La Grande Époque

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ÉDITION 162
WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION 16 – 30 SEPTEMBRE 2009 • BIMENSUEL

► P. 13 Société ► P. 9 Nouveau regard ► P. 15 Art de vivre

La crise, facteur Le cinéma dans Cultiver ses
de mutation des l’oubli légumes sur du
comportements bois fragmenté

Chine P. 5
Taxe carbone : le rendez-vous manqué « Le Parti au-
dessus des lois »
selon le chef de
la Cour suprême
chinoise

France/Brésil P. 4
Partenariat
Boris Horvat/AFP/Getty Images

La décision de Nicolas Sarkozy de mettre en œuvre la Contribution Climat Énergie était louable. Elle respecte un engagement de
campagne du candidat à la présidence de la République et les conclusions du Grenelle de l’Environnement. Cependant, la manière
dont elle est prise, son prix peu incitatif et ses mesures d’allègement, la concomitance avec la suppression de la taxe profession-
nelle, et la situation économique difficile l’ont déjà transformée en une « taxe carbone » incomprise et forcément impopulaire.
Californie : le plan pour l’eau à sec de voix
Après neuf mois d’une saison
parlementaire largement domi-
née par la crise budgétaire, la
législature de l’État de Califor-
nie a mis fin le 12 septembre à
ses débats, qui ont balayé des
sujets allant du système carcé-
ral à la crise de l’eau. Les par-
lementaires espéraient sur ce
sujet pouvoir arriver à des déci-
sions marquantes dans une Cali-
fornie frappée chaque année un
peu plus par la sécheresse. Cela
n’a pas été le cas.
lors que démocrates et républicains
A pensaient pouvoir construire suffisam-
ment d’unité pour s’atteler à un problème
demeuré sans solution depuis plusieurs
dizaines d’années, c’est à une guerre de
tranchée que se sont consacrés les deux
camps samedi 12 septembre au Sénat
NOUVELLE-ZÉLANDE
La Nouvelle-Zélande en guerre
contre la drogue « P ».
Page 3
Page 2 ................ International
Page 3 ................ International
Page 4 ................. International
Le lac Mead Marina, dans le Nevada, à sec. Neuf années de
sécheresse et une augmentation des prélèvements d’eau par les
hommes ont fait baisser de plus de 30 mètres le niveau du lac qui
alimente Las Vegas et le Sud de la Californie.
DUBAÏ
Le nouveau métro de Dubaï,
outil anti-ségrégation ?
Page 3
Page 5 .............................. Chine
Page 6 .............................. Chine
Page 7 ....................... Économie
stratégique :
Au-delà des armes,
Page 7 une ambition
globale
californien, les républicains bloquant les
démocrates – pourtant majoritaires – sur
tous les scrutins demandant une majorité
des deux-tiers.
Les problèmes d’approvisionnement
en eau de l’État – ainsi que de la rationa-
lisation de sa consommation, sont le sujet
de travail d’un comité spécial incluant des
International P. 2
représentants aussi bien démocrates que
républicains. Le plan pour l’eau que le
comité a soumis au vote incluait la propo-
sition de créer des nouveaux réservoirs,
des canaux d’irrigation, et d’instaurer des Les Canadiens
mesures strictes de limitation de la con-
sommation. Il prévoyait aussi la construc-
tion de nouveaux barrages – malgré les
accueillent
inquiétudes des écologistes, accusant
de tels projets d’endommager l’environ- fraîchement
nement et les paysages californiens tout
Ethan Miller/Getty Images
en étant exagérément coûteux. Et enfin,
la restauration du delta Sacramento-San
l’idée d’élections
Joaquim, le cœur de l’approvisionnement
en eau de la Californie. à l’automne
Lire la suite page 2 Les conservateurs du Premier
ministre canadien, Stephen Har-
per, ont pris une légère avance
OUTRE MER DOSSIER GRIPPE dans les sondages alors que com-
mencer à souffler le vent préé-
La baisse des prix du carburant Vaccins, prévention et soins
lectoral. Cependant, cela pourrait
sous perfusion ne peut naturels contre la grippe. ne pas avoir d’incidence en fin de
continuer dans les DFA. course, croit pouvoir prédire le diri-
Page 12 Page 14 geant d’un institut de sondage.
Page 8 ................................. Insolite Page 11 .................................. Petites annonces Page 14 ....... Santé et bien-être
Page 9 .................. Nouveau regard Page 12 .............................................. Outre-mer Page 15 ................. Art de vivre
Page 10 .................. Environnement Page 13 ................................................... Société Page 16 ...................... Publicité

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2 International www.lagrandeepoque.com 16 – 30 SEPTEMBRE 2009 ● La Grande Époque

Californie : le plan pour l’eau

à sec de voix
Suite de la première page

Les estimations des coûts du plan pour

l’eau prévoyant des dépenses dans une
fourchette entre 10 à 20 milliards de dol-
lars, une question majeure posée au
Parlement a donc été la source de finan-
cement envisagée dans un contexte d’en-
dettement croissant de l’État californien.
Les raisons de l’opposition républi-
caine sont variées. Le député Dennis Hol-
lingsworth considère par exemple que le
Plan est un « dog and pony show » (petit
cirque ambulant). D’autres doutent des
résultats et se plaignent des avancées
perçues comme hâtives du camp démo-
crate, qui néglige selon eux la création
d’un accord non-partisan sur le sujet.
La Grande Époque
D’autres républicains reprochent David McNew/Getty Images

Les conservateurs du Premier ministre canadien, Stephen encore à la proposition de texte de rendre
Harper, ont pris une légère avance sur les libéraux dans les difficile la création de nouveaux barrages,
sondages. une priorité pour le parti minoritaire. Ainsi,
pour le sénateur Dave Cogdill cité par
Les Canadiens accueillent l’Associated Press, « les propositions de
la majorité n’apporteraient pas une goutte
d’eau à notre État. Les Républicains sont
fraîchement l’idée d’accord pour s’occuper de notre fragile
delta, mais nous devons voir clairement
d’élections à l’automne que la protection de l’environnement ne
doit pas se faire aux prix de la destruction
ik Nanos, PDG de Nanos intentions de vote contre 33,4 % aux de l’économie. »
Arrosage de cultures à Stockton, en Californie, à proximité du delta
Sacramento-San Joaquin.
sées par l’agriculture, d’une façon jugée
parfois irrationnelle par le choix de cultu-
res à fort besoin hydrique.
Le gouverneur Schwarzenegger a
envoyé début septembre une lettre à la
Maison Blanche demandant un aide fédé-
rale pour faire face à la crise de l’eau -
demande rejetée par Washington.
Le delta Sacramento-San Joaquin, qui
années causent les mêmes dommages
qu’à la Nouvelle-Orléans, bloquant toute
voie d’évacuation aux populations.
Le président du Sénat Tem Darrell
Steinberg se veut pourtant rassurant :
« Tout le monde est d’accord pour dire
que nous nous approchons d’un accord et
que nous avons fait en quelques semai-
nes des progrès dignes de dix ans de tra-

N Research, estime que si des

élections anticipées étaient
décidées, l’identité profonde de cha-
que parti et la performance des chefs
annuleraient toute irritation que pourrait
avoir les électeurs à propos d’un scru-
tin automnal.
« Il est très improbable que ce soit
une question cruciale », indique-t-il.
S’adressant aux médias le 9 sep-
tembre depuis l’hôtel Hyatt au cen-
tre-ville de Toronto, le chef du Parti
libéral, Michael Ignatieff, s’est à nou-
veau engagé à faire tomber le gou-
vernement conservateur de Stephen
Harper. Il a mentionné que l’augmenta-
tion du déficit et du chômage ont incité
son parti à se préparer pour une campa-
gne électorale dès cet automne.
« Nous allons présenter une motion
de non-confiance au gouvernement »,
a-t-il affirmé, ajoutant que forcer la
tenue d’élections anticipées était une
question de principes pour les libéraux.
Interrogé pour savoir s’il croit que les
Canadiens souhaitent des élections,
Michael Ignatieff a répondu : « Je crois
que les Canadiens veulent une alterna-
tive et je ne peux présenter une alter-
native aux Canadiens que si je retire
la confiance accordée au gouverne-
ment. »
Ce mouvement des troupes libérales
vers des élections anticipées a pris de
court certains analystes qui se deman-
dent pourquoi les libéraux voudraient
faire tomber le gouvernement alors que
les sondages les placent, au mieux, sur
un pied d’égalité avec les conservateurs
– et dans le pire des cas en seconde
position.
Car cet équilibre est même incertain,
puisque trois sondages de suite ont indi-
qué que le Parti conservateur détient
une légère avance sur le Parti libéral.
Le plus récent, un sondage Har-
ris-Decima mené pour le compte de
l’agence Presse canadienne, place les
conservateurs à 34 % des intentions de
vote, contre 31 % pour les libéraux.
La même étude indique que 73 %
des Canadiens ne croient pas qu’une
élection soit nécessaire cet automne,
contre 21 % qui soutiennent le con-
traire.
Dans un autre sondage effectué par
le Strategic Counsel pour la chaîne CTV
et le quotidien Globe and Mail après que
Michael Ignatieff a promis de faire tom-
ber le gouvernement, les conservateurs
obtiennent encore une fois 35 % contre
30 % pour les libéraux.
Un sondage Angus Reid publié le 4
septembre donne aux conservateurs
33 % contre 32 % pour les libéraux, soit
une égalité statistique compte tenu de la
marge d’erreur.
Dernière en date, une enquête d’opi-
nion Nanos Research du 9 septembre
place les conservateurs à 37,5 % des
libéraux.
Certains analystes ont interprété ces
chiffres comme une punition faite aux
libéraux pour leur intention de provo-
quer des élections anticipées, mais Nik
Nanos estime que c’est exagéré et que
la montée des conservateurs s’est faite
aux dépens du Parti vert et du Nouveau
parti démocratique (NPD) plutôt qu’aux
dépens du Parti libéral.
« L’appui aux libéraux reste relative-
ment stable », commente-t-il.
Pour lui, même si les Canadiens pou-
vaient en vouloir aux libéraux d’avoir
déclenché des élections, il est peu pro-
bable que cela les affecte à long terme.
Tout simplement, « alors que les
Canadiens se focalisent sur une élec-
tion potentielle cet automne, l’appui aux
conservateurs a augmenté. »
Le Parti libéral soulève plusieurs rai-
sons pour souhaiter la tenue d’élec-
tions, incluant la fermeture du réacteur
nucléaire de Chalk River qui a créé
une pénurie d’isotopes utilisés pour fins
médicales.
Mais Nik Nanos croit que le message
principal que la plupart des Canadiens
vont garder est que les libéraux veulent
faire chuter le gouvernement. En même
temps, la plupart des Canadiens vont
garder comme message principal des
conservateurs qu’une élection n’est pas
nécessaire.
« C’est peut-être pourquoi les chif-
fres des conservateurs ont augmenté...
ce message particulier – qu’une élec-
tion n’est pas nécessaire – est en réso-
nance avec l’opinion publique, et les
conservateurs en profitent. »
Mais au bout du compte, en raison du
nombre élevé d’indécis, l’élection reste
ouverte et se jouera sur la performance
des camps opposés et de leurs chefs.
Alors qu’il y a normalement entre 15
et 18 % d’indécis avant une élection,
il y en aurait actuellement 24,6 %, fait
remarquer Nik Nanos.
« Un Canadien sur quatre dit être
indécis. » Ces électeurs auront le der-
nier mot lors d’une prochaine élection et
décideront en se basant sur la perfor-
mance des partis, soutient-il.
Un autre facteur clé pourrait être
l’image de chaque parti. « Chaque parti
possède des forces identitaires profon-
des. » Tandis qu’une élection focalisant
sur les soins de santé et l’unité natio-
nale pourrait favoriser les libéraux, Nik
Nanos estime que si les électeurs vont
voter en songeant aux impôts, à la créa-
tion d’emplois et à l’économie, cela pro-
fitera aux conservateurs.
« Ce sera la première élection depuis
longtemps dans une période où l’éco-
nomie n’a pas été robuste... L’économie
pourrait être un enjeu clé de la campa-
gne. Ceci pourrait donner avantage aux
conservateurs. »
MATTHEW LITTLE
Le système d’approvisionnement en
eau de la Californie n’a pas suivi l’évo-
lution de la population californienne, de
offre deux-tiers de ses approvisionne-
ments en eau à la Californie, est un autre
problème saillant. De source officielle, les
vail, mais il y a encore du travail à faire »
Les démocrates du Parlement et
du Sénat californien ont indiqué qu’ils
plus de 36 millions d’âmes aujourd’hui et digues – construites il y a plus d’un siècle demanderaient au gouverneur Arnold
se retrouve sous-dimensionné face aux – sont dans un état de délabrement plus Schwarzenegger d’appeler à l’ouver-
besoins. La diminution de la couverture avancé que celles qui ont été brisées à la ture d’une session spéciale pour que les
neigeuse dans la Sierra Nevada annonce Nouvelle Orléans par l’ouragan Katrina. Il négociations sur l’eau puissent se pour-
de plus une diminution progressive de y aurait plus de deux chances sur trois suivre.
l’eau descendant jusqu’en Californie, où qu’une tempête ou un tremblement de JACK PHILLIPS
plus de 80 % des ressources sont utili- terre dans les cinquante prochaines ET AURÉLIEN GIRARD
Dans le désert, les inondations emportent habitations et bétail
ans les montagnes de l’Aïr au Niger et les villes du désert populations de l’arrivée des flots.
D situées au pied du massif, quatre jours de pluies intenses ont
touché 7.000 foyers, dévasté 3.500 maisons et causé des pertes
D’après M. Bayard, le départ des militaires, ainsi que l’apparition
des sécheresses dans les années 1970, ont mis fin à ce système
importantes dans l’élevage et l’agriculture, principalement dans la d’alerte précoce. « Ces affluents asséchés sont aujourd’hui les
commune d’Agadez, d’après des responsables locaux. endroits où s’installent les familles les plus pauvres et les migrants
De fortes pluies ont provoqué la rupture d’un barrage à 7 kilo- récemment arrivés », a indiqué le chercheur à IRIN. « À cause de
mètres de la commune d’Agadez, d’après une évaluation prélimi- l’augmentation de la population urbaine, les gens construisent sur
naire réalisée le 2 septembre par le gouvernement et les Nations des zones dont ils ne savent même pas qu’elles étaient autre-
unies. Les tempêtes ont ravagé 400 hectares de terres cultivées et fois des cours d’eau. Mais, comme le dit un proverbe local, l’eau
dévasté au moins sept écoles de la commune. retrouve toujours son chemin. »
Hamma Dilla, maire de la commune, a dit à IRIN qu’il n’avait D’après l’estimation préliminaire officielle, le 2 septembre, un
jamais vu un phénomène aussi extrême en plus de 30 ans. « Mais nouveau-né et un adulte avaient perdu la vie dans les inonda-
même cette inondation n’était pas aussi grave que ce à quoi nous tions.
assistons aujourd’hui. Cette [destruction] est le résultat de fortes À Azmalam, l’une des zones les plus ravagées de la banlieue
pluies continues et du fait que l’affluent est sorti de son lit. » de la commune d’Agadez, Moussa Ibrah, directeur de l’école, a dit
Issouf Bayard, sociologue spécialiste d’Agadez a expliqué à IRIN que l’estimation officielle du nombre de décès était trop fai-
à IRIN que depuis l’indépendance, il n’existe pas de système ble. « Nous [les habitants], nous parlons de dizaines de morts ».
d’alerte précoce permettant d’avertir les personnes vivant près Par ailleurs, M. Ibrah a indiqué que 1.200 bêtes étaient mortes et
des différents affluents qui traversent la ville, grossis par la pluie que toutes les maisons avaient été détruites.
des montagnes, que des tempêtes se préparent. « Quand il pleut Le Secrétaire général de la région d’Agadez et les maires des
dans les montagnes, les gens d’ici ne le savent pas. C’est seule- communes ont constitué un comité de crise, qui a mis sur pied 11
ment quand les affluents sont en crue que les habitants se font équipes composées de chefs de villages, chargées d’organiser
prendre par surprise ». Il a expliqué qu’avant l’indépendance, en des visites d’habitations, afin d’évaluer les dégâts.
1960, les militaires français parcouraient la ville pour prévenir les Irin News
L’administration new-yorkaise sans bouteille
U n conseiller municipal de la ville
de New York, Eric Gioia, crée une
« Il n’y a aucune raison alors profité de l’occasion pour en faire
la publicité : « J’ai toujours dit que New
mini-révolution dans les bureaux de la de payer des milliers York a une des meilleures eaux dis-
ville en proposant d’éliminer définiti- ponibles, et c’est maintenant confirmé
vement l’eau en bouteille. L’idée, bien de fois plus pour de par Washington. Ceci est un vote de
confiance qui permettra à notre ville
accueillie des contribuables dont la par-
ticipation au budget de la ville va dimi- l’eau en bouteille quand d’économiser de l’argent, et que nous
nuer de plusieurs millions de dollars, est
l’occasion d’une campagne de publicité
New York a une des utiliserons dans nos efforts pour infor-
mer les New-yorkais que boire de l’eau
pour l’eau du robinet de New York. « Il eaux les plus propres et du robinet est meilleur que boire d’oné-
n’y a aucune raison de payer des mil- reuses eaux en bouteille ».
liers de fois plus pour de l’eau en bou- avec le meilleur goût au Ceci n’a pas empêché la ville de conti-
teille quand New York a une des eaux
les plus propres et avec le meilleur goût monde », nuer à jeter chaque année dans l’Hudson
plus de 2 millions de dollars de bouteilles
au monde, » scande Gioia. Eric Gioia, conseiller d’eau, dont 40 % viennent d’une seule et
Le département des services adminis- même entreprise.
tratifs de la ville (DCAS) a rapporté que municipal de la ville de L’année dernière, la conférence amé-
les agences gouvernementales dépen- ricaine des maires a découvert que cette
sent 2,1 millions de dollars chaque New York eau est vendue à 4.000 fois le prix de
année en bouteilles d’eau, distribuées l’eau du robinet.
gratuitement aux employés de la ville. Dans une situation où Changer cette habitude « fait partie du sens commun et est
la qualité de l’eau du robinet new-yorkaise est parmi les toutes une action écologique qui économisera de l’argent à la ville –
meilleures des États-Unis, la perte d’argent n’est pas justifiable. moins de fuite dans le budget et moins de déchets à éliminer »,
Les équipements des services des eaux de New York con- affirme Gioia.
vertissent chaque jour plus de 4 milliards de litres d’eau en eau Sa proposition est soutenue par le conseiller Simcha Fel-
potable. Dix-neuf réservoirs alimentent la ville d’une eau dont der, et fait partie de la « Semaine d’inspection » de Gioia, une
le niveau de pureté a conduit l’agence de protection de l’envi- semaine dont le but est de pousser les administrations munici-
ronnement américaine (EPA) à autoriser, il y a deux ans, de pales à plus de rigueur budgétaire.
la consommer non filtrée. Le maire Michael Bloomberg avait IAN RITZAI
La Grande Époque ● 16 – 30 SEPTEMBRE 2009
Le nouveau métro de Dubaï, outil anti-ségrégation ?
DUBAÏ – Les yeux rivés à la fenêtre d’un
wagon du nouveau métro de Dubaï,
Humaid Al Marri a de grands espoirs
pour sa ville natale. Le directeur com-
mercial émirati avait réservé des billets
pour l’inauguration du premier métro du
Golfe persique, deux semaines avant
son ouverture officielle du 9 septembre
2009.
«
Dubaï a été assénée de critiques en raison
des divisions entre les classes et les cultu-
res, mais tout ça va changer avec le métro »,
assure-t-il.
« Peu importe que vous soyez PDG ou étudiant,
tant que vous partagez le même wagon de métro
vous êtes sur le même chemin de retour. »
L’inauguration en grande pompe de la nouvelle
infrastructure de transport a été faite le soir du 9
septembre par le cheikh Mohammed bin Rashid al-
Maktoum en personne, sous une pluie de feux d’ar-
tifices et avec une télédiffusion en direct à travers
tout le Golfe. « Ceci est un accomplissement pour
tous les Arabes », a déclaré le cheikh.
Les gratte-ciel étincelants, les voitures luxueu-
ses et les modes de vie libres d’impôts ont fait la
célébrité de la ville du désert. Cependant, sous les
belles apparences vit une large population de cols
bleus d’Asie du Sud, traités comme des citoyens de
seconde zone, et peinant à survivre avec des salai-
res d’environ 200 dollars par mois.
Même si le métro est doté d’une section pre-
mière classe, le coût moyen du billet – seulement
deux dollars pour un parcours de 50 kilomètres –
est abordable même pour les travailleurs les plus
Dubäi, reconnue pour ses rues achalandées et ses projets de construction, vient
d’inaugurer un réseau de métro.
pauvres des Émirats.
« Dans un wagon de métro, personne n’est
meilleur qu’un autre », estime Humaid Al Marri.
Dubaï a été rendue célèbre avec la prétention
démesurée qui a alimenté la construction de la tour
la plus élevée au monde et de la plus grande île
artificielle, mais l’achèvement du métro survient au
moment où les Émirats sont frappés par une crise
économique sans précédent.
Dix des 29 stations de la ligne rouge du métro de
Dubaï ont été ouvertes le 9 septembre après qua-
www.lagrandeepoque.com
Cindy Drukier/La Grande Époque
tre ans de travaux. Mattar Al Tayer, directeur exécu-
tif de l’agence responsable du métro, l’Autorité des
Routes et du Transport (ART), a affirmé que le reste
des stations ouvrirait courant de l’année 2010.
M. Al Tayer a ses raisons pour ne pas annoncer
la date fixe de l’inauguration des futures stations :
durant les derniers mois, des médias locaux ont
rapporté que l’Autorité avait reçu la permission du
Bureau du travail de couper aux ouvriers la pause
de mi-journée, à laquelle ils ont normalement droit
durant les mois brûlant de juillet et d’août, où le
International 3
« Dans un wagon de
métro, personne n’est
meilleur qu’un autre »,
Humaid Al Marri,
directeur commercial
du métro de Dubai
soleil du désert fait grimper le mercure à 50 °C.
Les fonctionnaires de l’ART ont refusé de com-
menter ces informations.
Vendredi, le premier jour de la fin de semaine
dans l’Émirat, les stations étaient pleines de pas-
sagers curieux et enthousiastes à l’idée d’essayer
le métro.
Le métro de Dubaï a été construit dans le cadre
d’un effort visant à diminuer le trafic sur les routes
de l’Émirat, qui sont notoirement congestionnées.
Plusieurs habitants, comme l’Australienne à la
retraite Paula Kaabar, explique que ne sachant pas
conduire, le coût des taxis de la ville l’avait confinée
à son domicile.
« Ce nouveau système de métro va tout changer
pour moi », raconte-t-elle. « Maintenant je vais pou-
voir explorer des parties de cette ville que je n’ai
jamais vues depuis quatre années que j’y habite. »
Le métro, dont le coût de construction a été
estimé à huit milliards de dollars, devrait devenir
le plus long système sur rail sans conducteur au
monde.
STEPHEN JONES

