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MACROÉCONOMIE
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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Année Académique 2013-2014
Licence 2 Premier Semestre
1. Caractérisez l’évolution des différentes grandeurs macroéconomiques présentées dans ce document après
avoir rappelé leurs définitions.
2. Ces évolutions sont-elles régulières ?
3. A quels phénomènes s’intéressent les analyses économiques du cycle et de la croissance ?
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Exercice 1 : Les grandeurs macroéconomiques.
Considérons une économie de taille extrêmement réduite dans laquelle il n’existe que deux biens produits : des
avions et des automobiles. Le tableau suivant donne les quantités produites de biens et leurs prix respectifs
pour les années t et t + 1.
Table 1 – La Production
1. Pour les deux années considérées, calculez le PIB nominal et le PIB réel (l’année t sera l’année de base).
2. Déterminez le taux d’inflation entre t et t + 1.
3. Calculez le taux de chômage sachant que le nombre de chômeurs est de 20 en t et de 25 en t + 1.
Commentez.
4. Calculez le taux de participation sachant que la population en âge de travailler est de 200. Commentez.
5. Expliquez la distinction entre variables de flux et variables de stocks. Classez les différentes grandeurs
considérées entre ces deux catégories de variables.
Soldes (S − I) (T − G) (X − M )
Union Européenne 2,8 -2,5 0,3
Etats-Unis -4,7 1,0 -3,7
Japon 10,3 -7,6 2,7
Source : Perspectives économiques de l’OCDE, déc. 1999
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Texte 1 : « L’économique en tant que science » (extrait), Maurice Allais, Revue d’Economie Po-
litique, 1966, p. 5-30.
Texte 2 : « Les raisons des désaccords entre économistes », Joseph E. Stiglitz et Carl, E. Walsh,
extrait de l’ouvrage Principes d’économie moderne, 2ème édition, De Boeck, 2004.
Texte 3 : « Quelle vie après le PIB ? », Anne Bauer, paru dans les Echos, lundi 14 septembre 2009.
1. Les économistes considèrent-ils que l’objectif d’une société est d’atteindre un niveau de PIB maximal ?
2. Les débats autour du PIB comme indicateur de bien-être sont-ils du domaine du positif ou du normatif ?
Peuvent-ils être tranchés par un groupe d’experts ? Pourquoi ?
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Texte 2 : « Les raisons des désaccords entre économistes », Joseph E. Stiglitz et Carl, E. Walsh,
extrait de l’ouvrage Principes d’économie moderne, 2ème édition, De Boeck, 2004.
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Texte 3 : « Quelle vie après le PIB ? », Anne Bauer, paru dans les Echos du 14/09/2009.
La plupart des économistes en sont convaincus, la notion de produit intérieur brut ne suffit plus à mesurer la performance
économique. Mais comment prendre en compte, outre la production de richesse, les inégalités sociales, la qualité de la vie,
celle de l'environnement ? Le prix Nobel américain Joseph Stiglitz remet aujourd'hui à Nicolas Sarkozy son rapport sur le sujet.
La crise a prouvé que la croissance mesurée aux Etats-Unis était erronée. Les bénéfices n'étaient pas corrects, les
investissements non plus. Tout était faux. » Fichtre ! Qui a trafiqué les chiffres ? Les gouvernements, les banquiers, les
économistes ? Personne. Comme l'explique le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz dans une interview accordée au magazine
« Challenges », « il n'est pas facile de chiffrer la complexité de notre réalité, mais on peut trouver de bien meilleurs instruments
de mesure que ceux du PIB ».
Voilà donc le coupable désigné : le fameux produit intérieur brut, alpha et oméga de notre mesure de la croissance économique,
a failli. Au moins a-t-il aveuglé ses disciples, persuadés que hausse du PIB rimait avec richesse et bien-être. Pourtant, le PIB a
doublé au cours des vingt-cinq dernières années, et les inégalités culminent à un niveau jamais enregistré dans l'histoire,
puisqu'un cinquième de l'humanité se partage 2 % du revenu mondial, tandis que les écarts d'espérance de vie ont dépassé
quarante ans d'un point à l'autre de la planète ! Le doublement du PIB s'est aussi accompagné d'une dégradation de 60 % des
écosystèmes. Enfin, cet indicateur, qui ajoute aux valeurs produites dans la sphère marchande les coûts de production des
services non marchands, n'a pas fourni la moindre alerte sur les risques liés à l'emballement des services financiers. Alors est-il
temps de l'abandonner ? Si oui, par quoi le remplacer ? Au moins est-il nécessaire de se « désintoxiquer », plaide Joseph
Stiglitz, qui remet aujourd'hui à Nicolas Sarkozy le rapport commandé en janvier 2008 sur « la mesure de la performance
économique et du progrès social ».
A vrai dire, quand le président de la République a confié cette étude à Joseph Stiglitz, il songeait moins à une remise en cause
du PIB qu'au divorce croissant entre la statistique et l'opinion publique. Tandis que le PIB par tête ne cesse d'augmenter, les
citoyens se plaignent d'un « reste à vivre » en constante diminution. Depuis, la récession a frappé sans qu'aucun économiste ou
presque ne l'anticipe, et les dirigeants du monde scrutent avec angoisse la ligne d'horizon fuyante du PIB. La conférence
programmée aujourd'hui dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne autour de la remise de ce rapport, fruit du travail de
25 économistes, dont 5 prix Nobel (1), sera-t-elle l'occasion d'un grand mea culpa ?
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Le paradoxe d'abondance
Nous n'avons pas trouvé par quoi remplacer le PIB, mais nous sommes tous d'accord sur ses insuffisances et la nécessité de le
compléter, reconnaissent les membres de la commission. Le rapport va donc officialiser les failles de cet agrégat, incapable de
mesurer la qualité de la vie, puisqu'il ne compte pas l'activité bénévole, ni les loisirs, mais additionne en revanche le carburant
consommé dans les embouteillages ou le nettoyage des plages après une marée noire. Un indicateur qui ne dit rien des
inégalités : « Si Bill Gates entre dans un bar, le revenu moyen de tous les consommateurs est automatiquement multiplié
par 1.000 », ironise Xavier Timbaud, économiste à l'OFCE, rapporteur des travaux de la commission. Un indicateur de
croissance, mais pour qui, jusqu'où et à quel prix ? Au-delà d'un certain revenu, la perception du bien-être n'augmente plus, c'est
ce qu'on appelle le paradoxe d'abondance. Le « happy planet index », mis au point par la New Economic Foundation, révèle
qu'au-delà de 15.000 dollars de PIB par habitant, il n'y a plus aucune corrélation entre la satisfaction des citoyens et la hausse
des revenus. Peu importent les démonstrations, chacun comprend que si les Chinois étaient équipés de voitures comme les
Américains, la totalité de la production pétrolière actuelle n'y suffirait pas. Le bonheur ne pourra donc se mesurer à l'aune du PIB
américain, faute de planète de rechange. Il faut inventer une nouvelle croissance.
La critique s'embourgeoise
« Une prise de conscience, déclenchée par l'urgence écologique et la montée des inégalités, a eu lieu. Rares sont aujourd'hui
les économistes qui ne pensent pas qu'il faut aller au-delà du PIB. Au sein de la commission, le débat a surtout porté sur la
radicalité des propositions à faire », explique Jean Gadrey, professeur émérite d'économie à Lille et membre de la commission.
