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L’ALCOOL ET SES DANGERS

CHEZ LES JEUNES


Par la Doctoresse Marina Croquette-Krokar
Médecin-directrice
De la Fondation Phénix
(oct 2007)

Les chiffres de l’enquête suisse sur les comportements de santé des élèves (HBSC),
réalisée en 2006, montrent que la part des adolescents qui consomment de l’alcool chaque
semaine, et qui avait augmenté drastiquement en 2002, a régressé en 2006 : 25, 4 % des
garçons et 17,6 % des filles âgés de 15 ans consomment de l’alcool au moins une fois par
semaine. Cette part demeure néanmoins plus élevée qu’en 1998. Par rapport à 2002, le taux
des adolescents qui ont été ivres à plusieurs reprises au cours de leur vie a lui aussi
diminué, tout en restant plus important qu’en 1998 et précédemment. En 2006, 28,1 % des
garçons et 19 % des filles de 15 ans ont déclaré s’être enivrés au moins deux fois dans leur
vie.

En Suisse, on estime que près de 300'000 personnes sont dépendantes de l’alcool et


qu’environ un million de personnes vivent avec une personne malade de l’alcool. Parmi ces
proches, près de 100'000 sont des enfants et des jeunes.

L’abus d’alcool engendre des coûts qui sont supportés par toute la société. Une étude de
l’université de Neuchâtel estime ce coût pour la Suisse à 6,7 milliards de francs par an.

Nous ne réagissons pas tous de la même manière à l’alcool !

Différences entre les genres : en règle générale, les femmes supportent moins bien l’alcool
que les hommes. Autrement dit, à quantité égale, consommer de l’alcool est plus nocif pour
les femmes que pour les hommes. Ces différences s’expliquent de plusieurs manières :

a) le corps d’une femme comporte en moyenne davantage de tissu adipeux et moins de


liquide que celui d’un homme. L’alcool étant plus facilement soluble dans l’eau que dans
la graisse, il se diffuse avant tout dans le liquide corporel. A poids égal et à quantité
égale d’alcool consommé, la concentration d’alcool dans le sang est donc généralement
plus élevée chez les femmes que chez les hommes.

b) les femmes disposent d’une quantité moindre des enzymes contribuant à l’élimination de
l’alcool qui se trouve ainsi ralentie.

Différences liées à l’âge : les jeunes supportent moins bien l’alcool que les adultes pour
différentes raisons :

a) poids inférieur à celui des adultes


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b) les enzymes contribuant à l’élimination de l’alcool par le foie sont présentes en plus petite
quantité que chez les adultes

c) la consommation d’alcool chez les jeunes provoque une baisse de la production des
hormones de croissance qui jouent un rôle déterminant dans le développement des os et
des muscles

d) le développement du cerveau n’est vraiment achevé qu’à l’âge de 25 ans

e) la plupart des jeunes n’ont pas l’expérience nécessaire pour connaître la quantité d’alcool
que peut supporter leur organisme. C’est pourquoi ils sont souvent victimes d’intoxication
grave lorsqu’ils boivent jusqu’à l’ivresse.

Différences individuelles : la capacité d’élimination de l’alcool par les enzymes varie d’une
population et d’un individu à l’autre, ces différences étant déterminées génétiquement.

Les motifs principaux que les jeunes évoquent par rapport à la consommation d’alcool
sont la curiosité et l’envie d’essayer, l’expérience faite en groupe, la pression du groupe ou
des conceptions normatives (« cela fait tout simplement partie de la fête »), (« un garçon
digne de ce nom peut supporter cela »). Envie de faire face au stress, d’oublier les
problèmes avec son entourage ou d’oublier les échecs scolaires.

