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POSTFACE GABRIEL TARDE : UN VITALISME POLITIQUE De Vhymen du monotone et de 'homogene que peut-il naitre sice n'est Vennui ? Si tout vient de l'identité et si tout y vise et y vd, quelle est la source de ce fleuve de variété qui nous éblouit ? ce 1. «Toute chose est une société, tout phénoméne est un fait social »! (MS, 58) - avec cette formule & double détente, on reconnaltra un véritable cri lancé par Gabriel Tarde contre la constitution de la sociologie comme science de P«homme ». Toute chose, tout phénoméne est un fait social, jusqu’a l’« adhésion atomique », ce phénoméne natu- rel par excellence, dont Tarde n’hésitera pas 4 capes qu’elle est animée par des oe psychologiques » et donc explicable par le tout « sociologique »... cA mak son terme la critique du substantialisme ia bs critique de Videntité de l’étre par une réinvention de 1. G, Tarde, « Monadologie et sociologie >, ote nda oe Lyon-Paris, Editions Storck et Masson, 1895. Si page dans la présente édition. orien genes Postf, _ dologie de Leibniz, Tarde eee E battidg mona A og! entre le monde vivant et le monde inorganign’ d’autrefois » iété », entre philosophie de Ja hatyy, at « nature » et « SoC! ee aaa ie na oobi ue, L’étre est ainsi défini par un « fronisme spiity Ba aan achemine vers un psychomorp! isMe Universe] _ aaa rea ae Ce qui allait préter a toutes les méprises quant a la Nature du psychisme et de la force ps} 104 ychique chez Tarde. Lexem, ple le plus remarquable en est var ee eeoe! durkhej. mienne qui n’a cess¢ de dénoncer ei theses de Tar le comme le danger par excellence du psychologisme en Sociologie, Nous affirmerons ici que le concept tardien de psychisme n’a rien d’anthropomorphique en montrant que la théorie de Tarde doit étre comprise comme’ une théorie de la puis. sance, des forces, des affects et de leur expression. Si sa socio- logie est une « sociologie psychologique > Cest au sens ob le phénoméne psychologique est une « bifurcation » et une «métamorphose » de la force originaire qui est affect, Comme chez Nietzsche, il faut comprendre le monde comme une réalité de méme nature que celle de nos désirs et de nos passions. De la réduction radicale de univers A un ensemble de monades (en tant que forces affectives), toutes sentantes, voulantes et croyantes, Tarde arrivera aux corps par un processus de constitution éthique. Toute chose, tout corps est une société dans la mesure ot les forces affectives se heurtent, se composent et s'agrégent selon des échanges de commandement et d’obéissance déterminés par les différen- tiels de puissance les définissant. Les monades dominantes imposent leurs lois aux monades dominées - qu'il s’agisse de « Patome conquérant », de l’Etat ou d’une Nation. Il n'y pipes autres lois que des lois sociales, des compositions éthiques. L’ originalité de la sociologie de Tarde repose sur cet unique principe qui Pinduit 3 investir un vitalisme affecti en tant que vitalisme politique. Vie, différence et force sont immédiatement qualifiées comme phénoménes sociaux et mint qwexpression de différentiels de puissance, et done d¢ Pouvoir. De 1a s’ensuit que le « bio-pouvoir » chez Tarde Postface ts ne signifiera pas, comme chez Foucaulr, gouvernement poli- tigue de la vie, car c’est la vie qui est directement, immé- diatement politique. : L’actualité étonnante de la sociologie de Tarde réside dan: sa tentative d’explication des phénoménes sociaux et ps : chiques sur la base d’une ontologie des forces affectives ca « psychologiques ») et des relations de Pouvoir qu’elles expriment. Si les résultats ne sont pas toujours a Ja hauteur du défi qu’il lance, et se lance a lui mame, intuition métho- dologique qu’il nous transmet est d’une richesse incompa- rable eu égard 4 la tradition sociologique qui a affirmé sa domination en interdisant toute référence 4 son ceuvre. C’est pourquoi nous pensons que les « sciences sociales » auraient tout 4 gagner a reprendre 4 nouveaux frais P’étude de la sociologie de Tarde en faisant fond sur le monisme affectif et la « causalité » toute particuliére qu’il implique avec « l’action a distance ». Elles pourraient y trouver une nouvelle impulsion pour interroger les mutations actuelles du travail, de activité communicationnelle et de la subjec- tivité, Mais on ne cernera pas la nouveauté et l’originalité de la sociologie de Tarde sans la réintroduire dans un courant de pensée qui, passant par Leibniz, Nietzsche et Bergson, pour aboutir plus prés de nous 4 Simondon et Deleuze, définit un « nouveau naturalisme », un matérialisme de Pincorporel et du virtuel. 2. jet leibnizi bordination du et leibnizien de sul fanisoe casa namisme des forces, Tarde veut mécanisme cartésien 4 un dynam Tarde ee redonner puissance et virtualité ala nature, Ma ue chemin « les monades, filles de Leibniz, fey i ed leur pére »... car dans la sociologie pyc halos ean misme des forces est absolument ee eee | aie Melba cendance (I’« harmonie ») q¥! régissai aia | j a Postface le des monades. Ainsi libérée he son empreinte cla. de » n’a plus besoin de présupposer la sj, tance et Videntt de Vere pour fonder son activité. Cy a ut le contraire : la possibilité d’expliquer la diversieg eee orphose de I’étre trouve son fondement dang h m fiptiat ie Phétévogénéité de la monade. Tout g ae comme si, 4 observer les monades se glisser « dans Te cceur de la science contemporaine », Tarde interpréi les résultats de la recherche scientifique comme s'ils créaient les conditions pour une critique et une reformulation de lh monadologie leibnizienne... « La science tend a pulveriser Lunivers, & multiplier indéfiniment les Etres > (MS, 43); ayant « pulvérisé univers, [elle en] arrive 4 spiritualiser nécessairement sa poussiére » (MS, 55). Linfinitésimal redevient ainsi la « clef de Punivers » : i] ouvre sur l’infini comme infinité des forces ; un infini abso- lument immanent, un « infini réel » selon la définition de Tarde, qui, sans plus renvoyer & Ja transcendance de la divi- aité, remet & Pordre du jour la question du dépassement de «Phomme en sa finitude ». « Tout vient de Vinfinitésimal, ét, ajoutons-le, il est probable que tout y retourne. »! Selon Tarde, cette manitre de voir est destinge 4 produire en socio- logie la méme transformation que celle produite en mathé- matiques par introduction de Panalyse infinitésimale. Saisir Pinfini dans le fini, et le fini dans Vinfini, devient le but de Ia science (et de la sociologie). Et plus elle repous- sera les limites de Panalyse, et plus les éléments infinitési maux qu'elle découvrira perdront de leur homogénéité et de leur unité... On pensera ici 4 la remarque de Nietzsche selon laquelle il est vain de parler @’atomes ou de monades cP ai sens autre que relatif. Les éléments les plus simples révélent en effet une complexité ei infinitésimales. « Les éléments derniers auxquels a science, individu social, la cellule vivantes 106 Je mond. sique, la « monat .G, Bea : 1858, fade, Les Lois sociales. Esquisse Pune sociologie, Paris, Félix Alea™ “ 107 parome chimig ot M83 ies qu’au regard de leur Ajence particuliere » (0, ). arde le dit et le répate: on Be sarretera plus sur cette ligne de pente, Mais comment caracteriser la nature des éléments infini- iisimaux? Ils ne peuvent pas, explique-vil, étre définis par leur « limite et leur enveloppe, mais par leur foyer central dob il semble quils aspirent 4 rayonner indéfiniment jusqu’d Pheure ob la cruelle expérience des obstacles leur frit un devoir de se clore pour se garantir » (MS, 37). Tarde reprend a la philosophie du xvur siécle, et notam- ment 4 la philosophie de Leibniz avec sa formalisation du calcul infinitésimal ', le concept de limite : non plus consi- dérer la «limite » comme contour, «enveloppe» de la forme, mais comme la limite de action une force. Une force tend A la limite de ce qu’elle peut. Déja les stoiciens, dans leur définition de l’étre, avaient opposé au couple forme-limite, le couple de l’action et de sa limite. La limite dela graine, diront les stoiciens, est déterminée par la limite de son action et non par les contours de sa figure. Le germe, écrit Tarde en reprenant cet argument, tend sous ’impul- sion de sa force 4 la limite de ce qu’il peut, cest-a-dire 4 la réalisation de son état adulte. Ces éléments de plus en plus infinitésimaux (ou monades) découverts par la science ne sont pas des choses, mais des forces. Les « petits étres infinitésimaux » sont des « agents > et les « petites variations infinitésimales» aw ietoee risent sont des « actions ». L’essence méme de toute ae ext définie par Vacrvité (5, 56). Définis par Yr yes tayonnante », les éléments infinitésimaux ne sont P om la raison et le temtPs deimale, crest le ‘afinicésimale, ¢est Ke ye tension TOT, Millet, Bergson et le cal! infiniti PUR, 1974, p, 138 : « Le ressort profon de pets ae : raisonnement par passage & la limite : c® type de Pe st aie ne all . Fesprit vers son objet, tension inf it mal ais elle € cesse, Sans quoi, si la limite était a : iti : i te concept al 36 infinitsinale, Ieee opération, classique” sChagaaisme : «PASE ii fonde sur une critique du matérialisme & ee Vise dla diffrentiel, 'enedire dune © loctrine du devenir. » posfice 107 chimique, ne sont derniers qu’ yarome OO ts au regard d. science particuliére » (Ms, 36). Tarde le dit et b 16 re leur ne sarretera plus sur cette ligne de pente, een ‘Mais comment caractériser la nature des éléments infini césimaux? Ils ne peuvent pas, explique--.l, étre définis par Jeur « limite et leur enveloppe, mais par leur foyer central doi il semble quils aspirent 4 rayonner indéfiniment jusqu’s Pheure ou la cruelle expérience des obstacles leur fait un devoir de se clore pour se garantir » (MS, 37), Tarde reprend a la philosophie du xvir sidcle, et notam- ment 4 la philosophie de Leibniz avec sa formalisation du calcul infinitésimal', le concept de limite : non plus consi- dérer la «limite » comme contour, «envelope» de la forme, mais comme la limite de l’action d’une force. Une force tend a la limite de ce qu’elle peut. Déa les stoiciens, dans leur définition de l’étre, avaient opposé au couple forme-limite, le couple de l’action et de sa limite. La limite de la graine, diront les stoiciens, est déterminée par la limite de son action et non par les contours de sa figure. Le germe, écrit Tarde en reprenant cet atgument, tend sous l’impul- sion de sa force 4 la limite de ce qu’il peut, c’est--dire a la réalisation de son état adulte. Ces éléments de plus en plus infinitésimaux (ou monades) découverts par la science ne sont pas des choses, mais des forces, Les « petits étres infinitésimaux » sont des « agents? et les « petites variations infinitésimales » qut kes coaeye tisent sont des « actions ». L’essence meme de ees nee est définie par Pactivité (MS, 56). Définis par Tt pas des rayonnante », les éléments infinitésimaux ne s . icon et le temps mT snfanitésimeal, ov la raison et Te {TE 1. FJ. Mill an et fe caleyd infipicsimal, ot Ig TT ces POE, Be 195 Ee rore prof de penta ne ein taisonnement par passage & la limite : ce LYPP. Ps us ‘sprit vers son objet, tension infiniment Moi", Ne cesse. Sans quoi, si la limite était atten, infinitésimale, mais opération classique” jpiéalisme: , ses « intentions roreeae it artificfellement extrait, ce qui a vide action de 2. Henri hoe Seno £9 F, 1955, aris Bergson, Les Données immmédiates de la conscience, CEuores, PUP, sur |e com que (us, Faq Petr com| laqu pro unifi psy¢ deu: = riel Las que la of pur déc désit wie 109 3, «Mais cette tendance, comment la concevoir, si ce re sur le type du désir ? >, Et le concept de force rayonnante, comment l’appréhender ? La réponse de Tarde tient au fait oe ve concept de force a été forgé sur le type du désir » (MS, 48). Force et tendance qui constituent Pétre de la monade, rétre de Pélément infinitésimal, sont done désir. On pourra comprendre ainsi la spiritualisation de la Poussiére dans laquelle la science dissout la substantialité de Pétre : en son proces de multiplication infinie des étres, la science tend & unifier la « dualité cartésienne de la matiére et de Lesprit » dans un monisme de Pesprit qui nous achemine vers un psychomorphisme universel. On rappellera qu’il existe deux maniéres de concevoir la réduction de la matigre a Fesprit. Selon la premire, idéaliste-classique, Punivers maté- tiel se compose de mes états d’esprits ou de leur possibilicé, La seconde voie est explorée par la monadologie 3 elle pose que « tout l’univers extérieur est composé d’ames autres que la mienne, mais au fond semblables 4 la mienne » Co 44) en ce que la nature de ’Ame est toute ee a of Pure », sentir sui generis. C'est la conception de Tarde qui découvre au fond de l’Ame, au fond des Ree vance, Te quels qu’ils soient, trois termes eee nye désir, et leur point d'application, le sentir PN ne sont ni logiquement, ni psychologiquemen’ Peter re de sensations et aux passions. Au contraire lon de MOLT Pagrégation de celles-i, la croyance et Je Cot Poe en i A agré pensables 4 leur formation et 4 leur agrés: sn Essaiset mlanges sociologiques TE Farde, « La croyance et le désir » in Ess ee mslarge ©p. cit. p. 267. 