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La guerrede courseen France

de Louis XIV à NapoléonI"


L'apogée de la marine à voile

Actes du colloque international


Paris, Ecole militaire, les I0, I 1, I2 juin I987

La distinctionentre pirate et corsaireest maintenantsuffisammentconnuepour qu'il soit inutile de la


rappelericir. Dans le cas de I'Europeatlantiquede la secondemoitié du XVIII'siècle, la courseétait strictement
définie par un arsenaljuridique qui empêchaittoute confusionavec la piraterie.Aux Antilles, il en allait tout
autrement'.Les travauxrécentsont permisde montrerI'importanceéconomiqueet militairede la coursedansla
croissanceéconomique de I'Angleterreet de la Hollande.
Ainsi, la guerreanglo-espagnole de 1585-1604 joua à cet égardun rôle décisifdansla vocationmaritimeet
colonialeanglaise. La piraterieendémique laissala placeà une coursede plus en plus contrôlée. Pourquoicourirle
risqued'êtrependualorsque le roi JacqueI"'accordaitgénéreusement les lettresde marque? Plusde 100corsaires
furentarmésannuellement. La populationmaritimepassade l6 000 à 48 000 personnes et les constructions
navales
connurentun essorremarquable. Les corsairesfournirentl'embryon du corpsde marinsexpérimentés qui servirent
dansla RoyalNavy commedansla pêcheà Terre-Neuve et au long cours.Mais la courseengendreaussila contre-
courseet les corsairesespagnols causèrentde lourdespertesau commerceanglais'.

La course et la piraterie entraînèrent la création de convois. Si la marine espagnole a


connuun déclinincontestable à partirde la défaitede I'lnvincibleArmada,sesconvoisfurent
d'une remarquable efficacitécommeI'a montréPierreChaunu: au total 76 naviresperdusde
1506à 1650,jaugeant13 609 tonneauxpour un total de 3 729792 tonneaux,soit 0,36oÂ.F.n
revanche,pendant les premièresannéesde la guerre contre la Hollande, la Chambre
d'Assurancesde Parispaya,pour la seuleannée1672,410103 livresau titre despertessubies
par les armateursfrançaisdu fait des Néerlandaisprouvantainsi la médiocreefficacitédes
convoisfrançais'.
ll n'estpaspossibledansun articlede traiterun sujetaussivaste.J'ai doncchoiside faire
une mise au point sur l'état de nos connaissances pour la coursependantles guerresde
LouisXIV puis un rapide bilan statistiquedes corsairessous les règnesde LouisXV et
Louis XVI. Enfin, l'étudedes guerresde la Révolutionet de I'Empireaurasurtoutcommebut
d'inciterleschercheurs à sepenchersurcettepériodequi le mériteet qui aété trop négligée.

'
Courseet Piraterie,colloqueCFHM SanFrancisco,1975 ???
t
??t2?
'Pi.rre
V.I , l , p . 3 4 1e t V I , 2 , p . 9 2 3 .
C h a u n uS, é v i l l ee t I ' A t l a n t i q u e , P a r1i s9 5 6 - 1 9 5 7
"leanDelumeau,ExpI oitation???
La courseau tempsdu roi-Soleil
la guerre de Hollande

Colbert a toujoursété un partisande la guerrede coursemais d'une coursecodifiée.


L'ordonnancede l68l reprit I'obligationfaite au capitainede se munir d'une lettrede marque
avantl'appareillageet I'obligationpour I'armateur
de verseunecautionde 10 000 livrespuisde
15 000 livres. Le propriétairedu navire capturépouvait se défendreauprèsde la justice de
I'Amiralde Francecommele rappelaitColbertà sonfils en 167| :
< La justice de I'amiral s'étendsur tout ce qui sepasseen mer et partoul om leflot de
marss'étale.Elle s'exercepar les siègesde I'Amirauté: I'appelva aux Chambresde I'Amirauté
établiesdanstousles Parlementset I'appel de cesChambresva qu Parlement>4.
Il rappelaitcesmêmesprincipesà l'intendantde DunkerqueCéberetqui avaitfort à faire
avecles armateurs corsairesdesFlandreshabituésà une semi-piraterie
remontantà I'occupation
espagnole,époqueoù leslois du roi d'Espagneétaientmoinsstrictesquecellesde la Frances
:
<<Il ne faut pas que les armateurss'attendenlsous prétexte de la guerueconîre les
Hollandais que I'on établisse une piraterie contre toules les nqtions. Jamais le roi ne
confisquera une prise faite sur les alliés... Sa Majestéfera toujours rendre justice pour la
mainlevéeou adjudicationdesprises...Je rapportemoi-mêmetouleslesprises et en vois toutes
lesprocédures,et c'esl le roi qui juge en personne,et il n'y en a aucunejugée dont le je fasse
connaîtrela justice en quatre motspar toutesmeslettres>>.
Le jugementde bonneprise étaitdu ressortdu Conseilde Marine, créé en 7627 par
Richelieu.C'està ce conseilque Colbertfaisaitallusiondansla lettreci-dessus . Le 9 mars 1695,
à la majoritédu comtede Toulouse,le Conseilde Marinefut définitivement réorganisé maisdès
le 23 septembre1676.Colbertcréaitun Conseildes Prises.Dorénavant,les jugementsfurent
rendussousforme d'ordonnances de I'Amiral, remisau Secrétaire généralde la Marinequi les
envoyaitaux officiersd'amirautéchargéde lesexécuter. Pourl'historien,cetteréorganisation est
très importantecar elle est à l'origined'une des sourcesprincipales en matièrede prises: les
comptesde I'Amiral, sourcemalheureusement incomplèteet statistiquement utilisablesurtoutà
partirde 1695.Avant cettedate,il y avaitconflit entreles parlements et lesjugesde l'Amirauté.
Ainsi, en Bretagne,la justice maritimeétait exercéepar les officiers commis par le duc de
Chaulnes: ces derniersrefusaientpar exemple de reconnaîtreles commissionsen guerre
délivréespar l'Amiral. LouisXIV résoluthabilement le conflità partirde 1695en le nommant
gouverneur de Bretagne.
Ainsi, il n'existepasde sériesstatistiques
complèteset relativement homogènes pour la
coursependantla guerrede Hollande.En cas de prise,I'armateurdevaitverserune part de ses
profitsà l'amiralde France,partqui fut confirméedansI'ordonnance de l68l et fixéeà l0 oÂ,le
1110"de l'Amiral. Registres de congésde guerre,jugementdespriseset l/10" de l'Amiral sont

o
??t??
s 11?
devenusles sourcesprincipalesdes historiensauxquellesse rajoutentles enquêtespuis les
statistiques
du Secrétaire
d'Etatà la Marine,dontbeaucoup
ont disparu.
Pour la guerrede Hollande,on ne peut guèreutiliserde statistiques complètes"Seul le
port de Dunkerqueéchappepartiellement à cettelacunegrâceaux travauxdeshistoriensde Jean
Bart. D'aprèsArmel de Wismes,en six ans,les Dunkerquoisauraientcapturés384 bâtiments
représentant3787 695 livres. JeanBart livra l0 combatset s'emparade 8l navires.Louis
Lemaire.se fiant aux travauxde Faulconnieret d'Henri Malo estimaque les prisesse montaient
à 450 navirespour la plupartdes hollandais,,d'un montanttotal de 5 millions de livres.Il
signalait27 corsairesen 1676 et 50 en 1678o.En 1677,un état des capitainescorsairesde
Dunkerqueen note26 en mer plus 7 disponiblesT. Alain Cabantous estimele volumetotal de la
coursependantcetteguerreà 5 500 000 livreset remarqueque la populationde Dunkerquepassa
de 5 323habitantsà 7 000 en 7676,conf,trmantla prospéritédu port en tempsde guerre8.
La plupart des grandsports mentionnedes armementscorsairesmais sansqu'il soit
possiblede faireun bilan.A Saint-Malo,la construction
de la placede la Hollandes'expliquerait
par lessuccèsdescorsaires remportés
pendantla guerrede Hollandee.
Comme le souligneJeanMeyer, parler de la course,c'est tenterde répondreà trois
questions
fondamentaleslo
:
< Comment ont été réunis les capitaux nécessairesà la course7 Quels ont été les
procédésde course utilisés ? Quel est le bilan final de la course,cette dernière question- qui
conditionnetoutesles autres- débordede loin le simple intérêt régionol. Car elle est en réalitë
double.Quel estensuitele bilan social- qui peut êtresensiblement différentdu précédenT r.
Pour la guerrede Hollande,on peut seulement tentede répondreà la deuxièmequestion
et seulementpour Dunkerque.Les étudessur JeanBart et les Capresde Dunkerquesontassez
précisessur lestypesde navires.La coursecommençaavecdesbâtimentsminuscules. Un étatde
1674 signaleà DunkerquedeuxpetitesfrégatesLa Mignonneet la Trompeuse,arméesde 8 et 12
canons,une doublechaloupeet neuf barquelongues.En mars 1674,JeanBart reçutsonpremier
commandement : le Roi David de 35 tonneauxet 35 hommesd'équipage. Colbertnousrenseigne
sur lesrésultatsde cetteannée1674dansune lettreadressée aux Malouinsrr:
< Lesfrégatesmalouinesneferont rient tant qu'ellesdemeureronten Mancheet si elle ne
taschentpas d'approcher de Hollande. Lespetits bastimentsarmésen coîffseà Dunkerqueont
gagné cetteannéecinq cent mille écusparce que les armateursles ontfait aller vers le Texelet
le Vielandet qu'ils n'ont fait aucunvoyqgesansramenerun, deux,trois ou quatrevsisseauxD.
Le2 avril 1674,JeanBart,de conserve avecl'Alexandrecommandé par sonami Keyser
capturaitun dogrechargéde charbonde terre.A la hn de I'année,il avait fait septprisesvalant
260 000 livres".Ainsi, on peut afftrmerque le débutde la coursedunkerquoise a été presque
totalementautofinancée. Plusieursraisonsse conjuguent.A chaquedébutde conflit, les navires
marchands ennemissontinsuffisamment escortés- le phénomènese retrouveà chaqueguerre,y

o LouisLemaire,Histoire
de Dunkerqae, Dunkerque,1927,p.226.
7
Armel de Wismes, op. cit.,p. 61.
8 Alain Cabantous, La mer et leshommes,Dunkerque,1980,pp.34et 46"
n
abbé J. Foulain,Duguay-Trouinet Saint-Malo,cité corsairè,Paris, 1882,p.241^
'o JeanMeyer,La
course,romantisme,exutoiresocial,réalitë ëconomique,'essai jurn
de méthodologie,Annalesde Bretagne,
1 9 7 1p, . 3 1 7.
" HenriMalo,Lescorsairesdunkerquois et JeanBart,2 tomes,paris,l9l3 et 1913,tome2,pp.90 et97.
comprisau XXe siècle-. Par conséquent, des naviresfaiblementarmésmais montéspar des
hommesdécidéspouvaientfaire desprises fructueuses. L'analysedesprisesde la guerrede la
ligued'Augsbourgpermetde montrerquela plupartdesprisesdunkerquoises sontdesnaviresde
pêche,descaboteurs et desnavirescharbonniers.D'autrepart,lesbarqueslonguesde Dunkerque
étaientde modesteschaloupesne nécessitant pas un gros investissement.
JeanMeyer les slasse
dans la coursede.type l, celle qui utilise un petit navire et a recoursà un financement
exclusivementlocalI2.
Cependantce type de courserencontravite ses limites car les Hollandaisescortèrent
mêmelespetitsconvois.Dès lors,il fallut armerde plus groscorsaires. L'ascensionde JeanBart
va de pair avec la taille de sesnavires: en août 1674,la Royalede 60 tonneaux,8 canonset 80
hommes; en 1675,une frégatede 12 canons; en l676,la frégateLa Palme de220tonneaux, 26
canonset 180 hommes;en novembre1676,la frégateleNeptune.S'il est vrai que JeanBart
aimait et recherchaitle combat,seulssesderniersbâtimentslui permettaientd'attaquerlespetits
convoishollandais:2l janvier 1675,un convoi de 26 pêcheursescortéspar 2 frégatesde 12
canons;26 mars1678,8bélandres escortéespar 3 naviresde guerreet surtoutsaplusbelleprise
un navirecolonialvenantde Curaçaoet allantà Amsterdam.
La causeme sembleentendue,les plus bellesprisesallaientaux corsairesdu type 2 mais
le financementchangeait.Il fallait alorsfaire appelà un financement
qui dépassaitle cadrelocal.
Colbertauraitvoulu que les armateursse regroupentpour aïmerune petiteescadrede corsaires.
Hubert,I'intendantdu port de Dunkerquelui réponditalorsl3:
< Si Sa Maiestépensesimplementà porter ceux de Dunkerqueà faire la guerueà ses
ennemisde la manièrequ'ils ontfait, il n'y o pas de nécessitéde les obliger tous àfaire de
fortes
escadres.
Outre qu'il n'y ouroit pas assezde matelots,il y aurait moins à espérerpour eux, et de
mal à faire aux autres.Où le commercedes ennemiscesseraiî,voyantdesforces dehors,ou ils
en auraient d'autrespour le favoriser. Dans la dispositionoù sont la plupart des armateursde
leurs vaisseaux; il y a tant de personnesintéressésque souvent ils ont peine à convenirde ce
qu'ils ont àfaire.
Pour le desseinqu'on quroit de lesjoindre tous ensemble,il faudrait les pressentiret
quasi leur dire la penséequ'on aîlrqit, ce qui me paraîl de conséquence. La mienneserail de
préparer adroitement ceux qui ont les plus considérablesbâtiments,leurs offrant quelques
secours; mêmesi Sa Maiestévoulait leur accorderde sesfrégates,Ies donnerenplace de celles
qui n'aur1ientpas de dispositionà sejoindre à eux,on pourrait demanderle dixièmedesprises
qui se feraient , leur laissant le reste pour augmenter la part des matelots et pour les
désintéresserd'ailleurs. De la sorte, ilspourraient s'engagerdansles dépensesd'armementqui
ne sontpas depeu de considération...>.
Il poursuivaiten soulignantla baissedu profit à Dunkerque:
Ainsi, outre lesfrégates de Sa Majesté, il lesfaudrq secourir d'ailleurs, les intéressantde
telle sorte que I'apporencede profits les fasse agir... De cette sorte, on pourya êlre en état
d'attaquer touteslesflottes qui entrentet sortent,et incommoderextrêmementles ennemisde Sa
Majesté...)).