Autrefois réservée à des économistes iconoclastes, aux mouvements écologistes et à la nébuleuse altermondialiste adepte du
rapport Halte à la croissance du Club de Rome de 1970 et du rapport Brundtland de 1987 sur le développement durable, la
critique de la « dictature du PIB » s'embourgeoise… Depuis trois ans, l'OCDE, la Banque mondiale, la Commission européenne
ont relancé la recherche de nouveaux indices afin de mesurer le progrès des sociétés autrement qu'à travers le prisme du PIB.
La Commission européenne, qui travaille depuis quinze ans sur le calcul d'un PIB vert, promet ainsi de finaliser un « indice de
pression environnementale » l'an prochain.
Président du Conseil d'analyse économique, Christian de Boissieu confirme : « Je suis un économiste classique, loin des
altermondialistes, mais il est clair que le PIB ne tient pas compte des externalités, de l'épuisement des ressources naturelles, de
la nécessité de diviser par quatre nos émissions de gaz à effet de serre. Il est temps de mieux articuler des problématiques
jusqu'ici séparées, sociales, environnementales, économiques. Depuis trente ans, les institutions internationales cherchent des
indicateurs multidimensionnels et pluridisciplinaires, on attend des sauts qualitatifs. »Xavier Timbaud souligne lui aussi que les
économistes doivent sortir de leur appareil de comptabilité nationale pour répondre aux questions portées par la société civile et
apporter des données solides pour éclairer le débat.
Mais comment trier les informations et établir un système normalisé ? Là, les querelles réapparaissent. De l'indice de
développement humain à l'indice de santé sociale, en passant par des tentatives de PIB vert, dans lequel les dommages
environnementaux viendraient en déduction du PIB, de très nombreux travaux existent. Aucun système de mesure ne fait
l'unanimité. Chacun retrouve ses réflexes défensifs. « D'accord pour trouver de nouvelles normes, mais je ne crois pas à la
magie d'un indicateur unique. Prenez la pauvreté, comment la mesurer ? Par la méthode de Gini, par la situation du décile
inférieur, par les écarts de déciles ? Ce débat n'a jamais été tranché, tant la question est politique », souligne l'économiste Jean
Pisani-Ferry. Même scepticisme du côté de Jean-Paul Betbèze, directeur des études économiques au Crédit Agricole :« Ce
débat sur les indicateurs est aussi ancien que l'économie politique, John Stuart Mill évoquait déjà “ l'état stationnaire ” », ou de
Jean Hervé Lorenzi : « Il n'existe pas d'indicateur du bonheur. »
Abandonner le PIB ? Impossible. Pour les économistes, c'est l'équivalent du système métrique. « En réalité, on pourrait
construire un PIB corrigé, en pondérant de manière monétaire des externalités négatives, mais il y a un énorme problème
d'acceptabilité, tempère le spécialiste du climat Jean-Marc Jancovici. Car cela reviendrait à accepter toute l'horreur de passer
d'un monde infini, celui de la croissance éternelle du PIB, à un monde fini, celui des ressources naturelles limitées. Et je ne crois
pas possible de convertir les milliers d'experts de la comptabilité nationale, qui ont bâti lentement un système statistique normé
et sérieux et sont les véritables gardiens du temple. »
Au moins pourrait-on compléter le PIB par un indice social et un indice environnemental qui feraient partie du tableau de bord
sans cesse ausculté par les puissants ? Rêvons un peu. Au lieu de « Nous tablons sur une baisse de 1,4 % du PIB mondial et
un retour de la croissance en 2010 », le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, déclarerait : « La croissance est atone mais
les indices de bien-être s'améliorent et les émissions de CO2 sont orientées à la baisse ». Après tout, ce serait quand même
deux bonnes nouvelles au sein des trois piliers du développement durable.
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(1) Outre Joseph Stiglitz, il s'agit d'Amartya Sen, de Kenneth Arrow, de James Heckman et de Daniel Kahneman.
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Questions :
1. Pourquoi les prix sont-ils supposés fixes dans le cadre du modèle IS-LM ?
2. Définissez la relation IS. Pourquoi cette relation est-elle généralement décroissante dans le plan revenu
- taux d’intérêt (Y, i) ? Dans quel cas est-elle verticale ?
3. Pourquoi la production d’équilibre — ou encore le PIB — est-il déterminé par la demande de biens
adressée aux entreprises dans le modèle IS-LM ?
4. Expliquez pourquoi dans le modèle IS-LM, il est plus efficace d’augmenter les dépenses publiques pour
relancer l’activité que de réduire les impôts d’un même montant.
1. Montrez que la consommation agrégée C = C1 + C2 peut s’écrire comme une fonction linéaire du revenu
total du type C = cY avec c un réel positif.
2. De quoi dépend c ? Comment l’interpréter ?
3. Sachant que les paramètres c1 et c2 qui reflètent les comportements de consommation des agents sont
supposés invariants, quels sont les variables susceptibles d’influencer C1 , le niveau de consommation des
agents de type 1, C2 , celui des agents de type 2 et enfin C, la consommation agrégée ?
4. A quelle condition la répartition du revenu global entre les deux catégories d’agents 1 et 2 est neutre sur
la consommation agrégée ?
5. Supposons que l’économie considérée soit par ailleurs conforme aux hypothèses du modèle IS/LM élémen-
taire (investissement exogène). Le gouvernement souhaite relancer l’activité sans modifier le niveau de ses
dépenses ni le montant global des impôts. Que peut-il faire ? Expliquez.
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Questions
1. Définissez la relation LM. Pourquoi cette relation est-elle généralement croissante dans le plan (Y, i) ?
2. Dans le cadre du modèle IS-LM, comment réduire un déficit budgétaire tout en maintenant constante la
production d’équilibre ? Vous appuierez votre raisonnement sur une représentation graphique. Citez une
expérience historique récente illustrant cette situation en vous aidant du manuel d’O. Blanchard et D.
Cohen.
3. Quelles sont les conséquences d’une politique budgétaire expansionniste et d’une politique monétaire
restrictive sur le taux d’intérêt, la production et l’emploi d’équilibre ? Vous appuierez votre raisonnement
sur une représentation graphique. Citez une expérience historique récente illustrant cette situation en vous
aidant du manuel d’O. Blanchard et D. Cohen.
C = 0, 8(Y − T ) + 10
I = −αi + 15
M d = P (Y − 0, 1i)
où Y représente le revenu total des ménages, T les impôts, i le taux d’intérêt, M d la demande d’encaisses
nominale et P le niveau général des prix. α est un réel positif ou nul. Les impôts, les dépenses publiques et
l’offre nominale de monnaie sont fixés de manière exogène par le gouvernement respectivement au niveau T̄ ,
Ḡ et M̄ .
1. Commentez la fonction de consommation. Quelle est l’influence des impôts sur la consommation ? Défi-
nissez et calculez la propension marginale à consommer le revenu disponible.