Découverte pétrolière « géante »

dans le Golfe du Mexique
La British Petroleum PLC basée
à Londres a déclaré avoir fait
une découverte pétrolière
« géante » qui pourrait conte-
nir des réserves exploitables de
plus d’un milliard de barils.

a découverte a été faite dans le Golfe

L du Mexique approximativement à
200 kilomètres au sud-est de Houston,
Paul Ellis/AFP/Getty Images

Le géant de l’énergie britannique

Texas, au Tiber Prospect de BP dans le
Canyon de Keathely
Selon le responsable de la plate-forme
pétrolière Transocean Ltd, le puits est
l’un des plus profonds jamais creusés
par l’industrie, mesurant plus de 10.000
mètres dans 1.200 mètres d’eau.
« Tiber représente la seconde décou-
verte substantielle de BP provenant de la
partie tertiaire inférieure dans le Golfe du
Mexique, suivant notre récente décou-
verte Kaskida », dit Andy Inglis, directeur
Sandra Mu/Getty Images
général de l’exploitation et de la produc-
tion chez BP.
Manifestants dans la rue Queen, à Auckland dans la lutte contre la drogue mortelle appelée P. Le site va subir plusieurs expertises
pour déterminer la quantité de pétrole
présente dans la réserve. BP pense que
BP a annoncé une découverte
pétrolière « géante » dans le
Golfe du Mexique.
dans le Golfe du Mexique.
Bristish Petroleum est le plus grand
producteur aux États-Unis et le plus
grand détenteur de baux de location
dans le Golfe. La compagnie occupe
62 % du terrain. Elle y a aujourd’hui neuf
projets.
Selon des analystes, la découverte
devrait atténuer les craintes relatives aux
pics des prix du pétrole. Toutefois, il fau-
dra des années avant que la zone com-
mence à produire.
Le Golfe du Mexique est devenu de
plus en plus important pour les compa-

La Nouvelle-Zélande en guerre la découverte pourrait être plus grosse

contre la drogue « P »
ne série éditoriale d’une semaine dans le journal Herald
alternatives à la pseudoéphédrine qui seraient aussi efficaces
que celle de Kaskida en 2006 qui con-
tient plus de trois milliards de barils de
pétrole. Plus de 20 % du pétrole pourrait
être exploitable.
La découverte confirme de façon évi-
dente l’importance stratégique du Golfe
du Mexique pour l’industrie pétrolière.
gnies pétrolières occidentales dans la
situation où des pays riches en pétrole
tels que l’Arabie Saoudite, la Russie, et
le Venezuela laissent de façon privilé-
giée leurs gisements à des entreprises
nationales. Le Golfe offre également des
marges bénéficiaires importantes, une
stabilité politique et des taxes relative-

U en Nouvelle-Zélande sur les conséquences tragiques de

la drogue « P » méthamphétine semble avoir eu un effet
de catalyseur dans les initiatives visant à retirer une nouvelle
au niveau thérapeutique.
La confédération des pharmaciens en Nouvelle-Zélande
souhaite que le gouvernement présente dans les pharma-
Selon Inglis, ceci justifie le développe-
ment d’explorations en eaux profondes
ment basses.
SHASHAO CHEN

