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Contes à faire peur

Les élèves de 4e de l’ISTP


Promotion 2009-2010
Anne Guionnet


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Sommaire

La traversée, par Alexandra – page 3


La main, par Antoine – page 5
Le cœur du fantôme, par Ariana – page 8
Ivresse, par Baptiste – page 10
Nouvelle courte, par Chantal – page 11
Suite du Horla de Maupassant, par Danya – page 13
Mr. McGrogen, par Estelle - page 15
Rêve d’enfant, par Jade – page 18
La poupée, par Foustène – page 20
Le Château de Charlemagne, par Gilles – page 21
Dans le noir, par Gabriel – page 23
Château hanté, par Isaac – page 25
Délire de frère, par Jeremy – page 27
Joyeux Noël, par Julia – page 28
Conte à faire peur, par Katherine – page 31
Déménagement, par Katrina – page 33
Prémonition, par Kimberly – page 35
Mon voisin, par Marcel – page 38
Le stylo, par Margot – page 40
31 octobre, par Mariam – page 43
Rachida et l’être, par Marie – page 45
Avant d’ouvrir mes yeux… par Morgane – page 47
Hallucination, par Neel – page 49
Le téléphone, par Nicolas – page 52
Mariage schizophrénique, par Ojan – page 54
La Croix Blanche, par Paul B – page 56
La plage hantée, par Paul N – page 59
L’armée de sauterelles, par Romain – page 61
Persécution, par Sameera – page 63
Famille recomposée, par Sophie – page 65
La nuit de 100 jours, par Thibault – page 67
La poupée, par William – page 69


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La traversée, par Alexandra

Je venais finalement d’arriver à Lorient, en Bretagne. Le voyage avait été


long et le jour allait disparaître. Je pris un taxi pour L’Hôtel Mercure Lorient
Palais des Congrès où je resterais quelques nuits. Je me présentai à l’accueil, et
récupérai la clé de ma chambre. Fatigué et sans énergie, je m’endormis avant
que j’eusse le temps d’enfiler mon vêtement de nuit.
Le lendemain, je passai une bonne matinée, encore fatigué du voyage en train
de Paris car je ne pus pas dormir. Dans quelques jours, je partirais en bateau sur
l’île, le Palais à quelques heures de Lorient où se trouve ma maison de
vacances. Là, j’étais invité à une fête chez les voisins, cela serait admirable,
comme chaque année, avec de la bonne musique et la nourriture raffinée.
La nuit passa et je ne pus pas dormir. Était-ce ce cauchemar, ou la peur que tout
soit vrai. Un enfant se noyait dans l’océan. Comment puis-je rêver d’une chose si
horrible, si effrayante. C’était comme si j’étais là. Je pouvais sentir l’océan et
entendre parfaitement les appels du secours. Etait-ce là une prédiction ou
quelque chose de plus atroce ? Je pensai que je devenais fou. Toutes ces
questions me donnaient mal à la tête.
Tout l’après-midi, je ne pus que penser à ce cauchemar. Il me donnait la chair de
poule, me faisait croire que j’y étais, sauf que je ne pouvais rien faire ; je fus
effrayé par cette scène que je vais vous raconter. Je regardais l’expression
angoissée d’un enfant, en même temps que l’eau le tirait ver le bas. Je décidai
donc de faire des recherches. Je marchai au supermarché et achetai un journal.
Quand je retournai à l’hôtel, je m’assis sur un fauteuil et allumai la lampe. Je
m’enfermai dans ma chambre pendant des heures. Après avoir examiné
plusieurs articles de journal et des articles sur l’internet, ma peur augmenta
encore. Ses articles disaient que ce matin-là, que des pêcheurs avaient retrouvé
le cadavre d’un petit garçon âgé de huit ans. Je fus stupéfait. Un frisson me


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parcourut et je fus certain, certain, que cet article avait un lien avec mon rêve.
Mon cauchemar était donc une prédiction.
Dès le lendemain, je décidai de me rendre au port. Aujourd’hui, je partirais en
bateau pour Palais. Quand j’arrivai sur les quais de la belle ville de Lorient, avec
mes bagages, je vis des nuages d’une tempête qui se formaient au loin. Je
montai à bord de mon bateau qui m’emporterait vers ma maison de vacances.
L’eau était d’une couleur bleu foncé, tant et si bien qu’aucun rayon n’aurait pu la
traverser. Je levai l’ancre. Le vent devenait de plus en plus puissant et les
nuages commencèrent à couvrir le ciel bleu du matin. Je m’inquiétai car les
nuages obscurs annonçaient qu’il allait pleuvoir. Avant que je m’en rende
compte, il faisait nuit et le ciel semblait beaucoup plus sombre que quelques
heures avant. Je m’habillai en vêtement de nuit et d’un gilet car il faisait froid.
Malade, je ne pus pas m’endormir car le vent était très vigoureux et le bateau
tanguait. Ce cauchemar me revenait, mais cette fois-ci, je pus entendre des
hurlements de secours, clairement prononcés, plus fort. Je suivis les sons qui
devenaient de plus en plus puissants. J’ouvris mes yeux et je me retrouvai sur le
pont du bateau. J’étais sûr que je ne souffrais pas de somnambulisme. Depuis
ce cauchemar, beaucoup de choses étranges me hantaient. Je me demandai si
cela me rendait fou, si c’était une hallucination, ou bien si tout cela n’était qu’un
grand rêve. Toutes ces questions sans explication me faisaient peur. Je ne
savais pas ce qui allait m’arriver. Je fixai mon regard sur la pleine lune, mais
cette scène me fatigua et je me rendormis par terre.
Le lendemain matin, le soleil se leva. Les rayons de lumière traversèrent
mes paupières, et cela me réveilla. J’espérais que le ciel serait bleu et que les
mouettes voleraient comme des cerfs-volants. J’ouvris les yeux, et, affolé, je vis
que le ciel était encore gris comme la fourrure d’un rat. Les rayons du soleil
passaient à peine par les nuages. Désespéré, je descendis sur le pont inférieur
pour me préparer à amarrer sur l’île de Palais. J’arrivai finalement sur l’île. Le
port n’était pas plein de bateaux mais seuls quatre ou cinq bateaux semblaient
abandonnés là. Je fus étonné car l’année précédente, quand j’étais venu, le port
était plein. J’avançai le bateau de plus en plus près du port. Quand j’arrivai, je
mouillai l’ancre. Puis je sortis du bateau avec toutes mes affaires. Je pris un taxi
jusqu’à ma maison de vacances. Quand j’arrivai chez moi, il était déjà midi,
j’ouvris la porte et rentrai.
La première chose que je fis fut de préparer le déjeuner. Ma faim me
préoccupait l’estomac. Quelques minutes passèrent, je m’endormis sur le
canapé, épuisé par le voyage et réconforté par la nourriture. C’est alors que
j’entendis une voix. C’était la voix du garçon ! Le petit marmonnait. Puis la voix
devint de plus en plus forte. Elle disait : « Aidez moi, Aidez moi ! ». Je devenais
fou, je le savais. Je n’en pouvais plus. Je sortis de ma maison et je commençai
à marcher pour chercher de l’air frais. Les nuages couvraient le ciel, je sentis
qu’il allait pleuvoir. J’avançai sur le chemin en direction du port, car j’avais oublié
mon parapluie sur le bateau. Quand j’arrivai au port plus personne n’était là. On
aurait dit que les nuages devenaient de plus en plus obscurs. Je ne vis aucune
mouette dans le ciel. Il me semblait que tous les animaux se cachaient. Il n’y
avait plus un bruit. Je marchai vers mon bateau où je montai à l’échelle et, une
fois à bord, je pris mon parapluie. Quand je me retournai, je vis à l’horizon une
figure. Je fronçai mes yeux pour apercevoir une figure humaine ! Tout à coup
j’entendis des cris très similaires à ceux de mon rêve. Je descendis du bateau
rapidement et je me lançai dans une petite embarcation. Le vent n’était pas


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assez fort, alors je devais pagayer le plus vite possible. Quelques minutes
passèrent mais qui semblaient durer des heures. Je pouvais voir la figure
clairement, c’était celle un petit garçon. Vite, je plongeai dans l’eau et
commençai à nager. Je pris le corps du garçon et repartis vers le bateau. Son
corps était immobile, j’avais peur qu’il soit mort. Je le mis dans le bateau, je ne
sais comment, ni par quelle force, car j’étais transi de froid ; puis après lui, je
montai à bord. Je fis sortir toute l’eau de son corps. Quelques secondes
passèrent sans que rien ne se passe. Je devenais nerveux, je ne sus pas quoi
faire. Tout à coup, il se réveilla. Tout était silencieux. Il me regarda, mais ne dit
rien. Je ramai jusqu’au port. Lorsque j’arrivai, le petit garçon marcha en direction
de la place du marché, comme si rien n’était passé. Après quelque seconde, il
disparut.
Un homme âgé de cinquante ans, qui travaillait au port, marcha dans ma
direction. Il me regarda d’un air bizarre. Puis il me demanda pourquoi j’avais
plongé dans l’eau. Je lui expliquai qu’il y avait un petit garçon qui noyait. Puis il
me regarda encore. Après quelques minutes, il me dit « Pardonnez-moi
monsieur, mais il n’y avait personne dans l’eau, pas une âme, pas même une
algue ou un phoque. Vous êtes sûr que c’est cela que vous avez vu ? ». Je me
figeai, et je me mis à réfléchir. J’étais sûr qu’il y avait ce petit garçon, je le tenais
dans mes bras et je l’avais sauvé ! Etais-je devenu fou ? Le monsieur qui se
tenait en face de moi en avait l’air convaincu. Alors, je le pris à partie et lui
demandai s’il avait bien vu l’enfant quitter mon embarcation. Il me regarda d’un
air incrédule, persuadé que je mentais. Il n’avait rien vu, aucune silhouette, rien.
Je me réveillai dans mon lit, en sursaut. Ouf ! Ce n’était qu’un rêve. Mais
quand je me levai, ma chemise était trempée, ainsi que mon pantalon. Je sentais
encore l’eau de la mer. Etait-ce possible ? Je me demandai alors si mon
embarcation aurait elle aussi des traces de mon sauvetage, et malgré la nuit qui
était tombée, je courus jusqu’au port. La pluie était tombée en trombe, et elle
avait effacé la preuve que j’avais ramené à mon bord le petit corps d’un enfant
en perdition. Il y avait-il un être que j’avais sauvé ? Je ne pourrais jamais le
savoir, mais je me mis à douter de mes rêves.


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La main, par Antoine

Cela faisait longtemps que je vivais dans cette maison au Sud de la


Corse, près de Porto-Vecchio. J’y avais grandi et j’y avais vécu la majeure partie
de ma vie. J’étais en vacances chez moi. J’avais une belle vue sur la mer et ma
maison était entourée de plusieurs oliviers présents depuis des millénaires. De
mon balcon, je vis un croiseur militaire au loin, ce qui m’inquiéta, car la Sicile,
une île au Sud de la Corse, n’avait aucune raison d’accepter dans ses eaux
territoriales un navire militaire ! Avait-il de mauvaises intentions ?
Même après une bonne nuit de sommeil, je me sentis déprimé au petit-déjeuner.
Pourtant, j’aurais dû être joyeux. Je me reposais chez moi et je connaissais les
environs comme le fond de ma poche puisque j’avais exploré toutes les collines
et les forêts autour de la maison. Mais je sentais qu’une présence imperceptible
me guettait. Peut-être qu’un petit voyage me remettrait de bonne humeur. Je
partis pour la Sicile dès le lendemain et j’y resterais deux semaines.

Je suis revenu rafraîchi et content. La Sicile resplendissait de beauté. J’ai


même visité une chapelle le dernier jour du voyage où j’ai rencontré un prêtre
très sympathique. Pour passer le temps, il me raconta les légendes et les mythes
de l’île. Une en particulier me frappa, celle d’un savant fou qui avait cherché à
animer les membres de cadavres comme des bras ou des jambes pour
exterminer une famille de scientifiques qui s’était moquée de ses travaux et qui
l’avait humilié. Ayant trouvé le liquide pouvant animer les membres des
cadavres, il essaya sur son propre avant-bras qu’il venait de scier, et devant ses
yeux, la main prit vie. Je lui avais demandé le nom de cette famille. Il me répondit
que cette famille se nommait la famille Hurlevent. Il poursuivit son histoire en me
racontant que le savant était décédé en 1893 et que sa créature diabolique
n’avait jamais été retrouvée. Ce soir-là, en rentrant de Sicile, je fis un cauchemar
dans lequel je voyais ma femme et mes enfants qui étaient restés à Paris se faire
attaquer par cette main satanique et toute noire, dont les muscles étaient


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toujours tendus. Après avoir laissé sur leurs torses cinq profondes marques qui
partaient du cou jusqu’aux intestins, elle avait pris la fuite.

Le lendemain matin, je reçus une lettre de la police. En la lisant, je réalisai


donc que mon rêve était prémonitoire. Dans la lettre, la police me racontait que
ma femme et mes deux enfants étaient morts assassinés comme je l’avais vu le
soir précédent. Ils me présentaient aussi toutes leurs condoléances. Je me
sentis rempli de tristesse, de chagrin et de crainte. Je suis presque sûr que la
main veut me tuer car on m’avait appris que cette main avait été clouée sur un
mur de la chambre à coucher de ma femme. Les médecins, l’ayant examiné, ils
décrétèrent qu’elle était morte et qu’ils l’avaient enterrée dans le sol
profondément. Quelle horreur, ma famille avait été massacrée du jour au
lendemain. J’allai me coucher en pensant que la nuit porterait conseil et demain,
je m’occupai des funérailles.

Depuis une semaine maintenant, les funérailles ont été payées, mais je
suis seul au monde, sans avoir personne près de moi pour me réconforter. Je
me sens vulnérable et effrayé. Pour me changer les idées, je descendis me
promener le long de la mer près de la maison. Tout à coup, pendant que je
longeais le bord de l’eau, je remarquai une pierre noire que je croisais. Cela
m’étonna car tous les autres galets étaient d’un gris léger. Quelqu’un ou quelque
chose, je ne sais quoi, me lança cette pierre noire et qui me heurta l’arrière du
crâne. Je me retournais immédiatement pour démasquer le coupable, mais la
pierre n’avait pas bougé de place. Je crus d’abord que j’étais victime d’une
hallucination, mais la douleur était bien réelle. Alors, je sus que cette main
diabolique me guettait encore. Je rentrai donc, l’esprit bouleversé. Je pris un
dîner léger, puis allai me coucher dans ma chambre.

Hier soir, comme il faisait chaud, je pris avec moi une bouteille d’eau et
après un verre d’eau que je bus d’un seul trait, je la posai sur mon bureau avant
de m’endormir. Pendant la nuit, un orage éclata et un coup de tonnerre me fit
sursauter. Entre deux éclairs, je vis la bouteille s’élever dans les airs. Puis, il y
eut un autre coup de tonnerre éblouissant et la bouteille se volatilisa dans l’air.
En toute hâte, j’allumai la lampe sur ma table de chevet et je me levais pour
comprendre comment la bouteille avait pu disparaître sous mes yeux. Et là,
stupéfaction ! La bouteille n’avait pas bougé, mais elle n’était remplie qu’à la
moitié alors que je n’avais bu qu’un verre d’eau. Je pensai aux hallucinations,
mais entre la pierre qui m’avait heurté l’arrière du crâne et qui n’avait pas bougé,
et la bouteille que j’avais vue flotter, mais qui ne s’était pas déplacée, tout cela
me semblait de plus en plus étrange et inquiétant. Alors, je pensai que la main
meurtrière devait être responsable. Mais... Les fossoyeurs l’avaient bien enterré
six pieds sous terre. Dans le doute, je fis faire des fouilles par des villageois de
Porto-Vecchio afin d’en avoir le cœur net et de me débarrasser à tout jamais de
cette main maléfique.

Enfin, après une semaine, les villageois que j’avais engagés pour fouiller
les alentours de la maison, arrivèrent en fin de matinée. Puis, en fin d’après-midi,
ils déterrèrent un objet du dessous de ma maison en hurlant. Étonné, je décidai
de descendre voir ce qui avait pu leur faire aussi peur. J’entrai dans l’obscurité et
je pris la lampe posée sur une pierre non loin de moi que l’un d’entre eux avait


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oubliée. Je m’enfonçai dans les galeries qu’ils avaient creusées. Soudain,
j’aboutis dans une poche d’air et je constatais pourquoi les ouvriers s’étaient
enfuis. Dans cette sombre et sinistre galerie, les murs étaient ornés de crânes
humains et le sol était couvert de plusieurs dizaines de mains, toutes noires et
sèches, les muscles des doigts tendus et crispés. Je sentis ma tête tourner et
j’eus une horrible sensation de nausée. Je sortis en courant de la grotte, horrifié,
car non seulement la main se trouvait sous ma maison et elle me guettait, mais
en plus, plusieurs mains résidaient sous ma maison, environ vingt ou trente
mains. Je n’en pouvais plus d’être guetté par ces mains affreuses, horribles et
même sataniques. Comme le soleil se couchait, je m’endormis en pensant que
j’oublierais tout pendant la nuit, et comme dit le proverbe : « La nuit porte
conseil. »

Le lendemain matin, je me levai du mauvais pied, le pied gauche. Je


pensai que pour me débarrasser de cette main horrible, je devais me
débarrasser de ma maison. Je repensai à ce bateau militaire qui était stationné
au sud de la Corse. Je pris mon téléphone pour appeler l’armée et pour leur
demander si le commandant du navire pouvait bombarder ma maison depuis la
mer. La personne qui répondit à l’appel téléphonique m’annonça que toutes leurs
unités avaient été réquisitionnées, car on avait trouvé un bateau clandestin au
sud de la Corse dont la cale contenait des mains écorchées, qui correspondaient
parfaitement à la description de celles qu’on venait de retrouver sous ma maison.
Le capitaine était recherché par la police pour le pillage de tombes et de
cadavres, et une prime de dix mille francs avait été placée sur sa tête par
l’armée. Je descendis vers la plage et je louai une petite chaloupe pour rejoindre
ce bateau, dont je vis bien le nom sur la carlingue : le Ravageur de Tombes.
Quand je montai enfin à bord grâce à l’échelle sur le bord de la coque, je me
cachai rapidement dans un tonneau car des marins longeaient le pont. Une fois
qu’ils eurent disparu à mes oreilles, je sortis de mon tonneau et je m’infiltrai dans
la cale. Subitement, je les vis, là sous mes yeux des dizaines, même des
centaines, qui grouillaient par terre. Puis, une des mains me découvrit et
m’attaqua. Toutes les autres se joignirent à cette première. La seule chose dont
je me rappelle fut que toutes les mains fondirent sur moi, en me griffant. Je me
débattis, je frappai, je tirai, je sautai sur elles pour les écraser, mais elles me
surmontaient. Soudain, je basculai en arrière et je tombai sur mon dos. Puis,
rien, le néant. Je ne me souvenais de rien, comme si je venais de sombrer dans
un sommeil profond.

Quand je me réveillai, une lumière puissante m’éblouissait. Des hommes


et une femme tournaient autour de moi, tous vêtus de blanc et m’inspectant de
leurs petits yeux noirs. Plusieurs de ces personnes tout en blanc portaient sur le
bout de leur nez, une grosse paire épaisse de lunettes. Tout à coup, un de ces
personnages effrayants et inquiétants s’exclama :
« Regardez, il se réveille. »
Cela me donna immédiatement envie de fermer les yeux et de faire le
mort. Mais je sentis que tous les regards se portaient sur moi. Ils se retournèrent
tous pour me regarder. Alors j’ouvris les yeux et ils m’expliquèrent qu’après avoir
été retrouvé dans la cale de ce bateau étrange, j’avais été hospitalisé et amené
dans cet asile car quand j’avais perdu connaissance, je marmonnais des choses
bizarres, particulières, même incompréhensibles. Ils m’expliquèrent que je devais


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rester en convalescence plusieurs mois pour suivre une réhabilitation
psychologique. Mais je commençai à hurler et à protester car la main ne mettrait
pas beaucoup de temps à me localiser et à me traquer. Je n’en pouvais plus de
devoir supporter toutes ces horribles et affreuses souffrances. Peut-être fallait-il
que je supprime ma propre vie afin d’échapper aux répugnantes tortures de la
main noire. Oui, voilà une bonne idée pour m’ôter du désespoir causé par la
main. Voilà, j’étais enfin déterminé à propos de mon destin. Et en tant que bon
chrétien, j’étais sûr que le bon Dieu m’accueillerait de bonne grâce dans l’Au-
delà où je retrouverais ma belle petite famille, ma femme Julie, ma fille Sylvie, et
mon aîné, mon fils magnifique, Olivier. Ah, comme cette idée me paraît bonne à
l’instant car revoir ma famille et vivre une deuxième vie ensemble, unis, serait
vraiment incroyable. Mais, après plusieurs mois d’internement, je repris
conscience et écrivis ce témoignage pour laisser derrière moi une trace et pour
que d’autres gens puissent éviter la colère de la main car je pensais qu’avec mes
connaissances de la main, je pouvais peut-être éviter à quelqu’un de subir le
même destin que moi. Je ne pouvais pas autoriser la main à terrasser une autre
personne de la même façon affreuse en tuant sa famille et en la hanta de jour en
jour jusqu’à ce qu’il la découvre. Non, je décidai que la main ne gouvernerait pas
une autre personne. Voilà pourquoi je publiai ce livre sous la forme d’un roman
fantastique racontant mon histoire. Plusieurs critiques dirent que mon histoire
n’était pas fondée. Mais, je n’écoutai pas ces idiots intolérants. Après tout, ceux
qui craignaient pour leur vie achèteraient mon livre pour connaître les moyens
d’éviter ou d’identifier cette main et pour savoir comment s’en débarrasser. Bien
sûr, dans le vaste monde, on trouve des gens qui croient tout ce que les critiques
disent, mais d’autres pensent qu’ils doivent lire le livre eux-mêmes, et ces gens
qui achèteront mon livre sont les gens qui aimeront mon livre et qui s’en serviront
dans le futur proche pour se protéger contre la main.


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Le cœur du fantôme, par Ariana

Je m’appelle Sébastien Marquis. Je fus médecin légiste à Nice pendant


plusieurs années quand j’étais jeune. J’examinais les cadavres des victimes
d’assassinat pour distinguer la cause de mort. Mais, parfois, je ne réussissais
pas.
L’expérience la plus horrible m’arriva quand j’ai fait l’autopsie de ma mère.
Quand je regardai son corps mutilé, je le regardais comme si elle était encore
vivante, comme si elle voulait me parler. Je ne pouvais pas ignorer les brûlures
sur son visage ou les grandes coupures sur sa poitrine. On avait trouvé son
cadavre dans ma maison, sur le fauteuil qu’elle aimait tellement, complètement
brûlé. L’assassin avait enlevé son cœur quand elle était encore vivante.
Personne n’avait entendu ses cris. En effet, j’étais en vacances, alors ma mère
passait ses journées toute seule.
L’investigation avait duré à peu près deux mois. Quand on eut trouvé le
coupable, il fut mis en prison dans le couloir de la mort. Cet assassin en série
nommé Bernard Thénardier avait été condamné à plusieurs reprises et avait
échappé à la prison une semaine avant la mort de ma mère. Il avait rencontré
ma mère au marché et il l’avait suivie jusque chez moi. Bernard était entré dans
sa chambre et lui avait enlevé le cœur alors elle était encore vivante. Puis il avait
mis le feu à la maison. Mes voisins avaient vu le feu et les pompiers avaient
trouvé le cadavre de ma mère, complètement calciné.
Ma maison fut détruite pendant l’incendie, et devint inhabitable. J’avais
donc décidé de déménager, et j’avais acheté une petite villa entourée de fleurs
de toutes les couleurs, à Paris, près de la Seine.

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La première nuit où j’emménageai, quelque temps après sa mort, fut
calme. Il n’avait pas de nuages dans le ciel, et la lune brillait comme une perle
géante qui illuminait toute la ville. J’étais content dans cette maison qui me
protégeait. Mais les nuits suivantes furent horribles. Il pleuvait beaucoup et les
éclairs brisaient l’horizon. La lune ne brillait pas. Tout était noir.
Une nuit, j’entendis un bruit à la porte. Je m’en approchai. Quand j’ouvris
la porte pour voir ce que c’était, je ne vis personne. Il n’avait rien devant ma
maison mais sur le paillasson se trouvait une boîte en argent avec des reflets
dorés. Elle était très belle, alors je l’ai emportée dans la maison. La boîte
s’ouvrait facilement, mais ce que j’ai vu dans la boîte était la chose la plus
effrayante qu’on puisse imaginer : un cœur humain. Je pouvais encore entendre
les battements, comme si c’était encore vivant.
Je sentis à cet instant que ce cœur était celui de ma mère, celui que
l’assassin avait enlevé. Il m’avait trouvé. Il savait où j’avais déménagé. Il avait
trouvé ma maison, où je m’étais caché. Il voulait se venger contre moi car je l’ai
mis en prison une dernière fois. Il allait me tuer aussi. Le cœur battait encore
plus fort, très fort, jusqu'à ce que finalement, ma tête se mît à palpiter. Ma
respiration devint difficile, comme si quelque chose m’étranglait. Tout à-coup,
mes jambes se sont effondrées et je suis tombé. L’air semblait lourd et je me
sentais écrasé par la gravité. Je n’ai pas pu me relever. Je m’évanouis de
souffrance.
Je suis resté trois jours sur le sol de ma chambre. Quand je me suis
réveillé, la boîte était vide. Le cœur avait disparu. Il ne restait aucune trace de ce
cœur, pas une tache de sang dans cette boîte. Je ne pus entendre le battement
d’un cœur, même pas le mien. C‘était comme si j’imaginais ce cœur. Mais c’était
impossible, je l’avais vu, j’en étais sûr.
Cette même semaine, je fermai les portes à clé. J’allai me coucher. Je
m’étais réveillé lorsque j’entendis encore une fois le battement d’un cœur. Le son
était faible et étouffé, mais je pouvais l’entendre plus fort que tous les autres
sons. Je cherchai la boîte partout dans ma maison. Elle était sur une table au
milieu de ma chambre, l’or brillait dans la lumière de la lune. Soudainement, je
vis une ombre noire géante s’approcher de la boîte. L’ombre a pris la boîte de
ses mains presque humaines et a commencé à glisser vers moi. J’avais eu
tellement peur que je ne pouvais plus bouger. Je pouvais sentir son souffle froid
sur mon visage lorsqu'il me rapprocha. Sa présence était horrible. Mon corps
entier semblait paralysé. L’ombre resta là un moment, jusqu'à ce que finalement,
je pris la boîte de ses mains. Au moment où je touchai la boîte, l'ombre disparut
et les battements s’arrêtèrent immédiatement. Je regardai dans la boîte, et je vis
le cœur dans une petite flaque de sang. Immédiatement, je fermai la boîte à clé.
Tous les soirs depuis cet incident, j'ai eu le même cauchemar. J’étais
assis dans mon fauteuil dans le salon. Un vent violent ouvrait grand la porte et
l'ombre entrait dans ma maison. L'ombre m'entourait complètement jusqu'à ce
que je ne voie plus rien. Puis, une petite lumière apparaissait au fond du couloir.
J’entendais la voix de ma mère qui disait "Sébastien, viens ici mon fils" Je
marchais alors lentement vers la lumière mystérieuse. Je voyais une figure d'une
femme dans une robe blanche. Elle me regardais et disait: «Sébastien, viens
plus près » Je voyais le visage de ma mère, puis le reste de son corps. Des
taches de sang couvraient sa robe blanche. Il y avait un trou dans sa poitrine où
devait se trouver son cœur. J'entendais encore une fois les battements d'un
cœur, puis, j'entendais les rires de Bernard Thénardier...


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C'est le moment où je me réveillai, toujours au même instant.
Les cauchemars devinrent de plus en plus affreux. Je ne pouvais plus les
supporter. Alors un jour, le jour de l’anniversaire de la mort de ma mère, je jetai
la boîte dans la Seine. Elle flottait au début, puis se mit à couler très lentement
comme si elle traversait un sirop épais.
L'eau était très profonde, donc je ne vis plus la boîte en quelques
secondes. Puis, quelque chose d'étrange se produisit. L’eau commença à
changer de couleur. Elle commença à devenir d’une couleur rougeâtre, comme
si quelqu'un avait versé des colorants rouges. J’entendis le battement de cœur
encore une fois frapper à mon oreille, comme si on battait mon tympan. C’est
devenu tellement fort que je sentais que ma tête allait exploser. Je me sentais
faible. Je me suis évanoui et je tombai dans l’eau froide de la Seine. Je sentais
mes poumons se remplir de l'eau. Tout mon corps était gelé. La dernière chose
que j'ai entendue était le rire sonore de Bernard dans ma tête et les battements
de mon cœur.
Je compris qu’il m’avait tué. Il n’avait pas l'intention de me tuer, mais en
tuant ma mère, il avait fini par me tuer moi aussi. Je me sentais devenir fou,
peut-être que je risquais d’être tué. Peut-être que j’étais fou. Peut-être ...... j’avais
perdu goût à la vie.


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Ivresse, par Baptiste

Ce soir, en rentrant de ma tournée de facteur, je fus pris d’une sensation


horrible, une sorte de picotement partout dans mon corps. Je n’y fis pas attention
et continuai à marcher en direction de ma maison. Tout à coup, j’entendis
comme un grognement derrière moi. Je paniquai et détalai à toute vitesse pour
m’éloigner de ce grognement suspect. Après avoir couru à perdre haleine, je
trébuchai sur le bord d’un trottoir et m’évanouis. Le lendemain matin, je me
réveillais perturbé par l’horrible cauchemar. Je ne pus arrêter d’y penser, donc je
suis allé me promener pour me détendre. En rentrant, cet horrible rêve ne me
perturbait plus, et je suis allé travailler. Mais je ne me sentais pas comme
d’habitude, et, à chaque fois que je déposais le courrier, une peur m’envahissait,
comme si j’étais épié. Le lendemain, dimanche, je suis allé à l’église, et cette
fois, le prêtre passa dans les rangées pendant la quête. Quand c’était à moi, il
me regarda et cria de toutes ses forces, puis s'évanouit. Je fis semblant de
n'avoir rien remarqué, mais je sentis que tout le monde me regardait. Le soir, je
fis un horrible cauchemar plein de sang et de chair. Je rêvais que des gens se
faisaient massacrer sans pitié par une bête couleur rouge sang pendant qu’ils
dormaient paisiblement. Tout à coup, je me réveillai en sueur complètement
apeuré. Les draps sur lesquels j’avais dormis avaient roulé par terre. J'essayai
de ne pas faire attention au cauchemar, mais il me hanta toute la journée. Tous
les bruits, même les plus minuscules, me faisaient sursauter. Alors, je me tournai
et cherchai la bête, en vain. Mon travail de facteur me faisait voir beaucoup de
gens, et tous voyaient bien que je souffrais depuis quelque temps. Plusieurs
m’ont offert à boire, « pour me consoler », disaient-ils, et j’en devins saoul. Je
remontais dans ma voiture de fonction, ce qui était idiot, car il ne faut jamais
conduire en état d’ivresse. Malheureusement, je grillai un feu rouge, et une
voiture heurta violemment la mienne. Ma voiture dérapa sur le goudron et se mit
à faire des casquettes. Je m’évanouis et me réveillai dans une ambulance avec
des tuyaux dans le nez et dans les deux bras. Un policier assis à côté de moi me
dit :
–Vous êtes vraiment sot de conduire saoul, vous auriez pu mourir ou tuer
quelqu’un!
Le docteur assis à sa droite me dit que la personne dont j’avais embouti la
voiture allait bien, et qu’on m’emmenait aux urgences. Je me rendormis et restai
dans le coma pendant deux jours. Je fus réveillé par le bruit que faisait le
moniteur qui indiquait les battements de mon cœur. L’infirmière, ayant vu que
j’étais réveillé, courut jusqu'à moi pour me soigner. Elle m’annonça le diagnostic :
« Vous avez eu un choc à la tête, mais sinon rien de grave, vous avez vraiment
la chance du diable. »
Après une semaine d’ennui dans l’hôpital, je fus relâché et renvoyé chez moi. Ma
famille et mes amis me demandèrent tous ce qui s’était passé pour que je me
sois absenté pendant dix jours et dix nuits. Je dus leur expliquer chacun leur tour
ce qui m’étais arrivé et l’horrible faute, conduire saoul, que j’avais commise. Ils
étaient tous choqués que j’aie pu faire une chose pareille, et mon supérieur
m’ordonna de suivre une désintoxication au centre anti alcool et drogues à
Bordeaux. J’acceptai, et y allai me renseigner. La femme à l’accueil me demanda
si j’étais là pour rendre visite à un patient, et je lui expliquai que j’étais là pour
m’inscrire. Elle fut surprise, car ce n'est pas commun de voir une personne se


 13

présenter d’elle-même dans un centre de réhabilitation. Lorsque l’infirmière me
donna ma chambre, je m’allongeai sur le lit et dormis, pour la première fois
depuis un mois. Je dormis jusqu'au soir, et il me sembla que je me réveillais. Je
fus pris du sentiment que j’étouffais dans une chambre grise et qu’une tête de
démon aux yeux jaunes me regardait en ricanant. Le monstre approcha, et je me
pressai contre le mur. Quand il arriva à trois pieds de moi, il ouvrit la bouche. Au
moment où elle allait m’avaler, je me réveillai persuadé que, même interné, je
serais toujours persécuté par cet être invisible et mystérieux qui m’avait rendu
fou.

