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économiques : le financement
de l’économie
1. des sociétés de petite taille dans lesquelles la division du travail était réduite , donc où l’échange était peu
développé , ne nécessitait pas l’utilisation d’une monnaie . En effet, l’échange était la preuve d’une solidarité et donc
les individus pouvaient facilement , puisqu’ils se faisaient confiance troquer des produits les uns contre les autres .Mais ,
le fonctionnement de ces sociétés primitives allait rapidement être remis en cause . Les individus se sont rendus compte
qu’il était pour eux beaucoup plus rationnel de se spécialiser dans les productions pour lesquelles ils étaient les plus
efficaces . On a donc observé, comme l’a démontré Smith dès 1776 , un approfondissement de la division du travail qui
va générer une augmentation de la production , de la taille du marché et donc de l’échange
2. Dès lors , le troc n’est plus adapté : « afin d’éviter des discussions sans fin et sortir des limites imposées par le troc
, nos ancêtres toujours aussi ingénieux inventèrent la monnaie » . La monnaie présente l’avantage de faciliter les
échanges puisqu’elle est : « un bien intermédiaire dont la valeur reconnue par tous , permet non seulement de
décomposer les échanges , mais de comparer la valeur des biens entre eux .
1. moyen de paiement : la monnaie doit servir pour régler des achats. Certaines
conditions sont donc nécessaires pour qu’un bien puisse jouer le rôle de monnaie :
+ le bien doit avoir une valeur subjective élevée : il doit être rare et prestigieux
+ le bien doit avoir une valeur objective liée à ses qualités physiques :
• stabilité, voire inaltérabilité ( l’or ne s’oxyde pas )
• une grande valeur sous un faible volume
• malléabilité qui permet la divisibilité
- l’approche fonctionnelle est trop limitative, puisqu’elle ne prend pas en compte la nature de la monnaie qui est d’ordre
social .
- considérer la monnaie comme un phénomène premier, c’est-à-dire refuser d’accepter la fable du troc qui suppose que
certaines sociétés ignoreraient l’usage de la monnaie. Or, la monnaie est présente dans toutes les sociétés, en particulier,
elle est la racine même des sociétés marchandes. On ne peut donc considérer , comme le font les économistes libéraux ,
que les phénomènes économiques puissent être compris et analysés dans un monde non monétaire la monnaie étant
introduite en dernier lieu , une fois que l’équilibre est atteint .
- l’aspect conventionnel de la monnaie doit être soulignée : la valeur de la monnaie n’est pas autre chose que ce que la
société décide d’y voir. C’est donc une convention et non la référence à l’or par exemple qui définit la valeur, c’est-à-dire
l’acceptabilité de la monnaie.
Contrairement à ce qu’affirment certains économistes, on ne peut caractériser la monnaie comme un bien ou une marchandise
qu’on achèterait ou vendrait. La monnaie est un langage et fonctionne comme tel, c’est-à-dire qu’elle présente toutes les
caractéristiques d’une langue qui sont :
- elle est partagée par tous
- elle permet donc de communiquer
- c’est donc un instrument qui nous permet d’être relié les uns aux autres sans même le savoir
• la monnaie fiduciaire , c’est-à-dire qui repose sur la confiance, puisqu’elle n’est plus
garantie par un support matériel tel que l’or. Aujourd’hui, cette monnaie fiduciaire
correspond aux billets émis par la Banque de France qui sont déclarés inconvertibles,
c’est-à-dire que leur détenteur ne peut demander leur conversion en or. Ils ont donc
cours forcé, mais aussi cours légal, puisque un individu ne peut refuser d’être payé en
billets (leur pouvoir libératoire est donc illimité).(7p 55)
Ces deux premières formes de monnaie constituent une monnaie manuelle, puisque les billets
et les pièces sont un objet matériel, dont la circulation s’opère de main en main.
