Você está na página 1de 18

EMC-Psychiatrie 2 (2005) 282–299

http://france.elsevier.com/direct/EMCPS/

Pharmacologie et mode
d’action des neuroleptiques
Pharmacology and mechanisms of
action of neuroleptic agents
N. Franck a, F. Thibaut b,
*
a
Centre hospitalier Le Vinatier, institut des sciences cognitives (IFNL) et UFR de médecine, Lyon, service
hospitalo-universitaire de psychiatrie, EA 3092, 95, boulevard Pinel, 69677 Bron cedex, France b Centre
hospitalier et universitaire Charles Nicolle, Inserm unité 614, UFR de médecine, Rouen,
1, rue de Germont, 76031 Rouen cedex, France

MOTS CLÉS Résumé Les neuroleptiques sont des médicaments ayant essentiellement des effets sur
Neuroleptiques le système dopaminergique. Ce dernier joue un rôle dans la régulation de la vie
classiques ; émotion-nelle et le contrôle de la motivation, dans la modulation de la perception,
Neuroleptiques ainsi que dans l’organisation des comportements adaptatifs. Ces domaines sont
atypiques ;
perturbés dans la psychose qui est la première indication de l’utilisation des
Antipsychotiques ;
neuroleptiques. Le système dopaminergique joue également un rôle dans le contrôle de
Psychose ;
Schizophrénie ; la motricité et dans l’inhibition de la sécrétion de prolactine, à l’origine des effets
Système secondaires de certains neuroleptiques. Les neuroleptiques peuvent exercer des effets
dopaminergique ; non seulement sur les hallucinations, le délire et l’agitation (effets antipsychotiques ou
Métabolisme des incisifs et effets sédatifs), mais aussi, et de façon plus modeste, sur les symptômes
neuroleptiques ; négatifs ou déficitaires de la schizophrénie (effets désinhibiteurs et/ou
Classification des antidéficitaires). Il existe environ une dizaine de classes pharmacologiques principales
neuroleptiques de neuroleptiques, selon la structure biochimique de ces molécules. Si l’on considère
les effets cliniques de ces substances, on distingue des neuroleptiques de première
génération, associés à des effets indésirables neurologiques, et des neuroleptiques de
seconde génération, beaucoup mieux tolérés sur le plan neurologique.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract Neuroleptic treatments act on dopaminergic systems that play a role in percep-tion
KEYWORDS modulation, control of emotions, motivation, and organization of adaptative beha-vior.
Typical These features are impaired in schizophrenia, which represents the first indication for
neuroleptic drugs;
neuroleptic treatment. Dopaminergic systems have also a role in motor control and
Atypical neuroleptic
inhibition of prolactin secretion. The antagonist action of these effects by neuroleptic
drugs;
Antipsychotic agents; agents generates side effects. Neuroleptics have not only antipsychotic and sedative effects
Psychosis; (effects on hallucinations, delusions and agitation), but also desinhibitory and antideficit
Schizophrenia; properties (effects on negative symptoms of schizophrenia). About ten princi-pal classes of
Dopaminergic system; neuroleptics exist, depending on their biochemical structure. In terms of

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : Florence.Thibaut@chu-rouen.fr (F. Thibaut).

1762-5718/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emcps.2005.01.001
Pharmacologie et mode d’action des neuroleptiques 283

side effects, the second generation of neuroleptics drugs (generally not associated with
Metabolism of extrapyramidal syndrome at their therapeutic dosage) differs from first generation
neuroleptic drugs; neuroleptics which are frequently associated with extrapyramidal syndrome, even at
Classification of therapeutic dosage.
neuroleptic drugs © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Introduction remarqué que la réduction des phénomènes aigus


et de l’agitation s’accompagnait d’une améliora-
Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’agitation des tion du contact avec les malades. Mais il faudra
mala-des mentaux était prise en charge par la attendre l’expérience des traitements prolongés
contention physique, les sédatifs classiques ou les et surtout, la découverte de substances douées
hypnotiques (bromure, chloral, barbituriques). d’une action désinhibitrice plus importante, pour
Toutefois, ces procédés étaient inefficaces sur les préciser les indications des neuroleptiques sur
symptômes psy-chotiques eux-mêmes. Certaines l’apragma-tisme et l’autisme des schizophrènes. 2
méthodes de chocs (coma insulinique, Le terme neuroleptique a été proposé en 1955 ; il
électrochocs) ont égale-ment été utilisées, mais signifie littéralement « qui prend le nerf ». Les
de manière non spécifique. Les antihistaminiques premiers essais thérapeutiques de ces
phénothiaziniques furent es-sayés précocement, médicaments dans les psychoses aux États-Unis et
mais sans réel succès théra-peutique. au Canada datent de 1953.
Dès 1952, Laborit et al.1 ont utilisé la chlorpro- Deux ans après l’introduction de la chlorproma-
mazine (une phénothiazine sans propriétés antihis- zine, Steck4 a observé que la réserpine, de struc-
taminiques) en anesthésie et dans l’hibernation ture chimique très différente (alcaloïde), et possé-
artificielle, sous la forme de cocktails lytiques (as- dant des propriétés thérapeutiques proches de celles
sociant chlorpromazine, prométhazine et péthi- de la chlorpromazine dans les psychoses, induisait
dine). Ils avaient remarqué que ce médicament des effets secondaires neurologiques simi-laires à
(utilisé seul ou en association) produisait un effet ceux de la chlorpromazine (parkinsonisme et
psychique de désintéressement et ils en avaient akathisie). Depuis 1957, les structures chimiques qui
conclu qu’il pourrait être appelé à des applications ont permis d’obtenir des composés neurolepti-ques
psychiatriques. Hamon, Paraire et Velluz ont tenté se sont multipliées. Par ailleurs, les premiers cas de
dès 1952, au Val de Grâce, de traiter un cas de dyskinésies tardives ont été signalés par H. Ey dès
manie par la chlorpromazine associée à du pento- 1956, puis décrits par Sigwald en 1959, et le premier
thal et de la péthidine et suivie de séances d’élec- cas de syndrome malin a été décrit par Delay et
trochocs, avec une efficacité modeste.in 2 Peu après, Deniker avec l’halopéridol dès 1961. 5 La survenue
dans une série de communications effec-tuées de d’effets secondaires neurologiques faisait partie de
la définition du terme de neuroleptique par Delay et
mai à juillet 1952, Delay et Deniker 3 ont posé les
principes de la cure neuroleptique et ont précisé les Deniker en 1957 (Encadré 1).6
indications de la chlorpromazine utilisée seule dans Ce n’est qu’à partir de 1963 que Carlsson 7 a
les principaux types de psychoses aiguës ou en phase découvert les propriétés antidopaminergiques qui
processuelle aiguë, en insistant sur la valeur de ce ont ensuite permis de définir les neuroleptiques.
nouveau traitement chez les malades mentaux. Dès Les neuroleptiques vont alors devenir un instru-
1954, l’efficacité de ces traitements dans les ment d’investigation privilégié pour tester les hy-
psychoses chroniques fut confirmée et leurs effets pothèses physiopathologiques de la schizophrénie.
secondaires décrits. Dès les premières observations Le débat sur la nécessaire survenue des effets
relatives à la chlorpromazine, on avait secondaires neurologiques comme corollaire inévi-

Encadré 1
6
Caractéristiques psychophysiologiques des neuroleptiques selon Delay et Deniker

Création d’un état d’indifférence psychomotrice


Efficacité vis-à-vis des états d’excitation et d’agitation
Réduction progressive des troubles psychotiques aigus et chroniques
Production de symptômes extrapyramidaux et végétatifs
Effets sous-corticaux prédominants
284 N. Franck, F. Thibaut

table de l’activité antipsychotique a persisté neuroleptique donné découlent de sa structure chi-


