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COMITÉ DE DÉONTOLOGIE POLICIÈRE

MONTRÉAL

DOSSIER : C-2009-3580-3 (08-1071-1)

LE 2 JUIN 2010

SOUS LA PRÉSIDENCE DE Me RICHARD W. IUTICONE

LE COMMISSAIRE À LA DÉONTOLOGIE POLICIÈRE

c.

L’agent JONATHAN ROY, matricule 5832


Membre du Service de police de la Ville de Montréal

DÉCISION

CITATION

[1] Le 20 octobre 2009, le Commissaire à la déontologie policière (Commissaire)


dépose au Comité de déontologie policière (Comité), à l’encontre de
l’agent Jonathan Roy, une citation lui reprochant d’avoir abusé de son autorité, à
l’égard de M. Kenny Andrew Hopkinson, en l’intimidant (chef 1), et en portant
sciemment, contre lui, des accusations sans justification (chef 2), contrevenant ainsi
à l’article 6 du Code de déontologie des policiers du Québec1 (Code).

1
R.R.Q., c. P-13.1, r. 1.

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[2] De plus, le Commissaire reproche à l’agent Roy de ne pas avoir respecté


l’autorité de la loi, à l’égard de M. Hopkinson, en l’arrêtant illégalement (chef 3), en
le détenant illégalement (chef 4) et en utilisant sur lui la force, et ce, sans droit
(chef 5), contrevenant ainsi à l’article 7 du Code.

FAITS

[3] Le 31 mars 2008, vers 15 h 10, les agents Roy et Daniel Dubuc patrouillent à
pied la Plaza Côte-des-Neiges. Leur voiture de police est garée dans le
stationnement intérieur du centre commercial.

[4] M. Hopkinson et sa mère, Mme Sybil Adolphus, se trouvent au sous-sol du


centre commercial. Mme Adolphus fait des courses dans une boutique et
M. Hopkinson parle au téléphone cellulaire devant un commerce.

[5] Les agents Roy et Dubuc descendent au sous-sol du centre commercial et


croisent M. Hopkinson. Ils le saluent et M. Hopkinson fait de même. Les policiers le
reconnaissent. Celui-ci est un sujet d’intérêt et sa photo est affichée sur le tableau
de leur poste de quartier.

[6] De plus, le 24 mars 2008, l’agent Roy a procédé à l’arrestation du frère de


M. Hopkinson pour possession de stupéfiants, lors de l’interception du véhicule qu’il
conduisait. Ce véhicule appartient à M. Hopkinson qui s’est rendu sur les lieux de
l’arrestation à la suite d’un appel de son frère.

[7] Le véhicule a été saisi, étant donné le permis sanctionné de son frère. À la
suite de son intervention verbale lors de l’arrestation de son frère, il a aussi été
arrêté pour entrave par d’autres policiers.

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[8] M. Hopkinson affirme avoir parlé à l’agent Roy, le 24 mars 2008, et l’avoir
informé que ses papiers étaient en règle. Le policier ne lui a pas donné le motif de
la saisie de son véhicule. L’agent Roy nie avoir parlé à M. Hopkinson à cette
occasion.

[9] Les agents Roy et Dubuc continuent leur marche dans le centre commercial.
Vers 15 h 20, les policiers passent près du comptoir où se trouve M. Hopkinson
pour se diriger vers leur voiture de police. L’agent Dubuc devance l’agent Roy.

[10] Mme Adolphus discute avec Mme Valerie Johnson Lewis, une connaissance
qu’elle vient de rencontrer dans le centre commercial. Les dames sont à quatre ou
cinq pieds de M. Hopkinson.

L’intervention de l’agent Roy auprès de M. Hopkinson

Version du policier

[11] L’agent Roy entend un bruit ou un cri. Il s’agit d’une voix, mais il ne peut pas
saisir ce que la personne a dit. M. Hopkinson le regarde. Se sentant visé, il
s’approche de M. Hopkinson et lui demande : « What did you say? » M. Hopkinson
répond qu’il ne lui a rien dit. Il est convaincu que M. Hopkinson lui a dit quelque
chose. Après sa deuxième demande, M. Hopkinson le pousse avec ses mains au
niveau de la poitrine.