• la monnaie scripturale , par contre, ne circule pas physiquement, mais par un jeu
d’écriture (scripturale) d’un compte courant ou chèque à un autre. La monnaie
scripturale correspond donc aux sommes que les agents économiques déposent sur un
compte courant dans une institution habilitée à proposer ce service (banques, postes, ..)
qui leur servent à régler leurs achats : le client, par exemple, donnant l’ordre à sa
banque de débiter son compte et de créditer celui du commerçant pour régler les achats
qu’il vient de réaliser. Pour cela, l’individu dispose de 4 instruments : le chèque, le
virement, le prélèvement, la carte bancaire. Attention, ces instruments ne sont pas de la
monnaie : ils sont simplement le support matériel par lequel transite la monnaie sur un
compte courant : un chèque sans provisions car le compte courant n’est pas assez
approvisionné n’a aucune valeur. (8p 56)
REMARQUE : on utilise aujourd’hui le terme fiduciaire pour caractériser les billets .Mais en réalité, les 3 formes de monnaie
décrites plus haut sont fiduciaires, car leur valeur intrinsèque est nulle et que leur circulation repose sur la confiance que le public
a dans le système bancaire réglementé par l’Etat qui en garantit la valeur.
• les agents économiques doivent avoir la certitude qu’ils peuvent convertir à tout moment leurs billets en métal donc que
les banques ont dans leurs réserves suffisamment d’or pour assurer cette opération
• mais la confiance n’est pas un élément suffisant, il faut aussi que l’Etat assure un cours légal à la monnaie, c’est-à-dire
oblige les créanciers à accepter le paiement en billets de banque qui ont ainsi cours légal et sont seulement émis par
l’Etat, l’émission de billets devenant ainsi un gage de souveraineté.
Mais la quantité d’or en circulation ne suffit plus à assurer l’émission d’un nombre de billets suffisant aux besoins de l’économie.
Des guerres et des crises remettent en cause la capacité de l’Etat à garantir la convertibilité or des billets. Celle-ci est suspendue
progressivement à partir de la guerre de 14, définitivement en 71. Désormais, les billets ont cours forcé.
On observe l’évolution dans le graphique p 51 :
• en 1789, la quasi totalité des moyens de paiement se présente sous la forme de monnaie métallique : les billets ne
représentant que 4 % du total
• entre 1879 et 1939, la part de la monnaie métallique ne cesse de diminuer (de 96 à 2 %) au bénéfice des billets (dont la
part passe de 4 à 54 %, mais aussi de la monnaie scripturale qui représente 43 % en 1939
• entre 39 et 2004, la monnaie métallique représente une part très faible (1 %), la part des billets connaît une chute
importante (de 54 à 10 %) au bénéfice de la monnaie scripturale qui représente aujourd’hui 90 % des moyens de
paiement, ce qui traduit une bancarisation de la population. Il est, en effet, extrêmement handicapant aujourd’hui de ne
pas détenir de comptes courant ou d’être interdits de chéquier.
• la dernière évolution est ce qu’on appelle la monnaie électronique qui semble être amené à se développer dans l’avenir
1. LA THESE
CONCLUSION : selon les partisans de cette thèse, l’évolution s’est clairement opérée dans le sens d’un détachement croissant de
la monnaie de la réalité marchandise dont elle est issue : l’or est une marchandise ayant une valeur, le chèque ou la carte bleue
n’ont en soi aucune valeur, si ce n’est qu’ils traduisent la contrepartie du dépôt opéré du client à la banque.
2. SES LIMITES
• les partisans de cette thèse établissent cette étape dans une économie de troc. Or, nous avons vu précédemment que
le troc était une fable ; les monnaies dans leur forme les plus primitives (ex : sous forme de coquillages) sont aussi
anciennes que l’histoire
• la thèse de la dématérialisation de la monnaie trouve l’origine de la monnaie dans des déterminants strictement
économiques ; l’invention de la monnaie résulterait du développement de la division du travail et des échanges
incompatibles avec la poursuite du troc. Or, dans les sociétés traditionnelles, la monnaie a des fonctions qui dépassent
largement celles de moyens de paiement ; elles sont essentielles à l’existence du groupe social : politiquement d’abord,
car elles expriment et perpétuent les rapports de pouvoir et de domination, symboliquement ensuite car elles règlent les
grands moments de la vie du groupe (mariage, deuil) et permettent de communiquer avec les vieux, les ancêtres et les
esprits. La vision purement utilitariste de la monnaie apparaît donc comme beaucoup trop simpliste.
