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Septembre 2003

n°3942

VILLE DE RENNES
LE TEMPS DES FEMMES

- Synthèse et Recommandations-

6, rue Gurvand – BP 40709 - 35007 Rennes Cedex


Tél: (33) 2 99 30 59 96 - Fax: (33) 2 99 30 58 87 –
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SA au capital de 38 112€ - RC Rennes B 314 209 941
SOMMAIRE

I- INTRODUCTION ................................................................................................. 3
I.1 ELÉMENTS DE CONTEXTE .......................................................................... 4
I.2 L’ÉMERGENCE DE NOUVELLES DEMANDES............................................. 4
I.3 DES RÉPONSES SOCIALES ET POLITIQUES EN SUSPEND...................... 5
I.4 UNE DOUBLE PROBLÉMATIQUE ................................................................. 5
II - INVENTAIRE DES BESOINS ET ATTENTES .................................................... 7
II.1 ALLER AU TRAVAIL… ................................................................................... 8
II.2 DEJEUNER…................................................................................................. 9
II.3 BIEN VIVRE SON TRAVAIL… ...................................................................... 10
II.4 S’OCCUPER DE LA MAISON… ................................................................... 11
II.5 GERER LE FOYER… ................................................................................... 12
II.6 SUIVRE LA SCOLARITÉ DES ENFANTS… ................................................. 13
II.7 FAIRE GARDER LES ENFANTS… .............................................................. 14
II.8 FAIRE DES CHOSES EN FAMILLE LE WEEK END, PENDANT LES
VACANCES… .............................................................................................. 15
II.9 TROUVER DU TEMPS POUR FAIRE DES CHOSES, TROUVER DES
CHOSES A FAIRE POUR OCCUPER SON TEMPS … ................................ 16
III - PISTES ET EXPERIMENTATIONS................................................................. 17
III.1 LES ENJEUX ................................................................................................ 18
III.2 LES SERVICES SUR ZONE. ........................................................................ 20
III.2.1 La « maison des salariés » ..................................................................... 20
III.2.2 Aménagement de lieux de restauration non-marchands ........................ 21
III.2.3 Mise en place d’un système de transport à la demande......................... 21
III.2.4 Des partenariats possibles...................................................................... 22
III.3 LES SERVICES À L’ÉCHELLE DE L’AGGLOMÉRATION ............................ 23
III.3.1 Politique de soutien à la parentalité et éducation populaire .................... 23
III.3.2 Politique temps libre ............................................................................... 25
III.3.3 Une offre d’informations ressource ......................................................... 26

***
I - INTRODUCTION

3
I.1 Eléments de contexte

L’enquête réalisée auprès de plus de 70 femmes, agents d’entretiens et cadres sur le


premier semestre 2003, rappelle la prégnance de tendances lourdes lorsqu’il s’agit
d’aborder la question de la conciliation des temps professionnels et personnels.
Plusieurs évolutions méritent d’être rappelées :
 La généralisation du travail féminin : En 1979, 30 % des femmes ayant au
moins un enfant d’âge scolaire exerçaient une activité professionnelle. En 2000,
ce taux d’activité était de 85 %.
 La radicalisation des situations familiales avec :
− d’un côté, une bi activité accrue dans les couples1, dont les conséquences
sont évidentes sur la gestion des temps domestiques.
− de l’autre, des situations personnelles de plus en plus complexes à gérer
pour de nombreuses femmes compte tenu de la multiplication des divorces
et des effets induits de la recomposition familiale.2
 L’accroissement des distances domicile-travail due à la « délocalisation » des
lieux d’emploi à la périphérie des villes (zones artisanales et industrielles),
souvent distants des pôles de services (publics, privés et marchands).

I.2 L’émergence de nouvelles demandes


Sans être exhaustives, ces évolutions ont contribué à l’émergence d’une nouvelle
demande sociale particulièrement prégnantes dans les propos des femmes
interviewées :
- Demande d’égalité entre hommes et femmes au travail (salaires, promotions,...)3
- Demande de services permettant de faciliter la conciliation de la vie
professionnelle et de la vie familiale (crèches, haltes garderies, aides à la prise en
charge des enfants malades, aides aux devoirs, aides aux déplacements ..).
- Demande de temps libres associant : demande de « temps à soi », et demande
d’aide à l’occupation des temps vacants qu’ils soient individuels ou familiaux.

1
nombre de couples où les deux conjoints travaillent
2
Les femmes ayant fréquemment la garde des enfants, ce sont elles qui ont à gérer le quotidien du
foyer – le « temps » des hommes se limitant à des périodes plus limitées (week end ..).
3
On ne peut taire la persistance des inégalités entre hommes et femmes aux travail, entre catégories
sociales, entre individus ayant un capital culturel élevé et faible3…

4
I.3 Des réponses sociales et politiques en suspend

Les services mis en œuvre pour accompagner la généralisation du travail féminin et


les effets induits par l’éclatement de la cellule familiale, n’ont pas été à la mesure de
l’ampleur des évolutions enregistrées ces trente dernières années. L’insuffisance du
nombre de crèches et la nature des accueils offerts (cf. horaires) sont des exemples
souvent cités de ce décalage de l’offre avec les besoins exprimés par les femmes.

Le problème ne se situe toutefois pas uniquement au niveau des services. Les


modèles culturels proposés aux femmes sont parlés comme obsolètes, les enfermant
dans une alternative qui ne correspond ni à la place qu’elles souhaitent occuper, ni
au rôle qu’elles souhaitent jouer. Les femmes ne se reconnaissent en effet :
- ni dans le modèle de l’Executive Woman (ou de la femme active) que leur
proposent les modèles managériaux,
- ni dans celui de la femme au foyer vouée « corps » et « âme » à la mise en
œuvre du projet familial (réussite professionnelle du conjoint, éducation des
enfants, gestion du foyer).

Prises entre ces deux modèles, les obligeant à des choix qui se font toujours au
détriment de quelque chose (au détriment de la famille, au détriment de son conjoint,
au détriment de sa carrière, au détriment de soi..), les femmes sont en recherche
d’une place qui leur permette de concilier temps pour soi, temps pour la famille, et
épanouissement professionnel.

C’est en ce sens au moins, que la recherche d’un équilibre entre activité


professionnelle et vie de famille reste aujourd’hui une demande en suspend où les
problématiques sociétales se juxtaposent aux problématiques de services concrets.

I.4 Une double problématique

➘ Une problématique idéologique, culturelle et politique.

On l’a déjà évoqué, des zones d’inégalité entre hommes et femmes persistent.

Au sein des couples, l’étude confirme la permanence des modèles traditionnels de la


division des rôles (les hommes à l’extérieur, les femmes à l’intérieur). Largement
intériorisés par les hommes, ces modèles sont aussi relayés, parfois revendiqués par
de nombreuses femmes qui gardent dans cette répartition un pouvoir et/ou un

5
espace intime4. Pour nombre de couples, ces accords tacites construisent l’équilibre
même de la famille à condition qu’ils donnent à chacun un territoire non contesté.
Ces accords maintiennent les femmes dans un rythme qui laisse peu de place à
l’ambition professionnelle et au temps pour soi.

