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Courseet Piraterie,colloqueCFHM SanFrancisco,1975 ???
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'Pi.rre
V.I , l , p . 3 4 1e t V I , 2 , p . 9 2 3 .
C h a u n uS, é v i l l ee t I ' A t l a n t i q u e , P a r1i s9 5 6 - 1 9 5 7
"leanDelumeau,ExpI oitation???
La courseau tempsdu roi-Soleil
la guerre de Hollande
o
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s 11?
devenusles sourcesprincipalesdes historiensauxquellesse rajoutentles enquêtespuis les
statistiques
du Secrétaire
d'Etatà la Marine,dontbeaucoup
ont disparu.
Pour la guerrede Hollande,on ne peut guèreutiliserde statistiques complètes"Seul le
port de Dunkerqueéchappepartiellement à cettelacunegrâceaux travauxdeshistoriensde Jean
Bart. D'aprèsArmel de Wismes,en six ans,les Dunkerquoisauraientcapturés384 bâtiments
représentant3787 695 livres. JeanBart livra l0 combatset s'emparade 8l navires.Louis
Lemaire.se fiant aux travauxde Faulconnieret d'Henri Malo estimaque les prisesse montaient
à 450 navirespour la plupartdes hollandais,,d'un montanttotal de 5 millions de livres.Il
signalait27 corsairesen 1676 et 50 en 1678o.En 1677,un état des capitainescorsairesde
Dunkerqueen note26 en mer plus 7 disponiblesT. Alain Cabantous estimele volumetotal de la
coursependantcetteguerreà 5 500 000 livreset remarqueque la populationde Dunkerquepassa
de 5 323habitantsà 7 000 en 7676,conf,trmantla prospéritédu port en tempsde guerre8.
La plupart des grandsports mentionnedes armementscorsairesmais sansqu'il soit
possiblede faireun bilan.A Saint-Malo,la construction
de la placede la Hollandes'expliquerait
par lessuccèsdescorsaires remportés
pendantla guerrede Hollandee.
Comme le souligneJeanMeyer, parler de la course,c'est tenterde répondreà trois
questions
fondamentaleslo
:
< Comment ont été réunis les capitaux nécessairesà la course7 Quels ont été les
procédésde course utilisés ? Quel est le bilan final de la course,cette dernière question- qui
conditionnetoutesles autres- débordede loin le simple intérêt régionol. Car elle est en réalitë
double.Quel estensuitele bilan social- qui peut êtresensiblement différentdu précédenT r.
Pour la guerrede Hollande,on peut seulement tentede répondreà la deuxièmequestion
et seulementpour Dunkerque.Les étudessur JeanBart et les Capresde Dunkerquesontassez
précisessur lestypesde navires.La coursecommençaavecdesbâtimentsminuscules. Un étatde
1674 signaleà DunkerquedeuxpetitesfrégatesLa Mignonneet la Trompeuse,arméesde 8 et 12
canons,une doublechaloupeet neuf barquelongues.En mars 1674,JeanBart reçutsonpremier
commandement : le Roi David de 35 tonneauxet 35 hommesd'équipage. Colbertnousrenseigne
sur lesrésultatsde cetteannée1674dansune lettreadressée aux Malouinsrr:
< Lesfrégatesmalouinesneferont rient tant qu'ellesdemeureronten Mancheet si elle ne
taschentpas d'approcher de Hollande. Lespetits bastimentsarmésen coîffseà Dunkerqueont
gagné cetteannéecinq cent mille écusparce que les armateursles ontfait aller vers le Texelet
le Vielandet qu'ils n'ont fait aucunvoyqgesansramenerun, deux,trois ou quatrevsisseauxD.
Le2 avril 1674,JeanBart,de conserve avecl'Alexandrecommandé par sonami Keyser
capturaitun dogrechargéde charbonde terre.A la hn de I'année,il avait fait septprisesvalant
260 000 livres".Ainsi, on peut afftrmerque le débutde la coursedunkerquoise a été presque
totalementautofinancée. Plusieursraisonsse conjuguent.A chaquedébutde conflit, les navires
marchands ennemissontinsuffisamment escortés- le phénomènese retrouveà chaqueguerre,y
o LouisLemaire,Histoire
de Dunkerqae, Dunkerque,1927,p.226.
7
Armel de Wismes, op. cit.,p. 61.
8 Alain Cabantous, La mer et leshommes,Dunkerque,1980,pp.34et 46"
n
abbé J. Foulain,Duguay-Trouinet Saint-Malo,cité corsairè,Paris, 1882,p.241^
'o JeanMeyer,La
course,romantisme,exutoiresocial,réalitë ëconomique,'essai jurn
de méthodologie,Annalesde Bretagne,
1 9 7 1p, . 3 1 7.
" HenriMalo,Lescorsairesdunkerquois et JeanBart,2 tomes,paris,l9l3 et 1913,tome2,pp.90 et97.
comprisau XXe siècle-. Par conséquent, des naviresfaiblementarmésmais montéspar des
hommesdécidéspouvaientfaire desprises fructueuses. L'analysedesprisesde la guerrede la
ligued'Augsbourgpermetde montrerquela plupartdesprisesdunkerquoises sontdesnaviresde
pêche,descaboteurs et desnavirescharbonniers.D'autrepart,lesbarqueslonguesde Dunkerque
étaientde modesteschaloupesne nécessitant pas un gros investissement.
JeanMeyer les slasse
dans la coursede.type l, celle qui utilise un petit navire et a recoursà un financement
exclusivementlocalI2.
Cependantce type de courserencontravite ses limites car les Hollandaisescortèrent
mêmelespetitsconvois.Dès lors,il fallut armerde plus groscorsaires. L'ascensionde JeanBart
va de pair avec la taille de sesnavires: en août 1674,la Royalede 60 tonneaux,8 canonset 80
hommes; en 1675,une frégatede 12 canons; en l676,la frégateLa Palme de220tonneaux, 26
canonset 180 hommes;en novembre1676,la frégateleNeptune.S'il est vrai que JeanBart
aimait et recherchaitle combat,seulssesderniersbâtimentslui permettaientd'attaquerlespetits
convoishollandais:2l janvier 1675,un convoi de 26 pêcheursescortéspar 2 frégatesde 12
canons;26 mars1678,8bélandres escortéespar 3 naviresde guerreet surtoutsaplusbelleprise
un navirecolonialvenantde Curaçaoet allantà Amsterdam.
