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Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

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Amoureufes, qui font reJ
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Jl. Paris.
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A MONS'I-EVR MON MOECÉN AS,
Monsievr M. "Pierre Brochard
feigneur de-Marigny , ConfeillerduRoy & Maiftre des
Requeiles ordinaire de Con Hoftel, &c.

Onsievr,' JQue diff^ooHs que ie vompré-


fente l'ouurage (Cautruy f le ne crains f oint que
,

vous difte^que Je vay bien loin recîrcbervn au¬


tre pour vous reffondre des obligations que ie
vous ay } car i'ay prié Polipbile de Vous offrirfis '
, tbréfors , à fin que vous élifte^ce qu'ily a déplus
beau pourgage de ce dont ie vousfuis redeuable. Ce qui méfait parler
ainfi\efl que i'ay mis la mainfur la clef de l'efcrainque cet amant de
Polia tenoit cbe^foy 3cefl ce que ie rc/ous offre 3 cefl ce qui efi à vous
ç> que ie vous porte comme légitimé offrande de mondcuoir3afin
qtiau'moins iefois eflimé digne de i 'honneur que nie faites de.m'aymer
& me communiquer lesprmues véritables de voflre bonne affe&ion^
CboifijfeZdonques icy cequi efl àvous 3qui efl le labeur que tyay em¬
ployé 3 car c'efi Vous qui Faue^caufé 3 puis que vous maue^ efiablyle
'

loifîr qui m'a eflépropre pour redonner à no s François cet abifme de


belles inuentions, & leur offrir toutes les autres pièces qui fontforties
de mesmains. ïefbére qut ceflemefmefaueur nomfera produire3Dieu
aydantfm beaufrui£l3autanX agréable que ce qui peut plaire ejl déjira -
ble. Tandisumeie m'eflance aux belles pourfuites de mes^ entreprifès,
pour me donner courage , &fauorifèr toufîours mes intentions 3 faites
tnoyparoiflreque vous aue% aggréable que ie tente de ioureniour les
occafîons de Vous rendre fidèle démonstration du très-humble fèruice
que Vbus doit &< vous a voué BerOALDE,
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fur ces projets de piaifir, férieux.
E a. b eaux eiprits ont de tout temps vne iufte inclina¬
tion à la rec^rche des fubietsqui leur contiennent,
ainiitous ceux qui affectionnçntles belles inuentions
font eftat des endroits où elles fe trouuent, caufe que
les curieux ont ce liurë en grande eftime , croyans
que Pohphilecftvnceuure digne d'eftre gardé entre
les ioyaux plus rares des cabinets-dé valeur, dautant qu'outre ce qu'en -

apparence il comprend infinis traits perceptibles & de beauté remar¬


quable , il couure foubs les ombresde fes artifices le meilleur de ce qui
eftplus exquis en la Philofopbie., L'autheur de ce liure ayant goufté
ce qu'il y auoit de bô es occultes replis de la ftéganagraphie,en a vou¬
lu propofer ce tableau , pour dératfnftrer qu'ilf'eftoit trouuéés plus re¬
culez recoins oùnatu/ecélefesthréfors^&ainu" ayant eu tant de féli¬
citent voulu eftrefeul en ce paradis decommoditez, mais auffîade-
fîré.communiqucrfo'n contentement, mettant en veuë cepourtraict
-de fesb elles auantures, Srexpafant ces diuerfitez fîgnifîantes à* ceux-
quiaurôt nTeimefolîcitudequecelle^uira poinçonnéàtelsdelïèinSj
_ à ce qu'ils ayentmo'yendefëfclarcir parla lumière d'autruy, En outre
cet autheur fuit la façon des an ciefts qui voiloyentto uteforte*de vérK
té philofophique de certaines ligures agréables qui atttroy eoties
curs, ou pouries retenir àl'efearcede. ce qui foflroit, ou pour f ef¬
forcer d'ouurir ce qui cachoit la b eauté intérieure pour en iouyr , con¬ *r^

tentant ainfi le vulgaire Si fatisfaifant aux déiîreux de perfection. Et


pourçe que l'amour parfait eftlebon , iufte &.véhémét défîr que l'ona.
versce qui efl excellent, PaupuiLeaprins fbn fiibiet furies difficultez-
d'amour, car iln'y arien qui releue plus l'eiprit que. les penfées amou-
reufes pour vnobiet de mérite. Ainfî figurant les exquis miracles de
nature foubs les traits d'vne dé{îrabieX.ucre£Te , quilfert foubs le nom
de Polja, & retraçant les ombrages &; ligaturés de l'ceuure accompli,
auec les progrez des pafllons que refTententles amants,il tente chacun
d'e.dçiirerlafr^itionaefesafFeéyons. Ilefi vray 'qu'il feftoit gropoféT
ce b eau deffein d'vne façon plu«auftere, car il efcritdVnflile quine
peut eftie familier °Lu'au^^2^es > empliiïànt fon difeours des fraies de
- langues "feulement cogneu es aux fçaûants , & le méfiant de route la
neuf de la mythologie anciettne,tellement qu'il efcriuôit à fes compa¬
triotes, fans leur communiquer fes intentions, û que proprement fon '
ouiïrage Italien n'eft qu'vne peinture huë-à ceux qui n'ont p oint' efté
nourris es lieux oùfacquiert la fcience,fi qu'Italien il efcriuôit aux Ita¬
liens1, niais pour n'eibrereçeu'que des plus délicats en intelligence. Ce,
qu'ayant epnfideré auec les premiersqùi nous ont baille ce volume en
François,nousnauojtispbintvoûIuimiterfesenuelopées manières dé
" parler pleines de traits eftranges au vulgaire : mefînes conférant les
deux exémplaires/aylaifle çequele premier àuoitobmis, ayant tou,
tesfois adiouftépar cy par là ce qui eftoit trop tronqué , &lefamiliari~
fant a noftre langue, ï'ày fuiuy la première intention de eeCheualief _
- de Malte, qui le fît voir aux noftres, fuiuant leplus qu'ilaeftépoffible

là naïu été. , dautant qu'il n'eft pas féant d'obfcurcir ce que l'on veut éf- -
, çkrcir, & principalement pour le donneraux François, qui ontaflez
de mérite, pour auoir la communication des beauxTeçxets. Celiùre
; donçq eftant autresfois tombé entre les mains de ce Gentil-homme,-
îientiralafubltançe(&:furtoutence'quieit de l'Architeélure^ où il
faitparoiftre fon fçauoir ) &: le mit en noftre langage , non comme tra¬
duction, ains imitation 6i:difcours faits -&c tirez de ce beaufubiet,ce
qui fut communiqué à M. lean Maîti% qui le recourut, mais fauffou
honheur,fans prendre garde àplufieurspârticuiafitezqu'ilafaliurëfta-
blir\ Srde'dia cet ceuurel'an 1546. àMonfîeurle Comte de Nànthueil,
Henri de L énoncou'rt , auquélil fait& au L eéteur vn bref difeours du
contenu duliure que; nous retracerons aufll, niais plus proportioniié-
ment , afin de n'eftre ennuyeux , ou retraçant après ce qui eft plein des
cognoiftàncés abftrufes & fecrettes. Depuis en l'an "15 61. M: laques .
Gofaqrfj ayant reietté l'il deflùs tellement queilenient, cômmeil
; paroifi rcâr il n'a pas feulement changé vne fyllàble,ny prihs garde a la

, faute qui eftoit au commencement duliure, que ie vous laifferayiu-

ger. Il y auok, Parvn matin du mok d'\Amdenuirohl:aMbe du iourte poliphtle


-, efloit en mon lï£i fans autre compagnie, &ç. & àla^în du liurei iltérmine
ainfi; l'oftyU douce pMomek ou ropgnol\&c. & puis eftant:rèueillé il dky
' que ce, fut le premier iour dumoù de: Mayj Si Gohôtïy y cm prins gârdé^l
eut. veu que llautheur dit qtfilfongea auant le iouri, puis ayant fongé ik
fereueilla au chant du Rolïïgnol , non en AuriL cela deuoit eftre coîi-
fidéré; auffi cela m'auife du peu de fouciqu'y mit Goh'of ry,qui en tout
n'adioufta qu'vn p etit aduertiflement Latin , oùil tJifoit le mèfme que
Martin/ç'eftquerautli.eurauoitmis.fon:nomàik.x premières lettres des
^ chapitres, Ueùteftéà dénxér.qu'^eut'fait-demefme en tous les Hures

' François de Philofophie qu'il nous a-fait f imprimer -& gafter. il eftoit
homme de mérite & de fçauoir , mais il a eu tort de clianger ôrrenuer-
ferle fens en plufîeurs endroits,au dommage des L e&eurs Se dés-hon-
jneurdes Autheurs, ce queie dypourj au ertir, dautant qu'au refte.fon
trauaîleft louable,: parchacunfaitxequ'ilpeut.' or cecy.foitditauec
labonne grâce & conferuation entière des mérites de^chacun. D epuis
commélescuriofîtezvertueufesexcitentles âmes , ce liure eftant re-
c^rchéàcaufequetôusefprits defireux veulent fçauoir , le lire Mat-3
thieu Guillemotrecogneu entre les Libraires, des plus honneftemenjtX
curïeux.&: bien méritant del'imprimerie & du public^ pour le bien dn/
quelilnefefpargne en labe.urs ny defpenfes, vo ulant représenter ce)
thréforaux Frariçois,mervamis en la main pour le reuoir &c faireparler
plus poliment^ ce quei'aytafché de faire le plus exactement ^confé¬
rant toutfur l'original, auquel,comme en celuy quei'auois,l'autheùr
ayant c elé fo n nom au tiltr e du liure*, l'auoit inféré es comm en c em ens
ainfî, PolUmfraterFrancifcm Calttmnaperamauit.Cequc voulantimiter &
non traduire,non plus que le tout n'eft qu'yne imitation,, i'ay mis' es
premières lettres , François" Colomneferuiteur fidèle dcPolia ,. ce qui eft plus
conuenablé &beau àvh GemiLhomme, quele dire moine y tel quô
futceColomneaprèslamortde fa maiftreife, pour laquelle viuante
Se eftant encox féculier il a retracé plufieurs ^ordonnances d'amour
foubs le nom de Polia,laquelle eftoitiadis la-bélle Lucrelfe Tréuiiâne,
les bonnes grâces delaquelle & fes pourfuites pleines de fiâmes, il a
tranfmuées, faifantque cesdoucesamours de délices mondaines,der
uinffentfruéiueufesaffeétions pour des fubiets non périlTables,qui
f obtiennent par les reeferches de vertu , Se fe trouuent dans la lumière
- des feiences, quifontles vrayes amours des beaux curs, & telles .que
récite noftre vieuPqëte',difant: . # - - ,
vieux ejlojent, - . -. - .. ", »,r\
r Ceux-là q.uiiajcîence auoyent :. -, _._<
£ ttoutesfoit en leurs vieux iaurs- -
I h iouifjôjent de leurs amours.
Cependant doneques vous ^marquerez que le liure eft demeuré
François imité de l'Italien ? comme il paroift par le riltre , Difcom-s du
fongede Pbliphile , & le laiflant commeil eftoitpourle corps , n'âuons
point voulu y inférer les fables que nous aUons trouuees en l'Ita-
lien0fuiuantainfiquenousauonsleplus Amplement qu'ilaeftépofll^^
blece qui fe préfentoit. Quant au deflfein du tout il eft diuers 3 car on y
voidfprce architeclufe^en quQjleCheualierMaltois feftparfpis exa^
géré :ony rencontre débeauxiardinages , defontain es, &fo*rceanti-^
quesfcuJptures, pu par cy Se par Ia.rlo.us, auansyn. petit dilaté ce qj|i
eftoïtfrop.retranché,oublians tdutesfois l'imitation du langage, le¬
quel fi nous cuiSons pratiqué eufteu trop mauuaife grâce, attendu
^ttede^ai^^furrefcorchement des termes &phrafesJ fentiroit fou.
difcoùfs pedantefquë, doritl'éloquèrice eft entier èmttii éuWghéede
la noftre ,, laquelle par beaux tethieè, Jping de paroles égxarigïïéès des
autres langùes,râmafïe dénaïués fa tons de parler ,: en déclarant ce qui
eft pïopôfé: Et certainement PolipfiHe but cfté de fnauuaifegface , Se
ennuyeux, fil euftefte traduit, ilfe'futrendu importun &peudefîra~
ble à ceux qui ne défirent pomt,tint- d'artifices. Suyuaht ce confèil <
- que i'ay pratiqué à la conférence des liuresp'ayrepaÏÏë ce quèlëspré- '
miersnous "ont donné , redreflant ce q uepar mefgàrde. onaupit laîffé
efchapper,;ioint que les affaires occupànS les premiers, ils îi ont pas
prins garde à tout, S^n'auoyentpas poffible l'intention au deifeift,tellè
queie I'ay, quelquYnparauanturëauxfîecîes auenir imitera mon oc¬
cupation^ félonie temps Se les humeurs faWera de quelque nou-
ueauté. Outre quelqifes notes defîà remarquées , ie vous dirây que
ï'ayracommodelalettreaux,fîgutesp aùfqu'elles parla faute de$ ta.il-' *

ïeursd'hîftoiresily auoit de la difeordanee. Mais afin que iepïuîîevn


_peu foulagcr & eiclarcir ceux c|ùi voudront entrer en et forïg'e, où
tout doit eftre côme obfcur,pourcbqùeîe fpngeur dorrnoit, durant le ,
refte des ténèbres, Se que tbufioursles fonges fpntimpârraits,ie vous,c
déduirayvne 'partie de l'intentionde l'Authtur, & de ceqore peuuen't
cbuurirces proiets diuers. Il eftoit Philofophefpéc^iarif,'dYùeipfit
:

banfeendant , & plein de belles imaginations relëuécs aùdeïms du


commun , ayant aurefte pour bûtlepoincl; final deïapeffeëïion deii-
table delalumiere desfages Mercurialiftes,& cependant faifantvoir '
combien il eft accompli, Se qu'vn'e fcience poufle à.t'autre^qffifenr- .

chaine auec toutes , il paroift fort peu eftre Àlqucmrfte , Se qe n'eft


qu'au difcourslie falampe , ,& des filets de foye, & du verre filév mais
tantfecrettementqu.epeu fen faut qu'il foit lcfeçret m efme pour taire
lefeçret , puis fefleuant en la magnificence de fon fçauoir il paroift
Mathématicien,Anatomifte,Méchanique &Preftre,entendu en tous
myfteres,&en ces ardeurs de doéiriné, fa pïume animée dtibeaude-
fo qui l'eflânce, il feme par tout de belles pierres d'architeétetre , tou¬
tes rapportées auxmefures antiques, en quoy il eftimpottunément
idolâtre del'antiquit"é,puispàfïànt outre es cérémonies qu'il auance,il
, femble eftre fectàteur des fuper/titions friuoles des Ethniques : &-
pouree qu'il eftparle comme fongeur, il y en àtiroit poffible quelques
..

Vns d'entre ceux qui ont ïa créance trauerfée, Se qui trop débiles dô-
pinipri slilTéroy ent'en f apâtence vaine qui les kîethei préfumer des
,

autres félon leur c jlefquelspfut eftrevoiîdrb^ent dire qml fe cjà-


de moquer desfain&es inftitutions , mais au-conrraïremO'nftrantla va¬
nité des fantafîes humaines, il fe ioûe des idolâtries, fe donnant du
plaifiràregrater les profanes cérémonies àorrtfpccupoieriï lesrriof-
tels fuyuantla vanité : Et ainfi fon intention eft défaire paroiftrè que"
....'' ' .foubs'
foubsles ombres desmyfteres différents où chacun farrefte félon fin-
téreft de fon cur, on qprehe la fcienCe^ &.comprend-on ce qui eft
caché à ceux qui n'ont point de iufte opinion de ce qu'ils doiuentre-
uérer,&:ainfiil induit les courages aux belles conceptions intelligi¬
bles. O r fon but principal après le fens qu'il cache eft rarchîtec"ture5où
il fe monftre trop grand maiftre , finon qu'il le fit pour y retenir du tout
les.efprits qui ne profondét point les bbiets,mais légers en leur curio-
fité, n'enfoncent pointoutrela fuperfide. Se toutesfois ilnelaifïede
ietter infinis appafts aux curs philofophes, pour les efpoinçonner à
leuer les voiles , Se corîfidérer ce qui eft deffous. Entrant en propos , il
fe moque de ceux qui pour la matière Philofophique prennent for,
car il fçait bien &eftime que les équitables y confentiront que*lebut
de ce qui eft, n'eft point ce qui tend à iceluy,&f eftant exagéré affez
couuertement, pourtant en diuers lieux il fe iette fur les louanges de*
la beauté du v erre inanihilable, dontil entrelace beaucoup de beaux
ouurages qu'il retort en filets de foye imitez après les retours Se las du
Rainceau du Deftin:Et pour donner vn allechementàlacuiflondela
tinture phyficale,il propofe vne lampe fans fin qui a bruflé d'eau de vie
reétifiée,puis il donne iufques à lavérité,.&: laiflant les allégories Se
hieroglyphiques,il fauace iufques au myftere feçret,aléguâtla liqueur
non confommable. Qui eft-ce qui pourrait fe dilater fi bien fur ces
fubiets, fil n'en auoitla cognoifïànce ? quipourroitfaire fubfifter tant
d'impoffibilitez félonie fens humain, filneparloit d'vn ceuurefuper-
naturel , Se outre naturel en nature ? A-ufll à la vérité fil ne traçoit cecy
en termes ftéganographiques , foubs lefquels il voile f vnique volupté
desefprits, ilpfoduiroittropdefîmulachres ineptes , Se telles imagi¬
nations ne feroyent que friuol es nuées , qui féuaporeroyent. Et puis
pouree que l'amour eft victorieux de tout , il faut que ces raretez qui
n'ont point d'analogie auec.cequepeutl'artifan, paffent&foyent vé¬
ritables fous les flanlmes d'amour, lefquelles demenans vne ame ren¬
dent toutpofïible3fans quoy il ne pouuoit faire exifterces beaux mo-
numenSjdefquelsilrend fouuent honneur à l'antiquité, dont il auoit
toutapris, ce qui paroift par les termes vfitez qui luy font fréquens,
traittantdutheriaque,dela poifon Se du fafran, dont il femble eftre
fort affectionné, pouree qu'il a grande affinité de fimilitude au fubiet
Chimique,attendu que le fafiran eft venin & thériaque, Se que comme
on void que beaucoup voire trop de Philofophes font pauures, auffi
font ceux qui famufent à cueillir lefafran. OrColomneafaitfon u-
ure le diftinguant en deux liures , dontle premier eft fort long , empli
de diffi cuirez & trauerfes , plein de fafeheux deftours &pernicieufes
rencontres , de ferpens Se autres obiets horribles , pour démonftrer
les longueurs quifepaflent,& les difficiles accidens quimoleftenttan-
**
' dis que l'on ppurfuit Ces amours. Etle feçondil à tranché affez bref. Se
clair,, en tefmoignage que quand on eft pamçnu à la iouïfTance , on n'y
employé plus gueres de temps, pouree que leplaifir eft confumé. Or.
ie ne defîre point que l'on cuide queie vueille en chofe quelconque- -

mepréualoir de cet puure , ne voulant point imiter ceux qui m'ont


. prins des pièces entières pour en groffir des ceuures fans le dire, ie
chante par tout la gloire à qui elle appartient , ce que ie prétend icy- eft
le plaifir que i'ay de penfer que quelques vns defquels l'ame eft finceré
prendront recréation à ce queie me fuis délecté de leur,reftituer,.&'
voyant ce difeours ftéganographique, y donnerôt quelques rhomens
de temps pour confidérer la concurrence des efprits , Se ainfi paiftront
leur curiofîté en nos labeurs, qui bien toft, Dieu aidant, vous produi¬
ront de nouuelles inuentions , qui fatisferont vne partie dç vos deflrs.
*Pp,urrecompenfedequoy,ievousfupplie quand vous. orrez ces lan-
^""gues infolentes Se barbares , qui acculeront mes ceuures d'impudicité,
a caufe qu'ils y voyent refpirer l'amour, leur dire qu'ils iug'ent faine- .

""ment, & que leuantl'èfcorceils apprennent à ne dire pas quelescou-


Jeurs fondes formes des portraits , Se que par ce moyen ils vous ayent
~~de l'obligation de ce que les admoneftans , vous ferez caufes qu'ils ca¬
cheront leur ignorance , laquelle ils feroyent paroiftre plus efpoifTe
que les ombres de, minuiéfc, en donnant des fentences impudentes de
___ce qu'ils nepeuuentcognoiftreny entendre, v
\eCVEIL STÉGANOGRATHI ^/.£,
contena nt l'inteUigen ce dufrontifpice de ce liu re.

|L n'eft point dès-agréable aux bons efprits de leur repré-*-


.fenter ce qu'ils fçauent , & n'y a fouhait qui folhcite tantle
|ceur que le defir de fçauoir: & pour ce nous vous raconte-
|rpns les fortunes paffées 3 Se qu elles trauerfes nous font fur-
uenues, cependant que nous auons efté tranfportez des
délices de nos affections, tendantes à ralïafier noftre cur de fcience
profitable y afin que vous qui auez muny voftreame de perfections,
foyezioycux devoir qu'ily en a quifuyuent vos alleures,conduifantes.
aux bénédictions, & que ceux qui fouipirent après les rencontres Phi-
lofophiques ayentlafantafieallechéeduparfaitcontente'ment.
N <3^ Druydes nous ont laifle par vné heureufe cabale, vn petit
rayon de vérité , laquelle eft encores demeurée en l'ordre de la fouuë-
nance pratiquée en certain endroit. Ce qu'ayans entendu parle docte
Hamuel,nous auanturafmes d'y aller, & fur tout pour l'amour de l'ex-'
cellente Oloclirée, qui eft fi belle que toufiours l'amour a triomphé
par fes yeux, auffi eft-elle les amours d'Amour, qui trop de fois a ou¬
blié faPfyché pour viure en la recerche de cefte-cy, &: non afin de
commettre adultère, ains pour recognoiftre es excez de perfection,
^de combien l'affection ghafte eft excellente au pris des defirs de cupi¬
dité lafciue. Cefte belle encor enfant emporte aifément les curs jieu.
ne, les rauit doucement, vieille les ppffedechaftement, Se toufiours
pudiqu'e fatisfaitles âmes eflancéespour fon occafion , mefmes abfen-
teles efpoinçonne de véhéments defirs delà veoir,préfente les confii-
meheureufement, dedaigneufe les a toufiours amiablementconfo-
lez, & fauorable les a totalement colloquez au fouuerain degré de par¬
faite béatitude. Iamais n'a caufe de ialoufîe entre ceux qui l'ont recer-
chee, ains pluftpftles efmouuantpar Fimpreflion de iuftes& fidèles
penfées de dilectiô , les rend vnis en volontez à la reeçrche de fes bon¬
nes grâces. Il fetrouue vne vérité prophetifee delà bouche mefme du
fageoracle, &grauée en vniafpeméridional qu'on voidenfa demeu¬
re, au quel font ces paroles , Oloclirée,obiet vniuerfel d'amour , remplijja/tr lé
monde defon nom , aura tant £excellences , que mefmes après quellefera rauieaux
martels , encor enfera bien aimée , tellement que plusieurs 'viendront en cejle grotte3 *
pour au moins auoirl heur de reîfirer l'air , auquel ijwoit en payant ce miracle de
Nature & merueitte du M onde. Or nos âmes paffionnées pour fon fubiet,
efprifes au rapport de ce fage vieillard vénérable de préfence, vérita-
' ** ij

*
bie en difcours , &: profitable de conuerfation , nous déliberafmes
d'aller vifiter le lieu où les deftinees auoyent tant colloque d'abon¬
dances parfaites. Ce lieu eft iuftement en la température parfaite de
ce globe inférieur ( ainfî nommons nous la terre,encor quelle.fe roule
impétueufemént autour du Soleil qui l'affaifonne félon les rencontrés
de fes chaleurs )&fe rencontre cet habitacle fous le plus heureux cli¬
mat de ce monde,à l'endroit#qui reçoit en tout ordre tous les précieux
dons du Ciel , Se fut eftabli au temps mefme que les accords des aftres
firent vne partie defieclefemblableàfaage doré. Eftans entrez jen ce
fainct Tabernacle le penfe que ce fut la ioye d'obtenir nos defirs,
>,

* nous eufmes les fens remplis d vne excellence qui n'eft à comparera
aucune délectation cômune, &n'auionspIus autre foin que cette ren¬
contre , auffi noftre fouuenance fe regîoit à la vérité qui nous fait iuger
que les humains ont de la mémoire , mais bien peu au regard de leurs
efpérances , voicile point qu'il faut dire vray , auffi pour en iuger exa¬
ctement Se félon quela vérité , dont nous femmes fectateurs,veut que
noftre innocence le déclare, ie ne fçay bonnement quel eftiit l'in-
ftant de cette délectation poffible, Se pour en oftertoutediuerfité:qui
: peut en faire douter, ce fut à l'heure que les délices du fonge fe figurer,
Se c'eft où ie me prétëns pour m'accommoder de félicité, dautant que
la moins mai'heureufe partie de "noftre vie eft celle qui eft employée
au dormir n éceffaire , qui eft l'image ou idée parfaite des douceurs de
la douceur mefme , que fi durantles termes de ce b enin repos on entre
en quelques difficiles vifions,& que lame foit violentée par fafcfaeufes
appréh enflons , on fe peut facilement retirer,, £ que fecoùant ce màu-
uais foin , on fe réintègre en la bonté de fon plus coy relafche , Se fi d'a-
uanture auffi comme c'eft le plus commun à caufe que nature appete
tout contentera ent,l'efprit eft doucement enueloppé des aggréables-
ombrages des douceurs oportunes defantaifiesprofperes Se commo-,
dément fbulageantes les c on fy efgaye, on fy plonge entre¬
tenant mignonnement on demeure en cet aifele plusxque l'on peut, .

afin de fauoufer longuement le plaifîr délicieux qui fe perçoit en telle,


félicité. Mais auant que paffer outre , il faut quei'éuacue mes conce¬
ptions, & donne air à ce feu qui fait bouillir mon ame en mon cur.
Siiefçauois que quelque profane ofaft eftendre fa main déteftable fur
ce volume ppur le manier, ou que quelque indigne fiauança pour le
fueilletter, que quelque arrogant fuperftitieux engloutiffant delare-
^ putation des belles âmes,-en tirât vn.petit de plaifîr, ouquelemalin
Ipectàteur des bénéfices fouuerains auec enuie y dèrchaft lebienqui
n appartient qu'aux curs d'amour, ie briferois laplume qui trace tant
dereuolutionsdebeauxmyfteres,ie vbudrois en m'oubliant retran¬
cher toute h mémoire qu'il y a de fe repréfenter le contentement qui

%
fepratîqueà voiler mignonnement auec les toiles de belles fixions,
ce qui eft rare , Se feul expédient à fçauoir pour f efleuer furtout ce qui' *

eft de vertueux, & me fruftrant moy-meftne de la vie demavie,ie


m'abûiendrois de traiter auec pjaifîr les fructueux appafts qui attirent
auxvoluptezfacrees.il enaduiendrapourtantfelon l'ordonnance du
grand fvîaiftre. '
E s t a ns pàruenusaufacréparuis, Se addrefïans les tours de nos
yeux fur les merueilles du lieu, il fe préfenta à nous vne Nymphe fi
b elle, queie croy qu'elle eft l'acrethype de beauté, Se l'idée formelle
fur laquelle nature moule les fouuerains artifices de Ce$ ouurages , l'ef-
bahiffement me fit affeoir le pied ainfî que fi i'euffe efté quelque figure
de bronze baulancée à l'antique fur le piedeftal, Se demeurant arrefté
ie la confîderé, pouree que iamais obiet n'auoit remply tant à grêla
capacité de maveuë, que ceftuy-cy. Cefte belle ne fe figura point à
nous en cefte façon releuée , qui eft côuftumiere à plufieurs de nos
Dames,lefqûellesprennentplus de plaifîr &feftiment auoirmeilleù-
re grâce de Raccommoder de prefomption , que fe façonner modefte-
ment d'humilité. D'vne façon fans artifice, Se comme defpouillée de
toute eftrange intention, elle femanifefta en cefte rencontre: auec la
naïfueté defirable qui contenteles efprits daffectiô. Sicecy eftfonge,
ôfongebien-heureux, ieterapporteauplusbe.au des fonges, &, fi tu
eftois quelque fubftancediuine , ie t'appendroisvn tableau ou autre
defirable offrande en recognoifiance de tesfaueurs. Maisneferoit-ce
poit"encormieux,neferoit-ce point vne vérité rapportée naïfuement
es proportions d'vne effençe toute parfaitement aggréablei Carie me1
repréfente encor fes beaux yeux , viues eftincelles d'affections pro-
duifantes des defirs infinis , ie remets au terme équitable de ma veuë
cefte belle bouche qui proféroit tant d'oracles, &repaflant fur toutes
les rencontres decegeftetantbeau, i'imprime en mon cur lamef
mefaçon de celle qui àiamais aura tout pouuoirfurmesvolontez. Ce
n'eftoit point la belle Oloclire'e, ainfi qu'elle le nous* déclara , bien
eftoit elle fa chère amie l'excellente Nephés fille du grand Archéc,
celle mefme qui conuerfeauec Oloclirée , Se qui peut la faire veoir aux-
fidèles amans de fes beautez. Paruenus iufques aux premiers degrez
duperrdn qui conduitau conclaue intérieur, elle nous entretenantde
plufieurs propos qu'elle continuoitaufilde ceux dont ellencrus auoit.
doucement reçeus, nous mena en la falc, nous difant ainfî : Il faut
bien que vos bonnes deftinées vous ayent préparez à meilleures for-,
tunes que le commun , m'ayant rencontrée pour eftre reçeus auec pri-
uauté de doux accez , Se familières paroles , que n euffiez tiouuées vne.
autrefois , pouree que nos feruantes affez rudes Se préfomptueufes,
neuffentpas eu efgard à l'honneur qu'il faut communiquer aux fages.
** uj
- eurieuXj&fîya-ilbiend'auantage^c'eftquevous deuez vous preua-
- * - loirdebeaucoupd'hèurd'auoirtrouuécetendroitprefquesincogneii
aumonde.Ierecognoyquelefouuerain Archée mon père vous y a
âcconduits, après vous auoir introduits aux fentiers légitimes', qui
- fonttrouuerlavoyedeparuenir en cetantre defirable. Età direvray,
il n'eft pas aifé de fy rencontrer tant à propos, quelque peinequel'on
y employé. Àulli véritablement ayant propices les volontez de mon
pere^, aufquelles ie confens pour les obferuer exactement , iene vous
communiquerais rien fans cefte bonne aiiànturepour vous. Or fâchez
' ' , que mon père feyl m'a.toute donnée l'intelligence queie vous veux
communiquer, &nulnepeutauoir accez aux fainâ:^ limites du grand
fecret,quepar le moyenne la tradition ordinaire, laquelle mainte-
\ \ ' nant eft retenue ainfî qu'attachée à la langue du fage O bo el , qui au-
iourd'huyafon habitation fort efloignée des contrées où fetrouuent
&efquelles abordent les curieux. Il fe tient caché es tortueux antres
delagrotte deh it i e, &n'eftpas aife de le pouuoir aborder , Se prinr
v- 4. ' cipalement en l'humeur queie fçay qu'il eft, eftant preiîé du regret
' qu'il a que la malice règne tant au monde , qu'elle y a plus de crédit &
d'autorité que la bonté , laquelle jadis eftoit la nourrice des beaux
'/.-.. curs, quifentretenoyent d'occupations légitimes. Pour cefte caufe
'. ie confidérevn malheur qui tout esbranîé eft preft de choir, & caufer
Vn dommage trop préiudi ciable, c'eft que fi Oboel fopiniaftre en fa
%. défaftreufe opinion, ainfî qu'il y a apparence qu'il le fera, cefte belle
chefne de cabale feroitrompue au détriment des bonnes intentions.
« Ce que pféuoyant le grand Archée, qui apitié desames bénignes, y
-, / ' a remédié, afin que par le moyen d'vn nouueau Chefhon elle demeu-
raftencorespourlefoulagement&confolation des courages fidèles»
N. A cefte caufe il m'a permis, de le furprendre tandis qu'il dormoit,& de
* . \ rauir fa mémoire , laquelle^ i'ay extraicte de luy mefme, Se y ayleu
- ^ comme en vn tableau toute fa.doctrine & fouuenance, en ce qui eft
. , -> des affaires dél*excellenteOlpcUrée, qui eft, comme ie le fçay, ô cher;
allié, l'vnique de vos affections', i'ay donc appliqué cefte mémoire à
;

* mon intelligence, laquelle ayant reçèu l'entière impfe-flion de ce quj


cftencefteabondantemémoire,ieFayremifeen faplaceauant lede-
ceit.de fon fommeil. Voila comment il y amoyen dereftituéreequi
f en alloit perdu, car il cuteïleintauee fa vie^e qu'il auoit de feience,
' laquelle poffible r?euft peuJamais eftre retirée des replis où l'oubli
l-'euftparauatureéternelleniëtenueîoppée. Nous ayant fait ce ialutai-
^

re difeours, elle nous mena plus auant au Palais de Prudence, & nous
fît voir plufieurs fymboles, des myfteres plus admirez par les labo- .

' «eux,quiiour&nuictfoufpirent après les douceurs phiiofophiques:;


tant pour la mémoire éternelle deuë au père des fages , que pour atti-
rer les cvurs capables d'inftruéKon. Les figures que nous vifmesa- '
uoyent efté conferuees , fuiuantle ftatut des premiers Docteurs. Au
cofté gauche eft la figure du Patriarche, qui premier des mortels pra¬
tiquais occultes rencontres de'lafcience de perfection, l'apparence
que nous en déduirôs fera poflible la fuite &progrez des mefmes fub-
iets véritables que nous auôns àpropofer. Le fiege de ce grand Philo-
fophe eftoit repréfenté d'vn beau marbre élabouré à la Mofaïque,&
tacheté d'or mufaïque , dontlupiter Roy de Crète fut iadis inuenteur.
NousleverronsfélontoutfondeflèinenrhermitagedelaPucelle, û
Dieu nous fait la grâce que nous Vous y conduifions. Là dedans réfi-
doitpaifiblem entl'image vénérable d'vnbeau vieillard, ayant la bar-
beralongéeàlaNazarienne,lereftefefuiuoittant en linéamens que
grâce , de fa bouche partoit vn croiflant, duquel les cornes fappointif
foyentversleCiel,aubas Se entre fes pieds nous remarquafmes la fi¬
gure duSoIeil.Sarobbeeft deçà Se delà eften due félon la majeftédes
draps qui feruent d'ornement à famagnificence. Cefterepréfentatiori
tient entre fes bras fur fes genoux le liure de gloire , femé de flammes
Se de larmes, donttoutle liure eft efcrit,& tels éléments font les deux
exactes intelligences contenans les deux hiéroglyphiques deffeins du
ilainceaufatal^quinatureUementeftproduit dedeuxfubftances. Ce
myfterenôus rendit attentifs à recercher où eftoit l'ouuerture du vo¬
lume, qui.v entablement en ce lieu eftoit vn vray liure nonpourtrait,
. ains tel qu'il eft feul defirable. Il eftoit attaché au col delà figure pen¬
dant d'vne chefhe formée de la vraye lame dorée de la terre fueillée
des fages, ce qui nous incita d'auantage à ce premier defir , eft vn des
principaux S ophiftn es des anciennes, dont nous apprifmes vn peu,
non pourtantpour eftre encor efclarcis de la vérité , mais pour fçauoir
que c'eft proprement que tels Sophifmes, qui par la bonne Nephés
nousfurentinterprctez, Menfonges véritables ou véritez menfonge-
res , Se dautant que nous eftions attentifs fur ces larmes Se fiâmes, que
nous nepouuiôns bien comprendre , elle nous dit cefte parabole : -
Qui quelquefois aveu.changer la goutte de maftic,& la preflanten
faire fortir vne larme limpide, qu'il prenne garde & il verra au temps
préfîx de la douce prelTure du feuiflir du fubiet philo fophic, vne fub^
ftance pareille : car auffi toft que fa noirceur violette fera pour la fé¬
conde fois excitéeôlfen fufcitera comme vne goutte ou fleur ou flame
ouperle, ouautrefimilitudedepierrçprécieûfe, laquellefera diuerfi-
fiéeiufquesàcequelle coule en blancheur trèf claire, qui puis après
fera fufceptible de fe veftîr de l'honneur des beaux rubis , Se pierres
éthérées, qui fontle vray feu del'ame Se lumière des Philofophes.Ellc
atfoit encor ces beaux mots furies belles leures, que le grand ferpent
Orthomandrefeflaaça. de fon eau,& excitantvn grand bruit nous at-
tira aie confîdérér , il fesSattoit dans fes vagues courantes , où nous
Je voyons flottant es ondes , Se donnant dé grandes fecouffes , auec fes
ailles de fiâmes il mefloitdiuerfemenUes qualitez contraires , où nous
confîdérionsauecplaifîrlefoulas qu'il prenoit à. déduire fa langue de
feu,dans les eaux, vnobietfenlfembloitdeuoirfuffir -, pùurautantquc
. noftre racine eft vnique ^ mais les accidens eftans en grand nombre, Se
puis ayans l'heur Se la commodité de voir d'auahtage, c'euft efté pé- *
cher criminellement de n'vfer pas d'vne fi bonne fortune, &tefmoi-
gnage de vouloir croupir en ignorance de refufer à nos yeux tant de
déliées qui f offroyent en ce Palais. Et puis qu'il nous conuenoit faire *
' ,vnamas entier detoutcequifepouuoitpréfenter,&Ie laifTercueillir à
l'efprit qui en eft capable , nous retraçàfmes tous leslieux Se endroits '
où ilyauoit desraretez. Aufrontdelafale eftoit cotre-bas le vray naïf -'
Jy & iufte protype du véritable Chaos, dot dépendle fubiet denôsefpé-
".'.' râces,là eftoyent rapportées les terres ietjées deçà Se delàindifférem-
- ment &fâns art parmy les eaux coulantes ores en vagues, Se ores ÏÏi-
ftillantes en gouttes dans les airs, non bien diftinguez des feux porter
* par toutàl'auanturedans, ce meflangenon méfié, confus en l'ordre
de fa proportion fans fymmétrie. Dans cefte confufîon diftincïe
eftoyent toutes les planètes , Ja Lune vers l'Orient, Mercure au Se¬
ptentrionale Soleil eftoit enl'O cçident, auec la plus-part des, autres^
qui finclinoyent en cefte bande. On y voyoit Venus fe roulant au
. Midy. Mars le plaçoit entre le Soleil & Mercure. EtaudefTous du So¬
leil femanifèftoit Mer cure, &: Iupiter auoit fon intention. plus, occi-
, dentale, & combien qu'en apparences ce feuffent les planètes, tou-
tesfois il n'y ^.uoit rien du tout d'elle^ que leurs feules puiffances ou
Carnes, quifontles vertus occultes qui doiuent eftre manifeftées par les
/ opérations. Aumifieu du ChaoS eft vn petit globe heureufement di-'
'ftingué,quieftrendroitéminent du rapport de toutce qûieftvtileà
^ cefte rererche. Ce petit lieu plus capable que toutl'ehtier ', cefte par¬
tie Comprenant fon tout , cet*aç ceffoire plus "abondant que fon prin-
. ' -, .cipâîiouurantlepoinddefesthréforsfaitapparoiftrelesdeuxfub^
ces qui ne font qu'vne vnique,dont la forme M ercuri elle eft en gout¬
te oùlarnie, Se la fulfurée en flame.D e ces deux fe: meflervnique par¬
fait, le fmiple abondant, le compofé fans parties, le feul imparable
- cbgneû des fages, duquel fort le Rainceau du D eftin , qui f eftendvni-
mentiufques dehors le Chaos, depuis lequel il fauancefans défordre'
_ ;mfquesàîafinlégitime,&cefuiuantfabelle.vnion d'vnité qiii furpaf-
* . fe toute égalité de tout autre ouufage defirable , cefte branchede
. .. perfe&ipnfortant des monùmens du Chaos eft coftoyé de la chaleur
du feu continuel , qui par la vigueur defa bpnne flam e toute ab ondan-
te en chaleur exqùife , nourrie d'abondance humide , caufé par l'an-
a ; ' '
; , tiperiftafe
tipériftafedefoneffectnoutriflant ôrocçulte vertii,rait naiftre vnbel '
arbre qui fefleue affez haut, Se plus trois fois quenefefleuentlesfla-
mes quifenourriflentenfon pied au pris que fes feux falongent. Le
Démon Armoftofe furuient-qui coupe les branches meures Seles
fait tomber au feu pour le continuer Se le nourrir de fapermanente
fjibftance defirable , Se ce iufques à ce que l'on y ait alumé le flambeau
feé qui conduirales amans en l'allée obicure , qui meine en la réfiden-
ce delà belle Olociirée. Au delà du feu eft ie Duel des deux ferpens.
antiques nouuellement nez Se fi bien nourris que défia ils font tous .

parfaits Se tant pleins deibrce Se de courage, que le gliffant ne^oulant .


céder à l'aillé, ny luy à l'autre, ils feioignent en bataille cruelle. Ma¬
licieux furent ceux qui nous propoferent iadis qu'ils f entrengloutif-
foyent,rvnrauiffantauec la gueule la queue de l'autre , &qu'ainft
mutu ellement ils fefaifoy ent mourir: car nous auons veuenlavraye
figure, Se parauenture qu'elle eftla vérité fur laquelle aefté proietté
tout autre difcours de ces ferpens , & auons cpgneu qu'ils f entr'étran-
glenr, &Tvn& l'autre fe fièrent fi viuement de la queue, la nouant de
rage à l'autre, qu'ils fefteindent, levolant ayant eftendu fes ailles fur
terre pourreçeuoir leurs corps qui feront vnis dans icellcs en leurpu-
tréfaction, de laquelle ils doiuent refortir non deux , mais vn ainfî
qu'ils font nez d'vne mère en melmeinftant,& ce renaiffement fera la
purefubftance qui fe filant danslê Rainceau par le fàng du Lion dé¬
membré, y antera l'arbre duquel fourdra le vermiffëau dont ferapro-
duitlePhnix, lequel croiflànt parfaitement deuiendra plus grand
que fon nid, & plus eftendu que l'arbre , auquel*défaut vne comple-
xion d'ame laquelle èft au Phcenix, informée Se informante, ie Phe-
nixeftend fes aifles fur toute félicité, Se croift par les h euresjcn fa per¬
fection , Iefquelles heures luy font déterminées par l'animal nourri en
Memphis, qui vnique en nature lailfe couler fes eaux de deux en deux v

de nos heures, quifont les heureux termes comprenons ceux desfa-


ges.Le parfait oifeau deuenuràre, parce qu'il eft de pures qualitez,
peutvolerau Ciel dans les planètes, & mefmes fesbatreau centre de
la terre, Se luy appartient vne belle grandeur de force, c'eft qu'eftant '
vnique, il eftluyfeul autant fort que tous les oifeaux d'vne efpecequi
feroient chacun grands de mefme grandeur, Se pourcefacilementil
tient entre fes ferres en la main gauche vne magnifique corne d'abon¬
dance, dont pourfymb oie de bon-heur il efchappe vne rofe fleurie,
quifelpanouit en fueilles odorantes defquelles l'vne tombe fur vne
vieille fouche, de laquelle par fon vif attouchement & faculté géné¬
rante , il naift vn petit brin qui deuient vne mollette branche , dela-
quelleil dégoutte vne larme qui fe transforme en;la fontaine de lou-
uence fur laquelle préfîde Ianus d«uenu enfant, ainfî qu'il nous pa-
>

***
V - ' .; " . - '#'
roift ayant deux faces de populos , iointinféparablement au haut delà
pointe du tuyau de la fontaine. Icy eft vn des buts parfaits de félicité,
jcy eftlë commencement durepos après les terribles labeurs quel'on
afoufferts. Car qui pourra recouurer vne fleurette de ces fleurs , il en
tirera des fruits abondans,& aurale gage facré Se les fainctes àrres qu'il
faut offrir à Oloclirée pour participer à fes bonnes grâces. Qui goutté-»
ra de la liqueur de cefte fontaine fera âffeuré de pouuoir fùppbrtèr \ .

toutes les peines ardantes, où il fe faut endurcir fuiuant les traces d'à- .

mour , &qui de l'humeur ardente de ceftegoutte pourra exciter la vi¬


lle flarne«qui en efclatte par fois comme vn efclair , il en pourra allumer .'
fon flambeau qui le.epnduira dans le fecret cabinet où fe reçoit Ie'c.on-
tentementdelaiouifïanceheureufed'Oloclirée. .

N o y s allions toufiours e*i auant déuorans auec les yeux gloutons


tout cequiauoit apparence de beauté, ou fimilitude cachant iesfe-
crets,quâdla belleNephés,madouçefur(d'alliance & défaiét com¬
me elleme le déclara lor| quenousfufmesfeuls)nousvintinterrom-
pre, en quoy elle mefit vne manifefte démonftration de la vérité de
noftre parentage, qui ne peut mentir. Ainfî nous deuifant auecvné^
belle forte d'artifice , donna à chacun quelque manière de fubiet d'oc- "
cupation, fi qu'il nous fut aifé de noijs féparer delà troupe , parquoy '
ayans trauerfé vnpetit portique qui ne fut apperçeu aucunement des
autres, qui nous allèrent cferchant errant par cy par là dans cet antre,
où infînis'plaifîrs leur faifoy ent prefque oublier noftre abfence , nous
entrafmes en la court intérieure toute repolie de verre,par en lac Se es
enmrpns,iefuyuois mes inten rions àuançant ma veue partout, que
foudain ie vy fortir du cofté d'Orient vne apparence magnifique**
d'homme^ en érable,engrandeur, & excellenten forme , iefremis vn
peu,toutesfoisauecaife,dauta'nt que cequeie voyois eftoit agréa¬
ble, & le bien de mon cur me faifoit doucementfourmiilerl'ame en
ce. fufpens. Ma bonne Nephés m'informa de .Ce que'i'apperçeuois,
c'eft ce,me dit-elleienotable Se grand Phecu Philofophique <^uï
- vient auec côgé du grand Arehée,pour vous inftmire& informer des
, defirs de voftre cur. Si vous eufïîez" tenté cefte auanture fans vous:
communiquer à tant de perfonnes , il y a long temps que vous en euf
fiez^efté efçlarci. Mais ô fîmple en affections , où eft-ce que vous auez
apprins que la pratique amoureufe fe.doiue hazatder en bande? ne :

fçauez.vous point qu'amour eftât valquerii veut des fubiets qui n'ay et '
intention^ qu'à eux mefmes? voilà, il faîloit pour auoir bonnerfencon-
' trefe tenir à part foy, cy après à voftre efpreuue les autres, ferontinfti-
îuez,le.tempsfeftefcoulé&: vous elles demeuré fans bonne réfblu-
tion, iufques à cefte heure , encorespauuretvous nemepouuiezen- '
tendre , vous mouriez denuîe d'amener auec vous les autres, & ne.
fen eft gueres fallu que ie n'ayeefté contrainte de vous abandonner
au vain plaifîr que vous preniez d'eftre auec eux, pour faire mine que
vous fçauiez bien eftre amant: que cela ne foit iamâis , ains pluftoft dés
cefte heure foy ez vnique à vous , alors les fecrets vous courront à for¬
ce, pouree qu'ils n'ayment point le vent : les honneurs dumondeleur
fontprofanation,, &les fruits de nos amours font honteux delà pre-
"

fence du commun qui eft profane pour la plus part: voulez vou^que
ce qui eftvnique foit à d'autres qu'au cur vnique? Parcecy plufieurs,
vÔire tous les curs fages entendront, fils font capables des bénéfices
duCiel.L'efpouuantementque m'auoit caufé ce fpectre à l'impour-
ue«,netouchapoînt<antmon cur que cefte remonftrance,par la-
quelleiefu9cornme retiré de l'affommement d'vn dormir oifeux que la
honte de trifteffepeut caufer , ienefçauois fi ce difeours eftoit vne fen-
tence pour me reietter de mes prétentions, Se prefque l'abandonné
mon courage pour le laiffer couler indignement, fans que iemefou-
uins que l'amour exerce diuerfement les curs qui ont de l'affeuran-
ce,Se que mefprifant les dégénérez il ne profite qu'aux vaillans, ie
tourné tout. à bien, m'affeurant que ma bonne Nephés meremon,-
ftroitpour m'inftruire Se non pour m'eftranger. Adonc m'appro chant
du grand Phecel ie fentis vn peu d'émotion craintiue de ce fimula-
chre d'efpouuantal , toutesfoisie me réfolusme refouuenant qù'autres-
foisi'auoisapris qu'il ne faccommo doit qu'auec ceux qui le cognoif-
foient , Se nefamiliarife qu'à ceux quile fçauentpratiquer de belle grâ¬
ce. Et pour eftre de ceux-là ie le confidéré de profile , & fa face me
fembla tant auftere , que fi ie ne me feuffe recueilly en moy-mefme
pour vaincre la difgrace qui me preffoit de peur Se défiance , ie me
feuffe tant enuelope d'esbahifsentent que i'eufse perdu le defir de paf-
fer o utre. le le regardé de tiers point, Se ie trouué fon vifage n' eftre que
menaces d'incommodité, préfentations d'ennuis , Se pertes d'efpé-
rances. A lafin le voyantie l'apperçeu de front , Se lors les efpouuante-
mens fortans de mon ame, auparavant eftonnje, i'eude loifir Se occa-
fion d'obferuerfa grâce , fes proportions , fo^t air , & tout ce qu'il auoit
de remarquable , Se. iele recogneu d'vn front ferain , Se d'vn geftefi
gracieux, que ie fu beaucoup plus afseuré que ie n'auois efté en peine
auparauantfa rencontre , ce qui me fut vn auantageuf préfage de pro-
fpérité,vneheureufeafTeurancede confolation , Se vne feure certitu¬
de defélicité confiante. Adonc me trouuant pour eftre fibienauecle
Prince des imaginations, ie me rendis attentif à le remarquer &: à ouir
les maximes qu'il proférait, Se comme en hafte , dautant qu'il ne veut
pas long temps fe communiquer, eftimant indigne à fa grandeur d'e¬
ftre prolixe en difeours Se trop approchant de la profanation d'é auan-
cervn petit plus que médiocrement peu, en parlant auec grâce il me
*** j.
toncha la main,comve me voulant dire que ie feuffe le bien venu,&: me
laiffaauecladèbonnaireNephés,quiencefteefficace de profpérité,
me promit deme rendre content fur tous' les amans feruiteurs cFOlq-
clirée, nom queie ne puis proférer qu'auec toute réuérerice. C'eftà
ceux-là de ferefiouir qui font bien nais. Se ont l'eftat de féliciti pour
afcendantde leur naiffance. Le grand Phecelfeftant retiré dansVa'
voûte, Nephçsme raconta plufieurs merûeilles du lieuDde l'ordon¬
nance de ce qui f y pratique, Se de ce qui eft permis d en rapporter. Il
' m'eft aduis que ie voy encor ce précieux mQuuement de ce coûtai tîef-

ioint, par lequel fi beaux airs fe recueilloyenten formes diftinguées,


&ceplaifirfuttantiiaïFqueiemeperfuadee(treaumefme inftanttjue
iel'oyoîs&voyoisdifcourirainfi, LeÇiel qui eft iufte, nous rendant
toutau pris duiabeuç, ne veutpas que les belles am es foyentincefram.-^
nient fruftréés dés fruits de leurs trauaux*, &pourccperniettantque '
l'amour imprime tes forces es beaux- cÐurs , il fait que les obiets defî-
rables ont vn réfèntinienfdes pallions excitées à leur occafion , Se;
'pourtant noftre belle Oloclirée jfeft pas moins defîreufe d' eftre r'e-
dferchée que fes .fidèles amans! font *paffionnez pour elle, fil en eftoit
autrement , elle feroit tort ifabeauté,qùi eft le plus belobiet des cou¬
rages d'affection., Elle prend plaifîr d'eftre aymée , Se tout ce qu'elle a
' dedefirsfincline àla douce folicitude des parfaits amants ,"mais elle

n'en veut admettre que celuy quifçaitiuger 'de cequi eft parfaitement1
amour légitime. Et pour ce la puiffanceintelîectiue animant l'ange
préfîdent defes affections , a mis es âmes curieufes toutes pures inten-
: tionsd' amour , aufquelles tput cur de defirsi fe réduit pour tous fub-
"iets, Parquoy ainfî qu'il eft éuidenttous les fages ont pratiqué les fcié-
ces foubs l'ombre des plus beaux replis dlamour. L'amour a eflé Se eft
' encor le gracieux pinceaU qui à tracé ce qui eft rare & deftiné, tarit en¬

tre les puiflàhces fupérieures que lés inférieures , Se cequieftdeleur


fubiet. Voila ppu^quoy le Chaos de noftre ordonnance eftappuyéfur
le tige de Myrthe , quitft iefymbole d'amour. Se comiiiel'amourf ef-
pand heûreufementpartéut, on voidicy le Myrthe rfûettant en infi¬
nies branches, de tous coftez de ce lieu, Se ce tige ainfî dilaté , demôn-
ftre que toute qofbe diligence ne prétend qu'à l'amour. S cachez,
voyez Se entendez , & vous remarquerez prudemment que tous les
plus fpécieux , magnifiques & bons myfteres ,ont elle cachez Se retra-
cezfoubjjes beautez d'amour, car l'amour eftl'ame heureufe de tout,
il fe voM icy en vieil François vn éqmuoque contenant la dériuation
d'aniour, çferit en lettres capitales L'amï-hevr comme fi on eriten-
, doit que l'amour fut l'heur de- l'âme , & qu'ainfî que lestermes ont
changé, que jadis on difoit douiour pour douleur, qu'on auoit dit
a m e y & , Se maintenant a m o v r, & puis pour iufte Intelligence de ce
J-
qui en eft, Famour de chacun eft ce qu'il a dé defirs plus intimes &
mignons, Se iouyr de fes amours eft proprementabpndèrenlafruî-
tion des excellences efpérées, non en effects qui caufent trifteire par
leur perceptions u danger par lfurvaccompliflèmënir, ou péché j>ar
leur rencontre , mais ioye permanente en les trouuans , féujrté accom¬
plie les reçeuans , Se gloire durable par leur éuénement à leur fin légï-

fent à l'air des fentences que la vérité propofe," le repréfentent déban¬


dé, commeil eft en fon eftat, que fi quelques vns fpnt laiffé auec ce
^ bandeau, c'a efté pour en fruftrer les indignes, de faicl amour eft frère
de la lumière ,Se fa vraye guide illuminant tdut'cé qui eft capable de
. l'eftre , Se n'y a que ceux qui font en mifere d'ignorance , aufquels il eft
aueugle,non quecefoitluy, ains eux qui penfent veoir, & ils n'ont
point d'yeux, ainfî qu'ont les efprits enfans de lumière, que l'amour
va conduifant parles fentiers de iufte cognoiffari.ee , où fi de fortune il
yauoit de l'obfcnrité , alors par la fincèrité de fes opérations magnifi¬
ques , il ofte toutes ombres 6c diffipe les difficultez qui deftourneroyét
les intentions : &véritàblémentauffiileftleflambeau desvames , Sele
balayehaffantau vent les bourriçrs d'ignorance, parquoy l'ignoran¬
ce en noftre fubiet eft vne coulpe manifefte, Se nôtabîepeché, pour
ceftecaufe,afinquenefoyezdunombrede ceux qui fe fontreuoltez
de l'ordre d'innocence, duquel font tous vrays Philofophes, Se par¬
faits amans,ie vous equiperaydemaximes certaines, quifouuent ru¬
minées en voftre cîeur vous rendront capable de vos bénites amours,
Se doiaiouiffance de voftre obiet, pour àjpoy paruenir iln'y a qu'vne
voye en laquelle celuy qui fy trouue rencontre toute félicité , comme
eftant F vnique vrayementbien heureux , Se ie fuis trifte' d'ouir foliuent
que plufieurs aufquels ie voudrois bien aider , meïprîfent mon confeil,
Se bien qu'ils ayent vne demesfurs pour conduite, & quelquefois
moyTmefme ou noftre grande vniuerfelle , ont toùtesfois horreur de
ce fentier &e dédaignent ce chemin , pouree qu'il leur femble vulgaire,
à caufe qu'il y a b eaucoup de fréquence auprès , mais aduifez qu'il n'eft
chbifi que des plus accords , & que ceux qui f en diftray ent font trou¬
blez d'imaginations , nonqu'ils les ayent eues du grandPhecel, mais
du trouble de leur entendement quiiuge fans feience. Or mon frère
croy moy ie te prie, que ce qui eft facileeftle plus beau. Les fectets en-
uelopez en des retours dificiîes , Se que l'on entortille d'artifices d'ap-
parentes*excellences fontà dire vray fi fecrets qu'ils le font éternelle¬
ment, &detellefortequeiamaisonneles defcouure., & la cognoif-
iànce de ce qu'ils fuppafent demeure fi fecrettemen't morte dans tels

H-
.labyrinthes^ qu'aucun, n'en-*eft efclarci :- auifez qu elesdiffi cultez n'apr~
portent que troubles , les diuerfîtezcOrrompentf exiftence vnique de
la vérité, qui eft fïmple Se facile à ceux quî la cognoiffent, mais infînk
mentloin de ceux-là qui l'ignorent^leplus petit Se abiect artifice pra¬
tiqué parle plus ignorant des artifans , eft extrêmement difficile à ce-
luy qui nèle fçait point, mefmes les fages admirent des vétilles mefpri-
fées pair les moindres , fi cela fe vbid continuellement , & que fera-ce
donc de ce qui denoftre fubiet tant de fois admirable, vtiie & néceffai-
re ? Ileft certain que Dieu n'apohïfdonné l'affection de fciencepour
faire entr erl'eïprit en troublesj^perplexitez , mais F efprit humain fe
défiant delà gràcedufbuueràin, valniquementfe profonder fans cau-
fe es fubiets où il deuroit auec patience Se humilité f entremettre pour
glorifier fon facteur , ce que n'eftant pas , ains fe pouffant fouuent par "
defirs impetueuxpourcaufes illégitimes, il aduient par efficace d'er¬
reur que l'on tresbucheiau gouffre des vanitez, pourcç que l'on a voio-
tairement bronché contre Fefcotde préfomption. OrleSainct ayant
donné la fciei^e pour rendre Fefprit net parles éuénemens, il en com¬
munique aux fî erisl,esprincip es pour eftablirleur ame en parfaite ha¬
bitude, &pouf céfaireiî octroyeFprgane des organes mondains,non
à tous, ains. à ceux qui par Fheureufe rencontre des effects de fapience
àmùentàce poinct defirable. Mais tous yeux ne font pas capables de
veoir ce beau fecret , qui n'a pour but défini que la perfection. E t cer¬
tes ainfî Dieuri'a point do nné; l'affection de fcience pour mettre l'ef
prit en troubles & diuerfîtez de brouillemens , ains pluftoft pour le
rendre clair &fuff eptible de toutes.form es agréables Se iuftes, Se les
effects qu'il enpermet aux. bonnes âmes, fontppurles eftablir enleur
meilleure fubfîftençe,po.ur à quoy paruenir il faut procéder par moyés
; .droits & parfaits. Tenez pour confiante refolution que la perfection
ne fecognoift pas par vn ordre contraint, amenant àquelquebutfor-
.

" ce par des inuolùtions, hitôl érables , ains par la nécëffaire :SS légitime,
laquelle êft équitable , parquoy, iî ne faut rien ruiner. pour; eftablir j en
rien gafter l'excellent pour lereftituer pourautant qu'il n'eft pas rai¬
,<

sonnable de troubler pour efclarcir , de tuer pour viuifier, degour-


mander pour appriuoifer:îl.conuientdeueîopper pour trouuer, exciv
terpourfufciter,&dumoins en apparencefaire foudre le plus qnyéri-
té , çeifeft pasléfruict.qu'ileft queftion de défoler , mais fil fe peut di-^
te Ç'eft là, femencerqu'il faut agiter Se faire corrompre , à ce qu'elle fe.
leuë après, en'fruitç trop .plus defirables qu'elle ne fembloit.-Si donc
vous aùez enuie d'accomplir fidèlement le defir de, voftréaffection ef-
' fectuante,confiderezles fub fiances parfaites & celles qui tendent à

perfection , celles que lejnquuement n'altère point , & celles qui font
altérables , meimes en yn moment, Se faites élection de ce qui eft en
pûifîàricé altérable de cefte nature qui requiert d*éftre meuë , ppùr,
eftre tirée hors de fa priuatïon manifefte ', de ^ce qu'elle monilrer>def>^
rer, auec toute apparence. Que cecy vous fbïtVn fîgnac|erénl'kmçj.
afin que vous ne loyez trpuué défectueux deuantleV yeux d'Olocli-
rée, qui ne fait eftat que des efprits accomplis, ~& puis qu'elle eftle
feulpoinctde vos defirs , qu'elle eft l'vnique de voftre- çtir,ayez,ce
cur affez plein de valeur , pour entendre ^pratiquer. 'Ne pénfez pas
, aller à elle pour eftre conduit pareueàfaprPpreïomfïancéyentendez
d'où elle eft. Se delà vous pourrez trouuer le moyen d'aller -à elle, Se
: d'ellevous paruiendrezaupoinctplus exçellent.Et bien qu'elle foit ce
qui eft l'vnique excellence , fi ne I*eft-e!le cognéuë quer'par le Roy qui
naiftra d'elle, & par la belle Royne dont aufïi ellefera.mere,fiony
metpeine. Elle eft véritablementleurmere , dautant .qu'elle xft leur
ame Se forme parfaite en deux de fes termes, car iîtoft qu'elle eft.au
commencementde fon adolefcencc elle peut eftre. mère delà Roy^.
ne, puis eftant venue en aage parfait, & quelle eft enla vérité de fa .
plus grande beauté , elle pourra faire naiftre le Roy qui eftle petit Roy
dumgnde.OrdoncquespourarriueràceGrandBien,paffezparchez
Iamere d'Oloclirée, pour voir fon effence première^ &: vous aduifez
d'vn poinct notable: les enfans qui font beaux au commencement,
defqûels la beauté eft tantloûee , ne font rien en fin , cefte beauté def-
chet, &perit, & finalement ne font plus quefigures de laideur , il en
eftautrçmertt d'Oloclirée, fanaifïance première eftlaide, èllen'aque
les traits grofiîers de ce qu'elle doit eftre , mais fi on l'excite Se nourrift
de l'extérieur agent qui amplifie l'intérieur, elle f embellira de temps à
temps , iufques à ce qu'elle foit b elle en toute extrémité. Si cefte eflen
ce vous eft vne fois cogneue, vous fçaurez qu'elle fe parfait fans rien
diuifer , car iamais nature n'y prétend actuellement , ains formelle¬
ment, féparant le laid pour adioindrele beau, pour diminuer le def-
plaifant, afin d'augmenter l'agréable, conferuantlet'out ôrmultipliât
la vertu, pourFeffectdequoyrienn'eftdefioint,rienn'éft parti nyfé-.
paré , bien qu'effacé , Se de fait les accidens ne font point féparez,.
mais effacez , dautant qu'ils f efuanouiffent & ne diminuent en rien de
la quantité , delaquelle ils auroyent efté parties fils auoient efté fépa¬
rez, entant que féparer fignifie mettre à part S^coname defioindre, es
qui eftàfuir,carpardifionction on deflie les liens fpécifiqùes &natu-
rels,lefquelsiamaisnepeuuenteftrefeftituez ny d'autres misenleuf
lieu. Ce qui eft vne fois tranché ne peut plus eftre réfoudé., pour de-
uenirvni ainfî qu'auparauant , Se ce qui eft defîoint par nature ne peut
eftre comprins en l'vnité telle que nature faitpar fes opérations, dau¬
tant que Ia!folution de continuité ne,fe reftablit iamais en foneftrei
premier, à caufe du$etranchem.ent,depuis epe feiffure eft faite, il n'y a
plus debaumè qùUàréj>àre quoique quelques fpéculateufsplus âtiô-"
dans en imaginations^ beurre, le fïouma-
gè Mecler bouubir eftre remis en faict parfait, fj eft-ce ^ ne leur déplai-
fe,que cela eft ésimpoffibilitez de nature , cequi eft pafle ne peut plus -

reuenir',lerruictvnefois meur nepeutplusreuerdir,la crefme efchap-,


pée du corpsqui la comprçnoit ne retourne iamais fe méfier es mini-',
mes parties don telle eft fortie, depuis que le foye a diftingué es corps
les fub fiances qui fe vont di.ftribuant par tout,il n'y a plus moyen qu' el¬
les rèdeuiennen't ce qu'elles eftoieritparauant leurs féparatipns. Auffi
à. dire vray féparer où il n'eft point b efoin eft faire iniure à l'amour qui ;'
ne demande qu'vnion.Voila pourquoy ie vous aduife que fî vous e,fte$
fidèle amantd'Oloclirée , que vous ayez fouuenance des comparai-
fons queie vous aypropofées, afin que vous foyez difcretenfarècèr-
che, qui eft félon lVnique rencontre de la vérité, laquelle eft vne,&
qui nous offre vn vnique fubiet excitable par l'vnique agifïànt en l'vni-
. que capable , au temps vniquement diftingué de la première Se vni¬

que diftinction. égale. Il n'y arien tant céleftement deftiné que les fub-
iets d'amour, qui font vnis fidèlement /partant foyez extrêmement
difcret pour voftre biènj &iiepenfez iamais devouloirioindre Apaxe.
auec Olocîirée, quoy qu'il femble que ce foit le deuoir. Fuyez , fuyez
cefte penfée,& remarquez qu'Olocliréefçait que fon père &famere
ne font qu'elle mefme en puiffance , vnis immédiatement , parquoy
elle fuyt ce que te Ciel a déf-yni., Se que/natureafaitféparé» Cequi
. pat nature eft du toutfépare,.& inefmes à apparence eft autre par fa di-
ftindion , ne fera iamais conipintabfolument, ny méfié exactement..
Lesfubflançes diuifées par nature rie peuuent eftre conjointes , iuf¬
ques au profondny concentriquementy Il y a vn certain momentfa-
"tàl& douce condition de rencontre qui iointles cÅurs , Iefqu els doi-
uerit eftre l'vn àfautte, que défia. ils fontynis auant que leur féparation
- fDitVftimée9ficelaii'eft,iln'yauraiamaisp4ix entre ceux quicuident-

faffembler,&lecpritentèmeritnefytrôuuera.point, dautant qu'il n'y


a que delà difîculté en la contrainte. Sur tout auifez de ne défaire ce
qui eftfait. Vous ne ffauriçz faire tomber ny entrer nature en néceiïi-
té , autre que celle àlaquelîe elle eftdeftinée ,.rien ne peut luy auenir
quecequîluy eftprapj:e,iointquef'ampurpere de çonuenance eftfi
iufte quikeiette tout ce qui n'eft aucunerriét de fes conuenâces. Pour .

ceftè caufe fçachei que ce. qui- 'a efté yni du fidèle lien deNature Se- '
d'amour venant à" eftrê violé ,'ou défait , né p eut plus eftre reftitiié , le
ferment rompu puis ràcbuftréji'eft plus cefte fidélité première, c'eft
fait, on ne fçaurpit rentraire les parties, defîointes , auffi nulne fçaitla
,

fo4.iduredenature,parquoynefefaut.opiniaftreràféparerce'que,Na- .

turea conioint ,ny f obftiner a vnir ceque nature i^a point deftiné l'vn
--''< y ' _ pour
pourl'autreréciproquement,'maisilfautconferuer , maintenir, aug- '
menter , agiter , Se fubftantifier ce que l'amour, le Ciel, nature ou
Fendelechie a conioint, Se multipliant ie biep qui eft au fubiet, on aura
lé bien qui en eft ordonné. Telle eft la voye , Se préparation qu'il faut
tenir,pourferendreplaifantàla belle Oloclirée , que fi on n'ob férue
ces maximes , on n'aura iamais de part en elle , pourautant qu'elle a en
abomination tout ce qui peut apporter du trouble es loyales fympa- .
thies. le vous prie belAmy, fil auenoît que ce qui nous alié fut défait,
quilepourroit refaire, ou de nouueau l'eftablir en, eftre, pour nous
vnir de l'aliance qui eft entre nous ?Eftans ainfî eftrangers dans quel¬
les nouuelles réitérations de commencemens retournerions-nous
pour naiftre de fubiets qui fiflent qu'en fin nous deuinffions ce que
nous fommes ? Ce qui eft ne peut eftre réduit à tel principe , qu'ilpuif-
fèdeuenir pour eftre ce qu'en puifiahee il n'y a moyen qu'il foitJe vous
rediray Cncor, pouree qu'il le faut, à caufe des deux auantures aue-
nantes. Se vous auerti en cefte vigueur où vous elles, en laquelle fi
vouspourfuyuez, pofïible ferez-vousfàtisfait, & pour vousalïèurer
dauantage à caufe du dernier Se grand fecret, queles accidens fe peu-
uenteffacer , Se d'autres fufeiter , iamais l'accident n'eft féparé, mais
bien la fubftance qui fait part dufubîet. Il eft vray qu'il y a des accidens
fubftantiels qui font féparables*^ en quoy faut eftrepnident, pouree.
que tels fub fiflent, Se les purs accidens font Se peuuent eftre efteints Se
difïîpez,&filfe peut dire tranfmuez , en quoy l'amour eft excellent,
veu qu'il faitfufciter ce qui n'eftoit point, Se parjaviuacitédefonfeu
fait deuenir en excellence complette ce qui eftoit fimple Se d'apparen¬
ce de'fort petite valeur , pour en fin eftre l'excellent Se la caufe de ce
qui eftle pîix de tout ce qui eftfoubs le Soleil. Et c'eft cefte belle Olo->
cliréè defirable furtout ce qui eft defirablepour fon abondante félici¬
té. Orfuyuez les délices de voftre deffein , Se û allant avenant par ce
fentier que ie vous monftre entre ces deux petites roches, vous ne
trouuez l'occafîon de choifir proprement l'endroit de rhabitaclefou-
.haité pour rencontrer la Belle de vos intentions , Se n'eftes affez in-
ftruit,reuenezmetrouueren mon tabernacle, Se ievous monftreray
les beaux miroirs, qui vous feront cognoiftre les beaux traits "de la
Belle, après vous auoir guidez fidèlement où elleréfideenla patience
de fa perfection. Pour cet effect attendant noftre autre communica¬
tion, ayez voftre intelligence auifée, pour iuftement bander voftre
intention au précieux verre qui ne peut eftre anéanti , à ce beau verre
quenatureexciteparlechangequecaufeleprincipe de mouuement.
Ce verre eft le cryftal des fages, il eft toutes leurs pierres précieufes
quitranfmuenttoutenleurpropreperfection , c'eft ce verre feul qui
eft infiniment humide &ijifiiiimeiitfec, Sàlàe telle nature qu'il fvnit
auec tous fubiets , fil eft fondu au verre fondu il te teint , auec le métal
il fait le pareil , il pénétre tout Se mefme fe fond es humeurs humaines,
ayantinorezpar tout pour rectifier toutes fubftances.' Ce verre philo-
fophic apbuuoir fur toutes natures , îefquelles il ameine à fa nature, les :
accompliffant de toutes perfections , Se tels fondes amours d'Oloçli-
rée , Se la grâce defa douce io.uyffance^ où elle prend infiny plaifîr , 8e
fe mirant en fes beaux miroirs, ordonne infinies délectations félon les .

efpeces que le grand PheceLy a déterminées à laraifondetoutceque


le fainct Archée luy a permis de traitter. Ces miroirs.vous feront le
fymboie éternel de vos fideîitez, Se l'vnique guide de vos amours.. C es .

petits fîlamensde, foye qui femblent filez par les Nymphes d'aniour;
ibnt ces beaux fils de verre, fources admirables des magnifiques ra¬
meaux d'or^qui font ombre à ferrée de la t.ônelle où repofel'amour, Se
oùîfe retire noftre vniqueOlocliréê.Soyez ferme,&vous fouuenez,ou
apprenez que te cÑur de fageffe efl en la Confiance, n'allez point co¬
rne homme de vanitez, fuyuantles diuers détours d'amours impudi¬
ques, faciles à accofter , &aiféés de fruition,maispourfuiuez ce qui
fe retire peu à peu, & chaftene veut eftre profané, tenez vousviue-
- ment à l'vnique Rinceau du Deftin , qui eftla branche fatale & bonne
qui multiplie tes félicitez , les fubftances , & les délices fans rep enfan¬
ce. Et fi vous vous arreftez quelquefois en prenant aleine, Se que
vous preniez garde aux Xantîfophiltes des parois Se tableaux de céâs,
vous y cognoiflrez toute laftégahographie Se mignonne fciénce,con-
tenant en foy les plus beaux fèçrets d'amour .,'& les plus délicieufesr
rencontres qui fe pratiquent auec l'excellente Oloclirée , aueclaquel-
le on trouùe & perçoit-on tout heur fans defplaifance,toute grâce fans f
ennuy , Se commodité fans interualle, Se tout gift en vn p oinct , vn en¬
droit , vn fubiet , vne cognoiffance\& vne feule clef, o Utre laquelle
nulle auue ne profite. Il n'y a qu'vn moyen duquel on nepeuttantfoit
peu eftre informé, que l'on ne foit capable de tout ce qui en dépend,
par vnpeu d'intelligence on entend &cognoifl-onprefque tout. Et
(il aduient que queîqu'vn, ou parauanture, ou par folicitude , îette
, Filfur le poly bien-heureux du beau miroir d'Oloclirée, il entre en
tant de parfaites intelligences, par cefte fidèle vifion, que toute obfcu-
ritéfe retire de luy, tout ce qui eft reuclabie à Fefprit humain eftima-
giné dans les reflexions de fi parfaite glace, merede iaplusbellede
toutes les fciences. C'eft où doiuent afpirer tous les fidèles amans* -qui.
fepouuans retfoir dans, cefte refléchilfante Iuniiere , y liront tout ce
<p'il y a d'intelligible , Se facilement de Fvn viendront aux' autres , fî
qu'en fin feftans remirez dans les fept miroirs, ils feront affeurez de
leurs efpérances,^ ertains de Feftàt de leurs délits, Se contens delafrui-
tion de la bonne graced'^bçlirée , qui fait que fes vrays amans par H
bien qu'elle infufe en leurs efpritS font bien fouuent nommez prophè¬
tes , dautant que vifiblement ils apperçoiuent tout, Se en telle glo-fc
rieufe habitude leurs âmes font nommées corps,& leurs corps ames,&
l'vn eft l'autre, Se l'autre l'vn, leurs amcs vne ame , l'ame vnique plu¬
fieurs âmes, vncorps'les corps, le corps plufieurs corps. Qu^ei'auois
deplaifir.d'ouyr ces belles énigmes , ces fophifmes des fàges, que mon
c eftoit dilaté en moy d'appréhender tant de délices futurs propp-
fez aux bons courages. Il n'y a ioye tant abondante, il n'yaconten-
.tementtant glorieux, ny gloire fi magnifique que defetrouuerentel
eftat,& défia m'eftoitauis queie voletois heureux au defïùs de toute
Jieffe de cur. C'efticy oùfetrouue le grand artifice des Dames Selc
feçret des feçrets d'amour , qui punit ceux qui ne fçauentpas reco-
gnoiftrele bien, Se qui font tant ah ufez de leur bonne fortune, qu'ou¬
bliant d'où leur vient l'auantage , ils ne penfent qu'au rafïafiment de
leurs defirs. Nephés me voyoitjconfîdérantmon bien, Se non l'hon¬
neur de ce qui le caufoit, afin demefairefentircequieftdudeuoir,
m' via d'vn artifice qui fera par fes éuénemens vn exemple à tous cu¬
rieux. Certes il faut queie le die, car mon naturel, inclin à la courtoi-
fie, m'y oblige, plus quetout,&: iem'auance doncà repeter encores
qu'iln'y arien de meilleur foubs le Soleil que les belles dames, elles
fonde bon-heur du Monde," le chef-d'uure de Dieu, & l'abondance
du confeil qu'il faut fuyure pou&iamais nefe.repentir,maisilfauticy
fe donner vn trait de prudence* c'eft que fi on veurauoir confeil d'vne
Dame , il luy faut faire fapropofition toute fimple, Se vn peu tendante
àcequiîapeuttoucher, pourqujpy ne diray-ie cecy, veu quelevieil
prouerbe fait les bons fils reffembler aux mères, &: les fages filles aux
pères ? qu'il n'y ait point de controuerfepourla dignité des Dames, &
fur tout icy où elles font ie fujetdenos deffeins, Se noftre félicité. Et
jsourec qu'elles le fçauent, elles ont infinies belles inuentions pour
no us le faire trouuer encor meilleur. Quieft-cequi Voudroitdébatre
auec nous de ce fubiet? Lafcience n'eft-elle point Dame, les vertus
ne le font- elles point ? Et n'eft-ce pas auffi noftre intention d'auoir ces
beaux obietspour but, foubs les fimilitudes agréables de ce que Dieu
. afaitpourla récréation, humaine? Voilà comment nous allons errans
après l'excellence, & les Dames qui ont du iugement &yeulentde-
.meurer en leur grandeur acquife , fçauent multiplier leur gloire au deC-
auantagedenoftrecur,& par noftre faute, Se toutesfois venantde
, leûrpart elles en vfent de fi bonne grâce, radoucie des traits & dou-
- ceurs de beauté, qu'il n'y va rien de noftre réputation. P our eftre dou¬
cement abuie d'vne fage Dame vn Cheualier n'en vaut que mieux,
- c'eft fon honneur , c'eft fîgne qu'il eft en la grâce des b elles. Car ceux
aufquels elles donnent plus de trauerfes fans offenfe , font ceux pour
**** ,.

O
-v
lefquels elles referu'ent le fruict heureux que tes amours légitim es pro-
% duïfent auec véritable contentement' : Et iamais elles ri'bfferifenr,
que fî quelqu'vn feftdon indifcrétion en-fera caufe, pouree que les pu- '
diques ne peuUent ouyr , ny voir ce qui eft contre la bonté de leur iufte
opinion. le vay ainfî «l'égarant pour me flater en mon infortune , àue-
nùepar faute de confédération, le penfoisxlefia tenir cefte fleur, &n'y
auoit plus qu'à eftendre la main pour en toucher les fueilies odorantes,
,que Nephes heureufe en' fes entreprifes , voulant par la longueur du
temps me faire achepter ce qu'autreniét i'euffe eu à trop bon marché,
mefecuia par mon erreur autant loing que iefus iamais , dece queie
voybis tour prefques obtenu. C'eft l'ordinaire que quand orifevokl ,.
à Finftant du bien' appelé, on n'a plus d'autre penfée j &pnnereco-
gnoift pas d'où vient Fauàntage de.fi grand bien. Etpourceafin de .

m'y faire penfer, elle lafèha efchapper le Lion d'amours , "ce n'eft pas
'Vn Lion furieux, n'eft engendré du mefme temps, Se par mefmes pa-
rens quelaMati.çhore de la montagne féée. Qui eft-ce qui ne. feroit
efpouuanté de la foudainerencontre.de ce que l'on nevit pneques , Se
qui refemble à ce, qui 'peut doxiner vne vray e peur ? Le Lion vient
bruyant, ie me tourné pour voir que c'eftoit , ie fauifay & fu furpris?
ilh'y eutamourny confolation préfente , ny affeurance. acquife, ny
valeur naturelle qui m'empefehaft de frémir Se auoir horreur , Se encor
plus auifântNephés fe lancer hors dï^fentier où nous eftions , comme
- fî elle euft efté éfpoiiuantée , elle pritle cofté droict,ie m'àuancé àgau-
che Se me retiré vers la fale, p enfant qu'elle yfut entrée, c'eftoit fon
ombre qui m'auoitdeçeu, Se enco»que i'euffe efté furpris de frayeur
innocente, fi eft-ce queie n'eftois point tant efperdu que ie ne fçeuffe
qu'il eftoit conuénable de m'oppofer à la violence que le LiÔ eut fait à
la belle , parquoy ie me hafté voyant la befte f approcher, ie cuido is
que ce fut par hazard qu'elle vint des fotefts prochaines , ainfî n'aya|g
dequoy me défendre , ie continué ma retraite , Se voulant m'auanCer
pour tirer Nephés parla robbe, afin de la referrer en la fale dont ie
fermeroisUa porte, ie me trouué n empoigner qu'vn ombre vain , fi
qu'eïlant en cefte faief euenu à moy , ieietté l'¿il de tous codez , .8e-
Fouye pour eftre adreflé. Cefte fale eftoit fur vn piuot quilaportok
aifément , le tour du pauillon fut fait, Se ic trouué la porte que i'auois
; , voulu fermer au Lion eftie àf oppofite du lieu où parauantelle eftoit,
ie Fourni Se, vîmes compagnons* qui me dèrehoient, lefquels me re¬
prochèrent que feul i'auois vouiu-voir les beaux tableaux de lafate,
mais auffi qu'ils auoyent veù la Fontaine de louuence. Ils fe flom-
poyent,ce n'eftoit que le ruiffeau des Hymphes paruenantes,qùi cbW-
; * le du bas de fefcalief du pauillon où demeure Oloclirée , ce que
nous apriûïies par tes tableaux qui font en cefte fale , Se par le petitmi-
roir qui eftvers Orient , au trauers duquel on void la fpntainr cToù
fortent infinies figures qui font les efprits malins , lefquels infeâent
les humains, & proprement les maladies contagieufes Se incurables
qui corrompent la félicité de la vie, C es feintes fiiy ent cefte faincte li¬
queur, tellement que ceux qui vonty mettre le bord de leurs leures,
Se qui en reçoiuent vn peu , font prefèruez de toute infirmité , Se deli-
urez dé celles qui les tourmentent. Ce que nous verrons plus aper-
temênt, auec toutes les autres magnificences dont les auantures pour
eftre efprouuees, font remifes au prochain anniuerfairequ'ainftituéja
belle Olqclirée, laquelle conuie tous fes parfaits amans, de fy trour
uer, pour veoir auquel elle daignera donner la main de fidélité pour-
f accepter l'vnique ncureux ejitreles pouriuyuants.

****
H

m
,*

A,V SIEVR DE VERVILtE.


jfahd pour l'vtiUté de noftre .République,
le te voy fifouumt recerçher leruiffeau ,
*.^uiempruntéfoncouûdufur)on de cefte eau .

QueTpgafe tiradufàihclmonj Bmotique:'


Je veux taccomparer} /^erville,* ffîydropique,
Qut boit à fous moments , tjr» ai qui le cerueaiï <

Toufiours refue à l'humeur qui le même au tombeau %

,* zAppetant lefubiet qui luy eft plus, inique. #


sJfàaùfongeantpUù après a l'immortel renom,
Dont ï onde Caballineet&nifetonnom3 < -./' . ..

It'trouué incontinent ma comparaifon nj aine. . .

Car l'Hydropique'corpsboiuànt court afamorHy


Et toy tout au rebouts tu t'animes plusfort3
f Bornant inceffamment le criftald'Hypocrene.
Gvy de Tovrs.
*

Ores tu fais mourir l'enuie


De'ceux qui nous difent errant,
Car par cefte Philofophie -
Tu trionfes des ignora/is.
De Hvrel.
A MONSIE VR DEV ERVïLLE,
Sur les Difeours du Poliphilc.
}V as en fin trouué fage & fç tuant KÈRVlLtE,
I Vn fubiet de mérite &tpvopre à ton humeur3"
Lors qu'enfin naturel i'ay lett le Toliphile3 ' *

l'a-ycreu que ton Esfrit fuyuoit mefme labeur.


- >

Ce doux & do£ie ornant rempli des cognoijfances


Qui ne fè treuuent plus qu'entre lès Curieux, ' '
Par le plus beau fintier des pins riehes feiences
Conduit vne belle *Ame au plus beau lieu des çieux.

vAmour lui donne force & l'obiet de fa Belle


Tourne fes pafiionsfùr les tours de fon il :
Comme le beau Soucy par force naturelle * '
Tourne toufiours là face aux rais de fon SoleiL- ' .

^4mour efl le flambeau d'vne ame de mérite ^

Qjùfejleue & fe pouffe à cercher le parfaifi;


Ceux qui nan$ ce defir pour leur feure conduite,
Iamais en grands deffeins ne feront grand- effèct* . ' '"-

Pour feruir la Beauté quifeule luy commande,* _


Et qui ioini les 'vertus k fes perfections:
il travaille fans ceffe , & courageux il bande
Tout le plus vif effort de fes conceptions.

Cela le fait entrer dans la Cabale fainte


Des Chimiques fecrets oit il treuue duiout-:
Et pil fait dans le Ciel quelque autre belle po'wte> < v T-
// efl toufiours portéfur les aifles d'amour, ' _

il ff ait U vérité des pures médecines, '


Par l'efjènce cogneu'é aux fimples plus cache%$
Et tire ingénieux des communes racines, N . . \\
Des rnemeilleux effects "non encor rècercfie<%- ~» <-

Pukdans l'antiquité des ruines d'vn grand temple,


Sur les refiles brife^ dei orneniens perdus,
Par vn pointt qui n'aura que luyfeul pour exemple,*
jl treuue la pratique & tordre du furplus*
il
enrichît ainfî la belle Architecture^ * »
Tirant de ce defert les traits enfeuelu: -.,' - '' ' :

Et garde let Beautexdueç tant de mejure,


Qttenfes moindres dejfeins les traits font accomplis.

M au lors qu'en ces douceurs il efgaye fon A.me, .

il tire d'vn beau feu lajlartè[de fon San: ' ' ( .

Ceji vne Eau lumineufevhfe nourrit lafiamey


Qui fins diminuer fert d'éternel flambeau. .,

Stthtile ïnuentïon que ie laiffe a comprendre ^


Au gentil Curieux qui la peut eftimer: * ' , _

L'eau fe tire d'vn feu, qui ne fait point de cendre,


Et qui brufie toufiours fans iamais conjumer.
il 'fait en èdHtres lieux d'autres heaute%jparoiftre3
Dans la diuerfité de fes chafies tourmens:
M<tii ce qui touche au cur ne fe peut recognoifire
Que par le'sjettx omérts -des plus /âges Ama'ns.
/ r. - , *. -

Tu fait ainfuVl R. yi L L E , & ton labeur s'èjgale


,

Aux occultes moyens de fi rares écrits: <

Car pour couûrir le feu qui ne'bmjle, n'exhale,


DesdifcpursdetArnqurmcouuresteseferits.
; ' - * ' " ' 'v
- Quênà verrons nokiWNynïphe en U troupe des belles .

Accomplir fenyoyagè,& finir fes regrets ?,


Ce fera lors' qu'Amour foubs Tombre de fes ailles
Çouurira le grand Oeuure &> mille autres fecrets.

Trohgrahds-.Pri^Césdf l"Ind'e oit, le S-eléilfe Ittte,


i

liront prêauedu'fel ? dufeulfre,&t du miroir .' _ *

M&u puis qu[Arnour fera le iugedela'preuue-x ,

Ceux qui n'aimerontJ>o'mt n'y pourront rien fçauoir.

Amesforcgès / \
Ha ! que ie veux de mal à ces
Qui fans cogtioifire Amàur meSfrifent tant fes fiftx!
Von ne peut concernât -de galantes penfees, ,'
Si le penfer n'-eftprins d'vn fubieèl Amoureux. r:
*. - - ''','- "\.,V ' ' ' ' ' »

'\ ' :'-'..;'. 'r " r ;- ' NV'le' Digne.


O D E.
Ï3.E liure excellent & nouueau,
ywAttx antiques equiparable ,
ÎDit tout ce qu'à y a de beau
\Sur terre fertile & arable.
Mais tl eujl efté mifierable ,
Si fon fécond père amoureux
Ne leufl par fa main fecourablt
Remis au monde , & faict heureux.

Poliphile premièrement
Luy donna ce qu'on dit effience :
Et l'autre l'a fecondement
Gardé de mort , par fapuiffance ,
Qui en prénoit la iouijjance
Le plongeant au fieuue d'oubly.
Mais il le met en cognoifjànce
Pour eftre de lox^ennobly. ,

Les François ores le liront,


Qui ne penfoient qu'ilfeuft au monde:
Et maintes louanges diront
D'amitié chajle , pure ç£* munde:
Eft quoy quand vn bon c fe fonde,
il ne luy peut que bien "\enir:
OÙ cil qui de lafciue abonde,
Ne peut à honneur paruenir.
Bacchut fut engendré deux feu ,
Comme les Poètes nous difent:
Et ce liure parle deux voix,
^4 tout le moins ceux qui le lifent.
Or puis que les eftrangert prifent
Ces deux-là, ie fuis bien deceu:
Et diray que les offres nuifient,
Si fon difeours n'eft bien receu.
*****
s*
'-'.- -;SÛNE T T O.
.-";- "*, v ' - . .»
^ Cco l'alta Colonna che foflenne .
Quel bel typo de la memoria antica ,

, Ogni figura, ogni mole, & fabrica, -


Et varie fogsie di fegni contenne.
~ Ci'o che mille occhi, & mille &: mille penne
^Veduto èc fcritto hanno con gran fatica,
In breue fogno tutto qui f efplica, -.-'.' - '."--.' .

Injfogno intendo ch'a l'autor auenne. ; ; :

O rozzi ingegni , & folo homini in parte : f r \


Et voi die fête al vil guàdagno intefî, .-, - ', . N

Pervoi fon quelle charte graui péfi, ,' . . ' /


O belli'fpirti & nobili Francefi-: -\
Per Dio vedete in quelle do tte charte
Quanto che val & puo l'ingegnp & Farte.
''', : ; - - - Permeftefrpfpnfaffp.

E X P O S I TI O N DE C E S ON N E T.

>R eft-ce cy la trefi-Baute colonne, '


.Marque & tefmàin de. noble antiquité:
Tout traict, tout plan , toute belle & bonne r
Et maint fragment y efl bien appliqué. '

Ce que mille yeux & mains ont pratiqué : ..

A grand labeur , en ce liure fie donne 7

Facilement , par dificours expliqué '':'"


Soubsfenge brief, 'que Hautheur en ordonne.
- . p gros effrhs que raifion abandonne', ', *. >

El-vous au gaing mifierable entendans , " .."


Ce liure eft tel, que fon poids vous eflonne.
Mais ô François beaux efirits.& prudens, <''' >

__ Voyt^ combien peuuent en la perfonne

l'art & l'effrh quand ils font acCordam.'


-,
i
-.'-" Ccelum non folum.

#
TA*BLE DES CHAPITRES*CONTENVS
au premier liure de Poliphile.
tOliphile eftant endormi , fonge , & luy fiembla qu'il ejlsit enlafioreft Noi~
/ re. . Chapitre I.fiueiHetl.
~k Eftant en détreffe Poliphile p*ie , fort du bois,puh court nouùeUefortune.
Chap.II.fueil.z. /
Poliphile raconte comme il luy fut aduis en fonge qu'il dormait, & en dormantfe
trouuoit en vne valléefermée d'vnegrande clofture enferme de pyramide,fur la¬
quelle-eftoit afiisvnobélifique de merùeilleufie hauteur, qu'il regarda (ongneafe-
ment ,&pargranàe admiration, th.III.f.5.
P lufteurs grandes & merueilleufes ouures , àfçauoir vn Cheùal, vn Colojfe couché,,
vn Eléphant s&fingtdiereme'nt vne belle Porte. Ch.IIIlf.G.
Deferiptiondesornemens&enrichiffementsdel'ouurage. cH.Vf.T4.
Poliphile entra vn peu huant dedans la porte, regardant les beaux ornemens itccÏÏe:
pukvoulantfen retourner , veitvngrand Dragon quile voulait déuorer ,pour
crainteduquel ilfemitàfairdedansîes vcyes creufes & feuterraines : fi quef-
- noblement il trouua v$e Xutreyffue, &paruint en vn lieu fort plaifiant <& déle-
a*bu. . ch.vif.j7.
P oliphile raconte la beauté de la région où il eftoit entré, & comment ily trouua vne
bellef ontaine ,& cinq damoifielles , le/quelles furentfort efimerueiUées de fa ve¬
nue, & le conuierent d'aller kl' esbat auec elles. Ch.VII.fiO.
Poliphile affeuré auec les cinq Vamoifelles , alla aux bains auec elles : leur rifée pour
Ufontaine , & pour l'oignement , il eft mené douant la R ayne Eleutherthde , a»
PalatidelaqaeÛeilvit vne autre be'defontaine , & plufieurs merutiUes. Cbap.
VIII.f,z4.. '
Poliphile raconte l'excellence de la Royne, le lieu*defia réfidence, auecfin magnifi¬
que appareil, l'esbahiffement qu'elle eut de le voir, le boneecueil qu'elle luyfit,
enfiemblelerkbe&fomptueux banquet K& le lieu ou ilfut préparé, qui n'afie-
condnyfimblable. . - - - cb.IJC.f.3o.
P oliphile raconte le beau bal quifut fait après legrand banquet , & comme la R oyne
commanda a deux défis V amoife'Ûes , quelles luyfirent voir plus amplement tout
l'eftat defon Palais : aufi comme il fut par elle infirma fer aucuns doutes qu,l '
amit: puis mené aux trouportes Celles H entra, & demeura en celle du milieu
auec les Damoifiellesamoureufes. - ,,>*> (-h.JC.f.^S.
Polipfnle ayant perdu de veuéles DamotfeUes lafiiues qui le délacèrent , il vint a luy
vne*Nympbe, la beauté & parure-de laquelle fiont icy amplement defientes.
ChapfjCI.f.49. .
La belle Nymphe arma deuers Poliphile portant vrfflambeau ardant en/a main,
&le conuia i aller anec elle : ilfut efîr'ts defon amour. *"it ***
yc rC -^r
ch.JC I I.fa o :
*"k j- *

**

/
Polia encor incognew-'èk Poliphile , l'afflure doucement, & le conduit plia lo%».
Ch.XIlff^u
ValipfJile veit les quatre cdariots triomphant» accompagne%J.e grande multitude de
. ieûneffe. :- f , , - Ch.X II I I.f.tf.
Polia encores incogneuè à Poliphile, luy monftre les ieunes hommes & les filles qui
aimèrent iad'u, & en pareilfurent aimées desDieux: puis luyfeit veoirles Poë-
.

; tes cfiantans leurs poëftes immortelles. ,. ' ^ Ch.XV.f.êl. >

Après que la Damoifelle eût déclaré à P oliphile le myftere des triomphes, & [es dou-
ces amours des Dieux ,ellel'admonefta d'aller plut\auant ': Ce qu'il fit : <& yveit
* plufieurs ieunes Nymphes pajfaiïs le temps tout le long d'vn rmffeau auec leursfi¬
dèles amis. Pua ilfie troumeffiris de l'amour de la. Damoifelle fa guide, chap,
XV If
63. f ; / v "-;''
La! Nymphe conduit Poliphile en plufieurs autres lieux , & luyfait veoir le trtom -
phe de VertumnHS & P omona. Puulemeineen vn temple fompttieux , &par
l'exhortation de'la Prieufefta Nympfiey eftemditfionflambeau en trèfgrande ,

cérémonie,fie donnant à cognoiftre à Poliphile , & déclarant qu'elle eftoitfit Po-


lia desfacrifîces quifij firent. * Ch.XVI I.f.6%.
Polia offrit les deux Tourterelles , & vn petit Ange arriua: parquoy U Prieufe
feitfon oraifon a la Wéeffe Venttô : puis les rofes firent ejbandues , & deux Cyr<
, gnes facrifie%^: fur la cendre defquels creuf miraciàeufemeHt vn Rofter plein de

. -fieur's & 'defruict, duquel P'oliphile&> Polia mangèrent. Apres le facrifice ils
'pritfdren-t convé delaP rieufe: pim vindrent à vn autre temple ruiné: la coufiume
duquel Polia déclare à Poliphile, & le perfitade d'aller veoir plufieurs épitaphes
&fepnltures. -f ' Ch.XV I Ilf-jj.
Ppliaperfuadeà Poliphile d'aller au temple deftruièt, y eoir les Epitaphes antiques,
oli entre autres il trouua enpeinture leramffementde Proferpine: & comment en
la regardant , il eut peur d'auoirparfemblable malheur perdu fit D<wie : parquoy
il retourna tout efiouuanté. Apres vint deuers eux le dieu d'Amours , qui lesfit
entrer enfa naffeïïe : ïhonneuî*que les dieux marins luy firent tant que dura cefie
nauigation. w , * Ch.XIX.f.%^.
Les Nymphes vogantes en la barque de Cupido, chantèrent, &Poliachantaaufi
à qui mieux mieuxjont P oliphile receut vngradconientement.Ch.XX.f.102.
Comment ils arrivèrent en l'ijle Cythërée , la beauté de laquelle efticy defcrite,enfem-
hlelaforme de leur barque^ comme au défendre , vindrent au deuant d'eux
plufieurs Nymphes , pourfaire honneur à Cupido leur maiftre. Ch.XXlf.loy
Cupido défendit de la barque :& les Nymphes de ï Ifie vindrent au deuant de luy
- richement attùurnées',enparement de triomphe elles luy offrirent des préfens; puk
il monta enfin chariot triomphant , pdur aller au Théâtre, & feit mener après
luy Poliphile & Polialic%j& attache?^ auec plufieurs autres .- deficriftion dt$
Théâtre, tant dehors que dedans.
. ' , Ch.XXPlf.uq*
P oliphile deferit en ce chapitre , legrand & merveilleux artifice dé lafontaine de
' Vénm.quieftoitau milieu de l'Amphithéâtre. Et corne Ucaurime dont eUgeftak

-#
- clofe, fut rompue.'parquoy il veit en MajeflélaDéeffe, qui configna Polia a
trois de*fes Nymphes, &* Poliphile à trois autres. Puis ilsfurent naure^par
Cupide, <&^ enrofexjparfitmere de l'eau de lafontaine. A lafin pour la venue du
. Dieu Mars comment ilsprindrent leur congé, & fertirent.de t Amphithéâtre.
Chap.XXIIlf.lz4.
P oliphile raconte comme pour lavenue du Gend'arme, luy&* Polia fepartans dit
théâtre , vindrent à vne autréfontaine, ou les Nymphes leur déclarèrent les cott-
fiumes &* inftitution dttfépulchre d'^édonis » auquel la Déeffe Vénus venait tous
les ans célébrer l'an réualu, leur racontans plufieurs autres hifloires: puis requirent
à Polia de leur direfon origine : & en quelle maniéré ellef eftoit addonne'e à ai¬
mer. . ' _ Ch.XXIIII.f.iVJ.

TABLE DV SECOND LIVRE


de Poliphile.
Polia déclare de quelle race elle efl defcendue, & comme la ville de Tréui^fut
édifiéeparfes anceflres : puis en quelle manière Poliphile dcuint amoureux
d'elle. Chap.I.f.x$i.
P oliafrappée de pefle ,fevouè alaDéeffeDiahe , parfortune P oliphilefe trouua au .
temple le iour qu'ellefiaifoit profefiion : puis ilreuint où elle eftoit feule à genoux
en faifiantfies oraifions , là où il luy déclara le tourment amoureux qu'il auoit en¬
durépour elle j lafuppliant de l'en vouloir alléger : dont elle nefeit comité :par-
quoyilfepafmade dueil0* d'angoiffé. Elle le voyant mourir s'enfuit foudain.
Ch.U.f.lft.
P olinrécitelçgrande cruauté dont elle vfia enuersP oliphile, & comme en s 'enfuyant
ellefut radie & enlevée d'vn tourbillon, & portée en vnef orefl obfieure: où elle
vitfaire la iuftice de deux Damoifelles, dont ellefut grandement effouuantée:puis
fe trouua au lieu d'où elle eftoitpartie. Après en dormat luy apparurent deux bour¬
reaux venus pour la prendre, parquoy elle s'efueilla en furfaut: dontfia nourrice
qui eftoit couchée auec elle,luy demanda la caufe defapeur,& après l'auoir enten-
due, luy donna confeil de ce qu'elle deuoitfaire. Ch.I I I.f.itf.
Polia récite en quelle manière fa nourrice par diuers exemples tadmonefla d'entier
l'ire & les menaces des Dieux. Et luy confeilla de fen aller deuers la P rieufe du
temple de Venus,pour eftre inflruictede ce qu'elle auroit àfaire, eh. IIII.f.l$S.
Polia par le bonconfeil& remonflrance défit nourrice changea d'opinion &fen
alla trouver Poliphile quigifeit mort au temple de Diane ,où elle?auoit laiffé:&*
comme il refùfeita entrefes bras.-parquoy les Nymphe:ide Diane 'qui fûruindrent
là,&lesfiurprindrentenfemble, les chafferent du fenctuaire : d'vnevifionqui
- luy apparut enfia chambre. Et comme ellefen alla a» temple de Vénmoùefioit
fon Poliphile. \ . Ch.V.f.14.0.
"Après que Poliafej'ut aceufee deuant la Prieufe du temple de Venus, des inhuma-
ttite%& rudeffes dont elle auoit vfiéenuers Poliphile, & déclaréqu'elle efloit ro-
^fr <fc iK <T 3f lit
talement délibérée ie luy eflre coùrioife &gracieufepour l'aduënir , la Prieufe le
&
'; fit comparoir deuant-.elle: 'adonc ilreqifit quefon plaifîrfeufl,confe)imey&afi
feuter la bonne volonté qu'ils portaient l'vn àl'autre. Pua Poliapar impatience
d' Amour interrompit le difeours defon amy. , Ch.Vl.f.i^.
J ^iprès que Pùliphile eutacheuéfon propos , Poliaenlapréfencede la Prieufe luy dé¬ \

clara qu'elle efloit ardamment effrife de fon amour , <& totalement dtftofee à
- luy complaire : pour àrtksdequoyhy donna vnéaifer : les paroles que la Prieufe
leurdiB. ', - . . . ch.VH.fH5,
Poliphile obéiffant au commandement de la Prieufe , fer le commencement défis
amours loue laperfeuirance , &*puh récite Comme vniourdefeftellveit Polia
envn temple , où ilfui eftrk de fen amour : & voyant qu'il ne pouuoit parler à-
elleiildéliberdluyefcrire. Ch.VI I I.f.14.6.
,Polipfnle n'ayant moyen de parler A fa pâme , luy eferiuit pour luyfaire entendre
'fon martyre. / ' -, ' ,,.'' -Ch.I'X.f.i^it
P oliphilepourfùitfon Hifloite, difantqué Polià nefieit conte de fes deux lettres:
parquoy il luy enuoya U tierce, qui profitaaufii peu que les autres : & alafinfe
retira vers elle, qu'il trouuafeule au temple de Diane , ou elle efloit en oraifen : & .

en luyfaifiant ledifebursidefalangueur, mourut, pukrefufcita. cFi.X.f.x^y.


" L'ame de Poliphile'luy raconte ce qui luy efloit aduenu depmule départ fion
- corps }&des aceufiations quelle auoit propofees deuant la Déeffe Vénus , à l' en¬
contre de Capido,& de la cruelle Polia. ,''*"'_ ch.Xlf.ip.
-.Poliphile dit que quand fen ame eût acheué de parler ,ilfetrouua viuant entre les -

' bras defe mieux aimée Polia: Et requiert la Prieufe qu'elle vueille confirmer
'-: ' leur amitié. Puis P olia met fin au conte quelle auoit commencé deuant les

..Nymphes. . . , . ;" -'-' Ch.X I I.f. ijz.


.

P olia tout en vn mefme temps achetantfen conte'& le chapellét defleurs , le meit


furlatefle de Poliphile. Puis les Nymphes quil'auoient efeoutée , retournèrent à
leurs esbats ,prenans congé des deux amans , lefquels demeurèrent feuls, deui-
.

-- ,- fans enfemble de leurs amours, Polia embraffant P. oliphile eflroictement diffamt

- . auec lefonge.
' l * . -% ', ' Ch.X 1 1 1.f.i^.
.

Poliphilefaitfin àfon Hypnerofqmachie : fe complaignant du fonge qui luyfutfi


brief,&* queie Soleilenuieux fit trop tofliour. Ch.Xl IlJ.f.l^.

EXTRAICT DV PRIVILEGE DV ROY.


Par grâce & priuilege du Roy, il efl: permis à Matthieu Guillemot d'impri-
meroufaireimprimer, vendre & diftribuer vn Liure intitulé, Le Télemies
' riches inuentims : çmuertes au vode desfeintes Ammreufes , tmi font reprefientees dans U Songe de
& deffences font faites à toutes perfonnes de quelque qualité Se condi-
TaUphile:
. tion qu'ils foient /d'imprimer ou faire imprimer ledit Liure , fur peine decoa*-
.fifeatioride ce qui s'en trouuera imprimé, & de quatre cens efeus d'amende.
Donné à Paris le îo. Décembre 1600. Et de noftre Règne l'onziefme. Parle
Confeil. ' Signé,. De Lavetz,' '.
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Tes discours dv songe
DE POLIPHILE.
<...--", LIVRE" PRE MI ER,

Poliphile eftant endormi,fenge , & luyfembla qu'il efloit en


laforefl Noire.
CHAPITRE PREMIER

A I S A N T plufieurs defTeins , ie remuois mes imagina¬


tions, & me retournois cnmâlictjfàns repos, plein de cô-.
.tinuelles inquiétudes, ce que ie côtifïuay long téps, & mef¬
mes iufques au point queie Soleil n'auoitpas encor affez
auancé ny fes quatre cheuauxny fonchariotpourrepren-
dre la route à reuenir fur noftre hémifphère : C'eftoit
poflible 3 f-heure que iadis la trifte Héro conduifoit fon dé¬
liré Lcandre,qui retournoit de Ces côfblations amoureufes,.
vn peu deuât l'inftant que les auant-coureurs duiour qui
font autour des gémeaux viennent efpandre cette douceur qui endort ceux qui
ontveîllé. Adoncquesfbllicité de mes penfees n'ayant prés de moy que machere
Agrypniequimeconfôloitauprisquelapitiél'cfmouuoit, oyant mes douloureux Agryptn'e
fou/pirs,ie luy déclarois mesangoiffes,& elle me donnoit confeil de patienter ciiie rc>!-
en mes afflictions ; àquoymcpenfant difpoféelle melaiflafeulconfumerlesdejr- L" 1utl®
; nieresminutes,que i'auois à veiller' , durant le/quelles iedifeourois à part moy. Si-mai^ie
l'amour n'eft iamaisëgâl, comme eft-il poflible d'aymer ce qui n'ayme point? & oiifanta-
cnquel!e'maniere peut réfifter vne pauureame combatuë de tant d'aftaultz at-'Re¬
?

tendu qu'elle eft continuellement occupée d'opinions variables. Sa guerre eftant


intérieure & fes ennemis domeftiques&familiers.Aprescelamcvenoitcnmé-
moire la condition mifïrable des amans,lefquels pour compîaireàautruy,defircnt
doucement mourir :& pour fatisfaire à eux-mefmes,font contens deviure en
mal-ayfè,ne raflafîans leur defir que d'imaginations vaines, dangereufes , Se péni*
bles.Ietrauaillay tât furfes defTeins, que mes efprislafTcz decepenferfriuole,fe
retournerétvcrslediuin obiect de madame*PoIia(la figure de laquelle eft gravée
au fonds de mon coeur) & en cefte belle occupation de c qui eft l*eft"ec"b d'vne
^oucevie& d'vne agréable mortiemetrouuay toutefprisdefômeil&m'endor-
' rois. O Dieufappelleray-ic cefte vifionheureufe,memeilIeufc ou terrible, qui eft
elle qu'enmoy n'y a partiefi petite qui ne foitefmeuë d'ardéury péfant Il me -
?

A " *
, ' ;\- LIVRE PREMIER '^D'E^/Y, '.'/
fembîà due' i'eftois en vne plaine fpacieufe ; fernée de fleurs & de verdure : Et que
le temps eftoit ferain ,' le fbléîl cki'r,,J3c adotfcfd'vn vent'gracieux:parquoy tout yN
- eftoit rherucilléuferrient paifible , & en filence : dont ie Fus faifî d'vne admiration

çraintiùè'": carie n'yappérqeuois aucun fîgne~ d'habitation d'hqmmes,nJy mef ,

VçsVepaire'debqflés-.qÙi, me, feitbien hafter m'es pas,ïegardant deçà & delà. Tou-v
'tesfoïs ie ne fçeu Vèèk'aut.re cbôfefinoadesfueillçs &i'ameàûx-c|'uine;fe;mou-*
^

4uoient point... ;.*;''_ :"'!--^ a'-'-';:; ./Y -'YV-'-'Y ' :..'.-

Mais en finie cheminay taht'queiemétrôuûây en vhe-foreft grande & obfcu-


re:& rie me puis auifer ny fouuenir en quelle manière ie me pouuois eftre four-
uoye : àdoçques ie fus afîailly d'vne frayeur grieue & foudiine,tçllement que mon
poux fe print à battre outre mefure' & ie frifîonnay ton t. Les arbres efloient fi fer-
rez,& la ramée tant efpoiife,que lesraiz du foleil nepouuoierit pénétrer, a trau ers:
JÈ-ïercinia
qui rnefeit doubter d'eftrè arriué en la foreft noire, en laquelle ne repairent fors1
fyiua. beftesfauuages& d&ngereufes : pouj crainte defquellesiem'erTorçay dechercher,
- vne briefue yfuYëiôc de fait ie me mis à courir fans'tenir.voy ene fentjer,ny 'fçauoir
quelle part ms'deuois add'reiïer, fouuent trebuTcbant éstroncz& eftoez des ar¬
bres qui eftoient à fleur de terre. L'aliois aucunésfcis auât , puis tout court iTtour-
nois en arrière, ores en vn cofté,tantoft en l'autre ,* les mains &le vifai.ge.dé$Ptz
* 4e ronces, chardons ,& efpines. Etquime faifoit pis que 'tout, c'eftoit c^û'aenaf-

«
', POLIPHILE. :
curtpas i'eftois retenu, dçmarobe, qui s'accrocboit,auxbuifîons& hafîiers. Le
.trauaiique i'en eu^fut fî grand & tant cxcefiif,quei'en fustouttroublé^&nefçeiï eus
' bonnement que faire,finon me plaindre à haute voix:mais tout cela eftoit en vain,
car ien'eftois entendu de perfonne,excepté delà belle Echo,quimerefpondoitdu
creux de la forefhcequi me feit reclamer le fecoursdela piteufè Ariadne , &défi-
rerlcfiletqu'ellebailfaaudefloyalThéfeuspourlcguider dans le Labyrinthe,

Eftant en deflreffie P oliphileprie, fort du bots, puis


- . ' . court nouuelle fortune.

C H A P. II.

Etraçant en ce bois^tout troublé d'entendcmentfàns fçauoir


!ce queie pouuois deuenir, ou fî ie deuois mourir en cefte fo-
I reft efgaree, ou efpérer mô fàlut incertain, ie faifois tout mon

_effort d'en fortir : mais tant plus i'allois en auant,plus entroy-


ieen grandes ténèbres, fort foible, 3c tremblant pour lapeur
que i'auois: car ie n'attendois fînô que quelque befte me vint
déuorer: ou que heurtant du pied àvn tronc ou racine, ie
tomblfïe dans quelque abyfme, 5cfuiTe englouty de la ter¬
re , côme fut Amphiaraus. Ainfî troublé d'entcndement,fàns
efpérâce, & fans raifbn,i'errois fans voye ny fentier.Parquoy voyat qu'en mô faiéb
n'y auoitautre remede^ie me vay recpmmander à la diuine mifëricorde,difant. O
trèfgrâd, trèfbon, trèfpuiflant,&: trèflecourable, fî par humbles & déuotes prières
l'humanité peut mériter fecours & eftre exaucée,orcsque ie fins repentit 6c dolét
de toutes mes fragilitez Se offençes pafTées , te fupplie Se inuoque , f ouuerain père
éternel,rec~tcurduciel&delaterre, qu'il plaife à ta déité incompréhenfîble, me
déliurer de ces périls,fï que iepuifle acheuer le cours de*ma vie par quelque autre
meilleure fin.A peine eu-ie fini mon oraifon bien déuotement proférée, Se d'vn
cnur toutthumilîéjlesyeux pleins delarmes,croyant fermement que Dieu fecou-
ie Se fàuue ceux qui l'inuoquét de pure volôté,que ie me tr ouuay hors de la foreft;
dont tout ainfî que fïd'vne nuict Froide & humide ic fufle paruenu en vn. iour
clair &ferain,mes yeux fbrtans de telle obfcurité ne pouuoientbien (pour quel¬
que temps)fouffrir la clarté du Soleil. I'eftois haflé,trifte, & angoiiTeux , tant qu'il
iembloit proprement que ie fortifie d'vne baffe fofTe , prefque tout rompu & bri-
fé de chaînes & de fers, changé de vifàge,débile Se de cce-ur allenty , en forte que ie
n'eftimoisplus rien toutcelaquim'eftoitpréfent. Outre-ce i'auois telle foif, que
l'air frais Se délicat ne me pouuoit aucunement rafraiiehir , ny fàtisfaire à la féche-
refledema bouche.Mais après auoïrreprins vn petit décourage, partcutesma-
«ieres ie délibéray d'appaifer cette fôif: parquoy i'ailay quérantparrrîy celle cô-'
trée,tât que ie trouuay vne groffe veine, 4'eau fret che , four dan t Se bouillonnât en'
vne belle fon taine.qui couloitparvn petit ruifTeau , lequel dcuenoit'vrfç riuie-
re bruyante àtrauers léf pierres Se troncs des arbres tombez & renuerfez en
fon canaI,ôrcontre lefquels l'eau fe regorgeojt comme courroucée & marrie de
.ce qu'ils la cuidoierRretàrder,clfe qui eftoit augmentée de plufieurs autres ruiiïé- '
ïets,auccqueîque«torrens engendrez des neiges fondues précipitées des mentai-
gnes,qui ne fèmbloient eftre guères loing, parce qu'elles eftoient tou tes tendres
de la blâclte tapiflerie du Dieu Pa. I'eftois plufieurs fois paruenu à cette riuiere du»
-* '' ' - ' Ai)

/
Y c£&f~>- 2- '

«livre Premier de
ïahtmafuittcpai-niyIafore{t,mais oncnerauoispéuappérçeuôir , âcaùfeque le
lieu eftoit obfcur,caf l'ô n'y voyoitle Ciel qu'a trauers les poin&es des aibres:cho-
fequirendoitcelieutrèf-horrible & efpouuantàble àvn homme fculefgaré, &
fans moy en de paner outre, car il n'y auoit pont ny planche^auec ce l'autre eofté fe
monftroitplus obfcurôc ténébreux que celuy où pour lors i'eftois,& me trouuois
trop efpouuamé d'ouyr bruire les arbres trefbufchans, auec le tonnerre des brart-
;

ch'esâbbatues '& efclattées , entremeflé d'vn brait eftonnant & horrible, lequel
retenu en l'aîr,& enclos à trauers ces arbres,fembloit redoubler & ^murmurer vne
demie heureaprès le coup. Quand ie fus efchappé de toutes fes afflictions , & qUe
iedefu-oisgoufter de eefte eau douce, iemisles deux genoux enterre furie bord .'

de la fontsy.ne:& du creux de mes deux mains fis vnvailfeau que i'emply de cette
liqueur. Mais comme ie la cuidois approcher dema b*ouche pour efteindrema foif
! ardante,i>uyvnxha.ntfl.mèlo,dieux,qù,iFexcé4elepouuoir& le fçauoir de le dé-
clarerxarladoucèu-rdecetteharmoniernedonna beaucoup plus *d.e déïedatiôn :

que le bpirç qui m'eftoit apprefté,libjen quei'en perdisTens,foif, & entendement


'Se commefi i'euffe efté troublé,l'eau que i'auo'ï's fâpuifefc^ferefpanditparrentre-,
' deux àp mes doigts^tâtme trouuay deftiraé de force. Or côme lé poiffbh qui pac.
la douceur de rappaft,ne côfidére la foaa.de deTame(fon:ie mis.èharrierelé befoin '

naturel :, & m'en alhy à grâd hafté après c^ette voix aggrea'bie a laqu'ell e.quattd par
wiftm.ie penlois deuoir -approcher, iel'.enteïïdo.is en autre endroit : & quandTe^
- 1-

- - POLIPHILE. - .5
ftois là venu,elîe fèmbloit«ftre faultçe autre part:& ainfî qu'elle changeoît dejsla-^
<e,plus fembloit deuenir mélodieufe. Or après que feu longuement couru en ce
trauail vain &friuole , iemefenry fî foible , qu'a peine pouuoy-ie fouftenirce
corps, tant à caufe de la peur paiïee , & de la grand* foif que i'auois fouffert, &s
fouffrois encor quepourle long & ennuyeux chemin & la chaleur afpre du iour,v
cuiauoit débilité ma vettuqui faiioit que ie ne défîrois autre chofe que le repos,
pour rafraifchir mes mébres tous lafîez, Ainfî eftâtefmerueiliédece qui m* eftoit
aduenu, & fertesbahy de cette voix,mais beaucoup plus de me trouuer en région
incogneuê", &fans culture, néantmoins allez belle &pîaifânte, ieme plaignois
grandement d'auoir adiré la belle fontaine, que i'auois quife&: trouuée à fî grand "
trauail de mon corps:& demouray douteux entre des penfemens diuers , tâtaffoi-
jbly du grand trauail queie me iectay deflusTherbcaupied d'vil Chcfnc fort anti-
que,lequeîfaifoitvmbrageàvnpré verd.

Lkie me laiiTay tomber furie cofté feneftre,commele cerfchaffé& recréa qui


repofefàteftcfu'rfoneichine, & tombeiurlesdeux genoux. Lors gifanten cette
maniere,iecôfïdëroisenmoy-inefrneles variables rautauôsdefoTtune'& me fou-
ûenois desenchatemensis Circé,& autres fes lemblabfes»pen(anciî i'eftois point
enforcclé.Hélasjdifay-ie,comm*jntpourray-ieicy entre tant de différences d'h cra¬
bes trouuer Moly la mercuriale, auec fa racine noire,pour mon reiWe & médeci-
A nj '

y -*
',.,/-' LLTR^tPREMïER DE ;
hc î Puisié pçnfois quecen'eftoitpQÎnt celais mais qu'cft-ee donc qifvn délôya]
-'dêlay de la mo«, que ie défkais tant. ? Ainfî pantelant i'eftois tant affoibly , quç.
prefq^ue ie.ne pouuois a^>ireriny mefine retirer vne douce alenée d'air pour con-
foler ma vie prefte à expiret.I'eftois prcfqu'e efteint 6c comme fans fcntiment,tant
la peur &rla foif m'auoyent exterminé j Encores pour me réconforter en cette n&» *
ceffité,ie trouuay vn léger remède à ma foif infupportable à laquelle ie ne peus
"apporter dé foulagemétautre', que de prendre lés plus baffes fueilles moitiés de la.
rofée,&.lesfuccer tout doucement-, fouhaittantla belle Hypfiphile pour m'enfei,
gner vïi.e fontaine ainfî qu'elle feitiadis aux Grecz. Aucunesfois me venort en fan-,
: tafie que i'auois efté eramy la foreft mors ou picqué du ferpent nommé Qipfâsi . <

parquoy 'finablçment ie renonçay à ma vie ennuyeufë , l'abandonnant a tout ce


qui luy pourroit aduenir : 6c fusfi fort aliénéde fens , que ie.me laiifay emportes,
comme reîùant fouz la couuermre de ces rameaux, oilme trouuay tantpreffé ,
defpmmeil,qa'ilmefeinblaqueiem'erid6rmîs. - ^
P PLI P H I L E R A C O N T E C O MM E I \t[ .'..£ V T ; ^

fut aduk en fenge qu'il dormait& \en dormantfetroumit enyne. valléeferméç


" ivne prandeclofture en- forme de pyramide, fur laquelle (floit
Y*i : , afiuvnobélifique de merueilleufe hauteur, qu'il reg4rda
\-' 'Y ' fengneufemeM>&? pargrande admiration. - :_ _

),' _.'. . ' ,;. Y- ' Chaî. in. l -- -Y '"'-,


YantpafTé cette foreft efpouuëtable Se délaiffé cette premi-
ererégiô parledoux fommeiiquim'auoitlorsefprisjieme ,

trouuay tout de nouueau en vn lieu beaucoup plus délecta¬


ble que le premier: car il eftoit bordé & enùironné de
Iplaifans coftaux verdoyans , Se peuplez de diuerfes ma-
nieres d'arbres , comme chefnes , faulx , planes , ormes,
,

i fraifnes , charmes», tilleuls, Se autres , plantez félon îafpeét

_ jdu lieu. Et,à bas à tra'uecsla plaine,y auoit depetitsbùyf. ,


fons d'arbriuéauiç fàuuages , comme geneftz , geneuriers , bruyères, & tama¬
rin* , chargés de fleurs: parmy les prez croilîbient des herbes médecinales, '.
Aà fçaiioir les trois confolides , énule , cheurefueïl , branque-vrfîne , liuef- .

que, perfîl de macédoine,piuoine.,guimauuesiplantain,bétoy ne, &, autres fïmples '

de toutes fortes 8c efpeces ,' plufieurs defquelles rfYeftoient incogneuës. Vn peu


'. plus aùant que le milieu de cefte plaine,y auoit vnefablonniere méfiée de petites
mottes verdes, Se pleine d'herbe me.nuette , Se vn petit bois de palmiers , efquels
:

les Egyptiens cueillent pain, vin, huille, veftement,cVmefrain pour baftir : leurs'
fôeilles fembloient kmes defpées , & eftoient chargées de fruict. ïhy en auoit de
; grandes, moyennes ^petites , & leur ont les anciens donné ce filtre qu'elles fi- " !

gnifient-vicloite^pour-autant qu'elles réftfténtà toute charge &pefantfaiz fansr Y


qu'on les puîfrecou'cheriEn. celiéun'y auoitaueunehabitation,toutesfois en che-"
v minant entre ces arbres fur "main gauche nVapparut vn loup courant la gueulle

pl'eïnc,parlaVeuëUuquêlles cheueux me dreflWt en la tefte,& voulus cricnmais ;

ie ne me troutiay point de voix. Audi toft qu'il m'eut apperçeu>il s'en fuy t dedans. '-

leboys:quoy voyant ieretournay aucunement en moy , &lcùant les yeux deuecs .


. la part ©ûles mdiH^iies-s'dreiiiblofcne, ieveis viipsu à collé vrië grande hauteur ;

%
-' " P OL i p h r L E. « 4
éri forme" d'vne touri& la auprès vn baftiment quffembloit imparfaiâ;,toutesfois
àce que i'en pouuois iuger, la ftruéiure eftoit antique.

Du cofté où eftoitxet édifîce,les coftauxfeleuoient vn peu plus haut, &fem-


bîoient ioindreau baftiment afîîs entre deux montai^nes, feruart de clofture à
vne vallée: parquoy eftimant que c'eftoit choie digne de veoir, i'addreflay mon
chemincelfepart:maistantpîusi'enapprochois, plusfe defcouuroit cet iuurc
magnifiqu'e,& me croifToitle defir de la regarder, car elle ne refTembloit plus vne
totir,ainsvrtmerueillcuxobéîifque,fondéfur vn grand monceau de pierres , la
hauteur duquel excédoit fans comparaison les montaignes qui eftoientaux deux
coftez.Quâd ie fus approché tout près,ie m'arreftay pour contempler plus à loifir
iî grande architecture; non accouftumée & qui eftoit àdem.y démolie , compofée
de quartiersdemarbresbîancafTemblezfànscymentj&fîbien adiouftez,que la
où elle, eftoit encores entière, la poimre d'vne aiguille n'euft fçeu entrer entre
. deux pierres.Lày aûoit de, toutes fortes de colônes , partietombées Se rompues,
partie entieres:& en leurs lieux , auec leurs chapiteaux, architraues, frizes,' "corni¬
ches, &foubafîemei^s,def!nguliereinuention& ouurage, auec plufieurs autres-
pièces de fculpture notable, uotalement hors de ç.o^noiftànce qu'elle en auoit efté
A iûj
LIVRE PREMIER DE
la taîlle,& quau" réduis à leur première rudelîe tresbuchez & diffipez ça~5c là , ^ar :
- la campagne : en laquelle & entre fes fragmens eftoient leuées plufieurs plantes
fumages , herbes & arbriffeaux de maintes fortes,comme myrtes , lentifques, oli-
'uaftres,centaure , veruène, groifeliers, Se cappres : puis contre lesmurailles rui-
] r)éescroifroitla.ioubarbè,lepolypode,fcolopendre,oulâguede cerf,fené fauinie,
& pariétaire:& là fe trainoiét plufieurs petites lézardes , lefquelles à chafcun petit
bruy t qu'elles faifoient en ce lieu défert,cela mè caufoit vnè horreur merueilleu-
^conudéréquei'eftoisiàfufpens & en doute. Il y auoit merueilleufe abondance
-, de porphyres ,iafpes,&ferpentinesde toutes couleurs,fort belles & riches": èn-
." femble grande quantité de pièces de diuerfes hiltoires de relief & demy-taille,
' monftrans l'excellence de leur temps,blafmant Se accufant le noftre , auquel la

# perfeéHonde cet art eft comme toute anéantie. M'appro chant donc du front
principal de ce grand édifice,ie regarday vn portail exquis , bien proportionné au
refte de la ftru&ure : le pan de la muraille duquel eftoit continue depuis l'vne des
môtaignes iufques à I'autre,& auoit &x ftades Se vingt pas de longueur, ainfî que ie>
pouuois coniecturer. L'alignemét des montaignes eftoit à plô'b depuis le haut iuf-
quesaubas du plat. Parquoy iedemoutay toutpéfif Se esbahy,côm^nt,auec quels;
ferremens & outilz,auec quel labeur , Se par quelles mains d'hommes , auoit efté
- eonftruitvntelédihce,defî grande defpence,& confumption de temps qu'il n'e-f
ftoit quafi à croire. Cette muraille auoit (ïmoà iugement) la cinquiefme partie
d'vneftadeenhauteurdepuisladerniere corniche iufques au pied, ànyueaudvt
paué:& fut faidepour clofture de cette vallée ; en laquelle on ne pouuoit entrer
nyfortirfinon par cetteporte , fur laquelle eftoit fondée la grande pyramide, fî
' merueilleufe que i'eftimay la defpenc e ineftimable , la longueur du temps à! la fai-

re,inctoyable:la multitude des hommes qui y befongnerent,innumérable:car fi à


la regarder elle confondoit mon entendement,& esblouyffojt ma véuë, que pou>
; uoit-elle faire à l'endroit de l'intelligence du baftiment î- Or à celle fin que ie ne
faille à deferire ce que i'ay veu , i'en diray la forme çnbienpeude parolles. Cha¬
cune face ou paii dé la quarreure du plinthe auquel commençoit l'alignement
dès degrezqiu faifoient la pyramide,auoit en longueur fix ftades , lefquels multi¬
pliez par quatre , pour le tour & circonférence des quatre quarrez qui eftoient
egaux,font vingt Se quatre ftades. La hauteur eftoit faite en cette manière, tirant
leslfgnespendantes.au long des quatre coins depuis le plinthe iufques au plus
; hautdesdegrezoù. elles s'affembloient pour former îapyramide. Le cathet ou li- ;
gne. perpendiculaire eftan.t au milieu d'icelles,& tombant droit furie centre du
, plinthe , où les lignes diagonales fe croifoient ,a.uoit de hauteur cinq parties,
defquellesleslignespendaotes&coUatexaleseaauOyeutfix, ~ .

''''-; ''''.. :- - La pyramide

-.%
******** **^Éù*tî3rf*
. \' ." y âÂÉft'-fl*:, ">' :

';-: , "' ...LIVRE PREMIER 'DE _ ___


, Y La pyramide eftoit compofée en. forme de pérrcn,contenant mille quatre cens
.

& dix devrez, dont les dix derniers


eft'oient-co-suîertiz 'erî vn mèruëilïeux cube',
'

faifant.la^iminution&eftrecilfementdekpyi-amide, tel &' fi- grand qui! eftoit;


,

impoffible de croire que'mains d'hommes l'eulfent peu aifeoi|r 'fî haut , faiéTf'dc
celle mefi^e-pierre dé marbre dont eftoient les degrez, & là mis pour bafe*&
fondeméntde l'obelifque. Il auoit quatre pas de diamètre par chafeune des faces-
de fon quarré : aux quatre coins d'e.nhaùt fur les lignes diagonales -^.efroiét fichez ,

Se plôbez quatre piedz de Harpy es,veluz & argottez , fai des de fônté-,finifïàns de-
uers lehaut erivn fùeillage antique entrelaffé^qui embrafibit le pied de l't)belif-
queiouftenufur ces quatre 'piedz pu pattes de Harpyes,qai auoyent deux pas dë;
hauteur :&aùtantenau6itle diamètre de l'obehiquedeuers le bas , fa longueur
contenoitfept fois autant , diminuantpeuàpeuiufqUesà fa poindre, tout d'vne ,
feule pierre PyropecileThebaique,efcrité de lettres hiéroglyphiques Egyptien¬
'

nes , en fes quatre faces Se coftezpoly Screluyfant comme vn miroe'r. Sur là


pointe eftoit la figure d'vne Nymphe de cuyurè doré, plantée fur vn vafetour-,
îioyât en forme depyuot,ouurage-certainemêt pour rédte enSahis tous ceux,qui
"

le rëgardoiét : caria Nymphe eftoit en telle proportion, qu'eftâtpofée fi haut en


l'air elle-fe moriftroit parfai élément de ftature ordinaire. Et outre fa grandeur,
c'eftoit chofe eftrange ^confiderer" comment elle auoit eftéieuéé & portée, fi
haut.vSonveftementvoloitàl'erttour-d'elle comme eftant enleué du vent, .fi bien
que l'on voyoitpartie de fa euiffe defcouuerte:& a#oit deux ailles eftenduës &ou-
,

nertes5ainfi que fi elle eùft eftéprefte à voler , lès cheueux luy vole toient par def- '
fus le front en grande abondaoçe.'ayant le derrière de la tefte fans poil. En fa' main
droite à l'obieS de fon regard , elle tenoitvne corne d'abondance,pleine de tous
Y biens,tpuniéedeuerslaterre:r^^
"Cette ftatuë eftoit-facilement. tournée par tpus les vens, auec tel bruit , pour le
frayer de là bàfe qui eftoit, d'airain, 5<"creufé,qu'oncques tel ne fut ouy. le ne
penfe pas que iamais ait efté vn.tel obelifque :. çeluy du Vatican, à Rome 3 n'eft
point pareii,riy,celuy d'Alexandrie,ny mefmes ceux de Babylone. Il auoit en foy'
,l Ù grand comble de merueille, que i'eftois rauy d'esbahyflement enlecontem-
piant5&encor'espluspour-fa grandeur ineftirnable, carie ne pouuois penferny
cdmprendre,comment,par quelle in.uention,auecquels organes,grues,& cables,
vn fi grand poix & fardeau auoit.efté leué fi haut.Mais pour retourner à la pyra-*
mide , elle eftoit fondée fur vn grandpîînthe -, maffif ,,qui,auoit quatorze pas de
hautéur,& fix ftades delongueur , failant le ïoubalîement.dti premier & plus bas
dcgré.Lequel plinthe n'aùoit ( àmon iugement ) efté là.apporté d'ailleurs , mais
taillé delà mefme roche en cefte forme, Scapproprié en ion lieu naturel à cette
grande ftructure* Ledemourant.des degrez.eftoitfaidtde quartiers de marbres,
aftemble.z & difpofez par ordre. Le plinthe ne touchoit pas aux montaignes,mais
en eftoit eflôngné de chafquecofté de la longueur de dix pas. En fa face dextre à '
l'endroit par oiVie vins,& au milieu de fon quarré,eftoit entaillée de relief,la tefte
efpouuentàble deMedufe,criant(corryxieii fembloit)furieufen?ent rechignée,les
yeux enfoncez , les fourcilz pendans, le front ridé Se renfrongné , la gueuleou-
iierte,qui eftoit cauée Se percée d'vn petit f entier faidt en voulte,paffant iufques à
,-'

la ligné perpendieufaire du centre de l'édifice. A cette ouuerture de gueuîle(qui


', feruoit.deporte pour entter en ce fentier) on montoit par les entralaifufes de les
chéueux,lefquels eftoient formez de telle înduftrie qu'ils feruoien t d e degrez. Et
, enlièudê.tieffes eftoient tortillez de longues réuoktions de ferpens qui s'en*
^eloppoiçnt & entremordoientjeftendus à fammr de la tefle Sedtt vifageiufques .
/ POlIP'HiLE, , 6 ;

su deiTous du menton. Ils eflwentfiproprement&vray-femblablement mentis


- de l'ouurage, qu'ils me donnèrent grand frayeur:car leurs y eux eftoient faits de
pierres luifantes : enforté que fi ie n'euffe efté bien certain que là matière eftoit
de marbre,ie n'en eufleofé approcher fi facilement. Le fentier entaillé dedans h
gueuîle,conduifoitdroitàvne viz & montée ronde eftant au milieu, de 1'ceuûré,
par laquelle on montoiten tournant deffus le haut de la pyramide , iùfquês au
plant du cube furlequel l'obéiifquè eftoit afïïs. Mais ce que i'eftimay le plus ex-
excellent, eft que cette montée eftoit partout claire , pouree que l'ingénieux ar-
chitedteauoitparinuentionfingulierefait en plufieurs endroitsde l'édificecer-
tainsfecrets conduits qui refpondoientdroittemctàrafpedt du Soleil ainfî qu'il
faifoit fon cours contre les trois parti es,haute,baire,c\: moyenne d'iceluy. La par¬
tie baffe eftoit efclairée par les conduid'enhtsaut, Se lahaute par ceux d'embas,
<jui rilluminoieat fufïifàmméntpar reflexion & reuerberatipn de lumière, pour-
ce que la difpofition dubaftimétfutfïbiencalculéefelonlestroisfaces, Orienta-
*.le,Méridionale, Se Occidentale,qu'a toutes heures du jour lamôtée efhgit efclai¬
rée du foleil , d'autant que Ces conduits eftoient faidts en forme de foufpiraux , Se
diftribuezenleurslieux tout autour de la pyramide , depuis le cube iufques au
filinthe,où ie montay par Vn degré droit Se mafïïf,en forme davpulte quarréctail-
ée en la mefme roche. Surlecoftédroit'au bas de l'édifice , là oùil eftoit iojntà
la montaigne,&.venoit faillir au defïus , lepîinthe eftoit reculé de dix pas. Quand
ie fus venu deuatit là tefté de Medufe,ie montay par les d egrezdc Tes çheueux. Se,
entray en fa bouche fuyuant ce fentier, tant que ievinsalafinfortirtoiit.au haut v
fur le cube. Puisy eftant arriué, mes yeux nepeurentfouffrir de regarder..en bas:: ._,

car tout ce qui eftoit defrous,mefembloitimparfaiét : & n'ofois partir du milieu?


de cette pierrepour m'approcherdubord. Autour de l'yfTuë decette vizparenY :

haut eftoient plufieurs baluftres ou fuzeaux. de eniure plantez Se fichez en la pier¬


re, vn pied de diftance entre deux : Se àuoy ent demy pas de hauteur , liez & conti-.-
:

miezlvnàTautredeuerslapointejparvne coronne de la mefme matière, faite à


ondesjfouansdehàye&ciofturcàr'ouuerturedcla viz,laquelleilseriuironn"oiéc
tout à l'entour,fors du cofté par oùl'onfortoitfur le plant, à celle'fin { ainfî queie!
préfume)qu'aucun ne feprécipitaft inconfidérément en cette grande cauexar de
monter fi haut;, & tournoyer par tantde degrez, caufoitvjr chancelement SeeC-
,. blouyffemétinfupportable. Deffousle piedde l'obélifque en fon diamètre, eftoit
plombîée vne platine de cuiure grauée d'efcriturerfâhtiqUe en lettres Latines^
Greques,8e "Arabiques, par lef quelles ie compris qu'il eftoit dédié au fouuerairt
SoleibSe davantage y eftpiét dénotées toutes lés mefures de la ftruéturé: mefmes -
le nom deîârchitedfce cftoitefcritenlctti-esGrecquesfurrobélifque,difânt: Y ;.-
AIX'.'AS O AlBT KOS AI 0OAÔMO2 QP0O2EN ME.
Lichaz de Lybie architecte m'a'érigé.

