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© Ed. ESKA, 2006

PATHOLOGIE ARTÉRIELLE
Quel délai pour l’endartériectomie carotidienne
après un accident neurologique ?
G.-A. PELOUZE 1, D. SABLOT 2, J.-F. CASSARINI 2, C. NEGRE 2, X. FAILLIE 2
J.-M. BENEJEAN 3, J.-L. BERTRAND 3

RÉSUMÉ SUMMARY

La question du délai avant l’endartériectomie carotidienne Early versus late carotid endarterectomy in symptomatic
chez les patients symptomatiques se pose chaque fois que l’indi- patients.
cation de revascularisation est retenue. La réponse est souvent dif- Early carotid endarterectomy is indicated in patients with
ficile compte tenu de la diversité des situations neurologiques et neurologic symptoms because of risk of recurrence has been docu-
des facteurs de risque opératoire. En l’absence d’essai clinique mented by clinical prospective studies. But risks associated with
randomisé, permettant de comparer deux cohortes de patients, les early reperfusion in an ischemic brain remain of concern. In a
uns opérés précocement, les autres après par exemple quatre similar view preoperative risks with ASA 3 and 4 patients could
semaines, force est de constater que les choix cliniques sont effec- interfere with overall results of surgery in terms of mortality.
tués sur des bases empiriques. Nous passons en revue ces bases Wether some patients are suitable for early intervention is often a
empiriques depuis le phénomène de la re-perfusion jusqu’à l’ana- matter of empiric strategies based on brain imaging, grade of the
lyse de l’imagerie de résonance magnétique nucléaire en urgence, vessel stenosis and team experience. Despite available clinical
en passant par la morphologie de la plaque accessible en écho- trials which emphasized the risk of recurrent stroke when surgery
graphie doppler. Enfin, nous discutons les arguments issus des 2 is delayed, a recent retrospective study questioned this attitude
essais cliniques randomisés sur la comparaison entre traitement because of poor neurologic outcome associated with early inter-
médical et traitement médical associé à l’endartériectomie caroti- vention. Apart emphasizing the obvious need for controlled studies
dienne. Il s’agit essentiellement du risque de récidive d’accident which prospectively assign the delay in carotid surgery, we discuss
neurologique au cours des quatre premières semaines. L’attitude the different factors which influence our choices in daily practice,
d’intervention précoce doit cependant être nuancée, notamment specially since the large availability of early magnetic resonance
au vu d’une série rétrospective qui semble en faveur d’un risque imaging for symptomatic patients.
neurologique plus élevée lorsque l’endartériectomie est réalisée
précocement.

Introduction Parfois, ces accidents peuvent rester cliniquement asympto-


matiques et être découverts à l’occasion d’une imagerie
Les lésions athéromateuses de la bifurcation caroti- cérébrale : environ 20 % des patients présentant un AIT ont
dienne peuvent entraîner des accidents emboliques ou une ou plusieurs images scannographiques d’infarctus céré-
hémodynamiques dans l’hémisphère homo-latéral. Lorsque bral et cette proportion est plus élevée si l’on a recours à la
des signes cliniques se manifestent, soit sous la forme d’un résonance magnétique [2]. Le diagnostic différentiel de
accident ischémique transitoire (AIT) [1] d’un accident neu- l’origine de l’accident est bien évidemment indispensable et
rologique crescendO, ou bien d’un accident constitué, la il convient d’éliminer les cardiopathies emboligènes, de
lésion carotidienne est classifiée comme symptomatique. même que les autres causes d’accident neurologique.

Centre Hospitalier Saint-Jean, 20, avenue du Languedoc, BP 49954, 66046 PERPIGNAN Cedex 9 (France).
1. Service de Chirurgie Thoracique et Vasculaire.
2. Service de Neurologie.
3. Service de Radiologie.

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Quel délai pour l’endartériectomie carotidienne après un accident neurologique ?

