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Police judiciaire
Gildas ROUSSEL
Maître de conférences à la faculté de droit et de sciences économiques de Brest
CRDP EA 3881
Généralités, 1 - 25
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Généralités
1 . Importance. - Le terme police reste difficile à définir (NAPOLI, Naissance de la police moderne, 2003, La Découverte, p. 8).
Son étymologie grecque, polis, désigne la cité et sa racine latine, policia, l'art de gouverner. La police possède donc une
évidente fonction politique. Elle est d'ailleurs le principal outil pour maintenir l'ordre et la sécurité publique. De politique, sa
fonction devient aussi judiciaire. En 1926, le professeur HUGUENEY énonçait que « sous l'omnipotence du juge d'instruction,
se cache la prépotence de la police » (HUGUENEY, RPDP 1926. 173). Allant encore plus loin, Charles LAROCHE-FLANDIN
estimait que « le juge sans le policier n'est rien, le policier sans le juge est tout » (La Machine judiciaire, 1968, Seuil, p. 29).
Ces deux citations illustrent l'importance du rôle de la police judiciaire dans le cadre d'une procédure pénale. Les officiers et
agents de police judiciaire constatent les infractions pénales, reçoivent les plaintes des victimes, convoquent les témoins et
interrogent les suspects. La police judiciaire est donc bien centrale dans l'élaboration du dossier de procédure à partir duquel
le procureur de la République prendra sa décision quant à l'action publique, le juge d'instruction conduira son information, le
juge de jugement se prononcera sur la culpabilité de l'auteur (GUINCHARD et BUISSON, Procédure pénale, 9 e éd., 2013, Litec,
n o 698). Pour lui permettre d'agir, de recueillir les preuves et d'appréhender le suspect, le législateur a conféré à la police
judiciaire d'importants pouvoirs de contrainte. La police judiciaire est celle qui, en premier, désigne le suspect d'une infraction
pénale et, le cas échéant, l'arrête (V. Arrestation). Indispensable à la justice pénale pour rechercher les auteurs et les
preuves des infractions mais titulaire d'un pouvoir de contrainte et d'user de la force, la police judiciaire reste au coeur d'une
perpétuelle interrogation quant à sa place, même dans une société démocratique. Si elle ne peut agir, alors la répression des
infractions pénales n'est pas assurée, l'ordre social fragilisé et la protection des citoyens amoindrie. Si ses pouvoirs sont trop
importants et peu contrôlés, le droit à la sûreté des personnes se voit relativisé. La police judiciaire s'intègre donc
parfaitement dans le nécessaire équilibre entre, d'un côté, « la prévention des atteintes à l'ordre public et la recherche des
auteurs d'infractions » et, de l'autre, « l'exercice des libertés constitutionnellement garanties », selon la formule du Conseil
constitutionnel (Cons. const. DC, 13 mars 2003, n o 2003-467 DC , cons. 8. - Cons. const. DC, 2 mars 2004, n o 2004-492 DC
, cons. 4). Le Conseil a d'ailleurs consacré l'importance de la police judiciaire en refusant toute privatisation de celle-ci : « les
modalités de l'exercice des missions de police judiciaire ne sauraient toutefois être soumises à la volonté de personnes
privées » (Cons. const., 10 mars 2011, n o 2011-625 DC , Constitutions 2011. 223, obs. Darsonville. - GRANGER, La
distinction police administrative/police judiciaire au sein de la jurisprudence constitutionnelle, RSC 2011. 789 ).
2 . Définition fonctionnelle par le code de procédure pénale. - L'article 14 du code de procédure pénale pose une définition
fonctionnelle de la police judiciaire. Selon cet article, la police judiciaire est en charge du constat des infractions à la loi pénale,
du rassemblement des preuves et de la recherche des auteurs lorsqu'une information n'est pas ouverte. Dès qu'une
information est ouverte, alors la police judiciaire doit exécuter les délégations des juridictions d'instruction et déférer à leurs
réquisitions. Le code de procédure pénale définit ainsi la police judiciaire comme une activité dont la finalité s'avère le
rassemblement des preuves. Elle participe ainsi à la recherche de la vérité judiciaire des faits et à la protection de l'ordre
public. Par conséquent, la police judiciaire est placée sous le contrôle, la direction et la surveillance de l'autorité judiciaire par
les articles 12 et 13 du code de procédure pénale. L'activité de police judiciaire possède donc une finalité répressive, déjà
inscrite dans le code d'instruction criminelle qui disposait que « la police judiciaire recherche les crimes, les délits et les
contraventions, en rassemble les preuves et en livre les auteurs aux tribunaux chargés de les punir », et qui la distingue de la
police administrative avec laquelle il est possible de la confondre (BUISSON, Les leçons de l'histoire sur la notion de police
judiciaire, in Une certaine idée du droit. Mélanges offerts à André Decocq, 2004, Litec, p. 33).
3. Distinction avec la police administrative. - Les services de la police nationale et de la gendarmerie nationale possèdent deux
activités essentielles : la police judiciaire et la police administrative. Ces deux types de police sont difficiles à distinguer, car
accomplis parfois par les mêmes personnes. À l'origine d'ailleurs, la distinction entre les deux polices n'existait pas. Dérivé du
grec polis, le terme police apparaît en France dans les ordonnances royales du xve siècle pour désigner l'institution chargée du
maintien de l'ordre. Nicolas DE LA MARE, dans son célèbre Traité, en fait une définition maximaliste puisqu'il l'appréhende
comme le gouvernement de l'État (DE LA MARE, Traité de la police, 2 e éd., 1732, t. I, livre I, titre I, p. 1., cité par DECOCQ,
MONTREUIL et BUISSON, Le droit de la police, 2 e éd., 1998, Litec, n o 1). La Révolution fait ensuite éclater le terme police. La
distinction intervient alors avec les articles 16 à 20 du code du 3 brumaire an IV inspiré par la loi des 16 et 24 août 1790 de
séparation des autorités administratives et judiciaires. Ce code dispose en effet : « La police administrative a pour objet le
maintien habituel de l'ordre public dans chaque lieu. Elle tend principalement à prévenir les délits. La police judiciaire
recherche les délits que la police administrative n'a pu empêcher de commettre, en rassemble les preuves et en livre les
auteurs aux tribunaux chargés par la loi de les punir » (cité par DECOCQ, MONTREUIL et BUISSON, op. cit., n o 153). Cette
distinction n'a pas été reprise par un texte mais se retrouve dans la jurisprudence, laquelle s'est appuyée sur un critère
finaliste défini par le commissaire du gouvernement Devolve dans ses conclusions sur un arrêt du Conseil d'État (CE 11 mai
1951, Cts Baud, S. 1952. 2. 13, concl. Devolve, note Drago), puis repris par le Tribunal des conflits (T. confl. 7 juin 1951, Épx
Noualek, S. 1952. 3. 13, concl. Devolve. - T. confl. 29 oct. 1990, M elle Morvan, D. 1991. IR 16 ) et la Cour de cassation
(Civ. 1 re, 16 mars 1959, Bull. civ. I, n o 160. - Civ. 2 e, 16 mars 1972, Bull. civ. II, n o 82). Selon ce critère, la police administrative
a pour finalité de prévenir et d'empêcher les infractions. La police judiciaire, quant à elle, vise à rechercher les auteurs et
rassembler les preuves des infractions. Ce critère permet de qualifier de judiciaire toute opération effectuée pour réprimer la
réalisation d'une infraction réelle ou supposée. Il a permis de considérer comme judiciaire l'interpellation d'une personne
« disposée à » réaliser un acte interdit (T. confl. 15 janv. 1968, Tayeb, D. 1968. 417, concl. Schmelk). Le Tribunal des conflits
rejette ainsi toute approche organique tenant au statut de l'agent. Relèvent de la police judiciaire les actes accomplis par un
fonctionnaire en qualité d'officier de police judiciaire (T. confl. 27 mars 1952, Clément, req. n o 1391, Lebon 626), les sévices
commis par des fonctionnaires de police lors du constat de l'infraction de tapage nocturne (T. confl. 7 mars 1994, req.
n o 02902 , Damez), la faute de gendarmes oubliant de relever l'identité d'un contrevenant après constat d'une infraction au
code de la route (CAA Bordeaux, 21 juin 2012, req. n o 11BX03317 ). L'approche finaliste élargit donc la compétence des
tribunaux judiciaires pour connaître, au titre de la police judiciaire, des actes posés par tout agent public même s'il n'est pas
policier ou gendarme (T. confl. 21 mars 2005, req. n o 3409 , Choquet, pour un garde-chasse assermenté). Or de très
nombreux fonctionnaires disposent de pouvoirs de police judiciaire (C. pr. pén., art. 15, 3 o, 28). Le Tribunal considère ainsi que
la qualité d'agent des douanes n'était donc pas incompatible avec la compétence de l'ordre judiciaire. Si leur action met à jour
des faits constitutifs d'infractions, elle relève de la police judiciaire (V. T. confl. 18 mars 1991, req. n o 2646 , Barcelo
Balmana, D. 1991. 148 , en cas de saisie d'un véhicule. - T. confl. 24 oct. 1994, req. n o 2934 , Noirel, pour la saisie de
pièces d'or). Relève donc de la police judiciaire l'arrestation d'une personne soupçonnée d'une infraction douanière par des
agents des douanes (T. confl. 17 déc. 2012, req. n o 3877 , Mme Mérien c/ Ministère du Budget, AJ pénal 2013. 226, obs.
Rousse l ; RSC 2013. 587, obs. Détraz ). Lorsqu'il énonce « Considérant que les agissements de fonctionnaires des
douanes commis lors de la constatation d'infractions au code des douanes et de la recherche de leurs auteurs relèvent de
l'exercice de la police judiciaire », le Tribunal des conflits résume parfaitement son approche actuelle. La police judiciaire a pour
finalité la recherche des auteurs d'infractions à la loi pénale après que celles-ci ont été constatées quel que soit le statut de
l'agent qui officie. En somme, le critère finaliste choisit une approche chronologique par rapport à la commission de l'infraction
(VLAMYNCK, Droit de la police, 4 e éd., 2011, Vuibert, n o 1). La police administrative intervient avant l'infraction. La police
judiciaire après. L'une prévient, l'autre réprime.
4. Limite de la distinction. - Cependant, cette distinction reste fragile à mettre en oeuvre strictement. Les services généralistes
de la police nationale (services de sécurité publique) ou de gendarmerie (brigades territoriales), les plus nombreux, exercent
des missions tant de police administrative que judiciaire. La même opération de police accomplie par les mêmes personnels
peut ainsi revêtir les deux natures : administrative d'abord puis judiciaire dès qu'une infraction est soupçonnée ou commise.
Pour la jurisprudence, l'opération devient judiciaire dès lors qu'elle tend à appréhender un individu soupçonné d'avoir commis
une infraction (CE 8 mars 1963, Masetti, JCP 1963. II. 13268, note Moreau. - Crim. 5 janv. 1973, Friedel, D. 1973. 541, note
Roujou de Boubée. - T. confl. 12 juin 1978, Melle Motsch, Lebon 649, concl. Morisot. - T. confl. 17 déc. 2012, Mérien, préc. supra,
n o 3). Mais même cette précision ne permet pas une nette distinction. L'imbrication des deux polices se révèle d'ailleurs en
matière de contrôle d'identité (MOREAU, Police administrative et police judiciaire. Recherche d'un critère de distinction, AJDA
1963. 68. - PICARD, Distinction de la police administrative et de la police judiciaire, JCP 1994. I. 3761). Parmi les cas de
contrôle énoncés par l'article 78-2 du code de procédure pénale, une moitié se rattache à la police judiciaire (al. 1 et 2), l'autre
à la police administrative (al. 3). Les premiers sont possibles s'il existe « une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner »
que la personne a commis ou tenté de commettre une infraction, se prépare à en commettre une, peut fournir des
renseignements utiles à une enquête, fait l'objet de recherches ordonnées par une autorité judiciaire ou sur réquisitions du
procureur de la République. Les seconds sont possibles « pour prévenir une atteinte à l'ordre public ». L'analyse de leur
régime fait apparaître que les deux types utilisent la même technique de suspicion. La commission d'une infraction ou
l'atteinte à l'ordre public est induite du comportement d'une personne qui devient suspecte (ROUSSEL, Suspicion et procédure
pénale équitable, 2010, L'Harmattan, p. 113). L'usage de la technique de suspicion révèle que les contrôles préventifs
possèdent pour fonction véritable la découverte des infractions (V. aussi MAYER, Prévention et répression en matière de
contrôles d'identité : une distinction trompeuse, D. 1993. Chron. 272 ). De même, les opérations de maintien de l'ordre
enchevêtrent souvent, d'une part, les actions de police administrative visant à contenir les manifestations, à les disperser le
cas échéant (CSI, art. L. 211-9 et R. 211-11 s.) ; d'autre part, les actions de police judiciaire visant à arrêter les auteurs
d'infractions en cas de destructions de biens ou de violences sur autrui (VLAMYNCK, Le maintien de l'ordre : manifestations,
réunions publiques et attroupements, AJ pénal 2009. 289 ). Par ailleurs, l'usage de la force peut être décidée par des
autorités qui peuvent avoir la qualité d'officier de police judiciaire (CSI, art. L. 211-9 ; R. 211-12 et R. 211-21). Administratif par
nature, le maintien de l'ordre peut se judiciariser rapidement (FREDERIC, La judiciarisation du maintien de l'ordre public : des
maux … aux actes !, AJ pénal 2013. 208 ). La distinction entre police administrative et police judiciaire déterminera la
compétence juridictionnelle administrative ou judiciaire pour connaître de l'action en indemnisation arguant d'un préjudice né
d'une opération de police administrative (V. Rép. resp. puiss. publ., vo Police (Responsabilité des serv ices de police) par
VANDERMEEREN ; sur la compétence des juridictions administratives en cas d'utilisation d'un lanceur de balle par les services
de police dans le cadre d'une opération de maintien de l'ordre, V. TA Paris, 3 e sect. 1 re ch., 17 déc. 2013, n o 1217943/3-1,
D. 2014. 17, obs. Léna ).
5. Préservation de l'ordre public comme finalité globale. - Le critère finaliste entre prévention et répression se voit ainsi fortement
relativisé. D'ailleurs, le Conseil d'État tend parfois à le délaisser pour assurer une bonne indemnisation des victimes d'actions
de police (CE 12 févr. 1971, Lebon 123). Par ailleurs, pour certains auteurs, le Conseil constitutionnel n'est pas attaché à la
dichotomie police administrative/police judiciaire. Il laisse toute liberté au législateur pour définir les pouvoirs de la police dès
lors que les libertés individuelles sont préservées, notamment par un encadrement précis de l'action policière et son contrôle
par l'autorité judiciaire (DECOCQ, MONTREUIL et BUISSON, op. cit. [supra, n o 3], n o 15 ; s'appuyant sur Cons. const. DC,
12 janv. 1997, n o 76-75 DC, Fouille des véhicules, D. 1978. 344, note Hamon et Léauté, et sur Cons. const. DC, 9 janv. 1980,
n o 79-109 DC, Maîtrise de l'immigration). En définitive, la distinction entre police administrative et police judiciaire, comme
toute distinction, apparaît imparfaite, d'approche malaisée et d'application incertaine. En outre, elle tend à occulter le fait que
police judiciaire et police administrative ne sont que des déclinaisons de la notion plus large de police. La prévention et la
répression constituent des déclinaisons d'une finalité unique et globale : la préservation de l'ordre public (DECOCQ,
MONTREUIL et BUISSON, op. cit., n o 164). Mais à la différence de la police administrative, la police judiciaire tire son essence de
l'application des règles coercitives conduisant à la poursuite et à la condamnation des auteurs d'infractions à la loi pénale. Ces
règles sont posées principalement par le droit pénal, la procédure pénale (mais non contenues exclusivement dans le code
pénal ou le code de procédure pénale). La police participe du système pénal puisque celui-ci a pour objet de réprimer les
atteintes à l'ordre et aux valeurs sociales. En ce sens, la police judiciaire est une activité de nature pénale alors que la police
administrative peut avoir des conséquences pénales. Dans les deux cas, la police possède une nature éminemment politique
(JOBARD, Propositions sur la théorie de la police, Champ pénal/Penal field [En ligne], Vol. IX, 2012, mis en ligne le 12 mai 2012,
Consulté le 22 octobre 2012. URL : http://champpenal.revues.org/8298).
6 . La police judiciaire par ses organes : les hommes. - Néanmoins, si la police judiciaire possède une définition fonctionnelle
primordiale liée à son activité d'administration de la preuve, l'expression désigne aussi les services et les personnes chargés
de cette activité. La police judiciaire possède aussi une définition organique. Ainsi, l'article 15 du code de procédure pénale
dispose que la police judiciaire comprend : les officiers de police judiciaire ; les agents de police judiciaire et les agents de
police judiciaire adjoints ; les fonctionnaires et agents auxquels sont attribuées par la loi certaines fonctions de police
judiciaire. La police judiciaire se définit donc par ceux qui la composent et la font vivre, ceux qui recherchent les auteurs et
rassemblent les preuves des infractions : principalement les officiers de police judiciaire (OPJ) et les agents de police judiciaire
(APJ). Ces acteurs de la police judiciaire accomplissent leur activité au sein des services de police judiciaire.
7 . La police judiciaire par ses organes : les services. - L'expression « police judiciaire » va aussi désigner les services auxquels
appartiennent les membres de la police judiciaire. L'article 15-1 du code de procédure pénale dispose que « les catégories de
services ou unités dans lesquels les officiers et agents de police judiciaire visés aux sections II et III du présent chapitre
exercent leurs fonctions habituelles, les modalités de création de ces services ou unités ainsi que leurs critères de
compétence territoriale sont déterminés par décret en Conseil d'État pris sur le rapport du ministre de la Justice et du ministre
intéressé ». Si la loi organise la fonction de police judiciaire, le règlement crée les services dans lesquels cette fonction va
s'exercer. Ces services appartiennent essentiellement aux deux grandes forces de sécurité intérieure que sont la police
nationale et la gendarmerie nationale mais aussi de manière plus secondaire aux autres administrations dans lesquelles des
fonctionnaires vont exercer des fonctions de police judiciaire et notamment l'administration des douanes. En outre, police
nationale et gendarmerie nationale comprennent des services véritablement spécialisés en matière de police judiciaire, comme
par exemple la direction centrale de la police nationale ou la direction de la police judiciaire de la préfecture de Paris. Le jargon
policier les dénomme alors par l'expression « Police Judiciaire » en utilisant les majuscules pour bien les différencier des autres
services de police plus généralistes, même s'ils comprennent, eux aussi, des officiers et agents de police judiciaire
(GUINCHARD et BUISSON, op. cit. [supra, n o 1], n o 699). Ces services et leurs fonctions sont les plus valorisés au sein de
l'institution policière (MONTJARDET, Ce que fait la police, sociologie de la force publique, 1996, La Découverte). La fonction, les
acteurs et les services se voient donc intrinsèquement imbriqués en matière de police judiciaire (HREBLAY, La police judiciaire,
1997, Que sais-je ?, PUF).
8. Rappel historique : la police judiciaire sous l'Ancien Régime. - L'histoire de la police judiciaire se confond avec celle des services
de police et de la procédure pénale. L'histoire des services de police, ancienne et complexe, marquée par la dualité
police/gendarmerie et un long processus d'étatisation, sera ainsi abordée lors de l'étude de ceux-ci (V. infra, n os 30 et 71). Il
reste qu'en matière procédurale, l'histoire de la police judiciaire s'avère relativement récente. La phase policière de la
procédure pénale a longtemps été marquée par l'absence d'ingérence du législateur. Ce dernier intervenait peu dans la
définition des prérogatives des enquêteurs. L'activité de police judiciaire s'est ainsi globalement construite en marge des
textes pénaux. Sous l'Ancien Régime, la fonction de police est exercée principalement par des prévôts (notamment à Paris) ou
des baillis, titulaires de leur charge. Malgré une interdiction prescrite par l'édit d'Amboise de 1572, cette fonction de police se
confond encore avec celle de justice mais sa spécialisation tend à se renforcer. Les commissaires de police de province sont
créés en 1586. Des offices de commissaires enquêteurs-examinateurs sont instaurés auprès des juridictions royales (un siècle
plus tard en 1699, des charges de commissaires de police sont instituées dans les grandes villes). Dans les campagnes, l'Édit
du 25 janvier 1536 crée un corps de prévôts des maréchaux de France chargés d'enquêter et de juger les infractions
(LEBIGRE, La genèse de la police moderne, in AUBOIN, TESSIER et TULARD [dir.], Histoire et dictionnaire de la police. Du Moyen
Âge à nos jours, 2005, Robert Laffont, p. 147). À Paris, malgré l'existence du prévôt, les commissaires du Châtelet
apparaissent puis se voient placés sous l'autorité d'un lieutenant de robe courte. Puis, par un édit du 15 mars 1667, est créée
la charge de lieutenant de police à Paris dont le premier titulaire fut Nicolas de La Reynie. Cette charge est ensuite instituée
en 1669 auprès de toutes les juridictions royales (en 1794, les lieutenants deviennent lieutenants généraux de police). Le
lieutenant de police possède une fonction de police judiciaire, d'instruction et même de juridiction en cas de flagrant délit. À
Paris, il dirige notamment les archers du guet à pied, des cavaliers et les hommes de la garde. Enfin, en 1709, sont créés des
offices d'inspecteurs de police pour assister les commissaires. Les charges de police sont ainsi multiples. Le fait que
l'ordonnance de 1670 institue une information menée par le lieutenant criminel n'empêche pas les commissaires enquêteurs
de continuer à exercer leur activité d'enquête en dehors de tout cadre juridique (DECOCQ, MONTREUIL et BUISSON, op. cit.,
n os 23 s.). La Révolution abolit la vénalité des offices et supprime les lieutenants généraux de police, mais généralise les
commissaires de police dans les villes (Décr. des 21-29 sept. 1791) et assoit la gendarmerie dans les campagnes (L. du
16 févr. 1791 ; CARROT, La police et la Révolution, in AUBOIN, TESSIER et TULARD [dir.], op. cit., p. 219). Avec la loi des 16-
29 septembre 1791, les fonctions de poursuite et d'instruction furent en grande partie fusionnées. L'instruction préparatoire,
toujours écrite et redevenant secrète, était assurée par le juge de paix dont les fonctions furent qualifiées par la loi de
« fonctions de police et de sûreté », à l'instar des capitaines et lieutenants de la gendarmerie nationale (loi, 1 re partie,
titre 1 er, art. 2 et 3), ce qui dénote du rôle attribué au magistrat instructeur (LAINGUI, La phase préparatoire du procès pénal
[historique], RID pén. 1987. 43).
9 . La police judiciaire dans le code d'instruction criminelle. - Avec le code d'instruction criminelle de 1808, l'enquête retourna
fonctionnellement dans le giron du juge d'instruction devenu officier de police judiciaire (OPJ) sous surveillance du procureur
général (C. instr. crim., art. 57). Ce code va confirmer la définition répressive de la police judiciaire (C. instr. crim., art. 13) et
dresser une liste un peu désordonnée des personnes habilitées à l'exercer : commissaires de police, maires et adjoints de
maire, procureurs impériaux et substituts, juges de paix, officiers de gendarmerie, commissaires généraux de police, juges
d'instruction (art. 9). Il va aussi confier des prérogatives de police judiciaire nombreuses et controversées au préfet puisqu'ils
peuvent « faire personnellement ou requérir les officiers de police judiciaire, chacun en ce qui le concerne, de faire tous actes
nécessaires à l'effet de constater les crimes, délits et contraventions et d'en livrer les auteurs aux tribunaux chargés de les
punir » (art. 10). Sans avoir la qualité d'OPJ ou de magistrat, c'est-à-dire en dehors de tout contrôle, le préfet, représentant
de l'exécutif, dispose ainsi des mêmes pouvoirs que la police judiciaire et exerce une fonction répressive. La loi du 25 mars
1935 limita ensuite ces pouvoirs. Leur mise en oeuvre ne fut plus possible que pour les seules infractions contre la sûreté de
l'État et restreinte à une durée maximum de vingt-quatre heures avec saisine obligatoire du parquet (BERLIÈRE, Un danger
permanent pour la liberté de chacun ? L'article X du code d'instruction criminelle : une lacune des garanties de la liberté
individuelle sous la IIIe République, Bull. Centre d'histoire de la France contemporaine n o 12, déc. 1991. 5). La capacité de
police judiciaire est ainsi principalement confiée au juge d'instruction et au procureur impérial (art. 22 s., 59 s.). Une hiérarchie
est ainsi créée entre ces officiers de police judiciaire « supérieurs » et les autres, sachant que tous sont placés sous la
direction du procureur général (art. 279). Les officiers de police judiciaire issus des forces de police n'interviennent donc qu'en
tant qu'auxiliaires des magistrats. Ils ne peuvent agir que sur délégation des autorités judiciaires et préfectorales en
empruntant alors les pouvoirs d'enquête du procureur. Pour le reste, ils ne disposent d'aucun pouvoir d'enquête. Seule la loi
du 20 mai 1863 vint leur donner un pouvoir d'arrestation du suspect en cas de flagrant délit. Et encore, le code d'instruction
criminelle ne prévoyait qu'une possibilité de maintenir ou d'amener sur les lieux d'une infraction flagrante la personne contre
laquelle existaient des « indices graves » (art. 40 et 106, mais ce pouvoir appartenait aux seuls procureur de la République et
commissaire de police). Les gendarmes bénéficièrent, de surcroît, de l'article 307 du décret du 20 mai 1903 leur permettant de
placer « sous leur vue » l'individu arrêté en état de flagrance en attendant sa présentation au parquet.
1 0 . Action de police judiciaire en dehors du code d'instruction criminelle. - Le faible encadrement de la police par le code
d'instruction criminelle eut pour conséquence le développement des pratiques policières en dehors de tout cadre juridique.
Les parquets demandèrent très vite à la police de réaliser des procédures dites de renseignement. Les actes accomplis
n'avaient alors aucune nature judiciaire et ne pouvaient s'avérer coercitifs (toute perquisition supposait l'accord du chef de
maison). Les policiers développèrent donc une enquête officieuse n'hésitant pas à déléguer une partie de leurs actes à leurs
subordonnés pourtant dépourvus de toute capacité de police judiciaire. De même, les juges d'instruction prirent l'habitude de
déléguer une partie des investigations à la police. Il fallut attendre la loi du 25 mars 1935 pour que soit légalisée la pratique
de la commission rogatoire à destination des OPJ de la police ou de la gendarmerie. Très rapidement, même en l'absence de
flagrant délit, les policiers s'octroyèrent un droit d'interpellation des suspects. Avec l'appui de la jurisprudence, la pratique de
la garde à vue se développa en réaction à l'introduction de l'avocat pendant l'instruction par la loi du 8 décembre 1897 (V.
Garde à v ue). Dans un arrêt du 5 septembre 1901, la Cour de cassation ouvrit la voie au développement de cette pratique
dans le cadre de l'enquête officieuse en admettant que « s'il est interdit aux officiers du ministère public, hors des cas
déterminés par la loi, de procéder à des actes d'instruction, on ne saurait leur refuser de recueillir des renseignements
propres à éclairer la justice dans les procès criminels » (DP 1901. 1. 622). Les officiers de police judiciaire prirent ainsi
l'habitude de mener eux-mêmes une enquête en dehors de tout cadre juridique (BLONDET, La légalité de l'enquête officieuse,
JCP 1955. I. 1233 ; Les pouvoirs de la police et de la gendarmerie au cours de l'enquête préliminaire, JCP 1956. I. 1311).
Comme l'énonçait le commissaire LAMBERT, « il était délicat, sous l'empire de l'ancien code, de demander à la police de viser
les textes en vertu desquels elle procédait, car les lacunes de ce code l'obligeaient à instrumenter, pour une bonne part de
son office, en marge de la loi » (LAMBERT, Formulaire des officiers de police judiciaire, Paris, 1970, éd. Police-Revue, 1985,
LGDJ, p. 30). GARRAUD pouvait ainsi parfaitement affirmer que le code d'instruction criminelle manquait de préface en passant
sous silence l'enquête de police (GARRAUD, Traité théorique et pratique d'instruction criminelle et de procédure pénale, 3 e éd.,
t. 1, 1913, Sirey, n o 26, et t. 3, 1915, Sirey, n o 750). Mais, paradoxalement, ce silence permit l'essor, par défaut, de la police
judiciaire. Cet essor fut encadré par le code de procédure pénale de 1958.
1 1 . Encadrement par le code de procédure pénale. - Le code de procédure pénale ne change pas la fonction de la police
judiciaire mais régule son action. Pragmatique, le législateur institutionnalise les pratiques policières (BESSON, La police
judiciaire et le Code de procédure pénale, D. 1958. Chron. 22). La garde à vue est définie, l'enquête officieuse légalisée sous
le nom d'enquête préliminaire, l'enquête de flagrance limitée dans le temps, l'enquête sur commission rogatoire limitée quant
aux actes délégables et l'enquête sur mort suspecte précisée (GASSIN, La police judiciaire devant le Code de procédure
pénale, RSC 1972. 71). Le législateur vient ensuite rationnaliser l'organisation de la police judiciaire. Tout d'abord, il retire la
qualité d'officier de police judiciaire aux magistrats, tout en leur permettant d'accomplir, si besoin, tous les actes de police
judiciaire (C. pr. pén., art. 41 et 68, pour le procureur de la République ; art. 72 aujourd'hui abrogé, pour le juge d'instruction).
La suppression de la qualité d'OPJ du juge d'instruction le fait de la sorte échapper au contrôle du procureur général. La
fonction de police judiciaire est ainsi dévolue à la seule police judiciaire. En contrepartie, son contrôle par l'autorité judiciaire
est accru. Elle est placée sous la direction du procureur de la République (C. pr. pén., art. 12), la surveillance du procureur
général et le contrôle de la chambre d'accusation devenue chambre de l'instruction (C. pr. pén., art. 13). Ensuite, le législateur
est venu définir des capacités de police judiciaire (GUINCHARD et BUISSON, op. cit. [supra, n o 1], n o 700). L'entière capacité
de police judiciaire est ainsi confiée aux officiers de police judiciaire. L'activité de police judiciaire revient exclusivement aux
OPJ. Pour les assister dans cette tâche, le code a créé une nouvelle capacité, celle d'agent de police judiciaire. En dehors de
ces deux capacités (V. infra, n o 163), le code attribue certaines fonctions de police judiciaire à différents fonctionnaires (V.
infra, n os 164 et 209). Enfin, les pouvoirs du préfet sont restreints (C. pr. pén., art. 30), avant d'être totalement abolis par la
loi n o 93-2 du 4 janvier 1993.
