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Veugle : Vaste pays... En son centre Zao était né. Son village était né.

Son
village était entouré de pierres et le sol n’en était que plus aride. Mais
surtout ils ne connaissaient pas d'horizon car ils étaient entourés de hautes
falaises. Le ciel avait pris la forme plus ou moins régulière d'un cercle
comme les bords d'un puits. La lumière leur parvenait par conséquence aux
abords d midi. Personne ne se souvenait du chemin pour se rendre là... où
ils en étaient... Et il n'y avait aucune route, aucun chemin. Le matin tout le
peuple allait bruler de hauts tas de racines alors qu'il faisait encore si froid
et si sombre en leur centre. Ils regardaient se consumer ces restes dans
une flamme élevée au delà. Tous regardaient cette lumière scintiller...
danse au réveil, création au fin fond du néant. Pour accomplir ce rite ils
prendraient toute leur journée à creuser la terre pour en sortir pierres,
cailloux et racines. Les pierres étaient extraites de la terre retournée,
labourée, remuée... Les plus jeunes se nourrissaient des racines vertes et
les autres des animaux faufilant, sifflants, suintants... Il en était ainsi. Et, à
midi, au suspend du soleil au zénith, quand il se faisait voir tout le peuple
cessait de s'agiter... Et, comme à leur levé alors qu'il faisait encore si froid
et si sombre, ils se penchaient sur ce travail qui les avait exténués...
entreprit avant leur naissance. Ils restaient là, face à ces champs de mortes
sorties des entrailles de la terre... Ils continuaient d'y réfléchir chacun assis
sur l'une d'entre elle. Ils pensaient à cette heure propice du jour, tournés
vers ce qu’il avait tiré d'en dessous. Puis, à la sortie du soleil au plus haut
des falaises, avec l'obscurité investissant de nouveau leur monde, ils
enterraient les pierres... A la nuit, exténués, ils en avaient retiré les racines
qui s'y faufilaient encore. Et, alors qu'il faisait si froid et si sombre ils
s'endormaient sur ce qu'ils avaient creusé sans relâche... pour se préparer
à leur lendemain.

Le matin tout le peuple allait bruler de hauts tas de racines alors qu'il faisait
encore si froid et si sombre... ces racines retirées de la terre, extirpées de
dessous leurs pieds. Ils regardaient se consumer ces restes dans une
flamme élevée au delà. Tous regardaient cette lumière scintiller... danse au
réveil, création au fin fond du néant. Et ils regardaient déjà ces pierres
contre les quelles ils buteraient une journée encore jusqu'au zénith et au
delà... imperturbables comme celui qui apparaissait si furtivement au
dessus de leurs têtes... Et il regardait lui aussi ce brasier quand, distrait par
la fil de la fumée qui suivait celui de sa pensée il vit ce vol d'oiseau... tout en
haut dans le ciel. Ils traversaient cette fenêtre tournée vers un monde si
lointain : Veugle. Et il n'y avait aucune route, aucun chemin. Puis le feu
s'éteint, toutes les racines entassées la veille étaient parties en fumée.
Alors il regarda ses pieds pour ne pas trébucher dans ce puits reconquis
par l'obscurité. Tout le monde s'activait déjà et le jeune homme se mis à
l'écart pour voir... et ainsi, assit à même le sol, dans le noir, il attendit la
demie. Il observa un enfant tirant sur une racine agrippée à la falaise et son
sillage à la paroi de cette dernière dans une déchirure de poussière... Une
pierre roula et lui blaisa l'épaule. Lui, resté à l'écart, avait vu d'où elle était
arrivée : de tout en haut, au delà. Et alors que son regard traversait d'autres
formes que celles des pierres il vit des zébrures aux parois de ces remparts
de terre qui les entouraient, immenses... Il vit une quantité de couleurs se
dessiner avec l'arrivée d'un soleil éclatant... à la moitié du jour. Il le vit surgir
comme ce vol d'oiseau, tout en haut dans le ciel, traversant cette fenêtre
tournée vers un monde si lointain, la lumière au zénith. Puis il baissa la tête,
ébloui comme jamais. Depuis sa cachète il vit les champs de pierres et tout
son peuple affairé ou bien déjà assis en penseurs. Et dans le silence il vit
que son peuple avait tant retourné de roches de dessous la terre ce jour ci
qu'il lui faudrait sauter de son perchoir pour les rejoindre quelques mètres
plus bas. A peine l'obscurité recouvrait son territoire qu'il arrivait à côté de
son père d'adoption. Il voulu lui parler de ce qu'il avait vu mais le vieil
homme l'arrêta de suite d'un geste silencieux et, après avoir fini de
regrouper les racines en un seul tas, il s'effondrât de fatigue. Le jeune
homme qui l'avait vu tant retourner de pierres comme obnubilé par un trésor
caché le laissa ainsi, à même le sol. Et, alors qu'il faisait si froid et si
sombre ils s'endormirent sur ce qu'ils avaient si souvent creusé sans
relâche...

