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Economie politique actuelle - Chapitre 7 Conjoncture, budget et politique budgétaire + Chapitre 8 Monnaie, politique monétaire et inflation

7. Conjoncture, budget et politique budgétaire


7.1 Le budget de l’Etat

7.1.1 Généralités

7.1.1.1 Notion et procédure

Tout comme pour un ménage ordinaire, les ressources financières de l’Etat sont limitées par rapport aux
besoins. C’est pourquoi l’Etat doit évaluer ses recettes et programmer ses dépenses en fonction de la politique
qu’il veut mener. Cette prévision des recettes et des dépenses de l’Etat se fait dans un document appelé budget
de l’Etat.

Chaque année, au moment de la rentrée parlementaire, le gouvernement (pouvoir exécutif) soumet un projet de
budget pour l’année à venir à la Chambre des Députés (pouvoir législatif). Celle-ci discute du projet, propose
des modifications, puis vote à la fin de l’année la loi budgétaire par laquelle elle permet au Gouvernement de
toucher des recettes et d’effectuer des dépenses. Si la Chambre refusait de voter le budget, le gouvernement ne
pourrait plus se procurer des recettes (p.ex. en prélevant des impôts) ni dépenser des fonds et ne serait plus à
même d’exercer ses fonctions. Il s’agit donc d’un vote clé pour tout gouvernement.

Le contrôle financier exercé par la Chambre porte aussi sur la vérification des comptes de l’Etat qui concernent
les opérations financières réellement effectuées. Au courant de l’année qui suit l’exercice budgétaire, la
chambre compare ces opérations avec les prévisions budgétaires. Si elle les approuve, elle arrête les comptes
généraux de l’Etat sous forme de loi.

()

7.1.2 La structure du budget

Budget des recettes: Budget des dépenses:

Recettes courantes (ex.. impôts) Dépenses courantes (ex. salaires)

Recettes en capital (ex. emprunt public) Dépenses en capital (ex. investissements)

Bien que le budget soit un document unique, il comprend 2 grandes parties :

• Le budget courant1 qui renferme le budget des recettes courantes et le budget des dépenses courantes
• Le budget en capital2 qui renferme le budget des recettes en capital et le budget des dépenses en capital

Dans les paragraphes suivants, nous allons examiner en détail les différents types de recettes et de dépenses.

1
anciennement : budget ordinaire
2
anciennement : budget extraordinaire

1
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7.1.2.1 Les recettes de l’Etat

7.1.2.1.1 Les recettes courantes

Pour cette source de financement, nous distinguons deux catégories :

A. Les impôts et taxes


La vaste panoplie d’impôts et taxes prélevés par l’Etat est habituellement subdivisée en impôts directs et en
impôts indirects.

Impôts directs Impôts indirects


Principe de classification
Ils sont perçus sur le revenu ou sur la fortune Ils sont perçus lors de certains actes relatifs
des entreprises et des ménages. Ils tiennent à l’utilisation des revenus ou de
compte de la capacité contributive3 du transactions commerciales (ex. achat de
contribuable (ex. situation familiale, revenu du biens et services). Ils ne tiennent pas
ménage) compte de la capacité contributive du
contribuable.
Exemples
L’impôt sur le revenu des personnes physiques, La taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les
l’impôt sur le revenu des collectivités, l’impôt droits d’accises (sur les alcools, le tabac et
sur la fortune, ,… l’essence), la taxe d’abonnement sur les
titres des sociétés, les droits
d’enregistrement,…

B. Les autres recettes courantes


Les autres recettes courantes ont des origines très diverses. Elles proviennent :

• d’intérêts de fonds publics déposés auprès des banques4 ;


• de redevances encaissées en contrepartie de concessions accordées à certaines sociétés privées (SES,
Bourse de Luxembourg) ;
• de revenus provenant des sociétés à participation publique (CEGEDEL, SEO, etc.) et de l’exploitation
d’entreprises publiques (Entreprise des postes et télécommunications) ;
• de taxes sur le produit brut des jeux (Casino 2000) ;
• de recettes, de moindre importance, ayant leur origine dans la location d’immeubles ou la vente de biens
meubles (vente de bois par exemple).