Effets et risques

L’ivresse alcoolique se déroule en plusieurs phases :

1. euphorie
2. ivresse proprement dite
3. hébétude et léthargie
4. coma

A partir d’une alcoolémie de 0,5 ‰, on se sent euphorique, on est plus communicatif et on


ressent un fort besoin de parler. A ce stade, quelques troubles de la coordination
apparaissent déjà et vont aboutir à de graves troubles de l’équilibre si le taux d’alcool
augmente encore.

On parle d’état d’ivresse à partir d’une alcoolémie de l’ordre de 1 à 2 ‰. Les fonctions telles
que la capacité de réaction et l’équilibre sont déjà fortement altérées, de même que les
émotions et le comportement. De plus en plus confus, on perd le sens de l’orientation. On
constate une instabilité de l’humeur et une tendance à somnoler.

Au stade de la torpeur (alcoolémie de 2 à 3 ‰), les principales fonctions sont gravement


altérées. La capacité de réaction est ainsi pratiquement inexistante.

A partir d’une alcoolémie de 3 à 5 ‰, une personne adulte peut perdre conscience et


tomber dans le coma.

Pour une personne adulte, une concentration d’alcool dans le sang de 2,5 ‰ peut déjà avoir
des conséquences mortelles.

L’alcool agit sur les différentes parties du corps.

Il influence la perception, l’intention et la capacité des réactions. L’acuité visuelle diminue, le


champ visuel se rétrécit (vision tubulaire). L’attention, la concentration, la capacité de
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discernement et de jugement sont altérées et le temps de réaction augmente. Le goût du


risque s’accroit lui aussi. A une alcoolémie de 0,8 ‰ par exemple, le temps de réaction est
rallongé de 30 à 50 % par rapport à celui d’une personne qui n’a rien bu.

La consommation aiguë et chronique de l’alcool peut provoquer des problèmes somatiques,


surtout au niveau cérébral, au niveau du foie, du pancréas (inflammation chronique),
modification au niveau cardiaque, modification au niveau du système digestif, au niveau de
la peau et des vaisseaux sanguins et diminution des facultés cognitives (irréversibles), des
maladies psychiques telles que la dépression, l’anxiété,… A rappeler aussi que l’alcool peut
provoquer de nombreuses maladies cancérigènes et en général provoquer la mort.

A part les dangers directement liés à la santé physique et psychique, la consommation


d’alcool provoque aussi : l’agressivité, la violence, les échecs scolaires, des difficultés et
conflits familiaux, la délinquance, des grossesses non désirées, des maladies sexuellement
transmissibles,…

Le « binge drinking » est un véritable problème de santé publique actuellement. Le « binge


drinking » consiste en une consommation occasionnelle mais excessive d’alcool dans
l’intention de « se défoncer » (« cuite express ») et très souvent sans notion de plaisir. Très
souvent aujourd’hui, les jeunes sont ivres avant même d’aller dans les boîtes de nuit. C’est
surtout avec les alcopops (mélange entre des boissons sucrées comme le jus d’orange ou le
coca avec des alcools forts, surtout la vodka, le brandy ou le whisky) qu’on obtient des
« défonces rapides ». Dans le contexte de consommation de « binge drinking », la violence,
le coma éthylique et les rapports sexuels non protégés sont très fréquents.

Le dernier gadget pour s’enivrer vite et incognito est le « Devil Bag », un petit sachet
contenant 20 ml d’alcool à boire discrètement ou à verser dans une bouteille de coca. L’idée
vient d’Allemagne. En Suisse, on peut les acheter dans certaines boutiques ainsi dans les
enseignes Aperto. Avec un graphisme attractif (une diablesse rouge façon Manga), il existe
plusieurs alcools forts à choix : whisky, gin, rhum, brandy ou vodka). Le prix est de frs 1,90.
Ce cocktail self-service présente un grand danger dans l’alcoolisation des jeunes
actuellement car, en plus, il court-circuite la Régie fédérale des alcools puisque la loi
n’interdit pas le conditionnement de petites doses.

Dr Marina Croquette-Krokar
Médecin-directrice
Fondation Phénix

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