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LE
m>i TABLEAV
DES RICHES
INVENTIONS
Couuertes du voile des feintes
Amoureufes, qui font reJ
préïentées dans le
Sauge éc $ojim^£)
& âufkiwïïitnl axfajQts
Jl. Paris.
C h&ZjMATTHvy Gvuxemot, <w Valais,
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là naïu été. , dautant qu'il n'eft pas féant d'obfcurcir ce que l'on veut éf- -
, çkrcir, & principalement pour le donneraux François, qui ontaflez
de mérite, pour auoir la communication des beauxTeçxets. Celiùre
; donçq eftant autresfois tombé entre les mains de ce Gentil-homme,-
îientiralafubltançe(&:furtoutence'quieit de l'Architeélure^ où il
faitparoiftre fon fçauoir ) &: le mit en noftre langage , non comme tra¬
duction, ains imitation 6i:difcours faits -&c tirez de ce beaufubiet,ce
qui fut communiqué à M. lean Maîti% qui le recourut, mais fauffou
honheur,fans prendre garde àplufieurspârticuiafitezqu'ilafaliurëfta-
blir\ Srde'dia cet ceuurel'an 1546. àMonfîeurle Comte de Nànthueil,
Henri de L énoncou'rt , auquélil fait& au L eéteur vn bref difeours du
contenu duliure que; nous retracerons aufll, niais plus proportioniié-
ment , afin de n'eftre ennuyeux , ou retraçant après ce qui eft plein des
cognoiftàncés abftrufes & fecrettes. Depuis en l'an "15 61. M: laques .
Gofaqrfj ayant reietté l'il deflùs tellement queilenient, cômmeil
; paroifi rcâr il n'a pas feulement changé vne fyllàble,ny prihs garde a la
' François de Philofophie qu'il nous a-fait f imprimer -& gafter. il eftoit
homme de mérite & de fçauoir , mais il a eu tort de clianger ôrrenuer-
ferle fens en plufîeurs endroits,au dommage des L e&eurs Se dés-hon-
jneurdes Autheurs, ce queie dypourj au ertir, dautant qu'au refte.fon
trauaîleft louable,: parchacunfaitxequ'ilpeut.' or cecy.foitditauec
labonne grâce & conferuation entière des mérites de^chacun. D epuis
commélescuriofîtezvertueufesexcitentles âmes , ce liure eftant re-
c^rchéàcaufequetôusefprits defireux veulent fçauoir , le lire Mat-3
thieu Guillemotrecogneu entre les Libraires, des plus honneftemenjtX
curïeux.&: bien méritant del'imprimerie & du public^ pour le bien dn/
quelilnefefpargne en labe.urs ny defpenfes, vo ulant représenter ce)
thréforaux Frariçois,mervamis en la main pour le reuoir &c faireparler
plus poliment^ ce quei'aytafché de faire le plus exactement ^confé¬
rant toutfur l'original, auquel,comme en celuy quei'auois,l'autheùr
ayant c elé fo n nom au tiltr e du liure*, l'auoit inféré es comm en c em ens
ainfî, PolUmfraterFrancifcm Calttmnaperamauit.Cequc voulantimiter &
non traduire,non plus que le tout n'eft qu'yne imitation,, i'ay mis' es
premières lettres , François" Colomneferuiteur fidèle dcPolia ,. ce qui eft plus
conuenablé &beau àvh GemiLhomme, quele dire moine y tel quô
futceColomneaprèslamortde fa maiftreife, pour laquelle viuante
Se eftant encox féculier il a retracé plufieurs ^ordonnances d'amour
foubs le nom de Polia,laquelle eftoitiadis la-bélle Lucrelfe Tréuiiâne,
les bonnes grâces delaquelle & fes pourfuites pleines de fiâmes, il a
tranfmuées, faifantque cesdoucesamours de délices mondaines,der
uinffentfruéiueufesaffeétions pour des fubiets non périlTables,qui
f obtiennent par les reeferches de vertu , Se fe trouuent dans la lumière
- des feiences, quifontles vrayes amours des beaux curs, & telles .que
récite noftre vieuPqëte',difant: . # - - ,
vieux ejlojent, - . -. - .. ", »,r\
r Ceux-là q.uiiajcîence auoyent :. -, _._<
£ ttoutesfoit en leurs vieux iaurs- -
I h iouifjôjent de leurs amours.
Cependant doneques vous ^marquerez que le liure eft demeuré
François imité de l'Italien ? comme il paroift par le riltre , Difcom-s du
fongede Pbliphile , & le laiflant commeil eftoitpourle corps , n'âuons
point voulu y inférer les fables que nous aUons trouuees en l'Ita-
lien0fuiuantainfiquenousauonsleplus Amplement qu'ilaeftépofll^^
blece qui fe préfentoit. Quant au deflfein du tout il eft diuers 3 car on y
voidfprce architeclufe^en quQjleCheualierMaltois feftparfpis exa^
géré :ony rencontre débeauxiardinages , defontain es, &fo*rceanti-^
quesfcuJptures, pu par cy Se par Ia.rlo.us, auansyn. petit dilaté ce qj|i
eftoïtfrop.retranché,oublians tdutesfois l'imitation du langage, le¬
quel fi nous cuiSons pratiqué eufteu trop mauuaife grâce, attendu
^ttede^ai^^furrefcorchement des termes &phrafesJ fentiroit fou.
difcoùfs pedantefquë, doritl'éloquèrice eft entier èmttii éuWghéede
la noftre ,, laquelle par beaux tethieè, Jping de paroles égxarigïïéès des
autres langùes,râmafïe dénaïués fa tons de parler ,: en déclarant ce qui
eft pïopôfé: Et certainement PolipfiHe but cfté de fnauuaifegface , Se
ennuyeux, fil euftefte traduit, ilfe'futrendu importun &peudefîra~
ble à ceux qui ne défirent pomt,tint- d'artifices. Suyuaht ce confèil <
- que i'ay pratiqué à la conférence des liuresp'ayrepaÏÏë ce quèlëspré- '
miersnous "ont donné , redreflant ce q uepar mefgàrde. onaupit laîffé
efchapper,;ioint que les affaires occupànS les premiers, ils îi ont pas
prins garde à tout, S^n'auoyentpas poffible l'intention au deifeift,tellè
queie I'ay, quelquYnparauanturëauxfîecîes auenir imitera mon oc¬
cupation^ félonie temps Se les humeurs faWera de quelque nou-
ueauté. Outre quelqifes notes defîà remarquées , ie vous dirây que
ï'ayracommodelalettreaux,fîgutesp aùfqu'elles parla faute de$ ta.il-' *
Vns d'entre ceux qui ont ïa créance trauerfée, Se qui trop débiles dô-
pinipri slilTéroy ent'en f apâtence vaine qui les kîethei préfumer des
,
*
bie en difcours , &: profitable de conuerfation , nous déliberafmes
d'aller vifiter le lieu où les deftinees auoyent tant colloque d'abon¬
dances parfaites. Ce lieu eft iuftement en la température parfaite de
ce globe inférieur ( ainfî nommons nous la terre,encor quelle.fe roule
impétueufemént autour du Soleil qui l'affaifonne félon les rencontrés
de fes chaleurs )&fe rencontre cet habitacle fous le plus heureux cli¬
mat de ce monde,à l'endroit#qui reçoit en tout ordre tous les précieux
dons du Ciel , Se fut eftabli au temps mefme que les accords des aftres
firent vne partie defieclefemblableàfaage doré. Eftans entrez jen ce
fainct Tabernacle le penfe que ce fut la ioye d'obtenir nos defirs,
>,
* nous eufmes les fens remplis d vne excellence qui n'eft à comparera
aucune délectation cômune, &n'auionspIus autre foin que cette ren¬
contre , auffi noftre fouuenance fe regîoit à la vérité qui nous fait iuger
que les humains ont de la mémoire , mais bien peu au regard de leurs
efpérances , voicile point qu'il faut dire vray , auffi pour en iuger exa¬
ctement Se félon quela vérité , dont nous femmes fectateurs,veut que
noftre innocence le déclare, ie ne fçay bonnement quel eftiit l'in-
ftant de cette délectation poffible, Se pour en oftertoutediuerfité:qui
: peut en faire douter, ce fut à l'heure que les délices du fonge fe figurer,
Se c'eft où ie me prétëns pour m'accommoder de félicité, dautant que
la moins mai'heureufe partie de "noftre vie eft celle qui eft employée
au dormir n éceffaire , qui eft l'image ou idée parfaite des douceurs de
la douceur mefme , que fi durantles termes de ce b enin repos on entre
en quelques difficiles vifions,& que lame foit violentée par fafcfaeufes
appréh enflons , on fe peut facilement retirer,, £ que fecoùant ce màu-
uais foin , on fe réintègre en la bonté de fon plus coy relafche , Se fi d'a-
uanture auffi comme c'eft le plus commun à caufe que nature appete
tout contentera ent,l'efprit eft doucement enueloppé des aggréables-
ombrages des douceurs oportunes defantaifiesprofperes Se commo-,
dément fbulageantes les c on fy efgaye, on fy plonge entre¬
tenant mignonnement on demeure en cet aifele plusxque l'on peut, .
%
fepratîqueà voiler mignonnement auec les toiles de belles fixions,
ce qui eft rare , Se feul expédient à fçauoir pour f efleuer furtout ce qui' *
re difeours, elle nous mena plus auant au Palais de Prudence, & nous
fît voir plufieurs fymboles, des myfteres plus admirez par les labo- .
***
V - ' .; " . - '#'
roift ayant deux faces de populos , iointinféparablement au haut delà
pointe du tuyau de la fontaine. Icy eft vn des buts parfaits de félicité,
jcy eftlë commencement durepos après les terribles labeurs quel'on
afoufferts. Car qui pourra recouurer vne fleurette de ces fleurs , il en
tirera des fruits abondans,& aurale gage facré Se les fainctes àrres qu'il
faut offrir à Oloclirée pour participer à fes bonnes grâces. Qui goutté-»
ra de la liqueur de cefte fontaine fera âffeuré de pouuoir fùppbrtèr \ .
toutes les peines ardantes, où il fe faut endurcir fuiuant les traces d'à- .
fçauez.vous point qu'amour eftât valquerii veut des fubiets qui n'ay et '
intention^ qu'à eux mefmes? voilà, il faîloit pour auoir bonnerfencon-
' trefe tenir à part foy, cy après à voftre efpreuue les autres, ferontinfti-
îuez,le.tempsfeftefcoulé&: vous elles demeuré fans bonne réfblu-
tion, iufques à cefte heure , encorespauuretvous nemepouuiezen- '
tendre , vous mouriez denuîe d'amener auec vous les autres, & ne.
fen eft gueres fallu que ie n'ayeefté contrainte de vous abandonner
au vain plaifîr que vous preniez d'eftre auec eux, pour faire mine que
vous fçauiez bien eftre amant: que cela ne foit iamâis , ains pluftoft dés
cefte heure foy ez vnique à vous , alors les fecrets vous courront à for¬
ce, pouree qu'ils n'ayment point le vent : les honneurs dumondeleur
fontprofanation,, &les fruits de nos amours font honteux delà pre-
"
fence du commun qui eft profane pour la plus part: voulez vou^que
ce qui eftvnique foit à d'autres qu'au cur vnique? Parcecy plufieurs,
vÔire tous les curs fages entendront, fils font capables des bénéfices
duCiel.L'efpouuantementque m'auoit caufé ce fpectre à l'impour-
ue«,netouchapoînt<antmon cur que cefte remonftrance,par la-
quelleiefu9cornme retiré de l'affommement d'vn dormir oifeux que la
honte de trifteffepeut caufer , ienefçauois fi ce difeours eftoit vne fen-
tence pour me reietter de mes prétentions, Se prefque l'abandonné
mon courage pour le laiffer couler indignement, fans que iemefou-
uins que l'amour exerce diuerfement les curs qui ont de l'affeuran-
ce,Se que mefprifant les dégénérez il ne profite qu'aux vaillans, ie
tourné tout. à bien, m'affeurant que ma bonne Nephés meremon,-
ftroitpour m'inftruire Se non pour m'eftranger. Adonc m'appro chant
du grand Phecel ie fentis vn peu d'émotion craintiue de ce fimula-
chre d'efpouuantal , toutesfoisie me réfolusme refouuenant qù'autres-
foisi'auoisapris qu'il ne faccommo doit qu'auec ceux qui le cognoif-
foient , Se nefamiliarife qu'à ceux quile fçauentpratiquer de belle grâ¬
ce. Et pour eftre de ceux-là ie le confidéré de profile , & fa face me
fembla tant auftere , que fi ie ne me feuffe recueilly en moy-mefme
pour vaincre la difgrace qui me preffoit de peur Se défiance , ie me
feuffe tant enuelope d'esbahifsentent que i'eufse perdu le defir de paf-
fer o utre. le le regardé de tiers point, Se ie trouué fon vifage n' eftre que
menaces d'incommodité, préfentations d'ennuis , Se pertes d'efpé-
rances. A lafin le voyantie l'apperçeu de front , Se lors les efpouuante-
mens fortans de mon ame, auparavant eftonnje, i'eude loifir Se occa-
fion d'obferuerfa grâce , fes proportions , fo^t air , & tout ce qu'il auoit
de remarquable , Se. iele recogneu d'vn front ferain , Se d'vn geftefi
gracieux, que ie fu beaucoup plus afseuré que ie n'auois efté en peine
auparauantfa rencontre , ce qui me fut vn auantageuf préfage de pro-
fpérité,vneheureufeafTeurancede confolation , Se vne feure certitu¬
de defélicité confiante. Adonc me trouuant pour eftre fibienauecle
Prince des imaginations, ie me rendis attentif à le remarquer &: à ouir
les maximes qu'il proférait, Se comme en hafte , dautant qu'il ne veut
pas long temps fe communiquer, eftimant indigne à fa grandeur d'e¬
ftre prolixe en difeours Se trop approchant de la profanation d'é auan-
cervn petit plus que médiocrement peu, en parlant auec grâce il me
*** j.
toncha la main,comve me voulant dire que ie feuffe le bien venu,&: me
laiffaauecladèbonnaireNephés,quiencefteefficace de profpérité,
me promit deme rendre content fur tous' les amans feruiteurs cFOlq-
clirée, nom queie ne puis proférer qu'auec toute réuérerice. C'eftà
ceux-là de ferefiouir qui font bien nais. Se ont l'eftat de féliciti pour
afcendantde leur naiffance. Le grand Phecelfeftant retiré dansVa'
voûte, Nephçsme raconta plufieurs merûeilles du lieuDde l'ordon¬
nance de ce qui f y pratique, Se de ce qui eft permis d en rapporter. Il
' m'eft aduis que ie voy encor ce précieux mQuuement de ce coûtai tîef-
n'en veut admettre que celuy quifçaitiuger 'de cequi eft parfaitement1
amour légitime. Et pour ce la puiffanceintelîectiue animant l'ange
préfîdent defes affections , a mis es âmes curieufes toutes pures inten-
: tionsd' amour , aufquelles tput cur de defirsi fe réduit pour tous fub-
"iets, Parquoy ainfî qu'il eft éuidenttous les fages ont pratiqué les fcié-
ces foubs l'ombre des plus beaux replis dlamour. L'amour a eflé Se eft
' encor le gracieux pinceaU qui à tracé ce qui eft rare & deftiné, tarit en¬
H-
.labyrinthes^ qu'aucun, n'en-*eft efclarci :- auifez qu elesdiffi cultez n'apr~
portent que troubles , les diuerfîtezcOrrompentf exiftence vnique de
la vérité, qui eft fïmple Se facile à ceux quî la cognoiffent, mais infînk
mentloin de ceux-là qui l'ignorent^leplus petit Se abiect artifice pra¬
tiqué parle plus ignorant des artifans , eft extrêmement difficile à ce-
luy qui nèle fçait point, mefmes les fages admirent des vétilles mefpri-
fées pair les moindres , fi cela fe vbid continuellement , & que fera-ce
donc de ce qui denoftre fubiet tant de fois admirable, vtiie & néceffai-
re ? Ileft certain que Dieu n'apohïfdonné l'affection de fciencepour
faire entr erl'eïprit en troublesj^perplexitez , mais F efprit humain fe
défiant delà gràcedufbuueràin, valniquementfe profonder fans cau-
fe es fubiets où il deuroit auec patience Se humilité f entremettre pour
glorifier fon facteur , ce que n'eftant pas , ains fe pouffant fouuent par "
defirs impetueuxpourcaufes illégitimes, il aduient par efficace d'er¬
reur que l'on tresbucheiau gouffre des vanitez, pourcç que l'on a voio-
tairement bronché contre Fefcotde préfomption. OrleSainct ayant
donné la fciei^e pour rendre Fefprit net parles éuénemens, il en com¬
munique aux fî erisl,esprincip es pour eftablirleur ame en parfaite ha¬
bitude, &pouf céfaireiî octroyeFprgane des organes mondains,non
à tous, ains. à ceux qui par Fheureufe rencontre des effects de fapience
àmùentàce poinct defirable. Mais tous yeux ne font pas capables de
veoir ce beau fecret , qui n'a pour but défini que la perfection. E t cer¬
tes ainfî Dieuri'a point do nné; l'affection de fcience pour mettre l'ef
prit en troubles & diuerfîtez de brouillemens , ains pluftoft pour le
rendre clair &fuff eptible de toutes.form es agréables Se iuftes, Se les
effects qu'il enpermet aux. bonnes âmes, fontppurles eftablir enleur
meilleure fubfîftençe,po.ur à quoy paruenir il faut procéder par moyés
; .droits & parfaits. Tenez pour confiante refolution que la perfection
ne fecognoift pas par vn ordre contraint, amenant àquelquebutfor-
.
" ce par des inuolùtions, hitôl érables , ains par la nécëffaire :SS légitime,
laquelle êft équitable , parquoy, iî ne faut rien ruiner. pour; eftablir j en
rien gafter l'excellent pour lereftituer pourautant qu'il n'eft pas rai¬
,<
perfection , celles que lejnquuement n'altère point , & celles qui font
altérables , meimes en yn moment, Se faites élection de ce qui eft en
pûifîàricé altérable de cefte nature qui requiert d*éftre meuë , ppùr,
eftre tirée hors de fa priuatïon manifefte ', de ^ce qu'elle monilrer>def>^
rer, auec toute apparence. Que cecy vous fbïtVn fîgnac|erénl'kmçj.
afin que vous ne loyez trpuué défectueux deuantleV yeux d'Olocli-
rée, qui ne fait eftat que des efprits accomplis, ~& puis qu'elle eftle
feulpoinctde vos defirs , qu'elle eft l'vnique de voftre- çtir,ayez,ce
cur affez plein de valeur , pour entendre ^pratiquer. 'Ne pénfez pas
, aller à elle pour eftre conduit pareueàfaprPpreïomfïancéyentendez
d'où elle eft. Se delà vous pourrez trouuer le moyen d'aller -à elle, Se
: d'ellevous paruiendrezaupoinctplus exçellent.Et bien qu'elle foit ce
qui eft l'vnique excellence , fi ne I*eft-e!le cognéuë quer'par le Roy qui
naiftra d'elle, & par la belle Royne dont aufïi ellefera.mere,fiony
metpeine. Elle eft véritablementleurmere , dautant .qu'elle xft leur
ame Se forme parfaite en deux de fes termes, car iîtoft qu'elle eft.au
commencementde fon adolefcencc elle peut eftre. mère delà Roy^.
ne, puis eftant venue en aage parfait, & quelle eft enla vérité de fa .
plus grande beauté , elle pourra faire naiftre le Roy qui eftle petit Roy
dumgnde.OrdoncquespourarriueràceGrandBien,paffezparchez
Iamere d'Oloclirée, pour voir fon effence première^ &: vous aduifez
d'vn poinct notable: les enfans qui font beaux au commencement,
defqûels la beauté eft tantloûee , ne font rien en fin , cefte beauté def-
chet, &perit, & finalement ne font plus quefigures de laideur , il en
eftautrçmertt d'Oloclirée, fanaifïance première eftlaide, èllen'aque
les traits grofiîers de ce qu'elle doit eftre , mais fi on l'excite Se nourrift
de l'extérieur agent qui amplifie l'intérieur, elle f embellira de temps à
temps , iufques à ce qu'elle foit b elle en toute extrémité. Si cefte eflen
ce vous eft vne fois cogneue, vous fçaurez qu'elle fe parfait fans rien
diuifer , car iamais nature n'y prétend actuellement , ains formelle¬
ment, féparant le laid pour adioindrele beau, pour diminuer le def-
plaifant, afin d'augmenter l'agréable, conferuantlet'out ôrmultipliât
la vertu, pourFeffectdequoyrienn'eftdefioint,rienn'éft parti nyfé-.
paré , bien qu'effacé , Se de fait les accidens ne font point féparez,.
mais effacez , dautant qu'ils f efuanouiffent & ne diminuent en rien de
la quantité , delaquelle ils auroyent efté parties fils auoient efté fépa¬
rez, entant que féparer fignifie mettre à part S^coname defioindre, es
qui eftàfuir,carpardifionction on deflie les liens fpécifiqùes &natu-
rels,lefquelsiamaisnepeuuenteftrefeftituez ny d'autres misenleuf
lieu. Ce qui eft vne fois tranché ne peut plus eftre réfoudé., pour de-
uenirvni ainfî qu'auparauant , Se ce qui eft defîoint par nature ne peut
eftre comprins en l'vnité telle que nature faitpar fes opérations, dau¬
tant que Ia!folution de continuité ne,fe reftablit iamais en foneftrei
premier, à caufe du$etranchem.ent,depuis epe feiffure eft faite, il n'y a
plus debaumè qùUàréj>àre quoique quelques fpéculateufsplus âtiô-"
dans en imaginations^ beurre, le fïouma-
gè Mecler bouubir eftre remis en faict parfait, fj eft-ce ^ ne leur déplai-
fe,que cela eft ésimpoffibilitez de nature , cequi eft pafle ne peut plus -
que diftinction. égale. Il n'y arien tant céleftement deftiné que les fub-
iets d'amour, qui font vnis fidèlement /partant foyez extrêmement
difcret pour voftre biènj &iiepenfez iamais devouloirioindre Apaxe.
auec Olocîirée, quoy qu'il femble que ce foit le deuoir. Fuyez , fuyez
cefte penfée,& remarquez qu'Olocliréefçait que fon père &famere
ne font qu'elle mefme en puiffance , vnis immédiatement , parquoy
elle fuyt ce que te Ciel a déf-yni., Se que/natureafaitféparé» Cequi
. pat nature eft du toutfépare,.& inefmes à apparence eft autre par fa di-
ftindion , ne fera iamais conipintabfolument, ny méfié exactement..
Lesfubflançes diuifées par nature rie peuuent eftre conjointes , iuf¬
ques au profondny concentriquementy Il y a vn certain momentfa-
"tàl& douce condition de rencontre qui iointles cÅurs , Iefqu els doi-
uerit eftre l'vn àfautte, que défia. ils fontynis auant que leur féparation
- fDitVftimée9ficelaii'eft,iln'yauraiamaisp4ix entre ceux quicuident-
ceftè caufe fçachei que ce. qui- 'a efté yni du fidèle lien deNature Se- '
d'amour venant à" eftrê violé ,'ou défait , né p eut plus eftre reftitiié , le
ferment rompu puis ràcbuftréji'eft plus cefte fidélité première, c'eft
fait, on ne fçaurpit rentraire les parties, defîointes , auffi nulne fçaitla
,
fo4.iduredenature,parquoynefefaut.opiniaftreràféparerce'que,Na- .
turea conioint ,ny f obftiner a vnir ceque nature i^a point deftiné l'vn
--''< y ' _ pour
pourl'autreréciproquement,'maisilfautconferuer , maintenir, aug- '
menter , agiter , Se fubftantifier ce que l'amour, le Ciel, nature ou
Fendelechie a conioint, Se multipliant ie biep qui eft au fubiet, on aura
lé bien qui en eft ordonné. Telle eft la voye , Se préparation qu'il faut
tenir,pourferendreplaifantàla belle Oloclirée , que fi on n'ob férue
ces maximes , on n'aura iamais de part en elle , pourautant qu'elle a en
abomination tout ce qui peut apporter du trouble es loyales fympa- .
thies. le vous prie belAmy, fil auenoît que ce qui nous alié fut défait,
quilepourroit refaire, ou de nouueau l'eftablir en, eftre, pour nous
vnir de l'aliance qui eft entre nous ?Eftans ainfî eftrangers dans quel¬
les nouuelles réitérations de commencemens retournerions-nous
pour naiftre de fubiets qui fiflent qu'en fin nous deuinffions ce que
nous fommes ? Ce qui eft ne peut eftre réduit à tel principe , qu'ilpuif-
fèdeuenir pour eftre ce qu'en puifiahee il n'y a moyen qu'il foitJe vous
rediray Cncor, pouree qu'il le faut, à caufe des deux auantures aue-
nantes. Se vous auerti en cefte vigueur où vous elles, en laquelle fi
vouspourfuyuez, pofïible ferez-vousfàtisfait, & pour vousalïèurer
dauantage à caufe du dernier Se grand fecret, queles accidens fe peu-
uenteffacer , Se d'autres fufeiter , iamais l'accident n'eft féparé, mais
bien la fubftance qui fait part dufubîet. Il eft vray qu'il y a des accidens
fubftantiels qui font féparables*^ en quoy faut eftrepnident, pouree.
que tels fub fiflent, Se les purs accidens font Se peuuent eftre efteints Se
difïîpez,&filfe peut dire tranfmuez , en quoy l'amour eft excellent,
veu qu'il faitfufciter ce qui n'eftoit point, Se parjaviuacitédefonfeu
fait deuenir en excellence complette ce qui eftoit fimple Se d'apparen¬
ce de'fort petite valeur , pour en fin eftre l'excellent Se la caufe de ce
qui eftle pîix de tout ce qui eftfoubs le Soleil. Et c'eft cefte belle Olo->
cliréè defirable furtout ce qui eft defirablepour fon abondante félici¬
té. Orfuyuez les délices de voftre deffein , Se û allant avenant par ce
fentier que ie vous monftre entre ces deux petites roches, vous ne
trouuez l'occafîon de choifir proprement l'endroit de rhabitaclefou-
.haité pour rencontrer la Belle de vos intentions , Se n'eftes affez in-
ftruit,reuenezmetrouueren mon tabernacle, Se ievous monftreray
les beaux miroirs, qui vous feront cognoiftre les beaux traits "de la
Belle, après vous auoir guidez fidèlement où elleréfideenla patience
de fa perfection. Pour cet effect attendant noftre autre communica¬
tion, ayez voftre intelligence auifée, pour iuftement bander voftre
intention au précieux verre qui ne peut eftre anéanti , à ce beau verre
quenatureexciteparlechangequecaufeleprincipe de mouuement.
Ce verre eft le cryftal des fages, il eft toutes leurs pierres précieufes
quitranfmuenttoutenleurpropreperfection , c'eft ce verre feul qui
eft infiniment humide &ijifiiiimeiitfec, Sàlàe telle nature qu'il fvnit
auec tous fubiets , fil eft fondu au verre fondu il te teint , auec le métal
il fait le pareil , il pénétre tout Se mefme fe fond es humeurs humaines,
ayantinorezpar tout pour rectifier toutes fubftances.' Ce verre philo-
fophic apbuuoir fur toutes natures , îefquelles il ameine à fa nature, les :
accompliffant de toutes perfections , Se tels fondes amours d'Oloçli-
rée , Se la grâce defa douce io.uyffance^ où elle prend infiny plaifîr , 8e
fe mirant en fes beaux miroirs, ordonne infinies délectations félon les .
petits fîlamensde, foye qui femblent filez par les Nymphes d'aniour;
ibnt ces beaux fils de verre, fources admirables des magnifiques ra¬
meaux d'or^qui font ombre à ferrée de la t.ônelle où repofel'amour, Se
oùîfe retire noftre vniqueOlocliréê.Soyez ferme,&vous fouuenez,ou
apprenez que te cÑur de fageffe efl en la Confiance, n'allez point co¬
rne homme de vanitez, fuyuantles diuers détours d'amours impudi¬
ques, faciles à accofter , &aiféés de fruition,maispourfuiuez ce qui
fe retire peu à peu, & chaftene veut eftre profané, tenez vousviue-
- ment à l'vnique Rinceau du Deftin , qui eftla branche fatale & bonne
qui multiplie tes félicitez , les fubftances , & les délices fans rep enfan¬
ce. Et fi vous vous arreftez quelquefois en prenant aleine, Se que
vous preniez garde aux Xantîfophiltes des parois Se tableaux de céâs,
vous y cognoiflrez toute laftégahographie Se mignonne fciénce,con-
tenant en foy les plus beaux fèçrets d'amour .,'& les plus délicieufesr
rencontres qui fe pratiquent auec l'excellente Oloclirée , aueclaquel-
le on trouùe & perçoit-on tout heur fans defplaifance,toute grâce fans f
ennuy , Se commodité fans interualle, Se tout gift en vn p oinct , vn en¬
droit , vn fubiet , vne cognoiffance\& vne feule clef, o Utre laquelle
nulle auue ne profite. Il n'y a qu'vn moyen duquel on nepeuttantfoit
peu eftre informé, que l'on ne foit capable de tout ce qui en dépend,
par vnpeu d'intelligence on entend &cognoifl-onprefque tout. Et
(il aduient que queîqu'vn, ou parauanture, ou par folicitude , îette
, Filfur le poly bien-heureux du beau miroir d'Oloclirée, il entre en
tant de parfaites intelligences, par cefte fidèle vifion, que toute obfcu-
ritéfe retire de luy, tout ce qui eft reuclabie à Fefprit humain eftima-
giné dans les reflexions de fi parfaite glace, merede iaplusbellede
toutes les fciences. C'eft où doiuent afpirer tous les fidèles amans* -qui.
fepouuans retfoir dans, cefte refléchilfante Iuniiere , y liront tout ce
<p'il y a d'intelligible , Se facilement de Fvn viendront aux' autres , fî
qu'en fin feftans remirez dans les fept miroirs, ils feront affeurez de
leurs efpérances,^ ertains de Feftàt de leurs délits, Se contens delafrui-
tion de la bonne graced'^bçlirée , qui fait que fes vrays amans par H
bien qu'elle infufe en leurs efpritS font bien fouuent nommez prophè¬
tes , dautant que vifiblement ils apperçoiuent tout, Se en telle glo-fc
rieufe habitude leurs âmes font nommées corps,& leurs corps ames,&
l'vn eft l'autre, Se l'autre l'vn, leurs amcs vne ame , l'ame vnique plu¬
fieurs âmes, vncorps'les corps, le corps plufieurs corps. Qu^ei'auois
deplaifir.d'ouyr ces belles énigmes , ces fophifmes des fàges, que mon
c eftoit dilaté en moy d'appréhender tant de délices futurs propp-
fez aux bons courages. Il n'y a ioye tant abondante, il n'yaconten-
.tementtant glorieux, ny gloire fi magnifique que defetrouuerentel
eftat,& défia m'eftoitauis queie voletois heureux au defïùs de toute
Jieffe de cur. C'efticy oùfetrouue le grand artifice des Dames Selc
feçret des feçrets d'amour , qui punit ceux qui ne fçauentpas reco-
gnoiftrele bien, Se qui font tant ah ufez de leur bonne fortune, qu'ou¬
bliant d'où leur vient l'auantage , ils ne penfent qu'au rafïafiment de
leurs defirs. Nephés me voyoitjconfîdérantmon bien, Se non l'hon¬
neur de ce qui le caufoit, afin demefairefentircequieftdudeuoir,
m' via d'vn artifice qui fera par fes éuénemens vn exemple à tous cu¬
rieux. Certes il faut queie le die, car mon naturel, inclin à la courtoi-
fie, m'y oblige, plus quetout,&: iem'auance doncà repeter encores
qu'iln'y arien de meilleur foubs le Soleil que les belles dames, elles
fonde bon-heur du Monde," le chef-d'uure de Dieu, & l'abondance
du confeil qu'il faut fuyure pou&iamais nefe.repentir,maisilfauticy
fe donner vn trait de prudence* c'eft que fi on veurauoir confeil d'vne
Dame , il luy faut faire fapropofition toute fimple, Se vn peu tendante
àcequiîapeuttoucher, pourqujpy ne diray-ie cecy, veu quelevieil
prouerbe fait les bons fils reffembler aux mères, &: les fages filles aux
pères ? qu'il n'y ait point de controuerfepourla dignité des Dames, &
fur tout icy où elles font ie fujetdenos deffeins, Se noftre félicité. Et
jsourec qu'elles le fçauent, elles ont infinies belles inuentions pour
no us le faire trouuer encor meilleur. Quieft-cequi Voudroitdébatre
auec nous de ce fubiet? Lafcience n'eft-elle point Dame, les vertus
ne le font- elles point ? Et n'eft-ce pas auffi noftre intention d'auoir ces
beaux obietspour but, foubs les fimilitudes agréables de ce que Dieu
. afaitpourla récréation, humaine? Voilà comment nous allons errans
après l'excellence, & les Dames qui ont du iugement &yeulentde-
.meurer en leur grandeur acquife , fçauent multiplier leur gloire au deC-
auantagedenoftrecur,& par noftre faute, Se toutesfois venantde
, leûrpart elles en vfent de fi bonne grâce, radoucie des traits & dou-
- ceurs de beauté, qu'il n'y va rien de noftre réputation. P our eftre dou¬
cement abuie d'vne fage Dame vn Cheualier n'en vaut que mieux,
- c'eft fon honneur , c'eft fîgne qu'il eft en la grâce des b elles. Car ceux
aufquels elles donnent plus de trauerfes fans offenfe , font ceux pour
**** ,.
O
-v
lefquels elles referu'ent le fruict heureux que tes amours légitim es pro-
% duïfent auec véritable contentement' : Et iamais elles ri'bfferifenr,
que fî quelqu'vn feftdon indifcrétion en-fera caufe, pouree que les pu- '
diques ne peuUent ouyr , ny voir ce qui eft contre la bonté de leur iufte
opinion. le vay ainfî «l'égarant pour me flater en mon infortune , àue-
nùepar faute de confédération, le penfoisxlefia tenir cefte fleur, &n'y
auoit plus qu'à eftendre la main pour en toucher les fueilies odorantes,
,que Nephes heureufe en' fes entreprifes , voulant par la longueur du
temps me faire achepter ce qu'autreniét i'euffe eu à trop bon marché,
mefecuia par mon erreur autant loing que iefus iamais , dece queie
voybis tour prefques obtenu. C'eft l'ordinaire que quand orifevokl ,.
à Finftant du bien' appelé, on n'a plus d'autre penfée j &pnnereco-
gnoift pas d'où vient Fauàntage de.fi grand bien. Etpourceafin de .
m'y faire penfer, elle lafèha efchapper le Lion d'amours , "ce n'eft pas
'Vn Lion furieux, n'eft engendré du mefme temps, Se par mefmes pa-
rens quelaMati.çhore de la montagne féée. Qui eft-ce qui ne. feroit
efpouuanté de la foudainerencontre.de ce que l'on nevit pneques , Se
qui refemble à ce, qui 'peut doxiner vne vray e peur ? Le Lion vient
bruyant, ie me tourné pour voir que c'eftoit , ie fauifay & fu furpris?
ilh'y eutamourny confolation préfente , ny affeurance. acquife, ny
valeur naturelle qui m'empefehaft de frémir Se auoir horreur , Se encor
plus auifântNephés fe lancer hors dï^fentier où nous eftions , comme
- fî elle euft efté éfpoiiuantée , elle pritle cofté droict,ie m'àuancé àgau-
che Se me retiré vers la fale, p enfant qu'elle yfut entrée, c'eftoit fon
ombre qui m'auoitdeçeu, Se enco»que i'euffe efté furpris de frayeur
innocente, fi eft-ce queie n'eftois point tant efperdu que ie ne fçeuffe
qu'il eftoit conuénable de m'oppofer à la violence que le LiÔ eut fait à
la belle , parquoy ie me hafté voyant la befte f approcher, ie cuido is
que ce fut par hazard qu'elle vint des fotefts prochaines , ainfî n'aya|g
dequoy me défendre , ie continué ma retraite , Se voulant m'auanCer
pour tirer Nephés parla robbe, afin de la referrer en la fale dont ie
fermeroisUa porte, ie me trouué n empoigner qu'vn ombre vain , fi
qu'eïlant en cefte faief euenu à moy , ieietté l'¿il de tous codez , .8e-
Fouye pour eftre adreflé. Cefte fale eftoit fur vn piuot quilaportok
aifément , le tour du pauillon fut fait, Se ic trouué la porte que i'auois
; , voulu fermer au Lion eftie àf oppofite du lieu où parauantelle eftoit,
ie Fourni Se, vîmes compagnons* qui me dèrehoient, lefquels me re¬
prochèrent que feul i'auois vouiu-voir les beaux tableaux de lafate,
mais auffi qu'ils auoyent veù la Fontaine de louuence. Ils fe flom-
poyent,ce n'eftoit que le ruiffeau des Hymphes paruenantes,qùi cbW-
; * le du bas de fefcalief du pauillon où demeure Oloclirée , ce que
nous apriûïies par tes tableaux qui font en cefte fale , Se par le petitmi-
roir qui eftvers Orient , au trauers duquel on void la fpntainr cToù
fortent infinies figures qui font les efprits malins , lefquels infeâent
les humains, & proprement les maladies contagieufes Se incurables
qui corrompent la félicité de la vie, C es feintes fiiy ent cefte faincte li¬
queur, tellement que ceux qui vonty mettre le bord de leurs leures,
Se qui en reçoiuent vn peu , font prefèruez de toute infirmité , Se deli-
urez dé celles qui les tourmentent. Ce que nous verrons plus aper-
temênt, auec toutes les autres magnificences dont les auantures pour
eftre efprouuees, font remifes au prochain anniuerfairequ'ainftituéja
belle Olqclirée, laquelle conuie tous fes parfaits amans, de fy trour
uer, pour veoir auquel elle daignera donner la main de fidélité pour-
f accepter l'vnique ncureux ejitreles pouriuyuants.
****
H
m
,*
Amesforcgès / \
Ha ! que ie veux de mal à ces
Qui fans cogtioifire Amàur meSfrifent tant fes fiftx!
Von ne peut concernât -de galantes penfees, ,'
Si le penfer n'-eftprins d'vn fubieèl Amoureux. r:
*. - - ''','- "\.,V ' ' ' ' ' »
Poliphile premièrement
Luy donna ce qu'on dit effience :
Et l'autre l'a fecondement
Gardé de mort , par fapuiffance ,
Qui en prénoit la iouijjance
Le plongeant au fieuue d'oubly.
Mais il le met en cognoifjànce
Pour eftre de lox^ennobly. ,
E X P O S I TI O N DE C E S ON N E T.
#
TA*BLE DES CHAPITRES*CONTENVS
au premier liure de Poliphile.
tOliphile eftant endormi , fonge , & luy fiembla qu'il ejlsit enlafioreft Noi~
/ re. . Chapitre I.fiueiHetl.
~k Eftant en détreffe Poliphile p*ie , fort du bois,puh court nouùeUefortune.
Chap.II.fueil.z. /
Poliphile raconte comme il luy fut aduis en fonge qu'il dormait, & en dormantfe
trouuoit en vne valléefermée d'vnegrande clofture enferme de pyramide,fur la¬
quelle-eftoit afiisvnobélifique de merùeilleufie hauteur, qu'il regarda (ongneafe-
ment ,&pargranàe admiration, th.III.f.5.
P lufteurs grandes & merueilleufes ouures , àfçauoir vn Cheùal, vn Colojfe couché,,
vn Eléphant s&fingtdiereme'nt vne belle Porte. Ch.IIIlf.G.
Deferiptiondesornemens&enrichiffementsdel'ouurage. cH.Vf.T4.
Poliphile entra vn peu huant dedans la porte, regardant les beaux ornemens itccÏÏe:
pukvoulantfen retourner , veitvngrand Dragon quile voulait déuorer ,pour
crainteduquel ilfemitàfairdedansîes vcyes creufes & feuterraines : fi quef-
- noblement il trouua v$e Xutreyffue, &paruint en vn lieu fort plaifiant <& déle-
a*bu. . ch.vif.j7.
P oliphile raconte la beauté de la région où il eftoit entré, & comment ily trouua vne
bellef ontaine ,& cinq damoifielles , le/quelles furentfort efimerueiUées de fa ve¬
nue, & le conuierent d'aller kl' esbat auec elles. Ch.VII.fiO.
Poliphile affeuré auec les cinq Vamoifelles , alla aux bains auec elles : leur rifée pour
Ufontaine , & pour l'oignement , il eft mené douant la R ayne Eleutherthde , a»
PalatidelaqaeÛeilvit vne autre be'defontaine , & plufieurs merutiUes. Cbap.
VIII.f,z4.. '
Poliphile raconte l'excellence de la Royne, le lieu*defia réfidence, auecfin magnifi¬
que appareil, l'esbahiffement qu'elle eut de le voir, le boneecueil qu'elle luyfit,
enfiemblelerkbe&fomptueux banquet K& le lieu ou ilfut préparé, qui n'afie-
condnyfimblable. . - - - cb.IJC.f.3o.
P oliphile raconte le beau bal quifut fait après legrand banquet , & comme la R oyne
commanda a deux défis V amoife'Ûes , quelles luyfirent voir plus amplement tout
l'eftat defon Palais : aufi comme il fut par elle infirma fer aucuns doutes qu,l '
amit: puis mené aux trouportes Celles H entra, & demeura en celle du milieu
auec les Damoifiellesamoureufes. - ,,>*> (-h.JC.f.^S.
Polipfnle ayant perdu de veuéles DamotfeUes lafiiues qui le délacèrent , il vint a luy
vne*Nympbe, la beauté & parure-de laquelle fiont icy amplement defientes.
ChapfjCI.f.49. .
La belle Nymphe arma deuers Poliphile portant vrfflambeau ardant en/a main,
&le conuia i aller anec elle : ilfut efîr'ts defon amour. *"it ***
yc rC -^r
ch.JC I I.fa o :
*"k j- *
**
/
Polia encor incognew-'èk Poliphile , l'afflure doucement, & le conduit plia lo%».
Ch.XIlff^u
ValipfJile veit les quatre cdariots triomphant» accompagne%J.e grande multitude de
. ieûneffe. :- f , , - Ch.X II I I.f.tf.
Polia encores incogneuè à Poliphile, luy monftre les ieunes hommes & les filles qui
aimèrent iad'u, & en pareilfurent aimées desDieux: puis luyfeit veoirles Poë-
.
Après que la Damoifelle eût déclaré à P oliphile le myftere des triomphes, & [es dou-
ces amours des Dieux ,ellel'admonefta d'aller plut\auant ': Ce qu'il fit : <& yveit
* plufieurs ieunes Nymphes pajfaiïs le temps tout le long d'vn rmffeau auec leursfi¬
dèles amis. Pua ilfie troumeffiris de l'amour de la. Damoifelle fa guide, chap,
XV If
63. f ; / v "-;''
La! Nymphe conduit Poliphile en plufieurs autres lieux , & luyfait veoir le trtom -
phe de VertumnHS & P omona. Puulemeineen vn temple fompttieux , &par
l'exhortation de'la Prieufefta Nympfiey eftemditfionflambeau en trèfgrande ,
. -fieur's & 'defruict, duquel P'oliphile&> Polia mangèrent. Apres le facrifice ils
'pritfdren-t convé delaP rieufe: pim vindrent à vn autre temple ruiné: la coufiume
duquel Polia déclare à Poliphile, & le perfitade d'aller veoir plufieurs épitaphes
&fepnltures. -f ' Ch.XV I Ilf-jj.
Ppliaperfuadeà Poliphile d'aller au temple deftruièt, y eoir les Epitaphes antiques,
oli entre autres il trouua enpeinture leramffementde Proferpine: & comment en
la regardant , il eut peur d'auoirparfemblable malheur perdu fit D<wie : parquoy
il retourna tout efiouuanté. Apres vint deuers eux le dieu d'Amours , qui lesfit
entrer enfa naffeïïe : ïhonneuî*que les dieux marins luy firent tant que dura cefie
nauigation. w , * Ch.XIX.f.%^.
Les Nymphes vogantes en la barque de Cupido, chantèrent, &Poliachantaaufi
à qui mieux mieuxjont P oliphile receut vngradconientement.Ch.XX.f.102.
Comment ils arrivèrent en l'ijle Cythërée , la beauté de laquelle efticy defcrite,enfem-
hlelaforme de leur barque^ comme au défendre , vindrent au deuant d'eux
plufieurs Nymphes , pourfaire honneur à Cupido leur maiftre. Ch.XXlf.loy
Cupido défendit de la barque :& les Nymphes de ï Ifie vindrent au deuant de luy
- richement attùurnées',enparement de triomphe elles luy offrirent des préfens; puk
il monta enfin chariot triomphant , pdur aller au Théâtre, & feit mener après
luy Poliphile & Polialic%j& attache?^ auec plufieurs autres .- deficriftion dt$
Théâtre, tant dehors que dedans.
. ' , Ch.XXPlf.uq*
P oliphile deferit en ce chapitre , legrand & merveilleux artifice dé lafontaine de
' Vénm.quieftoitau milieu de l'Amphithéâtre. Et corne Ucaurime dont eUgeftak
-#
- clofe, fut rompue.'parquoy il veit en MajeflélaDéeffe, qui configna Polia a
trois de*fes Nymphes, &* Poliphile à trois autres. Puis ilsfurent naure^par
Cupide, <&^ enrofexjparfitmere de l'eau de lafontaine. A lafin pour la venue du
. Dieu Mars comment ilsprindrent leur congé, & fertirent.de t Amphithéâtre.
Chap.XXIIlf.lz4.
P oliphile raconte comme pour lavenue du Gend'arme, luy&* Polia fepartans dit
théâtre , vindrent à vne autréfontaine, ou les Nymphes leur déclarèrent les cott-
fiumes &* inftitution dttfépulchre d'^édonis » auquel la Déeffe Vénus venait tous
les ans célébrer l'an réualu, leur racontans plufieurs autres hifloires: puis requirent
à Polia de leur direfon origine : & en quelle maniéré ellef eftoit addonne'e à ai¬
mer. . ' _ Ch.XXIIII.f.iVJ.
clara qu'elle efloit ardamment effrife de fon amour , <& totalement dtftofee à
- luy complaire : pour àrtksdequoyhy donna vnéaifer : les paroles que la Prieufe
leurdiB. ', - . . . ch.VH.fH5,
Poliphile obéiffant au commandement de la Prieufe , fer le commencement défis
amours loue laperfeuirance , &*puh récite Comme vniourdefeftellveit Polia
envn temple , où ilfui eftrk de fen amour : & voyant qu'il ne pouuoit parler à-
elleiildéliberdluyefcrire. Ch.VI I I.f.14.6.
,Polipfnle n'ayant moyen de parler A fa pâme , luy eferiuit pour luyfaire entendre
'fon martyre. / ' -, ' ,,.'' -Ch.I'X.f.i^it
P oliphilepourfùitfon Hifloite, difantqué Polià nefieit conte de fes deux lettres:
parquoy il luy enuoya U tierce, qui profitaaufii peu que les autres : & alafinfe
retira vers elle, qu'il trouuafeule au temple de Diane , ou elle efloit en oraifen : & .
' bras defe mieux aimée Polia: Et requiert la Prieufe qu'elle vueille confirmer
'-: ' leur amitié. Puis P olia met fin au conte quelle auoit commencé deuant les
- . auec lefonge.
' l * . -% ', ' Ch.X 1 1 1.f.i^.
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Tes discours dv songe
DE POLIPHILE.
<...--", LIVRE" PRE MI ER,
A " *
, ' ;\- LIVRE PREMIER '^D'E^/Y, '.'/
fembîà due' i'eftois en vne plaine fpacieufe ; fernée de fleurs & de verdure : Et que
le temps eftoit ferain ,' le fbléîl cki'r,,J3c adotfcfd'vn vent'gracieux:parquoy tout yN
- eftoit rherucilléuferrient paifible , & en filence : dont ie Fus faifî d'vne admiration
VçsVepaire'debqflés-.qÙi, me, feitbien hafter m'es pas,ïegardant deçà & delà. Tou-v
'tesfoïs ie ne fçeu Vèèk'aut.re cbôfefinoadesfueillçs &i'ameàûx-c|'uine;fe;mou-*
^
«
', POLIPHILE. :
curtpas i'eftois retenu, dçmarobe, qui s'accrocboit,auxbuifîons& hafîiers. Le
.trauaiique i'en eu^fut fî grand & tant cxcefiif,quei'en fustouttroublé^&nefçeiï eus
' bonnement que faire,finon me plaindre à haute voix:mais tout cela eftoit en vain,
car ien'eftois entendu de perfonne,excepté delà belle Echo,quimerefpondoitdu
creux de la forefhcequi me feit reclamer le fecoursdela piteufè Ariadne , &défi-
rerlcfiletqu'ellebailfaaudefloyalThéfeuspourlcguider dans le Labyrinthe,
C H A P. II.