7.1.2.1.2 Les recettes en capital

Les recettes en capital présentent un caractère non récurrent. Il peut entre autres s’agir de vente de terrains,
d’immeubles ou de participations appartenant à l’Etat, mais aussi des emprunts publics. Il convient toutefois de
remarquer que contrairement aux autres recettes en capital, l’emprunt public donnera ultérieurement lieu à un
remboursement et aux paiements d’intérêts.

Au Luxembourg, les recettes en capital restent traditionnellement marginales par rapport aux recettes
courantes et le taux d’endettement public luxembourgeois est très inférieur à la moyenne européenne.

3
avant tout l’impôt sur le revenu des personnes physiques
4
notamment auprès de la BCEE qui gère les excédents budgétaires

2
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7.1.2.2 Les dépenses de l’Etat

C’est à travers sa politique de dépenses que l’Etat peut exercer ses fonctions de producteur, de consommateur,
d’investisseur, de régulateur de l’économie et que le gouvernement met en œuvre l’essentiel5 de son programme
gouvernemental.

Tout comme pour les recettes nous allons d’abord classer les dépenses suivant leur nature économique, puis
suivant les grandes fonctions de l’Etat.

7.1.2.2.1 Classification des dépenses suivant leur nature économique

7.1.2.2.1.1 Les dépenses courantes

Les dépenses courantes ou dépenses de fonctionnement sont des dépenses récurrentes qui peuvent être classées
en 3 catégories :

• la consommation publique

Exemples : traitements/salaires/pensions des fonctionnaires et employés d’Etat, frais d’entretien,


loyers, achat de fournitures,…

• les dépenses de transfert

Exemples : subventions aux entreprises, transfert aux ménages (allocations familiales, primes
de naissance, bourse pour études ,etc.), transferts au reste du monde (contribution au
budget de l’UE, aide au développement), contribution au déficit de la Sécurité
sociale

• les intérêts de la dette publique

Puisque les dépenses courantes ont un caractère « normal », il est difficile de les comprimer, voire de les supprimer dans le court terme. Elles sont
largement tributaires de la lourdeur de l’appareil étatique et du niveau de l’endettement public. Leur ampleur définit la marge de manœuvre pour les
dépenses en capital.

7.1.2.2.1.2 Les dépenses en capital

Les dépenses en capital comportent les dépenses d’investissement qui servent à augmenter le patrimoine public
ainsi que le remboursement de la dette publique.

Exemples : investissements publics (bâtiments publics, infrastructures routières), financement des

entreprises publiques, remboursement(amortissement) du principal de la dette publique.

Au Luxembourg, les dépenses courantes sont de loin la composante dominante des dépenses totales. Leur
progression sur ces 25 dernières années est beaucoup plus régulière que celle des dépenses en capital.

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Si la Chambre refusait au gouvernement de voter le budget, il ne lui resterait plus que son rôle de législateur.

3
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7.1.3 Le solde budgétaire

7.1.3.1 Le solde budgétaire et son financement

Le solde budgétaire est la différence entre les recettes courantes de l´Etat et ses dépenses totales :

Solde budgétaire = Recettes courantes –Dépenses totales

Remarque : Nous avons ici retenu la définition de la Commission européenne qui ne tient pas compte des
recettes en capital pour le calcul du solde, bien que le mode de calcul au Luxembourg soit différent (Solde
budgétaire=Recettes totales-dépenses totales)

Selon que les recettes sont égales, supérieures ou inférieures aux dépenses, nous pouvons nous retrouver en face
d´un :

• Equilibre budgétaire si solde budgétaire = 0


• Excédent budgétaire si solde budgétaire > 0. Un tel excédent peut être mis en réserve ou servir au
remboursement anticipé d´emprunts publics. Une accumulation de réserves budgétaires peut aussi
ultérieurement justifier des allégements fiscaux6.
• Déficit budgétaire si solde budgétaire < 0. Un déficit budgétaire peut être financé par :

 L´utilisation des réserves budgétaires


 L´endettement public à court terme (bons du Trésor)
 L´endettement public à moyen et long terme (obligations d´Etat)
 Liquidation d’actifs (comme par exemple : vente de biens immeubles, de titres ou de
participations)

Si l´endettement public s´effectue auprès du système bancaire et/ou de la Banque Centrale, il y création de
monnaie7, nous parlons d´un financement monétaire. Le financement monétaire auprès de la BCE n´est toutefois
pas permis au sein de la zone euro.
Des déficits budgétaires persistants peuvent ultérieurement donner lieu à des hausses d´impôts ou à des
économies dans les dépenses.