1 2 . Prise en compte des droits fondamentaux. - La police judiciaire étant au coeur de la procédure pénale, elle est bien
évidemment touchée par la plupart des réformes de cette matière. L'encadrement du stade policier se fait plus précis en ce
qui concerne le déroulement des investigations et les mesures de contrainte, notamment la garde à vue. Sous l'influence de la
jurisprudence européenne, l'enquête policière connaît un mouvement continu d'affinement de ses critères dans un but de
garantie du justiciable et de contrôle par l'autorité judiciaire, notamment avec les lois n o 93-2 du 4 janvier 1993 et n o 2000-
516 du 15 juin 2000 (RENUCCI, Les nouvelles dispositions sur l'enquête et la CEDH, in SUDRE [dir.], Le droit français et la
Convention européenne des droits de l'homme, 1974-1992, Strasbourg, 1994, Éditions N. P. Engel, p. 211). Sur ces questions,
les gouvernements avancent avec prudence afin de ménager tout de même l'institution policière tout en essayant de
renforcer les garanties des citoyens. Ainsi, conformément à l'article L. 412-1 du code de la sécurité intérieure, le décret
n o 2013-113 du 4 décembre 2013 (JO 6 déc.) entré en vigueur le 1 er janvier 2014 a introduit les articles R. 434-1 et suivants
du code de la sécurité intérieure qui constituent le code de déontologie de la police et de la gendarmerie (est abrogé le décret
n o 86-592 du 18 mars 1986 portant code de déontologie de la police nationale). Ce texte est une réelle avancée
(encadrement des palpations de sécurité, prohibition du tutoiement, principe d'impartialité). Le code de la sécurité intérieure
inscrit en effet la déontologie policière dans le respect des droits et libertés fondamentales (art. R. 434-3, I, al. 1 er).
13. Respect des articles 2, 3 et 5 Conv. EDH. - Parce qu'elle met en jeu les libertés publiques, notamment le droit à la vie ou le
droit à la sûreté, l'action même de la police doit respecter les droits fondamentaux des citoyens, notamment ceux posés par
les articles 2, 3 et 5 de la Convention européenne des droits de l'Homme (dite Conv. EDH, JO 4 mai 1974). Le code de la
sécurité intérieure rappelle en outre l'absolue nécessité qui doit guider l'usage de la force (art. R. 434-18). C'est d'ailleurs
cette nécessité de respect des droits fondamentaux qui permet de dépasser en partie la distinction entre police administrative
et police judiciaire (W ALTHER, Les pouvoirs d'enquête de la police aux confins du droit pénal. Entre « polices administratives »
et administrations « quasi-policières », in LEBLOIS-HAPPE [dir.], Les investigations policières. Die polizeilichen ermittlunggen,
2012, PU Aix-Marseille, p. 65). Ainsi, la Cour de Strasbourg assure-t-elle un contrôle sur l'action policière. Elle est intraitable
s'agissant des traitements inhumains et dégradants qui pourraient être commis par la police en violation de l'article 3 Conv.
EDH (CEDH 27 août 1992, Tomasi c/ France, req. n o 12850/87 , série A n o 241 A ; RSC. 1993. 142, obs. Pettiti. - CEDH
29 oct. 2009, Paradysz c/ France, req. n o 17020/05. - CEDH 4 nov. 2010, Darraj c/ France, req. n o 34588/07. - CEDH 28 juill.
1999, Selmouni c/ France, req. n o 25803/94 , Rec. 1999-V ; D. 2000. Somm. 179, obs. Renucci. - CEDH 15 oct. 2013,
Gutsanovi c/ Bulgarie, req. n o 34529/10, RSC 2014. 163, note Roets : disproportion d'une opération de police au domicile
d'un suspect ayant entraîné des séquelles psychologiques à sa famille). Si elle accepte que la police puisse faire usage de ses
armes et enlever la vie, la Cour réalise un contrôle très strict des conditions d'absolue nécessité et de proportionnalité
imposées par l'article 2 Conv. EDH (CEDH, gr. ch., 27 sept. 1995, McCann et autres c/ Royaume-Uni, req. n o 18984/91 :
violation de l'article 2 après que des militaires du Special Air Service eurent abattu trois membres de l'Irish Republican Army
soupçonnés de porter sur eux un détonateur pour déclencher une bombe à distance, car l'opération aurait pu être organisée
et contrôlée de telle manière qu'il ne fût pas nécessaire de tuer les suspects. - CEDH 6 mai 2005, Natchova et autres c/
Bulgarie, req. n o 43577/98, violation de l'article 2 par le fait pour des policiers d'avoir tiré sur des suspects qui étaient en train
de s'enfuir. - CEDH 20 déc. 2011, Finogeniv et autres c/ Russie, req. n os 18299/03 et 27311/03 : non violation de l'article 2 par
le recours à la force et l'utilisation de gaz pour donner l'assaut, en octobre 2002, du théâtre moscovite « Dubrovka » occupé
par des séparatistes tchétchènes, mais violation de l'article 2 en raison de la mauvaise planification et mise en oeuvre de
l'opération de secours. - CEDH 24 mars 2011, Giuliani et Gaggio c/ Italie, req. n o 23458/02, non violation de l'article 2 lors du
recours à la force meurtrière absolument nécessaire et proportionnée pendant les manifestations lors du sommet du G8 tenu
à Gênes en 2001). La France a été condamnée en raison de la force manifestement excessive employée contre un homme qui
venait de s'évader d'une gendarmerie. Alors que la Cour remarque l'impartialité de l'enquête et la conformité de la
réglementation française régissant l'usage des armes pour les gendarmes (C. défense, art. L. 2338-3), elle constate qu'il
n'était pas nécessaire de lui tirer dessus tandis qu'il s'enfuyait sans constituer une menace (CEDH 17 avr. 2014, Guerdner et
autres c/ France, req. n o 68780/10 ). La Cour s'avère plus souple quant à certaines restrictions policières de la liberté
d'aller et venir. Elle valide sur le fondement de l'article 5, § 1 b Conv. EDH, la garde à vue préventive d'un hooligan par la
police pour l'empêcher de commettre une infraction (CEDH, sect. 5, 7 mars 2013, req. n o 15598/08 , Ostendorf c/ Allemagne,
D. 2013. 710 ; RSC 2013. 653, obs. Marguénaud ). De même, elle considère que les forces de l'ordre ne privent pas de
liberté les personnes se trouvant au sein d'une foule confinée à l'intérieur d'un cordon de police, selon la pratique dite du
kettling (CEDH, gr. ch., 15 mars 2012, Austin et autres c/ Royaume-Uni, req. n os 39692/09, 40713/09 et 41008/09).
1 4 . Essor de l'enquête de police judiciaire. - Mais, depuis le début des années 2000, la volonté d'améliorer l'efficacité de la
procédure dans un souci de lutte contre l'insécurité a conduit le législateur à renforcer les pouvoirs des policiers
(V. notamment L. n o 2003-2239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure, JO 19 mars. - L. n o 2004-204 du 9 mars 2004
portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité organisée, JO 10 mars. - L. n o 2006-64 du 23 janv. 2006
relative à la lutte contre le terrorisme et portant dispositions diverses relatives à la sécurité et aux contrôles frontaliers, JO
24 janv.). Il a orienté la configuration de l'action policière en privilégiant sa fonction répressive (PIEDNOIR, La police à
l'épreuve des incivilités. La dynamique du désordre, 2008, L'Harmattan, p. 175). La phase d'enquête connaît donc un véritable
aggiornamento technologique avec la mise à disposition des enquêteurs de nouveaux outils issus des technologies de
l'information (DANET, Le droit pénal et la procédure pénale sous le paradigme de l'insécurité, Arch. pol. crim. 2003. 37). Les
enquêteurs peuvent procéder à des infiltrations et réquisitions informatiques (C. pr. pén., art. 706-35-1, 57-1 et 60-2). Ils
utilisent de très nombreux fichiers (GAUTRON, La prolifération incontrôlée des fichiers de police, AJ pénal 2007. 57 ). De
plus, la volonté de lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme a conduit le législateur à doter la police judiciaire
d'outils dérogatoires du droit commun afin de renforcer son pouvoir de contrainte (allongement des durées de garde à vue,
C. pr. pén., art. 706-88), de surveillance (art. 706-80), d'infiltration (art. 706-81), de sonorisation et captation d'images
(art. 706-96), d'écoutes téléphoniques (art. 706-95), de rémunération d'indicateur (L. du 21 janv. 1995, art. 15-1), de
conviction de suspect pour collaborer (C. pén., art. 132-78. - ROUSSEL, L'introduction du « repenti » ou le pragmatisme
appliqué du législateur, AJ pénal 2005. 363 ). Les nouveaux moyens d'investigations permettent aux parquets de se passer
de l'ouverture d'une instruction même face à des faits graves et complexes. Ils préfèrent garder la main sur les investigations
en ouvrant de longues enquêtes préliminaires ponctuées par la saisine régulière des juges des libertés et de la détention
pour des écoutes téléphoniques, des perquisitions nocturnes ou sans consentement (ROUSSEL, GAUTRON et POUGET, La
coordination entre forces de police et justice dans le traitement des délits, in DANET [coord.], La réponse pénale. Dix ans de
traitement des délits, 2013, PU Rennes, p. 21). En conséquence, les juges d'instruction ne sont quasiment plus saisis de faits
délictuels. Leur fonction vacille sous les coups de boutoir de l'enquête de police et des prérogatives du parquet (DALLE, Juges
et procureurs dans la loi Perben II, in DANET [dir.], Le nouveau procès pénal après la loi Perben II, 2005, Dalloz, p. 453). La
nécessité de lutter contre certaines formes de délinquance a donc permis d'instrumentaliser l'extension de pouvoirs de la
police ce qui n'est pas sans poser de difficulté quant à leur contrôle (MALABAT, L'évolution des pouvoirs de police, in CAHN et
PARROT, Actes de la journée d'études radicales : le principe de nécessité en droit pénal, 2013, Lextenso, p. 131). Cette
extension de pouvoirs de la police a été même été nommée Outre-Rhin, « policisation de l'enquête » (LEBLOIS-HAPPE, Police
et justice - Quels Rapports ?, in LEBLOIS-HAPPE [dir.], Les investigations policières. Die polizeilichen ermittlunggen, 2012, PU
Aix-Marseille, p. 116).
15. Proactivité et police de renseignement. - Ce renforcement des pouvoirs de la police judiciaire a eu pour conséquence de
déplacer le centre de gravité de la procédure pénale vers l'enquête de police (MARIE, La montée en puissance de l'enquête, AJ
pénal 2004. 221 ). Mais le recours à des procédés probatoires dérogatoires du droit commun tend à scinder la procédure
pénale et à l'orienter vers un recours accru à l'exception (LAZERGES, La dérive de la procédure pénale, RSC 2003. 644 ).
L'usage de tels outils n'est d'ailleurs pas sans modifier la nature même de l'activité de police judiciaire vers plus de proactivité
(PRADEL, De l'enquête pénale proactive. Suggestion pour un statut légal, D. 1998. Chron. 57 . - MURBACH, Théorie générale
des pouvoirs d'investigation : l'investigation proactive, AJ pénal 2011. 506 ). Cette proactivité ajoutée à la « policisation »
de la procédure pénale abolit en partie la distinction entre police judiciaire et police de renseignement, entre une police qui
participe à la recherche des auteurs d'une infraction en vue de la manifestation de la vérité et une police qui ne s'intéresse
qu'à la récolte d'informations sur des suspects potentiels ou avérés. En effet, historiquement, les différents outils proactifs de
surveillance relèvent plus de la « Haute Police », la police politique et de renseignement, que de la « Basse police », la police
judiciaire (BRODEUR, Les visages de la police. Pratiques et perceptions, 2003, PU de Montréal, p. 20). Ils n'étaient jusque-là
pas utilisés officiellement pendant les enquêtes de police judiciaire (CATHALA, Pratiques et réactions policières, 1980, Éditions
du Champ de Mars, p. 95). Désormais intégrés dans la panoplie de la police judiciaire, ces outils confient à cette dernière une
mission de renseignement dont la finalité n'est pas la manifestation de la vérité pénale, même si elle n'est pas incompatible
avec celle-ci. Dans le même temps, la police de renseignement (direction de la surveillance du territoire devenue direction
centrale du renseignement intérieur, devenue direction générale du renseignement intérieur) dispose en France d'attributions
de police judiciaire tandis que son statut fait l'objet de débats (URVOAS et VERCHERE, Rapport d'information en conclusion des
travaux d'une mission d'information sur l'évaluation du cadre juridique applicable aux services de renseignement, JOAN,
n o 1022, 14 mai 2013).
1 6 . Proactivité, tolérance zéro et statistiques policières. - Cette proactivité juridique se voit renforcée par le changement de
doctrine d'emploi conduisant à une proactivité opérationnelle. Celle-ci est le résultat d'une politique dite de tolérance zéro (au
moins dans le discours) face à la délinquance (DE MAILLARD et LE GOFF, La tolérance zéro en France. Succès d'un slogan,
illusion d'un transfert, Rev. française de science politique, vol. LIX, n o 4, 2009). Cette politique met l'accent sur les missions
répressives des forces de l'ordre. Elle concourt donc au développement des unités spécialisées dans la recherche et la
constatation des infractions flagrantes tels les brigades anti-criminalité et les pelotons de surveillance et d'intervention de la
gendarmerie (PIEDNOIR, La police à l'épreuve des incivilités, préc. supra, n o 14). Elle entraîne le délaissement de certaines
tâches comme les missions statiques de garde ou celles de prévention (MOUHANNA, Police : de la proximité au maintien de
l'ordre généralisé ?, in MUCCHIELLI, La frénésie sécuritaire, retour à l'ordre et nouveau contrôle social, 2008, La Découverte).
Surtout, elle s'appuie sur un certain nombre d'indicateurs statistiques quantitatifs pour mesurer l'action policière : nombre
d'infractions relevées, de gardes à vue, taux d'élucidation, etc. Or ces indicateurs de performance sont imposés par les lois
organiques relatives aux lois de finances (LOLF) pour l'attribution de crédits. Ils sont aussi utilisés pour la gestion des
carrières des policiers et gendarmes (PURENNE et AUST, Piloter la police par les indicateurs ? Effet et limites des instruments
de mesure des performances, Déviance et société, 34 [1], 2010, p. 7. - DIDIER, Compstat à Paris : initiative et mise en
responsabilité policière, Champ pénal/Penal field, nouvelle revue internationale de criminologie [En ligne], Vol. VIII, 2011).
L'activité de la police judiciaire est notamment mesurée grâce à un outil d'évaluation appelé état 4001. Au sein de celui-ci, la
catégorie des infractions relevées par l'action des services (IRAS) est devenue prégnante pour évaluer l'efficacité des forces
de l'ordre. En conséquence, l'action policière s'est infléchie vers certaines formes simples de délinquance quotidienne plus
faciles à élucider ou du moins constatables et élucidables dans le même temps par la seule initiative policière : infractions à la
législation sur les stupéfiants, port d'armes, rébellion, infractions routières (JOBARD, Le nouveau mandat policier. Faire la
police dans les zones dites « de non-droit », Criminologie, vol. 38, n o 2, 2005, p. 103 ; Quand les policiers vont au tribunal,
Études et données pénales n o 97, 2005, Cesdip). Les forces de l'ordre ont pu aussi se tourner vers leur « clientèle »
habituelle, constituée de délinquants connus afin d'améliorer leurs performances statistiques (JOBARD, Le gibier de police.
Immuable ou changeant ?, Arch. pol. crim., 2010, 32, p. 93). La circulaire du directeur général de la gendarmerie en date du
15 septembre 2011 est un exemple topique de cette orientation dans la lutte contre certaines délinquances (Circ. DGGN
n o 93086 du 15 sept. 2011). Il faut toutefois préciser que le débat autour de la mesure de l'activité de la police n'est pas
nouveau (LOPEZ, « Faire du chiffre » pour exister. Les gendarmes et les policiers au principe de statistiques judiciaires [1875-
1914], Histoire & mesure, XXII, 2, p. 75). Reste que l'établissement des statistiques par les forces de l'ordre fait l'objet de
critiques importantes (LE BOUILLONNEC et QUENTIN, Rapport n o 988, de la mission d'information relative à la mesure
statistique des délinquances et de leur conséquences, JOAN 24 avr. 2013. - IMPINI, Un mensonge d'État. L'imposture
sécuritaire, 2013, Michalon). Dans certains cas, des manipulations statistiques ont pu même être constatées (ROUZEAU,
SINTIVE, LOISEAU, SAVIN, LORON et KABLA-LANGLOIS, Rapport sur l'enregistrement des plaintes par les forces de sécurité
intérieure, Inspection générale de l'administration, n o 13-051/13-027/01, juin 2013).
17. Évolution quant aux structures. - Les pouvoirs de la police judiciaire ne sont pas les seuls à évoluer. Ses moyens matériels
et financiers sont au coeur des attentions du législateur afin de moderniser les équipements et les immeubles (L. n o 95-73 du
21 janv. 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité, JO 24 janv., et surtout L. n o 2002-1094 du 29 août
2002 d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure, JO 30 août). De même, les structures se voient modifiées
avec la création de la douane judiciaire par la loi n o 99-515 du 23 juin 1999 (JO 20 oct.) et celle, en 2002, des groupes
d'intervention régionaux (Circ. NOR INT C0200126C du 22 mai 2002 et L. n o 2002-1094 du 29 août 2002, préc.) composés de
fonctionnaires de la police nationale, de gendarmes, d'agents des douanes, de fonctionnaires de l'administration fiscale, de la
direction du travail et de l'emploi, de la direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes et la
création d'une réserve de la police nationale (L. n o 2003-2239 du 18 mars 2003, JO 19 mars ; V. infra, n o 115). Une police
d'agglomération se voit créée (Décr. n o 2010-639 du 10 juin 2010, JO 11 juin pour Paris) ainsi que des zones de sécurité
prioritaires (Circ. du 30 juill. 2012, NOR : INTK1229197J du ministre de l'Intérieur et Circ. du 7 mai 2013, NOR : JUSD1311867C
du ministre de la Justice) afin de caler l'organisation policière sur les évolutions urbaines et la délinquance (LE GOFF et
MALOCHET, Police territoriale, simple slogan ou véritable réforme ?, Espaces Publics, note n o 4, 2012). Il reste que la principale
évolution structurelle tient au changement de statut de la gendarmerie nationale et à son passage sous la tutelle du
ministère de l'Intérieur (C. défense, art. L. 3225-1 issu de la L. n o 2009-971 du 3 août 2009 relative à la gendarmerie
nationale, JO 6 août). Ce rattachement a provoqué un profond malaise chez les gendarmes (DIEU, Être gendarme. Spécificité
gendarmique et changement social à la fin du xxe siècle, in BERLIERE, DENYS, KALIFA et MILLIOT [dir.], Métiers de police en
Europe, XVIIIe-xxe siècles, 2008, PU Rennes, p. 377). Or ce changement est peut-être celui qui va le plus durablement
marquer l'organisation de la police judiciaire, car il porte en lui les germes d'une possible unification de la police nationale et
de la gendarmerie (V. infra, n o 128) et ce d'autant plus que la gendarmerie, à l'origine police des milieux ruraux, intervient de
plus en plus en territoires périurbains (LE GOFF et MALOCHET, Insécurité en territoires périurbains, Institut d'aménagement et
d'urbanisme d'Île-de-France, sept. 2012). Enfin, la deuxième loi n o 2011-267 du 14 mars 2011 (JO 15 mars) d'orientation et de
programmation pour la performance de la sécurité intérieure, dite LOPPSI 2, continue sa politique d'allocation de moyens en
faveur de la police judiciaire afin de moderniser l'équipement, le parc automobile, le patrimoine immobilier, les outils
informatiques. Par ailleurs, cette loi modifie les compétences de police judiciaire des polices municipales et accentue leur
complémentarité avec la police nationale et la gendarmerie, renforce la mutualisation des moyens entre ces dernières.
18. Évolution des ressources humaines. - En quelques années, les forces de police ont vécu de nombreuses mutations qui ont
modifié leur pratique de la police judiciaire. D'un point de vue organisationnel, la police nationale a été bouleversée par une
réorganisation pyramidale des carrières suite au protocole d'accord sur la réforme des corps et carrières de la police nationale
en date du 17 juin 2004. Cette réforme a modifié la répartition des policiers dans leurs différents corps. Le statut actuel des
policiers nationaux est posé notamment par le décret n o 95-654 du 9 mai 1995 complété par des statuts propres à chaque
corps. Le fonctionnement des services est précisé dans le règlement général d'emploi de la police nationale (RGEPN) issu de
l'arrêté du 6 juin 2006. Leurs missions peuvent être précisées par le code de la sécurité intérieure. Les commissaires de police
se sont vus confier de nombreuses charges managériales tandis que la direction opérationnelle des enquêtes a échu aux
officiers de police (OCQUETEAU, Le commissaire de police en “manager de service”. Nouveaux rôles et repositionnements
identitaires aux débuts du xxie siècle, in BERLIERE, DENIS, KALIFA et MILLIOT [dir.], Métiers de police en Europe, préc. [ supra,
n o 17], p. 287). Le décret n o 2005-939 du 2 août 2005 portant statut particulier du corps de conception et de direction de la
police nationale, a recentré les commissaires de police vers les « missions d'élaboration et de mise en oeuvre des doctrines
d'emploi et de direction générale et opérationnelle des services ». Les commissaires doivent ainsi « participer à la conception
et à la réalisation des programmes et projets relatifs à la lutte contre la délinquance » et « développer [leur] compétence
managériale en vue d'une gestion par objectifs afin d'optimiser les résultats en fonction des moyens attribués ». En parallèle,
le corps des inspecteurs de police a disparu. Le décret n o 2005-716 du 29 juin 2005 portant statut particulier du corps de
commandement de la police nationale a orienté les officiers de police (lieutenants, capitaines et commandants) vers les
fonctions opérationnelles. En conséquence, le nombre des hauts fonctionnaires, commissaires et officiers de la police
nationale a diminué de 25 % entre 2005 et 2011, celui des commissaires de plus de 8 % (Cour des comptes, Police et
gendarmerie nationales : dépenses de rémunération et temps de travail, Rapport public thématique, mars 2013). À la base de
la pyramide, la réforme des corps et carrières a baissé le nombre de gardiens de la paix, développé l'encadrement par les
brigadiers, brigadiers chefs et majors qui constituent la majorité des effectifs policiers. Elle a surtout élargi l'acquisition de la
capacité d'officier de police judiciaire aux gardiens de la paix (L. n o 98-1035 du 18 nov. 1998 modifiant l'art. 16 C. pr. pén. ;
Décr. n o 2004-1439 du 23 déc. 2004). L'essentiel des enquêtes est ainsi désormais conduit par des gardiens de la paix OPJ,
parfois par des officiers. Auparavant, les investigations étaient réalisées par les inspecteurs. Est bel et bien révolu le temps
où elles étaient menées par les commissaires de police. Seule une minorité d'entre eux conserve au sein de services très
spécialisés (notamment les offices centraux), des fonctions opérationnelles de police judiciaire. Cette évolution a eu pour
conséquence un désinvestissement des fonctions de police judiciaire par la haute hiérarchie policière (ROUSSEL, GAUTRON et
POUGET, La coordination entre forces de police et justice dans le traitement des délits, préc. [ supra, n o 14]. - NADAL,
Refonder le ministère public, Rapport à Mme la garde des Sceaux, ministre de la Justice, nov. 2013, p. 87). De leur côté, les
gendarmes ont connu une réforme de leurs carrières dans le cadre d'un plan d'adaptation des grades aux responsabilités
exercées (PAGRE) mis en place en 2005 au sein du ministère de la Défense dans l'objectif de renforcer le corps des officiers. À
cette fin, des emplois de gendarmes ont été transformés en emplois de gradés et des emplois de sous-officiers en emplois
d'officiers. Désormais, la proportion des sous-officiers au sein de la gendarmerie équivaut à celle des gardiens de la paix, des
brigadiers et majors au sein de la police (75 % contre 70 % des personnels, Cour des comptes, Police et gendarmerie
nationales : dépenses de rémunération et temps de travail, rapport préc.). La Cour des comptes a résumé les remaniements
vécus par les forces de police et gendarmerie entre 2002 et 2011 : hausse puis baisse égale des effectifs, diminution des
budgets de fonctionnement (malgré certaines allocations de moyens), organisation problématique et coûteuse du temps de
travail, difficile gestion des personnels (Cour des comptes, L'organisation des forces de sécurité publique, Rapport public
thématique, juill. 2011). Policiers et gendarmes se trouvent en situation de concurrence alors que leurs statuts respectifs
diffèrent. Les premiers, civils, bénéficient d'une durée limitée du temps de travail avec récupération et peuvent faire entendre
leurs voix ou leur mécontentement par le biais de leur très forte représentation syndicale. Les seconds, militaires, n'en
disposent pas mais sont logés pour beaucoup en caserne (V. cependant, CEDH 2 oct. 2014, Matelly c/ France, req.
n o 10609/10 , concluant à la violation de l'article 11 de la Conv. EDH sur la liberté de réunion et d'association par
l'interdiction des syndicats dans la gendarmerie). Les autres fonctionnaires possédant des fonctions de police judiciaire sont
eux aussi touchés par les politiques de révision générale des politiques publiques puis de modernisation de l'action publique.
Ainsi, le nombre de douaniers est passé de 20 000 à 17 000 tandis que le nombre de marins a grandement diminué suite aux
différentes lois de programmations militaires (L. n o 2003-73 du 27 janv. 2003, JO 29 janv. ; L. n o 2009-928 du 29 juill. 2009, JO
31 juill. ; L. n o 2013-1168 du 18 déc. 2013, JO 19 déc.). À l'inverse, certaines municipalités, comme Marseille, se sont lancées
dans d'importants programmes de modernisation et d'augmentation des effectifs de leur police municipale (Cour des comptes,
L'organisation des forces de sécurité publique, rapport préc., p. 107). Toutes ces évolutions modèlent la pratique de la police
judiciaire et s'ajoutent aux évolutions procédurales.
19. Censure de la garde à vue. - Il s'avère difficile d'évoquer la police judiciaire sans évoquer brièvement la garde à vue tant
cette mesure est emblématique de son action et constitue parfois le coeur des enquêtes (V. Garde à v ue). Toute évolution
du régime de la garde à vue modifie le travail de police. La réforme de la garde à vue est d'abord intervenue rapidement à la
suite de la spectaculaire décision rendue par le Conseil constitutionnel le 30 juillet 2010 (Cons. const., 30 juill. 2010, n o 2010-
14/22 QPC, JO 21 juill.). Saisi d'une des premières questions prioritaires de constitutionnalité (Constitution de 1958, art. 61-1,
et Ord. n o 58-1067 du 7 nov. 1958, art. 23-1 introduit par la L. n o 2009-1523 du 10 déc. 2009, JO 11 déc.), le Conseil
commence par rappeler que les évolutions procédurales récentes et l'augmentation notable du nombre de gardes à vue ont
modifié l'équilibre de la procédure et renforcé l'importance de la phase d'enquête. Ainsi qu'il le relève : « même dans les
procédures portant sur des faits complexes ou particulièrement graves, une personne est désormais le plus souvent jugée
sur la base des seuls éléments de preuve rassemblés avant l'expiration de sa garde à vue, en particulier sur des aveux
qu'elle a pu faire pendant celle-ci ; la garde à vue est ainsi souvent devenue la phase principale de constitution du dossier de
la procédure en vue du jugement de la personne mise en cause » (cons. 16). Ce rappel lui permet de considérer qu'il existe un
changement de circonstances de droit et de fait qui le met en mesure de se prononcer sur la conformité à la Constitution du
régime de droit commun de la garde à vue. S'il ne remet pas en cause le principe même de la garde à vue, il en censure le
régime pour absence d'assistance effective d'un avocat et de notification du droit de garder le silence. Cependant, le Conseil
ne censure pas le régime dérogatoire qui retarde l'intervention de l'avocat en matière de criminalité organisée et de
terrorisme (C. pr. pén., art. 706-88). Deux mois plus tard, le Conseil censure pour les mêmes motifs le régime de la retenue
douanière de l'article 323, 3 o du code des douanes (Cons. const., 22 sept. 2010, n o 2010-32 QPC). Parallèlement, la Cour
européenne des droits de l'Homme (CEDH) a rappelé l'exigence d'un droit à l'assistance effective d'un avocat face à
l'interrogatoire d'un suspect par la police (CEDH 9 avr. 1984, Goddi c/ Italie, req. n o 8966/80, série A, n o 76, § 27. - CEDH
27 nov. 2008, req. n o 36391/02, Salduz c/ Turquie). Depuis 2008, la Cour est devenue plus stricte dans son appréciation des
restrictions apportées aux droits de la défense face à la police judiciaire. Elle a été jusqu'à énoncer qu'il est « en principe
porté une atteinte irrémédiable aux droits de la défense lorsque des déclarations incriminantes faites lors d'un interrogatoire
de police subi sans assistance possible d'un avocat sont utilisées pour fonder une condamnation » (§ 55). Et elle estime
désormais que l'équité d'une procédure pénale requiert d'une manière générale que le suspect jouisse de la possibilité de se
faire assister par un avocat dès le moment de son placement en garde à vue (CEDH 11 oct. 2009, Dayanan c/ Turquie, req.
n o 7377/03). Cette position de la Cour de Strasbourg a entraîné la condamnation de la France en ce que le suspect,
notamment, n'était pas informé du droit de se taire (CEDH 14 oct. 2010, Brusco c/ France, req. n o 1466/07 ). Après avoir
hésité, la Cour de cassation a estimé elle aussi que les suspects devaient immédiatement bénéficier de l'assistance d'un
avocat afin que le droit à un procès équitable soit effectif et concret (Cass., ass. plén., 15 avr. 2011, n os 10-17.049 , 10-
30.242 , 10-30.313 et 10-30.316 , RSC 2011. 410, obs. Giudicelli. - Crim. 31 mai 2011, n o 10-88.809 , n o 10-
88.293 et n o 11-81.412 et Crim. 12 mai 2010, n o 10-80.034 , RSC 2011. 412, obs. Giudicelli ).