• la thèse de la dématérialisation de la monnaie s’appuie enfin sur une vision mécaniste strictement linéaire de la
succession des différentes formes de la monnaie. Or, une analyse historique de la monnaie nous conduit à rejeter cette
vision. Par exemple, les premières formes de monnaie scripturale circulèrent en Europe dès la fin du Moyen-Age, c’est-à-
dire bien avant l’apparition et la généralisation de la monnaie.
En Comptabilité nationale (Cf. chapitre suivant), on établit des agrégats économiques comme le PIB qui permettent de réaliser
des comparaisons dans le temps et dans l’espace afin d’évaluer la santé économique d’un pays. Par analogie , on a mis en place
des agrégats monétaires qui sont des indicateurs ayant pour objectif de refléter la capacité des agents économiques non financiers
résidant en France et intervenant sur le marché des biens et des services .
A. LA DEFINITION DES AGREGATS MONETAIRES
Toute la difficulté est alors de savoir quel type de monnaie prendre en compte afin de mesurer la quantité de monnaie en
circulation dans l’économie. Il existe, en effet, une pluralité de formes monétaires dont le nombre augmente en fonction des
innovations monétaires qui vont être classées par les économistes en fonction de degré de liquidité, c’est-à-dire de
leur plus ou moins grande facilité avec laquelle un actif peut être transformé en monnaie .Nous
allons donc établir les différents agrégats par ordre décroissant de liquidité (10p 57) :
B. LES LIMITES.
Conséquences :
• Le concept de masse monétaire appréhendé par les agrégats monétaires est donc impératif pour pouvoir appréhender la
demande potentielle de biens et services.
• Mais, ces contours se révélant de plus en plus instables et fluctuants, il devient de moins en moins facile à mettre en
œuvre.
• De plus, les agrégats ont un intérêt s’ils permettent d’établir une relation stable dans le temps entre la masse monétaire en
circulation et le volume total des transactions qu’elle doit permettre dans l’économie.
• Or, cette relation se caractérise par son instabilité croissante : la vitesse de circulation de la
monnaie, c’est-à-dire le nombre de fois par an où, en moyenne, un euro
change de main ne cesse d’augmenter : un euro de M1 changeait de main en moyenne 5,6 fois par an en 78, 6,7
en 90, 8,1 en 96.
• Cette instabilité pose problème, car si la vitesse augmente, on aura besoin pour le même volume de transactions de moins
de masse monétaire .Il devient alors très difficile aux autorités monétaires d’établir un rapport optimal entre le volume
des transactions et celui de la masse monétaire.
• C’est pourtant ce rapport qui guide la politique monétaire mise en œuvre par la Banque Centrale.
On recense 3 sources de création monétaire qui trouvent leur origine dans 3 agents différents créateurs de monnaie :
• le Trésor Public qui est l’agent financier de l’Etat émet de la monnaie divisionnaire,
mais aussi de la monnaie scripturale quand il crédite le CCP d’un fournisseur ou d’un
fonctionnaire
CONCLUSION : la création monétaire repose donc sur la transformation de créances en moyens de paiement ; chaque source de
création monétaire a donc une contrepartie : les créances sur l’économie (accordées aux particuliers, aux entreprises), les créances
sur le Trésor (bons du Trésor) et les créances sur l’étranger (devises) sont les 3 contreparties de la création monétaire et en
indiquent son origine.
Les banques ont donc un pouvoir extraordinaire puisqu’elles ont la capacité de créer la monnaie dont elles ont besoin pour régler
leurs acquisitions. En effet, la monnaie n’est pas une dette bancaire puisqu’elle circule indéfiniment entre les agents économiques.
