Você está na página 1de 50
A LA MEME LIBRAIRIE Puarox : La République (huitiéme livre) ; texte grec, dapriss Védition deK. Fr. Hermann, accompagné d'une notice, de notes Iittévaires et philosophiques ot d'un appendice, par EB: Maillet, dootour és lettres, professeur de philosophic au lycéo Louis-le- Grand. Paros : La République (huitieme liveo); traduction, dapris le toxto do K. Fr. Herman, accompagnée d'une notice et d'un appendice, par le méme. Siwiouk : De la Vie heureuse; traduction, Capris te toxte do H, Ad. Koch, accompagnée dune notice et d'un appendice, par le méme. Ciciwox + Les Lois (livre premier): toxte ot traduetion, Waprés Yédition de A, du Mesail (LeipsicX, 1879), par le méme, SHNEQU DE VITA BEATA TEXTE LATIN Daphis EDITION DE KoGH Précédé dune Notice sur la vie de Sénéque Avec un résumé analytique ds Pourage DE NOTES LITTERAINES EY PHILOSOPHIQUES EY SUIVE D'U APPENDIGE E. MAILLET sMosOPMT AL LYGHE LoUSL@NAND PARIS LIBRAIRIE CLASSIQUE EUGENE BELIN Vv" RUGENE BHLIN HY FILS RUE DE YavoIanD, N° 82 1882 jutes mes éditions sont revélues de ma griffe. Le Mh. SAINT-CLOUD. — IMPRIMIERIE VP EUG, BSLIN EF FiRSe NOTICE Malgré ses proportions restreintes, le De Vita beata est un ouvrage assez complexe, et il n'est pas facile d’en bien déter- miner Je caraetére. On y trouve d'abord une théorie du souve- vain bien et du bonheur, d'aprés les plus purs prineipes de la philosophic stoicienne, et en méme temps une curieuse appré- ciation de la doctrine et du caractére d’Epicure ; puis, sur une wansition trés rapide, presque insaisissable, le livre ehange i la fois d'allure et d'objet : il se tansformé en une apologic ambre et hautaine, meélée d'attaques violentes , d'imprécations haineuses ; Ja sérénité des premiéres pages y fait place au ton passionné de homme qui se livre sans réserve aux ardours de 4a lutte et & Ta défense de.son honneur, Cette apologie finale n’est-elle dans Ia pensée de Yauteur qu'un complément de la doctrine? N’a-t-elle pour but que d'y apportor des tempéraments nécessaires, on faisant voir comment a pratique de Ia vertu et le dédain du plaisir pettvont se con- ier, dans Mime d'un sage, avec la possession des richesses on Vexereiee des charges publiques? Doit-on, au contraire, y voir | partic essentiolle de Youvrage ; ot les théories si absolues et Si austéres de 1a promiére moitié da livre n’ont-elles pour but que de donner plus de poids a la défense du philosophe, en fa: sant admirer I'élévation de so Ia hauteur de son idéal ? Oi se trouve, en un mot, units de Pouvrage ? Est-ce dans la déGnition théorique du souverain bien et de la vie heureuse ? Est-ce dans la détermination pratique de la juste mesure oit le sage s‘arrtiera, lorsqu’ll Ini faudra concilier avec la rigueur de ses principes Jes exigences d'une haute situation ou d'une grande fortune? Répondre a cette question, ee sorait expliquer du méine coup Ie sens philosophique et la portée morale du De Vita beata. Un’est pas doutewx pour nous que le De Vita beata soit essen- ticlloment une euyre d'apologie imposée a Sénéque, daus los dernidves années de sa vie, par les accusations de ses envieux ot peut-étre aussi par les doutes et les inquiéundes de sa propre gonscience. Mais nous allons voir que, pour faire cette apologic, i n’a eu besoin ni de renier ses actes, ni de rejeter Jes prin: cipes de la philosophie stotcienne; il Inia suffi de suivre, jusque dans ses derniéres conséquences. une des théories les plus con- testables sans donte, mais aussi ies plus ingéniouses et les plus Subtiles de son école. Cette théorie, dont nous examinerons wo, NOTICE. plus loin la valeur, Ini a perinis de justilier sa conduite & ses propres yeux, et den montrer accord sinon avec lesprit, du moins avee la lettre du Stoicisme. 1 Pour nous en convainere, rapprlons d'ebord les prineipaus nements dela viede Sénéque, et voyons dans quelle mesure il faut acceptor les accusations, souvent graves, qnelquefois, oiliouses, qui ont ét6 dirigées contre Ini. Séneque naquit & Cordoud, Pan 2 ow 3 de Vere chrétienne, oir 756 de la fondation de Rome. 11 eut pour pare Sénéque Je Rhéteur, dont on nous a conservé un reeueil do Décla- ‘mations. Sa mbre, Helvia, parait avoir été uae femme d'un grand osprit ot d'un grand cour. Toute sa famille fut, d'ailleurs, des plus distinguées : l'un de ses deux fréves, Nevatus, celui-ta meme auquel le De Vita beata est dédié, s’éleva par son mérite aux plus hantes dignités de tat; Fautre,, Méla, cut la gloire de donner le jour an poste Lucain, De bonne heure, Sénéque manifesta gon gotit pour la pl sophie: ibeut tour tour différents maitres qui Tinitiérent aux principales doctrines de Vantiquité. Sotion Jui fit connaitre le principes de 'école pythagoricienne ; Démétrius le Cynique hui easeigna le mépris ides richesses ; mais e'est surtout Je stoicien Attale qui exerga sur Ini une grande influence et alluma dans son ame une sorte Wenthousiasme pour Ia pauvreté, Toutefvis, d'aprés les conseils de son pire, Sénéque delaissa momentandment la philosophie pour I'étoquence, ot demanda & des succés oratoires entrée de Ia vie publique. Déja il avait obtenu la questure, el il était en vote d'acquérir par Mclat de sa parole une assez grando réputation, lorsqu'il fut exposé par Jn haine de Caligula & de sérieux dangers. Ge prinee ridicule et cruel aspirait aussi au talent de la parole; il vit daus Sénéque un rival, ot commenca a se venger de lui par des traits méchants, qui ne sont pas toujours dépourvus de justesse. Ainsi il définis- sait l'élocution de Sénéque du mortier Sans chaux, arenam sine alee; et par la il raillait assez finement es saillies soudaines, ces traits brillants, mais trop détachés los uns des autres, dans Jesquels nous retrouvons, en effet, un dos caractéres dominants du style de Séndque. Mais Caligula ne se borna point & des plai- santeries : ayant un jour entendu Ini-méme l'orateur, il prit ombrage des applaudissements qui accueilirent, et il songeait flo faire mettre & mort, quand une eourtisane Ie sauva en di- sant au prince : « Ge n'est qu'un. enfant, il n'a qu'un soullle de vie. » Powr échapper au péril qui fe menagait, Séneque se re tourna vers les études philosophiques, ct c'est sans doute a cette “la responsabilité de ses actos. Il est certain que, NoTice, vw Epoque qu'il composa som premior ouvrage, le Traité de ta Colére, olt Ton trouve des allusions aux violgnecs et aux folies do Caligula. Los commencements du régne de Clandedonnérent a Séneque nn moment de répit. C'est alors qu'il fonda une éoole de philo- sophie, et vit s'accroitre sa réputation de sagesse’et do vertu ; mais une nouvelle épreuva allait bientét V'atieindre. Mossaline Gt peser sur Jui une accusation d'aduliére avec Junie, fille de Germanicus, et oblint qu'il fUt exilé en Corse, ol il reste sept ans. Crest lit quill éerivit la Consolation @ Helvia, qu'il prit le goilt des questions naturelles , et qu'il compost tun certain nombre des tragédies qui nous sont parvenues sous son nom Une révolution de palais qui renversa Messaline changea tout 4 coup la fortune de Sénéque. Agrippine, éclairée par le son liment général, le rappela de Vexil ot lui confia, on meme temps qu’a Burrhus, ’édueation de son fils qui allait bientot s‘appeler Néron. Tacite nous explique en quelques mots le parlage de fonctions qui se fit entre les deux précepteurs du jeune prince Buryhus exergait son influence par ses talents militaires et la sévérité de ses meeurs ; Sénéque, par ses legons d'éloquence ot par les gritees dont il parait la sagesse. A Pavénement du nou- vel emperour, ses maitres dovinrent ses ministres et partagerent des cette Epo que, bien que Néron n'ett point encore cessé de se contenir, Sénéque comprit Ia violence des passions qui s'agitaient dans Time du. prince et se rendit compte des ipalheurs dont ell menagaient humanité, C'est pour cola sans doute qu'il éeriv Ig De Clementia. On sent qu'il a été doming, & chaque page de ce livre, par la préoccupation de prévenir Ies écarts d'une na- ture désordonnée ot fantasque, en mettant sous les yeux de son Aleve le tableau des grands actes de elémence qui s‘éiaient pro duits dans les siécles autérienrs, et en Ini rappelant surtout que la clémence ne doit point etre’ un eaprice passager, mais une Aisposition permanento de ime. « Je n'appelle pas elémenee, itil & plusieurs reprises, In cruauté fatiguée. » Malgré ces précautious et cos ménagomonts, 1a férocité do Néron devait bientét se montrer d'une maniére terrible ; son premier éelat fut Je ureurtre de Britamnieus, crime d’autant plus adiews qu'il eut pour point de départ une eause futile, et qu'il fut prémédité froidement, pour détruire les espérances d'Agrip- pine et pour ui eulover tout appui. Séneque ne fut certaine- ment mélé ni @ la préparation ni & Texéoution de ce forfait ; mais quelques-uns de ses onnomis lui reprochorent d'en avoir ting prolit et davoir accepts une part des dépouilles de la vietime. Apris ce premigr crime, Néronn’hesita plus & jetorle masque et de nouveaux forfaits se suceédérent rapidement. Le mourtre vit Noviee, «Agrippine fut perpétré avec un raffinement inouit d’hypocrisie et do cruauté, Burrhus ne tarda point a disparaitre & son tour, et i est vraisembfuble qu'll fut empoisouné. Des lors, Sénéquo se trouva complétement isolé dans cette cour corrompue, oil ne pouvait plus méme atténuer Je mal dont il était témoin ; ses ennemis se réjouissaient brayamment de sa disgrice et le pour- suivaient de Teurs accusations ; il voulut quitter la cour, se re= tirer dans une province lointaine, rondre & Néron les immenses richesses qu'il tenait de-sa libéralitg. Néron se donna Je cruel plaisir de refaser cette faveur, et de maintenir eelui qui était, encore son ministre dans une ‘situation fausse, inquiéte et hu= milige, ot il gardait les apparences de lautorité et de Ja faveur, tandis qu’en réalité le pouvoir n'appartonait qu’a Tigellin et aux plus indignes favoris, Pendant co temps-li, lempereur conti nuait Je cours de ses forfaits : il faisait assassiner Octavie, il incendiait Rome, il se livrait & ses goats de comédien et & ses ralfinements de débauiché. Enfin, 1a conspiration de Pison éelata, Séndque, livré tout entier & Ia méditation philosophique, & 1a composition de ses ouvrages, ne dut pas y prendre.une part vraiment active; mais il est possible qu'il en ait eu connais- sance ; il est possible méme que quelques-uns des conjurés alent pensé & lui pour I'élever au rang supréme; et ce qui donno quelque fondoment a cette supposition, c'est que Sénaque so rapprocha de Rome pour éve & poriée des événements, Quoi quill en soit, ies soupeons de Néron furent confirmés par des gnoneiations que les tortures arrachérent & quelques eomplices; Séneque recut Tordre de s‘ouvrir les veines, et mourut avec le plus grand courage, Telle fut la vie de Sénéque. On voit qurelle a été travorsée par de. dures éprouves. Alle 618 aussi déparée par de graves sfaillanees morales, peut-8tre méme par de honteuses. fai- hnlesses ? Cela ne semble guére douteux. Mais il est juste de ne pas 89 prononeer trop vite, et d'examiner & part, en tenant compte de toutes les circonstances, chacune des accusations qui ont été formulées. La promiére ne manquerait pas dogravits, mais olle est ion obscure. Les historiens no la développent pas. Sénéque est impliqué dans Yaceusation d’adultére qui entraina la perte de Junie. fille de Germanicus. Il faut songer que laccusatrice est Messaline; que Sénéque jouissait déja a cette époque d'une grande réputation de verti : il faut songer aussi & la jeunesse maladive du philosophe. On voit de suite que accusation est bien invraisemblable, et que nous sommes la. en présence d'une intrigue de cour, & Poceasion de laquelle des inimitiés inconnues se sont donné carriére. Mais, voici déja une accusation plus précise; Sénéque, dit-on, na pas supporié son exil avec digmité et courage, 7 noricr. 1% U1 faut avoner que, si la Consolation a Polybe est un ouvrage authentique, Sénequo so trouve, sur ce point, absolument cone damné. 11 est, en effet, difficile d'imaginer un ouvrage plus in digne d'un philosophe qui a edlébré tant de fois In constance et Ja grandeur d’ame, Polybe, simple affranchi, méls, avec Narcisse, & toutes les turpitudes du régue do Claude,’ venait de perdre un frere; énéque, s'il est vraiment Yautour de la Consolation, aurait prolité de cet événement pour envoyer an favori une longue lettre remplie indirectoment d’adulations et de flagorneries Vadresso de Vempereur. Ou peut en juger par quolques cita- UUons ; « Relevez votre courage, et chaque fois que les larmes viendront romplir vos yeux, arvétez-les sur Gésar; elles se sé cheront au radieux aspect de cette puissante divinité, Eblonis de son éclat, vos regards ne pourront se porter sur aul autre objet il les tiondra tixés sur iui seul... Voir César'on penser A Ini, n’estece pas wn adoucissement “bien réel a vos maux? Puissances du cicl, prétez-Ie longtomps i la terre! ete., ole. » Nrost-il pas évident que Yauteur de parcilles lignes songeait ‘moins & consoler un homme indifférent et eruel quia faire passor sous les yeux dit maitre.un éloge dont il espérait son pardon ? Humiliation bien inutile, dailleurs, puisque Vexil de Sénéque se prolongea eing années encore. On pout essayer, il est vrai, de supposer que la Consolation # Polybe n'est point de Sénéque; mais les raisons invoquées en faveur de cette’ opinion n’ont pas grande valeur. L'ouvrage, dion, mest pas digue de Sénéque. Mais n’est-ce pas faire uti cerele vieieux que d'opposer a priori le caractére dun philo~ sophe i Pauthentieits Cun de ses ouveages, quand on n'a préci= sément pour connattre son earnetéro quo ensemble des Serits qui nous sont parvenus sous son nom ? Pour quelle raison, d'ailleurs, un faussaire aurait-il sup= posé cet onvrage? On comprend la composition do. lv apoeryphes, quand fs correspondent & un mouvement général Widéos. Les Evangiles apocryphes ont lour point de départ dans la formentation religieuse des premiers sigclos du Christianisme, La correspondance apocryphe de Sénéquo et de saint Paul Stexplique par le désir de concitior In sagesse paienne avec Ia Névélation ehrétienne. Mais a-t-on beaucoup d’exemples d'un ouvrage apocryphe composé uniquement pour diffamer un homme % : La Consolation @ Helvéa sufft & nous montrer que le courage le Sénéque allait faiblir dans son épreuve. Malgré les réelles deantés de cet ouvrage, on y sent continuelloment le ton d'un hhomine qui se raidit contre la souffranee, et cherche’ s'étourdir Ini-méme, non moins que celle qu’il console, aT'aide de réflexions ‘éclamatoires et factices. Il est done vraisemblable qu'aprés les ¥ orice, smiers jours d'aceablement et de torpeur, Sénéque se reprit Fuelque tompsala vi ilessayade charmer es istesses doTexiL par Fobservation des phénoménes naturvls et par Ia composi- tion de ses tragédies ; mais quand il vit que 'exil so prolongoait, quand il éprouva. toutes les angoisses de ambition dégue, il ddut faiblir et essaya d'obtenir par des moyens détournés une grice que sa ficrié ne lui permetiait pas encore de réclamer directement. — personnelle et de coutiauité dans ses prineipes lorsqu’il eomposa I’loge de Claude de Ja méme plame qui venait d’éerire 'Apokolokyntose. L'Apokolokyntose cu transformationen citrouille est uno sa- tine virulente et sonvent grossiére que Séubque éerivit immédi tement aprés Ia mortde Claude. Une courte citation suiira pour faire comprendre Jes. sentiments de haine qui lui dic pareil pamphlet : « Claude s’évertuait & pousser sou ame au de- hors, mais elle ne pouvait trouver d'issue. Alors Mereure, qui s‘était toujours amusé de Fesprit de Claude, tire @ part une des trois Parquos, ot Ini dit: « Quel plaisir, femme eruelle, poux- tu prondre anx tourmeuts dece misérable homme? Ce n'est pas Ja poine de le torturer si longtomps : it y a tant6t soixante- quatre ans qu’ll est en Tutte avec son ame. Pourquoi Ini eu vouloir? Soullre quo les astrotogues rencontrent vrai une fois, eux qui, depuis qu'il est devenn prince, le tuent chaque année, chaque mois? Ft toutefois, ce n'est pas merveillo qu’ils se trompont : personne n’a jamais connu Thenre dé sa naissance ‘Aussi bien personne n'a jamais era qu'il fit 6. Allons, fais ton office . » Livre-le & Ja mort, et fis qu'un plus digne régne & sa Bonk satire commencait sans doute A circuler dans Rome, lorsque Sénéque fat chargé par Néroun de composer Téloge funebre que lempereur devait prononcer aux obséques do Claude. Tacite remarque 2 ge propos que, jusqu’a Néron, tous les maitres de empire avaient su composer eux-mémes leurs harangues; Néron, absorbé par ses. goits artistiques, en°était incapable. Personne n’ignorait dans Fassistance que le discours était de Sén2que; aussi, nous dit Tacite : « Tant que Néron se contenta de vanter dans Claude lanciennejé de sa raco, les constlats ot les triomphes de ses ancétres, P'atiention de Mau diloire soutint Vorateur; on se préta méme & lentendre lower s0s connaissances litéraires et rappeler que, sous son rbgno, Ja République n'avait essuy$ aucun échec au dehors; mais quand il en vint & la sagesse ot & la prévoyance do Claude, personne no put s'empécher de rire, » Ce réeit n'est évidemment past la gloirede Séneque il démontre unesinguliére inconstanee chez l'éerivain qui était capable a la fois de vilipender eelui qui notice, xr avait été son maitre dans uno satire amére et violente, et de Foxaiter dans un éloge officiel Mais voyons maintenant Sénéque & la cour de Néron. Crest ici quo les accusations dirigées contre lui prenaent un singulier caractére de gravité. Pour faive la part de co qu‘elles conticnnent do juste et dexagéré, rendons-nons bien compte de la situation dans laquelle se trouvait Sénéqui Agrippine Yavait placé & Ia cour do Néron, mais elle I'y avait placé dans une pensée ambiticuse; elle attendait de lui qu'll Faiderait & dominer Néron, et & exereer Ia r¥alité du pous voir, tandis que l'empereur n'en gardernit quo Papparence S néque ne so préta point & ce réle, et, en cola, fit strictement son devoir. On ne pout, sur ee point, Iui adresser aucun te= proche; carsi nous conuaissons les horveurs du rene de Neron, ous no pouvons savoir ee qu'auraisnt été leshorreurs du régne «’Agrippin Un épisode, raconté par Tacito, nous montre aves quelle présence d'esprit et quelle délicatesse Sénéque sut, dans cos circonstances, concilier ses devoirs de dévouement envers Né~ ron avee ses devoirs de déférence envers Agrippine. « Un jour, dit-il, des ambassadeurs arménions plaidaient devant Néron Ia causo de leur pays; Agrippine se préparait & monter sur le tribunal de Tempereur et & siéger pres de lui, lorsque, bravant la crainte qui tenait les autres immobiles, Sénéque avertit le prinee Maller au devant de sa mere. Ainsi le respect filial sor= Vit de prétexte pour prévenir un déshonneur public. » Mais, s'il eut raison de maintenir fermement los droits de Temperour, Sénéque eut tort de favorisor ses faiblesses. "Tacilo nous dit qu’ co sujet V'attitude commune des deux préceptours do Néron fut d'abord uno certaine condescendanco, destinée it prévenir de trop grands écaris ; « Juvantes invicem, quo faci ius lubricam principis ztatem, si virtutem adspernaretur, voluptatibus concessis retinerent. » Mais Sénique dépassa ene suite singuliérement cette mesure; il trouva, dans $a propre famille, un homme qui consemtit & couvrie, en servant de préte- nom, les débordements de Vemperear. Néron ayant congh une vive passion pour une jeune allranchie nommée Acté, Sénéque dgeida le joune Serenus, le méme auquel il dédia le traité de la Tranguillité de ame et Yo traité de la Constance du sage, i voiler aux yeux du public eotte passion du prince, « ot les se crétes libéralités de Néron passdrent en public pour des pric sents de Serenus. » Tl faut toutefbis ajouter, comme cireonstance alténuante, que, méme on favorisant ainsi les faiblesses do Néron Sondque continuait & Je protéger contre Tambition de sa mere, car nous savous qu’Agrippine, pour conserver son empire sur Névon, n’hésitait point & recoucir & de tels moyens, & desi hon tenses aéductions, qu'il faut la plume de Tacite pourles raconter, x NoTIcr, ‘Nous arvivons enfin dla plus grave de toutes ces accusations : Sénéque a pris part au meurtre d’Agrippine, Hl Ta conseilla, il ona fait V'apologie, Sur ce double point, il est impossible non soulement de jus- tifler, mais méme d'oxeuser Séneque. Quelle que soit l'indig @'Agrippine, on ne pout que blimer énergiquement coux qui ont contribué, sous une forme queleonque, an mourtre dane mire par son fils; ou ne diseute pas le parricide. Mais, s'il ne doit pas étre question ict de cireonstances atté~ auantes, il est juste au moins d'indiquer exactement dans quelle mesure Sénéque a participé au crime, el de faire voir Ie carac~ tére en quelque sorte passif du réle qu’il a joué dans son ne complissement. Or, il n'est nullement exact de prétendre qu'il Pait conscillé. Pas un mot dans Tacite n'autorise & eroire que Sénéque ait connu et & plus forte raison approuvé la résolution de Néron 4 Yégard de sa mero; mais lorsque la tontative d’Anicotus eut Sohoué et qu’Agrippine blessée eut regagaé sa maison de eam= pagne, Néron éperdu, agité & la fois par la crainte des von geances de sa mére et par les remonds de sa eonscionee, appela pris de lui Burrhus et Sénéque. La scdue qui stensuivit est profondément