/
Y c£&f~>- 2- '
«livre Premier de
ïahtmafuittcpai-niyIafore{t,mais oncnerauoispéuappérçeuôir , âcaùfeque le
lieu eftoit obfcur,caf l'ô n'y voyoitle Ciel qu'a trauers les poin&es des aibres:cho-
fequirendoitcelieutrèf-horrible & efpouuantàble àvn homme fculefgaré, &
fans moy en de paner outre, car il n'y auoit pont ny planche^auec ce l'autre eofté fe
monftroitplus obfcurôc ténébreux que celuy où pour lors i'eftois,& me trouuois
trop efpouuamé d'ouyr bruire les arbres trefbufchans, auec le tonnerre des brart-
;
ch'esâbbatues '& efclattées , entremeflé d'vn brait eftonnant & horrible, lequel
retenu en l'aîr,& enclos à trauers ces arbres,fembloit redoubler & ^murmurer vne
demie heureaprès le coup. Quand ie fus efchappé de toutes fes afflictions , & qUe
iedefu-oisgoufter de eefte eau douce, iemisles deux genoux enterre furie bord .'
de la fontsy.ne:& du creux de mes deux mains fis vnvailfeau que i'emply de cette
liqueur. Mais comme ie la cuidois approcher dema b*ouche pour efteindrema foif
! ardante,i>uyvnxha.ntfl.mèlo,dieux,qù,iFexcé4elepouuoir& le fçauoir de le dé-
clarerxarladoucèu-rdecetteharmoniernedonna beaucoup plus *d.e déïedatiôn :
naturel :, & m'en alhy à grâd hafté après c^ette voix aggrea'bie a laqu'ell e.quattd par
wiftm.ie penlois deuoir -approcher, iel'.enteïïdo.is en autre endroit : & quandTe^
- 1-
- - POLIPHILE. - .5
ftois là venu,elîe fèmbloit«ftre faultçe autre part:& ainfî qu'elle changeoît dejsla-^
<e,plus fembloit deuenir mélodieufe. Or après que feu longuement couru en ce
trauail vain &friuole , iemefenry fî foible , qu'a peine pouuoy-ie fouftenirce
corps, tant à caufe de la peur paiïee , & de la grand* foif que i'auois fouffert, &s
fouffrois encor quepourle long & ennuyeux chemin & la chaleur afpre du iour,v
cuiauoit débilité ma vettuqui faiioit que ie ne défîrois autre chofe que le repos,
pour rafraifchir mes mébres tous lafîez, Ainfî eftâtefmerueiliédece qui m* eftoit
aduenu, & fertesbahy de cette voix,mais beaucoup plus de me trouuer en région
incogneuê", &fans culture, néantmoins allez belle &pîaifânte, ieme plaignois
grandement d'auoir adiré la belle fontaine, que i'auois quife&: trouuée à fî grand "
trauail de mon corps:& demouray douteux entre des penfemens diuers , tâtaffoi-
jbly du grand trauail queie me iectay deflusTherbcaupied d'vil Chcfnc fort anti-
que,lequeîfaifoitvmbrageàvnpré verd.
y -*
',.,/-' LLTR^tPREMïER DE ;
hc î Puisié pçnfois quecen'eftoitpQÎnt celais mais qu'cft-ee donc qifvn délôya]
-'dêlay de la mo«, que ie défkais tant. ? Ainfî pantelant i'eftois tant affoibly , quç.
prefq^ue ie.ne pouuois a^>ireriny mefine retirer vne douce alenée d'air pour con-
foler ma vie prefte à expiret.I'eftois prcfqu'e efteint 6c comme fans fcntiment,tant
la peur &rla foif m'auoyent exterminé j Encores pour me réconforter en cette n&» *
ceffité,ie trouuay vn léger remède à ma foif infupportable à laquelle ie ne peus
"apporter dé foulagemétautre', que de prendre lés plus baffes fueilles moitiés de la.
rofée,&.lesfuccer tout doucement-, fouhaittantla belle Hypfiphile pour m'enfei,
gner vïi.e fontaine ainfî qu'elle feitiadis aux Grecz. Aucunesfois me venort en fan-,
: tafie que i'auois efté eramy la foreft mors ou picqué du ferpent nommé Qipfâsi . <
les Egyptiens cueillent pain, vin, huille, veftement,cVmefrain pour baftir : leurs'
fôeilles fembloient kmes defpées , & eftoient chargées de fruict. ïhy en auoit de
; grandes, moyennes ^petites , & leur ont les anciens donné ce filtre qu'elles fi- " !
ie ne me troutiay point de voix. Audi toft qu'il m'eut apperçeu>il s'en fuy t dedans. '-
%
-' " P OL i p h r L E. « 4
éri forme" d'vne touri& la auprès vn baftiment quffembloit imparfaiâ;,toutesfois
àce que i'en pouuois iuger, la ftruéiure eftoit antique.
# perfeéHonde cet art eft comme toute anéantie. M'appro chant donc du front
principal de ce grand édifice,ie regarday vn portail exquis , bien proportionné au
refte de la ftru&ure : le pan de la muraille duquel eftoit continue depuis l'vne des
môtaignes iufques à I'autre,& auoit &x ftades Se vingt pas de longueur, ainfî que ie>
pouuois coniecturer. L'alignemét des montaignes eftoit à plô'b depuis le haut iuf-
quesaubas du plat. Parquoy iedemoutay toutpéfif Se esbahy,côm^nt,auec quels;
ferremens & outilz,auec quel labeur , Se par quelles mains d'hommes , auoit efté
- eonftruitvntelédihce,defî grande defpence,& confumption de temps qu'il n'e-f
ftoit quafi à croire. Cette muraille auoit (ïmoà iugement) la cinquiefme partie
d'vneftadeenhauteurdepuisladerniere corniche iufques au pied, ànyueaudvt
paué:& fut faidepour clofture de cette vallée ; en laquelle on ne pouuoit entrer
nyfortirfinon par cetteporte , fur laquelle eftoit fondée la grande pyramide, fî
' merueilleufe que i'eftimay la defpenc e ineftimable , la longueur du temps à! la fai-
-.%
******** **^Éù*tî3rf*
. \' ." y âÂÉft'-fl*:, ">' :
impoffible de croire que'mains d'hommes l'eulfent peu aifeoi|r 'fî haut , faiéTf'dc
celle mefi^e-pierre dé marbre dont eftoient les degrez, & là mis pour bafe*&
fondeméntde l'obelifque. Il auoit quatre pas de diamètre par chafeune des faces-
de fon quarré : aux quatre coins d'e.nhaùt fur les lignes diagonales -^.efroiét fichez ,
Se plôbez quatre piedz de Harpy es,veluz & argottez , fai des de fônté-,finifïàns de-
uers lehaut erivn fùeillage antique entrelaffé^qui embrafibit le pied de l't)belif-
queiouftenufur ces quatre 'piedz pu pattes de Harpyes,qai auoyent deux pas dë;
hauteur :&aùtantenau6itle diamètre de l'obehiquedeuers le bas , fa longueur
contenoitfept fois autant , diminuantpeuàpeuiufqUesà fa poindre, tout d'vne ,
feule pierre PyropecileThebaique,efcrité de lettres hiéroglyphiques Egyptien¬
'
nertes5ainfi que fi elle eùft eftéprefte à voler , lès cheueux luy vole toient par def- '
fus le front en grande abondaoçe.'ayant le derrière de la tefte fans poil. En fa' main
droite à l'obieS de fon regard , elle tenoitvne corne d'abondance,pleine de tous
Y biens,tpuniéedeuerslaterre:r^^
"Cette ftatuë eftoit-facilement. tournée par tpus les vens, auec tel bruit , pour le
frayer de là bàfe qui eftoit, d'airain, 5<"creufé,qu'oncques tel ne fut ouy. le ne
penfe pas que iamais ait efté vn.tel obelifque :. çeluy du Vatican, à Rome 3 n'eft
point pareii,riy,celuy d'Alexandrie,ny mefmes ceux de Babylone. Il auoit en foy'
,l Ù grand comble de merueille, que i'eftois rauy d'esbahyflement enlecontem-
piant5&encor'espluspour-fa grandeur ineftirnable, carie ne pouuois penferny
cdmprendre,comment,par quelle in.uention,auecquels organes,grues,& cables,
vn fi grand poix & fardeau auoit.efté leué fi haut.Mais pour retourner à la pyra-*
mide , elle eftoit fondée fur vn grandpîînthe -, maffif ,,qui,auoit quatorze pas de
hautéur,& fix ftades delongueur , failant le ïoubalîement.dti premier & plus bas
dcgré.Lequel plinthe n'aùoit ( àmon iugement ) efté là.apporté d'ailleurs , mais
taillé delà mefme roche en cefte forme, Scapproprié en ion lieu naturel à cette
grande ftructure* Ledemourant.des degrez.eftoitfaidtde quartiers de marbres,
aftemble.z & difpofez par ordre. Le plinthe ne touchoit pas aux montaignes,mais
en eftoit eflôngné de chafquecofté de la longueur de dix pas. En fa face dextre à '
l'endroit par oiVie vins,& au milieu de fon quarré,eftoit entaillée de relief,la tefte
efpouuentàble deMedufe,criant(corryxieii fembloit)furieufen?ent rechignée,les
yeux enfoncez , les fourcilz pendans, le front ridé Se renfrongné , la gueuleou-
iierte,qui eftoit cauée Se percée d'vn petit f entier faidt en voulte,paffant iufques à
,-'
' thréfor Latin ^ accompagn ée d'auarice infatiablerSe as couuert d'ignorance mau- '
dite l'art tant digne, que iadis fit florir Se triompher Rome. Y ,
- Deu^ntee portail s'eftendoit vne place contenant trente pas en quarré , pauée "
de quarreaux de marbre, féparez l^ne-deFautre la, longueur d'vn pied , la fepara-
, tion Se entre deux ouurée'de mufaïque en forme d'entre- las Se fueillagesde di-
ueffes.couleurS,démolie en plufieurs endroits par là ruyne du baftiment. SurJ&,
fin dé<cette placeàdextreSeàfeneftreducoftédesmontaignes, éftoientérigez à
nyueau deux rangs de colomnes également diftantes l'vne dé l'autre. Le premier ,
ordre commençoit au bout du paué. Au front du portail de l'vn des rangs iufques
H'autre, yàuoitdiftance de .quinze pas. La plus gsand' part de fes colomnes fe-
voit encores.debout Se entieres,auec les chapiteaux Doriques,conterians en ba-a* -
uée,comme s'il euft efté efgaré,fàns frein ny bridejayant deux petites oreilles J Tvv-
ne dreffée fur le deuantj l'autre couchéedes creins longs , pi oyez en ojides Se'peni- v
,dans du cofté droit. D elfus ce cheual , Se autour de fuy,eft©ieut faits.plalîeurs pe». '
tisenfansqùis'efforçoientdele monter, mais vn feul d'eux ne "s'y pouuôittenit ' -
pourfa grandelégereté, Se promptmaniement: parquoy les vnstombroient, les
autres eftoient prefts dctombenmaintsenyauoitdétresbûchczjquitafchoient :
de remonter. Vous en eufïïez vftuqui s'empoignoientaux creins;: Se tels eftoienï ; r
«heus fousf®nvcntxe,qujmonftroientfeYoak>ki-.eleucr-<.Y f- , , ' J
' y ' ' 'y ' _ .'* ' 'Y '-. ' .S^ly-Y .' *: ' ' -
Ce cheual eftoit pofé fur vne planche de mefmç matière , Se tout d'vne fonte,
laquelle eftoit'affife fur vne grande contrebaf c de .marbre blanc : Se n'auoit le
cheual{ainfi que îepouuois comprendre) efté encores danté : parquoy ces ieunes
enfans fembloient dolens fans voix pîaintiue, pouree qu'ils en eftoient priuez,
& n'auoieiit fo^s la-démonftration de vie fansî'vfàge. Il fembloit que le cheual
les vouluft introduire dedans cette porte : car il eftoit tourné de ce cofté. La con-
trebafe eftoit mafTîueiproportionnée en longueur,groffeur,8c hauteur, pour fou-
ftenir fi grand' machine,diuerfifiée de veinés différentes en couieurs.Au front qui
regardoit là porte, eftoit entaillé vn chapeau de triomphe de marbre vçrd , à fueiî-
les de Peucedan, Se au dedans d'iceluy ièslettres qui s'enfuyuent , grauéesen la
pierre blanche.Enlt face oppofite Se deuerslacr4ppeducheual,y auoiçvn autre
pareil chapeaude fueiiles d'Aconit morteî,auee autres J£ttres.,difant.
pou;'Pft:x-ii:A
-^ x,
fl B" iïij
î
LIVRE .PREMIER DE
V
POttïP'HIlE. <*
lieu oùàmour forge fes foufpirs, Se l'endroit ou il. offenfeie, plus gnefuement.
Àdoncieiettay vne grande plainte , appellantPoha,fihaut queiefentpretentir ;
'toute celle machine: dont i'euîfrayeur : puis ie commeçay à penfer à I excellence
detelleinuention,parkqaellefansanatoraierhommefepouuoitrendreexcçlIét
Sefingulier en la cognoiffanc© de fott intérieur humain. O graues efpnts anti-
r ques'Oàa^evrayementdoré ïorsquelaver tu eftoitpar égalaucc lafortune , tuas .
"' feulémétlaiifé à ceficcle mal'heureux ignorance Se auarice pour héritage ! Après
queie fus forty de ce.Cololfé,ie vis le front Se le haut de la tefte d'vn autre:mais il
eftoit en figure feminîne,dont tout le refte eftoit enfeuely fous ics ruines,en forte
que ie n'en p& voir pkfs auant:à l'occafio n dequoy ie retournay.au premier lieu, ,
larges,8e ridées,d'èftrangeTorte,mohftrant;par
fà grandeur qu'il excédoitle naturel.. Le fou-
baflement eftoit- berlong , Se en ouale , entaillé '
decharadteres Egyptiens hiéroglyphiques , Se;
gàrny de fes moulures. La longueur eftoit de
douze pas ,, la largeur de cinq ,da hauteur., dc^
trois. Enl'yndës coftezie trouuay'vne "petite:
porte, Se vne montée de fept degrez; Ypatl.eC
quels arriuay fur le plant -dii fbubaffc'ment : Se
vey que au quarré pofé fous le -ventre , -eftoit ;
- - s
4 PlOLLPHILE. ".' «
I'eftois nud, fila befte ne rri'euft couuert :c/erche , Setu trouueras. ïaifle moy;.'
Dontiemetrouuaytout esbahy, Se vnpetitfurpris de crainte. Parquoy fans
plus'arrefter ie m e mis cnchemin pour fortir : Se paffant au cofté de deuant vers k
tefte,i'y app er çéky vne autre lampe allumée : Se vn autre fépulchre fembkble en,
toutes^ehoi'ef au premier 5 fors que la figure eftoit,d?vne femme ,<qui aupit le bras
droit fpufleii^fnonftrant du preixticr doigt défi main k partie qui eftoit derrière"
clle:dql'.âutre main elle ténoit vn tableau;.t/p.uçhanta^touUercledu fépulchrçsa^ -
, quel éftpit efcrit en trpis langues. . ; --' .
contempler à mon aife la beljeporte, fut occafibn queie ne m'y arreftay autre* -
grande befte par dehors, penfant quelle hardieffe humaine auoit efté fî téméraire,
. d entreprendre befongne tantreleuéey quels cizetox ,-quçk outils & ferremens*
auoientpetr pénétrer vne matière tantdur&Se tant rebelîe3mefmement que tou-
tes les touches_dê dedans fe rapportoient.à celles dê"dehbrfcAprès que iefbs des¬
cendu tout au bas fur le paué , i'aduifay le f oubafftmét qui le fokenoit, -àl'éntow',
duquel eftoient attachez ces hiéroglyphes..;. , ' ',» '
Y..'/ ; '( ",., , " *..' ', ,.' ,.C!eft;àdire. [.-' - .:_ ' ;- ,
> !
r ,..,......... ~ ..... - -; PoLrPHIEE. -; :" '' .. -". "~«
i eize quarrez:puis adiouta fur k figure quarrée vne de fes moities,kquelle diuifee
par les mefmes meiuces:^ faifbit vingt &~quatr"ë quarrez", compris lesféize de là
première fîgurequarrée.Tirant après en îapremiere figure A B C D, deux diagd- :
îiales , qui eftaiw marquées de deux lignes croifàns par le milieu, faifoient quatre >
1>.
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_ Cefte porte eftoit édifiée de pierres de quartiér,fï proprement iointes, qu'elle
fembloit tout d'vne'picce. Aux deux coftez d'icelle, endiftance de deux pas,gi-
foientdeuxgrandescolomnesiquafi toutes enfeueliesen la ruyne , lesquelles ià
defcouury aucunementjSevëy'qUé les bafesSe'chapitèaux eftoient de cuyure.ie
_ mefuray la hauteur d'vne bàfe, doublant laquelle ietrouuayle diamètre du pied
dekcolomne, Separ celle mefme cogrieufà longueur, qui paifeit vingt Se huicl:
coudées.Les deux plus prochaines de kportc,eftoient l'vne dejPorphyre3Se l'au¬
tre d'Ophite, ou Serpentine: les autres deux eftoient Caryatides canelées. Aux
- deux coftez y en auoit plufieurs antres , aucunes diftribuées de deux en deux, au-
- très mifesën égale diftance, faitès'de pierre' Laconique trèfTeure. Ledemyidia-
metredupied de la coîomne faifoit k hauteur de la bafej, qui confiftoit enbo-.
'zël,eontre-bozel, Se plinthe, formée en cette manière.' DïuifàntlaHauteurde k
bafe en trois parties^on dônnoitl'vne- aU plinthe qui au oit cnkrgeuf yn diamètre
Sedëmy dû pied delà coîomne. Les deux parties qui réftoient ^ eftoient diuifees
* 'en quatred'vneen auoit lebozel d'enhaut , les trois autres diuifees en deux, l'vne
f1
wier,eftatit tres-:facile,& commun quafi ^apprentis,
-
D ij
LIVRE -PREMIER D§
.-:'' >
C H AI". -r»-
proportion oaharmonie de to'ut rédificejtell ément que tous, acceffoii- es reui en-
nentSerefpoiident a leur principal: 8e ainfi eftoit faite celle porte» Prerïlîer'emét ?
y . '^";'P'oLLPMiL4-P'r, i ' ., rf #
-'car fes autres figures le couuroient."Deriierë la tefte duforget«ïqul"îemblôi,tin-i
-clihéjparoifroitvniouuenceaUjde la ceinture enfus ve.ftù.dVn drap voknt-fort
f-:4élié;-Tputes ces figurés eftoienttaillée3d'alba.ftre',Seauoientefté'rappor.téest&t
,vn fonds de corail vermeil , qui donnoit luftrçau nud r«lequel pour cette cau'féfe
<monftroitdek cpùleut d'vne rofemcaniate:.En l'autre piédeftadaucbftéfeneftrej. ,'
' bkble en tout Se par tour à celle de l'autrelpiédeftal/que qui les euftyoulà mou*--
ler,£icilementles euftiugées fout vne mefnte. Cette dame préfentoit-fori enfant ''
'à ce per,fonnage,pour feridoétriner & infttuire: l*éfant auoit.défia priris des aiflesY ,.
* Se eftoit debout,s'ençKnant deuant inyaltenoitaufli deuxfleçhe%maisaucëvnë. -
, telle contenance,quel'onpojju6-it ayfémenç coniecturer queie grand ènfeignoît Y
au petit en quelle manière il" en deuoit vîèr,pour bien m*ettre en ceuure. Lanière -
tenoit le carquois vuide , 'Se l'arc bandé. Aux pieds decé maiftre gifoitvniceptre. .
-en fa tefte vn.cabafret,kqueile portait vn trophée au* boutd'vne knce , c'eft à fçarv
-aoirvnhaubergeonaritiquè^adeirusd'vne^bule ronde pcfee-entre-deu^: Aiûcs^:,,
Se y eftoit efcrit, RI EN D.' A S SE V R Ei, Cefte darne féconde eftoit veftùë <
ce partie de k eolomne denersle bas, eftoit rudentés ,' c'eft à*dire que les canaux :
cftoientpîeins en forme de baftorisirond'si Adonc ie préfumay que la caufepour-
quoy elles furent ainfî ëanelées, auec la tierce partie rudentée, eftoitpoureequë ;
cette ftrucl: ure excellente auoitefté dédiée auxideux fgx es des. Dieux,, fçauoir- eft t
à.Dîc!uSe.BéefI«,,connnëà-in.er.e&àfîls,à,pereSe.àfilîe,àmary SsàfemmeJOUau-'. - .
chapiteau eftoit attribué pour fa hauteur vn diamètre entier du pied depa coiom-
" ri e,obferuantla proportion Secnefute de.toutesfe|partieSvSe,ornémens. Le feuil
delàporte eftoit fait dVnegrandepiërre yetde ,:femée fetaches bknches,npires,
iaunes -,\Se;atttrçsiïiu^rfes Se imparfaidtes a fur lequclxftpip^t poféc's Se àfiîfes les
cofîieres. puiambagesçqui aupient.aatant-de largeutqueie feuiL.Se vn pàsjd'àuan-
tage,àuqueU ;»f.pa^UÏG^
euftiamais-eti gons pu verrpux. Audeffus de la vaultute de kpor.te , eftoit l'ardu- -
«aue aueeTes moulu£es ;^v^
tres.La clef ou coin de î'afc pu vouite,eftoitd'vn© Agathe de pierre trèfnoire5fa^
fée en forme d'aigie,quafi tqutehors du-màiïïf^ayarities ailles eftendueY, Se tenant
^rienfantentre Ces ferres jdrpitementpar auprès du nombril , fidifcre.tetnentfa-.
çonnéjq'u'il fembloit qae royfeàactaignift deleblefTer*. Yous euflîe^ditàveoir
ion petit vifage 9 qu'il auoit psuryA-e; tomber', à raifort dequoy il auoit jéftendu fes
braSjSe s'eftpkjemp-qngné aux ailles de l'aigle,aux gros os qui ioignent à l'eipaùle,
Seretiroit fes.pëtkes.iambes.-contremont par defluslaqucuë, laquelle (embloft
paffer iufques au.deïïbus4e k vouiture. Il eftoit fi parfaidtement cori trefaiéï de k
yçihetbknçhe.deïÀgathe,ou Onyce,, Se l'aigle de la Sardpine,qui eft l'autre veine
proche en la-mefmeipierre^queje.deiTîêuijay tout e.ftonne , p enfant en quelle ma-
. *
nieterouiirier ingénieux auoit imaginé d'appliquer celle pierre à fî belle inuen-,
tion. A vepitlespiumes queroyfeau, auoit heriilées.à l'entour du coij, le bec ou-
.uertjSe klâggehaletant^vous çufîîezpeu cognoiftre', qu'il eftoit efpriide l'amour .
4ecét Infant» Le refte du deffous delà voulte eftoit dé'party en menus quarrez , k
.chacun defquels eftoit faite vnerokeede dèmybo(fe,qui fembloitpendançe. Les
«quarrez çontenoient autant en largeur que les çoftieres delaporte,depu!!islacein-
.tuteenfiis ( laquelle s'eftendpk auffi par dedans l'entrée de la porte à trauersfes
-/ambages) fur l'endroit ou k voulte commençoit à fléchir. En chacmides deux
^triangles formez par laditevoultùre Se les colomnes, y auoit vne Paftophore (qui
teftlefurnpm de V énus ,D éeffe d'amour) taillée eirforme de camay eu , leurs veft e-
«-mens vokns,qui defcpuuroiént partie de leurs belles cuy (fes , enfemblejlë bras &
lapoitrine,les çfaeueux efpars,Se les pieds fans çhauffûre , tenant chacune vn tro-
,phée tourné diCuers le coin du triangle! pour emplir le vùide. Le fous eftoit de"
.pierre de tpuche,Se les figures de-marb're blanc. Au delfus de l'architraue eftoit k
îrizejauûiilieu de laquelle on auoit planté vn tableau d'or,auec vneEpigramme.
-ouinfeription en lettres Çrecques^eapkales rapportées de fin argent de çopelle, \
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ftraantës Secoiinnode
triomphées \îi^
mourir les h:Pmmés.:èâ 4oucèur j&'phifîr.YAWêsii
forme','- .&-font ordina-i-réinent
eftoit p^fëêl'è'g'rand cornichcàuéc fes!tHo;ûlare.s ^'-lineîniens rè^uis:;le%r*glsf.féS .
'.&lècàhipole:&^
en lieu propre, feconuenablevil s'en enfuytdeformitédekperfomîe'ïenfembla^i
-'MeY'edificeeftdi&ordantoY'i^^
tient obferuees: Delà procède k corruption .Se dçpraaàtion es wlitsts rmpderne<Sj>
iirnoransk.vray cfituation des lieux Srparties'du bafti'menj^carleniàifïre.îâge&e'^ ,
deux aux deux faillies delà fiïzefn'r-les.co'lôn.es,Se deux à plomb >au,jnilîeu de k <
porte:eim-elefqaeîlesdâsVnèniç;h«e^
deux flambeawx,rvn eftegit toiirné dèuers.kterre , Se l'autre allumé droit deuetsl
îeSaleld'ardantenk'maindextre, Se l'autre enrk feneftre,..Au. quarré: du cpfteY
droit, fur k fâilîfereftoit entaillédédetny-relïef,i'hiftoire de Cîy mené la iàloéfèjr
les cheueûx de laquelle commeaçoienl à, prendre .forme >:de rameaux 'j; t»;ater> -
; marin.IJedans ce rond eftoit taillée vne ëheure alkittant vn enfant , quiauoif l'v- *
-, ne des iambesJ eftcnduë, Se l'autre vn petit retirée : il s'ëftoit empoigné des d'eux
mains au .poil dejachçuré, Se auoit les yeux ententifs à regarder les mammelles,;
,
Sela-bpuchcà les fuçcer.Tout auprès eftoit vne Nymphe qui luyfaifoit çhere , Se
fembloit vn peuirici-inée foufleuant de la Jmàin gauchele pied de la clieute, Se de-
:
, l'a droite approchoit.les mammelles ala bouche de l'enfant, qui les baifoitbien
t iiourrift Iupker . Deuersk tefte de cette cheure, y auoit vne autre Nymphe , qui
l l'embrafîbit d'vne main par le col,-&dcl'autre la tenoit parles cornes. Au milieu
.--«ncôresyenauoit vne autre ,,qui tenoit.de fes deux raainspar les deux anfes
, wrt mouleà.formages4&au.bas eftoit ce mot, MELI.SS A^moucheàmie^puis
4eux autres.Nymphesentreçes trois, qui femblpientfaulter Sedanfèrau fon de
quelques inftrumens qu'elles, portoienti Leurs véftemens eftoient fi bienfaits»
-
entîërëjien'ay peufaire moins, que d'en dire.ee peu, par manière de fommaire
- «.u'adueétifïementXe demëurah t de k clofture d'vn cofté Se d'autrë,monftroit en
".jSpparencëqueceauoitcftë vn excellent édifice,quifepouuoitfacilementcom-r
-prendreparles ouurages demeurez entiersen plufieurs lieux: mefmes des parties
' mflès^comme les colomnes nayuës figurées en forme d'hommes courbez, ioufte-
«aas k .plus groiïe chargé^ kmefure desquelles ne fepouuoit cognpiftre : car ël-
Yles eftoiéntfaitesalhtl quelcréqaèroientik proportion fuflifanre pour là pefan*
:..tep:^'0i^-ièment,'Sîk'raifoncomprrfe.S2 tirée dekfembknce humaine.: pouree
,.que;teoutainfiIc|uerhom.mefoufteîiantvixpefant fardeau , tient fes piedsployes
fous fes kmbes, en tette manière les tolomnes này.ues appliquées Ibys les plus
.grands faix,eftoientfacodrcis.Mais les Corinthiennes,Se Ioniques ,[qui font gref-
' îes^eftoient&mifespout parement Se beauté, paircjuoy là compofitioa de ce ba>-
.jaimeicuîeJiùkaecônipHede toutes les perfections requifcs, tant en diuerfitç de
m^bres'Bifterxns de,:coukurs,cômeîbiahcs,hoks,- Porphyres^erpeûtines,. Alba-
;
;*
-
,. y PQLI^'BIX'Ë. ,\ if
"te^&âlïtres toufiours viues,aymans Se hantans les vieilles murailles renfcmble lé
4Mytric,roliualftre verdoyât,Se les'Cappreshabitâtes es roches Se ruincs,defqueL
, lesquafî tous les marbresSe ouurages efîoiét couuerts Se rcueftus.Ity auoit fî grâd
- nombre de colomnes renuerféesl'ync fur l'autre ^qu'elles fembloient gràns mo-
-çeaux d'arbres trébuchez dedansvneforçft efpoiiTe. Etpareilkment grand«quàn-
tité de ftàtuës Se figures en toutes fortes^, nues. Se veftu ës~, les vnes plantées fur le
Îjied dextre,les autres fur le fèneftre,ayans les teftés à plomb à u centre du talion,
'vn piedfermé,Se fautr efbufïeué, la longueur duquel eftoit de la fixiefîne partie
-dekhauteut de toutleçorps, proportionné de quatre coudées. Plufieurs eftoiét
debout entières fur leur pktte-fprme,autres afïifès fur chaifes Se fiéges d'hôneur,
-en diuerfes manières, auec innumérables trophées , defpouïîJes^Se ornemens
infinis , 4e teftes de cheuaux Se de b , es cornes defquels pendoientfaif.
ièaux«4e verdure auec feftons de fruids Se defueilkges , déliez Se graille s par les;-
.eàÉrêmitez,maisgtofiîfïàns contre le milieu,auecpetifcenfàns montez deffus,5efe
t-iouàns à renuirondetout.fî trèf-ingénieufèment parfait, quel'on pouuoit droite-
.raent iuger Se cognoiftre que l'-eipritsSe l'induftrie de l'Architecte auoient efté
, fort exceîlëns:car aueclepkifît Se cont(fiteméntdesregatdans,ii auoit fî propre-
Yment exprimé l'intention defon imagînatiue , tant en k proportion Se mefure
.de l'édifice,qu'eala perfection-de l'art de.fculpturejquêfikmatiere.euft efté not* .
pas'marbrejmaisckemollejOuargillejOnnereuftfçëùmieuxconduire ny mettre '
en cuure.'C'eft le vray art,qui delcouure Se argue-noftre ignorace préfomptueti-
fe,ou noftre déteftable prefomptibn , laquelle eft vne erreur publicque Se dom¬
mageable. C'eft k claire lumière qui nous rauit doucement à fà contemplation
poûr.illuminernos'ténèbres;caraueun,ne demeure aueugle les yeux ouuertSjfinô
,;.ceuxquifuyént Se refufëfttla lumière.; C'eft celle qui.accufe la-maudite auarice,
,deftruifânt toute yertu,voire qui va rongeant fans celfele cceur de celuy qu'elle '
ppfféde Se détient captif,pource qu'elle eft toute contraireaux bons efprits,Se en¬
nemie mortelle d'ArchkecT-m-e tant nobleSe digne. .Aufîî pour leprefent fiecle
chacuntientpourfonidolerauarice,luyfaiknthonneurs Se facrifices: ce qui eft
indignejSegrandemeatperaicieux.Odangereufe Se mortelle poifonltu rends mi-
- férable celuy qui eftattaintdetoy. Combien d'peuures magnifiquesjfontpar toy
périësSefupprimëes? En cette manière i'eftois rauy Se furpris d'vn plaifîr fouue-
- rain.contempkntles reliques de l'antiquité faincté,vénérable,8e tantà eftimer,fî
bien queie me trouuoisincertain,inconftant,infatkble, regardant çàSc là,accô-
pagné d'vne affection Se admiratiqn continuelfe,,pcnfant en moy-mefme,; quelle
pouuoit eftre la lignification de ces hiftoires,que ie trouuois bien obfcures,confî-
'dérant le toutententiuement :Se4ie pouuois aifouuk mon défîr deles regarder, .
-qui s'ëftoitTdiftrait Se féqueftfé de tout autre humainepëafée , fors de madame
, Pplia ,, laquelle reuenôk fouuentesfois en ma mémoire : mais: --cela paffoit en va- .-
.momentjSe par ainfi ie retournois tout foudain à mon entreprife,p erféuerant ea-
laxontemplatiande cet édifice tant accomply.. - ' ,-
y- * . ' y ' , . " " . '- - " ' ''- .-&- " ' ".---
LIVRE PREMIER Lm
^-ILPHI'LE ENTRA ' V N- ' &E T*. ^VAM TE &-.
'
des coftieres, eftoient faits 4es fîéges de.marbre , de la hauteur de deux pieds , fur
n pauédenacrede perles.net «Sefans aueunefcniïlîure, Se pareillement k voui-
te en laquelle on n'euftfçeu vebir vne feule toille d'araignée ,:pourcë que touf .
ibiirsycouroit vn vent fr>iz.La vouîteiointeapx coftierès^par vne celntute qui
GommènçDÎtaux chapiteaux ât$ arriëre-eorps 4ë kppttcicoritHîuée'iufques 4$.
: viipmds'dél'entrée.contériant -en longueur (àinfiqueiepouuois;ik^
sperfpëdiue) 4ouzepas,ouemiiroh.iBncette<écirïtureîeftoient'à "demy xeleucz,
pfuneurspetis monftres marins, nageans dedans vne eau , contrefaits eh forme
4'hommes depuis le nombrilenamont^îe dëmeurant-finifroitehqueuësde poif.
JTéns entpftïfleë%fur lefquëlieseftDierîtaffifesdesfemmesnuës,dekeeimenatu-
ï'e. Se figirf é, embrafTans les monftres ,-Se en fémbktle ëmbrafl'ées d'eux." Lés vh$
fonfïloient*nbuccinësfakës4e coqiîesde îimaèçs ,les autrestenojentdesihftrù-
inens efttanges Se fantafques à mcrueilles. I>lufîçurs en y auoit côùirorincz 4c h.
ifleur Se herbe 4c Nympfaée;omNenufar , affis en-chariots faits degrândes coquil-
les 4e*mer,tirez par4esDaulphins. Aucuns eftoient chargez 4e corbeilles pleines
' :dèrruit,l.esautresportoient des cornes d'àbphdace. Vous en eufîîezveu qui s'en- '
^trebattoieht de poignées de IohcSe de .Rofeauxiautrescêints de'chatdpns,-Sem&-
tez'fur fchéuauxrnarins , faifàns boucliers dé coquesdetortùes', tous diffèréns^ën
'actes&enformes, rnefrnesfaikfït des efforts fi.-vriiement exprimez, qu'on les
vëditprefque mouuoir. La voulte eftoit diuiféeckdeux qùarrez , fépàrezpar vne
-frize qui auoit deux pieds^cn largeur , Se leur feruoit de pkttebande allant tout à
l'entour.pafïant le long delà céinture,Se fùyuantl'ar?ce*u de k Voulte, -entier.emët
'coriftruke de mufaiquë, àpetis quarreaux de verre couIoré,fî proprement, "qu'il
x fembloit qu'elle euft «fté faite en kmefinéheure.^'eftoitvnmçilkge de vêrdtf--
Y'xëaufîîViueccftïmevneEimçraudc.,renuers duquel (où il venokàfcrcpteyér)
veftok de couleur vermeille comme rubis vSelèsflcursaiMréésfembknsaSàphirs,
. feméesfiàpropospar-my rouurage,quevpus-eùflïez4it,qu'cltesy eftoientnéès.
i 'En l'vn des..quarrez eftokfigurée k belle Europe paflant la mer fur le Toreau Féé,
r Se le Roy Aigenor foli .pere,covmmâdant.à fes fils,Cadmus, Phcenix, Se Cïlix,qu'ils
eufjent à chercher leur fur:-Se comme en la cherchant ifs tuèrent valeureufe-
tiïent le. Dragon à'efcailles, qu'ils trouuerëntprès la fontaine : puis paf le confeil
d'Apollo/jbaftirentvnecitéoùlebceufs'arreftajSe 4onnerentàla contrée ce nom
"Byotia, du beuglemet dès b Après comme Cadmus édifia Athènes, Phnix
Phnice,Se Cilix Ciîice.En l'autre quarré eftoit taillée Pafiphaé la défordonneej
clofe en la vache contrefaite, Se le toreau monté deuus:pui$ le grand -mohftre Mi»
,,,notaurc,enferméauJLabyrinthe,Se l'ingénieux'Dédalus, qui s'enfuy oit delà pri-
/for^Se -vplloiten l'air, parle moyen des ailles qu'il auoit compofae à luy Se à fon
fils Icarus : lequel pour ne vouloir croireïe confeil de ion père $ trebufch3s Se fut
>,noyé en kmer,à laquelle en mourante comme le pereve*
-. " -£ "H
(
»- LIVRE^REMaiER P.E
mi; afauuetéYpendoit Ces ailles au temple 4'Apollp V ^^ceômpîuîbit4i«ote^
mcntfonVeu. -. V: J *' : '-^ -J.' , '-«; °*' c-: *,; 'V .',>-' Y.-
ICes hiftoireseftoientfixntières^u^ftulquarrèauîïe.s en efteit:s4efmentyy,
..- . ! >
ture firiiffoit:Seplusauantil&^^
iedélibéFay dem'entetourner. Agrand peim?e^e.tourneleyifage,queieientis
à trauersees .ruines -, comme vn. remuement d'offemens-oa. va.choC;de-grofIes
JbWdies.dontiefus fort effrayé. Toft après l'entendis, plus clairement ainfî que .
fi on eut traîné quelquegrandesbefte morte,çomme vn bcuf, ou vn cheual :&t
' toufiours ce bruit approchoitdela porte. Puis ne tarda gueres que i-'ouy fiffler vn
Sfefpét:Se. adôc ieperdy ccëur Se voix:5e mefmeslepoil medrefk en ktefte,Se me
tinsrpokïbe£du.<3 pauure infortuné fie vis foudainementaccourirdelàlumiers
4ekporte, non pas ainncommeAndrodus,vn Lyon boiteux fe plaignant, mais *.
ramidefSé^llçis àti^ :
Se fçauoir fîiëveribisëhëprëslëlieup^
uo-rât venpitpèint après moy. Maiï îe trouuajrq là lmnitrém%ftbitduk'cîut;fiii? -
lie.Etpaur^ccrbiftrénu-grand'pcur.^^
uefouris,qurvollctoiëntautour de mes otëilîésïdbhfetTràyéjiepeHfôisdétëuttC-'
que i'entendoïs,fent0is,ou touchbisjqUëcëfutlé Dragon cruel.Ètrombf^^
xnéJryèùxfé trbùuaueritaucunemehtaècoûftûmëjiates téhèbrës*,tbùeesfôîs iérfè*. :
c6*f?'~ A
u «"VR'E PREMIER? DE ;
r.jtt»nÈ les* ctic e foifdainàXoyiEri telle maniéré i'allois tâftônnant àtrauers cesde-
-ftoarS aveugles. ,-Sèf ar-cis -fentes 4efupy4e$,en|>lus-grand trâHail Se. perplexité,,
^uëJMerciwcqi&d ilfëfei^Cigo^e^olrçgU^picu Apollo quaridîlfutëon^
- traiat deearïetles brebis cmThraëc^ ou qûeia belle Diane lors qu'elle fut muéflf
en vn petit pyfëau: mèfmës erj'pi'usextrcfmc angoiffe quëPfydié,Sprcs auoir perl
4u Cupidofbn éfpéuxîSe;ën plus kbouricux périkquë Apulée quandil fut trank
£brméfe*mé,èc qùllcri^ fur leprep
chamikiaïefaimprt.yap^^^
auel d&.cèl Çhaùuèfoarif & quand it fes.entehdpis frfrier fi près de moy,ie;penfoU ' '
-ùre après la raort^Se ^empurer fans fépulfiire? 0combienplus griefue eft jl'infor-
;èirtba^atf4o^J^f*:P^.^Mlçj«1«î- À dieu,a dieu4onc;Poliad'vnique vie de
mon ^ut.lëiamentois ainfiapMtmoytantksSetrauainéquekn'aupis plus que:
'"
nois pour perdu. Qïjand dôcques ief usparuenu à cette lumière, quidë loin m'a- -
4es bras qui m'auoient feruy, depauois pprif éuiter lechoc dès pilliërs,me.féfukét --
defortes ramespour mieux hafter mafuitte:au moyen 4.éiaquelle iefcy'ti^tque.
ie paruins en vne région belle Se pkiiante : en kquellcie nem'bfajfençotgsàrfe-
fier , pouree que i'auois fî fortimprimé.ën mon^ entendement-; la mémpired^c^e. -
,
.-'.., i. - ^- *
Semptr ftBw4Urd},
..-* ,**i3*&..wwk'
-plomb, part^Tju-^l-femffbrtenp ointe: Iff vne des firesdtt-corps;yâuo'it,;yne pierre ::
quel quatre (ainfî quèiepeus èftijne,r) eftoit de fixpi.eds.de mefurec Aux deux co¬
ftez debefte pierre y auoit dsu'x.colamnes canelees à rudentures, garnies de leurs .-. .
, eftre d'-yne pucëlle*) yfTokde la dexttevri filet d'eau fraîche , Se de la feneftre -..vn -, :
fontaine futvn rkh'epaué entre les 4euyfeâfïlhs,y auoit vu petit canal,auquel ces ,*
deux eaux s-'ailèmbloiënt fortans dés.bafsinsrvneàl'oppofite de l'autre: Seainfi ;
.
,' iDéelfë Venus iadis faite par Praxitiles* ne fut oncques fi parfaitement taillée , en- ,
que deperfonne yiuante, elle euft efté transformée en cette pierre. Elle auoit lés
leures entr;ouuertes,comme fi elle euft voulu reprendre fon haleine:dont on- luy
ppuuôkvebirtpùtîëdëQ^rts délà'bouchëqua.fi iufques auneu delagorge.- Les- ;
qu'il éuft(parâte^ ,
,tefte s'efleuoit vn arbre bien fuëillu j abondant en fruief , Se chargé cfoifelets,qui ' ;
fembloient chanter. Se induire lés gens à dprmir. Deuers les pied/de cette Nym¬
phe,- y.auaitynSatyfe-camm^ enflammé. d'amour , eftant debout- ;
' furces deux pieds de chéure,k bouche pôintuë,ioignant à fon nez camus:k barbe.
fourchuë,pendante àdeux barbillons , informe de boue. Uportokdeux oreilles,
J°ngucî'.^'.Y?%es=*te%ie du vifage quaf^Umaine^outesfbis tirant furkxheure*
"PO Lî'ïTH'«ï t-^r il
.Y3/lç^ë*a1riyb^
iîlauôïtdeia main gauche prmslesbtanchçsdel'arbfev ^e.àfpnp.ouupAr.s'effôt.
* çek de les cpurber fur k Nymphe qui 4ormok,pour luy faire plus grâd ombrage;
nÂMTjGLNT- rfc<3K&jûI':
De l'autre main 'il tirbit le bout d'vne courtine attachée aux:bàfïês branchés;
de l'arbre : .entre lequelSe ce Satyre ,'eftéientaffisdeuxieunes Satyreaux enfaiiSj,
;
*
j/. ; LIVRE"' PREMIER DE" _' '
r*ri defquels tenoit vn vafë- , Se l'autre deux fcrpenKtortilléz autour 4e fës mains,' -
-le ne pourroisf certes) fufrifammënt déduire k beauté Se perfeétiPn grande la-
ouelle eftoit encétouuragc.cnquieftoitadibuteéjagrac® delà- pierre,p iuspohe r
eue n'eft l'yuoire.Mais fur tout ie m" efmer ueillois de k hardiefle &'grandj>ancnr
^4el'buûtiér,quiaupitfinèttcrnent;vuidèl'e^ des fueiHes percées à-,
iour Se les pieds despe.tis oyfeau^,déUez; comme filets de limEnk iruc.de defîpus
eftoit efcrit,.
n ANTON TOKAAIV
A* LA MER E .D E T.OV T.r.
^ Leruifi%àuqmfortoitdeçeftefoteaine,cburoite^
fe baffes Se enrofoit vii champ
plein 4e- eannes :de .fucr-er- Au long de i on* cour* »
dLéefauuage.Auxdeuxcoftezyanoitde^^^
Sne,chargez&deleurSfmits:,lesbranchespendantesàvnpaspresde terre telle.
mentVils eftoientronds Sekrgesdeuerslehas lehaut montant en ppmteàk,,
Son d'vne pyramide^ntodora^^
- Sfdiïe réputé trôp.heureuxSexontentfii'yeuffe trouué quelque habitation. ...
carcans de fin or au deflous des mammelles. Les bracelets eftoient 4e mefme, qui '
ferroient lespongnets dë>k dernière tunique. Elles: auoient«n leurs pieds \des^
femelles attachéëspar defius à riches rubens d'or Se dëfoye-cramoifieventrelaflez -
à|antwué.Xsiambe depuiskfcheuUleiulquesaugenoui , eftoit couuerte d vn >
, feïjpdgquindefatin crampyfi, efchencré en forme de ctoùTant , àfendroicdu g<*>
.**
FOLIPHILF. *3
KOUîlicordelé toutau long de kgreu"e,divn kflet paffé en boucles d'or. Le brode-
cmin eftoit enrichy de broderie pair les deux bouts : Se àxrhicun cofté de k fente,
pardeffuslagreue , efgayé 4'vne bro4erie 4e fil d'or dequatre doits- de large, .,
ainfî que l'on p^uuoitcdgnoiftre quand le yentesbranlok leurs cottesY
J*
. **'. _ -LIVRE PEEMijER DE
douceur Se couttoifîe, accompagnée de quelque don céleftc.vÀ-îà:finiecanchii
:
4'atcndre , Se m'aduenturer à tout ce qui pourrok aduenir , eftimant néantrnoins
qu'enfiparfakesdamesnetroaucroisquedouceur,mefmem eût que l'homme ef- -.
garé porte auecfoy fon affeurànce Se fàiiuegarde.© "autre- part honfç me retehoit,
cognoifïant que i'eftois indignement arriué en ce lieu, qui paraduenture eftoit
fain& , Se l'habitation des Nymphes, veu que i'auois le cceur;fbuïllé d'affections
inondâmes ,5e par vne audace préfomptueufeSe importune, i'eftois téméraire--
;
'; ment entré en région défendue à propnane&.Eftant donc en ces grans 4outes,vne
descinqkplushardie,fepnntàdke:Qmes tu? A laquelle voix iefus fi furpris de
peur Se de honte, que ie nefçeu que dire ny réfpondre , mais demeuray eommç
vneftatuëjà quilaparolleeft interdicie. Ces .belles ayant remarqué àme veoit.
que i'eftois,non vn fantofme, ains , vne efpece.d'animal raifonnable , vn ieune er-
,
1.
"' procherent demoy. EtmedirentBel-auâmreuxque vous foyez, apftre regard ne
% vous4euroitefpouuenteir:n'ayésdouted:inconuénientaucan,catëiice lieu vous
-
Y, -eft ehpfe toute certaine, que, peu de gens, peuuent efchapper de k vpyepar la-
... quelle vous e.ftesxntré icy.-.A cefte caufe louez Dieu fiirtoutes chofes , Se remer-
ciezk boBnefoftU8e,cài; d'ores en auantvous..eftes hors de tous les dangers, Se îie^
.
, - faut plus rien craindre.Ce lieu eft l'habitation de tout plaifîr, où vous pourrez de-
' -, ..,uenirbien-he:ureux:mettez.donc en repos voftre ef prit , Se; foyez vertueux.. Car
i -.. Y .. vous eftez.arriué en k contrée o.ùabondentxouteioye&lieffe:Se fi eft de telle na-,
'.* ,vfure,queiam.ais,n'y a changement. La fituation en eft a'ffeuree , Se le temps n'y eft
- *'* point varkblesàins confiât : ioinct aufïï que noftre compagnie vous doit induire à
^ous efiouyricar il faut que vous entendez que fi IVne denous eft gaye , l'autre eft
aufïï prefte à fe donner dit plaifîr.. Noftre alliance eft compofée d'vne cbftcorde
* '--'"' ' .iipârfaicte.,qu'eiUi'e,nous y a vraye vnion perpétuelle , Se vne mefme volonté,
îsf ous demeurons- en ceft air Sepays falutake,fort fpacieux en fes limkes,verdoyât
4'herbes, fleurs Se plantes, fouuerainement aggreables à la veuë: fertile de tous
l3Îens,fenuironnédecÔtauxfruftueux,habkédebeftes:-mignonnes remply de tour¬
tes voluptez,abondant de tous fruits délicieux,;Se enrofé de claires fontaines. Te-
nezpour certain que ce terroir eft plus heureux.& ptus grand queie mont Tauruç
enfon reuers du cofté de Septentrion, quoy qu'on diequelesi'aifinsqu'iîprpduit,
ont deux coudées de long , Sequ'vn feul Figuier y porte chacun-an foixante Se dix
mnys de fruict. Il.excède véritablement k fertilité de l'Ifle Hyperboréc,ën la mer
; ïndique.Il furmome le Portugaise fi fait-il bien l'Ifîe de Taîge enla merCafpie.
Et combien que l'on appelle.Egyptejle grenier commun de tout le monde s Cerna-' -
bondance eft moins que rien,au prix de celle de cettèprouince. Nou^n'auons pà-
't .*1*.