Mais alors se pose une question : pourquoi les banques qui ont la capacité de créer de la monnaie n’utilisent pas ce pouvoir pour
acheter tous les actifs générateurs de revenu dans l’économie ? 2 raisons expliquent cela : les banques connaissent des fuites et
sont contraintes et réglementées par la Banque Centrale
Nous avons vu précédemment que les banques ont la capacité de créer de la monnaie en accordant des crédits à ses clients dont
elle crédite alors le compte courant. Mais la banque se trouve limitée dans sa capacité à créer de la monnaie par le fait que ses
clients vont utiliser l’argent qu’on leur a prêtée pour régler leurs achats. 2 possibilités se présentent alors :
• le client à qui la banque a accordé un crédit et le commerçant auprès duquel il a acheté des biens appartiennent à la même
banque. Dans ce cas, il n’y a aucune fuite, la banque débitant le compte du consommateur et créditant celui du
commerçant.
• mais ce cas n’est pas le plus fréquent. En effet, il existe une forte probabilité pour que le client et le commerçant
n’appartiennent pas à la même banque. Dès lors, l’opération d’achat de biens par le consommateur se traduit par une fuite
pour la banque qui doit transférer l’argent du compte de son client vers le compte du commerçant dans une autre banque.
Dans la majorité des cas, les banques se contentent d’opérer un échange de chèques
dans la chambre de compensation où sous la surveillance de la Banque Centrale, les
banques dites de second rang se rencontrent pour compenser les débits et les crédits.
Mais dans le cas où les clients d’une banque ont dépensé plus qu’ils n’ont reçu d’argent
sur leur compte, la banque est dite débitrice ; elle a un solde de compensation négatif
qui fait l’objet d’un règlement en monnaie Banque Centrale qui est la seule à pouvoir
créer de la monnaie Banque Centrale. Les banques doivent donc s’approvisionner auprès
de la Banque Centrale pour obtenir des billets.
Dans le cas non négligeable ( un cinquième des paiements ) où le client à qui la banque a accordé un crédit retire toute ou partie de
son compte sous forme de monnaie banque centrale , la banque qui n’a pas la capacité à émettre de la monnaie Banque Centrale
doit en obtenir . Pour cela, 2 moyens successifs ont été utilisés :
• jusqu’en 71 , la banque de second rang se réapprovisionnait en monnaie Banque Centrale grâce au réescompte , c’est-à-
dire que la banque qui accordait un crédit à une entreprise exigeait en contrepartie un effet de commerce qui était un
engagement à payer à échéance . La banque de second rang pour obtenir de la monnaie Banque Centrale vendait une
partie de ses effets de commerce à la Banque Centrale en payant le prix de ce service : le taux de réescompte. Elle
obtenait en contrepartie de la monnaie Banque Centrale.
• mais depuis 1971, les opérations de réescompte sont devenues exceptionnelles avec la
création du marché monétaire. Sur le marché monétaire interviennent des
intermédiaires qui ont pour fonction de confronter la demande de monnaie Banque
Centrale des banques à l’offre de monnaie qui a 3 sources :
+ un excédent temporaire de monnaie Banque Centrale d’une banque commerciale
+ des liquidités drainées par des institutions financières non bancaires comme les
Caisses d’épargne qui n’ont, dès lors, pas le droit de créer de la monnaie.
+ la Banque Centrale qui peut, en fonction de la politique monétaire qu’elle souhaite
mener, offrir une quantité plus ou moins grande de monnaie sur le marché monétaire
De la confrontation entre les offres et les demandes de monnaie Banque Centrale va résulter le
prix de cette monnaie qui est le taux d’intérêt du marché monétaire ou le taux monétaire. Si
l’offre est supérieure à la demande (inversement demande > offre) le prix du marché monétaire
va augmenter (diminuer), augmentant (diminuant) le coût de la monnaie Banque Centrale.
Les banques , pour qui le coût de création de la monnaie est quasiment nul , ont la tentation d’en abuser car la rémunération des
crédits qu’elles accordent à leurs clients est leur principale source de rémunération . Le rôle de la Banque Centrale est alors de
limiter cette tentation et donc d’éliminer le risque d’une trop grande quantité de monnaie inadaptée aux besoins de l’économie .
