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T r a n s pa r e n c y

NEWS
n N u m é r o 9
n J u i n

n 2010

Publication
de l’Observatoire de la Corruption
www . transparencymaroc . ma

Édito
Résidence Kays, Imm. D, rue Oum Rabia, appt. 14. Agdal. Rabat - Tél.   : 05.37.77.80.01 - Fax   : 05.37.68.36.82 — Email   : observatoire@transparencymaroc.ma

S ommaire   :
EDITO P.1
Le problème de la mesure de différents acteurs et institutions
la corruption comme préalable qui l’ont adopté relèvent son
SPÉCIAL TRANSPARENCY P.3 à la réflexion, a longtemps rete- utilité pour le diagnostic et la
Un nouveau site web pour nu l’attention des analystes et construction de stratégies de
des chercheurs. L’indice de per-
Transparency Maroc
lutte contre la corruption. Mais
Le Centre d’Assistance Juridique
ception de la corruption (IPC) le plus grand succès est sans
Anti-Corruption (CAJAC) de
Transparency Maroc reçoit une bâti sur une base quantitative, doute le nombre et la variété
délégation de Transparency a constitué un outil pertinent des études successivement enga-
International, de Palestine et de
Jordanie Maroc
et utile pour le suivi et le clas- gées. En effet, au niveau finan-
sement des pays en matière de cement, on relève l’adoption de
Transparency Maroc présente son
étude sur le Système National transparence et de lutte contre projets d’études SNI par diffé-
d’Intégrité (SNI) la corruption. Transparency rents bailleurs : PNUD, USAID,
Transparency Maroc lance son projet Maroc a adhéré, dès le début, à Banque mondiale, ministère de
sur l’accès à l’information cette démarche pour améliorer la justice d’Irlande…etc. Sur un
la connaissance scientifique de plan politique, on compte plu-
DOSSIER  : Le systÈme national
la corruption afin de monter une sieurs pays développés comme
d’intÉgritÉ : Un dispositif stratégie et un plaidoyer aptes à le Canada, l’Australie et le
d’Évaluation de la Transparence
et de la bonne gouvernance P.5
répondre aux exigences d’une Japon et divers pays d’Afrique,
bataille sérieuse au Maroc, d’Asie et d’Amérique latine qui
Qu’est-ce que le Système National
d’Intégrité (SNI) ? dans les années 90. Depuis ont réalisé des études sur leurs
Fonctionnement une décennie, l’intérêt pour un systèmes nationaux d’intégri-
Méthodologie & Règles de conduite
outil de mesure qualitative s’est té. Actuellement, TI est dans
imposé comme complément à la phase de collecte de fonds
Quel rôle dans la lutte contre la
corruption l’IPC. Le concept de système pour la réalisation d’études
Déséquilibre des pouvoirs et
national d’intégrité élaboré par SNI dans 23 pays parmi les 27
faiblesses des autres piliers le mouvement de Transparency pays membres de l’Union euro-
Justice International (TI), a permis de péenne.
mener plusieurs études qualita-
Société Civile et Média S’agissant du volet méthodo-
tives. Ainsi, TI a conduit sa pre-
Pour un Système National d’Intégrité logique, il faut d’abord signa-
mière étude Système National
efficace
ler le recours à des chercheurs
d’Intégrité (SNI) en 2001. Neuf
qualifiés mais surtout indépen-
RÉFÉRENCES ET SOURCES P.15
ans après, elle peut s’enor-
gueillir de ses 70 études SNI. (suite page suivante)
ENTRETIEN P.16
Aujourd’hui, le concept de
SNI est très apprécié car les
Édito

(suite de l’édito)

dants ; le rapport est écrit sur enthousiasme pour réaliser des contre la corruption ;
la base de réponses apportées études afin de mieux connaître - les failles de la législation,
à un questionnaire volumineux. la situation dans leur pays, en amplifiées par l’absence de
La grille à remplir comporte identifiant les zones d’opacité et volonté politique d’assurer
des mentions conformes à un en mettant en exergue les efforts l’effectivité des lois ;
ensemble de normes de trans- et les oasis de transparence, ce
parence et de bonne gouver- qui permet un couplage harmo- - l’inefficacité des systèmes de
nance internationalement recon- nieux d’analyses quantitatives gouvernance qui s’explique
nues et ayant fait leurs preuves. (IPC) et qualitatives (SNI). On essentiellement par l’omnipo-
Néanmoins des recherches peut dire en ce milieu de l’année tence d’un exécutif non sou-
sont en cours pour améliorer 2010 que les études du SNI vont mis au contrôle.
la méthodologie et intégrer des bon train dans le monde arabe. Le rapport recommande :
normes pertinentes. L’essentiel
Les quatre études ont été - Aux Etats de consacrer l’in-
est que cette plateforme serve
menées dans le cadre d’un projet dépendance des organes de
en premier lieu à éclairer le
de promotion de la transparence contrôle, la protection des
lecteur sur certains aspects fon-
et de renforcement de l’intégrité dénonciateurs de la corruption
damentaux à traiter, permette de
dans la région MENA entamé et l’application et le suivi des
reprendre le tout dans une ana-
en 2008. Elles ont été achevées dispositions de la convention
lyse synthétique qualitative et
fin 2009. Un document régional des Nations Unies contre la
enfin facilite les comparaisons
a été élaboré à partir d’une syn- corruption ;
entre pays.
thèse des quatre études1. Il n’est
- aux ONG de veiller scru-
Au niveau du monde arabe, pas sans intérêt de souligner
puleusement dans leur ges-
dès qu’une opportunité s’est que les conclusions de ces tra-
tion interne à l’adoption des
présentée de mener une nou- vaux d’un genre nouveau, basés
meilleurs normes en matière
velle recherche scientifique pour sur une méthodologie nou-
de transparence et d’obliga-
mesurer la transparence et les velle, confirment les constats
tion redditionnelle ;
efforts de lutte contre la corrup- de diverses études portant sur la
tion, Transparency Maroc a été transparence et la lutte contre la - aux différentes parties pre-
encore une fois partie prenante et corruption, ce qui atteste d’une nantes de veiller au renfor-
a figuré comme pionnière dans réalité pouvant être perçue et cement des capacités et du
la région MENA, sa préoccupa- identifiée à partir d’angles de dialogue régional en matière
tion permanente étant d’adapter vue différents. de lutte contre la corruption.
son analyse à la réalité pour Outre ces recommandations et
Le rapport régional de syn-
produire un discours pertinent constats communs, au Maroc,
thèse confirme :
et faire des propositions utiles. nous mettons l’accent, comme
En effet, TI et quatre ONG des - La faiblesse des normes de
il est indiqué dans ce numéro,
pays MENA (Palestine, Liban, reddition des comptes qui
sur les deux questions centrales
Egypte et Maroc), ont décidé de contrarie les efforts de lutte
de l’indépendance de la justice
mener des études de leurs SNI. et de l’accès à l’information.
Cette expérience a encouragé Tout observateur averti, relève
d’autres ONG de la zone MENA 1 sous le titre de « défi de bonne gouver-
nance : Egypte, Liban, Maroc, Palestine ». en effet, quotidiennement, des
(Koweït, Bahreïn, Jordanie… Il est disponible en arabe et en anglais sur
cas qui corroborent la justesse
les sites de Transparency international et
etc.) qui montrent un grand des trois autres sections (Palestine, Liban de ces deux recommandations.
et Maroc)

2 — Transparency news. numéro 9, juin 2010


SPÉCIAL
TRANSPARENCY
Un nouveau
site web pour
T ransparency
M aroc L e C entre
d ’A ssistance
Transparency Maroc vient de
J uridique A nti -
mettre en ligne son nouveau site C orruption
web accessible depuis l’adresse : (CAJAC) de
www.transparencymaroc.ma T ransparency
A travers ce nouveau site, l’asso- M aroc reçoit
ciation offre aux internautes plus une délégation