Au sein des entreprises, les modèles de travail sont restés essentiellement


masculins, souvent synonymes de sur-investissement et d’une logistique familiale
passant au second plan (car gérée par l’autre, en l’occurrence la femme dans les
modèles passés). Cette permanence du modèle de réussite masculin accentue la
difficulté de concilier vie familiale, temps pour soi et ambitions professionnelles. 5.

La résolution de ces inégalités s’avère complexe dans la mesure où il est difficile de


les infléchir à court terme et qui plus est, à l’échelle d’une agglomération. Elles
posent cependant l’enjeu d’une prise de parole politique sur le sens, les contenus et
la place du travail dans un contexte de mutation des pratiques managériales
(autonomisation, responsabilisation, adaptabilité, disponibilité, réactivité,
investissement, esprit d’entreprise, savoir être plus que savoir faire....) et
d’éclatement de la cellule familiale.

➘ Une problématique de services

Il apparaît difficile d’agir sur des schémas encore largement intériorisés et des modes
de management imposés par les entreprises. En revanche, l’étude montre qu’il est
possible d’expérimenter une offre de services permettant aux femmes qui le plus
souvent souhaitent maintenir leur activité, de concilier plus facilement activité
professionnelle et vie familiale.

Nous proposons d’explorer les pistes qui s’ouvrent en la matière en nous appuyant
de manière systématique sur les besoins et difficultés éprouvés par les femmes
travaillant sur la zone de Rennes Atalante Baulieu et sur la Zone industrielle Sud-
Est. Après un premier travail d’inventaire, nous évoquerons à la fin du document
plusieurs expérimentations susceptibles d’être conduites sur la communauté
d’agglomération.

4
On rappellera ici la polysémie associée aux tâches domestiques
5
La population cadre est particulièrement concernée par cette « incompatibilité des plans de
carrière » et les entretiens menés auprès de cette cible ont montré le fréquent abandon des ambitions
professionnelles des femmes cadres à l’arrivée des enfants.

6
II - INVENTAIRE DES BESOINS ET ATTENTES

7
II.1 ALLER AU TRAVAIL…

CADRES « On a des avantages aussi. C’est-à-dire qu’on peut commencer à


10h et on peut finir à 16h. Je fais jamais mais je sais que quand
même au besoin je peux utiliser ce genre de chose. Donc c’est
Souvent motorisées et
quand même un avantage dans l’esprit, de se dire « si vraiment j’ai
bénéficiant d’horaires de travail un impératif à 17h, je vais partir à 16h » (...)
souple, les femmes cadres ne
considèrent pas la question des « Les avantages c’est que j’ai quand même toujours une souplesse si
trajets domicile travail comme un jour il faut que je parte plus tôt, si un jour j’ai besoin de prendre
problématique. une demi-journée. En plus avec les 35h. C’est quelque chose
d’extraordinaire les 35h. Je prends mes congés. Je veux dire j’ai
quand même un rythme qui fait que je me prive pas des temps
auxquels j’ai le droit entre guillemet. Et puis bon je peux aménager
mes horaires. Si un matin j’ai une contrainte, évidemment que ce soit
modéré, disons que je suis maître de mes horaires. Je pointe pas et
je suis pas surveillée à l’entrée et à la sortie du travail pour voir à
quelle heure j’arrive et à quelle heure je repars ».

« La grande chose intéressante c’est que mes horaires en règle


générale je les fais moi-même. »

AGENTS « Les horaires du matin et du soir, mais ça on n'a pas le choix, c'est
le matin de bonne heure et tard le soir dans le nettoyage. […] Je
travaillerais 7h à suivre ce serait bien, mais c'est le fait que ce soit
La question du transport vers le
découpé. »
ou les lieux de travail est
prégnante et soulève de fortes « J'ai plusieurs sites, je me déplace avec ma voiture. J'ai trois sites :
difficultés : dans Rennes, un à Chantepie et un ZI Sud-Est. C'est en entreprise.
- Fortes contraintes horaires Ca me prend beaucoup de temps parce qu'en plus ils ne sont pas
l'un à côté de l'autre. J'ai à peu près un quart d'heure de voiture entre
- Horaires hachés
chaque. C'est à ma charge, je trouve que là je travaille pour rien.
- Chantiers éloignés C'est un peu écœurant qu'on ne soit pas aidé financièrement. »
- Faible remboursement des
frais de déplacement avec « Financièrement, c'est un peu difficile, le plein part vite ».
véhicule personnel sur
Une journée galère, c'est quand je commence à 5h, de 5 à 9h. De 9h
temps de travail à midi, je rentre, je mange un sandwich. Je sors, j'ai Vitalair à faire, je
commence à 14h jusqu'à 20h. C'est quand j'ai un emploi du temps
chargé, je me sens fatiguée.

Ce sont des horaires assez découpés. Chaque horaire correspond à


un site différent. Je suis à 4h debout tous les matins, c’est dur, mais
dans ce secteur on n’a pas trop le choix.

 
 
Expérimenter un Initier une réflexion avec les
Renforcer le rythme Encourager et organiser
système de transport entreprises sur les horaires
des transports le co-voiturage à
à la demande à hachés et les distances inter
collectifs l’échelle des Z.A
l’échelle des Z.A chantiers

8
II.2 DEJEUNER…

CADRES « En général, soit c'est des déjeuners de travail donc ça dure ce que ça
doit durer, c’est-à-dire de une à deux heures. Ca peut être des
A l’instar des déplacements déjeuners avec des gens de l'équipe, avec ma chef, donc on mange
mais en même temps on échange.. Et si je suis toute seule, je mange en
domicile-travail, le temps du
une heure. Je me suis toujours donné ce temps là, je mange à la
déjeuner n’est pas un temps cafétéria ou ici, je m'arrête, je ne fais pas la journée continue, je n'ai
fortement contraignant : jamais pu même en période de bourre, j'ai toujours voulu m'arrêter une
- Peu de contraintes demi heure au moins, j'ai besoin décompresser, j'ai jamais pu manger
horaires sur le temps du dans mon bureau. […] Physiologiquement, j'ai besoin de me détendre,
déjeuner de me poser, de discuter, de faire un break.
- Autonomie de
déplacement (permettant Je la [pause-repas] prends pas à heure fixe non. Je peux partir à midi et
d’aller manger en ville, demi et je peux partir à une heure et demi.
chez soi.. )
« J’essaie, autant que faire se peut, de ne pas courir après le temps.
- Ressources économiques J’essaie de pas être stressée. Ca veut dire que je prends du temps pour
permettant une prise de déjeuner avec les gens à midi. Je prends du temps pour voir les gens. »
repas équilibré + ticket
restaurant… « Le midi aussi on essaie de manger avec des amis, qui sont dans
- Déjeuner comme temps de différentes entreprises. De se voir par exemple, déjeuner ensemble, de
convivialité, de travail, de provoquer aussi la rencontre. »
loisirs, d’échanges selon
l’envie « On mange avec le service ou on mange en réunion. Enfin réunion,
c’est-à-dire que je mange avec des managers et on travaille en même
temps. »