2. Commentez la relation d’investissement. Que représentent le paramètre α ?
3. Ecrivez la relation d’équilibre sur le marché des biens en expliquant votre démarche.
4. Comment s’appelle cette relation ? Représentez-la dans le repère (Y, i) pour α = 0 et pour α > 0. Expliquez.
5. La relation d’équilibre sur le marché des biens suffit-elle à déterminer le revenu d’équilibre macroécono-
mique ? Expliquez.
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6. Représentez graphiquement, dans le repère (Y, i), l’effet sur la relation d’équilibre sur le marché des biens
d’une augmentation des dépenses publiques de ∆Ḡ d’une part et d’une augmentation des impôts de ∆T̄
d’autre part. Expliquez.
10. Déterminez la relation d’équilibre sur le marché de la monnaie en expliquant votre démarche. Comment
s’appelle cette relation ?
11. Commentez la fonction de demande de monnaie. Quelle est l’influence du revenu et du taux d’intérêt sur
la demande d’encaisses réelles ? Expliquez.
12. Représentez graphiquement, dans le repère (Y, i), l’effet sur la relation d’équilibre sur le marché de la
monnaie d’une augmentation de l’offre nominale de monnaie M̄ . Expliquez.
13. Déterminez le produit d’équilibre macroéconomique (Indication : éliminez par substitution le taux d’in-
térêt des relations IS et LM ). Déduisez-en le multiplicateur des dépenses publiques.
14. Le multiplicateur que vous avez obtenu est-il plus fort ou plus faible qu’en 8. ? Expliquez.
15. Déterminez le multiplicateur monétaire. Comment s’interprète-t-il ? Expliquez les mécanismes écono-
miques à l’oeuvre.
16. Calculez la variation de l’offre nominale de monnaie ∆M̄ nécessaire pour maintenir la production
constante suite à la hausse de ∆Ḡ des dépenses publiques (∆T̄ =0).
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Exercice
C = 0, 9(Y − T ) + 10
I = 20 − i
L = Y − 10i
G = Ḡ ; T = T̄ ; mS = m̄
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Texte 1 : « L’aveuglement fatal du gouvernement », R. Rancière, Libération, 3 septembre 2012.
1. Pourquoi les stabilisateurs automatiques rendent difficile la réduction de la dette publique ?
2. Pourquoi la taille du multiplicateur des dépenses publiques est-elle cruciale ?
13
L’aveuglement fatal du gouvernement - Libération http://www.liberation.fr/economie/2012/09/03/l-aveuglement-fatal-du-...
ÉCONOMIE
Par ROMAIN RANCIÈRE est chercheur à l'Ecole des Ponts et professeur associé à l’Ecole d’économie de Paris.
Le programme économique de François Hollande devait combiner la réduction des déficits publics et le retour à
la croissance. Cent jours plus tard, et après plusieurs révisions à la baisse des prévisions de croissance du
produit intérieur brut (PIB) pour 2013 et au delà, il apparaît clairement que la réduction à marche forcée des
déficits publics - de 5,2% du PIB en 2011 à 3% du PIB en 2013 - a fortement entamé les perspectives de
reprise économique. La raison tient en ce concept central de la théorie keynésienne : le multiplicateur
budgétaire, c’est-à-dire l’effet de contraction sur l’activité économique induit par une hausse des impôts
(multiplicateur fiscal) ou une réduction des dépenses publiques (multiplicateur des dépenses publiques).
Un multiplicateur des dépenses publiques égal à 1 signifie qu’une réduction des dépenses de 1% du PIB
entraîne une réduction du PIB aussi égale à 1%. Sachant que les recettes fiscales correspondent à peu près à
50% du produit intérieur brut, cela implique qu’in fine la réduction du déficit budgétaire ne sera pas de 1% du
PIB mais seulement de 0,5% puisque 0,5% de recettes fiscales aura été perdu à cause de la baisse de l’activité.
Si bien que, si l’objectif de départ était une réduction du déficit de 1%, le gouvernement devra pour l’atteindre
s’engager dans de nouvelles réductions des dépenses avec des effets négatifs additionnels sur l’activité
économique. Un multiplicateur égal à 2 serait bien pire encore puisqu’il impliquerait que tout effort de réduction
du déficit, via une hausse des impôts ou une réduction des dépenses, serait voué à l’échec à cause de son large
effet dépressif sur l’économie. Par contre, un multiplicateur de 0,5 permettrait de réaliser une consolidation
fiscale avec des effets négatifs plus limités sur l’activité.
Dans son rapport de juillet, l’Office français de conjonctures économiques (OFCE) évalue la politique
économique du gouvernement en fonction de différentes hypothèses de multiplicateur budgétaire. L’OFCE utilise
son modèle économique pour juger si les objectifs du gouvernement, en termes de réduction des déficits et de
croissance, sont réalisables. La conclusion est sans appel. La politique de François Hollande n’atteindra ses
objectifs de réduction du déficit (3% du PIB en 2013 et équilibre en 2017) et de retour à la croissance (1,3% en
2012 et 2% en moyenne pour le reste du quinquennat) que sous l’hypothèse d’un multiplicateur budgétaire
inférieur ou égal à 0,5. Or, cette hypothèse est hautement irréaliste : dans le cas de la France, les estimations
statistiques suggèrent que le multiplicateur est plutôt de l’ordre de 1 à 1,5. Dans le cas d’un multiplicateur égal
à 1,5, la politique du gouvernement échoue en terme de consolidation fiscale avec un déficit de 4,2% en 2012
et de 2,2% en 2017 et résulte en une véritable saignée sur le front de la croissance et de l’emploi : la France
connaît la récession en 2013 et une croissance moyenne de 1,3% sur le reste du quinquennat ; le chômage
atteint 12% de la population active en 2014.
Dans ces conditions, l’obstination du gouvernement à maintenir un objectif de 3% du PIB en 2012 apparaît
comme un aveuglement fatal. Le désir de «rassurer» les marchés financiers par une crédibilité retrouvée ne
sera pas au rendez-vous car, selon toute vraisemblance, l’objectif de 3% de déficit ne sera pas atteint. Une telle
politique risque par ailleurs de plonger la France dans la récession en 2013. De façon plus générale, la fixation
d’objectifs, en termes de déficit budgétaire courant, semble en contradiction avec le nouveau traité européen.
Celui-ci prescrit des objectifs en termes de déficit budgétaire structurel, c’est-à-dire de déficit corrigé des
variations du cycle économique. La nouvelle règle qui impose de ne pas dépasser 0,5% du PIB de déficit
structurel corrige les effets néfastes du traité de Maastricht. Dans ce dernier, la règle de ne pas dépasser 3% de
déficit conduisait les Etats à réduire leur déficit en période de récession, aggravant encore davantage leur
situation économique. Selon l’OFCE, si la France suivait exactement les prescriptions du nouveau traité et se
fixait pour objectif d’atteindre 0,5% de déficit structurel à partir de 2014, elle éviterait la récession de 2013,
retrouverait une croissance de 2% à partir de 2015, année où le chômage commencerait de baisser.
Au lieu de suivre une politique économique irréaliste économiquement et inutilement coûteuse socialement,
contentons-nous de respecter les objectifs plus raisonnables du traité européen que nous nous apprêtons à
voter.
Romain Rancière est chercheur à l’Ecole des ponts et chaussées et professeur à l’Ecole d’économie de Paris.