Dans les lésions carotidiennes athéromateuses sympto- par des hémorragies micro ou macroscopiques ou bien un
matiques, la chirurgie carotidienne par endartériectomie a œdème lié à l’hyper perméabilité des capillaires des zones
fait la preuve de son efficacité dans deux essais contrôlés ischémiées.
randomisés devenus de véritables icônes de la médecine Une des données centrales de cette physiopathologie est
factuelle : l’essai NASCET [3] et l’essai ECST [4]. Ces la conception de la zone de pénombre. Il semble que les
deux essais ont permis de mieux comprendre la pathologie infarctus significatifs comprennent un centre nécrotique et
athéro-thrombotique de la bifurcation carotidienne et de pré- une zone ischémiée réversible appelée zone de pénombre en
ciser quels patients bénéficient de l’association traitement périphérie. La tomographie à émission de positons a bien
médical plus chirurgie et quels patients bénéficient du trai- mis en évidence que ces zones de pénombre sont fréquem-
tement médical seul. ment observées et de taille variable autour des zones infar-
Si on peut répondre de manière assez précise à la ques- cies. Le tissu cérébral, quelle que soit sa nature gliale ou
tion « quels sont les patients qui bénéficient de l’endartériec- neuronale, présente une souffrance ischémique partielle-
tomie carotidienne en cas de lésions symptomatiques ? », en ment ou totalement réversible dans ces zones. J.-C. Baron
revanche, il est plus difficile de répondre aux questions sui- [5] a bien établi en 1991 par une étude des zones ischémiées
vantes : en Imagerie de Résonance Magnétique (IRM) que la mort
1 – Dans quel délai la chirurgie carotidienne est-elle indi- neuronale se prolonge plusieurs jours après l’accident neu-
quée après un accident neurologique, qu’il s’agisse rologique. De plus la qualité de la circulation collatérale
d’un AIT, d’AITs crescendo ou d’un accident réver- peut jouer un rôle dans l’évolution de la zone de pénombre
sible ou constitué ? et en particulier la présence d’une sténose serrée bilatérale
2 – Comment l’imagerie cérébrale et l’imagerie de la ou bien d’une thrombose controlatérale à la lésion sympto-
plaque athéromateuse peuvent contribuer à améliorer matique.
la qualité de la décision quant au délai de l’interven- En étudiant des régions du cerveau en ischémie pour les-
tion chirurgicale ? quelles l’imagerie de diffusion en IRM est normale mais le
débit sanguin local anormal [6], ont mis en évidence une
S’agissant de la question 1 –, de nombreux articles ont forte corrélation entre le diabète, l’âge, l’hypertension arté-
été consacrés à ce sujet mais force est de constater que notre rielle (HTA) et une évolution vers la nécrose (infarctus céré-
attitude est actuellement guidée plus par des habitudes ou bral), ces zones ischémiées ayant un temps de transit moyen
des données au cas par cas que par une médecine basée sur anormal.
des preuves. Cette revue est consacrée aux preuves actuelles Ainsi, les facteurs de risque classique, mais aussi l’âge,
et à leur niveau de validité. doivent être pris en compte dans le calcul de risque, cette
fois d’extension de la zone d’infarctus à la zone de perfusion
de misère.
Physiopathologie Le pourcentage de volume de tissu cérébral qui est en
de la revascularisation danger, en raison d’une perfusion de misère et qui se nécro-
sera dans les semaines qui suivent l’accident initial est
d’un territoire neurologique dépendant de l’âge suivant une courbe à deux pentes. La
en ischémie première jusqu’à 70 ans est très faible, traduisant un effet
âge de modéré à faible alors que, dès 70 ans, la pente est très
L’imagerie fonctionnelle a révolutionné notre compré- importante traduisant un effet âge de fort à très fort. Après
hension des phénomènes de revascularisation et de re-per- 70 ans, les mécanismes d’autorégulation du débit sanguin
fusion dans le territoire cérébral. Ainsi, rétablir un flux cérébral global et local, les facteurs hémostatiques, les fac-
cérébral dans l’artère carotide interne et dans ses branches teurs intercellulaires (protection contre les radicaux libres,
peut modifier favorablement ou défavorablement les condi- production d’énergie par les mitochondries…) ne compen-
tions de perfusion dans la micro-circulation du territoire sant plus les effets de l’ischémie chronique et les cellules
ischémié. des zones ischémiées meurent en plus grand nombre.
Les données physiopathologiques humaines dans ce C’est pourquoi la logique de l’intervention précoce de
domaine sont assez éparses et en particulier il n’y a aucun désobstruction carotidienne pour rétablir un flux antéro-
essai clinique comprenant une imagerie sophistiquée qui grade dans la carotide interne doit être confrontée aux don-
permette d’étayer les bases d’une compréhension des phé- nées d’imagerie intracérébrale afin de déterminer quels
nomènes de reperfusion, qu’il s’agisse de la récupération du patients peuvent bénéficier de la revascularisation et quels
fonctionnement normal de certains neurones en ischémie, autres patients peuvent au contraire présenter des complica-
ou au contraire, de l’aggravation des lésions ischémiques tions, en particulier oedémateuses ou hémorragiques.