AGENTS J'ai deux heures trente le midi. Je mange dans ma voiture, avec des
sandwichs, faits la veille pour le midi.
Pour elles, le temps du
déjeuner n’en est pas un :
faute de pouvoir accéder aux Le soir quand je pars, comme hier je suis parti à 16h de chez moi, et je
restaurants inter entreprise, et suis rentré chez moi à 21h, j’ai pris un petit sandwich vite fait, et entre un
en l’absence de Tickets chantier et un autre j’ai mangé vite fait mon sandwich.
restaurants, la condition des
femmes agents d’entretiens, Je ne déjeune pas, parce que je travaille ou parce que je rentre chez
est souvent problématique le moi, je suis fatiguée, et je me repose, jusqu’à 4h ou 5h.
midi :
- Repas non-équilibrés
- Isolement (le sandwich
dans la voiture) …

   
Favoriser l’implantation Engager une réflexion Sensibilisation à Faciliter l’accès aux lieux de
de lieux de sur de nouveaux l’hygiène alimentaire en restauration collectif (ticket
restauration concept de restauration direction des entreprises restaurant)
économiquement (détente, activité et des salariés
accessible sportive, initiation…)

9
II.3 BIEN VIVRE SON TRAVAIL…

CADRES « Moi mon quotidien est fait de ça : de stress et de problème. Parce que je suis
payée pour gérer les problèmes. […] Je vous cache pas que des fois je suis un
Stress et peu débordée. »
contamination des « J’ai connu le stress. Là ça m’a tué, ça m’a tué. Parce qu’autant je suis forte,
temps constituent mais par rapport aux relations que je peux avoir avec les autres, je suis
des thèmes quelqu’un d’hyper sensible et ça me tue. Ca me fout en l’air. ».
récurrents dans le « Le stress du boulot déborde sur le temps privé.»
discours de ces « Le travail est omniprésent. Il interpénètre la vie privée. »
femmes qui
« J’ai toujours l’impression quand je quitte le bureau le soir, que c’est jamais fini »
développent
souvent anxiété et « La charge mentale du boulot déborde sur le temps privé, il faut décompresser.
Le temps où je suis au boulot, il est pour le boulot, il est très concentré, très
culpabilité par
productif, je trouve que c'est dense et la décompression, elle se fait sur le temps
rapport à leur personnel. »
difficulté à concilier
« Il y a une crainte chez moi, c'est de ne pas passer assez de temps avec mes
temps filles, j'ai toujours ça en tête, j'aurai peur que mes filles me disent plus tard que je
professionnels et leur ai manqué.
privés.
« J’ai pas de temps pour moi. Je ne le revendique pas suffisamment et je
culpabilise très rapidement. […] C’est vrai on a été élevé avec la religion du
travail, la culture du travail, à partir de ce moment-là vous culpabilisez très
rapidement. »
AGENTS
« Physiquement oui c’est plus dur. Et puis c’est vrai que le ménage c’est physique
Pénibilité du travail, aussi. En ce moment c’est vrai que c’est plus dur qu’avant, parce que j’ai eu des
horaires difficiles, enfants, les années passent quand même. »
relations hommes
« C’est une profession qui nous apporte rien, qui nous détruit, qui nous détruit la
femmes complexes santé, parce qu’on sent bien que quand on arrive à un certain âge, moi je sais
sont des thèmes de que j’ai de gros problèmes. Et puis alors le problème que je me pose c’est tout ce
doléances souvent qu’on peut inhaler comme produits. Oh là là je dis « qu’est-ce que ça va
évoqués. A cela donner ? » Et c’est vrai que par moment j’ai des saignements de nez »
s’ajoute une image « y'a une très mauvaise ambiance au niveau hommes et femmes. Les hommes ne
sociale du métier pensent qu'à des choses affreuses. Y'a aucun dialogue possible. C'est que la
d’agents d’entretien boisson. La boisson la boisson. Le sexe. Ils sont portés que là-dessus. Y'a pas
difficile à moyen d'avoir une conversation. C'est très dur. »
revendiquer « Je n’ose pas en parler quand on me demande ce que je fais, je n’aime pas
aborder ce sujet. […] C’est le travail que je fais et le regard des autres qu’ils ont
sur ce travail, il est dévalorisé et dévalorisant. »
Sincèrement je préférai ma vie d’usine, sincèrement. Ben question fierté
personnelle. C’était plus valorisant. On nous reconnaissait en usine. […] Je me
suis toujours plue en usine, c’est plus valorisant. Là c’est pas valorisant du tout.
« Au début j'ai pleuré quand j'ai fait le ménage. Mon premier service c'était au
rectorat carrément. Mon premier poste hein! C'est vrai pour moi c'était dégradant.
De me trouver là à balayer devant les autres qui étaient dans les bureaux, puis
qui nous regardaient. »

  
Développer une offre de services Conseil pour mieux travailler Sensibiliser actifs et entreprises aux
en direction des salariés : écoute, (école du dos / ergothérapie / questions de relations hommes
relaxation, échanges, forum… hygiène alimentaire…) femmes au sein des entreprises /
adaptation des postes de travail