2 0 . Réforme permanente. - La loi n o 2011-392 du 14 avril 2011 relative à la garde à vue (JO 15 avr.) est ainsi venue
profondément remanier le régime de la garde à vue et de la retenue douanière. Ce texte introduit ainsi une définition de la
mesure de garde à vue et modifie les motifs de placement (C. pr. pén., art. 62-2) : « La garde à vue est une mesure de
contrainte décidée par un officier de police judiciaire, sous le contrôle de l'autorité judiciaire, par laquelle une personne à
l'encontre de laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis ou tenté de commettre un
crime ou un délit puni d'une peine d'emprisonnement est maintenue à la disposition des enquêteurs ». La personne placée en
garde à vue est informée de son droit de se taire (C. pr. pén., art. 63-1, 3 o). Le régime de l'examen médical se voit précisé et
celui des fouilles soumis à proportionnalité de manière à garantir le respect de la dignité (C. pr. pén., art. 63-3, 63-6, 63-7). La
personne placée en garde à vue dispose surtout du droit à l'assistance d'un avocat. Ce dernier peut communiquer avec elle
lors d'un entretien confidentiel. Il peut surtout consulter les procès-verbaux de notification et d'audition mais sans en
demander ou en faire une copie. Le défenseur peut aussi assister aux auditions ou confrontations et poser des questions à
l'issue de celles-ci. Dans ces cas exceptionnels définis par la loi, cette présence peut être reportée sur décision motivée du
procureur de la République pour une durée maximale de douze heures. Cette durée peut être portée à vingt-quatre. En
parallèle, est créé un régime distinct d'audition libre des suspects par les enquêteurs en dehors de la garde à vue (C. pr. pén.,
art. 62 al. 2 et 78, al. 2). Les garanties de celle-ci ne s'appliquent pas toute. Le Conseil constitutionnel exigea simplement que
la personne soit « informée de la nature et de la date de l'infraction qu'on la soupçonne d'avoir commise et de son droit de
quitter à tout moment les locaux de police et de gendarmerie » (Cons. const. 18 nov. 2011, n os 2011-191/194/195/196/197
QPC, cons. 20, AJ pénal 2012. 102 . obs. Perrier. - Cons. const. 18 janv. 2012, n o 2012-257 QPC. - Cons. const. 18 juin
2012, n o 2012-257-QPC). Les décisions d'inconstitutionnalité et d'inconventionnalité ont entraîné une réforme des cadres
d'action de la police judiciaire et des douanes. Si l'évolution du seul régime de la garde à vue ne va pas bouleverser la
structure même et l'organisation de la police judiciaire, elle va en revanche modifier sa manière de rechercher les preuves des
infractions et d'identifier les auteurs. Surtout, elle conduit la police judiciaire à mieux connaître les autres acteurs de la
procédure que sont les avocats, et composer avec leur intervention (SAAS, Défendre en garde à vue : une révolution… de
papier ?, AJ pénal 2010. 27 ). Pour autant, si la loi du 14 avril 2011 a marqué une avancée et a été validée par les
différentes décisions rendues sur QPC par le Conseil, elle n'a pas fait cesser les critiques tenant à l'absence de communication
de l'entier dossier à l'avocat, à l'interdiction d'intervenir durant les auditions, au vide relatif aux demandes d'acte d'enquête
par la défense et à l'audition libre. La Cour de cassation a d'ailleurs considéré que l'absence d'accès au dossier n'était pas
contraire au droit à un procès équitable (Crim. 6 nov. 2013, n o 12-87.130 ) tandis que la Cour de Strasbourg a elle, estimé
que certaines informations du dossier devaient pouvoir être communiquées « de manière appropriée » (CEDH 26 nov. 2013,
Emilian-George Igna c/ Roumanie, req. n o 21249/05). Toutefois, l'étape suivante a été franchie sous l'impulsion du droit de
l'Union européenne par le biais des directives n o 2012/13/UE du Parlement européen et du Conseil du 22 mai 2012 relative au
droit à l'information dans le cadre des procédures pénales et n o 2013/48/UE du 22 octobre 2013 relative au droit d'accès à un
avocat dans le cadre des procédures pénales. Ces directives ont été transposées en droit français par la loi n o 2014-535 du
27 mai 2014 (JO 28 mai). Ce texte précise les informations dont doit bénéficier la personne suspectée qu'elle soit placée en
audition libre (suspect libre), garde à vue ou retenue douanière : qualification, date et lieu présumés de l'infraction qu'elle est
soupçonnée d'avoir commise ou tenté de commettre ; droit de quitter à tout moment les locaux où elle est entendue (sauf en
garde à vue) ; droit d'être assistée par un interprète ; droit de faire des déclarations, de répondre aux questions qui lui sont
posées ou de se taire ; droit d'être assistée par un avocat ; possibilité de bénéficier de conseils juridiques dans une structure
d'accès au droit (C. pr. pén., art. 61-1 et 63-1). La loi organise l'accès direct à certains documents déjà consultables par
l'avocat comme les procès-verbaux d'audition. Un formulaire récapitulant l'ensemble de ses droits doit de même être remis à
toute personne faisant l'objet d'une mesure de contrainte : C. pr. pén., art. 803-6). Elle peut conserver ce formulaire pendant
la mesure ce qui n'est pas sans poser des problèmes de sécurité pour celles qui serait tentées de l'avaler. En revanche,
l'accès au dossier est décalé après la phase d'enquête, lorsque le suspect fait l'objet d'une convocation par l'officier de police
judiciaire ou d'une citation directe, c'est-à-dire lorsque la procédure entre dans sa phase juridictionnelle, et sort de sa phase
policière. Le suspect ou son avocat disposent alors d'un accès au dossier avec possibilité de s'en faire délivrer copie (C. pr.
pén., art. 388-4). La défense peut alors faire toute demande écrite d'actes avant l'audience. S'il estime que ces actes
demandés sont justifiés et qu'il est possible de les exécuter avant la date de l'audience, le président du tribunal peut, après
avis du parquet, en ordonner l'accomplissement selon les règles de l'enquête préliminaire (C. pr. pén., art. 388-5). Le statut
de suspect tend à s'organiser, qu'il soit libre ou non. Plus que la contrainte, la suspicion policière est devenue le critère
d'attribution de droits pendant l'enquête. Mais la mise en mouvement de l'action publique reste le critère d'accès au dossier et
aux demandes d'actes afin de ne pas entraver les investigations. En tout cas, ces réformes transforment la logique du travail
de police judiciaire des enquêteurs qui ne doivent plus compter sur la seule garde à vue pour obtenir des preuves tandis que
la défense est plus présente et mieux éclairée sur l'enquête. L'organisation même de ce travail évolue car les réformes
accroissent la charge de travail des enquêteurs. Ils doivent ainsi réaliser les informations relatives aux droits du gardé à vue,
organiser les entretiens avec l'avocat, attendre sa venue parfois, organiser l'examen par un médecin, appeler les proches,
contacter la victime, informer le magistrat compétent, réaliser les auditions, écrire les procès-verbaux. Enquête et garde à vue
mobilisent plusieurs fonctionnaires ou militaires de différents statuts ou grades et dont les rôles sont distincts. Dans les
services de sécurité publique, l'agent interpellateur (souvent APJ) peut très bien ne pas être le même que celui qui placera en
garde à vue (OPJ) et lequel ne sera pas forcément celui qui prendra attache avec un magistrat. Néanmoins, à terme, le
législateur ne fera pas l'économie d'une réforme touchant l'ensemble de l'enquête et donc le cadre de la police judiciaire. Le
travail de police judiciaire est donc amené à évoluer, de même que la place - aussi puissante, mais peut-être moins
prégnante - de la police judiciaire dans la procédure pénale.
2 1 . Débats autour de l'enquête de police judiciaire. - La puissance de l'enquête de police sans renforcement équivalent des
droits de la défense n'est pas sans faire débat. La recherche de preuves se réalisant essentiellement durant la phase la
moins contradictoire de la procédure, le risque est celui de l'émergence d'une « procédure néo-inquisitoire » aux mains des
policiers (GIUDICELLI-DELAGE, Conclusions, in Les transformations de l'administration de la preuve pénale, Arch. pol. crim.
n o 26, 2004. 174). Aussi, au-delà de la seule question de la garde à vue au sein de laquelle les droits de la défense
progressent, l'enquête de police judiciaire se voit placée au centre des réflexions sur la procédure pénale. Inspiré du rapport
du comité Léger remis en 2009 (Rapport du Comité de réflexion sur la justice pénale, remis le 1 er septembre 2009 à Monsieur
le président de la République et à Monsieur le Premier ministre), l'avant-projet de code de procédure pénale annoncé en 2010
reprenait la suppression du juge d'instruction en confiant l'entière direction de la phase d'enquête au procureur de la
République, unifiait le cadre de l'enquête de police et changeait certaines règles de dévolution de la qualité d'officier ou
d'agent de police judiciaire (VLAMYNCK, Première approche policière et pratique du projet de code de procédure pénale, AJ
pénal 2010. 174 ). Mais cette réforme a été ajournée sine die. La réflexion autour de l'enquête perdure néanmoins. La
commission présidée par le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Louis NADAL, a ainsi proposé de « renforcer
l'autorité fonctionnelle du ministère public sur la police judiciaire » et « repenser le traitement des enquêtes ». Le rapport
remis par le procureur général BEAUME va dans le même sens. Il considère qu'il incombe au ministère public de diriger la police
judiciaire et de garantir la conduite impartiale de l'enquête à charge et à décharge (BEAUME, Rapport sur la procédure pénale,
juill. 2014). Estimant que son intervention est de nature judiciaire et non « para-policière », il propose de recentrer son rôle
vers le contrôle de la légalité, de la proportionnalité, de la nécessité et de la qualité de l'enquête, laquelle doit s'effectuer à
charge et à décharge (V. infra, n o 386). En outre, le rapport est défavorable à une communication totale du dossier à la
défense pendant l'enquête, mais propose d'y introduire de manière progressive le contradictoire. Entre temps l'article R. 434-
11 du code de la sécurité intérieure a imposé aux policiers et gendarmes d'accomplir leur mission « en toute impartialité ».
Enfin, la loi n o 2014-896 du 15 août 2014 relative à l'individualisation des peines et tendant à renforcer l'efficacité des
sanctions pénales est venue élargir les prérogatives de la police. Tout d'abord, elle permet aux OPJ de procéder, sur
autorisation du parquet, à des transactions pénales pour un certain nombre d'infractions (C. pr. pén., art. 41-1-1). Le pouvoir
de sanction de la police et son intégration dans la réponse pénale sont ainsi renforcés. Ensuite, la loi précise les prérogatives
policières durant la phase de l'exécution des peines en lui donnant des pouvoirs de surveillance, retenue ou visite domiciliaire
des personnes condamnées pour vérifier qu'elles respectent leurs obligations pénales et ne détiennent pas d'armes (C. pr.
pén., art. 709-1-1 à 709-1-3).
22. Statut du parquet. - L'évolution de l'encadrement de la police judiciaire subira aussi les conséquences des éventuelles
évolutions du statut du ministère public (V. Ministère public). En effet, l'action des enquêteurs étant placée sous la direction
des magistrats, le statut de ces derniers possède quelques influences sur les actes que les premiers peuvent réaliser. Alors
que le procureur de la République est en charge de la direction de la police judiciaire et intervient pendant l'enquête pour
contrôler la garde à vue (C. pr. pén., art. 12 ; V. infra, n o 386) et que le procureur général est en charge de la surveillance de
la police judiciaire (C. pr. pén., art. 13 ; V. infra, n o 420), le statut du parquet est remis en cause sur le fondement du droit à
la sûreté et à l'intervention d'une autorité judiciaire posé par l'article 5, paragraphe 3, de la Conv. EDH (ROUBLOT, La
jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme sur le rôle de l'autorité judiciaire dans les investigations
po liciè re s , in LEBLOIS-HAPPE [dir.], Les investigations policières. Die polizeilichen ermittlunggen, 2012, PU Aix-Marseille,
p. 107). Dans plusieurs arrêts retentissants, la Cour de Strasbourg a considéré que le parquet français n'apportait pas
suffisamment de garanties d'impartialité et d'indépendance (CEDH 10 juill. 2008, req. n o 3394/03 , RSC 2009. 176, obs.
Marguénaud . - CEDH, gde ch., 29 mars 2010, req n o 3394/03, Medvedyev c/ France. - CEDH, gde ch., 23 nov. 2010, req.
n o 37104/06 , Moulin c/ France, D. 2010. 2776, obs. Lavric . - CEDH, gde ch., 27 juin 2013, req. n o 62736/09 , Vassis c/
France, D. 2013. 1687, obs. Bachelet ; AJ pénal 2013. 549, obs. Roussel ; RSC 2013. 656, note Roets. - RENUCCI,
L'affaire Medvedyev devant la grande chambre : les « dits » et les « non-dits » d'un arrêt important, D. 2010. Chron. 1386
). La chambre criminelle de la Cour de cassation, dans un arrêt du 15 décembre 2010 (n o 10-83.674 , D. 2011. 15 ), s'est
rangée à cette position en énonçant qu'il ne présentait pas « les garanties d'indépendance et d'impartialité requises par ce
texte » (V. aussi Crim. 18 janv. 2011, n o 10-84.980 ). Elle a ensuite considéré que le parquet ne présentait pas, au
contraire du juge, de garanties suffisantes pour contrôler l'ingérence dans la vie privée réalisée par la technique de
géolocalisation (Crim. 22 oct. 2013, n o 13-81.945 et n o 13-81.949 . - ASCENSI, L'inconventionnalité de la géolocalisation
dans le procès pénal : à propos de deux arrêts de la Cour de cassation, AJ pénal 2013. 668 ). À l'inverse, le Conseil
constitutionnel énonçait que « l'autorité judiciaire comprend à la fois les magistrats du siège et du parquet » (Cons. const.
30 juill. 2010, n o 2010-14/22 QPC), même si implicitement dans une réserve formulée sur l'article 803-3 du code de procédure
pénale, il laisse entendre que la liberté individuelle est mieux garantie par le siège (Cons. const. 17 déc. 2010, n o 2010-80
QPC). Le procureur ne peut d'ailleurs consigner les déclarations du suspect qu'il recueille (Cons. const. 6 mai 2011, n o 2011-
125 QPC ). Pour amoindrir les critiques visant le parquet, la loi du 25 juillet 2013 a précisé au sein de l'article 31 du code de
procédure pénale, que le parquet exerçait l'action publique « dans le respect du principe d'impartialité auquel il est tenu » (L.
n o 2013-669 du 25 juill. 2013, JO 26 juill.). Mais cette loi n'apporte pas de garantie pour protéger cette impartialité plus
déontologique que statutaire. Le statut du parquet reste donc en discussion et l'une des grandes questions à venir sera de
savoir si le contrôle de certains actes de la police judiciaire, notamment tous ceux pris lors de la garde à vue, ne devra pas,
dans le futur, être contrôlé par le juge du siège. Le code de procédure pénale confie déjà au juge des libertés et de la
détention les prolongations de garde à vue au-delà de quarante-huit heures (C. pr. pén., art. 706-88, al. 2) ainsi que les
autorisations de report de la présence de l'avocat au-delà de la douzième heure (C. pr. pén., art. 63-4-2) ou de son
intervention au-delà de la vingt-quatrième heure (C. pr. pén. art. 706-88, al. 7 ; V. Juge des libertés et de la détention). Afin
de garantir l'indépendance du ministère public, la commission Nadal propose notamment d'inscrire dans la Constitution le
principe de l'unité du corps judiciaire ; de confier au Conseil supérieur de la magistrature le pouvoir de proposer la nomination
des procureurs de la République, des procureurs généraux et des membres du parquet général de la Cour de cassation et de
soumettre la nomination des autres magistrats du parquet à l'avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature (NADAL,
Refonder le ministère public, Rapport à Mme la garde des Sceaux, ministre de la Justice, op. cit., propositions 1 à 6). De
surcroît, la commission Delmas-Goyon propose de reconnaître au juge des libertés et de la détention, une fonction de juge de
l'enquête compétent pour prononcer des mesures coercitives ou être saisi par le parquet pour délivrer les autorisations
nécessaires à la poursuite des investigations (DELMAS-GOYON, « Le juge du 21 e siècle ». Un citoyen acteur, une équipe de
justice, Rapport à Mme la garde des Sceaux, ministre de la Justice, déc. 2013, p. 55 proposition n o 11). Le rapport Beaume
quant à lui reprend les préconisations du rapport Nadal quant au statut du parquet. S'agissant du JLD considéré comme un
« second niveau » de protection des droits fondamentaux, et non comme le juge de l'enquête, le rapport préconise une
organisation collégiale autant que possible. Satisfait du partage des tâches actuel entre parquet et JLD, le rapport propose
tout de même l'instauration d'une autorisation obligatoire pour continuer une enquête, délivrée par le juge des libertés et de
la détention six mois après une investigation qui a relevé de sa compétence. En revanche, le rapport considère impraticable et
source de paralysie la généralisation des recours contre les décisions prises pour conduire l'enquête.
23. Sources. - L'encadrement juridique de la police judiciaire est essentiellement contenu dans le code de procédure pénale
tant dans sa partie législative (C. pr. pén., art. 12 à 29-1, art. 809 à 811 pour les territoires d'outre-mer) que dans sa partie
réglementaire (C. pr. pén., art. R. 2 à R. 15-33-29-4 et art. D. 2 à D. 15-1-5). Comme d'autres fonctionnaires ou militaires sont
investis de certaines fonctions de police judiciaire (C. pr. pén., art. 28), leur action de police judiciaire pour la constatation
d'infractions particulières va être spécifiquement régie par d'autres textes. Or le législateur, souvent par la voie
d'ordonnances, a choisi de créer ou refondre un certain nombre de codes dont quelques dispositions vont définir les pouvoirs
de police judiciaire de différents agents. Le législateur a introduit un nouveau code forestier et un code des transports,
remanié les dispositions pénales du code de l'environnement, réformé le droit pénal maritime, modifié le code de la défense, le
code de la route, le code de la consommation (V. les ordonnances n o 2010-1307 du 28 oct. 2010, JO 3 nov., relative à la partie
législative du code des transports ; n o 2012-34 du 11 janv. 2012, JO 12 nov., portant simplification, réforme et harmonisation
des dispositions de police administrative et de police judiciaire du code de l'environnement ; n o 2012-1218 du 2 nov. 2012, JO
3 nov., portant réforme pénale en matière maritime, qui ont relativement augmenté le nombre et les pouvoirs des
fonctionnaires, militaires et agents titulaires de prérogatives de police judiciaire). Il a surtout créé un code de la sécurité
intérieure par ordonnance du 12 mars 2012 (JO 13 mars). Ce code a notamment pour objet de réunir les différents textes
organisant les forces et les règles applicables à la sécurité sur le territoire national (BELLOIR, La naissance du code de la
sécurité intérieure, AJ pénal 2012. 186 ). Le code aborde ainsi les principes généraux et organisation de la sécurité
intérieure, ordre et sécurité publics, les polices administratives et spéciales, le statut de la police nationale et de la
gendarmerie nationale, les services de polices municipales, les activités privées de sécurité, la sécurité civile. Certaines lois
sont abrogées et leurs dispositions codifiées telles que la loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des
départements et des régions ; la loi du 12 juillet 1983 réglementant les activités privées de sécurité ; la loi du 10 juillet 1991
relative au secret des correspondances émises par la voie des communications électroniques ; la loi du 21 janvier 1995
d'orientation et de programmation relative à la sécurité ; la loi du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure. Des dispositions
glissent aussi du code de la défense ou du code général des collectivités territoriales vers le code de la sécurité intérieure
(MBONGO et LATOUR, Sécurité, libertés et légistique, autour du Code de la sécurité intérieure, 2012, L'Harmattan). La partie
réglementaire de ce code a été introduite par le décret n o 2013-112 du 4 décembre 2013 (JO 6 déc. - V. LATOUR, La partie
réglementaire du Code de la sécurité intérieure : entre codification et innovations. - À propos des décrets du 4 décembre 2013
relatifs à la partie réglementaire du Code de la sécurité intérieure, JCP Adm. 2014, n o 11-12. 2076). Les sources des pouvoirs
de police judiciaire se trouvent ainsi éclatées en de très nombreux textes. Il en va notamment ainsi en matière de circulation
routière (C. route, art. R. 130-1 s.), de police des chemins de fer (L. du 15 juill. 1845, art. 23), de répression des fraudes
(C. consom., art. L. 215-1 s.), de sécurité alimentaire (C. consom., art. L. 218-2), d'impôts (LPF, art. L. 16 B), de contributions
indirectes (LPF, art. L. 26), de chasse (C. envir., art. L. 428-19 et L. 428-27), de pêche en eau douce (C. envir., art. L. 437-1 ;
C. rur., art. R. 237-1), de pêches maritimes (L. n o 83-582 du 5 juill. 1983, art. 6), de pollution maritime (C. envir., L. 218-53 et
L. 218-66), de communication audiovisuelle (L. n o 86-1067 du 30 sept. 1986, art. 78), d'activités sportives (C. sport,
art. L. 111-3), de lutte contre le dopage (CSP, art. L. 3632-1), de piraterie maritime, trafic de stupéfiants en haute mer,
immigration illicite par mer (L. n o 94-589 du 15 juill. 1994, art. 2, 3, 4, 14, 16, 20, 21, 23), de lutte contre le blanchiment
(C. mon. fin., art. L. 562-2 ; CGI, art. L. 10 B), de circulation des véhicules dans les espaces naturels (L. n o 91-2 du 3 janv.
1991, art. 8), d'emploi de la langue française (L. n o 94-665 du 4 août 1994, art. 16), d'action de l'État en mer (C. défense,
art. L. 1521-2 et L. 1521-11), d'explosifs (C. défense, art. L. 2353-1), d'armes chimiques (C. défense, art. L. 2342-56),
d'infractions à la législation du travail (C. trav., art. L. 8113-1, L. 8123-4 à L. 8123-6, L. 8271-7 à L. 8271-11 et R. 8111-2), de
propriété intellectuelle (CPI, art. L. 331-1, L. 335-1 et L. 521-1), d'animaux (C. rur., art. L. 214-10 et L. 215-3-1),
d'aménagement foncier (C. rur., art. L. 121-22 et R. 121-31), de protection de la faune et de la flore (C. envir., art. L. 415-1),
de parcs nationaux (C. envir., art. L. 331-18), de réserves naturelles (C. envir., art. L. 332-20), d'infractions forestières (C. for.,
art. L. 371-3 et R. 122-15), de police des eaux (L. n o 92-3 du 3 janv. 1992, art. 19), de protection de l'eau (C. envir.,
art. L. 216-3), de protection de l'air (C. envir., art. L. 226-1), de lutte contre le bruit (C. envir., art. L. 571-18), de produits
antiparasitaires (L. n o 92-533 du 17 juin 1992, art. 6), de police des spectacles (Ord. n o 45-2339 du 13 oct. 1945, art. 11), de
fonds marins (L. n o 81-1135 du 23 déc. 1981, art. 15), de régulation de l'électricité (L. n o 2000-108 du 10 févr. 2000, art. 43),
de construction (C. urb., art. L. 480-1), d'élimination des déchets (C. envir., art. L. 541-44), de police des épaves maritimes (L.
n o 61-1262 du 24 nov. 1961, art. 2, désormais, C. transp., art. L. 5243-7), de prévention de la pollution marine (L. n o 83-581
du 5 juill. 1983, désormais C. transp., art. L. 5243-1), d'organismes génétiquement modifiés (C. envir., art. L. 536-1), de
protection de l'air (C. envir., art. L. 226-2), de conservation du domaine public routier (C. voirie rout., art. L. 116-2),
d'inspection des produits de santé (CSP, art. L. 5412-1), d'inspection médicale et pharmaceutique (CSP, art. L. 5411-1 et
L. 1421-1), d'hospitalisation privée (CSP, art. L. 2322-1), de transport ferroviaire, (C. transp., art. L. 2241-1), d'activités
ferroviaires (C. transp., art. L. 2135-1), voies ferrées des ports fluviaux (C. transp., art. L. 4321-3), d'assurance maritime
(C. transp., art. L. 5123-7), de transport maritime (C. transp., art. L. 5142-7, L. 5222-1), de transport de marchandises
dangereuses (C. transp., art. L. 1252-2), d'interopérabilité et sécurité des transports (C. transp., art. L. 2211-2), de transport
routier de marchandises (C. transp., art. L. 3241-1), de réglementation du travail en matière de transport routier (C. transp.,
art. L. 3315-1).
24. Exclusion de l'étude. - Cette étude n'a pas pour objet d'aborder l'action de la police judiciaire, de détailler les prérogatives
qui lui permettent d'accomplir sa fonction. Sauf exception, la compétence matérielle de la police judiciaire ne sera pas abordée,
car il s'agit ici de présenter ce qu'est la police judiciaire, comment celle-ci s'organise, de quoi elle se compose. Il ne s'agit pas
de réaliser une étude du droit de l'enquête de police judiciaire. Dans un souci de clarté et de synthèse, ne seront pas
développés les différents régimes d'enquête ainsi que les pouvoirs dont disposent les enquêteurs pour rechercher les auteurs
et les preuves des infractions, lesquels font l'objet d'études plus approfondies (V. notamment Arrestation, Contrôle et
v érification d'identité, Coopération policière internationale, Consom m ation, Cy bercrim inalité, Douane, Enquête
prélim inaire, Enquête de flagrance, Fouilles corporelles, Garde à v ue, Inform atique et liberté, Instruction préparatoire,
Nav igation m aritim e, Perquisition - Saisie - Visite dom iciliaire et Procès- v erbal).
25. Division. - La police judiciaire renvoie ainsi à une notion juridique qui a servi ensuite à dénommer un métier, policier, et,
par extension, des services de police. C'est pourquoi seront étudiés d'abord l'organisation (V. infra, n os 26 s.) puis le
fonctionnement (V. infra, n os 334 s.) de la police judiciaire.
1° - Historique
31. Pluralité des polices locales. - Après la Révolution et alors que la gendarmerie s'était déjà constituée comme une police
étatique intervenant en campagne, la police des villes a longtemps relevé des seules communes. La police était donc
essentiellement locale et décentralisée. Les agents étaient recrutés localement. Le commissaire de police, chef de la police
locale, était payé par le maire. Selon la loi du 28 pluviôse an VIII (17 févr. 1800), il devait y avoir un commissaire dans les
villes de cinq à dix mille habitants. Les villes de dix à cent mille habitants comprenaient un commissaire et un commissaire
supplémentaire par tranche de dix mille habitants. Les villes de plus de cent mille habitants comptaient en plus un
commissaire général de police, ayant autorité sur les commissaires de police, mais subordonné au préfet et devant exécuter
les ordres du ministre chargé de la police. Plus tard, des commissaires cantonaux furent créés (Décr. du 28 mars 1852) puis
des commissaires départementaux (Décr. des 5 mars-16 avr. 1853). Seule la Sûreté générale existait au niveau national. En
théorie, cette direction du ministère de l'Intérieur avait autorité sur les polices locales. Mais en réalité ces dernières veillaient
à leur autonomie. Seule la police spéciale des chemins de fer créée par décret du 22 février 1855 se voyait ainsi dirigée par la
Sûreté. Néanmoins, celle-ci était chargée du recrutement, de la nomination et de l'avancement des commissaires. Le décret
des 28 mars et 12 avril 1852 conféra même au préfet le pouvoir de nomination des commissaires pour les villes de moins de
six mille habitants. Les commissaires étaient ainsi pris entre trois autorités : l'une locale, le maire, l'autre nationale, le
ministère, et la dernière judiciaire, le procureur général en matière de police judiciaire. Par la suite, la loi du 5 avril 1884
chargea le maire de la police municipale. Il nommait les policiers municipaux (brigadier, inspecteurs), sauf le commissaire de
police et, dans les villes de plus de quarante mille habitants, après agrément du préfet (BERLIÈRE, Les pouvoirs de police :
attribut du pouvoir municipal ou de l'État ?, 2009, Criminocorpus, revue Hypermédia).
32. Exception parisienne. - Deux villes échappaient à ce régime du fait de leur taille : Paris et Lyon. Chacune possédait une
police, certes municipale mais étatisée, car sous la dépendance du préfet. Paris, surtout, faisait l'objet d'une attention
particulière puisque la ville accueillait le siège de tous les pouvoirs et possédait une certaine propension au soulèvement. De
manière à contrôler les mouvements populaires, la loi du 28 pluviôse an VIII (17 févr. 1800) vint créer la préfecture de police
de Paris indépendamment de la Sûreté. Le préfet de police disposait de prérogatives de police municipale habituellement
confiées au maire (par exemple en matière de circulation ou de voirie). Il était responsable du maintien de l'ordre dans la
capitale. Il avait autorité sur les commissaires de police et disposait d'un corps de sergents de ville crée en 1829 qui
deviendra, en 1848, celui des gardiens de la paix. En outre, le préfet possédait certains pouvoirs de police judiciaire (C. instr.
crim., art. 9). La police parisienne s'est ainsi construite de manière indépendante. L'organisation actuelle de la police nationale
garde les traces de cette spécificité.
33. Étatisation progressive. - La police civile était donc de nature essentiellement municipale même si l'État veillait à contrôler
de plus en plus la nomination des agents. L'étatisation de la police a ainsi constitué un processus lent mais qui entrait dans la
logique de contrôle étatique de l'action policière. Dès lors, la loi des 19 et 24 juin 1851 institua à Lyon la première police
d'État. Le préfet du département récupéra certaines fonctions de préfet de police tandis que les maires des communes
concernées demeuraient chargés des missions classiques de police municipale (salubrité, éclairage, etc.). Cette organisation
se dissémina vers d'autres villes : Marseille (L. du 8 mars 1908), Toulon, La Seyne (L. du 14 nov. 1918), Nice (L. du 26 juin
1920), Strasbourg, Mulhouse, Metz (Décr. du 17 mars 1925), etc.
34. Création des services à compétence nationale. - Au niveau de l'État, sont progressivement créés des services d'enquête à
compétence nationale. D'abord, la fonction de contre-espionnage est attribuée au ministère de l'Intérieur par le décret du
28 août 1899. Ce texte crée au sein de la Sûreté générale le poste de contrôleur général chargé de la surveillance du
territoire. En 1911, la fonction se transforme en contrôle général des services de recherches judiciaires qui devient en 1934
contrôle général de la surveillance du territoire (Décr. du 13 juin 1934), ancêtre de la direction de la surveillance du territoire
(Ord. du 16 nov. 1944). Par ailleurs, en 1907, George CLEMENCEAU, alors ministre de l'Intérieur va d'abord nommer un
commissaire de police en charge du contrôle des services de recherches dans les départements. Puis, par décret du
30 décembre 1907, il va créer au sein de la Sûreté générale douze brigades dirigées par un commissaire et chargées
d'assister l'autorité judiciaire dans la recherche et la répression des infractions d'une particulière gravité. C'est l'acte
fondateur de la « Police judiciaire » (DECOCQ, MONTREUIL et BUISSON, op. cit. [supra, n o 3], n o 42). Les brigades du Tigre
(surnom de CLÉMENCEAU) vont ensuite passer à dix-neuf. En revanche, leur activité sera beaucoup moins spectaculaire que
leur légende l'a rapportée (LOPEZ, Les archives contre la statistique officielle ? Retour sur les Brigades du Tigre, Dijon 1908-
1914, Genèses, 2008, n o 71. 106). Des offices centraux seront en outre créés pour la répression du faux-monnayage (Arr. du
11 sept. 1929) et pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (Décr. du 21 nov. 1933).
35. Vichy. - Le Régime de Vichy va asseoir l'étatisation de la police. Une loi du 23 avril 1941 crée la police nationale et un
décret du 1 er juin 1941 organise la direction générale de la police nationale. La loi de 1941 étatise l'ensemble des polices des
communes de plus de dix mille habitants. Les pouvoirs des maires passent en grande partie aux préfets. Le texte crée les
services de police techniques et scientifiques, une École nationale de police (devenue établissement public national à
caractère administratif par Décr. n o 88-379 du 20 avr. 1998, JO 21 avr., qui la rebaptise École nationale supérieure de police).
Sont aussi créées par décret du 23 avril 1941 des unités chargées du maintien de l'ordre qui deviendront à la Libération les
compagnies républicaines de sécurité (Ord. du 8 déc. 1944, Décr. du 20 déc. 1944). Il faut préciser que l'organisation de la
préfecture de police de Paris reste alors inchangée, car non concernée par la loi de 1941 (BERLIÈRE, La loi du 23 avril 1941
portant organisation générale des services de police en France, 2008, Criminocorpus, revue Hypermédia).
