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présentée par
Michele SCHIAVONI
Sujet de la thèse :
A Gilbert
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Table des matières
Remerciements 9
Introduction 11
5
TABLE DES MATIÈRES TABLE DES MATIÈRES
6
IV.3.2 Résultats expérimentaux par spectroscopie pompe-sonde . . . . . . 123
IV.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Conclusion 153
8
Remerciements
cueillir dans son équipe de recherche pour ma thèse. J’ai pu apprécier sa rigueur scien-
tifique, ses qualités pédagogiques et son enthousiasme pour la recherche. Par ailleurs, je
ne peux qu’exprimer mon admiration pour son courage face à la maladie qu’il a combattue
avec tant de ténacité. Gilbert nous a quitté six mois avant la fin de ma thèse. Mon plus
grand regret est qu’il n’ait pas pu voir la fin de ce travail. Je tiens aussi à remercier sa
femme Jocelyne, qui pendant presque deux ans a accompagné régulièrement Gilbert au
laboratoire pour nos réunions hebdomadaires.
Mon séjour dans le groupe a coı̈ncidé avec celui de Ferruccio Renzoni, en stage post-
doctoral. Je garderai un très bon souvenir des discussions avec Ferruccio sur les différents
problèmes de physique que nous avons rencontré lors de ces trois ans. Ferruccio est devenu
mon directeur de thèse après le décès de Gilbert. Je suis content d’avoir été le premier
étudiant dont il ait officiellement dirigé une thèse. Juste un conseil pour la suite de sa
carrière de chercheur : quelques sourires de plus !
Je tiens à remercier Régis Carminati, avec lequel j’ai partagé ”la manip” pendant mes
deux premières années de thèse. Difficilement deux personnes peuvent avoir une vision
tellement différente du travail expérimental. Je lui suis très reconnaissant d’avoir supporté
mes (parfois trop) nombreux ”conseils et remarques”. Nous avons ainsi pu travailler en
équipe dans une atmosphère relaxée et conviviale.
Je remercie Laurent Sanchez-Palencia pour toutes les simulations numériques qu’il a
effectués, ce qui a permis une comparaison constante entre théorie et expérience.
Je tiens à exprimer ma gratitude à Ennio Arimondo et Gianluca Oppo qui se sont
chargés de la tache de rapporteurs, ainsi qu’à Manuel Joffre, Jacques Prost et Cécile
Robilliard, qui ont voulu faire partie de mon jury et qui ont montré tellement d’intérêt
vers mon travail. Un remerciement particulier à Cécile Robilliard pour avoir relu avec
tant de soin mon manuscript avant que celui-ci soit envoyé aux rapporteurs et pour ses
conseils précieux lors de ses fréquentes visites au laboratoire.
Je remercie les membres des services techniques (mécanique, électronique, informa-
10 Remerciements
tique) dont l’aide a été essentielle pour la réalisation de toutes les expériences. Un grand
merci à M. Point et M. Courtiade pour leur aide, toujours très efficace. Merci également
aux différents secrétaires du laboratoire qui se sont alternés et qui ont toujours montré
une grande disponibilité pour résoudre les nombreux problèmes bureaucratiques qui se
sont posés au cours de ces trois années.
Si ma thèse contient un nombre de fautes d’orthographe absolument négligeable ce
n’est pas seulement grâce à ma connaissance de la langue française, mais surtout à cause
d’une relecture pointilleuse du manuscript de la part de ma mère. Mon père a assuré le
transfert informatique des différentes versions entre Paris et Bari. Par ailleurs, je tiens à
remercier mes parents pour le soutien qu’ils m’ont toujours offert, en particulier dans les
premières années de mon séjour en France.
J’ai habité avec mon frère Francesco pendant les deux premières années de ma thèse.
Il a été très souvent victime de mes discours passionnés sur les lasers, les atomes et la
physique non-linéaire : une grande preuve de patience !
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Je remercie les différents collègues avec lesquels j’ai partagé les repas du midi dans
”l’excellent” restaurant universitaire situé à côté du laboratoire : Angela (la Rossa),
Aurélien (et son panneau syndical), Olivier, Sébastien, Stéphane (et ses petites remar-
ques), Marie, Yanko. Merci à nos voisins Pierre et Maxime, avec lesquels j’ai souvent des
discussions agréables et constructives.
Un remerciement à tous mes amis dispersés un peu dans le monde. Un grazie a tutti
i membri della lista ”cani e porci”, alle valanghe di mail dei venerdi di thèse in cui non
funziona niente, alle Martinollate, ai pastoni in compagnia carichi di discussioni polemiche,
alle ”soirées bridge” (come dimenticare ma ”copine de Bridge” Boriana ?)...
Un grand merci à toute l’équipe de volley Femina Sport, qui a supporté mes (rares)
prestations médiocres en tant que passeur.
E per concludere un ringraziamento a tutti i miei amici a Bari : Marco (e la combriccola
dell’auletta), Vito, Matteo, Elisabetta, Massimo, Silvia (ed i Fisici). La dimostrazione
piú bella di amicizia quando si è all’estero da sei anni è tornare a casa e vedersi trattato
come se ci si fosse visti qualche minuto prima. Anche e soprattutto se ciò implica battute
salaci non sempre facili da digerire.
10
Introduction
Les réseaux optiques sont des structures d’atomes confinés dans des potentiels optiques
obtenus par l’interférence de plusieurs faisceaux laser [1, 2].
La superposition de plusieurs ondes lumineuses conduit à la formation d’une mo-
dulation spatiale de l’intensité et/ou de la polarisation du champ électromagnétique. Un
atome placé dans un tel champ aura ses niveaux d’énergie déplacés à cause de l’interaction
entre le dipole atomique et le champ électrique oscillant [3]. Les déplacements lumineux
des niveaux atomiques vont reproduire la modulation de la lumière, donnant lieu à de
véritables potentiels optiques sur lesquels l’atome va évoluer.
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De façon générale, la souplesse avec laquelle la géométrie des faisceaux laser peut être
ajustée permet d’obtenir des potentiels optiques périodiques, quasi-périodiques et même
aléatoires à une, deux ou trois dimensions. Ces potentiels sont quasiment sans défauts à
cause des propriétés de cohérence de la lumière utilisée.
Il est possible d’identifier deux catégories de réseaux optiques, selon que la fréquence
de la lumière utilisée est proche d’une résonance atomique ou loin de toute résonance.
Dans les réseaux optiques qui utilisent une lumière proche d’une résonance atomique, que
l’on appelle couramment réseaux optiques dissipatifs, l’interaction atome-rayonnement
ne conduit pas seulement à la formation d’un potentiel optique, mais induit aussi une
force de friction pour les atomes qui permet de les ralentir à des vitesses très faibles,
correspondantes à des températures de l’ordre du micro-Kelvin. En revanche, lorsque la
lumière utilisée est loin de toute résonance atomique, l’interaction atome-rayonnement
est purement conservative. Les atomes peuvent toujours être piégés dans les potentiels
optiques, mais seulement si préalablement refroidis par d’autres méthodes.
Les réseaux optiques sont un excellent système modèle pour la physique des solides si
l’on applique les règles suivantes : les porteurs sont des atomes et non des électrons, les
énergies de liaison sont de l’ordre du milli-Kelvin au lieu de l’électron-volt, le pas typique
de l’ordre du micron (longueur d’onde de la lumière utilisée) au lieu de l’Ångstrøm. Parmi
les travaux dans lesquels les propriétés de cohérence des réseaux optiques ont été utilisées
pour observer un phénomène prévu en physique des solides, nous citons l’observation des
oscillations de Bloch [4, 5], difficiles à détecter dans un vrai cristal à cause de la présence
des phonons.
Les réseaux optiques constituent aussi un système idéal pour l’étude de phénomènes
de dynamique non-linéaire. Parmi les résultats plus remarquables, citons la réalisation
du rotateur forcé (kicked rotor ) et la détection du chaos quantique dans un réseau très
désaccordé [6], ou l’observation de la bistabilité mécanique d’un oscillateur anharmonique
forcé [7].
12 Introduction
Le travail présenté dans cette thèse s’inscrit dans ce cadre. Nous avons étudié expéri-
mentalement le transport des atomes dans un réseau optique dissipatif, et en particulier
des phénomènes induits par le bruit pour la dynamique atomique dans ces structures.
Le rôle du bruit est joué par le processus stochastique de pompage optique et peut être
aisément contrôlé à travers les paramètres (intensité, désaccord par rapport à la résonance
atomique) des faisceaux du réseau optique, sans affecter le potentiel optique vu par les
atomes.
La thèse est divisée en cinq chapitres. Dans le premier, nous présentons de façon
détaillée les principaux résultats sur les réseaux optiques dissipatifs et sur leur lien avec
les méthodes de refroidissement d’atomes, en particulier le refroidissement Sisyphe. Nous
décrivons de façon générale, la dynamique des atomes dans chaque puits du potentiel
optique et les mécanismes élémentaires de transport d’atomes. Nous présentons aussi
toutes les techniques que nous avons utilisées pour réaliser les expériences.
Le deuxième chapitre est consacré à la description des différentes méthodes d’investigation
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des réseaux optiques. Nous présentons un certain nombre de résultats expérimentaux qui
ont été obtenus dans l’équipe lors de mon séjour et qui représentent le sujet de la thèse
de François-Régis Carminati et le point de départ de mon travail. Nous reportons des
résultats sur la température d’équilibre atteinte par les atomes dans les réseaux brillants et
sur la dynamique du refroidissement. Nous décrivons aussi l’étude de la diffusion spatiale
des atomes dans le réseau par imagerie du nuage atomique. Nous introduisons la méthode
de spectroscopie pompe-sonde, et nous étudions le lien entre la dynamique atomique et
les spectres pompe-sonde.
Dans le troisième chapitre, nous décrivons les expériences qui ont conduit à l’observation
directe des modes de propagation d’atomes dans les réseaux. Ces modes présentent de
fortes analogies avec ceux que l’on rencontre dans les milieux denses, avec la création
d’une onde de densité qui se propage à une vitesse bien définie. Les modes sont excités
en ajoutant un ou plusieurs faisceaux laser, qui induisent une modulation des potentiels
optiques vus par les atomes. La détection est effectuée par imagerie du nuage atomique
et par spectroscopie pompe-sonde. La comparaison entre les deux méthodes permet de
mettre en évidence l’existence de modes noirs, qui ne donnent pas lieu à des résonances
optiques dans les spectres pompe-sonde.
Dans les deux derniers chapitres de ce travail, nous présentons des expériences dans
lesquelles les réseaux optiques sont utilisés comme système modèle pour la physique statis-
tique. En particulier, les phénomènes induits par le bruit sont le thème principal que
l’on a abordé. Dans le quatrième chapitre nous montrons que l’excitation des modes de
propagation présente une résonance stochastique. Ce phénomène non-linéaire, consiste
dans l’amélioration du rapport signal/bruit pour une observable spécifique d’un système
physique quelconque lorsque le bruit est augmenté. Nous montrons expérimentalement
que les modes de propagation sont plus fortement excités lorsque le niveau du bruit (le
pompage optique) est plus élevé.
Enfin, dans le dernier chapitre, nous décrivons la réalisation de deux moteurs brow-
niens, systèmes physiques dans lesquels un déplacement unidirectionnel de particules dans
12
Introduction 13
un potentiel plat à longue échelle est obtenu grâce à la rectification de forces fluctuantes
de moyenne nulle. Dans la première de ces deux expériences, qui a été réalisée dans
notre groupe peu de temps avant mon arrivée, un courant de particules est obtenu grâce
à la brisure de la symétrie spatiale du potentiel sur lequel les atomes évoluent. Nous
nous sommes intéressés alors à réaliser un moteur brownien symétrique dans l’espace,
pour lequel la brisure de la symétrie temporelle permet d’obtenir une diffusion dirigée des
atomes.
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13
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Chapitre I
Toutes les expériences décrites dans cette thèse ont été réalisées sur des réseaux optiques
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[1, 2]. Le but de ce chapitre est de résumer les concepts de base sur les réseaux optiques
et d’introduire les techniques expérimentales pour les réaliser et les étudier.
Les réseaux optiques sont des structures d’atomes refroidis à des températures très
basses (de l’ordre du µK) et piégés dans un potentiel périodique obtenu par l’interférence
de plusieurs faisceaux laser. Les expériences que nous avons réalisées concernent les
réseaux optiques dits brillants, à cause de la forte intensité de fluorescence qui les car-
actérise, dans lesquels agit le mécanisme de refroidissement Sisyphe [8, 9].
Le chapitre se divise en deux parties : une première partie théorique, dans laquelle
les mécanismes de refroidissement et de piégeage sont présentés et une deuxième, dans
laquelle les techniques expérimentales que nous avons utilisées sont introduites en détail.
La date de naissance des réseaux optiques est intimement liée à celle du mécanisme
de refroidissement Sisyphe [8, 9], introduit en 1989 pour expliquer les températures
extrêmement basses observées dans les mélasses optiques [10, 11], en contradiction avec
les prévisions théoriques du refroidissement Doppler [12]. En effet la théorie du re-
froidissement Doppler avait été conçue pour un atome à deux niveaux, alors que les
expériences avaient été réalisées sur des transitions atomiques plus compliquées. C’est
en tenant compte des différents sous-niveaux atomiques du fondamental qu’une théorie
plus complète du refroidissement a pu être mise en place. Après un bref rappel sur le re-
froidissement Doppler, nous allons décrire cette théorie dans le cas de figure le plus simple
: une transition atomique Jg = 1/2 → Je = 3/2, dans laquelle le niveau fondamental est
donc dégénéré. Une généralisation des résultats, qui restent valables pour toute transition
du type Jg → Je = Jg + 1, avec Jg $= 0, sera donnée par la suite.
16 Généralités sur les réseaux optiques
l’atome. Pour pouvoir obtenir une force de friction dans la direction z, il nous faudra
deux faisceaux laser contra-propageants, de même intensité et légèrement désaccordés sur
le rouge de la transition atomique (∆ = ωL − ω0 < 0). En négligeant les effets dus à
l’interférence entre les faisceaux laser, chacun des deux faisceaux va exercer sur l’atome
une force de pression de radiation. Si l’atome est immobile, ces deux forces sont identiques.
Considérons maintenant un atome en mouvement : s’il a une composante de vitesse dans
la direction z, à cause de l’effet Doppler il verra des fréquences différentes pour les deux
ondes. En particulier si l’atome a une vitesse vz > 0 la fréquence de l’onde le long de
+z sera déplacée vers le rouge par rapport à la résonance atomique, alors que celle de
l’onde le long de −z se rapprochera de résonance. Il s’ensuit que les forces de pression de
radiation ne vont plus être équilibrées ; en particulier, l’atome subira une force effective
dans la direction −z, donc opposée à sa vitesse. Evidemment, une situation symétrique
se présentera si l’atome a une vitesse vz < 0, avec une force qui s’opposera toujours au
mouvement de l’atome. Naturellement, le mécanisme peut être étendu à trois dimensions
si l’on utilise trois paires de faisceaux.
En définissant une température cinétique Ti dans la direction i, d’après la relation (on
reviendra dans le chapitre II sur le problème d’une définition exacte de la température)
1 1 2
kB Ti = mv (I.1)
2 2 i
où vi2 est la moyenne du carré de la vitesse dans la direction i, on pourrait espérer qu’un tel
mécanisme puisse ralentir un ensemble d’atomes jusqu’à une température nulle, correspon-
dant à un ensemble d’atomes immobiles. En réalité, du fait que les atomes absorbent les
photons à des instants aléatoires et les réémettent dans une direction aléatoire, les atomes
subissent aussi une force aléatoire qui les empêche d’atteindre une température nulle. En
tenant compte de ces processus de chauffage, on peut estimer la température minimum
atteinte par un tel mécanisme [12], appelée température Doppler TDoppler = h̄Γ/2kB , où
Γ est la largeur naturelle de l’état excité de la transition atomique et k B la constante de
I.1 Réseaux optiques brillants unidimensionnels 17
Boltzmann. Cette température limite vaut 142 µK pour le Rubidium. Or, les expériences
menées en 1989 dans le groupe de W.D. Phillips [10] démontrèrent que des températures
bien plus basses étaient accessibles, faisant entrer en jeu des mécanismes plus subtils liés
aux déplacements lumineux et au pompage optique entre les différents sous-niveaux.
leur dégénérescence. Plus précisément, regardons l’effet d’une onde électromagnétique sur
un atome avec une transition Jg = 1/2 → Je = 3/2. Le hamiltonien d’interaction s’écrit
W = −d · E, où d est l’opérateur moment dipolaire électrique de l’atome et E le champ
électrique. Choisissons comme axe de quantification celui de propagation de la lumière et
considérons le cas d’une polarisation σ+ . Par conservation du moment cinétique, seules les
transitions |mg % → |me = mg + 1% seront possibles. Etant donné que le moment dipolaire
électrique est un opérateur tensoriel, on peut appliquer le théorème de Wigner-Eckart
[16]. Le coefficient de Clebsch-Gordan est plus grand pour la transition |mg = +1/2% →
|me = +3/2% que pour celle |mg = −1/2% → |me = +1/2%, comme le montre la figure I.1.
Il s’ensuit que pour une polarisation σ+ de la lumière, le sous-niveau |mg = +1/2% sera
plus déplacé que |mg = −1/2%. Symétriquement pour une polarisation σ− de la lumière,
le sous-niveau |mg = −1/2% sera plus déplacé.
|g>
|-1/2> |+1/2>
Figure I.1: Carrés des coefficients de Clebsch-Gordan pour une transition atomique
Jg =1/2 → Je =3/2.
Sans aucune équation, on peut déjà prévoir que le déplacement lumineux est pro-
portionnel à l’intensité lumineuse I. En effet, le dipôle atomique induit est linéaire en le
champ électromagnétique (d ∝ E), et donc l’énergie W = −d · E ∝ E 2 ∝ I. Il s’ensuit que
18 Généralités sur les réseaux optiques
si on arrive avec une configuration opportune des faisceaux laser à obtenir une modulation
spatiale d’intensité ou de polarisation lumineuse, les déplacements lumineux seront aussi
modulés, donnant lieu à des potentiels sur lesquels les atomes vont évoluer.
Le deuxième ingrédient à prendre en compte pour pouvoir comprendre le mécanisme
de refroidissement Sisyphe est le pompage optique [17, 18]. Considérons à nouveau un
atome ayant une transition Jg = 1/2 → Je = 3/2 et illuminé par une lumière σ + (figure
I.2). Si l’atome se trouve au départ dans le sous-niveau |mg = +1/2% et qu’il absorbe un
photon σ + , il finira dans le sous-niveau |me = +3/2%. De là, l’unique transition possible
consiste à se désexciter vers le sous-niveau de départ |mg = +1/2%. En revanche, si l’atome
se trouve au départ dans le sous-niveau |mg = −1/2%, l’absorption d’un photon σ + va
le porter dans le sous-niveau |me = +1/2%. A partir de cet état, la désexcitation peut
se faire soit vers le sous-niveau de départ |mg = −1/2%, soit vers |mg = +1/2%. Dans le
premier cas, l’atome peut recommencer un cycle de fluorescence qui peut le ramener dans
|mg = +1/2%, tandis que dans le deuxième cas, l’atome va pouvoir seulement effectuer des
cycles de fluorescence entre |mg = +1/2% et |me = +3/2%. On comprend facilement, donc,
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qu’après un très petit nombre de cycles de fluorescence, tous les atomes seront pompés
optiquement vers |mg = +1/2%. Comme pour le déplacement lumineux, la situation est
complètement symétrique dans le cas d’une polarisation σ − , avec tous les atomes pompés
dans le sous-niveau |mg = −1/2%.
1/3
1
2/3 2/3 ω0
1
g,-1/2 g,+1/2
Figure I.2: Schéma d’une transition Jg =1/2 → Je =3/2 en présence d’un champ σ + .
Le principe du pompage optique est illustré, avec les atomes pompés vers le sous niveau
|mg = +1/2%.
Nous supposerons dans toute la suite que l’extension spatiale du paquet d’onde ato-
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mique est faible devant la longueur d’onde λ des faisceaux laser. Ainsi nous pourrons
considérer les degrés de liberté externes de l’atome (position et impulsion) comme des
grandeurs classiques pour décrire la dynamique de l’atome. Cette hypothèse porte le nom
d’approximation semi-classique.
Dans la configuration Lin ⊥ Lin 1D, les amplitudes des champs s’écrivent :
! "
E1 (z, t) = E0 ei(kL z−ωL t) + c.c. ex (I.2)
! "
E2 (z, t) = E0 ei(−kL z−ωL t+φ) + c.c. ey (I.3)
où φ est la phase relative des deux faisceaux. En prenant φ = π/2 (ceci revenant à
changer l’origine des positions) et en passant dans la base des états circulaires du champ,
±iey )
e± = ∓ (ex√ 2
(en prenant l’axe z comme axe de quantification), l’amplitude totale du
champ s’écrit :
√
ET = E0 2 (−i sin kL z e+ + cos kL z e− ) (I.4)
L’interférence des deux ondes produit donc un gradient de polarisation, avec le champ
polarisé successivement σ + et σ − . Le pas de cette modulation de polarisation vaut λ/2
(voir Figure I.3.a). Au contraire, l’intensité lumineuse n’est pas modulée spatialement
dans cette configuration.
Introduisons le paramètre de saturation par faisceau s0 ,
Ω2 /2
s0 = (I.5)
∆2 + Γ2 /4
20 Généralités sur les réseaux optiques
où Ω est la pulsation de Rabi définie par Ω = −DE0 /h̄, D étant l’élément de matrice du
dipôle atomique entre l’état fondamental et l’état excité pour un coefficient de Clebsch-
Gordan égal à 1.
Remarquons que le temps τ séparant deux cycles de fluorescence est de l’ordre de
(s0 Γ)−1 [18]. Il s’ensuit que pour des valeurs de s0 * 1, qui sont couramment obtenues
dans nos expériences, les atomes passent la plupart de leur temps dans l’état fondamental
(le temps de permanence dans l’état excité étant de l’ordre de Γ−1 pour chaque cycle de
fluorescence). Dans ce cas, on peut plus simplement étudier la dynamique atomique en
ne tenant compte que des sous-niveaux du fondamental.
E1 σ − lin σ + lin σ−
(a)
E2
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x
E
0 λ/8 λ/4 3λ/8 λ/2 z 0
y
g,+1/2
(b) U0
g,-1/2
Figure I.3: (a) Configuration lin⊥lin : les polarisations des deux faisceaux étant per-
pendiculaires, il n’y a pas de gradient d’intensité mais un gradient de polarisation. (b)
Déplacements lumineux dans le cas d’une transition Jg =1/2 → Je =3/2. Les potentiels
sont tracés lorsque les faisceaux sont désaccordés sur le rouge de la transition atomique.
On constate qu’au fond des puits, la polarisation de la lumière est purement circulaire :
lorsque la lumière est polarisée σ + , le déplacement lumineux de |mg = +1/2% passe par
un minimum. De même lorsque la lumière est polarisée σ − , le déplacement lumineux de
|mg = −1/2% passe par un minimum. Le zéro pour l’énergie correspond à l’énergie des
niveaux fondamentaux |mg = ∓1/2% en l’absence de champ laser.
Avec un traitement complet utilisant le formalisme des équations de Bloch optiques [18,
19], on peut faire apparaı̂tre un opérateur effectif appelé opérateur déplacement lumineux
I.1 Réseaux optiques brillants unidimensionnels 21
Λ(z) dont les états propres correspondent aux sous-niveaux Zeeman |mg = ∓1/2%, et dont
les valeurs propres U∓ (z) sont :
# $ % &
I+ I− 2
U+ (z) = 2h̄∆!0 + = 2h̄∆!0 1 − cos2 kL z (I.6)
I 3I 3
# $ % &
−
! I I+ ! 2 2
U− (z) = 2h̄∆0 + = 2h̄∆0 1 − sin kL z (I.7)
I 3I 3
s0
∆!0 = ∆ (I.8)
2
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2 !
Γ+→− (z) = Γ cos2 kL z (I.9)
9 0
2 !
Γ−→+ (z) = Γ sin2 kL z (I.10)
9 0
où Γ! est donné par :
s0
Γ!0 = Γ (I.11)
2
E
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U+ mg=+1/2
U− mg=−1/2
σ− σ+ σ− σ+
Figure I.4: Mécanisme de refroidissement Sisyphe : dans le cas d’un désaccord rouge des
faisceaux laser par rapport à la transition atomique, l’action conjuguée des déplacements
lumineux et du pompage optique fait qu’un atome passe plus de temps à monter les collines
de potentiel qu’à les descendre, freinant ainsi son mouvement.
L’atome va initialement évoluer sur le potentiel U− qui, dans les cas où ∆ < 0, présente
des minima dans les points de polarisation σ − . Lorsqu’il monte une colline du potentiel il
perd évidemment de l’énergie cinétique. De plus, au fur et à mesure que l’atome s’éloigne
du fond d’un puits de potentiel, la probabilité d’être pompé optiquement dans l’autre
sous-niveau Zeeman augmente, en accord avec l’équation I.10. En particulier, la prob-
abilité d’être pompé vers |mg = +1/2% atteint son maximum lorsque l’atome passe par
un maximum du potentiel U− . Une fois pompé dans l’autre sous-niveau, l’atome va se
retrouver à nouveau au fond d’un puits de potentiel, mais avec une énergie cinétique
inférieure à celle de départ, l’excès d’énergie ayant été emportée par le photon spontané
émis dans le cycle de pompage optique (le photon émis sera plus énergétique que celui
I.1 Réseaux optiques brillants unidimensionnels 23
Πst 2
+1/2 (z) = sin kL z (I.12)
Πst 2
−1/2 (z) = cos kL z (I.13)
Remarques
qu’un refroidissement Doppler sera aussi présent. Celui-ci jouera un rôle important
sur la dynamique atomique tant que la température des atomes reste assez élevée,
donc dans une première phase du refroidissement.
- Nous avons vu qu’un mécanisme de refroidissement efficace est obtenu lorsque les
faisceaux laser sont désaccordés sur le rouge de la transition atomique. Dans le cas
de faisceaux desaccordés sur le bleu de la transition, il y aura toujours des potentiels
optiques vus par les atomes et une structure en réseau, mais le pompage optique
va ramener les atomes du fond des puits de potentiel vers le haut des collines.
Un mécanisme inverse du refroidissement Sisyphe, tenant à une augmentation de
l’énergie cinétique moyenne, aura donc lieu.
a) Température
Nous avons vu qu’à la fin du mécanisme de refroidissement, les atomes restent piégés
dans les puits de potentiel avec une énergie cinétique qui est donc du même ordre de
grandeur que la profondeur des puits, elle-même de l’ordre de h̄|∆!0 | (éq. I.6-I.7). Donc
la température d’équilibre des atomes vérifie :
kB T ∼ −h̄∆!0 (I.14)
On voit qu’une diminution de la profondeur des puits permet d’atteindre une tempé-
rature d’équilibre plus basse. Observons aussi que si le désaccord |∆| + Γ (ce qui est
courant dans les expériences, dans lesquelles on a |∆| ∼ 10Γ ), on obtient à partir de I.5
et I.8 :
où I est l’intensité des faisceaux laser. On pourrait espérer obtenir des températures
toujours plus faibles en diminuant la profondeur des puits. En réalité, même le processus
I.1 Réseaux optiques brillants unidimensionnels 25
Sisyphe a une limite ultime liée au fait que les atomes piégés au fonds des puits continuent
à interagir avec la lumière et à effectuer des cycles de fluorescence [20]. A chaque cycle, les
photons absorbés ou émis donnent une impulsion h̄kL à l’atome et induisent un chauffage.
En définissant l’énergie de recul ER (et la température de recul TR )
1 h̄2 kL2
kB TR = ER = (I.16)
2 2M
comme l’énergie (température) associée au recul dû à un photon absorbé ou émis, il est
clair que les atomes ne pourront pas avoir une température inférieure à TR , car un seul
cycle de fluorescence donnerait à un atome piégé une énergie ER . Pour donner une idée
des valeurs expérimentales obtenues dans notre équipe avec l’atome de Rubidium, nous
avons réussi à refroidir les atomes à une température de 10 µK, à comparer avec TDoppler
= 142 µK et TR = 360 nK. On voit bien que le mécanisme Sisyphe est nettement plus
efficace que le refroidissement Doppler, mais les températures sub-recul sont loin d’être
accessibles. On peut les obtenir par des techniques faisant entrer en jeu des états noirs
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pour lesquels la lumière n’interagit plus avec l’atome lorsque celui-ci a une vitesse nulle
[21].
Nous avons vu qu’une fois le processus de refroidissement terminé, les atomes se retrou-
vent piégés dans une structure périodique. Comme les puits de potentiel adjacents sont de
polarisations opposés le milieu est paramagnétique [22]. Dans le cas d’une configuration
Lin⊥Lin 1D les puits de même polarisation sont espacés d’une distance λz :
λL
λz = (I.17)
2
La localisation des atomes dans une structure périodique a été mise en évidence par
des expériences de diffraction de Bragg [23].
% &
2 2
U− (z) = 2h̄∆!0 1 − sin2 kL z - 2h̄∆!0 [1 − (kL z)2 ] (I.18)
3 3
26 Généralités sur les réseaux optiques
'
− 34 h̄∆!0 ER
Ωv = 2 (I.19)
h̄
!
' laser par l’intermédiaire de ∆0 , qui est
Notons bien que Ωv dépend des paramètres
proportionnel à I/|∆|. On obtient donc Ωv ∝ I/|∆|.
Du point de vue quantique, un atome piégé va occuper un des niveaux vibrationnels
|n%, avec une énergie En = h̄Ωv (n + 1/2). Rappelons que les fonctions propres |n% sont
orthogonales entre elles, .m|n% = δmn et qu’elles ont une extension spatiale .n|z 2 |n% =
h̄
M Ωv
(n + 1/2). Il est donc possible d’estimer la zone de validité de l’approximation har-
monique. Etant donné que la périodicité spatiale est de l’ordre de λL , l’approximation est
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valable si .n|z 2 |n% * (λL )2 . Cette zone correspond au régime Lamb-Dicke, dans lequel la
durée de vie des niveaux vibrationnels est particulièrement longue. Regardons ceci plus en
détail en observant le comportement d’un atome au fond d’un puits, par exemple un puits
σ + . L’atome étant bien localisé, la composante de la lumière σ − , qui permet le transfert
vers l’autre courbe de potentiel, est pratiquement absente. De plus, si la largeur ∆z de la
fonction d’onde est faible (kL ∆z * 1), par l’inégalité de Heisenberg on obtient ∆p + h̄kL .
Il s’ensuit qu’au cours d’un processus Raman spontané, le changement d’impulsion dû au
recul des photons absorbés et émis sera très petit par rapport à la largeur en impulsion
de la fonction d’onde initiale Ψi (p), ce qui fait qu’il y aura recouvrement des fonctions
d’onde finale Ψf (p) (qui sera donc très peu différente de Ψi (p)) et initiale seulement si
les états initial et final correspondent au même niveaux vibrationnel. On voit donc que
lorsque l’atome effectue un cycle de fluorescence, il a une forte probabilité de retomber
sur le même niveau vibrationnel de départ. La durée de vie des niveaux vibrationnels est
donc considérablement allongée par rapport au temps Γ!−1 0 séparant deux absorptions.
En termes classiques, ceci signifie qu’à chaque cycle de fluorescence l’atome recom-
mence les oscillations avec mémoire de la phase et de l’amplitude initiales et que donc
celles-ci se perdent très lentement.
Un traitement plus quantitatif de la durée de vie des niveaux vibrationnels est présenté
dans les références [24, 25]. On trouve que pour le niveau vibrationnel n la largeur va être
de l’ordre de
2ER 1
Γn = Γ!0 (n + ). (I.20)
h̄Ωv 2
h̄Ωv
Le facteur 2E R
, appelé facteur Lamb-Dicke, vaut couramment 10 à 100. Il réduit
donc notablement la largeur des niveaux vibrationnels. Remarquons toutefois que cette
réduction ne provient pas d’une réduction de la fluorescence, mais du fait que celle-ci
se fait de manière élastique [26]. On peut distinguer deux régimes de fonctionnement
d’un réseau optique : les régimes oscillant et sautant, selon que l’atome effectue ou non
I.1 Réseaux optiques brillants unidimensionnels 27
plusieurs oscillations avant d’être pompé vers un autre sous-niveau. D’après I.20, la
condition pour qu’on se trouve dans le régime oscillant est
ER
Γ!0 * Ωv (I.21)
h̄Ωv
ce qui se traduit, en utilisant I.19, par Γ * |∆|. Cette condition est quasiment toujours
satisfaite dans les expériences, ce qui nous place toujours dans le régime oscillant. D’autres
configurations laser peuvent permettre d’atteindre le régime sautant [27].
En réalité, le potentiel optique vu par l’atome n’est pas harmonique. On peut se deman-
der si l’anharmonicité du potentiel peut jouer un rôle dans la dynamique de l’atome à
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Ω v2
Ω v2
Ω v1
Ω v1
a) b)
D’un point de vue quantique, l’espacement des états liés du potentiel ne sera plus cons-
tant, les niveaux étant de plus en plus proches pour des énergies plus élevées. Lorsqu’on
force le mouvement, à cause du régime bistable du système, on va peupler en particulier
28 Généralités sur les réseaux optiques
deux états liés avec des énergies différentes. De nouveau, lorsqu’on cesse de forcer le mou-
vement, les transitions Raman spontanées ramenant les atomes vers les niveaux adjacents
se feront à des fréquences différentes (voir figure I.5.b).
e) Diffusion spatiale
1. Au cours des cycles de fluorescence, l’atome subit un recul en impulsion de h̄kL pour
chaque photon absorbé ou émis. Il s’ensuit une augmentation de l’énergie cinétique
moyenne, qui peut donc permettre à l’atome de franchir la barrière de potentiel qui
le sépare du puits adjacent.
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2. Un atome qui oscille au fond d’un puits de potentiel voit toujours une petite com-
posante de la lumière qui lui permet le passage sur l’autre nappe de potentiel. En
effet, lorsqu’un atome s’écarte par exemple du fond d’un puits de polarisation σ + ,
la lumière possède une faible composante σ − qui peut faire passer l’atome de l’état
|mg = +1/2% vers l’état |mg = −1/2%, donc dans le puits adjacent (voir Figure I.6).