't JeanMeyer,
art.cit.,pp.3l6-317.
r3Henri
Malo, Les corsaires...,op. cit., tome 2, pp. 60 et 80.
On ne peut malheureusement pas en déduireplus pour la guerrede Hollande,ce qui
empêchedescomparaisons valablesavecles guerresultérieures maisdéjàsetrouvaientposésles
principauxproblèmesde la course: efficacitémilitaire,rentabilité,
politiquede I'Etat...

La coursependant la guerre
de la ligue d'Augsbourg

a. De Saint-Léger a chiffrédanssa thèsepubliéeen 1900la coursedunkerquoise


pendantla guerrede la ligue d'Augsbourgà 6 136 prisesvendues22 167000 livres.John
Bromleya critiquébrillamment cesestimationstiréesde La descriptionhistorique
de Dunkerque,
de Faulconnier.parueen 1730'*.De nombreuses archivesde Dunkerqueet de la région ayant
brûlédansles deur conflitsmondiaux,il est impossible de revérifiercesrésultats"
Un sondage
danslesjugements des prises
de I'Amiralde France(qui ne commencent qu'en 1695)donneles
résultats
suivants't:

Jugementsde bonne prise de I'Amiral de France

I 695 1696 1697 l 698 TOTAL

Dunkcrquc 285 362 289 9 94s


Calais l8 30 22 70
Boulogrrc. t4 a
J 10 27

Le sondageportesur les lieux où lesprisesont étéconduites et vendues; c'estpourquoi


j'ai ajoutéCalaiset Boulognequi. pendantcetteguerre,connurentune activitécorsaireréduite
maisqui étaientdesportsfréquentés par les Dunkerquoislorsquepour desraisonsde maréeou
de vent,ils ne poul'aientconduireleursprisesà leurport d'attache.Mêmeen admettant que les
rançonssoient comprises.les chiffresde Saint-Légersemblentbeaucouptrop élevés.Les
Dunkerquois pratiquaientbeaucoup plus la rançonque lesautresportsfrançaissurtoutlorsqu'ils
attaquaient des convoiscôtiersou des flottillesde pêcheursdont la valeurne méritaitpas un
équipagede prise.En revanche. le total de 22 millionsde livrespour les priseset les rançons
sembleacceptable si I'on admetque l'exemplesuivantse produisitassezsouvent.En janvier
7697,19corsaires dont Jacques Bart et Cornil Sausattaquèrent un convoien mer d'lrlandeet
réussirentà ramener 20 prisesvendues 900000 livresl6"

l4
A. de Saint-Léger,La Flandremaritimeet Dunkerquesousla dominationfrançaise1659-1789,thèseLille, 1900.
J.S.Bromley,Theimportanceof Dunkirkreconsidered 1688-17l3,colloqueCHIM SanFrancisco,1975.tome I ,p.233.
l5
Archivesnationales G5 221 à228.
l6
H e n r iM a l o ,L e sc o r s a i r e s . .o. ,p . c i t . ,p . 3 1 7 .
Tous les convoisne produisirent pasde tellessommesmaisce résultatobtenuà la fin de
la guerre,périodetraditionnellement en recul, me sembleconfirmer la sommeavancéepar
Faulconnieret reprisepar Henri Malo.
Ce dernierestimemêmeque ce total est un produitnet, c'est-à-diredéductionfaite des
droits de justice et du dixième de l'Amiral. Comptetenu de ces frais et de la < vente des
marchandises qui se fait toujoursà cinquantepour centde déchet>, il proposede chiffrerle coût
réelportéà I'ennemià 58 500000 livresl7.
Sur le plan qualitatif,le chiffre total des priseset des rançonsdunkerquoises est plus
probablement aux environsde 3 000, dont il faut déduireles naviresrepriset les mainlevées.
Annick Martin-Deidierestimele total desjugementsde bonneprise en Francemétropolitaine
pour les armements effectuéspar desparticuliersà 5 680 priseset rançonsdont 2 269 priseset
r a n ç o n s p o u r D u n k e r q u e| 2e7t 5 r a n ç o n s d o n t 2 2 6p9r i s e s e t r a n ç o n s p o u r D u n k e r q u| 2e7e5t
pourlesMalouinsls.
En l'éIat actueldes recherches,on peut dresserpour Saint-Malole bilan suivant 422
lettresde marquefurent délivréesde 1688 à 1697 soit un tonnagede 74485 tonneaux;la
moyenneannuelledesarmements fut de 52 pour un tonnagemoyende 188tonneaux.Le tableau
suivantpermetde mieuxmesurerla conjoncture :

Saint-Maloet la guerrede course(1633-1697)t'

Années Nombre Nombre Nombreprises Nombre Total


Saint-Malo*
armements prises de rançons

I 688 9 16 1
J t9
16 8 9 27 65 5 70
I 690 29 ll8 5 t23
16 9 1 34 98 0 98
1692 59 t79 2l 200
r693 4l Il0 27 t37
1694 48 t22 35 t57
I 695 65 t24 83 48 r72
1696 62 l19 90 48 167
t697 49 93 70 39 t32
I 698 6 6

* Par nombrede prisesSaint-Malo.il faut entendreles prisesconduiteset venduesà Saint-Malod'aprèslesjugementsde


bonnesprises.

It
H e n r i M a l o ,i d . ,p p " 4 l l - 4 1 4 "
r8Annick Martin-Deidier" La gueruede courseà Saint-Matode I68l à ISll,thèse de 3'cycle, ParisI, 1976,p.469.
'n
I d . ,p p .4 l l - 4 1 4 .
La série F2 du fonds Marine des Archives nationalespermet la comparaisonsuivante
pour le débutde la guerre:

Priseset rançonsmenéesà Dunkerque et Saint-Malo de 1688à 1694

Dunkerque Saint-Malo

Années
Prises Rançons Prises Rançons

r688 8 5 l6 I
J

1689 82 l3 65 5
1690 67 35 lt8 5
I691 )t 38 98 0
r692 r53 7l t79 ?.1
l 693 9r 247 ll0 27
r694 93 189 t24 35

TOTAL 551 598 7ra 96

Deux constatationss'imposentà la lecturede ce tableau: à Dunkerque,le nombre de


rançons fut supérieur aux prises et inversementpour Saint-Malo: Saint-Malo I'emporta
largementsur Dunkerquequant au nombrede prises(710 contre 551). Il y auraitbeaucoupde
remarquesà faire concernantla conjoncture.Pour les prises, 1692 fut la meilleureannéepour
Saint-Maloet pour Dunkerquemais, si l'on additionnepriseset rançons,I'année 1693 est la
meilleure.A partir de 1694,lesjugementsde bonneprisene séparèrent plus priseset rançons,on
ne peut donc raisonnerqu'en donnéesglobales.Il apparaîtalorsqu'au vu destableauxci-dessus
que, si les résultatsde Saint-Malofurent en baissede 30 % environ après 1692,la conjoncture
fut extrêmementfavorableà Dunkerquejusqu'à la fin de la gueffe.Il s'avèredonc dangereux
d'extrapolerà partir d'un seulport.
La questionde la valeur comparéedes priseset des rançonsse posecommecelle de la
valeur des prises faites par chacun des deux ports. Malheureusementles sources restant
aujourd'hui à la disposition de I'historien sont décevanteset difficilement exploitables.53
navireset leurscargaisons sontconnusà Saint-Malopour l'année1690et32 pour 1693soit l2
oÂdu total, chiffre bien maigrepour être significatif.

Quelle fut en effet la part exactedes riches cargaisonset des navires sur lest ? Il est en
fait impossiblede répondreà cettequestionmais l'étude statistiquesystématiquedes armements
corsairesde Dunkerqueet de Saint-Malopermetde faire desremarquesintéressantes.
Répartition des armements corsairesà Saint-Malo
en fonction du tonnage

0-1 9 2049 50-99 100-199 200-399 400-599 + de600 TOTAL


fX tx fx fx fx tx tx CONNU

l 6 88 I 0 0 I 7 0 0 9
l 689 0 I 3 4 t9 1 0 28
l 690 0 0 I 12 l5 0 0 28
r 691 0 2 I l5 l5 0 0 JJ

r692 I 4 6 22 l5 I I 50
r 693 0 4 t2 ll ll J 0 4l
1694 2 a
J t3 9 ll 4 2 44
r695 7 t0 14 20 l0 I 2 59
r696 2 a
J l5 l6 6 I 48
r697 I 3 ll tz t2 2 0 4l

Total 9 30 76 122 r22 l7 6 38r

D'aprèsles piècesjustificativesd'Anne Morel, le total desarmementsmalouinsauraient


étéde 42220.
Répartition desarmementscorsairesà Dunkerque
en fonction du tonnage

0-19 2A-49 50-99 r00-199 200-399 400-499 TOTAL NBRE


tx fx tx tx tx rx CONNU* ARMT**

1688 4 8 4 4 I 0 zl 29
l 689 z ll 6 J 5 0 27 3I
1690 a
J l0 13 6 3 0 35 50
l69l 0 2 7 2 I 0 l2 3l
1692 0 2 I
J 2 2 0 9 J I

1693 2 9 I 7 2 0 2l 89
t694 6 r2 l0 t0 5 0 43 89
1695 I ll I 7 2 0 36 67
r696 l3 29 25 8 6 I 82 84
r697 2 7 8 J I I 22 27