La causeme sembleentendue,les plus bellesprisesallaientaux corsairesdu type 2 mais
le financementchangeait.Il fallait alorsfaire appelà un financement
qui dépassaitle cadrelocal.
Colbertauraitvoulu que les armateursse regroupentpour aïmerune petiteescadrede corsaires.
Hubert,I'intendantdu port de Dunkerquelui réponditalorsl3:
< Si Sa Maiestépensesimplementà porter ceux de Dunkerqueà faire la guerueà ses
ennemisde la manièrequ'ils ontfait, il n'y o pas de nécessitéde les obliger tous àfaire de
fortes
escadres.
Outre qu'il n'y ouroit pas assezde matelots,il y aurait moins à espérerpour eux, et de
mal à faire aux autres.Où le commercedes ennemiscesseraiî,voyantdesforces dehors,ou ils
en auraient d'autrespour le favoriser. Dans la dispositionoù sont la plupart des armateursde
leurs vaisseaux; il y a tant de personnesintéressésque souvent ils ont peine à convenirde ce
qu'ils ont àfaire.
Pour le desseinqu'on quroit de lesjoindre tous ensemble,il faudrait les pressentiret
quasi leur dire la penséequ'on aîlrqit, ce qui me paraîl de conséquence. La mienneserail de
préparer adroitement ceux qui ont les plus considérablesbâtiments,leurs offrant quelques
secours; mêmesi Sa Maiestévoulait leur accorderde sesfrégates,Ies donnerenplace de celles
qui n'aur1ientpas de dispositionà sejoindre à eux,on pourrait demanderle dixièmedesprises
qui se feraient , leur laissant le reste pour augmenter la part des matelots et pour les
désintéresserd'ailleurs. De la sorte, ilspourraient s'engagerdansles dépensesd'armementqui
ne sontpas depeu de considération...>.
Il poursuivaiten soulignantla baissedu profit à Dunkerque:
Ainsi, outre lesfrégates de Sa Majesté, il lesfaudrq secourir d'ailleurs, les intéressantde
telle sorte que I'apporencede profits les fasse agir... De cette sorte, on pourya êlre en état
d'attaquer touteslesflottes qui entrentet sortent,et incommoderextrêmementles ennemisde Sa
Majesté...)).
't JeanMeyer,
art.cit.,pp.3l6-317.
r3Henri
Malo, Les corsaires...,op. cit., tome 2, pp. 60 et 80.
On ne peut malheureusement pas en déduireplus pour la guerrede Hollande,ce qui
empêchedescomparaisons valablesavecles guerresultérieures maisdéjàsetrouvaientposésles
principauxproblèmesde la course: efficacitémilitaire,rentabilité,
politiquede I'Etat...
La coursependant la guerre
de la ligue d'Augsbourg
l4
A. de Saint-Léger,La Flandremaritimeet Dunkerquesousla dominationfrançaise1659-1789,thèseLille, 1900.
J.S.Bromley,Theimportanceof Dunkirkreconsidered 1688-17l3,colloqueCHIM SanFrancisco,1975.tome I ,p.233.
l5
Archivesnationales G5 221 à228.
l6
H e n r iM a l o ,L e sc o r s a i r e s . .o. ,p . c i t . ,p . 3 1 7 .
Tous les convoisne produisirent pasde tellessommesmaisce résultatobtenuà la fin de
la guerre,périodetraditionnellement en recul, me sembleconfirmer la sommeavancéepar
Faulconnieret reprisepar Henri Malo.
Ce dernierestimemêmeque ce total est un produitnet, c'est-à-diredéductionfaite des
droits de justice et du dixième de l'Amiral. Comptetenu de ces frais et de la < vente des
marchandises qui se fait toujoursà cinquantepour centde déchet>, il proposede chiffrerle coût
réelportéà I'ennemià 58 500000 livresl7.
Sur le plan qualitatif,le chiffre total des priseset des rançonsdunkerquoises est plus
probablement aux environsde 3 000, dont il faut déduireles naviresrepriset les mainlevées.
Annick Martin-Deidierestimele total desjugementsde bonneprise en Francemétropolitaine
pour les armements effectuéspar desparticuliersà 5 680 priseset rançonsdont 2 269 priseset
r a n ç o n s p o u r D u n k e r q u e| 2e7t 5 r a n ç o n s d o n t 2 2 6p9r i s e s e t r a n ç o n s p o u r D u n k e r q u| 2e7e5t
pourlesMalouinsls.
En l'éIat actueldes recherches,on peut dresserpour Saint-Malole bilan suivant 422
lettresde marquefurent délivréesde 1688 à 1697 soit un tonnagede 74485 tonneaux;la
moyenneannuelledesarmements fut de 52 pour un tonnagemoyende 188tonneaux.Le tableau
suivantpermetde mieuxmesurerla conjoncture :
I 688 9 16 1
J t9
16 8 9 27 65 5 70
I 690 29 ll8 5 t23
16 9 1 34 98 0 98
1692 59 t79 2l 200
r693 4l Il0 27 t37
1694 48 t22 35 t57
I 695 65 t24 83 48 r72
1696 62 l19 90 48 167
t697 49 93 70 39 t32
I 698 6 6
It
H e n r i M a l o ,i d . ,p p " 4 l l - 4 1 4 "
r8Annick Martin-Deidier" La gueruede courseà Saint-Matode I68l à ISll,thèse de 3'cycle, ParisI, 1976,p.469.
'n
I d . ,p p .4 l l - 4 1 4 .
La série F2 du fonds Marine des Archives nationalespermet la comparaisonsuivante
pour le débutde la guerre:
Dunkerque Saint-Malo
Années
Prises Rançons Prises Rançons
r688 8 5 l6 I
J
1689 82 l3 65 5
1690 67 35 lt8 5
I691 )t 38 98 0
r692 r53 7l t79 ?.1
l 693 9r 247 ll0 27
r694 93 189 t24 35
Quelle fut en effet la part exactedes riches cargaisonset des navires sur lest ? Il est en
fait impossiblede répondreà cettequestionmais l'étude statistiquesystématiquedes armements
corsairesde Dunkerqueet de Saint-Malopermetde faire desremarquesintéressantes.