En la première face du plinthe fur, lequel la pyramide eftoit fondée^ eftoit


entaillée vne cruelle bataille de Géans, aufquels ne défailloitfinon la vie, car ils
eftoient exaûëmeut figurez àuec le mou.uem ent Scgrande promptitude de leurs
corps énormes : Se la-nature y eftoit fi bien enfuyuie Se contrecaitre , & fes ef-
fedts.fi proprement exprimez , qu'il' fembloit que leurs pieds s'efforçaffent
auec les yeux , Se qtuls couruffent çà & là. Il y auoit des.cheuaux renuerfez
en cuidant ruer d'autres morts Se bleeez :pîufieijrs voulans àfféoir leur' pied
fur ceux qui eftoient tombez;, trebufehoient ,'- en grand nombre- D'autres.
y en;' auoit" débridez &. furieux y- rompans la prclfe & la' méfiée... Aucuns de
. " *:"v . '- ' ."- ' "-:'.
' \ B y - '
LIVRE PREMIER DE
-.fes- Géans auoyent ietté-içurs" armes",-6e s'embrairoiént en forme "de lutte:
1 plufieurs' eftoient cheus , que l'on tiroit par les piedz , a'utres foulez aècpiedz,
gifans entçe les morts (osbzlcs cheuaux , dontaUcuns tafchoient fercleuer:,.&
mettoient leurs targues au^deiiânt des coups d'efpées , Se cimeterres, bien artifte- '
Imént figurez,.Laplufpart combattoità'pied,en confufion., Se par trouppes. Afléz
y en'auoit armez de haubers,.cuyraffes,SecabafTets,enrie-his de diuers cymiers,
» creftes,Sedéuifes:les autres tousnudz, qui fembloientaiïai'llir leurs ennemis
d'vn courage enflamM: maints eftoient pourtraits en vne' effigie redoutable
comme s'efcrians:autres en figure obftinée.Sè furieufe , les vnspreftz demourir,
les autres du mut morts , manifeftans leurs memb res robuftes,tellëment qae l'on
pbuuoit veoirles mufcles releuez , lesâoinclures des os , Seles dures entorfes des/
nerfz eftendus. Le combat fembloit fi efpouuentabk. Se horrible, que^n eùft
.eftimé que Mars s'eftpit aflemblépar bataille à Porphyrion &- Alcyoneus. Les fi¬
gures eftoient de marbreblanc, à demy releuées&lefondz- dè-pierts;ds touche
tréf-noke , pôurdonnergrace Se luftreaux images, Se faire ietter hors Touuragç.^
Làfepouuoientveoir.des corps eftrânges , eftprtz extremes,adtesafTedtionnez,
diuerfes morts* vidtoire incertaine. Hélas! que mes efpritz. la-ffez Se traiiaillez^
mon entendementeanfuz par côtinuèlie diuerfité , Se mes fens troublez de cho
/ fes fimerueilleufes,ne peuuent fuffirejie ne dy pas à.declarer le tout , mais à bie
' exprimer la moindre partie de cette fculpture tant remarquable Se induftrieufe- -
Dieuld'ovL procéda fi grand' audace &ptéTqmptian,d'pù tel vouloir del-ordonné
- ' d'affembler des pierres en fi grandimonceauJauec quels rouîeaux,auec quels char-
riots,8e.autres machines tradtoires ont efté leuez fi haut ces 'quartiers de grâdeûr
... incroyable, pour ériger vae fi merueilleufe. pyramide Oncques ©inoGtates ntc ?

propofa plus fuperbement au grand Roy Alexandre la forme defon* .concept SZ


dcfeiniurlaftrudtutedu.montAthos. Â la vérité cette-cy excède- l'infolence des
,Bgyptiens,le miracle du Labyrinthe de Crète, Se larenommée du Maùfolée:aufTi
1 làns doute, il ne viat-ianaais à la cognoiffance dë'ceîay qui temar*qua les fept
miracîesdu.monde.Iiae fut-ennui temps v eu nepenfeva tel édifice. Finable-<
jnentie confiderois quelle refiftâce de Voultes le pouuoit-fouftènir, quelle formq
-de colo.mnès3.quelle gEoilèur dèpilliers tétragones ou hexagones , eftoient fuffi-
. fans à porter vne fi 'grade charge:Sc iugeay félon raifon,que le defïous eftoit maf-
fifdelamefme roche, ou emply Se maffonné de blocage faifantvne maffe ferme
Se folide.Et pour en fçauoir la vérité, ie regarday par la porte , Se vis que là dedans
il y audit yne. grande concauité,8e rrierueiileufement obfçure,

fiLVSlEVRS. GRANDES ET MERVEILLEUSES


"' .' mmreS}àffamirvnChëuals}vn'Coloffe-cmchf,vnEiephanri-/
-, . / < ^ fingtt\ierement vne belle Porte.~ .-,'''
-.. ..'*.- '','.' ' . Ç'h- a*p; ri 1 1.... ';'*".".." ^ _' ~ .

jON,ie ne me vante point,mais Iiraifonmepêrme^dedir^qu'ca


}tout le monde vniuerfel ne furet oncques faites uures fîmagni- ..

fiques,ny contemplées d' mprtel , Se ençores moins imaginées


-

|par quelque entendemét humain:Se*quafi bferoy-ie franchement,


affermer^iu'iln'cft point enfçauoir ou pouuoiri&Qmme,d'efle-
w^iauente^comprendre , ny acheuer vne fi. grande excejleace -d'édifice., l'm.
-POLIPHILE. l 7
eftois fi furprîs d'admiratiQn,q'UffttuUeaiitt,echofe(b9t&t-dlcplaifàn.tc)nepou-.-
aoi't entrer en ma fantafie,finon lors qu'en coftfiderant toutes'les partks.de cette
compofition belle Se bien proportionnée, ievoy ois les ftatuësfaites en-formes
de pucelles. Adonc iè foufpirois fi haut, que mes foufpirs amoureux retentjffoiét
par celieu défert Se folitaire , la douce caufe de mes foufpirs en ce lieu de délices
eftoit la refouuenance demacélefte &plus défirée Polia, l'idée de laquelle eft
empreinte en mon cceur :' en laquelle mon ameàfait fà retraitte, Seferepofe.
' comme en vne feure franchife. Helasiellene vcL£&àit pasabandonnéftrtce voyât
efgaré. Eftant ainfî paruenu au lieu dont le regard me faifbie oublier tous '
autres penfemens,i'allay aduifer vn beau portail d'excellentartifice^Se en toute fà -

compofition accoroply Se parfait ,tel,,que-iene fens point en moy tant de fa¬


lloir queie le peuiTef uffifamment d'eferire^, çonfidéré qu'en noftre temp&ies ter¬
mes vulgaires , propres Se communs à l'architecture, fant enfeuelis & efteins-,;
auec les luures. Ofacrilege Barbarie exécrablejtuas alïàilly la plus noble part du , .

' thréfor Latin ^ accompagn ée d'auarice infatiablerSe as couuert d'ignorance mau- '

dite l'art tant digne, que iadis fit florir Se triompher Rome. Y ,

- Deu^ntee portail s'eftendoit vne place contenant trente pas en quarré , pauée "
de quarreaux de marbre, féparez l^ne-deFautre la, longueur d'vn pied , la fepara-
, tion Se entre deux ouurée'de mufaïque en forme d'entre- las Se fueillagesde di-
ueffes.couleurS,démolie en plufieurs endroits par là ruyne du baftiment. SurJ&,
fin dé<cette placeàdextreSeàfeneftreducoftédesmontaignes, éftoientérigez à
nyueau deux rangs de colomnes également diftantes l'vne dé l'autre. Le premier ,

ordre commençoit au bout du paué. Au front du portail de l'vn des rangs iufques
H'autre, yàuoitdiftance de .quinze pas. La plus gsand' part de fes colomnes fe-
voit encores.debout Se entieres,auec les chapiteaux Doriques,conterians en ba-a* -

- teurledemy diamètre de leiirpied. Il y mauoitd'autfespriuées deleurs-cnapi-


teaux,plufieurs renuerfées,rompuës-i Se d-emy enterrées dans les ruynesvparmy
lefquellcs eftoiét creus des arbriifeaux Se petits buyffonnets:qui me fît prefumec;
que ç "auoit efté.vn Hippodrome à dreffer cheoauxjoa quelque xyfte pour exercer; '
la ieuneife,ouvriparadromideàfe promener, ou certain ample porche defeou-
uertjoubien le lieu.d'vn Euripefaitpourrepréfenter certaines batailles nauales, -

Ehcettepkceàdixpasou ehuiron delà porte yauoitryn cheual de cuyure, mer/. »

ueilleufemènr grand, ayantdéux aifles eftendueY :lepied duquel conte'noit: cinq ;;


pi%ds en rondeur fur le'plant de fàbafe. Lalongueur delà iambëdepuisJa pihçisc
dé la corne iufques fous la poidtrihe' , eftoit de neuf pieds. Lateftè haute Se rele- -

uée,comme s'il euft efté efgaré,fàns frein ny bridejayant deux petites oreilles J Tvv-
ne dreffée fur le deuantj l'autre couchéedes creins longs , pi oyez en ojides Se'peni- v
,dans du cofté droit. D elfus ce cheual , Se autour de fuy,eft©ieut faits.plalîeurs pe». '
tisenfansqùis'efforçoientdele monter, mais vn feul d'eux ne "s'y pouuôittenit ' -
pourfa grandelégereté, Se promptmaniement: parquoy les vnstombroient, les
autres eftoient prefts dctombenmaintsenyauoitdétresbûchczjquitafchoient :
de remonter. Vous en eufïïez vftuqui s'empoignoientaux creins;: Se tels eftoienï ; r
«heus fousf®nvcntxe,qujmonftroientfeYoak>ki-.eleucr-<.Y f- , , ' J

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C*£<ùr\ 4~.
livre premier:, d:

Ce cheual eftoit pofé fur vne planche de mefmç matière , Se tout d'vne fonte,
laquelle eftoit'affife fur vne grande contrebaf c de .marbre blanc : Se n'auoit le
cheual{ainfi que îepouuois comprendre) efté encores danté : parquoy ces ieunes
enfans fembloient dolens fans voix pîaintiue, pouree qu'ils en eftoient priuez,
& n'auoieiit fo^s la-démonftration de vie fansî'vfàge. Il fembloit que le cheual
les vouluft introduire dedans cette porte : car il eftoit tourné de ce cofté. La con-
trebafe eftoit mafTîueiproportionnée en longueur,groffeur,8c hauteur, pour fou-
ftenir fi grand' machine,diuerfifiée de veinés différentes en couieurs.Au front qui
regardoit là porte, eftoit entaillé vn chapeau de triomphe de marbre vçrd , à fueiî-
les de Peucedan, Se au dedans d'iceluy ièslettres qui s'enfuyuent , grauéesen la
pierre blanche.Enlt face oppofite Se deuerslacr4ppeducheual,y auoiçvn autre
pareil chapeaude fueiiles d'Aconit morteî,auee autres J£ttres.,difant.
pou;'Pft:x-ii:A

-^ x,

jjediéaux dieux. Le cheual d'în-


ambiguz. , \ félicité,

\ En la face longue du cofté^droity'eftbiententaillées certaines figures d'home


mes Se de femmes danfàns,qui auoy ent chafcun deux vifàgeSji'vn riant^ Se l'autre
pleurant. Ils danfoïenten rond, s'enrretenans par les mains , ;homme auechôme,-
Se femme auec femme , vn brasderhomme pafîànt par deflusceluy delà femme,
Se l'aure par deffous,en telle manière que toufiours vn vifâge ioyeux eftoit tourné
contre vne face t'rifte: Se eftoient "en nombredèux fois fept, fî parfaitement en-
taillezSe figurez en leurs mouuemens , enlinges vplans , qu'ils n'accufbientl'oït-1
urier "autre défaytifinon qu'il n'auoit point mis de voix en L'vne", n'y de l'armes ;
en I'autre.Cette danfe eftoit taillée en oualc,formé de deux demy cercles , conti-»
î^ugzde deux lignes deffus Se delfous. ~ ' * w r ; *

Au bas de l'hiftoire eftoit eferit (Le Timïs.

fl B" iïij

î
LIVRE .PREMIER DE

En vne autre ouaîe du cofté feneftre eftoient entaillez' du mefme ouurage


Quelques ieunes hommes qui cueilloient des fleurs en compagnie de pilleurs
. da,moyfelles.Etaubasrle la figurey auoit des lettres engrauéesén la pierre, con¬
tenant ce feulmot.-P er te; La groifeurdes lettr.es eftoit delaiifiufiçfme partie,
& vn peuplus,*du diamètre de leur quarté»
' - , ' . . ? : i' ' . ï'eitoiî

V
POttïP'HIlE. <*

I'eftois fort cfmeraeillë confidérant cette grande machina de cheual fî très-


;bien faite que tous les membres refpondoyent enmefureà la proportion du
corps. Et me fitfouuenir deceftuy-làdeSeius. Après queie reuaôguementre;-
gardé,i'allayaduiferde loing la figure d'vn Eléphant, qui n'eftôit de rien moin¬
dre en grandeur,n'y artifice. Et ainfî que ie voulais aller voir , i'ony commele gé-
miffement d'vne perfonne malade : dont le poil me dreflàen la tefte : Se fans' plus
auanty penfer , ti-ray vers celle part oi) i'auois entendu la voix , montant fur vn
grand monceau de ruines. .Quand ie fus paffé outre, ietrouuay vn merueilleuic
Çoîoife,ayant les pieds fans femellcs,les iambes creufe&Se vuides, Se pareillement
toutîerefte du corps iufques à la tefte, qui ne fe pouuoit regarder fans horreur.
Lorsie coniedturay que le vent entrant par l'oiiûerture des pieds, auoit caufe
ce fon en forme de gémiffement , Se que l'onuriër Tauoit ainfî fait tout à efcienté
Ce Coloffe eftoit couché à l'enuers,fait de bronze , Se ietté*par excellent artifice.
Il fembloit eftre d'vn homme de moyen aage , gifantlateftevnpeu haute, Se re-
pofant fur vn quarreau comme vn malade.Il aupitla bouche ouuerte de fixpas de
îargeur,âinfi que s'il fe fuft voulu plaindre.Par les cheueùx de fà tefte on pouuoit
^ monter fur f|n eftomach- , Se de là entrer en fa bouche , par le poil de fa barbe.
iQMandie fus venu iufques là i'eusTaiîèurfce d«ntrer dçdans:puisdeiianâtparvn
'- 'A*j
LIVRE PREMIER .DE" -
ftetk dègré,îedefcendiyen la gorge*apfès en l'eftomach, $t delà par toutes les mi
wes parties du corps,iufques dedans les boyaux Se entrailles. O merueilleufe con- -

ception d'entendementhumain , entreprife plus qu'àdmirab e 1 le vis toutes. les


' parties intérieures du corps naturel ouuertes,Se dans lefquelles on pouuoit aller»
le nom de chafcune efcrit en trois langu,es,à fçauoir Chaldee,Grecque,Se Latine^
auec les maladies qui fepeuuent engendrer, Se par mehne moyen la caufe, Sels
remede.Par tout,y.auoitpafTage,tant que l'on pouuoit clairement voir os,arteresj
nerfs,veines,mufcles,Seinteftins:caril eftoit garny depluhçurs petites feneftrcS
fecretes,qui donnoientlumiere fufiifante:Se n'y^iuoit faine d vnef eule vêine,non s
plus qu'eleeluy d'vn hommeparràit.Quand ie fus au droitdu c apperçèude =

lieu oùàmour forge fes foufpirs, Se l'endroit ou il. offenfeie, plus gnefuement.
Àdoncieiettay vne grande plainte , appellantPoha,fihaut queiefentpretentir ;
'toute celle machine: dont i'euîfrayeur : puis ie commeçay à penfer à I excellence
detelleinuention,parkqaellefansanatoraierhommefepouuoitrendreexcçlIét
Sefingulier en la cognoiffanc© de fott intérieur humain. O graues efpnts anti-
r ques'Oàa^evrayementdoré ïorsquelaver tu eftoitpar égalaucc lafortune , tuas .
"' feulémétlaiifé à ceficcle mal'heureux ignorance Se auarice pour héritage ! Après
queie fus forty de ce.Cololfé,ie vis le front Se le haut de la tefte d'vn autre:mais il
eftoit en figure feminîne,dont tout le refte eftoit enfeuely fous ics ruines,en forte
que ie n'en p& voir pkfs auant:à l'occafio n dequoy ie retournay.au premier lieu, ,

où "iceontempky le grand Eléphant dé pierre noire, eftincelée dé paillettes d'or


&d'argcnt, en maniéré de poudre feméepardeffus. Là pierre eftoit fi polie Se fi ,;

cIaire,qu'ellerepréfêritoittouteequieftaità Fentour,çômefi c'euft efté vn mi*


ïaïr d'e bonne gkce:toutcsfois il s'en falioit quelques endroits où le métail l'auoit '
tarny;d©ia.roiiïllureverde.CétEléphantauoitfurle haatdu dos eprne vne ba-
ftiereoucou:uerturedecuiure,liécàdeuxfangleskFgesèftreintespardefrous, Se :
enûironnantes tout ievcnMc,e*ntrelefquellescftoit'kfe.mblâce d'vn pilier quar-
ïéenfQrme'depiedeftaldejHeiure correfpondànte à k groffeur de l'obélifque
7 dï.èffé furie dos delà befte3pource que nulle chofe de grand|pefanteur. niubite-
" itre aflfe en vainycàr elle ne peurroit eftre durable.Les trois faces de cepiédeftalj,, ,
eftoient entaillées de lettres Egyptiennes,Se en la quatrième eftoit la portépouyy
y entrer.L'eîéphant fe monftroit exprimé Ci parfaitement que rienne defailloit
,-.

àl'induffrie.Sa couuerture eftoitornéede petites figures Se hiftoires de demyre^


lief:Se droit en fQiimilieufepQuuoit veoir érigé ynobeiifque de pierre LaceMe-
monienne:verde,quiauoit es faces égales vn pas de largeur par le diamètre de fon
pied.Se' fept autres pas géométriques en hau teuniaqueUediminuoit en pointe:&
Si lâ'fommité eftoit fichée vne boule de matière claire Se tranfp.arante. Ce grand
relief d'animal eftoit fôuftenu A'vn foubaffement ou contrebafe de-Porphyre.
Les deux grandes dents qui s/ailfpient <§efa bouche , furent faites de pierre bkn-
-che,teluifante comme-yuyire. A fa couuerture eftoit attaché au.ee riches boucles
dorées vn poitral du mefme cuyure :'au milieu duquel eftoit efcrit. L E C E Ra
. V'.JEAV EST EN LA* TESTE. Et femblablement l'extrémité par oit
I&col ioint à k tefte,eftok emiironnée d'vn beau lien,auquel pendoit vu-enrichif-
ffemét.en forme de clianfreîn,iettéfur lefrôt de k belle, compofé de deux quar~
£&.-:entiers 3&.bordé de fu.eilkgeantique,aufîifaitdecuyuret ..Y, Y ' ""
LIVRE PRE*MIER DE
au milieu duquel eftoient infculp£es.de.s let¬
tres IoniqueSjSe Arabiques,quidifoiçnç;,
' Labeur Se induftrie. -, ,- - .

Le probofcide ne touchoit pas au.: foubaffé--.-


ment , mais eftoit vn peu foufîeué'Se rènuetfé.
deucrslefront. Il auoit les- oreilles pendantes,. :

larges,8e ridées,d'èftrangeTorte,mohftrant;par
fà grandeur qu'il excédoitle naturel.. Le fou-
baflement eftoit- berlong , Se en ouale , entaillé '
decharadteres Egyptiens hiéroglyphiques , Se;
gàrny de fes moulures. La longueur eftoit de
douze pas ,, la largeur de cinq ,da hauteur., dc^
trois. Enl'yndës coftezie trouuay'vne "petite:
porte, Se vne montée de fept degrez; Ypatl.eC
quels arriuay fur le plant -dii fbubaffc'ment : Se
vey que au quarré pofé fous le -ventre , -eftoit ;

cauee vne autre petite porte. En la concauité


de cet Eléphant y auoit des cheuilles dctnetaiî, ...
fichées aux deuxeoftezen forme de degrezypar^.
lefqueîles'on pouuoit ;ayfément monte* Se al-v
1er à trauers'cette machineereufé."- Qui fit que
i'eus volonté deleveoir ,, tellement mie i'en-
traypar cette porte : puis grimpay parles che-v
milles en ce merueiileux corps touteuétré , re-
fçrué que l'on auoit laiiTé autant de maffif par
, dedans , qu'il en auoit au deffous par de¬
hors , pour fouftenir fon obélifque: Se tant
.d'efpaee à chafeun coftédes flancs del'E-
* jépnant,qu'vn homme y pouuoit paffer à
fon àife. Ak voulte ,,du dos fur le derrière
; pendoit à chaînes de cuiure vne. lampe ar-
>. dante,qui iamais ne s'efteindoit , Se illumi¬
nent toute- cette grande place "vuide , en
* .laquelle ie vey la figure d'vn homme nud,,
grand comme le naturel ordinaire , ayant
en fa tefte vne couronne , le tout de pier- .

; renoire:maisles yeux,les dens , Se les on-


'-'. gles, eftoient d'argent. Cette figure eftoit:

. plantée drdite fur le couucrcle d'vn fép'ul-


ehre fait à demy-rond^ entaillé àefcailles,
auec les moulures requifes, Elleâuoit le
bras droitefteûdu fur ledeuant , teRant vn
feeptre : Se kmain gauche repoféerfur vn
efculfon , courbé en forme de cârenne de>
barque,Setailléàutour à la femblace de l'os ;
~ d'vne tefte de-cheual: auquel eftoiteferit

des lettres, Hebraïquas Grecques Se. Lar.--


tioesy.,, ^. '" \, ,

- - s
4 PlOLLPHILE. ".' «

'î;»rwn î^yani #en v


FTM O N O s R N , r M H A N. ,©- H pi ON E-M^'kAAWEN; 2 ï T i I,
E
..;;ftïïHSH.-AE:.£AsON1:.EE.i-; ." ' ',. - - %
.' .-".'--',.- - # - ,' -
NtDVSYERAM, BESTIÂ NI ME TEXISSET:-.^GV-ÀK-K
ET/INVENTES: ME SINITO. Y .< .V- - ' . '. .

I'eftois nud, fila befte ne rri'euft couuert :c/erche , Setu trouueras. ïaifle moy;.'
Dontiemetrouuaytout esbahy, Se vnpetitfurpris de crainte. Parquoy fans
plus'arrefter ie m e mis cnchemin pour fortir : Se paffant au cofté de deuant vers k
tefte,i'y app er çéky vne autre lampe allumée : Se vn autre fépulchre fembkble en,
toutes^ehoi'ef au premier 5 fors que la figure eftoit,d?vne femme ,<qui aupit le bras
droit fpufleii^fnonftrant du preixticr doigt défi main k partie qui eftoit derrière"
clle:dql'.âutre main elle ténoit vn tableau;.t/p.uçhanta^touUercledu fépulchrçsa^ -
, quel éftpit efcrit en trpis langues. . ; --' .

non -]n%s "vnï« "»« ipm rnv&


GSTISEI AABE EKTOïAE ©HSAT-
I>OT OSON AN ApESkOl. nA>
BAlNû; aeo-s aabhs .thn, ke-
*AAHN, MH Ari.TOr SOMATOS.
QuifftUes fimtumcHmaue Ubuerit ,httm:f
thfâunfume' -î^t mvneo ,-mfer:ctïpM , cerf m ne. f
. tatigito.-:, - Y ..
. ; ' , :' - :' .-, x"'
'. - -

... -y;-:., u * 'Ceftàidifc;.':'';-' \ '".- -

Quiconque tu fois, prensde ce triréfortât' '

qu'il tepkira : maisie fadmonnefte que tu ,

.prenes la tefte , Se ne. touches au corps.


Ces chofesmefurét bien nouuelles,mef- '".
mes les énigmes , lefquels ie ïéts Se reléb j
plufieurs fois,pëur les entendre - : mais ïcqr j
îîgnificationimefçmbîa fort ambiguë , &'
telle queie ne iafçâa trouuçr ': auec ce ie
n'ofois rien. entreprendre, car i'eftois fur-' ' T" .
pris d'vne horreur déuote, en ce li eu téne'- -
Breux,n'ayant lumière, fors dé deux lampes, "
D'auantage le. grand defir 'que i'auois de .: ,, - ... .^.
, ' - ...

contempler à mon aife la beljeporte, fut occafibn queie ne m'y arreftay autre* -

ment:ams en party , en délibération toutesfois d'y retourner pour le confidérer


-P j ua , îe medefcend*Par^lieu où i'eftois entré , Se^egarday cette
-

grande befte par dehors, penfant quelle hardieffe humaine auoit efté fî téméraire,
. d entreprendre befongne tantreleuéey quels cizetox ,-quçk outils & ferremens*
auoientpetr pénétrer vne matière tantdur&Se tant rebelîe3mefmement que tou-
tes les touches_dê dedans fe rapportoient.à celles dê"dehbrfcAprès que iefbs des¬
cendu tout au bas fur le paué , i'aduifay le f oubafftmét qui le fokenoit, -àl'éntow',
duquel eftoient attachez ces hiéroglyphes..;. , ' ',» '

- Y" '- " '.


' -.;"'- -G; iij ; -. -,
'j-v'"'/ .. 'LIVRE fR^MTE^l DE
freïfîîfcfèWentlîos;dek tefte d'vn bNuf; auec des inftrumens ruftlques > liez
aux cornes, vn autel affisfurdeux pieds de cheiire,en k face duquel y auoit vn :il,
,êC!Y.n vaultour,le feu allumé fur l'auteliaprès vn bafîîn à kuer", vn vafe à biberon,
>npelloton de filet traùerfé d'vn fii?reau,vn vale antique ayant la bouche couuer-
te,vnefemelleauecvnceil Se deux ranîeaux , lVn d'oliue * Se l'autre de palm^, yn
àikrè^vn oye, Se lampe antique>tenu'6par vne màin;vn. timon de nauire aufliaQti-
que,auquel eftoit attaché vne branche d'olmierpuis deux hameffons , Se vn daul-
phin,Se pour le4ernierva coftiecloz Se ferré * ie tout entaillé de belle feulpturçs
,,-e& cette forme. - - "
, ' ' '-... '- ---.

;' ' -'LeitiuçHestièf-aRtiqiîçs Se faincles efcritutes, après y auoir bien


'-' -. ',.' penfé,i'interpfetay en cette forte* ,

Ex hhore Deo n<ttur-*ficrificA liberJiter , pauUtim redaces aaintum Deo fubieBumsfîtmum


mfisdiAtnJitistu^miftncorâuer guberttAtidoytenAit innlumém^u^-fermlit. i

Y..'/ ; '( ",., , " *..' ', ,.' ,.C!eft;àdire. [.-' - .:_ ' ;- ,

&crirlelibëtAlementde-tbrj. labeur au Dieu de nature y peu à peu tu réduiras tqn


efptit en Ja fuiecrion de Dieu3quipaf fa mifericorde fera feure garde de ta vie, Se
cnlagouueiliantlacQriferuerafaine.Sefauue. , ';''.
ixkiffay à grand difficulté cet'tébelle figure , tant elLejne plaifoiç.: Se.puisie ré-.
itournay à regardèrie grand cheual, qui auPitktefte feiche Se maigre,proportion-

> !
r ,..,......... ~ ..... - -; PoLrPHIEE. -; :" '' .. -". "~«

îîéïnentpetitô/Sétfès-bien formée pour reffembler inconftaait. .On luy voyôlt


quafi trembler les mufcles,Sefembloi|,Jïiféux vif qus feindï. En fon front eftoit
grauéce mot Grec GENE AvDtf*tous ces grans'ouurages qui là-gifoient en
monceaux >le temps auoit feulement efpargné'ces quatre belles Se excellentes
pièces , le Gheaal,l'Elephànt,le Colorie, Se là Porte! O magnifiques ouuriers,an-
ciensiquellc cruauté afiaillit fi rigoureufeméntvoftre vertu -, que vous auezpprtéY
aueé vous enfépulture le bien de noftre richeffe? Y "'
Eftant venu deuant" kporte,quiméritoit bien d'eftre fongncufêmçnt èortfidé^ <-.
féepourrexceliénce^erouurage,ilineprinteriuied'entendre la proportion Se
mèfurequeî'ouurietyaupittobferuéeidôntppur ktrouueri'vfày pfomptement
4e cette pratique. le rgefuray J'vri des quarrez qui fouftënoiènt les çolomncs -

doubles dëchacun cofté,& par cela i' en compris facilement k'raifbriv


Premièrement il auoit fait vne figure quarrée ABC D ,Diuifee par trois lil
^ncs droitcs,Se trois tranerfantes,égalçment distantes Tviie de l'autreycompofans "

i eize quarrez:puis adiouta fur k figure quarrée vne de fes moities,kquelle diuifee
par les mefmes meiuces:^ faifbit vingt &~quatr"ë quarrez", compris lesféize de là
première fîgurequarrée.Tirant après en îapremiere figure A B C D, deux diagd- :
îiales , qui eftaiw marquées de deux lignes croifàns par le milieu, faifoient quatre >

qtuarrez,ayât chafeun ion diagdhe où ligne trâuerfale. Il fit d'auantage vn Rhom.


be ou lozenge au defïhsdu grand quarte,. en rrafîànt dans fon vuide quatre lignes
fur les quatre principauïpoints quf féparent également lesquatre coftez du vuir
dc.Après que i'éustonççii enmon entendemesnç cette figurc^epeniày jQue peu1-
uentfairelcs architectes modernes,qui s' eftimeritfçjaûans^fans lettres Se fans do*
ârine?Ilsnefçaaentn?yreglen'y mefuce, parquoy tls, corrompent Se difformen* :
toutes manières de.baftiments tarit particuliers quepubliquesjdefprjfins knatri-
re qui les enfeigne à bien faire, s'ils kveulent imiter; Lesbons ouuriers outre, la -
feiencepeuuent enrichir leur be/origne, Se y adioutèr ou diminuer pour* eonten»''-
ter la ve»a,mais que lemalîîfdemeure entier» auquel toutes parties fe doiuentaç*
corder. Par ce maffif,i'entens le corps del'édifide-, lequelfans ornemens fait co~
gnofftre le fçauoir de l'efprit du maiftre : carifeft facile d'enrichir après l'inueiî*.- -

ripn : Tputesfdis fur tout eft à eitimer la diftribution, département, Se difpofitiojv ;


des membrgsrdpnt faut conclurequë c'eft chofe vfitee Se communç-à chaicu» ou.*:
urier, voireviufques:aux apprentis- '^,de fçauoir orner vn ouuragg:: mais inuentet3
certainement gift enk tefte des fçauans. Pour retourner à noftre fujset ,oftanjt d» ;
gtandquarrëSedefondâmy,lerhombéSeîe«..lignés diagonales, > kifïès les trois?
perpendiculaires^ les trois trauerfàntes, faufçelle du milieu kquellè feierminje -

au milieu despèrpendicukires,coupée en quatre pars Seportions:parcette:rçigle.-


vous trouuerez deux parfaits quarrez,l*v"nen haut , Se l'autre en bas , eo,ntenant~"
chafeun quatre petiîîsquarrez qui font k porte. Orfîvousp^enei.ladiagqnale 4a
quatre d'einbas , elle vous.enfeignera quelle efpefîeur faut donner a» fntre du -
portail-, fïvpus k dreffez toutedebout vers la ligne |\ B, qui feruira d'arçhitraue,';
EtIepoïntiumalieuduquarré4Jenhaut vous mbnftrera l'are-Se courbure qu'il
faut donelàk porte en tournant vne pointedu coippas en demy-rond,quirep(i>->
fera fur k ligne çrauerfante qui coupe le quarré Se demy ça4èux par&égalles.M^s '">
s'il fçfaitpar autre voye^ejasl^^ Y, .- '.
" ' ' ' ' C- iiij--; - .''» ;
AcVÏJU /reAMein^^ C4cif><. /( ; $£_>
; ! POLIPHILE.
/ . - . -, . * .\ , ?
,
&:
,

'Cefte rfîefurefutjiïuent ce par lés omiriers antiques bien experts éfiîriàffôn-


ncrie,ScoB%:uée en leurs arcs Se voultùrès,, pour leur donner grâce Se re'flften--
ce. Lepiédeftal ou contrebaze de colomnes , commençait au nyueaudu paué par
yn plinthe: Se le tout eftoit delà hauteur d'vn pied, garny de Ces moulures auec
leurs aftragaîes ou fuzées,fuyuant l'alignement de l'édifice, Se feruant d'embalTc-
anent aux colliers ou iambage de k porte. L'efpace contenu entre les lignes
A}B,E,Fa eftoit diuifé en trois parties,!' vne pour l'architratie, l'autrepour la frize,
-.&la tierce pour la couronne ou corniche , qui auoit vne partie plus-que les deUx^
, «utresx'cft à dire,quefiTarchîtraue à cinq parties, "Se autant k frize, la couronne
: en doit,auoir fix:laquelle en cet uure excedpit cette mefûre , d'autantque l'ou-
uricr entédu, auoit fait vn p endàt de demy pied fuflacym aifè de la- couronne, à
celle fin que la faillie, de fes moulures h'empefchaft'k veuë des: fculptures qui
eftoient au deffusjcoîiibien que l'on peut auiîî agrandir l'archîtraue Selafrize ,par
leurs orncmens,fèlon rordonnâçedel'ouurage.Sous k corniche y auoit vn quat¬
re de enafeun cofté autant large que fa faillie. La frize eftant par deftbusYaupit au¬
tant de krgeur que k moytié de ce quarré,ou que k tierce partie d'vndes ving*&
quatre quarrez..L'efpace entreles deux quatrcz,eftoit diuiie en fept parties : ce-
luy du milieu qui r efp ondoit à plo mb fur l'oûuèiture de la porté -, eftoit employa
en vn nid pour mettre k figure d'vne^Nymphe.A chafeun des coftez y en demeu-
Yroittroisponr d'autres figures. Lafailliede la plus haute couronne ou corniche,
. fe peut facilement trouuer en faifànt de laligne dçfa groffeurvn quarré ,iedia*
gone duquel fera fon prbiet.'Orcomprenànt toute la figure des vingt -Se quatre f
quarrez enfemble , vous-trouuerez qu'elîe contient vn quarré parfait Se demy-.v
JDiuifezledc'myqufeftfur hY: quarré enïîx:parties,par cinq lignes drôites$Se cinq
perpendiculaires, Se tirez vne ligne depuisle milieu de kcinquiefmetraueriântfe
iufqucsau coin du grandquarré parfait A,où commence l'architraue:puiskdref-
ièzperpendicûkirement fîir k clef- de l'architraue courbe , ou voulture de la pdr- # ï
te:Sc elle vous monftrera la hauteur régulière du frontifpice ou comble de defïus,
:

les extrêmitéz duquel fe doiuent joindre Se rapporter à k faillie de k«dernie£ç


iComoriae ou cymaifè,Seauccfemblables moulures.. *

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_ Cefte porte eftoit édifiée de pierres de quartiér,fï proprement iointes, qu'elle
fembloit tout d'vne'picce. Aux deux coftez d'icelle, endiftance de deux pas,gi-
foientdeuxgrandescolomnesiquafi toutes enfeueliesen la ruyne , lesquelles ià
defcouury aucunementjSevëy'qUé les bafesSe'chapitèaux eftoient de cuyure.ie
_ mefuray la hauteur d'vne bàfe, doublant laquelle ietrouuayle diamètre du pied
dekcolomne, Separ celle mefme cogrieufà longueur, qui paifeit vingt Se huicl:
coudées.Les deux plus prochaines de kportc,eftoient l'vne dejPorphyre3Se l'au¬
tre d'Ophite, ou Serpentine: les autres deux eftoient Caryatides canelées. Aux
- deux coftez y en auoit plufieurs antres , aucunes diftribuées de deux en deux, au-
- très mifesën égale diftance, faitès'de pierre' Laconique trèfTeure. Ledemyidia-
metredupied de la coîomne faifoit k hauteur de la bafej, qui confiftoit enbo-.
'zël,eontre-bozel, Se plinthe, formée en cette manière.' DïuifàntlaHauteurde k
bafe en trois parties^on dônnoitl'vne- aU plinthe qui au oit cnkrgeuf yn diamètre
Sedëmy dû pied delà coîomne. Les deux parties qui réftoient ^ eftoient diuifees
* 'en quatred'vneen auoit lebozel d'enhaut , les trois autres diuifees en deux, l'vne

pourle bozeld'embaSjSe l'autre pour lë'contre-bozel. Les fijetsauoientchafçjjn.


vne feptiefme partie du tout/Telle m*efurefutobferuéeparles Architectes anti-
'queSjpource qu'elle leur fembloit bonne:6e réguliere.Suries chapiteaux d'ieelies*'
colomn es eftoit pofévn bel architrave où epyftile, fait à trois faces : la première
d'embas' ornée pour jnoulure d'yiie corde de billet tes cri forme de .botillettes:
- la féconde de ce mefme opurage,fors-qu'apres deux bille ttes rondes , il y en auoit
vne longue en faconde fuzée-: la tierce eftoit faite à oreilles, de fouris ,refenduës
Se taillées en maniere,defueillagê.!Au defïus eftoit la frizeou zophore, entaillée
à rameaux de fleurs antiques^ntrelaflées de hrïcbesdëvigne.Se diuerfes herbes,
: entremeflées depluficurs fuites d'oifeaux. Après y àuoitvn ordredemutulesou
modions rëflembkns.à te'ftes dê"foliues,fàiîkns'de-.la muraille par diftances égales,
fur lefquelles commençoientles moulures d'vnè grande -co-ûrpnfîe. Lerefte de'-
- l'e'difice de là en-haut eftoit démolySe tombé : mais il y auoit apparence de gran¬
des feneftres doubles,denuées de leurs ornemens,au?cùnement dcmonftrans quel'
auoit efté le baftiment en fon entier.Souscetarchitraue fe venoit rendre la pointe
- du frontifpice de la porte,, aux deux coftez dùquel,qm auoient la forme dé deux
- triangles yfofcelles ( c'eft à dire ayons deuxeoftezçgaux) eftoieiit entaillez deux

ronds enclos de moulures,& ënuironnez de chapeaux de triomphç,faits defueil-


les de cfaefoe , liez de rubens de foye , dedans lefquels eftoient deux figures fortâs
-du platfons ou concaue des ronds3depurs la ceinturé en fus,ayans l'eftomach cou-
"iieçt d'vn manteau, noué fur l'eipaule feneftre, à'kmpdcantique, lvnëàbarbe'.
mefiee,t-outes deux couronnées de Laurier', Se en leur tegard préfentans grande
''ihaiefté. Es faillies delà frize pofàntfurles colorhnesY eftoient entaillez certains
Aiglës,-tenans"ks aifles.ouuertes.Se perchez fur des'feftôsdei7erdu»e,etitremeflez
jlefriiiéts , vnpçu pendans contre lemilieu : les bouts defquels fembloient eftre
" attachëzpar les deux coftez à lkffesde bâftë taille Se en plufieurs replis percez à
'-iour,en manière de rubés.A roppofite de cétteporte eftoit fituç v« grid cours de
colônes. Etpource queie vous ayfuffifamment(comme il me.femblêjîpécifié ces
'membres principaux, refte maintenait à defcriréfesenrichiiremens :<arl'Archi. .

f1
wier,eftatit tres-:facile,& commun quafi ^apprentis,
-

D ij
LIVRE -PREMIER D§
.-:'' >

DeÀfcripuon "des- ofnemens &


eorichiffemenUs x
de, t ouurage..

C H AI". -r»-

'E S-T I C Y quelesamahs(peuteftre)attêdcntouïr dé-:


moy chofes qui leur forent plus pkifantes, Se telles que
font les pcnfe.es dont ils entretiennent leurs c:urs , mais:
ie.lesprie-.qu'ils.mevueillent-exeufer^fiie demeure va '

petit longuement en cette defcription : car i efpére cy ,


après lëui^ ktisfabe.de ce. qu'ils défirent. La prirjcipa|e
pârtiede î'Architedte , eft l'inuention du corps dé^tput:
l'édifice: car il le peutaprès facilement réduire en me--.
Inues diuifîons, nephis ne moins qu'vn Muficieri ayant
inuentélètpnfurvn temps, par vnelongue oumaximç,"
proportfône après en minines chromatiques., ç'ëft àdire,.
temporelles ,qifil rapporte fur la note folide; Ainfî en l'inUention de rArchitedf.ey
la règle principale Se plus néçéikire , ëftle quarré , auquel après qu'il eft diftribué
Se dèparty en plufieurs autres petits quarrez , fe trouué l'accord Se conaënable :

proportion oaharmonie de to'ut rédificejtell ément que tous, acceffoii- es reui en-
nentSerefpoiident a leur principal: 8e ainfi eftoit faite celle porte» Prerïlîer'emét ?

aucoftédroit eftoit vnpiédeftâl garny de fes moulures >plus,hautquekrge, c'èfi;


ifçauoirdeprop6rtion=diagonéé.iIlmc côhuient vfer de termes cogneuz' entre
actiftes,nonbbjtantqu'ilsriefoientpas vulgaires :car nous.fomm'es defcheus de ce:.
thréfor dépatoles qui pouuoiént propremét exprimer Se déclarer toutes les par-
ticularitez de cet ouiirage,St eafaùt parlerauec les- vocables rudes & mal propres,
qui nous font demeurez. .. " ' * , -

, Or dedans le quarré de cepiédëftaî,.eftoit entaillé en albâftrediaphâne,pu frit


parent, vn home quelque peu excédant Taage moy en;Se viril ylevifage robufte;St
rùftique,k barbe riidejfoitejSehërifreeJespoilsdroitSjpiqnanSjtellemétque fort:
méton refsébloit le dos d'vn fâglfcr.U eftoit affisfur vne pierre, -enueloppée d'vne -

peaudebouc^dontlesi-ambes de derrière eftoient nouées fur fes coftez, le col:


pendant entre fesiainbes, Se-Je poil tourné;deuers fà chair., Entre.fes genoux y'.
aîioit vne enclume fichée, poféefur..vntr,prtc. d'arbre tout raboteux: Se, forg*eoit
vne paire d'aides , tenant le marteau leué , comme s'ileuft voulu ffapperfur fon,;1
jouurage»déuantlay eftoit vne belle dame , qui tçnoitvn petit enfant tout nad,àf-
fïs fur fa cuyife,qu'elle auqitpour cettecaufe vn peu haute Se leuée,appuxanç. fort
pied contre vnepiërre en forme de roche,qui eftoit ioignant le fîége du forgeron*
Site là auprès eayne petite cauerne qui feruoitAe fournaife Se fembloit allumer
vn fëù de charbon.Ladàme auoit les trelfesmignonnement rapportées àl'ëntjb-ur
.dufrônt,enuironnansfateft;e^figuréeen toi.it Se par tout .fidélicatG-ment; que ie
^

..jErï'esbahy. comme les autres ftatuës là entoilées de k mefme matiere,ne mpuroiét


4'?imoar pour ëlle.A fon cofté eftoit vn gueiïer ayant la façon d'eftre, furieux , vê-
ftu d'vn haubei'geonantique:furl.e milieu delà poitrine duquel j"eftoit empreinte
l?horriblefàc.edeMédufe:Se.vne efcbarpe ou ceinture .bien large trawerfoit fon'i
grand eftoxnach.Ii auoit le bras çauch^n peu leué, Se tenoit vne forte lance. Sa
«^ftergftpiteo^ Labfâs dtqit.n'eftpit point apparent
' . . : , y : --.*.; ' ^'> -

y . '^";'P'oLLPMiL4-P'r, i ' ., rf #
-'car fes autres figures le couuroient."Deriierë la tefte duforget«ïqul"îemblôi,tin-i
-clihéjparoifroitvniouuenceaUjde la ceinture enfus ve.ftù.dVn drap voknt-fort
f-:4élié;-Tputes ces figurés eftoienttaillée3d'alba.ftre',Seauoientefté'rappor.téest&t
,vn fonds de corail vermeil , qui donnoit luftrçau nud r«lequel pour cette cau'féfe
<monftroitdek cpùleut d'vne rofemcaniate:.En l'autre piédeftadaucbftéfeneftrej. ,'

-eftpit-entaillêvnhommenûdy d^aâge viril, Se gracieuxregàrd, demon*ftraht¥nfr


.grandeinconfteee.il ci:orîaffisfur vnfiége quarré fait à*l'antique, Se aUoitdhaufle- '
des brodequins cordelez fur kgreue , Se à chacun talion vneaifîe. Auprès de luyv
-ferepofoit celle mefmedamc toute nuë, fur k poitrine de laquelle, fe releuoient- ;
deux petits tétons comme deux demies pommes : Se tant eftoit conforme Se fem- -

' bkble en tout Se par tour à celle de l'autrelpiédeftal/que qui les euftyoulà mou*--
ler,£icilementles euftiugées fout vne mefnte. Cette dame préfentoit-fori enfant ''
'à ce per,fonnage,pour feridoétriner & infttuire: l*éfant auoit.défia priris des aiflesY ,.
* Se eftoit debout,s'ençKnant deuant inyaltenoitaufli deuxfleçhe%maisaucëvnë. -
, telle contenance,quel'onpojju6-it ayfémenç coniecturer queie grand ènfeignoît Y

au petit en quelle manière il" en deuoit vîèr,pour bien m*ettre en ceuure. Lanière -
tenoit le carquois vuide , 'Se l'arc bandé. Aux pieds decé maiftre gifoitvniceptre. .

entortillé de deux ferpens.. Pareillement y eftoit le guerrier, Se vne femmeay-âm / -

-en fa tefte vn.cabafret,kqueile portait vn trophée au* boutd'vne knce , c'eft à fçarv
-aoirvnhaubergeonaritiquè^adeirusd'vne^bule ronde pcfee-entre-deu^: Aiûcs^:,,
Se y eftoit efcrit, RI EN D.' A S SE V R Ei, Cefte darne féconde eftoit veftùë <

d'vn linge volant, Se rnonftroit fa poitrine defçouuerÈe.Les quatre cplomnes ptOr'-


chaînes de là porte eftoient d'vn Porphyre de couleur vermeiîlesVn peu obfcurj 8c '
femé de fâches plus claires Se refpîendiflantes. Lexii hauteur., eftoit de fept diarrie-'
très de leur pied , Se eftoient eanclées ;- chacune de vingt Se quatre canaux- jeritre'-;
deux canelures vn fiIet,comprenant la quarte partie du diamètre ducanal. La tier- «.

ce partie de k eolomne denersle bas, eftoit rudentés ,' c'eft à*dire que les canaux :
cftoientpîeins en forme de baftorisirond'si Adonc ie préfumay que la caufepour-
quoy elles furent ainfî ëanelées, auec la tierce partie rudentée, eftoitpoureequë ;
cette ftrucl: ure excellente auoitefté dédiée auxideux fgx es des. Dieux,, fçauoir- eft t
à.Dîc!uSe.BéefI«,,connnëà-in.er.e&àfîls,à,pereSe.àfilîe,àmary SsàfemmeJOUau-'. - .

tue fembiable,Sequë les canaux eftoient attribuez aa fexeféminin,Se"le templifïàY -


geaumafculin.Ces colomnçs caneléesfurent premièrement faites au tcmpléd'v- '-'
ne Déeffe, vo.ulis.lfs Architectes par les. canaux repréfènter les plis dès vèiletaei»?
des femmes: Se furieelles mirent, les chapiteaux auec leurs volutes ou.r.ou{ea!ax,»
pour fignifier leur,cheueîui'C,ainfi qife. k pprtét les Greequesi c'eft àdire trôuffée :?
-au deffusdes oreilles. Les colomnès Caryatides, lefiquelies-ont pour chapiteau, fa t
tefte d'vn-ë femme -parée de fon accouftrement",- furent premietëmencfaites-ëri.. *
r t opproblfe'dupeuplerebelledeCaryacitéde laMorée^qui s'allia auec les Perfans**- ,

contre les Grecs de fa propre natiÔmàfinquëeek feruift de perg&t.uelîe,mémoi-> ;


re,pour:improuuer rinconftari.ee- plus -que-féminine' dece peuple 3e- Carye. Ces- -; '
baies de ces quatre colctfnn.es eftoient de cttyiire, enrichies d'ouarage. à fueillesde r'
ehefneSjSe garnies deglans.Les chapiteaux-de' la m-e&îeniatiere,couueits détail-' -
l.oëi-soutuilleaU.xefchmicre'z3&àu.miheu:<de-cliacuneefc!mkcrui'e'vnè belle fleutv
dë,lis:le vafedii cha"piteau.reueftu: dé -deuxordrss -dé fàièilles d'Acanthe y chacun .* -
-
#^
^ ordre conteRianthuict fueilles , àk mode,Roinain^Sê:Corin'thie.ime: xiefqnelles .?

fueiUesfortoientles petites volutes,quisvafrembloientàumilieuduvafe,.Secom^.: "" -.. -, -'


'pofoient lelispoféparmy-lesefchancrures ou arcs dutâilloëivLe-demeurancfe .»:'
rgnuerfoiteii manière de.roulèaux.és quatre caim.de.cét,,buurage..-Alarc-AgrippjB.-i
"* , '' ' . ' ' ' " 'V ' "
Y Oi,;iij.v,
' ' ' \ '"'..., - *
. , .';'-.
^L IVRE;: PRE MIE Rf pE
- pelés fitmcttre-- telles- aa'ppttail âiî graud^temple Panthéon-à feîne. A chacun -,

chapiteau eftoit attribué pour fa hauteur vn diamètre entier du pied depa coiom-
" ri e,obferuantla proportion Secnefute de.toutesfe|partieSvSe,ornémens. Le feuil
delàporte eftoit fait dVnegrandepiërre yetde ,:femée fetaches bknches,npires,
iaunes -,\Se;atttrçsiïiu^rfes Se imparfaidtes a fur lequclxftpip^t poféc's Se àfiîfes les
cofîieres. puiambagesçqui aupient.aatant-de largeutqueie feuiL.Se vn pàsjd'àuan-
tage,àuqueU ;»f.pa^UÏG^
euftiamais-eti gons pu verrpux. Audeffus de la vaultute de kpor.te , eftoit l'ardu- -
«aue aueeTes moulu£es ;^v^
tres.La clef ou coin de î'afc pu vouite,eftoitd'vn© Agathe de pierre trèfnoire5fa^
fée en forme d'aigie,quafi tqutehors du-màiïïf^ayarities ailles eftendueY, Se tenant
^rienfantentre Ces ferres jdrpitementpar auprès du nombril , fidifcre.tetnentfa-.
çonnéjq'u'il fembloit qae royfeàactaignift deleblefTer*. Yous euflîe^ditàveoir
ion petit vifage 9 qu'il auoit psuryA-e; tomber', à raifort dequoy il auoit jéftendu fes
braSjSe s'eftpkjemp-qngné aux ailles de l'aigle,aux gros os qui ioignent à l'eipaùle,
Seretiroit fes.pëtkes.iambes.-contremont par defluslaqucuë, laquelle (embloft
paffer iufques au.deïïbus4e k vouiture. Il eftoit fi parfaidtement cori trefaiéï de k
yçihetbknçhe.deïÀgathe,ou Onyce,, Se l'aigle de la Sardpine,qui eft l'autre veine
proche en la-mefmeipierre^queje.deiTîêuijay tout e.ftonne , p enfant en quelle ma-
. *
nieterouiirier ingénieux auoit imaginé d'appliquer celle pierre à fî belle inuen-,
tion. A vepitlespiumes queroyfeau, auoit heriilées.à l'entour du coij, le bec ou-
.uertjSe klâggehaletant^vous çufîîezpeu cognoiftre', qu'il eftoit efpriide l'amour .
4ecét Infant» Le refte du deffous delà voulte eftoit dé'party en menus quarrez , k
.chacun defquels eftoit faite vnerokeede dèmybo(fe,qui fembloitpendançe. Les
«quarrez çontenoient autant en largeur que les çoftieres delaporte,depu!!islacein-
.tuteenfiis ( laquelle s'eftendpk auffi par dedans l'entrée de la porte à trauersfes
-/ambages) fur l'endroit ou k voulte commençoit à fléchir. En chacmides deux
^triangles formez par laditevoultùre Se les colomnes, y auoit vne Paftophore (qui
teftlefurnpm de V énus ,D éeffe d'amour) taillée eirforme de camay eu , leurs veft e-
«-mens vokns,qui defcpuuroiént partie de leurs belles cuy (fes , enfemblejlë bras &
lapoitrine,les çfaeueux efpars,Se les pieds fans çhauffûre , tenant chacune vn tro-
,phée tourné diCuers le coin du triangle! pour emplir le vùide. Le fous eftoit de"
.pierre de tpuche,Se les figures de-marb're blanc. Au delfus de l'architraue eftoit k
îrizejauûiilieu de laquelle on auoit planté vn tableau d'or,auec vneEpigramme.
-ouinfeription en lettres Çrecques^eapkales rapportées de fin argent de çopelle, \

qui .difoient ainfî; Y ,- -: *P . > .y - - :

-ÀMO'AJTB'k'ÂJT^ T(© t EPQTI -A tnNTSOS KAl ^HMHTFA'


JEJÇ. Tp;N ,i:M;fiN, MHT]PtI £rT M n A0E Si AT.H- ., ' '-.-fg|^.. '

,_>-/'"'-. D,iisVeneri^filioAmort,Bacchml&Cere.sdefuii{f , Y' .'


-,.:,,-''.;.. ~ Y--,,,-'; /-. : fiybsJantiisf.matrPpiÇnpfiipi, ,,v '.

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- .: ,

C*eftàdii-e:A latrèf pieufemereiVeiTus,Se à ion fils Amour, Bac chus


:-.".''. -

f'-..Y - ViY Se Céré^s ont donné cecy de leur propre." .. .:..-.


,

'Aux deux coftez de ktàbl^eftoientdeûxpetis enfàhs volans, tous«ûds, Se faits


:.

' dupropré métairies mains poféesfu'rfes extremitez3cornme s'ils reùlîëntfoufte-


nuë,le tout rapportéfur vne pierre delà couleur du ciefqnand il eft ferlin,, qui ,-
rendoitle luftrede vray Se naturel azur. Es faces de fa frize quifailloient fur les '
P-dLJP~H¤ÏO£i!Y:'
j:

ftraantës Secoiinnode
triomphées \îi^
mourir les h:Pmmés.:èâ 4oucèur j&'phifîr.YAWêsii
forme','- .&-font ordina-i-réinent
eftoit p^fëêl'è'g'rand cornichcàuéc fes!tHo;ûlare.s ^'-lineîniens rè^uis:;le%r*glsf.féS .

rapportbfcnt aYout-ië d.pm.eurantds Pedifké:ça-f »ut-àinfiqiié1ikn-cprps&Miiw,t


rnë qualité eft d&^dànteàl'autre,ïlfii'c"ce4e'vnè'-.niak4ie^bui^;qoqlfa«¤ï48fîtfI .

'.&lècàhipole:&^
en lieu propre, feconuenablevil s'en enfuytdeformitédekperfomîe'ïenfembla^i
-'MeY'edificeeftdi&ordantoY'i^^
tient obferuees: Delà procède k corruption .Se dçpraaàtion es wlitsts rmpderne<Sj>
iirnoransk.vray cfituation des lieux Srparties'du bafti'menj^carleniàifïre.îâge&e'^ ,

çtXpertîe compare au- 'corps humain -bien -^


Apres la frize y "àuoit vne- moulure fSe-'au' deifus, qttatrë quatïez^ c'eft- |;,fça;uoirr> ,

deux aux deux faillies delà fiïzefn'r-les.co'lôn.es,Se deux à plomb >au,jnilîeu de k <

porte:eim-elefqaeîlesdâsVnèniç;h«e^
deux flambeawx,rvn eftegit toiirné dèuers.kterre , Se l'autre allumé droit deuetsl
îeSaleld'ardantenk'maindextre, Se l'autre enrk feneftre,..Au. quarré: du cpfteY
droit, fur k fâilîfereftoit entaillédédetny-relïef,i'hiftoire de Cîy mené la iàloéfèjr
les cheueûx de laquelle commeaçoienl à, prendre .forme >:de rameaux 'j; t»;ater> -

fonda te en krraes:eiïe fuyUoit Phebus qui fuyok deuâtelle côroe S'elleeuflefté'


-,

fa mortelle Ênnemie'.Aucofté-gauche eftoit CyparHfus tGutdefcëforté^Se-«ïO'u-i '

ràntdedueil5àcaufede fa belle Biche, qui eftoit krdee d'vne. fleche..>Aupres de]


luy gifoit'Apollb/plorant, amèrement, Au'troifiefme'iei vey Leucothea,criieile-i
ment occife par fon propre pere:Se fon corps qui fe: cauuroit dlefccftce', Se deue-v
ttoitvn bel arbre. Afi quatriefmeSe.4ër nier. .quarré,:èftoitiigàréela.piteufe-'Dâ4
phiiéjdëfiàiaire.Sequafîfe rendant aux ardens defirs d'Apôllo^n'èuft efté que fe» =

gracieux membres feconuertifloient en perpétuelle verdure. Enla cornichefqui; -

êftk^emierepa'rtie-Se'.piece dès moulures), eftoit faite certaine dehteîeurfe, Se ;


ouaies,entremefléesde foudres ou iàgette? barbelées :-Se.au deifus vne moulure»
à'fueiliage.-Finâ.Wementiîy a-uoit;les+cymes(ce.:font.le4lignes, pendantesqui font .:
le froiîtifpice,Selefefment en triangîe)lefquelles faifoient k dofturedel'ceuufâs.i '.* '
"Routes cesfculptùteseftoicntifî proprement, taillées, e|uelJor4;py'euft.fçëà;cçu3
.<TfioiftiVou-!apperceuoir.vnfei4e^
-elles eftoient vnies,.&*bien.menées.-- r.;.---. - ..; v, -- >,.--J;,. ^zùiti-.^ ;

- * Maintenant pour. retourner au frontifpke,aû:quel fe reduifent^rapjpVrtent: :


-toutes les moulures-qui fpntjn k cornichjê, excepté. k:naifdlë'quFfe< pratique! :
en cemembreiaupknt^lu triangle appelle tympan ^eftoit" paillé enrondôuthâli
-peau de verdar,e:dëj,diuerfes fleurs j. frui&s ,herb'es.5;Je-f ameaux/j tantd'wre'fin'et :
-piètre verdeiSe fembloit eftreattaché en quatre endroits ^dfclyàflesëntreklFécs)
Aux'deùi coftez eftoÉïit.deùxSôyllesTayan«ifQrme: 4e; femmes nuëç depuis y.-,
~ceintm'e«nmïiont,!e démeurantert figuredeipoiiromîefquellesauoientlVrïde.s» s
bras deffus ce rond,Se l'autre deifous, Leurs queues s'eftendoient deuersles-coins >»

-du t*riangle,:eûtortillées en.maniere d-anneanxj, aueûîesaifleco!ns.comme depOïf5


.fô»;£lles fcmbloientdë'vifageà puceltex..; Scanoièatle'is, eheueux,parMètrouftez' ; -

r faciëfrons^ereftëe-nuéleippé à l'entour delà tefte ,-ainfi%que les femmes ont ac^

-ce^ftûméies ageryxt.D,'entre les. elpaules leur, fo^


"'-:*'.. "^ .. Y "' . : , '. . DYiiij^ f . "'
CJ)ÛLf>'- r,
, , ._ XÏ VRE PREMIER DE
^^S^iï-eS^CHtfs-les. entô.rtillemeris de leurs queues. Au "bas deleursjkncs corft-
s nîënçôient.les.efëailîes.,. léfqu.elies aîloient en diminuant iufques au bout de k
* queue, appuyans contre le tond leurs pieds qui refTembloient à ceux d'vn veau ,

; marin.IJedans ce rond eftoit taillée vne ëheure alkittant vn enfant , quiauoif l'v- *
-, ne des iambesJ eftcnduë, Se l'autre vn petit retirée : il s'ëftoit empoigné des d'eux
mains au .poil dejachçuré, Se auoit les yeux ententifs à regarder les mammelles,;
,

Sela-bpuchcà les fuçcer.Tout auprès eftoit vne Nymphe qui luyfaifoit çhere , Se
fembloit vn peuirici-inée foufleuant de la Jmàin gauchele pied de la clieute, Se de-
:

, l'a droite approchoit.les mammelles ala bouche de l'enfant, qui les baifoitbien

* fauoureufement.- Et au deffbuseftok, efcrit , A M A L T H E A , La cheure qui

t iiourrift Iupker . Deuersk tefte de cette cheure, y auoit vne autre Nymphe , qui
l l'embrafîbit d'vne main par le col,-&dcl'autre la tenoit parles cornes. Au milieu
.--«ncôresyenauoit vne autre ,,qui tenoit.de fes deux raainspar les deux anfes
, wrt mouleà.formages4&au.bas eftoit ce mot, MELI.SS A^moucheàmie^puis
4eux autres.Nymphesentreçes trois, qui femblpientfaulter Sedanfèrau fon de
quelques inftrumens qu'elles, portoienti Leurs véftemens eftoient fi bienfaits»
-

qu'ils r.epréfentoient tous les mouuemens de"kpcrfonne,Se tourle demevt-


>

..xantparfaïtemenracheuéSeaccôpli.Ge h'eftpitpas ouurage de Polyclçte , ny de


r Phidias ou Ly fippe,Se moins de ceux d e la Royne^Artegûiia , c'eft à fçauoir Sça-
pheyBriâxe,Timothée,Leocharc, SeThéon, fcuîpteurs trèf renommez: car certes
; if eftoit par deffus.ïpufhumain entendement. Au frôtifpice fur le plat oupktfons-
4u tympan, audeflbus d.cs moula re^ i-eiTtyiie table pleine.eftoient grauées.ces
,

..deux parollès .en lëttres.Grecques. & I b 5 A I r 1 0 X O i O . X^eft à dire, A Iupiter -


nourry par vnecheure.Telle eftoit k ftructure Se côpofîtfon de cette porte, ma^
gnifique Se excelleïite.Et fi ie n'ay fuffikmment dédarç toutes fes p articukritez,
il en-lautaccuferlacrâintedek prolixité, Se la fàutedes propres termes. Néant-
, atoiià pourctquéie temps deftructeur4e toutes chofes ,4'auoi't encores laifîée

entîërëjien'ay peufaire moins, que d'en dire.ee peu, par manière de fommaire
- «.u'adueétifïementXe demëurah t de k clofture d'vn cofté Se d'autrë,monftroit en
".jSpparencëqueceauoitcftë vn excellent édifice,quifepouuoitfacilementcom-r
-prendreparles ouurages demeurez entiersen plufieurs lieux: mefmes des parties
' mflès^comme les colomnes nayuës figurées en forme d'hommes courbez, ioufte-
«aas k .plus groiïe chargé^ kmefure desquelles ne fepouuoit cognpiftre : car ël-
Yles eftoiéntfaitesalhtl quelcréqaèroientik proportion fuflifanre pour là pefan*
:..tep:^'0i^-ièment,'Sîk'raifoncomprrfe.S2 tirée dekfembknce humaine.: pouree
,.que;teoutainfiIc|uerhom.mefoufteîiantvixpefant fardeau , tient fes piedsployes
fous fes kmbes, en tette manière les tolomnes này.ues appliquées Ibys les plus
.grands faix,eftoientfacodrcis.Mais les Corinthiennes,Se Ioniques ,[qui font gref-
' îes^eftoient&mifespout parement Se beauté, paircjuoy là compofitioa de ce ba>-
.jaimeicuîeJiùkaecônipHede toutes les perfections requifcs, tant en diuerfitç de
m^bres'Bifterxns de,:coukurs,cômeîbiahcs,hoks,- Porphyres^erpeûtines,. Alba-
;

, ftrjjsJ,diaerfîfiei4e4eînes méfiées Se confufeS , que4e plufieurs oxnemens -IpuaJ-

feles.ïe vey.vne formede b'afespuminéesjldquellèsfur le p&ithe oahaulfejàuoiët


;. deuxcontrebofelz Se trqchiles, oanàffeiles", féparezrpar l'interpofitioiide^déux

:filët&pour diftinotion.dès moulures. La plufpart des ruines, eftoit eouuerte de


- Lyeçe'&Peruenche, qui- s'eqîandoieatpar défais ,;SeiOçcupoient plufieurs en-
v droits: de l'édifice.Semblayemétmaiàts'arbiiflëauxcroiÛans entre le« fen tes des
;pi«rtat,commeÏPiibarbevEtogehey Pariétaire, Gheliddin.e,Alfine.ou oreille de
Ipuriî,P(^yp9dejAdiaath^,& Cetëtac enrouïllé; d'vneofté , auec le grand L'tmai-
x , ' . Y- :..-',' Y ,' , fCi&C

;*
-
,. y PQLI^'BIX'Ë. ,\ if
"te^&âlïtres toufiours viues,aymans Se hantans les vieilles murailles renfcmble lé
4Mytric,roliualftre verdoyât,Se les'Cappreshabitâtes es roches Se ruincs,defqueL
, lesquafî tous les marbresSe ouurages efîoiét couuerts Se rcueftus.Ity auoit fî grâd
- nombre de colomnes renuerféesl'ync fur l'autre ^qu'elles fembloient gràns mo-
-çeaux d'arbres trébuchez dedansvneforçft efpoiiTe. Etpareilkment grand«quàn-
tité de ftàtuës Se figures en toutes fortes^, nues. Se veftu ës~, les vnes plantées fur le
Îjied dextre,les autres fur le fèneftre,ayans les teftés à plomb à u centre du talion,
'vn piedfermé,Se fautr efbufïeué, la longueur duquel eftoit de la fixiefîne partie
-dekhauteut de toutleçorps, proportionné de quatre coudées. Plufieurs eftoiét
debout entières fur leur pktte-fprme,autres afïifès fur chaifes Se fiéges d'hôneur,
-en diuerfes manières, auec innumérables trophées , defpouïîJes^Se ornemens
infinis , 4e teftes de cheuaux Se de b , es cornes defquels pendoientfaif.
ièaux«4e verdure auec feftons de fruids Se defueilkges , déliez Se graille s par les;-
.eàÉrêmitez,maisgtofiîfïàns contre le milieu,auecpetifcenfàns montez deffus,5efe
t-iouàns à renuirondetout.fî trèf-ingénieufèment parfait, quel'on pouuoit droite-
.raent iuger Se cognoiftre que l'-eipritsSe l'induftrie de l'Architecte auoient efté
, fort exceîlëns:car aueclepkifît Se cont(fiteméntdesregatdans,ii auoit fî propre-
Yment exprimé l'intention defon imagînatiue , tant en k proportion Se mefure
.de l'édifice,qu'eala perfection-de l'art de.fculpturejquêfikmatiere.euft efté not* .
pas'marbrejmaisckemollejOuargillejOnnereuftfçëùmieuxconduire ny mettre '
en cuure.'C'eft le vray art,qui delcouure Se argue-noftre ignorace préfomptueti-
fe,ou noftre déteftable prefomptibn , laquelle eft vne erreur publicque Se dom¬
mageable. C'eft k claire lumière qui nous rauit doucement à fà contemplation
poûr.illuminernos'ténèbres;caraueun,ne demeure aueugle les yeux ouuertSjfinô
,;.ceuxquifuyént Se refufëfttla lumière.; C'eft celle qui.accufe la-maudite auarice,
,deftruifânt toute yertu,voire qui va rongeant fans celfele cceur de celuy qu'elle '
ppfféde Se détient captif,pource qu'elle eft toute contraireaux bons efprits,Se en¬
nemie mortelle d'ArchkecT-m-e tant nobleSe digne. .Aufîî pour leprefent fiecle
chacuntientpourfonidolerauarice,luyfaiknthonneurs Se facrifices: ce qui eft
indignejSegrandemeatperaicieux.Odangereufe Se mortelle poifonltu rends mi-
- férable celuy qui eftattaintdetoy. Combien d'peuures magnifiquesjfontpar toy
périësSefupprimëes? En cette manière i'eftois rauy Se furpris d'vn plaifîr fouue-
- rain.contempkntles reliques de l'antiquité faincté,vénérable,8e tantà eftimer,fî
bien queie me trouuoisincertain,inconftant,infatkble, regardant çàSc là,accô-
pagné d'vne affection Se admiratiqn continuelfe,,pcnfant en moy-mefme,; quelle
pouuoit eftre la lignification de ces hiftoires,que ie trouuois bien obfcures,confî-
'dérant le toutententiuement :Se4ie pouuois aifouuk mon défîr deles regarder, .
-qui s'ëftoitTdiftrait Se féqueftfé de tout autre humainepëafée , fors de madame
, Pplia ,, laquelle reuenôk fouuentesfois en ma mémoire : mais: --cela paffoit en va- .-
.momentjSe par ainfi ie retournois tout foudain à mon entreprife,p erféuerant ea-
laxontemplatiande cet édifice tant accomply.. - ' ,-

y- * . ' y ' , . " " . '- - " ' ''- .-&- " ' ".---
LIVRE PREMIER Lm
^-ILPHI'LE ENTRA ' V N- ' &E T*. ^VAM TE &-.
'

dans là pme,h^rdantlesbeauXornemensd'iceUe\puis voulant s'en retourner^-


veit vn o-rand Dragon qui le voulait déuonr3pour crainte duquel ilfè.'' '
'' " '' mitjfuyr dedansdes voyes creufes<&fouterrdtnes :fi ' Y ;-.."_' ^
f ;. ' r ' quefinablement il trhma Vautreyffuë,^-. . _ '"'.-Y '
patuintm/vn lieu fort plaiferÈ, - - ! .,

', : . , ' .- &-d'ekclahk. / - "''-'-';. ..': .-..- '"

..". .., - ' .: Ci H. A;->»<'.'. VU.'/'- - -- ( -v

;Kf 'ne-peutafrézîpuëfçequi^ft de mérite,- S? pourtant ce:


feroit vne diligence notable de, pouuoir facilement déék-
,.,rerl'ouurage nompareil,Se kcompofition finguliere de ce*
5 baftiment,tant exqui5,aueck.grandeur de 1? édifice, Se I'ex-

% cellence.de la ppril pleine, d.ë toute admiration : le plaifîr, r


»' que i'auois àja regarder , exçédokmon eftonnement : auffiY
£ie penfoisen.mon courage, qù'aucua artifice n'étt eftran-
gén'y difficile aux Dieux1, Se quafi ie foufpeçonnois que tel-
uuar.e incompréhenfible ne pouuoit eftrè.compofé par:
»jains d'hommes-, ny tels concepts bien exprimez * fi magnifique nouueauté rie-
ppuuant efti-c inucntéë par aucun entendement mortel , Se quant Se quant fi par-
fakèmétacheuéXtîe ne fay doute qu^
qu'il n'edft faitgueres de compte d'Egypte , ny defes?.ouuriers , lefquels féparesv
lViidc l'autre,** afiîgnezen diue.rslieux,ayant¤hé!icurj4'euxprinsvnèpieceStaiL
îfrfelonk mefure qui leur .eftoit .jbaiiléé,vcna,ns puis aprèsWappqrter "chacun là-;
fîéne acheuée,l'on trouua qu'elles-s'âccordoient toutes àla compofitiond'vn grâd-.*
Gôlolfe,aufn proprementîquc fî elles euffent efté taillées par vn feul ouurier : Se.::
epftaufîîpeu fait d'eftime delà grad indaftrie de Satyre l'Àrchke&e;,enfemble dc^
rouijrage dugrâdMennon,quiforma trois figures de Iupiter d'vne feule pierre
mafïïùe : l'vne dtïquelles qui eftoit afïïfe , auoit -la pknte 4u pie4 longue de fept
coudées.. Pareillement n'euft fait gueres de cas. de k .mettte'iHeufe figure de h.
RoyneSémirami5,1compofée.aumQnt.Bagiftan3.çontenaut:4rxfept.ftades:car lés.
pyramidesd'Ëgypte3l.esthéâtres,amphkéattesjtbermes, temples, aqùeducts, Se
ColofreSjtantrenommez , nyla grande figute d- Apollo , trànfportée à Rome par.
Luculle,ny de Iupiter dédié à Claude Céfar 5rnefme celuy de Lyfippc à Tarentc, ,

jjylechefd' Cares ;Ly.4ien à Rhodes,. ny celuy de Xenodorus fait tât-;


en Gaule,quedans Romemy pareillement:Ic.Colofre4eSé.rapisJayantneuf cou¬
dées 4elong,tput fait dcpiertcd'EïneraridemyleLAbyrinthc.d'EgyptCvSe l'ima¬
ge du preux Hercules à Sur, n'eftoientprefques, rien au prix de cette belle befon-
gnc.-parquoy fàcilëment.euft paffé cela fous àlences Se employéfon ftileSe gran¬
de éloquençe,à dëfcrircSê louer ce feul ouurage,excédantlâns comparaifon toas:-
Ics.autresquioocquesfurentfaitSi.Ieneme pouuois£ettvérité}faouW4eveoi.t!:;
chofes tant -meruëilkufës f Se difpis^en moy-mefme: -M les fragmens de la-
faincte antiquité, fi les. ruincsibriiures, voire quafik poudre, d'icclle me donnentt:
£grand contentement .8eadmiratiort;;que,fer.oit-ce s'ils eftoient entiers' Puis ie-
ïepenfoisincontinent.Paraduenture que là dedans en ces lieux profonds Se con*
«gui^eft.l'auMds^^^^ Dieffeyenus, oufa ftamE.fe
.!Aphto4ife,eniemble deC
. -«ieddroitfurlefeuldekporte,Se foudainvneSoury&knche vint traûerfer, taon
-chemimcë honobftant ie pafïày 6utre,fans ypênfer plus auant,Se trouuay que le
:dedansn'eftoitpas»moinsrichequele dehors;car les murailles coftieres eftoient
46 rriaffer&bknCjSe au droit du milieu d'ieelles de chacune des pars, eftokrappor-
, té vn grand rond dé lay et , enuironné d'vn chapeau 4e triomphe,Tait de Iafpe
verddeqûëlrond eftoit fin bir-Se tant poîy^que l'on fî pouuoS* wskçommeeîïvn
jniroërcryftallin, le fuffe pàfîe outre fanry prendre garde ,imais ïe fus entre les
" deuxii'apperccumia figure d'vn Cofté Se d'autre: 4ont ie dëuins aucunement- çfi
poùuenté,pënfant que ce fuffent deux hommes.Au defféusde ces ronds , au long
,

des coftieres, eftoient faits 4es fîéges de.marbre , de la hauteur de deux pieds , fur
n pauédenacrede perles.net «Sefans aueunefcniïlîure, Se pareillement k voui-
te en laquelle on n'euftfçeu vebir vne feule toille d'araignée ,:pourcë que touf .
ibiirsycouroit vn vent fr>iz.La vouîteiointeapx coftierès^par vne celntute qui
GommènçDÎtaux chapiteaux ât$ arriëre-eorps 4ë kppttcicoritHîuée'iufques 4$.
: viipmds'dél'entrée.contériant -en longueur (àinfiqueiepouuois;ik^
sperfpëdiue) 4ouzepas,ouemiiroh.iBncette<écirïtureîeftoient'à "demy xeleucz,
pfuneurspetis monftres marins, nageans dedans vne eau , contrefaits eh forme
4'hommes depuis le nombrilenamont^îe dëmeurant-finifroitehqueuësde poif.
JTéns entpftïfleë%fur lefquëlieseftDierîtaffifesdesfemmesnuës,dekeeimenatu-
ï'e. Se figirf é, embrafTans les monftres ,-Se en fémbktle ëmbrafl'ées d'eux." Lés vh$
fonfïloient*nbuccinësfakës4e coqiîesde îimaèçs ,les autrestenojentdesihftrù-
inens efttanges Se fantafques à mcrueilles. I>lufîçurs en y auoit côùirorincz 4c h.
ifleur Se herbe 4c Nympfaée;omNenufar , affis en-chariots faits degrândes coquil-
les 4e*mer,tirez par4esDaulphins. Aucuns eftoient chargez 4e corbeilles pleines
' :dèrruit,l.esautresportoient des cornes d'àbphdace. Vous en eufîîezveu qui s'en- '
^trebattoieht de poignées de IohcSe de .Rofeauxiautrescêints de'chatdpns,-Sem&-
tez'fur fchéuauxrnarins , faifàns boucliers dé coquesdetortùes', tous diffèréns^ën
'actes&enformes, rnefrnesfaikfït des efforts fi.-vriiement exprimez, qu'on les
vëditprefque mouuoir. La voulte eftoit diuiféeckdeux qùarrez , fépàrezpar vne
-frize qui auoit deux pieds^cn largeur , Se leur feruoit de pkttebande allant tout à
l'entour.pafïant le long delà céinture,Se fùyuantl'ar?ce*u de k Voulte, -entier.emët
'coriftruke de mufaiquë, àpetis quarreaux de verre couIoré,fî proprement, "qu'il
x fembloit qu'elle euft «fté faite en kmefinéheure.^'eftoitvnmçilkge de vêrdtf--
Y'xëaufîîViueccftïmevneEimçraudc.,renuers duquel (où il venokàfcrcpteyér)
veftok de couleur vermeille comme rubis vSelèsflcursaiMréésfembknsaSàphirs,
. feméesfiàpropospar-my rouurage,quevpus-eùflïez4it,qu'cltesy eftoientnéès.
i 'En l'vn des..quarrez eftokfigurée k belle Europe paflant la mer fur le Toreau Féé,
r Se le Roy Aigenor foli .pere,covmmâdant.à fes fils,Cadmus, Phcenix, Se Cïlix,qu'ils
eufjent à chercher leur fur:-Se comme en la cherchant ifs tuèrent valeureufe-
tiïent le. Dragon à'efcailles, qu'ils trouuerëntprès la fontaine : puis paf le confeil
d'Apollo/jbaftirentvnecitéoùlebceufs'arreftajSe 4onnerentàla contrée ce nom
"Byotia, du beuglemet dès b Après comme Cadmus édifia Athènes, Phnix
Phnice,Se Cilix Ciîice.En l'autre quarré eftoit taillée Pafiphaé la défordonneej
clofe en la vache contrefaite, Se le toreau monté deuus:pui$ le grand -mohftre Mi»
,,,notaurc,enferméauJLabyrinthe,Se l'ingénieux'Dédalus, qui s'enfuy oit delà pri-
/for^Se -vplloiten l'air, parle moyen des ailles qu'il auoit compofae à luy Se à fon
fils Icarus : lequel pour ne vouloir croireïe confeil de ion père $ trebufch3s Se fut
>,noyé en kmer,à laquelle en mourante comme le pereve*
-. " -£ "H

(
»- LIVRE^REMaiER P.E
mi; afauuetéYpendoit Ces ailles au temple 4'Apollp V ^^ceômpîuîbit4i«ote^
mcntfonVeu. -. V: J *' : '-^ -J.' , '-«; °*' c-: *,; 'V .',>-' Y.-
ICes hiftoireseftoientfixntières^u^ftulquarrèauîïe.s en efteit:s4efmentyy,
..- . ! >

lîfermeeftoitlecyment4ontdksfurenttafiëmblees.- _ - .v- !..


l'allois pas.àmscpftte.mpkntl*eKe.lleUÇe-4e,lcsuuïei& e grand fçaupir de,
- ,

Fouurier foui auoit fi prfàitementobfërue. toutes Jes-reiglçs de pourtraiture*


peintureifculptn^ perfpeaiu^^
point delèut obiea, tellementqW:en auciins lieux elles feperdpient àexp^
réduyfokpeu i,pcui«.ctafcs imparfaite^ leur vrayeperfxAiom&^cpntraife
re ilapprochokL.eflongnées^ caonghoitjespb^prochalnes^uecvne^ua.
^

tion &laifante de péages i compofez .deplaines, montais ,: vallées, mgdo^


enampeftf es ,bocagës , piyffelets , Sefontaines , ennchis4e befhaux auec manne,
. quins ombrageantes couleurs J^pn îçs^apees^ Iwour^onuenahk, y-,; , ^
Il au^kJ^antagefàklàdapperiçde^^
ciuequafionl'euftpeu,empongnÊr:càr.entput1&pattoutilauo^
' knature,quefionnV:.euft bien pris garde,, on l'euft^g^^ray5,S>'nimfeintv.Q«|
- me rendoit fî rapy de mcrueille*;Se tranfparté d'eshabiffement , qu à peine peuj
' ^y4çeftre,làpféfëPtimaisdutout,èntouthorsde,moy... .v , - ~ . -,;;-" fi:
^Ainfi cheminant pas à pas, iepamins iufqu.es au bout.de 1 entrée ou la pein¬
-

ture firiiffoit:Seplusauantil&^^
iedélibéFay dem'entetourner. Agrand peim?e^e.tourneleyifage,queieientis
à trauersees .ruines -, comme vn. remuement d'offemens-oa. va.choC;de-grofIes
JbWdies.dontiefus fort effrayé. Toft après l'entendis, plus clairement ainfî que .
fi on eut traîné quelquegrandesbefte morte,çomme vn bcuf, ou vn cheual :&t
' toufiours ce bruit approchoitdela porte. Puis ne tarda gueres que i-'ouy fiffler vn
Sfefpét:Se. adôc ieperdy ccëur Se voix:5e mefmeslepoil medrefk en ktefte,Se me
tinsrpokïbe£du.<3 pauure infortuné fie vis foudainementaccourirdelàlumiers
4ekporte, non pas ainncommeAndrodus,vn Lyon boiteux fe plaignant, mais *.

,yh merueilleux Sehorrible Dragon p la gueulle ouverte, les mâchoires bruyantes,


«rméës 4e4erits pointues Se ferrées ertja manière. dVnefye ., couuert d'vn gros
cuir à dures efcafccoukntjur lepaué, batantfpn dos auec fes ailles , Se.trainant
< -vncsr ofTeqneûc longue,qu'iI s'enalloit entortillant» Las miférable Se défo e!c e--
"ftokaffezpour efpou,uentçr le grand Dieu Màrs,faire trembler le vaillant Herçu-
ks effrayer le Géant Typh qui les Dieux eurent horreur: Se pouteftonner
k cbur leplns fier,v<iireleplus obftiné, Se afTeuré courage;Cme pouuoit dôçquo,
' efpérervri ieune homme foible Se débile de complexion ,defià efpouuente le-
t®u»ant «n ï^x ûuuages & cftranges fans ayde &fecpursdeperfonnç?.
'' 1

Kt *,xVTk,*r r-i*n* ." "ï »; y *.v.l *i>

Voyant donc que là vérîéneufé Se déteftablé fumée dç;eé Dragohrs'eftêndokf ::


bienprès de moy,îe mé îëttay à 1 aduâture dedans ces ténèbres eïp biffes, ténât ma'»:
vie cômepour perdue, 3e n'ayant plus deTëcQurs'qft'àuxprieres icm^nfay'-àFâ^
ùanture ",' Séjperdïs toute dartéëntrâhrc;omme fepénfôîs:dahsîë-liïbyri'ikhë àch
DédalusTihgénieuxkàtîè^
portes Se trauWrfë sj podïfaîliiro^ oublierl'yiïuc
première;, Se s'èlgarer enplus ptafondé obfcUrité. 's :" " :v i: ! 'iil'-.} ";fv*
"

I'auois crainte d'eftte-ùrriaé-ënk roche creufe de PëlypKeme- le"1 çrifëî Cy clûr -


pe,ou en k Cauernc du malicieux larron Cacusi parquoy fie iettày' makrtihë.n'i ..'
m^sbrasau deuant de "meVyeùxyppur;^ .

ramidefSé^llçis àti^ :
Se fçauoir fîiëveribisëhëprëslëlieup^
uo-rât venpitpèint après moy. Maiï îe trouuajrq là lmnitrém%ftbitduk'cîut;fiii? -
lie.Etpaur^ccrbiftrénu-grand'pcur.^^
uefouris,qurvollctoiëntautour de mes otëilîésïdbhfetTràyéjiepeHfôisdétëuttC-'
que i'entendoïs,fent0is,ou touchbisjqUëcëfutlé Dragon cruel.Ètrombf^^
xnéJryèùxfé trbùuaueritaucunemehtaècoûftûmëjiates téhèbrës*,tbùeesfôîs iérfè*. :
c6*f?'~ A
u «"VR'E PREMIER? DE ;

r.jtt»nÈ les* ctic e foifdainàXoyiEri telle maniéré i'allois tâftônnant àtrauers cesde-
-ftoarS aveugles. ,-Sèf ar-cis -fentes 4efupy4e$,en|>lus-grand trâHail Se. perplexité,,
^uëJMerciwcqi&d ilfëfei^Cigo^e^olrçgU^picu Apollo quaridîlfutëon^
- traiat deearïetles brebis cmThraëc^ ou qûeia belle Diane lors qu'elle fut muéflf
en vn petit pyfëau: mèfmës erj'pi'usextrcfmc angoiffe quëPfydié,Sprcs auoir perl
4u Cupidofbn éfpéuxîSe;ën plus kbouricux périkquë Apulée quandil fut trank
£brméfe*mé,èc qùllcri^ fur leprep
chamikiaïefaimprt.yap^^^
auel d&.cèl Çhaùuèfoarif & quand it fes.entehdpis frfrier fi près de moy,ie;penfoU ' '

deiîacftrë entré lcs4ehs"du'©ragon. ., Y;; ; f-


.... . . ;.: Y \
- -. - ' j-
;-,

Et -combiatqwe cettefrayeter futexcéffiue , Se prefque extrçme,fi eftoit-dle


«dus v$iémènte,quandii me reuènokeri mémoire que i'auois appereeu leLoup
qui me faifqitpr-émmèr que e'ëftoîr tr èfmàuuais pf efage, 'voibc ;?n indice pam%
fte 4c fcbafin-mite Se^pdoureufè: Parquoy iecouroisçà Se là,les,otëilks ouuet-
rlduid à'tclïetiêceffité'; que l*inqrtm'çftpitpteiqaF autant
tes,Sc-lês |eûx:àos ,
asKrêable à 4efirër qùela -v|c;X^ktds%:i'aaois vn douloureux* tegr^t M mourir
fâsatipir obtenu l'effecl; tâtdcfiré4eft>ës amours. Hékslau-in-oins queieuiîe teii-
' lemétveu madame Pclia^ltemort hcàttë-ferbk griëftieny'ennuy eitfe^oyjfe-
iray-iedeux finotablespcrtes par;vnë^mfe4ifgrace,èn.marvicl: eii ma^ameiPuk
' CemeJifm-ie*Siién^^^
" fëruil»e%atÊict£^ bièlf <Q£i'P#'
* fédéra ce thréfor tant riche?<^lC-iéHerakxaequer-hi &,reçmïurei'a|èette belle
kmicreîO màlheureâx'Poliphilejoà'pçnfes-tufuyt? tu te vas perdra ïlnyàpius
' 4'cfooir entoyv iâmais(las)tur:ne la véeras. Foicy la; fin de tes pkiïîfs ,, enfemble'd-e.
swsp^enfées ambureutes. Héks:l quelle malàduantûrê, ou quelle£ft
ligné feiaprécipité en kngu-eiirtantmortellefSe deftiné pourferurrde-pafture^-v-
«c béftck vikineque- cëDragô,ab ventre duquel te faut eftre ériîclîelyJ Au mbiiis
" quêîèlpyëénglQUtyAbùten^ vè- -
nimeufës.Ofin miférÂble!©kmentabiedécez ! Ou font les yeux tantdefeichez -

ôc priuez d'humeutvqmne deuflent diftillcr Sefondre en larmes? Mais le voiey , ic


h fens i mesefpaufes .Qui veit-bnc plus grande cruauté de fortune f Y- oicy k de- '

,Âif-ciCe ï»or{,& l'heure dernière du maudkpoinct que cette pauUrechakhumai-


-£s ferà-vktiâe;à v^Seirpènt.Qae.lle'calamké Se piusxftrange Se rigoureufe,que vi-
^

-ùre après la raort^Se ^empurer fans fépulfiire? 0combienplus griefue eft jl'infor-
;èirtba^atf4o^J^f*:P^.^Mlçj«1«î- À dieu,a dieu4onc;Poliad'vnique vie de
mon ^ut.lëiamentois ainfiapMtmoytantksSetrauainéquekn'aupis plus que:
'"

' i'efprit qui ,s'en,aîioit-erratrpac ces ténèbres: En cette .nécefritei'iuuoquay le Ciel \


' :&mbîi^ qu'ils auroient pi-
,?«iédf ce wieplfi^ cetreperplexité, i'apper-
,l^è«t|e|bm vnqpctiw ellefut
' ^é9\i^.i/^,f^^àVy,!éis:k^mf> ieyeyquec'«ftqkv>n,ekinpetoufiw -

/yôùîpcnàpi wuahtyn au tcî,teg»el{ainfi queie peu comprendrejauoit.çinq piedz


Àé.'hat»to»r,ée deux fois autant de krge:Se 4eifus eft dieritppfées ttois ftatues d'or. \
£$0nciem^^
--C^tte lumière n* eftoit gucres<kire,ainsf pute trp^
" -iôiii'éa'w 'aucunement kdilppÇtigndçc
àèftùrèsilêsvoy'cst^èbfeufes &prp|on4es,ï auec les voultes, fou%iiyesd&jerps
gilliecs "de" quatre , fix &nuic\ quarrés, lefquels on ne; pouuoit clairement 4ifcer- '
^ts.?m^. h 4ébiHté de la lumiëçe:ce oéantmoînsilî feinblpieut bieneftrefaits dé
,
proportion convenable ppur fbuftenir lapefànteur çxcefïïuedë la Pyfàm idë gra¬
de Se mei;ueilleufé qui eftoit-au deffiisfA?cette eaufa aprèsauoitfaiâ^vnt; praifori:--,
i&iefue deuant cet autel , ieme remis à.chërcheEl'yffuë.:^& n?eus*pas beaucoup ;
cheminé , qu'ilm'âppàrutvne autre petite fplendciir luyfahteà trauersVnpertuysY
«ftroicîquafiacomme-lccol d'vn.entonne ër, O eambieiri'énfus content., Se de-
quel cëur ie kfuyuyîl e ne l'eus pas fi to-ft apperçeuë yqùeierenonçay à tous^s
defirs de' mourir aufquels ie rn'eftois- peu auparauant- accordé : Se reçommen-
çay mes penféesamoureufës,meperfuadant:par vne efpérancé. feinte & flateufèv,.
' queie pourrois encores par le temps facil? ment-.acqu.erir iceque n'agueres ie te-

nois pour perdu. Qïjand dôcques ief usparuenu à cette lumière, quidë loin m'a- -

.uokfemblé fi petite, ietrpuuay que c'eftoit; vnegrandëpuuerture.'parkquelleic'


..forty tput en faaftë,Se meprins à icpurir , fans regarder d'piT i'eftpyjepârty,,,' Aabjnc ..->

4es bras qui m'auoient feruy, depauois pprif éuiter lechoc dès pilliërs,me.féfukét --
defortes ramespour mieux hafter mafuitte:au moyen 4.éiaquelle iefcy'ti^tque.
ie paruins en vne région belle Se pkiiante : en kquellcie nem'bfajfençotgsàrfe-
fier , pouree que i'auois fî fortimprimé.ën mon^ entendement-; la mémpired^c^e. -
,

JDragon.qu'îl mefeinbloitle fentir toufipurs.à.maqijeuëi/^fàis k grande; beauté;


du iieu,m'incit0it4e marcher plus auant,fm^ef^iranGedè^^
itatipnjOÙîcmepeufrerepofeïenfeuretéjSe fans crainte dè4ucurt^:rcÉbi^£iAqs^'
me confortait la vifibnde la Sourjsblandie, que ie tenois pout.bbiraugurçi f£t:'
néantmoinsfauois peur.cPàrriueren place. où ma venu ëfut mal prifé , Se. eftimée "
trop grandeaudacejou préfomption , fi quyim'enaduint quelque mal yau||îbiçri«
qu'ilaupitià faiçlpour auokentréen laSelle porte.D'vne part f eftois en grandY
,4oute,8e del'autre i'auois regretïd'auok perdu kyeuëfletâtbeaux Se fomptuéuxv;
v édifi.ces,lefqueîs ie n'auois aflez contemplezà mpn gré; .Aucunesfbis auffi me yc- -
noit en fantafie que c'eftoit fonge où Ulufipn,Puk ie difoye : Ce n'eft point fonge*
Iè ne dorspas:I,eray veuSe t.ouché:lMàjro4mpirë ert^fî: toute fràich'e-i Ç-eftchpfftY
vraye,Sebièiicertaine:Iemefouuiensbiendutout ;^ Se le récit crois particulière- -

mentpar tie.après autre,s'il en cftbkbefoin : Celle, beften'eftoitne fâufë ne fimu-


, lée,maispieinedevienaturclle*Etdifànt:cek.lepoil mehëriiTôitenla tefte j'ppufc
.janoitramentulc-Dragon., Se nie reprenais àfùyr^ommedea-ant{Setoft\près|e:,--
. me r'affeuroirdifant:En ce lieu fî beau Se tant délectable,nefçautpit.:habit.er fin© *
jgçns4c bieaSïparauantur.e que c'eft^^k.dcmem"ë-4ëqùclquesJefptits diuinsSed&A
my-dieuxvou bien ils enfont protecteurs: ou ce peut eftre la r,etraicte des Nym» -*
phcs Se Dcefïes champeftres.Parquoy ie me réfolusdftfuyure mon chemin qji^
guechofequi m'cndeuftaduenk..,. ,',>-, ... .v^ Y ~

/>;' - Y--,., '- . .; ' .' '.---.' 'Y/,-- .: .. K-.ii§:p .-Y.-Y.

.-'.., i. - ^- *

, ..-i s-, ..s .. :< t; i :,ï

. Jt'si ."-r-i'it.f,; àY.>-v: i Im: ;.,


f i%?R g-: pre m r E*R r> e 4
îlCi*;
csira <":;. .

/ ,".* -'^ f, t/de iarégi<$$mÇeï{oit entré , & comment il 3 trouua vnçbellt Y


J; -*-£i:;: J^tyW&.cjn^qda
'"IÉ'i.01
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^'
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vo.i.r- -ueiUtesdfr&.venu'ij&iefmmerentrfaller Y- ; , .'. .. /"' X


'"-.r.-..-:iff;);-j-; ï, -'c-y^-y r;.: -Amlesbapamùcues; \
1 *' .- -; - - -.- ,.- ..p

;V[ '- Y"--iCH AK1 vri. / - - -.Y.

"NCO'Nf IN ENT que ie fus efchappé déçes cauec-


%cs obfçnres,qui reffenîblbiënt proprement l'enfer, f c«
rïïâ viêy-aubitefté en grand danger,ïombien quece fut le
'trélïaiîfa-'Aphrb'di&^Se qiîéîe fusarriué en cette contrée
éracieùfe,ie tbiirnày là teîtë pour veoir d' où ieftois forty :
-

&i'auifay vne montaignë qui n'eftok pas fort roide,mais


?*in?* moderëmét déclinante en defcéte ,couuerte de%eaux ar-
^^îbresVerdoyahi^ômechefnes^rabeSiTilleulsiEraifnes^
- "^ aktresfeMblaolkAuiôgdekpkmë elle eftoit bordée de
3 NdFflïcrrCbUldfts,«CfeifftiK*«,K Alifiërs'ieniréloppez ;d<rCheui:e&«l ^Trocfne,
^SlIeSseCbuleu^Sé a&dëiîbU^r^fi%ët^olypode,SçotoeMre, lesdeu^.
-;SErês'Tréfflë,T>kntâi^ herbes qui fenqurif.
SfSnbtt^^^^ Vnpeûnautë, Se k
.-mbntaierié-toutecbuuerlède ronces &bui-frqnS:^àcequeiej,eu5conieauret,
~èftoit àï'oppbfitedëlkbellcporte par laquelle i'eftois entre^arqUoyileft à. croi¬
re' g feitiblabl émet ëncecoftéy foulôitauoir vne entrée pareule-à l'autre. Se que
-^ietéos-éek vièillefïel'auPi^rédaite en vn moceau deCianoyÇ&cÔuSetty en vfrgros
^tt^tbikdèinuédecogôoif^^
-«tiLm:-.;- ^l^^^rni'àcrrand' peine auoy-ie'fçeu.ehoifir de 1 ceil le pertuis

4fohffi-& racines qurl'occupoiencmymeiiu^


^partiën^ft^epoin^heieyeuflepeu.retourner, tant leheu eAoït eiga-
- -ulcIm^e.Aa^cLnàmiivimftemïérm^i le long ducofeu mfques a vn
' HaÛier de Chaftai^iets ..queieprélumay .eftre l'hab^ation du Dieu.Pan,ou4e
^vlùaî^A>o«t«Waipalhwa'geS;&fe<^ches ombres qui eftoient la. Lors pafîat
' outre ie tTouuay vnPo^antique fait de marbre bkhc^e qm.n'auoit quvnefeu-
le arche mais elle eftoit allez grande, Se conduite par bonne proportion. Au déf¬
ais de ce Pont, tout au long des accoudoërs,] tant d'vn cofte que^d autre, y
auoit des lièges de kpicrremefme,efquels ie ne m ofay afleoir, nonob'ftat que 1 en-
euflebon befoin,cari'eftois fort las Se trauaillé. Au milieu du Pont,au cofté droit,
-*is à vîs^e la clef de la voulte , eftoit pofé vn quarré de porphyre ,«çntaillc de
moulurestout à l'entour,Se au dedans certains Hiéroglyphes Egyptiens , en tellet
forme : Vn Cabaffet antiquc.crefté de k tefte d'vn chien. Vne tefte 4e b , fei-
£hcSe4efnuée,auecdeuxrameauxàmenufHeilkçe,attachez aux cornes de cette.
tefte,p«is vne lampe faite à l'antique.Lefquèls Hiéroglyphes i'interpre tay en cet-
' te forte,excepté les rameaux , car ie ne faupls s'ils eftoiét dePin,Sapih>.Gcneurier,
Y ^Cyprè%, L^rice., ou Sauinkr.
f attentiez
. . <^\ i %£**<$% - ;- * '.

.".'..' -^O^rp-HIlL'E... Y :%,*

v?4titittU tJtt/rnamentMm , eufadiaxgfrtteBiaTiitê,

-, ' C'efUdirc, :V .'' ." ' "f -

ïpatience^ft l'ornement, garde Scprotcélioaïde la vie.


" ii i.i

;Aucoftégauthe,Se preprementa roppbfite , y en auoit vn autre ièmblable,


Jfors qu'il eftoit de pierre ièiipentinc :aùec aufS telle fculpture de hiéroglyphes»
VnCercle,Sevn Ancre, fur k ftangue duquel s'ëftoit entortillé vn Daulphin:&
ielesiBterpretaypaccillement en cefte manière. -' ^.

Semptr ftBw4Urd},

.''......' Cëlfàdke,' -' "v ';'."- "J_ ''Hi


-Toufiours haftetpy par Ioyfir*

Sous ce pontfourdoitvne groneveine d'eau viuc, claire ;8ç bouïllaiîhaiitél


f,>kifir,quife4èpartoken4euxpetisruyifeaux, couknsl'vn à dextre, Se l'autre k
èneftre.Leurs riuages eftoient bordez de toutes manières d'herbettesquiaymét
le voifinage des eaux /comme Soachet , Nymphée. Adianthe, Çymbàkke, Tri-
chomanes , Se autres. Puis àî'entour on pouuoitveoir toutes .efpeces d'oyfeaux
deriuiere:fçauokëft Hérons,'Butors, Canards, S er celles, Plongeons/Cigogney,,
Griïes,Cygnes,Poulles d'eàu,Se Cormorans.' Au delà du pont il y auoit vne gran- *

de plaine toute plantée à la ligne d'arbres fruicfiers, en forme-4e v-ergeriles efcu-


rieux y fâutelîoient débranche en branche,Se les oyfîîlonsreleuoycnt la mélodie
de leurs chants entre les fueillesv Le parterre eftoit femé de toutes manières de
flcursSe herbes odorantes conuenableen médecine <enrofees*de ces petis tuyf-;
feauxiqui rendoientle lieu fî plaifant^que iepenfois lors eftre aux ïfles fortunées:;
|e nepomtois croire qu'il fuft faiw habitation.Eftarit doneques en ce penfer,:ie 1«-
. ' - ' «Ër . 'F .
è6*fy> '>
El VR-E^PRiEMiER- :D Eï
ttay, vnpetitma veuë,Se apperceu par deffuilapainte des arbres le faift'ë d vn<é.di -i- :
fke:dont ie fus grahdéirienVfèfibu-yj'c^tiréy biëri en hafte dèuèrs celle part. Àdôc :
arriué touffuiprès, iêtroruiay que ce maifonnage eftoit octogone , ç'éft àdire de ..
.huict pans ou faces Se qu'enl' vne -d^éliès-y'aiiokvne belle -fontaine,; laquelle me ;
vint bien à.prppQipQurl'a'foifquei'aiiàisjeudurèe. Le comble du b'aftimét eftoit
aufïiàhuicl:pantes,ainfiquelereftedùcorps,: Semé fembloit. de loin opuuert de ' :

..-* ,**i3*&..wwk'
-plomb, part^Tju-^l-femffbrtenp ointe: Iff vne des firesdtt-corps;yâuo'it,;yne pierre ::

de. marbre blanc ,bienpPiyiayantdehauteur;foi%quarré Se demy: k largeur d4- ...

quel quatre (ainfî quèiepeus èftijne,r) eftoit de fixpi.eds.de mefurec Aux deux co¬
ftez debefte pierre y auoit dsu'x.colamnes canelees à rudentures, garnies de leurs .-. .

";'b;àfës&-îhapiteaux/Se au defes i'archkrâUie,frizej--&.çorniche, fur laquelle ^ftok . -

Yafîisïè"frontifpice;, .ayant dëhaateut. k quarte partie- du quarré : au tympan ovi.^


'Hktfbrîs duqueiy^upk-vnÊhapeà.iA de triomphe. -Se ]m dedans deux colombes
ï^u3rrsTHvyffpe^ colombes .;,
dedans le quarré eftoit jsntaillée-vne belle Nymphç4ormaik>.eftenduë fur vn.-., '
djap3vne,pame.duq.uelfe^ fa tefte,cpmme'.s'-iiluy?eiifl:.. , ,

fer uy 4'pr.eiller. 'L'autre' partieèHel'aubk tir ée pp ur couuri.r ce que J'honnefteté .

Y.eut.qûë l'oncaçhe. Et gifpkfutleepfté£auçhe,tenanifa main deffous fa iouë,


clSmme poyt ena|>p^ eftendu au long delà hanche ..
droke,iufque^*attnHlieudëkçuy^^ ; !

, eftre d'-yne pucëlle*) yfTokde la dexttevri filet d'eau fraîche , Se de la feneftre -..vn -, :

d'eau ,ehâude.:quitonaboient en vne gr^nd'pierïe de Porphire,,faite erirforme de


deux bafîins., eflbngBez4e la Nymphé/ëriukbn fix pieds dé diftançe. Deuant k ; 4

fontaine futvn rkh'epaué entre les 4euyfeâfïlhs,y auoit vu petit canal,auquel ces ,*
deux eaux s-'ailèmbloiënt fortans dés.bafsinsrvneàl'oppofite de l'autre: Seainfi ;
.

méfiées faifoient yn petit ruifleaude chaleur attrempée conuenable, à, procréer


ute.Ute_v.er.d.uïe. -L'eau -chaude faillbk fi-hàtit qu'elle ne pouuoit empèfcner ceux - .

qui";;me--tt^i-£nfeleur, boùetë à,.k roammelie droite pour la fuccer , .Se y boire de .


y^éauëfrbidë,Ce,tte figure eftoit tant exceîlèntement exprimée, que l'image de k . :

,' iDéelfë Venus iadis faite par Praxitiles* ne fut oncques fi parfaitement taillée , en- ,

^koresquepo-ûri'àdieter Nicomedes Roy dèGnidiens dèfpendift,tpûs lés biens... :


t.
i-
\.4efonpë.uplé,Sieftrçëtputesfois. quece bon buuriër k fit. tantbelle, qu'il fe trou- .«?
&ptris-«pfjs quelques hommes qui en dëuindrentamoureux :de forte que ie nt
,

.r ..ine pîas,pej;fua4«t-que cette Nymphe euft-eftéfa-kedemaind'artifte,'n1àispluftoft ,-


,: -

que deperfonne yiuante, elle euft efté transformée en cette pierre. Elle auoit lés
leures entr;ouuertes,comme fi elle euft voulu reprendre fon haleine:dont on- luy
ppuuôkvebirtpùtîëdëQ^rts délà'bouchëqua.fi iufques auneu delagorge.- Les- ;

beî-îes trèfles- dë'ïescneueux eftoient èfpandués. par bhdes.fur le drap amoncelé Y


defFôus fà teft^Sé fuyiioientla forme defes plis. Elle auoit le^ cuy fies refaites > les ,

genoux 'charnus;; Se vn peu retirez contremont.fi bien ,- qu'elle monflroitlesplan-,.


t"és,de:fë*pie4s-î,f an't bëlles-Sc.rant 4élicàtes,qu'ilvouseuft prins enuîe d'ymelr" ;

^cfekliiSinp^ûf les chatomlleriQuand au rëfte 4u.'c,bfps^il eftoit d'vne tellègracey, . ,

qu'il éuft(parâte^ ,

,tefte s'efleuoit vn arbre bien fuëillu j abondant en fruief , Se chargé cfoifelets,qui ' ;

fembloient chanter. Se induire lés gens à dprmir. Deuers les pied/de cette Nym¬
phe,- y.auaitynSatyfe-camm^ enflammé. d'amour , eftant debout- ;

' furces deux pieds de chéure,k bouche pôintuë,ioignant à fon nez camus:k barbe.
fourchuë,pendante àdeux barbillons , informe de boue. Uportokdeux oreilles,
J°ngucî'.^'.Y?%es=*te%ie du vifage quaf^Umaine^outesfbis tirant furkxheure*
"PO Lî'ïTH'«ï t-^r il
.Y3/lç^ë*a1riyb^
iîlauôïtdeia main gauche prmslesbtanchçsdel'arbfev ^e.àfpnp.ouupAr.s'effôt.
* çek de les cpurber fur k Nymphe qui 4ormok,pour luy faire plus grâd ombrage;

nÂMTjGLNT- rfc<3K&jûI':

De l'autre main 'il tirbit le bout d'vne courtine attachée aux:bàfïês branchés;
de l'arbre : .entre lequelSe ce Satyre ,'eftéientaffisdeuxieunes Satyreaux enfaiiSj,
;

;'''.' " -, , Y*F ij ' -

*
j/. ; LIVRE"' PREMIER DE" _' '

r*ri defquels tenoit vn vafë- , Se l'autre deux fcrpenKtortilléz autour 4e fës mains,' -
-le ne pourroisf certes) fufrifammënt déduire k beauté Se perfeétiPn grande la-
ouelle eftoit encétouuragc.cnquieftoitadibuteéjagrac® delà- pierre,p iuspohe r
eue n'eft l'yuoire.Mais fur tout ie m" efmer ueillois de k hardiefle &'grandj>ancnr
^4el'buûtiér,quiaupitfinèttcrnent;vuidèl'e^ des fueiHes percées à-,
iour Se les pieds despe.tis oyfeau^,déUez; comme filets de limEnk iruc.de defîpus
eftoit efcrit,.
n ANTON TOKAAIV
A* LA MER E .D E T.OV T.r.
^ Leruifi%àuqmfortoitdeçeftefoteaine,cburoite^
fe baffes Se enrofoit vii champ
plein 4e- eannes :de .fucr-er- Au long de i on* cour* »

dLéefauuage.Auxdeuxcoftezyanoitde^^^
Sne,chargez&deleurSfmits:,lesbranchespendantesàvnpaspresde terre telle.
mentVils eftoientronds Sekrgesdeuerslehas lehaut montant en ppmteàk,,
Son d'vne pyramide^ntodora^^
- Sfdiïe réputé trôp.heureuxSexontentfii'yeuffe trouué quelque habitation. ...

'; £e dèfir me preifoit d'aller plus,auant,. Se ne fçauok quelle^oye prendre. A>


uecrei'ëftoisdasitrauaillé,4bateux,Se en. crainte détomber.eitquelque.accidet :
"

contraire-, pouree quei.eieduifoisenmémcdrelesHie^


'

coftéfenefke du pontj-Se penfant que teladitertitfemetmauoit point eftéfâ efcrit *


' en yaimSefansJbonn© caufe,fçauoi«ft vHaftez-voustoufiourslentement; : Surce -
?ôuy derriere.-moy.vn merueilieux bruit , quvreuernbloitau battement desaifles -:
du Dra-ypii ïc^ parquant vn autre cômmelefonvd'vne trompette. Adoncieme ;
rc^uwaVrfcudain tout efpetdu,Se vis à cofté de moy,aucunsarbresde.Carrobesa -,
:=

^êc4euiftuiét«meurslongsSependamviefqaels agitez .du, vent:, s.eftoient vr* .


;

ientreheurtez,parquoy ie reuins àanoy-mefme Se commençay à


' n^
&tm'efk>itaduenu.Puisi'inùpquay les bons, efpnts^ugantin Colktme,Se Val-
fefdont l'vn èft dkà lOgo^utre^ Colle , Se le tiers a Va lie) les f uppkant qu'en *
' dUi**^'^^
Saafi d?wnconftk.vne armée> xaufe de la^o-mp^evToutesfms mprefu, ,
dou---
,

, Xlue-c'eftoit quelque, trompe. de^Bërger., fait* d efcorcev&m^urayaiw


jSqu'ilrnefikpoffible.Pêudëtemps après i^ouy vemrdeuers moy vnecoin- ..
paUe de cens cha»tans;Semc fembla bienàla^oixquec xftoient.ieune%pucei- :
iefaccoînpagnéesduibn4equëquèlyre:parquoy iemWmay par deflous ïes^
'-

raineauxpoiwvepir queccpouuok eftre , fî bieriquei apperçeu: cinq damoyfel-


' M quîrikrchoientdebonnegrace^s^cheueu^iezàcordonsdefild orvpprtaro^
âeschapeaux4ë-M|rteen leurs telles, auec. autres fleurs diuinement agencées,- ,
veftue?d'ynaccouftrement defoye àk modede l'iflé de Cos^Ceftoient trois tu*
niques l'yne plus courte que l'autre; Celle dedelîbûs eftoitd-e fatmeramoyfi , h -
- féconde de foyê verte, Se la première de toille de coton,. déliée. comme crefpe, .>
ckirè Se faffrànnéë4e'bïert bonne. grâce;, Ces dara,oyfelles eftoient ceintes de '

carcans de fin or au deflous des mammelles. Les bracelets eftoient 4e mefme, qui '
ferroient lespongnets dë>k dernière tunique. Elles: auoient«n leurs pieds \des^
femelles attachéëspar defius à riches rubens d'or Se dëfoye-cramoifieventrelaflez -
à|antwué.Xsiambe depuiskfcheuUleiulquesaugenoui , eftoit couuerte d vn >
, feïjpdgquindefatin crampyfi, efchencré en forme de ctoùTant , àfendroicdu g<*>
.**
FOLIPHILF. *3
KOUîlicordelé toutau long de kgreu"e,divn kflet paffé en boucles d'or. Le brode-
cmin eftoit enrichy de broderie pair les deux bouts : Se àxrhicun cofté de k fente,
pardeffuslagreue , efgayé 4'vne bro4erie 4e fil d'or dequatre doits- de large, .,
ainfî que l'on p^uuoitcdgnoiftre quand le yentesbranlok leurs cottesY

Quand elles m' étirent âpperçêtf;t*tfut'ihcontinent elles s'arî-efterent ,' Se cefTel -*


refit dTchantef, rcgardans l'vne l'auve fans mot dire:en forteqtt'ilfembloit qu'el*
îei fuffeht esbahies de me vëoir , comme fî ce leur efté chofe'eftrange& nauueîî- -, *

îeipuis feioignans-enfembîe , furent vn petit detfimpsmarmurânt-àl'oreille l'v-> -


ne-dé l'autre.Se plufieurs fois s'efbahirent de meveokjComme -fi i' euffe efté quel- -

quefanrofme.1 lemefentois adonc renuerfèr 8e remuer toutes les parties iritéi


rieures,cômme fueilles battues du vent,tar ie n'eftois pas encores bien aflèuré de *

îapeur queîkuoiSpaffée. Quiplus eftiieTieccgnoiffôisrien-pIusdela condition i'


jiumainCjSe craignais qu'vne telle vîfion m'adu'intj>que iadis^fif à Semelé mal for* -
tùnée, quand elle fut déçeuë par k D éêfîè î uiio^s'eftarit défgùifee, Se pris k forme. -'
delà vieille Bercré. Pàrquoyie commençay à tfemblerdepuis k tefte iufques aux- '
pieds, difputant en moy-mefmë lequelie déùois faire,ou m'a^enouïller humble-:
mentdeuant elles, ou me retirer Se retourner arriereyou bien demeurer ferme' -

, iâftstnebouget-îcar elles me fembioientpucelles graciéufes,en qui n'y auoit qu-c^ ^


"
. . ; " F *iij Y ' ' . -j

J*
. **'. _ -LIVRE PEEMijER DE
douceur Se couttoifîe, accompagnée de quelque don céleftc.vÀ-îà:finiecanchii
:
4'atcndre , Se m'aduenturer à tout ce qui pourrok aduenir , eftimant néantrnoins
qu'enfiparfakesdamesnetroaucroisquedouceur,mefmem eût que l'homme ef- -.
garé porte auecfoy fon affeurànce Se fàiiuegarde.© "autre- part honfç me retehoit,
cognoifïant que i'eftois indignement arriué en ce lieu, qui paraduenture eftoit
fain& , Se l'habitation des Nymphes, veu que i'auois le cceur;fbuïllé d'affections
inondâmes ,5e par vne audace préfomptueufeSe importune, i'eftois téméraire--
;

'; ment entré en région défendue à propnane&.Eftant donc en ces grans 4outes,vne
descinqkplushardie,fepnntàdke:Qmes tu? A laquelle voix iefus fi furpris de
peur Se de honte, que ie nefçeu que dire ny réfpondre , mais demeuray eommç
vneftatuëjà quilaparolleeft interdicie. Ces .belles ayant remarqué àme veoit.
que i'eftois,non vn fantofme, ains , vne efpece.d'animal raifonnable , vn ieune er-
,

i'ant,après fespéhféeSjSe furpris d'vn doux eftonnement pour leue-préfençé, s'ap- -

1.
"' procherent demoy. EtmedirentBel-auâmreuxque vous foyez, apftre regard ne
% vous4euroitefpouuenteir:n'ayésdouted:inconuénientaucan,catëiice lieu vous
-

ne trouuerèz que cpurtoifie,partant parlez vnpetitànous,& lahTeïkpeur inuti-


.

.:. î.e,difanthardimentqui vous efteSjSe ce quevous cherchés. Cette g'racieufe paroi-.


le me fit recouurer vn petit de'voiXjtarit que ierefpondy tout bas: Nymphes diui-#
.*--. i.ries.Se admirables, iefuis^na-mantleplusmâllieureux -Sedéfoié
Y .quk en.ccmondc,carî'ayme,, Se nefçay où eft celle dont trop ard.emrosafeie fuis.
efpris:& pour mieux: dire ie ne fçay où ie fuis moy-mefme. Tant y à que ie fuis
» , periienu iiifquesjcy ayant paffé les plus mortels^périls qu'homme fçauroitima-
;

ginenParknt il m'efchappoitiuftemenfrdesgoutes des y eux qui fe formoyen ten


-

groffes l'armes,ceque defîranr deftourner iemeiettay a leurs pieds, en m'eferia-hf-


" '

- par yn foufpir:Pour .Dieu prenez-pitié dé tnoy.Adôccës belles me.vpyant en cet--- .

- ::te;douhjur, furent efmcuësde oompaf3îon,Seme prindrerit gracièufement pat


-, \<m deux braspour me releuer, en difWitiNousfçauons affez (pauure homme ) Se

Y, -eft ehpfe toute certaine, que, peu de gens, peuuent efchapper de k vpyepar la-
... quelle vous e.ftesxntré icy.-.A cefte caufe louez Dieu fiirtoutes chofes , Se remer-
ciezk boBnefoftU8e,cài; d'ores en auantvous..eftes hors de tous les dangers, Se îie^
.

, - faut plus rien craindre.Ce lieu eft l'habitation de tout plaifîr, où vous pourrez de-
' -, ..,uenirbien-he:ureux:mettez.donc en repos voftre ef prit , Se; foyez vertueux.. Car
i -.. Y .. vous eftez.arriué en k contrée o.ùabondentxouteioye&lieffe:Se fi eft de telle na-,
'.* ,vfure,queiam.ais,n'y a changement. La fituation en eft a'ffeuree , Se le temps n'y eft
- *'* point varkblesàins confiât : ioinct aufïï que noftre compagnie vous doit induire à
^ous efiouyricar il faut que vous entendez que fi IVne denous eft gaye , l'autre eft
aufïï prefte à fe donner dit plaifîr.. Noftre alliance eft compofée d'vne cbftcorde
* '--'"' ' .iipârfaicte.,qu'eiUi'e,nous y a vraye vnion perpétuelle , Se vne mefme volonté,
îsf ous demeurons- en ceft air Sepays falutake,fort fpacieux en fes limkes,verdoyât
4'herbes, fleurs Se plantes, fouuerainement aggreables à la veuë: fertile de tous
l3Îens,fenuironnédecÔtauxfruftueux,habkédebeftes:-mignonnes remply de tour¬
tes voluptez,abondant de tous fruits délicieux,;Se enrofé de claires fontaines. Te-
nezpour certain que ce terroir eft plus heureux.& ptus grand queie mont Tauruç
enfon reuers du cofté de Septentrion, quoy qu'on diequelesi'aifinsqu'iîprpduit,
ont deux coudées de long , Sequ'vn feul Figuier y porte chacun-an foixante Se dix
mnys de fruict. Il.excède véritablement k fertilité de l'Ifle Hyperboréc,ën la mer
; ïndique.Il furmome le Portugaise fi fait-il bien l'Ifîe de Taîge enla merCafpie.
Et combien que l'on appelle.Egyptejle grenier commun de tout le monde s Cerna-' -

bondance eft moins que rien,au prix de celle de cettèprouince. Nou^n'auons pà-
't .*1*.

, ' ,-;..:. . ^p,oxîeh:i.l e:yy . / .. i4


loi; ny maretsqBi puin^nt engendrer mauuais air* Noz miontagnes ne font point
;rudes,ains feulemétpetits coftaux, SeJielles vallées , circules par dehors de hauts
rochers taillez ïnaccefiïblc-s/tellemçnt que n'auons occafion de rien craindre. En""
celieu font toutes chofes qui peuuentapporter du contentement. C'eft lepro*.
Ripnok des grands Diêuxde repos délire Se i'afïèurance de l'efprit.Nous fo rames
jà'k Royne Elëutherilide magnifique, libérale, Se la plus génëreufe de toutes les
-Princeffes,kquellepar.fon admirablefciénce Se félicité furpalkiatetoutcequiefl
:

hùmaingouuerne abfolumenfcEettëcontrée:; il luy fera fort aggréabîe que nous


'vousprefèntions àfa Majefté pouree que-ceft vne nouueautéque d'y voir d'autre
hù-mainsjoccafion quefî nos compagnes eftoienta4uerties 4e cette auanture elles-*
y accourroient , pour,comme noujs/vôUs affeurer de, noftre ioyë Se vous donner
courage. Doncques oftez' toute crainte de deuantyosyeùx s ejuvous eftes enliea . ;
-dë?paixSe.tranquillkéSediuiuîti.i... ' '-'-' ' - .-'' "'
-"' .'.---*!
'Rp::L I P H 11. E.. Aj$y&-E V'R-E.-
E. A:,VE;C:^ L- £Yi:,> '

cinq DamoyfeUes,alla aux bains'auec ellëideurrifée pour la fontam$T&\


Y pour, l'oignement,il eft mené dstiantyU'Royne\ Elëutherilide v rf». ..'...^ ''. ^
Palm de, laquelle ilvit vne autre belle fontmner^ .- Y,.; . .

<-,-'"-" . & -plufiéms rnemeiUes* i,- - -.- >\'.:o'\


. .; -

Y" ' '",."' - -': .-- :- :-'; --.-/


' ' -, - '..-- ; ':V;J# -

' ' " y "y '"":.' " CkA'P; viijvY Y " _, --' '--"

V IV A N T le bel accueil que meîr entres cinq Daksoy Cet-- -


:

les,qui m'auoyenttant côurtoyfement fauo.rifé,iè me rendis


§ ->

affeuré, car leursparoles me touchèrent auec tât de douceur ,-


que l'efficace en parutîfi queie rnedédiay du tout à lëurfér-
uice: Etpource.qu'ellesportoienedes boettes ëfquelleson -
ferreles mixtions précienfesSelesmignardifesaromatique^s
dontlesplusdélicatesDamcs fefernent ordinakementpôur
entretenir la bienféance de leur embon--point,auec,toûtë - :-

hônefteté Se propriété.Et qu'iuee cela elles eftoient chargées de leurspetitésbë-


foignes ordinaires c4mme'mkoërs, peignes , tauayoles Se couurechefs", ëhe-
thifës Se linges pour s'effuyer. après le b"ain v lé les fupplky de me perméttr-è
4e,îes porter pour les foakger 4 ce qu'elles ne voulurent me difànr. Nous allôs-
auxi>ains , Se s'il vous pkiiLvous nous tiendrez compagnie, ce neft gueres loihg
d'icy Sepenfons que vous eriauez defiàveu la fontaine. À quoy promptementie
i-efpondis; Belles Nymphes ,fî i'auois mille langues ie ne vous feaurois fuffifàmv .

teent remercier de tant de courtoifie dont vous vfez en mon endroit : car vous,
m'auezenk bonne heure refufcké de mortàvk : parquoy ieièray^trèsîheureuk . :

de vous bbéïr Se fuyurej auffi me ferok-ee vne extrême kfcheté-de courage 14ë-fié'-K<*
> vous obtempérer. Certainemétiem'eftimerôjsplusheu'reux d'ëftre vaïtre efciàV: >
îieperpêtuel5quedominerailleurspar. authbrké:yeuque(commeiepuiscogn6i-, : -

ftre) vous eftes le thréforvniquëde ce qui.eft déplus beauën ce mon4ey;&'ÏVnîw. -


que caufe 4é toute parfaite délectation ,; I'ay veu à loyfir la belle, fontaine dont
m'auez parlé Sel'ay'foigneufement contemplée : qui me fait affermer que c'eft le
plus excellent ouurage queie vjsoncques:maisk grande,foifque;i?à-nôis,ne me c
donna temps de m'en enquérir plus auant : Se fans plus- me conter, tay d'y âuok. t .

1 beû.A.danc l'vne d'enw'elles.me dit:Baillez moy la main^ouse eues en fëuretê -, & ,::
' - -. - - " ~, F "y. , ' " x
, _; 'LIV:RE "PRTEMIE'R DE - ;
~^ç trèsbien venu,' Nous fommes cinq compagnes , airifique vouspôuuezveoir,
ïQuantà moy l'on m'appelle Aphaé ( c'eft àdire attouchement )Cëlle qui porte
IcsboefteSjSe le linge,eft Ofphrafie(l'odorer.) L'autrequi tient le miroer , Hora-
fie(k veuë) Celle de la lyre,Acoé(l'oye.) Et la dernière portant le vafe plein de li-
queur,G eufie(le-gouft,) Se allons eniëmble- à &s bains paffer le temps. Doncpuis
que la bonne fortune nous a amené icy .vous viendrez auec nous : & aptes que fe-
rôs vn petit efgay ées, nous retourneîôs au Pakis'de la Royne,kquellenous trou-
uerez accomplie en libéralité : Sctenez pour certain, qu'enluy récitant le faicT:
4eT0samours,Seiuftes prétentions, l-induir-ezfacilement à vous ayder. Ences
* proposSe deuis elles nie mènerentiufquesaulieu,fortconteBt de toutes qui m'e^.
ilokaduenu:de forte qu'il ne reftoitàdefirerfinon madame Polia,pôuj accomplir
. aaonfouuerain bien,Se donner acheuement à-ma" féliciter f upreme. T"outesfoisie
me trouuois fort honteux de ce que mon habillement n'eftok conforme à flno-
ble afTemblée.Toutesfois après m'eftre affeuré Se rendu vn peu priué , ie me mis à
Êtuter -auec lesNymphes:dônt.ellefe.prindrent à rire, Se-moy aufîî.Sur ces entre-
fatctes_nousarriuafmes aux bains : qui.eftoient d'vn merueilleux édifice. C'eftok
vne place à huict angles ou pans, au dehors de laquelle y aùok deax-pilliers àflîs fur
*vn mefme piedeftal,qui commençokk nyueau du pané, Se «nukonnoit tout le
pQurprisCes pilliers fortoient de k muraille vne tierce partie*de leur krgeut ; Se
eftoient enrichis de beaux chapiteaux, deffus lefquels regnoy ent l'archkraue , fri-
*e,8e cornithe.En la frize eftoient entaillëzdes petits enfans nuds,tenans des cor¬
dons aufquels pendoientde beaux feftons-ou trotfHèaux de verdure. Surk corni¬
che eftoit pofée la retube qui eft vne voûte ronde à cul de four : mais fai&e de for-
x«èçMStogone,pour correfpoadreau refte du baftimentjSes-faces eftoient percées
à iour,en fueilîages de diuerfesinuentiôsîles ouuertures clofies de-vitres ou bié de
lames de fin eryftal , qui de loin ra'auoient femblé plomb. Le Pteryge (c'eft à dire
lepiiwacîe ou lanterne ) eftoit vue poinélepareillement octogoneTur laquelle y
znoit vne pomme ronde;Se furie centre de cette pomme vn pyuot ,auec vne aifle
tournant à touSïVenS;.Puis.deflus vne autre pomme, moindre que la première d'v-
- ne tiercepattic,auec>npetkenfantnud,ayant la iambedroicle pofée à ferme fur
içelle,Se l'autre fufpenduë en l'air. Le derrière de k teftceftok creux iufques à h,
bpuche,en forme d'vn entonnoir :,Selàeftokfoudée vne trompette qu'iltenoit
,4e fà main gauche près l'embouchure ,8e k droite vers le gros bout-.îe tout faiéfc
4jçoiyure doré bien.polyjlfemblok que l'enfant foufflaft Sans le creux de cette
^rerapecte.Et pourcequ'ileftokfacilement.tournéà tous venspar le moyen de
l'aide qui eftoit au defïbus,le ventquiluy donnoît toufiours au derrière de k tefte,
,.&pafToitpar dedans cette ouuerture iufques au corps de k trompette, k faifok
fcnner haut Se clair.;: Mais adonc en vn mefme inftant le vent auoit efbranlé les
Carrobes^Se donné dedansle,trompette:parquby iemeprinsàfousrire delapeur
jqnefriuolement'i'aMoye.eu'é : Secogneuque l'homme quife treuue tout feul .eft
,'pays eftrange,cft bierifoudain efpbuuanté à chaquepetit briiy t qu'il oy t. En lafa-
^çe refpondantà toppofitede k Nymphe feruant de la fontaine , eftoit l'entrée par
" vrt.riche portail fait de k main dei'ouurier qui auoit taillé k fontaine : fur lequel
|ipr4ileftokefaîtcetiltreencharacleresGrecz3 a saMiNqOs, J
' -'.". ' -*
- ipat
poxrpHiLi, n »<&&&

Tarie dedansjcét édifice eftoit pareillement bclogbne,enuironRc tout autour


defîéges, enformc de quatre marches dëlafpc & ChaIcedoine,variezdecpu-
leurs. Les deux plus bas degrez ceuuerts de l'eau tiède iufques près le bord 4a
troifiefineilc quatriefme entieremën-tliors de l'eau.- A chacun des rtuiét angles^
' '' ' " '"-'. '.' - ." .; -:Q -...':- .
y d?iu>i 9f ,

"t* LIVRE1 FàïWlER DE


aiîokvnc coibmne ronde-Corinthienne de Iafpe mefléde toutes les efpeces 4c
couleur^uejiaturefçak peindre, àflifes fur le quatriefme degré, qui leur feruoit
de piédeftal,auec leurs bafes,chapkèaùx,archkraue,frize Se corniche. Cette frize-
eftoit taillée en demy-bofïë daénfànsnuds,çouransparmyvnieauauec petis mon¬
ftres marins luttans enfàntinementpar effors cbnuenables kleur aage , Se fi bien..
çontrefaitsqu'ilsfembloiehtmouuoirjaudejrus de la frize fuyuoit la corniche, de.
laquelle à plomb de chacune descplomnes, fortokvn tortis de fùeilles de chefne,,
entaffées l'vne fut l'au.tre,fakes dç ïafpe verd , Se liées detreffes d'orale tout4e re-
îicf,mont^nslelong dèscpins deîayoulte,Se s'affernbkns enuiron laclef , en ma¬
nière d'vn chapeau de triomphe,dedanslequely-auok vneteftedë. Lyon HériffcCs,.,
tenant en fa gueule vne boucle,où pendoientles chefnes , efquelles eftoit attaché f
vnbeauvaféà.krgeouuerture 8cvn peu profond , qui eftoit efleué au deffus 4c-?
»

l'eau.enuirondeuxcou4ées. Le Lyon4.e5chaines,:Selc.vafe5tout4ë fin or,Se tout-


mafïifXe refte 4ekroulte fait à fueillàges petcez à jour,5e, vitrez dé cry ftaLeftoitï
4e pierre d'azur, iem.ee de petites paillettes d'or., Affez près de la,.en k-terrey,
â.Uoitvneveine;dëmatierc:bruflaûte : de laquellexes Nymphes qui me-condui-.
ïpyent.mirét quelque peu eacevafe.ySe.par.4effus certaines gpmmesSe.bois.odo--
sarst, dont fefit vn-parfùmbeaucoup plus, gracieux que celuy 4'byfelets 4e Cy-
pre. Après elles fèrmerent.les-portcsiqufeff oient de métaildoréjfaïtàfaeillage/;,
aufïï percé àiour,commekvoulterSele vuyde remply dclames de criftal ,.qiiiré -

4pk vne clartédeplufieufs di,u.crfes:couleurs,Se toutesféis kfiimée ny l'odeur ne -


fprtoiemt point. Toute la muraille par dedans eftokdë pierre de touche trèf nbi-
rÇjSe.fî polie qu'elle reluyfbit çemrne vn verre;- En chàcune.face entredeux*co
,lo.mnesy auok-vnquarréceint de moulures, en feçon4élyfteauxou.pkttesbarts..
4és,de làfpè vermeil, ayâs ceslyftsaux trois poulees de largeur: à.chacun defqaelsv
«ftokafïife Se. figurée vne belle Nymphe nuë yles Njmp-bes eftoient tdifférentes- :
<£n çonten|ces,tp,utes de pierre Gak$:ke,aufïï blâche que fin yupke,nouueau,Se^
«elles eftoient pofées furvne moulure, qui ferapportokaux bafes dès colomnesj*
. Q comme ie regarday cesimages ainfî exquifement taillées t' Cërtesplufieurs Se :
plufieurs fbismes yeux furent deftournez,dés vray es Se naturelles j pour contem~
mex,-, les contçefaitçs. ..E'ëpâué dufonsau deffouç del'eau eftoit de mufayque af-
If mblé4e menues pierres fines-, 4efquelleS'eftoient;exprimées toutes fortes Scz
Baanjeresdëppiffons. L'eau eftoit, temperémentehaudey non par chaleur artifi-.-
ciele,.mais feulement parla naturelle? ôe.quiplus eft, fi nette. Scckire, qu'en re-Y
gardant dedans , vous eafïïëis'iugê ces poiffons fe mouuoir Se fràyèrtout^u long
des fîéges où ils eftoient pourtraks au vif,c'eftoient:;carpes -, brochets , anguilles,. ...

tancbèsiamproye%alpfes,perche$,turbot4^
; flf esseicreuiees,§t infinkaittes,q,ui fembloient,re.mueraumouuementdereau!1.;
tàn.tl'ûmute;apprQchpitdel.anatute.È^^ y auoit vn ;
I}aulpî4n taillé ën,dëm^^^
ieune fifs fur foii dos,leq&cl s'ëfbatpit d'vns iyre.De l'autre eofté à l'bppofitë4e la.-
f prte,fur k fontaine ieftokfembkhlemcnt vnautre DaulpMn , fur4equ.el eftoit -

monté Neppineiténant vn trident ,4ë la mefme pierre Gakttke, rapportée fur le-
fons noir.dôla':muraUle..Efqftelsouurage$4efculptçur n'eftoit pas moins à louer?
quel'AtçKfe
k
pJaifaiités-.-D.^may fêllésy &T ri''e;ûff9xfçe4t^'ip^Ja]e«i.ent'faifB :compacaifon entre- *
,p^ur.païf?e3Se ^
mentie me trouuay en gran^pîaifiEièifarisf^étiôà de courage^ parmyeespàrfunSB,
%£ejimwSjplu&Q.4^^^
-,» * » * ^ .