source disponible pour les « pseudo-trafiquants de drogue ».
Ces derniers sont souvent des gens liés à des gangs qui
achètent en pharmacie des produits à base de pseudoéphé-
drine en quantité suffisante pour fabriquer ensuite de la drogue
« P », une drogue synthétique psychostimulante qui provo-
que une euphorie, une forte stimulation mentale et une dépen-
dance lorsque prise au-delà des dosages médicinaux.
Le docteur Peter Gluckman, chercheur en médecine de
renommée internationale et conseiller scientifique du Premier
ministre John Key, s’est vu demander en mai dernier de pré-
parer un rapport sur les problèmes liés à ces précurseurs chi-
miques responsables de la montée en flèche de l’épidémie de
méthamphétamine « P» en Nouvelle-Zélande.
Dans son rapport au Premier ministre, le docteur Gluckman
recommande d’interdire la vente de pseudoéphédrine sauf sur
prescription et dans le cadre des traitements médicaux.
La pseudoéphédrine est un ingrédient qui rentre dans la con-
fection illégale de « P », mais on la trouve également dans les
remèdes contre les rhumes et la grippe vendus dans les com-
merces. Le docteur Gluckman a déclaré dans le journal Herald
néo-zélandais qu’il était déterminant de savoir s’il existait des
cies un projet australien jugé très efficace et nommé « pro-
jet STOP ».
Cet outil en ligne a permis de suivre les ventes de pseu-
doéphédrine et a contribué à une baisse de 23 % du nombre
Plus d’articles sur
de laboratoires clandestins. Il a également permis plus de 30
arrestations à Queensland, en Australie.
www.lagrandeepoque.com
« La majorité des clients qui veulent ces produits ont des rai-
sons légitimes et nous voudrions pouvoir continuer », a dit la
directrice de la confédération, Annabel Young.
« La police néo-zélandaise pourra alors se concentrer sur
d’autres sources permettant la fabrication de ‘P’, telles que la
‘Contact NT’ importée de Chine », explique Mme Young.
La lutte contre « P » bénéficie d’un soutien massif suite aux
confidences du présentateur de télévision Paul Holmes sur le
calvaire que vit sa fille toxicomane.
Il a notamment confié au journal néo-zélandais Herald :
« Nous savons maintenant qu’il n’y a aucune manière sûre
d’utiliser la méthamphétamine « P ». C’est un problème terri-
ble. C’est une tragédie pour le peuple et pour les familles ».
Le Premier ministre doit rendre sa décision ce mois-ci.
ERIC ROBINSON
4 International
e choix de la France, préférée à la
L Russie, comme partenaire straté-
gique de son réarmement permet
au Brésil d’élargir son autonomie à
l’égard des États-Unis sans les défier ouver-
tement. Confirmée par les présidents Luiz
Inacio Lula da Silva et Nicolas Sarkozy lors
de la visite d’État de ce dernier à Brasilia,
les 6 et 7 septembre, la coopération franco-
brésilienne jouit, au-delà des aspects mili-
taires, de l’ampleur d’une alliance politique
qui répond aux ambitions et aux préoccu-
pations à la fois planétaires, régionales et
nationales du géant sud-américain.
Dans un passé récent, le Brésil ana-
lysa le choix de la Russie ou de la France
comme partenaire stratégique dans le
domaine de la défense, rappelle l’un des
plus influents analystes politiques argen-
tins, Rosendo Fraga, directeur du Centro
de Estudios para una Nueva Mayoría.
Socialiste modéré, le président brésilien
Lula da Silva a préféré la France, satisfai-
sant ainsi sa volonté de s’émanciper des
États-Unis tout en évitant une option qui
aurait créé des difficultés dans ses bon-
nes relations avec Washington. Les États-
Unis apprécient peu toute influence militaire
russe dans la région. L’option russe pour
son réarmement global a été choisie par
un voisin potentiellement conflictuel du Bré-
sil, le Venezuela du président antiaméricain
Hugo Chavez, équipé notamment de chas-
seurs Sukhoï.
Écartée par Brasilia en octobre 2008,
l’option du Sukhoï fit longtemps figure de
favorite pour le renouvellement partiel, por-
tant sur un premier lot de 36 unités, des
vieux Mirage français et F-5 américains
de la force aérienne brésilienne. Le 7 sep-
tembre dernier, les présidents Lula da Silva
www.lagrandeepoque.com
Le président français Nicolas Sarkozy (à gauche) et son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, à
Brasilia le 7 septembre 2009, jour de la fête nationale du Brésil.
Partenariat stratégique France-Brésil
Au-delà des armes,
une ambition globale
et Sarkozy semblent avoir canalisé défini- du F-18 de Boeing et du Gripen du sué-
tivement le choix vers le Rafale français dois Saab.
de Dassault. Les transferts de technologie « Compte tenu de l’étendue des trans-
concédés par la France auraient consacré ferts de technologie proposés et des garan-
l’élimination virtuelle, pas encore officielle, ties apportées par ailleurs par la partie
française, le président Lula a annoncé la
décision de la partie brésilienne d’enga-
ger des négociations avec le GIE Rafale
pour l’acquisition de 36 avions de combat
Rafale », dit un communiqué officiel diffusé
le 7 septembre à Brasilia au terme de la
visite d’État de Nicolas Sarkozy.
À un journaliste qui lui demandait si ce
communiqué voulait dire que les concur-
rents du Rafale sont écartés, le président
brésilien Lula da Silva, face à la presse
aux côtés de son homologue français, a
répondu : « Cela veut dire tout simplement
ce qui est écrit dans le communiqué. J’ai
annoncé que le Brésil avait pris la décision
d’entrer en négociation avec le GIE pour
l’acquisition de 36 Rafale [...] Pour nous,
ce qui est important véritablement, c’est
d’avoir accès à la technologie pour que l’on
puisse produire cet avion au Brésil. Et c’est
cela que nous sommes en train de négocier
avec le ministre de la Défense, avec le com-
mandant de l’Aéronautique et le ministre de
la Défense de la France, avec l’entreprise
qui les produit. »
Les négociations portent donc actuelle-
ment sur les transferts de technologie et, en
principe, c’est sous réserve de leur bonne
fin que le Rafale français de Dassault rem-
portera effectivement le marché actuel du
renouvellement partiel des avions de com-
bat brésiliens.
Par son ampleur, l’engage-
ment de la France devient
une « alliance »
Le choix officieux du Rafale semble
néanmoins difficilement réversible, compte
tenu de l’ampleur de l’engagement de la
France à aider le Brésil à acquérir les ins-
truments de souveraineté d’une grande
puissance de demain. Car les transferts
de technologie dans le domaine militaire
concernent aussi la vente au Brésil, par la
France, de quatre sous-marins Scorpene,
le développement de la partie non-nucléaire
du futur sous-marin nucléaire d’attaque bré-
silien, la construction d’une base de sous-
marins, ainsi qu’un contrat portant sur 50
hélicoptères. Au total, Rafale y compris, le
Brésil débourserait 12 milliards d’euros, soit
plus du double de l’ensemble des exporta-
tions d’armes françaises dans le monde en
2007. Selon la presse brésilienne, il s’agi-
rait du plus important engagement du Brésil
en matière de défense depuis sa participa-
tion à la seconde guerre mondiale dans l’al-
liance antihitlérienne.
Autre concession clé expliquant le choix
16 – 30 SEPTEMBRE 2009 ●
IAN LANGSDOM/AFP/Getty Images
de la France comme partenaire stratégi-
que : « Le Brésil pourra assembler des
Rafale et les vendre en Amérique latine »,
a affirmé le ministre brésilien des Relations
extérieures, Celso Amorim, confirmé sur ce
point en conférence de presse par les prési-
dents Lula da Silva et Sarkozy. En décem-
bre 2008 à Rio de Janeiro, les deux chefs
d’État avaient dit la même chose à propos
des hélicoptères. Le F-18 de Boeing et le
Gripen suédois de Saab, qui utilisent de
nombreux composants américains, sont,
eux, tributaires des conditions et parfois du
refus opposés par les États-Unis à la com-
mercialisation par des pays tiers d’appareils
utilisant des technologies américaines.
Mais c’est probablement le cadre poli-
tique global des relations entre Paris et
Brasilia qui rendrait incontournable, sauf
surprise de taille, la victoire du Rafale sur
ses concurrents. Elle s’inscrirait dans ce
qu’on appelle déjà l’alliance franco-bré-
silienne, « notre alliance pour le chan-
gement », précise Lula da Silva. Devant
faciliter aussi d’importants contrats civils,
cette alliance implique l’approche et l’éva-
luation communes de la crise économique
globale, des changements climatiques, de
l’association des pays émergents à la gou-
vernance mondiale (le Brésil revendique
notamment un siège permanent au Conseil
de sécurité des Nations unies) et le déve-
loppement des énergies renouvelables
(dossier clé pour le Brésil, premier exporta-
teur mondial d’éthanol).
« Nous [le Brésil et la France] parta-
geons les mêmes valeurs et les mêmes
idéaux. Nous luttons pour la paix, nous
souhaitons un ordre global plus durable et
plus solidaire. Nous sommes pleinement
conscients de nos responsabilités dans le
monde. Ces principes sont au fondement
de notre Alliance pour le changement [...]
Ce partenariat que nous sommes en train
de réaliser, ce n’est pas un simple parte-
nariat commercial. La France ne veut pas
simplement vendre au Brésil et le Brésil ne
veut pas simplement vendre en France.
Nous voulons penser ensemble, nous vou-
lons créer ensemble, nous voulons cons-
truire ensemble et si possible même vendre
ensemble », déclarait le 7 septembre Luiz
Inacio Lula da Silva aux côtés de Nicolas
Sarkozy.
Globalement, l’alliance franco-brésilienne
sert tant la consolidation par la France des
encore beaux restes de sa grandeur que
l’aspiration du Brésil à la puissance.
Ambition globale et pré-
occupations régionales et
nationales du Brésil
Père spirituel de l’Unasur (Union des
nations sud-américaines), le Brésil repré-
La Grande Époque
« La France ne veut
pas simplement
vendre au Brésil et
le Brésil ne veut pas
simplement vendre en
France. Nous voulons
penser ensemble,
nous voulons créer
ensemble, nous
voulons construire
ensemble et si
possible même vendre
ensemble ».
Le président brésilien
Luiz Inacio Lula da
Silva
sente à lui seul, en termes de produit inté-
rieur brut, de population et de superficie,
la moitié du sous-continent que forment
les douze pays situés au sud de l’Améri-
que centrale.
L’analyste Rosendo Fraga y voit une
asymétrie similaire à celle existant entre la
Russie et les anciennes républiques sovié-
tiques où à celle que créerait au sein de
l’Union européenne la fusion en un seul
pays de l’Allemagne, de la France et du
Royaume-Uni.
Aussi, rien d’étonnant à ce que le Bré-
sil réclame un statut de puissance mon-
diale qu’assument chacun à leur façon
ses partenaires de l’association informelle
BRIC, sigle formé des initiales de Bré-
sil, Russie, Inde et Chine. Comparé à ses
trois partenaires du BRIC, tous dotés de
l’arme nucléaire et lancés dans des plans
ambitieux de réarmement et de modernisa-
tion de leurs forces armées, le Brésil souf-
fre d’un désavantage que Rosendo Fraga
qualifie de « stratégico-militaire ». C’est
pour cette raison, estime l’analyste argen-
tin, que le réarmement du Brésil a pour
premier objectif de renforcer sa condition
d’acteur global.
Sur le plan régional, le Brésil, quoique
leader naturel de l’Amérique du Sud, y agit
surtout comme facteur de modération, ainsi
que l’a démontré le récent sommet extraor-
dinaire de l’Unasur, le 28 août à Bariloche
(Argentine), consacré aux implications pour
la sécurité régionale de l’usage de bases
militaires colombiennes par les forces amé-
ricaines. Tempérant l’animosité du prési-
dent vénézuélien Hugo Chavez et de ses
alliés, Lula da Silva parvint à éviter au som-
met une condamnation explicite de l’accord
américano-colombien qui aurait provoqué
la crise de l’Unasur et de son Conseil de
défense.
Face aux tensions dans la région, surtout
entre la Colombie et deux de ses voisins, le
Venezuela et l’Equateur, l’accroissement
de la capacité militaire du Brésil renforcera
son rôle de modérateur régional. En outre,
croit Rosendo Fraga, le Brésil, limitrophe
du Venezuela et de la Colombie, ne pour-
rait admettre que l’un de ces pays ait une
puissance militaire supérieure à la sienne
ni qu’un conflit armé éclate entre Bogota
et Caracas.
Le partenariat stratégique avec la
France répond à ces ambitions et préoccu-
pations du Brésil, soucieux aussi de pou-
voir garantir, au besoin par les armes, sa
souveraineté nationale sur son ample ter-
ritoire et en particulier sur l’Amazonie, ainsi
que sur les gigantesques gisements pétro-
liers découverts récemment au large des
côtes brésiliennes.
En résumé, le réarmement du Brésil
répondrait en premier lieu à son ambition
de puissance globale, puis à garantir sa
capacité d’exercer un rôle modérateur en
Amérique du Sud et, enfin, à préserver sa
sécurité territoriale et énergétique.
CHRISTIAN GALLOY
Directeur de LatinReporters.com
La Grande Époque ● 16 – 30 SEPTEMBRE 2009
Est-ce la meilleure perspective d’avenir, pour une petite élève de
maternelle, que de devenir un fonctionnaire corrompu ?
Une jeune Chinoise de six
ans rêve de devenir « un
fonctionnaire corrompu »
ne courte vidéo publiée sur NanDu.Net,
U un site Internet chinois d’information,
montrant une petite fille de l’aggloméra-
tion de Guangzhou âgée de six ans, a fait
le tour de la Chine. Quand on lui demande
ce qu’elle voudrait faire plus tard, l’écolière
annonce fièrement qu’elle rêve de deve-
nir « un fonctionnaire corrompu, car ils ont
beaucoup d’argent ». La vidéo a très vite
été relayée à travers les principaux médias
et forums Internet en Chine.
La vidéo a rapidement été bloquée et plus
tard effacée du site Internet. NanDu.Net a
mis en ligne un sondage pour les internautes
afin qu’ils donnent leur sentiment au sujet de
la vidéo. Pour la majorité d’entre eux, cela
reflète la réalité de la société chinoise.
« Cette petite fille de six ans voit la nature
de notre société », confie un avocat de
Guangzhou, Liu Shihui. « J’ai beaucoup
aimé sa vision des choses. Elle a vu juste.
Malheureusement, cela montre également à
quel point la nouvelle génération du pays a
été empoisonnée. Ces petites âmes ont été
déformées, c’est effroyable. »
Un internaute anonyme de Guangzhou
ne pense pas que la vidéo soit si insolite.
Pour lui, les parents de la petite fille ont pro-
bablement montré de l’envie à l’égard des
fonctionnaires. « Il y a un dicton célèbre
aujourd’hui : être un fonctionnaire corrompu
équivaut à gagner à la loterie », écrit-il. « En
tant que fonctionnaire du gouvernement
chinois, vous pouvez obtenir tout ce que
vous voulez. Vos privilèges ne connaissent
aucune limite. »
Un autre accroc du web indique que la
plupart des fonctionnaires n’ont même pas
besoin de recevoir de l’argent, mais qu’ils
acceptent simplement des maisons ou des
Mike Clarke/AFP/Getty Images
véhicules, ce qui est encore plus facile.
« Les gens du commun peuvent tolérer
beaucoup plus qu’auparavant ces fonction-
naires corrompus. Maintenant, si vous dites
à quelqu’un combien un fonctionnaire a été
soudoyé, cette personne ne sera pas du tout
choquée. Ce genre de chose est devenu
parfaitement normal », affirme-t-il.
« La corruption en Chine … tout le monde
sait que ça existe, mais personne n’en
parle », bouillonne un troisième. « Cette
enfant est extraordinaire. Elle est si jeune
mais elle comprend déjà la situation. »
« Elle a raison ! Être un fonctionnaire cor-
rompu, c’est la belle vie. Je veux en être un
moi aussi. Risque minimum, profit maxi-
mum. Qui ne voudrait pas de cette vie-là ? »,
s’exclame un quatrième, qui reçoit comme
réponse : « C’est tellement bien d’être un
fonctionnaire corrompu. Vous pouvez avoir
une voiture, une maison, de l’argent, jouir
d’une haute position sociale et avoir toutes
les bonnes connexions. Vous pouvez avoir
plus de femmes… Vous pouvez même faire
que quelqu’un vous donne un fils alors que
vous avez déjà 60 ans ».
Quelques uns parmi les commenta-
teurs prennent cependant un peu de recul
pour élargir l’angle de vue : « N’est-ce pas
ainsi qu’est réellement notre pays ? Tout
le monde déteste et insulte ces fonction-
naires corrompus, cependant, tous veulent
leur ressembler », pointe l’un deux, auquel
répond, comme mot de fin, un dernier inter-
naute anonyme : « C’est si triste! Notre
moralité est tombée si bas, et notre société
est au bord de l’effondrement. Regardez
seulement comment cela a affecté la santé
mentale des enfants ».
LUO YA
www.lagrandeepoque.com Chine 5
« Le Parti au-dessus des lois » selon
le chef de la Cour suprême chinoise
e président de la Cour suprême chi-
L noise, Wang Shengjun, a récemment
déclaré que « les intérêts généraux
du Parti communiste chinois (PCC) et du
gouvernement » outrepassent la loi. Ses
remarques ont été accueillies froidement
par certaines personnes jugeant qu’il
s’agit d’une violation de l’esprit judiciaire.
Wang Shengjun a également demandé
à tous les tribunaux de « protéger la sécu-
rité nationale, de consolider le pouvoir de
l’État et de garantir la stabilité sociale »
dans le traitement des dossiers. Selon
le reportage d’un média officiel chinois,
M. Wang a fait cette déclaration lors d’un
discours prononcé le 30 août à Nankin, au
Forum national sur les dossiers criminels.
Pour l’avocat défenseur des droits de
l’homme, Zheng Jiankang, « Gouverner
par la loi signifie suivre strictement la loi.
Le juge devrait seulement procéder en
accord avec la loi. Les ‘intérêts généraux
du PCC et du gouvernement’ impliquent
que le juge doit résoudre les cas selon
les intérêts politiques. C’est tout simple-
ment l’expression d’une politisation du
judiciaire. »
« Comment pourriez-vous demander
à un juge de protéger les ‘intérêts géné-
raux’ ? » s’irrite-t-il. « Que sont les ‘inté-
rêts généraux’ ? Ça veut simplement
dire que le Parti communiste est ‘l’intérêt
général’. Par conséquent, les politiques
du Parti sont au-dessus de la loi. »
Un autre avocat, Lu Xiaoyuan, écrit sur
son blog que « demander aux avocats,
aux juges, aux procureurs et aux agents
de police de suivre la politique met littéra-
lement ‘la politique aux commandes’ ».
Avec le 60e anniversaire du PCC le Liu Jin/AFP/Getty Images
er
1 octobre, la mise en vigueur de mesu- Le président de la Cour suprême chinoise, Wang Shengjun.
res sécuritaires additionnelles a débuté
vers la mi-juin. Le nettoyage de Pékin ges du Parti. Falun Gong...
occupé par des protestataires a éga- Plus de 50 avocats défenseurs des La blogosphère chinoise, tardivement
lement commencé. Au début du mois droits de l’homme sont emprisonnés ou éveillée sur le sujet, commence aussi à
d’août, le ministre de la Justice a diffusé interdits de pratiquer le droit pour avoir s’irriter. Mais « l’intérêt général » com-
un ordre demandant aux avocats d’être défendu des causes « sensibles » : démo- mandera sans doute de censurer les
politiquement corrects, de protéger la sta- crates, fermiers sans terre, victimes du lait forums de discussion sur le sujet.
bilité de l’État et de se plier aux arbitra- à la mélamine, pratiquants bouddhistes du LUO YA
Philips : la police brise la grève à Shenzhen
ébut septembre, la police Un salarié poursuit : « Au
D militaire est venue briser
la grève du millier d’ouvriers de
matin du 2 septembre, nous
étions toujours en grève.
l’usine Philips dans la ville de Nous avons bloqué l’accès
Shenzhen au sud de la Chine. à l’usine. La société a alors
Au moins deux ouvriers ont été fait venir des dizaines de
blessés et conduit à l’hôpital. policiers armés. Ils ont com-
Ces ouvriers travaillaient mencé à nous battre à peine
dans l’usine locale de Philips sortis de leurs voitures et
Respironics, un fabricant d’ap- deux employées ont été bles-
pareils médicaux d’aide au sées et conduits l’hôpital. La
sommeil et d’assistance respi- société a refusé de payer
ratoire, dont le siège social est La Grande Époque leurs frais médicaux ».
aux États-Unis. Les ouvriers La police garde l’entrée de l’usine. Un autre, toujours anony-
disaient vouloir exprimer leurs mement, se plaint du fait que
griefs après que la société ait changé leurs heures de travail et les prix des biens de consommation augmente, alors que les
diminué leur salaire par la suppression d’avantages sociaux. salaires baissent, avant d’ajouter, « Nous voulons simplement
Selon un ouvrier, la grève a été déclenchée par le fait que que l’entreprise se montre juste. Nous devons être payés pour
l’usine a engagé un nouveau changement dans la gestion le travail que nous effectuons ».
des horaires de travail. Avec cette nouvelle politique horaire, Le salarié poursuit, expliquant que la société les traite dure-
les ouvriers perdent une demi-heure de paye pour la même ment : « Il nous est arrivé de parler fort au travail et une fois le
charge de travail quotidienne. En outre, les ouvriers avaient superviseur nous a renvoyés à la maison pour trois jours. Un
depuis un moment exprimé leur mécontentement pour la qua- mois après cet incident, l’entreprise ne nous payait plus les
lité des repas servis et des faibles avantages que la société heures supplémentaires. »
leur octroyait. Après la grève, un responsable de Respironics a expliqué
D’après un salarié qui garde l’anonymat, aucun accord n’a que l’entreprise compte plus de 1.000 salariés, dont une majo-
pu être trouvé avec l’entreprise, c’est pourquoi les ouvriers ont rité de femmes, pour la plupart d’une vingtaine d’années. Rien
lancé la grève le 1er septembre. Philips a en réponse licencié de plus à commenter puisque « le conflit a été réglé et que l’en-
trois superviseurs et sanctionné d’absence tous les grévistes, treprise a repris ses activités normalement ».
ce qui a encore aggravé la situation. FANG XIAO
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6 Chine www.lagrandeepoque.com
Hong Kong : Des manifestants demandent la mise en liberté d’avocats des droits de l’homme dont
Gao Zhisheng (2e gauche) le 17 juin 2009.
Radier un avocat, c’est simple
comme un coup de fil
’avocat Liu Shihui de la ville de Guangzhou vient d’an-
L noncer que sa licence lui a été retirée par le ministère
de la Justice pour avoir « parlé des cas de décès dans
la prison de Meizhou » et « avoir accepté des interviews
avec des médias occidentaux ».
Liu Shihui dit avoir au contraire refusé des interviews
par la radio SOH et la télévision NTDTV (médias sinopho-
nes libres basés hors de Chine) de peur que cela lui soit
reproché par les autorités chinoises. « lls m’ont retiré ma
licence », explique l’avocat. « Sur la base des lois chinoi-
ÉDITORIAL NEUF COMMENTAIRES
Suite du septième commentaire
Il était courant de voir quelqu’un se faire battre à