10
II.4 S’OCCUPER DE LA MAISON…
« Depuis que je suis à mon compte, depuis mes 27 ans j’ai pris une femme de ménage.
CADRES J’étais tellement sur-bookée à l’époque que j’arrivais même plus à gérer mon
ménage. »
Les moyens « J’ai une femme de ménage, donc j’ai cette chance. Je lui sous-traite le ménage, très
économiques très grosse partie. Je réinterviens pas beaucoup sur le ménage. Elle prend aussi à sa
permettent aux charge une bonne partie du repassage, enfin tout ce qui m’embête dans le
femmes cadres de repassage. »
déléguer pour « On a quelqu’un qui vient faire le ménage à la maison parce qu’on préfère passer
partie la logistique notre temps à faire autre chose. Et puis les courses on les fait sur internet. Et puis on
mange pas souvent à la maison, on préfère sortir aussi. (elle rit) […] Tout ça on essaie
domestique et de
de se débrouiller autrement, de ne pas avoir à le gérer nous-mêmes. »
garde d’enfants en
« J’ai une femme de ménage qui vient trois fois par semaine. Elle vient deux fois 3h par
mobilisant tous les
semaine, qui fait du ménage et qui repasse. »
moyens (humains
« Il y a la nourrice du mercredi, celle qui vient lundi, mardi, jeudi, vendredi de 11h30 à
mais aussi 17h30 et après, c'est une étudiante qui vient de 17h30 à 19h tous les jours du lundi au
électroménagers). vendredi, on en est à la troisième depuis le début de l'année, ce qui n'est pas
Par ailleurs, la beaucoup. »
participation des « J’attends d’avoir envie de le faire [le ménage] donc je me contrains jamais à le faire.
hommes du foyer Sauf quand vraiment c’est dégueulasse et que j’ai des invités qui vont arriver. C’est vrai
est souvent je suis pas non plus une férue du ménage. »
évoquée « Je devrai normalement le samedi faire comme toutes les femmes. Je sais pas ? Faire
du ménage au lieu de traîner, c’est ce que je me suis dit. (elle rit) »
AGENTS « Chez moi, il y a un assez gros partage. En général, le mercredi, j'en fait peut-être un
petit peu plus mais autrement tout le reste est absolument partagé »
La délégation
n’est pas de mise « J’ai toujours été habituée à faire mon ménage, la vaisselle et cetera. Ca fait parti des
chez les agents choses, j’ai envie de dire presque obligatoire. On n’y échappe pas, si on le fait pas,
d’entretien qui, personne va le faire à notre place. »
d’une part, n’ont « L'aspirateur, la poussière. […] Ce n'est pas une corvée, je dirais même que c'est
pas les ressources systématique, je le fais plus le week-end ou alors le mercredi quand c'est mon jour de
économiques repos. J'y consacre beaucoup de temps, soit une matinée soit une après-midi, mais
suffisantes et, c'est un temps nécessaire. »
d’autre part, « On [son mari et elle] est un peu maniaque tous les deux, donc on aime quand c’est
n’envisagent pas, bien rangé. (elle rit) […] A la maison je fais tout, je fais la cuisine, je fais le ménage, je
pour des raisons fais le linge, tout ce qui est tâches ménagères, s’occuper des enfants. Et puis on s’aide
tous les deux. »
culturelles, de
recourir à des « Chez moi, c’est principalement du ménage, ça peut paraître paradoxal, alors que ce
n’est pas vraiment sale, mais je suis assez maniaque, je suis toujours en train de
personnes
fignoler. […] Le sol, vaisselle, poussière, aspiration, lavage, repassage. C’est important,
extérieures au c’est un besoin, ce n’est pas une corvée du tout. Je le fais facilement, tous les jours,
foyer (norme du environ 1h30 par jour »
propre, « Si j'avais un lave-vaisselle et un sèche-linge, je profiterais de mon temps. Je
intériorisation de gagnerais du temps. Ca me déchargerais, je passe trop de temps, on est trois dans la
la division des maison, plus le quatrième qui revient le week-end. […] ».
rôles) « Lui [son conjoint] c’est pas son truc. Dommage. Ben oui parce que c’est bien que les
tâches, quand on est deux à travailler, qu’on soit deux à faire les tâches à la maison.
Lui c’est pas seulement le ménage hein ! Il fait pas la lessive. Lui il dit « j’ai tout
l’extérieur » Ah ben je dis « c’est facile l’extérieur, à part les voitures »

   
Aide à Promotion Développer les services de Sensibilisation des enfants
l’équipement des d’associations de portage des grosses et des jeunes à l’aide à

11
foyers (offre de rénovation d’appareils courses (aide pour foyers l’entretien du foyer
crédits sociaux…) électroménagers monoadulte)

II.5 GERER LE FOYER…

CADRES
« Elle [sa vie] est stressante, elle est riche, ça va très très vite et beaucoup
La gestion administrative d'organisation sans arrêt, organiser, planifier, réorganiser, replanifier tout
du foyer se heurte le temps, que ce soit au niveau du travail ou à la maison, c’est-à-dire que
je ne rentre pas à la maison en me disant « ma journée est terminée »
essentiellement à des
Non, c'est « je travaille le cartable du grand », c'est « est-ce qu'il reste des
problèmes de temps et yaourts dans le frigo, la baby-sitter ça va, qui est-ce qui vient demain, la
notamment nourrice est pas là, il va falloir faire les fiches de paye, quand est-ce qu'on
d'incompatibilité horaires les fait ? Là on est en train de changer notre chaudière, quand est-ce que
avec certains services je vais pouvoir m'en occuper, le courrier qu'est-ce que j'ai reçu ? Ah là là, il
administratifs. y a encore plein de formulaires et de déclarations à faire », c'est sans
arrêt, sans arrêt. »

« J'ai le sentiment de courir mais pas dû au trajet, parce que j'arrive le soir, il
AGENTS y a les devoirs des filles, il y a le repas, donc ça m'occupe jusqu'à 21h. […]
Je crois que c'est ça qui est pesant, c'est toujours morcelé et je n'avais pas
cette impression là quand j'étais petite. La vie moderne, on a toujours
Les difficultés rencontrées l'impression de vivre une vie trépidante et de ne pas pouvoir s'arrêter ou
tiennent à la complexité de se dire « je m'en fiche, ce soir, je vais manger à 21h et pas à 19h », il y
du remplissage des a toujours des choses à faire. […] »
dossiers et parfois, à la
complexité de la situation
familiale. Enfin, on « Il faut s’occuper des papiers, des papiers administratifs, payer les factures
évoquera la question et tout ça donc il faut avoir le temps de faire ça. »
même de la démarche qui
« J’ai toujours quelque chose en tête, j’ai toujours un papier à faire. Comme
souvent ne va de soi là ce week-end mon fils il fallait qu’il remplisse ses trois dossiers après le
(méconnaissance des bac là. Fallait trouver le papier, le truc des impôts. (elle rit) Fallait trouver
droits, crainte du refus ..). ci, fallait trouver ça. Pour la bourse fallait faire par minitel et tout ça. Moi je
n’aime pas les trucs comme ça, c’est fou. C’est très énervant. »
« Là je n'arrive même pas à faire mes papiers, mon passeport est terminé,
ma carte d'identité est terminée, et je suis feignante pour aller faire mes
papiers. »
« Par rapport aux horaires, que j’ai de disponible entre midi et deux là, et
ben c’est pas évident. Soit il faut que j’aille faire les courses ou bien quand

 
Plage d’ouverture des services 
Accompagnement aux Développer les services Internet
(public, bancaires, administratif…) et la e-administration
démarches administratives

12
II.6 Suivre la scolarité des enfants…

CADRES
« Je vois la maîtresse de mon petit puisque je l'accompagne jusqu'à la classe
Le suivi scolaire pose mais pas le grand, c'est tout bête mais il faut que je le fasse. »
des problèmes de
temps et réactive un « En ce qui concerne les enfants, je manque de temps pour leur faire découvrir
sentiment de plein de choses, en ce sens là, je vous dit qu'il y a de la culpabilité, c'est sûr. »
culpabilité

AGENTS

L’aide aux devoirs « Quand je regarde leur notes, je me dis que si j'étais là ça serait mieux, les notes
induit des difficultés de ne sont pas terribles. Je n'ai pas assez de temps pour m'occuper de leurs devoirs.
compétences et Avant je les laissais à la garderie pour leurs études, mais je n'ai trouvé aucun
résultat. Il faudrait que ce soit plutôt moi. »
appelle un certain
fatalisme « Mais là les devoirs des garçons, déjà bon Jonathan, lui bon en première, moi je
lâche un peu déjà. C’est pas évident, il a pas pris du tout la même section que moi
j’avais prise. Lui c’est scientifique, moi c’était littéraire, donc rien à voir. Donc on
est un peu différent là-dessus. »

Si je pouvais les aider un peu plus dans les devoirs je le ferai mais y’a des fois je
comprends rien à des trucs donc.