DR
d’informations sur ses activités et
de T ransparency mode de fonctionnement tout en
ses projets ainsi que des informa- examinant différents dossiers de
tions relatives à la thématique de la
I nternational , de
Palestine et de plaintes reçues par le centre ainsi
corruption aux niveaux national et
que la méthodologie de leur traite-
international. J ordanie
ment.
Les publications périodiques de
La rencontre a enfin permis aux
l’association, tels les bulletins d’in- Le Centre d’Assistance Juridique
participants d’échanger leurs points
formation (Transparency News, Anti-Corruption (CAJAC) de
revue de presse hebdomadaire) de vue sur les défis majeurs et les
Transparency Maroc a reçu les 23
sont aussi disponibles sur le site qui perspectives liés au développement
et 24 février 2010 une délégation
est actualisé de manière régulière. de cette expérience qui a déjà fait
des représentants de Transparency
Le nouveau site web regroupe ses preuves dans une cinquantaine
International, de ALAC Palestine
tous les rapports et études réalisés de pays à travers le monde, notam-
(Advocacy and Legal Advice
par Transparency Maroc, seul ou ment en Amérique Latine et en
Center) et de l’équipe qui prendra
conjointement avec ses partenaires. Europe Orientale.
en charge le lancement de ALAC
Il offre aussi aux visiteurs qui
Jordanie.
désirent communiquer avec l’asso-
Cette visite a permis aux
ciation un espace interactif à tra- T ransparency
vers lequel ils peuvent adhérer à membres de la délégation de s’en-
Transparency, faire des commen- quérir de l’expérience du CAJAC M aroc présente
Maroc, et à la délégation jorda- son étude sur le
taires, partager les informations
utiles et alimenter le débat sur les nienne en particulier, de prendre S ystème national
questions relatives à la corruption. connaissance de son mode de fonc- d ’ intégrité (SNI)
Ainsi, Transparency Maroc met à tionnement, étant donné qu’elle
la disposition du public une source s’apprête à lancer un premier Dans le cadre de sa stratégie de
fiable et crédible de l’information ALAC dans son pays. plaidoyer visant à construire des
relative à la corruption et aux ques- La première journée de la visite partenariats et des actions com-
tions connexes et ce à travers les a été consacrée à la présentation munes de mobilisation de la socié-
nombreuses rubriques proposées, des principaux projets et activités té civile, du secteur privé et des
et facilite la tâche aux chercheurs media, Transparency Maroc a pré-
de Transparency Maroc. Lors de la
par la mise en ligne d’un catalogue
deuxième journée, la délégation en senté les résultats de l’étude rela-
des ouvrages disponibles à l’asso-
visite à TM a pu observer de près tive au SNI, lors d’une rencontre
ciation.
le travail du CAJAC Maroc et son organisée à Tétouan le vendredi 12

Transparency news. numéro 9, juin 2010 — 3


SPÉCIAL TRANSPARENCY
l’accès à l’information judi- participation des principaux dépar-
ciaire, etc. tements ministériels, des profes-
Le document sur le SNI sionnels des technologies nouvelles
produit par Transparency et des mass media. Ce lancement
Maroc est le fruit d’un pro- a également été marqué par la pré-
jet financé par Transparency sentation de la plateforme de plai-
International et exécu- doyer de TM préparé par Jamal
té dans 4 pays arabes de Eddine Naji, expert en communi-
manière concomitante. Le cation.
DR

rapport a aussi fait l’ob- Cet atelier, organisé avec l’ap-


février 2010, en collaboration avec jet d’une présentation, le pui financier de l’Ambassade des
l’association Adala. Cette rencontre mardi 20 avril 2010 à la Faculté des Pays-Bas au Maroc, était destiné à
à été l’occasion de présenter le pro- sciences juridiques, économiques faire connaître les normes interna-
jet de mémorandum sur la réforme et sociales de Rabat-Agdal, en par- tionales en matière d’accès à l’in-
de la justice, élaboré par dix orga- tenariat avec le département de formation publique, et à faciliter
nisations non gouvernementales droit public et de sciences poli- l’élaboration d’une vision partagée
œuvrant dans le domaine des droits tiques. Les enseignants et les étu- des progrès à entreprendre pour la
de l’Homme. La rencontre a connu diants ont été intéressés par la thé- consécration effective de ce droit
la participation d’académiciens, de matique et ont participé active- au Maroc. Il avait aussi pour objec-
représentants de la société civile et ment au débat en y contribuant tif de diffuser les conclusions rete-
d’élus. par leur apport qualitatif. Ils ont nues et de consolider les échanges
Le projet de note de syn- convenu de l’organisation d’autres et les partenariats entre les parties
thèse relatif au SNI, préparé par rencontres pour le suivi et l’actua- interpellées par le processus de
Transparency Maroc, présente une lisation du débat. D’autres panels et réforme dans ce domaine.
analyse argumentée des différents séminaires seront organisés dans le Le rapport recommande notam-
piliers qui constituent le fonde- même cadre à Salé et à Marrakech. ment la proclamation par la
ment du SNI. Cependant, cette ana- Constitution, de la manière la plus
lyse ne peut s’appliquer que dans
T ransparency précise possible, du droit d’ac-
le cadre d’un champ politique et
M aroc lance son cès du citoyen à l’information. Il
social préalablement structuré par
projet sur l’ accès invite également les responsables
un ensemble d’acteurs, avec des des administrations à déployer un
à l’ information
ressources et des interconnections effort d’imagination pour faciliter
bien définies. Par ailleurs, l’asso- les procédures aux demandeurs de
Transparency Maroc (TM) a
ciation considère que le pouvoir l’information.
organisé, jeudi 25 février 2010
judicaire au Maroc est fortement lié
à Rabat, un atelier consacré au
au pouvoir politique, en raison de
lancement du projet sur l’accès à
plusieurs contraintes, notamment
l’information. Lors de cet atelier,
le manque de moyens humains et
Transparency Maroc a présenté
matériels, la courte durée de la for-
les principales conclusions du
mation des juges, l’absence de for-
rapport de synthèse des travaux
mation continue notamment pour
des ateliers thématiques organisés
les fonctionnaires administratifs
au cours de l’année 2009, avec la
des tribunaux, la difficulté dans
DR

4 — Transparency news. numéro 9, juin 2010


Dossier L e S ystème
Transparency Maroc a entrepris une étude pays N ational
d ’I ntégrité :
dans la perspective de donner un aperçu du sy -
tème national d’intégrité au Maroc et de disposer

de repères permettant d’apprécier la situation de

la corruption dans notre pays. Cette étude offre U n dispositif


d ’ évaluation de
un premier éclairage des domaines qui appellent

une intervention prioritaire et fournit la base à

partir de laquelle les acteurs impliqués peuvent

évaluer les initiatives de lutte contre la co -


la transparence
ruption existante. L’objectif de cette étude était
et de la bonne
également de réaliser une analyse argumentée et

partagée des piliers sur lesquels repose le sy - gouvernance


tème national d’intégrité.

s’en protéger. triplet dont les éléments se complè-


Q u ’ est- ce que le
Le SNI est constitué des sec- tent et se renforcent mutuellement.
S ystème N ational Le concept de SNI a été ins-
teurs et des institutions clés (les
d ’I ntégrité (SNI) ?
« piliers ») qui contribuent à la dif- piré de recherches menées par
fusion de l’intégrité, de la transpa- Transparency International (TI)
De tout temps, les sociétés et
rence, de la reddition des comptes comme faisant partie de l’approche
communautés humaines ont cher-
et de sa sanction dans toute société. holistique de lutte contre la corrup-
ché à se protéger contre la corrup-
Ce système est fondé sur les valeurs tion. Cette notion a été élaborée ces
tion et les mauvaises pratiques en
essentielles que sont l’intégrité, la dernières années lors de discus-
observant des règles de conduite
responsabilité et la transparence sions qui ont eu lieu au sein de TI
inspirées de la religion ou de
qui sont déterminantes pour une visant à adopter une approche glo-
l’éthique ou encore en mettant en
bonne gouvernance. Ces valeurs bale, tant dans l’analyse que dans
place des systèmes, plus ou moins
constituent dans leur intégralité un les stratégies d’approche pour lut-
élaborés, pour condamner et com-
battre ces pratiques et promouvoir
l’intégrité. Ces systèmes d’intégrité
remplissaient la fonction d’un sys-
tème immunitaire dont la mission
est de protéger les organismes des
infections.
Aujourd’hui, la démocratie est
tributaire du bon fonctionnement
des institutions, qui sont le cœur
même de tout système d’inté-
grité dans la mesure où ces sys-
tèmes constituent des cadres analy-
tiques des phénomènes de corrup-
tion qui examinent les instruments
et les systèmes qui permettent de
DR