jusqu’à la découverte des neuroleptiques dits aty- mique et de son profil d’action sur les différents
piques (sulpiride, puis clozapine, dont les profils récepteurs. Cependant, sa formule chimique ne
d’action sur les systèmes de neurotransmetteurs permet pas de prédire de façon certaine les effets
sont d’une part très différents de ceux des neuro- thérapeutiques d’un médicament.
leptiques classiques et d’autre part diffèrent
entre eux). Classification selon les effets cliniques
La découverte des neuroleptiques a bouleversé la
prise en charge des sujets psychotiques, il y a un Il existe plusieurs classifications des neuroleptiques
peu plus de 50 ans. Ces médicaments ont en effet selon leurs effets cliniques. Fritz Freyhan avait
transformé les relations entre patients et soi- tenté, dès 1958 aux États-Unis, d’évaluer les résul-
gnants : ils ont permis à ces derniers d’établir des tats obtenus avec un neuroleptique selon la modi-
liens avec des sujets délivrés de leur vécu psycho- fication des symptômes observés (hallucinations,
tique et des troubles du comportement secondaires délire, angoisse, agressivité). En 1960, Lambert et
(bizarreries, agressivité, violence). Ils ont permis de Revol10 ont opposé les effets sédatif et incisif (ou
faire sortir des hôpitaux psychiatriques et de antipsychotique) de ces médicaments. Sur un axe
réinsérer dans la société des patients psychotiques allant de la gauche à la droite, ils ont ainsi situé à
chroniques, hospitalisés depuis de nombreuses an- l’extrémité gauche les médicaments les plus séda-
nées. Le pronostic évolutif de la schizophrénie a tifs, c’est-à-dire ceux qui ont le plus d’effets sur
ainsi été considérablement modifié par l’introduc- l’agitation et l’angoisse, au prix d’effets indésira-
tion des neuroleptiques. Cependant environ 20 % des bles surtout végétatifs (en particulier la cyaméma-
patients psychotiques ne répondent pas aux zine et la lévomépromazine), et à l’extrémité droite
traitements neuroleptiques classiques, et environ 50 les médicaments les plus incisifs, au prix d’effets
% d’entre eux conservent des symptômes rési-duels secondaires extrapyramidaux (en particu-lier
de schizophrénie. Les effets secondaires, en l’halopéridol). Le terme « incisif » employé par
particulier cognitifs et neurologiques, observés avec Lambert signifie littéralement que ces médica-ments
ces traitements sont fréquents et gênants, sont capables de « couper » les symptômes positifs
compromettant de ce fait l’observance médica- que sont les hallucinations ou le délire. Entre ces
menteuse. deux extrémités d’un axe horizontal, ils ont classé
Dans les années 1990, une nouvelle génération de tous les autres neuroleptiques en fonc-tion de la
neuroleptiques a été mise à la disposition des prévalence de l’une ou l’autre de ces deux
psychiatres. Ces médicaments allient une efficacité caractéristiques. Cette classification, qui pre-nait
notable sur les symptômes psychotiques à une déjà en compte les posologies employées, avait le
meilleure tolérance, en particulier neurologique. 8,9 mérite de définir les indications préféren-tielles des
Étant donné que les effets neurologiques faisaient neuroleptiques et elle fut à l’origine de la
partie de la définition du terme neuroleptique, on traditionnelle association d’un neuroleptique sé-
considère ces produits comme des neuroleptiques datif (lévomépromazine par exemple) à un neuro-
atypiques. Cependant des produits dotés de pro- leptique incisif (halopéridol par exemple) pour trai-
priétés antipsychotiques et mieux tolérés sur le plan ter les épisodes psychotiques aigus où délire et
neurologique que les neuroleptiques tradition-nels agitation sont intriqués. Lambert reconnaît égale-
existaient déjà depuis de nombreuses années ment au sulpiride une action sur l’autisme et la
(sulpiride, thioridazine). Nous verrons plus loin qu’à passivité.
côté de ces critères cliniques, il existe des critères La première observation d’un effet
pharmacologiques d’appartenance à l’une ou l’autre excitomoteur qualifié de « désinhibiteur » a été
des deux générations de neuroleptiques. faite en 1956 par Broussole et Dubor, sur la base
de l’effet de la prochlorpérazine (phénothiazine
pipérazinée, dont les noms commerciaux sont
Classification des neuroleptiques Témentil® et Stémé-til®) dans la schizophrénie
catatonique. Ces auteurs avaient en effet observé
On peut classer les neuroleptiques en fonction de que ce médicament est capable d’entraîner, dans
plusieurs types de critères : selon leurs effets clini- ce contexte, une reprise d’initiative motrice et
ques ou selon leur structure chimique. La perti- psychique, qu’ils ont appe-lée « désinhibition ».
nence de la distinction selon ce second critère est Dans certains ouvrages, les termes « incisif » et «
liée au fait que les médicaments appartenant à telle désinhibiteur » tendent à être confondus.
ou telle classe chimique partagent certaines Dès 1957, Delay et Deniker6 ont décrit des indi-
caractéristiques. En fait, les effets cliniques d’un cations nuancées selon les formes de schizophré-
Pharmacologie et mode d’action des neuroleptiques 285

nie : dans les formes agitées et délirantes, la chlor- (exemple cyamémazine), et des neuroleptiques
promazine était envisagée en première intention ; bi-polaires, qui sont stimulants ou désinhibiteurs à
dans les formes avec adynamie et/ou indifférence, faibles doses, alors qu’ils sont réducteurs et séda-
la réserpine ou tout autre traitement susceptible de tifs à fortes doses (exemples halopéridol,
déclencher des manifestations excitomotrices était fluphéna-zine, pipotiazine).
utilisée en première intention. Une chronologie dans l’apparition des effets cli-
En 1958, Janssen a rapporté les effets imipra- niques au cours du temps a été décrite avec les
mine-like du tripéridol à faibles doses.2 neuroleptiques classiques. Le premier effet clini-
En 1961, Delay et Deniker 11 ont fait figurer sur un que observé, souvent recherché, est la sédation.
histogramme trois types d’action des neurolepti- Avec les neuroleptiques bipolaires à petite doses,
ques : sur l’excitation (effet sédatif, associé à des une stimulation motrice indésirable peut être ob-
effets secondaires végétatifs et somnolence), sur le servée en début de traitement (crises stémétilien-
délire et les hallucinations (effet antipsychotique, nes observées avec le Témentil® associant à une
associé à des effets secondaires tels qu’akinésie, stimulation psychomotrice, des dystonies aiguës
hypertonie, asthénie) et sur l’inertie (effet secon- gênantes, qui peuvent céder lors de
daire : hyperkinésie). l’augmentation des doses du neuroleptique).
Plus tard, la classification de Bobon et al. 12 a Secondairement, ap-paraissent les effets
permis d’évaluer dans six domaines les effets d’un antipsychotiques (après quel-ques jours ou
neuroleptique donné, à une posologie donnée. Les semaines de traitement). L’effet anti-autistique
résultats sont présentés sous la forme d’une étoile est plus difficile et plus long à obte-nir.
à six branches dont les longueurs correspondent Les effets secondaires varient également en
aux effets suivants : antidélirant, anti-autistique, fonction des étapes chronologiques du traitement
ata-raxique (ou sédatif), antimaniaque, et deux (Fig. 2) :14,15
axes d’effets indésirables : adrénolytique et • à l’effet sédatif initial s’associe parfois l’akiné-
extrapyra-midal. L’effet incisif est ainsi dédoublé sie ;
en antidé-lirant et anti-autistique. • à l’effet antipsychotique s’associent les effets
H. Lôo a rapporté la première observation de extrapyramidaux ;
l’effet désinhibiteur du sulpiride en 1970. • à un effet désinhibiteur éventuel s’associent
Deniker et Ginestet, en 1971, ont opposé selon parfois les dyskinésies tardives.
un axe vertical l’effet sédatif à un autre effet de Davis16 a développé la notion empirique
ces médicaments : l’effet désinhibiteur.in 2 Cette d’équivalent-chlorpromazine à partir d’études
classification distingue quatre catégories de contrôlées utilisant la chlorpromazine comme com-
neuro-leptiques, qu’elle place sur un axe allant parateur. D’autres auteurs, en particulier nord-
du pôle sédatif au pôle désinhibiteur : américains, en ont tiré une conception unitaire des
• les sédatifs (type lévomépromazine ou neuroleptiques. Selon cette approche, on peut
chlorpro-mazine), ayant des effets végétatifs aboutir au même effet thérapeutique avec tous les
impor-tants ; neuroleptiques à condition de moduler leurs doses et
• les moyens (type thioridazine, propériciazine), il serait donc possible de déterminer le rapport entre
ayant des effets thérapeutiques et indésirables la dose d’un neuroleptique quelconque et la dose de
modérés ; chlorpromazine permettant d’aboutir à cet effet.
• les polyvalents (type halopéridol, pipotiazine, Ainsi, 2 mg d’halopéridol sont considérés comme
fluphénazine) qui exercent à la fois une action équivalent à 100 mg de chlorpromazine (rapport
sédative, une action réductrice sur les halluci- CPZeq d’un facteur 50 ; cependant selon les études,
nations et le délire, ou une action désinhibitrice cette équivalence peut varier entre 40 et 60). Des
« stimulante » dans les syndromes déficitaires ; équivalences existent pour tous les neuroleptiques
• les désinhibiteurs (type sulpiride, prochlorpéra- de première génération. Néan-moins, elles ont
zine ou Témentil®), qui associent, pour certains, souvent été calculées en se basant sur les données
des effets neurologiques très puissants à leurs cliniques des dossiers d’enregistre-ment des
effets thérapeutiques (Fig. 1). médicaments, sur d’autres méthodes par-fois peu
La classification de Petit et Colonna, 13 fondée sur explicites, ou encore, en utilisant des indications
les travaux précliniques de Puech concernant les différentes ne permettant pas de com-paraison de
interactions entre l’apomorphine et les neuro- doses. Elles ne prennent en compte que les effets
leptiques, introduit le paramètre posologique et a antagonistes des récepteurs dopaminer-giques de
ainsi distingué des neuroleptiques monopolaires, qui produits qui agissent également sur d’autres
se caractérisent par des effets sédatifs et neu- récepteurs, comme on le verra plus loin. De ce fait,
rovégétatifs quelle que soit la posologie utilisée ces équivalences ont été critiquées. En
286 N. Franck, F. Thibaut

Figure 1 Classification clinique des neuroleptiques selon un axe vertical en quatre groupes. 2

nes.17 Ces DDD sont en général définies lors du


traitement d’entretien. Par exemple, la DDD de la
chlorpromazine est de 300 mg/j comparativement
à 8 mg d’halopéridol (rapport DDDeq 37,5, au lieu de
40 à 60 en CPZeq). Woods 18 a récemment pro-posé
d’établir les équivalents chlorpromazine en se
basant sur la dose minimale efficace de chaque
substance. Cet auteur a ainsi déterminé les équiva-
lences suivantes pour les neuroleptiques de se-conde
génération : 2 mg de rispéridone équivalent à 5 mg
d’olanzapine ou à 7,5 mg d’aripiprazole (cha-cune
de ces doses correspondant à 100 mg de
Figure 2 Chronologie de l’apparition des effets extrapyrami- chlorpromazine ou encore à 2 mg d’halopéridol). Ces
daux avec les neuroleptiques classiques.15 chiffres offrent néanmoins une vision nécessai-
effet, lorsque l’on compare les équivalents chlor- rement réductionniste des neuroleptiques. En ef-fet,
promazine aux doses quotidiennes moyennes utili- l’équivalence de deux neuroleptiques, calcu-lée pour
sées dans l’indication principale du produit, ou DDD des posologies données, n’existe pas nécessairement
(defined daily doses), des neuroleptiques, on ob- lorsqu’on les augmente ou qu’on les diminue
tient des résultats qui sont loin d’être homogè- proportionnellement, les effets clini-
Pharmacologie et mode d’action des neuroleptiques 287

ques de ces substances étant parfois dépendants


des doses employées.

Classification selon la structure


chimique,19–21 (Fig. 3)

La structure chimique des molécules permet, quant


à elle, de distinguer plusieurs classes de
neurolep-tiques. Ces médicaments ont tous une
structure complexe, associant plusieurs cycles à
des chaînes de différentes natures.

