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Résumé
REB 37 1979 France p. 123-220
A. Failler, La tradition manuscrite de l'Histoire de Georges Pachymère (livres I-VI). — Composée vers 1300, l'Histoire de Georges
Pachymère est conservée par trois manuscrits indépendants (Monac. gr. 442, Barberin. gr. 198-199, Barberin. gr. 203-204), qui
datent du troisième quart du 14e siècle. L'auteur étudie seulement la tradition manuscrite et l'établissement du texte de la
première partie de cette œuvre, c'est-à-dire des livres I-VI, dans lesquels est relatée l'histoire du règne de Michel VIII Paléologue
(1258-1282). Dans le chapitre I, il expose l'état des trois manuscrits-sources et en établit la date. Dans le chapitre II sont étudiés
les rapports entre ces copies ; c'est le chapitre principal de l'article, car les conclusions finales commandent l'établissement du
texte ; elles se résument en deux points : le Monac. gr. 442 et le Barberin. gr. 198 ont un modèle commun, moins fidèle à
l'archétype que le Barberin. gr. 203 ; le Barberin. gr. 198 est une copie critique, où le modèle est modifié et corrigé. Les chapitres
suivants traitent de problèmes moins essentiels pour l'établissement du texte : la paraphrase de l'Histoire, les 10 copies des
manuscrits-sources, l'édition de l'Histoire.
Failler Albert. La tradition manuscrite de l'Histoire de Georges Pachymère (livres I-VI). In: Revue des études byzantines, tome
37, 1979. pp. 123-220.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1979_num_37_1_2095
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE
DE GEORGES PACHYMÈRE (LIVRES I-VI)
Albert FAILLER
6. Je reprends les sigles assignés aux différents manuscrits par V. Laurent, mais je
les utiliserai seulement pour les manuscrits dont les leçons figureront dans l'apparat
critique de la nouvelle édition, soit ABC a b et V (voir le stemma, p. 197). On se gardera
de confondre les sigles employés ici pour désigner les manuscrits avec ceux qu'utilise
P. Poussines dans ses notes. Β (Barberin. gr. 198-199) est appelé par lui Allatianus et
désigné par le sigle A, C {Barberin. gr. 203-204) est appelé par lui Barberinus et désigné
par le sigle Β ; quant à V {Vatican, gr. 1775), L. Allacci le qualifie de codex Lollianus,
tandis que P. Poussines l'appelle Vaticanus et le désigne également par le sigle V. L'édition
de P. Poussines a été réimprimée trois fois (voir ci-dessous, p. 202) ; dans la suite de cet
article, je citerai seulement les éditions de P. Poussines et I. Bekker, qui figureront dans
l'apparat critique des variantes sous les abréviations Poss. et Bekk. Sauf exceptions dû
ment signalées, le texte établi par P. Poussines sera cité dans l'édition de Bonn.
7. A. Heisenberg, Aus der Geschichte und Literatur der Palaiologenzeit, Munich 1920,
p. 3-13.
8. V. Laurent, Byz. 5, 1929-1930, p. 143-149.
9. Les deux auteurs cités ne s'entendent pas en effet sur l'identification des mains
qui ont transcrit l'Histoire (A. Heisenberg, op. cit., p. 9-10; V. Laurent, art. cit., p.
145-147), et il est inutile d'ajouter une troisième liste, qui risquerait fort d'être tout aussi
contestable.
10. La signature originale des cahiers apparaît, de manière régulière cette fois, dans la
deuxième partie du manuscrit à partir du folio 192, où commence aussi le travail d'un autre
copiste (texte de l'édition de Bonn, II, p. 555) et sur lequel on lit le chiffre 33. Si l'on suit
LA TRADITION MANUSCRITE DE L 'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 1 27
cahier 9 ·* 61 62 63 64 65 66 67
cahier 11 76 77 78 79 80 81 82 (51)
cahier 12 83 84 86 85 88 87 89 90
cahier 20 145 146 147 148 149 150 151
Dans le cahier 1 (f. 1-7), le folio 5a disparu devait contenir la fin du
pinax des titres de chapitres des 6 premiers livres, qui manque actuellement
dans le manuscrit (livre V, chapitre 18, à la fin du livre VI). Le folio 6 est
resté blanc au recto, tandis que le verso porte le portrait de Georges Pachy-
mère. Sur le folio 7, on trouve au recto une liste des oflikia de l'Eglise de
Constantinople11, et au verso le portrait de Théodore II Laskaris.
12. On verra plus bas que cette copie est faite sur le Scorialensis graecus Ω Ι 10,
apographe du Marcianus graecus 404 (ci-dessous, p. 182).
13. Voir ci-dessous, p. 187 et 199-200.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 129
14. Dölger, Regesten2, n° 1994. Le texte fut d'abord édité par A. Papadopoulos-
Kérameus (Σημείωσις περί τοϋ Ίεροσολυμιτικοΰ κωδικός τοϋ Χρονικού Παχυμέρη,
Δελτίον της ιστορικής και εθνολογικής εταιρίας της 'Ελλάδος 3, 1889, ρ. 533-535)
d'après le Hierosolymitanus graecus Timiou Staurou 4 et avec les lacunes de son modèle.
Une meilleure édition est fournie par A. Heisenberg, op. cit., p. 37-41. P. Poussines,
qui ne consulta ni A ni aucun de ses apographes, n'eut pas connaissance de ce texte.
15. Les 4 portraits sont reproduits également par certains des apographes de A. Edités
pour la première fois par H. Wolf dans l'Histoire byzantine de Nicéphore Grégoras
(Nicephori Gregor ae Romanae hoc est Byzantinae historiae Libri XI, Bâle 1562), ils le
furent à différentes reprises par la suite et dernièrement dans l'ouvrage de I. Spatha-
rakis (The Portrait in Byzantine Illuminated Manuscripts, Leyde 1976) ; l'illustration du
Monacensis graecus 442 est longuement décrite (p. 165-172), et une reproduction en
noir et blanc est donnée de ces 4 portraits, tels qu'ils apparaissent successivement dans
ce manuscrit, dans le Tubingensis graecus Mb 13 et dans l'édition citée de H. Wolf
(figures nos 106-110. llla-b et 112a-b, 113a-b et 114a-b). On trouvera de plus une repro
duction du portrait de Georges Pachymère, en couleurs, dans l'édition du Quadrivium
due à P. Tannery (Cité du Vatican 1940, dépliant avant la page de titre).
130 A. FAILLER
16. Pour l'indication des filigranes, on utilisera les ouvrages suivants : C. M. Briquet,
Les filigranes2, Leipzig 1923 ; V. Mo§in et S. TRALJié, Filigranes des XIIIe et XIVe siècles,
Zagreb 1957 ; N. P. Lichaöev, Paleografiëeskoe znaéenie bumaznych vodjanych znakov,
Saint-Pétersbourg 1899. Le numéro du filigrane est suivi de la date à laquelle celui-ci
est signalé par ces auteurs.
17. Inconnue de P. Poussines, qui n'eut pas accès à A et à ses apographes, cette note
marginale a été éditée par A. Heisenberg {op. cit., p. 11) et reproduite dans son « ortho
graphe fantaisiste» par V. Laurent (fiyz. 5, 1929-1930, p. 148).
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 131
Monacensis graecus 442 fut copié sous le règne de Jean Cantacuzène18, qui
régna officiellement à Constantinople du 2 février 1347 au 10 décembre
1354 et mourut en 1383. Mais l'argument est-il si péremptoire? Il est
certes permis d'affirmer que la copie ne peut être antérieure au règne de
cet empereur, mais pour le reste il faut procéder avec circonspection;
d'une part, cette note marginale peut être une copie aussi bien qu'un
original; d'autre part, il convient de se rappeler que Jean Cantacuzène,
une fois devenu le moine Joasaph le 10 décembre 135419, n'en continua pas
moins à détenir le titre impérial et à utiliser lui-même son ancienne titulature
jusqu'à sa mort en 1383, comme le prouvent divers textes, les uns de carac
tèretout à fait officiel20. En conséquence, cette note marginale ne permet
pas de dater le manuscrit de manière aussi précise qu'on l'a voulu, mais
son contenu concorde bien avec la datation proposée précédemment.
23. Ces titres ne sont d'ailleurs pas ceux du pinax, mais les titres insérés dans le texte
lui-même; sur la double série des titres de chapitres, voir ci-dessous, p. 205-207.
24. Il est d'ailleurs difficile au lecteur «commun» de manipuler suffisamment un
manuscrit dans une bibliothèque pour s'assurer avec précision des caractéristiques d'un
filigrane, sous peine d'attirer l'attention des gardiens du trésor manuscrit. Aussi ai-je
demandé à Mgr Paul Canart de vérifier ou de corriger mon identification des filigranes
pour les Barberiniani graeci 198-199 et 203-204. Je le remercie de l'avoir fait avec soin
et précision. Pour le Barberinianus graecus 198, il indique comme probable la présence
du filigrane suivant : MoSin 6860 (1348).
134 A. FAILLER
25. S'ils ont pu être réunis à un moment de leur histoire, comme le laisse supposer
une signature plus tardive des cahiers du Barberinianus graecus 199, les deux manuscrits
avaient au départ une numération distincte des cahiers, malgré le fait qu'ils soient réunis
dans le Parisinus graecus 1723, qui en est la copie, et contrairement à ce qu'a cru observer
V. Laurent {art. cit., p. 153).
26. Ce point sera examiné dans l'étude de la tradition manuscrite de cette partie
de l'Histoire.
27. Sur ce manuscrit, voir V. Laurent, art. cit., p. 155-161.
28. Pour suppléer les lacunes des chapitres 5 et 6 du livre I, P. Poussines (Bonn, I,
p. x) demanda copie du Parisinus graecus 1723 à Ph. Labbe.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'fflSTOIRB DE GEORGES PACHYMÈRE 135
Les folios 133 et 134 sont blancs, et un folio 133a a été arraché. Pour
clore le volume, on trouve des feuilles de garde (f. 135-139), qu'on peut
dater de la Renaissance et qui portent le filigrane de l'agneau pascal inséré
dans un cercle (Briquet 50 : 1535).