Répartition des armements corsairesà Saint-Malo
en fonction du tonnage
l 6 88 I 0 0 I 7 0 0 9
l 689 0 I 3 4 t9 1 0 28
l 690 0 0 I 12 l5 0 0 28
r 691 0 2 I l5 l5 0 0 JJ
r692 I 4 6 22 l5 I I 50
r 693 0 4 t2 ll ll J 0 4l
1694 2 a
J t3 9 ll 4 2 44
r695 7 t0 14 20 l0 I 2 59
r696 2 a
J l5 l6 6 I 48
r697 I 3 ll tz t2 2 0 4l
1688 4 8 4 4 I 0 zl 29
l 689 z ll 6 J 5 0 27 3I
1690 a
J l0 13 6 3 0 35 50
l69l 0 2 7 2 I 0 l2 3l
1692 0 2 I
J 2 2 0 9 J I
1693 2 9 I 7 2 0 2l 89
t694 6 r2 l0 t0 5 0 43 89
1695 I ll I 7 2 0 36 67
r696 l3 29 25 8 6 I 82 84
r697 2 7 8 J I I 22 27
to
Ann. Morel, La guerrede courseà Saint-Malode l68l à 1715,MSHAB. t. XXXVII, 1957pp. 5-103et t. XXXVIII, 1958,pp.
* total i Malo.
**Nombre armt . le nombred'armementsest celui établi par John Bromley.En 1689et en 1695,six mois seulementsonl
connus.
Là encore, la comparaisonentre les deux plus grands ports corsairesfrançais s'avère
extrêmementriche. A Saint-Malo,les deux types de corsairesles plus fréquentsfurent ceux dont
le tonnageallait de 100 à 199tonneauxet de 200 à 400 tonneauxreprésentant plus desdeux tiers
de tous les corsairesarmés. Il est à noter eue, d'une année sur l'autre, ce groupe restera
globalementconstantavec environ quinzeunitésarméesannuellementpour chacunde cestypes.
Trois catégoriesétaienttotalementabsentesau début du conflit: les petitesunités moins de 20
tonneauxet 20 à 50 tonneauxde même que les grossesunités : celles de 400 tonneauxet plus
n'apparurentqu'à partir de 1690,celledesde plus de 600 tonneauxaprès1691.
Le travail deshistoriensmalouinspermetde déterminerun ordrede grandeurde la valeur
de ces navires.Le prix de la constructiond'un corsaireneuf (gréementet canonscompris)
pouvaits'établirainsi :
Moins de 20 tonneaux: 500 à 2 000 livres ;
20 à 49 tonneaux: 3 000 à 8 000 livres ;
50 à 99 tonneaux: 8 000 à 14 000 livres ;
100à 199tonneaux: 14 000 livresà 21 000 livres;
200 à 400 tonneaux: 22 000à 40 000 livres ;
400 à 600 tonneaux: 40 000 tonneauxà 90 000 livres ;
+ de 600 tonneaux: + de 100000 livres.
Il s'agit d'un ordrede grandeurqui semblevalablepour les autresports.Il faut cependant
rappelerqu'au-delàde 50 tonneaux,le financementchangeaitd'échelle.A ce stade,le corsaire
était armé par un groupe d'actionnaires qui confiaient leurs intérêts à I'un d'entre eux,
l'armateur.Après chaquecampagne,les comptesétaientarrêtés; le navire était toujoursrevendu,
souventd'ailleurs aux mêmesactionnaires.Il y avait un important marchéde I'occasionet les
prisesennemiespouvaientà l'occasionse révéler d'excellentsnavirestout en coûtantmoins
cher. On conçoit l'intérêt d'employer le même navire plusieurscampagnesde suite; le poste
achatet entretienétait probablementcelui où I'on pouvaitréaliserles plus forteséconomiesmais
aussicelui où les armateursrecommandaient à leurscapitainesde ménagerle navireet d'éviter le
combat eontre des vaisseauxde guerre ou des corsairesennemispour éviter des frais de
réparation.
A ce premierinvestissement, il fallait rajouterles frais d'avancesà l'équipage(deuxmois
de salaires),la nourriture,les poudreset les armes,I'assurance,etc. Ainsi la mise-horsd'un
anciencorsairede Guernesey,l'Espérancede 25 tonneauxet 6 canons,réarmépar Cros-nierde la
Brétaudièreen 1693,fut estimé,à4 750 livres ; celle du Montcasselde 80 tonneaux,12canonset
100 hommesd'équipagese monta la mêmeannéeà 60 000 livres, le Saint-Françoisd'Assiseet
Ie Saint-Esprit,tous deux de 36 canonset 350 tonneaux,ont coûté ensemble200 000 livres en
1695: le Harcourt de 450 tonneaux<<a certqinementcoustéplus de B0 000 livres à bastir >>et
I' Invincibtede 600tonneauxet 54 canons,pris en 1694,estestiméà plus de I 50 000 livres2l.
A partir de ces quelqueschiffresmais aussid'autrescas,j'ai retenuI'ordrede grandeur
suivant: 4 000 livres pour les moins de 20 tonneaux,l0 000 livres pour 20 à 49 tonneaux,
40 000 livrespour les 50-99tonneaux, 70 000 livrespour 100-199tonneaux, 90 000 livrespour
les 200-400tonneaux,ll0 000 livrespour les 400-600tonneauxet 140000 livrespour lesplus
de 600 tonneaux.Appliquons-lesau tableaude Saint-Malo.Un tel calcul donne une idée
approximativemais intéressante de l'investissement demandépar la course.Sachantque I'on
connaîtle tonnagede 90 % des armementsmalouins,I'extrapolationdonneun investissement
totald'environ29 millionsde livres.
Le mêmecalculdonnepour Dunkerque16 millionsde livres.La structurede ce port était
en effet très différente.Le plus grandnombre des corsairesse situait entre 20 et 49 tonneaux
avec l0l bâtimentssur 308 connus.Si I'on ajouteles 40 barqueset chaloupes de moinsde 20
tonneaux,on peut estimerà 141, c'est-à-dire
46 o du total, les bâtimentsqui n'avaientpas
besoinde faire appelà un financement extérieurà la place.A Saint-Malo,les mêmesnaviresne
représentaient que l0%. A Dunkerque,on ne trouvaitpasde vaisseaux de plus de 600 tonneaux
et seulement2 de 400tonneauxet plus.