2. Ibid., p. 240. 3. Ibid., p. 240. 110 / Pot, tions et les passions naissent a différentes we Peston combinaisons des puissances de : eae et du désier Bien que ce soit par leur simil litude avec notr, Obee force psychique que les forces affectives sont connues, diss et croyance en tant que puissances, tendances, intensiea n’ont rien d’anthropomorphique ; elles caractérisent toy, ig vivant, tout « étre spirituel quelconque ». « Bien Plus, on peut imaginer, au fond des eaux, des zoophytes dépoury, de toutes nos sensations et doués en revanche de sens qui nous manquent (d’un sens de Pélectricité, si on Veut) ; mais on aura beau faire, on ne parviendra par nul effort Cesprit 4 concevoir un animal, un organisme monocellulaire, qui, étant sensible, ne serait pas doué de croyance et de désir, Cest-a-dire ne joindrait pas et ne disjoindrait Pas, ne retien. drait pas ou ne repousserait Pas ses impressions, ses marques sensationnelles quelconques, avec plus ou moins d’inten. sité. »? Sur la base de cette conception de l’Ame, Tarde introduit une double filiation : les passions, les volontés et les « des. seins » sont des mouvements simples ou complexes du désir, tandis que la croyance produit les percepts, les concepts et les « institutions >. Mais comment saisir ce dédoublement de la force affective en désir et croyance? Pour Tarde, «Dame pure, Pour ainsi dire, consiste en cette double vir- tualité ou plutét en une fusion de ces deux virtualités »°, Tout étre est expression des forces qui_se manifestent 4 travers des actes de « désir et de répulsion » et des actes 1. « Unie principalement avec les sensations qu'elle accouple entre elles Pa cbare; la croyance produit la Perception et le discernement des sens. Exercée directement sur les images jugées telles, elle produit le souvenir [..] Te dis sunie aussi, et tr inten avec les sensations et aux images. Amalgam avec les sensations, ines’ distingue pas en apparence ; il semble Feciper a leur hétérogénéité radicale et s’appelle plaisir ou douleur phy- Sane. iP pliue aux images, il enfante le désik proprement dit, ou valle LU dire, toutes les passions » (ibid, Opposition smiverselle, Paris, Félix Alean, 1897 Postface 11 gaaffirmation et négation ». Le désir exprime P« action » de la force affective, et fa croyance son versant « intellec- «* Je: celui-ci exprime aspect volitif de la force affecie, tellela Faspect logique . La croyance est la force par lnquelle toute monade distingue et se distingue des autres ears Je désir est Ia force par laquelle elle se modifie et modific Jes autres monades. La force affective est donc & la fois et indissolublement desir, tendance et point de vue, évaluation. Comme dans la philosophie de la volonté de puissance nietzschéenne?, la force est inséparable d’un point de vue, d’une évaluation que Tarde définit comme un « jugement » et un «acte de foi». La croyance introduit un élément logique, intellectuel, car elle évalue, elle compare, elle établit des identités et des liaisons entre les images et les sensations qui sont les « élé- ments différentiels de notre esprit » et permettent d’agir. C’est pourquoi la force affective est définie par la croyance et le désir. Dans l’énoncé « Je désire ceci », il y a selon Tarde deux forces distinctes 3 considérer : le degré de désir (négatif ou positif) et le degré de croyance (négatif ou positif) dont ce désir est Pobjet. Les deux virtualités de ’ame pure sont donc toujours « inextricablement emmélées » et pourtant distinctes. Pour conclure sur ce point : dans la philosophie de Tarde, Pétre s’exprime A travers deux puissances, Ia puis- 1. Cer dlément logique ne vise toutefois pas la vérté, mais It «dose é croyance engagée », fe « degré de conviction » avec lequel les negations, of les affirmations des jugements sont prononcées. La logique dé arth, © it difference de la logique formelle, ne vise pas la « recherche ou Ia relatien vérité», mais la direction de la eroyance (et son augmentation O8 Te tt nution); le but de la science logique de Tarde est de sais Be apport. force et point de vue, entre force et évaluation, La logique 8 tre Ia force et de son rayonnement, et non I’inverse. « La logiae for Fr ny, de découvrir la vérité, mais art de changer de pensfes 1008 1) 10 lr acde, sans diminution, la distance qui nous sépare du ai ou Logique sociale, Paris, Félix Alcan, 1895, P- 136. tre croyance et Oh rencontre en effet chez Nietasche ce rapPor ett dent de dks « Notre intellect, notre vouloir, nos sentimsnes O Trinecs et 3 leurs 10s jngements de valeurs ; ceux-ci correspondent + 10%, gfoneé de pu conditions dexistence. Nos instincts sont se0ven sance. » Cf, F, Nietzsche, La Volonté de puissancts Gallimard, 1995, P- Postfzee : i enser. Depuis Spino: cance dais et a plane oe a force aes an sree sesique de la philosophic de la Puissance. Chet Tarde la croyance et le jugement cc ae I élémen subject de la pensée, comme ce qui dans Ja eG dans la pensée affirme ou nie, dit « oui a et «non »!, croyance est finalement Ia force affective de ie pensée, Sur a base de ce dédoublement de la force affective, Tang affirme une priorité de la croyance sur le désir, Car c’est |e jugement, l’acte de foi qui définit Ia faculté de Teconnais. sance et de discernement par laquelle I’« esprit naissant », en apercevant quelques similitudes au milieu des differences et quelques répétitions parmi les variations, établit Pidentité e la permanence du réel. . . , « Des sensations brutes, hétérogénes et Juxtaposées, ne se heurtant pas encore, ne se contredisant Pas encore, puis. qu’elles n’impliquent encore aucun jugement. C’est le régne de la qualité pure, du sui generis de Pirrationnel et de Pirré. ductible. Quand les éléments de Pesprit naissant vont com- mencer a se heurter, c’est que déja les sensations se seront répétées en images et comparées entre elles, »? En définissant le désir et la croyance comme la bifurcation du sentir pur, Tarde évite opposer comme le fait la phi- losophie moderne le sensible et Vintelligible, Pintuition et le concept, la volonté et a ULU— 1. «Crest dire que le j non de certitudes, de ci refusent a tort le nom de croyance, mais bien de croyances contestables et s lone une lacune grave de n’avoir part 2 Mya dee yc considération des degrés de fois [..1 Mais Justement, ce qu’il y a de plus subjectif, de ps inhérent 4 la pensée en le, Bae Wrest-ce pas la croyance ?» G. "Tar La Logique sociale, op. cits sigue sociale, op. cit, p, 136. Pour mieux comprendre ‘du désir, J sesazt OM Peut encore se reporter 4 morphose perpéruelle (yep erencié serait impossible 3 fixer dans Ie met le miroir er Peele [.-] Et faute d'une réalie nate our paraie le simulta . nt et a ]j jugemeog et A Pidentique dép| Tar] laf log exc et ne re ago 2 9 op possfice 113 dépassées dans un monisme de Patfect, Iy aurait done pour Tarde deux sciences sociales qui étudient les deux cétés de Ia force affective, la « logique > et la« téléologie >, mais une Jogique et une téléologie trés Particuliéres, car leur objet exclusif serait le « maniement et Ja direction de la croyance et du désir » en tant qu’expressions de la puissance, 4, Le paralléle avec la théorie nietzschéenne de la volonté de puissance est inévitable. Nietzsche se demande en effet s'il ne suffit pas de se donner un monde constitué de désirs et de passions pour « rendre intelligible univers mécanique ou matériel ». Pour Nietzsche comme pour Tarde, il ne s'agit pas de dire que le monde extérieur est « une illusion, une apparence ou une représentation », mais d’affirmer qu’il aune réalité du méme ordre que celle de nos affects. A la fagon de Tarde qui définit la force par le «sentir pur», Nietzsche définit la volonté de puissance comme un «pathos »', comme une « forme affective primitive » dot dérivent toutes les autres forces. Il faut, selon Tarde, présupposer une force plus profonde quirende les sensations possibles. « Dansleson |e plusélémen- taire, dans le point coloré le plus indivisible, il y a déja une durée et une succession, une multiplicité de points et d’instants contigus dont Pintégration est une énigme. Par quelle vertu les instants sonores successifs, dont l’un a cessé quand Pautre acommencé a étre, se combinent-ils entre eux ?Qu ued qui tend possible cet accouplement fécond du mort et du vif? » Toute sensation, en se développant dans le temps, r ara une force qui conserve ce qui n’est plus dans ce qui est. 4 . i ‘is un “Drala volonté de puissance n’est pas un, tre 2 eearement un fathos ~ est Vélément le plus élémentaire dott résule wir en i, devenir, une action. » Of F. Nietzsche, La Volonté P. 354, i 7-238. 2.G, Tarde, «La croyance et le désir», op. city P- 23 Js 114 Posten Ao les modalité sensori-motrj, force qui n’agit i _ A i mort dans le vif, selon Pere Mais oe Boeke wut de celle-ci, toutes les sensations s¢ weet de ae Simple excitation. Sans cette force qui est a Sarde qui conserve, sans cette succession féconde = contracte l’avant dans l’aprés, il es wal pas de Sensations, pas de vie, pas de temps, pas d’accumu! aoe et done d’accroissement. Sans cette durée le monde serait contrains de recommencer a nouveau 4 chaque instant. Le monde ser un présent se répétant indéfiniment, toujours égal Alui-méme La matiére méme ne serait pas possible sans cette durée, La force est donc définie par deux Propriétés : par sq « spontanéité », car elle tend & Ja limite de ce qu’elle peut, elle est activité, puissance toujours en acte ; et Par sa « récep. tivité », car elle est sentir, capacité de contraction, de réten. tion du mort dans le vif. Comme chez Nietzsche, la force est pouvoir d’affecter et d’étre affecté. Aussi bien chez Tarde que chez Nietzsche la force du «pathos » est a Vorigine de tous les mouvements, Méme les mouvements mécaniques seraient inexplicables pour Tarde sans la présupposition de cette force : « Les mouvements de Corps ne seraient que des espéces de jugements ou de desseins formés par les monades »! (MS, 46). Dela nature affective (pathos) de la force, Nietzsche déduit que n’existent ni atomes ni monades mais des étre micros eee — tous sentant, voulant et pensant ». Tarde anime le monde de la méme maniere : « ce rapport @’un sujet avec un objet qui lui-méme est un sujet est, non pas une Perception qui ne ressemble en rien a la chose percue et qui autorise par 18 le sceptique idéaliste a r €voquer en doute la réalité de celle-ci, mais bien 1. «Que toute force i ‘ trice est volonté de domi ‘il n’y a ps autres forces physinne oie. ‘olonté de dominer, qu’i ‘ ‘Physiques, d) i : a i tit de Ja volonté Hen J'ai Besoin depa f Postf Ja se lante mot nier quit dau} east ler mat «v et le par| no} vir cr moo my Posface 115 Ja sensation d'une chose sentante, la volition dune Jante, la croyance en une chose croyante, mot, ol la personne percevante se refer, nier sans se nier elle-méme. »* Pour Tarde, al’instar de Nietzsche, le monde extérie 1 qu'il est congu par nos sens et par notre intellect nest rien Gantre qu'une somme de jugements de valeur, Dans Ie hen gage, comme dans les sensations et les représentations, c’est le rapport entre force et évaluation qui définit le réel. L’affir- mation de Nietzsche, selon laquelle des énoncés tels que aq vert, bleu, rouge, dur, tendre sont des jugements de valeur et les signes de ces jugements »?, est répétée presque ala lettre par Tarde : « Au fond des mots il n’y a que des jugements de nomination (...) et la langue considérée dans son évolution virale n’est donc qu’une somme d’actes de foi en train de croitre, ou aussi bien, ajoutons-le, de diminuer. »? Tarde se confronte directement 4 la philosophie nietzs- chéenne des « valeurs » en affirmant qu’une de « ses meil- leures considérations » est celle qui caractérise toute époque et toute civilisation par « une table de valeurs » qui leur soit propre, car la hiérarchie des valeurs que cette « table » défi- nit détermine les actes conscients ou inconscients de tous les individus et motive tous les jugements que nous portons sur leurs actes. «On ne saurait contester 4 Nietzsche ni existence, ni importance capitale des valeurs dont il parle. Mais elle suppose, avant tout, qu’il existe des quantités socia- les. Car, pour qu’une chose puisse étre réputée plus ou moins qu’une autre, ne faut-il pas qu’elles aient une commune mesure — il faut donc admettre des quantités sociales. » chose vor. en une personne, en eet qu’elle ne saurait 1p. 29. 