Neuroleptiques de première génération


Il existe quatre principales classes de neurolepti-
ques de première génération :
• les phénothiazines (différentes structures
tricy-cliques ont été obtenues par modification
de la chaîne latérale) ;
• les butyrophénones (dont le chef de file est
l’halopéridol, introduit en 1958, remarquable
par son activité antihallucinatoire) ;
• d’autres composés tricycliques, comme les
thioxanthènes, résultent de modifications ap-
portées au noyau des phénothiazines ;
• et enfin, les benzamides (chef de file : le
sulpi-ride introduit en 1965, parfois considéré
comme le premier atypique, bien que la
thioridazine ait également un profil
pharmacologique atypi-que).
Les phénothiazines se caractérisent par un noyau
tricyclique (deux cycles benzéniques couplés par des
atomes d’azote et de soufre), où se trouve
généralement un halogène dont le rôle serait im-
portant dans l’activité antipsychotique et dans la
pénétration du médicament dans le cerveau. Ce
noyau tricyclique est associé à une chaîne latérale
liée à l’atome d’azote du noyau central. La nature
de cette chaîne détermine la sous-classe de la
substance. Parallèlement à son rôle important dans
l’activité antipsychotique, elle détermine égale-
ment l’affinité du produit pour les récepteurs à
l’histamine, l’acétylcholine ou la noradrénaline. Elle
peut être aliphatique - ou linéaire - (chlorpro-
mazine, lévomépromazine, cyamémazine), pipéri-
dinée (pipotiazine et thioridazine, ce dernier com-
posé présentant un risque de troubles du rythme
cardiaque par allongement de l’espace QT) ou pipé-
razinée (fluphénazine). Les phénothiazines alipha-
tiques sont avant tout sédatives et associées à des
effets neurovégétatifs importants (hypotension ar-
térielle), du fait de leur action sur les récepteurs a1-
adrénergiques, alors que les dérivés pipérazinés ont
des effets incisifs et neurologiques puissants. Figure 3 Structure chimique des neuroleptiques.31
Les butyrophénones sont constituées d’un cycle
Certaines de ces substances sont pipéridinées
benzénique relié à un atome de fluor et à une
(halopéridol, dropéridol). Les diphénylbutylpipéri-
chaîne pouvant comprendre des noyaux cycliques.
dines (pimozide et penfluridol, ce dernier médica-
288 N. Franck, F. Thibaut

ment étant un neuroleptique à action prolongée, Les neuroleptiques à action prolongée sont com-
du fait de sa longue demi-vie) se caractérisent posés de deux groupes : d’une part, des substances
par leur affinité plus élevée et plus sélective pour qui peuvent être administrées à de grands interval-
les récep-teurs D2. les du fait de leurs caractéristiques pharmacociné-
Les benzamides, dérivées du métoclopramide ou tiques (exemple penfluridol) et, d’autre part, des
substances qui sont administrées sous la forme d’une
Primpéran® (sulpiride, tiapride, sultopride, amisul- prodrogue qui va libérer progressivement la
pride), possèdent une structure à part, et se carac- molécule active après l’injection. Dans ce cas, le
térisent par leurs propriétés désinhibitrices et anti- groupe hydroxyle des neuroleptiques est estérifié par
déficitaires à faible posologie, et leurs effets un acide gras : décanoate, énantate ou palmi-tate
prévalants sur la voie dopaminergique mésolimbi- (fluphénazine énantate ou Moditen AP ® ;
que. L’amisulpride aurait également des propriétés
antidépressives à doses faibles. fluphénazine décanoate ou Modécate ® ; perphéna-
D’autres structures tricycliques proches des zine énantate ou Trilifan Retard® ; pipotiazine pal-
phé-nothiazines ont été synthétisées : les mitique ou Piportil L4® ; flupentixol décanoate ou
thioxanthè-nes (structure tricyclique de type Fluanxol LP® ; zuclopenthixol décanoate ou Clo-pixol
phénothiazine, mais l’atome d’azote est remplacé AP® ; halopéridol décanoate ou Haldol Déca-noas ®).
par un atome de carbone, les composés à chaîne Le produit est ensuite injecté par voie
latérale pipéridi-née sont les plus connus : intramusculaire dans une solution huileuse. Un ef-fet
flupentixol et zuclopen-thixol) ; les pic du premier jour est parfois décrit (lié à la
dibenzoxazépines (loxapine ou carpi-pramine). présence de substances actives hydrolysées dans le
liquide d’injection, entraînant un accroissement
Neuroleptiques de seconde génération rapide du taux sanguin de neuroleptique lors de
Les neuroleptiques de seconde génération appar- l’injection). Une découverte plus récente consiste
tiennent aux classes principales suivantes : à injecter dans une solution aqueuse un neurolep-
• celle des dibenzodiazépines et dérivés qui ont tique contenu dans un polymère, qui est dégradé
une structure tricyclique proche de celle des progressivement par hydratation (rispéridone à
phénothiazines (clozapine, olanzapine et qué- ac-tion prolongée, Risperdal Consta®).
tiapine) ; L’administration par voie intramusculaire offre un
• celle des benzisoxazoles (rispéridone) (structu- taux plasmatique plus fiable et permettrait
res bicycliques) ; d’administrer des doses moindres. La diffusion est
• celle des imidazolidinones (sertindole). lente et le neuroleptique peut parfois être retrouvé
Les dibenzodiazépines possèdent un noyau hep- dans le sang 9 à 12 mois après la dernière injection.
tagonal accolé à deux cycles benzéniques et une
chaîne plus ou moins longue attachée au noyau
heptagonal. Elles possèdent des effets incisifs très Modes d’action
marqués, associés à des effets sur la symptomato-
logie négative et à des effets sédatifs non Rappel de l’hypothèse
négligea-bles, ainsi qu’à des effets secondaires dopaminergique de la schizophrénie
métaboli-ques. La clozapine a été introduite dès
1972, mais retirée du marché en 1975 à cause du L’hypothèse dopaminergique de la schizophrénie est
risque d’agra-nulocytose, puis réhabilitée en 1988 née à partir de deux observations cliniques : d’une
par les travaux de Kane 22 sur la schizophrénie part, la découverte empirique de l’efficacité de la
résistante. La struc-ture de la loxapine est proche chlorpromazine, suivie en 1963 par les travaux de
de celle de la cloza-pine. Carlsson et Lindqvist,7 puis une douzaine d’an-nées
Quant aux benzisoxazoles, elles sont apparen-tées
plus tard par ceux de Seeman, 23 qui ont mis en
aux butyrophénones et en particulier au dro-péridol. évidence les propriétés antagonistes des récep-teurs
Elles ont des effets incisifs, mais égale-ment des dopaminergiques de la chlorpromazine et, surtout,
effets sur la symptomatologie négative. Des effets l’existence d’une relation entre l’effica-cité
neurologiques apparaissent lorsque les produits sont antipsychotique des neuroleptiques et leur af-finité
employés à doses importantes. Un médicament pour les récepteurs dopaminergiques de type D 2 ;
appartenant à la classe des quinolino-nes
d’autre part, l’observation dès 1958 par Connell 24
(l’aripiprazole), proche de celle des diphényl-
d’états délirants aigus après administra-tion
butylpipérazines, vient d’être commercialisé. La d’amphétamine (qui accroît la libération de
ziprasidone est une benzothiazolylpipérazine dopamine et également de noradrénaline).
(structure bicyclique) ; elle n’est apparentée à Dès 1981, à la suite des travaux de Crow, les équipes
aucune structure chimique neuroleptique connue. de Petit et Colonna à Rouen et de Simon à
Pharmacologie et mode d’action des neuroleptiques 289