Au matin, dans un bruissement d'aile alors qu'il faisait encore si froid et si


sombre... il se réveilla le premier, reposé comme jamais. Il vit le vieil
homme allumer le feu avec un silex puis tout son peuple se réveiller dans
l'obscurité dissipée. Et, comme à la veille, ils regardaient se consumer ces
restes dans une flamme élevée au delà. Tous regardaient cette lumière
scintiller... danse au réveil, création au fin fond du néant... imperturbables
comme celui qui apparaissait si furtivement au dessus de leurs têtes... Mais
lui avait déjà la tête tournée vers le ciel encore sombre, tout là haut, à
l'attendre comme ces vols d'oiseau. Quand les fumées assoupies
donnèrent place à l’obscurité et que tout le monde retournait à son centre il
couru voir son père d'adoption. Il s'assit face à lui pour lui indiquer sa
décision de ne plus les suivre malgré le fait qu'il ne pouvait pas aller ailleurs
car il n’y avait ni route ni chemin. Et bien que tous se mirent à retourner la
terre ils eurent autres choses à fouiller que ces roches usées au fil d'un
temps qui les avait, selon eux, amenés à cette occupation. Ils pensaient
avant l'heure, avant que le soleil soit en place… dans l'ombre, cachés des
autres. Et, à midi, au suspend du soleil au zénith, quand il se fait voir, tout le
peuple cessa de s'agiter... comme à leur levé alors qu'il faisait encore si
froid et si sombre, ils se penchèrent sur ce travail qui les avait exténués...
déjà entrepris avant leur naissance. Ils restèrent là, face à ces champs de
mortes sorties des entrailles de la terre... Ils continuaient d'y réfléchir
chacun assis sur l'une d'entre elle. Puis, à la sortie du soleil au plus haut
des falaises, avec l'obscurité investissant de nouveau leur monde, ils
restèrent immobiles comme leurs pierres : usés... Seuls les enfants
continuèrent de courir former les tas de racines pour le lendemain... Au
matin, dans un bruissement d'aile alors qu'il faisait encore si froid et si
sombre...

Ils se réveillèrent avant leurs enfants, reposés comme jamais. Ils


observèrent le jeune homme qui n'avait lui pas fermé l'œil de la nuit, assit
au beau milieu du champ, dans l'obscurité. Ils virent le vieil homme allumer
le feu avec un silex. Ils regardèrent se consumer ces restes dans une
flamme élevée au delà. Tous regardaient cette lumière scintiller... danse au
réveil, création au fin fond du néant... imperturbables comme celui qui
apparaissait si furtivement au dessus de leurs têtes... Dans un silence de
crépitement, la tête pleine de rêves, d'images uniques et jamais racontées,
jamais rencontrées. Comme tous regardaient ce brasier mais distraits par le
fil de la fumée qui frôlait celui de leurs pensées ils virent ce vol d'oiseau...
tout en haut dans le ciel. Ils traversaient cette fenêtre tournée vers un
monde si lointain: Veugle. Et il n'y avait aucune route, aucun chemin. Alors
que le bois commençait à manquer ils se croisèrent d'un regard. De l'autre
côté de cette étincelle, à peine aveuglés par l'obscurité grandissante, un
regard, un œil, une amie, un autre qui réfléchissait ce furtif instant
chaleureux. En se voyant il courut dans l'obscurité dans un bruissement
d'aile au dessus de sa tête... Les autres le virent tirant de toutes ses forces
sur ces racines tombées du ciel... Et, quand il en revint pour grossir la
flamme et son fil de fumée noir, les autres le rejoignirent pour en faire
d'avantage. Alors, à midi, au suspend du soleil au zénith, quand il se fait
voir, tout le peuple cessa de s'agiter... comme à leur levé alors qu'il faisait
encore si froid et si sombre, ils étaient face à une flamme qui ne s'était pas
éteinte... Et ils suivirent la fumée jusqu'au rayon d'un soleil qu'ils n'avaient
jamais fixé en face, à moitié à Veugle. Ils restèrent là, assis sur une pierre
retournée à la veille... chacun assis sur l'une d'entre elle. Puis, à la sortie du
soleil au plus haut des falaises, avec l'obscurité investissant de nouveau
leur monde, ils restèrent imobiles comme leurs pierres : penseurs, grouillant
d'histoires, de questions enfouies par le temps... Le vieille homme vint
s'allonger devant tous ces âmes et s'endormit... le soleil disparut. Et pour la
première fois il fut donné à voir la fin d'un homme en ce centre de Veugle,
puits sans fond... en plein milieu du jour. Pris de conscience ou au regard
de la mort d'un astre disparu au delà de leurs têtes ils coururent en tous
sens ramasser du bois, des racines pour faire un autre feu qui durerait
jusqu'au matin...