Total 40 l0l 85 52 28 2 308 446

to
Ann. Morel, La guerrede courseà Saint-Malode l68l à 1715,MSHAB. t. XXXVII, 1957pp. 5-103et t. XXXVIII, 1958,pp.
* total i Malo.
**Nombre armt . le nombred'armementsest celui établi par John Bromley.En 1689et en 1695,six mois seulementsonl
connus.
Là encore, la comparaisonentre les deux plus grands ports corsairesfrançais s'avère
extrêmementriche. A Saint-Malo,les deux types de corsairesles plus fréquentsfurent ceux dont
le tonnageallait de 100 à 199tonneauxet de 200 à 400 tonneauxreprésentant plus desdeux tiers
de tous les corsairesarmés. Il est à noter eue, d'une année sur l'autre, ce groupe restera
globalementconstantavec environ quinzeunitésarméesannuellementpour chacunde cestypes.
Trois catégoriesétaienttotalementabsentesau début du conflit: les petitesunités moins de 20
tonneauxet 20 à 50 tonneauxde même que les grossesunités : celles de 400 tonneauxet plus
n'apparurentqu'à partir de 1690,celledesde plus de 600 tonneauxaprès1691.
Le travail deshistoriensmalouinspermetde déterminerun ordrede grandeurde la valeur
de ces navires.Le prix de la constructiond'un corsaireneuf (gréementet canonscompris)
pouvaits'établirainsi :
Moins de 20 tonneaux: 500 à 2 000 livres ;
20 à 49 tonneaux: 3 000 à 8 000 livres ;
50 à 99 tonneaux: 8 000 à 14 000 livres ;
100à 199tonneaux: 14 000 livresà 21 000 livres;
200 à 400 tonneaux: 22 000à 40 000 livres ;
400 à 600 tonneaux: 40 000 tonneauxà 90 000 livres ;
+ de 600 tonneaux: + de 100000 livres.
Il s'agit d'un ordrede grandeurqui semblevalablepour les autresports.Il faut cependant
rappelerqu'au-delàde 50 tonneaux,le financementchangeaitd'échelle.A ce stade,le corsaire
était armé par un groupe d'actionnaires qui confiaient leurs intérêts à I'un d'entre eux,
l'armateur.Après chaquecampagne,les comptesétaientarrêtés; le navire était toujoursrevendu,
souventd'ailleurs aux mêmesactionnaires.Il y avait un important marchéde I'occasionet les
prisesennemiespouvaientà l'occasionse révéler d'excellentsnavirestout en coûtantmoins
cher. On conçoit l'intérêt d'employer le même navire plusieurscampagnesde suite; le poste
achatet entretienétait probablementcelui où I'on pouvaitréaliserles plus forteséconomiesmais
aussicelui où les armateursrecommandaient à leurscapitainesde ménagerle navireet d'éviter le
combat eontre des vaisseauxde guerre ou des corsairesennemispour éviter des frais de
réparation.
A ce premierinvestissement, il fallait rajouterles frais d'avancesà l'équipage(deuxmois
de salaires),la nourriture,les poudreset les armes,I'assurance,etc. Ainsi la mise-horsd'un
anciencorsairede Guernesey,l'Espérancede 25 tonneauxet 6 canons,réarmépar Cros-nierde la
Brétaudièreen 1693,fut estimé,à4 750 livres ; celle du Montcasselde 80 tonneaux,12canonset
100 hommesd'équipagese monta la mêmeannéeà 60 000 livres, le Saint-Françoisd'Assiseet
Ie Saint-Esprit,tous deux de 36 canonset 350 tonneaux,ont coûté ensemble200 000 livres en
1695: le Harcourt de 450 tonneaux<<a certqinementcoustéplus de B0 000 livres à bastir >>et
I' Invincibtede 600tonneauxet 54 canons,pris en 1694,estestiméà plus de I 50 000 livres2l.
A partir de ces quelqueschiffresmais aussid'autrescas,j'ai retenuI'ordrede grandeur
suivant: 4 000 livres pour les moins de 20 tonneaux,l0 000 livres pour 20 à 49 tonneaux,
40 000 livrespour les 50-99tonneaux, 70 000 livrespour 100-199tonneaux, 90 000 livrespour
les 200-400tonneaux,ll0 000 livrespour les 400-600tonneauxet 140000 livrespour lesplus
de 600 tonneaux.Appliquons-lesau tableaude Saint-Malo.Un tel calcul donne une idée
approximativemais intéressante de l'investissement demandépar la course.Sachantque I'on
connaîtle tonnagede 90 % des armementsmalouins,I'extrapolationdonneun investissement
totald'environ29 millionsde livres.
Le mêmecalculdonnepour Dunkerque16 millionsde livres.La structurede ce port était
en effet très différente.Le plus grandnombre des corsairesse situait entre 20 et 49 tonneaux
avec l0l bâtimentssur 308 connus.Si I'on ajouteles 40 barqueset chaloupes de moinsde 20
tonneaux,on peut estimerà 141, c'est-à-dire
46 o du total, les bâtimentsqui n'avaientpas
besoinde faire appelà un financement extérieurà la place.A Saint-Malo,les mêmesnaviresne
représentaient que l0%. A Dunkerque,on ne trouvaitpasde vaisseaux de plus de 600 tonneaux
et seulement2 de 400tonneauxet plus.
Les explicationsgéographiques, historiqueset économiques se conjuguentpour apporter
des élémentsd'explication.Dunkerque était à un emplacementidéal pour intercepterle
commerceà destination de la Hollandeou de Londres.L'étroitessedu Pas-de-Calais privilégiait
les corsairespetits et moyens qui pouvaient
rentrerfacilementà leur port d'attache.A I'inverse,
la ville était françaisede fraîchedate et encorepeu intégréeaux réseauxde financementde
l'intérieurde la France.Les Malouins devaientd'abord éviter les corsairesde Jerseyet
Guerneseyqui se livraienttout à la fois à une courseet une contre-course particulièrement
efficaces.Le problèmede la valeurdes prisesest donc particulièrement importantà résoudre
pourmesurerla situationde cesdeuxports.
A Saint-Malocettevaleur n'est pas connue,celle de Dunkerquedéjà citée supra,fut
estiméeà 22 millions de livres.Par rapportà mes calculs,Dunkerqueaurait été globalement
bénéficiaire. PourSaint-Malo,en revancheles investisseurs ne rentrèrentdansleursfondsque si
la valeurde leursprisesa ététrèslargement supérieure à cellesde Dunkerque.L'étudedespièces
justificativesde la thèsed'Anne Morel ne semblepas aller dans ce sens.On est loin des
cargaisons d'or et desrichessoieriesarrivantà profusiondanslesportscorsaires22.
On peut faire une brève analysede ces cargaisons. Quelquestypes dominaient: celle
destinées ou venantdes Antilles, les cargaisons
de morue,cellesde moyencabotage,celle de
petit cabotageet sur lège. Seulesles premièresétaientvéritablementrentables,à condition
encoreque le navirecapturéfut d'une taille respectable.
Les chiffresdesprisesmalouinessont
en effetd'unebrutalesècheresse: moinsde 3 prisespar corsairemalouinen moyenne.
Plus d'une centainede cargaisons venaientdes colonies: elles étaientcomposées de
sucre,indigo, tabacou de bois de gayac.Vingt seulementportaientles mentionsqui ont fait
rêvertantde générations: poudred'or, sacsd'argent"
soieries,
dentsd'éléphants.." maisla valeur
moyennedes231 rançonsne s'établitqu'à 2 500 livres.Cinquanteprisesportaientla mention

2l
22
( sur lège> ou naviguaitsur son lestrrt'. Un mémoirede 1702 sembleconfirmerces résultats
trèsmoy"nrto'
< Le conseil des prises aurait fait une balance des dépensesdes armementssvec le
produit net des prises au profit des armateurs,faites pendant la dernière guerre, il aurait
reconnu qu'il y a plus de perles que de profits à la réservedes intéressésdans les prises des
Indes t.
Les prises des Indes mentionnéesci-dessusétaient< trois navires anglais venansdes
grondesIndes.uqui auraient produitplusde 12 à 14 millionsde livres...maisdontles intéressés
n'auraient< pas profité de la moitié>, Elles ont été faites par le Françoiset le Fortunéen
septembre1695,armésrespectivement par Luc Trouin de la Barbinayeet Loquetde Granville.
Le Françoisétait commandépar RenéDuguay-Trouin.On retrouveainsi la légende"Les deux
vaisseauxnaviguaientde conserveet avaientdéjà fait trois prisesen communplus trois pour le
Fortunéseul.
A I'analyse,cettecroisièrese révèleexemplaire.
Les bâtimentsétaientdesnaviresdu roi
prêtéspour la courseen applicationdes væux de Vaubanet de Pontchartrain. Il s'agissaitde
vaisseaux capables d'attaquerun convoiennemiet sonescorte,doncde s'emparerdesprisesles
plus richeset les plus protégées.A la croisièreprécédente,
Duguay-Trouins'étaitemparéde
deuxvaisseaux anglaisde 38 et 40 canonsen missiond'escorte.Là encore,la croisièreavaitété
rentableavecla capture du Jffiey, de Londres, chargé de tabac et dents d'éléphants,mais
I'Invinciblede 56 canons,armépar le célèbreMagnonde La Landefut capturésansavoir fait la
moindreprise25.

Que devenaientalorsI'armateuret les intéressés ? La question


aprèsunetelle mésaventure
en tempsde guerreest très mal connuemais l'étude des armementscorsaires
des assurances
malouins révèle une diversificationsystématiquedes risquescomme le prouve le tableau
suivant:

Les armateursmalouinspendantla guerre


de la lieued'Aussbou
ANNEES ARMATEURS AYANT EFFECTUÉ PLUS DUN ARMEMENT UN SEUL
ARMEMENT
I688

l 689 La Brétaudière
3, La Trandière2, DesNaudières
2. t2
I 690 Danycan2. l5
1691 Muet de la Sauvagère
2. 20
1692 Mme de La Barbinais4, Dauycan3, Hervé2. 38
1693 Danycan3. Magonde La Lande3. 20
1694 Madonde La Lande4.La Brétaudière
4. Danycan3, Trouinde La Barbinaye3, 26
Du D o m a i n e2 "
169s K e n n e d y4 " Bro w n e3 ,L a M o tte3 . D u D omai ne2, La Fosse2, B ri court2.Le C amus 26

' " A nnic kM ar ti n -D e i d i eor,p . c i t.p p .3 9 0 -4 1 0 .


24
2sCf note 20.
2 , D u P i g n o nY e r ï 2 .
r696 Danycan4, Kennedy3, NataleStephanini
3.La Villes-treux3, Le Fer-Dupin2, 26
La Villesoffrant2.
1697 M a g o nd e L a C h i p a u d i è re
2 .L a Vi l l ane2,D u 2, NataleStephanini
2,Du 2l
2.

