin
Walteroth per la Tolleranza in générale, e Meg ipolensium Gentis Henelœ. (App. Ind.
per il diritto di Cilladinanza dei Prolestanti Trid.)
nei Siati Gattolici 1781. ( Decr. 20 Januarii
, Liber, cui titulus: Memoria 'Cattolica da
1783.) preseiiiarsi a Saa Santiltà. Opéra posluma.
Libellus gennanice éditas, oui tituhis : Cismo, o 1780. loi. 188. (Brevi Pii
i 13 M,
Nichts .Mohreres von Ehedispenscn , als was Junii 1781. )
Religion , Rechl , Nutzen , Klugheit und Liber, cui titulus : Seconda Memoria Cat-
Pllichl forderl. Latine vero reddi. us sic habet : lolira conliMiciiie il Trionl'o délia Fede , e
Nihil amplius de Dispensationibus malrimo- Chiisa, de' i^lonarclii, e .Monaaliic. e ilella
nialibus, qtiain quod Religio jusli'ia, uti- , (>ompagii a di Gesù e sui; apologie collo
,
lilas, pruJentia, et debitum exiguni. Mrlius steriiiii.io de' lor Ni mici, da pr. sentarsi a Sua
cjl, ut sc.indalum oriatur, quam ut veritas Saniiià , ed alli Principi Crisliaiii : (Jpera di-
reticeatur. S. Gregorius Magnus. In Valle visa in lie Tomi, e parti, e posturaa in una
Veritatis apud Fraires pecloris, 1782. (Decr. nchicsta già, e gra^iita da Clémente XllI
20 Januarii 178 !.) nella n,.ova Stampcria Camerale di iiuon'ar-a
Libellus insc'iptus Fiinffzehen heimliclie
: i\iD(,CLSxx.iii, MDCci.xxxiv. (Bievi l'ii NT, 18
Lej dcn oder Sclum rt/en Sd Chi islus der Merr Novembi is 1788. >
der fromen, und Goltliebcnden Heil Schwes- Liber egregius de unitale Ecclesi», cujus
ter Maria Alagdalena aus dem Oi dea der Hei- Auclor periil in Concili Conslantiensi. Opus i
ligen Clara... geotîcnbahrvt etc. Quod est , Joannis Uitss. (App. lii.l. Trid.)
latine Quindecim occulli cruriatiis, seu do-
: Liber inscriptus : Rrcvi di Sua Sanlltà Glc-
lores, quos Cilri^tus Domiiuis pife, et Deuni nieiile XllI. Vide Brevi di Sua .'-aiililà.
amanli Sanetie Sorori Ma.ia^ .>iagdalenœ ex Liliri iiis. cujus initimn : l'or mano de este
Ordine S. Clirœ... re\elavit. (Decr. 5 Juiii Nuncio reeivio su Excclencia una caria, elc.
1758.) Finis lo que mas convenga al siTvicio de
:
Libellus hoc allero titulo inscriptus : Fûnf- Dius, bien de las aimas, y recta justieia.
fsehn heimliclie Leydon, oder Sebmertzen , ( Decr. 15 Januarii 16 J4. )
80 Christus der Herr der frommem und Golt- Liber Mililantis postulationes paucas et
liebenden Heil Schwesler Maria Matçdalona pias, etc. (Ind. Trid.)
,
Liber Psalmoram Davidis cnm Calholica quisiliouis Tolosanœ. (Decr. 19 Maii 109V.)
Expositione Ecclesiastica et Caniica ex di-
,
— Tlieologia Chrisliana ad |)raxin pieta-
versis Biblioruin locis cum eadem exposi- tis, ac promolionejn pacis Chrislian.e unice
tione. App. Trid. )
Iiid. direcla. (Derr. 2 Sepiembris 1727.)
(
tibus, publicie liici. el coiicerlalioni exposita. ad DeumOpt. Mn\. pro Germani.i, habita in
Decr. l.ï Juiiii 17'i7. celebri qiiadam Germani;c urbe in die Cine-
Lighifootus Joannes. Oprra omnia, duobus rum. (Iiul. Triil.
nis, cui'subjungitur liber Senlenliariini lu- Aulore dd Libre inlilolalo Le storle idée
:
rai'drizzate, etc. Milano. Sine annotations Glero de Espana. (Decr. G Seplembris 1824.)