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Texte 2 : G. N. Mankiw (2003), « La Grande Dépression », extrait de
Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 350-353.
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Texte 3 : G. N. Mankiw (2003), « La dépression japonaise des années 1990»,
extrait de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 431-433.
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Texte 4 : Thomas MELONIO, « Krugman, d'une crise à l'autre », paru dans
www.laviedesidees.fr, le 5 février 2009.
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consommateurs, qui épargnent le pouvoir d’achat qui leur est épisodiquement injecté par le
gouvernement, en passant par les anticipations de déflation, qui amènent les particuliers à
reporter leurs achats et les entreprises leurs investissements. Sortir de cette trappe à liquidité
s'avère particulièrement difficile, puisque cela suppose soit de parvenir à augmenter
significativement la consommation et les investissements, soit de réduire le niveau
d’endettement du pays, soit de stimuler les anticipations d’inflation
(http://krugman.blogs.nytimes.com/2008/12/17/a-whiff-of-inflationary-grapeshot/) pour éviter
que tous les acteurs économiques ne sombrent dans l’attentisme généralisé.
Le risque auquel les États-Unis font aujourd’hui face est bien celui d’entrer dans cette
phase de deleveraging [l’effet de levier inversé] qu’a connu le Japon, avec des ménages et des
entreprises qui n’ont plus confiance en l’avenir et désinvestissent, aux côtés d’un État qui
multiplie les plans de relance et accroît sa dette sans parvenir à compenser la léthargie des
acteurs privés. Ce risque est d’autant plus élevé qu’aux États-Unis les ménages ont connu
deux éclatements de bulles spéculatives, qui ont sérieusement grevé leur patrimoine.
Aujourd’hui, l’endettement des ménages américains pour acquérir des logements et la baisse
spectaculaire du prix de ceux-ci font que 12 millions de ménages américains ont un
patrimoine négatif. Par ailleurs, sur les 8 000 milliards de dollars détruits par la baisse du
marché de l’immobilier, 7 000 environ pèseront directement sur les ménages et 1 000 sur les
institutions financières. Cet « effet richesse à l’envers » sera donc particulièrement difficile à
inverser.
D’autre part, si le système bancaire américain est touché, ce n’est rien à côté de la
crise que connaît le shadow financial system (les institutions financières autres que les
banques). Depuis le milieu des années 1990, le crédit s'est considérablement développé en
dehors des banques aux États-Unis, échappant souvent à toute régulation ou application de
quelconques ratios prudentiels. Et Krugman d’énumérer ces poétiques segments du marché du
crédit qui tanguent ou disparaissent1. Presque la moitié du marché du crédit américain opère
en dehors ou en marge des règles prudentielles classiques. La Fed, en prêtant aux banques et
en baissant ses taux de refinancement, ne règle donc qu’une petite partie du problème de
credit crunch. Il n’est pas du tout évident qu’une reprise du crédit par les banques suffise à
compenser la baisse du crédit immobilier, la baisse de l’encours sur les cartes de crédit, etc.
1 Quelques exemples : Auction-rate securities (400 milliards de dollars n'encours en 2007), Asset-backed
securities (2200 milliards), Assets financed overnight in triparty (2500 milliards), actifs gérés par les hedge
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funds, (1800 milliards), actifs gérés par des banques d’investissements (4000 milliards)
L’observation des taux d’intérêt accordés aux PME ou des taux des crédits hypothécaires
(http://krugman.blogs.nytimes.com/2008/12/26/mortgage-rates-are-still-too-high/) laisse
d’ailleurs Krugman (et nous avec) assez pessimiste(s) de ce point de vue.
Tous ces éléments invitent à relancer l’économie de manière massive, car le point de
PIB injecté en 2008 aux États-Unis n’est pas à la hauteur des défis exposés plus haut.
Krugman plaide pour un plan de l’ordre de 4 points de PIB, en appuyant la demande par des
dépenses publiques. Il se montre en revanche assez sévère avec l’idée de faire reposer un
scénario de relance sur des avantages fiscaux donnés aux entreprises ou aux particuliers,
estimant risqué de leur sous-traiter la décision effective d’investissement à un moment où ne
pas investir n’est plus une option. Parmi les débats sur la nature des dépenses prioritaires, on
pourra s’interroger, à l’instar de Thomas Friedman, sur la pertinence de subventionner sans
condition écologique l’industrie automobile
(http://www.nytimes.com/2008/12/14/opinion/14friedman.html?_r=2), la consommation
d’hydrocarbures (http://www.nytimes.com/2008/12/28/opinion/28friedman.html) ou encore la
construction de routes (cette dernière proposition étant formulée par Krugman,
http://krugman.blogs.nytimes.com/2008/12/22/bad-anti-stimulus-arguments/).
Enfin, le dernier élément du débat porte sur les séquences d’un plan de relance et la
nécessité d’y inclure des mesures à effet immédiat, pour éviter le piège habituel des relances
keynésiennes : une fois que les mesures lentes (les investissements publics) produisent enfin
leurs effets sur l'économie, la conjoncture est déjà repartie à la hausse et les plans de relance
sont généralement pro-cycliques. On ne peut en effet que regretter que les plans de relance
nationaux viennent si tard, dix-huit mois après le début de la crise financière, si bien que le
champ des options de relance se réduit plus ou moins à choisir entre des mesures à effet
immédiat mais sans grand effet de long terme (baisse de TVA par exemple) ou
investissements de préparation de l’avenir, avec le risque que leur effet de relance tarde à se
matérialiser. Néanmoins, répond Krugman, l’ampleur de cette crise laisse penser qu’elle
durera et que les plans d’investissement, concrétisés mi-2009 ou même à début 2010,
arriveront certes tard mais pas trop tard.
Questions :
1. Expliquez précisément pourquoi la demande globale est généralement une fonction décroissante du
niveau général prix.
2. Dans quel(s) cas la demande globale est-elle verticale ? Expliquez.
3. Expliquez précisément pourquoi l’offre globale est une fonction croissante du niveau général des prix à
anticipations de prix données.
Exercice 1 :
C = 0, 8(Y − T ) + C̄
I = −2i + 10
M d = P (Y − 0, 2i)
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Exercice 2 : Effets des chocs de demande et d’offre à moyen terme
(inspiré de Macroéconomie, Olivier Blanchard et Daniel Cohen, 4eme ed., chap.8)
Supposons que l’économie soit à son niveau de production naturel. Expliquez et illustrez graphiquement les
effets de chacun des chocs suivants sur l’équilibre macroéconomique à moyen terme (on définit le moyen terme
comme une situation dans laquelle les prix et les anticipations de prix sont totalement ajustés) :
a. Une hausse des dépenses publiques. Pourquoi qualifie-t-on ce choc de « choc de demande » ?
b. Une hausse des allocations chômage. Pourquoi s’agit-il d’un choc d’offre ?
c. Qu’appelle-t-on la « stagflation » ? La staglation peut-elle être expliquée par des chocs de demande ou des
chocs d’offre ? Expliquez.
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La crise financière qui a conduit les banques à réduire leur octroi de crédit aux entreprises, s’est traduite par
une contraction de l’investissement (à taux d’intérêt donné).
