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Organisation Industrielle

Chapitre 1 : Introduction

Master 1 – Université Lyon 2


Laurent Granier

- Année 2011/2012 -
Définition de l’économie
industrielle

  « Etude de la structure des entreprises et des


marchés, ainsi que de leurs interactions »
Carlton et Perloff (1998) :
  Analyse des comportements et stratégies des entreprises et
de la concurrence sur les marchés

  L’économie industrielle s’intéresse aussi à la


régulation des marchés et à l’organisation
interne des entreprises.
A quoi sert l’économie
industrielle ?
  Aide à la décision privée et à la stratégie
d’entreprise :
  Quelle politique tarifaire ? Quel positionnement de ses
produits ? Comment entrer ou se maintenir sur un
marché…?

  Aide à la décision publique et aux politiques


publiques :
  Politique de la concurrence, politique industrielle, politique
d’aménagement du territoire…
Politique de la concurrence

  Deux grands volets :


  Contrôle des structures
•  Fusions ou rachats d’entreprises
  Contrôle des comportements
•  Accords et pratiques concertées entre entreprises :
Ententes, alliances…
•  Pratiques d’entreprises en position dominante
Prix, clauses contractuelles avec fournisseurs, clients, …

  Et au niveau de l’Europe :
  Contrôle des aides d’Etat
Politique industrielle

  « La politique industrielle communautaire vise à favoriser la


mise en place d’un environnement propice à l’initiative, au
développement des entreprises dans la Communauté
européenne, à la coopération industrielle et vise à améliorer
l’exploitation du potentiel industriel des politiques
d’innovation, de recherche et de développement
technologique » Commission européenne

  Une politique multidimensionnelle intégrant :


  Les politiques commerciales, les aides d’Etat, la politique de la
concurrence, les politiques technologiques ou d’innovation et de
formation
Historique
 Globalement 3 vagues :
  Ecole de Harvard
  Ecole de Chicago
  Nouvelle Economie Industrielle

 A la fin du XXème siècle, vote d’une loi


« antitrust » (politique de la concurrence) aux USA
(Sherman Act de 1890) :
Préservation de la concurrence sur les marchés et en particulier lutte
contre les ententes. La politique de la concurrence cherche aussi à lutter
contre les tentatives de « monopolisation » (ou d’abus de position
dominante)
Ecole de Harvard

Domination des approches empiriques jusque dans les


années 60-70 : Ecole de Harvard : Chamberlin, Bain,
Mason :
Cherche à déterminer si on peut inférer qu’un comportement est
illégal à partir de certaines caractéristiques des entreprises (ex :
taille des entreprises)
  « Informal Stories », études de cas, intuitions
  profit = fonction (concentration, barrière à
l’entrée…)
  paradigme Structure (de marché) - Comportements
(stratégiques) - Performances
Ecole de Harvard

Le paradigme Structure, Comportement, Performance


SCP

Un paradigme est un système de représentation du monde, un modèle de pensée

La structure de marché (nb vendeurs, différenciation, coûts…) influence le


comportement des entreprises (prix, investissements…), ce qui détermine la
performance du marché (efficacité, variété…)
Structure – Comportement -
Performance
  Structure de marché :
  Nombre de firmes
  Concentration de l’industrie
  Conditions technologiques / de coûts
  Conditions de demande
  Facilité d’entrée / sortie
  Comportement :
  Pricing
  Publicité
  R&D
  Activité de M&A
  Comportements prédateurs
  Performance :
  Profitabilité
  Surplus du consommateur
  Bien-être collectif
Comment évaluer ces trois
éléments ?
  Structure :
  Concentration par des indices (ex : HHI Indice Herfindahl-
Hirschman : 10000 * somme des carrés des parts de marché)
  Mais pas suffisant (définition du marché géographique,
différenciation des produits…)
  Conditions d’entrée sur le marché (K requis, brevets, droits
d’auteur, économie d’échelle…)

  Comportement :
  Pricing (indice de lerner, markup…)
  M&A (intégrations verticales, concentrations horizontales ou
conglomérales)…

  Performance : ex. indice Dansby-Willig (réaction du


bien-être à l’expansion de la production)
Ecole de Chicago

  Seconde vague dans les années 70 : le paradigme


SCP est remis en cause : pas de confirmation
empirique concluante.
  L’école de Chicago (Posner, Bork, Peltzman, Stigler)
se développe en réaction : comportement,
performance, structure.
  Le mécanisme régulateur est la libre concurrence
entre les entreprises. Peu d’actions sur la structure…
  Mais l’école de Chicago dispose de peu d’outils
nécessaires pour décrire les interactions stratégiques.
Ecole de Chicago

  L’idée est simple : il n’y a pas d’effet de feedback


dans le paradigme SCP.

  Un comportement peut affecter la structure.

  La performance peut affecter le comportement et la


structure.

  La seule appréhension de la structure ne suffit pas.


La Nouvelle Economie
Industrielle
La nouvelle économie industrielle (NEI)
ou « post-chicago » à partir des années
80 :
  Donner des fondements à l’EI en s’appuyant sur la
théorie des jeux

  Recours à la modélisation : propositions théoriques /


tests empiriques

  Structures de marché = fonction (comportements,


performances…)
La Nouvelle Economie
Industrielle
Le paradigme Structure, Comportement, Performance
(SCP) en question

Interactions comportements/structures
Analyse des conflits stratégiques entre les entreprises à l’aide de la théorie
des jeux non-coopératifs. Structure, comportement et performance
s’influencent mutuellement.
Progrès fondamentaux : comportement acteurs en dynamique et asymétries
d’information
La Nouvelle Economie
Industrielle
  Deux approches : Business School et Régulation

  Business School
  Construction des stratégies des firmes : prix, positionnement
des produits, concentrations, prises de participation…
  Analyse des stratégies des firmes : effets sur la concurrence,
pour l’industrie, pour les consommateurs…

  Régulation
  Droit de la concurrence
  Régulation des monopoles (publics ou privés) et secteurs
organisés en réseaux ouverts à la concurrence
Plan du cours

1.  Introduction
2.  Le monopole
3.  La discrimination par les prix
4.  Concurrence et interactions stratégiques
5.  La différenciation horizontale
6.  La différenciation verticale
7.  Barrières à l’entrée
8.  Les relations verticales
9.  Collusion
Références

•  Carlton et Perloff (1998), Economie


Industrielle, Ed. De Boeck

•  Scherer et Ross (1990) Industrial Market


Structure and Economic Performance, Houghton-
Mifflin

•  Tirole (1988), The Theory of Industrial


Organisation, MIT Press
Outils à maîtriser

•  Dérivation d’une fonction

•  Notions sur la concavité et la convexité d’une


fonction

•  Résolution d’un programme de maximisation


(CPO, CSO)

•  Notions de théorie des jeux (non-coopératifs


surtout)
Autre définition

L’économie industrielle moderne consiste à analyser


des situations et des comportements d’entreprises dans
des marchés où le nombre d’offreurs est limité, où le
nombre de demandeurs est souvent élevé (marchés
finals) mais parfois restreint, et où la concurrence entre
acteurs n’est pas la concurrence pure et parfaite parce
que les acteurs y possèdent un degré de contrôle
beaucoup plus élevé.
Le cadre d’analyse

  Concurrence imparfaite : fonctionnement d’un


marché ? Stratégies des firmes ?

  Monopole / Oligopole / Interactions stratégiques

  Ce n’est pas un cours de Politique Industrielle ou


d’étude de marché

  Différences avec la microéconomie : concurrence


imparfaite et accent mis sur les variables non tarifaires
(stratégies de publicité, de différenciation,
investissement en R&D/qualité…)
Concurrence imparfaite ?

  Rappel sur la concurrence parfaite

  Les principales hypothèses :


  Atomicité des marchés (preneuses de prix)

  Rendements décroissants

  Information parfaite (prix, caractéristiques)

  On commence en général par lever la première


hypothèse
Le cadre d’analyse

  Les firmes ne sont pas « preneurs de prix »

  Elles prennent en compte les interactions stratégiques :


anticipent une diminution du prix quand accroissement des
quantités offertes…

  Analyse partielle (pas ECG)

  Pour mesurer les effets, on compare les gains des uns aux
pertes des autres (firmes / consommateurs)
Les surplus

  Le surplus des consommateurs : différence


entre ce qu’un consommateur est prêt à payer
et ce qu’il paye effectivement pour un bien

  Le surplus du producteur : le bénéfice ou le


profit
La demande

  Fonction d’utilité séparable :


U(q0 ,q1,q2 ,...,qn ) = q0 + ∑U k (qk )
k

maxU(q) sc q0 + ∑ pk qk = R
k

  La CPO est donnée par :


∂U(q)
= U k '(q) = pk
∂qk
  La demande pour le bien k est : Dk ( pk ) = U k '(q)−1( pk )
  Demande indépendante, pas d’effet revenu
Le surplus des consommateurs

Définition : différence entre la somme


maximale qu’ils seraient prêts à payer et ce
qu’ils payent effectivement.

  Somme maximale : pour chaque quantité possible, elle


est figurée par la fonction de demande.

  Somme effectivement payée : prix * quantité achetée


Le surplus des consommateurs

Soit D(s) la fonction de demande d’un bien. Lorsque le


+∞
prix
est p, le surplus des consommateurs est : S( p) = ∫ D(s)ds
p
Le surplus des consommateurs
La fonction de demande inverse P(x) = D-1(x).
Lorsque la quantité q est vendue, le surplus des
consommateurs est : S(q) = ∫ P(x)dx − P(q)q
q

0
L’objectif des firmes

  Plusieurs objectifs :
  maximisation du profit (propriétaires)
  survivre à la concurrence
  objectifs personnels des dirigeants
  Problèmes d’incitations :
  Relations avec les fournisseurs et les distributeurs
  Contrôle des propriétaires (actionnaires) sur les dirigeants
(managers)
  Contrôle des managers sur les employés
  Théorie des incitations (dans les organisations) ≠
Organisation industrielle
Le surplus des producteurs

  Le surplus des producteurs dans un secteur


est la somme des profits (et pertes) réalisés
par l’ensemble des producteurs

  On peut le mesurer comme :


  Le produit quantité vendue par (prix – coût moyen)
  L’intégrale de la fonction (prix de vente – coût
marginal) sur la quantité vendue
L’objectif des firmes

  Une firme utilise une technologie de production


représentée par une fonction de coût C(q)
  Si la firme maximise son profit, alors :
Max pD( p) − C(D( p))
  Si plusieurs firmes : D(p1,p2,…,pn)
  Si plusieurs produits :
∑ p D ( p) − C(D ( p),D ( p),...,D ( p))
k k 1 2 n
k
Les effets sur le bien-être

  Le bien-être est donné par :


W (q) = S(q) + ∑ Πi

  Même poids donné au surplus des consommateurs


et aux profits (discussions à ce propos)

  Pour mesurer l’effet d’une action / mesure / choc


sur un marché, on calcule la variation de bien-
être…
Rôle de la théorie des jeux

La théorie des jeux est un instrument


puissant pour l’analyse des stratégies. Les
jeux non-coopératifs sont ceux dans lesquels
les acteurs (joueurs) font leurs choix
indépendamment les uns des autres.
Rappel théorie des jeux

  Chaque joueur dispose :


  D’un certain niveau d’information,

  D’une fonction de résultat qui exprime ses gains en


fonction des actions des différents joueurs :
Ri = Ri(a1,a2,…,ai,…,an)

  D’une stratégie déterminée en fonction des éléments de


son environnement et de son niveau d’information, et qui
est déterminée en vue de rendre le résultat le meilleur
possible (par exemple maximiser le profit)
L’équilibre de Nash

  Dans un jeu non-coopératif, les joueurs ne savent


pas quelles actions vont être décidées par leurs
concurrents. La maximisation est incertaine.

  Cependant, il est possible de définir des cas où la


maximisation des résultats est présente. On parlera
d’équilibre d’un jeu. Le concept d’équilibre le plus
souvent rencontré est l’équilibre de Nash.
L’équilibre de Nash

Un ensemble d’actions (a1*,a2*,…, ai*,…, an*) des


joueurs d’un jeu est un équilibre de Nash si pour tout
joueur i on peut écrire que :

Ri(a1*,a2*,…, ai*,…, an*) ≥ Ri(a1*,a2*,…, ai,…, an*)


pour ai ≠ ai*

Dans une telle situation, chacun a maximisé son


résultat compte tenu des actions de tous les autres.
Exemples d’équilibres

J2 J2

J1 J1

1/ Dilemme du prisonnier : les deux prisonniers se trahissent.


C’est un équilibre de Nash en stratégies dominantes mais pas
Pareto dominant.
2/ Bataille des sexes : deux équilibre de Nash (Pareto
dominants). Problème de coordination…
Fonctions de réaction
  CPO : ∂Π1 (q1,q2 )
=0
∂q1
(si CSO respectée)
∂Π2 (q1,q2 )
=0
∂q1

  FMR : FMR1 = q1 (q2 )


(fonction de meilleure réponse) FMR2 = q2 (q1 )

* *
  La résolution du système donne 1 et 2 .
q q
Fonction de meilleure réponse
Concavité / Convexité

  Convexité : la pente de la courbe (f’(x)) croît


à taux croissant : f ’’(x) > 0

  Concavité : la pente de la courbe (f’(x)) croît


à taux décroissant : f’’(x) < 0
  Condition pour que la condition de premier ordre
(f’(x)=0) détermine un maximum
Primitives essentielles et
intégrales
b b

∫ f '(t)dt = [ f (t)] = f (b) − f (a)


a a
b b b

∫ u'(t)v(t)dt = [u(t)v(t)] − ∫ u(t)v'(t)dt


a a a

1 xα (α ≠ −1)
x
f (x) ln(x) e
x
xα +1
F(x) ln( x ) x ln(x) − x e x
α +1
Exercices rapides

Déterminez les dérivées premières et secondes des


fonctions suivantes :
1 x
f (x) = −7x 3 f (x) = e
x
f (x) = 3x − 9x + 7
2 1
f (x) = 3x + x
2

f (x) = (x +1)(x + 3x + 2)
2 2 2
10x + 8
2

5x + 3x +1
2
f (x) =
f (x) = x
2x + 8 f (x) =10ln x + x
Exercices rapides

  Si la fonction a deux variables x et y. Si on cherche la


dérivée par rapport à x, on fait de même en considérant
y comme une constante.

Ex : si f ( x, y) = −7 x 3 y 2 alors f x '(x, y) = −21y 2 x 2

1
  Calculer ∫ (x − x 2
+1).dx
0
Organisation Industrielle

Chapitre 2 : le monopole

Master 1 – Université Lyon 2


Laurent Granier

- Année 2011/2012 -
Définition

Le monopole est une firme qui a la position


d’offreur unique sur un marché. C’est le cas
extrême d’absence de concurrence.

