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HÉRACLÈS

LA LETTRE D’INFORMATION ET D’ECHANGE DE LA COMMUNAUTE DOCTRINALE


JUILLET-AOÛT 2009
N°33

Editorial Le mot de la direction


de publication

L es Forces Terrestres comprennent l’état major de Lille, l’ensemble des grandes unités,
états-majors opérationnels et corps de l’armée de terre française. Cet ensemble
compte en son sein la totalité des centres d’entraînement spécialisés et détachements
d’assistance à la mise en condition avant projection. Le ralliement des moyens de la D ans ce 33ème numéro de
Héraclès, la parole est
donnée au Commandement
logistique opérationnelle est désormais réalisé à Lille. Le CFT, qui s’exprime dans nos
des forces terrestres (CFT).
colonnes, constitue donc la force vive d’une partie majeure de l’outil militaire Au moment où d’importantes
actuellement utilisé par la France. mutations se font jour, il nous
est apparu important que ce

D estinées à être réunies et organisées en fonction du besoin, les Forces Terrestres


remplissent leurs missions dans un milieu physique hétérogène. Certes, ce milieu est
majoritairement terrestre et justifie d’abord des unités, des équipements et des modes
grand commandement, à la fois
réservoir d’experts et noyau pour
les états-majors mis sur pied
pour les opérations à venir,
d’actions adaptés pour tenir ou conquérir le terrain, dans la durée et l’adversité. Mais puisse donner un nouvel
ces Forces agissent également dans le cadre d’une continuité et d’une cohérence éclairage sur les rôles qu’il est
intégrant la troisième dimension : trajectoires de munitions, actions héliportées, vols de amené à jouer tant en matière
drones tactiques, défense sol-air. opérationnelle que dans le
cadre de l'entraînement des
forces.
E n outre, les Forces Terrestres constituent la partie centrale des engagements armés
de la France avec 85% des effectifs militaires déployés sur les différents théâtres. Pour
autant, elles intègrent la dimension interarmées qui donne à ces opérations leur
Notre prochain numéro, le N° 34,
à paraître fin septembre - début
cohérence avec un surcroît d’efficacité opérationnelle. Parfois même aux bas niveaux octobre 2009, donnera la parole
tactiques, et selon les actions en cours, il faut par exemple maîtriser l’intégration des à la 2ème brigade blindée (2 BB).
appuis interarmées, les contraintes de coordination 3D, le transport tactique, la Le suivant (N° 35) sera réalisé
complémentarité des capteurs de renseignement. Et ceci s’effectue le plus souvent dans avec la 9ème brigade légère
blindée de marine (9 BLBMa).
un cadre international de coalition, avec des procédures d’interopérabilité aussi
impératives que rigoureuses. Pour tous ces aspects qui évoluent sans cesse, le
professionnalisme de nos unités s’avère plus nécessaire que jamais.

Directeur de la publication
Général (2s) Claude Koessler

Rédacteur en chef
Capitaine Marie-Noëlle Bayard
Le général de division Thierry OLLIVIER
commandant le Centre de doctrine Diffusion, relations avec les abonnés
d’emploi des forces Major Catherine Bréjeon

Mise en page
Christine Villey

Impression
EDIACAT

Création de la maquette
Lire en Particulier Nathalie Dujardin

Héraclès en ligne :
www.cdef.terre.defense.gouv.fr
page 3 Le combat terrestre - GCA LECERF
page 5 CFT 2010, au service de toutes les forces - GDI NAYRAL de PUYBUSQUE
page 7 Fusion CFT-CFLT :- LCL LAPLACE
page 15 CPF et doctrine - GBR DUMONT-SAINT-PRIEST
2 Sommaire HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

Com FT
Le CDEF vous informe

SÉMINAIRE TACTIQUE 2009 3 Le combat terrestre


Le jeudi 10 décembre 2009, le
centre de doctrine d'emploi des
forces (CDEF) et le collège de
l'enseignement supérieur de l'armée Actualités
de Terre (CESAT) organisent, à l’École
militaire (amphi Foch), la quatrième
édition du séminaire tactique de 5
l'armée de Terre.
CFT 2010, au service de toutes les forces
7 Fusion CFT-CFLT : une synergie renforcée entre
Pour cette édition 2009, le séminaire tactique et logistique en matière de préparation
est intitulé «l'exercice du commande- opérationnelle
ment aujourd'hui en opération». De 8
09h30 à 17h30, les participants
Le GPPO, force de frappe de l’EMOT
assisteront à deux tables rondes sur
les thèmes «Quel commandement
face à la complexité des engage-
ments récents ?» et "Les engage-
ments les plus probables appellent-
ils une relecture des principes et des Retour d’expérience
modalités du commandement ?
Existe-il une approche française ?". 10 «Faire la guerre, c’est s’adapter»
De nombreux intervenants de tous 13 La numérisation de l’espace de bataille (NEB) :
horizons français (CDEF, CICDE, EAI,
EMAT, etc.) et étrangers, apporteront la norme pour les brigades du CFT
leur expérience et leur réflexion dans
ce domaine.

Inscriptions et informations :
www.cdef.terre.defense.gouv.fr Réflexions
ou www.cesat.terre.defense.gouv.fr
(intraterre). 14 Des unités en voie d’apparition les URB
15 CPF et doctrine

Tribune libre

16 La culture du changement : comment éviter une


défaite certaine
17 Diffuser la pensée militaire tactique :
le modèle américain
19 AUFTRAGSTAKTIK, du principe aux réalités
HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009 Com FT 3

«Le combat terrestre»

C
omme le démontrent les opé- d’un investissement à la hauteur du duel unique et spécifique, marqué
rations en Kapisa, nos soldats poids relatif de ses engagements ? par un tutoiement quotidien, en
de l’armée de Terre sont de opérations, avec la mort.
vrais professionnels. Ils sont bons, voi- Je n’aime ni les ayatollahs ni les muets
re très bons. Ils sont au cœur de l’ac- et ne cherche pas non plus de vaines  Quelle sera la guerre de demain ?
tion de la communauté internationale. polémiques ! Je crois en revanche à la Bien malin qui peut la décrire
Mais bénéficient-ils de tout l’intérêt nécessité de forger nos convictions à aujourd’hui, mais est-il réaliste de
qu’il serait légitime de leur porter ? travers un débat pour lequel je vou- dire que le modèle stabilisation, à
drais proposer un certain nombre de envergure, périmètres et effets
Derrière notre engagement quotidien pistes. variables, perdurera de nom-
en Afghanistan, il y a un certain nom- breuses années ? D’où, la nécessité
bre de questions qu’il est très impor-  Nous réapprenons la guerre, celle d’une approche réactive pour la
tant de se poser. Existe-t-il une que notre France a toujours préparation des forces et d’une
meilleure enceinte qu’Héraclès pour le conduite dans son histoire, mais démarche inter agences/ inter-
faire ? que, depuis les années 60, nous ministérielle pour trouver une
avions consciencieusement oubliée. solution durable au conflit. Là
Donc la guerre existe, mais encore, faire autrement mais sans
Le combat terrestre est-il en train de aujourd’hui, comme ce sera le cas rien changer des fondamentaux
changer de nature ou s’agit-il seule- demain, le contexte et l’environ- issus de notre très vieille culture
ment de conduire de nécessaires nement ne sont plus les mêmes. Il militaire.
adaptations réactives (préparation opé- nous faut alors pouvoir distinguer
rationnelle/doctrine/structures/équi- les invariants de ce qui peut et doit
pements) requises par les spécificités évoluer.
 Et l’ennemi ?
d’un théâtre, mais également par notre L’insurrection est ce qui nous pré-
«désapprentissage» consciencieux de la occupe aujourd’hui ; demain, nous
guerre depuis l’Algérie ?
 Réapprenant la guerre, il nous faut aurons des états en décomposition,
retrouver notre âme de soldats, à des trafics en tous genres et toutes
travers des fondamentaux, une les combinaisons possibles de dés-
Quelle guerre sommes-nous en train
préparation opérationnelle refondée, espérance et de folie humaine.
de mener ou de subir en Afghanistan ?
une doctrine adaptée et des Reviendrons-nous pour autant à
Est-elle si spécifique qu’elle ne puisse
procédures d’acquisition d’équi- des conflits symétriques ? Peu pro-
rentrer dans nos concepts de stabilisa-
pements réactives, allégées et bable !
tion ? Que recouvre concrètement
régénérées. Je crois beaucoup plus à une natu-
aujourd’hui la notion de combat aéro-
terrestre ? La préparation opération- re hybride des conflits, combinant
nelle de nos unités et de nos  Nous participons donc simulta- symétrie et asymétrie, armes de
états-majors restera-t-elle un « prêt-à- nément à un retour à des valeurs destruction massive et guérilla
porter » qui ne pourrait être reproduit originelles, celles de nos anciens dans les localités, cyber technolo-
ailleurs ? d’Indochine et d’Algérie, de gies et toujours les medias comme
Lyautey à Gallula et de nos officiers champ de bataille.
Et plus largement enfin, l’armée de d’affaires indigènes, adaptées aux us Mais avec une constante : les popu-
Terre, qui supporte pour l’essentiel la et coutumes de nos sociétés lations toujours prises en otage !
charge des opérations et s’honore à d’aujourd’hui. Mais il s’agit bien de
remplir son contrat opérationnel coûte se dire que la guerre existe toujours,
que coûte, au prix parfois de lourds qu’elle tue et qu’être soldat de 
sacrifices, bénéficie t-elle effectivement France c’est un engagement indivi-
4 Com FT HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