Nouvelle courte, par Chantal

« Vas-y Henri, c’est ton tour de raconter une histoire d’enfance ! »


« L’histoire se passait en 1984, commençai-je, lors d’une belle journée de
septembre, quelques semaines après mon 14ème anniversaire. Je courais dans le
parc avec mon meilleur ami d’enfance, Fil, car on s’entraînait pour la compétition
à l’école, qui aurait lieu le lendemain. Je me souviens très bien de ce jour-là. Le
soleil éblouissant brillait de toute sa force, ce qui n’arrive pas très souvent en
septembre, et le vent était inexistant. C’était un début de journée admirable.
Avec Fil, nous avons décidé de courir dans la forêt, car la chaleur du jour
devenait insupportable. Les branches frôlaient mon visage pâle, et la boue
éclaboussait mes jambes à chaque pas, mais je n’en tins pas compte. J’aimais
cette sensation-là. Je trouvais même ça rafraîchissant.
Nous courions dans la forêt depuis une bonne demi-heure, lorsque nous
sommes tombés sur une bâtisse qui se tenait toute droite et esseulée dans une
grande clairière. Je fis un pas en arrière. La maison semblait maléfique et
sinistre. Elle était encerclée par une grille rouillée et pointue, avec sa porte
défoncée, ses volets cassés, sa peinture tombant des murs presque en ruine,
enfouie sous des plantes, si bien qu'on aurait pu croire qu’elle n’avait pas été
habitée pendant plusieurs siècles. Soudain, Fil a remarqué un panneau sur la
grille où les mots « Propriété du Gouvernement » étaient inscrits.

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« Bah ! s’était-il exclamé en lisant le panneau, tu viens, Henri, on va
l’explorer ! »
« Bon, ai-je rétorqué, mais juste quelques minutes, et après on s’en va. »
Quand nous parvînmes finalement à entrer la maison, nous saignions. Nous
nous étions coupés sur la grille pointue, et les plantes broussailleuses nous
avaient égratignés. Mais nous n’avions pas l’intention de retourner en arrière !
J’entrai prudemment dans la maison. J’avais peur. Je ne savais de quoi, mais
j’avais peur quand même. Mon corps sentait que quelque chose n'allait pas, et il
voulait crier et m'entraîner en arrière, mais ma curiosité fut plus forte que ma
peur.
J’avançai à petits pas. À l’entrée de la maison, j’eus un choc, car, à
l’intérieur, le salon renvoyait l'image d'une salle de bal où RIEN n’était cassé ou
poussiéreux. Là, nous avons commencé à nous poser des questions. À un
moment, je crus même qu’il y avait quelqu’un dans la maison car j'avais entendu
des grincements, des reniflements et des bruits de pas. Mais c’était seulement
Fil qui sortait d’une chambre qu’il venait explorer. Il avait l’air d’avoir très peur,
donc nous quittâmes immédiatement de la maison. Fil semblait bizarre, comme
s’il avait vu un fantôme. Sa figure était vide, froide et distante. Mais les fantômes,
dis-je, n’existent pas ! Pas vrai, Fil ? Il ne répondit rien. Il ne dit rien du tout
pendant le voyage du retour, sauf « Au revoir » quand il me déposa chez moi. Il
n’était plus lui-même.
Le lendemain, à l’école, je remarquai l’absence de Fil. Où était-il? Que
s’est-il passé dans la maison ? J’avais tellement de choses à lui dire, donc je me
rendis chez lui après l’école. Quand je frappai à la porte, la mère de Fil m’ouvrit,
mais en me voyant, elle me chassa de la maison en criant que Fil avait
seulement contracté une fièvre. Ce qui me troubla, c’était que sa mère, elle
aussi, avait le visage vide, froid, et distant. Exactement comme Fil quand il était
sorti de la chambre dans la vieille baraque au milieu des bois. J’essayai de ne
pas y penser, mais l’événement me troubla tant que je fis des cauchemars toute
la nuit. Le lendemain matin, je fus réveillé par une fièvre terrible, qui me garda au
lit pendant deux semaines. Le docteur expliqua à mes parents qu’il n’a jamais vu
rien de tel. Mais, finalement, je guéris, et quand je suis retourné à l’école, je
découvris que Fil n’était pas revenu. J’en parlai au directeur de l’école, mais il
m’informa qu’il devait y avoir une erreur car il n’y avait jamais eu de Fil Blanjé à
l’école.
Perplexe, je me dirigeai chez lui après mes cours. Je frappai à la porte,
mais personne ne me répondit. Je décidai de pousser la porte, mais elle était
fermée à clef. Je commençai à m’inquiéter, donc je pris une décision. J’allais
retourner dans la forêt pour trouver la maison que j’avais découverte avec Fil.
Peut-être que j’y découvrirais des réponses sur sa disparition mystérieuse. Peut-
être que Fil lui-même y était ! J’avais pris une torche avec moi au cas où j’en
aurais besoin. À trois heures, je descendis dans la cuisine pour dire à ma mère
que j’allais me promener dans les bois. Elle accepta car ma mère préfèrait qu’on
aille se défouler plutôt que de jouer aux jeux vidéo. Donc mon aventure
commença. Je quittai la maison et je me suis emparé de mon vélo pour aller plus
vite. J’avais récemment reçu un VTT pour mon anniversaire donc la boue et le
terrain irrégulier ne me poseraient pas de problèmes. J’avais mis environ un
quart d’heure pour atteindre les bois, et j’étais essoufflé d’avoir pédalé si vite,
mais j’étais déterminé. Cette fois, le soleil était caché par des nuages. Je suis
entré dans les bois sinistres et ombragés. Ma mère m’avait toujours dit que


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j’avais un bon sens de l’orientation, donc j’étais sûr que de retrouver la maison
facilement.
Je pédalai pendant une bonne heure dans la forêt, mais je ne parvins pas
à retrouver la vieille bâtisse. Confus, je sortis du bois et recommençai. Je
cherchai, cherchai et cherchai, mais en vain. J’ai fouillé le bois de long en large,
mais la maison avait disparu. Je commençai alors à me demander si je n’avais
pas rêvé de l’incident. Mais non, ce n’était pas possible ! Je décidai finalement
de retourner chez moi. Mes parents avaient préparé un bon dîner pour célébrer
ma guérison. Je me couchai de bonne heure mais je ne parvenais pas à
m’endormir, donc je décidai de m’échapper de ma maison pour aller chez Fil une
dernière fois, au cas où il serait revenu. Comme il habitait à deux pas de chez
moi, je n’ai mis que quelques minutes pour me rendre chez lui. Je me rappelais
avoir vu un mouvement dans la fenêtre de sa chambre, mais je crois que j’avais
rêvé car, quand je frappai à la porte, personne ne répondit. Déçu, je traînai les
pieds jusqu’à chez moi et me recouchai.
Le lendemain, c’était samedi et nous n’avions pas eu d’école. Je décidai
de continuer mes recherches sur la disparition de mon meilleur ami, mais en
vain. D’un geste dernier, j’eus l’idée de passer une annonce dans le journal.
Dimanche matin arriva finalement, ainsi que le journal qui contiendrait peut-être
mes réponses. Je déchirai l’emballage et l’ouvrit à la page de mon annonce. Je
lus :
« Je recherche un garçon de 14 ans, du nom de Fil Blanjé.
Taille : 1,45m
Cheveux : Bruns
Yeux : Noirs
Si vous l’avez vu, prière de contacter Henri Maserati, téléphone (534) 235-9183.
Merci beaucoup,
Sincèrement,
Henri Maserati »
À peine avais-je fini de lire mon annonce, le téléphone sonna. J’ai
répondu au téléphone et je fus surpris d’entendre la voix du commissaire. Il me
demandait de le retrouver dans la forêt aussi vite que possible. Je m’habillai et
enfourchai mon vélo, pédalant aussi vite que possible. En arrivant dans la forêt,
sur les lieux même où se trouvait la maison hantée que nous avions visitée, se
trouvait un homme âgé d’environ 50 ans qui m’accueillit. Ses cheveux blonds
étaient en désordre, il lui manquait des dents, et il sentait la cigarette. Ses yeux,
aussi gros que des oranges, étaient, bizarrement, violets comme le ciel lors du
coucher du soleil. Sa présence était bizarre, mais en même temps très
rassurante. Il se présenta :
— Bonjour ! Je m’appelle Fred Palno, et c’est moi qui vous ai téléphoné. Je suis
le commissaire de police, et j’ai lu votre annonce dans le journal ce matin. Si
vous voulez, vous pouvez répondre aux questions de l’enquête pour essayer de
retrouver votre ami ! »
J’acceptai de bonne grâce, et il commença à m’interroger, en me posant des
questions sur Fil et de sa disparition. Puis, après une bonne demi-heure
d’interrogations, il se dirigea vers ses hommes, qui étaient accroupis autour
d'une bâche, et se parlaient d’une manière discrète mais perturbée.
Fred parla :
« Je ne sais pas si tu voudrais voir ça, petit… mais viens donc voir ce que nous
avions trouvés. C’est peut être ton ami Fil. »


 16

Un sentiment d’effroi me traversa le corps, mais j’avançai vers le groupe
d’hommes. J’eus un choc en le voyant. Le corps, couvert d’asticots, était vidé de
tout son sang. Dégoûté, je ne pus presque pas le regarder, tellement c’était
horrible. Les yeux vides, la peau étirée sur tout son corps, ses doigts courbés,
une jambe manquante, et une expression d’horreur sur son visage, le corps de
Fil se trouvait bien sous mes yeux, mais il était presque méconnaissable. Je me
retournai et je vomis. C’était trop... de voir mon meilleur ami, mort dans des
conditions inhumaines, sans avoir eu l'opportunité de dire ses adieux à sa famille
et ses amis. Puis, je crus voir un mouvement, des reniflements et des bruits de
pas venant des bois. Je vis une figure noire et accroupie d’un être qui s’enfuyait.
Je voulais le faire remarquer à M. Palno, mais la chose avait déguerpi.
Quarante ans se sont passés depuis cet incident, mais je n’ai jamais rien appris
de plus sur la mort mystérieuse de mon meilleur ami. Par contre, la peur m'en est
restée, et à chaque fois que je sors la nuit, je vois un mouvement ou une figure
noire et indistincte qui me suit en reniflant, et je suis sûr que c’est l’être qui a tué
mon meilleur ami, qui hantera ma vie jusqu'à la fin de mes jours. »

Suite du Horla de Maupassant, par Danya

Un vieil ami, Jean-Luc N… m’avait invité à dîner avec lui. Nous étions le
19 août 1973, à Rouen. Le 30 mai, j’avais reçu cette lettre de sa main, qui
m’avait alarmée :

Mon cher ami d’enfance,


J’ai des problèmes avec ma femme et j’ai besoin de parler
avec un ami. Ça fait longtemps qu’on ne s’était pas parlé

 17

face en face et je pense que ça serait agréable si nous
pouvions nous rencontrer quelque part. Je sais que vous
êtes très occupé par votre métier de psychiatre mais ça
serait bien si vous pouviez rester une nuit chez moi.

J’arrivai devant sa maison. Elle n’avait pas changé depuis 20. Un ami que
j’avais rencontré 5 ans auparavant m’avait invité à dîner avec lui un soir. En
entrant, un serviteur m’accompagna à la salle à manger. Je pouvais voir que la
maison n’avait pas été touchée depuis plusieurs années. Les toiles d’araignées
couvraient les murs et je sentais une odeur nauséabonde. Au bout de la table,
Jean-Luc était assis sur un trône doré, décoré de magnifiques papillons d’argent
à l’extrémité de la table. Je le saluai et nous commençâmes notre dîner. Il me
raconta les problèmes de sa femme et les raisons pour lesquelles elle est partie
et puis nous avons parlé de notre enfance à Rouen. A environ onze heures du
soir, Jean-Luc ordonna à son serviteur de me montrer la chambre où j’allais
dormir. Elle était immense et extrêmement décorée. Un immense tapis persan
couvrait le sol, une fenêtre énorme se tenait à la droite de la chambre, décorée
de papillon rouge et bleu. Le lit ressemblait au lit d’un roi, et à peu près dix
oreillers étaient placés à sa tête. Le serviteur me montra où se situaient les
toilettes puis me laissa dans ma chambre. Je m'enfouis sous ma couverture et je
regardai le plafond. La salle devint silencieuse, trop silencieuse. Je pouvais
entendre le battement de mon cœur. Puis, je tombai dans un sommeil profond.
Un bruit de claquement me réveilla au milieu de la nuit. Il dura un bon
moment, sûrement trente minutes. J’essayai de faire abstraction, pour pouvoir
retomber dans mon excellent sommeil, mais je n’y arrivais pas. Après quarante
cinq minutes d'éveil, je décidai de me lever pour voir d’où venait le bruit. J’allumai
la bougie sur la table de ma chambre et, continuai dans le couloir. Je marchai
dans le couloir dans la direction qui me convenait, vers les toilettes. A chaque
pas que je faisais, les lattes de bois en dessous mes pieds faisaient des bruits de
craquements. En approchant des toilettes, les claquements devinrent de plus en
plus forts. Je pouvais entendre les bruits de l’eau qui tombait sur du marbre.
J’ouvris la porte des toilettes lentement en essayant de ne faire aucun bruit. Mes
mains suaient tellement que je pouvais les sentir en train de glisser sur la
poignée. Je regardai dans les toilettes et les claquements s’arrêtèrent… Je ne
pouvais pas y comprendre. Avec une expression stupéfiée, de peur et de
confusion, je fermai la porte. Les bruits recommencèrent. Mon cœur battait et de
nouveau, j’ouvris la porte. Les claquements s'arrêtèrent. J'essayai d'écarter ma
peur, mais je ne pouvais pas, et je rentrai dans la salle de bain. Je regardais
dans le bain, il était rempli jusqu’au bord. Qui l’avait rempli ? J’étais sûr que
Jean-Luc n’avait pas pris un bain et que le serviteur était endormi donc il ne
restait que moi. Ca ne pouvait pas être moi, j’en étais sûr. Soudainement, je vis,
dans le coin à peine visible, une ombre juste à côté du robinet. Je tournai ma tête
et elle disparut. Ma peur augmenta comme jamais auparavant. Je sortis en
courant des toilettes vers ma chambre. Terrorisé, je m'assis dans le coin de ma
chambre, car je pensais pouvoir ainsi retrouver mon calme. Puis, quelques
minutes après, le bruit recommença. Je sortis de ma chambre en courant pour
retrouver Jean-Luc. La lumière dans sa chambre était allumée, donc je rentrai
sans faire un bruit. Il était assis sur une chaise en train d’écrire une lettre. Il
tourna la tête vers moi.
— Est-ce que vous entendez ce claquement d’eau.


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— Euh, non je n’ai rien entendu.
— Mais écoutez. On peut l’entendre en ce moment même…
— Non… je n’entends rien
— Vraiment ?! mais je l'entends, moi, pourtant. Comment se fait-il que...
— Souffrez-vous d'hallucination ? Je n’entends rien !
Je ne comprenais pas, et sans rien dire, je sortis de sa chambre. Juste avant de
rentrer dans ma chambre, j'eus l'étrange pressentiment que quelque chose était
rentrée avant moi, un esprit. Lorsque je me trouvai dans la chambre, je regardai
par la fenêtre et vit un petit garçon, qui pleurait dans le clair de lune. Il me
regarda avec ses gros yeux et continua à pleurer. Le garçon ne pouvait pas être
vivant, car son corps était transparent, et on ne pouvait que voir sa silhouette
blanche.
Je pensais que j’étais dans un rêve, ce garçon devant moi était-il vraiment
là ? Puis il me fit signe de le suivre. Je ne bougeai pas. Mes muscles refusèrent
de bouger un instant, mais après quelques secondes, je me décidai à avancer.
Le garçon m’amena dans la grande salle, devant la cheminée. Il regarda le foyer
puis me regarda. D’abord, je ne compris pas ce qu’il voulait mais ensuite j’ai
compris. Il voulait que je fasse un feu dans la cheminée pour le réchauffer. Sans
dire un mot, je pris un morceau de bois et je le jetai au feu. Le garçon se
rapprocha des flammes chaleureuses et, soudain, toutes les couleurs du garçon
commencèrent à revenir. Peu à peu, il ressemblait plus à une silhouette blanche.
Alors, je le vis se lever, et plutôt que de me contourner, il traversa mon corps
avant de se diriger vers la porte pour sortir de la chambre. J'étais stupéfié. Je
savais bien qu'il était passé à travers moi, car j'avais ressenti un froid, qui m'avait
transpercé. Aussi, dans le même temps, et je commençais à voir des objets
prendre vie. Les murs bougeaient et les peintures étaient vivantes. Après
quelques secondes, tout devint noir. Je me réveillai quelques minutes après. Ma
tête me faisait mal mais j’arrivai à me diriger vers la porte. Je pris mes affaires
sans attendre, je sortis de la maison et je courus dans la direction de mon
appartement, abandonnant ainsi mon ami à son triste sort.

Tous les jours, depuis la rencontre avec le fantôme, je le vois, surtout quand
j’essaie de dormir et quand je suis tout seul dans ma maison. Depuis donc trois
ans, mon esprit est troublé et je ne pensais à rien sauf à cet être et à ce garçon.
Je vois l’être partout, au coin de la rue, derrière une vache dans la campagne.
Depuis, la moindre ombre me fait sursauter, et j'attends doucement ma propre
mort, qui va me libérer.


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Mr. McGrogen, par Estelle

Le Noël dernier, je retrouvai ma famille comme chaque année, dans la


maison de famille qui se trouve dans un petit village, vers Versailles, s’appelant
Voisins-le-Bretonneux. Autour de la cheminée, après le repas, il nous prit l’envie
de raconter nos aventures récentes. Or, il m’était arrivé quelque chose de très
surprenant ces derniers temps et je décidai de le partager.
Il faisait très froid et il pleuvait tous les jours. Tout semblait gris, le ciel, les
maisons même les visages des personnes. J’avais 14 ans lors du décès de Mr.
McGrogen, le vieil Anglais qui vivait dans la grande maison à la fin de la route.
Cette maison était horrible. Les fenêtres de ce manoir, toutes cassées par le vent
brusque de ce pays, ressemblaient à des bouches pleines de dents pointues. Le
vieux bois noirci par le temps leur donnait un effet hanté et la porte d’entrée en
métal recouverte de pics semblait montrer l’entrée de l’enfer. Même l’herbe jaune
et sèche autour de la maison me faisait penser à des griffes pointues. Quand Mr.
McGrogen mourut, la maison fut détruite. Je me rappelai le soir où les grandes
machines monstrueuses cassèrent la maison. J’entendais des bruits de
souffrance et, depuis ma fenêtre de ma chambre, je vis la maison s’éteindre
doucement.
Le lendemain, je ne sais pas si maman s’en souvient, j’avais appris pendant le
déjeuner que les membres de famille de Mr. McGrogen étaient venus pour se
partager et se débarrasser des vieilles possessions de l’homme. J’étais allé voir
l’événement qui se déroulait devant les ruines de la maison. Je vis sur une table,

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des vieux instruments comme un télescope et une boîte à musique et aussi une
paire de bottes usées et très mystérieuses. Une dame extrêmement menue au
visage pâle et aux cheveux noirs me dit que Mr. McGrogen mettait ces bottes
tout le temps ; mais, ajouta-t-elle, lorsqu’il tombait malade, il ne les portait pas, et
tout ce qu’elle entendait de lui quand elle était venue le voir à l’hôpital était :
« bottes… mes bottes ». Je sentis un frisson dans le dos, je ne voulais plus
rester là-bas donc je revins à la maison.
Cette nuit-là, un bruit fort brisa le silence… Comme si quelqu’un montait les
escaliers d’un pas lourd. Je m’enfonçai dans les couvertures. Je pouvais
entendre l’être marcher vers ma chambre. Ce ne pouvait pas être quelqu’un de
la famille ; vous étiez tous couchés. Puis la personne ouvrit la porte. Je pus voir
de mon lit la porte grande ouverte. Je sentis mon sang se glacer. Etait-ce un
monstre ? Un assassin ? Un voleur ? Je voulus crier mais une force m’arrêtait.
La forme de l’être s’approchait de moi, de mon lit, puis je n’entendis plus rien. Je
restai longtemps dans mon lit, sans bouger un muscle. J’étais terrifié. Je fermai
les yeux et je me mis à transpirer. Je regardai doucement autour de mon lit avec
la pensée que quelque chose allait me sauter dessus et me faire du mal mais là,
je les vis ! Je les vis en soulevant un pan de ma couverture ! Près de mon
bureau, à côté de mon lit, les bottes atroces, les bottes de Mr. McGrogen.
Ce matin-là, je me réveillai en me rappelant de la nuit épouvantable dont j’avais
été témoin. Cet événement passé semblait tellement absurde, ça ne devait être
qu’un rêve ! Voilà, un cauchemar ! Je me sentais beaucoup mieux en ayant cette
pensée, donc je sortis du lit, en marchant vers ma porte. Mais tout à coup, je
trébuchai sur quelque chose de dur et je tombai par terre. Ma tête me faisait très
mal. Je me retournai pour voir sur quoi j’avais trébuché. Je sentis un pincement
au cœur. Les bottes ! Je me relevai et sortis de la chambre en courant. J’allai en
bas des escaliers puis dans la cuisine où je vis ma mère en train de cuisiner. Est-
ce que je devais lui dire ce qui était arrivé cette nuit ? Non, je ne préférais pas,
elle aurait cru que j’étais devenu fou. Est-ce que je suis fou ? Je ne sais pas, j’ai
agi comme si rien ne s’était produit.
Après mon déjeuner, je revins vers ma chambre tout doucement. Je mis mon
oreille sur le mur de l’autre côté de ma chambre. J’entendais des choses bouger.
Je mis ma main sur la poignée de la porte. Je l’ouvris un tout petit peu et je vis
comme si les bottes bougeaient. J’ai claqué la porte et je me suis penché dessus
pour que personne ne puisse sortir. J’ai fermé à clef ma chambre pour que cette
chose ne puisse partir ou faire des dégâts puis je suis allé dans le garage pour
trouver le filet à papillon que je n’avais pas utilisé depuis un bon moment. Je
rouvris ma porte tout doucement et, tout à coup, je lançai mon filet dans la
direction des bottes. Je les avais attrapées ! J’enfilai mon manteau et mes
chaussures puis transférai les bottes soigneusement du filet dans mon sac, que
je fermai en une seconde. Je courus vers la porte d’entrée, la refermai, et je
partis vers le stand que tenait la fille McGrogen. J’ouvris mon cartable et je le
vidai sur la table. La fille, en colère, cria :
‐ « Petit voleur !! »
‐ « Non madame, pitié ! rétorquai-je, Je ne les ai pas prises,
quelqu’un me les a apportées ! Je voulais vous les rendre, je ne sais pas
qui les a mises dans ma maison !»
Elle se calma :
‐ « Ah bon ! Cette histoire est très étrange ! Je ne sais pas si tu
mens ou pas mais, merci de les avoir rapportées. Maintenant pars ! »


 21

Je rentrai à la maison, soulagé de m’être débarrassé de ces maudites bottes.
Je montai dans ma chambre et me mis sur mon lit pour me reposer.
Au lieu de dormir quelques heures, je finis par dormir toute une nuit, mais
pendant que je rêvais calmement, je sursautai en voyant comme une brume
blanche se former près de mon lit. Cette brume bougea bizarrement, comme,
s’il s’agissait d’un homme ! Je ne bougeai pas un muscle en regardant l’être
se diriger vers mon bureau. Puis, je vis la chaise bouger de mon bureau
comme s’il allait s’asseoir. Peu à peu, la brume commença à prendre une
forme, à avoir des contours. Je ne pus pas le croire, en regardant l’être se
former de la tête au pied, je reconnus Mr. McGrogen !! Je ne me sentais pas
très bien, pris par un mal au cœur qui me donnait la nausée, puis
soudainement, je vis que ce fantôme avait les bottes chaussées à ses pieds !
C’était trop pour moi, je sentis la chambre tourner autour de moi et, au
moment où j’allais perdre connaissance, je vis l’être se pencher sur moi en
disant : « Aide-moi ! Aide moi… suis-moi… » .
Le lendemain matin, je me réveillai avec un mal de tête épouvantable. Je
pensais bien que ce que j’avais vécu ne pouvait être que la réalité, pas de
doute. Je regardai autour de moi, et soudain, je vis, sous la chaise, dans
l’angle vers la fenêtre, encore une fois, les bottes épouvantables, déchirées
et moisies. Je ne savais pas quoi faire, je ne pouvais pas demander de l’aide
aux personnes autour de moi, ni ne pouvais revenir à la fille de Mr. McGrogen
pour lui rendre ces maudites bottes. Personne ne me croirait. C’est alors que
je fus pris d’une soudaine envie de mettre les bottes. Je ne pus me contrôler.
Je vis mes jambes marcher vers les chaussures. Je ne voulais pas, j’avais
envie de crier ! Je fermai les yeux puis quand je les rouvris, je vis que les
bottes étaient chaussées à mes pieds. C’était un sentiment horrible d’avoir
ses bottes moisies et froides sur mes pieds innocents. J’avais mal au cœur
en pensant que ces bottes appartenaient à un homme mort, et j’avais
l’impression que la vie pouvait me quitter à tout instant. Tout à coup, les
bottes se mirent à bouger. Elles marchèrent vers l’entrée de ma chambre,
une après l’autre. Où allai-je ? Les bottes descendirent les escaliers d’un pas
lourd puis passèrent par la cuisine pour aller à la porte d’entrée. Mon esprit
poussa ma main vers la poignée et la tourna. Je sentis l’air frais de dehors
qui me donna des frissons. Où est-ce que ces bottes allaient m’emmener, me
demandai-je à moitié angoissé et à moitié curieux ? Je regardai dans la rue
pour voir si quelqu’un pouvait m’aider ; j’ai voulu crier mais, non, ce n’était
pas vrai ! Je n’arrivais pas à parler, à ouvrir ma bouche ! Qui se trouvait là ?
Je ne pouvais rien faire, je me sentais désespéré. Qui était cette personne en
moi ? Qui me contrôlait ? Les bottes m’emmenèrent loin de ma rue, loin de
ma maison, vers une route presque noire, pleine de failles. Je n’étais jamais
venu par ici. Je vis des arbres morts, puis plus loin, un grillage sombre
recouvert de toiles d’araignée. Je m’approchai de plus en plus vite du grillage.
Mon cœur s’arrêta ce qui me sembla un long moment, en regardant entre le
grillage parce que d’où j’étais, je voyais l’endroit le plus atroce au monde que
je connaissais: le cimetière. La personne en moi m’ordonna d’ouvrir le
grillage. J’avais l’envie de pleurer, de courir loin de ce lieu, de retrouver ma
mère, mais c’était trop tard, je ne pouvais rien faire. Tant de pensés
passèrent dans ma tête, le sentiment de mourir ici comme tous les autres
morts dans ce lieu. Je vis des statues froides avec des expressions violentes
de peur et d’agression sur leurs visages. Des anges et des démons, puis des


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pierres noircies avec des noms de personnes décédées. J’étais seul dans ce
silence mortel. A chaque fois que je passais par une tombe, j’avais un
sentiment de peur atroce et de mal dans tout mon corps. Soudainement les
bottes s’arrêtèrent à vif et se tournèrent vers une tombe. Je commençai à
respirer de plus en plus vite et de transpirer. Je vis sur la tombe… le nom… le
nom écrit… de Mr. McGrogen. Tout à coup, ma vision devint floue, tout
autour de moi, le décor bougeait bizarrement. Je voulus m’évanouir. Je me
mis à genoux, sur le sol mouillé, plein de boue et feuilles mortes. Mes mains
se posèrent sur la tombe en bois. La personne en moi m’ordonna de pousser
le couvercle, d’ouvrir l’endroit où se trouvait l’homme. Je ne voulais pas !!
J’avais les larmes aux yeux, l’émotion était trop forte. Le couvercle lourd
tomba d’un côté. Je sursautai en voyant le corps de l’homme à la peau
presque verte… et puis son visage ! Son visage atroce ! La tête penchée vers
moi, avec la bouche presque noire, entre-ouverte, comme si l’homme criait et
ses YEUX… les yeux grands ouverts, des yeux qui regardaient droit dans les
miens, pleins de méchanceté ! Etait… était-il vivant ? Le regard me perça le
cœur. Soudainement, mes mains touchèrent les bottes qui étaient sur moi. La
personne en moi m’ordonna de les enlever. Puis, je vis mes mains mettre ces
bottes dans la tombe, dans les mains de l’homme mort. Ces mains
affreuses… glaciales, sans vie. Je retirai mes mains d’un geste brusque. Je
perdis connaissance pendant un bon moment, mais lorsque que je rouvris les
yeux, je vis quelque chose d’étrange sur le corps de l’homme, quelque chose
avait changé !! Ce n’était pas possible !! La bouche était fermée et ses yeux
s’étaient apaisés!! Puis les mains étaient refermées sur les bottes !! Qu’était-il
arrivé ? Je reculai de quelques pas pour m’éloigner de la tombe. J’avais
repris contrôle de mon corps ! Je remis le couvercle sur la tombe très vite et
je me mis à courir à pleine allure, à courir, pied nu, passant par le grillage, les
arbres sans feuilles, la route noire pour retrouver enfin ma famille et ma
maison. J’étais finalement libre ! Libre de ce cauchemar, de ce sort ! Après ce
jour, je ne revis plus jamais les maudites bottes mais pendant la nuit, parfois,
j’entends toujours la voix de Mr. McGrogen me disant « Merci… Merci… ».
J’avais compris que lorsque Mr. McGrogen avait retrouvé ses bottes, il avait
pu finalement dormir en paix.
Autour de la cheminée, tout le monde se tenait coi. Ma mère parla la
première :
‐ Eh bien, mon chéri, veux-tu que nous fassions tous des
cauchemars en cette nuit de Noël ?
Toute la famille se mit à rire et mon père s’empressa de remplir ma coupe, ce
qui acheva de détendre l’atmosphère. Personne ne reparla plus jamais de la
maison voisine et des bottes de Mr. McGrogen.