  En 1776, Adam Smith affirme que les monopoles


« écrasent les marchés » et « pratiquent les prix les
plus hauts. »
  En 1838, Cournot fournit la première modélisation
adéquate du comportement du monopole.
Un problème de politique
économique ?
Les pouvoirs publics mènent généralement des politiques
vis-à-vis des monopoles :
  Il
n’est pas question de proscrire les monopoles : d’ailleurs
aucune administration au monde n’en serait capable.
  Denombreuses autorités tentent de lutter contre les abus que
pourraient commettre les monopoles :
  L’article 82 du traité de Rome, contre les abus de position dominante,
s’adresse entre autres aux monopoles.
  Le Sherman Act de 1890 comporte un délit de « monopolization ».
  Les monopoles qui sont à l’abri de toute concurrence (monopoles
naturels) sont règlementés ou directement gérés par les pouvoirs
publics.
Identification des situations de
monopole

Les monopoles sont parfois difficiles à identifier


car la délimitation des marchés est un art délicat (un
seul offreur sur un marché) :

  Ladéfinition d’un marché a une dimension


géographique.

  Elle a aussi une dimension « de produits ».


Les origines du monopole

La situation de monopole peut être due à plusieurs


causes.
Les trois causes suivantes expliquent comment cette
situation d’exception par rapport à la loi générale de la
concurrence peut perdurer (sinon, le monopole s’éteint
par exemple à l’expiration d’un brevet) :

  La rareté absolue des ressources


  Le monopole naturel

  Les monopoles institutionnels


La rareté absolue des ressources

Une capacité ou des ressources que le monopoliste est


le seul à posséder :
  Une ressource matérielle :
  Une matière première
  Une terre rare dont les produits ne peuvent pas être imités (grands vins)

  Une ressource immatérielle :


  Un talent particulier (grand écrivain) protégé par droits d’auteur
  Une méthode de fabrication protégée ou non par un brevet
  Un investissement immatériel (nom de marque…)
Le monopole naturel

  Une structure des coûts de production qui impose une


très grande taille à la firme et rend impossible la
concurrence. Il y a nécessairement une notion de sous-
additivité des coût. Pour une firme monoproduit, cette
condition s’écrit :

C(Q) < C(Q1 ) + C(Q2 ) ∀Q, ∀Q1 > 0, ∀Q2 > 0, /Q1 + Q2 = Q,

  Il est plus économique de faire produire n’importe quelle


quantité Q par une firme que par deux ou plusieurs.
Cas typiques de monopoles
naturels

  La structure de monopole naturel est souvent


associée à la présence de rendements croissants,
dus à des investissements très lourds (relativement
aux coûts de fonctionnement) et aussi aux réseaux
de distribution (eau, électricité…).

  Les secteurs de service public correspondent


souvent à des monopoles naturels.
Les monopoles institutionnels

  Une exclusivité est accordée par un contrat ou une


réglementation publique, c’est-à-dire un privilège.

  L’entité devient alors le seul producteur autorisé sur


tel ou tel marché.
Exemples
  Contrat : un producteur qui accorde une exclusivité
territoriale à ses revendeurs leur confère un de monopole.
C’est ce qui se passe dans la commercialisation des
automobiles (concessions).

  Privilège : les pouvoirs publics mettent en place une


réglementation interdisant à tout autre opérateur qu’une
certaine firme de produire ou de distribuer un bien ou un
service.
De telles réglementations ont été à l’origine des monopoles des
télécommunications (1837) ou de l’électricité (1948) en France.
Stabilité des monopoles

Des menaces pèsent sur les monopoles (pas


nécessairement stables) :
  Des clients infidèles s’il existe des produits plus ou
moins substituables au produit du monopole.
  Des évolutions techniques qui éliminent certains
monopoles naturels (ex. du téléphone portable).
  Evolutions réglementaires quand les autorités veulent
faire régner plus de concurrence.
  Le passage du temps pour les monopoles issus de
brevets.
Le monopole mono produit

  Une firme en monopole, q = D(p) avec D’(p) < 0

  Demande inverse p = P(q)

  Fonction de coût C(q)

  Problème du monopole : Max pD( p) − C(D( p))


p
La tarification du monopole :
le monopole mono produit
  La CPO : m
m m -D(p )
p - C'(D(p )) =
D'( p m )

p m − C' 1
=
 p  ε
m

Indice
Lerner

  L’élasticité prix de la demande est donnée par :


-p m D'( p m )
ε=
D( p m )
Remarque 1

  Mark-up = indice de Lerner, inversement proportionnel à


l’élasticité de la demande

p > p = C'
m *

−ε
  Si l’élasticité de la demande est constante (q = kp ), alors
l’indice de Lerner est constant
Remarque 2

Le prix de monopole est une fonction


croissante du coût marginal :
p m (1 −1 ε ) = C'
or, (1 −1 ε ) > 0

car ε >1
Remarque 3
  La CPO s’écrit aussi comme : Rm = Cm
P(q m ) + P'(q m )q m = C'(q m )
Application 1 : demande linéaire et coût
nul

•  Supposons D( p) = 1 − p et P(q) =1 − q

•  Le coût est C(q) = 0

•  Profit : Π(q) = q(1 − q)

•  La CPO est : 1 − 2q = 0 ⇔ qm = 1 2

maxΠ(q) = 1 4
Application 2 : demande linéaire et coût
marginal constant

•  Supposons D( p) = a − p et P(q) = a − q , avec a > 0

•  Le coût est C(q) = cq , avec a > c ≥ 0

•  Le profit s’écrit : Π(q) = q(a − q) − cq = q(a − c − q)

(a − c) (a − c) 2
q =
m
et Πm =
2 4
Effet sur le bien-être social

  Le prix de monopole est plus élevé que le prix de


concurrence

  Les consommateurs sont pénalisés car le surplus diminue

  MAIS, le profit augmente

  AU TOTAL : Perte de bien-être (pas d’ambiguïté)


Variation du profit

  Monopole vs. Concurrence


Variation du surplus des
consommateurs
  Monopole vs. concurrence
Variation du bien-être social

•  Monopole vs. concurrence


La perte de bien-être social

•  Monopole vs. concurrence


Restauration de l’optimum social par
taxation

  Taux de taxe sur le produit : t

  Problème : Max pD( p + t) − C(D( p + t))


p

  La CPO : D( p + t) + ( p − C')D'( p + t) = 0

  Pour restaurer l’optimum, il faut que le prix à la


consommation coïncide avec le coût marginal
p + t = C'
D( p c )
⇒ t = −( p − C') = c <0
D'( p )
Restauration de l’optimum social par
taxation

  Il faut donc subventionner la production du monopole (pour


que les consommateurs consomment plus)

  Solution pas très réaliste :

1.  Estimation de ε ?
2.  Estimation du coût marginal ?

Renvoie à tous les problèmes de régulation


Cas du monopole public

Deux solutions (sans discrimination des


consommateurs) : le critère est la maximisation du
surplus collectif :
  Tarification de premier rang

  Tarification de second rang

Discrimination des consommateurs


Tarification de premier rang

Le manager du monopole est supposé agir comme


un planificateur bienveillant : il maximise le bien-
être social :
Max W (q)
q
' p = C'(q)
*
∂W (q)
=0
∂q
On supprime donc la distorsion du prix par rapport
à la concurrence
Tarification de premier rang

  Le problème est le financement d’un déficit


chronique du monopole.

  Le coût marginal est inférieur au coût moyen, ce


qui engendre des pertes.

  Le bien-être social est maximisé mais il faut un


financement public (impôt) du déficit du monopole.
Tarification de second rang

  Il s’agit de la tarification Ramsey-Boiteux :


maximisation du bien-être collectif sous la
contrainte du respect de l’équilibre budgétaire du
monopole public.

  Programme : Max W (q) sous contrainte Π=0


q
Tarification de second rang
q

L(q, λ ) = ∫ P(q)dq − C(q) + λ[P(q)q − C(q)]


0
La condition de premier ordre permet d’écrire (condition du
deuxième ordre supposée vérifiée) :

∂L(q, λ )
= 0 ⇔ P(q) − C'(q) + λ[ P'(q)q + P(q) − C'(q)] = 0
∂q
On obtient :
P(q ) − C'(q ) λ 1
q = qrb tel que rb rb
= ×
P(qrb ) 1+ λ ε
∂q p
avec ε = - l’élasticité prix de la demande.
∂p q
Tarification de second rang

  Le taux de marge (mark-up ou indice de Lerner) est,


comme pour le monopole privé, une fonction
décroissante de l’élasticité prix de la demande. Mais il
est inférieur à celui du monopole privé.

  Ce taux de marge est borné supérieurement par le taux


de marge du monopole privé (λ →∞ ) et inférieurement
par le taux de marge nul de la tarification au taux
marginal ( λ = 0 ).
Discrimination (cf. chapitre 3)

Une possibilité pour restaurer l’optimum de premier


rang est de discriminer les consommateurs
  Tarif binôme (tarif non linéaire)
  Il
s’agit de faire payer un forfait et une partie variable A
+ pq. Si p = Cm, on a l’optimum de premier rang. Il
faut que A permette de rembourser le déficit.
  Tousles consommateurs ne consomment pas la même
quantité.
Monopole multi produits

  Biens : i = 1,...,n

  Prix : pi = p1,..., pn

  Quantités : qi = q1,...,qn

  Coût : C(q1,...,qn ) avec ∑ C (q )


i i (coûts séparables)

  Demande : qi = Di ( pi )
Monopole multi produits

  Profit :
n

∑ p D ( p ) − C(D ( p ),...,D ( p ))
i i i 1 1 n n
i=1

  La généralisation de l’égalité Rm = Cm donne :


⎛ ∂Di ⎞ ∂D j ∂C ∂ D j
⎜ Di + pi ⎟+∑ pj =∑ pour tt i.
⎝ ∂pi ⎠ j ≠i ∂pi j ∂ q j ∂ pi
Monopole multi produits

  On obtient la règle de tarification suivante :


∑( p j − C j ')D jε ij
pi − Ci ' 1 j ≠i
= −
pi ε ii ( pi Di )ε ii

où ε ii est l’élasticité-prix directe

et ε ij est l’élasticité-prix croisée (bien j / prix du bien i)

∂D j pi
avec ε ij = −
∂pi D j
Le cas des produits substituables

  Si produits substituts :
∂D j pi ∂D j
ε ij = − , avec >0
∂pi D j ∂pi
d’où : ε ij < 0 et donc pi − Ci ' > 1
pi ε ii
  Intuition :
-  si la firme décomposée en n divisions, chaque division fixe un prix trop
bas / ce qui est optimal pour la firme
-  les divisions se font concurrence à cause de la substituabilité
-  il faut leur donner les incitations pour qu’elles internalisent les effets
externes ( prix)
Le cas des produits complémentaires

  Si les produits sont compléments :


∂D j pi ∂D j
ε ij = − , avec <0
∂pi D j ∂pi
d’où : ε ij > 0 et donc pi − Ci ' < 1
pi ε ii

-  Certains produits peuvent être vendus au-dessous de leur


coût marginal (Lerner < 0)
-  Subventions entre produits
Organisation Industrielle

Chapitre 3 : la discrimination par les


prix

Master 1 – Université Lyon 2


Laurent Granier

- Année 2011/2012 -
Introduction

  Cours précédent :
  Un monopole vend un bien à un prix unique.
  Cela laisse un certain surplus au consommateur.

  Double approche :
  Normative : hypothèses sur les comportements des
entreprises (discrimination) qui permettent de prédire
leurs comportements.
  Positive : impact de la discrimination par les prix sur
le bien-être social par comparaison avec le cas sans
discrimination.
Introduction

  Exemples de discrimination par les prix :


  Pourquoi une classe économique et une classe business
dans les avions ?
  Pourquoi un étudiant paye-t-il moins cher sa place de
cinéma ?
  Pourquoi plusieurs types d’abonnement dans les
transports en commun…?

  Permettent aux vendeurs de s’accaparer une part


plus grande du surplus des consommateurs.
Définition

  Pratique qui consiste à fixer différents prix pour le


même bien (ou des biens similaires). Le prix de vente
dépend alors de la quantité achetée, des caractéristiques
de l’acheteur ou d’autres clauses de vente.

  En particulier, il y a discrimination lorsque la différence


de prix entre deux versions d’un bien ne s’explique pas
par une différence de coût :
p1 c1
  Test de Stigler (1987) : ≠
p2 c 2
  Test Philips (1983) : ( p1 − c1 ) ≠ ( p2 − c 2 )
Conditions d’existence

  Conditions pour que la discrimination par les prix


soit possible :
  Les firmes doivent avoir du pouvoir de marché.
  Les consommateurs doivent avoir des dispositions à
payer différentes, et les firmes doivent être capable de
les identifier, directement ou indirectement (auto-
sélection).
  Les possibilités de revente doivent être limitées
(arbitrage entre consommateurs limités).
Discrimination et possibilités
d’arbitrage
Possibilités d’arbitrages en termes de :
  Transférabilité des biens doivent être faibles :
  Tel est le cas s’il s’agit d’un service, si une garantie ne s’applique
qu’à l’acheteur, si les coûts de transactions sont élevés (coûts de
stockage, de recherche…), s’il y a des restrictions légales à la
revente.
  Exemples : ticket de cinéma étudiant, prix de vente d’une voiture
inférieur mais dans le pays voisin…

  Transférabilité de la demande doivent être élevées :


possibilités de choix entre différents lots/paniers
(exemple : téléphoner 1 min ou 10 min).
Les trois formes de discrimination

Pigou (1920) identifie trois types de discrimination par


les prix :
  La discrimination du 1er degré (ou tarification personnalisée)
  La discrimination du 3ème degré (ou discrimination multi-
marché ou tarification de groupe)
  La discrimination du 2ème degré (ou versioning). Utilisation
d’instruments d’auto-sélection pour révéler les préférences.
Les trois formes de discrimination

Ces trois formes exigent un certain niveau


d’information (1er degré > 3ème degré > 2ème degré)
  1erdegré : le producteur connaît parfaitement la
disposition à payer de chaque consommateur.
  3ème degré : signal direct sur la demande. La firme
peut observer différents catégories de consommateurs.
  2ème degré : signal indirect dur la demande. La firme
offre différents lots ou paniers de biens (les
consommateurs « s’auto-sélectionnent »).
1/ La discrimination du premier
degré (ou parfaite)