On distingue dans ce manuscrit 4 filigranes, distribués assez régulièr
ement par cahiers :
1. cloche (cahiers 1-4) ; les diverses variantes de ce motif que présente C
se classent dans la série suivante : Mosin 2845-2856 (1351-1369).
2. trois monts (cahiers 5-13); le manuscrit en présente divers modèles,
qu'on peut ranger dans la série suivante : Mosin 6225-6228 (1350-1370).
3. 2 cercles concentriques traversés et surmontés d'une croix latine à
trait double (cahiers 13 et 16 en partie) ; il s'agit probablement des
filigranes suivants : Mosm 2176 (1360) et 2177 (1371).
4. fruit : poire accompagnée de deux feuilles (cahiers 14-18); l'un de ces
filigranes semble pouvoir être identifié : Mo§in 4401 (1362)29.
L'examen des filigranes de C fournit des indications concordantes malgré
leur relative imprécision; en résumé, les filigranes relevés sont signalés
entre 1350 et 1371. Comme les deux précédents, ce manuscrit fut donc
copié dans le troisième quart du 14e siècle. Mais il est possible de préciser
davantage dans le cas présent, grâce à une note marginale du folio 74, qui
relate, en la datant (4 juillet 1360), la prise d'Héraclée du Pont par les
Turcs30. Ce texte est transcrit par le copiste de C; il fournit donc un
terminus a quo de la copie et semble se référer à un événement récent.
Ainsi ce manuscrit peut être daté des années 60 du 14e siècle.
Voilà comment se présentent actuellement les manuscrits-sources.
Chacune des trois traditions est conservée presque intégralement, grâce aux
apographes à l'occasion, pour la première partie de l'Histoire. C, le manusc
rit le plus soigné, est seul à posséder intégralement le texte des 6 premiers
livres ; Β présente deux lacunes importantes, mais toutes deux sont suppléées
par sa copie; seul A contient une lacune (Bonn, I, p. 113n-1169) que ses
apographes ne permettent pas de suppléer : c'est donc aussi le seul passage
des 6 premiers livres de l'Histoire où la tradition manuscrite est réduite
à deux témoins. D'autre part, comme il est impossible d'assigner une date
précise à chaque copie ou de fixer l'antériorité de l'une par rapport à
l'autre, on se contentera d'une évaluation plus générale : les trois manuscrits
29. Mgr Paul Canart indique comme probable la présence d'une autre variante de
ce filigrane : Mo§in 4381 (1362).
30. P. Poussines ne fait pas mention de cette note marginale, qui fut éditée par
V. Laurent (art. cit., p. 157).
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datent du troisième quart du 14e siècle31. Mais ils sont proches aussi sur
d'autres plans : au moment d'étudier la tradition manuscrite de la deuxième
partie de l'Histoire, on verra qu'une même main a copié C et des passages
de A32 ; par ailleurs, A et Β dérivent d'un prototype commun, plus éloigné
que C de l'original.
1. AC et Β
Un examen purement matériel des leçons différentes que présentent les
manuscrits-sources, avant toute évaluation des variantes et avant l'établi
ssement du texte définitif, montre que Β contient un très grand nombre
de leçons particulières face à l'accord du groupe AC; celles-ci affectent
parfois le sens du texte, mais ne constituent le plus souvent que des parti
cularités morphologiques ou syntaxiques. Au premier abord, Β semblerait
présenter des leçons plus correctes34 ; P. Poussines a été sensible à ce fait,
qui Ta amené à s'inspirer souvent de Β dans les cas litigieux, bien qu'à
diverses reprises il déclare accorder sa préférence à C35. Mais une obser
vation plus attentive oblige, en de nombreux endroits, à préférer la leçon
du groupe AC à celle de B, qui présente d'innombrables lectiones faciliores.
On ne relèvera qu'un certain nombre d'exemples, en choisissant ceux qui
paraissent les plus significatifs.
— p. 8912 Νικηφόρω — συμπράττων κάκεΐνος — AC Νικηφόρω συμπράτ-
τοντι κάκείνω Β edd.
La construction de AC semble de prime abord incorrecte, avec cette incise
sans verbe personnel ; c'est la raison pour laquelle Β aura corrigé. Mais
on peut également sous-entendre la copule.
— p. 948 τίνι έρωτηματικώς ante φ add. Β mg. C
Β fait une erreur manifeste en insérant dans le corps du texte une note
marginale, citée en place par C et omise par A. La note est en effet utile,
car l'emploi de ce pronom comme interrogatif est relativement rare. Cet
exemple laisse planer un doute sur la compréhension que Β possède de son
texte. On trouve un cas similaire plus bas (p. 3476), où la note est cependant
insérée de manière correcte dans le texte.
— p. 9712-14 Θάτερον δέ των αδελφών Κωνσταντϊνον έτι είχεν (, έτι
έχοντα Β edd.) εν ίδιώταις, κατά καιρόν τιμδίν αυτόν (αυτός edd.) καίσαρα
προθυμούμενος, συνήρμοττε δέ και αύτφ προς γάμον τήν του Βρανά παΐδα
L'intention de corriger semble évidente, mais la nouvelle phrase de Β est
incorrecte. Tout d'abord, au lieu de έχοντα, il faudrait έχων ou δντα;
de plus, le δέ de la suite serait à supprimer dans la nouvelle construction.
L'éditeur a corrigé αυτόν en αυτός, sans doute après avoir constaté que
cet accusatif, dans la phrase de B, fait double emploi avec le complément
direct déjà exprimé au début de la proposition.
— p. 10412~13 Υγρών ούσών (δντων Β edd.) έτι των γεγραμμένων
Là encore B semble présenter la meilleure leçon. Mais la comparaison avec
un autre passage de l'Histoire modifie cette première impression et invite
à préférer finalement la leçon plus complexe de AC ; voici ce texte (Bonn,
II, p. 908~9) : υγρών ούσών και έτι τών σων συλλαβών. Tout se passe
34. Ces particularités sont sans doute le fait du copiste de B, car rien n'oblige apparem
mentà intercaler une copie supplémentaire entre γ et I,"
B(voir le stemma, ci-dessous p. 197).
35. Voir l'introduction de P. Poussines (Bonn, p. x) et ses notes (p. 627, 645).
138 A. FAILLIR
donc comme si le même substantif se trouvait ici omis par erreur ou sous-
entendu tout simplement. L'auteur de la paraphrase, qui a une constante
propension à suppléer les mots sous-entendus, insère ici le substantif
υποθέσεων, mais ce terme ne saurait convenir.
— p. 1081"4 Τιμφ τε τοις άξίοις εκείνον ό βασιλεύς, σύν έκείνω δέ και
πολλούς άλλους μεγίσταις δωρούμενος ταΐς άξίαις. Τδν μέν οδν Ίωάννην
δεσπότην εγκαθιστά AC ιΟ μέν οδν βασιλεύς εκείνον σύν έκείνω δέ και
πολλούς άλλους μεγίσταις δωρούμενος ταΐς άξίαις, τον μέν οδν Ίωάννην
δεσπότην εγκαθιστά: Β edd.
Le copiste de B reconstruit la phrase pour la lier à la suivante, qui marque
en fait le début non seulement d'une nouvelle phrase, mais d'un nouveau
chapitre. La phrase de Β devient d'ailleurs proprement incorrecte (en
particulier par la répétition de μέν οδν dans une même proposition) et
perd aussi tout sens dans le contexte. Il semble que la correction soit due
à l'emploi de τε... δέ, que Β réprouve ici comme ailleurs (par exemple,
p. 91 2~3), surtout que, fait aggravant, les deux particules lient dans ce
cas une principale à une participiale.
— p. 11913~14 δια του κατά την Έλενόπολιν της θαλάσσης πορθμού AC
edd. δια τήν Έλενόπολιν του της θαλάσσης πορθμού Β
Se rendant de Nicée vers Sèlybria, où Michel VIII s'apprête à lancer une
attaque contre Galata en l'année 1260, le patriarche Nicéphore emprunte
d'abord la route qui conduit de cette ville à Hélénopolis et continue sa
route vers le nord en traversant « le bras de mer qui touche à Hélénopolis »36.
Telle qu'elle est remodelée par B, la phrase perd tout sens et toute correc
tion: le copiste se méprend sur les rapports entre les trois substantifs et
change le régime de la préposition.
— p. 1317~9 ύπώπτευεν όσημέραι μη... ουκ άνυστά οι τα εις αρχής κράτος
εντεύθεν γένοιτο AC ύπώπτευεν δσημέραι μή... ου καλώς έχειν τό εις
αρχής κράτος εντεύθεν γένοιτο οι Β edd.
Voici la traduction du passage : « Izz-ed-din redoutait chaque jour que...
par suite l'exercice du pouvoir ne lui fût plus possible. » On devine ce
qui a pu rebuter B, mais la transformation qu'il opère, par suite d'une
mauvaise analyse du texte, est pour le moins maladroite.
— p. 14012"13 τω δέ καίσαρι τους στρατιώτας δια νυκτός έφελκόμενον
έτοίμως είσβάλλειν AC Bekk. ... έφελκομένω... Β Poss.