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Rêve d’enfant, par Jade

3 juin - Le long trajet pour arriver à ma maison de vacances vaut la peine. La


belle campagne rurale de La Bastide de Virac, un monde, loin de ma vie urbaine
à Paris, m’enchante et je m’y rends le plus souvent possible. J’ai retrouvé mes
rosiers aussi beaux que lorsque j’étais parti.
Vers 18h - Ce voyage de cinq heures a laissé mon corps fatigué et sans énergie.
Je n’ai ni faim ni soif, mais je suis épuisé. Mais ceci ne me surprend pas, pour un
homme intolérant aux longs voyages comme moi. Cela passera après un bon
sommeil ininterrompu. Je vais me coucher sans manger.
4 juin (1 du matin) Bizarrement, je n’ai pas trouvé le sommeil si rapidement que
je l’espérais. J’ai tourné, tourné, sans pouvoir m’endormir. Que se passait-il ?
Normalement je n’ai point de problème pour atteindre mon repos. Mon sommeil
n’a duré que deux heures avant que je me réveille, paniqué et couvert de sueur.
Un cauchemar terrible m’a réveillé. J’étais dans mon grenier, je le savais à cause
des grandes boîtes en carton qui contenaient mes vieux habits et les souvenirs
de ma jeunesse. Dans le coin, à côté de l’armoire qui était restée dans la
chambre de mes parents jusqu’à leurs morts, je trouvai une petite fille, environ 5
ans, qui pleuraient. Elle ressemblait un peu à ma nièce, mais ce n’est pas
certain, puisque la dernière fois que je l’avais vue remontait à un an. Sûrement,
elle avait pu changer depuis notre dernière rencontre. À côté d’elle se trouvait un
stylo décoré de diamants en forme de fleur, couvert de sang. Je ne pouvais que

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voir ses cheveux blonds, comme les miens. Elle était accroupie en boule, sa tête
cachée entre ses jambes et couverte par ses petits bras. Elle sanglotait
doucement, mais ses cris devenaient de plus en plus fort. J’essayai de la
réconforter, de l’arrêter. Mais elle m’ignorait. Soudain, elle se mettait à crier le
mot « PAPA ! PAPA ». C’étaient des cris de terreurs, des cris de malheurs, des
cris effrayants, comme ceux que les monstres lâchent lorsqu’ils sont cachés
derrière les ombres plus noires que minuit… des cris d’angoisse ne font pas plus
frissonner que ce dont j’étais le témoin. Je couvris mes oreilles, grinçai des
dents. Mais ses cris… Comme ils étaient forts… Je n’en pouvais plus de ses cris
intolérables. Lentement, j’approchais d’elle, en essayant de l’aider… Un pas à la
fois… Finalement, j’arrivai assez près d’elle pour la toucher et découvrir son
visage. Pendant quelques secondes j’essayai de la consoler, mais je savais que
j’étais sur le point d’échouer. Ses cris… Ses cris intolérables…Je la secouai.
« Arrête, arrête ! », pensai-je. Pourquoi ? Pourquoi criait-elle ? C’est à ce
moment-là que je me suis réveillé.
5 juin - Mais ce n’est pas possible. La fille ! La fille de mon rêve ! Dans mon
manoir ! Endormie dans la chambre de mes parents défunts ! Elle est en réalité
ma nièce, la fille de ma sœur ! Tout s’est passé ce matin, ce matin, quand j’ai
entendu un coup à la porte. Je l’ouvris et devant moi, se trouvaient ma sœur et
sa petite fille. J’ai failli crier devant elles. Mais je m’arrêtai, heureusement, et je
pris le temps de réfléchir. C’était ma nièce, Nadine, une belle petite fille aux
cheveux blonds et yeux noirs. Comme elle était parfaite… comme dans mon
rêve… Ma sœur m’expliqua qu’elle avait besoin que je occupe de Nadine car elle
partait pour un voyage à Paris. Un voyage trop long pour une petite fille fragile
comme Nadine. Mais comment pouvais-je avoir vu ma nièce en rêve ? Ce n’était
pas possible. Peut-être ce n’était pas ma nièce dans mon rêve, juste une petite
fille. Je n’avais même pas vu son visage, juste ses cheveux. Juste des cheveux
blonds.
8 juin- Terribles, voilà comment je qualifierais mes rêves… Avec la petite fille aux
cheveux blonds qui pleurait. Comme je souffre de ces cauchemars. Cette petite
fille... ses pleurnichements m’empêchent de dormir. Chaque nuit, je tourne dans
mon lit. Et quand vient le jour, je suis fatigué et sans espoir. Et ma petite-nièce,
qui semble petite et innocente, est un monstre. Dans ses yeux, les pouvoirs
maléfiques se traduisent par des lueurs de haine. C’est elle, la fille de mes
cauchemars, ma petit Nadine, qui me pousse vers la folie. Elle cause mes
cauchemars…Elle m’effraye.
Je suis fou. Tellement fou. J’ai peur de ma nièce. Peur d’une petite fille de cinq
ans ? Que suis-je devenu ? Qu’est-ce qui passe ?
9 juin Encore une nuit sans sommeil. Je n’en peux plus.
10 juin- Heureusement, ma sœur arrive demain pour reprendre Nadine. Peut-
être, mes cauchemars s’arrêteront-ils.
11juin- Je ne sais pas où je suis. Mais j’essaye de m’échapper. D’échapper ma
sœur. Nadine est endormie sur mes genoux. Je dois tout vous expliquer. Tout
s’est passé d’une manière incroyable…Aujourd’hui, à trois heures, ma sœur est
arrivée chez moi. Nadine a couru vers sa mère en l’embrassant. Ma sœur se
pencha, et de son sac à main tomba un stylo. Pas qu’un stylo, mais un stylo tout
ciselé, avec des diamants, en forme de fleur…le stylo de mon rêve. Tout est
remis en place, toutes les pièces du puzzle. Ma sœur, une veuve, c’est elle, elle
qui a tué son propre mari. Horrifié, j’ai pris Nadine, je l’ai enlevée à sa mère, et
j’ai couru. J’ai quitté mon manoir et mes souvenirs. Je ne sais pas ce que je vais


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faire de cette enfant bouleversée, mais je ne pouvais pas la laisser à sa mère
meurtrière. Ai-je bien agi ?

La Poupée, par Foustene

Je rêvais de rentrer chez moi, dans mon nouvel appartement, qui se


trouve dans un quartier modeste. Après une heure de voiture, j’arrivai enfin dans
le nord de Manhattan. J’ouvris la porte de ma voiture et je vis un vieil homme en
train de fumer devant la porte du complexe. Je l’approchai et il me regardait avec
un air bizarre, mais même si j’avais un peu peur de lui, je lui demandai s’il
s’appelait Mr. Tracy, le propriétaire qui m'avait loué l'appartement. Il acquiesça et
je lui expliquai que j’étais la dame qui voulait louer la chambre E4. Puis, tout à
coup, il me fit un grand sourire et il me dit, dans une voix très aiguë, « Bienvenue
Madame Andrews. » Comme j'avais reconnu mon nouveau propriétaire,
j'acceptai de le suivre. Mais cet homme était bizarre. A la seconde où je l'avais
vu, j'aurais juré qu'il aurait pu tuer quelqu’un, mais finalement, après notre
premier échange, son air avait changé et il m'avait semblé très gentil. Quand
nous sommes arrivés au cinquième étage, nous avons suivi plusieurs couloirs
avant d'arriver finalement à mon nouvel appartement E4. Il me donna la clé pour
ma chambre et je la mis dans la serrure. J’ouvris la porte et je vis les murs
beiges salis par des taches de nourritures. Les lampes étaient cassées et les
fenêtres étaient très salles. La chambre n’était pas aussi détruite que je l'avais
craint, car j’avais peu d’argent et c’était le seul appartement en dessous de cent
dollars par semaine que j’avais trouvé en ligne. Après que j’avais vu l’extérieur
de la chambre, j’entrai pour voir à l’intérieur. Je vis qu’il n’y avait pas de toilette,
donc je demandai à Mr. Tracy où elles étaient. Il me dit que les toilettes étaient

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au fond du vestibule et si j’avais encore des questions à poser qu’il se trouvait
dans le studio E8. Il se retourna pour aller aux escaliers et j’entendis Mr. Tracy
murmurer : « j’espère que vous allez rester plus longtemps que les autres ».
Que pourrait-il vouloir dire par ceci ?
J’étais fatigué après une longue journée. Car il était dix heures du soir.
J’ai pris ma brosse à dents et mon dentifrice, et je suis parti aux toilettes en
pyjamas. Je suis arrivé à salle de bains et j’ouvris la porte lentement car il faisait
noir à cette heure. Puis, je vis, je vis des yeux jaunes qui me regardaient.
J’allumai la lampe, mais c’était trop tard, la seule chose que j’avais vue du
monstre était qu’il était couvert par une couverture blanche, puis il avait sauté de
la fenêtre. Je courus rejoindre le propriétaire et, par chance, je vis qu’il se
trouvait dans le couloir. Alors, je lui racontai ce qui venait de m'arriver dans les
toilettes. Il me dit qu’il croyait que j’étais fatigué et que j’avais imaginé cet
incident. Il avait bien lu ma fiche de renseignement car il ajouta que c’était très
possible en raison de mon métier d'écrivaine. Puis, je suis partie à ma chambre,
mais j’étais sûre que ce monstre existait et je savais que je n’étais pas folle.
Deux jours ont passé depuis l’incident et je n’ai pas rencontré le monstre
depuis. Je commençais à penser que peut-être le monstre était vraiment une
hallucination. Un jour plus tard, et je n'avais toujours pas revu le monstre encore.
J’ai dû partir pour le marché, mais je souvenais que j’avais oublié mon manteau,
donc je suis reparti à ma chambre une fois de plus. Quand je suis arrivée à
destination, j’ouvris la porte de mon appartement, et là, je vis distinctement les
yeux brillant qui me regardaient, mais soudain, en un rien de temps, ils
disparurent. Pendant le reste de la semaine, j’ai continué à avoir des rencontres
avec l'être abject qui me hantait. Ca n'arrêterait jamais et je savais que je n’étais
pas folle. Ensuite, un matin, je vis le monstre dans les couloirs, et le monstre
commença à se rapprocher de la lumière. C’était la première fois que je le voyais
de jour, je fus très surprise de découvrir son vrai visage : c’était une petite fille
couverte par une nappe et qui tenait quelque chose dans ses mains. Elle me
regardait avec ces yeux perçants et elle me dit, “Sortez d’ici!” et elle partit en
courant. Je courus voir le propriétaire et je lui expliquai ce qui s’était passé. Il me
demanda de lui pardonner car la vérité était que la fille était sa petite-fille. Il
m’expliqua qu'elle était possédée par un démon et la seule façon de la sauver
était de prendre la poupée qui était toujours dans ses mains; Je trouvais son
explication suspecte. Néanmoins, je reconnus que lorsque j'avais vu cette enfant,
elle tenait précieusement une petite poupée de chiffon qui avait l'air bien abîmée.
Donc, je lui promis que je l’aiderais à prendre la poupée, puis je suis partie pour
ma chambre.
Un jour avait passé et il était dix heures du soir ; j’ai commencé à chercher
la fille, mais je ne la trouvais pas. Je décidai de sortir de l'appartement pour aller
chercher de la nourriture. Lorsque je passai dans le couloir, la fille se trouvait là,
assise. Je rapprochai d'elle, mais tout à coup, et elle commença à avoir des
dents immenses et pointues qui poussaient. Immédiatement, je pensai que j'étais
devenue folle. Elle se rapprochait de moi, elle ouvrait la bouche, puis, soudain, je
ne la vis plus, comme si je m'étais réveillée d’un mauvais rêve : la fille n’était pas
avec moi. Je courus jusqu'à la cuisine, j’ouvris la porte, et allumai la lampe de la
cuisine, je ne vis pas la fille. Parce que je sentais le soulagement, je me suis
retournée dans le couloir. Et là, je vis... je vis la fille, là... qui se rapprochait de
moi. Alors, je pris un couteau et je me jetai sur sa poupée. Elle me regarda
éberluée, et tenta de résister en la retenant par une jambe. Mais je fus plus


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rapide qu'elle, et je la lui arrachai des mains. Grâce au couteau, je pus la réduire
en morceaux. Mr. Andrews arriva en courant. Il nous avait entendues, et venait à
mon secours. Il s'empressa de prendre sa fille dans ses bras. Assez vite, elle
retrouva ses esprits, et cessa de hanter l'immeuble de son père. Elle avait été
possédée par quelqu’un pendant plus de 10 ans. Son papa m'accorda
l'appartement sans plus jamais me faire payer un loyer.

Le Château de Charlemagne, par Gilles

Ça faisait déjà des jours que je voyageais. J’étais parti de Londres un lundi
mi-octobre, et j’avais promis d’arriver avant l’automne. Mon séjour allait me
mener en Irlande. J’allais rendre visite à mon vieil ami, Charlemagne. Je venais
d’arriver au grand lac de Cul de Savoie, et je distinguais déjà la maison de mon
ami au sommet de la colline. Le silence régnait sur le lac, j’entendais seulement
le vent léger, qui faisait siffler les feuilles. Sur mon chemin vers le sommet de la
colline, je me retournai pour voir le paysage, je distinguai, entre les arbres un
immense château, il semblait sombre et oublié, il me terrifiait… Quand j’arrivai au
point le plus élevé de la colline, je vis la maison de mon ami, plus clairement, une
petite maison, très simple, au milieu de nulle part. Je frappai à la porte,
personne ne m’ouvrit ; je frappai une deuxième fois, une bonne femme m’ouvrit.
Elle me vit et me regarda avec stupéfaction. Je lui dis que je me nommais Gilles,
le vieil ami de Charlemagne. Elle m’expliqua que Charlemagne avait disparu
depuis quelques jours! Lors d’une de ces journées sur le lac, il avait décidé
d’aller voir cette fameuse ruine, et il n’en était pas revenu, témoin sa barque qui
demeurait toujours sur le côté du lac auprès du château. Elle avait bien prévenu
la police, mais le village était si reculé que rien n’avait vraiment été entrepris pour
retrouver le vieil homme.
D’ailleurs, depuis des centaines d’années, personne n’avait jamais osé entrer
dans ce château… enfin depuis une certaine soirée d’octobre 1738. Cette bonne
femme m’expliqua que, lors d’un grand bal masqué, qui était organisé au
château, dont la réputation irréprochable égalait la beauté, un événement sinistre
était survenu. Des centaines de personne étaient invitées. Mais cette nuit-là, tout

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se passait bien, quand, dans la plus haute tour, on entendit un grand cri. La
musique s’arrêta et le même cri se fit entendre dans le donjon du château. Des
gens commencèrent à se méfier, quelques personnes allèrent voir de quoi il
s’agissait. Après une demi-heure, ces personnes n’étaient toujours pas
revenues. Tout le monde fut terrifié, quand soudain, on entendit un petit rire de
fille dans le donjon. Ce rire résonna dans la grande salle, il s’amplifia, et tout à
coup, une femme cria en pointant du doigt vers cette fille, en robe de chambre,
qui était sur le petit balcon entourée par des cadavres de gens qui était pendus
aux piliers du balcon. Tout le monde courut, terrifié. Ce rire continua à résonner
dans les oreilles de tout le monde.
Je ne sus quoi dire, je devais trouver mon ami ! Je devais y aller
immédiatement ! S’il était mort ? S’il s’était transformé en fantôme ? Des
centaines de questions me vinrent à l’esprit… Je pris un couteau que la bonne
femme m’avait offert, et une lampe à huile. Je bondis sur mon cheval et partis au
galop pour ce château qui retenait mon ami prisonnier. Quand j’arrivai devant la
grille de cet énorme château, je descendis de mon cheval et pris mon couteau et
ma lampe. Je passai par cette énorme grille rouillée, déjà entrebâillée. Je passai
par son jardin, aperçus une fontaine cassée, des herbes hautes, et les plantes
qui grimpaient le long des murs. On voyait bien que ce château n’était pas
habité depuis des années. Maintenant, je me trouvais devant cette grande porte
de bois et de fer, quand je l’ouvris, un son strident résonna dans cette grande
salle sombre. Comme cette bonne femme me l’avait dit, cette salle était
immense, deux escaliers parallèles longeaient la salle qui menait vers l’inconnu.
Tout à coup la grande porte se ferma derrière moi ! Je pensais que c’était le
vent, mais la porte était trop épaisse et trop lourde pour avoir été repoussée par
le souffle de l’air. J’étais terrifié ! Il faisait froid ! Je crus que moi aussi j’allais
mourir aux côtés de mon ami ! Je courus jusqu’au bout des escaliers, en arrivant
sur un balcon. Le balcon…le balcon… ou cette petite fille avait pendu les gens !
Je vis le bout des cordes sur les piliers du balcon ! Une odeur terrible m’entoura!
Je me penchai et vis ces corps ! Je voulais crier, mais je me terrai dans un coin.
Je repris mon souffle. Le château était silencieux, quand soudain, j’entendis
quelqu'un marcher en bas avec des hauts talons. Le son provenait du bout des
escaliers, puis il s’arrêta. Il commença à monter les escaliers. Je ne sus quoi
faire. Mille questions me vinrent en la tête, je fus pris de panique ! Je me levai et
ouvris la porte derrière le balcon et la refermai derrière moi. Je me sentais
surveillé, épié : cette petite fille, un spectre, m’observait sûrement, me suivait…
Elle avait sûrement déjà fait du mal à mon ami dans ce château. Je me retournai,
et vis cette porte menait à un long couloir plein de portes. Je perdis espoir…
Quand j’entendis la porte grincer derrière moi, je compris qu’elle était là, tout
près, prête à me faire du mal. Je me mis à courir aussi vite que je pus ! Je
n’osais regarder derrière moi, quand tout à coup, je me souvins de mon
couteau ! Je le pris et me retournai, et avant que j’aie pu pointer le couteau vers
la fille, un vent glacial me traversa le corps. Je me retournai et là, devant moi, je
vis la fille en robe de chambre ! Terrifié, je laissai tomber ma lampe, car je fus
épouvanté par ce que je voyais : elle avait du sang sur sa robe et elle me
regarda avec un sourire terrifiant. Elle s’était emparée de mon couteau ! Je
voulais m’enfuir, quand elle s’adressa à moi ! :
- Es-tu venu pour l’autre imbécile qui voulait rentrer dans mon château ?
Je ne pus parler. Je repris mon souffle et dit :
- Oui, vous ne l’avez point tué ?


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Elle ne me répondit pas, elle se retourna en riant, et, en un clin d’œil, elle avait
disparu… son rire résonna toujours dans mes oreilles. Je courus dans ce long
couloir sans fin…En espérant trouver mon ami de l’autre côté. Quand je crus ne
jamais trouver une issue, une porte apparut à ma droite, avec des escaliers en
colimaçon. Je grimpai les escaliers à une vitesse incroyable en pensant au sang
sur les habits de cette petite fille : ce sang appartenait-il à mon ami ? À la fin de
ces escaliers, je me trouvai devant la plus grande tour du château. Devant moi,
je trouvai mon ami, qui venait d’être pendu et qui semblait agoniser. Je le
décrochai tout de suite. Il allait mourir, je le savais. Il ne pouvait plus parler, il
rassembla ces dernières forces pour me dire :
- Méfie-toi d’elle, mon ami !
Tout à coup, ce vent glacial me traversa et cette fille se trouva derrière moi. Ma
colère monta, si forte, que j’oubliai ma peur. Je courus vers elle pour lui sauter
dessus. Elle prit le couteau et le pointa vers mon ventre, ce couteau me traversa
l’estomac. La fille retira le couteau et me chuchota dans l’oreille :
- Je t’ai donné une chance, tu ne l’as pas prise.
Je m’écroulai aux côtés de mon ami, sans connaissance.
Heureusement, la bonne vieille dame du village, inquiète de mon sort, décida de
rappeler la police. Cette fois, ayant pris en considération que j’étais venu de
Londres, et que j’avais moi aussi disparu, le commissaire décida de venir en
personne. Il nous trouva tous les deux en fort mauvais état, mais vivants. Nous
fûmes transportés à l’hôpital de plus proche. Nous avions donc survécu à
l’horrible spectre du château hanté. Nous n’avons plus jamais risqué nos pas
dans ce lieu maléfique, encore et toujours abandonné aujourd’hui.

Dans le noir, par Gabriel


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La panne avait commencé il y a quelques minutes. Le noir absolu, que
l’éclairage terne de la lune pénétrait à peine, rendait la maison, si gaie
d'habitude, ténébreuse et taciturne. Chaque grésillement, chaque froissement
s’amplifiait en un grondement morbide. Malheureusement, mon corps ne
reconnaissait plus son environnement et je me heurtais sans cesse à des objets
et aux murs invisibles. Quand je pus me redresser, je me mis à penser à ma
situation fâcheuse. Pour ne pas aggraver la situation, j’appelai mes enfants à
voix haute. Aucune réponse... Pourtant, la maison n’était pas grande et les
enfants auraient dû m’entendre ! La seule explication était qu’ils jouaient dans la
petite rue de Poul Ar Haro devant notre maison, qui se trouvait dans un endroit
isolé et tranquille, loin du bruit urbain. Soudain, un écho lointain fit vibrer les
murs. Je trouvai à tâtons le couloir qui menait à la cuisine, dans le noir, et après
quelques pas, et je sentis sous mes pieds un liquide chaud. Chaud comme… le
Sang ! Ce liquide frais et chaud, comme s'il venait des veines et artères coupées
d’un humain me fit tomber de peur et de dégoût. L’écho encore ! Une frustration
m’envahit et j'aurais voulu m'arracher les cheveux de mon crâne. Poltron que je
suis, je savais bien que la vue du sang m'écœurait, et que mes muscles
risquaient de ne plus répondre d'eux. Aussi, rien ne me permettait d'affirmer qu'il
s'agissait de sang, et je voulais une preuve réelle que ce liquide provenait d’un
humain. J’enfonçai donc le doigt dans la flaque, en me penchant, et je ne
bougeai plus, je fus pris d'une douleur choquante et intense. Ce liquide bouillait !
Puis, soudain, j'eus l'impression que le liquide continuait à sortir de mon doigt
comme si mon doigt en était la source. Mon doigt saignait-il ? Par réflexe, je
rapprochai ma main de mon visage, pour voir, tandis que mon cœur se soulevait
de dégoût. Et alors, je reçus un jet tiède et gluant au visage, qui me paralysa de
stupeur et me fit perdre l'odorat. Je paniquai! Ce liquide provenait d’une
casserole reversée, apparemment. Mais… qui l'avait mise là ? Je me redressai
et l’écho recommença venant d’une chambre voisine sous forme de
tambourinage. Quelqu’un était là et il remuait des casseroles. C’est lui, celui qui
avait reversé la casserole et il me cherchait. Je me mis à marcher en sa direction
en longeant le mur à droite de la cuisine, d’où venaient les battements.
Finalement, je regardai d’un œil la cuisine. Une chandelle illuminait cette petite
pièce ; c’était mon fils qui cherchait à manger. Il se retourna et il regarda pendant
un moment. Un silence s’installa pendant quelques secondes. Puis il cria :
— Papa !
— Où te cachais tu donc ? Je te cherchais, je t’appelais, mais je n’entendais
aucune réponse. J’étais tombé dans ce liquide bouillant. Dis-moi, c’est toi,
toi qui l'as renversé ? demandai-je.
— Mais !? Tu… Un monstre !
Il s’enfuit et je me retournai, je ne vis rien, mais à deux mètres de mon dos,
un miroir était suspendu. Avec le peu d’éclairage, je me plaçai devant ce miroir.
Je vis… Je vis… Je vis… La créature la plus horrible, déformée sanglante que la
nature puisse créer. Je mis ma main sur ce miroir comme si cette créature était
tangible, mais elle me regardait protégée par le verre. Je pris une spatule et je la
lançai de toutes mes forces sur le miroir. Le miroir se brisa, la créature aussi.
Etait-ce moi cette créature ? Déformé, laid… Possédé. J’étais possédé ! Je mis
ma main sur mon visage qui ne me semblait pourtant présenter aucune
déformation. La créature me regardait de ses deux yeux. Elle avait renversé la
casserole, elle m’avait brulé ! Ma famille n’était pas seule dans la maison !


 31

Je courus aveuglément. Cette maison était âgée de 600 ans et le bruit de
chacun de mes pas faisait grincer le parquet. La maison était peu fréquentée par
les enfants car ils me disaient toujours qu’elle était hantée. Je venais de
comprendre leur raisonnement. Cette maison était véritablement hantée et par
un monstre. Ma situation ressemblait à celle qu'aurait subie le héros d’une
nouvelle fantastique, mais je vivais avec un monstre en réalité ! J’heurtais des
objets, des murs mais je ne pensais à rien d’autre que d’informer ma famille de
cette horreur. J’entrai dans ma chambre et je vis le miroir. La créature ! Elle me
regardait en me contemplant, je la contemplais aussi. Je souris, elle sourit aussi.
C’est alors que je voulus entrer dans le règne de cet animal et la tuer. Je me jetai
sur le miroir et elle se brisa. Je perdis conscience.
Ce qui me sembla durer une dizaine de secondes, dura en réalité une
heure ou une journée. C'est le temps qu'il fallut avant que je ne me réveille de
ma syncope. Je me réveillai au même endroit toujours couvert de verre brisé et
de sang reflétant une lumière faible. Le soleil se levait à peine à l’horizon. Je pris
mon temps pour simuler, dans mon cerveau troublé, les évènements qui
venaient de se produire. En pleine cogitation, je posai ma main sur mon visage
involontairement. Le côté droit de mon visage semblait normal, mais je sentis
que le côté gauche avait perdu sa peau lisse. Au contraire, mes doigts sentirent
une peau rugueuse et irrégulière. Les souvenirs d’un monstre dans un miroir
hantaient mes pensées. Il me fallait un miroir immédiatement. Je pris un bout du
miroir brisé assez grand pour qu’un visage humain puisse s'y voir clairement. Je
vis une figure indéfinissable, une tache floue, rien d’interprétable. Je bougeai
mes yeux, puis je vis une figure plus claire. Une figure monstrueuse comme celle
dans les miroirs avant que je ne m’évanouisse. C’était elle, mais… elle n'était
autre que moi! Décidé à ne pas supporter plus longtemps ce jeu infernal qui avait
ébranlé mes nerfs et ceux de mon fils, je me précipitai à la salle de bain, pour
voir mieux ce qui m'était arrivé. Le courant était finalement revenu, et, lorsque je
me vis dans la glace, je compris que je m'étais blessé pendant la coupure
d'électricité. Toutes mes aventures avaient changé mon apparence, et je n'avais
finalement eu peur... que de moi-même. Lorsque mon fils avait appris la
nouvelle, il avait bien ri. Il m'avait appelé le « monstre » pour rire, et n'avait pas
cru une minute que j'avais pu le croire. C’est qu’il ne savait quel cauchemar
j’étais en train de vivre.


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Château hanté, par Isaac

C’était une douce soirée d’hiver, et j’étais invité chez les Berton, famille
que je côtoyais depuis que j’avais dix ans. Je connaissais leur maison par cœur,
j’y étais allé tant de fois.
Après le dîner, nous nous étions assis à côté de la cheminée, dans le
salon. Nous racontâmes des histoires vraies de fantômes. Quand vint mon tour,
je leur racontai mon histoire :
- Je vais vous raconter une chose étrange et bouleversante, qui me fait
frissonner encore aujourd’hui. Et je m’interroge toujours pour savoir si c’était vrai.
Vous me direz ce que vous en pensez. C’était en Avril 1952. Je préparais, avec
des amis du lycée une sortie en Ecosse dans les châteaux dits hantés. Nous y
étions allés en voiture car l’Écosse n’est pas loin de l’Irlande.
A l’aube, nous partîmes pour le nord est. Nous étions cinq dans la voiture,
en train de parler de ce que nous pourrions bien faire à Newton of Ardtoe.
Arrivés à l’hôtel, nous posâmes nos bagages, puis nous sortîmes pour
visiter la ville. Nous marchâmes le long d’un lac non loin de quelques maisons
qu’on prétendait hantées. Tout à coup, nous arrivâmes devant un château
nommé « the Castle of Ardtoe ». Avec des tours immenses, il était bien construit,
solide, imprenable ! Ce château appartenait au roi Tioram et datait du Moyen
âge. Nous entrâmes dans ce château. Nous pouvions voir sur les murs de
grandes tapisseries représentant des anges et des démons se faisant la guerre.
Je m’intéressai alors à une tapisserie en particulier. Elle représentait un roi assis
sur son trône, dont les chaussures de peau montraient une imperfection étrange.
En effet, au niveau de la semelle, on pouvait voir des traces de béton mélangé

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avec des bouts de graviers. Or, ces bouts de graviers semblaient glisser le long
de ses chaussures et tombaient du tableau sur la dalle même du château. Je
trouvai cela aussi étrange que suspect. Plus loin, se tenaient des vieilles armures
rouillées. Je remarquai que la botte de l’une des armures présentait elle aussi
des restes de gravier.
Nous arrivâmes devant une porte, et nous l’ouvrîmes. Nous avançâmes
au milieu de la pièce qui se composait d’un lit, et d’un bureau. Des fleurs de lys
décoraient la chambre. Cela semblait être la chambre du roi. Tout à coup, de
manière inattendue, la porte se referma brutalement, nous enfermant dans cette
pièce. Nous entendîmes un petit bruit, un bruit de loquet de porte. La porte s’était
refermée. Heureusement, personne ne manquait à l’appel, et nous nous
rapprochâmes par réflexe. Car nous étions isolés dans une tour, et nous
n’entendions rien. Un bruit ? Peut-être ? Non. Rien ne se passa pendant les
premières minutes. Nous ne savions que faire, éperdus au milieu de la pièce.
Nous restâmes blottis les uns contre les autres. Crier ? Non. Personne ne nous
entendrait. Nous essayâmes d’ouvrir la petite fenêtre mais sans succès. Aussi, il
nous fut impossible de trouver des issues. Quand soudain, nous entendîmes des
bruits de pas lourds et forts comme si quelqu’un marchait avec des chaussures
en pierre qui faisaient trembler le sol. Nos pieds tremblaient, nos jambes
tremblaient, tout notre corps avait peur. Nous entendîmes aussi des bruits de
chaîne. Ces bruits venaient de la partie obscure de la pièce. Les traits de la
personne se dessinaient peu à peu. Nous le vîmes, je ne sais trop comment le
décrire.
_Comment avez-vous fait pour vous en sortir ? interrompit une personne
de la famille Berton.
_J’y viens. Il avait une barbe, de petits yeux ronds. A sa tête, nous
pouvions voir qu’il avait une cinquantaine d’années. Une chaîne était attachée à
son pied, couvert de petits graviers comme dans la tapisserie du roi. Sa chemise
était décorée de fleurs de lys. Il s’approcha de nous. Mes amis reculèrent. Moi, je
restai ébahi devant ce spectre. Je ne pouvais pas bouger. Il se rapprochait de
plus en plus de moi. Il me fit basculer en arrière, me saisit le cou et posa ses
pieds sur ma poitrine. La seule chose que je pus voir étaient les petits bouts de
gravier qui tombaient de ses chaussures sur ma chemise. Il me serra fort et tout
à coup, je me réveillai en sueur, dans mon lit, à l’hôtel. Je ne savais pas si c’était
un rêve ou bien si j’avais vécu cette scène affreuse. La seule chose dont j’étais
sûr, c’est que j’avais des bouts de gravier sur ma chemise.
Avais-je vraiment vécu ce rêve ou n’était-ce que le fruit de mon
imagination ? Je ne sais pas. Je récupérai les petits bouts de graviers sur ma
chemise. Je m’aperçus que mes amis n’étaient plus dans leur chambre. Je partis
à leur recherche. Je m’étais équipé pour me défendre contre le spectre. Je
pensais que le spectre les avait enlevés. Si j’avais raison, alors ce week-end
était en train de tourner au désastre. Oh ! Non, mais où étaient-ils ? J’avais peur.
Je pris mon couteau suisse et ma tenue de sport, avant de descendre vers le
salon, prêt à prévenir la police… et là, devinez qui je vis assis à une table de
l’hôtel.
_ Le spectre !!! cria toute la famille des Berton.
_ Non... mes amis, en train de prendre leur petit-déjeuner. Moi, au beau
milieu de la salle déguisé en chasseur de spectre, je ne ressemblais plus à rien.
Tout le monde me rit au nez. Alors, je m’assis à leur table et je leur racontai mon
histoire de spectre, tout ce que j’avais vu : les yeux de mes amis me fixaient en


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riant. A première vue, je pouvais voir qu’ils ne me croyaient pas. Puis je leur
montrai le sachet de petits graviers. J’appris que nous avions bien visité le
château, et que je m’étais évanoui dans un coin de la salle du roi, lorsque nous
avions visité le château du roi Tioram. Alors, ils m’avaient porté dans ma
chambre. Pour me défendre, je leur racontai la scène lorsque la porte s’était
fermée. Mes amis me dirent que c’était le vent. Ébahi, je restai muet. Le seul
souvenir de ce mystère était les graviers. Depuis, je me demande si c’était vrai
ou si ce n’était que mon imagination. Je pensais, je croyais que quelqu’un
m’avait bien serré le cou. Depuis, je suis retourné au château avec des
scientifiques. Et nous avons retrouvé les mêmes graviers que dans mon sachet.
Tenez, les voilà, je les ai dans ma poche. Regardez.
— Mais crois-tu que tu aurais pu mourir si le spectre avait continué à te
serrer le cou ?
— Je ne sais pas, peut être, je ne sais pas…
Après cette histoire, on me posa une série de questions : avais-je revu
mes amis ? Qui étaient-ils? Quelle idée de chercher à secourir des amis, alors
que j’étais en danger ? Pourquoi visiter des châteaux hantés ? La soirée se finit
à vingt deux heures et je dus partir me coucher. J’étais le premier à sortir de la
maison des Berton. Je rentrai chez moi et je me couchai dans mon lit en
repensant à cette histoire, que je tiens pour vraie.