Pour cela , la Banque Centrale dispose d’un instrument : la monnaie Banque Centrale qui assure la sécurité du système , puisque
les autres formes de monnaie crées par les banques de second rang ont une obligation de convertibilité en monnaie Banque
Centrale .
En effet , les banques de second rang sont obligées de détenir de la monnaie Banque Centrale
pour répondre à 3 opérations :
• les retraits au guichet opérés par leurs clients
• les règlements en monnaie Banque Centrale auprès des autres banques
• les réserves obligatoires auprès de la Banque Centrale ( cf. plus loin )
L’opération qui consiste à obtenir de la monnaie Banque Centrale pour une banque de second
rang s’appelle le refinancement. Les banques devant emprunter soit sur le marché monétaire,
soit auprès de la Banque Centrale pour obtenir de la monnaie Banque Centrale. On en conclut
alors que la Banque Centrale est la banque des banques pour 2 raisons :
• quand la banque de second rang ne peut obtenir suffisamment de liquidités auprès des
autres banques ou des institutions financières , elle est obligée de s’adresser à la
Banque Centrale qui émet alors de la monnaie
La Banque Centrale dispose d’un moyen beaucoup plus contraignant pour limiter l’excès de crédits : le mécanisme des réserves
obligatoires .
La Banque Centrale impose aux banques de second rang de détenir des réserves en monnaie
Banque Centrale déposées auprès de la Banque Centrale qui ne sont pas rémunérées et qui
sont fonction des dépôts et / ou des crédits que les banques de second rang accordent .
La Banque Centrale peut ainsi réguler l’offre de crédits générée par les banques de second rang . En effet , quand une banque
accorde un crédit à son client , ses dépôts augmentent ( les crédits font les dépôts ) , donc mécaniquement le montant des réserves
obligatoires qu’elle est obligée de détenir auprès de la Banque Centrale s’accroît . Donc elle doit se refinancer pour obtenir de la
monnaie Banque Centrale qui aura , pour elle , un coût : le prix du refinancement , c’est-à-dire le taux d’intérêt sur le marché
monétaire , alors qu’il ne sera pas rémunéré . Par ce mécanisme , la Banque Centrale peut donc contraindre les banques de second
rang à limiter leur offre de crédits . Ainsi , si l’économie souffre d’un excès de crédits ( d’une offre de crédits insuffisante ) qui ne
correspond pas aux besoins de l’économie , la Banque Centrale va augmenter ( diminuer ) le taux de réserves obligatoires ,
accroissant ( diminuant ) ainsi la soif de monnaie Banque Centrale des banques de second rang dont elle étanchera la soif en les
refinancant . Le coût du refinancement est d’autant plus élevé ( bas ) que la Banque Centrale veut réduire ( augmenter ) l’excès de
monnaie .
Par le biais des réserves obligatoires , la Banque Centrale peut ainsi amener les banques de second rang à réduire ou à accroître
leur offre de crédits selon les besoins de l’économie .
La Banque Centrale est dite prêteur en dernier ressort car elle a pour mission de garantir contre le risque du système . Ainsi , si
une grande banque se trouve dans une situation de faillite , cela risque de générer un sentiment de défiance de la population à
l’égard de l’ensemble du système bancaire .
La Banque Centrale doit alors intervenir en finançant la banque menacée de faillite , lui
permettant ainsi de répondre à ses engagements et limitant donc le risque de débancarisation
et de retour au troc .
On comprend dès lors mieux que la monnaie centrale n’est pas un bien comme les autres ;
c’est un bien collectif ( cf. chapitre sur le marché ) qui procure un service à toute la société et
qui , dès lors , ne peut en aucun cas être soumis aux règles du marché . Ce service gratuit ne peut être
offert que par une entité publique ; c’est donc l’Etat dans tous les pays qui prend en main l’émission de monnaie et réglemente les
banques pour garantir la sécurité du système .