Β fait l'accord du participe avec le datif qui précède, mais c'est ignorer la
construction de la phrase, assez complexe il est vrai. Voici la traduction du
passage, le verbe de la ligne 8 devant être sous-entendu ici : « II reviendrait
au césar, en entraînant ses soldats à la faveur de la nuit, de faire irruption
avec promptitude. » Le participe à l'accusatif se rapporte au sujet non expri
méde l'infinitif et non au complément du verbe de la principale (le césar),
selon un procédé utilisé très fréquemment par l'historien. On pourrait sans
doute ne voir ici qu'une banale faute de copie, touchant la désinence, si la
multitude des exemples similaires n'invitait à y déceler une intention déli
bérée ; si certains de ces exemples peuvent être imputés à la distraction du
copiste, on ne peut cependant considérer ces modifications comme purement
fortuites dans leur ensemble à cause de leur nombre. Voici quelques exemples
caractéristiques.
p. 2918 ώς δή οί και προστεταγμένον (-ος Β) ήν
ρ. 448~9 πολλής (-οις Β) μέν πιστοΐς οδσι της... φροντίδος
p. 5417 της κατ' εκείνον (εκείνων Β) ορμής
p. 1305"6 δια γραμμάτων εν άπορρήτοις βασιλικών (-οις Β)
ρ. 1307 εν αυτομόλων (-ω Β) σχήματι
p. 1476 τεθορυβημένοι μελισσών τρόπον καπνιζομένων (-ζόμενοι Β)
p. 1539""10 Οΐδατε, λέγων προς τους παρόντας, άνδρες (παρόντας άνδρας Β )
ρ. 221 8 τάς (τους Β) αυτών γεωργουντας
p. 22718"19 του αληθώς (-ους Β) φρουρίου
p. 2407 τα τών βασιλείων χρημάτων (χρήματα Β)
ρ. 27220 την του βοηθεΐν (-θοΰντος Β) όρμήν
p. 28019 Ιργον έκείνω (εκείνο Β) ασχολίας πάσης
p. 30621 ποσί προηγουμένως (-οις Β) του πατριάρχου
ρ. 371 18~19 τής προσθήκης... προκειμένης (-οις Β) τοις άδελφοϊς
p. 39816 τον (την Β) δέ ώς κωλύμην
ρ. 471 3 προς το έπιπολάζον άνασυρομένην (-όμενον Β)
p. 5145 οί δέ μή δυνάμενον (-οι Β) κινηθήναι τόν σοβαρον
p. 52917"18 τω Νογα τα (τω Β) κατ' άξίωσιν έκτελέσαντι
ρ. 5322 τό έπ' αύτω (αύτδ Β) σημεΐον
ρ. 5325~6 Τα (του Β) Παχωμίου
— p. 19216 ώς άρχα δείξοι άνδρα AC ώς αρχή δείξει άνδρα Β edd.
Β supprime la forme archaïque que l'auteur a voulu sans doute donner à
ce proverbe, qu'on attribue généralement à Théophraste ou à Solon37.
38. E. L. a Leutsch-F. G. Schneidewin, op. cit., I, p. 429 n° 64; II, p. 184 n° 54.
39. La leçon AC concorde bien avec ce que l'on sait par ailleurs de la culture du
patriarche Germain; il y fait lui-même allusion dans son exhortation à l'Eglise au
lendemain de son élection, un texte qui fut composé par Manuel Holobôlos. Il s'étonne
que les métropolites aient porté leur choix sur lui (M. Treu, Manuelis Holoboli orationes,
I, Postdam 1906) et se qualifie ainsi : άφυής... έγώ γεωργός καΐ μή πλούσιον διασπείρειν
Ιχων σπόρον τόν λογικόν (ρ. 11β'17).
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 141
2. AB et C
10
146 A. FAILLER
p. 36412"17 και χοίρων — φυλάττειν post άπαν (1. 17) AB post άντι-
παρέξουσιν (1. 12) C
p. 39921"22 μείζον το σχίσμα AB τό σχίσμα μείζον C
II existe aussi des différences entre les deux groupes dans l'emploi des
prépositions (prépositions simples ou en composition dans les substantifs
et les verbes). Certaines confusions sont fréquentes dans les copies et ne sont
donc pas probantes (άπ'-έπ'} άπό-έπί). Mais on observe également une
confusion entre κατά et μετά ; celle-ci s'explique plus difficilement au pre
mier abord, mais du point de vue paléographique, si l'on admet que la
préposition était abrégée dans le modèle commun, la méprise se conçoit
aisément : le tau est écrit au-dessus du kappa ou du mu, dont le tracé se
rapproche, tandis que les voyelles n'apparaissent plus. Voici quelques exemp
les.
p. 2022 καταστήσομεν Ab μεταστ- C
p. 1655 μετ' AB κατ5 C
p. 2157 μετακλαιόμενος AB κατακλ- C
p. 4333 μετήνεγκε AB κατ- C
Le relevé des mots qui sont réellement différents d'une tradition à l'autre
présente un plus grand intérêt; on exclura évidemment les variantes qui
ne concernent que les désinences ou les terminaisons. Le choix entre les
deux leçons est parfois difficile, du moment que les deux mots conviennent
parfaitement, et ne peut être effectué qu'en fonction de critères plus géné
raux, dictés par la préférence donnée à l'une des traditions. Pour le moment,
on se contentera de citer simplement les leçons divergentes, pour marquer
l'existence des deux traditions,
p. Il10 άλλοθεν Ab άνωθεν C
p. 6222 ύπηρέται AB δεσπόται C
p. 1366 δακτυλίου AB δακτυλιδιού C
p. 14717 παρειλήφαμεν AB παρειλήφει τις C
p. 161 15 σαλπίσιν AB έλπίσιν C
p. 17519 θύοντες AB έχοντες C
p. 30410 οι καθ' ήμας AB άλλοι δή C
p. 31616 άνήρ AB άνθρωπος C
p. 33011 ομοίως AB ή μοίρα C
p. 3381 εκείνου AB του 'Ιωσήφ C
p. 3405 άστατον AB ευσταθές C
p. 3697 προκείμενον AB κινούμενον C
p. 41412 λοιπούς AB πολλούς C
p. 421 19 φροντίδος AB μερίμνης C
p. 425 18 προσελώντα AB προσερέτην C
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'fflSTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 147
47. Il est question ici des lacunes qui touchent un ou plusieurs mots seulement, non
des lacunes qui proviennent de la chute de folios entiers (voir ci-dessus, p. 129-130 et
133) et qui ne revêtent aucune signification pour le présent propos.
48. Voir aussi la note de P. Poussines : Bonn, I, p. 645-646.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 149
49. Homère, Iliade, X, vers 258. Le mot n'est attesté qu'au nominatif, dans le passage
cité. P. Mazon (Homère, L'Iliade, II, Paris 1947, p. 93) traduit ce substantif par « pot ».
50. La régularité est encore plus rigoureuse que ne le laisse voir la suite des chiffres ;
en effet le dernier folio cité (f. 98) devrait en fait porter le chiffre 99, car le manuscrit
est mal folioté à un endroit (f. 89 et 89a) ; voir ci-dessus, p. 134.
51. Cet accident de transmission est cité sous le numéro 4 ci-dessus, p. 129.
150 A. FAILLER
52. Sur ce monastère, voir R. Janin, Les églises et les monastères des grands centres
byzantins, Paris 1975, p. 89.
53. Sur Jean de Nicomédie, voir E. Trapp, Die Metropoliten von Nikaia und Niko-
media in der Palaiologenzeit, OCP 35, 1969, p. 189-190; dans cet article, Jean de Nico
médie est présenté comme titulaire de 1256 à 1278, mais le Jean de Nicomédie signataire
d'un acte patriarcal et synodal d'août 1232 est sans doute le même personnage ; cf. MM,
III, p. 65; Laurent, Regestes, n° 1261.
54. Nicétas d'Héraclée signe l'acte patriarcal et synodal du 1er janvier 1261 en faveur
de la métropole de Trébizonde. Dans la liste des signataires, il vient en deuxième place,
tandis que Jean de Nicomédie vient en cinquième position ; voir L. Petit, Acte synodal
du patriarche Nicéphore II sur les privilèges du métropolitain de Trébizonde (1er janvier
1260), IRAIK 8, 1903, p. 16945; Laurent, Regestes, n° 1351. Sur les titulaires de la
métropole d'Héraclée, voir Κ. Ε. Kourilas, Βιογραφικός κατάλογος μητροπολιτών
Ηράκλειας, Θρακικά 28, 1958, ρ. 46-47.
55. Cette variante supprime la difficulté que présente la leçon de l'édition de P. Pous-
sines et dispense de faire toute hypothèse supplémentaire sur des liens éventuels entre
le monastère de Saint-Diomède et le diocèse d'Héraclée (R. Janin, op. cit., p. 89).
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'fflSTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 151
56. Pachymère : Bonn, I, p. 11215 ; sur ce monastère, voir R. Janin, op. cit., p. 118.
57. Il est d'ailleurs naturel que la délégation soit composée de plusieurs métropolites.
On peut citer, à titre d'exemple, la délégation qui fut envoyée en 1353, dans des circons
tances strictement identiques, au patriarche Calliste, pour l'amener à démissionner :
voir A. Failler, La déposition du patriarche Calliste Ier (1353), REB 31, 1973, p. 39252.
De même, les sommations à comparaître adressées à un évêque mis en accusation
devaient lui être portées par deux de ses pairs, conformément au canon 74 des Apôtres
(G. A. RhallèS-M. Potlès, Σύνταγμα των θείων και Ιερών κανόνων, II, Athènes 1852,
ρ. 942).
58. Bonn, Ι, ρ. 638.
59. R. GuiLLAND, Les logothètes, REB 29, 1971, p. 100.
152 A. FAILLER
est promu logothète des biens privés60 ; on ne s'attendrait donc pas à lui
trouver un successeur dans cette fonction dès l'année suivante, mais on ne
peut pas non plus l'exclure absolument, car il n'existe pas de mention
d'Hagiothéodôritès postérieure à l'année 1259. Seules d'autres sources
permettraient d'arriver à une conclusion certaine. On se contentera de
suivre C, comme l'a fait l'éditeur, qui ne mentionne d'ailleurs pas l'existence
de la double leçon.