Délire de frère, par Jeremy

Dans les ombres de la nuit, un couteau taché de sang à la main, je vis


mon frère, pâle comme la lune, sur le sol. Il ne respirait plus, je ne bougeais plus.
Je pleurais comme un bébé qui avait perdu sa sucette. Comment l’avais je tué ?
Je suis devenu fou, mais je l’ai réalisé trop tard. J’entendais la police qui venait
aussi vite qu’elle pouvait. Maintenant, je pars dans l’invisibilité de la nuit, emporté
dans la fourgonnette bleue de la Criminelle.
Mon père était mort le mois dernier ; il était mort très riche et ses
richesses avaient été partagées entre mon frère et moi, y compris la maison de
notre père, plus grande que toutes les autres dans la ville de Lyon. On décida de
vivre ensemble dans la maison, mais mon frère devait partir rendre visite à des
amis. Je lui dis au revoir et il partit. Je ne fis rien d’intéressant pendant l’autre
part de la journée à part un footing avant de me coucher.

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Je me réveillai avec un bon mal de tête et je vis par terre un bol cassé en
mille petits morceaux. Je vis aussi de la nourriture, sur la table, à moitié mangée
et un verre bu, mais encore mouillé. Là, je commençai à avoir peur, alors je
rangeai tout ça, mis un peu d’ordre, et je fermai la porte à clé.
Je partis dans les rues de Lyon, un peu hagard, effrayé par la scène que
je venais de voir. J’entendais des grincements et des cris d’enfants. Je sentais la
peur qui montait dans mon cœur. Cette peur n’était pas comme toutes les autres
peurs dans ma vie, c’était comme si un être me regardait, caché par les ombres
de ma maison. L’être essayait de me rendre fou, mais il n’allait pas y arriver, je le
tuerais. A partir de là, je fus certain qu’un fantôme hantait mon domicile.
Dès ce moment-là, je ne rentrai plus dans ma maison sans un couteau ou
quelque chose que j’aurais pu utiliser pour me défendre. Lors des trois jours qui
suivaient, je ne rentrai pas dans ma maison sauf pour dormir et manger.
Je pensais à un plan pour tuer l’être qui me rendait si fou. Cet être qui
pouvait toucher les choses, sentir les choses, goûter les choses, était un être
comme nous, mais invisible. Comment pouvais-je le tuer ? Ses tactiques étaient
supérieures aux miennes, sa cervelle était supérieure à la mienne, et il me
semblait impossible de le tuer.
C’est là que j’ai eu l’idée, l’idée qui me semblait simple. J’ai décidé de prendre
l’être par surprise, quand il mangerait son pain de bon matin, je lui sauterais
dessus et je le tuerais. Mais d’abord, je rentrai et prononçai clairement mes
intentions, pour lui dire, pour ne pas le piéger. Je lui ai donc quand même donné
une chance en lui disant qu’il avait une journée pour sortir de ma maison.
– Être maléfique, si vous ne sortez point de ma maison, je vais vous
tuer ! lançai-je tout fort dans la maison.
J’entendis une voix basse qui me disait :
– Je ne sortirais point, j’aime ce domicile.
Alors, je mis mon plan en action. J’attendis jusqu'à ce que l’être entre dans la
maison. Je vis sa silhouette et je bondis ; je tranchai sa chair sans même
regarder. Finalement, après 20 minutes, j’ouvris les yeux et sur le sol, je vis mon
frère, mon propre frère, terrassé par ma faute.
J’écris cela dans la prison de Lyon. Maintenant, je vois mon erreur et je
regrette, je ne peux plus vivre sans culpabilité. Je suis fou, je suis dangereux et
le monde sera mieux sans moi. J’ai encore mon couteau, ils ne l’on pas trouvé.
Je suis prêt. Je vais me tuer.


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Joyeux Noël, par
Julia

L’hiver de mes 13 ans, je vivais à Paris dans un appartement avec mon père.
J’allais fêter mes 14 ans dans deux semaines. C’était la veille de Noël.
J’attendais impatiemment le coucher du soleil. La tradition familiale voulait qu’on
ouvre la moitié des cadeaux le soir, et les autres le lendemain matin. Mon père,
Roger, pratiquait le métier de médecin. Il revint à 18h de son travail avec les bras
plein de cadeaux. En voyant la neige qui tombait de ses épaules quand il entra,
je courus à la fenêtre. Dehors, il neigeait. Il faisait si beau. Les lumières aux
couleurs brillant sur les arbres, et les gens qui rentraient chez avec les bras plein
de cadeaux pour faire surprise à leurs familles, me remplissaient de joie.
J’entendis un homme ivre qui chantait un air joyeux. Il chantait toujours à la
même heure chaque soir sur le coin de la rue. J’allai rejoindre mon père dans la
cuisine. L’appartement avait un air de fête, avec le bruit de la radio qui jouait des
chansons de Noël, les guirlandes qui brillaient à la lumière des bougies, et mon
père qui chantait tout en liant une sauce forestière. Ce soir semblait être le seul
jour de l’année où nous allions manger un grand banquet délicieux. Mon cher
papa avait préparé du poulet et il avait cuit lui-même le pain. Tout à coup, le
téléphone sonna. C’était l’hôpital qui appelait mon père. Il y avait eu un accident
de voiture et il devait partir immédiatement pour l’hôpital. Il y avait toujours
quelqu’un qui mourait ce soir-là et c’était toujours mon père qui devait s’occuper
du malade. Il partit et me laissa seule dans l’appartement. Frustrée, j’allumai la
télé et je la regardai pendant plusieurs heures. Il était tard. Je m’endormis sur le
canapé.
Je fus transportée dans un endroit inconnu, complètement noir. Après quelques
minutes, je vis mes mains. Elles étaient presque transparentes. Je me trouvais
dans une allée sombre. Je marchais en avant et je voyais un enfant coucher sur
le sol, pleurant avec un couteau dans sa main. Je faillis vomir. Devant moi se
trouvait le corps d’une jeune fille d’une quinzaine d’années. Elle avait été mutilée
et tuée par cet enfant. J’essayais de voir le visage de l’enfant. C’était moi… Je

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sursautai. J’étais de nouveau sur mon canapé. J’avais rêvé.
Dans la cuisine, je trouvai mon père qui cuisinait. Je vis plein de cadeau sur la
table. Rien n’avait changé. La journée passa normalement et je ne pensai plus à
mon rêve. Je regardai de nouveau par la fenêtre la scène que j’avais trouvée si
gaie le soir d’hier, mais je n’y trouvai que la tristesse. Mon père devait à nouveau
retourner à l’hôpital donc j’étais seule. Je regardai par la fenêtre et je cherchai
l’homme ivre qui se trouvait toujours au coin de la rue ; mais il n’y était pas. Je
remarquai aussi une fissure dans l’immeuble où l’homme se tenait normalement.
Je fermai les rideaux. Je me consolai en me disant que c’était simplement mon
imagination qui me jouait un tour. Je fermai les rideaux et je m’assis devant la
télé mais je n’avais pas envie de la regarder. La disparition de l’homme saoul et
l’apparition de la faille me troublaient l’esprit. Ça faisait plusieurs heures que mon
père était parti et je commençais à m’inquiéter. A chaque bruit je sursautais et je
commençais à transpirer. De nouveau, le téléphone sonna. Je décrochai le
téléphone. C’était la police. Je tombai à genoux en poussant un cri de détresse.
C’était mon père. Il s’était écrasé en voiture contre un mur et la porte de la
voiture l’avait écrasé. Il souffrait beaucoup. Je pris un taxi pour l’hôpital. Tout se
passait trop vite. Quinze minutes plus tard, j’étais à ses côtés et je lui tenais la
main. Nous pleurions ensemble. Il n’y avait plus rien à faire. Je voyais la peine
dans son visage. Sentant son dernier moment venir, il me regarda dans les yeux
et il me chuchota:
- Elle est là, elle est là, cours ma fille, cours! Elle vient pour toi!
Je ne compris plus rien. Où aller? Qui venait pour moi?
Je sortis de l’hôpital en courant, la sécurité essaya de me retenir mais je courus
de toutes mes forces. Je ne pouvais pas réfléchir clairement. Je courus de toutes
mes forces et j’arrivai dans un parc inconnu. J’essayai de dormir sur le banc,
mais j’entendis des bruits inquiétants et la voix de mon père me hantait. Enfin, le
matin arriva. Je vis un journal par terre. Je le ramassai. Je vis une photo de
l’accident de mon père. Je vis distinctement une fissure dans le mur, la même
que j'avais vu la veille.
Je rentrai à la maison. J’étais complètement affolée. Je ne savais plus où aller.
Je m’assis devant la télé comme la veille au soir, quand tout était encore normal.
Je ne savais pas quoi croire. Existait-il une connexion entre ce mur brisé et la
mort de mon père ? Je ne savais point. Plusieurs heures passèrent et je restai
assis. J’avais peur. La voix de mon père résonnait dans ma tête. A chaque bruit,
je sursautai. Je sortis pour prendre de l’air. Là ! Je vis une ombre rétrécir dans
l’allée. Était-ce une hallucination ? Je ne savais point. Je courus dans sa
direction. Il n’y avait rien. Je ressortis dans la rue dans la lumière des
lampadaires. La nuit commençait à tomber. Je voyais à peine l’autre côté de la
rue car une brume légère était tombée. Je vis autour de moi des ombres danser
dans le vent. Je commençai à courir mais je ne savais pas pourquoi. Je me
trouvai dans un coin de la ville où je n’étais jamais allée. J’entendis un
frissonnement derrière moi. Je retournai. Je ne vis personne. Un cri humain me
fit frissonner. Toujours personne. Tout à coup, un frisson de froid me parcourut
l’échine. Une goutte tomba du ciel. Mais je ne vis pas de nuage dans le ciel. Je
regardai de plus près cette goutte. Ce n’était pas de l’eau mais du sang. Je
regardai partout mais je ne vis pas la source de ce liquide infâme. Une autre
ombre, plus grande que les autres s’approchait de moi. J’entendis un grincement
derrière moi et le mur se fissura. Je courus pour m’enfuir, mais je tombai sur mon
visage. Je ne vis plus rien et je perdis la connaissance.


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Je me réveillai à l’hôpital. J’avais mal partout. J’y restai pendant plusieurs
heures. Un inspecteur vint me parler. Il croyait que c’était un fou qui m’avait
attaquée mais j’étais sûre qu’il y avait un rapport avec l’attaque de mon père. Je
sortis d’ailleurs en même temps que lui, car il était guéri. Nous rentrâmes à la
maison ensemble. Le matin suivant, je me réveillai avant mon père car j’avais
encore eu encore ce rêve où je me voyais tuer un proche. Donc, je suis sorti
pour faire une promenade et pour prendre de l’air. Je me retrouvai à l’endroit de
l’attaque. Par terre, je vis des traces de sang. Je les suivis pendant une
quinzaine de minutes. Je me retrouvai devant une porte. Je reconnus cet endroit.
C’était l’allée de mon rêve. J’ouvris la porte lentement. Il faisait noir dans la salle.
Je trouvai une lampe à l’huile et je l’allumai. Je faillis m’évanouir. Je vis une
dizaine de corps mutilés. Je reconnus celui de l’homme, la veille de Noël.
Immédiatement, je regrettai d’être venue sans l’avoir dit à personne. Je n’en
croyais pas mes yeux. Je marchai quelques pas. Dans un coin, je reconnus mon
père. Son corps était déchiré en deux. Mais, ce n’était pas possible car j’avais vu
mon père la veille. Je ne compris rien. Je ressortis dans cette salle hantée en
courant. Dans la lumière du jour, je regardai mes mains. Elles étaient couvertes
de sang. Je ne pouvais pas oublier le souvenir de cette salle et elle me hante
jusqu'à ce jour. Qui avait fait cela ?

Il commença à pleuvoir. Je rentrai chez moi. Il faisait noir dans l’appartement. Je


m’endormis sur le canapé. Je fis un cauchemar horrible. Je voyais les corps
opaques des victimes dans la salle maudite. Je me réveillai. Il faisait encore
noir. Je n’étais plus dans mon lit et je cherchai la porte de la chambre mais je ne
la trouvai pas. Je m’assis dans un coin et restai jusqu'à l’aube. Dès les premiers
rayons de soleil, je vis que je n’étais plus dans ma chambre mais dans une allée.
C’était le même du jour qu’auparavant. Je vis une fissure dans le mur. Je
poussai un cri qui fit fuir les oiseaux. Devant moi, je vis un corps mutilé. Ces
organes étaient déchirés et il était allongé dans une flaque de sang. A côté de
lui, je trouvai un couteau dont la lame était recouverte de sang. A nouveau, je
regardai mes mains. Etait-ce moi qui avait tué tous ces innocents pendant que je
n’étais pas consciente ? Je sortis de l’allée en courant. Mais j’étais encerclée par
la police !
Je criai que j’étais innocente que je n’avais rien fait. La police possédait trop de
preuve que j’étais le meurtrier. Ils me prirent dans leurs voitures et
m’emmenèrent au poste de police. Je pleurais. Je ne voulais pas y croire, mais
tous les souvenirs de ces soirs où j’étais sorti de la maison, quand mon père
n’était pas là, laissaient croire que j’étais en réalité parti tuer le premier passant
qui croisait mon chemin.
- Mais ce n’était pas de ma faute, criai-je, car je n’avais pas conscience de ce
que je faisais !
Je fus emmenée chez plusieurs docteurs et ils conclurent que j’étais folle. Ils
m’ont envoyée à l’asile. J’y restai pendant des dizaines d’année avant qu’on me
laisse partir, car les médecins disaient que j’étais guérie. Mais ils ne savaient pas
que chaque soir, j’avais le même cauchemar et je me réveillais à la porte de ma
chambre avec une arme dans la main. Mais, encore aujourd’hui, je ne sais
toujours pas d’où viennent les fissures que provoquaient mes crimes dans les
murs.


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Conte à faire peur, par Katherine

Ah, enfin, le repas est fini, les enfants se lavent les dents, je viens de finir
la vaisselle, et je m’effondre dans mon fauteuil, m’enfouissant sous mon masque,
pour déconnecter. La fatigue envahit mon corps, et je me laisse emporter par ma
nostalgie.
Toute ma vie défile dans ma tête. Je sens ma mère me toucher lorsque
j’ai 2 ans, lorsque je reviens du parc à cinq ans et saute dans ses bras. Je revois
mes huit ans lorsque mon petit frère arriva dans ma vie. Ah ! Et un des meilleurs,
la photo de ma graduation du collège. Et puis mes années en lycée. J’ai gradué
au top de ma classe et j’ai obtenu une bourse pour aller à Montpellier.
Finalement l’histoire la plus bizarre de ma vie me revient. J’avais à peine 17 ans
et j’avais été choisi pour un stage de formation à l’hôpital Salpetrière, à Paris
près, de chez moi, avec mon meilleur ami. Un peu plus que vingt internes y
travaillaient. J’étais un des plus jeunes qui se trouvaient là cette année. La
première semaine se passa tranquillement. Mais après, les choses sont
devenues plutôt bizarre. Je m’en rappelle comme si c’était hier. Tout juste après
la visite d’un homme lui aussi plutôt bizarre. Je parlai à la réceptionniste de
l’hôpital quand un homme sortit du bureau du Docteur Eishenfier, le docteur le
plus qualifié dans l’hôpital. Au moment où je quittais la jeune femme, l’inconnu
perdit un document qui navigua dans les airs avant de retomber sous le bureau.
Je le ramassai, et me précipitai pour le rendre. Mais lorsque je me retournai,
l’homme avait disparu. Je tournai la feuille pour voir ce que je devais en faire.
Sur cette feuille était inscrit un contrat qui expliquait que docteur Eishenfier
devait insérer une sorte de médicament, non pas un médicament… mais un
poison. Alors le docteur devait insérer ce poison dans le corps du patient qui
s’appelait Rio Larson. Je lus que le poison s’appelait Xyngo. Soudain, je me
rappelai de mon cours de sciences, quelques mois auparavant, dans lequel on
avait appris les différents poisons. Xyngo était l’un des plus dangereux. Une fois
inséré dans le corps humain, il arrêtait tous les organes et la personne mourait

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instantanément. Après que le poison était émis dans le corps, le docteur devait
mettre le corps dans une salle à la température de -67˚ sans que personne ne
sache rien de tout cela. Le contrat avait été signé le jour même et l’opération
était prévue pour la semaine suivante. C’était étrange. Je me mis à surveiller sa
porte. Le Docteur Eishenfier ne vint pas le lendemain. Quelques jours passèrent
avant qu’il ne revienne. Une semaine passa et je commençai à observer des
choses bizarres. En premier, deux des internes sont sortis pour le déjeuner et ne
sont pas revenus à 13h. Le soir seulement, ils arrivèrent en ambulance : du sang
jaillissait de dizaines de coups de couteau tout autour de leur corps. Ils étaient
encore vivants mais en train de souffrir au point que l’un avait demandé qu’on
l’endorme parce qu’il n’en pouvait plus. Puis le jour suivant, la réceptionniste a
été trouvée morte ; la police disait qu’elle avait été poignardée à mort mais je
n’avais rien vu. Deux jours passèrent tranquillement après cela. Mais le troisième
jour, un docteur a été trouvé mort dans une des salles vides prévues pour les
patients, avec une lettre à côté de lui. Lui aussi avait été tué d’un ou plusieurs
coups de couteau. Mais cette fois, le meurtrier avait coupé la tête du docteur et
l’avait mise sur l’oreiller avec le couteau dans l’œil. Le corps du docteur avait été
jeté par terre et lorsqu’on le trouva, il baignait dans une mare de sang, son sang.
Lorsque j’entendis cette histoire, je voulus quitter l’hôpital, et repartir chez moi,
mais Guillaume, mon meilleur ami, voulait rester. Je ne voulais pas le laisser tout
seul avec ce meurtrier mystérieux en train de tuer tout le monde. Je restai donc
pour Guillaume, mais je savais qu’il y avait quelque chose de terrible qui allait se
passer et j’ai prié chaque nuit que cette chose ne m’arriverait pas, à moi ou à
Guillaume. Ce qui faisait plus peur c’était que la police ne pouvait pas trouver qui
était ce meurtrier. Les inspecteurs ont tout essayé, en vain. Une semaine passa
sans qu’un autre meurtre soit commis. Tout le monde croyait que ce meurtrier
était parti. Après tout, il n’avait pas attaqué depuis une semaine, ce qui
correspondait à la plus longue pause depuis qu’il avait commencé ses crimes.
Une des internes, une fille qui avait un peu près dix-huit ans, entra dans les
toilettes pour se maquiller et sortit en criant à l’aide. Elle disait qu’elle avait vu
une petite fille morte dans les toilettes. Je courus dans sa direction pour voir de
quoi elle parlait. Soudain, j’aperçus du sang venant du plafond des toilettes. Je
regardai et vis une petite fille suspendue au plafond transpercée par cinq lances.
Il fallut appeler la police qui s’occupa de l’affaire.
Quelle étrange histoire ! Cet homme, Rio Larson, demandait qu’on le tue,
et puis des gens commençaient à mourir en grand nombre. Alors, je marchai
encore une fois dans le foyer lorsque j’aperçus Rio Larson ! Impossible, il devait
être mort mais je le voyais devant moi. Je m’approchai pour voir plus clairement,
quand tout à coup, il disparut. C’était absolument inexplicable. Mais j’étais sûr
que je l’avais vu. J’hallucinais… Pourtant, ce n’était pas mon genre. Je me suis
dis que j’étais juste fatigué et je rentrai dans ma chambre pour dormir. Lorsque je
m’assis sur mon lit, je réfléchis, et me demandai si je verrais encore une fois Rio
Larson ? Allais-je disparaître comme les autres ? Réapparaîtraient-ils un jour ?
C’était l’après midi. Nous, les internes, nous étions en plein entraînement à la
réanimation lorsque j’entendis des gémissements. Puis des cris de plus en plus
forts. Soudain tous ces bruits se sont arrêtés. J’étais le seul qui avait réagi .
C’était comme si personne d’autre ne les avait entendus. Je me tournai pour voir
si mon meilleur ami, Guillaume, avait aussi entendu ces bruits mais je ne le vis
pas. J’avais entendu cette voix avant j’en étais sûr. Je cherchai dans ma
mémoire si je pouvais identifier cette voix, mais non personne ne me revint en


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mémoire. Je sortis de la salle où nous nous entraînions et j’entrai dans les
toilettes des garçons. Je regardai dans le miroir lorsqu’une des portes des
toilettes s’ouvrit. C’est là que je vis mon meilleur ami accroché mort avec un
couteau dans le cœur. J’en perdis la voix. Je pleurais, pleurais de tout mon
cœur. C’était lui qui gémissait. Mon ami, mon pauvre ami…lui qui avait tant de
joie dans son cœur. Je me retournai vers le miroir et inscrivit en rouge sang le
nom Rio Larson. S’il venait pour me chercher maintenant ? Je devais l’éliminer
avant qu’il ne m’élimine moi. Je pris donc le corps de Guillaume et sans dire un
seul mot, je l’ai caché dans ma chambre. Je mis des gants et je enlevai le
couteau du cœur de mon ami. Je fis attention à ne pas toucher le couteau et je le
mis dans un sac plastique. Je voulais qu’on passe un test DNA sur le couteau
pour que je puisse trouver Rio Larson. J’appelai la police et décrivit ce que
j’avais vu dans les toilettes. L’inspecteur prit le couteau pour passer les tests et
chercher le meurtrier. Je quittai la formation, je n’en pouvais plus, avec tous ces
morts, tout particulièrement celui de Guillaume. Le laboratoire renvoya plutôt vite
les résultats de l’analyse du couteau. Une semaine plus tard, la police me
téléphona pour me les communiquer. On n’avait trouvé aucune marque sur le
couteau, à part les traces du sang de Guillaume. L’inspecteur conclut que
Guillaume s’était suicidé. Moi, j’étais le seul qui croyait cela impossible. Après
tout, je le savais plus que tous les autres. Longtemps, l’histoire me hanta.
Jamais, jamais je ne passai un jour sans penser à Guillaume, à voir l’image
horrible dont j’avais été le témoin dans les toilettes. L’après midi de la mort de
Guillaume. Jamais je n’entendis plus parler de Rio Larson. Jamais je n’ai raconté
cette histoire, à personne...
Soudain, j’ouvre les yeux. Je suis en train de pleurer. J’aperçois mes
enfants. Ah ! Oui, je dois les mettre au lit. J’oublie qu’aujourd’hui, c’est mon tour.
Mes enfants me regardent avec des yeux pleins de questions. Ma femme entre
dans la salle, elle vient de finir de nettoyer la cuisine et voit mes yeux. Elle
appelle aussitôt les enfants et les met au lit. Puis elle revient s’asseoir à côté de
moi, le regard interrogateur. Je la rassure comme je peux, lui promettant que
mon émotion n’a rien à voir avec elle ou les enfants. Je décide qu’à partir
d’aujourd’hui, j’enterre cette histoire de mes pensées.


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Déménagement, par Katrina

C’était une belle journée. Mais une journée aussi belle que celle-là
annonçait des malheurs. Il faisait beau le matin mais le soir s’assombrit.
Je me souvenais de l’histoire comme si elle s’était passée hier. J’avais sept ans.
Le vendredi treize avril 1963, ma mère m’annonçait qu’on allait déménager. Ne
sachant rien de la nouvelle maison, je me suis dit qu’on allait faire la fête.
Malheureusement, à l’arrivée à notre nouvelle demeure, j’avais la chair de poule.
Mes parents m’avaient dit que c’était moins cher ici et que on ne devait pas
payer chaque mois. Elle était vieille, avec des chauves-souris au plafond, des
insectes sur les murs, les peintures déchirées, des portraits des fantômes et de
la poussière partout. C’était à la campagne. Il n’y avait pas beaucoup d’espace
dans la maison mais un grand jardin. Au fond de jardin, on voyait des tombes,
comme un petit cimetière fait maison. Je remarquai même un miroir, dans un
coin, tout rouillé. Je pensais que ça serait un cadeau parfait pour la chambre de
ma mère. C’était le soir et tout était noir. Il y avait un orage et pas d’électricité.
On utilisait des bougies pour s’éclairer. Je montai dans ma chambre. Sur le
chemin, les escaliers craquaient. Posées sur les bords de l’escalier, des petites
statues me faisaient des grimaces. Une fois dans le lit, je ne pouvais pas dormir.
C’était le même rêve chaque nuit. Un démon venait chez moi et me
possédait. Je tuais des gens, j’étais devenue un monstre. Et puis… je me
réveillais dans le noir silencieux effrayé.
Au matin, mes parents partirent pour le travail, alors je restai à la maison
toute seule avant d’aller à l’école. J’avais une heure avant que l’école
commence. Une heure toute seule. Une heure pour penser au cauchemar d’hier,
Je descendis dans le noir avec une bougie car les fenêtres de notre manoir
n’étaient pas assez grandes pour laisser passer la lumière. J’avais fait mon petit


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déjeuner quand, sur la table, je vis le journal. Je lus que pendant la nuit un
monstre avait attaqué les voisins et les avait tués tous. Je me rappelle comment
j’avais renversé mes céréales avec le lait.
Après l’école, en rentrant, j’avais peur. Le soir, en montant me coucher, je
me sentais très malade et je me réveillai une fois de plus dans le noir, en
transpirant, comme si je venais de courir un kilomètre ! Pourtant la nuit était
froide, agonisante et sans émotion.
Chaque jour, je voyais le journal et je lisais la même chose. La chose la
plus horrible qui aurait pu m’arriver c’était la perte de quelqu’un. Quelqu’un de
spécial. Ma mère. L’histoire me montrait quelqu’un qui était entré dans la
chambre de mes parents. Une fille sautait sur ma mère, et la battait jusqu’elle
mourut. Ce n’était pas la seule chose horrible ce jour-là. Je regardai dans le
miroir et me vis la première fois, plus âgée, d’une trentaine d’années et j’avais
pourtant sept ans. La deuxième fois, je me vis avec une grimace et du sang
partout, comme un monstre. Puis la troisième fois, je ne vis rien, comme si j’étais
invisible. Je vis juste le lit à côté de ma mère. Non seulement j’eus peur mais j’ai
fait tomber le miroir ! Le miroir ne s’était pas brisé. Il se tournait vers ma mère et
je sus la réalité.
Dans le miroir, c’était impossible à croire mais vrai. Comme un film, le
miroir montrait quelque chose. Ce qui s’était passé la veille. Quelqu’un entrait
dans la chambre, comme mon père avait dit. Je le reconnus. C’était moi entrant
avec les yeux rouges. Je sautais sur ma mère et la tuais d’une manière horrible.
Au début, c’était une hallucination. Mais voyant ma mère morte pour de
vraie, j’étais complètement épouvantée. Je me sentais possédée.
Si le meurtrier était en fait moi, alors il fallait encore le prouver. Car je me
demandais bien comment je pouvais agir de la sorte alors que j’étais censée être
au lit. Alors, avec une corde, de la colle super collante, et un vase d’eau, je tentai
de vérifier si j’étais un monstre ou pas. Premièrement, j’attachai une corde au
col d’un vase rempli d’eau. Je posai le vase sur l’étagère au-dessus de mon lit.
Je m’attachai au lit avec l’autre bout de la corde. Pour mieux me retenir, je versai
une colle forte sur le nœud que j’avais fait. Les cordes me retenaient, et si
j’arrivais à me libérer le vase d’eau tomberait et m’indiquerait si j’étais sorti de
mon lit ou pas. Je m’endormis ainsi, et si je me rappelle bien, je me vis me
retenir de tuer mon père.
Le lendemain, je me réveillai, surprise tout attachée et le vase d’eau
rempli. J’avais mis tellement de colle sur la corde que je ne pouvais plus me
détacher. J’appelai mon père qui me vint en aide. Il me prit pour une folle, mais il
défit mes liens aussitôt. Maintenant, il suffisait de voir s’il y avait eu des morts
pendant la nuit. Nous allâmes voir le miroir du salon, ceux qui me reflétaient en
monstre.
Je convainquis mon père que le miroir était maudit. Il m’aida de la vendre
à un antiquaire. Malheureusement, quelques mois après, cette histoire bien
oubliée, j’appris par l’antiquaire à qui nous avions vendu le miroir que l’un
acheteur avait disparu. Les policiers avaient retrouvé des morceaux de verre du
miroir à son domicile, et avaient presque réussi à le réassembler, mais un bout
du miroir resta mystérieusement introuvable.


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Prémonition, par Kimberly

Cette histoire se passe le vendredi 13 septembre 2004 en Provence.

Assis dans ma chaise longue devant mon mas de Provence magnifique à


Cotignac, je regardais mes vignes, plantées en belles rangées, sous le soleil
brûlant de Sud. Pour moi, tout allait bien. Mes vignes me donnaient du bon
raisin, qui me donnait du bon vin. Je n’avais rien à craindre. Je possédais tout ce
qu’il me fallait. La vie naviguait sans l’ombre d’une vague pour moi.
Mon voisin, M. Lito, comme toutes les semaines venait m’apporter un petit
paquet de lavande. Ah, la bonne odeur de cette petite fleur violette. Je l’invitais à
venir manger ma ratatouille et à boire un peu de vin. Et comme toutes les
semaines, il me disait :
- M. Rézhain, votre vin est toujours aussi délicieux et succulent, ainsi que votre
ratatouille.
Toutes les semaines, il venait, commentait mon vin et ma table, et m’offrait un
bouquet de lavande. Ce cher M. Lito me rendait la vie encore plus agréable, et
plus parfaite.

Mais la récolte du vin avait commencé. J’étais tellement heureux et excité avec
l’odeur parfumée du jus de raisin frais. Malheureusement, j’allais encore devoir
attendre un long mois pour remplir ma réserve. Pour fêter cet événement
important avec M. Lito, j’allai chercher dans ma cave une bonne bouteille de vin
qu’il m’avait offerte. Enchanté par cet événement, je ne marchai pas, mais je
courus à ma cave tout fraîche qui sentait toujours le raisin. J’allumai la lampe,
descendis les marches raides, et pris la bouteille de 1919. Couverte de
poussière, elle devait être nettoyée ! Je pris un vieux chiffon, et l’utilisai pour
frotter la bouteille. Soudainement, j’entendis une voix grave, mais aigüe à la fois :
- M. Rézhain, vous allez mourir dans un accident de voiture aujourd’hui même.
Vous allez rentrer dans une voiture rouge.
Je sortis de ma cave à vin en quatrième vitesse avec la tête qui tournait. Etais-je
devenu fou, ou avais-je halluciné ? Arrivé à la salle à manger, je vis M. Lito plié
en deux, avec la main couverte de sang. Une profonde coupure entaillait son

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pouce droit. Maladroit, il avait utilisé un couteau très aiguisé afin de préparer le
bon jambon de pays, qu’il avait lui même apporté. Vu l’état de sa main et la
couleur blanchâtre de son visage, je savais que je devais prendre ma voiture
pour aller à l’hôpital afin de trouver un docteur pour lui mettre des points de
suture. Je vivais seul dans mon mas de Provence, et personne d’autre que moi,
ne pouvait l’aider. Mais j’allais mourir en voiture. Mon désir de sauver M. Lito
surpassait ma peur de mourir. Et grâce à lui ma vie avait pris une tournure plus
agréable… beaucoup plus agréable. Je le mis sur la banquette arrière de ma
voiture, sautai au volant, et fis rugir mon moteur, conscient pourtant que la vie
pouvait changer comme cela, en quelques secondes. Que s’était-il passé ?
Avais-je été victime d’un mauvais sort, d’un sortilège ? Et pourquoi moi ? De
toutes façons, je sentais que j’allais bientôt mourir... Mais d’un autre côté, je
savais que cela n’était pas nécessaire de se questionner autant.