Pour chacune des réponses, vous proposerez des graphiques et des explications détaillées.
a. Expliquez les effets à court terme de cette évolution sur la demande globale, puis sur la production
d’équilibre ? Le niveau général des prix et le volume de la production varient-ils dans le même sens ?
b. Quels sont les effets à moyen terme, en particulier sur le niveau naturel de la production ?
c. Proposez des politiques économiques adaptées pour contrer les effets de la crise.
d. La baisse de l’investissement, parce qu’elle réduit à terme le stock de capital, réduit la productivité du
travail. Quelles sont les conséquences de cette évolution sur les courbes d’offre globale de court et de moyen
terme. Les prix et le produit varient-ils dans le même sens ? Quelle politique économique préconiser dans
ce cas ?
Texte 2 :« Peut-on être économiste et de gauche ? », par Charles Wyplosz, paru dans Libération, 20
mars 1995.
1. Quelles seraient les causes du chômage ?
2. Comment maintenir des revenus élevés pour les plus pauvres sans augmenter leur taux de chômage ?
Texte 3 : « Le chômage, et s’ils avaient tous tort ? », par Olivier Blanchard, paru dans Libération, 20
mars 1995.
1. Quelles seraient les causes du chômage ?
2. Quelles sont les preuves empiriques en faveur de cette thèse ?
25
Texte 4 : « Les chocs pétroliers », extrait du chapitre 11 du manuel de Gregory Mankiw, Macroéconomie,
De Boeck Université, pp. 300-301.
1. Pourquoi s’agit-il de chocs d’offre ?
2. Quelles sont les politiques adaptées en réponse à ces chocs pour stabiliser l’économie ?
26
Texte 1 : G. N. Mankiw (2003), « La Grande Dépression », extrait de Macroéconomie,
3ème édition, De Boeck, pp. 353-557.
27
28
29
30
Texte 2 : Charles Wyplosz, « Peut-on être économiste et de gauche? », paru dans
Libération, 20 mars 1995.
En 1981, plus de cent économistes britanniques avaient signé un manifeste qui attaquait
violemment l'approche du chômage adoptée par Margaret Thatcher. Nous étions nombreux
alors à les approuver. Aujourd'hui, les faits sont là: la courbe du chômage s'est inversée en
Grande-Bretagne au milieu des années 80, pas ailleurs. Partout en Europe, il nous a bien fallu
admettre que ce qui a fait monter le sous-emploi à des niveaux inacceptables, ce sont les
rigidités du marché du travail. Et, terrible constatation, ces rigidités sont presque toutes
associées à la protection sociale: salaire minimum, allocations de chômage, droit de
licenciement, réglementation sur la durée du travail, poids des cotisations sociales, emploi de
substitution dans le service public, etc. Si justice sociale et efficacité économique ont parfois
du mal à coexister, en matière de chômage, le conflit est presque total. C'est souvent un
dilemme pour l'économiste, du moins celui qui refuse de choisir entre sa conscience sociale et
sa probité professionnelle. Pour ma part, j'ai la conviction qu'il est possible de concilier le
souci de justice sociale et l'efficacité économique, à condition d'oublier les tabous et de garder
quelques leçons du passé en tête.
En économie, l'enfer toujours est pavé de bonnes intentions. Face à la désespérance, il est bon
que fleurissent les idées. Mais ce n'est pas une raison pour se lancer à corps perdu dans des
aventures perdues d'avance, et qui ont tant fait pour déconsidérer les idées keynésiennes.
L'une d'entre elles (pourtant essayée avec un insuccès notoire en 1981) a le vent en poupe
aujourd'hui: il s'agirait de susciter une augmentation générale des salaires avec l'espoir de
relancer la demande pour créer des emplois.
Pour y arriver, il faut que l'Etat intervienne dans un mécanisme de négociation entre employés
et employeurs, ce qui n'est pas son rôle; ou bien qu'il donne l'exemple en relevant les salaires
dans la fonction publique, ce qui aggrave le déficit budgétaire. Par ailleurs, pour accroître les
salaires, il faut diminuer les profits. L'idée selon laquelle la demande augmenterait parce que
les «profiteurs» dépensent moins que les salariés est un peu courte. Car si les «profiteurs»
dépensent effectivement moins, ils épargnent plus. En raréfiant l'épargne, on fait monter les
taux d'intérêt, ce qui décourage la dépense, en particulier la dépense productive. Moins
d'investissements, fuites de capitaux, inquiétude des entreprises, tout cela se traduit par une
diminution des emplois. Quoi qu'on en dise, ce sont les entreprises profitables qui créent des
postes.
Mais les bas salaires? dira-t-on. N'est-il pas urgent de les relever en commençant par le Smic,
souvent insuffisant pour vivre décemment , afin de lutter contre les inégalités que creusent des
marchés abandonnés à eux-mêmes? Mais relever les bas salaires ne fait que décourager
l'emploi des moins qualifiés, et aggraver la plus grande des inégalités, celle du chômage. On
se retrouve donc face à une contradiction: d'un côté, il faut accepter de voir les bas salaires
stagner, mais, de l'autre côté, il est impensable que les bas revenus n'augmentent pas.
La lutte contre le chômage n'est pas désespérée. Mais elle passe obligatoirement par une
recherche systématique des points de convergence entre justice sociale et efficacité
économique. Il est facile, en principe, d'ignorer la justice sociale et d'atteindre l'efficacité
économique. C'est, d'une certaine façon, l'approche américaine... ou britannique. Les autres
Européens, eux, ont choisi une voie beaucoup plus ardue. Mais en laissant le balancier trop
s'éloigner de l'efficacité économique, ils ont créé la grande injustice du chômage. La solution
exige que les nouveaux nantis, ceux qui ont le privilège d'avoir un emploi, acceptent de céder
une partie de ce qu'on appelle bien imprudemment les acquis sociaux.
* Professeur à l'Insead
32
Texte 3 : Olivier Blanchard, « Le chômage, et s'ils avaient tous tort? », paru dans
Libération, 20 mars 1995.
Dans son article, Charles Wyplosz présente un diagnostic sobre (presque barriste dans son
austérité) des origines de la montée du chômage. Cette montée, nous dit-il, est due aux
rigidités du marché du travail. Seule une redéfinition du difficile équilibre entre protection
sociale et flexibilité des entreprises peut amener à une diminution durable du chômage. En
présentant cette thèse, Wyplosz se fait l'écho d'un large consensus, qui va de l'OCDE au FMI,
en passant par la Banque de France et la plupart des candidats à l'élection présidentielle.
Et s'ils avaient tous tort? Et si le chômage pouvait être largement résorbé par les politiques
macroéconomiques «traditionnelles», telles que la relance de la demande?
Dans l'esprit ambiant, de telles réflexions vous font passer pour un dangereux irresponsable,
un dinosaure keynesien, un ignorant des principes économiques fondamentaux. Et pourtant,
regardez les faits, à la fois à travers l'histoire et à travers l'Europe.
