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Histoire/discours : textes
(1) Le purgatoire médiéval réutilise des motifs mis en circulation en des temps très anciens : ténèbres, feu,
tortures, pont de l’épreuve et du passage, montagne, fleuve, etc. et a refusé finalement des éléments qu’il a
failli accueillir : pâturages, errances, ou rejeté d’entrée de jeu : réincarnation, métempsychose. J’évoquerai
donc d’abord ces lambeaux venus d’ailleurs et de loin, parfois de très loin dans l’espace et le temps (J. Le
Goff, La naissance du purgatoire, cité par M. Perret, L’énonciation en grammaire de texte, Nathan, 1994,
collection « 128 »).
(2) Tu ne t'imagines pas quel poète c'est Ronsard. Quel poète ! Quel poète ! Quelles ailes ! C'est plus grand
que Virgile et ça vaut du Goethe, au moins par moments, comme éclats lyriques. Ce matin, à 1 heure et
demie, je lisais tout haut une pièce qui m'a fait presque mal nerveusement, tant elle me faisait plaisir !
C'est comme si l'on m'eût chatouillé la plante des pieds.
G Flaubert, Lettre à Louise Colet, 16 février 1852.
(3) Les préparatifs pour le mariage de Madame étaient achevés. Le duc d'Albe arriva pour l'épouser. Il fut
reçu avec toute la magnificence et toutes les cérémonies qui se pouvaient dans pareille occasion […]
Peu de jours avant celui que l'on avait choisi pour la cérémonie du mariage, la reine dauphine donnait à
souper au roi son beau-père et la duchesse de Valentinois. Mme de Clèves, qui était occupé à s'habiller, alla
au Louvre plus tard que de coutume. En y allant, elle trouva un gentilhomme qui la venait quérir de la part
de Mme la Dauphine. Comme elle entra dans la chambre, cette princesse lui cria de dessus son lit où elle
était, qu'elle l'attendait avec la plus grande impatience.
Mme de La Fayette, La princesse de Clèves
(4) « Un moine appelé Pierre l’Ermite fit le voyage de Jérusalem ; il revint en France, et il raconta les
méchancetés des Turcs. Il alla de village en village et de ville en ville. Il marchait nu-pieds, habillé d’une
longue robe à capuchon.
Ceux qui l’entendaient pleuraient et disaient qu’il fallait aller à Jérusalem pour en chasser les Turcs.
Quelque temps après, le pape vient en France. Il passa quelques jours à Clermont en Auvergne. Une grande
foule de seigneurs et de pauvres gens accourut pour le voir.
L’image vous représente le pape au moment où il parle à la foule. Il est debout sur une grande estrade. Il
tient d’une main la croix ; il étend l’autre main vers la foule. Derrière lui sont assis les évêques. Au fond on
aperçoit les montagnes d’Auvergne.
Le pape raconta les misères des Chrétiens et les méchancetés des Turcs. Il termina en disant : « Français,
vous êtes la plus brave des nations ! C’est vous qui chasserez les Turcs de Jérusalem ! ».
(E. Lavisse, Histoire de France, Cours élémentaire, A. Colin, 1939, pp.44-45)
(5) Chapitre 16
Louis XV (1715-1774)
~ Perte des colonies; - L’Angleterre attaqua le Canada. Le marquis de Montcalm le défendit héroïquement,
mais il n’avait que cinq mille hommes et les Anglais en avaient plus de quarante mill. Il fut assiégé dans
Québec, capitale de la colonie. Blessé à mort, il dit : « Je meurs content, puisque je ne verrai pas le Canada
aux mains des ennemis ».
La guerre de sept ans fut terminée par le traité de Paris en 1763.
Par ce traité, le Canada fut cédé aux Anglais. Aujourd’hui, il y a dans ce pays un million et demi
d’habitants, Français d’origine ; ils parlent français et n’ont pas oublié la France, où sont nés leurs ancêtres.
Ils appellent la France « le vieux pays ».