— p. 12610"11 'Εφέσου τδν 'Ισαάκ... εκ της κατά την δύσιν του Ξηρο-
ποτάμου μονής ABC (C in mg.) Σμύρνης τον 'Ισαάκ... εκ της κατά τήν
δύσιν του Μεσοποτάμου μονής C Σμύρνης τον 'Ισαάκ... εκ τής κατά τήν
δύσιν Ξηροποτάμου μονής edd.
On peut tout d'abord exclure la leçon adoptée par l'éditeur, qui opère un
panachage entre les leçons de AB et de C, sans apporter aucune justification
à ce choix dans ses notes61. Remarquons aussi que, au vu de la tradition
manuscrite, C acquiert un préjugé favorable et que la localisation «en
Occident» convient excellemment à un monastère épirote et moins bien
à un monastère de l'Athos.
Il s'agit dans ce passage de la nomination d'un moine à l'épiscopat :
promotion d'Isaac d'Ephèse, moine de Xèropotamou, selon les manuscrits
AB et la correction marginale de C, qui est due au copiste lui-même;
promotion d'Isaac de Smyrne, moine de Mésopotamon, d'après le texte
du manuscrit C. Ce passage éclaire d'une manière nouvelle la tradition
manuscrite : l'archétype commun devait se présenter comme C, avec la
correction marginale ; celle-ci passe ensuite dans le texte, comme dans les
manuscrits A et B. L'antériorité du texte de C apparaît ainsi clairement,
mais reste le problème de la correction : qui en est l'auteur, l'historien
lui-même ou un lecteur, et quand fut-elle insérée ? En effet l'autorité et la
valeur de la nouvelle leçon dépendent de la réponse à ces questions. On
essaiera de proposer une solution après avoir examiné les principales
divergences entre les deux traditions.
La promotion en question se situe sans doute au début de l'année 1261,
peu avant la mort du patriarche Nicéphore62. Le siège de Smyrne pouvait
être effectivement vacant, car le titulaire attesté l'année précédente, Kalo-
60. Pachymère : Bonn, I, p. 5315, 1092122 ; R. Guilland, art. cit., p. 74, 100.
61. L'éditeur n'a pas vu que les deux leçons présentent deux personnages différents,
originaires de deux monastères distincts ; sa version est retenue par V. Laurent, Regestes,
n° 1352.
62. Pour les dates du patriarcat de Nicéphore II, voir V. Laurent, La chronologie
des patriarches de Constantinople au xme siècle (1208-1309), REB 27, 1969, p. 140-142.
Voir aussi ci-dessous, p. 174.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 153
Les deux leçons s'insèrent bien dans le contexte ; la première, qui présente
Eulogie comme l'aînée de Michel VIII69, fournit une donnée plus précise
que la seconde, mais le choix ne peut se faire qu'en vertu de critères plus
généraux issus de la tradition manuscrite de l'Histoire.
— p. 1922 των] περί τον Έξώτροχον [εξυπηρετουμένων om. AB edd.
Omis par AB et l'éditeur, ce passage de C livre le nom du chef des bourreaux
qui furent chargés d'aveugler le jeune Jean IV Laskaris. Le patronyme est
répandu dès le 12e siècle, mais on ne connaît pas d'autre mention d'un
Exôtrochos sous le règne de Michel VIII Paléologue70.
— p. 1929 φέροντες] εκ Χηλής om. AB edd.
L'éditeur a également omis ce passage, dont l'authenticité ne peut cependant
faire de doute. Michel VIII fit donc enfermer le jeune Jean IV Laskaris
dans une forteresse sur la mer Noire71. Pachymère signale qu'en 1259,
après son couronnement, Michel VIII plaça Jean IV sous bonne garde à
Magnésie72, mais il ne dit pas où résida le jeune basileus par la suite,
précisant néanmoins qu'il n'entra pas avec Michel VIII dans Constant
inopleen août 1261 73. On ignore donc à quelle date il fut envoyé à Chèlè.
L'historien mentionne et décrit plus loin cette forteresse, où le patriarche
Joseph fut exilé après l'Union de Lyon74.
— p. 19210 et 30712 των Νικητιάτων AB της Δακιβύζης C τών Νικη-
τιάτων της Δακφύζης edd.
ρ. 19815 τών Νικητιάτων AB edd. της Δακφύζης C
II faut y ajouter une quatrième mention, qui se trouve dans la deuxième
partie de l'Histoire (Bonn, II, p. 10317) : τών Νικητιάτων scr. et της
Δακκιβύζης (-είζης A) suprascr. AC τών Νικητιάτων της Δακκιβύζης
(Δακιβ- edd.) Β edd. Il s'agit de la forteresse où fut enfermé Jean IV
Laskaris, une fois aveuglé par ordre de Michel VIII Paléologue (25 décembre
1261).
79. Ces avantages furent acquis par la ville de Gênes à la veille de la reprise de Const
antinople par les Grecs, et les privilèges furent scellés par le traité de Nymphaion
(13 mars 1261) ; cf. Dölger, Regesten2, n° 1890.
80. Pachymère (Bonn, I, p. 420e) cite un seul personnage : Manuel, fils de Zacharie ;
en fait, le monopole de l'exploitation de l'alun à Phocée fut concédé aux deux frères
Zaccaria, Benedetto, l'aîné, et Manuele; cf. R. Lopez, Genova marinara nel duecento.
Benedetto Zaccaria, ammiraglio e mercante, Messine-Milan [1933], spécialement p. 12-13.
81. Plus rapides que les «bateaux ronds» ou cargos, les «bateaux longs» servaient
pour la guerre ou la piraterie; sur la terminologie, voir Hélène Ahrweiler, Byzance
et la mer, Paris 1966, p. 414-415.
158 A. FAILLER
cargo ou bateau rond, plus grand que tous les autres, pénètrent en mer
Noire et chargent dans leur cargo des produits de la région, de l'alun en
particulier, et naviguent vers le Bosphore.
Il faut admettre que le texte de C ne donne pas entière satisfaction, car
certains points restent obscurs : identité du propriétaire du cargo capturé,
sort final du cargo confisqué par les Grecs et remisé au Néôrion, ainsi que
des bateaux longs sur lesquels les Génois ont pénétré en mer Noire. Malgré
cela, il faut voir en C le texte original. A cause des omissions qu'on vient
de relever, un copiste s'est efforcé de rendre le passage plus clair en suppri
mant certains éléments. La correction commence à la ligne 1 : le cargo
capturé, dont le texte n'indique ni le propriétaire ni la provenance, devient
la propriété des Génois opposés à Manuel, et la mention des bateaux longs
disparaît. Poursuivant sa reconstruction du texte, le modèle de AB ne
signale plus la piraterie exercée par les Génois : ceux-ci ne s'emploient
pas à écumer les mers, mais ils chargent dans leur navire des produits du
lieu, de l'alun en particulier ; il s'agirait alors de l'alun extrait au sud de
la mer Noire, en infraction aux règlements, puisque ces mines furent
fermées au moment où Manuel acquit le monopole du commerce de l'alun
au profit des mines de Phocée; une contradiction subsiste cependant : la
nouvelle version retient que les Génois, poussés par le vent du sud, jettent
l'ancre dans les ports septentrionaux de la mer Noire (p. 421 10~11), alors
que les mines d'alun se trouvent au sud du Pont-Euxin, près de Kolôneia.
Après cela, les Génois descendent vers Constantinople, sans avoir capturé
de cargo, puisqu'ils naviguent sur le leur. Si l'on conçoit parfaitement
le passage de la version C à la tradition AB, d'un texte complexe et
parfois obscur à un récit plus court et plus clair, on ne peut par contre
comprendre la transformation inverse. Malgré un ton elliptique par en
droits, le texte de C peut d'ailleurs s'expliquer : le cargo capturé appart
enait probablement à la flotte de Manuel, transportait de l'alun extrait
à Phocée, et non au sud de la mer Noire, et naviguait vers les ports de
la mer Noire.
Quant à l'éditeur, il n'a pas perçu que chacune des deux versions implique
une logique différente et contradictoire du récit. Pour le premier passage,
il adopte la leçon de AB, pour le second le texte de C. On obtient ainsi
un troisième récit : les Génois opposés à Manuel construisent eux-mêmes
un gros cargo (AB), s'adonnent à la piraterie et arraisonnent un second
cargo, qui transporte de l'alun et dans lequel ils transbordent les produits
de leur piraterie (C). P. Poussines introduit dans le deuxième passage un
participe tiré de la version AB (« ayant équipé ») ; le texte devient alors
proprement inintelligible, car le régime de ce verbe ne peut être les marchait-
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'fflSTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 159
U
162 A. FAILLER
une première fois en cet endroit et une deuxième fois une ligne plus bas,
à sa place cette fois) au lieu de τδν πατριάρχην. Le copiste plus attentif
et plus critique de Β donne à la phrase un tour grammaticalement correct,
mais celle-ci devient incompréhensible.
D'après le schéma esquissé, A n'apporte pas d'éléments nouveaux par
rapport à BC94, où Β représente déjà cette tradition ; son témoignage est
néanmoins utile, car il représente la première tradition de l'Histoire mieux
que B, dont on a marqué les déficiences et les lacunes. A plus forte raison,
Β ne devrait rien apporter de nouveau par rapport à AC, car la première
tradition est déjà représentée par A dans ce groupe. Le seul apport pourrait
être à l'occasion une correction ponctuelle. Cependant il ne semble pas
qu'il en soit exactement ainsi ; Β présente en effet, en une quinzaine de
cas, des mots ou des membres de phrase qu'on ne trouve ni en A ni en C.