1.G. Tarde, Les Lois sociales. Esquisse d'une sociologie, op. ct. 2.F. Nietzsche, op. cit, p. 248. 2 «Si l'on 5G. ards Logi oid, ot, pM toe: ag prvenait& résoudre, entitrement, les seasauons, RS das dele le sucré, etc., en jugements, par exemple, ou ‘diversement opérées, de la choisis parmi les principales combinaisons, deviendrait trans by slogues: ctoyance et du désr a science si opaque des peyehs i és Parente jusqu’au fond » (F. Nietzsche, op. Gf Bi ™Ai-an, 1902, p- 66 4.G, Tarde, Poychologie économique, Paris, 116 Post 4 Nietzsche met ainsi en lumitre la spécig s rapport & Nietzsche met ainsi en lun rs, Le ees cupée par Tarde dans l'histoire aa Materialism J IePptseance ex des forces alfectives traduire wae ie Cee eee atten secicloe cra valeurs, i we. . 7% ‘s fares de quantités sociales fondées sur Ja Puissanee a du désir et de Ia croyance. 5. Les forces et leurs variations ne sont Pas seulement ac, tuelles. Forces et foyers des forces ont aussi une réalité vir. tuelle, car « le réel n’est explicable que rattaché a] immensité du possible». « Dans le domaine physique et le dome vivant, comme dans le monde social, le réalisé semble n’étre qu’un fragment du réalisable. »* Pour Tarde done, le réel n’est intelligible que comme un cas du possible. Au point qu’il n’est pas nécessaire d’admettre Pintervention d’un libre srbitte pour affirmer Ia multiplicité des développement possibles et des passés contingents: « Il suffit de croire 4 Phétérogénéité, 4 autonomic initiale des éléments du monde, qui, recelant des virtualités inconnues et profondé. ment inconnaissables, mame dune intelligence infinie, avant leur réalisation, mais les réalisant suivant leur propre loi Propre, au moment voulu par cette loi, font jaillir des pro- fondeurs de Pétre, a la surface phénoménale, de réelles nou- veautés impossibles } prévoir auparavant, »? _ Les éléments infinitésimaux Possédent cette autonomie initiale, cette hétérogénéité originaire, car les monades ont ans leur réalité virtuelle une. cause interne de diversité» qui est le véritable moteur de la transformation-transsubs ‘antiation d’eux-mémes et du monde. Cette force interne de diversification détermine le fait que les monades « ne sont Pas des unités, mais des totalités spéciales » : « La spécialité —— p 1.G. Tarde, Les Lois de Limitation, Editions Kimé, 1993 (1890; 1900 2.6. Tarde, La Logique sociale, op. cit., p. 158, Possface _ de chacun des éléments, véritable milieu universel, est etre non seulement une totalité, Mais une virtualité Pun certain enre, et d’incarner en lui une idée Cosmique toujours appe- de, mais rarement destinée a se réaliser effectivement » (ss, En empruntant a la langue de Simondon, on pourrait dire que le virtuel détermine dans Petre un « équilibre métasta- ble», un différentiel de « potentiel » qui empéche Pétre d’étre égal 4 lui-méme. Contenant en S0i une cause interne de différentiation, une différence de potentiel, Pétre est tou- jours plus qu’unité, Mais chez Tarde, A la différence de Simondon, le potentiel est toujours déterming Par des dif- férentiels d’énergie affective : « Une polarisation particuliére de croyance et de désir emmagasinés dans chéeun de ne éments, »? La « force diversifiante et la force conservatrice des types a un appui saisissable » qui est intérieur 4 I, monade (MS, 94), 4 cette totalité spéciale, toujours en deve- nir, toujours plus qu’unité, toujours en acre, Une fois admise Pexistence du virtuel, Pactuel_n’est qu'une infinitésimale partie du réel, présent, passé ou futur. Les rapports mutuels des propriétés, des forces, des facultés, des caractéres sont des sources @existence non seulement réelles, mais conditionnelles. « Les virtualités étant données, nous ne pouvons affirmer la nécessité effective des phéno- ménes qui résultent de leur rencontre sans affirmer en méme temps la nécessité d’autres phénoménes qui peut-étre n’ont jamais é&é, ni ne seront jamais, mais qui auraient été si autres rencontres avaient eu lieu. »? | Liak a servation, sont 1. Les forces de différenciation, comme les forces de con ‘i bt qua Pextérieur. Crest sur A rechercher & Pintérieur des organismes plutdt qu’ Tet ndaippose lus Eis base que Tarde critique le concept «evolution ~ ca il presuppose ls de complication & la base des phénoménes qu’ ewe sommet tsa ‘bréugé si répandu, suivant lequel le résultat est toujours plus comic Que ces conditions [...] d’oi il suit que l'évolution vere Tement une marche de homagine Thétérogtne, un Bressive et constante » (MS, 69). aac 2G. Tarde Los Lal Fismitation, op. cts p 9 3.G. Tarde, La Logique sociale, op. city P- 118 Posty Dans la philosophie de Tarde, eae eaprim Ving ion de Pesprit dans le monde ; ee aa Be renygj, soar -deli, mais qui est immanent au monde, aes aa réellement de Pactuel. Le virwuel gt a distinguart de notre réalité. « Iy a, pourrait-on dire Pi a ese Levie et ’enchainement des réalités, une vie Siler dieuse, un enchainement paisible de possibilités. » 7 Le rapport 4 Bergson est ici évident ; comme est évidens le recours au concept bergsonien de virtuel lorsque Tarde définit les monades comme des réalités QU «s’entre, pénétrent réciproquement ». A la différence des monades de Leibniz, les monades tardiennes ne sont pas un « micro. cosme » fermé ; elles sont ouvertes et agissent les unes sur les autres. Que les monades soient Ouvertes signifie qu'elle sont des intensités « qui s’entre-pénétrent reciproquement au lieu d’étre extérieures les unes aux autres » (MS, 56). Or on sait que I’« entre-pénétrabilité »? des éléments définit chez Bergson les multiplicités intensives ; celles-ci se diffé. rencient des multiplicités extensives qui sont au contraire partes extra partes. Il y a donc deux types de multiplicité; Lune est appelée multiplicité de juxtaposition, multiplicité numérique, multiplicité distincte, multiplicité actuelle, mul- tiplicité matérielle ; autre est multiplicité de pénétration, multiplicité qualitative, virtuelle. La monade de Tarde est une multiplicité de ce second genre. «On pour Hergson Ia durée est exemple méme dune multiplicité intensive- pénétation one Concevoir la succession see {a distinction, et comme us? dont chacun, rene Une Solidarté, ume orgardeat oe Ce éléments Bour une pens capable a jot Tout, ne s'en distingue et ne s’en isle au i able Pabstraire », of 1ées imméidi Conacience, op cit, peg ne? FH. Bergson, Les Donn bsefece [Pelu. Voie tout st la Hire, len. ent ide itre- iro~ postface 119 ssances (croyance et désir)y, < A et leur ousble intention ac quan Tehophys een me, me araissent négliger justement les deux seules grandeurs inter- nes dont Jes variations continues, les degrés homogtnes, suggerent naturellement Pemploi du calcul, quoiqu’elles échappent 4 Papplication des instruments physiques de mesure : a savoir Ja croyance et le désir, et leur combinaison réciproque, le jugement et la volonté, »! Comment déduire des « quantités sociales » de ce monde de forces affectives toujours en devenir? Comment construire des séries « sociologiques » sur la base de ces forces intensives et de leur virtualité « hors mesure » ? Tarde reproche aux sciences sociales, et notamment 4 Péconomie politique, de ne pas prendre en considération les vraies quantités sociales. Aussi bien les utilitaristes, avec leur définition des plaisirs et des peines, que les tenants de la théorie de la valeur-travail passent 4 cdté des actes de « dési- rer » et « repousser », d’« affirmer » et « nier », qui sont seuls susceptibles d’étre mesurés. Pour Tarde la croyance et le désir sont des quantités, et il ne saurait y en avoir d’autres dans les sciences sociales, car toute autre « mesure » compare entre elles des choses absolument hétérogénes (pour rester dans le domaine de l’économie politique, travaux différents ou peines et plaisirs hétérogénes). . Mais eer que la quantité d’une force Se désirer et repousser, d’affirmer ou nier ? La quantité fa a et de croyance est une quantité spéciale car il s agit on quantité de Ja puissance, d’une quantite are hee tion de la puissance est une variation ee deere Ca Sité, «au méme titre que l’élévation ov i i sapere température »?, c’est-d-dire qu’elle varie selo oe é ifs de chan- Pour les calculer, il faut que les Sea teares par une gement de la croyance et du désir « sol deux pur ciens, Mm a it, p- 236 “HG. Tarde, « La eroyance et le désir», 7: @t P ie eta posifaee 119 uissances Coe et désir) ». «Les psychophysi jens, malgré leur louable intention de quantifier Pame, me oraissent négliger justement les deux seules grandeurs inter. Fs dont les variations continues, les degrés hy suggerent naturellement I emploi du calcul, quoiqu’elles échappent & Papplication des Instruments physiques de mesure : 4 savoir la croyance et le désir, et leur combinaison réciproque, le jugement et Ja volonté, »! Comment déduire des « quantités sociales » de ce monde de forces affectives toujours en devenir? Commons construire des séries « sociologiques » sur la base de ccs forces intensives et de leur virtualité « hors mesure » ? Tarde reproche aux sciences sociales, et notamment 4 Léconomie politique, de ne pas prendre en considération les vraies quantités sociales. Aussi bien les utilitaristes, avec leur définition des plaisirs et des peines, que les tenants de la théorie de la valeur-travail passent & cdté des actes de « dési. rer» et « repousser », d’« affirmer » et « nier », qui sont seuls susceptibles d’étre mesurés. Pour Tarde la croyance et le désir sont des quantités, et il ne saurait y en avoir d’autres dans les sciences sociales, car toute autre « mesure » compare entre elles des choses absolument hétérogénes (pour rester dans le domaine de P’économie politique, travaux différents ou peines et plaisirs hétérogénes). . Mais qu’est-ce que la quantité d’une force affective de désirer et repousser, d’affirmer ou nier ? La quantité de désir et de croyance est une quantité spéciale car il s’agit d ee quantité de la puissance, d’une quantite intensive, Ps Ne tion de la puissance est une variation de ea degrés ds a sité, « au méme titre que I’élévation ou Ee 2 a imum température >’, c’est-a-dire qu’elle varie selon et un maximum, ‘ ifs de chan- F ssifs de Pour les calculer, il faut que les degrés wt sépars par une gement de la croyance et du désir « soen deux P : . 