Les explicationsgéographiques, historiqueset économiques se conjuguentpour apporter
des élémentsd'explication.Dunkerque était à un emplacementidéal pour intercepterle
commerceà destination de la Hollandeou de Londres.L'étroitessedu Pas-de-Calais privilégiait
les corsairespetits et moyens qui pouvaient
rentrerfacilementà leur port d'attache.A I'inverse,
la ville était françaisede fraîchedate et encorepeu intégréeaux réseauxde financementde
l'intérieurde la France.Les Malouins devaientd'abord éviter les corsairesde Jerseyet
Guerneseyqui se livraienttout à la fois à une courseet une contre-course particulièrement
efficaces.Le problèmede la valeurdes prisesest donc particulièrement importantà résoudre
pourmesurerla situationde cesdeuxports.
A Saint-Malocettevaleur n'est pas connue,celle de Dunkerquedéjà citée supra,fut
estiméeà 22 millions de livres.Par rapportà mes calculs,Dunkerqueaurait été globalement
bénéficiaire. PourSaint-Malo,en revancheles investisseurs ne rentrèrentdansleursfondsque si
la valeurde leursprisesa ététrèslargement supérieure à cellesde Dunkerque.L'étudedespièces
justificativesde la thèsed'Anne Morel ne semblepas aller dans ce sens.On est loin des
cargaisons d'or et desrichessoieriesarrivantà profusiondanslesportscorsaires22.
On peut faire une brève analysede ces cargaisons. Quelquestypes dominaient: celle
destinées ou venantdes Antilles, les cargaisons
de morue,cellesde moyencabotage,celle de
petit cabotageet sur lège. Seulesles premièresétaientvéritablementrentables,à condition
encoreque le navirecapturéfut d'une taille respectable.
Les chiffresdesprisesmalouinessont
en effetd'unebrutalesècheresse: moinsde 3 prisespar corsairemalouinen moyenne.
Plus d'une centainede cargaisons venaientdes colonies: elles étaientcomposées de
sucre,indigo, tabacou de bois de gayac.Vingt seulementportaientles mentionsqui ont fait
rêvertantde générations: poudred'or, sacsd'argent"
soieries,
dentsd'éléphants.." maisla valeur
moyennedes231 rançonsne s'établitqu'à 2 500 livres.Cinquanteprisesportaientla mention
2l
22
( sur lège> ou naviguaitsur son lestrrt'. Un mémoirede 1702 sembleconfirmerces résultats
trèsmoy"nrto'
< Le conseil des prises aurait fait une balance des dépensesdes armementssvec le
produit net des prises au profit des armateurs,faites pendant la dernière guerre, il aurait
reconnu qu'il y a plus de perles que de profits à la réservedes intéressésdans les prises des
Indes t.
Les prises des Indes mentionnéesci-dessusétaient< trois navires anglais venansdes
grondesIndes.uqui auraient produitplusde 12 à 14 millionsde livres...maisdontles intéressés
n'auraient< pas profité de la moitié>, Elles ont été faites par le Françoiset le Fortunéen
septembre1695,armésrespectivement par Luc Trouin de la Barbinayeet Loquetde Granville.
Le Françoisétait commandépar RenéDuguay-Trouin.On retrouveainsi la légende"Les deux
vaisseauxnaviguaientde conserveet avaientdéjà fait trois prisesen communplus trois pour le
Fortunéseul.
A I'analyse,cettecroisièrese révèleexemplaire.
Les bâtimentsétaientdesnaviresdu roi
prêtéspour la courseen applicationdes væux de Vaubanet de Pontchartrain. Il s'agissaitde
vaisseaux capables d'attaquerun convoiennemiet sonescorte,doncde s'emparerdesprisesles
plus richeset les plus protégées.A la croisièreprécédente,
Duguay-Trouins'étaitemparéde
deuxvaisseaux anglaisde 38 et 40 canonsen missiond'escorte.Là encore,la croisièreavaitété
rentableavecla capture du Jffiey, de Londres, chargé de tabac et dents d'éléphants,mais
I'Invinciblede 56 canons,armépar le célèbreMagnonde La Landefut capturésansavoir fait la
moindreprise25.
l 689 La Brétaudière
3, La Trandière2, DesNaudières
2. t2
I 690 Danycan2. l5
1691 Muet de la Sauvagère
2. 20
1692 Mme de La Barbinais4, Dauycan3, Hervé2. 38
1693 Danycan3. Magonde La Lande3. 20
1694 Madonde La Lande4.La Brétaudière
4. Danycan3, Trouinde La Barbinaye3, 26
Du D o m a i n e2 "
169s K e n n e d y4 " Bro w n e3 ,L a M o tte3 . D u D omai ne2, La Fosse2, B ri court2.Le C amus 26
Guerre de Successiond'Espagne
t7 0 2 - t712-
l 703 t7a4 1705 t706 t7a7 1708 t709 1710 1 7t l r713 TOTAL
Dunkerque 179 r25 t45 t)) 245 176 200 148 r58 195 | 726
Cnlais 110 72 90 53 127 145 r90 r63 t74 174 I 298
I-)ienne l4 a
J l3 2 il ) l3 z 8 4 75
Le Havre. 7 l5 t2 l4 9 l3 70 12 15 7 124
Cherbourg. l0 9 2 9 4 I l9 5 6 8 80
Saint-Malo 93 r7 92 70 52 57 39 40 44 24 52 8
Mnrlnix 42 42 98 16 25 l3 26 l5 25 t7 319
Manches,
auftes ports l4 l0 z0 l5 9 J 6 l3 t2 l3 ll4
Rreqt 42 l0 79 80 84 62 70 4Z 48 tJ 590
Vannes,
Port-Louis 2l l0 t2 26 t2 6 7 20 4 15 133
Nentec l3 24 6 7 4 6 2 ll t7 t2 10 2
Bretagne,
autresports. ll 6 9 I 6 4 6 6 49
La Rochelle 9 2 5 ll 5 2 l0 ll ) 39 98
Bordeaux... I I 2 ? I I 4 2 a
J t7
Bayonne.... 7 24 6 7 4 6 2 ll t7 t2 96
Roussillon-
Languedoc.
a
J I 7 J 2 It il J l0 5l
Marseille...
a
J I I t2 5 l0 l7 zl 38 36 r44
La Ciotat... 3 I I
J l0 7 2l l0 ))
Tnrrlnn l8 l4 23 z8 24 r3 21 26 30 )t ?.54
Sommesannuellesverséespar l'amirauté de
Saint-Malo pour le dixième des prises et rançon.'o
h l i i l r c r qt l r
?tr I r::,
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5iJ -
75
r0D'après
J.S.Bromley: TheFrenchprivateerinswar,op. cit.