A moins de raisons particulières, ces ajouts doivent être exclus du texte :
on a effectivement cité plus haut deux cas où les mots insérés par Β ne
peuvent être retenus95. Voici un autre exemple où le mot introduit par Β
peut être supprimé aisément :
p. 5299 του βασιλέως μεταλλάξαντος] τδν βίον add. B
L'addition n'est pas indispensable; si l'on se réfère aux autres emplois
que fait l'historien de ce verbe dans le même sens, on le trouve général
ement seul et ainsi attesté par les trois témoins (p. 30211"12, 34217, 3951),
parfois suivi d'un complément d'objet (p. 3522, 52812 : μεταλλάττειν τό
βιουν et τδ ζην). Cependant, en certains cas, des passages transmis par Β
seul sont indispensables au texte, bien que l'omission simultanée de la
part de A et de C ne laisse pas d'étonner ; il est vrai qu'il s'agit ici tt là
d'un phénomène d'homoiotéleuton :
p. 18215"16 μή Ιχειν] οοτε γαρ — άντέχειν [οΰτε om. AC
p. 22619"21 πράττειν,] και ούτω — πράττειν om. AC
On a vu ailleurs que C est coutumier de ce genre d'omissions96. Dans
un troisième cas, l'omission d'un court passage par A et par C semble
avoir la même cause (homoioarkton) :
p. 39211 έν] ίερομονάχοις καΐ άλλως [ίερωμένοις om. AC
94. Α. Heisenberg (op. cit., p. 13) pensait en effet que le manuscrit A, qu'il consi
dérait comme le plus ancien et le meilleur, permettait de corriger les erreurs de l'édition
de P. Poussines. En fait il suffit de lire et de collationner correctement les manuscrits
Β et C pour amender le texte de l'édition. Il est vrai néanmoins que le témoignage de
A est important pour l'établissement de la tradition manuscrite et la recherche de
l'archétype.
95. Ci-dessus, p. 141 (Bonn, I, p. 335e, 3445).
96. Ci-dessus, p. 145.
164 A. FAILLER
1. Les manuscrits
Deux manuscrits conservent intégralement le texte de la paraphrase ; un
troisième en fournit le commencement, dans une version meilleure et plus
au XIVe siècle, Paris 1971, p. 18-21. J'ai édité une autre pièce contenue dans ce manuscrit
(f. 200) : A. Failler, Une donation des époux Sanianoi au monastère des Hodègoi,
REB 34, 1976, p. 111-117.
18. Voir ci-dessus, p. 149-160.
19. Voir ci-dessus, p. 157-159.
170 A. FAILLER
p. 69 17 πρόσθεσις AC : πρόθεσις BV
p. 907~8 τήν άπο γένους transp. BV
p. 93 17 τα κατά βουλήν ante πραχθησόμενα add. BV
p. 9920 τοις άμφί τον σουλταν AC : τω σουλταν BV
p. 1055 αρχαίων AC : άρχέων BV
p. 1072"7 και Πελαγονίαν — Στερίδολα post Τρίκκη transp. BV
p. 11913~14 δια του κατά τήν Έλενόπολιν της θαλάσσης πορθμού AC :
δια τήν Έλενόπολιν του της θαλάσσης πορθμού BV20
p. 1513 γρήγορσιν AC : έγρήγορσιν BV
ρ. 1608 εκ C : επί Α άπδ BV
p. 1783 ψωμιζόμενον AC : άποψωμιζόμενον BV
p. 18215"16 οΟτε — άντέχειν add. BV
p. 23912'13"16 ευθύς... αύτίκα... πράξαντας AC : αύτίκα... ευθύς... πρά-
ξοντας BV
p. 29520 ίκανώς ante έροΰμεν add. BV.
V se rattache incontestablement à Β par certaines de ses leçons. Cependant
il ne provient pas directement de B, car il contient des passages omis par
ce dernier. On pourrait penser qu'il dérive d'une copie en amont de B, une
copie qui aurait conservé les bonnes leçons de l'archétype perdus par son
apographe, puisque V livre souvent les mêmes bonnes leçons que A, là
où B est erroné. Mais V conserve aussi quelques bonnes leçons étrangères
à la tradition AB, rejoignant ainsi la deuxième tradition C. Voici quelques
exemples.
p. 14813 της πόλεως add. CV
p. 1682"3 καΐ πρότερον — ύστερον δέ add. CV
p. 269 18 μετεγγραφής AB μεταγραφής CV
p. 3234 πόντον AB τόπον CV
p. 49910 μαθόντες έγνώκειμεν AB έσαΰθις έροΰμεν CV
p. 5291"4 δτε — ύποδηλούσης add. CV
Une seule hypothèse peut dès lors être envisagée : l'auteur de la para
phrase utilise simultanément B et C, qui suffisent de fait à expliquer int
égralement le texte de V.
Il faut observer enfin qu'on ignore la date exacte de composition de la
paraphrase et qu'en conséquence on ne peut savoir si elle est antérieure ou
postérieure aux copies B et C. Tout se passe comme si V dérivait des deux
manuscrits dont le contenu est conservé par B et C, qu'il s'agisse des deux
exemplaires existants, de leurs antigraphes ou de leurs apographes. De
toute façon, la paraphrase date au plus tard du début du 15e siècle ; elle
ne peut donc avoir été exécutée sur aucun des apographes conservés des
manuscrits-sources, car ces copies, comme on le verra plus bas, sont toutes
plus tardives. L'examen de la tradition manuscrite de la deuxième partie
de l'Histoire permettra peut-être de déterminer ou à tout le moins d'éclairer
ce point21.
2. Le texte
23. Mais, ce faisant, il se trompe parfois : ainsi a-t-il ajouté υποθέσεων là où il faut
probablement sous-entendre συλλαβών (voir ci-dessus, p. 138 : texte de Bonn, I, p.
1041213). Il lui arrive ailleurs d'insérer θυγάτηρ là où, d'après le sens, on doit sous-
entendre σύζυγος (voir ci-dessous, p. 176 : Bonn, I, p. 10823-1092).
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 173
26. H. Wolf, Nicephori Gregorae Romanae hoc est Byzantinae historiae Libri XI,
Bâle 1562, p. 260. Sur les passages de Pachymère rapportés dans cet ouvrage, voir ci-
dessous, p. 198.
27. V. Laurent, La chronologie des patriarches de Constantinople au xrae s. (1208-
1309), REB 27, 1969, p. 140-142.
28. Acropolite : A. Heisenberg, p. 1804"5.
29. R.-J. Loenertz, La chronique brève de 1352, OCP 29, 1963, p. 342 n. 2 et 343 n. 2.
30. Sophocle, Oedipe-Roi, vers 1137.
31. L. Cousin, Histoire de Constantinople depuis le règne de VAncien Justin jusqu'à
la fin de l'Empire, VI, 1, Paris 1685, p. 122.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMERE 175
32. Bonn, I, p. 641-642, 674-675. D démontrait par le fait même que Pachymère ne
pouvait être considéré comme l'auteur de la paraphrase, alors que L. Allacci (PG 143,
413-414) lui avait attribué les deux versions de l'Histoire.
176 A. FAILLER
13
178 A. FAILLER
formée, surtout dans sa première partie. Aussi I. Bekker put-il faire figurer
la version brève en apparat dans l'édition de Bonn41 ; observons que le
procédé pouvait se concevoir pour la première moitié du texte, sans que
l'apparat en fût surchargé, mais qu'il ne convenait plus du tout pour la
seconde moitié. Remarquons encore que la tradition manuscrite de l'His
toire de Pachymère n'attribue pas à la paraphrase un titre différent ou
indépendant de celui de l'original.
crits légués par le cardinal Bessarion à Venise et daté de 1469 ; tel est donc
également le terminus ante quern de la copie du Marcianus. Le texte est
transcrit par une seule main ; la qualité de la copie et le soin de la trans
cription font du manuscrit un ouvrage supérieur à son modèle. Relevons
simplement un défaut constant : le foisonnement des erreurs de spiration
et d'accentuation. La copie comporte certains des accidents signalés dans
le manuscrit de Munich (accidents 1, 4 et 6)43.
Le Marcianus est copié directement sur A. Aux arguments proposés
par V. Laurent pour établir cette dépendance, on peut ajouter certains
indices. Face à un passage du texte (Bonn, I, p. 469~14), où le copiste laisse
quelques blancs, on lit en marge : ενταύθα σαθρον το πρωτότυπον ; cette
lacune correspond à une tache sur le folio 22 de A (premier folio du cahier 4),
où les fins de lignes sont illisibles. A plusieurs reprises, des passages sont
omis dans le texte, puis suppléés en marge par le copiste lui-même : chacun
de ces passages correspond exactement à une ligne de texte du manuscrit A
(Bonn, I, p. 3124"5 = A, f. 107 1. 15; p. 33520"21 = A, f. 113V 1. 25;
p. 35615"16 = A, f. 119V 1. 3). S'il y avait eu une copie intermédiaire, on
peut supposer que le copiste aurait réintégré ces passages dans le corps
du texte, comme ce fut le cas dans la copie qui dérive de a.
Dans la nouvelle édition, ce manuscrit sera utilisé à deux reprises. Dans
le premier cas, il représentera la famille A pour le début du texte de l'His
toire (Bonn, I, p. 11M39) : l'actuel folio 7a de A (accident 2), qui remplace
le premier folio original du cahier 2, est une copie faite au milieu du
16e siècle sur le Scorialensis graecus Ω Ι 10, copie du Marcianus**. Dans
le second cas, a figurera dans l'apparat critique pour un passage des
chapitres 11-12 du livre I (Bonn, I, p. 301-3219) : le folio 15a de A (acci
dent 3) disparut peu après la copie du Marcianus, car le copiste du Hiero-
solymitanus graecus Timiou Staurou 4, qui transcrivait A au 15e siècle
également, ne lisait plus ce passage dans son modèle.
b. Scorialensis graecus Ω Ι 10
Le Scorialensis graecus Ω Ι 10 [511] comprend 316 folios et mesure
360x250 mm45. Le texte de la première partie de l'Histoire occupe
161 folios. Les signatures des cahiers ont disparu presque partout ou sont
43. Pour la liste des accidents de la copie A auxquels il est fait constamment allusion
dans l'étude de ses apographes, voir ci-dessus, p. 129-130.