' ' " y "y '"":.' " CkA'P; viijvY Y " _, --' '--"
teent remercier de tant de courtoifie dont vous vfez en mon endroit : car vous,
m'auezenk bonne heure refufcké de mortàvk : parquoy ieièray^trèsîheureuk . :
de vous bbéïr Se fuyurej auffi me ferok-ee vne extrême kfcheté-de courage 14ë-fié'-K<*
> vous obtempérer. Certainemétiem'eftimerôjsplusheu'reux d'ëftre vaïtre efciàV: >
îieperpêtuel5quedominerailleurspar. authbrké:yeuque(commeiepuiscogn6i-, : -
1 beû.A.danc l'vne d'enw'elles.me dit:Baillez moy la main^ouse eues en fëuretê -, & ,::
' - -. - - " ~, F "y. , ' " x
, _; 'LIV:RE "PRTEMIE'R DE - ;
~^ç trèsbien venu,' Nous fommes cinq compagnes , airifique vouspôuuezveoir,
ïQuantà moy l'on m'appelle Aphaé ( c'eft àdire attouchement )Cëlle qui porte
IcsboefteSjSe le linge,eft Ofphrafie(l'odorer.) L'autrequi tient le miroer , Hora-
fie(k veuë) Celle de la lyre,Acoé(l'oye.) Et la dernière portant le vafe plein de li-
queur,G eufie(le-gouft,) Se allons eniëmble- à &s bains paffer le temps. Doncpuis
que la bonne fortune nous a amené icy .vous viendrez auec nous : & aptes que fe-
rôs vn petit efgay ées, nous retourneîôs au Pakis'de la Royne,kquellenous trou-
uerez accomplie en libéralité : Sctenez pour certain, qu'enluy récitant le faicT:
4eT0samours,Seiuftes prétentions, l-induir-ezfacilement à vous ayder. Ences
* proposSe deuis elles nie mènerentiufquesaulieu,fortconteBt de toutes qui m'e^.
ilokaduenu:de forte qu'il ne reftoitàdefirerfinon madame Polia,pôuj accomplir
. aaonfouuerain bien,Se donner acheuement à-ma" féliciter f upreme. T"outesfoisie
me trouuois fort honteux de ce que mon habillement n'eftok conforme à flno-
ble afTemblée.Toutesfois après m'eftre affeuré Se rendu vn peu priué , ie me mis à
Êtuter -auec lesNymphes:dônt.ellefe.prindrent à rire, Se-moy aufîî.Sur ces entre-
fatctes_nousarriuafmes aux bains : qui.eftoient d'vn merueilleux édifice. C'eftok
vne place à huict angles ou pans, au dehors de laquelle y aùok deax-pilliers àflîs fur
*vn mefme piedeftal,qui commençokk nyueau du pané, Se «nukonnoit tout le
pQurprisCes pilliers fortoient de k muraille vne tierce partie*de leur krgeut ; Se
eftoient enrichis de beaux chapiteaux, deffus lefquels regnoy ent l'archkraue , fri-
*e,8e cornithe.En la frize eftoient entaillëzdes petits enfans nuds,tenans des cor¬
dons aufquels pendoientde beaux feftons-ou trotfHèaux de verdure. Surk corni¬
che eftoit pofée la retube qui eft vne voûte ronde à cul de four : mais fai&e de for-
x«èçMStogone,pour correfpoadreau refte du baftimentjSes-faces eftoient percées
à iour,en fueilîages de diuerfesinuentiôsîles ouuertures clofies de-vitres ou bié de
lames de fin eryftal , qui de loin ra'auoient femblé plomb. Le Pteryge (c'eft à dire
lepiiwacîe ou lanterne ) eftoit vue poinélepareillement octogoneTur laquelle y
znoit vne pomme ronde;Se furie centre de cette pomme vn pyuot ,auec vne aifle
tournant à touSïVenS;.Puis.deflus vne autre pomme, moindre que la première d'v-
- ne tiercepattic,auec>npetkenfantnud,ayant la iambedroicle pofée à ferme fur
içelle,Se l'autre fufpenduë en l'air. Le derrière de k teftceftok creux iufques à h,
bpuche,en forme d'vn entonnoir :,Selàeftokfoudée vne trompette qu'iltenoit
,4e fà main gauche près l'embouchure ,8e k droite vers le gros bout-.îe tout faiéfc
4jçoiyure doré bien.polyjlfemblok que l'enfant foufflaft Sans le creux de cette
^rerapecte.Et pourcequ'ileftokfacilement.tournéà tous venspar le moyen de
l'aide qui eftoit au defïbus,le ventquiluy donnoît toufiours au derrière de k tefte,
,.&pafToitpar dedans cette ouuerture iufques au corps de k trompette, k faifok
fcnner haut Se clair.;: Mais adonc en vn mefme inftant le vent auoit efbranlé les
Carrobes^Se donné dedansle,trompette:parquby iemeprinsàfousrire delapeur
jqnefriuolement'i'aMoye.eu'é : Secogneuque l'homme quife treuue tout feul .eft
,'pays eftrange,cft bierifoudain efpbuuanté à chaquepetit briiy t qu'il oy t. En lafa-
^çe refpondantà toppofitede k Nymphe feruant de la fontaine , eftoit l'entrée par
" vrt.riche portail fait de k main dei'ouurier qui auoit taillé k fontaine : fur lequel
|ipr4ileftokefaîtcetiltreencharacleresGrecz3 a saMiNqOs, J
' -'.". ' -*
- ipat
poxrpHiLi, n »<&&&
tancbèsiamproye%alpfes,perche$,turbot4^
; flf esseicreuiees,§t infinkaittes,q,ui fembloient,re.mueraumouuementdereau!1.;
tàn.tl'ûmute;apprQchpitdel.anatute.È^^ y auoit vn ;
I}aulpî4n taillé ën,dëm^^^
ieune fifs fur foii dos,leq&cl s'ëfbatpit d'vns iyre.De l'autre eofté à l'bppofitë4e la.-
f prte,fur k fontaine ieftokfembkhlemcnt vnautre DaulpMn , fur4equ.el eftoit -
monté Neppineiténant vn trident ,4ë la mefme pierre Gakttke, rapportée fur le-
fons noir.dôla':muraUle..Efqftelsouurage$4efculptçur n'eftoit pas moins à louer?
quel'AtçKfe
k
pJaifaiités-.-D.^may fêllésy &T ri''e;ûff9xfçe4t^'ip^Ja]e«i.ent'faifB :compacaifon entre- *
,p^ur.païf?e3Se ^
mentie me trouuay en gran^pîaifiEièifarisf^étiôà de courage^ parmyeespàrfunSB,
%£ejimwSjplu&Q.4^^^
-,» * » * ^ .
( l
MiVRÊ l PREMIER D
biles oui n'ofoient regarde! obiects tant excellens Se finguliersi Adbnc. Ofphra-
fîémé dit: Mon amy, comment auezvous nom ? Et ie luy.refpondy humble¬
ment quërl'bn m'appelloit Poliphile. lime plaift bien (dk-elle ~) fi l'effecV y-
accorde.Maiscommentfenomme-voftremaiftreffe?Polia>ma Dame dy-ie lors : à--
aUOy promptement elle repliquà;Iépenfois que voftre nom figmfiaftfort ayme:
mais à ce que i'en puis cemprendre,c'eft à dire l'amant dePbha. Ordites ventefi .
nuds,qu'il faifoit fort bon veoir fouftenâs vn petit erfântqui auoit fes deux-pieds. "
îjpfez fui' leuKmams,a fçauoir ie droit fur la main gauche de l'vne, Selè: feneftre ., -:
fur k main droite de l'autre. L'es vifages dés trois fembloiènt rirçà/boh efcientîP-
C-és Nymphes leuoient de leurs autres deifx mains , lesveftemensr'dë ëét enfant^î'--
- Se4e defcouuroient iufques à la ceinture par deflus. le nonibril. Il tënoicà fe- ;s
deux mains fa petite quvjiet^SC-piffoit dé l'eau froide ëôrrrtglàc4qui1ëmëfÎPit
parmy la chaude pourî^ttrêmper Se attiédir. le metreuuois là: en grand conten¬
tement d'efprit:maislé -principal de mes piaifirseftoktroubié, par me veoir fi -vil -"-
& différent delà beauté de ces Nymphes, npir-eommë vn Ethiopien parmy cette:* ;
Aptes que nous fuftnes baignez a noftre plaifîr , Se faic*t ces ioyeufes rifc'cs , ac¬
compagnées de gracieux d^e^nous for«unesi de l'eau tkjcûe , & repolîmes fur lp
V
PaLIPHILLEY . - ag,'
4èi-nier4egré,oûies Nymphes fe parfumèrent 4e ces liqueurs àfômâèîques,Serh^é-.
- donnèrent vne bouëtte.Cette onélionme fembkgrandement prbfitable à fiffuë->
du bain ,,àcàufé que outre fa bonnefe^tèur , mes" membres^afroiblis Se àebilitezx
4ekpeinefoufferte,cn furent foudain recréez.Ië m'habilky leplus diligemment^
qu'iime fiitpofïïble: Mais les ©amoifelles'dëmouretentvn peu longuement àl&r -
îùy fer ois-tu à.cettë heure? Hélas (refpoiidy-ie) mesdames, par cette grande Ma- -
jeftéàkquellevousf£i'uezS£'obéme~z,neiettezpp
ne foufflez.pas k flamme qui brufle mon cur : car ie fuis totaleinettt?eonfommé.Y
De cette dolenterefppnce elles firentfî grand'huee ?<qu'ilneleurfut'ppfîible.paf- - '
fer outr.e,ains tomberentfuj;.l'herbe^çommc tranfies Se palmées; Adonc par vne. : i
confiance défia priueeSe familière, ie me pris àleurdire. O'mauuaifes enchantë--
oeffes, Sequim'auezenforcelé.j'metraictezvpus encetteforte? I'ay maintenant*.
Jbbnnecaufe.de vous courir fus., Se faire for ce: puis ie fis fembknt de les empoi-
1 gner,çommefii'euffeeukhardieffe^
n'euft pfé entreprendreidonî elles rians toufiours déplus en-plus.. appelloientiV- -
ne Se l'autreenfecours, Se fuyoient fit Se là par kpTakie;kijîans leurs fôuhersSe ;'
cuurechèfs à terre, ahandonnantleurs vafes, peignes-,mirpuërs,Se:autres bèfon-; - '*
en l'air ainfî qu'elfes ailoient fuyant , Se. moy après de lespourfuyurefi viue-
îîientquc ie m'efbahy quelles &. moy ne çombafines prefque, morts, tant nous. .
'''*.'._ G--- iïij
' ,
c4ûLi>[ g-
LIVRE PREMIER "DE ;
«fiions làfTez.Gcfteplaifànte moquerie dura quelque temps : Se quand elles eft la*
jrent kffes,el!es ramaffarent leurs beaux fouliers , Se autres chofes efpandues le lpg
4es riues duruiffeau.Etàk fin ceffaat leur riféeelles eurentpitié de moy,parquoy
l'vne d'entr'elles nommée Geuûe.,cueillk vne fucillc 4c Nénuphanvne d'Amélie,
j&vne racine de Pied de veau,àutreiBéc appellee Aron, qui eftoiét creuës bié près
i'ynede lautre:Se m'en fit offre gracieufe,afin d'eflkeSe prendre celle qui me plai-
j:dk,pour ma fanté.Ieprins l'Amélie, que ië mis en ma bouche ySe.àiamangeay:
.parquoy incontinent après celle chaleur lafciuefut eftein.cT;e,fi bien queie retour-
nay en ma difpofition premier.e:Se cheminay auec clles/,iufques à ceque nous ar-
riuafmes en ymPalais fomptueuxà mefueflles.Etpourin dire la defeription. Pre¬
mièrement nous paiïames.par vne -belle vpy e droicle Se krge,bordée par lés deux
_coftezde hauts Gypies, plantez à k ligne par égales diftances^drus Se efpoix de
^branches -Se4e fueilles,au tant qu'ilspouuoient eftre félon k nature^Tout le par¬
terre hors du chemin d'vne part Se d'autr.e,eftok couud t de Paruencheazurée , au .
moins enfes belles fleurettes. Etcpnt.eabktette voye.en longueur enukon cinq
cens4emespas,Se àkfinfe.term.inoitàl'.entré.ëd'vnebeUehaye,faideà;trois pas
^enfprrrjcc de4nurailie,apin trustant de hauteur que lesCyprésqui feruoient de co-
_ Jomnes:mai§seile eftoit entremeflee 4'Orangiers,SeCy trôniers plâtez près à,près
: Se fort druz, ind,uftf ieufement ployez Se «ntrekffez l'vn pai-my l'autre. La haye
<ainfiqueiôpeucQnc,euoir,auoitfixbons pieds 4eiargeur< Au milieu du premier
.panyauoitvngrandppi'tailbjà.lavoyes'addTeffok, faiélen voûte des arbres>mef-
,mes ainfî courbez apropos: au deffus duquel en des autres lieux conuenahles e-
. toient faict es les fen eftres de matière toute fembkbfe,efquelles rie s'apperçeuoit
.par dehors figné de bois , branché, ny tronc , mais feulement k:verdui'e naturelle
des fueilles enrichies de leurs fleurs blanches , rendans vne odeur agréable entrele
.fouhait.Pareiliementy pëndok le beau fruiét, Granges SeCkrpnsJss vns meurs,
lesautres vërds:aucuns ..commencez à former, Se les autres,à demy formez , mef-
rTOe$:4 'autres prèsà aîeillk.Au dedans l'efpoiffeurde là haye , les branches.Se trocs
eftoient fi-proptcmentferrez,qUôl'on pouuoit bien à fon ayfe cheminer par def¬
fus pour aller aux feneftres,pujë promènera l'entour : Se y eftoient les fueilles fî
.drues, quelef paffans n'euffentfc,eu voir Itrauers. Par ce portail nous entrafmes
,&n k haye finguliercmentp.kifarite Se délectable à l'il, mais plus merueilleufe ;à
l'efpritîcar elle feruok4e'c!o.fture à vn riche Palais qu%rrés qui fâifoit le quatrief-
^me pourpris auec ces trois de ver4ure.Chacun des panskieiâ muraille contenoit~
jenlongueur fpixante pas.Laxourteftok enuironi^ee de cette haye ,îSc au milieu
ji'icelle vne belle fontaine d'eau claire comme cryftallin , qui faillokcbntremont
quafi auffi haut que le clos,Se tombait dedans vn grand baffin de fineAmethy fte^
comprenant trois pas en largeur pour tputle-diametre.Lagrofîèur-eftoit de trois
1ppulçes,dimir>uantpeu à peu vers le hordj,quin'auoit qu'vn poulced'efppis , Se
toutàfentour4'iceluy par dehors teftoient entaillez des petits*-monftres marins
de baffe 'taillesrllrepofoitfurvnpilliefdeîafpfcde 4iuerfe.s...CQjtileurs , méfié auep
. Chaîcidoine,diaphane de cPuleur de l'eau de la mer , fait en form e de deux beaux
:.vafes à col eftroi£b Se ventre gros, mis rynfurl'autrjCVfonscontrefonSySe entre '
' lieu du grand bafiîn par le dedans,Se àplombdupillier, fortok vn vafe vnpeulon-
- guet,expreffémentrenuerfé fur la bouche. Se deçpf.éde-b,eau,fueilkgefaiét.,4e.k '
.mefme pierre du bafiîn , autant eminençpar dehors 7que le bafïïn eftoit profond, "
y^efouftekoit vne bafç,ronde,deiïus laquelle* eftoient poiees les trois Charités pu
Grâces nues, grandes comme le naturel, faiétçs de.fin or , jointes dos contre dos.
iettans l'eau parles mammer,0ns4comm.epetks.filets défiiez, qui fembloient ver.
- gettes de fin argent. Chacune d'içellestenok vne corne d'abondance , lefqueiies
s'affèmbloîénttputes en vne, vnpeu au deflùs de' leurs teft.es. Entrelçs fruits Se
r- fueilles quifai.lloient des cprnes,fortok l'eau par fix petits tuyaux * Se i'ailliffoit en
Y hautàregaldfikhayepumurkiifede verdure. L'ouu'rier pour garder l'honnefte-
. té, auoitfakque chacune des trois Dames tenoit k main droite fur k partie qui
doit eftre couuerte.Deffus les bords dugrand baffin excédant d'-yn pied en largeur
.par toute fa ckcpnférence,le plinthe d':Ophite,eftoientfîxDragoj3s d'or, plantez
,. fur leurs pieds par égales diftançes^en telle forte Se induftrie., que l'eau fortant des
- retins des trois Dames, tômhok droidemétdans leurs teftes,aui eftpierit creufes ...
; Se cauécs:puis l'eau refof toit par leursgueules , Sfi venoit chepk entre leplinthe
4'Ophite5Se le baffin de Porphyre:auqueIy auoit vn canal d'vn piedSedemy de lar-
-.-,. ge.Se de deux enprofond. Le refte duèprps/des Dragos eftoit couché fur le creux
SI-
*mmMmj&m.<**iHm.m>jSir-*>w*"""J!' ''"-' l-1-'1-'-"
3-'
^^POLIPHILB. é°
'X,ouurageeftoitfiexcéIIent,queienecroypointquem3ins4r,h'5mesl'ek
,
tant plus i'én approchoisiplus ie le trouuois digne d'eftre contemplé , pour k ri- <
diftributiondesmem.bres,commefàlles,c'hambres3;gallèries>)Sed£Sces.:Là;eftoient , '
lesprouëffesdumagnanimeSepuiiïànt Hercules^taillées endemy boffe ,Se fîpro-
p rement dénuéesjque les .figures fembloiént féparées d'aucc le fons ,Se fi eftoient '
'.::* . - -.Y '-' - ' ' .-':-; '- '. -' - *y-\B-" :ij '' -;'" ' y" ' , ;
*
LIVRE PREMIER DE*
i' EX'C EL LE N CE- D '&
Le bord du paué eftok vne bellefrize en fueiikgede Mufaïque, ayant vn bon pas' .
plus éminent que les a&ttrës.' Ainfî toutes les parties correipandantcsj l'vne à l'au- '
tre eftoient égales ou fembkbles,ennorabrè,enaffiette,Sc matiere,chacun pande «
muraille auoit en longueur vingt Se huiéïpàs, tellement que la court e'ftpit quar-<'
i'eeJcouuette4'v».înèrueiîlcnxartific«.C'eftokvne treille d'or,tant induftrieufe- :
ment taillèe,qU'il eft impoffible delà feign .dlélarer. D'vnpillier iufques à l'au treY?
qui faifoient les quarrez de k muraill4,yauok diftaricede quàtrèpas énfept diuij- Y
fions s qui eft le nombre plus aggreable à la nature. Ces pilliers eftoient depief r-0 'i:
d'azur Qriétale,de viue couleyr^Sefemée de menues paillettes d'or : les faces def-
quels entre deuxmoulureseftojemj#ritailléesdecan4#labresigrote(q>u,es,fiaeilla- -
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-fY MV-RE PREMIER DE
T7
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Ces pilliers faifoyent î'interaalle des quarrezoù eftoict les chapeaux de triôm->
phe,garnis deleurs chapiteaux,bafes Se ornemens,conforrnes au refte de l'uuurç.
Audcffus eftoit l'archkraue,auec Ces linéam.ens,,moulurcs , Se lizieres requifes or-
nces 4e billetteSjContinuées Se 4épartics de deux.en deûx:puis la frize entaillée de
vîafcuiptûre fuyuâte. C'eftoient des telles de bceuffeichesjes cornes liées de tref-
fes pendantes auec deux rameaux deMyrte,entrauerfez Seliez fur leur iointure,
deuxDaulphinsayansIésaifleronsSeléboutde leurs queues figurez en fueilkge
antique,Se tournées en rond : dedansk réûoÎHtion dcfquelles eftoient petis en-
fans qui s'empoignoient aux deuxeoftez de la rondeur La- teftë du Dauiphin
>
é
I ,
J*'
Tel 'eftok f ornement Se'fcuîpture dé kfrfze, fur laquelle éftokla ebrnîchèy .<
parfaite en toute excellence d'ouuragc. Au deffus dëk dernière çy-tnaife ,' droit à-
fdomb de chacun pillier,y auôk vn yafe antique de hauteurde trois pieds chacun,»
es vns d'Agath'clgp autres de Iafpe, aueunsd'Amethyfte, Grenad ï ou Ainbre de
diûerfes eouîeurs.Scdnuentian différente,pleins,Se t0urnez,àuèca'Hfès-t,aîllèes en
figure dé fërpcns,lézards,' Se autres belles fantafïes. Ehti^e-dekxau-dïoitdes cha---
peaùx de triomphe,eftoiene plantées desioliues quarrées;fièhe'ssd.epointeSe de-'"
bout , ayant fept pieds de hauteur, ttfutes de fin or , creuiës ppuf4ou,te de trop--.- v
Î;rand charge:par deffus lesquelles il y en auok des autres qui tràaérfôierjit. toute --'
a courtjSercpofoientdeffcis d'autres foromiers abbutiffans furk AïaraiHe oppov
fite'.Se eftoientfepten nombre ., feruant depofturesentrauerfe'es'de menus foft*-'
ueaux Se cheurons auffitous d'ors en façon de k charp enter ied'vflé treille pkttëi -
Des quatre vafeseftans aux quatre coins, fortoient grans fepsde Vignes ,.Se plu,^
fiéurs autres herbes différentes,comm'e Voluble,H'obeion,Cheur6fueiLTfo.ëné,>:'
Se autresfembkbles, toutes d'or , qui s'eftendoientpar defius la chlrpenterie en
plufieurs' iranshes & rameaux entremêliez,: embraffans î'vjie l'autre en façon ^
d'entreks ,par îyaifons belles Se iîng-ulierës; de forte -qu'elles couuroient toute ''
. cette belle courtd'vno-uurage riche-, ou pour mieux 'dire, inefèimable : car les--
fueilles eftoieiitd'Efmeraudes,les fleurs de Saphirs, Rubis, Diamans, T©pafes,Sé-'-
autres pierresprécieufis,mign'onnement ordonnées Se difpoféesfeîon léars cou¬
leurs. Atrauers ce fueilkge pareillement y auoit des raihns contrefaits d'Amer '
thyftes S,s:aua-espiciïesexquiiès5de-:coukuraifortiffînteau naturel. C'eftoit viie-'
defpenfe infinie que de ce baftiment :car toute la treille reluiloitdVnémerueil- .-;.
îeufe ckrté, non feulement pans k matière qui eftok incomparable-,- -mais 'auffi ;
pour l'artifice nonpareil, que ie ne peu iatruis-'-eomprendre par quel art ou inué--
tion cet u ure auoit efté dreflée,non pas ra,efm;es déterminer fi elle eftoit cloiie'e, -
fo'udéejenchafféejriuëe, fàrtie oupbfée à vis ; Ce qui mefemb-lbk'impo.ffible en
vjie- cGUuertur-e fi grande , eatremeflée de. lyaifons.Se- .entrëkfîin'es tant- diûerfes,
/- ^ ' ' : ' '-B- 'iiij--*
; _ . '" - c£oU>\$* '. - '
LIVRE-.BRE-MLER -..DE
- Xà:Roynemagnanime,8e decoDtenancêKoyale,eftoitaffifeer^|effèbien réf.
fembkntevne:Déeffe^^
tre le premier front du Pakis,à l'oppofite d<; l'entrée. Elle effort ^d jn <kg>
Y d'or «ai<â,Se fa-tefteator née d'vn diadème defoye cramoifie comme à telle Da.
* meappartenpk,bordée4'vnbotlet de greffes perles reluy fautes au long de fon
, ondoyansfur fe, temples,diuifez par derrière 6n4eux trèfles a trois cordon, ^ha,
' cune ramenée aux deux coftezpar deiïhs^spreilles & nouée au fommet de k
:Sfte,auecvnb0utondefinespk
" fortàt le boutée ces cheueu/en lieu de hquppe Je tout cowjert a vne ?^c délie.
.
Ybordéd^epourfiluredefild'orvc^
.dêmedroi&audëahsdufrorit eftoit attache vn riche ferma ^ «/^JJjJj
V^e"ëXileaUokvnbeaucarqua^^
Y jufques entre fes deux tëtins,fi belle -fi"çquc 1 o» £* b^& W £^«
1 " Ae ha Cette baaue eftok vne table de Diamant en ouale grande entre, les plus
ii-bs C* bondes bruts & brillants comme dmodelics aUuinfics. &» chaul.ure e-
.Ouan4iefusarriué^euantkRbynçiemem!Shum
feiskFeuérence:Seincontirienttoutesles -Dames fe leuerent meu es (co^ «»
croy)deknouueautéde-me veoir. IVftois.fcWoint.de doute m«J
:lcufeadmkation,pefan^^
-
^
«lyd'eftonnemenW^^^^
Se defîrant fçauoir nouuëlles de moy,fàifbientfîgne à «*m "^^^
.. towdoienttowbasenVoKSUcqui i'eftois,Se «^f^S^X
lesycuxdetouceraffiftîtwç^^^Pl0?^4^^^ ? empcicfieza-me 10
,, garder.. - -'y '" ; ' .". -' 'i " ' y
-'''. ">;. '...'. "Y -, : - Y -'- "; . - Eftant
-VO'iïPHtiUV..: ï) .
';
rMri,«Min-il»rll.
Poliphile .,' faites bonne chère. I'ay. bien otiy lerdifcaurs de voftre defeonucnùër
.miusiedefîre entendre comment voxiscftes cfchappé du-Deagen, Se en quelle
.manière vous auez trouué i'yifuëdes.cauernes, ténebreuiës : car ie-m'en efbahy
grandcmcnten moy-mefmcpou-rce. que nuL/m peu de-gens peuuent arriuerjcy
par cette voye.Etpuis que k bonne fortune vous à conduicf à fàuueté, il me fem- .9
'.feie raifonnable de vous reçeubk en ma grâce, Se vfëcenuers vous de ma Iibérffi-^
té Se bienveillance accouftùmée.ïckremerciaydc ce recueil gracieux, par les-
plus humbles farolles d'honneur qui lors furent, en ma puiffance : Se après Uyf
Vccitay fuccînw;emcnt,8e de poinét en poin<Sfc.,co.mme ie fuisk fureur du Dragoi^
,!s& à quelle peine & difficulté j,efto'isj>ar\ienu iufques là; dont elle s'cfmerùeilla
&
O
r~**v-
' . '_ tJVRE PREMIER DU
'- -béaue<?w^^.pareiirementtouteslèsDa^es.Puisen,poirfuy prp-pos.Y
leur comptay comment les cinq Damoyfellesm'auoiertttrouué errant, Se. tr-em-
blantde frayeur. Dont éllefeprinV à foufrke, Se médit; Il adiSent par fpis,que iy
- mau'uais commencement prend heureufe.Seprofpere fia. Mais auant queie Ytfus.
commette à exécuter chofe aucune devoftre délibération amoureafe, i« vueii
que vous affi'ftiés en cette belle compagnie à-4ifner auecquesmoy , puis qu^lsy
Ciel vous à fait digne d'entrer en ma maifon. Et pourtant choifîffez vrie place* 1
SpaffitfiiD le bas degré, dedans le rond qui eftoit au dcflùsde fa tefte. Plus haut
que fa chaife,eftoit f im'age Se effigie d'vabeaufeune homme fans barbe, a^antlcs;
chèueux blonds Se dorez,k moitié de k.ppitrin-e couuerte d'vn drap noiiëfut i'ek
paùle,Se au deffotis vn aigle eftendantfes aille? , Se tenant en Ces ferr es- vrframsaù-
dç laurier verd.il auoit la tefteleuécpoûr le regarder auvifage^qu^eftok enmY, .
du,Zfc>diaqaci.Xe4emourantides Da¬
mes fut affis furies autres bancs a l'en-
toui-dé îàplaçe ., .toutes richement at-
tournéei,'4'acçouftrcmens variez Se di¬
uers., tels que les? femmes les fçaueHt
*-W diuifer,leurs cheueuxliez,treffez,entrekffez y Se attrpurnez j,en plufieurs belles Se
plaifantes manières. Xesautres les auoient crefpçlez Se vollêtans fur les temples*
aux deux coftezdufrbnt.il y en auok deplusnoks quefinlâyet «liez à filets d<
groffes perles: Se autour de leurs cols dçscaccànsde prix Se valeur ineftirhabk
Tbuteskdùiét.çsSe.biG^^^^^
S~*ï
yohiP-'Hr&E;' *$f
lef|csiçax,bu s'encîuKnentpour fakelareuérgeeaux.-Êâ6!cï^
;
4e'ieurs-fiégc** Se faifoient le fembkble. Celuy delà Royne: eftoit droidemcnt
;vis à vis de fa troifief me Se dernière courtine, ou y auoit vne porte b elle Se grande*
non point de marbre,mais de lafpe Oriental,fcake à l'antique » d'vn ouuragc pref-
«ue diuin. A ux deux coftez d'iceilefe tenpient les Damoy f elles -M u ficienn es, f èp t
4echacunep.art,veftuesde4rap,4'prfaken broderie en: façon de.Nymphes, lef-
..queiles au changemensdcsmetSichangeoient d'inftrumens:Se cependant que Ton
, mangeoit,fonnoien t en accords fi acecmplis,Se harmonies tantplai(àntes,qu'elles
.
-»ok k tefte d'vn petkAnge entre deux. ailles, oûpendoientdes ferions, diminuas
furlesextr¤mitez,aubout*d'icenx pillicrs liez de cordons ou de trèfles, le tout
:ïfàitdefin,or-.Se bruny. Letout eftoit vn rejetoù faillie en forme de crampon*,
ï: pour enfermer la table ronde que l'on mettok deffus , laquelle efl oit chang '
Je±
chacun mets auffi bien que Ie-linge Se la vaiffclie:mais le trépied ne f epougeo.
coit.
.^V-î*'
&%;
.' Y ^af'-3 >*-
V *\ " - UVRE PREMIER M -
fa'nt réply deleur aceo«ftrement^ tournoyant fur îçars efpaules , Si-tiré iurl'eftb-'
nîac-,poiu' faire apparoir-k belle vallée qui depaitoitles peîit£smammèllés3i''fï-r6-
ées,5e parfaitement-blanches., que lesyeux. des regardans en eftô-ieiittro-p'febre-.
ment rafîafîez., encores qu'ils les contempkffent fans- -ceffer. Lear chaaffuïe eftoU
ouuerte au deffus du pied en façon de lune, attachera boucles Se couïroy es d'or.
Les éheucux biondsSe longs leur pédoientiafquesfur les-ge«oiix-:-,mais ils eftoiet-^
liesàfentour4ufrout,d'vne guirkndcdè greffes perlesde: compte, toutes de pa- Y
reille rondeur. Ces trois affiftoient.deuant la Royne, humbles en maintien Sccô-*
. tenance,expertes en leurs offices,-promptesSepropresà&ruir, combien qu'elles
jieferuoient fi'non à vne tabiey.Se à vn mets^car venantlautre, elles dernouroien&
,
déboutées bras ployez:puk les trois nouueiles venues feruoiêt à leur touiySeainft
. pàrordre,à chacune affiette de viande. Ceux ëwi eftoient affisàktable , aupientr
chacun trois feruantes^ dontl'vneportokle manger àfabouche, l'autre Paccom*'
pagnoit auec vneafîîette,afinque rié n'entombaftiSe k tierce lufeffuy okkhou-
.che d'vne feruietteblanche Se.nette,faifant à chacune fois kreuereace-, .Seiettant
apr,ès la fermette fur lepaué,qui.eftokinconrinentleuée Se recueillie pacvne au-;
. .«rëDàmoyfelle:car elles apportoient auçât de feruiettes que l'on deùoit mâgçr de-
. jtiîorceaux, touWdefaye., ployéesyparfurnie^ Se tiffuës àk. damafquine.Nul des«
Y ' .' C/)0yt><Q .
res,auffi blanches que qui les eufttirées du coffré après Ja.I,aifBue_:'quifembia chofey
b'ië'nnouuelleSemeraeiîleufe, au moins à moy , quin'a.uois'acço-nftunîé de voir.
tels myfteresidont tant plus profondément ie les cpnfidç|;ois , plus me trouuois
ignorant Se efbâhy.Iiôiitesfois i'auois grand pîai:fit4eVokfi triomphante & pro¬
digue defpenfe,tel!e que les banquets 4e Sicile.lcs'ornemens Âtï4iques,iès vafes
Cotînthiens,n.y.les délices de Çyprëj'n'èft oient rien ën.cbtepir:àifqn; Ce ghnd
pkffir Se;c,ontentemcnt(certès) m'eftoitau^^
d'vne des Dampyfellèj^qui à fon rang nVauourfer;uy%abfe,.re.ffembknt du tout,
entoutà Poîk,4c contenance,dëregard,Sc fàço^tt4&:-fai*i>.t-Cek{çrojéi)'.-ëfteit di-
miHUtioadc mon. ayfc,Se de kdouceur des viandes faupureufes dont i'auois efté
refeftionne'marquoy ic retirois 4ifcmeraèntmesysûx occupez à contempler ni
depierrericprécieufe,fî grand comble dé toutes, richéffes. Se, tant dé fin.gukrire^
4cchofes:f*uls les appliqtuy à re'gatdcnk Dambyfelle fort ëfmériieilîéye'cèlle rèÉ
fe conformité défigure, Sefaçons tellement, quemà veue-y eftoit &
an-ant fichée,8e(poarniieux'di£e)obffinéc,qu.cienal'e.n po'iniois retirera" '
,- . ' '''. Is-iïii Y : -
Cha
L I V^R.E 'p R E:M l'E R 'D'E V
,y Les tables furent leuées i Se empot« ,
f\
b,oir-e,pleind'y.P.eiiquëur trop pluspre-
y.ci.çufe' que celle que la Royne Cleoparia
dojinà iadis au.Capitaine Romain. Lej
autresi trois faifoient leut'o'ffîce , Se '.cue.il-
iirënt les, cinq pommes auec.vne 'four¬
chette : puis les nous préfenterentpour manger. le ne penfe pas ( à mon iuge-
ment) qu'oncepes. homme- fentift nygoùt^fl'viaiide fî excellente, C'eftoit
(comniejecroy}dei'Ambrofie dont les Dieux fe nourri ffeat. Alors nous i;®!*
4ifmeslcspommes d'or pleines4efentêurs,îefquellesnousauions tenues «ijios
mains dutant le difner.
. .",-'.
. " ~- - - ' ' Y ' Apres*
|i- :*vksy* j
.,'*"' Palais-.aufii comme àfut par elle inslruiéi fer aucuns doutes:- J
res^ss^-»1^<w!*% R rexcefïïuêgïbît^^^^
i iW^î^f^^^o^K forsauerohnepeu#penferle^4éli.ce*saboJhdanteslesviarr-
exquifesde èe banquetfomptucux préparé par cette
î " ' M (ÈÊ^J'iÊ'MÊk^ heureufe-Sé.richeR5yk_e,ne font point de qualité eftima-
t mv^V'i^^^^l ble & ne,peuuen|e%e dignement dëTcris , auffi ie ne croj|
pas qu'il y ait kngue*affez diferté ,,ny efgrit tant accompli
quipni-ffe-fatisfa|r1éâ4és^'efdtiiré;-^'taftt'&'en faut que i'eri
foisfuflifant, attendu irjëfm.^flie.i^qu^ mon cur n'eftoit
occupé d'autre dèifehis qû^à1 pehfer à ï^àdame Polia , ou#
tsre que ie-rièn pour certain que. tout-en tendement humaitif'qae.lqU'teexçellent
qu'on puiffe ëflire) eut efté troublé'Se confus-entre tantdeT^etueilfesîmpofEbles
-. àcroke/Se plus difficiles à réciter .Et-encores qu'en ma fàntaïié 'tity, euft autre pen-
fee pu imagination que cette là, fi eftok-ceMle?;pbut.ppptïmér*ife*offufquer toUS
aies fens.Mais qui eft cèluy qui pourroit.,ie nedy-paiçeckei-, ains feulement rel
roémorer tous'lës riches atours Se parfaites béàutezJdestDampyfelîe^; Qui pour-J
ïbitraconter.k grand prudence, beau langage, fageffei-fçïuoir , Se libéralité de
; la Royne4''exquife difpofîtion d'Archke/tui: e^aptopartiort çpnuena,ble de l'edi-f
, ;fice,l'excellënce des peintures Setàpifferfes dèfôyë ,;Sédefif4'orykrichéffe 4e la
Haiflèlle,fenonpareilouuragedesfeul^
pre.cieufes,»Cettaïnpm^
! aifembl.èes. Lesoîrn'emens. des chamijrèj^faifesj'gâlîéffëÇ,cabîpe|s^; garderobesi
cuyfmës,bams,'eftuues,Sebatfekcpurs,^^
qu'en tout le, Royaume des Fées n'en fut iamais vëu de; f emblablei, L'in'uëntion:
Se ehtreprife dé Ce .Palais eftoi4'incroyffble,4'à.utanrqu!il fepr ôpoftionnokfi exa-;
élemënten toutesles parties qu'il eftok tout açcomplf Entré les ouurages pins
excellënsiïl y auqk Vn plancher fait 3;Cpmp'âftimens,ronds,quarrèz^ouales,trian-''
gles , fèéxagones , Se autres figures toutes d'vne-graridçpr, fépafées par vne bendët
ou liziere bordée dé;deux mouluresenià-èdeux,co:mme de boutons de rofes enfil-j
.,,.,-JezJLes' coins de.çompa.rtim.ensembraffe,z dëJ.fu'Mfe^ld'Acà'rXth.e, dedans emply4e'
> fueiîkge Arabefque en demy-boffeXe^eliefeftoitdoré ,.le fans d'azur d'Acre ,' fi
,.,,|?eauquetonppuupkd>e.f]ngu^ .. .y .,, _..^J._ '. ,
' ïerreftres -, Se les çoftaux cQuuers 4'arbrës fi proprement arrerigèz qu'il feratiolt .
r
POLIPHILE, '.y ^
qu'on lés çuft*pîantezà la ligne,8e.tpùt exprèsmis ainfi pour 4onneï*pkifirau*rc.r"
cardans. Quant à l'ppulence,grandefamilfejSe pompeux feruicc de la Royne,à la.-
multitudeinçomprehenfibledelaieUneffequi là eftoitenfleur d'aage,aux filles *
eçntilies Se gracieufes , ie n'en fçaurpis dire autre chofë,fors que ie m'en trouuay*
cfnierueiîlé,4ë forte queie ne peiifois plus eftre moy- mefme , ayant perdu k co-<«
CTrtpiflânce du lieu où i'eftois arriué. Bien fentois-ievn très-grand plaifîr :mais i«/
ne' me pouuois raîlàfier de regarder , & penfois incëflamment comment Se pat
quellëaduenture i'eftais entré là:toutesfbis me voyant enlieu defélicitéjSe béati*
tude,entre toutes les gloires dumpnde>parmy tantde douces Damoyfelles. tou*- -;'
tes belles,aifeuré des courtoifes parolles de la Royne, qui m'auok tant humai- <
me refolu de rendre grâces à ma bonne fortune, qui m'auok fi bien addrefféa- '" "
toufiours penfant à tout cequi m' eftok aduenu iufques à cette heure-là. Le banc-
quet prodigue acheué,k Royne vôulutmonftrer combien elle excedoit tout l'y- -,
nniëriel enmagnificenceîPàrqUoy eftant encores chacunafïïs enfon lieu ,glle.orr-Y;
dpnnavnpaffe- temps non feulement digne d'eflrexonfidéré, ains renommé £.,,
:
tout iamais. Ce fut vnedanfe telfe.'.Pàr kportedes courtines entrèrent trente- - - f£hÊts5
deux DamoyfelleSjdont les feize eftoientv*eftuës dedrap d'or, àfeaupir huid d'y- -
ne parure,l'vne en l'habit de Roy,l'autre delà Royne, deux Capitaines de places
fortes,deux Cheualiers,& deux fols,Se le reftc en femmes de guerre. Puis en en~-
traautresfeizeveftues.de fin drap d'argent /toutesfois accouftrées de la mefm©v *,
façon des premieres,lefquelles feparées eh deux bandes, fe mirésfel on leurs qua- - - . :,
itez Se offices, fur fes quarreaux de la cour t,faits en form è d'efclnquigr sJes feize .
l'or d'vne part en deux ranges, Se celles-d'argent à l'oppofite en pareil ordre. Ce."
fait trois Damoyfelles. muficiennes commencèrent à fonner de trois inftrumens;
4'eftrange façon,accordez en douceharmonie, aux mefures Se cadences defquels
les Damoyfelles du bal femouuoientainfi que leur Roy commandoit : Se en luy:
faifàntreuérence,Se àk Royne pareiilëmentjmarchoiehtbrau,ementfur vn autre
quarreau.Quand donc les inftrumens eurent commencé àfonner, le Roy d'argétf
commanda à k Damoyfelle quieftok deuant la Royne fa compagne, qu'elle fe.: -
mift au deuant de la Damoyfeile d'or qui s'ëftoit auançée. Lors faifant la feuéren---
ce à fon Rby,elle marche à l'encontre de fà partie aduerfg:Se ainfî elles toutes châ~
geoientdelieu.'où demeurant fur vn quarre,toufîours danfoient au fon des inftru--
menSjiufques à ce qu'elles fuffentprifës Se miles hors,en k préfence de leur' Roy.
Et fi-lefon harmonieux contenoitvn temps mufical, les buîcl: pareilles veftu es
d'viieforte,mettoientautantàfetranfporterd'.vnquarreauà.l'autre : Se ne leur,
eftokpermis dé reculer, fi elles n'auoientpaffageouuertpour fauter fur k partie- .
où eftoit leur Roy, ny prendre le front,mais feulement de trauers ^ parles lignes- '
diagonales. Le foi & le Cheualiertouten vne cadence paffoient hardiment trois
quarrez,le folpar ligne-diag9nale,Se le Cheualier par deux quarrez en ligne droi~~
¤te,,,Se vn de trauers, ou à colletant à, dextre comme àyfeneftre. Les Capitaines .-*
despkcesfortespouuoientfauttrpiufieursquarreauxendroicl:e,lignefe.longdu, , -
pauéjba en trauers par les diamètres, s'ils n'eftoîentempef chez de rencontre, ha--
ftantleurspas,SegardantlamefiireXeRbyfepouuoirme.ttrefur tel quarréque,, -
bon luy fem%blok,poui'ueu qu'il ne fuft empeichéou occupé d'vn autre : Se auoit,. ,
fécond: mais à la tierce fois qu'elles furent enttées 8c raifes d'ordre en leurs pre-
? miercs pkces.les Muficiennes hafterent encores plus promptemét la mefure: par-y
; quoyleR.oy d'or fit. partir kDamoyfelle qui eftoit deuant la Royne , Se marcher
for le troifiefrae quarreau en droiâc ligne. Là fe dreffa incontinent vric bataille
outournoyifi^gaillardSetantxbaudjqù'ilexcédoit tous autres paffeîemps: catvo*
fflcs,euffiezaucuncsfoisveucnclineriufq.ues à tcrre,puis vifteméntfahevnfauten
traucrstantdcxtremcntSc par fi grande adtelle .:,. que Mymphurius le voltigeu*
-,n'en approcha o'nques nonobftant qu'il feift deux tours en l'air, l'vn tout au con¬
traire de fautre,puis (ans interualle mettât 1c pied droid en la terre, tournoit deux
; fois deffus la poinéfce,8cautâtfur le gauche à l'oppofite en vn mefme temps, Se fans
.Aucune paufe.Certainemcnt ces Damoyfelles fe manioy ent d'vne tant bonne gra-
s,ce,Sc par fi gentil ©rdre,fans empefeher l'vne l'autre , que cela fembloit chofe plus
diuine que terreflre. Quand yne eftoit prife Se faifîe.elle baifoit celle qui la prenoit,
puisfedépattoitdekdanfe. Et de tant qu'il enreftoit moindrenombîe d'autant
.plus fe pouuoit voir vneaffection follîcitée de furprendre| Se deçeûok l'vne l'au»
ltre,chacuuc gardant fon ordre .auec la cadence .\ nonobftant que les inftrumens
preflUffentleurs nottes beaucoup plus que 4u commencement , inçitans 5c quafi
iContraigrtans Icsfpcdateurs àfcmbkbles geftes Se aétes , pour la côformité qui efl ,
entre noftreame Se l'harmonie muficale. Chofe qui me fit fouucnk du Muficien
Timothéc,lequel pat k force de fes accords contraignit les gens de guerre du grâ4
Roy Alexandredçprendrelcsarmes, Se ferengeren* bataille: puis fléchiffant de
voix Se ton.les r'amodéra,Se fit retourner en leurs tentes. Le Roy d'or emporta
l'honneur de cette efearmouche dernière: laquelle finie on me fit leuer dempn '
>fiége:Se adonc m'enelinay deuant iethrofne de k Royne , auec vne humble rené-
.tcnce,mettant les deux genoux en terre. Quoy voyant, il-luy pleut me dire i II eft
temps(Poliphile)que vous mettez en ©ubly le? fortunes paffées.lcs phantafîes pri-
fes , Se les périls trèf- dangereux 4ont vous eftesèfchappé.- carie fuis certaine que
vous eftes bien remis , partant fi vous 'délibérez pourfuy ure la quefte amoureufe
4e Polia, moBaduiseftqucpourlatrpuiiervousailiczauïtroisportes ouhabite ,
* t ' ' *
ura cntrcr.Etadonc me ditjElles vous mèneront à vne autre gtartdc Royne, àla«
quelle faut nécefîàkcment vous préfentënSe fi elle vous eft fàuoràble , vousfefez?;
heureux à toufiours: mais fïëllefak autrement,iladaicndratoUtle contraire. L'on y.
' ne kpeutcogîioiftreny comprendre par fon vifage; carilcft'muabfej Scfubieélà ;
re en maifon fifomptueufe que la mienne: car ie vueil bien que vous fçachiezlque
letput-puiffant Créateurde ce monde,ne vous pouuoit donner plus grand thttTor !
que vousdirigetcnnîapréfcnc.e.Gen'eftpaspeuque.d'acquérirmagtacc, SepartH
eipcrà mes biens. Il n'eft-auoir 4effous le Ciel, qnifpk comparable àceluyqu'o»<i
obtienî par moy.C'efkvneriehcffediuine oélroyée aux mortels biç heureux. MÊ$ "
ma bonne feurThélofie habite en lieu trouble Se caehé. La porte Se les feneftres
4é fa maifonfentà toutes heures fermées,,Se ne confentenaucune manière que ;
, les hommes k cognoiffent. Auffi n'eft-ïlloyfibfeny permis aux yeux corporels, i
. deregarderchofetS'Èfouueraine.Vbylàpourquoylefuccëz de fes efféjxeft à tou*
m ses heures intertain. Elfe fe mue Se transfigure-en plufieursformes bien effranges^' ;*
puis vientà fe manifefter lors que point on nela deiîre , Se quand l'on y penfe le ~
1 :
Au départir ie recouru auec les' y eux. tout cepourpris pour le retenir carnée
,5moke,difànt àpartmoy.O bi£heureux celuy quipourrok obteilklettre de boufr
naturel. .Les Buys montoient en troupeaux ronds ":4'yn p*as de haut, Se les Çypre'z
errÇointe,dpubkns cefte mefure. Il y auokdesherbesScdeSjfleurspareillemenf:
feintes de verri:,de diuerfes couleurs figurés, Se efpeces,du tout reffembknfes aux
jiaturclfes.Les planches desparquets eftoient pour clofture , enukonnées dé la*
pies de verrc,dorées Se peintes par le dedâs de plufieurs belles hiftoires. Les bords
«»ioycntdcuxpouccs4ekrgeur,garnisdemoulurcs4'or,tâtparhautqueparbas,
^e les coins çpuuerts d'vn petit fueilkge d'or en forme de bizeaux. Le iardin eftok
gios de colomhes ventrues faites de verre en formedeIafpe,embrafï"ées[de l'her¬
be diète Lifet ou voluble,auec fes fleurs bknehes pareilles à clochettes , toutes de
reliefdu mefme verre coloré après le naturel. Ces colomnes eftoiét appuyées co¬
tre despiliiers d'or,quarrcz Se cannelez, fouftenans les arcs de la voulture faite de
piefme matière. L'efpoiffeur d'iceilepar deffous eftoitgarnie delozenges dever-#
ferapporté entre deuxmpului:es.Suries chapiteaux des colônes ventrues eftoiét
*ffis l'archkraue,k frize Se kcorniche de verre, figurez en lafpe : Se les moulures
à l'entour,de rhombes d'or,àfueilkgelyméSe martellédefquels rhombes auoieftt
enkrgeur la tierce pasftie de l'efpoiffeur 4e k voulture. Le plan Se parterre" 4u
îardin eftoit faiéb à compartimens compofezd'entrékzSe autres figures de belle
grâce, diapré d'herbes & fleurs de verre ayantluftre depierreriéfcarihi'yauoit
çien de naturcl,8e néantmofe-s celarendok vnçodeurfoçfue , propre Se conuena-
Jsle àk nature de l'herbe qui eoeftpktepréfentée, à caufe de quelque compôfitio
dont elles eftoient frottées. le regarday longuement cette npuueilc manière
v # defiardin,&ktrouuaytorteftrangeenmoy-mefaîç. r Y . "
Logiftique me fit après monter en vne haute tour qui eftoit la, Se memonftra
vn autregrarid circuit en forme de Labyrinthe , fait en rond , rn^is on nepouubk
-cheminer par dedaîis,pource que toutes les voy es eftoient couuertes d'eau , Se y
failloitalier en barques ou naffelles . Aurcftëlelieu defoy eftok affez déleébablc,
abondant de toutes fortes de fruks,arrofé de claires fontaines, embelly de verdu
re,Serémply de toutes délcétations,Adonc Logiftique me^a dire; .
' le penfe,Poliphile,.que vous n'entendez pas k qualité de cefte merueilleufe cô-
trée.Ie vous aduife que celuy qui vne fois y eft entré, ne peut iamais retourner en '
arriereCes tourelles que vous voyez édifiées çàSe là,fent diftantes l'y ne de l'autre
parfeptenuironnemensou reuolutions de chcmins:Se y en à dix de compte fait,
ïàns celle qui eft au centre Se fur 1e milieu. Le danger auquel tombent ceux qui y
. entrent,eft,qu'cn k tour du centre fe tient vri Dragon inuifibfej mais grandement
cruel Se hydeux. Il eft vray que ne le voit point, eft quelque peu de reconfort,
tputcsfois c'eft chofe par trop efpouuen table de ne 1e pouùoir éuker.Aucunesfois
desl'étrée mefme, oufurlechemin par cas fortuit ou de propos délibéré il déuo-
re ccuxquiy font entrez.Etfiàl'étour ou parmy kvoycilneles engloutit en fon.
ventre,ils paffent feurement toutesles réuoIutions,Sevoyent toutesles tourelles
vne à vne iufques à celle du centrëoù cemonftrefakfàdemëure,Selàinéukablc-
ment tombentdedansfa gueulfe,&n'y àpoint de remifîîon.