Je mis mon pied sur la pédale pour rouler le plus rapidement possible.
J’entendais M. Lito gémir sur ma banquette arrière, et se rouler en boule pour
supporter la douleur. Il devait vivre une souffrance horrible. Finalement, je vis
l’hôpital en face de moi. Pouvais-je y arriver, ou allais-je mourir dans les derniers
mètres ? Je fis encore rugir mon moteur, et appuyai sur la pédale plus fort que
jamais. Mais aucune voiture n’était en vue. Allais-je donc mourir sur le parking ?
Mon corps tremblait de peur. Je perdis presque le contrôle de mes mains.
Soudainement, je vis une voiture arriver droit devant moi. Dès qu’elle se trouva
devant moi, elle disparut. Avais-je subi une autre hallucination ? Que se passait-
il ? Soudainement, je vivais un véritable cauchemar. Je freinai brutalement. M.
Lito tomba de ma banquette arrière, et se releva lentement, effrayé.
Je scannai le parking à la recherche d’une place pour me garer. Aucune en vue,
et subitement, une autre voiture disparut. Que se passait-il ? Je devais me garer,
donc, je pris la place de cette voiture fantôme. Mais, était-ce normal ? Je n’avais
jamais eu d’accident de voiture ? Alors, ce devait être une hallucination
complète. Le deuxième gémissement de M. Lito me fit revenir au présent. Je le
sortis de la voiture, l’amenai à l’entrer de l’hôpital, et pris une chaise roulante. Je
le mis dedans, et marchai aux urgences le plus rapidement possible.
Arrivé au comptoir, je vis une jeune femme aux yeux bleus, assise dans une
chaise noire. Je lui expliquai ce qui était arrivé à M. Lito, sans bien sûr, lui parler
de mes hallucinations. Je voulais résoudre moi-même ce problème de vision.
Sinon, les médecins pouvaient aussi me jeter dans un asile, croyant que j’étais
un fou. La femme conduisit M. Lito dans une salle, et elle me proposa de le
suivre. J’acquiesçai, et la suivis. Elle me guida dans les couloirs. On n’entendait
seulement nos pas qui raisonnaient. J’observai les peintures sur les murs pour
me distraire des idées horribles qui me hantaient, et regardai devant pour
continuer à suivre l’infirmière. Soudainement, je vis une autre voiture qui me
fonçait dessus. Et la même voix qui m’avait parlé ce matin dans ma cave.
- M. Rézhain, vous allez mourir dans un accident de voiture aujourd’hui même.
Vous allez rentrer dans une voiture rouge.
Je pris une chaise qui se trouvait juste à côté de moi pour me protéger, comme
un bouclier. Et comme dans mon hallucination précédente, la voiture disparut
juste devant moi. La femme, croyant que j’allai la frapper pour je ne sais quelle
raison, partit en courant et en hurlant dans le couloir. De mon côté, je fonçai vers
la sortie de l’hôpital, et courut chez moi, pour ne pas prendre la voiture, pour ne
pas avoir d’accident, pour rester en vie. M. Lito était resté en plein milieu du


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couloir, ne sachant pas quoi faire. Il hurlait pour que quelqu’un vienne l’aider, et
cinq médecins arrivèrent et se demandèrent ce qui s’était passé. Je courus de
toutes mes forces, aussi vite que je le pus, pour atteindre mon mas de Provence
le plus rapidement possible. J’étais à bout de souffle, il fallait que je revienne au
réel. Il fallait que j’arrête toutes ces hallucinations. Finalement, après tant d’effort,
mon mas de Provence se tenait devant moi. Devant ma demeure, une Volvo
rouge était garée, avec un conducteur dedans. A qui appartenait cette voiture ?
Caché derrière un arbre, j’observai la voiture minutieusement avant d’examiner
le conducteur. Ce conducteur, je le reconnus immédiatement pour n’être
personne d’autre que moi, et un frisson d’horreur me parcourut le dos. J’étais
près à m’évanouir, à perdre conscience. Je voulais m’échapper de cette voiture,
mais à la fois, je voulais m’en approcher. L’envie de l’observer m’envahit. Je fis
quelques pas, très doucement et silencieusement. Je touchai la vitre de cette
voiture mystérieuse. Dès le premier contact avec cette glace, un frisson me
parcourut le dos. J’avais la chair de poule, et cette peur m’avait glacé le sang.
Brutalement, je regardai devant moi, juste au bout de mon doigt, et je ne vis rien.
J’avais froid jusqu’aux os : la voiture avait…disparu ! Comment était-ce
possible ?
Je crus alors, de tout mon cœur, que quelqu’un, sans savoir qui, m’avait jeté un
mauvais sort, ou un sortilège. Pourtant, j’étais sûr que je n’étais pas devenu fou.
J’entendais vraiment ces voix qui me hantaient, et ces Volvo rouges, qui me
rentraient dedans, et qui disparaissaient au dernier moment. Ma vie avait suivi un
chemin tranquille; et plus parfait que jamais. Et maintenant, en l’espace d’une
petite minute, tout avait complètement basculé, et ma vie était devenue un
enfer…l’Enfer. Alors, je devais explorer les environs pour savoir quelle était cette
Magie diabolique qui me hantait.
Je trouvai refuge dans les rangées de mon vignoble, en dégustant quelques
grappes de raisin par ci et par là. Cette petite marche me détendit car depuis au
moins quinze minutes, je n’avais entendu aucune voix, et ne n’avais vu aucune
voiture fantôme. Je continuai à marcher entre les vignes, quand subitement, je
commençai à trembler. Mais pourquoi ? Que se passait-il ? Ma tête commençait
à vibrer. J’avais l’impression qu’elle allait exploser. J’entendis des voix dans
mon cerveau, qui sonnaient en moi comme ceci: « M. Rézhain, vous allez
mourir dans un accident de voiture aujourd’hui même. Vous allez rentrer dans
une voiture rouge. » Cette phrase qui se répétait sans cesse me hantait jusqu’au
bout de mes ongles. Je mis mes mains sur la tête, pour essayer d’empêcher ces
sons horribles de m’atteindre. Malheureusement, ces sons me parvenaient
toujours. Je ne pouvais plus être dehors, je devais aller à l’intérieur pour me
remettre les idées en place. Je courus donc dans ma chambre, au deuxième
étage de mon mas de Provence. Je ne pouvais plus mener une vie aussi horrible
que cela. Je trébuchai plusieurs fois dans les escaliers en marbre, et me relevai
le plus rapidement possible à chaque fois. Ma vie était devenue un enfer.
Arrivé dans ma chambre, je fermai la porte à clé, fermai les volets pour n’avoir
aucune lumière dans ma chambre. Je devais être dans le noir complet pour
pouvoir réfléchir. Je m’allongeais dans mon lit, et me glissai sous ma fine
couette. Alors, je sentis la couverture en cuir de mon carnet, sur la table de nuit,
et le posai sur mon lit. Je l’ouvris, sans savoir à quelle page. Je passai ma main
dessus, en sentant le papier fin et lisse. Il fallait que je réfléchisse à la cause de
ces hallucinations ridicules. Il devait, il devait y avoir une réponse. C’était
obligé… Et tout à coup, une idée germa dans ma tête. Peut-être, ses voix se


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créaient grâce au vent qui soufflait dans les feuilles de vignes. Peut-être, alors,
n’avais-je pas halluciné. Mais, alors, pourquoi avais-je vu ces Volvo rouges qui
me rentraient dedans ? Peut-être, j’étais tellement certain que cet accident allait
se passer, que mon cerveau créait ces images. Alors, je n’aurais pas d’accidents
de voiture, et je ne risquais pas mourir ! J’étais tellement sûr de moi-même et de
cette pensée que je décidai de revenir à l’hôpital pour récupérer ma voiture, et la
ramener chez moi. Finalement, j’allais encore avoir la paix dans ma vie, et cet
Enfer allait disparaître.
Arrivé à l’hôpital, je sautai au volant de ma voiture, et fit rugir le moteur. Le bruit
me faisait mal aux oreilles. Je mis ma ceinture en cuir, et sortis du parking géant,
pour gagner la route à deux voies. J’étais tellement sûr de moi-même, tellement
sûr que je n’allais pas avoir d’accident, que j’appuyai sur l’accélérateur de toute
ma force. Le moteur rugit de nouveau. Je passai à la première intersection, au
feu orange. J’allais passer, j’allais passer…mais trop tard. Et juste à ce moment
là, juste quand le feu était devenu rouge, une voiture me rentra dedans. Mais pas
n’importe quelle voiture, une Volvo rouge. Et cette voiture n’était pas une voiture
fantôme, mais une vrai Volvo rouge, bien réelle et solide. Le choc avait été
tellement brutal et terrible, que l’air bag sauta à mon visage, comme pour me
dévorer. J’avais l’impression qu’un rocher géant m’était rentré dedans. J’avais
l’impression que c’était la fin du monde. Et je perdis connaissance…
Quand je revins à moi, je m’aperçus que je ne m’étais pas fait mal du tout. Cela
me prit au moins une minute pour réaliser ce qui venait de se passer. J’étais
rentré dans une voiture et avais perdu conscience. Mais le conducteur de l’autre
voiture, comment allait-il ? Avait-il survécu à l’impact causé par ma Volvo rouge ?
J’espérais qu’il allait bien, j’espérais… Mes mouvements étaient lents et
finalement, je décidai d’aller le voir pour savoir dans quel état il se trouvait. Il
avait des égratignures sur le visage, du sang coulait le long de sa joue. Son bras
et sa jambe étaient disposés dans une position bizarre. Son visage me fit
ressentir une douleur atroce.

Car je venais de soulever le corps inanimé de mon frère jumeau qui me


ressemblait tant. J’écris aujourd’hui ce témoignage de la maison de santé où les
docteurs m’ont conseillé d’aller. J’ai abandonné mon vignoble à M. Lito, qui
passe me voir régulièrement pour me donner des nouvelles des grappes qui
mûrissent à l’automne.


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Mon voisin, par Marcel

En Septembre, nous nous sommes rencontrés chez mon ami Pierre, moi, Jean
et Jaques pour jouer aux cartes. Pendant que l’on jouait, je commençai à
raconter une histoire. Passionnés par mon récit, ils arrêtèrent de jouer pour
m’écouter autour du feu.
Cette histoire se passait à Banyuls, un petit village près de la mer, il y a
cinq ans quand j’étais en train de cultiver le raisin pour faire du vin. Je n’avais
qu’un seul voisin autour de moi. On se voyait assez souvent parce que l’on
travaillait tous les deux la vigne. Mais un jour, je partis à Perpignan pendant une
semaine pour voir ma famille, et, quand je revins, je ne vis pas mon voisin. Je
regardai dans sa maison, sur la plage, mais rien. Plus tard, en observant ma
vigne, je vis un corbeau en train de manger quelque chose sur les arbustes
chargés de grappes, chez mon voisin. Mais je ne voulais pas entrer chez lui
sans lui demander son accord. Je réfléchis pendant un certain temps et je me
décidai à aller voir ce que le corbeau était en train de manger, c’est alors que je
vis une chose atroce. Au début, je ne compris pas ce que c’était. Mais quand je
regardai plus près, je vis que c’était le corps de mon voisin sur les treilles de la
vigne : il était séché par le soleil.
Cela me fit très peur. Donc pendant toute la journée je restai dans ma
maison souffrant de terreur et de paranoïa, ne comprenant pas ce qui était

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arrivé. Etait-ce un meurtre ? un accident ? Qui avait fait une chose pareille ?
J’étais probablement la seule personne à avoir vu le corps. Je fermai ma porte et
mes fenêtres à clés. Finalement, la police fut avertie et la famille de mon voisin
vint un jour plus tard pour l’enterrement. Pour la première fois depuis trois jours,
je sortis de ma maison. A l’enterrement, j’avais très peur comme si j’allais mourir
aussi de la même façon que mon voisin, de la même raison mystérieuse. Je
regardai le corps de mon voisin pour la dernière fois, pendant que ses proches
étaient en train de faire une prière. J’observai le corps de plus près, car on
n’avait toujours pas compris les raisons de sa mort. Il n’y avait pas de coup de
fusil dans son corps, pas de coup de couteaux. Il y avait seulement des
morceaux desséchés de son corps dans le cercueil. Tout à coup, je vis sur sa
figure, plus exactement sur son front un tatouage de scorpion qui était en train de
pleurer.
Le lendemain, j’allais à la police pour dire ce que j’avais vu. Les policiers me
répondirent qu’ils ne pouvaient rien faire pour moi, que le cadavre avait déjà été
enterré et que je devrais rentrer à la maison pour me reposer.
Une semaine plus tard en rentrant chez moi, je ne pensais qu’à ce
tatouage de scorpion sur le front de mon voisin. Avant que je parte voir ma
famille, il n’avait pas de tatouage sur son front ou sur lui même en général. Je
ne compris pas, parce que quand je l’avais vu sur les treilles de la vigne, il ne
m’avait pas semblé avoir vu cette tache immonde sur son front. Je me demandai
alors si, par hasard, son meurtrier était revenu sur les lieux du crime pour lui
infliger cette dernière mutilation, pour montrer que c’était lui qui avait tué cet
homme. Quelques jours plus tard, je vis sur la route un agneau mort, celui-ci
n’avait pas de blessure. Je regardai le corps pendant un moment, très
attentivement, puis je me mis à penser au dessin qu’on avait retrouvé sur le front
de mon voisin. Je regardai le front de cette pauvre bête, et je vis le scorpion qui
pleurait.
En rentrant à la maison, j’étais très troublé comme si quelqu’un était en
train de me prendre mon âme, de l’arracher de mon corps. Comme je me
sentais très fatigué, je m’assis sur mon canapé et m’endormis pour un bon bout
de temps. Lorsque je me réveillai, quelqu’un frappait à la porte. Mais quand
j’ouvris la porte, il n’y avait personne. Je fermai la porte et quelqu’un retapa à la
porte. Personne ne se montra. Je commençai à prendre peur, mais tout de
même, je sortis pour voir si quelqu’un se cachait sur le côté de ma maison, rien.
En marchant vers la porte de ma maison, j’entendis un bruit à l’intérieur quelque
chose qui se cassait quand j’entrai, une des fenêtres était cassée. Cela me mit
en rage, et je hurlai que j’allais prendre mon fusil. Donc, je descendis au sous-
sol de ma maison pour prendre le fusil que mon père m’avait donné avant sa
mort. Quand je montai à l’étage, je ne vis personne. Je fouillais partout, soudain,
dans le miroir de ma chambre, je vis un petit homme qui courait dans ma
direction. Rapidement, je me retournai mais l’homme avait disparu. A ce point
précis, j’eus très peur, je ne compris pas ce qui se passait. Donc, j’observai
encore une fois le miroir, ce que je vis était un vieil homme qui portait des habits
tout déchirés. Il me semblait qu’il venait de sortir de prison. Tout à coup, je
sentis la colère qui m’envahissait. Furieux, j’arrêtai de regarder dans le miroir et
je sautai en arrière pour l’attraper. Je tenais l’homme et je commençai à lui
donner des coups de poing. Après un moment, je me rendis compte que j’étais
en train de taper dans mon oreiller.


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C’est alors que, pris de panique et par peur de devenir fou, je décidai d’appeler
mon médecin. Celui-ci arriva immédiatement. Je lui racontai mes hallucinations
en tremblant de peur. Le médecin m’envoya à l’hôpital pour soigner ma
paranoïa. Je décidai de déménager, de changer de région, pour oublier ces
mauvais moments. J’ai toujours peur des scorpions. Heureusement, à Paris, il
n’y en a pas.
Lorsque j’eus fini mon histoire, mes amis me regardèrent étrangement et
nous décidâmes de continuer notre partie de cartes.

Le stylo, par Margot

Aujourd’hui, il faisait un temps magnifique ; il ne faisait n’y trop chaud, n’y


trop froid. Le temps idéal pour se promener dans la ville de Marseille et savourer
pleinement ma dernière journée de liberté : car demain, je rentrais en terminale.
Mais la rentrée n’était que demain et aujourd’hui j’étais encore libre. Sans m’en
rendre compte, je me retrouvai au Vieux Port. Je m’assis au bord de l’eau pour
admirer les voiliers, les petits bateaux à moteur, les immenses paquebots, les
bateaux de pêche mais aussi les mouettes et les pêcheurs. Je restai là des
heures entières. Quand j’eus un peu frais, je décidai de rentrer dans mon petit
studio au Cours Julien.
Ce matin, le réveil sonna mais je ne l’entendis pas car je dormais trop
profondément. Quand, finalement je me réveillai, je me rendis compte que si je
ne me dépêchai pas, j’allais être très en retard pour mon premier cours.
L'éphéméride indiquait le 1er septembre. Donc, je m’habillai en deux secondes,


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mangeai en trois, et courus le plus vite que je pouvais pour aller au lycée. Mais
pendant ma course folle, je renversai un vieil homme. Je lui dis :
—Ah mon Dieu, excusez-moi, je ne vous avais pas vu !
—Ce,… ce n’est pas grave, me répondit-il d’une voix que je trouvai préoccupée.
Je l’aidai à se relever. Je découvris qu’il avait fait tomber un magnifique stylo
plume. Je le ramassai et le lui tendis.
—Tenez monsieur, vous avez fait tomber votre stylo plume, lui dis-je, j’espère
que la plume ne s’est pas cassée par ma faute !
—Tant mieux si elle s’est cassée, elle a fait trop de victimes comme ça ! répondit
le vieil homme. Et sur ces mots, il disparut ! Je le cherchai un peu mais quand je
découvris que maintenant j’étais plus que très en retard, je courus au lycée.
En rentrant chez moi, le soir, je me rappelai du stylo du vieil homme. Je le
ressortis mais en le touchant, un frisson me parcourut le corps, inexplicable,
comme si quelque chose venait d’entrer dans mon âme. Je me repris et
examinai le stylo de plus près ; doté d’une plume d’un rouge sang, il était
entièrement noir. Je pris une feuille de papier pour l’essayer. Il écrivait
magnifiquement bien. Sa plume glissait sur le papier. Mais, d’un seul coup, un
deuxième frisson me parcourut le corps, mais cette fois, plus fort, plus intense et
contre ma volonté, j’écrivis sur le papier le nom « Louis Lacroix » Je restai assis
dans mon fauteuil plusieurs minutes, sans bouger, comme assommé par
l’expérience que je venais de subir. Puis je me ressaisis et en me disant que
c’était seulement une coïncidence, j’allais faire mes devoirs, manger et aller me
coucher. Toute la nuit, je fis d’horribles cauchemars à propos de stylos qui
commettaient d’horribles meurtres. Et j’étais sûr que celui qui commandait ces
meurtres n’était autre que moi! Finalement, vers six heures du matin, je me
réveillai, en sueur.
J’allai me laver et découvris que ma main était couverte d’encre! Je n’y
comprenais rien. En prenant mon petit déjeuner, je lus le journal d’aujourd’hui.
D’un seul coup, dans la page des décès, mes yeux se posèrent sur un nom
familier : Louis Lacroix !! Le commentaire expliquait qu’on avait retrouvé le corps
de cet homme, dans son lit mais on pouvait lire sur son visage les atroces
souffrances dont il avait été victime.
Son corps, couvert de tout petits trous, faisait penser qu’on avait tué l’homme à
coup de stylo à plume, dont on s’était servi comme d’un poignard ! Sur la paume
de sa main, on pouvait voir une tache d’encre rouge, comme une sorte de
signature du tueur. Comment se faisait-il qu’hier, j’avais écrit le nom de mon
voisin presque contre ma volonté, que toute la nuit, j’avais fait d’horribles
cauchemars à propos de meurtre, que le matin, je me sois réveillé avec la main
couverte d’encre et que maintenant mon voisin mourait mystérieusement, sous
les coups d’un stylo plume ! Et si c’était réellement moi qui commettais ces
meurtres ? Mais non, ce n’était pas possible ! Je n’ai jamais été somnambule !
Ca ne pouvait être qu’une horrible coïncidence ! Et sur cette pensée. Je partis au
lycée.
En cours de français, mon stylo tomba en panne, donc, je dus me
résoudre à utiliser le stylo du vieil homme. Tout se passa bien jusqu’au moment
où le même frisson que la veille me parcourut, me glaçant le sang jusqu’aux
ongles et comme la dernière fois, j’écrivis ou plutôt le stylo écrivit le nom « Laure
Olivier », car j’étais sûr que c’était lui, et non moi, qui dirigeait cette plume
maléfique.


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Elle aussi habitait dans mon immeuble ! Tous les jours, je la rencontrais devant
les boîtes aux lettres. Cela me perturba toute la journée. J’essayai de ne pas
m’endormir mais le sommeil gagna et je m’endormis. Je fis encore ces
cauchemars mais cette fois, je commandai des stylos qui tuaient, c’était moi-
même qui les faisais. Le matin, je n’osai pas regarder le journal de peur
d’apprendre un nouveau meurtre. En allant au lycée, j’entendis des passants
parler d’un certain mystérieux meurtre. Je pensai qu’ils parlaient de Louis
Lacroix, mais le nom « Laure Olivier » me fit changer d’avis. A en croire les
passants, la femme était morte de la même façon que Louis. Instinctivement, je
regardai ma main et vis avec effroi qu’elle était encore couverte d’encre. En me
levant, j’étais tellement traumatisé par mon cauchemar que j’avais oublié de
regarder. Ainsi, c’était bien donc moi qui commettais ces horribles meurtres. Je
repartis donc en courant chez moi pour y laisser le stylo, affolé à l’idée que j’aie
pu commettre de tels crimes. Mais même au lycée, je sentis que l’âme du stylo,
vivait en moi comme pour me forcer à écrire le nouveau nom de notre victime.
Mais, d’un seul coup, je n’écrivis pas le nom, il surgit dans ma tête : « Caroline
Drancour », une autre habitante de mon immeuble !!
Le soir, je décidai de vérifier une bonne fois pour toute si c’était bien moi
qui commettais ces meurtres. Je savais que les somnambules, s’ils regardaient
par exemple comment ouvrir une serrure, pouvaient la rouvrir sans problème la
nuit. Et comme je n’avais pas cours le lendemain, je pourrais organiser mon
expérience. Je fis donc appel à un serrurier et lui demandai de m’enfermer dans
mon studio et de revenir le lendemain m’ouvrir. La nuit, je fis encore d’horribles
cauchemars, toujours les mêmes. Le matin, je découvris que j’avais de l’encre
sur ma main ! Le serrurier vint m’ouvrir :
- Eh bien jeune homme, y’a de l’activité dans votre immeuble ! Je
viens de croiser la police.
- La police ? répétai-je interloqué.
Sur ce, il me quitta avant que je n’aie eu le temps de le remercier et je descendis
en courant les marches de la cage d’escalier pour aller acheter le journal. A la
une, un titre me frappa de stupeur. Caroline Drancour avait été assassinée de la
même façon que les autres, cette même nuit. Mais comment aurai-je pu tuer
quelqu’un en étant enfermé dans mon studio ?
D'un seul coup, les derniers mots du mystérieux vieil homme me revinrent à
l’esprit « Tant mieux si elle s’est cassée, elle a fait bien trop de victimes comme
ça ! ».
Et si le stylo était le seul auteur de ces meurtres et que pour me rendre fou, il
mettait de l’encre sur ma main. Mais comment aurait-il pu quitter mon studio ?
Soudain, je me rappelai qu’un trou de souris reliait les deux studios, le mien et
celui de Caroline Drancour. J’allais voir le trou et découvris qu’il était assez grand
pour qu’un stylo passe à travers. Mais un stylo ne peut pas marcher ! Un stylo
n’est même pas vivant. Comment des choses pareilles pouvaient me venir à
l’esprit !
J’allai prendre mon petit déjeuner pour chasser de mon esprit ces
pensées absurdes. Puis je posai sur la table le stylo maléfique, quand celui-ci fit
quelque chose d’irréel. Il s’éleva dans les airs comme si quelque chose ou
quelqu’un le prenait. Puis il écrivit sur le papier qui était posé sur la table le nom
de sa prochaine victime. Quand il eut fini, il se reposa sur la table à l’endroit
exact où il était. Je me penchai pour voir se qu’il avait écrit et j’eus presque un
malaise en lisant le nom. Il avait écrit « Bertrand Mayar » !


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Mon propre nom ! Ainsi donc il avait choisi de me tuer moi à présent ! Je
décidai de quitter la ville, de partir très loin mais je ne pus ouvrir la porte de mon
studio ! Comme si une force invisible me retenait prisonnier dans mon studio ! Ce
satané cadenas que j'avais fait poser la veille s'était refermé et je n'en
connaissais pas la combinaison. Je dus donc me résoudre à rester dans mon
studio en attendant que le serrurier, que j'avais rappelé, repasse à la maison. Je
tentai d'appeler ma mère, en vain. J’essayai de faire mes devoirs, mais je ne
parvins même pas à écrire un mot tellement mon esprit était occupé avec cette
affreuse nouvelle. Puis une idée me vint en tête, et si j’essayai de casser la
plume du stylo ! Je pris un petit marteau et je commençai à frapper la plume qui
paraissait si fragile mais à la fois si meurtrière ! Au lieu de se casser sous le
premier coup de marteau, la plume resta intacte ! Après avoir tenté de la détruire
plus de dix fois, inutilement, j’aboutis à une conclusion irréelle : la plume était
indestructible !
Donc, toute la journée, j’attendis que la nuit vienne, la languissant et la
redoutant à la fois. Je me disais qu’une fois mort, tout cela serait fini. Plus
personne ne mourrait par ma faute. Puis, pour faire passer le temps, je me mis à
prier, moi qui n’ai jamais été croyant, je me mis à prier toutes les religions qui
existent et qui ont existé. Pendant toute la journée, je sentis que l’âme du stylo
était tout près de moi, qu’il me guettait en attendant le meilleur moment pour me
tuer, comme fait une lionne quand elle guette l’antilope. Et ce serrurier qui
n'arrivait pas... Je me sentais faible, impuissant devant l’horrible réalité qui
m’attendait patiemment, comme si elle pouvait m’attendre toute l’éternité. Enfin,
j’allai dîner et me coucher, laissant un dernier message au seul homme qui aurait
pu me sortir de là. Quand ma tête toucha l’oreiller, une force nouvelle entra en
moi, une force qui me disait de me battre, pas de laisser ce stylo me tuer. Donc
je me levai et allai lire un livre pour rester éveillé. Toute la nuit, je résistai au
sommeil mais vers quatre heures du matin, il l’emporta et je m’endormis.
Dans mon sommeil, d’un seul coup, mon corps fut traversé par des
douleurs atroces, comme si mon corps était en feu ! Puis, aussi vite qu’elle est
arrivée, la douleur repartit. Je me réveillai en sursaut dans mon lit er je regardai
mon réveil/calendrier. C’était le 1er septembre ! Ainsi tout ça n'avait-il été qu’un
horrible cauchemar ! Je descendis pour me rendre au lycée et je vis Louis
Lacroix, Laure Olivier et Caroline Drancour ; ils étaient bien toujours vivants.
Cette nouvelle me soulagea. Mon regard tomba sur ma main et je découvris par
contre quelque chose d’étrange et d’horrible : elle était couverte d’encre !!! Mais
alors… Je ne trouvai jamais d'explication à cette tache qui mit quelques
semaines à partir. Mais je me souviendrai longtemps de ce cauchemar, qui m'a
bouleversé.


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31 octobre, par Mariam

Chaque année, je fête mon anniversaire le jour d’Halloween. C’est donc


pour moi une fête toute particulière, où je m’amuse plus que tout le monde. Mais
l’année dernière, les choses ne se sont pas passées de la façon habituelle. J’ai
eu la peur de ma vie. Voici ce qui s’est passé.
D’abord mes amis et moi nous nous sommes tous réunis chez moi pour pourvoir
partir de la maison tous ensemble. Je vivais dans un voisinage inimaginable, par
la beauté des jardins et la grandeur des maisons. En partant de la maison, toute
maquillée et déguisée, nous nous sommes risqués d’aller dans chaque maison,
même si nous étions effrayés. En premier, nous avons marché dans le quartier
en voyant toutes les maisons, décorées avec des ornements d’Halloween. Une
maison semblait tout noire, avec des cris sortant d’un des chambres. Au derrière,
dans un grand jardin à l’herbe morte sans couleur, des araignées rampaient
autour du cimetière et nous vîmes des squelettes, qui devaient être en plastic
mais qui nous firent bien peur. Les fenêtres avaient l’air cassées, et la peinture
du mur semblait arrachée. Cette maison sûrement très sombre, se trouvait plus
loin toutes les maisons, presque comme une illusion d’un diable. Je n’osais pas
aller dans celle-là, car ça paressait terrifiant.
Alors, mes amis ont décidé d’aller dans les maisons qui faisait moins peur au
début, et de finir par celles qui nous effrayaient trop. Nous avons commencé
alors par les maisons sur la droite, où moins de gens se promenaient. En
marchant, tous fous de joie, et riant de notre propre peur, je m’aperçus que nous
étions tous seuls dans les rues. Mais, en y regardant de plus près, nous
remarquâmes quelqu’un qui nous avait suivis. Je croyais peut-être voir une
illusion, mais dans toutes les maisons que nous étions allées pour faire « Trick or
Treat », cette ombre nous avait suivis. Je n’arrivai pas à voir qui c’était, mais je

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commençai à sentir une panique épouvantable monter en moi. Je riais moins, ou
alors en me tenant sur mes gardes. Nous continuâmes de marcher comme si on
ne savait pas, pour ne pas paniquer, et essayâmes de nous amuser quand
même. Finalement, nous passâmes par toutes les maisons, récupérant du même
coup une grosse quantité de bonbons.
La seule maison qui restait semblait être la maison hantée, celle que nous
n’avions pas osé aller voir. Avec la lumière de la pleine lune, je vis encore le
monsieur mystérieux qui nous avait suivi, et je commençais à imaginer tout un
tas de choses horribles qui risquaient de nous arriver. Au même moment, nous
étions sur le point de frapper à la porte de la maison effrayant. Je me retournai,
et vis clairement son costume Vénitien, si effrayant et effroyable, avec sa cape
noire et son masque. Les décorations sur le chapeau, les bijoux sur la cape, et
plusieurs garnitures sur le masque, m’empêchaient de voir son visage.
Finalement, la porte de la maison hantée s’ouvrit, et nous y entrâmes, avec tous
les autres enfants de notre âge. Tout le monde paressait terrifié, comme si une
grande tragédie se jouait. Ce n’était pas habituel. Normalement tout le monde
s’amusait, mais cette année ne ressemblait pas aux autres. Mes amis et moi
avançâmes en premier. En marchant dans la pleine nuit, j’entendis des bruits.
Tout à coup, un monstre géant nous prit les pieds. D’un côté, on voyait plein de
personnes déguisées avec des masques, d’un autre on voyait la porte qui
semblait être entourée de fantômes et des gens avec plein de sang sur leur
figure, peut être mort. Je criai du plus fort que je pus :
‐ Foustene ! Les filles ! Aidez-moi !
‐ Je ne peux pas ! Je ne peux plus bouger, je suis perdue ! entendis-
je…
‐ Moi aussi ! Ah ! Que devons-nous faire alors ?
Puis, je n’entendis plus sa voix, je vis seulement le noir. Toutes les lumières de
la maison s’éteignirent. Je tremblais de peur, et frissonnais tellement, que je
croyais que j’allais mourir. Brusquement, je vis le monsieur qui nous avait suivis
avant. Il nous regarda par la porte, sans émotion. Mon anniversaire se présentait
comme un cauchemar qui n’en finissait pas, et je vivais la plus grande horreur de
ma vie. Je n’arrivais même pas à y croire. Pourquoi est-ce que j’avais aussi
peur ? Aujourd’hui, le jour d’Halloween, un jour plein d’angoisse, c’était normal
non ? Peut être ce n’était seulement une hallucination ? Je ne savais rien.
Nous étions entourés, dans la maison, par d’autre gens, criant et pleurant.
Il semblait y avoir une pleine lune, mais nous nous trouvions toujours dans le
noir. Nous marchions quelques minutes, essayant de nous retrouver. Nous
pouvions seulement entendre des voix. Tout à coup, je n’arrivai plus à voir, et je
tombai par terre, sur le sol. Mes amis se sont retrouvés à la porte, mais en pleine
confusion. Qu’est-ce qui se passait ?
Je me réveillai, dans les bras de l’homme et je faillis avoir une crise
cardiaque. Car j’avais bien reconnu le monsieur qui nous suivait, celui - dont on
ne pouvait pas voir la figure. Je n’arrivai pas à voir dans cette sombre nuit. Je ne
voyais qu’un peu de lumière par la porte, où mes amis s’étaient réunis. Je ne
comprenais pas ce qui se passait. Je me mis à crier et à appeler au secours,
tandis que l’homme qui me tenait paraissait calme et déterminé. Quand mes
amis arrivèrent, je poussai un soupir de soulagement et j’arrachai son masque à
l’homme.
Je réalisai alors que le monsieur dont les bras se trouvaient autour de
moi, n’était autre que mon père. C’était lui qui nous suivait, pour être sûr qu’on


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ne fasse pas de bêtises et surtout, pour qu’il ne nous arrive rien. Je fus soulagée,
car ma grande terreur était partie. Toutes les malédictions auxquelles je croyais
s’étaient montrées fausses, et finalement, je me souviendrais longtemps de cet
anniversaire bouleversant.