Sur ces 25 dernières années, le solde budgétaire8 du Luxembourg a normalement été excédentaire9.

6
Comme pour la réforme fiscale des années 2000 – 2002 au Luxembourg : abaissement du taux d´imposition marginal
maximal sur le revenu des personnes physiques de 46 à 38 %.
7
Cf chapitre 8
8
Il s’agit en fait du budget de l’Etat central, c-à-d en faisant abstraction des communes et de la sécurité sociale, mais
également des dépenses liés aux fonds spéciaux et aux établissments publics
9
le solde pour 2006 correpond en fait à un déficit de 0,1 millions

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7.1.3.2 Les contraintes européennes en matière de déficit budgétaire et


de dette publique

Afin de réaliser l'Union Economique et Monétaire, les Etats membres de l´Union européenne avaient décidé
qu´il serait nécessaire de réaliser une plus grande convergence des politiques économiques nationales. Pour
pouvoir participer à l´euro, les Etats membres ont dû remplir un certain nombre de critères de convergence
encore appelés critères de Maastricht10. Les critères retenus pour « assurer le caractère soutenable des finances
publiques » étaient les suivants :
 le déficit public11 doit être inférieur à 3% du PIB;
 la dette publique doit être inférieure à 60% du PIB.
Ces deux critères furent repris dans le pacte de stabilité et de croissance de 1997 par lequel les chefs de
gouvernement décidèrent de maintenir une certaine discipline budgétaire au-delà de l´introduction de l´euro.
Il convient toutefois de remarquer que seul le critère relatif au déficit public a un caractère contraignant dans le
sens que le dépassement du seuil de 3 % entraîne automatiquement une procédure pour déficits excessifs
pouvant entraîner des pénalités financières jusqu´à 0,5% du PIB (sauf si le pays fait face à une récession grave
caractérisée par une baisse annuelle du PIB supérieure à 2 % du PIB).
Le critère relatif à la dette publique a plutôt le caractère d´une recommandation12.
En appliquant les critères en question à la situation du Luxembourg pour l'année budgétaire 2006, le Grand-
Duché remplit facilement ces conditions. En effet:
 le ratio excédent budgétaire/P.I.B. s'élève à 0,7%
 le ratio dette totale publique/P.I.B. s'élève à 6,6%.
Ces résultats sont-ils le fruit du hasard ou s’inscrivent-ils dans une tendance de plus long terme ? Pour le savoir
nous allons d’abord analyser les soldes budgétaires de la période 1985 – 2002.
Au cours de la période analysée, le solde budgétaire voté des administrations publiques a dégagé souvent un
déficit modéré. Si nous prenons en considération le solde budgétaire constaté lors de la clôture des comptes
généraux, nous constatons qu’à part les années budgétaires 1991-1993, le solde budgétaire affichait à chaque
fois un excédent. Ce phénomène peut être attribué probablement à la spécificité luxembourgeoise de sous-
estimer d’une manière systématique les recettes budgétaires, pratique souvent critiquée par les différents
partenaires sociaux (ex. syndicats) et par les hommes politiques de l’opposition. Il résulte du tableau repris ci-
dessous que la valeur de référence de 3 % fixée pour le ratio de déficit a été respectée sans difficulté.

10
Le traité de Maastricht signé en 1992, crée l’Union économique et monétaire et fixe le calendrier pour l’introduction de
la monnaie européenne, l’euro. Pour une présentation détaillée des critères, voir chapitre 9 p27
11
On entend par là le déficit cumulé de l’administration centrale, des communes et de la Sécurité Sociale
12
Le Pacte préconise aussi la recherche de budgets équilibrés ou excédentaires à moyen terme, mais ne prévoit pas de
procédure en la matière.

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7.2 La politique budgétaire

7.2.1 Notions et objectifs

La politique budgétaire désigne l’utilisation active des recettes et des dépenses budgétaires pour agir sur
l’activité économique d’un pays. Cette action peut être de nature conjoncturelle (correction à court terme des
déséquilibres économiques tels le chômage ou l’inflation) ou de nature structurelle (promotion du potentiel de
croissance d’une économie à plus long terme).