Transparency news. numéro 9, juin 2010 — 5


Dossier
ter contre la corruption. Les solu- où la monarchie, l’armée ou le parti sont responsables les uns envers les
tions préconisées sont articulées et unique jouent des rôles centraux autres et où nul n’est plus en posi-
reliées en un système cohérent. et dominent l’ensemble des autres tion de dominer l’ensemble du sys-
Les piliers d’intégrité ont été pré- piliers. Dans d’autres cas, certains tème. Ces piliers sont interdépen-
sentés pour la première fois par piliers peuvent ne pas exister. Dans dants, c’est-à-dire que la faiblesse
Ibrahim Seushi de TI Tanzanie. ces cas, TI permet au champ du des uns peut constituer une charge
Depuis lors, cette expression est SNI de s’adapter conformément additionnelle pour les autres. La
de plus en plus largement utilisée aux circonstances locales et aux solidité de ces piliers dépend de la
dans la littérature traitant de la spécificités de chaque pays, sur la volonté de chaque organe de res-
corruption et ce concept sous-tend base, bien entendu, des suggestions pecter les 3 composantes suivantes
un grand nombre d’efforts de par le des experts du pays concerné. Cette et de pousser les autres à le faire :
monde pour élaborer des stratégies adaptation a l’avantage de per- - Le respect des règles de bases ;
nationales d’intégrité. mettre la production de l’analyse - La bonne conduite de leurs
Ce système peut être représenté, la plus précise possible du système membres ;
- Le soutien du public.
de manière générale, par un temple d’intégrité du pays en question.
En outre, ces piliers sont à la
grec surmonté d’un toit plat qui
fois indépendants et interdépen-
représente l’intégrité de la nation, F onctionnement   dants, alors que leurs solidités
et est soutenu par une série de
actuelles ne sont ni équivalentes
piliers qui représentent des institu- Le système national d’intégrité
ni homogènes. L’affaiblissement
tions publiques et privées. doit être compris comme un pro-
d’un pilier entraîne un accroisse-
Le SNI comprend généralement cessus interactif, où chaque pilier,
ment des charges pour les autres
les 16 piliers suivants : d’égal à égal, devrait surveiller les
- Le pouvoir exécutif ; piliers, et une mauvaise réparti-
autres. C’est un système qui déve-
- Le pouvoir législatif ; tion peut entraîner l’écroulement
loppe donc la notion de responsa-
- Les partis politiques ; de tout le système. Pour que le
bilité horizontale. Il s’agit d’un sys-
- La commission électorale ; système tienne, il faut que chaque
tème de contre-pouvoirs qui amène
- L’institution suprême d’audit ; pilier respecte ses règles de base
- Le pouvoir judiciaire ; chaque institution à rendre des
ainsi que les principes généraux de
- Les agences de la fonction comptes. Il se crée ainsi un cercle
transparence et de responsabilité.
publique/secteur public ; vertueux où les différents piliers
En d’autres termes, il s’agit de
- Les agences de mise en appli-
cation de la loi ;
- Le système de passation des
marchés publics ;
- Le médiateur ;
- Les agences publiques de lutte
contre la corruption ;
- Les média ;
- La société civile ;
- Le secteur privé ;
- Les administrations régionales
et locales ;
- Les institutions internationales.

La liste des piliers ci-dessus peut


varier d’un pays à l’autre dans
la mesure où certains piliers sont
remplacés par d’autres en raison
de la spécificité de chaque étude
pays. Il est par exemple, des pays
DR

6 — Transparency news. numéro 9, juin 2010


Dossier
mettre en place un système de une interactivité entre les différents détaillé des capacités formelles et
transparence et de responsabilité, piliers composants le système. réelles de chaque « pilier » du SNI :
avec un double objectif : prévenir
la fraude en faisant de la corruption M éthodologie & 1. Rôle(s) de l’institution / du
« une entreprise à hauts risques et R ègles de conduite secteur en tant que pilier du
SNI
à petits profits » et, lorsqu’elle se
a) Cadre juridique / réglementaire
manifeste, la sanctionner systéma- Dans son entreprise d’analyse de général régissant cette institu-
tiquement, l’impunité étant incom- l’état de la lutte contre la corrup- tion/ ce secteur
patible avec l’intégrité. tion, l’approche SNI se base sur des b) Indépendance de l’institution/
C’est dans cette perspective que préalables méthodologiques indis- du secteur
TI a élaboré le concept de SNI pensables relatifs à la présentation c) Responsabilités et objectifs
afin d’évaluer l’efficacité des ins- déclarés ou induits par rapport
du cadre normatif (lois et règle-
titutions concernées par tout le sys- à la promotion de l’intégrité/ de
ments) et du cadre institutionnel
la transparence/ de l’obligation
tème anti-corruption et de mieux (institutions étatiques en charge de redditionnelle, ou par rapport
cerner le phénomène de la corrup- la lutte contre la corruption). La à la lutte contre la corruption
tion dans le cadre des études pays. place et le rôle du parlement et de dans le pays.
Le renforcement du SNI concerne la société civile dans la lutte contre
donc la promotion de la bonne gou- 2. Ressources/structure
la corruption figurent également
d) Taille et composition de l’insti-
vernance dans tous les aspects de parmi ces préalables. L’analyse du
tution/ du secteur
la société. Il présente l’avantage rôle de ces institutions dans la e) Budget de l’institution/du sec-
d’une approche systémique glo- lutte contre la corruption ne saurait teur
bale de « l’arsenal » anti-corrup- aboutir à des résultats concrets et f) Sources de financement pour
tion d’un pays donné, focalise les fiables sans recourir à un rappel l’institution/ du secteur.
débats sur le diagnostic, les solu- des règles et pratiques qui permet-
3. Obligation redditionnelle
tions selon les différents acteurs tent leur bon fonctionnement. Les
g) Relations de compte-rendu
et le plaidoyer pour des reformes sources des données pour les études h) Autres formes de contrôles
juridiques, administratives et ins- nationales d’intégrité comprennent i) Rôle du public en matière de
titutionnelles à entreprendre. Il la législation en vigueur, les rap- concertation/supervision régu-
constitue également une base pour ports des organisations gouverne- lière.
l’élaboration d’une stratégie natio- mentales et non gouvernementales, 4. Mécanismes d’intégrité
nale contre la corruption à la suite la couverture médiatique des ques- j) Codes de conduite/
de l’identification des faiblesses tions relatives à la corruption, les d’engagement en matière de
du système et les opportunités pour diagnostics de corruption, les ana- politique et de pratiques de
les réformes. Enfin, la conduite lyses et publications universitaires, lutte contre la corruption
d’études SNI de manière régulière les entretiens avec des experts et les k) Règlements relatifs aux conflits
et périodique, permet de mesurer d’intérêts
discussions de groupes.
les progrès ou reculs réalisés par un l) Règlements relatifs aux
Ces études sont réalisées à partir
cadeaux, dépenses et hospita-
pays donné. de « questionnaire guidelines » par lité
La mise en place d’un SNI néces- des organisations basées dans le m) Restrictions post-emploi.
site également l’identification des pays étudié, généralement les sec-
opportunités de fonctionnement de 5. Transparence
tions nationales de TI, ou par des
n) Règlements relatifs à la divul-
chaque pilier selon ses règles et experts nationaux indépendants, gation, y compris la déclaration
pratiques de base correspondantes, spécialistes des questions relatives des biens
afin de catalyser le travail du gou- à la corruption et la gouvernance. o) Dispositions d’établissement
vernement, de la société civile, et Sept catégories d’évaluation et de des rapports et de publication
des bailleurs de fonds à l’intérieur questions relatives à chaque caté- p) Accès aux procédures/ à la
d’un cadre cohérent de renforce- gorie structurent l’approche adop- documentation.
ment institutionnel et de favoriser tée et visent à offrir un aperçu
Transparency news. numéro 9, juin 2010 — 7
Dossier
6. Mécanismes de plaintes / mise en associations. Le secteur privé, Renforcer le SNI consiste à pro-
en vigueur quant à lui, doit opter pour une mouvoir la bonne gouvernance
q) Dispositions pour dénonciation politique de concurrence basée sur dans tous les aspects de la vie
r) Mécanismes de sanctions à un code de conduite y compris dans en société. Un système d’intégrité
l’endroit de ceux qui enfrei-
le domaine des marchés publics. incarne une approche globale de la
gnent les règlements
Enfin, les acteurs internationaux réforme, qui vise à diminuer la cor-
s) Mécanismes de recours dispo-
nibles au public /à la société proposent aux Etats, une politique ruption dans le secteur public grâce
civile. d’incitation contractuelle à la trans- à des réformes administratives et à
parence et une coopération légale et la participation de la société civile
7. Relations avec les autres judiciaire mutuelle efficace. (processus de démocratisation),
piliers du SNI C’est la fonctionnalité des piliers dans le secteur privé et dans les
t) Mesure dans laquelle cette ins- du système qui permet leur inte- média. Ainsi, la réforme est initiée
titution/ce secteur constitue une ractivité et leur interdépendance. et appuyée non seulement par les
partie fondamentale du SNI du
Les différents piliers sont amenés hommes politiques et les décideurs
pays
à interagir entre eux dans une pers- publics, mais aussi par tous les
u) Autres piliers du SNI avec les-
quels cette structure/ce secteur pective de contrôle, de veille et de membres de la société civile.
est en interaction, la nature de complémentarité. Ainsi, les média La promotion de l’intégrité n’a
cette interaction. peuvent, par exemple, mener des commencé à être prise en consi-
enquêtes sur des sujets qui touchent dération en tant que levier de ren-
Ainsi, chaque pilier possède ses aux intérêts de la nation, ou au forcement de la transparence et
propres règles et pratiques de base comportement non intègre de cer- de la bonne gouvernance, que
correspondantes. L’Exécutif a pour tains dirigeants. La publication des très récemment. En fait, toutes les
mission essentielle la préservation résultats de ces investigations va
recherches ont montré que si la
des biens de la communauté et la servir à alimenter un débat. D’un
corruption n’est pas contenue, elle
mise en œuvre d’une stratégie cohé- autre côté, la société civile peut
se développe et se nourrit d’elle
rente, alors que le Législatif a pour procéder à l’évaluation du travail
même. Aucun pays, face au défi du
mission principale la représentation des pouvoirs publics et de tous les
maintien ou de l’amélioration des
de cette communauté et le contrôle autres piliers et à la dénonciation
niveaux de vie, ne peut se permettre
de l’Exécutif. Le Judiciaire, fort de des abus en tout genre, interpellant
de laisser la corruption gangrener
son indépendance, est investi de le public, de la sorte, en vue d’une
son économie ou miner ses efforts
la mission de faire respecter la loi prise de conscience et d’un chan-
de développement. Les fatalistes se
et de la protection des droits des gement de comportement. Le par-
cachent derrière l’argument que la
membres de la communauté alors lement contrôle lui aussi le travail
corruption sert à graisser les roues
que le Médiateur, autorité morale de l’Exécutif notamment en ce qui
d’une économie lente et à faciliter
par excellence, se charge du suivi concerne l’exécution des engage-
les affaires alors qu’en vérité, la
des réclamations et plaintes des ments pris, du budget…etc.
corruption augmente le coût des
citoyens. Les agences de préven-
biens et des services, encourage
tion et de lutte contre la corruption Q uel rôle dans la
des investissements improductifs
jouent un rôle de veille auprès des lutte contre la
et conduit à une baisse de la qualité
autres institutions et administra- corruption  ? des infrastructures.
tions. Les Cours des comptes rem-
L’amélioration de l’intégri-
plissent une fonction de contrôle Lorsqu’il fonctionne correcte- té nationale et la réduction des
des élus et des agents publics et de ment, le SNI contribue à la lutte niveaux de corruption impliquent
saisine de la justice, le cas échéant. contre la corruption comme partie le renforcement des différents
Les média jouent un rôle d’infor- intégrante d’un combat plus large piliers constituant l’édifice du SNI,
mation et de sensibilisation aidés en contre l’abus de pouvoir, les mal- ainsi que la clarification des rap-
cela par la société civile qui défend versations et les dénis de justice ports transversaux entre eux. Cette
les intérêts des citoyens constitués sous toutes leurs formes. démarche permettra d’éviter de