3 6 . Époque contemporaine. - Après la Seconde Guerre mondiale, la loi du 26 mars 1946 décline l'étatisation aux niveaux
régional et départemental. Des directions départementales de police sont notamment créées. Le recrutement et la formation
sont unifiés, sauf à Paris. Ensuite, la loi n o 66-492 du 9 juillet 1966 rappelle le rattachement de la police nationale au ministère
de l'Intérieur « sous réserve des dispositions du code de procédure pénale relatives à l'exercice de la police judiciaire »
(art. 1 er). Le décret n o 69-888 du 29 septembre 1969 supprime la Sûreté générale et place l'ensemble de la police nationale
sous l'autorité unique d'un directeur général de la police nationale, lui-même subordonné directement au ministre de
l'Intérieur. Enfin, la loi n o 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité (JO 24 janv.)
abrogea la loi du 23 avril 1941 puisque l'étatisation de la police était acquise. Elle réaffirma le principe suivant lequel le régime
de police d'État peut être établi en fonction des besoins en matière de sécurité des villes d'une certaine taille (art. 8 modifiant
l'art. L. 132-6 du code des communes devenu CGCT, art. L. 2214-1 et R. 2214-2). Ainsi, les communes insérées dans un
ensemble urbain peuvent être soumises au régime de la police d'État lorsque d'une part, la population est supérieure à vingt
mille habitants et d'autre part, la délinquance présente les caractéristiques des zones urbaines (CGCT, art. R. 2214-2, sans
que l'on sache véritablement comment il faut comprendre ces caractéristiques). Les chefs-lieux de départements sont quant à
eux obligatoirement soumis au régime de police d'État (CGCT, art. R. 2214-1). De plus, l'annexe I de la loi de 1995 confirma la
police nationale et la gendarmerie nationale comme moyens principaux de l'État pour assurer la sécurité et organiser leur
activité autour de trois axes : la police judiciaire, la sécurité et la paix publique, le renseignement et l'information. La loi
n o 2002-1094 du 29 août 2002 d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (JO 30 août) vient accentuer le
rôle central de la police et de la gendarmerie dans l'exercice étatique de la mission de sécurité intérieure et entend renforcer
le rôle des offices centraux de police judiciaire (en son annexe I). La police nationale s'est ainsi construite comme la principale
force de police chargée de la sécurité intérieure du territoire français. Si son organisation globale demeure stable, ses services
connaissent néanmoins certaines évolutions quant à leur organisation, leurs compétences et leurs moyens. De grandes
directions fusionnent tandis que la lutte contre la délinquance engendre certaines modifications des pratiques, même si la
proximité avec les citoyens semble difficile à réaliser (JOURNÈS, La police française en proie à la réforme, RSC 2008. 963 ).
En outre le gouvernement entend unifier le commandement et la direction de la police sous la responsabilité du préfet dans
les plus grandes villes. Il a ainsi mis en place le 14 septembre 2009 le dispositif de police d'agglomération regroupant la police
de Paris et des départements de la petite couronne. Pour ce faire, l'article 34 de la loi n o 82-213 du 2 mars 1982 a été modifié.
D'abord, la loi n o 2010-201 du 2 mars 2010 sur les bandes violentes (JO 3 mars, art. 4) a élargi la compétence du préfet de
police de Paris aux départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne (pour la mise en oeuvre,
V. Décr. n o 2010-639 du 10 juin 2010, JO 11 juin pour Paris). Ensuite, la LOPPSI 2 (art. 88) a renforcé les pouvoirs du préfet en
matière de coordination de l'ensemble des forces de sécurité intérieure. La police d'agglomération est dirigée par le seul
préfet de police et comprend trois directions de la police judiciaire, de sécurité et de proximité, de l'ordre public et de la
circulation. Selon l'annexe de la LOPPSI 2, ce dispositif est étendu aux agglomérations de Lille, Lyon et Marseille. Il a pour
conséquence un renforcement du rôle du préfet, une unification des polices urbaines et un recul de la gendarmerie dans
certains territoires concernés par le dispositif et passant en zone police. Ainsi dans la banlieue lyonnaise, le décret n o 2011-
719 du 23 juin 2011 (JO 25 juin) a instauré le régime de la police d'État dans les communes de Chassieu, Ecully et Rillieux-la-
Pape attenantes à celle de Lyon. Le code de la sécurité intérieure a repris les grands principes issus de cette évolution
législative en confortant l'autorité du ministre de l'Intérieur sur la police nationale tout en précisant que cette autorité s'exerce
« sous réserve des dispositions du code de procédure pénale relatives à l'exercice de la police judiciaire » afin de prendre la
direction et le contrôle de cette dernière par l'autorité judiciaire (CSI, art. L. 411-1). Le décret du 4 décembre 2013 insérant la
partie réglementaire du code de la sécurité intérieure est allé encore plus loin en posant le principe que les communes à police
étatisée relèvent du monopole de la police nationale. En effet, selon l'article R. 431-2 dudit code : « Dans les communes
placées sous le régime de police d'État, la police nationale assure seule la responsabilité de l'exécution des missions de
sécurité et de paix publiques ». En dehors de ces zones, le ministère de l'Intérieur est libre de placer les ports, aéroports,
routes et gares sous la responsabilité de la police nationale (CSI, art. R. 431-3 à R. 431-5).
d. - Adjoints de sécurité
41. Contractuels. - Afin de participer au développement de l'emploi des jeunes de moins de trente ans et renforcer les effectifs
de la police nationale, la loi du 21 janvier 1995, en son article 36, a créé un corps d'adjoints de sécurité (CSI, art. L. 411-5).
Ces adjoints assistent les fonctionnaires de la police nationale dans leurs activités. Ils sont équipés et sont soumis aux règles
hiérarchiques policières. Leurs missions, notamment celles de police judiciaire, figurent à l'article R. 411-4 du code de la
sécurité intérieure. Les adjoints de sécurité disposent ainsi de la capacité d'agents de police judiciaire adjoints (C. pr. pén.,
art. 21, 1 ter). Ils peuvent être dotés d'une arme dans le cadre de leurs missions mais seulement pendant leur temps de
service et en étant porteurs de l'uniforme (CSI, art. R. 411-7). Ils sont recrutés par contrat de droit public de trois ans
renouvelables une fois par reconduction expresse, cinq ans non renouvelables avant la LOPPSI 2 (art. 112). Les adjoints
peuvent aussi être recrutés dans le cadre d'un contrat d'accompagnement dans l'emploi dont la durée initiale de vingt-quatre
mois peut être prolongée d'un an renouvelable dans la limite de six ans (CSI, art. L. 411-6). Les modalités de recrutement,
formation et emploi des adjoints de sécurité figurent aux articles R. 411-5 à R. 411-12 du code de la sécurité intérieure
(V. aussi Arr. du 24 août 2000, JO 26 août).
a. - Services nationaux
45. État-major et sous-direction des ressources. - La DCPJ comprend un état-major chargé de la centralisation et de la diffusion
de l'information opérationnelle. En outre, une sous-direction des ressources, de l'évaluation et de la stratégie est chargée de
l'élaboration de la doctrine et de la stratégie. Elle coordonne les travaux juridiques, techniques, prospectifs menés au sein de
la direction centrale et assure la coordination de la veille technologique. La mission de liaison avec la gendarmerie nationale
est rattachée à cette sous-direction.
46. Division des relations internationales. - Au niveau national, la DCPJ comprend une division des relations internationales.
Cette division entretient des relations avec les services de police judiciaire étrangers partenaires de la direction centrale. Elle
administre le bureau français de l'Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) et l'unité nationale de l'Office
européen de police (EUROPOL), le bureau de gestion nationale du système d'information Schengen, l'unité de coopération
policière créée par la Convention d'application de l'accord de Schengen du 19 juin 1990 (C. pr. pén., art. D. 8-2).
4 7 . Service central des courses et jeux. - La DCPJ comprend de même un service central des courses et jeux, auparavant
rattaché à la direction des renseignements généraux jusqu'à sa suppression (V. infra, n o 66). Ce service est chargé de la
surveillance des établissements de jeux, des champs de courses, des paris hippiques et sportifs et des jeux liés aux nouvelles
technologies et de la répression des infractions à la réglementation sur les jeux.
48. Sous-direction de la police technique et scientifique. - L'une des nombreuses sous-directions de la DCPJ est la sous-direction
de la police technique et scientifique, implantée sur le site d'Écully, dans le Rhône. Cette sous-direction spécialisée est
chargée de la gestion du fonds de documentation criminelle. Surtout, elle réalise les examens, recherches et analyses d'ordre
scientifique et technique à la demande des autorités judiciaires et des services de la police et de la gendarmerie nationales
dans le cadre de leurs missions. C'est notamment cette sous-direction qui gère certains fichiers de police comme le fichier
automatisé des empreintes digitales (FAED) ou encore le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG ;
C. pr. pén., art. R. 53-9). Pour ce faire, a été créé l'Institut national de police scientifique (L. du 15 nov. 2001, art. 58 ; Décr.
n o 2004-1211 du 9 nov. 2004, JO 17 nov.), établissement public administratif qui réunit le service central des laboratoires, les
différents laboratoires de police scientifique de Lille, Lyon, Marseille, Paris, Toulouse, le laboratoire de toxicologie de la
préfecture de police de Paris (CSI, art. L. 413-1 s. ; R. 413-27 s.). Les personnels de cette sous-direction participent de la
mission de police judiciaire en procédant aux opérations techniques et scientifiques sur les scènes d'infraction et lieux
intéressant les enquêtes mais aussi en réalisant toutes les analyses demandées par les enquêteurs (RGEPN, art. 233-6). Les
services de police technique et scientifique procèdent aux opérations éponymes lorsque les officiers de police judiciaire font
appel à eux ou sur désignation d'un magistrat. Selon l'article D. 7 du code de procédure pénale, les premiers intervenants sur
les lieux de l'infraction peuvent avoir recours aux services de police technique et scientifique auxquels ils font habituellement
appel. Si des examens ne peuvent être différés, les officiers de police judiciaire sollicitent les personnes qualifiées
appartenant aux organismes spécialisés de la police nationale (sur cette saisine, V. infra, n o 399. Par ailleurs, les services
départementaux de sécurité publique et les services régionaux de police judiciaire possèdent des services de police technique
et scientifique appelés service local de police technique (SLPT) pour les premiers et service régional d'identité judiciaire (SRIJ)
pour les seconds (VLAMYNCK, op. cit. [supra, n o 3], n o 78).
49. Sous-direction antiterroriste. - La sous-direction antiterroriste (SDAT) est chargée de la prévention et de la répression du
terrorisme national et international. Elle comprend une division nationale pour la répression du terrorisme international, une
division nationale pour la répression du terrorisme séparatiste, une brigade d'investigations financières et une division de la
logistique opérationnelle. Elle remplace l'ancienne division nationale antiterroriste (DNAT). Les membres de cette unité voient
leur anonymat préservé (arr. 7 avr. 2011, JO 16 avr.). Le fait d'en révéler l'identité est puni d'une amende de 15 000 euros
(L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies mod. par L. 3 août 2009, art. 21).
50. Sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière. - La sous-direction de la lutte contre la
criminalité organisée et la délinquance financière constitue le coeur de la DCPJ. Elle a pour mission de prévenir et réprimer la
criminalité organisée et la délinquance spécialisée (Arr. du 27 août 2010, supra, n o 44). Elle comprend un état-major qui se
voit notamment chargé de la coordination des différents groupes d'intervention régionaux (V. infra, n o 115) et un service
interministériel d'assistance technique. La sous-direction est aussi constituée d'un service d'information, de renseignement et
d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (SIRASCO), dirigé par un commissaire secondé par un officier de
gendarmerie, ce service est un service de renseignement criminel chargé notamment de l'identification et du suivi des
organisations criminelles. Il rend un rapport annuel sur la criminalité organisée en France. Ensuite, cette sous-direction
comprend plusieurs brigades spécialisées : la brigade nationale d'enquêtes économiques (BNEE) et la brigade nationale de
lutte contre la criminalité organisée corse « chargée de traiter toutes les infractions liées à la criminalité organisée corse ».
51. Offices centraux au sein de la sous-direction de lutte contre le crime organisé. - Surtout, la sous-direction regroupe et doit
coordonner les différents offices centraux de police judiciaire à compétence nationale prévus à l'article D. 8-1 du code de
procédure pénale. Il s'agit de : l'office central pour la répression du faux-monnayage (OCRFM) ; l'office central pour la
répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) ; l'office central pour la répression de la traite des êtres humains
(OCRETH ; sur ces missions V. SOURISSEAU, La poursuite des réseaux de prostitution, AJ pénal 2012. 201 ) ; l'office central
de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) ; l'office central pour la répression de la grande délinquance financière
(OCRGDF) auquel est rattachée la plate-forme d'identification des avoirs criminels (SOUVIRA, MATHYS et DEFOIS, La plate-
forme d'identification des avoirs criminels [PIAC], outil à disposition des enquêteurs et des magistrats, AJ pénal 2012. 134
) ; l'office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), qui remplace l'ancien office central de répression du banditisme
(OCRB), l'ancien office central chargé des personnes recherchées ou en fuite (OCPRF) et l'ancien office central du trafic des
armes, des munitions, des produits explosifs et des matières nucléaires, biologiques et chimiques (OCTRAEMS) ; l'office central
pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) ; l'office central de lutte contre les crimes contre l'humanité, les
génocides et les crimes de guerre (créé par le Décr. n o 2013-987 du 5 nov. 2013, JO 7 nov.) ; l'office central de lutte contre la
corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF, créé par le Décr. n o 2013-960 du 25 oct. 2013, JO 27 oct.). Les
offices centraux comprennent parfois des brigades : brigade centrale pour la répression des contrefaçons industrielles et
artistiques au sein de l'OCRFM ; brigade nationale de recherche des fugitifs, brigade de recherche et d'intervention criminelle
nationale (BRIC) au sein de l'OCLCO lequel dispose en outre de brigades de recherches et d'intervention territoriales (BRI) ;
brigade de recherches et d'investigations financières nationale (BRIF), brigade centrale pour la répression des fraudes
communautaires ainsi que de la plate-forme d'identification des avoirs criminels au sein de l'OCRGDF ; brigade nationale de
répression de la délinquance fiscale (BNRDF) et brigade nationale de lutte contre la corruption et la criminalité financière au
sein de OCLCIFF. La brigade nationale de répression de la délinquance fiscale (BNRDF) a été créée par le décret n o 2010-1318
du 4 novembre 2010 (JO 5 nov.) et accueille notamment les agents habilités des services fiscaux en plus des officiers de police
judiciaire. L'OCRTIS dispose aussi d'antennes territoriales (V. infra, n o 57). Les différents offices centraux sont habilités à
procéder à l'installation des dispositifs techniques de sonorisation ou de captation d'images dans les conditions posées par
les articles 706-96 et 706-99 du code de procédure pénale (C. pr. pén., art. D. 15-1-5) ou encore de captation de données
informatiques posées par l'article 706-102-6 (C. pr. pén., art. D. 15-1-6, introduit par Décr. n o 2011-1431 du 3 nov. 2011, JO
5 nov.). Les membres de la BRIF et de la BRIC voient leur anonymat préservé (Arr. 7 avr. 2011, JO 16 avr.). Le fait d'en révéler
l'identité est puni d'une amende de 15 000 euros (L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies mod. par L. 3 août 2009, art. 21). La création
d'un office central est souvent la conséquence d'une évolution législative créant une juridiction ou une autorité judiciaire
spécialisée afin de mettre à disposition des magistrats un service d'enquête spécifique. Ainsi, la création de la brigade
nationale de recherche des fugitifs (BNRF) puis son intégration au sein de l'OCLCO (Décr. n o 2003-1225 du 18 déc. 2003, JO
23 déc. abrogé par Décr. n o 2006-518 du 6 mai 2006, JO 7 mai ; Cirr. 2 nov. 2011) fait suite à l'affaire Colonna et la volonté de
rechercher les personnes les plus dangereuses en fuite. La circulaire du 2 novembre 2001 (NOR : JUSD1129776C) lui donne
pour mission de rechercher et arrêter « les personnes à l'encontre desquelles un mandat de justice est décerné, les
personnes qui font l'objet d'un ordre de recherche émanant de l'autorité judiciaire, les personnes condamnées à une peine
privative de liberté sans sursis, les personnes évadées d'établissements pénitentiaires ». La création de l'office central de
lutte contre les crimes contre l'humanité, les génocides et les crimes de guerre fait elle suite à celle d'un pôle judiciaire
spécialisé en matière de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre au sein du tribunal de grande instance de Paris
(C. pr. pén., art. 628-1 s. insérés par L. n o 2011-1862 du 13 déc. 2011, JO 14 déc., art. 22). De même, la création de l'office
central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales est la conséquence du renforcement de la lutte
contre la corruption et la création d'un procureur de la République financier par les lois n o 2013-1117 et n o 2013-1115 du
6 déc. 2013 (JO 7 déc.). La circulaire du 31 janvier 2014 qualifie même l'OCLCIFF d'« interlocuteur naturel » du procureur
financier (Circ. 31 janv. 2014 NOR : JUSD1402887C, B. O. 14 févr. 2014, JUSD1402887C). Cet office a donc regroupé deux
brigades. D'abord, la brigade nationale de lutte contre la corruption et la criminalité financière spécialisée dans la lutte contre
la corruption, les atteintes à la probité et les infractions financières (abus de biens sociaux notamment). Ensuite, la brigade
nationale de répression de la délinquance fiscale (BNRDF) spécialisée dans la fraude fiscale et son blanchiment (V. infra, n o
121). Cette dernière brigade a été créée par le décret n o 2010-1318 du 4 novembre 2010 (JO 5 nov.). Elle dépendait
auparavant de la division nationale des infractions financières et fiscales rattachée au directeur central de la PJ, cette division
avait la charge de réprimer les infractions relevant du droit pénal des affaires, les infractions fiscales et les infractions en lien
avec la vie politique jusqu'à son intégration dans l'OCLCIFF. La BNRDF accueille notamment les agents habilités des services
fiscaux en plus des officiers de police judiciaire et se voit saisie par les magistrats pour fraude fiscale à la suite d'une plainte
de la direction générale des finances publiques (DUFAU, Les enjeux de la création d'un nouvel office central au sein de la
direction centrale de la police judiciaire, AJ pénal 2013. 641 ).
52. Sous-direction de la lutte contre la cybercriminalité. - L'arrêté du 29 avril 2014 (JO 11 mai) a créé une sous-direction de la
lutte contre la cybercriminalité. Elle est chargée de la prévention et de la répression des formes spécialisées, organisées ou
transnationales de la cybercriminalité. L'arrêté lui a rattaché l'office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies
de l'information et de la communication (OCLCTIC). Cet office comprend une section internet avec la plate-forme téléphonique
nationale d'information et de prévention sur les escroqueries et de la plate-forme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement
et d'orientation des signalements (PHAROS) et la plate-forme téléphonique nationale d'information et de prévention sur les
escroqueries ; une section opérationnelle ; une section d'assistance technique, de recherche et de développement ; une
section de la formation et une section des relations internationales.
53. Unité de recherche, assistance, intervention et dissuasion. - L'unité de recherche, assistance, intervention et dissuasion,
plus connue sous le nom de RAID, a été créée par arrêté du 3 octobre 1985 (V. aussi. Décr. n o 2003-411 du 5 mai 2003, JO
7 mai, portant attribution d'un drapeau). Ces missions, son organisation et son fonctionnement sont désormais régis par
l'arrêté du 5 janvier 2011 (JO, 9 févr. V. aussi RGEPN, art. 4). Elle est placée sous l'autorité directe du directeur général de la
police nationale et ne peut être employée que sur son ordre. Le RAID peut être mis à la disposition des préfets et des
procureurs de la République qui en font la demande. Il est compétent sur l'ensemble du territoire national pour procéder à des
interventions sensibles et dangereuses au service des autres unités de la police nationale. Il constitue la force d'intervention
principale de la police pour les départements d'Île-de-France, sauf ceux relevant de la compétence de la préfecture de police
de Paris, et certains départements des régions Normandie, Centre, Bourgogne, Picardie et Champagne-Ardenne. Il concourt
ainsi à l'arrestation des auteurs présumés d'infractions considérés comme dangereux, notamment en matière de lutte
antiterroriste ou de grand banditisme. En revanche, le RAlD n'a pas compétence pour la suite judiciaire des faits sur lesquels il
est intervenu. Le RAID a intégré la force d'intervention de la police nationale (FIPN) avec les groupes d'intervention de la
police nationale et la brigade anticommando de la préfecture de police, créée le 1 er décembre 2009 et réorganisée par l'arrêté
du 5 janv. 2011 (préc.). Lorsque la FIPN est constituée, le RAID assure la coordination opérationnelle des unités sous la
direction des préfets de département ou du préfet de police (arr. 5 janv. 2011, art. 1 er). En outre, en matière de criminalité
organisée, le RAID est habilité à procéder à l'installation des dispositifs techniques de sonorisation ou de captation d'images
dans les conditions posées par les articles 706-96 et 706-99 du code de procédure pénale (C. pr. pén., art. D. 15-1-5), de
captation de données informatiques posées par l'article 706-102-6 (C. pr. pén., art. D. 15-1-6, introduit par Décr. n o 2011-
1431 du 3 nov. 2011, JO 5 nov.) et de géolocalisation (C. pr. pén., art. D. 15-1-7 créé par Décr. n o 2014-827 du 21 juill. 2014,
JO 23 juill.). Les membres de cette unité voient leur anonymat préservé (Arr. 7 avr. 2011, JO 16 avr.). Le fait d'en révéler
l'identité est puni d'une amende de 15 000 euros (L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies mod. par L. 3 août 2009, art. 21).
54. Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT). - L'unité de coordination de la lutte antiterroriste a été créée par
arrêté du 8 octobre 1984 (V. aussi RGEPN, art. 4). Elle est chargée de coordonner l'action antiterroriste des différentes
directions et offices centraux de la police et de la gendarmerie. Depuis 2006, la plupart des grands services de police judiciaire
se voient aussi chargés de la prévention et de la répression du terrorisme. L'arrêté du 31 mars 2006 pris pour l'application de
l'article 33 de la loi n o 2006-64 du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme et portant dispositions diverses
relatives à la sécurité et aux contrôles frontaliers (JO 11 avr., mod. par Arr. du 27 juin 2008, JO 1 er juill.) dresse la liste des
services de police et de gendarmerie chargés de la prévention et de la répression des actes de terrorisme. Les différents
services sont issus de l'UCLAT, de la DGSI, de la direction du renseignement de la préfecture de police, de la division nationale
antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire, des directions interrégionales et régionales de la police judiciaire,
des services de la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie nationale (bureau de la lutte antiterroriste ; service
technique de recherches judiciaires et de documentation ; sections de recherches) et des grands offices centraux. Les
membres de cette unité voient leur anonymat préservé (Arr. 7 avr. 2011, JO 16 avr.). Le fait d'en révéler l'identité est puni
d'une amende de 15 000 euros (L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies mod. par L. 3 août 2009, art. 21).
55. Diffusion d'informations et apport opérationnel. - Les différents services de la DCPJ doivent transmettre par tout moyen aux
autres services de police ou de gendarmerie « toutes indications utiles à l'identification ou à la recherche des malfaiteurs ». En
retour, ces services font remonter, notamment aux offices centraux, les informations dont ils disposent dans un but
d'exploitation, de centralisation, de coordination (C. pr. pén., art. D. 8). En cas de nécessité, le concours des OPJ de ces
services peut être demandé par le procureur de la République pour apporter une compétence technique spécifique aux
services locaux de police judiciaire, ou lorsque des investigations internationales sont nécessaires (C. pr. pén., art. D. 4).
b. - Services territoriaux
56. DIPJ et SRPJ. - Au niveau territorial, la DCPJ a autorité sur les différentes directions interrégionales de police judiciaire
(DIPJ), qui regroupent chacune plusieurs services régionaux de police judiciaire (SRPJ), eux-mêmes comprenant parfois des
antennes de police judiciaire. Les DIPJ exercent leurs fonctions dans le ressort d'une ou plusieurs zones de défense. La DCPJ
a aussi autorité sur les directions régionales de la police judiciaire ainsi que leurs services départementaux et antennes de
police judiciaire (C. pr. pén., art. R. 15-19 s. issus du Décr. n o 2003-390 du 24 avr. 2003, JO 26 avr., et du Décr. n o 2003-795
du 25 août 2003, JO 27 août). En outre, en matière de criminalité organisée, ces services sont habilités à procéder à
l'installation des dispositifs techniques de sonorisation ou de captation d'images dans les conditions posées par les articles
706-96 et 706-99 du code de procédure pénale (C. pr. pén., art. D. 15-1-5), de captation de données informatiques posées
par l'article 706-102-6 (C. pr. pén., art. D. 15-1-6, introduit par Décr. n o 2011-1431 du 3 nov. 2011, JO 5 nov.) et de
géolocalisation (C. pr. pén., art. D. 15-1-7 créé par Décr. n o 2014-827 du 21 juill. 2014, JO 23 juill.). Certains SRPJ possèdent
des brigades régionales d'enquête et de coordination (BREC) et constituent les services de rattachement de certains GIR
(RGEPN, art. 231-2 ; V. infra, n o 115).
57. Antennes d'offices centraux. - Par ailleurs, certains directeurs interrégionaux et régionaux disposent d'antennes d'offices
centraux qui sont placées pour emploi auprès d'eux (RGEPN, art. 231-2). Celles de l'office central de lutte contre le crime
organisé sont dénommées brigades de recherches et d'intervention (BRI). Elles sont chargées de la recherche, de
l'identification, de la surveillance et de l'interpellation des auteurs et complices de crimes et délits relevant du crime organisé.
Ces nouvelles BRI remplacent les anciennes antennes et BRI de feu l'office central de répression du banditisme. Elles sont
implantées à Nice, Marseille, Ajaccio, Toulouse, Montpellier, Nantes, Orléans, Lille, Bayonne, Lyon, Strasbourg, Rouen,
Versailles (Arr. du 27 août 2010, supra, n o 44). Les membres de ces unités voient leur anonymat préservé (arr. 7 avr. 2011,
JO 16 avr.). Le fait d'en révéler l'identité est puni d'une amende de 15 000 euros (L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies mod. par
L. 3 août 2009, art. 21). Les directeurs interrégionaux et régionaux disposent aussi d'antennes de l'OCRTIS placées pour
emploi auprès d'eux à Lille, Marseille, Fort-de-France, Bordeaux avec détachements à Bayonne, Saint-Martin et Pointe-à-Pitre
(Arr. du 27 août 2010, préc., mod. par Arr. 15 avr. 2013, JO 23 avr.).
5 9 . Compétence départementale. - Les services de la DCSP sont compétents à l'intérieur des circonscriptions de sécurité
publique, lesquelles couvrent un département ainsi qu'une partie d'un ou de plusieurs départements limitrophes. Les services
de sécurisation des transports en commun de voyageurs sont eux interdépartementaux (C. pr. pén., art. R. 15-19). Les
services de police judiciaire de la DCSP sont nommés « sûretés départementales ». Ils possèdent une compétence
départementale (C. pr. pén., art. R. 15-20, 1 o). D'autres unités agissant en civil sont spécialisées dans la recherche et la
constatation des infractions flagrantes, comme les brigades anticriminalité (BAC) locales ou départementales, (V. RGEPN,
art. 252-8 sur les différentes unités). D'autres encore comme la brigade de protection des familles (BPF) sont spécialisées
dans la répression des infractions notamment sexuelles commises sur des mineurs. Les brigades spécialisées de terrain
sécurisent les quartiers. Les groupes d'appui judiciaire (GAJ) sont en charge des recueils de plaintes et le suivi des enquêtes
peu spécialisées. Les services départementaux de sécurité publique sont dirigés par un directeur départemental de la sécurité
publique (DDSP) qui est nommé par arrêté du ministre de l'Intérieur parmi les fonctionnaires du corps de conception et de
direction de la police nationale. Le DDSP est le conseiller du préfet en matière de paix publique, de sécurité et d'information
générale (CSI, art. R. 431-8). Il pourvoit à l'exécution des opérations de police judiciaire conduites par les services relevant de
son autorité sous la direction de l'autorité judiciaire. Il est chargé de la centralisation et de la synthèse des renseignements
fournis par les services départementaux d'information générale à destination du préfet de zone de défense et du
gouvernement (Décr. n o 2008-633 du 27 juin 2008, JO 1 er juill., art. 2 et 4 mod. par Décr. n o 2011-1406 du 28 oct. 2011, JO
30 oct. ; RGEPN, art. 252-1 s.). Le décret n o 2012-869 du 9 juillet 2012 (JO 12 juill. ; C. pr. pén., art. R. 15-20 mod. par Décr.
n o 2012-869 du 9 juill. 2012, JO 12 juill.) a rajouté les directions départementales de la sécurité publique à la liste des
services possédant une compétence départementale de police judiciaire (C. pr. pén., art. 15-20, 1 o) afin de permettre
l'habilitation des officiers de police judiciaire exerçant leurs fonctions dans un service rattaché directement à une direction
départementale de sécurité publique (par exemple, brigades anti-criminalité de district ou départementales, brigades de la
famille, brigades administratives, judiciaires, disciplinaires et de contrôle) et non pas dans les sûretés départementales et les
circonscriptions de sécurité publique. Ce décret a en revanche enlevé de la liste des services les compagnies de sécurisation
car elles étaient peu saisies par les magistrats. Certains services de sécurité publique disposent de groupes d'intervention
(GIPN pour groupes d'intervention de la police nationale) créés par circulaire du directeur général de la police nationale prise
sur la proposition du directeur central de la sécurité publique. Les GIPN sont au nombre de dix (Bordeaux, Lyon, Rennes,
Marseille, Lille, Nice, Strasbourg, Nouméa, Saint-Denis de la Réunion, Pointe-à-Pitre). Ils sont placés pour emploi à la
disposition du directeur départemental de la sécurité publique du lieu de leur implantation. Mais ils possèdent une
compétence géographique élargie à plusieurs départements. Les GIPN ont intégré la force d'intervention de la police nationale
(FIPN), créée le 1 er décembre 2009 (Arr. 5 janv. 2011, préc., art. 1 er et 8, 9). Ces groupes sont habilités à procéder à
l'installation des dispositifs techniques de sonorisation ou de captation d'images dans les conditions posées par les
articles 706-96 et 706-99 du code de procédure pénale (C. pr. pén., art. D. 15-1-5), de captation de données informatiques
posées par l'article 706-102-6 (C. pr. pén., art. D. 15-1-6, introduit par Décr. n o 2011-1431 du 3 nov. 2011, JO 5 nov.) et de
géolocalisation (C. pr. pén., art. D. 15-1-7 créé par Décr. n o 2014-827 du 21 juill. 2014, JO 23 juill.). Les membres de ces unités
voient leur anonymat préservé (Arr. 7 avr. 2011, JO 16 avr.). Le fait d'en révéler l'identité est puni d'une amende de
15 000 euros (L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies mod. par L. 3 août 2009, art. 21).