regrettable; mais on peut eroire, en lisant atton- tivement le récit de Tacite, que Ia responsabilité de Séndquo est moins grande que celle de Burrhus, En effet, Sénaque se contenta de demander si lion pouvait donner aux soldats Fordre aceomplir le mourtre, et rien n'empéche d'admeitre quon posant ainsi le question ‘il voutiit provoquer une réponse néga- tive. Burrhus, ainsi consulté, répondit : « Les prétoviens, attac ehés & toute la maison des Oésars, et pleins du souvenir du Germanicus, n'oseront pas armer leur bras contre leur fille. » Mais il jouta aussitét : « C'est Anicetus qui doit se charger accomplir sa promosse, » Sénéque ne répligua rien; il enten= Ait sans protestation Ie cri de joie de T'empereur s'écriant + « Crest aujourd'hui que je recois empire! » Ino fit dane rien pour empécher le crime; il lautorisa de son silonce, -Crest dans cette mesure qu'il en doit porter la responsabilité. En revanche, il n'est pas possible de contester que Sénéque ait fait Papologie du meurire. Toutefois, si Yon veut étre com. plétement juste, i faut remarquer en méme temps que. cette apologie est moins une justification au point de vue moral qu'une explication au pointde vue politique. Des nécessités de ce genre se sont quelquofois renconteées. dans la carriére des hommes d’Btat; ils ont eu quelquefois, dans un intérdt d'ordre public, de siabilité sociale, & expliquer des faits quils n'ap- prouvaient pas nécessairement, et a rétablir les circonstances politiques au milieu desquelles eos fails s'Staient produits. Crest 4 co point de vue qu'l faut se placer pour compreadre Ia lettre NoTICR. x! par Séndque. Sans douto, cotto lettre est toujours des plus condamnables, puisque les accusations les plus perfides, les calomnies les plus insoutenahles y sont accneilies avee une singulidre mauvaiso foi; mais, en méme temps, elle nous rend compte de l'antagonisme irrémédiable qui s‘était établi entre Agrippine et Néron ; et elle nous fait comprendre (oe qui ré suite ailleurs de tout le récit de Tavite) que, si Néron n’avait pas accompli son forfait, Agrippine m'etit réculé devant rien, pas méme devant Je meurtro de gon fils, pour assurer son pou voir; car Yambition étouffait dans le ccrur de cette femme tout autre sentiment. Reste accusation relative aux richesses. Tacite la développe surtout & Foceasion du proces de Suilius. Voiei quelques traits do cette accusation : Sénéque, en quatro ans de favour, avait entassé trols cents millions de sesterces: it épuiseit, & foree da sures, I'Italie et les provinees ; il captai: les testament; il attic ‘ait dans ses pidges les vieillards sans Levit Cotte acensation s'est reproduite tant de fois, sous tant de formes diverses, qu'il est impossible do la rejeier une maniére aabsolue. Séneque n’a pas ét6 seulement 1n des hommes les p opnlents de son époque ; nous avons des raisons de eroire quien elfet il a poursuivi avec une Aproté singalidre Te développement indéfini do sa fortune. C'est un fait & pou prés indiscutable. Mais la encore, a cdté de Yaccusation, il fant placer, si fon veut tre impartial, les circonstances attémuantes, D'abord, tonites les richesses de Sénéque ne Ini sont pas ve~ ues des libéralités de Néron; nous tenons de diverses Sources que son pare lui avait déja Iaissé une fortune eonsidérable. Ensuite, il n'est pas certain que les richesses ajoutées par Sénéque au patrimoine paternel aient ét6 acquises par les com- plaisances coupables et les artifices honteux que lui attribuent légérement quelques historiens, ot surtout Dion Cassius, Quelles quaiont été les faiblesses de Sénéque, il mérite bien encore que Yon tienne compte de ses affirmations les plus précises, do ses protestations les plus formelles. Ses eunemis Maccusent avoir sa part des dépouilles de Germa maniére scandaleuse a la captation et & 'usure. Comment, s'il en était ainsi, auraitel pu écrire dans le De Vita beata «Oui, le philosophe pourra avoir de grandes richesses, mais qui ne seront ni enlevées & personne, ni souillées dul sang autrui. 11 les aura acquises sans porter tort & qui que ce soit. sans se livrer & de honteux profits. Biles sortiront honnétement de chez lui, comme elles y seront entrées honnétement; et per= sonne n’aura & en gémir, sice n'est l'envieux » ? Certaines ace eusations s2 réfatent par leur exeds méme. Enfin, il n’est pas douteux que Sénéque ait fait généralement ‘un bon émplot de sa fortune ; sans doute, il ne faut pas attendre oe Notice, de Tui Jos ardeurs, les sublimes exeés de la charité chrétienne ; mais il a pratiqué dune maniére large, quelquefois delicate, Ia ibéralité, telle que la comprenaient les anciens. Qu’on tienne équitablement compte de toutes choses, et Yon s‘apereevra que Séneque ne doit éiro placé ni trop haut ni trop bas dads notre estime, Avant méme d'insister, comme nous le ferons tout i V'heure, sur Yanalyse do son caractére, nous voyons clairement que les fates de Sénéque proviennent sutr- tout du miliow social of il eut le malheur de vivre ; sou ame, naturellement droite, généreuse, ardente au bien, a élé entravée duns son développement moral par le spectacle de tant de cor. ruptions, de violences et de turpitudes; elle a été comme éerasée par Ja grandeur tragique des Svénements qui se sont déroulés wtour delle, et qui ont fait de cette époque la plus sombre de Phistoire, M. Martha, dans son beau livre : les Moratistes sous 'Empire romain, a parfaitement décrit cette fatalité qui a pesé sur la viv entiére de Sénéque, et qui, sans mows donner le droit de l'ah- soudve entiérement, nous ‘permet au moins de le plaindro « Quel philosophe, dit-il, fut jamais soumis a de si délicates éprouves, mele. & de si terribles eontlits, et fut plus excusable de n’avoir pas conservé tomte la fermeté de son jugement? Sil est encore permis de parler, selon Pantique usage, des jeux eruels de la Fortune, no parattelle pas avoir pris plaisir a d= concerter Ia sagesse du philosophe, a le désarmer méme de son courege? Elle iui ouvrit le chemin'des honneurs et de In puis sanco, ¢n offrant & sa verte la tentation honorable d'élever, pour le bonheur du monde, un joune prince de belle espérance; elle Nenchaina ee devoir par Phonneur, Ja reconnaissance, 10 sontiment du bien publics puis, quand elle V'eut attaché a cos grandeurs par les liens les plus diflicles & rompre, elle dévoiln peu a pou Telfrayant caractére de co royal élave ; elle ft att précepteur devenn ministre uno obligation civique de ne pas abandouner le souverain & ses sauvages emportements ; elle obscureit et voila Ia conscience du sage en le plagant entre des dovoirs divers, imposés d'un c6té au philosophe, de autre aut politique, et par Vespoir qu’elle lui laissa longtemps de vainero tine nature indomptablo; en ménageant toujours des excuses plus ou moins plansibles & la faiblesse, elle entraina sa pru= dence Wabord a des concessions permises, ensuite a des com= plaisances coupables ; enfin, quand elle eut ainsi compromis sa vertu, entaché sa renommée, elle le forea de domeurer malgré lui au faite de ces grandeurs qui faisaient son supplies, lui infligeant toutes les angoisses d'une disgrice, sans Ini om laisser Jes consolations, lui refusant & la fois la ressouree de fuir dans la retraite, Fespérance de vivre. Poceasion de mourir uti Jement, et le niduisant a la triste nécessité d'attendre de jour NOTICE. XY en jour son arrét de mort, et de perire méme la gloire qu'il eit obtente par un moius terdif trépas. » 1 Bxposé par Ia faiblesse de son earactire Ade tres regrettables aatalances, comment Sineque a-tal pu saachsr au Soi- cists, e'esta-diro & Vole de philosophie qui préche la morale qa plus austire et qui exige do ses disciples la perfection la plus continue? Avant do Vexpliquer par les contradictions de Y'ame ‘de Sénévque, on peut, eroyons-nons, en chercher aussi la raison fans quelqtcs contradictions du Stoietsme lul-mime. ‘On n'est gudre habitué & cette idée qu'il puisse y avoir dan: le Stoieismo, sinon des contradictions proprement, dites, au moins des solutions de continuité et des incohérences. Au pro~ ier abord, en effet, quelle harmonie dans cette doctrine quelle admirable unité do toutes Jos partios dont elle se com pose! Tne seule idée, selle do Ia. tension, circule & travers le Eystéme ontier ot en ree fortement les diverses théories, 1o- Ehtues, physiques. morales. En Togique , «est Ia tonsion de le ponsée, Cest Ténergie de Fassentiment qui détermine les divers Uogrds do la vérité et de la science. Bn physique, c'est la ton sion da feu organisateur, de T'éther plastique, qui maintien partont dans la nature Tuite, Tordro et Ja vie. De méine, et & plus forte raison, en morale : c'est Ia tension de Ia volont Tnmuablo en ses résolutions, qui fait Ia sagosse et la vertu. Le sage est semblable, daus unit inflexible de sa vie morale, ou principe divin qui, anime In naturo, Hgalement inacoess ux séluctions du plaisir et aus attointes de Ia douleur, il ne se Jaisse @étourner de Ia droite voie ni par Vespérance ni par la erainto, Sa vie est pour lui wn fragment du grand potme de Tanivers ; il ne s‘inquiéte pas de savoir si elle est heureuse ot malhoureuse, il sait toulement qu'elle est néeossaire & l'unité {Gu Tout, & Fordre universel dont elle fait partie intégrante par suite, il se résigno a toutes les éprouves, ou plutdt il les Teeepte avec joie, aimant et voulant tout ce que veut I'sternelle Naturo, et, dans les plus dures adversités , i] conserve la svi nité de Time, « il dispute de Ia felieité avec les dieux. » "Toutefois, ‘cotte unité de la doctrine est plus apparente que réello; at fond, ily adans Ja philosophie morate des Stoteiens deux grandes théories parfaitement distinetes : Yone métaphy- Sique, autre psyehologique; une appuyée sur une conception a priort, Yautre sur Iéiude expérimontale dela nature humaine ; cs deux conceptions se développent concurremment aut sein du Stoicisme; elles tendent sans cesse A so rapprocher et & se fondro, mals la conciliation définitive ne se fait pas ; ébaucl xvi NoTice, par quelques Stoiciens, elle est sacriflée par d'autres; ot une regrettable contradiction subsiste la base du systeme, La promidre de ces théories essentielles dont so compose la doctrine moralo du Btoicisme, c'est celle du devoir. On sait, quielle a &té reprise par Kant ;'et il y aun trés grand intérée & rapprocher, sur une question si importants, deux philosophies qui ont leur principe dans une méme inspiration morale, bien duels soiont séparses Tune de autre par un intervalle dé vingt siéeles. Liincomperable grandeur de la doctrine morale de Kant con- siste & avoir mis en pleine lumiére le caractére absolut, la na ture inconditionnelle du devoir. C'est 1a, ailleurs, ce qui donne un c si_profondément original au systéme entier du philosophe de Keenigsberg. Kant a fait reposer sur cette no~ tion du dovoir ta philosophiv tout entiere. Ce quelque chose de forme et d'ingbranlable, firmum quid atque inconcussum, quo tous les autres philosophes ont cherehé, ot que un a placé dans Jn conscience, Yautro dans Ia sensation, autre dans Toffort, Kant Ma cherché aussi et I's trouvé dans'Ia loi morale. Crest. Ie dgvoir qui est le vrai fond, la vraic substance des choses; c'est jnsqu‘an devoir qu'il faut ereuser pour atteindre enfin la derniore assise sur laguelle tout repose. Les autres choses ne nous sont connues qu’a travers les formes purement subjectives, et sans doute illusoires, dela sensipilité et de Ventendement ; seule, la Joi morale est V'objot dane certitude immédiate, absolue ; seule, elle ne suppose rien au-dessus d'elle et se sufit & elle-mome, Par eonséquent, Ie devoir ne saurait etre mis on balance avec tes divers mobiles auxquels se rapporteut quelquefois nos ac- tions; aucun deux ne peut se maintonir en face du devoir; Tintérét, en particulier, n’a aucun droit Jui disputer 'ompire de nos volontés. On connait les. traits principaux du paralldte que Kent a établi entre eux. L'intérét conseitle, le devoir o donne. L'intérét pousse Mhomme a n'agir qu'aprés avoir consi- déré toutes les cireoristances do son acte, et en avoir calculé toutes les consiquences, méme les plus lointaines ; Ja ligne de conduite qu'il nous trace est subordonnée & de nombreuses ex- ceptions ; ello varie d'un individu & un autre , elle se moditie continuellement chez lo méme individu; en un mot, lintérdt n'est que T'émpéralif hypothétique. Le devoir, au contraire, nous commande d'agir indépendamment des conditions parti culigres dans lesquellos nous pouvons nous trouver ; il ne con- sulte pas nos convenances ; il ne. tient pas compte de l'heure et du ie co qu'il nous ontonne de fure i nous Limpose incone itionnellement, et il Ti ‘mémo_ tem) nis; c'est rt lott impose en mémo temps & tous; c'est lle conception de Fabsolu du devoir, les Stoiciens 1 dajaSnonede, Tome mnie mons sevante et males pesos xvit peutétre, mais avec une égale énergie. Sans employer la for mule de Kant, ils admottaiont évidemment, comme lui, .qu essence do la moralité réside non dans la matiére des actions, mais dans leur forme, c'est-a-dire dans intention qui y préside, dans la tension de la volonté qui les aecomplit, comme de la ré= flexion qui les congoit. Ce qui fait pour eux la valeur et Je mérite de Tacto, ce n'est pas sa convenanee, c'est-idire sa relation pratique avee telle ou telle fin que nous désirons alteindro ; c'est Finspiration dont il émane, c'est la disposition de Tame qui lal adonué naissance, c'est la résolution d'obéir au devoir, unique ment parce quil est le devoir, c’es: la volonté dimiter Diew. ‘Ainsi le devoir, la vertu, la sagesse ont seuls un caractére absoln ; toutes les autres choses son: relatives, et, parconséquent, ne peuvent 6tre mises en opposition ni méme en paralléle avee lo devoir, dont elles sont toujours séperées par une distance infinie. Les plaisirs, los richesses, les houneurs, la santé méme et Ja fotee ne éonservent en face de Tui aucune valeur; ils s'éva~ nouissent et se perdent en lui, comme I'éclat d'une bougie dans Ia splendeur du soleil. Non soulemant toutes ces choses sont in~ finiment petites on présence du devoir; mais elles ne peuvent méme faire corps avee lui pour composer le bien supréme. Le bien ne saurait les admetire dans son sein ; i compromottrait par la sa pareté, il pordrait son essence ; le bien n'est pas ua alliage de vertu et do plaisir, d'obeissance au devoir et de satis~ faction de lintérdt; il se peut quo le plaisir et I'intérét 'aceom- pagnent parfois accidentelloment, ils n’en font pas partie. Voi ce que les Stoicions ont été les premiers & démontrer, ot ce que les grands philosophes qui les ont précédés n’avaient pas vu clairement. En lfet, Socrate ot Platon admettaient bien, certains égards, que la vertu a un caract2re infini; mais om peut ajouter quils détruisaiont avssitét catte vérité en ident fant la vertu avec Ie bonheur; ils lui enlevaient son caractére absolu en 1a mélant étroitement @ une chose relative. Dvautre part, Aristote, dans sa Morale, considére sans doute Ja vertu comme le bien par excellence, comme I’élément essentiel du bonheur ; mais il veut en méme temps que d'autres choses, la santé, le plaisir, la richesse méme, s'y unissent pour constituer Ja plénitude du bonheur, 'actualité parfaite de la nature humaine. Par li, il réduit la vertu a n'étre qu'une quantité & laquelle «autres quantités s’ajontent pour former un total ; il ne le con sidére pas comme se suffisant & ello-méme, et, par couséquent, il Ini enlévo aussi son cayactére absolu. D'aprés les Stoicien au contraire, le bien de la vertu est d'un ordre infiniment supé- riour a tous les autres biens; il n'est pas susceptible d'accroisse~ ment, de diminution, de variation; il n'a pas besoin de se méler ‘autres bfens ot de se fondre dans un tout ; il se suffit & lube ‘me et repousse tout ce qui Ini est étranger, xvi ort Nous retrouvons doue dans cette doctrine, commune aux St ciens et i Kant, une penséo analogue & cille que Pascal sou- tient lorsqu’il éléve ordre des esprits & une hauteur infinic au-dessus de ordre des corps, ot Fordre do la eharité & uno hautour infiniment infinie au-dessus de Mardre des esprits. De méme que, pour Paseal, toutes les grandeurs charnelles et toutes les grandeurs spirituelles ne valent pas un mouvement de yraie charité; do méme, pour Kaut et pour les Stoiciens itn'y a pas de commune mesure entre les. biens extérieurs et Ja vert; le devoir, Iui aussi « est d'un autre ordre, surna- tured.» Mais, & c6t8 de cette théorie du devoir, les Stoiciens en ont, une autre qui, pour n’étre pas aussi connue, n'est ni moins im portante ni moins profonde, Nous voulous parler de leur thé e-sur la constitution de la nature humaine et sur instinct. Elle peut se rsumer ainsi : La nature a mis dans tout ére vivant, et particuliérement dans l'homme, une conscience plus ou moing nette et un amour inné de sa constitution, c'est- de cot ensemble de parties et de facultés physiqaes on morales dont il est composé. Par suite, elle Miucliny & se porter immé= diatement, non pas vers le plaisir (ear le plaisir n'est qu'une chose subordonnée, un simple signe d'un bien qui lui est su périeur}, mais vers le développement de ces facultés, vers la pleine expansion et le parfait équilibro de cos parties. Cotte dis- position que la nature a mise en nous est Je principe de nos divers instincts, quo le plaisir accompagne sans doute , et dont ilest la manifestation extérieuro, mais qu'il ne eonstitue pas ; car ces instincts tendent vers leurs fins avant méme de les connaitre, et, lorsque la'réflexion so développe on nous, ello ne fait que confirmer et aifermir l'impulsion premiére do la’ nature. La raison, en s'ajoutant & la spontandité, l'éctaire, mais ne la contredit pas. Ainsi, il y a dans le Stoicisme une théorie pr fonde de Minstinet, dont il faut ui faire graid honeur, et w conception tres nette de toute cotte partie de notre mature qui est si étudiée aujourd'hui sous ce nom : I'Taconscient. TTolles sont Jes deux parties essentielles dont se compose Ia doctrine des Stoiciens sur organisation et la destinée de Yhomme. En les considérant avec attention, on découvro qu’elles ne sont pas absolument inconciliables et qu’eiles pet vent, qu’elles doivent méme cntrer ensemble dans un vaste systéme, : En effet, étant donnée la complexité de la nature humaine, quiest la fois esprit et matiére, ow plist encore raison et instinet, Yanalyse du souverain bien de Phomme nous montre qu'il y@ en lui un élément idéal et un élémeat réel, et qu'il faut Jes unir intimement Tun & Youtre. Considéré au'point de vue idéal, le bien est la sourmission au devoir, qui lui-méme est tout orice 4 Ia raison et imitation de Dien ; considéré au point de vue réel, Ie bien est le développement régulier et harmonienx de nos tendances naturelles, cest-i-dire la satis faction modérée de nos instinets, Iégitimés & nos propres yeux non par le plaisir qui s'y méle, mais par la fin a laquelle ils se rapporient. En consdquence, c'est dans Taccomplissement de ‘ec que les Stoiciens appellent les fonctions que réside la sub- stance de la moralité, le corps de la vertu, Ainsi, le soin de notre santé dans les limites que nous imposent Ia tempéranee ot la dignité persounelie, administration libérale de notre for tone, 1a culture des sympathies naturelles qui nous unissent it nos semblables et qui servont de base a Porganisation de la. so- cigté, tout cela fait partie du sonverain bien de homme, parce qne tout celn fait dabord partie.de la constitution humaine. La vie conforme au bien, la vie vertneuse est a Ia fois obéissanco 2 ta raison et obdissance i a nature ; c'est Ja confirmation de Tinstinet ot de la spontanéité par Ia réflexion ot la sagesse Sans doute, Pintention droite et pure reste le fond méme du de- voir; mais qprest-ce que intention, sans un but vers lequel on tend? Qu'esi-ce que I'éneraie de la volonté et de T'eifort suns wn acte on un systhme d'actes sur lesquels ils se concentrent? Pour (qni ne veut pas le considérer dune maniére tout abstraite, Io de voir est chose complexe: il est ame ct il est corps: il est & Ia fois idéal et réalité, et, & tout prendre, sa matiére est, & cer- tains égards, inseparable de sa. forme. ‘Voila comment on peut maintenir étroitement wnies une Yauire les deux théses fondamentales du Stoicisme. Fn Je fai- sant, on aboutit logiquement tng doctrine morale tout aussi profonde, mais plus large et plus vraie que colla do Kant. Ea tlfet, le philosophe allemand, dans son désir d’élever au-dessus de toute contestation le earactére obligatoire de In loi morale, se prononee peut-étre dune maniére trop exclusive pour le sys tome qui met aux prises I'un avee lautre le devoir ct la nature, et daprés lequel la porfeetion de Thomme consiste & lutter coatre linstinet et&renoncer absolument au bonheur, en com- battant la plupart des tendances d'oit le bonhicur résuite. Si, au contraire, on se place au point de vue de Ja conception géné~ rale des Stoiciens, et spéeialement do leur théorie si originale les fonctions, on trouve moyen d’unir e@ qu'il y a dabsolu dans Jodevoir avec eo qu'il y a de rolatif dans le gouvernement de la vie humaine; et Yon arrive ainsi a montrer que Ia vertu, en méme temps qu'elle est Ia tension continue de la vo~ Jonté, est anssi le maintien et P'achévement de notre constitution, Waprds les lois que la nature a instituées. ‘Mors aussi le céldbro précopte : Suivre la nnture, apparait dans toute sa vérité profonde ot complexe ; car, I'homme étant, par dessus tout, un étre raisonnable, itest clair que, pour lui, xis cusemble confor 3x Novice, suivre la nature est d'abord s'attacher & la raison et apprendre Welle le véritable prix des inais, jmiisqe homme est aussi un élre que sa constitution destine a l'accomplissement de cortaines fins, individuelles et sociales, suivre la nature est également pour lui écouter la-voix do instinct, sans se laisser @garor par la séduction du plaisir, ot réaliser les diverses fins quo ses facultés Ini assignent Crest bien li, d’ailleurs, la tendance promiére ot la vraie direc tion du Sioicismes c'est & cette idée complexe du souverain dion et de Ia vertu quo les Stoiciens aboutiraient, s'ils restaient Jjusqu'an bout ldéles aux prineipes essentiels de Tour philoso~ phio; ils rattacheraient inlimement Pune & Yautre, dans lear morale, les deux parties de la vie vertueuse, comme ils ont intimement uni, dans Ieur. physique, Pame et le corps de Thomme, lame et le corps dui Monde. Bst-ce a dire qu'lls ne le fassent jamais? Loin de la. Une des idées qui leur sont le plus familiéres, et qui se rencontrent maintes fois dans les écrits de Sénéque, en particulier dans le De Vita beata, c'est celle d'une disposition que Time introduit dans es choses, partout ott son action s‘exeree; d'une économie, d’ane administration quelle étend non seulement sur elle-méme, mais encore sur son corps, ainsi que sur les biens extérieurs, dont elle se srt ponr réaliser autonr dello une image sensible de sa perfection cl do sa sagesse. Mais, si les Stoiciens développent. souvent cotte idée, essontiolloment eonforme aux principes généranx de eur doctrine, il faut ajoutor qu’ils n'y persévérent pas, et Tun dos faits Jes plus curiews 4p si ution de leur doetvine, e'esp a singuli® ils s'en écartent, Lour conception @ prioré du devotr absolu, de la per foction idéale et inaccessible finit. par prendre dans leur sys- téme une place tellement prépondérante que, bientdt, tout ce «qui west pas a perfection et Ja sagosse est oxcin de leur concept du souverain bien et se trouve rejeté & un rang infime, & une distance infinie. Aprés avoir présenté d’abord les instinets comme expression légitime du développement spontané de notre 8tre et les avoir appelés'les principes de la nature, initia nature, ils les releguent tout & coup & un rang secondaire, eb ne leur'assignent plus autre réle que de préparer en nous le rogne de la raison, Ils les réduisent a donner simplement a Time Tescitation dont elle @ besoin pour s‘élever ensuite, par son activité réfléchie, jusu’an bien unique devant lequel tous Jes autres s'effacent, la perteetion intérieuro, la vortu, Ia sa~ gosse. A mesure, disont-ils, que l'homme se développe par Taccomplissement des actes que ses instinets lui suggerent, il Aéeourre peu & peu une finalité supérieure, un idéal de pe fection morale, qu'il appolic la raison, et qui Ini apparait comme orice. SX sa vérituble oti plutot comme sa seule nature. 