'y ... ? TOXLjyHI §;!.,'-:. , .^


:3îiite.Xes'DamoyfeIlcsfè defpouïllerent Se mirent leurs ricnesvêltetHenis'furie
* ^dernier degré qui eftoit hors de l'eau , enuclqppans leurs blonds cheucux en bel¬
les coiffes de fil d'or. Et fans aucun refpectde honte ,' mepermirerit librement de
les veok toutes nuës,bknchesSe délicates1épofEble,kuftoutcsfois l'honhefleté^
-qui fut par elles toufiours gardée. Leur charnure fembloit proprement à rofes
vermeilles, méfiées pàrmy de la neigeidont mon cceur eftoit lors tant efmcu que
ie le fêntois trefkilIkd'efmotion,tantil eftq;itfurpris4e voluptéxar ilnepouuoit
affez eonftamment réfîfter aux affection^véhémentes qui l'aflàill oient de toute*
pars : néantmoinsie rn'ëftimay bicn-heuteukdeiouïrdecettevifîon excellente
iûr toutes autres,kquelle m'embrazoit d'vneardeuramoureufè, telle queie ne la
^pouuois bonnement endurcr:maispour éuker à tous inconueniens,Se pour mon
mîeuXji-e dçftournoisf ouuentesfois ma vcuëde k beauté tant attraiante. Et elle*
«quiprenoient bien garde à mes faços indécentes, ^Se contenâces par trop fimple%
-en fouhribient ioyeufement, tirant leurpaflcterhps de moy : dotiti'eftois affez fà-
«isfak comme defirant leur complaire en tout êc par tout , pour acquérkleu*:
tmiincgrace. ... .

( l
MiVRÊ l PREMIER D

Ainfî iëfouffrbis cette ardeur en merueiileùfrpatience,Se;màpafïïon efloit acco-


pagnée d'vne honte modefte, cognoiffarit que i'eftois indigne de me trouuer en
ce.tte4iuiaecompagnkipa!r laquelle (combien quefouuétie le tefufàfFeenm'ex-.
*-,
. POLIPHILE «
* zr:
enfant) ir fusrontraincl d'entrer dedans le bain ,t comme vne'. Corneille cntrcles
Colombes parquoy ie me tenais à partrouthonteux,les yeux înconftansSe mo¬
»

biles oui n'ofoient regarde! obiects tant excellens Se finguliersi Adbnc. Ofphra-
fîémé dit: Mon amy, comment auezvous nom ? Et ie luy.refpondy humble¬
ment quërl'bn m'appelloit Poliphile. lime plaift bien (dk-elle ~) fi l'effecV y-
accorde.Maiscommentfenomme-voftremaiftreffe?Polia>ma Dame dy-ie lors : à--
aUOy promptement elle repliquà;Iépenfois que voftre nom figmfiaftfort ayme:
mais à ce que i'en puis cemprendre,c'eft à dire l'amant dePbha. Ordites ventefi .

elle eftoit icy mairiceiiant,qu' entreprendriez vouspour fon feruice?Ié refpondis,


ie- mettrois peine de m'auacer à la feruk felo leméritedefapudicite Se l'honneur
«me ie doisi voftre refpect: Adonc elle me4k j, Mai* encores^oliphil^luy eftes^
tous autant affedionné que vous feignez-eftre fon ieruiteurî le luy réplique Ma^ -
4ame ie vous>rotefte que ma vie ne m'eft point tant aggréable que mon beau
fuiet aufïï ie luy ay tant voué4'amkié que fi l'extrémité d'amour- fe peut eflimef-
on la trouueraen moy pour fon occafiom Oi\ eft-ce doncqiies4it-elle,que vous :
auezabandohnécét iobie^tant extrefmement aymé. le refpendis qiïei« nefça^. :
\ .
aois Semefmeie&f dis ainfî,iene fçay en quel lieu ie fuis,ny quelle auàntirre !-
roeconduk:Xbrs en fe fouf riant elle me 4i^^
roit recouurer voftre maiftreffe? Ne vous donnez plus defpucyyfaitesfbomie-
ckereSen'affli^é;splusvbftrëcceur,vousktrouuerezbietttoft. Auiectelsdéuis les r
Nymphes feblmerent Se moy auec elles;Mais affin depourfuy ure mon difeours, :

toute lâ'belre fontaine par dehors oueftoit'kNytnphe dormant, Se le Satyre,ily Y


enauoit vn autrepar dedans le bamdbht k figure eftoit de cuy ure doré, rap-f"
porté fur vn marbre blanc,rabaiifé en quarré,Se coftoyé de deux colomnes4e;4ë- "
my-boffë^puis-au dëffusvn archkraue,frize,corniche,Se fi-onnpice,gra»¤z Se tail¬
lez du mafïïfdela mefme pierre. En cette fontaine eftoient^dëtix Nymphes,
quelque pttt'-moihdrës quelematutel , veftuës d'vn habillement voilant, Se ou- .*
»ert au long dés cuy ffësyies manches rebraffées iufqu es «ta eipaules , Se les bris -»
-

nuds,qu'il faifoit fort bon veoir fouftenâs vn petit erfântqui auoit fes deux-pieds. "
îjpfez fui' leuKmams,a fçauoir ie droit fur la main gauche de l'vne, Selè: feneftre ., -:

fur k main droite de l'autre. L'es vifages dés trois fembloiènt rirçà/boh efcientîP-
C-és Nymphes leuoient de leurs autres deifx mains , lesveftemensr'dë ëét enfant^î'--
- Se4e defcouuroient iufques à la ceinture par deflus. le nonibril. Il tënoicà fe- ;s
deux mains fa petite quvjiet^SC-piffoit dé l'eau froide ëôrrrtglàc4qui1ëmëfÎPit
parmy la chaude pourî^ttrêmper Se attiédir. le metreuuois là: en grand conten¬
tement d'efprit:maislé -principal de mes piaifirseftoktroubié, par me veoir fi -vil -"-

& différent delà beauté de ces Nymphes, npir-eommë vn Ethiopien parmy cette:* ;

excefïïue blànchéùndont Acoé en fous~riântme va dire de bonne grace;Polip.hii -


îepren cevaiffeaude cryftal,Se m'apporte.vn petit d'eau fraîche. Qupy ehtëri'dàt -

&ne4efirantque leur complaire,Semerendr-eferf&fujetpbUr leur faire qp'ej----


que feruièe,y courus fans raaly- pe-nfer -..mais ie- rfeuspas"-fî toft misjé piè4furf n .

degrépour m*approcher4c l'eau tombànte,quë ce petit enfant leUafâqâynette»


Se mepiffa droit contre lemilieu de kiaçe, vn traict d'eau fi froide Se fi forte,, -;,
que ie cuiday tomber à lâ?renuerfè:de cette a&ion il s'eileua fi grande rifée entre ;
ces filles que k.voûlte en retentit tPute,Se bien que-i'euffeéuvne grande apprè*
henfion ayant efté furpris,fi eft-eeque i'eus après ma part du plaifirriant .comme
elles:Puisaprèsayâtauiféletout,i'appe
fementtrouuée:çàr en 'mettant fur vndégcé.'mouUaiit qui éftokià-îqueîquèpe- :'
Êuteu,r,û tkokamont par vft,coritrepoix iàpeti.tc quynet|« de l'enfanEyparquay
-'-' '"-." - ."" ' i " , 'y G? '«iijv-v .
LIVRE PREMIER DÉ
entendue la fûbtili té de l*ehgin,ie deirieuray bien fatisfak. Au4cfms du quarré
dans lafrize eftoit ce tiltre en lettres jVttiques : TE.AO i As t© s. wc'eft à dire ri*
diculcjou faifantrke»

Aptes que nous fuftnes baignez a noftre plaifîr , Se faic*t ces ioyeufes rifc'cs , ac¬
compagnées de gracieux d^e^nous for«unesi de l'eau tkjcûe , & repolîmes fur lp
V

PaLIPHILLEY . - ag,'
4èi-nier4egré,oûies Nymphes fe parfumèrent 4e ces liqueurs àfômâèîques,Serh^é-.
- donnèrent vne bouëtte.Cette onélionme fembkgrandement prbfitable à fiffuë->
du bain ,,àcàufé que outre fa bonnefe^tèur , mes" membres^afroiblis Se àebilitezx
4ekpeinefoufferte,cn furent foudain recréez.Ië m'habilky leplus diligemment^
qu'iime fiitpofïïble: Mais les ©amoifelles'dëmouretentvn peu longuement àl&r -

parer Se accouftrer. Puis ouurirent leurs drageoks pleins de bonnes confitures^,,


dont nousprifm.es réfection, Se beafmes d'vn bfceuuage délicieux.La collation pa-
ïacheuée-,eiiesretournerehtàleursmiroërs3iSe regardèrent foigneufement à leur"
accouftrement de tefte,fî tout eftoit en ordre. Cela faict. -, couurkét leurs cfieueux* -
de crefpesdéiiezj difànt. Allons toft Poliphile vers la Royne Elëutherilide, noftre ::

fouueraihe Priaceife..ybus anrez,enfa compagnie plus de palfétemps Se de- ioye :t


qu'en cet endroictvPuisens'efbatâns me dif oient. Vousauezeud&reauparlevi-*
iag,e:Se. adonc î-enouaelloienïleurs rifées,Ses'efbatoienfrainfi deparoles ioy-eufes*
fèfaifantfîgne du. coin de i'ceil l'vne à l'autre , en-me regardant au milieu de ia-i ^x
trouppe. Après elles commencèrent à chanter, doucement vneMétamotphofe-
©u transfiguration d'vn amoureux.quiiecuidoitparoncl:ionmuer«enoyfeau.mais.,' -
gar faillir.de boette;, il fe transfigura en AifheXeu*. conclufion eftoit-, qu'aucuns *
penfentlesoignemens eftre pour vn eifec^Seilsfonedireclement^aur-yn autre. ,
Celamedbnna fufpicion qu'elles garloientcouuertement de moy ,.Seaufïîleurs>
"contenances, Se foubriz à tousniomensiettez furmoy-m'e-n firent douter-: maisw .:
pour- lorsie n'y penfày pi us,eftimant& croyant pour vray,que l'oignementqu'el-
îes mauoient donné , futpour le grand bien, de mes membres-laffez Serecrëua y
4ë peine.Mais incontinent mefenty tout efmeud'vne chaleûr-kfciue, tantvéhéY' ' '"*'
mentcque ie ne mepouuois contenk.'dequoy ces Nymphes affèttées rioient en- -
. tr'ellesàpkiïïr,ço§noifkntaffezmamaladiejkquelIe-5'aagmenta déforte, queie ;*
ne fçay quiretint mon ap.pétit.défordonfhé,qtte ie neme iett£fïë-,entr'elles,,.com- -
me vn Autour eiivnecpmpagnie de;perdris. Et d'autantplus fe renforçoit .moni>-
4ëfiji que k commodité des fuiets s'en offtok,lefquels mefmes m'importunoient.": ,

d'alléger ma peine. Adôe vne boutefëu de la bâdeja mignarde Aphaé,me4k en fe*


, mocquant de moy .'Poliphile ,.qii^eft-cequetuasi: Tkte gaudifroisft'agueres ,.Sfct
maintenantietevoyttout changé. A quoy iefëy cette refponcé. îëvousfupplyi,, ".-
.

pardonnezrmoy>ma dame:catie m'entqrds commevn plier, 8e fuis qua'iî homme-."


perdu, par vn e ardeur demefûr é*e-. A ce mo telles fe mirentpius fort à ji r e que de,* ' -

«ant:Se mevpntdirerSita Pblia,que tudëfires tant , eftokicy. nous , que ,* '

îùy fer ois-tu à.cettë heure? Hélas (refpoiidy-ie) mesdames, par cette grande Ma- -

jeftéàkquellevousf£i'uezS£'obéme~z,neiettezpp
ne foufflez.pas k flamme qui brufle mon cur : car ie fuis totaleinettt?eonfommé.Y
De cette dolenterefppnce elles firentfî grand'huee ?<qu'ilneleurfut'ppfîible.paf- - '
fer outr.e,ains tomberentfuj;.l'herbe^çommc tranfies Se palmées; Adonc par vne. : i
confiance défia priueeSe familière, ie me pris àleurdire. O'mauuaifes enchantë--
oeffes, Sequim'auezenforcelé.j'metraictezvpus encetteforte? I'ay maintenant*.
Jbbnnecaufe.de vous courir fus., Se faire for ce: puis ie fis fembknt de les empoi-
1 gner,çommefii'euffeeukhardieffe^
n'euft pfé entreprendreidonî elles rians toufiours déplus en-plus.. appelloientiV- -
ne Se l'autreenfecours, Se fuyoient fit Se là par kpTakie;kijîans leurs fôuhersSe ;'
cuurechèfs à terre, ahandonnantleurs vafes, peignes-,mirpuërs,Se:autres bèfon-; - '*

gnes, ppur courir pluslegierement.. Le vent emporroit leurs rubensSé: cordons-. :

en l'air ainfî qu'elfes ailoient fuyant , Se. moy après de lespourfuyurefi viue-
îîientquc ie m'efbahy quelles &. moy ne çombafines prefque, morts, tant nous. .
'''*.'._ G--- iïij
' ,
c4ûLi>[ g-
LIVRE PREMIER "DE ;
«fiions làfTez.Gcfteplaifànte moquerie dura quelque temps : Se quand elles eft la*
jrent kffes,el!es ramaffarent leurs beaux fouliers , Se autres chofes efpandues le lpg
4es riues duruiffeau.Etàk fin ceffaat leur riféeelles eurentpitié de moy,parquoy
l'vne d'entr'elles nommée Geuûe.,cueillk vne fucillc 4c Nénuphanvne d'Amélie,
j&vne racine de Pied de veau,àutreiBéc appellee Aron, qui eftoiét creuës bié près
i'ynede lautre:Se m'en fit offre gracieufe,afin d'eflkeSe prendre celle qui me plai-
j:dk,pour ma fanté.Ieprins l'Amélie, que ië mis en ma bouche ySe.àiamangeay:
.parquoy incontinent après celle chaleur lafciuefut eftein.cT;e,fi bien queie retour-
nay en ma difpofition premier.e:Se cheminay auec clles/,iufques à ceque nous ar-
riuafmes en ymPalais fomptueuxà mefueflles.Etpourin dire la defeription. Pre¬
mièrement nous paiïames.par vne -belle vpy e droicle Se krge,bordée par lés deux
_coftezde hauts Gypies, plantez à k ligne par égales diftances^drus Se efpoix de
^branches -Se4e fueilles,au tant qu'ilspouuoient eftre félon k nature^Tout le par¬
terre hors du chemin d'vne part Se d'autr.e,eftok couud t de Paruencheazurée , au .
moins enfes belles fleurettes. Etcpnt.eabktette voye.en longueur enukon cinq
cens4emespas,Se àkfinfe.term.inoitàl'.entré.ëd'vnebeUehaye,faideà;trois pas
^enfprrrjcc de4nurailie,apin trustant de hauteur que lesCyprésqui feruoient de co-
_ Jomnes:mai§seile eftoit entremeflee 4'Orangiers,SeCy trôniers plâtez près à,près

: Se fort druz, ind,uftf ieufement ployez Se «ntrekffez l'vn pai-my l'autre. La haye
<ainfiqueiôpeucQnc,euoir,auoitfixbons pieds 4eiargeur< Au milieu du premier
.panyauoitvngrandppi'tailbjà.lavoyes'addTeffok, faiélen voûte des arbres>mef-
,mes ainfî courbez apropos: au deffus duquel en des autres lieux conuenahles e-
. toient faict es les fen eftres de matière toute fembkbfe,efquelles rie s'apperçeuoit
.par dehors figné de bois , branché, ny tronc , mais feulement k:verdui'e naturelle
des fueilles enrichies de leurs fleurs blanches , rendans vne odeur agréable entrele
.fouhait.Pareiliementy pëndok le beau fruiét, Granges SeCkrpnsJss vns meurs,
lesautres vërds:aucuns ..commencez à former, Se les autres,à demy formez , mef-
rTOe$:4 'autres prèsà aîeillk.Au dedans l'efpoiffeurde là haye , les branches.Se trocs
eftoient fi-proptcmentferrez,qUôl'on pouuoit bien à fon ayfe cheminer par def¬
fus pour aller aux feneftres,pujë promènera l'entour : Se y eftoient les fueilles fî
.drues, quelef paffans n'euffentfc,eu voir Itrauers. Par ce portail nous entrafmes
,&n k haye finguliercmentp.kifarite Se délectable à l'il, mais plus merueilleufe ;à
l'efpritîcar elle feruok4e'c!o.fture à vn riche Palais qu%rrés qui fâifoit le quatrief-
^me pourpris auec ces trois de ver4ure.Chacun des panskieiâ muraille contenoit~
jenlongueur fpixante pas.Laxourteftok enuironi^ee de cette haye ,îSc au milieu
ji'icelle vne belle fontaine d'eau claire comme cryftallin , qui faillokcbntremont
quafi auffi haut que le clos,Se tombait dedans vn grand baffin de fineAmethy fte^
comprenant trois pas en largeur pour tputle-diametre.Lagrofîèur-eftoit de trois
1ppulçes,dimir>uantpeu à peu vers le hordj,quin'auoit qu'vn poulced'efppis , Se
toutàfentour4'iceluy par dehors teftoient entaillez des petits*-monftres marins
de baffe 'taillesrllrepofoitfurvnpilliefdeîafpfcde 4iuerfe.s...CQjtileurs , méfié auep
. Chaîcidoine,diaphane de cPuleur de l'eau de la mer , fait en form e de deux beaux
:.vafes à col eftroi£b Se ventre gros, mis rynfurl'autrjCVfonscontrefonSySe entre '

,4eux vn pommeau ppfé fur vnplinthe.depierreOphke, tout rond, Se leué enui-


-jroncinq poulees de haut,encl3s d'vn a Wrebafïïn de Porphyre; fait en k façon
d'vne cuue,montant la hauteur de troispieds, A l'entour du pilliei%y,iauoit quatre
Harpies de fin or,ayanrfès pattes eftendues fur le plinthe d'Ophit.ç,4eïdoz tour-
nez à ce pillier , Se oppofites l'vneà l'autre. Le bout de leurs ailles s'eftendokiuf-
^quesfpuslebafîînd'Amctlîifte , comme pour le tenir en l'air, Les vifàges fera-
-."-"' - ' * . " bloiene
r "

- -,. .POLIPHILE. %9-


'Y bîoientàpucéilc,?sTOàî^ leufs-queiiës eftoient dg ferpensiçntorfciîlées tefiniffanfe3
<-: en fueillage* antique, qui s'affemblokau-plus haut-du p-illier droit fous le fonds..

< de ce baffur,en forte qu'elles feruoientd'ornemensfupçt'be Se magnifique. Au mi*

' lieu du grand bafiîn par le dedans,Se àplombdupillier, fortok vn vafe vnpeulon-
- guet,expreffémentrenuerfé fur la bouche. Se deçpf.éde-b,eau,fueilkgefaiét.,4e.k '

.mefme pierre du bafiîn , autant eminençpar dehors 7que le bafïïn eftoit profond, "
y^efouftekoit vne bafç,ronde,deiïus laquelle* eftoient poiees les trois Charités pu
Grâces nues, grandes comme le naturel, faiétçs de.fin or , jointes dos contre dos.
iettans l'eau parles mammer,0ns4comm.epetks.filets défiiez, qui fembloient ver.
- gettes de fin argent. Chacune d'içellestenok vne corne d'abondance , lefqueiies
s'affèmbloîénttputes en vne, vnpeu au deflùs de' leurs teft.es. Entrelçs fruits Se
r- fueilles quifai.lloient des cprnes,fortok l'eau par fix petits tuyaux * Se i'ailliffoit en
Y hautàregaldfikhayepumurkiifede verdure. L'ouu'rier pour garder l'honnefte-
. té, auoitfakque chacune des trois Dames tenoit k main droite fur k partie qui
doit eftre couuerte.Deffus les bords dugrand baffin excédant d'-yn pied en largeur
.par toute fa ckcpnférence,le plinthe d':Ophite,eftoientfîxDragoj3s d'or, plantez
,. fur leurs pieds par égales diftançes^en telle forte Se induftrie., que l'eau fortant des
- retins des trois Dames, tômhok droidemétdans leurs teftes,aui eftpierit creufes ...

; Se cauécs:puis l'eau refof toit par leursgueules , Sfi venoit chepk entre leplinthe
4'Ophite5Se le baffin de Porphyre:auqueIy auoit vn canal d'vn piedSedemy de lar-
-.-,. ge.Se de deux enprofond. Le refte duèprps/des Dragos eftoit couché fur le creux

du baffin , tantqu?ikvenoientaflèmbler leurs queues guife changeoient en vu '

fueilkge antiquëvduquél le vafë fbuftenanties trois Dames,ëftoit.compofé , fans


que le t>affin en fut en rien difforme", ny.empefché par le dedans. Mais k reuer-
beration de k ver4ure4es Orengiersalejaft^e déjàpi.erre,Se k clarté de l'çau,cau-
foitaux regardans vi-iediufirfîtéde coukprsitelle. qu'on les voit en laïc du ciel. Au
-ventre du baffin par le dehors * -entre deux Dragon» fortoientdes teftes de Lyoji,
vuidanspar certains petits tuyaux l'eau quidiftilloitdes Cornes d'abondance: k-
quelle après eftre-.montée bien haut,retombok dedans ce baffin, es endroits bù e-
ftoien tees tçftes de Lyon ;? faifànt vne jréforinanç.ç douce Se graçieufe extrême*
. -,., .

.,v.ment. ' .y. '- '.-'.' '" "" Y ,

SI-
*mmMmj&m.<**iHm.m>jSir-*>w*"""J!' ''"-' l-1-'1-'-"

3-'
^^POLIPHILB. é°
'X,ouurageeftoitfiexcéIIent,queienecroypointquem3ins4r,h'5mesl'ek
,

fairicar il eft impoffible de le bien defcrife,Se à l'humain entendement de le com-


: -

- prendre. Toutesfois ie puis dire , que iamais en to u t noftre temps ny auparauant


(que l'on fçache) ne fut veuë befongne auffi parfaiéte : tant s'en faut qu'elle en ap¬
prochait. Tbutekpkceautourdek fontaine eftoit pauéede quarreaux de mar-r
,?f>iede diuerfes couleurs Se figures. Au milieu de chacun quarreau eftoit rapporte
vn rond de.Iafi^e différend en couleur. Lès coins Si angles des quarrez hors des
«ronds,eftoientfigurez àfueilkge.Entrelesquarfeaux Seàl'enukon dctontlèpa-
.ué,y auoit des bandes bu lizieres pour feruir de fëparatiô , fakesdëfihe mufaïque.
C'eftoit vnfueillage bien verd,accompagné de maintes fleurs.iaunesyperfes, ver-
;meilles , Se violettes, compoféesdepierres menues, cubiques,fi artificiellement .
- iointesque cela fembloitvn tableàuuëpkttepèintureJemetrouuay toutfurpris
,-4e"ces chofes,caric n'auois.pasaceouftumédevëok fî excellents ouuragcs: &m©:
fuftè volontiers arrefté pour ie contempler plûslloifîf,ma-is il me canuenoit alors v ~

Xuyurelcs Damoyfelies mes guides & compagnes. "'Y.' " Y


-' La marque Se regardde ce Palais fcmbloitproprÊmcntrircauxysuxiparquojr
.

tant plus i'én approchoisiplus ie le trouuois digne d'eftre contemplé , pour k ri- <

,cheflèdesmurailies,î'excellence de la peinture, la difpofîtion des colomncSjSe k * ;

diftributiondesmem.bres,commefàlles,c'hambres3;gallèries>)Sed£Sces.:Là;eftoient , '
lesprouëffesdumagnanimeSepuiiïànt Hercules^taillées endemy boffe ,Se fîpro-
p rement dénuéesjque les .figures fembloiént féparées d'aucc le fons ,Se fi eftoient '

.cnuironnèesde4efpouïHes,tiltres Se trophées d'vnnompareil'Se admirable àrti-


iice JMais qu/elle entrée?quelportique>quelperron 'Certes ien'ay À qui le Com¬
parer :cartput eftoit tant fîngulier,que toutentendement parfaiélfërpit trop pe- T

tit Se débile pour en faire k deckration.Laviz Se montée eftoit forte.xquife, cou-


fidéré que tout l'artd'Architeèturey eftoit employé. L'arceau de la voulturedek
porte eftokrabaiffé par defîbiis entre deux mouiures,àparqiiets-rouds Se quarrez, "

- ,Separdedans,femé derofes:Sefueilkgesdedemytaille,réhauffèesd'or,Se lefons


couchéd'azur. DcUantcetteporteeftoittenduevne-courtine tiffuëdefil d'or Se ' ",
.de foye:Se y eftoient paurtraittes deux belles images, l'vne auec tous les inftru-
jnens conucnablesau kbouiage ,;Se l'autre contemplant le ciel. 'Quand kous fuf- ,

mesarriuezdeuantcette courtine , les Nymphes me prindrent parla main pour


me faire entrer, difant:Poliphile, ceëy eft l'ordre qii'ilfaut obferuer, Se par lequel
on doit vcrtk.à la préfenec dëk Royne noftre maiftreife. Ainfî qu'elles me dk en* >
' ïlu'eft permis n'y loyfibleà aucun d'entrer eri cette première courtine., s'il n'eft
reçeuparvac Daqioyfclle vigilante portietCjftom'mee Cinofie(muable, ou mou-
" uante) elle nous ouyt incontinent,Se vintànous^entr'ouurâtlacourtincjparquoy
auffi toftnouscntrafmcsXà eftoit vn petit efpace , Se après vne aujtre courtine,
pl*ipiie quekptemiere,diuerfifîée de toutes fortes de'eouîeurs,Se de toutes ma-\r.
;nîeres4e]:beftes,depkiTtes,d'h%rbes, SedeiîeUrs, d'exquife tapifferie, Làvintà îv~
nous vne.autre:portiereno'mméelndalmeiie(feintife)qui fembloit merueilleufe- (, -

menrcurieùfè:coiitesfoiseiIfcnoasTeÇeut'b"énignement3Se.butkitkfecôde cour-'. " ' -

,- . tine;nous'memnt au dedans. En l'âu'tie'cfpâce ou ent-r edeux, yauok encores.ync


-tkrce.cou;rtinetilïuëpargrande;excellcnce','Se'pcinte deplufîeiîrskffets.,Iyenï, -

-crochets^Se autres inftrumens pour attadlér,tkër,Se rcténirtà la garde de laquelle f^S^ÏÎ


.eftoitvneautrc matrcTOeho^pitàhercfort gratieufe,quê Ion appejfoit Mnempiy- r<:> -

- tie,qi4njus-ouuritincontirrét::Se:adb&pbut réfolution mcs-conjpagnes nie ..pue-,,

fëetere&tdeuaftdâMaieftédëkRoy'ae Elëutherilide;' ' '''f '"*' :» . » ' >

'.::* . - -.Y '-' - ' ' .-':-; '- '. -' - *y-\B-" :ij '' -;'" ' y" ' , ;

*
LIVRE PREMIER DE*
i' EX'C EL LE N CE- D '&

O M M E. ie fus deuant la première hiiyffiére elle- mê -


confidéra auec .quelque efoahiffement, Se' après queîè
i'eu-sialuée félon mon deueift elle me reçeutfort-fàuo-'
rablement ,4? iris quand i'ettfpaffé les troiscourtines", ié
frouuay vn grand pprtique,en forme d'vne galerie baffë
& ouuerte , quicontenoit en Jongueiir autant que tout
ie corps du Palais. La voulte- eftoit de fin or «bruays,
peinte à fueilkge ëntr-élaffez-de rameaux , meft&z' de
fleurs. de bonne graca. Se de toutes manières de petis
,oy filions, repféf entez au naturel en vncmufaïque faite
dep-iertes-precieufes. Lés murailles eftoient couaertes
de" méfme oilurage Se matière : & le paué fembkble à cejuy.4e là court-dard'chôrs;
Xa matrone portijere delà dernjer.e courtine , m^dmonnefta Sèàduertk que ie ,

fûïreaflèiu-éSeconftant,kns.crainte,i-éfoîuàkpcrf4ieranceSe à mettre enexé-i


' ciition tout ceque k Royne,me.comroanderok3 mepromettânt qu'il m'en auié- -.
àïoit tout contentement fchonheur. Après ees.-remonftrances elle me mit dedâs
' le Palais, où ïé.vis -des fingukrit'e.z plus diuinësquêtranfkokes : mais entre autres :
vn appareifmerueilleux cfuife dreflok envne courtiarge, bien ample Se fpatieu-»
fe', au deuant d'vn grand corps d'hpftel, patfakementquarré : qui c on tenoit foi-
xante quatre quarreaux en iongueur,Se autant-enlargeur. Chacun q^arreau auoit
trois pieds de mefure, faits en forme d'vn efchiquier, différens en çouleur,l'vn de
' làfpe rouge commëCorailj&i'autre de Ialpeverd tacheté de gouttes fanguines. *

Le bord du paué eftok vne bellefrize en fueiikgede Mufaïque, ayant vn bon pas' .

4ëlargeuï,,.compofé de petites pierres fines, comme Iafpes, Prefmes, Agathes9 J

ChaicedbmcSjAmbrejCryftaljIayetjSe autres, toutes d'vne grofleur Se quaA't-urej ;


fi iuftement ipi>î.tesenfëmbl:e,.que.l'on n'euft fçeu difcerner les jointures. L?oû-i
urage eftoit fi plein,pply, & tant yny ,^que qni euft mis deffus vne bpule bien ton*
dè^ elle euft.toufipurs efti eamouuement. La frize eftok encores enclofe Se en¬
vironnée d'vn autre, bord large de troispas,., figuré de beaux entreks des mefînes -
pierres Se ouurages.Aulongdesmurailfesàl'enroir delapkcey auok desfieges -
dèibois de Sandal rouge 8eiaune>couuersdevelouxverd, Se'de qua-rreauxi-pîeins
d'vne matière molle0cpmme d.uùet ou çpttojn.. Le yeloux eftoit attaché airbords
dit banc à petis cîoux4ë fin psp».-fù.r vne liziere d'argent marteilée,, en façon de ru-
îjàn.Lësmurailles du Palais eftoient reueftuës de lames d'or, Se* ornées defculptu-
rescbrçefpondantesà matière tant précieufe,,4f.parties en fept qu'arrez , par pil»
> tiers de moulures de mignonne proportion., Au milieu de chacun.de ces quarrez*
- y à,uoitvn chapeau de triomphe,çpmpofé de toutesmanieres de fruits Sefvreitk* -
fesîcontrefa'ksaprès le naturelle fine^pierresprécieufes,felon les couleurs,qua-»
téZjSe reffemblaaces nèeeftàkes, D edânile vuidé d'icetix ronds ,; eftoient ent|%
«--,

- '. ,iv.:Po::in?PHicE2..^? u. .' ' p


lèi-8e cifelezàdcrny-boffejlesfeptPknetesauec leurs, propriétez Se nature. Lu }
demeurant du quarré hors du'rondjeftoitenrichy de fueilkge de fin argent5limé
Sé< rapporté deffus klame 4?or.Téllé eftoit là Muraillê-du premier fronts Çelle'du

coftéo-auche eftoit toute fembkble, auec les quàrreaux &chapeauxde verdure,.


cbmmfeles précédons, en nombre,prnement,Se façon, referai qu'en ces feptrSds
.eftoiehtles4ëpttriomphesdecéuxquifontdominezparlesfcpt Planètes ,Se en- -
clins.aleurconftelktion,faitsdu mefme ouutagçSe.matière. Au coftédroitie vis Y
d.edansles ronds,les feptharmonies.ou concordances des fept Planètes, Sel'én-
ttée dëlame dâs le corps, aiies la réception des qualitez infuies par les.degrez ce-
leftes. La qUaniefme muraille eftoit comme les autres , fors que kportèoçcupoir
l'ëfpace du milieu. ^Se'les autres fîx efpaces eftoient de k mefme mefure, propen>
tion , Se correfpondànce. Ces ronds contenoientlesinfluxiâs & opérations prç«..
-cédantes de l'inclination des Planètes, exprimées pac belles Nymphes, auec les
efcriteaux,tiltres, Se enfeignes de leurs effects. Lefeptièfme ronffeftokfituéau;
milieu du-frôtifpice du portail audrokdek Planète du Soleil^ qui eftoit plus haut; -
que teslïx autres,en k murailî-epppofite ,' à çaufedu fiege delà Royne , qui eftoit; ,

plus éminent que les a&ttrës.' Ainfî toutes les parties correipandantcsj l'vne à l'au- '
tre eftoient égales ou fembkbles,ennorabrè,enaffiette,Sc matiere,chacun pande «
muraille auoit en longueur vingt Se huiéïpàs, tellement que la court e'ftpit quar-<'
i'eeJcouuette4'v».înèrueiîlcnxartific«.C'eftokvne treille d'or,tant induftrieufe- :
ment taillèe,qU'il eft impoffible delà feign .dlélarer. D'vnpillier iufques à l'au treY?
qui faifoient les quarrez de k muraill4,yauok diftaricede quàtrèpas énfept diuij- Y
fions s qui eft le nombre plus aggreable à la nature. Ces pilliers eftoient depief r-0 'i:
d'azur Qriétale,de viue couleyr^Sefemée de menues paillettes d'or : les faces def-
quels entre deuxmoulureseftojemj#ritailléesdecan4#labresigrote(q>u,es,fiaeilla- -

ges,arabefques,corhes d'abondance, vafes,mafques'>Sàtyres,moHftres?paluftres Se


autres b elles inuehtîôns Se deuitèsd'ynefcùlptmë fi ronde^ qu'elle fembloit eftrg
dferelief toute entière, ,Y -"Y -, , '--'.'.* "'"
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Ces pilliers faifoyent î'interaalle des quarrezoù eftoict les chapeaux de triôm->
phe,garnis deleurs chapiteaux,bafes Se ornemens,conforrnes au refte de l'uuurç.
Audcffus eftoit l'archkraue,auec Ces linéam.ens,,moulurcs , Se lizieres requifes or-
nces 4e billetteSjContinuées Se 4épartics de deux.en deûx:puis la frize entaillée de
vîafcuiptûre fuyuâte. C'eftoient des telles de bceuffeichesjes cornes liées de tref-
fes pendantes auec deux rameaux deMyrte,entrauerfez Seliez fur leur iointure,
deuxDaulphinsayansIésaifleronsSeléboutde leurs queues figurez en fueilkge
antique,Se tournées en rond : dedansk réûoÎHtion dcfquelles eftoient petis en-
fans qui s'empoignoient aux deuxeoftez de la rondeur La- teftë du Dauiphin
>

eftoit auffi faite en fueilkgefburché , vnepartierenuerféedeuerslepetit enfant,


l'autre fetournokfurvnvafeà large ouuermre, finifïànt en tefte de Cigôngne, ,
ayant le bec dedans la bouche d'vn mafque , auec petites billettes enfilées. Les
chcueuxdù mafque eftoient de fueilkge qui enukonnoit le bor4 duyaiè., Se du
drap pendant vers le pied , paflànç au deffous du nouaou pommeau 4'keluy, Au
deffus du vafe y auoit k tefîe4'Vri enfant eu tredeux aifles.

é
I ,
J*'

Tel 'eftok f ornement Se'fcuîpture dé kfrfze, fur laquelle éftokla ebrnîchèy .<

parfaite en toute excellence d'ouuragc. Au deffus dëk dernière çy-tnaife ,' droit à-
fdomb de chacun pillier,y auôk vn yafe antique de hauteurde trois pieds chacun,»
es vns d'Agath'clgp autres de Iafpe, aueunsd'Amethyfte, Grenad ï ou Ainbre de
diûerfes eouîeurs.Scdnuentian différente,pleins,Se t0urnez,àuèca'Hfès-t,aîllèes en
figure dé fërpcns,lézards,' Se autres belles fantafïes. Ehti^e-dekxau-dïoitdes cha---
peaùx de triomphe,eftoiene plantées desioliues quarrées;fièhe'ssd.epointeSe de-'"
bout , ayant fept pieds de hauteur, ttfutes de fin or , creuiës ppuf4ou,te de trop--.- v
Î;rand charge:par deffus lesquelles il y en auok des autres qui tràaérfôierjit. toute --'
a courtjSercpofoientdeffcis d'autres foromiers abbutiffans furk AïaraiHe oppov
fite'.Se eftoientfepten nombre ., feruant depofturesentrauerfe'es'de menus foft*-'
ueaux Se cheurons auffitous d'ors en façon de k charp enter ied'vflé treille pkttëi -
Des quatre vafeseftans aux quatre coins, fortoient grans fepsde Vignes ,.Se plu,^
fiéurs autres herbes différentes,comm'e Voluble,H'obeion,Cheur6fueiLTfo.ëné,>:'
Se autresfembkbles, toutes d'or , qui s'eftendoientpar defius la chlrpenterie en
plufieurs' iranshes & rameaux entremêliez,: embraffans î'vjie l'autre en façon ^
d'entreks ,par îyaifons belles Se iîng-ulierës; de forte -qu'elles couuroient toute ''
. cette belle courtd'vno-uurage riche-, ou pour mieux 'dire, inefèimable : car les--
fueilles eftoieiitd'Efmeraudes,les fleurs de Saphirs, Rubis, Diamans, T©pafes,Sé-'-
autres pierresprécieufis,mign'onnement ordonnées Se difpoféesfeîon léars cou¬
leurs. Atrauers ce fueilkge pareillement y auoit des raihns contrefaits d'Amer '
thyftes S,s:aua-espiciïesexquiiès5de-:coukuraifortiffînteau naturel. C'eftoit viie-'
defpenfe infinie que de ce baftiment :car toute la treille reluiloitdVnémerueil- .-;.
îeufe ckrté, non feulement pans k matière qui eftok incomparable-,- -mais 'auffi ;

pour l'artifice nonpareil, que ie ne peu iatruis-'-eomprendre par quel art ou inué--
tion cet u ure auoit efté dreflée,non pas ra,efm;es déterminer fi elle eftoit cloiie'e, -
fo'udéejenchafféejriuëe, fàrtie oupbfée à vis ; Ce qui mefemb-lbk'impo.ffible en
vjie- cGUuertur-e fi grande , eatremeflée de. lyaifons.Se- .entrëkfîin'es tant- diûerfes,
/- ^ ' ' : ' '-B- 'iiij--*
; _ . '" - c£oU>\$* '. - '
LIVRE-.BRE-MLER -..DE
- Xà:Roynemagnanime,8e decoDtenancêKoyale,eftoitaffifeer^|effèbien réf.
fembkntevne:Déeffe^^
tre le premier front du Pakis,à l'oppofite d<; l'entrée. Elle effort ^d jn <kg>
Y d'or «ai<â,Se fa-tefteator née d'vn diadème defoye cramoifie comme à telle Da.
* meappartenpk,bordée4'vnbotlet de greffes perles reluy fautes au long de fon

, ondoyansfur fe, temples,diuifez par derrière 6n4eux trèfles a trois cordon, ^ha,
' cune ramenée aux deux coftezpar deiïhs^spreilles & nouée au fommet de k
:Sfte,auecvnb0utondefinespk
" fortàt le boutée ces cheueu/en lieu de hquppe Je tout cowjert a vne ?^c délie.
.

Ybordéd^epourfiluredefild'orvc^
.dêmedroi&audëahsdufrorit eftoit attache vn riche ferma ^ «/^JJjJj
V^e"ëXileaUokvnbeaucarqua^^
Y jufques entre fes deux tëtins,fi belle -fi"çquc 1 o» £* b^& W £^«
1 " Ae ha Cette baaue eftok vne table de Diamant en ouale grande entre, les plus

ii-bs C* bondes bruts & brillants comme dmodelics aUuinfics. &» chaul.ure e-

4e pierrene.auec les ttocs. ou transes cie ma oi,ptuv,i^ .,*... j/../

îlleftredefenthrofne^ftoienta&feslesDamesdefa eourt,en granité modelée


&bémgneveftueS4e^
«lu^agréablementëien.LaRôyneeftbît au miheu d el es en grandpompe & ma.
LificSiceveftuëdfvnaccoufti-ementbord 4e;pierrene? en fi grand abondance
^uel'on euftdiaquenatureaubk làfreflèA%^«^ s toiles perrespré-
,,cieufes4pfesthréfors. -,,..; . Y ,1 \ : «, i '.
&fcy
.

.Ouan4iefusarriué^euantkRbynçiemem!Shum
feiskFeuérence:Seincontirienttoutesles -Dames fe leuerent meu es (co^ «»
croy)deknouueautéde-me veoir. IVftois.fcWoint.de doute m«J
:lcufeadmkation,pefan^^
-
^
«lyd'eftonnemenW^^^^
Se defîrant fçauoir nouuëlles de moy,fàifbientfîgne à «*m "^^^
.. towdoienttowbasenVoKSUcqui i'eftois,Se «^f^S^X
lesycuxdetouceraffiftîtwç^^^Pl0?^4^^^ ? empcicfieza-me 10
,, garder.. - -'y '" ; ' .". -' 'i " ' y
-'''. ">;. '...'. "Y -, : - Y -'- "; . - Eftant
-VO'iïPHtiUV..: ï) .

';

rMri,«Min-il»rll.

. E'ftant àinfi à-Hèux gçnouxdeuant cette majefté,se metrouuok efbahy Se hon-


"

,teux.Adoc kRoyne interrogua mescôpagnës.de îa-mànicfce de ma venuë.s.& cô-


me i'eftois entré eiî ce Palais. A quoy elles luysracompterent tout cequi s'ëftoit
pafféjSe luy.firent fçauoir mon nom. , Quoy entendu ^elle;-me4it c-facieufement: .

Poliphile .,' faites bonne chère. I'ay. bien otiy lerdifcaurs de voftre defeonucnùër
.miusiedefîre entendre comment voxiscftes cfchappé du-Deagen, Se en quelle
.manière vous auez trouué i'yifuëdes.cauernes, ténebreuiës : car ie-m'en efbahy
grandcmcnten moy-mefmcpou-rce. que nuL/m peu de-gens peuuent arriuerjcy
par cette voye.Etpuis que k bonne fortune vous à conduicf à fàuueté, il me fem- .9
'.feie raifonnable de vous reçeubk en ma grâce, Se vfëcenuers vous de ma Iibérffi-^
té Se bienveillance accouftùmée.ïckremerciaydc ce recueil gracieux, par les-
plus humbles farolles d'honneur qui lors furent, en ma puiffance : Se après Uyf
Vccitay fuccînw;emcnt,8e de poinét en poin<Sfc.,co.mme ie fuisk fureur du Dragoi^
,!s& à quelle peine & difficulté j,efto'isj>ar\ienu iufques là; dont elle s'cfmerùeilla

&
O

r~**v-
' . '_ tJVRE PREMIER DU
'- -béaue<?w^^.pareiirementtouteslèsDa^es.Puisen,poirfuy prp-pos.Y
leur comptay comment les cinq Damoyfellesm'auoiertttrouué errant, Se. tr-em-
blantde frayeur. Dont éllefeprinV à foufrke, Se médit; Il adiSent par fpis,que iy
- mau'uais commencement prend heureufe.Seprofpere fia. Mais auant queie Ytfus.
commette à exécuter chofe aucune devoftre délibération amoureafe, i« vueii
que vous affi'ftiés en cette belle compagnie à-4ifner auecquesmoy , puis qu^lsy
Ciel vous à fait digne d'entrer en ma maifon. Et pourtant choifîffez vrie place* 1

,viIw^^v...^"-..^^vt", ...grandeurdemaiiDerautemagmiiquc vousierama,-.


nifefte.. Lors entandant fon humaine par bllc,ie me rendy ferukeur txès-hûtnbfe
&très-obéyflànt4efonfainét-Empire, délibéré 4'obéïr tputema^vieà fes -boi^ ,
commandemens Se volontez.
mtez. Puis humble hardtèffe
Puis auec hurftble ie m
hardteije ie m'affis
ains dcuus
deffus ces ti^
x%\.
chesbancs au cpfté droit,
t,auec ma, robe ' kinejà
' de ' " "-' gloutetons,efpihesC
v'kquelleles '-- r_j_-...
ires I'eftois au milieu de mes cinq .compagnes, troifiëfrnf
S£.ronccs>tenoientencptes.

0anc,cnacune au aroit et vn aes.quarrci^.* *v<jy m, ^wvwmj t uv«M ««M.-**.** y«.tv^

SpaffitfiiD le bas degré, dedans le rond qui eftoit au dcflùsde fa tefte. Plus haut
que fa chaife,eftoit f im'age Se effigie d'vabeaufeune homme fans barbe, a^antlcs;
chèueux blonds Se dorez,k moitié de k.ppitrin-e couuerte d'vn drap noiiëfut i'ek
paùle,Se au deffotis vn aigle eftendantfes aille? , Se tenant en Ces ferr es- vrframsaù-
dç laurier verd.il auoit la tefteleuécpoûr le regarder auvifage^qu^eftok enmY, .

«ronhé d'vn diadème azuré,départy, en fept rayons,îe tout fait«liorfeuerie,cizelé.Si:,


efmailié en toute perfedion^-Se femblableme«|le.s autres fix^ronds. r " '

Oao eftbk-il aduenu par fortune j de


fà&s y penfer, que ie m'ëftois affis fur le
rond de Mercure:Se yey en me retour¬
nant/comme fa bénignité j* fon bon af-
peél Scinftuence-,fontdiminuez Se dé-
prauez; quand il fe trouué en-la queue
de SeorpioriX'ayârît regardé,ie me r'à- '
drefky deueïsIçs.Bames , Secommen-
çay. à penfer combien vil Se pauure e-
'ftoit nibn: .habillement, puis qu?ëntre
tâtde riches pareures l'on mepouUoit
,

comparer Se dire fembkble au Scbrpiô .

vil Se difformè.entreles nobles figues .

du,Zfc>diaqaci.Xe4emourantides Da¬
mes fut affis furies autres bancs a l'en-
toui-dé îàplaçe ., .toutes richement at-
tournéei,'4'acçouftrcmens variez Se di¬
uers., tels que les? femmes les fçaueHt
*-W diuifer,leurs cheueuxliez,treffez,entrekffez y Se attrpurnez j,en plufieurs belles Se
plaifantes manières. Xesautres les auoient crefpçlez Se vollêtans fur les temples*
aux deux coftezdufrbnt.il y en auok deplusnoks quefinlâyet «liez à filets d<
groffes perles: Se autour de leurs cols dçscaccànsde prix Se valeur ineftirhabk
Tbuteskdùiét.çsSe.biG^^^^^

S~*ï
yohiP-'Hr&E;' *$f
lef|csiçax,bu s'encîuKnentpour fakelareuérgeeaux.-Êâ6!cï^
;
4e'ieurs-fiégc** Se faifoient le fembkble. Celuy delà Royne: eftoit droidemcnt
;vis à vis de fa troifief me Se dernière courtine, ou y auoit vne porte b elle Se grande*
non point de marbre,mais de lafpe Oriental,fcake à l'antique » d'vn ouuragc pref-
«ue diuin. A ux deux coftez d'iceilefe tenpient les Damoy f elles -M u ficienn es, f èp t
4echacunep.art,veftuesde4rap,4'prfaken broderie en: façon de.Nymphes, lef-
..queiles au changemensdcsmetSichangeoient d'inftrumens:Se cependant que Ton
, mangeoit,fonnoien t en accords fi acecmplis,Se harmonies tantplai(àntes,qu'elles
.

r.r«uffent rendu lesDieuxaffedionnez à les efeouter^ Incontinent les tables Se tré¬


teaux furent apportez Se drcfTczquafî fans qu'on s'en appeifçettft : car chacune c-:
flok merucilleufemcntproropiie Se à faire Ion ogi ce ,«ententiue au feruice s foi-
; ^gneufëSe biaiaduifée de tout ce qu'elle auokà faire.

Y ' PremierementdeuantkRbynefue-^pporté vntrefteau en faconde trépied


;faiddeti'oispilliersd'or,fichézenvnronddë-Iaipe,: le bas defqucls eftoit formé
Yen pattes deXyoneftenduësfur le lafpe :.Se enfortoit vnfueilfage continué d'y-
- iiepartàl'autre.V-iîpeupîushautquekmoytiéjCOntre chacun de cespilliers, y a-

-»ok k tefte d'vn petkAnge entre deux. ailles, oûpendoientdes ferions, diminuas
furlesextr¤mitez,aubout*d'icenx pillicrs liez de cordons ou de trèfles, le tout
:ïfàitdefin,or-.Se bruny. Letout eftoit vn rejetoù faillie en forme de crampon*,
ï: pour enfermer la table ronde que l'on mettok deffus , laquelle efl oit chang '
Je±
chacun mets auffi bien que Ie-linge Se la vaiffclie:mais le trépied ne f epougeo.
coit.

B i en toft après fut. apportée la t$-


ble de la Royne, pareillement ronde.
Se faite defin or,contcnant trois pieds
en largeur, Sevn bonpoulcedegrof-
feur : de cette forme Se mefurc eftoiét
toutesles autres où nous rnâgeafmes,
mais la matière eftoit d'y uoke ,"Se les
tr^fteaux de fin-Ebénç. Sur chacune
d'icellés fut "eft'enduë vne nappe de ,

foye v'erde,armpyfîne -,. pendanttoiit


à l'entour iufques à vn pied près de
terre, bordée d'vne broderie faite en
arabefque, enrichie de pierreri e de k
largeur de deux pouces, Se au deffous
vne frange de fil de la foye mefme , re¬
tors Seimeflé auec ^filets d'or Se d'ar¬
gent : ainfî furent toutes les nappes.
Puis vint vne belle Damoyfellepor-
tant vne corbeille d'or, comblée 4è
toutes fleurs odorantes comme au
printemps, qu'elle femafur toutesles
tables jforsfur celte de la Royne , où
n'en fut .point mis. Quand tout fut
preft , la Royne fe defpoullk de fon
manteau royal, Se demeura en vn corfet de veloux cràmoyfy , figuré à petites be¬
lles , tant oyfillons qu'autres «Ipeceg, auec fteufs Se fueilles efleuées en broderie
"proprement agencée deperlesjScpàr delîùs vn crefpe quelque peu faffrann4-tant
- Y- : '',.-' ' > ' "\ \ :'l -ij'"

.^V-î*'
&%;
.' Y ^af'-3 >*-
V *\ " - UVRE PREMIER M -

fubtil Se délié, que l'on pouuokfaêilement voir l trauers le^eloux cramoyffik


broderie Se tout lWo^remen;^ni eftoit (certes)Tmguhernche, excellent de .,
impérial Après quekRoynefutaffize,*4eux belles ieunes filles apportèrent vne
fontainefaus finjartificielement ctonftiuke , enforteque 1 eau tombac dans vn
biiffind'or^montok par tuyaux fecrcts au mefme heu dentelle eftoit fortic.: Et
fe faifoit 6etteréuolution(au moins comm« ie comeâuray>par deux tuyaux, l'vn .

tdus grefle quel'autre>e vne féparatiervefUntidcdans le vafe perce au milieu:par-


Suov l'air enclos en ce vuide,attk@k l'eau comme vne efponge3pms par contrain¬
te Se violence k faifoit monter contîrembnt.Elle futpremieremcntprefentee- fur
ktable d'or de k Royne Apar les deux filles enclinans la tefte , &ployans les ge¬
noux quafi iufques àvn pouïce de terre; Sembla!^ renonce en vn mefme in¬
fant firent les autres Damoyfelies feruantes:au tant a 1 affeoir Se leuer les plats &
conféquemmêntàtousle feruiccs, Le* deux fi les eftoient fuy mes detrois Da-
moyfdles.La première tenoit vne eguycrc d'or,laûtrevn,baffindamefme,Sela
tierce vne fermette de foye blanche cxquifement fubtile Se déliee.La Royne Iaua
en cette fontaine.:Se k Damoyfelie qui portoit le baffin , reçeut 1 eau , à fin qu elle
ne retournait : mais celle quiauoit éguyerc , y ert remit autant d autre lenteurs, ,
1-

commeileneâokfor.ty:puis la tierce tendit kleruîette pour cfïuySr esmàms.^


Le receptoërde cette fontaine eftoitpofé fur quatre petites roues ,par.lefqaelles
on k fiifeit rouler fur toutes les tables pour feruir à chacBn.Lemilieu>eftQit- em-
boutySe vn petit plus efleuéfait à goderonsia boirnë, grâce :4e'bord enrichy de
pierres précieufesjSe belles fculptui'6&..
" ' ' . ' *
*t7c pillier eftoit compofé de deux
.

vafesmis l'vn' fur l'autre, différens en .

façon ioints Se affembîez par deux an-


fes.Aubout delà pointe du couuercle
du dernier vafedaquellcymiflbkenv-
nefleur,y auoit vngros Diamant faiél
en poke,le grellc fiché en k fleur , de ~-
grandeur inacouftumee, de prix nul-
fméteftimable,Se reiuifant mërueil-
leufement ainfî queiepeu iuger à la "

fenrkj-fut faiérè dérofes ,efc,orces de


lymôs,asiibre gris* Se beniouyn,deuë-
ment proportionnez , Sâdiftiîlezpoui1
rendre vne odeur agréable.
Au milieu dekpkce fut mis vnvafe.
de parfum,non feulement exquis pour
- fa riche matière q»i eftoit d'or purifié,

mais en- fpéeial pourfa belle înuentiô,


^-^ . ^_^ ..__.. Selegentil ouurage donti'ouurîerl^
uoitdécoré.C'eftoit vne bafe triangulaire fouftenuë par trois nieds de Harpies, fi-
niffansdeuers là haut en fueillagejquis'émbraffôieiiti'vnl'aUtre.Sur les trois coins.
y arjoititroispetits Anges de khauteur chacun de4eux coirdées : de qui.fesfQin-'
-tes des aiflesfeyenoientioindre Se affembler en vn , tous trois plantez d'vne mef
- me defmarchéjayâs le pied droift ferme Se plat fur la bafe,Sele gauche vn peu fouf-
i'eJué,Se quafi comme en repos,pource qu'il ne touchokk bafe que de l'extrémité
4e.s. 3rt.ei.lsjces.man.ae.quyîs tellement dïfpofez,que la iambe ferm&de. l'vn, eftoit-
FÔLrPHî-LE.: ?r
c&ïitrc celle que l'autre tenpken fufpcris.IIs auoiét les coudes hàuffez Se tenoienc -

chacune main vn baluftreamenuyfé par bas,Ses'eflargiffantpar deffus eh £içonda;


cpuppekrgette,Se vnpeu profonde , enukonnée d'vn bord plat.. Les bakiftregi
Lcftoicnt fis en-nombre, colîpquez en parfaite rondeur .__.-_- - :\ ' . '

Entre les trois Anges, droïtaucén-'


.. tre de k bafè j eftoit fiché vn pillicr fai& ,

en candélabre antique', à k pointe du-,


quel y auoit vne parcilfecouppe que les -
autres, & de mefme grandeur , quiem-.
plifïbkle vùy de queies fix faifoient en
leur milieu. Les Damoyfelles feruantes
y auoiéht mis des charbons ardans cou-
- uers de cendre , Se là bouïlloit vneam-:;
poiiled'oràchacunedescouppes, plel-y
nt d'eau ou autre liqueur, qu'ellès(a mô »

iugement) renouuelloiét tous les4oursî


Se me fembla que.c'.eftoient toutes eaux,
diuerfesjcomme dérofes, de Myrte-,Su«
featf, Menthéï fleurs4?Oranges,Seau*'_
' tFfestélles affez coghues,mixtionnées de^
plufieurs matières odorantes ,'quirëfpi-
rôientvne odeur délicieufe.qite iamais '
il n'y en eut qtit-appraefcaft delà, dou-,
ceur-é-.- .-.',-.
. L£Rbyne'«ftok ièruie de trois Da-*
. m oifelles- fort b el! es Se graeieufes t ve~
_____ ftues-d'vn drap tilfu de fil d'or Sedsfpye:"
t-outesfobelles changeoient d'habillement auchâger des nappes , qui eftokà tous*
les mëtsïcar. elles. venoienr en forme de-Nymphes j veftuexdu drap deda co-Uleur'
de-la nappe qu''elîesrapporeoient,trotiffées au deffus do k ceintup&-au¤o-vnpki^ -

fa'nt réply deleur aceo«ftrement^ tournoyant fur îçars efpaules , Si-tiré iurl'eftb-'
nîac-,poiu' faire apparoir-k belle vallée qui depaitoitles peîit£smammèllés3i''fï-r6-
ées,5e parfaitement-blanches., que lesyeux. des regardans en eftô-ieiittro-p'febre-.
ment rafîafîez., encores qu'ils les contempkffent fans- -ceffer. Lear chaaffuïe eftoU
ouuerte au deffus du pied en façon de lune, attachera boucles Se couïroy es d'or.
Les éheucux biondsSe longs leur pédoientiafquesfur les-ge«oiix-:-,mais ils eftoiet-^
liesàfentour4ufrout,d'vne guirkndcdè greffes perlesde: compte, toutes de pa- Y
reille rondeur. Ces trois affiftoient.deuant la Royne, humbles en maintien Sccô-*
. tenance,expertes en leurs offices,-promptesSepropresà&ruir, combien qu'elles
jieferuoient fi'non à vne tabiey.Se à vn mets^car venantlautre, elles dernouroien&
,

déboutées bras ployez:puk les trois nouueiles venues feruoiêt à leur touiySeainft
. pàrordre,à chacune affiette de viande. Ceux ëwi eftoient affisàktable , aupientr
chacun trois feruantes^ dontl'vneportokle manger àfabouche, l'autre Paccom*'
pagnoit auec vneafîîette,afinque rié n'entombaftiSe k tierce lufeffuy okkhou-
.che d'vne feruietteblanche Se.nette,faifant à chacune fois kreuereace-, .Seiettant
apr,ès la fermette fur lepaué,qui.eftokinconrinentleuée Se recueillie pacvne au-;
. .«rëDàmoyfelle:car elles apportoient auçât de feruiettes que l'on deùoit mâgçr de-
. jtiîorceaux, touWdefaye., ployéesyparfurnie^ Se tiffuës àk. damafquine.Nul des«
Y ' .' C/)0yt><Q .

y- m'y LIVRE PREMIER M


i *aïïïs ne touchoit k fbnpkt,mais eftoit peu & feruy,fors 4 c boirç,p*f fa Dam^yfèi-
le Efcuyere. Età celle fin que nos mains ne fiiffent byfiues ,futà chacun 4è nous
Yfeaillévncpomme4'or ,couuertede.faeilkgc percé àiour, Se emplie d'vnc"pafte
compofée d'ambre Se ie mufq. Quand on voulokchàgcr de mets, dcuxDamof-
fellcsamenoientaumiUei^dekpîâcevachariotfurquatrerouës, ledeuant faid.
en faconde k proue 4' vh nature, Se lé derrière en char -triomphant , tout de fin pr,
CïzeléàScylles &epetksmailrcs fuarins.âede tous coftez cnrichy'Se femé de pier-
reric,ordonné bien à propos,qui eftincelok par tout à reimkon,Se fe rencontrait
âuec le luftre des c'ontreioyaus , fituez en dlaers endroits du Pakk,' tellement
.qu'il fembloit que ce fuifent rayons de Soleil donnans contre vn acier- bien four-
tiy.L'uuEeeftoktantmgénieufeque ie ne fçauroïs trouuer chofe affezdigne
{cerne femble)'pôUr en faire comparaifomÙëdaiis ce chariot eftoient lesferuices
-fiéceflairespour le changement des tables.à fçauoir, nappes, feruiettes, couppes^
_,

,affiettes,vaiffëlle,fourchettes,viande,faulce, Se le breuuage , diftrïbué par les Dz-


.moyfellesdu chariot aux autres qui f «ruoient fes tables,leiquëites.remettoicnt de¬
dans toute k defferte. Quandle chariot s'en alloif,les Damoyfelles muficiénnesfë
yprenoientà fonner de haufsbois,Se troinbôs.:puisaè( tant quand il reucnok,Se ainfî
.icomme elles ceffoient , les'chantrës cbmmençoieht vne harmonie qui euft ën-
, Jdormy les Sereines. Parquoy continuellement eftoient buys dèu^fons Se accords
jcomme céleftcsimélodiedélicieufèëntenduë,o4eur 4éîecl:à.biere5euë, Se frian-
i difenon pareille fàuourée:car toutes chofesy.eft oient àppropriées.à dignité, gra-
~cç,Sç dele6lation.Au premier metstoutek vaiffelle fut de fin osv.co.rnmek table
'de k1loyne:8e fufmes feruisd' vne confiture éotdialle,fai 61e. (à ce que i'enpeu cô-
prendre) de razure de Licorne.des deuxfandaux,auec perlés cuites Se efteinctes en
eau devieiufqucs.à réfolution,manne , pignons^ mufq,: Se vt moulu en eau rofç,
ïprécleafementcpmpofezSéaffemtilezenmaffejauec fuccre Se amydon.y Se nous
enfut donné à chacun deux morceaux iansboké:quicft vnmîngerppurpréferuri:
4e toute p6ifon,délHircc deficure,ou humeur tnëkacholique,i.Se.conferucr k kn-
te'Scieuneffe.rhcontinënt après les nippes furent leuées , Se les viofcttcsrçfpan-
4ues :puisàtt/nlefmqinftant les tables redrcflées ,8e recouuenes de drap de ioye
toutcperfe,4uqiiclles Damoyfelles feruantes vindrent gayeent habillées, Se fe-
J.nerentpar4clîus4es.ïleurss4'-©tanges. Eta4onc onoftala table d'or qui eftok
deuant k Royne,Se yen fut mife vne.4c Beril,auec k vaiffelle de mefme. Puis on
nouspréfenra à chacun cinq petites foupsttes ou frueaux d'vne pafte faffrannse,
-îlide de fuccre bouïÙy en eaurofe,cnroufées d'eau mùfquéc, Se bruinées defuc-
crecandy.Lapremierecutttcen huile 4c fleurs 4'G ranges, la féconde en huile de
doux de Gkofieda troifiefme en huile deGenfemyJla quattiefme en huile deUen-
iouyn,Seiacînqut*efmeenrtuile tirée d'Ambre Se de Mufq. Quand nous eufmes
tepeu decelîe viande fauoureufe,on nous apporta vne riche couppe de Beri!,cou-
«ette4emefme,8e par 4effusvneÎPngiere4efoyedcii£e,rifruë de fil 4'or,jettce
£ui:refpauk4claDarrjoyfeliequik portok,Se pendant par derrière iufques àdc-
, rrtjpisd de terre. En cette maniereueftoicat feruis Se apportez tous les vàiffeauk
tant du boire que du marig-er.fecro-y (véritablement) quelcs Dieux 'auoienf fahSfc
vendanger aux champs Eiifées le vin que nous beufmes. car iln'ëft poflible que la
terrehabkableprodaifel^ueurfiprècicufe^Nqusenbeufmesanoftrcgré.PLHsles
Happes leuées,tout incontinent en fut apporté d'autres 4e fo.ye grife, les Dâmoy*
'feiles feruantes vefrues 4efetfiblâblc parure -, qui efpan4irent par deffus des rofes
dedamaSjblâchcs.vermcillesv&incarnattcs, nous àppprtans pour chacun fix tra**
jphes de Chappon gras>con fîtes en vne fàuce faiéte def» grai.flè,e"au rofe faffiannèe,
PÔXIFHÏLË. * , iS
. vnpetit'de jus d'Orange,auec-fix tranches de pain bkftc. Puis %''<îug jMttm au de¬
uant vne autre fauee de jus 4e lympn adoucy.dc fuccre., le foye du chàppon pilé a-
uec pignons.Se deftrempe en eau rofe, mufq, Se canelle.Xatafcie 4e la, Rpyne Se la
vaiffelle foitcnt de'Topaeç ëitte- troifiefme fëruîce:Se la table ltuée, la quarriefinc
fut incontinent mife à point,couuerte d'vn beau fadniaunë,4ugueljç$ Damoyfel¬
les feruantes furent habillées en belle mpde,Se de plaine arriuée femerét des fleurs»
de Muguet:puis chacun 4c nous fut feruy défept eftotn4Csdcpçr4ris, 8c autzne
de tranches de pain,plus blanc que kiébk faûce d'amandes pilc'es,fuccr.ey amydô,
f3nda!citrin,mufq,Se eau rofe biëëxtrat&eXà'vaiffelîe Se table de k Royne eftoic -
alorsde Chryfolithe.ïlnous fut pour lafecode fois 46né àb pire 4u premkt breu-
uage.Lacmquiefme nappe fut de foye vermeille cramoifie, Se tel l'habit âps Da¬
moyfelles feruantes: les fleursdes-violiers iaunes,bknçs Se violets* G±i nous dona
pour mets chacun huHSt morceaux 4'aifle de Faifan , Se autant, de traneÏÏes ffepain» "

La fauée de moyeux d'osufîfcaîsjpignons, eau d'Oranges, jus de grenades, fuccr* ,


Se çânclIeXa vaiffelle Se k table de Royne eftoient d'Efmeraude Orientale. Ci >
feruiceleuéjftJtmife'vrie autre happe 4e foye violette, epramt l'habillement 4ef
Damoyfelles feruanteSjCOuuerte 4e fleurs, de Gënfemi.Noftremcnger fut 4e pol»
étrinedePanenfaiicëverdcjfaiétede Pift,achèspiîe2yfuccre,amyd©a,mufq,thiw>
ferpolet,maripkine,ozeïlle,Se falém oride. A'ufeptiefme Se dernier çhangemét cl-.
les apportèrent dcuànt la Royne vnefbinptucufë table 4'yupyrès4effu5 laquell»
eftoic-tapporfée vne autre 4e bois d'Aîoës toutëgrauée.dëfuetIîagës,fleurs, vafesv
pctits-nîonftres,8coyfe!ets:le vuide emply d'yne firiepaftède mufq,8e;ambre.¤f'e» "
ftoît vn chef d'uure magnifique, odorant. Se exquis à veoir* Les nappes Se fejw
mettes, de lin de Cary (f o , Se fembkblement les robes Se veftemens des E>amoy\»
fêjl'«:lesffèu-rs,totttes fortes d'ilkrs-^.girofl^êsfbuëfft«iîjr*ntes.; Mais qui feroflt
celuy qui pourroit comprendre fî grariddouceur defenteurs-tahtdiUctfës , Se fi
foùuent renoiiaeSleésXà viande fards Dates Se Piftachss broyez çn eaarofe,a*
;'uec-'nrafeq Se fuccre de Pguifé de fin or.tei.leraent que les morceaux Fembîoient p4"
raaftîfrSe nous en fuft dçriné à chacun ttois.La vaiffelle eftok de Jacinthe cerfà1~
nemenS'connenablëà'iî grande pompe- Se excellence du banquet triom-phant Se
diùin.. Quand ces nappes fiiTentleuèesi.oh ap.porta-.vn beau gra-nd baffia 3*or pfeis
dé charbons ardans ,:fur lefquels fuAnfjettees feruiettes ô£ nappes, Sey,' démou¬
lèrent fi i6guement,qu*e) les furet toutêsxmbrafeea en feû.-puis où les ççi retira, Se
quand elles furent refroidies, reuindtent-cn leur première nature-,; inertes Se entier ;

res,auffi blanches que qui les eufttirées du coffré après Ja.I,aifBue_:'quifembia chofey
b'ië'nnouuelleSemeraeiîleufe, au moins à moy , quin'a.uois'acço-nftunîé de voir.
tels myfteresidont tant plus profondément ie les cpnfidç|;ois , plus me trouuois
ignorant Se efbâhy.Iiôiitesfois i'auois grand pîai:fit4eVokfi triomphante & pro¬
digue defpenfe,tel!e que les banquets 4e Sicile.lcs'ornemens Âtï4iques,iès vafes
Cotînthiens,n.y.les délices de Çyprëj'n'èft oient rien ën.cbtepir:àifqn; Ce ghnd
pkffir Se;c,ontentemcnt(certès) m'eftoitau^^
d'vne des Dampyfellèj^qui à fon rang nVauourfer;uy%abfe,.re.ffembknt du tout,
entoutà Poîk,4c contenance,dëregard,Sc fàço^tt4&:-fai*i>.t-Cek{çrojéi)'.-ëfteit di-
miHUtioadc mon. ayfc,Se de kdouceur des viandes faupureufes dont i'auois efté
refeftionne'marquoy ic retirois 4ifcmeraèntmesysûx occupez à contempler ni
depierrericprécieufe,fî grand comble dé toutes, richéffes. Se, tant dé fin.gukrire^
4cchofes:f*uls les appliqtuy à re'gatdcnk Dambyfelle fort ëfmériieilîéye'cèlle rèÉ
fe conformité défigure, Sefaçons tellement, quemà veue-y eftoit &
an-ant fichée,8e(poarniieux'di£e)obffinéc,qu.cienal'e.n po'iniois retirera" '
,- . ' '''. Is-iïii Y : -
Cha
L I V^R.E 'p R E:M l'E R 'D'E V
,y Les tables furent leuées i Se empot« ,

,tées;puison mefitfïgne queie ne bpu_*


geâffe demonlieu, pouree que l'on de-
uoit apporter lés confitures.-
-.. X>kn,tpft. après cinq Damoyfellé$-
* vindrent 4euâtfaRoync yeftuës de foye,
-..blcuëi, enrremeflée de fil d'or» .Celle du
, sîi4Heutenoitvnarbi'ifleaudeCoral,ayât
-

vneçoudée de haut, fiché dedans-.vne pe¬


tite montagne d'Efmeraudes ,- afEfefijr
l'ouuertute d'vn vafe antique de fin ojr
, ^fait quafi en façon.. d.e couppe.- ou caikç,

. ..autant haut com«él$-.C01'àlSela mon-

. ,,çagne>£n.tre le pied-.ôej'ëjpd <fe ^a cpiïp.


. .

-%pe y,auoksyn gros pomnie.au d'yaouûra-


,ge exquis, feppfïïblè .Le fçfkc cft.oit cfî.é-
:. :1e en.deniy-.boife, à fueilkge de Scylles
,..<6epetis. mpnftres ,; fi naturellement çx-
: primez,qu'Qn n'y çuft trouué que redire,
.'- .[ Lie bord ferr-antSc çnchàllant la mphta-
,

... gne j-cftoi^enrkhy 'depierrèrié , àiiprtjte-


.. _.

. ,. felpn jcscpuleuïs ,. Se, paréiflèitient toût-

Jle. tour du pied. Aux branches de cet a?--


briffeau eftoient appliquées des fleuret»
tes en forme de Rojes a cinq fueiiles,au-
eun.es de Rubiz ,,au.tr csde Diamans , Sa-
. phks , Jacinthes., <&c autres fcmbkble.Y
.

Dedans^cinqd'iç.pîies fleurettes .c-ft oient


fichées cinq' pommes greffes comme
,

. ,,Cormcs,le toutd&k propre çpulcur, pé~


dates à vn filet d'orjCÔmelleiles euftent
.

creu/là. La DamoyftUe qui lepbrtoit,. :

auokvri- genouïlen terré ,'Se l'appuyoït


* -j-y :i> ° n * i i v-»
ûirl autre gu die tenon feue* Ce riche
- «

-.'-,ar-bïjfjfeau,.qui eftoit encre les.rofes ,,të


,;monftroit garny.par les b riches degrof-
,,fes perles*,, ...fichées aux poijkcs'. des ra-..,
,meaux,
La*fecou,d_e DàmoyfelSe-tenoit le, và&
"

f\
b,oir-e,pleind'y.P.eiiquëur trop pluspre-
y.ci.çufe' que celle que la Royne Cleoparia
dojinà iadis au.Capitaine Romain. Lej
autresi trois faifoient leut'o'ffîce , Se '.cue.il-
iirënt les, cinq pommes auec.vne 'four¬
chette : puis les nous préfenterentpour manger. le ne penfe pas ( à mon iuge-
ment) qu'oncepes. homme- fentift nygoùt^fl'viaiide fî excellente, C'eftoit
(comniejecroy}dei'Ambrofie dont les Dieux fe nourri ffeat. Alors nous i;®!*
4ifmeslcspommes d'or pleines4efentêurs,îefquellesnousauions tenues «ijios
mains dutant le difner.
. .",-'.
. " ~- - - ' ' Y ' Apres*
|i- :*vksy* j

Apf'&oiï'wcm* amena ynékett^


ï'înuentiôn'rar'e Senouuelfey totftcsfois feifant mefme- ef&¤l--c]U-e'k première,
mais d'autréfii'çon plus èftfange. Ç'eftokvn plinthe quarré tout d'or maffif j-con-'i
itenaflttrois pieds en longùeur3deux en largeur/ Se quatre âeoasp'ooçesd'eîppïs". A
chacun des coins y auoit vne Harpie eftendant fes aifles contre le ventre 4'*mtva;«
:

- fe qui ëftôit au milieu pbfé fur lëçëtitrédU-plinthei, lequel eftdkgâmyide; moiilu-

-.res.Lâ* face dè'deùântjSeïèlle^ç dér^idre/eftbie


' îainfi que laJqifarte'pàrrie-d^vrîtërÊlel! "Se eftôfentf départies en troisçauëcmaufe^.-
resconuenablès.Cé plinthe eftoit affisi-ur4êux rouësX(a partie du milieu ;eri lafai"
:,ee4edeuant,Çcoft1:ë&okvn'triomphe4e.;^
boffe^ Se on -celle- de derrière y auoitvrtiàcrificèr fur vn vieil autel ,: me%es plu-!.

'pyeg.4ô"ubfes S^fi'rfffiàîigcseff fifeilk^^


demy- taille. La groffeur du vafe eftantau milîeu,n"<eKc.édPit :enrie$.tia!krgetir;4à
plinthe,ains fe ittonftrPitàëcomply "de" topee "proportion:- Serorncment requis Se
, néceflake,fi bien;qu?ii eftok parfâk4eÎ3cwitsce qui appàTf ient à vnvafcantique. Sa

îjoucheîSeôuueitUre pôfoit'fur vn-feaffiri^:gjo:deronnéiplus.k.rgé.de;quatre;doits


îpartOuefe.ton»lefe.cïï-"ÊPiîféî?e:nçë &£0Hdëb&qua ladfàmewc.dia^afen >:? u)xa

' les goderons'finiffoientfeftokfeke-vne ceinture en-forme 4e pkttehande Vtôute


, garnie depierreriëvSsQU'deffBsdc k- teftir4'vh monftre dechacunr.coftéde k
Kouche,duquelfortokvn fueilkge embrafïânt le corps du vafe, Se fe rencontrant
auec le fueilkge d'vne autretefte femblablë,, entaillée de i'autrepart : Se en lieu
4'anfes auoit deux boucles rondesen forme d'anneaux ,ôu pendoientdesfeftons
4eyerdurc,compofezdefleurs,frui6ts,fueilles,Se branchettes,de maintes manie-
.rcsdiuerfes.Entre ces deux boucles audrok>milieu de chafeun des coftez eftok
-, cizelé vn vifàge vieillard, le menton duquel fëconumiifok auffi en fueilkge , &

:rendok eau par kbouche,tombante dedans lebafïïn. /


L'ouuerture de ce dernier vafe enukor\nok,yne riche montagne , ou môceaa
de pierres prëcicufes,touteskns taille ne'poliffement,affemblées tout en Vn tas,"
, Sepreffées l'vne contre l'autre,groffement,kns art,Se fans ordre:parquoy la mon¬
tagne fembloit àfprc Se difficile à monfer,mefme elle rendait vn brillement de di-
uerfes couleurs eftranges. Sur k peinte Se fommet d'kelle naiffoit vn pommier
4egrenade,,dont la tige Se fes branches eftoient d'piyles fueilles d'efmeraudes , Se
le fruiéfc de grandeur commenaturelîe,l'efcorce duquel eftoit d'orfans brunir, &
-fes grains de Rubis Orientaux , tous delà groffeur d'vne feue. La membrane ou
pellicule qui fépare lès gcains,eftok d'argent approprié. ..
Le gentil euurierdc.ee chef d' en certains lieux de grena¬
des Fendues Se entr'ouuertes : les- grains defqueîles fembloient n'eftre encorës
paruenus à maturité, Se fes auok compofees de groffes perles Orientales. Ihuen-
tion certainement fupcrbe,Se quafi faifant honte à nature. -
D'auantagcily auok mis des baluftres ou fleurs de grenadiers, taillées de co¬
rail vermeUd'oauertûre en forme de calice,denteîée, Se pleine de petis filets d'or
trai6b: puis auoit fait paffer vn petit piilier au deffus de l'arbre, fiché en forme de
piuotenl'aiffieudu chariot,' Se trauerfantpar dedansde trmiqui eftoit vuide.
- Ce piilier tournokinceffaniment, Se ioufteiiokvn vafe de Topafe, large par le
.bas, enuiroâné contre le milieu par deux bendes d'or, faites en moulures de qua-
- -, K
E IV R;E PREMIER DE y
tte'te<te» 4ë pstis èafans,ayant. chacune deux aiffesj cttans caupar la bouche Y
Le col du vafe eftoit 4$uxfois autant long que le demeurant . du corps-,-. '
* * diminuant Se montant en ; pointe.; «puuert par deffus d'vn fueilkge- xen^.
uerfé , fur lequel eftoit pofe yifautte; vafe quafi rond, auffi couuertd'vn.bcaa,

° Aufonïdè ce dernier vafe touchoient desqueuës 4è Dauphins, 4é chàcunco-


ftê ipignantle graifle.4u col 4u vafe. Leurs telles qui eftoient reueftuès du fuçilk-
ee defeendoient iufques fur les bendes ou eeintures d'o^entreleiquellfcs eftoient
' fes telles des petis enfans,ployez quafi enforme d'anfes/d'vne belle grace,pource
v oueles tefte*4cs Dauphins^ftoient courbes Se youltéçs , 8e.fes queues baffes Se
ferréescontrele vafe: qaleftoit fait par tel artifice,quequan4fe chariot le mou-,
mpit,le vafe Se le piilier quile fouftenoit,tourrtpient inceflamment j ettans.eau pat
deifes le grenadier, le penfay que cela prouenoit par vne roue du chariotqui en,
Mbit tourner vne autre couchée aplat ,.& ehemllée ^rencontrant au ba*dupii.
lier,auquelily auoit vn pignon* * __ "- / V ' Y
Les roues duchariotcftoientàdemycouûertes, «tmfques au moyeu. en;for-
m« dedeux âifles eftenducs, defiuor , cizelé en petis monftres comme Scylfes,:,
mafques,Se fûeilkge.Ainfi fut menée cette fontaine par, toutes les tables , Se.y h-
aafmes nos mains Se noftre vifage,4*yne eau tant o4oran te, qu'oneques. homme
nefèotfeplus grand'4ouceur* Pais les Dàmoyfelfes feruantes. p«fentercnt à- la.
î^yne- vne grand* taffë4'pr^
dë.bokcà npus,4ontnousla remerciafmes-trcs-humblèmcnti pout ?adi6U«: lfc
eo^yfoleiï^el,nQUïiaplégça/m«.^^ *
J>0LirH;rLm

Finablement-Ies fleurs qui auoient efté reipanduës,furentamaffées Se portées


hors, dé forte que le paué demeura nctSe luyfànt comme la glace d'vn mkoët
eryftaflin, faifànt àl'enuy auec la pierrerie. Chacun de nous demeura en la place
.où il eftoit affis au difnenSe la Royne ordonna le bal,qui fut fait en fa préfence, ^
". ' - "~ '.- % & ij ;..
LIVRE,. EREMIER DE
PO Z IP H'I LE RACOtfTE LE BEAVB*AL Ql? p
'* fut fait âpreJle~graM banquet, & comme la Royne -commanda a deux de fey
~ .).

'".. Damoyfelles,qù'elles luyfiffent-veoir plus amplement tout Ceslat defen ^

.,'*"' Palais-.aufii comme àfut par elle inslruiéi fer aucuns doutes:- J

qu'il auoit:puis mené aux trois fioriss éfq'uellesM


cntra& demeura en cette dumAkiï.mec v
? ^ fu- f-> '.:'-v .-'>'!"t 'fcïy ? i% .

les D amoyeue&àMoûreutes.-, , y vYp


'v "- y->.- -;;--;.,-.'.;. y.'YyY -t i
Y s -. ' Y. -- ' " '-
i . . - y - , ; ' eîlfep'* #;)'>* '

Vrf ^4^y>'< vl;|- f; Y:. y '. y ^ f. "- . -!

res^ss^-»1^<w!*% R rexcefïïuêgïbît^^^^
i iW^î^f^^^o^K forsauerohnepeu#penferle^4éli.ce*saboJhdanteslesviarr-
exquifesde èe banquetfomptucux préparé par cette
î " ' M (ÈÊ^J'iÊ'MÊk^ heureufe-Sé.richeR5yk_e,ne font point de qualité eftima-
t mv^V'i^^^^l ble & ne,peuuen|e%e dignement dëTcris , auffi ie ne croj|
pas qu'il y ait kngue*affez diferté ,,ny efgrit tant accompli
quipni-ffe-fatisfa|r1éâ4és^'efdtiiré;-^'taftt'&'en faut que i'eri
foisfuflifant, attendu irjëfm.^flie.i^qu^ mon cur n'eftoit
occupé d'autre dèifehis qû^à1 pehfer à ï^àdame Polia , ou#
tsre que ie-rièn pour certain que. tout-en tendement humaitif'qae.lqU'teexçellent
qu'on puiffe ëflire) eut efté troublé'Se confus-entre tantdeT^etueilfesîmpofEbles
-. àcroke/Se plus difficiles à réciter .Et-encores qu'en ma fàntaïié 'tity, euft autre pen-
fee pu imagination que cette là, fi eftok-ceMle?;pbut.ppptïmér*ife*offufquer toUS
aies fens.Mais qui eft cèluy qui pourroit.,ie nedy-paiçeckei-, ains feulement rel
roémorer tous'lës riches atours Se parfaites béàutezJdestDampyfelîe^; Qui pour-J
ïbitraconter.k grand prudence, beau langage, fageffei-fçïuoir , Se libéralité de
; la Royne4''exquife difpofîtion d'Archke/tui: e^aptopartiort çpnuena,ble de l'edi-f
, ;fice,l'excellënce des peintures Setàpifferfes dèfôyë ,;Sédefif4'orykrichéffe 4e la

Haiflèlle,fenonpareilouuragedesfeul^
pre.cieufes,»Cettaïnpm^
! aifembl.èes. Lesoîrn'emens. des chamijrèj^faifesj'gâlîéffëÇ,cabîpe|s^; garderobesi
cuyfmës,bams,'eftuues,Sebatfekcpurs,^^
qu'en tout le, Royaume des Fées n'en fut iamais vëu de; f emblablei, L'in'uëntion:
Se ehtreprife dé Ce .Palais eftoi4'incroyffble,4'à.utanrqu!il fepr ôpoftionnokfi exa-;
élemënten toutesles parties qu'il eftok tout açcomplf Entré les ouurages pins
excellënsiïl y auqk Vn plancher fait 3;Cpmp'âftimens,ronds,quarrèz^ouales,trian-''
gles , fèéxagones , Se autres figures toutes d'vne-graridçpr, fépafées par vne bendët
ou liziere bordée dé;deux mouluresenià-èdeux,co:mme de boutons de rofes enfil-j
.,,.,-JezJLes' coins de.çompa.rtim.ensembraffe,z dëJ.fu'Mfe^ld'Acà'rXth.e, dedans emply4e'
> fueiîkge Arabefque en demy-boffeXe^eliefeftoitdoré ,.le fans d'azur d'Acre ,' fi
,.,,|?eauquetonppuupkd>e.f]ngu^ .. .y .,, _..^J._ '. ,

le ne difeours point des beaux vergers , iardinr,-prez,fàufîayes , fontaines , Se

' ïerreftres -, Se les çoftaux cQuuers 4'arbrës fi proprement arrerigèz qu'il feratiolt .

r
POLIPHILE, '.y ^
qu'on lés çuft*pîantezà la ligne,8e.tpùt exprèsmis ainfi pour 4onneï*pkifirau*rc.r"
cardans. Quant à l'ppulence,grandefamilfejSe pompeux feruicc de la Royne,à la.-
multitudeinçomprehenfibledelaieUneffequi là eftoitenfleur d'aage,aux filles *

eçntilies Se gracieufes , ie n'en fçaurpis dire autre chofë,fors que ie m'en trouuay*
cfnierueiîlé,4ë forte queie ne peiifois plus eftre moy- mefme , ayant perdu k co-<«
CTrtpiflânce du lieu où i'eftois arriué. Bien fentois-ievn très-grand plaifîr :mais i«/
ne' me pouuois raîlàfier de regarder , & penfois incëflamment comment Se pat
quellëaduenture i'eftais entré là:toutesfbis me voyant enlieu defélicitéjSe béati*
tude,entre toutes les gloires dumpnde>parmy tantde douces Damoyfelles. tou*- -;'
tes belles,aifeuré des courtoifes parolles de la Royne, qui m'auok tant humai- <

nement recueilly 8epromisfonaydeSefaueur enkiouyffancedemes*amours:ie ^

me refolu de rendre grâces à ma bonne fortune, qui m'auok fi bien addrefféa- '" "

toufiours penfant à tout cequi m' eftok aduenu iufques à cette heure-là. Le banc-
quet prodigue acheué,k Royne vôulutmonftrer combien elle excedoit tout l'y- -,
nniëriel enmagnificenceîPàrqUoy eftant encores chacunafïïs enfon lieu ,glle.orr-Y;
dpnnavnpaffe- temps non feulement digne d'eflrexonfidéré, ains renommé £.,,
:

tout iamais. Ce fut vnedanfe telfe.'.Pàr kportedes courtines entrèrent trente- - - f£hÊts5
deux DamoyfelleSjdont les feize eftoientv*eftuës dedrap d'or, àfeaupir huid d'y- -
ne parure,l'vne en l'habit de Roy,l'autre delà Royne, deux Capitaines de places
fortes,deux Cheualiers,& deux fols,Se le reftc en femmes de guerre. Puis en en~-
traautresfeizeveftues.de fin drap d'argent /toutesfois accouftrées de la mefm©v *,
façon des premieres,lefquelles feparées eh deux bandes, fe mirésfel on leurs qua- - - . :,
itez Se offices, fur fes quarreaux de la cour t,faits en form è d'efclnquigr sJes feize .

l'or d'vne part en deux ranges, Se celles-d'argent à l'oppofite en pareil ordre. Ce."
fait trois Damoyfelles. muficiennes commencèrent à fonner de trois inftrumens;
4'eftrange façon,accordez en douceharmonie, aux mefures Se cadences defquels
les Damoyfelles du bal femouuoientainfi que leur Roy commandoit : Se en luy:
faifàntreuérence,Se àk Royne pareiilëmentjmarchoiehtbrau,ementfur vn autre
quarreau.Quand donc les inftrumens eurent commencé àfonner, le Roy d'argétf
commanda à k Damoyfelle quieftok deuant la Royne fa compagne, qu'elle fe.: -
mift au deuant de la Damoyfeile d'or qui s'ëftoit auançée. Lors faifant la feuéren---
ce à fon Rby,elle marche à l'encontre de fà partie aduerfg:Se ainfî elles toutes châ~
geoientdelieu.'où demeurant fur vn quarre,toufîours danfoient au fon des inftru--
menSjiufques à ce qu'elles fuffentprifës Se miles hors,en k préfence de leur' Roy.
Et fi-lefon harmonieux contenoitvn temps mufical, les buîcl: pareilles veftu es
d'viieforte,mettoientautantàfetranfporterd'.vnquarreauà.l'autre : Se ne leur,
eftokpermis dé reculer, fi elles n'auoientpaffageouuertpour fauter fur k partie- .

où eftoit leur Roy, ny prendre le front,mais feulement de trauers ^ parles lignes- '
diagonales. Le foi & le Cheualiertouten vne cadence paffoient hardiment trois
quarrez,le folpar ligne-diag9nale,Se le Cheualier par deux quarrez en ligne droi~~
¤te,,,Se vn de trauers, ou à colletant à, dextre comme àyfeneftre. Les Capitaines .-*
despkcesfortespouuoientfauttrpiufieursquarreauxendroicl:e,lignefe.longdu, , -

pauéjba en trauers par les diamètres, s'ils n'eftoîentempef chez de rencontre, ha--
ftantleurspas,SegardantlamefiireXeRbyfepouuoirme.ttrefur tel quarréque,, -

bon luy fem%blok,poui'ueu qu'il ne fuft empeichéou occupé d'vn autre : Se auoit,. ,

libertéde prendre,maisil y eftoit déffendu de fe mettre fur vn quarré ou quelque


autie.defescontraireseupeuftl,ay,nuyre:Se:s'iladuenoitqû'ils'y fuft mis,jleftok
cpnttain&s'enleuer, apfes auok elle femme de ce faire. La Royne pouuoit al-..
1er fur tous les quarreaux qui iëpréfentoient de, quelque feimqne ce fuft poux*
. ' ' " .' ' ' "'.-'' "K iij, -'
LIVRE, PREMIER DE
f-aeuqu'il n'y eift point 4'empfchemcnt : maisil eftoit bon que toufiours elle fuy-
^iftfenmary.Achacune4esfoisqii'vnSol4at4el'vn4esRoys entrouuoit vnde ;
l'autre fans garde,illefaifoit fon prifonnier:Se après qu'ils s' eftoient cntrebaifezg
celuy quieftpkpris Se vaineUjS'enàllokdehors de la troupe. En telle manière les
..-

trente-deux Damoyfelles firent vnebelfe <kkfe> ballant à kmefuredufondc Ces


'inftrumens,tant-quekviâ;okedemeuraauR.oy d'argent:dont furent faites grâ- ,

des exclamations Seplaifantesrifées. -


Cette fefte dura en affauts Se fecours vne bonne heureou emikon., par xonrour-
ocmcns,rcuérences,8epa.ufes,fi trèfbienmefurees., qu'une feule note ou cadence
'. n'y futpcrduë.Finy le premier bai,chacune des Damoyfellesretourna en fon lkn
!or4ortné,LSerecoinmencerent pour kfecon4efois, toUtainfi qu'elles auoient fait
.ikpremfercMaisceUes.quifo^noienî des inftrumés,hafterentvn petit les temps,
- <de leurs notes^fuyuantlefquels, le pas Se k4anfe des Damoyfelfes ballantes eftoit
i d'autant plus aûancÇjtoutèsfoiï.gardant la cadence,pat vn^art accompagné de ge-
ffêcstantconuenables, qu'ileitiaipoÏÏibledcle bien réciter: tant elles y eftoient
-expertes.Aucunesauoyentles treffes pendantes Se auallées fur leurs éfpaules , les'
;i*ùtresreicttéescn4cmere,(ëlonleurpromptitudeSe mouuement: Se enfeurs-te-
ïftcsauoyentdes cÊappeauxdefleutsquifeutdonnoient vne grâce fort pkifentci
..veoir. Quand l'vne eftoit prife de fa partie aduerfc, toutes les autresleubientles,
>bras,& fe battaient les paulmes.Lc Roy d'argent eut encores la viétoirede ce bal. :

fécond: mais à la tierce fois qu'elles furent enttées 8c raifes d'ordre en leurs pre-
? miercs pkces.les Muficiennes hafterent encores plus promptemét la mefure: par-y
; quoyleR.oy d'or fit. partir kDamoyfelle qui eftoit deuant la Royne , Se marcher
for le troifiefrae quarreau en droiâc ligne. Là fe dreffa incontinent vric bataille
outournoyifi^gaillardSetantxbaudjqù'ilexcédoit tous autres paffeîemps: catvo*
fflcs,euffiezaucuncsfoisveucnclineriufq.ues à tcrre,puis vifteméntfahevnfauten
traucrstantdcxtremcntSc par fi grande adtelle .:,. que Mymphurius le voltigeu*
-,n'en approcha o'nques nonobftant qu'il feift deux tours en l'air, l'vn tout au con¬
traire de fautre,puis (ans interualle mettât 1c pied droid en la terre, tournoit deux
; fois deffus la poinéfce,8cautâtfur le gauche à l'oppofite en vn mefme temps, Se fans

.Aucune paufe.Certainemcnt ces Damoyfelles fe manioy ent d'vne tant bonne gra-
s,ce,Sc par fi gentil ©rdre,fans empefeher l'vne l'autre , que cela fembloit chofe plus
diuine que terreflre. Quand yne eftoit prife Se faifîe.elle baifoit celle qui la prenoit,
puisfedépattoitdekdanfe. Et de tant qu'il enreftoit moindrenombîe d'autant
.plus fe pouuoit voir vneaffection follîcitée de furprendre| Se deçeûok l'vne l'au»
ltre,chacuuc gardant fon ordre .auec la cadence .\ nonobftant que les inftrumens
preflUffentleurs nottes beaucoup plus que 4u commencement , inçitans 5c quafi
iContraigrtans Icsfpcdateurs àfcmbkbles geftes Se aétes , pour la côformité qui efl ,
entre noftreame Se l'harmonie muficale. Chofe qui me fit fouucnk du Muficien
Timothéc,lequel pat k force de fes accords contraignit les gens de guerre du grâ4
Roy Alexandredçprendrelcsarmes, Se ferengeren* bataille: puis fléchiffant de
voix Se ton.les r'amodéra,Se fit retourner en leurs tentes. Le Roy d'or emporta
l'honneur de cette efearmouche dernière: laquelle finie on me fit leuer dempn '
>fiége:Se adonc m'enelinay deuant iethrofne de k Royne , auec vne humble rené-
.tcnce,mettant les deux genoux en terre. Quoy voyant, il-luy pleut me dire i II eft
temps(Poliphile)que vous mettez en ©ubly le? fortunes paffées.lcs phantafîes pri-
fes , Se les périls trèf- dangereux 4ont vous eftesèfchappé.- carie fuis certaine que
vous eftes bien remis , partant fi vous 'délibérez pourfuy ure la quefte amoureufe
4e Polia, moBaduiseftqucpourlatrpuiiervousailiczauïtroisportes ouhabite ,
* t ' ' *

y ' :. . '' VOtîTHlhE.y A;: ' ' 40- ;


là Royne TéTofie. Sur chacune d'itclles vous trouuerez fur fon nay'tiître, que * li^g^*-
rez foigneufement.Et pour vous y CÔduire,ie vous bailicray 4eux dfemès Damoy- *
feIies,lefquelles(poureftfc cognoiflàntes 4apays)v^»us y gui4erptà.feureté'ifatî$î
vous faufier de coropagnic.Et pourtant allez eh kbonne heure. Cckdiéi, elle ti- -

radefoh doigt vn bel annaau4'or,4e4anslequeleftpitenchaffée vne pierre nom- Aasho*


mee Anchite,qu'ëlîemêdonna,proférantcesparollcs..Prenez cette bague que ie perplexité,
vous dbnne,Se k portez en fouuenance 4e ma libéralitc'cnuers vous. Par ces fa-
ueurs tantgtacieufes,accompàgnéesde la valeur de ceprécieux don, ie fu$ telle¬
ment furpris de honte,qiteie ne la fçeumercier,ny feulement refpondrevntnotr' *Y
dont elle s'apperçeiftaflez,maisparfa bonté; naturelle difïîmuk facognoiffânec,
Se'ïc tourna deuers deux belles pucellcs prochainesde fa Màjefté, aufqucllcs par» Xégiftîattr
knt.par exprès scelle qui eftbk à fa 4extre,luy dit* Lpgiftique , vous- ferez vne de raifon,
celles qui conduirez nofttc hofte Pôliphife:puis à l'aune eftant à feneftie: Et vu us "Tkelcmie.
Xhélcmic vous irei femblablement auec luy. Monftrez luy en quelle porte ildë-. °° -

ura cntrcr.Etadonc me ditjElles vous mèneront à vne autre gtartdc Royne, àla«
quelle faut nécefîàkcment vous préfentënSe fi elle vous eft fàuoràble , vousfefez?;
heureux à toufiours: mais fïëllefak autrement,iladaicndratoUtle contraire. L'on y.
' ne kpeutcogîioiftreny comprendre par fon vifage; carilcft'muabfej Scfubieélà ;

changer,maintenattt doux,tantoftrigoureux,foudain pltàfant,5e puis terrible. C'eft-* ;


: celle qui termine Seacheue toutes chofes,8c pourtant dicte Têloue,qui ne4emeu-

re en maifon fifomptueufe que la mienne: car ie vueil bien que vous fçachiezlque
letput-puiffant Créateurde ce monde,ne vous pouuoit donner plus grand thttTor !
que vousdirigetcnnîapréfcnc.e.Gen'eftpaspeuque.d'acquérirmagtacc, SepartH
eipcrà mes biens. Il n'eft-auoir 4effous le Ciel, qnifpk comparable àceluyqu'o»<i
obtienî par moy.C'efkvneriehcffediuine oélroyée aux mortels biç heureux. MÊ$ "
ma bonne feurThélofie habite en lieu trouble Se caehé. La porte Se les feneftres
4é fa maifonfentà toutes heures fermées,,Se ne confentenaucune manière que ;
, les hommes k cognoiffent. Auffi n'eft-ïlloyfibfeny permis aux yeux corporels, i
. deregarderchofetS'Èfouueraine.Vbylàpourquoylefuccëz de fes efféjxeft à tou*
m ses heures intertain. Elfe fe mue Se transfigure-en plufieursformes bien effranges^' ;*
puis vientà fe manifefter lors que point on nela deiîre , Se quand l'on y penfe le ~
1 :

moins. A l'ouuerture de chacune dès trois portes elle fe viendra.préfénteërtou-.


tesfois vous ne k pourrez cognoiftre,fmon par conieclUre, qui k préuoit Se con* -
£déreincontinent,quoy qu'elle changea tous coups de vikge Se d'habit, pour rér- -
dre fia cognoiffance douteufe. Cette doute Se incertitude faiclrfouuentesfbis de- '"
îïieurer l'homme fans amendement, eftant deçeu par èfpéranee. Ces deux mien- - »

* nés Damoyfelles donc àqui ie vous configne,recommande, Se bailfeen- charge,


vous enfeigneront enlaquelle des portes vou5.deurez vous arrefter, Se pourrez
en vertu de l'anneau que ievous donne , gouuerner par celle des deux que bon ;
vous femblera. Ce dict,elle leur fît fîgne qu'elles s'approchâffent de moy. Alors -- .

{mrgeiles Se par actes(n'eftant en ma puillahee, hardieffe,n'y fçauoir de;parler)ic


à rèmerciay trèf-humblement de toutesfes grâces Se bienfaits. Adonc mes deux
compagnes me prindrent familièrement: chacune par vue main: puis aUec 1e \
congé de laRoy ne, 8e femblablement de toutes les Dames i, nousfortifmes hors
delà mefmeporte par laquelle i'eftoiseqtré:Ië-merefournois à chaque pas /com¬
me celuy quine fepoùuokrafïàfiér 4e veoir, eelogis triomphant^fomptueux /y
qu'il eft impoflîble de crokequece fuft baftiment de mains d'hommes, mais que.
nature l'âuotefakpour oftentation^c monftrer-4'vn excellent chef d'uure de
' fon artifice remply debeauté,gfacesrieheffeifeuretéi béatitude, félicité, Se durée1
" ' ': K iiij * . - ,- ' /
^cfy &o OpUut&/f çAayj; fô
^POLîPHîtE * 1?
|>étpétuelle.Parqubyfeme« faffe volontiers arreftéençofesvn bien peu^ mais il
411e conuenoitfuyure mes çuydes.En paffant dpnçquês mon chemin, ie iettay ma
veuëentrauer^ vey eferit'en kfrife deffus laportevneinferiptiondifant ainfi;
O THS 4>ISEOS oabQs. "'.,
.- \ C'EST A DIRE-\LA RICHESSE D E NATVRE. '' ;

Au départir ie recouru auec les' y eux. tout cepourpris pour le retenir carnée
,5moke,difànt àpartmoy.O bi£heureux celuy quipourrok obteilklettre de boufr

, lyenàencores quatre non moindres que les précédentes,Jefquelies


4ra veoir. Adonc elle me mena au cqfté gauche du Palais, en yn beau vergcrjcon".
.tenant en circuit autant comme tput 1e logis o'ùla Roytie faifoitfa réfidence. À
4'entout duquel tout au long des murailles.y aiioit des parquets de Jardinages en
,forme de çaffes,dedans lefqueEes.eftoyétpkntezdesBuys, Se des Cyprëz entrer.
.meffe?,.à fçauoir entredeux Buys vnCypfez , les troncs Se les' branches de firi or,
.mais lefueillage eftok de verre fipropremétcpntrefaict que l'oni'euft prins pour ,

naturel. .Les Buys montoient en troupeaux ronds ":4'yn p*as de haut, Se les Çypre'z
errÇointe,dpubkns cefte mefure. Il y auokdesherbesScdeSjfleurspareillemenf:
feintes de verri:,de diuerfes couleurs figurés, Se efpeces,du tout reffembknfes aux
jiaturclfes.Les planches desparquets eftoient pour clofture , enukonnées dé la*
pies de verrc,dorées Se peintes par le dedâs de plufieurs belles hiftoires. Les bords
«»ioycntdcuxpouccs4ekrgeur,garnisdemoulurcs4'or,tâtparhautqueparbas,
^e les coins çpuuerts d'vn petit fueilkge d'or en forme de bizeaux. Le iardin eftok
gios de colomhes ventrues faites de verre en formedeIafpe,embrafï"ées[de l'her¬
be diète Lifet ou voluble,auec fes fleurs bknehes pareilles à clochettes , toutes de
reliefdu mefme verre coloré après le naturel. Ces colomnes eftoiét appuyées co¬
tre despiliiers d'or,quarrcz Se cannelez, fouftenans les arcs de la voulture faite de
piefme matière. L'efpoiffeur d'iceilepar deffous eftoitgarnie delozenges dever-#
ferapporté entre deuxmpului:es.Suries chapiteaux des colônes ventrues eftoiét
*ffis l'archkraue,k frize Se kcorniche de verre, figurez en lafpe : Se les moulures
à l'entour,de rhombes d'or,àfueilkgelyméSe martellédefquels rhombes auoieftt
enkrgeur la tierce pasftie de l'efpoiffeur 4e k voulture. Le plan Se parterre" 4u
îardin eftoit faiéb à compartimens compofezd'entrékzSe autres figures de belle
grâce, diapré d'herbes & fleurs de verre ayantluftre depierreriéfcarihi'yauoit
çien de naturcl,8e néantmofe-s celarendok vnçodeurfoçfue , propre Se conuena-
Jsle àk nature de l'herbe qui eoeftpktepréfentée, à caufe de quelque compôfitio
dont elles eftoient frottées. le regarday longuement cette npuueilc manière
v # defiardin,&ktrouuaytorteftrangeenmoy-mefaîç. r Y . "

-- -. - ; " .. ~ - ' '-' ''Logiftique


PPLlP.J*ÎLrE.' 4t

Logiftique me fit après monter en vne haute tour qui eftoit la, Se memonftra
vn autregrarid circuit en forme de Labyrinthe , fait en rond , rn^is on nepouubk
-cheminer par dedaîis,pource que toutes les voy es eftoient couuertes d'eau , Se y
failloitalier en barques ou naffelles . Aurcftëlelieu defoy eftok affez déleébablc,
abondant de toutes fortes de fruks,arrofé de claires fontaines, embelly de verdu
re,Serémply de toutes délcétations,Adonc Logiftique me^a dire; .
' le penfe,Poliphile,.que vous n'entendez pas k qualité de cefte merueilleufe cô-
trée.Ie vous aduife que celuy qui vne fois y eft entré, ne peut iamais retourner en '
arriereCes tourelles que vous voyez édifiées çàSe là,fent diftantes l'y ne de l'autre
parfeptenuironnemensou reuolutions de chcmins:Se y en à dix de compte fait,
ïàns celle qui eft au centre Se fur 1e milieu. Le danger auquel tombent ceux qui y
. entrent,eft,qu'cn k tour du centre fe tient vri Dragon inuifibfej mais grandement

cruel Se hydeux. Il eft vray que ne le voit point, eft quelque peu de reconfort,
tputcsfois c'eft chofe par trop efpouuen table de ne 1e pouùoir éuker.Aucunesfois
desl'étrée mefme, oufurlechemin par cas fortuit ou de propos délibéré il déuo-
re ccuxquiy font entrez.Etfiàl'étour ou parmy kvoycilneles engloutit en fon.
ventre,ils paffent feurement toutesles réuoIutions,Sevoyent toutesles tourelles
vne à vne iufques à celle du centrëoù cemonftrefakfàdemëure,Selàinéukablc-
ment tombentdedansfa gueulfe,&n'y àpoint de remifîîon.
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- LIvREiPiREMIER DE
L'on y entre par cette première tour fur laquelle tu vois cette efcriture dé lefe»
. . .

^^;tiçe5 Grecques..-^,'. -.- v ,---».:.. -.-r~;**-- -' - ---- -----»-- *r - "- <

' "' ' À03 A kOSMIKh. ÛS IïOM*0AT3.


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#.' t5: frfla.iireï la gloire du monde tfî comme ksbttttt^^ «

"' Ceuxqûipremierementy entrent, nauiguent, à-gré d'eau, fans péine,Se.fansi


aucun foucy:Se ce pendant les fleurs Selesfrui&s tombent eh. leur batteau: puis.
.paffentles feptréuolutionspremiercs en tout pkifir,Ss fans malefte, iufques à Iaj,
. première tourelle. - . ; "" . '*''// -..--., ,*
. , -" - ,

Regardez Poliphile quelfeckrtèd'air,quelfeattrempancedçteÉipsily;a ck'


çecommëncement/qùi'toufiours augmente iufques àkcïnquîèfmé tourelle, &r
comnie de là en auant elle décline Se deferoift peu » pén,obfcurçifTant ver? la tour.;
1d'u,centre,où la lumière vient à faillit du tout.EhktPur de l'entrée fait fàréfîden>
"cevne Dame bénigne Se libérale , 4ëman"t laquelle y à vne. vieilfe.conclie entaillé^
1 dêfèpt lettres Grecques.. ' Y ' V .'- - Y, "''"- ;"-'--
- . / '. ' .

' - ©EsntON.
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dire, Lefort au,'dèffmee: Y_
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Cefte-conchc eft pleine de Méfies fatafes,dëfqucîles elfe donne 1* ceux qui" en--'
.

tarent léan,s,à.chacun vne, fans aucun refpeétdcqualité ou condition- ,. mais ainfî,


que Taduenture; Scie fort y efchécnt:puis commencent à nauiguer droit au Laby-
rinthe,Se treuucnt les.chemins bordez de rofes Se arbres frai éliers. Quandlls ont ,
palfé Kenukonnemét des fèpt réuolutions premières, Se font venus à k première .

tourelle, ils treuucnt vn grand nombre4e filles qui leur demandent à 'veoir leurs;
mefles,car elles font expertes à dbgrioiftre leur propriété : Se après les auoir veuës,
seçoyuent Seacceptent pour hofte celuy qui à la me/lé accordante. Se cônuenable
à leur nature: Se l'embraffëntjfuyuent Se accompagnentpar fes autres réuolutions
en. diuerfes vacations' Se cxercices,felon leur ihclination.Ainfi vont iufques àja fé¬
conde tourèlfèjSe Iprs commencent à regarder- ce beaulieu; puisnauiguét deuers .

la tierce,vo'ûkhs Wën entendreque c'eft à caufe qu'ils y. prenen«pkifîr. En ce lieu


qui voudra perféuerer auec fepremierecompagneielle ne l'abahdône iamais^mais
pour ce qu'il fi' en-tteiiue.de beaucoup plus belles,plufieurs répudient les .premie*
tes,Se les délaiffent pour s'accointer de celles-cy. Et eft à fçauoir que de laïfecon*
detourelle iufques' lkSerce,ilstreuuëntvnpeui'ëâu contraire,, tantqu'il eft.be- '

fbing dé voguer.Et delà tierce à k quatriefmc eneores plus forte, Se plus makiféev1
combien.qu'enpaflàntilsy voyent diuers- pkifîrs variables Se inconftans. Lors ar-
riùez 'k k quaeriefme toùr,ils font rê'çeuzpar autrçs Damoyfelles lutteufes Se dui- ,,
tesaameftier delà guerre^ qui efprouiient& examinent leurss méfies-, .Se. tirent àY
feurvacation ou exercice ceux quelles y cognoiffent idoines, kiffant paffer les -.
autres qui rî'bnfpoùkde çokfûrmitéauecfeur.compfexion. En ce paflage l'eau,
eft tude,Se grandëmentréfiftante aux bateaux : parquoy font contraints à voguer
à* toute force. .La"cin"quiefmetour-e,llè,qùahdiîsy;fo
fecréà.tiué : car ils y contemplent, la beauté dë.feur .fembiable,:. Se en ce- paffe-
te-mps ibyeux Se* dëfîré cheminent, pleins de fantafies &.:bccup.ations,lab.orieu-
fes. Là eftpraftiquèceProiierbciLes bien-heureux ont tenule m'oyen.En ce..paf-
ëge, ftiiig_eié,miUc.u..dëiio;ftrecoursaauee lequel fe.mari e. Se comoint la félicitera-
-Bc]iëÏÏe,-b'wlàfcièncc:léfq"uelles fi l'homme alors n'a auec fey5TKoi'ns la potma~îl
acquérir en l'aduenir.Aufortir de cefte tourelle, l'eaù peur raifoftde k pente du
lieu commance à deualler Se prendre cours vers le centre fmahparquoy ayfi&tncnt
Sefans guer es voguer, on efl porté iniques à k fixiefmetcurelle, en laquelle de¬
meurent certaines belles matrones comme f emmes vefues,de regard Se maintien
chafte Se honnefte,entendantes au feruice diuin: k dénote contenance defquelles
fai^tefprendreleurshoftesdeleur amour3fi bien qu'ils blafinentles Dames paf.
fëcsjfaifans 'auec fes dernières vne alliance ferme Seperpétuellcpourtoutlereftc
dupaflàge.Ces fix tourelles paffees , l'on nauiguepar les autres en grosair pbfc'ûr
àuec beaucoup d'incommoditez , Se trouué Ion 1e chemin fort coulant «Se brief,
pouree queff'autant plus s'approchent les voy es du centre, tant moins ontelles de
iongueur,8efontplusçourtes,Se tpftpafïées : parquoy n'ont plus que faire de vp-
guer:car l'eau les emporte âffez d'elle meîme , Se font comme précipitez par val¬
lées griffantes dedans l'abyfme Se voragedu centre,non fans grande afïlièlion d'ef.
prit pour kfouuenanceSe recordation des beaux paffetemps Se gracieufes corn- >-
pagnies qu'ils ont kiffé aux licuxpaffez..Ét d'autant plus qu'ils cognoiffent que
plusneleurcftpofEblcderetoutner en arrière, nyieuoîterkprouë de Ieurbàf- .

quettc.'pource que fes chemins font eflroks, Se les proues de ceuxquiles fuyuent
.nauiguantaprèseuxjtouchèntfànscciferà leur poupe : plus fe redouble en eux
leur peine, voyant l'efcriturc efpouuan table fuir l'entrée de la tour du centre , qui .
©û grauée en lettres Attiques,difànt; ' Y y-." fi
y 'Y .V;.-'Y) -.' elcN" atkos aïsAâthTos.
C'<r/r k dire, Lt Imp des DÎtux, fui ef pnspitie".

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LIVRE PREMIER DE
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Alors cbnfidérant ce mal-gracieux tiltre,fbntfort4ofens, Se ontvn merueik


feux regret 4'eftre entrezence verger efgaré ,fujeétàtant denéceffitez inéuita-
Mes & malheur eufes, combien qu'il femblelepleinde délices. Alors Logiftique
médit encores;Sachés Poliphile,que dans lefons de ce grand abyfme eft auife vne
sudecontrerolfeufejkquelle iuge ceux qui y entrent,poife Se examine ferupuleu-
fement Se à iufte balance toutes leurs actions par lefquelles ils- doiuent rece¬
voir mal ou bienfeion leur mérite. Et pouree qu'il feroit trop long àvousdé-
ekterle tout, vous ferez confus de ce que i' en ay dit. Defcendons maintenant à
noftre compagne Thélémiè.Quand nous Teufines retronuée , elle nous demanda
là eaufede noftre tardement : Se Logiftique refpondit: Il ne fuffifoit pas à noftre
Foliphile de veoir feulement ce que ieluy ay m onftr é,mais il à efté befbin que ie
ftiy donnâffe à entendre ce que pour k difpofitiondu.lieu il ne pouuoit perfon-
aellement conçeuoit , à fin que par moil interprétation , puis que autrement «6
luy eftoit poffîble,il cogneuft aucunement k propriété de celieu. A ce motThe-
îë'mie changea de propbs,Se dit: Allons à l'efbat àl'autre iardin , qui n'eft moins
daleéfcablë que celuy que luy auez monftré.Ce iardin eftoit de l'autre cofté du Pa-
kis,faie.4'ek mefme grandeur Se façon que celuy de verre, Se fembkble enladif*.
. j4û«iQKdëspkn^o/or£^
poliphile;- \ At
foye, les couleurs appropriées félonie naturel. Les buy's les cWes'arrënge*'-
Se '

comme les précédens^yant les troncs Se branches d'or, Seludeflous plufieurs, ,.«,.
herbes fimples 4e toutes efpeces, fi viueinent exprimées ,.que nature les euft a4- ' , ' '

uoUéespourfîemies : car rouurier leur auoitartinciellementdonné leurs odeurs,


auec ie ne fçay qu'elles côpofitiHis conuenables, tout ainfî qu'a celles de vérre.La Y
muraille de ce iardin eftoit faite par mduftriefinguliete,auecvrkdefpéceincroya- .
bfe.C'eftoient tontes perles affemblées,de groffeur- Se valeur égales, pardeffus les¬
quelles on auok eftendu vnetige de lierre, dont les fueilles eftoient de foye ^^
branches & les petits filets râpans de fin or,. Scies corymbes ou raifins de fon fruict
4e pierres précieufes:Se tout à l'entour par égale»4iftâcefy auoit' enta muraille 4e$ -
pijhers quarrez,auec leurs chapkeaux,archieraue,frize,Se corniche 4u mefme me- . > v

tal,feufementafîîs pourôrnementXesaizquiferuoient4e plâches, eftoicntfaits; v.


en broderie»de fil d'or Se defoye,à pointpkt,hiftoriez d'amourettes Se chaffes tant
curieufementpourtraicfes que le piaceauh'euftfçeu mieux fake#Le parterre é- - ,

ftbkcouuert de veloux y erdreffemMane àvn beau pré fur le commencement di* [ * .


mois d'Apuril.Au milieu delà place y *uok vn berccau,bii tonnelleronde,cn for¬
me de treille,4ontles perches & lès obiers eftoient bien eftoffèes 4'orpar deffus,Se
tout alentour eftoient ployées; des branches de rofiets fleuris,cauuertesdefueil--
fes verdoyantes,meflécs de rofes blanches Se vermeilles,; le tout defby e , tant ap*
procharites du naturel,qu'on euft iugé les contrefàiétes plus belles que ne font les
- vray es.Sous cefte treilleyauokdes fiegescontintiez félon le rond, faits- 4'vn fin-
lafpe vermeihle bas paué 4'vne feule pièce rôde de lafpe iaune,meflé de plufieurs- >

couleurs confufes,mais rapportant toutes à vne, unt claire Se polie, que l'on y"
voyoit tout le iardin; commededansvn grand mkouër.Nousentrafmcs fous celle;
treille,Se nous aalknes fut les beaux fiéges pour y rcpofer.Puis Thélémieprintfa
lyrè,8e l'accordant afa voixjcommença de Shanter l'origine dt ces délices ,1e fou-
îierain Empire deleur Royne,Se ThonneuE que l'on pouuoit reçèuoir de s'accom^
pagner de Logiftique fi mélodieufemènt que ie m'efmerueille qu'Apollo n'y ac¬
courut pour refcoutei-jcarpour lors ie n'eûimois aucune autre chofe , quelquf
chère ay defirée cjyu' elle me feuft« «*.,.,.

' -- '- ''Y ' ' - v. v-''' ^- : *- ilf, ''


C/OocJJ'; {D /
livre .premier* de

Lachanfoàfinic,Logiftique meprintpar kmain, Semé mena hors de -ce lieu;


4ifant; P,oliphife,ie vous veuxmonftrerdes'chofes plus, déleélabfes à l'entende--
. :ment qutelles.ne fowt à k veuë,côbien pourtant que l'vn Se l'autre s'en contentât.
Durant cepropos , nousentrafmes en vnautre iardin près delà, fermé de voultes'
. fouftenues fur des pilliers. Ces voultes auoieht cinq pas de hauteur depuis lëplan
iufques à k clefSe trois de large depuis vn piilier iuiqiies à l'autre : 1e tout fait de
brique couucrte de ly erre naturel , tant efpois que l'on n'euft fçeu veoir vn feu!,
quarreaude cefte brique Se y auoit cent voultes en rondeur,faiknt la cîofturedu
pouxpris:à chacune voulte vn autel de porphyre, Se fur chacun autel vne Nym¬
phe d'or, les Nymphes eftoient toutes différentes en habit Se maintien : toutesla
facetournée deuers le milieu du iai'din,ou eftok fôdé vn piédeftal quarré de pier¬
re Chalcédoine^fur lequel eftok afîisvn plinthe rond deïafpe vermei^ephtenât
enfahauteur deux pieds,Se en largeur vn bon pas Se demy. Ce plinthe fouftenoit
vn triangle de mefme largeur-, fait d'vne pierre trèf-noire ; les coins ou creftes de
laquelle ne fortoient'ho.rsde k circonference-du plinthe rond. A chacune des
trois faces eftoit rapportée vne image de repréfentation dîuine -, ayant les pieds ,

pofezfurîe plinthercnd.Auvuyde entre, deuxeoins du triangle qui auoit vnpas


de-hauteur, les imagée eftendofeiît leurs bras deuers les.coinsvn peu obtus ou
:
..." - < . ;'y,p'ol.i:phi:le.;; ï f-'1 , ' 44
moufTes,3é renoienttrois cornes d'abondancc,à l'endroit des troisangfes directe*-
ment cpntrele milieu. Cesxomesaubient. deux pieds. Se quatre pxuices4e Isn- : ; :-. ->
gueur,Se eftoient liées de rubens 'vollans fur le foas Se vuy de de k pierre aoire. * i;

Ces images figurées en forme de Nymphes de fin or, Se pareillement les eornes-
4'aboudance,& leurs ligatures.En chacune face du quarre mis audeffous eftoient, .. f
grauées des lettres Grecques,c'eft à fçauoir en la première face trois fettres^nda.^ -^^j." j
fecondevne,en la tierce deux Se en k quatriefme troisdefquelleS affembîécs foi- heafibk. 1
foientecmot. - - . ' .' ' ' ( - « Y. ,' : \

; . " -' .""--'.'' A TS*A A. à T,.0-2.- - -.--.' .--'>

Au plinthe rond ai' endroit des pieds de chacune des trois images -, y'ânôit des ;:
Îriérogîyphe-Sjà fçauoir fous kpremiercvn foleil , fous la féconde virtymon ou-
gouuernàildenauire;Sçrfoiisktièrce vnvafe'pkt '; plein deflammes-defeu. Sur,
la faillie d'vn chacun des coins detriangfe,plus haut q-ne les iîrragçs,y,au-ak:vn.-mb~j
fîre 'Egyptiën,feit d'or en forme.de Sphinge jgifant deffus fes-.'qUatre pieds yl'và--
defquels auoi t là face tbu'tefm-maïne, l'autre demy humaine & démy beftïale , k ,
tïerc&oùtebeftkfe-': Se,auoierittoutës trois vne'barrde-à l'e-ntoH-r-dû front,auec-' '

vne a'ttre qui Ieurcou-utokies oreifles,eh façon des-ptnd-âns d'vne mkre,défcen>- '
dansle-iong dit col iufques fur la poitrine. Elles -aubicntle corps de LyPnnesy£e:
eftoient couchées fur: fe- ventre.- Deffus; leurs 'efcÊines-'repQfo'it vne. pyramide
*
.
-
L i-iij- ,

4
- , eâtcfi/o, . <>

- /f ^ tltHE PREMIER DE
Jf'or màffiue,Sc triangukkc,ayant 4e longueurcipq diamètres 4efon piéd,8e mé,
. * ^ntenpointe,A-ch.acunedecesfaceseftoktailléynce.rcle,8eaudeffusvnefettre
Y * Grecque antique.En k première vn H , en la fetode vn O, en k troifiefme vn V,
Logiftique fe tourna deuers .moy, Se medkjPar ces troisfigures , quarrée,ronde,
* 6c triangukire,confifteîa céiefte-harmonie-So^ezadueity, Poliphile, que ce font
; |iiéro§lyphes Egyptiens antiqu.es,qxu ont perpétuelle affinité Se conionclion en-
fembfe,hgnifians,& difans. A la dijiineSe infime Trinité, en vne feule effence. La
%ure quarrée eft dédiée à iadiuinké,pource^ qu'elle eff produire de l'Vnké, Se
( '* en toutes fcspartks eft vniqueSe fembkbfer La figure ronde eft fans fin&fam
commencement,Se tel éftDieu. Autour de k circonférence Se rondeurfont con~
- ;£euuzcestrois hiéroglyphes, kpropriété defquelscft attribuée à nature diuinc.

Xe Solcilpàr fabelfelumiere crée,conferueSe eniuminetoutes chofes.Le tymori


# gouuernail-fi.gnifielefagegottuememen^
troifiefme qui eft vn vafe plein de feu , nous donne à entendre vne participatioti
Yd'amour Se charité qui nous eft communiquee par k bonté diuinc.Et combiê que .

*
lestroisimages fo.yçnWfcparées,fieft-ceVnemefmechofeindiuifibIe, éternelle¬
ment cpmprife «nvu,.Se inféparablement.conioncle, kquëlfe nous départ Se cô.
y .muniquebénignanenîfes grâces .Se fes biens, ainfi quetu peux comprendre par
les cornes d'abondance pofees fur les coings du triangle,qui eft ferme fur tous fes
coftez: parquoy il nous lignifie que Dieu eftimmuableSeinuariablé, fans iamais
.Af If °8' reçcuoir altération ne changement. Regardez cefteparole Grecque eferipte fous
*£ diachoii- laiigure du"'Soleil, A a i h r h t os- fous celle du tymon, A a i A X q p i s tos.
tto$,in fe- encclledufeu, AaiAîetNES. Pour ces trois effeûs les trois animaux ont
j>arable, efté mis fous lobélifquc 4 or qui eft plSfé fur leurs efchines.figurant fes chofes fuf-
^.diareHnes <lkes:,çar.ainfique l'effigie humaine excédeîSefurpaffe toutes îes.autres,k foy Se la v
m?fr\\ e- vray^opini.ÔcôçokjSecpprendtouteschofe?quinouîfemblétincroyables,Enk
*.-. pyraitiidey a.trbisfaces,à chacune defquelleseft entaillé vn cercle, lignifiant les,
troUtéps^affé^préfent,^ à venir. Et fautfçauok que nulle autre figure ne peut
, jarfai^emétcôpieadrë çestrois cercles,que le triâgle. Kotez qu'il n'eft poffibîe
de veoir cntierernët toùtà vne/ois Se d'Vnc mefme veuë fes deuxeoftez delà py-
mwi'ote, ;triarigukire,maisvn tant feulement ,Se celuy qui eft deuant vous, par lcquelefl
pssaàèp- entédu le prefent. Donques non fans caufe y furent entaillées ces lettres
iOûN quianciénemeteftokainfi n O V .A moaduis il vous pourra féblerqucic
£ûis trop prolixe Se fuperflue en ce propos, mais certainement i'y fuis plufttsft
; |>rieue Se fuccincte.Saché? que k première pierre eftfeufemènt cogneuë de foy
, mefmevSe combien qu'elle foit Diaphane ou tranfpftente, fi ne nous eft elle to-
jalementckkc.Toutesfoisceluvquià meilleur efprit,monte plus haut,Se confia
4éÉingénicufement kcouleur^ek figure ron4e: puis cherche plus auant, Se
* paffe rafques à ktierce figure, laquelle eft de couleur obfçure : Se finablement
vient à contempler vne autre figure à trois faces:Se delà en auant toufiours vpnt
; \ laveuë Se lfcognoiffance en diminuant Se défaillant ainfî que k pyramide : car
-

" ' . t nonobftant que l'homme foit fçauant&expert^l n'en peut aprendre autre cho-
_fe finon que cela eft j mais quoy, ne comment , cela ne peut entrer en fon cçr-
jHi'eau. . _'' ' '. ' ' y '.-
De ces fainsfles remonftranccs que Logiftique m efaifok, prifes au fecret de,
- iUturediuine, feu plus de plaifîr en mon cur, que 4e tout ce que i'auois vÉiau-
'" _ .j pârauant:Sc4efai<3:iemeprisàcontemplerlObélifquedefigrâ4myflere,l3roit,
fermeSe ègal,compofé 4e matière incorruptible,éteriieîfementperféucrant,afïïs
m milieu de çepre,entreplùfieurs arbres fruitiers, de go^ftfuaue Se d'effeèlfalu-,
''''"'' '-'Y' ' ' '"' taire

r m
:<*-.-*'
*» - - , ,- . *
- ' . \
> _ . poLrp:H!t~f; ' , ' ; %
-|airë5pîâante3 par osdre.Se proprement afïîs,en grace,bcaut^déïéâanoîï^laifif&
:VtilitemerueiUeufe,voirein.ceffammcnt fubft|ntezdu.Soleil, qui kmais ne fine,
^presque nous eufmes là feiourné quelque temps^nes deux compagnes mere-
prindrentpar les uiainSjSe me menerét hoirs cepourprisXorsThéfe.mieme vadi^
" re.lLefttenipS4'alfer aux trois portes quenous cherch oris.A quoy côfentant nous

nous mifmes en voyeparmy cefte belle contrée , ou l'air eftoit clair , Se le ciel fe-,
;ccin aupoffible:mais cène fut pas fans paffër fe temps en propos familiers Se déle-
, clables,telfement que defirantfçauoir Se entendre particulièrement les grans ri- '

. cheffes Sethréfors ineftimabfes de leur ..Royne Eleuthérilide^ie leur fey cefte de- -

mande honnefte. levons fupply heureufes. Damoyfelle^fima curiofité ne vous


eft imp ortune,dites-m©y,qu' elle hiftoireeft tailléededâs fe Dyamât lequel pen4
..

. au carquâ delà Royne voftre maiftreifejcar ehtretoutes lespierres précieufes que


i'ay veues en fon pakis,cefte là me femble tant riche, queie la répute hors, de tou¬
te eftimeiSepenfe qu'il ëftimpofïïble deluy afîigner pris conuenabîè, veu qu'il
eft tel que le lafpe de l'Empereur Nèrô où fa figure eftok grauée,lë Topacede k
:

Royne A rfinoé.d" Arabie, Se pareillementkpierrepourlaquelfele .Sénateur No-


.-iiiusfutenuoyé en.exil,ne furent onques dignes de luy eftre comparées. Bien efl
vray que pour eftre vnpeu loing de moy^Se à l'occafioh de fa grande ckrté.Se bril-
; lemcntjie ne k peu voir à mpriaife:Se voyk pourquoy(s'il vous venok à pkifir) ie

voudrois bien apprendre qu'il y a. ' ' Y


-Adonc Logiftique eognoiffant qii© .

ma4emandesftok fondée fur vn bon


defir d'apprendre,merefpondit.' Sça-
cheZyPoliphifey qu'en ce 'beau Dya-
niànt eft entaillée k figure du f ouue-r
rainIupiter,courôné,Se affis au throf-.
nédefaMajefté, fous le.qu.el gifétdes
Géans foudroyez, pouree qu'ils 's' ef¬
forcèrent de monter -au fiégë de fa dii
uine excellence. Il tient en fa main fe-
neftrevneftâmedefeu, Scenk dex-
- tre vne corne d'abondance remplie

de tous biens : Se font fes deux bras


eftendns. Telle eft .pour vray k fcul-
pture contenue en ce ioyau précieux'.
Adoc ie l'interrogay de rechef: Que
veulent donc fignifier ces deux chofes
fi différenteSjCOmme fe feu,Se l'abon-
danceXors elle me feit cefte refponfeXe grand Iupker immortel, parafa pruden¬
ce infinie metîes hommes terreftr es au choix de prendre celles des deux chofes
. qui meilleure-leur femblera,Se fousklibrevolonté de leur aduis ,Se franc arbi-
tre.Suteepointieluy repliquay: Puis que .hoftre propos eft tombé k deffus ,&
que mon defir d'apprendre n'eft pas encoresfatisfaiél.'-ievous requiers (pourueut
-que mahardieffenevous.cnnuie)que nie yueiilez dire que lignifie fe monftre en
maniéré d'Eléphantqueie vey aiiant que trouuer le Dragon? car il eftok formé
de pierre en vne grandeur exceffiue: Se comme ie fus entré dans lecreuxde fon
ventre, ietrouuay deux fépulchres auec vne eicriture -d'interprétation difficile,
addrçffant à quelque thréfar,difant que le kifiàffe le corps^prjffe'k tefte. Àdôc
Logiftique repliqua.Ië fçay trefbien ce que yous clochez. Cette metueilleufe
. v -''-,' " . ' .M " ' '
c-
àé*/>:
LIVRE PREMIER DE
machine n'a pas eftéfaiètc fans caufe. Et pour entendre l'intention dé tqrmriery
foùuenéz vous que deffus fe front d#k befte pendoit vn ornementde cuyurëfe-
mé d'efcriture,kquelle.en noftre ligue dkXA B E V R' ET I N D V ST R lEi.
C'eftà.dire.Qaiprétendacquérir rie he.ffe, doit dékiffcroyfiucté, figmfiéepar ce-
ftegroffëcorpufencc:Se prendre k tefte,qui eft celle eferiture : car en trauaillânt,
auecinduftrie vous trouuerez Ie*thréfor defîré. Par ces parolles leme trouuay fuf-
fifammèntinftrukde cette fignification:d6t ie k remercia^ debien bon ccéur. Et
voyant q« e cesbelles ri'vfoient de priuautéfi familiereen mon endroit , iepour-^ .
fuiuy auec plu s grande audace aies interroguer,difant: Sages Nymphes , au fortin
dekgràndcauerneie trouuay- vn beau pontde pierre, fur les açodoers , duquel
d'vn collé Se' 4'a utre y auok des hiéroglyphes en deux tableaux, l'vn de Porphyre,
^l'autre d'Ophkc:fefquek(ainfi commëi] mefemble) ie interprétation leur
fignification, excepté les rameaux attachez aux cornes d'vne tefte de b : c^t
oncques ie ne peu cognoiftre ny fçauokrde quels arbres ilsfontsSe auflue defi-
r$ entendre pourquoy fes hiéroglyphes ne furent tous tailiez.en vne mefme
picrre.A quoy elles me refpondkent.L'vn des rameaux eft de Sapin, Se l'autre, de>
iariccXa nature de ccsdcuïvbois eft^que leLarice ne peut brufler : Se le Sapm ne

aife pour en faif c chaux,no n feulement elfe ne peut cuyre-,.mais gardeles-autres


n" -- '' -pierres qui luy'. font, pro
chaines , de,- s'amollir au .

i feu : l'ophite auffi eft touf¬


iours froid -, Se ne fe peut
nullement efchauffer. En
': veritéf-Eoliphile )ie vous
prife beaucoup de ce que
vous délires fçauoir , Se
vous rédezfbngneux d'en^
quérir desvçhbfes tant di¬
gnes Se: leeommendables.:
Ainfi deuifans-nous paruif-
mesà vne riuiere belle Se
pjailànte^brdée de toutes
les?- efpeces 4'arbrçs qui
ontaccouftumé de croi.ftre
au -long des eaux : Se fur el¬
le eftoit bien bafty-vn.pont
de pierre à trois voulturesy
lés piles duquel failloiènt
', V
eh pointe , pour eftre plus,
fermes ,:,& mieux,refifler .

au cours de l'éauv..
Au milieu de ce pont fer
les accoudbërrou appuis, à
pÎPmbde la clef delà grâd-
arche, eftoiteioué de cha¬
cun des coft.ez. m.quarri
-<4c pprphireauccfesmoulurcs,frontifpice,& tympan , èotîtciuik vjfe ieulptui*
-4e hieroglyph.es. '- y ' Y, ,. .",. ,",,

'/, En celuy du cofté dr ok,y: auoitviîedameceinted'vnferpcnt,affifefeufemenfc


d'vneiambe , Se tenant l'autrehau^e, en contenance de fe vouloir leuer. -Del*
jriain du cofté de fon fiége elle tenoitdeux aiffes,5e de l'autre vne "tortue. ', ,"
Ëh l'autre quarréy auoit
vil beau cetclc » le centré
duquel eftoit tenu pat-
deux petits-Anges. Adonc
Logiftique me dit. le fçay;
bien que voûs-n'entendea
point ces^ hiéroglyphes^
toutesfois ils font apprb»
priez à ceux qui vont aux
trois portes : ^5e. pour cet
effeét y fontmis,a fin qu'il*
:

en ayent mémokcXe cer-*


de doneques de ces deux
Anges veut dire. ,
MEDIVM TENVE-
RË BE.ATL
C'eft à dire. ' Y V
les lien heureux mtttné
. le milieu.
Et l'autre où eft la femi
mcafïifc, Se demie leuée*
tenât en fes mains les ailles'
le k Tortue.
YVELOCITATERf
SEDENDO, TAR-
DITATEM. r
S VR G EN D O
TEMPERA. . ; , -

Ctfiïim, Medereldlégieretépdrt'dfeoiryC^ldtrirdiHttéfdrïtleuer.' y 4

Le paué de cepont eftoit fait vn petit en pente,defortc qu'il démonftroit afTcx


le bon iugement Se ihduftrie de l'architecte qui l'au-ok bafty en éternelle ferme-
té,par vnait incogneuaux manouuriers gaftepierres modernes,ignoransfes bon- ^
ne's IettreSj'Se nciuyuans nyraifon nemeiure ,ains couurantdc fard ou ombrage
leurs baftimens mal ordonnez Se difformes.Ce pont eftoit de matbre blanc, bien
conduit,Se ounrê le pofïîbie. Et après l'auokpaffé nous cheminafmes tout le long
d'vne belle plaine à l'ombre de plufieurs arbres fruittiers, en efeoutant léchant
mélodieux d'vne infinité d'oyfillbns qui faifoient retentir le pais d'alentounmais
bien toft après nous arriuafm es en vn lieu pierreux,aiprè, Se comme tout efgaré, -

ioignant au pied d'vne plus haute roche,ronde Se feiche, fans aucune verdure , en
laquelle eftoicnt^cauèes fes trois portes fans aucun art , ny ornement quelcon¬
que, mais toutes moiîies Se yermouluëspar antiquité. -''-..
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"Kicodo- - ' .

