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LA RELIGION
Paris. — Imprimerie Poupart-Davyl et Cj', rue <Ju Baq, 30.
L. FEUERBACH
LA
RELIGION
MORT - IMMORTALITÉ - RELIGION
PAR
J O S E P H R O Y
PARIS
L I B R A I R I E I N T E R N A T I O N A L E
13, H l E II E CUAMMOrtT, 13
A. L A C R O I X , VERBOECKHOVEN & C">, ÉDITEURS
A BrureUes, à Leipzig el à Livourne
1864
Tons d r o i t s de r e p r o d u c t i o n r é s e n r f o .
Les religions régnent seules et sans contrôle aussi
longtemps que durent les circonstances qui les ont fait
naître. Quand le milieu chaotique où plongent leurs
racines commence à s'organiser pour des formes supé-
rieures, elles se trouvent aux prises avec des besoins
nouveaux qu'elles sont impuissantes à satisfaire. La
contradiction éclate entre leurs brillantes promesses
et le peu qu'elles sont capables d'en réaliser ; et les
plus hardis parmi ceux qui s'en aperçoivent travaillent
à détruire l'illusion universelle , sans crainte de voir
périr le monde par la chute d'une erreur sacrée. Mais
leur entreprise est difficile , et leurs efforts restent
longtemps sans résultats, car bien des cœurs aiment
leur illusion, et peu d'esprits se croient trompés ou
veulent avouer qu'ils le sont. Une philosophie bienveil-
lante se charge toujours d'accorder la foi avec la rai-
son humaine , en lui faisant dire ce qu'elle n'a jamais
pensé. Les interprètes de toute espèce, que ce soit de
leur part sincérité ou hypocrisie, prenant les dogmes
religieux pour point de départ comme symboles de vé-
rités absolues, admettant même les miracles comme
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II PSÉFACE
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PRÉFACE XVII
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élevé, et ce degré n'a pu être atteint que de nos jours.
L'homme doit être capable de se juger lui-même avant
de pouvoir juger son espèce en général, et la conscience
de sa propre nature le fait pénétrer dans celle du genre
humain. Or Feuerbach n'a pas eu d'autre but que de
nous dévoiler les mystères de l'esprit et du cœur de
l'homme, e t , pour en trouver la solution, il a brisé
leur dernière enveloppe, c'est-à-dire l'héritière des re-
ligions, la métaphysique idéaliste. Son travail, ana-
logue à celui qui se faisait en France à la même époque,
mais beaucoup plus complet pour ce qui concerne la
critique des idées religieuses, a fourni les principes
qui ont servi de base à toutes les recherches ultérieures.
C'est chose utile, assurément, d'interroger les premiers
vagissements des religions encore au berceau ; mais
comment en devinerait-on le sens si elles n'avaient j a -
mais parlé, si, devenues grandes filles, elles n'avaient
pas divulgué leurs secrets? Il a fallu être délivré de
leur séduction, être entraîné vers de plus nobles amours
pour pouvoir les juger. Sans point de vue supérieur,
non-seulement on défigure les faits, mais encore on n'a
pas même l'envie de les étudier, car on ne soupçonne
pas qu'ils puissent avoir une signification.
Feuerbach part donc du présent pour remonter au
passé ; M. Renan part du passé pour arriver au présent,
et, s'il se figure suivre la meilleure voie, c'est une er-
reur dont les conséquences ne sont plus dangereuses,
parce que la conscience d'aujourd'hui lui permet de se
faire une idée de l'inconscience d'autrefois. Mais s'il
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JOSEPH R O Y .
CATHOLICISME - PROTESTANTISME
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(1) C'est ainsi qu'en général dans toutes les conclusions ti-
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dans le sens de ses vœux les plus secrets, les plus in-
times. Sara se mit à rire lorsque dans sa vieillesse le
Seigneur lui promit un fils; mais même alors la nais-
sance d'un fils était encore sa pensée suprême, son
dernier vœu. L'homme est donc d'abord, à l'origine
même des temps, le secret, le mystérieux thauma-
turge; mais dans le cours du temps,— et le temps dé-
voile tous les secrets, — il devient et il doit devenir
le thaumaturge réel, visible, manifeste à tous les re-
gards. D'abord les miracles sont faits pour lui, à la fin
il les fait lui-même; d'abord il est l'objet de Dieu, à la
fin il est Dieu lui-même; il commence par être Dieu
dans la pensée, dans le cœur, et il finit par être Dieu
en chair et en os. Mais la pensée est pleine de pudeur
et de réserve, les sens sont effrontés; la pensée est si-
lencieuse et garde ses secrets, les sens parlent sans
détours et ce qu'ils expriment est souvent en butte à
la moquerie, parce que, lorsqu'ils contredisent la rai-
son, la contradiction est chez eux palpable, indéniable.