11 comprend alors que les impulsions premiéres de T'instinct se rapportaient confusément & cette raison encore cachée ; yu'elles avaient pour but de Tamener par degrés jusqu’é elle, de lui en inspirer le pressentiment ot l'amour; mais qu'une fois la raison pleine- ‘ment révéléo, ees mémes instincts doivent disparaitre devant ello ot lui laisser sags partage empire de 'ame. Des lors, Sattacho exclusivenént a Ja raison,’ il voit en elle son seul bien, et Je précepte : Suivre Ia nature, ne signitle plus pour lui que suivre la raison Crest cette pensée tres ingénieuse que Cicéron exprime, au Ul¢ livre de De Finibus, lorsqu’il mot dans Ja bouche de Gaton Jes paroles suivanios ': « Les principes de la nature sout Ja source de tous les devoirs; ils sont aussi lo point de départ de Ta sagesse. Mais, de méme que, parfois, une personne re- commanée & quelgn'un finit par avoir plus affection pour Vhomme a qui elle a ét8 recommandée que pour celui qui a fait la recommandation, il n'est pas étonnant que, recommandés Wabord a Ia sagesse par les principes de la nature, nous on venions a préférer Ia sagesse ello-méme & ces principes. qui nous ont conduits vers elle. » Mais les Stoicions neveulent pas qu'on s'ariétela. Isentendent qw'aprés nous étre slevés de Tinstinet i la raison dans les limites de la nature humaine, nous uous élevions encore de la raison dans homme i In raison universelle, ot de la perfection de Time a la perfection du Tout. Alors seulement nous pouvons comprendre que notre bien se confond avee ie bien de Punivers entier, et qu’en nous attachant & Ia perfection morale, nous éalisons Ia volonté divine. Dis lors, suivre la nature équivaut pour nous & suivre et & imiter Diew Maintonant, lorsque, grico & eos méditations sur le vrai bien de notre nature, nous sommes parveuus a de telles hau- teurs, pouvons-nous’ encore considéror comme des biens les choses qui,dansla vie premiere de instinct, nous apparaissaient comme bonnes a cause de leur rapport avee notre constitution, crestaa-dire la richesse, la foreo, la santé? Et, quand nous sommes avertis que 2e8 choses sont seulement ‘des moyens, pouvons-nous leur conserver quelque part d'une estime et d'un amour qui no,sont dus qu’a la fin. soule ? los Stofciens ne lo pengent pas; et, pour empécher toute confusion eatro des choses si eloiguées les unes des autres, ils appliquent aux biews conporels vt aux avantages extéricurs lo nom de choses indif= ferentes. Mais, en les appelant ainsi, ils pordent de vue que des avantages}iésau bien par un rapport tellement intime, tellement substantiel, que, sans eux, le bien ne se réaliscrait pas et res~ terait & jamais un pur idéal, méritont, & cause de cela seul, d'etre appelés aussi des biens. Par suite, ils séparent arbitrai- xxit NoTICE. rement ¢9 qu'ils avaient Wabord intimement uni, et, aprés avoir établi un Tien on quelque sorte organique entre la forme et la matiére du bien, ils creusent tout & coup entre elles un véritable abime. ‘De la résultent les paradoxes les plus étranges du Stoicisme, La sagesse est Ia seule chose qui mérite d’étre appelde un dion; mais, en revanche, comme elle est Ie bien absolu, in~ divisible, indéfectible, le bion qui ne pbut admettre aucun mélange de mal, ello en partage tous les “earactéres, Par eonséquent, Ie sage est souverainemant heureux, méme dans les soulfrances et les supplices; il est riche, méme dans la plus extréme panvroté; it est libre, méme dans les fers. La sagesse est parlout et toujours égate & elle-méme, ear elle consiste dans Fimpassibilité et la tension continue de Mame; par suite, toutes les verms, qui ne sont que des formes dit vorses de cette tension, sont égales les unes aux autres; elles sont, de plus, inséparables, et qui on posstde une les posside toutes, 5 Mais, d’autre part, comme il m'y a pas de mesure commune catre Finfini ot le fini, entre Tabsolu et le relatif, tout ce qui n'est pas la sagesse en est 4 une distance infinie; homme qui ‘toad vers la verta, mais n'y a’pas encore atteint, en reste aussi dloigné que s'il était encorelivré aux vices les plus honteux. Ainsi Thomme qui se noie n'est pas moins empéché de respiror & quelques pieds sous Venn qu’au plus profond de la mer; ainsi Te petit chien dont les yeux vont bientot s‘ouvrir n'est pas moins éloigns de voir le jour qu’au moment oft il vient de naitre. ‘Les Stoiciens placont done Vidéal de la vie humaine a une jelle hauteur, que personne ne s'y est levé, pas méme Zénon, Jets memo Socrate ; on méme temps ils découragent, par la » supprossion des degrés de la vie vertueuse, ceux qui voudraient s'élover au bien, sans étre immédiatement capables de grandes résolutions. De cette double erreur résulte une conséquence né- cessaire, quiest,'aillears,favorisée parla doctrine quilsadoptent sur le libro arbitre : e'est que, malgré Jo caractére en apparence tout dynamique de leur morale, ils font passer la veriu de la sphére de l'action dans celle de la contemplation. Leur philo- sophie a beau étre fondée sur la notion do Pelfort, ils ont bean prendre pour devise : dn actu mori, effort pratique vers la verlu se transforme fatalement pour éux en un élfort tout thén- rique, ea tne intention tout idéale, qui pout facilement cilier, daus Ia vie réelle, avec un grand nombre de négh et de compromissions, Comment nen sorait-il pas ainsi? D'a~ pres les Stoiciens, tout est déterminé dns la nature; la puis= sanee divine, i la fois Providence et Dostin, a tout réglé d'une maniére parfaite, mais aussi d’ane maniére hécessaire; la liberts humaine ne peut ni ne doit rien faire coutre les déerets de la yoTICe. xu dlivinité; en lour vésistant, elle so briserait contre un mur d's rain. Par conséquent, cette liberté est tout intérieure, toute subjective; elle consiste & vouloir le bien par la continults de Ja ponsée, par la fixté de la méditation, plutot que par I'intensité (un effort vraiment pratique. Et il en résulte que si, dans sa ute contre les passions, lutte qu'il se représente comme réclle, twais qui, au fond, n'est quiidéale, le sage est vaincu et suce combe, il ne s'en croit pas moins un sage, puisqu'il a les yeux continuellement fixes sur la sagesse ; if attribue sa détullones ‘ux nécossités du déterminisme naturel; sa sérénité, sa con= fiance en lui-méme et quelquefois son orgueil n’en sont point altérés Voici encore une autre raison pour laquelle le Stoteisme est condamné, dans la pratique, & atténuer les prineipos qu'il & posés ot méme a les contredire. Si la vertu seule est un bien, et si, par son caractéro absolu, ello ost eutiérement séparée de toutes les autros choses; si ello Wa besoin daucun accroissement ; si elle se suifit & olle-méme; il on résulte non seulement que "homme ne doit point recher cher le plaisir, ‘ni méme le bonheur, en dehiors de la vertu, mais encore qu'il ne doit point eompter sur le bonheur & titre de récompense promise a la vertu. Ainsi done, fit-l soumis aux plus rudes éprenves, il ne peut, sans fuiblir, placer son sspéranee ou sa consolation dans 1c perspectives’ dune vie Crest li demander & notre nature plus qu’elle n'est. capable de donner, et il est toujours dangereax de le faire; apres une exaltation ‘momentanée, il s¢ produit d'étrangos ractions, ct ceux qui ont voulu s'élever jusyu' uno perfection inacarssible retombent plus bas que les autres, lorsque les resorts trop continuellement tendus de leur volonté se relichent tout & coup. Prétendre que homme renonce au boubeur, non seulement Jans la vie actuelle, mais encore dans une vie 4 venir, c'est méconnattre les jusies limites dans lesquelles doit ee renfermer” notre résignation. En effet, si ln raison nous ensoigue que le hion doit 6tre aimé pour Iui-méme et pratiqué d'une maniere désintéressée, d’autre part, un instinct plus puissant encore, ‘etqui, sans doute, enveloppe en lui une raison supérioure, nous fore a aflismer que notre destination derniére est le bouheur. ELil fautque cela soit : car I'homme est essontiellement ane personne; il ue peut concevoir Ie biew parfait que sous tne forme qui satisfasse se conscience, et il est iuvingiblement pore suadé quo de bien en sot est desing i devenir un yr ou Fantes le bien pour tui. Le Stoicisme, en refusant toute satisfaction & ces tendances innées, et én mutilant notre nature, nous pousse & retrouver aA NOTIGH. uyauts eo quo nos instiels réclament impor Someat, La tendauce au boaheur, viclemment compre Bai iron aos droit ot, aii, ts Slacions (qlqursns Eu moins), aproe avoir climinG lo plata, Iarichoeee ct les soir satisfactions sensibles en tant que biens, se voient foreés lo is som on ln dae fra Po : i garda, lo reproche que Gicéron Ji so trouve justié, & ceriains ésards, Ges our adesso continuelloment ; ils changent les noms, ils Inpotsgants changer ie ond meme tes cses, Crime sis home is salen! Gn pri i, conan! we Talat atx ats de nox elnations astra, esos et reareve quilsfefussot obsinément ds lee appiter doa” hc : ils bs poursuivent quelquefois avec autant d'ardeur et imps vost quo le vulgain : : ‘NGnvor apportentels. quelques tempéraments & co refs ae tos appolortes ins, Ts Tadouciaont daa Ta pratique, Quand ig tt maint théoriquement co principe quo ln veri seule {ptrler comme tout le monde, « Dans Tusage de la. vie, dil M_ Ravaisson, ils s‘accommodent an langage ondinaire, en done nant aux choses préfirables lo nom de biens, et & les I nom do ms. Ri os empishe dos public Topinion commune quren Tear for Intérour ils no par tayent potn, Le sage mémo, tout on restant ile 8 Feats, els pus lel de pater et air comme a ire ignorant ‘ct insensé, Ce n'est point. mensonge: ‘Eeccmmodamont néoessair aux conions do noire exsionce Crest cette mime économie “par laquelle Die sabaisso des fection essenticilo A des formes inférieures d'existonce, Bien Pius, le sage serait insoas6 dono. pas rocherchr, commo st Eolntdes fon, vio snd hse out on en tlisait Chrysippe, fe sage dounera trois fois de Ia téte en terre, "Gest ben la, on oft lo pi anquel le Sitisme os: Lon avoir toujours échappé. Ineapablo ‘do maintenir. i des hate tours chimérigios a olnté humale, toujours ube par gel queendrit il ses trouvé exposé & admottro trop souvont, dlans la pratique, des contradietions ou dos compromis. Ans, ln norale stottienne resto souvent ume morale to. pradication ©: Hamre, bin mmo le reompaea el tongemer par leurs exempls, 1 lear semble que Tos fai see natty bum spt cme dsr te two Sage, ct qué, pourew qu'il maintionme sa-ponséo dans Te fons do Tidéel, les fautes ausrquelles pout se. lisser etraiaer [a partic inféricure de som étre ne Vatteinent pass tes sulle Tres méme de'son corps ne rjeillissont pas jusqur Ki. par des faus wonige, we 1m Telle est notre avis, Ia contradiction cachée qui a permis an Sioleisme d'accuoillr dens ton sein, a cété des earactores les plus héroiquos de Vantiquité, & ebxe d'hommes absolument inoortup. Libles comme les Caton et les Epictéte, des ames moins fermen, moins entieres, eapables de beaucoup aimer et do bien decries Ja porfection morale, mais non pas de la réaliser pleinemout par lun Gnergique effort; c'est dans cette catégorie qu'il faut plaver Tame de Sénéque Le génie de Séndque est toujours resté essonticllement orae toire. Coutemporain des Horlensius et des Cieéron, fl se fats sans doute, consacré toxt entier, comme eux, & Méloquence dt Dorreau ot & colle de ta tribune; mais les temps n’staiont plus favorables, et nous savous comment sa carriére oratoine fut ‘Presque aussit6t interrompue qu'inaugurée. Dés lors ll se towne dla ebté des études philosophiques, mais il y apporta les quae lités et les défauts do son tempérament personnel. Vemphase ot Ja subiilité naturelles de son esprit lo dispostiont & develops per surtout ces grandes thises morales du Sloicisme, qui élaient lus brillantes que profodes, plus pompouses qurutiles-ot dont nouveautérésidait plutot dans les formules quodans le fond msbare des choses.Lesanimer du feu de son éloquence, prodiguer slew sujet la vivacité dos sallies, 1o Iuxe-dos images, et, par elle, simposer @ Vattontion de ses contomporains coming il Test fait par un plaidoyer ou par un discours politique, tel est le but quill so, proposa. Quintiien a dit de lui : In philosophia par Tum diligens. Ce quile préoccupe, en offet, co n'est pas preci sément Ia vérité philosophique; ce n'est pas, au moins, levees titude rigourcuse des doctrines ou des termes, l'interprétation approfondie do la, ponsée, c'est I'éelat. Il vout étonner, il veut frapper; et il se soucie moins d'agir efficacement sur’ les vot Jontés que d’éblouir et de subjuguer les esprits. 1 sult, pour s'en eonvaincre, d'examiner rapidement quel- ques éerits moraux do Sénsque. On s‘apergoit que Vobjet do ces Gerlis est presque toujours le développement paradoxal, Plutét oratoire que philosophiquo, de quelqu'une dbs thésricg absolues ou des formules retentissantes par losquelles lee 81 lous eroyaient perfoctionner la morale, on Vélevant a des hone tours inaceessibles, Considérons, par exemple, le De Ira. Post, on. dive qu'il y ait dans ee traité une concoption. vrancent philosophique, une étude vraiment morale de la colére? News no le ponsons pes. Plus vecupé de la vérité philosophique que de Vffet oratoire, Sénéque eit 66 conduit & do tout suites ne lusfons que celles qu'il nous expose. Il elt compris, comme DE VITA BEATA, XXVE noticg. Platon, que la colére n'est pas néeessairoment mauvaise en elle-méme ; qu'il est de nobles ressentiments, des hainos giné~ Feuses, et que l'indignation est swur do Venthousiasme; il en eat conclu qu'il y.aun art de diviger 1a colére et do lui de mander Iélan dont nous avons quelquefois besoin pour éerasor Je mal comme pour faire triompher Ia justice. Mais cette thaso modérée ne pouvait suffire 4 Séndque; elle Iui intordisait les amples développements oratoires; elle rojetait au second plan ce qui ocoupe 1a premiére place dans son livre, lapointure des paroxysmes de In folio furieuse et de In rage, des désordroa qu’elics jettent dans T'amo, des contractions hideuses quelles impriment la physionomie. Aussi 'a-til éliminge pour eonclu ‘4 Vinutilité absolue des passions et pour déclarer, avec quolques- uns dos maitres du Stoicisme, que Ie seul devoir du sage h leur égard, c'est de les estirper entiérement de son ewur De 'méme pour le De Constantia sapientis, L'idée dominante de cet écrit n'est, au fond, qu'une do ces vérités un peu ba- nales qui appartiennent a Ia philosophie morale de tous. les temps, mais quo lo Stoicisme a la prétention de s‘approprier par 'audacieux éclat de ses formules. Toutes les grandes phi- losophies ont recount que Ia sagesse réside dans In constance et T'impassibilité de ame. Le sage est "homie qui se fortifie par léprouve et qui trouve, par exemple, dans les injures no- blement supportées, une occasion d’atteindre a la perfection moralo par la patience ou le pardon. Sénéque aurait pu so con- tenter d'approfondir une vérité si importante et si pratique; il a mieux aimé Jui substituer unc exagération et un paradoxe, Le sage, d'aprés lui, ne peut méme pas étre blessé, lo sage no peut méme pas éprouver une injure.Non qu'iln'yait des hommes capables de vouloir l'injurier ou Tui muire; mais il les domine de trop haut pour s‘apereevoir sculoment de leurs outrages ilvoit leurs attaques se briser contre son dédain, etil reste sem= lable & un rocher qui, au milion de POcéan,” supporto, sans en étre entamé, assaut continuel des vagues, On pourrait’ multiplier les exemples. En voici un encoro, emprunté au De Brevitate vite.Dans cot éerit, comme dans les autres, Sénéque céloio la vérité utile et simple; il ne lui plalt pas de s'y arrtter ot de la développer avec mestre. Te fond de la peusée est d'une admirable justesse : avant accuser 1a Providence d'avoir imposé 4 la vie humaine des limites trop étroites, nous dovrions examiner dabord si nous xe sommes pas coupables de gaspiller follement los trois quarts de cette vie. Un simple coup deci jeté sur les occupations or= dinaires des hommes montre assez qu'il en est ainsi. Presque tous laissent onvahir leur existence par mille soins étrangers qui la moreellent, Ja réduisent on poussiére, et en méme temps les asservissent & tout le monde; ils rendent des devoirs & des Noricr. xxVIE gens de toute espice ot ils oublient de s‘on rendre & eux-mémes, D'autres ne se font pas los oselaves des grands; mais & quelles ‘oceupations misérables ne consacrent-ils pas Is temps dont ils disposent! Lorsqu'ils no le eonsument point dans des dé- Dauches honteuses, ils Pemploient & poursuivre les fins les plus contradictoires ils changent sans cosse d’opinions ot de veeux ; ils emploient une moitié de Iour existence & défaire ce qu’ils, ont fait dans Vautre. « L'un vient d'obtenir les faisceaunx qu'il avait désirés avec ardeur; il n'aspire qu’a les déposer, et dit, souvent : Quand eotte année sera-t-clle passée? L’autre donne des jeux dont il remerciait Ie sort de lui avoir attribué la oélé~ bration, ot il s'éerie : Quand done seraije délivré ‘de tout cet embarras? » Les moins fous sont encore ceux qué se livrent & des recherehes de puro curiosité, dont ils ne tirent aucun profit, ni pour eux-mémes ni pour antrui; mais quel pauvre empl de la vie humaine quo des occupations de co genre! « Lrun so demande si l'/liade a été éerite avant POdyssée, ou quel atait le nombre des rameurs d'Ulysse; autre se donne beau- coup de peine pour arriver & savoir quel général romain a le premier fait marcher cent vingt éléphants devant son char de ‘riomphe. » Ges observations et toutes celles qui remplissent Ie reste de Youvrage sont ingéaieuses et fines, et l'on pourrait en tirer des conclusions pratiques excellontes, si elles u'étaient viciées par Yidée systématique a laquelle on’ les voit aboutir. Cette idée, c'est que le sagesse et la vertu sont indivisibles et que Thomme Jes posséde pleinement l'une et Pautre, aussitét quill a réussi a se mettre, par la tonsion de sa pensée et de sa volonté, en pr sence de T'déal absolu da Vrat ot du Bien. Do la gal dédain que Séneque professe pour toutes les occupations qui ne sont pas la pure contemplation de la vérité, la pure méditation du dovoir. Dans la revue ironique qu'il fait de ces occupations, i place péle-méle les relations mondaines, les obséquiosités en vers les grands, et les sorviees honorables et dignes dont 1's chango est Jo principal lien do In société humaine. 