^ia'i gloire Sur chacune d'icelles eftok efcrit fpn propre tilfre , en charaéteres Arabiques,
«leDieu. Hébrieux, G'recs,Se Rbmains,ainfî que la R oyne Elëutherilide m'auok dict. Sur ,

<&èfffl©<îe- ceHe du cofté dextre eftoit ceftëparole,Théodoxia. Sur là Séneftre,Cofmodoxia:


«te''-monde. ^ ^*r ce'fe <fe milieu,Erototfophos;.Quand nous fufmes auprès , les Damoyfelles
Eïbtotro'-' mes compagnes frappere|itàk porte droiéle, qui eftoit de métal tout verdyde
-.fhos ,-wss. rouiileur.e:& elfe npusfutincohtinent ouuerte. Adoncfe préfenta deuant nous;
P OLIRHÏLE.- 47
trie Dame de. grand aage,ayant contenance de vefue , qui fortoitâ'vne petite d'amotjrsy
Pyîurania,
maifonnettë eufumée,faiélè de ckyes Se dé bourbe par vne porte balfe Se eftrtn- porteducifit-
Ête,fui-kquelle eftok eferitee tiltre,Pylurania.ËHe viuoit eh ce lieu folitake de¬ Theuda ,à
dans k roche fur les pierres nues,pauure,palle,maigre Se defiréfe, ayant toufiours cicudonce»
Pattheriïa,
lesyeux fichezen tèrre.Sbn nom eftoit Theude, accompagnée de fix piicelles af- virginité.
fezpauurement veftues:defquelles l'vne s'appellok Parthenia : la féconde Euche: Euche, .
k tierce Pinotidia:k quarte Hypocholiniada ciiiquiefmeTapinofe : Se kfiziefme oraifon.
Ptochia.Cette vénérable Dâ'me auoit 1e bras nud , Se la main lcûée, monftrant le Pinotidia, ,x
ciel ou firmament. Elfe demouroit à l'entrée d'vn chemin fort makifé, raboteux abftincncc-
HipocholU
Se difficile à palfer,empefché d'efpines Se de ronces. L'air y eftoit tant trouble, & nia,fujeâà5.
pluuieux, q^efelieumefembk méknehoîique, malpkifantSeremply de tri- Tapinofis,
fteffe;: '- ' ' v -.' :'>' , -
humilité.
Stochia,
pauuretc,

Logiftique s'apperçeûtincoritinent que ielauois en grande horreur.'parquoy


elfe me dit, toute fafchée; -le 'cbgnois bien que l'amour dejeette femme labo- :

rieufe n'eft maintenant propre à voftre-fàiéf.Màisie ne luy feis point de refpon-


fe,ains priayfoudâin Thélémie en fîgne coUuertSe fecret , que nous fortifiions de Ellc]ja r#_
là. Quoy cnreH,du,elîe me tira par la robe,Se noustranfportafmes ailleurs. Aufîî nommée,
tbft que nous fufmes fortis,l'huys fut fermé à nos talions. Parqaoy nous heurtaf- gloire^ ,

mesila pbrteféneftre:quiprompeementno^sfutouuerte:Euclie nous veintre- -

--,'',-' _ y _ - y '--M iij


" ' '; ' -.
docÛULJ /o
LIVRE PREMIER DE
Merunna-
fle foing. çeuok,c'eftok vne matrone de regard fur ieux,t enant vne efeée fourbië,lapointe
,

Epicede, c6tremôt,paffée à trauers vne courôneparmy laquelle paffokvn rameau depal-


idoin e. '' mé.EIleauoit fes brasforts Se robuftes,le port audacieux,fe vétre eftroiél, la bou¬
Erga-fiéj la¬ che petke,!es cfpaules puifîàntes.:.Se fembloit bien eftre affeurce, non facile à ef.
beur. pouuanter d'aucune auauturepour haute ou dangereufe qu'elle fuft rtantfemô-
"AneéWe, -

Ci&à'Uez- flrokhardie,Se de courage fier. Elle vint,aufîi bien que la première , accompa¬
Sta$êtCQR-, gnée de fîx Damoyfelles: quifent Merimnafie, EpkédeyErgafie, Aneétée, Staffe»
ftanee. SeThrafie. , -

Thrafîc,
hardiefl'c.

Ce lieu me fembkmcrueilîeufement laborieux : Se Logiftique s'en apperc/ut:


parquoy elfe print klyreqiieThélémie tenoit, Se feprint à chanter doucement
en ton DoriqdejPoliphile, qu'il ne vous foit point. grief de trauailler virilement
en celieu:car k peine paffée,le bien Se l'honneur en demeurent. Certes fon chat
fut fî véhément , que ic fus prefquc conuerty à .me mettre en cette àuahture,
nonobftant que l'habitation me femblaft rude,Sepîeine de trauaux. Mais Thélé-
'micme ditlors'.Ilferoitbon (monamy) que vous vifîtafïîés l'autre portc,auant
qu ë vous arrefter à aucune des trois: à quoy facilement ie m'accorday. A cette
Philtrone,
poifon d'à . caufe au pîuftoffque nous fumes dehors,le guichet fut clos contre nous:parquof
«aoar. Thëîémie frappa en celle dumilieu, laquelle on nous ouurit foudainement : -Se
quacdnousy fumes entretint ànoiisPhiltrone Dame notable,pourueuëd'vs
T ';; POLIPHrLE. , Y ,'4s- v. y
regard IafcifSeincoiiftant.Sa maritere,pkifantc Se,gaye .m'attira tout du premier. 0y*5uet^
coup àpourfuyure fon amytiércar ie la trouuay fih'gulierement belle,-'Se le lieu de.Ckon*fme,:
fa refîdéce ioly,gaiikrd,-Se gracicux.CefteDameauokauffijà fà fuytte fîx Damoy- gourmâiuV
f elles dcnontpareiîle beauté,atournéesde tout ce qui eftoitrequis pour donner I(i(3"e> "ve*
g race à l'excellence de leurs pcrfonncs; elles. font, Rhaflone, Chortafme , Idone, '.Trôoliifé-
Trophile,Etpfie, Se Adie... "
délices. *'
., Etofie , .ae-,-
.«aaftuaiajBft. AdiejtéBitïiséj-*,

Lap'réfence,k gtace,8e k beauté attrayante dé ces- fîx Dâmoyfellësy conrente-


tentmes yeuxplusque nulle des autres:quoy voyant Logiftique ma bonne Se lo-y -
.alfeconfeiilercmefmes que i'eftois ià enclin 'Se' fcruilcment adonné -à l'amourdë.
cette pàme,m'admonnefta piteufemenr,difant: Ha Poliphile l, k beauté de cette- .,
cy eft fëinte,fàujfeSc fàrdée:8e fi vous'auiez veu ce qu'elle a dé cache dfc.rriereVou»
©a auriez mil au clur, vous cpgnoiftriez k tfahifon, Se'-feîukiez vne chàro'ngnc;
puante outre mefure, vpusk verriez tant, abominable , que vous -en auriez-grand «
horreur. Certes ces Damoy fellet ne demoaveront gneres auec vous : mais vous a--
î»andonnerantincontinent , -Se ferez tout efbahy que vous lès verrez cfuanouyr
de voftre préfence. La volupLép^ffé.Sela honte demeure , accompagnée de re-
p.pntance*Croyez.moy,cenefenticy que vaines eipcrantës, Se dommage orèf-cer*
' ' _ .'Y Y \ - -^ " -"Y ' ' : M,. -iiîj*;' -
-

i( 4$p*
&?af'>l°~
LIVRE PREMIER My
k- «. W, rftiitte U regret perpétuel , méfiez 4e foufpirs qui importunent fe
^ft^n^iSfvf
.jefte ^xf^^2^^t^^
Ceft vnidouceur contrefait " confitte en amertume
malheureux: la fin qui confume tout -big. Se

Celles «îcmtnao F . } . &Iar0mpit en plufieur*


-

^on^^^^(0i
-

puis
pkceS.Toutesfpis.Thélemiegu^ peu deconrtede.teUe.remonftMoces.De
" *Vn fnnriâ. Das.ams enlouinatmeni uguv ^uw" > .

ImoLm ^ voi'^ eheuoù toustrouuerezde brkf ce queplus vous defirez en

" Shv SÏ : que c'eftoit Madame Polia:çar,en mon c«ur ne pouumt entrer
«ait? piCiov
autre peniec,parquov
ie f* B
grandement.,efiouy. Peu de temps après Thelem*
d éfidcr enla compagnie de «s,

uers la Royne.

Les portes furent fermées après eïfe,Se iê demôuray-feul entre ccsbelles Nym-
cs-.quim'enttvtindrent fort amoureufemem de toutes manières de plaifir.teiie*
ghcs-.quim'entt nieni

^1
;«;";p;olip-«ï"Cey \ ;';. . ; '*&
-' meht que f amour commença à fe multiplier en moy" par IeUrs-aoucès"^atôîes, re¬
gards attrayans,8e grandes mignotifes. Leurs yeuxéftoient lit acérez qu'ils euffent
.; percé vne poîttine d'acier, Se efmeunon.pas vn ieune homme fimple Se muable
commemoy,maislebon vieillard Socrates.Si vne d'entr'elles euft efté aulieude
Yphtync,elleeuft efchaiifféleftoi4Xénocrates,Se n'euft eu caufe deTappfllcr fta-
tue de pierre:càr elles eftoient accomplies de toute perfection de nature , veftues
-

derichesaccoîifttemens décorez de diuerfes façons. Leurs ch,£ueux plus blonds


que rortbouffans Se ctefpelez à l'entour du frpnt,pârfumez d'vneodeur plus fcëf-
ue que n'eft le mufq.nyrambr&gris. Aucunes les auoient liez par deiricredç rubis
de fil d'or 8e de foye, les autres cordez , entortillez Setrefîëz en troisjou quatre
coïdon.^enrmâriieredepaffement.Leur parler eftoit doux,Sc d'vne fi^grand effica-
. ce,qu'iîeuft fubiugké toute réfîftarke contraire Se rebelle à l'amour, adoucy fa-
.

mertume, appriuoile l'humeur farouche,dépraué la fàinëteté, tmprifbnékliberté^


Se amolly vncceurdefer.dont ne fe'feut efbahir fî iefus enflammé, pris Se ktte ea
vne fournaife de chaleur defmefurée, Se noyé en conuoitifekfciue. Eftant dons
attain d Se infec|.4e celle contagieufé peftifence, tout en vn momentees Damoy^
felles s^èfuanouyTënt, Se me kiflerent fçulau milieu 4'vnë grade plaine mife'rablto
s B*tnt|perfecuté de ces tentations. , - '.'.' \

f-0 LI PII ILE «-ArArfT PERD V DE JV É V E £&&


Damoyfelles laficiues qui le délaifferent,il vint a, luy v~ne Nymphe,h
-hurité & parure de laqueUefionticyamplemmt^deferite$. r -"

Y . ' ' "''''"-Cti Art. xi. ',' _

5È S T A T auquel ië me trouué''eftant las Se tf*-


û'aillè , me rroublatant que ie ncfçauois fi ie
dormois ounon. Toutesfsis méfiant recogHeui
i'apperçeu que véritablement ma belle compa¬
gnie m'auok abandonné:Se ne peu fçauoir quad»
nycommenr,nyoùellëcftoièance, Se me trou-
uois ainfî que fi en furfaut ie me fuffe reueillé*
d'vn feage.Lors regardant à l'entour de moy , ie
v-'V.ey feulement vne belle treille de îafmin tonte
-femée de fes fleurs blanches,quirendokntvne
^ odeur fortaggréablêLàiëme rettrayàcouuert,
grandement efbahy enmoy-mefmtde cefte nm-
tatiô tantfoudaine Se inopinée, reduifant en mc-
- moire leschofes grandes, Se merueilfeufes que
-iauoisveuës Se ouyeSjayanttoufîouri ferme efpérance es promefîcsde II Royne
qui1 m'auok affeuié queietrouucroys ma Polia, tant defirée. Hé!as?Po]ia,,.4ifois ie '
en fpufpirark.Mcs foufpirs amoureux retentiffoient4effous cette verdure: Se ainfî
^cheminant pas à pas,conyne celuy quiperife Se ne fçaits'il va ou s^ilne bouge, mes
çfprits ne fereffentirent iufques à ce, que ie feuffe aubout4e|à treiîle,quieitokaf'
fez longue! paffer. . -,. -- ,. }\'\''

m
LIVRE -PREMIER P*E

Alors regatdant-çà Se là,k vey deloingvneaffemblée de ieunes gens, hommes


femme? en plufieurs bandes,au milieu d'vne campagne grande Se fort fpacieufe
Se
fes vnsdanfans,les autres paffàns le temps en diuers plaifirs Si toft-mre ie les eus
defcouuerts, îe m'afreftay, néfçachant queie dèuois faire , ou paffer outre deuerr
eux^ou bien attendre, Senebougerde là.Eftant en cette péfée,vse belle Nym¬
phe fe partit de la trouppe, portant vn fla,mbe»u ardant en fa main, Se printfon che-
' min droit à nroy,quiTattcndy engtande affeélion , efpérant auoir quelques nou-
wèlles de ce quei'àllois qùérant. Cefte Nymphe s'approcha de moyauec vn vifage
riant, & de fi bonne grâce , que l'amour eu (e Vénus ne fcmonftraopcques fi belle»
ny aii guerrieîjtfrahjny au bel adonis,ny la belle Pfîché à l'ar4ant Cupido. Certai¬
nement fi feuffe efté pat lupiter député arbitre fur le différentldes trois Déciles; Se
quecefteNymphey feuft venue pour la quatriefme» Venus n'en euft pas emporté
-

Îepris,parlafentéce4upafteur Phtygiemcar elle eftoit fans çjamparaifon plus bel¬


le Se trop plus digne de la potjime^De prime face iepenfay & tins pour tout cer¬
tain que c'eftoit ma P'olià:maisk façon de l'habit que ïe"h'auois pas accoufîumé
i de veoir, Se.k-qualhé«hi lieu où ic me trouuois,mepeiifuadërent le contrairerpar-
quoyie ne luy ofay faire aucun femblant.Si en dem ouray incertain.. Cette Nym-
phee eftok veftue d'vnerobbe 4c foye verte, tyifuë auec fil d'or , rcpiéfentant en
«Qkdeurdë plumage changeant4acol4u 4Vri-Canart: Se auok par defTousvs-e
; POLIPHILE. , *j© .
chemife de toile de coton , déliée comme crefpe, laquelle eouuroit k délicateffe <#»
:d« "cefte peau belle comme laid. Cela furpalfoitl'inuention de Pamphile fille de- " -

Pktis Se fille de Coe.Cette chemife fembloit enuelppper des rofes blanches Sein- '.: ;
carnatcs.LarobbeeftokioincteSeferrée au çorpMfeu deftpus des ~mammelles , «'
faifant des petits plis couchezà plat fur l'eftomach Qu'elfe auoit vn peu refeue ; la-,
ceinture eftoit fur fes hanches larges Se charnu es,ferrée d'vn cordon de fil d'or,fur
lequel elle auoit retrouffé la fiipcrfluké de fon veftement, taillé beaucoup plus iôg
que fe.cprpSjtant que la lyfîcre venoit iufques aux talons , elfe eftoit encores cein¬
.

te au deffous.de l'eftomachjpour ferrer ce retrouffement quifembloit cnleuéSc


bouffant à l'entour du pudique ventre des flâcs. Lereftcpendok iufques aux chc^
uillesdespiedsjSealloitvoIletant, pour le mouuementqu'èlle"'faifok enchëmi-
nant:car il eftok baftu d'vn petit vent qui l'efbranlokj le reicélantaucùnesfoisea
arriere,pour faire, veoir la belle proportion de fon corps,que négligemment elle '
faifoit paroiftre,qui me fit foufpçonner, qu'elle n'eftpk point humaine. Elle auoit
les bras longs,Ies mains grandes , les doigts ronds Se déliez , les ongleavermeils Se
luyfans,ainfiquelesaMinerue_. Ces bras fie pouuoicnt facilement contempler
autrauersdefachemifêdetoileckireSefloquante. Sa robbe eftok bordée d'vne
frize de fil d'or traic~fc,enrichie d£piérrerie,S£ en fembkble tout 1e tour de fà mart-
teiàlaquellefrizependoient en manière de frangeplufieurs petits fers d'or com¬
me de fléchçs barbelées. Le vgftement eftoit fendu aux deux coftez des hanches
depuis le haut iufques à bas,ferm.é à trois boutons,faks chacun de fîx perles d'vne
groffeur toute pareille , enfilée en foyeazuree , plus belles que n'en eut oncques* ,

Cléopatra pour diffoudre Se faire boiie.Son col eftok longuet Se droief, reifem- '*
blât à lAlbaftrejSefemôftroittôut d*cfcouuert,pource que fa robbe eftokelchâ-.
creefurlapoictrmc,Sebordéedek mefmefrize,e.ntrânteritrëfesm'ammelfes en-
manière de c Les manches de fa chemife eftoient vn peu larges, liées aux
poignets, de deux bracelets d'or , boikonnezde-deuxgroffes perles .Orientales. .Y
Mais fur tout ïe regarday festetins5fi rebelles , qu'ils ne y'ouloient fouffrk d' eftre
prefïëz du veftemen t,ains le repouffoienten dehors , fornVàns deîïx'petkes pdm- *" ! .

mes,quiàgrandpeineeuffen.tpeuemplklecreux delà main, cequieftok plus


- gracieux à mes y eux qu'#n beau ruilfeau n'eft aucerf laffé, Se piusgracieux que k
lire d'Orphée. Sa gorge eftoit plus blanche que kneige,enukonnéè d'vn collier
plus riche que celuy pour lequel la defloyaleEryphiléenfëigna fon maryAmphia-
raus:c'eftok vne groffe corde degrolfes pierres précieufes meffeës de perjes,en k
manière qui s'enfuit.Contre le milieu de la poicîrrine y auoit vn grand-rubis enfi¬
lé entre deux groifes perfes,pukdeux Saphks,vn de chacun cofté , Se deux,autre$
perles. Après dcuxElmeraudeSjSedeuxperles, fuyuies desdeùx Dyamans, Seau
. milieuvn autre Rubis entre deux perles, delà forme Se groffeur d'vne Oliue, re-

ferue fes perles qui eftoient rondes, Se vn peu moindres. Elle auoit en k tefte vn~
chappelletdftfleui's,pardefrous!eqUelfbrtoitkcheuelureentortillée en faconde
petits anneletsfaifans ombrage aux deux coftez des temples, La groffe flotte de
5>erruquedefcendoit le long du collet, ou elle eftoit trouflée en bonne grâce, Se
aîlfantles oreilles defcouuertes,qui eTtoïent rondes Se petites ,'pendok iufques
: furies gënoux,eftinoel!ant au Soleil, comme filets d'or : car elle eftoitplus belle Se
; mieux diaprée que k queue d'vn Pan quand il faiéUarouë.Elfeauoklefrôç: haut,
large,Se poly:puisau delfous deux yeux rians, clairs , commeles rayons du#Sofeil,
compoiez de deux prunelles noires , enuironnees d'vne, blancheur telle que ii on
euft mis du laid à l'encontre,iife feuft inonftré a.uffirïoir comme ancre. Ils eftoiét
j couueïts de deux fouccils délicz.Se vcultez entpurte partie decerçfe , fepauez &
.. ' . ' '" " " - ' «' " N "ij
L<LVR-E~ PREJvHE RyDE:
.;* diftxns l'vn cfe l'autre kkrgeutdcdeux bons poulces, plus noirs que fin veîoux.
Les iouës eftoient vermeillettes,etnbeliies de deux petites foifes,ayans couleur de *
rofé's fraîches cueillies à l'aubfeda iour,Sc mifes en vn vaiffeau:de Chryftal. Certes
ie les puisfà bon droiéfc) -compta celle trâfparence vermeille. Au demo.urant
elle auoit le nez traiétif,bien p ourfife,, Se delfous vne petite vallée feignante à k
' hpuche.qai eftoit de moyenne grandeur: les fearesvn peu refeuées, Se de couleur
'de fàtin crafn-oyfides 4ents auflî blanches qu'yuoka-ytoutes d'vne proportion , &
fî proprement arrengées,que l'vne ne pa-ffok pas l'autre. Amour entre elles cpm.-
pofbitvneoieurkplus douce qu'il eft pofïîbfede penfer. Vous eufïïëz didfc à k
vépirdeloin^qijede fes leures eftoient Çoral,fes dents perles Orientales,fonhj-
leineM-ttfej en par£um,5e fa voix doux accord de ffeuttes. La jeuë de cefte Nytti^
phe, engendra vne grande difeorde entre mes fens Se mou defîr.'ce qui ne m 'eftoit. -.

ençpres.aduenu pour toutes celles que i'auois auparaUant troq^ées/ny pour les ri-
chefrèsquei'auoisyeuës. Mesfens iugeoient l'vnedes parties de cetteexçellente
comppfitipn^ftre plus belle que I'autre:rnes yeux eftimpient le côtraire : feiqueb -.
ftirëntàutheurs Se caufe principale de ce débat pour embrouiller mon pauure
cceur.,qui.pour leur obftination véhémenteà-eftéj>récipké en--trouble Se trauail,
p.erpétiiel.Mondefirfaifoityneftat fingulier de ce beaù.fein, à quo>y mes yeux,
s'accordent aucunement, pourueuqu'ilskpuilfentveok plus àpleik, puis eftans
foilkkezdefa bonne graceiugeoyent'quec'eftok kperfeélion .mefmej'opinion
léger^pa-irarttfoudainementmefaifokprifôed'auantagefes beaux cheucux blon-
difians,outre k beauté de l'onSe l'artifice dontils eftoient antiefez,ondez Se rèpaf-
* fezmetkoitefperdumentenleuradmiration : Mais mon Fil s'arreftant à fes lu¬
mières fes comparoit à deux vmques eftoilles luy fentes au matin, au milieu du ciel
t fcrein.rjcks!les rayons de fes-beaux yeux paffbicnt au teauers de mon cur com¬
me- deux dards tirez par Çupido quâd il fé met en fa cholere.Ie cognoùTois bié en
~H rrtpy-mefme, que cefte diffention ne pourrok ceffer fans perdre le plaifîr de con-
feiérer kbelfeNymphe.:cequirn,'eftoitimpofîible : parquoy i'eftois ainfî qu'vn
hpjpmeprefïe de faim fetrouuantparmy grande abondance de viures qu'il défit*
toutes ènfemble,raais Un' eft afïbuuy d'aucun... ....

LA BELLE NT MP HE ARRIVA DEVERS


P oliphile portant vnflambeau arâant en fia main, & le conuia
f Saller auec elle: il fut efins de fion amour. .

'. - G H A P;-;v.x-i;ï. .,, * ,';''..


BS.ERY.B-NT, diligemment-toutes fes apparentes per¬
fections de cette beauté tant accomplie , ie n'eus plus de
courage à cffciira.er.ee dontau parauant ie faifois tel eftat ,l.es
richeifes les magnificences Se. cette abondancede .comme
ditez ne m'eftpient plus rien au prix de cet obiect ; Otrop
Ri w,jj. heureux, difois-ie en moy mefme, celuy qui pourrok iouïr
_.

ii^X--^^^^
Wa pacifique de cet vnique thréfor d'amourlqueife gloire ce
^g^^^^r' ferok à celuy- que cette belle reçeuroit pour ferukeurf
Puifïànce diuine,ie erpy que voicy Iena'ffdeton effigie, fi
Zeuxis eut veu cettebeauté lors qu'il fit l'image de Vénus-, à mon iugemét,ill'cuft
prife pour fon exemple pardeffus toutes fespucelfesd'Agrigente,voke de tout le
POLIPHILE. r
mondevhiaèrfèr;ia iugeant accomplie en toute perfe&ion- de beautérfe perçlïs ;

eii la contenipknt,le fens,refprit,rentendement,Se la cogaoiifance totale : Sé.ne*


fçeù autre chofe faire fmonluy préfënter mon cour tout ouueit : duquel elle .&
depuis fait fonpropre,Sed'iceluy difpoféàfon--pkifi'r,yéliknt fa demeure péiY
pétuelle : Se depuis eftdeuenu carquois des ffeçhesde Cupido , Se la forge ôà il
chaufe Se trempe fes dards acérez.Ië fentois mon ecem battre' incefTammen t'de-
dansmoy. Ornonobftatitque par fon regard gracieux .'elle me iembk Polia- daJ
moy tant defil"ée,fieft-ce- que l'habit eftrange qu'elle âuoitj Se le lieu qui rrÇ eftoit
incogneu ,me tindrent longuement en doute. Elfe portoitk main fcjfeftic ap¬
puyée fur fâpoitrine, Se tenoit vn flambeau atdant,paffant vn peu plus haut que--"--
iâ-cefte: Se quand elle fut près de moy, elle eftendkle bras droit plus-blanc- que
£ys,/auquelapparokfôitîes veines corrïmepetiteslingnes 4e cinabre entier tirées
fur papier blanc : Se en prenant de fa main droite k mienne gauche, me va dire:
Pdlïphilc,monvniquç,venezpréfentementauec moy" , Se n'enfakesaucunediftî-
culté.A ce m otie me fen ty troubler tous les efprits, Se quafi' convertir en pierre,1
rn'efmerueilknt comme elle pouuoit fçauoir mon nom. I'eftois tout embràzé
d'vne ardear,amoureufe:Se;ma voix retenue depëur Se de vergongne,ne permet-
toit que. ie luy peuffe. refppndreiSe par ainftie ne'fçaubis bonnement comme
l'honorer : parquoy fànsplus fe luy tendy la màni,indigne(çeme fe.mblok);dëtoa-.
cher àkfienne. ... Y , ' ' *

5?^!^^JIi3^I^^Yr^ *" «"""

3S hj
LIVRE PREMIER DE
ùtaduis (Se eftoit vray) que ie touchày
Énlaprenantii'me futaduis touchî autre chofeqùe
yeurîcàrienecognoiifois rien outre 1e commun naturel,
humainerdonti'eus frayeuricàrienecognoilfois
£ene fçauoisencores qu'il me deuokaduenk. Iemëtrouuois enmauuais ordre,
pa.uurehabillcment,Sctriftc contenance, bien différent de forme ,d'cftat,Se de

: grand honte, Se remplyd'efbahilfement, me compk


gnant en moy-mefme de ma baffe condkion.Toutesfoisie me mis à k fuyure,non
ayantdu tout recouuté l'entendement mais croyantnéantmoins que l'yfîuc n'en
pouuoit eftre fors bien-heureufe,confidéré que i'eftois conduit en fi beau lieu par
vne guide tant finguliere : car fon doux regard amoureux euft peu retirer dés
rnains de Rhadamanthefesamçs condamnées Se perduës:voke(quiplus eft)r efta¬
blir en leur première nature les corps confommez Se conuertis en cendre. Ainfî
ie m'en allqis après elfe , mon c toufiours battant , Se plus tremblant queli
brebis entre les dens du loup,merueilleufemét enflamme de'douce paffionaniou-
jeufe.O (dy-ielors)bien heureux fur tous les amans , celuy quiferokvnpeu par,
ticipât de k grâce de cette Da'moy felle tant exquifejpuis tout foudain ie bkfmoîs
mes fols defirs , difànt; Hélaslà peinepourroy-ie croire que telle Nymphe dai¬
gnait s'accointer des chofes fi ballet commefont les hommes mortels ,: qui n'ont
ïiendefemblablei elle? Certainement elle mérite d'eftreaymée des plus grands
'Dieux,SefakedelcendreI»pkerdefguifédefa propre forme. D'aUtrepartie me '
confolois iuyoffrantmon cur Semoname, n'ayant autre chofe plus digne dë-
quoyluy fairepréfent , eftimant que c'eft ce que les Dieux ont queie plus agyéà-
bie.Aihfi ie me trouuois troublé Se confus en diuerfité de penfées /tellement que
"moneceur eftok variablement efmeu par s'appliquer trop volontiers à telles
; imaginations preft Se àppareillé.àferuir de tifon au puifïànt feu d'anjour , auquel
ie fouffrpis en fi doux pîaifir,que ce tourment m'eftok recréation. Le regard -da *
- cette Nymphe me* faitoit ainfî que la foudre aux chefnes Se autres arbres qu'elle
i;fend,rompt Se dLiffipe , tant que ie n'o'feis plus leuer la veuë pour contempler fes
:

"yéUx :: car quand fa lumière fe rencontroit contre k mienne , long temps après
toutes chofèV'tae fembfeient doubles, Se eftois efblouyj.tommë ceux qui ferme¬
ment dç droit il ont regardé. 1e corps du foleil.En cette manière.ie fus pris, lyé,
. Se vainëu:tout preft à luy crier;'Màdamc,ie me rends à vous :.ce que i'auois def-ià
conclujtoutréfolu en moy-mefmë, d'en bailler mon cur pour oftage: qui tan-
toftrecogneutk flamme accouftdméejkquellen'eftok que couucjrte S: affoupiéî
parquoy elle fut promptementr'allumée,commë tifon lequel à efté en la chemi¬
née, Se fenty le feu. Cet amourën'traén'môn cur comme le cheual de bois à
Troye,à fçauoir plein d'ennemis cachez,qui l'ont tout ars Se mis en cendre, me
naùrant de pkyes iricurâbles,defquellesiamais ie n'efpére guérir , fi ce n'eft par ls
-

moyen de cefte Nymphe:cnuers laquelle ie me cuiday enhardir de luy déclarer 1»


1

" peine quenepouuois fouffrir,prefqueperdu d'vn defir aueuglé:Si fus en termes


de luy faire entendre àpleine voix cette harangue: O Nymphe parfaite ou autre
obiet diuinjmodérezvn peu par l'ardeur dont fans mésfait vous confommez moa
triitc çceunle pcnfoisParfaifonner ainfî ,-Se puis luy 4efeouurir le malque ie tair
fois,pour alléger mon tourment qui empiroit eftant celé. Ce nonobftant ie me
retins fans ofer p-nurir ma bouche , Se rompy ces penfées téméraires', mcvpyant
mal v.eftu d'vne mefehante robbe vieille Se vfée ,-à laquelle tcnoicnt.ericores les
- efpines de ron&squi s'y eftoient attachées à k foreft :Se ne plus ne moins convm®

wn Pfn-regardât à fes pieds,abbat Se rabaiffe fa queue,' ainfî ie téprimois eestektl-


POLIPHILE. 51
fesdeârs, Semaines en treprifes, confidérant queie n'ëftoïs'ficn.a CQmparer-;à.fà
beauté diuine : qui me fit refréner mon appétit défordonné, Se fupp éditer 'me*
vôlôtez dèfreiglees: auec ce pour lors i'y cftoisforcé^parquoy i'eftois en pareille
'peineqU£ le miférable damné Tan talos , qui eft en feauiuiques àkboucnë'VSe ii'
les fruiétspendaiis deffus fes leuresf: cànéaïkmoins il meurt de faim Sf de foif.
Ainfi(ks)eftoit-ildemoyauprès.dek Nymphe accomplie en perfection-, en k,
fieurdefonaage,doiiéede toutes les vertus Se grâces que les humain? peuuënt
ayniçr. Héks.elle m'entretenok fi familièrement: Se ieneluy ofois dkema àeC-
'conuenue. fefaifoistout cequi m'eftok poffiblepour appaifer mon- ceur , ce
nonobftant oncques charbon ne fut fi efteint.qu'en l'approchant du feu, il ne fe
r'ailumaft,par fà conforme difeofition defànature.Ainfifesyeux tfoutiêsjfe cceur
defârmé,5e defpQuru«cu de défenfe,l'embrazoicntd'heure,en heure, Se déplus en
plus,d'vneafTeélion extrême delà Nymphe, kquclfeîlsmonftroient toufiours
plus belle,plusgracieufe,Se plus digne d'eftreaymée: Puistoutenvn moment fe
rcuenois à moy , Se difois:Si le ciel cognoiffoit que par mauuaife intention i'appe-
tc les chofes plus rares , défendues Se interdittes aux humains , ne me pouri'oie-il
aduenir ainfî qu'avnprophane,SecommeileftaduenuàpIufieurs autres qui ont
témérairement Se préfomptueufement offenfé leur bonté , comme à Ixion l'au¬
dacieux, Seau Thracien mal aduifé qui pour auok indilcreremenïioinét Semeflé
f>araduîtcre,le fauoureux Bachus auec la Déeffe Thétis,4efrogeandndignement
cur eftat diuinîEnparcille manière Galantide dhâbriere Ro/ale n euft pas rendu
fes cnfàns parkbouche,fi ellen'euft menty àk Déeffe Lucine. Par aduanture ce^-
fte Nymphe eft referuée à quelque Demy-dieu, qui fe pourroit à bonne caufefn-
digner contre moy, fi i'attentois de commettre tel fâcrilege. Finalement iepré-
fuppofày que ceux qui légèrement s'affeurent, auffi périlicnt Se à telles gensefe
faeilede faiIlir,Sc eftre deçeut:carilfe dit communément que k fortune n'eft pas»
toufiours propice aux trop hardis : auec ce qu'il n'eft pasayfé de cognoiftre le
clur d'autruy .Parquoy ainfi que Calyfto hon teufe de fe veoir croiftre 1e ventre,,
s'abfentok de k compagnie de k chafte Diane : ainfî ie meretkois de honte, en»
m'efloignant4ecedéfir importun, toutesfois ayant toufiours l'il ouuertpoos,
contempler k belle Nymphe,ie me difpofbis à l'àymer à tous iamais.- ,
^
PO LIA ENCOR I N C O G' N E Y E A
"-W?
Ptjfphile, l'affeurc doucement ,&. lécoru-
. iuit plus lo'tngfi.
Chapv xrii..

7S&2§5£ ON c'ur ayant rcçeu l'archer Amour lîfeutp'lus moyeïfe


de s'en débite, car ce tiranfe rendant le maiftfe de mon-
cur merefferra Se réduit captif du tout , ainfi îe fentoïS,
fes rigueurs de fesloix qui m'outrageoyentmortcllemét,
Se toutesfois enfesfoafFrant iefes iugeois agréablement:
pkifantes,Se en ces4élkieufes angoiffes ie foufpirois abô- -
dammenf: La parfiii te Nymphe auee fes douceurs^oanrâf
le pourpre de fe Belle bouche dontlcsaccensfonrdemiel,
Se voulant m'ofter des iniques pëfees qui m'affiigeoyenr,'
Se me retirer de la ruftique crainte qui m'occupok, me iettant vn regard célefte,,
marraifonna ainfî de propos releuez de délicésd'amouriPplîphile,k vueil qucv>Qus.
' . " - " . N iiijt
^ L I V RE »P'R E M ï El Dl
Yjfça.chiés que fevray amour n'a point dcrefpe&aux chofes extcrieures:Se pouttat
Y que voftre habit n'amoindriffe en rien voftre courage,qui (paraduenture ) eftno-
ble,magnanime,Se dignedf veoir ces lieux fàinéts. Oftez toute fantafîe de voftre
.entendement , à celle fin que puiffiés librement confidérer lesgransbiens inéx-
.

plicablesapparcillezàceuxquekDéeffeVénusàchoifispour eftre coiîfôncz,&


qui vaillamment trauaillent -perféuérans. en fonferuice,à fin d'acquérir fe bonne
-graçelAprès qu'éllereutainfï.dk,nous cheminâmes affez bonpas,Se en ailantiedi-
iois à part moy:0 vaillant Perfeus,tu eulîëspour cette-cy plus- hardiment com-
.

batu l'horrible monftrcjque pour la belle Androme'de.OIafon,fi cette Nymphe,


t'euft efté offerte en mariage , iecroy quepour fon amour tu eufles exppfétou
corps à plus grand pécifque ne futceluy deconquefterk toifon d'or v& î'euffes à
bon droit eftimée plus que tous les thréfors du monde , voire y fuft k Royne
.Elëutherilide auec, fimerueilieufe opulence. le cheminois pas à pas auec elle , Se
.

baiffois aucunesfois les yeux pour voir fes pieds chauffez d'vne femelle de cuyr
roUge,lyée. audçJTUs.du pied de rubens de.fild'or Sede foye,garnis deperles Orié.
tales:8e quelquësfois aduenoit que le vent e&ranloit fon veftement,defeouurbit
fesianibes,qui fembloientcompoféesd'efearkteide laiét,Se demufq,meffez en.
femble.E t aùflï ce furent les rets, deçeuans qui me prirent, Se qui font plus diffici¬
les à réfoudre qucleneud Gordian qu'Alexandre coupa* Alors ie meTenty afferuy
4utôut,Se feit-efckued'vn défît enfkmbé,qui mcfaiiokfeuffrirplusdepointures
,

. que n'endura dedans Carthage le courageux Rstgulus , roulé dedans 1e tonneau

ypardedannouthérilTonnédeclofis. Icnepouuois rafraifehir mes efptksquilan-


' uiffoient en cette ardeur, finoh de foufpirs continuels Se redoublez ,difant tout
f"
as en ma penfeë:Q .Poliphile, commentpeux-tu iaiifer k ferme Se inféparable
. amour que tu ascommencée auec ta chère Polia, pour ferukvnautre î Lorsie
:

i.tafchok à me deflier Se départir de cette nouuelle fantafîe: maisil ne m'eftok pas


. pofîible:Se ce qui plus eftroktementm'y retenoit,eftoit que cette Nymphe auoit
.',,entièrement toute k reffembknce,en ftature,grace, figure , Se belle façon de Po¬
lia : bien que ce m'eftok vn merueilleax tourment de penfer qu'il me k faudroit
abandorinencar adonc fes larmes me tombofent des yeux , Se me fembloit chofe
difficile Se iniufte, de defloger vn ancien hofte,pour y reçeuok vn nouueau venu:
^.renoncer fe premier Seigneur,pour obéyr à vn eftrange.Puis en me confortant ie
.. ^ifoisjparauanture cette-cy eft Polia, queie puis iuok trouuée fuyuant fespro*
.- meffes de k Royne Elëutherilide : mais elle ne fe veut p|s encores donner à co-

- -ghoiftre:certes fî ie ne fuis en grand' erreur , c'eft elfe vrayement. le faifois tous


ces difeours en ma fantafîe , Se me perfuadois qu^ainfieftok , ayant toufiours le
cur Se l'entendement en la Nymphe, de forte que ne pouuois ailleurs tourner
mes yeux, lefquels y auoyentaucc eux attiré mes autres fens ,-Se employez en la
mefme vacation,à quoy tous s'accordoientyolontiers,confentans qu'a elle feule,
. Se.non a autre ie demandaffeallégeancc Se foukgement de ma peine.Quand donc
nous eufines cheminé quelque efpacedc temps, nous arriuafmes en vn lieu eftant
.. à cofté droit de k plaine , au il y auoit plufieurs beaux arbres chargez de frui& Se
"* de verdure,pkntezpar ordre tout àl'enuiron du pourpris. Là' s'arrefta ma Nym-
:,phe,Se moy auffi. Adonc nous vifmes approcher vnegrande aifembléedeieurks
"hommes fans barbc,ayansk perruque longue, crefpe, Se blonde enuironnée de
chapeaux de fleurs Se herbes odorantes,qui venoient danfànt auec vne infinité de
filles Se des plus belles, les yns Se les autres veftus de riches habillemens de fine
' foye de diuerfes fortes Se couleurs, comme changeant , autres defguifées ,aucu»S

4acramoy fi-, autres de toilles delki fiaffrannées^S: tyffucs en façon de crefpe, de,
' ' - - '" * toutss
POLIPHILE. ; %
toutes fescfpeces qtfel'on pourroit penfer, entrcmefîe'es de fil d'or , Se enfï--
chies de pierres precieufes au feng des bords Se Hzieres, Plufieurs en y auoit
veftuës de chafubles Se ornemens d'Eglife, Se d'autres en habit de chaflëurs.
Laplus part des filles auoient les cheueux trçffez, amonceliez en beaux entrekz,
les autres départis en trois touppets,alfembIez fuç le derrière du collet , v'olletans
autour des eîp'aules., Se au long du dos , plufieurs enueloppez en belles Se riches
coyffes,apparens feulement à l'entour du front , en petits annelets naturellement-
entortillcz, Se fans artifice , qui leur donnoit vne fort belle grâce. De telles y en
eftoit qui les auoient trouffez en filets deperlcs,Se riches rubans Se eordôs. Leurs
gorges eftoient ornées de colliers Se carquans de grand pris. A leurs oreilles pen-
4 oient bagues,ioyaux, Se affiquets. Leurfront eftoit enukonné de groifes pefles.
Et à ceshabkspréciéux fe conformok k beauté des perfonnes. Leurs feins fe mô '
ftroient defcouuerts iufques au milieu des mammelles:Se fous leurs pieds auoient
4es femelles antiques lyees à cordons d'or,paiTans entre le gros arteil Se le do^tfe-
cond , cnukonnans k cheuille , Se*s'affemblans furie col du pied , où ils eftoient
laifez auec quelque riche bague. Aucuns portoient des brodequins antiques ,4e- .

puis legenouil iufques à la cheuille,cordeîez fur laiambe: autres des petites pan»,
touffes Se patins à oreillettes d'or,ou de foyede diuerfës couleurs Se façons que fe "
n'auois iamais veuës. Plufieurs de ces filles auoient la tefte Se le front couuerts
d'vn crefpe volantplus délié que toille d'"araignëe,au trauers duquel leurs y eux re-'
luyfoient aufli clairs comme eftoilles, deflous deux beaux petis fourcils voûtez,
puis le nez traiefif entre deuxiouës pommellécs , Se yermeilles comme les mef¬
mes pommes,auec.deux follettes riantes,Se au milieu la petite bouche de couleur
de coral,aucc les dents menues Se polies, qui fembloient argent de copelle. Au¬
cunes portoient inftrumens de mufique fî mélodieux en l&ir fen, qu'oneques tel¬
le harmonie ne fut ouye : SepaflbientletempsenfembleentouteioyeSe foulas,
courant l'vn après l'autre,8e s' entrechériflàntamourcufement.à l'entour des qua¬
tre chariots de Tripmphe.

POLIPHI LE VEIT LES QVATRE


chariots triomphans ^accompagne%degrand .. ..-.. ,..
multitude de icune^e.

Chap. xiïii. .

V L n'eft tant ftupidequi vouluft s'opiniaftrer atroke on,


penfer qn'ily euft. quelque chofe difficile à k Diuïnitéj Aufïï ...
certesilfautconfeffer qu'il n'y.a rien quine foit poflible aux
puiflancescéfeftes. Or outre fes magnificences quièmplif-
fent l'vniîicrs , il fe pourra faire que quelqu'vn remoriftrant
vnartifice excellent l'eftimera par fon admiration eftre ou-
uragefupernaturel.Cequiaduientfouuentpour desfubiets
efquels i'arts'eft efforcé de triompher tomme nature a faiéfc
es liens. Mais pourtant il ne les faut pas eftimer outre leur mérite : Car il n'eft
înduftrie qui fans l'aide Se infpîratiô diuine puiffe attaindre à quelque perfection,
parquoy quelque Üuure que nous confidérions;nousle deuons tenir en tel compte-
qu'encor qu'il nous foit incroyable Se inufi.ee, il eft pourtant delà difpofition de:
Dieu qui conduit fes entendemens comme il veut, ce que nous remarquons , à fin
*- O
LIVRE PREMIER DE , , ^

«uevouseftimiezce'souuragestelsquenouslesdedruifbns; ' . .*" - '

,. Le chariotdupremierTriompkeauoitlesquatrerouës'defineefmeraiide, Se
le refte de Dyamant.réfiftant au fèu,au.fer,Se à i'Eméry ,Se qui ne fe peut.briiër ft~.
non comme les ignares penfentpar fàng4e bouc tout chantfivtifeaux. Maaiciens,
letout eftoit entaillé de demy tadfejSeënchafle en or.' ' . '' ;
.

" En la face du cofté drbict, eftoitfaîét'évneieuneNymphcfillë^eRoy, aflîfe


au milieu d'vii pré^accompagnée de plufieurs pucelles defon aagé,faifans dés ch.-i-.'
pcllets d e fleurs aux Toreaux qui k pafturoient, l'vndefquels .eftant. auprès d'eile,
fe monftroit merueilleuiëmcnt.traictable,Sepriué.-

.En lautrc face eftoit la mefme Nymphe,,pa{Tântkmer fur le Toreau qu'ell


hiaiiok:ainfî elle paufeiti'humidë
embia furprife de beauc.o.up4e timidité.
. ." PO,LIPHILL; H
Au front du deuant eftoit kfigurc de Cupido,tkant fes £êches contre fe ciel , Se
à l'entour de luy vne grande multkudcd'hommes Se de femmes qu'il auoit -bief.
gezafprement:En celuy du derrière eftoit fe dieu Mars le, cqmplaignant deuant le
thrône delupitèr cc.que Cupido fon' fils luy auoit faiiSède les dards fon hallecrët,
nonobftant k dure trempe: 6V ce grand feigneur Roy dès Dieux , luy monftrok
(pour refponfe) fa poitrine qui en eftoktoutefiauréc,tenan£ en fa maki yn tableaà
oùy auok efcrit. ».
N £M O. '' .

V V L.

Lecharioteftoktoutd'or,compoféde deuxquarrez ayans fîx pieds de long,,


trois de krge,Se autant de hauteur,compris ces corniches Se moulures. Au diffus
y auoit vnpknhautd'vnpied.Se demy,large de deux Se, dçmy , Se long de cinq Se
demy,defcendanten pente fur les moulures du premier. La pente eftoit taillée à t
cfcailles en pierres précieufes de couleurs1 différentes. A chacun des quatre coings
fe rapportoit vne corne d'abondance,pleine de fueilles, fleurs, Se fruksde pierre-
rie,l'ouuertUre renuerfée fur lafaillie du coing de la corniche du premier quarré:
le demourantcouroitaulongdesapeftesdes coings cannelléesenrond, Sereue-
ftues de fueilles de Pauot,tant queie graiffefe renuerfoiten lymaffon . Au deffeus
de la moulure du dernier pkn,aux coings du plinte ou quaré, au droit de la mou¬
lure baffe , eftoit faiéfc 1e pied d'vne harpie quelque peu courbé Se releuéen
demy-rond,finiiTant en fueilkge de Perfil,qui embralfek le coingpar fes deux co-
ftez.Au chariot n'yauoitpoint de Iymons,mais enleur lieu.fortoientde cé'quar-
ré par deifouslespieds des Harpies, deux rouleaux en forme de crochets , ouïes
traits eftoient attachez. Lamoitié des roues eftoit iufques au moyeu couuerte'
d'vn fueilkge qui fedjépaifoîten deux , Sefortok d'vne rofe, par le milieu de la¬
quelle pafToit le bout de l'afffeau. Sur le plan 4§ce chariot gifeit vn Toreau tout
bknc,armé de fleurs comme vnbceufdefacrifice. Deffus eftoit afîifevné pucclle
Royale,toutee(poiuiantée,qi»l'embraffok par le col, comme craignant de tom-
ber,veftuë d'vne foye verte tilfuë auec fil d'or ceinde au deffous des mammeiles.
. . ' - Y'., * O if" , '
LIVRE" PREMIER DE
4'vncrefpcqui voîetoità l'entour 4'elle:touc fonaçcouftrëmentenrichy4cpîer-
rerie,8e auoit en fon chef vneçouronne d'or, Le chariot eftoit tiré parfix Centau- '
tes delà race d'Ixion.aucc fortes chaînes d'orpkttes, efquelles y auoif des- cro-
chëts,qui s'atta choient aux boucles pendantes àleur efcbarpes,8e mifes par rel ar¬
tifice qu'ils tiroient tous fix d'vn pas efgal. Chacun de ces Centaures portoir vne -
>îymphë les efpaules tournées -l'vne à-1'eneôtre de l'autre, Se fes vifagesen dehors
tenant chacune Certain infiniment de Mufique bien accordé. Leurs cheueuxpé-
doyent fur 1e derricre,Se eftoient eourônées de chapeaux defleursr mais les deux'
plus prochaines du chariot fe monftroient vëftues dé fine foye azurée , de k pro¬
pre couleur que font les plumes du col d'vn Pan. Les deux du milieu de cramoifî,
Se fes premières defatin verd,auec k fuitte des ornemens propres &,. commodes
» à Nymphes-. Leur chant eftpit fidoux,Seleur fon tantharmonieux ,"qu?il euft peu.
retarder la mort^quelque haftiuc qu'elle euft efléY Les Centaures eftpient courôi
"nez de Dendroide,Se les deux plus près du chariot portoient chacun vn vafe anti-
q.ue,tenans d'vne mainlepiedduvafe,Se de l'autre le goulet. Lesvâfes eftoientdè
^ TopafeArabiqueayantcouleurd'orbien.luyfante,aggr-éabfeàk Déeffe Lucinej
Se vtile pourappaiferiesondesdelameL-eourroucée.llséftoientfaitsprefqueen
fuféeseftroks deuers fepied,krges par 1e milieu,, puis le col long Se grefle. Leur
hauteur eftoit de. deux pieds, Se leur ouuïagefinguîier.Dudedans fortpit vue fu¬
mée fi odorante,qtt'il n'eft poflible l'exprimer.. Les; deux Centaures fuyuansfoni-
noient de deux trompes,aufquellespendoitvn panonceau de foy è déliée, Se mef-
leede fil d'or îraiét,aEtashée en trois lieux.Et les deux premiers faifoiétmélodieu-
fement bondir deux cornets antiques,accordant le toutpar grande harrhoriieauec
fesinftiumenà-desNymphes. ' ' ' , , .-.-.--. _>_. ...
POLIPHILE.» \ n-
Les rairs des roues eftoient faits en baluftres,ioinrs au moyeu,Se leurs bouts, or~^
«nez de pommeaux, refpondâus à la circonférence. Le moyeu eftoit de fin or,' Se" i
auffi le tenir 4e k roué, par ce que le métal ne peut eftre confumé par feu , ny par"
rouilleure,ilfcft auffi le poifende vertu, Se le mortel venin de paix. Cechariote-
ftoitgrandementhonnoré&feftoyé de ceux qui lefuyuoient,.danfansSefereC.
-iouyffans en grandes, pompes folemnelles. Les Nymphes affifes fur les Centau» -
res chantoienten douce mélodie,accQrdant à leutfs inftrumens, & célébrant l'os-
cafiondecediuin&fomptueuxmyftere.. * k

O .,iij
LIVRE PREMIER DE
" Le triomphe fuyuant n'eftok de rien moins merueilleux : car fe chariot auoit
fes rouës,raiY,Se'moy eu d'Agathe noire,meflée dëqûelques vëmesiknches , plus
belleque' celle dePyrrhus,en laquelle natureauok formé lesneufMufes cVApo-
lo droid au milieu,danfant Se fonnaat k lire. Le chariot eftoitde latfaçpn du prér
cédent,mais les tables qui couuroient la moitié dcsrouës,eftpietde Saphir Orien-
tal.trèslfortaymé de Cupido,quandil eftporté en la main^gauche.Enlafacëdroi,
. te duptinthe quarré, eftoit entaillée vue Dame accoucheedcdeux beaux oufs,
dedans k chambre Royale d'vn Palais excellent,dont les matrones fembloient e-
ftre efbahies,pource que l'vn de ces ufs fprtoit vne ikmme de feu , Se de l'autre
deuxeftoilles fortluyfàntes.

Enl'autreface eftoient figurez les parensde celle Dame., lefquels defîrans


fçauoir que fîgnifiokcepréfage', préfentoient les deux ufs au temple d'Apolo
enquérans que ce pouuoit eftre, Se quelle en ferokf iifuë, aufquelsce grand Dieu
-refpondk., - .# -'.-..'*>
VNI GRÀTVM MARE, ÀLTERVM GRATVM MARI.
, i . - j - ,

Y . , " Ceftàiirt.
*-»-. ' ^ --

. . / . Lrf mer\efil agréable à Tvn}&Jl'autre aggréablek la mer.

«Y Et polir cefte rcfponaeobfcure ils fes feirent foigneufement garder. '


En l'autre face de deuant eftoit Cupido enaage d'enfance ,.voknt en l'air , le¬
quel on voy oit auec vne flèche tranchantepemdre contre le ciel, toutes manières
de belles Se.oyfeaux:dontil fembloit que les hommes eftans- en terre s'efbahif-
foientdekmerueilfe. . >..

En cellede derrière Iupitercommettoit en fà place vnbergerde fubtil efprk


«uidormoitfurvnefontaine,cewvouloit ce Dieu qu'il iUgeaft dû différent furue-
nu entre trois Déelfes , s' eftant defppuillécs nues deuant luy, Se commentée
bercer féduiél par Cupidp.donnafentenceenfaueùrde Venus fa mère, luy adiu-
gean: la pomme d'6r,comme à laplus belfeScpWexcelfente à fon gré.
c/>âU>'-fA-
LIVRE PREMIER DE

Ce chatioteftoittké par fîx couples 4'Eléphans , plus beaux que ceuxquî fu¬
rent veus aux triomphes de Scipion l'Africain, du grand Pompée, Se de Bacchus
après qu'il eut vaincu les Indes. Les traits eftoient de foye bleue retotfe auec fil
d'or Se d'argcnt,ert vn cordon à quatre arreftes,reffembkntàvnefpy debled. Les
foi£trals des Eléphans eftoient de fin or , entichy de pierrerie , ou il y auoit des
oucles par lefquelfes les traidts paffoient. Et fur chacun Eléphant-, ynepucelle,
comme au premier triomphe,auec plufieurs irrftrumens de Mufique tous différer
àuxpremiers,maisàccordezau mefme ton.Deux d'entre elfeseftoient veftues de
*ouge,deuxdeiaune, Se deux de violet. Lahouffe pu couuerture des Eléphans
eftoit de drap d'or,à broderie femee de perles ., auec des colliers de groffes pierres
f>récieufes enfilées.Sur le front leur pendokvne pomme de perles Orientales,dÔt
a houppe eftoit de foye depluffeurs couleurs,me£léeparmy4ii fil d'or.

foîit
P'OLÏÊ.H'-I LE!

^ Tout au haut du chariot eftoit vii Cygne amoureufcment accollé d'vne belle
Nymphe fille de Théfeus. Le Cygne auoit febec.enfa bouche, comme pour k *-'-.'
baifer:Secouuroitdc fesaifles ce(ju'clfeaùokdenud. La Dame cftoûraiîîfe fur
deux quarreaux pleins dcduuet,veftusde foye blanche tyfTuëauec du fild'or , fe- .

rnèedepierrerie fingulierc, fins qu'il y euft faute dechofequi peuft ferakà 1»


rendreplus belle., ; , -. ...
' ' -
1 Letiers chariot auoit fes roues de ChryfolythcEthiopien,eftinceîlédepailIet~
tes d'or: lequel eft de telle nature, que fi on le perce à trauers, Se que l'on l'enfile
d'vn cordon d'vn poil d'vn Afnc, il chafiê les mauuais efprits, Se àgran4e vertu
pour celuy quileportCenla main gauche. Le quarré Se les autres faces eftoient
4c la mefmelongueur Se largeur que les premiers.
Lestablcsquicouuroientkmoitié'desrouës, eftoient pareillement d'Hélîo-,
tropeverd,enchafféenbois de Cyprès: Se ainfî à puiffànce fur les eftoiiles, rend
ïnuifibje celuy qui le tient,Se faiéldeuiner les chofes à venir, fpccialement quand
il eft femé de gouttes fanguînes. v ^ *'
Enk facedroi&c eftoit figuré vn Roy dedans vn temple, profternédeuantvne,
idole,Se enquérant qn elle chofeaui endroit d'vncfeule fille qu'il auok:àquoy luy
futreipondu,qucparlefruiét qui ennaiftroit , ilibroit déboutté de fon Royau-
ne.Parquoy redoubtant ceftoracfe,ilkfek emmurer en vne groffe tour, où elle
fut foigneufement gardée,à fin qu'homme n'en approchaft: mais vne nuitt àduint
qu'en fon giron tomba vne p/uy e en goattes d'or, dont elfe conçeut vn enfant.
c£cul>\ /A*
laVRE. PREMIER DE

- :- j YVE.hi^utrëfaceeftbkvnieune gentilhomme receuant vn efeu de cryftal des'


^ V-Y3naînsd'yneDée(fe:Seccimmeiltrencha la tefte à vne Dame fort hydeufc,puis
Y 1 rattfejjàfui^fonefekenfighede.vid oirc: dufàngdëcettooccife il s'engendra vn
' Y cheual Volànt,lêquel frappa du pied fur 1e fommejc d'vne haute montagne , Se en
* fi 'feït faillir vne fontaine mîraculeufe. Y - ,~ ~ '.'
~ y

^ " ^Au front dé deuant eftoit Çupido tirant vne flèche d'or contrclc ciel , dont il
.pfeuuoit dcs.gputtés d'or.'Et alentour dé luy vn'e multitude infinie de gens ble-
,xez,eft>ahis de cefte pluye nouuëlle. Au defriëreT'on pouiio'it veoir Vénus gran¬
dement courre""* i..*~^\~ -*. .-_;_ ifti r. ..__:/-_ .i-_._ .-"__i j.j~vj^hc-im
reths enchante
, me s'il euft efte occafion de fa prife:

**
.. - POLÏPHILE..
5ff -:,:. «'.
'Jaories.Làfui-Ucnoitvn meffager ayantaiflesàux pieds,'qui le déîmrèiyfes mains
«demain ère; ÀprèsOrtivP-ypitfe-melfgef-aifîé préfenteïà-tupitet-fepetïfe-Cupido*"
£^pmmm&*&<»<*- r.*|

îfeéuélil cpuiiroit de fon. mante.au, 'Seluy.difokÈnknguejGrecqùé; ' ,--*. - ' -

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Y; -^Y-rYÏ 5lia:i >1^ y>ii^?;Â.ï^Y3ixï^;^-<3ifpD:,:S{;!rYi >. aria v iYmos.


,sfe2'-{oi33Ug-ï"ioldf.-vYviI.îï:ioi1'io'!Y; ^nljû-tv îicj '-

*K.
w

LI VRE'PREMÏÊR DE

- Ce.charloteftpktké defix Licornes consacrées à Diane , rçffembkhtés à Cerfs


parla tëfte.; Lëkrs/eolliers eftoient. de palfeméns de fil d'argent Se de foye iaune,
«nfemblejes h'aits 'attachez à bouclés d'pr, auedfes autres harnois Se, garnitures
n^cèffaîrcs'.Châquë Licorne pottakyné'Nymphe.veftuëdetoilfed'or.bleuë,tyf-
IsTe
fYT

Se rendre kpcrfonnechafte,qui le porte fur foy. Le pied eftok taillé à fîx faces,
moritànt en p6inélc,Se fouftenant vne coquille à demy platte, camielée*iufquésà
fon milieu: mr laquelle eftoit affife vne belle Nymphe veft'uë pareillement de toil-
fe d'or bleuë,Se couronnée d'vn diadème reluyfant comme vn autre Soleil, pour
eftre aorné d'vne infinité de pierres précieufes. Au giron de cefte Nymphe ton»*
boit vne pluyed'or,dont elfe fembloit toute ioyeufe.
\
t xP.Otl.EBLL'E.

T.^ -'«i»^^ '


Le quatiïefmè chariot eftoit en tout Se par tout femblable auxpfècedens^ re-V
.

ferûé queles roues eftoient d'Asbcfted'Arcadie,ainfi appelle pourçe que quand il


ieftvnéfois;aîlumé,îaniàisonnelëpeut efteindrcLatablequifes çpâiiroit , fut
d'Efeàrbouclëréluyfant en ténèbres.En kface dextre eftok figurée vhe D. ampy-
feilé èncein,étë,à laquelle Iupker apparoiffoit en fà diuinité, Se en k forme qu'il
eftàccouftumédeçonuerfer aueck Dëeffeluno fa femmc,a fçauoir en feu,foul- \
4rcs,8e*tonnerres:tellement que la Dame qui de ce l'auoit requis à grande inftaii»
£c,cn eftoit arféfScconuettie^ ,: î, y;

Y-Y-ï- Y-;--'-:,--, y:-:.,:-; -y.:!- , :Y>.'>,:- ,.--;*-" Y.:..-, Y,\ Y,-, x',.-, -î?.:ii|._lZ t
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*,.'. ' i i-
eJyayV'./A-
LI.yR^rP'R.B'MÏC'R DE

i* '. ' {. __ feu la fécondé lupi ter bâilîpk. cette'petite créature à viyieune homme ayant
s ,'y. -t .aîilesa'ux ,pi'edsj8ett*ffeeptre entortillé de deux feirpéns, qui le po.rtok;cn.yneëa-
'% 'f ' .uesnCjSefeb^lIbitàqueïqnesJ^ympriei'po'u-rfe'ùpurrff. Y : -. y,;' '- !.

Au quatre de deuant eftoit Cupido accompagné d'vne grand' multitude d'ho¬


mes Se feinmes par luy naurez cruellement : lefquels fembloiént s'efinerueiller
de ce que par auok tiré fa flèche contre le ciel , il en auoit fàid -defeendre Iupkcr
en fa majefté pour lëpkifir d'vne ieune fille mortelle. ,
*-' A ù pan de derrière eftoit çncores Iupiter feantau tribunal dïuin , Se deuant luy *
Cup-ido-blefTé qui auoit faiét conuenir fa ifiere J'accufânt d'àuoir efté occafion que
îuy mefmes'éftok nauré de Fàmour dVne trefbelïe Nymphe, laquelle 1'àuoit
bruflé en laiambe del'eftincelle 4*ytie lampe, Se la préfente, àfSftoit la -Nymphe
.J.r .__. '" ^ompbile.^- * "-Ù
'iccutécjtenârit êncotes la lampe en IamaimSè lupiter en riant difolt a Cupido, Y -

Perferfcmtillam,qtiîcâdumaccendls,& omnej,- \ ' "** *

i: v-y-':, Y,' ..-y ^C'e/kdire, '- ; ..- '.,-'. '->--.'


..^Y ' ."'"" r'- -' - Y " " ~ -*

ife * ' ' - - '--''''.''"-


Endure vne eftïncellc,toyquibrufle$ le CieljSetous. ; ''--
. . _ .- '. >T " «
*-

1 »LecharïotfuyuanteftoittkèparfixTigres:-mouchetezde.tachesroufTe.Si atta»

.«hezàdesrameaiixdeVigne:garnisdemoHïïnesdeRàifins,quiferuoièntd'armes "
offenfiues :& cheminoient tout le petit pas.. Au milieu dû plan de deffus y auoit, -

"vne bafe d'or 4'vn pied ée quatre doits en diâmetre,Se de troispalmes en. fei.ute.ur, .

.x'eft à|çauok vn palme au plinthe r©ndokbozel,demy palme à l'efchine, Sè.àfon ,

=pëtit quatréjSe ledemourant departyautro.chyfeounaifelfe,^ la gueule renuery


iëe,'Seaub.ozel d'enhauf ^enrkhisdefems'tpetirsqnaHez. Le plan decefte bafe -
, eftokvn peu rauallé Se creux, pour faire, pkceà quatre queues d'aigles qui repo-
foient deffus fe bordu faits de pierre ^Etiteperfane. Ils auoient ledostournél'vh' -
/Contre l'autre^Se affembloientfeursaiffesenpointe,dontils fouftenoieht vn ftfe
antique de IacintheEthiopien, diuerfifié de veines d'Efmeraude, Se plufieurs aii- - ,

' très pierres précieufes.Sa hauteur eftoit de deux pieds Se demy, fon diamètre d'yh

. & demy au drdifde fagr'offeur.Sarondeur portoit trois diamètres, Se ,vn peuplus.

Le pied faillok quatre pouîces au defliis dès ailles d'iceux Aigles. Auplus large de
fa groffeur il eftoit- enukonné d'vne feize de la largeur d'vn palme : de laquelle
-kifquesau commencement d'vn autre vafe à Gargoule, ioind au premier,y auoit
-.vn autre palnfe. Ce.dermer vafe aûoitvnpieddchauteûr,Se commenÇokàs'efiar-
girparledeffùsenukond'vnbon palme Se demy: lequel demy palme eftoit emr
; ployé en vne petkefrize,faiéte à fleurs Se fucilkges de demyboife , percée à iour -

(î \ Se quafi hors de leurs fons efpargnez dek mefme pierre. Le diamètre du vafe en fa
ï groffeur auoitdeux palmes & demy , Se eflS^t goderçnné au deffous delafrifeà
igoderpas efiroks deuers fe fons,Se larges par 1e haut* Le col auoit en longueur de- ,»»**
». P 111J ,

* *
Cfcafi iÂ-
LIVRE PREMIER DE
puis la frize iufques à la bouche, deux palmes Se demy .faifans fe total de la hauteur
*du pied du vafe , auec lepalmc Se demy eftant au dcffous de kfrize faiét-e à gpde-
* tons tournans en façon de lys.Le bord de la bouche eftok pkt,garny de moulures,
gucule*doucine,efchine,Seautres:fi cfttnent bien les lifieres des frifes.En celle de
la Gargoule en k moulure de deffous , eftoient foudcz des demy annclets en tra¬
uers à chacun des coftez,quedeux Lézards mordoient,faks delà vaine d'Efmérau-
4e:Se auoient fes quatre pieds furlecouuercfedugrand vafe qui ibuftcnokk Gar-
^ goule:Se eftoit ipind à la frize.en forme de doucinc,oti gueule rcnuerfec,taillee à
efcailfes,dekmefmeIacin*hefêeauokvn palme de haut, Les queues des Lézards
- qui eftoient couchezfur le ventre fe long de ce couucrcle , eftoient entortillées
pour fairedes anneaux fur la moulure de la frize,vn autre au délions, quiferuoiét
d^infes. Le bas finiffoit en vn fueilkge , qui ëntroitdemy pied dedans la frize de
chacun cofté,8e eftoit quafi tout de boffe , tellement que l'on pouuoit ayfément
veoir le fons de Iacynthe.Par ainfi ce fueilkge occupoit deux pieds delà rondeur
duvafe.Rcfte àvokrefpaccquidemourokenk frize. Entre fes deux fueillages
contenant vnpied Se demy de long,à chacun des coftez eftoiét certaines fculptu-
res:prcmSerement le ventre de ce vafc,eftok couucrt d'vne vigne , laquelle auoit
des fouches, fes brocs 8e 1e ferment efbargnez d'vne veine de Tppafe, fes fueilles
d'£fméraude,8e les raifîns d'Améthyfte,fur vn fons de Iaçinthe , fi rond Se fi poly,
qu'on euft iugé qu'il auoit efté fakautouncar il fembloit que les fueilles eh feuf-
fentféparécsdela grqffeur d'vn pouce : Se tant furent viuementcontrefaictes,
qu'elles femblbient proprcmentnaturclfes.La frize quienuironnoir le Vafe eftoit
ainfîjfpace vuide kiffé entre deux fueillages, contenoit de chacun cofté vn pied Se
demy ,8c là eftoient entaillées-deux belles hiftoire&, c'eft à fçauoir" en la face dede-
uanfjlupker tout debout fur vn autel de Saphir, tenant enfamaindextrè vneef-
. pëc tranchante de ChryfoIythe,rctuyfànte comme l'or : Se del'autre vn ibudre

eftincelknt,faiétdeRubisfkn3boyansàmerueilles; Deuant luy eftok vne dancè


*fe fept Nymphes vcftues de bkneen façon de Rcligieufes , chantans ( commeil
femblok)parvnercfiouyfïàncedéuoteSe fàinéfcc: puiseftoienteonuertiesen ar¬
bres verdsjornez de fleurs afurées: Se s'enclinoienttrèf-humblcment deuant ce
grand Dieu. Elfes n'eftoientpastomxs entièrement transformées , mais lesvnes
plus,Ics autres moins:toutcsrois la dernière eftoit ià toute en arbre , excepté le vi-
fage. Là féconde n'auoit fàtranfmutatîon que depuis k ceinture en bas : Se ainfi
conféquemment les autres. Ce néanraioins toutes monftroient quelque ligne de
*caasformatio»cnlatefte. t .^
' * ~ * - ,' ' I»

.*
POLI P H ÎLE, 6i

En l'autre cofté eftoit taillé vu icune dieu graffet, reffemhlant de vifage à vne fii-
,..-

le,couronnédcdeux Coufeuures,l'vne bknch^Se l'autre noire,fi bien contrefai-


éèes , qu'on les euft prifespour naturelles. Il fe feoit fous vne treille couuerte d'vn
fepvde Vigne,oùmontoient des petits enfanspourk vendanger , Sepuisappor-
toient leurs paniers pleins de raifins deuant ce ieune. dieu5qui les reçeuok en riât.
Aucuns foulofent la vendange , d'autres demouroient fans rien faire ', fors qu'ils.
battoïentvntabourin,Sechantoient fans accord. Plufieurs gifoient en terre, cori-
chez à l'enuers,endormis d'auoir entonné ie vin, Se beu en la Sibiîle du prelîbir. Et
combien queles figures feuifentfortpetites,fieftoienteifes ftictes àieur propor¬
tion Se mefure fi parfaidemenç,qu'il n'y àuok que redire : Se y auoit l'ouurier ap>
pîiquéles pierres.prêcieufes félonies couleurs, par merueîlieuie dextérité con-
.

iôinde à induftrie Se-grande intelligence.


* câafib r./A*
LIVRE PREMIER DE
: DuvaifTcauyirok vne Vigne d'or, tréf-abondanteen fueilles, chargée derài-
,fins faits d'Améthifte Oriental,8e fes fueilles deSifenkede Perfe,qui ne peuteftre
entamé par klime,8epkift à Cupido, pourautant qu'il maintient enfanté, celuy
qui le porte fur fo/.Elle feruoit Se de treille Se d'ombrage à tout le chariot, qui a-
noit à chacun coing vnçh-zndeliet aflis fur trois pieds de Goral, fîngulierement
profitable aux laboureurs, à raifon qu'il déchaffe Tonnoir'res , Foudres, Tempe-
iles,Tourbillons,5e autres mauuais vents. Le piilier de#hi eftoit de Céraunede
Portugaise couleur célcfte, amy des Tempeftes,8efort aymédc k DécfTc Diane.
"$1 eftoit faid en baîuftres,aflemblez auec pommettes Se autres ornemens de fin
. or,cn ouurage de fil.L'autre de.piertc Onyce noire, tachée 4e gouttes vermeilles
quià odeur d'Encens, quand elle eft frottée; Le troifiefme de Médée , 4e couleur
d'or obfeure.Le dernier deN.ébrideprécieufe, de couleur nokc,bknche Se verde
toutes méfiées enfemble , Sefacréesà ce dieu Bacchus. Ils auoient chacun deux
pieds de hautèur,Se fur la poinéte vne efcuelle pktte , où continuellement ardoit
me flammé* defeu,qui ne fe pouuoit eftaindre. . .
POLIPHILE. 6t
A: l'entour du clttriot eftoieatles Nymphes Mainades,Mimallodines, Lenecs,
Thya4es,Faunes,Sa^?res, Tityres:Seautresbrayanscemot£ua Bacchus, en voix
confufes,Se mal formées.La plus grand' part desperfonnes fuyuantce triomphe,
cth)itnuë,Se fautre.veftue.de peaux de Daims Scfans de Biche , leurs cheuéux De¬
dans Se efpars fur leurs efpaules.Il y en auoient.qui fonnoient de tabourins Se cria*
lumeaux,célébrant&folemnifantlesfaindes Orgies Bacchanales. - J

Aucuneseftbientceinctës S? couronnées de Ràmeauxdé Pîn , Cyprès, Scr au--


^ttresfemblables^ fifautelloientoudanfoientne plus nemoins commeaux ieux»
|TriétériqueSi-Jtptèselfes venoitle vieillard Silenus, monté fur fon Afhe , Sevrai
i Bouc de ppilhérifré,que l'on menoiten proceffion pourfake fàcrifice. Puis entre*.'
fe&idernie» fe.monik.oit.yneiJeîiiJîiemar chant iurieufcmént,.qufpartoitfuriâK
LIVRE PREMIER DE
teftern Van Vranncr les rifées, les cris,8e les chanta; ( ou pluftôft hùrlemens) 4«
cette compagnië:qui eftoient tels,que l'on n'y pouaoit entendïel'Yn l'autre,

20 LIA ENCORE S I NCOGNVE A POLIP H ÎLE*


] luy monfirelesieuneshommes& les filles qui aymerent iadii,& enpareU
furent aymées desDieux:j>uis luyfeît veoir les Poètes chàntans
leurspo'éfies immortelles., v

CHAP. xv. &fc


N T R E. tous les bien-difans , il n'y auroit^sas moyen de
trouuer éloquence fi prompte, Se fî faconde cm. feuft fufiî.
fante à fpécifier diftinftemcnt tous fes diuins fecrets Se
myfteres, donner à entendre par quelle prouidence ils font
conduits, ny pareillement exprimer k gloire * félicité , Se
béatitudeaffluente en ces quatre triomphes, accompagnez
de beaux ieunes hommes , Se Nymphes gracieufes , plus
prudentes en toutes chofes,que leur ieune aage ne portôit.
Ces belfespaCoîentfetem'psioycufementauec leurs a«nis
eftans en la fleur. 4e leur première ieuneffe:"tellement qu'aucuns eftoient encores
fans barbe, les autres ne monftroient que 1e petit poil follet reffemmantàcotton
deflié.PlufieursdësNymphesauoientleursnambeauxallumez, qu'il faifokmer-
ueilfeufemét bon veoir.Ily eh auoit vn grand nombre de vëftues de chappes,cha-
-fubles, Se ornemens de religion. Quelques autres portoient des kncës où pen-
doyent certains trophées oudefpouilles antiques : Se cheminoientpefle méfie en
trouppe,ainfi que chacun fe trouuoit. Le bruk,ie cry,les voix des perfennagés , Se
lefbndesinftrumcns,hautsbois,cors,trompes,buccines, 8echalemies, eftoient fi
grans qu'il fembloit que l'air fe deuft fendre. En ce lieu de f#licité viuoient les
. bien-heureux en tc%t foulas 8epkifir,glorifians les dieux,Se fuyuât les triomphes, '

parmy les beauxchâps diap'rezde verdure,8e de fleurs de toutes coùlë.urs^odeurs,


Se faueurs qu'il eftpoffible imaginer,plus aromatifantes que toutes les fortes d'ef-
' pices,quenaturefçaurokproduke,voke (certes) plus belles que nulle pçinéture:
Se fans iamais eftre feichees du Soleil: car toufiours y eftle-printemps fans varier,
feiourfanspaffer, Sekfaifon trenquilleSe tempérée: Auiîl touty croift fans la¬
beur^ s'y engendre par la bonté delà terre,au moy en de la bénignité de l'air : &
demeurent les fruicts , fes herbes Se fes fleurs , inceflàmment en feurperfe&ion
de bonté, beauté, odeur Se verdmrefansffeftrkny fécher en* aucune manière. Ia¬
mais n'y -a doufeurny maladie, 4ueil,foucy, mélancholie, fafcherieny defplaifir.
C'eft 1' habitation.de perfeéte béatitude, députée pour ceux qui feruent les dieux
à leur contentemëht.Là eftoklabelle Calyftp d'Arcadie, fille de Lycaon. Antio- '

pe fille de Nydeus,femme de, Lycus,8e mère d'Amphion le mufîcien.Afterie fille


4eCeusleTitan.Alcmenaauecfesdeuxmaris,l'vn vray,Se l'autre fuppofé. Puis U
belle Erigoné,quiaUoit fon giron plein de raifîns. Hellés y eftoit encores montée
fur fe mouton à ktoyfon d'or. L'on y pouuoit vëok Eurydice que feferpentmor-
doitau talion. Phylira fille du vieil Occéan, 8efemme deChkon le Centaure y.#
tenoit v'n rang honnorable. Apres marcheoit la Déelfe Gérés couronnée dëfpisl
de bled^montéefur leferpent deTriptolemus'. LabeileNymphe Lara y eftokac-1
<°mpagnée de Mercure fur la riueduTybre tant renommé , auffi eftoit Iuturn«
/ ROLIPHILE. i _ êy
(<em du preux TurnasiSe prefque vne infinité d'autres }qui feroicnt trop longues
à racoirtjiri;- I'eftois gran4eméteftonné voyant tant de gés affembiez à l'entour
1 de ces fain&s triomphes, 5e,ne fçauois qu'ils pouuoient eftre pour ne les auok k- ,

mais yeuz. Adonc ma guy de apperecuant mon imbécillité , fans luy demander que
c'eftok,me va dke.'VoyezrYous cette D^efTefen la monftrant de bonne grâce) elle
% autrefois efté mortelle , mais fà condition fut muée pour auok aymé Iupiter.
jCette autre là fut vne telle: Se tels dieux furent rauis de fon amour , Se ainfi pour-
fuyuantlecatalogue,ellcme déckrpitlcursnonjs , leurs, races, Se originesanti-
, ques. Apres me monftra vne grande affemblee de filles , conduides par trois ma-
trones,marchans deuant toute k compagnie: Se me diâ: aucunement troublée, Se
changée en vifàge. Mon Poliphile, ievueil bien que vous fçachez que nulle:- de
celles qui foht nées enk terre, ne peut en trer céans fans auok fon brandon allu-
irîépàr Srdant amour,Se violant trauail,comme vous me le. voyez porter.£ncores"
faut-il que ce foit par le moy en Se addreffe de ces trois matrones. Puis dit enfouf-
pirant: Il me conuiendra pour voftre amour offrir Se efteindrele mien dedansle
làinéttempfe.Cettepàrolfemepénétra,fec pkifir eut de force, quand /
ie m'ouy appeller fien, car par ce mot elle me donna foupçon,, que c'eftoit madé-
iîrée Polia:& (à la.vérité) tel fût mon ayfe,quel'ame qui me ffît mouùoir$fuf fur le
poinct d'abandonner/ mon corps, Se fe retirer dans fefien : dequoy la couleur de''
mô vifage m'accuia,ioincfe à vn foufpir bas Se ardant que i'en lettay bon gré mau-
gré:mais quand elle s'en apperçeut,promptement changea de propos;, me difant:
Orcombienily enaaumondequi voudroient feulement entreupir ce qui vous
eft permis de contempler à pleine veuë<Pourautaut efleuez voftre efprit,& regar¬
dez ces autres Damoyfelles qui vont pair à pair auec leurs amis,chantant en beaux
Vers fes félicitez de leurs triomphes.Çes premières font les neuf Mufes,8e Apolo,
'quivadeuant, fuyuy d'vne belle Damoyfelle Napolitaine appellee Leria,corô- ,
néede-Laurierverdoyant. Auprès d'elle eft vne fille belle par excellence , nom¬
mée Méknti>ie,l*habiilement, Se le langage, me feirent cognoiftre qu'elfe eftoit
Grecque.Cette là portoit vne lampe arçUntc, qui efckkok à toutes celles. qui la
fuyuoient.'Son chant Se fa voix eftoit trop plusamoureux qued'aucùne autre de la
trouppe.Aprèsmaguydeme monftra Pierus,8e Ces filles, quitant furent fauan tes.
Puis Lycoris,auec vne Dame qui chantoitk guerre d'entre deux frères de The-
bes.Toutes auoient des inftrumens de Mufique,dont elles faifoient merueilles de
fermer. Au fecond triomphe eftoient la noble Corinna, Délia Se Néera,auec plu-
fîeursautres Muficiennesampureufes; Se parmy elfes Crocaiek Sicilienne. Au
tiers triomphe ie vey Cûiintilia, Cynthia Se autres, proférantes des vers affez mé-
îodieux;EtlàfetrouuokLefbiaplorant encores fonpaffereau.Au quatriefmeou
iouok Lyde,CloéiTiburte,Se Pyrrha.Puis entre les Mainades eftok vne iolie Da-
moyfelfe chantant pourTon amy Phaon.Et au derrieredeux Dames,l'vne bien pa¬
rée de blanc,Se l'autre veftuë de verd: toutes lefqueii'es folemnifoient cette, fefte*
chantans alentour desTriomphes, portant-couronnes de Laurier Se de Myrthe,
auec diuerfes autres herbes,fleurs Se rameaux,fansfin,fans trauail, fans ennuy , Se
fansfekifer,affouuiesxncontentement,iouylfantespar finition éternelle des vi¬
vons diu.ineSjSe perpétuellement habitantes en ce Royaume bien-heureux. . #

'-'; :' - - ,.Y " ; y'": ' *' - -: y' Q-Jil -." ''''' '
LIVRE-PREMIER DE
AP^ES QfiVELA DAMOT SE L^LE EVTnéCLARé 1
à Poliphile le myjîere des triomphes^ les douces amours des- dieux,elktad-
monnefi'a daller pluiauanu ce qu ilfit:& y veitplufieurs ieunes Nytn^
phes pajfant le temps tout le long d'vn miffeau auec leursfîdeles- .

amis.P uttilfietrouuaesfw de l'amour de U.


Damoyfellefaguide.. , . i

C.HAP., XVI*. -- ^

i V R tout i'eftimerois non feulement heur eux, mais au dé fifc


i de k béatitude celuy auquel par grâce fpéciale.ferok. per-
^ mk de voir fans fin ces pompes diurnes,, Se, triomphes glo- !

S rieux,décorez de tant de Nymphes Se Déefïës. pleines da


beauté nompareille,ayant entr'elles amitiéxordialle. Se cô-
uërfàtionfamiliere: -mais encores feroitrce plus s'il eftok
conduiét parvnepucelleautantexquifeque ma guide; car à.
Sfc'mon iugement c'eft l'vned.es principales parties 4è la vraye
béatitude.? enfant à celaiedemeuray quelque efpace de temps hors de moy, Se.
tout ëfnierueillé:parquoy.ma belle me tira par k main , difànr.Paffbns outre, à.,
quoy i'obéy de bien boncceur. Nous prifmes vn chemin autantioly, qihon pour-
rokfemhakter, s'eftendant au long de plufieurs belles fontaines qui faifoient vn*
ruiffeauckk commeargentbruny ,, bordé de fleurs 8e.de.ver dure principalement:
de Souchetde Gkyeul,&.de Lis blancs,rouges Seiaunes^auecde belle balfàmite. .

Là femiroit l'imprudent Narciffus fils de Lkiope,amoureific4e foy-mefme. Tout:


ce pourpris eftoit enuironné de beaux coftaux,peuplez.d'arbres fruictiers comme:
JLaurîers,Pins,Myrtes, Se Lentifques,au long defquels couloit. celle eau-pkifànte-
qui auoitfe fons paué de beau fable rouge. Toutesfois enaUcuns lieux y croiifoit
le Greffon, Se.autres herbes aquatiques. Là. eftoient plufieurs ieunes Nymphes,,
belles Se de bonne grâce, accompagnées d'autant d'hommes deleuraage ,paffans
îetemps ioy eufement enfembl e . Aucunes qui auoient haufféleurs veftemens de:
foye^Se amoncellez.fur leurs brasjcouroientpar dedans ce.ruifTeau,teilëmét"qu' el¬
fes fàifoientyoiria.belle. difpofîtion 8c profil dé leursperfonnes-, ayantles iambes-:
defcouuertes iufques aux genoux,Se les pieds enl'eauiufquesàlacheuille.Quime:-
fitfentir enmon iecret,que telle chofe 2 puilfenced'affubieélir à l'amourd'vnhô-
me du tout inhabile Se inutile à fon feruice. Là où.eftok l'eau plus tranquille j Se
oùielle auoitmoins de.cours, vous euffiez veu touteleur figure auffi parfaiétemét:
exprimée que dedans la gkced'vn mir.ouer.Et quand elles alioient amont contre :
lê-couknt de ce ruiffeau, l'eau s'efleuok contrefeurs iamhes faifant vn petit mur-
.

jmure.comme fi elle --euft efté. courroucée de les rencontrer. Les vues couroient .-,
aprèsfes Cygnes,8e,s'éntr.eiecf oient deréauauecleùrs mains. Les autres eftoient:
affilés fur k riue,-Se-faifoien.tdes bouquets de flettes qu'elles donnoient à leurs a-
înisîaucc les 4épendanccs accouftumées,qui-fontles gracieùxbaifers , lefquels ny
e^oierit efpargnez,ains libéralement.Se prodigalement, octroyez-, plus ioinds Se:
plus eftroict ferrez que ne font les coquiles 4es Huiftres. Ce nonobftant Se corn-
bi.enquiî:sfuffeatd5ucement4ànnez 8creeeuz jfîpouuoitson veok: après ledé^-
. partd'impreffion Se marque 4e.leurs 4ents au coi, auxiouës, auxleures ou au m é«-

tpnjfànsvviofenee ,;ny:â,ue.une.4ôulèur.:. Certains eftoient, eft endus auxpieds des;


%ûlés SfcAulnes. klombie^ontreles racines4efqudsr.eaaXe..verioit.heiii'ter.eai"
poliphile: :; *$"
«lût murant : & kfc fcpôfoient en toiit plaifîr , voyantles beaux feins de leurs
Dames-qui4onnoyent aux yeux pafturepfus agréable Se 4éfiréè,que ne font àCu-
pido les larmes de Ces bons feruiteurs. Aucunes chantoient chanfons d'amours -, à
voix débiles Se tremblantesjbrifées depetits foufpirs, Se remplies de doux acceirs
affez fors pouf faire amollir -Se entr'ouurk vn cCur de pierre. Quelques autres
eftoient couchez aux girons de leurs belles Nymphes , aufqùellcs ils faifoient-des
plusplaifens conl^ /,dont ils fe pouuoient àduifer : Se elles enïecompenfe met-
.

toïent des chappeilets.,oulyoient des bouquets à leurs cheueux. De telles enya-


uoit qui faifànt. femblânt d'eftre courroucées, refufôient de s'approcher, Se
fuyoient ou bienfeignbient,de chaffer leurs feruiteuçs Se leur donner côngé,mô-
ilraritd'auoiràdefpkifir, cequ'elles defiroient trèf-ardamment-: Se par ainfi ces
bellesxouplesalloient courantl'vneaprèsrautreàgranscris, Se pkifantes rifées.
En ces entrefaites les çheueux des Dames voletoient en l'air , reluyfans comme
le fil d'or:puisquandlesperfQnnagess'eftoientatteints,inc.ontinentfebaifroyent
contre terre pour emplir leurs mainsd'herbe Se de fieurs,8efefesentreiecl:er< La
recompence de ce trauail eftoit vnbaifer réciproque. Après ils s'entredonnoient
. depetits fouflets ou fur kioUë,puparderriere,en fuyant auec fes plus effranges Se

" nouuelles efcarmouches,qu'Amour fçeut oncques inuenter , fans toutesfois faire

acte qui defrogeaft à k grâce d'vne honnefte fille. Mais toufiours contenâce Sege-
ûe tel,quefes:regàrdans n en pouuoient aucunement eftrepffenfez. Héksîquife-
r-oit donc le c fi froit^Se tant gelé, qui ne s' enflammer oit voyant -fideleétables
; ..effeébs d'amour egalîlepenfe véritablement-que la chafte Diane y euft elle tout

foudain embrafée: Se oferois quafi dire que les âmes des félonsenuieux n'édurent
plus grand mal en ce monde , que celuy q*ui leur eft caufe de l'ennuy qu'elles ont
voyant la félicité de cefte heureufe compagnie, qui vit fans peine Se fans foucy,
.menantioyeperpétuelle,-contentedupréfent,non affouuie endefîrant l'auenk,
ains eftimant tpufipurschofe nouuelîe ce qui eft fousmts à leurs yeux , &dontils
ne font iamais ks.Lesmiens(certes) reçeupient vne douceur fi grande feulement . '
de les contempler , que mon cur participant en ces délices, fut fur le poinéfde
mëlaiffer pour aller enceftëbéatisuderequérirfapartdeces bénéfices d'Amour. '
Et fi l'imagination euft peu caufer l'effecf,ie feuffe(fànsdoubte)demouré lors kns
amë.Aucunesfois iepenfoisque ce feuft enchantement, ou ie cuidois eftre arriué
-en quelque pays de Fées, puisilme fouùenokdes oignemens de Ck-cé , des her-
- bes de Médée,duchant Magicien de Byrren-ne, 8e de l'infernal murmure de Pam-
phifekariefçauois bien quelesyeûx corporels nepeuuent rien veoir outre l'hu-
^manité'Se qu'vn corps mortel -fait de terre,îourd,vil,pefant Se ténébreux ne pour
roit eftreau Meuoù r-epofent lesimmaftels. Ces choies penfois-ie en moy-mef.
me:toutesfois après auok laiffé toutes ces. refuënS.s , Se venant à remémorer les
.merueilleufes chofes que i'auois manifeftementveuës. Se apperçeuës, ie eqgneu
quece n'eftoieatp ôintillufions ny fallaces de Magie , ains véritez imparfaiétemét
-comprifes de mon fens:qui mefek retourner à contempler la beauté de ma guy-
4e,8e y appliquer toute la pûiilancede mokefprk, lequel fouffrok vnepeinetrop
griefue,pour ne luy o fer demander fî elle eftoit ma Polia,ou non: confidéré qu'el¬
le n'agueres m'en auoit donné quelque cogrioiffance douteufe.Or craignois-ie de
* l'offenfer pour peu de choie, poufàutant queie luy cftois inférieur en toutes par- -

des ôe qua'kez,voîre:prefc|ue indigne qu'ëllepadaftà m_oy . Ce néantmoins k pa¬


role tn'eftok plufieurs fois venue iufques fur le bout delà langue, Se iel'auoistouf-
io'urs fupprimçe, eftant perplex Se incertain outré meiure de ce que i'auois lors à
fâke.'dantieme rrôuuoispius.eildnné que Sofia quand il rencontra le dieu Mer-
' .'' y .- ''- "- " - Y" Oc iiij' /
, LIVRE1PREMIER DE
cure lequel audit pris fa propre forme \ d'autant' qu'il '-ne pouuoit iuger s*il eftcwt
où luy,où vn aUtre.Voyîà comment i'eftois aflailly de penf ees,Se difois à^partinoy.
Pour auok place en ce paradis terreftre,ie ferois content de m'auanturer à toutes
entreprifes,pour hautes Se difficiles qu'elles peuffent eftre. Nul trauail me fera,
bleroit molefte. le mettrois ma vie à tous hazards. le ne craindrois péril de mer
ny de terre.Ie ferois content d'entrer en kcauelne du cruel Polyp'hemus", loger
"en kmaifonde Calypfo,ferui'r plus longuement que lacob, ^n'offrir àl'auanture
de Hippomanes contre Ataknta,Se endurer toutes peines, labeurs 8e dahgers-ëx-
trêmes,red6ubtezSe fuis 4e tout le monde : p'ourautant que où tAmouE domine,
peur Se peine n'ont point de lieu. Toutes chofes ferois-ie volontiers pour acqué¬
rir vn fi o-rand bien , Sedemourer encelieude félicité , abondant Se ebmblé'de
toutes délices parfai6les,8e principalemét pour paruenir à la grâce de cette Nym-
phe,Iaquelle eft fans comparaifon plus belle que Hélène la Greeque,voke(certe^
quetoutes fes autres renommées de grand beauté. HêksJ ma vie Se ma mort font
du tout erTfa puifknce.Mais s'il fembleaux dieux que ie fo'y e indigne de fon ami¬
tié^ ie requiers pour le moins qu'ilme foitpermis de la pouuoir contempler Se
feruir à toutiamais.Puis ie redoublois-O Poliphile , filegrand trauail te deftour-
he,le guerdont'yfemond Se conuie, mefmes fi les périls t'efpouuantent, bonef-
poir te d,oit enhardir. Par ce moy en ie m'affeurois,difant derechef en voix non en-
tenduë:Ogrand*dieuxde kffUs', Se'vous- fouuerainesDeelfes , fi cefte Nymphe
dont ie voy k préfence,eft Polia de moy tantdéfirée, laquelle ie porte emprain&e
dedans le prorond de mon cur,Sei'ay portée depuis fes premiers ans demaieu-
> neffe,ic fuis content Se ktisfai6t:tant feulement ie fupplie qu'il vous plaife k con¬

traindre de fe chauffer au feu oùie mebruffe, Se faire que tous deux foyons X\t% .

d'vn lien indiffoluble, oubienme remettez en liberté: car iene puis plus diffimu-
lërletoUrmentque i'endure,necpuurklebraficrquime confomme. I'ay grand
plaifîr en ma triftelfe,Se fuis en peine fans pener. La flamme qui me diminue, me
'nourrit Se le viureme fa-iâ: mpurk.En viuantie ne gbufte k vie, en mourant ie ne,
fenspâs k mort , ains ie fuis comme vn gkçonmis au milieu d'vne fournaifear-
dante.HéksJcet amour m'eft vnplus pefant faix que l'Ifled'Inarime au géant Ti-
phus.Ie,m'y treuueplus efgaré que dedans vn grand Labyrinthe:voke(à biendi-
re)plusprefféqu'onquesne fut Actéon par fes chiens, Se tant que ie ne puis co-
ghoiftre en quelle part du mode iefùis,finô deuant fes yeux de cette Damoyfeile
qui me tient: Se'ne m'en puis garantir pour fuy r ny pour réfîfter. Héks]au moins
qu'elle euft plaifîr du niai que i'endure pour elle , ce me feroit vne efpece d'allé-
'

gement.En proférant telles paroi es,les larmes me tomboient desyeux, Se appel*


lois k mort , tout bas , dé peurque ie ne fufîé ouy,Se délibéray plufieurs fois de
m'eferier par vne grande plainte. O noble Nymphekna feule efpérance , prenez
déformais pitié de moy ; carie fuis en termes de mourir. Puis tout à coup ieblaf-
mois ce confeil comme léger Se inutile, difant: Pourquoy varies-tu; ô inconfiant,
Se peu féririefLé mourir pour amour, te fera plus honnorabfe que kvie. Adone ,

en changeant de propos. Parauanture (difois-ie) que c'eft quelque DéefTe à la¬


quelle ie me dois addreffer. Certes' Syringa d' Arcadie n'euft iamais efté transfor¬
mée en r ofeaufur les riues du fleuue Làbdon,fi elle ne fe feuft' abftenue de parler
ïndifcrettementenkpréfencedes Déeffes. SembkbîementEcho ne feroit con-'
uertieenkqueuëdesvoix,fîelfecûfthonnorablementrécké fon affaire. A cette
. caufé,combiën que les dieux foyent de leur propre naturel tous enclins à miféri-
corde,vn tel contemnem'ent Se audace téméraire fes pourroit irriter à vne cruelle
Tengeance. Qkil foit vray,les compagnons dufage Ylyffesne feuffentpériz en la
'- Y - - -, Y '' ' met
POLIPHILE. - y ' . ér
- mer,ssïls n'euifent comme facrifegesdefrobélebeftaild'Apollof Orion euft éuité
l l'ircdes dieux,s'il nefe fuft ingéré défaire violence à la chafte Diane. Et Phaethon
fils dephfbus futparfapréfumptionprécipkéducielàbas. Ainfi donc fî par im-
: prudence "ièfaifois quelque ade indécent enùers cette Nymphe tant exquife, il
mepourrokaduenir le fembkble, Se (peuteftre)pis. Ce difeours me feit oublier'
toutes mes folles entreprifes clique ieme trouuay en grandrepos, Se meremey.
àcontemplerkbonnegraçe , Se lexcellence de k Damoyfëlfe, qui me confola-
grandement, de manière qùc-iepailày toutes'ces fafcheufespenfées, Seceflày de"!
ibufpirer,kiirant l'efpérance flitteufe , qui eftla pafture: ordinaire dequoy viuent;
fesamans,meflée bien fouuét d'vn breûuage deiarmes Semé miray en cette beau-
. tédiuinc,contentSefarisfàiél d'en auok k feule fruition parla veuë. .

LA» N T M P'H.E CO ND V I T PO LIPHILEEN;


plufieurs autres lieux. ; &. luy faiâi venir le. triomphe de Vert&jnnm & Pomma.
^Puïsle meine en vn templefiumptueuxi& par l'exhortation de L0> rieufie ,laY
Nympheyefieindit fin flambeau en trèfigrande cérimonit, fie don¬
nant kcognoifire à Poliphile, & déclarant quelle efioïtfia--
- , , Pvliadesfacrifices qui s'yf cirent. . ;

'. . . - ' - C.h.ap.1 x.vn- , _ ' ~»_'

(Jpf^^^^^f ST;A:NT dominé par le pouuoir célcfte,îe ne pouuois plfi


fwJf\ Ed^wJff>ÔMV refifter aux traiéts de l'archer diuin qui me preffeit parles +
yeux de cette parfaiélcNymphe, quiayant toute puifïànce
fur moy, tne prit par la main voulant mernener plus outre
vers vrîiïuage qui eftoit fer febord de celle vallée,©! finif-
foiétles coftaux Semontagnettes dont 1e lieu- eftoit clos Se.
enuironné.Auffi nous cheminafmes entre des beaux rangs-
d'arbres Orangiers , Palmiers, Piftaches, Pins , Pommiers; ,
IjauriersyChcfnes, Houx, Buys, Icneuriers, Myrtes, Frefnes, Noyfilliers, LentifY
ques,Cormiers,AniandielS,Meuriers,Cerifiers, Se autres infinis, qui n'eftoient:
.elpois,nyobfcurs,maispkntezpar égales diftàncesàk ligne, Se'verdoyarwconi-,
me au printemps. De là nous entrafm.es en yn lieufaictàparquets en quafré,fepai
reiz de chemins SealléesaffezkrgeSjCroyfezpar carrefours bié ordonnez.Lespar-j.
quetsiclos de I ëneures,Bùys,Se M yrtes,drus Se ferrez enfaçpn 4e muraille. Le de-,
dans eftoit en pré,femé de toutes manières de fleurs* Parmy k clofture des par¬
quets y auoit des Palmiers tous chargez de leur fruict , plantez auffi par interual~|
fessentremeflez. d'Orangiefs,ÇitronnierSjGrenadiers, Se Pyftachesi*

m-.
LIVRE PREMIER ÛE

f Avi, dedans de cesprezfe trouuok vne-mukkadèinfinie de peupîe,champéftre,,


. telqueien'auoisaccouftumédevoiivH me fembk veftu rûftiquement,depeaur
yde.DëimSj'Çheureulx, Onces,Se Léopards. Certains eftoient accouftrezde fueil-
j-...îes4e Bardanc.PfMopate,Mixe,ou Sebéften,enfe,nAle de la gïand'Farfuge»Leui.s
; brodequins eftoient de -Par#lle,Se d'Ozeilfe ,jbordez de-fieurs., ppurauwrit qu'ils
..sfolenanifoient vnefefte auec les Nymphes Hamadryades , à l'entour de Vertum-
,,nus,qui auok yn chapeau deRofes,Se fon giron plein de fleurette^. ÀuprèsdclHy
.. eftokfa Pomonà, couronnéede fruiélage, les cheueuxpendansfur'ks efpaules:
- tous deux afïïs en vn chariot de triomphe, tiré à traits de rameaux & fueillages,
.-par quatre grans Fàu'nes cornus.A leurs pieds y[ auoit vneÇhantcpîçure : Se Po-
mona tenoit en fa main ynecorne d'abondaneejpleinc de fueilles & de fruits. Au
"deuant du chariot allokdeux belles. Nymphes port'enfeignes, l'vne a-yl?b.t.en fe
,-.deuifedes fers de charrué,marres, hoyaux, faux, faucilfes,fleaux, pelles, Se autres
inftrumens de.kbeur * tous pendans au bout d'vne lance;-'Et vn tableau où eftoit
..jî^ferit. .:'-_>.
Vy^T£:GER,RIM;AM.':¤'0'RP;01lVM ^AJOiTVDl'NEM/vEf;
. '> :'''.-
* POLIPHILE. . es
STABLE ROBVR,-CASTA S QVE MENSARVMdÈLICIAS *
ET BEAT A M ANIMI SECVRITATE,M- GVLTQRIBV5
M il S QFFEIUX* - #
C'efl à dire,.; '-

le donne &pnfénte k ceux qui meferueiïtrperfeSiefetftté de corpsferme &jl4bfervi*J '


gueur de leurs perfennes; pur es &chofles délices ei%bdtiqHet£,we,S « x
. - . - bien-heureufe tranquillité £ effrita

L'àmrepoitoit certains greffés Sereiettons auec vne petite ferpë , alfemblea "'- :

commevntrophée,5ecettetrouppcalloit ek forme de procefEon, felonl'vfàgç: ; :

antiqueàrentourd'vn autel quarré, fcitué tout au milieu 4e ce ppurpris taillera -.'»


snarhreblànc^garny 4e moulures epnuenables. £n chacune face du quatre jr ' f
.... - ^ .. ...... RYij..
: «' . LIVRE PREMIER DE
; auo'itvne figure plus cnlcuéequedekdemyboffe.La premietecftojt v&eDécfTe
; couronnée de rofes Se autres fleurs , les chcueux efpars au vent ycftuc d'vn drap
. de lij|fi delié,que l'on pouuoit voir fes membres à trauers» Ellcrefpandoit4eia
main gauche des rofes fur vn pot à trois pieds,fakpour les fâcrificcs. De l'autre te-
-,s

noit vn rameau de My rte,rcprefentant le naturel.Auprés d'elle eftoit vn petit en-


-.

-*:fa»t.volant,quiriQÎt,8e tenpieynarc'Sedes flefche|,auec des Colombes amiables:


r& au deflqus eftoit efcrit.^ Y'" . ' .y
FLÔRIDO VERI- S. Y
.- ; " ; C'eft a dire. . ' ' " . '"" "fifi ' ,$

Dediéâu fleuri P RI NTÉ.M PS. * v '

,En l'autre cofté Te mohftroit;vn«


Damoyfelle femblantvierge à fon vi-
fàge,8e matrone enfà Majefté. Def¬
fus fon ëhef elle portoit vne couron¬
ne d'efpiz deSl^d : Ces cheueux e-
ftoientpendâsfur fes efpaules, Se fon :

accouftremeht eftoit tel que celuy


des Nymphes.Elle tenoit en fa main
dcxtrevne corne d'abondance., plei¬
ne de bled meur ; Se en la gauche vne
racinetfent procédoient tous efpiz.
A fes pieds eftoit vne gerbe de bled,
Se au deffeus eft oit efcrit. ,- ' '

FLAV^E MES SI .S.:


Alablondemoiffon,

.<#
t. i\ V *'-*,«>>'>.'_
/POXIPHIL^ y

; In la tierce face eftoit fîgurfta


beau fimulâcfire4'yn ieune homme
rkrit,tbut hud&Jïeffemblantdu vi-
fege àvn enfant y cburonné4e fueil¬
les 4e Vigne , tenant 4e la main gau¬
che vn fep charge;4e raifîns :: Se 4e
l'autre vne eotne 4'abondance plei¬
ne 4e grappes Se de fueilles;. A Ces
pfedsy'àiiqk vnBouc, ÎScau 4e0bus
-tclieeferituteY'/1
. ,-.-,
--, -i i - '.
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i-Dédie M^iheùxAutumné. t
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»W»4fl«~,!WWMWWtt»aî.&,s-feLefi wsst^aii.

i=- . m - '*<

b -
m V Bjfc t R Ê M I E>R- D"Eï
La. dernière face contenoit vne au-*
tre figure en forme de Roy , féuère Se
robuffe, tenant vnfeeptre en fà main-..;
droiélë, regardant deuers le Ciel,, eu
fertequ'il rendokl'ak trouble Se ob-
feur.. De l'autre main touchoir les
niics noires Se pluuieufes, pleines de
greffe Se.de neiges; Son habit eftok
d'vne peau velue ,1e poil tourné de¬
uers 1e nu, chauffé defoulier^àl'anti-:
que: Se au defibus.eftok efcrit.

1 ,rl,yÉMf£,OLIJi,S.... y
deftadifc?

Djdié à i'Hyuer venteux.- .

Outre l'excellence 4 el'art exprf- ;

mé par louuriejr de'ceft alitel,il àuok-


çhoifi le marbré àpropos; car parrrïy .
. la blancheur s'eftoienttrpuuées cer¬
taines veines vn, peu brunes , pour::
faire apparoir i'obfeuaté des nues .

méfiées dftpluy es,,neigcs, gfaifles, Se.


tourbillons. Sur fe plan de l'autel e-
'ftôïtpofé lerùde 8ê-ruftîque'"gardiea ,
des iardins,marqué de fort enfeigne, -..,.

ombragé d'vne treille de verdure, faide à voulte, feuftenue fur quatre perches re-:.
ïieftuesdefueilles Se de fleurs, le tokt lourdement eftauché, yofre (à bien dire)
fens grand ouurage. A, chacun efpace entre dcuxperches-pendpit-Ynelampe
ardante, attachée au milieude l'arc de k vo ultea.petk.es chaiftettes de cuyure fort-
fubtifes:qui eftant agitées diry ent , rendoit en s'entreBeurtant vn fen commede,,
petites cymbales.Tout autour eftoit cette tourbe ruraIe,Bouuiers*,Bergers,SeLa»
bpuçeursj-qui rpmpoientcontre l'effigie dele*r dieu beaucoup .defi-ples de verre, .

pleines du iàng,d'vn Afne qu'ils auoîentiàerifié , rneflé de vin Ssdel&iâ: êey iet-<
îpientdes bouquets Se rameaux à puifïànce. Ep cette proceffion eftoit par eux
mené le vieillard lanus^lié de rameaux,de fleurs Se dcfuèiiles .Ils alloyent hrayant -.-

certaines.chanfonschampcftres Sefeftiues , appelkns Thakffe ScHyménée , dan-


fâns,fautans,Se rians par grand ioye. Ce triomphe me donnaplusd'admiration j
...

.4pe4epkifir?.8e^
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«tf»*MIK(MMtok
.'_*'- ~ * - LIVRE-' PREMIER DE
Qtend nous fufmes paffez outre,ievey à trauers la- foreft certaines Nymphes -

©réades,Napées,8e- Dfyadcs,auecles Néréi*desvveftues depeaux4eVeau marfe,.


r * & les autres de fleurs 8e de fu£illes,balkntesâuec les Fami es Se Satyres, coiuônçz.
de cannes Se de ionc.Pareillementy eftoit ledieu Fan,& Syluanus^ puisZéphinis
,, . . * auec s'amie ChlorisjSe tous les-.autres dieux Si Uéeffes des bojs,montaignes, val-
fecs,8e fontâines:enfemble plufieurs bergers Muficiens, fennans de vieux inftru¬
mens compofez de feftus dé cannes , de-.eornemufes de pcau.true , de chalumeaitx
* d'efcorce,8eautrestels d'eftrangerefbnnance,dontils celebroient les fainétes fe
rles florales..! e laiife à penfer à ceux qui le pou'rront comprendreje plaihcque feu-
devoir deschofes tant nouuelles. Nous n'eufmes guer.es cheminé ma guyde &
» ' m'oy,.qUei'apperçeu à; trauers les fommitez des arbres vn hautpinnacle comme-
9' . ' vne tournelle ronde , qui ne me fémblokgueres loinj; de cette due de k. mer ou..
ma guyde prenoitfon chemin, à laquelle tous lëstuiffeaux que nous auions pa£-
fez,fe venoient rendre. Quandiefusvnpeuapprpché,ieveyplusmanifeftem«at *
commevnevoûterondeà-culdefour , couuertede plomb {ainflqu'il me fettb,
" - ' - bloit)enrichie d'vne lanterne à huiétpilliers: Se deffus vrie autre voûte de mefine),-
fouftênantvneautrelantern-epareillementdehuidpilliers quarrez, en laquelle
~ eftQitfîcheevnevergeSeyneboufefortreluifante..Je defiray foudainementvoir
Y ce bëaïi baftiment, qui toufiours me fembloit de tant-plus exquis, que i'enappro-
-"-' ' chois plus près; le, iugeois aie veoir de loing,que'c'eftoitftructurè antique: par-
quoy'îe fus en délibération de prier ma.guide qu'elle m'y vouluft mener, combié
*"0^ quenouscheminionstoufiours verslelieuoù ileftoit:maisiereprimay monvou-
lbk,dïïàn.tà-par moy: HçksHen'ofe demander kchofe que plusledefîre, Se qui
.

- - ïn-eferok'çontentjfor-t0usleshomtnesde ce monde;fîie la pouuois impittencôr


-* mentidonc: démandëray-iccette cy quinem'eft ny neceflake ny vrgente? Ainfi;
"\ .- ' allois-ie-chèminant^ toufiours k fantafîe comblée de telles variations amoureu-
, fesjtantquenousparueinfmesfur.lariuedékrner en vn lieu fortplaifant, auquel
. >

Wsvfizoé 1 a -^fto*-* édifié vit temple fbmptueux confacré à Venus Phyfîzoé. Sa forme eftoit rô-
Tio-^sna- d'e,Seaucwtdë.hauteurtantquelediarBetredefo.ncerele:SepouHabien.conduii-e-
wr?... l'Archkeéle en premier lieu auoit faiél furie plan vn rond;, "Se dedans vn-quarré:'.
y^ - puis auoit deuifé le diamètre dur.ond en cinq parties, depûisk circonférence iuf-.
quesau cofté de ce quarré, Seen auoit adiouftévne.fixfef me fur lecentre. Su* la-
qu.elfe.il aUok tiré vn a«tre cercîe,Se fur iceluy érigé ce bel edifice,quantà fies par*.
ties principafes,voire trouué toutes fes mefures, , tant 4e k groffeur des parois t
pilaftte.s3qu-e l'efpace qui eftoit entre k muraille faifant la clofture du temple, k',
les colonnes fouftenân-tcsk voûte du milieu. Après auoirtké dix lignes égaleijfét
dépuisle centre iufques àk circonférence, diftantes rvne.de l'autre comme rais-;
ou,femidiametres:fur lefquels il'aupiffaicïdix arcs ou vou.tu.res affifes fur dixpil-
** , tiers de pierre.Serpentine.Pâr dedans Tuure^ contre chacun des pilliers( qui i
- * . auoient deux pieds de largeur en.leurface,8e feuftenoient les berceaux des vou- *

tures) eftoitpofée vne colonne CorlnthiennedePorphire, de hauteur Ionique,


, __ ' c'eft à dire de neufdiametres,fansfes chapiteaux qui eftoient'decuiure doré^ &
pareillement les bafesjfur lefquelles eftoient affis l'architraue , k frize, Se la corni-
ché,.qui auoient leur faillie iufques à plombdu vif delà colonne. La courbure-
des arcs cqnîmenÇok au chapiteau du pillicr,qui auoit dehauteurla tiercepartic
deTa :krgeur,Se fa bafe feulement vnequatriefme. Ces pillfers fe pofoient f ur des -.

.beauxpiédeftals quarrez,Seles colonnes Corinthiennes fur des dèmyrbnds, côm-


. po&zdenfcuxquarrezparfaidsjprins ferla ligne diamétrale du pied de lacolon-
aiyype tierpepartie employéea.uxmouiures ioignantes auxpiédeftaîs des pilliers ,
' J . ' * ""'' ' # '" quarrez-'

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^qtfai-rez.Àux clefs des voâ'tiir es il f kubk des petits' énfanl, Se-auffi'anx coings qtre
les^csfarfôiétVersfespilîièrSjiîyauokàchacunvn'rôddelaipedediuerfes'cotri
leurs, enclos en chapeaux de fueilkge. De l'autre cofté du pillier.au derriere.des
col.6îineV-de 'Porphyre, fortçientdéspilliers quarrez canneléz, de Serpentine,
ayans 4e faillit la tiercé partiedèleurgroffeuE., leur bafe'&ffife&rlepl'amdup&ué.
-A leur oppofite en lamurailfeprincipafe faifàrkk cloftiîre dutè*hple,il y^n,Iuîîi!t
d'autres f emhkbles- : Se deffus vtié ceinture ë-nfqrme-4e" corniche :; :enuïro'hMMt
. toute la mafîbnnerie.Ea4iftance dVnpilliér, à'-^atitre eftok:reig'feëpa;rilésiiî*Rès
*tkees du centre àkckconféren'ce. Lés piédeftals quarrez Sc-demyronds dés pil-
lièrs Se'"colonnes,«ftôient-d'Albaft£i-e-, entaillée de fêlions du fàiffeaux,,devefd.arè-
' de plufieurs fo,rtes,â telles de PauoKjN'eftfes, 8eautresfrui&s8efueïlfes,liezdërir:-
bens qui fembloiënt pafferpàtiriy deâ-anneàux de chaçunxo'fté y& feursëxtremi'i
tezvp'knteàTuflë-vuydedékPierFeYAchacikîe'v^
"vne fen eftrefaicle d'vn quàir-é, 8e-4em'y , 'vitrée'd© pierre Sogobrine" trèfclairëj
!àinfi qu'ilëftbk requis-powfesteinpfesahtiqu4s;Sen'en y- auoit fîhorihuiél,'pour-
cç que la porte du temple- occupoit felièud«-*k'neufiefmë , Se k chàppelfeo-u-fa-f .
' criftte qui eftoit à l'oppofitë, le lieu de k dixiefme. Les pillicrs de dchofeStioiene

'autant de killie, que k muraille d'efpoiffeut; Lakrgeur du pilliereftok tirée de


1-efpace d'entre deux lignes partaritducentre'i Se touchant àkcircôftfcrence*ïdi-i
uifanttel efpaëe en tfois,Se làrttpifiëfîn'eparti&''ên déUxv,: l'vnè* p'our lakrgeu'rdà
'pillier,l'autre"àuffi diûiiee'en deu'x-jpo'uï«n mettï evne à-chàcunicoftéd/es piflïesfs»
furlefquels les arcsdës- Coûtes eftoient courbez. Outre la faillieda piilier dépar*
tië'éri trois , çës-deux eoftieres eivauoiéaf vne âtlec ia vouiturey Se fepillierdèUx --:
'autres. Ces mefurèsfurentiadis obferûéespat fesfuffiknsA-rchkectës'f pour-ne :
donertantdegrolfeurau-muTiqkeleffeneftre's'enfeiiffen'tpbfcûrciës. Au milieti
deleipàce-entrelés-dëux pilliers ,- au dioi&défeçfef de lavoîuszyeftoient percez
fes feheftrages ,'Se:y auok dix pilliers-. Se di&archesy 'comprenant celfecontrelii-
' quelle eftoit la chàppelfe. Droiclementfef kvoulteSè'efpoiflëuirdèl'àrcîpeftoit

"faiéte la corniche laquelle enufeonnoit tout 1e baftiment, Se-embraffo-k toute k


- chappèlle ,l''àffe.mbknt airec letempfer-Sur iceile cornicheïcoinmënçoit la voûte
"

ronde à-tul4efour,du tout réparée delà gra'nde:.Orp.;ar dedans-, après l'archkraue


,;*Se là fr:izé,fouften-iiz des colonnes de Porphiré, auronc^duvmilicu Se-d'.eifùs k XoV- -
"»iehe,à chacune faillie d*ioelle,à pfomb'des col-ofines;il y auoii vn d'cmy.pilherde
Seipentine^quatré, Se tânneléfsionqu'iteft'reqtiii.vCeft ordre>depiilie.rs,fouftei-
~no.it vne àutre-cofniche,furlaqueife eftoitâffilë la grand voûte rcnde,faiéteén.r<*-
"-ftïbe ou culdc four. Eàtre,déùx piiliersii- y audit vne feiîeftre vksée4e lames de
Bologne ën-FràncC/Lâ muraille eftok'de mufaique dorée,co.nt-enant.en,peinclu-
- ^refe'spiopriétefcdesdoazé.m-oisdë
;fen-pàrîeZo4i-aqa,ë5&''pàî¤iiié^
po-fitidris,quadrâ:târesjéclipfes,-Séauti es afpeds-:& pourcjuay reHe.fe.monfttecor~
nuë,puis4emie,SétPft aptes fonde,' ''Aûffi4'M.yjp0uuoitvoklesréuQliïtions:da
"

Soleil parlés tropiques'. Puis 'comment-fe font k nuicf Seleiour , aueckdiuifîoïi


-:4ë's''qkalféfiifQri'sànHueliës',^ Automne!. Plus là
nature dés pknëfteSjSe e-ftôillesfixeSjaue'G leurs influences Se. eiFeéls:-qui mëfek
' -préfumer que' telle pdîkOT.e^eftok4e i'kuiëfe
'okdù Mathématicien, N'ecépfes. pointée 4oâhtc die tk.oit,fe.,rçgardahtà
Sans'
-ràe haute Se^àdmkabfecantempktion,^^
-étibn eftoit ingénieufe', les figures excellentes; kdiftrlbimon Se ordre propre, k
peintureridieilaptoportion égaie ,,fes- ombrages akiiaïurel , Sfis tout exprimé
« .
L IV R E; .
P RE M I E R DE
- -

par vnerepréfehtation tant viue , qu'elle donn oit contentement noir feulement
,,

aux yeux, mais reuiuifi oit les efprks:car (à la vérité) c'eftoit vn ouurage autant di¬
gne d' eftre veu,qu!auoun autre qui oncques ait efté.'En l'vn dcs.cfpaces eftok ef.
crke en lettres attiques toute la lignification du contenu comme en tous fes au¬
gures efpaçes entre lesderokpilliers,enclos de moulures.excelfentes.. Les ..murail¬
les du temple eftoient de marbre enrichydetous fes ornemens que l'induftxieuK
,,»rchkec^e aupitpeu Se fçeu imaginer .Au deffus ^e k frizeSecornkhe ,fur les fail¬
lies qu'elles faifoient à plomb des cplonnes de Porphire , contre les pilliers quar-
; xez,eftoient pofez fur l'vne Apollo iouant de fa lyre:Se fur fes autres , lesneuf mu*

fes,toutes de reliëf,faiéles4e pierre pilâtes. La grand' rétube ou voûte rôde e{lok


pluftoft p-uure.diuine qu.e.terreftre:,Se fi elle fut faidepar.mains d'hbmmes,cc n'e-
itokpasfans accuferktrop préfemptueufe entrepriie de l'entendement mortel:
car en regardant cefte mafîc exceffiuc, qui eftoit d'vne feule piecedefiiétal icttée
. enfonte,ielaiugeois quafi eftr.c.impoffihle. Tokte cefte rondeur eftoit. enclofe

, d' vne vigne de dix fep s, fer tans chacun d'vn vafe pofé fur ladcrniere corniche , à
..plomb des MufesSe des colonnes, delà mefme fonte 4e cuyure doré., La viguç
;empHiroittoutek'concau;tédelavpulte#vparb^aux-entre-kzSe ctkortilfemens
,4e les branchesjfueilles, Se raifins ; narmy lefquels eftoient hitsrd es petits enfam
comme pour fes cueillir, Se desoyfeauxvofetans à l-,cntour,auec;dcs Lézardes ,,&
eoufeuures moulées fur le naturehtput fe vuyde percé à iour,Se vkré.4e lames de-
Cryftàl 4e diuerfes coufeui'S,teffembknt àpiertes ptécieufes. La mànifaélure en
.eftoit fî bien conduit!: e.,qu'à ceux qui la regatdoient d'embas,les fueilles de raifins
. w Se les feeftions fe monftroient de grandeur naturelle. Et pour ceque toute ceintu¬

re mifepar dédans vn édifice j en requiert, vne autre pat dehors.,, autrement il ne


'ifetokpas parfaktles pilliers extérieurs eftAent empiétez fur trois degrez, au ny-
M.em dupkn ou paiié dadedans^qui leur feruoiçn^de piédeftai : Se en li.eu.de bafe
.yàuoitvnemoulureq.ui.enukonnoitto.iitfebaftiment :.k -faillie dé laquelle fut
jpri'ufefur k formedu pied de l'hpmme.Les pilliers eftoiét creux Se percez du haut ,

^àbas.,çommetuyaux5pour:vuyderl'eaudes.pluyes quitombokfurîe temple , Se


..par ces conduits defeendok iufques enterre dedans vn e cifterne : car -en vja bafti-
naen-tàdefcouuert, ne fedoyuent faire gantières ny Gargoules , pouree qu'elles ,
.Tônten4ânger.-4etomber:parquoyfedoitéukertelincanuénient..D'auantagel$
{;outiefe ç.auek place d'alétour:,8e fil'eau chet fer k pierre,elle.réiaillk & pourrit.
. 'empiétement du m,ur^V,oi;re(quipluseft)l'eautombâ,td'icelles gaut.ieres,-ré*i<$-,
.-réeduventcpntrelapar.oy,noirciticouurede:ter.re^)diif"orme, 8e ruinefes moulu-.
,-res:mefmes y cngëdre plufieurs herbes,mo.ulfes,jOU arbriffeaux , qui defîpignét;&
-arrachent lespicrresiLa hauteur de km-uraille de dehors , n'excidok en rien celle .
,,-dekclef des atcs,:fansk.corniche de deffuslaquelle eftok cauée parle haut efifa- !;
,-ço'n de canal9où fe yenoit rendre la pente du, eouu.exljicpuis fe rond do.'milieu iut--;
ques.à fe muràilfe,qu-i'ef%oit4el.a»ies de.çuynre.dprées 'i;fai.t«.s..à çf cailles-; 8e com- ;
jmençok fà pente par dehors droiétà l'oppôfîtç de la dermereligne faiétç par de-. -,

dans,fur la corniche dekfrize Se architraue: Se déclinoit furcette ;goutiere q.ui>


reçeuok l'eau de kpjuy e, .Se k.vuidoit dans les tuyauxd.es pilijei's-par'lefquels-.elle '.
eftoit cpnjluktc en la cifterne, garnie d'vn autre .conduicï fccret pour la defehar-,
>g«"auand elléeftok trop pleine, Se que l'çau regorgeok-^ retenant feule m ent ce
- quieftoiï néc.effakepburle facrifite. Les fic.es des pilliers èftoien-t fatéies de de-.
my-taiîie,a candélabres antiquetoyfeaux, fueillages. Se j>eflioiis-| continueziiif-
Cjues à la hauteur de. la corniche pofée par dehorsàl'oppofite de celle du 4edans
jiâant au délias des .figures des.Mufes , fur laquelle commet çoit kgrande voûte
: . ' '" , Y ;.PO;LIPHLLE. ' \ -7»V--J
ionde. Depuis cette cornitIîêJufc|ues à khautcutdii piilier , iiy auoit autan tde
pentequç lecouuertdedeffolîsenportoit,quieftoitd'efcailfes4e'cuyure. Enk -

cornichepardehorSjfurlaquelleeftoitkrétubeouvoulteàcul defoi:r,commen-
coit vn arcboutant garny des mefmes moulures quef at'chitràue,refporidant con-
trekhauteur du piliienles cornes duquel repofôiét fur deux demy pilliers qua»-
rëz,ïaillans delà troifiefme partie' de leur largeur,l'vn delà muraille, Se l'autre de "
derrière k.hauteur du pillier,auquel par dehors eftdieiit faits des nidsandeffus du, -

chapiteau pour y loger dix figures-de. relief toutes décontenances diuerfes. Aux' ^
deux coftez-lepillier eftoit entaillé defcùlptureaihfi'comme'enfa face. La pente Y '

commënçokàk ceinture fous k voulte, Se defeendoi'tfur là cy me d-u piliieraùeç-


telie^moulures.que celles dei'enceinte, qui eftoit vne corniehedenteléc, Se our-
lée,le deffous rabaiffé auec dés rofàces JLe plan de k corniche à l'endroit, par ou il ;

ioignokàkvoulte^ftoitcauétoutàl'entou^pour feruirdegouticrc,Sereçeuoi£; -,
toutel'eauquiendcfcèndoit, kqùëlfecpulpit après par dedaîi-sfesarcboutans, Se'*-'
de là dedans lespiHiërs,commé celfe4é l'autre couuert,puis feiettoken la cifter-
nc.Ccs arcstfeiitans eftoient côuuertsd'vne eartoche ou rouleau, (que d'aucuns;
appeliencvouîte) en forme d'vn papier-roulé parles deux bouts, l'vn an-contraire '
de l'autreic'eft à feauoir celuy qui toueboit à la muraille dèuets le basiSe celuy quii; ;
eïtdit contre le pillier,deuersîe haut.Deleursreplizfortoiétdes goffesde Feues,.'--
Pois,Se Carofe'es^ demy ouuertes, tantquei'ondifcenioitfeurffuictpour'ornc- -- ,

ment. Le plan de deffus eftoit départy d'vne àrefle pktte,entaillée à efcailfes des,;- - y
4eux coftez,Se par deffus vne fueilled'artïchâut bien ouure'e, Se. Vnpeu reilUerfee:* v '

furie baanfefquelles'voultes fe font facilementpar cefte pratique. Tournez' duY - *


côpas vn demi cercle, Stmettëz après l'vnde fes piedsfur la corne dii demi cercle,=
puîsl'bhurez tantqu'il embraffe l'autrecorne:Sé ainfi changeant de ppiiiél,8efou-
urant parmefure,vouspourtez faire k voulte que les expérs nomment fpkë. Sut f
fehaut despïlliers il y auoit à chacun vn chandelier de bronze doré, faits' en forme :: "
de vafes ahtiques,à large ouuerture, âyâns deux anfes. Ils eftoient-pourueuz d'vne " ' ,

m'àtiere qni ne fe peut corifumer ny efteindte,par vent , pluy e , ou autreaccidentr ;


car-ilsardoient fans fm,8e fans diminuer.Aîix anfes de l'vn iufques à l'autre eftoiét ;T
attachez dësfeftonscourbezjcontreîéurmiiieubeaucoupplusgtos.- que parles; -
extremkez.Ces ferions eftoient faits de toutes fortes de fueilles Se de fleurs, per- ;
cées-àiour de la mefme matière de lests candélabres. L'otiuricrles auoit liez'par -

le milieu,Se fur fe lien branchévaaigleayant les ailles eftendues , Se regardant en


ràir,k voûte de iàllee,ç'eft à dire de,l'efpace entre l'ordre des colonnes : Sek mu- y
raille de deh"ors,qui eftoit par dedâs faiclê de mufâique,en belles hiftpirës.La hau- .-
teurd'vntemple rond fefaiél4e la lignede fon diamètre: Se pour trouuer cette'* (
' hauteunufquesàk dernière corniche,fâutdiuifer le mefme diamètre en fîx. Ce. -

faifant,quatrc de telles diuifions donneront k hauteui: des colonnes , architraue , «

frize,Se coniiche, iufques au commencement de k voulte. Le diamètre du grand T


cercle fa'id la hauteur totale:Se celuy petit fe fîirpkts de k hauteur,qui eft k voulte ,"
ronde.Lapantedu comble des allées j-fe trouué enprenantladiftance d-Vnemu- '
raille à l'autte:8e d'icelle faifant deux quarrez parfaicls , dont le diagone monfta'sy'
«ombieail dpkauoir.de pente» -'' , r ' 'Y - .,
/ ' v . .- S- kïi -
~&V ie^y^e^^iv. Y G^a^ Jjr.
.* P«^> Ji ô~â>A<t/L>
c-yf&fJity,
LIVRE PREMIER- DE
Totites fes mefures Se propprtions de ce fomptueux édifice auoiét efté fî bien
ordonnées Se difpofe'es,que le dedans Se le dehors s'accordoient Se refpôdoient
l'vn à l'autre,en pilliers,colonnes Se ceintures.O malheureux temps.O noftre fîe-
cleinfbrtuné: auquel fi belle 8e fî digne inuention efttant 16ur4ertient ignorée.
Certes ilne faut eftimer que nous eufïîons peu entendre que c'eft arthitraue, fri-
ze,cotniche,bafe,chapiteau,colonne,pillier,paué,entablemér,proportion,parti-
tion Se mefure,- fi les anciens Architectes rie nous l'euffentapris par portraict Se
pat efcriture. Au milieu de ce temple eftoit leuée k .bouche d'vne ;cifterne féée,à
' l'entour de laquelle fe monftrok taillée de bafïë taille,vne danfe de Nymphes,qui
n'aubient faute finon de la parole,tant elles èftoientbicn contrefaites, auec leurs
habits vokns de bonne grâce. A la clef de la voulte au milieu du ron4 de*fueilles,
eftoitfigurée 4e la mefme fonte Se matière, la tefte 4e Mé4ufe ouuerte comme fî
elle euft voulu crier par grâ4'rage.Du fons 4e fa gueule fortokvncrochet,auque]
pendoit vne chaîne faite à nceuds,refpô4ante à plomb del'ouuerture 4e la cifter-
ne.Cette chaîne eftoit 4'or fin, au boutdelaquelleily auoit vn anneau aceollé
d'vn autre,foudéfur le cul d'vn plat renuerfé,finiffant en pointe, faicl à moulures,
ayant de diamètre vne coudée. En fa circonférence eftoiét foudées quatre demy
boucles, Se à icelles quatre crochets,retenans quatre autres chaînes, où eftoit atta¬
chée vne lame rôde, fur
1e tour de laquelle fe
"pofoiçt quatre pucelles,
môftreufes, lés cheueux
liez alentour du front:
8e du nombril en bas,,en
lieu de. cuiffes eftoient
départies en 4eux ra¬
meaux de' fueiljage de
Braque vffïneytournéeî
en rond" 4ëûérs leurs
fiacs, oùellelesempoi-
_ gnoit des deux mains,
Leurs ailles de Harpies eftoient eftendues vers vi^e chainette , attachée à leurs ef-
paules, aulieuoù les fueillages fe rencontroient. Entre deux pucelles eftoit par
derrière attaché vn crochet, les fueillages liez l'vn à l'autre. Au deffus du lien lot-
toient des efpiz demy creuez , puis au defïous trois petites fueilles. Par ce moyeu
il y auoit quatre liens, Se quatre crochets, defquels-pendoient quatre chàînes,où
tenoit vne lampe merueilleufe,4ontk platine auoit vne aulne 4e ron4eur,autour
çfekquelleeftoientlespucélles s'acheuans enfueilkge. Elleportoit vneouuer-
tureron4e^fe,fe milieu,Se quatre autres furies deux 4iamëtres,qui faifoient cinq,
4e 4eux palmes de tour,ou enuiroh. Aux quatre y auoit quatre boules creufes,re-
tenuespat vri petit bord, en ces quatre ouuertures, tellement que tout lerondfe
monftrok entier,Se comme pendant. L'vne eftok de Rubis balay, l'autre, de Sa-
phk,k tierce d'Efmeraude , Se kquatriefme deTopafe. La grande lampe eftoit
"pareillementrphde, fai&e de Cryftal , à quatre anfes prés de fen ouucrture , pat
léfquelles on l'auoit attachée aux chaînes.
Elleportoit pourle moins demy braffe d'ouuerture:8e dedans eftoit mis vn au¬
tre vafe en forme de courge creufe, pareillement de cryftal, pendant aplomb fut
le milieu du grand vafe rond, lequeleftoir plein d'eau de vie ou efprit de vie, tant
'-"4e fois diftillé qu'iln'ait point defîegme: l'cffeét m'en donacognoiffancc,pource
qùïlfemblok queie toutfuftenfeu: de forte que la yeuëne s'y pouuoit arrefter,
.1 ;*Y.'