Qu'une demande insuffisante puisse être à l'origine d'une longue période de sous-activité est
presque une évidence. Les exemples les plus convaincants datent d'avant-guerre; ceci ne les
rend pas moins d'actualité. La décision de Churchill de retourner à l'étalon-or et à une parité
manifestement surévaluée, loin de rendre à l'Angleterre sa prééminence, est à l'origine de dix
ans de stagnation dans les années 1920. La grande dépression aux Etats-Unis et en Europe
n'était pas due aux rigidités du marché du travail, mais (tous les experts s'accordent sur ce
point) à un effondrement de la demande, accentué par des politiques macroéconomiques
inadaptées. Plus près de nous, la diminution du chômage aux Etats-Unis (le taux de chômage
est revenu aux alentours de 5%) porte aussi témoignage de l'importance des forces de
demande, cette fois tournées vers l'expansion.
Mais, direz-vous, n'est-il pas évident que le chômage en France aujourd'hui est un phénomène
de nature complètement différente? N'assistons-nous pas aux résultats des abus de l'Etat-
providence, d'une protection excessive de l'individu, impossible à maintenir dans le cadre
d'une compétition mondiale intensifiée?
Au-delà des slogans et des présupposés idéologiques, la recherche économique n'a eu, jusqu'à
maintenant, quasiment aucun succès à établir un lien entre taux de chômage et rigidités à
travers les pays d'Europe.
L'exemple le plus frappant est peut-être celui de l'Espagne et du Portugal. Les deux pays ont
beaucoup en commun. Une longue dictature, une transition vers la démocratie dans les années
1970, une explosion sociale et salariale à la fin des années 1970, l'entrée dans la Communauté
européenne en 1986.
Et les institutions du marché du travail sont aussi très similaires. Les deux pays ont
aujourd'hui un système d'allocation chômage qui, en termes de générosité, les situe dans la
moyenne européenne. Et dans les deux pays, les coûts de licenciement que ce soient les coûts
financiers ou la lourdeur des démarches administratives, sont excessivement élevés. Dans un
classement de l'OCDE qui tient compte de toutes ces dimensions, le Portugal obtient le
premier prix (ou dans ce cas, le bonnet d'âne), et l'Espagne arrive en deuxième position.
33
Vu ce degré de protection, vous ne serez pas surpris d'apprendre si vous ne le savez déjà que
le taux de chômage en Espagne est proche de 25%. Mais alors pourquoi est-il seulement de...
6% au Portugal? La différence ne traduit pas des problèmes statistiques; le chômage est
mesuré à partir des mêmes enquêtes dans les deux pays. La conclusion est évidente: les
rigidités du marché du travail ne sont certainement pas propices à l'efficacité économique;
mais elles ne conduisent pas nécessairement au chômage élevé.
Si le diagnostic alternatif est exact (ou au moins plus exact), qu'elles en sont les implications?
Un changement de politique fondé sur la concertation sociale, qui seule peut permettre la
relance de la demande en même temps que le maintien d'une inflation basse et des
changements structurels qui s'imposent. Un vrai débat est fondamental pour l'avenir de la
France. Il est bien dommage que les Français risquent d'en être privés.
34
Texte 4 : G. N. Mankiw (2003), « Comment l’OPEP contribua à la stagflation das
années 1970 et à l’euphorie des années 1980 », extrait de Macroéconomie, 3ème
édition, De Boeck, pp. 300-301.
35
36
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Année Académique 2013-2014
Licence 2 Premier Semestre
Questions :
1. Quelles sont les differentes courbes de Phillips ? Que caractérisent-elles et comment s’interprètent-elles ?
2. Qu’appelle-t-on le NAIRU ?
πt = πt−1 + (µ + z) − αut
πt = πte + 0, 1 − 2ut
où πt est le taux d’inflation, c’est à dire le taux de croissance des prix entre l’année passée et l’année présente,
et où πte est le taux d’inflation anticipé, c’est à dire le taux de croissance des prix entre l’année passée et
l’année présente qu’avaient anticipé les partenaires sociaux l’année passée.
On suppose que les anticipations se forment de la manière suivante : πte = πt−1 (les anticipations sont dites
naı̈ves ou statiques).
37
a. Définissez et calculez le taux de chômage structurel.
b. Supposons que l’inflation en (t − 1) soit égale à 0. A l’année t, le gouvernement décide d’atteindre et de
maintenir un taux de chômage à 4%. Calculez le taux d’inflation pour les années t, t + 1, t + 2, t + 3....
c. Discutez la pertinence de la représentation des anticipations.
Supposons maintenant que la moitié des salariés aient des contrats de travail avec indexation
des salaires sur l’inflation. (Indication : à droite du signe « égal » dans l’équation de Phillips, πt−1 est
remplacé par 0.5πt + 0.5πt−1 , car pour la moitié des salariés, les salaires nominaux suivent exactement les
variations du niveau des prix.)
38
Texte : G. N. Mankiw (2003), « L’inflation et le chômage aux Etats-Unis »,
extrait de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 431-433.
39
40
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Année Académique 2013-2014
Licence 2 Premier Semestre
où πt est le taux d’inflation et où πte est le taux d’inflation anticipé. On suppose que πte = πt−1 .
On suppose qu’initialement le taux de chômage est égal au taux de chômage structurel et l’inflation à 12%.
A partir de l’année t, le gouvernement décide de réduire l’inflation à 2%.
a. On suppose que le gouvernement pratique une thérapie de choc en ramenant l’inflation à son objectif à la
période t. Que vaut le taux de chômage à la période t ? Que vaut-il aux périodes suivantes ?
b. De façon alternative, à partir de l’année t, le gouvernement décide de réduire l’inflation progressivement :
il va maintenir le taux de chômage 1 point au dessus de son niveau structurel jusqu’à ce que l’inflation ait
atteint 2%.
Calculez le taux d’inflation de l’année t, t + 1, t + 2,... Pendant combien d’années le gouvernement doit-il
maintenir le taux de chômage au-dessus de son niveau structurel ? Comparez avec la thérapie de choc en
calculant le ratio de sacrifice.
c. Maintenant, supposons que cette politique de désinflation soit annoncée et qu’elle soit crédible en partie.
Les agents privés anticipent que l’inflation sera une moyenne pondérée entre l’inflation de l’année passée
et l’inflation annoncé : πte = (1 − β)πt−1 + β × 2%. Si β = 0, 5, de combien augmente le taux de chômage
dans le cas de la thérapie de choc ? Quel est le ratio de sacrifice ? Commentez.
d. Comparez avec le cas β = 1. Quel est le ratio de sacrifice dans ce cas ? Quelle réforme institutionnelle
peut permettre d’atteindre ce résultat ?
41
1. Imaginez qu’un président de la Banque Centrale moins « crédible » ait été nommé à la place de Paul
Volker, le ratio de sacrifice aurait-il été le même ? Expliquez.
2. Supposons que le chômage ait alors atteint 12% en 1982, 10% en 1983, 8% en 1984 et 7% en 1985.
Calculez le ratio de sacrifice correspondant.
42
Texte 1 : G. N. Mankiw (2003), « L’indépendance de la banque centrale », extrait
de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 471-472.
43
44
Texte 2 : G. N. Mankiw (2003), « Le coefficient de sacrifice en pratique », extrait
de Macroéconomie, 3ème édition, De Boeck, pp. 438-439.
45
46
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Année Académique 2013-2014
Licence 2 Premier Semestre
TD 9 - La croissance
1. On définit le stock de capital par travailleur par k = K/L. En utilisant la règle des pourcentages,
calculez le taux de croissance de k en fonction du taux de croissance de K et du taux de croissance de
L.