1 mécon- nait surtout Timportanee de ces fonctions civiles, de ces charges publiques, qui absorbent sans doute ot quelquefois concentrent sur des soins infériours toute V'activité d’un homme de mérite, mais dont on voit apparaitre la réelle valeur morale aussit6t qu’on les regarde comme les conditions nécessaires du développement de la vie collective, de Yorganisme social. « Veiller, ditt, & ce que les arvivagés de blé s'effectuent sans feaude, & ee quill soit emmagasiné soigneusement dans les gre- niers, de peur quill ne s'échauife ou qu'il ne se gite par Mhu- midité, enfin & ce que la mesura ot Ie poids s'y trouvent, est= ce lan Soin qui puisse étre comparé & ces saintes et sublimes ‘études par lesquolles nous connaissons a nature des diewx, lours xxvit notice. Plaisirs, lour condition, leur forme? » Au foud de co mépris des occupations pratiques, mépris que Sénéque, d'aillours, set Join d'avoir toujours pratiqué, ee que nous rencontrons encore, est uae de ces génsralités morales qui plaisent au Stoisseg et dont le génie de Sénéquo est éminemment apte & seis I caractive oratoire. Sénoque veut dire ici quo ta sagesse est quelque chose dabsolu; li of ello est, elle ost tout entiéres elle no counait ni divisions ni degrés; qui Ya une fols atlointe Ja posside désormais d'une maniére inamissible. Das locs ler fel repara 'idéo générale du De Brecitate vita}. elle n'a pas besoin 48a continuité du temps; Ia durée ne lui ajoute rive La vie *st done assoz Iongue, puisque ‘nous pouvons arriver vited la sagosse par la concentration de esprit sur les hose tornellss; ot les dious auraiont méme pu nous Ta donner plus courte, sis n’avaiont youlu nous permoltre do ressaisir TOees. sion, que nous laissons trop souvent échapper, Ainsi done, c'est surtout a cot art do dévolopper les grandes formules générales de Y'Bthique des Stoicions, que se réduit Hinfluence morale exereée par Sénéquo sur les hommes de som temps. OnI'a compan & un directeur de conscience, ot meus sommes loin do vouloir contestor & tous égars Ia. justesse de nite comparaison ; mais il ne faudrait pas la pousser trop loin, on se vorrait fore d'y apporter de nombreuses reserves. Quelques-unes des qualités les plus essentielles du directeur do conscience lui font défaut. EI d'abord, on raison meme do sa ‘tenance & ne présentor les vérités morales que gous une forme absolue, il n'a point Part de guider los Ames vers le Dien, do leur en facliter Y'accés en les amenant par dogrés jus. qu‘ Tid‘al. Non qu'on ne rencontre assez souvent dans sea Gorits, dans le De fra, par exemple, ou lo De Clomentia, din. génieux conseils sur la méthode qu'on doit suivre pour domi Nor une passion, ou sur Ia nécessité d'attendre, avant d'attaquer ensoi la coléro ou la vengeance, quo son paroxysme soit passé. Mais co a'est pas la som procédé ordinaire, il's'y amrdte peu; ia tonjcurs hiite de reprendre son essor vers 1e8 theses gon. rales, vers les amplifications déclamatoires d'un caraetére pet pratique, I en est ainsi méme dans ses meillours ouvrages. Ta Consolation & Helvia, par exemple: la, comme partout aillears, Rous surorendrons sure vif son procédé habituel. Il sagit def. formir lime conteo les douleurs de Texil. Voici, entre plusieurs choses du meme genre, ce qu'il écrit & ce sujet: « Consildrone ce quiest Vexil; ce n'est récllemont qu'un changoment do liew a. Bire privé do sa patrio est, dit-om, un supplice insupporlabio, Fuh bien ! rogardex cette'foule a laquelle suffisent i pele los habitations d'une ville immense : la plus grande partic de cette multitude est privée de sa patrie, Les uns y sont attinés par Tambitio, ete. » Rien de plus brillant, sans doute, ot de plas Norice. xxix ingénieux qu'vn développement de ce genre; mais le présenter ‘comme un argument, c'est nepas se préoceuper de canvaincre, Le directeur de conscience doit avoir Vhabitude de. s‘insi- tauer daus Jes Ames, de les incliner doucement vers le bien, dagir sur les coeurs’ par la passion; il faut que, suivant le pré- ceptede Pascal, il commonce pat faire aimer le vrai, par faire aésiver le hion; il faut surtout qu'il développe, non pas par un eliquetis de mots, mais par une action toute intime, tos gormes deonté, do courage, do tempérance, qui persistent jusque dans les mes les plus corrompues. Cet art a toujours manqud A Séméquo; il ve suit pas faire aimer la vertu. Il étonne, il ne persuade pas; il éblowit, il m'amollit pas; il y a, dans sa pensée comme dans son ‘style, une lumiére sans chaleur, un scintillement sans flamme, Mais, par-dessus tout, il faut au directeur de conscience une apériorité morale ineoatestable et incontestée; habile dans Tart de manior les faiblesses et les passions des autres, il faut quill apparaisse lui-méme comme absolument inaccessible & cos passions, & ces faiblesses. ; | Co n'est évidemment point le cas de Sénéque. Sans mécon- naltro ses vortus ot ses mérites qui sont réels, il faut bien dire quill a 616 un caraetére mobile, une ime agitée. Apres avoir dé= crit, &la premiére page du Be Trang tudes et ces incohérences de Mimo, dans lesquelles Tauteur des Moralistes sous U Empire romain voit avec raison une peinture du spleen antique, i avoue qu'il eonnait bion par sa propre expérience les miséres dont il eherehe & gaérir lo Jeane Sere- nus, La contradiction absolue entre la rectitude, la rigidité ‘méme des prineipes et la uctuation des actes est, en effet, un des caractéres les plus saillants de la vie do Séudque, Crest la ce qui nous interdit de le placer au nombre des vrais directeurs de la conscience humaino ; c'est I aussi co qui le distingue des autres Stoicions. Il leur a, encore une fois, emprunts, pour les recouvrir de tout I'éclat de son stylo, pour les vivitier par toutes les saillies de sa pensée, lours grandes theses de métaphysique morale, mais non le véritableesprit de leur doctrine, leur amour de Ja pauvrets, leur désinidressoment, lour égalité dame, leur obéissance inconditionnelle au devoir. Au liew de mettre plei- ement $08 actes on accord avec. ses paroles et do suivre jusqu'au bout Ie voix de sa conscionce, Sénéque s'est réfugié dans la théorie commode des choses préférables. Les grands Stoiciens u'avaient développ§ cette théorio qu’a ua point da vue tout philosophique, tout spéculatif, sans aucune arriére-pensée @'y chercher une excuse pour leurs faiblosses; Séuéque, au con- traire, s'y est attaché délibérément dans un but de justification porsonnelle ; Crest cette théorie dos choses préférables, mporyyéva, pro- xxx NOTICE, ducta, qui a permis & Sénéque de rester Stoicien; sans ell il et 646 fored de s'attacher & uno autre éeole; car Ia contradi tion entre sa doctrine et sa conduite edt éé trop flagrante, pour ne pas dire trop scandaleuse. Mais, s'il est resté au sein de Pécole stoicienno, il y est resté dans un rang secondaire, sans grandeur, sans prestigo, sans véritable autorité, C'est ce que M. Martha a mis en lumidre dans. un passage de som livre oft i tablit un paralléle entre les trois représentants les plus il- Justros de la morale du Stoicisme, Sénéque, Epictote et Marc Auréle. « Colui qui manque le plus, dit-il, de cette autorité qui est une si grande force dans leuseignement de la morale pratiqui cest le ministre de Néron... Tl a, sans doute, aimé Ja. philos phie, il Ya propagée avec autant’d'ardeur quo d'esprit; it n'a pas ‘simplement cherché dans la morale, comme on I'en accuse, un amusement ct une matiére & beaux discours, mais il s'est enchanté Iui-méme de ses nobles meximes ot 'a fait plus d’efforts qu’on ne pense pour les pratiquer. Copendant il a été un amateur do Ta vertu plutét.qu’un homme veriueux, Tl ressemble un peu trop & ces riches de I'époque qui, dans leurs somptueux palais, se ménageaient uno simple retraite, une chambre sans luxe, sans ornements, pourvue a peine de quelques meubles nécessaires, oi ils se retiraient & certains jours pour y faire un chétif repas dans de la vaisselle dargite, Pour coucher sur un grabat, essayamt do donner Je change au dégott vt & la tristesse do opulence. Crest dans une semblable retraite, dans es qu’on appelait alors Ia chambre du pauvr ‘que Séndquo semble avoir composé ses livros auslires. Ses r loxions sur la vanité des grandeurs, bien que sincéres, sont toujours un peu suspectes, parce que Io malignité qui aime & rolever les contradictions entre lesmaximesetla conduite du phi- losophe trouve dans la vie de Sénéque une matiére qui préte & Yépigramme. S'il avait été disciple de Platon, au lieu de Petre do Zénon, on n'aurait pas trouvé assez de Ionanges pour ce grand seigneur gui, au comble do la puissanee ot dans une cour impure, faisait los honneurs a la philosophic. Le malhour de Séneque est d’étre Stoicien, et d'appartenir & une doctrine qui préche le renoncement. Aussi, quand on parle de Iui, on est toujours obligé de faire des résctves, et, avant de Tadmiver, Al faut le défendre, C'est assez dire pourquoi, malgré sa pro- fonde connaissance du cour humain, sa singuliére pénétration morale etla chaleur de son prosélytisme, il manque de erédit et d'autorité. » Vv Nous allons pouvoir maintenant, par Panalyse des chapitres, nous rendre compte de la diiférone® et, &ceriains égards, de la NOTICE. XXXI contradiction qui existe entre te commencement ot la fin du De Vita beat a ‘Les seize premiers chapitres contionnent une théoriedu sou~ ‘yoraim bien el une eritiquede la morate d'Epicure, Ihrégae dans toute cette partie de l'ouvrage une inspiration moralo des plus ppures, et 'exposition d'une doctrine quelquefois austare jusqu's {2 rigidité y est ccntiauellement tempéréo par des traits d'une haute loquence. ‘Sénéque commence par établir (ch. 1) quo tous los hommes aspivent au bonheur, mais qu'ils ne voient pes toujours nette~ meut en quoi le boaheur consiste ; souvent ils s'en éeartent @autant plus quills s'y portent avec plus d'ardeur, parce qu’ils font choisi une mauvaise route. II faut donc, pour parvenir & la vie heureuse, s'er faire d’abord une idée exacte, ou, du moins, Sattacher & un guide expérimente ; il faut surtout se bien gar- dep de suivro la ioule, inconsciente et capricieuse {Ch. 1)- I nen est point des déeisions & prendre dans ta vie morale coimme de calles qu'on prend dans les assomblées poli- tiques. Il ne s'agt point d'aller aux voix el de consteter oft so trouve la majorite, Le jugement de la foule est, au contraite, un signe infailibe d'érreur. Cette foule, dailleurs, se trouve ‘dans tous les rangs de la sociéts, Ce n'est pas elle, c'est notre fimo qu'il faut consulter, quand il s'agit des biens de me ; est Notre conscionce qui nous avertira, par ses rogrets ou ses remords, des erreurs que nous aurons pu commetire dans te choix de fa vio heureuse. . “'(Gh. mi). L'idée du bonheur n'est pas & la surface, dans les apparences et les illusions ; i] faut la chercher dans les profou- ours do ime, Les Stoieions Vont exprimée par cette formule: Suivre la nature. La vie conforme 4 la nature améne aprés elle, commo sa conséquence nécessaire, non In volupté, mais une joie égale et sereine, ; (Ch. 1). Cotte définition peut tre présentée sous des formes variges, analoguas aux différentes dispositions que prend. wn corps darmée sur un champ de, manwuvres, Elle contient toujours comme élément essentiel Pidée d’an bien que ame tire d'allo-méme, et qu’aucuno cause extérieure ne peut détruire fou troubler. Quand ee bien est une fois conquis, i en résulto tune joie slevée, uno gaicté coustante, qui remplit lame sans Tagiier, ot dont slle jouit non comme’ d'un bien, mais eomme dune conséquence de son bien: oo (Gh. v}. En resumé, le bonheur, c'est la conscience davoir atteint la vérité de sa propre nature. Pas de bonheur pour les res sans conscience; pas de bonheur pour les hommes qu'une ature hébstéo réduit’ & une ineonscience relative, Personne nroserait mettre on paralléle avec le bonheur fondé sur la plé- nitude de etre les charmes passagers du plaisir, et, renongant xxx situation. présente, ajoute = Pas de vert Mais, répond encore Sénéiue essentiellement fugitive; elle n'a as de corps; elle s'évano ui au eae méme oi: elle nait, Pas 42 corps; elle s'6vanouit > oe ah Mais. Yous-mémes, disent les Epicuriens, vous ne Plsisire qui ont leur source daus Ih vee ae a Je principe du plaisir, de erent msteattire peso le plaisir avant do le atte ot Met notice, xxx la torreur, & Je séduction ? Les Bpicuriens réduisent la vertu a a condition d'ua esclave qui gotite & Favance los plais rile ost indigne de la vertu. Les vrais Epicuriens sont les Nomentanus et les Apicius, qui se vautrent dans la débayche (Ch, xu). On dit que de tels hommes ne sont pas plus hows reux que les autres, parce que des opinions coutraires agitent leurs ames; mais, en attendant, c'est le veritable plaisir qu'ils Sprouvent, tandis quo le plaisir d'Bpicure nest qu'un plaisir modéré ot Tanguissant, A-cette oceasion, Sénéque consaore la fin du ch, xit et lo ch.-xm a faire I'ébge d’Bpieure ; il rend pleino justice ou caractére ot méme i la doctrine de co philosophe. Ca n'est pas Epicure qui_pousse les débauchés a la corruption ; eo sont los dsbauchés qui viennent cacher leurs vices dans le sein de sa philosophie; Jes, preceptes d’Epicure sont austeres jusqu’a la tristesse; il n‘admet la volupté que pour Ini imposor “uno loi sévére; mais les valuptueus accourent en foule A son ecole parce qu'ils savent qu'on y fait Papologia de la volupts, et qu'on ¥ enseigne Videntité du plaisir avec Ja vertu, Des lors, abaitis par les formules honnétes de cotte philosophic, is’ s'aban- donnent & leurs vices libroment et la tite haute. Voila le malheur de la secte d'Bpicure ; ello n'est pas, comme on T'en accuse souvent, une école de turpitudes, mais elle a une mate vaise réputation, d'alleurs imméritée, (Ch, x0). TI fant cone remettre les choses & Jour place, Qua la vertu marche Ia premiére, qu'elle porte Vétendard; elle admettra auprés d'elle la volupié, mais ulle Tui imposora une mesure. Ceux qui doament, au contraire, le premier rang au plaisir, se livrent tout eutiors & leurs passions; mais ces pas- Sious, semblables & des bites féroces, so révoltent contre oun ct les dévarent, (Ch, x faire les éléments dont se compase lo souverain bien ? — Nou, répond Sénéque, paree que ce serail enlever au souverain biva 8a pureté et Ie réduire a n’otre qu'un alliage. Tes parties du souverain bien doivent avoir In méme nature et la méme valeur que ensemble. Or, ia volupté n'est pas Pégelo de la vertu; elle jette dans Time Yagitation et Vinquiétnde ; la vert seule nous conduit au but de la viv, et nous assure le vraie libert, qui est Mobéissance & Dieu, Dans Ie xvi* chapitre, Sénéque présente Ia conclusion do toute cette promiére partio. Il y declare que le vrai bonhour rside dans Ja. vertu soule ; eest la vertu qui nous procure la Uberts, le succés, la sécurité ; elle n'est pas simplement slic santo pour le bonheur, elle est sirabondante. Toutofois, ajoute Séndque (ot c'est par cette transition qu'il préparo la seconde xxxiy NOTICE. partie de Fouvrage), il faut, & ce sujet, distinguerentre Ie sage et Thomme qui ne fait encore qu’aspirer a Ja sagesse. On ne saurait exiger de ce dernier qu'il so eontente do In soule vertu ; car i aa pas fii de biser Is canes ql Pattachent aux biens inférieurs, 4 Lispologe personnel de Séneque romplit Jes chapitres xe & xxvit; apologie souvent bien imparfaite, qui prend son point Ge dupar dane henrie des choses préfable et gat sinter rompt plusieurs fois pour faire place soit & des diatribes que Séndque' dirige contre ses accusatcurs, soit & des déclamations qu'il met dans la bouche do Socrate. Dans lech. xv1t, Sénéque résume losaccusations qu'on élevait contre lui; if se déclare prét & en ajouter d'autres; puis il répond : je ne suis pas, je ne serai méme jamais un sage : jo ze me propose pas d'égaler los moillours, mais de dépassor los miéchants ; i m2 suflit de retrancher chaque jour quelque ehose pes vie ol de gourmandar mes emears ajoute (ch. xvii) que des accusations analogues ont été aisigées contre Paton, contre Kpicure, contre Zéwons i'ne se laissera pas délouruer par elles de son culte pour la vortu ; il ne s‘inquiétera pas outre mesure d'une malveillance qui n'a point épargné les Rutilius, les Caton, les Démétrius. Enfin, dans le ch. x1x, imitant ets avocats de causes dou- teuses qui n'éclappeut & une accusation qu'en inveetivant l'ac- cusateur, il se retourne vivement contre ses ennemis et leu applique les -comparaisons les plus injurieuses. Il leur ropré~ sente surtout le tort qu’ils se font & cux-mémes en attaquant Jes gens de bien : « car, leur dit-il, si vous réussissez & prouver gue les hommes qui satiachent a Ia vorta soot avares, ambi- eux et libertins, qu’éies-vous done, vous & mm meme deta vertaestadittx? yn» tu 2 Bom mime Aprés cette riponse générale, il reprond une & une, pour les réfuter & part, 128 prineipales accusations : (Ch. xx). Les philosophes ne tieanent pas tout ce qu’ mettent. — Mais c'est déja beaucoup quils développent de grandes et honnétes pensées ot tracent, pour les autres comme pour eux-mémes, un magnifique plan de conduite, embrassant Jes obligations essentielles de la vie. I ne faut pas les mépriser s'is échouent ; car ils voulent atteindre jusqu‘aux sommets, et consultent mois leurs propres forces’ que les forees de Ia nature (Ch. xxi}. Certains philosophes méprisont les richesses, ot cependani iy les possedent. -~" Ce. reprocho ural sire adressé aux hommos les plus sages, & Caton lui-méme. Il n'est ‘pag vrai que les philosophes aiment Jes richesses ; ils ne font ‘que Tos prefirer et isen Iégtimont la possession par un noble Is pro- Notices. peng (Gh, xxi), La richesse est préférable i la pauvreté, parce quelle fournit & Tame des moyens plus nombreux de déve~ Topper sa vertu, Le philosophe préfére la fortune, comme le na~ vyigateur profére une mer calmo et tun vent favorable ; sa pré= Terenco est exompte de tout attachemont; i! posside ses richesses, il n'est point possédé par elles, - (ch. xan). Il ne faut donc pas interdire au philosophe la possession des richesses ; si grande que puisse tre sa fortune, Torigine ou est toujours inréprochable. Le sage peut ouvrit toutes grandes les portes de sa demeure ; on n'y trouvera rien qui ne lui appartienne Iégitimement, Pourquoi repousserait-it Js richesses’? ce serait avouer qu'il est ineapable den faire un don usage ; il saura, au contraire, s'en bien servir et oxercer a propos sa générosité. (Gh. xxv). Co n'est pas une chose facile que de savoir bien donner. Il faut varier ses bienfaits suivant les personnes et les circonstances. Tl faut élre généreux avec toutes les classes do {a société, car la libéralité ne consiste pas a faire du bien aux hommes libres, mais a faire le bien avec un esprit vraiment libre. ‘ ‘est surtout dans le xxve chapitre que Séndque a développs ingéniousement la théorie des zpoqyuév. Dans quelque situation que le sort Fait placé, Je sage sestimera toujours au méme prix. mais il -aimera mienx habiter une maison opulente que men- dior sur Te pont Sublicius. Il sora aussi flor dans les chaines: que sur Io char du triomphateur ; mais i} aimera micux otro Vietorioux que prisonnier. Cerlaines verius consistent surtout Gans Pelfort, d'autres dans 1a modération et dans Ia résistance faux séductions de Ia vie; le sage pratiquera celles que lui assi- gnera sa condition, mais il préférera les moins pénibles. (Gh, xxvi). IL existe entro V'insensé et le sage une dilférence ion simple; I'um subit Ja domination des ricbosses, autre leur impose la sienno; l'inseusé ne peut se passer des richesses, Ie sage peut les perdre sans rien perdro de lu-mdme. Attaqué par Ids criailleries de ses envieux, Socrate ne so sentira pas plus atteint par leurs violences que Jupiter n'est offensé des Jnepties auxquelles les podtes se sont livrés & son égard ; mais iI Iour commanderd de se taire par respect pour Ia vertu, comme om se tait dans Jes temples par respect pour Ta divinité (Ch. xxv). Les insensés qui attaquent la vertu sont ces infmes hommes qu'on voit, dans les rues dele ville, écouter avec ine lerreur superstitieuse les prétres des religions de 'Orient. Quis éeoutent plutdt Ja voix de Socrate. Ce grand homme les avertira do yeillor d'abord sur eux-mémes, et de guérir leurs propros vices avant de relever los fautes légéres oit tombent, les amis de la sagesse. - Lo livre présente ici une lacune, sans doute peu consid waxy NOTICE. rable. Il se termine pour nous sur les promiéres lism ean grt es prem Hendy on Adresse & sos détracteurs; ils ne volett pas les maux qui vont fondro cor ous, is n'aprpoivent pas le fourbilla qu ta bon Tello est Ja suite des idées qui romplissent le De Vi Oa vit quwateun ouvrago de Sense ne mamfene Mae niére plus saisissante opposition que nous avons sigaalds ples haut ehez ee philosophe entre Ia doctrine et 10 caractive” Dans la premiére partie, c'est la conception morale des Sto. ions qui so développe avec toute sa riguour ‘et toute so nec esse; on n'y trouve aucune attémuation des principes, snewa BBénagement:pour In lablnse nese, Ges eos, aucun Sentée non pas comme Je principal bien, mais comme le bien unique do Phomme; elle n'a hesoin de rocovoin du dehors auecn Aceroissement; elle se sullit & elleemimo, ello suraboade. Le Hiss pout de de satin cera satan, Le du souveraia bion, il n’en est jamais un lemon, La thiols ¢ done un earactire absohn ; c'est peinosi l'on rencontre ed ct Uk quelques léyéres réticences qui, daiteurs, sont platar dene Voxpression que dans Ia ponsée; cello-ci, par exemple vous Baltes eb moins la volupts, mals! nous on serous les tres ot Jes modératours, habebimus ni sed doin’ gus erinus et emratores me tteralem, 1s la seconde partie, cost Te caractére do Sénéque qui se onto avec ses fuiblosses et ses contradictions: achat {er + avec ses violonces; puisque, comme Séuéque nous It dit lui-méme, précisément dans cot ouvrage, a faiblesse ontraine toujours ta violence & sa suits. Nous le voyons ehapper: pa oe qui le concorne, aux couséquences rigcurouses de ses. propres Principes; admeitre pour lui-mémo des tompéraments, dee sie uations qu'il weit pas admisos pour ls autres; ety lors lui faudrait répondre aux critiques, quelquofois sincbres. rat Slovaiont contro lui, se retourner ave acrimonis, coutve foe Iersaires, déplacer les quostions et les responsabilitee horde niin, dans Tattaque commo dans ta défense. la mesure et le Alignité qui convieament au philosopho, . v Le De Vita beata conserve, mal; noe onservo, malgré icut, une haute portée ale qu'il serait iujusto de’ méconnattee. pros avoir skguale Notice. ao S‘atiénue et semble mome disparaitre en vingt ondroits oi S néque exprime Vardent désir de renoneament qui s‘était, “a cette époque, emparé de son me. Ge désir, sans douto, était, un peu tardif. Le philosophe avait gardé plus longtemps qu'on n'aurait dd Vattendre deluiT’espoir de eoncilier avec Ia rigueur des prineipes de son école la jouissance d'une grande fortune et d'une situation enviée. Mais V'heure des grandes épreuves et des austires rélexions était enfin arrivée pour lui. Privé du concours de Burthus, isolé dans une cour corrompue, qui était livrée désormais a la’ domination des plus vils favoris, emtouré denviéux, d’ennemis et de détractours, il dut sentir une grande tristesse, tun profond découragement envahir son Ame, et, sous influence de ces sentiments, il prit, non sans doute assez éner= giquement ot en une seule fois, mais au moins d'une maniére graduelle, la résolution de se détacher enfin et des richesses ot des honneurs. Getto aspiration vers Ie renoncement aux biehs extérieurs et vers Vaffranchissement moral est, & notre avis, le Lien caché des. doux parties dont se compose le De Vita deata. « Je ne suis pas tun sage, répéte plusieurs fois Sénéque, je ne suis qu'un aspi- rant & la sagesse; je me débats au milieu de nombreuses mi séres;; jem sur moi; mais un jour viendra ott je vivrai comme il faut vivre. Lentement, laborigusement, je me forma, je mo fagonne moi- méme d’aprés un noble modéte. » L'idée de liens qui se brisent, ou plutét qui se dénouent, reparait & plusieurs reprises, et l'on voit que c'est elle qui domine le plus Mesprit du philosophe. « Quelques-uns, dit-il, sont enchainds ou mémé garrottés, mais quelques autres sont déja entiérement libres; ceux qui ont com- moncé & prendre fessor vers la sagesse trainent aprés eux une chaine devenue lache; ils ne sont point encore libres, mais ils entrevoient dur moins la liberté, » C'est dans cette derniére cate gorie que Séndque se place Iui-méme. En étudiant a ce poiut de vue le De Vita beata, on découvre les rapports trés réels qui runissent au De Otio aut Secessu sapientis, et qui ont porté quelques commentaieurs & croire quo ces deux ouvrages pourraient bien n'en fairo qu'un seul. Ils ont été, en effet, composés vers la méme époque et, sans aucun doute, sous Vinfluence des mémes préoceupations do renoncement et de re= traite. Mais, dans I'un, Sénéque exprime surtout son désir de se détacher des richesses, dans lautre, sa résolution de renon~ cer aux honneurs et de s'alfranchir du pouvoir. Le De Vita beata n'est pas le premier ouvrage dans lequel Séndque ait préché le mépris des richesses (car cette idée se retrouve dans tous ses livres), ni méme donné le eonseil pra- tique de s'en détacher en esprit, pour faire lapprentissage volontaire do la panvreté (ear ce consell so retrouve aussi dans xxx NOTICE. plusiowrs passages des Lettres @ Lucilius). Mais on pout dive que, dans le De Vita beata, éerit sous l'improssion de elreon- stanees menagantes, 'idée de Ia pauvrets possible vst devenute en quelque sorte plus présente ; elle apparatt & Séneque comme celle d'un péril de tous les jours et qui réclame de sa part une résolution décisive. Il n'en pouvait d'ailleurs étre autroment & cette époque désasireuse of le monde était livré aux fantaisies d'un maitre sans responsabilité, dont om ne pouvait ni prévoit aj éluder los ordres arbitraires. Aucune protection n'existait alors; aucune garantio, soit dans Jes murs publique’, soit dans les lois. On ne pouvait eorapter, pour la sicarité du lendemain, nisur Méelat de sa vie ou Te pr tige de sa vertu, ni méme sur la reconnaissance pour les sere vices passés. La possession d'une grande fortune était uno cause de suspicion perpétuelle; lo riche, surtout lorsquil avait 616 mal6 aux affaires de I'Ftat, était condamné a vivre dans une inquiétude de tous lesinstants’; il ui fallait sans cosse redouter Jes ealomnies d'un délateur, te fer d'un assassin, ou bien se procurer un délai des plus précaires, on inscrivant ostensibl neat Tempereur sur sou testament, et en se dépouillant ainsi do ses bios, pour n’en plus rester quo T'usufruitier obssquieux et toujours tremblant. Ges dangers qui menagaient chaque jour les citoyens los plus distingués claient particuliérement suspendus sur la téte de Six neque, & causo de V'envio dont il était Tobjet, et surtout parce que sa réputation de vertu Ini altirait les sympathies de tout qui restait d'un pew honnéte dans la cour et dans|a ville; ainsi, il était en vue pour le cas oit une conspiration triomphante auralt débarvassé Rome des infamies et des tarpitudes dul rbgne Sénéque le comprit; il sougea enfin a se retirer do la cour, ot Tacite nous a fait Je récit saisissant de Ventrevue ott il vint, hon sans quelque arriére-pensée et quelque reste d'espoir, olfvir & Néron de se démettre do ses charges et de lui restituer les biens dont sa muniticence Mavait comb 6 Gésar, Ini dit-il, il ya quatorze ams que j‘approche do ta personne; ily en a huit que tu régnes. Depuis co tmps, tt m'as comblé de tant d'honneurs et de richesses, quil ne manque & mon boubeur que d'y voir des hornes... Ton trise aieul Auguste permit & Agrippa d'aller chercher dans Lesbos une retraite, et & Méobne de s'en faire une au seia méme de Rome; et copendant, Tun avait été le compagnon de ses guerres; Fautre, sans quitter Rome, avait essuyé plus de fa- tigues encore, Tous deux avaient justifié de grandes réeom= penses par do grands services. Moi, au contraire, qu’ai-je ap- ports.en échange de tes dons Queldues talents obscurs, nourtis dans Vombre de Mécole, auxquels je dois la gloire de pax NoTicE. XxzIx raitee avoir dirigé los essais de ta jeunesse; ce qui me pain in m'as donné tout ce qu'un prince peut donner i un ami; j'ai vieillesse du fardeau de l'opulence; daigne confondre mes biens do sos charges : « J'ai honte de citer des affranchis us opulents ie tof ot jorougis qu, le premier dans moa ear ne lesols tu les redresseras. Si tu rends tes richesses, si tu abandounes sar our stabilité, et les derniers chapitres du De Vita Led ‘nous montrent assez qu'il se mit 2 méditer de plus en plus sur le c'est de ne leur rien demander, et de vivre au miliew q@ ‘elles plus d'intérét & les conserver, on ne eraint plus de Jes. perdre. fa de ae Nome: loigner de Ini, abeuntia securus’ grosequitur. L'insensé est ios gouverme comme dos choses qu let seer hea oe richessos, s‘écrie Sénéque, en s’adressant & un de ses envieux, surtout d'en faire un usage désintéressé, a tel point. qu’ou los qu’hommes, que la nature m’ordonne d'atre utile... Partout vit ily aun homme, ily a place pour le bienfaiteur... La libéralité tournées-vers le renoncement aux biens ‘Passagers ; mais, & la haturellemont se livrer'un homme qui s*habitue & dedaigner le Roncer pour jamais. Il était plus difficile encore & Sénequa de Norice, xu aétacher du pouvoir que de se séparcr des richessos ; c Jo renoneement aux riebesses est dans esprit du Stoteisme, et, es de son école, tandis que le renoncement & lac tion est, au contraire, en opposition avee lo prineipa fonda- mental par loquel le Stolcisme se distingue de I'éeole d’Epicure. Aussi la partie qui nous a été conservée du De Otio débute- ‘teolle par une discussion sur le grand précepte stoieien : In aclu mori, et sur les circonstances dans lesquelles i eesse Wotre obligatoire. « Epicure dit : le sage n’approchora point dos affaires publiques, & moins d'y avoir été ponssé par quel- quo cireonstance ; Zénon dit : 1e sage approchera des af- faires publiques, & moins d’en etre empéché. » Mais, quelles sont ces cireoustances assez graves pour écarter le sage de Taetion, qui est Ia vraie lot de sa nature? Nous pouvons reconnaitre précisément celles qui allaient devenir soit 10 prétexte, soit la cause réelle de la retraite do Sénéque : « LEtat, dit, n'admettra pas le sage au maniement des af= faires publiques, s'il est d'une santé faible, sf valetudo illum impediet. — Mais, d'un autre edté, le sage abandonnera lui- méme les affaires, si 'Elat est trop corrompu pour qu'il soit possible de le secourir, si respublica corruptior est quam wt adjuvari possit; sil est eavahi par les méchants, si occupata est malis; sie sage lui-méme est dans une situation telle qu'il ne lui reste plus assez dautorité ou assez de forces, si parum, habebit auctoritatis aut virium. » On voit par eos parates que Séndque se rendait un compte exact de sa situation ot des do= voirs qu’elle lui dictait. La seule raison qui doive déterminer un homme d’Elat & resier au pouvoir, c'est In certitude d’étre assez fort pour faire prévaloir ses idées porsonnolles, pour ac- complir le bien qu'il réve ou tout au moins pour empécher Ie mal qui se ferait apris sa retraite, Séueque compronait bien quo tous ces motifs de rester aux affaires avaient cossé d'exister pour Tui, et il sfforgait do vaincre pew & peu son attachement, ‘aux affaires publiques, en roportant sa penséo, comme autre- fois, pendant son exil en Corsa, sur Pétude des questions na~ turetie. De 18 Ie beau paralléle quill éiablit d'abord ontre les deux ropabliques, celle de la socisté et celle du Monde. « Embras- sons par la pensée deux républiques. L’une est vraiment grande et vraiment chose publique; elle renferme les dicux et 1es, hommes; li, ce n'est pas a tel eoin de la torre que nous avons gard; c'est par le cours eutier du soleil que nous mesurons les confins de notre eité. Lautre est 1a république & laquelle nous attache le sort de notte neissance ; cette demniére sera la répablique ow d’Athénes ow de Carthage, ou de toute autre ville qui ait rapport, non & tous les hommes, mais & un certain sur NOTICE. nombre, Quelques-uns travaillent & la fois pour Tune et pur Yautre de ces deux républiques, pour la grande et pour la po- tite; autres, sculoment pour la grande; et celle-la, nous pour vons la servir tout aussi bien, mieux peut-ttre, ‘au soln du. repos. » Tout co passage montre bien l'état d’hésitation ott se trouvait Séndque. Le philosophe se familiarise avec Vidée de Ia retraite; i_ne pout encore s'y habituer pleinement. Mais les développr ments qui viennent ensuite montrent avec quelle persévérance fl se préparait @ une résolution devenue inevitable. Nous y voyons que toutes les heures de 4a vie, méme si elles. y étaient consaerées oxclusivement, ne suffiraiont point a I'éiude des questions naturelles; par conséquent, dis qu'un homme so livre & 1a contemplation dos merveilles de Ia nature, fl ne doit, plus s'en laisser détourner par In préoccupation des. misérables intérdts terrestres. II faut qu’il soit tout entier a Ia retraite; la retraite seule Jui permetira de devenir enfin le contemplateur des euvres de Dicu, le confident de Ia pensée éternolle. « C'est un esprit curieux que la nature nous a donné. Pleine du sonti ment de son industrio et de sa beauté, elle nous a engendrss pour étre spectateurs de si grands spectacles ; elle perdrait le fruit d'elle-méme,” si clio ne montrait qu'a la solitude des ou= ‘rages si grands, ‘si éclatants, si artistement conduils, si ache- vés, des ouvrages toujours divers et toujours beaux. » Ily a particuliérement dans cotta derniére pensée une grande Alévation philosophique, Pour Sénéque, comme plus tard pour Hégel, il somble que la nature ue s'acheve que dans la con- science de homme, Le plus grand bonheur dont "homme puisse Jouir, Ja plus haute ambition qu'il puisse se proposer, surtout dans les derniéres années do sa vio, c'est d’étre une conscience ot s0 réllgchisse univers, Quand'Ie sago donne & sa pensée ce sublime objet, il ne peut plus avoir que du mépris pour les vaines occupations de la potitiquo. C'est par li que Séndque veut terminer son existence; et la contemplation de Ia nature, qui avait déjé ét8 une des consolations de son exil en Corse, Tui apporte, au déclin de sa vie, une nouvelle joie, en le rap- prochant de cet affranchissement moral vers lequel il soupire, eten communiquant & sa pensée unesérénité qu'elle n’avait ja mais connue jusqu’alors Ceci nous’ améne, en effet, & signaler entre le De Vita beata et le De Otio une autre dilérence. Malgré Vanalogie des sentiments et des idées, lo ton des deux ouvrages est tout & fait différent. Dans le De Otio, écrit sans doute un peu plus tard, & une époque ot la résignation de Sénéque était plus af- fermie, oi Vapaisement des grandes coléres s'éiait fait en lui, on trouve une sérénité remarquable et vraiment digno d'un philosophe, Il n'en est pas de mime dans le De Vita beata; Notice. xunt malgré tous ses mérites, c'est euvro d'une ame agités, qui pas pris encore son parti des miséres et des hontes; qui no stest pas encore élevée, par le pardon oa la mépris, auedessus de Vindignation, (est, au moins dans Ja seconde partic, une couvre de passion, de colive et do haine. On sont que Sénique, en écrivant les dorniers chapitres, a &té préoceupé surtout par Vattitude ingolente de ses envieux, qui dominaient do plus en plus & Ia cour et qui se réjouissaiont de sa raine prochaine. Cotte vuine, il y est résigné; mais il ne Test. pas égelement au triomphe de ses ennemis. Il tient, avant de disparaitre, & les bien avertir que ce triomphe sera court, Les signes avant coureurs se montrent déji& Vhorizon; ils ne yeulent pas les comprendre, de méme que des barbares, enfermés derriére leurs murailies, né compronnent pas 1a menace de ces machines de guerre que ies assiégeants constrnisent dans la plaine; mais, ce quills ne veuleat pas voir, Séndque Ie voit pour eux, et sa consolation, on pourrait dire sa vengeanee, c'est de leur an- noneer que le tourbillon vengeur les enveloppe dij, et va los disporser, eux ot 1eurs biens. : Cotte sérénits philosophique, qui est absente du De Vita Beata, mais qui se montro clairemont dans le De Otio, remplit aussi les dernicrs moments de la vie de Sénéquo et lui permit dese montrer enfin le vrai disciple de la grande école iclenne. = fappelon, ax sujet de cet dvéuement, tos trait prinelpaux du récit do Tacite : : «Quand Ie centurion Ini annonga que Theure était venue de mouriv, Sénéque, sans se troubler, lui demands gon testa- ment. Sur le rofus du centurion, il se tourna vers ses amis et leur dit que, puisyu'on l'empchait de reconnaitre leurs services et de leur témoigrer sa gratitude, il leur laissait le seul bion, mais le plus précisux qui lui restat, Pimage de sa vie. Ils fon daient_ en larmes. Sénbque les rappela a la fermoté, tantét avec douceur, tantét avec le ton sévére dun maitre qui ré= nimande. . : PYy"Apris ces extortations, qui s'adressaient & tous, il em- brassa sa femme, ot, légerement atiendri par To spectacle de son malheur, il lt conjura de modérer sa peine, d'y mettre des ornes, et de chorcher, dans le spectacle de la vio ot des vertus do son époux, un soulagement honorable au regret causé par sa perte, Pauline répondit qu‘elle voulait aussi mourir, et de- manda Fexéenteur pour la frappor. Séneque, ne voulant pas ui ravi cette gloiro, et craignant d’ailleurs de laisser colle qu'il aimait sans partaze en butte aux affroats, lui dit : « Je vous avais montré ce qui pouvait vous rendre la vie plus douce ; vous préfirez Thonneu: de mourir; je no serai point jaloux d'un st grand exemple, Périssons tous deux avec un égal courage, et wrv Notice. Nous, avec plus de gloire que moi. » Aussiti, ils s‘ouvrent aved to mbme for les velnes dos bras; ot Séndque, ne portent nee sang qu‘avec lonteur, & cause quil était alfaili parle series ot par ua régime austire, sp fait couper aussi es when ege Jars fdas jambs. » Copendasit, comme son sang coulait avec puine ot que la ‘médosia, do fire apporter un poisan qu'il tenait depuis longs temps en réserve, C'était celui qu'Athenes donuait fer cee nels condamnés par un jagoment public. Il le but, mains aia, ses mombeos étant dija folds! ct son corps format rare Mon du poison. Bufn, it entra dans um bain eal et jelger do Veau sur les esclaves ls plus proches : Jofuis, divil ant bation & Jupiter Ubértece. Do lt, fl fat ports dans was date dont la vapeur Vétoulfa. Or le brala sans atoune pompe ean A Yavait ordonneé dans un codiclle, a Pépoque Oh, Meher ot tout-pulssant, it stocoupait déja de sata s La simplicité héroique dune telle mort mrita au ministre de Néron admiration de sos contemporains et colle de ls yostee itd. Elle rachéte les faiblessos de sa vio ct autonse i hoster sur lui un jugemont oi la eympathie et 'apprahation dembeong Sans doute, Séndque n'a pas sulisammont conforms see nev & 208 prineipes, pendant tcute eotte longue ‘période de wees ou il Tui edt été donné, plus qu’a tout autre, dappreniie ane Ganmes comment il faut vivre; mals cet accord set du moins i'd ta derniére heure, quand il s'est agi do Tour comment on peut mourin. * ae DE VITA BEATA AD GALLIONEM FRATREM CAPUT I 4. Vivere, Gallio frater*, omnes beate volunt, sed ad pervidendum, quid sit quod bealam vilam efficiat, cali- gant?. Adeoque non est facile consequi beatam vitam, ut 0 quisque ab ea longius recedat, quo ad illum eoncitatius fertur, si via lapsus est : que ubi in contrarium dueit, ipsa velocitas majoris intervalli causa fil", Proponendam est itaque primum, quid sit, quod appelamus. Tune cir- cumspiciendum est, qua contendere* illo celerrime pos- simus, intellecturi in ipso itinere, si modo rectum erit, quantum quotidie profligetur®, quantoque propius ab e sims, ad quod nos cupiditas naturalis impellit, 2. Quamdia quidem passim vagamur, non ditcem secuti, sed fremitum et clamorem dissonum in diversa vocantium, conteretur vita inter errores brevis, etiamsi dies noctesque oni menti * Jaboremus : decernatur ilaque, et quo ten~ damus et qua, non sine perito aliquo’, cui explorata sint 14. Galio frater.oat lo mime A qui ne marchent que fort Tentement i Gt deaid le Trait. de la Colére; | peuvent avanrsr beaucoup dsvaetnent BP sappslat dabord Annas, Nova: Sis sivecttnjoat i doit cheatin, tus; tdopi6 par un personnage dela | qao ne font code qui cousent sence futile des Galion, pry on socon-| Sea Gligueatse 8 formant & oeago, le uom de fs Jun. | ""h Contenders, Remarquor ie Vdée Gallo Annaant de i fonsion, do Teton, qui ve tee ', Caligans lis soot envelonnés de | trouse dns toutes les particn deta vale Filet leet i iene, outle 5. Profigetur. Profigare siguite OTA Weloctosmajoris interval canal aero eer weber, faite 6 beeen, aut sdmirait heatconp | carnage’: ie done, par mdtophorss orate fel oa Tor | hut eI hs ie a pr dons aes fetoes ila ion. Autre Legon profciames tine, seat sans donte Fappelé co pas-| 5. Zone mkt Ln bona mens, ost age, quand lg ete morale, cest Pequilinhy de ment So Di ime, ayant som prineipe deny Tse 4, ee plas grandes Ames sont onpa: | tation ‘laze do works eda fee bies des plus geands vices aussi bien | vr «que dos plus grandes Vertas; et coux | "7. Non sine perito aliquo, Live, & VITA BEATA, — sixique 1 2 DB VITA BEATA, ea, in que procedimus, quoniam quidem non eadem hie qua in ceteris peregrinationibus conditio est : in illis eom- prensus aliquis limes et interrogati ineole non patiuntur errare. At hic tristissima queque via et celeberrima maxime decipit, 3. Nihil ergo magis preestandum est, quam ne pecorum rita sequamur antecedentium gregem, pergentes non quo eundum est, sed quo itur. Atqui nulla res nos majoribus malis implicat, quam quod ad rumorem componimur, op tima rati ea, que magno assensu recepta sunt, quodque exempla pro bonis® multa sunt, nec ad rationem sed ad similitudinem vivimus, Inde ista tanta coacervatio alioram super alios raentiam, 4, Quod in strage hominum magna evenit, quum ipse se populus premit, nemo ita cadit, ut non et alium in se altrahat, primique exitio sequentibus sunt, hoc in omni vita accidere videas licet : nemo sibi tantummodo errat*®, sed alieni erroris et causa ef auctor est, Nocet enim ap- plicari antecedentibus, et dum unusquisque mavult ere~ dere quam jndicare, munquam de vila judicatur, semper ereditur, versatque nes et precipitat traditus, per manus error, Alienis perimus exemplis : sanabimur, separemur modo a cota, 5. Nune vero stat contra rationem defensor mali sui*® populus. Itaque id evenit quod in comitiis*, in quibus consules factos et praetores idem qui fecere mirantur, quam dans Touvroge de. M. Mar- , mais dane tour fin ey Moai io tBmnv ro-| nave olen min hades anain, ‘une etado tees ovigival eur | quoramgue esenpla noble male se, Blaine reson de conminne. =| 10. Nome ob tettgd oral oi sti duns quelguce passages, ot | Théose absogee don soltdarill os prrsmroment daas Ta tte | rte fe développement do In tatme iaée | "i Aucton ext. Auctor sino celal Nome per se set's valelueemergat;| & qui temouts la sesponsebhe me porte manu ‘aliguis porripay at | hese, celui dont on igroque 'ekemgs ‘ids educa, ee. Qutdan indigent ope | pout stir aa condita Elias nom ir st nemo precste:| P'S Depontr ea sue 1 Sobatine rity es i A dat nea il 'y complait, il ne Comprensus_ Limes. Bxpression cage tt2s simple. Nous disons de-méme :| “13."