POLIPHILE.. \ 7i
r* . nonj>lus que contre le Soleil. Au vafe du
milieu Se en fembkble aux autres quatre
ronds pendans à la platine, brufloit vne li¬
queur odorante, fans aucunement dimi¬
nuer: qui faifoit que pour k diuerfité des
pierres précieufes doht fes lampes eftoient
- eftoffées, ilfe rendpit par tout 1e temple
v'nefeucrbération de couleurs tremblan¬
tes i fi gayes que le foleil apreskpluyene
fçauroit p eindrë vn plus bel arc en ciel.
Mais lachofe qui me femble plus mer¬
ueilleufe à vèoir, eftoitvne bataille de per
tits cnfans montez fur des Dauphins, s'ef-
fbrçans les vns contre fes autres, ne plus
né moins que s'ils euffent efté produits par
la nature. Ils eftoient graué^z à l'entour du
grad vafe de Cryftal, qui ne fembloit point
enfoncé, mais entaillé de relief, Sefipro-
{>rement exprimé, qu'au tremblement de
alumiere Se flamme 4es lampes, il eftok
aduis aux regar dans que kbefongne feuft
mouuante. Or Cette admirable ftmcture
" eftoittoute de pierre Augufte, Se de Mai*-; .

bres exquis , fans qu'il y euft né bols ne fer,


le tout décoré des plus belles inu entions
< d'Architecture Se feulpture,que l'on ait ia¬
mais peu imaginer. Celuy ( certes ) que
PfammeticheRoy d'Egypte fek à fon dieu
Apis,neluy eftoit comparable aucunemét.
Sous les bafes des pilliers de kfpremiere
muraille, au plan du paué,eftoitfaiéte tout
alentour vneiceinture de Porphyre, au¬
tant large que la faillie des pilliers dedans
uure: Se ioignant cette-là vne autre de .
Y ferpentine. Sous les pilliers dumilieu, Se
Y des colonnes, il y en auoit vne de Porphy- .
te, deklargeur des quarrez qui fouftenoientles pilliers: Se à chacun cofté d'kel-
levneautrefemblablemÉntdeferpentine, large commele piédeftal des colon¬
nes. Al'entour de lacifterneily enauoit deux, vne de Porphyre, Sel'autrede
ferpentine. Ledemourant du paué, entre la cifterrie Sejles colonnes, eftokfaiét.
" par compartimens en dix ronds 8è* quarrez diuerfifiantfes couleurs: Se première¬
ment 4eux 4c lafpe vermeil taehé-de plufieurs veines,deux 4e pierre d'azur fem é
* de paillettes 4'or, deux de lafpe verd,meflé 4e gouttes rouges Seiaunes,deux 4'a-
' gathecameloté de veines blanches", 8eles deux derniers de Chalcédoine. Ces
ceintures alloient toufiours en diminuantvers k cifterne, pourle raccourciife-
ment des lignes. Entreles colonnes Se k murailleà l'entour du temple, lepaué '
eftoitdemufaiqueà petites pierres quarrées,.4e toutes couleurs, compoféesen
fueillages , fruiéls , fleurs Se beftions de toutes manières , que vous cuiîîez iugé
vrayes Senàturelles,nonpaspeintesny contrefaites; le toutfîpoly,tant égal, Se
S iiij
LIVRE PREMIER D ET
tellement paré,que iamais Zénodorys n'en feit 4e fembkble en Pergame. Le li-
ftrote oupaué 4u temple 4e Fortun è*à Prénefte,n'eftoit en rien pareil à ceftuy-là.
Au deffus 4e k gr-and'voûte ron4e fur 1e milieu, eftoit vnelanterne 4ehuictco-
lonnes cannelées Se creufes,du mefme cuyure doré, continues l'vne à l'autre, par
voulturesjberceaux Se arches: puis audeffous des chapiteaux l'architraue , k frize,
Y Selaeorniche, ayant de hauteur vne tierce partie des colonnes: Se fur les faillies
ou prpiectures à plomb de chacunc,"y auoit vne figure de vent, taillée félon leurs
-, natures Se conditions, les ailles ôuuertes , pofez fur des piuots , en forte que par
j. eux l'on pouuokcognoiftre quel vetitregnoit, confidéré quek figurequipor-
; toit le nom du foumant, luy tournoit droi&ementle vifage. Au deffus y auoit
'; yne petite retube , faiéte à efcailles, enlàquelle eftoient pofez huictpikftres : de
I la hauteur de deux quarrez parfaicts, prins de l'efpace de l'ouuerrure, eouuerts
d'vn bafe à baluftres renuerfe, faiëticoftes 4e Melon, 4uquelfortoit vne verge
.;' ronde,diminuantde groffeurpeu àpeu, iufques à monter autant que kmoitié
'; du vafe: Se là eftoit fichée"vne groffe boule creufe de cuyure doré, ouuertefurle
fommet, 8e percée au fons en quatre lieux. Cequiauoit (ainfi que iepréfumày)
efté fait à celle fin quel'eaù ou la terre entrantpar l'ouuerrure d'enhautii'ëmpef-
' ' chaft fon office, ou ne k chargçaft plus qu'il n'eftok conuenable. Par cette bou-
'-, chefailloit la verge plantée droict au milieu, Se paffbit autant en amont allant en-
:;'' pointe,quek boule aubit de hauteur. Surk pointe eftoit fichée vncroiffant de
' Lune,quifemblok comme renouuelléede huktiburs, lescornes tournées vers
5 1e ciel. D edans ce çroiflànt eftoit branché vn aigle marin, ayant fes ailles eften-
î . dues.
; Deffbus pendaient à quatrëboucles,autant de chaînes de pareille matiere,foh- ,

} dues auecle total dekmachine,pourmonftrer l'excelléce del'ouurier,qui trou


ua le moyen, de faire vne chaîne d'vne pièce, fans y appliquer fouldure, Se ce pat
vn moule party en quatre, garny au milieu d'vn pertuis, où il ietta le premier an-
neau,puis adioufta toutes fesparties formées en vne,dont on la pouuoit faire au-
' tant longue quel'on vouloit.Les quatre chaînes defceixdoientefgalement à moi¬
tié de la boule,8e au bout de chacune eftok attachée vne Cymbale ronde, créne¬
lée depuis fe milieu en bas,à petites fentes comme dents de pigne, aufquelles il y
auoit certaines petites billettès d'acier,pour leur donner le fon. Ges cymbales ef-
branléesparfeyentjheurtoientauventredekgroflë.boule, tellement quëleur
fefonnance méfiée auge le gros retentiffementdelabdule, çompoTok vnegra-
çieufe Se hautaine harmonie , bien autre que les chaînes Se vafespendans au haiif
du temple de Hiérufalem, ce qui eftoit faid à fin de chàffer les oyfeata. Ennuie
mur où eftoient lés huict feneftres,pprtoit vn pied Se 4emy4e grofïëur,Se autant
auoifla voultur,e:mefrà es k faillie dçs pilliers qui fouftehoierkle quarré,fe mon¬
ftrok de cefte groffeur en rous fez, c'eft à f çauok.trois pieds de diametre.La perte
eftok Dorique, taillée de fin lafpe Oriental, fur laquelle au pkt-fons de kfrke
Cylopera eftoit èfcrk ce mot en lettres d'or, limées Se apportées enfemble, kî"AOIIH1?A.:
'

lieu où les L'huys eftpit de métal doré , en.ri.çhy d'yn bel ouurage percé à iSur:nous 1e trou-
fëmes boi- uafm es fermé par dehors auee vn puifsât verrouil, auqu.el la Nymphe qui me gui- %

tient pour,
4oit n'ofa mettre la main fans cqngéde k Prieufe, 8e des fept pucelles gardiennes
coQceu.oit
-jysfans. du temple, à qui appartçnoitde permettre l'entrée. Mais quand elles furent ve¬
nues, Se eurent entendu delà Nymphe, la caufe de noftre arriuée, incontinent'
nous reçeurét aueçbpn vifage: puis nous fekent monter fept degrçz de P orphy- .
rç,aiïïs depuis le plant du paué iufques à kporte:où nous troùuafmes vn beaiire-
ppfeirdVn?feufepferrenoke5fipplj.e,qu'iines'entrpUue(ceçroy-ie) point de .

. Y " " telle?


' '.'-':'; p o/lî'phil^.v7v. -- ' %
telles au monfdeBriance.ïl eftoit ouuréde marqueterie de nacre de përlesr La¬
ies filles s'arreftefent, Se nous auffi. Adonc k prieufe fepriut à dire quelques fuffra-
ges:pàrquoy la Nymphe ma guide s'encliria en toute reuérence,:&i'en feis autant.
Toutesfoislene peu onques entendre cequ'elle difok, à-caufe qu'en baillant k -
tefte,ie iettay mon. regard fur fes pieds de ma gôyde,, -quiauoit partie de là-iàmbe;'
dfoiftë dcfcpauertéjj.qui ce qu'en feremuant,fon habit s'ëftoit vn peu tiré en ar¬
rière. Aptèsquela vénérable Prieufe eût acheué fesoraifonsaddrefféeîaïïX dieux
' Foricule-, £imentin,Se à la Déeffe Cardin e , kNymphe Semoy nousreîeuafmes.-
Lors le verrpuiifut deffermé parla Prieufe, Se fes portes ouuertesfàns aucû bruit,;.
finon auec vtrdoux Se plaifàntfon.Païquoyvoulant voir d'où il eftofe caufe-^ i'ap-
perçeu au de-flous 4el'h'ay.s,à chacun cofléde cesiambages,vn tuyau de métal,rôd
Se çreuXjtou-rnant fur vi\yaiffeaupoly: lequel froyànt fuir vn.élpfefre^Serpentine, -
vnfe comme glace,faifokouurirl'huys plus ayfément qu'il n'euftfaiél : Se de cela ,

prouenokceigracieuxketentilfement. Mais l'vne des chofes donfie m'efbayau-


tant,fut quel'huys d'vn cofté Se d'autre,fans eftrepouffé ne tiré deperfonne,s'ou- ;
uroit ainfi que delu'y mefme :parquoy>eftant entré dedans ie m'arreftaytout ex¬
près àfindecognoiftres'ileftokakifi tirépar contrepois ou autre engin-, Sevey '
qu'en la fiîeilleuf e où l'vne desportes fermoit furl'autre , il y-aiioit vne petite la-
nie d'aeier,aifez eftrpite,feuldee fur lemétal: puis qu'enk'muraille Se arrierforps
dekporte,d'vnchacun-des coftez;, ilyaupkvne tabled^Aymant deeouleur inde ;

obfeure,çraignantlesAûx8el'Ayement,vtile auxyeux,néceffaireaux mariniers^


Se am-y de la belle Califto. Cefte table auoit en largeur vne quartepartié de fa lon-
gueur.Parquoy les lames d'acier attachées à l'huys tirées parla force de la pierre:'.-,.,
fevenoient ioindre contre k muraille,Se ainfi s'oiiuroieht d'elles mefmes.^

"En celle dû coftédroiét deî'entrée* Eten la feneflre enlettres Gx eques-


eftoit eferite cefte fameufe fentence de,' capitales'il y auoit. . - ->
Vkgifejgrauée en belles lettres Latines. YnAN ûei nOiEiN kAtAthN^
'. j AïTOT 0T2TN. . i

XRAHIT SVA QVEM- PandeipoieincatatinautP&y,. .!""


QJVE, VQLVPTAS^ Phyfin. + -
-"'.',,;.- 'y.' .;--. ,. . ,. -, .. /; -Y -.- ;, ,, î'.-,f..,, -,-<«*. *

C'ejlàdire.'- ,--.-. ... :.->. Qmfignifiefilfautqwch^cUm y


' t. f acefelonfit nature* - |

çhàcmefltirédefetvohpté, ~ ' .'.;"., '- ' ' ' ; ' " "

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{rda^J1. //Y v

-LiV.RESPREMIlER^Ê

TIUAHIT . \ -T . ' 'A , ^

POLE I 0\L
KATAÏHN
AYT OX
yLJO? - : o - tr
'"T-lA r

:: î

îAprès auok quelque temps confîdéré cette inuentiori ingénieufe , ie lcuayina


«if eue deuers la voûte , Se «recouru .toutesles autres parties , qui me femblereiit
#exçelfentes,5edignes4c grande .admiration : mais iaibeauté.nomparjsille de m
> guy^e.m'en.r.etiroitpouriX^tourner.à elle, ftimuknt mesyeux inccffammentàce
^laire,8ctenantmes fens diJptraitsd.elàçontempktion deceschofesfomptueufes.'A
^cçtte caufeiï mefembfeqtic ie méritcquclque excufe-, fi ie nëfes fçay" bien fpéci-
i fier parle menu. .Maguicfe 4onc cntra.4edans le ;tempfe toufiours .à icofté de la
<.Pricufe,ySerc la fuiuy auec les autres .filles qui auoient les cheueux pendans;,
,..<5eeftoientveft.ucs4*efearfette, 8e par 4effus portoient de beaux furplis tyffus àe
vtoilede cotton for.tdcflié.e,, plus courts que leurVeftement,qui enacquéroitvise
ibien bonne grace.*LalP.ricufe nous mena fiir'fe bord delà eiftetne rhiraculeufe, ou
..n'entroitauttecau'finon celle qui tomboitdc deffus .fetemple , defoendant des
gouticres ,\Sc paffànt par dedans kspilliers , Adonc cette -vénérable merç fert
^quelque fîgn.e,àfes,filles,qui 1'jsntendkentJ.nco.ntinent,, Se Ce retirèrent en k Sa-
s.crifticp.u,Thçéfprerie., tellement que m'a guide Se moy demourafmes feulsauec
ellelToutesfois ilnetardagueresqueles religieufes retournerët en ordre de pro-
-cefîipmSeappprtetent fes chofes néceffaires pour le feruicediuin. La premiers
P Benoit leliure des cérémonies j.à fermoks.4'.or , caimertdeweiours bleu,Se fur -la
poliphile; t f^
cpuuerturevne colombe de grpfTés perles Orientales, fai&ës en broderie, ênle-'--
uéc à dcmy.Lafecondeauoit deux linges défiiez 8elongs,en façon d'àumuffes,ou- -
urezde fine foye.Eâ tierce deux Tutules ou petites coiffes rouges Se rondes. La¬ -

qua tri efmevne feinte faulmpire enfermée en fe chiffe d'or. La çinquiefine le Ce-
cefpi te,qui eft lé coufteaii du fatrifice,-àvn long mâche d'y uokerondjioinct àl'al-
lumelleauecor Se àrgét"; Se cloué de cuiurc dî eypre:Seauec ce tenoit vn Pfefe'ri- -.-
culc , qui eft Vnpetit vafe dédié auxfacrificcsï La fixiefirie vn Lépaftc de Iacinthe, -

autrcmét Calice,pfem d'eau de fohtaine.Là feptiefmc vne Mkrc d'or auec fes'pé- -

dans,enrichie de piërrerie.Déuâttoutcsalloitvnepetitercligicufc portât vntor- -

tis de ciré vierge-,- qui n'auoit encores efté allumé. Chacune ànoit vn chapeau de *
fleurs enfâ tefte. Ces filles eftoienthiëh-endoétrinees dccc qu'il côûcnoitfàireau
fer uice diûin,expértesren facrificës; ferupuleufes en ccrë'monics,SS finguliëf ëmét*
bieninftruiet.es des inftitutipns Se myfteres an tiques. En ceft'ordrë elles fepré-' 1 s

fehterentreuércmmcnt àk Prieufe laquelle auant toute uure ptint en mërueil- -

leufe déuotion l'vne des coiffc5-,qu'elle mit en là tefte,puis la riche Mitres Sé'àpf" es t -;;

1'vnc des aumufTëSv L'autre auec k coiffe qui eftoit demource» fut pour k Nym- -

phëma guidë% qui pareillement sfen accouftras Lësaumùffes; eftoient froncées, Y


jjar vn bout, Se- s'àttaclïoient deuant le front à' vnrichefermaild'b»* Celuy.dela f *
Nymphe eftoit 4eSaphk,8e celuy de la Prieufe d'Ananchitc, par laquelle on didfe"*
que font en Hydrbmancc euoquécs les figures des dieux, .^

1M:
'-LITRE PREMIER 'DE
.rQuand elles fe furent ainfi atournées fur lebord de la cifterne,- k Prieufe me fit
, approcher. Puis auec vne clef d'or , -elle ouurit le couuercle auecdéuotion bien
: grande , Se cérémonie nompareille. Àdôc la ieune religieuse bailla le cierge qù'el,
letenoitjà celte qui auoit rapporté la Mitre,, Seprintle liure , qu'elle ouurit en
,toutereuérence,pour 1e tenir deuant la Prieufe, qui commença à lire bas en lan¬
gue Hétrur.ienne.Pçu après.print la feinéte faulmoire,fur laquelle fit plufieurs bé-
:,nédi6tions facerdotaleSjSe ainfi-la refpandit dans la cifterne. Ce faiételfe comman-
. daqû'on aliumaft le cierge pu flambeaude feNymphé ma compagne .-. Se fit tour-
41er k flamme contre bas fer 1e milieu de la cifterne,, interrogeant la.-Nymphe en.
cette maniere:Ma fille que demandezvVous?M.adame (dit-elle) ie demande grâce
pour ceftuy-cy (crime monûrant) ôedefîre que nous puifîions aller enfembfeau
-benoift Royaume delà grande metediuine, pour boire en fa fainéle fontaine.
Quoy en tendula Prieufe fe tourna deuers moy, 8e me dk;Et toy,mon fils/jne de-
;

.mandes-tuîAquQyie relpondy bien humblement. Madam.erie ne demande fans


plus d'auoirjagracedfik mère feuuèraine , maisfpéc ialement , que cette-eyia-
quelfei'^ftime, eftre ma Polia tf èfdefirée,-Se toutesfois ie n'en fuis pas certain , ne
,

me tiennepjus en doubte, n'y en ce tourment amoureux» Alors elle me répliqua.


-îken donc mon fils de tés mains-ceflambeauqu'elfeporte,Sedyainfipartroisfois
après moy :Ainfî que l eau efteindtacetteflamme,lefeud'Amoarallume fon cçear ,

itittd.Ie profetay par- trois fois cesparoles après elfe en propres termes,Se en mef¬
me cérémonie:puis à chacun coup les filles religieufes refpondoient. Soit fai$.A
.kdernierefbisîaPriejtifemefeitplongerfeflambeauenkcifterne. ----
*** "

; . P/OLIPHILE., * ; ^
Tefaia,eîfeprintfe.pré.cieux Lepafte delacinthe ,'&le 4ëuaUa dedans ce
creux,auec vne corde d'or méfiée de foye cramoyfie Se verte , Se en puyfa de l'eau
beneifte,qu'eifepïéfentaàlaNymphefeule,qui en beut en grande dcuotion. In¬
continent k cifterne fut reclofe Se recou uerte par la Prieu fe laquelle fe m ek à lire
deffusccrtaines oràifons,exorcifmes j8e adiurations:puis cemmanda à k Nymphe
qu'elle dift trois fois deuers moy tels propos; La grand .Déeffe Cytîferée vueille
exaucer ton bon defir:8e par fagracè me foîMfauoiable, quefon fils fènoiurrifFc
- en mon cceur.Aquoy fes pucelles reîigieufës femblablement refpondirenr. Soit
fai'él.Gemyftereaciieué, la Nymphe feiettareuéremment aux pieds delaPrieu-
fe,qui eftoit chauffée d'vn Sendal tiffu en fil d'or : mais aile k feit incontinentle-
>uer,la ba-iiànt ahnabfement.Adoncelfe f e va tourner deuersmoy auec vn gracieux
vifagepfeindepiteufeaffeéliontSeeniettantvngrand foufpir du fondsdefapoi-
r.trine,feprint à dkedVlon defiré Joliphile, voftre defir excemfiSc amour perfëué- _
-Tante, m'ont diftraiéte Se féparée dekcliafte compagnie delà Déeffe Diane, Se fi¬
nalement contrainte d'eftaindre mon flambeau; Et combien que iufques à pré-
' fent vous ayezfans quelque certitude préfumé que i'eftois çelfequefefuisjià foit
que ne me fois déclarée, fi ne m'a ce pas eftépetke pëinp , de. le tenir fecret , Se fe
celer fi longuement.'Ie fuis cette Polia que vous aymez4e fi bpn'cceurrSe confèf- :
fe qu'il efl plus que faifonnable qu'vne ugrande Se tant ferme amitié foit recom-
pcnfée de bien-vueilknce mutuelle. Parquoy me voicy appareillée de donner fin
à vos dotilQureuxfoufpirs,reméaier à vos grieues langueurs, complaire Se partici¬
per à vos amoureufes pcnféeSjdefirant èfteindre par mes: larmes,Ifembrâfement
de voftre cyur affligé ., Semourirpourvous s'il eftbefoin:pourarresdequoy, en.
hoftagedemonamouiyievousdonnecebaifer. Difant ce mot«lle m'accolk Se,
baifàttèfeftroiélemen^parvne douceur finaïfue, que de Ces yeuxfortoient peti- ""
tes larmes rondes en forme de pe.rles.Son parler fut lors fi courtois , 8elebaifer
tant faUoureux,que ie me fenty embrâfer depuis ktéfte iufques aux pieds,Se fon-
. dre quafi tout en larmesmieunes le ceur de la Prieufe, 8e de fes relîgieufes , en fil-,
rent tellement attendris qu'elles ne fepeurent contenir de larmoyer.

ïij
LIVRRïPREMIERs, 0Ef

Ii'"eft'certaincmentimpoffibfeà;ynhomme ignorant..-.Se" de Tmauuais, difeour^


comme îc fuis,de déclarer à fuffifàncç Se en bons termes ceque faifoit mon ccur -
auWlieu du grand feu qui l'àuoit ïôrs cfprits : car fî mon amefeùften ceft inftant -
partie de mon corps , elle m'euftéaiffégrandêment farisfâiët; Maispour venir au *
poin<a,k Prieufe dit à Pofia:Pburfuyuons ma fille, d'accomplir les facrificës înté- ;.
rieurs,que nous auons tant hëurëufement commencez. Alors ellesprindrent leur <

. chemin deuers k riche chappelle oufacriftie ronde, ioinéte au tempfe, laquelle :


-eftoit à lôppofîtede l'en trée,Se toute baftie de fons en combfe,dë pierre phengi-s
te,ayantk, voulte d'vne feule pièce, dçfembkbfephengîtë, qui eft dételle nature »

?h#tgik% quenonobftant qu'en toute k chappelle n'y euft tefteftre ny ouuertiire -, fors les
î.*aVYli; ai" portes,clfenéâtmoins en eftoit cîairemét enluminée, par vnfecret de nature à'no*
'' -'- incogneu, Se n'en pouuons,dkc autre chôfefinon que kpierreportefenô defen
effè^t.Deux de| religiëtifes par 1e commandement de la Prieufe apportèrent l'vne -,-
îrnelkvafe deux Cygnes msffesV propices aux augures,Se vne Irnelfeplcine d'ëâu marine:& t
iefecrificc. l'autre deux Tourterelles blanchcs,attachées par lés pieds à las de feyëcramoifîe,
' fur vne corbeille bien garnie de coquilles, Se dé rofes";" qu' elles poferent déiïote-
#ment fer rAnclabre,tabîë des facrincès qui eftoit auprès de là porte d'of: puis en¬
trèrent toutes enfemble dedans la chappelle--. I'auois fôuffpurslës yeux fermes Se
fichczelT mô ebiecf fans varier.Se vey que k Prieufe çommâda à Polia qu'elle s'a-
genouilkft fur le paué faict de toutes les efpèces de pierres prëcieufes' , taillées en
-ubfejSe affemblées d'ouurage raufàiqûe,en fleurs ifruiéts, fueillages , Se rameaux*
^ ' * -' -._ '^OLLP'H'ÏI/E, '"' -> ^
^ntrelaffezâucedeswfefe^
Se tant eftoit ce pauc k poly i\qu*il fembloit 'double à ieuxlqui eftoient hors lé
pourpris de la chapelle.

Là Polia fe meit àdeuxgepoux , Se ie demburayèntentif fans'mot dirëpour


n'interrompre les fainCfescerémonies,fàcrifice,Sepropitiation fruétueufe, mefe
?mes de peur 4e troubler fes prières folëhrielies-du feruicë 4iuin. i:Elle ëftoîtage-*
mouillée deuant vn riche àutëlàïïïs au milieu delà chapelle ,% lequel feyfoit'vne
'flamme de feu faià ainfi. il y auoit vn plinthe de;marbrë"quarré,,v8e par deffus vnt
rond;pùis vnegkeule'taflléc àfueiikge fies poinétës duqueffiniffoierît cdhtre vh
petit quarré d'entre la gueule eftoit vn trochife ou nàffèlle , auccYbkpëtif quarré
entre deux,aprèsyne,Dàndepiatte comme d'vne corniche, '"Se par 4eflus"'vn autre
:tond,cannelé àgoderôs;plats,vn'petitplus large dëuefsToh diamètre dupied^que
'par enhaut/Parcétte règle 4iiii'farft fe diamètrc'ëh deux ,11 y en auoit vne pour fe
:feillie,puis en trois,Selësdciîx cftofentpourkkrgctk. Le haut faid à "moulurés,
fouftenoit vn baffitïTenuerfé,ayantaikàiît de diàmëtf'cque le Trochife,' cizelé pas >

deflus en beau fueilkge de4ëmytaiîîe,cbmmençant'à vnpiédèftàigffis fur lefoiis


;4u baffin,Tur lequel fe pofekvn vafe à baluftf èftoarnjé la"bd'ifehëcontre bas , côîr- .

'uert de quatre fueilles d'Acanthe: Se où les fueiilesfefe'paroient vers Ià'poirïtcv'il


en fortoit autres quatre par delfous les premières. PÎus naut que le vafe, il y àuôit
"vn pommeau auec fesornémensnéceflair'c s:-fur lequel eftoit mife'Vnéplatinc de
' T iiij . \
LIVRE "PR'E'MâER' DE
fin or,-vn peu rabaiffée au milieu,ayant fes bords larges Se plats , aufquels eitôyear-
enchaffez des Carboucies Se.Diamans taillez enppinte,de groffeur incroyable.Eiu
epmparailon de ce vafe,la taffe du puiffant Hercufes,k couppe du dieu Bacchus,& -
leCarchcfedufouuerainIupiter,n'eftoicntrien,oubienpeu de chofe.

Sonsirextrêmitë ou bori
du baffin côme pourle fok~
fténir» eftoient appliqua
quatre belles anfes aux quj.
;trecoftez,affifes par .égale '
-.diftâce ferla faillie dû Tro¬
chife, .auec vne volute ojj
rouleau qui for toit en dé-
liors. L'anfe mqntokenfe.-
renuerfant , iufques au def- .;
fous du baffin-'s, ou. elle fe r^-
plioitendedans.Ce Ifelou».
urage eftoit tout d'vnëpie-
;ce, , d'vn -lafpe dcdiùerflf.
couleurs , parfaiéfc en fc'A-
pture , -nonv.de marteau ny
de cifeau, mais pratiqué pat
vn artquino' eft, incogneu...
(Depuis le plinthe de mar¬
bre iufques au piilier , y a--
-uoit vin e coudée de hauteur
Se autant en auoit iceluy-
, piilier- de longueur: le de-

mourant iufques à la plati¬


ne d'or , eftoit d'vn .pied Se,
demy de; mefure,. :De l'vn>
des anfes à volutes iufques
: à l'autre, pendoient des fi¬
lets de pierrerie, rubis, Va¬
lais , Saphyrs,,Diamans, 8c
Efmeraudes pafféës en façô
debillettes Se taillées en Oliues , dont les couleurs eftoientdeuëment afforties.
Entre deux pierres tenoit ràng-vne groffe perle Orientale. Puis au bord -delà pla¬
tine eftoient attachées à crochets plufieurs autres riches bagues, approchantes la
grolfeurdenoifilles, enfilées fept à fept en quatre petits cosdonsd'ôr , au bout'
dëfquels pen-doit vne fleur d'or houppee de fil femblable méfié d'argent. D-vndes
crochets iufques à l'autre,pendoient,certaines cordes depierrerie , pareillement
neuf à .-neuf.-La platine eftoit tant dedans.que dehors cifelee de petits enfans,mon-
ftres,mafques,Se fueillages. Eftant Polia humblement à genoux deuantcefâinâ:
auteljk ieune rejigieufe luy préfenta.en toute reuér ence le liure ouuert: Seadonc '
toutes s'agenouillèrent fors la Prieufe : Se cependant i'entendis qu'elle inuoquoiî '
i.ëa.troisGracesiày.oix.déttptetSeàdemytrerablante,en proférant celle oraifon:
:: P O L I PHIUE/ /

D'il ,11 I " - '

* Iby-eufe A'gkia,floriffàrite Thàlia,8e déleétable Euphrofiné, trèffaindes Grâces, Agîaiarc-*'


filles du grand Iupiter,Se de k Nymphe Euridomene, miniftres perpétuelles de k fplédilïahts--
Déeffe'd'amourSî partez de k fon taine Alcidafe,qui eft en la ville d'Ôrchomene au pleine 'de Y
Majefté. ,
pays de Béotie,où vous faiétes r^fidence : Se/ainfi que grâces diurnes venez à moy -.Tjjialia, véri¬
pour eftre fauorables à nies déuotes prières -,., tellement qu'il plaife à.k lainéte; té &-ioyefc-';
Déeffe voftre maiftreffe accepter k profeffionreligieufeeirkquelie à cette heure ie,Y ' . .

ie me dédie Se confaere en fon ferai ce 3";-afîn que mes vtux , prières , Se fgcrifîcei, 'ElîphrofîY- -
ne/plai'/k J
foyent reççuz engréde fà majefté diuine, fî bien qu'elle vfe en mon endroit d'vne oudêled&yï
affëétion matërnelfe,commeelfefaiélà plufieurs autres-. Cette oraifen. firiie,fes
reîigieufes refpondirent toutes en chantant. Soitfaid. Gëpendanti'eftoisauffià
genoux dé mon cofté,Seàuois bien oay le tout , à raifon que toufioursie m'cftpis
rendu ententif à cttrieufement confidérerecs myfteres décorez de cérémonies ;

antiques,qui me faifoient grandement louer k grace,la belle cohtenâce. Se l'hon- ,

nëfte façon de faire de Madame Polia qui fe monftrok ainfi d-éuote en ce grand:
&,folemnelfecrifice:doiid'attendoi^curieufemen£l'yfluë , pour veoir quelle es
ppurroit.eftre..kfin... y . . ' "" -'
LIVRE 'PREMIER DE
pbllA OÎTRIT LE S DEVX TO V RTE ÏÏB t tt Ê, E f"
vn petit Angearriua : parquoy la Prieufefeitfionoraifionà la Déeffe Vénus:
fuis les rofesfurent effandues,& deux CygnesfacrifieXjfw la cendré defiquels
jcreut miracukùfiementvnRofier plein defleurs & defirmcl, duquel
Poliphile & Polia mangèrent. Après lefiacrifi.ee ilsprinàrent con-
o-é de la Prieufe: puis vindrent à vn autre temple ruiné: la

couflume duquel PolU déclare ÀP oliphile, & le perfea-


, de d'aller veoirplufieurs épitaphes & fepultures.

| '-. CHAP, xviiï. '» - -

* - "' ' ' . * * ' ' - -

I ENnemepouuoit perfuaderque Niufta Pompilius eûft


inuenté de plus belles façonsde faire , ny de fi parfaicles ce
rémonies ou facrifiefes , ou qu'il fe foit exercé de plus excel¬
lentes apparences de Religion à cerité en Tufeane ny es
Hétrurie,mefme 1e faind Iuif n'en a point eftably de mieux
trpuueës : Auffi fes preft.resde Memphis ne les feirent ia¬
mais en fih&mble reuérence à leur Dieu Apis quand ils iet.
_ ., . terentk couppe d'or dedans le Nil. Et i'ofe bien affeurer
cpielefîmulachrede la Déeffe Fortune n'eftokhonnoré de fembkble folemmté
dedans laville de Rhamnis,non pas,(certesjle foyuerain lupiter en Anxur : Se que
ceux qui célèbroientk fefte de Feronia -, marchant fur dçs charbons ardansfans
bleifeure,n'approchoient en rien de celles cy. Polia donc ayant comprins fefigne
quekPrieufeluyfeitjfe leuapromptemeht fur pieds, toutes lesautresdemourâs
"à genoux:8e fut menée parla bonne meredroictà vnecruehedclacinthe, mifeà
-vn cofté delà chapelle. ïeprenois foigneufement garde à tous leurs actes; Se com¬
me elfe euft tourné fon vifage deuers moy , il mefembk veoir leSoleilquandii
efckire àk frefche Aurore. le luy veis mettre fes mains dedans kcruche,-& en ti¬
rer vneliqueurfoefuementodorante,donteîfekua fa face, qui fut par ce moyen
purifiée , auec plus defînceritéquen'eutfapucelle Jimilia. Deuant iedegré de
l'autel il y auoit 'vn grand chandelier d'or , d'ouuragerare Se finguiiër , garny de
pierrerie:fer le haut duqueleftok vne platine ronde, vn peu creufe, contenant en-
uiron vneaulne de tour,en laqu-elle fut mis de l'Ambre, du Mufq,du Camphre,^
Labdari,#u Thymkme,de la Myrrhe, du,Maftic,duBaniouyn,,du bois d'Aloes, 4a
Bkdebifantis,Se autres odeurs que l'Arabie heureufeproduiéi, dcuëment corn*
<§pofées par poiifeSe mefure:aufquelfes Polia,eftant admonheftée de ce faire, a-ppro-
chale ciergeardant, Se après auok allumé ces odeurs, l'cfteignit incontinent^ puis
le mek à part , Se d'auantage ietta en k flamme de fes fenteursvn rameau de Myr-
thefecSequandileutreçeule feu, le reporta deffus l'autel du facrifice , pour en
allumer tous tous les autres rameaux qui là eftoient. Ce faidrnit deffus les deux
Tourterelles qu'elle auoit tu'ëes du coufteau Cecefpites Se plumées fur la table "
' d'Ànckbre, liées enfemble auec du fil d'or Se de foye cramoifie , referuant le fang
dedans fe petit vaiiîeaupréféricule. ' -

- Qaand le facrifice fut fur le feii.,celie qui f.iifok office de Chantreife,cominen-'--


.ça le lëruice,Se les autres luy refppndoient. ' .

Deuant k Prieufe alloient deux ieunes reîigkufes , fermant dé chaiemies Ly-


dienner,en ton Lydien naturel, plus excellent que n'eut peu inuenter Arophion-
" POLIPHILE, y ; " 7g
. Après la Prieufe eftoit -Polia,pufe toutes fes autres par 'ordre, porta'»?, 'chacune vn>.
rameau de Myrthe;» chantans d'accord aueç fes chafemjes, d'mpas cV cadence P^*I
reiile alentour de l'autel ,.difaî}t, ;>i.!y'\ "Y-/ - ; Yi-J y;,'hr^i.' '.?.:,ji.-. à
Qfewfain&pàYtabonm.odeuri'}. :.."*:,.Y :..--,' ..-^Y:. *; Yy
OftelafUce de tout cnur, '. Y ---'-- Y ''.' "..y ;-. :--. .- ->.j
.

- /- CvmointsVenm&'les'amburs,- ' "' > v" -:'c >'--:;Yyj:Y.tvj \


"n«£
D'vrie ardeur qui dure toufiours.

niefutefteiiitèjSen'ende-môurà.finonîàfuméeYle'p^ queces bonnes odeurs'


Se parfums furent-là mis pour couuriT k mauuaife fenteur 4e k^chaif bf uîfée» In-T
'çontinent'après elles feprofternererît toutes fur lepàué,exeep'ték Prieufe: Sene;
tarda gueres queie vey manifgftementfortirde là fermée vn petit éfprk, beau çfe
toute ëxcellehce,qutauo1[t enfesé^aufeVdëùxaiftes'filuyfentësqûëmèsjèVx'ne'-
le pouuoient bien regarder Je me fentois faillir le ciur,Se efblouyr. par lè&fça de? ***(* T, JBr*.-i*T?f<«W v

fa ckrté,commed'vnefoudrecréé«d'eau,deféu,denuéefSedevent.MaiskPrieu-
ie prenant garde à moy,me feit ligne que ien'euffe point de peur,&queieufemëts " ,

ieme teuffeXe bel enfanttenoitenfynëdèfesinains,vnecoarônede Myrthe -Y '

Si enl'autre vne fiêche,eftincelknt de feu ardant.Sa tefte eftoit eouuerte depetity" " r
cheueux d'or,crefpes,Se couronnée d'vn filet de'Diamans; Il Voleta par trois fois i
. l'entour de l'autel,puis à-la troifiefme il s'efuanouk,8e tourna eniiim ëe ,.. tant eue
ie le perdy de veuë,Se demouray trembknt,& grandemènf penfif, voyant ces cho~ -
Ces mkaculeufes,Sevnevifion tant admirable, qui m'aupît (pouVcertàinjirempIy'
d'vne horreur déuotieufe. Peu après laPrieufe les feit toutes leuer, SeTéprintàliY '
re dedans leliure qui eftoit tenu ouuert deuant elleparkpetiteNouieeJLa feinte:
Dame portok vne verge d'or en la main , dont elle Commanda lors à Poliaqu'ellei,
affembk k cendre demourée du facrifîce,, Se la-meift en vn crible d'or >, apprefté-
pour cefteifed:cequ'elfefeift,Se'kci'ibkfur fepremier degré de l'autel, ff pro¬
prement^ en telle difcretion,qu' elle fembloit eftréîlée à eeft. oflice.Quand cëlfe-
cendre fut criblée,k Prieufe luy feit efcrirè Sepourtraire dedans auecfe premier
doigt 4e fa maindextre, certains characteres àla forme de ceux qui eftoyentaw ' -,

liiu'efpuis la feit de rechef agenouiiler,& femblablement toutes fes autres.


» Lors elleauffi regardant toufiours eiï fon liure, efcriukde fa verge- 4!àutrèseaY
jraéteres en k mefme cendre:dequoy ie fus touïefbahy ,.& quafi transy defrayeur
Y
tant qu'en ma tefte n'y eutpoil qui ne fe hériffaft,craxgnanrqueparcefcéremQ^^«.
niesSe myfteres l'on ne tac feift perdre ma Polia,ainfîque iadis k belle Iiphigénie^,
pourkquellefutfuppoféevneBifeheenAulide.'oBi bien qu'en contr'efchange on< ' - ' '
Hiëlaiffaft vneâutre Damoyfelle , Se que par cette voy e ie perdiffe en vn inftantï i
toutmon bien,èel'obiecl de mes defirs. - y "'-Y'
- ~' \
Croyezqueî'enttembloiscommela fueilfe'fuTl?arbre:8ênéantmoîns mes yeux: î
ne partoient iamais de deffusfaperronne, Seieiiotoisfoigneufementtoutcequc* S

faifpientëllé Se la Prieufe:qui prenant le liure rfek de nouueau plufieurs- fîgnesi^=-«- .

terribleSjConiuran^anathématizan^Seexorcifant toutes chofes contraires. àl'A- "


'iriour,Sequiypeuùëntcâufermolefte. "t "[-'-. "-o"". ' ,. > ;

:; Puis rJëABft vn rameau de Rue, qui iky futpréfenté par fvn e de fes mimftrefs; .av
-'rès
y. auokefté trempé en k cruche de Iacmtne,& mouillé en la liqueur-dont- Ppi-
.i as'eftoitlàuéfevikgé.'Elfeenarrofatouteslesi'eligieufesv& fembkble^

^.-. -. ^-\ : .., .;:;--.-' ; v. ' -y-. V ij:


LIVRE PREM 1ER ÎTÈ
"Adonc lès'bëlles affemblërekt tous- leurs ràmea ux de Myrthe , auec celuy' de
jR*rie,qui futét portez dedansla cifterne par vne des profeffes, à laquelle la Prieu.
fe ainfi lecommandaluybailkntk clef pouree faire: puis elle mefrpeprinfc vne
éfeouuette d'Hy ffope,liéc de fif d'or Se de foye grife^Se enhallkk cendrel'affem,
. blant en vnmpnceau,8ek ferrant en vnebqefte. , ,,
Ce faict,elle la porta vers k cifterne , eftantfuiuie de Polia ,. Se desautresnon-
nains.' -._/, ,.. .. '»,-,
, -,-,,-
, Làcettecendrefutrefpandueap^ès quelques hymnes chantez," Se k cifterne
déuotement ericenféejqùe k. P.rieufëfeit refermer,8e çonféquemmentretsurner
fit petite feouppé en vénérable proceffion dedans là chappelle," où ëllefràppa trois
fois de fa verge fur ljauteî,difant plufieurs parolics fecrèttes,accompagnees4e cô-
; iurations,en faifant fîgne aiix religiéufes, que de rëchef elles fe profternaffent en

-:tétre: maîs elle demouradebouriSelapetitenonnain eftant à genoux, luy tenoit '


toufiours feliureouuertjàuqueien voix baffe.Se pofé.è ejfeJitiës oraifons ainfi,

tau*

O Déeffe d'amour,mere:pkeufe,recours Se refuge 4e tous amans, fondemét


.Seprincipe déboutes gracieufes affembiées Se comorfehons , aydecer^aifle &m-
.fal|ibfe4ecc.uxquiloyàument;teferuent,ietçfeppI^^
.uoir.leslnimbfes prieres.de cetteiëun.e D,afeejqui.s'eft'fié.lpl|rd'huj^Y![>uée14on-
née Se dédiée à toy. Ayes foiiuenance des requeftesque fit Neptune à ton maty
Vulcan,pat'le "moyen defquelles tu fus déhurée du-filéfcauquelil t'auoit furp.rîfc
' * ' y." f "w&iîmvvtfi ' ' ' \'^-
ï i
auec tôiUtttf^Mar^Pfeife ta çlémêce diuine.çftt eprpjnce ces âeux'têttn^'peiV"
fbnnes,eftâs en k fleur de leur aage,aptes Se idoines à ton feruiçe. Fais feurkgra-
çCqu'ikpuiffentaccompîifkurdçfk,&amovireufe volonté, après les auok fepa-
rez 4es froids glaçons de Dianc,Se- rendu ardans entok doux brafier-ëônferuatëur fi
' ;de knatuïe humaine, à quoy ils s'offrent Se préfentent en humble bbéiflànce , Se
finguliere déuotipn:mefme,mentce ieune Efeuyer qui s'y difppfe, Se délibère cm-
.pîoyerfapcripnneperpétuelîemen*Se fans varier. Tpus deux défirent acquérir
'. tes grac.eSjfentii'tcsbîensfaiébs,particîper en tes mérites^ Se veoir.taDékéfeuuè-
^aine.04oncques,fa!nâe-mereçefefle,fe
Iplie Se inuqcjue humblement qu'il leur fokloy fïbfe après cette fainftep urifi.ca-
kionde fe tranfpbrter enton exqUisstriumpîiantj8e glorieux Royaume; tarit qii'ilâ
,

' 'puiflent pariienir à k fin ordonnéëde tesfaints fàcremens,Se accomplir leur vosu, *
par le moyen de mes interceffions/qui fuista déuote religieufe, àdmiîiiftranttè»
discrets myfteres .Exauce mes prieres^mere de naturescomme tu exauças iadis.,cel-
îes de.Pygmalioi^,d'Hippomànes,Se d'Acontkis.yueilfes leiir fauorablemertt filb-
'<aenk,ayder,$e fecourir par ta naturelle bonté ,4e laquelle tu vfas ehuers ton feu-
lie berger qu|nd il futbattupar le violent Mars efpris de ialoufie.Et fi no^prlet-ës
îie font dignesd'eftre adrnifes-en ta diuine préfenee., fais que tonamoureufe bon-
,téfupplée'mifériçoi4ieufementànoftredebifeëffëct:carilsfe font liez Se obligez
a toy , eninfeparabfe fermeté decùr & de volonté kréu6cabfepreftsd'ob.éyr,8e
diligeris à feruir,curieaxd'pbferuer Se entretenir tes loix.Se commahdemcns,fans
iamais les enfraindre , ny aller aU contraire ;-»à-tàut le moins ceft efeuyer qui s'eft
-4e long temps réfolu Se toufiours porté vaillant foldat fous ton enfeigne. Au re- :
i^ard de cette ieune Damé , qui,à tout maintenant faiél expreffeprofèffioîiÊncé '"'"
.yiieu., ie penfe eftre affeurée qu'elle à grande efpérance d'ii^é,trer&: obtenir ta -
fainéte grace,ayde,Se faueur. A cette caufe faifant ihterceffionpfur eux,ie te fup-
,-- plie par les flammes dont il tepleufteftreembrâféeàroccafiondetonamy Mars, -
partonmaryialoux, Se parla puiffance de ton enfant rebelle , qufviuent tous .-

éf erneileûfentaueetôy en ex'ceileris Se glorieux triomphes ., qu'il te pkife con *


duire à effeél,k louable intention Se propos de ces humbfespûurfuyuans, quin'e/
défirent autre chofe. Adonc toutesles religiéufes refpondifent.àhautevpix.Spit''
lùék. '"'"'"". - . >Y -. ' Y- - '

:^r:

c . Y

^ I
LIVRE PREMIER DE

Après la Prieufeprint les rofes auec fes coquilles de mer,. Se fes fema fur I'au-
t el,mefmesautour du chandelier,en fouueraine reuérence: puis verfà dedans vue
coquille, de l'eau de kmer qui eftoit en l'Vrne,& en arrpufa tout 1e lieu. Ces rny-
fteres paracheuezles deux Cygnes furentfàignezfur l'Anckbre, auec fe coufteaiï
Gecefpite,Se leurfàng mis parmy celuy des Tourterelles , dedans fe Préféricule
d'or:Se cependant les religiéufes chantoientcertains refpons: mais k Prieufe li-
fent à yoix baffë,commanda queles Cygnes feuffent fàc'rificz ,-Se bruflezen këa-
pellej,k cendre amaffée en vne boefte , puis iettée dans l'ouuerture qui eftoit fous
ï autel.Après elle print le vaiffeau où eftoit fe fang,Se y mouilla fon doigt, & figura-
fer le paué denantTautel quelques caractères incogneus. Lors elle appella Polia,&
luy fëît faire fe femblablelcs religiéufes toufiours continuât à chanter leur ferui-
ce.QuandPoîia eut faiét ce que luy eftoit enioinc~t,k Prieufe Se elle kuerent leurs
mains du refte dufang , parce qu'il neleur eftok loyfîble de toucher autre chofe..
Puis kieunenonain leur bailla de l'eau pour les nettoyenSekreçeut en vn Sim-
pule d'or.Ce faictjla Prieufe donna charge à Polia,qu'elle print vne efponge vier¬
ge^ en effuyaft les characferes qu'elleauoit faits fer le paué , Se tout foudainj'al-1
laft efpraindre en k kueure de leurs mains. Eftan-t cette chofe accomplie,k Prieur
. fe pour la tierce fois feit profterncr toutes fes miniftrcs à terre, Se comme trem¬
blant defrayeur , ictta cette eau fur fe foyer du fàcrifice, qui eftokencores chaud.
Lors fe profterna elle mefme:8e ne fut pas pluftoft en clinée,qu'vue fumée fe va le¬
ver de cette causSe monter, peu à peu vers. la voûte:dont touten vn inftanfla terre
POLIPHILE. §o
commença a ff embler.s'cfmouuanf en l'ak,Se dedans le temples tourbillon d'o¬
rage tant efpouucntable, qu'il fembloit proprement que quelque groffe monta-*
gncfe fuft précipitée enk mcr.Durantcela , les portes Se fençftres s'entrcheur-
toient l'vne contre l'autrc,de telle impétuofité que le bruit reprefentok vn grand
Connerre,ckufé par vent enclos dedans vne cauerne fans yfluë.

Si ie fus effrayé de mapartll ne s'en faut point efbahir. (Car pour certain)ie ne
feauois que fake,finoninuoquer de cour déiîotk clémence Se bôtédiuine: d'au¬
tant que i'auois perdu l'viàge de la parole. Ce bruit horrible vn petit appaifé, i'erîi
1 tr'ouury les yeux Se vey que l'autel fumok encores, mefmes que la fumée fecon-
uertiffbit en vn rofier tout verd,multipîkntfes branches , Se fes eftendantpar tou¬
te la chappelle, iufquesau plus haut delà voûte. Il eftoit abondamment femé de
rôfes vermeilles entremeilées d'vn fruiét rond,,5eb.knc,vn petit coloré de rouge.
Sur ce fruitier apparurent trois colqmbes,&fcertains autres oyfeauxvolans , qui
fàuteîioient de branche en branche,iargonnaçs doucement leur ramage: parquoy
ie préfemay que k Déeffe fe monftrok à nous en telle'figure , Se comme par vifiô
diuine.Adonc la Prieufe feleua de terre, Se en feitfeuer Polia: qui. me fembk plus
belle fans comparaifon que iamais n'auoit faid auparauant. Toutes deux m'appeî-
]ercnt,Se me feirent entrer en la chappelle , ou ië m'alky agenouiller dSuant 1e ri¬
che autej, au milieu d'elfes. Adonc la Prieufe cueillit trois de ces fruidsinkacu-
îeux,niangeafe premieiyaie donna lefecond,Se le tiers fut pour Polia. :
-.".'. V iiij

4
LIVRE PREMIER Dr

- îëjn'en euspas fî tbft gouftë,qu-e tout feudàik ie me feritk recrée , refrai chy, Se,
renouuelîc es mon entendement, voire mon cqur fut emply du .bien d'amou».
r.eiïfelyèffe,m'eftàntauenuneplus. ne moins qu'iceux qui fe plongeant .en l'eau-,,
fermen;tlabouchc,8e retiennent feurhafeine , puis eftans retournez deffus, hu-^
menÊ-fe.ye:iîtpa.r grandç.affeélion. Ainfî (certes) iecomtnençay à brufler en flam-
imesplusamoareufes que deuant,Se auec vntourmëtadoucy, pour eftre(aumoyé-
de cemkacfe) transformé en nouuelfe qualité d' Amour, cognoiffant éuidcmmêt,,
&;fe»ta:nt pareffc£t,d e qu.ell e efficace .font les grace's,, d ékDéeife,Vënus,8eqiieU
lërecompenfe'acqîiiefeefentçeux qui conftammentperfeûêrent en fpn.feruices,
mefmes comme àk fin ils pâruiennentàk poffeffion de fon: Royaume referuf"
au^ç bien heureux.Après cette refectiondiuine,l'arbre fedifparutincontinent: &:.
.pai -ainfi fut fe facrificeacheué,Lprs toutes deux defppuilfereht leurs ornement
:

ppntifiëaax^-tefqueis furentreportez en laThréfererie : puis là Prieufe nousdiib,.


Mes enfans,vous eftes maintenant purifiez Se beneits de moy:parquoy vouspou-
jcz aller (lî bon vousfemble) en voilie entreprife Se voyage. le prie à k Déeffe

-lui- Retenez mes inflr i-fiic is, -x vos affaires en.auront toufiours meilleur fuc-
-

-.iz,Aces mots no i;ls me-xitmoi hi:mbleînenf,Se.ptimes-eQngé d^ellé* enf-ëmble-.


*-cJ toinpagmc,fe plut rçuércmmcnt qu'il nousfut p-offible.,Mais les- religiéufes
?t

' ' , jttionftrerenf


. FOLIPHïLE. y,. V

montrèrent par ieur.'îarmes,que noftre départie leifeeftoitgrandemenrenmrycu* -Y /


fe.l'Adieu diét,nous fortifmcs du tcmp.lc,après que Polia , fe fut enquife Se infoc
. mée de noftre chemin. O agréable compagnie, Se de moy longuement defiree! O' " - . '

profpére yflue des trifteffes paffées! Mon cour ne me tient plus en doute i voicy /
' maintenantma chere.Polia, qui eftle bon Ange de mon efprit , dont iefuis tenu h.
. k grande Déeffe, Se pareillement à ma Nymphe, delà démonftratiand'amour Se ~.

cxccffiue courtoifiedont elfe à vfé en mon endroit. Telles Se femblablesparoles-


. difois-fe tout bas àpartmoy:à quoy elleprintga.rde,mevoyant remuerles leures:;

8eme.fettafesyeux eftincelkns,comme l'acier embrazé quand on le fôrgcfur l'en» "

ckmCjVoirepius clairs que deux luyfàntes cftoilles en l'abfence delà Lune. Adôc
me prenant par lajnain,elle me diét: Mon- amy allons vers ce riuagô:.car i'efpére f ;

(ou pluftoft ie:tien»pour,affeuré)que nous parukndrons àk'ioye que npflre cLur


defire.A cette caufe i'ay renoncéauxloix de Dia*ne,Seefteincl; mon flambeau, fait
parlefacrifîcefolemnel,Se mangé du fruiét miraculeux. Cekdîcl, nous chemina- ~~~4 - -

mes enfembfejcôfcrmez en amour inuipkbie:toutesfois ie rcmémor,ois.toufîours -


en ma penfée les vifions que i'auois eues, tant quenous arriuafmes à vn vieil bafti» - '

. ment,fcitué près d'vne grand foreftafur le boi4.de k mer, au l'on voit encores cer¬
taines grandes maffes4e.mutailfes,8e.ftruétures de marbre, enfeignes& apparen¬
ce d'vn beaunoule rompu Se démoly, auquel fouloitiadis y auoirvne belle mon--
tée dedegrezpour aller au portique du temple,qui par longueur de temps ,"moy-
fîffure Se négligence , eftok tombé en ruine. Iàeftoient encores tout en vn mon? -
ceau colonnes,bafes,chapiteaux,architraues,ftilobates ou piédeftals,Se autres pie- v
cesde marbre 8edc bronze 4e tontes fortes , faites de fonte, couuertes de Chrifte-;
marine,d'Abfinthe,4e Caly,4'Erynges,4e Cachile,de Roquette,4e Myrfinites, & : I !

autresherbesaymantl'airdekmer.Quandnous y fufmesarriuez, Polia me diète., y


Poliphilemô amy ,ie vous prie, regardez vn petit cettedignemémoke des chofes; s

grandes^e meruçilleufes,comme eile.eft ranueifée en. ce grand tas de pierres bri,-- ' '
fées Se desfigurées,.de for te que le tout-ne feroblc finon vn tertre raboteux : '&:
néant-moins ce fut iadis vn temple grandement magnifique , à-i'entour duquel aut
temps qu'il eftoit en eftat,fe tenoient les foires Se marchez , eà,venofent tous les; y
an^.innumérables,rnultitudes de -peuples de toutes nations. Se y eftoient célébrez ;_
plufieurs manières ie ieux Sepaffetemps , Ci bien que pour l'excellence de fi -ftru-
cfure,Se pour l'abondance des kcrifices,ilfutgrandement renommé-. Se déuote.
mentvifité;Maispourcë que fà magnificence eft defcheuë ., vous 1e voyez a cette PoliândriSw"
heure défer^Se gifant enxuine.Il fut antiquement.âppellé,PoliandrionjÇonfacréÀ fep«^hrev_
P.lutodieu4esombres:8e pourtant y a grand nombre de tombeaux ou font enfe- de?-a sums
aelisceux qui par importunité d'amoufmalheureufeontjniferabfemétfiny leurs.;
.

jours. Pas chacun an,leipur des Ides de May(.quieftlequinziefmedumôis) tous-;


ceux qui feruoientài'amour ,;ou eftoient deffous-fon adueu tant hommes que .:
femmes ,4e diuerfes contrées tant loingtaines que prochain.es,s'aflembloyent emt
ce temple. pour, célébrer- les folemnkez.des funérailles Se obféques annuels des
leursamisquiainfieftoient:décédez:Scfàcrifioientàce Piutotiicarporel,"àcelle;
J5n qu'ils ne tombâffent eux mefmes eninconuéniétd'eftreoccafiondefeur.mort/, -

&àuancer leurs ioursconftkuez: Se pouree luy faifoient reuéremment les .abla¬


tions funèbres de Brebis noires,qui n'auoient encores porte , Se les br ufloient fur c
vn autel de- cuy%fre,préfentant les malles au dieu, Se lés femelles à. la. Déeffe Pro--
ferpinefà fémme,prdonnant les ledifternes par trois nuicls,puis efteignoient fei
fi.amme.4u fatrifke auec des rofes 8e de rarferie.Qif.il feit ainfî, voyez là vkgrandi
îoiîetjdtîquel fi aucun euftlors cueillyvnerofe,i,i eftoitréputéfacriiege,ayatfai$ï
% -- ' X;.
' LIVRE PREMIER DE /
ïneitieiIleufeoffenceàcedieu.Mais lespreftres en pouuoienf bailler en efchanJ
ge.Lcfacrificcparacheuélcgrandpreftreveftuen pontifical , Se ayant deuant lj
poitrine vn riche fermaillet 4' vne pierreprécicufeappcllée Synochke , donnoù fc
chacun vn peu d c cendre qu'il portoit en vn-Simpule d'or,Se elfe eftoit reçeuë en
grand' deUotion.Puisles perfonnes k mettoient en vn tuyau de, canne ou d'autre '
chofe,8efortoientpar trouppesfurkmarine,oùilsfoufiloient cette cendre, ob,
feruant vne fupcrftition cér«monieufe,fettant des hautes voix confufes , méfiées
de hurlemens Se cris féminins, endifant: Ainfi puiffe péril* comme cette cendre,
qui fera occafion conlpablc de la mort de ce qu'il ayme. Après donc l'auoir refpan!
4uë,ils iertoyent auffi la canne en k mer:8e y crach oient trois fois, difans à chacun
xoupjfojfu/u^s'en retournoient en arrière, femans des rofesparmyle temple,
fpécialcment fur les fépultures,chantans en ton piteux Se fornebre , accompaoné
depfeintcs,pleurs, gémiffemcns*Sedufondc quelques chalemies mi?uiennes,côl.
uenables à tel facrifice.Cck fai¤t,ils s'affembloient parnations fcparcment,èe s'af.
feoient en rond fur le paué,où chacun mettoit ce qu'il auoit apporté pour manger
Se en faifoient vn banquet,qui eftoit fe Silicernc,où fes hanquetans fe taifoient en
:mangcant.ritaptcs auoirprins leur rcfeéiion,appelloient fes amcs,8e feurkiffoiét
«nukonles fépulchres le demourant de la viande. Outre ces ànniuetfakes ,fe fai.
foient les ieux féculiers,lefquels paracheuez ils fortoient du tempîe,Sc achetaient
chacun vne Pancarpe , c'eft à dire vn chapelet de fleurs ,. qu'ils mettoy ent fur W .

teftCjSe prenoient en k main vn rameau de Cyprès,feruant aux mortuaires. Puis


les préfixes reueftusd'cftollcs Se de chappcs,chantoicnt, Se portoient fes fimuk-
chres diuinsimdmes lcs'danfeurs Siciniftcs eftoient méfiez parmy les femmes, ou
ils faifoient des iubiktions tumultueufes ; accompagnées du fon de plufieurs in-
Rrumcns:Se alloient trois fois à l'entour du temple, pour appaîfer les troi) Déeffes
fatales,Nona,Decima,Mortà,Sc en rentrant dedans le fanctuai re, pendoient leurs j

rameaux de Cyprès en diuers lieux , ouïes laiffoyent fichez en la muraille , & \ï


eftoient gardez iufques à l'année enfuyuante , que les preftres en faifoient lefea
4u ficrince. Quand tout eftok accomply en la manière qui eft dicte, Se les funé¬
railles cé!cbrées,voke finy le feruice des morts, auec fes prières Se recommanda¬
tions accouftumées,Se tousmauuais efprits chaffez, fe grand preftre profc'roit les
4erniercs paroles, difant: Ilicet: qui vaut autant à dire comme chacun s'enpçut,
quand il voudra,retourner enfamaifon. Sur lcpoinclque Polia paracheuoitaiclî
fon compte de ces couftumesanciennes,Se cérémonies dcuotes , nous arriuïiws
furfebord de_kmer,où eftoit le temple deftruiél.
POLIPHILE. 'Si.

- /
' Là nous affifmes fur l'herbe fraiiche & fscurie.'Adonc mes ytuxfe retournèrent
à contempler la grand' perfedionSe exceilécc de beauté de ma compagne, fi feien
qu'ils ne trouuoient plaifîr ny contentement en autre obiect;Pârquoy rxioncàur
recréé d'vne ioyefecrettc,kiffatouspenfemens bas Se (impies fantafies , Se mon
cjuendements'efleua à confidérer fes vertus admirables. Toutesfois il aduenok
par fois que ieretournois à confidérer lafittutkmde ce lieu; belle (certes) Se défeY
' ' ' .X ij,
LIVRE PREMIER DE
,&able. L'air eftoit ferein 8e profpcre,lcs verdures pkifantcs,icî petits coftaux otn*
iragëz de boccages, enrôlez de fontaines Se ruilfeaux coulanspar k bellcvalléc,
Cordée de tous arbres fruidiers,Les Vensferendoycnt gracicux,k terre abonda te
Se fcrtile.refonnant du chant des oyfeaux: fi que i'euffe quafi pcnf é que c'eftoient,
ies champs Elyfées tantrenommez:car les beaux champs&fleuue de Theffalfen'y
font chrîcn à comparcr.Ce nonobftant mes yeux eftoyent toufiours arreftez fur
smacoimpagnc,fanspouuok les addrelfer ailleurs, ioint que mon entendement ne
s'occupoit à autre chofe , Se ne fçauois en quelle partie arrefter ma veuë , pour la
iplusbclle Se déledabfe. Si eft-ce pourtant queie regardois volontiers vnepetitc
vallée affife au milieu de fon fein entre deux mammclles plus rondes que pom-
mes,Se plus blanches que flocs de neige, voire (en vérité) plus fomptueufes que k.
fépulture du Roy Maufolus:po^rfemoinsilmefefemblok3pource que là eftok
ie defir de mon ame.Aucunesfois elle iettoit fon regarddeffus moy, Se ie lefentok
courir par tout mon corps,ainfi qu'vn efckk de tonnerre,tellement que fen frif
fonnois vhelieure après.Cekpaflé ie recommençois comme deuant , preffé d'vn
defir infatiable par amour afpre%e importun, difant ; fans remuer les leures , pîuy
ifeurs paroles de pkeufes prieres,fondées fur raifons vray femblabfes, parlefquei-
jesiedemandoisce quim'euft rendule pluscontentdumondc,quci'obtjenoisea
imagination, Se me trouuois au milieu des threfors de k Déeffe Venus, y defro-
î>ant(ainfiquefekMcrcure)lesioyauxde nature abondante. Mais (hélas!) ie me-
trouuay attaind partrop au vif de cette maladie contagieufe, affiégéparkmere
4iuine,8eaffailly defon filsle grand boutefeu,indiffblublement lié Se englué, fous .
J'appaft de deux beaux yeux eftinccllâns à merueilles : àquoy neferuokde rien,
faire effort de m'en retirencar c'eftoit y entrer plus auant, Se ià n'eftoitplus en ma
puiffance de réfîfter aux penfemens diuers,veu que la patience eftoit prefque vain»
.;Cuë.Sidelibérois-ie(enquelqucfortequecefuiî) 4'efteindre cette ardeur infup-
portable,Se mettant tout fage confeil en arriere,tenter ma Polia d'vne belle auda-
cc,luy voulant néantmoins dire en voix humble; Madame, i'eftimerois le mourir
pouxvous,à vne louange éternelle, & me feroit la mort (àmpnaduis) tollérable,-
aggréableSe glorieufe. Ce di-iepource que mon ame eft oppreffée- d'vne ardeur'
trop violente,kquelle augmente inccfïàmment , Se fe renforce dans mon cur
tant que ienepuis auok vne feule heure de paix nyderepos.Ie penfois bien par
* cette voye donner fin à mon grief martyre,mais foudain mevenokvn autre con-

fcil,qui difoit:Qu_e feras-tu Poliphile? Penfe vn peu qu'elle fin eut la violencefai-
£ke à Déianira,à Lucrèce Romaine,,Se plufieurs autres Dames tant renommées.
Confidére que les Dieux ont efté fouuent refufez de leurs amours terreftres.Qu?
doit donques faire en ceft effet vn.epauure fîmple perfonne corne toy ? Reduy,re-
4uy en ta mémokequetout long «temps vient à certaine fin", au moins à qui le
peutattendre:voirequeles Lyons Se autres belles fauuagëss'appriuoifent parcô-
tinuation mefmes que lepetkFormy endurcitle cheminpour y pcfferjfo.uuentes-
f ois:parquoy à plus forte raifon vn efprit célefte caché en vn corps humâin,p"oum.
bien fentir quelque petite eftincelle d'Amour, Par cette manière approuuant & ,

tkfmant mes opinions,ie merëtiray de ces fantafies ennuy eufes, efperant parue-
nk au fruict de ma longue quefte , Se à la fin triompher de k vidoke acquife par
ma patience,mefouuenant auffi des fainctesoraifonsSefacrifreesde Pôlia,où elle .

auoit faid fpécklie commémoration de'moy,Se eftaind fon flambeau ardât pour
gratifiera fen Ppliphile.Iepenfayqu'il eftoit meilleur Se plus feur d'attendre, en
fouffrantvne heureufe(bienquetardiue)recompenfe;obtenantk perfediondt .
«ion defir,quepar importunké périlieufe acrroiflre ma peine, perdre i'efpérancç
POLIPHILE. î %
-çonfe pour raduenîr.pojk s/appérçeut que fe'çhâng«pis ttop feWïçat de coufeur^
&mc veitalferé,troublé,& quafihors d'afefee,feufpirant coup à coup 11 fons des
mappkrine:pour à quoy pbuier, elfe mefetta vn doux regard , qui chajfe de moy
toutes ces cogitations impétuçufes, tant que de làenauant mon ame fe mainte*
nok en efpcrance plus tranquiile,parmy les filmes de l'amour, comme'fe Phqjnix
quifebniffeafindeferenouuellex. " ;

n
POLIA PERSVADE À POLIPHILE .-D'ALLER, A V
Temple defiruicl:,veoirles Ëpitaphesantiques^u entre autres il trmualen peintu¬
re le ramffement de Proferpine: & comment en la regardant , il eutpeur
i 'auoir parfemblable malheur per^u fia Dame: parquoy il retourna
,. - to.utefi>Qumnté. Après vint defienxùx je dieu d Amaurs,qm lés j

fitemrer*enfianafieUe:ïhonneûr,quéfes dieux marins luy fi ''

Y . ^ firent tant que ^rfççettenammtjan-s . ~'lx.-

' - - ChAP. XIX* - -

' ' "' ; - ..'..-'' ! - :i . - v

N desplus releuez tpurmens d'Ameur,c*eft à mon aduis 4*à*-


uoir enfà préfencele fujet d'allégement Se ne pbuupfe l'ob*
tènkk'eft ce qui empira mon mal : quand qiâeiqûësfpis iefe
penfois adoucir, chaque mouuem eut de ma maiftreffel ccn-
tenance,parolle,ou petit traidd' , me faifoient reçheok
enplusdemaï.Enfin cela engendra en rnoyvneaudaèe qui
m'exhprtoitànememonftrerpufilknirtiejyeu mefmement
que la proye par moy fi long temps pourchiffee , eftokjdeuât
mèsyeux,5e en ma puilfance,de forte que pourle moins i'eh pourroisprendremô
4roiddeveneur,5eparcemoyen retarder k continuelle mort d'amours : les def-
feins me rendirent tantaccouftùmé à ma.douleur queie ne tenois plus pour mal,
tous les griefs accidens qui m'euffent peu aduenk,à raifon que tousinconuéniens'
me fembIoien.tdoux,quelques dommageables qu'ils peuffent eftre. Or ma fage
Polia,bien informée des importunes conditions de l'amour aueuglé,çogneut affez
le trouble de mon ame:Se pour m'en diuertir,proféra certainelpaYoîëff^'ncdpées:
puisparkntplusouuertement,medit:Iefçay (Poliphile) que vous; elles naturel¬
lement curieux dechercher fes chofes antiques rparquoy fi vous voulez aller veoir ~-

ce temple cependant quenous attendrons noftre maiftre Cupido -, iepenfe que,


vousy pourreztrouuer pfefiëurs beaux fragmens de l'antiquité, qui valent bien
d'eftreattentiuementconfidérez:8e iedemoureray en ce lieu toute feule,pour at¬
tendre la venue de celuy qui nous doit paffer au Royaumedefa mère. Entendant
ce propos, (feus plus tarder)iemeleuay de ma place bien fortunée , pourledefir
d'obéir Se de veoir ceft oeuure, auecles autres il par moy vifitées. Et pour ceft efe
fed ie party de la belle ombre des myrthes Se Lauriers fàcrez , abandonnant vne
treilfejdelafmin qui nous couuroit de fes fleurs blanches , rendant vue odeur fin-
gulierê,Sefans.autremenf y penfer,iekifîày ma chère Polia: puis ie me meyà tra¬
uers ces terres 8e monceaux de ruines çouuertes de terre,i'hierre,ronces , Se Cap-
pricrSjtant queie paruins à Î'e4ifice,qui auoit iadis efté vn temple rond, fuperbe
aupoffible i comme Madame m'auok did:encores s'y trpuuok-ii quelques Tri*
bm,ies, ou chapp elles qui n'eftoientqu'a demy démolies , Se grande quantité de
fragmens admirables,de Piiaftres,Arçh<tri5es,Corniches,<3e Colonnes, de toutes".
y " , , ' ' Xjij - , -
LIVR.E PREMIER DE
'- fortes Se mâtieres,Numidiques,Laconiques, Corinthié-
. nes,Ioniques,Tufeanes,Doriques,Seautres.Ces tribunes
me firent penfer que k eftoient fes fépulchrcs des plus
nobles Se renommezperfonnagcs du monde.

Derrierele Temple eftoit cfleué vn grand Obélifque


de pierre rouge,fouftcnu de quatre boules , pofe'cs fur vn
'Y quarré bien entaillé de hiéroglyphes en fes quatre faces,
dedans quatre ronds.

En la première il y auoit vne balance, Se au milieu vne


platine en façon de baffin,de l'vn des coftez duquel eftoit
vn chien,Sede*îautrcvn Serpcnt:pukaudcffous vn cof-
' freantique,aucc vne efpéenue,k pointe droide côntre-
mont/urpaffantle ioug des balances,8e entrans dans vne
couronne ie l'interpretay ainfi;
.POLIPHILE.. g4
,'l VS'TÎ XI A ÏU'CTA,
AMICITIA ET ODIO
ÉVAGINATA ET NV-
DA,PONDERATAÇfVE
L I B E R A L I T A S, R E-
G NVM FIRMITER
SERVANT.
Qujfignifie. -'

lufîice , droiSle ynite & dé¬


fi ouillée de haine &- amitié, auec
libéralité bienpofiée } gardent fer¬
mement lés Royaumes en leur en~
tier. .

Au deffbus de cette figu«e,i'en vey vne autre fâide en quarré,dedans laquelle.


y auoit vn hil , deux efpis de froment liez , vii braqu emart an tiqae deux fléaux ",

pareillement liez en trauers deffus vn cercle, vn monde, vn timon de nauke.Se


puîsvn vafe antique duquel fortoitvn rameau d'Oliuier, vne platine, deux Ci-,
gongnes , Cix pièces de mohnoy c mifes en rond, vn temple à huys ouuert,5e pour
le dernier deux plombs bu perpendicies. .. -

Lui, m. i i.i ,,m.||i.HHHUi|IIIWPiBW

X Mj
LIVRE PREMIER DE
- Que i'interprctay en cette forte. *

DTVO IVLIO 'C^SART SEMPER AYGVStfO, TQTXTS.


ORBIS GVBERNATORLOiAKIMI CLE MENTIAM, ET
LIBER ALITATEM, A GYPTU C O MM V NI M RE. S,V Q
EREXERE.. -

- - C'tftt 4 dire.
Atidwin Iule C&fiar toufiours Auguftt, de ttutblé Monde,gduuernempomlaclé:
même defen courage & libéralité, les Egyptiens de km deniers communs^ ont érigé.
En la face du e.oftédroid,eftoient cesautreshicrogliphcs, à-fçauoir va-Cadu,
cée ou: baguette fur laquelle, deux Serpens s'eftoient entortillez.; Deuers le bas
d'vn cofté Se d'.autrc,y auok vnFormy, qui croiffp.it en Eléphant: Se deuers fe haut:
deux Eléphans, qui. déclinoient en Fornîy. Entre. fes deux d'vn coftë y, aupkyjk
^iffeau plein de fcu,Se entre fes autres deux,vn comble d'eau.
Dont fefey l'interprétation telle,.

PAGE A.C' CONCOÏU


DIAf P ARYi; RE S;
CR E S CV N T : "DISCOR-.
DIA MAXIME. D.IXA-
BV^TVRv
Cjfadkt..
parU paix &,concorde'Jespt*..
fit es chofes augmentent: &p«:-
difiorù les grandes ifemnmAi .

5:nfe.fe'nëftrey aaoitvn Ancre entrauers, Se fur là ftàngueWn Aigle à ailles efté*


%f|:yne,,Gumene, attachée àl'Ancreiau deffous yniomme açmé , entre,aucunègî
^çMri.çsdegucrre,r?;gi^^

Cfe
1 i

-POftlPlHXt-t»- »T,

Cetnfe ffetèi pktày-âih (i7 -s '>' '.


- - - i», * >? Y ^Xij ;.. :iy ^,i, - *i

M I LIT-AIU S PR V--
DE NT TA S'EV, L\I i fl-
PLINA IMPERJÏ\EST
t E'^A""e.-fc$:s.i-U'>' M;
.JINCYL^M^ ';;?V^
"\>_^.>f:Si-^ifian.t;;''>-','v<YA,i "
\ Zafrudevcéà-ièdftiplinfiptîlifi^ \y
W
rdire , eft le-, tr.èsjort lyen àstfEmfifi.... \.!'HiY* ".

pire.:, .... " .y '"V-V-


Enk quatriefmé face oppofîte. à là prërniere,"êftôit vn Trophée : Se au bas de, JaS /"**«
fente qui le fouftén"oit,deuxra,meaux4.e Palme en trauers, attachez à deux corfksi ;
4'abondance:à.vn.coftéTndil, &~à"ràûtÊêTneJC.oroéte..''
y - - -
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, ' .' ' . , '" -'Quifignifiôiènta mônaciurs, '.',"* ]


ô'iyi rvLÏr''vfCTaRiA'iitM et spôliorvm "1c bi
Pro.SISSIMVM'TRO'Plï^VM; SEV INSIGNIA.,
-.-.-,; /-tfoulantdirt*. \ ' .
-CeftJe copieux &abondant Trophée auec lesjnfeignés[des viêloirm
- &d(fbouiÏÏesdudMmlulèCêfer. ' - '

-,'* -Y . ' W '

x*
4* . ', LIVREE PREMIER ;DE \ " ; .'
La magnificence de'ccft obélifque me Feit çonfe^trrërqtt'-iln'en futpnccuies
Tporté vn tel àThébes, ne femblablement à &ottfe«Patqaqy quand ie fus arriué de,.
uant 1e premier front du temple, ie tiouu*y',q»e le poftiquç eftoirabbatu , 6c le
. portailallé de -mefmexar ietrouuay à ufespîedsyhe pièce del'architraue, enfern.
14e vnepartie dé k fri.Se cprnicheJ/cv^me kfçkcontempfer longuement : Se
wouuay en icelfee rrizeces
frizéces mots graujé&wei&resj^tmes*
mots gtatfé&miettres j^itmes. Y- \ ; .. , , . -.^ ,

, , , >v... ^>J |,^ r;:fifi:fi-fi v .-

Qtùpgnlfie y
Dédiéaux Dieux infernaux. , , - '

Cimetière des rnifërabtes corps fia pafjamotirfpntiombex^nfuretir.


,,<"
Ce beaufragment eftoit d'vne feulepîefre fhaffiue , Se encores y tenoit vne
partie du frontifpice,au plan duquel dedans 1e tympan,ou pktfons , eftoyent deux
figures à.demybrifées,àfçauokvnoyfeaufanstej[leJqifei'eftimay eftre vnChaC-
îiuau,Sevn creufetouJampeantique.lctoutconftruid: de .fin Albaffre ; Se ïel'in-
terpretây ainfi." Y" *' ' y'~ -->> .y * . , .

Y - VIT-E L^TIFERyNVNTIVS. '


- - - .' s%nifant,
- .

r' LtméffagerdemartÙlavie. ".''fi Y


'' Hç

FOUlPHfLE. '-''- g'g;


Après fëntray iufques au niïlieiidu temple,.oùil cffoit-moms" demoiyYJSèitp-- -
perce» vn ceuufe fingulier, queie tempsauok encores kifTé enfon«ntier.iCe-
floient fix colonnes de Porphiré,affifes:fur vn plinthe d'ophkeliéxagonéYLadfe ,

fiance de l'vne. à rautre,conten.oitfîx pieds de mefure,Se auoient leurs bafes,cha-


piteaux,archîtraues,frize,Se corniche,fans mouluresny linéamens , ains feulemét
eftoient p-Qliz,de,bonBegr.acc,felonkpradiqué: Se furcck eftok pofée la voulte»-
r,on,de,Se faite toute d'vne pièce de pierre màflîue, diminuant en pointe,en forme
d'vne chémin.ée,percéeàiour,Se fi couuroitvnegrand' eaue qui. n'auok lumière,
finon par vne ouue.rtureronde,clofedVntreillis de cuyure eftantau.milieu.des fix. -'
pilliers:Se au droid du centre d e k voûte par laquelle ie regarday , me fembîa que¬
ie vey fedeffbus comme yn,quârté:.parquoy il me print enuie d'y defcendre. 7
s Ainfi fecherchay tant l'entrée parmy fes ruines de ce lieUj que finablem,®»* 'fe'-.,
m'addreflày à vn gros piilier de marbre,toutabbatu,fors enuiron defcx pas de ha'u-
teur,ënueioppé d'vne efpoiffe tige del'hierre, qui bauchpitSe occupoitk petite:
porte en laquelle i'entray àgrand'peine,8edcfcénd.ypar. vn. degré eftroid & o:b~ ,

feurlepoffibie:,iufc|ues.auplu.sbasde.kvis.. fi-' ''..'' 'T', . '?Ty 1!* -

Le lieu de prime face me-; ,

fembk ténébreux , mai&Y;


, foudain que mesyeux y fu-
rent vn petitaccouftumez,.
, fecorqmençay àvèoir vne-, 1

grand' caue ronde,, voutee-


Sefeuftenuedefix coulon-,
., . nés i3'àïfues,pofées à plombt,
dès fix,e.ftant- deffus-, toute»:/
." faides de. marbre bis ,T8e ht*
voulte auffi: dont les quar¬
tiers èftoicntfi bien ioints,, v
qu'elle &lescolonnes fem-
bloient.proprement'd^vne,-
pièce. Yray eft que la caue; -

eftoit toute pleine.4'AphrOî


nitreoubauracii , Sefouil-
feè de fiente de Gheuech.es,.,.
Se de ChaUuefeuris..
. A"u milieu de ces fix cou-
" tonnes naïfues fe 'trouugk:
Y vn autel decuy urejCompo--
fé'de deux quarrez parfaits j
quiràifoien-t- fix'piëds en*
" longueur fiée trpià'de ha'ut^
compris; eh ce fes rnpuluY
. ms ordinaires.- U feftoity
, , i '.-,'" .. - , :' '-. ' , < <. V, .Va . .!lF^ux enfaçondëfépultu-. '
ïs,mai5en î'ouuerture4e4effes,4ëuxbon'sp^
lis de k 'mefmefônte.,Se en l'vn des çofte'zvhé féneftrè , fàide (aiûfi que ie peu co--
prendre}pour mettre le feu dè.ffpusfefecrîfi^^
v qui femefeitpréfemer:fut que ce treillis "auec la fuperik i'e.derâùtel,ëftoientt.O'USï
LIVRE PREMIER DE
moifcisdefumécjkquelfefortoit parle rond de deffus, Se après par îepetjt tuyau
-qui eftok en la voûte affife fur fes fix colonnes faid à la mode ^Egyptienne. En -la
-dernière face de l'autel eftok cfcripten lettres Romaines bien taillées. »

MMiif»^ m}mm<Mmmù£lPfi^^

pTUTEIOlOP h OTOHrTRTGOPORI
pTCAR,AEOXORJPR.OSEkPIHAE
_: f
| XRJCIPlTl QjCERJBERX) i

Jl
' Qui veulent dire, Y ,;

,APluton Roy d'Enfer ayant trois corps,& àfiachereesjjoufi Prefieypmc,


' enfiembleh Cerbems,quiatroktefies..

'Ie'nëveya.utrechofe.encelieufouterrain , fînon plufieurs -fîéges dermarbre,


dreffëz toutà l'entounparquoy ieremontay par ou i'eftois entré, grandement ef-
aneriieillé en moy-mefme,4e ce que les colonnes 8e la voûte-eftoient demeurées
-en cftat.Età'k vérité., cekconferma mon opinion , qui efequele temple eftoit '
-ouuettparledefrus,Setoutlerefte eftoit pleinde ruinés tombées en monceaux
4e foutes parts,Se là autour îi n'y en auoit point. ,, Y .*-

D'auantage regardant^ cofté > ie vey;vne Tribune ou lanterne quafi entière , en


îa.Youlté de laquelle eftok demourée vne belle peinture deMufaique ; ie m'ap-,
proçha.yjtoutfoudainpour k vcokiSeïtrouuay que c'eftoit vne grande foffeténèr
brëufe,oupluftbftvnabyfme efpouuantablë,, fckué entre deux roches,, afpresà
merueille-s , Se hautes. àpertedeveuëVvokefi baffes comme ilfefeblok, qu'il ny
,auoit,nefQnsné.riue.Elles eftoient rudes" Se enfumées , ouuertesTvne à l'cncon-
tre de l'autre, aueçyn-pont trauerfantl'abyfme,diuifé parfon diagone. L'vne des
Y'^.ï^r^^ft^îi-j. J^-^i;^w».Y«,uY.YlY,~' (Y.Jl._ y>':l.r?l'-;.^rr -.'o.-s-i.Y
^ . EOLIPHILE. _ - î7
celles volantes Se bruyantes en l'air,puis retombantes en cendre eftamt©âfî feuuét ^ . '

menu,que l'on n' euft pas veu à vn pied loingdc fey .A trauers la roche il y auoit
Se
plufieurs feufpiraux de feujCÔmepetites bouches de fournaifesiSe de l'autre cofté -

*ynkcobfcur8etrôublé,geié en toute rigueur , ioignant à la roche brufknte, 1e


pont feulement entre deux.Etpourfe trouuer deux matières toutes contraires fi . _

prochaines l'vne de l'autre, Se ne fe pouuoit -méfier naturellement , comme il -e-


ftoit exprimé par kpcinture,il femÛoit qu'ils'y engendraft vn tonnerre meraeii-
- leufement knpétucux , toutainfique quand la vapeurhumide enciofe en lieu ou -

elle treuuëfon cofitrake,venant à eftre agitée par force , fait tout fen pouuoir de
fortkjSedefaidelleenfoftefckttantparles voyesqui luy font plus ayfées. Cer- ' y
teskdémonftration quela peinture nepouuokfake d'vne chafe,eftoit affez fup-. " >

pléé par l'autre. Dedans cette cauerne eftok îigurél'enfer,cios d'vne vieilleportc-
r©uillée,Sefaidegroffement:puislàauprèsaufonsd'vncretîî;,eftoitfe!chienCer- YY .

.berusàtro*s teftesjcouuers de poiinoir,tout mouillé, velu Se hériffé depetkes co- _,y , -


léuures,puât Se peftilencieux,faifant le guet à perpétuké,fans iamais fermer l' vok punif-
SurkriuedukcgeIé,eftoitTifiphonél'enragée,aue.c fes-ëheueux deSerpens,k- faute,
quelle perfécutPit par grand-fureur les malheureufes âmes, qui tombpient à gras
monceaux dupons de fer dans lekcjOu après s'eftre veautréesqueique'temps,elî :

l'eau gelée-, fe haftoyent de fuy r cette pénible Se mortelle froidure : Se tant fe tra- ;] r y
Qailloient qu'elles gaignoient finalementle bord^parquoy elles penfoient d'eftre L r (
efchappées.Adonc fuyant cette infernale furie, elles couroienç àtoute impétuo- >: 'fi ,

fité le long d'vne fente-efkoide,rude,afpi'e,raboteufe, Segliflànte, les fourcilsa- -

-'baifrez,les yeux rouges Se krmoyansjnefmes les bouches puueites,comme fi l'on


euft deu entendre les douloureufes voix , pkeuxscris Se kmentables,prouenans y. .

d'angoiffe Se plaintes mortelles qu'ellësfaifoient fans intermiffion. L'horreur l'ef- .--*


froy,lafoufe,khafte,8ek grand preffe,eftoient fi t'ei'ïibïesentr'eiles^quefepoufe .

iânt l'vne l'autre,k plus grand part en retombok dedans l'abyfme, Se lerefte qui ' ' .

efchappbit, entroit dedans vne cauerne,oùfe trouuok l'autre Furie nommée Me- vteo-efe'îiaL
gere,qui les gardait de ge précipiter auke brûlant où elles defiroient aller: à i'oç- ne priuauô,
cafipndequoy elles eftoientcontraintesdefefauuerfurlepont. Telle Se fembk¬
ble cruauté detourmens,eftoit auffideuers l'autre partie: car Aledo k defpkëufe Âîeâo.&ns
-auffi fille d'Achéron Se deknuid,cmpefchok que fes âmes condamnées àkpéf TePos-
.nédufeu,nefeprécipirâffentdedans fe kc- gelé:dont en courant comme les au- Aclieron,,
~tres,Se rencontrant cette Hteible furie, fi^onuantées de fev.euc , elles eftoient - . '-

forcées de courir au.maudid pont:8e la s'entrëheortoien-t anec:celfes.qui venoient


àl'oppofite : en forte que ie cogneuies mifé'rablcs amesdeftinees ail feu éternel, ' .

tafeher par toutes voyes de f-e précipiter au lac gelé:Se celles qui eftoient dépu¬
tées àkfi'oiduretrencha'nte,s'efforcerpar.toutesyvoyesd'enu-er aux flammes in- -' " .

fernalesméantmpins quand elles c-tiidoient prendre vne partie du pohtpour l'au, *


tre,à fçauoir celles du feu,k gelée ; ou celles de la froidure, l'ardeur. : -par vne cer- . "

-taine difpofitionfatale le pont -s'onurok & departokendeux : tellement que les


âmes condamnées au feu,tomboient au lieu qui leur eftoit ordonné : Se par fem- -
bkble celles quleflay oient d'euiterkfrokjure, eftoient du haut _du pontrenuer- . *
fies au fons de kgkce:Se tout mcontinent par 1e vouloir diuin le pont retournpit,»
ten fon premiereftat.Ce!afefaifoitcontinuelfement,voir,e fan? interualle, pouree. "y -
que ces àmès mal fortunées.tafchoient fans ceffe Se fans repos de faire ce maudid
-efchange,Se toutesfois ne pemuoientparuenir à leur intention,en quelque maniè¬
re que ce feuft:car celles qui par rage furieufe accompagnée de defefpoir , cher-
achpient de fuyrkchaleur|iittollérabfe,MScpour foukgemenrferafraifchir en h
« .''' *'.-'' ' ;- Y îi| - - ,

b-
LIVRE PREMIER DE
' - ' PoniPHLLiE; I y 88
,Les couleurs de ce tableau, eftoient fi >rtiftement mifes , Se fesaffedicuis tant'
parfâidcmcntexprîmees,qu'iIeft(cecroy«ie)imppffible1dcmieuifake. '' ;

' "r L-etiîtreefioitteL y '


***' Y' v' ' -'' ' -
En k flafnme éternelle fent cpndamne'esles âmes de ceux qui par trpp ardam-
mentaymer,fefontmeurdris eux mefmes. Etenkgkce font ptonge'ës fes autre*
qui en amour ont efté par trop froides,réfufànt obéy r aux conffkutions amoureu-
fes,defprifépudefdaigHélesfaindesloix&ordonnancesde Cupido. Tout hom¬
me de bon iugementpeut penfer , que là ou les deux lacs de natures contraires , fe
viennent à renconïret,il s'y doit engendrer. vn meruei-ifeux tonnerre, à raifon de
la contrariété Se perpétuelle difeerde de leurs quaîkez différentes : car où ils s'afe
fembfentjilsfe perdent tous deux dans vn.profond abyfme trop eipouuantable.A
dkevra)%kprôfondeurdeceftEnfereftoktaïtingénieufementrepréfentée,qu'iI
fembloit vne chofe naifue ouuértepour fes mal viuâns: tant bien Se artiftement a-
v uoitl'ouurier(pour monftrerfon intention) fçcu varier fes couleurs , Se conduire,
les lignes de Perfpediué par mefure. .'"'" ' -"
Quicônques regardoitfeigneufementtepountaicï/pouuokfans diffieuîtécion
gnoiftre que'cck tenoit beaucoup de k vérifimilitUefe : car 1e gentil maiftre auok
figuré les âmes en forme corporelle: entre lefquelles , aucunes s'eftouppoient les,
oreilles depeur d'ouyr 1e bruit efpouuantable. Les autres fe couuroient les y eux
à deux mains,'n'ofant regarder fes abyfmes trop hydeùfement enfoncées Se rem¬
plies de monftres abokiinables. La plufpart eftoient pâlies Se décolorées , eftrai*
gnant fes bras eontreleurs poidrines ainfî que gelées de froid. Àucunespour ex-
primer l'ardeur qu'elles foufftoîcnt,vomiffoient vne cfpoiffe fumée. * Maintes a»
uoient les mains ferréesl'vne dedans l'autre,ou bien fes doigts entrelaffez commâ
dents de pigne, en lignification de.leur triftelfe , accompagnée de peine trop vé¬
hémente. Ces âmes ferencontroientdeffus le pont 8c là venoient à s'affronter^
Se heurter rudement les vnes contre fes autres, fans auok moyen de reculler ,fik
Toecafiôn de k preffë de celles qui fuyuoient,n'y d'aller auant,pour la répugnance
desauttesqui leur venoient àl'encontre.Etlors ce pont fedépartoit en deux pour,
renuerfer chacune en fon tourment,puisféraffemblokdefey mefme, 8etouteiï
vninftant eftoit rechargé de noù.uelles,fans ceffe ne diktion: parquoy lespauurés
âmes défefpéréesfouhaittoient leur perfe qui leur euft eftémoins grief que ces
Furies infupportables. >. ' ... fi

S"
LIVRE PREMIER. DE
Auprès delà ily auoitvn petit autel.au frontduqueleftoiteferkcnlcttrc*;
Latines..

AraDeuminfiernorum. , *
Y - ï .

Viator,hicdefâmLaodiaïn Pu-
bliam infpïce: Eo quod xtatem
iuamfraudauerat, abnucrâtque
contra p'ucHarumritum , iùlTa
Amoris; femct expes gladio in^ S

terfccit. '-*-.

>

Utt^gMOM

-; . *Y y r - '/ - " Autel dès Dieux infernaux; -.- "Y


** : Pyafantttu peux veoir icy Laodia. Publia, laquelle pour aiïoirfraudéfon a<ig-e,&'
contrelacouftum'eJesieunesDamoyfielles,mefiri.sè les confi.itutïbns'dAmour, ellùmef
me défejférée/efimeurdriedefengiaiue. -,
Y - - '" '

Quand fe fus par ty de ce lieu, ie trouuay entre les ruines , vnepierrc dëmarbf e-
feulement rompue envn endroit,mais entière en k plus grand' partie.
Le milieu eft oitfaidcommc vn nid à voûtt,fitué,entre deux-qûadrangles a cha^
cun defquels ily auok-vhe ouâle affez longuette .ven l'vn des coftez -de laquelle'
eftoit figuré vn D,vn mafque. Puis en l'autre du coft é gauche vn M; auec vn autre
mafque. Le ffontifpice ne môtoit pas <îu tout In pointe, mais finiifoiten vn quar¬
ré toutpk.t-j fur lequel ie pofeis vnvafe de cuyure fans couuerture , plein de een-?-
dre^ainfi que ie peu coniedurerjaaec telleinfcription..en fon.milieu*.

'defiïiki'
oliphile;

C"efîà:dlm; .---/.' * -' . ' -f


- '.."'*" - ..'.-- _ '-J

rAAnmr4FmUa,fiUemcomparable,imkamce de Didorféstrifeesparms -
': ' ontbafiycefiépalchre.. _ '
Près ceftùy-ÎSie vey encores vnautre^bel Epitaph'e graué cnpiërre dé Pprphitep»
gifanten.terie,fans aucuns ornemens,brifé aux deux coftez: qui me feit préfumet.:
que ce auoitefté quelque excellent chef d'euure. Il eftoit. enuironaé de Koquêt*-
tecreuë.auxermkons;Sc4ifpientcssle.ttresi~.. " . y ' "
--. - - - ~-T - -r--r ^ *fc . .,

_ 7
LIVR3.PREMIER DE

Gladiatorimeo,4morecmus extrême peru


fla,inmortem languorémque decubui : at eiUs]
cruore,heit me miferam, impiata,conualui,di-
uaFaufiinaaugufta, pie manumentùm relin-
quens, vt Q^Annimfanguiw turturum intef
facrificandum arcamreligiofemhanc intinge-\
ret.x 1 1 x.accénjisfaculh: &collacf}rymulan-
tespuellcfbluerentitrfiuSlûmquefmeraUm ob
tanti iudiciumdolomperferrent , cnnibmpro-
mifiis, ruffiarentpeSiorafiaciémque , diem inte-
grumpropitiatkmanibuscircafieptilchrùmfia-
tagerent annuatim'perpetuh repetèndo. Ex ta-
bulisfieriiufi.

TTOMiilHillilIllilIllïïMn^^

' Âmongkdiateurdel'amourduquelextremem
«comme morte:Mais après (ô moy miférable!) que i'eux efte fouillée de fen%

fin qu> E . Annius facrifiant facelauer cette fàinde bière de fang de/Tourterd
les,qu'ilyakXLIX.torchesflambantesde plufieun filfes efcheuelees pleunm
tes par les'funérailles , Se qu'en fignede douleur véhémente elles facent ougi
leurs vifages & poitrines,contkniant ainfi vn iour entier autour dénia kpuiturc
. fin de ne rendre propice les Dieux inférieurs.Ceftaoniuerfaire feit rertereper-
pétuellement.Ie I'ay ainfi ordonné par mon teftament. ' _ f ^
Après auok diligemment feuces deux Epitaphes , ieiettaymaveuelurvn
beauhiftoriéàdemyrelicf.Au milieu delà face de deuant, il y auoit vn petit»
*el,8e deffus,k tefte d'vnBouc fauuage,,qu'vn vieillard tenok pat l'vne ^es cp >

Ce facrificateur auoit lepoil de k tefte meflé à l'antique , veftud'vn mantes


P-O'L.iPHTLfc-' -g-O-î

'lë-mi, reietté fur réfpaufe dçoidë, paflantp.ardeffbusia'fenefirc^ "Sc^endânt'de-


uei'sfederriere.Aupresdeluy eftoit vn autre mal peigné, veftu.de deux peaux de-.1
cheure,lvnedeu.ant,l'autrederriere,fes pieds des peaux nouez fer fes-efp.fkles, les-:
autres pendpient entre fes cuiffes3lepoîl tournédeuers fa chair, Se ceind d'vn la-»
mean devigne fauiiage,enflant fes iouës, Se foufflantvn chalumeau raftique, Ce-
ftûy-là eftoit appuyé Qontrevn vieil tronc d'arbre creux Se couppé, oui! yauoitr
encores quelques-fueilles Se petksrameaux Vndoyans autour dëià tefte.Entre ces-;
deux fauteiokvnpctkenfèntau fendu chalumeau. De l'autre cofté fe monftrok
vn homme nud portant fur fon efpaule vn outrë4'<6uuerture tournée deuers la te»
ftedu bouc,fur laquelle il verfokdu vin. Auprès deluy eftoit vne femme liuë Se.
defcheuëlée,plorante8e.tenantevnflam,beau,îîpartk allumée, contrebas, Se en¬
tre deux vn beau petit Satyre>,eftraignantvneGouleuure entortillée entre fes;
màins.Puis vne villageoife fuyuoit veftue,fur le nu d'vn drap volant en l'àk, cein¬
te à l'entour defes hanches, Seportoit fur fe. tefte malparée , vne corbeille pleine-
de fruits Se fueilles:elfe tenoiten l'vne de Ces mains vn vafe de terre à lôg col, pour:
miniftrer au fàcrifice. Dedans le. petit autel elïoit efcrit.: en lettres Romaines ca¬
pitales'.. " ''.. , ' - '.- ""' "- y ." ; y'

' * Voulantdire:

" HraVÀeria^amyitblifur'toutes'femmesfkDku. Y

Feftoisbienimonfbuhaitj voyant tant de fépulchref dignes dé mémoire: Se:


ainfiquei'alloischerchans çàSc là,pour toufiours trouuer quelques chofes nou*
îiclleSjil fepréfentaà mes yeux vn Epkaphe compoféen IangueRpmaine,par for¬
me de Dialogue. Dedansfon frpntifpice yaupitvne Aigle dé demy taille, & fur-i"
chacune des pentes vn Dauphin , tournant la tefte cpntre bas , mais de reliefpar-
&i&commeîe naturel. ",T y - , *

7", " " ' -y .'r- ',' . -, Z &!-;


' '
LIVRE PREMIER DE

Viator, hacprppiusferto oculos: deinde


verba roecum facito. Fui fine, amore vïua:
amans heu morior.Dic quadbjamabojrem.
MehuîcRolyandriodedi mortuara ob a-
moris incendium pueri ftarentis^tate for-
itnofiflimi . -
Quidinfanis'At amans viuebas.
Profe&o cumnoxiè amàre.cPperam ado,,
lefccns fpreto amoris mune&e abnuit. con-
tabui,morteraptahicfu«3. '..'-.
Quid tibi pqfltim? i
NsuiamRomanaracrudelisPrqculi amo¬
re defundam miferè , tatam per yibem or-
iJbémquedickoJtiocfetis.Valq. , '.'.'
*'X . I-

...* ' , POLIPHILE. - ,,, _ .- ./'..*'<


; _ 7 y Q^jfgnifie._ .~ fi : _. . /
> &' après parle àtnoyj'ay vefufidns amourJiélusl
gaffant, approche içy tes yeux
»C^ ie meurs-en aymani.Dy moy,ie te prie, comment ilfepeu.tfiùn*. leméjuis donnée
morte en ce Volyandre,embrafée de $amour d'vn beau'ieune fils entafieur de fon aa-
ve.Qupy es-tufoIIeHuaimoisen ton <vipant..Vhur'Certain quand ie-commençay a telle*
ment aymer, cet adolificentdefirifiantle don demcn'amour,le refufia:parquoyiefiechay
toute, <&fiumcyrameparla mort. Qmpmx-iepourtoyiVadifiantparlamUc & par¬
le moniefique Neuia R omainetfl mifiérablement -treffaffeépour l'amour du cruel pro-
culmXelafiuffiira. Â dieu. - . y .,' Y -Y- '--.
- Y- -Y - ' ' -y - Y Y .' -' Y
' Y . ' , r- .

Fentray après en vne autre Tfibuneb'ou eftok le reftè .4' vnë peinture fàide en
mufaique comme kprécédenté,toutesfbis là'plufpart rompue & gaftee aufïï bien
commefe Tribune. C'eftoit vne Damequi tombpit dedans vn grand feu , Sc^'ë-
flokpercée d'vne ëfpéeà trauers le corps." A l'entour d'elle oii pouuoit yéoir
plufieurs piedsdefe,mmes,aucuns nusauec partie de la ïambe , autres cpuuers dû
veftémentjtûutle demourant effacé Se abbatu pàrlongueik de temps , au aaqyen,
des vens,pluyes,Se chaleurs du.Sol.eil.ParèilfementIe paué eftok démply...' La n'y'
auoit aucune efcriture,fors k moitiéd'vn Epitaphe brifé,rënûçrfe à terre \ pu e-
Aoitcepeudeieta-esbfeiirnalàyfées à entendre. .fi.. [fi .-/...":, 'Y -. .' ,r*
" [ -

HE V 5 ÏN S P ECTJ
'^AGlToQ^AES OLÀ^JÏ
infoelixregik
: amen: s ar ans
hospitisperegr;
memise.fam.a0
in'jfâvstqè
TOTOANATOT
BEBAIOTEPONOXAEN

v kj
c^^:i> * * .

LIVRE PREMIER DE y -
CtftÀdire*. . - ' '. ,

, i- .'- . ,,V bteure icfd effus malheureufe Royne hors dufinspar mwn.

. Beau plinthe "quatw fous fe vafe cftoitxiia- y ,

ifiny a rien plus certain queUwrtt- ., y

Auprèsdeeefe^^^

te^ntiques,partieentferes,SeFrtiedéffeides. /; _ : ,:,;,-.
-- t i ,-flW r^fenulchrcs ruinez-pour allër-en vneautre;Tribune,ouapparoiffoit

SSdos Selommeils.arriuoientà terre en vnheu défert^uquel il y auo.it


Scores vne partie de la figure d'vn Lyon., En 'autre endroit ils eftoient en vne
barquette d
k mer: toutle demeurant démply : parquoy ie;nçpeu fcen en.ten,
4 eîhiftoire:maisën la muraille qui eftoit de marbre, il y auoitvn tableau de cuy-
SU lettres Grecques , capitales contenant, vn Epigramme en a mefme,
ianSclequel lifansle fus fntraind de larmoyer, pourle miferable accident, |

; tioutnay eQc.et|çfertei. y . _ ' .^ / c


HemvidtôY,pmlu\umintérfertre manibus, adiurofe proditum au
ïegenspolyftonos métallo oficula dato,addens\ Ah Périmât, çrudele ma*
numentuml Yiuére debuifpnt. Leontiapueiïaxolliiingenui ddulffeen*
tis primaria âmor'is cumintemptrie vrgerentùr , pat émis affecla cru-
ciatibw>*ufugitjnfequitur \.oUius : fied'mter amplexandum à piraiis i

capthinftitori Cuidam venduntur:ambo captiui nouem afeendunt, Cum


noéHu fibi teontiam tollius auferrifiufificaretùr , arrepto gladio mutas
cunâios rurcidat. Nauis,orta marisfeuitiafcopùl'u terram propé coUtfik
mergitur. Scopulum dficendimusfamtsimpulfiu.'teontiamhumerisarri-
piensimpono f 'aueadefduW, Neptune pater:nos nofirâmquefortunam
tibicommito. Tune delphineo nixu brachikfeco vndulas. At veontia
inter natandum alloquitur. Sumne tibi,mea vita, moleftix? Tipula le-
uior, veontiacorculum, atquefixpiculerogans. Suntnetibi vires ^me4
animula?4io.EiUexcîtas:mox couum amplexatafitchariter haiulantem
deofculaturfioUtur,hortatur,vrinànteminanimat.Geftio,adlhtusta-
Àem deuemmusfiofipites infferath infrenies leo aggreditur: amplexamur
muicem. M'oribundkparcit leo terriùcafu, nauïculam linon vna cum ,
:remifalipalmicula deie&amfugïiim afeendimusvterque : ahernatim
/2S£é cantantes remigamiisJiSt noclémq'ûe tertiam èfrantes-.ipfium tantum
vndique edumpatep lethali cruciamurfame } atque diutina "média ia-
beficentes,ruimtisinamplexusxe<3ntiainqttiens,amabofameperis..Sat
tecum effe^LcUî, depaficof' afi iûafiuffimlanhmi Lotli defiieis , Minime
inqmm^amorefedcorporeSoliivibraniihus&mutuUlinguhdepafice-
hamér dUlcim,firit¥mfique hueck h'antibus,oficulhfeauè inieclis hede-
raciter amplexabamur Ambo attophia mortmur. Plennyriknecfik-
utentibus hue aura deuehimur,ac ^requsftmriomiferi ïpfis annexi am-
plexub us, mânes inter Ploton'icos hic finifemus \ quofique non minuit
piratica rapacités, nec vovmit ieomna ingiuuies , pélagique immefitas
hnuit capere>hu'ms vrmï& angujliàfric capit ambos.Hanc.tefeirevo-
iebaminfioslichaiem. Vde.
Z iiij
' - LIVRE: PREMIER DE S
Héks'parintiet'adiureparles infernaux que tu ^entremettes vn peuicy^
Helas.paliant ie t am y cmcl'monument.de Fortune! Lon-
- f^caCotfi^tlmCcccmc^^t^
guementdefuoyentviureLemt^^^^
fc-leReau-Lpllite de l'amour du,
queleUefutef)rifeenTesp r^
fenpete,ellesenfmt^
mens,pnspardesPyatesbfu^
^aï^S^a^ïï»
* Leontia oc »> i p & ,
cfeux duvailfeau§L;i teLefte feruenant
faim nous montafmes fur le rocher. le prias

CesSeiSs I de noftrea^uerfité,Ietranchayl'éau4e mes bras comme Vn,

Daupnin auec les sue , refPondois: tiim.e,femblesplus légère qu'vne-

Snfitk^pScir..^
prêslu/embraffantlc col*ll«baife doucement fon pprteur,fe corffofe Se l'encou-
EL Je animefonnageur. rentreffauxdeioye, E_nfiflnot«riuafînesaa,Kort.
Uauueté.VnLyon/^giffântfans y penfer nous affaut,airrfi que près:àmounr
nous nous entr'embraffamcs , Se le Lyonnous pardonne. -Effrayez nous entraun»:
en vne-barquerollequelamerauoitietteeabord,il yauoitvnpentauiron auec
' quoy nous vo'glfmes troisiows Se trois nuidsfans rien veoir que la mer Sele ciel,,
trauailîans l'vn après l'autre nous defennuy ons en chantant. En fin tourmente*
defamine mortelle Se défaffkns par continuelle difette nous nous embraffomeh-
' fans; HélasiLéontiatu meurs de faim:Lollius,difok,elleie me repais allez deftre- -

auec toy-Pukenfoufpkantmevadke,Mbn ami tun'en peuxplus. Moneorps,


* déffaut luy dis-ie,mais non pas mon amour. Nous remuans vn peu nous nous re-
' paiffioiis de nos langues Se hailetans débouches l'vne contre l'autre , nous com-
àiuniqnans des ba-ifersaggréables^pus nfttis ferrions-,eftroidement. Npus-expu
rafmes enfemble en:¤hartre. Lçs- ondes eftans appaifees;vn doux vent- nous a-
rnena icy où nous auons efté enfeuelis, tous accolez , Separ argent quefté , auosiî;
eftécplloquezentrelesamis Plutoniques. C.euxdonc que l'âuarice des Pyrater.
n'a peu retenir , ny la Léonine gloutonnie déuorer , Se que l'fîabifme Se la mer n'a.
pas voulti reçeupir vne petite cruche fes contient tous deux- en, fon ventre. le te;
Vouloisfakefçauokcette-infortuné.A D'IE¥. - ,- -

' Partant delà ie trouuay vn autre autel quarréj fur lequelil y auoit vne bafe rai--
de auec toutes fes moulures, Se deffus,eftokvri plinthe quarré auec.les retraites;
d-.vn-çomgà l'autre de k quatrepartie de fa largeur; , ainfî qu'vn tailloir de chapi¬
teau. Ces'coin.gsnefailloient point outre le pied de la bafe, .deffus kquelfeeftok
ppfe fe fons d'vn yaiffeau rond^n'excédant en largeur les angles du piimhesmakfe
Couche auoit autant dejargeur queie diamètre du pied de k bafe : le bord d'i--
4:11e bouche. fe repliokScrenusrfqlt .en dehors. Enk feëe;4fi deuant de l'autel-
eftpk.eferitt ' ' , '-....
- - ''""-. , jnfirnfy
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F OLIPHILE. » *
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^ Intettiis Diîs D cabufqucJ

! . C. Vibius'aduleficemintemperatfy
ji, amorepercitu's VittHia Sex. pueiï&
jf gratifimx y. cju&d Ateri vitra tradi
j|- nonfuftineret cruentagiaS&fibimet
%}mortmcônficmit. Vix'tt ann.xix.
H *»*»/« ïiJ)icsw,Hdmfcïfmmo, :

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CW#* J'&W adoleficent defmefùrément attaint de Yàmtm de, Putiïïa SfXtia,fil-


tètrèfgraciénfie,nt'pouuantfeu^ffrir quellefuft dowfiéç à vn autre, sefiluy mefmepar
wnfenHantcouiïeaufaitmouMyLltvefcùdixnctf , & neufiomsu
ttxoptbicn dbeurts*.;.. y ;

Aa

.. .4
i
i '';, :!.

'J..
LIVRE^P;KEMÎBR E>E

fragment de Porphyre,
auquel eftoient entail¬
lées deux telles de che¬
ual feches. Par le lieu des
yeux for-toit vue liafle
laffant deux beaux ra¬
meaux de Myrte, entra.
uerfez,Sefes Uoitfer leur
,- croifure. Entre les deux
- tefttes au deffus des ra-
niéâux , eftoit efeript en
lettre? Ioniques.

TIMOKÔTPHI AAP.

; | "'r-i'-'^^i'ïtfèftjjir^ Y
*i Y!^.-.- -'-y-fi, . | .-: -, ;
! ' ''^W'Tmto^'2^fP$^^' (.'."..'..'
' >v.tA,î\f'.- Y ,Va-^-3 r''-'-' !Y YC'A- -,:..., -'
7 Icmctrotiuofegrandement efmcf-
ueillé- de, h<, magnificence de tant de
-,

monumëns. Toutesfois i'en veis en¬


cores vne de marbre bknc,fer laquel¬
le y auok vne infeription perplexe &
..ambiguë, car il, n'en eftoit demeuré '
que l'eferkure , en vne petite pierre'
quarrée:ie demourarit eftoit brifé,&
,_ji terre,,. ..... .

Ly4vdia Thafws
puclia'puer hïc s"û. Lyndia Thafiusfieune fille, ieunegar-
fine -viaerc nolui, fônjefitu icy. Laiffèïte n'ay voulum-
naori -malui At fe ure, mais ay mieux aymé mourir. Si tu
noris, fat cfc. . \\eficaisfilfufifit. \Adiea.

HH y y. l'auoiîyn :gran.|,epntcnt.ement|e
voir ces juin es tait gîoriëufesiSe àefi
îois toufiours5 trouuer' quelqùçitP""
ueauté': pàfquo fie m*,cn'àliôi<sTOU»'
lantpar ces monceaux de pierre, co¬
rne fait vne belle qui en paillant che¬
mine, cuidant trouuer plus auant c«
k vey pl^
meilleure paftuEe. Ainfi
fleurs grandespieces decolonnes , rç
d'autres entières,: l'vne ,4elquelles«
mefuray , & trouuay qu'elle auoit en
, longueur feptfois le diamètre de W
|>:ied,Auprèsdela eftoit va vieil fepuk hre fans denture: parquoyie regarday
* *>V--

-FOTiPiîiLEL 54
d^ftSpârfnecfepafleSé neveyfinpn dss-veft
ttifië^quimefëitp'ré&merque ce tpmbçàu
réè de Troy b-ek'Àêç , &' quëla auoit efté' mis en fépùlturefe corps4u*gran4'Roy mangeant
Darius.tbignant ceftuy-cy eftoit vn autre de Porphyrë^tâilié de bel ouurà'ge; côk- *a c "
uertde certains arbriffeaux qui cftoientcreux àlfentour, Seinferit d'vnbef Epi-
taphe.Son couuerclë éftoitçn poinde , feidà efcailles 4è baffe taille j. vnepartic
dùqkeleftbît4è.nipur.é.è:fur le cercueil ^l'autre gifoit..çrL terre fi. Se l'eferitore eii..&» y ^
fl-nirVp-'f!^
Ûeittëlfe *>;. r. -.'. '-::' '.) '.,?.,. f- ... .".--'.'- ... y ...* #

.-. .y.Y.YY.Yy2V- "., '\:rf.M. : .:;< '7-',


P. Cornelia Ànnia fi ne iri defofata orBitatçfuperuiucrcm
mifëri , viuam |nc. vitro in. hanc arcam cum yiro dç-
fun&o incomparabiliàraof edanirïatam dedoxumquovL
xiatin.xx^ne ylla cqntroueÊiïa, libertis liberiabûrqàe na-
ilrismandanî,vt.quotamnisfupra arcam néfttam Plôtorji
& y xbri Proferpin^manibiifquc omnibus facrufîccrit:rd-
sifque exornent: ac dereliquisibfepulcntur. Doiïo dcdl>
prsçepi mandaui dati H S X. atqûe teftam en^um faciun-
dumdcliegauii. y" Valev.iray ",; \. -
i 3"

Publia Cornelk Ahnia,à fin queie-nefttruêfcuffe;'mifcrabîe err veuùage défe-


îekjoûfféed'vn incomparable amour,ic m'abandonne à eftre mife viue en ëc cer¬
cueil auec mon mary tréfpaffé.I'ay vefeuaucc luy vingtans,fahsdifputè.ray eom_
mandéà nosaffranchis que tous lesans ils facrifient fur ce tombeau à Pluton 5e.à ï
fon èfpoufe Prof<?rpine,Sc auffi à tous les Dieux ihférfeùrss&: qu'As pàrënt fee'fé-
pulchre de rofes, Se qu'ils mangentlesreftesdesfecrifices. Pour ceft effedie leur .fi
ay lègue Se or4onnedeliurer HS. X. Se ay ordonné qu*ainfl mon teftàment fut:
âccomply. ,; ;...'-..-.- .,., -7
' f ~ . ;\'
7 '' ' -'.- À dieu la yié. fi' ,'"[,-, 7". Y -7 .. , 7'.' ,.' "
^ .

74 Plus auantfousvnlfeierre fort efpoix,"dëfeéridanr


ruinée,ie trouuay va autre beau cercueil 4ê pferre,reffembkht àyupke^demou-
tée iufques a lors^ou pour lémoins grand' partie, claire: Sépourcequ'ileftoit clos :
';-.. f- ' ,'Aa ij..."

*
lTvre premier *de ;
f&couuert,iefuscurieuxdcfçauoircqu*ily auoit dedans: fi regarday par vne f*ent$
"4ucouuercle,Seyveydeuxcorps<mtiers:quimcfekcroirequefemonument,e.
ftok de Pierre Chernke, Ilyauoitaufli plufieurs fioles Se amftoulles de verre Se
de terre, auec certaines petites ftatuesfelon kcouftumeancienneSe façon de*
Egypticns,Se vne lampe antique de bronze, ardante Se allumee,pendante au cou.
nerclc à vnepctke chaine-Âuprès des telles des deuxcorps, eftoient deux petites "
coronnes,lefquelfes ie iugeay eftre d'onmais tant pour k longueur m tempSj(llIç
"parla fumée delà lampe, elles eftoient deuenues noires. En k face première du
.<offre,eftoient entaillez ces hiérog!yphes,fçauok eft deux mafques,Se deffus cha, '
cun vnceil,vnefuféedî fil,vnevieîllelampe,deux flèches, l'vne tournées eon,
trakede l'autre,vnmonde,vne femelle de foulier,des crochets,du feu,vn couteaiI
>vne mouche , deux brandons trauerfez Se liez par le milieu , vn coffre demy ou.
-nert,Se des branches de Cyprès fortans d'iceluy d'vn cofté Sed'autre,auec yniou^

^mfiurentpâ'rm'éyâinftinterpretex..
DIIS MANIBVS.
Mprs.vitxcontraria.Se.velociffima.quaîcundacafeat/uppeditat.rapit.con-
Tumit, diffoluit, mellifluë duos.mutuo fe ftridim ,Se ar.denter amantes , hic extin-
¤kos coniunxit. 7 "ccfkdirt.
7 . , y fiiAtXfiJ>VEYX INFË.RJ3VRS. ' V '
- WnffnWtttÀU >iegr trtfpromptc fui totttfiouliê yfuppéditeJ-auit,co^fume, fjrf^refiM)
-

.eonmntl morts deuxprfowes <pi ïentr'^moUnt tèfid\ucment/ftroïàement,& ardemment.


"&n PcutPenrcr quc fefiois fingulierement refiauy.dek diuerfitë/de ces oeU- ,

ares antiques, excellentes Se admkables,car d'heure en'Hëurc me croiffoit le de&


d'en chercher les pareilles. Mais il m'aduint qUe fi auparauant i'aupis efté meuà
^pleuTerpar l'Epitaphe Grec des 4ëux miférablcs amans mort defaim,encores
en trouuay-ie vn plus pitoyable dé deux autres' infortunez, taillé en vne grâd' pfei-
té,dedins vn quaire,lcué de ion dkgone; contenant en foy deux pilliers, côtinùa
-» yn demj-r ond,efqucls pendoit yn.tableau graué de ces m otspiteux.'
»-.«

s Oletlorfinfielix'hoc monumtntum^tdefidum,te vocat,&pofijnde r^-


e-ta , q*o recidit humana voluptés , vt leo-as , D uùm cinis hicamantum
eft quïdudumrnutm cumprurtenti amore infiolenter exardefcezentfi
improbo volnptatisimpulfiu effireni, defertum conueniunt inlocum,fa~
xainter diruta, vbi etiam fiàrté cdiumfita'arum mûri cônfiragoft & -,

"! fialuhr&nùns, extabant: vbi cum Venerioptata munera ambo fiohere

arfifilitervrgeremur&fep'tnaego Lopidia anguéni inaltumf.apfem


minitante viderem , Heu che ab'incsp to define, inquio mi chryfanthg,
m
fur o-e fuo-e.e» ferpens voratur m nos. vibraturûmfefe illum è muropro-
fficio.Mox Me exte.rritui fuffhïens , 0 Lopidia, inquit, meaamabo ito
- viamfiuo-etu vïam.fme me moribundum Draconem impetere. Vixfiur-%
rexera. Heu trifteme mifieràmqi , meuçhryfianihe, meavita,ad exitm
fYretitu^acariguineafiri&imcirculatnvorùgine,^^
videba: defiubh oque iugulu mei_ Chryfanths, dentihm vulneratu mordi- , -
cm-tufitfocarimeii C hryfente intueor, ^4tatperïfinfelix. meu Chry-
I famhé'morifentiot Statim furibunda irruoinfierpente: captéquefufte,
Ui pleclerefeftino. aftferpens cermce nxanttàhortit , nec arclècophcitu.
abijrere valui iclutadsïncaittéfallens, Chryfianthhneûoccidi, infelicif
E fima. Heu interijlQuidfeciîQuidfacia^Tamiferafuperfieserit} anfier-
pes & e<ro? Nequaqua, fedHerculeo aufit, imb larualifuria ringibuda,
eo ipfeftipite conuerfib impetu cadaueri Upfio circinata beftiaeaferio at-
fY qmneco.Quid tupuellafaBura eraperdita 0}emortm?Meu Chryfan
the& behuam meificelerk tefiesficapufnfiuper inieclos m vrbëejfero:&
obnoxiaenaden.feftirih, cordolia &Ucrymis identideirrorSsfiîig-
'P
i
mifierater miraturfortunaincufant^ Ventre danant. Teftorfcclm meu:
ntiminainfcroruinuoco. Eiaergofnquiens, mevnà-ciïmeoCkryfiinthe >
pnasdaturafiùficipite.-niicculpain memihiomnetrasfera. Tu défiera- <

ta inpublico omn'maffeHu arreptogladiopéclus transfix'h.ekfique cum -

m® 'cadauere hoc Me termm tumulo fepeliendum dedi mifierrim^. Vale. .


'#

lïVre-premiér "de-/...':"
O LecT-eur yvienicyiteteprie. Ce malheureux monument t'y appelle,®* aprèsie,
' requiers que tu lifies à quellefin tombe la volupti humaine. Cyejl la cendre de deux
. amansfefiquels iad'is outre mefiure embrafiexfie l'amour l'vn de l'autre,fie laiffans em¬
porter II'importmeperfiuafio de voluptéimmodérée, fie trouuerentenvn lieu défirt^
entre les ruines d'vn vieil temple deftruiêJ. Eftanslk& defirans ardamment d'ac-
'çomplir leurs voux4 Vénus la Déeffe^ Moy Lopidia couchée à larëuerfeie vey^n
ferpentfur vne muraille démolie , quifie youloit lancer knous. OrceffeJ<u>mon amy
Chryfanthesslieiie toy& t'enfiuy: car voylà vn horribleferpent qui veut nous-deuo-
rer tous deux. A donc il regarda en haut tout effrayé, & m'efçria.Ha Lopidia feuue
toy.laiffe moy mourir& réfifter auferpent. lenefuspnsfiloft leuée (helai) moy w"_
ferable, queie vey mon amy & ma vie Çhryfianthesy mortellement enueloppé , t& Hé
. trèfieftroiêlement des entortillemènTdé ceferpent, tant qu'il ne pouuoit defù plus >v-

.ftirer,car il le tenoit a la gorge. Héltée vey en maptefienct fiaffoquer mon cher ,


Chryfianthes. Hélai malheurestfef iefuisperdue: ie voy mourir mon Chryfitmhel v

. ^Lors toutfoudain iepren vn bafton, commefiurienfie , & courfus au ferpent : lequel


ainfi queie me haftok de l'affommèr^deftoumafia tefte ^grinfitm lesdents^ <& ainfi en-
. tortillé ie ne lepeu chaffer: parquoy voulant redoubler ivn autre coilp , iefaux , fo
. . fans ypenferfe tu'è mon amy chryfianthes. Hélas ifiAaAÏmalfortunée, iefiuu mcnfi

Qufiay-iefaiiïqueferay-ie tant mifiérablelqui demeurera , duferpent ou de moy ? Ce


.dili-par vne hardiefie Herculimneyoupluftoftpçir rage infernaleîie'repren cebajlon
& rechargefer la crmllcbesle environnant le corps quigifoit mort k terreau pareil- -

hmentla'iettay morte. Quepouuok-ie lorspenfer ou faire , fimple fille efierâuel A


% metsfur mes effaules mon Cfnyfianthes^&'labeftè par moy occife , comme tefmoim \
de monforfaièl:pMiieles portay en la cité, afin que ie n'efehapaffe impunie, arrofitnt-
mon amy de larmes, & l'accompagnant defiouftirs angoiffeux de mon cur. le mon?
tayfiur vn lié% haut en la place publique, ou en foi^irat ie récitayle cas deuant tom:\t
. peuple accourut à ce hiieuxff.ecîaçle , & lesgens me regardaient en pitié, bUfmmt
Fortuné, & maudifftnt Vénus. Ie-confeffay monforfait & inuoquéles Dieux ith
férieursfi0rjm,difi-ie,receuexjnoy auec mon amy C f}ryfenthesypoih' eftre pmié:it
< '

mettray touts^a. coulpefur moy. Enfin défiefièr'ee^demnt tout le monde ayant pm-vn
, coufteauie mêle plante enïeftomac, &> mijerable iemefiuis donnée pom eftre éta* .
nettement auec ce corps enfeuelie enfin mnbeau. 'Adieu.. ' '
-

A yant feu la piteufe aduehture des deux pauures amans , ie me patty de cefte
place , Se n'eu pas beaucoup cheminé , que ie troUuajyne belle table de marbr*
quarrée,auec fon frontifpice,gifant à terre Se deux petites colonnes , vne de cha¬
cun cofté, entre lefqueifes dedans le quarré, autant qu'il contenoit de large,
eftoit taillé vn chapeau de triomphe, plus enleuéquek demy taille, i'efcr&nre'
eftoit tournée deuers fe haur.on y Jifoit encor esy ,. ' - .'7. '. ^"

».
P O L I P H*J LE. $6

;Potpriar
foin, cure.

li <

, - Qui fie doit ainfi entendre. \


-

Q^quetnfo^qnivtenscifourmelire^ardetoyfiituê
(mijerable)que fans amour il n'y arien de doux. Mats en cerchant cefte douceur ,ie
mefuis inconfidérément perdu. Aafe amour enfut la caufe. l 'eftmsfiur vn cheual,<&
defirpk de tout mon cèur complaire a Diruipnieieunefille de parfaite beauté: le tom-
bayparfortuncimonpïeddemoûrantenVeftrierdontiefm trainé& iemourm.

. En tes affaires haftetoymeurement. A Bietr, .' -'

Mon defir de veok,augmentok de plus-' en plus,qudltidie donnay en vne autre


Tribun c,toutc abbatue,referué.k mifraille du; cofté drpid,oùie vey vn fépulchre
4çPorphyre,excellenten inuentioh,èc de bien fingalfer buurage, voire ( certes)
de merueilleufe. defpenfe ^efLanifait en çefte manière. A chacun des coftez s-iiy
yy - ' ' ' , Aa inj,.
.
livre premier de ;
auoit vne colonne quarrée cannelce,auec fa bafe Se piédeftal , Se en chacune face
despiédeftals trois Nymphes quafi 4e relief toutes entières, ploran tes, Se tour.
nées deuers le milieu 4u tombeau. Sur fes chapiteaux 4es colonnes eftoient l*at. '
chitraue Se k frize toute taillée de fueillages, Se encor' après la corniche. Entre
les deux colonnes eftoit vn throfne rabaiifë de4ans lapterre , en façon denid en,
tr^ deux colonnes, de baffe taille auec bafes Se chapiteaux, Se par deffus vne voit,
-ture à demyretube, féparée4uthrone par vne petite moulure quipartoitdcs
-chapiteaux pofez fur fes demy colonnes. Entre les deux pilliers quarrez y au0it
vne infeription Grecque, <|ui me feit cognoiftrequeV eftok 1e monument delà
.bonne Royne de Carie. . " . ;

APTEMISIAOS BA2ÏAÏSSAS ^SnOAOS.


^ ' ' C'eft à dire:

* Les cendres de la Royne Artemifie-.


- y
Au deffbus du throfne fur vn plinthe, eftoient quatre pâtes de Lyon de cuyurc,
doré,qui fouftenoient vn coffre antique,feruâr 4e banc, Se fembloit couuert d'vn
drap 4 or figuré. Là eftoit afïife vne Royne en habit de Majefté: Se au bord défi
houpelande faide en forme de trois 4emy cercles pendans plus bas que k cein¬
ture, fe monftrok efcrit en lettres^recquesdepierreries Se de perles. !

Y MAYSOAÀION ATIMITON. .' .

' c'eft à dire:


" . , y..; ^ ; .;" - ,*

La Maufioléefens honneur. * '

£n kmain dextre elfe tenoit vrie couppe,cpmme fi elle euft vpuIu boire: Se <$$
l'autre portoitvnfeëptre, fes cheueux pendans fur fon col, Se couronnée d'vne
- couronnent y auoit vne autre petite couronne à l'entour de fes cheueux pendans
Se bief peignez. Au coing 4e k voûture 4e fonthrofne*il y auoit vnouaîe, de¬
dans lequel eftoit taillée vne tefte couronnée,ie vifage graue,k batbe longue, &
les cheueux entortillez: qui me feit coniedurer que c'eftoit la vray erefferblan-
cedefonmary,pourtraideaprèslcn*aturel,tenuëpardeux petits enfans volans*;
- plâtez fur la dernière mpulur? 4e k voûte: Se 4e leurs autres deux mains tenoièc
,vnecor4elettede ëuyuredoré, pendanteaii deflbusde larefte. En celle corde
eftoient enfilées plufieurs petites billettes 4e k mefme matière. Sur le plan del»
dernière corniche fouftenue 4es pilliers quarrez, eftoit vnplinthe plus large par
le bas que par fe haut,orné de fes moulures ; Se au 4effes vn ron4 de cuyure doré,
où eftoit enchaffee vne pierre noire Seluifante,ornée de tels charaderes.

E P O T OS K A IOÎTPON; , ,

C'eft <i dire. ' r '

Miroir d'amour. . *'-,

, Lerond doréauok quatre doigts de largeur /faid à petits CompartimensSe i


'..-_ / - .-'- fueillages
- v /"' fi-- POLIPHILE, * # : 0
fueilkgesilè demytaille.Plushaut quecexôd,ily auokvnc figure d'homme-fem-
bkblementtde cuyure doré,pkntédebour au milieu de ce plinthe.En fa main dëx*-
tre eftoit vne lance, Se en kfeneftre vne targue antique,ornée de belle feulpture.
Au plandu plinthe eftoient affis deux petits enfans v,olans,tousnu4s , appuyans
leurs, efpaules contre lerond, Se tenanschacunvn flambeau allumé. Plus basiiy
en auoit encores deux autrèsfemblables ,'tënans aufïï k main far vne bsule, & de*
l'autre -, l'once d'vn châdëlier antiquede cuyure doré,faids en forme de vafes:Les
ances eftofentdeux Dauphins courbes,mordans- vnpommeau du candélabre : Se
leurs queues finiffoient en poinde fur k corpulence pu ventrure du vafe , qui aI-
loit toufiours en diminuant de groffeur iufques à la pointe ou eftoit Wueule, fut
laquelle y auoit cinq poindcs,à fçauoir quatre en rond,Se vne au milieu,plus hau*
te qiie les autres. Lé pied du chandelier eftoit entre les deux iambes de l'enfai^.:
Toute cettefeulpture eftoit pofee fur vn quatréde pierre ferpentine, ieué fur îc
paué fans aucunes mpulm-es,exceprcqueieyeyau;.milieu:vn trophée d'enfeknes.
maritimes:8e adonciepenfày quëc' eftoit en remembrance. de la victoire natale*
que cette Royne obtint fur fes Rhodiens. C'eftoklfefperond'ynegalfere , auec
partie de k prouë fur kqueifeefteit dreffe vn tronc d'arbre-, reueftu.dVne e'ukace
antique,le^brançh.espaflànt:pâr-l'puuerturedesbras:cnrvnedefquelfespendoit-
vn efcuffpri,&:en l' autre le manche d'vnepompe à^uider k fen tiné:audefîous de¬
là cuy race-yh ancre ,- Se vn tymon entrauerfez. Sur lapointe du-tronc qui fortoit '
par le collet de la cuy race, eftok vncabaffetàcrefte: toutes ces figures faides en
extrême perfediô Se bëauté,dignes d'eftre yeuës,Se célébrée en perpétuelle mé¬
moire. I'eftime auffi qu'elles, furent taillées par fes ouuriers qui- fur ent employer .
au Maufelé.ç, , ... '" "" ""'"''- '. ' . y. - y y- ' .: -
- '

.-'."' ' , - - " . ""'-:'- ..-'.' Y. ' Efo..- ' '' !. >'<-
www» tHlimmjIMÊÊn
- Il neme feroi^pas facile de dire quel contentement fauois 4e veoir des cnolé*
tant exquiies:càr i'eftois de plus cnplus incité d'en enquérir Se chercher d'autres;
Se me ;fembloit toufiours que ce queie trouuoisdenouueau } eftoit plus à prife*
quece que i'auois kifîé. '" . '

A peine auois-iedeftourné maveuëdccc fépulchre,quei'apperçeuau hautdVi*


petit tertre,vnc belle pierre deniarbre,en laquelle eftoient entaillezdeux ièunc*
enfa as nuz,ouurans vne courtine à deux rideaux, feus laquelle eftpie«t deux tc^.
fiesl'vne d'vn beau ieunc homme, Se l'autre dSrjftcbcllo femme, auec vuEpitapKa
4çlcurmifcrabIeaccident,quidifoiti. ,Y""~7 Y y- .,.--';
-< - "" ' -' '.' " '''.' ' H-b- «. "' -, j
ki.:;'.-J,tov3-jWii-v.:'-"J ^- . . . ,sn . . , ^
Afpiceviator QjSertullij Se dulciculà: fponfé me« C.
RanciIi2;.virg.fimuIacrti!Ti5acpôflinde,quidfaciatlicé-
tiofa fori; Jegito. In ip-fâ fiorida a:tate,cum acrior vis a-
morisingrucrer, m utuôcapti, tandem focero eius &
matrefocru annûentibus , folennï hymenso nuptiis
copulamur. Sedô facuminfblix:node prima, curn im¬
portuns voluptatîs ex legcfaces extinguerc,SeD.ma-
tri Veneri vota cogeremurreddere , heu'ipfoina&u
domus maritalis corfues3ambos iam excrema cum dui-
citudineliètifïimècomplicatosoppreffit.Funeftasforo-
res nccnoui quidfecifîe puca:non crac in fatis tumno-
ftralongior hota.Chari parentes neclu&uneclachry-
mis mifera ac lamata noftra deflcatis funera , ne rcdda-
tis infaliciora-.at vos noftris diutuirniores viuiteannos^
optime Icftoivac viue tuos.