Rachida et l’être, par Marie

Vendredi 13 mai :
Aujourd’hui c’est le plus beau jour de ma vie ! Je m’appelle Rachida Khalil,
j’ai 14 ans et malheureusement, je suis aveugle. Mais aujourd’hui, mes parents
viennent de m’apprendre que je vais aller dans un hôpital pour aveugle et je vais,
j’espère retrouver la vue ! Vous imaginez, j’ai perdu la vue à l’âge de 5 ans et
mes parents économisent de l’argent depuis plusieurs années pour pouvoir
m’offrir une opération et pour guérir mes yeux malades. C’est un médecin de
France qui a fait de très bonnes études, qui va m'opérer. Il se nomme David, et
veut relever le défi dans l’hôpital l’Hotel-Dieu dans Paris. Je vais reprendre goût
à la vie, je vais apprendre à lire avec mes yeux, voir le soleil dont il me reste
quelques souvenirs et je vais être normale !
Cinq heures plus tard…Ça y est ! Je suis arrivée, l’infirmière m’a placée dans
mon lit. Mes parents avaient des regards inquiets quand ils ont vu l’état de
l’hôpital, mais moi je m’y sens très bien. L’opération de mes yeux se fera demain
matin. Je ne peux pas attendre. J’ai remarqué que je suis la seule patiente dans
ce tout petit hôpital dans lequel on ne trouve qu’une bonne sœur religieuse, deux
infirmières, une qui travaille le jour et l’autre la nuit, et un médecin avec qui j’ai
déjà bien sympathisé. La nuit approche et je vais bientôt aller me coucher. Je
n’aime pas beaucoup être seule dans cet hôpital mais je suis trop excitée pour
avoir peur. Et puis, j’ai toujours la clochette que l’infirmière donne à ses malades
en cas de besoin.

Samedi 14 mai :
J’AI RETROUVÉE LA VUE !! Personne n’imagine la joie que je ressens, je peux

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tout observer et tout voir ! C’est si beau de regarder ce qu’il se passe dans le
ciel, les oiseaux, les couleurs, les nuages et surtout les fleurs et les papillons. Je
veux crier au monde qu’il est merveilleux. Mais il n’y a pas que les merveilles du
monde qui m’intéresse, j’ai aussi vu mon visage dans un miroir, j’ai beaucoup
changé depuis mes 5 ans, et je pensais que je serais plus moche que ça. Mes
parents, qui sont venus me rendre visite étaient ravis de me voir aussi heureuse
et souriante. Pour fêter ça, ils m’ont emmenée au restaurant de l’autre côté de la
Seine, puis ils m’ont ramenée à la clinique et sont repartis. Je suis tout excitée à
l’idée d’avoir retrouvé la vue, mais quelque chose me dérange. Depuis que j’ai
retrouvé la vue, je ressens une présence et une angoisse qui s’empare de moi
dès que le soleil se couche. Que m’arrive t-il ? Je me le demande…

Lundi 16 mai :
Mon état s’aggrave, j’angoisse de plus en plus, je veux sortir de cet hôpital mais
le docteur compte me garder ici encore quelques temps. D’ailleurs, j’ai surpris
une conversation entre lui et la bonne sœur dans la cuisine de l’hôpital ; j’ai tout
entendu... je me tenais derrière la porte. Ils semblaient tous deux angoissés et la
bonne sœur prit la parole en premier :
—Vous m’avez l’air inquiet, je suppose que vous êtes au courant vous aussi.
Le docteur avait hoché de la tête pour dire oui. Et la bonne sœur continua la
conversation:
—Je sais qu’elle est toujours là, quelque part, et sûrement à l’étage du haut
qu’on a abandonné. Elle devient de plus en plus agitée, je l’entends sonner la
clochette treize fois tous les soirs à minuit pile !
—Oui, mais qui vous affirme que c’est elle ? Je pense que notre petite Rachida
est très agitée elle aussi. En ce moment, il se peut qu’elle soit somnambule.
Malgré cela, je reste toujours aussi inquiet, cette folle qui nous hante mérite bien
l’asile. Je la tuerai s’il le faut !
—Chut ! Elle pourrait t’entendre !
—Ne t’inquiète pas, et pour l’instant veille bien sur Rachida, car je ne veux pas
qu’il lui arrive le moindre malheur.
Elle acquiesça et repartit faire ces prières.
Mardi 17 mai :
J’ai peur…Je ne sais plus quoi faire…Dois-je partir ? Aujourd’hui, la bonne sœur
a été tuée ! On l’a découverte morte dans la petite salle de la chapelle, nue et
pendue, elle avait aussi était torturée et sur le mur, il était écrit : « L’enfant doit
me rendre MA vue » …J’ai peur…Très peur… Elle veut que je reperde la
vue mais c’est tout ce que j’ai dans la vie aujourd’hui. J’ai décidé d’aller à
l’étage…Je ne reviendrais peut-être jamais, mais…Ma décision est prise.

Vendredi 20 mai :
J’y suis allée, et je vais raconter toute l’histoire : je suis allée à l’étage, et là, j’ai
entendu des bruits bizarres : je me suis retournée et j’ai vu une petite fille avec
de long cheveux noirs qui couvrait son horrible visage plein de cicatrices. Elle
avait aussi des bottes en métal d’hôpital et un appareil dentaire attaché au crâne.
Ses yeux étaient pleins de haine. En la regardant, j’ai pris peur et je me suis
enfuie mais elle se déplaçait avec une rapidité incroyable et elle se retrouva en
face de moi en un instant. Elle essaya de me tuer en m’étranglant, et de me
torturer avec un bâton de fer tout en essayant de m’arracher les yeux mais, je
l’assommai avec un vase qui se trouvait sur une des tables pleine de poussière.


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Le docteur arriva quelques secondes plus tard et avec son couteau et il la tua,
sous mes yeux. Aussitôt, un cri de petite fille retentit dans la nuit, j’avais peur. Il
me rassura et me dit que je ne pouvais parler de ça à personne ! C’était notre
secret. Nous partîmes l’enterrer dans le parc à côté de l’hôpital. Je repartis me
coucher et vers minuit, je me réveillai car j’avais froid. À ma grande surprise, je
me retrouvai dans le parc à l’endroit où l’on avait enterré cette fille tueuse ! Elle
était là, devant moi. J’avais le souffle coupé, je me souviendrai toute ma vie de
cette sensation de malaise. Et oui ! Vous l’avez deviné…Devant moi se trouvait
le fantôme de cette fille qui avait essayé de me tuer. J’ai eu la plus grande et la
plus forte peur de ma vie. Quand, soudain, j'effaçai toutes ces pensées terribles
qui me passaient par la tête, car elle commença à parler avec une voix douce.
Surprise, j’osai lui jeter un œil, elle avait beaucoup changé, son visage n’avait
plus aucune cicatrice et ses cheveux semblaient être en harmonie avec le ciel de
la nuit. Cela me rassura, mais j’avais encore un peu peur. Elle me dit qu’elle ne
me ferait aucun mal. Au bout d’un instant, je la crus et je m’avançai avec
courage. Elle me raconta toute son histoire. Comme j’étais très curieuse je
l’écoutai et je n’essayai pas de m’enfuir. Voici en résumé son histoire qui me
surprit énormément : Elle commença par me dire « Fais attention au docteur ».
Surprise, je lui demandai pourquoi et elle me répondit la chose suivante:
—Tu croyais que c’était moi la folle dans cette histoire ? Et bien non ! C’est lui le
fou, le docteur, c’est lui qu’on devrait tuer, pas moi !...Il y a longtemps, j’étais
aveugle comme toi, et tout s’était bien passé, il m'a permis de retrouver la vue.
Mais après une semaine, il m’annonça que mes parents étaient morts dans un
accident de voiture et que j’étais orpheline. Je le crus car il avait une grande
tristesse au fond de ses yeux et n’importe qui aurait pu le croire, alors qu’en
vérité, c’était un grand mensonge, mes parents étaient vivants. Le docteur leur
avait dit que j’étais morte pendant l’opération. À la suite de cet événement, il
m’emmena à l’étage qui était condamné. Il me rendit folle tout au long de ces
années, il me racontait des horreurs et me faisait penser à mes parents tout le
temps. Enfin, il m'hypnotisa et m'influença en me disant que je ferais une bonne
meurtrière. Alors, il m’ordonna de tuer la bonne sœur, car elle commençait à
avoir des doutes. J’étais devenu folle à lier ! Mais maintenant, je suis libre et je
peux enfin reposer en paix et, il était de mon devoir de te prévenir car je ne suis
pas la seule fille à qui il a fait du mal psychologiquement. Je ne veux pas que ça
t’arrive. Je dois partir maintenant, mais une partie de moi restera dans ton esprit,
donc ne te fais pas de soucis...

Voilà ce qu'elle m'a dit. J'en suis encore toute bouleversée. Je ne sais pas si je
dois dormir cette nuit. Mais j'aimerais tant que mes parents arrivent. Ai-je rêvé ou
pas...

Dimanche 22 mai :

Mes parents ne sont toujours pas venus me chercher, ils devraient être arrivés
depuis longtemps…Je commence à me demander si toute cette histoire est
vraie.

Vendredi 13 juin :
L'aventure se termine bien !! Je suis soulagée. Ce qui m'est arrivé est fabuleux.
Quelqu'un aurait appelé la police, la nuit du 24 mai, et les policiers auraient


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trouvé des preuves des actions illégales du docteur... ! Le docteur a été arrêté et
tout s'est bien passé. Mes parents étaient extrêmement heureux de me revoir,
car la veille, ils étaient venus me chercher, et le docteur leur avait refusé la visite.
Finalement, je suis rentrée chez moi. Tout est revenu à la normal, sauf peut-être
pour une chose : j'ai perdu ma clochette, c'était mon seul souvenir. Et quand je
l'ai retrouvée, elle se trouvait dans mon jardin juste à côté de la tombe de ma
grand-mère, et la terre était retournée et quelqu'un y avait posé une pierre
tombale. Mes parents ne remarquèrent rien mais, moi je compris tout de suite.
J'avais un ange gardien à mes côtés désormais. Mais cette histoire me hante et
me hantera toujours...

Avant d’ouvrir mes yeux… par Morgane

Dédié à Axelle avec qui j’ai vécu de trop beau moments pour les oublier…joyeux
anniversaire !

L’aventure que je vous conte maintenant s’est vraiment passée. Mais ce n’est
qu’après de longues discussions que mes amis et moi avons décidé que rien de
tout cela n’avait été un rêve, car nous avons beaucoup douté. Voici les faits.

Le moindre de mes mouvements nous aurait trahies, nous ne savions


pas quoi faire. Nous ne pouvions plus allumer nos lampes frontales et je retenais
ma respiration qui, malgré mes efforts, laissait paraître un souffle inquiet et

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saccadé qui me paraissait hurler notre position aux fantômes. Les fantômes dont
je vous parle, blancs comme la neige, fournissaient la seule source de lumière
de la mine où nous nous trouvions quelques heures auparavant. Deux de mes
amis gisaient près de moi…toujours en vie ? Comment pouvais-je le savoir ? Je
me demandais comment j’avais pu me mettre dans une pareille situation : Axelle,
ma meilleure amie, chancelait sur ses jambes et je me demandai d’ailleurs
comment ces dernières pouvaient encore la soutenir. Mon cœur se serrait
d’amertume, nous allions mourir, là, ensemble, tuées par des monstres qui ne
pouvaient même pas exister…
Mais laissez-moi vous expliquer. Ma classe et moi même visitions l’Angleterre
dans le cadre d’un voyage scolaire et nous avions projeté de visiter une mine au
Pays de Galle. Deux jours après notre arrivée, nous attendions par groupes dans
une salle où des hommes nous équipaient pour la visite de cette mine. Notre
guide ne cessait de nous répéter :
« La mine est immense, si grande que si vous vous y perdez, vous ne reverrez
plus jamais la lumière du jour ! Alors restez groupés, stay together !! »
Des hommes nous montrèrent comment allumer nos lampes frontales, après
avoir vérifié leur bon fonctionnement. Plusieurs groupes partirent avant nous et
quand notre tour fut venu, un ascenseur gigantesque nous fit descendre à des
milliers de mètres sous la terre, durant, me sembla-t-il, un temps indéfinissable et
infini. Le guide nous expliqua que les mineurs d’antan mettaient trois heures à
descendre les escaliers. La tache de lumière diminuait, si bien que l’homme qui
nous accompagnait nous demanda d’allumer nos lampes frontales.
La visite commença, et lorsque les portes s’ouvrirent dans un grincement de film
d’horreur qui nous fit dresser les cheveux sur la tête, nous entendîmes notre
chaperon répéter son avertissement, en ajoutant que la moindre flamme, le
moindre choc pouvait provoquer une catastrophe. Il nous expliqua que les
mineurs travaillaient dans le noir complet et, pour que nous nous mettions à leur
place, il nous demanda d’éteindre nos lampes. Plus un souffle, impossible de se
repérer dans ce noir complet certains de mes amis et moi le vivions comme un
cauchemar et il nous tardait de rallumer nos lampes…mais le guide ne
l’entendait pas de cette oreille : nous restâmes dans le noir complet jusqu’au
moment où Estelle inquiéta le groupe en prétendant que quelqu'un venait de lui
effleurer le bras et la joue. Sa remarque nous fit rire mais quand nos lampes
s’allumèrent… personne ne se trouvait assez près d’elle pour la toucher.
Saisie par une nervosité soudaine, comme je ne l’avais jamais ressenti
auparavant, je sursautai quand Axelle se glissa à coté de moi.

Nous passâmes devant les anciennes stalles des chevaux mineurs. Notre
meneur nous expliqua en passant devant que les chevaux y vivaient toute leur
vie et travaillaient toujours avec le même mineur. En tournant la tête, je vis un
objet brillant qui reflétait le faisceau de la lumière de ma lampe frontale. Il me
semblait étrangement familier malgré le fait que j’avais du mal à le
distinguer…et ma curiosité me perdit. Je m’approchai, malgré l’avertissement
que notre guide n’avait cessé de répéter depuis notre arrivée, je me penchai
pour ramasser cet objet mystérieux. Mais alors, je le tenais dans ma main… un
sentiment s’insinua dans mon esprit : la peur. Et ce sentiment grandit en moi,
jusqu’au moment où je me crus perdue. Alors, un air glacial s’engouffra dans
mes poumons, si froid que mon corps avait du mal à le supporter. Le froid de la
mort. Nos lampes frontales s’éteignirent et le cauchemar du début de la visite


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recommença…le noir, pas un souffle d’air, mais un bruit, un bruit lointain qui
nous glaçait le sang : je le reconnus pour l’avoir entendu tant de fois, le bruit d’un
cheval qui marche. Et ce bruit funèbre n’avait rien à voir avec le pas énergique et
joyeux d’un cheval vivant. Celui-ci était monotone, triste, lourd. Puis une brise
encore plus froide que l’air vint, porteuse de mort. Elle semblait apporter tout à la
fois : le désespoir, la mort, l’épouvante, et elle transportait les esprits des
mineurs qui avaient périt dans cette mine suite aux éboulements. Mes amis et
moi mourrions lentement mais sûrement, de froid et de peur. Les revenants
étaient violents. Deux de mes amis gisaient à mes pieds. L’un des fantômes
m’attrapa et me projeta contre l’une des parois provoquant ainsi un éboulement
qui résonna dans toute la mine. Je gisais dans les décombres entre la vie et la
mort, entre les pierres. Soudain, je sentis la main d’Axelle que je me mis à serrer
de toutes mes forces, sentant son pouls, je me rassurai. Mais les fantômes
continuaient à guetter, cherchant des survivants qu’ils pourraient achever.
Des voix. Lointaines, certes mais des voix. J’ouvris mes yeux…de la lumière, oui
de la lumière. Je sentis que je commençais à respirer, mais j’entendais toujours
des voix qui se rapprochaient. Alors un sentiment renaquit au fond de mon cœur.
Alors avec tout l’air qui me restait dans les poumons, je hurlai, de toute mes
forces :
« ICI !!! »
C’était tout ce que je pouvais faire, et l’air me manqua à nouveau. Avant de
m’évanouir j’entendis quelqu'un qui criait :
« Ils sont là, il y a des survivants. »
Je me réveillai dans le noir complet comme dans la mine…mais pourtant… Je
me souvenais d’avoir repris connaissance plusieurs fois…Axelle n’était pas
morte, à vrai dire d’après les médecins, nous allions TOUS nous en sortir. Tous.
Alors…j’étais vivante. Mais je n’étais pas assez forte pour ouvrir les yeux. Je me
rendormis, mon cœur explosant d’une joie indescriptible. Je sais que je reverrais
la lumière du jour, que je sentirais à nouveau les fleurs et que j’entendrais le rire
de mes amies. Ce n’était plus qu’une question de temps. Cette fois-ci, pour de
bon ! Je me réveillai ! Oui, je pouvais entendre les infirmières qui s’agitaient, les
médecins qui parlaient joyeusement et je pouvais distinguer dans cette
cacophonie la phrase qui m’avait fait rouvrir les yeux :
« Elle est la dernière à se réveiller !»
Et avant d’ouvrir mes yeux…je souris.


 62

Hallucination, par Neel

Je m’appelle Jean. J’écris cette histoire pour que tous après moi sachent ce qui
s’est passé en cette journée, la nuit du 11 juin 1844, le jour le plus complexe de
ma vie, que je ne comprends pas encore dix ans plus tard.

Je me promenais à dix heures du soir, dans la rue Dauphine à Paris, où je vivais.


Après un jour fatiguant passé au magasin, je voulais me détendre et oublier les
clients et mes factures. Dans quelques minutes, un vieux ami arriverait de Dijon
à la maison pour me rendre visite. Pour une fois, nous pourrions voir les étoiles
dans le ciel, mais il risquait de pleuvoir cette nuit-là, et il commençait à faire froid.
Je décidai de rentrer à la maison, et de lire les nouvelles à côté du feu en
attendant mon vieil ami Marc Zhou chinois. En arrivant à la maison, il
commençait à pleuvoir, et j’entrai rapidement.
J'ai vécu dans cette maison ma vie entière, et je la connaissais bien.
J'aimais particulièrement mon grand fauteuil de velours, où je m'asseyais pour
regarder les nouvelles d’un carnet que m’avait remis un ami revenu récemment
de voyage. En haut de la première page, ses observations me parurent assez
intéressantes.


 63

Nous venons de nous apercevoir d’une épidémie assez étrange
dans les pays orientaux de Chine et de l'Inde. Plusieurs
habitants souffrent d'une folie inexplicable. Ces gens disent qu'ils
hallucinent, et qu'ils voient des objets ordinaires se transformant
en quelque chose d'autre, ou ils croient qu'il existe une présence
invisible qui les tourmente dans leur vie quotidienne. Ces
personnes désespérées quittent leurs maisons et tout ce qui leur
appartient pour trouver un refuge de ces êtres et phénomènes
inexplicables, mais ils sont poursuivis par cette malédiction. Un
homme indien est venu à Paris pour essayer de trouver une
remède, et nous a parlé: «Depuis deux mois, je vois des choses
terrifiantes dans ma maison. Je ne sais plus si j'hallucine ou si
c'est la réalité. Je suis venu ici pour trouver un bon docteur. Pas
plus tard qu’hier, j'ai vu une statue se transformer en un lion qui
rugissait, et était sur le point de m'attaquer. Puis, puisque j’étais
terrorisé, je suis rentré à l'hôtel où je demeure et j'ai vu une
plume en train d'écrire, sans que rien ne la touchât. J'ai peur
d’être atteint par une maladie grave, et je cherche de l’aide ».
Les savants ne sont pas encore sûr si cette «maladie» est
contagieuse ou pas, et ils continuent leurs recherches.

En lisant cet extrait, je riais. J'étais tellement sûr que cela était impossible et que
ces hommes hallucinaient, que je ne vis pas l'ombre d'un homme traverser le sol
sans aucun corps. J'entendis du tonnerre dehors; il avait commencé à pleuvoir. A
ce moment j'entendis sonner à la porte. C'était mon vieil ami, Marc, que j'avais
rencontré au cours de nos études de droit. De descendance chinoise, il est
retourné en Chine après ses études et il revenait pour voir Paris, ainsi que moi.
Nous vînmes dans la salle où j'y étais, et je lui montrai le papier que je venais de
lire. Immédiatement, il pâlit, et dit en gémissant:
— Oui, j'en ai entendu parler en Chine. Mais je n'ai rien attrapé, rassure-toi, dit-
il sur un ton qui n'était pas très rassurant. Ce sont des temps bizarres… Tout à
coup, il y eut un éclat, et j'entendis un bruit bizarre. C’étaient les fenêtres qui
s’étaient ouvertes et qui s’ouvraient et se fermaient avec le vent. « Bizarre », me
dis-je. « C’est comme si quelqu’un les avait ouvertes de sa main, » mais je me
dis que ce devait être le vent et je me retournai pour parler avec Marc. Nous
avons parlé quelques minutes de nos vies. Marc venait d’épouser une jeune fille
chinoise, et je le félicitai, mais il me dit que ses parents et les parents de la fille
avaient décidé ce mariage, et qu’il l’aimait beaucoup mais elle l’aimait seulement
comme ami. Il était presque minuit, alors nous décidâmes d’aller dormir. Avant
que j’aille à ma chambre, Marc me présenta un cadeau venant de Chine. C’était
une robe faite en soie, considérée comme très précieuse en Chine. Je le
remerciai et je la mis dans mon armoire avant d’aller dormir.
Je passai une nuit horrible, car un cauchemar épouvantable me réveilla. J’ai rêvé
que j’avais perdu mon ombre et que je ne pouvais plus la trouver, alors je n’étais
plus un homme. Je me réveillai avec de la suie sur le front. Je regardai par la
fenêtre : il pleuvait dehors et j’entendis le tonnerre. Je descendis les escaliers
pour aller prendre mon petit déjeuner. Dans la cuisine, je retrouvais Marc. Je le
saluai, et lui demandai pourquoi il s’était levé si tôt. Il m’expliqua qu’il s’était
réveillé tôt à cause du décalage horaire.


 64

On s’était assis à la table à manger dans la cuisine. Sur le mur à ma
gauche se trouvait ma peinture préférée, La leçon d’anatomie du Docteur Tulp,
par Rembrandt. J’étais en train de l’admirer, quand tout à coup, un éclair éclata
dehors. Soudain, les éléments de la peinture se mirent à changer. La main
coupée de l’homme mort avait changé de place. Maintenant, la main brandissait
une épée à côté du cou du Docteur. Je fus pris par une terreur terrible. Je ne pus
plus bouger, et j’avais la chair de poule. Puis, il y eût un autre éclair et, quand je
regardai la peinture de nouveau, elle était normale. Je tombai sur une chaise, et
je regardai Marc, pour lui demander s’il avait vu ce que j’avais vu. Mais, avant
que je pusse lui dire quelque chose, un troisième éclair s’éclata et j’entendis un
son grinçant. C’était une cuillère, qui s’est levée toute seule et se promenait vers
le pot de confiture. Je criai et je fis un mouvement pour le saisir, mais je ne pus
le toucher. C’était comme si une barrière entre la cuillère et ma main avait bloqué
mon contact. Puis, un quatrième éclair éclata et la cuillère tomba sur la table
avec un fracas.
Cette fois, je regardai Marc. Il était extrêmement pâle, et je sus qu’il avait
vu ce que j’avais vu, et que je ne pouvais pas être le seul qui était fou.
Soudainement, je me rappelai de la revue scientifique que j’avais lue. Je pensais
que cette maladie ressemblait beaucoup à cette folie que je connaissais. Puis, je
me rappelai d’un coup que cette maladie venait de Chine. Avec un serrement de
cœur, je me tournai vers Marc, et je lui demandai d’une voix tremblante :
—Es-tu sûr que…—
Je m’arrêtai, car ce que je vis alors était plus effrayant que tous les évènements
précédents. Je l’entendis, et le vis sur le sol, en train de trembler et émettre des
sifflements horribles. Il ne pouvait plus contrôler son corps, ses articulations
tressaillaient. Je ne sus que faire ; et je ne pouvais pas bouger car j’étais planté
au sol. Puis, je ne sais plus comment et si je l’imaginais ou pas, mais je vis, je vis
distinctement le corps de mon ami qui commençait à se transformer. En premier,
ses vêtements furent déchirés par ses convulsions. Il se retrouvait tout nu sur le
sol, et il avait arrêté de bouger. Puis, il devint maigre, plus maigre que mon bras,
et il perdit sa figure. Sa peau commença à devenir verte et noire et des petites
écailles apparurent. Je n’avais jamais vu une bête pareille à celle-ci, mais j’en
avais entendu parler. C’était un python énorme, d’au moins dix pieds. Le serpent
gigantesque me vit et me regarda avec des grands yeux noirs étincelants.
Soudain, je fus pris par une forte envie de tuer cette bête. Elle avait pris la vie de
mon ami, et je désirais la voir morte. Je ne sais pas encore à ce jour pourquoi
j’avais cette volonté de le tuer. Mais, je pris le couteau qui traînait sur la table, et
d’un mouvement prompt, je lui tranchai la tête. Mais ce n’était plus un serpent.
Sur le sol, se trouvait mon ami, Marc, mort.
—Ô Mon Dieu, qu’ai-je fait ? criai-je.
D’un coup, je me réveillai en criant avec de la suie sur mon front. De la lumière
traversait des fenêtres dans ma chambre, comme si nous étions en plein jour.
J’avais dû dormir au moins treize heures. Je pensai au cauchemar que je venais
de vivre. J’oubliais déjà les détails, mais je sus que quelque chose
d’extrêmement bizarre et d’effrayant s’était passé. Je me levai du lit en souriant
un peu, car je venais de me rappeler que c’était un jour férié et je ne devais pas
aller au magasin. J’allais à mon armoire pour me vêtir avant de descendre au
petit déjeuner. Soudain, je vis une robe étrange, que je ne me rappelais pas
avoir vu précédemment. « Bizarre », pensai-je, mais la robe avait l’air d’être bien
faite et confortable, alors je la mis et je descendis pour prendre mon petit


 65

déjeuner composé de pain et de lait. Sur la table de la salle à manger, je vis une
lettre que je ne me rappelais pas avoir vue la nuit précédente. Elle m’était
adressée, alors je l’ouvris. Voici ce quelle contenait :
Mon cher Jean,
Cela fait des années que je ne t’ai pas vu ! Je sais que je t’avais
promis de venir, mais malheureusement je suis tombé malade
et tu devras attendre encore quelques mois. Les docteurs disent
que je suis atteint d’une maladie grave, avec des symptômes
comme les hallucinations. Je pense que je vois des choses en
vieillissant, mais ne t’inquiète pas, ce n’est rien de grave.
Comment te sens-tu ? Tu devrais m’écrire à ce qui se passe à
Paris.
Ecris-moi bientôt,
Marc
PS : J’ai joint un cadeau que je voulais te donner, mais puisque
je n’ai pas pu venir te voir, je l’ai mis dans cette lettre.

Tout de suite, je me rappelai de mon rêve. Mais était-ce un rêve ? Je


n’étais pas sûr, car Marc était encore vivant, il n’était même pas venu me voir.
« Pourtant, » pensai-je, « il a cette maladie que je croyais qu’il m’avait donnée.».
Je ne sus plus quoi penser. Puis, je me rappelai ce qu’il avait dit… qu’il avait joint
un cadeau à la lettre. Je le retirai du paquet. C’était une robe de soie, la même
que celle je porte en ce moment. Le choc de ce qui se réalisait me fit tomber
dans une chaise. Puis, je ris un peu. « Peut-être qu’il serait mieux de tout
oublier, » pensai-je. Je mis la lettre et les deux robes en soie dans une boîte, que
je rangeai au fond d’un placard, et j’essayais de continuer ma vie quotidienne,
qui n’est jamais revenue à la normale depuis maintenant dix ans.


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Conte fantastique, par Nicolas

28 août : Comme il faisait beau, ici à Marseille, au bord de la mer. Quel


dommage qu’aujourd’hui, ce soit le dernier jour où je profite de la maison de
plage. Il faisait un temps magnifique, là-bas. C’étaient mes grands parents qui
avaient acheté cette demeure magnifique. Depuis que j’avais seulement
quelques années, tous les étés, nous restions dans cette maison. Je me rappelle
des jours longs où je me promenais sur la plage pour y acheter des glaces.
C’était exactement ce que j’avais décidé de faire aujourd’hui.
Mon université commencerait demain, donc je devais quitter ce paradis. L’école
se situait en Bretagne, où il pleut le plus. Quel dommage !
29 août : Mon arrivée en Bretagne m’apporta seulement des ennuis. Il pleuvait,
comme il pleuvait toujours, à Lorient, où notre appartement se situait. Mais,
aujourd’hui, mes parents m’avaient offert un iPhone. Ce téléphone, j’en suis sûr,
avait couté au moins cinq cents euros. Quelle journée fantastique ! J’ai passé
des heures à rentrer les téléphones de tous mes amis et j’ai ajouté ma sonnerie
préférée.
30 août : Quelle coup de malchance aujourd’hui ! J’ai failli être foudroyé par un
éclair ! Les probabilités que cet évènement arrive sont minuscules. Ce coup de
malchance commença pendant que je revenais de l’école. Je voulais tester mon
nouveau téléphone. Mais, au moment où je lançai l’appel, un éclair descendit du
ciel pour m’assassiner. Heureusement, cette flèche céleste me manqua de
quelques mètres. Pendant l’éclair, je projetai le téléphone le plus loin possible, à
au moins 5 mètres. Je vis… quelque chose d’inquiétant. Je crus voir l’éclair
descendre du ciel et passer par le téléphone avant de repartir dans ma direction!
J’ai eu si peur, que je m’évanouis. Je me réveillai quelques minutes plus tard,

 67

pour y trouver mon téléphone dans ma poche. Je me suis demandé pourquoi je
l’ai retrouvé là-dedans. J’étais sûr de l’avoir lancé. Quel mystère !
Il était minuit et je n’étais pas encore endormi. Quelque chose me perturbait, me
troublait. Ce n’était pas le froid, ou la pluie, mais quelque chose d’un peu
plus…bizarre, exotique. Tout à coup, j’entendis une voix qui provenait de mon
téléphone ! C’était la voix d’une jeune fille. Elle me prévenait d’un grave danger.
De plus, elle me disait de détruire mon téléphone. Elle n’a point donné de raison
de faire cela. Quelle peur m’a-t-elle causée. Est-ce seulement un cauchemar, où
une hallucination ? Avant que je puisse trouver une explication pour me rassurer,
je me suis évanoui de peur.
31 août : A l’aube, je me réveille avec le souvenir d’un cauchemar horrible. Mais,
ce matin, à 7h00, pendant que je me préparais pour aller à l’école, je trouvai mon
téléphone avec quelques gouttes de sang qui provenaient sur l’écran.
Apparemment, je me suis enfiévré hier, à cause de la tempête. Donc, mes
parents m’ont laissé à la maison pour que je me repose un peu.
Quelle curiosité ! J’avais laissé mon téléphone dans ma chambre, mais, je l’ai
trouvé dans ma poche.
Il était midi et je l’ai vu de nouveau ! La fille de mon cauchemar est apparue de
nouveau, mais sous forme d’un fantôme ! Elle m’a dit les mêmes choses. Après
cette rencontre terrorisante, mon âme était bouleversée. Est-ce bien une
hallucination ? Je crus bien que c’était l’effet de la fièvre dont je souffre.
1 septembre : Je crois que mon téléphone est en train d’essayer de
m’assassiner. A l’école, ce matin, j’ai prêté mon téléphone à mon ami. Mais,
soudainement, après qu’il lança l’appel, nous entendîmes un bruit qui
ressemblait à une explosion énorme. Après cela, je trouvai mon ami, par terre,
avec du sang qui coulait de sa tête. Puis, je retrouvai mon téléphone dans ma
poche. Peu après, les professeurs ont appelé l’ambulance. Plus tard, ils nous ont
annoncé que le bruit qu’on avait entendu provenait d’une explosion de gaz. Mais,
moi… je n’y crois pas… je crois bien que c’était mon téléphone, le meurtrier.
Vers 16h00, on m’a informé que mon ami souffrait de quelques brûlures et d’une
secousse à la tête particulièrement forte. Mais, il vivrait.
2 septembre : J’ai peur et je suis très inquiet depuis l’incident. J’ai déduit que
l’éclair qui m’avait secoué avait dû être causé par le téléphone. De plus, j’ai lu un
article sur un site web, qui décrit un incident similaire à celui de l’école : « En
Angleterre, c’est un baladeur de iPhone qui a explosé à la tête d'une adolescente
(lire notre article : Les distributeurs voulaient cacher le téléphone explosif). En
France, il semble que l'on soit face à un cas similaire : selon le quotidien La
Provence qui révélait l'affaire ce mardi, un jeune homme de 18 ans originaire
d'Aix-en-Provence a été blessé par l'explosion du téléphone de sa petite amie.
Le téléphone Apple a explosé et des éclats ont blessé sans gravité le jeune
homme à l'œil. »
Je dois détruire ce téléphone avant qu’il puisse m’assassiner. Mais comment ? A
chaque fois que je le lance, il revient immédiatement dans ma poche. Je sais !
En classe de chimie, nous avions étudié quelques produits explosifs, dont la plus
forte est le peroxyde d’acétone ou plus précisément le tri peroxyde de
tricycloacétone. Une explosion de seulement 10 grammes est équivalente à
l’énergie libérée par la dynamite. De plus, le professeur nous avons dit que cette
substance est particulièrement dangereuse, mais facile à employer.