 mieux s’affranchir des rigidités


Le CDEF vous informe d’un environnement par trop
(DDo) procédurier, en cultivant un
 Les engagements seront donc «médian rustique» pour le combat
BRIGADOC 2009 toujours essentiellement terrestres et les meilleures technologies pour
ce qui n’exclut pas l’intégration de l’efficacité de nos actions, la
En 2009, comme chaque année, le moyens interarmées en environne- protection et la mobilité de nos
CDEF a la responsabilité d’organiser ment ou en appui direct (puissance, hommes. Quant au soutien, ne
le stage BRIGADOC. D’abord destiné mobilité, renseignement et sou- perdons pas de vue qu’il vient en
aux futurs commandants de brigade1, tien). Il faudra toujours des première ligne et non le contraire.
élargi aux généraux adjoints d’EMF, hommes au sol pour, au sein de Enfin et surtout, accrochons-nous
aux colonels adjoints et aux chefs d’é-
coalitions, contrôler le terrain, à l’idée qu’un matériel ou un
tat-major de brigade, ce stage a une
triple ambition : œuvrer au milieu et au profit des équipement est fait pour durer de
- actualiser les connaissances des populations, reconstruire un indis- 10 à 15 ans, mais pas 20 ou 30,
participants sur la doctrine d’em- pensable appareil étatique de voire 40 ans comme c’est le cas de
ploi de la brigade et de ses com- sécurité. Ces hommes seront certains de nos matériels majeurs !
posantes afin de les préparer au d’abord et avant tout des terriens, et
futur engagement opérationnel de surtout des fantassins, appuyés aux
leur unité et plus globalement à niveaux tactique, opératif et Ces différentes pistes, non exhaustives
leur rôle de chef en opérations ; stratégique par l’interarmes et mais étroitement liées les unes aux
- favoriser la synergie entre doctrine
l’interarmées, afin de produire de autres, ne constituent qu’une incitation
d’emploi, préparation opération-
nelle et engagement des forces l’effet à partir d’une indispensable à la réflexion : rupture ou continuité,
aéroterrestres ; supériorité décisionnelle grâce à la telle est la question que l’on doit à mon
- saisir une opportunité d’échanges, numérisation de nos systèmes sens en permanence se poser, à l’aune
de réflexions et d’expériences ent- d’information et de comman- de trois critères essentiels que sont la
re homologues, bientôt au cœur de dement. préservation des équilibres, la réver-
la vie opérationnelle de l’armée de sibilité et la nécessaire adaptation
terre ;
 Nos états-majors, y compris au réactive.
Le stage s’est déroulé à l'école niveau tactique, devront être plus
militaire du 25 au 29 mai 2009 ouverts à l’interarmées et à Je ne crois pas qu’il y ait, en
sous la présidence du général de l’interministériel. Les lignes Afghanistan, une rupture. Par contre,
division OLLIVIER. Il a été l’occasion, d’opérations et les opérations j’ai la conviction que le poids de
pour le CDEF, de présenter les princi- basées sur les effets ont toujours l’armée de Terre dans les opérations
paux enseignements tirés des enga- toute leur pertinence, mais il faut actuelles n’est pas reconnu comme il
gements en cours et les évolutions devrait l’être. Il en va de la sécurité de
au plus vite se donner les moyens
doctrinales les plus significatives qui nos hommes comme de leur efficacité
en sont tirées. Ces informations ont de les mettre en œuvre aux niveaux
3 (brigade) et 4 (régiment / groupe- au combat.
été complétées par l’intervention de
conférenciers de haut niveau (dont le ment tactique), leur conception
général CEMAT) et de divers horizons restant aux niveaux stratégique et
y compris interarmées. BRIGADOC a opératif.
pu bénéficier des témoignages d’offi-
ciers engagés en opérations ou
acteurs de la préparation opération-  La guerre tue ! Nos soldats doivent GCA Antoine LECERF
nelle. êtres résistants et rustiques ; ils Commandant les Forces Terrestres
doivent être, surtout, très forts
BRIGADOC a été complété par le moralement. Eduquer, instruire et
stage des nouveaux commandeurs entraîner restent le cœur de la
organisé par le CFT à Lille au mois préparation de nos cadres qui sont
de juin 2009. des chefs de guerre et non des
managers.
1 Quel que soit le type de celle-ci (BIA, BAS
ou BL)  Et nos équipements ! Nous devons
avoir des mécaniques d’acqui-
sition plus souples qui sachent
HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009 Actualités 5
CFT 2010, au service Le CDEF vous informe
(DDo)
de toutes les forces L’interarmées : une réalité
dans le domaine de
l’appui aérien

A
la faveur des transformations en tions des forces qui restent notre
cours au sein des armées, le seule raison d’être. Conformément à la PIA 03-333
CFT va voir ses compétences publiée début 2008, le pilotage du
largement étendues. Il pourra en effet Il y a donc un véritable défi à relever en domaine de l’appui aérien est dé-
agir sur la quasi-totalité des domaines rappelant au préalable que cette trans- sormais confié à une nouvelle orga-
qui participent à la préparation opéra- formation devra être transparente pour nisation interarmées :
tionnelle des forces et sur leur mise en les unités, et prioritairement pour celles - un comité directeur (CODIR) est
condition avant projection, leur suivi qui sont engagées en opérations. chargé d’élaborer la politique
générale. Présidé par le chef de la
et soutien avant leur réintégration
division «Emploi» de l’EMA, il est
dans le cycle d’activités. composé au moins d’un représen-
L’EM CFT aujourd’hui. tant de chacun des états-majors
De ce changement de périmètre sont d’armée et du directeur du CICDE.
attendus : L’EM CFT aujourd’hui, ce sont cinq
- davantage de cohérence et de syner- divisions, 450 personnes. - un comité exécutif (COEX) regrou-
gie dans le montage et le déroule- - La division «opérations, état-major pe les commandements en charge
ment des activités des forces opérationnel terre» qui est le véritable de la préparation opérationnelle
terrestres comme dans les travaux de des forces dans le domaine de
centre du CFT et dont les travaux,
l’appui aérien. Présidé par le CFA,
planification et de mise sur pied comme les informations quotidiennes il est chargé de la mise en œuvre
d’unités dimensionnées, équipées et sur ce qui se passe ou se passera en de la politique arrêtée par le
entraînées en vue d’une projection, opérations, irriguent véritablement CODIR. L’armée de terre y est
- une symbiose désormais complète l’état-major. Cette division englobe représentée par le général FOU-
entre opérationnels, logisticiens et aujourd’hui le bureau logistique. CAUD, directeur de la préparation
maintenanciers, si tant est qu’il faille opérationnelle du CFT.
en démontrer la réalité et le besoin, - La division «préparation opération-
- un renforcement des conditions d’un nelle», responsable de toutes les acti- Tout le monde s’accorde sur le fait
dialogue constructif entre le niveau que cette nouvelle structure a rapi-
vités des forces (hors CFLT) qui
dement montré son efficacité.
«politique» (l’EMAT) et le niveau sont entreprises pour se préparer aux Dès le mois de septembre 2008,
de mise en oeuvre. engagements selon le principe de la date de la première réunion du
préparation à «La guerre» (l’engage- COEX, des groupes de travail ont
Profondément transformé dès le PAM ment immédiat), et à «Une guerre» été créés pour étudier de manière
2009, l’état-major du CFT conduit ce (le fond de sac). conjointe les différents aspects de
vaste chantier en veillant à ne pas l’appui aérien par le feu. Des solu-
céder à deux tendances mortifères : - La division renseignement qui coor- tions interarmées se sont très vite
- créer une «usine à gaz», incompatible donne ce vaste domaine, en adapta- dégagées grâce à une meilleure
avec la nécessaire réactivité et lisibi- connaissance mutuelle et à une
tion permanente, dont de nombreux
compréhension réciproque des
lité attendue d’un tel organisme. aspects dépassent les seules frontières enjeux. Ces solutions concernent
Celui-ci sera en effet en prise directe de l’armée de terre. en particulier la doctrine, les équi-
avec les opérations, exercera son pements, les contrats opérationnels
autorité sur le CRR.FR, les EMF, - La division SIC.AC qui elle aussi assu- et la formation. Dans ce dernier
les brigades et le CPF et continuera re la cohérence globale d’un domaine domaine par exemple, la décision a
à être sollicité par les niveaux supé- techniquement toujours en pleine déjà été prise de confier à l’EAA une
rieurs pour étayer leurs études de évolution, et crucial pour le comman- partie de la formation à l’appui
son expertise de terrain, dement comme pour les unités avec aérien par le feu dès septembre
- mettre sur pied une structure sans 2009.
l’appropriation de la NEB.
âme, association de «métiers» sans Col NAAL
liens ni ambition collective, auto-
animée et éloignée des préoccupa-