8 — Transparency news. numéro 9, juin 2010


Dossier
nuire aux efforts de promotion d’un Présentation du
développement durable et juste. Projet MABDA
Une approche évaluative du sys-
tème national d’intégrité, pilier par Le projet MABDA (Measuring Anti-
Corruption efforts & Building Demand
pilier, s’impose. Or, il se trouve que
for effective NIS in the Arab World)
les piliers souvent montrés du doigt est né de la nécessité d’approfondir
comme la source même de tous les la connaissance du phénomène de
la corruption (mesure, diagnostic,
maux, sont, sans nul doute, ceux
appréciation qualitative, nécessité de
en relation avec l’Administration disposer de concepts, d’instruments
en général, notamment la fonc- d’analyse) dans la région MENA qui
tion publique, le secteur public, est caractérisée par une corruption
endémique et un classement
les organes de mise en application préoccupant sur l’échelle de l’Indice de
DR

de la loi, le système de passation perception de la corruption.


des marchés publics et les admi- tions publiques est élevé, et que le Par ce projet, Transparency
International (TI) et Transparency
nistrations régionales et locales. risque encouru par les différents Maroc, ont pour objectif de bâtir un
La Justice se positionne, elle aussi, protagonistes lors de ces transac- plaidoyer stratégique à décliner en
comme l’un des maillons faibles tions est minime, voire absent, en plan d’action, et d’impliquer toutes les
parties prenantes au plan tant national
de ce système. L’édifice du SNI ne raison de la persistance de l’impu-
que régional. Cette démarche s’est
pourrait tenir debout avec un sec- nité. Cette corruption trouve dans concrétisée, à travers le concept de
teur public gangrené et un système le secteur public un terreau fertile Système National d’Intégrité, par
le lancement d’études pays avec la
judiciaire chancelant. Ces dysfonc- en raison de la mauvaise gouver-
collaboration de plusieurs sections
tionnements doivent être relevés nance et de l’absence de méca- nationales de TI. Ces études sont
et stigmatisés voire même rectifiés nisme de contrôle efficace ou tout basées sur une évaluation de la qualité
par d’autres piliers, à savoir l’ins- simplement en raison du défaut des institutions concernées par le
système anti-corruption.
titution suprême d’audit, le média- d’application des lois en vigueur. L’évaluation s’est faite à la fois sur
teur, les agences publiques de lutte Dans cette perspective, quelle arti- le plan théorique (lois, dispositions
contre la corruption et surtout les culation peut-il y avoir entre l’édi- réglementaires…etc.) et sur le plan
pratique (mesure dans laquelle le SNI
média et les organisations de la fication d’un SNI et la lutte contre fonctionne), dans la perspective de
société civile. la corruption au Maroc ? présenter un aperçu global des SNI
La Monarchie domine tout l’édi- dans les pays arabes, de constater
leurs points communs, de fournir
D éséquilibre fice politique marocain et trans- une base de comparaison au sein
des pouvoirs et cende tous les autres pouvoirs. Le d’un groupe donné pour en tirer des

faiblesses des Roi nomme le Premier Ministre enseignements pour l’action dans
la région, d’asseoir des repères
autres piliers et, sur proposition de ce dernier,
permettant de comprendre le
les autres membres du gouverne- phénomène et ses spécificités et de

Selon le dernier rapport de l’In- ment et met fin à leurs fonctions. mesurer les évolutions futures dans
ces pays. Les conclusions de ces
dice de Perception de la Corruption Il préside le conseil des ministres,
études, doivent être présentées sous
publié en décembre 2009 par proclame l’état d’exception, dis- forme de recommandations afin de

Transparency International, le sout les deux Chambres, signe et bâtir un plan stratégique de plaidoyer
visant le renforcement du Système
Maroc se place à la 89e position sur ratifie les traités. L’article 19 de la
National d’Intégrité, la construction
180 pays cédant ainsi 44 places en Constitution lui confère un statut des partenariats et des actions
communes de mobilisation de la
l’espace de 10 ans. Ce classement
société civile, du secteur privé et des
vient encore une fois confirmer le media pour l’amélioration du Système
caractère systémique de la corrup- National d’Intégrité, l’application
de la Convention des Nations Unies
tion au Maroc. Cette corruption
contre la corruption et l’adaptation
endémique a tendance à prospérer des lois et procédures nationales aux
quand le niveau global des presta-
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engagements internationaux.

Transparency news. numéro 9, juin 2010 — 9


Dossier
quête en raison de la complexité tion par la Constitution de 1996
des procédures. (multiplication des missions, rap-
La Justice, que la constitution ports relayés par la presse…etc.)
qualifie d’autorité et non de pou- demeure cependant relativement
voir autonome, est dépendante du inefficace du fait de l’insuffisance
pouvoir politique. Cette dépen- des moyens humains et financiers
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dance trouve sa source dans des qui lui sont alloués ainsi qu’en rai-
exceptionnel. Ses actes sont sous- considérations organisationnelles son de l’ineffectivité des poursuites
traits à tout contrôle juridictionnel et structurelles. C’est le Roi qui et des sanctions.
ou autre, lui permettant dès lors nomme les juges sur proposition Le Diwan Al Madhalim, installé
de décider souverainement dans du Conseil supérieur de la magis- en 2004, diffère de l’institution
des domaines relevant à la fois de trature (CSM). Cette institution de l’Ombudsman dans la mesure
la compétence du Parlement ou du constitutionnelle veille, sous la où le Wali n’est pas élu par le
Gouvernement. Tous les acteurs présidence du Roi, à l’application Parlement et ne peut pas infli-
politiques sont responsables devant des garanties accordées aux magis- ger d’amendes aux autorités ou
lui. L’état de plusieurs piliers du trats quant à leur avancement et fonctionnaires qui ne donnent pas
SNI dépend fortement de lui tan- aux règles relatives à la discipline. suite à des demandes d’explication
dis que d’autres subissent d’une Par ailleurs, la Justice souffre d’un ou de renseignements. De plus,
manière ou d’une autre son manque flagrant de moyens maté- le Dahir portant création de cette
influence. riels et humains (personnel admi- institution ne prévoit pas l’immu-
Le gouvernement quant à lui est nistratif non qualifié, nombre insuf- nité ou l’inéligibilité du média-
formellement responsable à la fois fisant de magistrats, absence de teur. Cette institution est inves-
devant le Parlement et devant le formation continue, difficile accès tie par le Roi de deux missions
Roi, mais les moyens dont dispo- à l’information y compris à la juris- principales : examen des doléances
sent les deux Chambres pour exer- prudence…etc.). et des plaintes des citoyens ayant
cer leur pouvoir de contrôle et pour La Cour des comptes est char-
légiférer sont limités. Le domaine gée d’assurer le contrôle supé-
législatif est strictement encadré rieur de l’exécution des lois de
par la Constitution. L’intervention finances, de s’assurer de la régula-
du Parlement en matière financière rité des opérations de recettes et de
est réduite, que ce soit en matière dépenses des organismes soumis
de vote du budget ou de celui de à son contrôle en vertu de la loi
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la loi de règlement. Son pouvoir et d’en apprécier la gestion ; elle