Les grandsnoms de la coursemalouineapparaissent sur ce tableaumais plus par leur


régularitéque par le nombreannueld'armements.Danycanfut le seul qui ait armé 2 ou 3
corsairespar an pendantplusieursannéesconsécutives.
A partirde 1695,il n'armaplus qu'un
seulcorsairepar an et disparaîtmêmedesarmateurs.
A-t-il gagnéen courseet combien? Quelles
furentdoncsesautresoccupations ?
JeanMeyer a brillammentmontréla difficultéde répondreà la questionet prouvétout a
la fois I'enrichissement
et la diversification
desactivitésde DanycanCet armateura réussiautant
par la courseque par sa c-apacité à trouverdes actionnairespour sesnaviresqu'à maintenirses
activitésdu tempsde paix26.
Son cas me sembleexemplairede la réussitede ces Messieursde Saint-Malo.Certains
historienspour déterminerla rentabilitéde la coursene veulentretenirque le produit net des
liquidations.Ils oublient que toutes les taxes, frais de justice, frais divers de gestionetc.
stimulaientl'activité économiqueet étaientsouventréinvestisdans la course.L'Amiral de
France,qui recevaitle l/10', prit despartsdansl'expéditionde Rio de Janeiro2T
Lorsqu'uncorsaireportaitle nom d'un Grandde la Cour,il estpresquetoujoursétablique
celui-cien était un importantactionnaire.Les juges parisiens,pâr I'intermédiaire
de la finance
parisienne,refinancaientla coursedontils étaientde grandsbénéficiaires.
Parmi les actionnaires se retrouvaientde très nombreuxmarchandsde l'intérieurou des
ports de l'Atlantique.Dès lors, il faut réinterpréter
les plaintesou les remarquessur la sous-
estimationde la ventedesprises.Lorsquele mémoirede 1702déjàcité évaluaitlesprisesfaites
par l'armementTrouinà 12 ou 14 millionsde livresdont les intéressés n 'auraientpastouchéla
moitié,lorsquetel commissaire de marineremarquequ'unepriseestimée100000 livresn'en a
produitque la moitié,il est à peu prèscertainque cettesous-évaluation a profitéà desrelations
de I'armateurou aux armateurs.
On peut mêmeparler d'une complicitégénéralepour tic pas faire monter les coursdes
denréesproposéesaux ventesaux enchères.Cette remarqueapparaîtconstammentdans les
Mémoiressur la course,tel ce Mémoired'août 770128
:
( Les armateurs ne manquentjamais de se faire des adjudications, sous des noms
emprunlés,à vil prix, de marchandiseset de vaisseauxpris, qu'ils revendentensuitele doubleou
le lriple, sans tenir compteà leur intéressésque le prix de leur adjudication,c'est un des abus
lesplus ordinairesde la course>>.
Dans la mesureou une telle pratiqueest immémoriale,oh a du mal à croire que les
intéressesl'aient ignoréesauf à en être eux-mêmesles bénéficiaires.
Le roi d Espagnene
'o
JeanMeyer.art. cit" p. 330 et suivantes"
" EtienneTaillemite,Une utilisationoriginaledes forcesnavales,l'expéditiondu Duguay-Trouinà Rio de Janeiro,Mémoiresde
I'Académiede Marine,1973.
28Archivesnationales tondsMarine.83 I 15.f 517. Mémoiresur les armementsen course
prisespar les corsaires
prélevaitpas le l/10" et autorisaitla venteen Espagnedes marchandises
mêmes ellesétaientprohibéesen tempsnormal.
En Fiance.Colbert et ses successeurs refusèrentet par leurs prohibitions,encourageaient
de fait le trafic sur ces marchandisesdont la vente était interdite en France mais que la
bourgeoisieet la noblessesprovinciale possédaientmême dans les lieux les plus reculés.
trrtarsèilles'était fait une réputationdansles acquisde réexportationtruqués-
Il me sembledonc que lorsqueHneriMalo proposaitde doubler le montant net des prises
pour mesurerle coût réel ôauséà 1'ennemi,il était dans le vrai car les résultatsfinanciersde la
gu..r" de la ligue d'Augsbourg correspondentplus alorsà ce qu'il sembleavoir étéla réalitéde
lu Les contemporainsdu XVI" et du XVII" siècle ont toujours estimé que cette gueffe
"ourr".
avait étéla plus rentable.
Cette brève étudea montré I'importancedes lacunesde notre documentation.Faut-il alors
rejetertoutes les tentativesfaites pour mesurerla rentabilitédes campagnesde course? Je ne le
pJnr" pas.Elles sontun élémentextrêmement
'tigu* précieuxde la conjoncture.L'étude la gueffede la
à'Augsbourg a occupé une place déterminantedans cet article car elle me semble la
réferencedansle domainede la course.Elle le permetde mieux apprécierle bilan statistiquedes
guerresultérieures.
Bilan sommaire de la guerre de course
de L702à 1815

Guerre de Successiond'Espagne

Priseset rançonsd'après les Ports


où ellesont été conduites2e

t7 0 2 - t712-
l 703 t7a4 1705 t706 t7a7 1708 t709 1710 1 7t l r713 TOTAL

Dunkerque 179 r25 t45 t)) 245 176 200 148 r58 195 | 726
Cnlais 110 72 90 53 127 145 r90 r63 t74 174 I 298
I-)ienne l4 a
J l3 2 il ) l3 z 8 4 75
Le Havre. 7 l5 t2 l4 9 l3 70 12 15 7 124
Cherbourg. l0 9 2 9 4 I l9 5 6 8 80
Saint-Malo 93 r7 92 70 52 57 39 40 44 24 52 8
Mnrlnix 42 42 98 16 25 l3 26 l5 25 t7 319
Manches,
auftes ports l4 l0 z0 l5 9 J 6 l3 t2 l3 ll4
Rreqt 42 l0 79 80 84 62 70 4Z 48 tJ 590
Vannes,
Port-Louis 2l l0 t2 26 t2 6 7 20 4 15 133
Nentec l3 24 6 7 4 6 2 ll t7 t2 10 2
Bretagne,
autresports. ll 6 9 I 6 4 6 6 49
La Rochelle 9 2 5 ll 5 2 l0 ll ) 39 98
Bordeaux... I I 2 ? I I 4 2 a
J t7
Bayonne.... 7 24 6 7 4 6 2 ll t7 t2 96
Roussillon-
Languedoc.
a
J I 7 J 2 It il J l0 5l
Marseille...
a
J I I t2 5 l0 l7 zl 38 36 r44
La Ciotat... 3 I I
J l0 7 2l l0 ))
Tnrrlnn l8 l4 23 z8 24 r3 21 26 30 )t ?.54
Sommesannuellesverséespar l'amirauté de
Saint-Malo pour le dixième des prises et rançon.'o

h l i i l r c r qt l r
?tr I r::,
14il r*tlt û!
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75

I lfJS ,'ït'$ tTt)t I ril8 | 14$ 31v' ttII I?l1 r Ï

r0D'après
J.S.Bromley: TheFrenchprivateerinswar,op. cit.
On peutnoterque le maximumdesprisesconduitesà Saint-Malose situapendantlesdeux
premièresannéesde la guerreaux environsde 225 000 livres annuelles,pour passerensuiteà
unemoyennede 1000000 livres.
L'année1706est la seulequi existeencorepour la Franceet unepartiede l'étranger; elle
donnelesrésultatssuivants3l
:

VALEUR PRISES+ RANÇONS

l-)rrnkernrre 293634| 154


Brest t62 694| 5l
Cadix 79 828| 19
Toulon...... 1 9 9s 7 2 l 94
S a i n t-Ma l o 134323| 7l
Morlaix 73 033| 30

Citant les mêmeschiffres,M.N. Tarrié et J.C. TarranplacentVannes-Port-Louis comme


premierport avec324 466livres,résultatexceptionnel qui ne peuts'expliquerquepar la prisede
naviresde la CompagniedesIndesqui auraientétéconduitsà Lorientpour y êtrevendusdansle
port réservéà ce trafic. John Bromley ne dit rien à ce sujet. Les autresports sont ensuite
Bordeaux5l 752livres,Calais43313 livres,Ostende38 920 livres,Bayonne38 295 livres,La
Rochelle36 047livres,Rouen32177livres,Nantes21 583livres,Caen16 312livres.
On trouve enfin six ports pour la plupartnon métropolitainsqui vont de 5 000 livres à
2 098 livres: Plaisance,Malaga,La Corogne,Sainte-Croixet Québec.Quelquesgrandsabsents
sur cettestatistiqueI'ensembledesAntilles (probablement pour des raisonsd'éloignement, ces
prisesont été liquidéesà part et n'ont pas été conservées
dans le même fonds et celui de la
Méditerranée. L'absence de Marseilleou de portsde Provenceet du Roussillonou d'ltalieainsi
que le total anormalement élevéde Toulonindiqueque ce port regroupeprobablement toutesles
liquidations de la Méditerranée.
Malgréces lacunes,le l/10'de I'Amiral permetde mesurerl'écartde la valeurentreles
d'un portà l'autre.
captures
Ces résultatssonttrès differentsdu tableauétablia partir du lieu où ont été conduitesles
prises et rançons.Le premier soulignaitpar port l'importancenumériquedes priseset des
rançons,celui-ciprivilégieleurvaleuret ne portequesurun an.
Si Dunkerque,Brest et Saint-Maloconserventleur rang respectif,en revancheToulon
connaîtune progressionspectaculaire et Calaisrégressefortement.L'explicationreposesur la
valeur respectivedes prises et des rançons.Calais est le port favori des Dunkerquoispour
conduireles otagesdesrançonset les bâtimentsde faiblevaleur.Toulonest le lieu d'arrivéedes

'' M.N. Tarriéet J.C.Larran,


op. cit. pp.88-98.
convoiset les corsairesy mènentleursprisesplus richessousla protectiondes convois.Brest
jouantle mêmerôleen Atlantiquecommeleshistoriens malouinsl'ont montré.
Considérant l'annéeI 706 commeune annéemoyenne,JeanDelumeause fondantsur ce
l/10" de l'Amiral estimequele capitalpris aux ennemisà 149225450 livrespour I'ensemble de
la guerre,non comprisla coursefaitepar lesnaviresdu roi et les résultatsdesexpéditions
mixtes
(Etatplus corsaires)".Quantà la questiondu montantdesinvestissements, ne peutêtreen partie
résoluequepour Saint-Maloet Dunkerque.
Annick Martin-Deidier,reprenanten partieles chiffresde JohnBromley,considèreque la
vente des 886 prises et rançonsmalouins a rapporté25 124 596 livres. Sur ce total, les
commissions desarmateurs se seraientélevéesà 668 1l5 livres,lescommissions descapitaines à
401993 livres.Il restealorsà partagerentreles intéressés et les équipages19 069572 livresà
raisonde 6 356 524 livrespour les marinset l2 713048 livrespour les actionnaires. E,stimantà
40 000 livrespar bâtimentI'ensembledesfrais d'armement,de relâcheet de désarmement, elle
obtientun investissement total de 17 millionsde livrespour les 425bâtiments.Elle trouvedonc
un déficit de 4 286 952 livres et conclut en disant <<dans son ensemble,la course un échec
financie, ,tt
En utilisant ses piècesjustificativeset les listes de capitainesd'Henri Malo pour
Dunkerque, j'ai dressélesdeuxtableauxsuivants

Répartition des armements corsaires à Saint-Malo en fonction du tonnage

0 -l 9 20-49 50-99 100-199 200-399 400-s99 + de 600 Total


TX tx tX tX tx tX tx connu

1702 0 0 I J I I 0 6
1703 0 a
J ll l5 24 0 0 53
1704 0 I 18 t4 21 I 0 53
1705 0 I 20 t6 15 0 0 52
1706 I 3 9 7 l0 0 0 28
r707 4 4 a
J 9 0 0 27
I 708 I
I 0 5 ll 7 0 0 24
1709 l2 1 5 l0 8 0 2 38
t7 l 0 9 5 l0 6 0 0 J I

1 7 ll 9 9 3 5 8 1 0 35
1 7t 2 6 6 3
a
J 0 0 0 t2
Total 42 a -
JJ 86 98 109 J 2 369

425 armementsan total furent effectuésà Saint-Malo d'aprèsAnne Morel. Les chiffres manquentsurtout
pour les premièresannéesde la guerre.La différencela plus forte se trouve en 1707et 1708 avec 7 tonnases
inconnus"

" JeanDelumeau,La guerre... art.cit. p. 275.


3r Annick Martin-Deidier,
op. cit. pp. 436-437
Répartitiondesarmementscorsairesà Dunkerqueen fonctiondu tonnage

0 - 19 20-49 5 0 -9 9 100-199 200-399 400-599 Total Nbre


tx tx tX tx tx tx connur armtx*
t702 2 I I I 0 0 5 l5
1703 4 8 4 6 J 0 25 35
a
t 704 9 9 4 J 1 a a
JJ 46
a
1705 I J 1 4 I 0 t0 23
a
1706 3 I J 6 2 0 l5 21
t707 8 t4 7 22 5 63 76
17 0 8 l0 8 14 23 ll 0 66 8l
1709 27 9 l0 t4 9 0 69 78
1710 J t4 t4l I2 6 0 46 52
1 7t l l0 r3 r2 t4 7 0 56 75
l 7t 2 6 t7 t2 10 8 0 53 6I
1 71 3 4 5 7 a
J 4 0 ^a
ZJ 25

Total 82 96 98 104 76 6 464 s88

x Totalconnu: la sourceprincipalevientdeslistesde capitaines


établiespar HenriMalo.
**Nom b rea rm e m e n t:E n 1 7 0 5e t e n 1 7 06,si x moi s seul ement
sontconnus.II y eut doncun mi ni mumde
640 armementsà Dunkerquesanscompterlesescadres royalesdeschevaliers
de Saint-Polet Forbin.