6 Actualités HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

 - La division «aéromobilité», centrée sur d’une charte de fonctionnement interne


la composante aéromobile des forces, à l’état-major. Il s’agit en effet d’organi-
exercera un commandement direct ser avec soin, d’une part la qualité du
- La division «commandement état- sur les trois RHC et devra être capable dialogue entre les divisions, condition
major» enfin, qui assure la vie quoti- de dériver un PC de mise en œuvre «sine qua non» de la cohérence globale
dienne de cette communauté (PCMO). des travaux, et, d’autre part les circuits
humaine qu’est l’état-major du CFT d’information au profit du commande-
mais qui est également responsable ment des FT ainsi que les modalités de
de domaines plus vastes tel que le Pôle logistique/soutien ses prises de décision. Le nombre de
budget des FT. - La division «soutien», reprendra les divisions, la diversité des métiers, les dif-
prérogatives du CFLT, en matière de férentes échelles d’urgence selon les
Demain, après la dissolution du CFLT, planification, expertises/études et sujets traités, la masse d’informations
des brigades aéromobile, artillerie et mouvements, en étroite liaison avec (écrites, numériques, orales, formelles et
génie, compte tenu de la création du les organismes logistiques interarmées. informelles) créant un effet de seuil qu’il
SMITER, et du fait de la disparition Elle assurera également la responsabi- convient d’encadrer pour ne pas être
annoncée des régions terre, ce seront dix lité d’ensemble du PC SNF. confronté à un désordre destructeur
divisions ; 750 personnes qui formeront ou, à l’inverse, à un ordre rigide et sté-
le CFT. Elles seront articulées autour - La division «logistique amont», basée à rilisant. C’est pour cela qu’est créé le
de deux pôles, logistique / soutien et Montlhéry, prolongera l’action de poste de «directeur d’état-major».
emploi / préparation opérationnelle. l’EMO.T et du COFT dans le Subordonné direct du CEM, il dispo-
domaine du soutien, en étroite coor- sera d’une cellule de management de
dination avec le CICLO (Centre l’information (CMI) et se consacrera
interarmées de conduite de la logis- uniquement à la gestion du travail col-
Le CFT demain tique opérationnelle). laboratif de l’état-major et de sa pro-
Pôle emploi/préparation opéra- duction.
tionnelle - La division «maintenance», recouvrira
une bonne part des missions qu’effec- En parallèle, un OPO, largement diffu-
- L’état-major opérationnel terre, restera tuaient les DIRMAT au profit des sé, définira pour sa part les nouvelles
le centre de l’EM CFT avec le centre forces. relations entre le CFT et son environne-
opérationnel des forces terrestres ment Terre et interarmées.
(COFT) et le bureau planification - La division «commandement / état-
dont les différents «G» seront sous major» enfin, réduite du fait de la
commandement direct ou répartis mise sur pied de la BDD de Lille à Au-delà des textes, cette transformation
parmi les autres divisions (SIC, Rens, l’horizon 2011. de l’EM CFT demandera :
Log, …). A terme, l’EMO.T devrait - une profonde acculturation du «CFT
être colocalisé avec le CPCO sur le - Les fonctions Santé et SEA pilotées canal historique» aux problématiques
site rénové de Balard. par deux adjoints interarmées s’ap- logistique et maintenance, plus que
puieront sur des structures insérées au jamais totalement intégrées dans tou-
- La division «préparation opération- sein de la division «soutien». tes les activités et études,
nelle», couvrira l’intégralité des fonc- - une grande adaptabilité de chacun et
tions nécessaires à la programmation, On le voit, cet état-major aura tous les une volonté partagée d’établir des liai-
au montage et au financement de atouts en main pour coordonner au sons constantes entre les différents
toutes les activités du même nom. mieux le système complexe que recou- métiers de chaque division, seul gage
vrent désormais les activités de prépa- de cohérence globale,
- Les divisions «renseignement» et ration opérationnelle et de mise sur - une vigilance de tous les instants pour
«SIC.AC», demeureront quasiment pied. Il pourra décider d’efforts visibles, vivre au diapason du besoin des for-
inchangées. impulser les changements requis, sans ces, confrontées à des opérations diffi-
pour autant empiéter sur la part néces- ciles et pour agir à leur profit avec
- La division «emploi», accueillera les saire d’autonomie des commandements réactivité, imagination et solidité.
expertises d’arme, dont celles des bri- de proximité.
gades Artillerie et Génie, dissoutes en
2010. Elle devra être en mesure de Dans les faits, cette transformation se
mettre sur pied des centres de mise en déroulera sur les PAM 2009 et 2010. GDI Paul NAYRAL de PUYBUSQUE
Elle sera accompagnée par la rédaction CEM du Gal Cdt les Forces Terrestres
œuvre (CMO) Artillerie et Génie.
HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009 Actualités 7
Fusion CFT-CFLT : Le CDEF vous informe
(DREX)
synergie renforcée entre tactique
et logistique en matière Le lieutenant-colonel (OLRAT) Jean-
Claude LALOIRE, ancien élève de
de préparation opérationnelle l'ESSEC et de l'ISUP (Institut de
Statistique des Universités de Paris),
traducteur au CDEF depuis 2001,
œuvrant à la réalisation en anglais
US de la revue «Doctrine», vient de

A
l’été 2009, la responsabilité de cipaux commandements terrestres publier 2 dictionnaires français-
la préparation opérationnelle sous une même responsabilité. anglais/anglais-français, à caractère
de l’ensemble des forces De plus, en évaluant les postes de à la fois civil et militaire, respecti-
terrestres (FT) sera confiée au commandement régimentaires des vement en septembre 2008 et
février 2007.
commandement des forces terrestres formations projetables du service de
(CFT). D’évidence, ce choix la maintenance industrielle terrestre
permettra de renforcer la synergie (SMITer), le CFT certifiera la capa- Dictionnaire médical des opéra-
tions humanitaires & de soutien de
entre tactique et logistique dans cité d’engagement de l’armée de
la paix
l’entraînement des FT. Terre dans les domaines aussi bien
logistique que soutien sur lesquels elle
Préfacé par monsieur Gérard
Dans le domaine du soutien, la a compétence. LARCHER, Président du Sénat, ce dic-
préparation opérationnelle du CFT Ces nouvelles attributions impo- tionnaire recense toute la terminolo-
s’appuiera sur les dix ans d’existence seront au CFT de concevoir systéma- gie utile à des intervenants médicaux
et d’expérience du commandement tiquement, et pour toutes ses ou paramédicaux sur le terrain, pour
de la force logistique terrestre formations, les entraînements avec secourir et soigner des personnels
(CFLT) qui ont permis d’édifier, du des jeux tactiques et logistiques militaires ou des populations civiles
niveau opératif au niveau tactique, un concordants. en difficulté ou en détresse :
socle solide d’entraînement de ses De par l’unicité de programmation et malades, blessés, choqués, victimes
de combats, d'accidents, de cata-
unités. de conduite ainsi créée, la synergie
strophes naturelles…
Cependant, alors qu’elles étaient initiée avec les GTIA et au sein du Cet ouvrage, contient environ
construites sur un corps commun de centre d’entraînement des brigades 2 000 termes et expressions ;
préparation à l’engagement, sur une sera étendue à l’ensemble des chaque terme est accompagné, le
homogénéité de programmation -et exercices des FT. Dans ce cadre, les cas échéant, de l'acronyme couram-
malgré un premier rapprochement en commandements des grandes unités ment utilisé, et cela dans chacune
2007 qui avait privilégié l’intégration tactiques se verront attribuer, pour les des langues. Présenté sous un for-
de la logistique dans les exercices des exercices, la responsabilité, tant au mat de poche, il est ainsi adapté à
groupements tactiques interarmes plan de l’emploi que du respect de la une consultation sur le terrain.
(GTIA)-, la préparation opérationnelle doctrine, sur des unités logistiques.
du CFT et celle du CFLT avaient De même, lors des mises en condition Dictionnaire des télécommunica-
évolué plus en parallèle que de manière avant projection (MCP), chaque tions et de l'informatique appli-
quées à la défense
convergente. formation se préparera en formant et
en évaluant les entités qui lui seront
En 2009, le commandant des FT rattachées, ce qui inclut les modules Ce dictionnaire est un ouvrage
exhaustif, qui couvre tous les aspects,
devient le seul garant, devant le chef logistiques. Quant aux unités armant
tant dans le domaine civil que dans
d’état-major de l’armée de Terre, de les éléments de soutien national (type les domaines de la défense (interar-
la capacité à l’engagement opéra- BATLOG), ils assureront leur MCP mées) et de la sécurité (police, gen-
tionnel des formations de l’armée de suivant les directives et avec les darmerie) : transmissions radio,
Terre mais aussi de la cohérence entre moyens propres du CFT comme l’a réseaux, téléphonie, télédétection
tactique et logistique nécessaire à cet fait le détachement d’assistance (incluant les radars), guerre électro-
engagement. opérationnelle /Afghanistan. nique (et cyber-guerre).
A cet effet, l’intégration de la brigade
logistique au CFT unifiera la  (p. suivante)
préparation opérationnelle des prin-
8 Actualités HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

 par le CFT s’érige en fédérateur de


Le CDEF vous informe celle des organismes interarmées, de
(DREX) plus en plus prégnants dans la logis-
En matière de préparation opération- tique en opération.
(suite) nelle, la fusion CFT et CFLT procède
LCL Jérôme LAPLACE
des principes du soutien des opéra- Div Préparation opérationnelle/chargé de mission
Il comprend aussi les termes d'infor- tions1 ; elle entraînera des change- Bureau Conduite de la préparation opérationnelle
matique (et du Web) associés, qui ments importants et lourds dans le
sont aujourd'hui nécessaires à la mode de fonctionnement du CFT, de
compréhension de l'univers des son état-major ainsi que pour la briga-
télécommunications. Glossaire :
de logistique devenue unique. Tous
A ces termes sont associés les BATLOG :
devront s’y adapter, mais elle permet- Bataillon logistique
acronymes usuels, lorsqu'ils existent tra une prise en compte commune et
(environ 6 000 pour la partie CFLT :
centralisée de même qu’une synergie commandement de la force logistique
anglaise et 600 pour la partie fran-
çaise). accrue entre tactique et logistique terrestre
dans l’ensemble des activités d’entraî- CFT :
Ce dictionnaire d'environ 9 000 ter-
nement des FT. commandement des forces terrestres
mes, s'adresse aux professionnels
FT :
de ce domaine et aux traducteurs et
forces terrestres
interprètes, tout particulièrement
GTIA :
dans le cadre de l'industrie ou de Cette évolution n’en sera que plus groupement tactique interarmes
l'OTAN. Il s'adresse aussi aux efficace si elle se prolonge par une for- MCP :
étudiants de l'enseignement supé- mation afférente de nos cadres et si la mise en condition avant projection
rieur civil et militaire dans le domai- préparation opérationnelle construite
ne des télécommunications.
Cet ouvrage est publié en deux
volumes de 460 pages chacun, 1 Unicité de l’organisation, unité d’action, cohérence de l’économie générale des forces, flexibilité, interopérabilité,
l'un pour la partie français-anglais, anticipation,...
l'autre pour la partie anglais-français.

Le GPPO1, force de frappe de l’EMOT2

B
ucarest, avril 2008, 59ème som- Au cœur du processus de génération de particulier les générations de force.
met de l’OTAN, le Président force, le groupe pluridisciplinaire de Autour d’un noyau constitué par une
de la république annonce le planification opérationnelle de l’EMOT équipe de planificateurs, sont réunis
renforcement du dispositif français est l’outil qui permet à l’armée de Terre autant que de besoin les experts néces-
de proposer au CPCO4 la meilleure saires.
au sein de la Force internationale
contribution terrestre possible à une
d’assistance et de sécurité (FIAS) en - Les «G» de l’EMOT (G1 à G 9) sont
opération.
Afghanistan. membres permanents du GPPO.