[12] L’agent Dubuc entend un cri. Il voit son collègue s’approcher de


M. Hopkinson et les deux hommes se tirailler. Mme Adolphus s’interpose.

[13] L’agent Roy contourne Mme Adolphus et demande à M. Hopkinson pourquoi


il a crié après les policiers. Il veut procéder à l’arrestation de M. Hopkinson pour
voies de fait, mais Mme Adolphus s’interpose et il doit la repousser.

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[14] L’agent Dubuc soutient que Mmes Adolphus et Lewis s’interposent en tirant
par les bras sur l’agent Roy et qu’il doit les repousser.

Version du Commissaire

[15] M. Hopkinson rapporte qu’en voyant l’agent Roy celui-ci lui demande :
« What did you say? » Le policier s’approche de M. Hopkinson et le frappe à la
poitrine avec son torse. M. Hopkinson répond n’avoir rien dit, mais le policier
réplique : « You called me a piece of shit ». M. Hopkinson lui demande : « Do you
have a problem with me? »

[16] Mme Adolphus voit l’agent Roy frapper son fils avec son torse à la hauteur de
la poitrine et l’entend lui demander : « What did you say? » Son fils répond qu’il n’a
rien dit, mais il est accusé par le policier de l’avoir traité de « piece of shit ». Elle
s’approche de la scène. L’agent Roy frappe son fils de nouveau avec son torse. Elle
s’interpose et tire son fils par les bras vers elle.

[17] L’agent Roy revient vers M. Hopkinson après que sa mère l’ait retiré des
mains du policier et elle doit étendre les bras pour le protéger.

[18] Mme Lewis entend un policier dire à M. Hopkinson : « Did you say something
to me? » et ajouter : « You called me a piece of shit » pour ensuite le frapper à deux
reprises avec son torse au niveau de la poitrine.

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La mise au sol de M. Hopkinson, les coups de poing et le poivre de Cayenne

Version du policier

[19] L’agent Roy agrippe M. Hopkinson au niveau du collet. Celui-ci fait un


mouvement vers la poche de son pantalon. Croyant que M. Hopkinson pourrait être
armé, il l’amène au sol par une enjambée. M. Hopkinson tombe face contre terre et
le policier tombe sur lui. Mme Adolphus tire le policier par les bras et il doit lâcher
prise sur M. Hopkinson. Celui-ci réussit à se tourner et il fait face à l’agent Roy.

[20] M. Hopkinson lui donne quatre coups de poing rapides au visage et tente de
crever l’œil du policier avec son doigt. L’agent Roy réussit à mordre le doigt de
M. Hopkinson et celui-ci enlève sa main. L’agent Roy lui donne deux coups de
poing au visage.

[21] L’agent Roy agrippe un bras de M. Hopkinson et l’agent Dubuc prend l’autre
bras pour faire un contrôle articulaire. Les policiers le retournent et il se trouve à
plat ventre au sol. Mme Adolphus tire l’agent Dubuc par les bras qui doit la
repousser.

[22] L’agent Roy tente un contrôle articulaire du bras gauche de M. Hopkinson.


Mme Adolphus repousse l’agent Roy et elle lui dit qu’il va casser le bras de son fils.
Le policier doit la repousser.

[23] L’agent Roy agrippe le bras gauche de M. Hopkinson, sort sa bombonne de


poivre de Cayenne et l’asperge dans l’œil gauche. Il réussit à amener le bras de
M. Hopkinson dans le dos pour la pose des menottes.

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Version du Commissaire

[24] Pendant que sa mère tente de le protéger en étendant les bras, l’agent Roy
revient vers lui et agrippe sa main. M. Hopkinson se défait de la prise du policier.
L’agent Roy contourne Mme Adolphus, l’agrippe de nouveau avec ses mains et le
fait trébucher. M. Hopkinson est couché sur le dos et le policier est sur lui.