44. Voir ci-dessous, p. 182.
45. V. Laurent, art. cit., p. 168-170 et 184-188; G. de Andres, Catalogo de los
codices griegos de la Real Biblioteca de El Escortai, III, Madrid 1967, p. 130-131.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L 'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 181
46. Ch. Graux, Essai sur les origines du fonds grec de VEscurial, Paris 1880, p. 103
suiv., 171-172.
182 A. FAILLER
était parvenu un siècle plus tôt, et copié vers 1545, au moment où Antoine
Eparque fit venir d'Orient l'actuel Monacensis graecus 44247 et permit
ainsi la rencontre des trois manuscrits. Il existe un autre indice de la réunion
du Monacensis et du Scorialensis : le copiste qui a transcrit les feuillets
finals du Scorialensis à partir du Monacensis a également écrit l'actuel
folio 7a de A (accident 2), à partir du Scorialensis, et non du Marcianus,
car il reproduit toutes les particularités de ce manuscrit; de plus, il lui
arrive de sauter une ligne de son modèle, avant de remarquer son erreur
et de barrer les mots écrits par anticipation.
Il exista à PEscorial deux autres copies de l'Histoire de Pachymère;
elles disparurent dans l'incendie de 1671 et dataient d'avant 160048. On
n'en connaît rien, sinon le titre fourni par un catalogue : Georgii Pachy-
merae historiae Romanae libri duodecim, fine caret. Ce titre correspond
parfaitement à l'intitulé du folio 1 du Scorialensis: Γεωργίου του Παχυμέ-
ρου 'Ρωμαϊκής ιστορίας βιβλία δώδεκα, ατελής ; mais ce titre, apposé plus
tard, n'est pas authentique : comme tous les manuscrits de cette branche,
l'œuvre est qualifiée de Chronikon (f. 1*). Cet indice ne suffit donc pas
pour fonder la parenté des trois copies; on peut néanmoins présumer
qu'il s'agissait là de copies de l'actuel Scorialensis.
47. Ch. Graux, op. cit., p. 416. Le manuscrit apparaît sous la désignation suivante :
Θεργίου τοϋ Παχυμερή ιστορικού συγγραφέως βιβλία ιγ'.
48. G. de Andres, Catalogo de los codices griegos desaparecidos de la Real Biblioteca
de El Escortai, El Escorial 1968, nos 1 (cote A.I.6) et 497 (cote LUI. 12).
49. A. Papadopoulos-Kérameus, Σημείωσις περί τοϋ Ίεροσολυμιτικοΰ κωδικός
τοϋ Χρονικοΰ Παχυμέρη, Δελτίον της ιστορικής και εθνολογικής εταιρίας τής Ελλάδος
3, 1889, ρ. 529-535 ; Idem, ' Ιεροσόλυμα ική Βιβλιοθήκη, III, Petrograd 1897, ρ. 23-24.
50. V. Laurent, art. cit., p. 167-168 et 183-184. J'ai étudié ce manuscrit sur un micro
filmfourni par la Bibliothèque du Congrès de Washington.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 183
1 2 3 :la 3b 3c 3d ι\ i> 6 7 8 9 1 11 12
1 1 1
1
4 folios, restés blancs (f. 3a-b-c-d), sont insérés dans le cahier original
et semblent appartenir à la même période. Le copiste a transcrit sur les
3 premiers folios la liste des titres de chapitres, incomplète comme dans
toutes les copies dérivant de A ; il omet la liste des offikia de la Grande
Eglise. Peut-être a-t-il inséré ces folios blancs en vue d'une transcription
ultérieure soit de la fin du pinax des chapitres, soit de la liste des offikia.
Le texte de l'Histoire commence sur le folio 4. Les 10 cahiers suivants
sont réguliers et contiennent chacun 10 folios : 12 + (10xl0) = 112 folios.
Le texte de la première partie de l'Histoire se termine sur le cahier 12
(f. 113-114) ; le texte du livre VI, dont la fin manque actuellement dans le
modèle, est complet ; la chute des feuillets du Hierosolymitanus est donc
postérieure à cette copie.
Un examen élémentaire des filigranes ne permet pas de bien distinguer
le tracé de ceux-ci : seule la contremarque Β apparaît clairement. Quant
aux folios intercalés dans le cahier 1 (f. 3a-b-c-d), ils portent un filigrane
facile à discerner : flèches entrelacées, dont les deux pointes sont séparées
par une étoile, avec la lettre M en contremarque (Briquet 6301 : 1542-
1548). Comme ce papier semble contemporain du reste du manuscrit,
54. Ch. Graux, op. cit., p. 425 n° 177 ; sur le personnage, voir ibidem, p. 43 suiv.
55. V. Laurent, Byz. 11, 1936, p. 53-57.
56. Le copiste transcrit seulement le début de cet Epitomé, c'est-à-dire l'abrégé des
chapitres 36-39 de l'original (Jean Xiphilinos, Epitomé de Dion Cassius : U. Ph. Bots-
sevain, Cassii Dionis Cocceiani Historiarum Romanarum quae supersunt, III, Berlin
1901, p. 479M854, n08 1-12).
186 A. FAILLER
f. Tubingensis graecus Mb 13
Ainsi se présentent les 6 copies qui dérivent de A. Sans doute les argu
ments exposés plus haut suffisent-ils amplement à fonder la filiation de
ces manuscrits, mais le tableau des variantes pour un court passage de
l'Histoire aura l'avantage de le démontrer de manière plus analytique.
On observera les particularités suivantes : la fidélité des copies aux leçons
de A là où celui-ci diffère de Β et de C; la formation de deux groupes
de copies : aS (c'est-à-dire Marcianus graecus 404 et Scorialensis graecus
Ω I 10) et HMN (c'est-à-dire Hierosolymitanus graecus Timiou Staurou 4,
Matritenses graeci Al SI et 4818); l'exactitude de la transcription de Τ
{Tubingensis graecus Mb 13), qui corrige même parfois les déficiences de
son modèle. Dans cet apparat sont relevées toutes les variantes contenues
58. V. Laurent, Byz. 5, 1929-1930, p. 173-174 et 190; Idem, Byz. 11, 1936, p. 47;
B. A. Mystakides, Παχυμέρης Γεώργιος πρωτέκδικος καΐ δικαιοφύλαξ καΐ Μ. Κρού-
σιος, Έναίσιμα inl xfj τριακοστή πέμπτη επετηρίδι της επιστημονικής δράσεως τοϋ
μακαριωτάτον Χρυσοστόμου Παπαδοπούλου αρχιεπισκόπου 'Αθηνών καΐ πάσης
'Ελλάδος, Athènes 1931, ρ. 214-232.
59. Β. Α. Mystakides, art. cit., p. 226 et 231.
188 A. FAILLER
dans les manuscrits pour ce passage, exception faite cependant des erreurs
de N, lorsqu'elles sont sans signification pour la tradition manuscrite : elles
sont trop nombreuses pour être notées,
p. 109 1. 11 έγραφε : έγραψε A (ante corr. ?) eiusque sequaces
12 δυτικό ΐς : διτικοΐς a S
13 του1 om. MN
κεχηρωμένη : κεχει- ΗΜΝ
15 επί τούτω τω άξιώματι transp. A eiusque sequaces
16 Φιλανθρωπηνον : Φιλανθρωπινον Μ Φιλαθρωπινον Ν
17 πρωτοσεβαστον : πρωτοσέβαστον Μ προτοσέβαστον Ν
19 εϊναι iter. MN
21 Άγιοθεοδωρίτην : Άγιοθεωδορίτην aS
23 πρωτασηκρήτις : πρωτοσηκρήτις S πρωτασικρήτις Μ Ν
ρ. 110 1. 1 Φιλανθρωπηνών : -ινών ΜΝ
9 τοις : παρ' A eiusque sequaces
12 προσκειμένων : -otç A eiusque sequaces ΗΜΝ seclusis
18 γην της πόλεως transp. MN
19 εις om. MN
20 βλάπτοιντο : βάπτοιντο scr. et λ suprascr. a δάπτοιντο S
μίσους : μέσους aS
22 εκείθεν om. MN
βλάπτεσθαι : βλέπτεσθαι a S
p. 111 1. 8 Σηλυβρίαν : Συληβρίαν ΗΜΝ
13 έξαπάτηται : -ο A eiusque sequaces
17 τι om. aS
18 ώς2 om. MN
19 άνύτοι : άνύττοι ΜΝ
τη εκκλησία : της εκκλησίας ΗΜΝ
ρ. 112 1. 1 Και : κέ aS
2 πορείαν : πορίαν A eiusque sequaces Τ secluso
3 Πασχασίου : Πασχαστίου A eiusque sequaces
4 ύπερανωκισμένη : υπεράνω σκισμένη (σκυσμένη S σκιασμένη
ΜΝ) A eiusque sequaces
9 μή που : καί μου A eiusque sequaces
11 δίκαιον : δίκαιος ΗΜΝ
11-12 πατριαρχείου : -χίου ΗΜΝΤ
13 προσαναφέροντα : -ι aS
εϊη καί μόνος transp. A eiusque sequaces
17 δε : δ' A eiusque sequaces aS seclusis
LA 1RADITI0N MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 189
62. Le problème est identique à celui que pose la note transcrite dans A; voir ci-
dessus, p. 130-131.
63. R. Devreesse, Le fonds Coislin, Paris 1945, p. 129.
64. Le colophon daté de 1399 serait donc bien antérieur au manuscrit, tandis que
les deux dernières notes chronologiques (1443 et 1446) du folio 466 seraient contemp
oraines de la copie.
192 A. FAILLER
c. Coisliniani 138-140
Les Coisliniani 138-143, qui mesurent 308 χ 203 mm, contiennent la
copie manuscrite la plus tardive de l'Histoire de Georges Pachymère73.
