Résolution pour un « Schweizer Buchpreis » responsable

Nous, membres de l'Association des auteurs et autrices de Suisse AdS réunis à Soleure le 10 mai
2018, tenons d’abord à souligner que nous reconnaissons la valeur du « Schweizer Buchpreis », et
l’importance du rôle qu’il joue dans le rayonnement et le prestige de la littérature en Suisse
allemande.
Nous regrettons d’autant plus qu'après les critiques exprimées publiquement l'année dernière,
l’organisation du « Schweizer Buchpreis » n'ait pas réussi à régler les points de discorde les plus
importants et à renouveler le modèle du prix.
Dans ce sens, nous demandons que des améliorations sur les points suivants soient effectuées
avant la prochaine attribution du « Schweizer Buchpreis » :
1. La structure organisationnelle n'établit actuellement pas de distinction claire entre les tâches
stratégiques et opérationnelles, car la direction siège également au comité directeur, qui élit le
jury. Étant donné les importants intérêts économiques liés au prix, non seulement pour les
auteurs, mais aussi pour les éditeurs et le commerce du livre, il nous semble essentiel que les
fonctions soient clairement séparées, afin d’écarter tout soupçon d'influence. Pour la même
raison, nous estimons que la direction devrait absolument éviter de participer aux réunions du
jury, même si le règlement souligne que celle-ci ne le peut qu'à des fins administratives.
2. Selon le règlement, le jury est composé d’« experts et expertes littéraires » (ce qui comprend
également les auteurs et autrices). Les critères définissant l’expertise littéraire devraient
cependant être précisés. Comme l'indiquait déjà l'AdS dès 2014 dans sa déclaration de principe
au sujet des prix littéraires, « les critères de composition du jury (pour quelles raisons et pour
quelles compétences les membres du jury ont-ils été choisis?) doivent être déclarés. Dans
l’idéal, les membres du jury couvrent l’ensemble des facteurs d’analyse des candidatures. Le
jury dispose ainsi de toutes les compétences nécessaires, qui sont communiquées. »
3. Nous partageons l’avis des organisateurs et organisatrices selon lequel les partenaires
médiatiques n'ont pas droit à une représentation dans le jury. Mais cela devrait également
s'appliquer aux sponsors et aux membres de l’organisation du prix.
4. Dans le nouveau règlement, les membres du jury sont tenus à ne pas publier d’articles ou de
critiques des livres nominés pendant une période donnée. Cependant ces restrictions nous
semblent ne pas aller assez loin. Elles devraient courir à compter de la date à laquelle les
membres du jury sont au courant des nominations (c’est-à-dire dès réception des documents).
5. L’argent du prix doit être réparti de manière plus équilibrée entre les nominé-e-s et le lauréat
ou la lauréate, ce d’autant plus que le prestige associé au prix principal représente une réelle
plus-value par rapport aux nominé-e-s, accentuant la différence.
6. Les critères d'éligibilité doivent être spécifiés (entre autres, la participation obligatoire à la
cérémonie de remise des prix, les dates délimitant les publications éligibles, les conditions
d'admission des nominés précédents).
Nous demandons à l’organisation du « Schweizer Buchpreis » d'adapter le règlement dans le sens
de nos recommandations, afin qu’à l’avenir ce prix puisse être cité à juste titre comme l'un des prix
littéraires suisses allemands les plus importants. À cet égard, ce prix doit être à la hauteur de ses
ambitions. En cas de désaccord, nous proposons aux organisateurs et organisatrices de renommer
le « Schweizer Buchpreis » en « Prix des libraires alémaniques » afin de mieux correspondre à la
réalité.

Soleure, le 10 mai 2018.