En même temps que le Canada, la France perdit sa colonie d’Afrique, le Sénégal.
Dans l’Inde, un Français, Dupleix, avait commencé à conquérir pour nous un empire. Le
gouvernement français ne lui envoya point de troupes pour se défendre pendant la guerre de Sept ans. Les
Anglais s’emparèrent de l’Inde où ils ont aujourd’hui trois cent millions de sujets.
[…]

LE CONVOI FUNÉRAIRE DE LOUIS XV


Le cercueil du roi est transporté au galop dans un carrosse ; comme le carrosse est trop petit, le
cercueil passe par la fenêtre du devant. On voit, à gauche, la grille du château de Versailles. C’est la nuit ;
des cavaliers portent des torches. Des femmes à genoux prient ; un homme salue ; d’autres restent debout
sans saluer et crient des paroles contre le roi.
(6) En face d’autres civilisations, qu’on caractérise par un fait religieux, par l’adhésion à un système
politique, notre civilisation se définit en termes géographiques. Le choix peut paraître étrange ; la notion
d’Occident est toute relative au lieu où se trouve l’observateur ; chaque point du globe est forcément à
l’ouest de quelque chose. Pourquoi alors s’en tenir à une idée aussi imprécise ? La conception d’Occident est
apparue à une époque où les vieux continents : Europe, Asie, Afrique étaient seuls connus, et où
l’opposition Est-Ouest avait une signification manifeste. Doit-on en dire autant aujourd’hui ? C’est l’étude
des origines de cette civilisation occidentale qui nous permettra de voir dans quelle mesure la distinction
première garde encore un sens.
[…]
Du IV° au VIII° siècle ap. J.C., une série d’invasions bouleversa le monde romain. Venus d’Europe Orientale,
les Germains envahirent tout l’ouest de l’Empire. Depuis le IV° siècle déjà, les empereurs avaient accepté la
division de leur domaine en deux parties, l’une occidentale gouvernée de Rome, l’autre, orientale, dirigée
depuis Constantinople. L’invasion germanique rendit définitive cette coupure ; tandis que l’Empire romain,
harcelé de toutes parts, organisait une pénible survie dans l’Orient médiéval, l’Occident s’engageait dans
une voie tout à fait nouvelle.
[Le monde contemporain. Histoire-civilisations, collection d’histoire Louis girard, Bordas, extraits du chapitre
XXII, « Les origines de la civilisation occidentale »]
(7) [Il s’agit d’un extrait de la correspondance entre L. Febvre et M. Bloch, deux historiens qui fondent en
1929 une revue qui allait révolutionner l’historiographie, Les Annales d’Histoire Economique et Sociale. Ils
sont tous deux professeurs à l’Universiré de Strasbourg et cherchent à obtenir un poste à Paris, en
particulier au Collège de France. Dans l’extrait ci-dessous, L. Febvre évoque sa candidature au « Collège »
(démarches, décret avançant l’âge de la retraite des professeurs et donc ouvrant des postes …)]
L. FEBVRE à M. BLOCH
[Paris, dans la semaine précédant le samedi 19 janvier 1929]
Mon cher ami
J’ai correspondu avec vous de façon plutôt absurde aujourd’hui. Vous avez dû recevoir, d’abord, un
télégramme dont il aura fallu que vous mettiez toute votre sagacité naturelle à comprendre le texte,
ensuite une carte griffonnée dans un de ces bureaux de poste parisiens qui doivent être le lieu d’asile
préféré de tous les microbes sans feu ni lieu du quartier. Un peu plus de calme, ce soir, j’explique mes
explications : ce ne sera pas de trop.
[…]
Côté collège, rien d’intéressant. Les gens qui me restent à voir sont des comparses (Vincent, Brillouin, etc. 1).