La politique budgétaire vise donc à réaliser les objectifs du carré magique : plein-emploi, stabilité des prix,
croissance économique et équilibre extérieur. L’Etat peut aussi essayer d’atteindre ces objectifs par d’autres
politiques économiques : politique monétaire, politique de change, politique industrielle, politique
commerciale,… En outre, la politique budgétaire poursuit une multitude d’objectifs non-économiques tels que
des objectifs culturels, éducatifs ou de santé publique. Parmi ces derniers, nous nous bornerons à présenter
brièvement les objectifs sociaux (section 7.3.1.3)

7.2.1.1 Politique budgétaire et objectifs conjoncturels

Ce type de politique budgétaire est d’inspiration keynésienne (voir section 7.3.2). Selon Keynes, c’est la
demande qui est déterminante pour le niveau de la production et la régulation de l’activité économique doit
passer par l’action sur les différentes composantes13 de la demande globale :

- La consommation privée
- La consommation publique
- L’investissement (privé et public)
- Les exportations

En situation de basse conjoncture, le niveau de la demande globale est insuffisant pour permettre le plein-
emploi des facteurs de production. L’Etat peut alors pratiquer une politique de relance de la demande (ou
politique budgétaire expansionniste) par les 2 instruments suivants :

• Une hausse des dépenses publiques : elle agit sur le niveau de la consommation publique et de
l’investissement public, mais aussi sur le niveau des investissements privés ( subventions à
l’investissement ), de la consommation privée ( hausse des allocations familiales ) ou des exportations (
aide à l’exportation, remboursement de frais de prospection,…)
• Une baisse des impôts : elle peut agir sur la consommation privée ( hausse du revenu disponible des
ménages), sur l’investissement privé (augmentation des possibilités d’autofinancement des entreprises)
ou sur les exportations ( possibilité de vendre à des prix plus bas)

Exemples d’une politique de relance :


- En janvier 2008, le gouvernement Bush décide d’une baisse d’impôts des ménages de 100
milliards de dollars14
- En 2001-2003, le gouvernement luxembourgeois a procédé à une réforme de l’impôt retenu sur
le revenu des personnes physiques en abaissant progressivement le taux marginal d’imposition
de 46 % à 38 %

13
Cf cours de 12e
14
en même temps que d’un allégement fiscal de 50 milliards de dollars destiné aux entreprises

6
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En situation de haute conjoncture, le niveau de la demande globale est trop élevé par rapport à l’offre globale et
l’économie est confrontée à des tendances inflationnistes. Afin d’éviter la surchauffe de l’économie, l’Etat peut
alors pratiquer une politique de diminution de la demande globale (réduction des dépenses publiques, hausse des
impôts) appelée politique de rigueur (ou politique budgétaire restrictive).

Exemple d’une politique de rigueur : Pour réduire les tendances inflationnistes, le gouvernement français a
décrété l’abandon de l’indexation automatique des salaires sur les prix et ainsi mis un frein à la hausse des
dépenses publiques entre 1983 et 1986

Comment les keynésiens conçoivent-ils le financement de la politique budgétaire ?


Le fait que l’Etat augmente ses dépenses publiques en période de récession relance l’activité économique mais
entraîne un déficit budgétaire (amplifié par le fait que les recettes fiscales sont déjà plus faibles en basse
conjoncture). Celui-ci devra être financé par une ponction sur des réserves budgétaires ou par un recours à
l’emprunt.

Au contraire, en période d’expansion l’Etat doit arrêter sa politique interventionniste et réduire ses dépenses
publiques pour freiner l’activité économique. Combiné à la hausse des recettes fiscales en haute conjoncture,
cette baisse des dépenses publiques entraîne un excédent budgétaire. Celui-ci servira à rembourser des dettes ou
à reconstruire les réserves budgétaires.

Remarques :

(1) La politique budgétaire qui passe par le maniement des impôts est encore appelée politique fiscale.
(2) Comme les politiques budgétaires conjoncturelles menées agissent en contre-sens des fluctuations du
cycle conjoncturel et permettent d’atténuer les fluctuations cycliques, elles sont qualifiées
d’anticycliques.

