Você está na página 1de 2

Thierry RABOUD

Analyse

Beethoven, Sonate pour piano n.27 op. 90

Cette sonate en mi mineur, écrite en 1814 et dédicacée au comte Moritz Lichnowsky, est
composée de seulement deux mouvements. Le premier, « mit Empfindung und Ausdruck »,
débute sur un thème martial caractérisé par ses rythmes pointés et son caractère solonnel.
L’alternance des nuances piano et forte structure ce thème en conférant une sorte d’écho. La
seconde partie du thème contraste fortement, tant par sa dynamique (dolce) que par sa nuance
(pianissimo). Par ailleurs, son caractère contrapuntique entre lui aussi en contraste avec
l’écriture de choral de la première partie du thème. Ce jeu contrapuntique, principalement
constitué de retards, sera un des éléments thématiques repris dans le discours musical. Ce
second thème s’achève sur la dominante et laisse place à une petite coda qui conclut sur la
tonique ce premier thème, en reprenant les éléments du premier thème (écriture plus verticale,
rythme pointé), mais de manière plus apaisée.

La transition qui s’en suit fait s’alterner des accords groupés et des gestes virtuoses de
descente de gamme, pour effectuer une vaste transition tonale marquée par des mouvements
cadentiels. La structure rythmique du début du premier thème (levée piquée) est développée
ensuite pour aboutir sur la tonalité de la dominante mineure (si mineur) dès la mesure 46. La
transition s’achève sur une succession marquée d’accords groupés qui amènent le second
thème, mesure 55.

Ce second thème, structuré en deux parties, présente une mélodie marquée (en octaves) se
déployant sur un accompagnement en doubles-croches à la main gauche. La seconde partie du
thème présente les mêmes éléments mélodiques, mais agrémentés d’un rythme pointé ainsi
que d’un jeu de retard, éléments déjà présents dans le premier groupe thématique. Ce second
thème semble s’épuiser tout seul, après quelques sursauts de la main gauche (mes. 71), sur un
accord de si mineur, puis sur un si unique, qui amène le développement.

Le développement reprend les éléments du premier thème. En effet, il débute sur le thème du
début de la sonate, transposé en si mineur. Mais cet élément thématique se déploye
rapidement, et s’amoindrit. De fait, la levée disparaît peu à peu, ne reste que le rythme pointé
qui est répété plusieurs fois pour effectuer une transition harmonique qui s’achève sur une
instable pédale de sol. Cette transition harmonique, marquée par une succession d’accords
diminués, se prolonge en une longue descente strictement chromatique de la main droite.
Dans le même temps, le rythme de la basse se rétrécit graduellement pour répondre à la main
droite par une montée chromatique. Ce double mouvement chromatique amène le
développement de la seconde partie du premier thème, ici aussi exposée avant d’être
dévelopée. Premièrement dans sa forme originelle, mais transposé en do, cet élément
thématique passe ensuite à la main gauche, en fa, alors que la main droite accompagne en
double croches. Puis, le thème est amorcé en la mineur, amenant un changement d’armure. Ici
encore, le compositeur déconstruit son thème pour un privilégier une séquence, ici le saut de
sixte final, qu’il développe jusqu'à l’épuisement. Alors que l’armure change à nouveau vers
mi mineur, l’élément thématique s’épuise sur un arpège de mi mineur. La main droite
présente un battement de double croches qui s’épuise et entre en jeu contrapuntique et
rythmique avec la main gauche qui aboutit en crescendo sur la réexposition (mes. 144).
La réexposition du premier thème est stricte. Le compositeur profite de la transition tonale
pour ramener le discours musical en mi mineur pour la réexposition du second thème,
prolongé vers si majeur. En guise de coda, une ultime présentation du premier thème,
fortement écourté, s’éteint paisiblement et achève ce premier mouvement sur un accord de
tonique pianissimo.

Le second mouvement, d’un caractère plus galant, est en mi majeur. Il est marqué par des
éléments thématiques constamment présentés en parralélismes de tierce ou de sixte, par un
mouvement persque ininterrompu de double croches qui accompagne les différents thèmes,
ainsi que par une alternance de tonalités majeures et mineures. La structure du mouvement est
celle d’un rondo. Le premier groupe thématique, développé sur un mouvement de doubles
croches alterne avec un second groupe thématique. Ce second groupe thématique amène un
accompagnement ponctuel en triolets, puis à nouveau en double croches. Cette accélération
amène la répétition du premier thème. Cette répétition s’achève sur un passage soudain en mi
mineur qui annonce le développement, relativement succinct. Il reprend les éléments
thématiques du permier et du second thème pour les transpser de mi mineur à do majeur pour
revenir en mi majeur. La réexposition amène une vaste coda, fortement marquée par un grand
jeu contrapuntique entre les différents éléments thématiques, se répondant dans des tessitures
diverses. La sonate s’achève sur le premier thème, repris et prolongé par un mouvement de
doubles croches qui s’éteint sur un mi en octave.

Ce second mouvement contraste fortement avec le premier mouvement, par son caractère plus
chantant et mélodieux ainsi que par son flux continu et paisible. Cependant, il présente des
similitudes avec le premier mouvement. Le continuo de doubles crochées était déjà présent
dans le premier mouvement, dans le second groupe thématique. Il se développe ici pour
devenir ininterrompu. Par ailleurs, le jeu de contrepoint animé par de nombreux retard présent
dans le premier mouvement se retrouve dans la coda du second mouvement, ainsi qu’un écho.
Finalement, les deux mouvements, malgré leur contraste évident, s’achèvent de la même
manière, sur un mi pianissimo, achevant ainsi de les rapprocher.

Ainsi cette sonate présente de forts contrastes entre les différents thèmes, au travers d’un
emploi varié des nuances et dynamiques. Cependant, bien que composée d’uniquement deux
mouvements, et animé par ces contrastes puissants, elle pérsente une forte unité de par les
similitudes nombreuses qui rapprochent les deux mouvements.

Você também pode gostar