Vallée de la Kapisa, juillet 2008 


le GTIA3 Kapisa mène ses premières
opérations sur le sol afghan. 
Présentation et fonctionnement du
GPPO
En amont de l’annonce officielle et de
l’arrivée des premières troupes en Le GPPO est une structure de circons- 1 Groupe pluridisciplinaire de planification
Kapisa s’est joué un obscur mais effi- tance mise en œuvre et animée par opérationnelle.
cace travail d’état-major répondant à le G5 de l’EMOT pour conduire les
2 Etat-major opérationnel Terre.
3 Groupement tactique interarmes.
l’acronyme barbare de GPPO. planifications opérationnelles et en 4 Centre de planification et de conduite des opérations.
HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009 Actualités 9
 Elle décrit, sous forme d’un ordre de Le CDEF vous informe
bataille, les moyens aéroterrestres
nécessaires à l’accomplissement de la
(DSRO)
- Au-delà de ce premier cercle, le
mission ainsi que l’architecture du
GPPO s’appuie sur l’ensemble des CALIPSO : démonstrateur
commandement et la composition du
experts des fonctions opérationnel-
soutien.
d’aide à la planification
les représentées au CFT. Puissance opérationnelle de niveau 1
de travail du GPPO, ils analysent
La deuxième étape de la génération
dans leur domaine de compétence
de force consiste à passer du souhaita- Destiné aux cellules G5 et G35 des
les besoins opérationnels pour en états-majors de niveau 1, le démons-
ble au réalisable. Il s’agit de confron-
déduire les capacités nécessaires. Le trateur CALIPSO d’aide à la planifica-
ter cette première approche de la
bureau programmation, élément tion opérationnelle doit permettre de
force aux différentes contraintes qui
clé du GPPO, se charge de veiller à faciliter le choix du mode d’action le
sont principalement d’ordre logis-
l’adéquation du besoin et de la res- plus favorable lors de l’étape de
tique et financier mais aussi de pro- confrontation des modes d’action
source.
grammation. Ces trois éléments ont (MA/ME), dans les phases d’interven-
- L’expertise ne se limite pas au CFT.
des conséquences sur le type d’unités tion et de stabilisation.
Ainsi différents organismes de
déployées, sur les matériels dont elles
l’armée de Terre (DCMAT, Conçu initialement pour être intégré à
seront dotées et sur leurs effectifs.
CoFAT,…) sont régulièrement SICF, ce démonstrateur CALIPSO n’a
C’est une phase d’arbitrage qui
associés aux travaux du GPPO. Le pas vocation à «décider» à la place
conduit parfois le GPPO à s’affran-
GPPO peut également rechercher de l’état-major, mais, en s’appuyant
chir d’un certain nombre de principes sur les modes d’action élaborés par
l’expertise dans les forces terrestres,
d’organisation et de doctrine afin de ce dernier, à faciliter la prise de déci-
et ce, parfois même dans les régi-
proposer une solution de compromis, sion en ayant recours à la simulation.
ments comme ce fut le cas dans la
susceptible de réaliser l’effet recher- L’une des plus-values du démonstra-
préparation de la FINUL II.
ché. A l’heure des choix, le GPPO teur CALIPSO réside dans la prise en
L’efficacité du GPPO repose sur un minimise les risques d’erreur du fait compte de la phase de stabilisation.
travail itératif et collaboratif entre les des expertises variées dont il dispose. La modélisation se concentre dans ce
différents domaines d’expertise et de cas sur les interactions entre la force,
spécialités. En amont, sur mandat du La clôture du GPPO se concrétise par les autres acteurs présents sur le ter-
CPCO, l’équipe de planification défi- la transmission du TUEM au G3 qui rain et la population qui est repré-
a la tâche de conduire la projection sentée sous forme de zones au sein
nit un cadre de travail et les attendus
desquelles se répartissent les grou-
de la planification. Réunions et tra- (armement des TUEM, échelonne-
pes de population.
vail individuel alternent pour livrer ment de la projection, …). Le cas
Le démonstrateur CALIPSO fonctionne
un produit fini à la validation des échéant, le G3 arme un centre opéra-
grâce à des indicateurs d’aide à la
autorités (CEMOT puis COMFT). tionnel de montée en puissance. décision. L’opérateur, en comparant
Après l’ultime validation du CEMAT, numériquement et graphiquement les
ces travaux seront ensuite transmis au évolutions de la valeur de ces indica-
CPCO. L’apport de la numérisation pour teurs, tels que l’attrition ou les poten-
le GPPO tiels, propres à chaque confrontation
MA/ME, et en exploitant la fonction
Principes d’une génération de force de «rejeu» pour visualiser l’action
Dans le cadre de la génération de force,
simulée en accéléré, doit pouvoir
Lors d’une génération de force, la pre- la numérisation permettra d’accélérer
identifier le mode d’action le plus
mière étape consiste à décrire le souhai- le cycle de décision en optimisant le favorable pour la force.
table sans se fixer de limitation travail du GPPO. Dans ce contexte, le
intellectuelle. A partir des données tac- G5 de l’EMOT met en place la suite Outil exploratoire, donc incomplet et
tiques (étude de la mission, analyse logicielle opérationnelle (SLoOps) ; imparfait à ce jour, ce démonstrateur
renseignement, terrain, …), il s’agit de intégration d’outils d’aide à la décision, CALIPSO doit préfigurer les outils opé-
définir quelle serait la force idéale pour la SLoOps est mise en œuvre par une rationnels d’aide à la décision qui
feront, demain, partie intégrante de
réaliser l’effet final recherché. Cette structure de circonstance qui travaille
SICF.
étude est conduite en s’appuyant sur la en parallèle du GPPO.
méthode de planification de l’OTAN, LCL Jean-Christophe REUSSNER
la GOP 5. Une première esquisse de  Chargé d’études au Bureau études
et recherche opérationnelle
la force est développée à partir des
modules projetables de la PIA 05-402. 5 Guideline for operational planning.
10 Actualités HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

Le CDEF vous informe 


(DSRO) Conforme à la devise du CFT, le
Utilisant un langage informatique
Simulation et coopération commun, ces outils permettent d’as- GPPO est «au cœur de l’opération-
nel» car c’est le meilleur outil qui soit
militaire franco-allemande sister le GPPO dans la définition de
pour «tailler la force» au plus près des
l’architecture de la force (GENE-
FORCE), d’évaluer ses modes d’ac- nécessités du soldat qui réalise la mis-
Le comité «experts simulation» du sion sur le terrain.
sous-groupe Terre du GFACM s’est tion possibles (APLET), de la décrire
réuni à MAILLY du 20 au 22 janvier sous forme de plans reposant sur les
modules de la PIA 05-402 (DBM- La préservation de cette culture de
2009. Le but de cette séance de tra-
vail était de faire un point exhaustif Genforces), d’en décliner les TUEM travail collaboratif est la clé du succès
des moyens de préparation opéra- (DBM-GenTUEM), de mener une opérationnel. Elle sera aussi un puis-
tionnelle fondés sur la simulation de sant facteur d’intégration des trois
étude du terrain (AGEC6) et de
chaque pays, de les comparer et d’en nouvelles divisions logistiques qui
modéliser les réseaux SIC (GCR7). La
déduire certaines complémentarités rejoindront le CFT à l’été 2009.
SLoOps met également en œuvre
et synergies éventuelles.
ADAMS8 afin d’étudier en première
approche la mise en place de la force.
Les deux armées de terre disposent
d’outils complets et cohérents. Ils ont G5 Etat-Major opérationnel Terre
été développés dans une logique La SLoOps sera en mesure de trans-
nationale, sans volonté initiale parti- mettre les ordres de bataille aux unités
culière d’interopérabilité, aussi leur constituant la force pour l’initialisation 6 Atelier de gestion et d’étude cartographique.
utilisation dans un cadre multinatio- rapide et sans risque d’erreur des 7 Gestion cartographique des réseaux.
8 Allied deployment of movement system.
nal n’est-elle pas toujours simple en SIOC.
première approche.
Toutefois, certains centres allemands
pourraient accueillir des unités fran-

RETEX
çaises ou binationales de niveau 1 ou
4, tout comme des centres du CPF
pourraient recevoir des unités alle-
mandes, sous réserve de la résolution
de quelques difficultés techniques.

«Faire la guerre,
Mais surtout, les engagements les
plus probables de nos pays étant
similaires et les problématiques étu-

c’est s’adapter»
diées de part et d’autre du Rhin inti-
mement liées, au premier rang de
nos préoccupations communes se
trouvent ainsi la préparation aux opé-
rations en zones urbanisées et la pri-

