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Jean Airvaux

Pascal Foucher
D. Magnant
F. Marandet
J. Bernard

Les techniques informatiques du traitement de l'image


appliquées à l'étude des gravures paléolithiques
In: Paléo. N. 3,1991. pp. 139-147.

Abstract
The application of the technologies of image treatement to plot the paleolithic engravings. After reminding the usual methods and
their limits, the authors explain their experimentation with the first results. This first application seems to be a coming solution for
the study of paleolithic art.

Résumé
L'objet de cet article est de présenter l'application de technologies de traitement de l'image au relevé des gravures paléolithiques.
Après un rappel des méthodes habituellement utilisées et de leurs limites, les auteurs exposent leur expérimentation et les
premiers résultats obtenus. Cette première application apparaît comme une solution d'avenir pour ce qui concerne l'étude de l'art
paléolithique.

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Airvaux Jean, Foucher Pascal, Magnant D., Marandet F., Bernard J. Les techniques informatiques du traitement de l'image
appliquées à l'étude des gravures paléolithiques. In: Paléo. N. 3,1991. pp. 139-147.

doi : 10.3406/pal.1991.1044

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pal_1145-3370_1991_num_3_1_1044
PALÉO - N° 3 - Décembre 1991

LES TECHNIQUES INFORMATIQUES


DU TRAITEMENT DE L'IMAGE APPLIQUEES
A L'ETUDE DES GRAVURES PALEOLITHIQUES

J.AIRVAUX* et Pascal TOUCHER*


en collaboration avec :D. MAGNANT**, F. MARANDET** J. BERNARD**

Résumé :
L'objet de cet article est de présenter l'application de technologies de traitement de l'image au relevé des gravures paléolithiques.
Après un rappel des méthodes habituellement utilisées et de leurs limites, les auteurs exposent leur expérimentation et les premiers résultats obtenus.
Cette première application apparaît comme une solution d'avenir pour ce qui concerne l'étude de l'art paléolithique.
Abstract :
The application of the technologies of image treatement to plot the paleolithic engravings.
After reminding the usual methods and their limits, the authors explain their experimentation with the first results.
This first application seems to be a coming solution for the study of paleolithic art.

De l'ensemble des données palethnographiques qui NATURE DU PROBLEME


nous sont parvenues de la Préhistoire, la gravure
occupe une place à part parce qu'elle n'est pas seul Les oeuvres gravées se présentent généralement
ement assimilable à une expression artistique immédia sous une forme très complexes. Les supports ont servi
tementsignifiante à l'observation. Son intérêt potent à une multitude de représentations successives. Ils
iel tient en grande partie à l'importante masse d'i sont parfois devenus totalement illisibles. La densité
nformations qui réside sur les supports gravés. En ce des traits peut atteindre, voire dépasser 50 unités au
sens, elle se rapproche bien davantage d'une paléoéc cm2. Les sillons ont une largeur allant de plusieurs
riture. millimètres à quelques microns, de sorte qu'il y a
continuité entre le niveau macroscopique et le micros
copique (fig. 2 et 3).
La formidable complexité qui résulte parfois de
cette superposition d'informations constitue un réel Il peut toutefois exister une hiérarchie entre les
écueil à l'avancée de la connaissance. représentations qui découle de leurs rapports chronol
ogiques, ou de l'expression d'une thématique cultur
elle. L'étude technologique des gravures, la réitéra
tionde certains thèmes, permettent parfois de faire la
A la lumière d'études et d'expérimentations appro part des choses.
fondies des techniques et procédés de relevés utilisés
par d'autres chercheurs ou mis au point par nous- Enfin, la morphologie du support a souvent été un
mêmes, nous devions peu à peu aboutir à la conclu élément déterminant dans la représentation. Elle a
sion que seules les nouvelles technologies d'optoélec joué un rôle actif dans les orientations iconographi
troniqueet du traitement informatique de l'image ques des paléolithiques.
seraient susceptibles d'offrir une solution décisive et
adaptée à ce problème. Le but du relevé est de rendre intelligible cette
complexité. Il doit donc prendre en compte toute la
réalité de l'oeuvre et répondre aux principaux critères
L'objet de cet article est de rendre compte des d'exigence suivants :
premiers résultats obtenus à l'issue d'une phase de — fiabilité : il est nécessaire que l'image soit une
faisabilité, par l'application de ces nouvelles techni projection parfaite de la réalité sans altération dimen-
quesau relevé des gravures paléolithiques.(l) sionnelle ;

* Circonscription des Antiquités de Poitou-Charente, 102, Grand'Rue, 86020 POITIERS CEDEX


** Laboratoire d'optoélectronique (Ecole Supérieure d'Ingénieurs de Poitiers, Université de Poitiers), 40, avenue du Recteur Pineau, 86022 POITIERS CEDEX
(1) Ce travail est le fruit d'une collaboration entre lEcole Supérieure d'Ingénieurs de Poitiers et la Direction Régionale des Affaires Culturelles - Circonscription
des Antiquités de Poitou-Charente.