."'" - ' '' - L "- -
- LIvREiPiREMIER DE
L'on y entre par cette première tour fur laquelle tu vois cette efcriture dé lefe»
. . .
^^;tiçe5 Grecques..-^,'. -.- v ,---».:.. -.-r~;**-- -' - ---- -----»-- *r - "- <
' - ©EsntON.
- r' :-.
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ëtfiï
.-' - 'Y-' ,-.;i
dire, Lefort au,'dèffmee: Y_
;>> :;-:;
',-; -_
-.
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--V.'!
:',
t S
Cefte-conchc eft pleine de Méfies fatafes,dëfqucîles elfe donne 1* ceux qui" en--'
.
tourelle, ils treuucnt vn grand nombre4e filles qui leur demandent à 'veoir leurs;
mefles,car elles font expertes à dbgrioiftre leur propriété : Se après les auoir veuës,
seçoyuent Seacceptent pour hofte celuy qui à la me/lé accordante. Se cônuenable
à leur nature: Se l'embraffëntjfuyuent Se accompagnentpar fes autres réuolutions
en. diuerfes vacations' Se cxercices,felon leur ihclination.Ainfi vont iufques àja fé¬
conde tourèlfèjSe Iprs commencent à regarder- ce beaulieu; puisnauiguét deuers .
fbing dé voguer.Et delà tierce à k quatriefmc eneores plus forte, Se plus makiféev1
combien.qu'enpaflàntilsy voyent diuers- pkifîrs variables Se inconftans. Lors ar-
riùez 'k k quaeriefme toùr,ils font rê'çeuzpar autrçs Damoyfelles lutteufes Se dui- ,,
tesaameftier delà guerre^ qui efprouiient& examinent leurss méfies-, .Se. tirent àY
feurvacation ou exercice ceux quelles y cognoiffent idoines, kiffant paffer les -.
autres qui rî'bnfpoùkde çokfûrmitéauecfeur.compfexion. En ce paflage l'eau,
eft tude,Se grandëmentréfiftante aux bateaux : parquoy font contraints à voguer
à* toute force. .La"cin"quiefmetour-e,llè,qùahdiîsy;fo
fecréà.tiué : car ils y contemplent, la beauté dë.feur .fembiable,:. Se en ce- paffe-
te-mps ibyeux Se* dëfîré cheminent, pleins de fantafies &.:bccup.ations,lab.orieu-
fes. Là eftpraftiquèceProiierbciLes bien-heureux ont tenule m'oyen.En ce..paf-
ëge, ftiiig_eié,miUc.u..dëiio;ftrecoursaauee lequel fe.mari e. Se comoint la félicitera-
-Bc]iëÏÏe,-b'wlàfcièncc:léfq"uelles fi l'homme alors n'a auec fey5TKoi'ns la potma~îl
acquérir en l'aduenir.Aufortir de cefte tourelle, l'eaù peur raifoftde k pente du
lieu commance à deualler Se prendre cours vers le centre fmahparquoy ayfi&tncnt
Sefans guer es voguer, on efl porté iniques à k fixiefmetcurelle, en laquelle de¬
meurent certaines belles matrones comme f emmes vefues,de regard Se maintien
chafte Se honnefte,entendantes au feruice diuin: k dénote contenance defquelles
fai^tefprendreleurshoftesdeleur amour3fi bien qu'ils blafinentles Dames paf.
fëcsjfaifans 'auec fes dernières vne alliance ferme Seperpétuellcpourtoutlereftc
dupaflàge.Ces fix tourelles paffees , l'on nauiguepar les autres en grosair pbfc'ûr
àuec beaucoup d'incommoditez , Se trouué Ion 1e chemin fort coulant «Se brief,
pouree queff'autant plus s'approchent les voy es du centre, tant moins ontelles de
iongueur,8efontplusçourtes,Se tpftpafïées : parquoy n'ont plus que faire de vp-
guer:car l'eau les emporte âffez d'elle meîme , Se font comme précipitez par val¬
lées griffantes dedans l'abyfme Se voragedu centre,non fans grande afïlièlion d'ef.
prit pour kfouuenanceSe recordation des beaux paffetemps Se gracieufes corn- >-
pagnies qu'ils ont kiffé aux licuxpaffez..Ét d'autant plus qu'ils cognoiffent que
plusneleurcftpofEblcderetoutner en arrière, nyieuoîterkprouë de Ieurbàf- .
quettc.'pource que fes chemins font eflroks, Se les proues de ceuxquiles fuyuent
.nauiguantaprèseuxjtouchèntfànscciferà leur poupe : plus fe redouble en eux
leur peine, voyant l'efcriturc efpouuan table fuir l'entrée de la tour du centre , qui .
©û grauée en lettres Attiques,difànt; ' Y y-." fi
y 'Y .V;.-'Y) -.' elcN" atkos aïsAâthTos.
C'<r/r k dire, Lt Imp des DÎtux, fui ef pnspitie".
L ij
.. »r ' ". i
\ ' i
* :-) t ,::.
comme les précédens^yant les troncs Se branches d'or, Seludeflous plufieurs, ,.«,.
herbes fimples 4e toutes efpeces, fi viueinent exprimées ,.que nature les euft a4- ' , ' '
couleurs confufes,mais rapportant toutes à vne, unt claire Se polie, que l'on y"
voyoit tout le iardin; commededansvn grand mkouër.Nousentrafmcs fous celle;
treille,Se nous aalknes fut les beaux fiéges pour y rcpofer.Puis Thélémieprintfa
lyrè,8e l'accordant afa voixjcommença de Shanter l'origine dt ces délices ,1e fou-
îierain Empire deleur Royne,Se ThonneuE que l'on pouuoit reçèuoir de s'accom^
pagner de Logiftique fi mélodieufemènt que ie m'efmerueille qu'Apollo n'y ac¬
courut pour refcoutei-jcarpour lors ie n'eûimois aucune autre chofe , quelquf
chère ay defirée cjyu' elle me feuft« «*.,.,.
Ces images figurées en forme de Nymphes de fin or, Se pareillement les eornes-
4'aboudance,& leurs ligatures.En chacune face du quarre mis audeffous eftoient, .. f
grauées des lettres Grecques,c'eft à fçauoir en la première face trois fettres^nda.^ -^^j." j
fecondevne,en la tierce deux Se en k quatriefme troisdefquelleS affembîécs foi- heafibk. 1
foientecmot. - - . ' .' ' ' ( - « Y. ,' : \
Au plinthe rond ai' endroit des pieds de chacune des trois images -, y'ânôit des ;:
Îriérogîyphe-Sjà fçauoir fous kpremiercvn foleil , fous la féconde virtymon ou-
gouuernàildenauire;Sçrfoiisktièrce vnvafe'pkt '; plein deflammes-defeu. Sur,
la faillie d'vn chacun des coins detriangfe,plus haut q-ne les iîrragçs,y,au-ak:vn.-mb~j
fîre 'Egyptiën,feit d'or en forme.de Sphinge jgifant deffus fes-.'qUatre pieds yl'và--
defquels auoi t là face tbu'tefm-maïne, l'autre demy humaine & démy beftïale , k ,
tïerc&oùtebeftkfe-': Se,auoierittoutës trois vne'barrde-à l'e-ntoH-r-dû front,auec-' '
vne a'ttre qui Ieurcou-utokies oreifles,eh façon des-ptnd-âns d'vne mkre,défcen>- '
dansle-iong dit col iufques fur la poitrine. Elles -aubicntle corps de LyPnnesy£e:
eftoient couchées fur: fe- ventre.- Deffus; leurs 'efcÊines-'repQfo'it vne. pyramide
*
.
-
L i-iij- ,
4
- , eâtcfi/o, . <>
- /f ^ tltHE PREMIER DE
Jf'or màffiue,Sc triangukkc,ayant 4e longueurcipq diamètres 4efon piéd,8e mé,
. * ^ntenpointe,A-ch.acunedecesfaceseftoktailléynce.rcle,8eaudeffusvnefettre
Y * Grecque antique.En k première vn H , en la fetode vn O, en k troifiefme vn V,
Logiftique fe tourna deuers .moy, Se medkjPar ces troisfigures , quarrée,ronde,
* 6c triangukire,confifteîa céiefte-harmonie-So^ezadueity, Poliphile, que ce font
; |iiéro§lyphes Egyptiens antiqu.es,qxu ont perpétuelle affinité Se conionclion en-
fembfe,hgnifians,& difans. A la dijiineSe infime Trinité, en vne feule effence. La
%ure quarrée eft dédiée à iadiuinké,pource^ qu'elle eff produire de l'Vnké, Se
( '* en toutes fcspartks eft vniqueSe fembkbfer La figure ronde eft fans fin&fam
commencement,Se tel éftDieu. Autour de k circonférence Se rondeurfont con~
- ;£euuzcestrois hiéroglyphes, kpropriété defquelscft attribuée à nature diuinc.
*
lestroisimages fo.yçnWfcparées,fieft-ceVnemefmechofeindiuifibIe, éternelle¬
ment cpmprife «nvu,.Se inféparablement.conioncle, kquëlfe nous départ Se cô.
y .muniquebénignanenîfes grâces .Se fes biens, ainfi quetu peux comprendre par
les cornes d'abondance pofees fur les coings du triangle,qui eft ferme fur tous fes
coftez: parquoy il nous lignifie que Dieu eftimmuableSeinuariablé, fans iamais
.Af If °8' reçcuoir altération ne changement. Regardez cefteparole Grecque eferipte fous
*£ diachoii- laiigure du"'Soleil, A a i h r h t os- fous celle du tymon, A a i A X q p i s tos.
tto$,in fe- encclledufeu, AaiAîetNES. Pour ces trois effeûs les trois animaux ont
j>arable, efté mis fous lobélifquc 4 or qui eft plSfé fur leurs efchines.figurant fes chofes fuf-
^.diareHnes <lkes:,çar.ainfique l'effigie humaine excédeîSefurpaffe toutes îes.autres,k foy Se la v
m?fr\\ e- vray^opini.ÔcôçokjSecpprendtouteschofe?quinouîfemblétincroyables,Enk
*.-. pyraitiidey a.trbisfaces,à chacune defquelleseft entaillé vn cercle, lignifiant les,
troUtéps^affé^préfent,^ à venir. Et fautfçauok que nulle autre figure ne peut
, jarfai^emétcôpieadrë çestrois cercles,que le triâgle. Kotez qu'il n'eft poffibîe
de veoir cntierernët toùtà vne/ois Se d'Vnc mefme veuë fes deuxeoftez delà py-
mwi'ote, ;triarigukire,maisvn tant feulement ,Se celuy qui eft deuant vous, par lcquelefl
pssaàèp- entédu le prefent. Donques non fans caufe y furent entaillées ces lettres
iOûN quianciénemeteftokainfi n O V .A moaduis il vous pourra féblerqucic
£ûis trop prolixe Se fuperflue en ce propos, mais certainement i'y fuis plufttsft
; |>rieue Se fuccincte.Saché? que k première pierre eftfeufemènt cogneuë de foy
, mefmevSe combien qu'elle foit Diaphane ou tranfpftente, fi ne nous eft elle to-
jalementckkc.Toutesfoisceluvquià meilleur efprit,monte plus haut,Se confia
4éÉingénicufement kcouleur^ek figure ron4e: puis cherche plus auant, Se
* paffe rafques à ktierce figure, laquelle eft de couleur obfçure : Se finablement
vient à contempler vne autre figure à trois faces:Se delà en auant toufiours vpnt
; \ laveuë Se lfcognoiffance en diminuant Se défaillant ainfî que k pyramide : car
-
" ' . t nonobftant que l'homme foit fçauant&expert^l n'en peut aprendre autre cho-
_fe finon que cela eft j mais quoy, ne comment , cela ne peut entrer en fon cçr-
jHi'eau. . _'' ' '. ' ' y '.-
De ces fainsfles remonftranccs que Logiftique m efaifok, prifes au fecret de,
- iUturediuine, feu plus de plaifîr en mon cur, que 4e tout ce que i'auois vÉiau-
'" _ .j pârauant:Sc4efai<3:iemeprisàcontemplerlObélifquedefigrâ4myflere,l3roit,
fermeSe ègal,compofé 4e matière incorruptible,éteriieîfementperféucrant,afïïs
m milieu de çepre,entreplùfieurs arbres fruitiers, de go^ftfuaue Se d'effeèlfalu-,
''''"'' '-'Y' ' ' '"' taire
r m
:<*-.-*'
*» - - , ,- . *
- ' . \
> _ . poLrp:H!t~f; ' , ' ; %
-|airë5pîâante3 par osdre.Se proprement afïîs,en grace,bcaut^déïéâanoîï^laifif&
:VtilitemerueiUeufe,voirein.ceffammcnt fubft|ntezdu.Soleil, qui kmais ne fine,
^presque nous eufmes là feiourné quelque temps^nes deux compagnes mere-
prindrentpar les uiainSjSe me menerét hoirs cepourprisXorsThéfe.mieme vadi^
" re.lLefttenipS4'alfer aux trois portes quenous cherch oris.A quoy côfentant nous
nous mifmes en voyeparmy cefte belle contrée , ou l'air eftoit clair , Se le ciel fe-,
;ccin aupoffible:mais cène fut pas fans paffër fe temps en propos familiers Se déle-
, clables,telfement que defirantfçauoir Se entendre particulièrement les grans ri- '
. cheffes Sethréfors ineftimabfes de leur ..Royne Eleuthérilide^ie leur fey cefte de- -
au cours de l'éauv..
Au milieu de ce pont fer
les accoudbërrou appuis, à
pÎPmbde la clef delà grâd-
arche, eftoiteioué de cha¬
cun des coft.ez. m.quarri
-<4c pprphireauccfesmoulurcs,frontifpice,& tympan , èotîtciuik vjfe ieulptui*
-4e hieroglyph.es. '- y ' Y, ,. .",. ,",,
Ctfiïim, Medereldlégieretépdrt'dfeoiryC^ldtrirdiHttéfdrïtleuer.' y 4
ioignant au pied d'vne plus haute roche,ronde Se feiche, fans aucune verdure , en
laquelle eftoicnt^cauèes fes trois portes fans aucun art , ny ornement quelcon¬
que, mais toutes moiîies Se yermouluëspar antiquité. -''-..
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"Kicodo- - ' .
^ia'i gloire Sur chacune d'icelles eftok efcrit fpn propre tilfre , en charaéteres Arabiques,
«leDieu. Hébrieux, G'recs,Se Rbmains,ainfî que la R oyne Elëutherilide m'auok dict. Sur ,
Ci&à'Uez- flrokhardie,Se de courage fier. Elle vint,aufîi bien que la première , accompa¬
Sta$êtCQR-, gnée de fîx Damoyfelles: quifent Merimnafie, EpkédeyErgafie, Aneétée, Staffe»
ftanee. SeThrafie. , -
Thrafîc,
hardiefl'c.
i( 4$p*
&?af'>l°~
LIVRE PREMIER My
k- «. W, rftiitte U regret perpétuel , méfiez 4e foufpirs qui importunent fe
^ft^n^iSfvf
.jefte ^xf^^2^^t^^
Ceft vnidouceur contrefait " confitte en amertume
malheureux: la fin qui confume tout -big. Se
^on^^^^(0i
-
puis
pkceS.Toutesfpis.Thélemiegu^ peu deconrtede.teUe.remonftMoces.De
" *Vn fnnriâ. Das.ams enlouinatmeni uguv ^uw" > .
" Shv SÏ : que c'eftoit Madame Polia:çar,en mon c«ur ne pouumt entrer
«ait? piCiov
autre peniec,parquov
ie f* B
grandement.,efiouy. Peu de temps après Thelem*
d éfidcr enla compagnie de «s,
uers la Royne.
Les portes furent fermées après eïfe,Se iê demôuray-feul entre ccsbelles Nym-
cs-.quim'enttvtindrent fort amoureufemem de toutes manières de plaifir.teiie*
ghcs-.quim'entt nieni
^1
;«;";p;olip-«ï"Cey \ ;';. . ; '*&
-' meht que f amour commença à fe multiplier en moy" par IeUrs-aoucès"^atôîes, re¬
gards attrayans,8e grandes mignotifes. Leurs yeuxéftoient lit acérez qu'ils euffent
.; percé vne poîttine d'acier, Se efmeunon.pas vn ieune homme fimple Se muable
commemoy,maislebon vieillard Socrates.Si vne d'entr'elles euft efté aulieude
Yphtync,elleeuft efchaiifféleftoi4Xénocrates,Se n'euft eu caufe deTappfllcr fta-
tue de pierre:càr elles eftoient accomplies de toute perfection de nature , veftues
-
m
LIVRE -PREMIER P*E
Pktis Se fille de Coe.Cette chemife fembloit enuelppper des rofes blanches Sein- '.: ;
carnatcs.LarobbeeftokioincteSeferrée au çorpMfeu deftpus des ~mammelles , «'
faifant des petits plis couchezà plat fur l'eftomach Qu'elfe auoit vn peu refeue ; la-,
ceinture eftoit fur fes hanches larges Se charnu es,ferrée d'vn cordon de fil d'or,fur
lequel elle auoit retrouffé la fiipcrfluké de fon veftement, taillé beaucoup plus iôg
que fe.cprpSjtant que la lyfîcre venoit iufques aux talons , elfe eftoit encores cein¬
.
Cléopatra pour diffoudre Se faire boiie.Son col eftok longuet Se droief, reifem- '*
blât à lAlbaftrejSefemôftroittôut d*cfcouuert,pource que fa robbe eftokelchâ-.
creefurlapoictrmc,Sebordéedek mefmefrize,e.ntrânteritrëfesm'ammelfes en-
manière de c Les manches de fa chemife eftoient vn peu larges, liées aux
poignets, de deux bracelets d'or , boikonnezde-deuxgroffes perles .Orientales. .Y
Mais fur tout ïe regarday festetins5fi rebelles , qu'ils ne y'ouloient fouffrk d' eftre
prefïëz du veftemen t,ains le repouffoienten dehors , fornVàns deîïx'petkes pdm- *" ! .
ferue fes perles qui eftoient rondes, Se vn peu moindres. Elle auoit en k tefte vn~
chappelletdftfleui's,pardefrous!eqUelfbrtoitkcheuelureentortillée en faconde
petits anneletsfaifans ombrage aux deux coftez des temples, La groffe flotte de
5>erruquedefcendoit le long du collet, ou elle eftoit trouflée en bonne grâce, Se
aîlfantles oreilles defcouuertes,qui eTtoïent rondes Se petites ,'pendok iufques
: furies gënoux,eftinoel!ant au Soleil, comme filets d'or : car elle eftoitplus belle Se
; mieux diaprée que k queue d'vn Pan quand il faiéUarouë.Elfeauoklefrôç: haut,
large,Se poly:puisau delfous deux yeux rians, clairs , commeles rayons du#Sofeil,
compoiez de deux prunelles noires , enuironnees d'vne, blancheur telle que ii on
euft mis du laid à l'encontre,iife feuft inonftré a.uffirïoir comme ancre. Ils eftoiét
j couueïts de deux fouccils délicz.Se vcultez entpurte partie decerçfe , fepauez &
.. ' . ' '" " " - ' «' " N "ij
L<LVR-E~ PREJvHE RyDE:
.;* diftxns l'vn cfe l'autre kkrgeutdcdeux bons poulces, plus noirs que fin veîoux.
Les iouës eftoient vermeillettes,etnbeliies de deux petites foifes,ayans couleur de *
rofé's fraîches cueillies à l'aubfeda iour,Sc mifes en vn vaiffeau:de Chryftal. Certes
ie les puisfà bon droiéfc) -compta celle trâfparence vermeille. Au demo.urant
elle auoit le nez traiétif,bien p ourfife,, Se delfous vne petite vallée feignante à k
' hpuche.qai eftoit de moyenne grandeur: les fearesvn peu refeuées, Se de couleur
'de fàtin crafn-oyfides 4ents auflî blanches qu'yuoka-ytoutes d'vne proportion , &
fî proprement arrengées,que l'vne ne pa-ffok pas l'autre. Amour entre elles cpm.-
pofbitvneoieurkplus douce qu'il eft pofïîbfede penfer. Vous eufïïëz didfc à k
vépirdeloin^qijede fes leures eftoient Çoral,fes dents perles Orientales,fonhj-
leineM-ttfej en par£um,5e fa voix doux accord de ffeuttes. La jeuë de cefte Nytti^
phe, engendra vne grande difeorde entre mes fens Se mou defîr.'ce qui ne m 'eftoit. -.
ençpres.aduenu pour toutes celles que i'auois auparaUant troq^ées/ny pour les ri-
chefrèsquei'auoisyeuës. Mesfens iugeoient l'vnedes parties de cetteexçellente
comppfitipn^ftre plus belle que I'autre:rnes yeux eftimpient le côtraire : feiqueb -.
ftirëntàutheurs Se caufe principale de ce débat pour embrouiller mon pauure
cceur.,qui.pour leur obftination véhémenteà-eftéj>récipké en--trouble Se trauail,
p.erpétiiel.Mondefirfaifoityneftat fingulier de ce beaù.fein, à quo>y mes yeux,
s'accordent aucunement, pourueuqu'ilskpuilfentveok plus àpleik, puis eftans
foilkkezdefa bonne graceiugeoyent'quec'eftok kperfeélion .mefmej'opinion
léger^pa-irarttfoudainementmefaifokprifôed'auantagefes beaux cheucux blon-
difians,outre k beauté de l'onSe l'artifice dontils eftoient antiefez,ondez Se rèpaf-
* fezmetkoitefperdumentenleuradmiration : Mais mon Fil s'arreftant à fes lu¬
mières fes comparoit à deux vmques eftoilles luy fentes au matin, au milieu du ciel
t fcrein.rjcks!les rayons de fes-beaux yeux paffbicnt au teauers de mon cur com¬
me- deux dards tirez par Çupido quâd il fé met en fa cholere.Ie cognoùTois bié en
~H rrtpy-mefme, que cefte diffention ne pourrok ceffer fans perdre le plaifîr de con-
feiérer kbelfeNymphe.:cequirn,'eftoitimpofîible : parquoy i'eftois ainfî qu'vn
hpjpmeprefïe de faim fetrouuantparmy grande abondance de viures qu'il défit*
toutes ènfemble,raais Un' eft afïbuuy d'aucun... ....
ii^X--^^^^
Wa pacifique de cet vnique thréfor d'amourlqueife gloire ce
^g^^^^r' ferok à celuy- que cette belle reçeuroit pour ferukeurf
Puifïànce diuine,ie erpy que voicy Iena'ffdeton effigie, fi
Zeuxis eut veu cettebeauté lors qu'il fit l'image de Vénus-, à mon iugemét,ill'cuft
prife pour fon exemple pardeffus toutes fespucelfesd'Agrigente,voke de tout le
POLIPHILE. r
mondevhiaèrfèr;ia iugeant accomplie en toute perfe&ion- de beautérfe perçlïs ;
3S hj
LIVRE PREMIER DE
ùtaduis (Se eftoit vray) que ie touchày
Énlaprenantii'me futaduis touchî autre chofeqùe
yeurîcàrienecognoiifois rien outre 1e commun naturel,
humainerdonti'eus frayeuricàrienecognoilfois
£ene fçauoisencores qu'il me deuokaduenk. Iemëtrouuois enmauuais ordre,
pa.uurehabillcment,Sctriftc contenance, bien différent de forme ,d'cftat,Se de
"yéUx :: car quand fa lumière fe rencontroit contre k mienne , long temps après
toutes chofèV'tae fembfeient doubles, Se eftois efblouyj.tommë ceux qui ferme¬
ment dç droit il ont regardé. 1e corps du foleil.En cette manière.ie fus pris, lyé,
. Se vainëu:tout preft à luy crier;'Màdamc,ie me rends à vous :.ce que i'auois def-ià
conclujtoutréfolu en moy-mefmë, d'en bailler mon cur pour oftage: qui tan-
toftrecogneutk flamme accouftdméejkquellen'eftok que couucjrte S: affoupiéî
parquoy elle fut promptementr'allumée,commë tifon lequel à efté en la chemi¬
née, Se fenty le feu. Cet amourën'traén'môn cur comme le cheual de bois à
Troye,à fçauoir plein d'ennemis cachez,qui l'ont tout ars Se mis en cendre, me
naùrant de pkyes iricurâbles,defquellesiamais ie n'efpére guérir , fi ce n'eft par ls
-
baiffois aucunesfois les yeux pour voir fes pieds chauffez d'vne femelle de cuyr
roUge,lyée. audçJTUs.du pied de rubens de.fild'or Sede foye,garnis deperles Orié.
tales:8e quelquësfois aduenoit que le vent e&ranloit fon veftement,defeouurbit
fesianibes,qui fembloientcompoféesd'efearkteide laiét,Se demufq,meffez en.
femble.E t aùflï ce furent les rets, deçeuans qui me prirent, Se qui font plus diffici¬
les à réfoudre qucleneud Gordian qu'Alexandre coupa* Alors ie meTenty afferuy
4utôut,Se feit-efckued'vn défît enfkmbé,qui mcfaiiokfeuffrirplusdepointures
,
4acramoy fi-, autres de toilles delki fiaffrannées^S: tyffucs en façon de crefpe, de,
' ' - - '" * toutss
POLIPHILE. ; %
toutes fescfpeces qtfel'on pourroit penfer, entrcmefîe'es de fil d'or , Se enfï--
chies de pierres precieufes au feng des bords Se Hzieres, Plufieurs en y auoit
veftuës de chafubles Se ornemens d'Eglife, Se d'autres en habit de chaflëurs.
Laplus part des filles auoient les cheueux trçffez, amonceliez en beaux entrekz,
les autres départis en trois touppets,alfembIez fuç le derrière du collet , v'olletans
autour des eîp'aules., Se au long du dos , plufieurs enueloppez en belles Se riches
coyffes,apparens feulement à l'entour du front , en petits annelets naturellement-
entortillcz, Se fans artifice , qui leur donnoit vne fort belle grâce. De telles y en
eftoit qui les auoient trouffez en filets deperlcs,Se riches rubans Se eordôs. Leurs
gorges eftoient ornées de colliers Se carquans de grand pris. A leurs oreilles pen-
4 oient bagues,ioyaux, Se affiquets. Leurfront eftoit enukonné de groifes pefles.
Et à ceshabkspréciéux fe conformok k beauté des perfonnes. Leurs feins fe mô '
ftroient defcouuerts iufques au milieu des mammelles:Se fous leurs pieds auoient
4es femelles antiques lyees à cordons d'or,paiTans entre le gros arteil Se le do^tfe-
cond , cnukonnans k cheuille , Se*s'affemblans furie col du pied , où ils eftoient
laifez auec quelque riche bague. Aucuns portoient des brodequins antiques ,4e- .
puis legenouil iufques à la cheuille,cordeîez fur laiambe: autres des petites pan»,
touffes Se patins à oreillettes d'or,ou de foyede diuerfës couleurs Se façons que fe "
n'auois iamais veuës. Plufieurs de ces filles auoient la tefte Se le front couuerts
d'vn crefpe volantplus délié que toille d'"araignëe,au trauers duquel leurs y eux re-'
luyfoient aufli clairs comme eftoilles, deflous deux beaux petis fourcils voûtez,
puis le nez traiefif entre deuxiouës pommellécs , Se yermeilles comme les mef¬
mes pommes,auec.deux follettes riantes,Se au milieu la petite bouche de couleur
de coral,aucc les dents menues Se polies, qui fembloient argent de copelle. Au¬
cunes portoient inftrumens de mufique fî mélodieux en l&ir fen, qu'oneques tel¬
le harmonie ne fut ouye : SepaflbientletempsenfembleentouteioyeSe foulas,
courant l'vn après l'autre,8e s' entrechériflàntamourcufement.à l'entour des qua¬
tre chariots de Tripmphe.
Chap. xiïii. .
,. Le chariotdupremierTriompkeauoitlesquatrerouës'defineefmeraiide, Se
le refte de Dyamant.réfiftant au fèu,au.fer,Se à i'Eméry ,Se qui ne fe peut.briiër ft~.
non comme les ignares penfentpar fàng4e bouc tout chantfivtifeaux. Maaiciens,
letout eftoit entaillé de demy tadfejSeënchafle en or.' ' . '' ;
.
V V L.
O .,iij
LIVRE PREMIER DE
" Le triomphe fuyuant n'eftok de rien moins merueilleux : car fe chariot auoit
fes rouës,raiY,Se'moy eu d'Agathe noire,meflée dëqûelques vëmesiknches , plus
belleque' celle dePyrrhus,en laquelle natureauok formé lesneufMufes cVApo-
lo droid au milieu,danfant Se fonnaat k lire. Le chariot eftoitde latfaçpn du prér
cédent,mais les tables qui couuroient la moitié dcsrouës,eftpietde Saphir Orien-
tal.trèslfortaymé de Cupido,quandil eftporté en la main^gauche.Enlafacëdroi,
. te duptinthe quarré, eftoit entaillée vue Dame accoucheedcdeux beaux oufs,
dedans k chambre Royale d'vn Palais excellent,dont les matrones fembloient e-
ftre efbahies,pource que l'vn de ces ufs fprtoit vne ikmme de feu , Se de l'autre
deuxeftoilles fortluyfàntes.
Y . , " Ceftàiirt.
*-»-. ' ^ --
Ce chatioteftoittké par fîx couples 4'Eléphans , plus beaux que ceuxquî fu¬
rent veus aux triomphes de Scipion l'Africain, du grand Pompée, Se de Bacchus
après qu'il eut vaincu les Indes. Les traits eftoient de foye bleue retotfe auec fil
d'or Se d'argcnt,ert vn cordon à quatre arreftes,reffembkntàvnefpy debled. Les
foi£trals des Eléphans eftoient de fin or , entichy de pierrerie , ou il y auoit des
oucles par lefquelfes les traidts paffoient. Et fur chacun Eléphant-, ynepucelle,
comme au premier triomphe,auec plufieurs irrftrumens de Mufique tous différer
àuxpremiers,maisàccordezau mefme ton.Deux d'entre elfeseftoient veftues de
*ouge,deuxdeiaune, Se deux de violet. Lahouffe pu couuerture des Eléphans
eftoit de drap d'or,à broderie femee de perles ., auec des colliers de groffes pierres
f>récieufes enfilées.Sur le front leur pendokvne pomme de perles Orientales,dÔt
a houppe eftoit de foye depluffeurs couleurs,me£léeparmy4ii fil d'or.
foîit
P'OLÏÊ.H'-I LE!
^ Tout au haut du chariot eftoit vii Cygne amoureufcment accollé d'vne belle
Nymphe fille de Théfeus. Le Cygne auoit febec.enfa bouche, comme pour k *-'-.'
baifer:Secouuroitdc fesaifles ce(ju'clfeaùokdenud. La Dame cftoûraiîîfe fur
deux quarreaux pleins dcduuet,veftusde foye blanche tyfTuëauec du fild'or , fe- .
^ " ^Au front dé deuant eftoit Çupido tirant vne flèche d'or contrclc ciel , dont il
.pfeuuoit dcs.gputtés d'or.'Et alentour dé luy vn'e multitude infinie de gens ble-
,xez,eft>ahis de cefte pluye nouuëlle. Au defriëreT'on pouiio'it veoir Vénus gran¬
dement courre""* i..*~^\~ -*. .-_;_ ifti r. ..__:/-_ .i-_._ .-"__i j.j~vj^hc-im
reths enchante
, me s'il euft efte occafion de fa prife:
**
.. - POLÏPHILE..
5ff -:,:. «'.
'Jaories.Làfui-Ucnoitvn meffager ayantaiflesàux pieds,'qui le déîmrèiyfes mains
«demain ère; ÀprèsOrtivP-ypitfe-melfgef-aifîé préfenteïà-tupitet-fepetïfe-Cupido*"
£^pmmm&*&<»<*- r.*|
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LI VRE'PREMÏÊR DE
Se rendre kpcrfonnechafte,qui le porte fur foy. Le pied eftok taillé à fîx faces,
moritànt en p6inélc,Se fouftenant vne coquille à demy platte, camielée*iufquésà
fon milieu: mr laquelle eftoit affife vne belle Nymphe veft'uë pareillement de toil-
fe d'or bleuë,Se couronnée d'vn diadème reluyfant comme vn autre Soleil, pour
eftre aorné d'vne infinité de pierres précieufes. Au giron de cefte Nymphe ton»*
boit vne pluyed'or,dont elfe fembloit toute ioyeufe.
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t xP.Otl.EBLL'E.
Y-Y-ï- Y-;--'-:,--, y:-:.,:-; -y.:!- , :Y>.'>,:- ,.--;*-" Y.:..-, Y,\ Y,-, x',.-, -î?.:ii|._lZ t
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*,.'. ' i i-
eJyayV'./A-
LI.yR^rP'R.B'MÏC'R DE
i* '. ' {. __ feu la fécondé lupi ter bâilîpk. cette'petite créature à viyieune homme ayant
s ,'y. -t .aîilesa'ux ,pi'edsj8ett*ffeeptre entortillé de deux feirpéns, qui le po.rtok;cn.yneëa-
'% 'f ' .uesnCjSefeb^lIbitàqueïqnesJ^ympriei'po'u-rfe'ùpurrff. Y : -. y,;' '- !.
1 »LecharïotfuyuanteftoittkèparfixTigres:-mouchetezde.tachesroufTe.Si atta»
.«hezàdesrameaiixdeVigne:garnisdemoHïïnesdeRàifins,quiferuoièntd'armes "
offenfiues :& cheminoient tout le petit pas.. Au milieu dû plan de deffus y auoit, -
"vne bafe d'or 4'vn pied ée quatre doits en diâmetre,Se de troispalmes en. fei.ute.ur, .
' très pierres précieufes.Sa hauteur eftoit de deux pieds Se demy, fon diamètre d'yh
Le pied faillok quatre pouîces au defliis dès ailles d'iceux Aigles. Auplus large de
fa groffeur il eftoit- enukonné d'vne feize de la largeur d'vn palme : de laquelle
-kifquesau commencement d'vn autre vafe à Gargoule, ioind au premier,y auoit
-.vn autre palnfe. Ce.dermer vafe aûoitvnpieddchauteûr,Se commenÇokàs'efiar-
girparledeffùsenukond'vnbon palme Se demy: lequel demy palme eftoit emr
; ployé en vne petkefrize,faiéte à fleurs Se fucilkges de demyboife , percée à iour -
(î \ Se quafi hors de leurs fons efpargnez dek mefme pierre. Le diamètre du vafe en fa
ï groffeur auoitdeux palmes & demy , Se eflS^t goderçnné au deffous delafrifeà
igoderpas efiroks deuers fe fons,Se larges par 1e haut* Le col auoit en longueur de- ,»»**
». P 111J ,
* *
Cfcafi iÂ-
LIVRE PREMIER DE
puis la frize iufques à la bouche, deux palmes Se demy .faifans fe total de la hauteur
*du pied du vafe , auec lepalmc Se demy eftant au dcffous de kfrize faiét-e à gpde-
* tons tournans en façon de lys.Le bord de la bouche eftok pkt,garny de moulures,
gucule*doucine,efchine,Seautres:fi cfttnent bien les lifieres des frifes.En celle de
la Gargoule en k moulure de deffous , eftoient foudcz des demy annclets en tra¬
uers à chacun des coftez,quedeux Lézards mordoient,faks delà vaine d'Efmérau-
4e:Se auoient fes quatre pieds furlecouuercfedugrand vafe qui ibuftcnokk Gar-
^ goule:Se eftoit ipind à la frize.en forme de doucinc,oti gueule rcnuerfec,taillee à
efcailfes,dekmefmeIacin*hefêeauokvn palme de haut, Les queues des Lézards
- qui eftoient couchezfur le ventre fe long de ce couucrcle , eftoient entortillées
pour fairedes anneaux fur la moulure de la frize,vn autre au délions, quiferuoiét
d^infes. Le bas finiffoit en vn fueilkge , qui ëntroitdemy pied dedans la frize de
chacun cofté,8e eftoit quafi tout de boffe , tellement que l'on pouuoit ayfément
veoir le fons de Iacynthe.Par ainfi ce fueilkge occupoit deux pieds delà rondeur
duvafe.Rcfte àvokrefpaccquidemourokenk frize. Entre fes deux fueillages
contenant vnpied Se demy de long,à chacun des coftez eftoiét certaines fculptu-
res:prcmSerement le ventre de ce vafc,eftok couucrt d'vne vigne , laquelle auoit
des fouches, fes brocs 8e 1e ferment efbargnez d'vne veine de Tppafe, fes fueilles
d'£fméraude,8e les raifîns d'Améthyfte,fur vn fons de Iaçinthe , fi rond Se fi poly,
qu'on euft iugé qu'il auoit efté fakautouncar il fembloit que les fueilles eh feuf-
fentféparécsdela grqffeur d'vn pouce : Se tant furent viuementcontrefaictes,
qu'elles femblbient proprcmentnaturclfes.La frize quienuironnoir le Vafe eftoit
ainfîjfpace vuide kiffé entre deux fueillages, contenoit de chacun cofté vn pied Se
demy ,8c là eftoient entaillées-deux belles hiftoire&, c'eft à fçauoir" en la face dede-
uanfjlupker tout debout fur vn autel de Saphir, tenant enfamaindextrè vneef-
. pëc tranchante de ChryfoIythe,rctuyfànte comme l'or : Se del'autre vn ibudre
.*
POLI P H ÎLE, 6i
En l'autre cofté eftoit taillé vu icune dieu graffet, reffemhlant de vifage à vne fii-
,..-
mais yeuz. Adonc ma guy de apperecuant mon imbécillité , fans luy demander que
c'eftok,me va dke.'VoyezrYous cette D^efTefen la monftrant de bonne grâce) elle
% autrefois efté mortelle , mais fà condition fut muée pour auok aymé Iupiter.
jCette autre là fut vne telle: Se tels dieux furent rauis de fon amour , Se ainfi pour-
fuyuantlecatalogue,ellcme déckrpitlcursnonjs , leurs, races, Se originesanti-
, ques. Apres me monftra vne grande affemblee de filles , conduides par trois ma-
trones,marchans deuant toute k compagnie: Se me diâ: aucunement troublée, Se
changée en vifàge. Mon Poliphile, ievueil bien que vous fçachez que nulle:- de
celles qui foht nées enk terre, ne peut en trer céans fans auok fon brandon allu-
irîépàr Srdant amour,Se violant trauail,comme vous me le. voyez porter.£ncores"
faut-il que ce foit par le moy en Se addreffe de ces trois matrones. Puis dit enfouf-
pirant: Il me conuiendra pour voftre amour offrir Se efteindrele mien dedansle
làinéttempfe.Cettepàrolfemepénétra,fec pkifir eut de force, quand /
ie m'ouy appeller fien, car par ce mot elle me donna foupçon,, que c'eftoit madé-
iîrée Polia:& (à la.vérité) tel fût mon ayfe,quel'ame qui me ffît mouùoir$fuf fur le
poinct d'abandonner/ mon corps, Se fe retirer dans fefien : dequoy la couleur de''
mô vifage m'accuia,ioincfe à vn foufpir bas Se ardant que i'en lettay bon gré mau-
gré:mais quand elle s'en apperçeut,promptement changea de propos;, me difant:
Orcombienily enaaumondequi voudroient feulement entreupir ce qui vous
eft permis de contempler à pleine veuë<Pourautaut efleuez voftre efprit,& regar¬
dez ces autres Damoyfelles qui vont pair à pair auec leurs amis,chantant en beaux
Vers fes félicitez de leurs triomphes.Çes premières font les neuf Mufes,8e Apolo,
'quivadeuant, fuyuy d'vne belle Damoyfelle Napolitaine appellee Leria,corô- ,
néede-Laurierverdoyant. Auprès d'elle eft vne fille belle par excellence , nom¬
mée Méknti>ie,l*habiilement, Se le langage, me feirent cognoiftre qu'elfe eftoit
Grecque.Cette là portoit vne lampe arçUntc, qui efckkok à toutes celles. qui la
fuyuoient.'Son chant Se fa voix eftoit trop plusamoureux qued'aucùne autre de la
trouppe.Aprèsmaguydeme monftra Pierus,8e Ces filles, quitant furent fauan tes.
Puis Lycoris,auec vne Dame qui chantoitk guerre d'entre deux frères de The-
bes.Toutes auoient des inftrumens de Mufique,dont elles faifoient merueilles de
fermer. Au fecond triomphe eftoient la noble Corinna, Délia Se Néera,auec plu-
fîeursautres Muficiennesampureufes; Se parmy elfes Crocaiek Sicilienne. Au
tiers triomphe ie vey Cûiintilia, Cynthia Se autres, proférantes des vers affez mé-
îodieux;EtlàfetrouuokLefbiaplorant encores fonpaffereau.Au quatriefmeou
iouok Lyde,CloéiTiburte,Se Pyrrha.Puis entre les Mainades eftok vne iolie Da-
moyfelfe chantant pourTon amy Phaon.Et au derrieredeux Dames,l'vne bien pa¬
rée de blanc,Se l'autre veftuë de verd: toutes lefqueii'es folemnifoient cette, fefte*
chantans alentour desTriomphes, portant-couronnes de Laurier Se de Myrthe,
auec diuerfes autres herbes,fleurs Se rameaux,fansfin,fans trauail, fans ennuy , Se
fansfekifer,affouuiesxncontentement,iouylfantespar finition éternelle des vi¬
vons diu.ineSjSe perpétuellement habitantes en ce Royaume bien-heureux. . #
'-'; :' - - ,.Y " ; y'": ' *' - -: y' Q-Jil -." ''''' '
LIVRE-PREMIER DE
AP^ES QfiVELA DAMOT SE L^LE EVTnéCLARé 1
à Poliphile le myjîere des triomphes^ les douces amours des- dieux,elktad-
monnefi'a daller pluiauanu ce qu ilfit:& y veitplufieurs ieunes Nytn^
phes pajfant le temps tout le long d'vn miffeau auec leursfîdeles- .
C.HAP., XVI*. -- ^
jmure.comme fi elle --euft efté. courroucée de les rencontrer. Les vues couroient .-,
aprèsfes Cygnes,8e,s'éntr.eiecf oient deréauauecleùrs mains. Les autres eftoient:
affilés fur k riue,-Se-faifoien.tdes bouquets de flettes qu'elles donnoient à leurs a-
înisîaucc les 4épendanccs accouftumées,qui-fontles gracieùxbaifers , lefquels ny
e^oierit efpargnez,ains libéralement.Se prodigalement, octroyez-, plus ioinds Se:
plus eftroict ferrez que ne font les coquiles 4es Huiftres. Ce nonobftant Se corn-
bi.enquiî:sfuffeatd5ucement4ànnez 8creeeuz jfîpouuoitson veok: après ledé^-
. partd'impreffion Se marque 4e.leurs 4ents au coi, auxiouës, auxleures ou au m é«-
acte qui defrogeaft à k grâce d'vne honnefte fille. Mais toufiours contenâce Sege-
ûe tel,quefes:regàrdans n en pouuoient aucunement eftrepffenfez. Héksîquife-
r-oit donc le c fi froit^Se tant gelé, qui ne s' enflammer oit voyant -fideleétables
; ..effeébs d'amour egalîlepenfe véritablement-que la chafte Diane y euft elle tout
foudain embrafée: Se oferois quafi dire que les âmes des félonsenuieux n'édurent
plus grand mal en ce monde , que celuy q*ui leur eft caufe de l'ennuy qu'elles ont
voyant la félicité de cefte heureufe compagnie, qui vit fans peine Se fans foucy,
.menantioyeperpétuelle,-contentedupréfent,non affouuie endefîrant l'auenk,
ains eftimant tpufipurschofe nouuelîe ce qui eft fousmts à leurs yeux , &dontils
ne font iamais ks.Lesmiens(certes) reçeupient vne douceur fi grande feulement . '
de les contempler , que mon cur participant en ces délices, fut fur le poinéfde
mëlaiffer pour aller enceftëbéatisuderequérirfapartdeces bénéfices d'Amour. '
Et fi l'imagination euft peu caufer l'effecf,ie feuffe(fànsdoubte)demouré lors kns
amë.Aucunesfois iepenfoisque ce feuft enchantement, ou ie cuidois eftre arriué
-en quelque pays de Fées, puisilme fouùenokdes oignemens de Ck-cé , des her-
- bes de Médée,duchant Magicien de Byrren-ne, 8e de l'infernal murmure de Pam-
phifekariefçauois bien quelesyeûx corporels nepeuuent rien veoir outre l'hu-
^manité'Se qu'vn corps mortel -fait de terre,îourd,vil,pefant Se ténébreux ne pour
roit eftreau Meuoù r-epofent lesimmaftels. Ces choies penfois-ie en moy-mef.
me:toutesfois après auok laiffé toutes ces. refuënS.s , Se venant à remémorer les
.merueilleufes chofes que i'auois manifeftementveuës. Se apperçeuës, ie eqgneu
quece n'eftoieatp ôintillufions ny fallaces de Magie , ains véritez imparfaiétemét
-comprifes de mon fens:qui mefek retourner à contempler la beauté de ma guy-
4e,8e y appliquer toute la pûiilancede mokefprk, lequel fouffrok vnepeinetrop
griefue,pour ne luy o fer demander fî elle eftoit ma Polia,ou non: confidéré qu'el¬
le n'agueres m'en auoit donné quelque cogrioiffance douteufe.Or craignois-ie de
* l'offenfer pour peu de choie, poufàutant queie luy cftois inférieur en toutes par- -
traindre de fe chauffer au feu oùie mebruffe, Se faire que tous deux foyons X\t% .
d'vn lien indiffoluble, oubienme remettez en liberté: car iene puis plus diffimu-
lërletoUrmentque i'endure,necpuurklebraficrquime confomme. I'ay grand
plaifîr en ma triftelfe,Se fuis en peine fans pener. La flamme qui me diminue, me
'nourrit Se le viureme fa-iâ: mpurk.En viuantie ne gbufte k vie, en mourant ie ne,
fenspâs k mort , ains ie fuis comme vn gkçonmis au milieu d'vne fournaifear-
dante.HéksJcet amour m'eft vnplus pefant faix que l'Ifled'Inarime au géant Ti-
phus.Ie,m'y treuueplus efgaré que dedans vn grand Labyrinthe:voke(à biendi-
re)plusprefféqu'onquesne fut Actéon par fes chiens, Se tant que ie ne puis co-
ghoiftre en quelle part du mode iefùis,finô deuant fes yeux de cette Damoyfeile
qui me tient: Se'ne m'en puis garantir pour fuy r ny pour réfîfter. Héks]au moins
qu'elle euft plaifîr du niai que i'endure pour elle , ce me feroit vne efpece d'allé-
'
m-.
LIVRE PREMIER ÛE
L'àmrepoitoit certains greffés Sereiettons auec vne petite ferpë , alfemblea "'- :
.<#
t. i\ V *'-*,«>>'>.'_
/POXIPHIL^ y
M VST VALENT© f -,
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Çeftkdiréfi1 - - *
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i-Dédie M^iheùxAutumné. t
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»W»4fl«~,!WWMWWtt»aî.&,s-feLefi wsst^aii.
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b -
m V Bjfc t R Ê M I E>R- D"Eï
La. dernière face contenoit vne au-*
tre figure en forme de Roy , féuère Se
robuffe, tenant vnfeeptre en fà main-..;
droiélë, regardant deuers le Ciel,, eu
fertequ'il rendokl'ak trouble Se ob-
feur.. De l'autre main touchoir les
niics noires Se pluuieufes, pleines de
greffe Se.de neiges; Son habit eftok
d'vne peau velue ,1e poil tourné de¬
uers 1e nu, chauffé defoulier^àl'anti-:
que: Se au defibus.eftok efcrit.
1 ,rl,yÉMf£,OLIJi,S.... y
deftadifc?
ombragé d'vne treille de verdure, faide à voulte, feuftenue fur quatre perches re-:.