On peut Faire les mêmesremarquesque pour la guerreprécédentSaint-Maloarma des


bâtimentsbeaucoupplus grandsqu'à Dunkerquepuisqueles naviresde 100 à 400 tonneaux
représentaientplus de 50 % descorsairesconnus.En revanche,le nombrede grandsbâtiments
diminuacelui des moins de 50 tonneauxprogressalibrementsurtoutà partir de 7706,ce qui
tendraità corroborerla thèsede la baissede la rentabilitéde la courseou du moinsle désintérêt
desinvestisseurspour les grosarmements, ceuxdont le financement n'étaitpaslocal.
A Dunkerque,les sources était plus lacunaires,les remarquesdoivent être moins
affirmatives.Ou remarquecependantune haussedu nombre des armementset une hausse
simultanéedes petits bâtimentsde moins de 20 tonneaux(82 contre40) et des plus de 100
tonneaux:104et76 au lieu de 52 et28. Alors que les Malouinscessèrent
d'armeren courseà
partirdu secondsemestre 1712,lesDunkerquois jusqu'au
continuèrent printemps1713.On peut
doncadmettrequ'en moyenneles investissements corsaires
à Dunkerquefurentinférieursà ceux
desMalouinsmaisprobablement plusrentables.
Le succèsmême de la courseengendrala contre-course c'est-à-direl'organisationde
croisières
ennemiesvisantà capturerles corsaires
et le renforcement
de l'escortedesconvois.En
1704,12 corsaires
malouinsfurentpris. 1l en 7705,17 en 1708,20 au coursde I'hiver l7l0-
17ll. On peutdoncestimerà plus de centle nombrede navirescapturéspour uneflottetotalede
236 unités.
A Dunkerque.les corsairessemblentavoir été un peu plus chanceux.L'avanmge
géographique
fut là encoredéterminant.
Connaissant
admirablement
les bancs,les Dunkerquois
pouvaientprofiter du faible tirant d'eau de leurs bâtimentspour échapperaux corvetteset aux
frégatesennemies, puis,à la nuit, prendreune fausserouteet se réfugierdansun port ami. Cette
tactiqueétaitprincipalementpratiquéepar les petitesbarqueset chaloupesqui sortaientsurtout
en hiver.
La conjoncturene fut donc pas la même dansles deux port . On comprendmieux que
Saint-Malose tournâtde plus en plus vers le commerceavec l'Espagne,avec les Neutreset
surtoutavec la Mer du Sud. Si la valeurdespriseset rançonsvenduesa Saint-Malofut de 25
millions de livres pour l'ensemblede la guerre,ce montantdoit être comparéavec les autres
activitésmaritimes.
De 1698à 1701,les Malouinsexpédièrent 90 naviresà Terre-Neuve,6 aux Antilleset 28
en Espagne.Pendanttoute la duréede la guerrede Successiond'Espagne,ils en armèrent
respectivement 28, 4 et 7. La courseétait donc le seul moyenpour les petitsde continuerune
activité maritime au départ de Saint-Malo.Le commissaireaux classesde Saint-Malo,
Lempereur l'écrivaitdéjàle 9 avril 1702
< Quelqu'éloignement que les malouins lémoignentpour la course,ils la feronl quand la
guerre sera déclarée,d'abord que le commerceet la pesche leur seront interdits, ne pouvant
demeurer les bras croisés et sans s'occuper de leurs enfants et leurs parents qui se
débaucheraient, s'ils ne sefaisaientrien et les embarrasseraient
>34.
Mais cetteattitudeconcernaitlespetitsarmateurs
spécialisés
dansle cabotage
et la pêcheà
la morue.Les autresavaientdécouvertpendantla guerrede la ligue d'Augsbourgles fabuleux
profitsde la Mer du Sud.
Lempereurarrivantà Pontchartrainlui signalaen 1706que les cargaisonspour la Mer du
Sud valaientde 500000 à 600 000 écus soit I 500000 à I 800000 livres. En 1705, les
chargementsdu Saint- Esprit, du Saint-Josephet du Baron de Breteuil étaientestimésà neuf
millionsde livres.La venteen Amériquedu Sud,le rachatd'une cargaisonet sa reventesur
placeauraientprocurédes bénéficesde 350 à 450 o aux intéressés du Thorignyen 1706.En
mars 1709,Chaberrevint à Port-Louisavecune escadrede septvaisseauxvenantde la Mer du
Suddont cinq appartenant aux Malouins3s.La cargaisonde cesderniersétaitévaluéeà 27 ou 28
millionsde livres,c'est-à-direà peu prèsle doublede ce qu'auraitrapportéla courseà Saint-
Malo et l'équivalentde la coursedunkerquoise. On comprendmieuxqu'un Danycande I'Epine
ait cesséd'armerdirectementen coursepréferantla Mer du Sud.Duguay-Trouinle constatait
avecamertumedansun Mémoiresur la navigationet le commercede Saint-Malo écriten I 7l 5
et en rendaitcesexpéditionsresponsables'o
Ce mêmeDuguay-Trouinoubliaitles expéditionscorsairesfaitespar les naviresdu roi et
les opérations<<mixtes>>regroupantcapitauxprivés et bâtimentsdu roi comme la fameuse
expéditioncontreRio de Janeiroen lTll dont il écrivit qu'elle avait rapportéun bénéficede
q2 %"

A partir d'un dépouillement


collectifmenépar sesétudiants,JeanDelumeaua dresséle
tableausuivant:

'" In A. Martin-Deidier,
op.cit.p. 364.
"'o I d p. 364.
Archives nationals
fondsMarine83 233.Duguay-Trouin,
f" 349.
REGIONSMARITIMES 1695-1713 1744-1745 t756-t763
enVo(t) enYoQ) en oÂ(3)

Dunkeroue et Calars 43.20 28.40 19.80


Ports hretons 28.20 33.70 15.90
La Rochelle à Bayonne 5.70 6.70 13.90
P o f t sd e P r o v e n c e , . . .-. 9.30 2.70 7.2
Amériorre 5.80 14.30 17.7
Fsnasne et Portrrgal 4.00 l.00 8.70

( I ) Statistiques
portantsur 9 88 I priseset rançonsconduites
danscesports.
(2) Statistiques portantsur 617 priseset rançons.
(3) Statistiques portantsur720 priseset rançons

A partir de ces résultats,Jean Delumeausouligne la part encore faible des ports


atlantiqueset méditerranéens.Elle peut s'expliquerpar l'éloignementde ces ports des voies
maritimesde I'Angleterrede la Hollande.Au coursde la guerrede la Successiond'E,spagne, la
marineanglaise n'avaitpasencorela prééminence qu'elleeut pendantla guerrede SeptAns ou
sous l'Empire.Les activitéstraditionnellespouvaientencorese maintenir,ce qui rendaitla
coursemoinsattractiveet moinsnécessaire.
Pendantla guerrede Succession d'Autrichepuis la guerrede SeptAns, les portsde course
de la Mancheet du Pas-de-Calais déclinèrent au profit d'un port méridionalcommeBayonneet
surtoutdesAntilles.D'aprèsJeanDelumeau,les corsaires françaiscapturèrent I 183marchands
et exigèrent443 rançonspendantla guerred Succession d'Autriche.Lors du conflit suivant,
2 3 6 l p r i s e s e t r a n ç o n s a u r a i e n t é t é f a i t e s . L e p r o d u i t bl 2r u
l at yd ae nl t é t é é v a l u é à 3 8 3 0 0 6 8 2
livres,il estimele totalà 80 millionsde livres".
Pour Dunkerque,les résultatsvarientselonles auteurscar corsairesont été réquisitionnés
par le roi à diversespériodes.Henri Malo a dénombréen plus 145armements et 120capitaines
de 1744à 1748"
S'appuyant parisiennes,
sur lessources A. Bouquerelet D Julienont compté88 bâtiments
dont65 au tonnageconnu.l3 faisaient
moinsde20 tonneaux,l9 de 2l à 49 tonneaux,l5 de 50 à
99 tonneaux,8 de 100à 199tonneauxet 3 de plusde 200tonneaux:la Royale,200tonneaux, le
Solide,200tonneauxet le Comtede Lowedal300tonneaux.
Le total descapturesconduitesà Dunkerques'élevaà 262 dont 176 par les Dunkerquois,
36 autresétantle fait de corsairesvenantde Calaiset 26 de Boulogne.255 otagesde navires
rançonnés furentmenésà Dunkerquepour une valeurde I 31I 336 livres+ 14 650 livresde
HollandeeT24 120florinsdont 138par les Dunkerquois pour unevaleurde 620328livres.La
valeurtotaledescapturesdunkerquoises auraientétéde plus ce 12 millionsde livres.Le tableau
suivantrésumela conjoncture dunkerquoise38:

" JeanDelumeau, La guerre... art.cit pp. 274-277.


r8 D'aprèsHenri Malo. Les derniers
corsaires,piècesjustificatives.
Annie Jouquerelet Dominique Julien,La guerre de coursedans lesports français pendant la guerre de Successiond'Autriche
1714-l748,pp.88-92.
ANNÉES NOMBRE NOMBRE NOMBRE
D'ARMEMENTS DE PzuSES DE RANCONS

t7 4 4 28 55 27
1745 23 a -
30
t7 4 6 14 30 26
t747 l3 29 4l
t7 4 8 t6 25 7

La baisse des armementsen 1746 s'explique par les 8 corsairesde Dunkerque


pour l'expéditiond'Ecosseet dont deux furent pris. Au total, 14 corsairesde
réquisitionnés
Dunkerquetombèrentaux mainsdesAnglais.
A Saint-Malo,le bilan fut le suivant:

ANNEES NOMBRE TONNAGE NOMBRE NOMBRE


D'ARMEMENTS TOTAL DE PzuSES DE RANCONS

t 74 4 l1 | 3r2 65 I
1 74 5 27 5 545 l3
1 74 6 28 5 491 78 t4
t 74 7 16 2 875 41 I
1 74 8 6 868 l8 0
Total 88 1 65 6 2t x 315 a,)
ZJ

La flotte malouine était composéede 55 naviresdont 24 furentcapturéset 7 coulés.On


peut noterun débutde concentration desarmements puisqueRichardButler arma l3 corsaires,
Pierrede la Motte 6 et Bidault de Juttigny5. Grâceau comptedu 1/10"de l'Amiral, il apparaît
que 38 armementsdonnèrentlieu à un prélèvementpour la sommetotale de 627 870 livres.
Depuis1743,la législationque le 1110" avaitchangé.II se prélevadorénavant sur le 1110"
des
gains réalisésà la fois par les équipageset les intéressés. Il n'est donc plus possible de
déterminerla valeurglobaledes priseset des rançonsniais seulementle nombred'armements
bénéficiaires"Il sembledoncque21 campagnes aientétédéficitaires
maisque les38 armements
ayantverséla taxe pour l'Amiral aientpermisaux actionnaires de rentrerdans leursmise de
fondset aux équipages de recevoirplus que leursavances.Les gainstotauxont étéde 6 278 700
Le produitbrut de l'ensembledescapturesmalouinesdoit se situerdansune fourchette
livres3e.
allantde 9 à l2 millionsde livres.

'o JeanneLemay,épouseRoncato. guerre


La de courseà Saint-Malo sousLouisXlu,thèseécoledeschartes1948.
Bayonne
Ce port et sa régionont étérécemment
étudiéspar I'historienanglaisPatrickCrowhurst.Il
a trouvéles résultatssuivantsao:

Années
Bayonne Saint-Jean- Autres Bayonne Saint-Jean- Autres Total
de-Luz ports de-Luz ports

t 744 ll a
J I 9 I 2 t2
t 74 5 20 7 2 22 J I 26
1746 25 3 7 36 1l 6 53
1747 27 2 6 40 3 t2 55
1748 20 I 4 27 J 16 46

Total 103 16 20 134 2T a -


J I 192

PatrickCrowhurstfait d'abordremarquerque les Bayonnaiseurentune activitécorsaire


sousLouis XIV puisqu'ila trouvé45 lettresde marqueattribuées à Bayonneet 24 à Saint-Jean-
de-Luz;34 prises furentfaitespar I'ensemble
de cescorsaires.
Sansêtreextraordinaire,la guerre
de coursen'y fut pasmarginaleet reposaitsur une anciennetradition.Elle se développapendant
la guerrede Succession d'Autricheen raisonmêmede I'augmentation du commerceanglaisvers
les Antilles, le Portugalet la Méditerranée.
Cependantles Basquesétaienthandicapés par les
corsairesanglaisde Londres,et de Bristol qui naviguaient
volontiersdansle golfe de Gascogne
pour s'emparerdes navirescoloniauxFrançaisou pour recapturerles prisesdont les Français
venaientde s'emparer.
Bayonnene bénéficiaitpasdesavantages géographiques desMalouinset desDunkerquois
maiscertainsnaviresfirent descampagnes carsi le nombrede prisesfut peu élevé,la
rentables,,
valeur des prisesfut très supérieureà celle des charbonniers ou des caboteursde la Manche.
PatrickCrowhurstnote aussiquetrèspeu de corsairesbasquesfurentcapturéscar ils pouvaient
aisémentse réfugierdansles ports d'Espagneet du l-Portugal.En définitive,cetteguerrefut
probablement la plus rentablepour lescorsaires
basésde Saint-Jean-de-Luzà Bayonne.