60. Coopération avec les services de police judiciaire. - Le responsable du service en charge de la sécurité publique doit être
averti par les officiers de police judiciaire de la police ou de la gendarmerie lorsqu'ils procèdent à des actes d'enquête
susceptibles d'entraîner un trouble à l'ordre public après avis et dans la limite des instructions données par le procureur de la
République ou le juge d'instruction. Il est aussi averti du résultat des interventions de police judiciaire lorsque celui-ci peut
avoir des conséquences sur l'ordre public (C. pr. pén., art. D. 6). Le directeur départemental de la sécurité publique devra ainsi
être informé d'une interpellation de suspect ou d'une perquisition effectuée dans un quartier sensible.
62. Police judiciaire parisienne. - La préfecture de police de Paris possède surtout une direction régionale de la police judiciaire
dont le siège est sis au 36, quai des Orfèvres, attenant au Palais de justice de Paris (RGEPN, art. 2121-8 et 2124-1). Cette
direction comprend des services relativement connus. Tout d'abord, la sous-direction des sept brigades centrales : la célèbre
brigade criminelle (« La Crim' »), qui comprend d'ailleurs une section antiterroriste, la brigade des stupéfiants (les « Stups »),
la brigade de répression du proxénétisme (« La Mondaine »), la brigade de protection des mineurs, la brigade de répression
du banditisme, la brigade d'exécution des décisions de justice, la brigade de recherche et d'intervention (BRI, « L'antigang »)
laquelle comprend une brigade anti-commando (BAC) appartenant à la FIPN (Arr. 5 janv. 2011, préc. [ supra, n o 59], art. 1 er et
10, 11, 12). La BRI constitue la force d'intervention de la police et appartient à la FIPN. Les membres de la BAC et de la section
antiterroriste de la brigade criminelle voient leur anonymat préservé (Arr. 7 avr. 2011, JO 16 avr.). Le fait d'en révéler l'identité
est puni d'une amende de 15 000 euros (L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies mod. par L. 3 août 2009, art. 21). La brigade
d'exécution des décisions de justice est la plus récente et a pour objet de veiller à l'effectivité de l'exécution des décisions de
condamnation. Ensuite, la direction de la police judiciaire se compose d'une sous-direction des affaires économiques et
financières. Elle aussi regroupe plusieurs brigades : brigade financière ; brigade de répression de la délinquance astucieuse ;
brigade des fraudes aux moyens de paiement ; brigade de répression de la délinquance économique ; brigade de répression
de la délinquance contre la personne ; brigade d'enquête sur les fraudes aux technologies de l'information ; brigade de
recherches et d'investigations financières. De plus, la direction dispose d'une sous-direction du soutien à l'investigation
regroupant les services transversaux (gestion du personnel et des moyens) et le service régional de l'identité judiciaire. Tous
ces services sont compétents sur le territoire de la commune de Paris mais aussi dans les départements des Hauts-de-Seine,
du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis. Enfin, la DPJ est composée d'une sous-direction des services territoriaux qui
regroupe trois districts de police judiciaire à Paris, et trois services départementaux de police judiciaire de la petite couronne :
1 er DPJ (couvrant 1 er, 2 e, 3 e, 4 e, 8 e, 9 e, 16 e, 17 e arrondissements) ; 2 e DPJ (10 e, 11 e, 12 e, 18 e, 19 e, 20 e arrondissements) ;
3 e DPJ (5 e, 6 e, 7 e, 13 e, 14 e, 15 e arrondissements) ; SDPJ des Hauts-de-Seine ; SDPJ de Seine-Saint-Denis ; SDPJ du Val-de-
Marne. Plusieurs groupes d'intervention régionaux sont aussi installés auprès de cette direction (V. infra, n o 115). En matière
de criminalité organisée, ces services sont habilités à procéder à l'installation des dispositifs techniques de sonorisation ou de
captation d'images dans les conditions posées par les articles 706-96 et 706-99 du code de procédure pénale (C. pr. pén.,
art. D. 15-1-5), de captation de données informatiques posées par l'article 706-102-6 (C. pr. pén., art. D. 15-1-6, introduit par
Décr. n o 2011-1431 du 3 nov. 2011, JO 5 nov.) et de géolocalisation (C. pr. pén., art. D. 15-1-7 créé par Décr. n o 2014-827 du
21 juill. 2014, JO 23 juill.).
6 4 . Services territoriaux. - La DCPAF comprend aussi des directions zonales exerçant leur compétence sur les zones de
défense. Ces directions possèdent des unités spécialisées : brigades des chemins de fer, brigades mobiles de recherches,
brigades de police aéronautique et unités d'éloignement (C. pr. pén., art. 15-19, 2 o, a). La DCPAF comprend aussi deux
directions aéroportuaires : une pour les aérodromes Charles-de-Gaulle et Le Bourget ; une pour l'aérodrome d'Orly. Les
services de la PAF ont alors compétence sur l'emprise de ces aérodromes (C. pr. pén., art. 15-19, 2 o, a). Existe en outre une
unité nationale d'escorte, de soutien et d'intervention (UNESI). Cette unité est un service à compétence nationale, chargé de
réaliser les escortes internationales des étrangers en situation irrégulière ne pouvant se maintenir sur le territoire. Elle
assiste l'OCRIEST et la brigade des chemins de fer de la DCPAF et renforce les services territoriaux dans le cadre de missions
d'intervention nécessitant un appui particulier (Arr. du 27 juin 2006, art. 3). Enfin, la DCPAF comprend, au niveau
départemental, des directions départementales, des brigades des chemins de fer, des brigades mobiles et de recherches et
des unités d'éloignement (C. pr. pén., art. R. 15-20).
65. Diffusion d'information et apport opérationnel. - Les différents services de la DCPAF doivent transmettre, par tout moyen,
aux autres services de police ou de gendarmerie « toutes indications utiles à l'identification ou à la recherche des
malfaiteurs ». En retour, ces services font remonter, notamment aux offices centraux, les informations dont ils disposent dans
un but d'exploitation, de centralisation et de coordination (C. pr. pén., art. D. 8). En cas de nécessité, le concours des OPJ de
ces services peut être demandé par le procureur de la République pour apporter une compétence technique spécifique aux
services locaux de police judiciaire ou lorsque des investigations internationales sont nécessaires (art. D. 4).
1° - Historique
72. Origine médiévale. - Le terme gendarme provient de l'appellation médiévale « gens d'arme », qui désignait les hommes en
armes de la cavalerie lourde au sein de l'armée royale. La gendarmerie trouve ainsi des origines au Moyen Âge dans la
création, en 1191, d'un corps de sergents d'armes pour assurer la protection du roi Philippe II. Ce corps est placé en 1337
sous l'autorité du connétable de France et prend le nom de « connétablie ». L'ordonnance du 20 janvier 1514 confère à ce
corps la compétence de prévôts à la police au sein des garnisons de soldats. Par l'édit de Paris de 1536, François Ier lui confie
des missions civiles de répression des délinquants en milieu rural, échappant à la justice pénale cantonnée dans les villes. Le
roi lui attribue ainsi une fonction de police judiciaire le long des grandes routes du Royaume. Le connétable de France étant
remplacé en 1626 par les maréchaux, la connétablie devient maréchaussée. Ses membres prennent le nom de « prévôts des
maréchaux » et s'organisent en brigade de cinq hommes avec l'édit du 9 mars 1720 et l'ordonnance du 16 mars 1720.
L'ordonnance du 19 avril 1760 lui confère notamment pour objet de « rechercher et poursuivre les malfaiteurs ».
73. Appellation révolutionnaire. - La maréchaussée prend la dénomination de gendarmerie avec la loi du 16 février 1791 avant
que la loi du 28 germinal an VI (17 avr. 1798, abrogée par l'ord. 20 déc. 2004 portant partie législative du code de la défense)
ne l'organise plus avant. Son article 1 er en fixe bien la mission de police étatique puisqu'il dispose que : « Le corps de la
gendarmerie nationale est une force instituée pour assurer dans l'intérieur de la République le maintien de l'ordre et
l'exécution des lois ». Ses missions de police administrative, notamment par la surveillance générale, et de police judiciaire
sont consacrées. Un décret du 1 er mars 1854 vient ensuite la placer sous l'autorité du ministre de la Guerre, conformant ainsi
son statut militaire (DIEU, La gendarmerie, secret d'un corps, 2002, Complexe. - LIZUREY, Gendarmerie nationale, les soldats
de la loi, 2006, PUF - ALARY, L'histoire de la gendarmerie, de la Renaissance au troisième millénaire, 2000, Calmann-Lévy).
74. Décret du 20 mars 1903. - Mais c'est surtout le décret du 20 mars 1903 (JO 19 juill.) qui va organiser la gendarmerie sous
sa forme actuelle. Ce décret est le texte fondateur de la gendarmerie moderne. Il porte sur les devoirs de la gendarmerie,
notamment dans l'exécution du service, ses rapports avec les autorités locales, civiles, administratives et judiciaires (art. 51
et 66). Son titre III est consacré à la police judiciaire. Après l'adoption du code de procédure pénale en 1958, ce titre a été
modifié par le décret n o 58-761 du 22 août 1958, dont l'article 113 fait de la police judiciaire une « mission essentielle » de la
gendarmerie. Le décret de 1903 détaille ainsi les capacités des gendarmes officiers ou agents de police judiciaire, leurs
pouvoirs d'enquête, les formes à respecter, l'usage des armes - plus large que celui accordé à la police nationale (art. 174).
L'école des officiers est créée en 1918. L'année 1920 est marquée par la création de la direction générale de la gendarmerie,
autour de laquelle l'organisation de l'arme va s'articuler (Décr. du 21 oct. 1920). Puis, une loi du 22 juillet 1920 met en place la
gendarmerie mobile, dont la mission principale est le maintien de l'ordre. Les décrets n o 91-673 du 14 juillet 1991 (JO 19 juill.)
et n o 2005-274 du 24 mars 2005 (JO 26 mars) réaffirment son appartenance aux forces armées (art. 1 er). Une appartenance à
laquelle les gendarmes eux-mêmes semblent très attachés, même s'ils remplissent des missions essentiellement civiles (DIEU,
Sociologie de la gendarmerie, 2008, L'Harmattan).
75. Code de la défense, loi du 3 août 2009, code de la sécurité intérieure. - Le décret du 20 mai 1903 a été abrogé par la loi
n o 2009-971 du 3 août 2009 relative à la gendarmerie nationale (JO 6 août, art. 25). Désormais, la gendarmerie est régie par
les dispositions du code de la défense, du code de la sécurité intérieure et du code de procédure pénale. L'article L. 3211-3 du
code de la défense précise la nature de ses missions civiles et militaires. Il énonce ainsi : « La gendarmerie nationale est une
force armée instituée pour veiller à l'exécution des lois. ». L'article L. 421-1 du code de la sécurité intérieure ajoute
notamment que « la police judiciaire constitue l'une de ses missions essentielles » et qu'elle « est destinée à assurer la
sécurité publique et l'ordre public, particulièrement dans les zones rurales et périurbaines, ainsi que sur les voies de
communication ». En dehors des communes étatisées, la gendarmerie assure seule la responsabilité de l'exécution des
missions de sécurité et de paix publiques (CSI, art. R. 431-2). Elle conserve ainsi sa nature de police judiciaire de statut
militaire dont la zone de compétence se situe en dehors des villes. En outre, la gendarmerie a seule la charge de procéder
aux extractions de personnes détenues quand elles n'entraînent aucun déplacement des services de la police nationale en
dehors de leur circonscription (C. pr. pén., art. D. 315). La mission de police des campagnes pourrait un jour changer en
fonction des évolutions de la répartition des populations sur le territoire national. La population française vit en effet
majoritairement en zone urbaine tandis que les campagnes sont souvent devenues des zones périurbaines où les
compétences de la police et de la gendarmerie s'enchevêtrent (ALLONCLE, Le rôle de la gendarmerie dans les zones
périurbaines, Rapport d'information du Sénat, n o 62, 1998). En outre, la direction de la gendarmerie a réfléchi à la possibilité
de placer sous la seule responsabilité de la gendarmerie certains départements dépourvus de grand pôle urbain, où la police
n'est présente que dans une seule circonscription de sécurité publique (Cour des comptes, L'organisation des forces de
sécurité publique, préc. [supra, n o 18], p. 102). Néanmoins, si elle conserve son statut militaire, la gendarmerie se voit
rattachée au ministère de l'Intérieur puisque l'article L. 421-2 du code de la sécurité intérieure énonce que, « sans préjudice
des attributions de l'autorité judiciaire pour l'exercice de ses missions judiciaires, la gendarmerie nationale est placée sous
l'autorité du ministre de l'Intérieur, responsable de son organisation, de sa gestion, de sa mise en condition d'emploi et de
l'infrastructure militaire qui lui est nécessaire ». Il est vrai aussi que les missions exclusivement militaires ne constituent que
5 % de son activité essentiellement policière. Mais cela a suffi pour que le législateur souhaite préserver le caractère militaire
de l'institution et de ses personnels (GOHIN et LATOUR, La gendarmerie nationale, entre unité fonctionnelle et identité
organique, AJDA 2009. 2270 ). Si la fonction policière de la gendarmerie demeure inchangée, la loi de 2009 constitue un
tournant dans l'histoire de l'institution (V. infra, n o 127).
a. - Officiers de gendarmerie
7 7 . Encadrement supérieur. - La gendarmerie comprend d'abord des officiers (C. défense, art. L. 4145-1, 1 o). Le décret
n o 2008-946 du 12 septembre 2008 (JO 16 sept., mod. par Décr. n o 2009-1713 du 30 déc. 2009) est venu préciser les
fonctions actuelles des officiers de gendarmerie. Ce corps correspond, en termes de mission, à celui de conception et de
direction de la police nationale. En effet, les officiers de gendarmerie « constituent l'encadrement supérieur de la gendarmerie
nationale ». Ils assurent le commandement des formations et conçoivent le service. Ils participent aux missions de sécurité
ainsi qu'à la conception et à la mise en oeuvre des actions de prévention et de lutte contre l'insécurité. Ils servent tant au
sein du ministère de l'Intérieur que du ministère de la Défense. Ils ont une obligation d'occupation de logement en caserne ou
annexe par « nécessité absolue de service ». Ils peuvent être issus d'autres armes. Surtout, ils exercent les attributions de
police judiciaire que leur confie le code de procédure pénale. Leur échelle hiérarchique se décompose de manière classique
entre officiers subalternes : sous-lieutenant, lieutenant et capitaine ; officiers supérieurs (chef d'escadron, lieutenant-colonel
et colonel) ; officiers généraux (général de brigade et général de division). Les avancements se font à l'ancienneté et sur
nomination par commission. Les généraux de division peuvent prétendre à l'appellation de général de corps d'armée sur
décret du président de la République. Du fait de leurs conditions d'affectation, les officiers disposent d'une moindre
spécialisation en police judiciaire que les sous-officiers (MATELLY, op. cit. [supra, n o 39], p. 132). Aussi, ce sont surtout ces
derniers qui exercent les fonctions de police judiciaire.
b. - Sous-officiers de gendarmerie
78. Encadrement inférieur. - La gendarmerie comprend également des sous-officiers (C. défense, art. L. 4145-1, 1 o). Le décret
n o 2008-952 du 12 septembre 2008 (JO 16 sept., mod. par Décr. n o 2009-1713 du 30 déc. 2009 et par Décr. n o 2010-1376 du
12 nov. 2010, JO 14 nov. - V. aussi arr. 27 avr. 2011, JO 10 mai concernant le concours d'accès) est venu préciser les fonctions
actuelles des sous-officiers de gendarmerie. Ils agissent sous le commandement des officiers et encadrent les formations de
gendarmerie. Ils peuvent néanmoins occuper des emplois de commandement ou de haute qualification dans une spécialité. Ils
servent tant au sein du ministère de l'Intérieur que du ministère de la Défense. Surtout, ils exercent les attributions que les
lois pénales leur confèrent en matière de police judiciaire et de police administrative. La spécialité OPJ est d'ailleurs l'une des
nombreuses spécialités auxquelles le gendarme peut prétendre. Le gendarme officier de police judiciaire est ainsi celui qui
mène, à titre principal, les enquêtes. Ils sont aussi soumis à l'obligation de casernement pour « nécessité absolue de
service ». Il n'existe pas de militaire du rang en gendarmerie, sauf en ce qui concerne les réservistes, aussi la hiérarchie se
décompose des grades suivants : gendarme, maréchal des logis-chef, adjudant, adjudant-chef, major. Les nominations et
promotions à ces grades sont prononcées par décision du ministre de l'Intérieur. Le corps des sous-officiers de gendarmerie
recouvre ainsi les mêmes fonctions que les corps de policiers de commandement et d'application.
c. - Réserve opérationnelle
7 9 . Réservistes. - La gendarmerie est dotée d'une réserve opérationnelle composée de volontaires qui ont souscrit un
engagement et d'anciens officiers ou sous-officiers gendarmes soumis à l'obligation de disponibilité. Ces réservistes sont
intégrés dans le personnel de la gendarmerie (C. défense, art. L. 4145-1, 3 o et 4 o). Ils renforcent les unités actives, de
manière individuelle ou en formation. Ils sont ainsi susceptibles de participer à des missions de police judiciaire. Le régime de
la réserve opérationnelle de la gendarmerie suit le régime de droit commun de la réserve opérationnelle au sein des armées
(art. L. 4211-1 s.). Les volontaires souscrivent un contrat d'engagement à servir dans la réserve opérationnelle pour une
durée de un à cinq ans. L'obligation de disponibilité s'applique aux anciens militaires de carrière ou aux militaires sous contrat
pendant cinq ans à compter de la fin de leur lien au service (art. R. 4211-1 s.). En cas de troubles graves ou de menaces de
troubles graves à l'ordre public, le ministre de la Défense ou le ministre de l'Intérieur peuvent être autorisés par voie
réglementaire à faire appel à tout ou partie des réservistes de la gendarmerie nationale soumis à l'obligation de disponibilité
(CSI, art. L. 421-3). La réserve opérationnelle ne doit pas être confondue avec la réserve citoyenne de la gendarmerie. Celle-
ci est composée de volontaires agréés en raison de leurs compétences, de leur expérience ou de leur intérêt pour les
questions relevant de la gendarmerie nationale. Leurs actions portent notamment sur le renforcement des liens entre la
nation et la gendarmerie (C. défense, art. L. 4241-1 et L. 4241-2). Les réservistes citoyens ne possèdent aucune compétence
de police judiciaire.
B. - Architecture
80. Direction générale de la gendarmerie nationale. - L'architecture de la gendarmerie repose sur une organisation pyramidale
similaire à celle de la police nationale avec, à son sommet, une direction générale qui comprend quelques sous-directions. Le
décret du 20 mai 1903 et, désormais, le code de la défense placent les différentes composantes sous l'autorité du directeur
général de la gendarmerie nationale (C. défense, art. D. 3122-1 s. introduits par Décr. n o 2009-1718 du 30 déc. 2009, JO
31 déc.). Le directeur de la gendarmerie a ainsi autorité sur la direction des opérations et de l'emploi, la direction des
personnels militaires de la gendarmerie nationale, la direction des soutiens et des finances, la mission du pilotage et de la
performance, l'inspection générale de la gendarmerie nationale. Il dispose d'une autorité conjointe partagée avec le directeur
général de la police nationale sur la direction de la coopération internationale et le service des technologies et des systèmes
d'information de la sécurité intérieure. Il dispose aussi d'une autorité conjointe avec le directeur général de la police nationale
et le directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises sur le service de l'achat, des équipements et de la
logistique de la sécurité intérieure (Décr. n o 2013-728 du 12 août 2013, art. 7). Il se partage l'autorité conjointe avec le DGPN
sur l'unité de coordination de la lutte contre l'insécurité routière et l'unité de coordination des forces d'intervention (Arr.
12 août 2013, JO 14 août, art. 4). La direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) coiffe la totalité des services de la
gendarmerie. Cette direction fait partie de l'administration centrale du ministère de l'Intérieur (Décr. n o 2013-728 du 12 août
2013, JO 14 août, art. 1 er). Elle comprend plusieurs directions comprenant parfois des sous-directions. Ainsi, la direction des
opérations et l'emploi est directement rattachée au directeur de la gendarmerie. Cette direction comprend plusieurs sous-
directions : sous-direction de l'organisation et des effectifs ; sous-direction de la défense, de l'ordre public et de la protection ;
sous-direction de la sécurité publique et de la sécurité routière ; sous-direction de la police judiciaire ; sous-direction de
l'anticipation opérationnelle (Arr. 12 août 2013, JO 14 août mod. par Arr. 6 déc. 2013, JO 18 déc. abrogeant l'Arr. du 23 déc.
2009, JO 26 déc., mod. par Arr. du 27 août 2010, supra, n os 44 et 67). Créée par l'arrêté du 6 décembre 2013, la sous-
direction de l'anticipation opérationnelle constitue le service de renseignement de la gendarmerie. Constituée du centre de
renseignement opérationnel de la gendarmerie (CROGEND) et du centre d'analyse et d'exploitation, elle « propose la doctrine
relative aux missions de renseignement » ; « traite l'information interne et externe permettant l'alerte des autorités, ainsi que
le suivi des situations sensibles à court terme » ; « assure le traitement du renseignement opérationnel d'ordre public et du
renseignement de sécurité économique en métropole et en outre-mer » (Arr. 14 août 2013, art. 17-1 inséré par Arr. 6 déc.
2013).
81. Composantes de la gendarmerie nationale. - Le directeur de la gendarmerie nationale a autorité sur toutes les composantes
de la gendarmerie nationale. Outre la direction générale, l'arme comprend : l'inspection générale de la gendarmerie
nationale ; la gendarmerie départementale ; la gendarmerie mobile ; la garde républicaine ; le groupe d'intervention de la
gendarmerie nationale ; les formations spécialisées que sont la gendarmerie maritime, la gendarmerie de l'air, la gendarmerie
des transports aériens, la gendarmerie de l'armement, la gendarmerie de la sécurité des armements nucléaires ; les
formations prévôtales et les organismes d'administration et de formation (C. défense, art. R. 3225-4 et R. 3225-5). Toutes ces
composantes sont organisées et réparties pour assurer un maillage précis du territoire national. Ce maillage est d'ailleurs une
grande qualité de l'arme. Depuis le décret n o 2005-273 du 24 mars 2005 (JO 26 mars), la gendarmerie nationale s'organise en
vingt-deux régions divisées en groupements ou régiments (départements), eux-mêmes comprenant des compagnies ou
escadrons (arrondissements), qui comprennent des sections, pelotons ou brigades organisées ou non en communautés de
brigades (C. défense, art. R. 3225-7) et dont la liste figure à l'article R. 1212-7 du code de la défense. Les commandants de
région de gendarmerie relèvent du directeur général de la gendarmerie nationale sous réserve des attributions du préfet en
matière de sécurité (C. défense, art. R. 3225-8). La création ou la suppression des unités de gendarmerie est décidée par
décret lorsque leur compétence territoriale dépasse les limites d'un département (V. par ex. Décr. n o 2005-383 du 18 avr.
2005, JO 26 avr., portant création de la brigade interdépartementale de renseignements et d'investigations judiciaires de
Paris au sein de la gendarmerie). En deçà, un arrêté du ministre de l'Intérieur suffit. Lorsque l'unité de gendarmerie est placée
pour emploi auprès d'un autre ministère, alors un décret interministériel est nécessaire (C. pr. pén., art. R. 15-26).
82. Composantes sans fonction de police judiciaire. - Toutes ces composantes ne remplissent pas de mission de police judiciaire.
Ainsi, la garde républicaine (à galons rouges) remplit des missions de sécurité et d'honneur au profit des hautes autorités de
l'État et de diverses instances (ministères, palais nationaux, Assemblée nationale, Sénat, Conseil constitutionnel, etc. ;
C. défense, art. R. 3225-6). Elle comprend des régiments d'infanterie, de cavalerie, un escadron motocycliste, des pelotons
d'intervention et diverses formations musicales. Enfin, la gendarmerie de la sécurité des armements nucléaires est une
formation spécialisée ayant pour mission le contrôle et la protection de l'armement nucléaire lorsqu'il est déplacé sur le
territoire (C. défense, art. R. 3225-6).
8 3 . Intervention au service de la police judiciaire par le GIGN. - D'autres services peuvent assister les services de police
judiciaire. Le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) est une célèbre unité spécialisée dans les
interventions et arrestations à hauts risques. Il intervient en matière de lutte contre le terrorisme et le grand banditisme mais
aussi pour la préservation des intérêts vitaux de l'État, tant en France qu'à l'étranger (C. défense, art. R. 3225-6). En ce sens,
le GIGN peut prêter main-forte à des unités de police judiciaire pour l'appréhension de délinquants considérés comme
dangereux. En outre, en matière de criminalité organisée, il est habilité à procéder à l'installation des dispositifs techniques de
sonorisation ou de captation d'images dans les conditions posées par les articles 706-96 et 706-99 du code de procédure
pénale (C. pr. pén., art. D. 15-1-5), de captations de données informatiques posées par l'article 706-102-6 (C. pr. pén.,
art. D. 15-1-6, introduit par Décr. n o 2011-1431 du 3 nov. 2011, JO 5 nov.) et de géolocalisation (C. pr. pén., art. D. 15-1-7
créé par Décr. n o 2014-827 du 21 juill. 2014, JO 23 juill.). Les membres de cette unité voient leur anonymat préservé (Arr.
7 avr. 2011, JO 16 avr.). Le fait d'en révéler l'identité est puni d'une amende de 15 000 euros (L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies
mod. par L. 3 août 2009, art. 21).
84. Police judiciaire militaire par les formations prévôtales. - La nature militaire de la gendarmerie lui permet de garder le rôle de
police militaire aux armées (C. défense, art. R. 3225-6 mod. par Décr. n o 2013-231 du 19 mars 2013, JO 21 mars). La
gendarmerie prévôtale peut ainsi accompagner les troupes armées lors d'opérations extérieures ou sur les bases françaises à
l'étranger. Les formations prévôtales sont placées sous le commandement d'officiers qui relèvent de l'officier chargé du
commandement de la gendarmerie prévôtale. Les gendarmes acquièrent la capacité d'officiers de police judiciaire des forces
armées (CJM, art. L. 211-3). En outre, la brigade de recherches prévôtale est un service de police judiciaire de compétence
nationale (C. pr. pén., art. R. 15-22, 9 o). En temps de guerre, la gendarmerie devient une police judiciaire militaire agissant
dans le cadre de la procédure pénale militaire d'exception (CJM, art. L. 212-2).
8 5 . Police technique et scientifique au sein de l'IRCGN. - En 1987 fut créée à Rosny-sous-Bois une section technique
d'investigation criminelle qui devint, en 1990, l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN ;
V. notamment Circ. n o 5130 DEF/GEND/OE/EMPJ/PJ du 21 août 1998). Cet institut est le laboratoire national de la gendarmerie
chargé des missions d'examen et d'expertises scientifiques mais aussi d'apporter une aide technique aux enquêteurs et de
mettre en oeuvre des outils issus des technologies de l'information. Par décret n o 2014-292 du 4 mars 2014 (JO 6 mars),
l'IRCGN a été transféré à Pontoise. Les services de police technique et scientifique procèdent aux opérations éponymes
lorsque les officiers de police judiciaire font appel à eux ou sur désignation d'un magistrat. Selon l'article D. 7 du code de
procédure pénale, les premiers intervenants sur les lieux de l'infraction peuvent solliciter le service de police technique et
scientifique auquel ils font habituellement appel. Si des examens ne peuvent être différés, les officiers de police judiciaire
s'adressent aux personnes qualifiées appartenant aux organismes spécialisés de la gendarmerie nationale.
86. Division. - Dans l'organisation de la gendarmerie, la police judiciaire relève ainsi des unités dépendant de la sous-direction
de la police judiciaire (V. infra, n os 87 s.), de l'inspection générale (V. infra, n o 92), du service technique de recherches
judiciaires et de documentation (V. infra, n o 93), de la gendarmerie départementale (V. infra, n os 94 s.), de la gendarmerie
de l'air (V. infra, n o 104), de la gendarmerie des transports aériens (V. infra, n o 104), de la gendarmerie maritime (V. infra,
n o 106) et de la gendarmerie de l'armement (V. infra, n o 107) et de la gendarmerie mobile (V. infra, n os 108 s.).
8 8 . Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique. - Créé par le décret n o 2004-612 du
24 juin 2004 (JO 27 juin, mod. par Décr. n o 2009-459 du 22 avr. 2009, JO 24 avr.), l'OCLAESP a pour mission de lutter contre
les infractions liées à l'environnement et à la santé publique, notamment en matière de dopage, de pollution, de trafic
d'espèces protégées, de trafic de déchets, de produits chimiques, pharmaceutiques ou médicaments, d'exercice illégal de la
médecine, de produits ou substances dangereuses (amiante, algues vertes, etc.). Ses membres possèdent une habilitation de
police judiciaire avec une compétence nationale (C. pr. pén., art. R. 15-22, 1 o).
89. Office central de lutte contre la délinquance itinérante. - Créé par le décret n o 2004-611 du 24 juin 2004 (JO 27 juin) afin de
profiter du maillage de la gendarmerie sur le territoire, l'OCLDI a pour mission de lutter « contre la criminalité et la délinquance
commise par des malfaiteurs d'habitude, auteurs, coauteurs ou complices qui agissent en équipes structurées et itinérantes
en plusieurs points du territoire » (Décr. du 24 juin 2004, art. 2). Dans le cadre de cette mission, l'office centralise toute la
documentation relative à la délinquance itinérante. Ses membres possèdent une habilitation de police judiciaire avec une
compétence nationale (C. pr. pén., art. R. 15-22, 1 o). Cet office central comprend un groupe d'appui opérationnel dont les
membres voient leur anonymat préservé (Arr. 7 avr. 2011, JO 16 avr.). Le fait d'en révéler l'identité est puni d'une amende de
15 000 euros (L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies mod. par L. 3 août 2009, art. 21).
90. Office central de lutte contre le travail illégal. - Créé par le décret n o 2005-455 du 12 mai 2005 (JO 13 mai), cet office de
police judiciaire doit lutter contre les infractions relatives au travail illégal sous toutes ses formes. Il coopère notamment avec
l'office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre dépendant de la police
nationale. Ses membres possèdent une habilitation de police judiciaire avec une compétence nationale (C. pr. pén., art. R. 15-
22, 1 o).
91. Diffusion d'informations et apport opérationnel. - Les différents services de la DCPJ doivent transmettre, par tout moyen, aux
autres services de police ou de gendarmerie « toutes indications utiles à l'identification ou à la recherche des malfaiteurs ». En
retour, ces services font remonter, notamment aux offices centraux, les informations dont ils disposent dans un but
d'exploitation, de centralisation et de coordination (C. pr. pén., art. D. 8). En cas de nécessité, le concours des OPJ de ces
services peut être demandé par le procureur de la République pour apporter une compétence technique spécifique aux
services locaux de police judiciaire ou lorsque des investigations internationales sont nécessaires (art. D. 4).