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Historique de l’imagerie Quel est le risque de récidive


chez les patients atteints d’un accident neurologique
d’une sténose athéromateuse sous traitement médical dans le
symptomatique de la bifurcation premier mois ? [9]
carotidienne Retarder la chirurgie carotidienne si une lésion athéro-
thrombotique significative est présente expose le patient à
Un des premiers principes empiriques enseigné aux
un risque de récidive d’accident neurologique. Évaluer ce
internes de chirurgie vasculaire est que l’intervention d’en-
risque est fondamental pour calculer le rapport
dartériectomie carotidienne est grevée d’une morbimortalité
bénéfice/risque de la chirurgie. Les données des études cli-
considérable dans les suites immédiates d’un accident vas-
niques, rétrospectives ou prospectives randomisées comme
culaire constitué. Cette attitude découle de l’expérience
les essais précédemment cités, permettent de répondre par-
pionnière des chirurgiens et des neurologues qui se sont
tiellement à cette question. Il semble en effet que le risque
intéressés à cette pathologie dans les années 60, Eastcott, de
dans les 4 premières semaines après un accident neurolo-
Bakey, Natali, Thévenet, Labauge. Toutefois, cette expé-
gique, si la lésion carotidienne est significative, peut être
rience est aujourd’hui largement dépassée en raison de la
évalué à 10 % [3]. Dans l’étude NASCET, ce risque sous
disponibilité du scanner cérébral, de l’IRM et de l’imagerie
traitement médical maximal est de 4.9 %, il est par contre de
par échographie doppler artériel des troncs supra-aortiques
24 % dans l’étude ECST mais il s’agit du risque cumulé sur
et intracrânien. En particulier, la différentiation entre acci-
les 4 premiers mois.
dent hémorragique et extension d’un accident ischémique
Concernant le délai entre l’accident ischémique et l’in-
n’était pas possible à l’époque de ces descriptions initiales.
tervention, on observe, dans NASCET et ECST, que les
La sélection des patients était donc très différente de celle
patients ont été inclus si l’accident datait respectivement de
que nous pratiquons aujourd’hui, en particulier pour la
moins de 120 ou de moins de 180 jours. Le bénéfice de la
détection précoce d’un accident hémorragique même
chirurgie en cas d’accident plus ancien n’est pas connu.
minime.
Dans le groupe des sténoses symptomatiques à 70 %, sui-
Le deuxième principe qui a été largement reconnu et
vant le critère NASCET, le risque spontané d’infarctus
adopté est le suivant : une occlusion carotidienne même
homo-latéral à la sténose reste élevé au-delà de 6 mois, mais
récente n’est pas habituellement une indication chirurgicale.
diminue fortement après 3 ans. Au total, le bénéfice de la
Toutefois, la sophistication des techniques d’imagerie,
chirurgie effectuée au-delà de 6 mois après l’accident neu-
en particulier de l’échographie doppler au cou, permet
rologique est vraisemblable, mais il décroît avec l’ancien-
aujourd’hui de mieux différencier les sténoses hyper-ser-
neté de l’accident.
rées, les pré-thromboses et les occlusions. Avec le doppler
Il est plus difficile de répondre à la question du délai
continu et en l’absence d’échographie concomitante, il était
minimal. La majorité des équipes interviennent le plus tôt
difficile de détecter les patients pour lesquels un flux
minime persiste dans une sténose hyper-serrée en particulier possible en cas d’AIT et au-delà d’un mois et en l’absence
de prise de contraste à la scanographie ou en imagerie par
si, de surcroît, la bifurcation est haut située. C’est pourquoi
résonance magnétique, en cas d’accident ischémique
si l’occlusion carotidienne chronique est une contre-indica-
constitué. La discussion porte sur les accidents constitués
tion à la chirurgie de désobstruction de la bifurcation, il n’en
mineurs ou accidents rapidement régressifs, surtout lorsque
est pas de même de la thrombose récente ou de la pré-throm-
bose avec persistance d’un flux minime dans le chenal la sténose est très serrée et mal tolérée au plan hémodyna-
mique. Les résultats de NASCET ont montré, dans ces cas,
athéro-thrombotique [7].
un risque non négligeable de récidive précoce ce qui peut
Toutes ces considérations amènent à réviser notre atti-
tude en fonction des données actuelles de l’imagerie et de la conduire à intervenir sans attendre la fin du premier mois,
notamment lorsque l’infarctus est de petite taille. Toutefois,
médecine basée sur des preuves et à considérer comme
dans l’étude NASCET, les données prises en compte sont
sérieusement dépassés les principes issus de cette expé-
celles de la tomodensitométrie, alors qu’aujourd’hui, on a
rience pionnière [8].
plutôt tendance à se baser sur l’IRM.