Anni. (Decr. 5 Februarii 1790.) — Portrait Politique des Papes considérés
Litlerœ Roma datae ad Doctorem Lova- comme Princes temporels et comme chefs de
liensem circa novnm Decretum, et Brève l'Eglise, depuis rétal)lissemenl du Saint-Siège
SS. D. N. Innocentii XII ad Episcopos Belgii à Rome jusqu'en 1822. (Decr. 19 Januarii
de Fornjulario contra Jansenium ; et Theo- 1824.)
iogi Lovaniensis ad illas respuDsio. (Decr. Lobartus (Joaniies) Borussns. (1 Cl. App.
10 Mail 169i.) Ind. ïrid.)
Lilorgia, seu liber precum communium, Lobon D. Francisco. Jide de Saluzar.
et administrationis Sacramenloram , alio- Lobwasscr Ambrosius. (1 Cl. App. Inj.
rnmque rituum, alque caercmoniurun» Ec- Trid.)
clesiae, juxta usum Ecclesiœ Anglicanœ. Loca insignia. (Ind. Trid.)
(Decr. 15 Mail 1714.) Lochandrus (Alartinus) (jonicensis Sile-
Livc'Ilo (il) Politico, o sia la giusta Bilan- sius. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
cia. nella quale si pesano tulle le massime Lochslein (von) Veremunds Griinde so
dl Roma. Parte i, ii, m e ir. (Decr. 17 Octo- wohl fur als wider die Geistliche Immunital
bris 1678.) in zeillichen Dingen. Herausgegeben und
Lives (the) of Saints collected from au- mil Anmerkungen begleitet von F. L. W. Id
Ihenlic records oî Church Hiitory, wilh a est latine : Veremundi de Lochstein Funda-
full account of the ollier Festivals throu- menta tam pro, quam contra Immunitatem
ghout Ihc year, elc. Id est : Vilœ Sanctorum Ecclosiasiicam in temporalibus; édita el ad-
collectœ ex uuthenlhis Hnloricœ Ecclesiasti- notationibus aucta a F. L. AV. (Decr. 26 Ju-
cœ monumenlis, cum pleniori exposilione citia- nii 1767.)
rum Festtvilalum per annum, insertis oppor- Loci communes de bonis operibus, et po-
tunis animadversionibus. (Decr. Ji Januarii testate Ecclesiasiici. (Ind. Trid.)
1737.) Loci duo (Francisci Ciuicciardini) ob re-
Livre (le) à la mode, ou le Philosophe rê- ruin, quas continent, gravilalem cognitiona
veur. Ouvrage dans lc(iuel on trouve plu- dignissimi, ex ipsius Hisloriaruin libris ter-
sieurs particularités singulières, el inléres- tio et quarto dolo malo detracli, nunc ab in-
santes pour tous les étals de la vie; par le lerilu vindicati. (Uecr. 7 Augusti 160?.)
Chevalier des Essarts. A Amsterdam, chez Loci insigniores, et coniordantes ex utro-
aierkus, Fils, Libraire, 1700. (Decr. 14 Maii que Testaniento, concinna admodum brevi-
1779.) tate recens congesli Scripluram ad vatios
,
Livre (le)des Mères de Famille et des In- usus allegaluris mire commudaturi. (lud.
stitutrices sur l'éducation pratique des Fem- Trid.)
mes, par Mlle Nathalie de Lajolais. (Decr. 13 Loci(niulti integri) sncrœ doctrinae Veteris
Januar. 18io.) et Novi Testament! ex Hebra'a, el Orteca
Livre (le) du Peuple, par F. de la Mennais. lingua in Latinum, et Germanicum sermo-
(Décr. 15 fév. 1838.) nem Iransiali. (App. Ind. Trid.)