« mort. Sur la rue de Shatan, un groupe de Gardes
rouges torturaient une vieille dame avec des chaî-
nes de métal et des ceintures en cuir jusqu’à ce qu’elle
ne puisse plus bouger et une femme soldat des Gar-
des rouges a continué en sautant sur son corps pour
lui écraser l’estomac. La vieille dame est morte sur
place. [...] Près de Chongwenmeng, les Gardes rouges
fouillaient la maison de la femme d’un propriétaire ter-
rien (une veuve vivant seule). Ils ont forcé chaque voisin
à amener sur place un pot d’eau bouillante et ont versé
l’eau brûlante par le col de la vieille dame jusqu’à ce que
son corps soit cuit. Plusieurs jours après, la veille dame
a été retrouvée morte dans la pièce, son corps était cou-
vert de vermine. [...] Il y avait beaucoup de méthodes
différentes pour tuer ; y compris battre à mort à coup
de bâton, couper avec des faucilles et étrangler à mort
avec des cordes. [...] La plus violente était la manière de
tuer les enfants en bas âge : le tueur marchait sur une
des jambes du bébé et tirait sur l’autre jambe, écarte-
lant ainsi le bébé (enquête sur le massacre de Daxing
par Yu Luowen) ».
Le cannibalisme de Guangxi a été encore plus inhu-
main que le massacre de Daxing. Zheng Yi, auteur d’un
livre sur le cannibalisme de Guangxi, a décrit l’événe-
ment qui s’est déroulé en trois étapes.
Lors de la première étape, la terreur était cachée et
lugubre. Les archives du canton relèvent la scène carac-
téristique suivante : à minuit, des tueurs marchaient sur
la pointe des pieds afin de trouver leur victime et l’éven-
trer pour en retirer le cœur et le foie. Parce qu’ils étaient
inexpérimentés et avaient peur, ils se sont trompés et
ont pris les poumons, ils ont donc dû y retourner. Une
fois qu’ils ont eu cuit le cœur et le foie, certaines person-
nes ont amené des boissons spiritueuses de chez eux,
d’autres des assaisonnements, puis tous les tueurs ont
mangé ces organes humains en silence, à la lueur d’un
feu qui émanait du four.
La deuxième étape était le pic de la période cannibale
de Guangxi, lorsque la terreur était ouverte et publique.
Durant cette étape, les tueurs expérimentés avaient
acquis un savoir-faire sur comment retirer le cœur et le
foie des victimes alors qu’elles étaient encore vivantes.
Ils l’enseignaient aux autres, affinant leurs techniques
jusqu’à la perfection. Par exemple en éventrant une per-
sonne vivante, les tueurs n’avaient qu’à faire une inci-
sion en forme de croix sur le ventre de la victime, sauter
sur le corps (si la victime était attachée à un arbre, ils lui
donnaient un coup de genou dans le bas de l’abdomen)
et le cœur et les autres organes sortaient tout seuls. Le
cœur, le foie et les parties génitales revenaient au chef
des tueurs tandis que les autres prenaient le reste. Ces
scènes d’horreur terrifiantes étaient ornées de drapeaux
flottant dans l’air et de slogans.
La troisième période était l’étape de la démence, lors-
que le cannibalisme est devenu un mouvement massi-
vement répandu. Dans le canton de Wuxuan, comme
AFP PHOTO/MIKE CLARKE
ses, il n’est pas illégal pour un citoyen d’accepter de parler
aux médias. C’est pourquoi aujourd’hui j’accepte de vous
répondre. »
« Quand je regarde en arrière la façon dont j’ai exercé
mon métier, je n’ai pas bien fait dans la protection des droits
de mes clients. C’est contre ma propre conscience pro-
fessionnelle. Si j’avais pu y mettre tout mon cœur, j’aurai
dépassé bien avant la ligne verte des autorités. Pour les
avocats des droits de l’homme c’est un dilemme difficile. »
SOH
6 0.424.448 Chinois ont démissionné
du Parti après avoir lu les Neuf
commentaires sur le Parti Commu-
niste. Ce mouvement de démissions
reste pour le peuple un moyen d’ex-
pression non violent, apolitique et sans
précédent dans la société chinoise.
La Grande Époque publie un extrait
traduit de cette série éditoriale chinoise
dans chacun de ses numéros.
des chiens sauvages qui mangent les cadavres par
temps d’épidémie, les gens mangeaient d’autres per-
sonnes avec frénésie. Souvent, les victimes étaient
d’abord soumises « à la critique publique » et la tue-
rie se déroulait juste après, suivie par le cannibalisme.
Dès qu’une victime tombait, morte ou vivante, les gens
sortaient les couteaux qu’ils avaient préparés et entou-
raient la victime, coupant la partie du corps qu’ils pou-
vaient attraper. À ce stade-là, les citoyens ordinaires
étaient tous impliqués dans le cannibalisme. L’oura-
gan de la « lutte des classes » balayait de l’esprit des
gens tout sens de péché et de nature humaine. Le can-
nibalisme s’est répandu comme une épidémie et les
gens prenaient plaisir à ces festins cannibales. Toute
partie du corps humain était bonne à manger, y com-
pris le cœur, les muscles, le foie, les reins, les cou-
des, les pieds et les tendons. Les corps étaient cuits
de façons différentes : bouillis, à la vapeur, cuits, frits
ou grillés... Les gens buvaient des boissons fortement
alcoolisées ou du vin et jouaient tout en mangeant de la
chair humaine. Au paroxysme de cette période, même
la cafétéria de la plus haute organisation gouvernemen-
tale, le comité révolutionnaire du canton de Wuxun, ser-
vait de la chair humaine.
Les lecteurs ne doivent pas s’y méprendre en pen-
sant qu’un tel festival de cannibalisme était strictement
le fait de comportements désorganisés. Le régime du
Parti Communiste chinois (PCC) était une organisa-
tion totalitaire qui contrôlait chaque cellule de la société.
Sans les encouragements du PCC et sa manipulation,
le mouvement de cannibalisme n’aurait absolument pas
pu avoir lieu.
Une chanson écrite par le PCC à sa propre louange
dit : « La vieille société a transformé les humains en fan-
tômes, la nouvelle société a transformé les fantômes en
humains ». Pourtant, ces tueries et ces orgies canniba-
les nous montrent que le PCC pouvait transformer un
être humain en un monstre ou un démon, parce que
le PCC lui-même est plus cruel qu’aucun monstre et
qu’aucun démon.
Pour en savoir plus : Les neuf commentaires sur
www.lagrandeepoque.com
Version audio disponible sur le site de la radio Son de
l’Espoir www.sondelespoir.org
16 – 30 SEPTEMBRE 2009 ● La Grande Époque
AUJOURD’HUI EN CHINE
Nouvelles des correspondants de la radio Son de l’Espoir
(Sound of Hope Network : www.sohnetwork.com)
État de guerre à Kokang, inquiétude
des commerçants chinois
epuis les derniers heurts à Kokang, en Birmanie, tous les camps de réfugiés dans la pro-
D vince de Yunnan (Ouest de la Chine) ont été vidés. Malgré les oppositions des réfugiés crai-
gnant pour leur sécurité, les autorités communistes chinoises ont forcé leur retour en Birmanie.
À Kokang où la situation ne n’est pas apaisée, les commerçants chinois tentent encore de fuir
pour échapper aux attaques.
C’est que vingt ans après la signature d’un cessez-le-feu avec l’armée birmane, les combats
ont repris le 27 août avec l’Alliance Kokang, un mouvement rebelle d’origine chinoise au Nord-
Est de la Birmanie. Plus de 30.000 Birmans-Chinois de l’ethnie Kokang ont dû fuir.
Ils sont des dizaines de milliers de Chinois ethniques à tenir des commerces à Kokang qui,
selon l’un d’eux, M. Huang, craignent aujourd’hui essentiellement les vols et mauvais traitements
par l’armée birmane : « L’armée birmane a mis à sac tous les commerces chinois, et capturé les
‘meneurs’. Ils se vengent également sur les familles d’hommes ayant rejoint l’Alliance. Alors que
des Chinois voulaient passer la frontière pour retourner en Chine, les militaires birmans ont cap-
turé une jeune fille. Elle appelait au secours mais personne ne pouvait rien faire. »
Mme Zhang, une autre commerçante, se voit dans une impasse : « Nous avons peur que la
guerre reprenne. Mais tous nos investissements ne peuvent être retirés ni vendus, donc nous
n’avons pas d’autre choix que de rester. Si les tirs reprennent bien sûr, nous devrons fuir ».
Peu d’espoir, juge enfin M. Ou-yang : « Maintenant que Kokang est occupé, et que les tanks
sont là, il n’est pas possible d’éviter la guerre. »
Les victimes d’empoisonnement au plomb
menacées par le gouvernement chinois
D es rejets industriels ont empoisonné des milliers d’enfants dans la ville de Wen Ping,
agglomération de Wu Gang dans la province de Hunan. Alors que la plupart des mala-
des atteints de saturnisme n’ont toujours pas accès aux soins, les autorités locales ont choisi
d’arrêter les parents des enfants victimes en les accusant d’être des Falun Gong.
Un habitant de la ville, parlant sous couvert d’anonymat, explique : « Les gens ont été arrê-
tés. Ils disent que c’est à cause du Falun Gong, mais c’est faux. Il n’y a pas de Falun Gong
ici. Ils ont arrêté les gens et fabriqué une raison. Ils sont venus les arrêter et nous ont dit de
ne pas créer de problèmes. Les hauts niveaux du gouvernement ont envoyé des messages
dans ce sens. Mais ils ne s’occupent de rien. Depuis le début, nous sommes très en colère.
C’est nous les paysans qu’ils menacent le plus. »
Quatre usines métallurgiques opèrent à Le Shi, le village voisin de Wen Ping. C’est lors
d’un examen hospitalier au mois d’août que les parents ont découvert que les enfants souf-
fraient de saturnisme avancé.
Mme Dai, une habitante, témoigne : « Même l’eau est noire. Personne n’ose la boire ici,
les gens disent que c’est du suicide ». Un autre habitant, M. Xiao, confirme : « Il y a plus de
cinq kilomètres carrés affectés, et de nombreux villages. Dans quatre villages voisins, on s’est
occupé des gens, mais pas dans le nôtre. Si les gens font des tests sanguins eux-mêmes, ils
doivent aller dans des centres qui ont déjà reçu des instructions par le gouvernement. Et alors
on les accuse d’être des Falun Gong ».
Les Chinois connaissent tous l’injustice commise par le Parti communiste envers le Falun
Gong, méthode traditionnelle bouddhiste non violente et apolitique persécutée par le régime
depuis le 20 juillet 1999. Ils savent tous aussi les méthodes inhumaines utilisées par la police
pour torturer et tuer les pratiquants. C’est pourquoi sans doute ils croient pouvoir dissuader
les Chinois de toute protestation en brandissant la menace de les accuser de pratiquer le
Falun Gong.
Détention prolongée pour les membres
de l’association Fanlan
es membres fondateurs de l’association Fanlan, un groupe démocrate guidé par la
L pensée de Sun Ya-Tsen (Nation, Démocratie, Peuple), ont été emprisonnés cet été,
après plusieurs années de répression de leur groupe constitué en 2004. Les deux frè-
res Xie Fulin et Xie Shulin ont par exemple été arrêtés fin juillet et accusés de vol. Ce
n’est que récemment qu’ils ont pu rencontrer leur avocat à qui ils ont confié avoir été
frappés. Cinq autres activistes du mouvement dans la province de Hunan ont également
été arrêtés à l’approche de la fête nationale chinoise du 1er octobre. « C’est un avertis-
sement », dit Li Dongzhuo, un membre du mouvement. « Ils nous disent : le 1er octobre
approche, vous feriez mieux de la fermer. »
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La Grande Époque ● 16 – 30 SEPTEMBRE 2009
Taxe carbone : le rendez-vous manqué
Suite de la première page
Se préparer à « un monde de
ressources rares »
L’instauration d’une contribution sur les com-
bustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel)
est justifiée par une double nécessité. Il s’agit
tout d’abord de respecter la signature du proto-
cole de Kyoto par la France, en s’engageant con-
crètement dans la lutte contre les émissions de
gaz à effet de serre. Ces gaz, le dioxyde de car-
bone en particulier (CO2), sont en effet issus de
la combustion des énergies fossiles et responsa-
bles du réchauffement climatique. La question a
longtemps été débattue au niveau scientifique,
mais fait à présent l’objet d’un consensus inter-
national.
L’autre justification de cette contribution est
de préparer la population à un épuisement pro-
gressif des ressources en énergies fossiles, le
pétrole en particulier, sur lequel se fonde une
grande partie de notre économie. Comme le rap-
pellent Erik Orsenna et le Cercle des Économis-
tes dans le titre d’un récent ouvrage, nous vivons
en effet dans Un monde de ressources rares, et
il devient urgent de trouver des sources alterna-
tives d’énergie et de matières premières, si nous
souhaitons éviter les mesures brutales lorsqu’il
sera trop tard et préparer un avenir acceptable à
nos enfants et petits-enfants.
Basée sur le principe « pollueur payeur », la
Contribution Climat Énergie (CCE) représente
le prix de la tonne de CO2 émise par les pro-
duits visés (le fioul domestique, le gaz natu-
rel, l’essence notamment), et favorise de fait
les produits ou procédés non polluants. Le but
théorique de la CCE est donc d’induire un com-
portement vertueux en chaque consommateur,
pauvre ou riche, et de l’inciter à réduire ses con-
sommations d’énergie.
Une contribution trop modeste
qui rate sa cible
Après une semaine de suspens, le président a
enfin rendu son verdict : elle sera appliquée dès
2010, sur les seuls combustibles fossiles, et son
montant de départ sera de 17 euros la tonne, en
référence à la valeur moyenne de la tonne de
CO2 depuis 2005 sur le marché français des
quotas d’émission. Elle devrait augmenter pro-
gressivement d’ici à 2030, mais sans précision
sur la planification des hausses, ni sur les objec-
tifs de réduction d’émissions de CO2 visés. Par
ailleurs, le montant annuel de cette taxe est éva-
lué à environ 4,7 milliards d’euros (pour une
tonne de CO2 à 17 euros), dont 2,7 milliards
d’euros pour les ménages et 2 milliards d’euros
pour les entreprises, mais la question de l’utilisa-
tion de ces ressources n’a pour le moment pas
été clairement définie.
La CCE peut fortement varier selon que l’on
habite dans une grande ville pourvue de trans-
ports en commun ou que l’on habite en lointaine
banlieue avec deux enfants et que deux voitures
sont indispensables. Il a donc été décidé d’at-
tribuer une réduction d’impôt ou un « chèque
vert » de 112 ou 142 euros par famille avec deux
enfants selon qu’elle réside en zone urbaine ou
rurale. Par ailleurs, les secteurs très gourmands
en pétrole, comme la pêche, l’agriculture et le
transport bénéficieront de mesures d’accompa-
gnement pour « éviter de nuire à leur compéti-
tivité ».
Rapporté au prix actuel du litre d’essence, qui
est compris entre 1,10 et 1,35 euros, le mon-
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... ON EN PARLE ...
Par Lauren Smith
L’or retrouve de l’éclat
’once d’or a fran-
L chi le niveau des
1.000 dollars le 8 sep-
tembre dernier. Il s’agit
d’une simple matière
première comme les
autres depuis l’aban-
don de la convertibilité de l’or/dollar en août 1971. Elle
est universellement reconnue et reste toujours une
valeur refuge en temps d’inquiétude face à la crise.
L’envolée du métal jaune depuis six mois s’explique
par plusieurs raisons.
La première est la baisse du dollar contre toutes les
devises, et en particulier contre les devises dont les
taux directeurs sont les plus élevés. Il existe une cor-
rélation négative étroite entre le niveau du billet vert et
celui de l’once d’or.
Par ailleurs, ce sont des craintes d’une résurgence
de l’inflation qui pousse les cours du métal jaune à la
hausse. Le maintien de la politique monétaire améri-
caine ultra accommodante et le recours aux moyens
non conventionnels des banquiers centraux qui font
marcher « les planches à billets » sont des facteurs de
risque de voir le retour de l’inflation. Depuis toujours, le
placement en or est considéré comme une protection
contre la hausse des prix.
Boris Horvat/AFP/Getty Images Enfin, le mois de septembre est historiquement un
Le dioxyde de carbone issu par exemple de la combustion de l’essence est mois de hausse de l’or, car septembre est la saison de
responsable du réchauffement climatique. mariage en Inde où la demande d’or pour l’industrie
joaillière est très importante.
tant de la CCE se monte
seulement à 0,04 euro
par litre d’essence et à Le patrimoine d’Areva
0,045 euro par litre de
fioul domestique. Il suffit dans les mains de
de faire une comparaison
avec un pays précur- Chinois ?
seur comme la Suède,
e groupe nucléaire français Areva cherche
où la tonne de CO2 est
actuellement fixée à L à ouvrir son capital (87 % de son capital est
détenu par le secteur public) à « des partenaires
103 euros, c’est-à-dire
à 0,24 euro/litre d’es- stratégiques et industriels », notamment étrangers,
sence, pour se deman- à hauteur de 15 % pour financer ses projets de
der où est le caractère développement. Depuis cette annonce d’Anne Lau-
réellement incitatif de la vergeon fin juin, présidente du directoire d’Areva, le
décision française ? groupe français a été approché en août par China
Certains, comme l’an- Investment Corp (CIC), le fonds souverain chinois,
cienne ministre de l’En- selon Les Echos du 4 septembre. Ce fonds chi-
vironnement Corinne Global Warming Art/Wikipedia
nois serait aussi intéressé par la filiale T&D, le pôle
Lepage ou le député Verts de Paris Yves transmission et distribution d’électricité d’Areva,
Cochet s’étonnent également de l’absence de
taxation de l’électricité dont la production, mal-
Cet arbitrage brouillon, valorisée entre 3 et 4 milliards d’euros.
Le leader mondial du nucléaire semble être dans
gré les centrales nucléaires, n’est pas exempte sans véritable ambition l’urgence pour retrouver des marges de manœuvre
financières suite à la rupture en janvier 2009 de son
de CO2. L’idée avait pourtant été préconisée
dans le rapport remis par Michel Rocard, mais écologique ni équité fiscale alliance avec son ancien associé Siemens, mais
aussi pour faire face au déboire de son chantier
n’a pas été reprise. Ainsi, on pourra continuer à
croître sans cesse sa consommation électrique est source de profonde de construction du réacteur de nouvelle génération
EPR (European Reactor Project) en Finlande et des
sans être taxé, ce qui va à l’encontre des écono-
mies d’énergies. confusion dans les esprits. mauvaises performances de sa filiale T&D.
La France n’aurait-elle plus les moyens de gar-
Confusions fiscales et budgé- La population française der son indépendance ? Pour rappel, en 2007, la
taires Chine a acheté deux réacteurs EPR à Areva pour
L’arbitrage présidentiel sur la taxe carbone a l’impression de se voir 8 milliards d’euros situés à Taishan (Guandong).
intervient après la décision du gouvernement Cette construction a pris du retard, mais devrait
de supprimer la taxe professionnelle pour les injustement surtaxer pour démarrer dans les prochaines semaines. L’inté-
entreprises, qui se monte à environ 30 milliards rêt du fonds chinois CIC pour entrer dans le capi-
d’euros par an. Elle fait également suite à l’at- combler un trou sans fond tal d’Areva pourrait se relever stratégique pour la
tribution gratuite par le Parlement européen des Chine afin d’obtenir des acquis technologiques
quotas d’émissions de CO2 aux entreprises pol- et sans décision de le dans le nucléaire.
luantes pour la période 2008-2012 (seules les
émissions excédentaires combler. A la recherche d’un
sont soumises à paiement
sur le marché du CO2). pression de se voir injustement surtaxer pour indicateur alternatif au PIB
Ces cadeaux fiscaux aux combler un trou sans fond et sans décision de a Commission européenne a lancé une réflexion
entreprises se multiplient
donc à un moment très
le combler. La taxe carbone risque donc d’être
rapidement très impopulaire, alors qu’elle se
L sur de nouveaux indicateurs « de prospérité et de
bien-être des nations ». La croissance du PIB ou pro-
critique pour le budget de base sur des réflexions pourtant parfaitement duit intérieur brut, une mesure conventionnelle de per-
l’État français, puisque l’on fondées. formance économique, est de plus en plus contestée,
annonce parallèlement un Enfin, en cette période de délocalisations car elle ne prend pas en compte les aspects sociaux
déficit budgétaire abyssal accélérées pour cause de crise économique, il et environnementaux dont dépend la qualité de vie des
de 109 milliards d’euros serait bienvenu de voir cette fiscalité écologique individus.
annoncé pour 2010, soit également appliquée partout dans les pays occi- Pourtant les idées ne manquent pas. Le « bonheur
7,5 % du produit intérieur dentaux et émergents. Il est en effet difficile de national brut », un indicateur de richesse en vigueur
brut (près de 30 % du bud- concevoir l’instauration de la CCE sans que les depuis 1972 au Bhoutan, pourrait être un exemple à
get de l’État !). conditions de concurrence avec les autres pays suivre pour sa simplicité. Les débats et les réunions
Cet arbitrage brouillon, ne s’en trouvent faussées. Les questions écolo- entre experts éminents continuent, mais le consensus
sans véritable ambition giques se sont globalisées depuis longtemps au semble difficile à atteindre. Les réflexions se dirigent
écologique ni équité fiscale niveau mondial. Aussi devient-il urgent de glo- plutôt vers une multitude d’indicateurs qui figureraient
malgré les envolées lyri- baliser les décisions économiques qui en décou- à côté du PIB.
ques du président Sarkozy, lent. Des négociations internationales à ce sujet L’exécutif européen prévoit dans un premier temps
est donc source de pro- au niveau de l’Organisation Mondiale du Com- d’adopter dès 2010 un « indice de pression environne-
fonde confusion dans les merce (OMC) sont donc inévitables, mais seule mentale » qui mesurera les efforts des États membres
esprits. En effet, on n’y une Europe unie est capable de s’y imposer. dans des domaines tels que le changement climatique
voit plus vraiment l’inten- Espérons qu’en ce semestre de présidence et l’utilisation énergétique, la nature et la biodiversité,
tion initiale de la CCE qui suédoise, l’Europe décide rapidement d’instau- la pollution de l’air et l’impact sur la santé, l’utilisation
était d’inciter chacun, par- rer la CCE partout à l’intérieur de ses frontières, et la pollution de l’eau, la production de déchets et l’uti-
ticulier et entreprise, à puis fasse accepter à ses partenaires de l’OMC lisation des ressources. D’autres critères de mesure
modifier son mode de con- le principe d’une taxation de tous les produits des richesses sont en projet… Pourquoi faire simple
sommation énergétique. La importés des pays sans fiscalité écologique. lorsque l’on peut faire compliqué ?
population française a l’im- PATRICK C. CALLEWAERT
8 Insolite www.lagrandeepoque.com 16 – 30 SEPTEMBRE 2009 ● La Grande Époque