On peutnoterque le maximumdesprisesconduitesà Saint-Malose situapendantlesdeux
premièresannéesde la guerreaux environsde 225 000 livres annuelles,pour passerensuiteà
unemoyennede 1000000 livres.
L'année1706est la seulequi existeencorepour la Franceet unepartiede l'étranger; elle
donnelesrésultatssuivants3l
:
1702 0 0 I J I I 0 6
1703 0 a
J ll l5 24 0 0 53
1704 0 I 18 t4 21 I 0 53
1705 0 I 20 t6 15 0 0 52
1706 I 3 9 7 l0 0 0 28
r707 4 4 a
J 9 0 0 27
I 708 I
I 0 5 ll 7 0 0 24
1709 l2 1 5 l0 8 0 2 38
t7 l 0 9 5 l0 6 0 0 J I
1 7 ll 9 9 3 5 8 1 0 35
1 7t 2 6 6 3
a
J 0 0 0 t2
Total 42 a -
JJ 86 98 109 J 2 369
425 armementsan total furent effectuésà Saint-Malo d'aprèsAnne Morel. Les chiffres manquentsurtout
pour les premièresannéesde la guerre.La différencela plus forte se trouve en 1707et 1708 avec 7 tonnases
inconnus"
'" In A. Martin-Deidier,
op.cit.p. 364.
"'o I d p. 364.
Archives nationals
fondsMarine83 233.Duguay-Trouin,
f" 349.
REGIONSMARITIMES 1695-1713 1744-1745 t756-t763
enVo(t) enYoQ) en oÂ(3)
( I ) Statistiques
portantsur 9 88 I priseset rançonsconduites
danscesports.
(2) Statistiques portantsur 617 priseset rançons.
(3) Statistiques portantsur720 priseset rançons
t7 4 4 28 55 27
1745 23 a -
30
t7 4 6 14 30 26
t747 l3 29 4l
t7 4 8 t6 25 7
t 74 4 l1 | 3r2 65 I
1 74 5 27 5 545 l3
1 74 6 28 5 491 78 t4
t 74 7 16 2 875 41 I
1 74 8 6 868 l8 0
Total 88 1 65 6 2t x 315 a,)
ZJ
Années
Bayonne Saint-Jean- Autres Bayonne Saint-Jean- Autres Total
de-Luz ports de-Luz ports
t 744 ll a
J I 9 I 2 t2
t 74 5 20 7 2 22 J I 26
1746 25 3 7 36 1l 6 53
1747 27 2 6 40 3 t2 55
1748 20 I 4 27 J 16 46
Les Antilles.
Le dernierpoint soulignépar JeanDelumeauest la montéede la courseaux Antilles au
coursdu XVIII" siècle.La traditionde flibustey étaittrèsancienneet la disparitionde la plupart
des archivesa contribué,me semble-t-il,a sous-estimécette course.Pendantla guerrede
Succession d'Autriche,lesjugementsdesprisesne portentque sur les années1744-1746.Ils ne
mentionneque 208 prises faites par 46 corsairespour les Antilles et le Canadamais sans
indicationde tonnageou du montantdescarsaisons. Heureusement un mémoiredesarchivesdes
oo Patrick Crowhurst,BayonnePrivateering1744-1763,
colloqueCHIM San Francisco1975,op. cit. tome l,
p p .4 5 3 - 4 6 8 .
coloniesnousdonnela valeurde 138prisesfaitesà la Martiniquede mai 1745à septembre
1746,
ce qui m'a permisd'établirle tableausuivantar
:
Amériorre 74 5? 5
e r
) r 690 875 ?7 5
d o n tB o s t o n . . . . 30 636 012
dont New-York t6 3 0 00 0 6
Antilles 24 17,4 360 012 8,1
dont Jamaïque 6 1 0 16 2 1
La guerrede Sept-ans.
Cetteguerrecommençapar la talle de l'amiralBoscawen. En pleinepaix avecla France,il
s'emparaen novembre1755de la flottede grandepêcheet de la flottecolonialesoit 300 navires
et plus de 6 000 matelotset officiers-mariniers.
L'amiral anglaisfit d'unepierrecoupdouble.En
prenantla flotte coloniale,il portaun coupterribleaux financesdesarmateurs,retardantd'autant
lesarmements en course;en s'emparant deséquipages de pêche,il privaitla marinede guerrede
sesmeilleursmarins"La défaitedesCardinauxfut autantdueà l'incompétence desofficiersqu'à
or A r c hiv es
nat i o n a l efo
s n d sC o l o n i e sC 8 8 2 2 .
la nullitémaritimede leurséquipagesa2
Dansde nombreuxports,on voulut armeren coursecommele seul moyende poursuivre
une activitémaritimemais Louis XV ne publia déclaration de guerreque le 15 mai 1756.ll
cherchaà favoriserles corsaires
de plus de 20 canonsprovoquantles protestations
de nombreux
armateurs commeceuxdu Havre.Cesderniersestimaient qu'unefrégatecorsairede 26 canonset
12 livres nécessitaitune mise-horsde 250 000 livres sans compter les frais de relâcheet
rappelèrentquea3:
< Les armateursde tous lesports se trouvant enperte depeut-être50 millions de livres ou
plus depuis six mois que les Anglais exercentune piraterie odieuse, ils ne peuventpas faire
autant d'efforts que lorsqueleurfortune était entière.t
Parallèlement aux statistiques
de JeanDelumeau,la série 134 et G du FondsMarine des
archivesnationales comprenddesétatsportantsur un total de | 729 priseset rançons.On peuten
tirer le tableausuivantaa
:
oz JeanMeyer,L'armementnantais
dansla det*rièmemoitiédu XVII| siècle,Paris1969,pp. 378-389.