la Salpêtrière ont travaillé sur un modèle de dys- elle intervient dans les activités hédoniques, en
fonctionnement dopaminergique différencié selon jouant un rôle dans le renforcement positif des
les formes cliniques positive ou négative de schi- comportements apportant du plaisir. Chez l’ani-mal,
zophrénie. Ils ont testé ce modèle par l’étude de la stimulation électrique ou chimique de cette voie
deux neuroleptiques bipolaires : le sulpiride et le augmente ce renforcement, alors que sa des-truction
pimozide, et ont conclu à la pertinence dans le perturbe la recherche de nourriture ou d’eau et
domaine clinique des observations recueillies par réduit le renforcement induit par la prise de drogue
Puech, dès 1976, chez l’animal. (cocaïne...). Par ailleurs, le fonctionne-ment
excessif de ce système chez l’être humain pourrait
Il existe cependant peu de données biochimiques
en faveur de l’hypothèse dopaminergique de la entraîner des associations inadéquates en-tre les
schizophrénie. L’élévation de la densité des récep- intentions du sujet et des événements exté-rieurs,
ainsi qu’on l’observe dans la psychose. Cer-tains
teurs de type D2 (étudiée en post mortem) dans le
objets externes, ou certaines représentations
striatum et le noyau accumbens de patients schi- internes, prendraient alors une importance anor-
zophrènes non traités depuis au moins 1 an, qui
avait été initialement rapportée par l’équipe de male pour le sujet.29 Cliniquement, ce dysfonction-
nement se manifesterait par l’apparition de pen-sées
Owen,25 n’ayant pas été confirmée, le rôle des
ou de percepts inappropriés. Cette hypothèse est
traitements neuroleptiques dans cette augmenta-
étayée par l’observation que les substances qui
tion de densité des D2 a été largement invoqué. Une favorisent la libération de dopamine (amphétamine
vingtaine d’années plus tard, Laruelle, 26 utilisant un ou cocaïne) aggravent le délire ou les hallucinations
test dynamique à l’amphétamine, a mis en évi- chez les sujets psychotiques ou génèrent de tels
dence une réponse anormale du système dopami- symptômes chez les sujets sains.24 À l’inverse, les
nergique chez les patients schizophrènes, compara- substances qui s’opposent à l’action de la dopa-
tivement à des témoins. Celle-ci a été interprétée mine, en particulier celles qui bloquent les récep-
comme une augmentation de la libération phasique
de dopamine dans les régions limbiques sous- teurs de type D2, diminuent ces manifestations. 23,30
L’action des neuroleptiques sur cette voie est
corticales. L’antagonisme des récepteurs de type D 2
donc recherchée car elle sous-tendrait leurs effets
dans cette région pourrait contribuer à amélio-rer thé-rapeutiques en s’opposant à
les symptômes positifs (délire, hallucinations) de la l’hyperdopaminergie sous-corticale supposée.
schizophrénie. Au contraire, dans les régions
corticales préfrontales, la libération tonique de
Voie mésocorticale
dopamine serait diminuée, aboutissant ainsi à une
Elle est constituée de fibres provenant de A10 (aire
diminution du tonus dopaminergique se traduisant
tegmentale ventrale) et projetant vers le cortex
par une perte de motivation et des perturbations
frontal, cingulaire et les régions septohippocampi-
des fonctions exécutives.27 ques. Cette voie favorise les performances du lobe
préfrontal, c’est-à-dire tout ce qui concerne la
Rappel sur les voies dopaminergiques planification des actions et le déclenchement des
actions volontaires. Plus généralement, l’activité de
L’action antagoniste des neuroleptiques s’exerce la voie mésocorticale serait nécessaire à certai-nes
par l’intermédiaire de quatre voies dopaminergi- activités mnésiques, ainsi qu’aux processus at-
ques, avec pour conséquence certains effets tentionnels. Chez le singe, la diminution du tonus
théra-peutiques, mais aussi indésirables, de ces dopaminergique au niveau frontal s’accompagne
médica-ments. d’une baisse des performances dans les tâches stra-
Les corps cellulaires des neurones dopaminergi- tégiques. Chez les patients schizophrènes, une hy-
ques sont essentiellement situés dans le tronc poactivité à ce niveau pourrait sous-tendre les
céré-bral, au niveau du mésencéphale, et, symptômes négatifs,31 ainsi que les déficits atten-
accessoire-ment dans l’hypothalamus ; leurs tionnels et exécutifs observés chez ces sujets. En-
projections sont longues et diffuses. fin, les neuroleptiques de première génération
pourraient aggraver cet hypofonctionnement, qui
Voie mésolimbique serait impliqué dans la genèse de symptômes néga-
Elle relie l’aire tegmentale ventrale (région A10) au tifs et de déficits attentionnels et exécutifs secon-
noyau accumbens, aux noyaux du septum latéral, au daires.30 L’effet antagoniste des récepteurs 5-HT 2
cortex piriforme et à l’amygdale (appartenant au des neuroleptiques de seconde génération atténue-
système limbique). Cette voie intervient dans la rait l’antagonisme des récepteurs D 2 striataux et
régulation de la vie émotionnelle et dans le contrôle préviendrait l’apparition d’effets indésirables neu-
de la motivation. Elle permet l’association des rologiques, voire atténuerait un déficit primaire en
actions et de leurs conséquences.28 De ce fait, dopamine au niveau préfrontal.30
290 N. Franck, F. Thibaut

Voie nigrostriée seconde génération s’opposeraient en partie aux


Des fibres nerveuses provenant de la région A9 de la effets antagonistes D2 sur les cellules galactopho-
pars compacta de la substance noire projettent vers res.30 L’activité agoniste partielle de l’aripiprazole
le noyau caudé et le putamen. Elles sont impliquées inhiberait la libération de prolactine.
dans le contrôle du mouvement. Une perte
neuronale à ce niveau entraîne l’apparition d’une Effets biochimiques des neuroleptiques, 19,35
maladie de Parkinson. De la même manière, lorsque
le blocage des récepteurs D 2 de la voie nigrostriée Une action antagoniste des récepteurs de type D 2 est
par les neuroleptiques dépasse un cer-tain seuil, des commune à tous les neuroleptiques, qu’ils soient de
symptômes extrapyramidaux appa-raissent. Ils
première ou de deuxième génération. 30 À côté de
peuvent se manifester sous la forme d’un syndrome
parkinsonien, de dyskinésies aiguës ou d’une l’effet sur les récepteurs de type D 2, cré-dité à la
akathisie (impossibilité de tenir en place). Par fois des propriétés thérapeutiques et de certains
ailleurs, l’utilisation à long terme de ces subs-tances effets indésirables, chaque neuroleptique possède un
peut entraîner une hypersensibilisation de ces profil d’action spécifique sur certains autres
récepteurs, à l’origine de dyskinésie tardive. Ces récepteurs cérébraux.
effets indésirables neurologiques sont des ma-
nifestations à la fois très fréquentes et gênantes des Système dopaminergique
neuroleptiques de première génération. Les La dopamine interagit avec les récepteurs dopami-
symptômes extrapyramidaux apparaissent généra- nergiques. Les récepteurs dopaminergiques font
lement lorsque le taux d’occupation des récepteurs partie des récepteurs à sept domaines transmem-
de type D2 striataux dépasse 80 %.32 Les neurolep- branaires couplés aux protéines G. Il existe cinq
tiques de seconde génération se lient également aux types de récepteurs dopaminergiques (D 1 à D5) qu’on
récepteurs 5-HT2, ce qui permet la libération de peut regrouper en deux familles : celle des D 1
dopamine et la diminution du taux d’occupation des (comprenant les récepteurs D1 et les récepteurs D5),
récepteurs D2 par les neuroleptiques, d’où une qui sont couplés positivement à l’adénylate-cyclase
diminution de la prévalence des symptômes ex- et qui aboutissent à la production d’adéno-sine
monophosphate (AMP) cyclique, et celle des D 2
trapyramidaux.21 Par ailleurs, le fait que l’utilisa-
tion de substances n’ayant pas d’effet antagoniste (comprenant les récepteurs D 2, D3 et D4), qui sont
couplés négativement à l’adénylate-cyclase et qui
5-HT2 n’entraîne pas toujours l’apparition de symp-
tômes extrapyramidaux nous contraint à invoquer diminuent la production d’AMP cyclique. 35 Chaque
l’existence d’autres mécanismes correcteurs possi- type de récepteur à la dopamine a une répartition
spécifique dans le cerveau.
bles. On observe ce phénomène lors de l’utilisation
Les récepteurs D1 sont postsynaptiques et pré-
de l’amisulpride (qui est un antagoniste D 2 et D3, et
sents dans tout le cerveau. Les récepteurs D 1
ne se lie pratiquement pas aux récepteurs 5-HT 2),
inter-agissent de façon fonctionnelle avec les D 2,
mais aussi parfois de fortes posologies de neurolep-
tiques de première génération, tels que l’halopéri- en facilitant la stimulation des récepteurs D 2. Ils
dol. Dans ce dernier cas, il est possible que des jouent un rôle dans la motricité et la cognition
(mémoire de travail), mais leur contribution à
effets muscariniques ou histaminergiques inter-
l’ac-tion antipsychotique des neuroleptiques n’est
viennent.33 Enfin, l’occupation des récepteurs D 2 pas prouvée. Les antagonistes D1 sélectifs n’ont
striataux à plus de 90 % par l’aripiprazole n’en- en effet pas d’activité antipsychotique. Leur
traîne pas d’effet extrapyramidaux, probablement implica-tion dans la survenue des dyskinésies a
du fait de son activité agoniste D2 partielle.34 été soule-vée. L’antagonisme des récepteurs D 1
permettrait une meilleure tolérance neurologique
Voie tubéro-infundibulaire des neuro-leptiques. Les récepteurs D 5 sont
Des fibres provenant du noyau arqué de l’hypotha- présents dans les régions corticolimbiques. Le rôle
lamus projettent vers l’éminence médiane et la pars des récepteurs D5 n’est pas très connu.
intermedia de l’hypophyse. L’effet des neuro- Il existe deux isoformes, long et court, du récep-
leptiques sur cette voie entraîne une diminution de teur D2 dont la localisation intracérébrale est diffé-
l’effet inhibiteur sur la sécrétion de prolactine rente. Les récepteurs D2 existent notamment au
normalement exercée par la dopamine au niveau de niveau des corps cellulaires dopaminergiques
l’hypophyse. Cet effet peut donc conduire à l’appa- (autorécepteurs somatodendritiques), au niveau
rition d’une hyperprolactinémie, avec pour consé- présynaptique (autorécepteurs présynaptiques), et
quences possibles une aménorrhée-galactorrhée au niveau postsynaptique. La stimulation des auto-
chez la femme ou une impuissance chez l’homme. récepteurs diminue l’activité des neurones dopami-
Les effets antagonistes 5-HT2 des neuroleptiques de nergiques, ainsi que la synthèse et la libération de
Pharmacologie et mode d’action des neuroleptiques 291