[25] L’agent Roy lui donne deux coups de poing au visage. Sa main atteint le
policier au visage pour se protéger. Le policier mord son doigt et l’asperge de poivre
de Cayenne.

[26] Par la suite, les agents Roy et Dubuc le retournent face contre terre pour lui
passer les menottes.

L’arrivée des agents de sécurité et des policiers appelés en renfort

[27] Un agent de sécurité porte assistance aux agents Roy et Dubuc en prenant
les jambes de M. Hopkinson. L’agent Dubuc tient un bras, mais M. Hopkinson se
débat. La foule, d’une centaine de personnes, crie de façon agressive.

[28] M. Nzeyimana Venerand, agent de sécurité, est informé par un collègue de


travail d’une altercation entre un citoyen et des policiers. Il s’approche de la scène.

[29] M. Hopkinson refuse de marcher. Il se plaint de douleurs aux yeux. Les


agents Roy et Dubuc le soulèvent et tentent de le maîtriser. Celui-ci est agité, fait
des mouvements avec ses jambes et réussit à faire trébucher l’agent Dubuc.
M. Venerand appelle le 9-1-1. Les policiers arrivés en renfort dispersent la foule.

[30] L’agent Pascal Degand agrippe les jambes de M. Hopkinson et assiste les
agents Roy et Dubuc dans le transport jusqu’à la voiture de police stationnée à
l’extérieur.

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[31] Étant donné que M. Hopkinson se débat, l’agent Degand doit lui mettre les
menottes aux pieds avant qu’il ne soit entré dans la voiture de police.

La suite des événements

[32] Mme Adolphus, ayant déjà quitté le centre commercial, l’agent Roy ne peut
pas procéder à son arrestation pour entrave.

[33] M. Hopkinson est entré à l’intérieur de la voiture de police et l’agent Roy


l’informe de ses droits constitutionnels, comprenant le motif de son arrestation, soit
les voies de fait sur un policier.

[34] À 15 h 55, les agents Roy et Dubuc quittent le centre commercial avec
M. Hopkinson et arrivent au centre de détention à 16 h 10. M. Hopkinson est fouillé
par l’agent Dubuc et, à 16 h 20, il est mis en cellule.

[35] À la suite de l’altercation avec M. Hopkinson, l’agent Roy a subi quelques


blessures au visage, dont des ecchymoses au front, près du nez et de l’œil droit, et
à la bouche.

[36] Il rencontre un sergent-détective. Celui-ci constate les blessures au visage


de l’agent et lui demande de se présenter à la division Identité judiciaire. Des
2
photos du visage de l’agent Roy sont prises vers 17 h.

[37] Le lendemain, M. Hopkinson comparaît au palais de justice de Montréal et il


obtient sa libération sous cautionnement au montant de 100 $.

[38] Le 25 août 2008, M. Hopkinson dépose une plainte contre l’agent Roy au
bureau du Commissaire.

2
Pièce P-8 (en liasse).

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APPRÉCIATION DE LA PREUVE ET MOTIFS DE LA DÉCISION

Chef 1

[39] Le Commissaire reproche à l’agent Roy d’avoir intimidé M. Hopkinson, à


l’encontre de l’article 6 du Code.

[40] M. Hopkinson affirme que l’agent Roy l’a abordé en s’approchant de lui, en
lui demandant ce qu’il lui avait dit, en le frappant à la poitrine avec son torse à deux
reprises, et en l’accusant de l’avoir traité de « piece of shit ». Sa version est
corroborée par sa mère, Mme Adolphus, ainsi que par Mme Lewis.

[41] L’agent Roy soutient qu’il entend un bruit ou un cri, qu’il s’agit de propos qu’il
n’a pas pu saisir, mais qu’il est certain que lesdits propos proviennent de
M. Hopkinson, qu’il est visé par ces propos et qu’il s’est approché de M. Hopkinson
pour s’enquérir des mots exacts prononcés par ce dernier.

