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RT ET SCOLASTIQUE
A.R JACQUES MARITAIN
LA LIBRAIRIE DE L'ART CATHOLIQUE
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LES SCOLASTIQUES
ET LA THÉORIE DE L'ART
II
III
LE FAIRE ET L'AGIR
nationale.
L'œuvre d'art a été pensée avant d'être faite,
elle a été pétrie et préparée, formée, couvée,
mûrie dans une raison avant de passer dans la
matière. Et là elle gardera toujours la couleur et
,1a saveur de l'esprit. ^Son èXèmeni formel, ce qui
la constitue dans son espèce et la fait ce qu'elle
est, c'est sa régulation par l'intelligence +. Pour
peu que diminue cet élément formel, pour autant
se dissipe la réahté de l'art. Uœiwrcj à faircj
n'est que la matière de l'art, sa forme est la
lo ART ET SCOLASTIQUE
droitcj? raison. Recta ratio Jact'ibdiuni, disons, pour
essayer de rendre en français cette forte défini-
tion aristotélicienne et scolastique, que l'art est
la ?roitej> déductioitj ded œiared à faire >.
IV
1 —
L'art est avant tout d'ordre intellectuel,
son action consiste à imprimer une idée dans une
matière c'est donc dans l'intelligence de Yartifex
:
VI
iialae.
VII
LA PURETÉ DE L'ART
valeur d'unii'erjalUé.
Ce qui fait la pureté du vrai classique, c'est
une subordination telle de la matière à la lumière
de la forme ainsi manifestée, qu'aucun élément
matériel provenant des choses ou du sujet ne soit
admis dans l'œuvre qui ne soit pas strictement
req\us comme support ou comme véhicule de cette
AiRT ET SCOLASTIQUE 83
ART CHRÉTIEN
Ne
tentez pas cette entreprise vaine et haïs-
sable de dissocier en vous l'artiste et le chré-
tien. sont un, si vous êlcéU vraiment chrétien,
Ils
et sivotre art n'est pas isolé de votre âme par
quelque système esthétique. Mais appliquez seul
l'artiste à l'ouvrage précisément parce qu'ils
;
ART ET MORALITÉ
cuLil>cliuiii).
« Vraj'ement je le n_ye
Que légistes ou decretistes
Sojrent plus sages que les artistes. »
p. 259.)
9
i3o ART ET SCOLASTIQUE
l'artmoderne, depuis sa rupture avec les métiers, tende à
sa manière à la même revendication d'indépendance abso-
lue, à aééilé, que la philosophie moderne.
cap. oi.
48. Ihld.
veaux différents »
si vague, si obscur
soit-il, doit nécessairement, semble-t-il,
accoiupagncf^ la perception du beau, elle n'en est pas le
constitutit formel la splendeur elle-même ou la lumière
;
Thomas, —
que dans la perception du beau l'intelligence
est, jjat"' LeJ inoyeihj deJ> L'iiituilioiv ,ren<)ibleJ> eilcJ-inêine,
mise en présence d'une intelligibilité qui resplendit (et qui
dérive en dernière analyse, comme toute intelligibilité, de
l'intelligibilité première des Idées di^^nes), mais qui en tant
même quelle donne la joie du beau, n'est pas dégageable
ni séparable de sa gangue sensible, et par suite ne procure
pas une connaissance intellectuelle actuellement exprimable
en un concept. Contemplant l'objet dans l'intuition que le
sens en a, l'intelligence jouit d'une présence, elle jouit de
la présence rayonnante d'un intelligible qui ne se révèle
pas lui-même à ses 3'eux tel qu'il est. Se détourne-t-elle
du sens pour abstraire et raisonner, elle se détourne de sa
joie, et perd contact avec ce rayonnement. On comprend
par là que 1 intelligence ne songe pas —
sinon après coup
-
et réflexivement —
à abstraire "du singulier sensible en la
contemplation duquel elle est fixée les raisons intelligibles
de sa joie, on comprend aussi que le beau soit un merv^l-
leux Ioniques de 1 intelligence, et pourtant ne développe
point sa force d'abstraction ni de raisonnement et que la ;
i54 ART ET SCOLASTIQUE
perception du beau s'accompagne de ce curieux sentiment
de plénitude intellectuelle par lequel il nous semble être
gonflés d'une connaissance supérieure de l'objet contemplé,
et qui cependant nous laisse impuissants à l'exprimer et à le
posséder par nos idées, et à faire œuvre de science a son
sujet. Ainsi la Musique nous fait jouir de l'être, comme
les autres arts d'ailleurs mais elle ne nous le fait pas
;
81. « Ut animus
a rébus ipsis distincte cogitandis dis-
pensetur, nec ideo minus omnia recte proveniant. » Gerh.,
Phil., VII.