%n comitiye i Yrowdrs ste; rondo a Src fu 8 gauche. La lovon compresses | conslbe ice prdicurs Went pas adeno, © COMP | et les Rogol do $. Qudgue eeenpie... mutta sunt, | plus diss capur 1, 3 se mobilis favor'* cireumegit. Eadem probamus, eadem reprehendimus : hie exitus est omnis judicii, in quo se~ eundum plures datur"*, CAPUT IL 4. Quum de beata vita agitur, non est quod mihi illud discessionum more' respondeas : « Hee pars major esse videtur, » Ideo enim pejor est. Non tam hene eum rebus humanis agitur, ut meliora pluribus placeant : argumen- ‘tum possimi turba est. 2. Quaeramus ergo, quid oplimum factu sit, non qui usilalissimum, et quid nos in possessione’ felicitatis awlerne* constiluat, uon quid vulgo, veritatis pessimo interpreti, probatum sit, Vulgum autem tam chlamydatos quam coronatos * voro. Non enim eolorem vestium, quibus pretexta sunt corpora, adspicio. Oculis de homine non {4 Mobilis facor. Ct. aura popu | dispar, puingue lea ditions m Lavis, "Se" cndumoyit + onmpnteicon | deren seScordent pour crite au ch aves la giouelt, qui 86 tourae sas | plav.xavepratestater et gaueaparis, Sessivement vere’ tous les poms de | En Yay id chlamydo iat en Crees Morison. tun volement des plos Gégants, Ela TS Datur. Terme de deit. Expres. | cooastet oo un masteas, forme dua sion imperspanelle, £0 repponant a earré oblong tote, aoguel sajou- Iedecision dun tibunel, ition due pointes iangulsires Los iL. Diseesionam more. rote ne | lis de co vetement, observe. M. Che so fant pont au séont commu dans | Blanoy formlent dee cones exec hos aitembiiadibrantes niet | svemeat graces ef ttn earecte gcais et J0¥6, appel nomiaal oa | tout ak. arastque, 1k, en Bei seven par co, | Seco manana gue Ton va Lauteur dun projet do loi se porta | do diversed! manitree par pst ‘ven en partnann dun cot6'do la | personages doe proosteion dee Py fag is advenatan so Sanson | falente, scout pe an ane terval da ote parlor | Ma, aa ance cit Albee "le pars major eae settrs» | Gp vBlement anitoertique, Al fat 2 Berna. perpetom Sjootor qu Rome ale métait gudre 5: Chtemydatosqtantcoroiaioe. Ce | porte qu par des sola ssangers pasiaga a donné fou b dos conio: | eile ne Tati pan parle @a costars Yerses provenant surtout do ex con-| national ext dove earain que cae Tendietion aves in autre paseags da | mydatosdésigns lel dew guns de pe, Shapitre sev, ou quilyler scons | ler wolgatay tandie don coronates Snelonnes pactiont's prstentatus et | eo rapport us persontagea impor ‘lamydatass Seneqae no pouvat dvs | tate! gui avalont ld bonosés Ge Con. Seinen ave chadard en ne |fonnen Sgonlon open dat toe alse sgo fa chiamydo comme ta vole | logon: tm chlomylatos quam coro: Toru dsunguy oun lemant vt | nln Corona derinesa ft afoul, ‘gui, Gott aifGoals a vomplblament I ct chlomydato Varisocretie, 4 DB VITA BEATA. credo. Habeo melius et cortius lumen, quo a falsis vera dijudicem : animi bonum animus inveniat'. Hic, si un- quam respirare illi et recedere in se vacaverit, o quam sibi ipse verum, tortus a se, fatebitur, ac dicet : 3. « Quidguid feci adbuc, infectum esse mallem. Quid- guid dixi qaum recogito, mutis invideo. Quidquid optavi,’ inimicorum exsecrationem puto. Quidquid timui, dii boni, quanto Jevius fuit quam quod concupivi? Cum multis ini- micitias gessi et in gratiam ex odio, si modo ulla inter malos gratia est, redii: mihi ipsi nondum amicus sum. Omnem operam dedi, ut me multitudini educerem et ali- qua dote notabilem facerem : quid aliud quam telis me opposui et malevolentize, quod morderet, ostendi? 4. Vides istos qui eloquentjam laudant, qui opes sequun- tur, qui gratie adulantur, qui potentiam extollunt? Omnes aut sunt hostes aut, quod in equo est, esse possunt, Quam ‘magnus mirantium tam magnus invidentinm populus est quin pétius quero aliquod usu bonum, quod sentiam, non quod ostendam *? Ista que spectantur, ad que consistitur, que alter alteri stupens monstrat, foris nitent, introrsus misera sunt, » CAPUT IL 4. Queramus aliguod non in speciem bonum, ‘sed soli- dum et equale, et'a secretiore parte formosius', Hoe erua- mus. Nec longe positum est. Invenietur. Seire tantum opus est quo manum porrigas : nunc velut in tenebris vicina transimus, offensantes ea ipsa que desideramus. st “toe bate Sees fond. on a rata a: Fray ti eed it rae Ah te creat: Biss hone CAPUT IIL. 5 2. Sed ne te per cireumitus traham, alioram quidem opiniones preteribo, Nam et enumerare illas longum est el coarguere : nostram accipe. Nostram autem quum dieo, non alligo me ad unum aliquem ex Stoicis proceribus *. Fst et mihi censendi jus*. Itaque alicuem sequar, aliquem jubebo sententiam dividere. Fortasse, et post omnes cita- ‘ms, nihil improbabo ex iis que ptiores decreverint, et, dicam : « Hoe amplius eenseo?. » 3. Interim, quod inter omnes Stoicos eonvenil, rerum nature assentior®, Ab illa non deermare et ad illius legem exemplumgue formari sapientia est : beala est ergo vita conveniens natura: sua, quee non aliler contingere potest, quam si primum sana mens® est ef in perpetua posses sione sanitatis sure, deinde fortis ae vehemens*, cuncta pulcherrime patiens, apta temporibus, eorporis sui perti nentiumque ad id euriosa'?, non anxie, Tum illarum re~ rum que vitam instruunt diligens, sine admiratione cujus- quam‘, usura fortune muneribus, non servitura. 4, Inielligis, etiam si non adjiciem, sequi perpetuam tranguillitalem, libertatem depulsis iis quae aut irritant 2, Non allio me ad wawn aliguem | est Yappéit 1 ne peat done y avoir 2 Stoic procerbur. Non seement | de bontcar pour Thomme gus dans Shut ache pee exclusive: | Vobliatce bla enson. ent ax Stosiene, male encore, dane | 8. Sane mens. Gots santé de Tame, fe Lelias Letina, fat do eone | Sexe Tattanshiserpent des finwels empronts a Bpicnre; il pase, |" a, Morte ae wehemens. Co, comme Ir ty dans Te camp eater | mata désignent ta force poor reer on ange eile |e ay pour onegrndes on famguam transfga, Sed engage ‘pore perinentiogue txploratr. ad ticortan, Dupin Sona ik TDett iti eonsendt jus. Ct. Bp. tatore x donne aT homme, ain qa axxtitt: Twrpeesf ex comentario a: | Panimal, i conscience desu consttve pers, —ffbe Zeno disit + tw goid? | ton ele 'arecommande a atm Peffoe Cleanthen tu quid? Quotsgue | Conve dive qo ‘ib alo movers? enema 5. "Seguars jubebo divider sexton) Sioatnes qui serapportent& Ta con: tian mi iiprobabos ican : fee | servation d's vie ndimacelle et ds mpl cond, Co sot tes formats | ia vie apsloque. Le towel di orp Tesguelos on exprimait au Sena | Jes cose ut ‘sihesion entire ow partielle | ext done serfaltament Topitime; cost Habis dum nate fe principe dune série de fonctions, “i Aeru nutare osrention. Cast in| Gon ordre de devoits que les Sta formate essentieie de la morale du | clons appeliont Ios convenadtes Hotltie ?"Uxsinening, tends Shen {i Sie admiration exjusguam. "7 Bautaest vite, comveniene nature | Sons elashement passionné pode a0 sng. Lannture de homme, cest in| eme, Cf AW adie, Hoty Bp. ‘itn, comme te nature de animal, | Tv 6 DB VITA BEATA. nos aut tervitant, Nam pro yoluptatibus, et pro illis que parva ac fragilia sunt ot turpissimiis flagitiis obnoxia, in- Bens gaudium subit*®, ineoncussum el equale. ‘Tam pax, et concordia animi, et magoitudo eum mansuetudine, Om nis enim ex infirmitate feritas est **, ee CAPUT IV 4, Potest aliter quoque definiri bonum nostrum. id est eadem sententia, non iisdem comprondi verbis. Quemad- modum idem exercitus modo latins panditur, modo in angustum coartatur ot aut in cornua, sinuata media parte curvatur aut recta fronte explicatur, vis illi, uteunque ordinatus esl, eadem est et voluntas pro iisdem parlilus standi': ita’finitio sumni boni alias diffundi potest et exporrigi, alins colligi et in so cogi. 2. Idem itaque erit, si dixero : Summum bonum est animus fortuita despiciens, virtule letus, aut : invicta vis animi, perita reram*, placida in actu’, cum hama- nitate multa et conversantium cura‘. Libet et ita finire, niquea idveloppe dans | embransé, "2 *™ Patt aw'elle a potuptas et le gaudtom + « Ho ante don need ram Avant Vexpétience HE EE ipl ie ae Oe Imnttas voluptates, gui fortuita subs | S82, 8 Taso upiverelio, Vane. di enn plc | ont ane etre lr, sn Teal teen ete ec | ely foe lems ianla Haw i domt nae pest | $a, mile toa cone) Hina ipsum sit. Cetera hil on Lat at prone be ne laritates'non implont pects: fronton | ‘eitont ices" amt™ tt forte fa] Resets ole pet ioe Feieat State gine tte forte te) ey eccommota AVatanee Imus debet esse alacer et’ fulens, et| ggmrare Sagi toojours aves sagan ‘super onunia erectus. Afiki crede, res °® ® pradenee. per amin erect: St 6 8, Placa tn ate, Come de 13. Omuis enim ex tifirmitate fe- | !'action. ™ Te Bare tle) scan tumanat mat et cone inethancetotasturagile rove, | anion carr Sone eee #5 ft on manque dgultire dans |e benvalance ules Se eect Hae beni ro in, dacs de fod’ ama 1st, Pro tidem partibus stand. |tous cous au millea atentats Por capur iv. 7 ut beatum dicamus hominem eum, cui nullum bonum malumque sit, nisi bonus malusque animus : honesti cullorem, virtute contentum, quem nec extollant fortuita nee frangant, qui nullum majus bonum eo quod sibi ipse dare potest noveril, cui vera voluptas erit voluptatum contemptio. 3. Livet, si evagaviS velis, idem in aliam atque aliam faciem, salva et integra potestate, transferre, Quid enim probibet nos beatam vitam dieere liberam animum et erectum, et interritum ac stabilem, extra metum, extra cupiditatem positum, evi unum bonum honestas, unum malum turpitudo, cetera vilis tarba rerum®, nec detra~ hens quidquam beate vite nee adjiciens, sine auctu ac detrimento summi boni veniens ac recedens? 4, Hune ita fundaturn necesse est, velit nolit, soqua- tur? hilarilas continua, et leetitia alla atque ex alto vo ut qui suis gaudeat nec majora domesticis *cupiat. Quidni’ista penset bene cum minutis, et frivolis, et non perseverantibus eorpuseuli motibus? Quo die infra volup- fatem fuerit, et infra dolorem erit. Vides-autem, quam malam et noxiosam servitutem serviturus sit, quem vo~ Tuptates doloresque, incertissima dominia impotentissi magne’, alternis'? possidebunt. 8. Ergo exeundum ad libertatem est. Hane non alia res tribuet quam fortuna negligentia : tum illud orietur ines- timabile bonum, quies mentis in tuto collocata et subli- mitas, expulsisque terroribus ex cognitione veri gaudium 5. Heagari. Faie, pour ainsi dee, | nat pas celle que Ciedron, dens lo ce ipenens ut ede | De Poi, canbe de ace Feintipaley In devciogper on dirs | passions sdruisas par fet Stoiiens, Soe " Fettin, sgritudo, Hibidoy metus. Cs an ius turba rerum, Un vit amas | west be8 Faberge Te yor hy aeccnane. Tovadt laveimargue de Me avuisony 1 nSegatur. De mime, plus haut | nest pa wide, foe trident eal scquipetpetyon tranguitaten. Cote | compaulo vet la verte coming aves Ae re seccagnct plas, lin. Le | ia sugese, polsqeelio en decoute, jie, mete In ple Teale, Te poe mevdicin, Que les bens etajes ne fat pas partis da ave: | troave en ful-méme, marele TP len eet quang cons: | abs Zncertssina‘dominia b fnpor eee tentsiima” Les matte les plas ens . trisieor oils plas immed he Allens Sent. ictus, 8 DB VITA BEATA. grande et immotum, comitasque et diffusio'* animi, quibus delectabitur non ut bonis, sed ut ex bono suo ortis'*, CAPUT VY 1. Quoniam liberaliter agere ecrpi, potest beatus diei, qui nee cupit nec timet benefieio rationis. Quoniam et saxa timore et Lristitia earent, neo minus peeudes, non ideo tamen quisquam felicia dixerit, quibus non est fei citatis intellectus®, 2. Eodem loco pone homines, quos int numerum peco- rum et animalium redegit hebes natura et ignoratio sui Nihil interest inter hos et illa, quoniam illis nulla ratio est, his prava® et malo suo aique in perversum solers, Beatus enim nemo dici potest extra veritatem* projectus. 3. Beata engo vita est in recto cerlogue judicio stabi- lita et immmtabilis. Tune enim pura mens est et soluta omnibus malis, quum hon tantun: lacerationes, sed etiam vellicationes effugit, statura semper ubi constitit ac sedem suam, etiam irata et infestante fortuna, vindieatura, 4. Nam quod ad voluptatem pertinet, licet cireumfun- datur undique et per omnes vias influat, animumque 12, Dias ta joi ot v0 see niodbre a Hpac ta mere ps ae Ne Kava | ards Cat son ot at nt atton deny aC hE et De tase it, Een pole um tl eae qa | niamitsnaicee chee Toko sgeigeest dn ar | Ma gl al a pra Xba aiyte Snee wbe?| AR So at eta siete ee sera ings fe 12 Nina bonne ws ono mo | ee ate ane sake Gc pristoomaent | ucpstonbeenestarneasen wut bien de Tne, | Ghent eneore's une sone ie ae ose qual eo son east, at ie Bie een en, Vt, Zieratr, altasion nx som | qs tana Fascnpes ae Bs begs don donna ash | en avant hslezae los, Ge "zie co grea fated | ene fe ate 1h guinness | pees sions in. a Fei Enero ea ponte rsh | Poise gag Fao ease thse $0 ata | sas ei ea hese eat Sr" Fecramnmeat ds aoa [gusts sta et ralson directo de VTotensté do la con selene. (Voir E. Caro, le Pessiuivns capur vi. - ® blandimentis suis leniat, alinque ex aliis admoveat, quibus totos nos partesque nostri sollicitet : quis mortalium, cui ullum superest hominis vestigium, per diem noctemgue titillari velit et, deserto animo, corpori operam dare? CAPUT VI 1. « Sed animus quoque, inquit', voluptates habebit suas*,» Habeat sane sedeatque luxurie ef voluptatum arbiter, impleat se eis omnibus que oblectare sensus solent. Deinde preterita respiciat et, exoletarum volupla~ tum memor, exsultet prioribus futurisque jam immineat ac spes suas ordinet, et dum corpus in presenti sagina Jecet, cogitationes ad futura preemittat : hoc mihi vide~ Ditur miserior, quoniam mala pro bonis legere dementia est. Nec sine sanitate quisquam beatus est, nee sanus cui futura® pro oplimis appetuntur, 2, Bealus est ergo judicii rectus, Beatus est presen tibus, qualiacungue sunt, contentus amicusque rebus suis. Beatus est is, cui ommem habitum rerum suarum ratio commendat, a8" psioten "ti employee Be | Re" afer. «comme ta agen Hi ei ohana | race rare eaters {Gren et permencnt, (Volt Guyen, sare prioribus, futwris iomineat, cogita ca pis do Hep dent re an! omine heotuan ea ine Epicure: i! tex falas consater uni preset, quel quil tlt, presentibes, ure, Go souvenir et cette atcnte| dp Future, Koch tart obfomras le Morate d Fpicure) Seasque, 10 DE VITA BEATA. CAPUT VII 4, Vident et in iis qui summum bonum dixerunt, quam turpi illud loco posuerint. Ttaque negant posse vo- luptatem a virlute diduci, et aiunt nec honeste quem- quam vivere, ut non jucunde vivat, nec jucunde, ut non honeste quoque'. Non video quomodo ista tam diversa in eamdem copulam conjiciantur. Quid est, oro vos, cur separari voluptas a virtute non. posit?’ Videlicet ‘quia omne bonis ex virtute principium est, ex hujus radicibus etiam ea, que vos et amatis et expetitis, orimtur? Sed si ista indisereta* essent, non videremus quedam ju- cunda, sed non honesta, quedam vero honestissima, sed aspera, per dolores exigenda, 2. Adjice nune, quod voluptas etiam ad vitam turpis- simam yenit, at virtus malam vitam non admittit, Et infelices quidam non sine voluptate, immo ob ipsam vo- luptatem sunt, quod non evenivet, si Virtuti se voluptas immiscuisset, qua, virtus sepe caret, ninguam indiget, 3. Quid dissimilia, immo diversa eomponitis? Alum quiddam est virtus, excelsum et regale, invietum, infati- gabile: voluplas humile, servile, imbecillum, caducum, cujus statio ac domiciliuin fornices et poping sunt. Vir tutem in templo convenies*, in foro, in curia, pro muris stantem, pulveralentam, coloratam*, callosas haben- tem manus: voluptatem latitantem swpius ac tenebras VIL, Nee honete, ut nn jeune; eluptate.. I at pono besoin de nge jucinde, wt non honests quogue | five remarqucr que Seneque fle se Gent i pes préw ta formule, memo | ls cdifbe paseage des Bufetins eae Epicure dans une lettre que Diogbne | ordétes aa Hercale: nous eat Tepnd= tasrve nous a conservée Ox fens | seule choisesant ena la Votupis eb Ta Vesta, — Gette phrase ext, ex Oily fuga rahay aa | intoneasante, en co que ee tablen Jed BicgeGatto formule | stations do la. verta et du yee ext fas une desripion abregéede Home ttide la vio romaine. Coloration. “sina: Platon, ep vir Halo par is soleil; en op" : oaiion avee palldam ut fueaton, Sr Virtutem in templo convenes, | Gui vent ensuite, e ckeur vit " captantem, cirea balinea ae sudatoria ac loca cedilem me- {uentia, mollem, enervem, mero atque unguento ma- dentem, pallidam aut fuestam et medicamentis pollin- clam’. 4, Summum bonum immortale est : neseit exire*, nee alietatem habet nee penitentiam, Nunquam enim recta mens vertiturnee sibi odioest, nee quidquam mutant op- tima? : at voluptas tune, quam maxime delectat, exstin- guitur. Non multum loci habet*, itaque cito implet, et tedio est, et post primum impetum mareet; nec id wn quam cerlum est, eujus in motu natura est, Itane potest Guidem ulla ejus esse substantia'’, quod venit transitve celerrime, in ipso usw sui periturum. Eo enim pervenit ubi desinat, et dum incipit, spectat ad finem. CAPUT VOI 4, Quid, quod tam bonis quam malis voluplas inest, nee minus turpes dedecus suum quam honestos egregia delectant? Ideoque preceperunt vetores optimam sequi vitam, non jucundissimam, ut recte ac bone volunta~ tis non dux, sed comes esset voluptas, Natura enim duce utendum est *. Hane ratio observat, hane consulit®, 3. Pollinetam. Imprégnée do sub-| eello du dovenie. 11 est absotamont stances edorantes, camo tm cadavre| naaieissnbloy et’ Tou peut ding Gus Lon embaume, Has: pollutan:| contr son ace mime les erigaes ‘eseié exire. i] que Zénon dirgeait contre (idea de i tows qutts| ouvement. Le plait sta pay de , Treas er. th oul ee il se meat ey 1, Mutant optima, Hesse: mutauit,| dts qui sy meut, lt n'y eat ajo (quia semper ecata et} optinas | plas. Nee pun tact Mabe ta VL 4 Nata dace ated rmangae Verpace, ou plath, il, 1o| Costleprisnipeessenc des Stoica, temps, pour ae éévelopper. thas il importa de ebiencomprendre, dg ie motu natura est, Lea] Havest pas question lel dels wala picuriensestayaient dechappor &co| Univeral, fdentiqae & saoro. do criliducs, par led cele | Diew, le Providence e i Etietion du plaisir en mourement| ext question de notre nature, de’ ep et du pits stable, de Faden txt | quo fe Sittions appelieat notre os uel Go [don aaverre pec fhtatin, erate Nove tone ‘is Nulla potest fur eve Subelan-| eonasionte kambstato ds cello conatc tasks clad qian pigcamene; an des tveroy fs auequelies io substantial, do con: | ello se rapporia; cette’ cousdioas est Tnatinee Ware raiio observat, hane eon- mais cello do He, mata seulement eo DR VITA BEATA. cr ha est ergo eate vivre ot secundum natn, guid sit, jam aperiam : si corporis dotes et apta na- ture* conservarimus diigenter et impavide tanquam in diem daia.et fagacia, si non subierimus eoram servitutem nee nos aliena possoderint, si corpori grata et adventitia e ois Too erin quo suit in eastrs wii ot armature Teves. Servant i, non imperent£ ita demum aia 3, Incorruptus vir sit extemis et insuperabilis, mira- tongue tantum sui, fdens animo, atque in utrumque pre ratus® artifex vite, Fiducia ejus non sine seientin i seintie non sine eonstantia: maneant il semel placita, neo alla in decrets jus litwra st Tnelligite, etiamsi n adjecero, compositum ordinatumgue fore talem virurn, et in iis qué aget cum comitate magnificum. : 4. Quierat ratio vera sensibus irvitata* et eapiens inde prineipia : nec enim habet aliud, unde eonetur aut unde ad verum impetum capiat: in se revertatur. Nam madus quoque canta complectens rectonue univers devs in x= riora quidem tendit, sed tamen in totum undique in se {att onto dln me in| i plement pt vi on vereat ct da sobealorTinsine, | ie! Nt areas de serene pour divetopper doe manive rele] 3. Quarat ra gs penore gue a ature 6 tai oo i a ‘ei aut ial! par feos at elle ¥ prenne son point de depart nase, Brit ora ratio snes tat vera sonsbus én pour chereher Ia Apo 3. Apta natwre. Les chose mec ae qu appar oa con. Cle hy Lea vraie raison sora. comme plonge dans fee une, coma 2 sna eros Ce pada mate Gulge coe ve fvn oon Malan cet eee | adi iat Sapper nue le Seat ie eet LE | it iar‘ igi don sot it Revs hsb neti | tg to Sinn tne Geli mutciton et deta reproduction | fats Non connaiannons ue ant da: 08 animal de plan het Fromme, | Bord ave des images acquisition du savor fen scion dea | £22 mages conten famille de Ta soot, exerci de a | Hr 6516 etl ‘mptrknce eda edurage ta rane | EL come 8 SP Phonan | treat intefestuetle dow delve ue acsans fmt’ | Slt" mun eter dn foity &ln fin da volume, uo passage | Obvert® et fermés, La eonnaiseanes {28s lmportaat di il iva dl De P| lene of entire, a compraension, fetes ent aa gaeguats chive ‘bus aur les offices. 