  Le producteur réussit à capter tout le surplus du


consommateur en fixant le prix (individualisé) au niveau du
prix de réservation du consommateur.
  Mais il doit connaître exactement le prix de réservation de
chaque consommateur.
  Improbable en pratique à cause de l’information incomplète
sur les préférences individuelles. Quelques exemples
imparfaits : le diseur de bonnes aventures, le bazar…
  Si un monopole implémente ce type de discrimination,
l’efficacité allocative est atteinte.
1.1/ Le principe de base : le cas de la
demande unitaire

  Comme la firme a une information parfaite sur le


consommateur, elle lui demande sa disponibilité maximale à
payer

  Notons vi la disponibilité (unitaire) à payer du consommateur i

  L’utilité du consommateur s’il achète une unité est Ui = vi – p


sinon Ui = 0

  Le prix « individualisé » est pi = vi

  Il faut vérifier que vi ≥ c, où c est le coût marginal de


production du bien.
Les résultats

  Tous les consommateurs consomment (si vi ≥ c


quel que soit i)

  Le surplus du consommateur est nul

  Le monopole capte tout le surplus social :

Π = ∑ (v i − c) = W
i
1.2.1/ Demande non unitaire et
consommateurs homogènes
  Les consommateurs sont identiques (homogènes)

  La demande est D(p), avec D’(p) < 0

  Pour discriminer parfaitement, le monopole peut


appliquer un tarif binôme (en deux parties)

  Tarif binôme T(q) : un prix variable p et une partie fixe


A (abonnement,…) d’où T(q) = A + pq

  Remarque : tarif dégressif (remises quantitatives) :


T(q)/q = p + A/q
Les résultats

•  Lorsque la quantité est q, le surplus d’un


consommateur est :


q
S(q) = 0
P(x)dx − P(q)q

•  Chaque consommateur est donc disposé à payer une


partie fixe au plus égale au surplus :
A = S(q)
•  Lorsque n consommateurs consomment une quantité
q, le profit du monopole est :
Π = nT(q) − C(nq)
Résultats

•  La CPO donne : nT'(q) − nC'(nq) = 0

∂ (A + pq)
•  Or, T'(q) = =p
∂q
•  Donc : p = T'(q) = C'(nq)
•  Le monopole choisit donc la quantité qui maximise
le bien-être social !
•  Il récupère tout le surplus du consommateur via
l’abonnement A.
1.2.2/ Demande non unitaire et
consommateurs hétérogènes

•  La demande inverse du consommateur i est : Pi (qi )


•  Le surplus du consommateur i est :


qi
Si (qi ) = 0
Pi (x)dx − Pi (qi )qi
•  La partie fixe est alors « individualisée » :
Ai (qi ) = Si (qi )
•  Le profit du monopole est :

∫ ∫ ∫
q1 q2 qn
Π= 0
P1 (x)dx + 0
P2 (x)dx + ...+ 0
Pn (x)dx − C(q1 + q2 + ...+ qn )
Résultats

  Des CPO, on obtient :

P1 (x) = P2 (x) = ... = Pn (x) = C'(∑ q)

  On retrouve l’efficacité allocative avec p = Cma

  Les forfaits personnalisés permettent d’extraire la


totalité du surplus des consommateurs
Résultats
2/ La discrimination du troisième degré

  Le producteur observe un signal lié aux préférences et s’en


sert pour discriminer

  Le même bien peut être vendu à des prix différents à des


consommateurs différents

  La firme utilise un signal direct sur le marché

  Plusieurs types de consommateurs suivant l’âge, le genre, le


pays, la région… et donc plusieurs groupes (g gpes) de
consommateurs avec une fonction de demande associée Dg(p)
Le principe

  Supposons G groupes de consommateurs

  Chaque groupe a une fonction de demande Dg(p)

  La firme va choisir un prix différent pour chaque


groupe de consommateurs :
G ⎛G ⎞
Max Π = ∑ pg Dg ( pg ) − C⎜⎜∑ Dg ( pg )⎟⎟
p1 , p 2 ,..., pG g =1 ⎝ g =1 ⎠
Les résultats

  Des CPO, on obtient :


G

pg − C'(∑ Dg ( pg ))
g =1 Dg ( pg ) 1
= =
pg pg Dg '( pg ) ε g

  Les prix sont plus élevés sur les marchés où l’élasticité


de la demande est plus faible

  Même principe que le monopole multi produit (cas


particulier où il y a différents prix mais pas d’élasticité
croisée car pas de concurrence entre les segments)
Analyse graphique
  Les recettes marginales de chaque segment sont égalisées
  Les recettes marginales des segments sont égalisées au coût
marginal
La pratique

•  Pratique autorisée :

•  un produit de même marque peut être vendu à des prix


différents selon sa localisation.
•  prix différents en fonction de l’âge (jeunes, âgés).

•  MAIS, les firmes ne peuvent pas interdire les


arbitrages entre les consommateurs.

  Nombreux exemples de sanctions dans le secteur


automobile… Volkswagen a été soumis à une amende
de 90 millions d’€ en 98 (limitation des ventes en Italie
vis-à-vis d’acheteur Allemands et Autrichiens
Les effets sur le bien-être social

•  Imposer un prix uniforme améliore-t-il le bien-


être social ?

•  Le monopole obtient toujours plus de profit s’il


peut discriminer.

•  Deux effets opposés pour les consommateurs :


•  les groupes avec une élasticité faible bénéficient du prix
uniforme
•  les groupes avec une élasticité forte bénéficient de la
discrimination
Les effets sur le bien-être social

  Cas linéaire :
  Demande linéaire : Dg = ag − bg p
  Coût linéaire : C(q) = cq
  Le prix uniforme améliore le bien-être.

  Mais en raison des deux effets de la discrimination :


  Positif sur les marchés à élasticité prix de la demande forte
  Négatif sur les marchés à élasticité prix de la demande
faible
  Effet ambigu de l’interdiction de la discrimination :
n’augmente pas forcément le bien-être (pas
nécessairement Pareto améliorante)
3/ La discrimination du deuxième degré

  La firme connaît les différences entre les consommateurs


MAIS ne peut pas identifier les consommateurs
  Permet de résoudre (imparfaitement) le problème lié à
l’asymétrie d’information
  Utilisation d’instruments d’auto-sélection afin d’extraire
(imparfaitement) le surplus du consommateur :
- la firme offre des « packages » différents (prix, quantité) ou (prix, qualité)
- les consommateurs s’auto-sélectionnent
- contraintes d’incitation pour s’assurer que les consommateurs préfèrent
le « package » qui leur est destiné
La discrimination est donc quand même possible
La tarification binôme

  Deux types de consommateurs θ1 < θ 2 :

U1 = θ1V (q) − T(q) : consommateurs en proportion α


U 2 = θ 2V (q) − T(q) : consommateurs en proportion (1-α)

  Le monopole offre deux contrats (q1, T1) et (q2, T2)


La tarification binôme

  Le profit du monopole est :


α (T1 − cq1 ) + (1 − α )(T2 − cq2 )

  Problème du monopole :
  Choisir q1, T1, q2 et T2

  En respectant les contraintes d’incitations (et de participation)


Les contraintes

  Contraintes de participation :

θ1V (q1 ) − T1 ≥ 0 (CP 1)


θ 2V (q2 ) − T2 ≥ 0 (CP 2)

  Contraintes d’incitation :

θ1V (q1 ) − T1 ≥ θ1V (q2 ) − T2 (CI 1)


θ 2V (q2 ) − T2 ≥ θ 2V (q1 ) − T1 (CI 2)

  (CP 1) et (CI 2) impliquent (CP 2) car θ 2 ≥ θ1


Le programme du monopole (1)

  Le monopole maximise son profit en prenant en compte les


contraintes (CP 1) et (CI 2) :
α (T1 − cq1 ) + (1 − α )(T2 − cq2 )
sc. θ1V (q1 ) − T1 ≥ 0
θ 2V (q2 ) − T2 ≥ θ 2V (q1 ) − T1
On ignore aussi (CI 1). On peut montrer ex-post (à l’équilibre) que celle-ci
est toujours vérifiée.
  Les contraintes sont saturées à l’équilibre d’où :
-  aucun surplus pour les consommateurs de type 1 : T1 = θ1V (q1 )
-  surplus pour les types 2 car T2 = θ 2V (q2 ) − (θ 2 − θ1 )V (q1 )
en remplaçant T1 par sa valeur dans (CI 2)
Le programme du monopole (2)

  Finalement, le programme du monopole s’écrit :


max Π = α (θ1V (q1 ) − cq1 ) + (1 − α )(θ 2V (q2 ) − (θ 2 − θ1 )V (q1 ) − cq2 )
q1 ,q 2

  Les CPOs nous donnent :


α [θ1V '(q1 ) − c ] − (1 − α )[(θ 2 − θ1 )V '(q1 )] = 0 ⇔ θ1V '(q1 ) = αc + (1 − α )θ 2V '(q1 )
⎡ θ1 (1 − α ) ⎤
⇔ V '(q1 )[θ1 − (1 − α )θ 2 ] = αc ⇔ c = V '(q1 ) ⎢ − θ2 ⎥
⎣α α ⎦
c c
⇔ θ1V '(q1 ) = ⇔ θ1V '(q1 ) =
⎡θ1 (1 − α ) ⎤ ⎡ (1 − α ) (1 − α ) ⎤
⎢⎣ α − α θ 2 ⎥⎦ ⎢⎣ α θ1 + θ1 − α θ 2 ⎥⎦
θ1 θ1
(1 − α )θ 2V '(q2 ) − (1 − α )c = 0
⇔ θ 2V '(q2 ) = c
Résultats

  Les CPOs nous donnent donc :


c
θ1V '(q1 ) =
⎛ 1 − α θ 2 − θ1 ⎞
⎜1 − ⎟
⎝ α θ1 ⎠
θ 2V '(q2 ) = c

  Les consommateurs à faible demande (1) sont moins bien


servis qu’à l’optimum social (utilité marginale < coût
marginal)

  Les consommateurs à forte demande (2) sont servis


optimalement (utilité marginale = coût marginal)
Analyse graphique
Analyse graphique
Analyse graphique
Applications

  Banque (contrat pour classer les risques)

  Téléphone mobiles : illimité / abonnement /carte à


la minute

  Trains 1ère classe / 2ème classe…


Ventes liées

  Vendre deux biens ensemble ou deux unités


du même bien
  Exemples :
  BilletA/R
  DVD + bonus

  Un bien + assurance

  Offres double/triple/quadruple play (Internet,


téléphone fixe, mobile, TV)
  Gaz et électricité

  Microsoft office…
Ventes liées
  Deux biens, coûts de production nuls

  Deux groupes de consommateurs

  θ ∈ [0,1] répartition uniforme

  Groupe A : U A = (θ − p1 ) + ((1 − θ ) − p2 )

  Groupe B : U B = ((1 − θ ) − p1 ) + (θ − p2 )
Ventes liées

  Sans ventes liées : D1(p1)=1-p1 et D2(p2)=1-p2


1 1 1
p1 = p2 = π1 = π 2 = Π=
2 4 2

  Avec ventes liées :


p =1 et Π =1
car θ +1 − θ = 1
Organisation Industrielle

Chapitre 4 : Concurrence et
interactions stratégiques

Master 1 – Université Lyon 2


Laurent Granier

- Année 2011/2012 -
Introduction

  Concurrence : interactions stratégiques

  Plusieurs firmes :

 le choix d’une firme affecte son profit et celui de


ses concurrents

  Variables stratégiques :
Prix, quantité, qualité, publicité…

  Equilibre avec anticipation rationnelle


L’oligopole

Définition : l’oligopole est un secteur composé d’un


petit nombre de firmes d’importances comparables :
  Chacune dispose d’un pouvoir de marché
  Chacune sait que ses concurrentes en ont aussi
  Chaque firme sait donc qu’elle peut influencer ses
concurrentes et subir leur influence
  Chaque décision de la firme pose la question : comment
mes concurrents vont-ils réagir à ma décision ?
Les interactions stratégiques

Définition : les interactions stratégiques sont


constituées par les relations entre firmes qui sont :

  Conscientes du pouvoir de marché de leurs concurrents


  Conscientes de l’influence qu’elles peuvent subir de ce
fait
  Conscientes de l’influence qu’elles peuvent elles aussi
exercer
La théorie des jeux non coopératifs

Un jeu stratégique se caractérise par un ensemble de


règles de jeux spécifiant :
  Les joueurs
  Les espaces de stratégie
  La séquence des décisions
  Les gains ou utilités des joueurs (dépendent des décisions
des joueurs)
  L’information à la disposition des joueurs (complète ou non,
parfaite ou non)
L’équilibre de Nash

  Les joueurs = les firmes.

  la firme i choisit le niveau de sa variable stratégique ai ∈ Ai


  le profit de la firme i : Π i (ai ,a−i )
où a−i = (a1,a2 ,...,ai−1,ai+1,...)

