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INTRODUCTION. VANARCHIE UNE AUTRE MODERNITE POLITIQUE Expression particulitre de Vidéal moderne démancipa- tion, Yanarchisme s’est distingué dans Phistoire des idées politiques et sociales par sa critique radicale du politique en tant quorganisation étatique du public: Van-archiv signifie d’abord la réappropriation sociale de la dimen- sion publique, et, dans la tradition anarcho-syndicaliste, la résorption du politique dans "économique et le social. Pourtant, Phistoire de Tanarchisme du x1x° et du xx* sitcles ‘est traversée par une tension permanente entre le projet une organisation non étatique du public et la nécessité utiliser Ia médiation politique-étatique comme forme action. La solution fédéraliste proposée par Pierre-Joseph Proudhon au x13 siécle, la Commune de Peris en 1871, ou action des anarchistes de la CN'T participant au gouverne- ‘ment républicain durant la guerre civile espagnole cn sont quelques exemples. Cette tension a traditionnellement éré interprétée comme une forme diacohérence ; pour les cri igues de Tanarchisme, elle revele un ¢archaismes aveugle 4 Ia cmodernité politique»; pour des anarchistes, Ps inco- hérence» @ pu étre assimilée 4 une inconséquence avec Tidée anarchiste voire 4 une «trahison», Malgré leurs différences, ces deux lectures ont en commun d'effacer la tension en tant que telle et done les questions dont elle est porteuse, INTRODUCTION A distance de ces deux lectures établies, les textes qui sont rassemblés dans ce volume cherchent 2 interroger cette tension non pas comme une incohérence, mais comme un symptéme d'un probleme général qui touche au sens méme ‘du politique, et dont on peut trouver une expression dans la crise contemporaine des formes établies de démocratie roprésentative et de la notion de représentation politique, ainsi que dans Vemergence récente de nouvelles formes action publique — Indignados, Occupy, certaines formes de Paltermondialisme qui metrent en question Ia pratique politiqueen tant que pratique spécialisée et professionnelle reproduisant les higrarchies insticuées ct les systmes verticaux de prise de décision ou engendrant de nouvelles hierarchies qui échappent dens une large mesure au contréle social ‘En conjuguantdes approcheshistoriques réfiéchies et des approches théoriques référées 4 des situations historiques conerétes, Ies différentes contributions sont orientées par deux objectifs principaux: a) revisiter la notion du politique partir de la critique anarchiste de PEtat ainsi que des expériences anarchistes de construction de formes alternatives organisation du public, non étatiques et rnon «politiques ~ au sens de la modernit® libérale et de sa conception spécifique de 'Etar-nation — et basées sur Phorizontalité du pouvoir de décision; b) reprendre, & nouveaux frais, les deux questions centrales du rapport entre culture (mode de vie) et politique d'une part, et entre «nature» et transformation sociale d’autre part La question du rapport entre Penarchie et le politique semble s'inscrire dans le contexte plus général de Ja critique anarchiste de la «modernités, Ainsi, pour comprendre le forte influence voire le réle prépondérant de l’anarchisme durant la période 1870-1930, notamment dans l'Europe méridionale et orientale, en Amérique latine ct aux Ftats- Unis, Yon a pu évoguer un facieur dordre culturel Panarchie exprimerait le refus du nouveau mode de vie lié 4 Vindustrialisation capitaliste et articulé par Vidéologie du ‘progrés», et, par la méme, elle se rattache la critique eulturelle de la modernité capitaliste entreprise par le Fomantisme dés le x1x° siécle. Fortement présente chez Gustay Landauer et dans Ia mouvance tolstoienne de Panarchisme, 1a critique anarchiste du modéle de