L
se en considération de la es engagements actuels, princi- doctrine. Pour cela, un concept d’a-
numérisation de l’espace de bataille. palement celui que nous vivons daptation réactive est né en 2008, sur
Ces derniers points pourraient avan- en Afghanistan, ont bousculé la base de réflexions lancées par le
tageusement donner lieu à des nos habitudes en matière d’exploita- CDEF en 2006, afin de permettre à
échanges de vues et de retours tion du RETEX. l’armée de Terre d’obtenir, en cours
d’expérience fructueux. De plus, la d’opération et non en vue de l’opéra-
connaissance partagée par les deux Le passage, dans nos opérations exté- tion future, la satisfaction de besoins
parties en matière de recherche rieures, de la gestion de crise à la immédiats exprimés par les forces ter-
opérationnelle semble constituer contre-rébellion impliquant des com- restres sur les théâtres. Aujourd’hui,
une piste intéressante d’échanges
bats meurtriers a nécessité d’adapter en 2009, le COMFT dispose dans sa
à venir.
notre outil de combat et sa prépara- main de tous les leviers pour les expri-
tion dans tous les domaines, depuis mer.
LCL Pascal FLORIN
Chef du bureau simulation opérationnelle l’organisation des capacités opéra-
tionnelles, les équipements, la forma-
tion et l’entraînement, jusqu’à la 
HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009 RETEX 11
 Entre septembre 2007 et août 2008, Le CDEF vous informe
ce sont ainsi près de 107 millions
d’euros qui auront été investis au pro-
(DSRO)
En premier lieu, l’organisation des
capacités en vue d’une mission opéra- fit du surblindage de véhicules, qu’ils Janus dans les Balkans ?
tionnelle fait l’objet de constantes soient de combat ou logistiques, de la
adaptations, pour obtenir toujours protection des tireurs 12,7 des VAB,
Une délégation du CDEF/DSRO s’est
plus de cohérence entre l’unité proje- des moyens de vision et d’identi-fica-
rendue à Belgrade à la fin du mois de
tée et son milieu d’action. C’est ainsi tion nocturne des combattants, de l’a- mars 2009. Cette mission faisait sui-
mélioration des FAMAS, des moyens te à une demande de la mission mili-
que la 27ème BIM est prioritairement
de transmission des contrôleurs air taire française en Serbie. En effet, les
projetée en Afghanistan en hiver, que
avancés, ainsi que, et ce n’est pas le forces armées serbes envisagent de
les unités blindées et mécanisées se
moins important, de l’habillement et se doter d’un centre de simulation
relèvent au Liban, ou encore que les
du paquetage du combattant. dédié à la formation et plus particu-
unités amphibies arment prioritaire- lièrement à la formation tactique des
ment les points d’appui de Djibouti stagiaires de l’Ecole Nationale de
L’adaptation réactive touche égale-
et de Dakar. Défense qui réunit les équivalents
ment la formation et l’entraînement,
serbes de nos CSEM et EEM.
les programmes et la programmation
Les GPPO1 affinent la force, l’organi-
de la préparation opérationnelle. Il
sent, en introduisant sous enveloppe Cette mission avait donc pour objet
s’agit de se former sur un Buffalo US2,
de nouvelles capacités (drones, appui de compléter l’action du coopérant
ou un tourelleau téléopéré de VAB, français du J7 serbe en présentant de
feu, fouille opérationnelle, hélicop-
pour savoir servir et soutenir ces façon exhaustive aux responsables
tères…), en fonction de besoins recon-
matériels en délais contraints ; il s’agit de l’académie militaire de Belgrade
nus pour les forces terrestres et
d’acquérir ou de rafraîchir, pour un les fonctionnalités détaillées du sys-
approuvés par le COMFT puis le
officier général comme pour tout sol- tème Janus, l’organisation et le fonc-
CPCO, et proposent de nouveaux
dat, les fondamentaux et non plus les tionnement d’un centre Janus ainsi
dispositifs. C’est un processus bien que la préparation, la conduite et
rudiments du sauvetage de combat,
rodé au CFT, où cependant, en termes l’exploitation d’un exercice assisté
du tir, etc… pour savoir dégager un
d’effectifs, la logique de besoin doit par simulation.
véhicule, pratiquer les premiers soins
composer avec celle de ressources. La visite des infrastructures pressen-
à un blessé, défendre le véhicule et le ties pour le déploiement et la fourni-
personnel autour de soi avec l’arme- ture de données techniques et de
Mais c’est dans le domaine des équi-
ment de bord ou tout simplement renseignements particuliers ont com-
pements que l’adaptation réactive
avec son arme individuelle. plété les actions entreprises.
trouve sa concrétisation la plus visi-
L’adaptation réactive, c’est enfin la En première approche, et sans préju-
ble. Il s’est agi en fait, dès 2007,
capacité à transmettre dans nos centres ger de la décision finale serbe, Janus
d’adapter très rapidement nos véhicu- apparaît particulièrement adapté aux
de plus en plus dédiés à la préparation
les, nos armements, nos effets de pro- besoins de la partie serbe tant dans
de «la guerre» les savoir-faire nouveaux,
tection, nos moyens d’acquisition, son caractère interarmes et modulai-
les procédés tactiques inédits parce
notre soutien, à la réalité des combats re (du niveau SGTIA à la BIA) que
qu’appris dans la confrontation avec dans son excellent rapport « qualité-
en Afghanistan. Le matériel utilisé
un ennemi qui lui aussi s’adapte (vite) prix » lié à son développement logi-
dans les Balkans ou en Afrique ne
et se perfectionne sans cesse. ciel au sein de la DSRO.
répondait en effet qu’imparfaitement
aux menaces rencontrées sur ce théâtre. La communauté Janus-France pourrait
donc s’enrichir à l’horizon 2010 d’un
Afin de contrebattre plus sûrement
«petit dernier» complétant les dix
l’adversaire, le CEMAT peut décider  centres français, libanais, tunisiens et
de déclencher des procédures rapides marocains déjà existants.
1 Groupes Pluridisciplinaires de Planification
d’acquisition ou d’adaptation de Opérationnelle
matériel, proposées par le CFT. 2 Buffalo (ou MPCV pour Mine protected clearance Le déploiement d’outils de simulation
vehicule): véhicule militaire du génie américain.
constitue sans conteste un moyen de
rayonnement et de diffusion de notre
culture militaire à l’étranger !

Colonel Olivier SALAÜN


Chef de la division Simulation
et recherche opérationnelle
12 RETEX HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

Le CDEF vous informe  Mais c’est un processus qui n’a de


valeur que par le discernement de ses
(DSRO) acteurs. Il est en effet nécessaire que,
Pour concentrer les expertises et la
dans ce contexte, soit posée en perma-
«ROADEF» 2009 : la DSRO mémoire des enseignements et des
scénarii propres à un théâtre ou à un nence la question de la pertinence des
s’affiche critères de choix. Toute demande éma-
type d’engagement, le CENTAC de
MAILLY continue de préparer l’en- nant d’un théâtre est-elle forcément
Deux officiers du bureau études et justifiée ? Doit-on la généraliser ? Faut-
recherche opérationnelle (BERO) de semble des unités à «une guerre» et
offre des scenarii spécifiques à celles il par exemple 2, 3 ou 5 appareils de
la DSRO ont participé du 10 au vision nocturne par section ? Pour être
12 février au congrès annuel de la engagées au Liban ou en Afghanistan ;
le nouveau CENZUB de SISSONNE réaliste et donc crédible, il faut recher-
société française de recherche opéra-
tionnelle et d’aide à la décision accueille maintenant les stages d’ap- cher le bon équilibre entre le «tout -
(ROADEF). Cette manifestation a prentissage au contrôle de foules, stages tout de suite» et le raisonnable.
réuni à Nancy les principaux labora- qui s’appuient sur l’expérience du Il faut donc garder sans cesse à l’esprit
toires de recherche et sociétés de Kosovo, dans le même temps que que nos priorités, notre énergie et not-
services du domaine, et permis aux re intelligence doivent être mises au
CANJUERS construit actuellement
chercheurs opérationnels du CDEF profit du soldat qui se bat sur de loin-
d’entretenir leurs compétences théo- son futur DAO/A3. La doctrine évolue
et l’adaptation réactive doit s’appli- tains théâtres d’opérations.
riques.
quer, en direct depuis les théâtres, par
Cette année les uniformes ont été le biais d’un RETEX «boucle courte», à
remarqués, trois officiers de la Marine nos centres dans les scénarii qu’ils pro-
Nationale étant également présents. posent et les procédés que peuvent COL Michel BILLARD
La présentation par le commandant Div. préparation opérationnelle
insuffler les OAC4. Par eux, se fait le Chef du bureau capacités opérationnelles
Secherre d’une étude sur le plan de lien direct entre les opérations et la pré-
stationnement de l’armée de Terre a paration opérationnelle.
été particulièrement appréciée.
Fournissant un exemple concret d’ai-
L’adaptation réactive bouscule nos
de à la décision, elle se démarquait
en effet du contenu fortement théo- habitudes, nos circuits décisionnels et 3 Détachement d’Assistance Opérationnelle/
rique de la majorité des exposés. peut-être aussi nos certitudes, et c’est Afghanistan
4 Observateurs Arbitres Contrôleurs
tant mieux.
Les contacts pris laissent entrevoir
la possibilité de recrutement de
chercheurs sous ESR et des collabo-
rations avec des laboratoires publics.
Des techniques prometteuses ont de
plus été identifiées en vue du plan Vos r éact i ons aux i nfor mat i ons
de veille technologique du BERO. par ues dans Hér acl ès
s ont l es bi enVenues
Face à la crise, les chercheurs opé-
rationnels des entreprises représen-
tées (SNCF, EDF, Air-France...)
s’appliquent à optimiser leurs pro- c.d.e.f.
cessus internes. L’armée de Terre centre de doctrine d’emploi des forces
pourra de même s’appuyer sur les b.p. - 00445 ar mees
compétences en modélisation du
BERO pour répondre aux nombreux
problèmes d’optimisation que soulè-
vent les réformes en cours.  : 01 44 42 35 91 ou 01 44 42 48 93
pnia : 821 753 35 91 ou 821 753 48 93
fax : 01 44 42 52 17 ou 821 753 52 17
CBA Roland GOFFETTRE mel : heracles@cdef.terre.defense.gouv.fr
Chargé d’études au Bureau études et
recherche opérationnelle Web : www.cdef.terre.defense.gouv.fr
HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009 RETEX 13
La Numérisation de l’Espace
de Bataille (NEB) : la norme pour Le CDEF vous informe
(DSRO)
les brigades du CFT !
Participation de la DSRO