#
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CXûL

Va-*
w$
*fb
Dontlê'fens'cfeïeî:

\, - :-Regafdefi>:affintfefimulachre de- moy Quj'nt^s'SertullifH f & de ma chère efioûfefe


CwaRanciliaipuce'llei&apre^iysc-eq'iK-Fortunefaifà-feêplaifir-.'Eh la fleur de no-
iftre aagéjors que l'â^otir aplm-deforce,nomnous entraymafimesgrandement : a lafin
\duconfe'mehfeM.MMÔïïp£rei^defa mere,tom deuxfufems.affemblex^par mariage.
ÏMais (o la malfeuïeufeduanwrefta première nuiftfiuenoiis^ eftionspour efteindrefe-
don la loy les brandons d'importune volupté,& rendre.nos veux a lagrand' Déeffe Ve-
nm:hélas en cet mftant^la-maifon nuptiale'ruinaferries t'eftes , '<&* nom tua comme
kftions embraffiex^ Ne pènfie pas pourtant que lis feeurs.fatales ayent en cecy faic~i au-
-- çune chofe de noùueau,car l'heurêdmoftn deftinéenejleitpdsplus longue. Trèfchcrs'
. parens^neplorex^qmtnoferepitéuptrisf^^a ,

'miferablématt viuexjvos ans plus- longs cjUêle$nofins. 'Et- t'o-y lecteur, vfe les tiens en
ioye. "' - - ' ' ' ' fi .' ] Y - :fY- . '-
7î "' -7 ''-'Y'' '"'-V'' ' "y - -, - " - 7 y . "' .
«
- 'Lifant cette pkeufe âefcdniien'ue,ie ne mepeu.abftehir dèfbufpirenSc en tnur-
îiant ma v-éiiëji'en vey vn autre de marbré blahc,pofé'au milieu de deux colonnes,
Jtaillées furie maffif en demy reîief,auëc feufs baies chapiteàux,af chitraue , Se frô-
Ttifpice, dédans lepktfôris duquel y' àupit4eux tourterelles quibeuuoient envn
vaiflëau. -Sur fes colonnes regnofevnë voulte ayant l'arc vn peu large , diftribué
parquarreaaxàrofaccs^aifediminupiënt vëfs.Ilecentre,fuyuantk raifon 4e la ,

perfpediue: Sefous; k voulfë vn coffre fàillant dehors, en k face duquel y auoit


deux portes:en i'vnc entrofentquelquçsperfprmes nues, :. Se de l'autre fortoient
dcspetitscnfàîîsnoriyeftusfd'pntre, ces deux fepùppes partpit vn ëfcritcau qui
in'efeif cognpiftre que fe coffré fignifiok ce monde, Se fes deux portés , l'vne pat
; où l'on entre en naiffant, & l'autre par où Ion fort enmourant , mais toufiours a-
uec pleintesjpieurs & mjfefes.Ce.coffré eftokaflis fur deux pieds de Harpie finifr '
fms eafueiUàge.Se au deftbusclèfe voulture eftoit va Êpitaphe Latin. -'"'7 ;

.v.v -'y, v.r


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. BafiimA ixorfiiSm emhmfôr»*i mihi iéfmU-,
ùfiimùùfilrymàt er'ëtemos l»£tu» relifuh.ex-
trembptrturLuielo ,immmfeffiuretur *lUm
fiemim iocuife ,-înfur^em âulclfmocm»erfi>4*
mtrefémhfério peéfuspfi. médium tmeBo.nec^

Hktnmfii&pu^BumAmmidtmertdihutrM^
Hh libérât eg* tnctrU infwttci <çr trépida Vit*
fipluv* auitfco.
- \ f ' Q^P 0 tlP, H LL-E,'^, ' m&--
Cettt mîcnmfemme qui m'aimok tant, ma laiffe des malh'eureufes larmes & vn
dueil éternel troublés ^extrême ialoufie^ayant opinion que i'euffe touchéauec vne autre
femme,fen tant -doux amoursourne, enfureur,elle s eft tuée,fe donnant ivn acier dans
lefeinïHéliulmafemme. Vourquoyeela l Mon cher mary. tu demis non feulement
Qfter?effe&:mahaufiïlefoupçonpwraffeurer ton amante. AdieUfoislibre de moy ie
me repofe déliuree d'vne vie incertaine malheureufe & pleine de crainte.
( Y ' ' , ,

Quil faut ainfi interprète?.


Qyeftle monument de Trehiafille de Lucius Sextius Treèim: &pour mémoire de
fbnamour^débonnaireté,luyfutmuparAulus Fibuftiusfen mary, auecqui elle à
wfeuengrandpLifirfeulementvnmoU&tromours. fi -

"" Les lettres quifent dedans les deux tables dp.mcnumint,difents -, ,y


* .

l'inéuitableftatutdela Leb/ninédi£ideia ï ~" '

V Y 'marâtre nature.
- ' .mère nature,
' ' .. . .

le m'addreffay après à vue autre Tribune demy rompue, en laquelle eftoit en¬
cores demourévn petit refte de peinture mufaique , Se n'y auoit point de fépul-
chre.Entre les figures i'apperceu Proferpine qui cuillok des fleurs auprès du mot
Etria,auec la Nymphe Cyanée, Se les Skenes,fes compagnes. Puis ie vey Pîuto for- ,
tantduhautdekmontagneàtrauersvnegrand'gueufeardante, Secommeilkra-
niftoit, la tirant parmy fes flammes.Gyaneekregardoken pleurant, Se ne la pou¬
uoit fecourkjlà finiffeitl'hiftoke, mefmes la figure de Cyanée n'eftokpas du tout
en fon entier.La muraille .eftoit fendue,Se entr'ouuerte en plufieurs endroits voi¬
re percée de l'hicrre,Se groffesfacmcs de Figuiers fàuuages. Ce néantmoins i'y
contemplay d'eeil arrefté vn petit fleuue qui auok'encores quelque peu d'apparen¬
ce de forme humaine, n'eftant qu'à demy transformé : Seainfeqùe mon entende»
ment eftoit occupé en fi pkifànte contemplation , ie fenty tomber quelque chofe
derrière moy , dont ie fus ancunement effrayé, pour me trouuer feul en vn lieu
tantdéfert.Adonctournantktefte,ievey que c'eftoit vne petite Lézarde courant
fer la muraille ., qui auoit abbatu vnepierre. Ce m'eftok(certes)grand defpkifîr
4e ce que ie nèpouuois veoir à mort ayfe tou.te cette peinture erîtiere,airis kpluf-
partdéfaide Se effacée, à caufe qu'elle auoit trop long temps 4emouré a l'air en
4efcouuert. ' '

Fantafiant 4oncën cette manière fur le rauiffement de Proferpine , ie me fenty


frapper d'vn trifte penfement5lequel me feit dire àpar moy. O panure imprudent
Se mal aduifé,plein de curiofité inutile , qui eft de t'amùfer aux chofes vaincs Se
pafléesiPPurquoy vas tu cherchant les vieilles pierres brifées Se pourries? A quoy
tekifles-tutfanfporteitOrfiparmalauanture tachere Polia t'eftokpréfentemét
rauie,Se que par ta nonchalance tu perdiffesîebienque tueftimes plus cherque *:*-
tousfesThréfersdumonde,quefei'ois-tu? Difanfccek,ie fusfurpris d'vnepeur.
accompagnée de fieure Se douleur trop terrible,auecvn friffonfitrefru4e,qu'on-
ques ie ne me pcus fouftenir fur les pieds.Et pour accroiftre mon doubte , nie xe-
'tiint en k.mémoke comme ^Eneas audit perdu fa Creufa en fuyant le grand feu de
Troye.Etquë tout de mefme i'auois laiflé ma Polia loing de moy en vnlieu dé-
fertfurkmarine.Hélas.'commei'experimentay en telle heure que c'eft degrieue
angoiffë en k condition des amans. A la vérité fe ne fus point fi efperdu lors que ie
itne veis tout preft d'eftredéuorépar le dragon : parquoy ma demeure ne fut pas
'v. Y".' Bb.iiij
':" f ', LIVRE-PREMIER DE-,/ ^ * ,

fengue,amsabandbnnayinc6tinent cette entreprife,8e-me'mey;à'courir a trauers.,


les ruines Se monceaux de pierres,parmy fes ronces Se efpines, fans regardera ma
robe pelée, dont il dëmouroif des lambeaux à chacu coup aaxarrefts des buiflons;
car l'auois-i.mpnmé phantafieque ii'eftois venu à rooadermer malheur , à;,
i auois-i.mpnme en ma pnantaiie-que
- -
ma peur finale,ôe. :rtede'fbut
à la perte de fbut mô efpok. Ainfi coiy.'amàtouteforceieveins
mô efp
'haleine, noyé
d'auanture tomber près le girondePolia,hors d'haleine, de krmes,
noyede larmes, à demy -

vif,Se tant feiiiy. de couragequ'à grand difficulté pëu-iearriuer iufques à elfe : qui,,
fut(certes)vri.-peu efmeuëde me veoir tant efpouuanté:.elle me leua entre Ces bras -
effuyant auec vn linge mon vifage^tontmouillé de larmes , terny de fu-euf , Se craf-
feux delà pouffiererpuis amoureufemcnt,me dçmandaja caufe de -cetaccident,en ;
paroleslî douces Se tant amiables, qu'elle euft'refefeitë vn mort. Oyant cette gra.-
cieufe demande, iereueinsfoud-àinementàmoy, Se me trouuayen font gkon,hor$
de toute doute Se makife : puis, luy comptay-dè p|>ind en poind : ma peine Se k,
,' caufe de mon inquiétude dont elle fe print à foubsrke,8e me bailàâoucement,"en,
, , difànt que bien toftviendrokCupido noftre maiftre,Se que cependantie demou-
raffe en patience, confidéré que le fouffrk eftibuuentcaufe de grand bien. Ieme
trouuay grandementxonfolé'de ces gracieufes paroles, Se remonftrances tant hu¬
maines: parquoy ma couleur 4e B(uj's reui.nt.en fon luftre naturel , Se ma peur ex-
c^fîiue fe changea en fermeté 4e.courage ,.fibisnque mes yeùs.retournçrent à
"feur oâtçeaccouftumé pour viure 4e îeur.paftureordinake.Is n'eus gueres efté eti
' , cèbiën, qué'Poliafe leua d'ou'elleeftQitafiifejSes'enclmanthonnorablement,:
> . feit vne reuérence fort gracieufe,humble &honnefte:pnisfemeit à genoux: dont .
. ie fus tout efeahy,carie ne fçauois qui la mouuoitj Se regardoit à autre chofe qu'à
fagrande beauté nompareille senquoy mes yeux eftoientfi empefehez qu'ilne
m'cftokpoflîbledelesen.d.eftourneritoutesfoisii.féis demapartainficpmme.ie
y îuy vejs faire, fans feauoirpourquoy,ny à qui: Semé meis à genoux auprès d'elle.
'A4onçf6udain«m|;ntisàpperçeus.Cupido tputnud, quivenoit dedans vne bar- ...
que,Se abordant à tefre,tournâkpouppe deuers le mole ruiné, Mes yeux ne peu-
îentpncfouffrirfeseftincelfesdefa clarté diuine,ainsi'eftpisiç.pntraind de mettre
A. Bia main entre dçux. Chacun peut eftimer queie ne me ciiidois plus entre les hô-
mes,ains en k çLompagnie.des dieux, voyant vn. efprkfeéfefte en corps vifible , ce -
qui n'aduient-gujeresfouuent.rentreueisiatefteatoutnée de petits cheueux cref-
pëfez,reffembkn.s à petits filets d'or:8e des yeuxdécorans deux petites iouës ron-
4elettes de couleur d'vnë rofe vermeille : Se toutesles autres parties fi excellentes
en b,eauté,queie reputois bienheureux celuy qui feulement aurok.pouuokdele
penfer. Ilauok(comime-Dië'avokge) deux ailles de couleur ctamoifie.entremç-.
fiée d>r'&,d*azur5à k guife du col d'vn Pa'h.Ce voyant *P'olia, Se moy ,ne nousfe-
, u<iftnes de genoui iufques à ce qu'il fe print à parler: Se m'apperçeu qu'il s'efmer,-
ucilloit de la fînguliere beauté de ma Dame.enfemble de fà bonne grâce Se -extrê,- *
medouceur : qui me . feit conkdurer qu'en fençourage il la préféroit.às'àmie :

V Pfiché;Se l'eftimoit plus bëlleSe trop plus 'gracieufe fans comparaifon. Lors d'vne
Y ' , ' vpixdiuînefqui peut réunir Se raffembîer toutes ëhofesdiuifées,àbbattre les tem«
peftes,Se appaifer le cpurroax de k mer , ) ce petit Dieu fe print à dire. Nymphe
v Pî)lia,SetoyPoliphife,yraisobferuateursdesamoureufesloixdek péeffe noftre
mère, Se qui puis n'agueres auez faid profeffion enfon faind tçmple , ie vous fais
fçauok que vos déuotes prler.es Se facrificesfontparuenus deuantfa déké,. Se luy
o.nt efté a^gréables,tellcmétque par vos oraifons Se volontaire feruice., auez d'el*
, . feimpétréheureufefinSe efficace à vos defirs amoureux." Or vous mettez donc 7
^«tenant fous ma protçdion Se entrez4edansrn,pnbatteau,knsfequel aucun,,
'-,-'' 7 7- '' ' " * nefçau..
pNi^

? OLIPHILE. K*.
nefçauroitpafferau Royaume de ma merc,& fans queie luy meine , moy-mefe
më, qui fuis 1e vray pilo te JSe marinier de ce voyage. A ces paroles Polia feleua
promptement, Se me printpàr la main fans mot dire : puis entra en la barque, Se
s'en aîkfeoir enkpouppe,; ou fembjablementie me mey ioignantd'elle. Si toit
que nôusfufmes embarquez,les Nymphes defborderent de terre, Se commence-^
tenta voguer. La barque eftokàfix rames , non efpaîméedëfuif Hy autre greffe,
mais 4' vne mixtion précieufe cpmpofée 4e Mufq, Ambre, Guette, Baniouyn,
Labdâ,Sc Sterax .,, incorporez par proportioI^conuenable, auec bois 4e Cendal
blanc Se citrin: les Corbans eftoient d'Aloés : parquoy ramais ne fut fentfe vne -' '

odeur plus aromatifcante.Les clous furent faitsde fin or , Se en leurs telles eftoientï
enchafleeS: beaucoup de pierres préefeufes. Les bancs femonftroyent dé Sandal
rouge,Seiesaukonsd'ylioire,fefealmed'or,Selcsftropes de foye. Lavoguôienr ;
fixbdleslfîamoyfelfes à fleur d?aaee ,-veftues d'vn linge deflié, léger, voletant enr
l'air, Se teï,quequand le vent le faifeit idindre au corps , Ion pouuoitvcoir indus les '
mufcles Seliuéamensde leursperfbnnes. Se les mouuemcns gracieux. Aucunes
auoientfes cheueux blons Se dorez, agencez par entrelas à"l'entour de leurs teftes:-
d'autres les pprtoientplus noirs que fin Ebcne croiifant aux Ihdes : parquoy c'e-
fto.it vne chofe de. finguliercontenfementde veoir les deux contraires à lôppo- '

lite l'vn de l'autre, pour les parangonUer enfemblc. Leur charnurefe monftroit-
plus blanche queneige, mais furtout au Vifege,au col, auxéfpauies, Se eni'efto» ' "". ,
. mach. Leur chef eftoit enuironné d'vne cBeuelèure trouffec à- beaux cordons St

trèfles faidesenfaçon de paflcmentlyé de tyffus de fil4'argent;8e ferréeparder-


riereatocc vn filet de groffes perles Orientales , tantqu'ïl n'éftok rien au monde y ' '
plussxquis.Ily en auoit quelques vncs garnies de chapeaux de rofes Se autres
flcursjdeffous lefquels leurs cheueux volietbientà l'entour du front,elles auoient,: .

k gorge plus polie que: fin Albaftre jamais encores elle eftoit décorée d'vn font»
fitueux collier depierres précieufes-SèJcurs" corps ceints au cfeflbus des mammei-
es,pour faire ioindrefaccouftrement,que les tetins repoufloient en dehors, cô- * ;-
merebclleSySenevouknseftrepreffez.L'ouuerturefur kpoidrinecftoitbordée: -
d'vnpafîementdc fil d'or traid,pourfilé de perles, Se par.de4âns enrichydepier--
tcrieae ne fçaurois -proprement déclarer ce qui me fût permis de veoir : car le
iouyffbis en mon ceeur d'vne lieffe tant extrême qu'il m'eftok -aduis que iepoffè-
doispar phantafietoutes les félicitez des bien-heureux. Lors fes Nymphësde cet-
tebarque Afclgie5Se Nëolce,vcftues pompeufementd'vn beau taffetas Attalique, .
tiflu defil d'or Se de foycperfe:Chlydane Se Oluolie,paréed'vn voluptueux habit ,'
Baby Ionique de couleur marine: Se Adk Se Cyprîa mignotées d'vn fin damas à.
fueilkge d'or traidjbordéd'Qrfeueriejfeprindrcntàexeiterà quimicux mieux. Xfèîgie-: i&fi
L'on pouuoit veoir leurs bras tous ri uds plus naifuement blancs que fleurs de Lys: bricitév
-. Se le vent qui fouffloit.tout doux, ferroit leurs vcftemeSs,^fàifant.veok aucunes'- N*olee,iea>

fois la rondeur des tetins,d'autres la grcuc,oU bien les pieds liezpar deffus àrubésne.comfa'"!
Se cordas dëfoyeentrekffez auec leur demychàuffes, verdesou vermeilles,cor- chlidan?
- deleçsfurfemoîdekiamb*e,à:petïfskffetsdefoye,paffezdans des anneletsd'or. ddicesv
Gertâinementeîles eftoient propres pour feruirfe feigneur à qui elles eftoient. Olbus-, ri»-
Quand nôusfufmes efloignezde terre, fes Nymphes enfrene^ent leurs aukôs ^5. ..
Se tourncrentleursvifages deuers leur maiftre, qui efloit en la prouë, luy faifant ce ^crtéY
vne reuérence trèf-humble.-puiss'afïïrent les dozencontrenous: Sepluftbft nebcautc.
furent en tel ordre,que Cupido noftre patron eftendiffcfes ailles,appelknrZephy-y
jrus,pourlujfouffîër dedans comme en des voiles. Ce qu'il feit de fi bonne fer tp1;)
" ' ' . y , -. ., G,c
,:7-V y - '" '-.. c£<y>- *$* ' '""!.'', - >t;-
LIVRE-PREMIER D E v
^«qùe nous commençafmesà perdre la yeuëdeterre,Se vogamesen haute mer auec
finguliere bonalfe,voke certes en telpkifk,quc ie ne fç^ache ciur fi farouche, qui
ne s'y fuft appriuoifé:ny concùpilcëneetant efteind,e,ou défir tant efperdu fe dé-
jgouftéjquine fe feuft allumé. .C'eftokafféz jeteur énamourer Diane, conuertkle
xhafteHippoly$e,Scforcer k prudente Pallas toufiours armée. Or confidéreacô-
merit s'en.deuoient fentkîes mortcls,c|uî en eftoient fi proches, aptes Se difpofez
poUr eftre efchangëz Se bruflèzdefe doux feux, " , - \

l'effpis adonc commeïe petit poïïïbn né enl'eau chaude", lequel misen autre.
. pour cuire,ne peut efchauffer né boulir. ' ,,,'"-,-. " -
le cpntemplois les ailles dé ce.diuinéfprk,aufquelfes y auoit quelques plumes ;
^

follettesjtrembkntes au vent,Serepréfenta*ntes'leperinage d'vne Aigrette mari-


îie non encores ferrie du hid.^. Y . ., . .Y *'*"'"
O qu'elles eftoient belles Se luyfantës, de couleur' d'or déclinant fur le rouge
Se en autresendroks furf azur bu violet.' Il y en auoit de tendantes fur l'Efmerau-
;

4jë,les couleurs tant bien affortfes, qu'il n'eft poflible à la peinture de les contret
faire fi nayfùenient. " ; . .. -y \ '

' Ilfembloitàyray dire'que tous les ioyauiyde nature feuffent apportez defon
_ «hréfor pour eftinceiler en cet endroid: car elles luyfoient- comme lames de fikor

bruny,penduesau vent , 8e brillantes contre le Soleil , de forte que l'eau fembloit


«ftre peinte de leurs couleurs , qui eftoient foudain effacées par l'inconftancè des
ondes s'eflargiffàns en grands rondeaux. ..''' >-

j L'air eftoit ckir,la mer calme,l'eau claire come cryftàl,fi bic , que Ion en voyoit
le fonstôutpaué de beau fable doré, Se plufieurs petits efeueils ou iflettes couuer-
tes d'arbres,mefmement les Ifîes Sporades fi verdes,Se tâtfertiles^que. nulles plus:
? enfemble plufieurs autrçs lieux loingtains à perte de veuë, qui relfembloientpe-
Sporades . 'tites tafçhes noires deffus l'eau. Au long de la marine , les arbres, arbuftes,Se bnyf-
èfpai'fes. fons de Myrthe-'Se de Lenthifque , ombrageoient l'eau pleine Se vnic , dedans la¬
;

quelle on fes^appcrçeuok comme en la glace d'vn mirouër , exprimez d'vne telle


forte qu'il femblokque ce feuffent les naturels. Continuant donc noftre doux na-
uigage, auquel commâdoit en lieu de patrôde fouuerain monarque Amour, trou¬
ué amer en extrême doucëur,Se finguliererhent doux en griefues amertumes", Se
parquifepeutdkeheu.reuxcç!uyJquiefttantfokpeuenk grace:ievey venir les,
Dieux marins pour luy faire kreueréce deuë,Premierement le vieilTMeptune à la
|>arbe,inde efparpulée,tenant fà fourchefiere à trois pointes v, Se monté en vn cha¬
riot tiré par deux gransBakincs : .à l'entour de luy les Tritons feuffkns en co¬
ques de lylnaffes de mer, tournées en mille modes effranges. Ils en auoient faict ;
\âes buccines Se cors,dont fis menoientfi grand bruit, qu'ils en faifoient retentit
l'air de toktes pars. Ces ^ritons eftoient accompagnez d'vne multitude prefqtie
infinie de Nymphes Néreides,montées fur beaux Dauphins, qui fuyuentnaturel-
lement 1e vent Grec.La trouua Nereus auec fa Dame Chloris , puis Ino Se Meli-
certe en chariots formez dé coques deTortues. Lé vieil père Océan y vint acco-
" pagné de fon efpoufe l'ancienne Amphitrite,Se de toutes leurs belles filles. Après ,
fuyuoientEriianus.Cephifus^perchiuSjSeTybris monté fur yne boule. Là fût
aufîi le dolent Aeiàcusveftu de dueil,8e lamentant en voix pkindiue fa cherea-
mie que le ferpent auoit piquée, Alcioné y accourut fe complaignant delà longue
demeure de fen arriy Ceix.LemuableProtheus, tiré par des cheuaux marins. Le:
pefeheur Gkucus,auec Scilk s'amie; Se plufieurs monftres Hippopfares Se Antro-
popfares,moitiécheuaux,mokiépoiffons,oudemy poiffonsSe demy hommes,
*iloientnageant,plongèant, Se fautant fur k mer , qui blanchiffoit d'efeume , &

Y
''-'' ' v '"- f'V-^r.:.-. * -

;' -, . POLIPHILE; - . -'; -{02l


ihiyoit à.l'entour d'eux en reiallitïànt contremôt,tant que fon en perdoit là veuë:
. Se tout cela fefaifok pour faire honneur à noftre grand pàtron,à qui toutes chefej
obeiffent.Outtccela,ilvintvn grand nombre de Cygnes, aucuns-allansfurl^eau.
Se d'autres voknsautour de noftrebarquesenchantantpargrandëmélodie, pour -

donner louange à noftre maiftre,Se le faluer ou reaérer à leur pouuok. Certaine¬


ment combien que ie feuffe entre fous les foulas que l'on pourroit imaginer , Sel -
eftby-ie bien esbahy de veoir tant de dieux marins, Deeffes , Nymphes, Se mon -
lires aqùatiqueSjdont-ié n'auois aucune cognôiffance^Et néantmoins me femhlckiY
que ië triomphois eèmme y n Empereur vidorieijx , auprès de ma ""chère Dame
Polia, mefmeque i'eftois'parfumé d'odeurineftimable,Se enrichy de tous, leS déli¬
cieux thréfors du raonde.-Parquoy ie difo'is en mon cuur.C'eft ce que i'ay tant de- .y

firé.'voicy monfecours filong temps attédu.Or tien-ie pour bien employez tous
lèstrauaux,peines Se- martyres que i'ay fouffert à-la p'ourjukfe. Bénis foyer^jfes-
pas que i'ay chemirié-en l'amoureufe queffe.Cek (croy-fe ) eft moins qtiç rfen en
Cemparaifon de la moindre-part 4e. L'aife queie fènsà cette heure. Ohqûe^Ç)rn-v'
thia n'eut telplaifir auec fon amy Endy'mion,pour qui elle kiffoîtiés-cfeUx,fe"coh- -.

-tentant de reppfer en vne barquede pefcheur: car ma Dame pourrait mettre, tous
les Dieux àfon commandement. Ainfi eftois-ie entre mes deux feigneur-s Se,mai-
ftres,rëgardant puis l'vn,puk fàù.tte,d'vn inconftant-, êe peu aifeur é , pour ce,
queie ne I'euffe fçeu arrefter. ïl ne m' eftoitpaspofïiblëdedîfeernér la différence
--" 4'ëntr'eux deuxjfinon par kdiuinké. Chofe "qui me contraignoit abandonnermo
ame à tous deux , la recommandant à la puiffance de rvn,qûiluy pouuojtpardon-
îier fes fautes Se erreurs:Se à la volonté 4e l'autre, à ce qu'il lùy pleufty donner çô-
féntetrfent.Toutesfo.isie me perfuaday par vne confiance certaine Se indubitable
que de cette affemblée ne fedëUoit ny pouuok efpérer autre yffue que bonneSe
s

trandementlôuable:car déformais ma Daméne pouuok plus efehapper de cette


arque , pour s'en retourner en arrière.- D'auantage k.deuife. ëferkte'en lettres
hiéroglyphes dedans noftre bannière, me donnoit tout efpoir deparuenk àlafa- '

ltisfadiondemon4efir.Parquoyiemetinspbur eonduidàbônneauanture,D'v-
«ne feule chofe eftby-ie efmerueiilé, à fçauoir £omme le feu que cetenfaniTp'ortQit:
pouuoit brufler en l'eau, Se aller au profond de la mer efchauder Neptune, puis *
monter iufques à Iupiter: Se commefes hommes mortels qui font iettez au tra-'
uers,viuentenluy,Se s'ennourriflent:àufîïparquel moyen ma Poliày réfiftpkfi
:vigoureufement,Seenfaifoittant peu de compte, te» qu'ilm'auok incontinent .

toutalluméiO doux oyfeau(difois4e parlant àîuy) comme tu as fecrettement fait -


ton nid en mon ame'.Puis regardant les yeux de Polia.O gracieux mirouërs , com¬
ment vous auez fçeu faire de mon c vn carquois propm aux flèches de Gupi-
4ç;.Or4épartez(enfembfelebutindë madefpouilfejCaric me rens voftre humble
fubied, à iamais. fi ': -y '-- 7~ c - - '» * "
: ' - "~r-" 7" -':- 7 ' Y .y , 7 fi ; ' Ce ij ' ,.;-

î **

*
LIVRE PREMIER DE
, ¤&$ NYMPHES YOOZ4NTES ~EN LA fiBARQfVE'
.de Cuptdojchanterent,<&\yolia chanta aufii a qui mieux mieux3dont
' poliphile récent vngrand contentement» '

. - Chàp. x x.

metrouuéen vu plaifîr parfaid au milieu de ces pompes


E
entre ces délices Se volu,
Se triomphes non accouftumez ,
ptezexcëfîiuesie reffentois les efpoinçonnemés d'amour,
car auflU'eftois la butte oâ Cupido tiroit fes traits par les
yeux amoureux de Polia, Se Ces flèches entras en mon cnur
le brufloient d'vne ardeur qui s'augmcntoit inceflàmment,
mes yeuxfontcaufes de ma douleur ,maisie leur pardon-
ned'autant que leur obied.eft fi digne qu'ils ne peuuent
errer. '_ '-<-, " y - ' . .

Mais las beaucoup plus de grfef Se de molefteme faifok ce tf ahiftre larron


penfer,qHi;fbtgeok dedans le fecret de raonametâtde pkifantes figures , fi beaux
fimulachreSjSc fantafies tant eftranges,qu'il,euft dece.ufe déception propre. ,

O quelles angoiffes Se détreffes fouffrois-ie adonc parce voleur ennemyde


montëpos,, ilfembiok vne des fois doux, puis tout incontinent amer : quelque
-- coupioyeux,puàs,aufl toft trifle Se mékncholique: voire Se ne lepouuois dcfcha,f-

-fer,d'auecTnoy,n'y qui pis*eft m'en déffake:car il m'entretenok content en ces e£-


4eds contraires.Ainfi nous nauigafmes fans tymon Se fans gouuernail en cille bar¬
que, fans forme,Se fans ordre ayant toutes Ces parties confufes, çomnie la proue"
-enkpouppe,Sekpoupcen laprouë, ouefloient affemblez tous les myftèresd'a-
^ouiyScqui auoit ainfi efté faide par l'artifice de Y éhus , pour le nauigage de fpn
-fils CupidoîSeie puis dire qu'il n'y à langue fi bien ppuruenë d'éloquence, qui
-fçeuftënparler,felon:£equien*eft. , Y . * y
Y, Aumîlfeu decette.'hatque.enkpkce
de l'arbre eftoit leuée vne bannière im¬
périale de drap d'or, tiffu de foye bfeuc,
en laquelle d'vn cofté Se d'autre eftoient
faites en broderie auec pierres précieù-
fes,trois hiéroglyphes: c'eft à fçauoir vu
yafe antiquépiein dë.flammes de féu , 8c
vnmonde,liez enfemble, auecvn petit
rameau de Peruenche ,enriçhy de fu$:il-
lage. La bannière eftoit defployée au
vent, oufellerendoit vne grande clarté.
Etpenfant à ces hiéroglyphes , ie fes in-
terpretay en cette forte..

OMNI A VINCIT AM-OI.


Amour triomphé de tout.
le m'efforçois fouuent de regarder npftre patron à droit «iamais ilne mJeft<oit
*ttcunementpoiIibfe,car mesjeux déèiks.ne pouupfet feyoir. Si eft-ce que quâd
POLIPHILE. .,'; ï0|
ielestenoisàdemy clo$,ie comprenais vn bien peu le diuin enfant, fcoutesfpk
teuftours en diuerfes manières: car à l'vne des fois ilme fembloit tout .double', à
l'autre triple,m'apparoiffant en infinies figures , ce qui auec Polia rendent noftre
.' chemin heureux Se glorieux. Caril eftoit plus beau quetout ce qui eft de beauté
remarquable. Les fix Nymphes commencèrent vne chanson , d'vne voix totalfe*
ment différente àl'humaine,Premierçment-àdeux,puis à trois,aprèsà quatre, Se
finablementà fix, en nfufique proportionnée , auec les trembletemens d'amour,
paufes Se foufpirs de bonne grace,accompagnez de paffages roufezpar leurs gor¬
ges de Rofïïgnols, accordantes aux inftrumens, qui eftoient deux Luths, deux,
Violes,Sedeux Harpes , fi mélodiëûfementrefonnantes , que- c'eftoit affez pour
faire oublier toutesjes pallions Se néceiîïtez aufquelles nature oblige les humains»
: Ces belles chantoient.les qualitez d'Ainourffes ioyeufes defrobéës de Cupido, les
fauoùrëux fruiéts d'Hymeneus, l'abondance de Cérès, Se fes amoureux baifers de
' Ëacchus,compofez en belle rythme. le ne erpy point qne le chantpar lequel Or*
pheus déliura des enfers Eurydice fa femme , feuft à beaucoup près fi harmonieux
queceftuydà, hy mefraesceluy de Mercure , quand il endormit le berger plein
' 4'hyeux.Vbus eufïïez veu couler ainfi qu'atrauers vn Chryftal,plufieursaccens4i-
uins tout au long4e leurs gprges,qui fembloit 4' albaftre fauéde cramoifi: Se ne
fay doute quélles'euffent peu endormir le cruel Cerberus , ou mouuoir à pitié la
defpkeufëTifiphbnéauec fesfurs Furies infernales. I'eftois là repeu de regards
gracieux, meflei de doux lotis d'amourêufes penfees fepromenans parmy mon
imagination,d'autant plus gloriéufe,que ma chère Polia enantoit doucemét aufïï
auec ellesfen laquelle eftoit tout ce que Iupiterfçeut onques faire ny penfer pour
l'orpement de là nature humaine,Se donner du fien à vue créature. I'euffe volon-
. tiers oiiuert mon coeur à celle fin qu'elle y euft veu par expérience les diuerfes pafe

fions que l'on endure pour aymer , Se comme par le regard de tes yeux i'auois efté ,

prjs^Se affubiedy en feruitude perpétuelle. Après icdifbis tout bas. Q fpuuerain


^ Cupido, mon Seigneur naturel, tu as efté autrefois naurë de tes propres fâgettes
";-âumoyen4e l'amour delà belle Pfyché, laquelle tu aymas aufli affëdueufement ,

.«imepourrojtfake vn fimpfe mortel, Se affez te defpleut du confeil frauduleux que


luy doiinerent fesfurs peruërfes: Mais encores tu temisfurfe Cyprès enjanuefe
obfcure,Se.euz pitié de fes angpiffes, kbpjieufes. Vfe maintenant enuers moy de
cette pitïë tant louabiçjveu que tuçognois par expérience la fragile condition des
" amans.Modérevn'peutésgransaffauts, demande tonarc,5eqftetes brandons: car
ie fuis défia tout confumé d'amour. Néantmoins ie puis inférer par bonne ràlfôn,
que fi tu as efté cruel enuers toy mefmeje ne dois auok efpcrance d'obtenir mU
fericorde,ny attendre aucune pitié. Ainfi ieforgeois en mon entendement mille
clameurs, millefaintes prières, Se toutesfois ieperféiierois à toutes eipreuucs d'a-
mour,commc l'or au Ciment, penfantqu'encores qu'vnbien longuement atten¬
du fokplus fauoureux que le plaifîr toft acquis , Se fens peine: fi eft-eequetoute
forte amour cherche de paruenir à certaine fin defirée. Abrège donc (mon fei-
gneurfeette attente,anticipe cet ennuyeux efpoihcar le fecours tarde trop lôgue-
ment a quiconques en a befoin. Puis i'aceufois la trèf-iufte nature: car nonobftant
qu'elle ait le tout fagement composé,fi difois-ie qu'elle à oublié o u failly d'aflëm- .

bler le vouloir Se le pouuok. Cependantnous exploittons toufiputs chemin,Se les


Nymphes chantoient fans cëfie,de ton Phrygien en Lydien, fans difeorder expri¬
mant les douceur^de Venus , méfiées parmy les fraudes Se falkeesde fon fils là
- prcfent.Mais Poliachàntokvn remerciement des grâces qu'elle en auok receuës
Seaucunesfoisme demahdoit qu'il me fembloit de cette compagnie. Apres me
Ce iij
";'": LÏVRE PREMIER'DË
de cesNymphes: affermant que k perféueraric.e emporte la
4ifbit tous les noms
couronne pour loyer. En tel comble de tout foufes nous arriuafmes enl'ïffe Cy-'
thérée. ' -' 7, -
- ' 7 . , -

* - *
' Y ' ., ' " * ' -

COMMENT Ï&S ARRIVERENT EN "LlSLE yC j7


théréej.4 beauté'de laquelle eft icydefcrite,enfemblelafmne de leur banque &y
' comme a» deficendre, vindrent du deuant d*eux,plujieuri Nymphest. .

pourfairehonneur à Cupido leur maiftre. y Y. '

~ .''-.,,- .- . ' -- , x . " - -- . -

.'..'-'"'- - " ' .' Chaî. x. n»,- ' , -- ; Y.


' '' ' ' - \.Y " '\

Oufioursportezparlëdouxaîr,nottpas es outres d'Vliffçs


mais enfoncez dans les ailles de l'amour , corne vne odeur,
,de rofes,extraid de l'y mipn Se des vqîqntez dé Polia Se de
>moy,tous deux défîrâns paruenir au lieu déterminé "pour
'noftre béatitude nous nous trpuuafmësau plus grandayfe
qu'onques fens humainpeuft fentk,Sé langue dke,foufpi-.
jans de douceur par amour embrafee :. Se efehaufîez com¬
me le pot bouillant à trop grand feu, lequel fe refpàndpar
;deffus,arriuafmesauport dekfaindelfïeCythetée, enk
barque de Çupido,qui eftoit ainfi accommodée. 7 y ,

\ ÎJfés quatre parties les deux eftoient employées l'vne en k pôuppe , l'autre enk
prouë,Seles4eux autres à kmizane, ou elfe eftok plus large 'd'vne tierce partie.
Les poftices auoient deux pieds de hauteur fur la couuerture, Se les bancs vn pied
-Se demy. La carène Se fes coftieres eftoient oouuertes 4e.km.es d'or: laquellefor-
, toit fur k prouë,Se fur la pouppe efleuee en formedé croffe,Se fe repliok enfaçon
4'vnrouleau,aurondduquelyauokvnriche ornement de perles. Du replypor-
toit vn fueilkge courant fur 1e plan du fiege,faid de fin or,:& taillé après le natu¬
rel. L'efpoiffeur de fes rouleaux faifokla largeur du Palefealme , du mefme m étal,
cizelé d'vne frize de quatre doigts de krge,garnie de pierrerie,Sc les fcalmés d'È-
Bëne.Tout le corps du naukefibienfaid , quel'on n'y euft fçeu veoir vneioin-
dur e,ains fembloiteftre d'vne pièce , fens calfeutrer par deffus , linon de la com-
pofirion Aromatique, dont il eftpitpegéouefpalmé: k peinture de deffus eftok
Yiçs?Arabefques d'or moulu* 7 -~ -----
POLIPHILE

Ce lieu eftoit fibeau jtantpkifànt Se déledabfe , que l'éloquence mefine fe


trouuèrok trop pauure de termes, figures Se couleurs de bien dire, fielfefevou- '
lpkamuferàfedefcrire,Se feroit vnefimilitude malà propos, ouh'yaurok rien
de conuénable que de le comparer aux lieux par moy veux auparauant : car c'e¬
ftoit la vraye retraidë de foulas Se délices bien-heureufes, faides eniardins , ver-
gers,Se petits bocages, ordonMzpourle but Se dernière main de tout plaifîr. Il
n'y auok roches; montagn es, hy chofe qui peuft apporter fafcherieà kveuë , aU
corps,ny à l'entendement , ains alloitplain comme la paulme iufques aux degrez
dû théatre,tout au iardinage planté d'arbres fertiles Se Q4orans,arrofé 4e fontai¬
nes Se ruiffeaux au long defqueis y àuoit des trefbuchez,coninuerts.;Se petites fur-
prifes pour apprefter à rire.Là n' eftoient les ombres obfcures,ny les deftoursfom*
bres Se &nslueur,àraifon que le climat n'eftok en tien fubied à Hnconftançe Se
changement du temps,ny au danger de mauuais y es , chaleurs, gelées ou bruines,
mais toufiours floriflàntSe faiut,ike,dédiéll'éternké,Seproduifàns tous les biens,
que nature peut faire croiftre:parquoy i'eftimes trop haute Se difficile entf eprife,
de^le vouloir difKnir en nos termes vulgaires .Toutesfoiyefpérantquëk mémoire
m'y feruka de ce qu'elle en a peu rtepentirà'efkyeray en peu de paroles, d'en rap- .

porter quelque fembiance. 7 -.

Cette région eft dédiée à la nature mifericordfeufe , pour, l'habitation Se de


meure des dfeux,Se efpri ts béatifiez.Elie contient de tout ( ainfi que i'aypeu con-
~- iedurerjenukdn trois mille pas. Sonaffiette eftau milieu dekmçr, qui l'én.cloft
d'eau claire/ans rocheSjfange,ny cailloux,ains en eft ie fons femé d'viie marier©
'Y ,...--'' . ' Ce iiij

/
LIVRE PREMIER DE
, minérale retuyfante comme cryftaLmefléc en lieu de cailloux,Sé autres chofeskx,
^t fes de pierres précieufes de toutes fes efpeces que l'on fçauroit imaginer. Aux ,

bonk ^;ïmÏÏinefetrouue§rande;quaii ké ^mbre engendre parles Baleines,


apporté là par les courans du flot. Tout à l'entour de 1 Ifle font plantez de beaux
Sypres de lois en ttois pas,Se au deffous vne haye de my rthe,drue Se efeoiffe en
forrné de muraille,d'vn pas Se demy de hauteur,en laquelle font enclofes les t!gCS
des^yprès qui forten/delahaye vn pied Se demy contremonr iufques à leurs
prerfeeL b?anchef.Cettehayefert decfefture à toute I'Iffe ,& y font fardes les
- eWes^e y ffues en lieux conuenables:mais elle efl tantefpoifle.de fueilleure que,
l'onnepeutvoir à trauers , auffi droide qu'vne muraille .comme qui prendroit
foigneufement garde à k tondre tous lesiouES.

De cette efefturëiùfques au Theâtre,qui eft au milieu, Si fur le centre de 11-


fîè faide en rond ilya bien vn tiers de mille: puis du ceiitreà cette clofture de.'
My rthe,font tirées vingtlisnes par égalîediftance ,, qui ont en leur- largeur plus:
grandfc,vnfta4e5Sefacinquïefme partie. En chacune diuifîon eft ordonnée vne'
petiteibgei'ai-btescohusnahs àk nature dulieu ,, Se difpofîrion de k partie du
cieldeuers laquelle ils font tournez. Cette diuifion de vingt fe peut facilement
fairefuivleronddedixangles^en'cettemaniere. Départezle rond en quatre par
fes deux diametresipuis dïuifezfedemy diamètre en deux , Se fur lemilieu faides
vnpoind,par deffus lequel tirez vne ligne trauerfente qui touchera d'vn cofté à
Uautre diametre,au poind ou ilioind àk cîrcôférence.Alors l'éfpace quifetrou-
uera entre le demy dîàmetre,Se le poind ou bout de k ligne trauerfente , .fera la-
4ixififmepartie du rondfeiuifezrlà endeux Se vousen ferez vingt*
* * . 'Ces-
\ . * ?>.'** *. ,* **.

rOLIPKLLE^ 10$,

6*Ces vingtxîîuifipns eftoîentféparéesdc cloftures de Porphyre, comme treiîfes?


percées à iour, en fueillages Se
entreks de deux pôulces de largeur , auec pilaftre^
de marbre bknCjquiportoicntfixpouccs de diamètre, Scdeux de failliede chacun*
, cofté,par deffus regnoient l'archkraue,frïze , Se corniche du marbre mefme , fors>
ladite frize, qui eftoirde Porphire.Tout au long 4es gikftres montoientlé Iafmin>5
le Lyfet, le îîpbelon,lc Cheur«fueil,leTroene,laVignefauuage,5e autres her¬
bes propres à couurir vne treille ou tonelfe. Au milieu de chacune de ces cloifens«
ily a vne porte ayant fept pieds dekrge,Se neuf en hautcur,toutes faides à vn ny--
ueau. En ces vingt diuifions fe trouuent certaines touches de bois d'arbres diffe- -
rens plantez ainfi à laligne. Enkpremierefont chefnes de.toiites-fes efpeces. Eni
la féconde fapins Se Larices.En la rierceBuys figurez enperfonnagesj, repré'fentâs *
lësforces d'Hercules. En k quatriefme desPins.'EnkcinquiefmëdesLaui'iers>
meflezde quelques petits arbuftcs.En la fixiefmedës pômiers Se Poiriers de ton-
tesfortes. EnkfeptieimedesCerifiers, GuinjersSe Mcrifiers. EnkhuidiefmeJ
des Pruniers. En la neu&efmedcsPe&hiers Se Abricotiers. Enkdixiefme desiMu-
riers.EnT'onziefmedes FiguierSjSe Grena4iers.Enk dottzieGnedes Chaftagniers:;
En la trezieime des Palmiers. En la quatorzîefme des Cyprès. Enk quinziefme*
desNoyerSjNoyfilliers, Amandiers, SePiftaches. En la feiziefme des Iuiubiers,>
GormiërsA Nefi3.ters,Cornouiliiers,SéAlifiers.;;Enkdixfeptiefme des Gaffes &:,
Carrobes.Enkdixhuidfefmedes Cèdres.En kdixr^ufieftne des Ebènes. Puisent
la vingtiefme Se dernière des Aloés. Leur longueurallant versle centre , contient-^
mi demy tiers de mille., Là fe promènent toutes les manières de. belles quekna-
tureàpeucréer,exceptéfeulementfesvénimcufes,Bekidesàveok. Et nonobftât'-' V
queles vnesfoyent contraires aux autres, Ci font elles appriuoyfees, Se vi-utnt en :
concorde enfëmbie,à fçauoir Satyres aux pieds de Cheure, Faunes cornus,Lyons, ,
PanthereSj Onces, Geraffes, Eléphans, Griffons; Licornes, Cerfs, Loups,Biçhes, ,
Guezeles , ïaureaux,;.Cheuaux,Se autres infiniesjqui ne font iamais mal ny dom* -

.mage.
Etpourcequetoute circonférence de figure ckenkire bu ronde, eftd'aufli-;
Dd
f ./ LIVRE PREMIER DE
grande mefere comme font troisde fes diamètres , Se vne feptiefme ou enuiroa
fpécialementfi ladite ckcumférence eft diuiféeen onze pars, Se que lôn vienne à
déduire l'vn des diamètres , le refte faid deux portions : le diamètre de cette Iflc
sroluptuëufe contient vn mille 4clongucur,Sc deux parties des onze.
Après eft vne autre clofturecnrond,regnanttoutà l'entour du centre , faide
4'OrerigiersSeCkronniers,quiàbienhuidpasde hauteur , Se\a pied de bonne
largeur: Se fi eft tant efpoiffë de fueilles, que l'on ne fçaurok veoir à trauers, pour
ce que ces branches font tant vnics , qu'il femble proprement vne peinture char-
gée de fruid Se de fleurs. A la vérké c'eft vn ouurage d'autant plus excellent , qu'il
adulent peu fouuent aux hommes d'en voir de tellç forte. ,
Outre celle clofturefe rencontre vn verger tant fomptueux , queie meilleur
. efprit du monde ne fe fçaurok, ie n'ofe feulement dire ordonner, mais, qui moins
éft,imaginer : tant s'en faut qu'il peuft déclarer par quel artifice il à efté conduid
çhpfe qui p euft faire cognoiftre qu'autre que nature ne kfaid,pour y prendre fon
paffe,-temps. ' > ,-
.- -

Ce délicieux iardin s'eftend deuers le centre de k longueur de cent foixante


vSe fix pas , dontk moitié eft diuifée en beaux prez, Se cette diuifionaddreffée par
allées tendantes droit au centre,Se ckcukkement trauerfàntes , qui portent cinq
Î>as de large. Les premiers prez en kpremiere ligne de fa quadrature tendant vers
a cloifon,peuuent contenir cinquante pas.Mais kquattieime ligne deuers le ce-
tre va toufiours en diminuant, Se Cat icelle prend fa dimenfion.oumefurek pre¬
mière du fécond pré:Sc "par mefme moyen s'cfquarrift,le troifiefme, pareeque la
force des lignes tendantes au centre , eft caufe de k cambrure , enfemble des re-
trefeiffemens des prez, Se des paffages pour aller à l'entour : Se ainfi eft formée la
.quarrure,demourantles lignes trauerfàntes totalement en leur entier;
^ Ces voyes font couuertes de treilles ou berceaux à voulte. A chacun quarrefour
, y àvnetonnelleafïifefurqUatrccolonnes Ioniques demarbre blanc. D'vne part
Se d'autre des. voyes fe treuuevne muraille baffe ayant des faillies en forme de pie-
.... deftal ou ftylopode,fabriqué dupareil marbre. La deffus rcpofentles colonnes di¬

ffames l'vnç 4e l'autre par trois diamètres de leur pied.' Dans fe muraille baffe qui
.pftvuidp au.milietijfontpkntez des rpfiersqui rempliffent Se peuplent de belle
yerd.ure l'entredeux des colonnes,furlefquelfe»pofentl'archkrauc,k frize , Se h
cornichç.de Porphke vermeil copimeCoral.Puisdedas le quarré, à l'endrokdes
colonncspar derriere,fort vn,e autre plante de rofier,qui monte par deffus l'archi-
traue,5ecouure entièrement ktreilfe, qui monte cinq pieds en hauteur , faideà
'voultes rondes comme chapeaux. Les voyes ou allées droidës font couuertes de
rofes bl?nches,Se fes rondes ou trauerfàntes de vermeilles,fort odorantes. Entre
le premier quarré Se la cloftuie d'Orangiers,eft menée vne allée ronde: Se au droit
de chacune d'çllcsjcnfe tirant deuers le centre,lbn trouué enkelofture vne fe-
neftre relpôdantduhautau nyueau dubas irmijquin'aquc trois pieds ou enuiron
Se fert de fîégeaux fufdidëf colonnes.
Chacun quarré à quatre portes ou entrées en fes quatre coftez oppofites à ny¬
ueau les vnes des autres , Seau milieu quelque ouurage excellent. Les premiers
ont chacunvAe fontaine fourdant fous vn berceau de Buys,faid ainfi.
u**"** \ Î7 * *.\$iï>fià.
POLIPHILE. . 10^
Premièrement il y af
trois d egrez en rond : lé
plushaut côtenât deux
pas Se demy en fon dia¬
mètre. Sur çeftuy-là fe
voyent dreffees huid
colonnes Doriques,cô-
tinuees par arceaux fou'
, ftenansî'alchitraue,fri-
,ze,8e corniche : fur la- -
quelle à Plomb de cha¬
cune colonne pofe vn
, vafe antique ayant troii
pieds de ventre en -ligné' >

diamétrale, eftr éditant -

deuers le pied , puis ef.


largiffantpeu à peu, cha
cun d'eux aorné fer le
milieu d'vne ceinture,,
©u pkttebahde: Se de la,
. en amôt venant à fe re-
ftreffir iufques au gou¬
let. Depuis le plant iuf¬
ques àda ceinture, cha- ,

cun à troispiedsdehau--
teur : Se de là teinture
enamorit,vn pied fàns: ^
plusjgoderonné en tra¬
uers. Le corps eft garny
de deux anfes efleuees-
fdr 1e bord de l'ouuer-
ture , Se defeendantes-
iufques à la ceinture.
De chacun de ces vafes fort vne plante de Buys verde Se fueilluë de kgroffeur du=
nu de la colonne. Ces plantes au moyen de leurs branches font de belles Se pki-
fantes voutures,ainfiqueferoient desarcs regnans fur vn rang- de colonnes. Aux
triangles entre fes voultes eft vn oeil ou feneftre r5de, auec vnepetiteceinturere-
préfentantvnarchitraue duquel, fortent huid autres rameauxà plomb de leurs; ^

pknteSjSe de preille longueur, courbez Se ployez l'vn contre l'autre , montans.;


en pyramide,Sevn petit déclinans en largeur deuers le bas. Deces rameauxpro-
cedentautres branches courbées deuers le pied:efquellespend vneboule du mefe
me Buys: Se en après montent en.haût, ouellesfontrepfoyées en chapeaux der
triomphe.. 7
Les huid rameaux montans en pointe , feruent:de voulte Se couuçrtureà la ,

fontainCjDe ceux- làpartent fix autres branches quin'ont qu'vn tiers de hauteur,
Se forment vne petite knterneà fix feneftres , couuertes en rond'. Se par deffus de
kmefme verdure,vne autre lanterne quarrée à quatre feneftresid'vn pas Se demy
4e haut : des quatre coings delaquelle faillent-quatrexameaux courbez, Se fur.
chacun pofe v-nakle volant.La cbuuerte deccttedernierëlanteniefine en vnpi.,
* y- <-."'*. 7 7 ><* ij;
eJ>c <Lt
XI y R E TP^E M 1 EU D E
tgno«,s'affento^
s
?npommeau rona pai ^ l,**,*».
oui eft au deffus deces vaf es n'eft rien que verdure ployee, Se agencee,fans nul au
r~ r , -

"' ' sdecesva


-Seo« *

milieu di dernier degré entre les huid colonnes, 'fer le planvi


Aui nkfieudu y-a
'^aKil^mblftre renuerfé^ontenant
:.vnbalufticiv,uuvi.i.vs^" deux
,
pieds
« .,
de hauteur,k
, r
deffus
.... r eft
«pens entailfez,trainanslleurS queues contre lefons,comme s ils vouloient chemi»
1er puk 'entortillent en façon d'vne cordeà.trois cordons . Se fondai» après fe
S;ISfens vn neu comme trois anneaux,Se encores fe r encordent vne autre
S Sfàntdeuxtours iufquesà leurs tefte,,qui reffail eut enttiangle Se letter*
Su h gSevne eau de"i enteurs- merueilleu?ement.odorante. Entre leurs teftes
SLnnévvnvafefeidàfefigured-vn^apointecontre bas, ^<et
auquel font huid petits tuyaux dont faillënt 4es filets d ,eau paffans au deffus l ar-
,chkraue%tombans dehors parlWdeux de cespiates de Buys : mais les degrez
^lLir^,archkraue,frke Se'cormche.fbnt delafpe, Se k&ntaineroute d ou
- .,-;,''- ' Aux quatre coings du quarré y a
Y '" comme vn petit autel à quatre de-
.

grez,le premier contenât deux pieds


de haut fous vn pied & demy de lar¬
ge en fon plan. Le fécond porte au¬
tant- de diauteur que le premier de
krgejc'eft à fçauoir vn pied Se demy
fousvn pied de large, 1e tiers vn pieà
4e haut iuftement. Ils font creux,ré-
plis de terre, Se femez d'herbes odo¬
rantes: le premier de Bafilic , le fé¬
cond de Meliffe, le tiers d'Auronne,
Se le quatriefme -Ûe Lauande , ton¬
dues au nyueau du plan des degrez,
;tellementque les herbes croiflàntes
fur le premier, ne paffent point les
moulures formées en la face du fé¬
cond. L'ouuerture du quatriefme Se
dernier degré,à vn piedd'ouucrture
en fon dkmetreiSe au milieu eft pla¬
te vn pommier de fruid iàuouteux.
Tous les quatre différens, fens eftre
labourez, fumez, ny enrofez , font
^ployez en guife d'vne couronne ou
chapea'ude verdure. Le parterre du
quarré efl femé de Peruenche , les
,

I degrez fontdc lafpe, de toutes cou-


- leurs,camelotté de veines de Calce-

^doincentaillez de moulures tant en leur pied qu'autour du bord.


Dedans les quararez ou parq uets du fécond ordre approchans du centre au Heu
-

delà fQntaine,fe trcuùe ynebeÎJeinuention,qui eft vne grande caife de Calcedoi-


jne,creufe,dc couleur d'eau-fauonhée,gàrnic de moulures, longue dé trois pas , Se
,1uute. de trois piëds,pofée,entrauers au nyueau des ailées trauerfàntes : aux deux
çoftes,dans laquelle enuironvnpiçdpres4u bout, eftpknté vnBuys faid en face
-/Ae-^afe aîitiq.u.4Se,qpntisnt vn pas de hauteuricompris lepied, fe corps,Se i'enco-
,,*»*
:j \ f.

. -, ^TOL'LPflILÊ. - ' . .. wf
liïtç qui ri'apoint l'anfesideffus-eft m onté, Vn G éant , qùTtfenV fes. deux pieds. fut
la bouche des vafes,ilfcft veftu iufques aux gënoux,& ceint par le milieu ducorps.
Il a fes bras ieuez , Se vn chapeau- en fa tefte. Sur chacune de fes mains il porte vne
tour de quatre pieds de large , Se defixpiedsdehaut:aubas4ëfquclfes4lya4eux
4egrez,auec kport£,feneftres,crenëaux,Sema£çhecoulis. Au deffus de -chacune
: eft vne boule plan¬
tée en vn piuot,auf.
û groffe q le corpis
4e la tour--.: de ces
deux boules fartent
* : deux branches, lef-
-quelles ployées l'v-
~7 "..fie contre l'autre.,
fçrment vne belle
y voulte ayantautant
4e hauteur comme
l'vne des rours. Dé
ces boules faillent
.

^pareillement 4eux
T autres branches qui
"vont montant con-
.'.'-, txemôn't., mais elfes
..,-' . font plus menues
.r ;-. - îque Jesautres, Se au
b qut y a vn toup et
;

yyY ,5i\%Wn depoyre,


.. fi. . payant la; pointe en
- - ... Thaut, commençant
'-="." là groffeur au tiy-
ueau de la clef de là,
vouke, ou pend en¬
cor vne autre bou¬
le, moindre que les
autres: Se de laipart
tn tronc qui trauer»
fëkclef , puis; fau¬
filent vné platiné
ïonde,vnpeuoreu-
,

fe -, en guifedecul
4e lampe ," tou.
chant de fonbord aux deux touppets pointus. Du fons delà platine ferelfeue vn
autretoùppeten figurede panier à large ouuerture , au milieu duquel naiflent
huidpetites plantes de Buys enïond.feparées l'vne de l'autre: Se au bout.vn autre
touppet rond S* plat, puis deffus encorvne autre pluspetk. Toute la hauteur de¬
là voulte eft de fixpîeds Se n'y a ouurage de Buys, duquel ne fe voyen.tfinon les-
fueilles Se lespieds.Entre les deux iambes du Géant eft vne aUtrepknte fans pieck,
rondeSe pkttecommevn oignon,4ekiargeur d'vn pas,8e d'vn pied Se demy de
haut , ayant au milieu vn trouppet reffembknt de figure à vnbaluftrc ,cou-
uert d'vne pktinc ronde,dedeuxpiedsde large en fon diamètre , du centre du-
.- "-
' '- - .. ' Ce iij y/ '7-'- 1 '

fij»
LIVRE PREMIER DE
quelprocédeaWivntouppetdeformeoualcautanthautquelcbaluftré;

Aux quatre coings de ces parquet s y


a quatre arbres , enukonnez dequa~
tre degrez fembkbles aux précédés,;
en façon Se mefure,excepté que ceux
cy font ron4s Se faids 4e layet. Le
premier eft femé de Mariokine , lç
feconddeThym,le tiersde Mente,ôc
Se le quatriefme de Sauge. Ces arbres
font Poiriers ployez en tônellc ou
berceau rond comme vne* boule: le
parquet femé de Polieul : les quatre
f ruidiers difFérens,l'vn de bonChrc-
ftien , l'autre de Serteau, le tiers de,
Bergamottes , Se le dernier de MuC
caddies, d'vn gouft trop plus excel¬
lent que les communs* -.

* *.i >»-j/' - . '


POLIPHILE* io$
Les parquets ou
quarrez du troifief¬
me rang , font ainfî
faits. Au milieu y a
^vne caffè ronde d»
trois, pieds en hau¬
teur, Se deux pas eit
y . largeur,fake depier-
re d'Azur Orienta!,
entaillée de belles
moulures,en laquel¬
le eft planté vn beau
pied de Buys haut
d'vn pied Se demy,
qui iette fes brâches
en rond , excédant
vn peu la largeur de .

îaeaffe. De ce rond
vuyde ayant vn pas
Sedemy douuerturc»
1 fartent fix branches
vetdes, arrengées en.
ordre de colonnes*
continuées enfem-
blcpar petites voul-
tures , chacune brâ- -
che de quatre pieds
> de hauteur, couuer¬
tes 4'vn pignô ou cô-
blebafty en faconde
couppe', fcifoubfte-
nâtfurvnc boule de
trois pieds de grof¬
feur , autour 4elaql-
le fe trouuent fix ferpens , qui ont les queues renuerfees en 4cdans fur le pian de
la voul te,le ventre auancé en dehors,à plôb de kfaillic du Buys,& les telles iettees
en dchors,ouurans les gueules,dôt par certains tuyaux feercts fort v.n« eau de fen-
teurs excellente de compofition Se artifice notable.Du fommetdcla boule qui efl:
entrefes ferpens,procédét trois brâches vn peu courbes dedeux pieds dehauteur,
Se à chacune vn petit bloc rôd comme vnpiédeftai, décrois pieds de haut, fansles
moulures fouftenâtes trois vafesantiquès,à quatre anles de fembkble proportiô,
defquelsauulfailfenttroispkntesdeBuysàtroistouppetschacuncflapremierede
la groffeur^du vetre du vafe,efleuéefur fa tige <fcvn pied de haut,îe fécond touppeç
vn peu moindre,duquei k tige vn bon pied:k groffeur du tiers eft telle, que defa
à.

bouche mote vne brâchedroite:&s'aflembléttoutes les trois de fortequ elles lot


vne voulte de trois arccaux,couuerte d'vn ombrage du mefme Buys.Entreles cor
nés des voultures naiffent trois petites brâchetès qui feruét feulemét de decoratiô
& pour doner gracè à l'ouurage.Elles ne montent point plus haut que le couu/rt»
Sur kpointede chacuney a vn vafebafuftré couuert d'vne pctkepyramide rôde,
en kquelfeeftjicKé««^M.bouîe pour le contentement del'ceil. ;

' - . Dd m)
¤j(i)LA> 2( . «68»*^^,,
****4^

LIVjRE PREMIER DE
Aux quatre coings de-çes parquets fontfçkuez quatre degrez ne pîusnemoîng;
que fes ptécédens -, garnis de quatre arbres de beauté finguliere , ces degrez fai&s
cm triangle de finAmbre.reluyfant comme l'Or. Au premier eff planté du Roma-
% n^aufecond du Fenouil doux -, 'au tiers4u Bafilic, Se au quatriefme de la Meliff^

tout leparterrecouucÉt deCamomil.


''-,'"; -i- 1ie.J Les arbres font. Pruniers, de da
mas noir,de violet, de Dattes , Se de
Perdrigon. Lelardinier lésa ployez
en demy rond , Se vuidezpardelfaus
cpmme.vne voûte, fibienqu'ils ren¬
dent vn ombragç-récréatif autât que-
nuldes autres.
Tpus les fruidiers tant dé ce par-
quet "que d'ailleurs portentvnemef-
megrandeur,groffeur,8e largeur : Se
qui plus eft ,.fe monftrent toufiours
verdsjchargezde frùi ds, qui neperd
point kifon; car incontinent que l'vn .

èft cueilly , l'autre fe rend. apte pour


ïeftre. Les faces des degrez qui les :

enuironnent, bat eftéfe curieufemêt


polies,quel'6n voit dedans les verda-
res, Se la figuré du clos qui ceint les
parquets.Aufortir de ces jardins Ion-
rencontre vnbeau Pèriftyfe» c'eft à-
à dire clofture dacolonnes^affifes fur
piedeftals ,., continuez l'vn à l'autre-
par fe. mo,yen d'vnepëtke muraille
faite à- clair es voyes,deplufîeurs fueil
, kges, entre ks,Se autres tailles, d'in-
uent ion gentille;. Les moulures font*
fembkhles-à celles defdks ftylopo-
d^s ou piédeftàls.L'efpace-entre deux colonnes porte deux de, leurs diamètres a*
ULecvnquartiSeoufesallees-tendantesau.centres'addreifentirafetrouueîvnepor»
te à voulte afîîfe fur deux eolonnes,comprenant k largeur de l'allee,faides à la fa¬
çon des'autt-esj toutesfois vn petit plus groffes à l'équippllentde leutçharge. : car;
deffus l'aïteau delà porte'regnent archkraue,frize,corniche, Se frontifpfee ,dontt
les moulures accompaghenttputfe long.dupèry ftile, exceptéle frontifpice. Ces-,
'pièces font crenfes,Se remplies de.terre,Se chacune faillie-à l'en drpitdes colonnes,
eff planté vn Buys ou vn Geneu-rfer .l'vn pres4el'autre , à fçauoir contre vne cojô-.
^evn Buy s rond fanspied, 8ç ioignant l'autre vn Geneurier formé en troispora*-
Mftçs ,1a première gr oitètte Ja.fecoade.rttoind£e3& ktroifiefmeplus p etite.
E OLIPHILE. m$>

Lesffyîopôdesoupiédeftals,auéèk muraille d'entredêux^ font d'Albafire, &7


les colonnes depferresdifférentes,afforties dé deux en deux. Celles qui fouftièn-
nent làporte,fent4e Calcédoine, tes deux'-feyuantês de Iayet , deux d'Agathe, ,

deux de Iâfpe,deaxde pierre 4'Azur, deuxdë Prafme'd'Efmeraudé:Seainfipar 6rr


drediUerfinées encouleurs,Se taillées en toute perfedion del'arti felonlesme- -
fures conuenables.Eîles font de façon Ioniqne. Leurs bafes Se chapiteaux de fin v
or,Se'pàreiîfementkfrize,qui-eftcyvzelée à beaux fueillages antiques. Entre deux'
colonnes fur leplan de là baffe murai Jle,fe>nt affis des vafes de mefmes pierres que-
les colonnes,toutesfbisdiftinguez de forte que fffes deux colonnes font de lafpe,',
le vafe. eft d'Agathe, ou autre diuerfé matière. En chacun vafc eft contenue vne'
plante dèquelque herbe odorante,comme Rômarir^Mariolaiite, Cyprès-, ou au-
tre,qui font defguife'es en plufieurs manières, Se enrichiffent fes treillis ou claires ;

voyes fi bien que c'eft vne chofe admirable à regarder: caria muraille baffe feruât
d'aecoudoër,eft toute d'ambres. Depuis cette cîoifon iufques ferle bord; de k ri- -

uiere^echampeTlfemédemejjiuë verdnTe,mèffeé de toutes herbes médicinales, >

comme Ache de toutes efpeces,Abfinthe Romain, Se commun, Emile, Ariftolo---


chieslongue Se rohde,Mandragore,Clymënum ou Lizet , Melilot--, Fûmeterre,,,
Ghelidoifle,,Sumac,Bétoihe,Calamynthe,Lyuefche , Hyppéricon , ou milleper-
tuys,Morelle,Piuoine,5eautresfimples.Pàreilfement déroutes celles qui feruent *
à.manger,^fçauoifCh'oux,kidues,Efpinars, Ozeille, Roquette, Cheruys,Pafte-
nades,Afperges,Artichaux,Serfeuil, Raponcles,Poix,feues,Pourpier, Pinpernel-
fejAniZjMelloBSjGourgeSjCoucombrcSjC'feore'e, GreflOn,^ Se femblablësy auèc-
..." " - Ee -
. , , t^^f^- n ' '.'

y LIVRE PREMIER DE ;.

toïïteSmaniereS4'oyfeaux, comme Merles, Alouettes, C^g^,


Calendres,Paffesfolitakes,Pinffons,Pe^
k,maintenant conuertie en Roffignol auec ^^d^PJb|retJtoafiour,
tes là forme d'habrt Royalen>G*££ en k-^^ cft ^ eft ^
d1fantenkngueGrecque.Pou,PoU^co^^ ^^^^ à^lfequ.cllelUyauoit
?

rookS pSarLs,veftu, de^pkifante liurée Se plufieurs °^^^|^


Mais pour entendre la diuifion de cette Ifle,premieremer eft à note qu elle co-
»
,

tien KmSe en rondeur^ Se vn milfede diamètre, diuife en trois , la tiercepar-


Se£on££l«} pas,vn pied,Se deux palmes'. Se vn peu d'auantage. La clofthre
dLmslamarine Sque4x Orangiers.contenoitvndemytiers.r^.pasAio.pal.
mes,Se autant les parquets dç5iardins,iufques aux colonnes.

Ces prez font bornez de la riuiere, laquelle eft enclofé dedans fes dues , faides

' ' ,)
' P OLIPHILE.7 ...Y:., m
dë'puisïe fotîs dé l'eau iufques à trois pieds au deflus,deiïiaiIonnerfe de beau ttiàr- ''
^re vctd,Sc deftrudure dorique. Elfe eft retraide entre icelles deux murailles, co¬
rne iadis fut le Tibre àRome par 1e youlok de l'Empereur Tyberius, Làfiuierè'
eft ordinairement claire,pùre,8e nette fans cannes,ioncs*, ro féaux, n'y autres her¬
bes ou arbufte$,maistouteenukon'née de fleurs. Elle faurt divne fontaine viue?
Sefaitfon cours fans gueres de réuolutions:puis eft côdulte parmy certains tuyaux,
faits tous propres pour l'amener dans le pourpfis,arrozer tout le lieû,Ôc de k s*efe '

couler en la mer par petits ruiffeaux tout à l'entour dellfle : parquoy k riuiere n*'
peut iamais defborder,ains demeure toufipurs en vneftal, fans croiftre ny dimi-
nucr,pourcequ'autant d'eau que lesfources defgorgent*,autant enferrai par fes,
tuyaux. Elfe à douze pas de krgeur,Sc quatre pieds de profondeur. L'eau fe purifie
tant claîre,Se fi fubtife, qu'elle ne caufe aucune difproporcion ny empcfchëment
entre la veuë Se fan obied: car toutes chofes yfontveuës iufques au fons en leur
propre forme Se nature,non plus groffesmy plus allongées,courbes obliques , ny
aucunement difformes. Le fable du fons eft méfié de paillettes d'or, Se en lieu de
cailloux garny de pierres précieufes. Au long des riues croiffentfes Gkyeuxde
toutes coufeurs,à fçauoir bleuz,bkncs, rouges, Se faunes. Il y voile des Cygnes k
grandes trouppes. Aux deuxeoftez font plantez Orangiers Se Citronniers, en ef-
paaie de trois pas de l'vn à l'autre , mais àvn pas de terre ils commencent à ietter.
leurs branches,lefquelles s'affemblétl'vne auec l'autre,faifant vne voulte de fueil¬
kge de trois pas de hauteur:les autres branches plus-hautes font ployées fur la rî-
- uiere,Se y font pourvu ombrage vne autre voulte pn façon de berceau , quiàde-
puis leau en mont,feptpas dèJiaut.Le fueilkge en eft tant efpois, Se fi vny,qu'vne
fueille ne paffe dé rien Fautrè,finon quand elles branlent auvent, qui leur donne
grâce fînguliere.Breftout y eft couùert defruidSedefleurs:aufîî c'tft vne droite
habitation de Rofîlgflols,qui fe cachent là dedans, Se y tiennent leur pfellette dé-
, dable Se plaifante. - " ,' ' .

* /

Par deffus l'eau courentNaffelfes,Ëarquettes, Fregattes, Brin-gamins 8c petfe


tesFuftezd'or,conduides par ieunes Damoyfelles qui' tirent 4eTaukpn , &' va¬
guent à plaifir,coronnées de chapeaux de fleurs Se de verdu/e , veftùes4éY:refpes-
faffi'annezjbordezdepaffementdefild'or, fe déliez ,~qtie l'on peut voir entiére-
menïleur charnureaufli blanche qu'Albaftre . Ces belles font céintesau deflems"
~- ' Ê e i) '
"
«':. . /LIVRfr PREMIER Ï>E 7 * '
,4e k.poitrinç,qui.cft 4efcouuerte à k demy rondeur des mammelîes, reffembkn-
rtes à petites pommettes :*& eftl'efchancrure de leur robe d'vn paffementdenT
,.4'or,enrichydefinepierrerfe. , -

Cmandieleivey, elles faifoient fur l'eau vn combat de plaifir^,. contre plufieurs'


,

iiefuxjeunes hommes qui vo^bieht en femhkbfesvaiffeaux: Se cek repréfentoit


*vne manière de graçleufe bataille markkne:càr ils s'inueftiffoient Seprouoquoiët
l'vn l'autre,commeilfefaid ordinairement érî tels affaires. Là femonftroicntles^
;DambyfellesfortoDftinées,parquoyfouuenttrefbuchoient fes nauires des hom-*
"' ttn es Se des Dames : , maisfur toutes chofes les Damoyfelles eftoient entendues au,

;butin,Se defpouill.oientincphtinenttousceux qui fe rend oiét à.elles prifonniers,


;piiis.couroientaux autres,Se mettoiét à fons fes barques Se vaiffeaux ou elles pou-
upîèntentrer vidorieufes,crknt Se riant fi tref-lgaut , xju'ij fembloit que l'air s'en
.

4euft fendre Se efektter. La nuierâ'eft'toufiours; pleine de toutes ëfpeces de poif-


, .

::fonsà.efqiiaillesd'or,Seauxyeuxbleuztkansfurlev.erd, quinefont fauuages n'y


;:paoùreux,ains tant priuez que c'eft mërueiiles. Aucuns d'entr'eux eftoient fi grans
-.qu'ils.portQientles.Damoyfelles en ce combat, à quoy elles le domtoient , poul-
; ;forçnt,Se menoienr en guife de chenaux agiles:Sc cela fe Faife.it au moyen des aifle- '
; lions qu'elfes auoient empoignez.Cette trouppepaffoit parmy grand nombredç
LbutreSjBlereàux Se autres belles aquatiques,douces, Se non malfaifantes , tclle-
, mentquec'eftoitTnplaifirincompréhenfibleàveokSe.àconfidérer. Voyant ces
- beaux efbate mens, ces grans feulas Se pajfetëmps déledahies., il mefemblokim-

poffibleque k félicité de cesperfonnagespeuft iamais eftre troublée par défàftre


pu makuanture:qui m,e faifeit defirèr de tout mon cceur,permiffion pour maDa- .

meSepour moy de perpétuellement demourer en celle c©mpagnie:carienepen-,


fois pas qu'en toutlereftëdu monde y euft plus de contentement , mefmes que
par fes boys,vei-.gfers,,Seiardins de l'Ifle, i'auois veu vne multitude in finie d'autres
ieunes'hommesSeDamoyfelies,pafferfetcrnpsà chanter, dan'fer,deuifer, lire hi-
ftoires'Se liures4'amours,autres faire des comptes,ouiouërd'mftrumens de 'Mu--
Tique, plufieurs aufïï s'entr'accoler , Se cueillir des fleurs à poignées , Semefme-
«nient dételles couples qui agenfoient les habiîle,mens l'vn à l'autre afirgde fe ren¬
dre plus agréables enuers Geuxoueftoitle -but deleurspenfées. Brief cette affem-
folée-ioy eufe fe r efiouyffbk en toutes les manières de palïëtemps qu'il eft p ofîîbfe
imagiher:Oultrelè"bord delariuierefe trouuoit vn pré d'auflî grande eftenduç
comme le précédent,garny defaclofture de colonnes ouperiftyles,aboutiffantau
bord de l'cau,quelbn paffoit fur des beauxpons faits au nyueau4es.voyes ou al- '

Jees qui ten-doient au centre de l'Ifle.En chacune allée il y en auoit vn , ou d'Ophi»


.-te , ou bien de Porphke, Se ainfi confequemment. Mais chacun d'eux gardoit
fon allignement félon k largeur de la vby e àlaquelle il refpondok, Se fi eftoit cou-
;Uert delà mefme verdure d'Orangiers. Sur la fin du pré eftoient faits tout à l'enui-
ron de l'Ifle,fept degrez qui auoient vn pied enkrgeur, Se autant en hauteur , Tvn
- .de marbre rouge, Se l'autre de nok,.qui eftoit horsla reigfe d'archkedure,kqnelie
;veut que fes degrez ayent demy pied defiaut, ou huid poulces pour le plus Se de
3atgevn pied,ou pied Se demy pour afîîette. Le premier degré eftoit de pierre
noke,Se fur fe dernier y auok vn periftyîe,c'eft à 4,ire vne clofture de Colonnes fer¬
rée s,auee des portes au dt-oid des allées par lesquelles onmontoit à ces degrez,'
fors en la grande Se principale tendant à k porte du Théâtre : car là devant il n'y a-
uêic pointée degrez comme aux autres,ains feulement le chemin vn petit rebau-
i.é en montee.Lesçolpnnes eftoient plantées de deux en deux au long du plinthe
-Çkd esprefIemettt,doubfe:Se après fescûplohnesle -.rang,y. auoit vn piilier quatre^ '
'*.. >-

POLIPHIIE. -m
-

lut lequel fe pofofev'neboule de cuyure doré toute ronde iâns autre ouuragcLe
iix colonnes femonftroient de diuerfes couleurs, àfçauok deux d.e Calcédoine,
-4eux de lafpe verd,Se deuxde lafpe rougc.L'archkraue, frize, Se corniche eftoient*
-de Porphke,Se le piilier quarré dé mefme,fur lequel repofok vnefphere decuy-
uredoré.Laprincipale allée n'allokpoint en diminuant de largeur comme fes au¬
tres, ains conferuok toufiours fan<e~galkédepuis.fecommeneeme&t iufques à la
"fin.Au deffus delà corniche y auokplufieurs Paons de toutes fortes, fes vns che-
ininafts,d'autresfaifânsk rouç,Sé plufieurs arrefteztout coy,l.es queuëspendantes
fur la frize Se architraue. Le deuant des degrez eftoit taillé d'cfpargne,à antiques Se
tArabefques, le vuyderemply fur les noirs d'efmailbknc,,Sefur les rouges d'azur
4'efmaiL - . \

"Decette.cloftureiufquesaux autres fept devrez enfeyuans ,y auokfeulemënt


vn cheminpaué de marbre blanc , de k largeur de fix bons pieds , apreslequel on
en réfcmtok fep| autres de là mefîne matière , mefure , Se ouurage fans aucune di-
uerfitéoudifférence.,Toutàrentourferle derrière eftoient plantées des touffes
deBuys verdoyâs,forméesen façon de tours, hautes de neufpieds,Se larges de cinq
Se fcituées furies reri contres ou les allées s'addreffoicnt.Aumilieu de chacune d'i-
' -celles tours y auoit vne p orte de trois pieds d'ouuerture,Se 4e fix de hauteur,tou-
tes fembîables,5ed-eparéilieparufe.Enchacune des allées^ depuis vne destoùrs
iufq'ues à l'autre,ie vey pourclofïure vn chariot triomphant , tiré par -quatre che-
. ,; - " Y '. * Ee iij
L^tLiO'.Zl'
DO^J

LIVRE PREMIER DE
uaux,8e plufieurs perfonnagesquile fuyuoient, comme gens de guerre , le tout
, contrefaidl des mefmes plantes deBuys. Entre deux autres toursy auoitfneba^
taille de mer,equippée de Galleres,Naues,Gallions, Galleaffes, Fuftes,Se Brigaïr-
tinsipuis en vn autre endroit,encores yne autre bataille fur terre , bien fourniëde

courir, crier , hannk , abbayer, Se faire proprement tous lesades qui s^y pra¬
tiquent. ' r * ,

- Entre kclofture du BuysSe le troifiefme degré , fe tronuoit vn ouurage foro-


ptueux,pourefbahk tout entendement humain, car»de prime face il mè fembla
-quetoutëk terre eftok couuerte de tapiz'de Turquie, affortisde toutes couleurs
"à l'inuention de louurier,conduids en diu^rfes fortes d'entrekz Se fueillages tant
Morefques que Arabefques, fes vnes plus viues & claires , fes autres vn peu plus
obfeures,ou pour mieux dire,rooinsapparentes,mais artifteaiét accordées en, va¬
riété de figures. Lesprincipales eftoientrondes,ou quarrees ou Rhombe , ou bar-
Iongues,ou d'autres fuperrîcies:& ces tapis alloientiuy uant l'vn l'autre tout à l'en-
uirondupourpris,exceptéfeulementou les allées ferencontroient, qui paffoient .

fur deux figures d'vne forte,pource queles trois contenoient autant que la largeur
d'vne voye. . ': , -

Pour faireIifîére&bordà.cesfigrjres,yauoitvne fente aîknttoutau long del*


». clofturedeBuysfaidëàperfenn3ges,dmifecsenfept ceintures de paué, fes trois

du milieu de marbre nok,Se fes deux de chacun cofté de marbre blanc, auec vîi fi¬
let noir entre deux. Joignant la blanche il s'en ktonftroit vne pierre rouge comme
r Coral,& au dedans celles de marbre noir eftoientmifes les figures rondes Sc*quar-"
. rees,telïement que dedans vne quarrée,iî y en aiioi t vne ronde , Se dans la ronde la
quarrée, fe tout accompagné de fueillages exquis. Aumilieu des figures rondes
- eftoitplanté vnCyprès,Se dans les quarrees vn Pin. Sembkblement aux ceintu-

res d'entre dëuîcvoyesjfetrouuôient des formes onales : Se en chacune vn Saui-


'.

nier refpondant à l'efpacekiffé entrefers pins Se les Cyprès. Tous les arbres par-
crcuzd'vne grandeur Se groffeur. En ce beau verger habitoient hommes Se fera-
ïyOLïPHILE. " m
mes vacans feulement aux fuu réside la grand mère nature , ouau labourage de
.ces champs fertiles abondamment.- - ' y
- " "

Cekpaffé l'on montoit autres fept degrez,fembkbîesaiix-autr es, fur fedciliier'


defqueîsy auokvnè cloyfon de Verdure, de diuerfes espèces d'arbriffeaux : mais
les circomférences des pbrtes eftoient feulement d'Orangiers. Aux d§ux coftez
de l'ouuerturefeppuuoient veoir quelques Cyprezquis'affembloiéten vn , trois
pieds au deflùsdela tour.La hauteur du fueilkge contenokdëuxpas de trlfefure,
Sèainfià toutes les auti'es,donti'entredeuxeflokfaid pour clpfture de plantes -Se
de Buys.que fes ouuriers auoiét ployées par vn excéllét artificccar ils eftoiét tour¬
nez en demy cercles ainfi que croiffans de Lune,les cornes tournées contrenïont.
Au milieu du croiflànt entre les deux cornesfortokvn Geneurier tout rond,mô-
tantpeuà peuenpomteaigue:SeoùIescornesvenoientàfetouchcr, là eftok vn ,

Buysron4commevneboufe,fefvnetigeportantvnpiedSedemy 4e haut. ,

Ee 11IJ
LIVRE PREMIER DE
" Dedans Ïe7
' fte clofture-
entredeuxal*
léesjilyauoit;
des parquets,
femez d'her¬
bes Se ,4e
fleurs,ordon~
nez de belîç'
inuention..
.Cat pour e-
ftre'enclosjsn
, ' Y ' -' " ' .*..». tré deux fen-
: tesiKeftoientnécenikemétkrégulie^cW
"'tre Le premier eftoitvnentrekzcfe bandes ou liziereslargcs de trois palmes. La
Dre'miereduquarréformok vn rond,duquel en fertoient quatre,trois refpondans
' aux quatre coftez,parferquelspaffbit vneautre bande feparee de la première, de
- - làlareeurffe quatrepieds, quifeifoitcontre chacun coing dekpremiere ,-vn cer-

' ' cle ouanneau.Puisy auoit vne autre liziere en quarre,diftantautant4ela féconde,
«^ Guekfecondede la premiere,Setout àvn mefme nyueau : iaquelfefauoit pateiW
-" ' lementàtousfescoingsvn anneau, correfpondantàkfeconde. Snir leslignesàî*.
" eonales de ce dernier quàrré,y audit comme vn Rhombe qui entrekffoitfe quarr
fe", par fes quatre coftez,& aùdroit des coings faifoit des autres cercles ou .anneau»;
;

gour emglk fe vuide , Se donner plus de grâce: Se encorespar dedans jformoit-.


*

vne figure ronde touchantde fa circonférence aux quatre parties du Rhombe. .

DedansyauoitvneRofe-jatf'
milieu de laquelle eftoit mife v-
ne bafe ronded'vn marbre roux,
où eftoient: entaillées -tsois te-.
fies de B , feiches , les corner
enrichies de feftons pendans ie.
l'vne à l'autre , Se lyez derubëiis
vokns ,. auec fes moulures, à es
requifes,k bafe creufe , Se rem¬
plie de terre en laquelle eftok*
pkntéivn.Sauinier. ,

îks:
POLIPHILR ii$

Les bandes du parquet eftoient enkffées.de ma-


niere que quand ellespaffbiét deffus en vh ehdçok,
-.
elles eftoientdeflous enl'autref
km *' La liziere du premier quarré .eftoit- femée 4e
Mariokine, kfeconde de Thym , la troifiefme de
mm- Meliffe, Je rond d'Auronne , 1e rhombe d'Yfope, Se
«il le dernier de Coq ou Bafilic.L'efpace entre fes deux
premiers quarrez, eftoit pourfraid à fueillages de~
Branqueurfihe, l'vne au rebours-de l'autre il'vne
WÊ pleine de Polieul, & l'autre de -Rue. Aux anneaux
dçs quatre coings à chacun vne groffe boule d? Yfo-
pe,haUte d'vn pied Se demy. En ceux- là du fécond
quarré,y auoit vne Maulue de iardin , de trois cou-
*dees en hauteur, le rhombe eftoit femé de Camo¬
mille. En chacun dès anneaux dés coings .vne plante
de Rômarinda R ofe garnie.dé Vipliers rouges. En-
trele fécond quarré Se lçtièrs,fbn y veok des feu-,
cis fleuris. Entre fe Rhombe, Se fonquarré, y auoit .
4emenuespenfees.Maisentrele dernier rond Se fe
Rhombe,tout eftok plein de violettesde Mars. ï.

: Y Aupàçquet enfuyuât,pra-*
chàin à celuy deTalléedrqi»
île ) eftoit vne antre inuén-*
-vtioh , à fçauoir tout yj l'en-
1 tour vne bjandç d'vn piedSff
',' Seneuf pouces dtkrgeur f
dedans laquelle eftoyentcô-
tenus neuf petits quarrez ert'
tr"oissïa'ngS,,par égales diflan--
ces, continuez en lignes ti-
téesd'vn an'gfeàfauwe-,'du;-
-rang dedeffos,à eeluydedefc
feus : lefqûeJles lignes s'en'-*
(recfoiirpient.au vuidë en¬
tre les deux rangs', puis en-j
coresy voyoit o'n'4çsaiûres:
lignes féparantes' les quarrez:
detous'eoftezy Se frifeht? à
l'entour â e chacun vne %'u- - .,, t
re d é huid faces j defquelfes-
proeédoient d'autres quar- -

rez , qui auoient fes coftez;


tournez deuers les coing*
- C?4cLp-2-(>. '. fi ">y
/ ^* LIVRE PREMIER DE
^premiers. Les bandes eftoient faides de pkcques de ma^
tde la groffeur de~quatte plulccs Se demy,entre lefquelfes fes herbes eitpient p an-
Se ^oWaire k diftindion des lifieres, Se de leurs couleurs «nfi. E* kpremiere
bande tailantie quai rq, y *u i >,»' iflj,. l^na-oo-m-iesdeTareron. ton*

Au milieu de ces parquets , fer le


anoyen quarreaU du fécond rangve-
ftoitvn ftylopode ou piédeftaldePoc
phireauec fes moulures. /Aux quatre
coings deffousv celles d'enhaut £ auoit
-quatre telles de mouton auec leu^s
-cornes tortilléësj'defquelfespendoiét
debeaax fêlions de Lyerre iufques
senukon le milieu de Ces faces. Deffus
ceftylopode eftokaflîs,vn vafe anti¬
que d'Agathe,ayant quatre anfes, dot
..failloit vnepknte deBuys verd,formé
en rôdeur,vn peuplatte , de k largeur
4'vnpasde diamètre: de làfortoient
trois tiges,chacune garnie par 1e bout,
d'vne pomme.ronde,fur chacune def-
quelles eûoitpofe'yn PaJn , les queues
de ces Sens eftoient pendantes , Se les
telles en vn bafiîn fouftenu par vne
autretige montant entré les trois, &
faillant au deffus du baffin où elle Te
ylépartok en quatre branches. Sur la
pointe de chacune fe pouuoit veoir
vne boule ronde pour former vn triâ-
.

gle,Se vne au milieu plus haute que


les autres,qui fouftenoit vn e ouale,en
Y; . façon de chapeau de triomphe déco-
* ' . - ré par deflus,Se parles coftez de trois
" tpetitespommettes de kmefme plante de buys,fàns autre matière, fors le vaf e,&
^ïepiedeftal.; ,-' Y ,.., , > -7 '''' ' " \ - '

Apres fuyuoient fept autres degrez,lallée entre deuXjSe fur 1e dernier vne autre
.«lofturedeMyr^jauecfes tours Se portes telles que les précédentes, dedans k-\
quelle y auok, d'autres parquets dequiauoient telle figure. C'eftoient deux quar-
cez de lifieres auec Vn rond,entr.«kifez commeceux de deffus, lerond fartant hors.
;du premier quarré , Se cmbraffànt le fécond» Le dedans enukonnoit vn Aigle à
" j^ijles couuecteSjiEntre les deux quarrez en lieu 4e fueilkge y auok des lettres.

î
POLIPHILE.
En l'vn des coftez en la
première' . efpace eftoienr
A L. en l'autre efpacë E S.
M A. Au cofté d'après . en,
l'efpace première trois îetY-
, très G N A. après le cercle-
DICA. En QUtrede mef-
. me aux tiers cofté , au pre¬
mier efpace eftoyent qua-
trelettres T A O P. Se trois*
après le rond T I M. au der-
nietcoftéles lettres efloiét"-
deuxenfembleIO.VI.Les- \
quafrezjle rond,Se leurs an--'
neaux, eftoient 4e ruëfort:
ëfpoiffè,!' Aigle de Cabaret^.
feslettres.de Sénicfe.. Les-
quatre ronds empiiffans-1er-.
vuydè entre legrand". Se les
coings du premier quarrés.,v
deBugfejtoutfefôsde Mu-:.J
guet,, couuei'trde fes fleurs-,
blanches.... '.; ,
A- chacun, des quatre pe- *

tits ronds y auoif vnepom* f


BTedèMyrte,uir vnêtige de deux pieds dé hauteur...

L'autre quatre eftokfemi>


^ bkble àeeftuy-cy, au moins;
quâ taux en trelaz Selifier es,.,
mais auinilieuduroiidya-
uoir4eux oyfeaux1, à fçauoir;
4'yn cofté vn: Aigle», ..Se de*-
l'autre vn Faifàii .* les pieds .
pofez deffus le bord d'vn-
vafe; antique , 1e bec l'vn au .:

droicidë îautresSe les ailles-,


leuees- a-mfi comme eft eh- .

dues. Entre les dëuxqtîarrèzs


eftoient ces lettres- enfuy- -

uarkes ; au premier; e8ft é ;


S E E<Rm 3u1fecon4.'
V
A E AY L IT. au tiers I S B..
ENI.Sc auquatriefme GNfe.
:

TA*S., trois lettres- en cha-


,, ^ 'que efpace- que- diftingué le;
fond.Les quarrezSelerond remplis de Bafilic, fes oyfeaux de M^enthe,fes lettres-,
de Camomillefeméfe de fes fleurs bknches,ies quatre petits ronds de ïo ûbarbe, &
lefonsde Peruencbe , couuerte4e.fes fleurs azurées. Au.milieu des petits ronds s
' ' . ' - " .' - E£-i>
.: -y ylïvre toemier.ûe .

y auok en chaeun-vne plate verde,de trois pieds de haut,à fçauoir deux de Saurne,"
& deux de Geneure:routes lesherbes enroféespar petits tuyaùx,en manière de fô-
j taines,pafransdeffouskterre,Sevenâsdela.grâdriuiere.Puisy*auoit encores fept
Àegtez'.Se fur le dernier vn treillis de lafpe, palfant tout à l'entour , percé ta. beaux
fueillages Morefques de l'efpoiffeur de deux bons poulces: Se n'y auPkportes ny
ouuertures:carik finîffoient toutes les voyes Se allées , forsk grand, rue , où eftoit
faid vnriche portail ) Au dçdans de cette clpfturefetrbuuoitvn bois norripâreil
fur tous les autres défia recogneus,car il n'eftok peuplé finon d'arbres précieux,
-comme font les deux,efpeces de Thérébin#he,Ebene,Aloës,Encens,Myrrhe,Pbi.
-

ures, Gingembres,Mufeades, Camiellejpaffes, les trois Sandaux -, Storàx, & Bau-


me,toutle parterre femé de RheubarbeTSe de Cannes de Succre.La rofée tombât
"4effas eftpit Manne,plus parfaide Se meilleure que celledeCakbreif Pareillement
7,. y auoit des albriffeaux comnîe decoton,portans fine foye: Se ynemukkudé.d'oy1-
* feàux à moy incogneuz,les mieux chantans qui onc furent ouys:Se parmy ces om.
; brages vn gr â dnombre de ieunes hommes Se de Nymphes fuyantes leurs amours

par.cesdeftroitsobfeurs.Tous ces perfonnages eftoient veftus d'habits de foye


4ëiiénonchàkmment,fàns aucun artifice, pouree qu'ils eftoient phis qu'a demy
t4euenusfarouchesSêfauuages. Outre ce bois y auok encores fept degrez , Si au
4effusvn autre periftyfe on circuit de colonnes, comme celuy qui eftoit près de la
riuiere,faid delà mefme façon Se eftoffe des autres : puis vne belfepkce large Se.
fpacieufe,pàuee dé Mufaique à fueilkges Se entreks antiques de morefque ; pat- .

faidëinentppurtrai ts .Se garnis de couleurs tant naïfues que rien plus. Ainfi eftoit
Aîtribué le demy tiers de milfe,depuiskriukre iufques au milieu de l'Ifle conte-
' .Jï^t.çent faixantefix pas Se démy. La rimer e en àuoit douze, les prez dix,les degrez
huid Se den»y,lape,tke voy e fix,le premier iardin des parquets .trente, le fécond
vingt & fix,le troifiefme vingt Se trois, fe bois vingt Se cinq , la place au tour du
Théâtre feîze,le dedans du Théâtre iufques au milieu autre feize , qui faifoient en
nombre trois cens trprite neuf pas. ;. y. . ......"'
* - ' . ' - . . y , . -, , - - ,- - . '
ÇVPIDO DE SCEND IT DE LA BARQjfE: Ef LES
' ' Nymphes de f /fie vindrent au deuant de luy richement dttournées en parement
- lie triompheielles luy offrirent des préfens:puis il monta enfin chariot triom-
- phant,pour aller au Théâtre, & feit mener après luy Poliphile & Y
; ,.: pdialiexjfr attache^, auec plufieurs autres :defeription Y
* / *
.,''"."' duThêitre,tant dehors que dedans, Y Y " '. '

' - - » . *
* Y '-- ., x - Ch'ap, xxii» . >' y- Y,
'-.' S TAN
Sjainfi ; heureufement portez par les deux airs
qui dônoiehtdaris.fespetkes plumes de l'enfant diuintoût
eftant en tranquillité, nous prifmes terre arriuans en l'Ifle
Cy thérée,ou nous eufmes 1e plaifîr de-voir jnefefirnté de
Nymphes venir au, deuant de nous , xette abondance dé
beautez eftoitfans conteJsSe toutes eftoyent en fleur d'aager
accomplies en bonne grâce S* veftues d'auantagedebien
Téance,ainfî elles fepréfentërent humblement^ "Cupido,"
offeant leurs perfennes àfan feruice. Là furent celles qui
'liante nt-fe déduit de la çhaffë,mais c'eftoit par groffes trouppes, comme les Paftp^
:'-;. 7potIPH'LLE:-- ' ir5
t>heres,qui pertoiènt certains attourneméns'dHks nuptiaux : Seles Pyjg"8phores,
chargées de tours fèintès,c£defpouifleWèîgïïë^
ferrées d'or flamboyant contre le SoleilvTenvëy qùfportok
vey -y ne entre les autres quiportoit
la.cùyrace de
Mars , l'arc '

paffé par l'pu-


uçfture,Y-dès7
bras3atrbùffe"
lïeeaui6utde>
fàrcd'vircoffé'
Se la hache de' :

l'aiitrejpuis au
dëïïbus le filé*
4érp"ïdye - in-'
queïiadis il fur
Cmfnà ànec la'
DeéifeVjéniis. ,
.- AST>'às.vnétè-*
fie dfefant en¬
tre deux aifles,"
, affifèfel'vnpô-
mëatfl^'e5 ¥el ;
oànfeg&Suffe
bout 4'enhâut "

4e làiarice re~
lûifoitlecabaf-'
fëtdece'Dreu:
lequel' en' lieif
4e pànnachè'Vy
eftoit Orné de
l'éfibilfe;*;Py-'
rdis. gardante ;

cofemefëik fi Y
.'7' Vhë àutfc7
Nympîiè''ppr^.
tùitaufîî furie/
-bVutdekffen-"
' ' .nevïiëhàpeau'
dë'Ltûrîér e.ii-'
,ytfê4èuxàiflés;:
.; .Sedeffousl.èvi- '
t/--' i rfegëià'vn beak^;
..... ;.' -'. 'ieuiiC entant, /:.,, _; . vt.- .-._ _- . .

fur deux fouldres entrauerféz Se lieiz de rubânstoia'nJ/Puîis vn fceptrcfen tràuerS


de laknceauquelpendoitvnbienrichemanteau. "". Y .^ - Y ;

Ff ll)
. ûSyiyfi.flfil.
LIVRE PREMIER DE
;. _- .y-yy-i La.ttoifîef., .., ,-.;
,;,,,, mepqrtoit>vjv. '' )fi>
'- .,_-, çabaffet.
auokpourcy-:
feîer vne tefte*
debceuffeicka;
Si'dëffpus yneY
cuiraffe anti-rî
que7,A chàçu-i
ne ouuertufeî
des .bras p en* .

4oiét4eux ef- ""-'


çuffons. ,v def^
quels fartp.iétj
deslyens,,aufe^
quels eftoit^t-v '

tachée vne- /.-.'


'

pèaudeLyon^
ëftendue toutT
a.u.long 4'vn^. y
groffe maflue.Y
Jil y auo^tvne;
a;utrekncëco,-.
menceant.par.;
<-. ynfer trenchâfc.
pointu,4efcér-.
dàhtënvnperv
titquàrçéjioir^
snàntà.vnde-
». . ,-.-
». >
. my ro,n.4Y ;e.rt.-: ,

fprme de-plat";
m eenuerfé/dë la-» v
groffeur, 4'yri^
ppulce*:'Se au-
déîfoùs ynr.au->
tre rond.kpUçY
defrôtfur';ynê7
tahle.4'attétë;>><
en laquelle. e--. .
. , , ftoit.eferfet'çA",
îpotiQ^tS'EVAD:E'TYlr;"7-'7-.7;;',y . < . ,"

^ C'eft kâke qui en efehapp.era;CekreppfQit fut vue petite boule. Et plus fcàsvtt-î
autre rondëntre deux aifles,moindre toutesfois que celuy de deffus.Pttis deuxbaa-
luffrs?, fvn.tpntrej'au^ 7Y; 7- ... - ;t v+>:iy--
POLLPHILEy fil"..
Encores vei-
ievne autre la¬
ce portée par
; vne Nymphe, -

-en;. la poinde
. 4u fer 4ê la¬ .

quelle .eftoit
fiché vnouale,
.bordé tout au¬
tour depierre-
; rie, Se au mi-
;' >; lieu vn gros Sa
jphktout rôd, i *-
affisfurvnerta»
J ble d'attente,
ouyauokfemt.
blablemét efe
'f ^critNEMÔ. .

qui lignifie
Nul. Plus bas *.

^ regnoit vn f
beau vafe àBa» ,

luffres s, açco-
7 «iodé -entre
-deux ailles-.
La fixiefme,
-eftok yWbou
. . le mife fur k
bouche d'vn
vafe à gros vé- -

tre , Se le col.
long, pofe au
milieu dedeux
plumes d'or »
-entrauerfetes -

par, leur moi-


y,. tié:Sedes deux
parties de bas
. ". - eftok formé .:
vn rond dedans lequel il y auok deux petits baluftres, Seàudefcmsvn pommeau
fouftenu fur le fons d'yn.bafuftre, renuerfé,i'puuercure abpuchéè entre deux aille*
puis vnclîgureoûaTeiavantenfon centre vn grand Rubis , -cette ouale- eftoit faii- -

wenue d'yne autre boule faide à coftès4e',Meion.f, ,'" '

" " Ily auoitplufieurs autres enfeîgnes.qui ferbient trop longues à ra-tomp'ter.Les
lances eftoient d'Ebêne,d'Àloës,'deSendal rouge, jaune &bknc: ily en auoit dé
dofé'eSjargentées,Se autres couuertes de fine foye, enrichies de pi errerie. Celles
quifes portoient,auoient en leurs mains des gans,faids à raiguilfe,ou de k brode-
fiéde foye Se de fil d'or,fermans auxpoignets.Et devant toutes marchokçellè qui
' ' \- . "' . ' '''".' Ff ikj Y fi' ".
cf%aM :QZ

ël
LIVRE "PREMIER Dt
portent k bannière de la Barque,fuyuie, d'vne autre portant vn Trophée,quieîtofe
vne figure de.Cupido tout nu4,téhaiitfpn arc bandé,le pied pofe fur vne boule, au
deffousvn chapeau de Triomphe,faiddelàmes d'or, taillées Se cy zélées en façon
- de fueilles de L'àûrier/ur le fons d'vn. vafe antique renuerfé. Les liaffes dôt il eftoit
lié,vollpie,nt d' vn-cofté Se d'ajitre. Aii.dedas du chapeau y auok vn-tableau, par l'ef-
p^ffeur duquel k lance traderiQk,taéfmès par vn pom meau eftant au deffous,aux
deux coftez du tableau -hors lé chapeau fôrtoient comme deux eheuilfes,efquelle$,
pendoient plufieurs pierres pi'écfeufes,ehfiiées en cordons de fil d'or Se de foyc,
' ' " ! enmaniere de bilfettes. Au bas de ce cha-"
""peau y auoit vn vafe 1e fons tourné en haut,
rpuuertureeHfaçondebafuftre, qui em-
braffoit vne ouale ayât au milieu vn ioyàu,
vu autre deffbus, Se deux aux deux coftez:
:*

' aii tableau eftoit efcrit deuant Se derrière

enlettres Grecques, a O P t k t h i O r\
" C'eft à dire, , Pris en bataille.
Y Après feyuok grand nombre d'autres
. enfeignes, trophées,defpouilfes Se butins,

1 gài'gnez Se conquis par Cupido, aûecian-


ces garnies de fleurs, fueilles, fruitages , &
.

" rameauxJSe celles qui lesportoient,alloiét


. par ordre en cette pompe triomphale. Sa
chêré efpoufePiychéfut k première quife
, préfentadeuantfey en habit Royal,veftue
d'vn manteau de veloux cramoifî, figuré à
fleurettes de fil #or , frifees furîafrifure.*
Elle eftoit accompagnée de fes Damoyfel-
Ieshabillées de drap de foye de diuerfes
, couleurs : Se y en auoit quelques vnes qui

portoient comme des hïubergeons d'or


faits à efcailles, garnis de pierrerie: autres;
les auoient de veloux bleu,ou d'autre cou-
ieur5à grans fueilkges4e broderie,releuëe
-, fur les mammeiles felou'leur groffeur &

- rondeur, où les fueilles fe contournoient


' dn façon delimaifes. Labordure eftok dr
pierres précieufes: fur fe velours blanc,.
d'Efméraudesffur le verd, de Rubis: ferk
kune,deSaphks:furlebfeu,de Perles :fut
fecramoyfi,.de Diamans. Làeuff on peu.
voir toutes lesfartesde drap d'or, Sed'ar-
'genr, Se de foye , de toutes couleurs chan¬
geantes, Se de tops draps, tiflusnloitiéde"
fôye,Se moitié de fil d'or ou d'argent,aucûS'
raye^par petites- bandes,»
'à figurés , autres
plufieurs méfiez ou bien affortis d'efear-r'.
Se
latte. Maintes portoiétdes toiliesde Cot>
ton blanches Se faffrannées, auec touteë.
que là n^tkre aù®îtp"ëumuëritaf4ëj>eauté Sede bonne grâce. Elfes auoient paré
y ; ; i--. , ' - y kutî
i'dv*

' ; , ^ f . Y FOLÏPH'IIIE. \ fi '' - ,'n7-


r feursireffes de riches garkiideSjbu'chappeléts de pierrerië^Se coiffes.de fil-4'pr,en 4 7
trelairëesà.quarreauxouksd'amoursàrofettes.&autixsiiinuentions , Separ def¬
fus des Tiares àia mode Perfane , ou des diadèmes d'pr. Les rofettës descoiffes -
jeftoientfaides de fix groffës perles Orientales-, Si aumilieu vngros Rubis , pu
autre pierre précieufe,enfilé'es aux cordons -don t la .coiffe eftoit cbmp 6Céi. Autk-
. nés auoient fes cheueux tous treffez Sejfez.au.deffus de; la tefte : d'autres; les Vo.ù-.

lofent entindklfez,le5 trèfles alentour de leur tefte: plufieurs les aymoient mieux
liez au d¤ri'icr,e4elatefte',&pendànsiufqués aux genoux:quelqués vues lesauoiét
;.encortilîe2:en k-teff e,ferrez de xubw.s garnis de perles, Se frangezde petites pail¬
lettes d'or-jbrankntes à l'entour, du-.feont,des. oreilles -, Se partout furies cheueux:-
où ils-les auoientdepartis endeiix cordons", ramenezfur lehaut delà tefte , ou ils*
eftoknt.iiouez eaf emble auec vn gros'bou'ton de perles , dont ils-fpr toient en ma¬
nière de h ouppc,aux autres .plus longsiuiques furies, p/eilles, Se aux autres moins-
félon leur fa.ntafiss. Sous en eujïïea veu de pluf;noks quëplumes de corbeauliezi
de fild'argentjSé crefpelez du long des temples,brankns enpetitsannelets, Se vo-
fetansfurlesprciifes,voirçpigpe?Sedifpofez de forte que Ion fe pouuoit efrrier--
ueillerde i'ârtifiçe|eçuriofeéféminine.C'eftoiti'appaft,kgiu,l'amorfe,fescro--
' '

chets,les haroeffbns,les rets Se les filets où fe prennent les amans, Elles auoient des-'
gros Rubizpèrcez pendus à ley'rs oreffles r 'Se de riches colliers ou carcans autour:
de leurs.gorgesirarfëes : leur clmulfeure à l'antique; fermée à-bouclettesd'or' , Se
cordelettes de royales femelles ly.ees fur le col du pied:fes brodequins, defacin ou>;
v.cltouxbleu oucramoyfi,ou;uertfurkgreue,Seleî"ongdel'ouuer.ture bandé d'vn?
enrichiffementdefild'or,àv!npoulcede.krge,eft:offéedepieiTerie. Sur lecolduî
pied y auoit vn fermai! faid éfl façon de cur, oufe venoient alfembler toutesles ;

7 courroyes delà feineîfe,qui ëftoientgarnics de perles .Leurs veftemèns' outre la


richeffe de k draperie eftoient pourfifez , deebuppez ^ Se enti etailfez.. en, maintes-
"

modes exquifesSeiiOuuelles: car aucuiiesles auoient fepfdez 4e bandes larges-de;


. deuxppulcesgarlesfentes:&;tout à l'entour pendoiént dès petites poyrettes d'or '
faides d'ouuragedé;fiI,ou en lieu de:cek des perles en poire, greffes commcnoyY
fîlîes,ou bien quelques autres- pierres précieu fes, taillées Se reduktes en cette for-
me.D'autres eftoient ornées decuiraffesantiques de fâtin violet , pourfifees en---"
brodérie,enfueillage de demy telles tput femé de perles , tourké en rond entour -

les mammellesySe faifarMîaux deuxeoftei du nombril,deux autres cercles en guife"


de li'maffes-rau milieu dèchacunedefquelfesy auoit viie rofe depierres precieufes-;
étfchaffées en or.'Lacuiraffe venoit iufques fur k hanche, Se defeendok en 4c«iy- ~

rond,fuyuantkforme Se proportion du yentreauec vne bande d'orfeuerië ,bor- -


dée deffus Se défions degroffesperfes,Sepfeineidepierrerfeparfemilieu.Pbur te- . -

Ynirla place des franges, il ypendoit des greffes perles enpoyre,, Se entredeux vus
boutond'or» Audeffbus ily auoit vn petit yeftement de feye verte tiffueauecfili
4!or,qui aliok iufquçs aux genoux feulement', Se eftoit bandé tout-autour d'orfe--
uerie portant vn bon poulce.Se demy dflarge, cette ceuure eftoit faide àpier "
rerics de Ru'biz,Liiamans,Saphirs,8e Efmeraudes taillées en Rhombes,ou Lozan-
ges,Se entre deuxvne groffe Perferonde , auec vne -liziere dentelée en façon de "-

frange. A.chacune pointependpk vne pierre précieuferonde,&eikfe deux, vnfer" .


4'orcomme, d'vne flèche barbelée. Des pierres fartoient filets4'brefmaille?cô-- ,-
medes Rëthz:5è- oudeupit eftrele néu , yyauok vne autrebague ronde iufques à*:
vne mailLeSe.4emie... Aux pointes dék demie y auoit femblablement vné bague--
au pendoitynéhouppe 4e fil d'or..: au trauers delà premiere-maillepa-ffoit vnfil-.t
d'orjbàefeoientennlees autres pierresemplifTantes le vuydé Se milieu-dc l'efmaiL^
<om:Z2
rLIVR£ ^RFMIER DE
fleuret DéfTouscettehabillcraent court, eftoit lacotte de Satin cramoify, polit;:
ijfileéà cordons dciUd'#r * menez en.fucille,iiArabefques,flebandecparlebas
j-
'd'vne autre bande d'orfcurerie fembkbles aux précédentes, excepté qu'il n y a-
, uoit point 4e franges,Se que les pierres y eftant cnchaffées, eftoient tables 4e Dia-
.inans,Uubis,ou4umpinsCaboch«îs.Les Diamansd'vnppufeedelong, & en-
:,«iron4emydekrge^Qurféparationdal'Tnàl'autrc, y auort deux pcriescntra-
i-M&ESfi. 7' .- , '

"' ' , '''Les msrsïches e-


ftoient mefme ou¬
urage , attachées à 7
la cukaffe.L'ouuer-
ture 4es efpaules,,
-ban4ée 4' vue pareil»
4e:lifte 4'orfeuerie, {
eftok de 4cux pie-
ces ,1'vne prenlt de¬
puis le coude iuf-
.ques à l'efpaulc,&
l'autre de laiointu-
~f e de la' main , iuf¬
ques au coude, tes
bandes eftoient re¬
tenues par beaux
^cordons 4e paffe-
/ ment , pointes d'or:
<&c aux fers pendoiét
grolfer perles auec
autres pierres pré-
cieufes.
La chemife bouf-
foit par les fentes
Se 4cfcoupeures.
-Brief c'eftoit vne
chofe ïneftimabls,
Se quiprefquc ne fe
peut croire : car le \
ffefirSe le defiré , le
fçauoir Se l'auoir,lc
vouloir .-& le pou¬
voir , s'eftoient ac¬
cordez enfemble fi
parfai d ement,qu'il
n'y auoit que redi-
re.HéksImonDieii,
ces machinesoffen-

MIIHWI lÉHIitiHHHH fiues pouuoient fa¬


cilement expugner
^oMt ç & eoatraire à l'amouç, voir e fubiuguor toute forte r éfiftance,
v .-
- > . » V*»*--s

. polifhiee:~ ^
fônuerferSeabbatré toute franche liberté,^ (quipis eft) contaminer toute conti- y.
nence,pourobftiné/e qu'elle feuft.Parquoy ieconfeflëfranchementquekgrandç
amkfequeieportois à Polkfut en branle 4e gliifer,tant cèfte-cy me te^toit ; qui
me feit dke tout bas en foufpiranfe OPoliama chère Dame, gardez maintenant -

voftre prife. Ce paflàge eft dangereux.Voicy merueilleufesembufehes.lënëdouf-


te point que ce ne foy eut voleurs manifeftes,fefqUels contre toute raifôn acquié-
jjentiimmortellë renommée, par leurs inuafiôs Se pilleriesàmoureufes,VPÎre s'en-'-
fbnteftimermefmesqui en font miférabfement tourmentez , de manière qu'il
femblequë telouttage foitpar eux requis Se cherché à toute inftance. -

En cette façpn,Sé auec cette graciëufe compagnie , labclle Pfyché recueiliit^, - ... ',

fon efeoux,:.guis honnorablementluy pofe vne couronne fur la tefte. Alorsrvne ^imcm^''
des Nymphes de fa fuitîe,k douce Himeria,,s'approcha de Polia: ôc la fiere Ero- Extourna ' N
totimoride,me printparkmain:puisnousmekenten ordonnaneeauec vneinfi- ndevtour-
nké4'autres perfonnes qui cheminoientpofement trois àtrois comme en vne mehtd'a-- ,
ppcejïfanfeknneife.... - ,- ,-:',;;", Y.^xodor^
'"', ' c ' i ' "' - >i .' -. .. , dbwdepoy-Y'
7 ' - Deuant tous s'en vint To- fon-.' Y
;
xo4orë,quiluy préfentà larë Ennià f çRf "
ban4é en toute rigueUr.Cë- ^c* ' -
>

fte-ià cheminokau rpilietï*1


4e deux âutres,dontTvnedî»' , "

te Ennia por toi t en fes mainr. 5


vn petit .vafe de Saphir à s

deux anfes , Se à large ouuer-'*


rare! lecolduqueliufquesà *
- la rondeur du milieu, eftoit :
-,, cizelé en fueilkge ,,fesanfes-:
tournées enformede coîeu-
ures, mordantes fe7 bord, &
pbfât leurs queues fur la feil-
liedek gxofleur du ventre^
laquelle eftoit enukonnefe -

, d'vnefrïfetaillë'eàpetitsraiti.
, féaux 4e verdure., Lé- corpr '

; - s'êftreciffbk; dëUers- le basy,.,


cnmameied'vnfuièaugo- - ; '. ,

dëronné eh trauers Se fepo--


fakfurvn petit pie4duqHeî^
fortoit vn autre fueilkge>. -> Y
embraflànt feifons 4u vafe ;
tout pléinde fleurs, qu'elles
alloit femàntparla vojsgjiâc-
/ , . ,-Y compagnée deiPfiiîedes ià .
; , - ' mfeuxaymée. ' fMeâes^®tt>
i . ' .,.,' 'kpté.-,;
AjsrèrvenoirentredeuxautresNymph'es.Vëlo
féntà Cupido d'vne belletrouflë garnie dedeux flèches ferrées, l'vne d'or,5el'au- -<ar<]no^ . * **
trc4eplombmalpoly.Ldquelletroufféil ceignit prornptementà fan coilé. Ce- ouéftuy'djs.e
pendant deux autres âH©^^ \
.fi " '"'"" " ""' ' "' """'fi. ' G'g.:JJY . ' ' .
LIVRKP'REMIER DE
lïoiorifei, Tair. Celle:de Homoniaëftoit d'of,Se celle de Diapraxede Cryftal: Se quandrvnft-
o*confehte- ,'iettoitlafienne5Paucreauffifaifoitfefembkble.Maisfur-toutëfl
Saxe -de à ce qu'elles ne ferencontrâlfent en l'air. Suy uant cela marchoient trois autres
£&-' Ny mphVes,àfçauok délicateTyplilote, quiluyhailk vn bandeaupour couurir Ces.
- ;tio,aChe- yenxteire-làeftokcoftoyefededeuxkfciuesDamOyfelle^decpntenanceim^^
*" dique Se.diffoluë,l'vne nommée Afyneoha laque k=inceffammentbranloit, ôcfe
SSr 'totnoitdetoutespartspour monftrerfelégereté.L'au^ eft Afehemofyne^ux
S 'toutenuëparmyleLutrLveftues,dônpitbienàcognoift^qu'elfe-efto^
^fynecha, lhontée,&ne Lfoitaucin eftimede fanhonneur. Çetteda portoit en km^,
.inconnu- $ hèl.£ d>or & del'autte tenok fes longs cheueux , afin qu ilsne luy couunffet ;

ce'fbhpemYléderriere.ElIe allok en maintien lubrique,Se fans vergongne, auec fes yeux verds
';«£* -'regardas cà Se là,fans leur donner ny repos nyrekfehe.A-u quatriefme ?ng efto,t
f eïfte,îa Tliefte,veftue de fine efearktte , les treffes pendantes contrebas , fermes au def-,
. Ife.- fusdesoreilfeàaue^vuebelfe.gukkndeouçhapeaude.fleurs,&deverdure.Cette.
^ ,' "llàmeitàCupidovnbrandondefeuenfamain.Brachyiiialynedefescpmpa^
7 - ' .- 7poi.toit:vnv{iëd'Efe^^
tens fi c'eftoit ouurage humain : car il eftoit fard quafî-en forme d vne Courge,
-

" V forsqu'ilaupitvnpeudepied:feçoîgoderonneentrauer.S::)Seoulevent^
" toençokàs'enflerlyauokvnefiifee^^
-" tant deuers lë-fons,quidiminuok en groffeur,eftoit cizelé a fueilles de Perfil tant
WéuïesTurle^fcqufeUçsfembloiént eftre entierem
' ' ' -''* Ou boi-afortpient deux anfes qui reffembloient a bxaches d Artichaut, Se fe rea»
''^etfoJeWcohtrelem^
y $es harmonieufement» -,-'*
J- 4h>

"POXÏPHllE; ^ -" tij- :


' ^Capnodiaquifeifoitla troifiefme , portoitVrr atitrevafe' de terreven façon de £j^^e.
fazée: Seau plus gros 4e fon çflargiffement plus/bas que fes anfes, eftoient ces
treze lettres Greques. ' . ' y > ;_ ; ... . ,

.... . .-H ANXABAI A BI O t. -" - '

rC'eflidiire.

1 Toutes chofes font dépende durée.:.


*Cç vafe eftoitpercé de tous coftez comme vne chaikepleuré , êeenfortoitvn^
îfumfeefppiffe, laquelle incontinentfe4iflippi't en l'ak, r' - v .

Ayant Cupido reçeu tout


* Y fon équipage , il monta fur
vn chariot d'or tout exprès
apprefté pourluy. Le gifle e-
ftokckcuy d'ync frize 4éco^
; : rée de pierres précieufes, de.
', ] lajargeur de neufpoulces oit
Î)Ius. Les deuxrouës auoient
a circonférence d'or, Se les
^rayons 4e riches pierres tail-
"lëes en parfaids Baluftres. ..
y - ïncontinentqu'ilfutaffis^ën
: ' chat triomphantjPoljàSe
" -'ce
moy fumés pris par les deux
y belles Nymphes PlexauraSé Plexàur'Sv
" Gamona,aufquelles Cupido
douxaiguS-
Ion. '
=âùokfaid figne de ce faire: Gamona,
v Se par elfesfumes liez Se gar» nopees, v-
xottez les mains fur le doz à Synaifîc, ce
Selles cordes faides de -rofes habuàtioft*
-Se bouquets. Puis doucemét
l'on nous tkok après ce cha-
riot:Se quafi allions de no¬
ftre gré,par l'impulfîon de la.
-fi belle Synaifîe. Toutesfois ie
comméçay à trembler ': mais
'.-..' '.-.; voyant que fes Nymphes
rioyentauecPolk,ieirfafreiitay. . - Y . - .

Après nous venoit noftre maiftreffePfyché,fuyuie de fes Damoyfelles,. qui a-


. noient apporté les préfens.Elle eftoit veftue d'vn riche manteau , atlachéfur l'efe
paule droide à vn riche fermai! de groz Carb"ocîes,Se au milieu vne fable de Dya*
mant delalongueur d'vndoy & demy, ayant dekrgeurvn bon poul|e, fi qu'il e-
floitdc valeur ineftimable,Se de merueilleufe beauté. Làdedansfe ppuuoitveok
Cupido engraué,qui fe riaurokfay- mefme , Se Pfy che maniant (comme mal aduir
*fee)k flèche de mortelle pointure. Elle tenoit delà main droite (qu'elle auoita
4éiiur« hors du manteau) la flèche d*or : Se de l'autre vne lampe antique de Iac.yn-
7 Ggjij - ^ - . ,
f y LÏVR^ ^PREMIER DE
Ae: Oriental. Elle auokf eiette fan maikeaufur l'efpaule , fi qu'elle monltroît fe
.
"dôubleure dedrap d'or frizé,Se làdeffoùs fa bordure d'orfeurerie , entremeflée de
.. pierres préçieufes,toutesenperfedion.Elfe auok vne robbe de fine foye , toute

clofe,tiffuëaueq fiid'or,ceintc au deffous des mainmelles, Le chariot de Cupido


~" eftok tiré pardeuxferpenspriuez,alkns à quatre pieds, Se eftendans le col , atta-
. . -,
. chezàtrjids de Laurier cordé auec du fil de foye , fes poidtals d'or,' tous eifclez
.

auffià fueilles de mefme, enrichis de fine pierrerie : Se chemitioient pas àpas en


grauité4e triomphe,Se en cette belle ordonnance.
f â'ftopho- ' Premierementles Paftophores,puis les Trophigeres , Pyrgophores , Se celles,
Ki portans ^ pprtoientfes failfeaux de verges Se haches fiées enfemble: après les autres qui,
TPo'lhi c- tenoientd^estorches Se cierges allumez de belle cke blanche: Se puis les Ofmo-
res°portSan"t photos encéfiéresjpbrtàs caftbfet^ oâeuc
des . Tro-ihcroyabfe.Hly auoit d'autres Damoyfelles quîporteient des vafes d'or à col c,
j>hces- " ftroid,pfeins d'eau de fenteurs,qu'elles refpandoient fur lés affiftans, menu côtn.
«

ryrg0P"°*~meIpetkepluye. Après venoient celles qui fonnoient des inftrumens ,à fçauoir,,


ies'rours!* Luths,yioles,fleuttes,harpes,hautfbois, corncts,trombons , lyres, chafemies, vio-,
Ofmopho-' lbns Se autres de toutes fortes,a.ccordans à. la voix des chantreifes quiles accompa»;
îgs>portaiis gnbient>çouronné.es,'de chapeaux de fleurs Si.de fueilfes déroutes couleursmef-
&&çuch«. fees de perles aùçc d'autres piêrresprécieufes parmy de beau fueilkge d'or. Cela
y ' tendoit vne harmonie tant-méîbdieufe, qu'Apollo n'en feit oncques de pareille
aux Mufes. quand il chantok auec fa Lyre : nyArionlors queie. Dauphin lepor-
tok:mefmes on nepeut eftimer qu'ilea foit faid de. tel , par les Syrenespour ie-
çeuoklcs maiinierttCes belles ne cheminoient pas toutes enfemble Se en troup*
,

,pe, maispar ordre,çroisàtrois,chacuneàfonrang,auxlieuxquileur eftpientbr-.


J4onnez:telfement que ie tiendrais à préfomption de vouloir entreprendre d'ex- :

' p^merkmoindre partie de ce. triomphe ile«diuin comportemment des belles


' Nymphes,feurs beautez fingulieres,fearsfamptueux habits, leurs gracieufes cpn-...
. tenances,Se l'abondance desthréfors,rkheifes,grans délices Se plaifirs^que par la
spéciale grâce deCupido il me fut permis de veoir en ceft in liant», en telle -p.erfe-.
¤lion qu'il n'jà langue tant bien difen te qui puiffe fous les proportions 4'é^loqué-
- ' cç.fafee yok l'eftat de cette mag|kfîcènc.e«v% 7; * * ;

>
,./
iPOLIPHILZ y
Au dernier lieu, Scdëuâfitîeffefpës
quitirpiétle chariot,marchoient deux
Âegypans ou Satyres, auec barbe de
Boucs, Se pieds de cheure,couronnez
« de fleurs de Saty rion, Çynofarche , Se

JEnuk : le front ridé , le poil méfié, Se


inalpigné: p or taris chacûf 'effigie d'vn
monftre groffemét Se lourdemét tail¬
lée en boys, deTorme humaine , vë-
feue iufques à k poidrine , Se ayant
trois teftes diuerfes : fe demeurant e-
* iloit faid en quarré,allât en pointede-

>.uers lepied , quifiniffok en vhe mou¬


lure aflkê fur vn plinthe.
Au milieu du quarré, Seaupluskr-
ygéendrok, eftoit ie figne-Ityphalfey
qui eft la remembrancedel'eiire par-
faid del'oxgane de produdionnatu-
,telle. '
Deuant eux allok vne Nymphe Mâ¬
che Se belle , couronnée de ly erre , Se
veftue 4' vne robbe ouuerte par le»,
deuxeoftez, les pans yokns d'vne part
-Se d'autre, par la mignardifeduvent.
Elle portok vn vafe 4'or,rond,faid éa
façon de mammellc , duquel fortoit
du kid^par vnepetite bouche!, tout
ainfi qu'en vn facrifice. Elle eftoit au
milieu 4e 4eux autres Nymplies, l'vne
couronnée 4e -M ercurkle unafle 3 Se
l'autre 4e la femelle,
'.-.- -Y
La première tenoït-enIsvne~dc fes
mains la ftatue d'vn enfant toute en¬
tier c,8e en l'autre vne qui n'aûoit bras -4 *^-"-
-n'y tefte, -.-,- y
La feconde|!ortoit la figure Se Ci-
mulachrc de Séraphis , adoré des Egy-
ptfens.'Ceftokvne teftedeLyon, qui
auoit 4' vn cofté tefte de chien, Se de «

l'autre celle d'vn Loup cnclofes Se en-


uironnées d'vh Serpent, qui auoit k
-tefte panchante furie cofté 4rpid, Se
4u 4e4ans Xbrtoient des rayeras fort
-aigùz, - ' . - .
\:
LIV;RE\PREMIE R DE

if^M
; A'infïëftoiraceofnpagivé'Cilptdo triumphant;, Palia Se moyjnenez après at-
' '

tachez àJyens d'eflturs,Se de cordes faides de Rofes. Les Nymphes nous cntfe-
tenoientde.ptoposa-mouteux, Se parolles courtoifes, en vifage ioye.uX;aifeompa-
-gné,4e b'anne grâce, ainfi qu'ont accoufttimé Se le pratiquent filles gracieufes. Ce;
grand.Seigneùr abfolu Roy des aroes dociîes,marchoit en ce triomphe Se pompa.-
magnifique, accompagné des trpfées4ë.tous ceux dont les enfrignes de fes vi-
doiresfuiuoyentfabanniereimpériale, au milieu de labelle roufique, pattny de:
.IJeaax-rofierSjfemé par deffus des fleurs odorâtes,8éfoubzla couuerture d'infinies .
riches tïfilles,:-:ea,,cçft eftatnousparHinfmes à vne grande place deuant la ports
4'vn excellent Se m-frueil.leux amphithéâtre., tel qu'oneques ne fut veu fon pa¬
rdi. C'eftoit vnmpnftre Se prodige deftrudure, Sepluftoft ouurage diujn , que;
faid par mains d'ouuriers mortels.ïsfoftre venue fut par- la grand voye , au longde.
kqHelk; de chacun cofté y auo.irdës petits tuyaux feercts qui iettojent incefîàra-
irseht de l'eau mufqué«,ds l'extrêmeraentparfaide. Quand nous fufmes arriuez h
rà.portedK,ll-Amphithéâtre,ie me prins àla contempler par le menu , pour defetire
fes paftiçularitez.Elle efto.it depkrre d'Azur: les bafes , Se les. châpiteaiix-des cou*-
fënncs de fin onl'ïrehkraueïtâ feke,k corniche, Se fe tympan dûfrontifpicc,4e'Ia-i
îï}efm,épien'&4'A,zur-. L.escoftieres oukrabagesquifouftenoknt farceau del'où*
ïMrture, 4"Ophite4és cofeanes-mifespour ornementauxdeux coftez , de Porphi*-
ïfrSeles fuyuantès.yariées,, -àfçauokvne dépierre Serpentine., 8e l'autre de Pbr*
pâtre. Êçsmoyennes venant à plomb de celles-dc Porphyre, e Soient 4'Ophke:85"
fes plus hautes 4e façon quarrées à k-mode Athénienne v eftoient- auffi de Beau*
%»rphire.-djuérfîfiant ain.fi les vncs aU contraire, des autres. Aux dcuxcoftczde 1 a-

m
POLIPHILE. tm
y auofedèux vafcs excellemment riches ,*4'vn 4e Saphyr , & l'autre 4*Efmeraud©;
.entaillez par vn artifice admirable : qui me firent fouuenir 4e ceuc- qui eftoient à*
fentréedutemple de Iupiter en Athènes. -' .

Là Cupido defcendit de fon Char triomphant pour entrer tarÂmphithéât-re'


ordonné de telle faite. L'empiétement, l'ârcKitraue, lesbafes, iesftylopodês, la
ftize, Si les ceindures faifans fe tour- du baftiment eftoientde cuiure doré j Se tout
le tefte d'Albaftrc bknc,poly àè nature , Se auffi par indéfinie. Jîauoir par dehors- -
.
deux ordres de coionnes,Se deux v cultures l'vn e fer l!àutre.Les troificmes eftoient -"-
pilliers quarrez, les voukur.es faides en demycercfe,aucc addition d'Vne feptieme -
partie de ieurkrgëur.Lës colonnes appuyées à k muraiile.ne fortoienr qu'a demy
hors du mafïif.Se eftoknrcannelées.Se rudentées depuis le coferiz de leuraffîetre,
iufques à leur tierce partie. -Les chapiteaux, bafes, Se ftyldbatcs eftoient de cuiure "

doré. Au\ang!es4'iceuxftyîobates,fpecialement au dçffoubz' de leurs snouîureSj.,


y auoit des teftesdè Mouton feiches auec leursfeornes ridées Se reUerfées , efquel-
. les pendoient'piufîeurs beaux feftofls paffans "feubzvn rond feid" au milieu" dk a

quarré rabaiffé , Se pareillement enclos de mpulures , dedans lequel efloit taillé rc---
leué a demy vn facrifke'Satyrique,o»i!y auoit vn aute!,Se deffus vn'trepier,foufte--
..nantvnvafed'Aerainbomlkntfurfefeu , Se à chacun cofté dël'auteî vne Nym.
phë nuefbufflantle feu auec vn petit tuyau. Auprèsde l'autel fe moftrpyerit deux*
. petits ehfans tenans chacun vn vafe:derriereles Nymphes , eftoyent deux Satyres-*

ayans la bouche ouuerte comme s'ils vouloient rcrier , de l'vne des mains ils'te-"-
nofentvnecollUure,qu'ilsàpprochoientdes Nymphes , Sedel'autre ils cftoum -
fi Hfe. . -
<$êajOfi2Z,
LIVRE PREMIER DE

|royêt la Bouche d'vn vafe antique faid en fufeau. Les Nymphes auec leurs maisa
<piin'eftoyéeempefehées,fepouffbyentles bras des Satyres, fans difeontinuer leur
.office de foufler. Lesautres eftoient faits d'autres deuifes Se inuentions.
Sur fes colonnes repofoitl'archkraue,puis la frife,Se après k corniche. La frift
eftoit entaillée de cette feulpture , C'eftoit l'antique plein de fruid Se de fueilles,
quifortoient dé fa bouche. De çhacunèpartgifakvnBceuf couché, èftendantles
pieds de deuant,deuers celuy du vafe:8e eftoit monté par vn homme na, tenant v-
tie verge en la maitf,qu'il auoitleuéecomme pour frapper,de l'autre il ambraffoit
lecolduBceuf.Derriereluyfurkcrouppedece Bsuf, eftoit affife vne femme
auflt nue,embraffantl'honîme du bras qui eftoit deuers 1e fons de la pierre : Se de
l'autre elle tenoit vu linge paffant fous fa tefte,furle bout duquel elfe eftoit affile*
. iCtelingçcouurojtkmoirié du bras dont elle embralfoitrhomme. En'outreya-:
POLIPHILE
auoît vn Satyre tenant 4e Ta:mafh d'roke lVne des c«rnesduFtuf,&: de l'autre
qu'il eftendoit deuers k femme,vn ferpenttortillé. Plus auant vers le fons du va-
fe:eftok encores vn autre Satyre tenant en fa main gauche l'autre corn e du Beuf,.
& en k droite vn beau Ruban,auquel pendok vn long faiffeau de verdure paffant,:
fonsJeventreduvafe. La partie de derrière du Bruffiniffekenfàçilkge antique,,
tourné en rondeur pour luj donner façpm -"'.

<w

Au deffus dé cette frife accompagnée de fà corniche, eftoit vne autre voîtture


toute fembkble^à la première., Et combien que l'art d'arehkedure requière .que'
les colonnes mifes en baftiment fer autres colonnes,foyent moindres d'vne quar¬
te partie que les baffes fur quoy elles font pofées, mefmes que les troifîefmes afîî-
fesfur les fécondes, diminuent d'ynë cinquiefme portiôj û eft-ce que cela n eftoit:
point obferué en ceft édifice fomptueux Se bien approprié, ains eftoient toutes*
d'vne grandeur Se groffeur, tant hautes,, baffes, que moyennes. Mais à dire vray ,
les troifîefmes eftoient pilliers quarrez Se cannelez ,?fartahs delà muraille vne;
tierce partie de leur groffeur. Entre deux de ces pilliers y auoirvnefënëftrenoni
point quarrée comme celle des teéples,ains en arceau , ainfi que îon'fes faid aux;
maifonsparticulïeres.La corniche royaleeftoit fans faillie neforget,maispar def¬
fus y auoit feulement vne petite muraille d'vn pas Se demy en hauteuivToute ceti-
temagnifique ftrudure eftoit baftie de fin Arbaftre Indien tranfparent comme*
verre,maffbnnéefàns cyment ny aucun mortier,ains en eftoknt les pierres fi hiem
efquarries,ioindes, Se enckuéesertfembleaqu'iln'enfaliok craindre la diffolutio-,ft
maisl'eftimerdurableàperpétuité.Lafuperficie n'en eftok noire de fum ée,roûfe
fie du S'oleil,ny fouillée de kpluye,ainsdemourâte enfan naturefSe premier pc
lîffemënt,fans tâche ny macule enaucunede fespàrties. Lapkce contenok dedâs»'
«euure,k longueur de trente deux pas de diamètre. La largeur de la clofture Seal
fees régnantes àî'cntour,efteît de-huidpas.Cede'parteraent pu diuifîon delà rô¬
deur de l'édifice Se des colonnes eftok premièrement feide en quatrejchacune;
quarte départie en huid,qui faifoient en tout trente deux diuifions ; Se autant ds-^-
eofennes en rondicar fur, chacune huidieirae partie eftoit ppfée vne colonney , .

