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Le « retour de l’Etat » comme administrateur de la crise.

Par Norbert Trenkle.

1.

Les partis de gauches attribuent la crise économique mondiale actuelle à des causes politiques. Le
néolibéralisme avec sa dérégulation totale du marché et en particulier le déchaînement des marchés des
capitaux auraient échoué. Maintenant, ils prétendent que nous nous approchons d'une ère de règlementation
et de contrôle par l'Etat et notre tâche serait d'influencer les formes qu'elle prendra. La demande principale
est de revenir avant l'influence du capital financier et d’obtenir un renforcement de l'économie réelle, qui
devrait à son tour être réformée tant écologiquement que socialement. La réussite de cela, on la traite avant
tout comme une simple question de rapports de force et de mobilisation politique.

2.

Cependant cette analyse oublie le caractère fondamental de la crise mondiale. Même si elle a été précipitée
par un accident financier du marché, ses causes doivent être trouvées tout à fait ailleurs. L'épanouissement
immense des marchés des capitaux au cours des trente dernières années n'a pas été causé par des décisions
politiques obstinées ou incorrectes, mais est l'expression d'une crise structurelle de la valorisation de capital,
une crise qui a commencé par la fin du boom du fordisme de l'après-guerre. Par la réorganisation
fondamentale des conditions de travail et des rapports de production au cours de la troisième révolution
industrielle (automatisation, flexibilisation et précarisation du travail, les chaînes transnationales de création
de valeur, etc.), nous avons vu apparaître une rationalisation massive du travail dans les secteurs capitalistes
centraux.

3.

Cela a considérablement sapé la base de la valorisation du capital, qui consiste dans l'exploitation
continuellement croissante de la capacité de travail. Cela a à son tour mené à la déviation de plus en plus de
capital sur les marchés financiers : le capital ne pouvait plus trouver des occasions suffisantes pour sa
valorisation dans « l'économie réelle » et une bulle gigantesque sans garantie de « capital fictif » (Marx) a été
gonflée. Sans cette déviation qui a permis le report de la crise d'accumulation du capital, l'économie
mondiale se serait effondrée il y a longtemps. Cependant, le prix de cela était l'accumulation d'un potentiel de
crise de plus en plus grand. Il n’est ainsi pas étonnant que l'accident soit venu : ce qui a plutôt besoin d’une
explication est que cela pouvait être prolongé pendant si longtemps. C'était seulement possible parce qu'au
niveau de l’Etat et au-delà au niveau transnational, la politique a principalement visé le soutien de la
dynamique des marchés financiers et a ainsi réagi au début de chaque crise (celles du Mexique, en Asie, en
Russie, celle de la « Nouvelle Économie ») de la même façon : avec la création de crédit supplémentaire,
pour inciter l'inflation d'une nouvelle bulle. Le modèle de ces réactions est la preuve que la raison structurale
du processus de crise se trouve au-delà de la portée de la politique, car elle résulte d'une contradiction
fondamentale dans la dynamique interne historique du capitalisme, lui-même un pré-requis à toute action
consciente. Le capitalisme crée des forces productives immenses et des potentiels de richesse [matérielle] qui
permettrait une bonne vie pour chacun (vraiment pour chacun). Cette richesse n'est cependant pas compatible
avec le but autoréférentiel d'exploiter le travail vivant, parce qu'il rend de plus en plus de travail
superflu. Cela ne peut se terminer que par déterminer un processus fondamental de crise, qui sape non
seulement les bases de la valorisation du capital, mais en même temps les rapports sociaux de reproduction
sociale dont il dépend, avec les bases naturelles de la vie. L'inflation des marchés financiers n'est pas la cause
de la crise, mais un de ses symptômes. Elle montre que l'accumulation capitaliste peut seulement fonctionner
précairement comme un appendice au capital fictif.

4.

Dans ce contexte le contenu réel du très évoqué « retour de l'Etat » devient clair. Malgré tout l'intérêt de pure
forme pour la « régulation » et le retour à « l'économie réelle », la défense des marchés financiers gonflant
une nouvelle bulle de spéculation et du crédit continuera à rester au centre de toute politique d'administration
de la crise. Même les partis de gauche des sociaux-démocrates, des syndicalistes et des représentants
d'ATTAC doivent nécessairement exiger que les banques soient sauvées. Les seules différences sont
couchées dans le détail - c'est-à-dire si vraiment elles devraient être nationalisées qui devrait en assumer le
coût. Cette dernière question est cependant déjà résolue : les coûts sont si énormes qu'ils peuvent seulement
être couverts par l'emprunt public massif. Tout le reste (« imposer les riches », les coupes dans les salaires
des patrons, la responsabilité privée des banquiers, etc.) est simplement symbolique. Mais la fonction que ces
demandes accomplissent dans le débat politique est régressive, parce qu'elles servent seulement à dénoncer
des boucs émissaires et répandre l'idée d’une atrocité morale, masquant ainsi les vraies dimensions de la
crise.