• Traditionnellement en France la banque centrale était fortement dépendante des décisions gouvernementales, elle a
souvent financé le déficit budgétaire de l’Etat.
• Les Allemands au contraire, depuis l’hyper-inflation des années 1920, considèrent que la banque centrale doit être
indépendante de l’Etat, que sa principale mission doit être de lutter contre l’inflation.
• Dés lors au moment où ont été engagées les discussions sur la création de la BCE les allemands qui craignaient la gestion
« laxiste » des français ont imposé une banque centrale européenne :
- indépendante
- dont la mission clairement explicitée soit la lutte contre l’inflation
Les missions qui sont confiées à la banque centrale et son degré d’indépendance sont assez différents suivant les pays. Dans
le document 14 J Stiglitz montre bien que : « aux USA, notre banque centrale, la FED, a pour mission de s’intéresser à
l’inflation mais aussi au chômage et à la croissance ». Les statuts de la banque centrale traduisent les conceptions théoriques
de la monnaie.
INTRODUCTION :
On peut opposer 2 grands courants :
- Le courant dit dichotomique qui établit une coupure entre le monde réel et le monde
monétaire
- le courant non dichotomique aussi qualifié d’intégrationniste qui lui considère que la
monnaie joue un rôle central dans l’économie et qu’il n’existe pas d’économie sans monnaie
Un exemple de compréhension : la controverse banking school– currency school ( 1 p 68):
Cette controverse trouve son origine dans le Bank restriction Act de 1797 en Angleterre qui suspend la convertibilité or des billets
émis par la Banque d’Angleterre .Toute la question est alors de savoir quel est le responsable de l’augmentation du prix du lingot
d’or et de l’inflation qui se manifesta pendant les guerres napoléoniennes et surtout à partir de 1808 . 2 courants s’opposent :
- le premier courant dont la figure de proue est D.RICARDO est le currency school ( courant de la circulation : il
considère que l’inflation et l’augmentation du prix du lingot d’or sont la conséquence de la dépréciation des billets de
banque résultant d’une émission monétaire excessive qui , conformément à la logique quantitativiste , n’a aucun effet sur
la sphère réelle , mais génère seulement une hausse du prix des marchandises . Pour remédier à cette situation ,
RICARDO préconise alors de soumettre la politique d’émission de la Banque d’Angleterre à de strictes limites en
revenant à une mise en circulation des billets proportionnels au stock de métal . L’idée centrale de son principe de
circulation ( qui a donné le nom au courant auquel il appartient ) est d’imposer la couverture en or des billets qui sont dès
lors convertibles , c’est-à-dire que chaque détenteur d’un billet émis par la Banque d’Angleterre peut l’échanger contre
une certaine quantité de métal déterminée à l’avance . L’émission de monnaie de la Banque Centrale fluctue donc en
fonction de ses réserves d’or .
- au contraire , le courant de la banking school dont la figure de proue est TOOKE considère que l’inflation
britannique ne trouve pas son origine dans la suppression de la convertibilité or de la monnaie , mais au contraire dans
des causes réelles résultant de la guerre en France ( interruption des échanges , récoltes perturbées ) . L’accroissement de
la circulation monétaire est le résultat de la hausse des prix née de la désorganisation de l’économie et non la cause . Ce
refus d’imputer l’inflation à une cause monétaire s’inscrit dans un rejet des idées du principe de circulation . En effet ,
selon TOOKE , l’économie ne doit pas être bridée par la quantité de métal disponible dans l’économie dépendant de
facteurs extra-économiques tels que la découverte toujours aléatoire de nouvelles mines d’or . L’émission monétaire
doit , au contraire , épouser les besoins de l’économie , c’est-à-dire ,que quand les agents économiques veulent
développer leur activité et expriment un besoin de financement , le rôle des banques est de leur accorder des crédits , sous
peine de freiner l’expansion économique . TOOKE développe donc une conception endogène de la monnaie .