236. TGs Tarde, « La croyance et le désir», op: P 2. Ibid, p. 268. Post sans étre une distance, soit anaes Comme est ainsi quand il s’agit des 1 at lation, spini faible qui devient par degrés a Pintensité d’une op ou d’une inclinaison légére guj énergique nee ee de nature, en passion déclars,\ oo a ius ee et des idées, qui peuvent Varley Ea ae tin autre, il y a des «doses de Croyance d'un indivi ily a de méme sous les passions des « doses de engagees » 5 Ly A tout ce qui existe, ces doses ¢, désir engagé ». Communes a to Ae 1 i | le de désir sont mesurables selon le plus ou Ie ee eee ee és de la méme puissance, ¢, moins en ce qu'il s’agit de degrés de Pp > dy méme courant d’énergie affective. Sean « L’énergie de tendance psychique, d avidité mentale, que fappelle désir, est comme {’énergie de saisissement intel lectuel, d’adhésion et de croyance mentale, que j’appelle croyance, un courant homogéne et continu qui, sous la variable coloration des teintes de Paffectivité propre a cha. que individu, circule identique, tantdt divisé, éparpillé, tan- tt concentré, et qui, d’une personne 4 une autre, aussi bien que d’une perception 4 une autre, dans chacune d’elles, se communique sans altération. »? Parce qu’une quantité inten- sive est inséparable dun seuil, elle est fondamentalement en elle-méme une différence, S’ensuit que les forces ont la qua- lité correspondant 4 leur différence de quantité, Une fois définie la quantité intensive, comment la mest- rer? Les quantités différentielles de désir et de croyance constituent des « unités hétérogénes ». Mais la « pensée nom ‘ante » tend toujours 4 une égalisation de Punité hétérogene © @ une annulation de la différence dans une égalité numé sigue. La pensée nombrante réduit Is différence de quantité 120 différence qui, une distance. Il tés hétérogénes 5 de la p t g uuissance peuvent s’additionner hors © la pensée nombrante Sans que les différences de quantité |. Ibid., p. 253, 1 2.G. Tarde, Les Lois sociales, op, cit, p. 31. Intel. Ee is la Icha- ltan- ien , se en- en jua- ice CET SARS postface ee annulent. Soit exemple d’une armée comme additi actes de désir et de croyance : « Une armée n’est do, oon un simple total, comme les chiffres de Ja statistique, dos Jes anités sont homogénes ; elle est un tout comme un ‘tre vivant. Elle est un nombre si l’on veut, mais un nombre yrai, objectif, qui reste tel hors de la pensée nombrante, » La différence entre un nombre vrai, objectif, et le nombre de la pensée nombrante réside dans le fait que les « unités hétérogénes » et leur composition/combinaison recélent une « virtualité » qui différe toujours de son actualisation ; or «la portion non réalisée de ces virtualités est quelque chose » de réel*, Cette « virtualité », Propre & toute quantité de puissance (désir et croyance), n’existe pas dans les « unités homogénes » de la pensée nombrante. Il n’y a pas de «mesure commune » au sens de la pensée nombrante car il n’existe que des différentiels de puissance. Les uissances sont « hors mesure » et peuvent pourtant étre comptées sans perdre leur singularité. En sorte que ces différences de quan- tité expriment des différences de qualité’, . Ce probléme de la « mesure » se pose pour toute quanti- fication des « forces », aussi bien dans I’économie politique? que dans la psychanalyse® (au moins a ses débuts). 1G, Tarde, «La croyance et le désir », op. cit., p. 275. 2. Ibid., p. 278, 7 3. Nietzsche, ici encore, aide 4 comprendre ce que pour re ue sociologie se proposant de construire des séries quantitatives fe puissance: “Notre connaissance se borne 2 déterminer des quantiés, mals now oe Pouvons pas empécher que des differences de quantits ne sent pss sons sonnme des qualtés [J c'est dite ope Pils nous offen, comme seatons relaivement 3 la possibilité d'existence quilt nows often des qualités, » Gf B. Nietasche, La Volonté de puissance, op ef FES 4. «Or l'économie politique nous a appriss 7 ‘cw il ext vrai, mais, ce totaliser le désir, qu’elle étudie non directemen ree, } Te satislaire guirevient au méme, dans ls chests propre oe i i it . «cane ala pay Fopigue sociale, oP cis PMS. adement singe slept que Freud introduit le principe des quantités abate Detnncmet mie dévorens découvrir quelle forme asume Ie conan i it x a vr slogie qu ci introduit la notion de 1 io de ga On Y intro met vce del Pyne ess du 25 ma s forces nerveuses et, feta Bain pour Ja psychologie normale» NS - Poste rtique sora donc Ia science sociale de Pavenie py. La statistique § proposera de mesurer les « actes » gt ie EA ee ce dai expriment des forces internes avec « famille dacs ae, ex ne se limitera pas 4 rem ou moins ges selon Ia Jogique de la «pensée non’ Seen gui transforme les lois sociales en lois de la nature Biot Tesuéme instance de Tarde sor ce pon: fy savoir etouver au fond des choses suseepibles dre mesg res seaistguement les quaits interme, ls eroyances ey désirs qui les constituent, car, f «nombre ee 2 desis statistiques peuvent exprimer des intensités trés différentes, 7. La sociologie des forces affectives, des quanta d’énergie affective et des différentiels de puissance ne peut étre qu’une sociologie de la différence, de l’hétérogéne, du « changement pour le changement et dans le changement ». En effet : si les 1895 » in Naissance de la psychanalyse, PUF, 1910, p. 10.) Selon F. Guattar, Phypothése d'un débit énergétique associé & chaque opération psychique n'est nullement déraisonnable, mais il faut alors présupposer une conception de l’énergie et de sa mesure qui nous raméne directement 3 la définition de Ia force et de Vénergie affective chez Tarde. La « psychophysique schizor nalytique » doit refuser de se donner un substrat matériel et énergétique univoque et présupposer des « entités intensives », des « quanta énerget ques » relatifs & la consistance de leurs « inter-relations (actuelles et virtue les) >, of F, Guattar, 3 tari, Cartographies schizoanalytiques, Galilée, 1989, p. 44. Et Guattari de préciser qu’on ne peut exclure de cette conception de énergie les objets incorporels et les « processus dissipatifs » propres 4 la vie organigut éf psychique. Sa conclusion pourrait étre souscrite par Tarde en ce quill Saccordent sur une méme conception de la force. Guattari explique en eft qe le probleme n’est plus de faire entrer ’Ame dans la mative ca Pénergie ans la représentation, mais de tives vy é it gue, Si ns a repréenation, utes les conséquences du fait que § existe aujourd'hui de’« a vi a 4 Péquilibre”, creat oil ne ae! esprit, du désir et de Ia vérité “loin de folie, st qu'il devait dé en exister, dans 1s mut des temps, 08 sppaence ees métamorphiques pulvérulentes au sein des és : plus amorphes» (op. cit., p. 74). La définition de Pénert® tetve ce deta PhS (0. cit, p. 74), La din : allecive et a schizoanalyse nent ainsi 8 Philosophie de la nature» de Tare, nse MOUS Fame 1G. Tarde, Les Lois de Vimitation, op. cit., p. 122. i op. SS - posit? 123, rns ont eat sain «a my les rue oe altiples et virtuels, si Pelee inet de rayon ementrerne de differentiation, c'est que letra mene [force Beeere est le lieu de Phétérogéndite et non de The sees, «La diversité, et non Punité, ¢ Thomo- | gine ea e, est au coeur des roses» (MS, 78). « La vérité est que la difference va dife | rant, que le changement va changeant et qu’en se donnant ainsi pour but & euxemémes, le changement et Ia différence attestent leur caractére nécessaire et absolu » (MS, 69). | Lhypothése de départ de Tarde consiste 4 identifier Pessence et la fin de tout Stre avec sa différence caractéris- tique, de sorte que la différence n’aura plus d’autre finalité quelleméme, «Exister c'est différer>, Lidentité nest quiune espice, et une espece infiniment rare de difference, comme le repos n’est qu’un casclimite du mouvement. Liidentité est toujours posée par la force et devra étre congue comme un simple état transitoire, un moyen au service dune différence encore plus riche. Comme en écho 4 la critique nietzschéenne de Spinoza, Tarde n’identifie pas le désir ou le besoin de « conservation de soi» au fondement de l’étre. « L’objet du désir ou son effet, Paction, est toujours un changement, mais pas un changement quelconque, mais un changement de plus en plus nouveau, changeant et rénovateur, déterminé par les changements antérieurs ou postérieurs de Petre gui agit et par les changements extéricurs des autres atres. »'C a on hétérogénéité qui permet 4 Tarde de critiquer Putilité, la finalité et Pharmonie. L’utilité, la finalité et "harmonic ne sont ni les causes, ni les buts, mais seulement les Oe les effets d’une différence toujours plus grande et plus EX % Comment et 3 quelles conditions le nouves Lae Cest la question 4 laquelle se p' Ps ropose de x4 logie de Tarde. 7 qui les consti. esas ex lange scilenian 1G. Tarde, « La variation universelle» op. cit, p. 391. sateen cee Poste 124 8. erme son projet i désubstan, nsidérer Vespace ¢ einen Pétre en refusant de consic * es] tle tialisation de l’étre a priori. A la différence des égories comme des catégori¢ Ad s temps et des monadologistes concevant les éléments uli, — comme «nageant dans un méme espace et dans yp méme temps» indépendants de Texistence de ces éléments, dans la monadologie tardienne I’espace et ae sont des réalités liges 4 hee des monades et a l’expression/ ition de leurs forces. tendue et la durée de nos sensations sont pour Tar de des quantités apparentes qui traduisent en « langage sensation. nel » les deux seules quantités vraies de la conscience : le désir et la croyance. Nous avons objectivé en une notion Pespace unique et identique notre faculté de croire, c’est-i-dire d’affir. mer et de nier, de reconnaitre et de discerner, de coordonner logiquement et systématiquement. Et la science elle-méme, par la découverte newtonienne de l’attraction et de l’action a distance, méne 4 cette conclusion. « Chacun d’eux [les élé- ments matériels], jadis regardé comme un point, devient une sphére d'action indéfiniment élargie et toutes ces sphéres qui s‘entre-pénétrent sont autant de domaines Propres 4 chaque ément, peut-tre d’espaces distincts, quoique mélés, que nous Prenons faussement pour un espace unique » (MS, 57 [souligné par moi)). Selon le méme principe, Tarde préfére parler des durées de chaque monade, expression directe de leur désir, objectivéesen un temps unique et identique : « Et ne dirait-on Pas aussi bien qu’aprés avoir objectivé en notions de forces nos efforts, Nos voeux, nosactes de désir, nous avons objective notre faculté de désirer et de repousser, notre moi volontaire encet étrange notion de Temps, sorte de Désir universel, sans terme et sans objet, commun 4 tous les désirs particuliers. >! ‘Tarde méne jusqu’d son t 1G. Tarde, L Opposition universlle, op cit, p. 186-187. Postface 125 Mais dés lors que la désubstantialisation de Petre est be jusqe'a réduire le réel 4 un champ de forces, & des uss . fies dynamiques en rapport de tension vers autres yantités dynamiques dont essence n’est autre que leur rapport avec toutes les autres quantités, et que Pespace et le temps ne sont pas des catégories a priori, comment expliquer Jes régularités des lois naturelles, la persistance des phéno- ménes biologiques et la contrainte qu’exercent les lois socia- les ? Ce probléme hantait déja les systémes monadologique et atomiste : le monde ayant été pulvéris¢ «en une multi- licité d’actions émanant d’une multiplicité d’agents », tous indépendants et tous autonomes, comment rendre compte du fait que ces éléments renoncent A « la liberté absolue quv’implique leur éternité » pour entrer dans Passociation et le regroupement des phénoménes ? Les matérialistes doivent « invoquer les lois universelles (...) sorte de commandement mystique » (MS, 56) pour expliquer l’association/combi- naison des éléments simples ; quant 4 Leibniz, il devra for- muler l’hypothése de ’harmonie préétablie pour expliquer Paccord universel des phénoménes... Renvoyant dos 4 dos les hypothéses atomiste et monado- logique, Tarde pose que la déduction des corps du monde des forces affectives et de leurs différentiels de puissance ne peut étre qu’une déduction éthique. Si les éléments Lae tésimaux sont tous libres et indépendants, si les oe sont toutes sentantes, voulantes et croyantes, seules a ot tions d’obéissance et de commandement peuvent aarp Paccord, la stabilité et la répétition des phénom’ es ciété, que tout ds é toute chose est une societe, lonc présupposer que « ‘sens ol! tout corps est une phénomeéne est un fait social », au sens Or. hiérarchie et une organisation entre el ainsi résolu en «Si Pespace en quelque sorte SMO enait a résou espaces réels ou domaines dimen nique on réalités mul- ae ‘eny s dre de méme Pentité creuse du Temps Wr plus comme . Pentit mae : tiples, en désirs élémentaires, oe jes lis naurels a dernigre simplification qu # tam snes et 18 multiplica similitude, la répétition des P! j sine Potifay nes semblables (ondes nhysiques, edly, : as, copies sociales) pat le triomphe de certaines Mona anaes ie cos lois, imposé ces types, post leur jon, qui ont ee sur un peuple de monades uniformisée, c passé ees toutes nées libres et originales, toutes avige! Seere ars conquérantes, de Sore assimilation tinverselle» (5, 97 Ge souligne). Toute forme de régy, rité, physique, vitale et sociale, n os ainsi que la répétitiog, des mouvement infinitésimaux voulus et imposés par de, monades sur d’autres monades. : a Les trois types de répétition universelle (vibratoire, géng. ratrice et imitative) qui définissent les similitudes, les series et donc les quantités physiques, vivantes et sociales, sont les résultats des rapports de pouvoir entre monades. « Les trois principales formes de la répétition, sont autant de procédés de gouvernement et d’instrument de conquéte qui donnen: liew A ces trois sortes d’invasion physique, vitale, sociale : Je rayonnement vibratoire, expansion génératrice, la conta- gion de l’exemple » (4S, 96). Ce qui est remarquable dans ce passage, c’est que Tarde