4° - Gendarmerie départementale
94. Gendarmerie généraliste. - La gendarmerie départementale est l'héritière de la maréchaussée. Sa dénomination provient
d'une ordonnance du 8 septembre 1830 rebaptisant la gendarmerie royale en départementale. Elle assure toutes les
missions de la gendarmerie nationale sur le territoire tant du point de vue de la police administrative que de la police judiciaire
(C. défense, art. R. 3225-6). Elle constitue un service généraliste à l'instar de la sécurité publique de la police nationale.
L'unité de base de la gendarmerie départementale est la brigade, implantée en principe dans chaque canton. Les brigades
sont le plus souvent situées en zones rurales ou périurbaines sur le territoire des communes de moins de vingt mille
habitants. Ces brigades territoriales (BT) peuvent se voir regroupées en communautés de brigades territoriales ou CBT
(C. défense, art. R. 3225-7). Chaque communauté de brigades est composée d'une brigade territoriale de proximité de chef-
lieu (BTPCL) et d'une ou plusieurs brigades territoriales de proximité (BTP). Au niveau local, la gendarmerie est commandée
par un commandant de groupement de gendarmerie départemental, souvent au grade de colonel. À l'instar du DDSP pour la
police, ce commandant est le conseiller du préfet en matière de paix et de sécurité publiques (CSI, art. R. 431-8, al. 3).
95. Coopération avec les services de police judiciaire. - Le responsable du service en charge de la sécurité publique doit être
averti par les officiers de police judiciaire de la police ou de la gendarmerie lorsqu'ils procèdent à des actes d'enquêtes
susceptibles d'entraîner un trouble à l'ordre public après avis et dans la limite des instructions données par le procureur de la
République ou le juge d'instruction. Il est aussi averti du résultat des interventions de police judiciaire lorsque celui-ci peut
avoir des conséquences sur l'ordre public (C. pr. pén., art. D. 6). Le commandant de compagnie responsable de la sécurité
publique en zone gendarmerie devra ainsi être informé d'une interpellation de suspect ou d'une perquisition effectuée.
96. Sections de recherches. - Les sections de recherches (SR) sont situées au chef-lieu de chaque cour d'appel. Équivalentes,
pour la gendarmerie, à ce que sont les SRPJ pour la police nationale, elles sont plus particulièrement chargées de la
délinquance organisée. Elles participent à l'exécution des commissions rogatoires internationales délivrées à des unités de
gendarmerie. Elles possèdent une compétence qui s'étend sur tout ou partie d'une ou de plusieurs zones de défense (C. pr.
pén., art. R. 15-23, 1 o), sauf la section de recherches de Paris qui possède une compétence nationale suite à la création du
pôle judiciaire parisien chargé de l'instruction des crimes contre l'humanité et crimes et délits de guerre (C. pr. pén., art. R. 15-
22, 8 o mod. par Décr. n o 2012-841 du 29 juin 2012, JO, 1 er juill.). Les SR sont habilitées à procéder à l'installation des
dispositifs techniques de sonorisation ou de captation d'images dans les conditions posées par les articles 706-96 et 706-99
du code de procédure pénale (C. pr. pén., art. D. 15-1-5), de captations de données informatiques posées par l'article 706-
102-6 (C. pr. pén., art. D. 15-1-6, introduit par Décr. n o 2011-1431 du 3 nov. 2011, JO 5 nov.) et de géolocalisation (C. pr.
pén., art. D. 15-1-7 créé par Décr. n o 2014-827 du 21 juill. 2014, JO 23 juill.). Certaines SR comprennent des groupes
d'observation et de surveillance (GOS) effectuant des opérations discrètes pour leur compte. Les membres des GOS voient
leur anonymat préservé (Arr. 7 avr. 2011, JO 16 avr.). Le fait d'en révéler l'identité est puni d'une amende de 15 000 euros
(L. 29 juill. 1881, art. 39 sexies mod. par L. 3 août 2009, art. 21).
97. Sections d'appui judiciaire. - Les sections d'appui judiciaires sont de nouvelles unités de police judiciaire ayant pour fonction
de soutenir les autres services d'enquête. Elles possèdent une compétence sur tout ou partie d'une ou plusieurs zones de
défense (C. pr. pén., art. R. 15-23, 2 o. - V. par ex. Décr. n o 2010-1186 du 8 oct. 2010 relatif à la création de la section d'appui
judiciaire de la région de gendarmerie d'Île-de-France, JO 10 oct.). Elles sont habilitées à procéder à des sonorisations et
fixations d'images (C. pr. pén., art. D. 15-1-5 mod. par Décr. n o 2011-384 du 11 avr. 2011, JO 13 avr.) ainsi que des captations
de données informatiques (C. pr. pén., art. D. 15-1-6, introduit par Décr. n o 2011-1431 du 3 nov. 2011, JO 5 nov. pour
l'application de l'article 706-102-6) et des géolocalisations (C. pr. pén., art. D. 15-1-7 créé par Décr. n o 2014-827 du 21 juill.
2014, JO 23 juill.).
98. Brigade de recherches et brigade de renseignement et d'investigations judiciaires. - Les brigades de recherches (BR) sont les
services de police judiciaire situés au chef-lieu de chaque compagnie de gendarmerie départementale. Elles possèdent une
compétence qui s'étend sur un département (C. pr. pén., art. R. 15-24). Les brigades départementales de renseignement et
d'investigations judiciaires (BDRIJ), quant à elles, sont situées au chef-lieu de chaque groupement de gendarmerie. Elles
exploitent les bases de données de la gendarmerie et rassemblent les techniciens en identification criminelle chargés des
missions de police technique et scientifique. Elles possèdent aussi une compétence qui s'étend sur un département (C. pr.
pén., art. R. 15-24, 1 o).
100. Brigades nautiques et fluviales. - Les brigades nautiques et fluviales sont des unités de la gendarmerie départementale
intervenant en mer et sur les cours d'eau du territoire national. Elles possèdent une compétence s'étendant sur tout ou partie
d'une ou plusieurs zones de défense (C. pr. pén., art. R. 15-23, 10 o). Celles qui disposent d'équipes de plongeurs possèdent
une compétence nationale de police judiciaire (art. R. 15-22, 8 o). En effet, les plongeurs sont très souvent utilisés pour
rechercher les preuves immergées et constater les infractions commises dans les milieux aquatiques.
101. Unités routières. - La gendarmerie comprend des unités spécialisées dans la lutte contre l'insécurité routière. Elles ont
pour mission principale la police judiciaire en matière d'infractions routières. Le décret n o 2012-841 du 29 juin 2012 a modifié
leur compétence suite à la réorganisation de ces unités. Les brigades motorisées de la gendarmerie mobile ont été dissoutes
tandis que les fusions de pelotons d'autoroute avec des brigades motorisées proches ont donné naissance à des pelotons
motorisés. Désormais, les unités sont constituées des brigades rapides d'intervention, des pelotons d'autoroutes qui
n'interviennent que sur le réseau autoroutier, des pelotons motorisés qui interviennent sur et hors des autoroutes, des
brigades motorisées qui n'interviennent que sur le réseau secondaire. Par conséquent, les brigades motorisées possèdent
aussi une compétence qui s'étend sur un département (C. pr. pén., art. R. 15-24, 3 o) tandis que les autres unités possèdent
une compétence départementale ou zonale selon les voies de circulation auxquelles elles sont affectées (C. défense,
art. R. 15-23, 3 o).
102. Pelotons de gendarmerie de montagne et de haute montagne. - Les pelotons de gendarmerie de montagne (PGM) et les
pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) sont des unités de gendarmerie spécialisées dans l'intervention et le
secours en montagne. À ce titre, ces pelotons peuvent mener des enquêtes judiciaires portant sur toute infraction commise
en ces milieux et notamment lors d'accidents. Les PGM sont implantés dans le Jura, les Vosges et le Massif central tandis que
les PGHM sont situés dans la Haute-Corse, à la Réunion et dans les départements qui s'étendent sur les massifs pyrénéens et
alpins. Ces pelotons possèdent une compétence s'étendant sur tout ou partie d'une ou plusieurs zones de défense (C. pr.
pén., art. R. 15-23, 9 o).
1 0 3 . Pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie placés auprès des installations d'importance vitale. - Les pelotons
spécialisés de protection de la gendarmerie (PSPG) sont des unités en charge de la protection et de la surveillance des
installations d'importance vitale, notamment les centrales nucléaires. Ces pelotons possèdent une compétence de police
judiciaire s'étendant sur tout ou partie d'une ou plusieurs zones de défense (C. pr. pén., art. R. 15-23, 11 o ; pour un ex.,
V. Décr. n o 2012-583 du 26 avr. 2012, JO 28 avr. portant création du peloton spécialisé de protection de la gendarmerie de
Sury-près-Léré pour la surveillance et la protection du centre nucléaire de production d'électricité de Belleville-sur-Loire et de
ses abords).
5° - Gendarmerie de l'air
104. Gendarmerie de l'air. - La gendarmerie de l'air est une formation spécialisée de la gendarmerie nationale placée pour
emploi auprès du chef d'état-major de l'armée de l'air (C. défense, art. R. 3225-5). Selon l'arrêté du 6 janvier 2014 (JO
21 janv.), la gendarmerie de l'air est chargée de la police administrative, judiciaire et militaire à l'intérieur et aux abords
immédiats des bases, installations et établissements de l'armée de l'air ainsi que dans les lieux où la sécurité est confiée à
l'armée de l'air. À l'extérieur de ces sites, elle est chargée des opérations de police relatives aux missions de l'armée de l'air, à
la protection du personnel, du matériel et des installations de l'armée de l'air, aux accidents et incidents survenus aux
aéronefs militaires français ou étrangers, aux accidents et incidents de parachutage, largage, aérocordage et treuillage
militaires. De plus, la gendarmerie de l'air assure le contrôle des personnes franchissant les frontières nationales sur les
bases aériennes inscrites sur la liste des aérodromes ouverts au trafic aérien international. Elle assure donc la surveillance
des bases aériennes dépendant de l'armée de l'air et des sites qui y sont rattachés. Elle assure aussi la police administrative
et la police judiciaire au sein de ces bases. Elle est donc compétente pour mener les enquêtes de police judiciaire concernant
tout fait commis sur les bases aériennes militaires et tout accident survenu sur le territoire national impliquant des aéronefs
militaires français ou étrangers. Pour ce faire, la gendarmerie de l'air dispose de brigades et de brigades motorisées dotées
d'une compétence s'étendant sur tout ou partie d'une ou plusieurs zones de défense (C. pr. pén., art. R. 15-23, 6 o). Elle
dispose aussi d'une section de recherches à compétence nationale (art. R. 15-22, 4 o). Elle peut mettre en place en place des
brigades ou détachements auprès des formations de l'armée de l'air stationnées en dehors du territoire de la République.
7° - Gendarmerie maritime
1 0 6 . Gendarmerie des mers et de la marine nationale. - La gendarmerie maritime est une formation spécialisée de la
gendarmerie nationale placée pour emploi auprès du chef d'état-major de la marine nationale (C. défense, art. R. 3225-5).
Selon l'arrêté du 4 mars 2013 (JO 19 mars abrogeant celui du 10 oct. 1997, JO 17 oct.), la gendarmerie maritime participe à
l'exercice de la police judiciaire en mer, sur le domaine public maritime et sur le littoral pour les activités en lien avec la mer.
Elle est en charge de la police administrative, judiciaire et militaire à bord des bâtiments de la marine, dans les lieux et
établissements relevant du commandement de la marine, dans les lieux où la sûreté et la sécurité sont confiées à la marine
nationale. Elle est aussi en charge de la police relative aux missions de la marine nationale, aux accidents nautiques
impliquant les bâtiments ou sous-marins de la marine, les vedettes et moyens maritimes des forces armées, de la
gendarmerie et des directions ou services du ministère de la Défense, aux accidents survenus à bord des bâtiments ou sous-
marins de la marine, des vedettes et moyens maritimes des forces armées, de la gendarmerie et des directions ou services du
ministère de la Défense. Elle participe aussi à l'exercice des attributions des préfets maritimes dans le domaine de l'action de
l'État en mer. Elle est ainsi compétente en matière de police administrative et judiciaire pour tout fait commis en mer sur le
territoire national. Elle est aussi chargée de la surveillance des lieux et établissements relevant de la marine nationale, des
zones sensibles comme les arsenaux et de certains bâtiments de la marine avant-projection (notamment le porte-avions
Charles de Gaulle). Elle assure aussi cette mission dans certains grands ports civils (Le Havre, Marseille-Fos). Elle assure la
police administrative, la police judiciaire, le cas échéant la police militaire. Elle est donc compétente pour mener toute enquête
de police judiciaire relative aux infractions commises dans ces lieux d'intervention ou en mer (notamment en matière de
pollution maritime ou de police des pêches). Son action s'étend en mer jusqu'à deux cent milles nautiques. Pour ce faire, elle
dispose de brigades de recherches, de brigades de surveillance du littoral (intervention jusqu'à cinq milles), d'unités
navigantes (vedette navigant jusqu'à vingt milles et patrouilleurs navigant jusqu'à deux cents milles), de brigades et postes
placés auprès des directions interrégionales de la mer, d'un peloton à Paris. Les brigades de surveillance du littoral sont
réparties dans six compagnies (Le Havre, Cherbourg, Brest, Lorient, Marseille et Toulon). Les brigades outre-mer (Mayotte,
Cayenne, Kourou et Nouméa) dépendent elles du commandement parisien de la gendarmerie maritime. La gendarmerie
maritime a aussi développé depuis le 19 octobre 2009 des pelotons de sûreté maritime et portuaire destinés à la surveillance
des grands ports français (Le Havre, Marseille-Fos) et de l'inspection des navires dans le cadre de la lutte contre les grands
trafics ou le terrorisme. Ces différentes unités disposent d'une compétence s'étendant sur tout ou partie d'une ou plusieurs
zones de défense (C. pr. pén., art. R. 15-23, 7 o). Les autres pelotons et brigades ne disposent que d'une compétence
départementale (art. R. 15-24, 7 o). La gendarmerie maritime comprend aussi une section de recherches à compétence
nationale (art. R. 15-22, 7 o).
8° - Gendarmerie de l'armement
107. Gendarmerie de la direction générale de l'armement. - La gendarmerie de l'armement est une formation spécialisée de la
gendarmerie nationale placée pour emploi auprès du directeur général de l'armement (C. défense, art. R. 3225-5). Elle assure
les missions de police administrative et de police judiciaire dans les établissements les plus sensibles de cette direction. Pour
ce faire, la gendarmerie de l'armement dispose de brigades qui disposent d'une compétence s'étendant sur tout ou partie
d'une ou plusieurs zones de défense (C. pr. pén., art. R. 15-23, 8 o). Elle dispose aussi d'une section de recherches à
compétence nationale (art. R. 15-22, 6 o).
9° - Gendarmerie mobile
108. Maintien de l'ordre et intervention. - La gendarmerie mobile est chargée du maintien de l'ordre (C. défense, art. R. 3225-
6). Les unités, articulées en escadrons, sont les équivalents, en zone de gendarmerie, des compagnies républicaines de
sécurité, avec lesquelles elles interviennent souvent. Les escadrons de gendarmerie mobiles sont employés sous la
responsabilité du ministère de l'Intérieur au même titre que les CRS (CSI, art. 431-6). Mais les escadrons de gendarmerie sont
les seuls à intervenir dans les territoires d'outre-mer et dans le cadre des opérations extérieures menées par l'armée
française lorsqu'une mission de maintien de l'ordre est nécessaire. La gendarmerie mobile se distingue des autres
composantes de la gendarmerie par ses galons de couleur jaune. La gendarmerie mobile n'a pas vocation à réaliser des
missions de police judiciaire. Ont en effet été supprimées les brigades motorisées qui disposaient d'une compétence de police
judiciaire départementale (C. pr. pén., art. R. 15-24, 3 o mod. par Décr. n o 2012-841 du 29 juin 2012, préc.). Par ailleurs, la
gendarmerie mobile possède des pelotons d'intervention (PI) qui peuvent intervenir au service des unités de police judiciaire
de la gendarmerie départementale pour l'arrestation d'individus dangereux. De ce fait, depuis le décret du 22 juillet 2014, ils
peuvent mettre en oeuvre des sonorisations et fixations d'images mais aussi des géolocalisations (C. pr. pén., art. D. 15-1-5
et D. 15-1-7 issus du Décr. n o 2014-827 du 21 juill. 2014, préc. [supra, n o 97]).
109. Mixité. - La gendarmerie nationale répond ainsi à un régime mixte, car elle est une institution de nature militaire qui
remplit des missions de nature civile. Elle constitue une force importante de police qui couvre 95 % du territoire grâce aux
zones rurales, contre 5 % pour la police (MOUHANNA, article préc., AJ pénal 2007. 518 ). Il n'empêche, ces deux forces,
réalisant des missions similaires, tendent à se rapprocher. La dualité policière devient plus relative.
116. Sous la tutelle de l'exécutif. - Pour autant, les modalités de saisine des GIR s'avèrent déborder le simple cadre de la
procédure pénale. En effet, selon le paragraphe 3, a) de la circulaire du 22 mai 2002, la saisine du groupe s'effectue après un
« diagnostic commun du préfet et du procureur de la République ». Il semblerait donc qu'il s'agisse ici d'un cas unique de
cosaisine d'un service de police judiciaire par une autorité administrative et une autorité judiciaire, laquelle est en principe
seule compétente selon les articles 11 et 14 du code de procédure pénale (SCHALSCHI, Les GIR,… en toute confusion des
pouvoirs, Justice, Syndicat de la magistrature, n o 17, juin 2002. 11). En outre, ce type de saisine semble relativiser le principe
d'opportunité des poursuites par le procureur de la République. Le Conseil d'État a pourtant validé cette saisine, car elle ne
porte pas atteinte « au libre choix par le procureur de la République et le juge d'instruction des formations qui seront
chargées de l'exécution de leurs réquisitions ou de leurs commissions rogatoires » ni à « l'indépendance de la magistrature ni
au principe de la séparation des pouvoirs » (CE 9 févr. 2004, req. n o 248823 , préc.). Il est vrai que les autorités judiciaires
peuvent toujours saisir les services classiques de police judiciaire. L'utilisation des GIR et de leur capacité de police judiciaire
est ainsi placée sous une double tutelle du pouvoir exécutif puisque le procureur général et le préfet sont tous deux nommés
en Conseil des ministres.
117. Assouplissement de la saisine. - Toutefois, la chambre criminelle semble relativiser la portée des règles de cosaisine et
ramener les GIR vers le droit commun. Elle permet ainsi aux GIR d'agir sans attendre la saisine du parquet et du préfet et ainsi
de commencer d'initiative une enquête selon les règles du droit commun (Crim. 19 mars 2008, n o 07-88.684 , Bull. crim.
n o 72, selon lequel « d'une part, tout officier de police judiciaire, exerçant ses fonctions au sein d'un GIR, tient de l'article 75
du code de procédure pénale le droit de procéder d'office à des enquêtes préliminaires, d'autre part, l'information tardive, à la
supposer établie, du procureur de la République est sans effet sur la validité des actes accomplis »). Une telle position,
somme toute logique, élargit considérablement les capacités proactives des GIR.
118. Approche patrimoniale. - Les GIR sont au nombre de trente sur le territoire métropolitain et sept en Outre-mer. Certains
possèdent une antenne locale : le GIR PACA (antenne de Nice), le GIR Corse (antenne de Bastia) et le GIR Centre (antenne de
Dreux). Les groupes sont rattachés administrativement soit à la police nationale au niveau d'une direction (DIPJ, DRPJ,
Préfecture de police, DDSP), soit à la gendarmerie au niveau d'une section de recherches. Ils s'articulent autour d'une
structure permanente d'une dizaine de personnes provenant de SRPJ et de SR, l'unité opérationnelle de commandement, dont
la direction est confiée à parité soit à un commissaire de police, soit à un officier supérieur de la gendarmerie nationale, à
laquelle s'ajoutent, selon l'opération, des personnels dits « ressources » provenant de différentes administrations. Ces
fonctionnaires apportent une compétence technique nouvelle. Ils permettent de développer qualitativement les investigations
dans des domaines nouveaux en plus du volet pénal classique de l'enquête. En outre, rien n'interdit aux GIR de faire appel
comme personnel ressource à des assistants spécialisés en matière économique et financière. Les GIR permettent donc un
entrecroisement des connaissances et des compétences entre policiers, gendarmes et fonctionnaires. Surtout, en parallèle de
la loi n o 2010-768 du 9 juillet 2010 visant à faciliter la saisie et la confiscation en matière pénale, la circulaire interministérielle
du 2 mars 2010 a défini la doctrine d'emploi des GIR (PETIT, Une nouvelle approche de la lutte contre la criminalité organisée :
la prise en compte du volet financier des enquêtes, AJ pénal 2012. 148 ). Leur action a été recentrée sur le volet
patrimonial des enquêtes pénales et pas seulement celles portant sur des faits de criminalité organisée. Via leurs enquêteurs
spécialisés GIR, les groupes possèdent ainsi pour objectif d'identifier et saisir le patrimoine des délinquants. Ils agissent donc
en appui des services d'enquêtes traditionnels pour développer une enquête patrimoniale.
1 1 9 . Compétence territoriale. - L'action des GIR possède par ailleurs pour avantage de pouvoir s'effectuer sur une zone
élargie. En effet, pour la Cour de cassation, la saisine du groupe est valide dès lors qu'est désigné par le magistrat requérant
ou mandant un officier de police judiciaire qui en est membre (Crim. 6 août 2003, n o 03-82.898 , Bull. crim. n o 145). La
compétence territoriale du groupe devient ainsi celle de ses membres (sur cette compétence, V. infra, n os 337 et n o 360). Le
plus souvent, les OPJ appartiennent à un service régional de police judiciaire ou à une section de recherches. Or l'extension
des compétences territoriales de ces services à la zone de défense entraîne automatiquement celle de la compétence du GIR
sur l'ensemble de cette zone de compétence. Néanmoins, comme ils proviennent de services différents, les membres doivent
tout de même vérifier leur compétence territoriale afin d'éviter de faire accomplir un acte par un enquêteur non
territorialement compétent. De plus, les GIR Île-de-France et Isère ne possèdent qu'une compétence départementale.
1 2 2 . Missions. - La BNRDF est compétente pour rechercher et constater les infractions de fraudes fiscales posées par
l'article 28-2 du code de procédure pénale. Elle coordonne au niveau national les investigations de police judiciaire et les
réalise à l'étranger. Elle centralise l'information sur la délinquance fiscale et assiste les services de police et gendarmerie. Elle
associe à son action les services du ministère du Budget (Décr. du 4 nov. 2010, art. 2 à 4). Intégrée désormais à l'office
central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, elle a vu sa compétence élargie (via celle des ODJ)
par la loi n o 2013-1117 du 6 décembre 2013 (JO 7 déc.) aux infractions de blanchiment des infractions fiscales.
c. - Mutualisation des compétences au sein du centre automatisé de constatation des infractions routières
123. Délinquance routière. - Le centre automatisé de constatation des infractions routières est un service commun de la police
et de la gendarmerie créé par le décret n o 2004-530 du 10 juin 2004 (C. pr. pén., art. R. 15-26-1). Il est composé d'officiers et
d'agents de police judiciaire provenant de ces deux forces. Les enquêteurs ont pour mission d'exercer leurs fonctions de
police judiciaire à l'égard des infractions au code de la route constatées selon les modalités de l'article L. 130-9 du code de la
route, c'est-à-dire par radar automatique. La compétence territoriale de ce service est nationale. Ce service travaille en
collaboration avec le département du contrôle automatisé dépendant de la délégation à la sécurité et à la circulation routière
du ministère de l'Intérieur (Arr. 12 août 2013, JO 14 août). Cette délégation définit la politique de contrôle et sanction
automatisés des infractions routières (Décr. 12 août 2013, préc. [supra, n o 123], art. 11). Le département est donc chargé de
la politique de déploiement et de maintenance des dispositifs de contrôle automatisé.
125. Mutualisation des ressources informatisées. - L'article D. 8, 1 o du code de procédure pénale impose à la police nationale et
à la gendarmerie nationale de faire converger leurs systèmes centraux de documentation criminelle. La LOPPSI 1 a ainsi
entamé le processus de rapprochement des grands fichiers informatisés des deux forces (SCHW ENDENER, Les principaux
fichiers de police, AJ pénal 2003. 21 , spéc. p. 23). Les forces de police et de gendarmerie possèdent un accès identique
aux principales bases de données mises en oeuvre par l'un ou l'autre de leurs services. Surtout, la loi du 14 mars 2011 a
donné une base légale à ces différents fichiers d'antécédents, aux fichiers d'analyse sérielle, au fichier des personnes
recherchées, aux logiciels de rapprochement judiciaire, tout en organisant leur partage par les policiers et gendarmes (C. pr.
pén., art. 230-6 à 230-27). Le fichier de traitement d'antécédents judiciaires va ainsi remplacer le système de traitement des
infractions constatées (STIC) de la police et le système judiciaire de documentation et d'exploitation (JUDEX) de la
gendarmerie. Cependant, le décret n o 2012-652 du 4 mai 2012 (JO 6 mai) au Traitement des antécédents judiciaires (TAJ) a vu
son entrée en vigueur décalée à 2016 en raison de difficultés techniques (Décr. n o 2013-1268 du 27 déc. 2013, JO 29 déc.).
Par ailleurs, a été créé un service des technologies et des systèmes d'information de la sécurité intérieure dit ST(SI)2 . Ce
service rattaché à la DGGN est le produit de la fusion entre le service des technologies de la sécurité intérieure (STSI), créé en
mai 2005 au sein de la direction de l'administration de la police nationale et de la sous-direction des télécommunications et de
l'informatique (SDTI), créée le 1 er février 1985 au sein de la DGGN. Il est mis à disposition conjointe du directeur général de la
police nationale et du directeur général de la gendarmerie nationale (Arr. 12 août 2013, préc. [ supra, n o 123], art. 7 et
précédemment Arr. du 23 déc. 2009, art. 1 er mod. par Arr. du 27 août 2010 désormais abrogés). Ce service, mis en place le
1 er septembre 2010, agit subsidiairement à la direction des systèmes d'information et de communication du ministère de
l'Intérieur et possède plusieurs sous-directions qui participent notamment à la conception des systèmes et réseaux
d'information de la police et de la gendarmerie (Arr. du 23 déc. 2009, art. 6-1 à 6-5). Le ST(SI) 2 a pour mission de mettre en
oeuvre la modernisation des système d'information de la police et de la gendarmerie. Il dispose d'une sous-direction de
l'anticipation et de la coordination ; d'une sous-direction des systèmes d'information ; sous-direction des réseaux et des
technologies avancées ; sous-direction des supports opérationnels. Le ST(SI)2 noue des partenariats avec des entreprises
privées et des centres de recherche dans le domaine des technologies de la sécurité. Il met en oeuvre les plans nationaux de
lutte contre la cybercriminalité ou le plan de police technique et scientifique de masse. Les ressources informatisées de la
police et de la gendarmerie se voient ainsi mutualisées au sein du ministère de l'Intérieur. L'annexe de la loi LOPPSI 2
renforce ces tendances et assure une politique d'équipement en matière de traitement de l'information et des données
techniques, de moyens de communication, d'observation (caméras numériques nocturnes, usage d'hélicoptères avec caméra
parfois thermique, drones), d'enregistrement, de vidéosurveillance, de biométrie, de lecture de plaques d'immatriculation,
systèmes de signalisation, d'armement, d'équipements de protection.
126. Petits pas. - Il est loin le temps où la différence entre police et gendarmerie pouvait se réaliser par la simple observation
de leur couvre-chef. La casquette du policier et le képi du gendarme sont, la plupart du temps, relégués aux seules occasions
de port de l'uniforme de cérémonie. La gendarmerie se rapproche petit pas après petit pas de la police nationale, au point
désormais de partager le même ministère.
1 2 8 . Fusion absorption ?. - Le rattachement de la gendarmerie au même ministère que la police nationale et la gestion
commune de leurs activités et de leurs ressources laissent à penser que, à terme, la police absorbera la gendarmerie. Un tel
phénomène a déjà eu lieu en Belgique en 2001 et est en cours en Espagne (JOURNÈS, La démilitarisation partielle de la Garde
civile en Espagne, RSC 2007. 875 ). Pour l'instant, le législateur s'en défend, notamment en affirmant la spécificité militaire
de la gendarmerie et parlant d'un simple rapprochement avec la police (V. l'annexe de la loi LOPPSI 2). De plus, la chaîne de
commandement entre les deux forces demeure distincte du fait de l'existence de deux directions générales. Cependant, les
structures et les moyens tendent de plus en plus à être imbriqués les unes dans les autres. Même la définition locale des
missions de ces forces va aller en s'unifiant. En effet, le préfet de département a « la charge de l'ordre public et de la sécurité
des populations » (CSI, art. R. 122-52 pour le préfet de département ; art. R. 122-53, pour le préfet de police ; art. R. 122-54
pour le préfet des Bouches-du-Rhône issus du Décr. n o 2013-112 du 4 déc. 2013, JO 6 déc. ; V. aussi Décr. n o 2004-374 du
29 avr. 2004, art. 11, JO 30 avr., mod. par Décr. n o 2010-146 du 16 févr. 2010, JO 17 févr.). Dès lors, il « anime et coordonne
l'ensemble du dispositif de sécurité intérieure » et « coordonne l'action des différents services et forces dont dispose l'État en
matière de sécurité intérieure » et « dirige l'action des services de la police nationale et des unités de la gendarmerie
nationale en matière d'ordre public et de police administrative « (CSI, art. L. 122-1). Il veille à « la mise en oeuvre des liaisons
opérationnelles permanentes entre la police nationale et la gendarmerie nationale » (CSI, art. R. 431-8, al. 2). Le préfet
préside conjointement avec le procureur de la République le comité départemental de sécurité. Ce comité coordonne « la lutte
contre les trafics de toute nature, l'économie souterraine, les violences urbaines et la délinquance routière » ; tient « les
tableaux de bord départementaux de l'activité des services de l'État » ; établit « le rapport sur l'état de la délinquance » (CSI,
art. D. 122-56 et D. 122-57 créés par Décr. 4 déc. 2013 préc., mod. par Décr. n o 2014-134 du 17 févr. 2014, JO 18 févr.). En
outre, le décret n o 2014-296 du 6 mars 2014 (JO 7 mars) renforce la gestion de la sécurité par les préfets de zones de
défense et de sécurité (CSI, art. R. 122-2) assistés de préfets délégués pour la défense et la sécurité (CSI, art. R. 122-15).
Des états-majors de sécurité et des secrétariats généraux sont institués au niveau des zones de défense. Les commandants
de gendarmerie sont soumis à son autorité dans le cadre des missions de sécurité intérieure (C. défense, art. R. 3225-8).