T.J.A. Le Goff, L'impact des prises effectuéespar les Anglais sur la capacité en hommesde la Marine française au XVIIf
siècle.JeanMeyer et MartineAcerra,Les Marine Européennes XVIf -XVIIf, colloqueSorbonne1985,pp. 103.123.
a3
Archives nationalsfonds Marine B3 527. f' 84-87.
aaArchives nationales fonds Marine
et B4 94 et 84 95. Etats desprises et rançonsfaitessur les ennemisde I'Etat et Archives
nationalesfondsMarine G 77.
ot
Id.
< L'armement se foft dans ce port qvec plus de facilité qu'ailleurs. Tous les marins
étrangersy accoururentpour y trouverde I'emploiparce qu'ils ne sontpas soumisaux classes.
Environ deux mille matelotset fficiers-mariniers de ceport se trouvqnt sansemploi,parce que
tout commerceest suspendupendant la guerre, n'ont d'autres ressourcesque de portir en
course...D'ailleurs, dèsla déclarationde guerre en 1756,bien que lesAnglais leur eussent
pris
de nombreuxvaisseauxen pleinepaix, les Dunkerquoisarmenttout ce qui leur resteen course,
en construisenten diligenceet chaquenavirequ'ils prennentdevientun nouveaucorsaire...l
Le même mémoireaffirme qu' < ils armèrent87 corsairesqui firent 691 prises qui ont
produit net I5 363 122 livres>. Citant la même somme,Henri Malo ajoutaitque les Anglais
avaientestimé les pertescauséepar les Dunkerquoisà 45 millions de livres. L'estimation
d'Henri Malo reposesur l'argumentqui consisteà montrerque lesprisesfurenttoujoursvendues
trèsen dessous de leurvaleurréelle.
Les armateurs continuèrentde s'enrichiret selonlui, lesarmateurs
Coppens,Caillezet
Bénardauraientfait pour 4 891 416livresde captures. Briansaux2 004394 livres,Philippe
DucrocqI 516 332 livreset Tavernede Montd'hiver834437 livres(produitnet).La plusbelle
priseseseraitmontéeà2 400000 livresa6.
D'aprèsun sondagequej'ai fait danslesétatsdesarmements
conservés
dansla série84.
lesprincipauxrésultats
chiffrésfurentlessuivants:
(*) Saint-Malo: le chiffre connune mentionneque le produitnet alorsque pour tous les autresportsil s'agit du produitbrut
(**) Bayonne: en fait seulesI l4 campagnes
et 3l I capturesont été liquidéesmaisle chiffre brut totalétantdonné,je I'ai cité
ou
Id.
Ce documentesthélasincompletpuisqu'ilmanqueBoulogne,Calais,Brest,l'ensemble de
la Méditerranée,des ports étrangerset des colonies.A Brest fut ainsi conduiteune prise
véritablement
fabuleusel'Ajax, évaluéeà 4 172 496livrescar elle contenaità bord unecaissede
diamants.Cettestatistiqueestnéanmoins trèsprécieuse car elle estcomplétée
par lescomptesdu
6 denierspour livrespour les Invalidesde la MarineotOn peutainsidéterminerla rentabilitédes
campagnes de coursemaisseulement pour Saint-Maloet Bayonne.
Saint-Malo
A Saint-Malo.le bilan fut le suivant
Années
Nombre Tonnage Nombre Nombre
d'armements total de prises de Rançons
1756 t4 13t2 47 0
1 75 7 29 5460 76 3
r758 5 770 13 1
1 75 9 2 280 0 0
1760 25 tt465 54 18
t76l 9 I130 13 42
1762 13 I 153 l5 1
l
a7Archivesnationales
Marinefonds84 95. f' 60-72.f' 144-150.
Bayonne
A Bayonne,le bilans'établitainsi:
ARMEMENTS PRISES
Années
St-Jean Autres Bayonne St-Jean Autres
Bayonne
de-Luz ports(l) de-Luz ports
Total
1756 l7 8 2 ll I I l3
1 75 7 52 l3 8 44 l3 t2 69
1758 t7 4 1
J 26 6 2 38
1759 l3 6 2 l4 1l 19 44
1760 28 6 8 3l t9 15 65
176l 48 t2 7 62 25 )z l19
1762 45 6 4 55 20 1 ô
JZ 107
49
La courseet la pirateriedansl'OcéanIndien,colloqueCHIM SanFranciso,1975,tome,
AugusteToussaint,
p .7 0 8 .
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Exemplede quelquesmises-hors
de corsairsde Dunkerqueen 1779{r)
Au terme de notre étude qui a porté durant cinq ans sur la totalité des corsairesfrançais
répertoriés
dansles sourcesofficiellesnouspouvonsaffrrmerque les prisesles plus richeset les
plusnombreuses sontfaitespar lescorsaires
lespluspuissants.
Deuxtableauxrésumentla coursedunkerquoise
:
D unkerque
Corsaireschanceuxet bredouillesen fonctiondu tonnage
(l 778-l783)
Chanceux 4 24 35 26 7 3 99
Bredouilles I 9 5 4 0 39
Par chanceux,il faut entendreun corsaireayant fait au moins une prise ou une rançon, ce
qui ne signifie pas que la campagneait été rentable.
Evolutiondesarmementscorsairesà Dunkerque: 1778-1783s0
Chanceux l5 23 31 38 23 0 130
B r edouilles 5 6 15 33 3 68
P r is 4 8 2l 26 2 69
TOTAL 20 20 5 l 53 56 3 198
Prises
Port du Espagne+ Antilles Armées
Années +
particulières Total
Ponant Portugal navales
autreslieux
(*)
Prisesdont la valeur est connue
Nbre Valeur Nbre Valeur Nbre Valeur Nbre Valeur Nbre Valeur Nbre Valeur
180 5 3 4 7364 13 500229 l5 812976 4 l 2 5 3 1214 406 1 31 6 68 5 9 655 2 t 3 5 32 1 7
(*) Les prises vendues dans les ports de Ponant et en Espagne+ Portugal comme les prises particulièresont pour la
plupart été capturéespar des frégatesou des corvettesen mission ou détachéesde I'armée : elles sont comptabiliséshors
arméesnavales.