ïieftuesdefueilles Se de fleurs, le tokt lourdement eftauché, yofre (à bien dire)
fens grand ouurage. A, chacun efpace entre dcuxperches-pendpit-Ynelampe
ardante, attachée au milieude l'arc de k vo ultea.petk.es chaiftettes de cuyure fort-
fubtifes:qui eftant agitées diry ent , rendoit en s'entreBeurtant vn fen commede,,
petites cymbales.Tout autour eftoit cette tourbe ruraIe,Bouuiers*,Bergers,SeLa»
bpuçeursj-qui rpmpoientcontre l'effigie dele*r dieu beaucoup .defi-ples de verre, .
pleines du iàng,d'vn Afne qu'ils auoîentiàerifié , rneflé de vin Ssdel&iâ: êey iet-<
îpientdes bouquets Se rameaux à puifïànce. Ep cette proceffion eftoit par eux
mené le vieillard lanus^lié de rameaux,de fleurs Se dcfuèiiles .Ils alloyent hrayant -.-
.4pe4epkifir?.8e^
Y
# ^
Wsvfizoé 1 a -^fto*-* édifié vit temple fbmptueux confacré à Venus Phyfîzoé. Sa forme eftoit rô-
Tio-^sna- d'e,Seaucwtdë.hauteurtantquelediarBetredefo.ncerele:SepouHabien.conduii-e-
wr?... l'Archkeéle en premier lieu auoit faiél furie plan vn rond;, "Se dedans vn-quarré:'.
y^ - puis auoit deuifé le diamètre dur.ond en cinq parties, depûisk circonférence iuf-.
quesau cofté de ce quarré, Seen auoit adiouftévne.fixfef me fur lecentre. Su* la-
qu.elfe.il aUok tiré vn a«tre cercîe,Se fur iceluy érigé ce bel edifice,quantà fies par*.
ties principafes,voire trouué toutes fes mefures, , tant 4e k groffeur des parois t
pilaftte.s3qu-e l'efpace qui eftoit entre k muraille faifant la clofture du temple, k',
les colonnes fouftenân-tcsk voûte du milieu. Après auoirtké dix lignes égaleijfét
dépuisle centre iufques àk circonférence, diftantes rvne.de l'autre comme rais-;
ou,femidiametres:fur lefquels il'aupiffaicïdix arcs ou vou.tu.res affifes fur dixpil-
** , tiers de pierre.Serpentine.Pâr dedans Tuure^ contre chacun des pilliers( qui i
- * . auoient deux pieds de largeur en.leurface,8e feuftenoient les berceaux des vou- *
par vnerepréfehtation tant viue , qu'elle donn oit contentement noir feulement
,,
aux yeux, mais reuiuifi oit les efprks:car (à la vérité) c'eftoit vn ouurage autant di¬
gne d' eftre veu,qu!auoun autre qui oncques ait efté.'En l'vn dcs.cfpaces eftok ef.
crke en lettres attiques toute la lignification du contenu comme en tous fes au¬
gures efpaçes entre lesderokpilliers,enclos de moulures.excelfentes.. Les ..murail¬
les du temple eftoient de marbre enrichydetous fes ornemens que l'induftxieuK
,,»rchkec^e aupitpeu Se fçeu imaginer .Au deffus ^e k frizeSecornkhe ,fur les fail¬
lies qu'elles faifoient à plomb des cplonnes de Porphire , contre les pilliers quar-
; xez,eftoient pofez fur l'vne Apollo iouant de fa lyre:Se fur fes autres , lesneuf mu*
, d' vne vigne de dix fep s, fer tans chacun d'vn vafe pofé fur ladcrniere corniche , à
..plomb des MufesSe des colonnes, delà mefme fonte 4e cuyure doré., La viguç
;empHiroittoutek'concau;tédelavpulte#vparb^aux-entre-kzSe ctkortilfemens
,4e les branchesjfueilles, Se raifins ; narmy lefquels eftoient hitsrd es petits enfam
comme pour fes cueillir, Se desoyfeauxvofetans à l-,cntour,auec;dcs Lézardes ,,&
eoufeuures moulées fur le naturehtput fe vuyde percé à iour,Se vkré.4e lames de-
Cryftàl 4e diuerfes coufeui'S,teffembknt àpiertes ptécieufes. La mànifaélure en
.eftoit fî bien conduit!: e.,qu'à ceux qui la regatdoient d'embas,les fueilles de raifins
. w Se les feeftions fe monftroient de grandeur naturelle. Et pour ceque toute ceintu¬
cornichepardehorSjfurlaquelleeftoitkrétubeouvoulteàcul defoi:r,commen-
coit vn arcboutant garny des mefmes moulures quef at'chitràue,refporidant con-
trekhauteur du piliienles cornes duquel repofôiét fur deux demy pilliers qua»-
rëz,ïaillans delà troifiefme partie' de leur largeur,l'vn delà muraille, Se l'autre de "
derrière k.hauteur du pillier,auquel par dehors eftdieiit faits des nidsandeffus du, -
chapiteau pour y loger dix figures-de. relief toutes décontenances diuerfes. Aux' ^
deux coftez-lepillier eftoit entaillé defcùlptureaihfi'comme'enfa face. La pente Y '
ioignokàkvoulte^ftoitcauétoutàl'entou^pour feruirdegouticrc,Sereçeuoi£; -,
toutel'eauquiendcfcèndoit, kqùëlfecpulpit après par dedaîi-sfesarcboutans, Se'*-'
de là dedans lespiHiërs,commé celfe4é l'autre couuert,puis feiettoken la cifter-
nc.Ccs arcstfeiitans eftoient côuuertsd'vne eartoche ou rouleau, (que d'aucuns;
appeliencvouîte) en forme d'vn papier-roulé parles deux bouts, l'vn an-contraire '
de l'autreic'eft à feauoir celuy qui toueboit à la muraille dèuets le basiSe celuy quii; ;
eïtdit contre le pillier,deuersîe haut.Deleursreplizfortoiétdes goffesde Feues,.'--
Pois,Se Carofe'es^ demy ouuertes, tantquei'ondifcenioitfeurffuictpour'ornc- -- ,
ment. Le plan de deffus eftoit départy d'vne àrefle pktte,entaillée à efcailfes des,;- - y
4eux coftez,Se par deffus vne fueilled'artïchâut bien ouure'e, Se. Vnpeu reilUerfee:* v '
POLIPHILE.. \ 7i
r* . nonj>lus que contre le Soleil. Au vafe du
milieu Se en fembkble aux autres quatre
ronds pendans à la platine, brufloit vne li¬
queur odorante, fans aucunement dimi¬
nuer: qui faifoit que pour k diuerfité des
pierres précieufes doht fes lampes eftoient
- eftoffées, ilfe rendpit par tout 1e temple
v'nefeucrbération de couleurs tremblan¬
tes i fi gayes que le foleil apreskpluyene
fçauroit p eindrë vn plus bel arc en ciel.
Mais lachofe qui me femble plus mer¬
ueilleufe à vèoir, eftoitvne bataille de per
tits cnfans montez fur des Dauphins, s'ef-
fbrçans les vns contre fes autres, ne plus
né moins que s'ils euffent efté produits par
la nature. Ils eftoient graué^z à l'entour du
grad vafe de Cryftal, qui ne fembloit point
enfoncé, mais entaillé de relief, Sefipro-
{>rement exprimé, qu'au tremblement de
alumiere Se flamme 4es lampes, il eftok
aduis aux regar dans que kbefongne feuft
mouuante. Or Cette admirable ftmcture
" eftoittoute de pierre Augufte, Se de Mai*-; .
lieu où les L'huys eftpit de métal doré , en.ri.çhy d'yn bel ouurage percé à iSur:nous 1e trou-
fëmes boi- uafm es fermé par dehors auee vn puifsât verrouil, auqu.el la Nymphe qui me gui- %
tient pour,
4oit n'ofa mettre la main fans cqngéde k Prieufe, 8e des fept pucelles gardiennes
coQceu.oit
-jysfans. du temple, à qui appartçnoitde permettre l'entrée. Mais quand elles furent ve¬
nues, Se eurent entendu delà Nymphe, la caufe de noftre arriuée, incontinent'
nous reçeurét aueçbpn vifage: puis nous fekent monter fept degrçz de P orphy- .
rç,aiïïs depuis le plant du paué iufques à kporte:où nous troùuafmes vn beaiire-
ppfeirdVn?feufepferrenoke5fipplj.e,qu'iines'entrpUue(ceçroy-ie) point de .
çhàcmefltirédefetvohpté, ~ ' .'.;"., '- ' ' ' ; ' " "
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{rda^J1. //Y v
-LiV.RESPREMIlER^Ê
POLE I 0\L
KATAÏHN
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qua tri efmevne feinte faulmpire enfermée en fe chiffe d'or. La çinquiefine le Ce-
cefpi te,qui eft lé coufteaii du fatrifice,-àvn long mâche d'y uokerondjioinct àl'al-
lumelleauecor Se àrgét"; Se cloué de cuiurc dî eypre:Seauec ce tenoit vn Pfefe'ri- -.-
culc , qui eft Vnpetit vafe dédié auxfacrificcsï La fixiefirie vn Lépaftc de Iacinthe, -
autrcmét Calice,pfem d'eau de fohtaine.Là feptiefmc vne Mkrc d'or auec fes'pé- -
tis de ciré vierge-,- qui n'auoit encores efté allumé. Chacune ànoit vn chapeau de *
fleurs enfâ tefte. Ces filles eftoienthiëh-endoétrinees dccc qu'il côûcnoitfàireau
fer uice diûin,expértesren facrificës; ferupuleufes en ccrë'monics,SS finguliëf ëmét*
bieninftruiet.es des inftitutipns Se myfteres an tiques. En ceft'ordrë elles fepré-' 1 s
leufe déuotion l'vne des coiffc5-,qu'elle mit en là tefte,puis la riche Mitres Sé'àpf" es t -;;
1'vnc des aumufTëSv L'autre auec k coiffe qui eftoit demource» fut pour k Nym- -
1M:
'-LITRE PREMIER 'DE
.rQuand elles fe furent ainfi atournées fur lebord de la cifterne,- k Prieufe me fit
, approcher. Puis auec vne clef d'or , -elle ouurit le couuercle auecdéuotion bien
: grande , Se cérémonie nompareille. Àdôc la ieune religieuse bailla le cierge qù'el,
letenoitjà celte qui auoit rapporté la Mitre,, Seprintle liure , qu'elle ouurit en
,toutereuérence,pour 1e tenir deuant la Prieufe, qui commença à lire bas en lan¬
gue Hétrur.ienne.Pçu après.print la feinéte faulmoire,fur laquelle fit plufieurs bé-
:,nédi6tions facerdotaleSjSe ainfi-la refpandit dans la cifterne. Ce faiételfe comman-
. daqû'on aliumaft le cierge pu flambeaude feNymphé ma compagne .-. Se fit tour-
41er k flamme contre bas fer 1e milieu de la cifterne,, interrogeant la.-Nymphe en.
cette maniere:Ma fille que demandezvVous?M.adame (dit-elle) ie demande grâce
pour ceftuy-cy (crime monûrant) ôedefîre que nous puifîions aller enfembfeau
-benoift Royaume delà grande metediuine, pour boire en fa fainéle fontaine.
Quoy en tendula Prieufe fe tourna deuers moy, 8e me dk;Et toy,mon fils/jne de-
;
itittd.Ie profetay par- trois fois cesparoles après elfe en propres termes,Se en mef¬
me cérémonie:puis à chacun coup les filles religieufes refpondoient. Soit fai$.A
.kdernierefbisîaPriejtifemefeitplongerfeflambeauenkcifterne. ----
*** "
; . P/OLIPHILE., * ; ^
Tefaia,eîfeprintfe.pré.cieux Lepafte delacinthe ,'&le 4ëuaUa dedans ce
creux,auec vne corde d'or méfiée de foye cramoyfie Se verte , Se en puyfa de l'eau
beneifte,qu'eifepïéfentaàlaNymphefeule,qui en beut en grande dcuotion. In¬
continent k cifterne fut reclofe Se recou uerte par la Prieu fe laquelle fe m ek à lire
deffusccrtaines oràifons,exorcifmes j8e adiurations:puis cemmanda à k Nymphe
qu'elle dift trois fois deuers moy tels propos; La grand .Déeffe Cytîferée vueille
exaucer ton bon defir:8e par fagracè me foîMfauoiable, quefon fils fènoiurrifFc
- en mon cceur.Aquoy fes pucelles reîigieufës femblablement refpondirenr. Soit
fai'él.Gemyftereaciieué, la Nymphe feiettareuéremment aux pieds delaPrieu-
fe,qui eftoit chauffée d'vn Sendal tiffu en fil d'or : mais aile k feit incontinentle-
>uer,la ba-iiànt ahnabfement.Adoncelfe f e va tourner deuersmoy auec vn gracieux
vifagepfeindepiteufeaffeéliontSeeniettantvngrand foufpir du fondsdefapoi-
r.trine,feprint à dkedVlon defiré Joliphile, voftre defir excemfiSc amour perfëué- _
-Tante, m'ont diftraiéte Se féparée dekcliafte compagnie delà Déeffe Diane, Se fi¬
nalement contrainte d'eftaindre mon flambeau; Et combien que iufques à pré-
' fent vous ayezfans quelque certitude préfumé que i'eftois çelfequefefuisjià foit
que ne me fois déclarée, fi ne m'a ce pas eftépetke pëinp , de. le tenir fecret , Se fe
celer fi longuement.'Ie fuis cette Polia que vous aymez4e fi bpn'cceurrSe confèf- :
fe qu'il efl plus que faifonnable qu'vne ugrande Se tant ferme amitié foit recom-
pcnfée de bien-vueilknce mutuelle. Parquoy me voicy appareillée de donner fin
à vos dotilQureuxfoufpirs,reméaier à vos grieues langueurs, complaire Se partici¬
per à vos amoureufes pcnféeSjdefirant èfteindre par mes: larmes,Ifembrâfement
de voftre cyur affligé ., Semourirpourvous s'il eftbefoin:pourarresdequoy, en.
hoftagedemonamouiyievousdonnecebaifer. Difant ce mot«lle m'accolk Se,
baifàttèfeftroiélemen^parvne douceur finaïfue, que de Ces yeuxfortoient peti- ""
tes larmes rondes en forme de pe.rles.Son parler fut lors fi courtois , 8elebaifer
tant faUoureux,que ie me fenty embrâfer depuis ktéfte iufques aux pieds,Se fon-
. dre quafi tout en larmesmieunes le ceur de la Prieufe, 8e de fes relîgieufes , en fil-,
rent tellement attendris qu'elles ne fepeurent contenir de larmoyer.
ïij
LIVRRïPREMIERs, 0Ef
?h#tgik% quenonobftant qu'en toute k chappelle n'y euft tefteftre ny ouuertiire -, fors les
î.*aVYli; ai" portes,clfenéâtmoins en eftoit cîairemét enluminée, par vnfecret de nature à'no*
'' -'- incogneu, Se n'en pouuons,dkc autre chôfefinon que kpierreportefenô defen
effè^t.Deux de| religiëtifes par 1e commandement de la Prieufe apportèrent l'vne -,-
îrnelkvafe deux Cygnes msffesV propices aux augures,Se vne Irnelfeplcine d'ëâu marine:& t
iefecrificc. l'autre deux Tourterelles blanchcs,attachées par lés pieds à las de feyëcramoifîe,
' fur vne corbeille bien garnie de coquilles, Se dé rofes";" qu' elles poferent déiïote-
#ment fer rAnclabre,tabîë des facrincès qui eftoit auprès de là porte d'of: puis en¬
trèrent toutes enfemble dedans la chappelle--. I'auois fôuffpurslës yeux fermes Se
fichczelT mô ebiecf fans varier.Se vey que k Prieufe çommâda à Polia qu'elle s'a-
genouilkft fur le paué faict de toutes les efpèces de pierres prëcieufes' , taillées en
-ubfejSe affemblées d'ouurage raufàiqûe,en fleurs ifruiéts, fueillages , Se rameaux*
^ ' * -' -._ '^OLLP'H'ÏI/E, '"' -> ^
^ntrelaffezâucedeswfefe^
Se tant eftoit ce pauc k poly i\qu*il fembloit 'double à ieuxlqui eftoient hors lé
pourpris de la chapelle.
Sonsirextrêmitë ou bori
du baffin côme pourle fok~
fténir» eftoient appliqua
quatre belles anfes aux quj.
;trecoftez,affifes par .égale '
-.diftâce ferla faillie dû Tro¬
chife, .auec vne volute ojj
rouleau qui for toit en dé-
liors. L'anfe mqntokenfe.-
renuerfant , iufques au def- .;
fous du baffin-'s, ou. elle fe r^-
plioitendedans.Ce Ifelou».
urage eftoit tout d'vnëpie-
;ce, , d'vn -lafpe dcdiùerflf.
couleurs , parfaiéfc en fc'A-
pture , -nonv.de marteau ny
de cifeau, mais pratiqué pat
vn artquino' eft, incogneu...
(Depuis le plinthe de mar¬
bre iufques au piilier , y a--
-uoit vin e coudée de hauteur
Se autant en auoit iceluy-
, piilier- de longueur: le de-
ie me dédie Se confaere en fon ferai ce 3";-afîn que mes vtux , prières , Se fgcrifîcei, 'ElîphrofîY- -
ne/plai'/k J
foyent reççuz engréde fà majefté diuine, fî bien qu'elle vfe en mon endroit d'vne oudêled&yï
affëétion matërnelfe,commeelfefaiélà plufieurs autres-. Cette oraifen. firiie,fes
reîigieufes refpondirent toutes en chantant. Soitfaid. Gëpendanti'eftoisauffià
genoux dé mon cofté,Seàuois bien oay le tout , à raifon que toufioursie m'cftpis
rendu ententif à cttrieufement confidérerecs myfteres décorez de cérémonies ;
nëfte façon de faire de Madame Polia qui fe monftrok ainfi d-éuote en ce grand:
&,folemnelfecrifice:doiid'attendoi^curieufemen£l'yfluë , pour veoir quelle es
ppurroit.eftre..kfin... y . . ' "" -'
LIVRE 'PREMIER DE
pbllA OÎTRIT LE S DEVX TO V RTE ÏÏB t tt Ê, E f"
vn petit Angearriua : parquoy la Prieufefeitfionoraifionà la Déeffe Vénus:
fuis les rofesfurent effandues,& deux CygnesfacrifieXjfw la cendré defiquels
jcreut miracukùfiementvnRofier plein defleurs & defirmcl, duquel
Poliphile & Polia mangèrent. Après lefiacrifi.ee ilsprinàrent con-
o-é de la Prieufe: puis vindrent à vn autre temple ruiné: la
fa ckrté,commed'vnefoudrecréé«d'eau,deféu,denuéefSedevent.MaiskPrieu-
ie prenant garde à moy,me feit ligne que ien'euffe point de peur,&queieufemëts " ,
Si enl'autre vne fiêche,eftincelknt de feu ardant.Sa tefte eftoit eouuerte depetity" " r
cheueux d'or,crefpes,Se couronnée d'vn filet de'Diamans; Il Voleta par trois fois i
. l'entour de l'autel,puis à-la troifiefme il s'efuanouk,8e tourna eniiim ëe ,.. tant eue
ie le perdy de veuë,Se demouray trembknt,& grandemènf penfif, voyant ces cho~ -
Ces mkaculeufes,Sevnevifion tant admirable, qui m'aupît (pouVcertàinjirempIy'
d'vne horreur déuotieufe. Peu après laPrieufe les feit toutes leuer, SeTéprintàliY '
re dedans leliure qui eftoit tenu ouuert deuant elleparkpetiteNouieeJLa feinte:
Dame portok vne verge d'or en la main , dont elle Commanda lors à Poliaqu'ellei,
affembk k cendre demourée du facrifîce,, Se la-meift en vn crible d'or >, apprefté-
pour cefteifed:cequ'elfefeift,Se'kci'ibkfur fepremier degré de l'autel, ff pro¬
prement^ en telle difcretion,qu' elle fembloit eftréîlée à eeft. oflice.Quand cëlfe-
cendre fut criblée,k Prieufe luy feit efcrirè Sepourtraire dedans auecfe premier
doigt 4e fa maindextre, certains characteres àla forme de ceux qui eftoyentaw ' -,
:; Puis rJëABft vn rameau de Rue, qui iky futpréfenté par fvn e de fes mimftrefs; .av
-'rès
y. auokefté trempé en k cruche de Iacmtne,& mouillé en la liqueur-dont- Ppi-
.i as'eftoitlàuéfevikgé.'Elfeenarrofatouteslesi'eligieufesv& fembkble^
tau*
' 'puiflent pariienir à k fin ordonnéëde tesfaints fàcremens,Se accomplir leur vosu, *
par le moyen de mes interceffions/qui fuista déuote religieufe, àdmiîiiftranttè»
discrets myfteres .Exauce mes prieres^mere de naturescomme tu exauças iadis.,cel-
îes de.Pygmalioi^,d'Hippomànes,Se d'Acontkis.yueilfes leiir fauorablemertt filb-
'<aenk,ayder,$e fecourir par ta naturelle bonté ,4e laquelle tu vfas ehuers ton feu-
lie berger qu|nd il futbattupar le violent Mars efpris de ialoufie.Et fi no^prlet-ës
îie font dignesd'eftre adrnifes-en ta diuine préfenee., fais que tonamoureufe bon-
,téfupplée'mifériçoi4ieufementànoftredebifeëffëct:carilsfe font liez Se obligez
a toy , eninfeparabfe fermeté decùr & de volonté kréu6cabfepreftsd'ob.éyr,8e
diligeris à feruir,curieaxd'pbferuer Se entretenir tes loix.Se commahdemcns,fans
iamais les enfraindre , ny aller aU contraire ;-»à-tàut le moins ceft efeuyer qui s'eft
-4e long temps réfolu Se toufiours porté vaillant foldat fous ton enfeigne. Au re- :
i^ard de cette ieune Damé , qui,à tout maintenant faiél expreffeprofèffioîiÊncé '"'"
.yiieu., ie penfe eftre affeurée qu'elle à grande efpérance d'ii^é,trer&: obtenir ta -
fainéte grace,ayde,Se faueur. A cette caufe faifant ihterceffionpfur eux,ie te fup-
,-- plie par les flammes dont il tepleufteftreembrâféeàroccafiondetonamy Mars, -
partonmaryialoux, Se parla puiffance de ton enfant rebelle , qufviuent tous .-
:^r:
c . Y
^ I
LIVRE PREMIER DE
Après la Prieufeprint les rofes auec fes coquilles de mer,. Se fes fema fur I'au-
t el,mefmesautour du chandelier,en fouueraine reuérence: puis verfà dedans vue
coquille, de l'eau de kmer qui eftoit en l'Vrne,& en arrpufa tout 1e lieu. Ces rny-
fteres paracheuezles deux Cygnes furentfàignezfur l'Anckbre, auec fe coufteaiï
Gecefpite,Se leurfàng mis parmy celuy des Tourterelles , dedans fe Préféricule
d'or:Se cependant les religiéufes chantoientcertains refpons: mais k Prieufe li-
fent à yoix baffë,commanda queles Cygnes feuffent fàc'rificz ,-Se bruflezen këa-
pellej,k cendre amaffée en vne boefte , puis iettée dans l'ouuerture qui eftoit fous
ï autel.Après elle print le vaiffeau où eftoit fe fang,Se y mouilla fon doigt, & figura-
fer le paué denantTautel quelques caractères incogneus. Lors elle appella Polia,&
luy fëît faire fe femblablelcs religiéufes toufiours continuât à chanter leur ferui-
ce.QuandPoîia eut faiét ce que luy eftoit enioinc~t,k Prieufe Se elle kuerent leurs
mains du refte dufang , parce qu'il neleur eftok loyfîble de toucher autre chofe..
Puis kieunenonain leur bailla de l'eau pour les nettoyenSekreçeut en vn Sim-
pule d'or.Ce faictjla Prieufe donna charge à Polia,qu'elle print vne efponge vier¬
ge^ en effuyaft les characferes qu'elleauoit faits fer le paué , Se tout foudainj'al-1
laft efpraindre en k kueure de leurs mains. Eftan-t cette chofe accomplie,k Prieur
. fe pour la tierce fois feit profterncr toutes fes miniftrcs à terre, Se comme trem¬
blant defrayeur , ictta cette eau fur fe foyer du fàcrifice, qui eftokencores chaud.
Lors fe profterna elle mefme:8e ne fut pas pluftoft en clinée,qu'vue fumée fe va le¬
ver de cette causSe monter, peu à peu vers. la voûte:dont touten vn inftanfla terre
POLIPHILE. §o
commença a ff embler.s'cfmouuanf en l'ak,Se dedans le temples tourbillon d'o¬
rage tant efpouucntable, qu'il fembloit proprement que quelque groffe monta-*
gncfe fuft précipitée enk mcr.Durantcela , les portes Se fençftres s'entrcheur-
toient l'vne contre l'autrc,de telle impétuofité que le bruit reprefentok vn grand
Connerre,ckufé par vent enclos dedans vne cauerne fans yfluë.
Si ie fus effrayé de mapartll ne s'en faut point efbahir. (Car pour certain)ie ne
feauois que fake,finoninuoquer de cour déiîotk clémence Se bôtédiuine: d'au¬
tant que i'auois perdu l'viàge de la parole. Ce bruit horrible vn petit appaifé, i'erîi
1 tr'ouury les yeux Se vey que l'autel fumok encores, mefmes que la fumée fecon-
uertiffbit en vn rofier tout verd,multipîkntfes branches , Se fes eftendantpar tou¬
te la chappelle, iufquesau plus haut delà voûte. Il eftoit abondamment femé de
rôfes vermeilles entremeilées d'vn fruiét rond,,5eb.knc,vn petit coloré de rouge.
Sur ce fruitier apparurent trois colqmbes,&fcertains autres oyfeauxvolans , qui
fàuteîioient de branche en branche,iargonnaçs doucement leur ramage: parquoy
ie préfemay que k Déeffe fe monftrok à nous en telle'figure , Se comme par vifiô
diuine.Adonc la Prieufe feleua de terre, Se en feitfeuer Polia: qui. me fembk plus
belle fans comparaifon que iamais n'auoit faid auparauant. Toutes deux m'appeî-
]ercnt,Se me feirent entrer en la chappelle , ou ië m'alky agenouiller dSuant 1e ri¬
che autej, au milieu d'elfes. Adonc la Prieufe cueillit trois de ces fruidsinkacu-
îeux,niangeafe premieiyaie donna lefecond,Se le tiers fut pour Polia. :
-.".'. V iiij
4
LIVRE PREMIER Dr
- îëjn'en euspas fî tbft gouftë,qu-e tout feudàik ie me feritk recrée , refrai chy, Se,
renouuelîc es mon entendement, voire mon cqur fut emply du .bien d'amou».
r.eiïfelyèffe,m'eftàntauenuneplus. ne moins qu'iceux qui fe plongeant .en l'eau-,,
fermen;tlabouchc,8e retiennent feurhafeine , puis eftans retournez deffus, hu-^
menÊ-fe.ye:iîtpa.r grandç.affeélion. Ainfî (certes) iecomtnençay à brufler en flam-
imesplusamoareufes que deuant,Se auec vntourmëtadoucy, pour eftre(aumoyé-
de cemkacfe) transformé en nouuelfe qualité d' Amour, cognoiffant éuidcmmêt,,
&;fe»ta:nt pareffc£t,d e qu.ell e efficace .font les grace's,, d ékDéeife,Vënus,8eqiieU
lërecompenfe'acqîiiefeefentçeux qui conftammentperfeûêrent en fpn.feruices,
mefmes comme àk fin ils pâruiennentàk poffeffion de fon: Royaume referuf"
au^ç bien heureux.Après cette refectiondiuine,l'arbre fedifparutincontinent: &:.
.pai -ainfi fut fe facrificeacheué,Lprs toutes deux defppuilfereht leurs ornement
:
-lui- Retenez mes inflr i-fiic is, -x vos affaires en.auront toufiours meilleur fuc-
-
profpére yflue des trifteffes paffées! Mon cour ne me tient plus en doute i voicy /
' maintenantma chere.Polia, qui eftle bon Ange de mon efprit , dont iefuis tenu h.
. k grande Déeffe, Se pareillement à ma Nymphe, delà démonftratiand'amour Se ~.
ckmCjVoirepius clairs que deux luyfàntes cftoilles en l'abfence delà Lune. Adôc
me prenant par lajnain,elle me diét: Mon- amy allons vers ce riuagô:.car i'efpére f ;
. ment,fcitué près d'vne grand foreftafur le boi4.de k mer, au l'on voit encores cer¬
taines grandes maffes4e.mutailfes,8e.ftruétures de marbre, enfeignes& apparen¬
ce d'vn beaunoule rompu Se démoly, auquel fouloitiadis y auoirvne belle mon--
tée dedegrezpour aller au portique du temple,qui par longueur de temps ,"moy-
fîffure Se négligence , eftok tombé en ruine. Iàeftoient encores tout en vn mon? -
ceau colonnes,bafes,chapiteaux,architraues,ftilobates ou piédeftals,Se autres pie- v
cesde marbre 8edc bronze 4e tontes fortes , faites de fonte, couuertes de Chrifte-;
marine,d'Abfinthe,4e Caly,4'Erynges,4e Cachile,de Roquette,4e Myrfinites, & : I !
grandes^e meruçilleufes,comme eile.eft ranueifée en. ce grand tas de pierres bri,-- ' '
fées Se desfigurées,.de for te que le tout-ne feroblc finon vn tertre raboteux : '&:
néant-moins ce fut iadis vn temple grandement magnifique , à-i'entour duquel aut
temps qu'il eftoit en eftat,fe tenoient les foires Se marchez , eà,venofent tous les; y
an^.innumérables,rnultitudes de -peuples de toutes nations. Se y eftoient célébrez ;_
plufieurs manières ie ieux Sepaffetemps , Ci bien que pour l'excellence de fi -ftru-
cfure,Se pour l'abondance des kcrifices,ilfutgrandement renommé-. Se déuote.
mentvifité;Maispourcë que fà magnificence eft defcheuë ., vous 1e voyez a cette PoliândriSw"
heure défer^Se gifant enxuine.Il fut antiquement.âppellé,PoliandrionjÇonfacréÀ fep«^hrev_
P.lutodieu4esombres:8e pourtant y a grand nombre de tombeaux ou font enfe- de?-a sums
aelisceux qui par importunité d'amoufmalheureufeontjniferabfemétfiny leurs.;
.
- /
' Là nous affifmes fur l'herbe fraiiche & fscurie.'Adonc mes ytuxfe retournèrent
à contempler la grand' perfedionSe exceilécc de beauté de ma compagne, fi feien
qu'ils ne trouuoient plaifîr ny contentement en autre obiect;Pârquoy rxioncàur
recréé d'vne ioyefecrettc,kiffatouspenfemens bas Se (impies fantafies , Se mon
cjuendements'efleua à confidérer fes vertus admirables. Toutesfois il aduenok
par fois que ieretournois à confidérer lafittutkmde ce lieu; belle (certes) Se défeY
' ' ' .X ij,
LIVRE PREMIER DE
,&able. L'air eftoit ferein 8e profpcre,lcs verdures pkifantcs,icî petits coftaux otn*
iragëz de boccages, enrôlez de fontaines Se ruilfeaux coulanspar k bellcvalléc,
Cordée de tous arbres fruidiers,Les Vensferendoycnt gracicux,k terre abonda te
Se fcrtile.refonnant du chant des oyfeaux: fi que i'euffe quafi pcnf é que c'eftoient,
ies champs Elyfées tantrenommez:car les beaux champs&fleuue de Theffalfen'y
font chrîcn à comparcr.Ce nonobftant mes yeux eftoyent toufiours arreftez fur
smacoimpagnc,fanspouuok les addrelfer ailleurs, ioint que mon entendement ne
s'occupoit à autre chofe , Se ne fçauois en quelle partie arrefter ma veuë , pour la
iplusbclle Se déledabfe. Si eft-ce pourtant queie regardois volontiers vnepetitc
vallée affife au milieu de fon fein entre deux mammclles plus rondes que pom-
mes,Se plus blanches que flocs de neige, voire (en vérité) plus fomptueufes que k.
fépulture du Roy Maufolus:po^rfemoinsilmefefemblok3pource que là eftok
ie defir de mon ame.Aucunesfois elle iettoit fon regarddeffus moy, Se ie lefentok
courir par tout mon corps,ainfi qu'vn efckk de tonnerre,tellement que fen frif
fonnois vhelieure après.Cekpaflé ie recommençois comme deuant , preffé d'vn
defir infatiable par amour afpre%e importun, difant ; fans remuer les leures , pîuy
ifeurs paroles de pkeufes prieres,fondées fur raifons vray femblabfes, parlefquei-
jesiedemandoisce quim'euft rendule pluscontentdumondc,quci'obtjenoisea
imagination, Se me trouuois au milieu des threfors de k Déeffe Venus, y defro-
î>ant(ainfiquefekMcrcure)lesioyauxde nature abondante. Mais (hélas!) ie me-
trouuay attaind partrop au vif de cette maladie contagieufe, affiégéparkmere
4iuine,8eaffailly defon filsle grand boutefeu,indiffblublement lié Se englué, fous .
J'appaft de deux beaux yeux eftinccllâns à merueilles : àquoy neferuokde rien,
faire effort de m'en retirencar c'eftoit y entrer plus auant, Se ià n'eftoitplus en ma
puiffance de réfîfter aux penfemens diuers,veu que la patience eftoit prefque vain»
.;Cuë.Sidelibérois-ie(enquelqucfortequecefuiî) 4'efteindre cette ardeur infup-
portable,Se mettant tout fage confeil en arriere,tenter ma Polia d'vne belle auda-
cc,luy voulant néantmoins dire en voix humble; Madame, i'eftimerois le mourir
pouxvous,à vne louange éternelle, & me feroit la mort (àmpnaduis) tollérable,-
aggréableSe glorieufe. Ce di-iepource que mon ame eft oppreffée- d'vne ardeur'
trop violente,kquelle augmente inccfïàmment , Se fe renforce dans mon cur
tant que ienepuis auok vne feule heure de paix nyderepos.Ie penfois bien par
* cette voye donner fin à mon grief martyre,mais foudain mevenokvn autre con-
fcil,qui difoit:Qu_e feras-tu Poliphile? Penfe vn peu qu'elle fin eut la violencefai-
£ke à Déianira,à Lucrèce Romaine,,Se plufieurs autres Dames tant renommées.
Confidére que les Dieux ont efté fouuent refufez de leurs amours terreftres.Qu?
doit donques faire en ceft effet vn.epauure fîmple perfonne corne toy ? Reduy,re-
4uy en ta mémokequetout long «temps vient à certaine fin", au moins à qui le
peutattendre:voirequeles Lyons Se autres belles fauuagëss'appriuoifent parcô-
tinuation mefmes que lepetkFormy endurcitle cheminpour y pcfferjfo.uuentes-
f ois:parquoy à plus forte raifon vn efprit célefte caché en vn corps humâin,p"oum.
bien fentir quelque petite eftincelle d'Amour, Par cette manière approuuant & ,
tkfmant mes opinions,ie merëtiray de ces fantafies ennuy eufes, efperant parue-
nk au fruict de ma longue quefte , Se à la fin triompher de k vidoke acquife par
ma patience,mefouuenant auffi des fainctesoraifonsSefacrifreesde Pôlia,où elle .
auoit faid fpécklie commémoration de'moy,Se eftaind fon flambeau ardât pour
gratifiera fen Ppliphile.Iepenfayqu'il eftoit meilleur Se plus feur d'attendre, en
fouffrantvne heureufe(bienquetardiue)recompenfe;obtenantk perfediondt .
«ion defir,quepar importunké périlieufe acrroiflre ma peine, perdre i'efpérancç
POLIPHILE. î %
-çonfe pour raduenîr.pojk s/appérçeut que fe'çhâng«pis ttop feWïçat de coufeur^
&mc veitalferé,troublé,& quafihors d'afefee,feufpirant coup à coup 11 fons des
mappkrine:pour à quoy pbuier, elfe mefetta vn doux regard , qui chajfe de moy
toutes ces cogitations impétuçufes, tant que de làenauant mon ame fe mainte*
nok en efpcrance plus tranquiile,parmy les filmes de l'amour, comme'fe Phqjnix
quifebniffeafindeferenouuellex. " ;
n
POLIA PERSVADE À POLIPHILE .-D'ALLER, A V
Temple defiruicl:,veoirles Ëpitaphesantiques^u entre autres il trmualen peintu¬
re le ramffement de Proferpine: & comment en la regardant , il eutpeur
i 'auoir parfemblable malheur per^u fia Dame: parquoy il retourna
,. - to.utefi>Qumnté. Après vint defienxùx je dieu d Amaurs,qm lés j
X Mj
LIVRE PREMIER DE
- Que i'interprctay en cette forte. *
- - C'tftt 4 dire.
Atidwin Iule C&fiar toufiours Auguftt, de ttutblé Monde,gduuernempomlaclé:
même defen courage & libéralité, les Egyptiens de km deniers communs^ ont érigé.
En la face du e.oftédroid,eftoient cesautreshicrogliphcs, à-fçauoir va-Cadu,
cée ou: baguette fur laquelle, deux Serpens s'eftoient entortillez.; Deuers le bas
d'vn cofté Se d'.autrc,y auok vnFormy, qui croiffp.it en Eléphant: Se deuers fe haut:
deux Eléphans, qui. déclinoient en Fornîy. Entre. fes deux d'vn coftë y, aupkyjk
^iffeau plein de fcu,Se entre fes autres deux,vn comble d'eau.
Dont fefey l'interprétation telle,.
Cfe
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-POftlPlHXt-t»- »T,
M I LIT-AIU S PR V--
DE NT TA S'EV, L\I i fl-
PLINA IMPERJÏ\EST
t E'^A""e.-fc$:s.i-U'>' M;
.JINCYL^M^ ';;?V^
"\>_^.>f:Si-^ifian.t;;''>-','v<YA,i "
\ Zafrudevcéà-ièdftiplinfiptîlifi^ \y
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rdire , eft le-, tr.èsjort lyen àstfEmfifi.... \.!'HiY* ".
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4* . ', LIVREE PREMIER ;DE \ " ; .'
La magnificence de'ccft obélifque me Feit çonfe^trrërqtt'-iln'en futpnccuies
Tporté vn tel àThébes, ne femblablement à &ottfe«Patqaqy quand ie fus arriué de,.
uant 1e premier front du temple, ie tiouu*y',q»e le poftiquç eftoirabbatu , 6c le
. portailallé de -mefmexar ietrouuay à ufespîedsyhe pièce del'architraue, enfern.
14e vnepartie dé k fri.Se cprnicheJ/cv^me kfçkcontempfer longuement : Se
wouuay en icelfee rrizeces
frizéces mots graujé&wei&resj^tmes*
mots gtatfé&miettres j^itmes. Y- \ ; .. , , . -.^ ,
Qtùpgnlfie y
Dédiéaux Dieux infernaux. , , - '
MMiif»^ m}mm<Mmmù£lPfi^^
pTUTEIOlOP h OTOHrTRTGOPORI
pTCAR,AEOXORJPR.OSEkPIHAE
_: f
| XRJCIPlTl QjCERJBERX) i
Jl
' Qui veulent dire, Y ,;
menu,que l'on n' euft pas veu à vn pied loingdc fey .A trauers la roche il y auoit
Se
plufieurs feufpiraux de feujCÔmepetites bouches de fournaifesiSe de l'autre cofté -
elle treuuëfon cofitrake,venant à eftre agitée par force , fait tout fen pouuoir de
fortkjSedefaidelleenfoftefckttantparles voyesqui luy font plus ayfées. Cer- ' y
teskdémonftration quela peinture nepouuokfake d'vne chafe,eftoit affez fup-. " >
pléé par l'autre. Dedans cette cauerne eftok îigurél'enfer,cios d'vne vieilleportc-
r©uillée,Sefaidegroffement:puislàauprèsaufonsd'vncretîî;,eftoitfe!chienCer- YY .
l'eau gelée-, fe haftoyent de fuy r cette pénible Se mortelle froidure : Se tant fe tra- ;] r y
Qailloient qu'elles gaignoient finalementle bord^parquoy elles penfoient d'eftre L r (
efchappées.Adonc fuyant cette infernale furie, elles couroienç àtoute impétuo- >: 'fi ,
iânt l'vne l'autre,k plus grand part en retombok dedans l'abyfme, Se lerefte qui ' ' .
efchappbit, entroit dedans vne cauerne,oùfe trouuok l'autre Furie nommée Me- vteo-efe'îiaL
gere,qui les gardait de ge précipiter auke brûlant où elles defiroient aller: à i'oç- ne priuauô,
cafipndequoy elles eftoientcontraintesdefefauuerfurlepont. Telle Se fembk¬
ble cruauté detourmens,eftoit auffideuers l'autre partie: car Aledo k defpkëufe Âîeâo.&ns
-auffi fille d'Achéron Se deknuid,cmpefchok que fes âmes condamnées àkpéf TePos-
.nédufeu,nefeprécipirâffentdedans fe kc- gelé:dont en courant comme les au- Aclieron,,
~tres,Se rencontrant cette Hteible furie, fi^onuantées de fev.euc , elles eftoient - . '-
tafeher par toutes voyes de f-e précipiter au lac gelé:Se celles qui eftoient dépu¬
tées àkfi'oiduretrencha'nte,s'efforcerpar.toutesyvoyesd'enu-er aux flammes in- -' " .
b-
LIVRE PREMIER DE
' - ' PoniPHLLiE; I y 88
,Les couleurs de ce tableau, eftoient fi >rtiftement mifes , Se fesaffedicuis tant'
parfâidcmcntexprîmees,qu'iIeft(cecroy«ie)imppffible1dcmieuifake. '' ;
S"
LIVRE PREMIER. DE
Auprès delà ily auoitvn petit autel.au frontduqueleftoiteferkcnlcttrc*;
Latines..
AraDeuminfiernorum. , *
Y - ï .
Viator,hicdefâmLaodiaïn Pu-
bliam infpïce: Eo quod xtatem
iuamfraudauerat, abnucrâtque
contra p'ucHarumritum , iùlTa
Amoris; femct expes gladio in^ S
terfccit. '-*-.
>
Utt^gMOM
Quand fe fus par ty de ce lieu, ie trouuay entre les ruines , vnepierrc dëmarbf e-
feulement rompue envn endroit,mais entière en k plus grand' partie.
Le milieu eft oitfaidcommc vn nid à voûtt,fitué,entre deux-qûadrangles a cha^
cun defquels ily auok-vhe ouâle affez longuette .ven l'vn des coftez -de laquelle'
eftoit figuré vn D,vn mafque. Puis en l'autre du coft é gauche vn M; auec vn autre
mafque. Le ffontifpice ne môtoit pas <îu tout In pointe, mais finiifoiten vn quar¬
ré toutpk.t-j fur lequel ie pofeis vnvafe de cuyure fans couuerture , plein de een-?-
dre^ainfi que ie peu coniedurerjaaec telleinfcription..en fon.milieu*.
'defiïiki'
oliphile;
rAAnmr4FmUa,fiUemcomparable,imkamce de Didorféstrifeesparms -
': ' ontbafiycefiépalchre.. _ '
Près ceftùy-ÎSie vey encores vnautre^bel Epitaph'e graué cnpiërre dé Pprphitep»
gifanten.terie,fans aucuns ornemens,brifé aux deux coftez: qui me feit préfumet.:
que ce auoitefté quelque excellent chef d'euure. Il eftoit. enuironaé de Koquêt*-
tecreuë.auxermkons;Sc4ifpientcssle.ttresi~.. " . y ' "
--. - - - ~-T - -r--r ^ *fc . .,
_ 7
LIVR3.PREMIER DE
TTOMiilHillilIllilIllïïMn^^
' Âmongkdiateurdel'amourduquelextremem
«comme morte:Mais après (ô moy miférable!) que i'eux efte fouillée de fen%
fin qu> E . Annius facrifiant facelauer cette fàinde bière de fang de/Tourterd
les,qu'ilyakXLIX.torchesflambantesde plufieun filfes efcheuelees pleunm
tes par les'funérailles , Se qu'en fignede douleur véhémente elles facent ougi
leurs vifages & poitrines,contkniant ainfi vn iour entier autour dénia kpuiturc
. fin de ne rendre propice les Dieux inférieurs.Ceftaoniuerfaire feit rertereper-
pétuellement.Ie I'ay ainfi ordonné par mon teftament. ' _ f ^
Après auok diligemment feuces deux Epitaphes , ieiettaymaveuelurvn
beauhiftoriéàdemyrelicf.Au milieu delà face de deuant, il y auoit vn petit»
*el,8e deffus,k tefte d'vnBouc fauuage,,qu'vn vieillard tenok pat l'vne ^es cp >
' * Voulantdire:
" HraVÀeria^amyitblifur'toutes'femmesfkDku. Y
Fentray après en vne autre Tfibuneb'ou eftok le reftè .4' vnë peinture fàide en
mufaique comme kprécédenté,toutesfbis là'plufpart rompue & gaftee aufïï bien
commefe Tribune. C'eftoit vne Damequi tombpit dedans vn grand feu , Sc^'ë-
flokpercée d'vne ëfpéeà trauers le corps." A l'entour d'elle oii pouuoit yéoir
plufieurs piedsdefe,mmes,aucuns nusauec partie de la ïambe , autres cpuuers dû
veftémentjtûutle demourant effacé Se abbatu pàrlongueik de temps , au aaqyen,
des vens,pluyes,Se chaleurs du.Sol.eil.ParèilfementIe paué eftok démply...' La n'y'
auoit aucune efcriture,fors k moitiéd'vn Epitaphe brifé,rënûçrfe à terre \ pu e-
Aoitcepeudeieta-esbfeiirnalàyfées à entendre. .fi.. [fi .-/...":, 'Y -. .' ,r*
" [ -
HE V 5 ÏN S P ECTJ
'^AGlToQ^AES OLÀ^JÏ
infoelixregik
: amen: s ar ans
hospitisperegr;
memise.fam.a0
in'jfâvstqè
TOTOANATOT
BEBAIOTEPONOXAEN
v kj
c^^:i> * * .
LIVRE PREMIER DE y -
CtftÀdire*. . - ' '. ,
, i- .'- . ,,V bteure icfd effus malheureufe Royne hors dufinspar mwn.
Auprèsdeeefe^^^
te^ntiques,partieentferes,SeFrtiedéffeides. /; _ : ,:,;,-.
-- t i ,-flW r^fenulchrcs ruinez-pour allër-en vneautre;Tribune,ouapparoiffoit
Snfitk^pScir..^
prêslu/embraffantlc col*ll«baife doucement fon pprteur,fe corffofe Se l'encou-
EL Je animefonnageur. rentreffauxdeioye, E_nfiflnot«riuafînesaa,Kort.
Uauueté.VnLyon/^giffântfans y penfer nous affaut,airrfi que près:àmounr
nous nous entr'embraffamcs , Se le Lyonnous pardonne. -Effrayez nous entraun»:
en vne-barquerollequelamerauoitietteeabord,il yauoitvnpentauiron auec
' quoy nous vo'glfmes troisiows Se trois nuidsfans rien veoir que la mer Sele ciel,,
trauailîans l'vn après l'autre nous defennuy ons en chantant. En fin tourmente*
defamine mortelle Se défaffkns par continuelle difette nous nous embraffomeh-
' fans; HélasiLéontiatu meurs de faim:Lollius,difok,elleie me repais allez deftre- -
' Partant delà ie trouuay vn autre autel quarréj fur lequelil y auoit vne bafe rai--
de auec toutes fes moulures, Se deffus,eftokvri plinthe quarré auec.les retraites;
d-.vn-çomgà l'autre de k quatrepartie de fa largeur; , ainfî qu'vn tailloir de chapi¬
teau. Ces'coin.gsnefailloient point outre le pied de la bafe, .deffus kquelfeeftok
ppfe fe fons d'vn yaiffeau rond^n'excédant en largeur les angles du piimhesmakfe
Couche auoit autant dejargeur queie diamètre du pied de k bafe : le bord d'i--
4:11e bouche. fe repliokScrenusrfqlt .en dehors. Enk feëe;4fi deuant de l'autel-
eftpk.eferitt ' ' , '-....
- - ''""-. , jnfirnfy
\l ..***.
F OLIPHILE. » *
il '' K -
,sii n .- * ,-
7 (' ! '
.:.%. .
)Yr 'i'\
! . C. Vibius'aduleficemintemperatfy
ji, amorepercitu's VittHia Sex. pueiï&
jf gratifimx y. cju&d Ateri vitra tradi
j|- nonfuftineret cruentagiaS&fibimet
%}mortmcônficmit. Vix'tt ann.xix.
H *»*»/« ïiJ)icsw,Hdmfcïfmmo, :
-?>Y!fr
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LIVRE^P;KEMÎBR E>E
fragment de Porphyre,
auquel eftoient entail¬
lées deux telles de che¬
ual feches. Par le lieu des
yeux for-toit vue liafle
laffant deux beaux ra¬
meaux de Myrte, entra.
uerfez,Sefes Uoitfer leur
,- croifure. Entre les deux
- tefttes au deffus des ra-
niéâux , eftoit efeript en
lettre? Ioniques.
TIMOKÔTPHI AAP.
; | "'r-i'-'^^i'ïtfèftjjir^ Y
*i Y!^.-.- -'-y-fi, . | .-: -, ;
! ' ''^W'Tmto^'2^fP$^^' (.'."..'..'
' >v.tA,î\f'.- Y ,Va-^-3 r''-'-' !Y YC'A- -,:..., -'
7 Icmctrotiuofegrandement efmcf-
ueillé- de, h<, magnificence de tant de
-,
Ly4vdia Thafws
puclia'puer hïc s"û. Lyndia Thafiusfieune fille, ieunegar-
fine -viaerc nolui, fônjefitu icy. Laiffèïte n'ay voulum-
naori -malui At fe ure, mais ay mieux aymé mourir. Si tu
noris, fat cfc. . \\eficaisfilfufifit. \Adiea.