5.

Seulement l'emprunt public massif pour sauver le système financier suggère - même s'il réussit précairement
à ajourner le délai du processus de crise avec une montée violente d'argent - que dans les années suivantes
beaucoup d'aspects de la reproduction sociale seront plus encore réduits parce que l'on ne peut plus les
considérer « financièrement viables ». Mais les sommes qui seront nécessairement dégagées pour rembourser
les dettes amassées ne seront jamais économisées par les politiques restrictives d'austérité. Il n'est pas de fait
possible non plus que je ce sois la masse des salariés, des précaires et des chômeurs qui puisse les payer. Ce
sont ces ouvriers, précaire et chômeurs cependant qui sentiront le plus intensément les effets des «
renflouements », parce que la dette servira d'une restriction brutale de chaque politique future, et peu importe
quel parti ou tendance aura à faire cela. Car tandis qu'il y aura des limites à l'emprunt public futur, le fardeau
des paiements d'intérêts grandira massivement. Les conséquences sont évidentes : la politique se concentrera
en premier lieu sur le maintien « des fonctions appropriées au système » et celles-ci sont, en plus des
marchés financiers, les cœurs restants et « les groupes » de valorisation productive du capital, avec
l'infrastructure et le personnel qu'ils exigent. L'infrastructure générale, la protection sociale, les services
médicaux publics seront démantelés plus encore, les salaires et les pensions de retraite seront diminués (par
des coupes et suite à l'inflation) et le nombre des précarisés et des gens « superflus » continuera à grandir.
L'administration de la crise, pour eux, signifie des cuisines de distribution de soupes, la discipline autoritaire
et l'exclusion. Même les partis politiques qui arrivent au pouvoir avec des promesses comme la volonté des
réformes sociales et environnementales suivent cette logique de l'administration politique de la crise.

6.

Le débat actuel sur les réformes est une farce, parce qu'il suggère une perspective pour laquelle les bases
matérielles ne sont plus présentes. Pendant les périodes de boom du capitalisme et particulièrement dans les
temps du boom Fordiste de l'après-guerre, une amélioration relative de la vie - et des conditions de vie - était
possible dans la structure de capitalisme, parce que la dynamique de croissance du mouvement de la
valorisation provoquait une pression pour intégrer un nombre croissant de gens dans le système de
production de marchandises et de travail. Depuis, de plus en plus d’entre eux ont été rendus « superflus » du
point de vue du capital, la fonction de « la politique de réforme » est réduite à l'organisation et à la
facilitation de la fragmentation croissante, sociale et régionale de la société. Cette tendance deviendra plus
visible dans le nouveau développement de la crise. Une nouvelle perspective pour l'émancipation sociale
peut seulement être formulée en opposition cohérente à la politique de démantèlement de l'administration de
la crise : par la tentative cohérente de faire que les points de vue de la richesse matérielle et de la satisfaction
de besoins sensuels s'appliquent à chacun. Seulement alors les luttes des travailleurs comme celles des
« superflus » contre l'abattage du social et des infrastructures ou celles qui visent à l'appropriation directe et
collective des ressources sociales (le logement, des espaces culturels et sociaux, etc.), pourront avoir une
nouvelle perspective d'émancipation. Tant que la richesse peut seulement être pensée dans la valeur - et la
forme marchandise - l'accès à la richesse matérielle apparaît possible seulement via le détour par l’argent, les
restrictions et les folies de cette forme continueront à la fin à être présupposées et acceptées. C’est dans cette
forme valeur que les fermetures à grande échelle d'installations de production dans lequel des choses utiles et
raisonnables (comme la bonne alimentation) apparaissent « inévitables », pendant qu'en même temps on
luttera pour l'entretien et l'agrandissement de la production d'auto avec acharnement, quoique les effets
d'empoisonnement du climat soient connus depuis longtemps. Ceci bloque la seule sortie du cours
autodestructif de la société de marchandises, un processus qui commence dans nos têtes, comme bien
entendu dans nos actions. Notre tâche est de passer à travers ce blocus.
10 août 2009.

Norbert Trenkle, membre du groupe allemand Krisis.

Traduction (en amateur) 23 novembre 2009 : Clément.

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