d’approbation des traités interna- sanctionne, le cas échéant, les man-
tionaux qui engagent les finances quements aux règles qui régissent épuisé tous les recours et l’instruc-
de l’Etat est symbolique. La loi ne lesdites opérations. Le président tion des demandes portant sur des
fait pas l’objet d’une évaluation de de la Cour des comptes est nommé différends opposant l’administra-
la part du Parlement et l’exécution et révoqué par le Roi. Cette ins- tion à des personnes physiques ou
de celle-ci relève des prérogatives titution, dont les attributions ont morales de droit privé. Les res-
de l’Exécutif. Le Parlement ne dis- été renforcées depuis sa consécra- ponsables des administrations et
pose pas de moyens humains et autres établissements publics sont
techniques suffisants pour traiter tenus d’accorder leur appui au Wali
d’égal à égal avec l’Administration Al Madhalim ou à ses délégués,
et ne peut aisément contrôler l’ac- en ordonnant aux fonctionnaires,
tion du Gouvernement à travers le agents et organes de contrôle exer-
dépôt d’une motion de censure ou çant sous leur autorité, de faciliter
AIC Press

la création d’une commission d’en- sa mission. Le rapport publié par


cette institution en 2007 signale
10 — Transparency news. numéro 9, juin 2010
Dossier
que près de 43% des administra- autres départements ministériels. Rapport SNI : résumé des
tions destinatrices de requêtes S’agissant des marchés publics, piliers. Le pouvoir exécutif, le
du Diwan n’ont pas répondu aux il faut noter qu’en dépit de deux parlement, la justice, l’organe
demandes qui leur avaient été faites réformes des textes touchant cette
de régulation électorale,
à ce sujet. « Une étude effectuée question, la situation ne s’est pas
la fonction publique, les
permet, néanmoins, de constater améliorée et l’impact de ces modi-
une amélioration du taux des reven- fications demeure limité. Malgré
institutions de mise en
dications satisfaites pour atteindre l’importance des achats publics et
application de la loi
34% pour la période 2006-2007 », les enjeux qu’ils suscitent, la trans- Si le pouvoir exécutif est bicéphale c’est-à-
dire un gouvernement (à sa tête un premier
note le rapport du SNI Maroc. Au parence des commandes publiques ministre) et un chef d’Etat, la réalité du
terme de deux années d’activités, n’est pas garantie, ce qui a un pouvoir appartient au roi. Le roi n’est pas
seulement le chef du gouvernement, mais
le Diwan a traité 16.000 plaintes/ impact négatif tant sur la crédibilité aussi la clef de voûte du régime. A ce titre,
doléances. Il a statué sur 30% des des institutions que sur le dévelop- il encadre à la fois le parlement et l’autorité
judiciaire. En effet, si le parlement possède
cas relevant de ses compétences. pement socio-économique du pays. un certain nombre de compétences, les
Le rapport suivant (de 2006-2007) Ce sont autant de piliers faibles moyens dont dispose l’exécutif à l’égard de
celui-ci mettent en échec ses compétences
déclare de son côté que le Diwan a et dépendants du pilier du Pouvoir législatives et son contrôle politique.
enregistré 6.971 plaintes (4526 en Exécutif incarné par la Monarchie. Même l’organe qui est chargé de vérifier
la régularité des élections législatives, à
2006 et 2445 en 2007) dont plus de L’équilibre des pouvoirs se savoir le Conseil constitutionnel, ne possède
la moitié sont des plaintes à carac- trouve alors biaisé au profit de la pas un statut lui permettant d’être entouré
de garanties susceptibles d’assurer son
tère administratif. Monarchie déterminant ainsi for- indépendance vis-à-vis du pouvoir royal. En
La mise en place de l’Instance tement la cohérence et l’équilibre outre, ce conseil n’intervient pas pendant
la campagne électorale, mais seulement
centrale de prévention de la cor- du SNI. après la proclamation des résultats des
ruption en août 2008 est interve- élections. Quant à la justice, la constitution
ne la reconnait pas en tant que pouvoir, mais
nue à la suite de la ratification par J ustice   comme une simple autorité, c’est-à-dire un
le Maroc de la Convention des service administratif de l’Etat, ce qui permet
de conférer au roi la présidence du Conseil
Nations Unies contre la Corruption. La Justice constitue l’un des supérieur de la magistrature et au ministre
piliers les plus vulnérables du SNI de la justice la vice-présidence. Pourtant,
cet organe est chargé de par la constitution
au Maroc. Ce constat a été déjà de veiller à l’application des garanties
établi avant même que l’étude accordées aux magistrats quant à leur
avancement et à leur discipline. En outre,
pays entreprise par Transparency les compétences dont dispose l’exécutif
Maroc ne le relève. Cette vul- (nominations, mutations, sanctions…)
mettent les magistrats en situation de
nérabilité très souvent dénoncée dépendance et leur ôtent beaucoup de
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par les observateurs et la presse garanties prévues par la loi.


Le statut des agences de mise en vigueur
nationale, tient aussi bien à des de la loi, à savoir, les agents d’autorité
facteurs légaux qu’organisation- (gouverneurs, chefs des cercles, pachas
Elle est composée d’une assemblée et caïds), la police judiciaire et le ministère
nels. Plusieurs études et rapports
plénière, d’une commission exécu- public, qui dépendent du pouvoir exécutif,
s’accordent sur les défaillances de ne disposent pas d’un statut assurant
tive et d’un secrétariat général, son l’égalité des chances dans leur promotion
la justice marocaine : « manque de
président est nommé par le Premier et de procédures transparentes pour la
moyens matériels, manque de for- protection efficace des citoyens. Par ailleurs,
ministre. les fonctionnaires chargés de mettre en
mation pour le personnel adminis-
Toutefois, cette instance est une application la politique administrative du
tratif des tribunaux, insuffisance gouvernement ne bénéficient pas non plus
institution uniquement consulta- de l’égalité des chances dans la succession
du nombre de magistrats, manque
tive ; elle ne dispose d’aucun pou- aux hautes fonctions dont la nomination est
de formation continue pour les réservée directement au roi. L’existence
voir d’investigation ni de pour- des procédures peu transparentes dans
magistrats, problèmes suscités par
suites judiciaires. Pour réussir dans les relations entre l’administration et les
la procédure de nomination de administrés met en difficulté les citoyens à
sa mission, elle reste largement obtenir des services dans le respect de la
ces derniers qui est placée sous le
tributaire de la collaboration des loi et favorise par là-même les abus et la
contrôle du ministre de la Justice corruption.
services du Premier ministre et des Pr Omar Bendourou
et par le fait que, dans les cam-