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Chirurgie précoce chez les Patients présentant un accident


patients ayant présenté un AIT, neurologique majeur en évolution
des AIT crescendo ou un accident Chez ces patients, la situation est clairement la plus
neurologique constitué mineur simple. La chirurgie est parfaitement contre-indiquée en
raison du risque d’hémorragie et d’aggravation du patient.
Les études cliniques randomisées ayant mis en évidence En fonction de la physiopathologie de la re-perfusion,
le bénéfice de l’endartériectomie carotidienne chez certains un effet délétère de la revascularisation précoce est à
patients atteints d’une sténose carotidienne symptomatique craindre. L’imagerie en particulier la diffusion/perfusion en
sont souvent interprétées de manière statique [10, 11, 12]. IRM n’a pas apporté sur des essais cliniques de preuves
Or il n’en est rien, la variable temps est très importante dans quant à la prédiction d’un syndrome de re-perfusion.
le calcul du bénéfice risque de la chirurgie. Par exemple, une Toutefois, compte tenu de l’extension des indications de la
méta-analyse de NASCET et de ESCT a permis de retrouver thrombolyse intra-cérébrale, un certain nombre de cas peu-
une réduction du risque relatif chez les patients ayant pré- vent se présenter où une sténose critique après une throm-
senté un AIT ou un accident neurologique constitué mineur bolyse réussie incite à une chirurgie précoce.
de 30 % si la sténose est supérieure à 70 % et que l’endarté-
riectomie est pratiquée dans un délai de moins de
3 semaines après l’accident initial. Si la chirurgie est prati- Conclusion
quée JUSQU’À la 12e semaine, le bénéfice de la chirurgie
est réduit à 9 %. Un certain nombre de données de la littérature sont en
C’est dire qu’aujourd’hui un certain nombre de patients, faveur d’une chirurgie précoce chez les patients ayant un
parce qu’ils ne sont pas opérés dans le délai de 3 semaines, accident ischémique transitoire ou un accident neurologique
peuvent encourir un risque de récidive d’accident neurolo- mineur en rapport avec une sténose carotidienne symptoma-
gique, uniquement pour des raisons de délai de l’interven- tique. L’élément essentiel à retenir est que retarder la chi-
tion chirurgicale. De surcroît, il n’est pas aisé de déterminer rurgie peut aboutir à en diminuer, voire en annuler le
quels patients sont susceptibles de récidiver si la chirurgie bénéfice. Toutefois, plusieurs questions se posent encore au
est retardée. sujet des examens qui permettent de sélectionner les patients
T. Blaser et coll. [13] ont bien mis en évidence que le susceptibles de bénéficier au maximum de la chirurgie pré-
risque de constituer un accident neurologique invalidant coce.