vie dit «modernes a pu étre considérée comme un facteur culture! déterminant de lessor de Vanarchisme espagnol durant Is période indiquée. Selon Enzensberger, Yanarchisme exprimait sune profonde résistance contre Je développement capitalister et son «fétichisme de le consommation»; les ouvriers et les paysans anarchistes de Espagne se défendaient «désespérément contre un systéme qui leur semble inhumain, et contre Faliénation qui lui est inhérente?» Dans la méme perspective, Franz Borkenau note que la «cle de la position privilégiée de Panarchisme en Espagne» au sein du mouvement ouvrier et paysan de repoque était le refus latent par ce dernier de Vidéologie du progrés et de Porganisation capitaliste de la société; de son cOté, Gerald Brenan a souligne 1, Hans Magnus Enzensberger, El coro verano de fa anarguia. Vida 9 anuerte de Buenavennura Durriti, México, Griilbo, 1975. p.49 (1° &d fn allersand 1972). H existe une traduction francaise: Le Brf Bé de anarchis, Pris, Gallimard, col. Llimasinaires, 2010. 2. Ibid. 3, Franz Bockenau, Spanish Cockpit: raptor: sur les conftssciaux et oliiqus 0 epagne (1936-1937), Pari, Chersp Libre, 1974, 29-20. INTRODUCTION Vimportance, chez Bakounine et Kropotkine, du modéle de Pancienne communauté villageotse qui fur a la base du modéle communaliste adopté par la CNT tors de son congrés de mai 1936, au moment of elle rassemblait pres d'un million dadhérents! La force mobilisatrice de Yanarchisme de Tépoque ne serait done pas lite seuslement'A sa critique des inégalités économiques et sociales engendrées par le capitalisme, ni a sa revendication de Tautonomie sociale contre "Etat (ou toute autre forme verticale (Pautorité. Elle exprimerait également la résistance de larges couches de Ia société au bouleversement moderne capitaliste de certains équilibres vitaus conditionnant Ia vie subjective, sociale et matu- relle: résistance 4 expansion Pune rationalité utilitaire et caleulatrice, a Paccélération du temps et des rythmes Ge Ie vie sociale et subjective, au rétrécissement des horizons de sens et de valeur, ala généralisation des liens marchands, au consumézrisine, a la mascification, Mindi vidualisme, Taliénation, 1a solitude, Tanomie et Vatfei- blissement du lien social, la destruction & grande échelle de Penvitonnement naturel, Loin @étre un élément secon- que éeonomico- daire qui viendrait s’ajouter A la eri sociale et & la critique politique du systéme, |a critique ¢ Ia modernité cepitaliste assure articulation culturelle d de ces derniéres en intéprant "économique et le politique dans Tunité d'un modéle de vie comprenant ure vision générale du monde, des idéologies, des conceptions du savoir, et, dla base, une conception spécifique de 'humsin et des rapports entre ’humain et la nature non humaine, En bref, dans Punité d’une culture 4, Gerald Brenan, Le Latyrinheexpagnal,origineswoates ot foiigues de a Guorr civle, Paris, Ruedo Teri, 1962, p.100. ALEREDO COM La critique anarchiste de Ja modernité n’exprime pas cependant une snostalgie» du passé, et n’est pas non plus sous-tendue par l'idée d’un eretour» au passé ~ caracté= ristique du romantisme «réactionn: re»? ow des roman- tismes ‘conservateur? et «restitutionniste»®, Landauer dit, éprouver une nostalgie qui porte non pas sure passé mais surT'd-vewir un nouvel esprit commun entre les humains, horizon qui correspond chez Landauer, selon la lecture proposée par Alfredo Gomez-Muller, au dépassement de Ja modemnité, La temporalité du romantisme anarchiste ploppose pas de maniére dichotomique le passé et avenit, ‘comme cst le plus souvent le cas chez les conservateurs, Ies libéraux et les marxistes positivistes. A instar de ce marxiste libertaire que fut Walter Benjamin, Panarchie conjoint passé ct avenir, mémoire et projet, en