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— exhaustivité ; un relevé doit tendre vers la perfec réalisé par calque direct. Cette méthode est tributaire
tionen ce domaine. L'absence d'un trop grand nomb de nombreux inconvénients en particulier ceux inhé
rede traits peut être déterminante et conduire à une rents à l'éclairage. Une source lumineuse ne révèle
interprétation erronée. qu'une faible part des gravures ; seuls sont visibles les
traits disposés perpendiculairement à l'axe d'orienta
— offrir la possibilité d'un traitement analytique de tion de l'éclairage.Il y a donc lieu de recourir à
façon à isoler les représentations par affinités morphol plusieurs prises de vues sans changement d'échelle et
ogiques ou directionnelles, et à en faciliter ainsi à les superposer. Dans la pratique, cette opération est
l'étude. très difficile à réaliser de façon satisfaisante.
— permettre une mise en relation entre la morphol — Le relevé sur moulage
ogie du support et la disposition des gravures sur
celui-ci. La reproduction de l'original peut être obtenue à
partir d'une empreinte en élastomère ou en plastiline.
— rapidité d'exécution : l'ensemble des techniques Pour le relevé, on peut recourir aux deux techniques
précédemment évoquées est très dispensieux en précédemment évoquées.
temps. Ceci explique en partie la rareté des publica
tionset des monographies. Le facteur temps est — Le relevé par rétroprojection
capital dans la mesure où il existe des milliers (voire
des dizaines de milliers) d'oeuvres paléolithiques qui Cette méthode a été mise au point par l'un d'entre
doivent être confrontées les unes aux autres pour nous (J. A.). L'équipement (fig. 1) utilise une chamb
progresser dans nos interprétations. rephotographique de grandes dimensions. Celle-ci
est disposée au dessus de l'objet qui est éclairé par une
ETAT ACTUEL DE LA RECHERCHE source mobile. L'image de la surface gravée est arrêtée
par un dépoli (calque) sur lequel on trace le relevé. Le
A l'occasion du colloque de Foix-Mas d'Azil rapport d'agrandissement peut varier de façon conti
(1987) sur l'art des objets au paléolithique, C. Ser- nuede 1 à 4. On accède ainsi à des tracés particuli
velle évoquait dans sa communication les travaux de èrementfins dont la largeur peut atteindre 0,005 mm.
L. Pales et constatait que ce dernier avait déjà posé les Ceux-ci, sur l'original, sont strictement invisibles à
problèmes concernant les relevés d'art mobilier lithi- l'oeil nu. Cet équipement est très performant, mais ne
que et qu'il était bien difficile, même dix huit ans après peut être déplacé sur un site pariétal.
leur parution, d'ajouter autre chose à ces propos (C.
Servelle, 1990). Toutes ces méthodes sont donc manuelles, lentes,
et plus ou moins précises. Leur fiabilité dépend de
Même si la méthodologie de L. Pales reste d'actual l'habileté de celui qui relève. Dans la plupart des cas,
ité, nourrie et augmentée des apports de chercheurs le résultat obtenu n'est qu'une mauvaise interprétation
récents, force est de constater que la recherche ac de la réalité très largement insuffisante pour que les
tuelle est dans une impasse du fait des limites des relevés soient scientifiquement exploitables. Seul le
techniques du relevé et des moyens mis en oeuvre. procédé par rétroprojection est satisfaisant, mais il
Nous les rappelons brièvement dans les lignes qui demande beaucoup de temps.
suivent (2).
— Relevé manuel direct sur le réel SAISIE OPTOELECTRONIQUE
ET TRAITEMENT INFORMATIQUE
Cette méthode consiste à appliquer sur la gravure DE L'IMAGE
(ou la peinture) un calque ou film transparent et à
suivre le tracé au crayon à main levée ; c'est le plus 1) - Protocole de l'expérimentation
ancien procédé, mais il est toujours en usage, depuis
E. Rivière et H. Breuil. Le traitement d'image a été fait sur une station de
travail comportant un ordinateur MAC II CI (8 M.O.
— Le relevé sur photographie de mémoire vive et 80 M.O. sur le disque dur). Cet
appareil est équipé d'un logiciel de traitement d'image
Le procédé utilise des clichés de l'original en « OPTILAB » et d'une carte d'acquisition d'images
grandeur nature, réduits ou agrandis ; le relevé est « OPTISCAN » de NEOTECH.