Transparency news. numéro 9, juin 2010 — 11


Dossier
pagnes, les magistrats sont élus S ociété C ivile et Au Maroc, certaines associations
sans exigence d’une formation M édia  de droit de l’Homme (AMDH,
spécifique, problèmes posés par OMDH) et Transparency Maroc
les juridictions d’arrondissement, sont actives et jouent un rôle
La société civile fait partie inté-
par la tenue de certains procès important dans la lutte contre la
grante du SNI. Sa dynamique per-
qui ne respectent pas les normes corruption. Dans le cadre de la
met de renseigner sur le degré
d’équité (notamment dans les pro- série d’ateliers d’évaluation du
de participation des citoyens d’un
cès à caractère politique ou ceux « Système National d’Intégri-
pays donné au processus démocra-
relatifs à la liberté de la presse), té », qu’elle a organisée en 2009,
tique et accessoirement à la gestion
statut controversé du Conseil Transparency Maroc a consacré un
de la chose publique. Elle compte
supérieur de la magistrature, atelier à un débat sur le rôle de
en son sein des experts et des béné-
conditions de promotion relatives la société civile dans le renfor-
voles ainsi que les réseaux et coali-
aux magistrats, problèmes liés aux cement du SNI auquel a assisté
tions nécessaires pour peser sur les
textes qui régissent la magistra- un certain nombre d’acteurs de la
politiques gouvernementales et les
ture au Maroc, lois relatives à la société civile. Lors de cette ren-
influencer dans le sens de l’intérêt
procédure civile et à la procédure contre-débat, un intervenant a
commun, y compris pour ce qui est
pénale…etc.» peut-on lire dans le indiqué que la réussite de l’ex-
de la lutte contre la corruption.
rapport SNI Maroc. périence associative ne concerne
La Société civile joue un rôle
Œuvrer pour une réelle indé- pas seulement les pays développés
d’information et d’éducation
pendance de la Justice vis-à-vis mais aussi certains pays en voie
du public. Si ce dernier n’est pas
du pouvoir politique demeure l’un de développement. A cet égard, il
impliqué dans toute entreprise de
des défis majeurs à relever pour la a cité l’exemple du Liban où les
lutte contre la corruption, les efforts
consolidation de la démocratie et associations font des enquêtes et
déployés dans ce sens ne peuvent
de l’Etat de droit. des investigations qui alimentent
réussir. Un travail de sensibilisation
De plus, ce secteur reste parmi l’émission télé « Al Fassad » diffu-
ceux où la corruption est la plus sée chaque vendredi sur la chaîne
endémique dans la perception libanaise New TV et au cours de
des citoyens, selon des enquêtes laquelle, plusieurs questions rela-
menées par Transparency Maroc. tives à la corruption sont traitées en
Parmi les principales conclusions présence d’acteurs associatifs. Un
de ces enquêtes, l’impunité, l’avi- autre succès est représenté par l’ex-
dité, la faiblesse des salaires, la périence du Cameroun où un réseau
DR

banalisation du phénomène de la intitulé « Dynamique citoyenne »


corruption, le manque de transpa- à tous les niveaux de la société, est a pu faire un suivi physique des
rence, l’interférence dans les juge- nécessaire afin de pouvoir espérer dépenses publiques dans 3 préfec-
ments…etc. seraient à l’origine un changement d’attitude et un tures.
de la corruption galopante de ce soutien du public. Grâce à leur Dans la législation actuelle, les
secteur. L’Etat a engagé dernière- connaissance des réalités sur le associations se forment librement
ment une politique de réforme du terrain et des particularités locales, et sont soumises à une simple
secteur de la Justice en lançant un les organisations de la société civile déclaration. Mais l’obtention du
vaste chantier de réforme visant sa ont la capacité de suivre, détecter, récépissé peut se révéler une arme
mise à niveau. En raison de l’im- dénoncer les pratiques corrompues redoutable pour les autorités qui
portance de ce secteur/pilier, un et amorcer un changement des atti- continuent de différer ou de refu-
prochain numéro de Transparency tudes. Les exemples d’expériences ser la délivrance du récépissé de
News sera consacré à la réforme entreprises dans ce sens dans des déclaration de création d’associa-
de la Justice. pays ayant plus ou moins le même tions sous différents prétextes liés
niveau de développement que le notamment à la sécurité publique,
Maroc abondent. au respect de l’intégrité territo-

12 — Transparency news. numéro 9, juin 2010


Dossier
riale ou encore à la lutte contre Rapport SNI : résumé des
le terrorisme. Il en va de même piliers (suite). Les partis
pour la reconnaissance de l’utilité politiques, le secteur privé, la
publique. Alors que les associations
société civile, les média et les
considèrent la reconnaissance de
administrations régionales et
l’utilité publique comme un droit
dont doivent bénéficier les organi-
locales

DR
La lutte contre la corruption au Maroc est la
sations de la société civile connues tive et de pression. résultante d’engagements et d’initiatives
pour leur sérieux et leur utilité sur Les Média, pour leur part, jouent
hétérogènes menés par une multitude d’acteurs
internes et internationaux.
le terrain, alors que les autorités un rôle important et complémen- Les partis politiques, le secteur privé, la société
considèrent cette reconnaissance taire à celui de la société civile en
civile, les média et les administrations régionales
et locales jouent un rôle important dans la lutte
comme « une faveur qu’il accorde matière de sensibilisation et d’in- pour la transparence. Cependant ces piliers du
aux associations». formation du public, d’investiga-
système national d’intégrité agissent dans un
environnement difficile.
Pour que la société civile puisse tion, de révélation et de dénon- La législation qui régit ces piliers limite leur
s’attaquer aux problèmes de cor- ciation des affaires de corruption.
marge de manœuvre et souffre d’un certain
nombre de déficits. Les textes sont interprétés
ruption, elle doit s’appuyer en Mais ce pilier ne peut tenir debout de manière autoritaire et il existe un grand
amont sur l’expérience des cher- et renforcer l’ensemble de l’édifice
décalage entre le droit qui encadre ces piliers et
la pratique.
cheurs, des ONG, du secteur privé si la presse ne jouit pas de la liberté La lutte contre la corruption menée par ces piliers
et bénéficier du soutien du public d’expression et si le libre accès à
est rendue encore plus difficile par le système
actuel de financement. Le soutien de l’Etat aux
en aval. A cette fin, il faut que l’information ne lui est pas garanti. partis politiques et les diverses dispositions
la société civile soit affranchie et La liberté de la presse est tout
relatives au financement politique n’arrivent
pas à être efficaces. La dotation accordée par
indépendante vis-à-vis du pouvoir, aussi importante que l’indépen- l’Etat aux média et les subventions accordées
dispose de ressources suffisantes et dance de la justice dans la lutte
à certaines associations présentent beaucoup
d’inconvénients : les fonds ne sont pas régis par
de soutiens au sein du secteur privé contre la corruption. Cette indépen- une réglementation claire et leur répartition est
et parmi le public. La participation dance doit se cristalliser à la fois
loin d’être transparente. Le financement privé
pose aussi un certain nombre de problèmes.
et l’engagement de la société civile vis-à-vis des milieux politiques et Au niveau externe ces piliers du système national
dans toute réforme touchant direc- des milieux économiques. Le degré
d’intégrité sont soumis à divers mécanismes de
contrôle (administratif, judiciaire, comptable).
tement le public à travers l’ouver- d’indépendance des média corres- Au niveau interne, il existe, selon la nature
ture de débats au niveau national pond à leur capacité à exercer un
de chaque pilier des mécanismes d’intégrité.
Toutefois et en dépit de ces contrôles, ces divers
est également nécessaire afin de rôle d’agent public de surveillance piliers du système national d’intégrité font l’objet
générer une appropriation de la de la conduite des institutions et
de dénonciations pour absence de transparence,
pour conflits d’intérêts ou pour détournements
réforme par le public et de renfor- des personnalités publiques. Les de fonds.
cer les valeurs prônées par cette média sont censés surveiller les
L’étude sur le système national d’intégrité ne
peut pas se limiter aux seuls acteurs internes.
réforme. A la fin, il faut que cette actions des pouvoirs législatif et La lutte contre la corruption n’est pas l’affaire
société civile réussisse à se posi- exécutif, afin de s’assurer qu’ils ne
des seuls acteurs nationaux. Pour les agences
multilatérales et bilatérales de développement,
tionner en tant que composante se livrent pas à des actes de corrup- les bailleurs de fonds, les Nations unies, et les
fondamentale du SNI de ce pays et tion. A travers les jugements res-
ONG, la corruption est vue comme un frein au
développement. La lutte contre la corruption est
interagir avec les autres piliers de ponsables des éditeurs et des jour- devenue l’un des thèmes majeurs des agendas
manière active notamment avec les nalistes, une culture de liberté de la
de bonne gouvernance au plan des réformes
économiques et politiques. Cependant, l’absence
média et les acteurs internationaux. presse se développe. Cette culture de coordination entre ces acteurs internationaux
Le rôle des acteurs internationaux est garante de la possibilité pour la
et les aléas du financement altèrent leur
efficacité et réduisent considérablement leur
est, au demeurant, très important presse d’opérer en tant qu’organe capacité de pression. Des programmes sont
en matière de renforcement de la de surveillance des agents publics.
lancés et mis en œuvre non pas parce qu’ils sont
perçus comme des priorités pour le pays mais
société civile dans la mesure où Cependant, encore aujourd’hui, parce qu’ils attirent des ressources financières
l’encadrement et les financements de nombreux pays censurent la externes.
Les recomandations vont dans le sens d’une
fournis augmentent l’efficacité des presse et prévoient dans leur arse- réforme profonde au niveau de chaque pilier du
associations et renforcent leur indé- nal juridique des peines privatives système national d’intégrité.
pendance et leur capacité d’initia- Pr Mohamed Madani