4. Fideus anni atque in utpun porate, Clutton te Virgie, Evel fle Tn udranigue poratis sige capur 1x. 13 yedit®, Idem nostra mens faciat ; quam seeuta sensus suos per illos se ad externa porrexerit, et lilorum et sui potens sit. ‘5. Hoc modo una efficietur vis ac potestas concors sibi, ot ratio illa certa- naseelur, non dissidens nec hsitans in opinionibus comprehensionibusque’, nee in persuasione, que quum se disposuit, et parlibus suis consensit et, ut ita dieam, concinuit, summum bonum tetigit. Nihil enim pravi, nihil Jubvict’superest, nihil in quo arietet aut abet. 6. Omnia faciet ex imperio suo nihilgue inopinatum accidet, sed quidquid agetur in onum exibit facile et parate, et sine tergiversatione agentis. Nam pigritia et hiesitatio pugnam et ineonstantiam ostendit. Quare an- dacter lieet profitearis summum bonum esse animi con ‘condiam, Vittutes enim ibi_ esse debebunt, ubi consensus atque unilas erit : dissident vitia®, CAPUT IX inquit, virtutem non ob aliud eolis jlla sperasveluptatem. » Primam estatura virtus est, ideo propter 4. « Sed tu quogue, » quam quia aliquam ex non, si voluptatem pr: set 4. In exteiora quidem tendt, sd | la conjecture; la compéhension, tated serio Mitten ise red, | ln eoonaieance sire, d'lle-miéme. Le a ey ivean ten ches | Voici, dallleury, prea to reduction da avin 6 tyPtd essences pur, | ewe Tmax des Acodemgues My eee sat aur clemene ef|nuvstra coi etoieenno de degree nto, lig vient 20" supre unit, | de Taeonnaieesce Zenon, 18 Alehe ge conteniro dans on Wetgent co | elu, peeeetat Ptérnun 40 lk on, Seton: cofsatgrme ole | ain tis vou Tage, dy love mouvement sree de rekcie: | reperception (sevanie); ens, i eee are je distola ede | repinit an peace daigt et noclat: neat et de tenia, Jr epics pan: | weet assortment Tl serait ensue giles et toes To onside: | oe doit, fermalt le poing, $1 distes es Meee pa lnquels | vor! maatenaot 1s compre onl comme eros traverse tule | Enba, eamprimantfarement et Tide sort ol mir guonde pique | femet Ya rai droite aveo la Jes tarinationn do may tena | ale: vl diva a nee ef da monde mae Gossslonce do se | pereonne ne pos, excer Sotny eles, Spade nat ‘has ce ema oT ge comprehensont| dee diaensions, des diacordances 4° auapie, opinion, est fa eroyanee, | Am 14 DE VITA BEATA, hano petitur. Non enim hane prestat, sed et hanc! : nee huie Iaborat, sed labor ejus, quamvis aliud petat, hoc quoque assequetur. 2. Sicut in arvo, quod sogeti proscissum est, aliqui flores internaseuntur, non tamen hic herbule, quamvis delectet oculos, tantum operis insumptum est —~aliud fait serenti propositum, hoe supervenit — sie voluptas non ost ‘merees nec causa virtutis, sed accessio, nee quia delectat, placet?, sed si placat, et delectat, 3. Summum bonum in ipso judicio est et habit optima mentis, que quam [muaus) suum? implevit et finibus se suis cinxit, eousummatum est summum bonum hee quidquam amplins desiderat. Nihil enim extra totum est', non magis quam alira finem. 4. Ttaque erras, quum interrogas, quid sit illud propler quod virtutem petam : queris enim aliquid supra sum. mum. Interrogas, quid peta ex virtute? ipsam, Nihil im habet melius, ipsa pretium sui. An hoe parum ma- gnum est, quum tibidicam : « Summum bonum est infra. » gilisanimirigor, ot providentia, et subtiitas®, et sanitas, » et libertas, et concordia, et decor? » Aliquid etiamnung exigis majus, ad quod isia referantur? Quid mili volup- tatem nominas? Hominis bonum quiero, non venttis®, qui pecudibus ae helluis laxicr est, sane: Hane roe ha cee | hot SO St rec une ifionce tuaporiate. | Ser une santa aera acca. regi ate el nin | sche Gue paetg,e d'une man tout extérieure; jl en | trouverait le oor insuffisant, $i ton Fésulle, in soit, nen fait pas pallu en meme tempe dushees parti, foe Ems Ret le ‘ yeaa Bleeta a: [on cos ste FO roe ay Sat carme a seg’ |S ae ana mami) hen: Mere ea | ert proven ef bi Serenade Adit’ on mdi; | 0's supe ans leq Jog Stl. ge fet inne son sogcentnts | ORE go esas dco 0 out, eb in Suivanto ® quand elle’ 9 compte © Now veteia. Voir encore, dans gat lai appartient en propre, ce-ad. | To livee de Bf Guyaus fa Menge Re on essonce ieurey le ebapitze initia te Pla Nihil enim extra totum es Voir, | iv di ventres CAPUT X. 8 _ CAPUT X 4. Dissimalns, squid me data ogo en ae oer yd non potest rats coningere ani 2 pettibu neo bon Stn eibo metientibus®. Cate te quit, ag palam testor ano vitam, quam eg» jae ¢ Hoedy non sine adjecka vista contngere, 2. Atgui quis ignoralplenissimos esso voluptati ad itis stultissimas quosque®? ot nequitiam al tis aniunune ipsum genes vokptatisprava sbi nulla a i U i itiam* et nimiam esl - egerere’? in primis insolen ; aeeeeeni, timoremque elaturn supra eeleros, at amorem veram svarum eecum el jmprovidum, delicias fu tex minimis ae pu erilibus eausis exsultationem , jam di- cacitatem et superbiam contume aliis gadentem, desidiam i is animi indormientis sibi. ssolutionomque segnis animi i : : Se ™ ct civptatesastimat® anlequamn adiitta, nee guas proba ‘ i i admittit®, nee usu earum, ft magni pendit : utigue enim ; senegparantia Iata est; Temperantia autem gum voluptates minuat, summi Doni injuria est. Tu-voluptatem eet id were a Stee fee sept eeeger econ | a ree maa ie oper | Site sinor en si fe Foe ee fe esc fatation gul commence eo age | Mein’: Belews soar Cos Assigne aux frente, Blase ee ae ee eee atin, Astigne ve Yat de pla aout, 80 |S Ne quay protant magn pend: sea sree gee | ga gd Coe ea HRM oand co vot abord, gue | ee eure, ello trem fit pas gran Ce ioe ce Ee maitre) Je plaisir). eaten pl fam, Envinération tis 46 DE VITA BEATA, complecteris, ego” compesco. Tu voluptate frueris, ego utor. Ta illam sammum honum putas, ego nee honum, Tu omnia volaptatis causa facis, ego nihil, CAPUT XI 4. Quum dieo me nihil voluptatis causa facero, de illo Ioquor sapiente, cui* soli eoncedis voluptatem. Non voeo autem sapientem, supra quem quidquam est, nedum vo Iuptas : atqui ab hac oecupatus quomodo resistet labor! et perieulo, egestatiet tot humanam vitam eircumstrepen- Libus minis? quomodo conspeetum mortis, quomodo do- loris feret? quomodo mundi fragores® et tantum acerri morum hostium, a tam molli adversavio vietus? Quidquid Yeluptas suaserit, faciet. Age, non vides quam mulia sua- sura sit? 2. « Nihil, inquit, poterit turpiter suadere, quia ad- » juneta virtuti est. » Non vides iterum, quale sit-sum- mam bonum, cui custode opus est, ut bonum sit? Virtus autem quomodo voluptatem reget, “quam sequitur, quum soqui parentis sit, regero imperantis? & tergo ponis quod imperat? Egregium* autem habet virtus apud vos off- cium, volupiates preegustare® { Longue i spurent sage. De méme : fete iobatar sim, elate dans ee | orb, tt ‘sHatalion~” Sénbque "Tic | 3. ‘Cu cusfode opus ext. tone sme inne i comprond u bien, gu sub: | blables cell du desde Rooke stitu ansaid a ce aot helasable lo” ‘Quine geutee ureter Sage des Stociens 4. Egregion. Pris dans ta one unde oun | i $epiente,euis Iaakremaraquer one | "Se Voluptater preyustore. tapered Yoong Fess a | erin uaa seta {3h employs it pour la premibre ae | et salons Séatgur pao dlthord en nen prop | tgues goats las owl oppose crgucilensement lr | tarsent Servi a okies Se mime a sey ndveraaires; pois, com | edeon’ prozant Fotestion qatva Pateisdre, | Gieanthe's Jubeboe armeap® Hina anmit sa pace Te eage idea: | srw pos captor che gene at pir enetvmes| Slag, tera Su a ie Lonivers. Hragor aévigae le brut | nats regal isos sedate reecry SOULE gach gos | ce tr Pann god Soule, Lae Stotciene aicoient a ae | allud agereuts nullon sete atfee epriintes alsa Himpasene” de {deren neta col nee 1 capur xi : 3. Sod videbimos an, apud gus tam contameos tro ‘vi Virtus sit, que habere tata virtus est, adhuo virtus sit, p nome : non potest, lon est: interim, do quo aitar, mules Yoluptatibus obsessos, in quos fortuna ostendam yoluptatibus obsessos, in quo manera sua eit, qus fens necesse cst males. 4, Adgpee Nomentanumn et Apiciumé, teerarum ae anatis, ut ist voeant, bona conenguentes’, ef sper me ‘sam recognoscentes omnium gentitim animalia. Vi i eosdem ¢ suggest rose* specantes popinam sum, antes Vooun sono, speetaculs oruos, saporibus palatumn suum delectantes. Molibuslenibusque foment totum Le cessitur eorum corpus, et ne nares interim coset oo ‘us vanis infin Yous ipe, in, quo Taxus paren: tatur® : hos esse in voluptatibus dices. Nee Dene erit, quia non bono gandent. CAPUT Xl 1. « Malo, inguit, lis eit, quia multa intervenient, ‘ f i et opiniones int erturbent animum, et opinion ® >; MMoniein inquietabunt. » Quod ita esse concedo. Sed ni u rove, Thos Seange 1 cam tonto od uran,ano|& ange ronal eas Tent, Panda picture dae | quo Hans role gous roma! cuniam necessarium tibi instramentum existimas, ot » datnno moveris, et acrimas, audita conjugis aut amici » morte*, demittis, et respicis famam, et malignis ser- » monibus tangeris? » 2, Sad gua ee, edit) Sun ponent: det so wp cpus tat aligha fortune indulgent. | gus par J. ipso + aligati vox mol Ge Se Ceaketidn sigualdo dane fn | fxg Poineutun > advtriett, erctives Gietlee" Dele sizoctt absolve der | avict, multiples designdt, Aesies elosiene nove pastons bras: XVIL. Quedsolont digeri 1 at BRomng au indelgencen ev aux ae-|fecile deol ompariton des ocmrpuemoate de pratique," Vor | lignes svantes ave Tes paseagee de comatibie analogue entee Fnomine | Tacite ou de Dion assis: qut ont été 30 nan ef homme qui ne faiven- | citer dane ln orice que eos acous8- Gore quespirer Ta vertu dane la ont” execernent celles qui fete EXXL! «JneRontus et ad cum at chaque jote eux ores thn procetensalforgue writ, etiam ate TLdppropinguct perfecto, bono, sede: | 2. audila conjugis morte. Quelques sorercetmaed mas imporat, it | Yigaea plon fot? quare wxor fit Setorin cesabits et remitet alii ex | Vollh deux passages qul_montrent tntsone meni nme nim | Non go zs eran s dren cera tranpressus est; etiam mine | pereounellement A Sn See ate tn habrico, Beatus vero, ef | oars, eo afl, surtout a Tints exact ete te vores dine agate Te Desist y eb a avesiqgal sont | sentent, une allusion bien cl tives toute cine, Les anstennes | deux femmes de Sénéque, VITA BEATA, — SENRQUE, 2 26 DE VITA BEATA. 2. « Quare cultius rus tibi est quam naturalis usus desi- » derat? cur non ad preescriplum tuum coenas? cur tibi » nitidior supellex est? cnr apud te vinum wtate tua ve » tustins bibitur? eur arvum disponitur? cur arbores » nihil preter umbram dature conseruntur? quare uxor » tua locupletis domus censum auribus gerit? quare pe- » dagogium® pretiosa veste succingitur? quare ars est » apud te ministrare, nec temere et ut libet collocatur » argentum, sed perite struitur et est aliquis scindendi » obsonii magister? » 3. Adjico, si vis : « Cur trans mare possides*? cur plura » quam nosti? Turpiter aut tam negligens es, ut non no- » yeris pauenlos servos, aut tam luxuriosus, ut plures » habeas quam quorum nolitie memoria sufflciat? » Adjuvabo postmodo : convicia et plura mihi quam putas objiciam : nune hoc respondeo tibi : Non sum sapiens, et, ut malevolentiam tuam pascam, nec ero. 4, Exigo itaque a me®, non ut optimis par sim, sed yt malis melior* : hoe mihi satis est, quotidie aliquid ex yiliis meis demere et errores meos objurgare, Non perveni ad sanitatem, ne perveniam quidem, Delenimenta magis quam remedia podagre mee compono, contentus, si rarius accedit et si minus verminatur. Vestris quidem pedibus comparatus, debiles, eursor sum’, Hite non pro me lo- quor, ego enim in alto vitiorum omnium sum, sed pro illo cui aliquid acti est, 8. Pedagogixm. On appelat sist, dana ten. grandes wiley fine sorte désale oi de jeunes Point de degnés dans lo mal et que slaves, soigneusementsepates de tous | “dai ne moots au tommet tombe on gas fon auive, ftaioatGlevés pour fair le bee dobe rervica de pages. 1, Debites, cursor sum. Koch "i Cur ivan mare posites, 86-| pra tts judiclasement, dro nique. possédal, en eet den p ilies Juague, dane es pays es plus intaiut en Sil, en ‘Bapagees on Libye, ve Stneque. ae com 8 Beige itague a. me. Kosh, do radme que Haase, dei ecige, Bigo ‘ous parait absolament Tecamé par {oats Ha"sale teste, pa toot Te] geil ‘velopgemeat de In poosea, Ge Sed ut malis meltor. Cola ne su t}pas pour un homme gui précho axe ‘morale absolve, el, avee son é20l0, tantra. autrer th 9 texto donne deja dine plusieurs jowter, comme Sraigaait tro ali trop loin CAPUT XVII. a = CAPUT XVIII « Alite:, inquit, loqueris, aliter vivis. » Hoc, mali- gnissima capita! et optimo euique inimicissima, Platoni objectum est, objectum Epicuro, objectum Zenoni Omnes enim isti dicebant non quemadmodum ipsi viv rent, sed quemadmodum eset [ipsis) vivendum. De vir tute? non de me loquor, et quum vitiis eonvieium facio, in primis meis facio : quum potuero*, vivam quomodo ore malignitas me ista miulto veneno tineta deter- rebit ab optimis. Ne virus quidem istud, quo alios spar- gilis, quo vos necatis, me impedict, quo minus perse- Yeroin Jandere vitam, non quam ago, sed quam agendam seio, quo minus virtutem adorem et ex intervallo ingenti eptabundus sequar. a TExspetabo scilicet, ut quidquam malevolentize in latum sit, cui sacer nec Rutilius* fuit neo Cato? Curet aliquis an istis nimis dives videatur, quibus Demetrius Cynicus® parum pauper est? Virum acerrimum, et contra . Copit. Co, mot nest-pa | Séndqoe vou dpe: quand jom'y era tn earn | sega rem pr de ros Rome stp syooyae du mat ho | soocesi spiney il 8 dcr gan | te Ruts, P. Rating Raton, pore Ss Gljcotam Zenone Got see pas ie exact, Dine Ceres nous racohl | Connon a Marla, Acdsee: ‘qngrs iment de. nom, es AE | ont de enenton ft pada ea ecu'h ce phlosphe. ane | "41 oh Pa respect pour lal gt Feloge gut econo i Rome! i dai!rappal per Syl getborar hla vrta el 3. Demetrius Cynics, Ml et 6 Serre ee cnlet en: | tamant gue des pllnope dats teat Foghat ua prtigne ane |e» Proton aio quo den ie reli Lie a on foun fo | De Benes dann goelques-anee ini pat re we confor ods lesb talon, tot eon es Diowne | Padre, dts Top ERI, "on ror wero, Bien qu'on doive| Sogo guile mente eertalnemen appear eet opine st |p nots Demure Eee ta dann. outs. oe | Bil, non aqua confempsent one deen, coauiral punk, exagérr | wi, ed fanguan alte habendaper- olive alstoie do eats parole niet » Ban 28 DE VITA BEATA. omnia nature desideria pugnantem , hoc pauperiorem quam coleros Cynicos, quod, quum sibi interdixerit ha- bere, interdixit’ et poscere, negant satis egere! Vides enim? non vittatis scientiam, sed egestatis professus est. CAPUT XIX A, Diodorum, Epicureum! philosophum, qui intra pau- éos dies* finem vile su manu sua imposuit, negant ex decreto Epicuri fecisse, quod sibi gulam presecuit. Alii dementiam® videri volunt factum hoc ejus, alii temeri- tatem. Ile interim beatus, ac plenus bona conscientia, reddidit sibi testimonium vita exeedens, laudavitque eta tis in portu et ad ancoram acta* quietem et divit, quod Vos inviti audistis, quasi vobis quoque faciendum sit : « Vivi et quem dederat cursum fortuna peregi*. » 2, De alterius vita, de alterius morte disputatis, et ad nomen magaorum ob aliquam eximiam laudem virorum, sicut ad occursum ignoforum hominum minuli canes, la~ tratis, Expedit enim vobis neminem videri bonum, quasi aliena virlus exprobfatio delictorum omnium sit, Invidi* splendida cum sordibus vestris confertis, nec intelligitis quanto id vestro detrimento audeatis, Nam si ill, qui vir- tutem sequuntur, avari, libidinosi, ambitiosique sunt, quid vos estis, quibus ipsum nomen virtutis odio est? 3. Negalis quemquam prastare que eloguitur, nec ad exemplar orationis sue vivere. Quid mirum, quam lo- quantur fortia, ingentia, omnes humanas tempestates XIX, 4, Diadorum Zpieuroum. Phi arte, tmage pls belle que ta compte rook meter cafance ot dow |sanon bie conngs,: sue dela io Heme Geeation dans aucun aut | comme dune chambre pine do fu- passage. me Eile présente te seid, comme 2 Feira paucas die. ly aquelques [un acie eavenielement reflec per {otis tclement- tage met hah Tépreye de ST pemention. Acte de folie 6a. [la'vir, quand i's consciense ovoit remoat dori, fumertaten,” Acts | rempi ton del, eu lah Tiecdtonin’ et wefervescece, coup | agerse et en éehappant aus ps dette, EPerapts Virgo dineldy I, 638 1 Scvtis in porta t at ancorans | 8; Emits Tes pectécebia 8 noite, CAPUT XX. 29 evadentia? quum refigere se crucibus eonentur’, in quas tmusquisque vestrum clavos suos ipse adigit? Ad suppl ium tamen acti stipitibus singulis pendent : hi guiin se psi animum advertunt, quot cupiditatibus tot eructbus disirahuntur, at maledici et in alienam contumeliam ve- ‘nusti sunt®, Crederem illis hoe vacare, nisi quidam ex pati- ‘pulo suo spectatores eonspueront °. ee CAPUT XX 4, «Non preestant philosophi quee Joguantur*. » Multa tamen prestant, quod Joquuntur, quod honesta? mente concipiunt, Utinam quidem (si) et paria diotis agerent! ‘uid essetillis beatius? Interim non est quod contemnas dona vorba et bonis eogitationibus plena precordia. Stu- diorum salutarium ® etiam citra effectum * Jaudanda trac- tatio est. 1. On ete sg ttn dno a ma hes pee cr Fen tis Set fet principales objections de tors, Sona ewe epg oe 8 amoitey Crete plone! neutre, Strum! satan e_ sont tes @tudos pnlosophiques ot morales, [Sh Seutes, dit Platon, qt nous pee Sheet bien souvent fe grand com ds is vie “i dtlam citea effectum tawdenda tracotio et Gas ola cachent uh ge one transition sophistigas. Em PREP, afso qapportatenk vratment B tert pratique vers In Peat ion Ue ta went la pens serait iacontes- GSulomont jostes TL est mesitoire, do Sexercer aia vera, mame at Yon atten, pos um bow complet Paulos ee expressions et toutes Tet Toutes colvent sone cleuien do maser cin igire dewierla peosée dans lon, Sas, e0 rei emo Giguont toutes les hignes prosedentes irc a'o seneporement ht cisco ev 80 be i Benlay es par suite cra efecto ne sre rilement ue sens pastor @ Potton Sentqoe stale done de nov [etre efor, eae Wend '& tiche. des'y Stor eux "Yennattsun ts font les bean “brane cup on pect ss upplieiés, di Hout de leurs Lopate oveu debit dequalgae 30 Dr VITA BEATA. 2. Qiid mirum, si non escendunt in altum, ardua aggressi ? Sed si vir es, suspice, etiamsi decidunt, magna conantes. Generosa res est respicientem non ad suas, sed ad nature sue vires, eonari alta tentare, et mente majora condor, quam que etiam ingenti animo adornatis effici 3. Qui sibi hoc proposuit? : « Ego mortem eodem vultu comeediamque videbo*; ego laboribus, quanticunque ili erant, parebo animo fuleiens corpus. Ego divitias et prix sentes et absentes eque contemnam, nec si aliubi jace- bunt*, tristior, nee si circa me fulgebunt, animosior. Ege fortunam nes venientem sentiam nec reeedentem, Ego terras omnes tanquam meas videbo, meas tanquam om- nium. Ego sic vivam quasi sciam aliis me natum?® et nature rerum hoe nomine gratias agam. Quo enim melins genere negotium meum agere potuit? Unum me donavit, omnibus, uni mihi omnes le expressions, que "homme qut | sibe qu'en sesstant & uns com eilaient oi pena gt arta em ‘tudiam quo, Noses eam imié 4 Thomme qui 'yexeree dune | ogre mori avce ante dimmpasre ipa, prions a gue oan SES gge ek fentondats vacua ius son cour, OW peat-dire dans son | mort d'un autre, _ imagination, de belles pensées sur la] 9, Si aliubi jacebuat, Si Torts locas, ett la grande er- | cun usege ou un usage mauvais. ue Flevll aos Yet fa a amdae doe doon Lucia "20 Ut Conari aita tentare, On écrit ha- awn a Be or at povtait la charitdy eelieel so rape Hino sme ave at jae ve; | premtee fa parle Saco Cha. pre de gona; edgier | nba s dvelonps sve cate 1. Oui sibt jroposuit. Suit ua brite | Grone fom "he lun résumé "utes fx evans, ee arcane aaa toutes les maximes dont se com | esi, Membra sumus. corporis’ magn, oso Tidéal moral dos Stotciens. A Te | Natura noy eogmatos eld yuk oo feed Panda pra re| sen ‘cllom ggneet. He shengehient dormer a emp, 3] es it. te comma ea ea '. Mortem codon vliv conadiom-| Sintha ex gu ner ne ne videbo. anrai en voyant appro: | com abstarent, kos ipso subnet CAPUT 3X. it 4. Quidquid habebo, nee sordide custodiam nee prodige spargam. Nihil magis possidere me credam quam hen« donata, Non numero nee pondere heneficia, nec ulla nis accipientis zstimatione, perpeudam. Nunquam id mibi multum erit, quod dignns accipiet. Nihil opinionis causa, omnia conscienti« faciam. Populo spectante fleri evedam quidguid me conseio faciam. 