   

Développer l’aide aux Mise en place plus Favoriser les contacts


devoirs systématique d’études Informer sur l’offre d’aides entre parents et
dirigées (et non aux devoirs existantes structures d’accueil de
seulement surveillées) l’aide au devoir

13
II.7 FAIRE GARDER LES ENFANTS…

CADRES et
AGENTS « Ici je n’ai rien trouvé de ce que je cherchais. C'est quoi les besoins d'une
maman ou de parents qui bossent tous les 2, c'est que leur enfant s'éveille
à la fois à une activité sportive, à une activité manuelle ou artistique. Il
Se rejoignent pour
n'est pas possible de trouver un club de sport qui s'entende avec un club
regretter le déficit de musique ou autre chose, avec le choix entre les activités et une prise
d’offre de crèche et en charge à la journée, mais avec le même sport et le même art toute
halte garderie. l'année !

La particularité des Je n'ai pas de famille sur Rennes et ça a toujours été comme ça. Je n'ai
agents tient jamais eu de famille pour garder les enfants à l'improviste, il n'y a eu que la
cependant à des nourrice.
besoins d’accueil en
horaires atypiques « Normalement il devait y avoir une crèche qui devait s'ouvrir sur Cleunay,
je ne sais pas si c'est fait parce que point de vue financement, ça ne
passait pas au niveau mairie, c'était une crèche pour les gens qui
travaillent tôt le matin, comme Citroën ou les cliniques. Tôt le matin ou tard
le soir. C'était une crèche parentale avec des horaires différents, pour les
personnes qui ont des horaires difficiles et qui ont justement des
problèmes de garde pour leurs enfants. On aurait pu même aller chez les
gens directement le matin très tôt pour s'occuper des enfants, les amener
à l'école, à la crèche, un service d'accompagnement de l'enfant, ils se
seraient occupés directement chez eux des enfants, de les habiller, de les
faire déjeuner et de les amener après soit en crèche, soit à l'école. Un
système élargit à toute l'enfance. Mais il y avait un problème de
financement. »

« Là je suis en train de réfléchir parce que ma belle-mère va partir à Dubaï,


je suis en train de réfléchir comment je vais faire garder mes enfants. C'est
les problèmes de garde qui peuvent faire modifier l'emploi du temps, j'ai
une amie qui ne travaille pas et qui peut me dépanner. Sinon je les pose à
la garderie le matin. »
C'est surtout pour les enfants, il faut que les garderies soient ouvertes plus
tôt le matin, surtout pour ceux qui travaillent de bonne heure le matin ou
qui ont des horaires pas réguliers, ce n'est pas évident de trouver une
nourrice.

« Il y aura un problème quand on aura un enfant, au niveau de la garde. Il


n'y aura personne. Une garderie ouverte très tôt le matin et très tard le soir
il n'y aurait pas de problème. Si le samedi, sauf si la garderie est ouverte le
samedi, ce serait bien »

  
Développer l’offre de Développer des modes Développer des offres de
garde, particulièrement de gardes favorisant les garde permettant d’accueillir
le nombre de places prises en charge en les enfants malades
en crèche horaires atypiques

14
II.8 FAIRE DES CHOSES EN FAMILLE LE WEEK END, PENDANT LES
VACANCES…

CADRES et AGENTS « Mes parents je dois les voir quatre fois par an, trois quatre fois par
D’ENTRETIENS an, et mes beaux-parents pareil. »

« C’est-à-dire que finalement vu comme ça, j’ai tout. J’ai un job,


La faiblesse des deux fils sympas, bon j’ai divorcé. Ca c’est moins sympa. Mais je
réseaux familiaux à suis toute seule, j’ai plus que ma sœur. J’ai plus de parents. Ici j’ai
proximité oblige à pas de famille. […] C’est un état, c’est un fait. […] Si moi je
rechercher de disparaissais y’aurait pas d’adulte voilà. Y’a plus de grands-parents,
nouvelles sociabilités y’a pas d’oncles, y’a pas de tantes, y’a rien. Y’a rien. »
en dehors de la sphère
familiale et à « Certains week-ends en Brière avec des amis, on fait ça, on loue
« inventer » ses un gîte, on fait ça pour l’Ascension régulièrement. C’est une île à
dimanches (cf pas de machin ou un week-end à Paris. »
rituels familiaux).

Dans les deux « Par rapport à mes problèmes avec mon ex-mari, j’avais plu le droit
populations, les d’avoir des relations avec ma famille. Et j’ai eu de la chance quand
activités possibles même de renouer les liens avec ma mère avant qu’elle meure,
restent largement quand je me suis séparée de lui. Sinon je n’ai qu’une sœur où j’ai
méconnues. des relations téléphoniques. Mais les autres je les vois pas et mes
enfants ils connaissent pas. »
Enfin, si les cadres
peuvent sortir de « Tous les deux mois j'essaie de monter à Paris chez ma sœur, on
Rennes le dimanche, reste le week-end. Mes parents ce n'est pas souvent parce qu'ils
habitent loin, mais c'est important. Ca me manque. »
chez les agents
d’entretien, l’absence « Mes parents sont décédés, je n'ai plus de famille du tout de mon
de véhicule pénalise la côté. Mes beaux-parents, je ne les vois pas beaucoup en fait, ils ne
sortie familiale. sont pas trop invitation non plus, ils vivent de leur côté. »
Je ne connais personne. […] J'avais des amis où j'habitais mais ils
sont tous partis donc je me suis retrouvée toute seule. Ici, mon ami
n'a pas de relation non plus, nous c'est juste les collègues de boulot
et puis voilà

   
Développer des offres
d’activité familiale, Dispositif bus Ville de Développer le
Catalogue d’idées
ludique, récurrente et Rennes principe des sorties
Week-end et
non marchande le (Bus «plage», bus forêt…) familiales (cf.
récurrents
dimanche après-midi dispositif CAF)
(visite de la ville…)