Voilà pourquoi les rationalistes rougissent de croire
au Dieu de chair et aux miracles visibles, mais ne rou-
gissent pas de croire au Dieu-esprit et aux miracles
invisibles, déguisés. Le temps viendra cependant où
sera accomplie la prophétie de Lichtemberg, où la
croyance en un Dieu, même au Dieu rationaliste, pas-
sera pour superstition, comme aujourd'hui déjà la
croyance au Dieu charnel, au Dieu chrétien et thauma-
turge, et où à la place du cierge d'église de la foi et
du crépuscule de la croyance rationnelle, la pure lu-
mière de la raison éclairera et échauffera l'humanité.
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« Tel est ton cœur, tel est ton dieu. » Tels sont
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I r e PARTIE
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES
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la vraie vie dans une vie future, c'est-à-dire dans une
vie sans but et sans détermination, car une existence
sans bornes est une existence indéfinie et sans signi-
fication aucune. Le but concentre les forces, porte à la
réflexion, impose une limite, et la conséquence de cette
concentration et de cette limitation, c'est la mort. Cette
autre vie où les individus vivent éternellement, vie
sans détermination, sans but et sans mesure, — car, si
elle en avait dans sa nature, elle en aurait aussi dans
sa durée, — cette vie est sans concentration, sans sé-
rieux et sans raison; elle n'est qu'un jeu, qu'une ap-
parence vaine. Ce n'est donc que là où la personnalité
nue, dépouillée de toute importance historique, sans
signification et sans caractère, c'est-à-dire le rien, est
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MORT ET IMMORTALITÉ
II e PARTIE
NÉCESSITÉ S U B J E C T I V E DE LA CROYANCE
A L'IMMORTALITÉ
est la fin de tous les maux, elle est par cela même le
vœu du besoin et de la misère, l'immortalité celui de
l'opulence et du luxe. Le besoin est matérialiste, le
luxe est idéaliste; le besoin demande un secours prompt,
matériel, et, s'il ne lui est pas accordé, son désir n'est
pas le luxueux désir de voluptés célestes, c'est le désir
négatif et modeste de n'être plus, de cesser d'exister.
Le malheureux ne sent que ses maux, et il voit dans
la mort un bienfaiteur, parce qu'en lui enlevant la
conscience de lui-même elle ne lui enlève que la cons-
cience de son malheur et de sa souffrance.
L'autre monde n'est pas seulement dans le temps,
mais encore dans l'espace, et il est l'objet d'une
croyance naturelle, nécessaire et universelle, en ce
sens qu'il fait disparaître les bornes auxquelles se
trouve arrêtée toute existence humaine par son point
de vue local. Il n'a d'abord qu'une signification géogra-
phique. Quand les peuples sauvages mettent leur avenir
dans le soleil, la lune ou les étoiles, ils ne quittent pas
pour cela la t e r r e ; car ils ne connaissent pas leur vé-
ritable éloignement; pour eux les astres appartiennent
au même espace que le lieu qu'ils habitent, ils en dif-
fèrent seulement en ce qu'ils ne sont pas comme lui à
la portée des mains. Si l'homme arrive à la conception
d'un autre monde, c'est tout simplement parce qu'en
dehors des lieux où il se trouve il y en a encore ; mais
comme il ne peut être avec son corps là où il est ce-
pendant avec la vue, le lieu qu'il ne peut atteindre que
de ses regards devient pour lui un pur objet de l'ima-
gination et de la fantaisie, et par cela même lui semble
bien plus beau que le séjour de son existence réelle.
De même que le rationaliste chrétien ne fait pas cette
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REMARQUES
J'ai dit que les seuls vrais sacrifices sont ceux qui
ont leur origine dans une nécessité interne ou externe,
ceux qui ne sont, pour ainsi dire, ni des sacrifices ni
des actions méritoires. C'est là une assertion qui n'a
pas de sens pour les moralistes chrétiens, car pour eux
l'idée de la vertu est identique à celle d'un ordre de
mérite quelconque, civil ou militaire. Mais je ferai cette
question : Manger et boire, dormir et veiller, laver et
blanchir, lire et écrire, en un mot tous les actes so-
ciaux et naturels de l'homme sont-ils moraux ou im-
moraux ? Et tout homme raisonnable me répondra : Ils
ne sont ni l'un ni l'autre. Quand se produit donc l'idée
de la moralité ou plutôt de l'immoralité, puisque celle-
là suppose celle-ci? C'est seulement quand on néglige
pour une action non immorale en soi une autre action
aussi peu morale qu'elle. Si cette femme que voici aime
la société, la conversation, — et cet amour n'est point
immoral, — mais néglige pour cela le soin de ses en-
fants, on l'appellera une mauvaise mère, bien que l'acte
de soigner ses enfants de la part d'une mère ne soit
pas en soi un acte moral, parce qu'il est une consé-
quence de l'amour maternel. Ce qui pour cette femme
sera un sacrifice une vertu, ne le sera pas pour une
autre qui n'aura pas comme elle des inclinations en
lutte avec son amour maternel, et qui, au contraire,
ne se trouve nulle part mieux qu'au foyer domestique
(1) Jeune homme qui vécut enfermé dans une cave obscure
jusqu'à quinze ou seize ans.
pensées d i v e r s e s 324
358 NOTES