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Romantisme

La langue française et l'art épistolaire, transitions du XIXe siècle


Volker Kapp

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Kapp Volker. La langue française et l'art épistolaire, transitions du XIXe siècle. In: Romantisme, 1994, n°86. Langue et
idéologie. pp. 13-24;

doi : 10.3406/roman.1994.5982

http://www.persee.fr/doc/roman_0048-8593_1994_num_24_86_5982

Document généré le 26/05/2016


Wolker KAPP

La langue française et l'art épistolaire :


transitions du XIXe siècle

Les historiens de la langue française du XIXe siècle n'ont guère étudié jusqu'à ce
jour le genre épistolaire. Le genre épistolaire du XIXe siècle ne peut pourtant pas être
sous-estimé : il ne fut jamais autant pratiqué qu'à cette époque. Le nombre de
personnes qui peuvent ou qui doivent écrire des lettres y est en constante augmentation
en raison de l'alphabétisation croissante résultant progressivement de l'application de
la loi Guizot de 1833. Concomitante de l'essor d'une bourgeoisie soucieuse de
marquer sa distinction et de placer autour d'elle les repères culturels discrets qui
marqueront sa constitution en classe, l'industrialisation de la France et le développement de
la bureaucratie favorisent de même la croissance du commerce épistolaire.
Cependant l'essor du genre épistolaire ne contribue pas à augmenter son prestige.
Bien que l'élargissement du commerce épistolaire stimule la production de livres qui
définissent les règles du genre, il provoque aussi des réactions très hostiles de la part
du monde littéraire, tant sous l'angle de la notion elle-même que sous celui de son
application. Le bruit court ainsi parmi les critiques que les gens de lettres s'adonnent
plus volontiers qu'auparavant aux facilités de la correspondance : ils devraient bien
mieux économiser leurs forces pour les appliquer aux grandes oeuvres. La rumeur
veut aussi que la littérature soit devenue un moyen comme un autre de gagner sa vie :
la correspondance privée risque de passer pour un manque à gagner, car chaque page
écrite coûte du temps et représente une certaine rétribution. Il importe alors de faire
vite, de refuser les développements, et de faire du billet le modèle de toute
correspondance. Barbey d'Aurevilly l'avait compris ; certaines de ses lettres - à propos de
jambon ou d'autres détails pratiques de la vie quotidienne - prennent l'allure de véritables
bons de commande. Et les critiques de l'édition moderne de sa correspondance ont pu
quelquefois porter des jugements négatifs acérés sur l'intérêt de publier de tels
documents.

La bourgeoisie laborieuse, quant à elle, n'écrit guère pour son plaisir. Ses lettres
servent aux besoins pratiques de la vie civile ou économique et même les lettres de
felicitation ou de condoléance sont exigées par le cérémonial des gens bien élevés.
Les bourgeois écrivent par obligation et leurs femmes ne s'adonnent pas au commerce
épistolaire que pratiquaient les femmes nobles '. L'oisiveté dont disposaient les épis-
tolières nobles sous l'Ancien Régime est maintenant un luxe dont jouit seulement une
minorité des hautes couches sociales, et la plupart des épistoliers bourgeois assignent
désormais des buts très pragmatiques et concrets à leurs efforts d'écriture. Leur
ambition n'est pas d'écrire une belle lettre mais seulement d'accomplir un geste codifié de
politesse et d'en obtenir en retour un effet social. L'effort stylistique s'y réalise donc
dans une perspective fonctionnelle ou utilitaire à l'heure même où la littérature s'érige
en norme culturelle.

ROMANTISME n°86 (1994-4)


14 Wolker Kapp

Les critères de l'esthétique littéraire perdent ainsi paradoxalement leur valeur dans
l'instant où la culture épistolaire s'élargit. Auguste Filon en tient compte dans un
manuel oratoire qui connut une grande fortune. Publié en 1826, l'ouvrage atteint sa
dixième édition en 1884... La huitième édition remaniée contient une préface où Filon
utilise la catégorie de "Rhétorique pratique" pour définir "l'art de bien dire appliqué
aux différentes situations de la vie". Il précise ensuite qu'il s'agit de "conseils sur le
discours public, le style épistolaire et la conversation" 2. Or, ces trois sections de l'art
oratoire n'avaient pas figuré jusque-là sous ce titre curieux qui révèle les incertitudes
de l'auteur sur la nature même de la rhétorique 3 en cette période de transition.
Dans cette nouvelle édition, le style épistolaire est traité en un chapitre
entièrement refondu et sensiblement agrandi. Le genre est illustré par des exemples choisis
des meilleurs prosateurs français, dans tous les types de lettres qu'ils n'ont pu être
amenés à commettre, y compris les lettres d'affaires. Jean-Jacques Rousseau - par
exemple - est loué d'avoir "su prendre le style des affaires dans sa lettre à M. du
Peyrou, sur le projet d'une édition complète de ses oeuvres" (p. 249). Au lieu de
recommander simplement le style laconique, Filon souligne qu'"en affaires, l'esprit
proprement dit est un luxe dont il faut savoir se passer : le bon sens suffit" {ibid.).
Cette maxime banale condamne évidemment la rhétorique dès qu'on associe X esprit
dont parle Filon aux ornements oratoires. L'opinion déclare donc que les lettres
d'affaires peuvent se passer de rhétorique parce qu'elles n'ont pas besoin d'art. Cette
conclusion s'impose définitivement à la fin du siècle quand les partisans de l'histoire
littéraire, qui commencent alors à occuper les anciennes chaires de rhétorique, jugent
incompatible la noblesse de la littérature avec la bassesse du commerce épistolaire
utilitaire. Ce sont eux qui nient le statut littéraire de la lettre et n'admettent d'exception
à cette règle que pour la correspondance des poètes et des écrivains. Par certains côtés
le regain actuel d'intérêt pour les correspondances artistiques procède d'une même
ambiguïté de définition : ces documents permettent de mieux entrer dans l'univers
quotidien des individus ; ils sont donc généralement lus comme des documents
précisant les étapes d'une biographie alors qu'il faudrait les interroger sous l'aspect de
l'inscription du biographique. Ici s'inscrit la distinction de l'objet écriture envisagé
sous l'aspect de document historique ou sous celui de document littéraire. Bien que
les anthologies de lettres de la fin du XIXe siècle ressemblent apparemment aux
recueils des manuels oratoires diffusés en abondance au cours du siècle, elles s'en
distinguent pourtant par la théorie sous-jacente. Cette divergence saute aux yeux dès
qu'on consulte une encyclopédie qui présente encore le concept rhétorique de la lettre.