dopamine. Ces autorécepteurs ont une meilleure striatales. L’existence d’autorécepteurs de type D 3
affinité pour les agonistes dopaminergiques que dans l’aire tegmentale ventrale ou la substance
les récepteurs postsynaptiques. Ces noire est très controversée. Les récepteurs D 3 pour-
autorécepteurs de type D2 seraient présents dans raient intervenir dans les interactions fonctionnel-les
les systèmes méso-limbique et nigrostrié. Parmi entre récepteurs D1 et D2 et leur rôle à ce niveau
les neurones dopami-nergiques, ceux qui pourrait dépendre du niveau d’activité du système
projettent vers le cortex préfrontal et cingulaire dopaminergique. Il n’existe pas de ligand spécifi-que
ont peu, ou pas, d’autoré-cepteurs et sont donc des récepteurs D3, mais les benzamides, telle que le
peu sensibles à l’action de ligands D2. sulpiride ou l’amisulpride, agissent à la fois sur les
De faibles doses d’apomorphine (agoniste dopa- récepteurs D2 et D3. L’affinité de l’amisul-pride pour
minergique) inhibent l’activité locomotrice sponta- les récepteurs D3 est deux fois plus élevée que pour
née chez l’animal, de la même façon que les neu- les récepteurs D2, son affinité pour les autres
roleptiques. Tamminga et al. 36 ont rapporté récepteurs étant faible. Elle se lierait ainsi de façon
l’efficacité antipsychotique en aigu de l’apomor- préférentielle aux récepteurs dopa-minergiques de
phine à faibles doses. Cette efficacité, probable- la voie mésolimbique. Les antago-nistes D 3 et D4 plus
ment liée à l’activation préférentielle des autoré- ou moins sélectifs n’ont, en revanche, pas montré
cepteurs dopaminergiques présynaptiques, semble d’efficacité antipsychotique.
limitée dans le temps par l’apparition d’une tolé- Carlsson et al. ont noté une augmentation du
rance, et semble également atténuée par les effets taux des métabolites de la dopamine (acide homo-
secondaires, végétatifs et digestifs. À faibles doses, vanillique surtout) dans les heures qui suivent une
le sulpiride et l’amisulpride pourraient avoir une administration de neuroleptiques, traduisant une
action prédominante sur les autorécepteurs dopa- augmentation de l’activité électrique neuronale
minergiques présynaptiques, tandis que, à doses plus et une libération de dopamine sous l’influence du
élevées, leur effet préférentiel serait l’anta-gonisme blocage D2. Cependant l’antagonisme des récep-
des récepteurs dopaminergiques postsy-naptiques. teurs D2 est rapidement obtenu (moins de 24 h),
Cet effet différenciel aurait pour consé-quence, à alors que l’effet antipsychotique est plus lent
faibles doses, une augmentation de la transmission (quelques semaines). Dans les semaines qui
dopaminergique dans certaines struc-tures suivent l’administration répétée d’un traitement
cérébrales et, peut-être, un effet antidéfici-taire. neurolep-tique, l’activité neuronale diminue ainsi
que le turnover dopaminergique.
L’affinité des neuroleptiques pour les récepteurs
D2 postsynaptiques serait directement corrélée à Système sérotoninergique
leur activité antipsychotique.23 L’antagonisme des Cet effet antagoniste des récepteurs 5-HT 2 à la
récepteurs D2 postsynaptiques est également res- sérotonine est particulièrement important avec les
ponsable des effets secondaires neurologiques et de neuroleptiques de seconde génération dont il re-
l’augmentation du taux de prolactine. Une dimi- présente une caractéristique centrale. Meltzer a
nution de l’activité dopaminergique nigrostriée, sous proposé dès 1989 que le rapport taux d’occupation
l’influence des neuroleptiques classiques, se traduit des récepteurs 5-HT2 sur celui des récepteurs D2 soit
par une augmentation du nombre des récep-teurs D 2 utilisé pour classer un neuroleptique dans la
striataux. première ou la seconde génération. Les neurolepti-
Les agonistes dopaminergiques postsynaptiques D 2 ques de première génération ont un rapport infé-
partiels pourraient se comporter tantôt comme des rieur à 1 car ils combinent un faible taux d’occupa-
antagonistes D2, dans les situations où le tonus tion des récepteurs 5-HT 2 et un fort taux
dopaminergique est élevé, tantôt comme des ago- d’occupation des récepteurs D 2, alors que les neu-
nistes à activité modérée, dans les situations où le roleptiques de seconde génération ont un rapport
tonus est faible. Ainsi, l’aripiprazole exerce au supérieur à 1 du fait d’un taux d’occupation des
niveau des récepteurs D 2 un effet agoniste partiel à récepteurs 5-HT2 supérieur au taux d’occupation des
faibles doses. Il a également un effet antagoniste D2 (rapport de 25 pour la rispéridone, de 10 pour la
modeste des récepteurs 5-HT2. ziprasidone et de 3 pour l’olanzapine). Cet effet sur
Alors que les D2 sont essentiellement présents les récepteurs 5-HT2 augmenterait en particulier la
dans le striatum et le noyau accumbens (et presque tolérance neurologique des neurolep-tiques au
inexistants au niveau préfrontal), les D 3 ne sont niveau nigrostriatal. Certains neurolepti-ques sont
pratiquement retrouvés que dans les régions qui toutefois atypiques alors qu’ils ne répon-dent pas à
reçoivent des afférences en provenant de A10 ce critère. C’est en particulier le cas de
(noyau accumbens, noyau de la strie terminale) et l’amisulpride qui n’entraîne pas d’effets neurologi-
les D4 sont présents dans les aires limbiques et ques, alors qu’il n’agit que sur les récepteurs D 2 et
292 N. Franck, F. Thibaut

D3 ; l’antagonisme des récepteurs 5-HT 2 ne consti- atypique de la clozapine a été souligné. Cette action
tue pas un facteur suffisant pour qu’un neurolepti- sur les récepteurs D1 et D4, associée à des effets sur
que soit qualifié d’atypique. À l’inverse, la chlor- les récepteurs sérotoninergiques (de type
promazine et la thioridazine ont également des 5-HT2A, 5-HT2C, 5-HT3, 5-HT6 et 5-HT7), ainsi qu’à
effets inhibiteurs des récepteurs 5-HT 2, sans être des effets sur les récepteurs à l’acétylcholine (mus-
des neuroleptiques atypiques ; le degré d’antago- cariniques), à l’histamine, à l’adrénaline (a1 et 2) et
nisme des récepteurs 5-HT 2 n’est donc pas en soi un à la noradrénaline (ceux-ci n’ayant néanmoins pas
de rôle antipsychotique), pourrait expliquer
facteur suffisant pour considérer qu’un neurolepti-
l’efficacité de ce produit. La rispéridone et l’olan-
que est atypique.21 Il pourrait cependant contri-buer
zapine ont une action D4 associée à d’autres ac-
à l’augmentation de l’activité dopaminergi-que
préfrontale observée lors de l’administration de tions, dont celle sur les récepteurs D 2. L’affinité
certains neuroleptiques atypiques. Celle-ci pourrait pour le récepteur D4 de l’olanzapine serait, selon
avoir un rôle dans l’amélioration des symp-tômes certains auteurs, 2 à 4 fois plus importante que celle
cognitifs et déficitaires observée lors de l’utilisation pour le récepteur D2. Son affinité pour le récepteur
de ces médicaments, à moins que cette amélioration D1 est également importante. Enfin l’in-fluence de
ne soit due qu’à une réduction de la fréquence de l’olanzapine et de la clozapine serait plus
survenue des effets secondaires neu-rologiques. importante sur la voie mésolimbique que sur la voie
nigrostriée. Il est au total possible que l’occu-pation
Enfin, l’antagonisme des récepteurs 5-HT 2c pour- conjuguée de plusieurs types de récepteurs
rait contribuer à la prise de poids fréquemment à la dopamine joue un rôle dans le mécanisme
observée avec la chlorpromazine et l’olanzapine. d’action antipsychotique des neuroleptiques. Il
faut cependant noter que l’halopéridol et la
Système glutamatergique et récepteurs de fluphé-nazine ont une bonne affinité pour les
type N-méthyl-D-aspartate (NMDA) récepteurs D4, celle-ci est même supérieure à
À partir de l’hypothèse d’un hypofonctionnement celle de la clozapine, ce qui pourrait signifier que
glutamatergique dans la schizophrénie, des tenta- la spécifi-cité des neuroleptiques atypiques ne
tives de stimulation des récepteurs NMDA, par repose pas sur leur activité antagoniste D4.
l’in-termédiaire de la glycine, ont été faites. Le faible taux d’occupation des récepteurs D 2 lors
Néan-moins, l’efficacité de la glycine, lorsqu’elle d’un traitement par la clozapine ou la brièveté de
est associée à un traitement neuroleptique, n’est l’occupation de ceux-ci par la quétiapine ont conduit
pas clairement établie. certains auteurs comme Kapur et Seeman 40
à penser que des molécules dont l’affinité pour
Spécificités des neuroleptiques les récepteurs D2 est modeste ou des substances
atypiques (Tableau 1) 20,37–39 ayant une bonne affinité mais dont l’élimination
Le taux d’occupation des récepteurs 5-HT 2 plus est ra-pide pourraient présenter une bonne
élevé que celui des récepteurs D 2 commun à un efficacité an-tipsychotique, au prix d’une
certain nombre de neuroleptiques de nouvelle gé- meilleure tolérance, en particulier neurologique.
nération et à des molécules plus anciennes, comme On accorde ainsi actuellement une plus grande
la loxapine ou la thioridazine, représente, pour importance aux caractéristiques pharmacocinéti-
certains auteurs, un élément constitutif de la défi- ques de la liaison du neuroleptique aux récepteurs
nition de l’atypicité. La clozapine occupe faible- dopaminergiques car les neuroleptiques atypiques se
ment les récepteurs D2 et D3, en revanche, elle caractérisent par une dissociation rapide du
exerce une action puissante sur les récepteurs D 1 et récepteur. Ils n’entraînent en effet pas de blocage
D4. Le rôle des récepteurs D1 dans le profil d’action prolongé et important de ces récepteurs, à l’instar

Tableau 1 Affinités (Ki, nM) des agents antipsychotiques pour les récepteurs neuronaux, d’après 20,37.
Composés D1 D2 D3 D4 5-HT2A 5-HT2C 1 M H1
Halopéridol 1,4 21 11 25 > 5 000 19
Clozapine 53 150 360 40 3,3 13 23 0,98 17
Rispéridone 21 3,3 13 16 0,16 63 2,3 5 000 8,8
Olanzapine 10 17 54 28 1,9 7,1 60 2,1 5,6
Sertindole 12 7,4 8,2 21 0,85 1,3 1,8 260 440
Quétiapine 390 310 650 1 600 120 3 820 58 56 21
Amisulpride > 50 2,8 3,2 > 50 > 50 > 50 > 50 > 50 > 50
Ziprasidone 9,5 2,8 0,25 1,9 > 10 000 510