Oli Scarff/Getty Images

ROYAUME-UNI : Deux chameaux de course passent devant Tower Bridge à Londres. Le club de rugby de Saracens a choisi ces exotiques mascottes pour ani-
mer les mi-temps des matches de leur équipe au stade de Wembley. Nos voisins britanniques relèguent ainsi en seconde division les personnages en peluche et
autres coqs déplumés qui servent de mascotte dans l'hexagone. Quelle réponse par le rugby français ?

AFP/AFP/Getty Images

CHINE - Liu Zhenyu, jeune Chinois de 19 ans, supporte sans ANDREW YATES/AFP/Getty Images
broncher le passage d’un camion de 16 tonnes sur ses côtes,
durant un spectacle à Jilin, dans le Nord-Est de la Chine. Liu Zhe- ANGLETERRE – Une réplique en bottes de pailles du « Big Ben » ornemente un champ de Nan-
nyu, qui pratique les arts martiaux depuis son enfance, espère twich dans le Cheshire, au Nord-Ouest de l’Angleterre. L’insolite réplique a été construite pour célé-
entrer dans le livre Guinness des records. brer les 150 ans de l’emblêmatique tour londonienne. Haute de 22 mètres, elle est constituée de
500 ballots de paille et pèse 20 tonnes. Elle est complétée d’une véritable horloge à deux faces, illu-
minée la nuit. On doit cette création à deux businessman excentriques locaux, Chris Sadler et Mike
Harper.
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NOUVEAU REGARD
WWW.LAGRANDEEPOQUE.COM
►Chronique d’un observateur du 7e
Le cinéma dans l’oubli, entre restauration et destruction
La disparition des films
Les films disparaissent comme les êtres
humains et pourtant ce sont des objets
dont la fonction même est de durer. Ils
sont le témoignage incontournable de
notre époque, de nos mœurs, de nos pas-
sions. Les émotions d’un autre temps sont
restituées grâce à une simple projection.
Le cinéma produit un peu
plus de deux mille films
chaque année
On peut estimer le patrimoine mondial
à trois cent mille films, peut-être un peu
plus si l’on compte les films expérimen-
taux ou industriels. Beaucoup de films ont
disparu, à cause de destructions volon-
taires pour en récupérer la matière pre-
mière, le nitrate. Dans Archipel nitrate
(2009), Claudio Pazenza, le réalisateur,
montre le mépris des industriels pour les
films qui sont dilués dans des acides.
Les images sont réduites à néant. C’est
le début de la disparition d’un patrimoine
précieux, irremplaçable. 50 % des films de
l’histoire du cinéma auraient en effet dis-
paru. Le cinéma muet a le plus souffert,
surtout celui d’avant 1930 pour lequel on
peut estimer que 80 % des films sont à
jamais perdus. Toutes sortes de raisons
président à ces disparitions. Tout d’abord,
le passage du muet au parlant va faire per-
dre aux films non-sonores leur valeur com-
merciale. Des merveilles vont être jetées à
la poubelle. Le manque de place est aussi
responsable de la disparition d’œuvres de
premier plan.
Georges Méliès, l’inventeur
de la magie au cinéma
En 1923, Georges Mélies, cet immense
artiste ruiné, a brûlé 530 négatifs dans son
pavillon de Montreuil transformé en studio
de cinéma qu’il devait quitter le 9 juillet.
Parmi les chefs d’œuvres à jamais dis-
Instant terrestre
La réalité en face
Une même photographie peut s’interpréter de mille et un commentaires. Mais quoi qu’on en dise,
un cliché pris sur le vif ne peut pas exprimer autre chose que la réalité. Car si un voyage vécu
dans son intimité élargit notre esprit, seul le frisson devant des forces nouvelles accroît notre curio-
sité. On n’extrait pas un « sujet » de son cadre de vie pour le transformer ou le caricaturer. Le repor-
ter-photographe manifeste ainsi le reflet de sa sensibilité et il ne peut rien substituer d’une scène
s’offrant à son œil car l’empreinte d’un instant se lit souvent dans les détails. En allant à l’essentiel, il
ne rapporte qu’un témoignage, celui d’une réalité en face qu’il fixe pour l’éternité, ni plus ni moins…
La Grande Époque
UN REGARD NOUVEAU SUR UN MONDE EN ÉVOLUTION
parus, se trouvent 9 des 22 films de Mur-
nau, le premier film en technicolor – The
Gulf Between de Wray Physioc (1917) –
, les premiers rôles de Charlie Chaplin
(1914), le montage original de La splen-
deur des Amberson (1946) d’Orson Wel-
les. En 1967, les entrepôts de la MGM
prennent feu parmi les pertes irrémédia-
bles London After Midnight de Tod Brow-
ning (1927).
La restauration des films
Serge Bromberg crée en 1985 Lobs-
ter Films, une société de production
et de restauration de films. Elle consti-
tue aujourd’hui la première collection au
monde avec 50.000 films rares souvent
inédits, des curiosités, des documents
exceptionnels d’actualité et d’histoire.
En réalité, le travail des professionnels
de la conservation de films est double :
restaurer dans un premier temps les films
qui peuvent encore l’être, dans un second
temps, distribuer ces films afin qu’ils soient
vus. La conservation se fait aussi, dans la
mémoire des spectateurs.
Recherche de nouvelles
fictions, de nouvelles for-
mes
L’œuvre de Tarantino est entièrement
tournée vers la réminiscence des œuvres
passées ou en voie de disparition. Il tente
d’insuffler de la nouveauté au genre qui a
fait le plaisir de son enfance. Il veut redon-
ner un sens à un monde qui se cherche de
plus en plus.
Naguère, on parlait de grandes idéo-
logies. Aujourd’hui ces balivernes n’in-
fluencent plus personne. Seule la Chine
s’évertue à jouer les sinistres bourreaux
comme nous l’avons vu avec ce film docu-
mentaire exceptionnel tourné sur une lon-
Inglorious Basterds (2009) par les hommes du dictateur Santa Anna.
gue durée de 1996 à 2008, Pétition, la
cour des plaignants. Rien dans ce film n’est tourné ni évo- Ils périront tous pour la liberté. Les dés
www.instanterrestre.com
Stéphane Cabaret
EpochTimes.com
Dès son adolescence Tarantino voit
qué au hasard. Les références sont
tout : les westerns, les films d’horreur et
nombreuses et ininterrompues dans l’ex-
de science-fiction, les policiers, puis plus
position que constitue le film. La musi-
tard les films de kung-fu. Il ne néglige
que est empruntée à celle qu’avait utilisée
aucun genre, il tente d’en faire une syn-
John Wayne dans le seul film qu’il a réa-
lisé, Alamo (1960). Inglorious Basterds est
thèse pour inventer son propre genre qui
aurait l’efficacité visuelle et démonstrative
un film extraordinairement intelligent où il
des autres. est question de l’héroïsme de quelques
hommes retranchés dans un fort assiégé
sont jetés et nous savons que le cinéaste
va tenter de nous redonner le moral. Pour-
tant nous sommes en 1944. Les infor-
mations sur les atrocités nazies sont
parvenues tardivement jusqu’aux alliés,
plus soucieux d’arrêter toute bataille plutôt
que les atrocités qui ne sont en définitive
pas primordiales pour le haut commande-
ment des forces alliées.
Un cinéaste a-t-il le pouvoir
de modifier l’histoire ?
Le réalisateur désire ausculter la situa-
tion de la narration puis éventuellement
la réparer, afin d’atteindre un niveau de
satisfaction proche du happy end, qui a
fait tant son bonheur enfant. En effet, le
cinéaste ne veut pas intervenir sur cet
axe dangereux et sensible qu’est l’histoire
sans avoir auparavant quelques réserves
de connaissances et de savoir-faire ciné-
matographique.
Il ne faudrait pas se tromper sur ce
cinéaste. Tarantino connaît tous les films
de série B. C’est évidemment une façon
de parler, puisque plusieurs vies ne suf-
firaient pas pour venir à bout des milliers
de films tournés des années 40 jusqu’à
nos jours.
Tarantino s’en donne à cœur joie contre
les nazis que l’on doit détruire avec toutes
les fictions pour en faire d’autres plus drô-
Tibétaine à Tangge, royaume du Mustang les, moins empruntées, avec des hommes
aux gestes élégants, moins vulgaires, plus
humains. Toutes les mauvaises se consu-
meront avec la destruction du cinéma et
de tous ces héros de pacotilles juste bons
à lever le bras vers leur diable noir.
Le scalp n’est pas sans rappeler le
genre américain par excellence, le wes-
tern. Tarantino fait aussi référence aux
films de guerre, surtout au film Le jour le
plus long (1962) de Darryl Zanuck. Évi-
demment le film par lui-même pose des
problèmes philosophiques sur la repré-
sentation de l’histoire et la liberté morale
que chacun possède face à l’interpréta-
tion des faits.
ÉDITION 162
16 – 30 SEPTEMBRE 2009 • BIMENSUEL
Revenons aux États généraux du film
documentaire de Lussas dont nous avons
omis, par manque de place, de parler des
films essentiels.
André S. Labarthe, théo-
ricien du cinéma et docu-
mentariste
André Labarthe est un théoricien du
cinéma et un documentariste de renom
de l’histoire du cinéma. Il a réalisé de nom-
breux portraits de cinéastes d’une grande
finesse. Il a permis à l’une de ses admira-
trices et compagne de faire un film sur lui,
Il était une fois André Labarthe (2008) un
film très sensible. Estelle Fredet ne s’em-
barrasse pas de convention. Elle passe
directement à l’action n’omettant aucun
champ secret que pourrait nous dissimu-
ler Labarthe.
Face aux fantômes (2009) de Jean-
Louis Comolli traite de la façon dont a
été reçu le film d’Alain Resnais Nuit et
brouillard (1956).
Le chanteur de métro (2009) devrait
être projeté à la filmothèque prochaine-
ment dans une soirée animée par Jean-
Max Causses. Un chanteur doit gagner
tous les jours 38 euros pour payer sa
chambre d’hôtel sinon il dormira à la belle
étoile. Il interprète alors des chansons de
Brassens a capella. Présenté à Mussas.
En 2007, Sylvie Lindeperg publiait
l’ouvrage Nuit et brouillard, un film dans
l’histoire aux éditions Odile Jacob. Comolli
a filmé cet intellectuel dans l’action, inter-
rogeant aux moyens des images et des
sons les influences complexes qui ont
conduit à la réalisation du film. Il se pose
la question de la légitimité des archives
montrées dans le film notamment des
centres de mise à mort et des camps de
concentration.
Boris Vian (2009) de Philippe Kohly est
un documentaire qui fait entrer d’emblée
et de façon passionnante dans l’univers
en fin de compte peu connu de Boris Vian
dont on ne connaît l’œuvre que dans les
grandes lignes et de manière caricaturale.
Cet homme qu’il n’est nullement exagéré
de qualifier de génie aux mille dons – la
musique et l’écriture étant ses principales
dispositions – le film nous transporte dans
un long périple où alternent le voyage, la
séduction, les catastrophes et les reprises
en mains. C’est une aventure à l’image du
personnage que nous fait vivre ce réalisa-
teur surdoué. Il a su donner une âme à son
personnage sans en altérer le côté histori-
que ou artistique.
Singularité d’une jeune fille
blonde (2009)
Nous ne pouvons qu’être impression-
nés par Manoel de Oliveira. À cent ans, il
tourne un film taillé dans le diamant. Il n’y
a que finesse dans l’exposition de l’histoire
savoureuse que conte un jeune homme à
sa belle voisine attendant d’elle la plus
grande attention pour que se déroule le fil
de son histoire. A mesure que l’intérêt de
la jeune femme grandit, nous plongeons
dans l’antre de la passion de la narration
que permet l’imaginaire.
Ce film est l’adaptation du livre homo-
nyme de José Maria Eça de Queiros
(1845-1900). C’est dans un conte à limite
du fantastique que va basculer cette savou-
reuse histoire d’amour. Le réalisateur de
Val abraham (1993) sait renouveler son
style et sa vie. Plus qu’une performance,
c’est un miracle, de la magie.
Il faudra bien qu’une institution interna-
tionale veille au patrimoine de l’humanité
que devrait être aujourd’hui le cinéma, en
plus des autres arts, et trouve une solu-
tion pour que jamais plus aucune œuvre
ne soit définitivement détruite ou oubliée. Il
y va de la mémoire culturelle et esthétique
de l’humanité qui ne pourrait plus réfléchir
et s’arrêter sur elle-même sans l’apport
singulier du cinéma.
ALAIN PENSO
10 Environnement
L’esturgeon européen, appelé Acipenser sturio, peut atteindre 3,5 m pour environ 300 kg. Un des plus gros sturio capturé dans la Tamise pesait 350 kg.
Réintroduire l’esturgeon, une espèce en voie de disparition
e jeudi 10 septembre 2009, à Bourg
L sur Gironde, ce sont près de 400
esturgeons de deux ans qui ont été
introduits dans l’estuaire de la Gironde.
Mais cette fois, ce sont de gros poissons
longs d’une quarantaine de centimètres et
d’un poids supérieur à 1,5 kg qui ont été
plongés dans la Gironde. Le Syndicat Mixte
pour le Développement Durable de l’Es-
tuaire de la Gironde (SMIDDEST) se char-
geait de l’organisation de cette opération.
Son action consiste à préserver et dévelop-
per durablement le patrimoine estuarien.
La restauration du plus grand poisson
migrateur de l’Ouest de l’Europe à partir
de la Gironde est un symbole fort pour la
sauvegarde de la biodiversité des rivières
européennes. Cette introduction est une
première. Les mises à l’eau sont réguliè-
res depuis deux ans mais jamais de pois-
sons d’une aussi grande taille. Des alevins
ont été lâchés successivement en 2007 et
Produire de l’hydrogène avec des microalgues
a recherche sur les microalgues voit
L son intérêt croître avec les préoccu-
pations grandissantes concernant le
changement climatique. On parle en effet
beaucoup des solutions de captage de
CO2 ou encore des biocarburants pour
réduire nos émissions de gaz à effet de
serre. Les micro-algues pourraient cumuler
les avantages des deux technologies. Cer-
tains organismes sont à l’étude puisqu’ils
ont justement besoin de CO2 pour pro-
duire, grâce à la lumière du soleil par exem-
ple, des lipides aisément transformés en
biodiesel. La société Green Fuel aux États-
Unis, pionnière dans ce domaine, a déjà
construit une unité de test. Cette nouvelle
technique de production de biocarburants
est généralement qualifiée de « troisième
génération ».
Production de carburant
directement par les organis-
mes
Si les techniques sont plus évoluées aux
Etats-Unis, en ce qui concerne la recher-
che fondamentale, l’Europe et notamment
la Suède, sont à la pointe. Une nouvelle
tendance consiste à se tourner vers la pro-
duction directe de carburants par ces orga-
nismes, au lieu d’attendre la récolte de
végétaux. La matière organique est ensuite
partiellement transformée en carburant.
Moins d’étapes dans la chaîne de produc-
tion assurent un meilleur rendement global.
Le professeur Lindblad de l’université
d’Uppsala explique, dans un article publié
récemment en collaboration avec des cher-
cheurs hollandais, comment on peut modi-
fier génétiquement les organismes déjà
capables de réaliser la photosynthèse : uti-
lisant donc l’eau, le dioxyde de carbone et
la lumière du soleil pour produire différents
carburants. Il s’agit de réussir à orienter
l’évolution des intermédiaires métaboliques
des cyanobactéries vers la production de
biocarburants, pour en faire de petites usi-
www.lagrandeepoque.com 16 – 30 SEPTEMBRE 2009 ● La Grande Époque
Yangtze River/Getty Images
2008 dans les eaux de la Garonne et de la Les scientifiques de l’institut Leibniz d’habitat important pour cette espèce. Ilnées. Il passe la plus grande partie de sa
Dordogne.
Des bassins européens de
d’écologie aquatique et de pêche en eau
douce (IGB) de Berlin ont réalisé un lâcher
dans l’Elbe le 4 septembre 2008 de 50 jeu-
souhaiterait comprendre l’aptitude généti-
que des poissons français. Un lâcher dans
vie en mer, mais dès qu’il arrive à matu-
rité sexuelle, il effectue une migration de
la nature dans le bassin de la mer du Nord
plusieurs centaines de kilomètres pour
reproduction nes esturgeons européens (Acipenser pourrait être envisagé. remonter les fleuves et frayer. Il pond alors
L’esturgeon européen appelé Acipen- sturio), équipés de boucles en plastique La conservation de l’esturgeon en capti-
jusqu’à 2,5 millions d’oeufs collants, gris
ser sturio est menacé d’extinction, et pour- pouvant être suivis grâce à un émetteur. vité et sa réintroduction dans la nature sont
foncé. L’aménagement des cours d’eau
e
tant jusqu’à la fin du XIX siècle ce poisson Ces jeunes poissons ont été importés de des questions complexes. En effet pour a supprimé bon nombre de ses lieux de
fréquentait abondamment tous les fleu- France. Jörg Geßner, biologiste et chef du sauver cette espèce les chercheurs au ponte, et la construction de barrages et
ves d’Europe de l’ouest. Petit à petit il projet à l’IGB commente l’expérience : « Ce Cemagref pensent que des lâchers mas- d’écluses a fermé ses voies de migration.
s’est raréfié. Les scientifiques du Cema- premier alevinage expérimental constitue sifs de jeunes poissons dans les milieux La disparition de l’esturgeon a également
gref disent qu’actuellement il ne resterait une étape importante pour la réintroduction naturels sont indispensables. Il est doncété favorisée par la pêche intensive pour
plus que 10.000 individus tous issus uni- à long terme de l’espèce en Allemagne. Les essentiel d’améliorer les connaissances la production du caviar et sa valeur mar-
quement du bassin de la Gironde. C’est travaux associés doivent poser les bases sur la biologie de l’esturgeon, de le faire se
chande élevée.
pourquoi les chercheurs concentrent tous de la réimplantation ultérieure et combler reproduire en captivité, tout en utilisant les
En France, l’alerte sur l’état préoccupant
leurs efforts à sauvegarder l’espèce et que nos lacunes quant à la connaissance des techniques de la reproduction assistée des
des populations d’esturgeons avait déjà été
des reproductions artificielles sont mises en habitats majeurs de cette espèce ». Instituts de recherches. donnée dans les années 1950, notamment
place. Les reproductions se font en bassin par des pêcheurs qui constataient la mul-
à la station du Cemagref de St-Seurin-sur- D’autres lieux de reproduc- Histoire de l’espèce et cau- tiplication des signes de disparition. Mais
l’Isle en Gironde et en Allemagne, l’Institut tion ses de sa disparition c’est en 1977 qu’une prise de conscience
d’Écologie des Eaux douces de Berlin com- Le professeur Frank Kirschbaum, res- L’esturgeon est un poisson osseux généralisée s’est produite.
plétant l’action française. ponsable à l’IGB, étudie la possibilité qui est apparu il y a 200 millions d’an- HÉLOÏSE ROC
propriétés de ces cellules pour produire de
l’hydrogène moléculaire à partir, tout sim-
plement, d’eau et de lumière.
L’hydrogène ne produisant au moment
de sa conversion en énergie (dans une
voiture munie d’une pile à combustible par
exemple) que de l’eau, le cycle est en théo-
rie parfaitement propre. L’efficacité totale
de ces procédés photosynthétiques atteint
1 %. Le professeur Lindblad est également
coordinateur du projet nordique BioH2.
De nombreux défis
Mais nous en sommes, d’après le pro-
fesseur Lindblad, au début de la recher-
che dans ce domaine, et de nombreux défis
restent à relever avant de pouvoir produire
l’hydrogène vert en quantités industrielles.
Modifier les mécanismes métaboliques
d’une cellule n’est pas chose aisée. C’est
tout un fragile équilibre qu’il faut déplacer
sans qu’il soit rompu. C’est pourquoi on
utilise un type d’organismes avec un fort
potentiel d’adaptation. La connaissance du
génome et des mécanismes métaboliques
des ces bactéries ouvre ainsi de nouvelles
pistes de recherche pour les laboratoires de
biotechnologies.
Au final, il faut obtenir une production
importante pour de bons rendements et
des coûts réduits. Les contraintes sont mul-
tiples : les organismes doivent par exemple
Jason Gutierrez/Getty Images
être suffisamment résistants pour être utili-
« L’industrialisation de l’énergie à partir de micro algues ne pourra se faire en Europe qu’à condition de sés à l’échelle industrielle où ils ne seront
mettre en place des collaborations fortes entre industriels et chercheurs. » pas autant protégés des éléments extérieurs
qu’en conditions de laboratoire. Une autre
nes à éthanol, butanol ou encore hydro- betterave...) ont des rendements ne dépas- Production d’hydrogène approche est même envisagée : imiter les
gène. sant pas les 10.000 l/ha/an. Cette techno- Alors qu’on cherche à remplacer les car- mécanismes chimiques de la photosynthèse
Une équipe d’Amsterdam développe de logie utiliserait donc les micro-organismes burants fossiles de notre économie du tout- de ces organismes et reproduire des molé-
son côté le concept Photanol, pour la pro- comme un catalyseur de la production con- pétrole, l’équipe du professeur Lindblad à cules possédant des propriétés similaires.
duction de différents produits dont l’étha- tinue de carburant. Nombre des inconvé- l’université d’Uppsala, prépare déjà le bio- ANTOINE BAUDOIN
nol, un des biocarburants les plus utilisés à nients des biocarburants actuels (faibles carburant de la « société de l’hydrogène ». Ambassade de France en Suède
l’heure actuelle. Dans ce dernier cas, le ren- rendements, compétition avec les pro- Les organismes unicellulaires utilisant la
dement atteint 50.000 l/ha/an alors que les duits alimentaires...) disparaissent avec les lumière du soleil pour réaliser leur photo- Pour en savoir plus :
techniques de production de bioéthanol de micro-algues. synthèse produisent des ions H+ comme www.science-direct.com/science/journal/
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La baisse des prix du carburant sous perfusion