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3 septembre : Pendant la nuit, j’ai fabriqué 20 grammes de cet explosif. Je
trouvai cela très facile, et tous les ingrédients étaient présents dans mon
appartement. Je me sentais prêt à le détruire…
Vers 9h00, j’étais prêt, au parc, pour enclencher l’explosif et finir le règne de ce
tyran. J’ai mis un moment pour transporter les 20 grammes de peroxyde
d’acétone, car cet explosif est susceptible aux chocs, à la friction et à la chaleur.
Pendant au moins 20 minutes, je marchai très lentement et minutieusement,
pour ne pas provoquer une explosion anticipée.
Avec du scotch, j’attachai le sachet d’explosif à mon téléphone. J’allumai la
mèche avec une flamme, et je jetai le téléphone dans la poubelle du parc. Alors,
juste après l’explosion, j’entendis un cri inhumain, comme si la créature du
téléphone mourait. Une petite fumée grise sortit du container, et même en
fouillant bien, je ne trouvai plus rien, pas de trace du téléphone…

3 février : Des mois ont passé, et j’ai toujours des cauchemars de ce téléphone.
Mais, ce matin… je l’ai retrouvé, le téléphone… intact… qui est prêt à me tuer…

Mariage schizophrénique, par Ojan

Le 14 mai.- Hier, quand je rentrais chez moi, quelque chose d’étrange s’est
passé. Il faisait nuit, et je venais de finir ma bière. J’allais partir, mais quelqu’un

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m’a appelé. Comme tous les autres soirs, j’étais allé au bar pour boire un verre.
A 53 ans, je n’ai jamais parlé à aucune femme. A cause de ça, je déprime depuis
mon 30e anniversaire. Je vis dans cette ville depuis 29 ans et rien d’étrange ne
s’est passé. Mais hier, j’ai vu et parlé à quelqu’un qui m’a semblé apparaître
comme par magie. Mais je ne sais même pas s’il était réel ou s’il s’agissait d’une
hallucination.
Dans la rue mal éclairée, je pouvais distinguer les vêtements de l’homme
étrange, mais son visage me semblait flou. Sa voix changeait de ton toujours,
très basse au début, elle devint soudainement aiguë. Je me sentais effrayé et
surpris en même temps.
Il me demanda ce que je voulais le plus, alors je lui répondis que je
cherchais une femme, une épouse. Je frottai mes yeux, mais quand je les
rouvris, il avait disparu. Puis j’entendis dans mon oreille :
« Je vais vous donner une femme, mais en conséquence, vous serai hanté
pendant la reste de votre vie. »
Maintenant, j’attends que ma femme arrive, à moins que mon imagination
n’ait créé cet homme. La raison la plus logique est que je suis devenu si obsédé
de trouver quelqu’un pour m’accompagner jusqu'à la mort que c’était juste une
rêverie.
J’entends quelqu’un à la porte. Peut-être ma femme…
Le 15 mai.- Vous n’allez jamais me croire, je l’ai vue, celle de mes rêves… une
beauté, à ma porte… Hier, à huit heures du soir, avec le soleil couchant dans le
fond, je l’ai vue ! Vous n’allez jamais deviner ce qu’elle veut faire. Lyla, une jeune
femme élégante, après juste 3 heures, voulait se marier avec moi! Ses cheveux
bruns brillaient dans la lumière du soleil comme un miroir. Sa peau douce me
donnait envie de la toucher toujours. Même en si peu de temps, je savais qu’une
femme aussi intelligente et gentille ne souhaiterait jamais épouser quelqu’un
comme moi.
Alors... l’homme... il pouvait exister, mais je soupçonnais qu’il l’avait
simplement payée pour qu’elle se marie avec moi, et après quelques semaines,
elle irait prendre tout mon argent. Je me doute de cette raison, mais elle est
toujours possible.
Je vais lui demander ce soir sa main en mariage, quand nous
marcherons sur la plage. Nous avons déjà organisé toutes les activités du soir,
alors je dois me préparer car on dîne dans trente minutes.
Le 30 mai.- Je me suis marié avec Lyla! Après 23 ans je me suis finalement
marié avec quelqu’un ! Mais la nuit de notre mariage, le 26 mai, un cauchemar
m’a hanté pendant mon sommeil, un cauchemar qui me semblait réel. Voici ce
qui s’est passé. Je me suis réveillé, ou je crus que je m’étais réveillé, en même
temps que ma femme. Dans sa main, un couteau brillait dans la lumière d’une
bougie. Je lui demandai ce qu’elle faisait, mais elle ne répondit pas. Elle me
regarda avec une expression de haine et elle leva le couteau pour l’enfoncer
dans mon cœur, mais elle s’arrêta à la dernière seconde. Elle laissa tomber
l’arme et se jeta dans mes bras en pleurant. Puis, rien. Quand je me suis levé le
matin, ma femme dormait à côté de moi, tranquille.
L’homme étrange devait exister. J’ai une femme, et maintenant je suis
hanté. Cet homme va me tuer avec ses cauchemars.
Le 2 juin.- Je viens de découvrir quelque chose d’inquiétant à propos de ma
femme. Hier soir, quelqu’un frappa à la porte et Lyla l’ouvrit. Elle m’a dit que
c’était un ami à qui elle devait parler dehors. Je guettai, par la porte vitrée, et je


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pus la voir parler à l’homme du bar mais, comme dans la nuit du 13 mai, je ne
pus pas distinguer son visage. Juste quand elle rentra, je lui dis que j’allais me
promener. Je suivis l’homme, qui prenait des ruelles, jusqu'à ce qu’il atteignît
l’asile. Là, il entra et je le vis pénétrer dans un bureau dont il avait la clé. Mais il
sortit peu après avec plusieurs papiers. Je saisis cette occasion pour fouiller son
bureau. Après quelques minutes, je trouvai un dossier sur Lyla Gantromy, ma
femme. Elle souffre de schizophrénie ! Maintenant je comprends pourquoi elle
agit bizarrement parfois, et aussi pourquoi elle sait des choses incroyables
comme le nombre pi au dix millionième de décimale. Mais je ne comprends pas
pourquoi elle ne connaît pas toutes les pièces de Molière par cœur, chose que,
même moi, je sais. Je ne sais plus quoi faire. La nuit tombe et je dois prendre
une décision : devrais-je obtenir un divorce, ou est-ce que j’essaye de l’aider? La
nuit porte conseille.
Le 3 juin.- J’ai décidé de demander le divorce. Elle a fait la même chose tous les
vendredis, elle a essayé de me tuer pendant la nuit. Je ne peux plus vivre dans
ces conditions. Je ne sais pas comment Lyla va réagir, mais j’espère qu’elle ne
va pas être furieuse.
Le 4 juin.-Lyla est vraiment devenue folle, quand je lui dis que je voulais divorcer.
Elle a commencé à crier et hurler. Elle a même essayé de lancer un couteau
vers moi. Heureusement, elle ne sait pas viser. Elle reste dans sa chambre
maintenant, en pleurant. Je dois commencer le procès du divorce
immédiatement.
Le 1 juillet.- Finalement ! Tous les documents sont complétés et les possessions
sont partagées. Je me trouve libre à nouveau, mais sans femme... je me sens
seul. Au moins, Lyla me tenait compagnie pendant les journées. Mais je crois
que la solitude n’a pas de prix au regard de la vie. Je peux dormir tranquillement
ce soir.
Le 2 juillet.- C’est à une heure du matin que tout a commencé. Quelqu’un est
venu frapper à la porte et j’entendis un hurlement aigu et court. Je crus que Lyla
était revenue. Elle habite près de chez moi, et elle peut marcher ici très
facilement. J’allai voir :
Elle était venue! Elle frappait à la porte, elle a hurlé! Je n’ai pas ouvert. Je suis
resté derrière la porte, sans bouger, sans dire un mot. Ce matin, quand j’ouvris la
porte, elle était assise sur mon paillasson, et elle pleurait. Puis, elle leva la main
et je pouvais voir le couteau qu’elle tenait. Juste avant qu’elle puisse m’attaquer,
je fermai la porte, et la lame resta coincée dans la porte. Je doutais que j’étais en
sécurité, alors je fermai toutes les portes et les fenêtres à clé. Je crois que Lyla
est partie après quelques minutes.
Le 9 juillet.- Lyla est venue tous les soirs après le 2 juillet. Je dois faire quelque
chose, je ne peux plus vivre comme ça.
Le 10 juillet.- Je l’ai tuée. Juste comme ça, si facilement. Hier, pendant la nuit,
Lyla m’a de nouveau réveillé. J’ouvris la porte et sans aucune raison, je la saisis
au cou et je l’étranglai. Elle ne cria même pas. Je ne sais plus ce que je fais.
Parfois, je sens que je vais m’évanouir, puis, quand je réveille, je me trouve
ailleurs. Je crois que je deviens fou. C’est ça! Lyla m’a donné sa maladie. Après
mon crime, je suis rentré dans mon appartement, et je n’ai plus bougé.
Le 25 août.- Le 10 juillet, l’après-midi, la police est venue chez moi. Ils m’ont mis
les menottes, ils m’ont dit que j’étais une menace pour la société. Ils m’ont mis
dans une voiture de police et m’ont conduit jusqu’ici. Maintenant, j’habite dans
une petite cellule dans l’asile de fous. Le médecin m’a dit que c’était moi qui


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souffrais de schizophrénie et pas Lyla. J’aurais donc simplement imaginé tous
ces événements étranges. Normalement, on m’a interdit de faire toutes sortes
d’activités, mais j’ai seulement quinze minutes pour finir mon journal avant que
de mourir. J’avais le choix de vivre le reste de ma vie dans l’asile, ou de mourir.
Je n’ai ni une famille, ni une femme, et j’ai 53 ans. La vie n’a plus de sens pour
moi, alors j’ai choisi la mort. J’espère que ce journal sera trouvé et que l’on
comprendra mon geste.

La Croix Blanche, par Paul B

Pour mon 35e anniversaire, le 9 janvier 2012, ma petite copine Éloïse et


mes parents m’ont offert un voyage en Egypte avec une personne de mon choix.
J’étais très content de leur cadeau qui me faisait très plaisir. En tant que
géologue, chaque voyage à l’étranger m’intéresse beaucoup. Surtout du point de
vue du climat et la densité des forêts ou du désert. Je ne savais pas comment
les remercier. Je suis parti le dimanche suivant avec Éloïse. Pour arriver à notre
destination où se trouvaient les plus grandes pyramides d’Egypte, il fallait
prendre trois avions différents. Le long trajet nous avait épuisés. Une fois arrivés
à l’hôtel, assommés de fatigue, nous dormîmes pour être en forme pour notre


 72

grande expédition du lendemain, qu’on avait bien planifiée, dans la vallée des
rois où se trouvait la tombe de Toutankhamon.
Le lendemain matin, Éloïse me réveilla avec excitation. Le rendez-vous
avec Rachid, le guide avait été fixé à 10 heures et demi. Arrivés au pied de la
pyramide, nous écoutâmes Rachid nous expliquer qu’il fallait toujours rester l’un
près de l’autre. Il faisait très chaud à l’extérieur, au moins 38°. Quand nous
sommes rentrés dans la pyramide, le guide expliqua que ce labyrinthe était un
des plus longs et des plus compliqués au monde. Le labyrinthe, très sombre,
avait été fabriqué avec 308 629 pierres. Très impressionnant. Tout à coup, nous
entendîmes un « BAM!!! » très fort, et le guide disparut. Mon cœur battit plus fort
que jamais, et mes mains tremblèrent de peur. J’avais l’impression que les
parois bougeaient et que le sol allait se dérober sous nos pieds. Je me souvins
alors que Rachid disait qu’il n’y avait aucun moyen de sortir sans carte et cette
idée seule m’affolait. Je me tournai vers Éloïse et je vis qu’elle avait la figure très
pâle, elle aussi devait s'inquiéter. Comment était la mienne ? Je me le
demandais. J’observai une grande croix blanche au sol sur laquelle Rachid se
tenait lorsqu’il avait disparu. Elle devait mesurer au moins 3 mètres sur 3 et avait
la couleur de la craie blanche. Cela m’inquiétait énormément. Nous
commençâmes à marcher autour du labyrinthe mystérieux et vîmes des
hiéroglyphes inscrits sur les murs froids et épais, des animaux, des
représentations de pyramides mais aussi beaucoup de personnages anciens et
des scènes religieuses. Je me rappelai de mon enfance, quand chaque soir ma
mère me lisait une histoire. Je me rappellerai toujours de l’histoire des pharaons,
où se trouvait un petit enfant perdu dans les labyrinthes, et qui, sans faire
exprès, appuyait sur la tête d’un des Chacals nommé Horus. Alors, une porte
secrète s’ouvrait, relançant l’aventure qui me fascinait tant.
Avec Éloïse, nous décidâmes d’aller à la recherche de ce fameux Horus.
Car nous pensions trouver la porte secrète menant au tombeau de
Toutankhamon. Malheureusement le Chacal était représenté des centaines de
fois, surtout dans les cérémonies des sarcophages, et nous avions donc du mal
à trouver le bon Chacal. On ne trouva aucune représentation d’Horus qui nous
mena à la salle du Pharaon. Éloïse, serrée fortement à moi, marchait de plus en
plus lentement et me semblait très fatiguée. Le passage se rétrécissait et
devenait plus effrayant.
Au bout de quelques heures de marche, le labyrinthe se termina. Éloïse
paniquait de plus en plus, et moi j’essayai de me calmer un peu. Nous finîmes
par trouver une représentation d’un grand Horus, couverte de poussière
étouffante et de couleur rouge comme le sang. Soulagés d’avoir enfin trouvé
l'accès au tombeau, je mis ma main doucement sur la tête d’Horus :
— J’espère vraiment que ça va marcher!
— Moi aussi, j’ai super mal au jambes et je suis épuisée, répondit
Éloïse.
La porte s’ouvrit de haut en bas et disparut étrangement dans le sol.
Couverts de poussière, nous criâmes de joie.
L’énorme salle me semblait plus grande que je pouvais l’imaginer. Éloïse,
épuisée par toutes ses émotions, s’allongea sur un banc de pierre, puis
s’assoupit en moins d’un seconde. Moi, au contraire, j’en profitai pour explorer un
peu. En temps que géologue, l’architecture m’intéressait énormément. Les murs
décorés de hiéroglyphes ressemblaient presque à des peintures sur toile. Je me
sentais comme dans le paradis mais en même temps en enfer. Je ne pouvais


 73

pas expliquer ce sentiment mêlé d’excitation et d’inquiétude. Mais je savais que
nous vivions des moments uniques, dont nous nous rappellerions longtemps. Je
remarquai assez vite le nombre de squelettes enrobés de poussière qui
reposaient sur le sol gris. Je voyais qu’au coin de la grande salle était ce que je
croyais être le cercueil de Toutankhamon. Les décors du cercueil me parurent
incroyablement précis et leurs couleurs vives nous surprirent.
Je remarquai des bestioles qui parcouraient les murs. Tout cela me donna
la chair de poule. Je frissonnai beaucoup et je me demandai ce qui allait bien
pouvoir se passer bientôt. Une petite porte rouge s’ouvrit d’un coup sec, et j’y
rentrai avec curiosité. Je rentrai dans une petite pièce vide, complètement vide.
Une pièce sombre, sombre et triste qui était probablement utilisée pour piéger le
pilleurs de tombeaux...encore des bestioles qui couraient de tous les sens et je
voyais même des ombres de chauve-souris. Tout à coup, un gros morceau de
pierre tomba du mur et fit apparaître des fantômes de poussières. Je m’avançai
vers la pierre et j’aperçus de nombreux squelettes blancs comme les nuages.
Quand je m’approchai des cadavres, des insectes et des animaux rampants se
répartirent dans tous les coins. L’état des carcasses m'impressionnait beaucoup.
Sous chaque corps mort se trouvait une grosse croix blanche, comme celle où
Rachid avait disparu. Mes angoisses me rendaient de plus en plus nerveux. Je
n’arrivais plus à me concentrer et à bien réfléchir. Trop de choses me passaient
par la tête et mes mains commencèrent à transpirer. Je décidai de sortir de cette
pièce le plus vite possible et j’ai dû réveiller Éloïse :
— Éloïse ! Éloïse ! réveille-toi ! Il faut partir maintenant,
sinon nous risquons de... sinon la croix blanche apparaîtra.
— Quoi… Mais tu racontes n’importe quoi! Quelle croix
blanche ? Je préfère dormir, me répondit Éloïse à moitié endormie.
— Je suis sérieux. Rappelle-toi de la croix blanche qui a
fait disparaître Rachid, dis-je avec inquiétude.
— Oui, mais quel rapport avec le fait que nous devons
sortir maintenant, dit-elle toujours endormie.
— Enfin Éloïse! réveille-toi! et fais-moi confiance! Nous devons
absolument trouver le chemin de sortie.
Enfin, Éloïse se réveilla. Je l’attrapai par la main et nous commençâmes à
courir. Je ne pouvais pas imaginer comment elle se sentait, probablement
inquiète, troublée, confuse et épuisée. Sans avoir la moindre idée du chemin à
suivre, la situation devenait une question de mort ou de vie. Quand soudain,
deux portes vertes comme les feuilles de chênes et décorées d’hommes et de
femmes en train de prier apparurent. Nous nous rappelions que le guide Michelin
mentionnait qu’il y avait toujours une sortie secrète dans tous les tombeaux
égyptiens. L’une des portes mène à la sortie et l’autre à un piège pour les pilleurs
de tombeaux. Nous essayâmes de nous calmer et de penser à ce qu’on savait
sur les pyramides d’Egypte. Je remarquai que, dans chaque dessin, la personne
la plus importante faisait toujours face au côté droit. Donc, je me sentais plus
rassuré d’ouvrir la porte de droite. Nous transpirions de plus en plus. Éloïse
ouvrit la porte de droite et nous découvrîmes avec joie les rayons de soleil et l’air
frais.
Cette histoire me marqua pour le reste de ma vie. Car tout le monde n’a
pas vécu une expérience comme celle-ci. Nous nous sommes demandés où était
passé Rachid et ce qu’ il était devenu. Ce mystère reste entier, puisque dès que
nous fûmes sortis du piège qui aurait pu se refermer sur nous, nous sommes


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allés quérir de l’aide. Personne, ni même la police, n’osa jamais pénétrer dans
les murs mystérieux du tombeau, et Rachid fut porté disparu.

La plage hantée, par Paul N

Le jour du 25 septembre 1989, je marchais le long de la mer dans la petite


ville de Carteret. Cela faisait trois mois que j’habitais ici. Je louais l’appartement
d’un vieil homme, qui me faisait plutôt peur, mais qui acceptait de me louer son
bien pour une bouchée de pain. Il commençait à faire froid. En 1969, ma mère
avait habité ici et elle m’avait dit qu’elle aimait bien cet endroit. Alors, depuis le
11 septembre 1989, je vivais ici. Tous les trois jours, je marchais sur la plage de
sable noir, même quand il pleuvait. Je trouvais bizarre que les gens de la ville
n’aillent jamais profiter de cette plage après 3 heures de l’après midi. Pendant la
journée, les gens marchaient partout et jouaient en famille sur la plage. Le 14
septembre en revenant du marché, j’allai demander au vieux du rez-de-chaussée
pourquoi. Il me répondit que s’il me disait, je n’irais plus jamais à la plage. Je
préférais ne pas savoir pour l’instant. Le 30 septembre alors que je travaillais à la
boulangerie, un touriste entra dans mon magasin. Il me questionna pour savoir
quelles étaient les meilleures plages dans le coin. Je lui recommandai, bien sûr,
la plage de mes rêves, la plage de sable noir qui s’étend sur des kilomètres sauf
qu’elle est différente avec son sable noir et parfait. Il partit avec 2 baguettes et 2
croissants. Le lendemain matin, le touriste revint dans ma boulangerie avec sa
femme. Ils prirent leur petit-déjeuner. L’homme s’appelait Jacques et sa femme,
Kimani. Ils me parlèrent de leur métier d’artistes en Amérique. Ils aimaient les
couleurs des maisons dans ce coin alors, ils avaient décidé de venir peindre


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pendant leurs vacances. Ce jour-là, ils voulaient se relaxer et aller à la plage. Ils
partirent pour la plage vers 2 ou 3 heures de l’après-midi. Vers 5 ou 6 heures du
soir, Kimani arriva en courant dans mon magasin. La jeune artiste raconta que
son mari et elle avaient été poursuivis par une sorte de monstre marin muni de
longues pattes. La bonne femme disait aussi que son mari s’était enfui dans
l’autre direction et qu’elle ne l’avait pas revu. Le matin suivant, la dame et moi
avons appelé la police et nous avons participé aux recherches.
Malheureusement, un des policiers le trouva mort et couvert de sang.
Les policiers recouvrirent le corps et nous pensâmes à une solution pour
savoir ce qui avait fait ce massacre. Nous avons appelé un biologiste marin et un
spécialiste des reptiles. Ils ont tous les deux passé des heures à étudier les
blessures et la taille des coupures sur le corps de Jacques. Ils ont parlé entre
eux et ont fini par conclure que ça pouvait être ou un crocodile, mais il n’y en
avait pas dans cette région. J’avais tout de suite pensé à un lézard, mais
comment pouvait-il réussir à vivre aussi dans la mer! Cela me sembla bizarre. La
police ferma la plage pour des raisons de sécurité. Comment pourrions-nous tuer
une bête si rapide et agile qui pouvait même aller dans la mer? Le lendemain,
nous allâmes à cette même plage pour faire une inspection et pour se préparer à
l’attaque de cette bête, qui allait ressortir avant qu’il ne soit deux semaines. Nous
nous dépêchâmes de creuser des trous et de construire des pièges pour réussir
notre chasse au monstre. Un jour, pendant que nous creusions, un homme sauta
la barrière pour venir sur la plage. Nous commençâmes à lui parler mais je
m’étais rendu compte qu’il ne possédait qu’une seule jambe. Je n’osai pas lui
demander mais, il nous dit spontanément que ce « lézard » lui avait pris sa
jambe deux ans auparavant. Il vint nous parler pour demander l’autorisation de
nous aider avec nos constructions de pièges. Il nous aida pour les jours qui
suivirent et nous nous préparâmes à rencontrer ce lézard bientôt.
Notre plan était constitué de trois trous couverts de filets du côté de la
plage. Ces trous, de 10 pieds de diamètre serviraient à attraper le lézard pour
qu’il ne puisse pas en sortir. Derrière ces fossés, nous avions construit des
remparts d’à-peu-près 15 pieds de haut pour bien arrêter le reptile. Juste pour
vraiment être sûrs, nous avions aussi bricolé des abris en bois, dans les arbres,
pour notre observation et notre protection. De notre cabane, nous nous servions
de jumelles pour guetter. Le jour de la rencontre avec le lézard arriva et nous
passâmes notre journée à cuisiner et acheter des gourmandises, mais surtout un
fusil de chasse pour notre protection, si le lézard réussissait à passer tous nos
obstacles. Depuis deux heures de l’après-midi, nous attendions à l’abri. Le lézard
sortit à trois heures et demi, mais avec une démarche différente. Il marchait sur
ses quatre pattes mais il ne courait pas comme toutes les autres fois. Il marchait
directement vers un des trois trous, quand soudainement, il se redressa pour
flairer ce qui l’entourait. Il flaira une piste qui l’amena vers nous, quand il tomba
dans un des trous. Pleins de joie, nous regardâmes à la jumelle et nous nous
assurâmes qu’il était vraiment pris au piège, quand il sauta du trou et
recommença sa course vers nous. Il sauta les murs comme si rien de n’était. Et
tout à coup, encore une fois, il s’arrêta et se redressa encore pour renifler. Il
partit en courant dans une autre direction et il attrapa un écureuil. Puis il repartit
dans la mer une nouvelle fois. Nous savions qu’il ne ressortirait pas de si tôt.
Cette fois-ci, nous demandâmes à d’autres habitants de la ville de nous
aider pour que, cette fois, nous l’attrapions et le tuions. Alors, cette fois, nous
avons dressé des barres pour que l’on puisse attacher des filets. Nous avions


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aussi creusé des trous remplis avec du ciment pour que l’on puisse être à l’abri.
Après, nous avons enterré des mines pour mettre dans le sable et aussi nous
étions six avec des carabines. Nous accrochâmes des bouts de viandes aux
barres dans l’air pour qu’il puisse s’arrêter et que nous puissions tous lui tirer
dessus. D’ailleurs, nous avions commandé des grenades pour le détruire. Alors
au total, nous détenions treize grenades, sept carabines, deux pistolets à mains,
trente-six mines dans le sable, quinze filets, et soixante-neuf morceaux de
viandes pour qu’il mange bien.
Le 30 décembre, quand la date à laquelle le lézard devait sortir arriva,
nous attendions avec terreur. Cette fois, le lézard ne sortit pas à trois heures ou
à sept heures. Il finit par sortir vers dix heures, sauf que nos préparations
n’étaient pas très bien calculées. Nous ne voyions rien, nous avions oublié les
lumières. Alors, le lézard passa à côté de la viande et des mines sans les voir.
Quand un de nos amis tira, et rata l’animal, alors, le lézard se précipita vers nous
très rapidement. Je criai à tout le monde de tirer. Un de nous l’atteignit et le tua.
Le monstre explosa en touchant une de nos grenades. Nous étions tous très
contents sauf que nous avions encore perdu un de nos camarades, Jacques. La
paix et le calme revinrent dans le petit village de Cartaret.


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L’armée de sauterelles, par Romain

« C’est dans les champs de blé, le 12 mai 1935, à deux heures de l’après-midi,
j’entendis un bourdonnement et des gens crier, et je vis, à l’horizon, un nuage
noir immense de sauterelles… Et quelques secondes plus tard, ... j’étais
poursuivi par des milliers de sauterelles. Je me trouvais à vingt mètres d’un abri
pour me protéger de ces infâmes bestioles, quand les sauterelles redoublèrent
de vitesse et je me suis retrouvé à terre poussé par la force de milliards
d’insectes et je dus continuer à plat ventre avec les insectes juste au-dessus de
ma tête quand enfin après des minutes d’efforts, j’y parvins. Enfin, je soufflais. Je
me dégageai des derniers insectes qui s’étaient accrochés à ma veste et je
m’effondrai sur des sacs de blé entassés là comme dans une réserve.»
« Elles ne t’avaient pas mangé, dis, papy ? » demandai-je un peu inquiet.
« Non, même pour des milliards de sauterelles, je suis trop coriace ! » répondit
mon grand-père.
« Continue papy, raconte ! » m’exclamai-je.
« J’étais parti loin de Marseille pour me reposer et pour pouvoir visiter Évreux
mais malheureusement, les insectes nous avaient surpris. Je suis apparemment
le seul à avoir atteint l’abri. Tout à coup, j’entendis des coups sur la porte et le
guide, suivi de quelques visiteurs, arriva épuisé. Il nous fit savoir que cette
invasion dépassait toutes celles qu’il avait connues.
Nous attendîmes que l’invasion s’arrête pour sortir, et je m’endormis. J’ai rêvé
qu’une sauterelle d’au mois dix mètres de haut détruisait mon hôtel et que tout le

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monde fuyait, et que moi, j’étais paralysé et la sauterelle se rapprochait quand
tout à coup, j’entendis quelqu’un m’appeler et je me suis réveillé. Lorsque je
sortis, je découvris une ruine à une centaine de mètres de l’abri et encore
accrochée au mur de ce qu’il en restait, une pancarte disant : « HOTEL DES
CHAMPS », l’hôtel dans lequel je logeais avait été détruit mais rien n’indiquait
que des sauterelles auraient pu le faire. Alors, je courus vers les ruines et je
trébuchai sur quelque chose. Je me relevai et je vis par terre, non une racine
mais une patte géante d’au moins deux mètres de long. Quelqu’un me rejoint et
me demanda ce qui s’était passé et je lui ai montré cette horreur de patte. Elle
semblait appartenir à l’horrible monstre de mon cauchemar. Intrigué par cette
découverte, j’ai décidé d’emporter cette patte à un naturaliste qui eut l’air bien
embêté de voir quelque chose d’aussi grand et quelques heures plus tard, après
avoir posé une pile de livre sur la table, il nous confirma que cette patte
appartenait à une sauterelle. Je pouvais encore imaginer la sauterelle de mon
cauchemar en train de me manger. Comme mon hôtel avait était détruit, le
naturaliste accepta de m’offrir le gîte pour ce soir. Je m’endormis avec l’histoire
de ce rêve devenant réalité sur la conscience. Le lendemain matin quand je me
suis réveillé, le naturaliste n’était plus là. Et lorsque je sortis, plus de la moitié de
la ville avait été détruite. Je me pinçai, et je découvris que je ne rêvais pas, et
que la maison du naturaliste était une des seules maisons à ne pas avoir été
détruite. Je commençai à avoir des soupçons sur le vieil homme, mais la vue de
la sauterelle géante à une centaine de mètres de moi détourna m’attention. Je
l’avais vue, oui, je l’avais vue !! »
« Et elle, elle t’avait vu papy ? » interrompis-je.
« Non, car pour elle, c’était moi qui avais la taille d’un insecte !! »
« Alors, j’ai couru vers la bestiole, poursuivis-je, et je lui hurlai de toute mes
forces :
Viens ici, sale bête !!!
La sauterelle qui apparemment avait tout compris se retourna et me fixa. Nous
restâmes comme cela une longue minute, quand soudain, le monstre se projeta
sur moi, et m’avala. Juste avant que je ne tombe dans l’estomac de la bête, je
sortis mon couteau et je le plantai dans sa gorge et je m’y suis accroché. Puis je
suis remonté jusqu'à la bouche, et je suis sorti si brutalement que je lui ai arraché
une dent au passage. »
« Et ça lui a fait mal papy hein ? ça lui a fait mal ? »
« Sûrement !!! »
« Alors, comme je lui avais pris cette dent, j’ai pu la planter dans son œil et sous
la douleur, le monstre me projeta dans les airs et en tombant, j’ai vu que le
moignon de sa patte manquante avait un pansement. Alors, décidé, je me suis
relevé et je me suis accroché à une de ses pattes, et je me suis laissé emporter
par la bête. Car si cette bestiole avait des bandelettes autour de sa patte
blessée, alors cela signifiait qu’un humain prenait soin de cette chose, quelque
chose ou quelqu’un.... une demi-heure plus tard la bête arriva devant une
immense grotte et entra. À l’intérieur, quelqu’un avait aménagé des étagères sur
lesquelles se trouvaient toutes sortes de bocaux et bouteilles en verre contenant
des centaines et des centaines de sauterelles de toutes les formes, de toutes les
couleurs et de toutes les tailles. Bientôt, je vis des cages colossales dans
lesquelles des sauterelles encore plus monstrueuses que celle sur laquelle je
voyageais, grouillaient. Alors, elle arriva devant un homme et le visage de cet
homme m’était familier : tout à coup, tout m’est revenu, et je me souvins que cet


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homme n’était autre que le naturaliste et quand il m’aperçut, même si je m’étais
caché, il me demanda pourquoi j’étais ici. Je lui dis que j’avais blessé la
sauterelle et qu’en l’attaquant j’avais vu un bandage autour de sa jambe, donc, je
l’avais suivie, et elle m’avait amené ici. Alors je lui ai demandé pourquoi il
terrorisait tous les habitants, détruisait les cultures et détruisait la ville. Alors, le
scientifique m’apprit que les habitants avaient refusé de l’écouter quand il avait
inventé un insecticide révolutionnaire contre les sauterelles et qui était cent pour
cent naturel et qui pouvait repousser une armée de sauterelle. Ce produit miracle
aurait dû convaincre les habitants de la région. Pour se venger, il avait élevé des
sauterelles pour les envoyer détruire les champs. Mais elles avaient grossies et
s’étaient reproduites.
« Dis, papy, qu’en a-t-il fait, de ses sauterelles ? »
Il me promit d’employer son propre produit pour détruire ces insectes
destructeurs, et je repris le chemin de la maison, heureux que cette aventure soit
terminée. »


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Persécution, par Sameera

Le 18 mai 1970, Mme Victoria Gabin, ma mère, la présidente de France


Telecom, mourut assassinée à son bureau, en plein Paris. La police commença
une enquête qui dura 10 ans mais sans trouver aucune piste. Après 10 ans,
malgré sa disparition et le chagrin que cela me causait, je décidai de prendre
direction de la compagnie. Tout allait très bien. Les employés me respectaient et
j’avais des amis très chers.
Le 11 janvier 1981, je me levai comme d’habitude à 8h30 du matin. Je m’habillai
et je brossai mes cheveux bruns. Je sortis de la maison. Une fois dans la voiture,
je reçus un message sur mon téléphone. Le numéro me disait quelque chose
mais je ne pouvais pas l’identifier. J’avais ouvert le message. Il était signé par
Mme Victoria Gabin. Je fermai le message immédiatement. En tremblant de
peur, j’ai commencé à conduire jusqu’au bâtiment de France Telecom. Une fois
dans mon bureau, j’appelai l’inspecteur qui s’occupait de l’enquête. Nous
parlâmes pendant des heures. Il me dit qu’il allait recommencer l’enquête afin de
trouver le vrai criminel et voir si les messages avaient un rapport avec le tueur.
Je continuai ma journée sans problème. Une fois de retour chez moi, mon
téléphone sonna de nouveau. J’avais reçu un autre message. Avec des doigts
tremblants, j’ouvris le message. Le message était signé par Mme. Victoria
Gabin. J’appelai l’inspecteur pour l’informer que j’avais reçu un nouveau
message signé de Mme Gabin.
Le lendemain matin, je décidai de laisser mon téléphone chez moi. Je passai une
très bonne journée sans avoir trop peur des messages mystérieux. Quand je
retournai chez moi, j’aperçus mon téléphone sur la table dans mon appartement.
Je m’en saisis et je vis que j’avais reçu 4 nouveaux messages. Mon inspecteur
avait envoyé le premier. Il voulait savoir si j’avais reçu de nouveaux messages.
Le deuxième et le troisième venaient de ma mère. Le quatrième venait encore de
l’inspecteur. Il me demandait pourquoi je ne répondais pas à ses messages. Je
l’appelai donc en expliquant pourquoi je lassais mon téléphone chez moi. Je lui
dis que j’avais peur de recevoir plus de messages pendant la journée. Après
avoir envoyé ce message, mon téléphone sonna. Je ne voulais pas l’ouvrir mais
je ne pus m’en empêcher. Le message ne venait pas de Mme Gabin mais d’un
numéro nouveau. Le message disait tout simplement : « Tu ne me trouveras
jamais. » J’appelai mon inspecteur et je lui racontai l’histoire des messages et du
message qui ne venait pas de Mme Gabin. Je lui dis aussi que je ne prendrais
pas mon téléphone avec moi demain. J’étais fatigué alors j’allai me coucher.