Dans ce cas, la force dipolaire exercée sur l’atome change brutalement de signe (dans
l’exemple montré dans la figure I.6, la force dipolaire passe d’une valeur négative
lorsque l’atome est dans l’état |mg = +1/2% à une valeur positive lorsqu’il se trouve
en |mg = −1/2%).
| e ; me = − 1/2>
σ− π
| g ; mg = +1/2>
| g ; mg = − 1/2>
σ− σ+ σ− σ+
Figure I.6: Processus élémentaire de diffusion : au fond d’un puits σ + , la faible com-
posante σ − de la lumière peut faire passer l’atome dans un puits de potentiel adjacent.
Observons que le deuxième mécanisme de diffusion décrit est bien plus efficace que
le premier car un simple pompage optique permet le passage d’un site du réseau au
I.1 Réseaux optiques brillants unidimensionnels 29
site adjacent. En réalité, les deux mécanismes ne sont pas vraiment indépendants. Un
atome piégé au fond d’un puits va en général effectuer un certain nombre de cycles de
fluorescence, il va voir augmenter son énergie cinétique, donc l’amplitude des oscillations,
pour être ensuite pompé à un instant aléatoire vers l’autre sous-niveau et passer dans le
puits adjacent.
A cette échelle, le mouvement de l’atome se présentera comme une diffusion d’un site
à l’autre. Si on part d’un nuage d’atomes piégés dans le réseau, sa taille va augmenter
au cours du temps. Au début de mon travail de thèse, nous avons effectué une étude
expérimentale détaillée de la diffusion spatiale qui est décrite dans la thèse de François-
Régis Carminati [29] et dans la référence [30]. Nous reprendrons ce thème dans le deuxième
chapitre, car il s’agit du point de départ des résultats présentés dans cette thèse.
Jusqu’à présent, nous avons considéré une transition atomique Jg = 1/2 → Je = 3/2
pour montrer le principe du refroidissement Sisyphe et la formation d’un réseau optique.
En fait, dans nos expériences l’atome utilisé est le Rubidium, qui présente une transition
Fg = 3 → Fe = 4 pour l’isotope 85 Rb et Fg = 2 → Fe = 3 pour l’isotope 87 Rb 1 . Dans
ce paragraphe, nous allons voir comment les résultats présentés se généralisent à d’autres
transitions du type Jg → Je = Jg + 1, toujours dans une configuration de laser Lin ⊥ Lin
1D. Pour une transition Jg → Je = Jg + 1 avec Jg ≥ 1, l’opérateur déplacement lumineux
Λ(z) introduit dans le paragraphe I.1.3 n’est pas diagonal dans la base des sous-niveaux
Zeeman en tous les points de l’espace, comme dans la transition Jg = 1/2 → Je = 3/2.
En effet, en présence d’une lumière qui a les deux composantes σ + et σ − , tous les sous-
niveaux |mg % seront couplés par Λ(z) aux sous-niveaux |m!g = mg ± 2%. La démarche la
plus simple à suivre consiste à diagonaliser l’opérateur déplacement lumineux dans la base
des sous-niveaux Zeeman. On trouvera les 2Jg + 1 valeurs propres modulées spatialement,
qui vont nous donner des potentiels lumineux Uµ (z) appelés adiabatiques, représentés dans
la figure I.7.a pour une transition Jg = 4 → Je = 5.
On observe une grande analogie avec la transition Jg = 1/2 → Je = 3/2, avec des
puits σ + et σ − qui s’alternent avec une période λ/4. Les vecteurs propres |µ(z)% associés
à ces courbes de potentiel sont des combinaisons linéaires des sous-niveaux Zeeman, mais
qui dépendent de la position. Le pompage optique permet le passage d’une courbe de
potentiel à l’autre et un mécanisme de type Sisyphe a lieu.
Remarquons tout de même que même en absence de pompage optique, les états pro-
pres |µ(z)% du déplacement lumineux ne sont pas états propres de l’Hamiltonien to-
P2
tal car celui-ci contient le terme d’énergie cinétique 2M qui ne commute pas avec les
opérateurs |µ(z)%.µ(z)|. Il s’ensuit qu’un couplage appelé couplage motionnel existe entre
1
On rappelle que F = I + J, ou I est le spin nucléaire et J = L + S le moment cinétique total de
l’électron.
30 Généralités sur les réseaux optiques
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Figure I.7: Potentiels adiabatiques (à gauche) et diabatiques (à droite) pour la configura-
tion Lin ⊥ Lin 1D et une transition Jg = 3 → Je = 4. Les potentiels adiabatiques sont
obtenus par diagonalisation de l’opérateur déplacement lumineux alors que les potentiels
diabatiques sont obtenus en ne retenant que les termes diagonaux. Ces deux potentiels
sont très semblables aux endroits où la polarisation de la lumière est purement circulaire.
les différents états |µ(z)%. Une analyse précise [32] montre que le couplage entre |µ(z)% et
|ν(z)% est négligeable si h̄kL v * |Uµ − Uν |, ce qui est certainement réalisé si l’atome se
trouve loin des anti-croisements des potentiels, ou bien s’il y passe avec une vitesse faible.
Une deuxième approche qu’on peut suivre pour trouver les potentiels sur lesquels les
atomes vont évoluer consiste à négliger les termes non-diagonaux Umn (z) de l’opérateur
Λ(z), dans la base des sous-niveaux Zeeman |mg %.
( ( (
Λ(z) = Um (z)|m%.m| + Umn (z)|m%.n| - Um (z)|m%.m| (I.22)
m m&=n m
Les éléments diagonaux Um (z) sont appelés potentiels diabatiques et sont représentés
sur la figure I.7.b. Remarquons que l’approximation diabatique ne sera valable que pour
|Umn | * |Um − Un |, ce qui est réalisé loin des points de croisement des potentiels dia-
batiques. Si on s’intéresse au mouvement des atomes très confinés au fond des puits de
potentiel, cette approximation est donc tout à fait pertinente.
Enfin, remarquons que pour une transition Jg → Je = Jg +1 avec Jg ≥ 2, un mécanisme
de refroidissement local (voir Figure I.8) va s’ajouter [31]. Ce mécanisme s’explique en
considérant la différence de profondeur des puits de potentiel correspondant aux différents
vecteurs propres |µ(z)% du déplacement lumineux. Un atome oscillant au fond d’un puits
va gravir la courbe de potentiel la plus raide, pour être pompé optiquement vers l’autre
sous-niveau et redescendre sur la courbe la moins raide.
I.2 Réseaux brillants tridimensionnels 31
u2
u1
diminuer le nombre de phases libres [33]. L’inconvénient de cette méthode réside dans
l’ajout de problèmes expérimentaux liés à l’asservissement des phases. Une deuxième et
très élégante méthode introduite par Gilbert Grynberg [34], et couramment utilisée dans
notre groupe, consiste à ajouter un seul faisceau supplémentaire par dimension d’espace.
Une seule phase indépendante viendra s’ajouter par dimension d’espace, celle-ci pouvant
être ”re-absorbée” par un changement d’origine. De cette façon, trois faisceaux seront
nécessaires pour obtenir un réseau bidimensionnel et quatre pour un tridimensionnel. De
nouveau, les fluctuations de phase des lasers vont se traduire par un mouvement lent de
l’origine du réseau, mais ne vont pas affecter la topographie du potentiel.
La configuration à quatre faisceaux que nous avons utilisée pour obtenir un réseau 3D
est une généralisation, développée dans notre groupe depuis une dizaine d’années, de la
configuration Lin ⊥ Lin 1D [34] : chacun des deux faisceaux est séparé en deux dans
deux plans perpendiculaires entre eux, chacun des plans étant orthogonal à la polarisation
des faisceaux qu’il contient (voir fig I.9). Les deux faisceaux dans le plan horizontal sont
alors symétriques par rapport à l’axe longitudinal Oz et forment un angle 2θ x entre leurs
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directions. De même, les deux faisceaux dans le plan vertical sont aussi symétriques par
rapport à l’axe Oz et forment un angle 2θy entre leurs directions.
Dans cette configuration, la topographie du potentiel ne dépend plus de la phase des
faisceaux. L’autre avantage est que la polarisation de chacun des faisceaux est perpendi-
culaire à l’axe Oz, la polarisation de la lumière ne possède donc pas de composante π (On
choisit Oz comme axe de quantification).
Notons que l’ajout d’un ou plusieurs faisceaux au tétraèdre peut engendrer un potentiel
qui n’est plus périodique mais quasi-périodique [35, 36].
E1 = E0 x
) ei(−kL cos θy z+kL sin θy y+ϕ1 ) + c.c. (I.23)
E2 = E0 x
) ei(−kL cos θy z−kL sin θy y+ϕ2 ) + c.c. (I.24)
E3 = E0 y
) ei(kL cos θx z−kL sin θx x+ϕ3 ) + c.c. (I.25)
E4 = E0 y
) ei(kL cos θx z+kL sin θx x+ϕ4 ) + c.c. (I.26)
où l’on suppose que les 4 faisceaux ont même intensité afin de compenser la pression de
radiation lorsque θx = θy . En prenant l’origine des coordonnées dans le plan xOy de façon
que ϕ1 = ϕ2 + 0 et ϕ3 = ϕ4 = −π/2, on en déduit les composantes circulaires droite et
gauche (respectivement E + et E − ) du champ total [37] :
√ * +
E± = 2E0 eik− z cos (kL sin θx x) eik+ z ∓ cos (kL sin θy y) e−ik+ z + c.c. (I.27)
I.2 Réseaux brillants tridimensionnels 33
2θy
2θx
y
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x
z
avec :
kL (cos θx ± cos θy )
k± = (I.28)
2
On peut alors en déduire le pas du réseau (entendu comme la distance entre deux sites
de même polarisation) dans chacune des 3 dimensions d’espace :
λL
- Dans la direction x : λx = sin θx
λL
- Dans la direction y : λy = sin θy
λL
- Dans la direction z : λz = cos θx +cos θy
Le potentiel résultant a, dans un plan, la forme d’une série de puits, comme on peut
le voir sur la figure I.10.
On peut également calculer les fréquences de vibration des atomes au fond des puits
dans les 3 dimensions (dans le cas d’une transition Jg = 1/2 → Je = 3/2) :
,
|∆!0 |ER
Ωx = 4 sin θx , (I.29)
h̄
34 Généralités sur les réseaux optiques
0 -2
-2 1.5 -4 2
-4
-6 -6 1.5
-8 1 -8
0 0 1
0.5 0.5 0.5
0.5
1 1
1.50 1.50
Figure I.10: Coupe du potentiel dans les plans xOy (à gauche) et xOz (à droite) pour la
transition Jg = 1/2 → Je = 3/2 et l’état |mg = −1/2%.
,
|∆!0 |ER
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Ωy = 4 sin θy , (I.30)
h̄
,
4 (cos θx + cos θy ) |∆!0 |ER
Ωz = √ . (I.31)
2 h̄
Comme dans le cas du réseau 1D, la profondeur des puits reste proportionnelle au
rapport I/|∆|, où I est l’intensité d’un faisceau. Ainsi toutes les caractéristiques du
réseau peuvent être modifiées en jouant sur l’intensité des faisceaux, sur leur désaccord à
résonance mais aussi en changeant l’angle entre les faisceaux (dont le principal effet est
de modifier le pas du réseau). Toutes les expériences décrites dans cette thèse ont été
effectuées avec θx = θy = θ.
Energie
|e -1>
|e 0>
|e +1>
σ+ hνL σ-
|g 0>
Le passage à trois dimensions se fait tout simplement en ajoutant une paire de faisceaux
par direction d’espace. En revanche, il n’est pas nécessaire d’avoir trois paires de bobines,
car une paire en configuration anti-Helmholtz, crée un gradient du champ magnétique
dans les trois directions de l’espace 2 .
2
A cause de divB=0 et de la symétrie cylindrique des bobines, le gradient obtenu dans les directions
transverses vaut la moitié du gradient longitudinale et est de signe opposé.
36 Généralités sur les réseaux optiques
Pour les expériences décrites dans cette thèse, nous avons utilisé l’atome de Rubidium,
qui dans la nature se présente sous forme de deux isotopes stables, le 85 Rb et le 87 Rb,
avec des abondances respectives de 72% et 28%. La plupart des expériences présentées
dans cette thèse ont été effectuées sur la transition Fg =3 → Fe =4 du 85 Rb, étant donné
qu’il s’agit de l’isotope le plus abondant. Pour l’expérience sur les réseaux asymétriques
(cf. Chapitre V) nous nous sommes placés sur la transition Fg = 1 → Fe = 1 du
87
Rb. Les niveaux du 85 Rb sont représentés dans la figure I.12 , ainsi que la transition
Fg = 3 → Fe = 4 utilisée pour le piège magnéto-optique et le réseau brillant. Remarquons
que le sous-niveau Fe = 3 est assez proche de Fe = 4 (121 MHz, à comparer avec 5.9 MHz,
largeur d’état excité), ce qui fait qu’une excitation non résonnante de Fe = 3 est possible.
Lorsqu’un atome se désexcite à partir de Fe = 3, il peut retomber dans le sous-niveau
Fg = 2, qui est insensible à la lumière laser (le désaccord vaut alors 3.04 GHz !). Il nous
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F=4
121 MHz
5P3/2 F=3
64 MHz
F=2
29 MHz F=1
D2 : λ=780.0 nm
F=3
5P1/2 Pi ge
363 MHz
F=2
Repompeur
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D1 : λ=794.8 nm
F=3
F=2
85
Rb (72%)
I=5/2
de la cellule sont traitées anti-reflet pour la lumière laser utilisée. Le Rubidium est stocké
dans un queusot relié à la cellule via une vanne dont on peut régler l’ouverture. Ceci
permet en particulier de choisir la pression résiduelle de Rubidium dans la cellule. En
effet, une pression trop basse fait du piégeage d’un atome un événement trop rare, et
donc entraı̂ne la formation d’un piège magnéto-optique contenant peu d’atomes et un
temps de chargement long, alors qu’une pression trop élevée est problématique à cause
des collisions, comme évoqué ci-dessus.
38 Généralités sur les réseaux optiques
Toutes les sources laser que nous utilisons sont des diodes laser : il est en effet assez facile
de se procurer des diodes laser dans le domaine de longueur d’onde utilisée. Pour obtenir
des faisceaux de puissance suffisante pour le piège et le réseau, nous utilisons les diodes
dans une configuration maı̂tre-esclave : une diode maı̂tre est asservie à la bonne fréquence
avec une largeur spectrale faible (de l’ordre ou inférieure à 1 MHz) et injecte ensuite une
diode esclave de puissance plus élevée. Nous verrons par la suite comment on effectue
l’injection.
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Comme diode maı̂tre, nous avons utilisé un laser TEC 100 fabriqué par la firme alle-
mande Sacher Laser Technik. Ce boı̂tier consiste en une diode laser collimatée et montée
en cavité étendue, ce qui signifie que l’on place un réseau de diffraction sur le trajet du fais-
ceau de sortie de la diode, celui-ci étant en configuration de Littrow : l’ordre de diffraction
-1 est rétro-réfléchi dans la diode, l’ordre 0 assurant le couplage à l’extérieur. On obtient
ainsi une cavité bien plus longue que celle initiale de la diode (- 5cm à comparer au mm)3 .
L’effet de cette cavité extérieure est de réduire l’espacement entre modes longitudinaux et
de rétrécir la largeur de la raie, puisque le réseau effectue une sélection en longueur d’onde
de la lumière réinjectée dans la diode laser. Un changement de l’angle du réseau, ainsi
qu’une translation de celui-ci (effectuée par l’intermédiaire d’une cale piézo-électrique)
permet aussi une certaine accordabilité en fréquence. Pour pouvoir stabiliser la fréquence
d’émission dans le temps, nous avons construit une boucle de compensation active qui
agit sur la cale piézo-électrique. D’autres paramètres sont susceptibles d’influencer la
fréquence d’émission, en particulier le courant d’alimentation de la diode laser ainsi que
la température de fonctionnement. Pour le courant d’alimentation, nous avons utilisé
des boı̂tiers construits au laboratoire qui sont stabilisés à moins d’un dixième de mA.
La température de fonctionnement est asservie au centième de degré par des modules à
effet Peltier. Remarquons aussi que deux prismes anamorphoseurs corrigent l’ellipticité
du faisceau issu de la diode.
Un grand avantage du montage commercial Sacher Laser Technik par rapport aux
boı̂tiers fabriqués dans le laboratoire est lié au fait que la diode utilisée possède un traite-
ment sur sa surface optimisant le couplage avec la cavité étendue : il en résulte un inter-
valle spectral libre supérieur à 6 GHz, ce qui permet d’observer le spectre d’absorption
saturée du Rubidium sur la raie D2 sans sauts de mode. De plus, ce boı̂tier, contenant
la diode et le réseau de diffraction, est très solide vis-à-vis des perturbations mécaniques
3
Des longueurs de cavité trop importantes induisent des comportements instables d’intensité et
fréquence laser [39]. Pour éviter toute réinjection accidentelle due à une retroréflexion du faisceau laser
on utilise des isolateurs optiques.
I.3 Réalisation expérimentale 39
(vibrations, courants d’air,...) qui peuvent arriver au cours d’une expérience 4 . Il s’ensuit
que les lasers peuvent rester asservis à la bonne fréquence plusieurs heures sans aucune
intervention humaine, ce qui facilite une automatisation massive de l’expérience et donc
la possibilité d’enregistrer un nombre considérable de données.
La puissance totale utilisable à la sortie du laser arrive à 15 mW (les diodes ont une
puissance nominale de 40 mW), une bonne partie de la puissance ayant été perdue dans
la réinjection. Cette puissance est tout à fait adaptée pour injecter deux diodes esclaves
plus puissantes, utilisées pour le PMO et le réseau brillant. Nous avons donc utilisé une
seule diode maı̂tre pour ces deux esclaves. Pour ce qui concerne le repompeur, une grande
puissance n’étant pas nécessaire, nous avons utilisé directement le faisceau issu du laser
maı̂tre.
- Régime de Raman-Nath (figure I.13.a) : l’onde émergente est diffractée dans les
différents ordres, l’intensité pour chaque ordre étant relativement faible. Il corre-
spond à la diffraction sur un cristal infiniment mince pour laquelle la condition I.33
joue un rôle mineur, étant donné que qac n’est pas bien défini.
4
Pour minimiser les chocs, la table optique sur laquelle l’expérience est réalisée est munie d’un système
pneumatique d’amortissement.
5
En termes quantiques, ceci correspond à une interaction photon-phonon.
40 Généralités sur les réseaux optiques
- Régime de Bragg (figure I.13.b) : l’onde incidente doit avoir un vecteur d’onde bien
défini pour qu’elle soit diffractée. Il y aura une seule onde émergente, avec une
intensité qui peut être très élevée. C’est le régime que l’on a dans un cristal infini.
a) νL+2νac
νL+νac
νL
νL
νL-νac
Pi zo ( νac) νL-2νac
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b)
νL νL+νac
νL
Pi zo ( νac)
Dans les expériences le cristal a une épaisseur d’environ 1.5 cm, ce qui nous place plutôt
dans le régime de Bragg6 . On arrive à obtenir une intensité de 75% dans le premier ordre
diffracté. Détaillons maintenant l’utilité d’un tel dispositif.
MAO
kL , ν
-kL , ν+2ν ac ν+νac,
ν+νac,
Figure I.14: Schéma du montage en double passage pour un MAO. Une lentille de focale
f est placée à une distance f du cristal, suivie par un miroir qui rétro-réfléchit la lumière.
On voit bien que pour n’importe quelle valeur de la fréquence acoustique νac , le faisceau
diffracté, va revenir sur lui-même pour sortir dans la direction opposée au faisceau incident
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Avant de terminer cette partie sur les MAO, quelques mots sur les sources RF qui les
pilotent. On en utilise trois types :
- Oscillateurs à quartz de fréquence fixe. Ils sont utilisés pour les interrupteurs rapi-
des, ayant des temps de réponse de l’ordre de 50ns.
- VCO (Voltage Controlled Oscillator), typiquement basés sur les puces MINI-CIRCUIT
POS-100, dont on peut contrôler fréquence et amplitude à l’aide d’une tension con-
tinue. Ils sont utilisés pour décaler en fréquence les faisceaux laser. Certains d’entre
7
Pour une extinction totale des faisceaux nous utilisons aussi des obturateurs mécaniques. Les temps
de réponse de ceux-ci sont de l’ordre de quelques ms.
42 Généralités sur les réseaux optiques
Les propriétés spectrales d’une diode en cavité étendue (largeur < 1MHz, accordabilité
sur quelques GHz sans saut de modes), sont tout à fait satisfaisantes pour nos applications.
Le problème qui reste à résoudre est la stabilisation de la fréquence de fonctionnement
des lasers, car celle-ci fluctue, essentiellement à cause des dérives thermiques, toujours
présentes. On choisit comme fréquence de référence pour asservir les lasers une fréquence
de transition du Rubidium, puisqu’il s’agit de l’atome que l’on veut refroidir. On doit
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stabiliser la fréquence à moins de quelques MHz (on rappelle que la largeur homogène
de l’état excité 5P3/2 vaut Γ - 2π·5.9 MHz). Il s’ensuit que nous devons nous affranchir
de l’élargissement inhomogène dû à l’effet Doppler (qui induit une largeur de l’ordre du
GHz pour un gaz à température ambiante). Pour ceci nous avons utilisé la technique de
spectroscopie par absorption saturée [41]. Elle consiste à envoyer sur une cellule contenant
du Rubidium une onde sonde S et une onde pompe P , de fréquences respectives νS et
νP = νS + δν et se propageant en sens opposés (on choisit un axe z tel que l’onde S se
propage le long de +z). L’onde P est suffisamment intense pour saturer la transition : les
atomes qui auront une composante de vitesse vsat le long de z telle que ν0 = νP (1 + vsat /c)
(avec ν0 fréquence de la transition atomique considérée, on supposera qu’il y en a qu’une)
vont donc constituer un milieu transparent pour la sonde. Or, ces mêmes atomes voient
l’onde S à la fréquence νS (1 − vsat /c), ce qui implique que lorsque ν0 = νS (1 − vsat /c),
la sonde cesse d’être absorbée par les atomes. Il s’ensuit que, lorsqu’on balaye les deux
fréquences νP et νS en gardant fixe le désaccord δν , une nette diminution de l’absorption
de la sonde aura lieu sur une plage de fréquence de l’ordre de Γ pour νS = ν0 − δν /2. En
regardant la transmission de la sonde on s’attend donc à voir une large raie (∼ 1 GHz)
d’absorption à laquelle se superpose une raie fine pour laquelle la sonde est transmise sans
être absorbée. En réalité, l’atome ne possède pas une seule résonance atomique (l’état
excité a plusieurs sous-niveaux hyperfins, très proches entre eux, par rapport à la largeur
de la raie inhomogène), ce qui complique le spectre de transmission. En effet, dans le cas
de deux fréquences de résonance ν1 et ν2 , on s’attend non seulement deux raies fines pour
les fréquences νS = ν1 − δν /2 et νS = ν2 − δν /2, mais aussi une raie fine pour la fréquence
νS = (ν1 + ν2 )/2 − δν /2, qui correspond au fait que la pompe sature une certaine classe de
vitesse d’atomes pour la transition ν1 alors que la sonde vient lire cette même classe de
vitesse sur la transition ν2 . Ces pics supplémentaires sont appelés croisements de niveaux.
Le spectre d’absorption saturée du Rubidium que l’on obtient est montré sur la figure
I.15. Le balayage de la sonde (et de la pompe) est fait en balayant la cale piézo-électrique
du réseau de diffraction du montage en cavité étendue.
Notre montage d’absorption saturée est montré sur la Figure I.16. Le faisceau pompe
I.3 Réalisation expérimentale 43
0.6
0.4 85
Rb 87
Rb
87 85
Rb Rb
2 → 1,2,3
0.2 1 → 0,1,2 2 → 1,2,3
−0.2
−0.4
−0.6
−0.8
−1
0 100 200 300 400 500
Fréquence (u.a.)
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Figure I.15: Spectre d’absorption saturée du Rubidium sur la raie D2. On observe quatre
raies avec un élargissement Doppler (qui correspondent aux deux sous-niveaux hyperfins
du fondamental pour les deux isotopes) et des structures plus fines, avec une largeur de
l’ordre de Γ.
est décalé en fréquence par rapport à la sonde par un MAO (en double passage), qui
est également modulé en fréquence à 10 kHz. Ceci permet, via une détection synchrone,
d’obtenir le signal dérivé du signal d’absorption saturée, qui peut être directement utilisé
comme signal d’erreur. Il est donc envoyé à la cale piézo-électrique.
En pratique, pour asservir la fréquence du laser, on commence par observer sur un
oscilloscope le signal d’absorption saturée en balayant la cale piézo (au départ le bal-
ayage du piézo est grand pour identifier les différentes raies du spectre, puis on réduit le
balayage en se positionnant sur la raie que l’on a choisie comme référence). La boucle
d’asservissement est dans ce premier temps encore ouverte, le signal d’erreur n’est donc
pas envoyé au piézo. Dans un deuxième temps, on interrompt le balayage de la cale piézo
et on ferme la boucle d’asservissement. Avec ce système d’asservissement on obtient une
très grande stabilité avec un jitter de l’ordre du MHz.
Comme nous l’avons déjà dit, la puissance maximum que l’on peut extraire des diodes
laser maı̂tres ne dépasse pas les 15 mW. Pour résoudre ce problème nous avons décidé
d’injecter des diodes plus puissantes. Le principe de l’injection est le même que celui
utilisé pour les diodes en cavité étendue : la présence de lumière à une certaine fréquence
dans la diode baisse le seuil d’oscillation pour cette fréquence, qui va donc être la fréquence
44 Généralités sur les réseaux optiques
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Figure I.16: Schéma du montage d’asservissement d’une diode en cavité étendue. Les
faisceaux pompe et sonde sont dérivés du même faisceau principal après le passage par un
isolateur optique. La pompe est décalée et modulée en fréquence avec un MAO en double
passage et croise la sonde dans une cellule qui contient une vapeur de rubidium. Le reste
de la puissance laser (à la fréquence de la sonde) peut être utilisé pour l’injection des
lasers esclaves.
à laquelle la diode va osciller. La diode de puissance est utilisée seulement comme amplifi-
cateur8 . Elle est montée sur un support fixe avec un objectif qui en assure la collimation.
Deux prismes anamorphoseurs corrigent l’ellipticité du faisceau issu de la diode comme
pour les diodes maı̂tres. Un isolateur optique empêche les instabilités de fonctionnement
dues à des rétro-réflexions et est aussi utilisé pour l’injection9 . Remarquons que l’injection
sera plus facile à réaliser si la fréquence naturelle du laser esclave est proche de la fréquence
imposée et si le faisceau injecteur est puissant. L’injection n’est donc efficace que sur une
plage restreinte de courant du laser esclave à une température donnée. Pour vérifier
l’injection de la diode laser, une technique simple consiste à contrôler l’absorption du fais-
ceau de sortie à travers une cellule de Rubidium : lorsque le laser est injecté, sa fréquence
d’oscillation se trouve près d’une transition atomique, et donc le faisceau est fortement
absorbé dans la cellule.
Une fois le laser esclave injecté, le faisceau émergent est filtré spatialement, à l’aide
d’une lentille de microscope et d’un diaphragme, pour obtenir un profil de faisceau propre.
8
En réalité, les diodes esclaves ne sont pas beaucoup plus puissantes que les diodes maı̂tres, mais
comme nous l’avons déjà dit une grosse partie de la puissance des diodes maı̂tres est perdue à cause du
montage en cavité étendue destiné à affiner la raie d’émission.
9
Le fonctionnement d’un isolateur optique se base sur un rotateur de polarisation de Faraday et d’un
biprisme polariseur. Une partie du faisceau rentrant dans l’isolateur va être éjecté par le biprisme. Si on
arrive à aligner le faisceau d’injection provenant du laser maı̂tre sur le faisceau éjecté, celui-ci va parcourir
le chemin du faisceau éjecté dans le sens inverse et rentrer dans la diode laser.
I.3 Réalisation expérimentale 45
Ceci est particulièrement important pour les faisceaux qui formeront le réseau optique,
car un profil irrégulier des faisceaux entraı̂nerait des profondeurs inégales des puits de
potentiel. A l’issue du filtrage spatial, la puissance laser disponible avoisine les 30 mW.
Le faisceau principal pour le PMO est divisé en trois faisceaux (qui se croisent en
aller-retour au centre de la cellule). Pour aligner ces faisceaux laser, ils sont rendus
assez fins (environ 1 mm) par le passage à travers un diaphragme (qui est complètement
ouvert pendant les expériences, et laisse donc passer les faisceaux entièrement, avec un
diamètre d’environ 1 cm). La vanne qui sépare la source de Rubidium de la cellule est
complètement ouverte, afin d’obtenir une très forte fluorescence des faisceaux, qui sont
donc visibles par une camera CCD, ou un viseur infrarouge. La puissance relative pour
chaque bras du PMO est réglée avec des lames demi-onde et des cubes polariseurs, en
optimisant le nombre d’atomes piégés ainsi que la forme du nuage atomique.
Pour aligner les faisceaux du réseau optique vers l’endroit où se trouve le PMO, nous
avons utilisé une technique plus astucieuse. On règle la fréquence du faisceau principal
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
à la résonance atomique et on le divise dans les quatre bras du tétraèdre. Chacun des
quatre bras passe à travers un diaphragme (lui aussi complètement ouvert pendant les
expériences) pour diminuer son diamètre à environ 1 mm avant de l’envoyer vers la cellule.
Lorsqu’un faisceau du tetraèdre est bien aligné sur le PMO, il creuse un trou dans le nuage
atomique à cause de la forte pression de radiation (les faisceaux sont à résonance). Une
fois les quatre faisceaux alignés, on peut régler leur fréquence pour les expériences. A
nouveau, les puissances des différents bras sont réglées à l’aide de lames demi-onde et de
cubes polariseurs. Ce réglage est très important et doit être effectué soigneusement, car
un petit déséquilibre des intensités des faisceaux laser entraı̂ne un très mauvais piégeage
des atomes.
3r2 d
Bz - µ0 N I z = bz z avec bz - 13G/cm. (I.34)
(r2 + d2 )5/2
Lors d’une séquence de travail, le courant doit être coupé assez rapidement pour éviter
que les atomes continuent à voir un champ magnétique parasite pendant leur phase de
refroidissement dans le réseau optique, un champ magnétique déplaçant les sous-niveaux
Zeeman et rendant bien compliquée toute interprétation des résultats expérimentaux. La
46 Généralités sur les réseaux optiques
coupure du courant est garantie par un relais statique commandé par un signal TTL. Sa
durée est de l’ordre d’1 ms. On verra dans le paragraphe suivant une séquence typique de
travail. L’emplacement des bobines qui créent le gradient de champ magnétique est aussi
très important, car le PMO va se former à l’endroit où le champ est nul. Une fois que l’on
a réussi à piéger un certain nombre d’atomes dans le PMO avec un réglage grossier, on
positionne plus précisément les bobines de façon que le nuage atomique des atomes dans
le PMO se forme exactement à l’endroit où les faisceaux se croisent.
Remarquons qu’un certain nombre de champs magnétiques parasites sont présents au
niveau de la cellule. Ils sont dus au champ magnétique terrestre et à tous les instruments
que l’on utilise. Pour pouvoir compenser ces champs magnétiques parasites, trois paires
(une paire par direction d’espace) de bobines de diamètre d’environ 1 mètre sont placées en
configuration Helmholtz. La compensation permet au moins de minimiser les composantes
statiques des champs parasites. La compensation des champs oscillants est plus difficile
car elle nécessiterait un système de compensation active ou un blindage en µ-métal de la
cellule (mais ce dernier est incompatible avec un grand accès optique, qui nous intéresse
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
pour les expériences). Le champ résiduel que nous avons obtenu est inférieur à la centaine
de mG.
Double passage
Esclave
Tec 100 MAO MAO T tra dre
R seau
R troaction
Absorption
satur e MAO Sonde 1
MAO
Ordre -1
PMO
Esclave Ordre 0
MAO MAO Sonde 2
Pi ge
MAO Pompe
R troaction
Absorption
satur e
Le schéma de principe du montage expérimental est représenté sur la figure I.17. Mis à
part les faisceaux qui créent le PMO et le réseau, d’autres faisceaux sont présents comme
diagnostics. Nous verrons plus en détail dans le chapitre suivant quelles sont les techniques
d’investigation que l’on a mises en place. Remarquons ici qu’au cours d’une expérience,
I.3 Réalisation expérimentale 47
plusieurs événements doivent se succéder avec une temporisation qui nécessite parfois une
précision assez élevée.
La génération de la séquence de travail est assurée par un programme LabView sur
un ordinateur PC fonctionnant sous Windows NT4. Le programme contrôle deux cartes
entrée/sortie National Instrument PCI-6025E et PCI-6713 possédant au total 40 voies
d’entrée/sortie numériques (dont 16 sont associées à une mémoire tampon dans laquelle
est mémorisé l’état des différentes voies au cours d’une séquence) ainsi que 16 entrées
et 10 sorties analogiques. Chacune des cartes possède en outre deux compteurs dont la
fréquence d’horloge est de 20MHz. La fréquence de mise à jour des sorties numériques
est de 1 kHz, ce qui permet de gérer le déclenchement des sorties avec un pas de 1ms et
une précision de 1 µs pour les sorties numériques. Le signal d’horloge pour les sorties
numériques provient d’un des compteurs de la carte. Le déclenchement de la séquence
pour les sorties analogiques est assuré par un signal TTL provenant d’une des sorties
numériques et correspondant au premier événement de la séquence, ce qui garantit une
bonne synchronisation entre les sorties numériques et analogiques. La précision atteinte
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
est de quelques dizaines de microsecondes pour les sorties analogiques. Notons toutefois
que le signal de déclenchement de la RF du MAO de coupure du tétraèdre provient d’un
compteur de la carte utilisé en générateur d’impulsion retardée déclenchée par une des
sorties numériques. En agissant sur le retard et la durée de l’impulsion générée par le
compteur, on peut ainsi régler plus finement la durée du réseau. On arrive à obtenir des
durées variables avec un pas de 10 µs et une précision de 1 µs.