A
près une phase de montée en unités logistiques sont engagées dans la au «Spring SISO 2009»
puissance (2003-2008), la même démarche, dans le cadre du
numérisation des forces terrestres déploiement d’un GSD4 numérisé dont Du 23 au 27 mars 2009, deux offi-
entre, en 2009, dans la phase de norma- l’exercice NEB annuel est un révélateur ciers de la DSRO ont participé à la
lisation et d’engagement opérationnel. du chemin à suivre pour mettre en pha- session de printemps de la
Cette phase majeure de standardisation se la doctrine et l’entraînement. «Simulation Interoperability
opérationnelle s’achèvera en 2015 avec Standards Organization (SISO)».
l’équipement de l’ensemble de l’armée Cet objectif intermédiaire atteint, il sera Deux réunions annuelles de la SISO
permettent aux acteurs du monde
de terre. essentiel de poursuivre les efforts pour
de la simulation d’échanger leurs
une prise en compte générale de la points de vue sur les avancées tech-
En dépit de contraintes lourdes, numérisation. La préparation opéra- nologiques et surtout de définir les
l’échéancier de numérisation des forces tionnelle des unités de tous types doit standards vers lesquels doivent
a pu être préservé. En effet, dans le cad- être conçue pour un engagement évoluer les programmes.
re de la cohérence et de l’homogénéité numérisé, en insistant sur le maintien à
des forces préconisées par le CFT, six niveau des compétences acquises, qui Le thème central de cette session
brigades interarmes ainsi que la brigade demande aujourd’hui un effort d’en- était celui de l’interaction à distan-
aéromobile sont aujourd’hui équipées traînement individuel et collectif per- ce entre simulations. Si le mirage
jusqu’au niveau de l’unité élémentaire, manent. C’est là un changement Internet laisse à penser à un public
et les deux dernières brigades interarmes majeur et le prix à payer pour pouvoir non averti que cette problématique
est simple, la réalité des program-
(11ème BP, 27ème BIM) ont commencé profiter des progrès apportés par la
mes en cours de développement est
leur numérisation. Parallèlement, les numérisation.
toute autre. Il s’agit non seulement
unités d’appui et de soutien montent en de trouver les protocoles et archi-
puissance. Fin 2010, tous les régiments La standardisation des procédures, la tectures adéquats pour relier les
de l’armée de terre seront équipés jus- fiabilisation et la simplification des applications entre elles, mais aussi
qu’au niveau de la section. systèmes doivent être également recher- de les faire converger alors qu’elles
chées pour atteindre une pleine effica- ne parlent pas le même langage et
Apportant une plus-value déterminante cité opérationnelle. Le CFT est obéissent souvent à des logiques
aux forces projetées en opérations (anti- résolument engagé dans cette voie pour très différentes.
cipation, partage des situations, rapidité rendre la NEB accessible à tous ses uti-
d’échange, géolocalisation), la numéri- lisateurs potentiels. Compte tenu du grand nombre de
sation est progressivement déployée sur simulateurs et de la géographie,
les théâtres. En Côte d’Ivoire, la chaîne Si le triple défi humain, technologique cette problématique représente un
de commandement a ainsi été numéri- et opérationnel, que constitue la NEB, défi majeur pour les Etats-Unis.
sée en 2006, de la brigade à la section; est en passe d’être relevé, le « nerf de la Derrière ce leader incontesté, la
l’effort suivant est concentré sur guerre » peut toutefois venir à manquer, participation française a, cette
l’Afghanistan et le Liban. Le BATFRA et conduire au dilemme: la NEB certes, année, été remarquée. Outre le
nombre important de ses partici-
PAMIR a été équipé en 2008 et une mais à quel prix? Question difficile, et
pants, la France a présenté, sous
passerelle NFFI1 d’interopérabilité pour qui dépasse les choix capacitaires,
couvert de la DGA, trois projets qui
le suivi de position a été déployée en puisque la numérisation de l’espace de pourraient à moyen terme débou-
interconnectant le système SIR2 français bataille prétend multiplier les effets de cher sur des standards adoptés par
avec le système IFTS3 de l’OTAN. toutes les capacités. la SISO.
L’objectif intermédiaire, fixé par le
CEMAT, de pouvoir engager à partir
LCL Michel DILLINGER
de 2009, deux brigades numérisées avec Div SIC/Chef de section NEB (p. suivante)
leur environnement d’appui et de sou-
tien, est en cours de réalisation: la 6ème
BLB a déjà effectué son exercice de cer- 1 NFFI : Nato Friendly Forces Information
2 SIR : Système d’Information Régimentaire
tification en octobre 2008, et la 2ème BB 3 IFTS : Isaf Force Tracking System
le réalisera au mois de juin 2009. Les 4 GSD : Groupement de Soutien Divisionnaire
14 Réflexions HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

Des unités en voie d’apparition : les URB

D
epuis l’été 2008, la presse mili- tion RASIT6 ainsi qu’un groupe léger de source humaine, de formation et de par-
taire a souvent fait référence guerre électronique (GLGE), la batterie cours professionnel, il conviendra d’être
aux unités de renseignement de travaille soit en mode centralisé au pro- créatif, audacieux et attractif.
brigade (URB), notamment au travers fit de l’EM de la brigade, soit en appui
d’un prisme technique (DRAC1, PVP2 direct d’un groupement tactique. Nonobstant, l’URB, inspirée de
…). Quel est aujourd’hui l’état d’avan- Conformément à l’idée qui a présidé à l’ISTAR8 mis en œuvre chez nos alliés,
cement de ce chantier novateur ? sa naissance, elle optimise l’emploi de se confirme comme un outil très pro-
ses capteurs dans le cadre d’une synergie metteur. Son arrivée dans les BIA néces-
Constituée d’une part de la Batterie de multicapteurs (par exemple le GLGE ou sitera également l’adaptation des
Renseignement de Brigade (BRB) les radars assurant une détection affinée méthodes de travail, mais devrait singu-
réunissant ses divers capteurs (83 person- par les DRAC, précisant la localisation lièrement accroître leurs capacités de
nels), d’autre part des 12 personnels de la et la nature de l’objectif). recherche et de traitement du renseigne-
Section Opérations Analyse (SOA) inté- ment, les faisant en quelque sorte passer
grée au B2 de sa brigade interarmes Les URB, encore expérimentales, pour- de la représentation du cyclope à l’œil
(BIA) de rattachement, l’URB est une suivront leur montée en puissance jus- unique, figuré par les EEI, à celle de
unité organique interarmes, placée pour qu’en 2010, soutenues par la diffusion l’hydre aux têtes multiples.
emploi sous les ordres du commandant prochaine d’un manuel d’emploi provi-
de BIA. Orientée par le B2, la BRB met soire.
en œuvre ses capteurs afin de répondre LCL Yannick AGAZZINI
Div RENS/Chef de section préparation
aux besoins exprimés en matière de URB-pilote, celle de la 2ème brigade blin- opérationnelle «Renseignement»
recherches. dée a été projetée dans le cadre d’une
expérimentation tactique au Kosovo, à
Comportant une section RECINF3 l’été 2008. Employée soit aux ordres
agissant sur le mode ROHUM4 conver- directs du CO de la TFMN-N 7, soit 1 Drone de renseignement au contact
2 Petit véhicule protégé
sationnel, une section DRAC5, une sec- adaptée à un GTIA, son action a 3 Recueil de l’information
confirmé la pertinence de la nature des 4 Renseignement d’origine humaine
5 Drone de renseignement au contact
capteurs mis en œuvre et leur complé- 6 Radar d’acquisition et de surveillance intermédiaire
Le CDEF vous informe mentarité. 7 Task Force Multinational Nord
(DSRO) 8 ISTAR (Intelligence, Surveillance, Target Acquisition
and Reconnaissance)
Néanmoins, tant par le caractère de la
(suite) crise sur ce théâtre, que par sa superficie
réduite et le nombre important de cap-
La participation à ce type de mani- teurs déjà en place, l’URB n’a pu livrer
festation permet à la fois de condui- tous les enseignements tactiques recher-
re une veille technologique chés ; le premier RETEX de cette expé-
approfondie et d’influer sur les rimentation tactique d’une durée limitée
futurs standards. Eriger des bases à 2 mois, devra être confirmé par une
techniques communes est certes un nouvelle projection sur un théâtre aux
moyen de faciliter l’export ; c’est situations tactiques plus révélatrices.
aussi, et surtout, une possibilité
que se donnent les nations de faire
communiquer leurs outils d’entraîne- Ce concept, novateur pour la France,
ment afin de mieux préparer leurs révèle logiquement des imperfections
engagements futurs dans le cad- requérant des mesures correctives : le
re de coalitions. DRAC doit ainsi faire l’objet d’amélio-
rations techniques ; tandis que les per-
CBA Marc ESPITALIER formances du RASIT, liées à son âge,
Chargé d’études au Bureau nécessiteront une relève prochaine,
d’ailleurs à l’étude. En termes de res-
HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009 Réflexions 15
CPF et doctrine Parlons définitions

D
ans la plupart des armées occi- (bientôt on ne saura plus manœuvrer Conduite générale des opérations
dentales, dont les Etats-Unis, face à des blindés au prétexte qu’il n’y a ou des actions militaires/Global
l’entraînement et la doctrine pas de blindés taliban). conduct of military operations and
sont étroitement liés et font même partie actions
d’un même commandement (TRA- C’est pourquoi les centres d’entraîne-
DOC). En France les centres d’entraîne- ment ne se contentent pas de cette parti- Exercice du commandement au plus
ment sont subordonnés au Centre de cipation au RETEX ; ils représentent un haut niveau militaire (chef d’état-
major des armées) permettant la
Perfectionnement des Forces (CPF) lieu privilégié d’application de la doctri-
mise en œuvre de la stratégie
donc au Commandement des Forces ne et de recyclage régulier des cadres. En
opérationnelle. Elle comprend :
Terrestres (CFT) et, par là même, ne effet, tous les niveaux tactiques interar- a - la conception ;
dépendent pas du Commandement de la mes, que ce soit dans l’hypothèse d’enga- b - la préparation ;
Doctrine et d’Emploi des Forces gements génériques ou probables, sont c - la conduite proprement dite des
(CDEF). Toutefois il ne faudrait pas susceptibles d’être entraînés dans les cen- actions militaires.
croire que cette différence de comman- tres du CPF, et ce, de la brigade interar-
dement éloigne fondamentalement la mes jusqu’à la section renforcée en Dans un cadre national, cette
doctrine de l’entraînement. passant par le GTIA ou le SGTIA. conduite est assurée à partir du
Le CPF est donc un excellent relais vers Centre de Planification et de
En effet, le CDEF entretient des rapports les unités pour faire connaître les docu- Conduite des Opérations (CPCO).
privilégiés avec le CPF, rapports qui ments d’emploi rédigés par le CDEF et Dans le cadre de l’UE la conduite
devraient se développer encore plus les faire appliquer. des opérations est menée par le
«commandant de l’opération». Dans
maintenant que le CPF a la responsabili- Enfin, on peut considérer qu’en complé-
le cadre de l’OTAN cette fonction
té de tous les centres d’entraînement et ment des DEP, le CPF doit participer à est normalement assurée au niveau
de tir. Cela se traduit déjà au travers des l’écriture de la doctrine. Actuellement, d’un grand commandement de
rapports entre la DSRO, division du seul le CENZUB dispose d’une CEP lui l’OTAN (GCO).
CDEF, et les centres, du fait de l’impor- permettant de rédiger et de proposer la Aussi appelée : direction générale
tance de la simulation au CPF (program- doctrine des petits échelons pour le com- des opérations.
mes SCIPIO, SYSIMEV, etc.). Mais, au bat en zone urbaine. L’expertise des cen-
delà de la simulation, l’objectif des tres, en particulier dans le domaine TTA 106
contacts entre CDEF et CPF est bien de interarmes, pourrait alors être mieux
nourrir une synergie intéressante pour la exploitée par une contribution plus forte
doctrine, les forces et leur préparation. aux travaux doctrinaux. Centre de planification et de
conduite des opérations (CPCO)/
Le premier domaine pour lequel la pré- Préparation opérationnelle et doctrine Joint operations center (JOC)
paration opérationnelle et la doctrine sont donc intimement liées.
Organisme assurant en permanence
sont liées, est celui au RETEX. En effet, La doctrine donne au CPF les éléments au profit du chef d’état-major des
les centres d’entraînement et de tir doi- lui permettant d’organiser concrètement armées, notamment pour la
vent être partie intégrante du circuit l’entraînement. A contrario, la doctrine prévention et le traitement des
RETEX (boucles courtes et longues) peut se nourrir de l’expérience des cent- crises, la conduite générale des
pour lequel le leader est le CDEF afin res du CPF et les utiliser pour évoluer. actions militaires décidées par le
d’aménager les thèmes, modifier les par- Il reste certainement encore beaucoup à gouvernement.
cours de tir, réorganiser les exercices. En faire, en particulier étudier comment Note : il appuie le chef d’état-major
retour, les centres, qui possèdent une mieux valider sur le terrain les principes des armées dans son rôle de
réelle expertise, participent du RETEX et doctrinaux. La CNCIA (commission conseiller militaire du niveau
donc à la doctrine, d’une part avec les nationale du contrôle interarmes) qui stratégique de l’autorité politique
comptes rendus du CDEF qui font suite sera créée cet été aux ordres du CPF et conduit les actions militaires au
niveau stratégique.
à chaque grand exercice, d’autre part grâ- devrait, à cet égard, représenter un atout
L’aspect pré-décisionnel du CPCO
ce à la rédaction des comptes rendus dans les rapports CDEF-CPF. français n’est pas inclus dans le
annuels qui sont riches en enseignements «joint operations center» (OTAN).
et que la DREX est en mesure d’exploi- GBR Bertrand DUMONT-SAINT-PRIEST
ter. Car il faut se garder des effets de commandant le Centre de préparation des forces
TTA 106
mode qui cantonneraient la préparation 1 DREX : Division Retour d’EXpérience (division
opérationnelle aux seuls théâtres actuels appartenant au CDEF)
16 Tribune libre HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

