Les agios bientôt intégrés dans la facture bancaire annuelle
par Anne DRIFF
publié le 19 novembre 2007
Deux amendements approuvés en commission à l'Assemblée proposent
d'ouvrir la facture bancaire annuelle aux agios, et aux entreprises de moins de 50 salariés. Le premier point remporte un certain succès, le second une opposition des banques. La demande des associations de consommateurs a porté jusqu'à l'Assemblée. La commission des Lois et la commission des Finances de l'Assemblée ont approuvé deux amendements du député Bertrand Pancher (UMP) visant à élargir la facture annuelle prévue dans le projet de loi Chatel aux agios ainsi qu'aux entreprises de moins de 50 salariés. Sur les frais des découverts d'abord. " C'est une demande forte des associations de consommateurs. Les banques font bien leur travail, mais cela renforcera la transparence alors que les consommateurs ont parfois des difficultés à comparer les frais bancaires ", indique le député. Sur l'extension de la facture annuelle aux entreprises de moins de 50 salariés ensuite, Bertrand Pancher estime que cela peut être un instrument de pilotage utile : " Toutes les PME de cette taille n'ont pas de directeur financier. " Mais cette proposition, bien plus que la première, suscite une très vive opposition de la part des banques. Sur les agios, celles-ci estiment qu'il s'agit de commissions de crédit, et non de frais proprement dits. Mais il n'y a pas d'opposition de principe. " Il est vrai que des frais de découverts sont souvent inclus dans des conventions de compte de dépôt. Il serait ainsi possible effectivement d'imaginer un montage plus complexe où seraient inclus dans la facture annuelle les agios liés à cette convention de compte. Au-delà, ils en seraient exclus. Mais le plus simple à notre sens est de les exclure ", indique un banquier. Le gouvernement, qui partageait au départ l'analyse des banques, estime désormais que l'amendement est acceptable. Sur l'extension de la facture aux TPE, point de compromis possible en revanche, tant du côté des banques que du gouvernement. " La FBF a combattu fermement cette idée ", indique un document de la profession, qui a rencontré le ministère des Finances et des parlementaires sur ces questions. Il y a d'abord le risque que les entreprises de plus grande taille réclament à leur tour leur facture, alors qu'aujourd'hui, à la différence des particuliers, sur les relevés de compte adressés à ces dernières les frais ne sont pas spécifiquement signalés. Ensuite, juge un professionnel, " toutes les entreprises ont un commissaire aux comptes à la différence des particuliers ". Une approche partagée, semble-t-il, par Bercy. " Il n'y a pas de position à ce stade, indique-t-on. Néanmoins, le projet de loi Chatel vise les consommateurs, et les entreprises ont une comptabilité, elles peuvent donc faire ce recensement des frais bancaires. " Pas sûr d'ailleurs que l'Assemblée nationale approuve cette proposition, ne serait-ce que pour cette question de pure forme, le projet de loi visant les particuliers. L'alternative serait de réduire la portée de l'amendement aux seuls artisans et commerçants ne s'étant pas constitués sous forme d'entreprise, ou alors de le soumettre dans le cadre du futur texte de modernisation de l'économie. Un point que n'exclut pas Bercy.