Une séquence typique comprend :
- Une phase de piégeage des atomes dans le piège magnéto-optique qui dure de 1 à 3
secondes.
- Après une certaine durée du réseau, une phase de diagnostic qui peut être le
déclenchement d’une caméra CCD pour faire l’imagerie du nuage atomique, l’allumage
d’une sonde pour la spectroscopie, ou pour une mesure de température,...
Au-delà de tous ces événements, le programme peut ensuite faire varier d’une séquence
à l’autre l’intensité des faisceaux du réseau, l’instant de déclenchement de la caméra ou
la plage de balayage de la sonde (via une carte GPIB) afin d’automatiser l’acquisition
des données. Comme on l’a déjà dit, la stabilité du montage permet ainsi d’effectuer
des expériences pendant quelques heures sans intervention humaine. Le programme a été
réalisé par François-Régis Carminati au cours de sa thèse (précédente à la mienne) et il
s’est révélé essentiel pour la réalisation de certaines expériences où un nombre considérable
de paramètres physiques devaient varier.
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Chapitre II
Dans le chapitre précédent nous avons vu comment un réseau optique peut être réalisé
à partir de la figure d’interférence de plusieurs faisceaux laser. Nous n’avons pas présenté
les méthodes de diagnostics pour caractériser les atomes piégés dans les réseaux, en partic-
ulier pour étudier leur dynamique. Nous allons dans ce chapitre présenter dans le détail les
techniques expérimentales utilisées dans notre groupe et donner un aperçu d’autres tech-
niques expérimentales et des méthodes d’étude théoriques. Nous allons aussi présenter un
certain nombre de résultats expérimentaux obtenus au cours de mon séjour dans l’équipe
mais qui ne sont pas le thème central de cette thèse.
où vi2 est la moyenne du carré de la vitesse dans la direction i. Cette définition de la
température ne demande pas que la distribution d’impulsion π(p) des atomes soit Gaus-
sienne, comme on l’attend pour un gaz qui suit la statistique de Maxwell-Boltzmann 1 ,
On suppose ici que les effets de statistique quantique ne jouent pas de rôle, étant donné que le gaz
1
et n’empêche pas d’obtenir des températures différentes pour les différentes directions de
l’espace.
photodiode
oscilloscope
Figure II.1: Principe de la technique de mesure de température par temps de vol : les
atomes tombant croisent un faisceau sonde permettant de mesurer la taille du nuage après
un certain temps de chute permettant ainsi de mesurer la distribution de vitesse initiale
et donc la température.
M 2 2
Tz = [g σt − (σz2 + σdet
2
)/t20 ] (II.3)
kB
Le même principe peut être facilement utilisé pour mesurer les distributions d’impulsion
dans les trois directions de l’espace, si l’on arrive à enregistrer les profils spatiaux du
nuage atomique (par des méthodes d’imagerie comme celle que l’on verra dans la section
suivante) après un temps fixe d’expansion libre.
à couper les faisceaux laser dans le cas d’un réseau optique) et on envoie deux faisceaux
(une pompe et une sonde) sur le nuage atomique. La pompe et la sonde forment un petit
angle 2φ, et ont des pulsations respectives ωP et ωS = ωP + δ 3 . Plaçons-nous dans la
représentation en impulsion pour l’atome et étudions les transitions Raman entre deux
états d’impulsion différente |p% et |p! %. La conservation de l’énergie et de l’impulsion
impose
- -
- p2 p!2 --
-
- − - = h̄δ (II.4)
- 2M 2M -
| p − p! | = 2h̄kL φ. (II.5)
Ces deux conditions impliquent que pour un désaccord δ, seuls les atomes qui ont une im-
pulsion dans la direction transverse (par rapport aux faisceaux pompe et sonde) |p trans | =
Mδ
2kL φ
peuvent effectuer une transition Raman stimulée résonnante (voir figure II.2). La
probabilité d’effectuer cette transition Raman stimulée est pondérée par la différence de
population entre les états de départ et d’arrivée. Le faisceau de fréquence la plus élevée
est absorbé, étant donné que les états de grande impulsion sont moins peuplés. Si la distri-
bution en impulsion transverse P(p) est large par rapport à δp = 2h̄kL φ, on peut montrer
[43, 44] que le spectre de transmission de la sonde, obtenu en balayant δ, est proportionnel
à la dérivée de P(p) 4 . En effet, le signal de transmission de la sonde est proportionnel
à la différence de population entre les états initiaux et finals, P(p) − P(p − δp). A par-
tir de la dérivée de P(p), on obtient immédiatement une température dans la direction
3
On choisit ωP et ωS pas trop près d’une résonance atomique pour que l’absorption des faisceaux
ne masque pas l’effet non-linéaire qui nous intéresse. Typiquement le désaccord de pompe et sonde par
rapport à la résonance atomique vaut 10Γ dans les expériences. Pour ce qui concerne les intensités de la
pompe et de la sonde, elles valent ∼ 100µW/cm2 . La pompe est un faisceau large qui recouvre tout le
nuage atomique, alors que la sonde est un faisceau très fin (moins d’1 mm) qui passe au centre du nuage
atomique.
4
Dans les expériences, les spectres de résonance de recul sont typiquement obtenus en balayant δ/2π
entre -50 kHz et +50 kHz en 1 ms.
52 Techniques d’investigation des réseaux optiques
E Pompe E
Sonde
ptrans ptrans
2hkφ 2hkφ
Figure II.2: Principe des résonances induites par le recul : la différence de population des
différentes classes d’impulsion peut conduire soit à l’amplification soit à l’absorption de
la sonde. L’onde de fréquence la plus élevée est absorbée.
transverse. Evidemment il est possible d’obtenir des informations sur la température dans
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
les trois directions de l’espace en changeant la géométrie des faisceaux pompe et sonde.
L’équivalence de cette méthode avec le temps de vol a été prouvée expérimentalement
[45].
2θ
2
2θ 4
pompe
2ϕ
sonde 1
y
O
x
Figure II.3: Mesure de la température par résonances induites par le recul. Cette config-
uration correspond à une mesure de la température selon x.
Comme le temps de vol, cette méthode de mesure est destructive : à la fin de la mesure il
n’y a plus d’atomes piégés. En revanche, un des intérêts de cette technique réside dans le
fait que la mesure de température peut se faire très rapidement après que les atomes sont
libérés du piège. Ceci se révèle essentiel si l’on veut par exemple mesurer la distribution
d’impulsion dans un condensat de Bose-Einstein [46]. En effet, avec la technique de temps
de vol, à cause des interactions, les atomes subissent une accélération au cours de leur
II.1 Mesure de température 53
expansion balistique, ce qui fait que la distribution d’impulsion mesurée par cette méthode
n’est pas celle des atomes condensés dans le piège.
40 40
T (µK)
T (µK)
30 30
20 20
10 10
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
40 40
Δ=−42 MHz Δ=−52 MHz
30 30
T (µK)
T (µK)
20 20
10 10
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
40 2
IL (mW/cm )
Δ=−62 MHz
30 θ=200
θ=300
T (µK)
θ=400
20
10
0 1 2 3 4 5 6 7
2
IL (mW/cm )
Figure II.4: Température des atomes dans la direction x en fonction de l’intensité par
faisceau du réseau pour différents désaccords et différents angles du réseau.
54 Techniques d’investigation des réseaux optiques
b) Relaxation de la température
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180
160
140
120
Température (µK)
100
80
60
40
20
0
0 50 100 150 200 250 300
Durée du réseau (µs)
Figure II.5: Température des atomes en fonction de la durée du réseau. On voit que la
décroissance est exponentielle.
où Ti,x et Tf,x sont respectivement les températures initiale et finale des atomes dans le
réseau dans la direction x. Les résultats expérimentaux de γTx en fonction de l’intensité
du réseau optique pour différents désaccords sont reportés sur la figure II.6.
30 25
Δ = −24 MHz
Δ = −30 MHz
25
20
Taux de relaxation (kHz)
15
10
10
5
5
0 0
0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Intensité des faisceaux du réseau (mW/cm²) Intensité des faisceaux du réseau (mW/cm²)
20 20
18 18
Δ = −34 MHz Δ = −40 MHz
16 16
Taux de relaxation (kHz)
14 14
12 12
10 10
8 8
6 6
4 4
2 2
0 0
0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
Intensité des faisceaux du réseau (mW/cm²) Intensité des faisceaux du réseau (mW/cm²)
16 16
14 14 Δ = −50 MHz
Δ = −44 MHz
12 12
Taux de relaxation (kHz)
10 10
8 8
6 6
4 4
2 2
0 0
0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
Intensité des faisceaux du réseau (mW/cm²) Intensité des faisceaux du réseau (mW/cm²)
On peut voir sur ces figures que le taux de relaxation γTx est une fonction linéaire de
l’intensité des faisceaux du réseau et une fonction décroissante de la valeur absolue du
désaccord du réseau. En particulier, γTx est proportionnel au taux de pompage optique Γ!0
et quasiment indépendant du déplacement lumineux ∆!0 . Cela peut s’expliquer simplement
par le fait que le processus de refroidissement Sisyphe s’appuie sur le pompage optique
entre les différentes nappes de potentiel. Nos résultats sont en très bon accord avec ceux
obtenus par G. Raithel et al. [51], dans lesquels le taux de relaxation de la température
est obtenu indirectement en étudiant la localisation atomique par diffraction de Bragg du
réseau optique. En effet, comme on l’a vu dans le premier chapitre, le mécanisme Sisyphe
conduit à la fois au refroidissement et à la localisation d’atomes au fond des puits de
potentiel.
Il s’agit d’un diagnostic très utilisé dans toutes les expériences d’atomes froids. Il
permet d’obtenir des informations à la fois sur la dynamique des atomes piégés et sur
leur distribution de vitesse, par temps de vol. Dans les réseaux brillants cette technique
est relativement simple à mettre en place, étant donné que les atomes émettent une forte
lumière de fluorescence qui peut être directement détectée par une caméra CCD. Dans
la pratique, pour améliorer le rapport signal/bruit des images on moyenne un certain
nombre d’acquisitions correspondant aux mêmes paramètres physiques.
300
Intensité de fluorescence (u.a.)
250
200
150
100
50
Figure II.7: (gauche) Image du nuage atomique après 20 ms dans le réseau. Cette image
représente la moyenne de 4 acquisitions. (droite) Profil du nuage atomique dans une
direction donnée. Un ajustement avec une gaussienne est tracé en pointillé.
Nous avons utilisé la technique d’imagerie pour étudier la diffusion des atomes dans
un réseau brillant [30]. En effet, comme on l’a vu dans le chapitre précédent, les atomes
ne restent pas piégés indéfiniment dans un puits de potentiel, mais effectuent une marche
au hasard d’un site à l’autre. Dans cette section, nous allons très brièvement rappeler les
propriétés du mouvement Brownien [52, 53] pour présenter la méthode de mesure ainsi
II.2 Imagerie du nuage atomique 57
d α
p = − p + F(t) (II.7)
dt M
où p est l’impulsion de la particule, α le coefficient de friction et F(t) une force aléatoire
de moyenne nulle et de fonction de corrélation en δ de Dirac5 :
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Le terme Dp,i est appelé coefficient de diffusion en impulsion (dans la direction i). On
montre [53] que
2Dp,i t
p2i = pour t * M/α (II.9)
α
M Dp,i
p2i = pour t + M/α. (II.10)
α
En utilisant le théorème d’équipartition de l’énergie une fois que l’on a atteint l’équilibre,
on obtient à partir de II.10 :
p2i 1
= kB T ⇒ Dp,i = αkB T (II.11)
2M 2
kB T
Di = . (II.13)
α
# $
x2 y2 z2
n(x, y, z, t) = n0 (t) exp − − − (II.15)
[σx (t)]2 [σy (t)]2 [σz (t)]2
√
où σi (t) = 4Di t (i = x, y, z). Si on calcule la valeur quadratique moyenne x2i de la
position au cours du temps on retrouve le résultat de l’équation II.12. Remarquons que
dans un modèle de marche au hasard, le coefficient de diffusion Di sera lié au libre parcours
moyen di et au temps τ entre deux pas successifs par la relation
d2i
Di = . (II.16)
2τ
Une fois les images prises, nous avons vérifié que le profil d’intensité de la fluorescence
du nuage atomique (proportionnel à la densité atomique) dans une direction donnée reste
gaussien au cours de la diffusion. Ceci est fait avec un programme en MATLAB ' qui
2
calcule aussi la position du centre de masse des atomes et la largeur σi (t) = xi (t) du
nuage dans la direction i à l’instant t (voir la figure II.7).
A partir des largeurs du nuage aux différents instants, nous avons vérifié l’hypothèse
que l’expansion correspond à une diffusion normale, avec une dépendance linéaire du
carré de la largeur du nuage avec le temps t (équation II.126 ). Une courbe expérimentale
typique est montrée sur la Figure II.8. Nous avons obtenu le coefficient de diffusion Di à
travers un ajustement linéaire de x2i en fonction du temps.
Remarques
- La technique d’imagerie que l’on a mise en place permet aussi de mesurer la position
du centre de masse du nuage atomique au cours du temps. Ceci n’est pas très utile
si on s’intéresse à la diffusion atomique dans un réseau brillant, étant donné que
le centre de masse ne bouge pas, mais se révélera essentiel pour l’étude d’autres
6
Le nuage atomique ayant une largeur finie σi (0) au départ, l’équation II.12 devient x2i −σi2 (0) = 2Di t.
60 Techniques d’investigation des réseaux optiques
0.7
0.5
0.4
0.3
0
0 20 40 60 80 100 120 140
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
phénomènes de transport dans les réseaux optiques, comme on le verra dans les
chapitres suivants.
Nous avons mesuré [30] les coefficients de diffusion dans les directions z et ξ, l’axe ξ
étant perpendiculaire à z et formant un angle de 45◦ avec les axes x et y (Figure II.9).
Ce choix est dicté par le fait que les axes x et y sont complètement équivalents dans la
configuration Lin ⊥ Lin 3D, quand θx = θy = θ (Figure II.3).
Figure II.9: Position de la caméra et du plan d’imagerie par rapport aux axes x, y et z.
Nos résultats expérimentaux sont montrés sur la Figure II.10. Remarquons avant tout
que les valeurs expérimentales trouvées pour les coefficients de diffusion sont du même
II.2 Imagerie du nuage atomique 61
8000 12000
Δ=−32 MHz Δ=−32 MHz
10000
6000 0
θ=20
0 8000
θ=30
2πMDz/h
2πMDξ/h
0
θ=40
4000 6000
4000
2000
2000
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
6000 12000
Δ=−42 MHz Δ=−42 MHz
5000 10000
4000 8000
2πMDz/h
2πMDξ/h
3000 6000
2000 4000
1000 2000
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
5000 2000
Δ=−52 MHz Δ=−52 MHz
4000
1500
2πMDz/h
2πMDξ/h
3000
1000
2000
500
1000
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
6000 4000
Δ=−62 MHz Δ=−62 MHz
5000
3000
4000
2πMDz/h
2πMDξ/h
3000 2000
2000
1000
1000
0 0
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
2 2
IL (mW/cm ) IL (mW/cm )
Figure II.10: Résultats expérimentaux pour les coefficients de diffusion dans les directions
ξ et z en fonction de l’intensité par faisceau laser du réseau pour différents désaccords et
angles du réseau.
ordre de grandeur que celles obtenues pour des mélasses optiques à six faisceaux [56], ou
dans les réseaux quasi-périodiques [57].
62 Techniques d’investigation des réseaux optiques
Nous observons que Dξ est une fonction croissante de l’intensité des faisceaux du
réseau. Ceci est en accord avec des simulations numériques [30, 47] qui prévoient une
dépendance linéaire, et s’explique aisément si l’on considère que le mécanisme principal
de diffusion est le saut d’un puits à l’autre par pompage optique (paragraphe I.1.5). Etant
donné que le pompage optique augmente avec l’intensité laser IL , il est clair que le temps
de piégeage d’un atome dans un puits de potentiel sera plus court et le coefficient de
diffusion plus important lorsque IL est grand.
En revanche, cette dépendance simple du coefficient de diffusion avec l’intensité n’est
pas observée dans la direction z. En particulier, à très basse intensité IL , Dz présente
une augmentation que l’on attribue à une transition vers une diffusion anormale (dans
laquelle le carré de la largeur ne croı̂t pas linéairement dans le temps). Cependant, nous
n’avons pas une preuve certaine de cette interprétation.
Un autre résultat remarquable que l’on observe est la claire diminution de Dξ lorsque
l’angle θ augmente. A nouveau, l’image d’une diffusion due aux sauts d’un puits à l’autre
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
permet une interprétation simple. En effet, les pas du réseau dans les directions x et y
λL
sont λx = λy = sin θ
. Il est donc clair qu’une diminution de θ entraı̂nera des pas plus
grands le long de x et y lors de la marche au hasard des atomes dans le réseau, donc un
coefficient de diffusion plus grand. L’effet est moins visible dans la direction z, car pour
λL
les angles étudiés (20◦ , 30◦ , 40◦ ), le pas du réseau λz = 2 cos θx
ne change pas beaucoup
dans cette direction.
2π/Δk
Sonde (ωs = ωp+δ, ks)
2θy
2θx
Sonde
y
x
z
Figure II.12: Configuration standard des faisceaux pour la spectroscopie pompe-sonde : les
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
0.8
Rayleigh
0.6
Transmission de la sonde (u.a.)
0.4
0.2
0 Raman
−0.2 Brillouin
Brillouin
−0.4 Raman
−0.6
−0.8
−1
−300 −200 −100 0 100 200 300
Désaccord Pompe−Sonde (kHz)
Figure II.13: Spectre pompe-sonde dans le cas où les faisceaux du réseau servent de
faisceaux pompe. On observe sur ce spectre, obtenu dans un réseau de 85 Rb, plusieurs
résonances en absorption et en amplification (Raman et Brillouin) et une résonance cen-
trale (Rayleigh). L’intensité des faisceaux est de 4.5 mW/cm2 , le désaccord vaut -9Γ et
l’angle entre les faisceaux du réseau et l’axe Oz est 30 ◦ . Le spectre est obtenu en balayant
δ/2Π entre -300 kHz et +300 kHz, en 10 ms.
II.3 Spectroscopie pompe-sonde 65
Pompe
Sonde
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Figure II.14: Transitions Raman stimulées en spectroscopie pompe-sonde. Les niveaux les
plus bas étant les plus peuplés, on peut observer une amplification ou une absorption de
la sonde en fonction de son désaccord par rapport aux faisceaux du réseaux.
Dans les premières expériences [60] les largeurs mesurées (∼ 30 kHz), extrêmement
inférieures au taux de diffusion des photons, furent difficiles à interpréter. En réalité,
comme on l’a vu dans le chapitre précédent le facteur de rétrécissement de Lamb-
Dicke allonge considérablement la durée de vie des niveaux vibrationnels.
Il n’est pas nécessaire d’utiliser une description purement quantique de la dynamique
atomique pour expliquer les résonances Raman. En effet, d’un point de vue clas-
sique, elles correspondent à une excitation résonnante des oscillations (classiques)
des atomes au fond des puits de potentiel. L’absorption (ou l’amplification) du fais-
ceau sonde viendra de l’interférence entre celui-ci et l’onde pompe diffractée par les
8
En général, il est relativement difficile de connaı̂tre avec précision l’intensité du réseau, obtenue par
la mesure de la puissance et du diamètre des faisceaux, cette dernière mesure étant très imprécise. En
pratique, il est plus simple de déduire l’intensité du réseau à partir de la fréquence d’oscillation Ω z mesurée
par spectroscopie à travers la relation I.31.
66 Techniques d’investigation des réseaux optiques
atomes oscillants.
l’objet d’une longue étude (théorique et expérimentale) dans notre groupe [29, 59,
64, 65, 66]. Comme nous l’avons dit, l’interférence pompe-sonde engendre une mod-
ulation de polarisation ou d’intensité lumineuse se déplaçant à une vitesse propor-
tionnelle au désaccord pompe-sonde δ, et avec une périodicité qui est en général
différente de celle du réseau optique (Figure II.11). Cette modulation se répercute
sur le potentiel optique vu par les atomes ainsi que sur le taux de pompage optique.
Les atomes doivent en permanence se réadapter à un champ électromagnétique
différent, ce qui donne lieu à un réseau d’une (ou plusieurs) observable atomique.
Evidemment la réadaptation au nouveau champ se fait en général avec un certain
retard, dû au temps de réponse fini des atomes. Le réseau de l’observable atom-
ique sera donc en général décalé par rapport au réseau de lumière, ce qui permet
un mélange entre les ondes pompe et sonde [62]. Si on s’intéresse à l’allure de
cette résonance, on observe que pour δ=0, l’interférence pompe-sonde ne bouge pas
et donc le réseau de l’observable et le réseau lumineux sont superposés. On ne
s’attend donc à aucune amplification (ou absorption) non-linéaire de l’onde sonde.
De la même façon, pour des valeurs très grandes de |δ|, l’interférence lumineuse se
déplace à une vitesse trop élevée par rapport au temps de réponse des atomes, et
donc aucune modulation d’observable n’est engendrée dans le milieu. Enfin, pour
des valeurs de |δ| petites mais non nulles, le réseau d’observable est créé avec un
décalage par rapport au réseau lumineux et le mélange à deux ondes est possible.
Un calcul détaillé [64], montre que la résonance Rayleigh va être la superposition de
plusieurs raies en forme de dispersions 9 , chacune correspondant à une observable
différente et ayant une largeur de raie strictement liée au taux de relaxation vers
l’équilibre de l’observable mise en jeu. Par la mesure d’une largeur de raie, il est
9
En réalité les raies peuvent avoir une allure qui est la somme d’une dispersion et d’une Lorentzienne
de même largeur. Ceci est dû au fait que dans un réseau optique, la pression de radiation liée à l’ajout
d’une onde sonde peut décaler le réseau de l’observable atomique par rapport au réseau de lumière,
même pour δ = 0. Cet effet, qui rappelle beaucoup l’effet photoréfractif que l’on rencontre dans certains
matériaux comme le LiN bO3 ou le BaT iO3 [67], est expliqué en détail dans la référence [65].
II.3 Spectroscopie pompe-sonde 67
donc possible d’extraire des informations précises sur le taux de relaxation d’une
observable spécifique.
Es E0∗
δ(I+ − I− ) = − cos(Ky) exp[i(∆2 Kz − δt)] + c.c. (II.18)
2
avec
Ce qui est très intéressant ici est que l’on peut déduire par des mesures indépendantes
la valeur de γD (en mesurant les coefficients de diffusion par imagerie), ainsi que les taux
de relaxation de la température (par résonance de recul), et donc nous allons pouvoir
vérifier si le modèle théorique pour la résonance Rayleigh est correcte.
En ce qui concerne les expériences, nous avons étudié la raie fine centrale des spectres
pompe-sonde comme celui sur la Figure II.13, en fonction du désaccord à résonance des
faisceaux du réseau et de leur intensité. Nous avons observé que cette raie a une forme
qui s’ajuste très bien avec la somme d’une Lorentzienne et d’une dispersion de même
largeur γR . Ce résultat qui semble surprenant (on attendait deux contributions de largeurs
différentes) a une explication, comme on le verra par la suite. Les résultats expérimentaux
pour γR sont reportés sur la figure II.15 (gauche).
Δ=−34 MHz
3 30
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Δ=−40 MHz
2 20
1 10
0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
2 2
IL (mW/cm ) IL (mW/cm )
Nous observons que γR varie entre 1.5 et 4 kHz pour la plage de valeurs étudiée.
Elle dépend de façon linéaire de l’intensité du réseau et diminue lorsque le désaccord
augmente. Ces résultats expérimentaux sont en plein accord avec ceux trouvés par des
méthodes analogues (spectroscopie par corrélation d’intensité, transitoire cohérent) dans
les références [68] et [25].
Sur la figure II.15 (droite) sont reportées les valeurs pour γD déduites de la mesure des
coefficients de diffusion. Un résultat apparaı̂t évident : la largeur γD due à la relaxation
de la densité atomique par diffusion est 4 ordres de grandeur plus élevée que γR ! De plus,
d’un point de vue expérimental la largeur γD est quasiment impossible à mesurer, étant
donnée la difficulté de balayer en fréquence le faisceau sonde avec une telle ampleur. Il
n’est donc pas surprenant que cette contribution ne soit pas observée dans les spectres.
En revanche, si on compare les résultats expérimentaux pour γR aux résultats pour
la relaxation de la température (voir Figure II.6), non seulement on trouve les mêmes
ordres de grandeur entre γTx et γR , mais aussi les mêmes dépendances en fonction des
paramètres du réseau. Cependant, une comparaison quantitative exacte n’est pas pos-
sible car l’excitation pompe-sonde se propage le long de z, alors que les taux de re-
II.3 Spectroscopie pompe-sonde 69
laxation de la température ont été mesurés le long de x. Enfin, observons que nos
résultats expérimentaux ont été tout à fait confirmés par des simulations Monte-Carlo
semi-classiques (§ II.5.3), dans lesquelles nous avons aussi observé la contribution de
largeur γD au spectre due à la modulation de densité [66].
2θ
2
2θ 4
sonde 2ϕ
pompe
1
y
O
x
−0.1
−0.15
Rayleigh
Raman
−0.2
Brillouin
Transmission de la sonde (u.a.)
−0.25
−0.3
−0.35
Brillouin
−0.4
Raman
−0.45
−0.5
−0.55
−150 −100 −50 0 50 100 150
Désaccord pompe−sonde (kHz)
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Figure II.17: Spectre de transmission de la sonde dans le cas où pompe et sonde sont
des faisceaux indépendants de ceux créant le réseau. Les polarisations de la pompe et de
la sonde sont parallèles à l’axe y. On observe alors les mêmes résonances que dans la
configuration pompe-sonde standard.
la densité atomique.
λB
θi
Regardons le cas simple d’un réseau cubique de pas d. Lorsqu’on envoie dans le milieu
un faisceau de longueur d’onde λB (voir la figure II.18 ) on s’attend à une interférence
constructive entre la lumière réfléchie par deux plans d’atomes adjacents seulement si
l’angle d’incidence θi satisfait la relation
2d cos θi
= n, (n entier) (II.20)
λB
Remarquons qu’il y a aura une grande différence entre la diffraction de Bragg dans un
cristal et celle dans un réseau optique. En effet, les pas d vont différer de quatre ordres de
grandeur (typiquement d - 0.1 nm dans les cristaux, et d - λL - 1 µm dans les réseaux
optiques). Il s’ensuit que la diffraction de Bragg, qui se produit dans les cristaux avec des
rayons X (λB ∼ 0.1 nm) , aura lieu dans les réseaux optiques pour des longueurs d’onde
de l’ordre de λL .
Le mélange à quatre ondes est un phénomène d’optique non-linéaire dans lequel deux
photons sont absorbés et deux autres sont émis [33]. Il peut être observé par spectroscopie
pompe-sonde. La condition d’accord de phase, qui exprime la conservation de l’impulsion,
assure une amplification cohérente des photons émis à une fréquence donnée et dans une
direction précise. Deux phénomènes de mélange à quatre ondes ont été mis en évidence
dans les réseaux optiques : la conjugaison de phase et la diffusion élastique cohérente.
L’analyse spectrale de la lumière de fluorescence émise par les atomes piégés dans les
réseaux optiques apporte des renseignements supplémentaires sur la dynamique atom-
ique. C’est avec cette méthode qu’un rétrécissement de type Lamb-Dicke, et donc une
localisation atomique à l’échelle de la longueur d’onde laser a été mis en évidence pour la
première fois en 1990 [26].
Dans cette section nous allons introduire les méthodes théoriques d’investigation des
réseaux optiques. Les équations de départ communes à toutes ces méthodes sont les
équations de Bloch optiques [19], qui régissent l’évolution de la matrice densité ρ. Nous
nous plaçons toujours dans un régime de faible saturation, s0 * 0, et de faible vitesse des
atomes, kL v * Γ. Les populations ρgg vont, dans ces limites, évoluer beaucoup plus lente-
ment que les populations ρee et les cohérences ρeg (les temps caractéristiques d’évolution
sont respectivement (s0 Γ)−1 et Γ−1 ). Il est alors possible d’éliminer adiabatiquement
l’état excité et les cohérences optiques et d’obtenir des équations pour la restriction σ de
la matrice densité ρ à l’état fondamental. Les équations que l’on obtient pour σ prennent
la forme [18, 19] :
# $
dσ 1 dσ
= [Hef f , σ] + (II.21)
dt ih̄ dt relax
P 2
où Hef f = 2M + Λ(r). Λ(r) est l’opérateur déplacement lumineux que nous avons déjà
introduit dans le chapitre précédent. Le terme ( dσ )
dt relax
est un terme dissipatif qui décrit
le processus d’émission spontanée.
L’équation II.5 n’a pas en général de solution analytique. Il faut donc avoir recours à
des approximations supplémentaires, qui conduisent à différentes méthodes de calcul.
fonctions d’onde atomiques dans la base des états de Bloch on trouve l’existence de bandes
d’énergie permises et interdites. Pour traiter le terme de relaxation ( dσ )
dt relax
, on a recours
à une approximation supplémentaire, appelée approximation séculaire, qui consiste en
pratique à négliger les couplages entre cohérences et populations et entre cohérences qui
évoluent à des fréquences différentes. L’approximation séculaire correspond en pratique
au régime oscillant Ωv + Γ!0 . Remarquons enfin un inconvénient de cette méthode pour
décrire la dynamique atomique à 2D et 3D, car la dégénérescence des bandes y est plus
élevée, ce qui limite le domaine de validité de l’approximation séculaire [73].
12
Les quelques simulations que je présenterai dans cette thèse, effectuées par Laurent Sanchez-Palencia
[76] ont toujours été réalisées dans le cas de cette transition.
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Chapitre III
Dans ce chapitre nous allons étudier en détail les modes de propagation Brillouin des
atomes dans les réseaux brillants. Ces modes de propagation correspondent à une suite
de demi-oscillations dans un puits de potentiel suivies par des cycles de pompage optique
vers le puits adjacent. Ils ont une grande analogie avec les modes qui se produisent dans
des milieux plus denses (d’où le nom de Brillouin donné aux modes) avec la formation d’un
réseau de matière se déplaçant à une vitesse bien définie, mais ils en diffèrent notablement
à cause des très faibles interactions inter-atomiques qui empêchent la propagation d’une
onde acoustique dans le milieu.
Nous verrons que ces modes peuvent être excités de plusieurs façons et que leur
détection est possible soit par imagerie que par spectroscopie pompe-sonde [61, 77, 78, 79].
Le plan du chapitre est le suivant : dans la section III.1 nous introduisons les modes de
propagation Brillouin et nous calculons la vitesse de propagation des atomes participant
au mode.
L’étude des mécanismes d’excitation du mode Brillouin est l’objet de la section III.2.
Nous montrons comment des modulations d’intensité ou de polarisation lumineuses peu-
vent induire l’excitation du mode dans une direction spécifique. Nous calculons les con-
ditions sur les vitesses de phase des modulations pour que l’excitation soit résonnante.
L’ajout d’une modulation d’intensité ou de polarisation induit la formation d’un réseau
de densité atomique, les atomes se plaçant aux endroits où la modulation exerce une force
maximale.
Dans la section III.3, nous montrons comment il est possible de créer de telles modu-
lations en ajoutant deux faisceaux aux quatre qui forment le potentiel optique statique.
Nous étudions la configuration dans laquelle les deux faisceaux supplémentaires se propa-
gent dans le plan xOz et sont symétriques par rapport à l’axe z, avec lequel ils forment
un angle ϕ. En fonction de la polarisation de ces faisceaux de modulation, il est possible
d’engendrer une modulation d’intensité ou de polarisation lumineuse qui se propage selon
76 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
passer dans le puits adjacent. Il peut alors effectuer une demi-oscillation dans le puits σ − ,
pour être pompé de nouveau vers le sous-niveau |mg = +1/2%. Il peut alors effectuer une
nouvelle demi-oscillation, être pompé en |mg = −1/2% et ainsi de suite, comme le montre
la figure III.1. Cette suite de demi-oscillations suivies de cycles de pompage optique vers
les puits adjacents va donc induire un mouvement de l’atome dans une direction spécifique.
exc
énergie
g+
g−
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
x
λx
Il est facile de calculer la vitesse de propagation d’un atome dans le mode si on néglige
l’anharmonicité des potentiels lumineux et l’éventuel excès d’énergie de l’atome par rap-
port à la profondeur des puits 2 . En effet, si τi /2 = π/Ωi est la durée d’une demi-oscillation
libre dans la direction i dans un puits de potentiel, et λi est le pas du réseau, on obtient
une vitesse du mode dans la direction i :
λi /2 λi Ωi
vi = = (III.1)
τi /2 2π
où Ωi est la pulsation des oscillations libres dans les puits de potentiel selon la direction
i.
Sur la Figure III.2 est reportée une trajectoire atomique obtenue par simulation Monte-
Carlo semi-classique (extraite de la référence [63]). On observe que l’atome est au départ
piégé dans un puits de potentiel où il effectue des oscillations, puis il se propage à une
vitesse bien définie sur quelques puits de potentiel, pour finir de nouveau piégé. Remar-
quons l’importance essentielle de la synchronisation entre le mouvement de l’atome et le
pompage optique d’une courbe de potentiel à l’autre au cours de la propagation.
2
Remarquons que les deux effets tendent à se compenser car l’anharmonicité rend les oscillations plus
lentes, alors que l’excès d’énergie par rapport à la profondeur des puits les rend plus rapides.
78 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
Oscillation
z/λ
2
0
Propagation
-2 Velocity =
Average
slope
Oscillation
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
. /
2π
δI(x, t) = δI0 cos (x − vmod t) . (III.2)
λmod
Cette modulation de l’intensité va créer deux potentiels optiques δU∓ (x, t) (pour les
sous-niveaux |mg = ∓1/2%) en mouvement à la même vitesse de phase vmod , qui s’ajoutent
aux potentiels optiques statiques U∓ (x) dus aux faisceaux du réseau 3 . Du fait que la
3
On choisira la fréquence des faisceaux qui créent la modulation suffisamment loin de la fréquence des
III.2 Excitation des modes Brillouin 79
modulation de la lumière concerne seulement son intensité, les potentiels δU∓ (x, t) sont
identiques :
. /
2π
δU+ (x, t) = δU− (x, t) = δU cos (x − vmod t) . (III.3)
λmod
Sur la Figure III.3 sont reportés les potentiels U∓ (x) et δU∓ (x, t). Nous nous plaçons
a)
U+ U-
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
λx
vmod
b)
δU+ = δU
λmod
Figure III.3: a) Potentiels optiques (statiques) dus aux faisceaux du réseau dans la direc-
tion Ox. b) Potentiels optiques (en mouvement) dus à une modulation d’intensité de pas
λmod se propageant le long de x avec une vitesse de phase vmod .
dans le cas où les potentiels δU∓ (x, t) sont une faible perturbation par rapport aux po-
tentiels U∓ (x).