[42] L’agent Dubuc prétend qu’il n’entend pas l’échange de propos entre son
collègue et M. Hopkinson. Il n’a vu aucun geste précis, que ce soit ceux de
M. Hopkinson ou de l’agent Roy. « Ça se tiraillait », dit-il. L’agent Dubuc explique
qu’il n’a pas vu cette partie de la séquence, étant occupé à réagir au cri et à
observer tout ce qui se passait autour.

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[43] Pourtant, l’agent Dubuc se trouve à peine à quelques pieds de son collègue
et de M. Hopkinson. Le Comité a de la difficulté à croire que l’agent Dubuc ait vu
son collègue s’approcher de M. Hopkinson, mais qu’il n’ait rien entendu et que
l’agent Dubuc ait seulement vu, sans aucune précision, M. Hopkinson et
l’agent Roy « se tirailler ».

[44] Il est pour le moins surprenant que l’attention de l’agent Dubuc ait été attirée
ailleurs, au moment de cette partie déterminante de l’événement. Le Comité croit
que l’agent Dubuc a vu et entendu plus que ce qu’il a relaté devant le Comité.

[45] Pour le Comité, non seulement est-il plausible, mais il est plus que probable
que M. Hopkinson ait traité l’agent Roy de « piece of shit ».

[46] Le Comité tient à souligner que l’événement du 24 mars 2008 a toute sa


pertinence. La voiture de M. Hopkinson a été remorquée. Le frère de M. Hopkinson
a été arrêté et lui-même a été arrêté.

[47] Bien que l’agent Roy n’ait pas procédé à l’arrestation de M. Hopkinson, il est
le policier qui a fouillé sa voiture. Selon M. Hopkinson, il y a eu une discussion entre
lui et l’agent Roy à ce moment.

[48] Le Comité est convaincu que M. Hopkinson n’était pas des plus heureux en
voyant l’agent Roy, une première fois, le 31 mars 2008, dans le centre commercial
et qu’il ait traité le policier de « piece of shit », en revoyant les policiers une dizaine
de minutes plus tard.

[49] Ceci étant dit, il est plus que probable que l’agent Roy ait capté ce que
M. Hopkinson lui avait dit et qu’il l’ait abordé comme ce dernier, ainsi que
Mmes Adolphus et Lewis le prétendent, en lui disant : « You called me a piece of
shit ».

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[50] Selon la version de M. Hopkinson, corroborée par Mmes Adolphus et Lewis,


l’agent Roy l’a frappé deux fois à la poitrine avec son torse. L’agent Roy le nie.

[51] Selon la version de l’agent Roy, M. Hopkinson l’a poussé avec ses mains au
niveau de la poitrine. M. Hopkinson le nie.

[52] Le Comité est d’avis que l’affirmation de M. Hopkinson et celle de


l’agent Roy sont vraies, mais dans un ordre chronologique différent. L’agent Roy a
frappé M. Hopkinson à deux reprises au niveau de la poitrine avec son torse, et
M. Hopkinson a répliqué, en poussant le policier avec ses mains au niveau de la
poitrine pour se défendre. Il convient de rappeler que Mme Adolphus s’était
interposée pour protéger son fils, étant donné la proximité entre ce dernier et le
policier et pour éviter une escalade du conflit.

[53] Le Comité est d’avis que les gestes et les propos du policier ont été faits et
prononcés dans le but de gêner M. Hopkinson et de lui faire peur et ils constituent
3
comme tels de l’intimidation, selon la jurisprudence .

[54] Pour tous ces motifs, le Comité conclut que l’agent Roy a dérogé à l’article 6
du Code, en intimidant M. Hopkinson.

3
Commissaire c. Delsame, C.D.P., C-2003-3162-3, 23 février 2004; Commissaire c. Legault,
C.D.P., C-2002-3065-2, 3 septembre 2002; Commissaire c. Bigras, C.D.P., C-2000-2892-3,
12 mars 2002; Commissaire c. Barrette, C.D.P., C-98-2512-2, 20 décembre 2001.