vue de la transformation du présent; elle pourrait parfaitement se retrouver dans la position de Benjamin résumée par ‘Michael Léwy: « Benjamin ne prone pas un retour au passé ‘mais — selon la dialectique propre au romantisme révolu- tionnaire — un désour par le passé vers un avenir nowveau, intégrant toutes les conquétes de la modernité depuis 4789’. Dans la perspective du romantisme révolution- naire — dans lequel Lowy et Sayre inscrivent des auteurs ‘comme Shelley, Proudhon, le jeune Marx, Hess et William, ‘Morris —, «le souvenir du passé sert comme une arme dans 5, Henri Lefebvre, Virs un romaniome nécolationraie, Paris, Now ere peels (6, Michael Lows et Robert Sayre, Revote er Milancalte Le omantisne a cantre-ourant dela medarna, Pari, Payot, 19935. 7. Voir ci-apres dans cet ouvrage le texte de Michael Léws, «Walter Beniamin et Tararchismes. A peopos de Tinterprstation de linuore do Feeniamin pac dws, weit Spalement Loury]t Sayre, Expr dl fu. Figures dda romanian areieapcaine Paio, Editions du Sandee, 2011, 196-211. nyrgopucrion la Tutte pour le futur*s, Dés lors, la position anarchique ne saurait se comprendre 4 partir de la dichotomie pour ou contre la vmodernitér. Les anarchistes ne rejettent pas en bloc cette emodernité»; ils critiquent 'industrialisme sans renoncer pour autantaux «avantages qu'apporte'industrie moderne’», En Espagne, leurs «aspirations ne visaient pas le passé mais avenire, et, durant leur révolution, «ils n’ont pas fermé les usines, mais les ont mises au service de leurs besoins»; comme Benjamin, ils entendent intégrer ctoutes les conquétes de la modernité depuis 1789». En rejettent lindustrialisme mais non pas daueres termes, Pindustrie, une certaine « modernité politique® mais non pas le politique, une modernité mais non pas la modemité. Car la modernité n’est pas un bloc homogene. Elle ne posséde pas un sens univeque, ni négatif ni positif — pas plusqueP-humain en général ne dispose d'un sens univogue préétabli, comme le rappelle dans ce livre Philippe Pelletier, Assimiler la modernité & Yorganisation capi- taliste de la société, par exemple, c'est ignorer Ia critique ‘du capitalisme qui surgit au sein méme de la modernité, de méme quidentifier Ia modernité au colonialisme équivaut @ méconneitre ’enticolonialisme spécifiquement moderne. Le romantisme lui-méme nest pas une culture extérieure @ la modernité quill critique: qu'on le veuille ou non — observent Liwy et Sayre — le romantisme est ‘une critique moderne de la modernité” 95 les individus, les groupes et Jes mouvements romantiques sont «formés par 8. Liiwy et Saree, oct p39. 9, Gerald Deena Le Labyrnehe erpaznal.. opi 10, Enzensberges op. cit, P-9. 1, Latwy ot Sayre, op. cit B.35 Jeur temps»; Landauer, Kropotkine et Marx"? resignifient Vancienne commune rurale et médiévale en termes modernes. L’anarchisme et le marxisme romantiques (non. positivistes et noa rationalistes) assument certains hé tages sociaux et culturels non modernes, en les inscri- vant dens un projet moderne d’émancipstion: Landauer et Kropotkine valorisemt tes institutions et les pra- tiques médiévales d'entraide, Mariitegui les systémes redistributifs des sociétés non modernes des And ‘geste a la signification d’une eautocritique de la moder s. Leur nite» et témoigne ~ a Yencontre d’une pensée unique contemporaine qui prétend enfermer la modernité dans tune essence capitalistey industrialiste et libérale ~ de la multiplicité des héritages moderes. Laposition anarchiste 4 V’égard du politique révéle des lors a multiplicité des heritages constitutifS de 1a modernité politique, Le refus anarchiste du +politiquer n’équivaut pas @ celui de la modernité polit Vanarchie est en soi un modéle alternatif de modernité jue en tant gue telle, car politique. Ce refus