En 1873 le Dictionnaire du XIXe siècle de Larousse compte les lettres parmi "les
genres de littérature" 4. L'auteur du long article met même en relief le statut littéraire
de la lettre en ajoutant : "Tout le monde ne compose pas des histoires, des romans ou
des traités philosophiques, tandis que tout le monde écrit des lettres" (ibid.). La lettre
passe dès lors pour le type de littérature que tous peuvent pratiquer ; tandis que les
autres formes de la littérature sont réservées aux spécialistes que sont les poètes et les
écrivains. Mais cette vision du genre épistolaire est rejetée par les historiens de la
littérature qui distinguent les nécessités de la communication utilitaire et les exigences
du style épistolaire, et qui tracent une ligne de démarcation bien nette entre les lettres
littéraires et les lettres non-littéraires.
La langue française et l'art épistolaire 15

Cette distinction d'ordre esthétique entraîne deux conséquences importantes : la


différenciation entre plusieurs types de genres épistolaires et son corollaire
linguistique, l'établissement d'une écriture épistolaire purement fonctionnelle qui tend à se
figer dans les tournures fixes d'une phraséologie standardisée. La lettre d'affaire ou de
commerce, qui figurait toujours dans les manuels épistolaires, s'émancipe alors
complètement de la tutelle de l'art épistolaire. De même, le formulaire, autre type de lettre
d'affaire, devient forme autonome. L'horreur de la lettre d'affaire et des formulaires,
inventés par les bureaucrates, commence à envahir la vie quotidienne parce que
l'administration prend une importance jusqu'alors inconnue. La lettre inutile, mais
bien écrite par un auteur aux ambitions littéraires, et le formulaire utile, mais mal
composé par un fonctionnaire ou un employé sans ambition esthétique, marquent dès
lors les deux extrêmes du genre. Entre ces deux pôles toute une gamme de formes
épistolaires est susceptible d'être déclinée.
Sous l'Ancien Régime - on le sait - les défauts du style de chancellerie étaient
souvent attaqués par les poètes ou les écrivains, mais rappelons-nous aussi que les
robins étaient pétris de rhétorique, et que leurs actes ne pouvaient être efficaces sans
cette dose de rhétoricité. Les manuels oratoires du XIXe siècle, qui règlent la lettre
d'affaire aussi bien que la lettre familière, perpétuent cette implication profonde de
l'éthos dans les formes de l'écriture. Et le vide laissé par la marginalisation croissante,
puis l'élimination finale, de la rhétorique se voit progressivement investi par la
valorisation de la beauté du style individuel des maîtres de la prose française, d'une part, et,
d'autre part, par la monotonie redondante du courrier d'affaire ou des formulaires.

Après avoir ainsi esquissé le cadre général dans lequel s'inscrit le genre épistolaire
au début du XIXe siècle, il convient d'entrer dans les détails de son application. S'il
n'existait pas une disproportion évidente entre la masse de lettres de tous ordres à
étudier et le petit nombre de travaux entrepris dans ce domaine, il serait certainement
possible d'inférer de cette étude quelques conclusions sur le développement même de
la langue française au XIXe siècle. Mais nous n'avons pas la prétention de combler
rapidement cette disproportion. C'est pourquoi, dans l'état actuel des recherches, il
serait téméraire de vouloir présenter des hypothèses globales sur l'évolution de la
pratique épistolaire. Reste alors à étudier ce dont témoignent les éléments d'une
bibliographie matérielle encore imparfaite.
Le nombre des manuels épistolaires du XIXe siècle est impressionnant. Il n'existe
aucun relevé pour les trois premières décennies du siècle, mais nous sommes mieux
informés sur la période après 1830. Dans le cadre d'un travail d'équipe sur l'histoire
de la poste, Cécile Dauphin a établi une bibliographie des manuels épistolaires de
1830 à 1899 5. Elle a ainsi repéré "195 titres et 616 éditions, conservés à la
Bibliothèque nationale" 6. Il faudrait compléter cette liste par les manuels de
rhétorique de l'époque, surtout par les chapitres relatifs au genre dans les manuels
scolaires. Les "Repères pour une histoire de la langue française" de Jacques-Philippe
Saint-Gérand 7 et le livre de Frank Paul Bowman sur l'éloquence romantique 8
contiennent à cet égard des informations précieuses. D'autres recherches sont en
cours, notamment autour du groupe de VA.l.R.E., et des travaux de José-Luis Diaz.
16 Volker Kapp