Surtout, autorités policières et gendarmes au niveau zonal sont réunies au sein des conférences de sécurité intérieure (CSI,
art. R. 122-5). En somme, une partie de l'activité de la police judiciaire sera définie par le préfet (RENAUDIE, Les préfets de
zone de défense et de sécurité : quelles [r]évolutions ?, in Le droit de la défense et de la sécurité en 2013, AFDSD éd., PUAM,
2014). Certes, la direction de la police judiciaire lui échappe au profit de l'autorité judiciaire. Cependant, le procureur de la
République, lui aussi dépendant du pouvoir exécutif, est de plus en plus impliqué dans la définition des politiques de sécurité
intérieure et leur mise en oeuvre. Sa politique pénale - et ainsi l'emploi de la police judiciaire - peut être la conséquence d'une
coproduction avec l'autorité préfectorale (GAUTRON, La coproduction locale de la sécurité en France : un partenariat
interinstitutionnel déficient, Champ pénal/Penal field [nouvelle revue internationale de criminologie, en ligne], vol. VII, 2010. -
GAUTRON et RETIERE, L'implication des juridictions dans les dispositifs locaux de coproduction de la sécurité, in DANET [coord.],
La réponse pénale, préc. [supra, n o 14], p. 365). En outre, l'annexe de la LOPPSI 2 a énoncé la volonté de développer les
états-majors de sécurité réunis sous la codirection du préfet et du procureur pour impulser les politiques de sécurité dans
chaque département. L'emploi de la gendarmerie et de la police, même en matière de police judiciaire, fait donc l'objet d'une
coordination étroite qui permettra, à terme, la fusion. L'activité de la police judiciaire est très fortement influencée par les
décisions des autorités civiles. C'est bien la politique d'évaluation de l'activité des services de police judiciaire par le ministère
de l'Intérieur, plus qu'une volonté judiciaire, qui a en partie été à l'origine d'une augmentation du nombre de gardes à vue,
comme l'a souligné le Conseil constitutionnel dans sa décision n o 2010-14/22 QPC du 30 juillet 2010 (supra, n o 19). La
gendarmerie se trouve dans une situation délicate. Elle est devenue une force militaire paradoxalement placée à l'extérieur de
l'armée et soumise, tant au niveau national qu'au niveau local, et au niveau tant administratif que judiciaire, aux mêmes
décisions que celles valant pour la police nationale. Elle est petit à petit absorbée par le ministère de l'Intérieur. Ainsi que le
précise l'article R. 434-2, alinéa 1 er, du code de la sécurité intérieure introduit par le décret du 4 décembre 2013 : « Placées
sous l'autorité du ministre de l'Intérieur pour l'accomplissement des missions de sécurité intérieure et agissant dans le respect
des règles du code de procédure pénale en matière judiciaire, la police nationale et la gendarmerie nationale ont pour mission
d'assurer la défense des institutions et des intérêts nationaux, le respect des lois, le maintien de la paix et de l'ordre publics,
la protection des personnes et des biens ». Les deux forces se voient donc assimilées et soumises à la même autorité
décisionnelle. Et c'est la mission de police judiciaire de la gendarmerie, en ce qu'elle ne se distingue pas de celle de la police
nationale, qui fera office de pied-dans-la porte. C'est peut-être elle qui pourrait avoir raison de la militarité de l'institution
(GOHIN et LATOUR, La gendarmerie nationale, entre unité fonctionnelle et identité organique, préc. [supra, n o 75]). Le
maintien de la spécificité de la gendarmerie pourrait s'avérer de plus en plus difficile. À terme, d'aucuns pourront poser la
question de savoir pourquoi conserver deux corps, certes dotés de méthodes distinctes en raison d'une culture spécifique,
mais qui remplissent les mêmes missions et les mêmes objectifs avec les mêmes moyens et matériels. La gendarmerie se
moule dans le cadre posé pour et par l'action de la police nationale (l'inverse étant beaucoup moins vrai : MATELLY,
MOUHANNA, et MUCCHIELLI, Feu la Gendarmerie nationale, Pouvoirs locaux n o 80 I/2009. 12). Le système dual français
témoigne d'une véritable policisation de la gendarmerie qui pourrait conduire à sa fusion avec la police et, donc, à sa
disparition. Et pourtant, la gendarmerie possède un certain nombre de qualités : disponibilité permanente de ses personnels
qui peuvent être mobilisés en nombre rapidement, statut et culture militaires assurant une rigueur de réalisation des
enquêtes et la constitution des dossiers de procédure (pratique de la synthèse, réalisation des procès-verbaux les uns à la
suite des autres), accent mis sur la mission de police judiciaire au sein de l'arme, tradition de formation interne permanente,
capacité de projection dans les zones de conflits armés et d'utilisation de matériels lourds, solidarité des personnels, culture
de contact permanent avec la population, etc. Outre les gendarmes eux-mêmes, une éventuelle victime de la fusion serait la
justice pénale elle-même.
129. Quid du libre choix du service d'enquête ?. - L'une des victimes de ce rapprochement annonciateur de fusion sera la liberté
de choix de l'autorité judiciaire. Traditionnellement, le pouvoir de direction de la police judiciaire par l'autorité judiciaire avait
pour conséquence la liberté du procureur et du juge d'instruction dans la désignation du service de police ou de gendarmerie
auquel ils voulaient confier une enquête. Cette liberté était légitimée comme étant une garantie permettant de se prémunir
contre toute contestation, opposition ou sédition de la part de la police ou de la gendarmerie (FAURE, Rapport fait au nom de
la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi portant dispositions relatives à
la gendarmerie nationale, Doc. Sénat 29 oct. 2008, n o 66, p. 15). Malgré le rattachement de la gendarmerie ou plutôt à cause
de ce rattachement, l'article 2 de la loi du 3 août 2009 rappelle ce principe en insérant un article 12-1 au code de procédure
pénale aux termes duquel : « Le procureur de la République et le juge d'instruction ont le libre choix des formations
auxquelles appartiennent les officiers de police ». Une fois encore, le législateur affirme tout haut un principe qu'il s'empresse
tout bas de rendre en pratique inopérant. Si la gendarmerie et la police nationales répondent aux mêmes instructions
ministérielles ou préfectorales, si elles sont gérées et organisées de manière similaire, si elles sont intégrées dans les mêmes
structures d'enquête et possèdent les mêmes objectifs et les mêmes spécialisations, alors elles deviennent des unités
presque identiques et interchangeables. L'apport qualitatif de l'une sur l'autre devient faible. La liberté de choix perd de son
sens et ne serait plus utilisable qu'à des fins de convenances personnelles, en se fondant sur la relation de confiance entre le
magistrat et l'enquêteur (MOUHANNA, op. cit.). La liberté de choix ne serait donc pas celle du service d'enquête mais de
l'enquêteur. Qu'il soit gendarme ou policier deviendrait secondaire. Toutefois, l'autorité judiciaire semble assez favorable à
une dualité police/gendarmerie et au principe du libre choix. Ce principe lui garantit en effet de saisir l'une lorsque l'autre est
défaillante ou ne possède pas les mêmes moyens. La dualité rééquilibre en outre les rapports entre ministère de la Justice et
ministère de l'Intérieur. La justice devient alors l'alliée objective de la gendarmerie dans sa lutte contre l'absorption.
Considérant à juste titre que le principe du libre choix étant la conséquence du principe de direction de la police judiciaire par
l'autorité judiciaire, la commission Nadal (rapport, préc. [supra, n o 22], proposition 39) a souhaité que soit renforcée cette
liberté de saisine. Pour ce faire, elle propose qu'il soit précisé dans le code de procédure que le choix du service d'enquête
s'entend du choix du service de police ou de l'unité de gendarmerie et non de l'échelon administratif de direction ou de
commandement. Les magistrats devront néanmoins s'informer auprès de la hiérarchie policière de la charge de travail des
services, leurs effectifs ou leurs compétences.
130. Transition. - La dualité police/gendarmerie est ainsi passablement entamée par leur nouvelle proximité mais aussi par la
concurrence d'autres forces.
1 3 4 . Police judiciaire thématique. - La création de la douane judiciaire apparaît comme une innovation de premier plan en
matière de police judiciaire. Certes, le terme « police » n'apparaît pas dans l'intitulé du service. Il n'empêche qu'il a pour
fonction de rechercher les preuves de certaines infractions pénales très techniques et d'en identifier les auteurs. Il s'agit bien
là d'une fonction de police judiciaire, qui plus est, dotée des moyens du code de procédure pénale et d'une habilitation de
police judiciaire (V. infra, n o 299). La douane judiciaire apparaît donc bien comme « une police thématique », c'est-à-dire une
police spécialisée dans des infractions économiques complexes (DOBKINE, La douane judiciaire, premier bilan d'une police
thématique [nouvelle observation sur l'article 28-1 du code de procédure pénale], D. 2002. Chron. 3284 ). L'expérience
technique des agents composant la douane judicaire constitue une véritable plus-value utile à la justice pénale. Tout
spécialisés qu'ils soient, les policiers ou les gendarmes ne disposent pas d'une telle compétence et s'avèrent moins à même
de réaliser les investigations menées par les douaniers. La douane judiciaire n'apparaît pas comme une concurrente des
autres services de police judiciaire mais comme leur complément à des fins répressives. Et cette complémentarité commence à
se révéler d'un point de vue quantitatif. Le nombre de saisines du SNDJ va croissant chaque année. Il est passé de 58 en
2002 à 600 en 2006 et 845 en 2008 (Contrat ou répression : un enjeu pour la douane du xxie siècle, Rapport de la FONDAFIP
2009, p. 15). Cette croissance s'explique d'abord par l'extension de compétence réalisée par la loi du 9 mars 2004. Les ODJ
peuvent désormais procéder à une enquête de flagrance portant sur des faits constatés par un autre service douanier et ce,
sur saisine du procureur (C. pr. pén., art. 28-1, VI, issu de la L. n o 2004-204 du 9 mars 2004, art. 33). Cette augmentation
s'explique aussi par le fait que les juges d'instruction commencent à reconnaître les compétences techniques de la douane
judiciaire face à des infractions de criminalité organisée (KLETZEN, La douane, un acteur de la justice pénale, Questions
pénales XVI, 1, janv.-mars 2001. 1). Le SNDJ est ainsi fréquemment cosaisi, avec un autre service de police judiciaire, pour
enquêter sur la partie financière des trafics de stupéfiants. De plus, avec la volonté de lutter contre la délinquance
économique, le SNDJ est de plus en plus saisi d'affaires d'escroquerie (notamment à la TVA), contrefaçon ou blanchiment. Le
législateur allonge ainsi progressivement la liste des infractions sur lesquelles le SNDJ peut enquêter.
135. Collaboration policière. - Enfin, les agents du SNDJ peuvent être amenés à agir en collaboration avec les autres services
de police judiciaire. Ils peuvent être intégrés, d'une part, aux GIR et, d'autre part, en matière de lutte contre le trafic de
stupéfiants, dans des unités temporaires à compétence nationale placées sous la direction du procureur de la République ou
du juge d'instruction mandant et composées d'OPJ de police ou de gendarmerie (C. pr. pén., art. 28-2). La douane judiciaire
est ainsi devenue la troisième force de police judiciaire à compétence nationale. La dualité police/gendarmerie n'est plus aussi
prégnante même s'il pourrait être question, un jour, de rattacher la douane au ministère de l'Intérieur. L'annexe de la
LOPPSI 2 énonce ainsi la volonté d'un rapprochement opérationnel entre les douanes, la police et la gendarmerie en matière
de lutte contre le trafic de stupéfiants.
a. - Compétence matérielle
1 3 8 . Compétence d'attribution. - La compétence matérielle répressive de la police municipale va en s'étendant. Depuis
l'ordonnance n o 2012-351 du 12 mars 2012, l'article L. 2212-5 du code général des collectivités territoriales renvoie au code
de la sécurité intérieure pour la définition de l'organisation des services de police municipale et des missions de leurs agents.
Dès lors, l'article L. 511-1 du code de la sécurité intérieure énonce les fonctions des agents de police municipale : « Sans
préjudice de la compétence générale de la police nationale et de la gendarmerie nationale, les agents de police municipale
exécutent, dans la limite de leurs attributions et sous son autorité, les tâches relevant de la compétence du maire que celui-ci
leur confie en matière de prévention et de surveillance du bon ordre, de la tranquillité, de la sécurité et de la salubrité
publiques. Ils sont chargés d'assurer l'exécution des arrêtés de police du maire et de constater par procès-verbaux les
contraventions auxdits arrêtés. Sans préjudice des compétences qui leur sont dévolues par des lois spéciales, ils constatent
également par procès-verbaux les contraventions aux dispositions du code de la route dont la liste est fixée par décret en
Conseil d'État ainsi que les contraventions mentionnées au livre VI du code pénal dont la liste est fixée par décret en Conseil
d'État, dès lors qu'elles ne nécessitent pas de leur part d'actes d'enquête et à l'exclusion de celles réprimant des atteintes à
l'intégrité des personnes. Ils peuvent également constater par rapport le délit prévu par l'article L. 126-3 du code de la
construction et de l'habitation. Ils exercent leurs fonctions sur le territoire communal, dans les conditions prévues au 2 o de
l'article 21 du code de procédure pénale. Affectés sur décision du maire à la sécurité d'une manifestation sportive, récréative
ou culturelle mentionnée à l'article L. 613-3, ils peuvent procéder à l'inspection visuelle des bagages à main et, avec le
consentement de leur propriétaire, à leur fouille ». Les agents de police municipale sont ainsi chargés de certaines missions
de police administrative et de police judiciaire en tant qu'agents de police judiciaire adjoints (C. pr. pén., art. 21, 2 o ; V. infra,
n o 201). Ils sont donc compétents pour constater différentes infractions, dont la liste s'allonge avec le temps et qui déborde
du seul champ des arrêtés municipaux. L'article R. 511-1 du code de la sécurité intérieure, qui donne la liste des infractions
pouvant être constatées par la police municipale, traduit bien la nette tendance à la judiciarisation de son action (LATOUR, La
partie réglementaire du Code de la sécurité intérieure, préc. [supra, n o 23]). Les agents de police municipale sont soumis à la
direction du procureur de la République, à la surveillance du procureur général et au contrôle de la chambre de l'instruction,
qui peut leur interdire d'exercer leurs fonctions (C. pr. pén., art. 13 et 230 ; V. infra, n os 419 s.). Ils peuvent aussi être soumis
à des inspections diligentées par le ministre de l'Intérieur sur demande des autorités municipale, intercommunale préfectorale
ou judiciaire (CSI, art. L. 513-1). À l'instar des policiers et gendarmes, les agents de police municipales sont soumis au respect
de règles déontologiques (CSI, art. L. 515-1), auparavant, décret n o 2003-735 du 1 er août 2003 (JO 6 août). Au niveau
national, une commission consultative des polices municipales a été créée pour harmoniser les pratiques (CSI, art. L. 515-2 ;
R. 514-1 s. sur sa composition et son fonctionnement).
139. Infractions en matière de police municipale stricto sensu. - Les agents de police municipale et les agents de surveillance de
Paris sont ainsi chargés de rechercher les contraventions aux règlements et arrêtés pris par le maire et le préfet en matière
de police municipale et maintien de l'ordre (CSI, art. L. 511-1, al. 2 et R. 511-1, al. 2 renvoyant à l'art. L. 2215-1, 1 o à
3 o CGCT ; C. pén., art. R. 610-5). Depuis la loi LOPPSI 2, ils peuvent réaliser une inspection visuelle ou une fouille des sacs et
bagages à l'occasion de l'accès à une manifestation sportive, récréative ou culturelle rassemblant plus de 300 personnes (CSI,
art. L. 511-1, al. 5, anciennement L. n o 83-629 du 12 juill. 1983, art. 3-2 al. 2, abrogé).
1 4 0 . Infractions en matière de police routière. - Les agents de police municipale sont compétents pour constater certaines
contraventions au code de la route commises à l'intérieur du territoire communal sur les voies autres que les autoroutes (CSI,
art. R. 511-1, al. 2). Ils peuvent constater les contraventions d'entrave à la circulation, de mort ou blessures involontaires
causées à animal dans le cadre de la circulation (C. pén., art. R. 644-2 et R. 653-1), mais aussi toutes les contraventions
prévues par le code de la route à l'exception de certaines infractions limitativement énumérées (C. route, art. R. 130-2). Sont
exclues de la compétence des agents de police municipale, les contraventions suivantes (C. route, art. R. 130-2) : instructions
de violer les règles applicables aux transports de personnes ou de marchandises et fausse déclaration (art. R. 121-1 à R. 121-
5) ; organisation de courses automobiles sans respecter les règles applicables (R. 221-18 et R. 411-32), échange de permis
de conduire (art. R. 222-2, art. R. 222-3), conduite en état alcoolique (art. R. 234-1), mise en vente de pneumatiques non
conformes ou abîmés (art. R. 314-2), défaut d'acquittement de péage (art. R. 412-17), défaut d'obtempérer en cas
d'enlèvement d'objet troublant la circulation (art. R. 412-51), distribution de tracts aux conducteurs ou occupants de véhicules
sur la voie publique (art. R. 412-52), détention de détecteur de radar (art. R. 413-15). Ils peuvent aussi constater les
infractions relatives à la circulation, l'arrêt et le stationnement des véhicules dans les cours des gares (C. transp., art. L. 2241-
1). Les agents de police municipale disposent d'un droit de consultation des fichiers des immatriculations et des permis de
conduire (C. route, art. L. 330-2 et L. 330-3) et peuvent ordonner l'immobilisation du véhicule (C. route, art. R. 325-3). Le chef
de police municipale peut aussi prescrire la mise en fourrière (C. route, art. L. 325-2, art. R. 325-14). Depuis la loi LOPPSI 2, les
policiers municipaux peuvent procéder au dépistage d'alcoolémie par air expiré ou d'usage de stupéfiants sur ordre d'un
officier de police judiciaire après avoir constaté un accident de la route ou une infraction au code de la route (C. route,
art. L. 234-3 et L. 235-2). Cette possibilité de contrôle est aussi offerte dans le cadre de contrôles inopinés ou de suspicion
d'usage mais alors seul un OPJ ou un APJ pourront faire procéder aux vérifications destinées à établir la preuve de l'état
alcoolique (C. route, art. L. 234-9 et L. 235-2). En cas de constat d'usage de stupéfiants, l'OPJ peut ordonner aux policiers
municipaux de lui présenter la personne. Ils peuvent réaliser une rétention conservatoire du permis de conduire après avoir
constaté un excès de vitesse de 40 km/h ou plus (C. route, art. L. 224-1, al. 5). Les policiers municipaux sont compétents pour
constater, sur les voies de toutes catégories, les infractions à la police de la conservation du domaine public routier. Ils
transmettent alors leur procès-verbal au procureur de la République et à l'autorité responsable de l'entretien de la voie
(C. voirie rout., art. L. 116-2 et L. 116-3). Ils sont aussi compétents pour constater les infractions aux règles de restrictions à
la circulation motorisée (C. envir., art. L. 362-5).
1 4 1 . Infractions en matière de santé publique, d'environnement et forestière. - Ils ont compétence pour constater les
contraventions relatives à l'interdiction de fumer dans certains lieux publics prévues par les articles R. 3512-1 et R. 3512-2 du
code de la santé publique (CSI, art. R. 511-1, al. 2) et les infractions commises en matière de déchets et de récupération de
métaux (C. envir., art. L. 541-44), de pêche (C. envir., art. L. 437-1, 4 o), de protection des espèces animales, végétales,
habitats naturels, sites géologiques (C. envir., art. L. 415-1, 5 o). Les agents de police municipale sont aussi compétents en
matière d'infraction forestière (C. for., art. 161-4).
142. Infractions pénales. - Ils ont compétence pour constater certaines contraventions figurant au livre VI du code pénal. Mais
le constat de ces infractions ne doit nécessiter aucun acte d'enquête de leur part (C. pr. pén., art. R. 15-33-29-3) : divagation
d'animaux dangereux (art. R. 622-2) ; bruits ou tapages injurieux ou nocturnes (art. R. 623-2) ; excitation d'animaux
dangereux (art. R. 623-3) ; menaces de destruction lorsqu'elles concernent des biens appartenant à la commune (art. R. 631-
1 et R. 634-1) ; abandon d'ordures, déchets, matériaux et autres objets (art. R. 632-1 et R. 635-8) ; destructions,
dégradations et détériorations légères lorsqu'elles concernent des biens appartenant à la commune (art. R. 635-1) ; atteintes
volontaires ou involontaires à animal et mauvais traitements (art. R. 653-1, R. 654-1 et R. 655-1). Ils peuvent constater les
infractions relatives aux chiens dangereux (C. rur., art. L. 215-3-1). Après constat de ces infractions, les agents peuvent
procéder à des palpations de sécurité sur la personne des suspects car ces palpations sont qualifiées d'actes de police
administrative destinés à assurer leur sécurité (Crim. 14 avr. 1988, Gaz. Pal. 1989. Chron. 75, note Doucet). En revanche, ils
ne peuvent procéder à la fouille des personnes ou des véhicules (V. Fouilles corporelles).
1 4 3 . Accès aux parties communes et aux images d'immeubles. - Les agents de police municipale sont compétents pour
constater les infractions d'occupation illicite des parties communes d'immeubles. Pour ce faire, ils peuvent être autorisés par
les gestionnaires des immeubles à pénétrer dans ces parties (CCH, art. L. 126-1 et L. 126-3). En aucun cas, ils ne peuvent
procéder à des perquisitions. Depuis la loi LOPPSI 2, les policiers municipaux disposent d'un droit d'accès aux images de
vidéosurveillance des immeubles, sous réserve d'une convention entre le gestionnaire de l'immeuble, le préfet et le maire
(CCH, art. L. 126-1-1).
144. Recueil d'observations et relevé d'identité. - En tant qu'agents de police judiciaire adjoints, les agents de police municipale
dressent procès-verbal des infractions qu'ils constatent et peuvent alors recueillir les observations du contrevenant (C. pr.
pén., art. 21, dern. al.). Les agents sont aussi compétents pour relever l'identité des contrevenants afin de dresser procès-
verbal des contraventions pour lesquelles ils sont compétents. En cas de refus ou d'impossibilité de justifier de son identité,
les agents doivent rendre compte à l'OPJ territorialement compétent. Celui-ci peut alors ordonner sans délai de lui présenter
sur-le-champ le contrevenant. À défaut de cet ordre, le policier municipal doit laisser partir l'intéressé (C. pr. pén., art. 78-6).
145. Transmission des procès-verbaux. - Les procès-verbaux sont ensuite adressés sans délai au maire et aux officiers de
police judiciaire. Ces derniers les font suivre au procureur de la République (C. pr. pén., art. 21-2).
1 4 6 . Valeur probante des procès-verbaux. - Comme ils sont prévus par une loi spéciale, les procès-verbaux rédigés par les
policiers municipaux possèdent une valeur probante renforcée jusqu'à preuve contraire par écrit ou témoin (C. pr. pén.,
art. 431 ; V. Procès- v erbal).
147. Information des OPJ. - De plus, les agents de police municipale sont tenus de rendre compte immédiatement à l'OPJ de la
police nationale ou de la gendarmerie nationale territorialement compétent de « tous crimes, délits ou contraventions dont ils
ont connaissance » (C. pr. pén., art. 21, al. 4). Pour ce faire, les policiers municipaux vont, comme tous les APJA, rédiger des
rapports qu'ils vont adresser à leurs chefs hiérarchiques : maires et officiers de police judiciaire. Ceux-ci les feront suivre au
procureur de la République (C. pr. pén., art. R. 15-33-29-4).
1 4 8 . Élargissement de compétence. - Cette obligation de rendre compte permet d'élargir sensiblement la compétence des
policiers municipaux. Les dispositions spéciales régissant leur compétence n'excluent pas l'application des dispositions
générales de l'article 21 (Crim. 14 nov. 2000, n o 00-82.007 , Bull. crim. n o 340). Certes, leur pouvoir de constat doit
respecter « le cadre et les formes prévues par les lois organiques ou spéciales qui leur sont propres » (C. pr. pén., art. 21,
al. 6). Ils ne peuvent donc constater par procès-verbal que les infractions limitativement énumérées par les textes régissant
leur statut. Mais ils peuvent rapporter toutes celles qui sortent de leur compétence originelle. Les rapports ne valent alors
qu'à titre de simple renseignement (C. pr. pén., art. 430). Ils possèdent néanmoins la même valeur probatoire que les procès-
verbaux et rapports dressés par les OPJ et APJ de la police et de la gendarmerie nationales, et permettent donc d'établir de la
même manière les infractions (Crim. 9 janv. 2002, n o 01-83.205 , arrêt dans lequel la Cour de cassation valide la valeur
probatoire à titre de simple renseignement du rapport rédigé par un agent de police municipale victime d'une infraction). Le
juge ne peut donc écarter l'écrit rédigé par un policier municipal et maladroitement intitulé « procès-verbal » au motif qu'il
n'avait pas qualité à le faire, puisque l'infraction en cause ne figurait pas dans la liste posée par le code de la route comme
pouvant être constatée par lui (V. en ce sens Crim. 14 nov. 2000, n o 00-82.007 , préc.). Les policiers municipaux sont ainsi
compétents pour relever tous les types d'infractions. L'élargissement de leur compétence répressive matérielle tranche avec la
moindre évolution de leur statut (JEAN-PIERRE, La police municipale : entre extension de ses missions et stagnation de son
statut, JCP A 2010, act. 123).
b. - Compétence territoriale
149. Compétence territoriale communale. - Les agents de police municipale sont compétents pour exercer leurs fonctions sur le
territoire de la commune (CSI, art. L. 511-1). Mais ils peuvent aussi intervenir sur le territoire d'autres communes. Le code de
la sécurité intérieure distingue alors plusieurs hypothèses. D'abord, celle des communes de moins de 20 000 habitants
formant un ensemble de moins de 50 000 habitants d'un seul tenant. Ces communes peuvent mettre en commun un ou
plusieurs agents. Leurs conditions d'emploi (temps de présence dans les communes, missions, etc.) sont précisées dans une
convention transmise au préfet. La convention précise le mode de financement et d'équipement des agents (CSI, art. R. 512-1
à R. 512-4). Les communes impliquées doivent de plus se doter d'une convention de coordination avec la police ou la
gendarmerie (CSI, art. L. 512-1 et L. 512-5). Il s'agit bien ici de partager le coût d'une police municipale entre plusieurs
communes. Est en marche une forme de mutualisation au niveau intercommunal de la police municipale (CROUZATIER-DURAND,
Les évolutions des polices municipales. Mutualisation et territorialisation, AJDA 2013. 1961 ). Ensuite, un établissement
public de coopération intercommunale à fiscalité propre peut recruter un plusieurs agents. Ce recrutement s'effectue à la
demande des maires des communes appartenant à l'établissement après délibération des conseils municipaux dans des
conditions précises de représentation (deux tiers des conseils et la moitié de la population). Les agents sont ensuite mis à
disposition des communes (CSI, art. L. 512-2). Mais cette mise à disposition fait obstacle à une mise en commun vue
précédemment (CSI, art. L. 512-1, al. 7). Enfin, les agents de police municipale de plusieurs communes peuvent être utilisés
sur le territoire d'une ou plusieurs d'entre elles lors de manifestations exceptionnelles (CSI, art. L. 512-3). Toutefois, ces
hypothèses n'ont pas pour conséquence de conférer aux agents une compétence judiciaire intercommunale. Dans les deux
hypothèses de mise en commun et mise à disposition, l'article L. 512-1, alinéa 2, et l'article L. 512-2, alinéa 2, précisent bien
que « pendant l'exercice de leurs fonctions sur le territoire d'une commune, ces agents sont placés sous l'autorité du maire de
cette commune ». L'alinéa 2 de l'article L. 512-2 précise en outre en cas de mise à disposition que « Les agents de police
municipale ainsi recrutés exercent, sur le territoire de chaque commune où ils sont affectés, les compétences mentionnées à
l'article L. 511-1, sans préjudice des compétences de police judiciaire qui leur sont dévolues par le code de procédure pénale
et par les lois pénales spéciales ». En outre, les compétences de police judiciaire des agents de police judiciaire adjoints ne
s'exercent que « dans les limites territoriales où ils exercent leur fonction habituelle » selon l'article 21-2 du code de
procédure pénale. La capacité de police judiciaire de l'agent reste donc communale. Lorsqu'il change de commune, il revêt la
compétence territoriale de celle-ci. Enfin, l'article L. 512-3 du code de la sécurité intérieure précise bien que la faculté de mise
en commun des agents de police municipale en cas de manifestation exceptionnelle « s'exerce exclusivement en matière de
police administrative ». Reste que les agents pourront sortir du territoire communal dans le cadre d'une activité de police
judiciaire si un officier de police judiciaire leur ordonne notamment d'amener devant lui un contrevenant ou une personne ne
pouvant décliner son identité (V. infra, n o 348). En matière forestière, les policiers municipaux exercent alors leurs
compétences sur l'étendue du territoire communal ou du groupement de communes qui les emploie mais lorsque les
nécessités de l'enquête l'exigent, ils peuvent se transporter dans les communes limitrophes de celles dans lesquelles ils sont
affectés à l'effet d'y poursuivre les opérations de recherche ou de constatation. Le maire de la commune où les opérations
sont poursuivies en est informé sans délai, ainsi que le procureur de la République si cette commune n'est pas située dans le
même ressort de tribunal de grande instance que celui dans lequel l'intéressé est normalement habilité à exercer (C. for.,
art. L. 161-9).
151. Nomination, agrément et serment. - Les policiers municipaux sont bien sûr nommés par le maire. Comme ils possèdent
des fonctions de police administrative et de police judiciaire, ils font l'objet d'un double agrément par le préfet et le procureur
de la République (CSI, art. L. 511-2 et R. 511-2). L'agrément permet ainsi de vérifier l'honorabilité et la moralité des agents.
Comme l'agrément suppose deux décisions distinctes du préfet et du procureur de la République, il suffit d'un seul refus pour
exclure le fonctionnaire de la fonction de police municipale. Ce refus est une décision administrative soumise aux juridictions
administratives (CE 6 avr. 1992, req. n o 119653 , Procureur de la République près le tribunal de grande instance c/ Pirozelli,
Lebon 150 ). L'agrément peut aussi être retiré ou suspendu par le préfet ou le procureur après consultation du maire ou du
président de l'établissement public de coopération intercommunale. Depuis la loi du 14 mars 2011, en cas d'urgence, seul le
procureur peut retirer l'agrément sans avoir à consulter préalablement le maire ou le président de l'EPCI qui a recruté l'agent
(CSI, art. L. 511-2, al. 2). Le policier municipal privé d'agrément n'a alors pas droit à reclassement (CE 19 oct. 2012, req.
n o 360790 , Cne de Loupian, AJDA 2012. 1987, obs. de Montecler ). En plus d'être agréés, les agents de police
municipale doivent prêter serment devant le juge du tribunal de police de leur résidence. Cette assermentation confère valeur
probante aux procès-verbaux qu'ils rédigent lorsqu'ils constatent une contravention de leur compétence. Ces écrits valent
jusqu'à preuve contraire. L'agrément et l'assermentation produisent leurs effets tant que les agents continuent d'exercer
leurs fonctions. Depuis la loi du 14 mars 2011, s'ils sont amenés à être recrutés par une autre commune ou un autre
établissement de coopération intercommunale, alors ils n'ont pas à prêter serment ou être agrémentés de nouveau dès lors
qu'ils continuent d'exercer des fonctions d'agent de police municipale. Mais les procureurs de la République de l'ancien et du
nouveau ressort doivent être avisés sans délai de ce changement. Lorsque l'agrément de l'agent de police municipal est retiré
ou suspendu, le maire ou le président de l'établissement public de coopération intercommunal peut lui proposer un
reclassement dans un autre cadre d'emploi de la fonction publique territoriale (C. communes, art. L. 412-49 dans sa rédaction
issue de l'ordonnance du 12 mars 2012). L'agrément peut aussi être accordé à des agents de la commune affectés à des
emplois autres que ceux de la police municipale, pour leur permettre d'assister temporairement les agents de la police
municipale dans les communes touristiques et stations classées de tourisme (CSI, art. L. 511-3).