chez les patients porteurs d’une sténose carotidienne de haut Les données de la tomodensitométrie cérébrale et de
grade est beaucoup plus élevé (27 %) au cours du premier l’IRM sont intéressantes sur le plan physiopathologique
mois si la réactivité de l’artère cérébrale moyenne au CO2 mais ne relèvent pas d’une médecine factuelle. En effet, il
est altérée. Bien évidemment, le recours à de tels tests n’est n’y a pas d’études cliniques comprenant suffisamment de
pas possible en pratique courante, ils viennent simplement données scannographiques ou de résonance magnétique
souligner la possibilité de facteurs hémodynamiques pré- nucléaire pour effectuer un choix parmi les patients ayant ce
coces pouvant influer dans la constitution d’un accident type de pathologie.
neurologique invalidant chez les patients porteurs d’une sté- En revanche, il semble bien que l’aide du score ASA
nose carotidienne de haut grade. permette de déterminer si le patient va avoir une morbimor-
Si le bénéfice d’une intervention précoce semble plus talité supérieure au seuil de 10 % qui est celui au-delà
important, il reste à déterminer le risque non neurologique duquel la chirurgie ne peut être bénéfique au patient. Les
(cardiaque, respiratoire…) d’une chirurgie précoce par rap- patients en score ASA 1 et 2 ont une morbimortalité à
port à une chirurgie retardée. À notre connaissance, ceci n’a 30 jours qui favorise la chirurgie. Par contre, ceux qui ont un
pas été évalué par des études cliniques. score ASA 3 et 4 sont en général victimes de complications
Pour tempérer l’attitude interventionnelle précoce, il et d’une morbimortalité élevée dans les 3 semaines.
faut citer l’étude de Caron B. Rockman [14] qui met en évi- En dehors de l’imagerie cérébrale, l’imagerie par écho-
dence, sur une série rétrospective, comparant deux groupes graphie doppler au cou ou par scanner carotidien permet de
de patients, ceux opérés précocement et ceux opérés après détecter un certain nombre de plaques extrêmement
4 semaines, des résultats sensiblement inférieurs sur le plan instables ou à contenu athéro-thrombotique actif, en parti-
neurologique lorsque l’intervention est précoce. Cette étude culier les plaques visiblement fracturées avec un résidu
doit cependant être considérée uniquement comme une indi- thrombotique accroché ou une volumineuse hémorragie
cation de prudence car les biais méthodologiques sont nom- intra-plaque. De nombreuses données de la littérature per-
breux et les facteurs de confusion multiples dans les études mettent de penser que ces plaques athéromateuses sont à
rétrospectives. Toutefois, la taille de l’échantillon considéré haut pouvoir emboligène récidivant et exposent le patient à
est un élément de qualité dans ce travail. une récidive précoce d’accident neurologique [15].