Les ouvrages traitant de l'art épistolaire s'adressent à un public qu'ils nomment


dans leur titre ou que l'on peut déduire du lieu de publication. Les manuels les plus
diffusés sont publiés dans une capitale que la centralisation napoléonienne et le
prestige culturel ont rendue synonyme d'élégance et de perfection : Le Secrétaire français,
venant de Paris, ou Manières d'écrire des lettres (Avignon, Offray et Clermont-
Ferrand, Pérol, 1853). Le lieu provincial d'édition est immédiatement valorisé par la
citation dans le titre du lieu originel de toute valeur sociale. Parmi ces ouvrages, le
manuel scolaire prédomine parce que les programmes scolaires prévoient des
exercices spécifiques pour l'enseignement de l'art épistolaire dans les classes de
rhétorique. Dans les traités de rhétorique la lettre occupe même la place primordiale qui
correspond à son importance accrue dans la vie de l'époque.
Au XIXe siècle, la pédagogie découvre les vertus du genre épistolaire et adapte les
manuels de correspondance aux besoins de l'instruction de la jeunesse. En 1802
Louis-François Jauffret publie dans la "Collection de nouveaux livres élémentaires"
un Art épistolaire ou Dialogues sur la manière de bien écrire les Lettres en trois
volumes. Selon cet auteur, l'art épistolaire fait partie "des études classiques" 9. Ce
classement est confirmé par un Choix de compositions françaises et latines publié au
milieu du siècle par Pierrot Deseilligny et complété ensuite par Julien Girard 10. Le
recueil présente quelques-unes des meilleures compositions de lycéens parisiens. Les
lettres qu'on y trouve nous informent sur les sujets donnés aux élèves et sur les
principes du style épistolaire qu'ils apprenaient. Les deux volumes du Manuel du style
épistolaire édité en 1849 par la Librairie Hachette sont conçus selon le même schéma.
Le premier contient les sujets, et le second les modèles. L'auteur du Manuel, Edouard
Sommer, qui publia chez le même éditeur plusieurs manuels sur le même sujet
réimprimés jusqu'en 1882, explique dans sa préface que l'objet des lettres-modèles sert de
cadre que l'élève remplira "selon ses idées et son imagination" n. La composition
n'imitera donc pas forcément le modèle. Pour former son style l'élève confrontera sa
lettre avec celle qu'un excellent épistolier fit sur le même sujet. Pendant plusieurs
décennies cet enseignement se maintint tel quel au programme des établissements
scolaires.
Au début du XIXe siècle, Jauffret prêtait autant d'attention aux épistoliers grecs et
latins qu'aux français. Noël et Delaplace font de même dans leurs fameuses Leçons
françaises de littérature et de morale 12. Sommer élimine, en revanche, la littérature
gréco-latine. Il fonde l'instruction épistolaire sur les seuls épistoliers français des
XVIIe et XVIIIe siècles. Son Manuel n'est cependant pas le seul à accentuer le point
de vue national.

On peut donc se poser la question des fins assignées à un tel enseignement. A en


croire Sommer, cet enseignement doit et ne peut qu'être "entièrement pratique" 13.
Dans la préface, l'auteur prétend n'avoir "admis que des lettres fort simples, traitant
de sujets ordinaires et familiers à chacun" {ibid.). Il polémique simultanément contre
les recueils de lettres supposées "toutes prêtes pour chaque circonstance et destinées à
être copiées servilement" 14, lesquels visent la clientèle du menu peuple 15.
Sommer réagit contre l'inflation de lettres supposées et subordonne son choix de
lettres réelles à la pratique épistolaire de son époque. Son Manuel, par ailleurs bien fait,
ne put pourtant pas atteindre les mêmes tirages que les guides pratiques qu'il voulait
La langue française et l'art épistolaire 17

remplacer. Les lettres simples qu'il érige en modèles sont encore trop difficiles pour le
plus grand nombre d'épistoliers en puissance qui se voient dans la situation de devoir
écrire quotidiennement des lettres 16. Le niveau linguistique des lettres modèles est trop
élevé ou recherché pour les usagers des manuels épistolaires. La démocratisation du
genre épistolaire entraîne ainsi par force une simplification du langage, et contraint les
observateurs et théoriciens à tenir compte des capacités linguistiques réelles des petits
commerçants, des artisans ou des domestiques. Les guides pratiques adaptent les
différents types de lettres aux besoins et au niveau linguistique de l'épistolier moyen.
Les rhétoriques générales à destination scolaire recommandent surtout l'imitation
de lettres-modèles signées de grands écrivains, tandis que les manuels épistolaires
offrent un choix de lettres génériques mais adaptées à toutes les situations de la vie
quotidienne, que l'usager peut copier en modifiant le texte pour l'adapter à ses
besoins spécifiques. L'enseignement de la langue se réalise par conséquent sous deux
formes différentes, bien que les catégories de la théorie épistolaire soient les mêmes,
et que tous les manuels recommandent le style simple. Seulement, ils ne le conçoivent
pas tous de façon identique.
Dans une remarque d'avant-propos du Secrétaire des amants (1886), l'auteur
reproche à la plupart de ses collègues de ne pas savoir "se mettre à la portée des
lecteurs auxquels
élevé" (p.5), trop
ils empreint
s'adressent"
d'images
l7, et poétiques,
de recourir
de généralement
comparaisons àsavantes,
"un langage
et affecté
trop
d'un "style fleuri et recherché, souvent ampoulé et emphatique" (id.). Il exige en
conséquence de "rendre dans le langage usuel et familier les sentiments dont on se
sent animé" (p.6) et d'utiliser "des mots vrais, sincères et compréhensibles" (p.6). Les
modèles qu'il propose sont ainsi "des lettres que tout le monde pût parler et dont la
langue ne fût pas déplacée dans la bouche de tous ceux qui n'ont point passé leur
jeunesse toute entière dans les collèges et les pensions pour y acquérir une instruction
supérieure" (p.6). L'auteur analyse ensuite les diverses modalités grammaticales de
l'art d'écrire "avec esprit et correction" (p. 8), et souligne "qu'une lettre remplie de
gaucheries et de fautes de langage est susceptible de produire des effets bien funestes"
(p.9). De la recherche de l'emploi à celle de l'occupation d'un coeur, les degrés de la
correction linguistique servent à évaluer la qualité des rédacteurs. Reprenant les
éléments d'une argumentation déjà développée cinquante ans auparavant par Vanier,
l'auteur anonyme du Secrétaire général conseille :
Exprimez-vous purement ; on excuse les fautes contre la grammaire dans les personnes
de la campagne et dans les artisans ; mais on ne les pardonne pas aux personnes qui
doivent avoir reçu de l'éducation, surtout quand ces fautes sont trop grossières et trop
fréquentes 18.
Ce témoignage est précieux parce qu'il nous renseigne sur l'exigence de correction
grammaticale dans le commerce épistolier. Tout lecteur de correspondances privées
des XVIIe et XVIIIe siècles connaît l'orthographe fantaisiste et mal fixée des plus
grands écrivains de la France, pour ne pas parler évidemment des tentations - ou
tentatives - d'homogénéisation des écrivains publics. Au XIXe siècle, la politisation -
sociale et culturelle - de la langue française contraint les épistoliers bourgeois à écrire
mieux - c'est-à-dire plus correctement - que les épistolières aristocratiques. Madame
Roland reproche à son amie Sophie ses fautes d'orthographe 19. La formation scolaire,
qui exige des textes grammaticalement corrects et sans fautes d'orthographe, se veut
comme un progrès.
18 Volker Kapp