semble répondre de fagon posi- tive a la question de Nietzsche: la volonté de puissance n’est-elle pas également le mobile du monde non organique? Pour Tarde, les « lois naturelles » sont au service des forces et non inverse. Ou pour le dire autrement : loin que les atomes soient soumis a des lois universelles, ce sont les lois atomiques qui doivent étre congues comme la résultante d'une organisation politique des rapports entre atomes conquérants et atomes soumis. Les choses ne sont donc pas seulement des corps et des actions, comme ’affirmaient déj les stoiciens, mais aust des societés. « Des sociétés animales, des sociétés cellulaires, Pourquoi pas des sociétés atomiques ? » (MS, 58). La société en a »3 Cest au contraire Porganisvt monade est de poe Politique i aa cat aussi loi o° Par sa nature méme un « fait social ee in quion méne V’analyse on trouvera toujours “ tapports, des potentiels, des variati fe Auss! lations entre forces: 126 des_phénom de! m di a a oun Ot moe possface Vy onade tend-elle a composer sa force avec autres mo mna- Jam ; Fi des pour augmenter sa puissance. « Livrée 4 elle-méme wu; monade ne peut rien. Crest 1a le fait capital, et il sert im aa ;atement 2 en expliquer un autre, la te: terssembler > (IS, 66). nuance des monades Le corps ie son régime de nécessité est lié A la nature plurielle de ‘a monade, comme son étre est dépendant dune multiplicité de rapports de pouvoir. Que signifie le fait que route activité psychique est lige au fonctionnement dun appareil corporel ? La réponse de Tarde tient au fait que «Dans une société nul individu ne peut agir socialement, ne peut se révéler d’une fagon quelconque sans la collabo- ration d’un grand nombre d’autres individus, le plus souvent ignorés du premier » (MS, 66). Le corps, selon le vocabulaire guerrier de Tarde, est le résultat d’une bataille que se livrent les monades : « On peut dire que la forme actuelle de nos corps, la pondération mutuelle de nos organes, est en quelque sorte le tracé d’une frontiére aprés une guerre, le résultat momentané d’un traité de paix.» Le corps, selon une suggestion de Bergson, se comporte a la fagon d’une « machine 4 agir » qui se recons- truit tout entigre pour chaque nouvelle action, comme s‘il était de caoutchouc. Le corps se métamorphose parce que Porgane « n’est qu’un serviteur de l’individu, lequel n’est essentiellement qu’une variation ». Etla machine organique accompagne la métamorphose de cette variation : « ava @hui prédomine le besoin de connaitre et Je volume du cerveau s’accroit de jour en jour... »! 9. i ment [’union iple é Jument divers, comm 7 Le multiple étant abso! tile réponse & cette ques naftra-t-elle ? Tarde admet une se 5 i sociologiguess 1G. Tarde, « La variation universelle», sss mélanges op. cit., p. 403-404. aor Poste iversels » a pour ambit, tion: chacun des «3B ne eee in univers Asa convent, régir tous les autres ae monade, dans chaque atome, — Il faut voir dans Selon l’hypothése tardienne, la mon. e univers en projet es ia theorie de Leibniz un «nt est Pe eeule cosmos tout entier conquis et absorbg Cosme > ae meilleur terme pour exprimer la formation ee “fun etre quelconque est par conséquen, ot Ia croissance tou d’appropriation. celui d’acquisition ou d’appre Itiplicité La monade est par définition une mul el é, UN « rap, ort entre rapports », et ces rapports, on dif Yu, sont deg différentiels de pouvoir : la monade est ifférence, Mais comment qualifier cette diversité? Il ne s’agit pas d'une différence prédicative selon ordre de P8tre ou de Pattriby, tion, mais dune différence dans le pouvoir de commander et @obéir, dans la puissance aller jusqu’au bout de ce que la force peut, L’attribut n’est pas la prédication abstraite selon les modalités du verbe étre, mais la capacité de pos. séder et de commander aux autres monades, toutes indépen. dantes et propriétaires. «La vraie propriété d’un proprié. taire quelconque, c’est un ensemble d’autres propriétaires ; chaque masse, chaque molécule du systéme solaire, par exemple, a pour propriété physique et mécanique non des mots tels que l’étendue, la mobilité, etc., mais toutes les autres masses, toutes les autres molécules » (MS, 88). Commentant ces passages de la Monadologie tardienne, Gilles Deleuze fait remarquer que le concept d’appropria- tion, chez Leibniz déja, est directement lié 4 la nature du capitalisme. C’est le verbe avoir et non le verbe Are qui peut exprimer la formation et la croissance d’un étre quel conque. «De ce principe, je suis, impossible de déduire, malgré toute la subtilité du monde, nulle autre existence que la mienne; de 1a, la négation de la réalité extérieute Mais posé d’abord ce postulat : j’ai comme fait fondamental, , kok : ona Peu et Payant sont donnés 4 la fois comme inséparables [~] Au lieu du fameux cogito ergo sum, je dirais volontiers: Jé desire, je crois, done j'ai» (MS, 86). La science elle-mém? 128 le =o} moxrgees BEX 2 129 speelle pas fait d énoemes progres depuis qu'elle s'est réso. a expliquer, a mes par des propriétés ot non pe Depuis des milliers années, on catalogue les diverses anigres d'etre, les divers degrés de Petre, et Pon a jamais oa Pidée de classer les divers degrés de la possession » (Ms, gg). La philosophie a investi le verbe etre comme une véri- table pierre philosophale parce qu’elle a une conception substantialiste de Pétre. Mais que le monde soit l'ensemble des forces affectives et de leurs rapports, et seules Pappro- riation et la possession pourront Pexpliquer. «Chacune d’elles tire le monde a soi, ce qui est se mieux saisir elle-méme. Elles font bien partie les unes des autres, mais elles peuvent s’appartenir plus ou moins, et chacune | drelles aspire au plus haut degré de possession ; de li leur | concentration graduelle ; en outre, elles peuvent s’appartenir | de mille maniéres différentes, et chacune aspire connaitre de nouvelles maniéres de s’approprier ses pareilles » (MS, 93). ri Je ee des entite 10. De lanature de la force affective, Tarde extrait une théorie du pouvoir, révolutionnaire pour son époque. Les rapports de commandement et d’obéissance que les forces expriment ne doivent pas étre interprétés selon le rapport univoque du maitre et de l’esclave, car les monades sont toutes « libres » «indépendantes » ; elles produisent et reproduisent ie oe vité qui est toujours « causa sui ». Sile monde est oH le mae de forces hiérarchisées, les monades-chefs dépenss* mare tour des monades subordonnées. Les maltres oe subalternes 4 leur tour, dira Nietzsche 3ee a jaa mera en disant que les monades « s’entre-Po fous obtenons ainsi — ee srquoi ? Nous oor -roupe «Parti hysiologie : POUNA ivite, faite d'un 6 1. « Partir du corps et de Ia pl eee de notre subjective ment es Une représentation exacte de la nature ¢° compre de dirgeants 4 la tete d'une collectivités PPM comment igeants dépendent de ceux quis ri 130 A des impli Pest , : ie des monades impli, La liberté et eae genes aaa on hy relations de sata monade agit sur une autre a “ay, salieé par laquelle Mature de énergie affective ; lie ue est donnés pat dalités du contact ou du choc, mais «tt pas selon les modal arde appelle « action § diets Jes modalités de ce que Tarde app’ it ene: 4 savoir Paction d’un esprit sur un ae fos UNE force psychique sur une autre force psycl gue. 2 Ne Confond donc pas les relations de pouvoir entre les monades avec |, violence exercée par un corps sur un autre corps. En fone tion de la nature des monades et de la nature de la causalicg de la force affective, le pouvoir ne saurait s'exercer par contrainte sans faire appel 4 la suggestion et limitation, «On n’a vu que la moitié de cette vérité, et on Pa mal vue, quand on a dit que la caractéristique des fait sociaux était d’étre contraints et forcés. C’est méconnaitre ce qu’il y ade spontané dans la plus grande part de la crédulité et de |; docilité populaires. »' Tarde signifie ainsi que le pouvoir se constitue positive. ment ~ et non par interdiction et répression. il fait fond sur la « réceptivité » des forces, il se construit surtout sur base de leur « spontanéité ». La « suggestion » indique que Je pouvoir opére tout d’abord sur la crédulité (croyance) et sur la docilité (désir). Il se fonde sur les « deux Puissances » de l’ame, Tarde, aprés avoir longuement insisté sur les rela tions de commandement et d’obéissance, sur la possession et Pavidité inséparables de la nature des forces, précise que ces relations de pouvoir ne doivent pas étre comprises ala maniére de celles qui s’exercent par exemple dans une armée. L’action d’un esprit sur un autre doit prendre plutét comme modéle la communauté religieuse et l’autorité que ‘ : . les prétres exercent sur les fidéles*. « On se convaincra qu méme dans Péchange du com Pobissance », of F. Nie oe a Vn acne de obi i G. Tarde, Les Lois de limitation, op. cit., p. XI. q sa rede pelle avec Ia théorie de Foucault ext Gvident dans la mest Ninition de la théorie du pouvoir s‘opére par le biais d'une sel soc sey tal qui de (bay ter de qu Jet cal ses gre guy PS Ositive- it fond It sur la lue que Ince) et Ices » s rela- lession fe que sala une tutdt que que jietzs- BL posiftee Bie en assimilane les abuse point des libertés de Panalo g’apue iologi ifestes Fe no ménes biologiques aux manifestations rel igieu: ? 5 sociétes plutét qu’a leur aspect guerrier, ate > riel, 8 atifique ou artistique » (MS, 100). ws De enregimentation des éléments dans Parmée », s'il peut sembler plus effi ye le gouvernement religieux des Ames, travai aid a. fondeur I ni it pas di —rt==—™———C“$NNCSN$=s—— forces affectives. ic armée ne « transforme et ne ré génére ‘ Je conserit de la méme fagon que Passimilation vital i cellule alimentaire ou la conversion religieuse le néook Léducation militaire ne pénétre point jusqu’su feat coeur » (MS, 100). La supériorité du pouvoir religieux repose sur cette capacité A mobiliser moins les idées et leurs rem sentations que des affects et des puissances. . Que l'on puisse « pénétrer jusqu’au fond du coeur » signi- fie-t-il que toute « résistance » est impossible, et que Pon ne pourra plus se soustraire a la relation de pouvoir qu’impli- quent les forces affectives ? Ce serait mal comprendre le sociologue, car le désir et les forces affectives ne fondent pas seulement les relations de pouvoir, mais aussi la « résis- tance » aux relations de commandement et d’obéissance. «Toute espéce vivante veut se perpétuer sans fin, il y a quelque chose en elle qui lutte pour la maintenir contre tout de Ta «volonté de puissance » nietaschéenne en tant que force affective (pathos). On retrouve dans les éerits du « dernier » Foucault toutes Is care téristiques de la force et du pouvoir par lesquelles Tarde définit les reations de commandement et de possession. « Le pouvoir cest un mo 7 fasion qui n’agit pas directement et immédiatement sur les autres, ma leur propre action [...] Le pouvoir est une action sur Faction) ov cault, « Deux essais sur les sujets et le pouvoi Oe re Paul Rabinow, Michel Foucault : un parconrs philosophian Gi ruire que % wutre force jté A Pp. 313. Une force s’exerce sur une autre éfinit donc par sa capaci ouvoir se définit done par #3 Pi _ ent. Le 3 Pour induire un mouvement. Le POwvOi voices ir induire un mo rest des solliciter, & inciter, & « suggéter » ouvoir sexerce de Paffrontement, ar Ee a mils ont devant eux Ut gouvernement plurdt que entement : i i ‘i ™ its. La “ajts Hovey em tane gu sont libres 2 "Sh comport champ de possibilités autorisan ae au comme cliberé ed ainsi considérée par Foucault comer, : du pouvoir. Ce type de powvett Ter gutau modeled Is BUS Véglise le yp pastoral ») pluto ‘pouvoir past p 132 : fac, j s’efforce de Iadissoudre » (MS, 79). Et pourtant, «. ce qui sefforce &7 grands mécanismes réguliers, |e mile que Tarde, tous Tes Brit vital, le mécanisme molécyli® nisme sociah le Mirire> finissent par tre brisés po Je mécaniem? es». Comment comprendre le changeme? yee mvaphose infinie de la diversité si tre ert ot Miser dans son état ? Comment se soustraire ay nt Pertgment des monades conguérantes qui impose [ee is ? " ve aur rendre compte du changement, il faut expligue, comment les relations de pouvoir se modifient entre lq, monades. Un changement, une différence est toujours un changement et une différence dans les relations de comman. dement et d’obéissance, et donc une différence d’organiss. tion et de hiérarchie entre des monades conquérantes et deg monades subordonnées. Les corps, les