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Enfin, il faut souligner que chez les patients sélectionnés [4] European Carotid Surgery Trialists’ Collaborative Group.
pour une intervention précoce, l’endartériectomie caroti- Randomised trial of endarterectomy for recently sympto-
matic carotid stenosis: final results of the MRC European
dienne est une intervention qui doit être entourée d’un Carotid Surgery Trial (ECST). Lancet 1998; 351: 1379-87.
management péri-opératoire soigneux (tableau I). [5] BARON JC. Pathophysiology of acute cerebral ischaemia:
Quand à l’intérêt de l’approche endovasculaire chez les PET studies in humans. Cerebrovasc Dis 1991; 1(Suppl
patients symptomatiques à haut risque, il est actuellement 1): 22-31.
controversé en raison de la morbimortalité élevée de 2 essais [6] AY H., Koroshetz W J., Vangel M, Benner T., Melinosky
C., Zhu M., Menezes N., Lopez C.J., Sorenson A.G.,
cliniques randomisés récents [16, 17]. Pour expliquer cette Stroke 2005; 36; 2632-2636 ; Nov 3, 2005.
différence en faveur de la chirurgie, dans ces essais compa- [7] ROTHWELL PM, ELIASZIW M, GUTNIKOV SA et al.
rant la dilatation – endoprothèse par rapport à l’endartériec- Endarterectomy for symptomatic carotid stenosis in rela-
tomie, il convient d’insister sur la progression continue des tion to clinical subgroups and timing of surgery. Lancet
2004; 363; 915-24.
résultats chirurgicaux qu’il s’agisse de l’environnement
[8] DOSICK SM. WHALEN RC, GALE SS et al. Carotid endarte-
péri-opératoire ou de la perfection technique de l’interven- rectomy in the stroke patient: computerized axial tomo-
tion chirurgicale elle-même. graphy to determine timing. J Vasc Surg 1985; 2: 214-9.
Cette dernière permet de réduire au minimum les com- [9] SACCO RL, FOULKES MA, MOHR JP et al. Determinants of
plications thrombotiques dans le lit de l’endartériectomie et early recurrence of cerebral infarction. The Stroke Data
Bank. Stroke 1989; 20: 983-9.
les complications emboliques péri-opératoires au niveau de
[10] GASECKI AP, FERGUSON CG, ELIASZIW M et al. Early
fragments de plaques ignorés. endarterectomy for severe carotid artery stenosis after
non-desabling stroke: results from North American
La chirurgie carotidienne précoce après un accident Symptomatic Carotid Endarterectomy Trial. J Vasc Surg
neurologique est un défi à relever par une équipe multi-dis- 1994; 20: 288-95.
ciplinaire comprenant les chirurgiens impliqués dans la chi- [11] ECKSTEIN HH, RINGLEB P, DÖRFLER A et al. The Carotid
rurgie des troncs supra-aortiques les neurologues à Surgery for Ischemic Stroke trial: a prospective observa-
orientation neurovasculaire, les neuro-radiologues et les tional study on carotid endarterectomy in the early period
after ischemic stroke. J Vasc Surg 2002; 36: 997-1004.
anesthésistes ayant une bonne pratique des techniques [12] Giordano JM. The Timing of Carotid Endarterectomy
d’homéostasie cardiovasculaire de protection cérébrale et After Acute Stroke. Sem Vasc Surg 1998;11:19-23.
d’anesthésie loco-régionale. Il est possible que le délai de [13] BLASER T., HOFMANN K., BUERGER T., EFFENBERGER O.,
l’endartériectomie soit un des facteurs d’évaluation des WALLESCH C.-W., GOERTLER M. Stroke 2002; 33; 1057-
prochains essais cliniques. 1062.
[14] CARON B. ROCKMAN, THOMAS S. MALDONADO, GLENN R.
JACOBOWITZ, NEAL S. CAYNE, PAUL J. GAGNE, THOMAS S.
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[1] ALBERS GW, CAPLAN LR, EASTON JD, FAYAD PB, MOHR
JP, SAVER JL et al. Transient ischemic attack, Proposal for [15] TEGOS T. J,. SABETAI M. M,. NICOLAIDES A. N, et al.
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Tableau I. Prise en charge péri-opératoire

– Le contrôle de la tension artérielle (mise en place en péri-opératoire d’une pression artérielle invasive radiale, utilisation des drogues
hypotensives en intraveineux à la seringue électrique et évitement des hypotensions prolongées).
– Le risque coronarien (prise de bêtabloquants en péri-opératoire de type bisoprolol (DCI) 1,25 mg par jour).
– Surveillance per-opératoire de l’électro-encéphalogramme (EEG), ou mieux, de la conscience et de la motricité volontaire en pratiquant
la chirurgie sous anesthésie régionale.
– Mise en place d’un shunt dans le cas de la survenue d’un déficit per-opératoire ou d’anomalies EEG.
– Anti-coagulation précise et utilisation péri-opératoire des anti-agrégants (Aspirine, Clopidrogel).

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