Livres (les deux) de S. Augustin. Vide Loci omtiium ferme capitum Evangelii se-
Opus inscriptum : Les deux. cnndum MatthiCum, Mar^ um,Lucam, Joan-
Livre (le) des Manifestes , où l'on trouve nem. Opm Otlonis Brunfehii. (Ind. Trid.)
développé par les lumières de la raison et Loci utriusque Teslamenti complectentes
des divines Ecritures 1° Quelles sont les vé-
;
pracipua capiia lotius Ghristianismi. (Ind.
ritables causes de notre étonnante Révolu- Trid.)
lion. 2° Quelle doit en être l'issue. Dernière Locis (de) Theologicis Disserlaliones x
année du 18« siècle de l'Ere Chrétienne. Theologi Lovaniensis. Decr. 13 Apriiis
(
de Febrero del anno 1084, (Decr. il) Mail Lovvigni. Vide Bernières.
1090.) Loy^eleur, H^'ds Villerius (Petrusde). (1
J-opez Koyn (Pietro Maria). Dialogo délia Cl. App. Ind. Trid.)
hellezza, o arte di ben servirsi délie line.stre Lubbertus Sibraiidus. De Papa Romano :
annis expngnani'a ; oblata primi anni 1G80. lium Ccntiiriœ. Donec expurgentur. { App.
(Decr. 2G Junii 1681.) Ind. Trid.)
Lucas (Mr.). La perfection du Chrétien Lulherus Marlihus. (1 Cl. Ind. Trid.)
haduite de l'Anglois. (Decr. 22 Mali 17V:j. Lycostlienes Conradus. (1 Cl. Ind. Trid.)
Lucatellus Peirus. Conjurationes polen- — Prodigiorum, ac Ostenlorum Chroni-
lissimœ, et efficaces ad expellend.is, et fu- con. (.\pp. Ind. Trid.)
gandas œreas poleslales. (Decr. i Decem- — Theatrum vilœ bumanœ. Vide Zuin-
bris 1725. gerus.
)
qua duo nuper ex DD. Doctor. S. Theot. Lysteiiius Georgius. (1 Cl. App. Ind.
Duacen. convenlunt, aul recedunt a céleris Trid.)
hodie S. Augustini discipulis. (Decr. 23 Apri- Lyttichius Albertus. (1 Cl. App. Ind.
lis 165Ii..) Trid.)
Lucerna (la) di Eurela Misoscolo. Vide
Pona Francesco. M
Lucianus Mantuanus. Ânnotationes in D. Macchiavellizatio, qua unitorum animes
Joannis Chrjsostomi in Aposloli Pauli Epi- Jesuaster quiilam dissociare nilitur. (Decr.
8tolam ad Romanes Commentaria. ( lad. 16 Martii 1621.)
Trid. )
Maccrie Thomas. Vide Isloria del Pro-
gresse, e del estinzione délia riforma in Ita-
(Ind. Trid.)
lia.
Lucianus Samosatensis. De morte Pere- Macede Franciscus a S. Augustino. Azy-
grini Diaiogus. mus Eucharislicus, sive Joannis Bona dec-
— Philopatris, Diaiogus. trina de usu Fernientati in Sacrificie Missœ
Lucius Ludovicus. Historia Jesuilica. examinata, expensa, refutala. Donec corri-
(Decr. 28 Decembris 1616.) gatur. (Decr. 2 Oclobris 1673.)
Lucrezio. Vide Marchetti. Macer Gaspar. (1 Cl. App. Ind. Trid.)
Lucrezio Caro. Vide Filosofîa di Tito Lu- Machiavellus Nicolaus. (1 Cl. Ind. Trid.)
crezio Caro. Machine (la) terrassée. Vide de la Met-
Lucta Chrisliana. (Ind. Trid.) trie.
Ludecus, seu Ludtke Matthœus. (1 Cl. App. Machumeles, seu Mahometes. Alcoranns.
Ind. î'rid.) Ediiio7iis BaaÛeœ 1.5i3, 1330, et aliarum edi-
Ludovic! Imperatoris Liber contra sacras tiiitmm, in quilnis iiiipia Scholia, et Annota^
Imagines. Ejus nomine conficlus. (App. Ind. tiones liabenliir. In vulgari aiitem lingiia non
Trid.) habeatur, nisi ex concessione Inquisitorum.