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Chef 3

[55] Le Commissaire reproche à l’agent Roy d’avoir procédé illégalement à


l’arrestation de M. Hopkinson, à l’encontre de l’article 7 du Code.

[56] Considérant les motifs exprimés par le Comité pour conclure à l’intimidation
de l’agent Roy sur la personne de M. Hopkinson, il s’ensuit que ce dernier était
justifié de repousser le policier.

[57] M. Hopkinson avait traité le policier de « piece of shit », propos que le


Comité souligne comme tout à fait inacceptables de la part de M. Hopkinson. À
l’évidence, l’agent Roy était mécontent. Mais encore, cela ne lui donnait pas le droit
d’agir comme il l’a fait à l’encontre de M. Hopkinson.

[58] L’agent Roy pouvait émettre un constat d’infraction à M. Hopkinson pour


avoir commis une infraction à la réglementation municipale (avoir injurié un agent
de la paix dans l’exécution de ses fonctions) ou il pouvait utiliser sa discrétion et ne
pas émettre de constat d’infraction.

[59] M. Hopkinson n’a pas commis de voies de fait et il n’a fait aucun geste
pouvant justifier son arrestation pour ce motif. Dans les faits, l’agent Roy a donc
procédé illégalement à l’arrestation de M. Hopkinson.

[60] Pour ces motifs, le Comité conclut que l’agent Roy a dérogé à l’article 7 du
Code, en procédant illégalement à l’arrestation de M. Hopkinson.

Chef 4

[61] Le Commissaire reproche à l’agent Roy d’avoir détenu illégalement


M. Hopkinson, à l’encontre de l’article 7 du Code.

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[62] La preuve policière révèle que M. Hopkinson a été arrêté vers 15 h 50, qu’il
est arrivé au centre de détention vers 16 h 10, et qu’il a été écroué et mis en cellule
à 16 h 20. Il a été confié au fonctionnaire responsable à partir de ce moment-là.

[63] Étant donné la conclusion du Comité au chef 3 de la citation, voulant que


l’agent Roy ait procédé sans droit à l’arrestation de M. Hopkinson, il s’ensuit que sa
détention était illégale.

[64] Pour ces motifs, le Comité conclut que l’agent Roy a dérogé à l’article 7 du
Code, en détenant illégalement M. Hopkinson.

Chef 5

[65] Le Commissaire reproche à l’agent Roy d’avoir utilisé la force sans droit sur
M. Hopkinson, à l’encontre de l’article 7 du Code.

[66] Le Comité a décidé, au chef 3 de la citation, que l’arrestation de


M. Hopkinson était illégale.

[67] Il s’ensuit que l’agent Roy a utilisé la force, selon son témoignage, pour
amener M. Hopkinson au sol et pour le maîtriser par deux coups de poing au visage
et par le poivre de Cayenne, sans droit.

[68] Pour ces motifs, le Comité conclut que l’agent Roy a dérogé à l’article 7 du
Code, en utilisant la force sans droit sur M. Hopkinson.

Chef 2

[69] Le Commissaire reproche à l’agent Roy d’avoir porté sciemment contre


M. Hopkinson des accusations sans justification, à l’encontre de l’article 6 du Code.

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[70] La preuve révèle que l’agent Roy a arrêté M. Hopkinson pour voies de fait
sur un policier. À la suite de l’arrestation, l’agent Roy a rédigé un rapport
4
d’événement , qui est un document de cinq pages où il décrit les faits conduisant à
l’arrestation de M. Hopkinson.

[71] Il convient de rappeler que le Comité n’a pas cru l’agent Roy, que
M. Hopkinson n’a pas commis de voies de fait envers le policier et que l’arrestation
de M. Hopkinson était illégale. Ceci étant dit, le Comité est d’avis que le policier a
porté une accusation de voies de fait sans justification contre M. Hopkinson.