Et alors que les bruissements d'aile s'intensifiaient dans les horizons tout le
peuple était debout autour de l'homme qui avait guidé leurs regards... et
comme ils pouvaient le voir, éclairés, ils décernèrent des successions de
couleurs aux parois des falaises comme autant de lignes d'une histoire. Ils
vécurent un temps de la sorte entre la lecture d'un passé verticale et la
lumière dans les sourires des autres... Découvrant des mots enfouis tel que
la chaleur humaine... Des goutes coulèrent même de leurs yeux... il n'y
avait aucune route, aucun chemin pour aller au loin… ils s’en rendaient
compte : Veugle avait son existence. Bientôt les plus anciens se remirent à
creuser la terre pour y dénicher racines et pensées dans l'exténuant travail
qu'ils retrouvaient. Et comme les racines manquaient peu à peu pour nourrir
les feux qui ne s'éteignaient plus les femmes et quelques partisans se
remirent à creuser la terre... Avec le temps et la fatigue qui accompagnait
dû aux retrouvailles avec la terre des ancêtres, le peuple se divisa. Mais lui
avait déjà la tête tournée vers le ciel encore sombre, tout là haut, à
l'attendre comme ces vols d'oiseau. Certains suivirent encore son regard
tourné vers Veugle, au delà. Tous regardaient cette lumière scintiller...
danse au réveil, création au fin fond du néant... maintenue en vie à bout de
bras. Et quand, un soir, exténués, ils furent tous endormis dans la poussière
dépourvue même de la plus sèche des racines... dans un souffle aride
qu'eux même n'avaient jamais ressenti... couchés ensemble et ouverts
dans un rêve d'abandon ils sentirent une larme puis une autre. Et chacun
cru reconnaitre ce pleur alors qu'il n'y avait ni route ni chemin pour se
rendre au loin. Mais comme les larmes les réveillèrent dans leur sommeil ils
virent qu'elles tombaient des horizons. Il n'avait jamais plu que des gravas
et tout le monde s'étonna d'abord de cette nouvelle arrivée des hauteurs si
bien que, instinctivement, certains individus se mirent à rire, d'autres à
pleurer... de joie ou de peur. Et celui qui avait guidé leurs regards comprit
bien vite qu'il lui serait difficile de réveiller le feu qu'ils avaient laissé
s'endormir avec eux. Les nuages s'épaissirent et ce fut pour tout le village
une impression nouvelle que le temps avait une présence... le soleil dictait
leurs journées et c'était leur seul repère et maître de leurs actes. Et chacun
d'entre eux, à son rythme consenti, que, sans lui, caché dans les
nébuleuses grises, ils ne savaient que faire. Alors celui qui leur avait parlé
de lune, d'ailleurs, d'autre chose... vint, trempé, les inviter à s'habiter sous
les rebords de la falaise car ils seraient protégés de l'eau qui les glaçait... il
indiquât ce renfoncement d'où il les avait observés un jour. Et, en effet,
parce qu'en creusant ils avaient également élargis leur espace, ils purent se
trouver au sec. Comme la pluie ne cessait pas ils entreprirent d'échanger
sur ses pierres qu'ils chérissaient comme leurs fils, leurs filles... Mais le
temps les avait rendus plus muets que leurs biens aimées des profondeurs.
C'était à elles qu'ils avaient confié leurs craintes au début, leurs envies
aussi... Puis ils n'avaient plus confié grand chose car pas grand chose
n’avait changé. Ils trouvèrent les mots en se regardant dans les yeux...
avec patience et sincérité dans les clapotis des gouttes résonnant sur les
cailloux, s'infiltrant au travers, dans cette poussière redevenue terre. Ils
écoutaient tous, attentif à l'autre, aux changements mélodique des chocs
chimériques accrochés aux parois. Le corps du vieille homme flottait quand
deux enfants s'offrirent mutuellement une pierre qui était leur... Et ils
ressentirent ce qu'aucun penseur de pierre n'avait vécu. Instinctivement ils
émirent un son très proche qui devait ressembler à celui du choc entre ces
deux mêmes éléments. Ils n'avaient pas inventé la parole mais ils leur
semblaient, à tous, découvrir ce que les pierres avaient caché dans leur
silence : une part d'eux-mêmes, à l'extérieur d'eux-mêmes. Dans les sons
de ce sinistre sanctuaire ils virent, l'un puis tous, des pousses écarter les
pierres se frayant un chemin au travers. Mais étrangement le vieil homme
avait disparu et personne ne s'en était aperçu... Cette arrivée verdoyante
leur rappelait... quelque chose qu'ils ne surent déterminer. C'était nouveau
mais ca semblait venir de loin comme une naissance... Et, tous tournés
pour la première fois vers le passé, ils essayèrent de se souvenir mais
même le frère du vieil homme, fils de penseur de pierre, n'eut de réponse à
sa descendance. Ils continuaient d'y réfléchir chacun assis sur une de ses
pierres... tournés vers le centre de leur monde. Et, un jour, alors qu'on ne
l'attendait plus, la lumière fit son apparition depuis les hauteurs. Ils levèrent
la tête et découvrirent la lune, ronde, blanche et étincelante... Car, en effet,
seul l'homme qui s'était assis face à son père d'adoption l'avait vue, seule,
éclairant leur ilot troglodyte. Il y eut un silence inattendu quand la présence
bavarde des eaux s’éclipsa. Pourtant, alors que la lune, nouvelle amie, s'en
allait caresser l'autre flanc de leur fausse, ils discernèrent, tous ou presque,
un cri... un peu comme celui que les deux enfants avaient partagés.
Personne ne se souvenait du chemin pour se rendre là... où ils en étaient...
Et il n'y avait aucune route, aucun chemin... mais il y avait bien une autre,
comme eux, qui avait la conscience des penseurs de pierre. C'est avec ces
dessins d'horizon vers Veugle que chacun s'endormit ce soir là.