ne peut continuer dans les DFA
la suite de la publication de l’avis hausse du prix du carburant, car le gou-

À de l’Autorité à la Concurrence du
26 juin dernier, mettant à l’index
les effets pervers des prix des carburants
dans les départements français d’Améri-
que (DFA), la secrétaire d’État à l’Outre-
mer, Marie-Luce Penchard, a fait savoir
qu’une demande de baisse du prix à la
pompe devait être envisagée pour la ren-
trée prochaine.
Les réactions d’André Armougon, secré-
taire général de la SARA, sur la perspec-
tive du mode de révision et de fixation du
carburant en Martinique, se sont orientées
sur la problématique des entreprises pour-
voyeuses d’emplois. Il déclare à la presse
« ne pas être surpris par cette annonce
du secrétaire d’État et avoir compris que
les mécanismes doivent être élaborés
pour permettre une plus grande visibilité.
Cependant, il ne faut pas ignorer la réalité
de l’entreprise qui doit avoir les conditions
d’un équilibre économique nécessaire et
indispensable à son existence ».
Précisons que la SARA, Société Ano-
nyme de Raffinerie aux Antilles, a été
créée en 1969 sur le territoire de la Mar-
tinique, par les groupes pétroliers français
de l’époque Elf et Total, en association
avec des groupes étrangers tels que Shell,
Esso et Texaco, pour assurer une indépen-
dance énergétique constante aux Antilles
et à la Guyane. C’est sur le territoire du
Lamentin en Martinique qu’est traité sur
43 hectares, le pétrole brut importé, grâce
à une capacité de stockage de 168.400 m3
de brut, pour être raffiné sur une capacité
de 78.975 m3 de produits finis. Ce pétrole
raffiné (fioul, gaz, GPL, essence, kéro-
sène, gasoil, fuel, oïl) est donc utilisé en
Martinique, en Guadeloupe (dépôt Jarry)
et en Guyane (dépôts de Dégrad-des Can-
nes, Larivot et Kourou).
Le pétrole brut pour sa part est importé
de Trinidad, de la Mer du Nord (Flotta,
Ekofisc, Oseberg), ou bien du Venezuela
(Santa Barbara).
Les propositions de la mission
Bollier
Le deuxième rapport souligne les déri-
ves actuelles du système « qui aboutit
à protéger les revenus des compagnies
pétrolières, dispensées de se faire con-
« Un carburant moins cher en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane, c’est le souhait de tous les
automobilistes. »
currence et peuvent ponctionner les mar-
ges de détail, régulièrement augmentées
par les pouvoirs publics ». Il est dit aussi
que « les pétroliers ne donnent aucune
information sur les prix d’achat réels
des produits raffinés. La commission fait
des propositions pour une concurrence
accrue. Elle souhaite que l’importation des
carburants soit ouverte aux opérateurs qui
ne sont pas des compagnies intégrées ».
L’observatoire de la Concurrence, le
gendarme du contrôle, préconise un cer-
tain nombre de pistes pour faire baisser
les prix à la pompe, mais à quel prix ? En
effet, un carburant moins cher en Martini-
que, en Guadeloupe et en Guyane, c’est
le souhait de tous les automobilistes. Sur
cette question, il y a unanimité. Mais, les
rapporteurs précisent que le coût du car-
burant de 17 centimes de plus à la pompe
est généré par la taille de la raffinerie.
Aussi, pour parvenir à réduire le coût à
la pompe, plusieurs solutions sont pro-
posées :
- importer directement du pétrole raffiné
et cela ferait disparaître la SARA avec ses
280 emplois martiniquais, guadeloupéens
et guyanais dont parmi eux, de nombreux
techniciens et ingénieurs,
- s’approvisionner dans le bassin cari-
béen, en utilisant du carburant non-con-
forme aux normes européennes. Cette
solution risquerait de coûter cher, car se
posent des problèmes écologiques, sans
compter que le produit pétrolier hors
norme ne sera pas adapté aux moteurs
HDI,
- l’automatisation des stations ser-
vice pourrait faire gagner 2 à 3 centimes
d’euros par litre, mais cette solution pré-
voit la suppression d’un millier d’emplois
dans les 98 stations de la Martinique. Ceci
Photos.com
est inimaginable pour les syndicats, dans
le contexte actuel, qui mettent la pres-
sion pour que soit versée à ces employés
la prime de 200 euros. Les gérants y
seraient favorables à conditions que leur
marge soit revue à la hausse.
La perfusion du gouvernement
doit cesser
L’essence augmente de 7 centimes à
la pompe dans les DOM. La Martinique, la
Guadeloupe et la Guyane, voient le litre de
sans-plomb passer de 1,08 à 1,15 euro et
celui du gasoil de 0,84 à 0,91 euro. Face
à cette décision, les syndicats dénoncent
une absence de négociation et protestent
vivement pour des salaires plus élevés et
des prix plus bas.
La Secrétaire d’État à l’Outre-mer,
Marie-Luce Penchard avait annoncé le 2
septembre dernier à Fort-de-France, une
vernement ne peut pas continuer à sup-
porter le gel des prix à la pompe dans les
DFA. Financée par l’État de décembre à
mai 2009, l’aide s’élevait à 44 millions
d’euros, avec un reliquat de 100 millions
d’euros pour la fin de l’année. L’objectif est
de trouver une solution ensemble et avec
la compréhension de tous, élus, consom-
mateurs et sociétés pétrolières.
La secrétaire d’État plaide en
faveur de la responsabilité des
acteurs
La secrétaire d’État a demandé à cha-
que acteur d’être responsable. Elle a
déclaré lors de son passage aux Antilles
le 2 septembre dernier : « J’attends de ce
déplacement que chacun assume avec
beaucoup de responsabilité cette ques-
tion et que l’on ne s’écarte pas du sujet
pour relancer des conflits sociaux, car je
ne crois pas que la Martinique et la Gua-
deloupe aient besoin de conflits aussi
importants que ceux qu’elles viennent de
connaître. La situation économique est
très préoccupante, les indicateurs nous
le montrent. Il faut que l’on puisse trouver
une solution tous ensemble et pour cela, je
fais confiance aux élus responsables, aux
sociaux professionnels et représentants
des syndicats ».
Le 9 septembre 2009, le litre d’es-
sence a augmenté de 7 centimes d’euros
par arrêté préfectoral n° 09.03025 de la
Région de la Martinique du 8 septem-
bre 2009 relatif au prix maximum de cer-
tains produits pétrolier. Il a également été
décidé, suite au rapport Bollier, d’envisa-
ger que le taux de rentabilité des capitaux
mis en œuvre dans la compagnie pétro-
lière de la SARA, soit ramené de 11 à 8 %.
Cette question est à l’étude au sein de la
société, qui est prête à jouer le jeu, si les
intérêts des entreprises concernées ne
sont pas menacés.
Il convient de préciser que depuis ce
mois de septembre le prix du baril est
passé de 40 à 70 dollars, cela ne devrait
pas affecter pour l’heure le budget des
consommateurs des DFA.
CHRISTINE MODOCK
LA GRANDE EPOQUE
MARTINIQUE

Art N’ Vie : Art de la nature

mplantée en Guadeloupe depuis plu-

I sieurs années, Art N’ Vie située à Dam-

pierre Le Gosier, est une petite entreprise
artisanale fondée, nourrie et développée
par Cléo et Jean-Pierre Norbert. Tel un
coup de poker, leur aventure a démarré
sur les chapeaux de roue. Mais on ne s’im-
provise pas artiste du jour au lendemain…
Voulant vivre leur passion, de difficultés en
persévérance, Cloé et Jean-Pierre sont
devenus des « fabricants d’art ». Un art ins-
crit dans et pour la nature…

LGE : Quand êtes-vous arrivée en

Guadeloupe et qu’est-ce qui vous a
motivée à faire de l’artisanat ?
Cléo : Voilà 15 ans que je suis en Gua-
deloupe. Avant de me consacrer purement
à l’art et à l’artisanat j’ai exercé différentes
sortes de métiers en Guadeloupe, mais
quand on a la fibre artistique, on ne peut Art N’ Vie – Dampierre 97190 Le Gosier

pas faire autrement que d’y aller, donc on Sculpture lumineuse.

abandonne le salariat. J’ai commencé par
la noix de coco tout en faisant des recher- des ampoules incandescentes mais nous c’est un petit coin de la Guadeloupe que
ches sur les roches, les plantes, la lumière, les avons remplacées par des ampoules nous mettons en valeur, des minis paysa-
l’eau, etc. led, c’est plus moderne. ges, un petit clin d’œil au côté magnifique Art N’ Vie – Dampierre 97190 Le Gosier