Mais quels sont précisément les utilisateurs de ces manuels ? D'après Le


Secrétaire général, il est impossible que les personnes de la campagne et les artisans
écrivent des lettres sans fautes, mais ce n'est pas à eux que s'adresse ce manuel épis-
tolaire. La clientèle visée est celle de la petite bourgeoisie, de sorte que le recours à
un tel manuel ne s'explique pas par l'absence d'instruction, mais plutôt par un besoin
de la compléter en donnant à l'ambition d'écrire au quotidien une asymptote littéraire.

C'est ainsi que, dans les ouvrages de rhétorique, l'art épistolaire se présente sous
les exemples tirés des meilleurs prosateurs français. L'évolution de la langue y peut
être étudiée relativement au choix d'épistoliers-modèles. L'auteur anonyme du
Secrétaire des amants se propose par exemple d'aider un amoureux incapable
d'exprimer lui-même ses sentiments. La "lettre de déclaration d'amour" commence par une
réflexion sur la nature de l'amour. Ce préambule est destiné à justifier "la résolution
de confier au papier ce que [les] lèvres ne pourraient assurément exprimer sans
trouble" 20. L'amant invoque ensuite l'indulgence de la destinatrice et poursuit :
Je n'ignore pas la hardiesse de mon entreprise, et si j'ai cédé, peut-être légèrement, au
besoin que j'éprouvais de vous écrire, c'est que j'ai pensé que vous sauriez comprendre
le mobile qui me guide, et que vous ne sauriez être blessée d'un aveu dicté à la fois par
l'amour et le respect (p. 1 3-14).
Cette phrase rappelle précisément la cadence oratoire ď apertuře que Guez de
Balzac a introduite dans le style épistolaire. C'est un procédé que l'auteur du
Secrétaire utilise encore dans la "Lettre à la Demoiselle, après avoir reçu l'agrément
des parents", qui commence ainsi :
Avant d'avoir appris de vous si votre cœur n'était point engagé, j'ai cru devoir
demander l'agrément de Monsieur votre père, voulant être certain avant tout que mes vœux né
soient pas en contradiction avec sa volonté : j'aurais cru, du reste, en agissant
autrement, blesser les convenances et le respect que vous lui portez (p. 17).
Or, une telle cadence oratoire ď aperture devient rare à cette époque parce qu'elle
est condamnée par bien des manuels. Le Secrétaire général déclare à ce propos :
Les périodes longues et sonores lasseraient dans un entretien familier l'auditeur le plus
bénévole. Le lecteur d'une lettre les supporte encore moins ; celui qui lit s'ennuie plus
promptement que celui qui écoute ; il voit mieux les défauts 21.
Il recommande en revanche "le style coupé, c'est-à-dire ce style qui réunit la
brièveté de la phrase à la propriété des expressions" (p.6). Le style laconique est
effectivement mieux vu parmi les législateurs de l'art épistolaire que la cadence nombreuse
d'un Balzac. Hugh Blair dont le Cours de rhétorique et de belles-lettres fut très
apprécié par les professeurs de rhétorique du XIXe siècle 22, soutient que "la gaîté et la
vivacité françaises brillent surtout dans la manière d'écrire les lettres" 23. Le
professeur écossais rappelle la rivalité entre Voiture et Balzac et constate qu'au XVIIIe
siècle les Français préféraient dorénavant Voiture à Balzac : "La réputation de Balzac
perdit bientôt son éclat, à cause de l'enflure de ses périodes et de la pompe de son
style. Mais Voiture eut longtemps la faveur publique : sa composition est très-brillante ;
il montre beaucoup d'esprit, et badine d'une manière agréable : son seul défaut est de
faire trop ouvertement profession de bel esprit" 24.
La langue française et l'art épistolaire 19