La première partie de l'œuvre est transcrite sur les Coisliniani 138 (272 f.,
livres I-III), 139 (308 f., livres IV-V) et 140 (f. 1-173, Uvre VI), dans lequel
est également copié le livre VIL Alors que le Coislinianus 138 est transcrit
par plusieurs copistes, les cinq autres volumes portent tous la même
écriture, celle du copiste Honorât74.
Il semble que ces manuscrits soient une préparation pour l'édition.
Ainsi se présentent du moins les premiers feuillets du premier volume;
dans tous ces manuscrits, le verso était réservé à la traduction latine, mais
il est resté presque intégralement blanc, car celle-ci n'a été faite que pour
le début de l'ouvrage, soit les chapitres 1-15 du livre I (f. 2V-37V). Les
premiers feuillets contiennent d'abondantes notes, dont l'intérêt et la
précision sont contestables ; elles s'arrêtent dès le folio 20 et se rapportent
aux dix premiers chapitres du livre I. Pour le reste de ce premier volume,
on ne trouve plus que quelques maigres notes marginales, dont une partie
13
194 A. FAILLER
est tirée du Parisinus graecus 1723, tandis que les autres émanent du copiste.
Les longues notes des premiers feuillets ont la particularité d'être transcrites
en deux langues : latin en regard de la traduction, grec en regard du texte
original. L'auteur de ces notes est un parfait bilingue, qui rédige simul
tanément son commentaire en grec et en latin, et un homme familier du
monde grec, comme le montre par exemple la remarque suivante : Muzalon
est cognomen ; Gregoras 1. 3 cap. 7. Superest etiam nunc familia cogno-
minis ut audiui in Chio insula (f. 15*). On peut voir en lui le rhéteur
Athanase, que H. Omont désigne comme l'un des copistes de ce premier
volume75. A partir du folio 21, les notes au texte grec se présentent habi
tuellement sous une même forme et n'ont pas la concision des gloses
empruntées au modèle b. En voici deux exemples :
— p. 6221 φοβούμενη : κρεΐττον οΐμαι εί άρσενικώς γραφείη φοβούμενος
(f. 62)
— p. 6911 άμάρρας codices : ίσως αμάρας κρεϊττον γράφεσθαι καΐ
σημαίνει τον όχετόν (f. 70).
Si la deuxième remarque est fondée, bien qu'il reste encore à corriger
l'esprit, la première note est par contre erronée et montre que le copiste
ne saisit pas bien le sens du texte et corrige de manière superficielle. Quant
aux cinq volumes copiés par Honorât, ils ne portent aucune annotation.
La traduction latine des 15 premiers chapitres de l'ouvrage contiaste
avec celle de P. Poussines par sa clarté et sa simplicité. Bien qu'elle ne
soit pas toujours fidèle à l'original, elle témoigne d'une bonne intelligence
du texte ; ainsi le traducteur rend correctement le passage compliqué de
l'Histoire dans lequel Pachymère montre comment les troupes orientales
s'enlisèrent en Epire (Bonn, I, p. 2011"20)76. Mais la traduction contient
également de graves erreurs, dont voici deux exemples :
— p. 1410-12 « H nous faut omettre cela, ainsi que les événements de
cette époque, comme étant hors d'atteinte et d'ailleurs étranger au but
qu'on se propose. » Mal compris par P. Poussines, ce passage est également
mal interprété dans le Coisiinianus : Quae itaque circa tempora illa fuerunt
gesta nobis praetermittenda sunt non quidem quasi inutilia, sed a nostro
proposito institutoque aliéna (f. 4*).
— p. 3521"22 « Cette même année inclinait vers l'automne, lorsque le
souverain cesse de vivre, laissant quatre enfants...» Parfaitement traduit
par P. Poussines, ce passage revêt dans le Coisiinianus un sens tout différent
V. L'édition de l'Histoire
On peut s'étonner que l'Histoire de Pachymère n'ait été éditée que dans
la seconde moitié du 17e siècle, alors que la plupart des ouvrages des grands
80. G. Mercati, Per la storia dei manoscritti greci di Genova, di varie badie basiliane
d'Italia e di Patmo, Cité du Vatican 1935, p. 148. Sur ce copiste, voir E. Legrand,
Bibliographie hellénique ou description raisonnée des ouvrages publiés par des Grecs au
dix-septième siècle, III, Paris 1895, p. 196-203 ; V, Paris 1903, p. 226-227.
81. Maria Elisabetta Colonna (G H storici bizantini dal IV al XV secolo. I. Storici
profani, Naples [1956], p. 94) signale un dernier manuscrit : Ox. Bod. d'Orv. X I. 2, 2.
Il s'agit simplement de la copie d'un bref passage de l'édition de P. Poussines, si l'on
en croit le catalogue de Th. Gaisford (Codices manuscripti et impressi cum notis manu-
scriptis, olim d'Orvilliani, qui in bibliotheca Bodleiana apud Oxonienses adservantur.
Oxford 1806, p. 8) : De insula Άναμοπύλη, p. I e G. Pachymero et Nicephoro Gregora.
Lat. e versione P. Possini. A ma connaissance, ce toponyme n'est d'ailleurs pas cité
par Nicéphore Grégoras dans son Histoire; Pachymère le mentionne (Anémopylai,
dans l'île d'Eubée?) à propos de Licario (Bonn, I, p. 41021), qui remit ses possessions
à Michel VIII Paléologue. La mention de ce fragment est omise dans le catalogue posté
rieur de F. Madan (A Summary Catalogue of Western Manuscripts in the Bodleian
Library at Oxford. IV. Collections received during the First Half of the 19th Century\
Oxford 1897, p. 45-46) : 16912, manuscrit d'Orville 34 (= Auct. X I. 2, 2), 17M8e s.
Miscellaneous papers...
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 197
οI
δ
198 A. FAILLER
1. H. Wolf, Nicephori Gregor ae Romanae hoc est Byzantinae historiae Libri XI,
Bâle 1562, p. 258.
2. Ibidem, p. 258-270.
3. Voir ci-dessus, p. 187.
4. Voir ci-dessus, p. 185-186.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 199
14. C'est d'ailleurs un titre commun pour un ouvrage d'Histoire byzantine; ainsi
un copiste tardif a tout naturellement donné ce titre à l'Histoire de Pachymère, alors
que le manuscrit qu'il consultait appartient à la famille A et est intitulé Chronikon.
Voir ci-dessus, p. 182.
15. Le Vaticanus graecus 163, qui date du 13e siècle et sur lequel est transcrite l'Histoire
d'Acropolite, attribue également le titre de Chronikon à l'ouvrage de Pachymère (f. 269).
Mais la valeur de cette note marginale est fonction de la date de la secunda manus qui
l'a transcrite; cf. A. Heisenberg, Georgii Acropolitae opera, I, Leipzig 1903, p. vi;
I. Mercati et P. Franchi de' Cavalieri, Bybliothecae Apostolicae Vaticanae codices
manu scripti recensiti. Codices Vaîicani graeci. I. Codices 1-329, Rome 1923, p. 187.
204 A. PAILLER
16. Tel est le titre qu'attribue à la paraphrase de l'Histoire le catalogue des Patmenses ;
cf. G. Mercati, Per la storia dei manoscritti greci di Geneva, di varie badie basiliane
d'Italia e di Patmo, Cité du Vatican 1935, p. 131. Quant au titre que porte l'Histoire
de Pachymère dans le catalogue d'Antoine Eparque, il est inspiré de la même formule ;
voir ci-dessus, p. 182 n. 47. L. Allacci (PC? 143, 413-414) adopte une formule similaire,
mais sous une forme que n'autorise pas la tradition manuscrite : Ιστορίας συγγραφικής
λόγοι ιγ'.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 205
21. Dans un article cité plus haut (p. 187 n. 58), B. A. Mystakidfs (p. 218-219, 223)
a relevé quelques-uns de ces titres de la version longue, soulignant qu'ils sont plus clairs
que les titres édités; il ne pouvait évidemment soupçonner qu'il s'agit de deux séries
de titres, authentiques l'une et l'autre.
208 A. PAILLER
22. Voir ci-dessus, p. 130; cf. A. Heisenberg, Aus der Geschichte und Literatur der
Palaiologenzeit, Munich 1920, p. 11.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 209
23. Il est inutile de relever toutes ces notes; à titre d'exemple, voici la première
(f. 50v) : ζήτει μετά Sv φύλλον τουτί τό σημεΐον —Κ
24. Voir ci-dessus, p. 182.
25. Voir ci-dessus, p. 199-200.
14
210 A. FAILLER
correcte : dans ces cas, l'archétype devait être erroné. Mais il a perdu
certains passages du texte ; il fourmille d'erreurs orthographiques, procède
parfois à des interversions, ajoute des mots à l'occasion et en omet bien
davantage.