lois sont une composition/répétition des éléments infinitésimaux, mais « leurs éléments composants, soldats de ces divers régiments, incarnation temporaire de leurs lois, n’appartiennent jamais que par un coté de leur étre, et par d’autres cétés échappent au monde qu’ils constituent » (MS, 80). La nature de P’étre infinitésimal entrant dans Porganisa- tion @’un corps n’est pas déterminée unilatéralement par nature de la forme d’« association » dans laquelle il est cap- turé. La relation de pouvoir qu’une monade-chef impose 3 des monades dominées n’épuise pas la nature de la monade qu'elle domine. « Les attributs que chaque élément doit son incorporation dans son régiment ne forment pas sa nature tout entiére ; il a d’autres penchants, d’autres instincts qui lui viennent d’enrégimentations différentes » (MS, 80). _ Mais il y a surtout d’autres « penchants », d’autres « ins- fincts » qui se produisent du fond de la monade. Il y a, on Pa vu, une « cause interne de différenciation » qui est cause de changements et de transformations continus. Méme si la monade-chef Pouvait enrégimenter tous les penchants actuels de la monade dominée, elle ne parviendrait p* “en €puiser toutes les virtualités. Lélément infinitésim™ postfaee| moned ciation sur aq) mental fire. “4 incor] et de | Jive | Com etre] identi avait étern il n” domi et del de V’ deu: peut. des nous refoi faut rend orgd néce des tion dit, 2 Cae pow posite , 133 uyer sur cette ; ade) peut § APP cause inter see (rr ui lui vient « de la substance propre a differen. cat on selle il peut s'appuyer pour Lutter contre la Gr laguelle i Powe « spllective, Plus vaste, mais moins profonde, dont Spon» (US, 80)- il faut remarquer que cette « substance propre et fonda: entale > n’est pas une substance actuelle mais une virt aun est pas quelque chose d'indvidué, mas le devens jncorporel qui double en permanence le monde des corps atde leurs relations actualisées. L’actualisation d’une et fig n’épuise pas le fond préindividuel de la monade, Comme le dira Simondon, il reste toujours une « réserve etre », car |’étre, en raison de son potentiel, n’est jamais jdentité mais « plus que Pidentité, plus que l'unité ». S'il n’y avait que du « social »', affirme Tarde, les sociétés resteraient éernellement immuables. S’il n’y avait que de V’individué, il n’y aurait pas de changement. Chez Tarde la résistance s’exerce contre les formes de domination actualisée en puisant dans la source de créativité et de changement qui constitue la réserve pré-individuelle de Patre. « Une molécule organisée appartient Ala fois deux mondes étrangers ou hostiles Pun 4 Vautre. Or, peut-on nier que cette indépendance de la nature chimique des éléments corporels 4 Pégard de Jeur nature (orange nous aide 4 comprendre les perturbations, les déviations 7 refontes heureuses des types vivants? Mais il eae a oe faut aller plus loin et reconnaftre que cette in pen E rend seule intelligible la résistance” de oereaine a eaec organes A l’acceptation du type vivant Be lecti ‘amentale Puissance il fait par- Jost-2-dil lection area pi ‘i ie, cest-a-dire Ja colle nécessité ott se trouve parfois A ee enfin, par! adap- des molécules restées dociles, de t* 8 ide acctP- A deux sens, La prem ent eer tla notion de «social» social proP corde ret hee éfinie un 3 dit, construit sur Ja base du premmicy sefonde Pa "1, relation d ">, Chez Foucault, par contre, 7°. Elle est dérivee et Findegeadance de Vlément au pouvoir, elle est son « visvis autonomic 134 vee des molecule: jon d'un type nourend, avec les mokéculk tation ¢ . aH Ae biologique est une forme Porganisation : nandenent et Pabéissance. Le politigs tions de comm nes Le A ne sont pas quelque chose qui s’ajoute des rh titles, chimiques ou atomiques. Bio-pouvoir® pg eae ae a ; ra pas pouvoir politique sur Ja vie (ou, selon bn eeeente de ce théme foucaldien, pouvoir sur la car c'est Ja vie qui est immediatement et, de par sa ny. 184 ton méme, rapport de pouvoi - Tarde va ainsi jusqu’au bout de sa conception de ly fos: affective en posint Pidentité de la vie et des telation pouvoir. Cest dire qu’on ne sort jamais des relations , pouvoir: la puissance qui definit la vie est difiérenticl é pouvoir. ae Hous faut maintenant ouvrir une parenthtse pour és quer le différend qui a opposé Tarde & Dakcheim, et qui ve soldé par Ia défaite de Yarde, ear Pintérct de cette disp 1. Ul n'est nullement arbitraire caldienne avec Ii pensce de de la population requiert une pose pour l’économiste le prob veaux. Il ne suffit pas d'étudier les questions qui se rattachent 3 lexch + au déficit de population, et i la destruction bly ticuse des populatiats;: faut Sinquicter des causes de Ps nélioration ou de la déyenérescens Face, des conditions hygigniques des institutions secigles gui perme race de s'adapter de im x Heux en micux 4 sa destinge, notamment 2 duction des richesses et 4 It dch ; tion | fense nationale, Mais ici ce probl sociologique de Ia population soe ae : li popula est que préliminaire, malgré 5 howls» OL G. Tatde, Pycholgie Conder op. eit, pI dang Motor sens, la théorie du brospourere iéveloppée par Ge enconnitt Le Seuil, 1997, est menacée par lor tems dif celles rencontrées Par Foucault = car if mois ata Montre Tarde de Ja f, car il n'existe pas de «vi miners Pant fagon la pss Convaincante qui soit : aussi loia 4 Famais a vie nue’ nit, {oi alfirmé le coneept de force, on ne f° “ mals une vie qui est toujours dé relation de po™ 2 mettre en rapport cette extéswrief le probleme s forines de regu islugies « A ce dernier point d 1a population, dans des te postfice gépasele cadre dela seule histoire de la sociologie, Le thtme pes ge de Tarde qui revient le pls souvent ex eld ff definition de la relation sociale comme « contrainte . la dimension collective et générale d’une institution social, pune langue, dun code semble s'opposer 3 l’esprit in: ‘ty? fue Sresolument qu'on finit par consiézer ces cere collectives comme « éminemment impersonnelles, d’oi il ny aqu'un pas a prétendre, avec mon éminent adversaire, M Durkheim, qu'elles existent indépendamment des per- sonnes humaines et les gouvernent despotiquement en pro- jeant sur elles leur ombre oppressive. >! Tarde est loin de nier un certain réalisme aux relations sociales, «Je vois bien que, les réalités sociales, une fois faites, simposent aux individus »*, On Ia dit, elles s'impo- sent tout @’abord moins par contrainte que par persuasion ot par suggestion, en impliquant la « spontanéité » des indi- vidus. Il ne suffit donc pas de constater le pouvoir qui se dégage de Pesprit social sil faut Vexpliquer. La «rification » des forces psychologiques qui se renversent en esprit objectif présuppose un rapport entre I'« esprit social »et les « esprits Pidividuels » qui est Pobjet de la critique de Tarde. Ayant posé ’'autonomie du social, Durkheim reconnait que les faits eociaux sont psychiques en ce qu’ils reposent sur autant de facons d’agir et de penser ; mais il maintient une différence de nature entre le « mental » et le «social ». Entée sur cette séparation entre le social et le psychique (Vaffectif), Ja socio- logie durkheimienne arrive 4 définir ni comment les a Ee eae rearme constituent, ni surtout comment, St peuvent évoluer, changers devenir autre chose que ce a if et I’ dividuel, conclut Tarde, qu’elles sont. Entre le collectif et 'individuel ore Pesprit il n’y aura qu’un rapport de contrainte ee meal social hypostasié qui agit de « fagon Y esprits individuels. «Il n’est pas vrat quiil y ait un Esprit social, distinct des 43. ciales, op. city P- TGS Tarde, Les Lois 50 2. Ibid, p. 143. 130 ce adans Fequiel cemscvi tot tene fons ehacun ews f. [IL iduels. __ iM cont bes itrement, celle des ding; cond leu, cells, ex sont peu d poi coma nee qu la plopets. plus om moins ¢ winiguel se repete tique d'érats de con weniak [esprit social consiste ent social s¢ compos leur répcticion. F) dienne du interprev tives des cory dans la mone daa te fait y elle tonotamment a fa tie: fa formion du vail Bald me ordre qu ¢ Pil voit & Pecuvre de: etnble ¢ Nt le rapport entre «| Je rap cet «parole» Iam Pe objectivisme abstrait» dont les travaus de référence constitués par I's dcule suciolos langue oppose 4 12 paro Vindividuel dans la the — i theorie durkheimienne. Entre la le ee aa de esprit objectif qui simpove 4 tout yet la parole, sitee eciereee : 4 parole, siege de Ja variation individuelle, ari , \ ien de commun . Bakhtine s'en prendra done « 3! 1.G, Tarde, Les Tr. a ‘arde, Les T; 2M. Bakhtine, raisformasions a ations adi p larcsime ot phir, theide wt i 137 _gsemrant du point de vue de Ia « sociclogie de D Ce on linguistique ») et & Saussure dans la mesur rk Je onsiddrent Pas la langue comme un Ae ob ils rsa qualité de processus, mais en tant que pate Bi de pa 1 ai ormes linguistique: scble ee guistiques s'imposant comme une “contrainte »- . Comment et par qui donc ont été construites ces réalité: gociales, si ce mest « par des hommes et les efforts des nea mes»? sice mest par @infinitésimales innovations, par des jdges apportées par chacun 4 la construction de Poeuvre commune ? Tarde voit les exemples les plus réussis de ces jnventions infinitésimales dans le processus de constitution de la langue. «N’est-ce pas par de minuscules créations expressions imagées, de tournures pittoresques, de mots nouveaux ou de sens nouveaux, que notre langue autour de nous senrichit et chacune de ces innovations, pour étre fordinaire anonyme, en est-elle moins une initiative per- sonnelle imitée de proche en proche ? »' La méthode sociologique de Durkheim expulse la singu- larité et Pautonomie du fait social. Tl faudra attendre la critique du structuralisme par Foucault et par Deleuze- Guattari pour redécouvrir les intuitions tardiennes. 12. Lactualité de Tarde réside dans sa capacité 4 reconduite les expressions sociales des forces (au sens o8 Penten sociologie) au monisme de Paffect. La critique f ea tantialité de P@tre donne accés 4 un monde coe meat Tialisé, qui constitue ses « quantités 2 cdr ae composition/agrégation des flux (vibratoire Cimitation) et leurs répétitions tives rayonnantes. La société est pour ions i iri 7 sactions intersP! su d’actio} Tarde un us pi. Cee 1.G. Tarde, Les Lois sociales, cite, HETIL Pesta Péxaes mentaux agissant les uns sur les UIE. Noy, tuelles, d’eta aoa jnterpréter ces concepts: il stagiy des savons fea forces, des « courants > psychologiques, des uissancess Ces (Prctive qui se propagent entre des differen, Pénergic a Ae é ae & puss. Laction interspirituelle des états Mentayy ti wi ame nature que les rapports entre fOrees résen {éments infinitésimaux. Le socia’ sera Cone ausg dans les oe « polarisé », mais la polarisation ne pourta ce duiser fncerpréter selon des dif ee dénergie porentel, thermodynamigue o1t informationnelle, comme cela s'est fait tout au long du siécle qui s achéve. Le rapport social n’es, pas en premier liea change, communication, mais rappor entre puissances qui est une polarisation le pouvoir. Crest pour cette raison que Tarde s’intéresse I hypnotisme, au magnétisme et au somnambulisme, parce que ces phénomé. nes extrémes se constituent sur une polarisation de la force affective’. Faute de pouvoir reconstruire ici dans toute sa complexité la sociologie tardienne telle qu’elle s’est échafaudée sur sa monadologie, on se limitera tout d’abord a reprendre la question du « rapprochement » des « barriéres d’autrefois » entre la nature et le social ; sans quitter le domaine de l’onto- logie, on essaiera ensuite de cerner la nature de la force affective en examinant comment, et sur qui elle s’exerce 4 travers l’action a distance. En ce qui concerne le premier point, la théorie de Tarde ne renvoie pas la « nature » et le « social » A des rdgnes dif- férents. L’invention et V'imitation sont les actes sociaux é- mentaires et la force dont ces actes sont faits est toujours ‘une composition de croyance et de désir. Ce qui est invent’, 138 LLexpérience d F lu somnambulisme intére xe force de ctoyance et de den nen amaed piece gud fon y : centre sur un seul péle. « Le magnétiseut 3 ps besoin de jRentin de terroriser pour &tre passivement obéi[~] Ce2 de crovancen ts guily a dans Je magnétsé une certane fore potetisle mais ron moni St, mmmobilisée en souvenirs de tout genre, endorm# Breeoulen oe eects Sete force aspire A sactualiser comme Peau de 306 est en mesere de ru Par suite de circonstances singultres, le magnétse™ ouvrir ce débouché nécessaire » (Ibid., p. 85)- Post ce post crO| nos pr bi 11] sp m ai aul ocn 22 2 139 jmité, c'est toujours une idée ou un voul, eM gt 8 UT dessein ol s’exprime une certaine A Pane gee et de desir. En fonction du monisme de Te ie or oyances et nos désirs participent de la force “aa 08 ave qui constitue le monde. C’est par un Pree [fication et era que l’on passe de la force aflee jive oniginalze au P YS au vivant, au social. es croyances et les désirs « que Pinvention et Pimitation Cr elles créent, mais qui virtuelle- ment préexistent @ leur action, ont leur source profonde gu-dessous du monde social, dans le monde vivant. C’est ainsi que les forces plastiques et les forces fonctionnelles de lavie spécifiées, employées par la génération, ont leur source quedessous du monde vivant, dans le monde physique, et que les forces moléculaires et les forces motrices de celui-ci, régies par Pondulation, ont leur source, insondable nos physiciens, dans un monde hypophysique que les uns nom- ment, Nouménes, les autres Energie, les autres Inconnaissa- ble. Energie est le nom le plus répandu de ce mystére. Par ce terme unique on désigne une réalité qui, comme on le voit, est toujours double en ses manifestations ; et cette bifurcation universelle, qui se reproduit sous des métamor- phoses surprenantes 4 chacun des étages de la vie universelle, west pas le moindre des traits communs 4 signaler entre eux. »! , . di Tarde décrit le processus de Pévolution ease aa férenciation du différent, une actualisation dU views ae en s’actualisant crée toujours de nouvelles of wyifiquement nouveaux désirs. Cette création, 27 tie . contre, est aoa », s’appelle invention: Limitation, Pr, du dogme un lien social parce qu'elle aS. ns invs (croyance) aa pouvoir (désir) ey a flux: imivatfs 5 tion, L'invention dépend du cone >. Mais toute elle apparait 4 Jeur « croisem® invention, en méme temps» ees TG, Tarde, Les Lois de imitations oP © q Poste ; ant momentanément & la soci4, x supracsociale », échappe” mande Tarde ?« En roma’ Comment peut-on iy chaine de Pimitation ambiante pour quelques ree a face avec Ja nature, avec le dehy en se meta gente, réfléchi, éaboré en mythes ou ge universe, représenté, réfléchi, eabor’ eh Mythes ou en connaissances, €n rites oo tae 4 . eae Seule Pimitation est donc soumise @ des lois Proprement dites, tandis que Vinvention échappe & toute regle, car c'est ely qui impose de nouvelles lois et : nouvelles ae 7” Les deux puissances de I’4me, la croyance et le désir, ne sont pas seulement engagées dans Pimitation et | invention, mais aussi dans les institutions collectives qui organisent leur composition/agrégation, au niveau social proprement dit. Les croyances sociales (ou collectives)? constituent lz Csubstance » des institutions et les désirs les «forces motrices » du progrés social. La création de nouvelles croyances et de nouveaux désirs détermine en méme temps de nouveaux désaccords et de nouvelles unions. « C’est par des accords ou des oppositions de croyances s’entre- fortifiant ou s’entre-limitant que les sociétés s’organisent ; Jeurs institutions sont surtout cela. C’est par des concours ou des concurrences de désir, de besoin, que les sociétés fonctionnent. »? Crest ainsi que tous les courants de foi et de désir se heurtent ou se composent selon une « logique sociale », qui régle les soustractions et les additions des puissances. On retrouve ici la primauté de Pélément logique et intellectuel sur Pélément de la volonté que Tarde avait découvert au niveau infinitésimal. Mais il faut remarquer que cet élément logique et intellectuel qui veut rendre plus cohérents les croyances et les désirs, les idées et les volontés, « est toujours 140 1G. Tarde, Les Transformations dy uvOIT, Op. cit., p. 36-37. pag sot humaines se séparent pes peu leary sours init Puc limension collective: «Par le Tereloppement du cété intellects" dh cond ya royances collectives, et en second liew par le développemtt oes * lontaire, des desseins collectifs » (Ibid., p. 6). }G. Tarde, Les Lois de Vimitation, op. eit. p. 158. postf| des © ef alle tion| sign| cro Tare nies| sent hon] | Posthzce Société, p™pant ante, et dehors ou en Seule It dites, lest elle Esir, ne ntion, isent ement hent la forces uvelles temps st par fentre- isent 5 cours i sir se >, qui . On lectuel rt au ment ts les jours rieures lectuel ment pol 141 force comme les autres » (que ces forces logiques soi af “constitutions ou des langues, des systémes ou di ie “oe mes?)* La cohésion sociale que les institution: S Pro- gomeememe UN désir qui n’est pas toujours d* S viset dont Pintensité varie d’aprés le temps oa se veil existe bien une Raison pour les individu eipme pour les société ; mais cette raison n’est qu'un se Jus ou moins développé par ses satisfactions o apécialy «plus on me 1 ames ot ne aUssl des inventions et des découvertes qui l’ont 1 satisfait. » On se constitution, demandera donc toujours - y compris pour une pour une langue, ou pour la « raison > ~ quelle force s'y exprime, quelle puissance s'y manifeste, car «il sagit d'une force vraie, qui réside dans le cerveau des indi- ui séléve ou s’abaisse, dévie 4 droite ou a gauche, vidus, q\ se tourne vers tel ou tel objet, pays; tantdt se réduit & une devient un ouragan, ments politiques, hier aux gues, demain & Vorganisation in point dans son Jabeur incessant, naire, »? 13. _Traiter le probléme tion faite de ce qui est s signifie pour Tarde compr croyance exercent Tarde, en effet, le nies, mais les rapports SO .s relations 5 es wl «spécifiq implemen" comment f © endre imitation. Jeur puissam caus, ing tendent 4 oriths suivant les époques et les brise insignifiante, tant6t aujourd’hui sattaque aux gouverne religions ow avant-hier aux lan- dlustrielle, mais ne s'arzéte régénérateur ou révolution- ain », abstracr ve physique» le désir ci la Selon 3 travers a elon ciales sont multiples exif oe vent-ils, 56 edu : 16 5 varies solent®™ oe dum eransmectte OU dara, de wyement bum: ¢ « vital » OW ment sent 4 deux groupes: “ Ux groUPES Fe persuasion © homme & un autres P 142 desi, A eg s autres, un désir. Ay ou de force, une covert I elles denseignen dit, les uns sont des varies ge commandemese autres des varidtés 08 Nidentifige par Tarde 3 Pacis, Lianalyse de imitation idee Peau, pemmee hk distance Pun corse Son lesquelles une force agit sup hender les modality’ yasalité. spécifique que cette aci autre force, aver comment sexerce la force affect imp ia ee iene esprit, Paction a distance, ne souls’ le rapport d’esprit 4 esprit, ae on de E € souldye pas moins dinterrogations que Ta question de I's action sy pm action » dans la philosophie de Foucault, de affect che Spinoza ou de la volonté de puissance chez Nietzsche, Poy, epidornier, on Te sait, une fois formulée 'hypothise de forces affectives, on ne peut pas éliminer 'action & distance car la force ne peut agir que sur une autre force: « Mais hulle part la force ne meut les choses, Ia force que now sentons, ne meut pas les muscles en mouvement. »* Sachant que pour Nietzsche, comme pour Tarde, la force affective est la seule explication possible du mouvement, nous ne pouvons imaginer une attraction sans intention, Cest-dire sans présupposer une force affective. « L’attrac: tion et la répulsion au sens purement mécanique sont des fictions pures, des mots. On ne peut pas éliminer V’actiona distance ; un chose en attire une autre, une chose se sent attirée. Voila le fait fondamental ; au contraire, la représen tation mécaniste de la pression et du choc n’est qu’une hypothése fondée sur ’évidence visuelle et le toucher. »’ «Comment alors, @’un cerveau 4 un autre, s’opérait le transvasement de leurs contenus intimes, de leurs idées ¢t de leurs désirs ?»* Si on en juge par les sociéeés animales lt causalité par action & distance opérait « presque sans signs comme en vertu d'une sorte d’électrisation psychologiqu’ par influence. On doit admettre que, dés lors, et peut? 1 Hid, p. XL. 2 Geen, La Volonté de puissance, op. cit. p. 360- 4 + G. Tarde, Les Lois de Pimitation, op. cit, p. 224. avi Postfizce tremeng pent, les nt. 1 fistion a appré. Sur une action fective lsoulave Hon sur ct chez, le. Pour lése des stance, « Mais le nous ja force lement, ntion, attrac- nt des tion a e sent brésen- ju’une > rait le jées et les, la ignes, gique -Btre 143 posh? ay ea oo jntensité remarquable, décroissante depuis lors, te Ur yne action inter-cérébrale & distance, dont la sug- see notique peut nous donner vaguement ides a guea nénomene morbide peut ressembler Sun fat won action es le probléme élémentaire et fonda: metal °° la pocbologie sociologique (qui commence la ob 4 poring physiologique aboutit) doit s’efforcer de oudre. » . et suivre Tarde, Vinvention du langage a facilité la trans- n des idées et des volontés d’un esprit 4 un autre ; elle créé ex nibilo. La marche de Pimitation va du dedans au dehors (« ab interioribus ad exteriora ») ; sans cette sedge prtalabl, la production du langage est inconceva- ple. Nila parole ni Péchange ne peuvent expliquer le social. A Porigine, comme pour les monades, un homme com- mande et les autres obéissent. « La parole n’a pas commencé par etre &change. Elle a di étre d’abord commandement, Cesta-dire une sorte action de fonction sacerdotale et monarchique, éminemment autoritaire, accompagnée d'une Pifmeinavon ou dune action suggerée, UT sacrement, Uf monopole auguste. »? "Tarde entreprend expliqu ces affectives est au fondement dement soit de missio’ ne [2 Pas n des for- er comment Pactio ‘de Paction 4 distance. Sil est exclu que ce fon vr aeare verbale, explication reste dans son ensemble assez miystérieuse. «Je fais A peine ant idée Vapplication de Ia force- une métaphore en appeat 1 rapport croyance & des marques iqualitatives interne’ sas a pela pourtant avec nos sensations ¢ nos images = Of a es desscin, Papplication de Ja forcedésir Lune de ces a eepent 3 dein Pepniton ecm ase élément, non pas verbale gssurémenty TA) ent initiateus 5 verba" i 2 : inconnu, du quasi-dessein formé P¥ Sey inte a ~ en appelant conversion Ja transfor peut ef nt, par la Forigine comme moyen eS Pariodique:* nos jours sa forme Ja plus rpecente, 18 PI Dy 144 samen dans quel entre, 8 place de son qunide, Elément tad dau, eves” (MS, 99). 7 Nictzscre San commandenwent sur la volonté d'un aye ment stexerce 0” Cea dominant sur le cerveau donate? ddement n’agit pas co: comment agit : : e comman n m aha parole cofe comme ce qui se cache dervitre les or egrice )eaue action une close es transmise. Mais gd Seta son des “vibrations” n’est encore que Pexpresign Uaméme phénoméne pour un autre sens ~ Ce nest pas urn explication. Derriére Ja vibration visible sec che de nov. vena le phénoméne réel. La science cherche & interpréter on divers sens le méme phénoméne, et A tout réduire au sem, dont les perceptions sont les plus distinctes, au sens optique Derrigre tout “vouloir”, tout “sentir” nous supposons Gh mouvement qui serait Péquivalent pour Pail.» Chee Nietzsche aussi, il ne faut pas confondre action de la force affective avec le langage ; mais comme chez Tarde Pexpli. cation reste pour le moins obscure. La marche de la force affective de Vintérieur vers Pexté. ricur se fait sur la base d'une causalité immanente, qui agi sans sortir d’elle-méme. Bergson, dans la préface d'un recueil articles de Tarde?, reconnatt que la partic la plus originale de sa théorie repose sur sa conception de Ia causalité, Elle ne se raméne en effet & aucun des types de causalité décrits par les physiciens et les métaphysiciens. Elle ne se manifeste ni par une impulsion mécanique, ni par une attraction morale. Bergson Ia définit plutdt comme une action sii generis s'exercant d’esprit 4 esprit. La description bergso- nienne respecte scrupuleusement l’esprit de la démonstr- tion de Tarde. _ «Cette relation singuliére est non pas une impulsion phy- sique recue ou donnée, un transport de force motrice [-] Mais une transmission de quelque chose d’intérieur, de men’ Me paral. EF Nietsch, La Vo - H. Bergson, ‘Prd Michaud, 1960.” lonté de puissance, op. cit. p. 349. 7 ce AG. Tarde, Pages choisies par ses fils, Pats, loin de pr _ L luis berg] lek tion] opé mai: de 4 pore Futsd pstface bssein com. tre, iné > ole, lons ; duc. sion une pou- en ens que ons thez ree Ipli- te git eil ale lle its te ai O- ae 145 face F pf ade Pun des deux sujets 4 Vautre sans étre, chose ge? amoindri en rien pour le premier. »! 