., ' :.'. " " ; UM- i|.


fdtxf'22-
XIV RE PREMIER DE

Laxloflure eftoit voûtée à double voutes,qui faifoient deux voyes ou allées en-
ukonnant.es l'édifice. Les pilliers du milieu eftoient plus près l'vn de l'autre , que
ceux du front de dehors,Se y auoit encores moins d'efpace entre ceux du dedans,
ainfi qucles lignes s'approchoient plu/ près du centre , tant plus elles venoientà
s'eftreck.L'efpaced'ynpillierà l'autre dknkmokde largeur felon la proportion
de krondeurda hauteur demourant toufiours en vne équalitéde mefure. Lepa-
uéde ces belles allées,eftoit de mufayque, Se pareillement le fons des voultes , le
itoutd'voe mefme façon , tellement que l'ouu rage de l'vn fe rapp p'rtok 1 l'autre,
POLIPHILE, &$
>& toat feid à compârtimens,enrfehis de fueillages antiques , fîpf op Ktnttit -8e de
tant bonne grace,que tout fembloiteftre4Jvnefeule pièce, non point 4e pierres
rapportées. Dedans ces compartimens eftoient pourtraits par belles hiftokes»
tous fes effeds Se opérations de l'Amour. . ;
En ce merueilleux édifice facilemcnt.fe popupit cognoifïrelehon efprk , le.
.spromptdifcours,l'artexcellét,ling^nieuxddfeing,leprpfondfçauoir(,k merueil¬
leufe diligence-, Se l'inuention fupernaturelle du bon ouurier qui l'auoit faid: car
à comparaifan de cet ouuragc,n'eftoientrien ou bien peu de chofe, le femptueux
temple d'£phéfe,le Colifee ou Amphithéâtre de Rome , ny autre ftrudure quel¬
conque renommée par les hiftoires. Mais encores , quand nôusfufmes arriuez à
cette grandeporteRoyale,toutes fes Nympbes demeurèrent dehorSjSe entra feu¬
lement Cupido:auec k Pliché:puis Polk, moy Se les Nymphes qui nous tenoient
liez,après auokpafféfes deux voultures,entrafmes en k place du théâtre , laquelle
eftokpauée d'vne feule pierre de Iayet toute d'vnepiece, ronde Se entière , tant
noke Se fî polie,quequand les Nymphes qui nous menoient , meurent tiré dedâs,
ie n'y*eupas fitoftmis le pied,qu'ilmtefembkqucie trefbuchoisenvnabyfme,Sc
cftois précipité dans vne grande foflè obfcure Se efeouuantabîe. Toutesfois les
murailles qui l'enukonnoient, fekent qu'aucunement ieme recogneuffe. Ce
néantmoins k peur me feit fake vn fauxpas , Se nren eftourdy vnpeu le pied. Ea
cettepierres'apperçeuoitckkement la couleur du ciel Se des nuées, Se des mu¬
railles qui faifoient faclofture , ce qui jfevoyok comme l'on faid dedans la mer
quand il y ab«maffe. Au milieu de k plàce,droid deffus le centre d'icelle, eftoitk
feinde fontaine delà diuine mère de noftre maiftre,excelfentement belle Se bien
ornée. le veuXjS'il vouspkift,vous faire voir l'incroyable ftrudure Se difpofitioa
del'Amphithéfere,qui excédo^non feulement l'appréhéfion de mon efprit, ains
toutepenfée mortelle: car il e$ck miracufeufement édifié. Les degrez faits tout
autour delà place canimençoient au nyueau du paué , Se eftoient en trois ordres, ->

en chacunquatre degrez non maflifs,mais creux,ayans fix palmes de hauteur , Se


deux pieds Se demy delargeur , remplis de terre, Se fernez de toutes manières dé
fleurs', qui ne montofent détint fait peaplus haut que k moitié du degré enfuy-
uant. Au quatrkfme n'y auokpomt de fleurs , mais eftok faid pour paflage ou al-
lee,couuerte d'vne tteille en berceau , contenant cinq pieds en largeur , Se vn pas
Se demy de hauclaquelle treille n'occupoit en rien là* v eue du ciatquiefme degré,
où cbmmençok le fécond rang,vnpeupiûsteleuë que lesautressgardantpropor-
tion conuenabie : Se ainfi des autres, tant du troifiefme que quatriefme ordresxar
vne mefme mefure eftoit obferue'e entous:Lesaccoudouers Se..appuisde lapre-
mierealle'éjcftoient de pierre noire, luyfante comme verre:fesfeconds de Spar-
topoliefles troifiefmes de Hiératite:Se fes quatriefmesdc Cepronite : fî reluyfàns,
qu'il vous euft fembîé à veoir à trauers les treilles, que c'eftoit le ciel qui fe pré-
fentaft à voftre veuë,Se nqjne muraille de pierre. Sur 1e bord de ces accoudouers
latreillecommeneoità fe tourner en voûte : le tout fibienconduidpararchke-
dure , que tous les quarrez de degrez refpbndoient au nyueau de la ligne tirée du
plus haut iufques au plus bas» Se ce par vn excellent artifice, inuention diuine , Se
quafi incompréhenfible.Plus haut quek quatriefme treille , y auokvne muraillë.
d'vn pas Se demy de hauf,& d'autant dekrge,creufe,Se puis remplie de terre , en-
uironnee tant dehors que dedans d'vne moulure faide d'Albaftre aufîî bien que
tout fédificejreferué les degrez, qui eftoientde lafpe Oriental , de plufieurs cou¬
leurs confufes Se méfiées enfemble:Se eftoient bordez par le haut , 4'vne moulure
4e fin or. Cette muraille faifoit la corniche de l'amphithéâtre, dedans laquelle .

'. Hh.iij "


] cAo^'22-
«î- ' fi' LI^RE -PREMIER DE" _ \fy- ~^

eftoieiitpkisteïdës "Cyprez4e deux en deux affez près l'Vn de l'autre: depuis deux*
'4'iceux Cypreziufques aux prochains ily auok trois pas de diftance : Se eftoyent.
tous d*vne grandeur Se gfoffeur',lés pointes "encîinées l'vne vers làutre^tellèmét»
qu'ils formoient certeines petites voultures en manière- de-pyramides , c'eft à dke-
y que kpointedupremiereftokjployéeaueëk pointe du quatriefme cëlle diffe..

eondauecceîfe du cinquief me, Se ainTi cn&y'uant de quatre en quatre ,-le tout en-
Orekffé de forte "quéfel'vn paffoit fur fan prochain ,; l'autre courboit après fous Ici-
fuyuant.En chacun efpace d'entre quatre C.yprcz(qui contenoit trois pas ) y auoit-
vne plante de Buys'à belles pommes oit boules rondes, diminuantes de grofleùr,"
fçauoir eftlafeconde moindre quëkpremicre,Se laticreeque k féconde :' mais;
toutes eftoient fi rondes Se tant vniesqu'vne fueiife ne paffok l'autre, dont fëm
bioitqu elfes auoient efté tondues,Sc ainfi mignottées par exprès.Entre deux Cy.
prez y aùok vh pied de Geneure, haut Se droit pour emplir le vuyde eftantd'vnè
voulte Sl'autre auec vn. toupet de fueilles furla pointe. Les perches, oziers,Se tout
l'autrefemWancedemerrain des treilles eftoit de fin or : k première, eouucrte dé
. Myrtefleury,pîoyéefurvriarchitraUed'or, fôuftenu d'yne voulte pofe'e fur àeà
- colonnes du mefmemétal, lefquelies auoientpourftylopodc ou piedeftalfe qua- !

ttiefmedegfé.,fe plan 4uquel(faifant l'allée au deffoùs delà treillej eftoit paué d'v¬
ne pafte ou cy meut composé"4e Mufq, Ambre, B'enjouyn, Labdan, SeStorax de
couîeurnoiraftre, Se parmy eftoient fichées'des perles Orientales , toutes d'vne
grandeur Segroffeur,difpofees en fueillages antiques en forme de mufeyque , en? ,

tremeflée depetits oyfeaux,ouuràgc(certes) de fi grande fingukrité,que nul autre


île s'y peut comparer. Ce paué fembloit eftre faid pour eftre feulement y roar-
chaffent despieds diuins. La fecondetreille eftok couuertede rofes bk'nches ôe
, "Vermeilfes,Se 1e paué faid de pouldre de Corail,cy%ientée,retenans toufiours fon»
îïiftre Se couleur naïfue, figuré par deffus en fà fupsrficie.dé- fueilkge- auec fleurs-
antiquésdes fueilles d'Efmëraude,Se les fleurs de Saphirs : tous èfgaux, Se polis en
perfédionl La tiercerde lafenin, Se le paué de pierre d'Azur pulucrifé , de couleur
cefeftevnpeu tirant furie verd, oûuré d'entreks morefques faits de. pierres pré-
eieufes, de toutes les couleurs & efpecës que nature fes fçait produire, méfiées dé
paillettes d*or, nëesen -la picrremefme:tant qu'il eft impofîîblc de croire, la caufe
. d'admirationipkifir,,Se contentement que cela donnok aux regardans.Tenefay

point de doubte que les ëfprats céleftes nes'encontcntaffëntaffez, voire qui plus
eft,s'efmerueiîkffenti pouraatan.t que cela paffè tout ce qui fut oncques excogité
des hommes. Ces treilles eftoientpar dehors fouftenuesde colonnes d'Offices
feyneàl'autreparvoutsîresd'archespofantes furies chapiteaux des colonnes. Le
yiiide entre fe&eornes de l'àrceau,eftoit en forme de trkngle,faid en l'vn de pier-
* te d'A.gathe,en l'autre de Iafpe,deCafeédoine,ou autre telles tout d'vne pièce, Se

fansaucun'ouuragejmakpoliestantfe'ulement.Aucoftédèdedant deuers la mu-


'taillcûl n'y auok point dccolonnes,ains vn grand architraue, garny de fafrifeSe
' corniche,îetaatd-ormaflîf,courantfe long de la muraille, àkhauteur descha*

piteaux des colônës fur lequel k treille repofoit:Se àl'oppofitcd'iceux chapiteaux


feiUoiéntdes modions,oubouts4ëcheuroa;î,4'oi,pardefrousl'architraue,com-
me'pour le fouftenir.Sous ces treilles danfaientpluiîeufs belles Nymphes,Se quâd=
elfes, fe tr-o uuoien t aux ouuertures entre deux colonnes , lors elle fe tournoiene
yerslaipntaine eftant au milieu de l'Amphithéâtre, -Se faifayent vne reuérence
Bien humbie,faris toutesfois perdreia cadence," ou interrompre la. mefure. Elles
alloientau contraire les vnes des autres, c'eft à fçauoir celles des treilleshaute Se
baffesdëuers main droîde'Sé cellesdek moyenne^ la main gauche: tant qu'il fem*
7 . ,r, P ÔLIPHILÊI ', , ' ''
Si|.-
Ibîokqu e les vues tiraffênt la part d'où les autres reuenoient.Les itlflrumens ren-
4ans le fon ,eft oient deux Trombo.ns ou faquebu ttes d'or, Se quatre hàuxbois, dits (

:Epîphone,Mefophone,Antiphone,SeChamephone,fignifiansîdeffus, taille, bafe


.fecontre,Sehautccontre. De cesinflrumens fes trois eftoient de bois de Sendal,
l'vn rouge,I'autreiaune,lJautrebknc,Sefequartd'Ebène, garnis 4'orSe depierrès
précieufes, mefmes accordez en harmonie excellente accompagnée, des voix an-
géliquesde ces Nymphes diurnes, fàifent meriieillesen différence Se diuerfité de
tous prononcez en égale proportion , rendant fi trèfdouce confonanec , que mon
ame en eftoit toutërauie.Les Nymphes delà treille du milieu, eftoient nues, Se
monftroient leurs perfonnes plus finement blanches que neige. Les autres s'ay-
moyent mieux richement veftues de diuers habits Se brnemens de foye, de tou¬
tes" fortes 8e manières de couIeurs,enfembfe de, drap Se toile 4'or ou d'argent,ray éj
frifé,figuré,changeant, Se de toutes deuifes que l'on fçanrokimaginer. A la véri¬
té ces obieds fembloient eftre doubles, Se ce à l'occafion de lamuraille,qui eftoit
tantnoireSefipoliejqu'elfelesrepréfentoittoutcommc vne bonne glace ,4e mi-
x rouër. A f encontre de la grand p orte, Se au droid d'icellc, y auoit vne montée de

fept degrez de lafpe, continuans; iufques aupk-n dek première treille : Se audefe
fousen lamuraille eftok faide vne petite poterne d'or, par oùl'on entrokfuries
premières voûtes,& de là aux plushautes.Puis chacune treille enfuy-uât auoit aufe
iiiaporte,d'or,de fembkbleeftoffe Se ouurageqne lapremietc. Le premier ordre
, des fiéges ëftokdéparty endeux,par l'efeallier commençant an bas duportail : Se
le premier de ces fiéges effoît comblé deterr e,Se femé de fleurs violettes : fe fecôd
de blanches: fetiers depàffeueloux* Au premier du tiers Se dernier ordrc,ily auoit
4es Penfées,au fécond du Soulfy,Se au dernier des Ancoliès. Toutes ces fleurs plus
.odorantes que fes meilleurs parfums d'Arabie: Se fine font en rien fubiedes au
. changement des faifans , ains demeurent fans ceffe en leur beauté , printemps, Se

- force de nature, fansfleflrk Seftcher, ny en faire aucune apparence. le regardois


-Commetoutefton^ékgraceSemajeftëdeçelieu, fan«excellenec ,ladiftribution
ingénieufe,Seîe compartiment detous fes membres,parfaidement accommodez
l'vnauec l'autre,enfemble/toutes les particularkez que nous auons veuës , tâtque
i'en demouray confus, Se quafi hors demoy , comme celuy qui enfongeant cuyde
, fongei'jSe çft incertain s'il dort ou s'il veiilc.Tous mes fens eftoient occupez Se cip
'conuenusd'vnpkififinexplicabfe , Semonoceur embrâfé d'vne -ardante flamme
7d'amour,allumc'e par la beauté npmpareilfede ma Poli'a:quei'ayme plus que tout
autre fuied:de for te que ienefçauois plus qui i'eftois,ky enqucllieu onm'auoit
,

franfporté. -* _ ,-..'-. ,
. -

Lors les 4eux^Jymphes qui nous auoientliez , 4étafcherent nos cordons de


:

fleurettes : Se k Royne Pfiché s'enclinant humblement deuant fon mary,luy ren¬


dit fâ flèche d'or : puis nous préfenta par grand cérimonie deuant k fainde Se la¬
ctée fontaine de Cythe're'e. . '. , ,7 ' ' - .

- - -«. ;Y '-.-.- ,,'-' ; ' ' Mh iiij

%
' LI^ RE PREMIER DE

&0LIPHI LE DESCRIT CE; CHAPITRE- LE:


grand &merueiMeux artifice de lafontainede Venus, qui eftoit au milieu de ÏAm..
phithéâtm. Et comme fa cqurtine dentelle eftoit clofefùt rompue :'parquoy H "
1 veh m M ajeftéta Déeffe, qui confignaP olia à-trou\defes!:Nymphes) fi '-
&Potiphlg>àtroUautres.PuUksfurentnaure7^ar.Cupido>Ç&
enwfe%$arfiamere deïeauÀeUfwtaine.Ala-finpour.
la venue du Dieu Mars comment ils prindrentkmr fi_
ç.ongé,&finirent def 'Amphithéâtre. ]

' - -..- Cha,p, xxuj.. ,;

EnIra bl em ENT,Scentouthonneurfaifantkrcuércncë-,
l'aggréable Polia Se hioy nous agenouilkfmes deuant la fàin-
tefontaine,pù fe me fenty aflàillk d'vne douceur , kquelleiç
ne pouuois bien difcërner, par eftre furprins d'êfbahiffement-
Se comme rauy en exftafe voyant ces Nymphes, Se efeoutant
leur chants harmonieux ,. qui excédoicntfàns comparaifon
tous ceux que i'auois accouftumé d'ouyr. Certainement ie;
meconfumois d'extrême volupté eontempk*tt leurs graciai»
fes façons,Se contenances admirables, regardàntvne fabrique de magnificence,,
tantrefeuée,penfantà l'ineftîmablc inuention Se difpofition d'icelfe,fi que i'eftois
tout confiteir ces fenteuts de parfums exquis Se celeftes, incertain auquel de mes
féntimensiemedèuois adôncarrefter, Seàkquelle des voluptez m 'appliquer le
plus.ouadhérer,pource qu'ils eftoient tous diftraits chacun à fonobied, lequel.
. mecaufbit-d'autant plus grand plaifîr, que ie voiois ma chère Polia participer auec

moy au frurd4é cette félicité diuine : ioindauffi queie me trouuois près d'vne
fontaine fi excellente Se tant-renommée , excelfemméntconflruide au milieu de
ce fuperbe baftiment;commeie l'âuois déclarer.
Ke la pierre noire, mafîîuè dont eftoit faidfe paué fur fe milieu de la place-, Se:
4é la mefmepiece,ëftoitefleué vrt petit mur ou -aecoudouer d'vn pied dé haut tail¬
lé en rondàfept angles, garnydé moulures tantau bas que deuers fa fummité:Se:
achacun angle y auoit vne petite fàilh'e,en- façon deftylopedëottpiédeftaljfurlef-
quelles eftoient- pbfées fept colonnes. E'vne des' faces eftoit- ouuerte pour faire
Pentrée,deuant kquelfenous eftions agenouillez. La colonne du cofté droid , e-
ftoit d'vne feule pièce -de Skphir:celfe duféneftre d'Efmeraudeèk tierce 4c Tur -

quoifë,reffemhkn£de couleur afin afunSe combien qu'elle ne fuft claire & -taanf-
. parente comme les autres , fi eftoit elle tant polie qu'elle reluifok auffi fort qu vil
verre. La quatriëfmefut de Rubis , kcinquiefme de Topafe repréfentantk cott*
leur de l'or , là fîxiefmede I'àlpe*, Se. la feptiefmede Béryl, tirantfur l'apparence:
4- huyled'Oliue nouuellement faide. Cette feeftok hexagone, c'eft à, dite taillée.
kfixp^is-refpondantdroidaumilieu defentreeientrefesdeux.prechier.es colon-
nes:pource qu'en toutes figures angulaires qui ontles coings en .nombre impair,,,
l'vndeux refpond contre le milieu de.fefpacequi. eftentredeux autre.s angles*
' eftansàfonoppofite.'.
P.our former doneçc contour àvfeptangles,fa"utpTemierementfakc:vn eercfev
Se le partir en quatre par vne ligne perpendiculaire 8c vne trauerfanté , qui s'eiiy
: trecrûiffentdroidement au.centre. Puis diuiferauec lecompas l'vne de ces par-
' ' - . - ' ' " ' * ùc?>
1% <

TÔLIPHLEE; n,
tiesenfeptportîos d'icelfes en prendre cJAiatte entre Iesldëux pointes
é'gàîles, Se
duc oinpas,puispaffer cette mefure par deffus la Iigne4ek circtfmférence; Selon
Làtrpuuera bien feflementpartfe.enfept.',; -y '"" - - :
. Contrek colonne de Béryl qui-
fàifait kfeptiefme, eftoit entaillé -

par dedans de la mefme pierre vn


faune enfant .Hermaphrodite^
c'eft à dire maffa Se -femelle , tout
derélïef , referué qu'il tenoit à la
colonne par l'efpine du dos. Aux
trois autres cplonnes du cofté
.droidyaubit à chacune encor va
'enfant delà -meftiië pierje : Se en -

celles de la par t feneftr e,autant de


petites fillettes, ces figures; regar- -
dantes l'vnel'autre fiviuement & -"

d'vn luftre fî beau, que l'Efmery ,


ou la eray e de Tf ipoly , -ne-leur e\\).
euffent peu donner de tel. Les bâ-
Ces, chapiteaux, architraue, frizea >,

Se corniche, eftoictde fin of maf-


fi'flcs arches d'vhe colonne à l'autre dr-"k mefme pierre , c'eft à fçauoir de Saphir4 '
enkcolonnede Saphir,d'Efmefaude en la colonne d'Eimeraude, Se ainfi cpnfé--

ce partie d'vnedes colonnes'. Au front de dëuanrd'vn cofté eftokfe vieil Saturne :

fenantfafauXjSe en ràutrelaLunepuisIupiter^après Venus, Mars, Se* Mercure.'-


Enkfrife d'au déffbus eftoient cifefez4e::lfemytailfefes douze lignes du Zodia-
quc,auec leurs figures Se charaderes.Le comble ou couuerture dé cette merueil- -
leufefontaine^ftokfaid en voulte ronde comme vnecbuppe fans pied,*renùer-
fée, toute d'vuefejile pièce de Cryflaljfentfere Se maffiue, fans veine, paille, poiî,'..
f ouilleure,ny autre macule quelconquç,maisplus clair que l'eau fprtantdë ta3 ro-*
.che viue,naîr'&: brutfansàucun poliffemeut, ains tout ainfi que naturel'auoit pro-> -
4ukTantfe monftrok feeau'Separfaid en toutes chofes, qu'oncques ne fut veu?
fonfembîable. Il eftoit ccindpar le basd'vn fueillaged^ormeflë depetits enfens»-:
& monftres ambraffens l'vn l'autre en âdespuérilesymefm'esiouans. Se montans*
parmy ie fueilkge,fi naturellement Se tâtbië:exprimez#qu'il nefe.ur fallokquela
patolcDeffus 1e fons dé cette vaulte,dr bkeûïçnt contre lemilieu , eftoiterichâffé-*
en vn bizeau d'or,vn Efeârboncle en ouâ!e,de kgroffeur d'vn ceUf d'Autruche.Att :

petit mur-feuftenant les colonnes ,.entâillé'dp là mefme- pferrenoirë du paué faid;' -

àfept facesjçftofent engrauées Certaines lettres Grecques, côppfées d e k neafief»,


me partie d etl mz quarré, c'eft à dire que leur groffeur auoit vne neuffefmedë leur '
Kàuteux.E'les eftoiét emplies d'argent, ppurleur donnërluft'te furie npir:Se fi bié ; .

adibuffeés,qii'elles y fcmbloienteftre efcrittesd'argenr mouîù auec vn pinceau^. .


' Enf vnedës faces y auoit feulement deux lettres , Se à chacune des autrësjtroiss Y

&difèient; ' -fi. '' * ..'''" -' '.-'.'


"-Y''-'' 42.2HER .SpIHûrHP- KHAH0MOS. . ".
IL- '"
-
|-t'
k -
y CÎ-YRE PREMIER D'E '
'
'

'?-,--- 7 ^Lzâékàztmnjeà comme vn dard eftincelfont, -... . - ^

Chacu»e4esfeptfaces auoit -trois pieds de long, & depuis les bafes iufques ï
il^rchkraue.yen auoit fept demefure.Certainement c'eftok.vn ouurage a^mkà-
:hlc>Se penfe que n'en difant aotrèchofe, fa dignité luy fera mieux- gardée que d'en
^Iflcourir plus longuement , veu qu'il eft trop mckfeurmetako ; que cuidant dé.
(;dater.proprementcefujed,iëdefeouure'|«bn
' io'nnëde SaphfeSeeefledtEfmeraudeiyaHQfevn;^ boucles d'or, ,

rpaffees enkffets" 4e foye.fi belle St tant ^ic%,qKil'mëfembk qAyn'àture l'auoif


sfaide expfceffément pour en couurir fas'diefec.tàrtt.la matiere.eftoit exquife7 Sans
aloute il tf eftpas-pofHbleii homme de.fexpritp.er. Cenonobftait ie puis-bien dite
qu'elle auok couleur de SÊdal,tiffueibeJlësflèùts,entremeflces4equatr.e lettres
<i3recques,faides,.eabroderfe,cesq^a;^ .:"' w .. . ...
: v; ! -fi- ' ' *.^-X{'i " .'. " ; .

-' ' . y- - y' iïM <&:&._,'**'' / ;\'


, ,-,,.... \ v--"^ / '-. , " , -.
"--,,- '" < JC^tlà dire.
' - ' \ -

7 - Pucélàgc , '-...,; .... -/;


.--.'-..'. *. --.-. -- */ r-
-, ' " ' v 7
""*"- . Y. / <"
-" . ,. -" -.. . ? -

; »Cettec©urtin-c éftok tirée deuant k fpnràine , pour -cou ufk ce qu'il y auofc
- -*d£ffbus:Se à fin qu'elle fuft ouuerte,Polk Se moy eftant à genoux deuant Cupide

,Rïioftre maiftre,il bailla fàflêched'or à k Nymphe -Synéfie,, luyfaifantfîgnequ'elle


<lapréfentaftàPoiia,pouf en rompre Sedefchkerla courtine: dequoy k belle fe
-monftra aucunement mal eontente,8e fembloit qu'elle fe feîft mal volontiers, cô-
tties'il luy euft defpleu d'obéyrauxfaindes loix d' Arnout,aufquelîes defià elle s'ë¬
ftoit affubiedie: mais cekluyaduenokpar tknidké-vkginaie ioinde à faute d'ex-
ipérienceXors ce grand Dieu voyant cek,lë printvnpeu à fokbsrire ,;& derechef
x feommanda par exprès.àladidcïNyrr|pheSyne'fie,qu' elle k confignaft à Philede
pour km'apporter.jl'fin que i'en meiffeà effedeeque Polia n'ofek entrepren-
ïdre.Incontinentquecediuin organe fut entre mes mains, fans vfer de-eôntredi-
?de ou refus,,ëftaht preffépar vn ardamrdefitvSe affedion aueuglée de voir k Deef.
Le Vénus,iérornpy la belle courtineiSc enceft inftant mefembkque ievey Polia
, .changer decouleut',Se s'en douloir .en fan courage. Adonc me fut à plein manife-
ftéek majefté de la fainte Déeffe qui fe baigriok en la fontaine garnie de tautei
les beautés que naturepeut imaginer.ÂulTi toft que i'eusiede mes yeux fur ce di-
>Jiinobieél,Sei'ouy4'vnëveuëtantinopirtée,PoliaSemoy meuz d'extrême dou-
iceur.Scd'Vnpkifir longuejnent attendu, demaurafmes comme.rauis, hors deco-
' ïgnoifîànccSe quafi enexftafepleinsdepeur Se de crainte grande , au moins kioy,
^pouree qu'il me veint en mémoire k pkeufefortune du pauureAdéon, lequel
«pour auoir veu k Déeffe Diane fe baigner nue en fontaine qui eft au val de Gar-
gaphiejfutparelîemuë en Cerf,Seintontinentdéuoré de fes chiens.Carie crai-
,-gnois qu'il m'en a4uint autant. LaDéeffe Vénus eftoit iufques au deffus des han-
«ches,en l'eau de k fontaine,tant cfaire.Se fi fabule^que toute kforme de fon corps
. jfeppuuokdifeexner félon la-perfëfeion dunaturel, qui encontre l'effed de tou¬
rtes autres eaux^fefquelles.repr.éfententau'doubletoutes chofes plongées en leur .

^U.meur,les(rendantplus ^roffesy-CQurbes, diffoxmes, contrefaides ou diminuées


4e leur enticr,ce quedefianous auons tecqgncu. D'auantags cette eau rendojt
.,<$ "7 v*i.-\>'t\ ', -

;' ^ - '''^^FOrL fP fil3 I^É'j'ï /.Ia$- '.


vne petite éfëumeaujông des- riaë3',,fentahtiainfi que fe Mmq fendu auec. f'Âm-
- Bre ouàpeu.pres.'Laeftoitafiîscecorpscéiefte,:refplendif!M VnEfear--
boncleexpo/éàux rais dk Soleil.. S'ès chëir-eux eftineéiloiènt comaé- petits fîîetss
d'or , Se eftoient entortillez àf entour defon fr'onr, puis pendansdeffus les efpau-
lès,puiîsfûfaientvn gi;açieuxreply,Sevdekdefcendoienciufquesà4'eau-,,fur k-
quelleils mgeoienttoutU'entourde là Déeffe,quiaifaû-:enfatefte.vn. chapeau-;
defleurettes,mëfl.éesde pierres précieufes,fesyeuxpfeihs d'amour Sc4e-ioy:e-, lesY ,
iouës vermeilles.k bouche petite Sé,délicat*e,fe cpl <froidkond,Se vny,k poitrine
releuee,cV:polie comme Albaftre* les mamnveîles rqndës,;auec vniufteeipace: en¬
tre deux. Aux oreilles luy pendoient deux groffes perles Orientales , plus belles Se "
plus riches que ne fûrentfemais' celles 4e k Royne Cfeopatra.Atelle beauté ie fie/*
fçàurois trouuer que comparer eiitteles humains,, car 4e tane'parfaidë^vifion ne '
peuuentiouyr finonfes Dieux glorieux Se céleftes.Entre les ioindures 4és 4egrezr.
' erbiffoitlâ*belfefieurenkqLi.s'irefutiàdis muéfon mignon Adonis; Se aucoftéfé-
heftre l'herbe appclléeThelygone,Bè au dëxtre l'Arfenogone. Autour de k Déef- Thélyee*is«
fèyolfetoient plufieurs petits oy féaux, qui mouilloient leurs becsdedanslesclai-eno-enfranea
res ondcs,8e en aorofaien t ce corps diuin d'vne pluy e menue à'goùttes rondelet? femelles. _ .

|es,qui rëffembloient perles Orientales. A cofté 4'elfe.eftoit4ebout fà bonne Sê,At^n °g°-*~


îbyale feruante Bériftera. Hors de- k fbntaine.au cofté4roid"fur le paué y auoit ^c *°,§e"" '
trois autres pucelles ipindes ehfembfeiembraflàntrvhel'autre j deux4efqaelleâ-fles.» Y. * .

Eùrydomene & Eurymene,eftoient tournées deuers nous5mais la tierce Euryme»' Périftçrac®-»


dufa nous monftrok lesxipaules Se le 4os couuertdc fes blonds cheueux. Ces fil- lomfce^- y
lés accompagnoîéîit toufiours la Déeffe ,,.laquelle tendit dVne.main -y-ne coquilfei*u7 °mé~7 -

pleine de rofes, Scie l'autrevnbrandon ardant; L'on 4efeendoit dans kfbiitaine'àxèotùi'--


parfixdègrezr: farde premier 4efquels les colonnes eftoientpkntéesireaueftoit-fianv- ' -

iufquesau quatriefmedes dçux premiers d'Agathe noire camelottée à ondes blâ- Eirrymencj-,
ches des veines delà mefme pjerre,eftoientàfecou hors de l'eàufur le premier4è» *rS?Pe ^^
' gré entre deux colonnes eftokaffis vnieune* Dieu ioyeux en regard, Se fembkht Eutym'edit*'

de vifage vnefemme.volkge, k teftécornue , Se fà ppkr3nedefeouuerte,appnyé-fe ,- ampk


fur dëuxTygresSe couronnéde fueilles de vignfeauec les raifins.Dë l'autre cofté raentre---'
y: auoit vnefage matroneféant àfanaifejcouronnée d'ëfpîs de-bled, Se accoudée gnanS;>:- .
lurdeux-ferpens^Chacundë ces deuxperfennages tenoit en fon giron vne&bule ,
de matière tendre St molle,defquelfes par interuallesdiftiHok goutte à goutte de-
dans la fbntaine,-vnë dbueeiiqueur fartant^ viipetirpertuisfaid comme vn pu- ,"
pillon dé mammelfejSe fegai-doientfaigneufementde mouilîefl|urspiedsdedâs;,
l'eau, feftoislà deuant àgenbuxquafi commetranfyiSe touttroubîédeimon eiité- ,
dément] douteux dece quim'eftoitpréfenti< Se ne.pouuois.bonnement imaginer ->

comment par quels mérites , en quelle manière^, ny par quelfeféîické de fortune": ,

; cette grâce eftoit aduenue à mes^eux-] indignes de veoir telle exe-e!Ieace4e:4iui- :


.mtéSedësmyfterestantfecrets. Toutefois erufin fa. préfumay que c'eft oit-paplai
feule volonté des Dieux immortels, legracieux'confentcment de" Pôlia Sel'ihter*
ceffion de Ces fàihdes prières. Surtout .mê.dëfpkifok qu'entre tant depeifonnes*
4iuhves~,ie-me trouuokrudë, mal emprdre couuert d'vne robe triftei, panure tout^
outre,&dé nulle valeur diffe'renten toutes qiulite^aux perfannes qui honno-
«,. -

roient cette compagnie. Néantmoinsielouois fecrettement en mon courage las


bénighité4iuïae4e£equ'elleauoitpermîsi vnhommeterreftrede veoir Secon--
templerles grans.thréfars4ëknararei Lés Nymphes- des treilles perféueroienr
- cnleursdanfesSechanfons, menant vneparfeîdeioye poutkvidbirequejeur*
-" maiftr.e Cupido auokobtenue fur nousXependâtil fembk(ce croy-iej àk Dcef* -
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LIVRE PREMIER DE / '
' /lèque* l'heure eftoit commo4e Se le temps venu 4e donner ordre à ttoffre, affairai
1 y parquoy elle feit figneaux inftrumens qu'ils cefîlffent, Se que tout fe teinft en Cu
lence:Se adonc fe tourna vers nous,difant;Polia ma loyale feruante , tes bons fcr-
uices,tes humblesfacrifices, Se tes dénotes oraifons , ont mérité Se obtenu que ic
; te foyeptopice,voke que.ie te face digne de ma banne grâce. A cettecaufe incli¬
nant fauorablement à tes .raifannabfesrequeftes , ie les yeux, libéralement reco,
gnoiftreSe.guerdonner,çnacceptàntleslblennel)es cérémonielparfefquellesttj
m'as voué,konné Se dédié tpn crur.C'eft que ton fidelle Paliphne qui cy eft , cga,
îementefpnsSe enflammé de ton amour,fera compté au nombre des vrais,loyanr, .

Se bien-hêurëux aman.s,purgé de toutesxondkions vulgaires Seèaffcs, de tous dé¬


faillis Se turpitudes,fi aucun^mentyeftoîtencouw
fainde rofée , qu'il te fera pour tout iamais prompt., obéiffant Se .tres^affedionné
.

:feruiteur,appareilléàtous tes.comnundemens,pkifirs,SevQlonte;zlkkes,fansia-
makdéfobeyrny aller ancontrakeiSe pourtaotl'oïdonne.que vous-entr'aymerez
'ïvn l'autre de tout voffee câur-Sepenfee,vfant le demourant de vos vies en entie-
'-.' - repfofpérité fous ma protedioh Se fauuegar^e.Et afin quci'amkié de l'vn à l'au¬
tre fait réciprpqueainfi que vous fes defîreZjievueil donner à toy,.Poliphile;)qya-f
tredesNymph.es demafuktepour t'accompagner iufques au bout., Se te doiler-
ïHénofic,v- 4e leurs ver.tus,à finde magnifier ton courage, Se 1e rendre confiant en l'amour d?
vîiion* Pélia.Adpnc elfe en appefk des treilles, la douce Hénofie, Se luy did. Prensauec
Amoporc- t0y AmonorexejSePkfontide, aueckf,ur Gritoé, puisvous quatre accompa- '
*bk.n e^ar*" gnez inféparablementSe à touffeurs noftrebon ferukeur Poliphile,Sefà maiftref-
Proncide, fe que ie vous recommande Se encharge, Entcetenuz fes eux deux perpétuellemét
.cure. ^ ,enamo.urmutuelfe,fi.bienqu'iin'.enviennep0intdefaute. Surce, kDécfle tira
*Cntoefe- 4ck coquille qu'ellétenok,deuxanneaux , enchacun defquels eftok enchaffée la
Antcr'oce pîcrreAnterote, Se cndonnal'vn à Polia,Se l'autre à moy , nous commandant Se
amo*r néci- cnioignant de toufiours les portcr,Se n'enfraindre fon commandement. Après el-
- jroquc letourna fa face deuers Polia,Sc luy dkamiabfemeht: le te donneray auffi quatre
4emésferuantes,lefqueJlesnepartkontiamais d'auectoy, ains tiendront mainà
i4&3&»chori- kcoftfirmationSefeuretédetonamour.Adoncappelk des treilles Adiachorifté,
ite,i£iiépa- auecfes trois fi enchargea de
t?Piftinie £. l'accompagner, difanf. Ne laiffëz iamais cette-cy pour quelque chofe qui aduien-
- .âele,loyale..ne:Sefaidesqu' elle fait ornée 4e kplus fermcSe cordiale amour «qui oncques fut

Sopbrofy- tant qu'il en fait mémoire perpétuelle. Donnez aufïï ordre qu'elle obéiffe à natu-
"e Pdece- rçjfanslifrufter ny frauder de fon deuoir , ains qu'elle s'offre Se préfente pburo-
isôneùfcJ" kfetionagriable,en foy pure Se fyncère.àfon vray amy Poliphile, Se foit prompte
' g, ' ".à coïdialementfedefirer,5eindiffolubfementay-mer. Incontinent que ces Nym¬
phes eurent entendu le commandement de leur Damëfauueraine, elfes vindrent
.à nous , Se baiferent chacune k partie qui luy #ftoit encharge, nous feftoyant. âe
..gracieufes paroles pleines déroute douceur Se humanité: Se cofequemment nous
.préfenterent leur ferukepar trèf affedueufe courtoifie. Quand k Dçcffe eut fini
.Ton prppos.fon fils encocha vne fagette , Se enfonçafon arc dételle force que d'v-
..nemainil touchoit fà feammeile,8c de l'autre le fer de la flèche: puis defbànda fur
nous par vne telle puiffaiîcequepoûlble n'eft kréciter. A peine ëuft-il kfché la
cordc,queie fenty pafferfe trait tout parle trauers de m on cur, Se d'vn-mefms
.

,coup{elfe eftant encotestputefougé Se fumante de mon fang)donnër dedans le--


.itomac de Polia, où elfe dembura fichée , après m'auoir nauré, d'vne pkye inciira-
.-.. ;bfe.Çt faid, Cupido s'approcha dePolia.Sc retira fe flechetqui fertoitidefey;
y p oiipyiLE. .'..' tt^.
yptusïakuacnk Fontaine, pour la nettoyer de noftre fangdont elle eftoit fouillée.
Hékslhekslie fus àce coup tant eferis d'vne ardeur exçefïïuequi feïëfpandît tout
aulongde mes-veines, que. l'en dëuins offufqué de mon entendement. YCë néant-" ^
'inoins, ie me fenty ouurir fe clur.Se y cngrauer k figure de ma fouueraine Polia,
ornéede fes vertus pudiques Se louables: Se fut ktraffe tant profonde qu'il n'eft "

pofïible dei*effacer,ain-s eft néceffai.re que l'emprainte y demeure toutema vie, Se


que Madame enprennepofîèflîort telleque nulle autre nypuiffe iamais auoir par* Y
ny mefmesy prendre l'entrée. Sur moy n'y eut nerf ny artère qai de Ce feune fût
bruflécpmmevnepaillefeicheaumilieud'vnegranckfournaife,enfortequequàiî t
fe né me cognoiffois plus,5e penfais eftremué en autre forme, Aufîî de faid ie va-
cillois pour ne pouuoir comprendre en quéieftateftoitmoncceur. Si eft-ce qu'il '
me reuenok en mémoire comme l'Hermaphrodite tenant fà mie entre fes bras _
de4âsvnefoutaine,fefentk 8e apperçeut de deux corps deuenir vn feul.,Dôt mon
poulx eftok altéré,Seie reipkois.a grandeshalences ,neplus ne moins que celuy
qui en dormant fange eftre preffé ou chargé d'vn fi pefant.faix qu'il ne peut bon- , *
kement fouffler,parquoy en ferefaeillant tke fon vent à grands efforts. Bien toft
après k Déeffe mettant fes deux mains enfemble en façon d'vn vaiffeâ-u creux,
puifàdel'eau delà fontaine, qu'elle ieda fur nousjfî que nos corps en furentar-
rofez,à findenouskuerSepm'ifier,detoutesautresaffedionshumaines.Inconti- ....-.-
nentque iefus touché de cette liqueur fallée,mon eiprks'cfueilk,Se me rendit en
ma commune cognoiffance, dont toutes mes partiesintérieures qui eftoientbru- ; .
flëcSjfurentrcduittes.en leur premier eftat, fi qu'il me fembk retourner en moy-
mcfme,renouaellè Se reformé en plus dignes conditions Se qualitez qu'auparsuât
ou bienréfufciterdemort àvie , ainfi queiadisfutleehâfteHyppolyteauxprie- ' fi. -

res de la claire Dknë.Les Nymphesaufquelles i'eftois recommandé,me defpouil-


lerent ma pauure robbe vfée, Se m'en veftiren* vmc neufue toute bkhche^ beau- -

coup meilleure Se. plus belle que la mienne accouftumée. Ainfi donc après que
néusfeufmesafféurez Se acertenez4enoftreamour,recrée'§, con&lez,refaids 8t
tcmpHs de lyeffe,Les Nymphes nos gardiennes nous firent entr'accoler Se baifer -
l'vn l'autre:puis nous baiferent toutes,en nous receuant en leur trèffaind collège,
au feruice Se buuragedek féconde nature. Adonc la Déeffe iedant fur nous vrt
grajdçux regard,dk& déclara amiablemeht quelques chofesqui nefepeuuentny
. .deyuentréférer, Se qu'il n'eft licite diuulguer au commun,confidéré qu'elles con-
.cernpientkcô.firmation&co.Eroboxationdenoftreamour,pourvnir8econioin- _ s

4re noz c en vne feule volonté, fous l'obéiffancéde fes loixfrudueùfes ,;.&
.mener en longue vie pure Se perpétuelle amitié, mefmespour nous rendre fer¬
mes, conftans Se affeélionnez a fan feruice, promettant fan ayde, fadeur , prote- :
dion, Se déffence, en tous les accidens Se contrariéfez qui nous pourroient.par ^ fi
fortune aduenki ^Cela faid, encores nous .donna elfe fa grâce Se feindebénedi- ,

'dion. .Puisen ceft'inftantfortk delà porte d'oraffife audeffbus de kpremiere


- treille , vn gendarme qui defcenditfes degrez , venans vers kfontaia$u furieux

chapelet
. veflu d'vn riche corfelet fomptueufemeiit trauerfé d'vne efc'harpe, à laquelle pen-
' doitvn cymeterre Peifan garny d'or Se de pierrerie. Il -tenoit en fa maiivdroite vn
flcaUjSedek gauche vn efeu d'argent, auec tous les autres ornemens Se enfeignes
appartenantes! à vn bon gendarme. Après luy Yertpk.yn Loup tout groignant
Sc.t.echigué,quilefuyuoitpasàpas. >;
'- --. '"**." ;ïi "' iij .
7 /,; LIVR£ PREMIER DR'
'' C3tondilfùt:arriuéàfefontaine,fiàidainfedéfarma, Se kiflantfôn hamoisdëîvL
7 Kors.entra deuers la: Déeffe:kquelle;â i'àrriuer le -baifafSe embraffa cordialeme «t..
Le recueilfusfgrand'centr'eux deux,' Se- s'èntrefirent^né chère diuinc.-,Ge que.-
voyantfes Nymphes-; elles s'inclinefenthumbfementjpuisleurfaifent la reuëié-
ccprindrentcongélse nous aufïïHè mefme,rendans grâces à kfainde Déeffe , de t
fes'biensfaids-. Ainfi nous départifmes du lieu, , lâklffant prendre fes foulas au éc.
Ion. filsje gendarme, .Se autres qui faifoiéntîeur réfidénce continuelle à-J'cntour,.
deiafontaine* .'' Y fi, '- . - ' '

M&LI^H'rLE: R A C O'WTEfiGO M MïE- PfiO VR LA:.:.


venue du Géndarmejuy & Poliafie partans dut héâtre, vindrent à vne autrefon-, \
Y t4ine}oà les Nymphes leur déclarèrent les couft urnes &rinftitution dufe'pukhrs.r .

'-''- £Adonïs,/mqfiel l<t:Déeffe Vénm venoit tous les ans célébreraan réuolu} ; ;., :

Y' fiUurracomansplufieursautre$hifepires;puiireqmrentePdiadelem? --
"'

*' direfenorigmeiÙ^enqueUsmaniereelleJeftoitaddannée,
'/Y ... - V . . haymer. ' , ,

\.:;-y7 fifi-, - 7 - , CEI A P.- ,-- xxiïi..,* - "" " -, -"

E n o v v e t E.i< pat rëxcelfente condition que fàuokaè-


quife auec ma loyale Polia Senoftre compagnie,nousnotrsY
retirafmes de la facrée fontaine-^ par la-, mefme.porte que
nous efti os entrez, Se retrouuafmes encor les meknesNy nu
" phes jquiauoientaccompagné fetriomphe. î'ëftok tout cf- ..

* priideioyeSè d'amitié, qui eftoit grandement-augmentéé


eh mon c - oublié toutes peines, douleurs Se mélâ-
cholies paffées,mis en arrietetous ennuis, Se afféufé toutes.
mespenfées. auparauant incertaines Ss4pateufes-, tant-que ie ne faifais plus de
difficulté de l'amour de jPôliàjà la quelle îém'ëftois réfolude feruir.&ïentierement-:
obéyr comm.e.à ma fmgaliere Dame,Se'vnique maiftreffe ; voire l'àymer plus ché*- -

remen.tque:mon;caeur,q;umapr0previe» Toutes ces gfacieufes Nymphes Ifemi--


renf àl'ëntoui d'elle-.Se-'èe moy,nous ènukonnant4'vn .beau-cerne , Se monftrartt:
apoir gr^nd p|aîfif de cequ'auionsfi bienobtenu hoflre intention ,,& accompîy:
sipz^volontez ,\ mëfmes^que nouseftions artiuçz au.vray ifet de noftre efpératice),
lui de n.pz.4efîrs Se fôubaks.l?'uis elfes-nousmenerentcomme par efbat , veoklefe
bëauxiieux4éTïfle,&n.inerueiîfeuxp;3ff^
auJong dêsalléescomparûes dans les iardihs-., couuertes de verdure perpétuelle,:,
, Se cîofespaïlës-deux.coftez d'vne haye,de-Buysefpoiifé,ayaiîs trois bons pas de.-
. hauteur^ dekquelîë4è dix en dix- far-toit -vn ,G.eneurier ou vn Myrte -, .eiitreme-
fliëz,del2SiâuteurdeeiKqpaschacun,vray eft qu'il y auoit d'autre-spaflàges fermes'.
4e marb'fe.4ë fembkbfe hauteur; mais l'élpoiflëur n'eftoit.qae de deux poukes Se:
dëmy tout percé i jour- en façp»:4e treillis , tailfezj» fleurs Sefueiikges antiques,,
raeff ez.d'entrç les AtabefqueS;, à trauers lefquels paffoient pl&fîeurs iettons de ro-
fiérs,garî4i,.dd-fleufs/ipr©pf-emerCbrdonnez.,quîîs n'empefchoienr enrienque"
t ce:.feù-ft'4à.veuë--dë l'ouuragc-. En cette, manière mras promenoient/les NymphéSj ,
touffeurs, nous tcnant-par-lès mâiris.: Se après, plufieurs propos4r.euz,débatms, &
îéfalus-tant d'vne part que d'autre , aucunê.s;d'ëifes dirent àTolia,-que puisqu'elle "
^toutes çelfesie k compagnie auoient vn chap|:aude fleurs fer ktefle,elfe m'en ;

>
.' ^pLIPJHLÊ.- i^
Menait cueillir vn,à finque ie fêuffedeleik liurée. A'cëïpârolësl'olfphrfe s&cli» "
i-âia deuers terrepourprendre des fleurëttesj Se plufieurs Nymphespour fay aydes,
feirent prômptement le fembkbleiBt apr.es auoit fufEfammerit amaffë , -Polia le£
.affembkinduftri.eufementenvnchapefetdebonneffracé, qu'elle lya-de fes che-,
aïeux luyfàns comme fil d'or parmy cette ver4ure:puis 1e meit Se:pofa fur -ma teftë: '
,Se àinfinoùs enalkiraes.efbatansparles pr-eizSe bocages ,au long desruiffeaux Se
;fontaiîfes,à l'ombre des alléesxouuertes de;Rofes,Iafmin,Peruéche,Ckrons,Ro^
vmarinSi-Myrthes,CheurefuciljSeaouteautre*maniere de-verdure, garnie de fleurs
ïà ce commodessdifpofées, Semife^par ordre,chaeuneà'part/Se en-berceaux fépa-
,rez pourfecontentementdel'a'ilimefmes de |oùsfesfentim^ns,qui eftoient dou»
^.cément iiiuitezj8e-p.fouoquez de k beauté du lieu , Se de l'air tant doux qu'on ne
.fçauroitmieuxdefirer. Finâbiement nous arriuafmes à vbeautre'fpntaine belle
Se ckk¤,faîlianthors d'vne groffe -fo.urce.,-<encIofede grandes pierres de marbre
ïb-kn&poîy.& luyfantdefeaatttrefàns aucun fardtny artifice : l'eau de laquelle fai-
Loitvnpetkruiffeau.murnmrantautrauersd'viïpré-fleuryj-bordéiparfes'rîues de
toutes les herbes-Sefleurs-qui fuyuënt l'humidité. Toutle parterre d'alentour e-
ftojt couuertde-Camomilfe Se de Peruenche, entremeflées auec leurs fleurs bkn-
crfas Se azurées., .fîgracieufement vniesëii iufteégaiké^ quedeîoing fembloit vn
-tapis de verdure,ayans quatre bonspas de kirge. Après ily auok vn bocage d'O-
ràngers.&-Ckrorakeïs fleuris Se chargez de leur fayid, contenarktf ente fix pas en
kond jtaus dViiehauteutSe grojfeur,Iépaiezpar diftances égalesjtant quedes brâ-
.chesdeT-yn à-celles defem procham^y .aubkvn-pasde mefure,àfinde reëëuoir les
rayons du Soîeil,Se.quek vedë ducieinefeuû'totalëment empefchee desfueillesj,
à ceux qui cheminoieilt deffous. Outre cela «ncqres yauoit-il vn autre circuit de
<Cyprèi,,Se conf equemm.ent des;Palmiers,auec leur fruid fépai e duprëmicr par>
vn préfemé de41arjokine.menuejlarge4&quatrepasiLa fontaine eftok au milieu
Laide à fîxangîésicontenans en rondeur douze:pas,dont 1e demy diamètre du rôd
tfaid l'vn des fix pans droids. Les -Orangiers eftoient.clos.par dedans d'vn treillis
4eboi|deSandal vermeil,de la hauteur d'vnpied Se 4/^my , percëà iour -à claires,,
voyeSjComme vn'treilliSjtaillé àfueillages d'ouurage Morefque,4'vne excellent»
inuentiompar fevuyde duquel eftoient entrekffées desplantes deiRofiers Sêde .,
;Iafmin,knsriencouurirny empefeherkveuëdu riche ouurage : Se parmy fes ar¬
bres toutes manières d'oyfeauxchantànSjCommeRoflignoIsjCakndreSjPaffesfo- .
litaires,:Linottes,Serins,'Pinfeh%Chardpnnets,&'TarinsiA l'entrée ioignantk'
f ôtaineeftok vnè treille aufïï large-que l'vne des fîx;prernferes faces,Se autant hau-
*c en maffannerfe. Ledemourantauokdeuxpas de hauteur >, à fçauoir vnpourlfe
plomb ouperpendicle/Selautrepour la voûture:fa longueur en auoit douze. Ce
*-qui euftdeu eftre de bois en k treille eftoit de-fin or. Mais les rofes dont elfeeftoit
couuerte, eftoient naturelles , toutesfois/.trop plus odorantes <^uc les communes.
Le paué au dëffbus eftok faid en mufeyque,depierres/précieufesde toutes les
couleurs-que l'on feaurok imaginer, figurées en tfelles hiftokes. Aulongdesco-
4ez de k treille il y 'auoit des fiéges dcïafpe.,faits à moulures , hauts de fept poul-
ces,Se-larges de fix.Puîs aumiiieudupaué fous la -treille y auok vne riche fepuku- ,

re,deuant laquelle les'Ny mphès s'enclinerent faifànt vne;grandreuérence,Se Po¬


lia Se moy femblablement. Letombeau contenoit cinq pieds en longueur, & ea
krgeur dix poulcesdahaueeur en au oit autant, fans les mouluresqui eftoient aufïï
4e cinqpoulces, dont les deux Se demy eftoientaubas vers le plan du paué., Se le
refte applique au haut .Là eftoit(ce que les Nymphes nous dirent) enfeuely le ve-~
"neur Adonis, lequel eftant à la chaffe fat tuépar vu cruel Sanglier i Se lelieu,prô-
7' ii"-- îisj . . '
. cÂf',24y
LIVRE PREMIER '.ETE

rageufement. Cette hiftoire eftoit taillée en l'vn des coltez du'fépi


ehre , Separeillement Cupidj? qui recuilloiten vne coquille le iàngde k cuiffë de
famere,Se'femettoifdàn-sIetombeauatteclecorps. Contre Je milieu y auoif vi^-,
gran4fonddëlacynthe , enuironnéd'vn-chapeàuide: Myrthecontrefaid:de.Iafpë-
vcrdjçontenantla hauteurdu fépulchre; * * . ., ;
.

Dedans le rond eftoient rapportées de grandes lettres d'or forgé$;forgées Se 1k


mées,ioindes fans cîou ny fans cimerrt,mais par vn art quinem'eft pas cogneû. '
IMEVRA SVAVITA.S. Dl&mntfte douteur. De l'autre, cofté eftoit Mars-
battant le pauure Adonis , Se en k face d'après Vénus fartantdek fontaine.' Puis
en kquarte Se demie repartie fepouuok encores veoirce mefme Adonis gifant J

mort au milieu de fc*cAicn-s,Seàl'entourplufieurs pafteurs-quiîeregardoient.' A-


fsspiçds eftoiïabbatu le Sanglier qui l'auoit tué par furie. La Déeffe Yénusfe mô- '
-Y - - " . fÂrYe.
POLI P H ILE,, ,- . U9
ftrok là pafmée/ouftenue fur les bras de trois -Nymphes quiploroient auec elle, '
& Cupido luy effuyoif fes yeux auec vn beau bouquet de rofes. "Entre Vénus Se
Adonis y auoit vn rond fembkble au précédent, auffi bien en matière comme
en ouurage; màisies lettres dontil eftoit otné,necontenoiéntfinon que ce mot.
Grec, a a û ai A. Volupté. Ce piteux cas eftoit fi viuementrepréfenté dcfculptu-
çc,, qu'en lëregardant farce fut que les groffes larmes tombâffentde mesyeux
auec fe regret. '.. ' 'y . .. ..Y- .."-.-" ...y 'y. .,- "..-"v"
i Le cofté d'ënhaut delà maflbnncrie eftok pofédroid aplomb du bord de la
- fontaine, Seau milieu eftoit creufée comme vne petite'cauérnë "entre les pierres
qui fembloiententr'ouuertes, Seau dedans vn grand ferpent de bronze oude
cuyure 4oré,fortant 4u fons 4e la caueriie,8e fe coulant deffus 1e ventre touttor-
tu ainfi que par ondcsfla tçfte eftoit vn peu hors*5u permis qui renffoit l'eàu dans
le.bafnn ï 8e l'auofe l'ouurierjngénieux, faid exprés epurb é en cette forte pour
modérer Se retenir lecoiks del'eau qui eftoit troprokfe,- tellement queiiélle
- euft trouué fon cpnduid Se le.tuyaudroid,ellefut faillie Outre fes bors du baf¬
fin. Sur le tombeau eftok releuée la Déeffe Vénus,grande comme le riaturel,4V-
ne fine pferre de S^ardoine à trois couleurs , afïife fur vne çhaife antique , enfor-
m e d'vne fëmen'agucres; releuée d'enfaiilX e corps de k D éeife eftoit taillé to ut
nud,d'vne veine blanche rencontrée en fonicëY Se feulement garny 4'vn petit
linge, efpargné 4' vne veine tougeprouenuceji la mefme pkrre,qui luy couurok-
le 4ëffous4unombril,auec vne partie.de k çuyffe. Vray eft qu'il paffbîtfur la ma- .
melle 4rokeîqui fembloit quafi le repouffer. "Venus l'auoit ietté fur fon efpaule, fî
qu'il pen4bitpar 4erriere fur lafontaine, Se de l'autre cofté iufques au bas 4e fan "
fiége. lleftoitfaidSedrappéparfibônneinduftrie,que par defious l'on pouuok ....
, veoir à l'aife tous les mufcles, ioinduresSe mouuemens,4ekperfonne. Elfare-
.noit fan fils entrefes bras,qui tettok la mammelle gauche, regar4antfamcre,-Se -
elfe luy , fi gracieufement que chacun y prenoit gran4 plaifîr. Les loues' de la ~
Déeffe Se 4el'ënfant,énfemble lepetit tetin,eftoient vn peu colorez 4e vermeil,
àroccafion4'vneveine4ela pierre qui s'eftok trouuée à propos. C'eftoit vn
ouurage excellent, _Se (pour bien dire) mkaeuleux,caren ces 4eux corps ne
défàilloit que lame. Les cheueux 4e la Déeffe eftoient départis par yne ligne
4roide faite fur 1e milieu 4u fronr,crefpelez au long des temples en forme 4e pe¬
tits annefetSjpuis liez par derrière en vn e poignée , efpars 4e là enbas,en defeen-
dant iufques fur 1e fiége,où ils eftoient comme retenus Se arreflez en petites vn-
4ès percées àiour,tout 1e ppil efpargné 4'vnë veine 4e l'onice,propre Se confor¬
me à leur couleun Elle auoit vn pied vn bien peuretirévers fonfiege, Se l'autre
auancé iufques "fur le bord du tombeau. Là les Nymphes s'agenouilknt bàife- .
' rent ce pied eh grand' reftérence/Se par4éuotiôn merueilleufe. Polia Se moy
voyans cela, nous meifmes àfaire 1e fembkble : Se en ces ehtrefakes ie, vey qu'en
k corniche du tombeau,a^ deffbus. du pié.4 de k Déeffe , eftoient . eferics Se gra-
uezcesvers: -.''. .t ,,',.,. - -.' ,- ... ';- ,
v; >y ' < _ ,

Non lac^feuepuerv lacrymas fed fugis amaràs , u '.'.-, '; .

Matrireddendas obdulcis Adonisâmorem.


Que texpofiy en cettefirte.
Nmtunefticces^ùntdutetmdetAtnere, Y ...
. PuUîB, cruel enfint,m4it mainte Urmc amere, ...:'.'.
'fi . gfifivnÏQitrtuluy rendras, lors qu'ellepleurera -, '..y ,y , .. - ^ '

Tour fan- Adonis tmrtm* 'elle refiretera, '


-' .'. : ';"-. "- : ,Kk' '
.JeUsf-24-'
'LIVRE PREMIER DE

Aprcï auokainfireuérçmmentfaluéla Déeffe, nous fortifmes hors de k treil¬


le. Adonc les Nymphes commécereht à nous dire: Sçachez que cç lieu eftfaind,.
Seremply4çmyftere, grân4cmentcélèbrépartoutfemonde: carnoftre bonne
maiftreffë y vient chacun an fe dernier iour du mois d'A outil, en compagnicde ,

Cupido fon fils. Puis y font proceffion fofennelle,8e auec eux toutes nous autres
qui volontairement nous femmes,* eux' a.4onées,afferuies Seaffubieties,nevou-
kns faillkde nous trouuer à cette pompe tant exquife. Or quand nous y famines
arriuées, incontinent elle'commande à cueillir toutes les rofes de la treille , Se les
femerfur le tombeau:puis nous partons de cettepkce iufques aulcndemain pre¬
mier iour du mois 4e May,âuquel nous reuenos, Se trouuôs lesrofiers tous fleu¬
ris, chargez de rofes comme parauâr, mais elles font 4c couleur blanche. Lehui-
dkfme iour enfumant nous y retournons derechef, Se adonc la Déeffe nous cô-
mande amaffer toutes fes rofes qu'auions efpandues fur le cercueil,pour les i'etter
dans la fontaine,4>où elles s'en vonfaual l'eau, emportées le log de fon cours. Ce
faid la Déçffe entré en fan canal pourfe baigner: puis en eftantiffuë, va embraf-
fer là fépult.ure, en co mmémoration de fori amy Adonis , plorant, Se regrettant
fantrefpaS, 'Se nous toutes auecqutes elle, remémorant commet fembkble iour
PO L I P H IL E. ,I?0,
' ilkuok efté batmpar le Dieu Mars , Se.s'eftokla Déeffe entre les rofiers'piqué k- 7.
cuifîe dont nous auons baifé 1e pied, ainfî qu'elle accoure it toute nue fartât de la
fontaine pour fecUkfer fecourir à fon befqing.Voilàpourquoy chacû an elle ob-*
,xferuetel'feur,&feidouurklatombedutrcfpaflcpourfairevne.bellcproceffi.on.
à l'entouf,en laquelle Cupido auec grande cérémonie porte k coquille où eftle
fang de fa mere/Se^nous allons toutes chantans.- Lors la Déeffe faiknt l'office de
prkufe>prend le bouquetde rofes, duquel fon fils luy eff'uya lés yeux cependant >

qu'elle pleurok auprès du corps de fon amy que 1e S anglier tua.Mais il faut noter'
que ce bouquet eft touffeurs enbeauté, fans iamais fleftrknyfenferïSeincôtinent
que fon précieux fang efl mis hors du fepulchre , tPutes ces rofes blanches (corne
voù's voyez 4epréfent)font teindes en couleur vermeille , Se fleuiennent rouges
en vnmomént.En cet ordre de proceflion nousfaifons trois tpursehuirok fon- ' ..-s
taineîSen'y a,finonkDéeîfe,qui pleure, mettantfbuuentâfesbeauxyeuxcetou-:
pet de rofes.Ainfik proceflion finie,les faindes reliques fonfremifes en.leurre- '
pofitoire, Se toutferefte du iour eft employé en danfes, chanfons Se autres'paffe- l -,

temps.Aceiourpcut-onfacifementimpétrerfagrace4iuine,*Seobtçnkreffed '-

desrequeftes qu'buluy Veutfakei'Al'oppofiteautombe^uilyàciriqpetits4e-.


grezj' taillez enkmefmcpierre, par lefquels on defeendaufonds delà fontaine
qui eft pauée de Mufaique,Se en fort l'eau par vnconduid fous terre,iufques hors , ,

fepremier.treillis. Quand ces belles Nymphes nous eurent entierementraconté\ -


Ce myftere tant folennelySe déelairé fa cérémonie, elles récônkncerent à fonner , .

4e leurs inftrurnens,Se chanter en douce mufique toutle difeours de celle hiftoi-


fe bien au long,co mpofé en vers , tout ainfi Se à la manierai qu'il eftok iadisadue-
nu, danfant en rondaûtour de la fontaine durant quelqueefpace de temps : puis
4yans acheué feiir hannonic,fe meirent à repofer fur leurs genouils en la fraifchc
-yerdure. Et fans autreconfidération , vfant de grande liberté à moy non encores Y
âccouftumée,ie me kttay au giron de Polia, des habits de laquelle barû-int à mes , -

fens Vïfe odeur trop plus fuaue que le baume , ny toutes autres' fenteurs ex quifes
que pro4uk l'Arabie heureufe. Adonc en baifantfes mains blanches, Se aucunes- -.
foisfapoidrine,quieuflfaidhonteàralbaftieSeyuqke,iem'èfperdois^ '

nement en cette douceur/elle voyant quei'y prenois pkifîr, ne m'en efloit aucu- '
nementefcharfe,mais.s,ap"propriokàtous fes effeds quipeuuent induire" à i'a-
moui.Eftans ainfî aflîs, les Nymphes meirent en auant quelques gracieux propos
par manière 4'entretien,femonftrans fort conuokeufesd'entçdre de noftre côn- *

dition'Se effet, fpeciafemenf vne nommée Polyoremèhe, quis'auançadedke: Polyorc-


- Polia noftre chère f Se compagne au feruice 4c Vénus k Déeffe. Voftre belle fnçne,cu-
fàçpn, voftre bonné'gtace, vos masurs vertùeufes, Se k beauté nomparcille dont "eufe-
nature vous a ornée, nous caufentvnc gran4e affedion 4e fçauoir k caufe Se l'o¬
rigine de vos bkn-heureufes amours, enfemble voftre race , car nous vous «Ai¬
mons iffuëde bonne part. Nous recognoiffdns certainement qu'en e^
- ùëfteté Se fageffe , vous eftes accomphe Se parfaide.-:Sinous feinbïe que k belle
forme 4e voftre corps,ne foit totaiemét terreftre,ains âuons 4eS indices qui nous
font iuger qu'il y a quelque chpfe participant de k diuinité.Parquoy ce nous fera
grand pkïfir d'apprendre de vous les rencotres de vos amours, les peines, les re¬
posées pkintes,les contenremens,les pcurs,les hardieifes,les craintes Se préfam-
ptioris,feduerl,les ioyes,l'oably,lefouuenk,les fautes,lesrecherches,k haynè,les
defirs, le bîefmk Se rougir, l'efpéref Se le douter , le vouloir Se le refus , les petits
defdairis Se courrouxdes hontes & manières inconftantes,le parler trembknt,fas
fiaroles brifées Se confufes,les douces penfées , fes imaginations confortantes Se
es iouyflànces d'ejfprk, les odrpis Se confenteraens que les amans feignent en j
-"'-""' , 0 ." # . ' Kk ij
'''... ci^fi 24y '.,'.' ~

LIVRE'PREMIER DE Y ;
leurs cemelles, auec aufïï les pkifans fanges Se fantafies entrelacées 4e foufpirs,
«4ont ils fepaiffent Se nourriffent. Dcquoy nous fommes affeurees que vous elles
fçauante Se experte au poflible: Se s'il vous plaift fes nous 4eduire, cela nous fera .
pafferfans ennuy, l'oyfiueté où4eprefent*npus fommes.

Quan4Pblia eut enten4u la Nymphe Polyoremène, elle feleua incontinent


fur pieds,aueé vne grâce vénérable, lesiouës vn peu teintes de vergongnefeon-r
nefte, prompte d'obéyr Se fatisfaire au defîr de k requérante ,. voulant toutesfois^
aucunemét ailîîmuler, comme fi elle euft efté ignorantede ce dont "elle larequé-
roit. Mais ellene peutfibienfeindre,qu'vnpetitfoufpir à demy retenu,ne jiccla--
raft corne elle eftoit frappée. Ce foufpk paflà véritàblemét parle trauers de mon
coufjoupour mieux dke,4u fien,à caufe 4e la grande côformitê qui eft entre les
deux, côme il aduient à deux Huttes d'vn mefme ton Se accord.Puisietta douce*
mentfes beaux yeux furtoutes les Dames,Separvne humble affeuraneé auec vne
Voix doucement refonante fit vne humble reuérence ,,. puis feraflift derechef fur
I*herbe,où après vne petite paufe,fe.ur raconta ce qu'elles dëfiroienr. - '
ÎIN DV PREMIER 1IVRE DE L'HYPNEROTW . ACHIE.
B E. P <#L I p H I 1 K.
n1

LE S ECOND LIVRE DÉ
L'HYPNERpTOM ACHIE - '"'
DE P O'LIPH ILE.
r .*''.' ', N " .-, .

Auquel P olia & luy, l'vn après l'autrcracontent les eftranges auantu-
y- '.-'" -_ resôcdiucrsfuccezdeleursamoursf Y

PO LIA DÉCLARE DE QUELLE R^iCE ELLE EST'


deficendue^é?[Comme la ville de Treui^fiut édifiée parfies anceftres: ~

- fi Puis en quelle manière P'oliphile deuintamouréux d'elle. *

''-.'' C.H À P. .. I..; _ % Y

: A i s ANT.mondeuokenyousobéiffant, belles Nymphes, ...


; ie crain que l'infuftîfàncede niés paroles qui ne fonr pas bien
'réparées 4es fleurs de.biendire, ne vous foit mefefte, ayant
' peur d'eftre en voftre préfence comme 1e Cormoran au ré-

Yard du Roffigriol. Toutesfois iemettray peine enm'adé-;


milité 4e vous fatisfaire , employ anttoùt mon enten-4ement
'pourobéyrà voftre gracieufe demande,- iedéfirerois pour¬
tant qu'vne plus belle langue coftoyant vos mérites vous
déduid ce fujed auec grâce telle qui vous eftdeuë. Cependant ie ne lakray de ~-
prendre vnehumble affeuraneepour paruenk à i'effcd de voftre intef^ion felon ~>
que me le commandez, Sexe me fera vnfingulier contentemënt4e vous auok
donné du pkifir. Or puis qu'il vous plaift entendre l'origine de més'anccftres,- Se
ma deftinée en amoursjaquélle au moy en de ma baffe condition , n'a peu parue- '
;nirà voftre "cognoiffahee, pouree qu'vnepetite chandelle ne peut rendre gran-,
de lumierei.ie m'en acquitteray le pfes brief qu'il me fera poflible, vous fuppliant
que fi ce n'eft fi proprement en voftie préfence cemm.e il eft requis^! vous pkife
exeufer l'imbécillité d'vne femme ,'terreftréi' peu exercée en tels affaires. Ettoy,
feinde fontaine où repofent les facrées ordpnances 4es feerets 4e k grand' D ée£
fe noftre.maiftreffe, fur les riues 4e laquelle ié fuis préfentement aflife , entre tant
de Nymphes Se Déciles Héroïques, les vifages 4efquelles ievoynaïfuement fi¬
gurez dedans tes claires ondes, dont tu es plus àhonorer :. pardonne moy fi ie ne
te puis regarder ny autres tes femblables en liqueur, que mes yeuxne fpn4ent en
krmés,pource qu'entre mes pré4éceffeurs s'en eft trouué dé tels, qui par difpofi-
tibn diuine ont efté muez en pareilles fources, comme iadis àduint àiamiférable
Dircé,premierement attachée à la queue du Taureau fauuage par ZethUs Se Am-
phipn,en vengeance de leur mère An'tippé,que le Roy Lycus leur père auoit re-.
fiudiée pour l'amour de cette miférabfe.Sembkblemét à la belle Arethufàfuiant
es amours du ffauue Alpbêûs,quil*aùpk veuë baigner dedasfes eaux.AufliBiblk
fille de Miletus, laquelle refuféede fon frère Caunus qu'elle aknok4éfordonné-
ment,4iftilla toute enfermes: Se àplufieurs autres dont pour maintenant ie laifle
' . . Kkiif '
£%oy.y:/.
. LIVRE, SECOND DE .

fe récit. O lamentable transformation', p accident malheureux 8e pitoyable.1 O


décret desDieuximmuable,infaillibfe Se certainJTc pouriay-ié réciter en paroles
fermes Se entières fansinterruptiô 4e foufpksî^Mepourfa^-îeabftenir 4e plain¬
dre Se lamenter en'ce faindlicu de félicite, interdid Se défendu àtoikdueiltôc
tnftefl^SeauquéirennuieufemélancholieeftincognueSeàfeshabkâs^Nefoiez
doncefmerueilfees ( ôNymphes bien-heûreufes) fi monpropos eft quelquefois
retranché, tant pour le regret 4es infaïtunes-aduenues à mes anceftres,quepour
la difficulté de mes premières amours,èfquellës'vbus entendrez vne cruauté indi¬
gne Se effrange, paruenue à l'heureufe fin que vous voyez, qui. eft k plus grande,
plus loyale,§e plus parfaite am,our,qui oncques fut entre deUx amans. ,
Au temps que les Romains regn oient fut te que Ton peut cognoiftre de k ter¬
re habitable,k noble maifon Se famille de L elfes eftoit en grand règne Se renom-
mée/conflituée es eftats principaux Se hautes dignitez d.ckrépublique, parle
moyen "de fes adés vertueux,Se pour plufieurs vidéircs obtenues cotre les enne-
< mis du nom. Romain". Or vpusfçauez qu'en cellecité impériale les homes preux
Se magnanimes eftoient condignement rémunérez. De cette illuftre race Se mai.
fon fortitvn nommé LéhusSylkus, lequeffutpar le Sénat enuoyéConfulenîa
région Se marche Treuifane,que l'on appe.lloitpour lors la grand' montagne, où
dominokle riche Sepuifïànt Titus Butanichius,quin'auok de fafemmeRoaPia
fors vne.feule fille, belle en toute excellence,, Se douée en tous fes autres dons &
r p erfedj.tSns de nature,appellée Treuife Càkrdie. I celuy Titus la dôna en maria-
-geàceConfelLélius Sylk'us, aùëc la#4ixiefm<e partie delacPntréeVenicienné, /
qui eft vn pays eficlos de motâgnes,enrofé de fontaines Se ruiffeaux, garny de fo- ,

refis Se terres bîé fertiles -,' mefmes de toutes lès autres commoditez requifes pour
1e plaifîr Se vtilité de kperfonne. LesnopeesfurentfolennelfemétSefomptueii-
Zyg°5> fementcélèbréeSjSe 1e mariage confommé,înuoquant fes DéefîësZygie,Se Luci-
jqu2,
né,qui tellemét y fauorifereïi't , qu'il en pfocéda plufieurs enfanstant mafles que
femelleSjl'aifiië défqueîs fut L-eliUs Maurus , ainfi furhommé pour fa brune cou^
leur. Lefelbnd Lélius Hafayoneus, letiers Lélius Tipuk, le quatriefme Lélius
Narbonius,Se le dernier Lélius Mufîliftre.L es filles furent fi belles, qu'on les euft
eftimé nées au Ciel, carenla terré on n'euft trouué beauté comparable à k leur.
Là première fut Morgane,lafeconde Quintie, k tierce Septimie,k quarte Ahm-
brica,kcinquièfmë Aftorge,Se lafixiefme Melifiie. Les parés mefeognoifïànsles -

bénéficesdekDéeffeLucine,quipréfide aUx enfantemens , Se enorgueillis de


leur belle lignée, l'eïlimoiéteftre procréée par leur propre vertu, fansrecbgnoi-
fixe Iebénéfice des Dieux.HéksiquipourrokéuiterfesdeftinéesfataleS, Sel'in-
f confiance de £brtune?ou(pPur mieux dke)qui eft cèluy quifepeutexempterdes v

încompréhènfib les cbnfeils Se fentences de la diuinité? Certainement il leur ai-,


uint pour faut mgtatitude,tput ainfi qU'àkimferable Nipbé,ou à la dolente Ata*
knta,Se à fon mary Hippomanes,8e pis eàcores,p6urce qu'ils compai'oiét Se.pfe-
féroient en beauté leurs enfanS à noftre maiftreffe Vénus:tant fut leur audace pré-
fomptueufe Se téméraire. Après que cette belle race eut excédé les ans de fon en-*
fance,îe commun popukire,qui eftoit rude Se groffier de foy- mef me,préfuma et
' Morgane que/c'eftoit kmefine Venus , Se luy édifia vn téple au deffbus de la cité
. où elle fetenôit: 8e ne fe monftrok finon à certains iourspréfix, qu'elle fekiffoit
vçbk à la multitude, qui eftoit vne fois chacun an feulement, encores toute def-
guifée,8e.en autre habit que 1e fîen accouftumé. Parquoy y auoit lors vn gradap-
po'rt Se aflëmblée de ce peuple fuperftkieux,fequel y accourok pour l'honorer,
telfemétque toufiours «for depuis iufques à iour d'huy letiltre Sefenô deM.orga-
- y P O L I P H I L E, 7 jji
ne la fée en eft demouré en ce lieu.Er à raifon de ces idol£trfes,fà<;riléges,Se délits
énormes perpétrez par ambitiô humaineJes Dieux qui ne iaiffent iamais les offé-
ces impuhies,Sene permettét telles infolences auok cours , irritez auffi de ce que '

lés créatures mortelles fe vpuloiét illicitem et comparer à eux, en vfurpant fes hô-
neurs qui leur appartiénent,rnefmes la trèflainde Damé à qui nous feruonsdndi- .:
fnée 4e leur témérité outrageufe,vferent contre eux de vegeance telle qu'ils fou- -
royerenroétéple plein d'abominatiô,enfemble le palais Royal qui^n eftoit af¬
fez prochain,tant que tout fut brouy,réduit en cendre, Se en charbôs:en mémoire <

dequoy le lieu retient encores à préfent 1e nom des charbons,Se fe dit Cafacarbo-
na. Celle Morgane far transformée en vne fontaine , fi furent pareillement fes
foeurs Quintia Se Septimia', ainfi qu'elles cuidoient fuyr: Se Alimbrica bruflée af¬
fez prés des autres.En cefte manière fut la maifon Royale 4émolfeconfumée,,Se
reriuerfee eh vn monceau de chârbons,rctenant ,ce nom à perpétuité.Et 4e là fort "" *
la pauure Alimbrica, muée en vnpetitruiffeau. De mefine punition furent persé¬
cutées AftorgfeSe Melmia4, d'autant qu'elles fe rrouuereotconuertiçsen belles
eaux,courantescommepPurrefugeSçàfauueté deuersfeurpereLéliusSyikus, ,
lequel auffi fut tranfmué en humeur Se matière liquide, Se qui augmenté Se acerçu
4e fes filleSjfait vne trèfbelle riuierë,arrofânt encores auiourd'huy cefte contrée^
qui eft d'vne partie de fon nomappellee.Siiy. SêbkbfementfonefpoufeTreuife' J

Calardie auec Titus Butankhius fonpere,Sefon ieune frère Calian,ploranskpi-


teufe auaturë Se defepnuenue de leur lignage, furet diftillez en fources de fontai-
nes,fuyates deuers leur gëdreSylke ou Sily. Les enfans malles ne furet pas' exepts
de cefte fureut4iuine:car Mufiliftrefepuifhé deuint vn petit ruiifelet, qui paffë
au fang de k ville d'Altinp,Se 4e là fe varédre àfon père. Les deuxautres eftoiét
encores enfans dedans 1e berceau, qui ne furent pas fi rigoureufemét traitiez. Le.
plus aagf qu'on difoit Halcyon , fut mué en vn petit ôikâu,portât fon nom,veftu
de plumés Royales : l'autre en ynpetit ver plein de pieds: demourans toufiours à
l'entour des eaux Se riuieres;Se vôt toufiours cerchànt leur père. De cefte cruelle
perfécution efchappa feulement Lélius Màurus l'aifnédequel ëftat encores ieune
futcôuié de fes coufins,lesfeigneurs d'Altiho, à quelques obféques funèbres qui ,

fe faifoiet à la porteMane,que l'ô fouloitiadis appelfer:adManes»poufce que c'e¬


ftoit l'ordinaire d'y enfeuelir tous les corps des ckoy es. Se encores en eftrelledite
Alli Mani. Après t]Uë fes obféques furentcélèbfëes, Lélius Maurus demoura là
pafsât 1e téps auec quelques autres ieunes enfans de fon aage,lefquels fans y pëfer
cheminerentfi auanten pays à trauers terres , qu'ils fe trpuuerentprés d'vne tour
eftât aflife fur là merpour faire fe guet,lors appelléeTutricçlfe,au lieu de laquelle
eftdepréfentkvilfedeTurrkeilo.Encelieuluy Se fes compagnons furent pris-
despkates, Se par eux mené en vne ville ancienne delà Bruce que l'on appelle ,

Tëramo,où il fut vendu à vn gentil-homme nommé Théodo/e,qui fe fit nourrir -,


Se iaftruire;puis voyant que fes murs Se.côditions eftoiét décorées de vertus Se
nobfeffe,le print Se adopta pour fon fils lègitime,Se lefit fuiure fe. train des armes,
aufquelles de fa nature.il eftoit enclin Se adonné , allant par les veftiges Se brifées
4e fes anceftres.Finablement après plufieurs grandesprouëffes ayant exercé tous -,
les offices Se dignitez çonuenables àvn bon cheualier, Se paflé par tous les degrez
d'honHcur,il fut appelle à plus grands effets parle 5 énatRomaimqui pour eftein-
dre l'infélicicé de fon premier nom, le fit furnémmer Calo Mauro,Se l'enuoya ca- qi0Sj
pîtaineSe gouuerneur au lieu defanatiujté, pour le tenir en feureté,Seréfift^ beau.
aux inuafions des corfakes. Ce qu'il fit.du meilleur de fon ccéur, non feulement
pourl'inftind naturel, qui l'y induifoit :.maisaufli pour k grande beauté Se
. ' * Kkiiij . '-
'' LJV7RE SECÔNfi.DE ;

- pkifance du lieu , àuquefil donna fon nom , Se le fitàppeller Calo Maurb,y eflU
fantfàdemourance perpétuelle. Puis ëh mémoire Se recbidationdefà^giere'yrlt
édifier vne cité noble Se magnifique, laquelle il affit fer les riues de fon/père Sily,4
Se k peupla des habitans du col Taurifano , luy donnant le nom de fa m ère Tre-
uife,ainfi que l'on'voit encores de'préfent, fi bien qu'elle eft dempurée riche Se
opu-lente,noùgice de kttres,d'armes.vSe de t-outesVertus ,' pleine Se abondante
- de tous biens , voire mëre de, fàindeté Se/d'éuotioh'. En cefte ville ifregnalori-'
guement, enfinguliere obéiflàncè, paix , abondance de richeffas, en bo.nneanui
tié Se confédération auec fes voifins, viuant en tout heur Se profpérifé, Se y'ffëcél»
da gl.orieufement au regret vniuerfel Se defpkifir de tous fes fubiets,kiffamlavil-'
fe à fes héritiers Se fucceffeurs , par lefquels elle fut régie Se gouuernée plufieurs1
' ans après. Mais linconftance de fortune , Se k mobilité du temps , quiiâmaisnt!
-^ demeurent en vneftatjont fait qu'après auok eft^vfurpéepar.4iuers tyrans, ellç'î
en fin efté réduitte à la iufte feigneurie du noble Lyon Marin, par lequel mainte7
nant elle eft entretenue en bonne équité Se police. De céfte noble race Se liguée
LyonMa- (belles Nymphes jie fuis defeenduë, Se en cefte ville i'ay pris ma naiffance, àla-
«n, quelle me fut donné le nom de là chafte Romaine quifetuaiadispourroutrage
S/Marc, les que luy fit le fils d'vn Roy orgueilleux. le fus noblement Se tendrement nourrie
cmtiens. jufqUes en J,*an i-nil quatre cens foixanteSedeuxj' queie me trouuay enkffeurdç
monaâge. Oraduin't en cetemps que pour pigner Se agencer mes. cheueux, fe
memyà k fenëftre de machambre par vn ioUrque fe Soleil eftoit clair&iuy-
fantkar ie lesauois lauez, ainfî que ieunes Damoifclles font accouftumees de fai¬
re. Cependant ienefçay par quelle auanture le chemin de ce Gentilhomme f'ad-
4reffa la part où i'eftois: Se comme il euftietté fon regard fur m©y,ie le vey incon¬
tinent arrefté,pknté tout d'vne piece,neplus ne moins queNiobé quand elle fut
muée en pierre. le n'y penfay pointplus auant, pour.eftre mon efprit Se ma fan.
rafle occupez en autre chofe,ains feulement 1e reputay à vne ruftique contenance.
de ieune refueur plein 4'imagihations fantafques. Mais il luy en print comme ai|
petit poiffon,lequel pour vn peu 4epafture aualle vn crochet , qui fe retient : m
en eferchantaut£uy,luy mefme fe perdit: Sepotir aimer ce qu'enrkn neluy appâr-
renoit,il deuintibnpropre^nnemy. Vray eft que k nature auoit mis en moy au¬
tant de beauté que femme en peut auoiriquine mefera (s'il vous plaift ) imputéi
vaine gloire , d'autant que ce n'eft moindre vice de taire la vérité , que de publier
vnmenfonge, auec ceienepuis celer ceque vouspouuez vepkàlceil. Finablè-
- ment U"feprintàm'aymerfiardammentqu'iln'eutplus4ereposny depatiençe,
mais vehoit tous les iôurs paffer Ser.epaffër4euâtlamaifonoùiedemourois,facs
aucunrcfped ou confédération , regardant aux fenéftres çà Se là , Se s'arreftantà
chacun pas,rellement que vous l'eufliez iugé homme tremblé de fon beau fcfis,8e
neluy eftoit pofîîbfe de me veoir: toutesfois fi par quelque auanture il aduenôit
qu'il m|entreueift,qui eftoit (certes) pèufouuenr,iln'apperceuok en moy aucun
figue- 4'amitié, ny mefme que feulement ie prinffe garde à luy : auffi eftoit-ilbieii
.y loindemapenfée: car pour lors mon cur Se entendement eftoient du toutitfe
* 4
difpofezàreçeuokrefmotion d'amour, côrifîdéré queie ne pouuois auoit co-,
gnoiflànce4ubicnoudumalque l'on y peut acquérir. Parquoy 4etant depÇÎ.

?Qll^
POLIPHILE. . m
POLIA FR-'APPés DE P E STÉi S E . VOVE A LA
Déeffe Diane , parfortune Poliphilefie trouua au temple le iour qu'ellefiaifoit
%rofefûon: pukilreUmt oit elle efhit feule kgenoux enfaifantfes , ,

' , oraifensdk ouilluy déclara le tourment amoureux qu'il


* auoit endurépour elle, lafeppliant de l'en vouloir
y- alléger: dont elle nefeit conqefc:partjuoy il
( fepafmadedwil&d'angoijfe.Ellele ,

voyant mourir s'enfuitfoudain.^

""" C H A P. .fill.
E me trouuay en vne grâd e peine, pouree qu'vniucrfellemét
le pernicieux dager de pefte tuoit de fon venin tous fes viuâs,.
nepardônantàperfonne.reftois en grade detreffeme vPiant
au milieu de cet-inconuénient, qui fans chois abbatok ce
qu'il rencontroit cerclant emplantlaraultitude quipériffoit.
Les trilles villes infedées eftoient priuées d'habitans : car
chacun ainfi que ie voyois tafehoit àfefauuer pourefehap-
per ce mal tant horrible qui exterminok tdùt,- fes Sages al-
loient recherchant lacaufe de cefte peruerfe auanture,defduifans par raifons que
le Nil troublé nous enupioit les iniques vents qui nous offençokntjSe pour tout
cela la maladie ne ceflbit point, ains continuant me veint attraper. Affligée de ce
mal, qui me menaçok de ruine énidente, ie fus abandonnée 4c toutes perfann es,
Se mefmes de, mes plus proches. Mon fang m'oublia, Se ne me refta que ma bon¬
ne nourrice qui feule cutpitié demoy enmon infortune.Tecroy que cette dif-
gracemefuruint par la volonté fupérieure. Mapauure nourrice plus clémente
enuers moy que tous les miens, ne me voulut point laiffer, auffi atten doit-elle
que i'obéiflè à mon dernier fort.Eftant en cette perplexité ie me trouuois pfeffée t
4el'ar4eur4ecemal1 ieperdois cognoiffance Se entendement, deforte queie
difois plufieurs chofes hors de propos, méfiez de plaintes exçefïiues. Puis quand
ie pouuois retourner en moy,t'appëllois à mon ayde la Déeffe Diane, àkquellc
i'auois de tout temps finguliere fiance,Se laferuois purement Se en bonne 4éuo-
tion de tout mon cur, la fuppliant qu'il luy pleuft me fecùurk eh cette extrême ,

néceflité; Sepour kmouuok àce faire, ievouay quefipar fa douce clémence


i'efchappoisaëcepéril, ickferuko.is enchafteté toutle 4emburant 4e ma vie.
Bien tollaprès ce vÜu Seoraifon, ie commençay avenir en conualéfeence,,4e -
manière qu'en bien peu 4e temps ie me trouuay par la gra<?c 4e la Déeffe 4u tour
faine,fauuè èe guérie.. Parquoy ie 4éliberay 4'accompïk ce que i'auois promis,"
auec intention de l'obferuer perpétuellement. Et pour cet effed,ie fus reçeuë au
remple de k déeffe en k compagnie des autres vierges religieufes,aueclefquelfes
iefréquentay les diuins offices : Serenonçay totalementau monde. Ilyauoitià
plus d'vn an que Poliphile ne m'aupkveuë, 8e ne pouuoit fçauok en quel lieu
i'eftois; Auflieftbit-ildutouthorsdemafouuenan.ce, comme chofe en quoy ie
n'auoisguerespenfé, Sedontil mefehalloit bien peu: toutesfois il n'en eftoit de
rien moins trauaillé,ains perféuèrok en la perféuèrance de fan amitié. Or aduint
(ie ne fçay fi la véhémente imagination luy caufa tel effed,comme l'on did qu'il
peutaduenk: ou fila fortune luy fut ainfi fauorable Se propice) que le propre
c iour de ma"profeflion ilfe trouua en noftretemple entre ceux qui eftoient venus
. ' 7 - y. ' '- L'I " , ".
/ . ~ C/4aMfi2fi
[f- LIVItE SECOND DE . t 7
pour veok la cérémonie: Se voyant que i'eftois celle pour qui an fàiféit cette
folemnité,il demeura tout efperdu , combien qu'il print, vn petit d'efpéracè pour
m'auoirretrouuée, fe perfuadant qu'il poiirroitauok'qùelque remède ënfané-
ceflité. Néahtjnoins il ne fçauoir bonnement qu'il deuoit faire , fin on me-regar-
, der,Secontempfermes cheueux dont eftoient faits les lacs qui le tenôient ainfi
captif Après que ieme feus de mon gré obligée Se aftrainde aux vnux de larë-
figion,fenemekifïày plus prcfques veoir auxhommes, Semé gardois tant qu'il
m'eftoitpoffible,de me monftrer aux perfpnncs^uin'eftoient point de religion.
MaisPoliphile délibéré*4eTO0urk en fafentafie,n auoit autre cfiofe en pefée fors
4e trouuer lemoyé pour me veok,trâfportéd'amour,Sed'importûdefir: A lafin
il chercha tant Se vfa 4e fifoigneufe diligéee qu'il me trouua feule dedans le tem¬
ple, où i'eftois allée faire mes oraifons. Quand ieleVcy entrer ainfi déffaid, &
comme àderoy mort, toutlefang memuâfou4ain, Se commençay àfrémir&
trembler,me fentant froide comme glace, qui me caufe vndefpit Sevnehayneà
l'encontre de luy. Lors ilfe print à me regarder piteufement tout pafle,morne &
4écoloré: Se quand il peut parler ihne dit à voix baffe Se tremblante: Ma Dame,
en voftre main gifent ma vie Se ma morc.en vous eft de me donner celle des deux
qu'il vous plaira: l'vne où l'autre me fera bien agréable, pourueu qu'elle procède.
de vous: toutesfois voftre beauté plus 4iuine qu'humaine (fous laquelle cruauté
ne fe pourroit loger)me faitpluftoft efpérer d'auoir vie* Nonobftant fi vous auez
plus cher queie meure, il vaut trop mieux auiour4'huy que 4emain, ce feraau'tar
4e langueur efpargnée pour moy. A cette caufe ie vous fupplie(fi ma vie ne vous
fakennuy) qu'ilvous pkifemekgar4er, Se vous aurez vU homme d'auantage
pour vous feruk Se honnorer, qui ne vous couftera finonvn peu de voftre bien-
vueilkncë, fans en rien amoindrir vos vertus nyfairc 4ef çheok vosperfedions.
:

Mais fîiefuisnayd'heurefî mal fortunée queie ne foye trouuédigne dVne telle .

gracé,que 4'eftrereçeu 4e vous en feruiteur,ayez (au moins) pour aggréable que


ie meure: Se Ce me ferafuffîfantetecompenfe 4e toutes les peines Se trauaux que
i'ay fouffertesà voftre occafion.HékslMadame, s'iine vous plaift auokpkiéde
moy,ie me puis bien 4ire le plus malheureux 4e tous fes amans, Se à bonne raifon
maudire l'heure que premièrement ie vous vey, 8emefmcS détefter mon c€ur
qui fut fî léger de croire au fimple rapport de mes yeux. Pour Dieu.'Madame,ne-
les faites point m éfongers. Vfez enuers moy de k bonté Se douceur qu'ils m'ont ,
promis de vous : aflemblez en moy l'efpoir auec le 4éfir , car fen vous eft app uyéé
ma vie: confidérez vn peu le piteux eftat où ie me treuue , Se 1e tourment qui m'j
fi long tëmpsmartyré pour voftre abfençe,lequel ne diminue en rien pour voftic ;

.préfence,oùiemefenSéfprisdccrainte,honte, peur Sedoute: ie tremble incef-


fammentau milieu de ma flamme, Se fes parolesmc défaillent: à peine fçay-ieoù
ie fuis, Se fi c'eft fonge ou vérité ce que ie voy, Se moins fi ie dois efpérer ou non.
Héksîquand ie me trouuois feul en mon fecret, ie compofois beaucoup de fein¬
tes en mon ëntédement, comme fi elles euffentdeu aduenk:Se feignois plufieurs
fecours me promettant degrahdes libéralitez d'amour, Sérielles guërdons de
mon feruice: mais tout eftoit vaines penfées, Scefpérànces-friuoles. Puis aucu-
nesfoîs que ma patience eftoit altérée , ie vous bkfmois Se donnois k coulpe de
moh maljCommefi i'euffe efté offenfê parvous,qui eftesmonfeul bien,Selefeu- ".

ftënementdemavie. Quandi'ouy ce propos ( Nymphes heureufes) ie fus plus


irritée que 4euant,Se par 4efpk iemelcuay 4e ma place: 4'oùieparty fort cour-
roucë'e,fansle4aignèr aucunement regarder, tant s'en falloitque i'euffe volonté
deluyrcfpondre, carie tenois ces paroles pour-téméraires Se effrontées, Scies
,- P 0;L I P'JH I LE. y i34
prenoisa defpkifir. Le lendemain queie ne penfoisplusàluy, auffi toft queie
fus arriuée au temple ,1e voicy reu ènir auec vn vifage trifté comme I'im âge de k
morr,aueC lequel il recommença a trpubler en k mefme manière que 1e four pré¬
cèdent^ à dire eu voix humble Se baffe. HékslMadamë, fouuerakie; de routes-
les belles, auez-vous pointpenfé démettre fin aux. dures peines qui nuid Se iour
me preffënt Se contraignent de venfevers vous?, adouciriez quelque peu la dureT
té de voftre çjur: modérez l'obftination de voftre fantafîe:. car voftre apparence
dedouceur ne mpnftr.e ppint d'eftrç rebelle: ne fouillez pas'vos vertueufës con¬
ditions dç.çrùauté,qui eft le propre des Lypnnes: confidérez que monmal pro¬
cède de vous: Se combien que n'y ayez aucune coulpe , fi vous deurok-il defpki-
re qu'autruy endure qurndvous y ppuuez remédier. Neme rendez (Madame)
. le mal au lieu du bien queie vous vuçil. Ne profanez point voftre belle renom-
. méepour vnè fimple fantafîe Se bpiniaffreté mal féante à voftre fexe Se côdition.
Héks/fi vous pouuiçz fentir là moindre part de ma douleur, Se fi fe fentk vous eft ; .

trop grief, au moins k comprendre par imagination, il me femblè que ieferois


grandementallégé,Se fi vous n'y daignez penfer, à tout le moins qu'il vouspleiift
croire que mes paroles failient d'vncceur nauré mortellement,: dont ie maudis
mafortune malheureufe, Se bénjsl'amout qui me confomme pour la plus belle
Nymphe du monde, à i'occafîon de laquelle long temps a queie feuffe finé,fi va ~.

menteur contentement que ié feins en mapéfée, ne m'euft maintenu en vigueur


parl'efpokde quelques grackufesrefponfes telles que ie defire,Se qui m ç font
néceffakespourlefalutdemavie. Mais celanedureguerés; cariemçtrouuein-
continent fruftréjSe cpgnois que ce ne fant que fanges Se fidionsfriuoles.En ces
mutations Se diu.erfitez.raés jours fe paffent, Se vis vne vie.afprë Se kngpurcufe,
cherchant touffeurs le moyen de me defeharger de Cepefant fardeau, déliurer 4e
- cette durefubfedion Se ferukude,8e fuyr ce iiçn trop doux:mais autant que fe le.

cherche euader?d*autant mejtrouuay-ie plus rudemét enlacé.: Se tant plus ie m'en


cuy de arraer|er,plus me .voyj-ie engluant Se plongeant en erreurs indiffblubles.
Parquoy fëfîime que brfefue mort me feroit plus vtife que trop-long Se fafchëux
languir: Se fi fe fuis deftiné à mourir pour vous, ië tiens nu mort bien employée,
Se rens grâces à Cupido dé ce qu'il nie fait mourir fî glorieufement.Parquoy fi en
k grande ardeur de mes rnau-x ,: par impatience en trop afpres douleurs i'ay bkf-
phêmé ou n-|urmuré -contre fa dfeinepuiffance,ie luy eu demande' pardoji de".
tout mon eafur,cognoiflànt Se confeffant de ma volonté franche,qu'il m'éft trop
de fois adifaiudfen m efdire,YOtre maudire fes bieri-faids que i'appellois maléfi-"
cef,difant que tyranniquement Se à tort il m'aubk opprimé Se foubfinis à fes faix
fauffes Seihiquës^dëftrouffé de repos, Se defpoufllé delibertéidontiç fuis repen¬
tant,, aiifli ie m'en-defdis Se réùoque tourestellés iniures Se penfées, Commepar
cy deuant ie fes ay plufieurs fois cfefditçs Seréuoquées ,pour 4oubte qu'il ne me
trairait, enVotes plus rigoureufemlç comme me trouuant ingrat Se indigne de fes,
bénéfices.. Néantmoins parla rudeflWque ie trouuay hier en vous , iene voy pas
que ièpuiife obtenir de luy aucune grâce. Hélas !fi par fouffrir Se endurer on k
peut aucunement gaigner, elle m'eft certainement bien deuë, Se k penfe auok af¬
fez méritée. Pburquoy m'eft-il donc fi feloJ Pourquby deçok-il par telles amor¬
ces les fini pies amans de légiere créâce,8e qui loyalemétffe fient en luy? O Dieux
tout puiffansjil préfonte dii miel , Se dône 4e fe poifon. Il fait vn gracieux arcueil,
ge puis il meuve à l'efcorcherie , tellement que toutfon arc n'eft que feintife Se fi-
muktion,tantfeseffeds font différents Se contraires. Et moy.pauureabuféqui
neme Gardois pas de luy, fuis tombé en fes- embufehes , où i'ay efté par luy voilé
ô v L 1 ii
7; , '- . c4ayj'. 2' l y ' ''
' LIVRE SECOND DE
Se4eftruid 4e tout bien, plaifîr Se lyeffe: 4ontie nefeayoùme pourvoir fors à
vous. Mais ie ne voy en voftre vifage aucun fîgne 4e pitié , 'donnant à entendre.,
que mon mal vous defplaife: qui méfait croire que vous eftes contentante a 1 ou¬
trai qu'il méfait, & que la douceur qui femonftree*vous eftvne amertume
cachée au détriment de ma vk,kquelfe ne demeurera plus guieres auec moy. &
en cekfe me conforte. Hékslie mepuis bien dire malheureux puis que celle qui .

kdeuokfauftenk, eft caufe qu'elle prendfi toft-fib. Ha Pohaifecourez moy: car


fans vous ie ne me puis ayder. En proférant ces paroles , il lerta vn grand foufpir,
Se tomba comme mort âmes pieds, ayant perdu l'vfage de tous fes fens,fors delà
kngue,quiluy feruoit à faire de longues lamentations angoifleuf es , trop plus pi-
teufement que ie ne vous fçaurois raconte^; Se nonobftant cela ne rrpuua or¬
ques en moy aucune cftincelle de 4ouceur, non pas mefmes vnkfeul femblant
que fon ennuy me 4efpfeuft: car ie ne luy daignay refpondre yn mot,ny abbatlfa
mon nil vers luy, ains demouray obftinée,les oreilles clofes a fes prières, Se plus
fourde que k roche folide,. perfiifent en féuère volonté: parquoy fe dueil 1 op-
prelïàtant queluy ferrant lecsur il le fuffoqua: Se ainfi kiflant aller faparole
auec fes dernières larmes, il mourut.
PO L I P H.IL.E. m
le ne fus pour toutes ces chofes efbranlée de mon dur courage :
: Se, fans faire

autre démonftration 4e pitié,penfay de m'en aller, aptes queie l'eus tiré parles
pieds en vn coing du temple où il dcmoura: car quant à moy i'auois bien peu de
foucy qui en feroit les funérailles: feulement ie meretiray à grand' hafte toute
trembknte,troublée de ftaycur, Se quafi hors de mon entendement, comm e fi
i'euffeperpétré quelque grand crime.

,- *. . m .


\ L I V R,E S E C O N D D E
POLIA RE C ITELA GRA N D' CRlfiAVTEDONT-
'- 'elle vfd enuers Poliphile, & cémme en s enfuyant ellefut rauie & enleue'e d'vn
" toufbittonjèr portée en vneforéft obfcure: où elle veitfaire la iuftice de deux
' '- ^Damoyfelles, doriteÙè)%tgrandement effouuantéefipuisfe rétrouuaan
-

. - lieu d'où elle efloit partie, A près en dormant luy apparurent deux
bourreaux -venus pour la prendre', parquoy elle's'efeeiUa en -- ..
" ' ferfiaut: dontfitnourrice qui eftoit comhee auec elle,
"* luy demanda la caufedefia peur: & après l'auoir ,

Y entendue 3 luy donna confeil de ce .


,7.:'. , "' qu'elle deuoit faire. -- .

,-' C h A p. I I I. *

E s b visant ainfî fon difeours, Polia ne peuftqu'eftant.


fur ce fubied elle ne s'arreftaft , adoneques furprife 4'vne
vrayè touche d'amour, fans parler dauantage, elle kilfa aller
vn mignon foufpk, mefme durant qu'elle racotok ces effets,
nkfauuâtiance luy repouffoit des yeux quelques gouttesde
piteufes Se aggréableslarmes,qui efmouuoient fesNymphes
\

a quelque commifération, qui eftoit caufe qu'elles iettoient


par pitiéleur regard fur moy,commebkfmant.Poîia en leurs
penfécS,àraifon4éfonexcefîïue cruauté. Mais 4efirant entendre kfindecettt
hiftoke, après "auok quelque peu arrendu, elfes la fplliciterent de pourfuyure,,
Seacheuer. A4onc elle prenant vn linge délié quîluy'pen4oit furies efpaules,
en effuya 4oucement fon vifage: puis ayant affeuré fa voix, continua en cette
forte: Vous aùez ouy (Nymphes bien-heureufes) vne cruauté tant eftr ange qu'il ,

n'eft c gracieux qu'il fok,quila peuft porter. Et ie m'efbahy commelcs


Dieux me daignèrent eftre fi miféricor4ieux de tolérer mon obftinéeingratitu»
4e,& que fur le champ ne punirent l'iniquité de moncourage. Si eft*ce qu'il ne
paiîà gueres que ie cogneu Se fenty manifeftement le courroux de k Déeffe que
*i'aubisoffenfee,quife monftrok appareillée cpmmépouu en faire k vengeance,fî
ie n'euflë amendé mon défaut, Se retiré mon ceur de fa folle perfuafion Se jfsfnta-
fiedéprauée. En m'en fuyant donc toufiours perfîftanteen mâfe'uèrité rebellé,,
plus gelée que fe cryftal des montagnes Riphees, ennemie de l'amour Se'dêfa'
. mere,ipïefprifant toutefeur puiffance,kquelfe affubiétit Se maiftrife fes plus forrs,
defpiteufement encline à rébellion Se contumace, defnuéed'humanitérequi/è,
comme fi i'euffe banny la pitié hors de mon cur, Se ëmprifonné la miféricorde,
inhabile à reçeuok amour, quife fuftlorsmoins|attaéhéà mapbidrine, quela
cife contre vné pierre humide: voire (qui plus eft) fans Yne feule eftincelle oufi-
gne de regret d'auoir veu mourir en mapréfence , celuy qui pour m'ay merauoit
youlu abâdpnner fà vie: mes yeux n'euflënj: peu diftiller vne gouttede krmes,ny
mon cdur exprimer 1e commencement d'vn moindre foufpk,Se ne penfois à au¬
tre chofe finon àgalgner mon logis. Ainfî haftant mes pas,Se quafi voukntpren-
4re k courfe,ie n'efto is gueres loing 4u temple,que ie me trouuay enueloppée &
rauie d'vn eftourbillô 4e vent: lequel en moins de rien me porta auprofond d'v¬
ne foreft oftfcure,fans me faire malny douleur,Se me pofa en vn liau 4efuoy en¬
combré de buyffons^ ronces Se elpines , fans apparence de chemin feidpar créa-
P O L I P H I L -È. i$é
turès humaines. Une faut pas douter (belles Nymphes j fi ie me feoùuay bien ef-
bahie, Se enukônée cfetôutë frayeur : car incontinent ie commençay à entendre
ce que ie voulois crier,defia d'autres crioyent plus haut que moy. Las malheureu-
fe infortunée/ce cry procédant d'vne haute voix féminin* accompagnée de do¬
lentes lamentations. Bien foft après ie veis venir deux Damoifelles miférables,
nues SedefeheueléeSjfi que c'eftoit grand horreur, elfes bronchofent Se trefbu-
choientfouu.entjheUrtanfaux racines ou eftocs des arbres. Ces pauures femmes
eftoient piteufement enchaînées de chaînes de fer ardant. Se tiroiënt vn chariot '
tout efprisde feu, dont leur chair tendre Se délicate eftoit cruellement grillée. - ê
Leurs mains eftoient liées fur leurs dos, qui fumoient Se brefilloient comme vn
fer chaudiefté en l'eau, elles alloient grinçant fes dents , Se kiffant plouuoirde .
grands ruiffeaux de larmes fur fes chaînes dont elles eftoient attachées.

, Dedans le chariot y auoit vn enfant de feu, horriblement furieux Se courrou-


céjquileschaffbkSebattoitfans ceflëd'vné efcoùrgée faite de nerf, il monftrok
vnvifàgeéfpouuantable Se terrible fur toutes chofes. Parquoy les pauures Dar
moifelies alloyent courant Se iettànt maintes voix plaintiues, fitrèsfoit p énétran-
tës,qu*elles en pç.rçoient le Çfal. Ce néantmokis toufiours leur failloit fuyr à tra-
uefsja foreft, Se trefbucher à chaque pas entre les ronces Se efpînes, dont elles e-
ftoient efeorchées Se defehirées depuis le pied iufques à k tefte. Brief 1e fang leur "
plouuoit de tous coftez, fi que la terre, par odelfespaflbieik,en deueneittourc
vermeillë.HélasJelles tiroiét ce chariot ça 8e là,tantoft d'vnepart, tantoft d'autre,
fans, tenir y py e ny fentier:& à veoir leur pauure charneure , ie k iugeois cuitte Se
Ll iiij
'^- ,.:.
LIVRE PREMIER DE
.; crêuaflcc corne vn cuyr ars Se paffé par fe Tan.Quant à leurs gorges elfes eftoient
fi éftreindes ; Se leurs voix tant caflées Se^nrouees, qu'cllcsne pouuoient qu'à
bien grand' peinérefpker. fi. fi
. ' -

#-

Ces pauures kngoureufes venues à l'endroit du lieu où i'eftois,ie veis arriuerà


l'entour du'chariot plufieurs beftes cruelles, comme Lypns, Loups , Chiens affa¬
mez, Aigles, Corbeaux, Milkns, Vaultours, Se autres, que ce bourreau arrëfta là,
bourreau,dy-ie, non pas ertfant, comme il en monftrok l'apparenceffequel après
eftre defcendu de fon chariot,délia ces deux pauures martyres: puis d'vne efpée
trancheante leur perça 1e corps tout à trauers du ctur. A ce carnage accouroiét
toutes les beftes rauiffantes appreftées àkpafture, Se l'enfant couppa les deux
; Damoifellés chacune en deux pièces , defquellcs il tira fes caurs , Se les ie.tta aux
oyfeaux de rapine, Se pareillement toutes les entrailles: puis defmembra &meit
en quartiers fe demourant du corps:alors ces beftes affamées accoururent incon¬
tinent pour déuprer celle tendre chair féminine, &lade$ker aux ongles 6e aux
dents. Hékslie regardois ces miférables membres,quitrembfaient encores entre
leurs genfiueSjSe enténdois rompre Se froiffer fes os, fi que l'en âubis grade pitié.
Iamais ne fut plus craelle boucherie, ny vnfpedacle plus piteux! O l' effrange
manière cjféfépulturei Pour certain la mémoire feule me fait prefque mourir de
peur. Pchfez vous ie vous prie,enquei eftatie pouuois eftre cachée dedans ce
buiflbn,efperdue cfefrayeùr:8e yousiugerez que ie me deuo^s trouuer plus mot¬
te que viueî ,. " " '
' ' - - . Aaoïnesfois
- ;p;aLi^HrtE;,, jfe

Aùcunesfoisfedifais en tremblant: HéksjauroiSïic point efté cy apportée par la»


volontédes Dkux pour y eftre occife par facrifice? Ây-ie mérité punition fi cruel^
lè?Qjaeîpaystant feuuage peut produire Se nourrir les belles fi furieufes Se redou¬
tables? Cy^lfe"inhumanité*fe,peutcomparer.àicette-:cy? râmaisde telle -n'ênfut-
Teue'ny ouye. Qvifion horrible'.© càspar trop;hidéuxj miféra-bîe àpenfer. Se pi¬
teux à entendre.' Heksioùfais-fe maintenant venuëîVoycy ma ^dernière iournéei .

En cette fprteïompîaignois-j-edb-ulQureufement, Si fondôys toute ënlarmés,;at-


;

tendantde moment àautre que ces beftes me.veiiiffent dë'uorer.Toutesfbisïeme,'


gardois leplus qu'il m'eftok poflible , d'élire app-êrçeuë* de ceft enfàntm eGrdrier*.,,
Se baiffois mes yeux fur mon fein,qui eftoit tout»; baignéj'de pjeuf s,4ifaht tout bas M
àvoixdéb'ile,S&parolesinTer.rompuesY. ' -_ . ' " * '" 7 y'"
Oiourncemaîheureufe.'Ofeeuré'maudfteSe'déteftabfel O panure .filfe infor¬
tunée! A qu'elle calamité peux-tu eftre paruenue?Qui veit ohques déftinée fipér-
uerfeîO iafade Diane à qui ie fuis vouée,:,eft-cëcy le pqintqui dbkterminermà^
vie enlâ fleur dëmPn aageîSuis-iedbhériéepourfàoulér les* beftes fauuag@s?Aîrifî^
.medbulok'jeplorantaiiîerement ^arrachant "mes chëueuxySeefgrarignam 'm orr:
vifàge^Se cequi plus faifoit croiftré ma.péine,eftbit.'queie mbfois mepkindrë,, hp>-
pas feuîempntfau.fpirer.,.outantfaitpeu puufirma boucha pour d'Ônnecaif à- mç
cfeurfuffoquédetrifteffé;Et qui pis éft,fehëvoy ois aucun moy e^
manifefte.Me trouuantdôncen cet .extrefme^défefpoir, Se: comme perdue , ië-ne"
.fp.y comment Jn 'y en quelle manière fe fus rapp-prtéë.auvlfeu---ou fàuoîs efté prife'
faine^fàauesSe'fàns aucun mal , fors que ie pleurois';. Se eftok toute ternie de kf-
"raes. Le Soleil s'àpprochoit ià du vefpre,,.Se ie me fe'ntois fort laffe Se .trauaiilée de
' k peine Se trHleffe que i'auois enduré'tout<:eiour,penià"ntàparmoy poarquet*
"--"' * Km'
; s . ;<r , '' --..'v LIVRE SECOND .DE ..',.
p .-r -.-<,. ~t4éltdcespauures Damoyfelles aûofanteftéainfiçruèlleméttrai&ées, SeenquèL
::,;,Yj;}e manière ie me poùubiseffre efgarée de mon chemin, Se tranfportée en vn lieu*
;

fi-fi: j Y^ncogneuîàkfintoutcek mefitpréfumerquecleftùkvn préfage de quelque lu»?


T~\\ -.-fortune à moy appareillée pour l'aueninchofe qui me troubla de diuerfe imagina-;
" "'- Y7tiônsScfahtafîes, tàntqueiepaflayfereftcdece iour en grande mélancholie, .& %
h -.^, -.effrois tputepaoureufe,kns.fçaupirdequoy,tellement que ie n'ofay.coucher feu-! '
( '-- --.. y ;'tlcïcfaigna'nt quelanuîd feuflô mofeftee: de quelques vifions ou fantofmes^airtfi
.-. '

Y "'"y rqTiei'aupis ëfté fe.fo ma nourrice pour me


ï'fif'-""' î-tenircompagmqécarfeméfibis grandement en elle. Ainfi donc nousnousrétii
Y fi -7;' 4-affees Se,entrafmes enfemble dedâsmùnîidjoù le cSur-me tremblait toufiaur^
7 -.-' «8e ne fe pouuok affeurerrtoutesfpis à quelquepeine que ce feuft ie mfendormy &
y ?fus foUuentrefueilléepar des fanges efpouuantabies,ipéciaIem,ent cnmonpre-
,

| -,-_,- fi (anierfomme,auqiàdmo.noor.psks!&'trauaill,éfutfurprins d'vn profond dormir, .


i :f- - a =& mefutaduis'que i'èùys rompre l'huys de machambre , -Se y veis fufieufement
"

J ' *-.'. ; -entrer deux grans bourreaux fales Se mâlveftuz,rudes cruels Se defpkiiàns.à veoir,

f ":{':.' îesiouës enflées, fes yeux louches Se encauez, les fournis gros Senoirs, k barbe ,

* '
longue'meflée,Scpleine de cràffe,fesieurespendantesgr.oflësSeëfpoiffes,les dents
x ,.longues,rares,iauries,rduiliéc%Seîrjaueufes,k couleur mortifiée, k voix enrouée,
: ' ;;' le regard defpiteuxSedifforme,kpeau rude comme bazanne,les cheueux hérif-
Y : :fez,gras, à demy chenus,&rËffëmbkns à l'efcorce d'vn vieil Orme: les mains grâ-
,. " ' .des^raboteufes Se fangl|ntes,les doigts courbes,les opgfes roux Se mal vniz,les nez ,

Y Ycamus Se pleins de mbrUe.Brîefil fembloit bien gens maudits,mefchans,malheu-


- itéuxSe infâmes.Leurs corps eâoientenUkonnez de cordes en efcharpej& autres
v outils de leur meftier, pour mpnûrer dequoy ils fcauoienr feruir . Ces gras vilains
- civfronçantfesfaiircilsSeme rêgàrdans de trauers, commencèrent à brayer ., ou
.abbayer:,cariîs n'auoient point parolfe humaine ,,<& me dirent ( iettans fes mains
fur moy,cbmmepou'r"me preh4re.'):Vien fùperbe Se mefehante créature , vien re-
;bëlfe,yien ennemie des Dieux,vien folle Se insenfée pucelle , qui dcfprife les grâ¬
ces Si bénédidions diuines,tarreoft fera faidé de toy vne punition cruelle comme
d'vnç mauuaifefemme que tu es , -Setelle quetu la veis fair-ejhicr'4e deux autres "

ipëtuërfes Damoyfelles orgueilleufes,Se fembkbfes àtoy.îe vous kiffe à penfer, ô


Islymphes, quel effroy cerne fut quandie fenty auprès de moy deux tels m offres, -
.qui me defeoifferent Se empoignèrent par les cheueux, me voulans -traîner ie ne
fçaybù,dpntiemëdéffendoisielPn.mo,h petit poûuoir,cuidant réfifteràleur ef-
fprt:maîs c'eftoit en vaki^car ils eftoient trop rudes Se Forts:ppurquoy ie comme1*
;-(Cayà.crferàhàute.voix;Hé'îàs]pourDicu:mercy: en demandant fecours : maisilj? ,
n'en faifoient comp.teaSe nie tiroient plus outrageufement, pour me mettre hors
démon lîd,auec iniurcs.&meiiaffesoutrageufes.Etainfiqu'ilss1effor^oientdece
faire ?4eleurs corps &veftemënsfortoit vne puanteur fi grande, qu'il n'eft cceur
quikpeiift endurer,mais encores i'auois plus de crainte de l'horreur de leurs vifa-
:gës4iffotmes Se "défEgurez. le fus longuement trauaiilée Se moleftée de cette al¬
tercation deipkifànté^ pendant laquelfaie me dèbattois.Se tournois trop rudemét
.dedans mon îit,tantque i'efueilky ma nourrice qui eftoit fort endoi-.mie.Ce néat-
mpinsellefentit,Separauanture ouyt, quelques paroles mal formées Seimparfii-
des jparquoy me voyant ainfi tourmétër,me ferra entre fes bras Se m'eppella bien.
Îiatitemét,difent:-Qi£aupz vous mafilleîQii'eft-ce que vous fentezî Adonc ie m'jfcf-
, ' iiçillay enfurfàutjSeïiislongtemps fans luy refpondre,foufpirant Se me plaignant
, en auffi grande angoiffë queie feisenioiir de ma vie, tant moulue Se kffée queie
iicpouuois leuer fes bras,mo.n cur battant en map oidrine outre mefurc, Se ma
POLIPHÎEE. . -ijff-
éfiëmife tant mouilîéedéîârmes", qu'elle me tenokpar toutair corps. Més-chë-- '
keuxen eftoient touslnoittes Se méfiez , mespoulxefmeus Se altérez comme fe
i'ëuffeeftéengroffcfieure.Akvérkéiefusgrandefpacecncefteftat, Se tantque~
ma.nouriice par douces parolfesôe remonftrances me remeitquelque peu l'efprifc
tbufionrs enquérarit- Se demahdantqu'elle chofe m'auoitcaufe vne fi nouuélle fa-
éon de faire: Senéantmoinsfedpulok grandement dé cequi m'eftok aduehu~:à7*
-raifen dequoy me tenokcrnbraffée,Se kmentoitquant Se quant,mo.y.Einablemét~
aprèspluheurs prières qui me furent faides de fepartyfifaft quel' eus repris vn-*
Îjetirde vigueur,ie me mejs a luy- conterez demotà motmon fomge,fànsluy dèlei?-'
amerueilleufe auanturë qui m'eftok aduenue le* iour précédent. Vray eft que i&~ j*
luy teu la mort de Poliphéle-, dont ie n'ofày aucunementparfer , mais bien ie luyf
déckray en paroles genérafesquefem'eftois^malportéeenuers l'amour. Q|jan4*
iehiy eusréckétoutés ces chofes,elle cbmmefage Se expérimentée a» moyendua
..' grand aage qu'elle auoit,me réconforta, difantque fi iek voulois croire, ellemet
V
taroitbonne peine d'affeurer mon csur,donner fin à ces mfennes kngueûrs,Sc ob
uieràtous autres inSonuénièns qui pour raifon de cekftie pourroientaduenir*;,
-. Alors ie luy promeis d'enfuyure fon confeil,, pouraeu que ie peuffe eftredéliuréà,
4es grans troubles Semerueilleux clangers lefquels iècraignoisd'eiicpurir, S&hors -.y*
des ennuis que.ie.tefmoigneroispar.tant4elarmes.. Y _ 'fi fi

&0 L I A REC I T E: E.N QV E LLE MAN JE R*E: S Ai


y ffourrice par diuers exemples l'admonnejla<£euiterl'iré& les menaffçst y
dfsDku^.EtluyconfeiUades'enaÛer deuers la Prieufe du temple-
* Y ' d&Vénm,pour eftre inftruifledexe qu'elle --.'_. ,.,- ;

-, , :.- auroit à faire. .-,..


-...,--
' - J -^
. .
.t
:
- ,
-
-
- ' -,, ,
."-' ' ' Y - 4 . ; ' ' '
¤:HAç; i'iri;-..

X c ri t en te s^NympheSjI'inclînàtion^'vh efprit-nepeuct
eftre facilementedeflpurnée, Se cequé le-c0ur s'èft propofé i
n'eft pas ayfement changé-, quand il s'y eftarrefté- aueç, vne-
délibératipnd'affedionconftante,ouqu'ils'y efl détermkfe7
par ipng temps* Eteneores il femble y eftre d'auantage atta- -

ché,quand il y?a mis l'obfed de fan contentementj!Se le fub-


ied du bien-hëureux fàlake de fes labeurs. Parquoy, belfes,ili
me. femble que l'en -vouiokdiftrake par prières ou autres 7
4ouces inuentions ort ëntreprendrqkimportunémentvn labeur ingrat; D'auan- -
tageil ne fefaut aucunement efmef ueiller file Cétis dépraué 'Se' corrompu trouuer
les chofes mauuaifes, qui de leur. nature font bonnes.: Se fi aux yeux altérez de: *
' quelque makdie,ouobfeurcis Se troublez par abondance de groffes, humeurs, fes
obieds femblent "autres qu'ils nefent : Bien que k lumière fait obfcui'cic pac7
quelque rencontre , Se que ce qui eft blanc fait peut eftre tafehé en: apparence,;.,
cek-në procédé dudiiffaut de leur matière Se fubftance , mais d'vne altération ac-~
cidentalle: parquoy on nedoit.bkfmer ny moins eftimer la lumiereny fe fubied....
» De mefmeayant voué Se dénié ma -virginité à k DéeffeDiane , Se par- proféffioaa
eftans îftrainde Se. obligéeà la feruir toute ma vie ,1e feruice de Vénusme fem» -
-,

- bloit griefSe intollérabie ,, eommedu. tout différent, Se contraire à ma première^


" " . Mm ifi
XIViE SECONDEE -
-1 .nftitution, veu mefmément queie. m'eftois déclarée fon.ennemie Se aduerfàkç.
Etfimaintenantievoulois prendre foripàrty, il eftoit de né-sefiité effacer Se abo¬
lir tous autres fermens,vous Se pr0meffes.ia,faides,oublier'Se-mettrehorsde ma '
;fantafi.e;tputes volontez Se opinions, contraires. Ce quecÔgnoiffantyma bonne
nourrke,defîrant fer tout ma fânt'é,Se craignant (comme elle difeit) que pis ne nie
* furuint:pour y remédiera fan pouuoiiyvfa enuers moy de cette harangue: .ManlY
le,c'eftjm did;Commun,Se.Ie voit-on pat expérience., que celuy qui prend con-
- feil d'autruy en fes affaires , ne peut faillir -tout feul. A cette caufe, ie vous prie^
- prefiezgarde à vous,-Se aduifez que pair aucune fimplicité ,:incon fid ération , mef- s

prisjoù témérité de couràge,vouxs'n.ayezoffenfèles Dieux. Certésil ne fautpoint '


tlouter que ceux qui nient leurpuiflance, ouleur défobgiffent , font à kfin aigre¬
ment chaftiez,;Se eft kffenkian d'autant plus gra^ qu'elfe .eft longuement re-
^ardée^Pargupyikaefefau.tefbarhkfifeurs.maieftez fe courroucent contreaucu-
nes Centre voasieunes Damoyfelfes,qiri,bien fouuentpar imprudence Se légère-
té,ou par vne fotte Se filperftkieufe opinion que v^us auez encourues en infinité
^'erreurs. Qui à faid que plufieurs en font venuesà piteufe Se miferable fin, conf-
- ' ;me iepourroîs proutter-pat-dhierfes fhiftoites,qui f eroient'trqp longues à réciter.
* JD'aiantage vous deuez confidérer qu'Amour eft vn tyran miel,, doue d'vne telle
* ,ipuiffànce,qu'il bfeffë,brufle,Se confamme fanfaucun efgard ou mifériearde , non
.Seulement' fes hommes mortels ,'. mais ( qui plus cft)les Dieuxfouueraîns , tnefe
.mement.le grand Iupiter qui faid kpluyeSefe beau temps: car telle difficulté à-il
trouuë(ma fille) en toutes fes entréprifes amoureufesï iln'eft rien fi vray qu'ilne
s'éftpeu exempter de ce feUjlequellà obligé à pîufîeiîrs difEcultez indignes de fa
,

-grandeur,fî que pour paruenir à fes ententes, il à efté contraînd de fe transfigurer


:iufquesen forme dejbéfte. Orkiffons fes autres dékez -Séparions feulement de ;
,Mars,qui eft armé déroutes pièces : il n'eut onques pouuok de réfifter à l'amour,
iny mefme de s'en dejfendre;tant s'en faut que ie vueilîe dire , qu'il euft peu fe re-
bellercon-tre luy,que s'il-y a*penfé,-k punition en a-efté foudaine, Se apparente par
'" lespkyes Se vlceres defon çur.Ctoyez(*nafille)qu-ekvertucl'amo.ur eftgrande.

*,Et s'il peut outrager les Dieux , quepsnfez vous qu'il pailfe faire contre fes hti-
mains, qui font tendres Se fragiles , fpécfâlemantceux qu'iltrouue idoïnesàfeu
" feruice,lefquels encores qif ils foie timpuiffans4Se débiles,ont l'audaeeSe préfëm- -
; ption de luy répugner?Sâns point de doubteilsletrouuent plus furieux Seïnhu-

main que les autres qui luy pbtempértntpar humilité:Sc cela me faid dire que ce ,

Vneferoitfiagementfaidà vousde vous en cuider exempter:car luy mefme s'eft ef-


...pris de fan brandon pour l'amour de k belle Pfic.hé,Qu7elleefpérâcepouuezvaûs
. auok qu'il vous efpargné iamaisîN'auez-vouspas dky dire qu'il à deux flefehes dif-'
férent.es,l*vne.àpoïnte d'or,Se l'autrepoînte de plomb.k-premiere defquelles in-
" dûid Se attire fes curs des p erfannes à ardamment aymer,*Se l'autre au conrraire

" «ngendrehaine Se defdaing entre ellesS De ces deux vfa ce puîffantT)ieu à l'eiicô-
tre d'Âpollqjqu'il nauraprofondément de kpremiere, Se de l'autretomes les Da¬
mes qu'il propofa oncques d'a^mer,pour ce que luy qtri vok toutes les chofes , re-
* tiela indiferettement feiamours de k Déeffe Vénus fanjere ,4ont depuisïl n'eut _ ^

' querefus,contenheméns Se mattùaifes chères de fes maiftf effes:piris pour 1e corn- "

hle de fon mal,defpkifante fin de Ces amours,en quoy ne fçtùtiamais auoir bonne
;,a.uanture.Héksj(ma fîlle)non feulement ceft Apoîlo,mais infinisautres de toutes " .
qualkez Se eôdkiôs font encourus en pareil inconuéniét, pouree qu'ils ont voulu*
rcfifter.àl'encontrekpuiffàncedece^râdSeigneur5parleqtiel(ainfîqueî'eftime)
fes vifiens vous ont efté monftrées-pouraduertiiîement du malquiypus dokad-
- . - " .. " "- pollphil'ê; . :- w
>uenir .TEfçoutCz denç,ma mignonn.c,&rvous arre'ftez à mbncdnÎTëil^evbus vueà-
feïOppofer à plus fort que vous,ny fuyr à ce que nepouuez euiter: car eftant bel-
" le decorpSjdifcr.ete d'entendëment,bién moriginée de condkions,fagé-Se.»ccPm.-

'pliéentoût^voire (pourle dire en peudepatofes) knompareine entre lesieunes


' Damoyfelles de ce pâys,tellement quefeffiblezeftre le'vjray chefd'ceuuredu par-
faid ouUriet, qui a donné elfence à toutes ch&fes, d'autant qu'il vous à décorée de
fihguliere Se ertrême beauté : il ;eft à préfumer que là faikde Déeffe Venusvouf-
:vcutretirer en fon tempfe,& par -tels admonneftemëns fecretstnonftrer que dë-
' nez eiitrar en fan &ruîce:mefmesquefe4ifp"ofitîbn diuine Iaquell-eà foing Se cu¬

re devofere tendre feunelfe,vous -à dcftinee à telsmyfteres ,vous aduertifîafitpâr


fonges,Se donnant à çognoiftre par réuélations occultes , le danger qui vous peut
aduenk,cojnmeilafaidàplufieurs vos fembkbles qui fe font oppoféesàfankn-
muable décret:car celuy fe monftre Se déclare ennemy des Die-ux,qui defprife lés
ydeuoircàk nature.,on eft nig&gent de les exercer. Et cekyous feray- iepréfente-
"menteiitendrepar l'hiftoke d'vne belle Da'mo'yfelfe que i'ay jveuë Se cognuë,gë-
tilfemme comme vous, derace grande, noble, Se ancienne", douée de toutes les
vertus Se bonnes grâces requifes àVne perfciine de fà qualité. Cette -Dampyfeye
' eftok iolie,ioyeufe,efueillee, Se toufiputs 'richement v-eft-ue: auffielfes'enmon-
* ilrokfeigneufe comme ordinairement nourrie en comble de richeffe, plaifirs, Se
" profpérkez de fortune.CHiand elle fu'ten kfleurde fan aage ,elle fe trouua'main-
-tésfp'isrequifeî, -entaasgage de plafieiks'iëunè's gentilshommes ,& fpécialemèïk
d'vn entreles autres,efgalà elle d'aage,de lignage,de richeffe, de bçakté, ik bonne 'r
grâce, preux,fage,Se vertueux aupofïïble.Toiîtesfois elle ne daigna iahiais conde-
, fcendre à fes intentions*, quelques prières ou promeifesqu'illuy feeuft faire ,ain£ -
përféuèrant en cette folle outrecuidance-, paiïà la meilleure nartied e fan temps
qui çftbriefà me.rueijfes,fans cpnfidererlmafiîie) qu'il n'y à eh ce monde chofe i

plusa'ggréable que k cofrefponda'nced'amour efgal Se réciproque. En cette ma-


' niere demeura kpamoyfelle endurcie "en fon obftination déteftableSeperuerfe "
"iufques à pafferfes vingt Se huid ans.Or cajpido qui tf oublie iamais fes iniures qui '
* luy ontefté faides par vn c(ur fupcrbë: voyant k malke de cette ieune folle , luy

va tirer vn tel coup de fa ffefehe d'or" , qu'elle entra iufques aux empennons dedans
lfeftoniac farouche : Se en fut kplaye tant griefue Se îîpérilleufe qu'il eftoit im-
pofïibfe y rëmedier.Albrs elle commença de fauhaker en vain les douces prières
Serequeftes queceieunegentilh'om'rnëauokperdues en luy-faifent l'a'mounmais
'

iln'eftokpluspoffibfeâ'enfinéf. Cenéantmoins la rigueur Se violence d'amour


eftoit fi grande en fan endroit , qa'encëfteïh telle, eut accepté non feulement le
- *beau gentilhomme s'il fefeuft préfenté,mais yn tout telqu' elfe l'euft peu auoinSff
; fut fon malheur fi trèfgrand,qù' elle euft ténupour graco fpéciafe, fi quelque ron-
gnéux varleteuft daigné k fecourir à fen befoing.Qtticonqués(ce'rtes) feuft. Venu,
:

* "iamais îfeufteftér efufé. f inablement lapauiirettepreffée d'vne chaleur intolîé-

s rable , tombaen vhefieureextrefmeySe en langueur iufques près de "mourir. Le


"médecin qui fut appellépour k vifiter , fage Se bien- expert elilà pradique , con-
'gneutau mouuemét de fanpoux -, que fe maladie ne procédoitfinon d'vneàrdcu'r .

. -4efmefiirée:pàrquoy il ordonna qu'il n'y auoit autre remedepourluylàuuerk vie


que delà marier incontinent. 'Cmoy entendu ,fasparens netardërentgueresàfe "

mettre.énpeinepourcefteffed,Setrouuerentyngentilhommedebonnërace, 8e"
fort riche,mais défia vieil, Si quafi fur fan'dernier aage j beaucoup plus caduc qu'il
;3ie monftfoît en appàrence^arce qu'il eftoit maigre Se fec7'
''" ' « *..'.* *- ' * - Mm iij "
LIVRE SECOND DE
il'auoîeîes iouës aualleesj lés lëures pendantes, fes-yeux rouges, efcqrchez,^ *

fermoyansj les mains tremblantes, Se toute'^ridées Se laydes, fe nez camus, mor-,


ueuxV plein dcfmouffe ,.k voix enrouée ; fercol ridé côtame ktrongne d'vn ma,r-.
inot,fesgenfiues greffes Se pâlies: ou n'y auokqué les racines dedeux dehscreu-,-
- fes par en haut,Seqautânt par enibas^fur Ieff ëuantlongues / branlantes , ;Sc rongées,
- de chancre,qui,feurauok donné vne couleur iaune tachée de noir. Il portoitvnc
' calotte,pourautantqu*elleeftoittaigneufe, Se fa tefte j-elfemblok àl'efehine d'vn
chien galleux>fa -robbe eftoit toute baueufe fur l'eftomacfa , courbé comme cher-,
chaatk-fôffë,k barberudfe comme le poil des oreilles d'vn afnc.Le refte du corps,
pourry Se tourné eu.fien : SeaU remuer'de fes yeftemens fortok vn-eodeur infecte*»
, telle .qu'homme viuant n'en' pouupitapprpcher : iamaisfe vieillard ne pcnfoit à,
, autre, chpfe qu'àl'auarice., . '-, Y -

'< -le -croy qu -éle matin ;de ces nopees îesCèrbeaux luyfannerenfles*,aubadesfe,

tantilpuoîtfôi'tkchar0ngne.Letriomphefutgrand,&lesefpqufàillcs falemni-
fees en toute pompe Se magnificence.Einabfement-cettefainde nuidvintquefe
bonne Damoyfejfeaupk tant4efirée,eipérantque lors Ces defirs feroientaffouuis-; ,

. fens confidéîer la qualitédu marié: car elle eftoit aueuglée de fes affe'dions, Sene: "
-penfaità autre chofe qu'àcueillk le.fruid.de cette gracieufe affemblée. , eftantla:
'pàuufettetotalfemehtenclinéeSe.abandonnéeàfàfenfualité. Ejle fe coucha cnla,
îhalheure entre les bras de ce vieillard , qui eftok plus froid Se plus gelé que le;
ïtiois4e.Ianuier)mais ellen'ën peuttirerautrc chofe finontoutle yifege feuiîléde»
iafahùe-defan vieilkrdîefpoux,qui bauokcomme vn<hfen courant,de forteqûeï
-,. îë matin d'après,yous eufîiez did q'u'vnlimaffon s'eftoitpourmenéfur ce beauvi-
fege.Et neluy futoncques poflible ny.pour baifer ,ny pour chérir, ny par paroks.:
, amoiu'eufes,del'efmouuokauferuice de la, nature. Etn'oneuftoncqquel'halçnë-
înféde. Ycar-il demouratoute la nuid la gueule ouuerte , ronflant parcelle impé-
tuofité,qu'il fembloit à l'ouy r-que ce feuffent les faufflets d'vn marefehal. Enten- '
4ëz-(ma fille)retenez Se mettez cecyegi voûte;, mémoire.- Cette gentille Daracy..
falle fe trouuafruftréede fonintention, carelle nepeutiamais ekhauffer ce vieil--
îàrdJ* auquel n'yaupk vne feule eftincelle de verdeur ny depbuuok. Oriladuinb
- ,

jjaïfacee-flîonde temps,queeemary fétar4,raffbtté Se recréant deuint plus ialoux.