Les Antilles.
Le dernierpoint soulignépar JeanDelumeauest la montéede la courseaux Antilles au
coursdu XVIII" siècle.La traditionde flibustey étaittrèsancienneet la disparitionde la plupart
des archivesa contribué,me semble-t-il,a sous-estimécette course.Pendantla guerrede
Succession d'Autriche,lesjugementsdesprisesne portentque sur les années1744-1746.Ils ne
mentionneque 208 prises faites par 46 corsairespour les Antilles et le Canadamais sans
indicationde tonnageou du montantdescarsaisons. Heureusement un mémoiredesarchivesdes

oo Patrick Crowhurst,BayonnePrivateering1744-1763,
colloqueCHIM San Francisco1975,op. cit. tome l,
p p .4 5 3 - 4 6 8 .
coloniesnousdonnela valeurde 138prisesfaitesà la Martiniquede mai 1745à septembre
1746,
ce qui m'a permisd'établirle tableausuivantar
:

Origine Nombre % Valeuren %


Iivrestournois

Amériorre 74 5? 5
e r
) r 690 875 ?7 5

d o n tB o s t o n . . . . 30 636 012
dont New-York t6 3 0 00 0 6
Antilles 24 17,4 360 012 8,1
dont Jamaïque 6 1 0 16 2 1

Origine Nombre % Valeuren %


livrestournois

dnnt A nf iorreq 9 67 003


A n ql eterre 30 21,7 996 6tl 44,4
Irl nnde 6 4,4 219 279 4.,8
Hollande J )- )1" t89 914 4,2
F'ra n ce I 0.7 42 000 0,8

Avec le développement du commercecolonial,ce fut aux Antilles que se trouvèrentles


prisesles plus richesà I'exceptiondesvaisseauxde la Compagniedes Indes.Outreles navires
chargés de sucre,de caféou d'indigoet de coton,le corsaire
pouvaitespérerfairelaprisela plus
recherchée : celle d'un négrier.Avec la guerre,le commercenégrierfrançaisavec l'Afrique
s'arrêta alors que celui de l'Angleterre se maintint. Au moins 20 négriersanglais non
comptabilisés ici furentpris,valantde 100000à 500000 livreschacun.
Cettehistoireestpour l'essentielencoreà écrire.Elle confirmerasansdoutela montéede
la courseauxAntilles,à la Martiniquemaisaussià Saint-Domingue.

La guerrede Sept-ans.
Cetteguerrecommençapar la talle de l'amiralBoscawen. En pleinepaix avecla France,il
s'emparaen novembre1755de la flottede grandepêcheet de la flottecolonialesoit 300 navires
et plus de 6 000 matelotset officiers-mariniers.
L'amiral anglaisfit d'unepierrecoupdouble.En
prenantla flotte coloniale,il portaun coupterribleaux financesdesarmateurs,retardantd'autant
lesarmements en course;en s'emparant deséquipages de pêche,il privaitla marinede guerrede
sesmeilleursmarins"La défaitedesCardinauxfut autantdueà l'incompétence desofficiersqu'à
or A r c hiv es
nat i o n a l efo
s n d sC o l o n i e sC 8 8 2 2 .
la nullitémaritimede leurséquipagesa2
Dansde nombreuxports,on voulut armeren coursecommele seul moyende poursuivre
une activitémaritimemais Louis XV ne publia déclaration de guerreque le 15 mai 1756.ll
cherchaà favoriserles corsaires
de plus de 20 canonsprovoquantles protestations
de nombreux
armateurs commeceuxdu Havre.Cesderniersestimaient qu'unefrégatecorsairede 26 canonset
12 livres nécessitaitune mise-horsde 250 000 livres sans compter les frais de relâcheet
rappelèrentquea3:
< Les armateursde tous lesports se trouvant enperte depeut-être50 millions de livres ou
plus depuis six mois que les Anglais exercentune piraterie odieuse, ils ne peuventpas faire
autant d'efforts que lorsqueleurfortune était entière.t
Parallèlement aux statistiques
de JeanDelumeau,la série 134 et G du FondsMarine des
archivesnationales comprenddesétatsportantsur un total de | 729 priseset rançons.On peuten
tirer le tableausuivantaa
:

Corsaires Armements P ri ses Rançons Total

l)rrnkerorre 77 t2l 358 330 688


Se inf -l\zf q ln 60 69 202 55 257
Ravnnne 79 128 305 70 375
Rordenrrx 44 54 55 t4 69
1 ô
Borrlosne 24 JL 7l 6 77
f)ienne 19 2l 7 7 t4
Saint-Jean-de-Luz. l7 35 97 l1 108
A rrtrec. norf s 41 50 128 9 137

Total 361 510 t223 506 1729

Ce tableaucontinuepour la Francemétropolitainele déclinrelatifdesportsde la Manche


et du Pas-de-Calais.
La supérioriténavaledesAnglaisleur permitun blocusefflrcace de cesmers
et même d'attaquervictorieusement Saint-Malo.Cette maîtrisede la nier obligeades ports
peu tournésversla courseà s'y lancer.A cet égard,le casde Bordeauxfut le
traditionnellement
plusexemplaire avecceluidesportsbasques.
Dunkerquerestacependant
le premierport caras:

oz JeanMeyer,L'armementnantais
dansla det*rièmemoitiédu XVII| siècle,Paris1969,pp. 378-389.
T.J.A. Le Goff, L'impact des prises effectuéespar les Anglais sur la capacité en hommesde la Marine française au XVIIf
siècle.JeanMeyer et MartineAcerra,Les Marine Européennes XVIf -XVIIf, colloqueSorbonne1985,pp. 103.123.
a3
Archives nationalsfonds Marine B3 527. f' 84-87.
aaArchives nationales fonds Marine
et B4 94 et 84 95. Etats desprises et rançonsfaitessur les ennemisde I'Etat et Archives
nationalesfondsMarine G 77.
ot
Id.
< L'armement se foft dans ce port qvec plus de facilité qu'ailleurs. Tous les marins
étrangersy accoururentpour y trouverde I'emploiparce qu'ils ne sontpas soumisaux classes.
Environ deux mille matelotset fficiers-mariniers de ceport se trouvqnt sansemploi,parce que
tout commerceest suspendupendant la guerre, n'ont d'autres ressourcesque de portir en
course...D'ailleurs, dèsla déclarationde guerre en 1756,bien que lesAnglais leur eussent
pris
de nombreuxvaisseauxen pleinepaix, les Dunkerquoisarmenttout ce qui leur resteen course,
en construisenten diligenceet chaquenavirequ'ils prennentdevientun nouveaucorsaire...l
Le même mémoireaffirme qu' < ils armèrent87 corsairesqui firent 691 prises qui ont
produit net I5 363 122 livres>. Citant la même somme,Henri Malo ajoutaitque les Anglais
avaientestimé les pertescauséepar les Dunkerquoisà 45 millions de livres. L'estimation
d'Henri Malo reposesur l'argumentqui consisteà montrerque lesprisesfurenttoujoursvendues
trèsen dessous de leurvaleurréelle.
Les armateurs continuèrentde s'enrichiret selonlui, lesarmateurs
Coppens,Caillezet
Bénardauraientfait pour 4 891 416livresde captures. Briansaux2 004394 livres,Philippe
DucrocqI 516 332 livreset Tavernede Montd'hiver834437 livres(produitnet).La plusbelle
priseseseraitmontéeà2 400000 livresa6.
D'aprèsun sondagequej'ai fait danslesétatsdesarmements
conservés
dansla série84.
lesprincipauxrésultats
chiffrésfurentlessuivants:

Porls Nombre Prises* Rançons Valeur


d'armements liquidées en livres

T)rrnkerorre 121 596 t3 806 842


Dienne 2l 7 96386
T.eHavre l5 39 595 194
Cherhorrro 4 l0 17t 924
Grandville t2 39 874 t9l
Qo i nf -l\zf o I t/*\ 69 t7l 3 3 00 0 0
P o r f - T . o r ri s 2 4 t4 478
Rordearrx 54 63 2 5s7 244
(xx\
Ravonne t28 351 l 6 242 644
Saint-Jean-de-Luz 27 100 5 5 8 30 8 8

(*) Saint-Malo: le chiffre connune mentionneque le produitnet alorsque pour tous les autresportsil s'agit du produitbrut
(**) Bayonne: en fait seulesI l4 campagnes
et 3l I capturesont été liquidéesmaisle chiffre brut totalétantdonné,je I'ai cité

ou
Id.
Ce documentesthélasincompletpuisqu'ilmanqueBoulogne,Calais,Brest,l'ensemble de
la Méditerranée,des ports étrangerset des colonies.A Brest fut ainsi conduiteune prise
véritablement
fabuleusel'Ajax, évaluéeà 4 172 496livrescar elle contenaità bord unecaissede
diamants.Cettestatistiqueestnéanmoins trèsprécieuse car elle estcomplétée
par lescomptesdu
6 denierspour livrespour les Invalidesde la MarineotOn peutainsidéterminerla rentabilitédes
campagnes de coursemaisseulement pour Saint-Maloet Bayonne.
Saint-Malo
A Saint-Malo.le bilan fut le suivant
Années
Nombre Tonnage Nombre Nombre
d'armements total de prises de Rançons

1756 t4 13t2 47 0
1 75 7 29 5460 76 3
r758 5 770 13 1
1 75 9 2 280 0 0
1760 25 tt465 54 18
t76l 9 I130 13 42
1762 13 I 153 l5 1
l

Total 97 11570 218 65

A ces résultats,oh peut ajouter que sur 82 corsairesmalouinsdénombrés,2l furent


capturéset26 détruits;20 furentincendiés lors du raid anglaisde 1758dont on mesuresur ce
tableaules conséquences sur la coursemalouine.Grâceaux comptesdu 6 denierspour livre qui
ont étéconservés,Annick Martin-Deidierestimeque21 campagnes ont été gagnantes,
6 nulleset
70 déficitaires.
Quelquesarmateurs furentheureux,Magonet surtoutle pèrede Chateaubriant.
Le bénéfice
net de la premièrecampagne de coursedel'Amarantheen 176l auraitétéde 357216livrespour
sa part.La mêmeannée,il achetaitla terrede Combourgpour 370 000 livres.Au total, il aurait
gagnépendantcette guerre 693 000 livres. Globalement,ce conflit fut le plus sombrede
I'histoiremalouine.La progressiondu nombrede rançonsme sembleexemplaireà cet égardde
la dominationanglaiseen Manche.Pouréviterle risquedesreprises,les Malouinschoisirentde
rançonnerlesnaviresdont ils s'emparèrent.

a7Archivesnationales
Marinefonds84 95. f' 60-72.f' 144-150.
Bayonne
A Bayonne,le bilans'établitainsi:

ARMEMENTS PRISES
Années
St-Jean Autres Bayonne St-Jean Autres
Bayonne
de-Luz ports(l) de-Luz ports
Total

1756 l7 8 2 ll I I l3
1 75 7 52 l3 8 44 l3 t2 69
1758 t7 4 1
J 26 6 2 38
1759 l3 6 2 l4 1l 19 44
1760 28 6 8 3l t9 15 65
176l 48 t2 7 62 25 )z l19
1762 45 6 4 55 20 1 ô
JZ 107

Total 220 56 34 243 99 l13 455

(1) Autresports: cetterubriqueregroupeprincipalement


Cibourreet lespetitsportsvoisinsgénéralement
mis sous
le nom de Bayonnedansles étatsenvoyésau ministre.