Transparency news. numéro 9, juin 2010 — 13


Dossier
de liberté pour les journalistes venant a indiqué que la presse comme les piliers sur lesquels il
dans l’exercice de leurs fonctions, marocaine est otage du pouvoir peut être construit. Pris séparé-
comme c’est le cas au Maroc. Le économique et qu’elle est devenue ment, chacun de ces éléments n’au-
pilier de la Justice doit être le « une presse capitaliste » qui obéit ra qu’un impact limité sur la lutte
garant de la liberté de la presse. aux exigences de la concurrence contre la corruption. Les codes de
Cela suppose, bien entendu, l’exis- dans un marché très disputé, ce qui conduite ou de nouvelles régula-
tence d’un système légal indépen- génère un conflit entre la rédaction tions pour l’attribution de mar-
dant de toute influence politique ou et l’entreprise. Les intervenants chés publics, par exemple, n’au-
autre. ont déploré l’échec de la presse ront d’effet que s’ils sont mis en
Lors de l’atelier débat consacré marocaine à introduire des chan- place et appliqués par des agences
au rôle des média dans le SNI, les gements structurels dans certains ou institutions indépendantes : un
participants, en majorité des jour- établissements noyés par la corrup- médiateur, des institutions supé-
nalistes, ont souligné l’importance tion, malgré le tapage médiatique rieures de vérification des comptes
des média dans le renforcement qui a accompagné ces scandales et des agences de lutte contre la
de cet édifice. La majorité des (CNSS, Mutuelle Générale, CIH… corruption sont des exemples d’au-
intervenants ont mis l’accent sur etc.). Ce constat d’échec a été tem- torités de « surveillance » pouvant
la forte ingérence des milieux poli- péré par un autre intervenant qui assurer ces fonctions. De la même
tiques dans le travail de la presse a estimé que la nouvelle tendance façon, les stratégies anti-corrup-
marocaine ainsi que la multipli- de « citoyens journalistes » qui tion dépendent du soutien actif et
cation préoccupante des procès et utilisent les nouvelles possibilités de la vigilance de la société civile
des sanctions (lourdes amendes, qu’offre Internet pour dénoncer la et des média, ces derniers devant
interdictions d’exercer le métier, corruption (blogs, Youtube,…etc.) se charger d’informer le public
fermeture de locaux…etc.) à tout en gardant l’anonymat dans la sur les conséquences dangereuses
l’encontre des journalistes et des majorité des cas, a permis la mon- de la corruption et sur le droit
organes de presse. Les intervenants dialisation des affaires de corrup- des citoyens à exiger une conduite
ont tous été unanimes pour dénon- tion au Maroc. éthique de la part de leurs fonction-
cer les défaillances de la législa- De manière générale, malgré naires.
tion actuelle qui concernent, entre l’inexistence d’une loi sur le droit Bien que ces éléments n’aient
autres, l’absence du droit d’accès d’accès à l’information, le défaut pas besoin d’être mis en place
à l’information, le droit à la confi- de respect de la déontologie par ou renforcés en même temps, la
dentialité des sources et la protec- certains journalistes, la faiblesse manière dont un SNI est initié et
tion des journalistes eux mêmes qui des moyens logistiques et finan- géré détermine le succès ou l’échec
sont exposés à la violence et aux ciers et l’inexistence, à quelques des efforts de réforme. Il est vital
mauvais traitements lors de l’exer- exceptions près, d’un véritable que chaque pays définisse les élé-
cice quotidien de leur travail (cou- journalisme d’investigation, les ments les plus stratégiques de la
verture des manifestations…etc.). média privés au Maroc, se sont réforme permettant de maximiser
L’assistance a également condamné révélés plus actifs que les média les chances de changer positive-
la réticence des autorités, notam- publics pour porter à la connais- ment le système tout en renforçant
ment des organes de réglemen- sance du public des faits avérés de les éléments considérés comme
tation, à octroyer des licences de corruption. moins importants, qui, s’ils restent
création de nouvelles chaînes de sans surveillance, peuvent saper
télévision par les opérateurs privés. P our un S ystème la réforme. De plus, quelques suc-
Une telle attitude démontre encore N ational cès importants pourront montrer
une fois la mainmise des hautes d ’I ntégrité au public que les dirigeants et les
sphères sur ce secteur et leur ingé- efficace représentants luttent sérieusement
rence dans la mission d’un organe contre la corruption.
censé être indépendant. Un SNI comprend un certain
Dans un autre registre, un inter- nombre d’éléments considérés
14 — Transparency news. numéro 9, juin 2010
Entretien Transparency News n°9
Références et sources
QUESTIONS À M. ABDESSALAM ABOUDRAR
I – Journaux et magazines
PRÉSIDENT DE L’INSTANCE CENTRALE
Achourouk, Akhbar Alyaoum, Al Akhbar, Al
DE PRÉVENTION DE LA CORRUPTION (ICPC) Alam, Al Bayane, Al Michaal, Al Watan Al Ane,
Aladala wa attanmia, Alahdath Almaghribia,
L’étude de TM sur le SNI représente- d’évaluation des politiques publiques Alayam, Alittihad Alichtiraki, Aljarida
t-elle un intérêt pour l’instance ? et et le renforcement des compétences Aloula, Alhayat, Almaghribia, Al Massae,
quelles recommandations pourriez- nationales en matière d’évaluation des Almounataf, Almountakhab, Alousboue assa-
vous faire pour la coopération dispositifs de lutte contre la corrup- hafi, Aloussbouia aljadida, Alqabas, Alwatan
TM-ICPC à ce sujet ? tion ; Al ane, Annahar Almaghribiya, Arraey,
L’étude de TM sur le SNI présente un Asdae, Assabah, Assabahia, Assahrae Al
- la concertation et la coordination Maghribiya, Attajdid, Au fait, Aujourd’hui
intérêt certain pour l’ICPC, d’autant en matière de traitement des plaintes Le Maroc, Bayane Al Yaoum, Challenge
qu’elle se base sur un concept qui reçues en guise de dénonciation des Hebdo, Economie et Entreprises, Finances
offre désormais un référentiel d’ana- actes de corruption. News Hebdo, Labyrinthes , La Gazette du
lyse et un cadre d’action. Maroc, La vie économique, L’Economiste,
En effet, étant habilitée de par son L’ICPC est considérée dans l’étude L’Economiste Magazine, L’Express, Le jour-
nal Hebdomadaire, Le Matin du Maghreb et
texte de création à asseoir ses pro- de TM comme un pilier à part
du Sahara, Le Monde, Le Reporter, Le Soir
entière du SNI. Pensez-vous qu’en
positions et recommandations, en Echos, Les échos, Libération, L’Observateur,
dépit de sa fonction consultative,
matière de prévention de la corrup- L’Opinion, Manager public, Maroc Hebdo,
l’ICPC peut être considérée comme
tion sur une analyse objective des Nichane, Perspectives du Maghreb, Problèmes
pilier soutenant la lutte contre la
causes, conséquences et manifesta- économiques, Rissalat Al Ouma, Telquel
corruption au même titre et au même
tions du phénomène de la corrup- rang que l’un des trois pouvoirs ou
II – Agences de presse
tion, ainsi que sur une évaluation des que la Cour des comptes ? Maghreb Arab Presse (MAP), Agence France
politiques anti-corruption engagées, Presse (AFP), Agence Reuters, Panapress
l’ICPC ne pourrait que capitaliser Au préalable, je tiens à rappeler que
III – Rapports et études
sur les conclusions des enquêtes réa- dans la littérature traitant de la cor-
lisées par Transparency International ruption, le SNI est souvent symbo- • Etude du système national d’intégrité, Maroc
lisé par un édifice qui repose sur un 2009, Transparency Maroc et Transparency
tant pour la perception du phénomène International • Le rôle d’un système national
de la corruption que pour l’évalua- ensemble de piliers institutionnels :
d’intégrité dans la lutte contre la corrup-
tion de l’intégrité. l’exécutif, le législatif, le judiciaire, les
tion, Institut de Développement économique
institutions de contrôle, le médiateur, de la Banque mondiale, Petter Langseth, Rick
Hormis la Convention des Nations les agences de lutte contre la cor-
Unies contre la corruption et le texte Stapenhurst et Jeremy Pope • Système national
ruption, les médias, les acteurs de la d’intégrité, Etude de pays, Cameroun 2007,
de création de l’ICPC, nous consi- société civile, le secteur privé… Transparency International • Système national
dérons d’ailleurs que le SNI consti- d’intégrité, guide d’évaluation, Transparency
tue pour nous un cadre analytique Ces piliers sont interdépendants, mais
International, 2005 • National Integrity
de référence qui permet d’apprécier leur importance relative varie d’une Systems, Country Study Report, Canada 2001
les mesures normatives relatives aux société à l’autre. C’est pourquoi il
piliers d’intégrité, d’évaluer leur effi- faudrait constamment veiller sur leur
cience et la pertinence de leurs inter- consistance pour assurer la solidité de
férences et d’identifier les besoins à l’ensemble de l’édifice de l’intégrité Transparency News
combler. nationale.
Publication de l’Observatoire de la
Par ailleurs, dans la mesure où la L’ICPC peut valablement être consi- Corruption et du Développement de la
mise en place ou le renforcement d’un dérée comme une composante essen- Transparence au Maroc
SNI suppose la coalition de différents tielle du pilier regroupant les « watch Comité de suivi : Azedine Akesbi, Sion Assidon,
acteurs de la société, l’ICPC place au dogs » (instances de veille et de Ahmed Bernoussi, Rachid Filali Meknassi,
premier rang de ses recommandations contrôle), à savoir Diwan Al Madalim, Abdleaziz Messaoudi, Abdellatif Ngadi, Bachir
la Cour des Comptes, le Conseil de la Rachdi • Directeur de l’Observatoire :
l’implication effective de la société Mohamed Ali Lahlou • Rédacteur en chef :
civile dans les efforts de la lutte Concurrence, l’Unité de Traitement
Michèle Zirari • Rédaction : Younes Foudil
contre la corruption. C’est pourquoi, des Renseignements Financiers…C’est • À collaboré à ce numéro : Abdellatif Ngadi
nous nous sommes rapprochés de TM un dispositif qui se complète et qui • Documentation : Najwa Harra, Hassania
avec laquelle nous avons identifié gagnerait à renforcer la synergie entre Laroudi, Asmae Sabor • Communication :
quelques créneaux de coopération, ses éléments. Dounia Najjaati • Maquette et mise en
La question de l’indépendance de pages : Scriptura Éditions - Rabat • Photos :
notamment :
l’Instance focalise souvent l’attention AIC PRESS • Imprimerie : Adams Graphic -
- l’approfondissement de la connais- Rabat.
sance objective du phénomène au tra- sur deux volets : les attributions et
ISSN : 2028-0432 • DL : 2009 PE 0118
vers du développement des techniques l’indépendance. L’étude du SNI de
d’investigation et d’enquête, de diver- TM a estimé que « l’instance dispose Transparency-News est une publication interne
sification des sources de collecte des d’une certaine marge de manœuvre diffusée par Transparency-Maroc et conçue par
L’Observatoire de la Corruption, avec l’appui
données et d’élaboration d’une car- de l’Ambassade des Pays-Bas au Maroc.
tographie des risques de corruption ; (suite de l’entretien page suivante)
- le développement des techniques Transparency news. numéro 9, juin 2010 — 15
Entretien avec M. Abdessalam Aboudrar
(suite de la page précédente)

