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Gladio, une structure terroriste en Europe

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-- Etudes - Guerre froide --

Guerre froide Gladio, une structure


terroriste en Europe
Thomas Deflo
lundi 26 juin 2006

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Gladio, une structure terroriste en Europe

Origine

Après la deuxième guerre mondiale, la CIA (Central Intelligence Agency) activait des groupes
soi-nommé 'stay behind', qui, sous l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord), devaient
sauvegarder l'influence américaine en Europe, et contrer des groupes communistes/de gauches au
cas où ceux-ci gagneraient trop de popularité. Ainsi, la domination américaine sur le podium mondial
— après la victoire sur les Allemands, et surtout contre l'influence de la Russie —
devait rester intact. Ces groupes 'stay behind' furent construits au nord dans les pays scandinaves ;
au midi en Italie ; et, considérant son rôle pivotant, la Belgique ne pouvait pas manquer à l'appel. Ils
était baptisés sous le mot italien 'Gladio' ou 'épée', un symbole fasciste classique. [1]

Peu dans le gouvernement belge étaient au courant de l'existence des réseaux Gladio. Et le secret
était absolu. Premier Ministre Wilfried Martens à une conférence de presse le 9/10/1990 : « Je suis
premier ministre depuis onze ans, mais je ne savais absolument rien de l'existence dans notre pays
d'un tel réseau secret. » Le Ministre de Défense Guy Coëme y ajoute : « Bien sur, il est anormal que
je n'ai pas été informé sur ce réseau durant ma mise en fonction. La Guerre Froide est depuis
longtemps derrière nous, et les événements récents dans les pays de l'Est indiquent clairement
qu'un tel réseau est totalement dépassé. C'est un anachronisme qu'il vaudrait mieux abolir. » Le
membre du parlement Hugo Van Dienderen a des suspicions : « Ce réseau secret faisait plus que se
préparer pour une guerre contre une menace communiste. (...) Des agents essayaient d'infiltrer les
mouvement de la paix. Certains groupes américains cherchaient à les contacter. (...) Un ancien
directeur de la CIA ne laissait pas de doute que leurs services de renseignements étaient à la base
de ces réseaux. » En effet, ceci fut admis par William Colby, ancien directeur de la CIA, dans son
autobiographie. Durant la même période, l'existence d'un groupe-Gladio était reconnu par le chef
d'état italien Giulio Andreotti. Celui-ci admet que de tels opérations étaient maintenu par des services
militaires de l'OTAN, et que ces groupes se faisaient financer par la CIA. [2]

A travers les résultats pratiques des réseaux Gladio coule une longue trace de sang inutile, qui ne
possède une légitimité que dans le regard aliéné et cruel des services secrets américains. Dans un
rapport des services secrets italiens on lisait : « La réaction se base sur deux méthodes parallèles :
l'action psychologique et le terrorisme. Une telle réaction se définie comme la guerre
contre-révolutionnaire. » En d'autres mots : gardez la population divisée, dans la peur et l'incertitude,
pour qu'ensuite elle puisse apprécier la nécessité d'une domination par les services de
renseignements, et que l'appareil d'Etat abandonnerait volontairement sa souveraineté sur ces
services.

Stratégie

En 1968, dans le capo Marrargiu en Sardaigne, une base de l'OTAN servira à l'entraînement des
premiers groupes anti-communistes. Ils sont instruits pour la propagande, la désinformation, les
techniques de guérilla et les actes de sabotage. La signature de la CIA est claire. Les murs des
salles d'entraînement affichaient le slogan 'Je sers la liberté en silence'. On estime qu'en six ans, pas
moins de 4000 agents européens compléteront leur stage dans ce camp. Plus tard, la commission