<q|kvn vieil Singe,fi bien quetous fes plaifirs qu'elle reçeuok de luy,n'eftoientquet
fôfenaffes-, Sefuriès. Alors elle commença de aeçognoiftte fe mauuaife fortune,
, tarant honte Se vergpngne de fesfautespaffçes, Sefe kmentantgriefuement noA;
tam?du vieillard lafche Sefleftry,Se4umariagefanseffed, que du temps par elle
, inutilement defpendu,lcquel nepouuok plus reueûk.JBarquoy quand elle venoif:
àepenferài'àife, fbuks 8e contentement que reçoyuent-fe's autres ieunesmariees.
gifantes entreles bras de ceux qu'elles auoyentâymez, 8cxeçeuantes leguerdon',
de leurs douces affedions pour accompliffément de fouhaks, celuy eftoit vhren-
. grégemeht.4e44uleur,qui latourmentokff'autantplus que celle imagination luy

mienpk à tous prdpps en kmémoke. Finablement;ennuyee des manières .faf-


cheufesSe complexions infupportablesdecevieil Marfouyn , elle, tombaen ynet
aaékncholie fî terribfe,qù'ellejpleurok mceffâment,fans que l'on k peuft refiouyr: .

^ourquelquepaffetempsquefesparenslùy fçeuffe'nt faire veoir: car ellcnepre-


îiOkgouftny appétit en rieh,fînon à maudire fa vie,8eappellçr-la mort enfonay-
4»:donteIle veintà.conceuokvne:ragefurieufe, Seinimitié contre foy mefme, &
grandequ'èlfedeuintennemiemortelïede fa propre*vie:pour laquelle, mettre à-,
2pi.elfe-print vn iour fecrettemeat vn couteau , Se s'en donna dedans l'eftomach,,
, «pmm.efëmme.'abandpnnée d'efppir Se de confiance, homicide. Se meurdriere du<
* ï>OIIP«ILE. ' ifr
«orpsqù'elfe dçuoît plus chertenk. Hélasfma filfe,{i en faage ou h fuis, vn tel îïjJ
cprtucnienta4uenoicàvpflre;pelfonne(tmn,me ilpourrokaduenk pour quelque
fembkble offenfe, dont toutesfokfes Dieux vous veufent garder) ie mourrois de
dueildeuant mesfaurs. Hélasfyafcilcakmïtéou infortuneence monde qui tant
me peufttroubler^que fi fhes yeux^vous auoient veue tomber ënlapkeufe fin de
cette miferable Dampyfelle Doncques (ma fille) fçachcz Se tene^zpour certain,
?

-que l'ire des Dieux eft inénkabfe , Se quetoft ou tard ceux qui les defprifent, font
infaillibiemët punis:Se de cepeut donner tefmoignage k belle Médufe,à laquelle,
, pour auoir vfe de rigueur enuers ceux qui J'aymerent,fes cheueuxfurent muez en
derpenteaux viuans:parquoy ellefut après fuyedes perfannageshëroïques quil'a-
.uoient recherchée,combien qu'elle lesiùyuift,Se defiraft.Si fesieunes Damoyfel-
;les«ftans ence t>elaa|;-e où vous elles, font peu de compte des difpofîtions céle-
fees,Sc des caufes -bien ordonnées,, quiin^uifent Se enclinent les ieunes pël'fan- >

nés a s'énamourer au temps à cedëterminé : c'eft vne efpece de rébellion Se défo-


béiiïànce: car il femble qu'elles vueillent préfomptueufement réfifteraux.fàintes'
loixSe décrets de k"mereiiaturc\en luy faifant opprobre : dont bien fauuentleur
enprend-mal.Ha('ma.filfe)inGzans qui font fi cours -Se briefs., doyuent eftre plus
cher tenus que tous fes thréfars Se richeffes du monde :'car noftre vie eft tropplus"
fugkiue que les vents ,Se s'efuanouift pluftoft que les bouillons qui fe font fur
i'eau quandil pleut. A cette caufe faut auoit faing de l'employer, Se en cueillir le
fruid quand k faifari en eft venue : car il eft trop tard d'ypenfer quandyieilleffe ,
nousàiurpris, ce qu'elle faid fouuentesfoisaccompagnée deregretSe repentan-
ce s pour auoir mal vfé denoftre ieuneffe. Et lors nous efforçons de la rechercher
fardant nos vifages^tendant-Se efekrciffantnospeaUxfekhes Se ridéespar tous les
jmoyens à nous pam^les,redefiran;tletempspafle,Se defpkifântes4upréfenf| au-
- iquel nous fommes refùfées de-tous , bannies Se priuées des doux regards , bonnes
chères , Se gracieux entretenemens des ieuneshommes qui cognoiffent noftre
fraude* Se s'apperçoy uent affez que nous fommes ieunes en peinture, mais biea
vieilles au naturel. ;Héks,moii Dieu | la ieuneffe ne pek&point à -la-fin-, pour ce
qu'elle luy femble îoingtaine:& quand elfe s'approche , adonc croiftle deur de vi-
ure.Pourtant (ma fille j.ievousprië fur 'tout tant que vous aymexrvoftre vie, que
prenez garde à cesfîgnes qui vous ont efté démqnftrez , que ce ne foyentpréfàges ,

. 4e l'ire des Dieux conçeuë à l'enco-htre deVouspour quelque folle opinion qu'a-
uez.trop bbftinément mamfenue par fe pafl'é. Sans point de doute il eft de necefe
fitédefesappaifer,en amendantvosvoLontezperuerfes,fi;aucunes en auez eues»
! - * Se délibérant de leur obtempérer déformais les feruir en toute humilité. Et Ci vous .

auez nonchakmment vfé de leurs graces,faides(m'amie)queparçy après ilspuif.


. feiiîeftrecontehsdevous,8edevoftreferuice. Or pour accomplir toutes ces cho- .

fes,Se à fin de mieux entendre comment vous y deurez gouuemer , ie fuisd'aduis


'..que vous en alliez incontinent <fc temple de k DéeffeVenus , où vous addretferefc
à la Prieufe, à laquelle vous déclarerez Se confeffërezdepqind en poind les cau-
..fespourlefquelles vous eftimez que fes Dieux faient indignez contre vous , Se
. tout ce qui peut eftre l'occafion de telles menaffes faides -es vifions qui vous font
.aduenues.Vousnefaudrez, comme ievous dis, à luy racontsapal'letoutdëmotà
mot , reuelant d'anantage toutes les fautes Se erreurs que pourriez auoir commi-
fes.Cefaifant^'efpére qu'elle vous donnefa bon confeil Se fajutaire , tellement
que vous pourrez éuiter les dpubtes Se foufpkionsen quoy'vouàeftës, Seobuier
,

aux punirions diuines.^ fi par méffaid ounOnchaknce vous lesauiez méritées,.


-

''', ' * ' Mm iiij


LI^E SE C O N ï> DE,
MO pi À PAR LE BO N COtfsklL E T ' R E M O 'frJ
'(fiance defa nourrice changea iopnion , & s'en alla tromer Poliphtleqftigifiitfi'
' nfort autemple, d» Diane , ou elle!'auoit laiffel& comme il refufe/ta. entre.

fesbras:farqmyles-Nymphes-deDianequtfiurêndrefit^4à>&les
- ferWndrent-enfiemble.ples chafferent dufianStuaire d'vne vifion, . .
- fi y 7- quiluyapparut enfa chambre<.Et comme elle s'en alla aa>- Y Y
i- '. ' " temple de V.énm où eftàitfon Poliphile., .fi. fi, fi^ -,-fi'','*

" -' , 7 ''' CHA P. ;v,..Y '...'


ES cortfeilsde ma nourrice m'àyant tpûch'ée iufques au çcratr
me fëirent penfer#ceft affaire,ie fçauois qu'elle eftoit pfudë-
te-Se experte en- cequi eft. delà viehumainë ,.iointce-qu?elle-
nvauokënfeigné fùrfes opinions demes fanges Se vifions,dèi
.

quoy elle iri'àuoit'prudemmënt'auifée. Parquoy- lès ombres


efpoiffës de k nuids'eftantretirées enla beauté du Soleil ayât .

p eintl'air des belles couleurs- dû iour; Elle me laiflà Se fertk


pour âlfer, où quelques Affairesl*appelloient*,ainfimetrouuâ.t
'feule iëicommen-çay àconffdërer fes paroles , Se; cogneu qu'elfe; auoit. touché les.
:poînds en quoyi'auoisdélinquéfpârquoyiedélibéEay deme, délrurer de telfcni-
jufe',craigna'ntquepïsne;m'enaduintj comme ma nourrice m'auofeamplement - -

"fëmonftréj-Sefeidenteiftlre-tmrexempIeSïEn'Cesentrefaides Amour trouua vne


petite voye pour entrer en mon cmur-, que iufques alors luy auoit efté interdiéte-
$ç dUffëndue.Par làpaffa';cepctk D.ieuiufques au fôs de ma pokrine,où fl-fe nour¬
rit deconfentemenSjSt s'y fèkenpeu d'heure fî-grand; qu'il nefut-plus en moyde -
:réfîfterà fàpuiflance.Tbutesfois encet-tepenféeplufîéursdoubt-es me femenoiét;
Se ie eohfidërois les merueilleufes infortunes qu'^uoient encouru grand nombre
:dfeceu-x qaiauoyentfuyuy. le train d'Amour : Se fpécialëment méxeuenoient en-,
-mémoire la R"oyne'Didp,quife ttiapoar Jïneas voyantqu'il. l'àiioitabandonnée-.,
: Sëmbkbïamelït k dolente Phyllis,qui par l'impatiencedu retour de fon amy Det .
mophoon,-excédantle terme qu'il luy auoit promis, défefpérant de fa venue, elle-
mefme fapendit, Se eftrangkdefes deux mains. I'auois auffi en foirocnance le
piteux accident aduenu à k pauureThifhéjSe à Pkamûs fàpartie:Sc fi i^ne krffois -
enderrierek malheureufe mortde kpauureBib]is,quifut- meurdriere de /on/
: corps.Non-fàifois-ie pas celle dek Nymphe Echo, Se. d'autres innumérablespair-

près Dames qui çmeffbienecruellement finies îSe'encorespour-engrége^e com¬


pte i'alloispenfantaux- troubfes,rapines , violences Se dëftrudfons que caufal'a- '
mouB-4çk belle Héleineipuisie4ifoisàpart-mpys: Hélas/fepourrok-ilfairequeie:
: m'expofïflë àfemblables dangers^ efl: il poffibi^que i'ëntre en paflage ffdange-

rëux fans guide,feureté,fupport,Se fans aucune expérience? N'ay ie pas dédîé mô


: cprpsàla charte Déeffe DianeîCertës fi ayjienefe puis defdire. Et pourtant donc-
: qucs,Polia,il te fautëftre vertueufe,Se réfifter à ce premieraffàut.Penfe vn petit-àa

; qui tu fesdonnée.-Se à quel fermée tes aftreintede ton bon gré.Aïnfi demourois-

' ieconfufe Seincertaine,penkntà mille difljcultez qni fepréfentoyenfrà-mcm ef -


prit fi queie fus q«afi en délibération*de perféuèrer en monpremier propos.Tou-^ ,

tçsfôis l'en fus en moins de-rien diuertie par Cupido : lequel voyâtque mon-cm'
variok, l'em.braza d'vne flamme plus ardante que laprémiere, quis'efpanditpaf
tout mon coxps^cpmme feit le veniiunortçl dans fes entrailles du preux Hercule*- ,
c -Y - * ' " gar la-;-
; -;."' P'ÇrL.rFH-fE.E.... ."7 , ,-' ."npï
par la chemife tain de au fang duCétaure Kfeffus,quandilsaapprocha dkfeupoirr *
faire fa orifice. Tous mes fans furent fubqrnez Se deftournez de leur intention fl-
uere par la fuggeftion d'amour, qui chaffà de moy toutes doutes Se pénfées varia
bles,retirane àfoy monamë Se toute mon affedion. Adonc mon cfur fe tourna-; :

deuers mon Poliphile, Se commençay àledefirer tref-ardamment, fort<defpki-


fante de eéqueluy eftok àduenk.Puis après plufieurs doubtes-, peurs , difficultez^
Se fantàfles diuerfes , ienvauenturay d'aller veoir s'il eftoit encores où.îel'aupis.1-,
kiffé,à.fin d:e contémpler(pour' îëmpins ) mort celuy queie n'auois daigné regar.--*
.

deren vie.îfeisi.cem'eilbjtvngrandregretd'auok ainfi hay, celuy qui me -vouloir:


tant de -bicii.I'euffe voulU(cërtes).fe trouuer .énfon premier eftat,vif,fain}3e de bo¬
ue volonté. D'autre partie craignois d'eftre furprife feule auec vu homme- mort:,
carfpeut efti'efakm'en euft imputé là cpu-lpe, veu méfmement qu'vn maifaideur
s'efpouuante d'vn peu de bruitj&nejpeutdiflimuîër ion maléfice, 4ont ils'accùfè?
de léger. lé'fu's longtemps eh cette perplexité fafeheufe:' mais a'mourveinquît k;
crainte,& me fitfuyUrçl'knportunké de mon defir,fi que ieme meis à courir feu-, "

fe au temple ou mon Poliphile eftoit demouré:Se fi toft queie y fus entrée , ie ne-:.
m'alky pas. agenouillef deuant l'autel comme i'auois decouftumé, ains courus?
droid au lieu oùiei'auois trame,auquel ie le trouuay encores mort Se térny, plus,
froid que marbre, , d'autant qu'il auoit ainfi derhouré toute la huid paffée. En le:
voyanrfiforrcbaïigé , ie detiins toute -blefme. de peur Se dépkië,qui m'éfmëureik -, :

incontfaent à pleurer Sefouhàkter que iepeulfeeftrepafe^^^ .

ïuy3ponr luy faire compagnie en. ce dernier paffage. Tantcontinuay ma douleur,,


que k force m'abandonna, Se tqmbay fur ce corps pafmée : mais" après eftre reue- -

nuc,ie mépris à dire. Ha moi'tjqui acheures tous biens-, Se tous maux-, toutes ioyes,., '
Se toutes trifteifes,vien à moy, ié te prie, pour meioindre auecceftuy-cy que ma;
cruauté Se rudeffe ont liuré entre tesmains , tant feulement par trop ay mer cette:
chétiuè", voire plus que fa.pro.pre ame:, afafeçommeili'a bien monftré.'Las!ç'eft.: J
celuy qui me reputoit fan bien Se contentement parfàid. Né fuis-ie pasdonçk'.
plus rrialheureùfe du môndeV de ppuuoir maintenant trouuer la fin de cette vieï:
Héksjpourqubjréftrce qu'elle duife tant 1 Mon ame eft elle fî enfermée dedans:
mon corps qu'elle n'en puiife trouuer Tiffue? A -, nies yçux, vous me faides veoir:
mqrtceluy que ne daignaftes regarder enfavie.Oùes-tu Mort, qui fuis ceux qui*
te défirent , Se.prens ceux qui te cuidentfuyr?Oresfais-iebien..expérience de ta:'
condition cruelle* Ha le maudid iour que ie vins au monde! ie feus (fans doubte)
née à mauuaife heure. Qui eft Celuy qui pourrok dire lequel de nous de|x.eft plus :
;malfortuné,ou ce mien amy Poliphile ti'eipaffe,oumpy qui fuis encores viué,pleiY
nededueiiSededouleurplusangoifleufequelà mortïHéks'.venez- doncques rc-« .

grets,pkintes,gémiffemens Sektmes, puis faides lamentablement les funérailles*.*


4e mon corps, lequel par fan orgueil Sefabftination à faid finer les iours à ce pau* -
ure gentilhomme mal fortuné,qum'èft péry ppur autre caufe , quê-p our.m'àuofe:
trop àrdamment ,ayméc: ' " l ',/;- -y-- 7 r '-''".'>

<,->"--' Unfi
,-"--- . - - '

1'.' - . ' ?
cSafi^.' '£*.
LIVRE SECOND DB

Difant cckjlesgroffes larmes me couloientau long du vifage, fi abondamment,


que ce corps traniîi,Se moy, eftions tous baignez de l'eau quifortok demes yeux.
Et cependant aduint qu'en trefbuchant fur luy, i'appuyay mamaindroide furfon
eftomàch,8e fenty vn poulx fburdSe profbnd,tant débile que rien ptes. Ce néant-
?moins il me fembk que fan .cyur fentant auprès de luy ce qu'il aymoit, reprint
vn petit de vigueur,tellement que mon cher amy Poliphile s'en efueilla, Se en ou¬
vrant les yeux ietta vn foufpir de plainte: dont iefus toute efbahy e Se furprife , ef-
muëdecefaudain retour que ien'auois aucunement efpérény attendu: parquoy
té pris incontinent fes deux mains,Se aprpchay fon vifage démon fein, où il fe ren¬
força quelque peu , Se tourna fes yeux deuers moy, proférantces mots auec vne
voixfoibleSetrembknieiMadamejpourquoy me traittéz vous ainfi à tort} Alors
-ie fenty vricàoye méfiée d'vné douceur amoureufe,qui me fitfrémk tout le ceur,
Sem'oftal'vfagedëkknguejfi qu'enlfeude luy refpondre, iem'enclinay pourle
baifer. . '-" ' - ',
P OLIPHILE. 142.

. Ilne tarda gueres queie pauure corps reuint entièrement en fon premier effet,.
Se la coufeur luy remonta au vifage. Mais farces entrefaites k Prieufe dutempfe,,
qui(peut-eftre)auQitèfcouté'mespleintes,vint aûec vne grande trouppe defes re»
ligieufeSjlefquellesvoyahs nos priuautez illicites Se interdides eiilieulaind, fii--
rentgrkfuëmentkrkées,de manière qu'à coups de bafton , accompagnez d'iniu-
res Se reproches, elles dëmefferënt Se troublèrent no# gracieux embraffemcns. .'
Chofe qui me feit auoir peur qu'il ne m'aueint ainfi comme a Médufe quand elle
'fatcogneuëde Neptune au temple de Minertie, ou comme à Hippomanes Sc^.:
famieAtaknta'; lefquels'pour vnpareilcas furent tranfmuez en Lyon. A peine:
peufines-nous efchapper de leurs mains,tantelfes defirpient nous faire du mal..

N n if.
-.

XÏVRE SECOND DE

Si eft-ce qu'ak fin elfes nous chafferent du temple,mepiiuant, déboutant, &


banniffànt de leur compagnie, comme kreguliereSe.apoftate,en grande ignomi.
.nie Se vkupère.Ie fus longuement traînée par les cheueux , Se foulée aux pieds par
l'vne d'entr'ellçs,qui auparauant auoit efté ma plus familière compagne auferui-
ce de la DéeffeDiane , appell^eAlgérée , qui. me dit plufieurs bkfmes: Se ne me
. peu oncques fi bien déffake d'elle, que mon cuurechef ne dempuraft entre fes
xnains,aprés auoir efté biébattue,Sèreç,eu plufieurs coups fafcheux. En cette nia-
.-nierenous fufmestous deux déchaffez Seforclos horsdu temple, à noftre grand
honte Se vërgongne. Toutesfois nousenfeifmespeude compte , Se ne nous en
, foucîafmes gueres^ny pareillement des peines Se trauaux par nous foufferts& en¬
durez fe tempspairé:ains veinfmes deuilant enfemble iufques auprès de la cité,ou
nous pfeifniës congé l'vn de l'autre, auec grand regret, Se plufieurs promettes de
^viure enfemble en loyauté Seferme amitié, non fens extrême contentement k
fatisfedion mutuelfe.Aprèsdonc quenous fufmes départisse cheminay monpe-
- titpas, perdant à plufieurs chofes touchant les effeds Se ouurages d'amour } iuf¬
ques à ce que i'arriuay en mon Palais. L'effigie Se repréfentation de la Déeffe Dia¬
ne n'eftokpius en mon entendement : car k figure de Poliphile s'y eftoit intro-
, duideen lieud'elle,,fiqu'ilnemefouuënokplusd'autrechoië,Selefentoisentie-
rementdominerfur toutes les parties demonc aucrebkn
7- , que de penfer en luy. Quand ie feus afîife en ma chambre ,' ie'commençay àfairc
Viïpetkcceurenbro^eriedefeyecfamoifie, exprimant au., mieux qu'il m'eftok
POLTPHIXE. *4j
''-$>o'flïbte,- ce que Cupido auoit peind dans fe mien : Se 'au miîie® feisyrr chifre de*
premières lettres de nos noms entrekffées i'yiie 'en l'autre tout®* 4e fines, perles
Orientales d'autant plus pajfaidemerttfigùf ées , que le vainque»4es..'Dieux qui
i,cftoit-làpréfent,régiffokma;main,Seconduifakmonouure. Puis iëfeisvn cor¬
'
don de foye verde, -méfiée,auec de mes cheueux en ligne de parfaide amitié, Se fe
*luy ênuoyay,fepriantdele porter à fan colpourjfauuënancedemëyivoukntpàr
" .iafigniffer que fan c-ur Se le mien eftoient enkffez & conioints faféparabfemét
4'ynnuindiffolubfeSe f ermepourtout iamais, d'autant que ier»oisèflëu Se
xhoify fur.tous pour monfeigneur,maiftre Se pbffeffeurde ma perfoane en- ami*
tié(!perpétuelle,-me rendant férue dedouxpenf er,reToiuë Se délibérée demetfreen
" arrière toute rigueur ,, kifferles fafeheufe's manières queie foulois auoir, adoucie
-mon rude courage ^abandonner mes opinions folles,Se changer mes couftUmes
fottes Se fauuageSjjertconditfansgracieufes-Sehumaines : de craintifué Schonteu-i
fe,deuenir gaye Se hardie amante:muer mes Éefdaihs en affedions acdftables Se
. ,:'

mon vouloir qui fauloit eftre inconftaîk,ren4re ferme Se inuariabîèY délirant ce


dont ien'auois encores aucune expérience : totàllement aflubiedieaux loix d'a-
' mour,Se pleine de contentement pour auoir acquis mou amy Poliphile, duquel
mphamenefepôuuokdiftrakeny féparer, : parquoy elfe iouyffok enpënfeedii
bien qui luy eftoitabfe't^.Ce iour-là mefme eftant feule en ma chambré , i'en veis
* fortirpar les fenej^fésq^lprs eftoient -ouuertes,yn chariot de gkce,tké pat deux
Cerfs blancs at-tJ^j^Kàihaînes dêplomb , fer lequel eftoi^affife vne Daine cou-
ronnéed'vn chapelletdeSau.x,portàntvnarcdefban'dé, Sevn carquois tout 4ef-
;garnyde~tràids,qui bien fembloit courtbucée Se marrie, me régardant de traUers
comme fi ie l'euffë offenfe'e:dont i'eus frayeur,tant elfe me monftra mauuais vifa¬
ge. Maïs toutfaudainî'apperçcus yn autre chariotde feu q\É. k fuyuoit Se chaffoît
/ tiré à cordons d'or,par deux belles Colombes: far içeîuy fe féoit vne puiffànte da-
me,pottant en fateilevu beau chappeau de rofes , Se deuant elfe vn ieune enfant
. ;

voknt,quitef^itvn brandon allumé , auec lequelilpourfuiuk fi longuement cet¬


te Dame froidéSe gelée, quefen chariot de glace fpndità lachaleur dufeu:,Sea
moins de rien l'vn Se l'autre s'ëftianouyrent en l'air.Quand cette vifion*fut paffee,
ie trouuay mon giron Se tout lepaué de ma chambre femé de Rofes vermeilles, Se
de Rameaux Ée Myrthe:qui me fit ohaffer toute crainte, Se prendre vnë forte af-
-.

feurance,que cette Dame aux Colombes Se fon^nfantauoi^nt^éffendumaque-


rellë:dontie fus conduide iufques au dernier poind d'amour déterminée Se to-
- ytaiementréfoluëdepourfuyuremonentreprife. > y ' ''"''/ -

" , '' y, y' l '. '" " N-n iij ..-,' , -'_>

4 "' . y. .
E SE C O N D DE

^¥y«©-' t^g®^®-
^v^r* «i

. Mais auanrtoutes chofes , ie conclus de mettre en effed le bon confeil de ma


ttôurrice,'& aller au temple de la Déeffeyénus^commeieluyauoispromis : Selï
me confefferà la Prieufe,luy manifeftant mafaute, Se acculant maeoulpe , pour
defeharger ma confidence, Se "alléger ces g*ans remors qui nietdfokenpeine.Et
ik eftoit l'heure venue que ie deuoisaliéner de moy mon ame, pour kfoufmettre
àl'àrbitre Se volonté d'autf uy , quand i'entray en ce fàind temple où ià Poliphile
eftoit arriué, Se n'allay point me préfehterny agenouiller deuantl'autel , comme.
i'auois de cpuftume, ains iettant mon til fur ce à quoy moji cèur tirok , m'allay
offrir à la Prieufe,de laquelle i'efpéroisfecours en mon affaire, luy déclarant bien»
au long toutes tries folies paîfées, Se k cruauté dont i'auois vfé par le paffé: Se en a-
. près toutes fes vifions qui m'eftoient apparues tant defeur que denuid ,, parce:
quei'auoisvn long efpacë de temps vefeu fans-pitié, foiîrde, ingrate, Se rebelle à
f amour, d'ontié craignoisd' eftre encourue en l'indignation de luy Se de fa mère,
âuoirprouoquéfeurkeàl'encontredemoy,Se m'eftre rendue incapable defeur
mercy. Defqueîlës oifençes Se erreurs ainfi par moy petpétre'es Se comnufes, la.
Prieufe fe trouua fort efbahïe,Se m'en reprint bfan aigrement. Néantmoins ie pé-
fais en moy-mefme que c'eftoit pour néant de plus penfer aux chofes paffees,,
ayanttoufîours l' là où mon c I'auoit attké,qui eftoit tout efpris de l'amour
4e Poliphile:îequel auffi ietta fon regard deffus moy: dontiî mepereal'eftomach,
tout ainfi tjuefi c'euft efté vne flefche defeochée par vn fort bras. I'eftois humble¬
ment inclinée deuant la Prieufe ,.requérantpardo,n de mp* méffaid, dont i'eftois
P OLIPHILE. s-44
iëpentante,a ce qu'il luy pleuft tpnférmer mon bon propos 4e ferwr,-pour l'a4~
uenir, là D éeffe de ce temple en yraye foy Se loyauté,fans iamais rencheok,de'fo-
p,éyr,nyi'ebelfer à aucun commandement d'elle ou de fon fils , refufer ny contre¬
dire à aucune requefte de mon cher amy Poliphile fpromettant luy eftre de là en
vauant,bénignesdouce,gracieufe,obéiflante,fàns luy dëfpkire en manière du.mon«
de, Se me rendretoufiours fubiede àfes amoureufes volontez. Aufli toft que i'eus
faidceftepromeffe,kPriçufefitappeller.Poliphifeenfàpréfence.i; -\.,<

.A P R E S Qfff EfiP O L I A SE F VT C C V S àE D E V A NT A
laPrieufedu Temple de Venmdes inhumamtexf^ rudéjfes dont elle auoit vfé --"'"
Y, enuer s P'oliphile ,& déclaré quelle eftoit totalement délibérée de luy eftre Y
,£,ourt0jfe&gratieufepôurl'aduenir,laPrieufele fit comparoir deuant
fi' ' eUe :& adonc ilrequit quefenplaifirfeuftl confirmer &afi ,-''-':. .

fifeurer la bonne volonté qu'ils portaient l'vn kf/tutre fi Yy


. .-"'""
' Puis Polia.par impatience d'amour interrompit fi Y - ,
'/:-_, le difeours de fen-amy. y, Y,.
"f" '--.' "Y -Y"-. .- - - ChàP.Yvi. '- Y "'-, ' - *".' '

Ê Déuot Poliphile obéiffant au mandement de Ja Damë,fe


préfènta deuant elle auec vne reuérencetrèf humble: Se moy
;' qui eftois encores là , me pris à le jregarder ententiuement, ;
foufpkâtquelquefois par douceur d'ami«é,Se difaiit en moy-
mefme,queie lefaifaisfeigneur Se maiftrede moncur,pour ,

eniouyrSe le poffeder toute fà vie,Sed'iceluydifpoferàfôn


bon pkîfir. le më fentok naurée iufques à l'extrême 4egré
; "-wt ^" 4'amour. Parquoy mon
. ne pouuoit regarder ailleurs , ny
mon ceur penfer à autre fuied : Se më fembloit qu'il n'y auoit incommodité fous
le ciel,qui tant me peuft donner de peine, que fon abfençe., ne qui tant me fuft in-
fupportable.Et cela faifeit que ie le contemplois fans me mouuok.'toiife fauië de
pkifir amoureùx.Mes yeux eftoient fi efgarez Se affubiedis à leur bbied tant ag-
"greabfe, queie ne les pouuois tenir en leur deuoir. Mais quant eft de ce Gentil-
hpmme,il fupportok plus diferettement 1e faix d^amour, que ië h'euffe fçeu fair*
Ce rikntmoins il tendoit toufiours de paruenir à l'effed defon defir, Se pouree il
mettoittoûtek peine à luy pofïïble d'obtenir que k Prieufe nous çôioignift tous
deux 4'yn lien ferme falide Seperpetùel.Parquoy laiffantà me regarder, ilcom--
mençadebpnn.é -grâce à parler ainfi. ._- ...7 ,. fi- fi'''".-
, -

'.fi- .-.'. -; '" _. Nn iiij Y -

*
LIVRE SECOND DE

J5* ^c vN

Madame ,fffas humbles Se déuots ferukeurs delà Déeffe mère d'Amour me-
retientd'eftreouysen leurs requeftes ,'fe vous fupply qu'il vous plaife reçeuoit.
.celle que préfentement ie vu eil faire, d'autant qu'elle eft fondée fur vne perfaî-
,de confiance djobtenir ce queiuftement & à bonne raifon ie pourfuy pour mon-
Huantage,c'eft de trouuer en ce temple remède à touslesmaux que i'ay- louffers..
Or auez vous efté'coirimife en cefaind lieu, miniftre fouueraine pour donner or-
. dre à ceuxqui enfmcèrké de c-ur inubquent fe.fecours de la Déeffe:Se fuis affeu-
ré que vdfixepouuoireft tel,que(moy énantfa grâce) tous vouloirs difçordansfont
parvous reconciliez Se réduits eh vnion parfaide. Suçcefte affeurance(Madame)
ie fuisvenu par deuers vous , afin d'auok allégement des peines que iufquesa
préfent i'ay en'duEéps,Se raifonnable recompenfe du rnauuais traidement quiui a
efté faid fans l'auôir mérité. A- cette caufe ie. vous requiers le plus affedueufem^t
qu'il m' eft pofIîbîe,que voftre plaifîr foit impétrer delà faihde Déeffe,qu'ellec6-
imndeàfonfiisàmdnadueu,de tirer vn coup de flefehebi en aflïs,dedans le céur
de pierre que porte cette Damoyfelle. Ce faifanyè ferky entièrement fatisfaiû-
de tous les maux,ennuis,trifteffes Se langueurs que i'ay à fan occafion iufques au-
iourd'huyfouftenues,.Se encores n'enfuis exempt. Toutesfois combien qu' elle>
foyentgriefues8eintollérables, fi me fembleroient elles plus ayfées à endurer, »
elfe pouuokau ornement fentir quelle chofec'eft que d'aymer auec gafîion, Se
combien douce eft l' vnion de deux ccëurs àffémblez par amitié. Ceftes,Madame,.
fivôus fçauez accprder cette différence de vplontez qui eft. entr'elleSe moy ,fe
Y " ., me
'-'..fi '-. 7 7 P;çtLIPHH;E; -, y; " ' . :i4f
me «endray pour bien-heureux,Se ne demancferay plus ri-en en ee-jno^de ^c^m--
meceluy'quj feratouta{lbuuyd*efes4efirs,:;scar.en mon maln'y à'iàutrejemede; .

fors k pitié de cette jDamoyfeilèjqui monftïé en fan vifage "certaine apparence de^
douceur, Se y-Ce d'énorme cruauté nnguliérement enuers moy , qui la defire feule¬
ment telle,qu' elle femble eflre'i car ces-dbuceurs font qu'elle promet efpëranc©
d'aîlégcm en-t,.Se i'y trouué tout le contraire : chofe qui me faid cognoiftre que fe:
bien pal moy prétendu, ne mepeut aduenk finon pour efgaler fon vouloir au
mien. Â k vérité il me femble plus que ràifônhai-le , qu'elle fe déclare ma- bonne;
maiftreffe,puis queie fuis fan loyal iëruiteur: Se ne luy fera pas honnefte de mal
tràider celuy qui de toutfon caur kreuereSeadore.Tecfôy, Madame, que vou£
cognoiffez ma caufe eftre fi iufte , que voftf efegeffe dira quél'on m'a faid grand»
tort,Se quecette Damoy felle doit confentir âmes humbles priereSy cpfideaé^mef-*-
mementqueii elle en-veutditela vérité, fa confciencelà remord^Se k condamne
à mé tenir pour fien^ . '-..-
. .' '- ,:."^ 7

En ceft endro'iét finiÉFôliphile fà harangue : à. laquelle: i'auois, tptis iingu-Iier


pkifir, Se far tout à fe contenance , qui me fembfej*gracieuf# Se hônefte.Parquoy:
iéluy auoisiàenijêbn fecretaccordé toutes fes requeftesjSé metàrdbk beaucoup--
quel'heure ne vint' propice à luy faire cognoiflrecombien ie delirois' faire pouf,:
luykeque iene peuslors dîflimuler, ains fans attendre la refponce que k Erieufe-
luydeuok fake,i'anticipay,commençiantà.luv,dire,ï .

- 0©«
-livreSbcond.de \ \
APRES QVÉ &QIIPUILE EVT AC H EVE S O /tf
pr.oposiPS^tnklapréfiencedeUPrieufeUiyde,cUraqu'elle eftoit ardam- ' 7
. ' ment efifrife defenamour}& totalement ùfifofiéealuy complaire:
pourarresdequoyluydonnavnbaife^CesparolesqueU^ \
,prieufelewJi£i*
J
fs
yCHA P. vix . .

N vérité (Montrèf-aymé Poliphile) ie ne fçay qu'elle iufte


recompcnfe vous faire , finon rccognoiftrc, fes ennuis que
ie vous ay caufez Se fes effacerpar vne foy fincére Se amour
autant grand que fidelle. Lasaecognok Se fçay certaine¬
ment que k rigueur que ie vous ay tenue,eft occafîon de k
peine que fî long temps auez feuffërte: Se fi pour m'en def-
plake, iefe pouuois amender,fayez f$ur que vous en de-'
uriez tenir pour fatisfaidi ©rie cbnfeffe auoir failly eftant
deçeuë par vne erreur mauuaife, qui m'a pi9 que ie ne vou-
drois/tenuë en vne vie pleine de chagrin Se amertume. Mais maintenant i'ay plis
; exemple à kgrandeur de voftre courage,orrté de l'excellente vertu d'amour, ioin-;
-de à la perfedlon de confiance \ par laquelle vous paruiendtez à ce qu'au ez tant
Se tant attendu. Certainement voftre p'erféuérancb vous rendra ioyeux Se contét.
iîenjjme fçauroisplus celer : dont ilfaut queie vqos die que teTuis" entièrement
voftre , Se foubsmets moy Se ma volontéà kdiferétion de voftre bon plaifîr. Sça-
, chez amy que Cupido à tant pourfuyuy mon c , qu'il eft contraind fe .retirera
- vous comme à fort refuge Se feanchife , délibéré vous donner allégeance de toutes
i .peines Se 4ouleurS..Ié fçay bien qiie maintes ieunes 'Dames pour auoir efté rebel-
7-îesà leurs amahs,ont eu trop mifërable fin.Etïî ceil'euft efté cela, Dsaphné tant re-
v nommée n'euft pas efté conuertie en vn Laurier. Pareillement Arethufe ne feuft
^4eaenuefontaine,fi elle n'euft refufé Ies.embraffemens du Dieu Afpheus." Mais
ypartellesoffences plufieurs autres ont expérimenté que ceft de couiroucer A-
J-pour,Se de luy contredire pu defpkke. Sans.doute fà puiffance eft fi grande , que
^îuileforce ne luy peut réfîfter. Deuant luy ne vaut s'enfuyr,.fe cacher, eufe vou-
'I
>4
' ~"
7U.oir deffendre. Rien dumonde neluy réfifte , non pas les armes furieufes encores
, qu'ellesfeuffent fees.;Et n'y a cur fi dur, afprë,fauuage, rebelle, ou obfliné : que

-fes.flèches neper cent de part en part:parquoy(nonfansbonneraifon)eftant faible


,:Sefàu$*4effence,ie dois craindre fafureur.rcarapr.es 1e coup peu me ferukoitde
femir,cottfidéré que ie neferoispas ouye, nonplus queJ^arciflusqui defprifa la
elle Echo: ou.Syringue -, qui fut muée énrofeau pour auok efté rigoureufe au
; Dieu Pan.Ak. cette caufê(OamyJîoliphife)ievueil maintenant condêfeendre à ce

r/,quipkift à ce grand Dku,efpérant à l'aduenir me porter enuers vous dételle for-


.»te,que mettrez en oubly toutssfestrift efeespafl^esieaiîgne&:.pcuir acres dequoy
vous accepterez ce baifer,Alors ce gentilhomme m'embraffa , Se noussntr.ebaif-
fafmes fort amoureufement.

il
$pmiw'mvzfi.

Aptèyqnela Pfieufeeut ouy, veit Se approuué tout cequi s'c'ftbkfaid&didï


entre nous,elle feprintàkrmoyer4eioye, comme aufli firent toutesj fes Dames
dêfàçompagnié:puisnous dit en fîngulieredouîceur. Voftre alliance amoureufe, -,

(mes enfans) mefemble fi bien accordée, qu'il n'eft befoing de m'en.entremettre -


plus auantfear à ce que ie cognqis,voftre diledion eft mutuelle , tant que monau- .
thoriténymesprierein?yferuiroientplusderien:Seëft à croire qu'Amour (par<
lequel toutes accointances font confommées) Vous à conioind's par équalitede .'*
vblontez. Toutesfois ie voudrois fçauoir de vous ( Seigneur Poliphile) comment '
le par quel moyen vous deueintes amoureuxde cette belle Damoy felle : car à mô *
iugemençl'Mftoire n'en peuteftre quepkifànte.A'ce mot Poliphile pouriàtisfai..--
reàèette vénérable Damesfejnaeit à laycon^vr ce qui s'enfuit.:.
- - O o;-- if, '

/.

;*
LIVRE SECOND DE
POLIPHILE OBÉISSANT AV COMMANDEMENT
*"delà Prieufie,fur le commencement de fes amours loue la perfeuérance, trpm
récite cammivnioiïrdefefteilveit¥oliaenvntemple,oùilfutef^k .

de fon amour: & -noyant qu'il ne pouuokparler à elle,


.

itdélibéraluy eficrire.

C n'A p. v ni.

AME que le Ciel veut/que nous reuériens, fe vous efclar-


ciray la vérité de ce qu'il vous plaift fçauoir de moy,i'ay toufe
iouts entendu que l'vne.des principales vertus dont on puif.
fe fe décorer,feft de fe fçauoir contenir Se go.uuerner aux gra¬
des aduerfitez occurcntes, Se ce par modérer fes paflions, Se
refrénçrl'ârdeurdefen courage, fans fekiflërtranfporter à
l'imbeciîlitéparinconfidération Se faute de patience, ioiht
que toutibien vient de fouffrir fous efpérance, enperféue-
- rant iufques à la fin. - Mais cela eft vne chofe véritablement
difficile Se grande,kquelle adulent à peu de gens* Toutesfois quand aucuns y at-
-taignect ils en acquierentlos Se renom de fages, mefnjes en font par tout di^s co-
ilans,vertueux,Scattrempez.Oreft--ilquepourparuenkàcefthonneur,déslec5-
.mencementdemon entreprifeiepropofay,de fouffrir Se endurer tout cequ'A-
'rnourvoudroit faire demoy , eftimant que c'eft yne grande folie d'entrer en vn
combat auec peur Sepufilkhimké:ou aucontraire iln'y àrienplusinuincibleque
la fermeté de rjhomm.e,lequel en tout ce qui fepréfente,he doit perdre le c
.m
abandonner fon .efeoir.. Et de là vient que l'on dit communément que celuy ne
«peut eftre vertueux,quin'a efté eiprouuë en quelque difficulté d'importance : car.
]a perfedion fe cognoift auprès de fon contraire. Si i'euffe4onc fens mal oupeine'
acquis l'amour de cette Damoyfelle, iekpourrois délaiffer fans regret:" niakaux
grans biens l'on paruient à mal ayfe:Se qui furmonte fen ennemy fans trouuer ré-».
fîftance,amoindrit Se diminue l'honneur de fa vidoire?a, Ainfî labeur donne lebié
Se pcrféuerance le parfaid.Or,Madame, puis qu'il vous plaift entendre les caufes '
Se commencement démon amour,aaecles maux , peines f rauattx ', dangers Se va=-
fiables accidens quei'aypaffëzenk pautfukte:pourftbéyrà voftre commande-'
jnent, i'en réciteray vne partiekar le tout feroit impofïible.: - Y
' Vn iour defefte que i'eftois hors d'efpérànce de iamais "plus rëuok.cëtte Da-
moyfeUe,vnéfeufefois paraîiantde tripy apperceuëà faféneftrë ; ie m'enallayau
'temple dé Diane,où l'on faifakqueîque falemnité , Se c'eftoit à; l'heure dumatin
<que les religiéufes d'iceîuy'célèbroient le diuin office.l'ëritreûis d'auâturé parmy
elles cette-cy :Se luffi toft que i'eus aflîsinp il fur elle,il m'aduint comme à vu ti¬
* fon eftainddequel ft l'on le rapproche du feu,incontinétfe r'auiue Se alume. D'au-
%
ire partie mefenty reformer fort image dans mon c@ur, ne plus ne moins comme
furvne ckeeffacéekquelleonremétdansfanmoufe. Mon il (à dire vray) ne fe "
pouuok retirer defipkifànteamorfe ,aiiiskcontempî oit attentiuement comme
ivne Déeffe entre fes Nymphes:Se adonc me fembla que fes-yeux efekiroient tout
fe temple d'vne lumière quiembraza mon c : parquoy fe deuins comme vu
homme de pierre, Se tenois fans varier rnonregard fiché deffus elfe eftant efmer-
ueillé de fa béauté,fpécialementdefes yeux,qui eftofent grans Se bruns, couuerts
4e deux petits faureils noirs vcttiltez eu forme dé la .quarte partie- d'vn cercle, Se

j
* ,; POLIPHILE. î47
Héliez comme vn filet de foye. Son taind reffembloit à Rofes vermeilles , «1611665
auec vne ptignée de Liz:Se fes feures à Ccral incarnat :. entre fefquelles refpkok
vne aleine plus douce que toutes fes compofitions des Parfumeurs. Qui mefek .

direlpartmoy.O Dieux/fi ie pouuois acqUe'rk l'amour de/cette Damoyfelle , ie


ne ferois feulement fàtisfaid,ains ie m'eftimerois le plus heureux hommç du mô-
-de:Se.fitiendrbisà grand félicité d'auanturer ma viepourfon feruice , pouruea
toutesfoisqu'ellepeuftcoguoiftreraffedionqueieluyporte.Cependant, Mada*
me,ieiouyflbis(çomnïe il m'eftoîtaduis) d'vne vifion entièrement diuine. Et fî en
fan chanter ,parlèr,ou autres cérémonies -elle tournoitpar fois fes yeux versmoy,
encores qu'ils feuffent empanne* d'honnefteté Se bonne grace,fî m'efblouiflbient.
ils comme vri rayon de Soleil, tellement queiefentois courir vn feudedouîceur
-parmy toutes mes vemes,qui me caufoit vn merueiileux accès de fieure.Puisquâd
elle feifoit a fon tour l'office diuin,fà vqix efueilloit mon ame à demy endormie,5e
& la tranfpor toit après l'air de ces açcens.Ce qu'elle s'efforçoit de faire, defpiiknt
fan domicile naturel pour eftre à iamais vnie àvn bien tant excellent Se parfaid.
Or nonobftant que iecogneuffe que cette altération procédoit delaconfidérer,
fi n'enpouuois-ie retirer mes jeux,car ils eftoient infàtiabfes , Se firent tant queie
m'accorday à leuï defir,difantvle fuis refolument à cette Damoy felle:i"'ay. mis tout
monefpoken fabenté. C'eft tout mon bien,Se celle feule queie vueil perpétuel¬
lement feruir Se honnorerfur toutes,les Dames qai viuënt ': Se ne penfem'en
a;epentir:car il n'eft amour , hayne,plaifir,ny ennuy,tant foit gricf,qui m'en fceuft
cfeftourner. C'eft ma maitreffe, c'eft Madame.-àqui ietafche humblement obéyr.
Iamais au temple de mon c n'y aura autre image adorée,poui-cequ'ileftdédié
à elfefeiile.C'eft ma gloire,c'eft ma richeffe, mon céntentement, refuge, aydc. Se
fecours,pàr lequel i'efpére paruenir à la beatkudedes loytux amans.* I'eftois quafi
noyé en cesabyfmes,content de ce qui me nuifak,Sc confentant au mal qulvn au¬
tre m'aubit pourchaffé:car Cupido m'ayant vfurpé iurifdïdionfur moy ,metenok
foufmisà fa tyrannie,où i'eftois fi eftrôidement lié, que feulement me reftôkle
pouuok demepkindre,difant.'HéksJfî ieluy*pouuoisà toutlemoins defcouurk
mon voulok,& faire entendre le mal queie fupporte, ou bien luy ouurkinapoi-..
trine3à fin qu'ellepeuft lire en mon cur ceque (parauanture ) elle ne vôudroitJ
croire à malangue: elle verroit la pkyedont ie meurs , qu'elle feule à pouuoir.de
guérir.Ainfi mon entendement defuoyé,aucunesfoisioyeux,fouuentmarry: tan-
*tpft en repos,Se puisincontinent en peîné:vnefoisaffeuré,l'autre en dcfefpok,5e
prefqueà fauhakterkmort.EncesfantafîesSe çpntrariétezdiuerfesiepaflày tou¬
te cette iournée,queie trouuay plus courte que nulle minute d'heure.Apres que
lesDameseurentacheué leur office, elle fepartkent4u temple , où iedemouray
feul,comme efgaré, fans fçauoir bouger delà, ny trouuer ie chemin pour m'en
retournerfée ne fçauois faire ny dire autre chofe fînon,'A Dieu Madame , A Dieu:
Se fansceffer ie murmurois Adieu,comnve vrtqui va refuant tranfporté d^fon ef-
eipris.Bien la fuyuis'-ie de l'il,tant qu'il më fut poflible : mais quandi'eus perdu
fapréfence,ie me trouuay en ténèbres, à raifan que ma lumière m'auoit laine , Se
ne fçauois. ou plus k retrouuer. Toutesfois le défir m'en croiffoit d'autant plus,
que i'auois moinsde moyen de kreuoir: Se lors ie cogneus par vfaye expérience
queferegretqu'onàd'eftrepriuédekchofeaymée, Se fans côparaifonpîusgrâd
quéle plaifîr de l'auoir à fauhaid , d'autant que k nature ne s'efiouitpas fi fort en
la perceptiondesdélices,qu'ellea4etrifteflëquandellevientàlesperdre. ïen'e-
ftimois (certes) rien les cruautez fouffertes j>out vne fi belle Damoyfelle : Se la
mort né m' euft efté griefue , fi i'euffe peiifë qu'ele m'en euft fçeu gré. I'auois
"',',.' ' Oo-iij x
- . . LITRE SECOND DE
quelque e(pérance,qui ms promettoit que iè la reuetkis vniour,8e que mes dou.
leurs en aur oient allégement: mais cela neferuokque dtaugmenter m'a forte paf.
fion,kqucUemefaifoit4ireàparcinoy. Héksîelleàgrand tort^xlle-deuroit bien?
cognoiftre ce quei'endurc pourfanamour:Se il me femble qu'elfe me fuye.Mau.
4ide fait l'infortune quim*aa4dreffê en- lieu où pour bonne amitié Ion mercndî
"* ^riefuehayne.Sinefç.aurois-iepourtantcrokeque.kcruautéfeloge.-cttfeparfaù " .

de créatnre,veu que fa beauté fauueraine doit eftre accompagnée 4e tout ce qui-


fépeutdkeaccomplyen.bénignité.Senerefteîînon quelle entend mon piteux
^ eftat.Eon faut bien par nonchaknce,à plufieurs intentions: mefmes fe prouerbe-
- commun did;-amant timide n'eut.oncqdeJbonntt.gracedé,bellcmaiflj:efre. Quj.

cherche guérifonidoitdéckrer fan mal... ^ y


'- Incontinent ces chofes didcs,iereuenok à bkfphêmer ma fortunci pour m'àY
«okinduid ààymercelle qui n'en fçauok rien , Seà qui ie n'auois moyçn 4çfe
pouuok faire entendre:Sc quâd ores fe i'euffe eu * fi eftois-ie incertain de fan vou¬
loir .par ce quel' on tient toufiours moins affeuré ce queplus on defire. AufE'
voyoïs-ie appertcment que lerefus eftoitma mort i Se. y auoit plus d'apparence .

que ied'eufîecfkeefcQndukdek belle , que 4'eftrereçeu d'elle, poûrce queie- i


n'eftois en rien égal à vne Damoyfelle, accomplie de toutes les vertueufes excel.
lënees requifes en vne gentil femme de maifon illuftr.é> Le languir fàhsdefcou-
urir mon courage ,jm'eftok inconuénientpke quek mort: parquoy iedélibêray,
(quoy. qu'il endeuftaduenk)de l'aduertk de ma mifere , cftimantqu'il n'y ai
chofe fifàuuage.encemoiide ,,py fi rebellede nature ,"que le temps &l'atnojir.;
aie jpuîffent appriuoifer- : Se qu' vne boule ronde qui eft faide pour rouler?, fi onlâ . -
làifle repofer lans mouuoir,elle s'arrefte Se demeure ferme: mais quila poulfejej|e :
,f * faid l'office 4c feforme*& nature. Ge nonobftant, pouree qu'il m'eftok impo*.
jr Me 4e luy poHaoir pat.viufii voi^communiquer mon faid » ie.: luy efcrkry cette»;
fi" fi \#t*r*t
lettre*. ' " """""" : " '" - -"-"'. '"

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'poxiphil^; Î.TJI

POLIPHILE N' AT A NT MOYEN DE PARLER


0 -fi ' afaDame,lffyefcriuiipour luyfaire entendre
- ' ..*'''' fen martyre. "' , -. .-: Y
Y, - ' ' .' , !' '' - .','..--.-
: ',."-»" -C H*A .i>. -ix. ,
. - - 7- - :

ST AN T en vn deffeextrême 4ë* manifefter vn ;peu l'im-


patience de mon ccéur furprisd'vne flamme nonpetite ,* la¬
quelle Amour à cauféepar l'obied de voftre beauté vnique,
patron dfes beautez céleftes,ie fuiscontraind de vousëfcri-
re,Nymphe de méritejfur toutes les accomplieSjbeau mira»
Vcle du fiecle Se parangom de cequi eftparfaid, ainfi auec fes
légèresparofesievousrepréfente mes doléancesSe pleurs
que le papier ne.pourra fuppor.ter,pardonne:zà ma témérité
Seau courage qui eft abandonnée l'amour à voftre occafion , eftimant que mon
coureftforty demoypourallerversvous implorer voftre miféricordeoua tout
le moins allégeance dumalqui me confemme.-
; Y
Ienefçaypas qu'elle audience iepourray obtenir : toutesfois fîmes^prières
-font de quelque efficace en voftre endrok,ma diuine lumière Se Déeffe queie re-
uére,ievous fupplie d'auok pitiédè mon ame Se considérer mon -piteux effet,
Oo in)
LIVRE SECOND DE
auquel vous feule pouuez donner remède auec vne fimple.parole.qui fans porter
prérudiceàvoftrerenoramée , mefersfleplusc.ontenthommedu monde. .C'eft
qu'il vous pkife m'accepter pour voftre ferukeur. Ce faifant, Madanre, ie me tel
puteray plus que recompenfé dekpertc demomc'ur , qui m'a kifï'é pour youS:
fuyure : Seneferay plus compte des trauaux que i'ay fujpporté en» vous- adorant:
lefquels,certes,ievouseuffefengtempsfaidentendre,hmafortunel'euftp^rmis
ou offert,temps Se moyen de fe fake.Or-voyant que ie n'y ponuois donner or drei
& que me»doufeurs alloient toufiours engregeant de mal eh pis,ie me' fuis par ce t-
eferit addreflé à vous,nonpar audace ou préfomption téméraire : mais'pâr grande
importunité d'amour , à laquelle ie ne puis réfîfter:ce qui, m'en a donné laflëu-^
rance, eftqiieievous eftimefiprudente, que vous excuferëzmon erreur- flifenay*
» commis par trop affedueufementajmer. A k vérité (Madame) iene préfame pas
.. - ' tant demoy,queie penfe mériter voftre bonne grâce. Si eft-ce quei'ofeBîëhdire k
* ' que fil'amoik fe paye de volonté réciproque , ie mérite que vous me VUeilfez" du
-. * bien chofe dont vous ne feaiiriez m'efeondukefans vous charger d'ingratitude:
ainfi nepeut-il entrer en ma fantafîe,qu'vne Damoyfelle tant bien héë,aceomplië-
7"deparfaidebeauté,Sê de toutes conditions louables,fek defpourueuë de'pitié:car
fans cela toutes autres vertus nereluifent point, en la perfonne. La grâce queie
vous requiërs(Madamë)eft de fipe.tite importance, qu'en meklrefufant, vous fe-
. riez tort Se.iniure à voftre bonté, confidéré que ië ne prétenSjfinon que me vueiL

" lez tenir pour voftre,Se croire que ieferay tel de c Se affedibn pure, tant quey
. la vie medursera^Tous fupplkntau furplus^dë ne mefurer ma fidélité que k preu-
ue que vous en ferez.Gependant^beîfe Polia^que mes larmes Se mes prières vous;
foyent aufïï aggréables que vos mérites ontdepouuokfurfesc¥tfrs. ,&
lepenfois bien qu'après auoir leucette.fettre , ma Damoyfelle s'en dëuroit au¬
cunement efmouuokjSe monftrerquelquefembkned'àmkiéimà^sie perdis mon
i '"".-tempSjmonlàBeurSemon eferiture, ne plusnemoinsquefiie l'euifeaddrefféeà
«* - - x . u. - vnepkrrercarautant en euffày-îe euedegré. Genéantmoinsconfidérantqueloni
* n'ab bat pas l'arbre du premier coup dëhache, quelquesioursaprèsfeluy efcriuis-
encor ainfî, .,'.-.'
Simontourment(Madame).eftoirmoindrequevoftrecruauté,ie confeillerois-
àmon cur de prendre patience..Mais puis que vPfl're inhumanité excède mon
martyre,ie me délibère abandonner ma vie à toutxequefay peut aduenir. Tou¬
tesfois cependantie vous fupply me dire, dequoy me fert de vous ay mer^ puis que
vous n'en faides compte,Se me mefprifez; le fçay bien qu'il n'eft en ma puiffair-
ce derompre felienpar4ëqueliefuisretenu:Seque,d'autan'tplusieïn«fforcerois-
dejôrtir dufilé où ie fuis enueloppé,plus memettrois-ie en grand4ôftrok, Se n'en '
pourrais trouuer l'y.ffuë,non plus que lepoiffon qui eft entré dans vne NaffcAce-
. fie caufe,Prinéeffb de ma vie,ie fuis contraind m'encliner deuant vous, en qui cô-
«fifte ma liberté Se mon falut. Ne medéniez doncques voftre fàûeuncar fipar fail-
, te d'elleie vertois à mourir ,. comme il pourrpklégeremér auoi.r',m,pii.tf efpas vous'
;ferok imputé à grand crime.P.renezdpnc (s'il vous plaift) quelquëpéfedo ëoropaf-
\fion de celuy qifi' y ous ay me plus que foy mefme,Héks!Madame,ié crpy qu'il n'eft
.poflibje-que. eegrand ouurierdek machine.du monde,qui vous à décorée de tant'
^depe.rfédions,mefmesformée.àfafembknee, , Se qui faid apparoir en vous vne'
m parriedebeautezfupernaturelfes^.ait oublié de mettre, en vpftre cur quelque
.<jftinc«lfademiferieqrde * conlîdéré qu'il vous, à faide'p.our vne fauueraine de-
i- jnpnftration de fa puiflànce,telfement qu'à bon droid pouue'Z eftre didel'outre-
«palfedetputesles Damoyfelfes dekterie;chpfequi,me-faid efpérer d'auok quel-
» . '"
.' ' '- - que*:-
7 POLIPHLLE. ' y^
qtiesfbis aîlégeancé.Ôr 4onc/oUùerai"nê4é inoncfur^ppaïfez .voffre feé,, faides»
paroiffrcvbftrë pitié,que voftre c^ïragè s'adouciffè, SCTeccuëzL'affëdioMpfeine, ;

de iuftés larmes qui vous eft offerte par>voftrefi4elleai£antScferukeurdYpy.- y


y'-.; . Y ; "/-'-7.'-' "u-,,Y-vY
-^'y yy (j;:YiYvY-" -
PO LT'P H "l -LE": &G VR S VI Tfi S Q N-H IS-TOIRE , uJttîr.t
fdntQue Polianefiit cdmpte de'fes deuxlettrès.'pÀrcpuoyilluyerruoyala >C\' fi
"'fi "''-'-' tiercefiqui profita aufii peu qùetés autresî& 'M a finfe retira hjersfieïïè'ifi fi fi
" \
j, f y ..7 ^iltrfioUuafeule aufempïedeD^
- -.

0,i "Y 7" i : :' oraifen:&enl?uyfiaifentdifeoupdéfalan7fi ' : ' "'.-ff


~.;;,V y ',
y ; ; y guem, mourut jpmréfefcita.,, fi
; - - - ,;*.

- - - ' - '"- C'HAP* ' Xly.-^ -^

A R F A I C T¤f &"accompîfe-Dâfee entre toutes 'celles^


qui tiennértrlés premiers rangs Se dignitez de religiQh: ièfi
'
vousfupplie,Prieufe vénérable, que ee ne veusfoit pointY^
'

ennuyeuXjie tafch.eray d'acheueren bref mon difeours Se '-


vousdkay en paflàntce qui aduient leplus fauuent à ceux - '
~quiayment-ineonfîdérément , Se s'affubiediflènt à autruy-'
trop delégiet.Mais auaikquepaffer outrejje leurconfeif* <
le dfeftre fermes,! faifonquela përféuerâce eft-en amours fi*-- »

"meruéilleufement ytfle<fe néseffeîre. Cette ©ambyfelfe-V


1 '

ne sfefmeutron^ues pour mes lettres, non plus quefoktles groffes montaignes-Y


aux efforts des petksveufs. Parquoy ienfaduiky ipôPéftok befoing de continuer ''

tenoit Se^folickbltde"pûur|uy Ure ma quëftepôur paruëhii-à:mon.attehte. le luyy .- ')


eferiuis donc. <--*--"-»-_ y . .;} -fi j .- YY.Y""
, ' t .

lîn>eft:pas;en-moy(Doucefleuïdén-ouuelles amours)- devons pouuoirefcn-


jrela moindre-partie de mei4puleurs,qui eh lieu dëceffer,croiffent Se multiplier:~ _
Il toute héure,pource qùëné m? fëmblez encores affoume J,e çé_que m'auezfaid .: ._ y j' .

ibuffrir, Siiëiuisdoftinéàrrîpurk par e^trêineriguéurjle^principal dommage en: t. fi' , ,

feravôftre:eàr ie^ Y- ,

îautaïkaffediokné qiiëïamaisërifçauriez reçPuurerîfî-élasfMadame, quel,prpJKt7Y '" " *" ,

,-*t
Vous poûrraril àduenir dé ma moît,fmon que vous en acquerrez letiltre d'home: \
*
cideî Certainement ce: vous ferap erpétuél.reproché: Se d'auantage. dequoy, vous . f .

feruiront cette grande beauté,k Bonne grâce, Se fe gentihefprk dont Dieu vous-
£-fi richement pWueu-ëjfi vous le gard.ezpour vous feuferCroyez^ttefenpoucra : |
bien dire,Se abonne oceàfiGn,quecek eft auffi' mal employéenvousqu'vn.thréi,-- f
fafcaehéen terre -, qui n^ft vtile'àperfonneyiuante; On no pourra iamais jbieffc y !
parler.de vous,confi'4éré que telle partirez dé ce m»«de, quey^us y.yeintes.;lS|e- .. |
ferok4îpas~meilfeiir , Se plus honnorablë enuers là.:poftéri té , quelaififfiëz: vne : |
-fleuriffante renommée pour durer perpétuelle ment après vous, ainfî qu ontfeid : .

fans craàate de mourir , quepc


crfap: fO \
LIVRE .SECOND DE
nelfe fehsîioas ^aemy ides -Daanesdnutifes» Pour/yr ay, Mad^m^qa to f etofe ta£L ..

nsoi£e1de&bëllés;deia4is.i,ftfeUtes nofeféuifejtt rç-ndftÇiS/a^bles.i&:«açietucs^


ceux quifesreq^D0fant.Q^i£fiàv0us,i'ofebi^4ke <lù'bnc4uesfe::<ii.élnse^
:fekde plus belle,ny déplus accomplie, fîvous auiez kiffé, cefte rudeffe Se rebelle
manière dàntVQUs vfez, plus par opinion fegfet? que Par l'inftind devofWnatu,
:re, qui efl douce Se humaine de foy- ftiefme :-»Ii eft vray que la couîpe eft mienne
de vous auofeçffeuë pour deftruire ma,vie:8e le pis eiï/qùfen ^ 'p enfant iem'en-
durcy à vous âymer. Hélàs!i;ay*trovp légèrement creù au rapport demesyeux, fefe
, quels ne confidérerent pas fi bien voftre ccéur,qué'voftfé belle rencôtre. O Dieu,
- qui euft iamais penfé que -telle beauté feuft ainfi arméede rigueur? HelasJiç l'ay
pluftoftfentie,quepréueule mal qui m'en pouuokauenk. Ne permettezppur.
<tant,mafouueraine, que iepériffë par voftre faute veuque vous y pouuez renae-
4ier:car les Dieux qui puniffëntplus. aigrement k cruauté que tous autres vices
s'en pourroient courroucer contre vous comme de chofe répugnante à nature,
qui veut que touts'addonne à aymerfon femblablei A cette caufe YMadarrie , -Se
*^puis que tïjpuJbfan Se mon mal gifent fous voftrearbkrs , prenez pitié de ma lari-
, gueur qu'autre quq vous ne fçauroit alléger: Ainfi voftre xnauuàifevolonté ceffe»
'.ra,5ela.grandeur4ema douleur, fera appaifée... .

k
le penfois ainfî adoucir fa cruauté- Se me tendre propice ., mais e^è profita
autant que lespremieres lettresicar ie n'en peus auoir refponce,parole,îndice, ny
^émonftration,en quoy ie deuffe fonder quelque efpérance , non plus qutÉi mon

^
*#*- $&t**t»s'

- "' ' - : > V-' POLIPHILE7


; . ' r^'
efctiturefeufe tombée en la mer. Toatesfôisîe m'.eftois réfoln a pourfe.yure-.-mo»
éntreprifeSenipurirfonferuiteur tréf-arfedionné, parce queie nep.ôuubiVpen-
" fer en autre chofe, Se bien fauuent parfais à elle par imaginàtiô.; feignant en moy
mefme que nous deuifions familièrement enfemble ,- Se qu'entre autres chofes' fe
, jBydifois;Héks!Madame,vous.auezfec,urbfenendurey.:,Iiëfttrop.difô
,

ypftreface*,tânt douce,' bénigne .Se graeieufe. y pus feriez àde de grande cfe'meiv /
ce,s'il vous venoit à plaifîr de me fauuer la vie ,,éar à ma -n#rt ne pouuez; jfen gai-
gner.Gem'eft affez que mon ferukevouspkife,^ Se n'en demande point d'autre:
guerdon.Aiiïfi fâifois-ie ma complainte par cfett£ij:h.angeant jnespropos en--mil---
le'maniereSjCompofànt dësrefp onces Se prorbeffes en l'air, affearees fur l'appàrë- -
. '

cède fan doux maintien : dont ie me trouuay 4ec,eu :.car. le c'ur n'eilok;pa:s4e7- '
mefme^àinsabreuuédeiene'fçay qk elles ftufes opinions en quoy lonà ordinai-
, rementaccouftumé d'inftrukelesieunesfifles^hofes qui font puis aptes difficiles ;

àfeur ofterdekfantafie.Ainfî iefuspris encepié^e,Gom'mëimpourueu,malad-


"uifé,Se conféqùemment affubiedy à cette tyrannie ouférukude mife'rable^d'a- '

mour,pour obferaer fesloix, tordonnakes , aymant fans eftre aymé , feruant fans*
"gré,ny aucune efpérance d'ëaauok recpmpenfë , Se toutpar vn defir taufé d'vn'5
attrayant regard , qui me* fit eftimer qu'en l'Empire de Cupido toutes voîontez:
eftoient égales,Sequ-'ai%fîcomméie m'efloislibéràlemëntdonné àfanferuice, fai-
deuois en cas pareil y eftre bien traidé Se recueîllyi- ;-

Surxek(Màdame)iefaifaisvn procès fens* iugeSe fans partie, Se cottdàîrinois iJ


^ Amour auec ma Polia j comme cpnfentans Se coulpablesde mamort , ennemisY
capitaux de toUtbien,Sedignes d'en reçëuokpuhitioh. Ptiis toutfoudain après ie^* '
réuoquoismafenténce,&leurenreqûërôis mërcy. Lé plus fou«ent ie compp- -

fais en moy-mefmevn foulas faind Se'abbfiP, io'uyflàntën-mapènfée de ce dont"?


l'effëd m'eftok interdid,Se le dëfirtr^op fa
'

"Se kmentationSj' cherchant-paf tout cetju'ën'Payà'nt trbuùé^ empirokde plus en *

plus'mapeineiFinablementaprës plufieurs pasperdûs,k fortune me fut fi profpé- ",


re,queie trouuay cette Damoyfelle- au -temple de Diane; ,. vn ioutqu'elfa ne fe y
doubtoirde-moy.'càf elleauoîtacÈouftumé 'dry aller en fecret; Sefeofande-mpnY -
^ atianture futqu'elle èftpk feule f dont iefus fifurprisy quen m'apprqchantde fe-
petfanne,; iep'erdisfehs (.contenance SekiémoireïdéfortequemakhgUe'ôûbiteï , r
,

fan office*, Se nrefçeu que dire-, ains demouray bien longue efpace de- temps àlnfe*
comme efperdu.Toutésfbk àkfin le repris Vnpeucourage, Se luy dis ëtt treffiW..- '
bknt quelques paroles confufes , mal affemblées,Se fàns'ordre:eâr i'eftois à4emy;-' ,
mPrtà l'occaffon dequôj? mbnpropôs fut? Madame' y ïly -à plufieurs iours'qiïeie--
vpus ay facrifié mon cur, Se dédié mon àmé à voUS:àymë,ry, honnorër,- Se-fetuit, r
comme fa feulé &yniquëlnaiftrefîfe.yCenëahtmbînsybui m'aûeztraidé-é<3kîftfë -
fi ievous euffe faid oUtrâgfe,me rendant lemafpôu'rfeHéifri & h'aîhè pour d'ife- - -

dfah.ffeks|enquoy le|-J- --'-----^-^^'-


' .-^-^-<^ .:_= ja&m* -

Sekë me fut poflible de i


jtendrepîufieurs autres' chofes, pc
mouuoir â miféricorde:mais elle ne fitcoin'ptë4rmbh 'difeours1',' dêfmeskrmesa->
^ ny dëmestrauaux ,nonplu3que fic'euft efté vne ehanfan ou quelque fableèn?":
quoy elle fe monftra bien dégénérante à fonfexe , qui de fà nature eft pitoyable Sefi
4oux:car elle 4emcura endurcie, fans monftrer aucun figne quemontourmentY
luy defplëuftjcomme fi elle euft efté nefe entre lesLyons ou Tigres d'Hyrcanie, fi.
qui fut caufe de me. faire faufpker de grande angoiffe voyant que pour néant ie fi
|Jauoisaymée,eftimée,Sc adorée far toutesautre5,voire.inutilement employémo.-1
: ~ '"y"7- Y "V Y'"""- ~ - . Pp:
LIVRE SECOND DE
temps Se mapéinei!& qu'en mes douleurs n'y auoit plus de remède , ains eilbis
-4efcheude-monentreprife,poùrce qu'elle perfiftokenfon opinion cruelle , Se fî
voyoit empirer mamakdio, Se affaiblir mon corps knguiffànt, lequel tomba fur

iUlliVJXllX.VH-v-1 W*Jti*i.X4.v Ai \y*v m. v* w**. w^ -*--». - Jr * i. ----- * vu^Ç

-4e mon falut 8e du fiéfi,Sc la voulaient appeller à repentance.: Quand elle fut ve-
-nueau lieu funèbre,elfe m'appëlk' plufieurs fois , maniant mes mains & mon r&-
ge,qu'ellc trouua deftkuez dechaieur naturelle : car lamé en eftoit départie : k.
-quelle à fon y flué auoit efté portée deuant fethrofae de k Déeffe Vénus .Mais elle
-ne fe fentift paspluftoft appeller par cette Damoyfelle ,- qu'elle ne feuft forcée de
-retourner enfon domicile pour obéira k voix qui auok fer elfe-toute puiffance:
-Se alors-elfe me compta entièrement ce que luy eftok aduenu en l'autre fieefe.

.L'AME DE POLIPHILE Iff RACOMPTE ǣ


que luy eftoit a&uenu depukie département de foncorps,<& des aceufations
au elle am'ttpropdfiées deuant la Déeffe Venm,ktencontre
7 - 7 \ . ' \'deCupi4qfi^deUcr»euePoli<i> ' . ' '

- -." .,j-...., -Y;',':'t'HAi. xx.ff-fi'-'fi'-


R E. S qu'après auoir efté fepar ée de toy , ietc viens retrem-
uermpn corps, mon cherdomicile, ie te vçux faire enten¬
dre comme ie me fuis txouuéeen lieu tranquille. Se plein de
4èledationàfinquemfauyffesa.uecmoyde ma félicité; Il
eft temps 4e te refiouyt, banniflànt dauectoy toute melâ-
cholie:car onqUes Empereur nafquitvidoke plusglorieu-
fe que celle que nous auons toy Se moy obtenue à l'encon-
tre de nosaduerkires. .Ta iiranchife t'éft auiourd'huy refti-
", tuée,Set'aefté fi grande grâce faide, qu'onne fçauroit en
coûtes les hiftoirestrouuer mention d'vn plus heureux amant que toy. Aufîi '(à la
Yerké) les Dieux immortels ont fauo rifé ta iufte querelle .:. Se. cependant i'ay veu
jdes chofes admirables Se heureufes dont ie te diray vne partie, Y -,

Aupartkde toy.iefusconduide toute détf&tée Se meiirdrfe comme i'eftois


;deuant le throfne de la Déeffe Venus, àJaquelle ie feis ma. compkinde ptteufe &
,plepre dérouleurs iuftes,propoiant yhc. accufàtion contre fon fils, que i'ofay bien
commet violateur de Ces faindes ordonnances. : «Se d'auantager em onflroc ,qu'a
tort Se fans: caufe il auoit tire contre toy qui eftois fans coulpe.i fi grand nombre .
4e flèches barbelées * queton cur fembloit vne butte : puispour vn pkifir diffi-
-mulé auoit p t éuenu l' heur e.à moy déter minée , njc faifant par extrême viol e.nce
jdefloger de mon habitation naturelle , Se ce par le moyen 4'vne Dame bbftinéç,
...quineçpgncut&mais^ ; -
P O L IPH'U E. itj-

Quand la Déeffe eut ouy ma ciameur,elleappelk fen fils. Se luy demanda qui
l'auoitmeu à mefaire tel excez:màîs ce ieune Dieu n'en fit que-foubsrke,comme
fî tousles maux dontilnousauoit affligez, n'euffenteftéquepafïëtemps :Setoft
après feprint à 4ke.* Madame, il ne paffera" gueres quecefte difeorde fera rédui-
de en amitié, par le commun contentement des parties. Puisfe tourna deuers
moy , Se me monftra l'effigie de Polia exprimée au naturel , me difant. Contera-,
fi pie bien cefte figure,puisiuge combien il y a de gran4s Seigneurs' qui ferepùte*
roient bien fortunez s'ils pouuoient, ie ne\dis pas eftre aymezdekperfonneà
qui elle reffemble , mais la veoir feulement yne lois en leur vie. Il faut,, Ame, que
* tuconfelfes que tefedons ne fe font pas toufiours à tous ceux qui le^ défirent: car
1. ce font grâces particulières des Dieux, léfquelles ils odroy ent àfeeux qui fes me¬
ntent, Ainfiievueil quetufçachesqueietedonnepremieremétk fleur detou-
tes fes vertus Se beautez corporelles. Cela faid il dit à fa mère; Madame, voicy
celle qui eft caufe du maldequoy fe pleirtd cefte pauure bannie : feachez que ie
larenàray en brief contente, Se feray que fan dueii fera mué en ioye.'Ne te foiî-
* cie(medit-illors)iefçayquetuasvouloirderetourneraulieuduquelmespar-
tie: à quby ie cPnfens,Se te~vueil d'auantage conioindre par affeétion récipro que
'auec ton aduerfàke:, oftant toutesles occafions des différends qui ont iufques ,
icy retardé voftre concorde.
Ppiij
LIVRE SECOND D E

A cemotilbandafol^arc, Seprintenfetrouffe vne flèche pointée' d'or, em-


1 -"-:,: "iclS^poitrine del'i-

roit déformais traitable , dçuce, befrtgne, Se-gracieufe autrementgu'elle n'auoit .

efté. Aufli( certes ) elle confeffa fon erreur", affeurant qu'elle eftoit vaincue ,4e
farte que plus)ie pouuoit contréuenir aux c&mmandèmens d'amour,*
Celaveis-ie, Mon corps mon hcùreuxreceptac^Mais eftant En kpcëfence
de ces trois perfonnes, dont les deux eftoient diuing^Se-fâ tierce non gueres
moindre que¤éiefte-, i'eusk fruitiondes vifîons -8c m VflSts aufquels lesyeux
matériel* ne peuûcnt pénétrer. Toutesfois il me furpdroyepar grâce fingulkre
de les contempler formellement. Bien eft vray que ie regardois plus entendue--
inent que tout , le beau préfent qu'amour -ni'auoit donné.,' Se pftois toute efbahie
comment en vn fi petit corps de pucelle , il y pouuoit auoir tant de vertus Se de
beauté , que les Dieux mefmes là'eftans ne fe pouuoient tenir' de s'en efmerueil-
ier : Se par fpécial ie contemplois fes yeux tant clairs Se fi luyfans, qu'ils faifoient
efelouyrles miens, confidéré que les rayons qui eh partoient, me femblo.knt
des fagçttes aiguës saufquellcsieferuois de butte. . ',

' .* . m .

#-
< 7 P G-'L-W ELBE.VI7

-Véritablement^môn, cher habitat fei'eftois lors cnparadis^ee voulois fake-fu-p-


pîicàtipn aux Dkux queiamais ie n'en deuife partipmîlsla D e eff.e me. dit. certai-
; jtés bonnes pitoics pour nfan affaire , Se m' aflëyrtBCbon fucçez dé mes amours
;#4efque11^m'eftpitnéceffairecueillkfefrJH^^^equetu en.fauffespartlcipant
fi pouctëcompeiife 4e tes kb7urs^#uïsfeîfej^4faufta qu'après certain temps nous
retournerions en fon Royaume pouf ytîtare'p.erpétuélleîné.t auçç fes. amoureux
bien fprtunez. Sur ce po'md^elIçiejpWTyn'douxris àfon fils ,,- luy difânt. Y eux.-tù
eilre^fege pour la. pucd,ie^%lle*Qbéka d'otefnauât à mes loix Se çouftumes î A
- que y ilfittefppnre^qù^Be n'y feroit iamais plus dçrefiftance. Dpncques, ô*
corps mon cléfire egmpagnon,,reço-y-moy à celle heure que fe fuis faine & nette,
purifiée détous i^alfaûts dontn'ay eftépar cy deuant contaminée, Veu mefme-.
ment queie porte engraûé en moy ce nom précieux pour lequel ie fabandon-
p,ay, quine fera iamaisf^éfaid, ains y demeurera la marque emprainde perpé- '

.'tuellerhenfSe à toufiours. Mais à.fin de te donner guerifon detesbleffeures,fça-


ches que-i'ay paffépaf tant d'eauxde pleurs, tant de feux d'am our, Se autres pé¬
rils eftranges, que finablement ie fuseffeùéeenlielioù tes femblablesnépeu-
uelit aller, Se là obtins delà bonté fupréme la médecine par toy fi longuement
attendue; A cela ie luy refpondis. :. . ' ' . y
Tu fois la trèfeien retournée, chère amie &coinpagne,Dame d'emônentjen-
dément, 8e ma meilleure partie raifonnabfe: reuiens mon vray cur, Se fois
auec moy pour me faire participant de kregénération. r - ~y

Y
gZCONV. -

livre (mmm&m)i)t
POLIPMI LE DIT dVE QVAND S Q;N ^MB
eut acheué de parler , il fe trouua viuant entre lefbras défia mieux aimée
Polia. Et requiert la Prieufe qu'elle vueille confirmer leur amitjé, '- . .
Puis Polia metfin au conte quelle auoit commencé »
deuant les^Nymphes.

x - ' 'm C h A p. / X I L' ' .' 7

E 4ifcours que fay faid de nos infortunes vous fenjblera


peut eftre chofeincroyable, Sage Se vénérable Prieufe, &
pourrez trouuer eftrange rant4e cakmkez , Se le refté de no-
ftrç fortune difficile. Mais il n'eft rien impoflible à la fouuc-
raine Maiefté 4es Dieux. Et à fin4'cn venir à k conclufion,ie
vous affeure que quand mon améeut acheué de parler, je rne
$L trouuay vif entre les bras de cefte JDamoyfelle : Se de là en
auant noftre amitié s'eft toufiours augmentée iufques à l'heure préfente, en la¬
quelle nous fommesrelicontrcz 4euant»voftre faindeté, que nous fupplibns,
puisquetK)ftredeftînéenousyaheureHfementcon4uits, Se qu'à vous comme
préfidente deNce lieu 4^uot , appartient 4e diuertk le mal, Se procurer 1e bien,rc-
leuer les trefbuchez, appuyer les faibles, entretenir fes chofes bonnes , Se corri¬
ger fes défedueufes, qu'il vous pkife nous dôner vn lien indiffolu'bfe pour accou^
pler nos deux cfurs en vne mefme affedion Seqpnfermer noftre amitié, tant
quepuifffans tout 1e 4emeurànt 4e nos vies purement Se loyalement feruiri 4
noftre excellente Déeffe, Se ainfi acheua Poliphile. A4onc k Prieufe ayant ouy
ndftrerequefte',nousfitaraoureufemententrebaiferl'vnrautre,4ifant: ,
; ' Sokfaid fefen le bon plaifîr 4es Dieux imm.ortefe, Se non autrement. Vous
foyez bénifts de mapuiffance, Se viuez en perpétuelle concorde ,'vifitans fou-
uent cefàind temple pour voftre confolation Se grand bien.' Mais celuy de vous
qui fera caufe de troubler ce fatal amour Se mutuelle bien-vueilknee , qtfil feit
perfécuté des mefehantes Se efeouuantables flèches de Cupido, l'vn blefsé de
la flèche d'or ,Sc l'autre 4e celle4e plomb, qui ne caufe que mortel ennuy.
Vous auez ouy ( Nymphes pleines de gloire ) le commencement Se le fuccez
4e nos amours, chofe qui ( parauanture } vous aura faid ennuy pour'auoirefté r
mon propos poflible trop long , mais cela n'eft venu que 4e l'obéifsance que i'ay
preftée à vos comman4eméns , qui 4eura exeufer mon 4éfauf, Se impétrer par¬
don 4c vos bénignes grâces. Polia" 4ifant ainfi, ne plus" ne 'moins que fi elle euft.
efté lafse 4e tant parler, feit fin , retenant ces belles parollescomme'vnfo'ufpir '

odorant acheué.entr.e fes belles leures de corail. * *-« . Y.


. -

POLI A
/fi #"-1.'.- .,' tOLLP:HI.^Èv --7 " fi ' *5*;
'' ~'J ' " "Y'.'^drr :-j-: -, 'fi/y y, -y";, Y--J»:-<ïb
Mt"'li 'Y'" ' '- ' '" ' 7": - . s

pSDX-L^f'Tq'r'T' £"tf *' r'jW -Jî E S'-ME'z--TEM:PsfÀ: cm*- ;

t 'uantfbn cordpnse & le cfikpeUet'deJï'eurs , lé-meitfeU iafiêftedeP olifhile, £«i*; :y:


> y. î
les Nymphes qui auoient eficoutée,retoumerent a leurs esbats'Me-r
. .. . nant congé des deuxamans, lefquels demeurèrentfeuls,deutT- "

: fifensenfe^kd^Jems^ar^^sJ^olia.^brafptm.- '/-'...
-' . Y- , ' - ^6Hphileeftroi0emeatdijfàrutt:- : j . * '-. - ,-
'" - ' - auecte f ornes fi' :..7"-- ,y -
- : * ' - - ..... > t> y . . . -
-.- .. - t- .---'-- - - .- *-

.'" j. .' "" '.Çh-'AP/ - xIî-liYït-, ' ... -.' : Y.

&- E'croyàkyérité;que l'es; Nymphcs1qui''âuôiëiîtbiënafn*"-


jp'plement oU^ de Polia toute fhiftpke de nos amours-, ehfi
"eurent plaifîr Se merueille, pour leseftrïngés accidens qui 7
ripusy eftoientfurueniis. Mais fondain elles fe leaerënty >

çbgnoiffàns le-4ifeourSacheué:cependantlèquël Pôlià s'e«


,ftoitoccupéeenparîant/àmëfakevkëhapefetde'flëUrs,f >,
qui fe trouua parfaid àuec fan compte : &' éftânt ençbrës '-.
17
j;Y fur fes genoux",' mëlëpofafur la tefte ^donê fesNymphes >

priferentgrandementkfaçon: mais fur tout eftimereùt *

fon beauparfer,fa belle façon, Se fa beauté plus que admirable, prenant fingulie- -

rementplaifir d'entendre fenoble faurcedefarace, enfembfefeprofpèrefuccez- -


4-e fes amours qu'elle auoit récité en la plus belle forte de bien dire les reuers.-- 7
d'amour. Incontinent- fes Nymphes retournèrent à leurs paffëtemps ordinaires:- "

Se recommencèrent àfonner de leurs inftrumens, Se à danfer autour de lafontai--


ne:àqUoy elles nousappellerent, monftrant vne familiarité bien grande^Se cor-
' diale priuautérPifîslesdanfes finies*; elfes prîndrent c-ongédè nous auec des emv
btaffemens délicieux Se de mignons baifers. Or eftant "cesNymphes départies ,Y
nous npustrouuafmes Polia Se moy feuls en ce lieu plein de félicité.
Ainfi auec ma Polia toute pleine d'amour , Se allumée des'feux de fidelfe.amj«'és;y-
foftéde moy toute iniquepéfée <% mauuaife crainte.Ie luy difo.is ma belleparfaj-
de vous auezàffezcogneu l'amour que ievousporte,Se-CQme ievous ay clioîfiç .--"

pour maiftreffe démon clur,ainiî que k nompareille en vert#Sq beauté; dé tou-


tes celles queie veis onques en ma vie : Se feauez que pour acquérir voftr&î bonne :'
grace,i'ay paffe par toutesles miferes qu'vn pauure amant peut endurer :, tant que -'

' depuis-Ie iour quepremierement ievou^yeis , ie n'ày pas eu vne -heure de repos: :

mais maintenant que î'infpkation des Dieux- vous k rendu ë plus traidable,Se que -
voftre cur qui feulbk eftre gamy de. cruauté s'eft efmeu à douce miférkorde, .
j'en remercie k bonté!fauueraine,Se vous fupplie que toutes doutes 6>fufoicions ,

©ftées5npftre amour feit inuariable,Se nos volont'ez entièrement conformes. Seu¬ :

le vous^triOmpherezde mon c qui eft Su tout en l'abiffeç de c.e.ftampur,kvi-.


doke de mon cur vous demeure, Se a toufiours il fera dans fekrcphée de vbftre -
gloire. VPus ferez à iamais l'vnique Déeffe de mes déuotions:, Se faurcedetout .- -
mon bien. Cek.dkjelJe/epartitde mefme volonté: ^
Poliph!femesdelices,I./doùxrafrâifchiffbmentdemàhaine,mondéhcieux fou-, -

las, mon plus cher plaifit,le déterminé contentement 4e moname;'E.t ieigneur


en toute puiffanec de mon petit cur toutvlceré Se bleffé; Plus cher a ma vie que
les plus riches thréfors du monde,ievousprie que ne vueiliez iamais ramanteuoir'

'- . -^ . ^s.

.**r
, " ' LIVRE: SECOND DIT
4c chofes paffées:Se tenir pour certain que vous elles 1e feul gardiende mon ctur
céque pourrez auok cogjueu pat Àuure Se par effed,eonfidéré mefmementqu'en
lapréfencede tant-de Nymphes ie mefuis iufques.au mourir alliée Se donnée à
vous:voke fi eftroidement obligée,quénuI autre n'y aura part : Se ainfî que vous
elles le premier,ainfiferez-vousledernier.Cedid,elfeiettafes deux bras d'yu0i_
re à l'entour de mon col m'embraflànt.jSe baifant amoureufement de petits bak
.fers,quimemordilkntmefaifaientppcfauesoublierkvie. Et de ma part ien'en
faifoispasmorns,eftant furpr-is.de fi extrême plaifîr -, que ne fçauois fi i'eftois en
-ciel,ouenterre:tellémentqueiemefcognoiffbis quafi Semoy-mefme cVmaPo-
,lia,a laquelle violence d'amour., vne couleur vermeille eftok montée au vifage,
imcfléeauec fàbkncheurnâturelfe,-quiluy4ormoitfîbeauluftre, que Iecourage
- ,4*vn immortel eût voulu mourir pour fi beau fuiet. En ces entrefai61fcs,Se toutes
vi\inftanties krmesluyfertkent des yeux commecryftal , oujîetkes perles ron-
4es,fi que vous eufliez did que c'eftoient gouttes de roféefur les fueilles d'vncro-
feincarnate,efpannieauleuerduSoleil>£n lafaifan du mois de May. Et comme
i'eftois en ce comble de lieffe,celle digne figure s'efiianoçk , montant enl'ak ainfî
qu'vne petite fumée dfcBehfauyn : Se kiflavne odeur tant exquife que tputes les
.. fentcurs de l'Arabie heureufencs'y fçauroientaccomparer: 1e délicieux fommeil
' Xeféparademesyeux; Le*bel efprit le réfoluant en Pair auec le délicieux dormir,
*outfe retira trop viftcmeut,ôe s'enfujtçnhafte, difànt:Ppliphil^monchet amant*
^Adfeu. 7. ^ r. '.'.' '- - -;'' '
" .
POLIPHILE.
- - . m ,

POLIPHILE FA1CT FIN A SON HTJPkÈ.ROT-(>:


machitfe camplmgnant dufonge qmluyfiutfibrièfi}<& queie
Soleilenuieuxfit trop toftiour^ ...-, - -

y ; " .. ' C"sAt; xiix-i.. ;

Y A NT. perdu, ce grand plaifirqui me fut ainfi volé , &-"


g, ceft Angélique efprk feparé de mes y eux, retiré de cedc-
1 licfeuxiomme ie defmeuré efueillé. Hélas! moy Hélas! ô*
vous,aman"s,qufcverrez cecy iefustout douloureux des forts:
embraffemés 4e' cette belle imagination:Se*demouray plein»
d'amertume, voyant abfenter de moy ce-Mè par qui ie.de-
uois viure ,- laquelle m'a conduid Se efleué à fi hautespenî1-
fées. Ainfi doncques abandonncdè toutes mes fëlickëz fu--
pernaturelles,excepté4u fouuenir,ie ne fçeu de quime de- -'
aoispkindre,fi ce n'eftoit du Soleil,qui (parauanturé ) pour eftre enuieux de mô
bien,abbré»xa celle nuid bïen-heurekfe , nonobftant qu'il feuft en luy de tarder
encores quelque peu, ainfique iadisilàfaid pourplufieursàutres. Ô que i'euffe
- efté bien tenu à celuy qtmm'euftenuoyé. le iorffmeilque la belle Plyché portoit '
clos en fà boette pour demeurertoufiours en fi douces feintes'. Mais(héks)auplus;
fort dece fouhaidi'ouy là douce Philomèle , ceft leRofïïgnolfelamentantdtt"
dëfloyalTéreus,Se qui chante encor en fonramage. Téreus^Téreus;emecbiafato.-
Téreus Tércusm'âvioîée.EtainfimelaifferentfefôgeSelefommeil,parcequc ie?;
ju'en efucillay comme en furfâut,difànt:Or Àdicudonc ma Polia...

ÀTreuis,lofs que Poliphile eftoit détenu es b eaurliens de l'âmoar dk


Y Eolia,L'ànMilquattpcensfoixani!efept,lepremieriouE
.

du Mois de May. ' , -.

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&A BE E DE S £R I NC I P A VX
POINÇTS, CHOSES PLVS MEMORABLES
-XX .D I G NE S* D £ R EM A-&QV E C 0¥ï-I'N - V-B-& -"
'--. 'y :'- '.- .auSongedePoIipiiilc. '/ * '< ~ '

A
* -. .
f.
-

'^Ahoridace&ltfeufont cho¬ les plm rebelles v. 14^


fes différetes quifont toutes- ' l Amour Ç^ fies caduques plafi't s auicfet ,

fois es mains de lupiter, &


fititte/epréfentéf. 7, Y .4 8,
pourquoy.fiol. '45 f Amour; prendfioriffiége près duequr&
Accident eftrange & pitoyable deficrit-èn - ceftlkqililnomblefifief.: y Y<? .

. ,vn Epitaphef. * 9$.&99 I Amour bien fouuent cloftlabouche&


--Adonisgrandveneurfuttuépar vnSan- empefiche de parler ceux qui font paf-
, glierf. .y. fi n.% fientfe^f. Y , j^q
ïAffeëliow contraires des amans ^ dont ils . Amour a desfiensplwferts que n eftoit le "

'... fent diuerfiement agtteXjifort bierepré- : noetfd Gordien qu'Alexandre couppa ,


fifentées&nombr'eesf.
* 130 s fii.fi fi ; ' , ; y ',5,2. . . - '

Agrypnie compagne de ceux qui veillent Amoureuxexercices des Nymphes déli- -

; rauliâif. fi" 1 - cieufiès &voluptuepfies accompagnées


.

AlteratipnmerueiUeufe de' Poliphile :-k U - de leursfieruiteursf 6y&6\


y ferrie delàforeftfi
; ; : .% Amçureux changées Afhe, penfianff? ,
> 1

'Aigle portraiffi. a ' Agathertenant en-fies tfanformerenoyfeaufe ,28 . . .

: ferres vn enfant,auecvwrarè artifice ; Amoureux difeours de P oliphilef. .82


*" f°k 'V fi/*'
. . f1**
lAlmatBée cheure nourricière de lupiter,
Amphiarauxenglouty delà terref. fi z
Amphithéâtre
'
d'admirable & pchefilru-
.

v. ; tepréfhitéef. r- - y : 16 flure repréfieniéfe


. . 121.^123,
"fumant miferable quiayme &nofiêdefi ÏAnanchite en hydromwce émcqueUs
couurir fon affeBion,voy les pleintts ''"figuresdes Dieuxf. >Y 7*4 .

qu'enfié£i Poliphilefi.
- 52 : Apollon mal voulu detamour3 &info'r-
T Ame de P oliphile mortfaM fes plaintes tunéfin toutes fes afifiefiions 3 &pour-«
fifi&Vénwf 7 .-\ij6&va- fi q^yf.
' '.
s Y J*8 ,

"I Amour de dett'x-perfonnés hiérlÊgHphi- Appréhenfions de p oliphilefe trouuantd* .


y queinèntrepréfientéfi. '* ":. 04 fi, tous coftexjntourê de ténèbres f..
> z .

tAm'our^*Utempiapprm<Àfe ks curs Apulée irwsfetméem Afne entend les


.. TA-BL.E7 >v;_ .^ .

voleurs qui délibèrent defia mort f. 19". Sfi J-V7 .f}


arbres de diuerfesfortes rapporte%fif. 6^.Y fi _ . .
' i
Arbres diuers qui feretrouuent és.bolsfi T2 A coW iniuftrieufiemmt reprêfieni^-.
f0l^ -3 cofié d'vn chariotf.<--- - - -h.'fii
Arbres fikifiiers de: twtes fiorm-nom- Bannière £amour dépeinflefiueçles mar-
mex^ft - fi"-,fi->'~ ** .105 ^quesd'efejvifiojjjsfi'f^f*i^/,\^z
A rbnffeaux de diuerfes fort es_ croiffaw t BanquetfomptuenxfieUfiRoym Eléuthe- '

danfles mafiuresfiant nomezfif. 16. &*V/ . rfiidefi.fi '" ,- éfi\tf.fy^'


Arbriffevtx quifie retrouvent es bois fi. £ Barque de Cupidonconduitte parJtx Da-
Aréthufie fut changée en fontaine eftant moyfielles,àefcripief... - i(or.ç>/ioj-
pourfiuimeparAiphkefi.fi t$i> Baffe condition <&peu cojmiïè accomparet
Architeélesdecetempseftansignoras des ' a vne chandelle qui nepeim rendregu~
. lettres ne peinent rienfaire.d'accomply- delumieref. , 1.3 f, :

£>/. * -, 12 Bafions enrichis de diuers ornemenspôrtez:


KnhiteEluie infinimant bien dèficripte & par desNyrnphes&repréfientexf.iit. -,

repréfe'hïéef:. 4i.®t*).<&6 n6.&fui. \ fi fi \ _

Arc hiteclure. autrefois f ftoriffante à' Bataille de Géaris nayfuement. deferifier


Romeptaintenant anéantief. 7r^f.6 v y * - . . -

Armes & tout Ce'quipage de Mars re- Bataillé naualereprifentée eh buysffixii


- ,
préfientef. -fi. ' - 115: Beauté d'vne Damoyfelle nayfuemertt re.<
ArtémifeRoyma prefentée auecfe riche parure 3 & louée-
eu cinq- trèfiexceUene.
feulpteursf. rS" outre mefiuref.
- 49. ^50
Anichmx ayme%j& carefifezjle Vénus, Beauté doit eftre accompagnée de douceur
fol. - . ' --Y22" - &miféricor'defi, " : ". 148^ '

Asbefte iArcadici bpis qui eftant allumé Beautéfinguliere enrichiede toutes for tes
nefepeutèfteindref:. %9 Jappas & ' d'brnemens reprèfientêe. en U ,

" Affeurances d'vneferme-&conftantea- Déeffe Venus f. 116


minéf. 153 Biblis fondit en larmes fe voyant refufiét:
A Urologie dèficripte fur vne mm'aille, où defionfrère Caunmf. Y 131

îecoursdu Soleil,&*dela Lunefiesmois Boimompareiïpeuplé de toutesfortes dan-


& les feifens fie voyoyent portraits bres précieux. fi .... ' .. .114
'fol* 69 lesBwfement derames aceuX quicoii'
Ï;A uaricg eft infiniment Çemicieufe &
rent- &1 haflentfori leurfuitfe 10 f
dommageable,fm tout kl'Architefhtre JSriance.moMaWne ab'ondante'fien pierres
/#/ ;.. 17- noiresf.:-- .--- _-, ..,,_,. 7.3,

Autel dreffekPluton,aP*oferpwe&k Y Y. y , fi fi,^..-:.,


fififiÇerbèrefy "y^ //: ' fi .U' f y. ' Y (T. '" ' Y. -
Autel dédié'aux Dieux, ambigusfifi 8 -, -

ïAutomnefiguréen vn'&dcchmfi.: Gj £~* Ariens peuplés de la Morée infini*


IfiAjmantvtilc aux yeux^éce'{faire aux A*J' ênentinconftans f. Y IJ .

^^j^i^^jJfilaMeÇalifto Cathet c'eft la ligneperpendiculaire f. 4


î?h: "' .7 '"' .-7,}:. CaHemesdepoliphçm&deïacftsW
'-/ ' t*a B:L;E:.
- marquées pour effonuantaUes retrài- téèsfiî^. coîomnes Cariatidesfa ptëjmeû
fies de voleursf. . -. .' .; ,'19' Colomnesmifièsfiur autres colomnes, fielotn.
Cerbère deficript auec toutes fies hydeufies Itsreigles debarchkecluredayuet eftre
marquesfi. § -87 moindres Ivne quarte partie que les
Cerâesrepréfentans les trois temps pafje, - baffesfer lefiqaellesellesfoiupofecsf.i 12.
préfient a venir& f 44 'Colofife £Egypte comment fut bajlypaf.
- -

Cérémonies faites parler Nymphes & plufieurs omriers qui fans cemmunL-
par Venus mefme, auteur du tombeau quer ivnkf autre, rencontrent fit h eu¬
ft Adonkf. "'- ! - -- 119.& i$o' reufement que tom leurs ouurage s fee
Cérémonies anciennes & plus célèbres ' rapportèrentf. , y fi/-. 17
, rapportées &* comparées k Celle de P olia ' Combat de î amour auec les appréhenfions
foi - jj de quelque rn4lheur,dans le cnur de P 0-
.

Chaïfne fort longue &néantmoins toute . lia}'. . 140


d'vne pièce fansfoudùref. _ -72 C'ommoditexjju 'apportefit'Agriculture foL

Çhangemens arriucxji desfillespour auoir 6<$.&6 Y'" -* :

fufl'amourf. 14$ Comparaifion des Membres &qualite%J.u,


Chapelet defleurs pofeyfurla tefte fie Po- corps humain aux parties de -quelque ri-
. liphile par Polia , en fegne d'amitié cheedtfikefi. _" 16
fol. -y-- xlS3 Comparaifion du Limaçon qui en marchât
Chariots triomphans i amour y oufies plus recognait le chemin auecfies cornes,&
fignaUesvifiîoires fie proutient peintes de celuy qui va taftonnat au milieu des
. .f.$l.fi.<)4..ft.&fei. y" ténèhresf. -, y Y 19
Charmes de Cirçé vaincuspar le M oly de Comparaifen du Cheual de Troye remply
Mercuref. . - 3 , èennemudefer & éUflammes, auecl'a-
. Çhafife du'cerj'& du Sanglier repréfentèe mour entrant dans vn c f. 51
' fol, m. Comparaifen d'vn Mufecienk l'Archite*
Chemite pierre qui coferue les corps nions âîef. _ J4 -

l en leur entierJors qu'on en fait vn toni- Comparaifion d'vnegoutte de rofeefùr vne.


heauf. o 4YY vafe ame les larmes de.ioye de Polia cou-
çhèual de merueilleufegrandeur r-epréferi- lantesferfesioues vermeillesf. 153
_ttf.fi : .': «-. 7 Comparaison de £appas qui cache ïameçon '

fiurnommè Cheualiinfélicitéf. 8 kvn^voixenchanterejfef. 2.6^5


Cheueux de médufefieruans de degrés en Comparaifen d'-vne petite chandelle k vn.
.

vnfuperbe édifice, où/aboucheferuoit de homme de baffe -condition f. l$*


porte f. 5 Comparaifion du Paon qui regarde fes
Cinq cens naturels ' repréfiènti%Jp<w cinq pieds & de l'amant qui fe voyant mal
Nymphesf -.-*- ...... 24 veftufeiugeindignedeferuirvneDa-
Clymenecouertieen arbre repréfentèef. 16 mtf. ', $t-.&^,
Cognoififanct de la Diuinitéfie diminue, Comparaifen du poiffon pris à ïhameçon
plus elle, monte en haut '& demeure en , auec celuy qui amoureux laijprauir fon
finfans rien veoirf. 44 cur k vne beautéf. .' *$*
ÇolommscaneUesk quelle occafion mm- Condition miferable des amansf. x
TABLE*
Compares de Cupidori nommées felUeur plyf. %
naturel fol. "8 Dieux marins rapporte^ tous de fe'itte i
Cofifientemeénourrituredeiamourf. 140 ïhommage rendu kCupidonfefi^ 10I
Continence dcPoliphiU k Uveuéde. cinq Difficulté de vaincre vn ceuropiniaftrek
Nymphes m'es f. ^ vnefiaùffè imprefiion f. \fè. _ .

XaCorniche en vn baftiment c'eft Uder- fiDinocrates pïopofiavn merueiUeux defiein-,


- niere partie desmoulures fi. 16 a-AlexanârepqurlaftruUureiurnont
Courtifâneiafeiue & bien parée nayfve* Athosfi ^ ''"-, '- Ê "'
fnentdefcritefi.. Y 94. Dircé attachée k la queue d'vn taurtatt '
.

Creufaperdiïépar Enée enfuyant lefeude fauuagepuis changée enfontaine f. 1^


Troyef. 100, Difeours amoureux de Poliphile k Polia--
'.

Cruauté eft vne qualité indigne des belles en luydefcouurantfion affieêlion f. 13$.^
fol. ',,
*34 "'*??;/. , 'fi
la Curiofite'accompagne ordinairement les Dminitéincompréhenfihle^* cogméfieH-..-
/
Danîesy &èefttelle quileplus fiouuent lement defiby-mefimef y 44 ,

- lesfai£l parler , pourfaire quelques de- Dmifton du cercle en vingt fiarts yenfii-,
mandestcommeilfevoidf. ; 130 Y gneef. Il' ; ,- 10^
Çylopera lieu où lesfemmes boyuent pour XaDo£lr'mt& leslettres font néceff'aires -

conceuoir enfansf. 7 7%fi aux ArchiteBesf " - \% ..'* '

Cymes en termes iArckite&ure ,-. ce font ' Douleurs aufiquelles les plaintes font défi¬
les lignes pendantes qui jwt lefrontifi- fenduesfontplus dures kfiupporterf. 136.
pice,& leferment. en trianglef, iéy Dragon efionuaniable deficript&reprè-
Cypariffus tout défiolé <&> prefique mourant fientéfol 'fi ' \ffi
dedueilplaip&febichéMejfééfi, - i!> -, '-". .-

'-',-:.'-..' ' £,/ . * fi -

. .^ - ' ' ' - &'fi. . . .'.:'; ----.


Y . ' 7 Y fMatif-nerepréfiente- ramais
ce< qui eftfi

W\Amesamoùreufiés en nombre infini :'


dâns-fey quéplus gros- au doublé >
; .

*-^- nommées f.
- courbé ou contrefait
6l.(&t62.: .fi 125 fi
Z?rf»<*ë renfermée dans nmt tour rtçoit?< t Egypte a efté autrefois nommèelegrenier«.
-

Iuptter enpluyed 'or f 'fi, <fâ; ~" commun detout le mondefi. ;.'" \f.
Daphné ne pouuant plusfuir tèspourfeites Eléphant feruant de ba<xe k vnepyramiir
q Apollorïeftchangée,,en laurierfyxé fol. ': 7o
Dèftin repréfienté auec toutes fies réuoltt-... C Enfer "reprèfente auec touffes horribles-'
' tionsfi., y"'" 4ï# :
habitansfi.fiy . . ..--87-: ' '

Deffeinfiuperbe de Démocrates propofié k Enchériffemensnefentqu'accejfoimdeU- -

AlexandreleQrandfifi -6 maffe'-d'vn 'ouurage qui eftle prinafd.


ȕ)euife labeur &induftrieipofecen*A,ra-' fiolfi -"-' . 14:
be& en Grec fol. 10. &fenexplica- Entrée, du !peiiïéraufemmeil,&, 'du fer»-] :

tionf. . 4^., meil dans lefonge défieripfefi.- -'


v - i
"Dieu, eftauteurdê tousexcellens oùuraves Enigmes -Hébraïques -, Grecs & -Latins
'&"ff1-rfon ayderiennefiefaitfidkscom- fol. / " J
. ' . »
;* '."/',. . ~ ' :- . -Efitafh-
' , y '. T'ÂBLl'y, , fi'' ,

"Mpitaphe en dialogue ivne femme morte


Figure hyfroglyphiqm: explique^ de cèquï
, ivn regret amoureux fi . 90 concerné la conferuàfion d'vn eftatf. 8 4
Epitaphe trésbeMtel'vne femme quifie tua Figure ayant fept angles "comment fie doit
après auoirparmefgarde'tuéfion mary :' ficompaffèrf. 124.^125
fol. fi" -'fi\/'\ 9^ Figurerondehyéroglyphiquedeladiuimié
Efitaphe trefiexcelleniede deux infortu- qui eft fens commencement & fansfin
fi nexftnïans'f. ' fi. fi
-. cjV fol. , -fi - 44J . -__ '

Esblouiffement amoureuxproûenani de la Figure de la Royne Sémiramis d'éxcefiiue


> préfence inéfféne d'vne nîaiftreffe. -: grandeurpofeefur le mont JSdgiftanfilj

fol: ".,*! ''./.'' ko Figures hyérogliphiques parties ivne rare


Effaiffèureffquffyntable ivne foreft, ££* & excellente innentioh , rapportées w
les incommodite%jj.iiy reçoit Poliphile-' fi mnbonfensf. J
1 ^ ^ -yn-: ~~ <

fol. -
' 7 '''y"'-:' 1 Figures hyérogliphiques- interprétées delà
' ;

'lE gérance perdiiérentrefacilement dans ' Patience f.%\. antres figures interpre-
run cfur amoureux comme'ilfevoid en .- ,tées delà modération éfi nos a£lionsco-*-
y- P oliphile f. fi Y 20 trelaprécipkationfikmefime. 'fi- <

Europe rauie par lupiter defguifié en tom Flefehes différentes d'Amour- & leurs
" \. %e4u,&fesiràiifreres qui la'cherchât" diuers effecîs fi '-'fi Y '' ^138
. ; repréfentegf. ' >y 18 Fleurs toufiours 'floriffantesfansfleftrif
" -

Excufes de Polia ayant a difeourir deuant - ' & eftrefeibie fies au changement dèsfiai-
'desNymphesbien-difentesf.fi' Ï31 fensf. '' '114*
Exhortation kaymerf. 135^^140. Fontaine de laDéeffe'Vénui ,aumilieudé '
* -- y . I Amphithéâtre a Amour f. /"' . 123
Y K ' -. - ' Fontaine comparée ivn menièiUeux &,
- , "

; '" "Y /fi'/ ' ''' aggréable artifice, deferipte fi.


. 106 -,

"O .^&/<? dePrefrnéï& de Philontélera* Fontaine verfiant Ceau fans fin, <& com*-
^ fi contéefol. 100 mentiïfiepmuoitfaire fe 34-^37;
UFélicitéfie marie &conio'mt auec le mi- Y " *. ' - J -

lieuf. 7; 4l.é^4<î- '\ ' 'G'-'.' ':"'-,.


5 Femmes changées enfontaines f. 131' '- . ' Y' * '" -

- Feràniafeftes quifie célèbfioietpar deshom- Généalogie de la race de P àliaf.: \ ï^


* mesmarchansferdes charbons ardans Glayeùx de toutes couleurs, bleus, blancs
"' fol. ' fi' . jj rougesr&iaunesfe 110
Feu &eau?lacée proches Ivn de l'autre, la Gloire du moride auec toutesfestompa- -

fiaueclaraifon comment ilssenpouuôiet " gneseftnayfuement repréfentèe fe 46-


confieruerf. . ',. ' %-j 'Goutteres^qù elles incommoditeifiapportet
"ïeFeueft vnefigure hyéroghphique de l'a- -'' aux murailles des maifens ou ii-^tna -

" mourdiui'nf. '; .Y Y 44 y fol.. fi $9^


"Fertilité de quelques Ifies fort renommée y ' ( ,

pour ce refi efl <& nommées fi. 23 y 7S?" '; -

Figuier portant chacune année fixante Y/ï Abits kfanticfm de toutes ferte»
, ,&dixmmdsdefruiëlf. ""' : xy ***' pour des Nymphes f, 117
y
»T A BLE y
ç H abithonnorable encourage vn amant , JtoydesfVentsf.fi " .^
ikdeficomrirfibnfeukfiamaifitreffeJ.e
. mejfmcaufivn vieil veftcment le défi fil
couragefol. S1 .
fi-HayeouclofturédeïIfte Cythérée ,fer- Y Aritns pleins d^merueiUes, défaitsJ.
'. rméeenpaliffade tète quellefievoid A 40.41.42.^45-'
fol ~ioy laffieveréertch ajfifé en argent aydc aux
fUerbts médecinales de plufieurs fortes, ffemmes ktheure de leur enfantement
. nommées fol. -J foi 58
Herbes propres a. gouurir vne treille ou laffe de î Empereur Né\ton , oufia figure
tonnelle » rapportées <& nommées
. efloit grauceivn prixrineftimablefi 45
fol. 205 'Jeu des efichetsrepréfenté en deux bandes*
jMerbesdediuerfef fortes aimans Cair de 4efei%eDamojfelksfif. 3.9

Umerf. ,-Jfe ? Ieuneffe tnconfi^éréei<&irtfiçRaujfiée des


.

^Herbes médecinales detoutes fortes nom- fiâmes i amour, repréfentèef. 9g


^mées auec cellp^qmfi mangent enpota- feux Triétériquesapluspre'Xjrepréfente^
~ge ou autrement f. * 109 fi^ felonUsmciensf. - yfo
iflerbettes qui aiment le riuagédeuaux lmommoiite%jque nom apportent lespafi
nomniéef. ' ... .m
> . fions que nous embrajfqnsf.
. jjg
^Hermaphrodite de deux corps en *vn in- Inconfiance^n '^moMr -$r <bne ' iniufiwe
" fiant nefut quvnf. rfi - 127 fid'autant qù'elle deftogevn ancien hofte
. Hommes horribles &,tffwyables> repré- - pourfeger vn nouueau venu,<& renon-
fente%J. J37 ce au premier Seigneur,pour obéyrkvn
-Hippodrome eft <wdie4 ou on picque& ?flr'tngerft 5*
dreffelescheuauxfi- y Infortune pitoyable ivnefemme qui en
Hjftqire. effrangefyfitie d'vnefin t^tgiqtfe fipenfianttutr vnferpettita fqntmry ,pi-
<

d'vne DamoyfeTle qui auoit defidaigné teufiementdéficriptenvnfEpitaphe f.-$$


,

plufieursferukeurs en foh ieune aage . Intérieuresparties du corpshumainrepre' ,


'

fifël- ?135 fentéeeuvnmerueiUeux.Çolo^fe.f. .0


fHiftoire rapportant en préemption des fjnuemion ne peut partir du cerueaui'vn
' peres& mères pourleurs enfans k lafa- ignorant, maisfeulement ivnfçaumt .
MedfMobéfi - 131.^ 132 fiol. - * \n
.Hiérogliphe reprt'fjsntant'lesyifloires que Inuenûonprincipah partie deï ArçUtt-
-

: jAmoûrgatgnepartoutfi. ioz éïefi y' '--. .-14

Hjl?$} ù r.fnt re de mort k vie par les Imeptiw.fubtile pour faire -ouurir m*
prières 4e Diane f. ny porte& la fermer fianf la pouffer
K H uylesôdorifcrantes & [confortâmesUe - fol. ' ' 7$ -

fi, diuerfh fortes,nommes f. 35 I nuentiolngénietfe pour faire vne çbaïf


HypfifilefauorabU'aux Grecs leur mon- ne ivne pièce fans foudure f. 7.1
ftre vnefontainepour efteindre leurfoif I mentions belles & admirables pouri'eri'
J0'- fi t . . y richi[fementivniardinf.,%ofi.lPf>
fl ffjuerfeoifamxfiguréçarvn A Sole 10Î.&fui, "
TABLE :->fiM-
IJle~Cythéree pleine S tout esfortes de dé- M àrs battant Adonis repréfente fi 11 $f
lices f, to^.io^.&c. Mdrsfe trouué enchaifhédastn rets aueù
lupiterpourtr aiSi envn diamant, ayant Vénus f. ~- 58^ '

lesGe'ans a fes pieds en vne main la Medufepour auoir rigoureufèment trai-


.

côrneiabondance, <& en l'autre desfia- 6iè ceux quiïaymèienteuftlaface tbu-


?nes,auecl'explia&iondutoutf. 4JY té changée &fefïpoilfut mué en fer~ 4. y'
pensfi. , ^. 'y - 140 ; . ' - |A
X y * "- Membre viril appettffigne 'Itypkâïïe ' " __ '" ' *<

'"' . foi ' ", . - ' "120 '''. ' "*" . /


Yfi Abyrinthe figuréppurrepréfenterles le MiUeMeft-accompagné defélicitef. 41*- .

réuolution? & contraintes nécefii- & 46


- texjdudeftinffi. - 42 Miracles anciens iu mondé compare^ ' \fi'
Lafiitude d& Poliphile eftendu fem <pn filapyramidereprefienteef.fi j^frGfi :
chefihefi 3 M oly de Mercure remède contré les char- - . '
LédâpourtraiSle en fion accouchement de mesdfCircéf. ,-jy .

Çaftor&Poïïùx.&fikHMèneffiïfftaMoifionfg^
Léandre &Hért rk quelle'heure fe fiepa-fi pitsfi.fi ' -66
rgymtt?'quitt oient leurs amoureux le Monde'repri'femé-par'vn- coffre on ily '<

exercices f. "'. 1 a deux portes au deuant , par ou entret-


-Lettre de Poliphile k Polia ^ ne pouuant -* 0*fertené des hommes quifigurent no* -'Y
parler'k elle,pour luy d\feoumii'fon afifie- ftnnaijfence,& noftre-mort f..- 9^
'éîionf;'- . Î48 le M ont Taurusk'ûne merueilleufe eften-
Leucatyetuéeparfen propreféfeeftcon- due dwcofté du Septentrion fi. 23 :

uertte en arbre f. ï6 M ort de Poliphile càufiee par les rigueurs


' Lime diagênale que c'eft f. ' 4.^5 y de Poliafi- 134 ..- ,

Lieu délicieux & plein de toutes fertes de la-M ort auec toutesfies quklifezfeyerogli--
plaifirsjeferit fi \ 67 phiquement repréfentèe fi 9*4-
Louanges ffivne beauté'rare -&trèfeèx- M ufiqueharmonieufede la Royne Eleu-- . Y
cellentefefi '* 4$.&$z thériUdef^ 34.35.^119 fi
Louanges d'vne fiage fille fi fi l$9 la Mufiquek beaucoup de pouuoir ferles-
Loup rencontré en chemin eft remarqué ames,ainfi qu'ilfevoidfe- 39 »
pqur mauuakpréfage ffi 19 Mymphurius excellent voltigeur,faifoitfi
. desfautsfiadmirables, quifiont fe- 35; y '-,

' - Mfi' '''-'/" ' ' :- '

; '

^/T:Aladies e's corps humains nuiffent ',,


'" '-'^
;'-..,-.
'

**-*' deladifcordancedesqualite%fainfefi'^^A^fam:èt^tmortdeshommesrii. s
ésbaft'imensfiitoutesles parties ne fierap- ^*firéfent{e en deux pertes fe-- 99
portentlaruinelesfimtf.- 16" ' N-aiffancedeïamouridnslexmufdt P'o-
M'.irsreprèfientéfious le nom'ivn furieux x liphile,nayfuementrepréfentée^tuecles Y,
gendarme accompagné'de toMeslesmar-- craintes qu H efeneutfîU ^racontée
.

y quçs dewleun fi. - '".."'"" 117 fi fi *.}$». .. "

Mr | '_--.
T'Ai LE
^apjesdefeyfverteammfm, enrichies 'oyfeaux de rimen de toutes fertes norru
d'or & de pierreries fi 34 ^e%^J- . 2t
U Nature ne s'efiouitpasfi fort enUper- O)féaux chuntammelodieufiemmt^q^
-

r- ception des délices , quelle a de regret ^ fe noumfftent ordinairement en cage y


. quand elle vient k les perdre f.
147 . pourcereftefii^ommèx.fi: :ig
fiNaturé de ïamoUr repréfentèe folfi loi. , .."""
, & 102 "
< P
NecepifminfigneÙ*trèfeexcellent Ma- * -' .,
. tthèmaticienf. 69 feB Aixhiérogliphîquement repréftn:
Neptune repréfenté auec fiok chariot & - tée auec l'heur quelle apporte f. fy-
touiefionhumidefiuittefi. I.or P aliffedes très-belles platées attx deux. co- .

jtficomedes Roy des Gradient deffedit toits fte^ivnfieuue,repréfentèes-jol. u0<


l; les biens de fes peuples pour acheter la
-, &\\\
1 Vénus de Prkxitelesf. , 21 Palmepourquoyfigmfie'Viêîoiref. 3

NoniusSénateurRopriaiahanrfiipourfune^ Valmiers combiendecommodiie%Jappor-


\ -, richepierre fi Y-, .45 toyent atfX Egyptiens fi. 3

- .nourriture ordinaire dontfepaiffeM lésa- P'anthéon grand çemple k Rome-., enrichi


\. . mansfi . ' i/r6.$ 'i^n beaapoftdl par Marc Agripft
... G "i :/^., - '. ^ ', iy ' '

A ,--/7\ Bèlifquesdu, Vatican k Rome, d'A- Parfums diuers hrufans. dans U chamhre
*Y^r lexandrie & de Bsthylone feules , de la Royne fi * ; 3J .' , .

- plus admirables du monde fi fi 5 Pdrodrtmmé. eft vnlieukfepromener


-Obélifque que ceftf. ' 4-^5 ,./<?/ : 7 .

- ÎOccafioningémeufement deficripte fi 5 Partsm ttfferrMant à vn tapis de Tur-


Dignement mettant kicsHuredonnéàpo- cfMt.fi 112
x - liphilepar les Nymphes f. 28 Pamir®femé de, Rheuharbs £^ de cannes
t Oriice noire khdeuriencens cfùand elle tefikzcvë fo. 114
Y -eft frottée fi ,,, £1 - P'afiphàe'peyffh ivne plufqne léfordon-
fophite eft vne pierre fîfroids quelle nefie tme voluptéfiefioufenet à vn toreau cou-
.-

peut aucunement ëfichatîfferfi 45 -tserte de la forme ivne/vache, voyh


.

î'Or eftle poifion delà vertu ,<&le mortel ..fub lefi. --.' iî
1 yenindelapaixfi. .55 "P agence, hyérogliphiquement, repréficntle
OraifenklaDéeffeyénmf.^yZ.&yf fol. ' %i
OraifonfiaiBe aux Grâces f. yy ' laPatiencelaquelle ne s enflamme iam<M
ÏOraifitn doit eftre noftve vnique remède de courroux, ny neflefichit en aduerfte
x

; , ennosafifiiSlionsf. ,2 fiycqmrnent fie peut hyérogliphiquement


-

.prchemene ville où logentlesGracës,pres reprèfienter fi. 4f


' Je lafontaine Acidalef. - , 77 ;P,aué excellet du temple de fortune a P ri-
. . '

-Outrecuidance de plufieurs purin pourri a- nefte fi" Y . yï>


;. voir affe%refj>eéîé les Dieuxfi' , 64 ..Perplexité de Poliphile: enrichie de plu*
pOuuragjfmerueiUeux desplusgrads Ar- fieurstriftes plaintes quilftaifynofent
ëjkeilesdeXamiqétér.àpporte%J.v] deficouurirfaftammef.fi 64 '
Y " ' ^
:t;
'
at ByLr.'E v " -
;
-- -
::
Perfeuérahce <vtile &nècë(fairè en amour gui defin enfeigneordinaire,&feftayi
f0fi \ , I4P des payfensk coups de fioles fi. 6$
JPerfeuerance eft difficile en amour qui Prières amoureufes pour efinouuoir; fit ,

fi" n'eft pas réciproque, mais aufii d'autant maiftreffe àpitiéf. 148.149^150 '
^ plus louable fi' '" y 145 -Prierede Poliphile enfenjfril fi ...
- 2
-perfice couppelateftek Méâufi f. 57 Prière de P oliphile kla Prieufe du temple
j> erte repréfentèe efi lafigure quifie vaid deVénmf. 144>

. foif fir * "--.,- 9 h Printemps figuré'par Venus & Cupido -.

petorifis^and Apologue fi 69 fenfils, accompaigne%fte toutes leurs


«phrynêlaficiuepaillarde nefélit efehaufer marques & -erfeignes f. . 6\ -

Ufroid Xénocratesf.- \ : " 49 Promptitude modérée prompte tardi* &


' Pierres de prix excefiif admirées par les -.uetérepréfientéesm'v.n iabkayfol. 43,
anciens & tenuespour incomparables & 46" .Y
f0l 77. -:.- 4J" Proferpine rame par Pluton en cueillant
fiPlainteépitoyabyàe Polia fevoyant en desfleursfe voidfi .^ .100 _ _

exireme danger de mort ^ fi


13'f Prudence, militaire hyérogliphtquement
Plaintèsdu Ropgmten fien ramage '.- ~. repréfintée,&de bien qu'elle çaufief. 8y
£,/_ Y i^4 Pfiammetiche Roy i Egyptefit vnfuperbe
:.

. plainBes amoureufes Poliphile pour de . re^fe auRoy Apisf.fi Y72. 7 -'-

' n'eftreiouyffans défies dtÇtrs fi 103 fipfichéfemroum en, vne mgotffe extre-
' .plancher defiaiïefrèf riche &< trèfingé-- w? ayant perdu fen amoureux Cupi-
'nièufiememélàbouréfi - ?§" «&»/ ... '7 y '. - ; 1*
Poliafief4i6îrecognoiftre kP-olipUe puiffanceiAmompronuee par vne in-
' fol. .'"'-" '.' 7$ .infinité de. valeureux effieôis fi. . 138
'Poliandrion,tombeau de plufieurs amans : punition cruelle des belles rebelles kÏA"
''morts îferceiamow f. '. «î «ww/' . - 7 - . 13^
Po/i;i?/fe »wi* <f -v» <^#«V amoureux, PyropecdepierreThebayque.fi. -| .

refufcite entre les bras de Polia fi 141 v v - " ^

fe Porphivemk au(fat auec'd'autres pitr- y-, :{. -^ - Y -

' tes pour faire de la chaux ne fe dut y / , r .

point &empefeheles autres decuire,- ÇXYalite^decelles qui mefifrifient h


' eft hyéroglyphe de patience fi,
' 4J ^-4 monde cherchamHagloire de DieU
P ormU(admirable ftfutture repréfienté : fol [ fi ^ -y 47
-. m . .'. ' 12.13 QMalite>xJvnvray amant&'ivne ama-
' Pbttrtrak. la Déeffe Venus
de fi
119 ' te re^éfentéesfians les noms- de quelques
powtraitt du iugemeni de Park,dotmant Nymphes fi. 4§-^ «7 _ '

"'Upommeiorfvenmfi :'/. ^ Qualite^çontraires de l'amour repréfen-


pouriraM ivne riche & fuperbefontai- . têes enpourtraiï &. en deuifiefi 58 ,

ner -fi,_ .. 29 Quels doyuent eftre ceux qui &''vn.cur


' prèfompùeufes amours-& trop inégales ambitieuxfuguent les honneurs du mo- '

: punies, voy les exemples fi 52Y de,&fteqms accompagner fi. .. 47 <

Priapmruftique gardien des iardins mar- , ^&fi lf


t: a^ b* L E ,
.H?'" . Sacrifice de S'atyresrepréfentéf. ï£t,
Sacrifices i amour repréfente%^fiol,
Aifms»dè deux coudées - de lortg&>** & Jfi fi ' _- y .".
. fi ' - '-

* naiffansfurlemontfiTaurusfi 23; Saphir Orienialaymé de Cvpidûn'^Uanà


la Raifen quitte Poliphile la volonté de- il eftporté k la maingauche fe ^
meurantvainquereffedefioncoeurpour Satyre Architecte anciennemétfort eftjm
Uyfairefuyurel'amour fi. 48- me fol. ^
Regrets de Poliphilefevoyant proche ie- Sauts admirables ivnnommi Mimphu»
filre .1/ '^. L..l'^.J.T3Ji'j
a. déuorè&rnourir^ab fient de Potia '
ri-us fol.'.- ^ ... ta
.fol. i-, fi9 Sauffes trèfiexquifes pour vn chappon,.
le Regret ieftreprimé de ht chofe aymee eft pour- vneperdrix ,&pour vn Faifen, .
... fans comparaifonplwgrand que le plàfr
fîrdel'auoirkfiouhattf. 147 -h Scorpion?eft le plus vil&
plm difforme
Regulus courageux endura dans carthage desfignes du xpdiaquefi ft-
^"ieftre roulé dedans vn tanneaupar.de- fi Sculpteurstrèfexcellensqtfe Camiqmék-
danstoutheriffedecloudsffi.fi 54 - admire-xjiomme%^h- -
. \Ç-

Religieufie &fainftevie repréfentèe en-? Styïïes figurées demy femmes <& demi
la porte, jnfcriptei', Gloire de Die» pyijfons fi " fi i6>
foi. " 46 Secound'Ariadne approprié ktouteayée*
Remerciement de Poliphile aux Nym- - qu'on refait en lieu dangereux & ie ,
phesqui le rèçcurent f. . 2-4 difficilefortfiie fi- " 2^
Remonftrancrfaifle k Polia par fit nom* Setnelifut trompée parla Déeffe lùnon
ricepourtinduirekvtymerf.fi 13S- defguifecfih vieille /i - 23.
Renommée dépeinte auviffi. 46 Semelébrufléedufoudre de. lupiter pour*
RenouueUementd'i/ne affie&ionià comme traiéîe fiur Ainchariôt fi, 59
perduefifi , . 145-; Sérapisfgurè'de la fitfon que les Egy¬
Rhombe en termèïi Architecture eft V ptiens tadoroientf. . 120
neforme de t orange fi ~- 12 Silen'ite de Perfie nepeut eftre eniaméfar
Rigueurs implacables de Polia enuers P<5- la lime,& plaift k Cupidon,pmrcefitiil
Hphilef. 154 maintient enfanté ceux qui leportent
Riuage délicieux ivn ruiffeau entouréde furfibyfol,
-. 91
belles paliffdes,defcriptesf... 150 ' hSoïeil reprefenfe la diuinitè en ce qu'il
Riuiere daire &*. aggréable k meruèiÏÏes crée parfiafumiere conferue &ilhmi-
~. entourée dé toutes délicieufies herbes ne toutes chofes , fi 44
fe** v 110 S ommeil enfermé dans la boe'te de Pfcbi
Rudtffè. d'vne ddmecomhawepar vnlog de crainte quelleauoit qu'il la laiffaft
* difiçoms,pour l'amener Ipitié- fol. , * 154
/?'*- , - 134 Songe-effroyable de'P'olia, qui lafit coude- -
* £ , defcendre k aymerf . 137.6?. 138'
' ; Souliers conuertis en pierre dans wn tom--
.QAcrifîcèfdft à :Piiape gardien dés , beauf. ' 54
^ififdfnsfi: 6§ ... Saurii-blanche remarquée pour t ht J
TÂBL7E - y
augure f. ;_:_- 2,0 lequel leurs mîferesfintèferitesfolfififi
guperfluitej^anciennes comparées À celles _. d'vn ieune homme mort de regret voyat Y

delaRoynefi , 3^ famaiftrefife mariée kvn autrej oh pj.


Syrinçue muée en rofeau pour auoir mefi d'vnevefuequi s enterra viue auecfort
frifctaffe£lianduI>ieu.Pan,folio. fimarymortfi94^ivntobeaudedeux
145 . amans morts enfemble, couuert de hyé-
* roglyphesfd. 94,-iivnefemme qui en
., ''. "T vn ferpent auoit tué fon
penfeant tuer
,-,.'.. ' N ; maryfol. 9}. ivn ieune homme mort
pTt' Ables trèferiches & fièvn poix ex- en tombant de fen cheual pour auoir
** cefiffi 34 -voulu lefaire bondir en préfence de fà
Télofte Royne Préfidantiaux douteux & .maiftrejfe fi 96.de la Royne. Arte*
incertainsfucce%jles affaires mondai-. mifetrefeexce^ent&*treferichef.9y.
nés repréfentèe ingénieufement ^ ivn mary tue auec fia femme la nuiâî
fol. 40 Aefiesnopcesparla cheute de la maifen
Temple de Vénus trefriche & tref-ex^ fol.9%. ivnefemme qui efmèué ivne
cellentenouuragesfi éS.&éç ialoufefureur s'ëftoit tuée fi ,99
. Temple de\Pluton ou eftayent autour les Tombeaudubel Adonisf. 128
tombeaux de ceux que Camourjtuokfait -Topafie de WRoyne Arfinoëvantéepar
r mourir f. -$1. les anciens fur toutes autrespierres
Tempsrepréfeentéenvnrâance d'hommes foi -4$ y

<&defiemmes de diuers vifeges fi 8 Trahifon iEnphile qui pour vn collier


Tefte dé Médufefiurieufemcntrepréfen- .enfeignafin mary Amphiarausfi^o
téefi ; fi fi ' $ le Trauail eft père de l'honneur & de U "
Timothèe Muficienfit armer &' défiar- , grande réputation f. . -. \ 46"
mer les feldatsi Alexandre envariant Tràuauxfent lespreuues qui font foy de
lesaccensdefiavoix. -' v noftre confiance &
enfemble la forti- '^\j
. "f<imbeau ivn homme enrichy defigures, fient fi Hf
Deuifies , & Enigme.fioL 10. ivne Treftéau tréfiexcellent fait en forme de
femme enrichy demefime fol. n. ivne -trépiedpour feuftenir vne tablt\fi .$4
Laodie.qui ri'auoit'point voulu fie laifi- Trinité trèfi-haute & treffaihSîe hyéro-
_

ferefichauffer des Flammes-d'amour fi gliphiquement repréfentèe, auec vnlog


ffî.ivnePuceiïequi^enimitant Di- difeours immmprèhenfiible Diuinitê
don s'ëftoit elle mefme meurtrie folio foL '. y -44
%9.ivn tombeau contenant quelques Triomphe.fuperbe.de Cupidon deferiptatt
ordonnances de dernière volonté , tou- " longfi. 120. &lil
chant lesfiunérailles de U déffunéfe'foL Triomphes notables des anciens, celuy de
89. d'vne Volerie enrichy de plufieurs . ' Bacchus de Scypion ÏAphrkain & du
perfionnages fi. 90. 'ivneNéuiemor- grand Pompée fi. $6
te de reo-retde ne pouuoir iouyr de fies Triomphe de Vertumnm&fiâePomom --.

amours,amcvnEpitaphe en Dialogue fioU ô^.&ôé


f0L9.de'deux infortuneXjA.mans<ifur - - fiRr iïtj - * * ' .'

^^PP
; -M TABLÉ-
Trophées èflèkules ^poHè^farfivne 'Yénifs efigratignéekvne rofe en voulant-
* Nymphe aubo/t defataée/auec d'au- fifecourirÀdonufi- fi '' .-. ^

' néfaiefsmïhonneurdè. Cufiionfin^ -. Versrepréfientanslesplamés^\es^nys


&> U6' ' -y ' "- " ' ' queçaùfièïamour fe.. Y-- Y -jz_
*. Troihéesifivne bataillé naualé repréfien- Vefiue enterrée vefue auec fen mary mort
Ite-kfi-ffi -',."' "79 depeurdeluyfiuruiurefi ;y
'TrQphees&vitt-oirèsdé Iules téfarhyé- fiande préfieruatiue du poy%on & de U *

':nglyphiquementrepréfentèesfe 85 mélancholie fi '- ^ y


Trophées repréfentex, par toutes' fiertés ^ V'Moirefimrquoy repréfentèe par Up^' <

'' i inftrumens deguerre tant anciens que mefol. ,-.', ' ^ " , _

modernes- " fi ' fi


16 '-fa Viïïoiréeft moindre quandïénnerny eft
' leTybreiadk referré- entre faux jnurail- vaincufiansrèfeSlanctfi. --.--'-' ^ . .

- * tes far l'Empereur libère f.' Y HQ * Vieillard hjideux, <& en toutfi&partout


fileTymohougouuernailrepréfentélafea- * mal plaifiant, défiaipt fi 7 r -Y. 139
geffeinû nie qui régit tout le monde trois Vies différentes repréfentees eh tro'u
* foi. '"-.'' ' '"" ' 4-4 portes& au long expliquées fi 4.6, ^y, ~

[îèTymon'eftle plandu triangle quifaifit ' &*48. ' 7, Y' *- "- ^ '

Ùfront iftice d'vn portail fi iÇ: .Voix plaignante "fi. corhme ihjn femme ,

""'fi:^ " ."- y "* Y ' " '; ' malade,fertaûi ivn Colàffe de bronx$ ' '

î---
{ .
' " '
7.
''# Y.
' -y''.'.--':
. ,
"y' '/^y'-7:'
Voix
-i '. 7v\':!;':' ^>
merueiUeufement rduiffante , &'
'ffi A iffeau de mer de diuerfesfortesfer-
comment Poliphile enfut charméf. %.
' uansk vne bataille nauale fi in.' V<dupte%file ['amour'çombienpeu durables:
fi Vanité des chofes mondaines- repréfentèe Çfe* pleines d'incommodité f. 4%
par la comparaifen d'<tmebulled*eaU,k la ~ ' -' ..vfifi -V"--Y'--'V-Y
gloire de cefiecle fi 7 "... c "41 Y-, * Z: ' . * - ".

~ Vafe de parfums trèfi-exquif, enrichi, de : >'-,',''.


fi: belles inuentio$s f.< . ty.&tf r7Ensdorwféit: anciennement de ram.
VénmfernommxPJft-ophorefefi ï<Ç>fi^JfiouuragesénPergamêfi. " -72 -y
làVénirtdePraxiteMsfutfi^ LucinèDéeffes ihuoqûéeikk
fi., génièufemeni pèUrtraiffecfmfte rendit fi confommationdes mariages fi. i}i . '

d^hommes amoureuxfi '' -*-2f"','.7 *,""' ""'-'""", -, 'i1' y; '

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