Cette évolution du goût épistolaire est confirmée par le jugement sévère que les
critiques littéraires du XIXe siècle portent sur Guez de Balzac. Ce dernier est
vivement critiqué tant dans les cours de littérature - à commencer par celui que Nodier
professa à Dôle en 1808 - que dans les manuels épistolaires. Pierrot établit à cet
égard un intéressant parallèle entre Malherbe et Balzac : "Malherbe fit sentir la
cadence dans les vers. [Balzac] eut tort d'employer dans le style épistolaire ce tour et cette
cadence oratoire qu'il avait su créer"25.
Alexandre Abrant bannit également du style épistolaire la cadence oratoire et
appelle les lettres de Balzac des "discours à prétention". Il poursuit sa condamnation
du grand épistolier en affirmant : "S'il a donné à notre langue le nombre et
l'harmonie qu'elle n'avait point avant lui, ce n'est pas dans le style épistolaire qu'il aurait dû
en faire l'essai" 26.
Ce verdict sur les lettres de Balzac s'accorde parfaitement avec la doctrine
générale des manuels épistolaires de l'époque. La phrase brève s'impose grâce à la vision du
classicisme et de la clarté française, et son renom est propagé par les manuels de
rhétorique, qui citent abondamment Madame de Sévigné. Antonin Roche conseille de
s'exprimer vivement et de lire cette épistolière :
Le meilleur précepte qu'on puisse donner pour chaque espèce de lettre est celui-ci :
Sentez vivement et dites tout ce que vous voudrez. A ce précepte on ne peut qu'ajouter
un conseil : Voulez-vous connaître les secrets du style épistolaire, lisez le livre
immortel de M™ de Sévigné, qui est inimitable dans son genre, comme La Fontaine l'est dans
le sien 27.
Puis il ajoute cette réflexion qui marque assez bien la translation des modèles à
travers les césures séculaires :
Lisez aussi les lettres de Voltaire, qui est, quand il le veut, le plus poli, le plus aimable,
le plus spirituel des correspondants (ibid.).
Voltaire n'atteint pas la popularité de Madame de Sévigné, modèle incontesté du style
épistolaire 28.
La conceptualisation du style épistolaire se modifie donc au cours du siècle,
notamment dans le domaine de sa théorie, dès que les manuels s'efforcent de dresser
l'inventaire des styles qui conviennent aux différents sujets. Félix Biscarrat et la
Comtesse d'Hautpoul-Beaufort polémiquent contre ces classifications dans leur
Nouveau manuel complet de style épistolaire :
La manie d'établir des distinctions interminables de genres et de tons, de réduire tout en
classes et en genres, a fait imaginer presqu'autant d'espèces de styles que la pensée a de
formes. Ainsi le style étant, suivant les sujets, simple, naïf, familier, élégant, concis,
périodique, riche, magnifique, fin, délicat, véhément, énergique, sublime, etc., la plupart
des rhéteurs se sont crus obligés de consacrer une définition à chacun d'eux en
particulier 29.
Cette remarque est certainement exacte en ce qui concerne les distinctions des
manuels et elle est en même temps un témoignage précoce du déclin de la rhétorique
au XIXe siècle, car les deux auteurs se servent du terme désormais péjoratif de
"rhéteurs" pour désigner les législateurs qu'ils récusent. Si la rhétorique humaniste avait
établi une relation entre l'argument de la lettre et son style et si, au XVIIIe siècle,
Crevier avait encore insisté avec énergie sur la convenance des mots et du style à la
nature des choses, il faut bien admettre au cours du XIXe siècle que la progressive
20 Wolker Kapp

asymptote littéraire de toute entreprise d'épistolarité - même ches les représentants les
plus prosaïques de la bourgeoisie - a dévié la rhétorique de sa finalité primordiale et a
donné à l'ornementation insincère le pas sur l'efficacité immédiate de l'écriture :
Celui-là seul doit être reconnu pour éloquent, qui fait dire les petites choses avec
simplicité, les grandes avec mouvement et grandeur, et employer pour celles qui tiennent le
milieu un style qui soit mitoyen lui-même, plus relevé que le simple, moins animé et
moins fort que le grand. Voilà ce que c'est que Convenance en Elocution...30
Au cours du XIXe siècle, le style personnel s'impose de plus en plus dans la
correspondance privée, au détriment du beau style impersonnel des classiques et, comme
seul exemple de ce que la littérature pouvait offrir de plus spontané, les lettres de
Madame de Sévigné sont invoquées pour justifier ce changement. C'est ainsi que
Biscarrat et la Comtesse d'Hautpoul-Beaufort réduisent la variété des styles épisto-
laires aux trois genres : "le simple, le tempéré et le sublime" (p.21), et qu'ils érigent
Madame de Sévigné en modèle "de chacun des trois genres" (p.22). Bien qu'ils
recommandent l'étude de cette épistolière, nos deux auteurs mettent cependant en
garde contre l'imitation servile, qui confinerait au plagiat, et au détournement
d'individualité. Nous en sommes à l'heure où le célèbre aphorisme de Buffon - "Le style
est l'homme même" - commence à être entendu comme l'aveu d'une psychologisa-
tion transparente de l'écriture : "Le style c'est l'homme"... Nos auteurs peuvent donc
écrire :
Le style, on l'a dit cent fois, ne doit recevoir que l'empreinte de notre âme. S'il n'est
que le reflet d'un autre style, il n'a plus ni vérité ni naturel : avant tout, soyez vrai,
soyez vous ; que vos expressions soient la glace fidèle où se réfléchissent la
physionomie de votre esprit, et, si j'ose le dire, celle de votre coeur (p.6).
Le style épistolaire étant dès lors dicté par la spontanéité, les règles de l'art épisto-
laire deviennent "inutiles", comme l'avoue sans paradoxe - à la toute fin du XIXe
siècle - Antoine Albalat 31. Lorsqu'on réfléchit aux développements épistémologiques
de la procédure, par comparaison avec ce que l'on observe aujourd'hui des flirts de la
stylistique et de la critique génétique, il n'est pas indifférent de voir apparaître à cette
date le nom d'un auteur d'ouvrages sur l'art d'écrire qui affirme que l'écriture ne peut
plus être réglée par l'art oratoire, doctrine périmée, désormais remplacée par une
psychologie linguistique 32 toute neuve qui voudrait embrasser l'étendue des études de
style. Il n'est pas sans signification - non plus - que le même Albalat ait récemment
bénéficié de rééditions de ses oeuvres sous l'illusion de la redécouverte de l'auteur...
et des vertus explicatives de la stylistique la plus traditionnelle. Si, à travers les
oeuvres de Gourmont, ď Albalat et de bien d'autres encore, la stylistique littéraire
tend à se constituer en discipline descriptive autonome au début du XXe siècle, cette
accession à l'indépendance se conquiert sur les ruines des manuels classiques de
rhétorique et d'art épistolaire qui prétendaient fournir à l'art d'écrire des normes pres-
criptives et permanentes. Le passage de la fin du XIXe siècle au XXe siècle marque
ainsi les limites de la notion même de modèle.