Cycle sans intervention étatique


PIB Cycle avec intervention étatique
Trend

Politique de rigueur

Politique de relance

temps

7
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7.2.1.2 Politique budgétaire et objectifs structurels

La politique budgétaire structurelle vise à apporter des changements en profondeur aux structures économiques
et à l’appareil productif d’un pays. Elle affecte surtout les décisions d’investissement des entreprises (donc le
côté offre) et ses effets ne se font sentir qu’à plus long terme.

L’Etat peut ainsi favoriser l’implantation d’entreprises nouvelles en accordant des subventions à
l’investissement, des bonifications d’intérêt (dans le cadre des crédits accordés par la SNCI) ou des
dégrèvements fiscaux. Il peut aussi favoriser la compétitivité à long terme des entreprises nationales en
finançant une partie de la recherche et développement qui doit permettre une amélioration qualitative de la
production.

Le gouvernement peut aussi essayer de créer un cadre favorable aux investissements en aménageant les
infrastructures publiques, par exemple par la construction de nouvelles routes ou de nouveaux aéroports. Une
telle politique d’aménagement du territoire ne devrait toutefois pas se situer dans une logique de croissance à
outrance, mais plutôt dans une logique de développement durable qui essaye de réconcilier objectifs
économiques et objectifs écologiques15. En effet, le coût des mesures destinées à réparer les négligences
passées en matière de préservation de l’environnement pèsent sur le budget de l’Etat et limitent ses moyens
d’action dans d’autres domaines.

Le but d’une telle politique n’est donc plus d’atténuer les fluctuations conjoncturelles, mais de modifier la
tendance de long terme (le trend)

T ren d 2
P IB
ré e l

P o lit iq u e
s t ru c t u re lle

T re n d 1

tem p s

Remarque : La distinction entre politique budgétaire conjoncturelle et politique budgétaire structurelle est
quelque peu artificielle. Ainsi, par exemple, la construction de nouvelles autoroutes destinée à améliorer les
infrastructures et par là à attirer à moyen terme des investisseurs étrangers, entraîne une hausse des dépenses
publiques qui peut contribuer à relancer la demande et donc la conjoncture.

15
La poursuite de ces objectifs écologiques peut se faire en pénalisant les responsables de la pollution (principe du
pollueur-payeur) ou en encourageant les agents économiques adoptant un comportement responsable en matière de
préservation de l’environnement (ex. subventions à l’installation de sources d’énergie renouvelables).

8
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7.2.1.3 Politique budgétaire et redistribution des revenus

Dans l’économie sociale de marché, l’Etat se doit de corriger certaines inégalités, voire injustices sociales nés
du système capitaliste16. Il se doit en outre d’organiser une sécurité sociale fondée sur le principe de solidarité
entre générations et entre couches sociales.

A cette fin, il procède à la redistribution des revenus qui consiste à prélever un partie plus importante des
revenus des agents économiques mieux situés pour les reverser sous forme de transferts sociaux à des agents
économiques moins aisés. A titre d’exemple de transferts sociaux nous pouvons citer :

• les allocations familiales,


• les pensions
• les prestations de l’assurance maladie-matérnité
• les aides au logement,
• les aides aux étudiants,
• les prestations pour congé parental,
• le revenu minimum garanti…

16
cf chapitre 3

9
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8. Monnaie, politique monétaire et inflation

8.1 La monnaie

8.1.1 Définition et fonctions


Selon J.Généreux, la monnaie au sens strict, est constituée de l’ensemble des moyens de paiement
immédiatement utilisables pour effectuer des règlements et acceptés par tous dans une communauté donnée.
De manière générale, on peut considérer comme monnaie toute chose remplissant les fonctions suivantes :