Cette controverse a vu la victoire du courant de la circulation , puisque le Peel ‘s Act de 1819 va assurer un retour à la
convertibilité or de la monnaie et centraliser l’émission de billets entre les mains de la Banque d’Angleterre . C’est donc la
tradition quantitativiste qui l’a emporté à court terme . Car ,très rapidement , en raison du développement économique accéléré ,
le stock d’or mondial s’est révélé insuffisant pour répondre aux besoins de financement des économies . Le pouvoir
discrétionnaire des banques s’est donc accru jusqu’au moment où , après la guerre de 14 , la convertibilité or de la monnaie a été
provisoirement supprimée , toute référence à l’or disparaissant à partir de 1971 . Une vision beaucoup plus active de la monnaie
s’est donc développée .
1 - UN PRECURSEUR : J.BODIN
Les mercantilistes , qui sont le courant dominant au XVI° siècle , considèrent que le stock d’or et de
richesses mondial est une donnée constante offerte par Dieu lors de la création du monde . Elle ne peut
donc en aucun cas augmenter . Dès lors , l’échange est vu comme un jeu à somme nulle , puisque ce
que gagne un individu , l’autre le perd . Le rôle des agents économiques et de l’Etat est alors
d’accroître les exportations , de limiter les importations afin de bénéficier d’une balance commerciale
excédentaire qui permette d’opérer des rentrées d’or , car plus la quantité d’or en circulation dans
l’économie est importante , plus le pays est puissant .
J.Bodin va refuser cette conception , en s’appuyant sur les faits qu’il observe après la découverte du
nouveau monde :
• la découverte de l’ Amérique en engendré un afflux d’or et d’argent en Europe
• au même moment , J.Bodin a constaté une forte augmentation de l’inflation en Europe
• il va s’efforcer d’en tirer une relation de causalité qui est : « le pouvoir d’achat des
monnaies d’or et d’argent est inversement proportionnelle à la quantité d’or et
d’argent circulant dans un pays »
J.Bodin doit donc être vu comme un précurseur des théoriciens quantitativistes qui reprendront son
idée , seulement ébauchée , selon laquelle la valeur de la monnaie est inversement proportionnelle à
sa quantité .
Remarque :il faut néanmoins constater que l’analyse de Bodin n’est valable que dans une économie
où la croissance économique et le progrès technique sont quasiment inexistants . Ainsi ,
l’augmentation du stock d’or et du pouvoir d’achat des ménages n’a pu déterminer d’augmentation de
la production , ce qui a débouché sur une augmentation des prix et de l’inflation . Au contraire , dans le
cas où l’économie ( comme aujourd’hui ) aurait été capable de répondre à cet accroissement de la
demande par une élévation de la production , l’accroissement des prix aurait été beaucoup plus limité
et la théorie de Bodin beaucoup plus discutable .
La théorie quantitative élaborée par Fischer est une tautologie ( pléonasme ) qui est exprimée sous la
forme d’une égalité toujours vérifiée :
M.V = P.T
M : stock de monnaie circulant dans l’économie V : vitesse de
circulation de la monnaie
P : niveau général des prix ( qui permet de mesurer le niveau d’inflation ) T : volume de la
production
Cette théorie centrale , pour les théoriciens dichotomistes , repose sur 2 postulats ( hypothèses non
vérifiées ) :
• la vitesse de circulation de la monnaie est constante , ce qui revient à supposer
que le comportement de détention des agents économiques est stable dans le temps et
indépendant du niveau des taux d’intérêt et du niveau des prix .
Friedman qui est le grand théoricien quantitativiste du XX° siècle va renouveler la théorie quantitative
en en reprenant les principales conclusions :
• la demande de monnaie est une fonction stable , donc la vitesse de circulation de la
monnaie est constante
• l’inflation trouve toujours sa source dans la création de monnaie )
Conséquences : Dès lors , puisque la politique monétaire ne peut avoir aucun effet sur la sphère
réelle , elle doit seulement contribuer à stabiliser l’inflation . Friedman et les monétaristes préconisent
donc l’application d’une politique automatique s’opposant aux politiques discrétionnaires : la masse
monétaire doit croître à un taux fixé à l’avance et proche du taux de croissance de l’économie . Pour
obtenir ce résultat , il faut assurer l’indépendance de la Banque Centrale pour( éviter que la politique
monétaire ne subisse de pressions de la part des autorités politiques qui cherchent à relancer
l’économie pour des raisons électoralistes .