' ' P a t r i c kV i l l i e r s ,
M y t h e . . .a, r t . c i t .p, p . 7 4 - 7 6
problèmedes Neutresdans sa thèse: La Frances,les Etats-UniseTla guerre de course.Anne
Perotin-Wildetravaillesur le problèmedescorsaires
aux Antilles,en particulierà la Guadeloupe
mais aussi sur leur devenirpost-napoléoniendans une riche problématiquesur les corsaires
jacobins et les corsarios insurgentesdans le golfe du Mexique et les indépendances
américaines18I0-I830s2
A la lecturedecesdifferentsouvrages,I'idée s'imposed'un renouveau delacourseà la fin
du XVII" siècleen particulieren Méditerranée,
aux Antilleset dansI'océanIndienmaisavecun
correctifimmédiatle déclin des ports de Saint-Maloet de Dunkerque.La valeurdesprisesne
cessad'y déclineren mêmetempsquele nombrede corsaires pris augmenta.
A Dunkerque,le total des armementsse monra à 233 pour vingt ans. On compta50
armements de févrierà juin 1793,puis un embargogénéralen métropolejusqu'enfructidoran
III. Vinrentensuitel9 armements pour l'an IY, 24 pour l'an V, 43 pour I'an VI, 24 pour l'an
VII, 8 pour l'an VIII et 17 pour I'an IX. A la reprisedes hostilités,les équipages furent
réquisitionnés sur la flottillede Boulogne,un seulcorsaireen l'an XI,,2 en l'an XII, 3 en I'an
1 8 0 8 , 8e n 1 8 0 9l,5 e n 1 8 1 0 , 7e n 1 8 l 1 , 5e n 1 8 1 2 , 1 e 1n 8 1 3e, t I e n 1 8 1 4C. o m m el e n o t eH e n r i
Malo, il n'était plus questionde frégatesde 250 à 300 tonneauxmuaisde lougresde 20 à 50
tonneaux. Au l"'août 1793,IesAnglaisavaientcapturé19 corsaires sur 50. Du23 thermidoran
III au 30 fructidoran V, le produitdesprisesde 38 corsaires semontaà2842 000 livresmais2l
corsaires avaientétépris.
Il y eut encorede trèsbellescourses.
Un CornilDelattrefit 65 prisesde 1793à 1805pour
unevaleurde 7 millionsde livres,maisle centrede la courses'étaitdéplacécommele montre
l'étatsuivantcitépar I'abbéRobidou":
Etat numératif desPrisesconduitesdansles Ports de la République
depuisle commencement de la guerrejusqu'au dernier fructidor an VII
1793
An III An IV AnV An VI An VII TOTAUX
et An II
B r es t . 300 56 28 75 36 l8 543
T oulon. . 162 57 5 2 t6 ^a
ZJ 264
Rochefort 93 30 t4 39 25 l6 2t7
52AugusteToussaint,LesfrèresSurcouf,Paris,1979.
PaulButel, L'armementen courseà Bordeauxsousla Révolutionet l'Empire, RevueHistoriquede Bordeaux,
1966,pp. 17- 64 .
PaulButel, Les dfficultés du commercemaritimebordelaissousle Directoire : exempled'adaptationà la
conjoncturede guerre maritime.
UlaneB onn e lL, a F ra n c e ,l e s Eta ts -U n i s e tl aguerredecourse(1797-1815),489
p.,P ari s1961.
Anne Pérotin-Dumon, Etrepatriotesouslestropiques,Basse-Terre,1985,340 p., voir en particulierle chapitre
I X , la guef f e. ..
t'Abbé F. Robidou,Lesdernierscorsairesmalouins,Rennes.
Iglg.
1793
An III An IV AnV A n VI A n V II TOTAUX
et An II
PourSaint-Malo,il donneleschiffressuivants:
1793.. I 560 22 11 23
An IV 128 5 5 0
An V. | 373 31 l5 39
AnVI 2 644 29 9 38
A n VTI 2 039 19 8 30
An VIII | 825 24 7 29
A n IX | 449 20 12 24
Le total des ventesse monta à 22353228 francspour le produit brut de 147 priseset
correspondaient à 60 armements.Robidou estime que sur les 150 armements,78 furent
et que globalementles bénéficesversésaux intéressés
bénéficiaires I'emportèrent sur les fonds
investis.Sous l'Empire, ses chiffressont moins complets.Le total des vente fut globalement
identique23 559206 francspour 163priseset 167 armements. 77 corsairesfurentpris,3l % des
armements furentdéficitaires.
Peut-ongénéraliser
?
La guerrede coursesous la Révolutionet l'Empire fut I'objet de vives controverses. A
I'Assembléelégislative,Kersaint en proposala suppressionà la séancedu 30 mai 1792.
Reprenantun projet de Benjamin Franklin, Kersaint proposaque I'ensembledes grandes
puissancesdécrètentle principede l'inviolabilitéde la propriétéprivéesur mer.Emmery,député
de Dunkerque,I'approuva,ce qui ne l'empêchapasd'êtreun desplus grandsarmateurs corsaires
du Consulatet de l'Empire.Le 3l janvier 1793,sur l'initiativede Brissot,la Conventionvota le
décretautorisantlescitoyensà armeren course,LaConventionn'hésitapasà proclame.to :
< Ce système(la course)remplirq bien mieuxles vrais intérêtsde la nation que cesvains
étolagesde puissancemaritimequi neJlattentque I'orgueil personne/et consumentinutilement
les ressourcesde la République,le gouvernement anglaispourra s'il le veul, sepqvqnerde ses
escadreset lesfaire promeneren ordre de tactique: le Français se bornera à I'attaquer dansce
qu'il a deplus cher, dansce qui fait son bonheur:dqnssesrichessesltousnosplans, toutesnos
croisières,toutesnos mouvements dans nosports et en mer n'quront pour but que de ravager
son commerce,de détruire, de bouleversersescolonies,de le forcer enfin d une banqueroute
honteuse>>.