A leur retour ils sortirent de leurs repos voir cet étrange tapis vert qui, avec la
pluie, avait recouvert la quasi totalité des pierres. Les enfants mirent les
premiers ces tendres pousses dans leurs bouches. Pour eux qui n'avaient
jusqu'alors mangé que des racines ils se sentirent emplis du même plaisir
découvert autour du feu dans les visages souriants de leurs pareils, comme
un frisson. Mais certaines pousses avaient déjà durcit et leur rappelaient
amèrement ce qu'ils avaient mangé quand leurs parents étaient penseurs
de pierres. Alors les plus robustes furent protégées et, pour occuper les
journées, femmes et hommes trouvaient amusant de tordre les lianes
tombées des falaises... Ils prenaient l'une la faisait passer sous l'autre qui
rejoignait la première et ainsi de suite... Ils trouvaient d'autres manières,
d'autres entrelacs, qu'ils partageaient entre eux aillant pour une fois une
pensée commune mais surtout donnée visible, extérieure et expressive. La
végétation grimpait au fil des lunes et des soleils comme montait la fumée
des feux d'un temps révolu. Car ils ne faisaient plus de grands feux laissant
aux lianes la liberté de courir en leur centre. Mais heureusement ce
vêtement verdoyant ne vint pas obstruer l'ouverture qui donnait une porte
aux astres pour ordonner les journées... Il parut d'ailleurs plus aisé de
dormir avec la bleue et de marcher avec le grand au dessus des têtes. Et
même si cela ne représentait que peu de tresses achevables ou de
cueillettes... en cette courte apparition tout le monde était pris d'une
frénésie sans autre pareille entre leur levé et leur couché. Alors toutes les
strates colorées à la roche furent recouvertes sans que la communauté s'en
aperçoive... au fil des tresses comme il en avait été du temps des pierres
invisibles sous des mentaux de mousse.

Un jour, et ne voulant pas être trop vieux pour y parvenir, l'homme qui le
dernier avait entendu une voix parvenir de l'orée de leur faussé entrepris de
retrouver les sommets. Il avait réussit à raconter ce jour de lune où des
anciens avaient entendu une voix parvenir d'en haut alors qu'il n'y avait déjà
aucune route, ni aucun chemin. Et alors qu'il s'apprêtait à escalader les
parois tressées des plus hautes cimes de roches visibles jusqu’à leurs
pieds... une fleure atterrie devant lui. Ensuite des pétales et encore d'autres
fleures de couleurs jamais vus atterrirent dans ces abîme justement éclairé
par le soleil…

Et je suis resté ici bas avec ceux qui, comme moi, étaient déjà trop vieux où
encore trop apeurés par le voyage vertical vers les horizons. Au fil des
lunes nous avons vu nos fils redescendre nous voir et nous raconter leurs
rencontres avec ceux qui ne vivent là haut que la nuit… les fils des jeteurs
de pierres. Et aucun d'entre eux n'a voulu nous dire pourquoi nos ancêtres
avaient étés abandonnés ici ou pourquoi ils avaient charrié tant de roches.
Quel oubli au fond les avait poussés à s'abandonner eux même dans un
trou jusqu'à en oublier l'extérieur ? Nous ne sommes plus très nombreux à
vivre ici en connaissance de mots et d'histoires... mais surement vaut il
mieux pour nous d'ignorer la vie à Veugle qui ne nous est plus adressée
tant elle est lointaine… A nous simples fils de penseurs de pierres.

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