Les théories appartenant à ce courant ont pour point commun de rejeter 3 des postulats essentiels du
courant quantitativiste :
• le rejet de l’analyse dichotomique : c’est-à-dire que tous les auteurs appartenant
à ce courant , au premier rang desquels figure Keynes , rejettent l’idée d’une
séparation de la sphère réelle et de la sphère monétaire et donc la théorie quantitative
de la monnaie
• ils refusent de considérer qu’une économie puisse exister sans monnaie ,
c’est-à-dire que dans, un premier temps , on fasse comme si l’économie se
caractérisait par le troc , afin de déterminer l’équilibre sur chacun des marchés , et
seulement dans un second temps , que l’on introduise la monnaie afin de faciliter les
échanges . Les auteurs de ce courant conçoivent donc une économie monétaire de
production dans laquelle la monnaie est le fondement de toute relation économique .
L’idée de neutralité de la monnaie est donc rejetée par ce courant de pensée
• le rejet de l’exogénéité de la monnaie : les théoriciens appartenant à ce courant
considèrent que la monnaie est endogène et répond à un besoin des agents
économiques , c’est-à-dire que , même si la quantité de monnaie est contrôlée par les
autorités monétaires , l’introduction de la monnaie dans l’économie résulte
principalement d’opérations de crédits répondant à un besoin de financement des
agents économiques .
1-L’économie peut certes se situer au plein emploi des facteurs de production mais
contrairement à ce qu’affirment les libéraux aucun mécanisme autorégulateur ne l’assure
avec certitude. Il existe donc beaucoup plus fréquemment des situations de sous-emploi qui résultent
d’une demande des agents économiques insuffisante En effet Keynes rejette la loi de Say en
démontrant que ce n’est pas l’offre qui crée la demande et l’amène à son niveau, mais au contraire la
demande anticipée des ménages et des entreprises qui exercent un rôle directeur . dés lors selon
Keynes tant que l ‘économie connaît une situation de sous-emploi il faut que l’Etat intervienne pour
sortir l’économie de la dépression à laquelle elle est confrontée . Un des outils préconisés par Keynes
est alors la politique monétaire pour laquelle Keynes distingue deux cas :
• Tant que l’économie se trouve dans une situation de sous-emploi, donc qu’il existe du
chômage une injection de monnaie dans l’économie permettant d’accroître la demande
effective ( c’est à dire la demande solvable anticipée par les entreprises) va relancer la
croissance et donc permettre de dynamiser l’investissement et de créer des emplois
sans avoir d’effets notables sur les prix . On constate donc que tant que l’économie ne
se situe pas au plein emploi des facteurs de production Keynes rejette la théorie
quantitative de la monnaie, en affirmant qu’une injection de monnaie dans l’économie
aura des effets sur la sphère réelle(la croissance , l’emploi) sans relancer l’inflation .
Keynes critique donc la vision dichotomique défendue par les théoriciens
quantitativistes. Et ce d’autant plus qu’en situation de récession toute politique
monétaire restrictive visant à assainir l’économie va aggraver le sous emploi des
facteurs de production , donc le chômage
• Au contraire quand l’économie se situe au plein emploi des facteurs de production ,
Keynes Considère que toute hausse de la masse monétaire en circulation va se traduire
par une hausse de l’inflation et n’aura pas d’effets sur la sphère réelle , car il n’existe
pas de capacités de production disponibles . Keynes conclut donc que , dans le cas
particulier où l’économie se trouve au plein emploi , la théorie quantitative de la
monnaie redevient valable , puisque toute hausse de la masse monétaire se traduit par
de l’inflation et n’a aucun effet sur la sphère réelle .