ne vise pas seulement la forme Porga~ nisation verticale et centralisée du pouvoir ~ forme que Yon peut retrouver tant dans les sociétés modernes que 12, +Si la sévolution fon Rass) se fait en temps opportun, si alle filles ecdlietce neteen er op fen ural cle se développerabietbe comme dlimenerigineee Mists cute ce comnme Gemen Ge rept rarla per ane Ie regime captalse.» Kan! Marx (970), sPecjet de repose ba etre {Vets Zasrolitch,n Kerl Mars et Fricdieh Engel Seer shee, ll, Moscou, Editon du Progrs p25. IB aw 2 Saye onc pyrropUuction dané les sociétés non modernes -, mais aussi et peut-étre surtout la forme spécifiquement modeme capiealiste de P'Etat et du politique, que les marxistes ont le plus souvent reprise & leur compte. La forme capitaliste de la modernité politique se structure autour de deux axes principaux et interdependants: la conception de T'Etat comme puis- sance séparée de la société (VFtat-nation) d'une part, et la conception du politique commie une sphére a priori dif renciée de Péconomique d’autre part. Diaprés la premiére, dont expression philosopbique «classique» se trouve chez Hegel, I’Etat est linstance du politique, tandisque la société civil est celle de Téconomie. Signifige comme lieu du besoin oi s’affrontent les intérets, particuliers antagonistes, la société civile est le champ du confit de tons contre tous, alors que I'itat estl’espace de Ia réconciliation; Ie domaine de !Eeat est Puniversel, celui de la société civile est le particulier. Dans cette perspective, TBtat a non seulement le monopole de Ia violence mais aussi, et plus fondarentalement, celiti du politique: point de politique quine soit églée, déterminée et contrélée par PEtat — d’oa Phorreur de la «rue» qui risque de devenir incontrélabie, et la répression acharnée contre route forme organisation autonome de la societé. Lapremitre violence ide TEtat et sa premiére forme d'oppression se jouent dans cette auto-attriburion du monopole du politique, cesta- dire dans son opétation de dépoltisation dela société civil, OrPanarchisme inscrit dans une logique alternative qui vise a srepoltiser la société civile%» et s’affirme «dans toute révolution moderne, soucieuse de manifester en acte 14, GWE, Hegel, La Soi 1975 15. Miguel Abensour, La Démocratie contre tat. Marx et te moment snachinetion, Pais, Le Féin coll «Lees marches du temps, 2004, p17. civileBourgevie, Paris, Francis Maspero, ALFREDO GOMEZ-NULLER Jn “capacicé politique” du peuple, la cepacté politique da tous uns'®s, Peut-étre convient-il de preciser qu’il ne s‘agit pis ici de Panarchisme quAbensour qualife de «grossir» celui de Martin Buber dans Utopie et Soctalisme, qui, Wisimilant Ie politique a Péiatique, prone simplement la ‘sdisparition du politique’’» -, mais de 'anarchie de figures omme Proudhon, Bakounine ov Landauer. Repoliiser Ju société civile, restituer a cette derniére la dimension politique que Pétatisme tente deface, cest se tenir dans Une logique d’vaffirmation du politique», et non pas de Suppression cu politique en tane que tel. Tt sagic purse dun politique autre, dont certaines grandes lignes sont mises en kumiére par les études d’Anne-Sophie Chambost (ur Proudhon), de Leopoldo Mcnera (sur Bakounine et Kropotkine) et de Diego Pareses (eur Rakounine). La perspective des sanarchistes les plus profonds» rejoint Jes positions du scommunalismes ou du «conseillismes Gui aspirent ca briser Ptat pour laisser libre cours i une eommunauié politique antiétaiques, Loin etre une protestation earchalque» contre la smodernité politique, a revendication anarchiste, communaliste et conseilliste de Fautonomie, en tant que principe dune nouvelle forme de communauté politique, est expression la plus consé~ ‘quente et radicale de la modernité entendue comme projet