Cherchons maintenant la condition sur la vitesse vmod pour que le mode Brillouin soit
excité. Lorsque les modulations δU∓ (x, t) se déplacent, les atomes ont la tendance à les
suivre, car elles exercent une force et abaissent successivement les barrières de potentiel
que l’atome doit franchir pour continuer sa propagation. Regardons dans le détail ce
mécanisme d’excitation en nous référant à la Figure III.4. La modulation en mouvement
exerce une force qui s’ajoute au potentiel optique. Les points où cette force a ses maxima
sont indiqués sur la Figure III.4 par des flèches. Les flèches sont grises pour |mg = −1/2%
et noires pour |mg = +1/2%. Supposons que l’atome se trouve à l’instant t = t0 à un
endroit où la force le pousse vers les x positives. On observe bien que pour vmod = v x
faisceaux qui forment le réseau optique pour que les battements entre ces fréquences soient très rapides
par rapport à la fréquence des oscillations au fond des puits. En effet, les potentiels optiques vont être
modifiés à cause de ces battements et les atomes vont ressentir une force périodique de moyenne nulle et
de fréquence égale à celle des battements. Cependant, si la fréquence des battements est beaucoup plus
élevée que celle des oscillations dans les puits, l’effet de cette force oscillante sur la dynamique atomique
se moyenne à zéro.
80 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
λx
t = t0
λmod/2
λx
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
t = t0 + τx /2
λmod/2
Figure III.4: Mécanisme d’excitation du mode Brillouin le long de +x, avec une modulation
d’intensité lumineuse qui se déplace à la vitesse vmod = v x . Au cours de sa propagation
l’atome se trouve toujours à un endroit où la force due à la modulation pointe vers les x
positives.
l’atome se trouve à tout instant en un point où la force est dirigée vers les x positives.
En particulier, après un intervalle de temps τx /2 pour effectuer une demi-oscillation et le
pompage vers le puits suivant, la modulation s’est déplacée et l’atome se retrouve toujours
à un endroit où la force pointe vers les x positives. Evidemment, pour vmod = −v x , le
mode va être excité dans la direction −x. On en déduit les conditions pour exciter le
mode Brillouin dans les directions ∓x avec une modulation d’intensité :
vmod = ∓v x . (III.4)
Remarquons aussi la formation d’un réseau de matière. En effet, les atomes qui par-
ticipent au mode Brillouin auront tendance à s’accumuler aux endroits où la force due à
la modulation du potentiel est maximum.
III.2 Excitation des modes Brillouin 81
. /
2π
δ(I+ − I− )(x, t) = δI0 cos (x − vmod t) . (III.5)
λmod
a)
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
U+ U-
λx
vmod
b)
Figure III.5: a) Potentiels optiques (statiques) dus aux faisceaux du réseau dans la direc-
tion Ox. b) Potentiels optiques (en mouvement) dus à une modulation de polarisation de
pas λmod se propageant le long de x avec une vitesse de phase vmod .
Les potentiels δU∓ (x, t) ont de nouveau la même forme mais sont en opposition de
phase :
. /
2π
δU+ (x, t) = −δU− (x, t) = δU cos (x − vmod t) (III.6)
λmod
Sur la Figure III.5 sont reportés les potentiels statiques U∓ (x) ainsi que les modulations
δU∓ (x, t).
Il n’est pas évident, a priori, qu’une telle modulation puisse produire l’excitation du
mode Brillouin. Montrons par exemple qu’une modulation de polarisation se déplaçant à
une vitesse de phase vmod = +v x ne conduit pas à l’excitation du mode Brillouin.
82 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
λx
t = t0
λmod/2
λx
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
t = t0 + τx /2
λmod/2
modulation du potentiel exerce une force dans la direction de propagation (voir Figure
III.7).
λx
t = t0
λmod/2
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
λx
t = t0 + τx /2
λmod/2
Figure III.7: Mécanisme d’excitation du mode Brillouin le long de +x, avec une modulation
de polarisation lumineuse qui se déplace à la vitesse vmod = (1 + λλmod
x
)v x .
# $
λmod
vmod =∓ 1+ vx (III.7)
λx
De nouveau, du fait que les atomes dans le mode vont se placer aux endroits où la force
due à la modulation est maximum, on s’attend à la formation d’un réseau de matière.
84 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
2θ
2
2θ 4
M1
2ϕ
M2 1
y
O
x
Figure III.8: Configuration à deux faisceaux pour l’excitation du mode Brillouin. Les fais-
ceaux M1 et M2 sont ajoutés aux quatre faisceaux du réseau statique. Deux configurations
sont envisageables, selon que les polarisations des faisceaux M1 et M2 sont parallèles ou
orthogonales.
faibles perturbations par rapport au potentiel statique dû aux quatre faisceaux du réseau
: la profondeur des modulations de potentiel est typiquement 1/10 de celle des puits du
potentiel statique. Pour mettre en mouvement les modulations de potentiel, les pulsations
ωM 1 et ωM 2 des faisceaux M1 et M2 sont légèrement différentes. On définit :
Le désaccord δM1 ,M2 vaut au maximum quelques centaines de kHz dans les expériences
et est obtenu en envoyant les faisceaux M1 et M2 , qui sont issus du même laser, à travers
deux modulateurs acousto-optiques différents. Ceci permet d’obtenir une précision de
l’ordre du Hz pour δM1 ,M2 .
. /
2π
δU+ (x, t) = δU− (x, t) = δU cos (x − vmod t) (III.9)
λmod
où on a (en supposant |kM1 | - |kM2 | - 2π/λL , avec λL longueur d’onde des faisceaux du
réseau optique) :
2π λL
λmod = = , (III.10)
|kM1 − kM2 | 2 sin ϕ
δM1 ,M2 δM ,M λL
vmod = = 1 2 . (III.11)
|kM1 − kM2 | 4π sin ϕ
Il s’ensuit que le mode sera excité le long de ∓x pour δM1 ,M2 = ∓ΩB , avec
2 sin ϕ
ΩB = Ωx . (III.13)
sin θ
Calculons à présent le pas du réseau de matière des atomes qui participent au mode
Brillouin. A partir de la relation de dispersion Ω = v x |q|, avec |q| = 2π/λmat module du
vecteur d’onde de l’onde de densité atomique, on obtient pour la configuration # :
86 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
où
2π λL
λmod = = , (III.17)
|kM1 − kM2 | 2 sin ϕ
δM1 ,M2 δM ,M λL
vmod = = 1 2 . (III.18)
|kM1 − kM2 | 4π sin ϕ
# $
δM1 ,M2 λL λL λx Ωx
=∓ 1+ . (III.19)
4π sin ϕ 2 sin ϕλx 2π
Il s’ensuit que le mode sera excité le long de ∓x pour δM1 ,M2 = ∓ΩB , avec
% &
2 sin ϕ
ΩB = 1 + Ωx . (III.20)
sin θ
Pour le pas du réseau de matière λmat,⊥ et le module du vecteur d’onde |q⊥ |, un calcul
analogue à celui pour la configuration # donne dans la configuration ⊥
# $
sin θ
q⊥ = (kM1 − kM2 ) 1 + , (III.21)
2 sin ϕ
λL
λmat,⊥ = . (III.22)
2 sin ϕ + sin θ
III.4 Résultats expérimentaux 87
faisceaux. Remarquons que le décalage par rapport à la valeur nulle pour vc,z s’explique
tout simplement en considérant que l’ajout des faisceaux M1 et M2 induit une force de
pression de radiation vers les z positives.
3
vc,x, vc,z (mm/s)
2
vc,x
1 vc,z
−1
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
−2
−300 −200 −100 0 100 200 300
δM ,M /(2π) (kHz)
1 2
Pour une vérification plus complète de la condition III.13 pour l’excitation du mode,
nous avons effectué une série de mesures où tous les paramètres du réseau (Intensité,
désaccord, angle θ) sont gardés constants, et seul l’angle 2ϕ entre les faisceaux M1 et M2
est varié. A partir des données expérimentales comme celles de la figure III.9, nous avons
déduit les désaccords δM1 ,M2 ,) pour lesquels le mode Brillouin est excité et nous les avons
tracés en fonction de sin ϕ. Les résultats expérimentaux, ainsi que des résultats obtenus
par simulation Monte-Carlo semi-classiques (effectué par Laurent Sanchez-Palencia) sont
reportés sur la Figure III.10. Sur la figure est aussi tracée la droite ΩΩBx = 2sin sin ϕ
θ
que
l’on déduit de l’éq.III.13. Comme on l’observe, l’accord entre expériences, simulations
numériques et prévisions théoriques est excellent.
Les simulations numériques nous ont permis aussi de vérifier la formation du réseau
de matière, que l’on avait prévu théoriquement 4 . La Figure III.11 représente la densité
4
Il n’est pas possible d’observer par imagerie un tel réseau de matière car son pas est de l’ordre de la
limite de diffraction.
III.4 Résultats expérimentaux 89
5
||, expt.
4 ||, MC
δ Μ ,Μ , || /Ωx
3
1 2
2
0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
sinϕ
Figure III.10: Résultats expérimentaux pour le désaccord δM1 ,M2 ,) , pour lequel le mode Bril-
louin est excité en fonction de sin ϕ. Les cercles représentent les données expérimentales,
les carrés les résultats obtenus par simulation Monte-Carlo semi-classique. La droite cor-
respond aux prévisions théoriques de l’éq.III.13.
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
1.06
densité atomique (un. arb.)
1.04
1.02
1.00
0.98
0.96
0.94
paramètres du réseau sont gardés constants, et seul l’angle 2ϕ entre les faisceaux M1 et M2
est varié. Nous avons déduit les désaccords δM1 ,M2 ,⊥ pour lesquels le mode Brillouin est ex-
cité et nous les avons tracés en fonction de sin ϕ. Les résultats expérimentaux, ainsi que des
résultats obtenus par simulation Monte-Carlo semi-classique sont reportés sur la Figure
III.12. Sur la figure est aussi reportée la droite ΩΩBx = 1+ 2sin
sin ϕ
θ
que l’on déduit de l’éq.III.20.
Même dans cette configuration, qui correspond à un mécanisme d’excitation différent du
mode, l’accord entre expériences, simulations numériques et prévisions théoriques est très
bon.
5
⊥, expt.
4 ⊥, MC
δ Μ ,Μ , ⊥ /Ωx
3
1 2
2
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
sinϕ
Figure III.12: Résultats expérimentaux pour le désaccord δM1 ,M2 ,⊥ , pour lequel le mode
Brillouin est excité, en fonction de sin ϕ. Les cercles correspondent aux données
expérimentales, les carrés aux résultats d’une simulation Monte-Carlo semi-classique. La
droite représente les prévisions théoriques de l’éq.III.20.
1.04
densité atomique (un. arb.)
1.02
1.00
0.98
0.96
0.0 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0
q⊥x/2π
Enfin, la Figure III.13 montre les résultats d’une simulation Monte-Carlo semi-classique
pour la densité atomique dans un référentiel en mouvement à la vitesse du mode Brillouin
III.5 Spectroscopie pompe-sonde 91
v x . On observe bien que la densité atomique est modulée spatialement, avec la formation
d’un réseau de pas λmat,⊥ = q2π⊥ avec λmat,⊥ donné par l’éq.III.22.
2θ
2
2θ 4
sonde 2ϕ
pompe
1
y
O
x
III.5.1 Configuration #
La figure III.15 représente les résultats expérimentaux pour les spectres de transmission
de la sonde pour différents angles 2ϕ entre pompe et sonde, les paramètres du réseau
étant fixés. Les spectres présentent plusieurs résonances, dont le nombre et la position
2ϕ = 20o
2ϕ = 25o
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
2ϕ = 37o
Ts (un. arb.)
o
2ϕ = 49
2ϕ = 76o
Figure III.15: Spectres de transmission de la sonde pour différents angles 2ϕ entre pompe
et sonde (configuration #). Les faisceaux du réseau ont une intensité IL - 5mW/cm2 et
un désaccord ∆/2π = 50 MHz. A partir de ces paramètres on obtient Ωx /2π = 50 kHz
(ligne pointillée sur la figure).
dépendent de ϕ.
Une résonance centrée à δ = 0 est présente sur tous les spectres. Cette résonance
correspond à une diffusion Rayleigh stimulée.
Pour de faibles valeurs de ϕ, deux résonances latérales, de signes opposés sont présentes.
La position de ces résonances, marquée par une flèche sur la figure III.15, est une fonction
III.5 Spectroscopie pompe-sonde 93
a) Résonance Rayleigh
Comme nous l’avons déjà dit, l’interférence pompe-sonde induit la formation d’un
réseau d’une (ou plusieurs) observable atomique, sur lequel la pompe peut se diffracter.
Dans la configuration #, l’intensité lumineuse est modulée. Cette configuration est donc
semblable à celle que l’on a étudiée dans le deuxième chapitre (cf. § II.3.2) : les po-
tentiels optiques sont modulés et il se forme un réseau de densité atomique et un réseau
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
b) Résonances Raman
Les résonances Raman que nous observons correspondent à la transition entre deux
niveaux vibrationnels adjacents. La sonde est amplifiée lorsque δ < 0 et absorbée lorsque
δ > 0, à cause des populations différentes des niveaux vibrationnels, les niveaux les plus
profonds étant les plus peuplés. Pour prévoir quelle transition Raman est excitée pour une
différence ∆ksp = ks − kp entre les vecteurs d’onde sonde et pompe, nous calculons les
éléments de matrice de l’opérateur Raman IRaman = (d · E†p )(d · Es ). Ici, d est l’opérateur
dipôle atomique, et Eα (α = p, s), l’opérateur champ électrique. Nous considérons les états
atomiques bien localisés au fond des puits, pour lesquels l’approximation harmonique du
potentiel est valable. Notons |{n}% = |{nx , ny , nz }% les états vibrationnels de l’atome
[80] et |Jg , mg %, |Je , me % les états internes fondamentaux et excités. Le processus Raman
induit des transitions entre états fondamentaux avec le même nombre quantique mg .
Pour calculer l’élément de matrice IRaman, nn$ de l’opérateur Raman, nous linéarisons
l’expression des champs électriques pompe et sonde au fond des puits de potentiel (par
exemple le puits en r = 0) :
ϕ augmente, et en particulier le fait que la résonance Raman n’est pas visible pour les
faibles valeurs de ϕ (cf. figure III.15).
140
120
ΩB/(2π) (kHz)
100
80
60
40
20
0
0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7
sinϕ
Figure III.16: Position de la résonance Brillouin en fonction de sin ϕ. Les cercles corre-
spondent aux spectres pompe-sonde, les triangles sont les résultats obtenus par imagerie
du nuage atomique. Les barres d’erreurs sont obtenues à travers une estimation graphique
de l’incertitude de la position de la raie Brillouin dans les spectres pompe-sonde et dans
les mesure par imagerie. La droite correspond aux prévisions théoriques de l’éq. III.13.
III.5 Spectroscopie pompe-sonde 95
Sur la figure sont aussi reportés les résultats expérimentaux que l’on avait obtenus par
imagerie du nuage atomique, ainsi que les prévisions théoriques de l’éq. III.13. Comme
on l’observe, l’accord est excellent, ce qui prouve que la spectroscopie pompe-sonde est
un moyen fiable de détecter le mode Brillouin.
Nous avons ensuite étudié la position des raies Brillouin dans les spectres pompe-sonde
pour différents paramètres du réseau optique (intensité, désaccord), en gardant fixe l’angle
entre la pompe et la sonde. En effet, à partir de ΩB = 2sin sin ϕ
θ
Ωx (cf éq. '
III.13), on s’attend
à ce que pour θ et φ fixés, ΩB varie linéairement avec Ωx . Or Ωx ∝ ∆!0 (cf. éq. I.29),
'
donc on attend ΩB ∝ ∆!0 . Les résultats expérimentaux sont reportés sur la figure III.17.
'
On observe que ΩB est bien proportionnel à ∆!0 , ce qui conforte encore notre modèle
pour les résonances Brillouin.
50
45
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
ΩB/(2π) (kHz)
40
35
30
25
20
6 7 8 9 10 11 12
(Δ’0/ωr)1/2
'
Figure III.17: Position de la résonance Brillouin en fonction de ∆!0 /ωr , pour différents
désaccords et intensités des faisceaux du réseau optique (ωr = 2π · 3.7kHz est la pulsation
de recul). L’angle 2ϕ entre pompe et sonde est gardé constant et égal à 20 ◦ . L’angle θ
vaut 30 ◦ .
III.5.3 Configuration ⊥
La figure III.18 montre les résultats expérimentaux pour les spectres de transmission
de la sonde pour différents angles 2ϕ entre pompe et sonde, en gardant constants tous les
paramètres du réseau.
On reconnaı̂t plusieurs résonances dans ces spectres : une résonance fine (quelques
kHz) centrée à δ = 0 à laquelle s’ajoute une résonance en forme de dispersion plus large
(quelques centaines de kHz) toujours centrée à δ = 0 (Résonances Rayleigh stimulées).
Une paire de résonances de signes opposés en δ/2π - ±50 kHz (ligne pointillée sur la
figure) complètent les spectres (Résonances Raman).
Remarquons que les spectres ne présentent aucune résonance aux fréquences auxquelles
le mode Brillouin est excité. Nous avons indiqué sur la figure par des points noirs les
96 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
2ϕ = 20o
o
2ϕ = 25
Ts (un. arb.)
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
2ϕ = 37o
o
2ϕ = 49
2ϕ = 76o
Figure III.18: Spectres de transmission de la sonde pour différents angles 2ϕ entre pompe
et sonde (configuration ⊥). Les paramètres des faisceaux du réseau sont : intensité I L -
5mW/cm2 , désaccord ∆/2π = 50 MHz. A partir de ces paramètres on obtient Ωx /2π =
50 kHz (ligne pointillée sur la figure).
fréquences
! auxquelles
" on attend les résonances Brillouin, en accord avec la relation Ω B =
2 sin ϕ
± 1 + sin θ Ωx (cf éq. III.20).
Nous expliquerons dans le paragraphe suivant la raison de ce mode noir qui n’est pas
III.5 Spectroscopie pompe-sonde 97
détectable par spectroscopie. Pour l’instant, donnons une interprétation aux différentes
raies que l’on observe dans les spectres.
a) Résonances Rayleigh
b) Résonances Raman
Les résonances que nous observons à δ/2π - ±50 kHz correspondent à la transition
Raman entre deux niveaux vibrationnels adjacents et sont tout à fait analogues à celles
que l’on observe dans la configuration #. Un traitement quantitatif exact [61], en calculant
l’opérateur Raman IRaman = (d · E†p )(d · Es ), permet de trouver le même résultat qu’au
paragraphe précédent, à savoir qu’avec cette géométrie de pompe et de sonde, seule la
résonance selon x peut être excitée.
L’unique différence par rapport à la configuration # vient du fait qu’en configuration
⊥ la pompe a une composante le long de z (composante π de la lumière pour notre axe de
référence). Remarquons que cette composante π ne peut donner lieu à aucun processus
Raman entre deux niveaux vibrationnels du même état interne |mg % de l’atome, car la
sonde n’a que des composantes σ∓ .
En revanche, à cause de cette composante le long de z de la polarisation de la
pompe, l’élément de matrice IRaman, nn$ entre deux états vibrationnels |{n}% |{n! }% varie
en sin2 ϕ cos2 ϕ et pas en sin2 ϕ comme dans la configuration #.
98 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
ωs = ωp ± ΩB (III.25)
ks = kp ± q (III.26)
où ωs et ωp sont les fréquences des ondes sonde et pompe respectivement, ΩB est la
fréquence Brillouin, ks et kp sont les vecteurs d’onde de la sonde et de la pompe et q est
le vecteur d’onde de l’onde de matière des atomes qui participent au mode. Remarquons
que, pour que le mélange entre les ondes pompe et sonde soit possible, il est nécessaire
que les conditions III.25 et III.26 soient satisfaites simultanément. Or, nous avons vu (cf.
§ III.3.1 et III.3.2) que lorsque le mode est excité (condition III.25) il y aura la formation
d’un réseau de matière avec un vecteur d’onde :
Il est alors clair que si la condition III.26 est satisfaite en configuration # pour n’importe
quel angle 2ϕ entre la pompe et la sonde, elle ne le sera jamais en configuration ⊥. Le
fait qu’aucune résonance optique ne soit visible dans les spectres pompe-sonde dans cette
configuration est donc tout à fait prévisible.
Pour conclure cette section sur la spectroscopie pompe-sonde, remarquons que cette
méthode nous a permis d’identifier les caractéristiques de la dynamique des atomes à
l’intérieur d’un puits (Résonance Raman) ou d’un puits à l’autre (Résonances Brillouin
et Rayleigh). En revanche, un enseignement que l’on peut tirer de l’observation du mode
noir est que bien que la spectroscopie pompe-sonde soit une technique très puissante, il
n’y a pas toujours une correspondance exacte entre les spectres optiques et la dynamique
atomique.
III.6 Excitation à 1 faisceau 99
3
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
2θ
2
2θ 4
sonde
1
y
O
x
Le faisceau sonde est suffisamment large pour qu’il recouvre le nuage atomique. Son
intensité est de l’ordre de 0.2 mW/cm2 (à comparer à ∼5 mW/cm2 pour les faisceaux du
réseau) et son désaccord par rapport aux faisceaux du réseau vaut δ = ωs − ωL où ωs et
ωL sont respectivement les pulsations du faisceau sonde et des faisceaux du réseau. Le
désaccord δ, qui varie typiquement entre -500 kHz et + 500 kHz, est obtenu en envoyant
le faisceau sonde, issu du même laser que les faisceaux du réseau, à travers un modulateur
acousto-optique. Comme pour l’excitation à deux faisceaux, nous avons étudié deux
configurations pour la polarisation du faisceau sonde :
Dans la configuration # nous avons réussi à exciter et détecter le mode Brillouin dans
les directions x et z. Nous étudions les deux directions séparément dans les paragraphes
suivants, puis nous considérerons la configuration ⊥.
-v1 . Ceci implique un résultat très important, à savoir que lorsque une des deux modula-
tions d’intensité excite le mode Brillouin en une direction, l’autre l’excite dans la direction
opposée.
v2 v1
k2 k1
ks z
x
Δk2 Δk1
Figure III.20: Excitation des modes Brillouin dans les directions ±x pour la configuration
à un faisceau supplémentaire polarisé selon y, lorsque le désaccord δ est > 0.
δ = ±Ωx , (III.29)
les modes Brillouin dans les directions ±x vont être excités. En effet pour δ = +Ωx , v1 =
-v2 = v x , alors que pour δ = −Ωx , v1 = -v2 = -v x . Nous présentons les résultats de deux
méthodes de détection de ces modes : par imagerie du nuage atomique et spectroscopie
pompe-sonde.
III.6 Excitation à 1 faisceau 101
Etant donné que le mode est excité en même temps dans deux directions opposées,
l’étude du mouvement du centre de masse du nuage atomique ne portera aucun renseigne-
ment, car celui-ci ne sera pas affecté. A nouveau, essayons de comprendre comment la
dynamique atomique va changer en présence de l’onde sonde. Les atomes vont toujours
alterner des phases de piégeage dans les puits du réseau à un mouvement diffusif d’un site
à l’autre. Lorsque la condition III.29 pour l’excitation du mode est satisfaite, les atomes
vont, de temps à autre, participer au mode dans les directions ±x, en se déplaçant sur
une distance de plusieurs puits. Il est alors facile de se convaincre que si la dynamique
atomique peut toujours être décrite en termes de diffusion spatiale, le coefficient de dif-
fusion Dx augmente lorsque la condition d’excitation est satisfaite. En effet, lorsque le
mode est excité, le libre parcours moyen dx selon x des atomes entre deux phases de
piégeage augmente à cause de ces déplacements sur plusieurs puits des atomes participant
au mode. Le coefficient de diffusion Dx étant proportionnel à d2x , nous attendrons à ce
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
2000
D
x
Coefficient de diffusion (h/2πM)
1500 D
z
1000
500
0
−100 −50 0 50 100
Désaccord Pompe−Sonde (kHz)
On observe que Dx présente deux résonances pour δ/2π - ± 50 kHz, en plein accord
102 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
avec les prévisions théoriques δ = ±Ωx de l’éq. III.29 (pour les paramètres du réseau
de ces expériences on attend Ωx /2π - 50 kHz), ce qui montre la fiabilité de la détection
du mode Brillouin en étudiant le coefficient de diffusion pour cette configuration. En
revanche, d’un point de vue expérimental, à cause des difficultés techniques pour établir
les coefficients de diffusion, cette méthode de détection reste bien plus difficile à mettre
en œuvre que celle qui consiste à regarder le mouvement du centre de masse du nuage
atomique.
En ce qui concerne le coefficient de diffusion selon z, on remarque à partir de données
expérimentales qu’il ne présente aucune résonance 5 . Nous verrons dans le paragraphe
suivant qu’un mode Brillouin est excité aussi dans cette direction, mais que la présence
de ce mode va se traduire par un déplacement du centre de masse, comme dans les
configurations à deux faisceaux.
b) Spectroscopie pompe-sonde
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Comme pour les configurations à deux faisceaux supplémentaires, il est facile de re-
marquer que la géométrie d’excitation des modes Brillouin que l’on vient d’introduire
est tout à fait équivalente à la configuration de spectroscopie pompe-sonde que l’on a
introduite dans le § II.3.1. L’excitation des modes Brillouin entraı̂ne la formation de
deux ondes de matière par les atomes participant aux modes. Les vecteurs d’onde de ces
ondes de matière sont ∆k1 et ∆k2 . Il s’ensuit qu’une diffraction des faisceaux du réseau
sur ces ondes de matière peut avoir lieu dans la direction de la sonde 6 , ce qui entraı̂ne
l’amplification ou l’absorption de la sonde. De nouveau, d’un point de vue expérimental,
nous avons seulement réduit le diamètre du faisceau sonde pour qu’il passe entièrement à
travers le nuage atomique et nous avons mesuré la transmission de la sonde. Un spectre
expérimental typique est montré sur la figure III.22.
On reconnaı̂t la résonance Rayleigh pour δ - 0 ainsi que les résonances Raman pour
δ - ± 120 kHz 7 . En revanche, les raies à δ - ± 50 kHz ne peuvent pas être attribuées à
des résonances Raman selon x, bien qu’elles soient exactement à la fréquence Ωx (comme
nous l’avons déjà dit dans le deuxième chapitre, cette géométrie d’excitation ne permet
pas d’observer ces transitions Raman pour des raisons de symétrie). Elles correspondent
en fait à l’excitation des modes Brillouin selon ±x. Remarquons l’excellent rapport si-
gnal/bruit de la raie Brillouin sur un tel spectre pompe-sonde par rapport aux résultats
obtenus avec le coefficient de diffusion (qui demande aussi un effort expérimental bien
plus important). De nouveau la spectroscopie se révèle un moyen très simple et efficace
5
Nous n’avons pas d’explication simple pour la diminution du coefficient de diffusion D z que l’on
observe lorsque δ passe des valeurs négatives aux valeurs positives. En ce qui concerne les deux faibles
pics pour Dz que l’on observe lorsque δ/2π = ∓ 30kHz, nous pensons qu’ils ne correspondent pas à un
effet physique, mais qu’il s’agit de bruit dans les mesures.
6
La condition d’accord de phase est de nouveau satisfaite automatiquement car le vecteur d’onde de
l’onde de matière est exactement la différence entre les vecteurs d’onde de la sonde et des faisceaux du
réseau.
7
Les résonances Raman que l’on excite avec cette géométrie sont selon z.
III.6 Excitation à 1 faisceau 103
0.8
Figure III.22: Spectre de transmission de la sonde. Le balayage est effectué en 10 ms. Les
paramètres (intensité, désaccord) du réseau sont tels que Ωx /2π - 50 kHz et Ωz /2π -
120 kHz.
Es E0∗
δ(I+ + I− ) = cos(Kx) exp[i(∆1 Kz − δt)] + c.c. (III.30)
2
Es E0∗
δ(I+ − I− ) = − cos(Ky) exp[i(∆2 Kz − δt)] + c.c. (III.31)
2
avec
Les modulations se déplacent donc selon z avec des vitesses de phase vint = δ/∆1 k
et vpolar = δ/∆2 k. Si on impose les conditions III.4 et III.7 pour l’excitation du mode
104 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
Comme pour le cas de l’excitation à deux faisceaux, lorsque le mode Brillouin est
excité, nous attendons un déplacement du centre de masse du nuage atomique selon z,
qui peut être détecté par imagerie.
5
vc,z
4 vc,x
3
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
v (mm/s)
2
1
0
−1
−2
Figure III.23: Résultats expérimentaux pour la vitesse du centre de masse du nuage ato-
mique selon x et z lorsqu’on ajoute un faisceau sonde polarisé selon y. Les paramètres du
réseau (intensité, désaccord) sont tels que Ωz /2π - 130 kHz et θ - 30◦ .
La figure III.23 montre les résultats expérimentaux que nous avons obtenus. On ob-
serve deux résonances pour la composante vz de la vitesse pour δ/2π - ± 280 kHz, en
bon accord avec les prévisions théoriques de l’éq. III.33, en considérant que Ωz /2π - 130
kHz, pour les paramètres du réseau (intensité, désaccord) que nous avons utilisés. En
effet, en considérant que θ - 30◦ , on attend les résonances à ± 270 kHz.
En revanche, aucune résonance pour vz n’est détectée pour δ/2π = ± 1−cos
2 cos θ
θ
Ωz , comme
on l’attendrait à partir de l’éq. III.32. Nous expliquons ce fait en considérant qu’avec
l’angle θ = 30◦ que l’on a dans les expériences, ces résonances sont attendues à δ - ±
10 kHz, et ce qui es probablement difficile à résoudre. Nous avons aussi essayé d’étudier
plus en détail les désaccords autour de δ = 0, en variant δ par pas de 2 kHz, mais nous
n’avons eu aucune évidence expérimentale de l’excitation du mode Brillouin dans ce cas.
Enfin, comme nous l’avons déjà dit dans le paragraphe précédent, la composante de
la vitesse du centre de masse selon x reste nulle pour toute valeur de δ.
III.6 Excitation à 1 faisceau 105
III.6.3 Configuration ⊥
Dans ce paragraphe, nous allons étudier la configuration ⊥, dans laquelle la sonde est
polarisée selon x. En principe, même avec cette configuration, il est possible d’exciter et
de détecter les modes Brillouin dans les directions x et z.
δ = ±2Ωx , (III.34)
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
le mode est excité dans les directions ±x. De nouveau l’excitation du mode ne pourra
pas être détectée par un déplacement du centre de masse, car le mode est excité en
même temps dans deux directions opposés, mais par un accroissement du coefficient de
diffusion Dx . Nous n’avons pas effectué d’expériences pour détecter un tel mode (les
mesures de coefficient de diffusion sont très longues) mais des simulations Monte-Carlo
semi-classiques (effectuées par Laurent Sanchez-Palencia) montrent que pour δ = ±2Ωx
le coefficient Dx présente des résonances [76]. Remarquons qu’il nous est aussi impossible
de détecter ce mode par spectroscopie pompe-sonde, car la condition d’accord de phase
n’est pas satisfaite et donc le mode est noir.
Les modulations se déplacent donc selon z avec des vitesses de phase vint = δ/∆2 k et
vpolar = δ/∆1 k. De nouveau, on impose les conditions III.4 et III.7 pour l’excitation du
mode Brillouin selon ±z avec les modulations d’intensité et de polarisation et on obtient :
1 + cos θ
δint = ± Ωz (Excitation par modulation d’intensité) (III.37)
2 cos θ
1 + cos θ
δpolar = ± Ωz (Excitation par modulation de polarisation) (III.38)
2 cos θ
106 Modes de propagation Brillouin dans les réseaux brillants
On observe que, pour cette configuration spécifique, les deux mécanismes d’excitation
seront efficaces pour le même désaccord δ = δpolar = δint = ± 1+cos
2 cos θ
θ
. La figure III.24
montre les résultats expérimentaux que nous avons obtenus pour le déplacement du centre
de masse du nuage atomique selon x et z.
8
vc,z
6
vc,x
4
2
v (mm/s)
0
−2
−4
−6
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
III.7 Conclusion
Dans ce chapitre nous avons présenté une étude expérimentale détaillée des modes de
propagation Brillouin dans les réseaux brillants. Nous avons introduit le mode comme
suite de demi-oscillations dans un puits de potentiel suivies par des cycles de pompage
optique vers les puits adjacents. Nous avons montré comment un tel mode peut être excité
par des modulations d’intensité ou de polarisation lumineuses se déplaçant à des vitesses
bien précises.
En fait, on observe une petite résonance pour la composante vz lorsque δ/2π # 160 kHz. Remarquons
8
que la résonance symétrique par rapport à δ/2π = 0 kHz n’est pas présente et que cette résonance pour
vz se produit exactement à la même fréquence que la résonance pour vx . Nous pensons donc qu’il s’agit
d’une erreur systématique lors des expériences (mauvais alignement de la caméra, mauvais profil spatial
d’un faisceau) et qu’elle n’a pas une signification physique.
III.7 Conclusion 107
D’un point de vue expérimental, nous avons créé ces modulations en ajoutant un ou
deux faisceaux laser supplémentaires aux faisceaux du réseau optique. Nous avons détecté
les modes par imagerie du nuage d’atomes évoluant dans le réseau et nous avons vu que,
en fonction des configurations utilisées, l’excitation du mode correspond à un déplacement
du centre de masse du nuage atomique (lorsque le mode est excité dans une direction bien
définie) ou à un accroissement du coefficient de diffusion (lorsque le mode est excité dans
deux directions opposées en même temps).