Ludovicus (Lnurentius) Lcobergensis. (1 (App. Ind. Trid.)
Cl. App. Ind. Trid.) Machumetis Saracenorum Principis, ejus-
Lucius Pyramidum. (Ind, Trid.) que Successorum vittT, ac doctrina, ipsequ6
Luitholdus Varemundus. (1 Cl. Ind. Trid.) Alcoran. His adjunclie sunt confulaliones
Lukawitz (Joannes de). (1 Cl. Ind. Trid.) muiterum, una cum Martini Lulheri prfemo-
Lumbier Raj mundus. Observationes Theo- nitione, et prœfatione in Alcoranum. (App.
logicœ morales tirca Propositiones ab Iniio- Ind. Trid.)
cenlio XI, nec non circa alias ab Alexan- Mackbray Joannes. ' î Cl. App. Ind.
dro VII (lamnalas. (Decr. 23 Januarii 16S4.) Trid.)
Lumières (les Nouvelles) politiques pour Maçonnerie Égyptienne MSS. {Fer. V. 1
le gouvernement de l'Eglise, ou l'Evangile Aprilis 1791 )
rafîcaMaria Maddalena de' Pazzi Carmeli- Conioid.il et la Loi organique, précédés des
tana, in cintfué Yenerdi, in mcn.oria de' Rapports de M. Portails, etc., etc., par \f.
cinque più segnalati regali falli da Dio alla Dupin, procureur général près la Cour da
detla Santa. (Decr. 10 Sopleoibrh 16S8.) cassation. (Decr. 5 April. 18i5.)
Manière (seconde; ti'ongueut à la brûlure. Manuel Religieux en rapport surtout avec
(Decr. 22 Deceaibris 1700.) notre temps, par le P. Fr. Sébaitien Am-
Manifesto , e prospelio d'Associazione niann. (Decr 6 April.)
all'opeia Medilazioni religio-e in forma di
: Marbachius Job innés. (1 CI. Irtd. Trid.)
(liscorsi eic, per lulle le epoihe ciicos-
,
Marbachius Philipous. (1 Cl. App. Ind,
tanze , e siluazioni délia vila dumeslica e Trid.)
civile :cum (ribas médita ionibus aduexis. Marbais (Nicolas de). Supplication et Re-
Vogheia 183o. (Decr. 7 Julii 1833.) quête à l'Empereur, aux Rois, Princes,
Manifesto per l'Associazione ail' Opère Ëstats, Républiques, et Magistrats Chrestiens,
del Sig. Ab. D. Pietro Taoiburiiii di Brescia, sur les causes d'assembler un Concile géné-
Professore nell I. R. Universita di Pavia, ral contre Paul Cinquiesmé. (Dec^. 2§ No-
Cavalière deil' Ordine délia Corona Ferrea, vembris 1617.)
Membro dell' 1. H. Istilulo délie Scieiize. Marcn ^Petnis de). Di^ Conrordia Sacer-
Milano li 10 Agosto 1818. Dalla Tipografia dotii el Imperii, seu de Libertaiibus Eccle-
dell'Editore Vincenzo Fcrrario. Confirmatis siaeGailicaiuT. (Decr. 11 Junii 1612.)
Decrelis quibus plerai/iie Opéra jam proscri- — Idem Editionis Stiphani Baluzii. (Decr.
pta et damnata fuerunt quœ in hoc Moniio 17 Noveinbris 166V.)
Typoijraphico enuncianlar et laudantur, édita — EpistolaD Hyacintho Mesades Archî-
sive siib Aucturis nomine, sive sui^presso. diacono Emporiiano Ecclesiœ Gerundensis.
(l>ecr. 26 Septembris 1818.) (Drcr. 18 Decemliris 1046.)
Manlius Joanues. (1 Cl. App. Ind. Trid.) Marcaiius (Reinholdus) Westvalus. (i Cl.