4008 ever que cette action, dun esprit sur un autre i Fe décrite Par Tarde en faisant usage des métaphores ptt nologies de la communication de Pépoque. L’action «grace est Pe action qui consiste dans une reproduction a photographique d un cliché cérébral par la plaque sen- feq'un autre cerveau>*, sj le langage 4 facilité le développement de I’action 4 alors toutes les technologies qui reproduisent distance, . Fi méaniquement Pexpression des forces affectives peuvent drelopper le pouvoir de l’imitation - et donc de action 4 distance. Les sociétés contemporaines seraient qualifies par ce genre de technologie plutét que par les technologies méeaniques ou thermodynamiques. « Crest que les moyens mécaniques (parole, écriture, imprimerie) destinés 4 porter loin et fort Paction suggestive du meneur, n’ont pas cessé de progresser. >? Pour Tarde, le groupe social de Pavenir est le «public », constitué 4 distance par ces technologies.* 14. Bergson mériterait un livre & lui seul. On se restreindra ici 4 emprunter a ine bergsoniennes pour considérer ce ave | le apeal Ne Bnorpies (deta force affective ~ sachant dv oon tion définit les relations de pouvoir) » $F son origi opération demeurent mystériewses,— rrde de Bergsom De nombreux éléments rapprocl ae Tarde colo mais le plus décisif est 4 mo? sens ees de Tarde est une métaphysique ¢°° Le rapport entre Tarde et ear - it, p- 30- . Tarde, Les Lois sociales op: i P no oe 2 Ibid., p. VILL. voir, op Gt de tiopolitiaue ” 3.6. Tarde, Les Transformations eS icion du 4. Voir mon article « norman reason itur Antérieur, n° 39-40 pacity etioas fan Postfacg ellement. L’hétérogénéité qui est au fond e tardienne est une hétérogénéiré du temps Pest pas rester égal a soi-méme, mais dye cot SaDurer c'est changer ; Ja durée, le temps, n’est Que pay ¥ évél nts. »! La lecture de Bergson perme et pour les éveneme? du rapport entre force ¢ et de tirer toutes les conséquences ¢U PP entre force et temp, dlans Ie mesure ob c'est par la qualilicstion immédiatemeny temporelle de Ia force qu'il est posse” ot rendre compre de sa spontanéité et de sa réceptivité. On ee que leg commentateurs de Bergson n’ont pas suilisamment mis Paccent sur Je fait que le temps est défini comme une force et une énergie. A l'exception, ill est vrai, de Deleuze, qui Sest attaché 3 montrer que D’avant et Papreés cessent Petre Me conditions du temps chronologique pour définir les conditions de expression de la puissance. | Ce qui chez Tarde est seulement annoncé ~ 4 savoir que le rapport entre actuel et virtuel est la force méme — devient avec Bergson le foyer de production du pouvoir d’affecter et Pétre affecté. On peut en effet appréhender le processus de création du temps chez Bergson comme un processus de création et d’accumulation des forces. N’écrit-il pas que ’on peut considérer la durée comme « une force 4 sa manitre », et le temps comme une « cause de gain ou de perte », car, dans le domaine de la vie, la durée semble bien agir 4 la maniére d’une cause (une « quasi-cause ») dans la mesure ob la réversibilité du temps de la science classique n’y est jamais réalisable ? Mais de quelle force s’agit-il ? Comme pour Tarde, il ne svagit ni d’une force cinétique, ni d’une force potentielle. Bergson s‘inscrit résolument dans la tradition matérialiste selon laquelle la force est dans un rapport étroit avec h sensation. Selon lui, la durée agit de deux fagons différentes par rapport 4 la force affective. En premier lieu, toute se sation a lieu dans le temps et le temps n’est pas indiffére* 146 figes temporellen de Ia monadologi car «durer » ce D eMeny 1.G, Tarde, «La variati i 1G. Tarde, ion universelle », op. city p. 392 Bergson, Les Données immediats dea conanc, op. cts P10 Postfizce ndement flu temps ais deve. t que par jermet de et temps iatement fcompte JA que les ent mis ne force bie ui pat d’étre bfinir les voir que L devient WPatfecter yrocessus cessus de que l’on niére »?, |e», Car, agir 4 la esure oU st jamais oe rentielle. térialiste lt avec Ja fférentes loute sen différent it., p- 103+ 147 psf . got gnrensit€ t < Une ee par cela seul qu’elle se 3208 emodifie au point dedevenir insupportable...e Bro- lonmeure pas ich Je méme, mais se renforce et se rt ssit de se ‘sé. >? En. second lieu, et plus prof ‘lemeat ee tout eae rofondément, la Ja source originaire de toute sensation. Or on a vu se manifester, a besoin d’un sentir plus ut sentir suppose une durée qui conserve s le vif », Pavant dans l’aprés, L’intégration du f qw’il faut présupposer dans toute sensation, ecquireste aux yeux deTarde une énigme, nous est expliquée ar Ja théorie bergsonienne du temps. Comment Bergson définit-il en. effet la durée pour la distinguer du temps chro- teiue «Elle est mémoize, mais non une imémoire per- connelle, extérieure 4 ce qu elle retient, distincte dun passé dont elle assurerait la conservation : c'est une mémoire inté- dont ele Sshangement Tui-méme, mémoite qui prolongs avant dans Papr’s, et les empéche dre de purs jnstantanes apparaissant et disparaissant dans un présent qui renaitrait sans cesse. »? On en conclura que Je temps réel, la durée qui s distingue du temps chronologique, ¢t pouvoir méme qui conserve ce qui n’est plus dans ce qui est. , Lanouveauté radicale introduite pat Berge dans défr nition de la force repose sur le fait que ce pouvoir Hg CO vation, cette puissance de sentir, es par lerapp de Pactuel et du virtuel. Ce dernier est au force en tant que force réceptiver il perme je Ia sponte ton fememorre ; mais il est aussi Oe ng actualisation- néité de la force, car le virtuel vend i fonder Le pouvoir d’affecter ct derre affect ner’ porel. La durée est done <1 rea Bergson oh west plus un mode, mais Wetre MEME probleme Ns : ‘ rapport 30 Pre oar Tard une conséquence importante PA gyil est invest! PM etwel ge cruel &F ffective te a oe pour expliquer le social # Te rapPe? TMbid, po 102 ginal 2.1, Bergson, Durée e i ct i postft Po: 148 stface i i oy say. « , ons i est un rapport « polarisé » qui dégage et produit une énergie oats >| : particuliére - une « énergie aorganique» dira Delewes Yo fait i ‘Rien ne dit que Pétude des phénoménes physiologiques a Qorie ‘ général et nerveux en particulier, ne nous révélera pas hegre fe dq | del fore vive ou énergie cinéique dont parlit Libri, ORES ‘i cété de Pénergie potentielle qu’on a di y joindre plus tard, Je mo Hy quelque énergie d’un genre nouveau, qui se distingue des | chang 2 + 4 i i i t deux autres, & ce qu’elle ne se préve pas au calcul, » ' ce qui 7 Cette énergie dun « genre nouveau > (que lon ne peut | aa identifier ni 4 Pénergie des physiciens’, ni & celle des méta | a physiciens, ainsi que le rappelait Bergson & propos de ly Tar causalité tardienne) est la durée en tant que telle. Elle est j | f étroitement liée dans la pensée de Bergson la force affective | sujet que I’on peut se risquer & affirmer que durée et force affec. | ocean tive sont une seule et méme chose. Le rapport virtuel/actuel Jectue i qui définit la conscience en tant que mémoire ne se borne découy pas a produire cette énergie a-organique ; il produit et « uti- 4 ene || lise & sa maniére » toute forme d’énergie connue par la Pind physique. « Mais si le mouvement moléculaire peut créer de de Vin Ia ‘sensation avec un néant de conscience, pourquoi la Ces conscience ne créerait-elle pas du mouvement A son tour, ere soit avec un néant d’énergie cinétique et potentielle, soit en utilisant cette énergie 4 sa manitre ? »? sponta La force affective n’implique pas d’abord le mouvement Horas mais le changement, c’est-A-dire un mouvement intensif ob, bers précise Tarde, «n’entre pas en considération Pétendue, quoiqu’il puisse fort bien avoir lieu dans espace». En LG emmagasinant la durée, cette force échapperait 3 la loi de la op. ran q oo . Psychol 1H. Bergson, Les Données immédiates de la conscience, op. cit, p. 10. 1963, P. rig Le Physicien pourra parler de forces, et méme s’en représenter le mode corporel| dlaction par analog avec un effort interne, mais il ne fera jamais iter raffinds, $E8¢ hypothése dans une explication scientifique. Cou mnéme qui a2 action is aruda), templassat les atomes étendu par des poinis dyaamiques ai" prolong: Font les centres de forces et les lignes de force meathésoariauement ss © aeissent spacer dee force elle-méme, considérée comme activieé ou effort. I de Vame| on cntendu ic que le ‘apport de Caualitéexterne est purement mathe aévelog set fepsemblance avec le rapport de la force physique 4 ie, quien émane. > Cf HL bs P Phie, perc ae rae H, Bergson, op. cit., p. 143, Mitce f'sic luze, Ss en fa leut fta~ [is si hel tface post 149 conservation de Péners ie et définirait des états vatifs >, loin de Péquilibre. Tarde est tout § fron one du fait que ce point de vue transforme en puprouscient tigrie de Ia force. «La théorie de Ie ceen fr aender a forces et de la conservation immuable de In hone oes au fond, 8 cette explication universellesIe moore eats Je mouvement. Pourquoi pas plutét le changement Pe fr le changement ? J’ai soin d’ajouter : “et dans le chan oon ot ce qui établit entre les deux doctrines un profond intervall ; et nous sauve du gouffre de la substance identique et mone. tone, ob Spencer nous plonge et nous abime. »! Tarde avance une hypothése d’une actualité certaine au sujet du rapport entre technologie et forces affectives, Ce sont ces derniéres que les prétendues « technologies intel- lectuelles » cristallisent et reproduisent. « La fixation des découvertes par Pécriture, qui permet leur transmission 4 distance et A de longs intervalles de temps, est ’équivalent de cette fixation des images qui s’accomplit dans le cerveau de Pindividu et constitue le cliché cellulaire du souvenir. »* Ces technologies s’agencent avec nos flux d’énergie affec- tive en cristallisant et en reproduisant le rapport entre durées et force, mobilisant de ce fait les fondements de la spontanéité et de la réceptivité de la force. La reproduction mécanique de ces technologies viserait donc la production : : 3 industrielle du rapport force-temps. Essais et mélanges sociologique, 1G. Tarde, «La variation universelle », Op. cit., p. 422. oH it, p. 161. Voir encore «La 2G tarde Ls lis de inion, Pmt die psychologic et la sociologie », Annales de [Insti ter pose inter 1903, p. 79 : « Mais encore faut-il oe ote pt ls moyens plas on inter-mentale, dus Pajjue moyenna pe ey pe a Od Shen ion inter- le A distance ob [a *oubliera pas que Je Prolongée par des, moyt™ Gu désir et de la croy- 4 aissent de la combinaiso' en tant que base dt ce et temp: Vidéophiloso” de Pime.. 2a eor une analyse du rapport eBi© 2° Sg" Lazaro dévelo, ides nouvelles technologies, 7° ratte, Ppement oral dans le post} Phie, perception et travai mest Postfzce 150 15. A e une place & part dans Phistoire dy Gabriel Tarde occupe 1 Pte ve que parce que la tac fecal affect. atérialisme de I ‘ mn luire les forces affectives et leurs relations de ive de tradi ; a bcé tative nntités sociales » n’a pas de précédent dans ouvoir en « qual Fi 5 8, . ae tradition qui va de Spinoza a Dele uze, meme si chez Nietzsche la détermination de la « différence de quantité, des différentiels de puissance joue un rdle fondamental dans sa définition de la force. Ce n'est qu’avec Tarde que les forces affectives opérent ala fois comme éléments consti- tuants et analyseurs du social. La définition de séries socio- logiques fondées sur le monisme de V’affect permet ainsi de concevoir une «sociologie des valeurs » (dont la « valeur économique » ne serait qu’une articulation) faisant écho 4 a philosophie nietzschéenne des valeurs. L’« élément subjectif » que les sciences sociales ont cher- ché dans le travail, le don, la libido, le langage, la commu- nication, l’échange intersubjectif... ‘Tarde le trouve dans le désir et la croyance en tant que virtualités du « sentir pur ». La qualification de |’élément subjectif par la force affective renvoie la définition du social et de ses lois 4 une éthique de Ja puissance : « Toute chose est une société, tout phéno- méne est un fait social. » La sociologie des affects laborée par Tarde sur la base dun matérialisme de la puissance ouvre une alternative radi cale & la tradition des sciences sociales telle qu’elle s’est Tebee fart arene de l'économie politique. Or, ae comm . ie de ae « post-historique », of _ » en train de vivre, pourrait bien étre Pere nee sociale des affects, cx Maurizio Lazzarat Traduit par Vante" . Révisé par Eric Allie a?

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