Nous avons aussi prévu la formation d’un réseau de matière des atomes participant
au mode, ce qui a été confirmé par des simulations Monte-Carlo semi-classiques. La
diffraction des faisceaux laser sur ce réseau de matière conduit à un mélange des ondes
lumineuses, ce qui permet de détecter l’excitation du mode simplement en regardant la
transmission des faisceaux qui créent les modulations (spectroscopie pompe-sonde).
Enfin, nous avons mis en évidence l’existence d’un mode noir, dans lequel les atomes
sont effectivement excités dans le mode Brillouin, sans que l’excitation de ce mode soit
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
détectable par spectroscopie pompe-sonde. Nous avons expliqué l’existence d’un tel mode
noir, qui ne donne pas de résonance dans les spectres pompe-sonde, en étudiant la condi-
tion d’accord de phase pour que le processus de mélange entre les ondes pompe et sonde
ait lieu.
Deux études ultérieures sont envisageables, pour une meilleure caractérisation des
résonances Brillouin. Premièrement, une étude de l’amplitude du mode en fonction des
différents paramètres du réseau optique, qui est l’objet du chapitre suivant. Ensuite,
il serait intéressant d’étudier plus en détail la largeur de ces résonances. En effet, les
spectres pompe-sonde et les mesures par imagerie montrent des résonances relativement
fines, comme pour le cas des raies Raman, mais un modèle satisfaisant pour expliquer ces
observations n’a pas encore été conçu.
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Chapitre IV
Dans les chapitres II et III, nous avons étudié en détail le transport d’atomes dans
les réseaux optiques. En particulier, nous avons montré que la dynamique atomique
est dominée par une diffusion normale des atomes dans le réseau et que l’application
d’une faible modulation du potentiel optique se déplaçant à une vitesse appropriée induit
l’excitation de modes de propagation d’atomes caractérisés par une direction et une vitesse
bien définies.
Dans les deux derniers chapitres de cette thèse, nous montrons que les réseaux op-
tiques sont un excellent système modèle pour la physique statistique, en particulier
pour étudier les phénomènes de transport dans une structure périodique en présence de
bruit. L’avantage de l’utilisation des réseaux optiques réside dans le fait que les différents
paramètres (topographie du potentiel périodique, profondeur des puits de potentiel, niveau
de bruit,...) peuvent être variés avec une très grande souplesse et contrôlés de façon très
précise.
Le premier effet induit par le bruit que nous allons étudier et qui constitue le thème cen-
tral de ce chapitre, est le phénomène de résonance stochastique. Il s’agit d’un phénomène
non-linéaire pour lequel le rapport signal/bruit d’une observable spécifique d’un système
physique présente un maximum lorsque le bruit dans le système est augmenté. Ce
phénomène contre-intuitif a été introduit en 1981 pour expliquer la périodicité des glacia-
tions [82, 83]. Ce sujet est très fortement débattu par les géologues : l’unique échelle
de temps astronomique ayant la même périodicité que les glaciations est la variation
d’excentricité de l’orbite terrestre. Or, le changement d’ensoleillement dû à cette variation
est très faible et ne justifie pas un effet macroscopique comme celui des glaciations. Dans
leur article de 1981, Nicolis et al. proposent un effet selon lequel le bruit dû aux fluctua-
tions climatiques à court terme permet d’amplifier cette petite variation d’ensoleillement
et d’expliquer l’origine des glaciations.
De façon générale, l’effet de résonance stochastique est observé dans des systèmes
physiques qui présentent naturellement un seuil, lorsqu’ils sont pilotés par des signaux
110 Résonance stochastique dans les réseaux brillants
faibles par rapport au niveau du seuil. Or, depuis son introduction en 1981, ce phénomène
a été observé dans un nombre considérable de systèmes physiques allant des lasers en
anneau bistables [84] aux réseaux de neurones [85, 86], démontrant que dans la nature
plusieurs systèmes physiques présentent cette propriété.
Dans ce chapitre, nous décrivons une étude expérimentale qui a mené à l’observation
d’une résonance stochastique dans les réseaux optiques [78]. En particulier, nous étudions
le nombre d’atomes participant au mode de propagation Brillouin en fonction des paramètres
du réseau optique (intensité, désaccord des faisceaux). Le rôle du bruit est joué dans
notre système physique par le processus stochastique de pompage optique. L’absence
d’émission spontanée interdit l’excitation des modes Brillouin et trop d’émission spon-
tanée les brouille. Entre les deux, l’amplitude du mode Brillouin passe par un maximum.
Le chapitre est divisé en deux parties : une première dans laquelle le phénomène de
résonance stochastique est introduit d’une façon générale et une deuxième dans laquelle
nous présentons les évidences expérimentales de l’observation d’une résonance stochas-
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
V(x)
x
ΔV
-xm xm
minima (voir figure IV.2). Choisissons la pulsation Ω beaucoup plus petite que la pulsation
des oscillations libres au fond des puits de potentiel. Il est facile de se convaincre que dans
un tel système, une particule qui à l’instant t = 0 se trouve dans le puits de droite (ou de
gauche) va y rester indéfiniment, car l’amplitude de la modulation F (t) n’est pas suffisante
pour que la particule passe d’un puits à l’autre.
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Figure IV.2: Evolution du système bistable en l’absence de bruit. La particule ne suit pas
la modulation de potentiel. La particule est ”triste” lorsqu’elle se trouve dans le puits le
moins profond et ”souriante” lorsqu’elle se trouve dans le puits le plus profond.
Ajoutons maintenant une source de bruit à notre système physique, donc une force
aléatoire pour la particule. Cette force aléatoire peut être obtenue en mettant en contact
la particule avec un bain thermique à la température T . Elle va induire des sauts d’un
puits de potentiel à l’autre à des instants aléatoires. Soit rK le taux de passage d’un puits
à l’autre en l’absence de modulation. Il est possible de montrer que [88] :
% &
∆V
rK ∝ exp − (D = kB T ) (IV.1)
D
Sur la figure IV.4, nous reportons une simulation numérique (extraite de la référence
[87]) pour la trajectoire de la particule pour différents niveaux de bruit (le bruit augmente
du bas vers le haut). En pointillé on a tracé la modulation de potentiel. On voit bien qu’à
un niveau de bruit adapté, le mouvement de la particule et la modulation de potentiel
sont bien synchronisés.
A partir des considérations que l’on vient de faire il est possible de prévoir un ordre de
grandeur pour l’amplitude D du bruit pour laquelle on attend une bonne synchronisation
entre modulation et mouvement de la particule. En effet, pour une période TΩ = 2π Ω
de
modulation fixée, si Tk (D) = 1/rk est l’intervalle de temps moyen entre deux sauts d’un
puits de potentiel à l’autre, l’amplitude optimum du bruit est telle que
Tk (D) ∼ TΩ . (IV.2)
où ξ(t) est un bruit blanc Gaussien de moyenne nulle et de fonction d’auto-corrélation en
δ de Dirac :
Figure IV.5: Résultats d’une simulation numérique (extraite de [87]) pour la composante
périodique du mouvement de la particule en fonction du niveau de bruit pour différentes
amplitudes A0 de la modulation. Les carrés correspondent à la valeur la plus faible d’A 0 ,
les triangles à la plus élevée. Le phénomène de résonance stochastique est bien visible.
saut aléatoire vers le puits adjacent. Il est possible de montrer [90] qu’en l’absence de
modulation les intervalles de temps Ti sont distribués selon une statistique poissonienne :
1 T
N (T ) = exp(− ) (IV.7)
TK TK
La figure IV.6 (extraite de [87]) montre les résultats d’une simulation numérique pour
la distribution des temps de résidence Ti en présence d’une faible modulation. Le! niveau" de
1
bruit augmente du bas vers le haut. On observe une série de pics centrés à Tn = n − 2 TΩ
(n=1,2,...). La hauteur des ces pics diminue avec n. La présence de ces pics s’explique
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Figure IV.6: Résultats d’une simulation numérique (extraite de [87]) pour les temps de
résidence dans chaque puits. Le niveau de bruit augmente de bas en haut. Dans l’insert,
l’intensité du pic à T = TΩ /2 est montré en fonction du niveau de bruit. Le pic centré en
T=0, que l’on observe pour l’amplitude du bruit plus élevée, s’explique par une augmen-
tation des sauts très rapides (dynamique dominée par le bruit).
très facilement si l’on tient compte du fait que le passage d’un puits à l’autre se fait
préférentiellement lorsque la barrière de potentiel séparant les deux puits atteint son
minimum, ce qui arrive avec une périodicité TΩ /2, le puits le plus bas étant alternativement
le droit et le gauche. Ceci montre pourquoi TΩ /2 est le temps de résidence préféré par
la particule. En revanche, si la particule ne change pas de puits lorsque la barrière
116 Résonance stochastique dans les réseaux brillants
présente pour la première fois un minimum, elle doit attendre une période entière T Ω , car
le minimum suivant est défavorable à son transfert (le puits le plus bas est celui qu’elle
occupe déjà). Il s’ensuit que le deuxième pic pour la distribution des temps de résidence
sera placé en 23 TΩ . Et ainsi de suite pour les autres pics. Le fait que la hauteur des pics
diminue exponentiellement avec n s’explique si l’on considère que les probabilités pour
la particule de sauter vers l’autre puits, lorsque la barrière présente un minimum, sont
statistiquement indépendantes. L’insert de la figure IV.6 montre l’intensité P 1 du premier
pic en fonction du niveau de bruit D et montre l’existence d’une résonance stochastique,
P1 présentant un maximum lorsque D augmente. L’étude de la distribution des temps
de résidence dans les puits de potentiel est donc une méthode fiable pour caractériser le
phénomène de résonance stochastique.
0,1
0
metteur r cepteur
Seuil = 0,5
b) 0,4
0,1
0
metteur r cepteur
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
bruit
Figure IV.7: Transmission d’une série de bits lorsque le niveau de seuil du récepteur n’est
pas adapté à l’émetteur. a) En l’absence de bruit, aucune information n’est transmise. b)
En présence d’un niveau de bruit adapté, une information (partielle) est transmise.
niveau de bruit faible, le récepteur ne reçoit pas une image compréhensible, alors que pour
un niveau de bruit optimum, l’image est compréhensible, bien qu’imparfaite. L’effet de
résonance stochastique se manifeste donc par une augmentation de la qualité de l’image
transmise par l’émetteur au récepteur lorsque le bruit augmente. Evidemment, pour un
niveau de bruit trop élevé l’image devient à nouveau incompréhensible.
Remarquons l’analogie entre le système physique du potentiel bistable en présence
d’une faible modulation et le système de transmission de bits que l’on vient de décrire.
En effet les deux puits du potentiel bistable correspondent aux deux valeurs que chaque
bit peut prendre au niveau du récepteur. La faible modulation correspond aux valeurs
des bits envoyés par l’émetteur qui sont plus faibles que le niveau de seuil qui, dans le
système physique du potentiel bistable, correspond à la barrière ∆V séparant les deux
puits.
Avant de conclure cette partie, il est important de définir les limites du phénomène
de résonance stochastique [89]. On pourrait croire que ce phénomène permet d’obtenir
en sortie un rapport signal/bruit Rout meilleur que celui Rin du signal en entrée. Ceci
n’est pas le cas. En effet, un résultat important de la théorie de la réponse linéaire est
que pour n’importe quel système physique piloté par un signal en entrée et en présence de
bruit Gaussien, le rapport signal/bruit à la sortie Rout ne dépasse jamais celui en entrée
Rin . En particulier, si le système est linéaire Rout = Rin et donc Rout va être une fonction
118 Résonance stochastique dans les réseaux brillants
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Figure IV.8: Démonstration par simulation numérique d’une résonance stochastique pour
la transmission d’une série de bits, qui correspondent aux points d’une image. Le bruit
augmente de gauche à droite et du haut en bas sur les images.
termes de structures périodiques, et il est maintenant bien établi que le bruit joue un
rôle majeur dans les mécanismes de transport dans ces structures. Par exemple, l’étude
du mouvement sous-amorti de particules dans un potentiel périodique a montré que c’est
l’action combinée d’effets inertiels et thermiques qui détermine les propriétés mécaniques
de certains métaux [96, 97].
Nous nous sommes intéressés à une situation dans laquelle on ajoute au potentiel
périodique U (ξ) = U0 cos(kξ) une faible modulation de potentiel en mouvement : δU (ξ, t) =
δU0 cos(κξ − δt). La situation est schématisée sur la figure IV.9. La modulation de po-
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Figure IV.9: Mécanisme de propagation assistée par le bruit d’une particule dans un
potentiel périodique, en présence d’une faible modulation. La modulation abaisse progres-
sivement les barrières de potentiel qui séparent les puits et permet le passage de la particule
d’un puits à l’autre.
tentiel qui se propage n’est pas suffisamment intense pour pouvoir induire seule un mou-
vement de la particule. En revanche, elle va progressivement abaisser les barrières entre
puits adjacents, rendant possible le passage d’un puits à l’autre en présence d’une force
aléatoire (bruit). Si on s’intéresse à la vitesse moyenne .v% de la particule sur des temps
très longs, on s’attend donc à ce que .v% = 0 pour de faibles niveaux de bruit, et que
la particule reste piégée indéfiniment dans un puits de potentiel. Lorsque le niveau de
bruit augmente, la composante de .v% dans la direction de propagation de la modulation
augmente. Enfin, on s’attend à nouveau à une diminution de .v% pour des niveaux de
bruit très élevés, car alors la dynamique de la particule est complètement dominée par
120 Résonance stochastique dans les réseaux brillants
le bruit. Un effet de résonance stochastique est donc attendu pour la vitesse .v%, qui
présente une dépendance en bruit comme celle présentée sur la figure IV.5.
La figure IV.10 montre les résultats d’une simulation numérique effectuée par Ferruccio
Renzoni pour vérifier ces prévisions théoriques. On observe une résonance stochastique
pour .v%.
3
100 x <v/vφ>
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0
0 0.5 1.0 1.5 2.0
D (u.a.)
Figure IV.10: Simulation numérique pour la vitesse moyenne .v% en fonction du niveau de
bruit D pour une particule dans un potentiel sinusoı̈dal en présence d’une faible modulation
(de fréquence faible par rapport à la fréquence propre des puits du potentiel statique). La
vitesse de phase de la modulation est vφ .
d’un puits de potentiel à l’autre se base sur le pompage optique. Or, le mode Brillouin
est une suite de demi-oscillations dans un puits suivies de sauts vers le puits adjacent. On
s’attend donc à ce qu’avec un taux de pompage optique Γ!0 faible, le mode soit difficilement
excité. En revanche, pour un taux Γ!0 trop élevé, la dynamique atomique est dominée par
des sauts aléatoires d’un puits à l’autre et les atomes participent peu au mode. Une
valeur optimale de Γ!0 permet à un grand nombre d’atomes d’être excités dans le mode de
propagation. Il s’ensuit qu’une résonance stochastique est attendue lorsqu’on fait varier le
taux de pompage optique Γ!0 . Nous nous sommes proposés de vérifier expérimentalement
cette prévision. Remarquons que le taux Γ!0 peut être précisément contrôlé en changeant
l’intensité et le désaccord des faisceaux du réseau, et ceci sans affecter la profondeur U 0
du potentiel statique. En effet, si I et ∆ sont respectivement l’intensité et le désaccord
des faisceaux du réseau optique, on a Γ!0 ∝ I/∆2 , et U0 ∝ I/∆. Un choix de paramètres
adaptés permet donc de varier Γ!0 en gardant U0 constant.
Avant de présenter nos résultats expérimentaux, obtenus avec deux méthodes différentes,
remarquons les différences entre le système modèle de la section précédente et le système
physique réel sur lequel nous avons effectué les expériences :
- Les atomes dans le réseau optique évoluent sur plusieurs potentiels optiques (2 pour
une transition Jg =1/2 → Je =3/2, 5 pour la transition Fg =2 → Fe =3 sur laquelle
nous avons effectué l’expérience) et peuvent passer de l’un à l’autre par pompage
optique, contrairement au modèle de la section IV.2 pour lequel la particule évolue
sur un seul potentiel.
- Les simulations de la section IV.2 sont effectuées dans un régime sur-amorti pour la
particule. Or, dans un réseau brillant la force de friction sur les atomes, qui est due
au mécanisme Sisyphe, se révèle seulement au moment du passage d’un potentiel
optique à l’autre (où l’atome se retrouve à grimper plus souvent des collines de
potentiel qu’à en descendre). Il s’ensuit que l’atome ne subit aucune friction tant
qu’il se trouve sur un potentiel donné. En général, cela n’a donc pas de sens de
122 Résonance stochastique dans les réseaux brillants
parler de force de friction pour l’atome, à moins que l’on ne s’intéresse à des temps
plus longs, pour lesquels l’atome s’est déplacé de plusieurs puits de potentiel. Dans
ce cas, l’effet de ralentissement dû au mécanisme Sisyphe peut être remplacé par
un coefficient de friction γef f . Remarquons que, de toute façon, ce coefficient de
friction γef f est relativement faible et nous place loin d’un régime sur-amorti.
- Le mode de propagation Brillouin est excité seulement pour une vitesse précise de la
modulation de potentiel. La fréquence de la modulation lors de l’excitation du mode
est du même ordre de grandeur que la fréquence des oscillations libres dans le puits
du réseau optique. Cet effet de synchronisation supplémentaire entre modulation
et mouvement des atomes est une caractéristique du mode Brillouin qui n’est pas
présente dans le modèle de la section IV.2.
La figure III.9 (cf. chapitre précédent) montre les résultats expérimentaux par imagerie
du nuage atomique pour l’excitation du mode Brillouin selon x, lorsque deux faisceaux
supplémentaires symétriques à l’axe z et avec polarisations parallèles sont ajoutés (cf.
figure III.8). Remarquons que le paramètre
que l’on peut obtenir aisément à partir de la figure III.9 caractérise l’amplitude du mode.
En particulier, la fraction d’atomes excités dans le mode est donnée par Nexc = 2vξx , avec
v x vitesse du mode selon x.
Nous avons étudié le paramètre ξ, en fonction du taux de pompage optique Γ!0 , en
maintenant fixe la profondeur des puits de potentiel U0 . Nous avons gardé constants les
intensités IM1 et IM2 et le désaccord ∆m des faisceaux de modulation. Les résultats de
nos mesures pour ξ sont présentés sur la figure IV.11.
On observe l’allure typique d’une résonance stochastique : le paramètre ξ augmente
avec Γ!0 pour de faibles valeurs du taux de pompage optique ; on atteint un maximum cor-
respondant à la synchronisation entre demi-oscillations dans un puits et pompage optique
dans le puits suivant ; enfin, pour une valeur trop élevée de Γ!0 , on perd la synchroni-
sation et ξ décroı̂t. Des simulations Monte-Carlo semi-classiques [76, 78] ont confirmé
nos résultats expérimentaux. La valeur maximum pour ξ correspond à une fraction
d’atomes participant au mode Nexc = 0,04, ce qui signifie que, même à la résonance
stochastique, les atomes sont faiblement excités. Ceci est lié au fait que les paramètres
(intensité, désaccord) pour les faisceaux de modulation induisent une modulation de po-
tentiel très faible par rapport aux potentiels du réseaux optique (avec une profondeur
d’environ 1/10)1 . Néanmoins, le mode arrive à être partiellement excité grâce à l’effet du
bruit dû au pompage optique.
1
Nous avons vérifié expérimentalement qu’une modulation plus profonde (obtenue avec des faisceaux
IV.3 Résonance stochastique pour le mode Brillouin dans un réseau brillant 123
6.0
5.5
5.0
ξ (mm/s)
4.5
4.0
3.5
3.0
2.5
2 4 6 8 10 12 14 16
Γ’0/ωr
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Figure IV.11: Résultats expérimentaux pour le paramètre ξ = vc,x (δM1 ,M2 = +ΩB ) −
vc,x (δM1 ,M2 = −ΩB ) en fonction du taux de pompage Γ!0 , en gardant fixe la profondeur
des puits et l’amplitude de modulation. Le déplacement lumineux par faisceau vaut ∆ !0 =
37.5ωr (ωr = 2π · 3.7KHz est la pulsation de recul). Les paramètres des faisceaux de
modulation sont les mêmes que sur la figure III.9.
Dans le chapitre précédent, nous avons montré que l’excitation du mode Brillouin
peut, dans certaines configurations, être détectée par spectroscopie pompe-sonde. En
particulier, nous avons étudié le cas de l’excitation du mode Brillouin selon x lorsqu’on
ajoute aux quatre faisceaux du réseau une sonde qui se propage selon z avec une polar-
isation linéaire selon y (cf. paragraphe III.6.1). Dans cette configuration, les spectres
pompe-sonde présentent une paire de raies aux désaccords δ = ±Ωx , qui correspondent à
l’excitation du mode selon x (figure III.22).
Il est alors naturel de se demander si l’effet de résonance stochastique pour le nombre
d’atomes participant au mode Brillouin est visible aussi dans les spectres pompe-sonde
lorsqu’on varie le taux de pompage optique.
La figure IV.12 montre les spectres pompe-sonde que nous avons obtenus. Dans les
cinq spectres, l’intensité I des faisceaux du réseau est maintenue constante, ainsi que celle
de la sonde. En revanche le désaccord à résonance ∆ a été varié entre ∆/2π = -60 MHz
et ∆/2π = -12 MHz. On rappelle que le taux de pompage optique varie comme I/|∆|2 ,
de modulation plus intenses ou moins désaccordés par rapport à la résonance atomique) induit une
fraction importante d’atomes excités dans le mode.
124 Résonance stochastique dans les réseaux brillants
|Δ/2π| = 60 MHz
|Δ/2π| = 40 MHz
Transmission de la sonde (un. arb.)
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
|Δ/2π| = 24 MHz
|Δ/2π| = 20 MHz
|Δ/2π| = 12 MHz
Figure IV.12: Spectres pompe-sonde pour une sonde qui se propage selon z avec une
polarisation linéaire selon y, pour différents désaccords ∆ des faisceaux du réseau à la
résonance atomique. L’intensité des faisceaux du réseau vaut IR - 4.7mW/cm2 , celle de
la sonde Is - 0.2mW/cm2 . Les flèches en trait plein indiquent la position des résonances
Brillouin, celles en pointillé la position des raies Raman.
IV.4 Conclusion 125
Sur les spectres la position des raies Brillouin est indiquée par une flèche en trait plein,
celle des raies Raman par une flèche en pointillé. Remarquons que la comparaison des
intensités des raies Brillouin et Raman indique la fraction d’atomes participant au mode
de propagation Brillouin par rapport aux atomes piégés dans les puits de potentiel. En
effet, l’intensité de la raie Raman est proportionnelle au nombre d’atomes piégés, tandis
que celle de la raie Brillouin est proportionnelle au nombre d’atomes qui se propagent à
la vitesse du mode Brillouin2 .
On observe bien que lorsque ∆ varie, la position des résonances change, en accord
avec nos observations du chapitre précédent3 , ainsi que leur intensité. En particulier, si on
compare l’intensité des raies Brillouin avec celle des raies Raman, on observe que pour des
|∆| élevés (|∆|/2π = 60MHz, |∆|/2π = 40MHz), donc pour des taux de pompage faibles,
l’intensité de la raie Brillouin est très faible par rapport à celle de la raie Raman. En
revanche, lorsque les faisceaux du réseau sont rapprochés de résonance, la raie Brillouin
est nettement plus visible (|∆|/2π = 24MHz, |∆|/2π = 20MHz). Enfin, pour |∆|/2π
= 12MHz, la résonance Brillouin redevient moins marquée4 . Ces observations sont en
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
accord avec celles obtenues lorsque nous avons étudié le nombre d’atomes participant au
mode Brillouin par imagerie du nuage atomique et représentent une deuxième évidence
expérimentale d’une résonance stochastique.
IV.4 Conclusion
Dans ce chapitre nous avons présenté deux évidences expérimentales prouvant qu’un
phénomène de résonance stochastique dans un potentiel périodique se produit lors de
l’excitation du mode Brillouin dans un réseau brillant.
Nous avons présenté la résonance stochastique comme un effet pour lequel le rapport
signal/bruit d’une observable physique présente un maximum lorsque le niveau de bruit
augmente. Nous avons montré que ce phénomène se produit, de façon assez générale,
pour des systèmes physiques qui présentent un seuil à un niveau plus élevé que les signaux
typiques à l’entrée du système.
Nous avons observé le phénomène de résonance stochastique dans un potentiel périodique,
en étudiant le nombre d’atomes participant au mode Brillouin. L’originalité d’un tel
système physique réside dans le fait que la dynamique atomique est dans un régime sous-
amorti dans lequel les effets inertiels jouent un rôle majeur.
Le potentiel périodique statique a été engendré par la superposition de quatre faisceaux
2
Remarquons qu’une mesure absolue de l’intensité de la raie Brillouin ne serait pas un indicateur fiable
de l’excitation du mode Brillouin, car le nombre total d’atomes dans le réseau optique varie lorsqu’on
change le désaccord ∆. 0
3
On rappelle que la résonance Brillouin est attendue pour |δ| = Ωx ∝ I/|∆|.
4
Remarquons que lorsque’on s’approche à la résonance atomique, les positions des raies Brillouin et
Raman semblent ne plus être symétriques par rapport à δ = 0. Nous n’avons pas d’explication simple de
ce phénomène.
126 Résonance stochastique dans les réseaux brillants
laser, la modulation de potentiel avec des faisceaux supplémentaires. Nous avons montré
que le rôle du bruit est joué dans ce système par le pompage optique, qui peut être varié de
façon arbitraire en changeant l’intensité et le désaccord des faisceaux du réseau optique,
tout en gardant constants le potentiel statique et la modulation.
L’observation expérimentale a été effectuée par deux méthodes différentes, l’imagerie
du nuage atomique et la spectroscopie pompe-sonde. Nous avons mis en évidence que le
nombre d’atomes participant au mode Brillouin présente un maximum lorsque le taux de
pompage optique Γ!0 est augmenté.
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Chapitre V
Dans les chapitres précédents, nous avons étudié le transport d’atomes dans les réseaux
optiques. Nous avons montré que la souplesse avec laquelle les différents paramètres peu-
vent être changés font des réseaux optiques un excellent système modèle pour la physique
statistique.
Dans ce chapitre, nous utilisons la flexibilité de ce système physique pour la réalisation
de moteurs browniens. Dans un moteur brownien, une particule qui évolue dans un poten-
tiel plat à grande échelle est mise en mouvement dirigé sans qu’aucune force apparente ne
soit appliquée dans la direction du mouvement. Ce mouvement dirigé est possible grâce à
la rectification de forces fluctuantes, comme celle due au contact avec un réservoir à une
certaine température ou une force extérieure de moyenne nulle.
Les moteurs browniens sont actuellement un domaine de recherche très actif pour les
physiciens de la physique statistique, surtout pour leur intérêt en biologie. En effet, il
est maintenant bien établi que le transport de matière dans les cellules vivantes est le
résultat du déplacement de protéines le long de fibres qui sont elles-mêmes protéiniques.
Plusieurs modèles de moteurs moléculaires ont été conçus pour décrire ces processus
de transport, dans lesquels la dynamique de la protéine est étudiée comme celle d’une
particule brownienne dans un potentiel périodique. Tous les modèles ont leur principe de
fonctionnement fondé sur une brisure spatio-temporelle du système physique.
Dans ce chapitre, nous présentons deux expériences [108, 109] dans lesquelles les
réseaux optiques ont été utilisés comme système modèle pour réaliser des moteurs brown-
iens, dans lesquels seule une symétrie, spatiale ou temporelle, est brisée. La première des
deux expériences que je décrirai (celle sur la brisure de symétrie spatiale) a été réalisée
dans notre groupe avant mon arrivée, mais j’en rappellerai les principaux résultats, vu
son lien très étroit avec l’autre expérience, qui a été réalisée au cours de ma thèse.
128 Brisure de symétrie et diffusion dirigée dans un réseau optique
V(z)
L’idée de base de tous les modèles de moteur brownien a été énoncée en 1894 par Pierre
Curie [98] : lorsque certains effets révèlent une certaine dissymétrie, cette dissymétrie
doit se retrouver dans les causes qui lui ont donné naissance. Ce principe représente une
condition nécessaire pour qu’un phénomène physique ait lieu. En pratique, le principe
peut s’exprimer de façon plus forte [99], en disant que, sauf des exceptions de symétrie
accidentelle, une dissymétrie dans les causes se répercute toujours en une dissymétrie
dans les effets. Le principe de Curie implique que pour obtenir un flux net de particules
dans une direction, la symétrie spatio-temporelle du système physique doit être brisée.
La symétrie spatiale peut être brisée en faisant, par exemple, évoluer les particules dans
un potentiel périodique asymétrique, comme celui montré sur la figure V.1.
V.1 Introduction aux moteurs browniens 129
Figure V.2: Dispositif du rochet de Feynman (Figure extraite de la référence [100]). Pour
T1 > T2 , les fluctuations thermiques engendrent une rotation de l’axe vers l’avant. Du
travail peut être extrait du système.
Une analyse précise montre qu’il n’est pas possible d’extraire du travail à partir de ce
système si T1 ≤ T2 , alors que pour T1 > T2 , du travail peut être extrait et une masse M
soulevée. Dans ce dernier cas, une quantité de chaleur est transmise du gaz chaud (celui
en contact avec les palettes) au gaz froid (celui en contact avec la roue à rochets) 1 . Le
deuxième principe de la thermodynamique n’est donc pas violé.
Analysons le dispositif du rochet de Feynman avec une masse M =0 en termes du
principe de Curie. Si la symétrie temporelle n’est pas brisée, pour n’importe quel choix
de T1 et T2 , la roue à rochets brise la symétrie spatiale du système, ce qui implique
que, de façon générale, la roue doit tourner dans une direction préférentielle, ce qui est
le cas sauf pour T1 = T2 . En revanche, le cas T1 = T2 implique le résultat remarquable
qu’aucune direction préférentielle du mouvement ne peut être choisie si l’on est à l’équilibre
thermodynamique.
Dans le paragraphe précédent, nous avons vu un exemple de moteur brownien qui fonc-
tionne lorsque le système physique présente deux températures différentes. Nous allons
ici traiter des modèles de moteur brownien dans lesquels aucun gradient de température
n’est présent [101].
V(z)
a)
z
V(z)
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b)
z
V(z)
c)
z
dirigé.
Il est possible de réaliser un travail sur les particules avec un tel dispositif. En effet,
supposons qu’on ajoute une faible force constante vers les z négatives. Même si les
particules voient vers les z positives des barrières de potentiel plus hautes que vers les
z négatives, à cause des sauts entre le potentiel V (z) et le potentiel plat, les particules
auront toujours un mouvement moyen vers les z positives.
132 Brisure de symétrie et diffusion dirigée dans un réseau optique
Remarques
- A première vue le résultat d’un tel moteur brownien semble violer le deuxième
principe de la thermodynamique, parce qu’un travail est obtenu à partir d’une source
de chaleur à une température fixe et sans qu’une force extérieure ne soit appliquée.
On a l’impression d’effectuer une transformation dans laquelle l’unique résultat est
la transformation de chaleur en travail. Or, ceci n’est pas le cas. En effet, le fait
d’allumer et d’éteindre le potentiel V (z) coûte de l’énergie, qui doit être fournie de
l’extérieur.
gagner PA = 0.5 − ε. Le jeu B est toujours un jeu de pile ou face biaisé mais légèrement
plus compliqué. Si le capital C(t) accumulé jusqu’à ce moment n’est pas un multiple de 3,
on tire une pièce (pièce 2) qui est gagnante avec probabilité PB2 = 0.75 − ε. En revanche,
si le capital C(t) accumulé jusqu’à ce moment est un multiple de 3, on tire une pièce
(pièce 3) qui est gagnante avec probabilité PB3 = 0.10 − ε. Les propriétés des jeux A et
B son résumées sur la figure V.4.
Jeu A
Pi ce 1
perdre gagner
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Jeu B
C(t) n est pas multiple de 3 C(t) est un multiple de 3
Pi ce 2 Pi ce 3
On peut montrer que chacun des deux jeux est perdant, dans le sens que, si on joue
indéfiniment à ce jeu, à la fin notre capital de départ diminue. Ceci est évident pour le jeu
A, qui a une probabilité de gagner PA = 0.5 − ε, et légèrement plus technique à montrer
pour le jeu B, pour lequel la probabilité de gagner à long terme vaut PB = 0.5 − 0.87ε.
Le résultat paradoxal vient du fait que, si on alterne les deux jeux, soit de façon
périodique, soit de façon complètement aléatoire, on obtient un jeu qui à long terme est
gagnant !
La figure V.5 montre les résultats d’une simulation numérique, obtenus pour ε = 0.005.
On voit bien que les deux jeux sont perdants à long terme alors qu’en les alternant, le jeu
devient au total gagnant.
Nous voulons maintenant montrer l’équivalence entre le jeu de Parrondo et le moteur
134 Brisure de symétrie et diffusion dirigée dans un réseau optique
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Figure V.5: Simulation numérique (extraite de la référence [103]) pour montrer le para-
doxe de Parrondo. La notation [a, b] indique qu’on alterne les jeux en jouant a fois le jeu
A, b fois le jeu B et ainsi de suite.
2
une démonstration mathématique exacte est fournie dans la référence [104].
V.2 Modèles isothermes 135
Pi ce 1
V(z)
Jeu A
Jeu B
z
Pi ce 2 Pi ce 3
fluctuant.
t = nT/2
t = T/4 + nT
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Figure V.7: Moteur brownien à forces fluctuantes. Les particules voient toujours des
barrières de potentiel vers les z positives, alors qu’à certains instants, elles ne voient plus
de barrière vers les z négatives.
pour t = 3T /4 + nT (avec n entier), les particules sont poussées vers les z négatives sans
rencontrer aucune barrière. Il est intéressant d’étudier le rôle du bruit thermique dans ce
moteur brownien. En effet, tel que nous l’avons décrit, le moteur va pouvoir fonctionner
même en l’absence de la force aléatoire ξ(t). Si F1 et F2 sont les pentes du potentiel
statique en dents de scie (avec F1 pente de la partie raide du potentiel, donc |F1 | > |F2 |),
ce moteur a deux niveaux de seuil pour l’amplitude F0 de la force sinusoı̈dale, |F1 | et |F2 |.