Manoir Abbé (de). Défense de deux Brefs App. Ind. Trid.)
de N. S. P. le Pape Inno. ent Xil aux Evé- Marcelli. Vide de Casibus reservatis.
ques de Flandre, contre le Docteur Martin Marcellus (Joannes) Kegiomontanus.(lCI
Steyaerl. (Decr. 11 Martii 1704..) Ind. Trid.
Mantelius Joannes. li Cl. lad. Trid.) Marchant Pelrus. Sanc'iûcatio S. Joseph
Maiïtor Joannes. (1 Ôl. hid. Trid.) Sponsi V rginis in utero asserta. (Decr. 19
Mantzius Félix. (1 Cl. ind. Trid.) Martii 1633.)
Manual uew uni versai. Vide Ihe Calho- Marclielli Alcssandro. Anacreoiite tradotto
lick. dal testo Greco in Riuie Toscane. (Decr. 22
Manuale Calthoiicorum. Vide Charitopoli- Junii 1712 )
tanus. — Di Tito Lucrezio Caro délia nalura délie
Manuale Catholicorum, seu brève Compen- cose libri sei tradotli. (1 Cl. Decr. IG No-
dium verae, aiUiquissimœ, et Gatbolicœ doc- vembris 1718.)
trinœ, in quu piaetipua Christianœ Religionis
capita èx solo Dei verbo perspicue explican-
Donec corrigatur. (Decr. 18 Decembris
1646.)
tur. (Decr. 16 Martii 1621.)
Marchinus Philibertus. De Sacramenlu
Manuale Coiifraternitatis S. Josepb Pa- Ordinis.
Templo PP. CaraKlilarum Dis-
triarchae, in
— Divinum effus.; ac diligenter
Belluoi
calceatorum ereciee Viennœ Austriœ anno
explicatum hoc est de obligationibus Epi-
;
Jubilaeum prœcedenle. (Decr. 14 Anrilis scoporum, ac Parochorum, de Sacramento-
1682.)
ri'.m aduiinislratione , de seriilaris Aïàgl-
Manuductio ad universum Jus Civile et stialus poteslate, de valore Te»tament6ïdm.
Cauonicuni, conlinens D. Benedicli Carp- :
Marcus Epliesinùs. (1 Cl. Ind. Trid.)
ZOTii Meltiodum do studio Juris recle et féli- Mnrdeley Joannes. (1 Cl. Ind. Trid.)
citer instituendo : Danielis Keysers Hislo- Mardojai de Abrahani de Soria. Oracion
riam Juris Civilis : Nucleum Inslitiitiouuni : Panejirico-doclrinal sobre la mala lentacion.
Georgii Brucksuibergii Memoriale judicium : (Decr. 14 Apvilis 1755.)
Job. Serpilii compendiosam Juris '^anonici Mare liberum sive dé jure quod Batarif
,
1109 INDEX LIBRORUM PROHIBITORUM. mo
àoinpetit ad Indicana commercia. (Decr. 30 — Summus Pontifex Innucentias
de du- X
Januarii 1610.) plici Instituto Societalis, ejusque Constitu-
Mare (Paulus Marcellus del) Prœlecliones lionibus, et declarationibus interrogalns.
deLocisTheologicisSenis habilœ. Senis 1789. Marloratus Augustinus. (1 Cl. App. lud.
(becr. 9 Decembris 1793, et Fer. 5, 5 Martii Trid.)
1795.) Marmontel de l'Académie Française. Béli-
Maresius Samuel. Opéra omnia. (Decr. 30 saire.Donec corrigatur. (Decr. 23 .Maii 1767.)
Julii 1678.) Marnixius, seu de Marnix (Philippusj, Do-
Margarita Pastorum. ( App. Ind, Trid.)
minus de S. Aldegonda. li Cl. App. lud.
Maria Gabriel de S.). Tratado de las sietè Trid.)