HH y y. l'auoiîyn :gran.|,epntcnt.ement|e
voir ces juin es tait gîoriëufesiSe àefi
îois toufiours5 trouuer' quelqùçitP""
ueauté': pàfquo fie m*,cn'àliôi<sTOU»'
lantpar ces monceaux de pierre, co¬
rne fait vne belle qui en paillant che¬
mine, cuidant trouuer plus auant c«
k vey pl^
meilleure paftuEe. Ainfi
fleurs grandespieces decolonnes , rç
d'autres entières,: l'vne ,4elquelles«
mefuray , & trouuay qu'elle auoit en
, longueur feptfois le diamètre de W
|>:ied,Auprèsdela eftoit va vieil fepuk hre fans denture: parquoyie regarday
* *>V--
-FOTiPiîiLEL 54
d^ftSpârfnecfepafleSé neveyfinpn dss-veft
ttifië^quimefëitp'ré&merque ce tpmbçàu
réè de Troy b-ek'Àêç , &' quëla auoit efté' mis en fépùlturefe corps4u*gran4'Roy mangeant
Darius.tbignant ceftuy-cy eftoit vn autre de Porphyrë^tâilié de bel ouurà'ge; côk- *a c "
uertde certains arbriffeaux qui cftoientcreux àlfentour, Seinferit d'vnbef Epi-
taphe.Son couuerclë éftoitçn poinde , feidà efcailles 4è baffe taille j. vnepartic
dùqkeleftbît4è.nipur.é.è:fur le cercueil ^l'autre gifoit..çrL terre fi. Se l'eferitore eii..&» y ^
fl-nirVp-'f!^
Ûeittëlfe *>;. r. -.'. '-::' '.) '.,?.,. f- ... .".--'.'- ... y ...* #
*
lTvre premier *de ;
f&couuert,iefuscurieuxdcfçauoircqu*ily auoit dedans: fi regarday par vne f*ent$
"4ucouuercle,Seyveydeuxcorps<mtiers:quimcfekcroirequefemonument,e.
ftok de Pierre Chernke, Ilyauoitaufli plufieurs fioles Se amftoulles de verre Se
de terre, auec certaines petites ftatuesfelon kcouftumeancienneSe façon de*
Egypticns,Se vne lampe antique de bronze, ardante Se allumee,pendante au cou.
nerclc à vnepctke chaine-Âuprès des telles des deuxcorps, eftoient deux petites "
coronnes,lefquelfes ie iugeay eftre d'onmais tant pour k longueur m tempSj(llIç
"parla fumée delà lampe, elles eftoient deuenues noires. En k face première du
.<offre,eftoient entaillez ces hiérog!yphes,fçauok eft deux mafques,Se deffus cha, '
cun vnceil,vnefuféedî fil,vnevieîllelampe,deux flèches, l'vne tournées eon,
trakede l'autre,vnmonde,vne femelle de foulier,des crochets,du feu,vn couteaiI
>vne mouche , deux brandons trauerfez Se liez par le milieu , vn coffre demy ou.
-nert,Se des branches de Cyprès fortans d'iceluy d'vn cofté Sed'autre,auec yniou^
^mfiurentpâ'rm'éyâinftinterpretex..
DIIS MANIBVS.
Mprs.vitxcontraria.Se.velociffima.quaîcundacafeat/uppeditat.rapit.con-
Tumit, diffoluit, mellifluë duos.mutuo fe ftridim ,Se ar.denter amantes , hic extin-
¤kos coniunxit. 7 "ccfkdirt.
7 . , y fiiAtXfiJ>VEYX INFË.RJ3VRS. ' V '
- WnffnWtttÀU >iegr trtfpromptc fui totttfiouliê yfuppéditeJ-auit,co^fume, fjrf^refiM)
-
lïVre-premiér "de-/...':"
O LecT-eur yvienicyiteteprie. Ce malheureux monument t'y appelle,®* aprèsie,
' requiers que tu lifies à quellefin tombe la volupti humaine. Cyejl la cendre de deux
. amansfefiquels iad'is outre mefiure embrafiexfie l'amour l'vn de l'autre,fie laiffans em¬
porter II'importmeperfiuafio de voluptéimmodérée, fie trouuerentenvn lieu défirt^
entre les ruines d'vn vieil temple deftruiêJ. Eftanslk& defirans ardamment d'ac-
'çomplir leurs voux4 Vénus la Déeffe^ Moy Lopidia couchée à larëuerfeie vey^n
ferpentfur vne muraille démolie , quifie youloit lancer knous. OrceffeJ<u>mon amy
Chryfanthesslieiie toy& t'enfiuy: car voylà vn horribleferpent qui veut nous-deuo-
rer tous deux. A donc il regarda en haut tout effrayé, & m'efçria.Ha Lopidia feuue
toy.laiffe moy mourir& réfifter auferpent. lenefuspnsfiloft leuée (helai) moy w"_
ferable, queie vey mon amy & ma vie Çhryfianthesy mortellement enueloppé , t& Hé
. trèfieftroiêlement des entortillemènTdé ceferpent, tant qu'il ne pouuoit defù plus >v-
mettray touts^a. coulpefur moy. Enfin défiefièr'ee^demnt tout le monde ayant pm-vn
, coufteauie mêle plante enïeftomac, &> mijerable iemefiuis donnée pom eftre éta* .
nettement auec ce corps enfeuelie enfin mnbeau. 'Adieu.. ' '
-
A yant feu la piteufe aduehture des deux pauures amans , ie me patty de cefte
place , Se n'eu pas beaucoup cheminé , que ie troUuajyne belle table de marbr*
quarrée,auec fon frontifpice,gifant à terre Se deux petites colonnes , vne de cha¬
cun cofté, entre lefqueifes dedans le quarré, autant qu'il contenoit de large,
eftoit taillé vn chapeau de triomphe, plus enleuéquek demy taille, i'efcr&nre'
eftoit tournée deuers fe haur.on y Jifoit encor esy ,. ' - .'7. '. ^"
».
P O L I P H*J LE. $6
;Potpriar
foin, cure.
li <
Q^quetnfo^qnivtenscifourmelire^ardetoyfiituê
(mijerable)que fans amour il n'y arien de doux. Mats en cerchant cefte douceur ,ie
mefuis inconfidérément perdu. Aafe amour enfut la caufe. l 'eftmsfiur vn cheual,<&
defirpk de tout mon cèur complaire a Diruipnieieunefille de parfaite beauté: le tom-
bayparfortuncimonpïeddemoûrantenVeftrierdontiefm trainé& iemourm.
£n kmain dextre elfe tenoit vrie couppe,cpmme fi elle euft vpuIu boire: Se <$$
l'autre portoitvnfeëptre, fes cheueux pendans fur fon col, Se couronnée d'vne
- couronnent y auoit vne autre petite couronne à l'entour de fes cheueux pendans
Se bief peignez. Au coing 4e k voûture 4e fonthrofne*il y auoit vnouaîe, de¬
dans lequel eftoit taillée vne tefte couronnée,ie vifage graue,k batbe longue, &
les cheueux entortillez: qui me feit coniedurer que c'eftoit la vray erefferblan-
cedefonmary,pourtraideaprèslcn*aturel,tenuëpardeux petits enfans volans*;
- plâtez fur la dernière mpulur? 4e k voûte: Se 4e leurs autres deux mains tenoièc
,vnecor4elettede ëuyuredoré, pendanteaii deflbusde larefte. En celle corde
eftoient enfilées plufieurs petites billettes 4e k mefme matière. Sur le plan del»
dernière corniche fouftenue 4es pilliers quarrez, eftoit vnplinthe plus large par
le bas que par fe haut,orné de fes moulures ; Se au 4effes vn ron4 de cuyure doré,
où eftoit enchaffee vne pierre noire Seluifante,ornée de tels charaderes.
E P O T OS K A IOÎTPON; , ,
.-'."' ' , - - " . ""'-:'- ..-'.' Y. ' Efo..- ' '' !. >'<-
www» tHlimmjIMÊÊn
- Il neme feroi^pas facile de dire quel contentement fauois 4e veoir des cnolé*
tant exquiies:càr i'eftois de plus cnplus incité d'en enquérir Se chercher d'autres;
Se me ;fembloit toufiours que ce queie trouuoisdenouueau } eftoit plus à prife*
quece que i'auois kifîé. '" . '
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Dontlê'fens'cfeïeî:
'miferablématt viuexjvos ans plus- longs cjUêle$nofins. 'Et- t'o-y lecteur, vfe les tiens en
ioye. "' - - ' ' ' ' fi .' ] Y - :fY- . '-
7î "' -7 ''-'Y'' '"'-V'' ' "y - -, - " - 7 y . "' .
«
- 'Lifant cette pkeufe âefcdniien'ue,ie ne mepeu.abftehir dèfbufpirenSc en tnur-
îiant ma v-éiiëji'en vey vn autre de marbré blahc,pofé'au milieu de deux colonnes,
Jtaillées furie maffif en demy reîief,auëc feufs baies chapiteàux,af chitraue , Se frô-
Ttifpice, dédans lepktfôris duquel y' àupit4eux tourterelles quibeuuoient envn
vaiflëau. -Sur fes colonnes regnofevnë voulte ayant l'arc vn peu large , diftribué
parquarreaaxàrofaccs^aifediminupiënt vëfs.Ilecentre,fuyuantk raifon 4e la ,
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. BafiimA ixorfiiSm emhmfôr»*i mihi iéfmU-,
ùfiimùùfilrymàt er'ëtemos l»£tu» relifuh.ex-
trembptrturLuielo ,immmfeffiuretur *lUm
fiemim iocuife ,-înfur^em âulclfmocm»erfi>4*
mtrefémhfério peéfuspfi. médium tmeBo.nec^
Hktnmfii&pu^BumAmmidtmertdihutrM^
Hh libérât eg* tnctrU infwttci <çr trépida Vit*
fipluv* auitfco.
- \ f ' Q^P 0 tlP, H LL-E,'^, ' m&--
Cettt mîcnmfemme qui m'aimok tant, ma laiffe des malh'eureufes larmes & vn
dueil éternel troublés ^extrême ialoufie^ayant opinion que i'euffe touchéauec vne autre
femme,fen tant -doux amoursourne, enfureur,elle s eft tuée,fe donnant ivn acier dans
lefeinïHéliulmafemme. Vourquoyeela l Mon cher mary. tu demis non feulement
Qfter?effe&:mahaufiïlefoupçonpwraffeurer ton amante. AdieUfoislibre de moy ie
me repofe déliuree d'vne vie incertaine malheureufe & pleine de crainte.
( Y ' ' , ,
V Y 'marâtre nature.
- ' .mère nature,
' ' .. . .
le m'addreffay après à vue autre Tribune demy rompue, en laquelle eftoit en¬
cores demourévn petit refte de peinture mufaique , Se n'y auoit point de fépul-
chre.Entre les figures i'apperceu Proferpine qui cuillok des fleurs auprès du mot
Etria,auec la Nymphe Cyanée, Se les Skenes,fes compagnes. Puis ie vey Pîuto for- ,
tantduhautdekmontagneàtrauersvnegrand'gueufeardante, Secommeilkra-
niftoit, la tirant parmy fes flammes.Gyaneekregardoken pleurant, Se ne la pou¬
uoit fecourkjlà finiffeitl'hiftoke, mefmes la figure de Cyanée n'eftokpas du tout
en fon entier.La muraille .eftoit fendue,Se entr'ouuerte en plufieurs endroits voi¬
re percée de l'hicrre,Se groffesfacmcs de Figuiers fàuuages. Ce néantmoins i'y
contemplay d'eeil arrefté vn petit fleuue qui auok'encores quelque peu d'apparen¬
ce de forme humaine, n'eftant qu'à demy transformé : Seainfeqùe mon entende»
ment eftoit occupé en fi pkifànte contemplation , ie fenty tomber quelque chofe
derrière moy , dont ie fus ancunement effrayé, pour me trouuer feul en vn lieu
tantdéfert.Adonctournantktefte,ievey que c'eftoit vne petite Lézarde courant
fer la muraille ., qui auoit abbatu vnepierre. Ce m'eftok(certes)grand defpkifîr
4e ce que ie nèpouuois veoir à mort ayfe tou.te cette peinture erîtiere,airis kpluf-
partdéfaide Se effacée, à caufe qu'elle auoit trop long temps 4emouré a l'air en
4efcouuert. ' '
vif,Se tant feiiiy. de couragequ'à grand difficulté pëu-iearriuer iufques à elfe : qui,,
fut(certes)vri.-peu efmeuëde me veoir tant efpouuanté:.elle me leua entre Ces bras -
effuyant auec vn linge mon vifage^tontmouillé de larmes , terny de fu-euf , Se craf-
feux delà pouffiererpuis amoureufemcnt,me dçmandaja caufe de -cetaccident,en ;
paroleslî douces Se tant amiables, qu'elle euft'refefeitë vn mort. Oyant cette gra.-
cieufe demande, iereueinsfoud-àinementàmoy, Se me trouuayen font gkon,hor$
de toute doute Se makife : puis, luy comptay-dè p|>ind en poind : ma peine Se k,
,' caufe de mon inquiétude dont elle fe print à foubsrke,8e me bailàâoucement,"en,
, , difànt que bien toftviendrokCupido noftre maiftre,Se que cependantie demou-
raffe en patience, confidéré que le fouffrk eftibuuentcaufe de grand bien. Ieme
trouuay grandementxonfolé'de ces gracieufes paroles, Se remonftrances tant hu¬
maines: parquoy ma couleur 4e B(uj's reui.nt.en fon luftre naturel , Se ma peur ex-
c^fîiue fe changea en fermeté 4e.courage ,.fibisnque mes yeùs.retournçrent à
"feur oâtçeaccouftumé pour viure 4e îeur.paftureordinake.Is n'eus gueres efté eti
' , cèbiën, qué'Poliafe leua d'ou'elleeftQitafiifejSes'enclmanthonnorablement,:
> . feit vne reuérence fort gracieufe,humble &honnefte:pnisfemeit à genoux: dont .
. ie fus tout efeahy,carie ne fçauois qui la mouuoitj Se regardoit à autre chofe qu'à
fagrande beauté nompareille senquoy mes yeux eftoientfi empefehez qu'ilne
m'cftokpoflîbledelesen.d.eftourneritoutesfoisii.féis demapartainficpmme.ie
y îuy vejs faire, fans feauoirpourquoy,ny à qui: Semé meis à genoux auprès d'elle.
'A4onçf6udain«m|;ntisàpperçeus.Cupido tputnud, quivenoit dedans vne bar- ...
que,Se abordant à tefre,tournâkpouppe deuers le mole ruiné, Mes yeux ne peu-
îentpncfouffrirfeseftincelfesdefa clarté diuine,ainsi'eftpisiç.pntraind de mettre
A. Bia main entre dçux. Chacun peut eftimer queie ne me ciiidois plus entre les hô-
mes,ains en k çLompagnie.des dieux, voyant vn. efprkfeéfefte en corps vifible , ce -
qui n'aduient-gujeresfouuent.rentreueisiatefteatoutnée de petits cheueux cref-
pëfez,reffembkn.s à petits filets d'or:8e des yeuxdécorans deux petites iouës ron-
4elettes de couleur d'vnë rofe vermeille : Se toutesles autres parties fi excellentes
en b,eauté,queie reputois bienheureux celuy qui feulement aurok.pouuokdele
penfer. Ilauok(comime-Dië'avokge) deux ailles de couleur ctamoifie.entremç-.
fiée d>r'&,d*azur5à k guife du col d'vn Pa'h.Ce voyant *P'olia, Se moy ,ne nousfe-
, u<iftnes de genoui iufques à ce qu'il fe print à parler: Se m'apperçeu qu'il s'efmer,-
ucilloit de la fînguliere beauté de ma Dame.enfemble de fà bonne grâce Se -extrê,- *
medouceur : qui me . feit conkdurer qu'en fençourage il la préféroit.às'àmie :
V Pfiché;Se l'eftimoit plus bëlleSe trop plus 'gracieufe fans comparaifon. Lors d'vne
Y ' , ' vpixdiuînefqui peut réunir Se raffembîer toutes ëhofesdiuifées,àbbattre les tem«
peftes,Se appaifer le cpurroax de k mer , ) ce petit Dieu fe print à dire. Nymphe
v Pî)lia,SetoyPoliphife,yraisobferuateursdesamoureufesloixdek péeffe noftre
mère, Se qui puis n'agueres auez faid profeffion enfon faind tçmple , ie vous fais
fçauok que vos déuotes prler.es Se facrificesfontparuenus deuantfa déké,. Se luy
o.nt efté a^gréables,tellcmétque par vos oraifons Se volontaire feruice., auez d'el*
, . feimpétréheureufefinSe efficace à vos defirs amoureux." Or vous mettez donc 7
^«tenant fous ma protçdion Se entrez4edansrn,pnbatteau,knsfequel aucun,,
'-,-'' 7 7- '' ' " * nefçau..
pNi^
? OLIPHILE. K*.
nefçauroitpafferau Royaume de ma merc,& fans queie luy meine , moy-mefe
më, qui fuis 1e vray pilo te JSe marinier de ce voyage. A ces paroles Polia feleua
promptement, Se me printpàr la main fans mot dire : puis entra en la barque, Se
s'en aîkfeoir enkpouppe,; ou fembjablementie me mey ioignantd'elle. Si toit
que nôusfufmes embarquez,les Nymphes defborderent de terre, Se commence-^
tenta voguer. La barque eftokàfix rames , non efpaîméedëfuif Hy autre greffe,
mais 4' vne mixtion précieufe cpmpofée 4e Mufq, Ambre, Guette, Baniouyn,
Labdâ,Sc Sterax .,, incorporez par proportioI^conuenable, auec bois 4e Cendal
blanc Se citrin: les Corbans eftoient d'Aloés : parquoy ramais ne fut fentfe vne -' '
odeur plus aromatifcante.Les clous furent faitsde fin or , Se en leurs telles eftoientï
enchafleeS: beaucoup de pierres préefeufes. Les bancs femonftroyent dé Sandal
rouge,Seiesaukonsd'ylioire,fefealmed'or,Selcsftropes de foye. Lavoguôienr ;
fixbdleslfîamoyfelfes à fleur d?aaee ,-veftues d'vn linge deflié, léger, voletant enr
l'air, Se teï,quequand le vent le faifeit idindre au corps , Ion pouuoitvcoir indus les '
mufcles Seliuéamensde leursperfbnnes. Se les mouuemcns gracieux. Aucunes
auoientfes cheueux blons Se dorez, agencez par entrelas à"l'entour de leurs teftes:-
d'autres les pprtoientplus noirs que fin Ebcne croiifant aux Ihdes : parquoy c'e-
fto.it vne chofe de. finguliercontenfementde veoir les deux contraires à lôppo- '
lite l'vn de l'autre, pour les parangonUer enfemblc. Leur charnurefe monftroit-
plus blanche queneige, mais furtout au Vifege,au col, auxéfpauies, Se eni'efto» ' "". ,
. mach. Leur chef eftoit enuironné d'vne cBeuelèure trouffec à- beaux cordons St
k gorge plus polie que: fin Albaftre jamais encores elle eftoit décorée d'vn font»
fitueux collier depierres précieufes-SèJcurs" corps ceints au cfeflbus des mammei-
es,pour faire ioindrefaccouftrement,que les tetins repoufloient en dehors, cô- * ;-
merebclleSySenevouknseftrepreffez.L'ouuerturefur kpoidrinecftoitbordée: -
d'vnpafîementdc fil d'or traid,pourfilé de perles, Se par.de4âns enrichydepier--
tcrieae ne fçaurois -proprement déclarer ce qui me fût permis de veoir : car le
iouyffbis en mon ceeur d'vne lieffe tant extrême qu'il m'eftok -aduis que iepoffè-
doispar phantafietoutes les félicitez des bien-heureux. Lors fes Nymphësde cet-
tebarque Afclgie5Se Nëolce,vcftues pompeufementd'vn beau taffetas Attalique, .
tiflu defil d'or Se de foycperfe:Chlydane Se Oluolie,paréed'vn voluptueux habit ,'
Baby Ionique de couleur marine: Se Adk Se Cyprîa mignotées d'vn fin damas à.
fueilkge d'or traidjbordéd'Qrfeueriejfeprindrcntàexeiterà quimicux mieux. Xfèîgie-: i&fi
L'on pouuoit veoir leurs bras tous ri uds plus naifuement blancs que fleurs de Lys: bricitév
-. Se le vent qui fouffloit.tout doux, ferroit leurs vcftemeSs,^fàifant.veok aucunes'- N*olee,iea>
fois la rondeur des tetins,d'autres la grcuc,oU bien les pieds liezpar deffus àrubésne.comfa'"!
Se cordas dëfoyeentrekffez auec leur demychàuffes, verdesou vermeilles,cor- chlidan?
- deleçsfurfemoîdekiamb*e,à:petïfskffetsdefoye,paffezdans des anneletsd'or. ddicesv
Gertâinementeîles eftoient propres pour feruirfe feigneur à qui elles eftoient. Olbus-, ri»-
Quand nôusfufmes efloignezde terre, fes Nymphes enfrene^ent leurs aukôs ^5. ..
Se tourncrentleursvifages deuers leur maiftre, qui efloit en la prouë, luy faifant ce ^crtéY
vne reuérence trèf-humble.-puiss'afïïrent les dozencontrenous: Sepluftbft nebcautc.
furent en tel ordre,que Cupido noftre patron eftendiffcfes ailles,appelknrZephy-y
jrus,pourlujfouffîër dedans comme en des voiles. Ce qu'il feit de fi bonne fer tp1;)
" ' ' . y , -. ., G,c
,:7-V y - '" '-.. c£<y>- *$* ' '""!.'', - >t;-
LIVRE-PREMIER D E v
^«qùe nous commençafmesà perdre la yeuëdeterre,Se vogamesen haute mer auec
finguliere bonalfe,voke certes en telpkifk,quc ie ne fç^ache ciur fi farouche, qui
ne s'y fuft appriuoifé:ny concùpilcëneetant efteind,e,ou défir tant efperdu fe dé-
jgouftéjquine fe feuft allumé. .C'eftokafféz jeteur énamourer Diane, conuertkle
xhafteHippoly$e,Scforcer k prudente Pallas toufiours armée. Or confidéreacô-
merit s'en.deuoient fentkîes mortcls,c|uî en eftoient fi proches, aptes Se difpofez
poUr eftre efchangëz Se bruflèzdefe doux feux, " , - \
l'effpis adonc commeïe petit poïïïbn né enl'eau chaude", lequel misen autre.
. pour cuire,ne peut efchauffer né boulir. ' ,,,'"-,-. " -
le cpntemplois les ailles dé ce.diuinéfprk,aufquelfes y auoit quelques plumes ;
^
4jë,les couleurs tant bien affortfes, qu'il n'eft poflible à la peinture de les contret
faire fi nayfùenient. " ; . .. -y \ '
' Ilfembloitàyray dire'que tous les ioyauiyde nature feuffent apportez defon
_ «hréfor pour eftinceiler en cet endroid: car elles luyfoient- comme lames de fikor
j L'air eftoit ckir,la mer calme,l'eau claire come cryftàl,fi bic , que Ion en voyoit
le fonstôutpaué de beau fable doré, Se plufieurs petits efeueils ou iflettes couuer-
tes d'arbres,mefmement les Ifîes Sporades fi verdes,Se tâtfertiles^que. nulles plus:
? enfemble plufieurs autrçs lieux loingtains à perte de veuë, qui relfembloientpe-
Sporades . 'tites tafçhes noires deffus l'eau. Au long de la marine , les arbres, arbuftes,Se bnyf-
èfpai'fes. fons de Myrthe-'Se de Lenthifque , ombrageoient l'eau pleine Se vnic , dedans la¬
;
Y
''-'' ' v '"- f'V-^r.:.-. * -
firé.'voicy monfecours filong temps attédu.Or tien-ie pour bien employez tous
lèstrauaux,peines Se- martyres que i'ay fouffert à-la p'ourjukfe. Bénis foyer^jfes-
pas que i'ay chemirié-en l'amoureufe queffe.Cek (croy-fe ) eft moins qtiç rfen en
Cemparaifon de la moindre-part 4e. L'aife queie fènsà cette heure. Ohqûe^Ç)rn-v'
thia n'eut telplaifir auec fon amy Endy'mion,pour qui elle kiffoîtiés-cfeUx,fe"coh- -.
-tentant de reppfer en vne barquede pefcheur: car ma Dame pourrait mettre, tous
les Dieux àfon commandement. Ainfi eftois-ie entre mes deux feigneur-s Se,mai-
ftres,rëgardant puis l'vn,puk fàù.tte,d'vn inconftant-, êe peu aifeur é , pour ce,
queie ne I'euffe fçeu arrefter. ïl ne m' eftoitpaspofïiblëdedîfeernér la différence
--" 4'ëntr'eux deuxjfinon par kdiuinké. Chofe "qui me contraignoit abandonnermo
ame à tous deux , la recommandant à la puiffance de rvn,qûiluy pouuojtpardon-
îier fes fautes Se erreurs:Se à la volonté 4e l'autre, à ce qu'il lùy pleufty donner çô-
féntetrfent.Toutesfo.isie me perfuaday par vne confiance certaine Se indubitable
que de cette affemblée ne fedëUoit ny pouuok efpérer autre yffue que bonneSe
s
ltisfadiondemon4efir.Parquoyiemetinspbur eonduidàbônneauanture,D'v-
«ne feule chofe eftby-ie efmerueiilé, à fçauoir £omme le feu que cetenfaniTp'ortQit:
pouuoit brufler en l'eau, Se aller au profond de la mer efchauder Neptune, puis *
monter iufques à Iupiter: Se commefes hommes mortels qui font iettez au tra-'
uers,viuentenluy,Se s'ennourriflent:àufîïparquel moyen ma Poliày réfiftpkfi
:vigoureufement,Seenfaifoittant peu de compte, te» qu'ilm'auok incontinent .
î **
*
LIVRE PREMIER DE
, ¤&$ NYMPHES YOOZ4NTES ~EN LA fiBARQfVE'
.de Cuptdojchanterent,<&\yolia chanta aufii a qui mieux mieux3dont
' poliphile récent vngrand contentement» '
. - Chàp. x x.
fions que l'on endure pour aymer , Se comme par le regard de tes yeux i'auois efté ,
* - *
' Y ' ., ' " * ' -
\ ÎJfés quatre parties les deux eftoient employées l'vne en k pôuppe , l'autre enk
prouë,Seles4eux autres à kmizane, ou elfe eftok plus large 'd'vne tierce partie.
Les poftices auoient deux pieds de hauteur fur la couuerture, Se les bancs vn pied
-Se demy. La carène Se fes coftieres eftoient oouuertes 4e.km.es d'or: laquellefor-
, toit fur k prouë,Se fur la pouppe efleuee en formedé croffe,Se fe repliok enfaçon
4'vnrouleau,aurondduquelyauokvnriche ornement de perles. Du replypor-
toit vn fueilkge courant fur 1e plan du fiege,faid de fin or,:& taillé après le natu¬
rel. L'efpoiffeur de fes rouleaux faifokla largeur du Palefealme , du mefme m étal,
cizelé d'vne frize de quatre doigts de krge,garnie de pierrerie,Sc les fcalmés d'È-
Bëne.Tout le corps du naukefibienfaid , quel'on n'y euft fçeu veoir vneioin-
dur e,ains fembloiteftre d'vne pièce , fens calfeutrer par deffus , linon de la com-
pofirion Aromatique, dont il eftpitpegéouefpalmé: k peinture de deffus eftok
Yiçs?Arabefques d'or moulu* 7 -~ -----
POLIPHILE
/
LIVRE PREMIER DE
, minérale retuyfante comme cryftaLmefléc en lieu de cailloux,Sé autres chofeskx,
^t fes de pierres précieufes de toutes fes efpeces que l'on fçauroit imaginer. Aux ,
rOLIPKLLE^ 10$,
.mage.
Etpourcequetoute circonférence de figure ckenkire bu ronde, eftd'aufli-;
Dd
f ./ LIVRE PREMIER DE
grande mefere comme font troisde fes diamètres , Se vne feptiefme ou enuiroa
fpécialementfi ladite ckcumférence eft diuiféeen onze pars, Se que lôn vienne à
déduire l'vn des diamètres , le refte faid deux portions : le diamètre de cette Iflc
sroluptuëufe contient vn mille 4clongucur,Sc deux parties des onze.
Après eft vne autre clofturecnrond,regnanttoutà l'entour du centre , faide
4'OrerigiersSeCkronniers,quiàbienhuidpasde hauteur , Se\a pied de bonne
largeur: Se fi eft tant efpoiffë de fueilles, que l'on ne fçaurok veoir à trauers, pour
ce que ces branches font tant vnics , qu'il femble proprement vne peinture char-
gée de fruid Se de fleurs. A la vérké c'eft vn ouurage d'autant plus excellent , qu'il
adulent peu fouuent aux hommes d'en voir de tellç forte. ,
Outre celle clofturefe rencontre vn verger tant fomptueux , queie meilleur
. efprit du monde ne fe fçaurok, ie n'ofe feulement dire ordonner, mais, qui moins
éft,imaginer : tant s'en faut qu'il peuft déclarer par quel artifice il à efté conduid
çhpfe qui p euft faire cognoiftre qu'autre que nature ne kfaid,pour y prendre fon
paffe,-temps. ' > ,-
.- -
ffames l'vnç 4e l'autre par trois diamètres de leur pied.' Dans fe muraille baffe qui
.pftvuidp au.milietijfontpkntez des rpfiersqui rempliffent Se peuplent de belle
yerd.ure l'entredeux des colonnes,furlefquelfe»pofentl'archkrauc,k frize , Se h
cornichç.de Porphke vermeil copimeCoral.Puisdedas le quarré, à l'endrokdes
colonncspar derriere,fort vn,e autre plante de rofier,qui monte par deffus l'archi-
traue,5ecouure entièrement ktreilfe, qui monte cinq pieds en hauteur , faideà
'voultes rondes comme chapeaux. Les voyes ou allées droidës font couuertes de
rofes bl?nches,Se fes rondes ou trauerfàntes de vermeilles,fort odorantes. Entre
le premier quarré Se la cloftuie d'Orangiers,eft menée vne allée ronde: Se au droit
de chacune d'çllcsjcnfe tirant deuers le centre,lbn trouué enkelofture vne fe-
neftre relpôdantduhautau nyueau dubas irmijquin'aquc trois pieds ou enuiron
Se fert de fîégeaux fufdidëf colonnes.
Chacun quarré à quatre portes ou entrées en fes quatre coftez oppofites à ny¬
ueau les vnes des autres , Seau milieu quelque ouurage excellent. Les premiers
ont chacunvAe fontaine fourdant fous vn berceau de Buys,faid ainfi.
u**"** \ Î7 * *.\$iï>fià.
POLIPHILE. . 10^
Premièrement il y af
trois d egrez en rond : lé
plushaut côtenât deux
pas Se demy en fon dia¬
mètre. Sur çeftuy-là fe
voyent dreffees huid
colonnes Doriques,cô-
tinuees par arceaux fou'
, ftenansî'alchitraue,fri-
,ze,8e corniche : fur la- -
quelle à Plomb de cha¬
cune colonne pofe vn
, vafe antique ayant troii
pieds de ventre en -ligné' >
cun à troispiedsdehau--
teur : Se de là teinture
enamorit,vn pied fàns: ^
plusjgoderonné en tra¬
uers. Le corps eft garny
de deux anfes efleuees-
fdr 1e bord de l'ouuer-
ture , Se defeendantes-
iufques à la ceinture.
De chacun de ces vafes fort vne plante de Buys verde Se fueilluë de kgroffeur du=
nu de la colonne. Ces plantes au moyen de leurs branches font de belles Se pki-
fantes voutures,ainfiqueferoient desarcs regnans fur vn rang- de colonnes. Aux
triangles entre fes voultes eft vn oeil ou feneftre r5de, auec vnepetiteceinturere-
préfentantvnarchitraue duquel, fortent huid autres rameauxà plomb de leurs; ^
fontainCjDe ceux- làpartent fix autres branches quin'ont qu'vn tiers de hauteur,
Se forment vne petite knterneà fix feneftres , couuertes en rond'. Se par deffus de
kmefme verdure,vne autre lanterne quarrée à quatre feneftresid'vn pas Se demy
4e haut : des quatre coings delaquelle faillent-quatrexameaux courbez, Se fur.
chacun pofe v-nakle volant.La cbuuerte deccttedernierëlanteniefine en vnpi.,
* y- <-."'*. 7 7 ><* ij;
eJ>c <Lt
XI y R E TP^E M 1 EU D E
tgno«,s'affento^
s
?npommeau rona pai ^ l,**,*».
oui eft au deffus deces vaf es n'eft rien que verdure ployee, Se agencee,fans nul au
r~ r , -
. -, ^TOL'LPflILÊ. - ' . .. wf
liïtç qui ri'apoint l'anfesideffus-eft m onté, Vn G éant , qùTtfenV fes. deux pieds. fut
la bouche des vafes,ilfcft veftu iufques aux gënoux,& ceint par le milieu ducorps.
Il a fes bras ieuez , Se vn chapeau- en fa tefte. Sur chacune de fes mains il porte vne
tour de quatre pieds de large , Se defixpiedsdehaut:aubas4ëfquclfes4lya4eux
4egrez,auec kport£,feneftres,crenëaux,Sema£çhecoulis. Au deffus de -chacune
: eft vne boule plan¬
tée en vn piuot,auf.
û groffe q le corpis
4e la tour--.: de ces
deux boules fartent
* : deux branches, lef-
-quelles ployées l'v-
~7 "..fie contre l'autre.,
fçrment vne belle
y voulte ayantautant
4e hauteur comme
l'vne des rours. Dé
ces boules faillent
.
^pareillement 4eux
T autres branches qui
"vont montant con-
.'.'-, txemôn't., mais elfes
..,-' . font plus menues
.r ;-. - îque Jesautres, Se au
b qut y a vn toup et
;
fe -, en guifedecul
4e lampe ," tou.
chant de fonbord aux deux touppets pointus. Du fons delà platine ferelfeue vn
autretoùppeten figurede panier à large ouuerture , au milieu duquel naiflent
huidpetites plantes de Buys enïond.feparées l'vne de l'autre: Se au bout.vn autre
touppet rond S* plat, puis deffus encorvne autre pluspetk. Toute la hauteur de¬
là voulte eft de fixpîeds Se n'y a ouurage de Buys, duquel ne fe voyen.tfinon les-
fueilles Se lespieds.Entre les deux iambes du Géant eft vne aUtrepknte fans pieck,
rondeSe pkttecommevn oignon,4ekiargeur d'vn pas,8e d'vn pied Se demy de
haut , ayant au milieu vn trouppet reffembknt de figure à vnbaluftrc ,cou-
uert d'vne pktinc ronde,dedeuxpiedsde large en fon diamètre , du centre du-
.- "-
' '- - .. ' Ce iij y/ '7-'- 1 '
fij»
LIVRE PREMIER DE
quelprocédeaWivntouppetdeformeoualcautanthautquelcbaluftré;
îaeaffe. De ce rond
vuyde ayant vn pas
Sedemy douuerturc»
1 fartent fix branches
vetdes, arrengées en.
ordre de colonnes*
continuées enfem-
blcpar petites voul-
tures , chacune brâ- -
che de quatre pieds
> de hauteur, couuer¬
tes 4'vn pignô ou cô-
blebafty en faconde
couppe', fcifoubfte-
nâtfurvnc boule de
trois pieds de grof¬
feur , autour 4elaql-
le fe trouuent fix ferpens , qui ont les queues renuerfees en 4cdans fur le pian de
la voul te,le ventre auancé en dehors,à plôb de kfaillic du Buys,& les telles iettees
en dchors,ouurans les gueules,dôt par certains tuyaux feercts fort v.n« eau de fen-
teurs excellente de compofition Se artifice notable.Du fommetdcla boule qui efl:
entrefes ferpens,procédét trois brâches vn peu courbes dedeux pieds dehauteur,
Se à chacune vn petit bloc rôd comme vnpiédeftai, décrois pieds de haut, fansles
moulures fouftenâtes trois vafesantiquès,à quatre anles de fembkble proportiô,
defquelsauulfailfenttroispkntesdeBuysàtroistouppetschacuncflapremierede
la groffeur^du vetre du vafe,efleuéefur fa tige <fcvn pied de haut,îe fécond touppeç
vn peu moindre,duquei k tige vn bon pied:k groffeur du tiers eft telle, que defa
à.
' - . Dd m)
¤j(i)LA> 2( . «68»*^^,,
****4^
LIVjRE PREMIER DE
Aux quatre coings de-çes parquets fontfçkuez quatre degrez ne pîusnemoîng;
que fes ptécédens -, garnis de quatre arbres de beauté finguliere , ces degrez fai&s
cm triangle de finAmbre.reluyfant comme l'Or. Au premier eff planté du Roma-
% n^aufecond du Fenouil doux -, 'au tiers4u Bafilic, Se au quatriefme de la Meliff^
voyes fi bien que c'eft vne chofe admirable à regarder: caria muraille baffe feruât
d'aecoudoër,eft toute d'ambres. Depuis cette cîoifon iufques ferle bord; de k ri- -
y LIVRE PREMIER DE ;.
Ces prez font bornez de la riuiere, laquelle eft enclofé dedans fes dues , faides
' ' ,)
' P OLIPHILE.7 ...Y:., m
dë'puisïe fotîs dé l'eau iufques à trois pieds au deflus,deiïiaiIonnerfe de beau ttiàr- ''
^re vctd,Sc deftrudure dorique. Elfe eft retraide entre icelles deux murailles, co¬
rne iadis fut le Tibre àRome par 1e youlok de l'Empereur Tyberius, Làfiuierè'
eft ordinairement claire,pùre,8e nette fans cannes,ioncs*, ro féaux, n'y autres her¬
bes ou arbufte$,maistouteenukon'née de fleurs. Elle faurt divne fontaine viue?
Sefaitfon cours fans gueres de réuolutions:puis eft côdulte parmy certains tuyaux,
faits tous propres pour l'amener dans le pourpfis,arrozer tout le lieû,Ôc de k s*efe '
couler en la mer par petits ruiffeaux tout à l'entour dellfle : parquoy k riuiere n*'
peut iamais defborder,ains demeure toufipurs en vneftal, fans croiftre ny dimi-
nucr,pourcequ'autant d'eau que lesfources defgorgent*,autant enferrai par fes,
tuyaux. Elfe à douze pas de krgeur,Sc quatre pieds de profondeur. L'eau fe purifie
tant claîre,Se fi fubtife, qu'elle ne caufe aucune difproporcion ny empcfchëment
entre la veuë Se fan obied: car toutes chofes yfontveuës iufques au fons en leur
propre forme Se nature,non plus groffesmy plus allongées,courbes obliques , ny
aucunement difformes. Le fable du fons eft méfié de paillettes d'or, Se en lieu de
cailloux garny de pierres précieufes. Au long des riues croiffentfes Gkyeuxde
toutes coufeurs,à fçauoir bleuz,bkncs, rouges, Se faunes. Il y voile des Cygnes k
grandes trouppes. Aux deuxeoftez font plantez Orangiers Se Citronniers, en ef-
paaie de trois pas de l'vn à l'autre , mais àvn pas de terre ils commencent à ietter.
leurs branches,lefquelles s'affemblétl'vne auec l'autre,faifant vne voulte de fueil¬
kge de trois pas de hauteur:les autres branches plus-hautes font ployées fur la rî-
- uiere,Se y font pourvu ombrage vne autre voulte pn façon de berceau , quiàde-
puis leau en mont,feptpas dèJiaut.Le fueilkge en eft tant efpois, Se fi vny,qu'vne
fueille ne paffe dé rien Fautrè,finon quand elles branlent auvent, qui leur donne
grâce fînguliere.Breftout y eft couùert defruidSedefleurs:aufîî c'tft vne droite
habitation de Rofîlgflols,qui fe cachent là dedans, Se y tiennent leur pfellette dé-
, dable Se plaifante. - " ,' ' .
* /
POLIPHIIE. -m
-
lut lequel fe pofofev'neboule de cuyure doré toute ronde iâns autre ouuragcLe
iix colonnes femonftroient de diuerfes couleurs, àfçauok deux d.e Calcédoine,
-4eux de lafpe verd,Se deuxde lafpe rougc.L'archkraue, frize, Se corniche eftoient*
-de Porphke,Se le piilier quarré dé mefme,fur lequel repofok vnefphere decuy-
uredoré.Laprincipale allée n'allokpoint en diminuant de largeur comme fes au¬
tres, ains conferuok toufiours fan<e~galkédepuis.fecommeneeme&t iufques à la
"fin.Au deffus delà corniche y auokplufieurs Paons de toutes fortes, fes vns che-
ininafts,d'autresfaifânsk rouç,Sé plufieurs arrefteztout coy,l.es queuëspendantes
fur la frize Se architraue. Le deuant des degrez eftoit taillé d'cfpargne,à antiques Se
tArabefques, le vuyderemply fur les noirs d'efmailbknc,,Sefur les rouges d'azur
4'efmaiL - . \
LIVRE PREMIER DE
uaux,8e plufieurs perfonnagesquile fuyuoient, comme gens de guerre , le tout
, contrefaidl des mefmes plantes deBuys. Entre deux autres toursy auoitfneba^
taille de mer,equippée de Galleres,Naues,Gallions, Galleaffes, Fuftes,Se Brigaïr-
tinsipuis en vn autre endroit,encores yne autre bataille fur terre , bien fourniëde
courir, crier , hannk , abbayer, Se faire proprement tous lesades qui s^y pra¬
tiquent. ' r * ,
fur deux figures d'vne forte,pource queles trois contenoient autant que la largeur
d'vne voye. . ': , -
du milieu de marbre nok,Se fes deux de chacun cofté de marbre blanc, auec vîi fi¬
let noir entre deux. Joignant la blanche il s'en ktonftroit vne pierre rouge comme
r Coral,& au dedans celles de marbre noir eftoientmifes les figures rondes Sc*quar-"
. rees,telïement que dedans vne quarrée,iî y en aiioi t vne ronde , Se dans la ronde la
quarrée, fe tout accompagné de fueillages exquis. Aumilieu des figures rondes
- eftoitplanté vnCyprès,Se dans les quarrees vn Pin. Sembkblement aux ceintu-
nier refpondant à l'efpacekiffé entrefers pins Se les Cyprès. Tous les arbres par-
crcuzd'vne grandeur Se groffeur. En ce beau verger habitoient hommes Se fera-
ïyOLïPHILE. " m
mes vacans feulement aux fuu réside la grand mère nature , ouau labourage de
.ces champs fertiles abondamment.- - ' y
- " "
Buysron4commevneboufe,fefvnetigeportantvnpiedSedemy 4e haut. ,
Ee 11IJ
LIVRE PREMIER DE
" Dedans Ïe7
' fte clofture-
entredeuxal*
léesjilyauoit;
des parquets,
femez d'her¬
bes Se ,4e
fleurs,ordon~
nez de belîç'
inuention..
.Cat pour e-
ftre'enclosjsn
, ' Y ' -' " ' .*..». tré deux fen-
: tesiKeftoientnécenikemétkrégulie^cW
"'tre Le premier eftoitvnentrekzcfe bandes ou liziereslargcs de trois palmes. La
Dre'miereduquarréformok vn rond,duquel en fertoient quatre,trois refpondans
' aux quatre coftez,parferquelspaffbit vneautre bande feparee de la première, de
- - làlareeurffe quatrepieds, quifeifoitcontre chacun coing dekpremiere ,-vn cer-
' ' cle ouanneau.Puisy auoit vne autre liziere en quarre,diftantautant4ela féconde,
«^ Guekfecondede la premiere,Setout àvn mefme nyueau : iaquelfefauoit pateiW
-" ' lementàtousfescoingsvn anneau, correfpondantàkfeconde. Snir leslignesàî*.
" eonales de ce dernier quàrré,y audit comme vn Rhombe qui entrekffoitfe quarr
fe", par fes quatre coftez,& aùdroit des coings faifoit des autres cercles ou .anneau»;
;
DedansyauoitvneRofe-jatf'
milieu de laquelle eftoit mife v-
ne bafe ronded'vn marbre roux,
où eftoient: entaillées -tsois te-.
fies de B , feiches , les corner
enrichies de feftons pendans ie.
l'vne à l'autre , Se lyez derubëiis
vokns ,. auec fes moulures, à es
requifes,k bafe creufe , Se rem¬
plie de terre en laquelle eftok*
pkntéivn.Sauinier. ,
îks:
POLIPHILR ii$
: Y Aupàçquet enfuyuât,pra-*
chàin à celuy deTalléedrqi»
île ) eftoit vne antre inuén-*
-vtioh , à fçauoir tout yj l'en-
1 tour vne bjandç d'vn piedSff
',' Seneuf pouces dtkrgeur f
dedans laquelle eftoyentcô-
tenus neuf petits quarrez ert'
tr"oissïa'ngS,,par égales diflan--
ces, continuez en lignes ti-
téesd'vn an'gfeàfauwe-,'du;-
-rang dedeffos,à eeluydedefc
feus : lefqûeJles lignes s'en'-*
(recfoiirpient.au vuidë en¬
tre les deux rangs', puis en-j
coresy voyoit o'n'4çsaiûres:
lignes féparantes' les quarrez:
detous'eoftezy Se frifeht? à
l'entour â e chacun vne %'u- - .,, t
re d é huid faces j defquelfes-
proeédoient d'autres quar- -
Apres fuyuoient fept autres degrez,lallée entre deuXjSe fur 1e dernier vne autre
.«lofturedeMyr^jauecfes tours Se portes telles que les précédentes, dedans k-\
quelle y auok, d'autres parquets dequiauoient telle figure. C'eftoient deux quar-
cez de lifieres auec Vn rond,entr.«kifez commeceux de deffus, lerond fartant hors.
;du premier quarré , Se cmbraffànt le fécond» Le dedans enukonnoit vn Aigle à
" j^ijles couuecteSjiEntre les deux quarrez en lieu 4e fueilkge y auok des lettres.
î
POLIPHILE.
En l'vn des coftez en la
première' . efpace eftoienr
A L. en l'autre efpacë E S.
M A. Au cofté d'après . en,
l'efpace première trois îetY-
, très G N A. après le cercle-
DICA. En QUtrede mef-
. me aux tiers cofté , au pre¬
mier efpace eftoyent qua-
trelettres T A O P. Se trois*
après le rond T I M. au der-
nietcoftéles lettres efloiét"-
deuxenfembleIO.VI.Les- \
quafrezjle rond,Se leurs an--'
neaux, eftoient 4e ruëfort:
ëfpoiffè,!' Aigle de Cabaret^.
feslettres.de Sénicfe.. Les-
quatre ronds empiiffans-1er-.
vuydè entre legrand". Se les
coings du premier quarrés.,v
deBugfejtoutfefôsde Mu-:.J
guet,, couuei'trde fes fleurs-,
blanches.... '.; ,
A- chacun, des quatre pe- *
y auok en chaeun-vne plate verde,de trois pieds de haut,à fçauoir deux de Saurne,"
& deux de Geneure:routes lesherbes enroféespar petits tuyaùx,en manière de fô-
j taines,pafransdeffouskterre,Sevenâsdela.grâdriuiere.Puisy*auoit encores fept
Àegtez'.Se fur le dernier vn treillis de lafpe, palfant tout à l'entour , percé ta. beaux
fueillages Morefques de l'efpoiffeur de deux bons poulces: Se n'y auPkportes ny
ouuertures:carik finîffoient toutes les voyes Se allées , forsk grand, rue , où eftoit
faid vnriche portail ) Au dçdans de cette clpfturefetrbuuoitvn bois norripâreil
fur tous les autres défia recogneus,car il n'eftok peuplé finon d'arbres précieux,
-comme font les deux,efpeces de Thérébin#he,Ebene,Aloës,Encens,Myrrhe,Pbi.
-
faidëinentppurtrai ts .Se garnis de couleurs tant naïfues que rien plus. Ainfi eftoit
Aîtribué le demy tiers de milfe,depuiskriukre iufques au milieu de l'Ifle conte-
' .Jï^t.çent faixantefix pas Se démy. La rimer e en àuoit douze, les prez dix,les degrez
huid Se den»y,lape,tke voy e fix,le premier iardin des parquets .trente, le fécond
vingt & fix,le troifiefme vingt Se trois, fe bois vingt Se cinq , la place au tour du
Théâtre feîze,le dedans du Théâtre iufques au milieu autre feize , qui faifoient en
nombre trois cens trprite neuf pas. ;. y. . ......"'
* - ' . ' - . . y , . -, , - - ,- - . '
ÇVPIDO DE SCEND IT DE LA BARQjfE: Ef LES
' ' Nymphes de f /fie vindrent au deuant de luy richement dttournées en parement
- lie triompheielles luy offrirent des préfens:puis il monta enfin chariot triom-
- phant,pour aller au Théâtre, & feit mener après luy Poliphile & Y
; ,.: pdialiexjfr attache^, auec plufieurs autres :defeription Y
* / *
.,''"."' duThêitre,tant dehors que dedans, Y Y " '. '
' - - » . *
* Y '-- ., x - Ch'ap, xxii» . >' y- Y,
'-.' S TAN
Sjainfi ; heureufement portez par les deux airs
qui dônoiehtdaris.fespetkes plumes de l'enfant diuintoût
eftant en tranquillité, nous prifmes terre arriuans en l'Ifle
Cy thérée,ou nous eufmes 1e plaifîr de-voir jnefefirnté de
Nymphes venir au, deuant de nous , xette abondance dé
beautez eftoitfans conteJsSe toutes eftoyent en fleur d'aager
accomplies en bonne grâce S* veftues d'auantagedebien
Téance,ainfî elles fepréfentërent humblement^ "Cupido,"
offeant leurs perfennes àfan feruice. Là furent celles qui
'liante nt-fe déduit de la çhaffë,mais c'eftoit par groffes trouppes, comme les Paftp^
:'-;. 7potIPH'LLE:-- ' ir5
t>heres,qui pertoiènt certains attourneméns'dHks nuptiaux : Seles Pyjg"8phores,
chargées de tours fèintès,c£defpouifleWèîgïïë^
ferrées d'or flamboyant contre le SoleilvTenvëy qùfportok
vey -y ne entre les autres quiportoit
la.cùyrace de
Mars , l'arc '
l'aiitrejpuis au
dëïïbus le filé*
4érp"ïdye - in-'
queïiadis il fur
Cmfnà ànec la'
DeéifeVjéniis. ,
.- AST>'às.vnétè-*
fie dfefant en¬
tre deux aifles,"
, affifèfel'vnpô-
mëatfl^'e5 ¥el ;
oànfeg&Suffe
bout 4'enhâut "
4e làiarice re~
lûifoitlecabaf-'
fëtdece'Dreu:
lequel' en' lieif
4e pànnachè'Vy
eftoit Orné de
l'éfibilfe;*;Py-'
rdis. gardante ;
cofemefëik fi Y
.'7' Vhë àutfc7
Nympîiè''ppr^.
tùitaufîî furie/
-bVutdekffen-"
' ' .nevïiëhàpeau'
dë'Ltûrîér e.ii-'
,ytfê4èuxàiflés;:
.; .Sedeffousl.èvi- '
t/--' i rfegëià'vn beak^;
..... ;.' -'. 'ieuiiC entant, /:.,, _; . vt.- .-._ _- . .