Comme cela demande des années
d’études et de recherche, nous avons
développé plusieurs créations. J’ai com-
mencé à faire des bijoux en graines loca-
les, en verre, en pierre. Nous avons fait
des suspensions avec des orchidées et
d’autres plantes. Nous créons beaucoup
d’articles sur mesure et d’objets décoratifs,
des mobiles à la demande du client avec
parfois les matériaux qu’ils ramènent de
leurs voyages. Nous nous imprégnons de
leurs goûts et de leur environnement pour
réaliser leurs commandes et suivons leurs
directives.
Au fil des années nous évoluons. Avant
pour les roches éclairées, nous utilisions
Nous offrons une gamme diversifiée de
roches plantées, un grand choix de cou-
leurs et de tailles selon la demande des
clients. L’essentiel, c’est que ces créa-
tions sont faites par Art N’ Vie, à la main,
avec seulement des produits naturels. Ce
sont des pièces uniques faites avec beau-
coup d’amour.
LGE : Qu’utilisez-vous comme maté-
riaux ?
Cléo : Les matériaux utilisés, sont tous
ceux qui se rapprochent de la nature, et
l’on peut faire des œuvres d’art, même
avec les broméliacées (ananas sauvage)
dans les arbres. Tout ce que nous faisons,
de notre île. Photophore en noix de coco.
LGE : Bonjour Jean-Pierre, d’où Jean-Pierre Norbert : J’ai commencé développer ?
venez-vous ? par la restauration, travaillé en boîte de Jean-Pierre Norbert : J’ai le projet de
Jean-Pierre Norbert : Je suis né en nuit, au bar, fait du son, de la scène, développer tout ce qui est en rapport avec
France de parents martiniquais, mais je ensuite, j’ai fait de la musique et je joue la nature en fonction des cinq sens : la
me suis épanoui en Guadeloupe depuis dans plusieurs groupes. Maintenant je me lumière pour les yeux, le son pour l’écoute,
22 ans. consacre à l’artisanat, avec des lumières le goût, dans le culinaire, le toucher dans
de différentes couleurs incrustées dans la les cocos et autres.
LGE : Pourquoi la Guadeloupe ? roche, ce qui donne un effet de plusieurs En venant découvrir l’atelier et ses fabri-
Jean-Pierre Norbert : Mes parents nuances reposantes se reflétant sur les cations, le visiteur sera sûr de recevoir un
habitaient ici, et je suis tombé amoureux murs. Je m’exprime dans ces roches, les accueil chaleureux de ce couple qui fonc-
de cette île. créations lumineuses, ou des fontaines tionne en symbiose lors de toute création.
pensées et réalisées par moi-même. JADE RENATA
LGE : Que faisiez-vous, et que faites- LA GRANDE EPOQUE
vous actuellement ? LGE : Par la suite que voulez-vous GUADELOUPE
La Grande Époque ● 16 – 30 SEPTEMBRE 2009 www.lagrandeepoque.com Société 13
La crise, un facteur de mutation des comportements ?
Plus d’un an après l’arrivée de sultations les plus fréquentes sont celles Mais la crise ne touche pas seulement
la crise, le quotidien des Fran- d’articles de presse (46 %) ou de recet- les Français dans leur environnement
tes de cuisine (34 %), tandis que les opé- privé. Le cadre professionnel, et notam-
çais connaît-il des changements rations bancaires via le web (47 %) et les ment l’entreprise, connaît elle aussi des
dus à ces répercussions ? achats en ligne (34 %) se pratiquent cou- changements non négligeables.
L’institut de sondage IPSOS a ramment. Les changements de comportement
Outre le multimédia, les loisirs liés des consommateurs induisent des bais-
réalisé quelques enquêtes des- à l’amélioration du cadre de vie dans ses de fréquentation de certaines caté-
tinées à mesurer comment ils la maison font eux gories d’entreprises
perçoivent cette nouvelle situa- aussi recette. Le Le jardinage devient au profit d’autres,
tion économique et quels sont jardinage n’est ainsi plus à même de
les changements qui ont été plus l’apanage des aussi un loisir pour répondre aux nou-
seniors (64 % des veaux besoins de
opérés peu à peu afin de faire 50-70 ans) puisqu’il les plus jeunes : la population. De
face à cette crise. devient aussi un loi-
28 % des 15-30 ans manière générale,
sir pour les plus jeu- 55 % des dirigeants
Le pouvoir d’achat vient bien sûr en
tête des préoccupations puisque 56 %
nes : 28 % des 15-30
ans déclarent jar-
déclarent jardiner interrogés, tous sec-
teurs confondus,
des Français déclarent une diminution diner au moins une au moins une fois considèrent qu’ils
de leur niveau de vie, dont 27 % affir- Photos.com fois par mois en résistent à la crise,
ment qu’il a « beaucoup » diminué. « Pour faire face à la crise, les Français réduisent donc leur budget, 2008 et 55 % des 30- par mois en 2008 et leur activité étant
La cause principale demeure la en renonçant à certaines dépenses telles que l’achat de produits qui 50 ans en font aussi stable ou en aug-
hausse des prix (pour 57 % d’entre eux), ne sont pas de première nécessité ». une de leurs activi- 55 % des 30-50 ans mentation pour 12 %
mais vient ainsi s’ajouter une nouvelle
donnée qui est la stagnation des salai- le critère de choix reste le prix avant l’ori- crer moins d’argent. Viennent ensuite les
tés domestiques. Le
bricolage et la déco-
en font aussi une d’entre eux. C’est le
secteur du BTP qui
res. Alors pour faire face à cette situa- gine de fabrication. bars (61 %), les restaurants (58 %), le ration ne sont pas en de leurs activités semble le moins tou-
tion, les Français réduisent donc leur cinéma et le théâtre (55 %). reste, l’objectif final ché pour 54 % d’en-
budget, en renonçant à certaines dépen- Développement des activités à Mais alors, que font-ils donc à la mai- étant de se cons- domestiques. tre eux…
ses telles que l’achat de produits qui ne la maison son ? Ce foyer qui est demeuré si long- truire un cadre de Parmi les 45 %
sont pas de première nécessité (pour Parallèlement, la réduction du budget temps un refuge pour les membres de vie agréable tout en réalisant des éco- restants qui connaissent des difficultés,
49 % d’entre eux) ou la diminution des loisirs et sorties voit le développement de la famille, semble peu à peu, se tour- nomies substantielles. Il faut noter aussi on constate que bien que tous les sec-
dépenses consacrées aux loisirs (43 %). plus d’activités pratiquées à la maison. ner vers l’extérieur, permettant à chacun l’utilisation croissante des consoles de teurs d’activité soient affectés, ce sont
Le lieu d’achat évolue aussi en faveur Les Français déclarent donc passer plus de « garder un œil » sur le monde envi- jeux telles que la « wii » qui permet de surtout les PME du secteur industriel
des magasins discount qu’une personne de temps à la maison et « boudent » par ronnant. Internet y est l’activité-phare et tout faire (ou presque) virtuellement de (53 % d’entre eux) ainsi que les PME de
sur trois (34 %) dit fréquenter plus que nécessité, les lieux de divertissements intègre même le quotidien des Français. son salon… 10 à 249 salariés (54 % des patrons de
l’année dernière. Quant aux produits habituels. Les discothèques et les clubs Par là-même, le désir de confort d’utilisa- PME de 50 à 199 salariés et 65 % de 200
achetés, leur origine semble être moins sont les plus touchés puisque 67 % des tion s’installe et le haut-débit fait de plus Évolution des comportements à 249) qui semblent les plus touchées.
importante que leur prix, c’est-à-dire que personnes interrogées affirment y consa- en plus recette dans les foyers. Les con- dans le cadre professionnel FRÉDÉRIQUE PRIVAT

Confiance ? Confiance !
Savez-vous que la monnaie, différentes transactions de notre monde États qui ont dû définir des plans d’action ble bien entamé, et la fin de l’année 2009
que nous utilisons chaque jour, moderne. Ainsi la relation entre le patient pour redonner confiance dans les roua- s’annonce plutôt morose pour la plupart
et son médecin, entre le professeur et ges financiers. Grâce à la recapitalisation des pays. Une certaine défiance s’ins-
sous la forme de papier, s’ap- ses élèves, entre le maire d’une com- des banques, à l’aide de chiffres astro- talle et se matérialise, soit par la montée
pelle monnaie fiduciaire : de mune et ses administrés : entre le gou- nomiques, la banqueroute a été pour le en charge d’une certaine résistance tant
fides en latin, qui signifie con- vernement et les citoyens d’un pays. moment évitée et la confiance restaurée. politique que sociale pour les réformes
fiance. Ainsi quel lien peut-il que pourrait mener une certaine adminis-
La confiance socio-économique La confiance et notre devenir tration, ou une non-compréhension pour
exister entre un bout de papier La fin de l’année 2008 a vu l’explosion Notre attitude face à l’avenir en dit une taxe, alors que tout le monde est
qui nous sert à effectuer nos d’une crise financière, dont les retentis- aussi long sur notre rapport à la con- d’accord sur l’objectif à atteindre.
transactions commerciales et la sements sur la vie économique et sociale fiance. Nous nous projetons parce que Notre monde moderne traverse des
confiance ? de l’ensemble de la planète, continuent nous avons confiance en elle. Mais moments particuliers, de remise en
à créer des remous. Qualifié de tsunami, nous pouvons tout aussi nous projeter, cause des postulats qui ont participé à
la crise a dévasté le paysage économi- dans un contexte de fuite en avant face sa construction. Les équilibres sociaux,
La confiance est ce sentiment de que qui tente doucement de se remettre. à la défiance que nous avons en l’ave- stratégiques ont changé. Notre rapport à
sécurité que l’on développe vis-à-vis de Dans ce contexte, c’est autour du con- nir. Ainsi une attitude peut avoir diffé- l’autre à évolué.
quelque chose ou de quelqu’un. Dès sa cept de confiance que cette crise finan- rentes interprétations, tout en ayant le Entre confiance et défiance : en l’autre,
naissance, le sentiment de sécurité, dans cière s’est structurée. Perte de confiance même résultat. De la même manière, en nous, en l’avenir, notre devenir dans
lequel baigne le nouveau-né, lui permet dans des produits financiers non fiables. la confiance devient un indicateur : l’in- ce monde en mouvance, nous ques-
de construire sa confiance dans la vie, Perte de confiance dans la réputation dice de confiance qui permet de mesu- tionne.
selon les pédopsychiatres et le bon des banques. Perte de confiance dans rer la vision de l’avenir des entreprises EDWIGE ANSAH
sens populaire. Fondement de la relation les titres boursiers, ces bouts de papiers ou des ménages. Il permet de mesurer
humaine, la confiance a pu ainsi être à la qui représentent la valeur commerciale leur propension à investir ou à consom-
racine des pactes entre les peuples, de du produit financier : la confiance qui leur mer et d’estimer ainsi les possibilités de « Notre attitude face à l’avenir, en
l’entente entre pays et de la construction est accordée, sur la bonne foi de leur reprise économique pour un pays. dit aussi long sur notre rapport à la
du monde contemporain. santé économique. confiance. Nous nous projetons parce
Cette confiance se retrouve tant au Cette confiance a pu être partielle- Confiance, défiance que nous avons confiance en lui. »
sein de la cellule familiale que dans les ment recouvrée, grâce à l’implication des Pour autant, le capital-confiance sem- Photos.com

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14 Santé et Bien-être www.lagrandeepoque.com 16 – 30 SEPTEMBRE 2009 ● La Grande Époque

Grippe : vaccin ou prévention naturelle ?

Le vaccin D est nécessaire.

Vieux remèdes pour soi-

gner la grippe
contre L’argent colloïdal est un antibiotique
naturel puissant qui tue 650 microbes,
virus, bactéries et champignons. Il ne
la grippe procure aucun effet secondaire connu et
n’offre aucune interférence en présence
d’autres médicaments (1).

H1N1 est-il La propolis est aussi un antiseptique

naturel issu des abeilles. Il est préféra-
ble de prendre de la propolis purifiée en
poudre sans alcool ou en extrait hydro-
dangereux ? alcoolique.
Le charbon actif en poudre est un anti-
poison notoire. Il absorbe les toxines et
-t-on programmé pour cet automne favorise le rétablissement.

A une répétition de l’histoire avec la

vaccination contre la grippe A aux
États-Unis ? En 1976, la formule du vac-
En cas de refroidissement comme pour
la grippe, il faut boire beaucoup et chaud.
La tisane de thym (antiseptique) addition-
cin qui avait à peine été testée ne con- née de miel est tout à fait indiquée. Si la
tenait pas de Thimerosal (mercure gorge est irritée, un gargarisme avec une
éthylique), mais celle qui a été donnée eau tiède et de l’argile blanche atténue
au public en contenait ! Avant que le pro- tout de suite les picotements ; la poudre
gramme de vaccination ait été arrêté, 46 Bolus de Weleda est excellente.
millions de personnes avaient été vacci- Enfin, le chlorure de magnésium est
nées. 4.000 personnes ont intenté des connu pour être un antigrippe naturel
poursuites judiciaires pour obtenir des efficace, qui a fait ses preuves lors de la
dommages et intérêts suite aux effets première guerre mondiale avec la grippe
indésirables de la vaccination, notam- espagnole. Il est antiallergique, antitoxi-
ment des lésions neurologiques comme que, anti-inflammatoire. On dissout du
le syndrome de Guillain Barré, la paraly- chlorure de magnésium dans de l’eau
sie et jusqu’à la mort. faiblement minéralisée – le goût est amer
Cette année, on entend dire que la – et prendre un décilitre par jour le matin
plupart des doses seront en flacons mul- et en cas d’infection 1 décilitre toutes les
tidoses ce qui oblige à les conserver six heures.
avec du Thimérosal (49,5 % en poids de photos.com

mercure, un composé dont l’innocuité n’a La grippe est une maladie qui se soigne en dormant beaucoup, en restant au chaud, en s’hydratant et en
jamais été démontrée, alors que cela est prenant quelques médicaments pour fortifier le corps et soulager les symptômes.
requis par la loi).
Cependant, à la différence de la dernière mille à un pour un million pour les personnes
fois : en bonne santé, il est possible que les effets
(a) la firme américaine MedImmune prépare secondaires du vaccin soient plus importants
25 millions de doses avec un virus de la grippe que les risques réels de la grippe H1N1.
vivant mais atténué, ce qui assure qu’il y aura
au moins 25 millions de cas de grippe A.
En 1976, un seul homme non vacciné est
mort après avoir contracté la grippe, car il avait
(b) Il y aura plusieurs fournisseurs de vac- dû faire une marche forcée alors qu’il était
cins antigrippaux inactivés qui vont produire malade, alors que 25 personnes sont mortes
des vaccins avec différents profils et par con- après avoir reçu le vaccin.
séquent, différents effets nocifs de sorte qu’il En ce qui concerne l’inoculation du virus
sera plus difficile de prouver que le vaccin est vivant de la grippe porcine, FluMist indique
à l’origine de complications. Des vaccins sans clairement que la personne inoculée est infec-
adjuvant chimique pourront être testés, mais tée par un virus vivant atténué, ce qui va, en
dans la majorité des cas, ils contiendront des théorie renforcer les défenses immunitaires –
adjuvants. mais la personne vaccinée peut infecter les
(c) Il n’y aura aucune compensation garantie autres.
pour les personnes souffrant d’effets secondai- Si, comme le gouvernement le prétend, la
res, parce que ces vaccins ne sont pas testés grippe H1N1 se propage très facilement, les 25
adéquatement en terme de sécurité ou d’effi- millions de personnes qui reçoivent un vaccin
cacité. Quelques essais cliniques pour véri- avec le virus vivant atténué compteront pour
fier l’efficacité et la bonne dose ont débuté fin 25 millions de personnes infectées.
juillet, mais ils sont réalisés sans essais sécu- Un scénario catastrophe pourrait décou-
ritaires appropriés (où un placebo ne conte- ler de la rencontre entre le virus H1N1 « sau-
nant qu’une solution saline stérile est utilisé). vage » et le virus H1N1 modifié. Au pire, sa
Ceci étant justifié par la « sécurité » des vac- virulence pourrait passer de 1 % à 30 % et la
cins antigrippaux humains développés depuis transmissibilité augmenterait. Scénario catas-
les années 1950. Aux Etats-Unis, l’autorisa- trophe que personne n’est capable d’anticiper.
tion de vendre ces vaccins contre la grippe A Une certaine propagande amène à dépen-
sera accordée du fait de l’alerte à la pandémie, ser des milliards qui pourraient bien porter
un scénario qui ne passe apparemment par dommage aux fœtus, aux femmes enceintes,
aucune autorisation réglementaire de la Food aux enfants et à toute personne inoculée. Un
and Drug Administration. simple « Non merci ! » à un vaccin inefficace,
(d) Comme pour tous les vaccins, aucune voire dangereux devrait être possible sans être
recherche ne sera faite sur les effets à long menacé de perdre son emploi ou de voir la
terme de l’empoisonnement au mercure ni sur porte de son école se refermer.
les déficiences du système immunitaire qu’il Aux États-Unis, seul un refus en masse
pourrait provoquer. La plupart des tests ne font aurait une chance d’obtenir gain de cause car
des recherches sur des effets négatifs que sur de récentes lois ont permis la construction de
21 jours. nouveaux centres de détention, la formation
(e) Le scénario actuel recommande de pren- des soldats américains pour aider à la ges-
dre le vaccin contre la grippe annuelle, plus tion des « dissidents » ainsi que la déclaration
deux doses contre la grippe A, soit trois injec- d’une « urgence en santé ».
tions en tout. Le docteur King est le fondateur des sys-
(f) Les femmes enceintes – et donc les tèmes FAME, un cabinet de conseil pharma-
enfants à naître – seront les premières à ceutique spécialisé dans le système qualité et
être vaccinées. Chaque vaccin contre la conformité réglementaire. Il est également le
grippe contenant du mercure a comme effet conseiller scientifique et secrétaire du CoMeD,
chez une femme enceinte d’accroître le ris- Inc., une organisation à but non lucratif dont
que d’avoir un enfant présentant une anoma- les objectifs sont notamment l’arrêt de toute
lie congénitale grave comme la fente palatine, utilisation de mercure dans la médecine.
une microcéphalie, et une sténose du pylore DR PAUL G. KING
(dysfonctionnement de vidange de l’estomac NEW YORK
et des problèmes gastro-intestinaux). Puis
les enfants les plus fragiles seront vaccinés Pour en savoir plus :
et enfin les adultes ; à moins que, comme en http://www.youtube.com/watch?v=5lcJt4jX1Vo
1976, les effets secondaires néfastes soient si http://www.dailypaul.com/node/103773
répandus qu’ils refusent en masse de se faire http://clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT00956046
vacciner. http://mercury-freedrugs.org/docs/20090709_
En outre, vu que le taux de mortalité de la Drft_ReviewOfFDAsThimerosalinVaccinesQ
grippe A semble être de l’ordre de un pour cent Ab.pdf
Les recettes des spécialis-
tes de phytothérapie
Catherine Lorrain est responsable
régionale de PhytoPrevent, un laboratoire de phytothé-
Prévention rapie français qui prépare des extraits fluides de plantes
fraîches standardisés (EPS). Elle propose en préven-
tion des EPS de cyprès et d’échinacée (une cuillère
et soins à café par jour, cinq jours sur sept ou PhytoStandard
Cyprès-Echinacée : deux cuillères à café par jour (du
lundi au vendredi pendant un mois) (2).
Michel Deville, fondateur du centre de recherches et
naturels d’applications sur les oligoéléments à Nyon, en Suisse,
explique que les oligoéléments et les huiles essentiel-
les sont utilisés depuis des milliers d’années. Il propose
contre la une série d’oligoéléments et des huiles essentielles qu’il
a mis au point à prendre comme suit en prévention.
Le sirop du « Père Michel », un complexe contenant
du cuivre, de l’or, de l’argent, du magnésium, du man-
grippe ganèse, du zinc, de la propolis, de la sauge, des hui-
les essentielles de cajeput, d’eucalyptus, de niaouli et
de thym, donne l’énergie nécessaire au bon fonctionne-
es recommandations préconisées par les gouver- ment de l’immunité et peut être pris en préventif comme
L nements sont des éléments de base qu’il faudrait en curatif (3).
appliquer tout le temps. C’est le minimum de bon Pour renforcer le système immunitaire, un mélange
sens et d’hygiène. Néanmoins, si le corps est affaibli, des huiles essentielles suivantes – basilic, feuille de
il est vulnérable et résistera moins aux virus qui l’en- laitue, camomille romaine, cannelle de Ceylan, car-
vahissent. damome, carvi, cyprès, épinette noire, eucalyptus
citronné, girofle, lemongrass, Litsea, menthe poivrée,
Des conseils élémentaires à suivre myrte rouge, niaouli, palmarosa, pin sylvestre, raven-
toute l’année sare aromatique, sarriette des montagnes, tea tree –
Dormir suffisamment, entre six et neuf heures sui- contenu dans le complexe Infecto est à prendre tant en
vant les individus. Pour tout un chacun, les heures préventif qu’en traitement curatif.
avant minuit et jusqu’à cinq heures du matin sont les Le sureau noir est un vieux remède de grand-mère.
meilleures. Selon la médecine chinoise, chaque organe Après avoir été testé par plusieurs études, il est reconnu
a une heure dans la nuit pour se régénérer. Par exem- comme un excellent remède. Il a un effet immuno-pro-
ple, le méridien du triple réchauffeur agit sur les défen- tecteur ou immunostimulant et ses propriétés antivirales
ses immunitaires et son créneau est de 21 à 23 heures. se sont révélées efficaces, notamment contre les diffé-
Quand on ne se sent pas en forme, prendre un bain rentes souches du virus de la grippe. On le trouve en
avec des huiles essentielles de lavande ou d’eucalyp- capsules sous les noms de Sambucol ou sous la mar-
tus, un grog ou une tisane au miel… et au lit très tôt. que Alpinamed qui contient également du zinc et de la
Oxygénez-vous, bougez-vous. Le corps est fait pour vitamine C, entre autres.
être actif. Une activité physique saine permet à l’orga- Autre proposition, le traitement préventif homéo-
nisme d’éliminer les toxines en oxygénant le sang et pathique avec Influenzinum 9 CH. Pour se soigner, il
donc toutes les cellules. Activer la circulation sanguine faut avoir chez soi en dilution 9 CH : Aconitum, Arnica,
stimule toutes les fonctions de l’organisme. Profitez de Eupatorium, Ferrum phosphoricum, Belladona, Bryonia,
chaque opportunité au quotidien. Gelsemium, Pyrogenium, Rhus toxidendron, Tuberlicu-
linum aviaire et demander à son homéopathe d’indiquer
Une alimentation équilibrée les préparations les plus appropriées en fonction des
Par manque de temps, d’envie ou d’argent, on ne symptômes.
mange pas toujours assez de légumes et de fruits, de Le centre homéopathique du Québec donne des
protéines et de céréales complètes qui apportent les cours d’homéopathie sur Internet. Il propose de pren-
vitamines et oligoéléments nécessaires. Les céréales dre cinq granules en 200 CH ou un demi-tube de dose
germées sont très riches en minéraux, acides aminés, d’aviaire 200 CH une à deux fois par mois de septem-
oligoéléments, antioxydants, et en vitamines A, B, C, bre à avril (une fois si vous n’êtes pas sujet à la grippe,
D. Elles contribuent à un bon équilibre nutritionnel. Les deux fois si vous êtes fragile) (4).
graines germées d’alfalfa sont parmi les plus riches et CATHERINE KELLER
sont faciles à cultiver toute l’année à la maison.
La vitamine C est bien connue pour fortifier les défen- Pour en savoir plus :
ses immunitaires. Les kiwis en sont très riches, man- (1) www.argentcolloidal.com
gez-en à volonté. Plusieurs études révèlent aussi que la (2) http://phytoprevent.com/
vitamine D active les défenses immunitaires. Une expo- (3) www.bioligo.ch Bioligo France, tél. : 04 42 28 59 04,
sition quotidienne d’une demi-heure au soleil suffit pour e-mail bioligo.france@wanadoo.fr
faire le plein, mais en hiver un complément de vitamine (4) www.chquebec.com
La Grande Époque ● 16 – 30 SEPTEMBRE 2009
Cultiver ses légumes sur bois raméal fragmenté
« Jamais des légumes n’ont été
cultivés sur ce Causse ! » Pour-
tant, là devant nous, sur une terre
ferrugineuse et caillouteuse, en
plein Causse du Quercy, au sud
du Massif Central, un potager
verdoyant se détache de la végé-
tation jaunissante de fin d’été.
S’y côtoient pieds de tomates et
de framboisiers, persil, coriandre
ou basilic, haricots verts et secs,
céréales, concombres, melons ou
cives...
acky Dupéty, propriétaire de cette
www.lagrandeepoque.com Art de vivre 15
nique sur la terre. » Une symbiose s’éta- que ces cultures seraient plus en mesure
blit entre la terre, le bois, les champignons de résister à la sécheresse. L’association
qui s’en nourrissent et les plantes de cul- vise à arrêter progressivement l’usage
ture, à l’image de la litière forestière. Cet des insecticides et fongicides. Après deux
amalgame, qui acquiert vite une bonne années de BRF, les plantes se défendent
autonomie, ne nécessite quasiment plus mieux : sans insecticides, le rendement
d’intervention humaine. La couche de n’est inférieur que de 5 à 10 % par rapport
BRF ne devra pas être renouvelée avant aux cultures avec apports chimiques. Le
plusieurs années. Et encore : les champi- temps et la mise en place de l’écosystème
gnons étant déjà sur place, pas besoin de aidant, cette différence devrait encore s’es-
mélanger la terre de nouveau. tomper.
« C’est dérangeant parce que ça va à Le groupe de coordination sur les bois
l’encontre, d’une part de toute une men- raméaux recommande que seuls les
talité paysanne qui pense que la terre ne rameaux (feuillus locaux) ayant moins de
peut produire que si l’on s’acharne, et de 7 centimètres de diamètre soient utilisés
l’autre d’un système agricole qui fonctionne dans cette technologie, et que la dimension
avec emprunts, machinerie et achats d’in- des copeaux varie de 5 à 10 centimètres.
trants. » Ceci évite, entre autres, le conflit potentiel