L’affinité est d’autant plus forte que la valeur du Ki est faible. M : muscariniques ; H : histaminergiques.
Pharmacologie et mode d’action des neuroleptiques 293

de ce qui est observé avec les neuroleptiques Effet sur les récepteurs 1-adrénergiques
clas-siques, dont l’affinité est plus élevée et la Cet effet est à l’origine d’effets secondaires tels
cons-tante de dissociation plus lente au niveau qu’une baisse de la tension artérielle et une séda-
des ré-cepteurs dopaminergiques centraux. tion, ou encore d’effets secondaires sexuels (trou-
bles de l’érection ou de l’éjaculation).
La rispéridone antagonise également les récep-
teurs a1 et 2-adrénergiques et histaminiques H 1 mais
Effets sur les récepteurs à l’histamine
n’a pas, en revanche, d’interaction significa-tive
Les effets antihistaminiques peuvent entraîner
avec les récepteurs muscariniques. Le sertin-dole a
une augmentation de l’appétit à l’origine d’une
une sélectivité importante pour les récep-teurs D 2
prise de poids ou encore une baisse de la
de la voie mésolimbique. Il a également une affinité
vigilance. Cette dernière est parfois recherchée
notable pour les récepteurs 5TH 2a et 2c et a- en tant que telle, en particulier lors des épisodes
adrénergiques. L’olanzapine a également une psychotiques aigus qui se caractérisent
affinité importante pour les récepteurs muscarini-
fréquemment par la présence d’une agitation.
ques, histaminergiques, adrénergiques a1, 5-HT2c. La
ziprasidone a également une bonne affinité pour les Étude du taux d’occupation des
récepteurs 5-HT1a,1d,2c, son affinité pour les récepteurs (Tableau 2)
récepteurs a1-adrénergiques et H1-histaminiques
étant faible. Elle inhiberait également la recapture Les études in vivo du taux d’occupation des récep-
de sérotonine et noradrénaline. La quétiapine a une teurs de type D2 ont montré que la majorité des
affinité modérée pour les récepteurs dopami- neuroleptiques classiques induisaient un taux d’oc-
nergiques D1 D2, sérotoninergiques 5-HT2a et 1a, les cupation des récepteurs de type D2 striataux de 65
récepteurs histaminergiques et surtout a- à 80 %. Ce taux est directement corrélé au taux
adrénergiques 1 et 2. Elle a un effet préférentiel sur plasmatique du neuroleptique mais il ne reflète pas
la voie mésolimbique. L’occupation des récep-teurs nécessairement l’efficacité clinique du produit.
D2 est plus faible (45 %) et plus brève qu’avec les
L’étude du taux d’occupation des récepteurs D 2 est
autres neuroleptiques.
importante puisque, comme nous l’avons vu plus
haut, des symptômes extrapyramidaux apparais-sent
Affinité des neuroleptiques pour les autres lorsqu’il dépasse 80 %. Cependant pour des taux
types de récepteurs
comparables d’occupation des récepteurs D 2, les
Elle détermine leur profil d’effets secondaires. effets secondaires pourraient varier selon le sexe et
le niveau d’activité dopaminergique (exem-ple de
Effets sur les récepteurs à l’acétylcholine l’hyperprolactinémie, qui est plus fréquente chez la
femme, à taux d’occupation des D 2 simi-laire). Les
Ces effets caractérisent aussi bien certains neuro-
études, qui ont déterminé les concentra-tions
leptiques de première génération que des médica-
plasmatiques en rapport avec les taux d’occu-pation
ments de seconde génération. Ils s’exercent sur les
des récepteurs, donnent des indications sur les
récepteurs muscariniques et sont de nature inhibi-
posologies à ne pas dépasser pour prévenir
trice. Ils concernent à la fois les récepteurs péri- l’apparition de ces effets indésirables. Certains
phériques, avec production d’effets atropiniques auteurs ont proposé d’utiliser de façon plus large les
tels qu’une sécheresse de la bouche, une constipa- concentrations plasmatiques comme le reflet des
tion, des troubles de l’accommodation, une réten- taux d’occupation des récepteurs. 41 Ceci per-
tion urinaire ; et les récepteurs centraux, avec pour mettrait de disposer de marqueurs objectifs pour
conséquence des troubles de l’attention (à l’origine déterminer les modalités d’utilisation des neuro-
d’une amnésie antérograde), voire une sédation. Par leptiques, alors que les prescriptions sont habituel-
ailleurs les effets anticholinergiques s’opposent lement uniquement fondées sur le jugement clini-
à l’action antagoniste D2 au niveau de la voie ni- que. Toutefois, peu d’études ont été effectuées dans
grostriée. Cela explique que les phénothiazines ali- ce domaine et, si elles peuvent nous permet-tre dans
phatiques, telles que la lévomépromazine, utilisée certains cas d’éviter les effets extrapyra-midaux,
en tant que neuroleptique sédatif, n’entraînent pas elles sont de peu d’utilité pour déterminer les doses
d’effet extrapyramidal et ne nécessitent pas le ayant une efficacité sur les symptômes, étant donné
recours à des correcteurs anticholinergiques. La la grande variabilité observée dans ce domaine.
forte activité anticholinergique de la clozapine, de La rispéridone à la posologie de 5 mg/j, et l’olan-
la chlorpromazine ou de la thioridazine contribue à zapine à la posologie de 20 mg/j, ont des taux
la meilleure tolérance neurologique de ces molécu- d’occupation des D2 proches de 80 %. Les neurolep-
les.
294 N. Franck, F. Thibaut

Tableau 2 Caractéristiques pharmacocinétiques et taux d’occupation des récepteurs D 2 des neuroleptiques de seconde
génération.
Délai d’obtention Posologie Demi-vie Liaison Pi Taux d’occupation
du taux sérique quotidienne (h) (%) des récepteurs D2
maximal (mg) aux doses utilisées
pour une (%)
administration orale
Benzamides
Amisulpride 1-4 h 100-1 100 18 17 14-85
Tiapride 1h 200-800 3 - -
(IM : 30 min)
Dibenzodiazépines et dibenzo-oxazépines
Clozapine 1/2 -4 h 125-600 6-33 90-95 20-67
Olanzapine 5-8 h 5-20 20-70 93 60-80
(IM : 30 min)
Loxapine 1-4 h 75-600 8 - -
(IM : 1 h)
Quétiapine 1-2h 50-80 3-7 83 < 30 (à 12 h)
45-60 (à 2 h)
Benzisoxazoles
Rispéridone 1h 3-6 4 77-88 60-80
(24 h pour
métabolite
actif)
Sertindole 7-10 h 4-20 80-100 99 6 à 70
Benzothiazolylpipérazines
Ziprasidone 4-5h (IM : 30 min) 20-160 4-10 99 45-75
Quinolinones
Aripiprazole 3h 15-30 75 - -
Pi : protéine ; IM : intramusculaire ; h : heure.

tiques de première génération prescrits à faibles premier passage hépatique important et très varia-
doses ont des taux d’occupation comparables ble lorsqu’ils sont administrés par voie orale, dimi-
(l’halopéridol à la dose de 4 mg/j et la chlorproma- nuant ainsi la quantité de neuroleptique disponible.
zine à 100 mg/j). À ces doses, l’occupation des Leur volume de distribution est élevé du fait de leur
récepteurs D1 varie entre 0 et 45 %. En revanche, la importante lipophilie.
clozapine conserve, même à des doses atteignant
900 mg/j, un taux d’occupation des D 2 inférieur à Pic plasmatique et biodisponibilité
celui de ces différents médicaments. 21 Cependant le
taux d’occupation des récepteurs dopaminergi-ques Le délai d’apparition du pic plasmatique dépend
est en règle générale mesuré dans le système avant tout de la voie d’administration.
nigrostrié alors que l’activité antipsychotique est Les formes injectables (intramusculaires) sont
plutôt corrélée à l’action des neuroleptiques sur le adaptées aux interventions urgentes car elles se
système mésolimbique et/ou mésocortical. En outre, caractérisent par un pic précoce et une vitesse de
le taux d’occupation des récepteurs D 2 ne diffère résorption rapide, alors que les formes orales en-
pas significativement chez les patients ré-sistants au traînent une résorption intestinale dont l’impor-
traitement. Il faut donc relativiser l’im-portance de tance est proportionnelle à la liposolubilité de la
l’antagonisme des seuls récepteurs D 2 dans substance considérée et ont un pic généralement
l’efficacité antipsychotique des neurolepti-ques. plus tardif et moins élevé.31
Administrés sous forme intramusculaire, les neu-
roleptiques d’action immédiate bénéficient d’une
biodisponibilité supérieure à 90 %, alors que leur
Pharmacocinétique42 concentration plasmatique maximale est atteinte en
20 à 30 minutes (sauf la loxapine dont le pic n’est
La résorption gastro-intestinale des neuroleptiques atteint qu’après 2 h). Les formes d’action retardée
est extrêmement variable d’un individu à l’autre. En sont également injectées par voie intra-musculaire
outre, les neuroleptiques subissent un effet de sous la forme de substances n’ayant pas
Pharmacologie et mode d’action des neuroleptiques 295

Tableau 3 Principales caractéristiques pharmacocinétiques des neuroleptiques d’action prolongée.


Classes thérapeutiques et Voie Délai d’obtention du Demi-vie Dose injectée Délai séparant
noms des substances d’administration taux sérique maximal (mg) deux prises
(prise unique)
Penfluridol Orale 4-8 h 4-10 j 20-60 7 jours
Sémap®
Énantate de fluphénazine IM 48 h 87 h 25-150 2-3 semaines
Moditen®
Décanoate de fluphénazine IM 48 h 7-10 j 25-150 3-4 semaines
Modécate®
Énantate de perphénazine IM 12 h -5 j 50-300 2-4 semaines
Trilifan Retard®
Décanoate de flupentixol IM 11-17 j 20-300 2-3 semaines
Fluanxol LP® (< 80 : antidéfi-
cit)
Acétate de zuclopenthixol IM 36 h 50-150 2-3 jours
Clopixol ASP®
Décanoate de zuclopenthixol IM 1 semaine 19 jours 100-400 2-4 semaines
Clopixol AP®
Palmitate de pipotiazine IM 5-11 j 25-200 4 semaines
Piportil L4®
Décanoate d’halopéridol IM 1-2 j 3 semaines 50-300 3-4 semaines
Haldol Decanoas®
Rispéridone IM 4-6 semaines 25-75 2 semaines
Risperdal Consta®
IM : intramusculaire ; h : heure.