Pour F0 < |F2 |, les particules rencontrent toujours des barrières de potentiel dans les deux
directions. Il s’ensuit qu’en l’absence de bruit thermique les particules ne se déplacent pas
et le moteur brownien est inefficace. Pour |F1 | > F0 > |F2 |, ce qui est le cas représenté en
figure V.7, les particules voient toujours une barrière vers les z positives, alors qu’à cer-
tains instants elles peuvent se déplacer vers les z négatives sans rencontrer d’obstacle. Le
moteur dans cette situation est très efficace. Enfin pour F0 > |F1 |, selon les instants, les
particules peuvent se propager dans l’une ou l’autre directions sans rencontrer de barrière.
Le moteur devient alors de moins en moins efficace lorsqu’on augmente F0 . La figure V.8
(extraite de la référence [106], dans laquelle on étudie le régime sur-amorti) montre une
simulation numérique pour le flux de particules en fonction de F0 . En trait plein est re-
portée une simulation pour un niveau de bruit très faible (température T basse). Les deux
seuils pour F0 sont clairement visibles. Sur la figure on observe aussi un autre résultat
remarquable, à savoir que pour un niveau de bruit plus élevé (trait pointillé), le seuil pour
lequel le moteur brownien devient efficace est abaissé. De nouveau, ce système physique
exploite les bienfaits du bruit !
V.2 Modèles isothermes 137
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Figure V.8: Simulation numérique (extraite de [106]), pour calculer le flux J de particules
en fonction de l’amplitude F0 de la force sinusoı̈dale dans un moteur brownien à forces
fluctuantes. Le trait plein correspond à un niveau de bruit très faible, le trait pointillé à
un niveau plus élevé. Les deux seuils pour F0 sont clairement visibles à faible bruit. La
figure montre aussi que le seuil qui rend le moteur efficace est abaissé pour un niveau de
bruit plus élevé.
Dans ces modèles, la particule brownienne dont on considère le mouvement est suscep-
tible de se trouver dans plusieurs états, auxquels correspondent différents potentiels, forces
de friction et forces fluctuantes. La dynamique des particules est décrite par plusieurs
équations différentielles, une pour chaque état :
∂
mz̈ + Vi (z) = −ηi ż + Fi (t). (V.5)
∂z
La force Fi (t) considérée dans ces modèles est toujours un bruit blanc gaussien dû
au contact avec un réservoir à la température T . L’évolution dans chacun des états est
interrompue par des passages à d’autres états, avec un taux de passage lent par rapport
au temps de thermalisation dans chaque état. Le cas le plus simple de ces modèles
correspond au cas où seuls deux états sont accessibles par la particule. Remarquons que
la symétrie temporelle de la force Fi (t) n’étant pas brisée dans l’équation V.5, la symétrie
spatiale d’au moins un des potentiels Vi (z) doit être brisée pour qu’un mouvement dirigé
se produise, en accord avec le principe de Curie. Dans les références [101, 107], il est aussi
démontré qu’une deuxième condition doit être satisfaite pour que le mouvement ait lieu,
138 Brisure de symétrie et diffusion dirigée dans un réseau optique
à savoir que le bilan détaillé des taux de passage ω1 et ω2 entre les deux états ne doit pas
être satisfait :
1 2
V1 (z) − V2 (z)
ω1 (z) = ω2 (z) exp (V.6)
kB T
Or, la condition V.6 est automatiquement satisfaite si de l’énergie n’est pas fournie au
système de l’extérieur et que les taux de passage ωi (z) (i = 1, 2) sont donnés simplement
par le contact avec un réservoir à une certaine température. A nouveau, ce résultat est
tout à fait en accord avec le deuxième principe de la thermodynamique.
La figure V.9 montre le principe de fonctionnement d’un moteur de ce type lorsque les
potentiels V1 (z) et V2 (z) sont identiques (en dents de scie) mais avec un certain décalage
spatial. Les taux ωi (z) ne satisfont pas la condition V.6 et sont dans cet exemple maximum
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au fond des puits de potentiel. On voit bien que si on part avec des particules au fond d’un
puits, à cause des passages d’un potentiel à l’autre (qui se font de préférence lorsqu’une
particule se trouve au fond d’un puits) et des phases d’évolution sur chacun des potentiels,
les particules se déplacent vers les z négatives.
1
E(r, t) = E0 [(ε+ (r)e+ + ε− (r)e− )e−iωL t + c.c.], (V.7)
2
on obtient, à la limite des faibles saturations (pour laquelle on peut éliminer l’état atom-
ique excité), un système à deux niveaux {|Fg = 1, m = −1%, |Fg = 1, m = +1%}. En effet,
le coefficient de Clebsh-Gordan couplant |Fg = 1, m = 0% et |Fe = 1, m = 0% est nul. Après
V.3 Transport d’atomes dans un réseau optique asymétrique 139
a)
ω1
b)
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c)
ω2
Figure V.9: Principe de fonctionnement d’un moteur Brownien à deux états. Les poten-
tiels sont identiques mais déphasés. Les taux de passage ωi d’un potentiel à l’autre sont
maximum au fond des puits. Une particule qui démarre au fond d’un puits est transférée
sur l’autre potentiel avec une probabilité très élevée (a). Une phase d’évolution dans ce
deuxième potentiel la reporte au fond d’un puits (b) avant qu’elle soit pompée dans le
potentiel de départ (c). Au cours d’un cycle, la particule se déplace en moyenne vers les
z négatives.
quelques cycles de fluorescence, aucun atome ne se trouve dans l’état |Fg = 1, m = 0%. Si
on considère l’état non couplé
où N (r) est un facteur de normalisation, il est facile de vérifier que l’action du Hamil-
tonien d’interaction atome-champ −d · E(r, t) sur cet état est nulle. Ceci provient d’une
interférence quantique destructive entre les amplitudes des différentes transitions. En re-
vanche, l’état |ΦC (r)% = N (r)[ε− (r)|mg = +1% − ε+ (r)|mg = −1%], orthogonal à |ΦN C (r)%,
sera fortement couplé à la lumière. Or, l’Hamiltonien total de l’atome contient aussi le
terme d’énergie cinétique P 2 /2M . Il s’ensuit qu’en général, les états |ΦC (r)% et |ΦN C (r)%
sont couplés, sauf pour certaines valeurs de l’impulsion où l’état non couplé devient un
état propre de l’Hamiltonien total, que l’on appelle état noir car il est complètement
découplé de la lumière.
figure V.10). Cette configuration est appelée LinθLin. Un champ magnétique statique
B0 est ajouté dans la direction z.
+θ/2 -θ/2
E0 B0 E0
y
x
z
Dans un premier temps considérons le cas d’un champ magnétique nul. Les états
couplé et non couplé s’écrivent :
1 2
NC 1 θ θ
|Φ (z)% = ' cos(kz + )|mg = +1% + cos(kz − )|mg = −1% , (V.9)
D(z) 2 2
V.3 Transport d’atomes dans un réseau optique asymétrique 141
1 2
C 1 θ θ
|Φ (z)% = ' cos(kz − )|mg = +1% − cos(kz + )|mg = −1% , (V.10)
D(z) 2 2
où D(z) = 1 + cos 2kz cos θ représente la variation spatiale de l’intensité totale de la
lumière. Regardons maintenant les déplacements lumineux (et donc les potentiels optiques
VC (z) et VN C (z)) et les durées de vie radiative des deux états. L’état non couplé n’est
pas déplacé en énergie (VN C (z) = 0) et a une largeur radiative nulle. Pour l’état couplé
on obtient [111] un déplacement lumineux VC (z) = h̄D(z)∆!0 et une largeur radiative
Γ!C = D(z)Γ!0 , où ∆!0 et Γ!0 sont donnés par les expressions I.8 et I.11. Montrons qu’une
telle configuration conduit à un refroidissement de type Sisyphe lorsque le désaccord ∆
des faisceaux laser par rapport à la résonance atomique est positif. L’état |Φ N C (z)% est
couplé à l’état |ΦC (z)% par un couplage non adiabatique. En particulier, il est possible de
montrer que pour un atome de vitesse v ce couplage est proportionnel à vD(z) sin θ 3
. Dans ce
cas, un atome évoluant dans l’état non couplé avec une certaine énergie cinétique, subit
des transitions vers l’état couplé aux endroits où D(z) est minimum, donc aux minima du
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potentiel VC (z). L’atome revient à l’état non couplé par pompage optique, qui est plus
fréquent aux endroits où D(z) est maximum, donc aux maxima de VC (z). Le processus
de refroidissement est schématisé sur la figure V.11. L’atome, qui se trouve au départ
dans l’état non couplé, passe à l’état couplé par couplage non adiabatique près d’un point
d’anti-croisement des potentiels et se retrouve au fond d’un puits. Il gravit la colline de
potentiel, perd de l’énergie cinétique et repasse à l’état non-couplé par pompage optique,
où il se retrouve avec une énergie cinétique plus faible. Comme dans le processus Sisyphe
dans les réseaux brillants, l’excès d’énergie est emporté par le photon spontané lors du
cycle de pompage optique.
|C >
|NC >
3
De façon générale, le couplage non adiabatique est maximum au point d’anti-croisement des énergies
et proportionnel à la vitesse de l’atome.
142 Brisure de symétrie et diffusion dirigée dans un réseau optique
1200
Déplacement lumineux (ER)
1000
800
|C〉
600
400
200 |NC〉
0 2 4 6 8 10
kLz
Figure V.12: Potentiels des états couplé et non couplé pour h̄∆!0 = 750ER , θ = 30o et
Ω0
∆$
= 0.025.
0
On voit que le champ magnétique engendre une modulation spatiale pour le potentiel
de l’état non couplé. Il est asymétrique pour θ $= 0, ∓π/2, et indépendant de ∆!0 , donc des
paramètres des faisceaux laser. Le potentiel de l’état couplé est asymétrique également,
mais cette asymétrie est moins évidente car la partie asymétrique de VC (z) (qui vient de
l’Hamiltonien Zeeman) est très faible par rapport à la contribution symétrique (qui vient
de l’Hamiltonien dipolaire électrique) .
Nous voulons maintenant montrer que la dynamique d’un atome dans la structure que
l’on vient de décrire correspond à celle d’un moteur brownien à particule fluctuante entre
deux états. En effet, comme nous l’avons dit, les atomes peuvent passer d’un état à l’autre
par pompage optique et couplage non adiabatique. Les taux de passage ne respectent pas
en général la condition de bilan détaillé V.6. De plus, un des deux potentiels présente
V.3 Transport d’atomes dans un réseau optique asymétrique 143
une asymétrie spatiale, qui peut être contrôlée en changeant l’angle θ. On peut des lors
prédire que la vitesse moyenne d’un nuage atomique qui évolue dans une telle structure
est non nulle, bien que les potentiels soient plats à longue échelle.
images à différents instants après le chargement des atomes dans le réseau. Pour obtenir
des images avec un bon contraste, chaque image est la moyenne de 100 clichés, les atomes
diffusant peu de photons lorsqu’ils sont dans l’état non couplé. La figure V.13 montre les
résultats expérimentaux obtenus pour le déplacement du centre de masse en fonction du
temps pour un champ magnétique le long de +z et −z. On voit bien que le changement de
la force de gravité.
Sur la figure V.14 sont reportés les résultats expérimentaux pour le déplacement du
centre de masse en fonction de l’angle θ entre les polarisations des faisceaux. Pour
s’affranchir du problème dû à la gravité, nous avons tracé le déplacement d = (d− −d+ )/2.
Les résultats expérimentaux montrent que l’angle θ est bien le paramètre de contrôle de
la symétrie du potentiel, et donc du moteur brownien. En effet, le déplacement d devient
nul pour θ = 0, ∓π/2, valeurs qui rendent les potentiels VC (z) et VN C (z) symétriques.
De plus d est une fonction impaire de θ, en accord avec le changement de symétrie des
potentiels lors d’une transformation θ → −θ.
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Figure V.14: Déplacement du nuage d = (d− − d+ )/2 en fonction de l’angle θ entre les
polarisations des faisceaux après 6 ms dans le réseau. Les paramètres expérimentaux sont :
∆ = 2Γ, Ω0 = 170ωR et s0 - 0.2.
clock in y
ω 2ω,−φ z
out out
+ x
α (t)
φ M in clock in
Ω Ω
RF out RF out
εy atoms
MAO 1 MAO 2
L1 L2
εx
Figure V.15: Schéma du montage expérimental. La phase du faisceau laser L 1 vaut −kz −
ωL t + α(t), celle du faisceau L2 kz − ωL t. La pulsation ωL contient le décalage Ω dû au
modulateur acousto-optique.
Pour engendrer une force F (t) homogène et dépendant du temps, nous avons appliqué
146 Brisure de symétrie et diffusion dirigée dans un réseau optique
une modulation de phase α(t) à un des faisceaux qui forment le réseau optique. Le champ
électrique total s’écrit alors
[28] :
M
F (t) = −M a(t) = − α̈(t). (V.16)
2k
En choisissant la modulation de phase α(t) de la forme
. /
B
α(t) = α0 A cos(ωt) + cos(2ωt − φ) (V.17)
4
avec φ constant, on obtient une force d’inertie
M ω 2 α0
F (t) = [A cos(ωt) + B cos(2ωt − φ)] . (V.18)
2k
Il s’agit donc d’une force homogène, qui est la somme de deux forces oscillantes de pulsa-
tions ω et 2ω, déphasées de φ 5 . Il s’ensuit que la force F (t) brise la symétrie temporelle
V.14, et donc que notre système physique est adapté pour observer une diffusion dirigée
d’atomes. Nous présentons dans cette thèse des résultats expérimentaux correspondant
à un forçage non adiabatique, car la pulsation ω de la force oscillante est proche de la
pulsation Ωv des oscillations dans les puits de potentiel.
Dans notre expérience, les atomes de 85 Rb sont piégés et refroidis dans un PMO. A
un instant donné, le gradient de champ magnétique et les faisceaux du PMO le long de
l’axe z sont soudainement éteints. Simultanément, les faisceaux qui forment le réseau
optique selon z sont allumés. Les faisceaux du PMO dans les directions x et y sont gardés
allumés au cours de l’expérience pour obtenir une force de friction pour les atomes dans
4
Nous rappelons que cette transition est la plus simple qui engendre un processus de refroidissement
Sisyphe. Nous restreindrons notre analyse théorique à cette transition, bien que l’expérience ait été menée
sur la transition 5S1/2 (Fg = 3) → 5P3/2 (Fe = 4) du 85 Rb.
5
Cette idée d’accélérer les potentiels optiques a déjà été utilisée dans les références [4] et [5] pour
observer des oscillations de Bloch d’atomes dans un réseau optique.
V.4 Diffusion dirigée d’atomes dans un réseau optique symétrique 147
ces directions et garder un nombre d’atomes plus important dans le réseau. Pour obtenir
la modulation de phase α(t) appropriée pour les faisceaux du réseau, nous avons utilisé
deux modulateurs acousto-optiques (MAO), un pour chaque faisceau (cf. figure V.15).
Les MAO sont pilotés par deux synthétiseurs RF à la fréquence Ω/2π = 76 MHz. Les
synthétiseurs utilisent la même horloge de référence. Un des deux synthétiseurs est modulé
en phase par un signal obtenu en mélangeant deux signaux sinusoı̈daux de pulsations ω et
2ω (ω/2π - 100 kHz) et déphasés de φ. Les deux signaux de pulsations ω et 2ω utilisent
la même horloge.
Nous avons étudié la dynamique atomique dans le réseau optique par imagerie. Pour
un déphasage φ donné, nous avons pris des images du nuage atomique évoluant dans le
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
réseau à différents instants après le chargement des atomes dans le réseau. Nous avons
déterminé la position du centre de masse au cours du temps. Remarquons que, pour
les temps typiques de notre expérience, la position du centre de masse mesurée dans le
référentiel du laboratoire coı̈ncide avec celle du référentiel accéléré. En effet, le référentiel
accéléré oscille avec une amplitude d’environ 1 µm, alors que les déplacements du centre
de masse que l’on mesure valent typiquement 100 µm. De plus, avec une fréquence typique
ω/2π - 100 kHz, la position dans le référentiel du laboratoire et celle dans le référentiel
accéléré sont équivalentes si l’on tient compte du temps d’exposition de la caméra qui
vaut 1 ms. Il s’ensuit qu’aucun changement de coordonnées n’est nécessaire pour passer
du référentiel du laboratoire au référentiel accéléré pour lequel la description en termes
d’un potentiel statique et d’une force homogène appliquée est valide.
Nous avons effectué plusieurs mesures de vitesse du centre de masse pour différentes
valeurs de la phase φ. Nous avons observé que le centre de masse du nuage atomique
se déplace à vitesse constante, comme le montre l’insert de la figure V.16. Nous avons
alors déterminé la vitesse du centre de masse en fonction de la phase φ. Les résultats de
la figure V.16 montrent clairement un phénomène de diffusion dirigée dans un potentiel
périodique : les atomes peuvent être envoyés dans une direction spécifique avec la seule
brisure de symétrie temporelle.
La dépendance de la vitesse du centre de masse avec la phase φ, que l’on observe sur
la figure V.16, peut être expliquée en examinant les symétries temporelles du système
[112, 113]. En effet, bien que la symétrie F (t + T /2) = −F (t) soit brisée pour toutes les
valeurs de φ, une deuxième symétrie F (t) = F (−t) est susceptible d’inhiber le courant de
particules. Cette deuxième symétrie est réalisée pour φ = nπ (avec n entier), et est brisée
de façon maximale pour φ = (n + 1/2)π. Ceci explique la dépendance observée pour la
vitesse du centre de masse avec la phase φ et montre que dans notre système le paramètre
φ joue le rôle de paramètre de contrôle pour le signe et l’amplitude du courant d’atomes.
Pour montrer expérimentalement que la diffusion dirigée est déterminée par la brisure
de la symétrie F (t + T /2) = −F (t) , nous avons fixé la phase φ à π/2 de manière que la
148 Brisure de symétrie et diffusion dirigée dans un réseau optique
8
0.6
φ=π/2
6
Δz (mm)
0.0
4
φ=3π/2
2 −0.6
v (mm/s)
0 40 80 120
0 t (ms)
−2
−4
−6
−8
0 π/2 π 3π/2 2π
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symétrie F (t) = F (−t) soit brisée de façon maximale, et nous avons étudié la vitesse du
centre de masse en fonction des amplitudes des harmoniques aux fréquences ω et 2ω de
la force F (t). Pour ceci, nous avons choisi une modulation de phase de la forme de l’éq.
V.17, avec A = 1 − B. On obtient alors une force
M ω 2 α0
F (t) = [(1 − B) cos(ωt) + B cos(2ωt − π/2)] . (V.19)
2k
En changeant le paramètre B, on peut donc faire varier le rapport des amplitudes des
composantes de la force F (t) aux fréquences ω et 2ω, en gardant constante leur somme.
Les résultats expérimentaux sont reportés sur la figure V.17. On observe que pour B = 0
et B = 1, donc pour une force F(t) monochromatique, la vitesse du centre de masse est
nulle et que la diffusion dirigée n’a pas lieu. En revanche, en augmentant B à partir
de zéro, on observe un courant d’atomes dans une direction spécifique. Ce courant est
maximum pour B - 0.5, pour lequel les harmoniques aux fréquences ω et 2ω ont la même
amplitude. Ces résultats montrent donc que la diffusion dirigée est bien due à la brisure
de la symétrie F (t + T /2) = −F (t).
V.4 Diffusion dirigée d’atomes dans un réseau optique symétrique 149
1.2
v (mm/s)
0.8
0.4
0.0
0.0 0.5 1.0
B
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Pour conclure cette section sur l’observation d’une diffusion dirigée dans un réseau
symétrique, nous étudions dans ce paragraphe les mécanismes microscopiques produisant
le courant atomique. Nous en présentons deux, l’un se basant sur l’anharmonicité du
potentiel optique, l’autre sur la variation dans l’espace du taux de pompage optique.
Le potentiel optique vu par les atomes étant sinusoı̈dal, le premier terme anharmonique
au fond des puits de potentiel sera en z 4 . Considérons l’équation du mouvement d’une
particule en présence de la force F (t) = A cos(ωt)+B cos(2ωt−φ) et d’une force de friction,
en traitant le terme en z 4 du potentiel au premier ordre de la théorie des perturbations.
Ecrivons la solution z(t) = z0 (t) + εz1 (t) en l’absence du bruit dû au pompage optique. Le
terme z0 (t) = z01 cos(ωt + δ1 ) + z02 cos(2ωt + δ2 − φ) est la solution (de moyenne nulle) que
l’on trouve en absence du terme anharmonique. En particulier, on a z01 ∝ A et z02 ∝ B.
En revanche, le terme anharmonique du potentiel produit un mélange des fréquences ω
et 2ω, et le terme z1 (t) va contenir des termes oscillant aux pulsations nω (n=1,...,6) et
un terme constant proportionnel à A2 B cos(2δ1 − δ2 + φ). Ce terme constant déplace le
150 Brisure de symétrie et diffusion dirigée dans un réseau optique
centre des oscillations des particules par rapport au fond des puits de potentiel, comme le
montre la figure V.18. Il s’ensuit que les sauts aléatoires d’un puits à l’autre vont se faire
- +
P P
celui de gauche.
de façon préférentielle dans une direction plutôt que dans l’autre, induisant un courant
de particules.
où T+ est l’intervalle de temps que l’atome passe en z > 0 et T− celui que l’atome passe en
z < 0, pendant une période T . On trouve alors pour le courant atomique J, proportionnel
à P+ − P− :
3 3 3
2 2 z(t)
J∝ sin z(t)dt − sin z(t)dt = sin2 z(t) dt (V.21)
T+ T− T |z(t)|
Cette expression pour J implique un courant qui, en général, est différent de zéro
lorsque z(t) ne vérifie pas la symétrie z(t + T /2) = −z(t). En effet, si z(t) vérifie cette
symétrie temporelle on trouve :
V.5 Conclusion 151
3 3 T
2 z(t) z(t)
J ∝ sin z(t) dt = sin2 z(t) dt =
T |z(t)| 0 |z(t)|
3 T /2 3 T
2 z(t) z(t)
= sin z(t) dt + sin2 z(t) dt. (V.22)
0 |z(t)| T /2 |z(t)|
En faisant la substitution t = t! +T /2 dans la deuxième intégrale et en utilisant la symétrie
temporelle de z(t) on trouve :
3 3 T /2
T /2 z(t) z(t! + T /2) !
J∝ 2
sin z(t) dt + sin2 z(t! + T /2) dt =
0 |z(t)| 0 |z(t! + T /2)|
3 T /2 3 T /2
z(t) z(t! ) !
= 2
sin z(t) dt − sin2 z(t! ) dt = 0. (V.23)
0 |z(t)| 0 |z(t! )|
Nous retrouvons donc le résultat que nous avons déjà annoncé, à savoir que la brisure
temporelle F (t + T /2) = F (−t) est une condition nécessaire pour obtenir un courant de
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
V.5 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons présenté deux expériences dans lesquelles les réseaux
optiques sont utilisés comme système modèle pour la réalisation de moteurs browniens.
Ce domaine de recherche est actuellement très actif, surtout du point de vue théorique, à
cause des applications de ces modèles dans les processus de transport dans les organismes
vivants. La souplesse avec laquelle on peut faire varier les paramètres dans les réseaux
optiques, en fait de bons candidats pour réaliser des études expérimentales.
Nous avons introduit le concept de moteur brownien, système physique susceptible de
rectifier les fluctuations thermiques à partir d’une brisure spatio-temporelle.
Nous avons décrit la réalisation de deux types de moteurs atomiques browniens, l’un
dans lequel la rectification du mouvement des particules est due à l’asymétrie du potentiel
dans lequel elles évoluent, l’autre dans lequel une diffusion dirigée est obtenue par la
brisure de la seule symétrie temporelle du système.
La dynamique atomique reste complexe dans les expériences et, en général, les situa-
tions expérimentales que l’on a analysées restent assez éloignées des modèles de la physique
statistique. Notamment, un gros inconvénient vient du fait que toutes les expériences ont
été réalisées avec des réseaux optiques proches de résonance, dans lesquels la dissipation
due au pompage optique reste difficile à modéliser. Certainement, l’évolution naturelle
de ces expériences consiste à utiliser des faisceaux laser loin de toute résonance atomique,
afin de séparer la partie hamiltonienne de la dynamique atomique de la composante dis-
sipative. En particulier, dans ces régimes, le traitement des degrés de liberté externes des
atomes doit se faire de façon quantique, et des effets originaux comme le retournement
du courant atomique peuvent se produire [114].
152 Brisure de symétrie et diffusion dirigée dans un réseau optique
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Conclusion
induire un mouvement dirigé des atomes. Nous avons créé la force oscillante asymétrique
comme la somme de deux sinusoı̈des aux fréquences ω et 2ω, avec un déphasage φ et nous
avons montré que φ joue le rôle de paramètre de contrôle pour le signe et l’amplitude du
courant de particules. Remarquons que la relative simplicité de mise en place d’un tel
dispositif ouvre certainement des voies ultérieures pour l’étude de phénomènes de physique
statistique.
Pour conclure, une remarque de caractère général : le travail que nous avons effectué
sur les réseaux optiques nous a porté à considérer plusieurs domaines de la physique,
à partir de la physique atomique et de l’optique, pour finir à la physique des solides,
la physique non-linéaire et la physique statistique. Nous sommes persuadés que cette
attitude consistant à aborder un problème donné de plusieurs points de vue est à la fois
rentable et passionnante.
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Annexe A
The last decade has witnessed dramatic progress in laser wave without a net transport of atoms, the Brillouin-
cooling techniques and nowadays in several laboratories like resonances analyzed in this work consist of a net
around the world atoms are routinely trapped and cooled motion of the atoms. In fact, the propagation of atoms
at very low temperatures and high densities [1]. Most of through the lattice are determined here by the interaction
the current efforts within the cold atoms community are with the light. The light fields determine both the potential
directed to reaching the regime of quantum degeneracy in wells where the atoms can oscillate, whose vibrational fre-
both bosonic and fermionic samples, in order to investigate quency determines the velocity of the propagation modes,
the properties of the quantum gases thus obtained, and and the escape from the potential wells, which allows the
realizing an atom laser, the matter wave analog of the laser. propagation of atoms. We also show theoretically that
Cold atomic samples also constitute an ideal system for the the amplitude of the Brillouin mode is a nonmonotonic
study of complex nonlinear phenomena. This turns out to function of the strength of the noise corresponding to the
be especially true if the cold atoms are ordered by the light optical pumping, and we discuss this behavior in terms of
fields in periodic structures, so-called optical lattices [2,3]. nonconventional stochastic resonance [11,12].
These are obtained by the interference of two or more laser We consider a three dimensional (3D) lin ! lin near
fields: the light imposes its order on the matter via the resonant optical lattice, as in previous work [13]. The
dipole force [4], creating a periodic structure of atoms. periodic structure is determined by the interference of four
Among the most significant studies of nonlinear dy- linearly polarized laser beams, arranged as in Fig. 1. This
namics in optical lattices, we recall here the observation arrangement results in a periodic modulation of the light
of mechanical bistability in a strongly driven dissipative polarization and light intensity, which produces a periodic
optical lattice [5] and the realization of the kicked rotor
and corresponding detection of chaotic motion in a far
detuned lattice [6]. Furthermore the macroscopic transport
of atoms in an asymmetric optical lattice without the
application of external forces has been observed [7].
This corresponds to the realization of an optical motor, 3
i.e., a ratchet for cold atoms, a well-controllable model
system for the molecular combustion motor [8]. Brillouin-
like propagation modes of atoms in a dissipative optical
2θ
lattice have also been theoretically studied to explain the 2
nonlinear optical properties of optical lattices [9,10]. In
this Letter, we report on the first direct observation of 2θ 4
While a sound wave corresponds to a propagating density FIG. 1. Sketch of the experimental setup.
modulation of the light shifts of the different ground states ing with the help of semiclassical Monte Carlo simula-
of the atoms (optical potentials) [3]. The optical pumping tions [19]. Taking advantage of the symmetry between the
between the different atomic ground states combined with x and y directions (see Fig. 1), we restricted the atomic
the spatial modulation of the light shifts leads then to the dynamics in the xOz plane. Our calculations are for a
cooling of the atoms [14] and to their localization [15] Jg ! 1!2 ! Je ! 3!2 transition, as is customary in the
at the minima of the optical potentials, thus producing a numerical analysis of Sisyphus cooling, of an atom of mass
periodic array of atoms. M. We expect our 2D calculations to reproduce the de-
After the cooling phase, characterized by a significant pendencies of the different quantities associated with the
reduction of the atomic kinetic temperature and by the real 3D atomic dynamics to within a scaling factor corre-
creation of a periodic spatial order, the atoms keep inter- sponding to the difference in dimensionality [16]. In the
acting with the light undergoing optical pumping cycles. numerical simulations, we monitored the variance of the
The optical pumping may transfer an atom from a po- atomic position distribution at a given value of the probe
tential well to a neighboring one, giving rise to a variety field detuning. We verified that the spatial diffusion is nor-
of transport phenomena [13,16]. Among these, there are mal; i.e., the atomic square displacements $Dx 2 % and $Dz 2 %
modes which correspond to the propagation of atoms increase linearly with time. Accordingly, we derived the
through the optical lattice in a given direction. They con- spatial diffusion coefficients Dx and Dz by fitting the nu-
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
sist of a sequence in which a one-half oscillation in a merical data with $Dxi2 % ! 2Dxi t (xi ! x, z). Results for
potential well is followed by an optical pumping process the spatial diffusion coefficients as functions of the probe
to the neighboring well, and so on. One can estimate detuning d are shown in Fig. 2. Two narrow resonances,
their velocity by yi ! li Vi !"2p#, where li is the lattice centered approximately at d ! 6Vx , appear clearly in the
constant and Vi !"2p# is the vibrational frequency in spectrum of the diffusion coefficient along the x axis. In
the i direction [10]. These modes were first identified contrast, Dz does not show any resonant behavior with
through Monte Carlo simulations in Ref. [10] and shown the driving field detuning. This demonstrates the validity
to produce resonance lines in the nonlinear optical re- of the detection scheme based on the measurement of the
sponse of optical lattices. However, up to now no direct diffusion coefficients.
observation of these modes has been reported. This is In the experiment 85 Rb atoms are cooled and trapped in a
achieved in the present work by observing a resonant magneto-optical trap (MOT). The MOT laser beams and
behavior of the spatial diffusion coefficient in the direction magnetic field are then suddenly turned off. Simultane-
corresponding to the propagation mode with the phase ously the four lattice beams are turned on and after 10 ms
velocity of the moving intensity modulation used to excite of thermalization of the atoms in the lattice the probe laser
these propagation modes. field is introduced along the z axis. We studied the trans-
The modulation scheme for the excitation of the propa- port of atoms in the optical lattice by observing the atomic
gation modes is completely analogous to the one used in cloud expansion with a charge coupled device camera. The
previous investigations of the nonlinear optical response of procedure to derive the diffusion coefficients has been de-
optical lattices [9]. An additional laser field linearly polar- scribed in detail in previous work [13], and we recall here
ized along the y axis is introduced with the z axis as the only the basic idea. For a given detuning of the probe
propagation direction. This probe field interferes with the field we took images of the expanding cloud at different
copropagating lattice beams, creating an intensity modula-
tion. The interference pattern consists of two propagating
intensity waves moving with phase velocities y" j ! n" j d! 750
2πMDx/h
jDk" j j ( j ! 1, 2) with n" j ! Dk" j !jDk" j j, and Dk" j ! k" j 2 k" p
2πMDz/h
is the difference between the jth lattice beam and the
500
Dx, Dz
133903-2 133903-2
158 Annexe A
instants after the atoms have been loaded into the optical modes have been widely studied in condensed matter and
lattice. From the images of the atomic cloud we derived the dense fluids [20]. However, in the present case the mecha-
atomic mean square displacement along the x and z axes. nism associated with these modes is clearly of a different
We verified that the cloud expansion corresponds to nor- nature, as in dilute optical lattices the interaction between
mal diffusion and derived the diffusion coefficients Dx and atoms is negligible and therefore sound-wave-like propa-
Dz . The procedure has been repeated for several different gation modes cannot be supported. On the contrary, in a
values of the detuning d of the probe field. Results for Dx dilute optical lattice the propagation of the atoms is deter-
and Dz as functions of d are shown in Fig. 3. The probe mined by the synchronization of the oscillation within a
transmission spectrum is also reported to allow the com- potential well with the optical pumping from a well to a
parison of the position of the resonances in the spectrum of neighboring one, as first identified in the numerical analy-
the diffusion coefficients and in that of the probe transmis- sis of Ref. [10]. This dynamics can be interpreted in terms
sion. We observe two narrow resonances in the diffusion of noise-induced resonances: the probe field induces a
coefficient along the x axis centered at d ! 6Vx . In con- large scale moving modulation of the periodic potential
trast, no resonant behavior of Dz with d is observed. This of the four-beam optical lattice, with the optical pumping
is in agreement with the numerical simulations and consti- constituting the noise source which allows transfer from a
tutes the first direct observation of Brillouin-like propaga- well to a neighboring one. It is then natural to investigate
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
tion modes in an optical lattice. the dependence of the amplitude of the Brillouin mode on
We turn now to the analysis of the mechanism be- the strength of the noise, i.e., on the optical pumping rate.
hind these propagation modes. Brillouin-like propagation We studied, via semiclassical Monte Carlo simulations, the
atomic cloud expansion for a given depth of the potential
well at different values of the optical pumping rate G00 ,
0
proportional to the rate Gesc of escape from the well [21].
1500 This has been done by varying the lattice intensity I and
detuning D so as to keep the depth of the potential wells
U0 ~ I!D constant while varying G00 ~ I!D2 . The diffu-
Dx, Dz
1000 2πMDx/h sion coefficient in the x direction has been calculated both
2πMDz/h for a probe field at resonance (jdj ! Vx ) and for a probe
500 field far off-resonance (jdj ¿ Vx ). The two diffusion co-
efficients will be indicated by Dx and Dx0 , respectively.