15
II.9 TROUVER DU TEMPS POUR FAIRE DES CHOSES, TROUVER DES
CHOSES A FAIRE POUR OCCUPER SON TEMPS …

« J’ai pas de temps pour moi. Je ne le revendique pas suffisamment et


CADRES je culpabilise très rapidement. »
« Le temps pour moi ça va être du style une demi-heure tous les soirs
L’absence de temps pour pour lire. »
soi et la culpabilité à
« J’ai des moments, style coiffeur, esthéticienne, des choses comme
s’occuper de soi ça, mais c’est tout »
constituent les deux
thèmes dominants, « J’ai même pas le temps de m’occuper de moi des fois. »
expliquant les freins à « Je fais trop de choses dans la journée, je ne me repose même pas, je
s’investir dans des ne pense même pas à moi parfois, c'est du travail pour une femme,
activités militantes, surtout quand le papa n'est pas là. »
culturelles, sportives ou « A partir du moment où on a une famille, j'ai l'impression qu'on est tous
de loisirs. renfermés chez soi, de s'occuper des autres et pas de soi-même. »

AGENTS D’ENTRETIEN
« Quand on se marie à 20 ans, y’a tout un enchaînement. Ca défile ça
Si les problèmes de défile ça défile et en fait on se dit « on n’a pas eu le temps de penser à
nous », parce que y’a les enfants, y’a le travail, y’a ceci, y’a cela. […] Je
disponibilité existent pense que je ne vois pas les semaines passées, que je suis très
également auprès des occupée, et que si j’ai pas trop de loisirs c’est que la journée a été dure
agents d’entretien ce sont et que la motivation est partie. »
les façons d’occuper ces
temps libres qui posent
problèmes (perte d’envie, « Le temps libre que j’ai pour moi, j’ai du temps devant moi, il faudrait
absence d’idée, difficulté que je l’occupe dans des associations car c’est vrai que j’ai du temps
devant moi et je ne sais pas qu’en faire. Je voudrais l’occuper
à faire le premier pas, …)
intelligemment, c’est un besoin psychologique. »

« J’ai l’impression de ne pas avoir beaucoup de temps pour moi


personnellement en fait. Rentrée du travail, il faut faire à manger,
s’occuper du linge, il faut faire du ménage, et je trouve que c’est
répétitif, donc j’ai l’impression des fois de passer à côté de certaines
choses. J’aimerai avoir plus de loisirs, faire du sport parce que j’aime
beaucoup le sport, et je pense que mon quotidien ne me le permet pas,
ou je ne prends pas le temps, je ne sais pas. »
« comme on n’est pas habitué à avoir du temps libre, je ne sais plus
quoi en faire, parce que c’est du temps comme cela qu’on nous donne
d’un coup et en fait je ne sais pas le gérer. Je ne sais pas gérer le
temps libre improvisé. »

    
Infos sur les activités Services de mise en Politique
Marketer l’offre existantes à Rennes relation (recherche Chèques événementielle
associative (Internet) de partenaires pour découvertes échelle du
activités sportives et quartier

16
ludiques…)

III - PISTES ET EXPERIMENTATIONS

17
III.1 Les enjeux

Si les femmes interviewées reconnaissent les efforts réalisés en matière d’aides6


(gardes d’enfants, offres d’activités de loisirs pour les jeunes, congés parentaux,
congés paternité, congés enfant malade, réduction du temps de travail, transports
collectifs etc. ), l’inventaire des besoins et difficultés montre que de nombreux
services restent à développer, à inventer, à organiser ou à expérimenter pour faciliter
la conciliation des temps professionnels et personnels. Cet inventaire confirme
également qu’il reste beaucoup à faire pour gommer les inégalités entre hommes et
femmes, mais aussi pour réduire les inégalités entre les femmes elles-mêmes (Cf.
entre salariées des grandes entreprises et salariées des PME, entre cadres et agents
de service, entre CDI et contrats précaires …).

Les enjeux sont d’importance. Ils se posent en terme social, démographique,


économique et appellent des réponses collectives dépassant la seule sphère du
politique, pour interpeller directement les acteurs économiques et les partenaires
sociaux.

➘ Effets de « priorité »

De nombreuses structures ont été inventées pour répondre aux attentes des publics
éprouvant des difficultés catégorielles. Les Missions Locales, Paio, CIO et PIJ ont été
mis en place pour guider et accompagner les jeunes, les CAP Emploi pour prendre
en charge les publics handicapés, les ANPE pour les demandeurs d’emploi, l’APEC
pour les cadres en recherche d’emploi....

En comparaison, les salariés (et plus encore les femmes actives) font figure de
parents pauvres7. Peu ou pas accueillies dans les structures en place, les femmes
méconnaissent la plupart des dispositifs susceptibles de les accompagner tout au
long de leurs trajectoires professionnelles (CIF, Bilan de compétence, validation des
acquis, aide à la formation...). A un moment où chacun s’interroge sur les questions
de formation tout au long de la vie, l’absence de structures dédiées aux salariés se
présente d’emblée comme un écueil à la mise en place de ce type de politique.

➘ Effets de « taille »
Au-delà des questions de formation, l’attente d’une offre de services en matière de
« garde d’urgence » (Sos enfants malades), de co-voiturage, de transport, de
restauration appelle une réflexion spécifique sur l’expérimentation d’une offre service
organisée à l’échelle des zones d’activités.
6
Les progrès en la matière apparaissent particulièrement flagrants lorsque les femmes rencontrées
rapportent leur situation à celle de leurs mères.
7
Le cumul des contraintes (travail, enfants, tâches domestiques ..) entrave la disponibilité des
femmes à la réflexion et l’action par rapport à son cursus professionnel.

18
Les entreprises n’ont en général pas la taille suffisante pour développer une offre de
services en direction de leurs salariés, et notamment des femmes (en Bretagne, 92%
des entreprises ont moins de 12 salariés et ne disposent vraisemblablement pas de
Comité d’Entreprise).

L’invention d’une offre de services structurée, susceptible de couvrir aux mieux les
besoins des femmes actives nécessite :
soit de développer une offre de services portée par la collectivité,
soit d’encourager les entreprises à mutualiser leurs moyens pour développer leur
propre système de services aux actifs à l’échelle de la zone d’activité.

➘ Effets liés au changement social

Reste enfin à prendre en compte, les attentes, dites ou implicites, qui traversent la
plupart des échanges que nous avons pu avoir les femmes actives :
Attentes de sociabilité, dans un contexte d’isolement et d’éclatement de la cellule
familiale,
Attendes d’écoute, dans un contexte professionnel fortement anxiogène (en
particuliers pour les femmes cadres)
Attente de décompression et repos face à la pénibilité du travail et la difficulté à
cumuler les temps (notamment pour les mères),
Attentes d’aide à l’occupation des temps libres, dans un contexte où « ne pas partir
en vacances », « ne pas faire d’activité » ou « ne rien faire de ses Week-ends »
restent pour de nombreuses femmes fortement culpabilisant.