  L’équilibre :

Un vecteur de stratégies (a*1,a* 2 ,...,a* i ,...) est un équilibre de


Nash si ∀ai Πi (a* i ,a* −i ) ≥ Πi (ai ,a* −i )

 Aucun joueur n’a intérêt à dévier unilatéralement de sa stratégie


a* i
Le cas du duopole

  2 firmes, actions stratégiques a1 et a2

  Le vecteur a *
= (a *
1 ,a *
2 ) est un équilibre de Nash
si ⎧Π1 (a*1,a* 2 ) ≥ Π1 (a1,a* 2 )

Π
⎩ 2 2 1
(a *
,a *
) ≥ Π 2 (a 2 ,a*
1)

  Si Πi (.) continue et concave alors :

∂Πi (ai ,a* −i )


∀ai =0
∂ai a =a * i
i
Les fonctions de réaction (1)

  La fonction de réaction de la firme 1 :


∂Π1 (R1 (a2 ),a2 ) ⎧ R1 (a* 2 ) = a*1 Eq. de Nash
=0 ⎨
∂a1 ⎩ R2 (a 1 ) = a 2
* *

  La pente de la fonction de réaction :


En différentiant l’équation précédente :
∂f ∂f
Rappel : variables non dépendantes : df (x, y) = dx + dy
∂x ∂y
∂ 2Π1
∂ 2Π1 ∂R1 (a2 ) ∂ 2Π1 ∂R1 (a2 ) ∂a2∂a1
+ = 0 et R1 '(a2 ) = =
∂a1 ∂a2
2
∂a1∂a2 ∂a2 ∂ 2Π1
− 2
∂a1
(+).car.CSO
Les fonctions de réaction (2)

•  Le signe de ∂ 2
Π1 indique la complémentarité /
∂a2∂a1
substituabilité stratégique

•  Complémentarité stratégique si :
⎛ ∂ 2Π1 ⎞
sg(R'(a2 )) = sg⎜ ⎟>0
⎝ ∂a2∂a1 ⎠
•  Substituabilité stratégique si :
⎛ ∂ 2Π1 ⎞
sg(R'(a2 )) = sg⎜ ⎟<0
⎝ ∂a2∂a1 ⎠
Complémentarité vs. substituabilité
stratégique
•  Complémentarité stratégique (prix) :

•  Substituabilité stratégique (quantité) :


L’équilibre de Bertrand (1)

  Modèle de concurrence en prix (variable stratégique)

  Hypothèses de base :
  les producteurs (2) offrent un bien homogène (parfaitement
substituable)
  D(p) la fonction de demande
  coûts marginaux constants et identiques c1 = c 2 = c
  prix (linéaires) p1 et p2 choisis simultanément
  les consommateurs achètent au prix le plus bas
  si les prix sont identiques, les firmes se partagent la demande
L’équilibre de Bertrand (2)

  La fonction de demande de la firme 1 :



⎪ D( p ) si p1 < p2
⎪ 1

D1 ( p1, p2 )⎨0 si p1 > p2



⎪ D( p1 )
⎩ 2
si p1 = p2

  Le profit de la firme i :
Πi ( pi , p j ) = ( pi − c)Di ( pi , p j )
Le paradoxe de Bertrand

  Equilibre (Paradoxe de Bertrand)


Il existe un unique EN de concurrence à la Bertrand donné par :

(1) p1* = p*2 = c


(2) Π1* = Π*2 = 0

  Un résultat important car :


  les firmes vendent au coût marginal (tarification socialement
optimale)
  les consommateurs récupèrent tout le surplus (les firmes ne
font pas de profit)
Preuve de l’équilibre

Preuve par l’absurde

(i) p1 > p2 > c , alors la firme 1 dévie vers p1 = p2 − ε


* * *

(ii) p1 = p2 > c , alors la firme 1 (ou 2) dévie vers p1 = p2 − ε


* * *

(iii) p1* > p*2 = c , alors la firme 2 dévie vers p2 = p1* − ε


Et si les coûts marginaux sont différents

•  On suppose que la firme 2 est la plus efficace : c1 > c 2


•  Est-ce que la firme 1 est très inefficace ?
•  exerce-t-elle une forte pression concurrentielle sur la
firme 2 ?
•  si oui, la firme 2 ne peut pas attirer toute la demande avec
son prix de monopole
•  La firme 2 monopolise toujours le marché. Mais 2 cas à
distinguer :

Cas 1 : la firme 1 est très inefficace c 2 < p m (c 2 ) < c1

Cas 2 : la firme 1 n’est pas si inefficace c 2 < c1 < p m (c 2 )


L’équilibre avec coûts marginaux
différents

  Cas 1 : c 2 < p m (c 2 ) < c1


Il existe un unique EN donné par p*2 = p m (c 2 ) et p1* = c1
La firme 2 monopolise le marché et obtient le profit de
monopole Π2 = Πm2
  Cas 2 : c 2 < c1 < p m (c 2 )
Il existe un unique EN donné par p*2 = c1 − ε et p1* = c1
La firme 2 monopolise le marché mais n’obtient pas le profit de
monopole : Π2 = (c1 − c 2 )D(c1 )
Caractères de l’équilibre de Bertrand

  L’efficacité est maximale (on retrouve la CPP)

  L’incitation à l’entente est maximale puisque la


marge prix-coût est nulle à l’équilibre (sauf si
monopolisation)
Résoudre le paradoxe de Bertrand

Lever les hypothèses du modèle de base en introduisant :

  des contraintes de capacités de production

  la différenciation des produits

  la dynamique de la concurrence (interactions répétées)

  Information sur les prix


Les contraintes de capacité
(Edgeworth)

  A l’équilibre p1* = p*2 = c , ce qui conduit à D(c) vendu


2
par chaque firme.

  Ceci est possible car les capacités de production sont


supposées suffisantes (au moins égales à D(c) )
Les contraintes de capacité
(Edgeworth, 1897)

Si les capacités sont limitées, une déviation vers p1 = c + ε


est profitable :
  Car dans ce cas, la firme 2 fait face à une demande trop importante
par rapport à ses capacités et ne peut pas servir toute la demande au
prix p*2 = c .
  Des consommateurs (schéma de rationnement) achètent à la firme 1
à un prix plus élevé
  Le choix de capacité limite la concurrence en prix : « choix de
capacités puis « choix de prix » revient en fait à une concurrence à la
Cournot (voir suite du chapitre)
La différenciation des produits

  Supposons que les deux firmes offrent des biens


imparfaitement substituables (différente localisation,
différente qualité…) = pas homogènes
  Exemple : deux firmes localisées en 0 et 1 : les biens sont
identiques mais coûts de transports (différenciation
horizontale)
  Lorsque p2 = c , la firme 1 va pouvoir dévier profitablement
vers p1 = c + ε .
  Des consommateurs vont préférer payer plus cher pour ne
pas (ou moins) se déplacer, se procurer une qualité plus
élevée (dans ce cas, différenciation verticale)
  Si différenciation, p1 = p2 > c peut être un équilibre.
Les interactions répétées

  Dans le modèle de base, p1 = p2 > c n’est pas un équilibre car une


déviation vers p1 = p2 − ε est profitable car la firme 2 ne peut pas
réagir (statique).

  Si la concurrence se produit sur plusieurs périodes, la firme 2


peut réagir en baissant son prix à la période suivante

  Les firmes peuvent donc se faire une guerre des prix et subir de
fortes pertes à long terme

  Arbitrage entre le gain à court terme d’une déviation et les pertes


à long terme (punition)
  Les firmes peuvent avoir intérêt à se coordonner sur des prix supérieurs au
coût marginal (c)
  La collusion tacite… (voir chapitre ultérieur)
Information sur les prix

  Si l’information est coûteuse, p1 = p2 > c peut


constituer un équilibre

  Paradoxe de Diamond :
  Les consommateurs ne sont pas informés des prix
  Coût ε à s’informer
ε
  Une déviation vers p1 + est possible
2
La concurrence à la Cournot

  La variable stratégique est la quantité (choix simultané)

  Idée générale : Cournot = Bertrand + contraintes de capacité


 Cournot produit moins de concurrence que Bertrand

  Même prix pour toutes les firmes


  Soit q1 produite par la firme 1, q2 par la firme 2…
  Soit Q = q1 + q2 +… la somme des quantités
  Soit P(Q) la fonction inverse de demande
  Soit C1(q1) le coût de la firme 1, C2(q2)…
Equilibre de Cournot-Nash

  Les quantités q1*, q*2 … forment un équilibre de Nash


du jeu de concurrence à la Cournot si pour tout i,
pour tout qi :

P(Q* )q*i − Ci (q*i ) ≥ P(qi + Q−i


*
)qi − Ci (qi )

  Comment déterminer les q*i ?


Par les fonctions de meilleure réponse
Duopole à la Cournot

  Deux firmes 1 et 2, quantités q1 et q2


  P(Q) = 1 – Q, fonction de demande inverse linéaire
  Coûts : c1 = c2 = 0
  Profit : Π1 = P(Q)q1 = (1 − q1 − q2 )q1
  Fonction de meilleure réponse :
  A q2 fixé, quelle quantité q1 maximise le profit Π1 ?
*
  On note q 1 (q2 ) cette quantité
  On l’appelle la fonction de meilleure réponse
L’équilibre de Cournot

  Les firmes maximisent leurs profits simultanément :


max(1 − qi − q j )qi
qi

  Les fonctions de réaction sont :


⎧ (1 − q j )
⎪ si qj ≤ 1
qi (q j ) = ⎨ 2
*

⎪⎩0 sinon
substituts stratégiques
1
  Equilibre : intersection des fonctions de réaction, q1 = q2 =
* *

3
Et si les coûts marginaux sont différents ?

  Les coûts marginaux de production sont c1 et c2

  La fonction de demande inverse :

P(Q) = max{O,a − bQ} avec a > 0, b > 0

  Profit de la firme i

Πi (qi ,q j ) = P(Q)qi − c iqi = (a − c i − bqi − bq j )qi


Les fonctions de réaction

  Les fonctions de meilleures réponses sont obtenues à partir


des CPO :
⎧ a − c i − bq j a − ci
⎪ si q j ≤
qi (q j ) = ⎨
*
2b b
⎪⎩0 sinon
L’équilibre avec coûts différents

(a − 2c i + c j )
  L’équilibre de duopole est donné par : q = *
i
3b
(résolution du système des 2 FMR)
  La firme la plus efficace produit le plus :
c i < c j ⇒ q*i > q*j

  L’hétérogénéité des coûts peut conduire à la monopolisation


du marché par la firme la plus efficace (ici la firme i)
a + ci
q ≥0 ⇔ cj ≤
*
j
2
Les différentes configurations d’équilibre

  Duopole / monopolisation du marché


Valeurs d’équilibre
1 2⎛ ci + c j ⎞
  Quantité : Q = (2a − c i − c j ) = ⎜ a −
*

3b 3b ⎝ 2 ⎠

1
  Prix : p* = a − bQ* = (a + c i + c j )
3
1
  Profit : Πi = (a − 2c i + c j ) 2
*

9b
1 b 2 ⎛ c + c ⎞ 2

  Surplus CR : S * = (a − p* )Q* = (Q* ) 2 = ⎜ a −


2 2 9b ⎝
i

2 ⎠
j

  Q*, p* et S* ne dépendent que du coût marginal moyen

  La somme des profits dépend aussi de sa variance


Concurrence à la Cournot -
Stackelberg
  En partant des hypothèses de Cournot, on imagine
qu’une firme anticipe les fonctions de réaction de
ses concurrents.
  Ceci peut se justifier s’il n’y a pas de déviation des
concurrents possible par exemple avec un avantage
du premier arrivé (le leader de Stackelberg a déjà
distribué sa production avant les autres).
  Les quantités mises sur le marché s’imposent aux
concurrents.
  Revient à dire que le jeu n’est pas simultané…
Concurrence à la Cournot –
Stackelberg : exemple

  Demande inverse : P(Q) = a − Q


  Coûts nuls
  Profit 2 : Π2 = (a − q1 − q2 )q2
1
  La CPO donne : q 2 (q1 ) = (a − q1 )
*

2
  La firme 1 prend cette FMR comme donnée :
1 1
Π1 = (a − q1 − (a − q1 ))q1 = (a − q1 )q1
2 2
⎧a 1 ⎫ ⎧a a⎫
  L’EN est alors ⎨ ; (a − q1) ⎬ = ⎨ ; ⎬
⎩2 2 ⎭ ⎩2 4 ⎭
Organisation Industrielle

Chapitre 5 : La différenciation
horizontale

Master 1 – Université Lyon 2


Laurent Granier

- Année 2011/2012 -
Introduction

  Lorsque les biens sont homogènes :


  Les consommateurs arbitrent uniquement en fonction des prix
  Paradoxe de Bertrand

  En réalité, il y a peu (ou pas) de marché avec des


biens parfaitement homogènes :
- proximité de certains lieux de ventes
- concurrents inconnus
- qualités de biens différentes
- variétés différentes
- différentes marques et réputations…
Introduction

Définition :

La différenciation est le fait que des firmes, pour


satisfaire des besoins identiques, offrent des
produits qui ne sont pas totalement identiques (mais
qui portent souvent le même nom), soit du fait de la
nature des procédés de production, soit du fait de
choix délibérés.
Introduction

  Idée : les firmes cherchent à se différencier pour limiter


l’intensité de la concurrence

  Traditionnellement, 2 types de différenciation :


  La différenciation verticale : le classement des biens dépend
des goûts individuels (différentes qualités)  Chap. suivant

  La différenciation horizontale : les biens ne peuvent pas être


classés de la même manière par tous les consommateurs
(différentes variétés, différents lieux d’achat, différentes
réputations…) : pas de bien supérieur à un autre.
Place de la différenciation

  Elément de la structure d’un marché, elle s’impose aux


entreprises
  Mais elle peut devenir une variable stratégique, permettant
par exemple la mise en place de barrières à l’entrée
  Elle rend plus difficile l’analyse concurrentielle
  Elle va dans de nombreuses directions mais cette typologie
peut être proposée :
  Différenciation verticale (qualité)
  Différenciation horizontale :
  Différenciation spatiale
  Différenciation en variétés
La différenciation adoucit la
concurrence

  Intérêt évident de la différenciation :


Si la concurrence est à la Bertrand :
  Biens homogènes  profits nuls
  Biens différenciés  profits positifs
  Méthode de modélisation :
1  Choix simultanés de produits (qualité, variété…)
2  Choix simultanés des prix
  Questions :
  Détermination des prix avec des biens différenciés
  Choix des produits en concurrence
La différenciation spatiale

Dans ce cas, la différenciation ne passe que par la


distance entre les consommateurs et les différentes
firmes. Deux solutions (interprétations) :
  Les consommateurs payent le prix du bien auquel s’ajoute le
coût de transport pour se rendre sur le lieu de vente
  Les firmes facturent le coût de transport :
  Prix FOB (Free On Board) : les prix sont fixés « départ usine » et le
transport et tarifé à part (en fonction de son coût).
  Prix uniforme livré : les prix sont définis transport compris et uniformes
pour l’ensemble des clients, quel que soit le coût de transport (revient à
la première solution où le clients assument eux-mêmes leurs différences
de distance vis-à-vis des firmes.
La différenciation spatiale

Comportement des clients :


  L’hypothèse fondamentale pour des biens différenciés
spatialement est la minimisation des coûts de
transport.

  Chaque firme a donc une aire de clientèle qui se définit


en fonction des distances avec les clients et concurrents.
La différenciation spatiale

Comportement des firmes : elles se localisent


(cherchent le point d’établissement qui permet le plus
de profit) et établissent leurs prix :
  Pour Hotelling, principe de différenciation minimale dans
son modèle
  D’Aspremont, Gabszewicz et Thisse (1979), montrent que
c’est une erreur et que les firmes s’éloignent au contraire pour
diminuer la concurrence : principe de différenciation
maximale
Exemple d’aires de clientèle
La différenciation en variétés

  Définition : sur un marché, des produits sont d’usage


identique ou similaire, avec une appellation souvent
identique, mais avec une apparence différente.

  On peut pratiquer une analyse par les caractéristiques


des produits (Lancaster).