8.2 L’inflation

8.2.1 Notion et définitions


Définitions :
• L’inflation se caractérise par une hausse généralisée et durable des prix
• La déflation se caractérise par une baisse généralisée et durable du niveau des prix
• La désinflation se caractérise par un ralentissement de l’inflation (p.ex. l’inflation passe de 10 % à 5 %)
• La stagflation17 se caractérise par la coexistence d’un taux d’inflation élevé et d’une stagnation de
l’activité économique (croissance faible accompagnée d’une hausse du chômage)
Selon son rythme de la hausse des prix, nous distinguons l’inflation rampante (≤ 5%), l’inflation déclarée ou
modérée (entre 5 et 20%), l’inflation galopante (≥ 20% 18) et l’ hyperinflation19 (prix et revenus changent de
jour en jour).
Hormis la déflation qui a accompagné la crise des années 30, le XXe siècle a surtout été « l’âge d’inflation20 ».
Alors que l’inflation rampante des Trente Glorieuses était souvent acceptée comme stimulant favorable à la
croissance économique, les taux d’inflation à deux chiffres observés dans les pays occidentaux au cours des
années 70 ont été considérés comme frein à la croissance et source d’injustices sociales. Ils ont conduit à des
politiques de lutte contre l’inflation et un processus de désinflation à partir des années 80. Ce processus a été
renforcé à l’intérieur de l’Union européenne par le processus de convergence accompagnant l’introduction de
l’euro21, de sorte que l’inflation apparaissait comme un phénomène largement maîtrisé au sein de l’UE au début
des années 2000. Toutefois, la hausse du prix du pétrole à partir de 2004 a entrainé une remontée des taux
d’inflation.

17
Le phénomène de stagflation sera analysé plus en détail dans le chapitre sur le chômage
18
(attention ces limites sont arbitraires)
19
Le taux d’inflation annuel atteint alors souvent entre 500 % et 1000 %. De telles situations ont par exemple été
rencontrées en Allemagne en 1923, dans les PVD dans les années 60 et lors de la transition des anciens pays de l’Est vers
l’économie de marché au début des années 90.
20
selon J.Rueff
21
cf chapitre 9

10
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8.2.2 Mesure de l’inflation


L’inflation est normalement mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC). L’évolution de l’indice
permet dévaluer la variation du coût d’un panier représentatif de biens et de services. Au Luxembourg, l’IPC
est établi par le Statec. Depuis 1996, le panier comporte quelques 240 catégories de biens et services qui sont
largement identiques au niveau de l’Union européenne (indice des prix à la consommation harmonisé : IPCH).
La pondération de chaque poste, déterminée sur base d’enquêtes auprès des ménages, reproduit la
consommation moyenne des ménages luxembourgeois22.
Attention : Dans le calcul de l’IPC, l’évolution des prix des biens d’équipements n’est pas prise en compte.
C’est pourquoi certains économistes lui préfèrent d’autres indicateurs comme l’indice des prix à la production
(IPP) ou le déflateur du PIB.23
Dans le langage économique courant le taux d’inflation désigne le taux de variation en % de l’IPC entre 2
périodes.
IPC en (t + 1) - IPC en t
taux d'inflation entre (t + 1) et t = x 100
IPC en t

8.2.3. Les causes de l’inflation

8.2.3.1 L’inflation par la demande

L'inflation par la demande se manifeste par une hausse des prix due à un excédent de la demande
globale sur l’offre globale.
Il faut donc en fait que deux conditions soient réunies simultanément :

a. Une augmentation substantielle de la demande de biens et services qui peut, entre autres,
avoir comme origine :
− Une augmentation de la consommation privée due à un phénomène de
déthésaurisation (utilisation de l’épargne constituée), une plus grande facilité d’accès
au crédit à la consommation ou une réduction sensible des taux d’imposition qui
augmente le revenu disponible des ménages.
− Une augmentation de l’investissement privé financé par le crédit bancaire ou par
l'autofinancement
− Une augmentation des dépenses publiques
− Une augmentation des exportations (donc de la demande étrangère)

b. Une insuffisance de l’offre qui peut s’expliquer par :


− Le plein-emploi des facteurs de production
− L’insuffisance des stocks de produits finis
− L’impossibilité d’augmenter la productivité
− Le manque de matières premières
− L’impossibilité d’importer
− Des facteurs accidentels (mauvaises récoltes, guerres,…)

22
pour le mode de calcul de l’IPC et la composition du panier : voir cours économie de gestion
23
déflateur du PIB = PIB nominal / PIB réel

11
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Le mécanisme de l’inflation par la demande peut également être illustré par un graphique24 mettant en relation
les courbes d’offre globale25 et de demande globale


inflation par la demande

Niveau gˇnˇral
des prix (P) Demande globale 2
Offre globale

Demande
globale 1

P2

P1

PIB 1 PIB 2 PIB

8.2.3.2 L’inflation par les coûts

Il s’agit d’une hausse générale des prix provoquée par des hausses autonomes des coûts de production
(prix des facteurs de production comme p.ex. les salaires, les intérêts sur les capitaux empruntés, les
prix des matières premières, le prix de l’énergie etc.…) et par le fait que les entreprises répercutent
cette hausse des coûts sur les prix de vente afin de sauvegarder leurs marges bénéficiaires.