du fait de la composition de son assem- Toutefois, ce statut juridique malgré ses 4/ la localisation des faits, objet des
blée plénière ». Ajoutant que c’est la multiples avantages, ne confère pas à plaintes reçues, laisse apparaître une
pratique qui pourra montrer dans quelle l’instance l’ensemble des attributs de la répartition géographique assez large qui
mesure elle pourra prendre ses distances personnalité morale et de l’autonomie englobe non seulement les grandes villes,
par rapport à l’exécutif. Pensez vous que financière, ce qui la place dans une posi- mais également diverses autres régions du
le cadre juridique qui est celui de l’ICPC tion délicate face à la complexité et la Nord, du centre et du Sud du Maroc.
est adapté à la nature et la complexité de lourdeur des procédures des contrôles a
sa fonction, surtout dans un contexte de priori particulièrement gênantes pour la L’Instance a t- elle informé l’autorité
judicaire de faits portés à sa
corruption systémique ? Quelles sont les célérité et la souplesse de la gestion admi-
connaissance et qu’elle considère
forces et faiblesses de ce statut et dans nistrative et financière.
susceptibles de constituer des actes de
quel sens devrait-il évoluer pour une effi-
corruption punis par la loi ?
cacité plus grande ? Pensez vous que les moyens
(financiers, humains et logistiques) mis Jusqu’à fin décembre 2009, nous avons
Le cadre juridique de l’Instance lui à la disposition de l’ICPC sont suffisants reçu près de 60 plaintes dont une grande
confère quatre spécificités institutionnelles pour que l’Instance puisse mener ses partie ne concerne pas la corruption telle
en parfaite adéquation avec l’approche missions ?  qu’incriminée par le droit pénal ; celles
participative requise en matière de préven-
Il est certain que les moyens mis à la dis- ce rapportant à des actes de corruption
tion de la corruption :
position de l’ICPC jusque là ne sont pas manquent notoirement de preuves suffi-
la 1ère spécificité réside dans suffisants eu égard à l’am- santes. Nous nous sommes donc jusque là
l’ouverture de ses structures sur pleur et à la diversité de ses attelé à l’élaboration d’un guide de pro-
la société puisqu’elle comporte missions. cédures que nous avons convenu et adopté
une Assemblée Plénière et une ensemble avec le Ministère de la Justice
En effet, les crédits budgé-
Commission exécutive dotées qui s’est engagé, par ailleurs à assister
taires alloués à l’instance
d’une représentation diversifiée l’Instance pour l’acquisition de l’expertise
totalisaient 15 millions de
et équilibrée des divers départe- requise pour le traitement des plaintes
dirhams en 2009, le même
ments ministériels concernés, des reçues.
montant étant reproduit
associations professionnelles et
pour l’année 2010.
syndicales, de la société civile et Quels sont les principaux points relevés
du milieu universitaire ; De même, l’Instance n’a dans votre dernier bilan en général et
DR

pas pu jusqu’alors hono-


la 2ème spécificité a trait à dans vos rapports avec les autres piliers
rer l’ensemble des postes prévus dans le du SNI ?
l’étendue et la diversité des missions qui
cadre de son organigramme, l’effectif total Hormis le diagnostic préliminaire et l’éva-
lui sont confiées et qui font d’elle tout à
recruté n’ayant pas dépassé à ce jour une luation des principales composantes du
la fois une institution de coordination et
vingtaine d’employés dont 15 par voie SNI qui nous ont permis d’identifier les
d’orientation, une force de consultation et
contractuelle. forces et les faiblesses de la politique
de proposition, un observatoire de suivi et
d’évaluation du phénomène de la corrup- Y a-t-il des similitudes ou poursuivie en matière de lutte contre la
tion et des politiques adoptées pour son caractéristiques communes relevées corruption, le dernier bilan de l’Instance
éradication, une instance de communica- dans les différents cas de recours de laisse apparaître une intense activité liée
tion et de sensibilisation et un réceptacle citoyens à l’ICPC ? d’une part, à la mise en place des règles
de plaintes afférentes à des actes corrup- et instruments de base de l’établisse-
Du traitement préliminaire des plaintes
tion en vue de leur transmission aux auto- ment, et d’autre part à l’identification
reçues par l’instance, il a été permis de
rités judiciaires ; des domaines éligibles à la coopération
relever 4 principales constatations :
nationale et internationale en matière de
la 3ème spécificité concerne la vocation 1/ les actes dénoncés concernent dans leur prévention de la corruption.
préventive de l’instance en conformité grande majorité la corruption, la concus-
avec l’esprit et la lettre des dispositions de Sur cette base, l’ICPC a pu finaliser
sion, le détournement de deniers publics,
l’article 6 de la Convention des Nations une liste exhaustive de propositions et
le trafic d’influence et couvrent un large
Unies contre la corruption, les fonctions recommandations à l’adresse de différents
éventail de secteurs notamment la justice,
d’investigation, de poursuite, de jugement intervenants en la matière constituant l’os-
la gendarmerie, les collectivités locales,
et d’exécution étant assumées en toute sature du projet du dernier rapport de
les finances, le transport…. ;
indépendance par les Autorités judiciaires l’Instance au titre de l’année 2009.
2/ une partie assez importante des plaintes
compétentes ; Je ne peux malheureusement vous en dire
ne fait pas état de la corruption en tant que
La 4ème spécificité concerne l’indépen- doléance principale, mais plutôt comme
plus en attendant la validation de ce rap-
dance fonctionnelle relative attestée par- port par les organes de l’Instance et sa
élément accessoire dans des affaires
ticulièrement par l’adoption de la règle de diffusion prochaine.
civiles ou autres ;
la majorité des voix des membres présents
3/ une partie non négligeable des plaintes
pour la prise des décisions de l’ensemble
ont été présentées sous une forme collec-
des organes de l’instance en toute indé-
tive.
pendance.

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