Parlons définitions La culture du changement :


Commandant de l’opération
(COPER) / Operation commander
comment éviter une défaite
Autorité militaire désignée pour
certaine
assurer la conduite ou la direction
générale de l’ensemble d’une opé-
ration. Il est responsable devant «La guerre probable est d’abord Refuser le conformisme intellectuel
l’autorité politique. Il assure norma- une guerre d’adaptation.» constitue le premier pas incontourna-
lement le commandement opéra- Général V. DESPORTES, ble. A cette fin, les débats d’idées et la
tionnel des forces multinationales «La guerre probable», 2007 lecture de pensées contradictoires qui
mises à sa disposition à partir d’un aiguisent la réflexion sont à dévelop-
poste de commandement situé per. De nombreuses pistes méritent

C
dans un des pays participants. Il récy 1346, Sedan 1940, offensi- d’être explorées dans ce domaine. La
dispose d’un état-major inter- ve du Têt 1968 ou plaines de la création de groupes de discussions,
armées, éventuellement multina-
Bekaa 2006 : invariablement, éventuellement en ligne sur Intranet3,
tional, dit «état-major de l’opé-
ration». Pour une opération pure-
de nombreuses armées échouent pour en constitue une des plus prometteu-
ment nationale, le commandant de avoir préparé les guerres du passé. ses. Favorisant le bouillonnement d’i-
l’opération est le chef d’état-major Aujourd’hui, comme le souligne le dées, cette formule permet en effet à
des armées qui exerce son comman- colonel américain X. Hammes1, la chacun de proposer ses idées à la com-
dement à partir du CPCO. notion d’adaptation est de plus en plus munauté qui, selon leur valeur et leur
TTA 106 prégnante d’autant que l’accélération pertinence, s’en fera l’écho.
exponentielle des évolutions de la
Commandant de la force guerre réduit le temps disponible pour L’esprit d’innovation mérite ensuite
(COMANFOR) / Force commander se transformer. La question de l’adap- d’être encouragé. Dans ce cadre, le
tation des organisations militaires est respect de la liberté d’initiative des
Autorité désignée pour assurer,
sur le théâtre d’une opération, le désormais cruciale. subordonnés et le dialogue ouvert ent-
commandement d’une force inter- re les différents niveaux de comman-
armées et éventuellement inter- Techniquement, l’armée de terre pos- dement demeurent essentiels : ils
alliée. Le commandant de la Force sède toutes les structures pour mener permettent aux hommes au contact
dispose d’un état-major de force de rapides mutations. A l’aune des d’élaborer des solutions novatrices et
interarmées déployé sur le théâtre théories du professeur R. Downie2, le d’initier le changement. De nombreux
de l’opération. Il assure normale- dispositif piloté par le Centre de exemples historiques viennent corro-
ment le contrôle opérationnel des Doctrine et d’Emploi des Forces borer ce fait. L’action du général
forces mises à sa disposition. Pour
(CDEF) apparaît en effet comme qua- Pétain durant la Première guerre mon-
une opération nationale, le
commandant de la force prend le siment finalisé. L’efficacité du cycle diale4 ou la victoire des Britanniques
titre de commandant de théâtre d’adaptation n’est donc plus qu’une lors du conflit de Malaisie sont les
(COMTHEATRE). Il est désigné par le question d’hommes. plus éloquents.
chef d’état-major des armées dont il
relève. TTA 106 Les officiers et sous-officiers de l’ar-
mée de terre doivent donc s’appro-
Commandant de théâtre prier le processus d’adaptation mis en
(COMTHEATRE)/ Theater commander place par leur commandement. 
L’émergence d’une culture institu-
Autorité désignée par le chef d’état- tionnelle du changement peut les
major des armées pour assurer le aider dans leur démarche.
commandement (commandement ou 1 «The sling and the stones», 2004.
contrôle opérationnel) d’un groupe- 2 «Learning from a conflict», 1998. Dans ce livre, R.
ment de forces interarmées engagé
Dans ce cadre, les dispositions intel- Downie (ancien colonel de l’US Army) décrit le
sur un théâtre d’opérations dans un lectuelles, ainsi que les styles et actions cycle et le processus d’adaptation idéaux.

cadre autonome ou sous respon- de commandement favorisant le déve- 3 Le site Taktika constitue un exemple en la matière.
sabilité française. loppement de mentalités favorables au 4 Lire à ce propos «La chair et l’acier» du
lieutenant-colonel Goya, 2004.
TTA 106 changement sont à mettre en avant.
HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009 Tribune libre 17
 Le changement n’a rien d’un chemi-
Parlons définitions
nement vers une destination ultime : il
s’agit plutôt d’un processus perpétuel
La gestion du changement nécessite Représentant de la France
exigeant un état d’esprit particulier.
enfin d’être maîtrisée. Deux écoles de (REPFRANCE) / France Representative
Dans ce cadre, l’institutionnalisation et
pensée peuvent guider la réflexion (REPFRANCE)
la promotion d’une réelle culture du
dans ce domaine : l’école de guerre
changement s’avèrent indispensables. Il Dans une opération, officier désigné par
allemande du général Von Seekt et le CEMA pour le représenter auprès du
convient de ne pas oublier l’aphorisme
celle de l’US Army. Par des exercices à commandant de l'opération et du
double action sans notion de doctrine, du colonel T.E Lawrence7 : «combattre
commandant de la force. Le REPFRANCE
la première a en effet appris aux offi- avec une armée inadaptée est comme
est placé soit auprès du commandant
ciers de la République de Weimar à manger sa soupe avec un couteau». de l’opération soit, plus généralement,
dominer le changement. En dévelop- auprès du commandant de la force. Il
CBA Cédric FAYEAUX veille à la conformité de l’emploi des
pant des bases de données tactiques en CESAT/CSEM/Stagiaire 122e promotion
forces françaises aux options natio-
ligne sur Internet6, la seconde a, quant
nales, et assure sur ces forces des
à elle, permis aux Américains de ren- responsabilités nationales notamment
5 Lire à ce propos «Learn to eat soup with knife» du
forcer considérablement leur assimila- lieutenant-colonel J.Nagl, 2002. dans les domaines logistique, adminis-
tion de l’expérience du champ de 6 Les sites concernés sont bien entendus sécurisés et tratif et disciplinaire. Il peut être chargé
bataille. Ces deux écoles offrent donc restreints aux militaires américains.
de toute mission particulière concernant
7 «To make war against rebellion is messy and slow,
des voies intéressantes à découvrir. like eating soup with a knife» les forces françaises. Il est secondé par
un responsable de la logistique
nationale appelé ADCONFRANCE. Plus
haute autorité militaire française de
Diffuser la pensée militaire l’état-major du commandant de l’opé-
ration (COPER) ou du commandant de la
tactique : le modele américain force (COMANFOR) dans une opération
multinationale. TTA 106
Commandant terre (COMTERRE)/
Ground commander

E
Autorité désignée en tant que de
n France, nombreux sont les Partager besoin par le chef d’état-major de
commentateurs civils, institu- la réflexion tactique l’armée de terre comme adjoint TERRE
tionnels ou non, qui s’impro-
d’un commandant de théâtre. Il parti-
visent tacticiens sans en avoir ni la Aux Etats-Unis, les cercles de réflexion cipe à la conception de la manoeuvre
formation ni l’expérience. Les inter- tactique et stratégique sont multiples. interarmées de théâtre et assure la
ventions publiques faisant suite à L’Army est très prolifique et chaque cohérence globale de l’emploi des
l’embuscade d’Uzbeen en août 2008 officier est rapidement incité à réfléchir composantes de l’armée de terre mises
en Afghanistan en sont un exemple et à écrire. L’étude et la mise en pratique à la disposition du COMTHEATRE. Il
flagrant. Pour mieux faire comprendre des Field Manual 1, dont l’utilisation peut assurer, par délégation du
la problématique de l’engagement des COMTHEATRE, le contrôle opérationnel
systématique est parfois considérée en
forces terrestres, la pensée militaire de forces pour une mission particulière.
France comme un frein à l’initiative, TTA 106
tactique gagnerait à être diffusée hors prouvent leur utilité quelques années
du cercle militaire. plus tard quand l’officier plus mûr peut Commandement tactique terre
s’appuyer sur des connaissances solides (COMTACTER) / Land tactical command
De ce point de vue, la manière dont la pour enrichir à son tour la réflexion. La Autorité désignée par le CEMAT pour
pensée militaire américaine s’enrichit et société civile, des think tanks2 aux assurer le commandement de la force
se diffuse pourrait constituer un modèle commissions spécialisées du congrès en opérationnelle terrestre engagée sur un
intéressant. S’appuyant sur une plus passant par les universités, participe théâtre d’opérations. Il est responsable
grande représentativité des militaires activement à cette réflexion. de la conduite des engagements
dans le monde civil, il consiste à terrestres au niveau tactique. Il peut
partager largement les études assurer, par délégation du COM-
 THEATRE, le contrôle opérationnel d’un
tactiques internes, et à favoriser
ensemble de forces interarmées pour
l’intégration des militaires dans les une mission particulière.
cercles de réflexion à l’extérieur de TTA 106
1 Manuel d’emploi
l’institution. 2 Groupe de réflexion
18 Tribune libre HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

