Você está na página 1de 2

Au Maroc, la situation est plus grave qu’il n'y paraît.

Tellement de choses nous manquent qu’il est


aujourd’hui impossible de continuer d’avancer. Le pays est divisé, la société n’a plus de repères.
La religion est passée d’une spiritualité à un nouvel état au cœur d’un autre. La doctrine nous ligote
les mains et l’ignorance nous assomme. Le constat est alarmant, le pays coule à la dérive. La
jeunesse étouffe son désespoir dans des joints sans répit alors qu’un pseudo entité de pseudo
avertis appelle à la légalisation.
Les politiciens piochent dans les caisses de l’état et les écoles se désemplissent pour meubler les
trottoirs de marchands ambulants et plonger la rue dans un tumulte fait de cris d’agacement. La
police cherche plus à se protéger plutôt que de protéger la société, les bus deviennent un péril et
la propriété publique est de plus en plus piégée.
La privatisation de l’éducation et la santé enfoncent les pauvres dans leur misères en faisant les
beaux yeux aux fortunes de la rue d’à côté.
La situation est alarmante. Les filles vendent leur corps en substituant leurs dignités contre
quelques sous de survie et les garçons crachent leurs misères dans les stades en ôtant les sièges
ou en cassant les petits commerces. La presse est plus que jamais abattue en montrant des
symptômes auxquels on reconnaît une femme meurtrie par le poids de son destin. La loi ne protège
plus personne. Elle peine à se protéger. Les voix libres sont étouffées au profit de la propagande
de l’état.
Le pays s’endette de plus en plus. La guerre s’apprête à éclater au sud. Le Sahara pompe nos
richesses. Nous sommes pauvres et on s’appauvrit. On perd nos valeurs. Notre jeunesse se
retourne contre nous. Nos haines et nos rancunes s’amplifient. Nos gags moqueurs perdent de
goût. On se paye les têtes des uns et des autres à l’espoir de se sentir soulagés. Le sport nous
enfonce. Même le foot qui a longtemps été notre drogue nationale aujourd’hui déprime les hommes
et les femmes en piochant de grosses sommes dans les caisses de l’état. Le pays souffre.
Le peuple schizophrène se retourne contre lui-même. Le couteau s’enfonce et la plaie saigne
encore et encore. La télévision mal dans sa peau agonise. Les téléfilms se multiplient comme la
corruption se répand. Le peuple va mal. Des maris assassinent leurs femmes et des Imams violent
des enfants. Plus rien ne choque, ni le mariage d’une fille violée à son bourreau, ni jeter ses deux
filles jumelles par la fenêtre. Des mères sont poignardées jusqu’à la mort par un fils déprimé,
suicidé par l’échec d’une vie qui lui a jamais souris.
Victor Hugo avait raison, nos écoles se ferment et nos prisons s’emplissent. La prison ne fait plus
peur. L’autorité a perdu sa légitimité. Les jeunes abusent dans la drogue ou se convertissent à la
supercherie du Jihad en faisant couler des rivières de sang. Le pays va mal pendant que des
grands cerveaux prennent des allers simples en direction de l’occident. On se déteste. On s’envie.
On consomme une haine qui nous consume. Personne ne va bien. Le marocain souffre. Le Maroc
souffre. Tout le temps et partout.
Le marocain a peur mais n’a aucun respect. Les femmes se plaignent dans les salons de coiffures
et les hommes crachent leurs frustrations au premier moulant qui les croise.
“ Le TABOUNE “ hante des centaines d'âmes loin de la récession. Le pays va mal. Il fait noir
partout. Nos grandes villes sont sales et le lambda continue de débarrasser ses poches dans les
grandes avenues. Le Tramway et le TGV nous rappellent la taille de nos complexes. Nous sommes
des pauvres qui se forcent de paraître riche. La richesse est tabou et nous hante. Tout le pays
fonctionne ainsi : Aid L’Kbir, la rentrée scolaire, les vacances d’été, la voiture, le frigo ou encore le
phénomène du salon marocain, centre de tout l’investimment de la maison, rien que pour mettre
en vitrine ce qu’on est devenu. Tout y passe. Mêmes les draps et les fourchettes.
Les cafés sont remplis et ne rabâche que la haine qui nous anime. L’amour des clubs de foot
dépasse la reconnaissance des parents et le respect des autres. Le silence nous tue,
l’irresponsabilité nous ronge et l’individualisme nous enfonce.
Il n'y a pas de militantisme, que des moments de désinvolture et quelques quarts d’heure de
révolte. Le peuple survit. C’est la vérité.
Le pays s’enfonce. Le pays va mal. La chute se fera. Rien ni personne ne pourra l’arrêter. Plus on
s’enfonce plus les séquelles seront plus graves. Finit nos grandes phrases qui cachent nos
hypocrisies les plus élégantes. Finit nos pseudo-volontés enfouies dans de longs discours afin de
justifier l’éternelle inaction. Des âmes s’immolent à l’espoir d’un future meilleur ou juste une
espacapade. Nous vivons de promesses, souvent banales pour atténuer notre bêtise. Nous
sommes la pire comédie de notre histoire. Le constat est alarmant. Le pays s’enfonce. Le pays va
mal.
R. Bouziane, Le Maroc va mal : Le destin d'un pays suicidé, chronique du samedi soir, 27/11/2012.

Você também pode gostar