Les manuels épistolaires fournissent par là même, y compris jusque dans les
variantes de leurs éditions, des informations précieuses sur l'évolution de la langue au
XIXe siècle. C'est particulièrement le cas de l'ouvrage de Paul Persan, dont Le
Secrétaire universel [...] fut un réel succès de libraire existant en deux versions
La langue française et l'art épistolaire 21

complètement différentes. Publié en 1833 à Paris par l'éditeur Lebigre, cet ouvrage
connut 15 réimpressions jusqu'en 1867 ". En 1869 parut à Paris, chez Bernardin-
Béchet, une nouvelle édition revue et augmentée par Henri Delaroche 34. Bien que
moins fortunée que la première, celle-ci obtint quatre réimpressions jusqu'en 1874 et
une dernière en 1896. Ce manuel est donc disponible en librairie pendant près des
trois quarts du siècle. Bien que ce ne soit pas une garantie totale pour l'actualité de
son langage, on peut du moins supposer que la révision des lettres reflète l'évolution
du genre épistolaire, et que Delaroche ne pouvait ignorer l'évolution sous-jacente des
mentalités et de la langue.
Delaroche altère la plupart des lettres de Persan, mais il les modifie moins dans le
plan de la syntaxe ou du vocabulaire que dans celui du style. Les lettres deviennent
plus courtes parce que Delaroche, nouvel adepte d'un laconisme s' adaptant aux
conditions modernes de rapidité et d'efficacité de l'information, réduit l'énoncé à
l'essentiel. Dans la lettre pour féliciter "d'un succès quelconque", Persan écrivait :
Au surplus, dans le siècle où nous sommes, il y a tant de choses justes qui ne se font
pas, l'intrigue remplace si souvent les droits et les talens, qu'un triomphe légitime est
toujours un sujet de satisfaction pour les personnes qui savent apprécier ce que chacun
mérite (p.47).
Delaroche corrige :
[...] car, dans le siècle où nous sommes, l'intrigue remplace si souvent les droits et les
talents, qu'un triomphe légitime est toujours un sujet de satisfaction (p. 125).
Cette simplification n'est pas imputable au seul goût personnel de Delaroche, qui
sait également amplifier une phrase de Persan . Dans la lettre pour demander à
emprunter de l'argent ce dernier écrivait :
Je serais désespéré de faire une action qui vous parût indiscrète, mais je ne me serais
jamais hasardé à vous faire une telle demande si vous ne m'y aviez encouragé cent fois
par des offres de service dont je garderai longtems le souvenir (p. 194).
Delaroche développe cette déjà longue phrase :
Je viens donc vous demander s'il vous est possible de m'avancer cette somme sans
vous gêner : vous me rendriez un véritable service. Je vous avoue que ce n'est pas sans
hésitation que j'ai recours à votre obligeance, j'ai craint que mon affection ne vous
parût par cela quelque peu suspecte. Cependant je n'ai pas cru devoir m' arrêter à ce
scrupule (p. 158).
Le développement du thème est maintenant mieux structuré. La longueur a certes
presque doublé, mais ce sont maintenant plusieurs phrases plus courtes qui en assurent
la progression. Au fur et à mesure que la question d'argent est devenue dans le siècle
un objet de discrimination sociale et d'intérêt crucial, la stratégie de demande se fait
plus complexe dans son énonciation : circonspection et circonlocutions vont ici de
pair.

Les lettres d'amour sont de même complètement transformées parce qu'elles ne


subsistent plus que sous la forme de demandes officielles en mariage. Dans ces
modèles, le romanesque romantique supposé de la romance disparaît au profit de
sollicitations dans lesquelles dots et actes notariés supplantent totalement l'expression du
22 Wolker Kapp

sentiment amoureux. Ce type de lettre est beaucoup plus diversifié dans l'édition
remaniée et, en corollaire logique d'une exaltation des valeurs sociales de l'amitié, le
chapitre sur la lettre d'amour est remplacé par un chapitre sur les lettres d'amitié.
Persan recourait pour la lettre de déclaration d'amour aux exemples des Liaisons
dangereuses et de La Nouvelle Héloïse (p.60-65), romans dont il reproduisait deux lettres.
Delaroche s'en passe pour des raisons évidentes : il bannit la passion dévastatrice des
lettres d'amour et la remplace soit par une demande en mariage de bon aloi, soit par
une multiplication des situations qui permettent à un homme de faire la connaissance
d'une femme. D'autres manuels, il est vrai, se spécialisent dans les lettres d'amour,
mais cet ensemble d'ouvrages mériterait une analyse séparée.
En 1869, le titre de la nouvelle édition annonce des instructions non seulement sur
le service des postes, mais également sur les différents types de lettres : imprimés,
échantillons, lettres chargées, mandats par poste. La lettre n'est plus seulement
envisagée comme objet d'écriture ; elle est aussi devenue un objet de communication dont
les formes de transaction sont désormais réglées par le service de la poste.