  Exemple : deux voitures parfaitement identiques, mais


l’une rouge, l’autre bleue…
Approche par les caractéristiques

  Chaque objet est considéré comme un agrégat de


caractéristiques qu’on peut définir plus ou moins
objectivement. Le consommateur n’achète pas l’objet mais
les caractéristiques qu’il contient.
  Pour comparer une cravate C1 rouge, en soie et mal taillée à
une cravate C2 bleue, en laine et avec une jolie coupe, le
consommateur évalue l’objet selon trois dimensions :

C1 = (c11,c12 ,c13 ) C 2 = (c12 ,c 22 ,c 32 )

  Les fonctions d’utilité et de demande ont comme arguments


les caractéristiques. La demande de chaque bien n’est
qu’une demande composée des caractéristiques.
Espace de caractéristiques et
variétés réalisables (à coût constant)
Un modèle spatial étendu

•  La concurrence se déroule de nouveau de façon spatiale


(sur une ligne). On retrouve un équilibre de localisation
(spatial).

•  Il n’y a plus de « vrais » coûts de transport mais ces


derniers vont représenter des coûts « psychologiques »,
autrement dit la différence entre les variétés préférées
par un consommateur et celle trouvée chez le
producteur.
Choix des firmes dans l’espace
des caractéristiques
1. Le modèle d’Hotelling : la ville
linéaire (1929)

  Les consommateurs sont uniformément distribués sur [0,1] :


représente une « rue » ou un espace de goûts.

  Deux firmes A et B localisées aux extrémités du segment


unitaire (consommateurs en masse 1).

  Les consommateurs achètent une unité du bien à la firme A ou


à la firme B (ou rien du tout : marché non couvert).
Le modèle d’Hotelling : la ville linéaire

  Méthode pour calculer la demande : déterminer le


consommateur indifférent ou marginal.

  Définition du consommateur marginal :


En présence de consommateurs hétérogènes, désigne le
consommateur indifférent entre deux alternatives.

  Ici : consommateur indifférent entre acheter à la firme A et


acheter à la firme B

  Ou se situe approximativement le consommateur marginal ?


Le modèle d’Hotelling : la ville linéaire
Le modèle d’Hotelling : la ville linéaire

  L’utilité du consommateur localisé en θ ∈ [0,1] est :


⎧ u − pA − tdA s’il achète le bien de A
U( x) = ⎨
⎩ u − pB − tdB s’il achète le bien de B

  Mesure de la distance entre i et j :


-  Mesure linéaire : i− j
-  Mesure quadratique : (i − j) 2

  On suppose que les coûts marginaux de production


sont constants, cA et cB , avec :
0 ≤ cA − cB ≤ t
Le modèle d’Hotelling : la ville linéaire

  Le consommateur indifférent θ˜ est défini par :


u − pA − tθ = u − pB − t(1 − θ )
d’où (si le marché est couvert) :
⎧0 si pA > pB + t

⎪1 p − pA
θ =⎨ + B
˜ si pA − pB ≤ t
⎪2 2t

⎩1 si pA < pB + t

  Les demandes sont alors DA ( pA , pB ) = θ˜ et DB ( pB , pA ) = 1 − θ˜

  Les profits sont : ΠA ( pA , pB ) = ( pA − c A )DA ( pA , pB )


ΠB ( pB , pA ) = ( pB − c B )DB ( pB , pA )
Le modèle d’Hotelling : la ville linéaire

  Les profits se réécrivent :


1 pB − pA
ΠA ( pA , pB ) = ( pA − c A )( + )
2 2t
1 p − pB
ΠB ( pB , pA ) = ( pB − c B )( + A )
2 2t

⎛ 1 pB − pA ⎞ −1 1 pA c A pB
  CPO de A : ⎜ + ⎟ + ( p − c ) × = 0 ⇔ − + + =0
⎝2 2t ⎠ A A
2t 2 t 2t 2t

  Les fonctions de réaction :

1 1
p ( pB ) = (c A + t + pB ) et
*
A p ( pA ) = (c B + t + pA )
*
B
2 2
Le modèle d’Hotelling : la ville linéaire

  Résolution du système des FMR :


1 1 1 1
pA = (c A + t + c B + t + pA )
2 2 2 2
3 3 1
⇔ pA = t + c A + c B
2 2 2
  Les prix d’équilibre : (t augmente le pouvoir de marché)
1 1
p = t + (2c A + c B )
*
A
p = t + (2c B + c A )
*
B
3 3
Si coûts symétriques : p* = t + c

  Les profits d’équilibre :


⎛ 1 ⎞ ⎛ 1 ⎞
⎜ t + (c B − c A )⎟ ⎜ t + (c A − c B )⎟
⎝ 3 ⎠ ⎝ 3 ⎠
Π*A = ΠB =
*

2t 2t
2. Le modèle d’Hotelling avec
localisations endogènes

  Les firmes choisissent leurs localisations (avant les


localisations étaient exogènes).

  On étudie un jeu à 2 étapes :


  Les firmes choisissent leurs localisations
  Puis elles se font concurrence en prix

  On cherche l’équilibre parfait en sous-jeux. Pour cela


on raisone par récurrence amont :
  Equilibre de la concurrence en prix d’abord (2ème étape)
  Puis on détermine l’équilibre de la première étape en supposant qu’à la
seconde étape, c’est l’équilibre de concurrence en prix qui sera joué.
Le modèle d’Hotelling avec
localisations endogènes

La firme A est localisée en a et la firme B en b, avec a < b :


Le modèle d’Hotelling avec
localisations endogènes

Le consommateur indifférent :
u − pA − t(θ − a) 2 = u − pB − t(b − θ ) 2

pB − pA
⇔ (θ − a) 2 − (b − θ ) 2 =
t
pB − pA
⇔ [(θ − a) + (b − θ )][(θ − a) − (b − θ )] =
t
pB − pA
⇔ [b − a][2θ − a − b] =
t

˜ a + b pB − pA
d’où : θ = + il faut vérifier 0 ≤ θ˜ ≤ 1
2 2t(b − a)
Profits et fonctions de réaction (étape 2)

•  Les profits sont :


⎛ a + b pB − pA ⎞
ΠA ( pA , pB ) = ( pA − c A )⎜ + ⎟
⎝ 2 2t(b − a) ⎠
⎛ a + b pB − pA ⎞
ΠB ( pB , pA ) = ( pB − c B )⎜1 − − ⎟
⎝ 2 2t(b − a) ⎠

•  Les fonctions de réaction sont :

p ( pB ) = [c A + pB + t(b 2 − a 2 )]
* 1
A
2
pB ( pA ) = [c B + pA + 2t(b − a) − t(b 2 − a 2 )]
* 1
2
Prix, profits (étape 2)

  Les prix d’équilibre : pour le cas symétrique (c A = c B = c ) :


t(2 + a + b)
p*A = c + (b − a)
3
t(4 − a − b)
pB = c + (b − a)
*

3
  Profits et parts de marché des firmes :
t(b − a)
ΠA (a,b) = (2 + a + b) 2
18
t(b − a)
ΠB (a,b) = (4 − a − b) 2
18
˜ 1
θ (a,b) = (2 + a + b)
6
L’équilibre de localisation (étape 1)

  A l’étape 1, la firme A (par exemple) choisit sa


localisation en prenant le choix de localisation comme
donné

  Elle anticipe l’équilibre en prix de l’étape 2.

  Par conséquent, son programme de maximisation


s’écrit : Max p* (a,b) − c D a,b, p* (a,b), p* (a,b)
a
( A ) (
A A B )
  On écrit la CPO : dérivée totale du profit par rapport à
a.
L’équilibre de localisation (étape 1)

  Le choix de localisation affecte le profit de plusieurs


façon :
  Effet direct : pA dépend de a.
  Effets indirects : Π A dépend de pA et pB , qui dépendent de a.

  On peut ignorer l’effet direct de a sur ΠA (c’est le


théorème de l’enveloppe) :
∂ΠA ∂p*A
=0
∂pA ∂a
  Par conséquent :
dΠA ⎛ ∂DA ∂DA ∂pB ⎞
= ( pA (a,b) − c)⎜
*
+ ⎟
da ⎝ ∂a ∂pB ∂a ⎠
(+) (-)
L’équilibre de localisation (étape 1)

  Dans un jeu à plusieurs étapes, on a potentiellement :


  Des effets directs lorsque les variables choisies dans les
premières étapes affectent directement les fonctions de profits.
  Des effets indirects (ou stratégiques) lorsque les variables
choisies lors des premières étapes affectent des stratégies
déterminées dans les étapes suivantes, qui affectent elles-mêmes
les fonctions de profits.

  Ici, l’effet direct (+) est un effet part de marché et


l’effet indirect ou stratégique (-) est un effet de
renforcement de la concurrence.
L’équilibre de localisation

  Dans notre exemple, l’on retrouve :


∂Π A
= −t((a + b) 2 + 2(2 + b + 3a)) < 0
∂a
d’où (de manière symétrique) :
a =0
*
(b *
= 1)
  L’effet stratégique domine l’effet direct.
  Les firmes ont de fortes incitations à se différencier pour
atténuer l’intensité de la concurrence (même si elles ont des
incitations au mimétisme pour capturer les parts de marché
de leurs rivales).
  Les firmes choisissent la différenciation maximale.
L’équilibre de localisation

  Comparaison avec l’optimum social :

  Celui-ci est atteint quand les coûts de transport sont


minimisés
  C’est le cas pour les localisations ¼ et ¾ .

  Les entreprises se différencient donc trop par


rapport à l’optimum social.
3. Le modèle de Salop (1979)

  Modèle de la ville circulaire


  Détermination de l’oligopole naturel
  Hypothèses :
- Les consommateurs sont uniformément distribués sur un
cercle de longueur unitaire.
- U(x) = u − pi − tdi avec coût de transport linéaire.
- N firmes sont symétriquement localisées sur ce cercle
(Distance entre deux firmes 1/N).
- Coût marginal de production c.
- Les firmes supportent un coût fixe d’entrée F.
- On suppose qu’il y a libre entrée.
Les demandes

Le consommateur indifférent entre i et i +1 (par


symétrie entre i et i – 1 :
1
u − pi − tθ = u − pi+1 − t( −θ)
N
1 pi+1 − pi
d’où : θ˜i,i+1 = + (par sym. θ˜i,i−1 )
2N 2t
Les demandes
Demandes et profits

•  La demande qui s’adresse à la firme i est :


˜ ˜ 1 pi+1 + pi−1 − 2 pi
Di ( pi , pi+1, pi−1 ) = θ i,i+1 + θ i,i−1 = +
N 2t

•  Si on note pi+1 = pi−1 = p0 (voisin de i), on a :


1 p0 − pi
Di ( pi, p0 ) = +
N t
•  Le profit de la firme i est donné par :
⎛ 1 p0 − pi ⎞
Πi ( pi, p0 ) = (pi − c)⎜ + ⎟
⎝N t ⎠
Fonctions de réaction et profits

t
c + p0 +
N
  La fonction de réaction de la firme i : i ( p0 ) =
*
p
2

t
  L’équilibre (symétrique) est : p = p ( p ) ⇒ p = c +
* *
i
* *

t 1 t
  Le profit individuel des firmes : Π* (N) = (c + − c) = 2 − F
n N N
La taille de l’oligopole à long terme (1)

  Hypothèse de libre entrée (il y a entrée tant que le profit est


positif) :
t t
Π (N) = 2 − F = 0
*
d’où : N = e
N F
  Le prix de long terme est p e
= c + tF

  Comparaison avec l’entrée optimale :


W = NΠ (N) + 2N ∫ 0
θ˜ =1/ 2N
*
(u − p − tθ )dθ
t t
avec p = c +
*
et Π (N) = 2 − F
*

N N
La taille de l’oligopole à long terme (2)

  Le bien-être est donc :


t ⎛ u c t t ⎞
W = − NF + 2N ⎜ − − 2 − 2⎟
N ⎝ 2N 2N 2N 2.4N ⎠
t ⎛ t t ⎞
= − NF + ⎜ u − c − − ⎟
N ⎝ N 4N ⎠
t
= u −c − − NF
4N
  La maximisation du bien-être social, ∂W = 0 , nous donne :
t ∂N
−F + 2 =0 d’où : 4FN 2 = t
4N
1
N opt = t /F
2 1
  Comparaison avec l’équilibre de libre entrée : N opt = N e < N e
2
  La libre entrée conduit à trop de firmes.
La taille de l’oligopole à long terme (3)

  Comparaison avec l’équilibre de libre entrée :


1 e
N = N < Ne
opt

2
  La libre entrée conduit à trop de firmes.

  Comment expliquer ce résultat ?


  Les incitations privées et sociales ne coïncident pas.
  Les firmes entrent pour occuper des niches inoccupées mais
aussi pour prendre de la clientèle à leurs rivales (business
stealing effect).
Autre méthode de résolution

  Maximiser le bien-être social revient à minimiser les


coûts supportés par la société :
max W ⇔ min Coûts
N N
  Coûts correspondants à la somme des coûts fixes et des
coûts de transport (minimisés quand θ = 1 2N ) :
t
Coûts = NF + 2Nt ∫ 0
1/ 2N
θdθ = NF +
4N
  La minimisation des coûts donne :
∂Coûts t 1
=F− 2 =0 ⇔ N
opt
= t /F
∂N 4N 2
Organisation Industrielle

Chapitre 6 : La différenciation
verticale

Master 1 – Université Lyon 2


Laurent Granier

- Année 2011/2012 -
Introduction

  Chapitre précédent : différenciation horizontale : les


consommateurs ne classent pas les biens tous de la
même façon.

  Différenciation verticale : tous les consommateurs


sont unanimes.

  Dans les deux cas, on sort du paradoxe de Bertrand.


Définition

  Deux biens en concurrence sur un même marché sont


différenciés verticalement lorsqu’à un prix identique
l’un des biens est préféré à l’autre de façon unanime.
 Différenciation par le haut ou le bas perçue par
l’ensemble des clients.

  Coexistence de n biens verticalement différenciés sur


un même marché si :
  On peut faire le même classement de satisfaction pour tous les
clients entre les n biens : U1<U2<…<Un
  Segmentation des clients selon leurs préférences pour la
qualité.
Choix des firmes

  Quel positionnement pour une entreprise ?


  Arbitrage entre prix élevé et surcoût de production
  Marge = prix (fonction de la qualité) – coût de production
(fonction de la qualité)

  Choix stratégique :
  Incitation à choisir la qualité permettant de maximiser sa marge.
  Incitation à se différencier des concurrents en termes de qualité.
  Parfois plus intéressant de se positionner à une des extrémités (qualité
max. ou min.).
  Lors de l’entrée, préférable de chercher une niche plutôt que de se
positionner sur la même qualité que les firmes en place.
Comment se différencier ?