J oasis en ce désert assure ne pas pos-

séder de réserves d’eau secrètes, et
mieux encore : « Je n’ai pas arrosé une
seule fois depuis le début, en 2004 !» Ni
miracle, ni don du ciel, l’abondance du jar-
din de Jacky repose sur l’utilisation d’une
méthode d’agriculture canadienne, le bois
raméal fragmenté (BRF). Cet ancien cita-
din, aujourd’hui agriculteur, s’est installé
en 1999 sur le plateau. En cherchant une
solution au manque d’eau, après la séche-
resse de 2003 où « toutes les céréales
sont restées sur pied, faute de graines »,
il tombe « par hasard » sur les travaux du
professeur Lemieux à propos du BRF. Il lit,
puis passe à la pratique. « Ça consiste à
broyer le bois d’élagage que je récolte à
l’automne, puis à l’épandre en couches
de 3 centimètres pendant l’hiver. J’attends
deux à trois mois, puis je le mélange à la
terre, et voilà ! »
Pour l’année dernière, 1,3 tonne de
tomates pour 600 pieds et quelque 200
kilos de courgettes pour 12 pieds. « C’est
pas énorme dans l’absolu, mais il faut con-
sidérer le fait que je n’ai pas travaillé. »
De fait, outre qu’elle est révolutionnaire
puisqu’elle se fait sans apport d’eau, la
méthode BRF permet aussi de peu tra-
vailler la terre : pas d’apports d’intrants,
pas de compost. « À part le broyage et le
semis, il n’y a aucune intervention méca-
Peut-être est-ce la raison pour laquelle
les travaux du professeur Lemieux, com-
mencés au Canada il y a plus de trente
ans, n’ont jamais tenté les financeurs.
Plusieurs expériences montrent pourtant
de façon flagrante les intérêts du BRF :
augmentation de la matière organique du
sol, stimulation de la mésofaune, produc-
tion d’azote et de phosphore, meilleure
résistance à la sécheresse, augmenta-
tion du rendement en culture maraîchère,
meilleure résistance aux maladies. Quoi
qu’il en soit, si la méthode fonctionne, on
ne sait pas encore vraiment pourquoi. « Il
y a eu des tests en laboratoire, mais rien
de probant. Après tout, quelle importance ?
Moi, je l’ai fait, et ça marche : la seule expli-
cation qui vaut, c’est le goût de mes toma-
tes. »
Juteuses et denses, ces tomates-là n’ont
pas grand-chose à voir avec les boules
rouges insipides des gondoles de super-
marché. Elles sont même meilleures que
les bios arrosées. « Comme les légumes
poussent avec moins d’eau, ils ont plus de
matière sèche » [ndlr. 30 % d’après le pro-
fesseur Lemieux]. Pour convaincre les plus
sceptiques, Jacky propose, tous les quinze
jours, des journées de formation à l’agricul-
ture BRF. « En général, ceux qui arrivent
plein de doutes repartent convaincus. Voir
ce potager, rien n’est plus démonstratif. »
d’utilisation comme bois de chauffe. Sous
nos conditions de climat tempéré, les BRF
sont toujours récoltés en période de dor-
mance à l’automne ou à l’hiver, donc sans
feuilles, ce qui n’exclut pas certains prélè-
vements en pleine saison de croissance.
On peut facilement utiliser un épandeur
à fumier et épandre à raison de 150 m3/
hectare à l’automne ou en hiver selon les
régions, ce qui donne une couche de 15
millimètres d’épaisseur. Par la suite, on
procède à l’enfouissement dans les pre-
miers 10 centimètres du sol puisque les
basidiomycètes ne vivent que dans les par-
ties superficielles du sol. L’incorporation au
sol se fait de préférence par hersage avec
une herse du type « chisel ».
Un total de 75 m3/hectare de BRF
devrait être appliqué sur une période de
trois années.
L’âge de faire
CÉLINE BERNARD
Jacky Dupéty présente la terre de son jardin. (L’âge de faire) L’ÂGE DE FAIRE
À moins de le suspecter, comme certains sensibiliser les agriculteurs en traditionnel Pour en savoir plus :
de ses voisins agriculteurs, de passer sesà l’écologie et à la préservation des sols www.aggra.org
nuits à arroser en douce, on ne peut qu’enet de l’eau, cultive environ 10 hectares www.lesjardinsdebrf.com
convenir avec lui. en BRF depuis 2004. Situées dans diver- Le site de Jacky Dupéty :
ses exploitations, ces cultures en BRF ont http://fermedupouzat.free.fr/
L’agriculture traditionnelle permis, selon l’association, une baisse des Communauté de communes du Val de
concernée nitrates et une plus grande porosité du sol, Thouet - 79600 Saint-Loup-sur-Thouet.
L’association BASE (Bretagne, Agri- avec amélioration des situations initiales. Tél. : 05 49 64 86 80
culture, Sol, Environnement) qui tente de Grâce à cette expérience, elle estime www.asso-base.fr

Le safran, une épice d’or
e safran n’est pas nommé « épice
décline en plusieurs catégories. Il est com-
L’authentique
cuisine chinoise, une
cuisine de l’esprit
n plus d’avoir un goût et une
E logique différente de la cui-
sine occidentale, la cuisine chi-
noise authentique tente d’apporter
un « esprit » à l’art d’accommoder
les plats.
« La nourriture est presque
comme un être vivant, elle doit avoir
un ‘esprit’ », déclare Xi Lei, produc-
trice du Concours International d’art
www.sxc.hu
culinaire chinois pour la chaîne chi-
noise libre NTDTV à New York.
Selon elle, « l’esprit » du plat est inti-
mement lié au cuisinier qui le pré-
pare, il reflète le caractère du chef.
En raison du coût élevé, les gens ont « Quand il prépare le repas, l’état de
et « l’esprit » sera le critère de juge-
ment principal que les juges retien-
dront.
« En plus des compétences des
chefs, les juges se pencheront éga-
lement sur leur caractère, leur com-
portement, leurs valeurs morales. La
technique fait le plat, mais l’esprit lui
donne son contenu intérieur », expli-
que Xi.
« Parfois, on ressent qu’un plat
n’a pas d’énergie, comme si la per-
sonne qui l’a préparé était fatiguée.
On le perçoit par sa texture, son lus-
tre, sa couleur, la vapeur qu’il pro-
duit, sa légèreté et la quantité de

L d’or » pour sa couleur mais parce

qu’il est dit que le safran est la seule
épice qui vaille son poids en or. Le safran
a un prix élevé à cause de sa récolte :
Cette épice provient du stigmate du cro-
cus. Les stigmates sont récoltés à la main
et il faut entre 50.000 et 75.000 fleurs pour
produire 500g de safran.
Le safran a une vieille histoire. Les tra-
ces de son usage remontent à environ
3.000 ans. Il a été utilisé comme colorant,
comme encre, comme ingrédient culi-
naire, et comme élément médicinal dans
la Chine ancienne ainsi que dans l’Em-
pire romain.
La plante est originaire d’Asie du sud-
ouest. Aujourd’hui, les principaux domai-
nes qui cultivent le safran sont l’Iran,
l’Espagne, l’Italie, le Maroc, la Grèce,
l’Azerbaïdjan, et le Cachemire. Le stigmate
est d’un rouge profond. Si on l’ajoute à un
plat, il le colore d’un jaune d’or à orange.
Il a une saveur unique et très aromatique,
qui peut être décrite comme doux-amer
avec une dominante de graminée.
Au niveau de la qualité, le safran se
posé d’un petit bouquet de brins rouges,
les stigmates. Parfois, il est mélangé avec
des stigmates jaune à violet provenant
d’autres plantes. Moins le safran contient
de traces jaunes ou violettes plus il sera
considéré de bonne qualité.
Aujourd’hui, en Occident, le safran est
principalement utilisé pour ajouter de la
saveur ou de la couleur. Il colore tout d’un
beau jaune-or brillant. Pour cette raison, il
est communément ajouté aux plats de riz
de la Méditerranée et du Moyen-Orient
ainsi que dans certaines liqueurs comme
la Strega italienne, ou dans les confise-
ries.
Le plat le plus connu contenant du
safran est probablement la paella espa-
gnole. La paella est un plat de riz qui peut
être fait de différentes façons. Il peut être
végétarien ou avec du poulet et du porc,
mais il est généralement fait avec des pro-
duits de la mer que l’on trouve communé-
ment en Espagne. En Italie les risottos
sont aussi cuisinés avec du safran pour
leur donner une saveur et une couleur
unique.
trouvé d’autres idées pour le substituer.
Il s’agit notamment du carthame, du cur-
cuma et du Bixa orellana. Ces ingrédients
donnent à la nourriture la même couleur
dorée, mais ne parviennent pas à lui don-
ner la saveur unique du safran. Aux États-
Unis, il est généralement nommé « safran
espagnol ». Quand on achète du safran,
il est préférable de vérifier le pays d’ori-
gine et surtout de le regarder de près pour
voir la quantité de jaune et de violet qu’il
contient. Malheureusement, ce n’est pas
parce qu’il est appelé « safran espagnol »
qu’il vient d’Espagne. Le safran espagnol
est généralement d’une qualité au moins
moyenne. (La meilleure qualité provient du
Cachemire.) Pour être plus sûr de la qua-
lité, optez pour des filaments plutôt que de
la poudre.
Un safran de prix « moyen » convien-
dra déjà à une utilisation courante pour
les recettes qui font appel au safran, car à
moins d’avoir un palais très sophistiqué, il
sera difficile de faire la différence entre les
diverses variétés.
A. DARIN
son cœur et de son esprit est impor-
tant car selon la compréhension de
la nourriture chinoise il met cet état
d’esprit dans ce plat, et ce facteur
influence le résultat », explique Xi.
Elle donne une analogie pour
expliquer ce concept exotique.
« Pourquoi les enfants aiment-ils
la nourriture de leur maman ? C’est
souvent indépendant du fait qu’elle
cuisine bien ou pas. Certaines cuisi-
nières ne sont expertes, mais leurs
enfants aiment leur nourriture parce
que quand elles cuisinent pour leurs
enfants, elles y mettent leur amour »,
dit-elle. « Le cœur est dans l’aliment.
Ainsi, nous pouvons le sentir, c’est
pourquoi nous pourrons toujours
nous en souvenir. »
L’édition 2009 du concours inter-
national culinaire chinois de NTDTV
aura lieu ce mois-ci à la Maison des
Lumières (Pier 61) de New York.
Des chefs chinois de quatre coins du
monde seront en compétition pour
produire le plat le plus authentique
sauce », dit-elle.
Les concurrents sont tenus de se
produire dans l’une des cinq caté-
gories de cuisine chinoise régio-
nale, soit la cuisine de Canton, de
Huaiyang, du Sichuan, du Shan-
dong, et du Nord.
Une sélection a eu lieu en Asie-
Pacifique à Taiwan dans un stade
ouvert au début de juillet. Le con-
cours débutera le dimanche 20 sep-
tembre et la finale aura lieu le lundi
21. Elle sera suivie par un banquet
pour la remise des prix le mardi 22.
Tous les chefs récompensés prépa-
reront le repas ensemble pour les
participants.
« Donc pour avoir de la bonne
nourriture, il faut commencer par
trouver le bon chef », affirme Xi.
Le concours culinaire est l’un des
neuf concours artistiques et culturels
produits par la chaîne de télévision
chinoise libre New Tang Dynasty
Television (NTDTV.).
HELENA ZHU