Les comptesdu 6 denierspourlivresdonnentpourun totalde 114courses et 311prises,34


campagnes et l0l capturesnon liquidées.Les 80 armementsconnusse partagèrentenTre42
bénéfrciaires
et 33 déficitaires.Les 42 coursesrentablesauraientdemandéun investissement
total de2476158 livrespourun bénéficenet à distribuerentreles actionnaireset les équipages
de 5 596720 livres.A Saint-Jean-de-Luz, pour 28 campagnes et 84 captures,21 sont connues.
Quatrearmementsont été en perte et 17 furent bénéficiairespour ces derniers,les frais se
montèrentà 900 157livres.Actionnaires et équipagepartagèrent
2 808 840 livres.
Les résultatsglobauxde Bayonnesontspectaculaires par rapportaux guerresprécédentes
Patrick Crowhurstles expliquepar la nécessitéde pratiquerune activité maritime presque
anéantiepar la dominationanglaisemais il soulignel'importancedes armementsdéficitaires
voire desCorsairesn'ayantfait aucunecapture.La coursen'y fut doncqu'un pis allercompensé
par la perspectived'une prisemirifique.La quasiabsencede courseà Bayonne,Saint-Jean-de-
Luz et Bordeauxpendantla guerred'indépendance américaineprouveraitselonlui cettethèse
d'unecoursede la contrainte.
Dèsque lesconvoisfurentefficaces,il y eut plus à gagnerà commerceren tempsde guerre
avecl'Espagneet les coloniesqu'à arriveren courseo8
La guerred'Indépendance
américaine
Paradoxalement,
ce conflit a été un desmoinsétudiés,raisonqui amenaJeanDelumeauà
me demanderd'étudiercettepériodetantdu point de vue desconvois,de la conduitede la guerre
navaleque de la course,Ne pouvantrésumermes étudesdanscet articlepour des raisonsde
place,je me contenterais
de reproduireles principalespiècesjustificativesquej'ai pu élaborées.
Mes principalesconclusionssontles suivantes: le succèsdesconvoisfut la raisonprincipalede
I'absencede coursedans les ports atlantiqueset méditerranéens, La rareté des équipages
corsairesne me sembleavoir été un facteurdéterminantde la baissede la coursecomme le
prouvel'exemplede Dunkerqueet dansunecertainemesuredu Havre,Je rejoinsen celaPatrick
Crowhurst,PaulButel pour Bordeauxet JeanMeyerpour Nantes.
J'ai aussitentéde montreren étudiantle rôle de la Marineà quel point les naviresdu roi
furentde redoutables concurrents pour les corsairesen s'appropriantles prisesles plus riches.
Saint-Malovit ses activitéscorsairesdécliner mais ses armateurscomme ceux du Havre
transférèrent leurs activitéssur l'Atlantique à Bordeaux,Lorient et Nantes.Ils eurentaussi
massivement recoursaux pavillonsde complaisance. Dunkerque,encoreune fois fut paradoxal.
La valeurdescaptures, comptetenude la dépréciation monétaire,y fut supérieure à la guerrede
Sept Ans Là encore,la conjoncturemétropolitainedoit être considéréeavec prudence.Les
statistiquessur les Antilles et l'île de Francemanquentmuais la coursey fut très importante,
d'aprèsla correspondance du marquisde Bouillé,gouverneurdesîles du Vent. Il faudraittenir
compte de la course insurgentequi venait vendre ses prises à la Martinique ou à Saint-
Dominique.
AugusteToussaint a chiffréla courseà l'île Bourbonet l'île de Francede 1778à 1781à 45
navires anglais saisis pour produit brut d'au moins l3 millions de livres et plus
vraisemblablement de 20 millions. La seule vente d'un indiaman: I'Osterleyse monta à
3 530466 livressoitplusquela massemonétaire totalede l'île de France.Il faudraity ajouterles
prisesfaitespar Suffrensur la côtede Coromandel. Ainsi cettecoursede I'océanindiendépassa
largementcellede Dunkerqueet représenta plusde la moitiede la coursemétropolitaineae

49
La courseet la pirateriedansl'OcéanIndien,colloqueCHIM SanFranciso,1975,tome,
AugusteToussaint,
p .7 0 8 .
N E J
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Exemplede quelquesmises-hors
de corsairsde Dunkerqueen 1779{r)

Nom du navire. Chanlieu Necker Dunkerquoise D uc ? (* )


Nom de I'armateur Carpeau Haussoulier Aget Salomezcadet
Type. Frégate Seneau Frégate Frégate
Construà
it ..... Dunkerque Havre Havre Boulogne
Date. 1779 r778 1779 1779
Tonnageestimé. 1 0 0t x 1 5 0t x +/- de 200 tx 250tx
Nombrede canons 14de4 1 2d e 6 1 8d e4 16 de 6/8 de 8 2 0d e 6
E quip a g e . 90 hommes 1 3 5h o m m e s 164hommes 1 5 0h o m m e s
P r ix d e l a c o q u e . 26 483 25 348 45 000 43 000
Forgeronet cordier. l0 556 l0 233 l8 580 9 948
Voilier. ? 2 944 6 400 6 731
P ouil l e u r. ? l3ll 2 029 I 036
Chau d ro n n i e. .r". 870 ? ? ?
Les td e fe r.. .. 4 000 7 655 9 900 5 734
A p o t h i c a i r e. . . . s77 ? ? ?
Instruments
de chirurgie.. ts2 ? ? ?
Canons,armeset poudre. | 257 t4 526 1 73 0 0 l8 458
Vivres 3 218 r0 269 1 50 0 0 9016
de gréementet
Journées
d'armement.... 23 084 25 045 44 495 32 849
Fraisde cabaret. 2 757 3 162 6 375 4 188
Avance6 semaines
équip. 25 284 33748 45501 37 960
Divers 2 554 3 795 460
231
Commissionarmateur.
... 2 735 2741 2 878
2 130
T o t a l1 "m i s e - h o r s . . . . . 139 532 2 1 72 2 6 1 7 22 5 8
Désarmement
et relâche. 1 0 85 3 2
1 0 65 0 1 70 357 5 56 5 0
T o t a ld e sd é b o u r s . . . . . 1 8 8l 1 3 246 033 293 583 227 908
(*) Plans conservésau musée naval de Greenwich
1778- t 78 2 Liquidationgénérale
en l.t Nom du corsaire Tonnage Année

Saint-Malo 704.500 Bougainville 460 l 780


6 9 9 .0 0 0 Aigle 650 t78l
6 7 7 .0 0 0 Duc de Chartresn" 2 150 I 780
4 9 6 .0 0 0 Duc de Chartresn" l 150 1779
439.000 Duch. de Polignac 450 1781

Dunkerque 1. 0 6 1. 0 0 0 Franklin 300 1781


820.730 Chardon 240 1781
856.614 Fantaisie 90 178l
602.t91 Victoire ? 1781
559.815 Fleur de mer 70 t778
569.087 Civilité 1 I 780

Au terme de notre étude qui a porté durant cinq ans sur la totalité des corsairesfrançais
répertoriés
dansles sourcesofficiellesnouspouvonsaffrrmerque les prisesles plus richeset les
plusnombreuses sontfaitespar lescorsaires
lespluspuissants.
Deuxtableauxrésumentla coursedunkerquoise
:
D unkerque
Corsaireschanceuxet bredouillesen fonctiondu tonnage
(l 778-l783)

I à 1 9t x 20 à 49tx 50à99tx 1 0 0à 1 9 9t x 200à 399tx + de 400tx TOTAL

Chanceux 4 24 35 26 7 3 99

Bredouilles I 9 5 4 0 39

Il faut rajouter3l chanceuxet 29 bredouilles


dont le tonnagen'estpasconnu

Par chanceux,il faut entendreun corsaireayant fait au moins une prise ou une rançon, ce
qui ne signifie pas que la campagneait été rentable.
Evolutiondesarmementscorsairesà Dunkerque: 1778-1783s0

1778 1779 I780 1781 t782 t783 TOTAL

Chanceux l5 23 31 38 23 0 130
B r edouilles 5 6 15 33 3 68
P r is 4 8 2l 26 2 69
TOTAL 20 20 5 l 53 56 3 198

Salaires moyens versés pendant la guerre d'Indépendance


(en livres-tournois)

Avances pour deux mois Corsaire Navire du roi Commerce


colonial

Premier et secondmaîtresd'équipage. 200-300 I 10-140 I 80-240


Pilote, contre-maître,maître de prise.. 200-250 66-90 14 0 - 18 0
M a t e l o tà h a u t ep a y e ,c a n o n n i e r . . . . . . . I 50-350 42-48 120-240
Mafelnf À mnindre nzve r20-200 32-36 130-170
Novices,uneseulecampagne ou soldat 5 0 - lI 0 28 48-I 00
Moussefort ayantdéjànavigué... 20-31 l8 r 8-30
J\/nrrccp 18 l6 t8-22

Les salairestrèsélevésdescorsaires doiventêtrepondéréspar le fait qu'aux escaleson ne


verse que des demi-gages,D'autre part, il est très rare que I'on embarqueplusieursfois
consécutiveset il faut retirer les périodessans salaireparticulièrementimportantespour les
et dansunemoindremesurepour le commercecolonial.
corsaires

to Patrick Villiers, Convois et corsaires


dans l'Atlantique pendant la guerue d'lndépendancedes Etats-Unis
d" ' A m ér ique, 6 .C L V I, l , p" 49.
r e v u eh i s to ri q u e ,1 9 7C
P at r ic kV illie rs ,L a m a ri n ed e L o u i sX VI,to me 1,495 p., J" P .D ebbane édi teur,Grenobl e1985,pp. 104-10 9et
235-240.
Répartition desprisesfaites par les bâtimentsdu Roi
en fonctiondu lieu de ventesl

Prises
Port du Espagne+ Antilles Armées
Années +
particulières Total
Ponant Portugal navales
autreslieux

1778 t) 3 2 r37 215


1779 55 a
J 2l l5 ? 94+?
17 8 0 29 2 6 77 1t4
1781 37 5 8 45 195
1782 t2 4 r45 69+?
I 783 4 4 7+ ? 4

TOTAL 206 t3 21 45 406+? 768+?

(*)
Prisesdont la valeur est connue

Espagnex Prises Armées


Ponant Antilles Total
Portugal Particulières navales

Nbre Valeur Nbre Valeur Nbre Valeur Nbre Valeur Nbre Valeur Nbre Valeur
180 5 3 4 7364 13 500229 l5 812976 4 l 2 5 3 1214 406 1 31 6 68 5 9 655 2 t 3 5 32 1 7

(*) Les prises vendues dans les ports de Ponant et en Espagne+ Portugal comme les prises particulièresont pour la
plupart été capturéespar des frégatesou des corvettesen mission ou détachéesde I'armée : elles sont comptabiliséshors
arméesnavales.

Cessourcesne sontpastoujourshomogènes et les chiffresobtenussontuneestimationpar


défauttant en nombrequ'en valeur.Pour les années1779et 1782nousconnaissons le montant
desprisesmaisnon leur nombre.Pour 1778,1779et 1780,manquela valeurde I l3 navires.Il
faudraitajouterlesprisesfaitesen Méditerranée
et dansI'océanIndien.C'estdoncun minimum
de 900 d'une valeurau moins égaleà 3 millionsde livres qu'il faut estimerl'ensembledes
capturesfaites par la Marine royale pendant la guerre d'lndépendancedes Etats-Unis
d'Amérique.