démancipation. ‘D’apres 1a seconde conception, dont 'expression Ia plus extréme se trouve peutétre dans la pensée politique de Hannah Arendt, le politique apparait comme une sphéze 16, Ibu. a6 17 Ibid. 1, Walter Benjamin, aye et silence, Paris, Denbl 1971, p. 7 19, Abensour.of.ct.p.16 a prioci radicalement différenciée de "économique. Rééla- borant Ja distinction aristotélicienne entre la production (poiesis) et Vaction (praxis), Arend congoit le domaine da politique — entendu comme espace public autonome ol ‘eparaiscent les hommes en tant gu’hommes¥» ~ comme quelque chose d'absolument opposé au domaine de ta production -entendu comme typed’activitéottles hommes paraissent uniformément en tant que producteurs, c'est aedire oW les individus sont des «spécimens qui foncié- ‘rement sont tous semblables» et oi done, il n'y a pas de epluralité vraie*». Par cette réduction & Puniformité o& sfefface Vindividualité des sujets, activité productive est efonciérement antipolitiques. Do cet étonnant jugement ’Arendt: sLinaptitude de Vanimal faborans & la distinction et par conséquent & la parole et 4 action érieuses parait confirmée par absence remarquable de révoltes dlesclaves dans Yantiquité comme aux temps modernes?!.» Cette idée du politique comme une instance radicalement a part de la sphére de Ia vie sociale et ‘économique — qui n’estpas sans rapportavec la conception hégélienne du politique opposé au social — sous-tend 12 Jeeture arendtienne du syndicalisme ouvrier et du conseil- isme, Acendt oppose ces deux expressions du mouvement social moderne travers une dichotomie assez abstraite sociale le passablement éloignée de 1a réal et politique: Pactivité syndicale serait confinée dans la 20, Hannah Arcedt, La Govan de Phomms madera trad, fe. par Gi Fradier, Pari, Presses Pocket/Calmann-Léy, coll. Agorars 3988-274 21. Bid 29, DansletrayalsPhommesvestuniaiaumende nimuxautreshommes, Sealavee son corps, face al brutal agcessté de resieron vies bid), 23. Bid..9.276. 24, Iie. P.277. aphére économique”, tandis que Yexpérience des conseils urait 66 Panique tentetive ouvriére de eréer un nouvel espace proprement politique «oit les hommes agissaient fet parlaient en tant quhommes, et non en tant que membres de la socite™s, c'est fuvrier représentait le «peuple dans son ensemble”’» au Jiou de représenter la «société» ow un groupe particulier de In société, De maniére significative, Arendt parle uniquement de conseils du peuple” ~ peuple au sens pure- tment politique, libéral ~ et passe sous silence les vraies, dénominations historiques (Conseils Pouvriers, conseils de ‘paysans...) qui explicitent le role central de leconomique te du social dans ces expéziences politiques modernes. Sur fe point, le emodernes rvest pas essentiellement oppose fu enon-moderne, de certaines expériences communales dire oft Ie mouvement traditionnelles, comme celles du mouvement indien de Bolivie dans lesquelles «[...] il a’y a pss de séparation entre Péconomie et le politique, ai entre Ja société et Viitac*"», Dans Je cas du conseillisme européen de 1a premiére moitié du xx° siécle, c'est précisément a travers Eeite articulation de Péconomique et du politique que se jouent le sens et Voriginalité de ces organes de pouvoir qui se présentent comme une alternative a la démocratie représentative construite sur le faux universalisme, et de Pidée abstraite du «peuple et de la conception formaliste 25, Les syndicatsnvont jamais dé révolutionnsires au sens de vouloit ranaformer I temps les institutions politiques qui représeniaiem» (bi. p. 278) 26, Tid p. 281 27 hid, p.282 28, Ibid. v.278 29, Rail Zipechi, Disprser ef puder. Loe movinientos como poder itsiexatals, Buenos Aires, Tinta Limi, 2008, p40. ovis ot traneformer en min du scitoyen» comme pur individu