Ils ne m’apprennent rien. Et du reste personne ne sait ce qui va se passer. Sur l’application du décret,
divergences : les uns disent : on attendra ; les autres : on mettra en application de suite, au moins pour
certains. Au fond, on ne sait pas. Et Andler m’a donné le conseil de la sagesse : « N’en parlez pas, n’en parlez
surtout pas »…Je lui ai répondu que je n‘avais aucune envie « d’en parler » … Il m’a dit qu’il était impossible
de saisir comment cette histoire influera sur le vote du 20 ; elle peut m’être favorable ou me desservir. Pour
lui, il ne considère pas la partie comme perdue et agira m’a-t-il dit « de toute sa vigueur et de toute sa
conviction pour moi » c’est beaucoup. […]
- Ma femme me charge de vous dire qu’elle compte recevoir quelques amis à dîner le samedi 19 : il y aura
les Halbwachs, les Lefebvre et Ernest H. Lévy. Je ne crois pas qu’à une réunion aussi peu « mondaine » vou
puissiez avoir des objections à vous joindre ? Dites-le nous : nous serions heureux de vous voir chez nous ; il
y a si longtmeps que nous en sommes déshabitués ? – Bien à vous, mon cher ami, et à bientôt.
L. FEBVRE
Note 1 Hyacinthe Vincent (1862-1950), médecin, bactériologiste, avait effectué une grande partie de sa
carrière à l’hôpital du Val de Grâce. En 1925, ayant atteint l’âge de la retraite, il entra au collège de France
pour y occuper une chaire d’épidémiologie créée à son intention à tritre de récompense nationale.
Marce Brillouin (1854-1948), professeur de physique théorique au Collège de France de 1900 à 1931. Sa
femme y avait occupé la chaire de physique générale et expérimentale de 1872 à 1908 et c’est son fils Léon,
professeur à la faculté des sciences, qui lui succéda en 1932.
(8) Je ne suis pas un bon naturaliste, comme on dit, et ne sais guère par quels ressorts la peur agit en nous ;
mais quoi qu’il en soit, c’est une étrange affection, et les médecins disent qu’il n’en est aucune qui fasse
plus dérailler notre jugement. Et c’est vrai que j’ai vu des gens devenus fous de peur : même pour le plus
rassis, il est certain que pendant les accès, elle engendre de terribles mirages. Je ne parle pas du commun
des mortels, chez qui elle fait apparaître tantôt les ancêtres sortis du tombeau et enveloppés dans leur
suaire, tantôt des loups-garous, des lutins et des monstres. Mais parmi les soldats eux-mêmes, chez qui elle
devrait avoir moins d’importance, combien de fois n’a-t-elle pas changé un troupeau de brebis en un
escadron de cuirassiers ? des roseaux et des bambous 1 en gendarmes et en lanciers ? Nos amis en
ennemis ? Et la croix blanche en rouge2 ?
Quand Monsieur de Bourbon prit Rome, un porte-enseigne qui était préposé à la garde du Bourg Saint-
Pierre, fut saisi d’un tel effroi à la première alarme, qu’il se jeta hors de la place, l’enseigne au poing, par
une brèche dans les murs, droit sur l’ennemi, pensant au contraire se réfugier à l’intérieur. Et ce n’est qu’en
voyant la troupe de Monsieur de Bourbon se mettre en ordre pour lui tenir tête, croyant d’abord qu’il
s’agissait d’une sortie que faisaient ceux de la ville, qu’il comprit enfin son erreur, et faisant volte-face,
rentra par le trou d’où il était sorti ayant fait plus de trois cents pas à découvert 3. Michel de Montaigne [04]
Les Essais LI Chap 17 à 19, Traduction en français moderne par Guy de Pernon D’après le texte de l’édition
de 1595 Chapitre 17 De la peur.

1
Selon le dictionnaire Robert, le mot « bambou » serait apparu en 1598 seulement. Le mot mais pas la chose elle-même ! Puisque
je traduis aujourd’hui, je me permets donc de l’employer plutôt que le banal « canne » par lequel à mon avis Montaigne désigne ici
bel et bien ce que nous appelons bambou.
2
La « croix blanche » était celle des Protestants.
3
Tiré des Mémoires... des frères Du Bellay, II, p. 30

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