La coursesousla Révolution,le Consulatet I'Empire

Une premièreremarques'impose: le nombredes travaux scientifiquessur le sujet est


ridiculementfaible alorsqu'au contraireles ouvragesde secondemain ou fantaisistes
abondent.
Saint-Malo,Dunkerqueet Boulognesontrelativement bien étudiésmaispar desouvrageset des
articlesanciens.à quelquesexceptionsprès. Surcouf a trouvé son historienavec Auguste
Toussaintde même que Bordeauxav Paul Butel. Ulane Bonnel a remarquablement posé le

' ' P a t r i c kV i l l i e r s ,
M y t h e . . .a, r t . c i t .p, p . 7 4 - 7 6
problèmedes Neutresdans sa thèse: La Frances,les Etats-UniseTla guerre de course.Anne
Perotin-Wildetravaillesur le problèmedescorsaires
aux Antilles,en particulierà la Guadeloupe
mais aussi sur leur devenirpost-napoléoniendans une riche problématiquesur les corsaires
jacobins et les corsarios insurgentesdans le golfe du Mexique et les indépendances
américaines18I0-I830s2
A la lecturedecesdifferentsouvrages,I'idée s'imposed'un renouveau delacourseà la fin
du XVII" siècleen particulieren Méditerranée,
aux Antilleset dansI'océanIndienmaisavecun
correctifimmédiatle déclin des ports de Saint-Maloet de Dunkerque.La valeurdesprisesne
cessad'y déclineren mêmetempsquele nombrede corsaires pris augmenta.
A Dunkerque,le total des armementsse monra à 233 pour vingt ans. On compta50
armements de févrierà juin 1793,puis un embargogénéralen métropolejusqu'enfructidoran
III. Vinrentensuitel9 armements pour l'an IY, 24 pour l'an V, 43 pour I'an VI, 24 pour l'an
VII, 8 pour l'an VIII et 17 pour I'an IX. A la reprisedes hostilités,les équipages furent
réquisitionnés sur la flottillede Boulogne,un seulcorsaireen l'an XI,,2 en l'an XII, 3 en I'an
1 8 0 8 , 8e n 1 8 0 9l,5 e n 1 8 1 0 , 7e n 1 8 l 1 , 5e n 1 8 1 2 , 1 e 1n 8 1 3e, t I e n 1 8 1 4C. o m m el e n o t eH e n r i
Malo, il n'était plus questionde frégatesde 250 à 300 tonneauxmuaisde lougresde 20 à 50
tonneaux. Au l"'août 1793,IesAnglaisavaientcapturé19 corsaires sur 50. Du23 thermidoran
III au 30 fructidoran V, le produitdesprisesde 38 corsaires semontaà2842 000 livresmais2l
corsaires avaientétépris.
Il y eut encorede trèsbellescourses.
Un CornilDelattrefit 65 prisesde 1793à 1805pour
unevaleurde 7 millionsde livres,maisle centrede la courses'étaitdéplacécommele montre
l'étatsuivantcitépar I'abbéRobidou":
Etat numératif desPrisesconduitesdansles Ports de la République
depuisle commencement de la guerrejusqu'au dernier fructidor an VII

1793
An III An IV AnV An VI An VII TOTAUX
et An II

B r es t . 300 56 28 75 36 l8 543
T oulon. . 162 57 5 2 t6 ^a
ZJ 264
Rochefort 93 30 t4 39 25 l6 2t7

A reporter.. 585 143 47 ll6 77 47 | 024

52AugusteToussaint,LesfrèresSurcouf,Paris,1979.
PaulButel, L'armementen courseà Bordeauxsousla Révolutionet l'Empire, RevueHistoriquede Bordeaux,
1966,pp. 17- 64 .
PaulButel, Les dfficultés du commercemaritimebordelaissousle Directoire : exempled'adaptationà la
conjoncturede guerre maritime.
UlaneB onn e lL, a F ra n c e ,l e s Eta ts -U n i s e tl aguerredecourse(1797-1815),489
p.,P ari s1961.
Anne Pérotin-Dumon, Etrepatriotesouslestropiques,Basse-Terre,1985,340 p., voir en particulierle chapitre
I X , la guef f e. ..
t'Abbé F. Robidou,Lesdernierscorsairesmalouins,Rennes.
Iglg.
1793
An III An IV AnV A n VI A n V II TOTAUX
et An II

Reporter 585 t43 47 116 77 47 | 024


[.nrienf 109 43 12 49 a^l
JJ 20 266
Nantes 44 ll J 40 ô1
LJ 5 t26
.}ô
Port-Malo, JZ 13 I 44 21 t6 t27
Le Hav r e. . 24 ll l7 27 2 5 86
Cherbourg 46 J 12 9 19 l3 102
Bordeaux. 7 5 25 30 l0 64
Rawnnne 26 5 5 8 24 l5 83
Dunk er que. r45 33 5l l1 35 39 314

T ot aux . . I 018 269 153 329 244 180 2 193

PourSaint-Malo,il donneleschiffressuivants:

Années Tonnage global Armements pris


Corsaires Prises
en Tx

1793.. I 560 22 11 23
An IV 128 5 5 0
An V. | 373 31 l5 39
AnVI 2 644 29 9 38
A n VTI 2 039 19 8 30
An VIII | 825 24 7 29
A n IX | 449 20 12 24

Totaux.. I l 018 150 67 163

Le total des ventesse monta à 22353228 francspour le produit brut de 147 priseset
correspondaient à 60 armements.Robidou estime que sur les 150 armements,78 furent
et que globalementles bénéficesversésaux intéressés
bénéficiaires I'emportèrent sur les fonds
investis.Sous l'Empire, ses chiffressont moins complets.Le total des vente fut globalement
identique23 559206 francspour 163priseset 167 armements. 77 corsairesfurentpris,3l % des
armements furentdéficitaires.

Peut-ongénéraliser
?
La guerrede coursesous la Révolutionet l'Empire fut I'objet de vives controverses. A
I'Assembléelégislative,Kersaint en proposala suppressionà la séancedu 30 mai 1792.
Reprenantun projet de Benjamin Franklin, Kersaint proposaque I'ensembledes grandes
puissancesdécrètentle principede l'inviolabilitéde la propriétéprivéesur mer.Emmery,député
de Dunkerque,I'approuva,ce qui ne l'empêchapasd'êtreun desplus grandsarmateurs corsaires
du Consulatet de l'Empire.Le 3l janvier 1793,sur l'initiativede Brissot,la Conventionvota le
décretautorisantlescitoyensà armeren course,LaConventionn'hésitapasà proclame.to :

< Ce système(la course)remplirq bien mieuxles vrais intérêtsde la nation que cesvains
étolagesde puissancemaritimequi neJlattentque I'orgueil personne/et consumentinutilement
les ressourcesde la République,le gouvernement anglaispourra s'il le veul, sepqvqnerde ses
escadreset lesfaire promeneren ordre de tactique: le Français se bornera à I'attaquer dansce
qu'il a deplus cher, dansce qui fait son bonheur:dqnssesrichessesltousnosplans, toutesnos
croisières,toutesnos mouvements dans nosports et en mer n'quront pour but que de ravager
son commerce,de détruire, de bouleversersescolonies,de le forcer enfin d une banqueroute
honteuse>>.

A partir de juin 1795, la marine de guerre suivit cette nouvelle stratégiequi devint
communeaux particulierset aux militaires.Ganteaume, Richery,Serceypartirentau Levant.à
Terre-Neuve et aux Indesà la têtede divisionschargéesd'attaqueret de détruirele commerceet
les possessions anglaises.
Les résultatsen sont à écrirecar les quelquesbilansqui existentne
séparentpas les prisesfaitespar les bâtimentsde l'Etat de cellesfaitespar les particuliers.Il
faudraitdéterminerdansquellemesureles prisesont rempli les caissesde la Marine.Doit-on
parlerd'une stratégiedu pillagelégalfinançantI'Etat ou la coursea-t-ellemaintenueun courant
d'activitésdanslesportsdésertés ?
Pendantcettepériode,les Neutresfurentjugés de bonneprisesur descritèresinadmissibles.
Etudiantla flotte américaine,UlaneBonnela parfaitement démontréà quel point le conseildes
prisesappliquaitla politiquedu pouvoir.On jugeade bonneprisedesNeutressansméfianceet
de bonnefoi, naviguantsansescorte,proiesautrements plus facilesà saisirque les marchand
anglais.Il faudraitdonc distinguerles prisesfaitessur les nationsennemiesde cellesfaitessur
lesNeutres"
La coursea permisde sauverou de retarderla chuted'îles isoléesde la métropolecomme
la Guadeloupe et l'île de France.On oublietrop souventle rôle d'un généralErnoufou d'un
Victor Hughes.Surcoufesttrop célèbrepour ne pasêtrecité. Il captura43 naviresmais n'était
passeul.De 1793à 1810,193croisières furentorganiséesàpartirdel'île de Francedont l22par
et
descorsaires 7l par desbâtimentsde I'Etat.Prèsde 500 naviresfurentpris ou détruitspourun
montantévaluéà plus de 5 millionsde livre sterling.
puis lors desconflitsavecNapoléon,la riposteanglaise
Contrela courserévolutionnaire,
fut violenteet efficace.Les Anglaiscombinèrent trois tactiques:convoisobligatoirespour tous
les marchands,bombardements et blocusdes ports commerçants avec la France,escadresou
Les corsairesou les bâtimentsde guerre françaisne furent jamais
flottilles anti-corsaires.
totalementarrêtésmais leur déclinest incontestable.Le taux des assurances anglaises passade
50 % pendantla guerrede l'Indépendance américaine à25 oÂpourla période1793-1800, à 12%
en 1802et 6 o/oaprès1810.Le nombrede naviresmarchandsanglaisaugmentade 17 885 en
1800à 22 805 en 1805et à 22 703 en 1810.Une nouvellefois était confirméeI'inefficacité
militairede la coursesi elle n'étaitpas appuyéepar de puissantes escadres.A l'inverse,les

sa
JoannèsTrarnond, Manuel d'Histoire mariîime de la France des origines à lBI5,Paris, 1927,p.608.
Anglaisprirent| 244bâtiments
au longcourssur les I 500dontla Francedisposait
eu l80lss.
Il faudraitencorefaire le bilan en Francecommeen Angleterredes navirespris par les
corsaireset ceuxpris par les naviresde guerre.Au tempsdu Roi Soleil,les frégatescorsaires
de
Saint-Maloéquivalaient un bâtimentde cinquièmerangsoit 400-600tonneauxmai à partirde la
Révolutionles frégatesmilitairesdépassèrent les I 000 tonneauxde 44 canonsà I'imitationdes
frégatesaméricaines.Que pouvaitalorsun lougrede 50 tonneauxet 100hommesd'équipage?
Les autoritésserendirentassezvite comptedu nombrecroissant(le prisesreprisespar les
Anglais.I)èsle 24 Floréalan IV, Truguet,ministrede la Marineenvoyaaux commissaires
de
Marinedesdifférentsportsla circulairesuivante(I)

< Le but des ormementsen courseétant de harceler,d'anéqnlir même s'il était possible,le
commercede nos ennemis,...les Corsairesdoiventfaire tous leur effortspour lui porter des
coupssûrs.Je vousinvite en conséquence, àfaire savoir à tous les commandants desarmements
en course,qui ont lieu, dans I'étenduede votre arrondissement, de s'occuperpendant leur
croisièrede détruiretousles batimentsqu'ils n'auraientpas la certitudedepouvoirfaire arriver
en France. Cette marchepréviendra la reprise dune infinité de navires et en mêmetemps la
diminution des équipages de nos corsaires et la captivité d'un assez grand nombre de
Français...>

Le 4 mai 1809,Gaude,commissaire
de la Marinede Saint-Servan,écrivaitau ministrede
la MarinÇpour lui demanderdes primes en faveur des armateursqui coulaientles navires
ennemis'o:

( En observant, Monseigneur, le peu de chances favorables que présente la course, et


particulièrement la dfficulté de faire arriver les prises dans nos ports, j'ai pensé que le moyen le
plus certain de faire du mal à nos ennemis serait peut-être d'accorder une prime aux armaleurs
et aux équipages des corsaires pour chaque bâtiment coulé en mer... Cette mesure aurqit
I'avanlage de dispenser damariner des bâtiments sur lesl et de peu de valeur, sur lesquels on
expose des équipages qui, presque tous, vont grossir le nombre desprisonniers en Angleterre.

Les armateurs sont en général d'avis que, dans les circonstances actuelles, ce projet leur semble
offrir le seul moyen d'utiliser les armements du commercefrançais et de nuire au commerce
ennemi, avec le moins de danger pour nous >>.

De nombreusesprises furent couléesmais la comptabilité n'en a pas été tenue. Dans ces
conditions, lorsque les armateurseux-mêmesdemandaientla destructiondes navires ennemis,la
course n'avait plus de raison d'être. L'apparition de la vapeur, de l'obus et de la cuirasse
séparèrentdéfinitivement le navire de guerre du bâtiment corsaire. Le traité de Paris de 1856
entérinait cet état de fait. La découvertede la torpille du sous-marin allait relancer la stratégiede

" I d .p p 1 . - 7 3 6 7 6 ,
t u A bbéRobid o u , j usti fi cati ves
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L e s d e rn i e rs t. èces n" 47 et 48.
la destructiondu commerceennemi.Mais de mêmeque la courseétait I'arme despaysdont la
Marine était insuffisante,la guerresous-marine n'a t-elle pas été au XX' siècle.la dernière
stratégielorsquela marinede haut bord n'a pas ou n'a pu jouer son rôle. Dans les deux cas,
I'emploiseuldescorsaires ou dessous-marins s'estrévéléun échec,I'escortemêmecomposée
de petitesunités,si elle étaitsoutenue
par une marinpuissante, l'emportafinalementmalgréde
lourdespertesau débutde chaqueconflit.

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