  Différenciation objective / réelle :


Qualité des composants (fiabilité, durée de vie…), finition,
conseils, SAV…

  Différenciation subjective / artificielle :


  Par la publicité, le marketing, le packaging… :
persuader le client que le produit de qualité.
  Stratégie potentiellement rentable car surcoûts de
production nuls ou limités.
Cadre du modèle

  Différenciation verticale : si le classement des biens est


identique pour tous les consommateurs

  Supposons un bien de qualité s. Les consommateurs θ ∈ [θ ,θ ]


achètent une unité du bien ou rien.

  Un continuum de consommateurs paramétrés par une loi


de répartition F(.) et une fonction de densité f(.).

  Le paramètre θ représente l’utilité marginale pour la qualité


du consommateur de type θ (goût pour la qualité),

avec θ > 0 et θ − θ = 1 .
Les préférences des consommateurs

  Les préférences des consommateurs sont


représentées par la fonction d’utilité :
⎧θs − p si le consommateur achète
U =⎨
⎩0 sinon

  Le consommateur indifférent entre consommer ou non


est donné par :

˜ p
θs − p ≥ 0 ⇔ θ ≥ θ =
s
La demande

  La demande pour le bien est


θ
⎛ p ⎞
D( p,s) = ∫ f (θ )dθ = F(θ ) − F (θ˜ ) = 1 − F ⎜ ⎟
⎝ s⎠
θ˜
  Lorsque la distribution est uniforme, la demande est :
p
D( p,s) = 1 −
s
  Rappel : loi uniforme sur l’intervalle [ a,b] : ⎧0 si x < a,
⎧ 1 ⎪⎪
pour a ≤ x ≤ b, x − a si a ≤ x < b,
⎪ F(x) = ⎨
f (x) = ⎨ b − a ⎪b − a
⎪⎩0 sinon ⎪⎩1 si x ≥ b.
Le cas du duopole

  2 firmes en concurrence qui offrent 2 qualités différentes


d’un même bien, s2 > s1 , avec :

[ ]
si ∈ s,s , ∀i = 1,2

  Le coût de production est c et les prix sont p1 et p2

[ ]
  Les consommateurs sont uniformément distribués sur θ ,θ .
Résolution

Ce modèle se résout de la même façon que celui


d’Hotelling (backward induction) :
  On commence par résoudre l’équilibre de seconde étape de
concurrence en prix.
  On détermine le consommateur marginal.
  Cela donne la demande pour chacune des firmes.
  On détermine ensuite les fonctions de réaction.
  Le croisement des fonctions de réaction donne les prix
d’équilibre.

  On détermine les choix de qualité à l’équilibre de la première


étape.
Les fonctions de demande

  Le consommateur indifférent est donné par :

˜ p2 − p1
θs2 − p2 ≥ θs1 − p1 d’où : θ ≥θ =
s2 − s1

  Les demandes sont alors :


D1 ( p1, p2 ) = θ˜ − θ et D2 ( p1, p2 ) = θ − θ˜
Les profits et les CPO

•  Les profits s’écrivent :


Π1 ( p1, p2 ) = ( p1 − c)D1 ( p1, p2 )
Π2 ( p1, p2 ) = ( p2 − c)D2 ( p1, p2 )

•  On pose Δs = s2 − s1 , on a :
⎛ p2 − p1 ⎞
Π1 ( p1, p2 ) = ( p1 − c)⎜ −θ⎟
⎝ Δs ⎠
⎛ p2 − p1 ⎞
Π2 ( p1, p2 ) = ( p2 − c)⎜θ − ⎟
⎝ Δs ⎠
Les fonctions de réaction

•  Les CPO donnent :


∂Π1 ⎛ 1 ⎞ p2 − p1
= ( p1 − c)⎜ − ⎟ + −θ = 0
∂p1 ⎝ Δs ⎠ Δs
∂Π 2 ⎛ 1⎞ p2 − p1
= ( p2 − c)⎜ − ⎟ + θ − =0
∂p2 ⎝ Δs ⎠ Δs

•  D’où :

−2 p1 − p2 − c −2 p2 − p1 − c
= +θ et = −θ
Δs Δs Δs Δs
Les fonctions de réaction

•  Les fonctions de réaction sont :

p2 + c − θ Δs p1 + c + θ Δs
p ( p2 ) =
*
1 p ( p1 ) =
*
2
2 2

∂p*i ( p j )
•  Les FR sont croissantes : =1 2 > 0
∂p j

  Les stratégies de prix sont sont donc complémentaires.


Les prix d’équilibre

  L’équilibre est donné par l’intersection des fonctions de


réaction :

⎧ p1* ( p*2 ) = p1*


⎨ * *
⎩ 2 1
p ( p ) = p *
2

  Les prix sont :

θ − 2θ 2θ − θ
p =c+
*
1 Δs et p =c+
*
2 Δs
3 3
Les conditions de duopole

Conditions d’équilibre :

(H1) p1* > c ⇔ θ > 2θ

ce qui implique p2 > p1 et D1 ( p1* , p*2 ) > 0


* *

(H2) θ s1 − p*
1 > 0 ⇔ p1 < θ s1
*

θ − 2θ
d’où c + Δs < θ s1
3
Les demandes d’équilibre

  Les demandes sont :


D1 ( p1* , p*2 ) = θ˜ − θ D2 ( p1* , p*2 ) = θ − θ˜
p*2 − p1* p*2 − p1*
= −θ =θ −
Δs Δs
2θ − θ θ − 2θ 2θ − θ θ − 2θ
= − −θ =θ − +
3 3 3 3
θ − 2θ 2θ − θ
= ≥0 = ≥ D1 ( p1* , p*2 )
3 3
  Le marché est entièrement couvert :
D1 ( p1* , p*2 ) + D2 ( p1* , p*2 ) = 1
Les profits d’équilibre

  Les profits s’écrivent :


⎛ θ − 2θ ⎞ 2

Π1 = ( p1 − c)D1 ( p1 , p2 ) = Δs⎜
* * * *

⎝ 3 ⎠
⎛ 2θ − θ ⎞ 2

Π2 = ( p2 − c)D2 ( p1 , p2 ) = Δs⎜
* * * *

⎝ 3 ⎠
  La firme qui produit la plus haute qualité est favorisée
par le marché :

Π >Π
*
2
*
1
Les choix de qualité

•  Les profits sont croissants avec Δs et pour Δs = 0, on retrouve


l’équilibre de Bertrand :
p1* = p*2 = c et Π1* = Π*2 = 0

•  La différenciation adoucit dont la concurrence en prix.


•  Les firmes préfèrent la différenciation la plus forte possible :
s1* = s et s*2 = s
  même si produire de la qualité n’est pas coûteux, la qualité la plus basse
sera toujours offerte.

•  Remarque : si (H1) n’est pas vérifiée alors la firme 1 ne produit pas


et la firme 2 se retrouve en monopole.
Prolongements

  Problème : la qualité n’est pas facilement


observable.

  Pour certains biens, elle ne peut même être perçue


qu’après l’achat : on parle alors de biens
d’expérience (exemple : restaurant).

  Ceci est relié au problème d’information imparfaite.

  De plus, possible existence de switching costs.


Information imparfaite, switching
costs

  Information imparfaite sur les prix : coûts de


recherche du produit, d’identification et de
comparaison des offres (search costs)

  Switching costs : coûts qu’un client doit dépenser


pour changer de fournisseur (ex : logiciel,
banque…)
Segmentation et pouvoir de
marché
  Les trois facteurs…
  Différenciation des produits
  Information imparfaite

  Switching costs

  …ont pour effet commun :


  de réduire l’élasticité-prix croisée par rapport au cas
polaire des biens homogènes (avec info parfaite et sans
switching costs),
  de créer une segmentation des marchés (sous-marchés),

  de donner du pouvoir de marché aux firmes.


Organisation Industrielle

Chapitre 7 : Barrières à l’entrée

Master 1 – Université Lyon 2


Laurent Granier

- Année 2011/2012 -
Introduction

  Un marché concurrentiel conduit toujours à des profits


nuls :
  sans coût fixe, le profit individuel tend vers 0 lorsque le
nombre de firmes tend vers l’infini.
  avec coût fixe, la libre entrée conduit à un profit individuel qui
tend vers 0.

  Or, en réalité dans de nombreux marchés les profits des


firmes sont positifs et on n’observe pas d’entrée.
Idée : il existe une certaine forme de restriction
(barrière à l’entrée) sur ces marchés…

  Comment l’expliquer ?
Définition des barrières à l’entrée

Bain (1959) donne une définition de « barrière à


l’entrée :

  tout ce qui permet aux firmes de réaliser des profits


supranormaux sans menace d’entrée

  en particulier les stratégies d’accumulation de capital


Définition des barrières à l’entrée

  Economie d’échelle, coût fixe (par exemple le monopole naturel)


  Gros investissements
  Investissements irrécupérables

  Avantage (absolu) de coût


  Firme en place produit à 2 € l’unité
  Les entrants potentiels peuvent produire à 5 € l’unité
  La firme en place vend alors à 4 € par exemple dans craindre l’entrée

  Avantage en termes de différenciation des produits


  Exemple : attachement à une marque (avantage du premier arrivé : brand loyalties)
  L’entrant doit faire plus de dépenses de promotion

  Besoin de capitaux (difficultés à réunir des financements pour le


nouvel entrant) :
  Moins connus des banques
  Les firmes en place lui infligent des pertes pour l’empêcher de trouver des
financements
Les différents comportements des
firmes

  Blocage de l’entrée : les firmes se concurrencent, le marché


n’est pas assez attractif pour les entrants. L’entrée n’a pas
lieu. On parle d’entrée bloquée.

  Dissuasion de l’entrée : les firmes en place modifient leur


comportement pour empêcher l’entrée : entrée dissuadée.

  Accommodation de l’entrée : les firmes installées trouvent


plus profitable de laisser entrer que de dissuader l’entrée.
Mais elles adaptent leurs actions pour limiter les effets de
l’entrée : entrée accommodée.
Deux types de barrières à
l’entrée

  Les barrières à l’entrée peuvent être :


  innocentes ou naturelles
  Intentionnelles ou stratégiques

  La notion de stratégie doit être prise ici dans le sens


de Schelling :
Définition : une action stratégique de A est une action
qui influence le choix d’un autre acteur B d’une manière
qui lui (A) est favorable en agissant sur la manière dont
l’autre (B) anticipe son comportement.
Les stratégies de prix

  Notion de prix-limite :
Le prix-limite est le prix le plus élevé permettant de
dissuader les entrants potentiels de pénétrer sur un
marché donné.

  Le prix-limite peut résulter :


  D’un avantage en coût
  D’une stratégie purement dissuasive
Les stratégies de prix

  Notion de prix prédateurs :


  Un monopole sur un marché s’attaque à un second marché
concurrentiel en pratiquant des prix trop bas pour la survie des
concurrents
  Il devient monopoleur sur ce second marché
  Il récupère ses pertes de prédation grâce à ses situations de
monopoleur.
  Problèmes principaux :
  Eliminer les concurrents ne signifie pas éliminer tous les concurrents
potentiels.
  Crédibilité de la stratégie (s’infliger des pertes ne peut se prolonger
durablement). D’où l’importance d’une notion d’engagement.
Les stratégies de capacité

  L’accumulation de capacité avant l’entrée d’un


concurrent.

  La capacité accumulée permet :

  De posséder des ressources rares (exemple : pouvoir


s’engager sur un production élevée).

  De baisser les coûts avant l’entrée.


Les stratégies de coût

  Paradigme RRC (Raising Rivals’ Costs)


  Augmenter les coûts des concurrents
  Cela peut se faire en augmentant ses propres coûts.
Stratégie profitable sous certaines conditions.

  Exemple de l’overbuying :
  La firme installée achète plus que nécessaire d’un input
essentiel pour faire augmenter son prix et punir les
concurrents (entrants).
  Il peut s’agir du coût du travail (collusion avec les
syndicats…) ou encore une matière première…
1. Monopole naturel vs contestable :
1.1 Entrée bloquée

Monopole naturel : entrée bloquée :


  Soit f le coût fixe de production

  Si Πm − f > 0 , le monopole est rentable

  Si Πd − f < 0 , l’entrée est bloquée

  Mais f est une donnée à court terme


Entrée bloquée : exemple de choix
technologique

  La firme 1 choisit entre (f = 0, c) et (f, c = 0)

  Demande Q = 1 - P : concurrence à la Bertrand

  Choisir (0, c) permet l’entrée

  Choisir (f, 0) bloque l’entrée

  Evidemment, si c est relativement petit, il vaut


mieux laisser l’entrée se faire
1.2. Notion de marchés contestables :
Baumol, Panzar et Willig (1982)

Idée : choix d’entrée / sortie sans réaction possible


du monopole.
  La firme en place choisit un prix.
  L’entrant l’observe et fait un « raid » ou pas.
  Le monopole, en anticipant, choisit un prix tel que sa
recette est égale à f (prix = coût moyen).
  Une seule firme sur le marché mais profit nul.
1.3. Sortie : guerre d’usure

  Deux firmes sur un marché.


  A chaque période, les firmes choisissent :
  Choisissent de sortir ou pas
  Observent qui reste sur le marché
  Choisissent leurs prix
  Si les deux restent : perte = -f
  Si une seule reste profit : Πm − f > 0
  Sortir est définitif
  Equilibre en stratégie mixte (proba de sortir / proba
de rester)
Sortie : guerre d’usure

  On détermine la probabilité p de sortir.


  Si au début d’une période les deux firmes sont
actives, elles sortent avec la probabilité p.
  L’espérance de profit en sortant (= 0) doit être égale
à l’espérance de profit en restant active. Soit :
⎛ Πm − f ⎞
p⎜ ⎟ + (1 − p)[ − f + δ ( p × 0 + (1 − p) × 0)]
⎝ 1−δ ⎠
f (1 − δ ) 1
p= m =
Π − δf Πm
−1
f
1+
1−δ
Contestabilité vs guerre d’usure

  Marché contestable : monopole mais profit nul.

  Guerre d’usure :
  En monopole : profit positif
  En duopole : perte
  Espérance de profit nulle

  C’est l’idée de dissipation de la rentre de monopole.