Parlons définitions 

Le Field Manual 3-24 sur la contre- présents et comptaient de nombreux


Commandement opérationnel élus, jusque dans les rangs du
(OPCOM) / Operational command insurrection a été rédigé avec le
concours d’experts civils et largement gouvernement et de l’académie
(OPCOM) française.
publié. Il illustre ce partenariat qui vise à
Pouvoir donné à un commandant pour une plus grande efficacité du soldat sur
assigner des missions ou des tâches le terrain, une meilleure synergie des
particulières à des commandants actions civiles et militaires, et une Compte tenu de l’évolution des
subordonnés, pour déployer des meilleure compréhension mutuelle. mentalités, les choses pourraient
unités, pour réassigner des forces, changer. Désireuses d’en finir avec une
conserver ou déléguer le contrôle longue période de repli sur soi, les
opérationnel ou tactique comme il le générations montantes envisagent
juge nécessaire. Il ne comprend pas désormais sereinement leur partici-
en soi d’autorité sur le plan Faire partie intégrante pation au débat public car les
administratif ni de responsabilités des cercles de réflexions nouveaux statuts favorisent la liberté
d’ordre logistique. Un comman-
dement opérationnel peut être, soit d’expression de la «grande muette». Les
Culturellement et structurellement, les
permanent, soit de circonstance. publications ouvertes du CDEF3,
militaires américains sont mieux
comme les FT-01 (Gagner la bataille -
représentés dans la société civile et dans
TTA 106 conduire la paix) et FT-02 (Tactique
les institutions que leurs homologues
générale) nous montrent la voie et sont
français. Les membres de la garde
d’excellents vecteurs de pensée militaire
Contrôle opérationnel (OPCON)/ nationale et de la réserve, bénéficiant de
tactique à l’extérieur de l’institution.
Operational control (OPCON) la même formation tactique, du même
entraînement que leurs camarades
Autorité conférée à un commandant, d’active, sont d’excellents vecteurs de
par un commandant opérationnel : pensée militaire. En outre, le parcours
a- de donner des ordres aux forces Un projet récent de réforme du
d’un officier américain débouche bien
qui lui sont affectées, de telle ministère autorisera par ailleurs les
souvent sur une deuxième carrière. De
sorte qu’il puisse accomplir les militaires d’active à occuper un
nombreux officiers expérimentés
missions ou tâches particulières, deuxième emploi alors que dans le
habituellement limitées géogra- rejoignent ainsi les think tanks, les
même temps, la réduction du format de
phiquement ou dans le temps ; universités, le département d’Etat ou le
notre armée multipliera les carrières
congrès, voire le gouvernement.
courtes de militaires. Autant de
b- de déployer les unités concer- Toutefois, cela ne garantit en rien le
nées ;
phénomènes nouveaux qu’il faut saisir
bon usage de l’outil militaire, comme
comme des opportunités. Facilitons
l’ont montré les premières années de
b- de conserver ou de déléguer le l’intégration de nos cadres dans les
l’intervention américaine en Irak
contrôle tactique de ces unités. secteurs d’influence comme les médias
(2003-2006).
et pourquoi pas le monde politique...
L’autorité chargée du contrôle
opérationnel n’a pas le pouvoir
d’utiliser séparément les éléments
constitutifs des unités concernées, Ce modèle repose sur un
pas plus qu’il n’inclut en soi le volontarisme individuel et collectif
contrôle administratif ou logistique. et l’absence de frontière entre les
Le contrôle opérationnel est une mondes militaire et civil.
délégation limitée du comman- CBA Pierrick MICHEL
CESAT/CSEM/Stagiaire 122e promotion
dement opérationnel. En particulier, En France, les événements d’Algérie
ne sont pas déléguées :
ont provoqué le divorce entre ces deux
d- la définition de la mission ;
mondes, inaugurant une longue
e- l’affectation des moyens. période de quasi absence des militaires
de la vie publique. Pourtant, au 3 Centre de doctrine et d’emploi des Forces

TTA 106 XIXème siècle et jusque dans les années


1960, les anciens militaires étaient très
HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009 Tribune libre 19
Auftragstaktik, Parlons définitions

du principe aux réalités Commandement tactique (TACOM)/


Tactical command (TACOM)

Autorité déléguée à un comman-


dant pour attribuer des tâches aux

L
e manuel de tactique générale permet pas de dissiper le brouillard de forces placées sous son commande-
(FT-02) diffusé par le CDEF la guerre ou d’échapper aux frictions. ment, en vue de l’accomplissement
réaffirme la primauté du com- Selon la formule célèbre, «le plan le de la mission ordonnée par l’autori-
mandement «par objectif», mieux mieux préparé ne résiste pas au premier té supérieure. Celle-ci peut conser-
approprié au contexte des engage- coup de feu». Il ne s’agit certes pas de ver ou déléguer le contrôle tactique.
ments actuels que le commandement renoncer à toute planification, mais bien
TTA 106
«par ordre». Ces notions s’inspirent en d’inciter nos états-majors à conserver
partie des concepts forgés à la fin du une conscience aiguë du caractère chao-
XIXème siècle par les penseurs militaires tique de la guerre. Or, cette «culture de Contrôle tactique (TACON)/
allemands, opposant Auftragstaktik et l’incertitude» ne semble pas toujours Tactical control (TACON)
Befehlstaktik. animer la laborieuse mécanique ota-
Comprend la direction et le contrôle
nienne. L’Auftragstaktik ne vise pas à détaillés, normalement limités au
Le style de commandement associé à ordonner le chaos, mais plutôt à l'ex- plan local, des mouvements ou
l’Auftragstaktik repose sur la parfaite ploiter au détriment de l’adversaire. manœuvres nécessaires pour exécu-
compréhension de l’intention du chef et ter les missions ou les tâches assi-
sur l’autonomie accordée aux subordon- Sur les théâtres d’opération, nous gnées.
nés. Au-delà des affirmations doctrina- sommes parfois loin du principe de Le contrôle tactique est, en règle
les, l’armée de terre se donne-t-elle Moltke : «nicht mehr befehlen als dur- générale, une délégation limitée du
encore les moyens d’appliquer efficace- chaus nötig3». L’imbrication fréquente commandement tactique à un subor-
donné pour une tâche spécifique et
ment ce principe ? des niveaux tactique et politico-mili-
une durée limitée.
taire explique sans doute les entraves
L’influence croissante des processus de imposées à la liberté d’action du sub- TTA 106
décisions «otaniens», les entorses fré- ordonné. L’allusion récurrente à l’ima-
quentes au principe de subsidiarité ge du «caporal stratégique» favorise
ainsi que la faiblesse des moyens dévo- insidieusement l’entrisme dans la
lus à l’entraînement des unités consti- sphère des petits échelons. La numéri- moderne, nécessairement interarmes,
tuent autant d’obstacles à un véritable sation de l’espace de bataille, dont les vient encore renforcer la nécessité d’une
commandement «par objectif». atouts sont par ailleurs incontestables, solide préparation opérationnelle.
risque d’ouvrir de nouvelles perspecti-
La définition française de l’effet majeur, ves aux partisans des «rênes courtes». S’il convient donc de se féliciter du
recouvrant en partie celle du choix doctrinal exprimé dans le
Schwerpunkt de la tradition allemande, Enfin, il n’est pas d’Auftragstaktik sans manuel de tactique générale en faveur
répond parfaitement aux impératifs du entraînement des subordonnés. Cette du commandement par objectif, il
style de commandement «par objectif». condition sine qua non n’est pas évo- importe de rester lucide sur le chemin
A contrario, la notion anglo-saxonne quée dans le FT-02. La baisse de la à parcourir avant de prétendre l’appli-
d’end state, assortie d’une liste exhausti- disponibilité technique, la mutualisa- quer efficacement.
ve de tâches, n’apparaît pas pleinement tion des parcs, les difficultés d’approvi-
compatible avec le processus décisionnel sionnement en munitions, les budgets CNE Vincent SAMSON
CESAT/CSEM/Stagiaire 122e promotion
fondé sur l’effet majeur. La même restreints et le rythme d’activité ne pla-
remarque s’applique aux effect based ope- cent pas toujours les unités dans des
rations1. Les tentatives pour combiner conditions favorables à l’entretien des 1 EBO (Effect based operations) : opérations basées sur
ces méthodes relèvent d’un périlleux drills de combats. Ces derniers consti- les effets. Concept américain de planification et de
conduite des opérations combinant actions militaires
exercice d’équilibrisme intellectuel. tuent pourtant l’un des procédés les et non militaires ; est apparu après la 1ère guerre du
plus efficaces pour préparer une troupe Golfe (1991).
2 CONPLAN (Contingency plan) : plan de
La multiplication des contingency à réagir à l’imprévu. Sans cette capaci- circonstance. (AAP-6).
plans2 ne doit pas susciter d’illusions : té de réaction, pas d’autonomie. La 3 «Limiter les ordres au strict nécessaire» (Instruction
la préparation la plus minutieuse ne complexité intrinsèque du combat du 24 juin 1869).
20 Héraclès HÉRACLÈS N°33
JUILLET-AOÛT 2009

Paraîtra
prochainement !

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