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Je me levai à 8h37 et, sans même regarder mon portable, je m’habillai et je
sortis de la maison. Une fois arrivé à mon bureau à France Telecom, j’aperçus
un mot sur le clavier de mon ordinateur. Le mot était signé Mme Victoria Gabin.
Je poussai un cri et je jetai le mot dans la poubelle sans le lire. Je me trouvais
debout au milieu de la petite salle de réunion. Tout mon corps tremblait. Une
peur énorme m’enveloppa. Je courus par la porte du bâtiment. Pourtant, une fois
dans la voiture, je m’arrêtai, car je ne savais pas où aller. Chez moi, mon
portable recevait des messages mystérieux ou si je n’étais pas chez moi, je
trouvais des mots terrorisants. Je décidai de conduire autour de Paris afin de
m’occuper quelques heures. Après être passé à côté de la Tour Eiffel, je vis un
panneau de publicité. Je fermai les yeux car je ne croyais pas ce que je voyais.
Sur le panneau, je voyais une grande photo d’une femme. Dessous, le nom de la
personne, Mme Victoria Gabin, avait été écrit en grosses lettres. Je fermai les
yeux un long moment. Quand je les ouvris de nouveau, le panneau avait changé.
Ce n’était plus ma mère sur la publicité mais un agent de voyage qui nous
encourageait à téléphoner aux Etats-Unis pour un petit prix. Je continuai à
conduire en essayant d’oublier toutes les choses effrayantes qui m’arrivaient. Je
décidai alors de retourner à France Telecom car je ne voulais pas avoir un
accident de voiture.
Une fois à mon bureau, je me forçai à m’asseoir. Je décidai que je ne pouvais
pas ignorer tous les petits mots postés autour de mon bureau. Je les comptai. Il y
en avait treize. Le premier venait de ma mère. Elle voulait savoir pourquoi j’étais
parti. Tous les autres n’étaient pas signés. Ils disaient des choses bizarres. Par
exemple, un petit papier bleu me disait de regarder par la fenêtre de mon
bureau. Un autre disait qu’un véritable criminel me poursuivait. Celui sur le
papier le plus grand était le plus courte. Il disait « C423 ». J’étais près d’un
criminel…? Qui ? Que voulait-il ? Pour la deuxième fois cette journée, je courus
de mon bureau jusqu'à ma voiture. Cette fois, je conduisis chez moi. Quand
j’arrivai, je pris mon téléphone. Je n’avais reçu qu’un seul message de mon
inspecteur. Je l’appelai. Je lui racontai l’histoire des mots terrifiants. Quelques
minutes plus tard, quelqu’un frappa à la porte. Je poussai un cri terrible et je me
cachai sous mon lit. Mais soudain, je reconnus la voix de l’inspecteur à travers
la porte.
« N’ayez pas peur monsieur ! C’est moi ! » disait-il.
A petits pas, je m’avançai vers la porte. Une fois que j’eus vérifié qu’il était seul,
je le laissai entrer. Je lui montrai les mots. Il paraissait être très intéressé par
celui que disait « C423 » mais je ne savais pas pourquoi. Il me posa des
questions que je trouvais inexplicables, par exemple, il voulait savoir le numéro
de mon bureau. J’utilisais le bureau C183. Après avoir pris le temps qu’il fallait à
regarder les mots et à me poser des questions sans rapport les unes avec les
autres, il partit. Il me laissa seul chez moi. Je voulais lui demander de rester pour
que je n’aie pas trop peur pendant la nuit. Mais je ne pouvais plus voir sa voiture
dans la nuit. Alors je me couchai, avec les couvertures tirées jusqu’aux oreilles.
Le lendemain matin, je me réveillai car quelqu’un frappait à ma porte. Je l’ouvris
de la même façon que la nuit précédente, et je vis l’inspecteur à la porte de mon
appartement. Je le laissai entrer. Il m’expliqua qu’il avait une nouvelle piste mais
que nous devions aller à France Telecom pour trouver le criminel. Il me
conduisit à l’immeuble et je lui montrai mon bureau, couvert de mots nouveaux. Il
me demanda de lui montrer le bureau numéro «C423.»


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Je l’emmenai au bureau. Dedans, un homme se tenait derrière son bureau. Je
l’avais déjà vu, mais je ne pouvais me souvenir de qui c’était. L’inspecteur
commença à parler :
« - Bonjour Monsieur. Pourrai-je vous aider ?
- Le seul qui peut m’aider se trouve dans ce bureau : c’est M. Gabin, répondit-il.
- Que puis-je vous faire ? demandai-je d’une voix timide.
- C’est moi, qui vous ai laissé tous les mots. C’est moi, qui ai ruiné votre vie, ces
dernières semaines. C’est moi, continua-t-il d’une voix effrayante, qui ai tué
Madame Victoria Gabin.
- Qui êtes vous ? demandai-je.
- Je travaille pour France Telecom. Je suis un de vos ingénieurs.
- Pourquoi avez-vous fait ça ? demandai-je.
- Je rêve de devenir président de France Telecom. Je ne trouvais qu’une seule
manière d’obtenir mon rêve, celle de tuer toute la famille Gabin, répondit-il.
- Je vais devoir voir demander de venir avec moi, interrompit l’inspecteur.
- Pourquoi ? Vous allez juste m’emmener en prison ! s’exclama l’homme.
- Exactement, répondit l’inspecteur»
A ce moment là, un petit groupe de policiers entra dans le bureau. Ils mirent les
menottes à l’homme. Le groupe, avec le criminel, partit du bâtiment. Un des
policiers nous assura qu’on ne reverrait jamais cet homme.
Trois mois plus tard, je sortis de ma maison et je me promenai dans le parc
avant d’aller travailler. Je n’avais plus peur de regarder mon téléphone. Ma vie
ne pouvait pas être mieux que cela et j’avais finalement guéri de la mort de ma
mère.


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Famille recomposée, par Sophie

Je revenais à la maison ce soir-là. Cela faisait quelques mois que je vivais à la


DASS, car ma mère et ma sœur Lola étaient mortes… elles avaient été brûlées
dans un accident tragique lorsque la voiture de ma mère avait pris feu sur
l’autoroute. Après d’immenses efforts, nous avions trouvé mon père. Je ne
l’avais pas vu depuis l’âge de 8 ans. Aujourd’hui, j’allais vivre avec lui. J’allais
vivre avec mon père, sa femme Anne et son fils Jacques. Ma nouvelle famille,
allaient-elle vraiment m’aimer ?
Ils habitaient dans le sud de la France dans une petite ville qui se nommait
Sanary. Avant l’accident, je vivais dans un appartement de luxe avec ma mère et
ma sœur à Paris, alors mes habitudes allaient devoir changer. Lorsque j’arrivai
devant la maison, je fus émue. Elle ne ressemblait à aucune maison que j’avais
vue dans ma vie. C’était une petite maison, à deux étages, avec quatre fenêtres
au premier étage, deux à la droite de la porte rouge et deux à la gauche. C’était
le deuxième étage qui retint mon attention. Au deuxième étage ne se trouvait
aucune fenêtre ! Cette maison ressemblait à une maison hantée ! La porte grinça
lorsque je l’ouvris. Une fois que j’eus rencontré ma nouvelle famille, je montai
les escaliers, dont chaque marche faisait chacun un bruit différent, pour
m’installer dans ma nouvelle chambre. Dans ma chambre, la seule source de
lumière provenait d’une toute petite lampe dans le coin de la petite chambre.
Cette chambre me faisait peur, si peur que je ne voulais pas me coucher, mais
je ne pouvais pas m’empêcher de m’endormir car j’étais trop fatigué du voyage.


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Cette nuit, je ne dormis pas bien du tout. Vers deux heures quarante du matin,
je me réveillai. Où plutôt mon rêve me réveilla. Je ne pouvais pas arrêter de
penser à Lola. Alors, je me levai pour me laver la figure. Tout à coup, en me
regardant dans la glace, je vis Lola ! Non, cela ne pouvait pas être vrai ! Mais elle
se trouvait juste derrière moi. Lorsque je me tournai pour la voir, elle disparut
lentement. En marchant à ma chambre, je sursautais au moindre bruit. Une fois
dans ma chambre, je la revis, cette fois allongée dans mon lit. Je respirai très fort
et je sentis que j’avais la chair de poule. Je ne savais pas quoi faire ! Alors, je
fermai les yeux espérant qu’elle serait partie quand je les rouvrirais. Lorsque
j’ouvris mes yeux, elle ne se trouvait plus sur mon lit. Soulagé, je m’installai cette
fois dans le canapé car j’avais trop peur de retourner dans mon lit. Le matin
suivant, quand je me réveillai, Lola était allongée à côté de moi. Mon père entra
dans ma chambre pour me réveiller.
-« Allez, HOP, on se réveille » cria t-il.
Mais il ne voyait rien ? Mais comment ? Je me tournais pour voir si Lola se
trouvait toujours encore à côté de moi. Elle y était ! Mais mon père ne voyait rien,
personne ne la voyait sauf moi !
Anne était venue dans ma chambre pour me dire de mettre un maillot de
bain pour une journée à la plage. Pendant que je me préparais, je ne la vis pas.
Peut-être que ce n’était qu’un rêve ? Mais oui, cela devait être le cas ! En
descendant les escaliers, je sentis un grand coup de vent venant vers moi,
comme si quelqu’un venait de courir à côté de moi. Mais je ne vis personne.
C’est dans ma tête, je me suis dit. Je ne pouvais pas arrêter de penser à Lola.
J’entendais sa voix dans ma tête et je vis sa figure partout où je regardais.
Une fois que nous étions arrivés à la plage, je vis au loin, une fille dans l’eau,
avec un maillot de bain bleu comme Lola, et avec de longs cheveux noirs,
pareilles que Lola. « Oh non, pas encore, pensais-je. Mais bien sûr, c’était de
nouveaux Lola en train de jouer dans l’eau puis elle plongea sa tête sous l’eau et
ne remonta pas. J’essayai toute la journée de ne pas penser à ma sœur, et pour
le reste de la journée, je ne la vis pas. Lorsque nous rentrâmes, je montai dans
ma chambre, allumai la lampe et je m’allongeai dans mon lit. Je pensais à
chaque moment que Lola était à côté de moi. Ce soir là, je ne dormis pas de la
nuit. J’avais trop peur qu’à n’importe quel moment, Lola puisse se trouver
derrière moi.
Les deux nuits suivantes, je ne dormis pas. L’angoisse me démangeait, je ne
pouvais plus vivre comme cela. Je ne la voyais pas mais je savais qu’elle était
près de moi. J’étais folle! Cela fut la seule explication plausible des hallucinations
de ma sœur. Je ne pouvais même plus sortir de ma chambre tant j’avais peur !
Toute la journée dans ma petite chambre sans fenêtre, j’essayai de penser à
d’autre chose et peut-être cela marchait car je n’avais pas vu Lola en deux jours.
Tout à coup, j’ouvris les yeux, ce que je ne comprenais pas car je ne m’étais
jamais endormi. C’est là que je me rendis compte que tout cela n’étaient qu’un
rêve ! Ou plutôt un cauchemar ! Je n’avais jamais quitté ma maison, je n’avais
jamais eu d’accident de voiture, ni perdu ma mère. C’était même elle qui venait
de me réveiller…


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La nuit de 100 jours, par Thibault

28 Septembre
Mon nom est Lucio Mirandalia, et je ne comprends toujours pas la série
d’évènements qui s’est produite en 1969, lors des tensions entre l’URSS et les
USA. Voici mon journal, et ma version des faits.
Aujourd’hui, l’évènement le plus incroyable au monde a eu lieu : le soleil
ne s’est pas levé ! Ce matin, mon réveil sonna à huit heures du matin, comme
tous les autres jours. Je regardai dehors, mais, c’était encore la nuit. Je grognai,
et fronçai les sourcils, avant de retourner au lit, irrité que mon réveil soit déréglé.
J’ai dormi une bonne heure de plus, puis je me réveillai à nouveau,
seulement pour voir le ciel noir… encore la nuit ! Je me frottai les yeux, mais le
soleil n’apparut point. J’allumai la télévision : une édition spéciale avait
interrompu tous les programmes. C’était la panique complète : le soleil ne se
serait pas levé ce matin ! Je pensai que la folie s’était emparée de moi, donc je
pris une douche froide. Mais, quand je sortis de ma salle de bain, horreur, c’était
encore et toujours la nuit.
5 Octobre
Cela fait une semaine qu’il fait nuit. Nous avons tous très peur. Il fait froid,
et personne ne sait pourquoi nous n’avons plus de soleil… hier, un homme s’est
suicidé, comme ça, dans la rue. Il ne pouvait plus supporter cette étrange,
longue nuit.
Nixon a pris des mesures face à cette situation inattendue : il a annoncé le
rationnement de l’électricité. Des questions me viennent à l’esprit : comment
vais-je me chauffer ? Comment vais-je voir ? J’habite dans un appartement sur
Taylor Street.
Vais-je finir comme cet homme dans la rue ? Désespéré, me tuant au
couteau, pour achever mes jours sur le sol froid ? Il avait l’air si jeune, il n’avait
pas plus de trente ans, avec une belle moustache brune. C’est dommage, il avait
seulement commencé à vivre.


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Le ciel reste noir, illuminé un peu par la ville, mais je ne vois rien… il y a
des nuages. Non, en fait je vois… je vois parfaitement qu’il va y avoir du mauvais
temps.
8 Octobre
J’ai très peur ; l’électricité est maintenant rationnée. J’ai aussi fait des
provisions, car les plantes et les animaux ne peuvent pas vivre sans soleil. Donc,
plus de nourriture. J’ai assez de provision pour une bonne année, mais je
compte bien en obtenir encore plus. Et l’électricité ! Oh, ma décadence en ce
siècle m’interdit de vivre sans ! Comment vais-je supporter la nuit ? Je dois faire
une liste de tout ce dont j’ai besoin, et aller l’acheter avant qu’il n’y ait plus rien…
avant la pénurie.
9 Octobre
Je n’ai pas de nouvelles de ma famille… cela m’inquiète aussi, car dans
l’appartement du dessous, il y avait un vieillard. Il me rappelait mon père. Mais
aujourd’hui il est mort ! Un pilleur voulait voler ses provisions, il a voulu se
défendre, l’autre personne a perdu son contrôle. Le vieillard est mort. J’ai réalisé
à ce moment que dans ce monde étrange tout peut arriver, un jour vous êtes là
et la seconde, la minute, ou même l’heure suivante, vous pouvez disparaître à
jamais de cette planète… vous êtes juste un être humain vulnérable parmi tant
d’autres.
Mon fils est soldat au Vietnam. Que devient-il ? Que va-t-il se passer sans
lumière ?
17 Octobre
J’essaye de me convaincre que rien ne se passe, que tout n’est qu’une pure folie
personnelle, mais je sais que tout est bien réel, car cette nuit, j’en ai eu la
preuve. Mon frère vint pour me donner son fusil pour me protéger, car les gens
deviennent tous fous et hostiles. Mais, un homme désespéré a voulu s’en
emparer avant qu’il n’ait le temps de me le remettre. Mon frère ne céda pas.
L’homme avait un lance-flamme. Il brûla mon frère vif. Le tuant. Je suis
désespéré. Pourquoi tant de violence ?
Il y a trois semaines à peine cette ville était civilisée, normale. Mais comment
rester civilisé, quand on perd tout, la nourriture, la famille, le sommeil, l’eau,
comment rester civilisé, sans faire de mal à un autre être dans des situations où
les conditions de vie extrêmes nous poussent à commettre l’irréparable?
Pourquoi donc les hommes ont-ils cette nature autodestructrice, cette nature
étrange ? Pourquoi sommes-nous programmés dès la naissance à avoir la
capacité morale de faire du mal ? A quoi cela peut-il bien nous servir ?
Tout cela n’est que folie. Mais la folie de qui ? La mienne ? Celle de la race
humaine ? Celle de l’homme avec son lance-flamme ?
19 Octobre
Les pilleurs sont partout, et je me vois déjà mort… jusqu’à ce que j’allume
la télévision… et que je vois Nixon à l’écran ! Il a annoncé qu’il allait instituer la
loi martiale. J’ai une chance ! La ville a une chance ! L’espoir est là… et peut-
être… peut-être mon fils, perdu au Vietnam, reviendra.
21 Octobre
Les soldats sont là ! Ils donnent des provisions, et arrêtent les pilleurs ! Et
mieux encore… mon fils est rentré! Il est plus glorifié que s’il avait gagné la
guerre tout seul ! Quelle joie !
Ce matin, je me suis levé, quand, comme tous les autres « matins » je
regardais par la baie vitrée de mon appartement, pour voir si le soleil s’était enfin


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décidé à revenir, et je vis… je ne vis pas le soleil, mais j’entendis très nettement
des dizaines d’hélicoptères, amenant l’espoir d’un renouveau en survolant la
ville. Mon fils frappa à ma porte deux heures plus tard. Mon cœur se réchauffait
de sa présence, pour la première fois depuis longtemps. Mais la participation de
l’armée était-elle une bonne chose ? Apparemment, personne ne s’en inquiétait.
?? Octobre/Novembre
Mon fils avait raison ! L’armée petit à petit, est passée d’une troupe
libératrice à un groupe monstrueux… Certes… il n’y a plus de pilleurs… sauf que
ce sont les soldats eux-mêmes qui nous harcèlent… ils savent qu’ils ont le
pouvoir absolu et profitent de la situation pour amasser des gains… et mon fils…
mon pauvre fils... est mort ! Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais ses effets
personnels m’ont été rendus par un homme en uniforme. Il appartenait à
l’armée… dans mes sanglots, avec ma peine immense que rien ne peut combler,
j’écris ceci pensant ainsi me libérer de ce grand désespoir qui est le mien. Je ne
sais même plus la date, ou l’année… je suis comme mort.
2 Novembre
L’espoir est de retour ! Le soleil est là ! Ce midi même il n’y avait rien,
juste la nuit, quand tout à coup une lumière aveuglante et une chaleur soudaine
m’ont brûlé, aveuglé, et ont chassé le désespoir qui m’avait envahi. Mais qu’est
devenue la terre, après que cette ombre s’est abattue sur elle pendant aussi
longtemps ? Je m’interroge, mais dans mon euphorie, je ne vois qu’un moyen de
le savoir et je compte bien le découvrir cet après-midi même : je vais aller faire
un tour dans les bois.
3 Novembre
Hier, en conduisant à travers les bois morts…sans vie, couverts de neige,
et sans oiseaux, je me rendis compte que rien à part les hommes n’avait pu
survivre à cette catastrophe. Depuis, la chaîne alimentaire complètement
bouleversée, m’empêche de trouver à manger. Alors, je décidai de retourner à la
ville. Quand je m’approchais de la ville, je vis ou plutôt, je sentis une chose
bizarre. Mais à part la lumière maintenant normale, je ne trouvai rien de différent.
Et pourtant, personne dans la ville ne se rappelait des horreurs de la nuit, ni de la
longue nuit. Il n’y avait pas de soldats, les rues étaient propres, mon
appartement vide, et personne n’avait été tué. Mon frère était vivant, et le
vieillard aussi, ainsi que mon fils. Tous me prirent pour un vulgaire fou ! D’ailleurs
j’écris ceci tandis que les policiers frappent à ma porte. Je suis certain qu’on
vient de chercher pour m’envoyer à l’asile. Et donc…pas le temps de finir, ils
sont là.


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La poupée, par William

15 juillet : J’étais très contente ce jour là. Ma mère allait finalement


m’emmener au magasin de jouet de Salavas. Je voulais y aller depuis longtemps
et maman me disait que si j’avais des bonnes notes toute l’année, je pourrais
choisir n’importe lequel des jouets. On y arriva au milieu de journée et le
magasin était rempli d’enfants. Le bâtiment était gigantesque comparé à ma
maison, mais il fallait savoir que ma famille était très petite comparée à celle de
mes voisins. Elle ne se composait que de ma mère, de mon père, de mon chien
et de moi. Je vis plein de petits jouets pour des garçons et pour des filles.
Soudain, je vis une poupée la plus belle du monde mais ma mère me dit qu’elle
était trop chère car nous étions très pauvres. Puis, je cherchai une autre poupée
mais moins chère. Comme j’avais trouvé une petite poupée avec une robe rouge
qui me satisfaisait, nous l’achetâmes et nous rentrâmes chez nous. Je jouais
avec ma poupée toute la journée. Nous mangeâmes un bœuf en sauce, la
spécialité de ma mère, le plat que je détestais le plus, et j’allais au lit assez tard
pour m’endormir avec la poupée dans mes bras.
16 juillet : C’est très bizarre, j’ai passé la nuit à cauchemarder. Je rêvais
que ma poupée était méchante et qu’elle tuait ma famille ! Quel cauchemar ! Ce
matin, mes parents me rassurèrent et me dirent que ce n’était qu’un cauchemar
et que tout allait bien. Je passai encore la journée à jouer avec ma poupée, je
n’avais pas beaucoup d’autres jouets. Une amie à moi était venue aujourd’hui,
puis je lui montrai ma nouvelle poupée et elle l’adora comme moi. Elle dormit
chez nous ce soir-là puisqu’elle n’avait plus le temps de rentrer. Puis il faisait
déjà tout noir.
17 juillet : Ce matin, j’ai encore cauchemardé, mais je n’étais pas la seule,
ma copine, elle aussi, avait eu des cauchemars pires encore que les miens.
Nous partageâmes nos cauchemars, et puis, nous vîmes qu’ils étaient très
similaires. Dans mon cauchemar, ma poupée prenait le couteau de cuisine de
ma mère. La poupée tuait mes parents et étranglait mon chien. Dans le


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cauchemar de ma copine, la poupée tuait ses parents et puis à la fin, elle lui
coupait la tête. Dans les deux cauchemars, on pouvait voir le thème du meurtre
se répéter. Nous essayâmes d’oublier ce qui s’était passé et de passer une autre
bonne journée à jouer ensemble. Ce soir-là, je racontai à mes parents ces
cauchemars que ma copine et moi avions eus. Mon père ne me croyait pas, il
pensait que nous lui mentions. Ma mère, elle, ne répondit pas, elle ne savait pas
quoi croire. Je pouvais voir qu’ils commençaient à s’inquiéter, car ils ne savaient
pas comment arrêter mes cauchemars donc je commençai à avoir peur, très
peur. Je décidai de ne pas m’endormir ce soir-là.
18 juillet : Malheur ! La nuit dernière, je me suis endormie malgré moi, et
j’ai eu des pires cauchemars. La poupée, elle était horrible. Elle avait un sourire
qui pouvait tuer. Elle poignardait mes parents devant moi dans mes rêves, et je
me réveillais en nage. Mes parents décidèrent de me confisquer ma poupée. Je
me rassurai inutilement, je devenais folle ! Mes parents ne me laissèrent plus
jamais dormir avec cette poupée.
19 juillet : La Poupée peut bouger ! Je le sais. Quand je me réveillai cette
nuit-là, elle était là, près de moi, dans mon lit. Mes parents ne savent plus quoi
faire maintenant. Ils ont aussi peur que moi. Nous ne comprenons plus rien.
Nous allâmes chez le docteur pour lui demander ce qu’il fallait faire. Lui non plus,
ne savait pas quoi faire. Il me demanda plusieurs fois de lui raconter mes
cauchemars mais sans conclusion. Nous rentrâmes désespérés. Le soir, mes
parents, cette fois, attachèrent la poupée à un mur de salon pour qu’elle ne
puisse plus bouger. Ils me dirent de m’endormir normalement.
20 juillet : Je suis folle, c’est bien ça. Mes parents ne s’endormirent pas
hier soir et ils me racontèrent que j’étais descendue toute seule dans l’escalier,
j’étais allée dans le salon et que j’avais pris La Poupée. Je suis remontée et je
me suis mise dans mon lit. Je dormais ! Je suis somnambule et c’est moi qui
avais pris La Poupée. Ils m’emmenèrent chez le psychologue sans petit
déjeuner. Lui aussi me dit de lui raconter mes rêves. Il me demanda aussi de lui
dire mes souvenirs de la veille. Je lui expliquai que j’étais allée au lit et j’avais
dormi et j’avais eu les cauchemars habituels mais je ne me souvenais pas du
tout être descendue et d’avoir pris La Poupée. Il nous a tout simplement dit que
je souffrais de somnambulisme et que pour les cauchemars, j’étais devenue un
peu paranoïaque.
Je jure que je ne suis pas paranoïaque ! La Poupée, elle est vivante et elle me
hante, elle me suit, elle me torture, elle me tue lentement. Le psychologue se
trompe, pourquoi voudrais-je avoir La Poupée alors qu’elle me fait du mal ? Peut-
être qu’elle me commande ? Non, si c’était ça, ma copine, elle aussi, serait
commandée par La Poupée. Pourquoi veut-elle me suivre ? Qu’est-ce que j’ai
fait de mal ? Mais oui, je sais ! Dans mes rêves, elle tue mon chien et mes
parents. Elle veut que je le fasse et si je le fais peut-être qu’elle arrêtera de me
torturer !
20 juillet : Je l’ai fait, je l’ai fait. J’ai tué le chien. Je l’ai emmené dehors
sans me faire repérer. Je l’ai poignardé avec le couteau de cuisine de maman !
Je l’ai caché à l’endroit où personne ne penserait à chercher, aux fonds des
buissons. Maintenant, il ne reste qu’à tuer mes parents. Ce soir, ils ont cherché
le chien partout et ne l’ont pas trouvé. Ils ont cru qu’il s’était échappé.
21 juillet : Ça avait marché, je ne voyais plus la poupée tuer le chien,
même que je ne le voyais plus dans mes rêves ! Je vais être libre de cette torture
ce soir… mais comment faire pour se débarrasser de ses parents sans que je


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me fasse arrêter ? Il faut que je le fasse, sinon, c’est la torture pour toujours. Il
faut que je tue ma mère d’abord puisqu’elle dort toute la matinée, puis quand
mon père arrivera, il va falloir que je le tue, mais comment ? Ce sont mes
parents ! Je ne peux pas les tuer, je ne veux pas les tuer. Mais il le faut, sinon,
sinon La Poupée me torturera. Non, il faut que je les tue…
Je crois qu’un de mes voisins a entendu les cris de ma mère, mais ce n’est pas
grave, personne ne pourra réaliser qu’elle a été assassinée par moi, une petite
fille. Malheureusement, mon père était arrivé plus tôt que prévu ! Je n’avais pas
encore caché le corps. J’ai du me précipiter sur lui et j’ai dû le tuer. Finalement,
je pourrai dormir tranquillement encore une fois, La Poupée ne m’embêtera plus.
21 juillet : Je ne sais plus quoi faire, je suis vraiment folle alors. J’ai encore
eu ce cauchemar, mais cette fois, La Poupée tuait une petite fille, et cette petite
fille n’était autre que moi. C’était presque comme les autres cauchemars, La
Poupée prenait un couteau, et me coupait la tête. Je pouvais voir mes parents et
mon chien avec du sang qui coulait de l’endroit où je les avais poignardés. Que
c’était horrible ! La Poupée n’arrêtera pas tant que je serai vivante ? Ce n’est pas
possible, je ne peux pas me tuer. La Poupée, la malheureuse poupée, elle m’a
menti, non, je me suis menti. Je suis folle et j’ai tué mes parents et mon chien, je
suis horrible ! Peut-être faudra-t-il que je me tue, moi ? Tiens, on frappe à la
porte. J’abandonne mon journal pour aller voir. Pourvu que ce ne soit pas la
police.

Fin


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Contes à faire peur, collectif des 4èmes 2010

Comme chaque année, les élèves de 4e ont étudié la nouvelle de


Maupassant intitulée le Horla. Dans un journal, le narrateur partage sa
folie et son désespoir liés à la solitude, et à la condition humaine.
Les élèves ont pu inventer leur propre conte fantastique à la
manière de Maupassant, ou de Poe. D’autres ont choisi de donner une
suite à une partir du journal créé par Maupassant. Certaines nouvelles
contemporaines nous font vibrer aux sons des téléphones portables,
d’autres plus classiques font émerger des monstres des mers ou de
l’ombre. Le thème du double n’a pas échappé à certains élèves qui ont
préféré mettre en scène la folie des hommes. Tous l’ont illustré,
rendant grâce au travail effectué avec leur professeure d’art, Myriam
Garcia.
Je remercie d’avance les lecteurs indulgents qui auront la curiosité
de lire les créations de mes élèves et qui se souviendront que ces
jeunes plumes n’ont pas plus de treize ans.

Anne Guionnet, professeure de français



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