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rogatoire italienne sur le terrorisme reconnaîtra l'existence de la base. Un document de 1970 resurgit
du ministère de défense américain, signé par le général William Westmoreland, chef de l'armée
américaine, qui décrit précisément la stratégie de l'OTAN en Europe. Par le moyen des services
secrets, elle tenait à mettre en place des activités par l'extrême-gauche ainsi que par
l'extrême-droite, afin de faire croire à l'opinion publique que l'idéologie communiste ne pouvait être
freinée que par des moyens militaires américains. Le document contient les recommandations
suivantes : « Dans nombreux pays les supérieurs ont la mentalité conservatrice, par leur
descendance familiale ou par leur éducation. Ceci les rends sensible à la doctrine
anti-révolutionnaire. Les services secrets de l'armée américaine doivent posséder les moyens de
mettre en place des opérations spéciales qui convainquent le gouvernement et l'opinion publique de
la nécessité de réagir. Ils doivent essayer d'infiltrer des milieux révolutionnaires et ensemble mettre
en place des actions spectaculaires. » La paranoïa des américains est tangible ; au cas où les
gouvernements européens ne reconnaissent pas le danger communiste, « les groupes doivent
passer à l'action, violente ou pas, dépendant du cas spécifique. » A la fin on peut lire : « Si
l'infiltration des cercles révolutionnaires ne réussit pas, la manipulation d'organisations
d'extrême-gauche peut tout-de-même aider à réaliser le but. » [3]

L'année 1969 donnera l'exemple parfait de la terreur qui allait envelopper la Belgique. Au cours de
l'année, l'Italie fut terrorisée par 145 attentats. Des innocents perdirent la vie en masse. Pendant ces
années, la SID (Servizio Informazione Difesa), en essayant de résoudre les crimes, poursuit en vain
la piste de rebelles de gauches ou anarchistes. Finalement, les chercheurs poursuivent la piste de
l'extrême droite, ce qui en 1974 mène à des inculpations à l'adresse du directeur de la Sûreté même,
le général Vito Miceli.

En suite — suivant ce même scénario américain — commencera l'épisode sanglante
de terreur d'extrême gauche sous le nom des Brigades Rouges (un terme tout aussi stéréotype que
les 'Cellules Communistes Combattantes'). Leur assassinat politique d'Aldo Moro, un homme de
conviction progressiste, est étonnant. Certains juges suspectent ouvertement l'implication de la
sécurité d'état italienne dans les attaques. En suite, lors des attentats à la bombe, on constate que
les explosifs utilisés n'existent que dans les cercles militaires. Ceci est confirmé par des 'insiders'
avec des remords. Dans une interview de mars 2001 dans le journal britannique The Guardian, le
général Gianadelio Maletti, chef du contre-espionnage italien de 1971 à 1975, ne laissera aucun
doute.

(ma traduction, ndla) "Un ancien général des services secrets italiens a prétendu que les services de
renseignement américains ont instigué et assisté au terrorisme de l'extrême-droite en Italie durant les
années 1970. L'assertion a été faite par le général Gianadelio Maletti, l'ancien chef du service de
contre-espionnage militaire, au procès la semaine passée contre les extrémistes de droite accusés
du meurtre de 16 personnes dans l'attentat sur la banque de Milan en 1969 - la première fois qu'une
telle accusation dans une court de justice est faite par un vétéran italien des renseignements. Le
général Maletti, qui fut commandeur de la section de contre-espionnage du service de
renseignement militaire entre 1971 et 1975, affirmait que ses hommes avaient découvert un
approvisionnement d'explosifs militaires venant d'Allemagne vers une cellule terroriste de droite situé
dans la région de Venise.

« Ces explosifs ont pu être obtenu avec l'aide des membres de la communauté de renseignements
des Etats-Unis, une indication que les américains allaient au-delà de l'infiltration et l'observation de
groupes extrémistes afin d'instiguer des actes violents. » il a dit. « La CIA, obéissant aux directives
de son gouvernement, voulait créer un nationalisme italien capable d'arrêter ce qu'elle considérait
comme une virée vers la gauche, et pour atteindre ce but elle a pu utiliser le terrorisme de

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l'extrême-droite, » le général Maletti disait à la cour milanaise. « Je crois que c'est ce qui est arrivé
dans d'autres pays aussi. » Au sein de ces intrigues compliquées, le rôle du général Maletti fait de lui
un témoin éclairant. Il a dit : « L'Italie doit tirer au clair les mystères de cette époque, si elle veut
restaurer sa dignité nationale et sa souveraineté. » « Entre les grands pays de l'Europe occidentale,
l'Italie fut traité comme une sorte de protectorat. Il est honteux de penser qu'on pourrait toujours être
le sujet d'une telle supervision spéciale. »" [4]