Missas del Senor S. Joseph en reverencia de Maroldus (Ortolphus) Francus . (1 Cl. Ind.
sus siele dolores, y siete gozos. (Decr. 9 Fe- Trid.)
bruarii 1683.) Maroncelli Pietro. Addizioni aile mie Pri-
Maria (Sigisinundus a S.). De Officio im- gioni di Silvio Pellico. (Decr. 29 Jàauarii
maculalae Couceplionis Deiparœ antiquis- 1835.)
sitno et devolissimo, recens per AnuiiyaiurQ Marol Clemens. (1 CI. Ind. Trid.)
correclo, et Lucensibus typis edito, observa^ Marquardus Johannes. De Jure .Mercato-
tiôiies. Decr. 14 Aprills 1682.)
( riim, etCominerciorum singulari, libri ir.
Mariales Xantes. Coiitroversia Prolego- Doiiec corrigantur. Decr. 20 Novembris
(
reinigang zwischen unserer und der Evan- Meditaliones (in Oralionem Dominicain
gelisch Luiherischon Kirche. Id est latine :
saluberriuitC ac sanctissimœ) ex libris Ca-
ïertia et ultima Pars. Defensio Calholicœ
Iholicorum Patrum selecliv. (Ind. Trid. )
Religionis. Cttm appendice de possibililate
Medilationes (Sanclorum Patrum) qiiibus
unionis inter nostram, et Evamjelico-Lullie- Dominica? passionis mysterium explicalur,
ranam Ecclesiatn. Ausburg, 1789. atquc hisloria de passione Chrisli expendi-
lur. ( App. Ind. Trid.)
Mayst Pfarrer Z. P. Ersie Leseniibnngen
fur Elementar Schulen Durch. Latine vero :
Mediiazione da farsi quando si dice la Co-
rona délia Madonna. (Decr. 3 Aprilis 1685.)
Prima Lcgendi Exercilia pro Scholis ele-
Mediiazione ûlosofica di Fr<incesco L...
menlaribus (Dicr. 12 .lunii 1820.)
P. P. in Pavia 1778. (Decr. 17 DecembrU
Mazure Nicolaus. Nudœ Veritali. Quœstio
Theologica Quœnam est columna veriiatis. 1778.)
:
Thèses, quas tueri conabilur Joannes de Megander (Gaspar) Tigurinus. ( 1 Cl. Ind.
Trid.)
Boessel die 16 Novembris 1073, in Sorbona.
(Decr. 4 Decombris 107i.) Meglin Martinus. (1 Cl. Ind. Trid. )
M.izzius Caroius. Mare magnum Sacra- .Mejerus Juslus. Juris publici qurostio ca-
menli Malrimonii. ( Decr. 22 Decembris pilalis Sinlne Protestantes Jure Cœsareo
:
morbis insignioribus, qui in Bibliis memo- Melandcr Dionysius. 1 Cl. Ind. Trid.( )
1754..)
tum novorum, lum seleetorum alque memu-
Meazza Girolarao. Nove Marledi in onore rabiliiiin Cenluriie ali(jiiOl. ( Decr. 10 Decem-
bris 1605.
Anna. (Decr. 25 Januarii 1084.)
di S.
Melander Philoxenuis. Actio perduellio-
(Decr. 11 Maii 1G5I. Romani Imperii juratos
nis in Jesuilas Sacri
Mcchliniensis Jacobus .Archicpiscopus. liosles. Decr. 23 Augusti 10.14. )
(
ris Civilis Lusitani ciini Publici, lum Privali. la Constitution et une Addition concernant
,
Mémoire sur la cause des Evêques qui Docteur Emmanuel Ralph. Ouvrage traduit
,
Ben-Israel. De Ilesurrcctione
-ML-nasseli cnrsu opinionis spccific;inlis ipsura proba-
mortuorum libri m. (Decr. 3 Augusli 1G5G.) bililerproillicito. Pars prima. Â7.<f /"ceriV ex
Menceïius Hieronymus. *(1 Cl. App. correct is JHxla Vecrrtiitn 20 Xovembris 16G3.
^^ Ind.
Trid.) Merlinus Ambrosius Britannus. Divina-
Mendizabal Antonio. Tralado Historico rum, seu obsrurarum Drœdiclionuui liber i
berniœ. Uonec corrigatur. (Decr. 23 Augusli Donec corrigatur. (Decr. 17 Januarii 1703.)