d’effet pharmacologique immédiat. La biodisponi- musculaire). Elles sont soumises, comme les
bilité de ces substances est importante, les phéno-thiazines, à l’effet alcalinisant des produits
concen-trations maximales sont atteintes en lai-tiers.
plusieurs jours, ce qui autorise des Les thioxanthènes ont une biodisponibilité d’en-
administrations espacées (Tableau 3). viron 50 %. Cette valeur s’explique non par un effet
Examinons maintenant les données en rapport de premier passage, qui est faible pour ces compo-
avec une administration orale. sés, mais par une faible absorption entérale. Le pic
Les phénothiazines sont absorbées rapidement plasmatique est atteint en quelques heures.
du fait de leur liposolubilité, le pic plasmatique
Les benzamides ont une biodisponibilité
étant atteint en moyenne en 2 à 3 heures. Leur
biodisponibilité est inférieure à 60-70 % et, de variable d’un composé à l’autre (entre 20 et 80 %)
plus, éminemment variable d’un sujet à l’autre, et un pic plasmatique compris entre 1 et 4 heures.
du fait d’un effet de premier passage hépatique. Les repas riches en sucres peuvent réduire leur
De ce fait, les posologies utilisées doivent être biodisponibi-lité. Leur clairance rénale est réduite
adaptées à chaque patient. De plus, des facteurs en cas d’in-suffisance rénale.
alimentaires peuvent diminuer l’absorption de ces Les dibenzodiazépines et dérivés ont une
médica-ments. En effet, les jus de fruits, le lait, biodis-ponibilité moyenne d’environ 50 à 60 %. Du
le thé et le café peuvent entraîner la formation fait d’un fort effet de premier passage hépatique,
d’un précipité insoluble en milieu acide. Les il existe une importante variabilité
produits laitiers en-traînent également une interindividuelle. Leur pic plasmatique est atteint
diminution de résorption des phénothiazines par en quelques heu-res. Le sexe, l’âge, peuvent
un autre mécanisme : l’al-calinisation qu’ils s’accompagner d’une augmentation des taux
produisent diminue en elle-même la résorption de plasmatiques de clozapine ou d’olanzapine. Les
produits acides tels que ces médicaments. 31 benzisoxazoles sont absorbées rapidement (en 1 à
Les butyrophénones sont elles aussi lipophiles. 2 h), mais leur biodisponibilité ne dépasse pas 66
Elles sont soumises à un effet de premier passage à 82 % en raison d’un effet de premier passage. La
hépatique important. Leur biodisponibilité est su- biodisponibilité de la ziprasi-done est de 60 %.
périeure à 50 % et leur pic plasmatique est atteint Les caractéristiques de chaque substance figu-
après quelques heures (moins de 1 h par voie intra- rent dans les Tableaux 2,4.39
296 N. Franck, F. Thibaut

Tableau 4 Principales caractéristiques pharmacocinétiques des neuroleptiques d’action immédiate de première génération. 39
Classes thérapeutiques Voie d’administration Délai d’obtention Demi-vie Posologie quotidienne
et noms des substances du taux sérique maximal (h) (mg/j)
(DCI) (prise unique)
Phénothiazines aliphatiques
Chlorpromazine Orale 2-4 h (orale) 15-30 25-600
ou IM 15-30 min (IM) < 150
Lévomépromazine Orale 1-3 h (orale) 15-80 25-200
ou IM 30-90 min (IM) 75-250
Cyamémazine Orale 25-300
ou IM 25-200
Phénothiazines pipéridinées
Pipotiazine Orale 1 h 30 7-12 5-30
ou IM 10-20
Thioridazine* Orale 2-4 h 10-17 10-400
Risque cardiaque > 300
Phénothiazines pipérazinées
Fluphénazine Orale 3h 15 25- 500
Butyrophénones et substances apparentées
Halopéridol Orale 2-6 h (orale) 12-38 1-20
ou IM 30 min (IM) 5-20
Pimozide Orale 8h 53-55 1-10
Risque cardiaque
(< 4 mg antidéficit)
Thioxanthènes
Flupentixol Orale 3-8 h 24-35 15-200
Zuclopenthixol Orale 4h 20 20-100
IM : intramusculaire ; h : heure.
*
Arrêt de commercialisation.

Demi-vie 2D6 sont plus particulièrement impliquées dans le


métabolisme des neuroleptiques et dans certaines
Cette caractéristique conditionne, d’une part le interactions médicamenteuses, car elles intervien-
nombre de prises quotidiennes, qui peut varier de nent également dans le métabolisme de nombreux
une à trois en fonction des substances et, d’autre inhibiteurs de recapture de la sérotonine et dans
part, le délai nécessaire pour atteindre les celui d’antiarythmiques et de bêtabloquants. Cer-
concen-trations à l’équilibre (en règle 4 à 5 demi- taines isoenzymes du CYP450 sont sujettes à un
vies). Les valeurs des demi-vies des principaux polymorphisme génétique. Ainsi pour le CYP450-2D6
neurolepti-ques figurent dans les Tableaux 2,4. La il existe 5 à 10 % de Caucasiens métaboliseurs lents
demi-vie d’élimination varie considérablement et quelques sujets déficients en cette en-zyme. Le
selon les mo-lécules. dépistage de ces sujets est possible. L’ac-tivité des
Les produits dont la demi-vie est longue autori- cytochromes dépend également du sexe et de
sent des prises uniques (zuclopenthixol, halopéri- l’alimentation. Ces facteurs sont responsa-bles de
dol, pimozide, rispéridone et olanzapine). l’existence d’une variabilité interindivi-duelle du
À titre d’exemple, des métabolites de la chlor- métabolisme des neuroleptiques entraî-nant une
promazine (comme avec d’autres substances lipo- variabilité des effets thérapeutiques, des effets
philes) ont été retrouvés dans les urines 2 ans indésirables et des interactions médicamen-teuses.
après l’interruption du traitement.
Parmi les facteurs alimentaires exerçant une ac-
Métabolisme tion sur le métabolisme des neuroleptiques, on
retiendra l’effet inhibiteur du jus de pamplemousse
La plupart des neuroleptiques sont métabolisés au sur deux isoenzymes (1A2 et 3A4) responsable d’une
niveau hépatique par le cytochrome P450. Le cyto- augmentation des taux de clozapine, de qué-tiapine,
chrome P450 (CYP450) est le nom général donné à d’olanzapine, et de ziprasidone. Le tabac induit
une famille d’isoenzymes permettant l’oxydation du l’activité du cytochrome P450-1A2, entraî-nant une
substrat, et présentant une affinité plus ou moins dégradation plus importante de l’olanza-pine et de
spécifique pour certains sous-groupes de mé- la clozapine, qui sont métabolisées par cette
dicaments. Les isoenzymes 1A2, 3A4 et surtout isoenzyme. Il est donc nécessaire d’employer
Pharmacologie et mode d’action des neuroleptiques 297

des doses plus importantes de ces médicaments chez Détermination des taux
les fumeurs. A contrario, les inhibiteurs de plasmatiques des neuroleptiques
recapture de la sérotonine comme la fluvoxamine, la
paroxétine ou la fluoxétine et certains neurolep- Différentes techniques chromatographiques (en gé-
tiques (lévomépromazine et thioridazine) inhibent néral en phase liquide à haute pression ou HPLC) ou
l’isoenzyme 2D6, ce qui a pour conséquence une radio-immunologiques peuvent être utilisées.
augmentation des taux sanguins de nombreux neu- Une méthode de dosage par radiorécepteurs a
roleptiques s’ils leur sont associés 30 (rispéridone, été développée, sur la base de l’existence d’une
clozapine, olanzapine, sertindole, aripiprazole, corrélation entre la dose de neuroleptiques clini-
halopéridol, thioridazine, chlorpromazine). quement efficace et la liaison du neuroleptique à
L’halopéridol, le sertindole et l’aripiprazole sont du matériel biologique riche en récepteurs D 2. On
également métabolisés par l’isoenzyme 3A4, qui est mesure alors le déplacement d’un radioligand en
aussi responsable du métabolisme de la qué-tiapine présence du neuroleptique dans un extrait de
et de la ziprasidone. Le CYP450-3A4 est inhibé par noyau caudé de rat (une unité neuroleptique = 1
des antidépresseurs (paroxétine, flu-voxamine et ng/ml d’halopéridol). Cependant, cette méthode,
sertraline), par la carbamazépine et certains quoi-que séduisante, ne prend pas suffisamment
macrolides et, au contraire, peut être induit par le en compte la « puissance » du neuroleptique
phénobarbital et la phénytoïne. (celle-ci peut en effet différer notablement in
vivo et in vitro), et la répartition plasma/cerveau
Les antiarythmiques, certains antihistaminiques
du neuro-leptique.
ou des antibiotiques comme les macrolides peu-
Les relations taux plasmatique/efficacité clini-que
vent, en association avec certains neuroleptiques
n’ont été étudiées que pour quelques neuro-
comme la thioridazine, le pimozide, le sertindole
leptiques. Ces mesures peuvent être utilisées lors de
ou la ziprasidone, être responsables d’un allonge-
la présence d’effets indésirables difficilement
ment de l’espace QT et parfois de l’apparition de
compréhensibles. Les dosages sanguins de neuro-
torsades de pointes (www.qtdrugs.org).
leptiques sont peu utilisés en pratique courante car
Les métabolites des phénothiazines sont actifs, les valeurs seuils sont souvent très éloignées d’un
quoique de façon inférieure aux molécules mères. sujet à l’autre (30 - 350 ng/ml pour la chlorproma-
Le métabolite principal de l’halopéridol est l’hy- zine, 10–100 ng/ml pour l’halopéridol). La présence
droxyhalopéridol, dont les effets cliniques sont in- de métabolites actifs n’est pas prise en compte dans
férieurs à ceux de la molécule initiale. Les métabo- la détermination du taux plasmatique du neu-
lites des thioxanthènes sont peu actifs. Les roleptique. Dans la littérature, il semble exister une
benzamides sont peu métabolisées (leurs métaboli- relation curvilinéaire, en U inversé, entre le taux
tes étant inactifs) et principalement éliminées par plasmatique et l’efficacité clinique pour cer-tains
voie urinaire. Les métabolites des dibenzodiazépi- neuroleptiques (halopéridol, fluphénazine). En ce
nes ont une incidence thérapeutique faible. Les qui concerne la clozapine, un taux plasmati-que
benzisoxazoles sont éliminées par voie urinaire, compris entre 200 et 420 ng/ml semble optimal pour
certains métabolites étant actifs. Le métabolite de l’obtention d’une efficacité dans les schizo-phrénies
la rispéridone est la 9-OH-rispéridone qui possède résistantes.
des propriétés pharmacologiques proches de celles
de la rispéridone, c’est la raison pour laquelle un Équivalence de doses forme
polymorphisme enzymatique concernant le méta- orale/forme à action prolongée
bolisme enzymatique hépatique de la rispéridone a
peu de conséquences cliniques. Les métabolites du Lors du passage de la forme orale à la forme
sertindole sont inactifs. retard, une diminution de 30 à 50 % de la dose
quotidienne est requise. Pour la fluphénazine, la
variabilité est très importante et l’équivalence
Liaison aux protéines plasmatiques peut être par exemple de 10 à 25 mg/j pour la
forme orale à 1 mg/j pour la forme retard.