(2) Les techniques de relevés ont déjà fait l'objet de nombreux développements. Nous renvoyons les lecteurs aux articles de M. Lorblanchet (1984) et N. Aujoulat
(1987). Nous n'aborderons ici que les problèmes relatifs aux relevés des gravures ; nous délaissons volontairement tout ce qui concerne la transcription des
peintures, dans la mesure où les recherches s'orientent davantage dans le domaine de la photographie couleur, qui ne nous semble guère adapté aux gravures.

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En ce qui concerne la procédure de prises de vues traitement hiérarchisé, en deux étapes, ont été élabor
et d'acquisition d'images, les pièces archéologiques és.Selon cette procédure, par un traitement très
ayant servi de support à ce travail ont été placées sur « sévère » on ne garde dans un premier temps que les
un bâti permettant des éclairages selon quatre direc zones à fort contraste. Un traitement semblable à celui
tions : haut (H), bas (B), droite (D), et gauche (G), présenté précédemment est effectué et on « soustrait »
avec des angles d'inclinaisons variables, mais toujours alors l'image obtenue (a) de l'image de départ, de
proche d'une incidence rasante. manière à traiter, dans un deuxième temps, les zones
à moyen ou faible contraste. A la fin de ce deuxième
Les prises de vue ont été effectuées, selon le cas, au traitement (b), on « somme » (a) et (b) de manière à
moyen de deux caméras SONY (V 200 et professionn reconstituer une image complète.
elle), la taille de la surface reproduite variant de 3 à
4 cm2. Des essais préliminaires ont montré que seule 2) Les résultats
la position « MACROPHOTO » de la caméra pouvait Les figures 3-4-6-7-9 sont des exemples d'images
donner une netteté suffisante sur toute la surface de obtenues grâce à ces traitements à leurs différents
l'image. En effet, l'utilisation de bonnettes additives ( 1 stades d'élaboration (elles sont la synthèse de trois
à 5), bien que plus simple d'emploi, amenait « un prises d'image, chacune ayant un éclairage différent :
vignettage » nuisant à la netteté sur les bords de haut, gauche, droit) ; l'éclairage venant du bas n'a pu
l'image. L'inconvénient de la méthode employée est être intégré à cause de l'encombrement du matériel
qu'elle oblige à se placer très près de l'objet apportant optique.
une certaine gêne dans la bonne répartition de l'éclai
rage. Seul l'emploi d'un objectif « macro » interchan La possibilité d'un traitement analytique est illustré
geable pourrait résoudre ce problème. par la différence entre les figures (3-4) et (6-7).
Pour chaque pièce, des prises de vue ont été Dans l'état actuel de notre expérimentation, les
effectuées pour les 3 ou 4 types d'éclairage différents. images sont déjà acceptables par rapport aux métho
Des essais d'éclairages groupés (H-B ou D-G) ont été desde relevés classiques (cf. le relevé de L. Pales du
tentés, mais sans apporter d'améliorations pour les même objet, fig. 5).
traitements d'images ultérieurs. Chacune des images
avec son éclairage propre permet de mettre en valeur, La pièce de la figure 9 est l'exemple d'un cas limite
selon le cas, certaines zones d'ombre et de lumière de superposition de traits. Elle a été traitée par la
correspondant aux gravures présentes sur la pièce. méthode hiérarchisée. La complexité et la densité de
la gravure démontrent la nécessité de pousser plus loin
Chaque image, jugée pertinente, a été mémorisée la méthode, en particulier au niveau de la prise de
selon une définition de 768*5 12 points et une résolu vues. Les objets ayant été saisis dans la totalité de leur
tionde 256 niveaux de gris. L'ensemble des images surface, les traits les plus fins se retrouvent en partie
numérisées constitue un fichier utilisable pour le éliminés. Pour éviter cette perte d'information, la prise
traitement. de vue doit porter sur une surface beaucoup plus
restreinte. Il faut donc fractionner la saisie en une
Le traitement étant destiné à révéler de façon mosaïque d'images élémentaires afin d'augmenter la
exhaustive les gravures, deux approches ont été envi définition de chacune d'entre elles. L'assemblage de
sagées : la méthode globale et la méthode hiérarchis ces images élémentaires requiert un matériel et un
ée. logiciel en cours d'étude de faisabilité dont l'exposé
Le principe du traitement global des images dépasserait le cadre de cet article. Cet équipement
consiste à traiter séparément les images correspondant permettra par ailleurs de traiter les grandes surfaces
aux différents éclairages, puis à en réaliser une compos gravées.
itionlogique de manière à faire apparaître, en noir
sur fond blanc, toutes les zones « en creux » de la CONCLUSION
surface de la pièce étudiée. Le traitement d'image de
la composition fait appel aux fonctions existant dans L'application des techniques de saisie optoélectro
« OPTILAB » : puissance, logarithme, exponentiel, nique et du traitement informatique de l'image à
gradient, filtres, seuillage... permettant déjouer sur les l'étude des gravures se révèle positive,
nuances de « gris » et les contrastes pour arriver en fin
de traitement, à une image « binaire » en noir et blanc. — Sur le plan de la fiabilité de la restitution (les
images obtenues se rapprochent déjà de ce qu'on peut
Pour des images plus complexes où les gravures attendre d'un relevé ; dans tous les cas, l'intelligibilité
présentent des caractéristiques particulières, et no des images numérisées est supérieure au rendu photo
tamment des contrastes très différents, des essais de graphique).