82. Sum. theol., I-II, q. 5i, a. 1.
Zu erllnden, zu beschhessen
Bleibe Kiinstler oft allein
;
côté gauche... Tout est par à peu près dans cet art cepen-
dant très voulu, mais peu exigeant en correction. Peut-être
est-ce k cette innocence de facture que la sincérité et le
naturel de cette architecl"ure doivent de rester si pleins de
charme... » (A. Vaillant, op. cil., p. 119 et p. 364). Le
même auteur fait remarquer qu'à cette époque les projets
de construction ne pouvant se faire sur papier comme de
nos jours, et le seul subjectile dont on disposait étant le
vélin rare et coûteux, qu'on ménageait et qu'on lavait pour
s'en resservir, c'est « par le modèle réduit, principalement,
qu'on se représentait l'œuvre projetée dans ses éléments
essentiels. On ne s'inquiétait des détails qu au moment où
ils devaient prendre forme, quand on avait l'exacte con-
quaolioneA) de^'ita.)
quait Rodin dans une heureuse formule, que oVfL^ œil ente
ôiW ^oiu ccean lit profondément dans le sein de la Nature. »
(Kodin, Entretiens réunis par Paul Gsell, Paris, Grasset,
1911.)
125. Baudelaire, CurioéiléiU eàlhétique^ (Le Musée
Bonne-Nouvelle.)
— Les considérations que nous présentons dans le texte
permettent d'accorder entre elles deux séries d expressions,
contradicdoires en apparence, qu'on trouve employées
par les artistes.
Gauguin et Maurice Denis, artistes réfléchis et très
conscients, — et combien d'autres dans la « jeune école » !
pris de tous les gens qui ont comparé entre elles les manières de
dessiner des principaux maîtres en disant que le dessin de
M. Ingres est le dessin d'un homme à système. Il croit que la
nature doit être corrigée, amendée que la tricherie heureuse,
;
(Curioôitéiu côtbéti^tieo.)
NOTES iSg
delles voler et se poser sur les fers peints qui étaient figu-
rés sur les fenêtres des édifices. » « Un peintre fait un
tableau et quiconque le voit, aussitôt bâille et cela a lieu ;
chaque fois que l'œil se fixe sur la peinture, qui a été faite
à ce dessein. » (Texteoj chouHOj publiés par Péladan, §§ ZSj,
362. 363.)
Grâce au ciel, Léonard vivait la peinture autrement qu'il
ne la pensait, bien qu'avec lui « s'établisse définitivement
l'esthétique de la Renaissance, l' expre^ioiu j)anLeJ> ^ujel » '
est contre nature, j'ajoute aussitôt que cela est plus haut
que natvire je dis que c'est un coup hardi du maître qui
;
émotions).
Cette petite querelle que nous cherchons à M. Maurice
Denis ne nous fait pas méconnaître la profondeur et la
vérité de bien des idées développées par lui dans ses
remarquables articles. En particulier on ne saurait trop
insister sur l'importance de ce principe très simple, mais
bien souvent oublié depuis la Renaissance, et dont il a fait
un des leit-motiv de sa doctrine, que l'expreMio/v danAj
L'aria jjroK'lenuj dej> L'œu^'reJ inèmcJ eu/ dcAj moyeiiAj
employée, euj iioii^ jjatu du ^ujeu> représenté. La méconnais-
sance de ce principe, auquel les imagiers d autrefois
étaient si spontanément fidèles, et auquel leurs œuvres
devaient tant de hardiesse et tant de noblesse à la fois, est
une des causes de la glaciale décrépitude de l'art religieux
moderne.
i68 ART ET SCOLASTIQUE
i35. LettreAj dej> Alarie-CharleAj Dulac, Bloud, 1906;
lettredu 6 février 1896.
134. Il n'y a pas d'école où l'on apprenne l'art chrétien
au sens où nous avons défini ici « art chrétien » Il peut .
quoi je prie c'est que tout ce qui est beau soit ramené à
:
son corps a été, dès le début, nu, hvré aux bêtes puis des
;
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I. Les Scolastiq.ues et la théorie de l'art i
V. L'Art et la Beauté 3i
L'Art et la Logique 70
Habileté manuelle et science jZ
L'imitation dans l'art 76
La thèse et l'émotion dans l'art ... 89
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