2. Barrière stratégique : le modèle de
Stackelberg
  2 firmes : 1 (installé) et 2 (entrant)

  Pour commencer, pas de coût fixe d’entrée

  Choix des capacités / quantités K1 et K2


  Demande linéaire et bien homogène : 1- k1 - k2

  Coûts marginaux de production constants et


normalisés à 0 (c1=c2=0)

  Timing :
  La firme 1 choisit k1
  La firme 2 observe k1 puis choisit k2
Le jeu et sa résolution

•  Le jeu (en 2 étapes) :


(1) La firme installée choisit le niveau K1 de son investissement
(2) L’entrant (firme 2) observe K1 et choisit K2
•  Pour K1 fixé, l’entrant choisit son niveau
d’investissement : max Π2 (K1,K 2 ) = K 2 (1 − K1 − K 2 )
K2

1 − K1
d’où : K (K1) =
*
2
2
•  La firme installée anticipe K2 et choisit K1 :

max Π1 (K1,K 2* (K1 )) = K1 (1 − K1 − K 2* (K1 ))


K1

1
D’où K1* =
2
Equilibre et hypothèses générales

•  Plus généralement, les hypothèses sont :

∂Π i
(1) Π =
i
<0
j
∂K j
profit de la firme i diminue avec Kj

∂Π i
(2) Π =j
<0
ij
∂K i∂K j
profit marginal de la firme i diminue avec Kj

(3) Pas de coût fixe d’entrée


Equilibre

1 1 1 1
L’équilibre est donné par : K1* = ,K 2* = Π1* = ,Π*2 =
2 4 8 16
Intuition du résultat

  Les fonctions de profit sont identiques mais la firme 1 peut


obtenir plus de profit en limitant la taille que choisit la firme
2 pour rentrer.

  Rappel : choix simultané : K1 = K 2 = 1 3 et Π = Π = 1 9


1 2

  la rentabilité marginale de l’investissement de la firme 2 ( Π22 )


est diminuée

  ce qui incite à ne pas trop accumuler de capital


  la firme 2 investit moins
  ce qui bénéficie à la firme 1
Importance de l’engagement (1)

  Rôle important de l’irréversibilité du capital


  la firme 1 n’est pas sur sa FMR ex post
  si K2 fixé à ¼, le choix de la firme installée est :
1 3
maxK1 (1 − K1 − 4 ) d’où K1 =
8

  Donc la MR de la firme 1 à K2=1/4 est K2 = 3/8 < ½

La firme en place « surproduit » pour pousser


l’entrant à « sousproduire » (K 2 : 1 → 1 )
3 4
Importance de l’engagement (2)
Importance de l’engagement (3)

•  Interprétation :

•  la firme 1 aurait intérêt à réduire K1 à 3/8 après le choix


de la firme 2
•  mais la firme 2 l’anticiperait et choisirait alors K2 > 1/4
•  la firme 1 y perdrait.

•  Ici, la firme 1 s’adapte à l’entrée (accommodation de


l’entrée) et la firme 2 entre mais à faible échelle

•  S’il n’y avait pas d’engagement, cela reviendrait à un


Cournot classique.
La dissuasion de l’entrée

Pour dissuader l’entrée, la firme 1 doit choisir K1 tel que :

K 2* (K1 ) = 0 ⇔ K1 ≥1

Or, dans ce cas la firme 1 fait des pertes

La firme accommode donc l’entrée (cadre symétrique sans


coût fixe).
Modèle asymétrique

  Si les firmes sont asymétriques (c1 < c 2), alors la firme 1 peut
monopoliser le marché.
  Elle fixe un prix limite (si l’écart de coût est suffisant). Cette
stratégie est optimale pour elle.
Avec des rendements croissants ?

  Dans une situation de rendements croissants, une entrée à


faible échelle peut devenir non rentable pour la firme 2 :
f > 0, coût fixe d’entrée

Π2 (K1,K 2 ) = K 2 (1 − K1 − K 2 ) − f
d
  Le niveau de capital K1 qui décourage l’entrée est donné
par : 1 − K1d 1 − K d
− − )− f =0
[ ]
d 1
(1 K
Max K 2 (1 − K1 − K 2 ) − f = 0
d
2 1
2
K2
1 − K d
1 − K d

(1 − K1 − K 2 ) − K 2 = 0
d 1
( 1
)− f =0
2 2
1 − K1d 1
K2 = (1 − K1d ) 2 − f = 0
2 4
Avec des rendements croissants ?

  D’où K1d = 1 − 2 f > 1 2 (si f < 1 / 16)

  Le profit de la firme 1 est :

1
Π1 = 2 f (1 − 2 f ) > (si f < 1 / 16)
8

  Donc finalement la firme 1 est incitée à décourager l’entrée


en choisissant K1d
En fonction de f, entrée bloquée,
accommodée ou dissuadée

  Si f est tel que K1d ( f ) < K1m, alors l’entrée est bloquée

  Si f est tel que K1d ( f ) < K1m, alors l’entrée est


dissuadée ou accommodée selon que :

  Π1m (K1d ) ><= Π1* c’est à dire selon le classement entre


profit de dissuasion (monopole) et d’accomodation

1 ⎛ 1 ⎞ 2

  Soit si f > ⎜1 − ⎟ alors il y a dissuasion.


8⎝ 2⎠
Bilan en fonction de f

1
  Si le coût fixe est relativement élevé (f > 16
), alors
l’entrée est bloquée.

1 1⎛ 1 ⎞
  Si < f < ⎜1 − ⎟, alors l’entrée est dissuadée.
16 2⎝ 2⎠

1⎛ 1 ⎞
  Si ⎜1 − ⎟> f >0 , alors l’entrée est accommodée.
2⎝ 2⎠
Le modèle de Spence - Dixit

  Barrière stratégique, modèle de Stackelberg

  Cadre du modèle :
  La concurrence sur le marché détermine le prix du marché à CT
  À LT, les firmes se concurrencent par accumulation de capacités de
production

  Idée :

La position avantageuse de la firme installée conduit à accumuler


une capacité importante afin d’empêcher ou de limiter l’entrée
Le modèle de Spence - Dixit

  2 firmes : 1 (installée) et 2 (entrante)


  Choix des quantités q1 et q2
  Capacités limitées à K1 et K2
  Demande linéaire et bien homogène : 1- q1 - q2
  Coûts marginaux de production constants et
normalisés à 0 (c1 = c2 = 0)
  A capacités fixées, les firmes se concurrencent en
quantité (Cournot)

max Πi (q1,q2 ) = (1 − q1 − q2 )qi avec qi ≤ K i


qi
3. Taxonomie des stratégies :
Fuddenberg & Tirole (1984)

  Typologie « animale » décrivant quatre scénarios


possibles selon :
  la pente des fonctions de réaction (stratégies
complémentaires ou substituables)
  selon que l’investissement de la firme 1 la rende plus
dure ou plus douce
  Deux cas :
  Accommoder l’entrée
  Dissuader l’entrée
Accommoder l’entrée

  Une firme en place anticipe l’entrée d’un concurrent.


  1ère étape : la firme 1 choisit k1 (investissement)
  2ème étape : la firme 2 entre ou pas.
  3ème étape : les deux firmes choisissent leurs variables
stratégiques (concurrentielles)
  L’équilibre de Nash du jeu de concurrence après entrée
peut s’écrire (x1* (k1), x *2 (k1),k1)
  Le monopole en place choisit donc k1 de telles sorte
qu’il maximise :
Π1 (x1* (k1 ), x *2 (k1 ),k1 )
Accommoder l’entrée

  Dérivée du profit par rapport à k1 *:


*
∂Π1 ∂x1 ∂Π1 ∂x 2 ∂Π1
+ +
∂x1 ∂k1 ∂x 2 ∂k1 ∂k1
∂Π1
  D’après la CPO de la deuxième période : =0
∂x1
  Donc la CPO de première période fait apparaître deux
termes :
∂Π1 * * *
  Effet direct :
∂k1
( x1 , x 2 ,k1 )
∂Π1 ∂x *2 * * *
  Effet indirect :
∂x 2 ∂k1
( x1 , x 2 ,k1 )
  Dans un jeu simultané, on obtiendrait (x1, x 2,k1).
  Si l’effet stratégique est positif, alors k1* > k1 . La firme 1 sur-investit
pour améliorer son profit de seconde période.
  Si l’effet stratégique est négatif, alors k1* < k1. La firme 1 sous-investit
Accommoder l’entrée

  x2 ne dépend pas directement de k1. On peut donc


écrire : ∂x * ∂x * ∂x *
2
= 2 1
∂k1 ∂x1 ∂k1
  Or, x *2 (x1) est la FMR de la firme 2 au choix de x1

  Notons cette fonction R2 (x1)

  Le signe de l’effet stratégique est donc :


⎛ ∂Π1 ∂x *2 * * * ⎞ ⎛ ∂Π1 ∂x1* ⎞
Signe⎜

⎝ 2 1
x ∂ k
( x1 , x 2 ,k1 )⎟ = Signe⎜
⎠ ∂
⎝ 2 1⎠
x ∂ k
⎟ × Signe( R'2 )
Accommoder l’entrée

  De plus, en supposant une certaine symétrie :


⎛ ∂Π1 ⎞ ⎛ ∂Π 2 ⎞
Signe⎜ ⎟ = Signe⎜ ⎟

⎝ 2⎠x ∂
⎝ 1⎠x
⎛ ∂Π1 ∂x *2 * * * ⎞ ⎛ ∂Π2 ∂x1* ⎞
  On a donc Signe⎜

⎝ 2 1
x ∂ k
( x1 , x 2 ,k1 )⎟ = Signe⎜
⎠ ∂
⎝ 1 1⎠
x ∂ k
⎟ × Signe( R'2 ) , avec :
  Si Signe( R'2 ) < 0 , les stratégies sont substituables
  Si Signe( R'2 ) > 0 , les stratégies sont complémentaires
⎛ ∂Π2 ∂x1* ⎞
  Si Signe⎜ ⎟<0, l’investissement k1 fait de la firme 1 un

⎝ 1 x ∂ k1⎠
concurrent plus dur.
⎛ ∂Π2 ∂x1* ⎞
  Si Signe⎜ ⎟>0 ,l’investissement k1 fait de la firme 1 un

⎝ 1 x ∂ k1⎠
concurrent plus faible.
Accommoder l’entrée

∂Π j ∂x *i ∂Π j ∂x *i
<0 >0
∂x i ∂k i ∂x i ∂k i

R' i > 0

R' i < 0

L’effet stratégique ne peut avoir que deux sens :


  Sur-investir s’il est positif,
  Sous-investir s’il est négatif.
Accommoder l’entrée

  Pourtant, la signification du sur- ou sous-investissement


n’est pas toujours la même.
  Par exemple, les stratégies « Fat Cat » et « Top Dog »
correspondent toutes les deux à un sur-investissement.
Pourtant :
  Stratégie « Gros chat » : l’investissement affaiblit le monopole en
place. Stratégie optimale du fait de la croissance des fonctions de
réaction : cela permet de calmer la concurrence après entrée.
  Stratégie « Top Dog » : l’investissement est agressif : la firme en
place prend les devants avec une politique d’expansion. Stratégie
optimale du fait de la décroissance des fonctions de réaction.
Dissuader l’entrée

  Le monopole crée une situation si défavorable pour


l’entrant que celui-ci renonce à pénétrer le marché.
  Exemple : profit espéré insuffisant pour couvrir les
coûts fixes).
  Le monopole doit choisir k1 tel que :

Π2 (x (k1 ), x (k1 ),k1 ) ≤ 0


*
1
*
2

  Le monopole cherche à réduire à néant le profit de


l’entrant.
Dissuader l’entrée

  Il faut donc étudier la variation du profit de l’entrant avec


k1. ∂Π2 (x1* (k1), x *2 (k1),k1) ∂Π2 ∂Π2 ∂x1*
= +
∂k1 ∂k1 ∂x1 ∂k1
∂ Π ∂ x *
*
  Le 3 terme
ème 2 2
est nul car x 2 maximise le profit de
∂x 2 ∂k1
l’entrant.
∂Π 2
  L’effet direct peut être supposé nul. S’il ne l’est pas, il
∂k1
est clair que le monopole peut élever une barrière à
l’entrée avec succès (moins intéressant).
∂Π2 ∂x1*
  Il ne reste plus qu’un terme :
∂x1 ∂k1
  Une seule solution pour dissuader l’entrée : « faire peur »
à l’entrant.
Dissuader l’entrée

∂Π j ∂x *i ∂Π j ∂x *i
<0 >0
∂x i ∂k i ∂x i ∂k i

R' i > 0

R' i < 0

Pour « faire peur », il suffit de :


  Sur-investir si l’investissement rend « dur »

  Sous-investir si l’investissement rend « faible »


Organisation Industrielle

Chapitre 8 : les relations verticales

Master 1 – Université Lyon 2


Laurent Granier

- Année 2011/2012 -
Introduction

  Relations verticales entre les firmes

  Une firme revend ce qu’elle achète

- introduction du marché de gros

- relations entre le marché de gros et le marché de détail (reports


de pouvoir de marché ?)
Introduction

  Exemples :
  producteurs/fournisseurs et distributeurs (grande distribution,
marché des médicaments,…)
  gestionnaires d’infrastructures / distributeurs de services
(télécoms, énergie, transports,…)

  Le cadre de référence : la firme intégrée


  Quelles seraient les décisions de la structure intégrée ?
  Comparaison structure intégrée / structure séparée
  Comment reproduire les résultats de la structure intégrée avec
des contrats verticaux ?
Le modèle de base

  1 producteur + 1 distributeur

  Monopole bilatéral
  En amont, sur le marché intermédiaire
  En aval, sur le marché de détail

  Coût marginal constant de production et de distribution

  Le producteur fixe un prix (linéaire) intermédiaire w

  Le distributeur fixe un prix (linéaire) final p

  La demande des consommateurs est D(p)


Représentation de l’industrie

La chaine verticale
Détermination des prix d’équilibre

  Supposons des coûts marginaux constants


  c ≥ 0 pour le producteur
  nul pour le distributeur

  Demande linéaire : D(p) = 1 - p

  Deux étapes :
  Choix du prix intermédiaire par le producteur
  Choix du prix de détail par le distributeur

  On raisonne par récurrence amont


La résolution

•  Le distributeur choisit p qui maximise son profit (à w


fixé) : max( p − w)D( p)
p

= max( p − w)(1 − p)
p

•  Le prix est (par la CPO : 1 − p − p + w = 0) :


p = p(w) = (1+ w) 2
•  Le producteur fixe w (en anticipant p(w)) :
max(w − c)D( p(w))
w

⎛ 1+ w ⎞
= max(w − c)⎜1 − ⎟
w ⎝ 2 ⎠
•  Le prix intermédiaire est : w * = (1+ c) 2
1+ w 1
par la CPO (1 − 2 − 2 (w − c) = 0 )
Les résultats

•  On obtient finalement les prix, profits, surplus et


bien-être à l’équilibre :
*
1+ w
w * = (1+ c) 2 et p* = = (3 + c) 4
2
D* = (1 − c) 4