3. Bdendi mihi eril bibendique finis desideria nature restinguere, non implere alvum et exinanire'?. Ero amicis jucundus, inimicis mitis et facilis. Exorabor ante- quam roger, honestis preeibus oeeurram. Patriam meam esse mundum'* sciam et presides deos. Hos supra me cireaque me stare, factoram dictorumque censores. Quan- doque ant natura’ spiritur repetet aul ratio dimittet'*, testatus exibo honam me conseientiam amasse, bona stu- dia, nullius per me libertatem deminutam, minime meam *5. » 3. Qui hae facere proponet, volet, tentabit, ad deos iter faciet : ne ille, etiamsi non temuerit'*, magnis tamen excidet ausis*™. Vos quidem, quod virtutem cultoremque ejus odistis, nihil novi facitis. Nam et solem lumina agra formidant et aversantur diem splendidum noeturna ani malia, que ad primum ejus ortum stupent et Talibula sua passim petunt, abduntur in aliquas rimas, timida 12, ¢ asinanie. Les allasions &] 18 sublime penséo do Mare-Aurile cote Bhatze enpame. des. feouains | « O monde, jaime ce que ta aime SEH ttgostos dus Tes serits do Se | Donne-moi te que ta veux; reprende- igus ile SI; Borg a_tomt| mo coquo a ocd. Tout end face nban® pula. Copsoiaiion & Helvia | commote msceommode motméne, fired TeRotutes dicts stomaehusniz| Tout int do tol; tout Ost et Qaet dat ab ultimo portatur Occono. | cout contre en ton Un person Sou dan wt sant he ik nai tC Hamu, strane tito avbe conputrunt | eropat et moi, ue dirt je point: Bien tec onsiglere dignenter. tlimge etg de Jupiter!» Gx"Batriam cove mundi ccian, |"'U& Aut natura spiition repetet out ‘ative ideo aatroouite par tea Stt= | roti dimitet, Le tort natrelte ot It Avan, ‘ie cosmepolitiame, Ciceron, | ox valontale SMupleant du siokcame, adits w Ch-| 10, Afiuine ante: a.m SinspMins mundi, +" De mime, | mune meam-Je nai ports ateinte la Beer pe qual page emia? No | Ibert de personae; fe ol Iiosé Bete Fa se luis Palbines ou te | pereonp lamer le witeone, Hepa rae Soname Sograte Je | vids Pam st mon fenuertt ? s-enk, Sled non. © Sion donne Ie wri ou ter si gout noae nous ocenpons un]. iT, Maynis tamer cxcidet ausie. Bans'plos large ancoro, ony Fetzoure | Ovid, Afetan., 1, 523. aa DE VITA BEATA. lucis. Gemite et infelicem linguam bonorum exercete convicio, hiate, commordete: citius multo frangetis dentes quam imprimetis *4, eee CAPUT XXI 4. « Quare illephilosophice studiosus est, ot tamen dives » vilam agit? quare opes contemnendas dicit, et habet? » vitam contemnendam putat, et tamen vivit? valetus » dinem contemnendam, et tamen illam diligentissime » tuetur, atque optimam mavult? Et exsiliam nomen » vanum putat', et ait : Quid enim est mali, mutare re, » giones? et tamen, si licet, senescit in patria? Et inter » Tongias tempus et brevius nihil interesse judicat®, ot » tamen, si nihil prohibet, extendit zetatem, et in multa » seneotute placidus viret? » 2. Ait ista debere contemni, non, ne habeat, sed ne sollictus habeat. Non abigitilla'a se, ged abeuntia secure Prosequitnr. Divitias quidem ubi tutius fortuna deponet quam ibi, undo sine querela reddentis receptura est? 3. M, Cato* quam tawdaret Curium et Coruneaniam', ven Sprint aie ents el ert, quam hee Gide fe Hine, dts Bape, Diba et | pes Bp seat (ran gun ane La Fouteines farandun’ at sid We sete Nat BEES Btearitioncasum nomenpa| di tear fs sree Atm det Neitartelisrament la Condi { mo. Longe is thst ‘pita eae gga oeemepaiie Ee fof ene i one ane frequentian, cal bis wrbta tn: | gut tronatnte’ Geid ‘ent eta effet « machi pats cee gab ac oe ‘te’ oct pinta itr ee nie cert are ba | at tel aan nt ut ikic quogue locus a patria quosdan | obitt voridis! << Bett ‘Offcia boni cieis, sheet fe and Sa eat Se efile Bn eae fs A ti | sft a fomama rh tar | al are set ey mtn crt eo regret ida Path De es ge mt 2 Be phir aaaee ate tic rch be Esto ag, CAPUT XXII. 33 et ud sentir in quo, censoriam erimen erat pause angenti Jamelia, possiebat ipse quadragiessestertium, minus sine duio quan Cressus, plus talaen quar Con sorivs Cato. Majore epatio, si comparentnr, proavu vicoral, quam a Crass9 vineeretur, et, si majores ili obve- jooral, ee issenl opes, non sprevisset. | 7 a. Necenim se sapiens indignur lis munevibus for- tutis putat. Non amet divtns, sed mavult®. Non in ani num ils, sein domusn rexpit, Neo respuit posessas, sed continet et majorem yirtuti sue materiam submini trari vult. CAPUT XXII 4, Quid autem dubii est, quin hae major materia ee pion viro sit annum expicandi suum! in divitis quam i i ie unum genus si 1 in paupertate, quum in hae wt iota n inclinati nee deprimi*, in diviis ot temperate di gentia®, et dispositio, et magnificentia campum habeat jentem. << a maa 'Non conteranet se sapiens, eliamsi fuert, minim stature, esse tamen se procerum volet', Et exilis corp, owvel | plus lee choses que sous 08 Yon omat, sed mavit. i com pla Sic Postion i eine pi Sproat Won Note | ES "Non icin nee deri. ne) ia animumex- | fn tentaion So plie, de fira dos bast i som On vole ty dans | basen deprin# Osi Ie dlcoege Dercawdlogiede ia Fishesse, Seoeqes| ment, Ge sont les deux formes SShae tide det tonson,sapl|detonie de thn lve ilgentia signe les vertos uuu! suvtost pein, Pty et a] Be Dilgetiadtigne ten vert Tate ‘vrais principes stoiciens, jester eee eae CaSO Saori Sens a ate ywon en fait dans une vie Gastar Rita Rte oranges nignation; Sénéqao Tuismeme a dé | le 1axe " smi, | Boal a Pies do" le masfesaton | “As Tomen a» procerum volet; malet sib cnccopord abun bao eh ete i St |i carafe ae ens. Cede rs Seen | ro rela epltn ng Stat preratige Date tle ene | lene dy mtg ate Sei Banter Sludge ne conse (du 3 Dm VITA BEATA, [ae amisso oculo*] valebit, malet tamen sibi esse corporis robur, et hoc ita, ut sciat esse aliud in se valentius®. Malam valetudinom tolerabit, bonara optabit 3. Quedam enim, etiamsi in sammam rei parva sunt, {at] et subduci sine ruina prineipalis boni possint, adji- ciunt tamen aliquid ad perpetuam Jalitiam ex virtute nascentem. Sic illum afficiunt divitie et exhilarant, ut navigantem secundus et ferens ventus, ut dies bonus et in bruma ac frigore apricus locus, A. Quis porro sapientium, nostrorum dieo, quibus unum. est bonum virtus, negat etiam hee, que indifferentia* vocamus, habere in se aliquid pretii et alia aliis esse po- tiora? Quibusdam ex iis tribuitur aliquid honoris, quibus- dam multum. Ne erres itaque, inter patiora divitize sunt®, 8. « Quid ergo, inquis, me derides, quum eumdem 1 tes eit your exreoe som disse | yan ftw fares sopsnur cla ail ech goil mim len, | Score eee BE Thignomenl sagen aw | TB et subsp Kook ‘St it bina elcutiem | Hoa tet if ha Guin et aren vaccine | Le ego a no ei Pa act el Satin oe lee ns avn, ‘cet nora tnt pute fone] tas eh se oe fei emt Ged tn | a diferente Sit home a ks tone og | win psa cate ee em gum weston, quai dt | et enont'ts Stat dane ie ae Zine, fam ambit it att ga | Cee Rappendio, Tine dada dele won ana oe eee patina sit de sel chtat eu wests bla’ snt | wie Steaes tS oe mete fy ‘Simo i pn oon | ua ite ‘mods tion mane aficinn# mune i ZEAL Set opetnda Hl omen So Sir sand ga id Wal alma st apenas Sar | wanda Sots ge tse st fered Ren Sonu | era nde ran n Sutera nr tte Goan st aod| Sat omen Wo ti pet toe ededabnset Gao de ens dis | Mayne te gut te dit tees Hon ne lre de conpre eia: [aff tetikr, tut eet ae $e fc ue tar un | te LAN, ee antidied Cte: elmer: | pute is rotretorars deeb enc Eee de crparpuops| St sek wit peat Font rend sony | mali copra ne ne paper tema ease vntan| winners Pauper eee nan eaten suran ude-| tn ret iano, Sant te ne se tm in nid weet Fi ite injectors | mbes el abe. Hern afte, asian, Ra acne oto teas le a ftancett ean trl ou pou: | eUpdates pide fits seco et pred Sang incabe de| tx duca intent on, Set pales i get ete neiment= "| taro Sel east > a Of sit elgetd ute fe se| Utes ecole, wees ot oper valestivs. Tout en rigooraat par qui | feliem: Ths CAPUT XXIII. 35 apud te locum habeant, quem apud me? Vis seire, quam non habeant eumdem locum? Mihi divitie si efiluxerint, nihil auferent, nisi semet ipsas : tu stupebis'? et videboris, tibi sine te relictus, si ill a te recesserint. Apud me di- vitie. aliquem locum habent, apud te summum, Ad pos- tremum, divitie mee sunt, tu divitiarum es. CAPUT XXII A. Desine ergo philosophis pecunia interdivere : nemo sapientiam paupertate damnavit, Habebit philosophus amplas opes, sed nulli detractas nec alieno sanguit cruentas', sine cujusquam injuria partas, sine sordid questibns, quarum tam honestus sit exitus quam introi- tns, quibus nemo ingemiseat, nisi malignus?. In quan- tum vis, exaggera illas : honeste sunt, in quibus, quom multa sint quae sua quisque dici velit, nihil est quod quis quam suum posit dicere. 2, Tile vero fortune benignitatem a se non submovebit, et patrimonio per honesta quesito nee gloriabitur nee erubescet. Habebit tamen etiam quo glorietur, si aporta domo et admissa in res suas civitate poterit, dieere « Quod quisque [suum] agnoverit, tollat!» O magnum virum, o optime divitem, si post hane yoeemn tantumdem habuerit! ita dico, si tuto et securus scrutationem po- pulo prebuerit, si’ nibil quisquam apud illum invenerit, quo manus injieiat® : audacter et propalam crit dives. 3. Sapiens nollum denarium intra limen suum admittet male intrantem, Idem magnas opes, munus fortune fruc- tumque virtatis, non repudiabit nec exeludet. Quid enim: 10, Tu stupebis, Cest one apologie | ion diecte contre accusation @asoit bide ineuticaate que selle qui con | eu part aux depouilies de Britannicus. bien ioettement & ge. eltre en | Sine eurdidis quasti?us vemble do siateaayes nas acousateurs, et a | meine so rapporier a Vaccustion do ear aee propres. gentiments pat Ia | eaptation de tesiaments. peaeeee SGeleede qu'on attriboe A sea | 2. alinas, Lonvies. cones. 45, Mave tniciat. Crest une expres ‘RSET. vee alieno sanguine erven: | sion. jeridique, comme noice tera tay. Co trait semble Sire une protest | saisir, 36 DE VITA BEATA, est, quare illis bono loco invideat? Veniant, hospit Nev neat ilas, ne absconfet alten ests animi est, alteram timidi et pasili, velut magnum bonum a am continents, Nec, ut dix, ejciet les e domo. id enim dicet? ut « i is i age aes trumne « Inutiles estis » an « Ego uti 4. Quemadmodam etiam si pedibus suis poterit i poterit esso, dives volet : hubebit itaque opes, sed ten. quam leves et avolaturas. Nec ull aii nee sibi graves esse patictur. Donabit — quid erexistis aures? quid expeditis sinum? — Donabit aut bonis aut eis quos facere poteril bonos. Donabit cum summo consilio dignissimos eligens, ut gui meminerit tam expensoram quam acceptorum 122 tionem esse reddendam. Donabit ex recta et probabili Tent nam at Ae jacturas malum munus est. sinum facilen fore : eee eran ‘non perforatum, ex quo multa CAPUT XXIV 1. Ervat, si quis existimat facilem rem ‘ Plurimum ista res habet diffcultatis, si enim tribuitur, non casa et impetu spargitur. Hune promereot . illi redo. Huie suecurro, hujus misereor. Mum instr dignam quem non deducat paupertas ‘nee occupainm teneat*. Quibusdam non dabo, quamvis desit, , ia etiamsi dedero, erit defuturum. Quibusdam offeram, qu busdam etiam incaleabo. Non posum in hae ae es Non possum i beglgens ¢ nunquam magis nonin fecio quam quam feneat. Séniquo signe ick ‘tls dézastteun doin peoy adlonrne fos uns da deg {eign de foes gr SEV, 1 Fac Pom ses dovare Laderlopeient de toner cs es, Settee? be Benet Ron dee nee sept lob antres a alement ep ea empiche stant de inaate estore mire e¢ lar gens 3. Mixguam mgt nobina fact CAPUT XxIY. il 2, « Quid? tu, inquis, recepturus donas? » Immo non perdituras. Eo loco sit donatio, unde repeti non debeat, reddi possit. Beneficium collocetur, quemadmodumn the- sauras alte obratus, quem non eruas, nisi fuerit necesse. 3. Quid? domus ipsa divitis vii quantam habet bene- faciendi materiam? Quis enim liberalitatem tantum ad togatos vorat? Hominibus prodesse natura me jubet servi liberine sint hi, ingenui an libertini, just libertatis an inter amicos datae*, quid refert? Ubicungue homo est, Spi enefici locus est, Potest itaque pecunia etiam intra jimen suum diffundi et Jiberalitatem exercere, que non quia liberis debetur, sed quia ¢ libero animo proficis- citur®, ila nominata est. Hare apnd sapientem nec wn- quam in turpes indignosque impingitur, nee unquam fla defatigata errat, ut non, quoties dignum invenerit, quasi ex pleno fluat. ‘4A, Non est ergo quod perperam exaudiatis*, quip ho- neste, fortiter, animose a studiosis sapienti« dicuntur, Et hoe primum attendite : aliud est studiosus supientice, aliud jam adeptus sapientiam’. Ie tibi dicet : « Optime » loguor, sed adhuc inter mala volutor plurima. Non est, y quod me ad formulam meam exigas*. Quum maxime rain quam dono, Tost ce passage, |b. Perperan excudir, Entendre do Iam en eae. explique | teaver, interprster avec mauve ‘Tonner, best encom placer Je donne, eecak an eaprit |, Aiud eat atudiaons opiate; Eevbntable chante ‘liad fem odeptes sopienign, Distine- vera charity inter amicos| tion bien. commode en véci, 4 Gul ie ere isc inamires do | permet tout homing esquire ahaa, date LY futts Su ceclaver tos | fament a oxponsabite de ses aces rendre tn bert cnchisenltTégate: | mult on eft, do. s¢ placer. dans bin, om Jee Moment on préssaee | une au autre eatdgorie pour navoir alu, it usa doa vee 0 Sure, let 2a Pelee Jal onbien ou secon: | ts atuaaers soit ne reponse dle Dagueti (cindita osteo. do tG-| tive ck hypocrite, soit wae réponte tenia une achrton adraeha: ane og rrmaly mos une Seca pas forge do loi 4 Von ext quod mead formulan Spout ete revues agin exigas! Impossible. doobliet erat er debetu, aed | quran chaps avit Seneque seat plact guia itt dnimo profilin, "Dat- [femme dane I eatogoie des st aia Hidro anine BecGe lie, mont | dist sapentia UL applique done & ition orca: AMs ‘romaine état | fu-méme cele, parole, Mais de. qa conte a curl; ne vor de caste, |exige foforme’ #8 cot psa to soy ant ar no ka ze male on comblen 1 Si Glecrsn clases | Feige pas de Yhomme qui 2p esr eavrosher Us eh cist an vo dans Velodo ot dane Iam solutes of pout Urol entre ome, | tation des questions morales; qut + 38 L DE VITA paar, x» facio me et formo et ad exé i * faci me ad exemplar ingens i fa es 7 euls ‘yero humani boni aie z er a et dicet : « Primum, > aod ti peomitias de melons foe sententiam 2 » mihi jam, quod argumer ecti, contigit 5 > mihi om, rgumentum est reeti, contigit malis Gisele. » ath incest Ut rationam reddem, qua noi moraliam invideo, audi quid promittam et quanti queque estimem: Alsitias nego bonum esse: nam si esent, bonos facerent. Nunc “quoniam quod apud malos.deprehenditur dick non potest, hoc illis nomen nego; ceterum et ha- bendas esse, et utiles, et magna commoda vite affere les , eb magi vite afferentes, ee CAPUT XXV 4. Quid ergo sit quare illas non in bon widen is ln quem vox gros ere we aarp audite. Pone in ait te domo, pone ubi aurum argentomuein promise ust sit: non supiciam me ob isia?, quo eliams! apud ie tpi me fame sunt Sulichin ponte* me transl titer sponte aie : non ido tamen me despiiany dud in oun numer eonsedero, gi manu at em? gun. Quid enim ad rem, an frustumn panis desi, cul ihe wpe morale abla, Freel ya pan dries dene [ewes ni de salt hors do la porter: | fer. Plus loin, pee nang eet fionjquia exereé dans I'Etat tes plus | ie edespicians Smithise hhaules fonctions; qui, enfin, est par- eens ~ shares? chu, Sitti pontem, to po Eels. abet séyequ ne vet] Sebi at yt Say ape pcan ees mt fe aay pl‘eite avec les prinslposdes Stoigions, | #8 pac la corporation @ ponies. Jpattenoment qui ext bon davee|~ Adc: Howe abigess POMAEE- des Michesses, et que, quand on pos- irae de den bien 1! fat Ton ganden! | 1s iden Se mosetetMemnet den igarders | i pidea'h ore suspicion me ob Sta, Je ne|Padmone, pas do cos avantages; onnale foe pour reedvoit CAPUT XXV. 39 non dest mori posse? Quid ergo est? domum illam splendidam malo! quam pontem. 2. Pone in instrumentis * splendentibus et delicato ap- paratn : nibilo me feliciorem eredam, quod mibi molle enit Amiculum, quod pwpura convivis meis substernetur. Mata imaginem *: nihilo miserius® evo, si lassa cervix mea in manipnlo ferni aequiescet, si super eircense tomentum?, por sarturas veteris lini eflluens'®, ineubabo. Quid ergo Tet? malo, quid mibi animi sit, ostendeve prietextatus et gausapatus'* quam nudis scaptlis aut semitect '3, Ommnes mihi ex voto dies eedant, nove gratulationes priotibus subtexantur : non ob hoc mihi placebo. Mula in ventrarium hane indulgentiam temporis : hine iline per- cutiatur animus damno, lucta, incursionibus variis, nulla hora sine aliqua querela sit; non ideo me dicam inter miserrima miserum, non ideo aliquem exsecrabor diem. Provisum est enim a me, ne quis mihi ater dies esset. Quid ergo est? malo gandia temperave quam dolores com- peseere. "b. Hoc tibi ille Socrates dicet : « Fac me vietorem uni- » yersarum gentium : delicatusille Liberi currus** trium- > phantem usque ad Thebas** a solis orlu vehat : jura » reges Persarum petant (a me]"* : me hominem esse » maxime cogitabo, quum deus undique consalutabor. *) Huic tam sublimi fastigio conjunge protinus precipitem . Mato, Remarqaor dans es p 9, Cireense tomentusn. Le rembour 5 Mate Meta a rpetaion rage: | raze gromicr dos banca deatinés au grapes eae mime expression. oat | peuple dane un cirque Schl et une tans prtgue | Aes Laisnt Eebapes #8 Sf Ghe"emamération des cenrstm. | Taine. ug, Samer on ie do maton | tly Gansapatus, Convert d'vn véle- 1a eaMfaases stramestis, Cats | weal do (eutee: eR. Ha gt peatdtre un | 12 Decades ile Literd currus. Le dermitge exprcaeedsay Let se rap- | triomphe de Baosh eat un des sujet carers co peesnne, wy loxo es [Jes pus abtoets tals par Tart Pere ate dest tenturse, Jes. hts de | autigue opor oa da fetin. Te Thebas, 1 stagit de Thabes ox TE ra imagine. Change Te te- | éot Bee amHeaeTy SGppostion. De |e dure rages, Pevsarum petant, Heke, et ere conjume protine | ee) des ‘jomphatenrseacloos, ee aaa a abeeotou imme | etait do er. eure pled es role exprinie ans¥ MRothise a ume autre. | maguifiques de {Orit Cette expres~ dine ane Oa Pefentiam mean. | sion ioagés noas, semble bien pref ee aa” logon | rable his logon do Haase: Jura reges Nihal miserior. penatiaan petant. 40 DE VITA BEATA. » mutationem. In alienum imponar fericulum ', exorna~ » turus vietoris superhi ae feri pompam : non humilior » sub alieno curru agar quam in meo steteram. » Quid ergo est? vineere tamen quam capi malo. 5. Totum fortune regaum despiciam : sed ex illo, si dabitur electio, molliora sumam'*. Quidquid adme vene- vit, bonum flet: sed malo faeiliora ae jucundiora veniant, et minus vexatura tractantem. Non est enim quod existi mes ullam esse sine labore virtutem, sed quedam virtutes stimulis, quedam frenis egent. Quemadmodum corpus in proclivi retineri debet, adversus ardua impelli, ila que- dam Virtutes in proclivi sunt, quedam clivam subeunt *7, 6. An dubium sit quin escendat, nitatur, obluctetur pa- tientia, fortitudo, persoverantia, et queecunque alia duris opposita virtus est et fortanam subigit? Quid ergo ? non que manifestum est per devexum ire liberalitatem, tem- perantiam, mansuetudinem? Inhis continemusanimum, ne prolabatur : in illis exhortamur, incitamusque. Acerrime ergo paupertati adhibebimus illas, que pugnare sciunt, fortiores : divitiis illas diligentiores'*, que suspensum gradum ponunt, et pondus suum sustinent. Quum hoe ita divisum sit, malo has in usu mihi esse, qua: exercende tranguillius sunt, quam eas, quarum experimentum san- guis et sudor est. « Ergo non ego aliter, » inquit sapiens, » vivo quam Joquor, sed vos aliter auditis. Sonus tan~ 15, Reicutum do fro, Co terme a| fvidemment un de eevx oi Tolar plusioars seas, alendu gus, dans son | pretation philosophic de Ecception “générale, it designe’ cout | Lous ae duit: Wolbre nex sbjel denne ports quelque ehoe;| pe de vogue, bate, oy oper Dar exemple, un plateau ter lequl | ition avs oe quiVentours. Woltora, fissgertlne tall aan a | a conte rmont aves lois do in cuisine dans w'aalo mane | tout te sanienio Wailora, jucuse Dans ese spécal qu'il pre | diora, minus veadture teceote iis 12 orenlan ect ane sorte ramp) On ‘wot combien” Sts ae resi br toque! on porta In| quey” dans’ Yentalnenent se asf scitedes Wlomphateuay tit Ted 28: | Wieation, sion ae Fates, ood ies dar uaonsfinces, st sae, call do. captis eememen, icasion, do Fedor et” dele pelne, nt de quelque im; as eld gla 17, fu groctes sunt, aloum. at. Sasol ae Taree scant iba ide ations a | eas compari’ def itt ie clouptootleshandelerdaeptbeaichen, | onde ef deo ebevent de demas 18, Aattlord semarn Koch ot Haase | 48. Ditigentiors. Qui exigent. plas Serivent melo. ais oo passage et | donarvelfance rat sumone CAPUT XXVI. » tummodo verborum ad aures vestras perventl » significent non queritis. » CAPUT XXVI ‘id ergo inter me stultum et te sapientem inte- » a een habere yolumus? » Plorimum. ae enim apud sapientem virum in servitute sunt, apud aa ‘um in imperio. Sapiens divitits nihil permittit, vobis vitie omnia. Vos, tanguam aliquisvobis etemnam posse sionem earum promiserit, assuescitis illis et coherel s sapiens imme maxime paupertatem meditatur', quar in ,diis divitiis constitit. . ". Nunquam imperator ita paci eredit, wt non se pr paret bello, quod eliamsi non gerilur, indietum est. Vos tonnus formosa, tanquam nev ardere nee ruere poss, in solentes vos opes’, tanquam periculum ormne transoende- rint, majoresque sint quam sibs oe satis vi umn habeat fortuna, obstupefaciunt. ; as tit divitiis Iuditis nee providetis Mlarum per tum, sient barbari plesumque inclusi, wtignari machina: ram, segnes labore obsidentiam spectant, nee quo i er¥ineant, que ex longinguostrauntur, intelligun : idem Nobis evenit. Marcetis in vestris rebus, nee cogitatis quo casus undiqueimmineant, jam jamque pretioss spol Jaturi, Sapienti quisquis abstulerit divitias, omnia illi sua ‘qelinquet. Vivil enim prasentibus }elus, futuri securas. r Sor) Diapts celte pontaaion, iolener xvi Pepeeon near So | Da ale pontnon, en sce Se erste | oe unt a fone IRENE Rs an [een don apf SL ee a ee ee ie pertain, a, danger slimes me tare Fineness ati | 2 dm Pa, Kees. pret tid teban olo| Siete a cabpncs Prilte et guatriduo fer, interdum | | 4. Omnia sva. Tout co qui est wr a et Ni ied] gt ty die Ee alent ix qui ne dépendeut pas de nous ea ys eps. Kosh ot se st oe genenl ee ian tent lens eos Open eh eg a SE AOE

Você também pode gostar