politique égsl en droits. Les acteurs politiques qui construisent les conseils ne sont pas des citoyens atomisés qui déléguent périodiquement leur capacité politique a des professionnels de lexercice du pouvoir disposant des appuis financiers, sociaux et culturels leur permetiant doccuper Pespace réservé du politique ~ entendu comme instance spécialisée de la prise de décision, a Pécart de économique et du social. ‘S’opposant 4 cette organisation, dont la finalité essentielle est la reproduction et le développement de Phégémonie du capital surle travail, les conseils reconfigurent le politique i partir du travail ou, plus précisément, repolitisent économique et le social en inaugurant des formes plus Participatives de démocratic. La logique politique des conseils aboutit, a terme, a la suppression de I’Btat: les conseils sont la «cellule d’un Etat qui n’est pas Etat, d'un Etat en voie d’extinction*”», La concordance entre Ie conseillisme et lsnarchisme ete explicitée par des auteurs comme Noam Chomsky, pour qui le versant anarcho-syndicaliste de 'enarchisme «se confond, ou du moins se rapporte trés étroitement» au versant conseilliste du marxisme représenté par des figures ‘comme «Anton Pannekoek, quia développé une théorie sur les conseils ouvriers de l'industrie», La logique qui sous- tend ta pratique de ces deux versants politiques est sans doute déja préfigurée chez Proudhon: en se référant a la Constitution libérale de 1848, le député anarchiste francais 30. Lucio Magri, «Parlamento 0 consejos obreross, in_ Valentino Gerratana, Yron Bourdet, Lucio Magri ct all, Gonseos obrerot demo ‘raia socialites, Cércoba, Cuademncs de Pasaco¥ Presente, 1972... J. Noam Chomsky; +Sobre In sociedad anaiqulstay, Convenavién con Petr Jay, Custos de Redo Tberc9, n° 55-60 (jlio-dieemore), 1977, paiss ALFREDO GOMEZ-NULLER britique précisément le fait que les droits du productou sont mivaprés les droits du citoyen, et quella constitution sociale est Imise au-dessous de la constntion politigue’®. On retrouve Syalement le méme logique dans Faction et la pensée de Landauer lors de la révolution allemande des conseils, en Bavitre: la tiche de la revolution, dit-il, est de construire bt de mettre a la place de Pancienne Assemblée nationale ilu régime bourgeois-libéral une institution alternative Gonstituée des assemblées des travailleurs, organisées selon “une union ascendante de degrés toujours plus eleves, afin ile prendre en charge Padministeation responsable de[s] Hépubliques régionales représentées par leurs délégues au fein d'un conseil fédéral”. A un niveau d'une plus grande généralits, dans lequel se situe la contribution d’Iréne Pereira, le fedéralisme et le mutuellisme constituent dans Panarchisme «le double systéme qui permet de produire un équilibre entre politique et économique, entre liberté et solidarité sociale», Lai sion du pouvoir, et méme sans doute celle d'une cer- tine forme c'autorité ni dominatcice ni auritaire, GContrairement au discours simpliste er simplifieateur de Hanarchisme »grossier», Ie pouvoir n’est pas le mal en soi, Le pouvoir, au sens de pouvoir agir, pouvoir faire™, pouvoir rehisme de Landauer assume pleinement la dimen- 12, Voir tex d'Anne-Marie Chambost 3), Gustav Landauer, «Les républiques d'Allemagae et lene consti tlbns (1918), La Communauté par lererait t autres seis, tad fs. par Ch Dugst, Pats, Editions du Sande, 2009, » 275, M4, Joan Fotoway, «Douze taeses sur Venti-pouvoirs, Courtemps, 6 (fevriey, «Changer le monde sars prendre le pouvcir? Nouveaux exercer une influence sur les autres ~ sens évogue ici par Audric Vitiello -, est une réalité anthropologique et, en. ce sens, toute proposition organisation alternative de la société, de meme que toute pratique visant a la construire sont bien