Ff ll)
. ûSyiyfi.flfil.
LIVRE PREMIER DE
;. _- .y-yy-i La.ttoifîef., .., ,-.;
,;,,,, mepqrtoit>vjv. '' )fi>
'- .,_-, çabaffet.
auokpourcy-:
feîer vne tefte*
debceuffeicka;
Si'dëffpus yneY
cuiraffe anti-rî
que7,A chàçu-i
ne ouuertufeî
des .bras p en* .
pèaudeLyon^
ëftendue toutT
a.u.long 4'vn^. y
groffe maflue.Y
Jil y auo^tvne;
a;utrekncëco,-.
menceant.par.;
<-. ynfer trenchâfc.
pointu,4efcér-.
dàhtënvnperv
titquàrçéjioir^
snàntà.vnde-
». . ,-.-
». >
. my ro,n.4Y ;e.rt.-: ,
fprme de-plat";
m eenuerfé/dë la-» v
groffeur, 4'yri^
ppulce*:'Se au-
déîfoùs ynr.au->
tre rond.kpUçY
defrôtfur';ynê7
tahle.4'attétë;>><
en laquelle. e--. .
. , , ftoit.eferfet'çA",
îpotiQ^tS'EVAD:E'TYlr;"7-'7-.7;;',y . < . ,"
^ C'eft kâke qui en efehapp.era;CekreppfQit fut vue petite boule. Et plus fcàsvtt-î
autre rondëntre deux aifles,moindre toutesfois que celuy de deffus.Pttis deuxbaa-
luffrs?, fvn.tpntrej'au^ 7Y; 7- ... - ;t v+>:iy--
POLLPHILEy fil"..
Encores vei-
ievne autre la¬
ce portée par
; vne Nymphe, -
-en;. la poinde
. 4u fer 4ê la¬ .
quelle .eftoit
fiché vnouale,
.bordé tout au¬
tour depierre-
; rie, Se au mi-
;' >; lieu vn gros Sa
jphktout rôd, i *-
affisfurvnerta»
J ble d'attente,
ouyauokfemt.
blablemét efe
'f ^critNEMÔ. .
qui lignifie
Nul. Plus bas *.
^ regnoit vn f
beau vafe àBa» ,
luffres s, açco-
7 «iodé -entre
-deux ailles-.
La fixiefme,
-eftok yWbou
. . le mife fur k
bouche d'vn
vafe à gros vé- -
tre , Se le col.
long, pofe au
milieu dedeux
plumes d'or »
-entrauerfetes -
" " Ily auoitplufieurs autres enfeîgnes.qui ferbient trop longues à ra-tomp'ter.Les
lances eftoient d'Ebêne,d'Àloës,'deSendal rouge, jaune &bknc: ily en auoit dé
dofé'eSjargentées,Se autres couuertes de fine foye, enrichies de pi errerie. Celles
quifes portoient,auoient en leurs mains des gans,faids à raiguilfe,ou de k brode-
fiéde foye Se de fil d'or,fermans auxpoignets.Et devant toutes marchokçellè qui
' ' \- . "' . ' '''".' Ff ikj Y fi' ".
cf%aM :QZ
ël
LIVRE "PREMIER Dt
portent k bannière de la Barque,fuyuie, d'vne autre portant vn Trophée,quieîtofe
vne figure de.Cupido tout nu4,téhaiitfpn arc bandé,le pied pofe fur vne boule, au
deffousvn chapeau de Triomphe,faiddelàmes d'or, taillées Se cy zélées en façon
- de fueilles de L'àûrier/ur le fons d'vn. vafe antique renuerfé. Les liaffes dôt il eftoit
lié,vollpie,nt d' vn-cofté Se d'ajitre. Aii.dedas du chapeau y auok vn-tableau, par l'ef-
p^ffeur duquel k lance traderiQk,taéfmès par vn pom meau eftant au deffous,aux
deux coftez du tableau -hors lé chapeau fôrtoient comme deux eheuilfes,efquelle$,
pendoient plufieurs pierres pi'écfeufes,ehfiiées en cordons de fil d'or Se de foyc,
' ' " ! enmaniere de bilfettes. Au bas de ce cha-"
""peau y auoit vn vafe 1e fons tourné en haut,
rpuuertureeHfaçondebafuftre, qui em-
braffoit vne ouale ayât au milieu vn ioyàu,
vu autre deffbus, Se deux aux deux coftez:
:*
enlettres Grecques, a O P t k t h i O r\
" C'eft à dire, , Pris en bataille.
Y Après feyuok grand nombre d'autres
. enfeignes, trophées,defpouilfes Se butins,
lofent entindklfez,le5 trèfles alentour de leur tefte: plufieurs les aymoient mieux
liez au d¤ri'icr,e4elatefte',&pendànsiufqués aux genoux:quelqués vues lesauoiét
;.encortilîe2:en k-teff e,ferrez de xubw.s garnis de perles, Se frangezde petites pail¬
lettes d'or-jbrankntes à l'entour, du-.feont,des. oreilles -, Se partout furies cheueux:-
où ils-les auoientdepartis endeiix cordons", ramenezfur lehaut delà tefte , ou ils*
eftoknt.iiouez eaf emble auec vn gros'bou'ton de perles , dont ils-fpr toient en ma¬
nière de h ouppc,aux autres .plus longsiuiques furies, p/eilles, Se aux autres moins-
félon leur fa.ntafiss. Sous en eujïïea veu de pluf;noks quëplumes de corbeauliezi
de fild'argentjSé crefpelez du long des temples,brankns enpetitsannelets, Se vo-
fetansfurlesprciifes,voirçpigpe?Sedifpofez de forte que Ion fe pouuoit efrrier--
ueillerde i'ârtifiçe|eçuriofeéféminine.C'eftoiti'appaft,kgiu,l'amorfe,fescro--
' '
chets,les haroeffbns,les rets Se les filets où fe prennent les amans, Elles auoient des-'
gros Rubizpèrcez pendus à ley'rs oreffles r 'Se de riches colliers ou carcans autour:
de leurs.gorgesirarfëes : leur clmulfeure à l'antique; fermée à-bouclettesd'or' , Se
cordelettes de royales femelles ly.ees fur le col du pied:fes brodequins, defacin ou>;
v.cltouxbleu oucramoyfi,ou;uertfurkgreue,Seleî"ongdel'ouuer.ture bandé d'vn?
enrichiffementdefild'or,àv!npoulcede.krge,eft:offéedepieiTerie. Sur lecolduî
pied y auoit vn fermai! faid éfl façon de cur, oufe venoient alfembler toutesles ;
Ynirla place des franges, il ypendoit des greffes perles enpoyre,, Se entredeux vus
boutond'or» Audeffbus ily auoit vn petit yeftement de feye verte tiffueauecfili
4!or,qui aliok iufquçs aux genoux feulement', Se eftoit bandé tout-autour d'orfe--
uerie portant vn bon poulce.Se demy dflarge, cette ceuure eftoit faide àpier "
rerics de Ru'biz,Liiamans,Saphirs,8e Efmeraudes taillées en Rhombes,ou Lozan-
ges,Se entre deuxvne groffe Perferonde , auec vne -liziere dentelée en façon de "-
. polifhiee:~ ^
fônuerferSeabbatré toute franche liberté,^ (quipis eft) contaminer toute conti- y.
nence,pourobftiné/e qu'elle feuft.Parquoy ieconfeflëfranchementquekgrandç
amkfequeieportois à Polkfut en branle 4e gliifer,tant cèfte-cy me te^toit ; qui
me feit dke tout bas en foufpiranfe OPoliama chère Dame, gardez maintenant -
En cette façpn,Sé auec cette graciëufe compagnie , labclle Pfyché recueiliit^, - ... ',
fon efeoux,:.guis honnorablementluy pofe vne couronne fur la tefte. Alorsrvne ^imcm^''
des Nymphes de fa fuitîe,k douce Himeria,,s'approcha de Polia: ôc la fiere Ero- Extourna ' N
totimoride,me printparkmain:puisnousmekenten ordonnaneeauec vneinfi- ndevtour-
nké4'autres perfonnes qui cheminoientpofement trois àtrois comme en vne mehtd'a-- ,
ppcejïfanfeknneife.... - ,- ,-:',;;", Y.^xodor^
'"', ' c ' i ' "' - >i .' -. .. , dbwdepoy-Y'
7 ' - Deuant tous s'en vint To- fon-.' Y
;
xo4orë,quiluy préfentà larë Ennià f çRf "
ban4é en toute rigueUr.Cë- ^c* ' -
>
, d'vnefrïfetaillë'eàpetitsraiti.
, féaux 4e verdure., Lé- corpr '
ce'fbhpemYléderriere.ElIe allok en maintien lubrique,Se fans vergongne, auec fes yeux verds
';«£* -'regardas cà Se là,fans leur donner ny repos nyrekfehe.A-u quatriefme ?ng efto,t
f eïfte,îa Tliefte,veftue de fine efearktte , les treffes pendantes contrebas , fermes au def-,
. Ife.- fusdesoreilfeàaue^vuebelfe.gukkndeouçhapeaude.fleurs,&deverdure.Cette.
^ ,' "llàmeitàCupidovnbrandondefeuenfamain.Brachyiiialynedefescpmpa^
7 - ' .- 7poi.toit:vnv{iëd'Efe^^
tens fi c'eftoit ouurage humain : car il eftoit fard quafî-en forme d vne Courge,
-
" V forsqu'ilaupitvnpeudepied:feçoîgoderonneentrauer.S::)Seoulevent^
" toençokàs'enflerlyauokvnefiifee^^
-" tant deuers lë-fons,quidiminuok en groffeur,eftoit cizelé a fueilles de Perfil tant
WéuïesTurle^fcqufeUçsfembloiént eftre entierem
' ' ' -''* Ou boi-afortpient deux anfes qui reffembloient a bxaches d Artichaut, Se fe rea»
''^etfoJeWcohtrelem^
y $es harmonieufement» -,-'*
J- 4h>
rC'eflidiire.
>
,./
iPOLIPHILZ y
Au dernier lieu, Scdëuâfitîeffefpës
quitirpiétle chariot,marchoient deux
Âegypans ou Satyres, auec barbe de
Boucs, Se pieds de cheure,couronnez
« de fleurs de Saty rion, Çynofarche , Se
if^M
; A'infïëftoiraceofnpagivé'Cilptdo triumphant;, Palia Se moyjnenez après at-
' '
tachez àJyens d'eflturs,Se de cordes faides de Rofes. Les Nymphes nous cntfe-
tenoientde.ptoposa-mouteux, Se parolles courtoifes, en vifage ioye.uX;aifeompa-
-gné,4e b'anne grâce, ainfi qu'ont accoufttimé Se le pratiquent filles gracieufes. Ce;
grand.Seigneùr abfolu Roy des aroes dociîes,marchoit en ce triomphe Se pompa.-
magnifique, accompagné des trpfées4ë.tous ceux dont les enfrignes de fes vi-
doiresfuiuoyentfabanniereimpériale, au milieu de labelle roufique, pattny de:
.IJeaax-rofierSjfemé par deffus des fleurs odorâtes,8éfoubzla couuerture d'infinies .
riches tïfilles,:-:ea,,cçft eftatnousparHinfmes à vne grande place deuant la ports
4'vn excellent Se m-frueil.leux amphithéâtre., tel qu'oneques ne fut veu fon pa¬
rdi. C'eftoit vnmpnftre Se prodige deftrudure, Sepluftoft ouurage diujn , que;
faid par mains d'ouuriers mortels.ïsfoftre venue fut par- la grand voye , au longde.
kqHelk; de chacun cofté y auo.irdës petits tuyaux feercts qui iettojent incefîàra-
irseht de l'eau mufqué«,ds l'extrêmeraentparfaide. Quand nous fufmes arriuez h
rà.portedK,ll-Amphithéâtre,ie me prins àla contempler par le menu , pour defetire
fes paftiçularitez.Elle efto.it depkrre d'Azur: les bafes , Se les. châpiteaiix-des cou*-
fënncs de fin onl'ïrehkraueïtâ feke,k corniche, Se fe tympan dûfrontifpicc,4e'Ia-i
îï}efm,épien'&4'A,zur-. L.escoftieres oukrabagesquifouftenoknt farceau del'où*
ïMrture, 4"Ophite4és cofeanes-mifespour ornementauxdeux coftez , de Porphi*-
ïfrSeles fuyuantès.yariées,, -àfçauokvne dépierre Serpentine., 8e l'autre de Pbr*
pâtre. Êçsmoyennes venant à plomb de celles-dc Porphyre, e Soient 4'Ophke:85"
fes plus hautes 4e façon quarrées à k-mode Athénienne v eftoient- auffi de Beau*
%»rphire.-djuérfîfiant ain.fi les vncs aU contraire, des autres. Aux dcuxcoftczde 1 a-
m
POLIPHILE. tm
y auofedèux vafcs excellemment riches ,*4'vn 4e Saphyr , & l'autre 4*Efmeraud©;
.entaillez par vn artifice admirable : qui me firent fouuenir 4e ceuc- qui eftoient à*
fentréedutemple de Iupiter en Athènes. -' .
quarré rabaiffé , Se pareillement enclos de mpulures , dedans lequel efloit taillé rc---
leué a demy vn facrifke'Satyrique,o»i!y auoit vn aute!,Se deffus vn'trepier,foufte--
..nantvnvafed'Aerainbomlkntfurfefeu , Se à chacun cofté dël'auteî vne Nym.
phë nuefbufflantle feu auec vn petit tuyau. Auprèsde l'autel fe moftrpyerit deux*
. petits ehfans tenans chacun vn vafe:derriereles Nymphes , eftoyent deux Satyres-*
ayans la bouche ouuerte comme s'ils vouloient rcrier , de l'vne des mains ils'te-"-
nofentvnecollUure,qu'ilsàpprochoientdes Nymphes , Sedel'autre ils cftoum -
fi Hfe. . -
<$êajOfi2Z,
LIVRE PREMIER DE
|royêt la Bouche d'vn vafe antique faid en fufeau. Les Nymphes auec leurs maisa
<piin'eftoyéeempefehées,fepouffbyentles bras des Satyres, fans difeontinuer leur
.office de foufler. Lesautres eftoient faits d'autres deuifes Se inuentions.
Sur fes colonnes repofoitl'archkraue,puis la frife,Se après k corniche. La frift
eftoit entaillée de cette feulpture , C'eftoit l'antique plein de fruid Se de fueilles,
quifortoient dé fa bouche. De çhacunèpartgifakvnBceuf couché, èftendantles
pieds de deuant,deuers celuy du vafe:8e eftoit monté par vn homme na, tenant v-
tie verge en la maitf,qu'il auoitleuéecomme pour frapper,de l'autre il ambraffoit
lecolduBceuf.Derriereluyfurkcrouppedece Bsuf, eftoit affife vne femme
auflt nue,embraffantl'honîme du bras qui eftoit deuers 1e fons de la pierre : Se de
l'autre elle tenoit vu linge paffant fous fa tefte,furle bout duquel elfe eftoit affile*
. iCtelingçcouurojtkmoirié du bras dont elle embralfoitrhomme. En'outreya-:
POLIPHILE
auoît vn Satyre tenant 4e Ta:mafh d'roke lVne des c«rnesduFtuf,&: de l'autre
qu'il eftendoit deuers k femme,vn ferpenttortillé. Plus auant vers le fons du va-
fe:eftok encores vn autre Satyre tenant en fa main gauche l'autre corn e du Beuf,.
& en k droite vn beau Ruban,auquel pendok vn long faiffeau de verdure paffant,:
fonsJeventreduvafe. La partie de derrière du Bruffiniffekenfàçilkge antique,,
tourné en rondeur pour luj donner façpm -"'.
<w
Laxloflure eftoit voûtée à double voutes,qui faifoient deux voyes ou allées en-
ukonnant.es l'édifice. Les pilliers du milieu eftoient plus près l'vn de l'autre , que
ceux du front de dehors,Se y auoit encores moins d'efpace entre ceux du dedans,
ainfi qucles lignes s'approchoient plu/ près du centre , tant plus elles venoientà
s'eftreck.L'efpaced'ynpillierà l'autre dknkmokde largeur felon la proportion
de krondeurda hauteur demourant toufiours en vne équalitéde mefure. Lepa-
uéde ces belles allées,eftoit de mufayque, Se pareillement le fons des voultes , le
itoutd'voe mefme façon , tellement que l'ouu rage de l'vn fe rapp p'rtok 1 l'autre,
POLIPHILE, &$
>& toat feid à compârtimens,enrfehis de fueillages antiques , fîpf op Ktnttit -8e de
tant bonne grace,que tout fembloiteftre4Jvnefeule pièce, non point 4e pierres
rapportées. Dedans ces compartimens eftoient pourtraits par belles hiftokes»
tous fes effeds Se opérations de l'Amour. . ;
En ce merueilleux édifice facilemcnt.fe popupit cognoifïrelehon efprk , le.
.spromptdifcours,l'artexcellét,ling^nieuxddfeing,leprpfondfçauoir(,k merueil¬
leufe diligence-, Se l'inuention fupernaturelle du bon ouurier qui l'auoit faid: car
à comparaifan de cet ouuragc,n'eftoientrien ou bien peu de chofe, le femptueux
temple d'£phéfe,le Colifee ou Amphithéâtre de Rome , ny autre ftrudure quel¬
conque renommée par les hiftoires. Mais encores , quand nôusfufmes arriuez à
cette grandeporteRoyale,toutes fes Nympbes demeurèrent dehorSjSe entra feu¬
lement Cupido:auec k Pliché:puis Polk, moy Se les Nymphes qui nous tenoient
liez,après auokpafféfes deux voultures,entrafmes en k place du théâtre , laquelle
eftokpauée d'vne feule pierre de Iayet toute d'vnepiece, ronde Se entière , tant
noke Se fî polie,quequand les Nymphes qui nous menoient , meurent tiré dedâs,
ie n'y*eupas fitoftmis le pied,qu'ilmtefembkqucie trefbuchoisenvnabyfme,Sc
cftois précipité dans vne grande foflè obfcure Se efeouuantabîe. Toutesfois les
murailles qui l'enukonnoient, fekent qu'aucunement ieme recogneuffe. Ce
néantmoins k peur me feit fake vn fauxpas , Se nren eftourdy vnpeu le pied. Ea
cettepierres'apperçeuoitckkement la couleur du ciel Se des nuées, Se des mu¬
railles qui faifoient faclofture , ce qui jfevoyok comme l'on faid dedans la mer
quand il y ab«maffe. Au milieu de k plàce,droid deffus le centre d'icelle, eftoitk
feinde fontaine delà diuine mère de noftre maiftre,excelfentement belle Se bien
ornée. le veuXjS'il vouspkift,vous faire voir l'incroyable ftrudure Se difpofitioa
del'Amphithéfere,qui excédo^non feulement l'appréhéfion de mon efprit, ains
toutepenfée mortelle: car il e$ck miracufeufement édifié. Les degrez faits tout
autour delà place canimençoient au nyueau du paué , Se eftoient en trois ordres, ->
eftoieiitpkisteïdës "Cyprez4e deux en deux affez près l'Vn de l'autre: depuis deux*
'4'iceux Cypreziufques aux prochains ily auok trois pas de diftance : Se eftoyent.
tous d*vne grandeur Se gfoffeur',lés pointes "encîinées l'vne vers làutre^tellèmét»
qu'ils formoient certeines petites voultures en manière- de-pyramides , c'eft à dke-
y que kpointedupremiereftokjployéeaueëk pointe du quatriefme cëlle diffe..
eondauecceîfe du cinquief me, Se ainTi cn&y'uant de quatre en quatre ,-le tout en-
Orekffé de forte "quéfel'vn paffoit fur fan prochain ,; l'autre courboit après fous Ici-
fuyuant.En chacun efpace d'entre quatre C.yprcz(qui contenoit trois pas ) y auoit-
vne plante de Buys'à belles pommes oit boules rondes, diminuantes de grofleùr,"
fçauoir eftlafeconde moindre quëkpremicre,Se laticreeque k féconde :' mais;
toutes eftoient fi rondes Se tant vniesqu'vne fueiife ne paffok l'autre, dont fëm
bioitqu elfes auoient efté tondues,Sc ainfi mignottées par exprès.Entre deux Cy.
prez y aùok vh pied de Geneure, haut Se droit pour emplir le vuyde eftantd'vnè
voulte Sl'autre auec vn. toupet de fueilles furla pointe. Les perches, oziers,Se tout
l'autrefemWancedemerrain des treilles eftoit de fin or : k première, eouucrte dé
. Myrtefleury,pîoyéefurvriarchitraUed'or, fôuftenu d'yne voulte pofe'e fur àeà
- colonnes du mefmemétal, lefquelies auoientpourftylopodc ou piedeftalfe qua- !
ttiefmedegfé.,fe plan 4uquel(faifant l'allée au deffoùs delà treillej eftoit paué d'v¬
ne pafte ou cy meut composé"4e Mufq, Ambre, B'enjouyn, Labdan, SeStorax de
couîeurnoiraftre, Se parmy eftoient fichées'des perles Orientales , toutes d'vne
grandeur Segroffeur,difpofees en fueillages antiques en forme de mufeyque , en? ,
point de doubte que les ëfprats céleftes nes'encontcntaffëntaffez, voire qui plus
eft,s'efmerueiîkffenti pouraatan.t que cela paffè tout ce qui fut oncques excogité
des hommes. Ces treilles eftoientpar dehors fouftenuesde colonnes d'Offices
feyneàl'autreparvoutsîresd'archespofantes furies chapiteaux des colonnes. Le
yiiide entre fe&eornes de l'àrceau,eftoit en forme de trkngle,faid en l'vn de pier-
* te d'A.gathe,en l'autre de Iafpe,deCafeédoine,ou autre telles tout d'vne pièce, Se
fept degrez de lafpe, continuans; iufques aupk-n dek première treille : Se audefe
fousen lamuraille eftok faide vne petite poterne d'or, par oùl'on entrokfuries
premières voûtes,& de là aux plushautes.Puis chacune treille enfuy-uât auoit aufe
iiiaporte,d'or,de fembkbleeftoffe Se ouurageqne lapremietc. Le premier ordre
, des fiéges ëftokdéparty endeux,par l'efeallier commençant an bas duportail : Se
le premier de ces fiéges effoît comblé deterr e,Se femé de fleurs violettes : fe fecôd
de blanches: fetiers depàffeueloux* Au premier du tiers Se dernier ordrc,ily auoit
4es Penfées,au fécond du Soulfy,Se au dernier des Ancoliès. Toutes ces fleurs plus
.odorantes que fes meilleurs parfums d'Arabie: Se fine font en rien fubiedes au
. changement des faifans , ains demeurent fans ceffe en leur beauté , printemps, Se
franfporté. -* _ ,-..'-. ,
. -
%
' LI^ RE PREMIER DE
EnIra bl em ENT,Scentouthonneurfaifantkrcuércncë-,
l'aggréable Polia Se hioy nous agenouilkfmes deuant la fàin-
tefontaine,pù fe me fenty aflàillk d'vne douceur , kquelleiç
ne pouuois bien difcërner, par eftre furprins d'êfbahiffement-
Se comme rauy en exftafe voyant ces Nymphes, Se efeoutant
leur chants harmonieux ,. qui excédoicntfàns comparaifon
tous ceux que i'auois accouftumé d'ouyr. Certainement ie;
meconfumois d'extrême volupté eontempk*tt leurs graciai»
fes façons,Se contenances admirables, regardàntvne fabrique de magnificence,,
tantrefeuée,penfantà l'ineftîmablc inuention Se difpofition d'icelfe,fi que i'eftois
tout confiteir ces fenteuts de parfums exquis Se celeftes, incertain auquel de mes
féntimensiemedèuois adôncarrefter, Seàkquelle des voluptez m 'appliquer le
plus.ouadhérer,pource qu'ils eftoient tous diftraits chacun à fonobied, lequel.
. mecaufbit-d'autant plus grand plaifîr, que ie voiois ma chère Polia participer auec
moy au frurd4é cette félicité diuine : ioindauffi queie me trouuois près d'vne
fontaine fi excellente Se tant-renommée , excelfemméntconflruide au milieu de
ce fuperbe baftiment;commeie l'âuois déclarer.
Ke la pierre noire, mafîîuè dont eftoit faidfe paué fur fe milieu de la place-, Se:
4é la mefmepiece,ëftoitefleué vrt petit mur ou -aecoudouer d'vn pied dé haut tail¬
lé en rondàfept angles, garnydé moulures tantau bas que deuers fa fummité:Se:
achacun angle y auoit vne petite fàilh'e,en- façon deftylopedëottpiédeftaljfurlef-
quelles eftoient- pbfées fept colonnes. E'vne des' faces eftoit- ouuerte pour faire
Pentrée,deuant kquelfenous eftions agenouillez. La colonne du cofté droid , e-
ftoit d'vne feule pièce -de Skphir:celfe duféneftre d'Efmeraudeèk tierce 4c Tur -
quoifë,reffemhkn£de couleur afin afunSe combien qu'elle ne fuft claire & -taanf-
. parente comme les autres , fi eftoit elle tant polie qu'elle reluifok auffi fort qu vil
verre. La quatriëfmefut de Rubis , kcinquiefme de Topafe repréfentantk cott*
leur de l'or , là fîxiefmede I'àlpe*, Se. la feptiefmede Béryl, tirantfur l'apparence:
4- huyled'Oliue nouuellement faide. Cette feeftok hexagone, c'eft à, dite taillée.
kfixp^is-refpondantdroidaumilieu defentreeientrefesdeux.prechier.es colon-
nes:pource qu'en toutes figures angulaires qui ontles coings en .nombre impair,,,
l'vndeux refpond contre le milieu de.fefpacequi. eftentredeux autre.s angles*
' eftansàfonoppofite.'.
P.our former doneçc contour àvfeptangles,fa"utpTemierementfakc:vn eercfev
Se le partir en quatre par vne ligne perpendiculaire 8c vne trauerfanté , qui s'eiiy
: trecrûiffentdroidement au.centre. Puis diuiferauec lecompas l'vne de ces par-
' ' - . - ' ' " ' * ùc?>
1% <
TÔLIPHLEE; n,
tiesenfeptportîos d'icelfes en prendre cJAiatte entre Iesldëux pointes
é'gàîles, Se
duc oinpas,puispaffer cette mefure par deffus la Iigne4ek circtfmférence; Selon
Làtrpuuera bien feflementpartfe.enfept.',; -y '"" - - :
. Contrek colonne de Béryl qui-
fàifait kfeptiefme, eftoit entaillé -
Chacu»e4esfeptfaces auoit -trois pieds de long, & depuis les bafes iufques ï
il^rchkraue.yen auoit fept demefure.Certainement c'eftok.vn ouurage a^mkà-
:hlc>Se penfe que n'en difant aotrèchofe, fa dignité luy fera mieux- gardée que d'en
^Iflcourir plus longuement , veu qu'il eft trop mckfeurmetako ; que cuidant dé.
(;dater.proprementcefujed,iëdefeouure'|«bn
' io'nnëde SaphfeSeeefledtEfmeraudeiyaHQfevn;^ boucles d'or, ,
; »Cettec©urtin-c éftok tirée deuant k fpnràine , pour -cou ufk ce qu'il y auofc
- -*d£ffbus:Se à fin qu'elle fuft ouuerte,Polk Se moy eftant à genoux deuant Cupide
iufquesau quatriefmedes dçux premiers d'Agathe noire camelottée à ondes blâ- Eirrymencj-,
ches des veines delà mefme pjerre,eftoientàfecou hors de l'eàufur le premier4è» *rS?Pe ^^
' gré entre deux colonnes eftokaffis vnieune* Dieu ioyeux en regard, Se fembkht Eutym'edit*'
:feruiteur,appareilléàtous tes.comnundemens,pkifirs,SevQlonte;zlkkes,fansia-
makdéfobeyrny aller ancontrakeiSe pourtaotl'oïdonne.que vous-entr'aymerez
'ïvn l'autre de tout voffee câur-Sepenfee,vfant le demourant de vos vies en entie-
'-.' - repfofpérité fous ma protedioh Se fauuegar^e.Et afin quci'amkié de l'vn à l'au¬
tre fait réciprpqueainfi que vous fes defîreZjievueil donner à toy,.Poliphile;)qya-f
tredesNymph.es demafuktepour t'accompagner iufques au bout., Se te doiler-
ïHénofic,v- 4e leurs ver.tus,à finde magnifier ton courage, Se 1e rendre confiant en l'amour d?
vîiion* Pélia.Adpnc elfe en appefk des treilles, la douce Hénofie, Se luy did. Prensauec
Amoporc- t0y AmonorexejSePkfontide, aueckf,ur Gritoé, puisvous quatre accompa- '
*bk.n e^ar*" gnez inféparablementSe à touffeurs noftrebon ferukeur Poliphile,Sefà maiftref-
Proncide, fe que ie vous recommande Se encharge, Entcetenuz fes eux deux perpétuellemét
.cure. ^ ,enamo.urmutuelfe,fi.bienqu'iin'.enviennep0intdefaute. Surce, kDécfle tira
*Cntoefe- 4ck coquille qu'ellétenok,deuxanneaux , enchacun defquels eftok enchaffée la
Antcr'oce pîcrreAnterote, Se cndonnal'vn à Polia,Se l'autre à moy , nous commandant Se
amo*r néci- cnioignant de toufiours les portcr,Se n'enfraindre fon commandement. Après el-
- jroquc letourna fa face deuers Polia,Sc luy dkamiabfemeht: le te donneray auffi quatre
4emésferuantes,lefqueJlesnepartkontiamais d'auectoy, ains tiendront mainà
i4&3&»chori- kcoftfirmationSefeuretédetonamour.Adoncappelk des treilles Adiachorifté,
ite,i£iiépa- auecfes trois fi enchargea de
t?Piftinie £. l'accompagner, difanf. Ne laiffëz iamais cette-cy pour quelque chofe qui aduien-
- .âele,loyale..ne:Sefaidesqu' elle fait ornée 4e kplus fermcSe cordiale amour «qui oncques fut
Sopbrofy- tant qu'il en fait mémoire perpétuelle. Donnez aufïï ordre qu'elle obéiffe à natu-
"e Pdece- rçjfanslifrufter ny frauder de fon deuoir , ains qu'elle s'offre Se préfente pburo-
isôneùfcJ" kfetionagriable,en foy pure Se fyncère.àfon vray amy Poliphile, Se foit prompte
' g, ' ".à coïdialementfedefirer,5eindiffolubfementay-mer. Incontinent que ces Nym¬
phes eurent entendu le commandement de leur Damëfauueraine, elfes vindrent
.à nous , Se baiferent chacune k partie qui luy #ftoit encharge, nous feftoyant. âe
..gracieufes paroles pleines déroute douceur Se humanité: Se cofequemment nous
.préfenterent leur ferukepar trèf affedueufe courtoifie. Quand k Dçcffe eut fini
.Ton prppos.fon fils encocha vne fagette , Se enfonçafon arc dételle force que d'v-
..nemainil touchoit fà feammeile,8c de l'autre le fer de la flèche: puis defbànda fur
nous par vne telle puiffaiîcequepoûlble n'eft kréciter. A peine ëuft-il kfché la
cordc,queie fenty pafferfe trait tout parle trauers de m on cur, Se d'vn-mefms
.
coup meilleure Se. plus belle que la mienne accouftumée. Ainfi donc après que
néusfeufmesafféurez Se acertenez4enoftreamour,recrée'§, con&lez,refaids 8t
tcmpHs de lyeffe,Les Nymphes nos gardiennes nous firent entr'accoler Se baifer -
l'vn l'autre:puis nous baiferent toutes,en nous receuant en leur trèffaind collège,
au feruice Se buuragedek féconde nature. Adonc la Déeffe iedant fur nous vrt
grajdçux regard,dk& déclara amiablemeht quelques chofesqui nefepeuuentny
. .deyuentréférer, Se qu'il n'eft licite diuulguer au commun,confidéré qu'elles con-
.cernpientkcô.firmation&co.Eroboxationdenoftreamour,pourvnir8econioin- _ s
4re noz c en vne feule volonté, fous l'obéiffancéde fes loixfrudueùfes ,;.&
.mener en longue vie pure Se perpétuelle amitié, mefmespour nous rendre fer¬
mes, conftans Se affeélionnez a fan feruice, promettant fan ayde, fadeur , prote- :
dion, Se déffence, en tous les accidens Se contrariéfez qui nous pourroient.par ^ fi
fortune aduenki ^Cela faid, encores nous .donna elfe fa grâce Se feindebénedi- ,
chapelet
. veflu d'vn riche corfelet fomptueufemeiit trauerfé d'vne efc'harpe, à laquelle pen-
' doitvn cymeterre Peifan garny d'or Se de pierrerie. Il -tenoit en fa maiivdroite vn
flcaUjSedek gauche vn efeu d'argent, auec tous les autres ornemens Se enfeignes
appartenantes! à vn bon gendarme. Après luy Yertpk.yn Loup tout groignant
Sc.t.echigué,quilefuyuoitpasàpas. >;
'- --. '"**." ;ïi "' iij .
7 /,; LIVR£ PREMIER DR'
'' C3tondilfùt:arriuéàfefontaine,fiàidainfedéfarma, Se kiflantfôn hamoisdëîvL
7 Kors.entra deuers la: Déeffe:kquelle;â i'àrriuer le -baifafSe embraffa cordialeme «t..
Le recueilfusfgrand'centr'eux deux,' Se- s'èntrefirent^né chère diuinc.-,Ge que.-
voyantfes Nymphes-; elles s'inclinefenthumbfementjpuisleurfaifent la reuëié-
ccprindrentcongélse nous aufïïHè mefme,rendans grâces à kfainde Déeffe , de t
fes'biensfaids-. Ainfi nous départifmes du lieu, , lâklffant prendre fes foulas au éc.
Ion. filsje gendarme, .Se autres qui faifoiéntîeur réfidénce continuelle à-J'cntour,.
deiafontaine* .'' Y fi, '- . - ' '
'-''- £Adonïs,/mqfiel l<t:Déeffe Vénm venoit tous les ans célébreraan réuolu} ; ;., :
Y' fiUurracomansplufieursautre$hifepires;puiireqmrentePdiadelem? --
"'
*' direfenorigmeiÙ^enqueUsmaniereelleJeftoitaddannée,
'/Y ... - V . . haymer. ' , ,
>
.' ^pLIPJHLÊ.- i^
Menait cueillir vn,à finque ie fêuffedeleik liurée. A'cëïpârolësl'olfphrfe s&cli» "
i-âia deuers terrepourprendre des fleurëttesj Se plufieurs Nymphespour fay aydes,
feirent prômptement le fembkbleiBt apr.es auoit fufEfammerit amaffë , -Polia le£
.affembkinduftri.eufementenvnchapefetdebonneffracé, qu'elle lya-de fes che-,
aïeux luyfàns comme fil d'or parmy cette ver4ure:puis 1e meit Se:pofa fur -ma teftë: '
,Se àinfinoùs enalkiraes.efbatansparles pr-eizSe bocages ,au long desruiffeaux Se
;fontaiîfes,à l'ombre des alléesxouuertes de;Rofes,Iafmin,Peruéche,Ckrons,Ro^
vmarinSi-Myrthes,CheurefuciljSeaouteautre*maniere de-verdure, garnie de fleurs
ïà ce commodessdifpofées, Semife^par ordre,chaeuneà'part/Se en-berceaux fépa-
,rez pourfecontentementdel'a'ilimefmes de |oùsfesfentim^ns,qui eftoient dou»
^.cément iiiuitezj8e-p.fouoquez de k beauté du lieu , Se de l'air tant doux qu'on ne
.fçauroitmieuxdefirer. Finâbiement nous arriuafmes à vbeautre'fpntaine belle
Se ckk¤,faîlianthors d'vne groffe -fo.urce.,-<encIofede grandes pierres de marbre
ïb-kn&poîy.& luyfantdefeaatttrefàns aucun fardtny artifice : l'eau de laquelle fai-
Loitvnpetkruiffeau.murnmrantautrauersd'viïpré-fleuryj-bordéiparfes'rîues de
toutes les herbes-Sefleurs-qui fuyuënt l'humidité. Toutle parterre d'alentour e-
ftojt couuertde-Camomilfe Se de Peruenche, entremeflées auec leurs fleurs bkn-
crfas Se azurées., .fîgracieufement vniesëii iufteégaiké^ quedeîoing fembloit vn
-tapis de verdure,ayans quatre bonspas de kirge. Après ily auok vn bocage d'O-
ràngers.&-Ckrorakeïs fleuris Se chargez de leur fayid, contenarktf ente fix pas en
kond jtaus dViiehauteutSe grojfeur,Iépaiezpar diftances égalesjtant quedes brâ-
.chesdeT-yn à-celles defem procham^y .aubkvn-pasde mefure,àfinde reëëuoir les
rayons du Soîeil,Se.quek vedë ducieinefeuû'totalëment empefchee desfueillesj,
à ceux qui cheminoieilt deffous. Outre cela «ncqres yauoit-il vn autre circuit de
<Cyprèi,,Se conf equemm.ent des;Palmiers,auec leur fruid fépai e duprëmicr par>
vn préfemé de41arjokine.menuejlarge4&quatrepasiLa fontaine eftok au milieu
Laide à fîxangîésicontenans en rondeur douze:pas,dont 1e demy diamètre du rôd
tfaid l'vn des fix pans droids. Les -Orangiers eftoient.clos.par dedans d'vn treillis
4eboi|deSandal vermeil,de la hauteur d'vnpied Se 4/^my , percëà iour -à claires,,
voyeSjComme vn'treilliSjtaillé àfueillages d'ouurage Morefque,4'vne excellent»
inuentiompar fevuyde duquel eftoient entrekffées desplantes deiRofiers Sêde .,
;Iafmin,knsriencouurirny empefeherkveuëdu riche ouurage : Se parmy fes ar¬
bres toutes manières d'oyfeauxchantànSjCommeRoflignoIsjCakndreSjPaffesfo- .
litaires,:Linottes,Serins,'Pinfeh%Chardpnnets,&'TarinsiA l'entrée ioignantk'
f ôtaineeftok vnè treille aufïï large-que l'vne des fîx;prernferes faces,Se autant hau-
*c en maffannerfe. Ledemourantauokdeuxpas de hauteur >, à fçauoir vnpourlfe
plomb ouperpendicle/Selautrepour la voûture:fa longueur en auoit douze. Ce
*-qui euftdeu eftre de bois en k treille eftoit de-fin or. Mais les rofes dont elfeeftoit
couuerte, eftoient naturelles , toutesfois/.trop plus odorantes <^uc les communes.
Le paué au dëffbus eftok faid en mufeyque,depierres/précieufesde toutes les
couleurs-que l'on feaurok imaginer, figurées en tfelles hiftokes. Aulongdesco-
4ez de k treille il y 'auoit des fiéges dcïafpe.,faits à moulures , hauts de fept poul-
ces,Se-larges de fix.Puîs aumiiieudupaué fous la -treille y auok vne riche fepuku- ,
Cupido fon fils. Puis y font proceffion fofennelle,8e auec eux toutes nous autres
qui volontairement nous femmes,* eux' a.4onées,afferuies Seaffubieties,nevou-
kns faillkde nous trouuer à cette pompe tant exquife. Or quand nous y famines
arriuées, incontinent elle'commande à cueillir toutes les rofes de la treille , Se les
femerfur le tombeau:puis nous partons de cettepkce iufques aulcndemain pre¬
mier iour du mois 4e May,âuquel nous reuenos, Se trouuôs lesrofiers tous fleu¬
ris, chargez de rofes comme parauâr, mais elles font 4c couleur blanche. Lehui-
dkfme iour enfumant nous y retournons derechef, Se adonc la Déeffe nous cô-
mande amaffer toutes fes rofes qu'auions efpandues fur le cercueil,pour les i'etter
dans la fontaine,4>où elles s'en vonfaual l'eau, emportées le log de fon cours. Ce
faid la Déçffe entré en fan canal pourfe baigner: puis en eftantiffuë, va embraf-
fer là fépult.ure, en co mmémoration de fori amy Adonis , plorant, Se regrettant
fantrefpaS, 'Se nous toutes auecqutes elle, remémorant commet fembkble iour
PO L I P H IL E. ,I?0,
' ilkuok efté batmpar le Dieu Mars , Se.s'eftokla Déeffe entre les rofiers'piqué k- 7.
cuifîe dont nous auons baifé 1e pied, ainfî qu'elle accoure it toute nue fartât de la
fontaine pour fecUkfer fecourir à fon befqing.Voilàpourquoy chacû an elle ob-*
,xferuetel'feur,&feidouurklatombedutrcfpaflcpourfairevne.bellcproceffi.on.
à l'entouf,en laquelle Cupido auec grande cérémonie porte k coquille où eftle
fang de fa mere/Se^nous allons toutes chantans.- Lors la Déeffe faiknt l'office de
prkufe>prend le bouquetde rofes, duquel fon fils luy eff'uya lés yeux cependant >
qu'elle pleurok auprès du corps de fon amy que 1e S anglier tua.Mais il faut noter'
que ce bouquet eft touffeurs enbeauté, fans iamais fleftrknyfenferïSeincôtinent
que fon précieux fang efl mis hors du fepulchre , tPutes ces rofes blanches (corne
voù's voyez 4epréfent)font teindes en couleur vermeille , Se fleuiennent rouges
en vnmomént.En cet ordre de proceflion nousfaifons trois tpursehuirok fon- ' ..-s
taineîSen'y a,finonkDéeîfe,qui pleure, mettantfbuuentâfesbeauxyeuxcetou-:
pet de rofes.Ainfik proceflion finie,les faindes reliques fonfremifes en.leurre- '
pofitoire, Se toutferefte du iour eft employé en danfes, chanfons Se autres'paffe- l -,
temps.Aceiourpcut-onfacifementimpétrerfagrace4iuine,*Seobtçnkreffed '-
fens Vïfe odeur trop plus fuaue que le baume , ny toutes autres' fenteurs ex quifes
que pro4uk l'Arabie heureufe. Adonc en baifantfes mains blanches, Se aucunes- -.
foisfapoidrine,quieuflfaidhonteàralbaftieSeyuqke,iem'èfperdois^ '
nement en cette douceur/elle voyant quei'y prenois pkifîr, ne m'en efloit aucu- '
nementefcharfe,mais.s,ap"propriokàtous fes effeds quipeuuent induire" à i'a-
moui.Eftans ainfî aflîs, les Nymphes meirent en auant quelques gracieux propos
par manière 4'entretien,femonftrans fort conuokeufesd'entçdre de noftre côn- *
LIVRE'PREMIER DE Y ;
leurs cemelles, auec aufïï les pkifans fanges Se fantafies entrelacées 4e foufpirs,
«4ont ils fepaiffent Se nourriffent. Dcquoy nous fommes affeurees que vous elles
fçauante Se experte au poflible: Se s'il vous plaift fes nous 4eduire, cela nous fera .
pafferfans ennuy, l'oyfiueté où4eprefent*npus fommes.
LE S ECOND LIVRE DÉ
L'HYPNERpTOM ACHIE - '"'
DE P O'LIPH ILE.
r .*''.' ', N " .-, .
Auquel P olia & luy, l'vn après l'autrcracontent les eftranges auantu-
y- '.-'" -_ resôcdiucrsfuccezdeleursamoursf Y
refis Se terres bîé fertiles -,' mefmes de toutes lès autres commoditez requifes pour
1e plaifîr Se vtilité de kperfonne. LesnopeesfurentfolennelfemétSefomptueii-
Zyg°5> fementcélèbréeSjSe 1e mariage confommé,înuoquant fes DéefîësZygie,Se Luci-
jqu2,
né,qui tellemét y fauorifereïi't , qu'il en pfocéda plufieurs enfanstant mafles que
femelleSjl'aifiië défqueîs fut L-eliUs Maurus , ainfi furhommé pour fa brune cou^
leur. Lefelbnd Lélius Hafayoneus, letiers Lélius Tipuk, le quatriefme Lélius
Narbonius,Se le dernier Lélius Mufîliftre.L es filles furent fi belles, qu'on les euft
eftimé nées au Ciel, carenla terré on n'euft trouué beauté comparable à k leur.
Là première fut Morgane,lafeconde Quintie, k tierce Septimie,k quarte Ahm-
brica,kcinquièfmë Aftorge,Se lafixiefme Melifiie. Les parés mefeognoifïànsles -
lés créatures mortelles fe vpuloiét illicitem et comparer à eux, en vfurpant fes hô-
neurs qui leur appartiénent,rnefmes la trèflainde Damé à qui nous feruonsdndi- .:
fnée 4e leur témérité outrageufe,vferent contre eux de vegeance telle qu'ils fou- -
royerenroétéple plein d'abominatiô,enfemble le palais Royal qui^n eftoit af¬
fez prochain,tant que tout fut brouy,réduit en cendre, Se en charbôs:en mémoire <
dequoy le lieu retient encores à préfent 1e nom des charbons,Se fe dit Cafacarbo-
na. Celle Morgane far transformée en vne fontaine , fi furent pareillement fes
foeurs Quintia Se Septimia', ainfi qu'elles cuidoient fuyr: Se Alimbrica bruflée af¬
fez prés des autres.En cefte manière fut la maifon Royale 4émolfeconfumée,,Se
reriuerfee eh vn monceau de chârbons,rctenant ,ce nom à perpétuité.Et 4e là fort "" *
la pauure Alimbrica, muée en vnpetitruiffeau. De mefine punition furent persé¬
cutées AftorgfeSe Melmia4, d'autant qu'elles fe rrouuereotconuertiçsen belles
eaux,courantescommepPurrefugeSçàfauueté deuersfeurpereLéliusSyikus, ,
lequel auffi fut tranfmué en humeur Se matière liquide, Se qui augmenté Se acerçu
4e fes filleSjfait vne trèfbelle riuierë,arrofânt encores auiourd'huy cefte contrée^
qui eft d'vne partie de fon nomappellee.Siiy. SêbkbfementfonefpoufeTreuife' J
- pkifance du lieu , àuquefil donna fon nom , Se le fitàppeller Calo Maurb,y eflU
fantfàdemourance perpétuelle. Puis ëh mémoire Se recbidationdefà^giere'yrlt
édifier vne cité noble Se magnifique, laquelle il affit fer les riues de fon/père Sily,4
Se k peupla des habitans du col Taurifano , luy donnant le nom de fa m ère Tre-
uife,ainfi que l'on'voit encores de'préfent, fi bien qu'elle eft dempurée riche Se
opu-lente,noùgice de kttres,d'armes.vSe de t-outesVertus ,' pleine Se abondante
- de tous biens , voire mëre de, fàindeté Se/d'éuotioh'. En cefte ville ifregnalori-'
guement, enfinguliere obéiflàncè, paix , abondance de richeffas, en bo.nneanui
tié Se confédération auec fes voifins, viuant en tout heur Se profpérifé, Se y'ffëcél»
da gl.orieufement au regret vniuerfel Se defpkifir de tous fes fubiets,kiffamlavil-'
fe à fes héritiers Se fucceffeurs , par lefquels elle fut régie Se gouuernée plufieurs1
' ans après. Mais linconftance de fortune , Se k mobilité du temps , quiiâmaisnt!
-^ demeurent en vneftatjont fait qu'après auok eft^vfurpéepar.4iuers tyrans, ellç'î
en fin efté réduitte à la iufte feigneurie du noble Lyon Marin, par lequel mainte7
nant elle eft entretenue en bonne équité Se police. De céfte noble race Se liguée
LyonMa- (belles Nymphes jie fuis defeenduë, Se en cefte ville i'ay pris ma naiffance, àla-
«n, quelle me fut donné le nom de là chafte Romaine quifetuaiadispourroutrage
S/Marc, les que luy fit le fils d'vn Roy orgueilleux. le fus noblement Se tendrement nourrie
cmtiens. jufqUes en J,*an i-nil quatre cens foixanteSedeuxj' queie me trouuay enkffeurdç
monaâge. Oraduin't en cetemps que pour pigner Se agencer mes. cheueux, fe
memyà k fenëftre de machambre par vn ioUrque fe Soleil eftoit clair&iuy-
fantkar ie lesauois lauez, ainfî que ieunes Damoifclles font accouftumees de fai¬
re. Cependant ienefçay par quelle auanture le chemin de ce Gentilhomme f'ad-
4reffa la part où i'eftois: Se comme il euftietté fon regard fur m©y,ie le vey incon¬
tinent arrefté,pknté tout d'vne piece,neplus ne moins queNiobé quand elle fut
muée en pierre. le n'y penfay pointplus auant, pour.eftre mon efprit Se ma fan.
rafle occupez en autre chofe,ains feulement 1e reputay à vne ruftique contenance.
de ieune refueur plein 4'imagihations fantafques. Mais il luy en print comme ai|
petit poiffon,lequel pour vn peu 4epafture aualle vn crochet , qui fe retient : m
en eferchantaut£uy,luy mefme fe perdit: Sepotir aimer ce qu'enrkn neluy appâr-
renoit,il deuintibnpropre^nnemy. Vray eft que k nature auoit mis en moy au¬
tant de beauté que femme en peut auoiriquine mefera (s'il vous plaift ) imputéi
vaine gloire , d'autant que ce n'eft moindre vice de taire la vérité , que de publier
vnmenfonge, auec ceienepuis celer ceque vouspouuez vepkàlceil. Finablè-
- ment U"feprintàm'aymerfiardammentqu'iln'eutplus4ereposny depatiençe,
mais vehoit tous les iôurs paffer Ser.epaffër4euâtlamaifonoùiedemourois,facs
aucunrcfped ou confédération , regardant aux fenéftres çà Se là , Se s'arreftantà
chacun pas,rellement que vous l'eufliez iugé homme tremblé de fon beau fcfis,8e
neluy eftoit pofîîbfe de me veoir: toutesfois fi par quelque auanture il aduenôit
qu'il m|entreueift,qui eftoit (certes) pèufouuenr,iln'apperceuok en moy aucun
figue- 4'amitié, ny mefme que feulement ie prinffe garde à luy : auffi eftoit-ilbieii
.y loindemapenfée: car pour lors mon cur Se entendement eftoient du toutitfe
* 4
difpofezàreçeuokrefmotion d'amour, côrifîdéré queie ne pouuois auoit co-,
gnoiflànce4ubicnoudumalque l'on y peut acquérir. Parquoy 4etant depÇÎ.