Le degré de liaison est très variable selon les


molé-cules mais, en général, plutôt élevé. Conclusion
Cependant, les dosages plasmatiques des
neuroleptiques ne permettent pas de distinguer la La découverte empirique de l’efficacité des neuro-
fraction libre, seule active, et la fraction liée.
leptiques dans le traitement des psychoses, en
298 N. Franck, F. Thibaut

1952, a bouleversé la prise en charge des patients 14. Remington G, Bezchlibnyk-Butler SZ. Management of
atteints de psychoses. La commercialisation de acute antipsychotic-induced extra pyramidal symptoms.
CNS Drugs 1996;5(suppl1):1–35.
neuroleptiques dits de seconde génération, dans les
15. Petit M, Lepine JP, Lesieur P. Chronologie des effets extra-
années 1990, a permis au clinicien de disposer de pyramidaux des neuroleptiques et système dopamin-ergique
molécules mieux tolérées sur le plan neurologique, nigro-striatal. Encephale 1979;5:297–316.
faisant ainsi évoluer le terme même de neurolepti- 16. Davis JM. Dose equivalence of the antipsychotic drugs. J
que. Ces molécules ont alors été qualifiées de Psychiatr Res 1974;11:65–9.
17. Rijcken CA, Monster TB, Brouwers JR, De Jong-Van den
neuroleptiques atypiques. La découverte des neu-
Berg LT. Chlorpromazine equivalents versus defined daily
roleptiques, puis celle de leurs propriétés antido- doses: how to compare antipsychotic drug doses? J Clin
paminergiques, dès 1963, ont ouvert la voie à l’hy- Psychopharmacol 2003;23:657–9.
pothèse dopaminergique de la schizophrénie, les 18. Woods SW. Chlorpromazine equivalent doses for the newer
neuroleptiques demeurant un instrument d’investi- atypical antipsychotics. J Clin Psychiatry 2003;64:663–7.
19. Costentin J, Petit M, Dollfus S. Les neuroleptiques : de la
gation privilégié des hypothèses physiopathologi-
neurobiologie des transmissions dopaminergiques à la
ques de ces troubles. thérapeutique. Paris: Ellipses édition; 1987 307p.
20. Roques B. Données sur la structure et l’activité des
princi-pales classes d’antipsychotiques. In: Olié JP,
Remerciements Daléry J, Azorin JM, editors. Médicaments
antipsychotiques : évolu-tion ou révolution?. Paris:
Les auteurs souhaitent remercier le professeur Acanthe édition; 2001. p. 123– 35.
21. Kapur S, Zipursky RB, Remington G. Clinical and theoreti-
M. Petit pour sa contribution aux aspects histori- cal implications of 5-HT2 and D2 receptor occupancy of
ques et à la bibliographie de cet article. clozapine, risperidone, and olanzapine in schizophrenia.
Am J Psychiatry 1999;156:286–93.
22. Kane J, Honigfeld G, Singer J, Meltzer H. Clozapine for
Références the treatment-resistant schizophrenic. A double-blind
com-parison with chlorpromazine. Arch Gen Psychiatry
1. Laborit H, Huguenard P, Alluaume R. Un stabilisateur 1988; 45:789–96.
neu-rovégétatif, le 4560RP. Presse Med 1952;60:206–8. 23. Seeman P, Lee T, Cha-Wong M, Wong K. Antipsychotic
2. Deniker P, Ginestet D. Les effets psychiques des drug doses and neuroleptic/dopamine receptors. Nature
neurolep-tiques. Confront Psychiatr 1975;13:135–53. 1976; 261:717–9.
3. Delay J, Deniker P, Harl JM. Utilisation en thérapeutique 24. Connell P. Amphetamine psychosis. London: Oxford Uni-
psychiatrique d’une phénothiazine d’action centrale élec- versity Press; 1958 133p.
tive (4560RP). Ann Med Psychol (Paris) 1952;110:112–7. 25. Owen F, Cross AJ, Crow TJ, Longden A, Poulter M, Riley
4. Steck H. Le syndrome extra-pyramidal et diencéphalique GJ. Increased dopamine-receptor sensitivity in
au cours du traitement au Largactil ® et au Serpasil®. Ann schizophrenia. Lancet 1978;2:223–6.
Med Psychol (Paris) 1954;112:737–43. 26. Laruelle M, Abi-Dargham A, Van Dyck CH, Gil R, D’Souza
5. Colonna L, Petit M, Lepine JP. Dictionnaire des CD, Erdos J, et al. Single photon emission comput-erized
neurolep-tiques. Paris: éditions Médicales Spécia-JB tomography imaging of amphetamine-induced dopamine
Baillière; 1989 510p. release in drug-free schizophrenic subjects. Proc Natl
6. Delay J, Deniker P. Caractéristiques psycho-physiologiques Acad Sci USA 1996;93:9235–40.
des médicaments neuroleptiques. In: Psychotropic drugs. 27. Bonnet-Brilhault F, Thibaut F, Petit M. Données
Amsterdam: Elsevier; 1957. p. 485–501. biologiques de la schizophrénie. Encycl Méd Chir (Elsevier
7. Carlsson A, Lindqvist A. Effect of chlorpromazine or halo- SAS, Paris), Psychiatrie, 37-285-A-17, 2001: 11p.
peridol on formation of 3-methoxytyramine in mouse 28. Carlson N. Physiology of behavior. London: Allyn and
brain. Acta Pharmacol Toxicol (Copenh) 1963;20:140–4. Bacon; 2001.
8. Davis JM, Chen N, Glick ID. A meta-analysis of the 29. Kapur S. Psychosis as a state of aberrant salience: a frame-
efficacy of second-generation antipsychotics. Arch Gen work linking biology, phenomenology, and pharmacology in
Psychiatry 2003;60:553–64. schizophrenia. Am J Psychiatry 2003;160:13–23.
9. Thibaut F, Petit M, Golzan G, Olié JP. Schizophrénie. In: 30. Stahl SM. Essential psychopharmacology. Cambridge:
Décider pour traiter. Paris: éditions Rand; 2001. p. 493– Cam-bridge University Press; 2000.
504. 31. Senon JL, Sechter D, Richard D. Thérapeutique psychi-
10. Lambert PA, Revol L. Classification psychopharma- atrique. Paris: Hermann; 1995.
cologique et clinique des différents neuroleptiques. Indi- 32. Nyberg S, Nilsson U, Okubo Y, Halldin C, Farde L.
cations thérapeutiques générales dans la psychose. Implica-tions of brain imaging for the management of
Presse Med 1960;41:1509–11. schizophre-nia. Int Clin Psychopharmacol 1998;13:15–20.
11. Delay J, Deniker P. Méthodes chimiothérapiques en psy- 33. Stip E, Liddle PF, Soucy JP. Need for a framework to
chiatrie. Paris: Masson; 1961. understand the mechanism of all antipsychotics. J Clin
12. Bobon J, Pinchard A, Collard J, Bobon DP. Clinical Psychiatry 2000;61:387–8.
classifi-cation of neuroleptics, with special reference to 34. Yokoi F, Gründer G, Biziere K, Massoud S, Doga AS, Dan-
their antimanic, antiautistic, and ataraxic properties. nals RF, et al. Dopamine D2 and D3 receptor occupancy
Compr Psychiatry 1972;13:123–31. in normal humans treated with the antipsychotic drug
13. Petit M, Colonna L. Critères de choix d’un neuroleptique. arip-iprazole (OPC 14597): a study using positron
In: Entretiens de Bichat, Thérapeutique. Paris: emission tomography and [11C]raclopride.
Expansion Scientifique Française; 1978. p. 306–8. Neuropsychopharmaco-logy 2002;27:248–59.
Pharmacologie et mode d’action des neuroleptiques 299

35. Barnes TR. Antipsychotic drugs and their side-effects. 39. Thibaut F. Psychoses. Guide du bon usage du médicament.
London: Academic Press; 1993 287p. Paris: Médecine-Sciences Flammarion; 2003 p. 962-83.
36. Tamminga CA, Schaffer MH, Smith RC, Davis JM. Schizo-
phrenic symptoms improve with apomorphine. Science 40. Kapur S, Seeman P. Does fast dissociation from the dopa-
1978;200:567–8. mine D2 receptor explain the action of atypical antipsy-
37. Benyaya J. Description des médicaments. In: Olié JP, chotics? A new hypothesis. Am J Psychiatry 2001;158:
Daléry J, Azorin JM, editors. Médicaments antipsycho- 360–9.
tiques : évolution ou révolution?. Paris: Acanthe edition; 41. Dahl SG. Plasma level monitoring of antipsychotic drugs:
2001. p. 663–723. clinical utility. Clin Pharmacokinet 1986;11:36–61.
38. Maloteaux JM, Peuskens J. Schizophrénie et autres
troubles psychotiques. In: Dierick M, Ansseau M, 42. Labaune JP. Pharmacocinétique. In: Olié JP, Daléry J,
D’Haenen H, Peuskens J, Linkowski P, editors. Manuel de Azorin JM, editors. Médicaments antipsychotiques : évolu-
psychopharmacothérapie. Gent: Academia Press; 2003. tion ou révolution?. Paris: Acanthe edition; 2001. p. 171–
p. 57–169. 89.

Você também pode gostar