une pratique de pouvoir s'inscrivant dans le jeu des pratiques sociales de pouvoir qui sont traversées de multiples asymétries (socioéconomiques, politiques, ethniques, culturelles, génériques, sexuclles, etc.). Ne pas assumer la dimension de pouvoir inhérente aux pratiques de transformation sociale, comme & toute pratique sociale intersubjective, équivaut & se méprendre sur Ia réalité de action qui est menée, et, tel que Pobserve Vitiello, & aslinterdire de combatire efficacement les effets pervers» quentraine le déni de cette réalité en méme temps un pouvoir banalisé, ‘invisibilisés, et du coup @autant plus difficile & combattres. Des effets pervers quillustre Pétude de Fausto Garasa sur Fexpé- rience da collectivisme anarchiste en Aragon en 1936- 1937, en montrant les tensions entre le discours libertaire et des «pratiques autoritaires», Inissant entrevoir une tun pouvoir nig, "est everticalité sous-jacente non reconnue, non assumée et parfois occultée derriére les jeux stmantiques. Or, dans la perspective d’un projet anarchiste de société, le pouvoir nepeut étre assumé que de maniére anarchists. Mais y ‘lune maniére enarchiste de pratiquer le pouvoir? C'est Ta av fond, sans doute, Faspact central de Ia question de Yanerchie et du politique. Le réponse a cette question devra sans doute prendre pour point de départla pratique historique deI'enarchisme et passer entre autzes par une relecture des rapports entre Panarchie et le conseillisme, ainsi que par de nouvelles lbertaires, nouveaux communistes Paris eitions Textuel, 2003, p.39. sur experience de l'anarchisme espagnol dans sa (ENT, parti syndicaliste et possibiliste, FAL, he) ~ études auxquelles entendent contribuer ici les {gavausd’ Oscar Frean et de Javier Navarro. A partir d’une perspective théorique ouverte par Foucault, on pourrait peuieétre avancer que la maniére anarchiste de pratiquer Je pouvoir doit éviter toute solidification» du powvoir: le dire ‘quand i cesse de circuler entre les sujets ou les groupes, ‘el quand le libre jeu des asymétries s'arréte par linstaura~ Vion @une asymétric durable et s’auto-instituant comme snaturelles, A distance de cette forme figée du pouvoir—le pouvoir comme domination -, Yanarchisme doit tendre instituer une circulation fluide des pouvoirs danslasocieté, {Ge qui implique la mise en ceuvre de pratiques et de formes organisation assurant la libre circulation de la parole et In participation effective de tous a la prise des décisions politiques ~ un possible dont on peut trouver une esquisse Initiale dans certains aspects de Pexpérience conseilliste en Allemagne, Pologne, Hongrie, Russie, Ukraine et Italie, tout comme dans celle de Panarcho-syndicalisme et du §yndicalisme revolutionnaire ailleurs. Le développement de cette institutionnalité alternative signale & terme la perspective du dépérissement de I'Etat ~ la forme figée par excellence du pouvoir public -, mais il n’exclurait pas, ‘en fonction des contextes concrets de Vaction, des formes Wtilisation voire de détournemenv® de formes étatiques houvelles (participatives, fEdéralistes, autogestionnaires) qui portent en elles les germes de leur autodissolution, Gependant, dans une pratique anarchiste du pouvoir, la pouvoir est «solidifiéy quand il devient figt, c'est WS. A ce-ajet, soir en particulier les éeudes de Rail Zibechi sur Yarti- Gilition entre mouvements sociaux er Etat en Amériaue laine (Zibechi, pit. INTRODUCTION critique des esymétries figées au niveau du politique reste indissociable de celle des asymétries figées au niveau économique. A la différence du libéralisme, Vanarchie ne détermine pas la forme du politique indépendamment de Ia forme de Psconomique. Affirmer avec Proudhon que les droits du producteurne doivent pas étre mis aprés les droves