?Qll^
POLIPHILE. . m
POLIA FR-'APPés DE P E STÉi S E . VOVE A LA
Déeffe Diane , parfortune Poliphilefie trouua au temple le iour qu'ellefiaifoit
%rofefûon: pukilreUmt oit elle efhit feule kgenoux enfaifantfes , ,
""" C H A P. .fill.
E me trouuay en vne grâd e peine, pouree qu'vniucrfellemét
le pernicieux dager de pefte tuoit de fon venin tous fes viuâs,.
nepardônantàperfonne.reftois en grade detreffeme vPiant
au milieu de cet-inconuénient, qui fans chois abbatok ce
qu'il rencontroit cerclant emplantlaraultitude quipériffoit.
Les trilles villes infedées eftoient priuées d'habitans : car
chacun ainfi que ie voyois tafehoit àfefauuer pourefehap-
per ce mal tant horrible qui exterminok tdùt,- fes Sages al-
loient recherchant lacaufe de cefte peruerfe auanture,defduifans par raifons que
le Nil troublé nous enupioit les iniques vents qui nous offençokntjSe pour tout
cela la maladie ne ceflbit point, ains continuant me veint attraper. Affligée de ce
mal, qui me menaçok de ruine énidente, ie fus abandonnée 4c toutes perfann es,
Se mefmes de, mes plus proches. Mon fang m'oublia, Se ne me refta que ma bon¬
ne nourrice qui feule cutpitié demoy enmon infortune.Tecroy que cette dif-
gracemefuruint par la volonté fupérieure. Mapauure nourrice plus clémente
enuers moy que tous les miens, ne me voulut point laiffer, auffi atten doit-elle
que i'obéiflè à mon dernier fort.Eftant en cette perplexité ie me trouuois pfeffée t
4el'ar4eur4ecemal1 ieperdois cognoiffance Se entendement, deforte queie
difois plufieurs chofes hors de propos, méfiez de plaintes exçefïiues. Puis quand
ie pouuois retourner en moy,t'appëllois à mon ayde la Déeffe Diane, àkquellc
i'auois de tout temps finguliere fiance,Se laferuois purement Se en bonne 4éuo-
tion de tout mon cur, la fuppliant qu'il luy pleuft me fecùurk eh cette extrême ,
autre démonftration 4e pitié,penfay de m'en aller, aptes queie l'eus tiré parles
pieds en vn coing du temple où il dcmoura: car quant à moy i'auois bien peu de
foucy qui en feroit les funérailles: feulement ie meretiray à grand' hafte toute
trembknte,troublée de ftaycur, Se quafi hors de mon entendement, comm e fi
i'euffeperpétré quelque grand crime.
,- *. . m .
-Ê
\ L I V R,E S E C O N D D E
POLIA RE C ITELA GRA N D' CRlfiAVTEDONT-
'- 'elle vfd enuers Poliphile, & cémme en s enfuyant ellefut rauie & enleue'e d'vn
" toufbittonjèr portée en vneforéft obfcure: où elle veitfaire la iuftice de deux
' '- ^Damoyfelles, doriteÙè)%tgrandement effouuantéefipuisfe rétrouuaan
-
. - lieu d'où elle efloit partie, A près en dormant luy apparurent deux
bourreaux -venus pour la prendre', parquoy elle's'efeeiUa en -- ..
" ' ferfiaut: dontfitnourrice qui eftoit comhee auec elle,
"* luy demanda la caufedefia peur: & après l'auoir ,
,-' C h A p. I I I. *
#-
J ' *-.'. ; -entrer deux grans bourreaux fales Se mâlveftuz,rudes cruels Se defpkiiàns.à veoir,
f ":{':.' îesiouës enflées, fes yeux louches Se encauez, les fournis gros Senoirs, k barbe ,
* '
longue'meflée,Scpleine de cràffe,fesieurespendantesgr.oflësSeëfpoiffes,les dents
x ,.longues,rares,iauries,rduiliéc%Seîrjaueufes,k couleur mortifiée, k voix enrouée,
: ' ;;' le regard defpiteuxSedifforme,kpeau rude comme bazanne,les cheueux hérif-
Y : :fez,gras, à demy chenus,&rËffëmbkns à l'efcorce d'vn vieil Orme: les mains grâ-
,. " ' .des^raboteufes Se fangl|ntes,les doigts courbes,les opgfes roux Se mal vniz,les nez ,
X c ri t en te s^NympheSjI'inclînàtion^'vh efprit-nepeuct
eftre facilementedeflpurnée, Se cequé le-c0ur s'èft propofé i
n'eft pas ayfement changé-, quand il s'y eftarrefté- aueç, vne-
délibératipnd'affedionconftante,ouqu'ils'y efl détermkfe7
par ipng temps* Eteneores il femble y eftre d'auantage atta- -
*,Et s'il peut outrager les Dieux , quepsnfez vous qu'il pailfe faire contre fes hti-
mains, qui font tendres Se fragiles , fpécfâlemantceux qu'iltrouue idoïnesàfeu
" feruice,lefquels encores qif ils foie timpuiffans4Se débiles,ont l'audaeeSe préfëm- -
; ption de luy répugner?Sâns point de doubteilsletrouuent plus furieux Seïnhu-
main que les autres qui luy pbtempértntpar humilité:Sc cela me faid dire que ce ,
" «ngendrehaine Se defdaing entre ellesS De ces deux vfa ce puîffantT)ieu à l'eiicô-
tre d'Âpollqjqu'il nauraprofondément de kpremiere, Se de l'autretomes les Da¬
mes qu'il propofa oncques d'a^mer,pour ce que luy qtri vok toutes les chofes , re-
* tiela indiferettement feiamours de k Déeffe Vénus fanjere ,4ont depuisïl n'eut _ ^
' querefus,contenheméns Se mattùaifes chères de fes maiftf effes:piris pour 1e corn- "
hle de fon mal,defpkifante fin de Ces amours,en quoy ne fçtùtiamais auoir bonne
;,a.uanture.Héksj(ma fîlle)non feulement ceft Apoîlo,mais infinisautres de toutes " .
qualkez Se eôdkiôs font encourus en pareil inconuéniét, pouree qu'ils ont voulu*
rcfifter.àl'encontrekpuiffàncedece^râdSeigneur5parleqtiel(ainfîqueî'eftime)
fes vifiens vous ont efté monftrées-pouraduertiiîement du malquiypus dokad-
- . - " .. " "- pollphil'ê; . :- w
>uenir .TEfçoutCz denç,ma mignonn.c,&rvous arre'ftez à mbncdnÎTëil^evbus vueà-
feïOppofer à plus fort que vous,ny fuyr à ce que nepouuez euiter: car eftant bel-
" le decorpSjdifcr.ete d'entendëment,bién moriginée de condkions,fagé-Se.»ccPm.-
va tirer vn tel coup de fa ffefehe d'or" , qu'elle entra iufques aux empennons dedans
lfeftoniac farouche : Se en fut kplaye tant griefue Se îîpérilleufe qu'il eftoit im-
pofïibfe y rëmedier.Albrs elle commença de fauhaker en vain les douces prières
Serequeftes queceieunegentilh'om'rnëauokperdues en luy-faifent l'a'mounmais
'
mettre.énpeinepourcefteffed,Setrouuerentyngentilhommedebonnërace, 8e"
fort riche,mais défia vieil, Si quafi fur fan'dernier aage j beaucoup plus caduc qu'il
;3ie monftfoît en appàrence^arce qu'il eftoit maigre Se fec7'
''" ' « *..'.* *- ' * - Mm iij "
LIVRE SECOND DE
il'auoîeîes iouës aualleesj lés lëures pendantes, fes-yeux rouges, efcqrchez,^ *
'< -le -croy qu -éle matin ;de ces nopees îesCèrbeaux luyfannerenfles*,aubadesfe,
tantilpuoîtfôi'tkchar0ngne.Letriomphefutgrand,&lesefpqufàillcs falemni-
fees en toute pompe Se magnificence.Einabfement-cettefainde nuidvintquefe
bonne Damoyfejfeaupk tant4efirée,eipérantque lors Ces defirs feroientaffouuis-; ,
. fens confidéîer la qualitédu marié: car elle eftoit aueuglée de fes affe'dions, Sene: "
-penfaità autre chofe qu'àcueillk le.fruid.de cette gracieufe affemblée. , eftantla:
'pàuufettetotalfemehtenclinéeSe.abandonnéeàfàfenfualité. Ejle fe coucha cnla,
îhalheure entre les bras de ce vieillard , qui eftok plus froid Se plus gelé que le;
ïtiois4e.Ianuier)mais ellen'ën peuttirerautrc chofe finontoutle yifege feuiîléde»
iafahùe-defan vieilkrdîefpoux,qui bauokcomme vn<hfen courant,de forteqûeï
-,. îë matin d'après,yous eufîiez did q'u'vnlimaffon s'eftoitpourmenéfur ce beauvi-
fege.Et neluy futoncques poflible ny.pour baifer ,ny pour chérir, ny par paroks.:
, amoiu'eufes,del'efmouuokauferuice de la, nature. Etn'oneuftoncqquel'halçnë-
înféde. Ycar-il demouratoute la nuid la gueule ouuerte , ronflant parcelle impé-
tuofité,qu'il fembloit à l'ouy r-que ce feuffent les faufflets d'vn marefehal. Enten- '
4ëz-(ma fille)retenez Se mettez cecyegi voûte;, mémoire.- Cette gentille Daracy..
falle fe trouuafruftréede fonintention, carelle nepeutiamais ekhauffer ce vieil--
îàrdJ* auquel n'yaupk vne feule eftincelle de verdeur ny depbuuok. Oriladuinb
- ,
-que l'ire des Dieux eft inénkabfe , Se quetoft ou tard ceux qui les defprifent, font
infaillibiemët punis:Se de cepeut donner tefmoignage k belle Médufe,à laquelle,
, pour auoir vfe de rigueur enuers ceux qui J'aymerent,fes cheueuxfurent muez en
derpenteaux viuans:parquoy ellefut après fuyedes perfannageshëroïques quil'a-
.uoient recherchée,combien qu'elle lesiùyuift,Se defiraft.Si fesieunes Damoyfel-
;les«ftans ence t>elaa|;-e où vous elles, font peu de compte des difpofîtions céle-
fees,Sc des caufes -bien ordonnées,, quiin^uifent Se enclinent les ieunes pël'fan- >
. 4e l'ire des Dieux conçeuë à l'enco-htre deVouspour quelque folle opinion qu'a-
uez.trop bbftinément mamfenue par fe pafl'é. Sans point de doute il eft de necefe
fitédefesappaifer,en amendantvosvoLontezperuerfes,fi;aucunes en auez eues»
! - * Se délibérant de leur obtempérer déformais les feruir en toute humilité. Et Ci vous .
fesbras:farqmyles-Nymphes-deDianequtfiurêndrefit^4à>&les
- ferWndrent-enfiemble.ples chafferent dufianStuaire d'vne vifion, . .
- fi y 7- quiluyapparut enfa chambre<.Et comme elle s'en alla aa>- Y Y
i- '. ' " temple de V.énm où eftàitfon Poliphile., .fi. fi, fi^ -,-fi'','*
; qui tu fesdonnée.-Se à quel fermée tes aftreintede ton bon gré.Aïnfi demourois-
tçsfôis l'en fus en moins de-rien diuertie par Cupido : lequel voyâtque mon-cm'
variok, l'em.braza d'vne flamme plus ardante que laprémiere, quis'efpanditpaf
tout mon coxps^cpmme feit le veniiunortçl dans fes entrailles du preux Hercule*- ,
c -Y - * ' " gar la-;-
; -;."' P'ÇrL.rFH-fE.E.... ."7 , ,-' ."npï
par la chemife tain de au fang duCétaure Kfeffus,quandilsaapprocha dkfeupoirr *
faire fa orifice. Tous mes fans furent fubqrnez Se deftournez de leur intention fl-
uere par la fuggeftion d'amour, qui chaffà de moy toutes doutes Se pénfées varia
bles,retirane àfoy monamë Se toute mon affedion. Adonc mon cfur fe tourna-; :
fe au temple ou mon Poliphile eftoit demouré:Se fi toft queie y fus entrée , ie ne-:.
m'alky pas. agenouillef deuant l'autel comme i'auois decouftumé, ains courus?
droid au lieu oùiei'auois trame,auquel ie le trouuay encores mort Se térny, plus,
froid que marbre, , d'autant qu'il auoit ainfi derhouré toute la huid paffée. En le:
voyanrfiforrcbaïigé , ie detiins toute -blefme. de peur Se dépkië,qui m'éfmëureik -, :
nuc,ie mépris à dire. Ha moi'tjqui acheures tous biens-, Se tous maux-, toutes ioyes,., '
Se toutes trifteifes,vien à moy, ié te prie, pour meioindre auecceftuy-cy que ma;
cruauté Se rudeffe ont liuré entre tesmains , tant feulement par trop ay mer cette:
chétiuè", voire plus que fa.pro.pre ame:, afafeçommeili'a bien monftré.'Las!ç'eft.: J
celuy qui me reputoit fan bien Se contentement parfàid. Né fuis-ie pasdonçk'.
plus rrialheureùfe du môndeV de ppuuoir maintenant trouuer la fin de cette vieï:
Héksjpourqubjréftrce qu'elle duife tant 1 Mon ame eft elle fî enfermée dedans:
mon corps qu'elle n'en puiife trouuer Tiffue? A -, nies yçux, vous me faides veoir:
mqrtceluy que ne daignaftes regarder enfavie.Oùes-tu Mort, qui fuis ceux qui*
te défirent , Se.prens ceux qui te cuidentfuyr?Oresfais-iebien..expérience de ta:'
condition cruelle* Ha le maudid iour que ie vins au monde! ie feus (fans doubte)
née à mauuaife heure. Qui eft Celuy qui pourrok dire lequel de nous de|x.eft plus :
;malfortuné,ou ce mien amy Poliphile ti'eipaffe,oumpy qui fuis encores viué,pleiY
nededueiiSededouleurplusangoifleufequelà mortïHéks'.venez- doncques rc-« .
<,->"--' Unfi
,-"--- . - - '
1'.' - . ' ?
cSafi^.' '£*.
LIVRE SECOND DB
. Ilne tarda gueres queie pauure corps reuint entièrement en fon premier effet,.
Se la coufeur luy remonta au vifage. Mais farces entrefaites k Prieufe dutempfe,,
qui(peut-eftre)auQitèfcouté'mespleintes,vint aûec vne grande trouppe defes re»
ligieufeSjlefquellesvoyahs nos priuautez illicites Se interdides eiilieulaind, fii--
rentgrkfuëmentkrkées,de manière qu'à coups de bafton , accompagnez d'iniu-
res Se reproches, elles dëmefferënt Se troublèrent no# gracieux embraffemcns. .'
Chofe qui me feit auoir peur qu'il ne m'aueint ainfi comme a Médufe quand elle
'fatcogneuëde Neptune au temple de Minertie, ou comme à Hippomanes Sc^.:
famieAtaknta'; lefquels'pour vnpareilcas furent tranfmuez en Lyon. A peine:
peufines-nous efchapper de leurs mains,tantelfes defirpient nous faire du mal..
N n if.
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XÏVRE SECOND DE
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E SE C O N D DE
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.A P R E S Qfff EfiP O L I A SE F VT C C V S àE D E V A NT A
laPrieufedu Temple de Venmdes inhumamtexf^ rudéjfes dont elle auoit vfé --"'"
Y, enuer s P'oliphile ,& déclaré quelle eftoit totalement délibérée de luy eftre Y
,£,ourt0jfe&gratieufepôurl'aduenir,laPrieufele fit comparoir deuant
fi' ' eUe :& adonc ilrequit quefenplaifirfeuftl confirmer &afi ,-''-':. .
*
LIVRE SECOND DE
J5* ^c vN
Madame ,fffas humbles Se déuots ferukeurs delà Déeffe mère d'Amour me-
retientd'eftreouysen leurs requeftes ,'fe vous fupply qu'il vous plaife reçeuoit.
.celle que préfentement ie vu eil faire, d'autant qu'elle eft fondée fur vne perfaî-
,de confiance djobtenir ce queiuftement & à bonne raifon ie pourfuy pour mon-
Huantage,c'eft de trouuer en ce temple remède à touslesmaux que i'ay- louffers..
Or auez vous efté'coirimife en cefaind lieu, miniftre fouueraine pour donner or-
. dre à ceuxqui enfmcèrké de c-ur inubquent fe.fecours de la Déeffe:Se fuis affeu-
ré que vdfixepouuoireft tel,que(moy énantfa grâce) tous vouloirs difçordansfont
parvous reconciliez Se réduits eh vnion parfaide. Suçcefte affeurance(Madame)
ie fuisvenu par deuers vous , afin d'auok allégement des peines que iufquesa
préfent i'ay en'duEéps,Se raifonnable recompenfe du rnauuais traidement quiui a
efté faid fans l'auôir mérité. A- cette caufe ie. vous requiers le plus affedueufem^t
qu'il m' eft pofIîbîe,que voftre plaifîr foit impétrer delà faihde Déeffe,qu'ellec6-
imndeàfonfiisàmdnadueu,de tirer vn coup de flefehebi en aflïs,dedans le céur
de pierre que porte cette Damoyfelle. Ce faifanyè ferky entièrement fatisfaiû-
de tous les maux,ennuis,trifteffes Se langueurs que i'ay à fan occafion iufques au-
iourd'huyfouftenues,.Se encores n'enfuis exempt. Toutesfois combien qu' elle>
foyentgriefues8eintollérables, fi me fembleroient elles plus ayfées à endurer, »
elfe pouuokau ornement fentir quelle chofec'eft que d'aymer auec gafîion, Se
combien douce eft l' vnion de deux ccëurs àffémblez par amitié. Ceftes,Madame,.
fivôus fçauez accprder cette différence de vplontez qui eft. entr'elleSe moy ,fe
Y " ., me
'-'..fi '-. 7 7 P;çtLIPHH;E; -, y; " ' . :i4f
me «endray pour bien-heureux,Se ne demancferay plus ri-en en ee-jno^de ^c^m--
meceluy'quj feratouta{lbuuyd*efes4efirs,:;scar.en mon maln'y à'iàutrejemede; .
fors k pitié de cette jDamoyfeilèjqui monftïé en fan vifage "certaine apparence de^
douceur, Se y-Ce d'énorme cruauté nnguliérement enuers moy , qui la defire feule¬
ment telle,qu' elle femble eflre'i car ces-dbuceurs font qu'elle promet efpëranc©
d'aîlégcm en-t,.Se i'y trouué tout le contraire : chofe qui me faid cognoiftre que fe:
bien pal moy prétendu, ne mepeut aduenk finon pour efgaler fon vouloir au
mien. Â k vérité il me femble plus que ràifônhai-le , qu'elle fe déclare ma- bonne;
maiftreffe,puis queie fuis fan loyal iëruiteur: Se ne luy fera pas honnefte de mal
tràider celuy qui de toutfon caur kreuereSeadore.Tecfôy, Madame, que vou£
cognoiffez ma caufe eftre fi iufte , que voftf efegeffe dira quél'on m'a faid grand»
tort,Se quecette Damoy felle doit confentir âmes humbles priereSy cpfideaé^mef-*-
mementqueii elle en-veutditela vérité, fa confciencelà remord^Se k condamne
à mé tenir pour fien^ . '-..-
. .' '- ,:."^ 7
- 0©«
-livreSbcond.de \ \
APRES QVÉ &QIIPUILE EVT AC H EVE S O /tf
pr.oposiPS^tnklapréfiencedeUPrieufeUiyde,cUraqu'elle eftoit ardam- ' 7
. ' ment efifrife defenamour}& totalement ùfifofiéealuy complaire:
pourarresdequoyluydonnavnbaife^CesparolesqueU^ \
,prieufelewJi£i*
J
fs
yCHA P. vix . .
il
$pmiw'mvzfi.
/.
;*
LIVRE SECOND DE
POLIPHILE OBÉISSANT AV COMMANDEMENT
*"delà Prieufie,fur le commencement de fes amours loue la perfeuérance, trpm
récite cammivnioiïrdefefteilveit¥oliaenvntemple,oùilfutef^k .
itdélibéraluy eficrire.
C n'A p. v ni.
j
* ,; POLIPHILE. î47
Héliez comme vn filet de foye. Son taind reffembloit à Rofes vermeilles , «1611665
auec vne ptignée de Liz:Se fes feures à Ccral incarnat :. entre fefquelles refpkok
vne aleine plus douce que toutes fes compofitions des Parfumeurs. Qui mefek .
\ *
-a*l
* .'.
'poxiphil^; Î.TJI
" lez tenir pour voftre,Se croire que ieferay tel de c Se affedibn pure, tant quey
. la vie medursera^Tous fupplkntau furplus^dë ne mefurer ma fidélité que k preu-
ue que vous en ferez.Gependant^beîfe Polia^que mes larmes Se mes prières vous;
foyent aufïï aggréables que vos mérites ontdepouuokfurfesc¥tfrs. ,&
lepenfois bien qu'après auoir leucette.fettre , ma Damoyfelle s'en dëuroit au¬
cunement efmouuokjSe monftrerquelquefembkned'àmkiéimà^sie perdis mon
i '"".-tempSjmonlàBeurSemon eferiture, ne plusnemoinsquefiie l'euifeaddrefféeà
«* - - x . u. - vnepkrrercarautant en euffày-îe euedegré. Genéantmoinsconfidérantqueloni
* n'ab bat pas l'arbre du premier coup dëhache, quelquesioursaprèsfeluy efcriuis-
encor ainfî, .,'.-.'
Simontourment(Madame).eftoirmoindrequevoftrecruauté,ie confeillerois-
àmon cur de prendre patience..Mais puis que vPfl're inhumanité excède mon
martyre,ie me délibère abandonner ma vie à toutxequefay peut aduenir. Tou¬
tesfois cependantie vous fupply me dire, dequoy me fert de vous ay mer^ puis que
vous n'en faides compte,Se me mefprifez; le fçay bien qu'il n'eft en ma puiffair-
ce derompre felienpar4ëqueliefuisretenu:Seque,d'autan'tplusieïn«fforcerois-
dejôrtir dufilé où ie fuis enueloppé,plus memettrois-ie en grand4ôftrok, Se n'en '
pourrais trouuer l'y.ffuë,non plus que lepoiffon qui eft entré dans vne NaffcAce-
. fie caufe,Prinéeffb de ma vie,ie fuis contraind m'encliner deuant vous, en qui cô-
«fifte ma liberté Se mon falut. Ne medéniez doncques voftre fàûeuncar fipar fail-
, te d'elleie vertois à mourir ,. comme il pourrpklégeremér auoi.r',m,pii.tf efpas vous'
;ferok imputé à grand crime.P.renezdpnc (s'il vous plaift) quelquëpéfedo ëoropaf-
\fion de celuy qifi' y ous ay me plus que foy mefme,Héks!Madame,ié crpy qu'il n'eft
.poflibje-que. eegrand ouurierdek machine.du monde,qui vous à décorée de tant'
^depe.rfédions,mefmesformée.àfafembknee, , Se qui faid apparoir en vous vne'
m parriedebeautezfupernaturelfes^.ait oublié de mettre, en vpftre cur quelque
.<jftinc«lfademiferieqrde * conlîdéré qu'il vous, à faide'p.our vne fauueraine de-
i- jnpnftration de fa puiflànce,telfement qu'à bon droid pouue'Z eftre didel'outre-
«palfedetputesles Damoyfelfes dekterie;chpfequi,me-faid efpérer d'auok quel-
» . '"
.' ' '- - que*:-
7 POLIPHLLE. ' y^
qtiesfbis aîlégeancé.Ôr 4onc/oUùerai"nê4é inoncfur^ppaïfez .voffre feé,, faides»
paroiffrcvbftrë pitié,que voftre c^ïragè s'adouciffè, SCTeccuëzL'affëdioMpfeine, ;
feravôftre:eàr ie^ Y- ,
,-*t
Vous poûrraril àduenir dé ma moît,fmon que vous en acquerrez letiltre d'home: \
*
cideî Certainement ce: vous ferap erpétuél.reproché: Se d'auantage. dequoy, vous . f .
feruiront cette grande beauté,k Bonne grâce, Se fe gentihefprk dont Dieu vous-
£-fi richement pWueu-ëjfi vous le gard.ezpour vous feuferCroyez^ttefenpoucra : |
bien dire,Se abonne oceàfiGn,quecek eft auffi' mal employéenvousqu'vn.thréi,-- f
fafcaehéen terre -, qui n^ft vtile'àperfonneyiuante; On no pourra iamais jbieffc y !
parler.de vous,confi'4éré que telle partirez dé ce m»«de, quey^us y.yeintes.;lS|e- .. |
ferok4îpas~meilfeiir , Se plus honnorablë enuers là.:poftéri té , quelaififfiëz: vne : |
-fleuriffante renommée pour durer perpétuelle ment après vous, ainfî qu ontfeid : .
k
le penfois ainfî adoucir fa cruauté- Se me tendre propice ., mais e^è profita
autant que lespremieres lettresicar ie n'en peus auoir refponce,parole,îndice, ny
^émonftration,en quoy ie deuffe fonder quelque efpérance , non plus qutÉi mon
^
*#*- $&t**t»s'
ypftreface*,tânt douce,' bénigne .Se graeieufe. y pus feriez àde de grande cfe'meiv /
ce,s'il vous venoit à plaifîr de me fauuer la vie ,,éar à ma -n#rt ne pouuez; jfen gai-
gner.Gem'eft affez que mon ferukevouspkife,^ Se n'en demande point d'autre:
guerdon.Aiiïfi fâifois-ie ma complainte par cfett£ij:h.angeant jnespropos en--mil---
le'maniereSjCompofànt dësrefp onces Se prorbeffes en l'air, affearees fur l'appàrë- -
. '
cède fan doux maintien : dont ie me trouuay 4ec,eu :.car. le c'ur n'eilok;pa:s4e7- '
mefme^àinsabreuuédeiene'fçay qk elles ftufes opinions en quoy lonà ordinai-
, rementaccouftumé d'inftrukelesieunesfifles^hofes qui font puis aptes difficiles ;
mour,pour obferaer fesloix, tordonnakes , aymant fans eftre aymé , feruant fans*
"gré,ny aucune efpérance d'ëaauok recpmpenfë , Se toutpar vn defir taufé d'vn'5
attrayant regard , qui me* fit eftimer qu'en l'Empire de Cupido toutes voîontez:
eftoient égales,Sequ-'ai%fîcomméie m'efloislibéràlemëntdonné àfanferuice, fai-
deuois en cas pareil y eftre bien traidé Se recueîllyi- ;-
fan office*, Se nrefçeu que dire-, ains demouray bien longue efpace de- temps àlnfe*
comme efperdu.Toutésfbk àkfin le repris Vnpeucourage, Se luy dis ëtt treffiW..- '
bknt quelques paroles confufes , mal affemblées,Se fàns'ordre:eâr i'eftois à4emy;-' ,
mPrtà l'occaffon dequôj? mbnpropôs fut? Madame' y ïly -à plufieurs iours'qiïeie--
vpus ay facrifié mon cur, Se dédié mon àmé à voUS:àymë,ry, honnorër,- Se-fetuit, r
comme fa feulé &yniquëlnaiftrefîfe.yCenëahtmbînsybui m'aûeztraidé-é<3kîftfë -
fi ievous euffe faid oUtrâgfe,me rendant lemafpôu'rfeHéifri & h'aîhè pour d'ife- - -
-4e mon falut 8e du fiéfi,Sc la voulaient appeller à repentance.: Quand elle fut ve-
-nueau lieu funèbre,elfe m'appëlk' plufieurs fois , maniant mes mains & mon r&-
ge,qu'ellc trouua deftkuez dechaieur naturelle : car lamé en eftoit départie : k.
-quelle à fon y flué auoit efté portée deuant fethrofae de k Déeffe Vénus .Mais elle
-ne fe fentift paspluftoft appeller par cette Damoyfelle ,- qu'elle ne feuft forcée de
-retourner enfon domicile pour obéira k voix qui auok fer elfe-toute puiffance:
-Se alors-elfe me compta entièrement ce que luy eftok aduenu en l'autre fieefe.
Quand la Déeffe eut ouy ma ciameur,elleappelk fen fils. Se luy demanda qui
l'auoitmeu à mefaire tel excez:màîs ce ieune Dieu n'en fit que-foubsrke,comme
fî tousles maux dontilnousauoit affligez, n'euffenteftéquepafïëtemps :Setoft
après feprint à 4ke.* Madame, il ne paffera" gueres quecefte difeorde fera rédui-
de en amitié, par le commun contentement des parties. Puisfe tourna deuers
moy , Se me monftra l'effigie de Polia exprimée au naturel , me difant. Contera-,
fi pie bien cefte figure,puisiuge combien il y a de gran4s Seigneurs' qui ferepùte*
roient bien fortunez s'ils pouuoient, ie ne\dis pas eftre aymezdekperfonneà
qui elle reffemble , mais la veoir feulement yne lois en leur vie. Il faut,, Ame, que
* tuconfelfes que tefedons ne fe font pas toufiours à tous ceux qui le^ défirent: car
1. ce font grâces particulières des Dieux, léfquelles ils odroy ent àfeeux qui fes me¬
ntent, Ainfiievueil quetufçachesqueietedonnepremieremétk fleur detou-
tes fes vertus Se beautez corporelles. Cela faid il dit à fa mère; Madame, voicy
celle qui eft caufe du maldequoy fe pleirtd cefte pauure bannie : feachez que ie
larenàray en brief contente, Se feray que fan dueii fera mué en ioye.'Ne te foiî-
* cie(medit-illors)iefçayquetuasvouloirderetourneraulieuduquelmespar-
tie: à quby ie cPnfens,Se te~vueil d'auantage conioindre par affeétion récipro que
'auec ton aduerfàke:, oftant toutesles occafions des différends qui ont iufques ,
icy retardé voftre concorde.
Ppiij
LIVRE SECOND D E
efté. Aufli( certes ) elle confeffa fon erreur", affeurant qu'elle eftoit vaincue ,4e
farte que plus)ie pouuoit contréuenir aux c&mmandèmens d'amour,*
Celaveis-ie, Mon corps mon hcùreuxreceptac^Mais eftant En kpcëfence
de ces trois perfonnes, dont les deux eftoient diuing^Se-fâ tierce non gueres
moindre que¤éiefte-, i'eusk fruitiondes vifîons -8c m VflSts aufquels lesyeux
matériel* ne peuûcnt pénétrer. Toutesfois il me furpdroyepar grâce fingulkre
de les contempler formellement. Bien eft vray que ie regardois plus entendue--
inent que tout , le beau préfent qu'amour -ni'auoit donné.,' Se pftois toute efbahie
comment en vn fi petit corps de pucelle , il y pouuoit auoir tant de vertus Se de
beauté , que les Dieux mefmes là'eftans ne fe pouuoient tenir' de s'en efmerueil-
ier : Se par fpécial ie contemplois fes yeux tant clairs Se fi luyfans, qu'ils faifoient
efelouyrles miens, confidéré que les rayons qui eh partoient, me femblo.knt
des fagçttes aiguës saufquellcsieferuois de butte. . ',
' .* . m .
#-
< 7 P G-'L-W ELBE.VI7
Y
gZCONV. -
livre (mmm&m)i)t
POLIPMI LE DIT dVE QVAND S Q;N ^MB
eut acheué de parler , il fe trouua viuant entre lefbras défia mieux aimée
Polia. Et requiert la Prieufe qu'elle vueille confirmer leur amitjé, '- . .
Puis Polia metfin au conte quelle auoit commencé »
deuant les^Nymphes.
POLI A
/fi #"-1.'.- .,' tOLLP:HI.^Èv --7 " fi ' *5*;
'' ~'J ' " "Y'.'^drr :-j-: -, 'fi/y y, -y";, Y--J»:-<ïb
Mt"'li 'Y'" ' '- ' '" ' 7": - . s
: fifensenfe^kd^Jems^ar^^sJ^olia.^brafptm.- '/-'...
-' . Y- , ' - ^6Hphileeftroi0emeatdijfàrutt:- : j . * '-. - ,-
'" - ' - auecte f ornes fi' :..7"-- ,y -
- : * ' - - ..... > t> y . . . -
-.- .. - t- .---'-- - - .- *-
fon beauparfer,fa belle façon, Se fa beauté plus que admirable, prenant fingulie- -
' depuis-Ie iour quepremierement ievou^yeis , ie n'ày pas eu vne -heure de repos: :
mais maintenant que î'infpkation des Dieux- vous k rendu ë plus traidable,Se que -
voftre cur qui feulbk eftre gamy de. cruauté s'eft efmeu à douce miférkorde, .
j'en remercie k bonté!fauueraine,Se vous fupplie que toutes doutes 6>fufoicions ,
'- . -^ . ^s.
.**r
, " ' LIVRE: SECOND DIT
4c chofes paffées:Se tenir pour certain que vous elles 1e feul gardiende mon ctur
céque pourrez auok cogjueu pat Àuure Se par effed,eonfidéré mefmementqu'en
lapréfencede tant-de Nymphes ie mefuis iufques.au mourir alliée Se donnée à
vous:voke fi eftroidement obligée,quénuI autre n'y aura part : Se ainfî que vous
elles le premier,ainfiferez-vousledernier.Cedid,elfeiettafes deux bras d'yu0i_
re à l'entour de mon col m'embraflànt.jSe baifant amoureufement de petits bak
.fers,quimemordilkntmefaifaientppcfauesoublierkvie. Et de ma part ien'en
faifoispasmorns,eftant furpr-is.de fi extrême plaifîr -, que ne fçauois fi i'eftois en
-ciel,ouenterre:tellémentqueiemefcognoiffbis quafi Semoy-mefme cVmaPo-
,lia,a laquelle violence d'amour., vne couleur vermeille eftok montée au vifage,
imcfléeauec fàbkncheurnâturelfe,-quiluy4ormoitfîbeauluftre, que Iecourage
- ,4*vn immortel eût voulu mourir pour fi beau fuiet. En ces entrefai61fcs,Se toutes
vi\inftanties krmesluyfertkent des yeux commecryftal , oujîetkes perles ron-
4es,fi que vous eufliez did que c'eftoient gouttes de roféefur les fueilles d'vncro-
feincarnate,efpannieauleuerduSoleil>£n lafaifan du mois de May. Et comme
i'eftois en ce comble de lieffe,celle digne figure s'efiianoçk , montant enl'ak ainfî
qu'vne petite fumée dfcBehfauyn : Se kiflavne odeur tant exquife que tputes les
.. fentcurs de l'Arabie heureufencs'y fçauroientaccomparer: 1e délicieux fommeil
' Xeféparademesyeux; Le*bel efprit le réfoluant en Pair auec le délicieux dormir,
*outfe retira trop viftcmeut,ôe s'enfujtçnhafte, difànt:Ppliphil^monchet amant*
^Adfeu. 7. ^ r. '.'.' '- - -;'' '
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POLIPHILE.
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POINÇTS, CHOSES PLVS MEMORABLES
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qu'enfié£i Poliphilefi.
- 52 : Apollon mal voulu detamour3 &info'r-
T Ame de P oliphile mortfaM fes plaintes tunéfin toutes fes afifiefiions 3 &pour-«
fifi&Vénwf 7 .-\ij6&va- fi q^yf.
' '.
s Y J*8 ,
Asbefte iArcadici bpis qui eftant allumé Beautéfinguliere enrichiede toutes for tes
nefepeutèfteindref:. %9 Jappas & ' d'brnemens reprèfientêe. en U ,
Cérémonies faites parler Nymphes & plufieurs omriers qui fans cemmunL-
par Venus mefme, auteur du tombeau quer ivnkf autre, rencontrent fit h eu¬
ft Adonkf. "'- ! - -- 119.& i$o' reufement que tom leurs ouurage s fee
Cérémonies anciennes & plus célèbres ' rapportèrentf. , y fi/-. 17
, rapportées &* comparées k Celle de P olia ' Combat de î amour auec les appréhenfions
foi - jj de quelque rn4lheur,dans le cnur de P 0-
.
Cruauté eft vne qualité indigne des belles en luydefcouurantfion affieêlion f. 13$.^
fol. ',,
*34 "'*??;/. , 'fi
la Curiofite'accompagne ordinairement les Dminitéincompréhenfihle^* cogméfieH-..-
/
Danîesy &èefttelle quileplus fiouuent lement defiby-mefimef y 44 ,
- lesfai£l parler , pourfaire quelques de- Dmifton du cercle en vingt fiarts yenfii-,
mandestcommeilfevoidf. ; 130 Y gneef. Il' ; ,- 10^
Çylopera lieu où lesfemmes boyuent pour XaDo£lr'mt& leslettres font néceff'aires -
Cymes en termes iArckite&ure ,-. ce font ' Douleurs aufiquelles les plaintes font défi¬
les lignes pendantes qui jwt lefrontifi- fenduesfontplus dures kfiupporterf. 136.
pice,& leferment. en trianglef, iéy Dragon efionuaniable deficript&reprè-
Cypariffus tout défiolé <&> prefique mourant fientéfol 'fi ' \ffi
dedueilplaip&febichéMejfééfi, - i!> -, '-". .-
*-^- nommées f.
- courbé ou contrefait
6l.(&t62.: .fi 125 fi
Z?rf»<*ë renfermée dans nmt tour rtçoit?< t Egypte a efté autrefois nommèelegrenier«.
-
Iuptter enpluyed 'or f 'fi, <fâ; ~" commun detout le mondefi. ;.'" \f.
Daphné ne pouuant plusfuir tèspourfeites Eléphant feruant de ba<xe k vnepyramiir
q Apollorïeftchangée,,en laurierfyxé fol. ': 7o
Dèftin repréfienté auec toutes fies réuoltt-... C Enfer "reprèfente auec touffes horribles-'
' tionsfi., y"'" 4ï# :
habitansfi.fiy . . ..--87-: ' '
fol. -
' 7 '''y"'-:' 1 Figures hyérogliphiques- interprétées delà
' ;
'lE gérance perdiiérentrefacilement dans ' Patience f.%\. antres figures interpre-
run cfur amoureux comme'ilfevoid en .- ,tées delà modération éfi nos a£lionsco-*-
y- P oliphile f. fi Y 20 trelaprécipkationfikmefime. 'fi- <
Europe rauie par lupiter defguifié en tom Flefehes différentes d'Amour- & leurs
" \. %e4u,&fesiràiifreres qui la'cherchât" diuers effecîs fi '-'fi Y '' ^138
. ; repréfentegf. ' >y 18 Fleurs toufiours 'floriffantesfansfleftrif
" -
Excufes de Polia ayant a difeourir deuant - ' & eftrefeibie fies au changement dèsfiai-
'desNymphesbien-difentesf.fi' Ï31 fensf. '' '114*
Exhortation kaymerf. 135^^140. Fontaine de laDéeffe'Vénui ,aumilieudé '
* -- y . I Amphithéâtre a Amour f. /"' . 123
Y K ' -. - ' Fontaine comparée ivn menièiUeux &,
- , "
"O .^&/<? dePrefrnéï& de Philontélera* Fontaine verfiant Ceau fans fin, <& com*-
^ fi contéefol. 100 mentiïfiepmuoitfaire fe 34-^37;
UFélicitéfie marie &conio'mt auec le mi- Y " *. ' - J -
Figuier portant chacune année fixante Y/ï Abits kfanticfm de toutes ferte»
, ,&dixmmdsdefruiëlf. ""' : xy ***' pour des Nymphes f, 117
y
»T A BLE y
ç H abithonnorable encourage vn amant , JtoydesfVentsf.fi " .^
ikdeficomrirfibnfeukfiamaifitreffeJ.e
. mejfmcaufivn vieil veftcment le défi fil
couragefol. S1 .
fi-HayeouclofturédeïIfte Cythérée ,fer- Y Aritns pleins d^merueiUes, défaitsJ.
'. rméeenpaliffade tète quellefievoid A 40.41.42.^45-'
fol ~ioy laffieveréertch ajfifé en argent aydc aux
fUerbts médecinales de plufieurs fortes, ffemmes ktheure de leur enfantement
. nommées fol. -J foi 58
Herbes propres a. gouurir vne treille ou laffe de î Empereur Né\ton , oufia figure
tonnelle » rapportées <& nommées
. efloit grauceivn prixrineftimablefi 45
fol. 205 'Jeu des efichetsrepréfenté en deux bandes*
jMerbesdediuerfef fortes aimans Cair de 4efei%eDamojfelksfif. 3.9
Hjl?$} ù r.fnt re de mort k vie par les Imeptiw.fubtile pour faire -ouurir m*
prières 4e Diane f. ny porte& la fermer fianf la pouffer
K H uylesôdorifcrantes & [confortâmesUe - fol. ' ' 7$ -
Çaftor&Poïïùx.&fikHMèneffiïfftaMoifionfg^
Léandre &Hért rk quelle'heure fe fiepa-fi pitsfi.fi ' -66
rgymtt?'quitt oient leurs amoureux le Monde'repri'femé-par'vn- coffre on ily '<
Lieu délicieux & plein de toutes fertes de la-M ort auec toutesfies quklifezfeyerogli--
plaifirsjeferit fi \ 67 phiquement repréfentèe fi 9*4-
Louanges ffivne beauté'rare -&trèfeèx- M ufiqueharmonieufede la Royne Eleu-- . Y
cellentefefi '* 4$.&$z thériUdef^ 34.35.^119 fi
Louanges d'vne fiage fille fi fi l$9 la Mufiquek beaucoup de pouuoir ferles-
Loup rencontré en chemin eft remarqué ames,ainfi qu'ilfevoidfe- 39 »
pqur mauuakpréfage ffi 19 Mymphurius excellent voltigeur,faifoitfi
. desfautsfiadmirables, quifiont fe- 35; y '-,
; '
**-*' deladifcordancedesqualite%fainfefi'^^A^fam:èt^tmortdeshommesrii. s
ésbaft'imensfiitoutesles parties ne fierap- ^*firéfent{e en deux pertes fe-- 99
portentlaruinelesfimtf.- 16" ' N-aiffancedeïamouridnslexmufdt P'o-
M'.irsreprèfientéfious le nom'ivn furieux x liphile,nayfuementrepréfentée^tuecles Y,
gendarme accompagné'de toMeslesmar-- craintes qu H efeneutfîU ^racontée
.
Mr | '_--.
T'Ai LE
^apjesdefeyfverteammfm, enrichies 'oyfeaux de rimen de toutes fertes norru
d'or & de pierreries fi 34 ^e%^J- . 2t
U Nature ne s'efiouitpasfi fort enUper- O)féaux chuntammelodieufiemmt^q^
-
A ,--/7\ Bèlifquesdu, Vatican k Rome, d'A- Parfums diuers hrufans. dans U chamhre
*Y^r lexandrie & de Bsthylone feules , de la Royne fi * ; 3J .' , .
î'Or eftle poifion delà vertu ,<&le mortel ..fub lefi. --.' iî
1 yenindelapaixfi. .55 "P agence, hyérogliphiquement, repréficntle
OraifenklaDéeffeyénmf.^yZ.&yf fol. ' %i
OraifonfiaiBe aux Grâces f. yy ' laPatiencelaquelle ne s enflamme iam<M
ÏOraifitn doit eftre noftve vnique remède de courroux, ny neflefichit en aduerfte
x
fi" n'eft pas réciproque, mais aufii d'autant maiftreffe àpitiéf. 148.149^150 '
^ plus louable fi' '" y 145 -Prierede Poliphile enfenjfril fi ...
- 2
-perfice couppelateftek Méâufi f. 57 Prière de P oliphile kla Prieufe du temple
j> erte repréfentèe efi lafigure quifie vaid deVénmf. 144>
' n'eftreiouyffans défies dtÇtrs fi 103 fipfichéfemroum en, vne mgotffe extre-
' .plancher defiaiïefrèf riche &< trèfingé-- w? ayant perdu fen amoureux Cupi-
'nièufiememélàbouréfi - ?§" «&»/ ... '7 y '. - ; 1*
Poliafief4i6îrecognoiftre kP-olipUe puiffanceiAmompronuee par vne in-
' fol. .'"'-" '.' 7$ .infinité de. valeureux effieôis fi. . 138
'Poliandrion,tombeau de plufieurs amans : punition cruelle des belles rebelles kÏA"
''morts îferceiamow f. '. «î «ww/' . - 7 - . 13^
Po/i;i?/fe »wi* <f -v» <^#«V amoureux, PyropecdepierreThebayque.fi. -| .
Religieufie &fainftevie repréfentèe en-? Styïïes figurées demy femmes <& demi
la porte, jnfcriptei', Gloire de Die» pyijfons fi " fi i6>
foi. " 46 Secound'Ariadne approprié ktouteayée*
Remerciement de Poliphile aux Nym- - qu'on refait en lieu dangereux & ie ,
phesqui le rèçcurent f. . 2-4 difficilefortfiie fi- " 2^
Remonftrancrfaifle k Polia par fit nom* Setnelifut trompée parla Déeffe lùnon
ricepourtinduirekvtymerf.fi 13S- defguifecfih vieille /i - 23.
Renommée dépeinte auviffi. 46 Semelébrufléedufoudre de. lupiter pour*
RenouueUementd'i/ne affie&ionià comme traiéîe fiur Ainchariôt fi, 59
perduefifi , . 145-; Sérapisfgurè'de la fitfon que les Egy¬
Rhombe en termèïi Architecture eft V ptiens tadoroientf. . 120
neforme de t orange fi ~- 12 Silen'ite de Perfie nepeut eftre eniaméfar
Rigueurs implacables de Polia enuers P<5- la lime,& plaift k Cupidon,pmrcefitiil
Hphilef. 154 maintient enfanté ceux qui leportent
Riuage délicieux ivn ruiffeau entouréde furfibyfol,
-. 91
belles paliffdes,defcriptesf... 150 ' hSoïeil reprefenfe la diuinitè en ce qu'il
Riuiere daire &*. aggréable k meruèiÏÏes crée parfiafumiere conferue &ilhmi-
~. entourée dé toutes délicieufies herbes ne toutes chofes , fi 44
fe** v 110 S ommeil enfermé dans la boe'te de Pfcbi
Rudtffè. d'vne ddmecomhawepar vnlog de crainte quelleauoit qu'il la laiffaft
* difiçoms,pour l'amener Ipitié- fol. , * 154
/?'*- , - 134 Songe-effroyable de'P'olia, qui lafit coude- -
* £ , defcendre k aymerf . 137.6?. 138'
' ; Souliers conuertis en pierre dans wn tom--
.QAcrifîcèfdft à :Piiape gardien dés , beauf. ' 54
^ififdfnsfi: 6§ ... Saurii-blanche remarquée pour t ht J
TÂBL7E - y
augure f. ;_:_- 2,0 lequel leurs mîferesfintèferitesfolfififi
guperfluitej^anciennes comparées À celles _. d'vn ieune homme mort de regret voyat Y
^^PP
; -M TABLÉ-
Trophées èflèkules ^poHè^farfivne 'Yénifs efigratignéekvne rofe en voulant-
* Nymphe aubo/t defataée/auec d'au- fifecourirÀdonufi- fi '' .-. ^
'' i inftrumens deguerre tant anciens que mefol. ,-.', ' ^ " , _
[îèTymon'eftle plandu triangle quifaifit ' &*48. ' 7, Y' *- "- ^ '
Ùfront iftice d'vn portail fi iÇ: .Voix plaignante "fi. corhme ihjn femme ,
""'fi:^ " ."- y "* Y ' " '; ' malade,fertaûi ivn Colàffe de bronx$ ' '
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Voix
-i '. 7v\':!;':' ^>
merueiUeufement rduiffante , &'
'ffi A iffeau de mer de diuerfesfortesfer-
comment Poliphile enfut charméf. %.
' uansk vne bataille nauale fi in.' V<dupte%file ['amour'çombienpeu durables:
fi Vanité des chofes mondaines- repréfentèe Çfe* pleines d'incommodité f. 4%
par la comparaifen d'<tmebulled*eaU,k la ~ ' -' ..vfifi -V"--Y'--'V-Y
gloire de cefiecle fi 7 "... c "41 Y-, * Z: ' . * - ".
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