Bref, la vague de terreur qui enveloppe l'Italie suit parfaitement le scénario-Gladio. Qu'il existe un lien
entre la terreur italienne et la CIA, comme le général Marcelli indique, et déjà connu auparavant. En
1976 a eu lieu aux Etats-Unis une commission rogatoire dirigé par le sénateur Otis Pike. On peut lire
dans ses récits que l'ambassade américaine à Rome avait payé un haut fonctionnaire des services
secrets italiens, pour qu'un groupe d'extrême droite puisse détrôner le gouvernement et le remplacer
par un régime plus favorable. En 1983, les services de renseignements italiens publient une étude
sur le trafic d'armes international. On peut y lire qu'en 1969, avec l'accord d'Alexander Haig et Henri
Kissinger (à ce moment chef-adjoint et président du Conseil de Sécurité Nationale), la Sûreté d'Etat
italienne avait recruté quatre cents officiers militaires au sein de l'ainsi-nommé loge-P2.

Ceci sera confirmé plus tard par Richard Brenneke, un ex-agent de la CIA, dans une interview
télévisée. L'ex-agent sait de quoi il parle, puisqu'il opérait au sein du réseau Gladio même, comme
transporteur d'armes. Brennecke déclare que le gouvernement américain dépensait mensuellement
pas moins que $10 million à cette opération. « On a utilisé la loge durant les années '70 (...) afin de
faire éclater le terrorisme en Italie, et dans d'autres pays. Cette loge est toujours active. » dit
Brenneke à la RAI. [5]

En 1980, un attentat dans la gare de Bologne fait 85 morts. L'équipe d'investigation sur l'attentat ne
formule sa conclusion qu'en 1986, après des années de sabotage par la Sûreté d'Etat italienne :
qu'une structure privée existe en Italie composé de militaires et de citoyens collaborant, avec comme
but d'influencer la démocratie par des moyens non-démocratiques. Pour atteindre ce but, le groupe
se sert des attentats organisés par des mouvements néo-fascistes. « Il constitue une forme de
gouvernement invisible, dans lequel la loge-P2, certains niveaux des services secrets, le crime
organisé et le terrorisme sont intimement connecté, » concluent les juges. Les investigations
suivantes arrivent à une conclusion similaire : « Pendant des années, un groupe clandestin, avec
des connections extra-institutionnelles, a opéré dans notre pays avec comme but le conditionnement
politique de la démocratie, et l'acquisition du pouvoir personnel. Afin de réaliser ses buts, ce groupe
utilisait le terrorisme. » [6]

Belgique

Le 16 août 1983, la police de la commune de Forêt intervient dans une querelle entre un certain
Marcel Barbier et son frère : Barbier menace des citoyens avec un fusil - un fait peu commun dans
la capitale belge. Pendant l'investigation, les agents de police, après avoir arrêté Barbier, entrent et
font une découverte étonnante à son domicile rue de Parme : les agents tombent sur un sac
contenant des dizaines de messages-télex 'OTAN' et 'confidentiel', venant du centre de commande
de l'OTAN à Evère. Ce qui aurait du être une visite routine mènera à la découverte d'un des
indicateurs les plus remarquables, que les Tueurs du Brabant recevaient leurs ordres des cercles
des services de renseignements américains. Le lendemain, sous pression policière, Barbier
admettait être membre du Front de la Jeunesse, une milice notoire avec des convictions
profondément néo-nazi et des activités paramilitaires. Barbier admettait faire parti d'un réseau de
pouvoir international, duquel il refusait de divulguer le nom. Il parait probable qu'il fait allusion à
l'OTAN ou la CIA, les deux géants organisateurs impliqués dans la stratégie-Gladio. Marcel Barbier