La bourgeoisie a développé l'échange de lettres à l'occasion de différentes


circonstances de la vie sociale. Le chapitre sur les lettres et compliments pour le jour de
l'an, fêtes et anniversaires est nettement plus développé. Delaroche s'efforce de
présenter un grand nombre de lettres différentes : jeunes gens s'adressant aux proches
parents et aux personnes d'autorité, individus anonymes s'adressant à des
personnalités de la vie sociale, magistrats, maires, ecclésiastiques, etc. Les formules stéréotypées
qui remplissent ces lettres caractérisent toute l'édition remaniée. Le style épistolaire y
est plus sobre, moins spontané, plus docile aux idées reçues dans et par le monde...
Ainsi, par une vernaculaire et sa vulgate, se constitue une doxa de plus en plus
pesante.

Ces conclusions issues de l'analyse du manuel de Persan et de ses variations


pourraient être généralisées : le genre épistolaire se développe au XIXe siècle selon ses
propres règles sans se référer immédiatement à l'évolution de la langue française. Le
point d'interférence des deux domaines est plus profond. Les structures du genre de la
lettre sont toujours très fortes et forcent à respecter des lois dont la rigueur semble
être plus durable qu'on ne le pense d'ordinaire. Les modifications du genre viennent
plus de l'élargissement de la communication par lettres que d'un affaiblissement des
règles de l'art épistolaire. Les épistoliers influencent certes l'évolution de la langue
française en s'adaptant à la variété des topiques et de ses formes lexicales
d'expression, en respectant aussi le cérémonial bourgeois et en participant à l'élargissement de
la communication par lettres. Mais derrière la pratique des épistoliers de circonstance,
les auteurs de manuels spécifiques, toujours désireux de codifier le genre, conservent
une attitude normative devenant progressivement obsolète, tout en affichant une
sélection des motifs d'écrire représentative des intérêts dominants de la société sur laquelle
ils rêvent d'exercer leur emprise mercantile.
La langue française et l'art épistolaire 23

NOTES

1. Les illustrations des manuels font état de ce changement : "L'épistolier type est [...] un homme. [...]
A ce tableau masculin de l'écriture répond celui de la réception de la lettre, essentiellement féminin et
représenté seulement six fois. Cette division sexuelle dans la communication épistolaire anticipe celle qui
est inscrite dans les modèles où les signataires sont en majorité des hommes, même lorsque les manuels
visent explicitement un public féminin" (Cécile Dauphin dans La Correspondance, p.219). Le Dictionnaire
du XIXe siècle de P. Larousse retient, en revanche, le cliché traditionnel : "[...] une certaine supériorité en ce
genre appartient même à ceux qui ne sont pas voués aux études trop sérieuses, aux femmes, par exemple,
qui ont plus que personne la vivacité d'impression, la spontanéité de sentiment..." (Paris 1873, p.418).
2. Éléments de rhétorique française, Paris, Hachette, huitième édition, 1865, p. VII.
3. L'abbé Girard définit la rhétorique "l'art de bien dire, ou l'art de parler de chaque chose d'une
manière convenable". Selon Girard, cette définition renferme "tout le secret de la véritable éloquence,
puisqu'elle n'est évidemment elle-même que cet art mis en pratique" (Préceptes de rhétorique des meilleures
auteurs anciens et modernes, quatrième édition, Rodez, Imprimerie de Carrère, 1811, p.2).
4. Vol. 10, p.416.
5. La Correspondance, p.250-268.
6. La Correspondance, p.211.
7. Articles, couvrant la période 1798-1830, publiés dans La Licorne [Université de Poitiers] 5 (1980),
p.95-121, 7 (1983), p.239-306.
8. Le Discours sur l'éloquence sacrée à l'époque romantique. Rhétorique, apologétique, herméneutique
(1777-1851), Genève, 1980.
9. Paris, Le Clerc, 1802, vol.I, p.9.
10. Paris, Hachette, troisième édition en 1860, quatrième édition en 1866.
11. Vol.I, p.VI.
12. Première édition, Paris, Delalain, 1804 ; jusqu'en 1862 se succéderont "18 réimpressions et 29
éditions commercialisées" (Saint-Gérand, "Remarques [...]", dans La Licorne 8 (1984), p.102).
13. Vol.I, p.VI.
14. Vol.I, p.V.
15. Sur les secrétaires pour le peuple, cf. Roger Charrier dans La Correspondance, p. 177-188.
16. La collection des marques postales du Musée de la Poste à Paris conserve 754 lettres des années
1830-1864. Daniele Poublan a montré que plus d'un tiers de ces lettres est lié à l'activité économique,
presque un tiers relève des professions d'avocats, d'avoué, de notaire et d'huissier ; les lettres personnelles
ne représentent que 12 % de cet ensemble (La Correspondance, p.376-379). Ce pourcentage n'est pas
entièrement significatif parce que l'usage de l'enveloppe - protégeant le secret de la correspondance - se répand
et que les collectionneurs commencent à garder le courrier privé (ibid., p.378) ; il montre pourtant que
l'essor du commerce épistolier est directement Hé à la structure de la vie économique.
П. Le Secrétaire des amants ou le Nouveau Messager d'amour. Parfait guide des jeunes gens dans
leurs correspondances amoureuses, par lettres et par fleurs ; conversations galantes ; cadeaux à faire à sa
fiancée ; devoirs envers les parents ; cérémonial pour le mariage ; mairie ; église, jeux et chansons pour
noces. Suivis et terminés par le Secrétaire conjugal. Lettres d'un mari à sa femme et d'une femme à son
mari - cérémonial et chansons pour le baptême, Paris, Le Bailly, s.d. [1886], p.5.
18. Le Secrétaire général contenant une instruction sur la manière d'écrire et d'adresser les lettres et
les pétitions ; des modèles de lettres de bonne année, fêtes et anniversaires ; lettres de felicitation, de
condoléances, de demande, de remerciement et sur divers sujets ; lettres d'amour, d'affaires et de
commerce ; de modèles de pétitions au roi, aux ministres, etc. Nouvelle édition augmentée d'un formulaire d'actes
civils et commerciaux que l'on peut passer sous seing privé, tels que ventes de biens, immeubles, échanges,
baux de maisons et à ferme ; continuation, résiliation et désistement de baux ; quittances, procurations,
engagements d'apprentis, d'ouvriers et de domestiques ; lettres de change, billets à ordre et autres ;
promesses, arrêtés de comptes, etc., Épinal, Pellerin, 1846, p.5. [On notera bien ici que l'amour est rangé dans
le même ordre de préoccupation que les affaires et le commerce... sans commentaire !]
24 Wolker Kapp