2. On considère la fonction de production Cobb-Douglas suivante :
Y = AK α L1−α
1. En divisant l’équation (1) par L, exprimez la production par travailleur (y = Y /L) en fonction du
capital par travailleur (k = K/L).
47
2. Utilisez l’équation trouvée en 1. pour compléter la deuxième colonne du tableau suivant :
(1) (2)
Capital Production
par tête par tête
k y = k 1/2
0 −−−−−−−
4 −−−−−−−
12 −−−−−−−
16 −−−−−−−
20 −−−−−−−
36 −−−−−−−
0
0 8 16 24 32 40
4. Une fonction de production se caractérise par des rendements décroissants (croissants) lorsque la pro-
duction augmente moins (plus) que proportionnellement suite à une hausse du facteur de production.
La fonction de production f (k) vérifie-t-elle cette propriété ?
5. Quels sont les conséquences de l’hypothèse de rendements décroissants sur la convergence économique
des pays. Donnez des exemples pour lesquels cette convergence est vérifiée ou infirmée.
48
6. Quels sont les éléments qui manquent dans la présentation de cette fonction de production pour expli-
quer la croissance à long terme des pays et les inégalités de développement ? Le progès technique A ?
La possibilité de rendements croissants ? Mobilisez également les textes pour répondre à cette question.
Texte : « Croissance économique », par Jean-Olivier Hairault, article paru dans le Dictionnaire de
l’Economie, Editions Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 2007.
1. Pourquoi l’accumulation du capital physique par travailleur ne conduit-elle pas à la croissance de long-
terme ?
2. Quel est l’effet d’une hausse du taux d’épargne dans le modèle de Solow ?
3. Les différences de taux d’épargne ou de taux d’investissement entre les pays permettent-elles d’expliquer
les différences de revenu par tête observées dans la réalité ?
4. Comment a évolué l’écart entre les nations les plus riches et les plus pauvres au cours des deux derniers
siècles ?
5. Quel est l’effet du progrès technologique sur le facteur travail ?
6. Quelle est la limite essentielle du modèle de Solow que les théoriciens de la croissance endogène vont
chercher à dépasser ? Y parviennent-ils ?
7. Qu’est-ce que les économistes entendent par croissance optimale ?
8. Quel est la condition garantissant l’optimalité de la croissance ? Sous quel nom est connue cette condi-
tion ? Quelle forme prend-elle dans la version du modèle de Solow présentée en cours ?
9. Pourquoi les institutions sont-elles susceptibles d’influencer la croissance ?
10. L’Etat a-t-il un rôle à jouer dans la croissance ? Pourquoi et par quels biais ?
49
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52
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UBOEJTRVFMMFBWBJUVOFJOGMVFODFQFSNBOFOUFEBOTMFNPEdMFEF3PNFS
$FSUBJOFTFOUSFQSJTFTGFSBJFOUEFMBSFDIFSDIFEcWFMPQQFNFOUBGJOEFNFUUSFBVQPJOUVOFOPVWFMMFWBSJcUc
EFCJFOTEcRVJQFNFOURVFMMFTQSPEVJSPOUFOTJUVBUJPOEFNPOPQPMFHShDFBVEcQkUEVOCSFWFUBTTVSBOU "JOTJ
DFSUBJOFTBDDcMcSBUJPOTUSBOTJUPJSFTEFMBDSPJTTBODFEBOTMFTQBZTEcWFMPQQcTQFVWFOUBWPJSQPVS
MFYDMVTJWJUcEFMFYQMPJUBUJPOEFDFUUFJOOPWBUJPO-BWFOUFEFDFTCJFOTEcRVJQFNFOUBVTFDUFVSEF PSJHJOFMBNPOUcFEFMBQBSUEFMBSFDIFSDIFEBOTMFTcDPOPNJFT
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QBSMFEFDSPJTTBODFTFNJFOEPHdOFQPVSTPVMJHOFSMFGBJURVFMFUBVYEFDSPJTTBODFEFMPOH
EcUFSNJOFMFUBVYEFDSPJTTBODFEFMPOHUFSNFaDFEFSOJFSFTUBMPSTJOGMVFODcQBSMFOJWFBVEFTEcQFOTFTFO UFSNFFTUEcQFOEBOUEFMBDSPJTTBODFEcNPHSBQIJRVFFYPHdOFFUOFQFVUQMVTfUSFNBOJQVMcQBSEFT
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MBDSPJTTBODFEcNPHSBQIJRVFQFSNFUEFTPVUFOJSMFGGPSU
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55
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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Année Académique 2013-2014
Licence 2 Premier Semestre
TD 10 - La croissance
On considère une économie qui produit une quantité de biens Yt au cours de la période t en combinant du
capital physique Kt et des travailleurs N (dont la quantité est supposée constante au cours du temps) selon
la fonction de production :
Yt = Kt0.5 N 0.5
1. Montrez que la production par travailleur y peut s’écrire en fonction du capital par travailleur comme :
yt = kt0.5 .
2. Sachant que la loi d’évolution du capital est Kt+1 = (1 − δ)Kt + It et que It = sYt avec δ le taux de
dépréciation et s le taux d’épargne, montrez que le taux de croissance du capital par travailleur peut s’écrire :
kt+1 − kt
= skt−0.5 − δ
kt
3. Si kt = 1, que vaut le taux de croissance du capital par travailleur entre t+1 et t ? Quelle est son évolution
au cours du temps et vers quelle valeur converge-t-il ? Décrivez précisément les mécanismes à l’oeuvre.
4. Soit un pays ayant les mêmes caractéristiques structurelles mais doté d’un stock de capital par travailleur
en t inférieur à 1. Comparez son taux de croissance avec celui du pays précédent et expliquez. Quelles
expériences historiques cet exemple peut-il illustrer ?
5. Faut-il en déduire que tous les pays dont le stock de capital est inférieur à 1 sont dans cette même
situation de croissance ? Expliquez.
Texte : « Qualité des institutions et résultats économiques, un lien vraiment étroit ? », par Hali
Edison, Finances et Développement, Juin 2003, pp. 35-37.
1. Qu’entend-on par institutions ?
2. Quelle(s) fonction(s) économiques les institutions servent-elles ?
3. Comment se forment les institutions d’un pays ?
57
Qualité des institutions
et résultats économiques
Un lien vraiment étroit?