19
III.2 Les services sur Zone.

III.2.1 La « maison des salariés »

La mise en œuvre d’une réponse adaptée à l’ensemble des demandes, qu’elles


soient ou non formalisées, nous semble devoir s’organiser autour d’un lieu ressource
unique susceptible de structurer une offre de service multi-niveaux. Il s’agirait très
concrètement d’expérimenter sur zone un espace dédié aux publics salariés
(« maison des salariés... ») ayant vocation à :

1- Informer les salariés


- Informer sur les dispositifs (VAE, CIF, Bilan de compétence, financement…)
- Informer sur les formations accessibles et débouchés professionnels possibles
- Informer sur les organismes utiles (AFPA, GRETA, FONGECIF…)
- Informer sur les droits des salariés (congés parentaux…)
- Informer sur le droit du travail

2- Organiser les servicesOrganiser un service de garde enfants malades (SOS -


baby-sitter)
- Organiser un service de mise en relation co-voiturage
- Organiser un service d’informations sur les possibilités de garde et les offres
proposées par l’agglomération.
- Organiser un service de transport à la demande
- Eventuellement proposer une halte garderie

3- Sensibiliser
- A la santé, l’hygiène (école du dos, alimentation, fatigue, stress, relaxation…)
- Aux relations au travail

4- Favoriser l’écoute, le débat...


- Etre un lieu d’écoute et de parole (individuelle ou collective)
- Etre un lieu de débat et de propositions.

5- Se détendre, rencontrer
- Etre un lieu de détente (café, terrasse, salle de repos….)
- Etre un lieu de rencontre (recherche de partenaires pour activités sportives ou
culturelles…)
- Etre un lieu d’informations sur les loisirs, les week-ends, les vacances (envisager
une permanence PIV de la CAF)

20
Le dimensionnement de ce type de lieu reste évidemment à préciser, les résistances
éventuelles des entreprises à évaluer, l’intérêt des salariés à tester à plus grande
échelle.

On peut d’ores et déjà suggérer la présence de plusieurs animateurs s’appuyant sur


des structures partenaires susceptibles de proposer des permanences (médecine du
travail, Fongecif, Ergothérapeutes, Cediff...).

III.2.2 Aménagement de lieux de restauration non-marchands

Toutes les salariées ne disposent pas de tickets restaurant leur permettant de se


rendre aux restaurants d’entreprises. Les repas pris sur le pouce, au bureau ou dans
un véhicule individuel restent fréquents. Certaines peuvent bénéficier de tickets
restaurant, mais le reste à financer demeure souvent trop élevé (les tickets sont alors
utilisés pour payer les « grandes courses » à l’hypermarché).

Les inégalités entre femmes cadres et agents d’entretien sont ici plus prégnantes, et
doivent, nous semble-t-il, poser la question d’une offre de lieux d’accueil décents et
accessibles sur zone8.

Une fois encore certains concepts méritent être expérimentés, notamment la création
« d’espace de convivialité ». Ces espaces seraient situés au cœur des zones
d’activités et offriraient des lieux aménagés pour les piques niques (chaises, tables,
...), équipés (micro-ondes, four, machines à café, éviers...), conviviaux et animé
s(mise à disposition de jeux, animations, déjeuner thématique une fois par semaine,
mise en commun des provisions...) et proposant une offre marchande accessible
(salades, plateau repas, sandwich …).

III.2.3 Mise en place d’un système de transport à la demande

La mise en place d’un système de transport à la demande constitue une troisième


piste à explorer dans le cadre d’une offre de service sur zone. Cette offre de service
nous semble devoir recouvrir trois types de prestations :
- une prestation d’offre de véhicule en location financée par les entreprises (vélo,
voiture, voiture sans permis, cyclomoteur),
- une prestation de co-voiturage (mise en relation des actifs),
- une prestation de mise à disposition de véhicule avec conducteur.

8
L’enjeu est fort pour les agents d’entretien qui rappelons-le, n’ont qu’une prise en charge symbolique
de leurs frais de déplacements et ne peuvent donc multiplier les trajets.

21
III.2.4 Des partenariats possibles

Pour ces trois actions, des partenariats sont à rechercher du côté des entreprises et
des organisations professionnelles. On peut en attendre :

- Une prise en charge partielle ou totale des frais de garde enfants malades (sous
condition de ressource et nombre d’enfants)
- Une participation financière transport à la demande
- Une participation financière en fonctionnement à la « maison des salariés »
- Une information au sein des entreprises sur la maison des salariés

Les entreprises et les chefs d’entreprises sont isolés, il s’agit de trouver un moyen de
les associer en sortant des logiques « branches ou de secteur d’activité » pour les
réinscrire dans des logiques de territoire.
Les arguments ne manquent pas. L’accent peut-être mis sur des critères
économiques (attractivité des PME face à la concurrence de la fonction publique et
des grandes entreprises, pénurie de recrutement, coût de l’absentéisme, attractivité
des zones d’activités…), philosophiques (l’entreprise citoyenne…) et d’images
(modernité, dynamisme des chefs d’entreprises…)

22
III.3 Les services à l’échelle de l’agglomération

III.3.1 Politique de soutien à la parentalité et éducation populaire

Plus que les relations hommes femmes, c’est l’éclatement de la structure familiale
qui constitue l’une des causes les plus patentes d’inégalité. Il y a en effet un véritable
enjeux à prendre en compte la situation de femmes totalement entreprises par
l’exercice d’une activité salariée et la prise en charge des enfants et du foyer. C’est
donc bien la question du soutien à la fonction parentale qui doit être au cœur des
stratégies mises en œuvre, elle se traduit sous l’angle :
- De l’offre de garde d’enfant
- De l’offre d’activité encadrée en direction des jeunes (6-16 ans)
- De l’offre d’accompagnement scolaire.

➘ L’offre de garde d’enfant

La question des gardes d’enfants se pose essentiellement en terme d’horaires de


garde, et ce, que l’on s’intéresse à l’offre proposée par les assistantes maternelles ou
par les crèches. Les plages et conditions d’accueil restent trop souvent restrictives et
ne permettent pas aux femmes de bénéficier d’un service réellement adapté, les
obligeant parfois à jongler entre les baby-sitter, la halte garderie et l’assistante
maternelle. L’absence de réseaux familiaux à proximité renforce ces difficultés.
Il y a donc lieu de réfléchir non seulement à la création de nouvelles crèches (et
pourquoi pas de création de crèches sur les zones d’activités), mais également de
réfléchir aux horaires et conditions d’accueil proposées (notamment en ce qui
concerne la prise en charge des enfants malades).

➘ L’offre d’activité encadrée en direction des jeunes.

Libérer du temps pour les femmes c’est d’abord occuper les enfants. Rien d’étonnant
donc, à ce que la question des loisirs des enfants et des jeunes occupe une place
centrale dans les préoccupations féminines.