1634.) Micrœlius Johan nés. Ethnophroni us, tribus
MessioHieronimo. Li giusli Discorsi ]ier Dialogorum li()ris contra Gentiles de princi-
la unione di tulti Principi de'Christiaiii,
i piis Heligionis Cliristianœ dubilationes.
con proverbj, epronostici. (Ind. Trid.)
i (Decr. 10 Junii 11338).
Mesirezai Gio. Della Communlone con Je- Microsynodus Noribergensis. (Ind. Trid.)
sù Cristo nell'Eucharistia contra Cardinaii i Micyllus. Jacobus. (1 CI. Ind. Trid.)
Bellarmino, e de Perron. (Decr. 26 Oclobris —De re metrica libri très (App. Ind.
16i0.) Trid.)
— Et cœtera ejusdem Opéra omnia. (Decr. Mignet F. A. Sloria della Bivoluzione
lO.Maii 1757.J Francese dal 1789 al 181i. (Decr. 5 Septem-
Méthode pour étudier la Géographie, dans bris 1823.)
laquelle on donne une description exacte de MiKPonPEïBYTiKOX. Veterum quorum-
l'Univers, lirée des meilleurs Auteurs, avec dam brevium Theologorum, sive Episcopo-
un discours préliminaire sur l'élude de cette ru.m sive Presbyterorum Elenchus. (App.
,
Michelini Hieronymus. Assertum respon- Mes cliers frères, il n'est pas possible, etc.
sivum pro defensione castilatis conjugalis. (Decr. 12 Decembris 171i.}
IISI INDEX LinRORUM PROHIBITORUM.
Miroir du Christianisme primilif, lire des Moine (le) sécularisé. (Decr. 19 Sepleni
écrits des premiers Pères de l'Eglise. fDecr. bris 1679.)
14 Jan. 1839.) Mojon B. Leggi Fisiologiche. (Decr. 18
Miroir de l'histoire moderne de l'Europe, Januarii 1820.)
pour faire suite au tableau des révolutions Mokerus Antonius. App. Ind. Trid.) (1 Cl.
de l'Europe, de Koch, première traduction Molarcha yEgidius. Prœludia Apologiee
italienne de Jean Tainassia. Donec curriga- Teneramundanorum Birgitianorum contra
<Mr. (Decr. 13 Febr. 1838. libellum D. Cornelii Ooms iniitulatum \\n- :
Misnensis, seii de Misa Jacobus alias Ja- , diciœ pro Antonio Triest Episcopo Ganda-
cobellus. (1 Cl. Ind.Trid.) vensi. (Decr. 18 Decembris 1C46.)
Misnensis Petrus. (1 CI. Ind. Trid.) Moihusensis Christophorus. (1 CI. App.
Misoscolo Eurela. Vide Pona. Ind. Trid.)
Missa (de) .ludienda diebus fostis es prœ- Molinœus Carolus. (1 Cl. Ind. Trid.)
repto. Incipit : Quod est sob inne, ut mate-
(Decr. 10 Junii 1639.)
riœ, de qua agitur, laudatio iii fronte operis
priefigatur, etc. (Decr. 18 Junii 1C80.)
— Consilium de commodis, vel incoœmo-
Missa Evangelica. (App. lud. Trid.) disnovœ Seclse, seu faclitiae Religionis Je-
Missa Latina, quœ oiim ante Kumanam suitarum.
circa septingentesimum Domini annum in — Consilium super facto Concilii Triden-.
tini.
usu item quaîdam de vetusialibus
fuit :
Missœ scilu valde digna; adjunita est B. — Libri aitlemJuris Canonici, et Catkoli'
Rhenani Priefalio in Missam Ghiysostonii a corum Auctorum, in (/uibus habentur Pos-
Leone Tusco anno 1070 versain, cum l'rai- tillœ, et notœ ejusdem, non penniituntur, fiisi
fatione Mathiae Flacii lllyrici. ( App. Ind. iisdelectis et emcndatisjuxiti Censuram jussu
Trid). démentis Y 111 imprcssam Homœ anno 1002.
,