Hali Edison
U
N GRAND nombre d’études économiques réali- sur le revenu, mais aussi sur la croissance et son instabilité.
sées ces dernières années suggèrent que les institu- Ce constat se confirme quelle que soit la mesure des institu-
tions sont vitales pour le développement et la tions utilisée, mais nous employons l’indice global de gou-
croissance économiques. Se fondant sur le PIB par vernance pour les illustrations. Sachant que le facteur insti-
habitant comme mesure du développement économique, tutionnel est prépondérant, l’action des pouvoirs publics
les économistes constatent en général que les écarts interna- a-t-elle néanmoins un rôle à jouer? Les résultats montrent
tionaux (les revenus annuels par habitant allant d’une cen- que oui.
taine de dollars seulement dans certaines régions subsaha-
riennes à plus de 40.000 dollars dans certaines économies Institutions et revenu
avancées) sont étroitement liés à des différences dans la Selon l’étude, les institutions ont un effet statistiquement
qualité des institutions. Une étude du FMI fait le point sur significatif sur les résultats économiques : elles accroissent
les récents travaux consacrés à l’influence des institutions substantiellement le PIB par habitant, et ce, peu importe que
sur trois dimensions des résultats économiques (niveau de la qualité des institutions soit mesurée à l’aide d’indicateurs
développement, croissance et instabilité de la croissance) et globaux (tels qu’un indicateur agrégé des perceptions de la
cherche à faire avancer le débat grâce à une nouvelle analyse gestion du secteur public) ou plus spécifiques (tels que le
empirique. Ses auteurs tentent en particulier d’estimer la degré de protection des droits de propriété ou d’application
solidité empirique de ces relations, les répercussions poten- de l’état de droit). De plus, les résultats empiriques intègrent
tielles des améliorations institutionnelles sur le revenu et la la possibilité d’un lien de causalité inverse (encadré 2).
croissance dans différentes régions, ainsi que le rôle de la Il apparaît donc que les pays en développement pourraient
politique économique dans le ren- sensiblement améliorer leurs résul-
forcement des institutions et, plus tats économiques en renforçant
généralement, à l’appui de meilleurs Graphique 1 leurs institutions. Par exemple,
résultats économiques. Effet sur le revenu comme l’indique le graphique 1, si
Pour évaluer l’effet des institu- Une amélioration des institutions pourrait accroître la qualité moyenne des institutions
tions sur les résultats écono- le revenu. Par exemple, la ligne rouge indique en Afrique subsaharienne rattra-
miques, nous avons conçu un mo- dans quelle mesure le revenu progressera en Afrique pait celle des pays asiatiques en
dèle économétrique simple qui subsaharienne si celle-ci porte la qualité de ses développement, le revenu par ha-
met en relation les résultats ma- institutions au niveau observé dans les autres régions. bitant de la région s’élèverait de
croéconomiques de chaque pays 300 80 %, passant d’environ 800 dol-
avec 1) une mesure de ses institu- lars à plus de 1.400 dollars. Les
Variation en pourcentage
du PIB réel par habitant
250
tions (encadré 1), 2) une mesure gains potentiels pour l’Afrique
200
ou une série de mesures de sa poli- subsaharienne continuent d’aug-
tique macroéconomique et 3) une 150 menter fortement à mesure que
série de variables exogènes. Ce 100 les institutions s’améliorent. Le re-
modèle permet d’examiner les di- 50 venu régional serait multiplié par
verses explications avancées dans 0 2!/2 si le renforcement des insti-
les ouvrages spécialisés — notam- Afrique Moyen-Orient Pays en Amérique Moyenne tutions permettait d’aligner leur
sub- et Turquie développe- latine et de tous
ment le rôle des institutions, de saharienne d'Asie Caraïbes les pays qualité sur la moyenne de tous les
l’action des pouvoirs publics et de Qualité des institutions1 pays étudiés; les gains seraient net-
la géographie — et de quantifier Source : calculs des services du FMI.
tement supérieurs si leur qualité
leur effet. Selon cette étude, la qua- Note : Les chiffres ne sont pas à l'échelle. Ils sous-estiment atteignait celle observée dans les
les différences de qualité des institutions d'un pays à l'autre.
lité des institutions influe de ma- 1Mesurée par l'indicateur global de gouvernance. économies avancées. Ces calculs
nière significative non seulement sont présentés essentiellement à
58
Finances & Développement Juin 2003 35
Encadré 1
Graphique 2
Définir et mesurer les institutions
Effet sur la croissance
Qu’entend-on par institutions? Une amélioration des institutions pourrait avoir
Le terme d’institution est défini de différentes manières. un effet significatif sur la croissance.
Douglass North en fait un concept très large désignant les
5
règles formelles et informelles qui régissent les interactions
par habitant
mettent l’accent sur des organismes, procédures ou régle- 3
mentations spécifiques. À un niveau intermédiaire, les insti-
2
tutions sont définies en référence à la protection des droits de
propriété, à l’application équitable des lois et règlements et à 1
la corruption. Cette acception est moins large que celle de 0
North, qui englobe toutes les normes régissant les interac- Afrique Moyen- Pays en déve- Amérique Moyenne Économies
sub- Orient et loppement latine et de tous avancées
tions humaines. En général, les travaux récents sur les déter- saharienne Turquie d'Asie Caraïbes les pays
minants du développement économique utilisent cette défi- Qualité des institutions1
nition intermédiaire.
Comment mesurer la qualité des institutions? Des modifications du cadre d'action pourraient aussi
exercer un effet notable, quoique un peu plus modéré.
Les analyses empiriques récentes retiennent généralement
trois mesures assez générales des institutions : qualité de la 1,0
Instabilité du taux de
réduirait l’instabilité d’environ 25 %. Le graphique 3 illustre
par habitant
–1,0
l’effet d’améliorations progressives de la qualité des institu- –1,5
tions dans différentes régions. Par exemple, si la qualité des –2,0
institutions en Afrique subsaharienne égalait la moyenne de –2,5
l’échantillon, l’instabilité de la croissance économique dans
–3,0
la région baisserait de 16 %. Afrique Moyen- Pays en déve- Amérique Moyenne Économies
sub- Orient loppement latine et de tous avancées
saharienne et Turquie d'Asie Caraïbes les pays
Institutions et action des pouvoirs publics
Qualité des institutions1
Étant donné la robustesse des résultats concernant le facteur
institutionnel, quel est le rôle de l’action des pouvoirs publics Une politique macroéconomique durable pourrait aussi
dans le développement économique? De nombreux ouvrages apporter une contribution notable.
spécialisés montrent que l’action des pouvoirs publics exerce 0,4
0,3
un effet significatif sur les résultats macroéconomiques. En
Instabilité du taux de
0,2
croissance du PIB
réel par habitant
général, toutefois, lorsque les variables institutionnelles sont 0,1
prises en compte en même temps, leur influence est prépon- 0
–0,1
dérante et l’action des pouvoirs publics ne semble guère avoir –0,2
d’effet indépendant. Les travaux empiriques font état de ré- –0,3
sultats positifs en ce qui concerne les politiques macroécono- –0,4
–0,5
miques : le niveau de développement financier d’un pays, qui Afrique Moyen- Pays en déve- Amérique Moyenne Économies
peut dépendre fortement de l’action des pouvoirs publics, sub- Orient et loppement latine et de tous avancées
saharienne Turquie d'Asie Caraïbes les pays
exerce un effet positif significatif sur la croissance (gra- Action des pouvoirs publics2
phique 2), et la surévaluation de la monnaie, qui s’explique Source : calculs des services du FMI.
peut-être par des déséquilibres macroéconomiques plus larges, Note : Les chiffres ne sont pas à l'échelle. Ils sous-estiment les diffé-
rences dans la qualité des institutions et la surévaluation du taux de change.
accentue l’instabilité de la croissance (graphique 3). 1Mesurée par l'indicateur global de gouvernance.
Globalement, cependant, plusieurs raisons font que l’effet 2Mesurée par la surévaluation du taux de change.
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Finances & Développement Juin 2003 37