En Ille-et-Vilaine, 65% des familles rencontrent actuellement des difficultés pour


occuper le temps libre de leurs enfants. Près d’une femme sur deux juge l’offre
d’activités insuffisante. Quatre enfants sur dix (six sur dix si l’on se focalise sur les
filles) ne pratiquent aucune activité, qu’ils s’agissent d’activités sportives, culturelles
ou de loisirs. Ces chiffres varient bien sûr d’une commune à l’autre, mais ils posent
bien les enjeux d’une plus forte adéquation entre l’offre d’activité et la demande des
enfants et des jeunes.

23
Au niveau de l’agglomération, cette question doit évidemment être abordée sous
l’angle de l’attractivité des structures de loisirs, et plus particulièrement des CLSH.
Bien qu’ils constituent une solution de garde attractive pour de nombreuses familles
(interrogées récemment 2 familles sur 3 en Ille et Vilaine se déclaraient intéressées
par la formule CLSH, par ailleurs 70% des CLSH connaissent une progression
significative de leur fréquentation sur le département), ces structures connaissent
des carences de fréquentation à partir de 11 ans et peinent à proposer une offre
d’activité réellement en phase avec les attentes des jeunes.

Dans l’enquête confirme que les femmes recourent aux CLSH le plus souvent par
défaut, c’est-à-dire lorsqu’elles ne sont pas en mesure de garder leurs enfants les
mercredis après midi ou le soir après l’école. Il y a donc lieu de réfléchir aux
manières de mieux répondre aux attentes des mères de familles en matière
d’élargissement des périodes et horaires d’ouverture, de diversification et de
renouvellement des activités, d’assouplissement des modalités d’accès, et de
professionnalisation de l’encadrement.

Toutefois, l’attractivité des CLSH passe également par une déculpabilisation des
femmes. Trop souvent, « celles qui font garder leurs enfants » lorsqu’elles ont du
temps pour s’en occuper, ne peuvent s’empêcher de s’envisager comme de
mauvaises mères. L’un des leviers pourrait être d’affirmer plus fortement le projet
éducatif qui structure l’activité des CSLH. Il s’agirait de donner à voir les CLSH, non
comme des structures de garde, mais comme des structures d’éducation porteuses
de valeurs positives (apprentissage de la sociabilité, épanouissement, découverte...).

➘ L’offre d’accompagnement scolaire.

Les temps passés par les femmes à aider leurs enfants à faire leur devoir est :
- soit un temps pris sur le temps familial et donc un temps qui se sur-ajoute aux
autres contraintes,
- soit un temps qui n’est pas pris et qui enferme les femmes dans un rapport de
culpabilité à l’égard de l’éducation de leur(s) enfant(s).

Ceci explique la demande récurrente d’une offre d’études dirigées dans les écoles (et
non pas seulement surveillées), a fortiori lorsque les parents ressentent leurs limites
à accompagner les enfants dans les devoirs. L’offre d’études dirigées existe sur
Rennes, mais semble devoir être développée et pas seulement en direction des
publics précarisés (Cf. rentrées tardives des femmes cadres du travail par exemple)

24
III.3.2 Politique temps libre

Le travail des femmes a favorisé l’émergence d’une nouvelle problématique, celle du


temps libre ou plus exactement celle de l’offre d’occupation des temps vacants. Cette
question se pose avec d’autant plus de force que l’éclatement de la cellule familiale a
largement contribué à l’isolement de certaines femmes désormais prises entre le
travail, la gestion du foyer et l’éducation des enfants.

L’isolement des femmes, l’absence de sociabilité et d’activité hors foyer et hors


travail est en effet l’un des principaux enseignements de l’analyse des carnets des
temps et de l’enquête.
Certaines femmes interrogées, et particulièrement certaines femmes agents de
nettoyage vivent en effet totalement repliées sur l’univers domestique, s’enfermant
dans une attitude ambivalente qui consiste à souhaiter « rencontrer des gens » et
« faire des choses » mais à ne rien entreprendre pour y parvenir.

Ce sentiment d’isolement (parfois d’ennui) n’est pas anecdotique. Il y a en effet une


relation entre :
- D’un côté, une vie sociale dense marquée par l’engagement dans des activités et
l’appartenance à des réseaux familiaux ou amicaux
- De l’autre, l’affirmation d’un certain bonheur de vivre (dans sa ville, dans son
quartier, dans son immeuble, dans son foyer et dans son travail).

Par ailleurs, l’engagement militant, citoyen ou associatif, n’a de sens et ne s’avère


possible qu’à la condition d’un minimum de participation à la vie sociale. Il y a, en ce
sens au moins, de bonnes raisons à promouvoir des actions visant explicitement une
re socialisation des actifs (hommes et femmes) isolés.

Les politiques événementielles en font naturellement partie. Elles sont largement


développées sur Rennes. Elles touchent cependant difficilement les personnes
isolées qui n’osent pas toujours aller au contact des autres. D’autres actions doivent
donc être engagées.
- En premier lieu, le secteur associatif pourrait se montrer plus actif pour
promouvoir et marketer son offre de loisirs auprès des populations actives, quitte
« à aller chercher les gens ».
- En second lieu, il y a probablement nécessité de rechercher de nouvelles
manières d’informer les actifs les moins insérés sur l’offre d’activités existantes et
l’agenda événementiel (la PQR et la presse des collectivités proposent ce type
d’information, mais ces supports ne touchent pas les populations les plus
précarisées). La mise en place de points informations loisirs (comparable à ce qui
a été mise en place par la CAF avec les Points Informations Vacances) pourrait

25
éventuellement être étudiée (idéalement en couplage avec une « maison des
salariés »).
- En troisième lieu, le développement d’une offre de chèques « découvertes
loisirs » permettrait de compléter le dispositif en proposant aux femmes de
découvrir en pratique certaines activités.

Outre la promotion de l’univers associatif et le travail vers les populations les moins
insérées, l’étude montre qu’une majorité de familles est en demande de formules et
ou d’idées d’occupation du temps de loisirs s’adressant à toute la famille.

III.3.3 Une offre d’informations ressource

En complémentarité avec le concept de « maison des salariés », l’étude a fait


émerger une demande d’une plate forme (multimédia ou téléphonique), cautionnée
par la Ville de Rennes et s’organisant autour de six fonctionnalités :
- Information sur l’offre de services proposée par la Ville et le tissu associatif (offre
de garde, répertoire des associations, …)
- Information sur l’univers professionnels (informations sur les dispositifs dédiés
aux salariés, info sur les sites ou lieux ressources sur les formations, le droit du
travail …)
- E.administration (cf. formulaires en lignes etc ..)
- Information sur l’actualité culturelle, sportive et de loisirs (agenda + information en
temps réel ou presque . Cf « les animations ce soir à Rennes »)
- Espace forum avec trois facettes :
1. Bourse d’échange
2. Recherche de partenaire pour activités sportives, sorties culturelles
3. Débat (logique « chat »)

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