Toutefois, l’augmentation des salaires n’a pas de caractère inflationniste aussi longtemps qu’elle est
compensée par un accroissement de la productivité.

24
Par rapport au graphique étudié en classe de 12e , le prix du marché est remplacé par le niveau général des prix et les
quantités par le niveau du PIB
25
La courbe d’offre globale correspond au niveau total de la production d’un pays offerte à chaque prix alors que la courbe
de demande globale indique la quantité totale de biens et services demandés par l’ensemble des agents économiques ä
chaque niveau de prix.

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8.2.3.3 L’inflation importée

L’inflation importée est en fait un cas particulier de l’inflation par les coûts qui résulte d’une
augmentation des coûts des produits importés. Celle-ci peut provenir :

 D’une augmentation des prix à l’étranger


 A prix étrangers stables, d’une baisse du cours de change de la monnaie nationale qui
accroît le prix en monnaie nationale des produits importés

Le risque d’inflation importée dépend évidemment du degré d’ouverture de l’économie. Ainsi une
économie très ouverte comme celle du Luxembourg est particulièrement sensible aux variations des
prix mondiaux. (Ainsi, l’augmentation du taux d’inflation de 1% à 3% en 2001 était essentiellement
due à la hausse du prix du pétrole). Par contre, l’achèvement du marché commun et l’introduction de
l’euro ont nettement réduit le risque d’inflation pour l’ensemble de la zone euro puisque les
importations ne représentent plus que 10 % du PIB européen .

8.2.3.4 L’inflation induite par les structures de marché

Les marchés sont souvent caractérisés par des structures oligopolistiques. Par opposition à une
situation de concurrence parfaite, les oligopoleurs peuvent abuser de leur position dominante pour
accroître leur marge bénéficiaire.
Les oligopoleurs affichent souvent un comportement asymétrique lorsque les coûts changent :

Cas de figure Répercussion sur les Rapidité de la


prix réaction
Augmentation des coûts Prix à la hausse Réaction immédiate
Diminution des coûts Prix à la baisse Réaction lente

Leur comportement rend les prix plus flexibles à la hausse qu’à la baisse. A long terme la tendance à la hausse
est donc donnée.

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8.2.3.5 L’inflation induite par les anticipations et les réactions des agents
économiques

Dans un climat inflationniste, les anticipations des agents économiques quant aux hausses futures des
prix entraînent des comportements qui renforcent les tendances inflationnistes existantes :

- Craignant une augmentation de ses coûts, l’entrepreneur va répercuter par avance cette hausse sur
ses prix de vente. Pour pouvoir profiter de la hausse des prix, il peut également retarder le moment
où il mettra ses produits en vente et constituer des stocks. L’offre diminue et les prix augmentent
- La perte de pouvoir d’achat chez les salariés conduit à des revendications salariales. La hausse des
salaires peut entraîner aussi bien une inflation par la demande qu’une inflation par les coûts
- Craignant l’érosion du pouvoir d’achat de leur épargne, les épargnants éviteront les actifs
monétaires (dépôts, titres) et se tourneront26 vers des actifs réels comme les objets d’art,
l’immobilier ou les pierres précieuses ce qui fera bien sûr augmenter le prix de ces actifs
- Les consommateurs précipitent leurs achats ce qui entraîne une augmentation de la demande et
donc du risque d’inflation par la demande

Pour contrecarrer ces tendances, les autorités politiques doivent afficher leur volonté de combattre
l’inflation.