(1 − c) (1 − c) (1 − c) 2 ⎛ (3 + c) 2(1+ c) ⎞ (1 − c) (1 − c) 2

ΠP =
*
= Π*D = ⎜ − ⎟ =
2 4 8 ⎝ 4 4 ⎠ 4 16

1 (1 − c) 2
7(1 − c) 2
S * = (1 − p* )D* = W * = Π*P + Π*D + S * =
2 32 32
Comparaison avec la structure intégrée

  Le programme de la structure intégrée est :

max Πm = ( p − c)D( p) = ( p − c)(1 − p)


p

  De la CPO, on obtient le prix d’équilibre p m = (1+ c) 2

  Comparaison :
p m < p*
(1 − c) 2 3(1 − c) 2
Π =
m
> ΠP + ΠD =
4 16
W m >W *
Remarques

  L’intégration verticale élimine la double marge

  On obtient aussi ce résultat dans le cas d’une relation


horizontale avec biens complémentaires

  En pratique, même incitation à contourner le


problème :
- accords systèmes d’exploitation, fabricants d’ordinateurs
- accords Microsoft, Intel…
Idées générales

  S’il y a des externalités alors la coordination entre les


firmes est nécessaire

  L’intégration verticale est plutôt bien appréciée par les


autorités de concurrence

  MAIS ce n’est pas le cas des accords verticaux entre


firmes (≠ prix linéaires) :
- à court terme, possibilité de bénéfices
- peut constituer des barrières à l’entrée à plus long terme (?)
- peut poser des problèmes d’exclusion et de prédation…
Les restrictions verticales

•  Objectif : résoudre le problème de la double


marge

•  Différents types de restrictions verticales :


•  Contrat de franchise : application d’un tarif non
linéaire : prix uniforme + droit de franchisage

•  Redevances et commissions : partage du revenu


basé sur ventes totales ou bénéfices du distributeur

•  Prix de détail imposé (PRI : prix de revente


imposé). Ce prix maximise le profit du Pr et non du
D r.
Les restrictions verticales

Différents types de restrictions verticales (suite) :


  Quotas de vente et d’achat : si la demande est connue, c’est
équivalent aux prix imposés.
  Territoires exclusifs… (si concurrence entre distributeurs :
concurrence intra-marque) : attribution d’une zone ou
groupe de client au distributeur : idée : constituer des
monopoles locaux.
  Distribution exclusive (si concurrence entre producteurs :
concurrence inter-marques) : interdiction de vendre le
produit concurrent imposée au distributeur.
  Ventes liées : oblige le distributeur à vendre plusieurs
produits de la marque.
Le contrat de franchise

•  Il s’agit d’une tarification binôme (en deux parties)


- Une franchise A et un prix unitaire w
- On maximise le profit global ( ΠP + ΠD )

•  Si le producteur a le pouvoir de négociation :

•  w = c (prix unitaire bas)


•  A = Π (franchise élevée)
m

•  le producteur récupère le profit de la structure


intégrée :
ΠP = Πm et ΠD = 0
Le contrat de franchise

  Si le distributeur a le pouvoir de négociation :


- w = c (prix unitaire faible)
- A = 0 (franchise faible)
- le distributeur récupère le profit d’intégration : ΠP = 0 et
ΠD = Πm
  C’est un outil puissant mais des limites existent :
- incertitude sur la demande et sur les coûts
- asymétrie d’information (information privée du distributeur)
- effets de la concurrence entre distributeurs (concurrence intra-
marque) : le distributeur ne doit pas acheter + que ce dont il a besoin
et écouler sur un marché parallèle
Le prix de revente imposé

  Le producteur choisit le prix intermédiaire et le prix de


détail :
w = p = pm
d’où : ΠP = Πm et ΠD = 0
  En pratique le producteur n’impose pas directement le prix
mais fixe un prix plancher tel que p ≥ p (ne résoud pas le
problème) ou un prix plafond ( p ≤ p) ou alors donne un prix
conseillé aux consommateurs lors de campagnes de
publicité.
  Pour que cela fonctionne, il faut déceler rapidement les
changement de prix et mesures équivalentes (ex : livraisons
gratuites…)
Quotas de vente et d’achat

  Ce sont des clauses sur les quantités que le


distributeur doit acheter.

  Exemple : ventes forcées (moyen le plus direct),


quantité minimum imposées, rationnement…

  Si la demande est connue, cela revient à pratiquer


un prix imposé.
Introduction de la concurrence entre
distributeurs (intra-marque)
  Cas polaire : si concurrence à la Bertrand entre
distributeurs, le prix de détail est égal au Cma (c’est à
dire le prix du marché de gros dans notre cas).

  Le producteur extrait tout le surplus des distributeurs en


fixant un prix du marché de gros égal au prix de détail
de la structure intégrée.

  Si on a en plus de la concurrence inter-marques : le


contrat de franchise va permettre éventuellement
d’anihiler la concurrence intra-marque et de n’avoir que
la concurrence inter-marques.
Restrictions verticales : pour aller
plus loin
En fait, ces restrictions vont dépendre d’autres
éléments :

  Concurrence inter/intra marques.


  Services et efforts des distributeurs :
  Les distributeurs rendent des services (SAV, livraison gratuite,
conseils…) qui rendent les biens des producteurs plus
attractifs
  Création d’externalités et problème de niveau d’effort optimal.
  Prise en compte aussi du coût marginal du/des
distributeurs.
  Type de concurrence (Bertrand/Cournot…)
Cas des efforts des distributeurs

  Services :
  Conseil, information des consommateurs
  Réduction des files d’attente, livraisons…
  Service après-vente, hotline…
  Modification du modèle de base :
  Le distributeur exerce un effort s .
  Qui augmente la demande D( p,s).
  Coût de l’effort Φ(s) par unité produite
  Implique d’autres externalités et donc d’autres
utilisations des restrictions verticales.
Forclusion (=exclusion)

  Peut exister si coexistent des firmes verticalement


intégrées et des firmes en aval non intégrées

  Refus de la part d’une firme intégrée de servir des


firmes aval en produit intermédiaire : arbitrage de la
firme intégrée :
  Baisse de concurrence (prix final augmente)
  Si produits différenciés, la demande finale et donc la
demande intermédiaire peut augmenter avec la présence
de ces distributeurs malgré la concurrence (adoucit par la
différenciation)
Organisation Industrielle

Chapitre 9 : collusion

Master 1 – Université Lyon 2


Laurent Granier

- Année 2011/2012 -
Introduction

  La collusion est explicite (cartel ouvert / entente explicite)


ou tacite (entente tacite / cartel informel).

  Il s’agit d’ententes entre des firmes visant à relâcher la


concurrence au détriment des consommateurs (profits
supra normaux).

  C’est une idée ancienne : Smith (1776) :


« Les gens d’une même professions se réunissent rarement, même
pour s’amuser et se distraire sans que la conversation n’aboutisse à
une conspiration dont le public fait les frais ou à une machination
pour accroître les prix. »
Introduction
  Des cartels ouverts…
  Interdits dans tous les pays développés :
  Sherman Act aux USA (1890)
  Traité de Rome en Europe (1957)
  Lutte contre les cartels :
  Priorité des autorités consensus large : inefficacité allocative, productive et
dynamique.
  Succès majeur de la politique de la concurrence : existence d’une « culture de
la concurence ».

  … Aux ententes tacites :


  Des cartels des plus en plus secrets et informels difficiles à détecter et à
condamner.
  Recours croissant à des preuves/raisonnements économiques.
Introduction

  Incitations collectives fortes à la formation d’un


cartel

  Mais chances de succès limitées et incertaines


  Instabilité externe liée :
  Aux firmes en dehors du cartel
  Aux entrants potentiels du marché
  Instabilité interne liée :
  Aux difficultés de converger vers un accord
  Aux difficultés d’appliquer / exécuter l’accord
Introduction

  Les interactions répétées peuvent générer une certaine


coopération.
  Parabole du dilemme du prisonnier :

  En statique, un seul équilibre.


  Les interactions répétées permettent la collusion grâce
aux menaces de sanctions / punitions dans le temps.
Plan du cours

1.  Jeux répétés


2.  Cas général
3.  Entraves à la collusion
4.  Facteurs favorables
1. Jeux répétés (super-jeux)

  Modèle de base : concurrence à la Bertrand :


  A chaque période, concurrence à la Bertrand.
  Choix simultanés de prix pit et p jt .
  Les consommateurs achètent au prix le plus bas.
  Actualisation :
1
  δ= le acteur d’escompte mesure l’importance du
1+ r
futur ou la préférenceT pour le présent.
  Profit global : Πi = ∑δ t π i ( pit , p jt )
t =0
  π i ( pit , p jt ) le profit de la période t.
  Le choix pit dépend de l’histoire.
1.1 Paradoxe de la répétition finie

  Valeur des prix à la dernière période :


  Concurrence à la Bertrand statique lors de la dernière
période.
  Unique choix d’équilibre : piT = p jT = c
  Valeur des prix à l’avant dernière période :
  Les profits de la dernière période sont nuls.
  Idem à l’avant dernière.
  Unique choix d’équilibre : piT −1 = p jT −1 = c
  Unique équilibre : pour tout t, pit = p jt = c. Si la date de fin
est connue avec certitude, pas de coopération possible.
Une incertitude sur la date de fin revient à un temps infini.
1.2 Répétition infinie

  Résultat général :
  Un équilibre de Nash du jeu statique « reste » un EN du
jeu répété.
  Pour tout t, pit = p jt = c est un EN du jeu répété.

  Formellement : Stratégie dans un jeu infiniment


répété :
  Histoire : ht = ( pi0 , p j 0 ;...; pit −1, p jt −1 )
  Le choix en t dépend de ht .
Répétition infinie

  Question :
  La non-collusion / non-coopération est un EN.
  Existe-t-il d’autres équilibres ?

  Recherche d’un équilibre particulier :


Supposons que pour tout t, pit = p jt = p.
m
 

  Quelle serait la déviation la plus profitable ?


  Dévier vers p m − ε en t = 0.
  Quelle serait la punition la plus forte ?
  Revenir à pit = p jt = c pour tout t.
Arbitrage présent / futur

  Gain à court terme d’une déviation (en t = 0) :


  En déviant : π
m
m
π
  En respectant la collusion :
πm 2
  Gain :
2
  Perte à long terme d’une déviation :
+∞

  En déviant : ∑δ 0 = 0
t

+∞
t =1
π δ πm m

  En respectant la collusion : ∑ δ =t

2 1−δ 2
δ πm t =1
  Perte :
1−δ 2
1.3 Equilibre de collusion

  Collusion EN si perte de déviation > gain de


déviation :
δ π
m m
π
  Perte : Gain :
1−δ 2 2
δ π m
π m
1
  D’où : > ⇔δ >
1−δ 2 2 2
1
  Si les firmes sont suffisamment patientes ( δ > ),
2
alors il existe un ENSJ P avec collusion.
  Stratégies formelles :
  Si ht = ( p m , p m ;...; p m , p m ) , alors : pit = p jt = p m.
  Sinon, pit = p jt = c .
2. Cas général : concurrence et
nombre de firmes quelconques
  Trois grandeurs + taux d’escompte :
  Π le profit de collusion (par ex. π m /n)
col

  Π dev
le profit de déviation (par ex. π m
)
  Πconc le profit de punition / concurrence (par ex.
0)
  δ le facteur d’escompte
  La collusion est ENSJP si : le gain (à court
terme) à dévier est inférieur à la perte (à long
terme) due à la déviation.
Arbitrage présent / futur

  Gain à court terme (en t = 0) :


  En déviant : Πdev
  En respectant la collusion : Πcol
  Gain : Πdev − Πcol

  Perte à long terme+∞


:
δ
  En déviant : ∑ δ Π
t conc
=
1−δ
Π conc

t =1 +∞
δ
  En respectant la collusion : ∑δ Π t col
=
1−δ
Πcol
δ
(Πcol − Πconc )
t =1
  Perte :
1−δ
Equilibre
  Collusion EN si perte > gain :
δ
  Perte :
1−δ
(Πcol − Πconc ) Gain : Πdev − Πcol
δ
  D’où :
1−δ
(Πcol − Πconc ) > Πdev − Πcol

Πdev − Πcol
⇔ δ > δ = dev
Π − Πconc
  Si les firmes sont suffisamment patientes (δ > δ ),
alors il existe un ENSJ P avec collusion.
  Stratégies formelles :
Si ht = ( p m , p m ;...; p m , p m ) , alors : pit = p jt = p .
m
 

  Sinon, pit = p jt = p conc .


Applications

  Concurrence à la Bertrand, n firmes :


1 m
Πcol = π Πdev = π m Πconc = 0
n
Πm − Πm n n −1 1
δ= = = 1 −
Πm − 0 n n
  Concurrence à la Cournot, n firmes :
1 ⎛ n +1⎞ 2 m 4
Π col
= πm Π dev
=⎜ ⎟ π Πconc = 2 π
m
n ⎝ 2n ⎠ (n +1)
(n +1) 2
δ= 2
n + 6n +1
  Comparaison :
1 (n +1) 2
Si n = 2, 1 − < 2
n n + 6n +1
3. Entraves à la collusion

La collusion est plus difficile en cas d’asymétrie :


  Demande fluctuante :
  Périodes de demandes élevées (Dh) et périodes de demandes
basses (Db)
  Déviation plus profitable en période haute
  Si collusion au prix pm impossible, collusion à un prix inférieur
(même si Dh)
  Firmes différentes
  Si c i ≠ c j , les firmes ne sont pas d’accord car deux prix de
monopole.
  La collusion est perturbée.
Entraves à la collusion

Problème d’information :
  Problème de la détection des déviations
  Exemple : demande fluctuante non observable,
impossible d’observer le prix du concurrent…
  L’information vient de la part de marché…
  Mais une part de marché basse peut venir de :
  d’une déviation d’un concurrent,
  comme d’une demande déprimée.
Variables supplémentaires

  Probabilité de détection ( Φ) : permet d’intégrer


dans les stratégies le temps qui en moyenne
permettrait de détecter une déviation de l’accord.

  Temps de réaction (Γ ) : avant que la punition


puisse s’initier une fois la détection faite.

  D’où le seuil de collusion : 1


⎡ Π −Π
dev col ⎤ Γ
δ > δ = ⎢ dev col ⎥
⎣ Π − ΦΠ − (1 − Φ)Π ⎦
conc
4. Facteurs favorables (resp.
défavorables)
  Concentration, absence d’entrée
  Bien homogène
  Fréquence importante et régulière des ventes
  Demande prévisible et peu variable
  Symétrie
  Contacts sur plusieurs marchés
  Stocks, capacités de production en excès
  Transparence des prix et échange d’information

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