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— Sur le plan de la rapidité d'exécution (à partir du BIBLIOGRAPHIE
moment où les procédures de traitements sont conve
nablement adaptées, le résultat est immédiat). AIRVAUX, J., PRADEL, L., 1984. Gravure d'une
tête humaine de face dans le Magdalénien III de la
L'exhaustivité peut être approchée moyennant un Marche, Lussac-les-Châteaux (Vienne). Bulletin de la
équipement adéquat pour la réalisation du fractio Société préhistorique française, 81, 7, 1984, p.
nnement de l'image. Les traitements analytiques sont 212-215.
réalisables, mais nous ne les exposerons pas.
AUJOULAT,N., 1987. Le relevé des oeuvres pariéta
Au vu de ces résultats, notre recherche consiste les paléolithiques : enregistrement et traitement des
désormais à optimiser les performances du procédé et données. Paris, Maison des Sciences de l'Homme,
à mettre au point des logiciels spécifiques, en fonction 1987. 122 p., 113 fig. (Documents d'archéologie
d'un choix technologique le plus judicieux possible. française, n° 9).

LORBLANCHET, M., 1984. Les relevés d'art préhis


torique. In: L'art des cavernes: Atlas des grottes
ornées paléolithiques françaises. Paris, Sous-Direction
de l'Archéologie, Imprimerie Nationale, 1984, p.
41-51 (Collection Atlas Archéologique de la France).

PALES, L., TASSIN de SAINT-PEREUSE, M.,


1969. Les gravures de la Marche. I. Félins et ours.
Bordeaux, Delmas éd. 1969. 272 P., 34 p., 61 pi.
(publications de l'Institut de Préhistoire de l'Univers
ité de Bordeaux, mémoire n° 7).

PALES, L., TASSIN de SAINT-PEREUSE, M.,


1976. Les gravures de la Marche. II. les humains.
Paris, éd. Ophrys, 1976. 178 p., 42 fig., 188 pi.

PINÇON, G., 1990. Un vidéodisque sur l'art mobilier


paléolithique du musée des Antiquités Nationales
pour le grand public et la recherche. Brises, n° 15,
1990. P. 118-122.

SERVELLE, C, 1990. Les relevés d'art mobilier


lithique. In : L'art des objets au Paléolithique. IL Les
voies de la recherche. Actes du colloque international
Foix-Le Mas d'Azil, 16-21 nov. 1987, Direction du
Patrimoine, 1990. p. 245-251, 2 fig.

142
Fig. 1 — Matériel utilisé pour les relevés selon la technique de rétroprojection.

143
Fig. 2 - Vue partielle d'une surface gravée (réseau Guy Marin à la Marche - Vienne). L'échelle permet de se rendre
compte de la densité de la gravure (relevé J. Airvaux).

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Fig. 3 — Image numérisée et traitée. Plaque gravée
de La Marche.

Fig. 4 — Image numérisée ayant subi un traitement


plus élaboré.

Fig. 5 - relevé du même objet par L. Pales (Pales


1976, pi. 140).

145
Fig. 6 - Image numérisée et traitée. Plaquette os
seuse gravée du Chaffaud (Vienne).

Fig. 7 - Image numérisée ayant subi un traitement


plus élaboré..

146
Fig. 8 — Plaquette gravée de La Marche (Vienne).
Relevé de J. Airvaux.

Fig. 9 - Image numérisée et traitée de la plaquette


précédente (vue partielle).

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