du ctoyon, et que la comtizuion sociale ne doit pas étre mise au-dessous dela constitution politique, c'est dire que le dro ducitoyen ne comprend pas le droit d’exploiter autrui,nile droit de s'epproprier les forces productives et les richesses naturelles et sociales quelles que soient les conséquences sociales et environnementales d'une telle appropriation Le pratique anarchiste du pouvoir doit done exercer une forme publique de contrainte qui pourrait s'exprimer concrétement dela maniére suivante: «Tu n’as pas le droit etre exploiteurs tu as le droit d’étre traité comme un Gire humain et de jouir de liberté, mais la liberté ne comprend pas la “liberté” d’exploiter autrui.* IL de Pautorité, mais non pas de Pautorité-domination, dans ost @ la certainement la mesure of le sens de Vexercice de cette eutorit précisément la dissolution des rapports figés de pouvoir, y compris dans lc domaine sociogconomique. A un autre niveau, on peut retrouver Je méme type dautorité non autoritaire dans le projet éducatifdeVanarchisme, qui, dans ses expressions les plus consécmentes — inspirées de Pecole moderne de Ferter ~ vise adissoudreasymétrie fige dans les rapports entre ’éducateur et 'apprenant ~ préfigurant en quelque sorte des méthodologies d’enseignement comme la pédagogie de Vopprimé de Paulo Freire, dans laquelle le savoir se construit travers T'interaction entre Véducateur et Vapprenant, et partir des besoins de ce dernier; ow encore des méthodologies de recherche comme celle de PInvestigacion Accién Participariva d’Orlando Fals Hora, ou le savoir se construit dans interaction entre le chercheur et la communauté, 4 partir des besoins de cette dernier Le modéle de «modernité politique» que Tanarchie ojette est celui du politique compris comme une sphére nome» du pouvoir public, qui serait séparé de Veconomico-social mais qui, dans son fonctionnement Hel, est moins autonome qu’il ne le prétend par rapport uu intérets du capital et de la finance. En positif, Pana: ‘hie représente le possible d’une autre modernité poli- fique assumant Vessentielle coappartenance du politique fo| du travail; un possible qui serait expression politique lune autre modernité, Cesti-dire d'une autre culture imp espagnols que décrivent Brenon, Borkenau et Enzens- berger, le capitalisme n’était pas du tout un »progrés» m Guipe enécessaire» devant conduire a une société plus humaine mais, au contraire, Vinstallation historique d’une Durbarie redoutablement dévastatrice; I'industrialisme foupitaliste Gtait davantage porteur de déshumanisation fe de destruction environnementale que de bien-étre pour tous. Hegel n’a pas été «or commune qui rapproche Yanarchisme du marxisme juant d’autres maniéres de vivre. Pour cesanarchistes is put une ségression culturelles il n’émit pas une ine philosophii ais bien plutét Ia principale source philosophique et politique du differend entre Yanarchie et te marxisme du xix et du xx° sidcles. En dépit de Vintérét du jeune Hakounine pour Hegel, 'anarchisme non rationaliste est No, Un tiers des Ely de Ia Chambre des représentants ot du Sénat de Tiats-Unissont mitiercases, conttemoins de 1% pour lensenitle dels [population du pays (20 Mouees, 22 juin 2004). W, Honsi Arvon, Miche! Rakourine ou la vie conve fa science, Paris, ejhhee, col, Philosophies de tous les certs, 1966, P19. fondamentalement anti-hégélien, et par sa conception non linéaire de Phistoire, et par sa critique de "Etat — alors que Je marxisme traditionnel s'est construit en grande partie sur Varticulation hégélienne de ces deux grands thémes des Lumiéres dans I’Occident colonialiste et capitaliste, le Progrés et I’Etat-nation séparé de Iz société, Alfredo Gémez-Muller ANARCHISMES, CULTURE, POLITIQUE

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