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faisait parti du groupe Westland New Post, une organisation de conviction fasciste créé par Paul
Latinus et Christian Smets - deux agents importants de la Sûreté d'Etat. Latinus (qui en 1981 s'était
couronné maréchal de la WNP) avait, sous les ordres de la Sûreté d'Etat, souvent infiltré des
mouvements de gauche pacifistes, et Christian Smets (qui tenait le rang de colonel du WNP) était
commissaire à la Sûreté d'Etat. Tous les deux sont largement impliqué dans le dossier des Tueurs
de Brabant et de la CCC. A Forêt, Barbier admettait tout-cela pendant son arrestation, et au matin
suivant, l'épisode gênant avec son frère. [7]

Que la Sûreté d'Etat soit impliqué dans l'organisation des attentats meurtriers des Tueurs de Brabant
laisse peu de doute. Quand Jean Bultot, soupçonné membre des tueurs, fut questionné dans son
refuge au Paraguay, il précisa que certains des Tueurs faisaient parti de la Sûreté d'Etat. Il ajoute,
tandis que personne ne lui l'avait demandé, que les activités de la CCC avaient suivi une même
formule. Après son retour en Belgique il était moins bavard et révoquait rapidement ses déclarations
antérieures. Robert Beijer — un membre possible des Tueurs — sous pression des
investigateurs, fera des déclarations similaires. Il disait littéralement : « Il doit exister une sorte
d'organisation entre des membres de la Sûreté d'Etat, la gendarmerie et les parquets. A mon avis,
les attentats de la CCC font parti d'un même plan. Une des cache de la CCC était loué par le frère
d'un membre de la Sûreté d'Etat. » [8]

Que la CIA essaye traditionnellement d'incorporer des services de renseignements étrangers sous
son aile, est un secret bien gardé. Qu'elle sème la terreur ensuite, devient de plus en plus évident.
Partout dans le monde, ceci menait à une vague incroyable d'opérations sanglantes en Amérique
Latine, Asie, Afrique mais aussi en Europe. La Sûreté d'Etat belge accusait systématiquement
l'extrême gauche des actes de terreur en Belgique, tandis qu'il est clairement établi, qu'elle-même
était impliquée. En 1985, malgré des protestations jamais vus dans l'opinion publique, des missiles
nucléaires de l'OTAN s'intalle sur le territoire belge. La terreur politique avait finalement atteint son
but.

—

Dédié aux journalistes Sergio Carozzo (1959-2004) et Hugo Gijsels (1950-2004). Ils enquêtaient le
thème ci-dessus, ainsi que d'autres dossiers liés aux services de renseignement. Tous les deux
meurent en 2004 suite à une soudaine crise cardiaque. Tous les deux étaient seul à la maison.

Post-scriptum :
* Hugo Gijsels, Netwerk Gladio, Kritak, 1991.

* Daniele Ganser, Terrorism in Western Europe : An Approach to NATO's Secret Stay-Behind Armies, Frank Cass, London,
2004 (PDF) (synopsis).

* David Hoffman, A Strategy of Tension, The Oklahoma City Bombing and the Politics of Terror, Feral House, 1998.

* Sergio Carrozzo, L'énigme des Tueurs Fous du Brabant, Le Monde Diplomatique, août 2001.

* Chris Floyd, Sword Play, The Moscow Times, 18 février 2005.

* Mark Zepezauer, The CIA's Greatest Hits, Operation Gladio, Odonian Press, 1994.

* Dossier Tueurs de Brabant, Résistances.be

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[1] Ressources 'Gladio' sur Wikipedia , Parallel History Project et Statewatch.

[2] Jan Willems (ed.), Gladio, EPO, 1991.

[3] Het Spiegelpaleis van de Gladiatoren, Georges Timmerman, De Morgen, 14 mai 2005 (PDF).

[4] Terrorists 'helped by CIA' to stop rise of left in Italy, The Guardian, 26 mars 2001.

[5] Operation Gladio, Statewatch, juillet 1991.

[6] Jan Willems, Op.c.

[7] Jan Willems, Op.c.

[8] Jos Van der Velpen, De CCC : de staat en het terrorisme, EPO, 1988.

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