−3 −2 −1 0 1 2 3 To characterize quantitatively the response of the atomic
system to a noise strength variation, we introduce the
δ/Ωx
enhancement factor j defined as
5
Dx 2 Dx0
100 x (T−T 0)/T0
j! . (1)
Dx0
0 Numerical results for the enhancement factor j as a func-
tion of the optical pumping rate at a given value of the
potential well depth (i.e., for fixed light shift per beam
D00 ) are shown in Fig. 4. At small pumping rates, j
−5 increases abruptly with G00 ; then a maximum is reached,
−3 −2 −1 0 1 2 3
corresponding to the synchronization of the oscillation of
δ/Ωx the atoms within a well with the escape from a well to
FIG. 3. Experimental results for the spatial diffusion coef- the neighboring one; finally at larger pumping rates this
ficients in the x and z directions as functions of the probe synchronization is lost and j decreases. This depen-
field detuning. The experimental parameters are lattice de- dence recalls the typical behavior of stochastic resonance
tuning D!"2p# ! 242 MHz, intensity per lattice beam IL ! [11], with the noise enhancing the response of the at-
3.5 mW!cm2 , and lattice angle u ! 30±. These parameters cor- omic system to the weak moving modulation. It should
respond to a vibrational frequency in the x direction Vx !"2p# $
55 kHz. A probe transmission spectrum is reported for com- be noted that the system analyzed here has one impor-
parison, T and T0 being the intensity of the transmitted probe tant peculiarity with respect to the model usually con-
beam with and without the atomic cloud. The two resonances sidered in the analysis of stochastic resonance. Stochastic
at d ! 6Vx correspond to stimulated light scattering by the resonance is in general understood as the noise-induced
Brillouin propagation modes. The two resonances at larger de- enhancement of a weak periodic signal with a frequency
tuning are Raman lines [3] in the z direction (d ! 6Vz ), which
do not correspond to propagation modes. For the measurements much smaller than the intrawell relaxation frequency
of the diffusion coefficients, the probe beam intensity is Ip ! within a single metastable state. In contrast, in the present
0.3 mW!cm2 ; in the transmission spectrum Ip ! 0.1 mW!cm2 . case, the noise synchronizes precisely with the intrawell
133903-3 133903-3
Annexe A 159
1.0 [1] H. J. Metcalf and P. van der Straten, Laser Cooling and
Trapping (Springer-Verlag, Berlin, 1999).
Ip/IL=2.25 %
0.8 [2] P. S. Jessen and I. H. Deutsch, Adv. At. Mol. Opt. Phys.
Ip/IL=16 % 37, 95 (1996).
0.6 [3] G. Grynberg and C. Mennerat-Robilliard, Phys. Rep. 355,
ξ
335 (2001).
0.4
[4] R. Grimm, M. Weidemüller, and Yu. B. Ovchinnikov,
0.2 Adv. At. Mol. Opt. Phys. 42, 95 (2000).
[5] G. Grynberg, C. Triché, L. Guidoni, and P. M. Visser,
0.0 Europhys. Lett. 51, 506 (2000).
0 10 20 30 40 [6] M. G. Raizen, Adv. At. Mol. Opt. Phys. 41, 43 (1999).
Γ0’/ωr [7] C. Mennerat-Robilliard, D. Lucas, S. Guibal, J. W. R. Ta-
bosa, C. Jurczak, J.-Y. Courtois, and G. Grynberg, Phys.
FIG. 4. Numerical results for the enhancement factor j as a Rev. Lett. 82, 851 (1999).
function of the optical pumping rate, for a given depth of the [8] R. Bartussek, P. Hänggi, and J. G. Kissner, Europhys. Lett.
optical potential wells. Parameters for the calculations are D00 ! 28, 459 (1994), and references therein.
250vr and u ! 30±. The two data sets correspond to different [9] J.-Y. Courtois and G. Grynberg, Adv. At. Mol. Opt. Phys.
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
intensities of the probe beam. For comparison, we recall that in 36, 87 (1996).
the experiment (Fig. 3) D00 ! 260vr and G00 ! 8.5vr . [10] J.-Y. Courtois, S. Guibal, D. R. Meacher, P. Verkerk, and
G. Grynberg, Phys. Rev. Lett. 77, 40 (1996).
motion of the atoms. This corresponds to a nonconven- [11] L. Gammaitoni, P. Hänggi, P. Jung, and F. Marchesoni, Rev.
Mod. Phys. 70, 223 (1998); L. Fronzoni and R. Mannella,
tional stochastic resonance scenario [12].
J. Stat. Phys. 70, 501 (1993); R. Löfstedt and S. N. Cop-
In summary, in this Letter we introduced a scheme persmith, Phys. Rev. Lett. 72, 1947 (1994); L. Viola, E. M.
for the detection of Brillouin propagation modes in op- Fortunato, S. Loyd, C.-H. Tseng, and D. G. Cory, ibid. 84,
tical lattices and we reported on their direct observation. 5466 (2000); T. Wellens and A. Buchleitner, Chem. Phys.
Furthermore, we studied via Monte Carlo simulations the 268, 131 (2001).
amplitude of the Brillouin mode, as characterized by an [12] M. I. Dykman, D. G. Luchinsky, R. Mannella, P. V. E.
increase of the diffusion coefficients due to the presence McClintock, N. D. Stein, and N. G. Stocks, J. Stat. Phys.
of the probe field, as a function of the rate of escape from 70, 479 (1993).
the potential wells. The Brillouin modes examined in this [13] F.-R. Carminati, M. Schiavoni, L. Sanchez-Palencia, F.
work differ from their counterparts in solid state or dense Renzoni, and G. Grynberg, Eur. Phys. J. D 17, 249 (2001).
fluids as they are sustained by a medium of noninteract- [14] J. Dalibard and C. Cohen-Tannoudji, J. Opt. Soc. Am. B 6,
2023 (1989); P. J. Ungar, D. S. Weiss, E. Riis, and S. Chu,
ing particles. From our analysis it turns out that in the
ibid. 6, 2058 (1989).
presence of noise the Brownian motion of a system of par- [15] Y. Castin and J. Dalibard, Europhys. Lett. 14, 761 (1991).
ticles in a periodic potential can be turned in a motion at [16] L. Sanchez-Palencia, P. Horak, and G. Grynberg, Eur.
a well-defined velocity by the application of a weak mov- Phys. J. D 18, 353 (2002).
ing modulation. This represents a quite unusual situation [17] To induce a propagating wave in a single direction a
in statistical physics and may constitute a model for many slightly more complicated setup would be needed, with two
biological phenomena, like the transmission of weak sig- additional laser beams, independent of the lattice beams,
nals in neuronal systems [22]. creating the moving intensity modulation.
We thank Franck Laloë for his continued interest in [18] We recall that in this geometry the Raman excitation of the
our work and David Lucas for comments on the manu- Vx vibration mode is forbidden [10].
script. This work was supported by CNRS, the Euro- [19] K. I. Petsas, G. Grynberg, and J.-Y. Courtois, Eur.
Phys. J. D 6, 29 (1999).
pean Commission (TMR network “Quantum Structures,”
[20] Y. R. Shen, The Principles of Nonlinear Optics (Wiley-
Contract No. FMRX-CT96-0077), and by Région Ile de Interscience, New York, 1984); R. W. Boyd, Nonlinear
France under Contract No. E.1220. Laboratoire Kastler Optics (Academic Press, New York, 1992).
Brossel is a “unité mixte de recherche de l’Ecole Nor- [21] J.-Y. Courtois and G. Grynberg, Phys. Rev. A 46, 7060
male Supérieure et de l’Université Pierre et Marie Curie (1992).
associée au Centre National de la Recherche Scientifique [22] I. Hidaka, D. Nozaki, and Y. Yamamoto, Phys. Rev. Lett.
(CNRS).” 85, 3740 (2000).
133903-4 133903-4
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Annexe B
and G. Grynberg
Brillouin scattering #1,2$ is the scattering of light onto a atoms are cooled and finally trapped at the potential minima.
propagating acoustic wave. In spontaneous Brillouin scatter- In this work we use a 3D lin!lin dissipative optical lattice
ing the propagating wave corresponds to thermal, or #6$. The arrangement of the laser fields is shown in Fig. 1:
quantum-noise, fluctuations in the material medium. On the two x-polarized beams propagate in the yOz plane and make
contrary, in stimulated Brillouin scattering !SBS" the density an angle 2 % , and two y-polarized beams propagate in the
propagating wave originates from the interference pattern be- xOz plane and make the same angle 2 % . The interference
tween a probe and an additional pump beam. The strong pattern of the four beams create an orthorhombic potential
pump beam can then be diffracted onto the density wave in with minima associated with pure circular !alternatively & !
the direction of the probe, modifying in this way the probe and & " ) light polarization. The lattice constants, i.e., the
transmission. The SBS-scheme permits both the excitation of distance between two sites of equal polarization are ' x,y
the propagation modes of a medium, as well as their detec- #'/sin % and ' z #'/(2 cos %), with ' the laser field wave-
tion via modification of the probe transmission. It is in this length. For all the measurements presented in this work the
way possible to determine the phonon modes of the medium, angle 2 % between the lattice beams is kept fixed to 60°.
and their respective velocity #3–5$. The procedure to load the atoms in the optical lattice is
In this work we examine the key features of the SBS the standard one used in previous experiments #8$. The Rb
process for a nonlinear medium consisting of atoms cooled atoms are first cooled and trapped in a magneto-optical trap
in a dissipative optical lattice #6$. This system offers signifi- !MOT". Then the MOT magnetic field and laser beams are
cant advantages for the study of basic nonlinear optical phe- turned off and the lattice beams are turned on. After 10 ms of
nomena over condensed matter samples. First, the atomic thermalization of the atoms in the lattice, two additional laser
dynamics in an optical lattice is quite well understood, and fields !beams c and p of Fig. 1" are introduced for the exci-
can be precisely studied through Monte Carlo simulations. tation of the propagation modes. They are derived from an
Second, the excitation of propagation modes in the system additional laser, with their relative detuning ( # ) p " ) c con-
can be directly detected by imaging techniques. Both points trolled by acousto-optical modulators. These two additional
are essential for the present study. We show that the same laser fields are detuned with respect to the lattice beams of
propagation mode can be excited by two different pump- some tens of MHz, so that there is no atomic observable
probe configurations. In one case the scattering on the propa- which can be excited at the beat frequency. Furthermore, as
gation mode results in a resonance in the probe transmission they are derived from a laser different from the one produc-
spectrum, while in the other case no modification of the ing the lattice beams, the effect of the unwanted beat is sig-
spectrum occurs, i.e., the mode is in this case dark. We de- nificantly reduced. The beams c and p cross the atomic
scribe the different excitation processes of the propagation sample in the xOz plane, and they are symmetrically dis-
mode for the two different configurations examined, and placed with respect to the z axis forming an angle 2 * .
identify the mechanism of generation of the phase mismatch
between laser fields and the material grating which inhibits
the light scattering on the propagation mode. III. PROPAGATION MODES
A. Generalities
II. THE 3D LIN!LIN OPTICAL LATTICE
The propagation modes in dissipative optical lattices have
The nonlinear medium consists of 85Rb atoms cooled and been identified in Ref. #9$ and shown to exhibit interesting
trapped in a dissipative optical lattice. These lattices are nonlinear effects such as stochastic resonance #10,11$. We
based on the Sisyphus cooling mechanism #7$. The periodic briefly summarize their main properties. They consist of a
modulation of the light polarization, produced by the inter- sequence in which one half oscillation in a potential well is
ference of several laser beams, leads to a periodic modula- followed by an optical pumping process to a neighboring
tion of the light shifts !optical potentials" of the different well, and so on !Fig. 2". In this way, the atom travels over
FIG. 1. Sketch of the experimental setup. The laser fields 1– 4 are the section along y#z#0 of the optical potential for a J g
generate the static 3D optical potential. Two additional laser beams #1/2→J e #3/2 atomic transition and a 3D lin!lin beam configu-
(c and p) are introduced to create a moving potential modulation. ration.
several potential wells by regularly changing its internal state To determine the effective excitation of the propagation
!from ! g,!1/2" to ! g,"1/2" in the case of a J g #1/2→J e modes we monitor the velocity of the center-of-mass !c.m.#
#3/2 transition, as considered in Fig. 2#. of the atomic cloud as a function of the velocity of the ap-
plied potential modulation. This is done by direct imaging of
The velocity v̄ of the propagation mode is essentially de-
the atomic cloud with a CCD camera. We verify that for a
termined by the intrawell dynamics. A straighforward calcu-
given detuning * , i.e., for a given velocity v mod of the mov-
lation $9% shows that for a mode in the x direction this ve-
ing modulation, the motion of the center of mass of the
locity is
atomic cloud is uniform, and correspondingly determine the
&' x c.m. velocity v cm . Experimental results for the x component
v̄ # , !1# v cm,x of the c.m.-velocity as a function of v mod are reported
2 ( sin )
in Fig. 3 for both the " and the ! configurations. The ob-
served resonant behavior of v cm,x with v mod is the signature
where ' x is the x vibrational frequency at the bottom of a
of the excitation of propagation modes in the x direction. We
potential well.
therefore conclude that both pump-probe configurations lead
to the excitation of a propagation mode in the x direction.
B. Excitation mechanisms To determine the nature of the observed propagation
The propagation modes can be excited by adding a mov- modes, we examine the atomic dynamics in the optical lat-
ing potential modulation. We consider two different configu- tice with the help of semiclassical Monte Carlo simulations
rations for the modulation beams !beams c and p in Fig. 1#. $12%. The analysis of the numerically calculated atomic tra-
In both configurations the modulation beams have the same jectories shows that the excited mode is the same for both
amplitude. In the first configuration, hereafter called the " configurations, and consists of a sequence of a half oscilla-
configuration, both beams have y linear polarization. The tion in a potential well followed by an optical pumping into
light interference pattern consists of an intensity modulation the neighboring well, as in Fig. 2.
moving along the x axis with phase velocity We turn now to the analysis of the excitation mechanism
of the propagation modes for the two pump-probe configu-
* * ration. To this end, it is useful to examine the dependence of
v mod# # , !2# the position of the resonance in the velocity of the c.m. of the
! ! 2k sin ,
! +k atomic cloud $as those in Fig. 3!a#% on the angle 2 , between
pump and probe beams. By taking several measurements for
where +k! #k! p "k! c is the difference between the wave vec- different values of the angle 2 , between the modulation
tors of the modulation beams ( ! k! c ! # ! k! p ! #k-2 ( /&). This beams we determine the position of the resonances as a func-
configuration has already been considered in previous work tion of the angle , , as reported in Fig. 3!b#. On the same plot
$11% and it is reexamined here for comparison with the exci- we also reported results of semiclassical Monte Carlo simu-
tation scheme introduced in the present work. This latter, lations, which are found to be in very good agreement with
denoted as ! configuration, consists of a y-polarized beam the experimental findings. The results of Fig. 3 show that the
!beam c of Fig. 1# and of a beam with linear polarization in velocity v mod of the light intensity interference pattern ( "
the xOz plane !beam p). The light interference pattern con- configuration# required to excite a propagation mode differs
sists in this case of a polarization modulation moving along from the velocity of the polarization grating (! configura-
the x axis with the same phase velocity v mod $Eq. !2#% as in tion# leading to the excitation of the same mode. The condi-
the case of the " configuration. tion for the velocity of the light interference pattern to excite
053821-2
164 Annexe B
DARK PROPAGATION MODES IN OPTICAL LATTICES PHYSICAL REVIEW A 66, 053821 "2002#
moving at the mode velocity does not lead to the mode ex-
citation. On the contrary, to excite the propagation mode it is
necessary that the modulation moves with respect to the at-
oms in such a way that following the transfer of an atom
from a lattice well of given circular polarization ( $ # or $ $ )
to one of opposite polarization, the modulation changes sign.
Quantitatively, consider the time interval %t in which the
atom in the propagation mode makes half an oscillation in a
potential well and then is optically pumped into the neigh-
boring well. Then we simply have v̄ %t!& x /2. In the same
time interval the modulation polarization should be reversed,
i.e., should change from $ # to $ $ "or vice versa, depending
on which potential well is initially occupied by the atom#.
Considering that in the time interval %t the atom moved of
& x /2, and that in the moving modulation a maximum of po-
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
terference pattern of the beams c and p. This requires that the where we used Eqs. "1# and "2#. The very good agreement
light polarization pattern moves at a velocity v mod such that "see Fig. 3# of Eqs. +"5a# and "5b#, with the experimental
the lattice potential-well actually occupied by the atom gets findings and with the results of semiclassical Monte Carlo
deeper as a result of the modulation of the optical potential. simulations demonstrate the validity of our physical picture.
The resulting conditions on the velocity of the moving
modulation, and equivalently on the pump-probe detuning ! ,
C. Light scattering
can therefore be derived by examining the effect of the
modulation on the optical potentials. Consider first the ! con- So far we considered the effect of the light interference
figuration. The light interference pattern is a moving inten- pattern on the atomic sample, with the excitation of propa-
sity modulation, therefore all optical potentials are modu- gation modes and their detection by direct imaging of the
lated in phase: at a given instant and position all potential atomic cloud. The properties of the material medium can also
wells corresponding to the different atomic ground-state Zee- be studied by stimulated light scattering measurements. In
man sublevels get both deeper or shallower as a result of the fact the pump-probe interference pattern may excite a mate-
modulation. Thus to excite the propagation mode the atoms rial grating onto which the pump can be diffracted in the
should follow the moving intensity modulation, i.e., the direction of the probe beam, modifying the probe transmis-
phase velocity v mod of the light interference pattern should sion. That is the approach followed now, with a view to
be equal to the velocity v̄ of the mode: compare light scattering measurements with the previous re-
sults obtained via direct imaging of the atomic cloud.
v mod!" v̄ . "3# We decreased the amplitude of one of the modulation
beams "beam p) which plays now the role of the probe
Consider now the ! configuration. The light interference beam, while the other beam "beam c) plays the role of the
pattern is in this case a moving polarization modulation, pump "or coupling# beam. We measure the probe transmis-
with the optical potentials associated with opposite Zeeman sion as a function of the detuning ! for different angles be-
sublevels "opposite quantum number m) modulated in phase tween the pump and the probe beams, with results as those in
opposition. It follows that in this configuration a modulation Fig. 4. In the case of the ! pump-probe configuration, we
053821-3
Annexe B 165
Here q! and ' are respectively, the wave vector and the fre-
quency of the light-induced material density grating and are
related by the phonon-dispersion relation '! v grating! q! ! ,
with v grating the phase velocity of the moving grating. The
frequency ' has been determined previously for both " and
! configurations !Eqs. "5a# and "5b#$. As the excited mode is
the same for both pump-probe configurations, the phase ve-
locity of the material grating does not depend on the chosen FIG. 5. Numerical results for the atomic density as a function of
configuration and is equal to the velocity v̄ !Eq. "1#$. From x for the " "top# and ! "bottom# pump-probe configurations. The
these values for ' and v grating we derive, through the disper- shown density distribution is stationary in a frame moving along x
sion relation, the momentum of the material grating: at a velocity v̄ .
053821-4
166 Annexe B
DARK PROPAGATION MODES IN OPTICAL LATTICES PHYSICAL REVIEW A 66, 053821 "2002#
! q! " ! ! ! !k
! !, "7a# optical lattice. Two different pump-probe configurations have
been analyzed: in one the interference pattern is a modula-
#
! q! ! ! ! ! !k
! ! 1"
sin $
2 sin %$. "7b#
tion of the light intensity, while in the other one the pump
and probe fields give rise to a modulation of the light polar-
ization. First, we have shown that the same propagation
mode is excited in the two cases, and described the two
It turns out that in the " configuration the momentum q! " different mechanisms of excitation. Then we analyzed the
!# ! !k! ! &! x of the material grating fulfills the phase matching light scattering on the propagation mode. Although the mode
condition Eq. '"6b#(, and therefore the scattering on the excited in the two pump-probe configurations is the same,
propagation mode results in a resonance line in the probe we found that the probe transmission spectrum is completely
transmission spectrum. In contrast, in the ! configuration the different for the two cases. In fact, only in one configuration
momentum q! ! !# ! q! ! ! &! x results in a phase mismatch be- the mode results in a resonance in the probe transmission
tween the laser and the material waves. Thus, no resonance is spectrum. For the other configuration, no trace of the mode
expected in the probe transmission spectrum, in agreement excitation is found in the probe transmission spectrum. This
with our experimental findings. behavior was explained in terms of phase mismatch between
The effective creation of a moving material grating has the laser fields and the propagating wave.
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
been confirmed by semiclassical Monte Carlo simulations. Light scattering is a powerful technique for the study of a
The numerical results, as those shown in Fig. 5, correspond large variety of material media. Particularly, in optical lat-
to an atomic density grating moving in the x direction with a tices it has allowed the study of local "intrawell# as well as
delocalized "inter wells# dynamics. However there is not a
velocity v̄ for both parallel and perpendicular configurations.
one-to-one correspondence between the light scattering spec-
In the frame moving at the velocity v̄ of the propagation trum and the atomic dynamics as shown in this work where
mode we find a stationary modulation of the atomic density we observed and described dark propagation modes.
with different wave vectors for the two pump-probe configu-
rations and in very good agreement with Eqs. "7a# and "7b#. ACKNOWLEDGMENTS
This confirms the validity of our analysis.
This work was supported by Région Ile de France under
IV. CONCLUSIONS Contract No. E.1220. Laboratoire Kastler Brossel is a ‘‘unité
mixte de recherche de l’Ecole Normale Supérieure et de
In summary, in this work we examined the stimulated l’Université Pierre et Marie Curie associée au Centre Na-
light scattering onto the propagation modes of a dissipative tional de la Recherche Scientifique "CNRS#.’’
'1( R.W. Boyd, Nonlinear Optics "Academic Press, New York, 2023 "1989#; P.J. Ungar, D.S. Weiss, E. Riis, and S. Chu, ibid.
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"2001#.
D 18, 353 "2002#.
'7( J. Dalibard and C. Cohen-Tannoudji, J. Opt. Soc. Am. B 6,
053821-5
Annexe C
A particle trapped in a potential well constitutes a model useful for the understanding
of a variety of phenomena. The extension to a periodically modulated double-well potential
including a stochastic force leads to a complex nonlinear dynamics, and allows to modelize a
variety of phenomena ranging from geophysics [1, 2] to bistable ring lasers [3], from neuronal
systems [4] to the dithering effect in electronics [5] and so on. Indeed such a system exhibits
the phenomenon of stochastic resonance (SR [6, 7]): the response of the system to the input
signal (the modulation) shows a resonant dependence on the noise level (the amplitude of the
stochastic force), so that an increase of the noise strength may lead to a better synchronization
between the particle motion and the potential modulation.
The phenomenon of stochastic resonance is not restricted to static double-well potentials
driven by a periodic and a stochastic force, and new types of stochastic resonance have been
demonstrated in various systems, as systems with a single potential well, bistable systems
with periodically modulated noise, and many others [8–14]. In particular much attention
has been devoted to the analysis of SR in periodic potentials [9–14]. Indeed, many different
physical systems are described in terms of periodic structures, and it is by now well established
that the noise plays a major role in the mechanisms of transport in periodic structures. For
example, the study of the underdamped motion of a particle in a periodic potential showed
that it is the interplay between inertial and thermal effects which determines the peculiar
mechanical properties of certain metals [15, 16]. This is precisely the regime examined in this
c EDP Sciences
!
Annexe C 169
2θ
2
2θ 4
M1
2ϕ
M2
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
1
y
z
O
x
Fig. 1 – Laser fields configuration for the 3D lin⊥lin optical lattice. The beams 1–4 generate the
static 3D periodic potential. Two additional laser beams (M1 and M2 ), are introduced to create a
moving potential modulation.
work: we study the SR phenomenon by taking as spatially periodic system a dissipative optical
lattice [17]. The laser fields create the periodic potential and produce the stochastic process of
optical pumping. The friction for atoms well localized in a potential well is very small, so that
inertial effects are important (low-damping regime). We report the experimental observation
of stochastic resonance on the propagation modes of a dissipative optical lattice and give a
complete theoretical account of the experimental findings.
The three-dimensional periodic structure is generated by the interference of four linearly
polarized laser beams, arranged in the so-called lin⊥lin configuration (fig. 1) [17]. The resulting
optical potential has minima located on an orthorombic lattice and associated with pure
circular (alternatively σ + and σ − ) polarization. The lattice constants, i.e. the distance
(along a major axis) between two sites of equal circular polarization, are λx,y = λ/ sin θ and
λz = λ/(2 cos θ), with λ the laser field wavelength, and 2θ the angle between two copropagating
lattice beams.
The Brillouin-like propagation modes in such optical lattices have been first identified
exc
energy
g+
x
λx
Fig. 2 – Atomic trajectory corresponding to a Brillouin mode in the x-direction. The shown potential
curves (g+ and g− ) are the section along y = z = 0 of the optical potential for a Jg = 1/2 → Je = 3/2
atomic transition and a 3D lin⊥lin beam configuration.
170 Annexe C
in ref. [18] via semiclassical Monte Carlo simulations [19]. They consist of a sequence in
which one half oscillation in a potential well is followed by an optical pumping process to a
neighbouring well, and so on (fig. 2). The velocity of the Brillouin mode is easily calculated
by neglecting the corrections due to the anharmonicity of the optical potential. The time for
an atom to do half an oscillation is then τ = π/Ωx , where Ωx is the x-vibrational frequency.
This corresponds to an average velocity
λx /2 λΩx
v̄ = = . (1)
τ 2π sin θ
The direct observation of the Brillouin modes in optical lattices has been recently re-
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
ported [20]. We note, however, that the detection scheme used in that work was based on the
measurement of diffusion coefficients. These measurements require averaging of a large data
set, and this makes difficult the exploration of a large interval of interaction parameters, as nec-
essary to evidence the phenomenon of stochastic resonance. The excitation scheme introduced
in this work will results instead in significant variations of the atomic-cloud center-of-mass
motion, and leads to the observation of stochastic resonance, as described now.
The transport of atoms in optical lattices has been extensively studied [21–24]. In a
dissipative optical lattice the dominant transport process is spatial diffusion [23, 24], and the
Brillouin modes are greatly suppressed. To excite these modes it is necessary to create a
potential modulation moving with phase velocity equal to the velocity of the Brillouin mode.
This is done by introducing two additional y-polarized laser fields (M1 and M2 , see fig. 1).
They propagate in the xOz plane, symmetrically displaced with respect to the z-axis, and
form an angle equal to 2ϕ. These two modulation beams are taken to be sufficiently detuned
from the lattice fields to neglect the interference between them and the lattice beams on the
time scale of the atomic motion. In this way the modulation interference pattern is due only
to the two fields M1 and M2 , and consists of an intensity modulation moving along the x-axis
with phase velocity
δm δm
vφ = = , (2)
'
|∆k| 2k m sin ϕ
where δm is the detuning between the fields M1 and M2 , and ∆'k = 'kM1 − 'kM2 the difference
between their wave vectors (|'kMj | " k = 2π/λ, j = 1, 2). This results in a moving modulation
of the optical potential. For a 1/2 → 3/2 atomic transition(1 ), the modulated potential for
the two ground states | ± 1/2$ reads
U± ('r) = U±
0
('r) + δU · cos [(∆kx x − δm · t)] (3)
with U±
0
the optical potential of the unperturbed lattice,
8h̄∆!0 ! 2
0
('r) = cos (kx x) + cos2 (ky y) ∓ cos(kx x) cos(ky y) cos(kz z) , (4)
"
U±
3
and δU = 4h̄∆!0,m /3 the amplitude of the potential modulation. ∆!0 (∆!0,m ) denotes the light
shift per lattice (modulation) field. We expect that for vφ = v̄, i.e. for δm = ±ΩB , with
2 sin ϕ
ΩB ≡ Ωx , (5)
sin θ
the Brillouin mode is excited, with the atoms following the potential modulation. This has
been confirmed by Monte Carlo simulations. For a given modulated optical potential U± and
(1 )It is customary in the analysis of Sisyphus cooling to consider a 1/2 → 3/2 atomic transition [17].
Annexe C 171
3 4
vc,x/vr
2 vc,z/vr 3
1 2
vc,x
0 1 vc,z
-1 0
-2 -1
-3 -2
-4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 300 200 100 0 100 200 300
δ /Ω B δ (kHz)
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Fig. 3 Fig. 4
Fig. 3 – Numerical results for the velocity of the CM of the atomic cloud as a function of the detuning
δm between the two driving fields. The velocity is in units of recoil atomic velocity vr . The lattice
beam angle is θ = 30◦ , the lattice detuning from atomic resonance ∆ = −10Γ and the light shift
!
per beam ∆0 = −200ωr . Here Γ and ωr are the width of the excited state and the atomic recoil
frequency, respectively. The driving field angle is ϕ = 10◦ , the detuning ∆m = −30Γ and light shift
per beam ∆"0,m = −20ωr .
Fig. 4 – Experimental results for the velocity of the CM of the atomic cloud as a function of the
detuning δm between driving fields. The lattice parameters are: lattice detuning ∆/(2π) = −45.6
MHz, intensity per lattice beam I = 2.3 mW/cm2 , lattice angle θ = 30◦ . These parameters correspond
to a vibrational frequency in the x-direction Ωx /(2π) " 45 kHz. The parameters for the moving
modulation are: IM 1 " IM 2 " 0.5 mW/cm2 , ∆m /(2π) = −44 MHz, 2ϕ = 37◦ . From these data we
derive through eq. (5) ΩB " 2π · 55 KHz, in excellent agreement with the experimental findings.
a given optical pumping rate Γ!0 , we calculated the position of the center of mass (CM) of
the atomic cloud as a function of the interaction time, for different values of the detuning
δm between the two driving fields. The application of the moving modulation produces a
motion of the CM of the atomic cloud. Its velocity vc strongly depends on the velocity of
the moving modulation, i.e. on the detuning δm between the driving fields, and shows two
resonances centered at δm = ±ΩB (fig. 3). These resonances correspond to the excitation
of the propagation mode in the ±x direction: at δm = ±ΩB the velocity of the moving
modulation is equal to the velocity of the Brillouin mode, and the atoms follow the potential
modulation. On the contrary, for a velocity of the moving modulation very different from
the velocity of the Brillouin mode (|δm | ! ΩB or |δm | " ΩB ) the atomic dynamics is left
unperturbed, and the CM of the atomic cloud does not move. This analysis shows that
the effective excitation of the Brillouin propagation modes can be detected by observing
a displacement of the CM of the atomic cloud. This will be the strategy followed in our
experiment. We verified that the excitation of the Brillouin modes also leads to a resonant
increase of the diffusion coefficient in the x-direction, in agreement with previous results for
a different modulation scheme [20].
In our experiment, 87 Rb atoms are cooled and trapped in a magneto-optical trap. The
trapping beams and the magnetic field are then suddenly turned off. Simultaneously the four
lattice beams are turned on. After 10 ms of thermalization of the atoms in the lattice the
two laser fields for the moving modulation are introduced according to the geometry of fig. 1.
The lattice angle is θ = 30◦ , while the two driving fields form an angle 2ϕ = 37◦ . The two
driving fields are derived from an additional laser, with their relative detuning controlled by
acousto-optical modulators.
The transport of the atoms in the optical lattice is studied by direct imaging of the atomic
172 Annexe C
6.0
3
5.5
5.0
2πMvc,x /hk
ξ (mm/s)
4.5
2
4.0
3.5
3.0
1 2.5
0 5 10 15 20 25 30 35 40 2 4 6 8 10 12 14 16
Γ ’0 /ω r Γ’0 /ω r
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Fig. 5 Fig. 6
Fig. 5 – Numerical results for the x-component of the velocity of the center of mass of the atomic cloud
as a function of the optical pumping rate, for a given depth of the optical potential wells. Parameters
of the calculations are: θ = 30◦ and ∆"0 = −100ωr , ϕ = 10◦ , ∆m = −30Γ and ∆"0,m = −10ωr .
Fig. 6 – Experimental results for the peak-to-peak amplitude ξ of the CM velocity curve, as a function
of the optical pumping rate Γ"0 , at a given depth of the potential wells and given amplitude modulation.
The light shift per lattice beam is ∆"0 = −37.5ωr . The parameters of the laser fields creating the
moving intensity modulation are the same as for fig. 4.
cloud with a CCD camera. We verified that for a given detuning δm , i.e. for a given velocity
of the moving potential modulation, the motion of the center of mass of the atomic cloud is
uniform and correspondingly determined the CM velocity vc . By repeating the measurements
for different detunings between driving fields, we obtained the x- and z-component of the
CM velocity vc as a function of δm , as reported in fig. 4. The x-component shows a resonant
behaviour with the detuning δm , with two resonances of opposite sign symmetrically displaced
with respect to δm = 0. The position of these resonances is in agreement with the value
ΩB ! 2π · 55 kHz derived from the lattice parameters via eq. (5). In contrast, the data
for the z-component vc,z , whose offset value corresponds to the radiation pressure of the
modulation fields, do not show any resonance. These results are in agreement with our
numerical simulations and constitute the direct experimental observation of the Brillouin
propagation modes via the detection of the displacement of the CM of the atomic cloud.
The Brillouin propagation modes are determined by the synchronization of the oscillations
within a potential well with the hopping from a well to a neighbouring one produced by the
optical pumping (2 )(3 ). We studied the amplitude of the Brillouin mode, here characterized
by the velocity of the CM of the atomic cloud vc (δm = +ΩB ) (analogous results are obtained
!
for vc (δm = −ΩB )), as a function of the optical pumping rate Γ0 for a given modulated
optical potential. The numerical results display the SR-like nonmonotonic dependence of
the amplitude of the Brillouin mode on the noise strength (fig. 5), in agreement with our
previous results for a different modulation scheme [20]. This SR scenario has one important
peculiarity with respect to the model usually considered in the analysis of stochastic resonance.
Stochastic resonance is in general understood as the noise-induced enhancement of a weak
periodic signal with a frequency much smaller than the intrawell relaxation frequency within
(2 )The propagation mechanism associated with these modes differs from that encountered in dense fluids
or solid media. The atomic density is so low that the interaction between the different atoms is completely
negligible, therefore the mechanism for the propagation of atoms cannot be ascribed to any sound-wave–like
mechanism.
(3 )A nonzero current in a symmetric periodic potential can also be obtained by modifying, through an external
driving field, the activation energies of escape from a well, as described in [25, 26]. However that mechanism
of directed diffusion does not correspond to the propagation of atoms at a well-defined velocity, as in our case.
Annexe C 173
a single metastable state. In contrast, in the present case, the noise synchronizes precisely
with the intrawell motion of the atoms.