A partir de juin 1795, la marine de guerre suivit cette nouvelle stratégiequi devint
communeaux particulierset aux militaires.Ganteaume, Richery,Serceypartirentau Levant.à
Terre-Neuve et aux Indesà la têtede divisionschargéesd'attaqueret de détruirele commerceet
les possessions anglaises.
Les résultatsen sont à écrirecar les quelquesbilansqui existentne
séparentpas les prisesfaitespar les bâtimentsde l'Etat de cellesfaitespar les particuliers.Il
faudraitdéterminerdansquellemesureles prisesont rempli les caissesde la Marine.Doit-on
parlerd'une stratégiedu pillagelégalfinançantI'Etat ou la coursea-t-ellemaintenueun courant
d'activitésdanslesportsdésertés ?
Pendantcettepériode,les Neutresfurentjugés de bonneprisesur descritèresinadmissibles.
Etudiantla flotte américaine,UlaneBonnela parfaitement démontréà quel point le conseildes
prisesappliquaitla politiquedu pouvoir.On jugeade bonneprisedesNeutressansméfianceet
de bonnefoi, naviguantsansescorte,proiesautrements plus facilesà saisirque les marchand
anglais.Il faudraitdonc distinguerles prisesfaitessur les nationsennemiesde cellesfaitessur
lesNeutres"
La coursea permisde sauverou de retarderla chuted'îles isoléesde la métropolecomme
la Guadeloupe et l'île de France.On oublietrop souventle rôle d'un généralErnoufou d'un
Victor Hughes.Surcoufesttrop célèbrepour ne pasêtrecité. Il captura43 naviresmais n'était
passeul.De 1793à 1810,193croisières furentorganiséesàpartirdel'île de Francedont l22par
et
descorsaires 7l par desbâtimentsde I'Etat.Prèsde 500 naviresfurentpris ou détruitspourun
montantévaluéà plus de 5 millionsde livre sterling.
puis lors desconflitsavecNapoléon,la riposteanglaise
Contrela courserévolutionnaire,
fut violenteet efficace.Les Anglaiscombinèrent trois tactiques:convoisobligatoirespour tous
les marchands,bombardements et blocusdes ports commerçants avec la France,escadresou
Les corsairesou les bâtimentsde guerre françaisne furent jamais
flottilles anti-corsaires.
totalementarrêtésmais leur déclinest incontestable.Le taux des assurances anglaises passade
50 % pendantla guerrede l'Indépendance américaine à25 oÂpourla période1793-1800, à 12%
en 1802et 6 o/oaprès1810.Le nombrede naviresmarchandsanglaisaugmentade 17 885 en
1800à 22 805 en 1805et à 22 703 en 1810.Une nouvellefois était confirméeI'inefficacité
militairede la coursesi elle n'étaitpas appuyéepar de puissantes escadres.A l'inverse,les
sa
JoannèsTrarnond, Manuel d'Histoire mariîime de la France des origines à lBI5,Paris, 1927,p.608.
Anglaisprirent| 244bâtiments
au longcourssur les I 500dontla Francedisposait
eu l80lss.
Il faudraitencorefaire le bilan en Francecommeen Angleterredes navirespris par les
corsaireset ceuxpris par les naviresde guerre.Au tempsdu Roi Soleil,les frégatescorsaires
de
Saint-Maloéquivalaient un bâtimentde cinquièmerangsoit 400-600tonneauxmai à partirde la
Révolutionles frégatesmilitairesdépassèrent les I 000 tonneauxde 44 canonsà I'imitationdes
frégatesaméricaines.Que pouvaitalorsun lougrede 50 tonneauxet 100hommesd'équipage?
Les autoritésserendirentassezvite comptedu nombrecroissant(le prisesreprisespar les
Anglais.I)èsle 24 Floréalan IV, Truguet,ministrede la Marineenvoyaaux commissaires
de
Marinedesdifférentsportsla circulairesuivante(I)
< Le but des ormementsen courseétant de harceler,d'anéqnlir même s'il était possible,le
commercede nos ennemis,...les Corsairesdoiventfaire tous leur effortspour lui porter des
coupssûrs.Je vousinvite en conséquence, àfaire savoir à tous les commandants desarmements
en course,qui ont lieu, dans I'étenduede votre arrondissement, de s'occuperpendant leur
croisièrede détruiretousles batimentsqu'ils n'auraientpas la certitudedepouvoirfaire arriver
en France. Cette marchepréviendra la reprise dune infinité de navires et en mêmetemps la
diminution des équipages de nos corsaires et la captivité d'un assez grand nombre de
Français...>
Le 4 mai 1809,Gaude,commissaire
de la Marinede Saint-Servan,écrivaitau ministrede
la MarinÇpour lui demanderdes primes en faveur des armateursqui coulaientles navires
ennemis'o:
Les armateurs sont en général d'avis que, dans les circonstances actuelles, ce projet leur semble
offrir le seul moyen d'utiliser les armements du commercefrançais et de nuire au commerce
ennemi, avec le moins de danger pour nous >>.
De nombreusesprises furent couléesmais la comptabilité n'en a pas été tenue. Dans ces
conditions, lorsque les armateurseux-mêmesdemandaientla destructiondes navires ennemis,la
course n'avait plus de raison d'être. L'apparition de la vapeur, de l'obus et de la cuirasse
séparèrentdéfinitivement le navire de guerre du bâtiment corsaire. Le traité de Paris de 1856
entérinait cet état de fait. La découvertede la torpille du sous-marin allait relancer la stratégiede
" I d .p p 1 . - 7 3 6 7 6 ,
t u A bbéRobid o u , j usti fi cati ves
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L e s d e rn i e rs t. èces n" 47 et 48.
la destructiondu commerceennemi.Mais de mêmeque la courseétait I'arme despaysdont la
Marine était insuffisante,la guerresous-marine n'a t-elle pas été au XX' siècle.la dernière
stratégielorsquela marinede haut bord n'a pas ou n'a pu jouer son rôle. Dans les deux cas,
I'emploiseuldescorsaires ou dessous-marins s'estrévéléun échec,I'escortemêmecomposée
de petitesunités,si elle étaitsoutenue
par une marinpuissante, l'emportafinalementmalgréde
lourdespertesau débutde chaqueconflit.