19. "J'ai quelque chose à te dire sur ton orthographe, on ne devinerait jamais à lire tes lettres que tu
parles aussi correctement que tu fais, pourquoi l'écriture n'y répond-elle pas ? Tu as raison de ne pas te
gêner avec moi, mais vraisemblablement tu ne te gênes pas plus quand tu écris à d'autres, l'habitude doit
l'emporter,
même" (Lettres,
et cela
nouvelle
me fâche série,
; quand
Paris, on
Imprimerie
sait sa langue
Nationale,
par principes
1913, vol.I,
et qu'on
p.142).
parle
L'auteur
bien, on
entend
doit par
écrire
là les
de
"principes philosophiques et raisonnes" de la grammaire de Condillac et des Idéologues.
20. Cité note 19, p. 12.
21. Cité note 20, p.6.
22. L'abbé Girard qualifie le Cours d'"un des meilleurs qui aient encore paru en Europe" (Préceptes de
rhétorique, p.XIII).
23. Seconde édition, Paris, Delalain, 1921, vol.II, p.296.
24. Ibid., p.297.
25. Journal des cours publics de jurisprudence, histoire et belles lettres, 1820-1821, p.235.
26. Exercices sur le style épistolaire à l'usage des jeunes gens, précédés de réflexions, d'instructions et
de modèles sur les différents genres de style épistolaire, Paris, Larousse et Boyer, 1860, p.5.
27. Du style et de la composition littéraire, Paris, Delagrave, s.d., cinquième édition revue et corrigée,
p.253.
28. Blair ne partage pas entièrement l'estime des Français pour Mme de Sévigné : "Les Lettres de
Madame de Sévigné passent aujourd'hui pour le meilleur modèle de correspondance familière : elles
traitent à la vérité le plus souvent des sujets très futiles, la nouvelle du jour et les bruits de la ville ; elles sont
surchargées de complimens outrés, adressés à une fille chérie, et d'expressions passionnées de tendresse
pour elle : mais la tournure en est si vive et si animée ; il y a, dans les récits, tant d'aisance et de variété ;
dans les tableaux, des traits si frappons, sans la moindre apparence d'affectation, qu'elles méritent le plus
grand éloge " (Cours de rhétorique et de belles-lettres, vol.II, p.297).
29. Nouveau manuel complet de style épistolaire ou Choix de lettres puisées dans nos meilleurs
auteurs, précédé d'instructions sur l'art épistolaire et de notions biographiques, Paris, Roret, 1858, p.21
(première édition, 1834).
30. Rhétorique françoise, Paris, Saillant et Desaint, 1767, vol.II, p.279-280.
31. L'Art d'écrire, Paris, Colin, 1899 ; voir à ce propos notre article "L'Art épistolaire dans les
manuels littéraires scolaires du XIXe siècle", dans L'Épistolarité à travers les siècles. Geste de
communication et/ou d'écriture, sous la direction de Mireille Bossis et Charles A. Porter, Stuttgart, Steiner, 1990,
p.121.
32. Voir notre article "Das Stil-Konzept in den Anfangen der romanistischen Stilforschung" dans In
Memoriam Friedrich Diez, hrsg. von Hans-Josef Niederehe und Harald Haarmann, Amsterdam, Benjamins,
1976, p.38 1-402.
33. Le Secrétaire universel contenant des Modèles de Lettres de Compliment, de Felicitation, de
Condoléance, de Commerce, de Recommandation, de Crédit, de Remerciement, de Déclaration d'Amour, et
de Militaires à leurs Par ens, avec des instructions sur la manière d'écrire et d'adresser ces diverses lettres.
Suivi de Modèles de Billets de soirée, de Lettre de change, et des formalités à remplir pour les faire
accepter ; des Instructions sur les démarches à faire pour les Mariages, Naissances et Enterremens, etc., etc. ; et
des Modèles de Pétitions au Roi, aux Princes et aux Ministres, ainsi que des renseignemens sur la manière
de les présenter. Avec des instructions pour rédiger soi-même toutes sortes de lettres, par M. Paul Persan,
Paris, Lebigre, 1833, autres éditions : 1835, 1836, 1838, 1843, 1848, 1850, 1852, 1853, 1855, 1857, 1859,
1862, 1864, 1865, 1867.
34. Le Secrétaire universel contenant des Lettres de Bonne Année & de Fêtes, de Compliments, de
Condoléances, de Félicitations, de Remerciements, de Reproches, d'Excuses, de Recommandations, de
Demandes, de Conseils, d'Affaires et de Commerce, Lettres d'Amitié & de Mariage, Démarches à faire et
formalités à remplir pour les Mariages, des Instructions sur chaque sorte de lettre, Modèles de Pétitions à
envoyer à l'Empereur, à l'Impératrice, aux Princes, aux Ministres, aux Généraux, aux Préfets, aux Maires,
Instructions sur le service des postes, les taxes des lettres, des imprimés, échantillons, lettres chargées,
mandats par la poste, Actes sous seing-privé, etc., par Paul Persan. Nouvelle édition revue et augmentée par
Henri Delaroche, auteur du Dictionnaire orthographique français, Paris, Bernardin-Béchet, 1869 ; autres
éditions : 1870-1871, 1873, 1874, 1896.

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