Although vc,x (δm = +ΩB ) and vc,x (δm = −ΩB ) are expected to have the same dependence
on the optical pumping rate, experimentally it is more convenient to characterize the amplitude
of the propagation mode by the peak-to-peak amplitude ξ
of the CM velocity curve (as the one of fig. 4). By doing so, the eventual uniform drift of
the atomic cloud along the x-direction as a result of the radiation pressure deriving from a
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
small difference in the driving fields intensities does not affect our measurements. We studied
the ξ parameter at Brillouin resonance as a function of the optical pumping rate Γ!0 at a
given depth of the potential wells. This has been done by varying the lattice intensity I and
detuning ∆ so as to keep the depth of the potential wells U0 ∝ I/∆ constant while varying
the optical pumping rate Γ!0 ∝ I/∆2 . The intensity and the detuning ∆m of the modulation
fields are instead kept constant. Results of our measurements of ξ as a function of the optical
pumping rate at a given depth of the potential wells and given modulation are shown in fig. 6.
The typical behaviour of SR is observed: the parameter ξ increases with Γ!0 at low pumping
rates; then a maximum is reached corresponding to the synchronization between the optical
pumping from one well to the next one with the oscillation in the potential wells; finally at
larger pumping rates this synchronization is lost and ξ decreases.
In conclusion, we reported the observation of stochastic resonance on the Brillouin modes
of a dissipative optical lattice. These modes have been excited by applying a moving potential
modulation with phase velocity vφ equal to the velocity v̄ of the Brillouin mode. This results
in a motion of the center of mass of the atomic cloud. The effective excitation of the Brillouin
propagation mode has been detected by observing a resonant dependence of the velocity of the
atomic cloud CM on the velocity of the moving modulation, with a maximum CM velocity at
vφ = v̄. To observe the phenomenon of stochastic resonance in the optical lattice, we studied
the CM velocity at Brillouin resonance as a function of the optical pumping rate at a given
depth of the potential wells and a given modulation amplitude. The SR-like nonmonotonic
dependence of the CM velocity on the optical pumping rate has been observed.
∗∗∗
We thank Yanko Todorov for useful comments on the manuscript. This work was supported
by the CNRS and the Région Ile de France under contract E.1220 Atomes ultrafroids: vers
de nouveaux états de la matière. Laboratoire Kastler Brossel is an “unité mixte de recherche
de l’Ecole Normale Supérieure et de l’Université Pierre et Marie Curie associée au Centre
National de la Recherche Scientifique (CNRS)”.
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[17] Grynberg G. and Mennerat-Robilliard C., Phys. Rep., 355 (2001) 335.
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
[18] Courtois J.-Y., Guibal S., Meacher D. R., Verkerk P. and Grynberg G., Phys. Rev.
Lett., 77 (1996) 40.
[19] Petsas K. I., Grynberg G. and Courtois J.-Y., Eur. Phys. J. D, 6 (1999) 29.
[20] Sanchez-Palencia L., Carminati F.-R., Schiavoni M., Renzoni F. and Grynberg G.,
Phys. Rev. Lett., 88 (2002) 133903.
[21] Nienhuis G., Phys. Scr., T95 (2001) 43.
[22] Visser P. M. and Nienhuis G., Phys. Rev. A, 56 (1997) 3950.
[23] Carminati F.-R., Schiavoni M., Sanchez-Palencia L., Renzoni F. and Grynberg G.,
Eur. Phys. J. D, 17 (2001) 249.
[24] Sanchez-Palencia L., Horak P. and Grynberg G., Eur. Phys. J. D, 18 (2002) 353.
[25] Dykman M. I., Rabitz H., Smelyanskiy V. N. and Vugmeister B. E., Phys. Rev. Lett.,
79 (1997) 1178.
[26] Luchinsky D. G., Greenall M. J. and McClintock P. V. E., Phys. Lett. A, 273 (2000) 316.
Annexe D
Abstract. We describe the pump-probe spectroscopy of atoms cooled in a 3D lin⊥lin optical lattice. Our
pump-probe configuration consists of two laser fields detuned with respect to the lattice fields. This scheme
allows to clearly identify in the probe transmission spectrum the Brillouin and Raman resonances, by
studying their positions as functions of the angle between the pump and probe beams. We describe these
resonances in detail, and compare the experimental results to the theoretical predictions. Our conclusions
are supported by transport-spectroscopy measurements, which allow to distinguish between contributions
to the light scattering from propagating and non-propagating atoms.
PACS. 05.45.-a Nonlinear dynamics and nonlinear dynamical systems – 42.65.Es Stimulated Brillouin
and Rayleigh scattering – 32.80.Pj Optical cooling of atoms; trapping
δpc = ωp − ωc , (1)
∆kpc = kp − kc . (2)
F.-R. Carminati et al.: Pump-probe spectroscopy of atoms cooled in a 3D lin⊥lin optical lattice 313
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Fig. 4. Raman transitions between different vibrational lev- Fig. 5. Atomic trajectory corresponding to a Brillouin mode
els of the same potential well. The solid circles indicate the in the x-direction. The shown potential curves (g+ and g− )
population distribution in the different levels. are the section along y = z = 0 of the optical potential for a
Jg = 1/2 → Je = 3/2 atomic transition and a 3D lin⊥lin beam
configuration.
between the pump and the probe wavevectors, we should
calculate the matrix elements of the Raman operator I =
(d · E†c )(d · Ep ) between different vibrational states. Here Raman transition on the angle between pump and probe,
d is the atomic dipole operator, and Eα (α = c, p) the and in particular the fact that Raman lines are not visible
electric field operators. for small values of ϕ (Fig. 2).
As we are considering atomic states well localized near
the bottom of a potential well, we can describe the op-
tical potential as a 3D harmonic oscillator and label the 3.3 Brillouin resonances
vibrational states accordingly: |{n}! = |{nx , ny , nz }!. The
internal ground and excited atomic states will be labeled The Brillouin-like propagation modes in optical lattices
as |Jg , mg ! and |Je , me !, for a quantization axis in the have been first identified in reference [17] via semiclassical
z-direction. The Raman process induces transitions be- Monte Carlo simulations. They consist of a sequence in
tween ground states with the same quantum number mg . which one half oscillation in a potential well is followed
The basic step in the calculation of the matrix element by an optical pumping process to a neighbouring well,
Inn! of the Raman operator is the expansion of the pump and so on (Fig. 5). The velocity of the Brillouin mode is
and probe electric fields near the bottom of the potential easily calculated by neglecting the corrections due to the
well (say r = 0) anharmonicity of the optical potential. The time for an
atom to do half an oscillation is then τ = π/Ωx . This
exp{i(kp − kc ) · r} # 1 + i∆kpc · r. (4) corresponds to an average velocity
F.-R. Carminati et al.: Pump-probe spectroscopy of atoms cooled in a 3D lin⊥lin optical lattice 315
The mechanism behind these resonances is the same as cos ϕ. Therefore the strength of the Raman lines, propor-
for the configuration with parallel pump and probe: they tional to |Inn! | varies as sin2 ϕ cos2 ϕ.
originate from the diffraction of the pump on the phase-
shifted modulation of an atomic observable. What differs
in the two examined pump-probe configurations is the ex- 5 conclusions
cited atomic observable. We have already discussed in Sec-
tion 3.1 that for parallel polarizations of the pump and In this work we described the pump-probe spectroscopy of
probe fields the modulated atomic observable assumed to atoms cooled in a 3D lin⊥lin optical lattice. Our pump-
be responsible for the Rayleigh line is the density. This probe configuration consists of two laser fields detuned
density grating is created by the light intensity interfer- with respect to the lattice fields, at variance with previ-
ence pattern via the dipole force. In the present case, the ous investigations in which the lattice fields were play-
interference between the perpendicularly-polarized pump ing the role of the pump and only one additional probe
and probe gives rise to a moving pattern of the light polar- beam was introduced. This pump-probe configuration al-
ization. Previous theoretical work (see [11] and references lows to clearly identify in the probe transmission spectrum
therein) identified in the atomic density and magnetiza-
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
F.-R. Carminati et al.: Pump-probe spectroscopy of atoms cooled in a 3D lin⊥lin optical lattice 317
10. Y.-C. Chen, Y.-W. Chen, J.-J. Su, J.-Y. Huang, I.A. Yu, 15. J.-Y. Courtois, G. Grynberg, Adv. At. Mol. Opt. Phys. 36,
Phys. Rev. A 63, 43308 (2001) 87 (1996)
11. G. Grynberg, C. Mennerat-Robilliard, Phys. Rep. 355, 335 16. S. Guibal, C. Mennerat-Robilliard, D. Larousserie,
(2001) C. Triché, J.-Y. Courtois, G. Grynberg, Phys. Rev. Lett.
12. For a recent review of experiments on Bose-Einstein con- 78, 4709 (1997)
densates in optical lattices, see O. Morsch, E. Arimondo, 17. J.-Y. Courtois, S. Guibal, D.R. Meacher, P. Verkerk,
Dynamics and Thermodynamics of Systems with Long G. Grynberg, Phys. Rev. Lett. 77, 40 (1996)
Range Interactions, edited by T. Dauxois, S. Ruffo, 18. L. Sanchez-Palencia, F.-R. Carminati, M. Schiavoni,
E. Arimondo, M. Wilkens, Lecture Notes in Physics F. Renzoni, G. Grynberg, Phys. Rev. Lett. 88, 133903
(Springer, Berlin, 2002), Vol. 602 (2002)
13. J. Dalibard, C. Cohen-Tannoudji, J. Opt. Soc. Am. B 6, 19. M. Schiavoni, F.-R. Carminati, L. Sanchez-Palencia,
2023 (1989); P.J. Ungar, D.S. Weiss, E. Riis, S. Chu, ibid. F. Renzoni, G. Grynberg, Europhys. Lett. 59, 493 (2002)
6, 2058 (1989) 20. M. Schiavoni, L. Sanchez-Palencia, F.-R. Carminati,
14. Y. Castin, J. Dalibard, Europhys. Lett. 14, 761 (1991) F. Renzoni, G. Grynberg, Phys. Rev. A (in press)
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Annexe E
It has now been about two centuries since scientists odic structure is determined by the interference of two
have observed and modeled the motion of microscopic counterpropagating laser beams (L1 and L2 ), with crossed
particles in a fluctuating environment. The year 1828 can linear polarizations (Fig. 1). This arrangement results in a
probably be indicated as the birth date of this field periodic modulation of the light polarization, which pro-
of research, with the observation by Brown [1] of the duces a periodic modulation of the light shifts of the
random motion of particles in a fluid. And it took about different ground states of the atoms. In this way an
a century before that this phenomenon, now known as atom experiences a periodic potential (optical potential),
Brownian motion, was modeled by Einstein [2]. More whose amplitude and phase depend on the internal
recently, the problem of modeling molecular motors [3], state of the atom. This dependence allows Sisyphus cool-
i.e., microscopic objects moving unidirectionally along ing [11] to take place. Indeed, the optical pumping be-
periodic structures, has renewed the interest in the field tween the different atomic ground states combined with
and stimulated much theoretical work devoted to the the spatial modulation of the optical potential leads to the
study of the directed motion in a fluctuating environment cooling of the atoms and to their localization at the
in the absence of bias forces. Molecular motors have been minima of the optical potentials, thus producing a peri-
modeled by an asymmetric potential (ratchet) and non- odic array of trapped atoms. The transport of atoms
Gaussian noise [4]. Unidirectional motion in a ratchet through the lattice is determined by the optical pumping
potential is also obtained with Gaussian noise and an between different ground state sublevels. In fact, atoms at
applied periodic force of zero average [4 –7]. the bottom of a potential well strongly interact with the
In this work we demonstrate the phenomenon of di- light and therefore undergo fluorescence cycles. The sto-
rected diffusion (DD), i.e., directed motion in a fluctuat- chastic process of optical pumping may transfer an atom
ing environment, in a symmetric optical lattice. Consider from a potential well to a neighboring one corresponding
the diffusive dynamics in a periodic potential U!x" of
period !, U!x # !" $ U!x", in the presence of a driv-
ing force F!t" of period T, F!t # T" $ F!t". If the sys- clock in y
to a different optical potential. This results in the trans- off and the circularly polarized laser fields along the z
port of atoms through the lattice. More precisely, in a axis are replaced by the two crossed polarized lattice
wide range of lattice parameters the atomic dynamics beams. The %( laser fields in the x and y directions are
corresponds to normal diffusion [12,13]. left on, so to provide a friction force in the directions
In order to generate a time-dependent homogeneous orthogonal to the one of the periodic potential. In this
force, we apply a phase modulation to one of the lattice way the motion of the atoms in the x and y directions is
beams, so that to obtain the electric field configuration damped, and the atomic dynamics in the z direction can
be studied for longer times. The appropriate (modula-
E~ ! E0 Ref!~ x exp"i#kz $ !L t%& ted) phase relation between the two lattice fields
' !~ y exp"i! $ kz $ !L t ' "#t%"&g: (1) [Eq. (3)] is obtained by using two acousto-optical modu-
lators (AOM), one for each lattice beam (Fig. 1). The
Here E0 is the (real) amplitude of the electric field, k and AOMs are driven by radio-frequency generators oscillat-
!L the lattice-field wave vector and frequency, respec- ing at " ! 76 MHz and sharing the same reference clock.
tively. The modulated phase is "#t%. In the laboratory One of this radio-frequency generator is phase modulated
reference frame this laser configuration generates a mov- by a signal obtained by mixing the output of two oscil-
ing optical potential U"2kz $ "#t%&. To be explicit, con- lators at frequencies ! and 2! (! ’ 100 kHz) and phase
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
sider the case of a Jg ! 1=2 ! Je ! 3=2 transition, difference $. These two oscillators share the same refer-
which is the simplest atomic transition for which ence clock.
Sisyphus cooling takes place. In this case the moving We studied the dynamics of the atoms in the optical
bipotential for the jg; m ! (1=2i ground states is lattice by direct imaging with a charge coupled device
U( "2kz $ "#t%& with U( ##% ! U0 "$2 ( cos#&, U0 being camera. For a given phase $ we took images of the atomic
the depth of the potential wells. Consider now the dy- cloud at different instants after the atoms had been loaded
namics in the moving reference frame defined by the into the optical lattice. From the images of the atomic
coordinate transformation z0 ! z $ "#t%=2k. In this ac- cloud we determined the position along the z axis of the
celerated reference frame the optical potential is station- center of mass (c.m.) of the atomic cloud as a function of
ary. In addition to this potential, the atom, of mass M, the lattice duration. It should be noted that for the typical
experiences also an inertial force F in the z direction time scales of our experiments the measured positions of
proportional to the acceleration a of the moving frame the c.m. of the atomic cloud in the laboratory and in the
[14,15]: accelerated reference frames are approximately equal. In
M fact the accelerated frame oscillates with an amplitude of
F ! $Ma ! $ "! #t%: (2) about 1 &m, while the typical displacement of the c.m.
2k
associated with the directed diffusion is 100 &m.
By choosing a phase modulation of the form Furthermore, for a typical frequency ! ’ 100 kHz the
! " position z in the laboratory frame and the corresponding
B
"#t% ! "0 A cos#!t% ' cos#2!t $ $% (3) position in the accelerated frame z0 ! z $ "#t%=#2k%, with
4
"#t% given by (3), are equivalent when averaged over a
with $ constant, we obtain the inertial force typical exposure time of 1 ms. Therefore for the measure-
ment of the position of the c.m. of the atomic cloud no
M!2 "0
F! "A cos#!t% ' B cos#2!t $ $%& (4) coordinate transformation is needed to go from the labo-
2k ratory frame to the accelerated frame where the descrip-
which is the sum of two forces oscillating at the frequen- tion in terms of a static potential and an applied force is
cies ! and 2!, with phase difference $. Hence, in the valid. We made several measurements for different values
accelerated frame the atoms cooled and trapped in the of the phase $. We observed that the c.m. of the atomic
optical lattice experience a force containing both even cloud moves along the z axis with constant velocity, as
and odd harmonics, so that our system is suitable for the shown in the inset of Fig. 2. We determined the c.m.
observation of DD. All the results presented in this work velocity as a function of the phase $, with results as in
are obtained in the regime of nonadiabatic driving, with Fig. 2. The experimental results of Fig. 2 clearly demon-
the frequency ! of the driving force about equal to the strate the phenomenon of directed diffusion in a sym-
frequency "v of oscillation of the atoms at the bottom of metric periodic potential: the atoms can be set into a
the potential wells. directed motion through a symmetric potential by break-
In our experiment 85 Rb atoms are cooled and trapped ing the temporal symmetry of the system.
in a magneto-optical trap (MOT). This is obtained by The dependence of the c.m. velocity on the phase $,
applying an inhomogeneous magnetic field and three shown in Fig. 2, can be explained by examining the
orthogonal pairs of counterpropagating %( laser fields. temporal symmetries of the system [9,10]. In fact
We indicate by x; y; z the propagation directions of these although the symmetry F#t ' T=2% ! $F#t% is bro-
fields. At a given instant the MOT magnetic field is turned ken for any value of the phase $, there is an additional
094101-2 094101-2
186 Annexe E
8
0.6
φ=π/2 1.2
6
∆z (mm)
0.0
v (mm/s)
4 0.8
φ=3π/2
2 −0.6
v (mm/s)
0 40 80 120 0.4
0 t (ms)
−2 0.0
−4 0.0 0.5 1.0
B
−6
function of the phase !. Inset: Displacement along the z axis of by Eq. (3) with A # 1 $ B, ! # 100 kHz, #0 # 12 rad, and
the c.m. of the atomic cloud as a function of the lattice duration ! # "=2.
for the two values of the phase ! corresponding to the
maximum velocity in the two opposite directions ( ( z), to-
gether with the linear fits. The detuning of the lattice fields The microscopic mechanism producing a nonzero cur-
from atomic resonance is ! # 36 MHz, the intensity per lattice rent of atoms through the optical lattice can be related to
beam is IL # 7 mW=cm2 . For these parameters the oscillation the general mechanism of current rectification following
frequency of the atoms at the bottom of the potential well is harmonic mixing first evoked to explain the electronic
#v ’ 105 kHz. The parameters for the phase-modulation sig- transport properties of crystals [16] and recently reex-
nal #!t" [see Eq. (3)] are ! # 113 kHz, A # 3=4, B # 1 with amined (Ref. [10] and references therein). For the specific
#0 # 10 rad. system considered in the present work, the harmonic
mixing results in a displacement !z of the center
temporal symmetry F!t" # F!$t", which implies zero net of oscillation hz!t"i of the atoms in a potential well
current through the potential for particular values of ! from the well center. Such a displacement originates
[9,10]. This symmetry is realized for ! # n", with n from the anharmonicity of the potential, and it is qua-
being the integer, and maximally broken for ! # !n % dratic in the amplitude of the field at frequency ! and
1=2"". This explains the observed dependence of the c.m. linear in the amplitude at 2!: !z / A2 B. Therefore a
velocity on the phase !, and shows that in our system ! is nonzero !z is obtained only when both components of
the control parameter of the directed diffusion. the force are applied. As the optical pumping rate "0
To demonstrate experimentally that directed diffusion (escape rate) toward neighboring wells increases with
is determined by the breaking of the symmetry F!t % the distance from the well center ("0 / sin2 k!z, see
T=2" # $F!t", we fix the phase ! equal to "=2, so to Ref. [11]), such a displacement results in an asymmetry
maximally break the F!t" # F!$t" symmetry, and study between the escape rates toward the left and right wells,
the c.m. velocity as a function of the amplitudes of the and a nonzero current of atoms is produced.
harmonics of frequencies ! and 2! of the driving Our experimental observations are supported by semi-
force. We choose a phase modulation of the form of classical Monte Carlo simulations for a Jg # 1=2 ! Je #
Eq. (3) with A # 1 $ B: #!t" # #0 &!1 $ B" cos!!t" % 3=2 atomic transition. We examined the atomic dynamics
B=4 cos!2!t $ !"', so to obtain a force F # M!2 #0 = in the 1D-lin ? lin optical lattice for a phase modulation
2k&!1 $ B" cos!!t" % B cos!2!t $ !"'. Thus, by varying of one of the lattice beams of the form (3). For given
the parameter B we vary the ratio of the amplitudes of the amplitudes of the even and odd harmonics, we calculate
two components of the force at frequencies ! and 2!, the c.m. velocity as a function of the phase !, with results
while keeping constant their sum. The experimental as in Fig. 4(a). The data are in complete agreement with
results are shown in Fig. 3. We observe that for B # 0 the experimental findings and confirm that the cloud of
and B # 1, which correspond to a monochromatic atoms is set into directed motion whenever the temporal
driving force, there is no net transport of atoms. By symmetry F!t" # F!$t" is broken.
increasing B from the zero value the atoms are set The amplitude of the velocity curves as the one of
into directed motion, and a maximum for the c.m. veloc- Fig.
P 4(a) has been characterized by the quantity $v #
ity is reached for B ’ 0:5, i.e., for about equal amplitudes &! i#1;N v2!i $ hvi"=N'1=2 where v!i , with i # 1; . . . ; N #
of the even and odd harmonics. This demonstrates 20, are the numerical results for the c.m. velocity at
that DD is determined by the breaking of the symmetry the phase ! # !i # 2"i=N. By plotting [see Fig. 4(b)]
F!t % T=2" # $F!t". the quantity $v as a function of the amplitude B of the
094101-3 094101-3
Annexe E 187
the system.
−2
The present realization of directed diffusion has been
−4 obtained in the regime of nonadiabatic driving, i.e., for a
0 π/2 π 3π/2 2π driving force of about the same frequency of the oscil-
lations of the atoms at the bottom of the potential wells.
φ
This qualifies our system as a testing ground for the
5 recent theory of resonant activation based on logarithmic
4 (b)
susceptibilities [8,18].
3 Laboratoire Kastler Brossel is an ‘‘unité mixte de re-
σv/vr
FIG. 4. Results of Monte Carlo simulations for the atomic [1] R. Brown, Philos. Mag. 4, 161 (1828).
dynamics in the 1D-lin ? lin optical lattice. The phase modu- [2] A. Einstein, Ann. Phys. (Berlin) 17, 549 (1905).
lation !!t# has the form of Eq. (3), with A $ 1 % B, ! $ [3] F. Jülicher, A. Ajdari, and J. Prost, Rev. Mod. Phys.
0:87!v . The lattice parameters are light shift per beam "00 $ 69, 1269 (1997).
%150!r and lattice detuning " $ %5#. Here # and !r are the [4] M. O. Magnasco, Phys. Rev. Lett. 71, 1477 (1993).
width of the excited state and the atomic recoil frequency, [5] A. Ajdari, D. Mukamel, L. Peliti, and J. Prost, J. Phys. I
respectively. In (a) the c.m. velocity in units of the atomic (France) 4, 1551 (1994).
recoil velocity (vr ) is plotted as a function of the phase ", [6] R. Bartussek, P. Hänggi, and J. G. Kissner, Europhys.
for !0 $ 8 rad and B $ 1=2. In (b) the amplitude #v of the Lett. 28, 459 (1994).
velocity curve is plotted as a function of the amplitude B of [7] For a recent review, see P. Reimann, Phys. Rep. 361, 57
the component at 2! of the driving force, for a constant sum (2002).
of the amplitudes of the two harmonics at ! and 2!. Here [8] M. I. Dykman, H. Rabitz, V. N. Smelyanskiy, and B. E.
!0 $ 3 rad. Vugmeister, Phys. Rev. Lett. 79, 1178 (1997).
[9] S. Flach, O. Yevtushenko, and Y. Zolotaryuk, Phys.
Rev. Lett. 84, 2358 (2000).
component at 2! of the driving force, for constant sum of [10] S. Denisov, S. Flach, A. A. Ovchinnikov, O. Yevtushenko,
the amplitudes of the two harmonics at ! and 2! we and Y. Zolotaryuk, Phys. Rev. E 66, 041104 (2002).
recover the behavior observed in the experiment: a non- [11] G. Grynberg and C. Mennerat-Robilliard, Phys. Rep. 355,
zero value of the amplitude B corresponds to the breaking 335 (2001).
of the F!t " T=2# $ %F!t# symmetry, and leads to the [12] F.-R. Carminati, M. Schiavoni, L. Sanchez-Palencia, F.
directed motion of the atoms. Renzoni, and G. Grynberg, Eur. Phys. J. D 17, 249 (2001).
[13] L. Sanchez-Palencia, P. Horak, and G. Grynberg, Eur.
In conclusion, in this work we demonstrated experi-
Phys. J. D 18, 353 (2002).
mentally the phenomenon of directed diffusion in a sym- [14] L. D. Landau and E. M. Lifshitz, Mechanics (Pergamon
metric periodic potential. This has been demonstrated Press, Oxford, 1976).
with cold atoms in a periodic optical lattice. The same [15] Accelerated optical potentials have been previously used
sort of behavior was previously obtained in an asymmet- to observe Bloch oscillations and Wannier-Stark ladders
ric periodic potential (ratchet) [17]. The symmetric peri- in optical lattices. See M. Ben Dahan, E. Peik, J. Reichel,
odic potential corresponds to a 1D-lin ? lin optical Y. Castin, and C. Salomon, Phys. Rev. Lett. 76, 4508
lattice. Two counterpropagating laser fields produce both (1996); S. R. Wilkinson, C. F. Bharucha, K.W. Madison,
the periodic potential and a friction force for the atoms. Q. Niu, and M. G. Raizen, Phys. Rev. Lett. 76, 4512
Furthermore the stochastic process of optical pumping (1996); O. Morsch, J. H. Müller, M. Cristiani, D.
leads to a diffusive dynamics of the atoms through the Ciampini, and E. Arimondo, Phys. Rev. Lett. 87,
140402 (2001).
periodic structure. A force of zero average is applied by
[16] K. Seeger and W. Maurer, Solid State Commun. 27, 603
phase modulating one of the lattice fields. Indeed, in an (1978).
accelerated frame the atoms see a static symmetric peri- [17] C. Mennerat-Robilliard, D. Lucas, S. Guibal, J. Tabosa,
odic potential and an inertial force which breaks the C. Jurczak, J.-Y. Courtois, and G. Grynberg, Phys.
temporal symmetry of the system. The degree of tempo- Rev. Lett. 82, 851 (1999).
ral symmetry breaking of the system can be carefully [18] V. N. Smelyanskiy, M. I. Dykman, H. Rabitz, and B. E.
controlled by varying the parameters of the phase modu- Vugmeister, Phys. Rev. Lett. 79, 3113 (1997).
094101-4 094101-4
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
Annexe F
Light scattering [1], i.e., the scattering of photons derive the expected relation between the width of the
tel-00003129, version 1 - 16 Jul 2003
resulting from the interaction with a material medium, Rayleigh resonance and the spatial diffusion coefficients.
is a technique widely used to determine the properties of Through experimental and theoretical work we show that
many different types of media. From the position and the this relation is actually not satisfied by independent mea-
width of the scattering resonances it is in fact possible to surements/calculations of the width of the resonance and
identify the dynamical modes of the system and derive the diffusion coefficients. Instead, we show that the nar-
the rates of relaxation toward equilibrium. This is well row Rayleigh resonance originates from the atomic ve-
exemplified by the Landau-Placzek relation, valid for locity damping, i.e., the width of the resonance is a
light scattering originating from the density fluctuations measure of the cooling rate, while spatial diffusion con-
of a medium at thermal equilibrium, which connects the tributes to the scattering spectrum with a much broader
strength of the different components of the scattering resonance.
spectrum to the specific heats of the medium at constant Consider first the general relation between the width of
volume and constant pressure. the Rayleigh line and the relaxation rate of the material
Recently light scattering has been extensively used to observable excited in the optical process. In the basic
study the properties of cold atomic samples, and, in setup of pump-probe spectroscopy, an atomic sample
particular, it turned out to be an essential tool for the interacts with two laser fields: a strong pump beam,
understanding of the basic properties of dissipative opti- with frequency !, and a weak probe beam with frequency
cal lattices [2]. The same technique may also apply to ! ! !. The superimposition of the pump and probe fields
far-off-resonance nondissipative optical lattices which results in an interference pattern moving with phase
are currently investigated by many groups in connection velocity v " !=j!k~ j, with !k~ the difference between
with Bose-Einstein condensation experiments [3]. How- pump and probe wave vectors. The atomic sample tends
ever to derive the damping rates of the system from light to follow the interference pattern and a grating of an
scattering measurements is in general a highly nontrivial atomic observable (typically density, magnetization, or
task. This is especially true for quasielastic (Rayleigh) temperature) is created. However due to the finite re-
scattering [4 –6], which gives access to the relaxation sponse time of the atomic medium the material grating
rates of nonpropagating material observables. In this is phase shifted with respect to the light interference
work we investigate the mechanism behind the Rayleigh pattern. Therefore the pump beam can be diffracted on
scattering in dissipative optical lattices and identify the the material grating in the direction of the probe, mod-
relaxation process which determines the width of the ifying the probe transmission. It is then clear that it
Rayleigh resonance in the scattering spectrum. should be possible to derive information about the atomic
The starting point of the present study is the previous response time from the transmission spectrum. More
claim that Rayleigh resonances may originate from the precisely if we assume that only one atomic observable
excitation of the atomic density, and consequently the is excited in the optical process, and that the time evolu-
width of the Rayleigh line would provide a measure tion of this observable is characterized by a single relaxa-
of the diffusion coefficients of the atoms in an optical tion rate ", the probe gain spectrum g#!$ has then a
lattice [5]. Following a similar approach, Jurczak et al. [6] dispersive line shape
derived values for the diffusion coefficients from
polarization-selective intensity correlations. !
g/ (1)
In our analysis we first assume, along the lines of these " ! !2
2
2πMDξ/h, 2πMDz/h
4000
Dz
fusion coefficients, as in Refs. [5,6]. The validity of this 4000
approach will be tested by comparing results for the 2000
relaxation rate "D with measurements of the width of 2000
the Rayleigh resonance, as presented below.
0 0
In our experiment rubidium atoms are cooled and 0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
trapped in a three-dimensional (3D) lin ? lin near reso- 3000 3000
nant optical lattice [2]. The periodic structure is deter- ∆=34 MHz ∆=40 MHz
2πMDξ/h, 2πMDz/h
2πMDξ/h, 2πMDz/h
2πMDξ/h, 2πMDz/h
2000
coefficients of the atoms in the optical lattice, we observe 2000
1500
the atomic cloud expansion by using a charge coupled
device camera [8–10]. Since the x and y directions are 1000
1000
equivalent in our lattice (see Fig. 1), we chose to take 500
We turn now to the measurements of the width of the lin ? lin optical lattice [2], we easily find that the inten-
Rayleigh resonance. The y polarized probe beam is de- sity modulation produced by the probe beam is
rived from the lattice beams, with the relative detuning
controlled with acousto-optical modulators. This probe "jE~ j2 ’ E%p E0 cos!Kx" expfi&!K$ ' k"z $ " ( t)g $ c:c:;
beam is sent along the z axis through the cold atomic (7)
sample (Fig. 1) with its frequency scanned around the
lattice-beams’ frequency. The probe can interfere with the with E0 (Ep ) the amplitude of the lattice (probe) field,
different lattice beams, which play the role of the pump. K # k sin# and K$ # k cos#. Substituting in Fick’s law,
A typical probe transmission spectrum is shown in Eq. (3), the resulting modulation for the atomic density
Fig. 3. The lateral resonances have been characterized in we find that the relaxation rate !D , defined via Eq. (4), is
great detail in past investigations [11], and we focus here in the present case
on the resonance at the center of the spectrum (inset of
Fig. 3). To determine whether this Rayleigh resonance can !D # Dx !k sin#"2 $ Dz k2 !1 ' cos#"2 : (8)
be associated with the relaxation mechanism of spatial This equation is consistent with the relation derived
diffusion, we made a systematic study of the width of the in Ref. [5] in the limit of small #. To determine whether
resonance as a function of the interaction parameters
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∆=34 MHz
3 ∆=40 MHz 30
−5 2 20
1 10
−10 0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
−1 −0.5 0 0.5 1 2
IL (mW/cm )
2
IL (mW/cm )
δ/(2π) (MHz)
FIG. 4. Left panel: Experimental results for the half of the
FIG. 3. Probe transmission as a function of the detuning peak-to-peak distance of the Rayleigh resonance. Right panel:
between probe and lattice beams, T and T0 being the intensity Relaxation rate !D of the atomic density, as calculated from the
of the transmitted probe beam with and without the atomic experimental data for D$ and Dz using Eq. (8). Both quantities
cloud. The inset shows a slow scan of the region around zero are plotted as functions of the intensity per lattice beam, for
detuning, together with the fit with the function (6) (solid line). different values of the lattice detuning.
043901-3 043901-3
Annexe F 193
0.8
∆0’ / ωr = 75
∆0’ / ωr = 125 0.50 ics in dissipative optical lattices. In particular, following
∆0’ / ωr = 200 0.40 recent proposals [5,6], we studied whether the Rayleigh
Γ T / ωr
0.6
γR /ωr
0.30
resonance originates from the diffraction on a density
x
0.4
0.20
0.2 0.10 grating, and is therefore a probe of transport of atoms
in optical lattices. It turns out that this is not the case: the
0.0 0.00
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Γ0’/ωr Γ0’/ωr
140
3.0
Rayleigh line is instead a measure of the cooling rate,
120
100
while spatial diffusion contributes to the scattering spec-
2.0
trum with a much broader resonance.
Γ T / ωr
80
γD /ωr
60
40 1.0 We thank David Lucas for comments on the manu-
script. This work was supported by Région Ile de
20
0 0.0
0 5 10 15 20 25 30 35 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Γ0’/ωr Γ0’ / ωr France under Contract No. E.1220. Laboratoire Kastler
Brossel is an ‘‘unité mixte de recherche de l’Ecole
FIG. 5. Numerically calculated relaxation rate of the atomic Normale Supérieure et de l’Université Pierre et Marie
density !D , half-distance peak to peak !R of the Rayleigh line Curie associée au Centre National de la Recherche
and relaxation rates !Tx , !Tz of the atomic temperature in the x
Scientifique (CNRS).’’
and z directions. All these quantities are reported as functions
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of the optical pumping rate !00 , for different values of the light
shift per beam "00 . Here !r is the atomic recoil frequency.
043901-4 043901-4
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194
Annexe F
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