Ecrit d'une seule venue et de manière soignée, le manuscrit Β a été
défiguré par la multitude des notes qui remplissent ses marges et se glissent
jusque dans les interlignes du texte. Seules les notes originales, qui sont
très rares, seront retenues dans l'apparat de la nouvelle édition. Quant aux
additions plus tardives, il convient d'en faire un classement et de les citer
dans l'ordre chronologique. Une première main a inscrit à la fin des livres
le titre du livre suivant, omis par l'original : συγγραφικών ιστοριών δευτέρα
(p. 36)26 etc. De la même époque datent une série de synonymes placés
dans le texte au-dessus de certains mots rares ou recherchés ; on les trouve
de manière fréquente au début du texte (p. 1-14 du manuscrit : livre I,
ch. 11-14 = Bonn, I, p. 29-53)27, puis de manière erratiquejusqu'àlapage
38 (livre II, ch. 2 = p. 94). Voici un simple échantillon de ces synonymes,
dont l'orthographe défectueuse et le caractère populaire montrent l'insigni
fiance: εξαλμένοι-πιδόντες, μόρσιμον-βέβεον, έπιρρύδην-φανερά, τους έντος
και τους έκτός-τούς μέσα και τους εξω, άπόντος-μακρά, άρτίως-προς
όλήγον. De la même époque encore datent quelques notes marginales
(p. 59, 192, 216 : ή φυγή του σουλτάνου, μάιος, μάρτιος) ou corrections
de passages délavés (p. 18, 217, 218). La plupart des notes marginales
postérieures sont dues à L. Allacci ou à ses collaborateurs ; le premier
a relevé en marge, de son écriture fine et élégante, certains noms de person
nages et de fonctions ou des mots-clefs du récit ; en voici un échantillon :
Βέκκος, Ιωσήφ ό Γαλήσιος, 'Ιγνάτιος 'Ρόδιος, Ηράκλειας, Βλεμίδης,
πάπας, χαρτοφύλαξ, πρόθεσις, ενωσις, οικονομία, προσθήκη, τόμος,
μνημόσυνον, γάμος, φάκελλοι, πάπυρος, εθος. Mais l'annotation margi
naleest constituée principalement par les leçons de C reportées sur Β
et écrites par diverses mains, dont toutes n'ont pas la discrétion et la
finesse de celle du maître ; elle est abondante surtout à la fin de certains
livres (livres IV et VI), où de longs passages, omis dans l'original, sont
recopiés à partir de C. De même L. Allacci a fait compléter le manusc
rit, en recourant à C ; voici les passages et les feuillets rapportés :
— f. i-iii : relevé des titres de chapitres intercalés dans le texte, à partir
26. Ces additions sont tardives ; le copiste du Parisinus graecus 1723, à qui Β sert
de modèle, a dû inventer ses propres titres.
27. On peut supposer que les folios perdus du début étaient également parsemés de
synonymes de ce genre.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 21 1
28. Je dois à Mgr Paul Canart, que je remercie pour cette indication, d'avoir pu
identifier l'écriture de L. Allacci.
29. Voir ci-dessous, p. 216.
30. Voir ci-dessus, p. 136-144.
212 A. FAILLER
les passages omis par Β ont été soulignés. Seules les notes contemporaines
de la copie, dont certaines ont été mentionnées plus haut, figureront dans
l'apparat critique de la nouvelle édition. Quant aux notes plus tardives,
elles seront citées ici, par ordre chronologique. Celles qui sont antérieures
aux collations de L. Allacci sont dues à plusieurs mains et peuvent être
classées en deux catégories. La première est constituée de remarques
parfois longues, qui ont un caractère rhétorique ou moralisant :
f. 4V (Bonn, I, p. 26 10) : τό Δυρράχιον οι Λατίνοι Τουράτζον καλουσι νυν.
f. 6 (ρ. 328) : δθεν και δπως γίνεται το λογίζεσθαι.
f. 6 (ρ. 3313) : περί έαυτοΰ λέγει δτι ηβών ήν ήτοι εν ηλικία ήν και έβλεπε
τους τα τοιαύτα πάσχοντας.
f. 6ν (ρ. 347) : ου κατά άλήθειαν ένταυθά φησιν ό συγγραφεύς το ή
εξουσία κρεΐσσον δικαίου, άλλ* ώς άν τις εΐποι εκ περιπαθείας κινούμενος,
ώς άν εί Ιλεγεν καλόν μέν ή δικαιοσύνη, άλλ* επειδή ή εξουσία πλεΐον δοκεΐ
κάν άδικη δύνασθαι, κρεΐσσον και αύτη εκείνης εϊναι δοκεΐ ή τό κρεΐσσον
αντί του δυνατώτερον έκληπτέον.
f. 7ν (ρ. 376) : δντως βασιλικόν ιδίωμα το φιλόδωρον.
f. 7ν (ρ. 384) : τα των ηγεμόνων και μεγιστάνων σφάλματα έκτομίου
πάθει ό συγγραφεύς προσείκασεν ώσπερ γαρ ή άφαίρεσις των μορίων
μέγα δύναται εις άνατροπήν και καθαίρεσιν της δλης φύσεως δύναται του
ανθρώπου καΐ τοσούτον ώστε ποιεί αυτόν μήτε τα των ανδρών δύνασθαι
ποιεΐν μήτε τα των γυναικών, δπερ άναίρεσις της φύσεως έστιν άντικρυς,
ούτω και των ηγεμόνων τα σφάλματα τήν δλην ήγεμονίαν δύνανται άνατρέ-
πειν και διαφθείρειν και εις τό μή δν άποκαθισταν τα δέ κατορθώματα
τούτων τη του κέντρου προς τήν περιφέρειαν άσφαλεία* ώσπερ γαρ αμετακί
νητου καΐ εν τω αύτώ τόπω μένοντος του κέντρου, ασφαλώς έξεστι ποιήσαι
τήν περιφέρειαν, μήτ' έσωθεν μήτ' έξωθεν ρέπουσαν, μήτε διακεκομένην
τε και άνώμαλον, άλλ' ϊσην και όμαλήν έαυτη πάντοθεν, οδτω και τα
κατορθώματα τών αρχόντων μεγίστην άσφαλειαν και ειρήνην τη ηγεμονία
παρέχεται.
f. 16ν (ρ. 71 19) : περί έαυτοΰ τό ό γράφων λέγει ό συγγραφεύς.
f. 36V (p. 1508) : φυσιολογία του συγγραφέως πώς γίνεται εκ τών εξαίφνης
και άπό ΰπνου άκουομένων Ικπληξις.
f. 38 (f. 15516) : καλώς και λίαν στοχαστικώς τα πράγματα κρίνεις,
ώ βασιλεΰ* κατά γαρ τήν κρίσιν τήν σήν ταυτηνί, σου τήν άμαρτίαν περί
τόν αληθή της βασιλείας κληρονόμον έργασαμένου, ου τω σώ προσώπω
τήν τιμωριαν έπήγαγεν ό πάντα όρων του Θεού οφθαλμός, άλλα τοις εκ
σου μετά σέ βασιλεύσασι* τών γάρ φρικτών εκείνων δρκων τών παρα-
βαθέντων ή δίκη τας εκδικήσεις απαραιτήτους γινώσκουσα τήν τών έκγόνων
σου βασιλείαν σε τιμωρούμενος έταπείνωσεν και νυν μέχρις ονόματος τοις
214 A. FAILLER
32. La remarque du lecteur est faite à propos du discours de Michel VIII à l'annonce
de la reprise de la capitale en 1261.
33. En fait, comme il apparaîtra dans la traduction de la nouvelle édition, il est inutile
d'introduire ici ce passage, car il n'y a pas changement de sujet d'une phrase à l'autre ;
l'adjonction d'un nouveau sujet est due à une mauvaise interprétation du passage dans
la paraphrase.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 215
f. 36V (p. 15014) : au-dessus du mot ύπνούντων (génitif absolu, sans sujet
exprimé), l'éditeur inscrit, comme sur B34, le substantif πνεύματος, que
fournit seulement la paraphrase.
f. 45 (p. 1884) : l'éditeur comble une lacune du manuscrit : μορέου εις
πόλιν35.
f. 45 v (p. 191 17) : l'éditeur souligne le mot διοικήσεσι dans le texte et
corrige en marge la désinence : -κουσι. La première forme, certainement
erronée, semble être celle de l'archétype, puisqu'elle est fournie par A et
par C, tandis que Β présente la seconde forme, sans doute après correction
de son modèle; V conserve une troisième leçon, correcte elle aussi :
διοικήσασι.
f. 49V (p. 20913) : dans la marge supérieure, l'éditeur complète, à tort, un
titre de chapitre36.
Comme en B, un lecteur a inscrit plus tard au crayon la coupure entre
les chapitres et les numéros de chapitres, lorsque ceux-ci étaient effacés.
Le manuscrit C est le plus proche de l'archétype et servira de modèle à
la nouvelle édition. Le copiste n'affiche pas d'exigences critiques et semble
suivre docilement son modèle ; les erreurs, qui sont nombreuses, sont par
conséquent superficielles et généralement faciles à déceler. Relevons-en
quelques-unes, parmi les plus apparentes et les significatives. Beaucoup
portent sur la confusion entre consonnes simples et doubles : προσαγγέλων,
προσέττατε, συνάλαγμα, δυττικών, ήνυττεν etc. ; en certains cas, ces
erreurs sont apparemment imputables à l'archétype, car A et C les comm
ettent de concert. Une autre particularité de C est l'omission fréquente
d'une lettre dans un mot : τοοκλημα, εύγερσίας, καλύπραν etc.
Les observations faites au long de l'article sur l'édition de P. Poussines
en donnent les caractéristiques essentielles et en indiquent les déficiences
les plus graves. Son édition est fondée sur B et C, mais, en l'absence
d'arbitre entre les deux manuscrits, il a donné la préférence au hasard
tantôt à B, tantôt à C37. Le stemma établi plus haut fournit un critère
plus rigoureux ; ainsi, pour prendre un exemple qui engage seulement la
graphie d'un mot, dans les cas où B a uniformisé cette graphie (δυσικός,
χρήσθαι), l'accord entre A et C exige que soit retenue leur leçon commune,
42. Acquis assez récemment et coté BL 1203q, l'ouvrage a transité par les maisons
jésuites de Toulouse et de Lyon.
218 A. FAILLER
43. Edition princeps, p. 17. L'adjectif en question se lit dans l'édition de Bonn à
la ligne 3 de la page 32. Une partie de la note est reprise dans le tome II (Bonn, II,
p. 681-683). La longue note de P. Poussines est reproduite ici sans corrections, telle
qu'elle se présente dans l'exemplaire de l'éditeur.
LA TRADITION MANUSCRITE DE L'HISTOIRE DE GEORGES PACHYMÈRE 219
44. Ainsi, sur les 12 coquilles mentionnées, que I. Bekker reproduit à partir de
l'édition princeps, 9 sont corrigées dans l'édition de Venise.
45. A. Heisenberg, Georgii Acropolitae opera, I, Leipzig 1903, p. rv.
220 A. PAILLER