26
Toutefois, le petit épargnant n’a pas ce choix et sera d’office perdant

14
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8.2.4. Les conséquences de l’inflation

L’inflation se manifeste par une


- baisse du pouvoir d’achat de la monnaie
- par une dévalorisation de tout ce qui est exprimé en monnaie (salaires, rentes, intérêts, créances,
titres)
-
Gagnants Perdants
Débiteurs : Au moment du paiement, la Créanciers : Au moment du paiement, la
somme à régler représente moins de pouvoir somme reçue représente moins de pouvoir
d’achat qu’à la conclusion du contrat d’achat qu’au moment de la conclusion du
contrat

Propriétaires de biens réels dont les prix Propriétaires d’actifs monétaires


augmentent du fait de l’inflation

Etat : Salariés :
– en tant que débiteur
le revenu réel des salariés a tendance à
baisser, car les prix montent généralement
– via la progression à froid (= augmentation avant et plus que les salaires, même si les
de la charge fiscale grevant la matière salariés bénéficient d’une clause
imposable ; cette augmentation est due à la d’indexation automatique27 (il existe
progressivité de l’impôt et à l’accroissement toujours un certain retard dans l’ajustement)
nominal de la matière imposable)

Toute personne autre que les salariés qui


touche des revenus monétaires (pensions,
intérêts fixes,…) Ainsi, par exemple, en
période inflationniste, les intérêts bancaires
touchés ne suffisent même pas à compenser
l’inflation, de sorte que le taux d’intérêt réel
est en fait négatif

Importateurs : Exportateurs :
à taux de change stable, certains produits à taux de change stable, les produits
étrangers sont maintenant moins chers que nationaux sont devenus plus chers pour les
les produits nationaux consommateurs étrangers
⇒ les exportateurs deviennent moins
⇒ les importations augmentent
concurrentiels et les exportations diminuent
⇒ influence néfaste sur les échanges d’un
pays avec l’étranger

27
Signalons qu’au sein de l’UE, seuls le Luxembourg et la Belgique prévoient actuellement de telles clauses

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Economie politique actuelle - Chapitre 7 Conjoncture, budget et politique budgétaire + Chapitre 8 Monnaie, politique monétaire et inflation

8.2.5 Les moyens de lutte contre l’inflation


Les moyens de lutte contre l’inflation dépendent en fait de l’origine de l’inflation
(1) Quant à l’inflation par la demande
- Politique budgétaire restrictive visant à réduire la demande :
i. par le biais d’une baisse des dépenses publiques
ii. par le biais d’une augmentation des impôts (qui réduit le revenu disponible des
ménages et donc leurs possibilités de consommation)
- Financement non monétaire des déficits budgétaires : le recours à l’emprunt public fait grimper
les taux d’intérêt ce qui ralentit la croissance de demande globale et freine les tendances
inflationnistes (« effet d’éviction, voir chapitre 7)
- Politique monétaire restrictive visant à augmenter les taux d’intérêt et donc le coût du crédit
(2) Quant à l’inflation par les coûts
Politique des salaires visant à modérer la croissance des salaires lorsque l’inflation est d’origine
salariale. Ainsi la progression des salaires ne doit pas excéder la croissance moyenne de la
productivité dans l’économie. Pour freiner la progression des salaires, certains économistes
recommandent l’abolition de l’indexation automatique (voir 8.3.5) ou du salaire social minimum
(3) Quant à l’inflation par la masse monétaire
Application d’une politique monétaire restrictive visant à ajuster le taux de croissance de la masse
monétaire au taux de croissance du PIB
(4) Quant à l’inflation importée
Comme les autorités n’ont guère de moyens pour faire diminuer le prix en monnaie étrangère des marchandises importées, le seul moyen de lutter
contre l’inflation importée nous est donné par la politique de change. En effet une appréciation de la monnaie nationale rend moins chers les prix des
produits importés exprimés en monnaie nationale (voir chapitre 9)

(5) Quant à l’inflation par la structure des marchés


Politique de concurrence visant à interdire les structures oligopolistiques dominant le marché (ex. :
interdiction de certaines fusions par la commission européenne comme la fusion Volvo/Scania qui
aurait dominé le marché des bus et camions)
(6) Quant à l’inflation anticipée
Pour contrecarrer des anticipations inflationnistes, les autorités doivent afficher leur volonté de
combattre l’inflation. Ainsi par exemple :
- La banque centrale peut faire de la lutte contre l’inflation son objectif principal. L’indépendance
d’une banque centrale augmente alors la crédibilité d’une telle politique. Les déclarations des
gouverneurs des banques centrales quant à l’évolution des taux d’intérêt directeurs jouent un
rôle important dans ce contexte.
- Le gouvernement peut décider l’abolition de l’indexation automatique des salaires

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