[72] Il reste à déterminer si l’agent Roy a porté cette accusation sciemment sans
justification contre M. Hopkinson.

[73] Les conclusions du Comité trouvant la conduite de l’agent Roy dérogatoire


quant aux autres chefs de la citation, plus particulièrement au chef 1 relativement à
l’intimidation, au chef 3 relativement à l’arrestation illégale, et au chef 4 relativement
à l’utilisation de la force, lui permettent de décider que le policier a sciemment porté
l’accusation de voies de fait sans justification contre M. Hopkinson.

[74] L’agent Roy a été l’instigateur de l’arrestation de M. Hopkinson. Le Comité


ne voit aucun motif pouvant justifier le policier dans sa décision de porter une
accusation de voies de fait contre M. Hopkinson. Il s’agit plutôt de mauvaise foi de
5
la part de l’agent Roy, étant conscient qu’il accusait M. Hopkinson sans droit .

[75] Pour tous ces motifs, le Comité conclut que l’agent Roy a dérogé à l’article 6
du Code, en portant sciemment contre M. Hopkinson une accusation sans
justification.

4
Pièce C-7.
5
Commissaire c. Boucher, C.D.P., C-2009-3508-3, 18 janvier 2010; Commissaire c. Cardinal,
C.D.P., C-99-2770-3, 17 mai 2001, paragr. 143.

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[76] PAR CES MOTIFS, après avoir entendu les parties, pris connaissance des
pièces déposées et délibéré, le Comité DÉCIDE :

Chef 1

[77] QUE l’agent JONATHAN ROY, matricule 5832, membre du Service de


police de la Ville de Montréal, le 31 mars 2008, à Montréal, a abusé de son
autorité, à l’égard de M. Kenny Andrew Hopkinson, en l’intimidant, et qu’en
conséquence sa conduite constitue un acte dérogatoire à l’article 6 du
Code de déontologie des policiers du Québec;

Chef 2

[78] QUE l’agent JONATHAN ROY, matricule 5832, membre du Service de


police de la Ville de Montréal, le 31 mars 2008, à Montréal, a abusé de son
autorité, à l’égard de M. Kenny Andrew Hopkinson, en portant sciemment,
contre lui, une accusation sans justification, et qu’en conséquence sa
conduite constitue un acte dérogatoire à l’article 6 du Code de
déontologie des policiers du Québec;

Chef 3

[79] QUE l’agent JONATHAN ROY, matricule 5832, membre du Service de


police de la Ville de Montréal, le 31 mars 2008, à Montréal, n’a pas respecté
l’autorité de la loi, à l’égard de M. Kenny Andrew Hopkinson, en l’arrêtant
illégalement, et qu’en conséquence sa conduite constitue un acte
dérogatoire à l’article 7 du Code de déontologie des policiers du Québec;

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Chef 4

[80] QUE l’agent JONATHAN ROY, matricule 5832, membre du Service de


police de la Ville de Montréal, le 31 mars 2008, à Montréal, n’a pas respecté
l’autorité de la loi, à l’égard de M. Kenny Andrew Hopkinson, en le détenant
illégalement, et qu’en conséquence sa conduite constitue un acte
dérogatoire à l’article 7 du Code de déontologie des policiers du Québec;

Chef 5

[81] QUE l’agent JONATHAN ROY, matricule 5832, membre du Service de


police de la Ville de Montréal, le 31 mars 2008, à Montréal, n’a pas respecté
l’autorité de la loi, à l’égard de M. Kenny Andrew Hopkinson, en utilisant sur
lui la force, et ce, sans droit, et qu’en conséquence sa conduite constitue un
acte dérogatoire à l’article 7 du Code de déontologie des policiers du
Québec.

Richard W. Iuticone, avocat

Me Christiane Mathieu
Procureure du Commissaire

Me Pierre E. Dupras
Procureur de la partie policière

Lieu des audiences : Montréal

Dates des audiences : 13, 14, 15 et 16 avril 2010

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