152. Grades. - La police municipale comprend ainsi plusieurs sortes de policiers municipaux. En premier lieu, les agents de
police municipale de catégorie C, catégorie comprenant six grades : gardien, gardien principal, brigadier, brigadier-chef,
brigadier-chef principal, chef de police municipale. En deuxième lieu, les agents de catégorie B, comprenant trois grades : chef
de service de police municipale de classe normale, chef de service de police municipale de classe supérieure et chef de police
municipale de classe exceptionnelle. En troisième lieu, depuis 2006, les directeurs de police municipale de catégorie A (Décr.
n o 2006-1392 du 17 nov. 2006, JO 18 nov. mod. par Décr. n o 2009-1724 du 30 déc. 2009, JO 31 déc.), cadre d'emploi ne
comprenant qu'un seul grade. Les directeurs sont recrutés sur concours externe et interne mais aussi parmi les agents de
police municipale ayant dix ans d'ancienneté dont au moins cinq en tant que chefs de police municipale. Peuvent aussi être
intégrés les fonctionnaires civils et les militaires appartenant à la même catégorie et de niveau comparable. Les directeurs
n'exercent qu'au sein des communes ou établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre comportant
une police municipale dont l'effectif est d'au moins quarante agents. Ils ont pour rôle d'assurer la direction fonctionnelle et
opérationnelle des services de la police municipale. De ce fait, ils encadrent les chefs et agents de police municipale et
participent à la conception et à la mise en oeuvre de leurs stratégies d'intervention. Ils exécutent les missions du maire en
matière de police municipale (prévention et surveillance du bon ordre, de la tranquillité, de la sécurité et de la salubrité
publiques). Ils assurent les missions de répression des contraventions aux arrêtés de police du maire et aux dispositions pour
lesquelles la police municipale est compétente (MIRANDA, Le directeur de police municipale : une profession en pleine
mutation, AJCT 2010. 147 ). Les policiers municipaux sont enfin astreints au respect d'un code de déontologie issu du
décret n o 2003-735 du 1 er août 2003 et désormais inscrit dans le code de la sécurité intérieure (CSI, art. R. 515-1 à R. 515-
21. - V. BOILLOT-BURG, Du code de déontologie des agents de la police municipale, JCP A 2003. - JEAN-PIERRE, Propos
irrévérencieux sur la déontologie des policiers municipaux, JCP A 2003. 1846).
1 5 3 . Équipements. - Les policiers municipaux bénéficient d'équipements dont les standards sont fixés au niveau national
depuis la loi du 15 avril 1999. Auparavant, les maires avaient toute latitude pour décider de l'équipement de leurs policiers
municipaux. Paradoxalement, l'équipement des polices municipales est donc le même au niveau national. Mais il ne doit pas
être confondu avec celui de la police, de la gendarmerie ou même de la douane. L'article L. 511-4 du code de la sécurité
intérieure dispose donc que « la carte professionnelle, la tenue, la signalisation des véhicules de service et les types
d'équipement dont sont dotés les agents de police municipale font l'objet d'une identification commune à tous les services de
police municipale et de nature à n'entraîner aucune confusion avec ceux utilisés par la police nationale et la gendarmerie
nationale ». Cet article ajoute que « le port de la carte professionnelle et celui de la tenue sont obligatoires » pendant le
service, prohibant ainsi toute intervention en tenue civile. La carte est valable dix ans (CSI, art. D. 511-3 à D. 511-5), tandis
que les tenues sont définies par arrêté du ministre de l'Intérieur (CSI, art. D. 511-6 à D. 511-8). Les véhicules sont considérés
comme prioritaires (CSI, art. D. 511-9 à D. 511-10). L'arrêté du 5 juin 2014 (JO 14 mai) est venu définir la tenue des policiers
municipaux (à dominante bleu foncé, ponctuée d'éléments de couleur bleu ciel ou bleu gitane). Un autre du même jour est
venu préciser les caractéristiques de la carte professionnelle. L'arrêté du 5 juin 2014 (JO 22 juin) est venu préciser la
signalisation des véhicules.
154. Armement sur autorisation préfectorale. - Enfin, coup de canif au monopole étatique de la violence physique légitime et
ainsi source constante de débat, les policiers municipaux peuvent être armés sur autorisation nominative du préfet après
demande motivée du maire (JEAN-PIERRE, Formation au tir, armement et mise à disposition des agents de police municipale,
JCP Adm. 2007. 2240). C'est la loi du 15 avril 1999 qui est venue encadrer plus strictement ce régime d'armement et réduire
les pouvoirs du maire (LE MOIGNE, L'armement des policiers municipaux : les moyens d'une profession à risques, AJCT 2010.
152 ). Par ailleurs, elle a mis fin à la possibilité de porter des armes personnelles et décidé l'unification, au plan national,
des types et catégories d'armes pouvant être autorisés (V. Décr. n o 2000-276 du 24 mars 2000, JO 26 mars abrogé par le
Décr. n o 2013-113 du 4 déc. 2013, préc. [supra, n o 154]). Le port doit être justifié par la nature des interventions des
policiers municipaux et les circonstances (CSI, art. L. 511-5). La partie réglementaire du code de la sécurité intérieure encadre
assez précisément cette question du port d'arme par ailleurs souvent objet de fantasme (peut-être en raison de son aspect
symbolique). Sont précisées les circonstances et les conditions d'acquisition et de conservation par la commune ou
l'établissement, de port et d'utilisation par les agents ainsi que les modalités de formation. Ainsi, les armes sont acquises et
détenues par la commune sur autorisation préfectorale valable cinq ans (CSI, art. R. 511-11 et R. 511-18). À la différence des
policiers nationaux et des gendarmes, les policiers municipaux ne peuvent acquérir personnellement d'arme à feux (CSI,
art. R. 511-11, al. 3) et ne peuvent porter que les armes remises par la commune qui les emploie (CSI, art. R. 511-24). À la fin
de leur service, les armes sont remises dans les armoires et coffres-forts du service (CSI, art. R. 511-26 et R. 511-32). Un
registre dresse l'inventaire des armes (CSI, art. R. 511-33). L'autorisation individuelle de port d'arme est accordée par le
préfet après demande motivée du maire. Cette motivation repose sur les missions qui nécessiteraient le port d'arme (CSI,
art. R. 511-18). Les articles R. 511-14 à R. 511-17 du code de la sécurité intérieure dressent la liste des heures et des
missions qui seules peuvent légitimer le port d'arme. Entre 6 heures et 23 heures : surveillance générale des voies publiques,
des voies privées ouvertes au public et des lieux ouverts au public abritant des services ou des biens exposés à des risques
particuliers d'insécurité, surveillance dans les services de transports publics de personnes, lorsque l'exploitant en a fait la
demande au maire, gardes statiques des bâtiments. Entre 23 heures et 6 heures : les mêmes missions mais sans la condition
d'insécurité ou de demande d'exploitant du service de transport. De jour comme de nuit : interventions, sur appel d'un tiers
ou à la demande des services de la police nationale ou de la gendarmerie nationale, sur les lieux où se produisent des
troubles à la tranquillité publique. Pour la capture des animaux dangereux ou errants, seul le port du projecteur
hypodermique est autorisé.
155. Types d'armes. - Pour être autorisés au port d'arme, les policiers municipaux doivent suivre une formation spécifique à
leur maniement (CSI, art. R. 511-19, R. 511-21 et R. 511-22). Le port d'armes à feux doit être apparent (CSI, R. 511-25). Les
policiers municipaux peuvent ainsi porter certaines armes à feux (revolver 38 spécial, armes de calibre 7,65 mm), des
matraques ou bâton à poignée latérale (dit tonfa), des bâtons télescopiques, des générateurs d'aérosols incapacitants ou
lacrymogènes, des projecteurs hypodermiques, des menottes, des lanceurs de balle de défense dits « Flash-Ball », c'est-à-
dire des armes tirant un projectile non métallique de calibre au moins égal à 44 mm (CSI, art. R. 511-12 et R. 511-13 et Décr.
n o 2013-700 du 30 juill. 2013 portant nouvelle nomenclature des armes). Suite à un fait divers sanglant (où ils n'auraient été
d'aucune utilité face à des fusils d'assaut), le gouvernement a aussi autorisé le port de pistolets à impulsion électriques dits
« Taser », du nom de leur fabricant (Décr. n o 2010-544 du 26 mai 2010, JO 27 mai validé par CE 1 er juin 2011, req. n o 341917
, Assoc. RAIDH, inédit). Cette dernière arme n'est pas sans poser débat en raison de sa létalité potentielle même si elle
n'est pour l'instant pas rapportée médicalement (LEMAIRE, Effets médico-légaux des ANM à impulsion électrique, in THYS [dir.],
Les armes « à létalité réduite », 2010, L'Harmattan, p. 205). Le Flash-Ball est aussi au centre d'affaires où des personnes ont
été gravement blessées (V. TA Paris, 3 e sect., 1 re ch., 17 déc. 2013, n o 1217943/3-1, l'État est pour la première fois condamné
à indemniser la victime d'un tir de Flash-ball). Nombreux sont les appels à la restriction de son usage (V. not., Le Défenseur
des Droits, Rapport sur trois moyens de force intermédiaire. Le pistolet à impulsions électriques de type Taser x26®, le Flash-
Ball superpro®, le lanceur de balles de défense 40x46, 28 mai 2013). Le Conseil d'État avait même censuré un premier décret
d'autorisation en raison du peu de formation des agents municipaux au maniement de cette arme (CE 2 sept. 2009, req.
n os 318584 et 321715 ). Cependant, force est de reconnaître que le régime de mise en oeuvre de l'arme s'avère
particulièrement strict. Non seulement, le policier municipal ne peut utiliser ses armes qu'en cas de légitime défense (CSI,
art. 511-23). Mais en plus, concernant le Taser, il doit au préalable mettre en garde par oral son agresseur et il ne peut viser
les enfants, les femmes enceintes, les conducteurs de véhicules en mouvement. Il ne peut pas non plus viser la tête ou le cou.
Tout usage risqué pour les tiers se voit prohibé et toute utilisation contre des personnes vulnérables ou portant des
vêtements humides ou imprégnés de substances inflammables est déconseillée (Arr. 26 mai 2010, JO 27 mai 2010). Le cadre
d'emploi est ainsi plus sévère que pour les autres armes (paradoxalement plus que pour les armes à feu). De plus, comme
pour les gendarmes et policiers nationaux, les Tasers municipaux sont équipés d'une caméra se déclenchant
automatiquement qui permet de vérifier le respect des conditions d'usage (CSI, art. 511-28). En outre, tout comme le Flash-
Ball, ce type d'arme à létalité réduite rend possible, de manière sécurisée pour les agents, une certaine gradation dans
l'usage de la force en permettant de neutraliser immédiatement mais momentanément une personne dangereuse sans avoir
recours aux armes à feu dont l'usage est tout de même beaucoup plus mortifère. D'après le ministère de l'Intérieur, en juin
2012, 80 % des policiers municipaux étaient équipés de bâtons de défense et bombes lacrymogènes, 38 % d'armes à feux,
10,5 % d'un Flash-Ball, 1,2 % d'un Taser (FAUVEL et JOUANNEAU, Police municipale : les chiffres clés du ministère de
l'Intérieur, lagazettedescommunes.com, 6 janv. 2014).
1 5 6 . Convention de coordination avec les forces étatiques de police. - Le port d'armes des policiers municipaux suppose la
conclusion préalable d'une convention de coordination dont la nature juridique fait encore débat (FROMENT, La loi sur les
polices municipales : entre semi-tutelle et vrai-faux contrat, Pouvoirs locaux 1999, n o 42, p. 115). Cette convention est conclue
entre le maire, le cas échéant le président de l'établissement public de coopération intercommunale, et le représentant de
l'État dans le département, après avis du procureur de la République (CSI, art. L. 511-5). Le décret n o 2012-2 du 2 janvier
2012 est venu rationaliser les rapports entre forces municipales et nationales et prévoir des conventions aux niveaux
communal et intercommunal (LATOUR et MOREAU, Les nouvelles conventions-types de coordination en matière de police
municipale, JCP Adm. n o 10, 12 mars 2012, 2082. - PONTIER, Police municipale : le nouveau champ d'application des
conventions de coordination, JCP Adm. 2013, act. 244). Le modèle de convention type figure en annexe de l'article R. 512-5 du
code de la sécurité intérieure. La convention de coordination est obligatoire lorsque que le service de police municipale compte
au moins cinq agents. Lorsque l'un des agents est employé par l'EPCI, le président de ce dernier est partie à la convention.
Lorsque le service compte moins de cinq agents, le maire peut demander la conclusion de la convention, laquelle est de fait
obligatoire s'il veut armer ses policiers municipaux. À défaut de convention, les policiers municipaux ne peuvent réaliser leur
mission qu'entre six heures et vingt-trois heures (à l'exception des gardes statiques et de la surveillance des cérémonies et
événements festifs organisés par la commune). Cette convention détaille la nature et les lieux d'interventions des policiers
municipaux et leur coordination avec celles des policiers nationaux et des gendarmes. Elle organise les échanges
d'informations, les communications relatives aux opérations effectuées par les agents de police municipale (relevé d'identité,
dépistage d'alcoolémie), les transmissions de procès-verbaux aux officiers de police judiciaire, le possible partage de
fréquences radio et des images de vidéosurveillance ou l'accès aux fichiers de police. Elle précise la nature et les lieux
d'interventions des policiers municipaux (contrôles routiers, patrouilles à vélo, en véhicule ou à pied, circulation routière), la
possibilité de missions conjointes avec la police ou la gendarmerie nationales (avec accès au véhicule ou à la salle de
commandement), notamment lors d'événements de grande ampleur, la création de brigades cynophiles ou équestres. Le
procureur de la République donne son avis sur la convention. Ce texte permet ainsi d'accorder les différentes missions de
police judiciaire des forces de sécurité étatiques et municipales sous le regard de l'autorité judiciaire. Bien réalisée, la
convention permet de partager clairement les tâches et d'amener les forces nationales et municipales à coopérer et co-agir
dans la complémentarité plutôt qu'à entrer en concurrence (DUFOUR et KABSSI, La sécurité coproduite. Réflexions sur une
coordination renouvelée entre forces de sécurité étatiques et municipales en France, AJCT 2013. 447 ). La convention
possède une durée de trois ans (CSI, art. L. 512-4 et L. 512-6).
157. Polices municipales de proximité. - Comme la loi du 15 avril 1999 a élargi les attributions de ces agents à l'exécution des
arrêtés de police du maire et au constat par procès-verbal des contraventions à ces arrêtés, elle les a, en partie, érigés en
acteurs de la sécurité à l'échelon communal. De ce fait, la loi de 1999 a contribué à « l'autonomisation fonctionnelle » de la
police municipale par rapport à la police nationale (MALOCHET, Les policiers municipaux entre hiérarchie municipales et
partenaires locaux, Cah. sécurité intérieure n o 48, 2002. 104). Les compétences mêmes du maire en matière de prévention de
la délinquance et de lutte contre l'insécurité allant s'élargissant (CSI, art. L. 132-1 et L. 132-4), il ne serait pas étonnant que
ces compétences répressives s'accentuent et profitent alors à ses services de police municipale. Certains maires, notamment
en région parisienne ou dans le sud-est de la France, investissent massivement dans leur police municipale en augmentant
leurs effectifs, en acquérant des équipements parfois plus modernes que ceux de la police nationale, en les armant, en les
dotant de centres de supervision urbains en charge de la vidéosurveillance, voire en les incitant à développer une politique
d'interpellation en flagrant délit pour remise aux forces nationales. Les policiers nationaux ayant parfois distendu leur lien
avec la vie municipale en raison de la nature étatique de leur corps et de l'évolution de leur doctrine d'emploi, les policiers
municipaux semblent plus à même d'investir les missions de police judiciaire de proximité (MALOCHET, Les policiers municipaux,
2007, PUF). D'un certain point de vue, les polices municipales se sont mises à occuper le terrain abandonné par les autres
forces. Or, plus elles se développent, plus il est tentant de leur déléguer davantage de missions (MALOCHET, Les polices
municipales, état des lieux et chantiers ouverts, Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Île-de-France, Note rapide, n o 642 -
févr. 2014). La loi LOPPSI 2 aurait pu contribuer à cette évolution car elle voulait permettre aux policiers municipaux de
procéder à des contrôles d'identité et attribuer la capacité d'agent de police judiciaire aux directeurs de police municipale (L.
n o 2011-267 du 14 mars 2011, art. 91 et 92 censurés). Cette qualité aurait résulté de la convention de coordination conclue
entre les autorités municipale, préfectorale et judiciaire. Elle leur aurait permis de dresser procès-verbal des infractions de
toute nature, de recevoir par procès-verbal les déclarations des témoins. Elle leur aurait permis d'effectuer des enquêtes
préliminaires ou des contrôles d'identité. La police municipale serait alors transformée en une véritable police judiciaire
d'investigation. Le Conseil constitutionnel a censuré ces extensions de compétence les jugeant contraires à l'article 66 de la
Constitution. Pour le Conseil, cet article exige de placer la police judiciaire sous la direction et le contrôle de l'autorité
judiciaire. Or, « cette exigence ne serait pas respectée si des pouvoirs généraux d'enquête criminelle ou délictuelle étaient
confiés à des agents qui, relevant des autorités communales, ne sont pas mis à la disposition des officiers de police
judiciaire » (Cons. const. 10 mars 201,1 n o 2011-625 DC, JO 15 mars, cons. n o 59). Il serait trop rapide de conclure que le
Conseil refuse toute force de police judiciaire d'investigation au niveau communal car il n'a censuré ni l'existence même de la
police municipale, ni ses différents pouvoirs de constat d'infraction. Sa censure repose sur le fait que l'accroissement de
prérogatives procédurales en matière criminelle et délictuelle ne s'accompagne pas d'une augmentation du contrôle de la
police municipale. Or, le code de procédure pénale place les agents de police judiciaire sous le contrôle direct des OPJ dans le
service desquels ils sont affectés (C. pr. pén., art. 21). Et ces OPJ sont soumis à la direction du procureur de la République et
au contrôle de la chambre de l'instruction (C. pr. pén., art. 12 et 13). Comme les agents de police municipale n'appartiennent
pas aux mêmes administrations et services que les policiers nationaux et gendarmes, ils ne sont pas placés directement sous
leur contrôle direct et opérationnel. L'obligation de rendre compte immédiatement des infractions ne suffit donc pas à assurer
un contrôle effectif. Ainsi que l'énonce le commentaire de la décision, « la "chaîne de contrôle" serait par trop distendue entre
le procureur de la République et l'agent chargé de l'enquête si ce dernier n'était pas sous l'autorité directe et immédiate des
officiers de police judiciaire » (Cahiers du Conseil constitutionnel, Commentaire de la décision n o 2011-625 DC du 10 mars
2011, p. 37). Le Conseil écarte ici l'efficacité du contrôle par le maire et ses adjoints pour garantir la liberté individuelle et ce
malgré leur qualité d'OPJ (C. pr. pén., art. 16, 1 o), peut-être parce qu'ils ne sont pas placés sous le contrôle effectif de
l'autorité judiciaire puisque non soumis à habilitation et notation par le procureur général et non susceptibles de sanction par
la chambre de l'instruction (C. pr. pén., art. 16, al. 4, 19-1 et 224). Le Conseil constitutionnel censure donc surtout l'absence
d'une réforme structurelle de la police municipale rendant possible un contrôle direct par les autorités judiciaires. En revanche,
la question de la capacité procédurale de la police municipale risque de rebondir rapidement. En effet, l'article 15 de la loi du
14 avril 2011 relative à la garde à vue introduit un deuxième alinéa à l'article 73 du code de procédure pénale. Cet article
permet aux policiers municipaux comme à tous citoyens d'interpeller l'auteur présumé d'une infraction flagrante et le conduire
devant un OPJ. La jurisprudence de la Cour de cassation exigeait le placement en garde à vue de toute personne privée de sa
liberté par la police nationale ou la gendarmerie (Crim. 6 déc. 2000, n o 00-82.997 , Bull. crim. n o 367. - Crim. 6 mai 2003,
n o 02-87.567 , Bull. crim. n o 93). Mais le nouvel alinéa de l'article 73 oblige l'OPJ à placer en garde à vue amenée par la
force publique. La police municipale étant une force publique, toute interpellation qu'elle pratique entraîne une garde à vue.
L'article 73, alinéa 2, confère donc aux policiers municipaux un pouvoir indirect de placement en garde à vue et de
déclenchement d'investigations quelle que soit l'infraction soupçonnée et soumet leur arrestation au contrôle direct d'un OPJ.
La question de la police municipale comme police judiciaire de proximité risque ainsi de se voir reposée un jour prochain. Il
suffirait, pour la régler, d'attribuer la capacité d'OPJ aux directeurs de police municipale après formation et examen, ou de
détacher des OPJ policiers ou gendarmes au sein de services municipaux de police pour régler la difficulté (ROUSSEL, La
nature répressive de la police municipale après les lois LOPPSI 2, AJCT 2011. 347). Éventuellement, les actes d'enquêtes
pourraient être strictement limités (pas de garde à vue ou de perquisition) et les investigations pourraient ne porter que sur
des infractions peu graves (contraventions et délits punis d'une peine de moins de cinq ans d'emprisonnement par exemple).
La question de la double hiérarchie judiciaire et municipale, si elle est susceptible de détourner certains maires d'investir dans
une police municipale (LATOUR, La LOPPSI, les collectivités territoriales et la lutte contre la délinquance, AJDA 2011. 1075 ),
ne semble pas suffisante pour entraver cette avancée. Après tout, les policiers nationaux et les gendarmes connaissent aussi
une double hiérarchie. Il semblerait néanmoins que le législateur ne soit pas encore enclin à franchir cette étape quand bien
même il constate « le durcissement de la notion de tranquillité publique » et qu'il souhaite passer de l'échelon municipal à
l'échelon territorial (PILLET et VANDIERENDONCK, De la police municipale à la police territoriale : mieux assurer la tranquillité
publique, Rapport d'information n o 782, JO Sénat, 26 sept. 2012). S'il ne serait pas pertinent de faire de la police municipale
« une police nationale bis sans réelle plus-value » (V. MALOCHET, Les polices municipales, état des lieux et chantiers ouverts,
préc.), il ne serait pas non plus illogique de lui donner les moyens juridiques et donc judiciaires, d'assumer ses missions au
niveau local en fonction des attentes des habitants. Les forces de police étatiques ne peuvent plus tout faire, pourquoi ne pas
leur adjoindre les forces municipales dans la lutte contre la délinquance de proximité ? À l'inverse, cantonner la police
municipale dans une fonction préventive risque d'accroître sa surveillance des citoyens (LATOUR, De la police municipale à la
police territoriale : quelles pistes pour l'avenir ? - À propos du rapport sénatorial du 26 septembre 2012, JCP Adm. n o 42,
22 oct. 2012, act. 685). Dans tous les cas, un statuo quo dans la réflexion sur les missions et le statut des polices municipales
n'est pas satisfaisant. Reste que le glissement du régime des polices municipales du code général des collectivités territoriales
vers le code de la sécurité intérieure à côté de la police nationale et de la gendarmerie renforce leur place au sein de
l'ordonnancement des forces de sécurité en France.
158. Distinction avec les agents de surveillance de la voie publique. - Il ne faut pas confondre les policiers municipaux avec les
agents de surveillance de la voie publique (ASVP) quand bien même ces derniers sont aussi agents municipaux. Toutefois, ces
derniers, qui ne doivent pas porter le même uniforme, ne disposent pas de statut spécifique. Ils peuvent même être recrutés
de manière parfaitement discrétionnaire par le maire sans condition de diplôme ou de formation. Souvent agents contractuels,
les ASVP n'en possèdent pas moins des prérogatives répressives alors qu'ils ne sont même pas agents de police judiciaire
adjoints. Agréés par le procureur de la République et assermentés devant le tribunal d'instance ou de grande instance, ils
peuvent constater certaines contraventions au code de la route : d'arrêts, de stationnement gênants, abusifs ou interdits, à
l'exclusion des arrêts ou stationnements dangereux (C. route, art. L. 130-4 et R. 130-4). Ils peuvent constater les
contraventions relatives au défaut d'apposition du certificat d'assurances sur le véhicule (C. assurances, art. R. 211-21-5), les
contraventions aux dispositions des règlements sanitaires relatifs à la propreté des voies et espaces publics (CSP,
art. L. 1312-1), les contraventions portant sur les bruits de voisinage (Décr. n o 95-409 du 18 avr. 1995, art. 2), les
contraventions relatives à la circulation, l'arrêt et le stationnement des véhicules dans les cours des gares (C. transp.,
art. L. 2241-1). Leur nombre et leur missions s'avèrent donc en augmentation sans pour autant que les indispensables
évolutions statutaires ne soient en préparation. Le Sénat avait pourtant demandé la création d'un cadre d'emploi des ASVP de
catégorie C avec obligation de formation (PILLET et VANDIERENDONCK, Rapport préc. [supra, n o 157], p. 93).
159. Distinction avec les agents de la ville de Paris. - Les policiers municipaux ne doivent pas non plus être confondus avec les
agents de la ville de Paris chargés d'un service de police. Ces agents sont autorisés à constater par procès-verbal les
contraventions aux arrêtés de police du maire de Paris, les contraventions relatives aux permis de stationnement sur la voie
publique, les contraventions énumérées par l'article R. 15-33-29-3 du code de procédure pénale dès lors qu'elles ne
nécessitent pas de leur part d'actes d'enquête et à l'exclusion de celles réprimant des atteintes à l'intégrité des personnes.
Les agents sont habilités à relever l'identité des contrevenants. À la différence des ASVP, ces agents bénéficient d'un statut.
Ils sont recrutés comme fonctionnaires des administrations parisiennes. Ils bénéficient d'une formation et sont agréés par le
procureur de la République puis assermentés. Leur carte professionnelle, leurs uniformes et leurs véhicules se distinguent de
ceux des policiers nationaux, municipaux et des gendarmes (CSI, art. L. 531-1, art. R. 531-1 s.).
1 6 0 . Distinctions avec les agents de surveillance de Paris placés sous l'autorité du préfet. - Enfin, les policiers municipaux ne
doivent pas être confondus avec les agents de surveillance de Paris placés sous l'autorité du préfet de police. Ces agents
peuvent constater les contraventions aux arrêtés de police du préfet de police et du maire de Paris relatifs au bon ordre, à la
tranquillité, à la sécurité et à la salubrité sur la voie publique ainsi que les contraventions énumérées par l'article R. 15-33-29-
3 du code de procédure pénale, dès lors qu'elles ne nécessitent pas de leur part d'actes d'enquête et à l'exclusion de celles
réprimant des atteintes à l'intégrité des personnes. Ils peuvent aussi constater les contraventions de l'article R. 130-1-2 du
code de la route, les contraventions relatives à l'interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif des articles
R. 3512-1 et R. 3512-2 du code de la santé publique (CSI, art. L. 532-1 ; art. R. 532-1).
161. D'une dualité à l'autre. - À terme, la dualité policière ne devra peut-être plus être envisagée selon une distinction entre
police et gendarmerie, puisque ces deux forces se rapprochent, mais selon une double distinction entre forces de police
généralistes et spécialistes d'une part, et entre forces de police étatiques et municipales d'autre part.
1 6 2 . Transition. - La police judiciaire renvoie ainsi à une multitude de services mais aussi à la capacité des personnels
appartenant à ces derniers, voire à d'autres administrations.
1 6 4 . Exclusion des agents de sécurité privée. - En revanche, les agents privés de recherche et les employés des sociétés
privées de sécurité (agents de surveillance de supermarchés, de banques et autres lieux publics ou privés) ne possèdent
aucune capacité de police judiciaire puisqu'ils ne sont pas visés par l'article 15 du code de procédure pénale. Néanmoins, ils
peuvent procéder à l'inspection visuelle des bagages à main et, avec le consentement de leur propriétaire, à leur fouille. En
cas de circonstances particulières liées à l'existence de menaces graves pour la sécurité publique, ils peuvent être autorisés
par arrêté préfectoral à procéder, avec le consentement exprès des personnes, à des palpations de sécurité. La palpation de
sécurité doit alors être faite par une personne de même sexe que la personne qui en fait l'objet (CSI, art. L. 613-2). Dans le
cadre des contrôles d'accès aux enceintes où se déroule une manifestation sportive, récréative ou culturelle, les agents de
sécurité privée et les membres du service d'ordre de l'organisateur peuvent procéder, sous le contrôle d'un officier de police
judiciaire et avec le consentement exprès des personnes, à des palpations de sécurité ainsi qu'à l'inspection visuelle des
bagages à main et, avec le consentement de leur propriétaire, à leur fouille (CSI, art. L. 613-3). Dans les aéroports, les agents
de sécurité privée peuvent procéder, sous le contrôle d'un officier de police judiciaire ou d'un agent des douanes, à des
opérations d'inspection-filtrage des personnes, des objets qu'elles transportent et des bagages ainsi qu'à des opérations
d'inspection des véhicules (C. transp., art. L. 6342-4 introduit par l'ord. n o 2012-289 du 1 er mars 2012, JO 2 mars). Pour le
reste, les agents de sécurité ne possèdent d'autre pouvoir d'action que celui attribué à tout citoyen par l'article 73 du code
procédure pénale pour l'arrestation de l'auteur présumé d'une infraction flagrante (Civ. 2 e, 1 er avr. 1999, n o 97-17.951 ,
Bull. civ. II, n o 66 ; D. 1999. 387, note Mayer ). Toutefois, avec le développement de la sécurité privée et des polices
municipales, cet article va peut-être voir son utilisation se développer. Le législateur l'a d'ailleurs bien compris. C'est pourquoi
la loi du 14 avril 2011 a ajouté un deuxième alinéa à cet article 73 (C. pr. pén., art. 73, al. 2 introduit par L. 14 avr. 2011,
art. 15). S'il exige un placement garde à vue pour toute arrestation réalisée par la force publique, en revanche lorsqu'elle est
le fait d'agents privés, alors la garde à vue n'est pas obligatoire après présentation de la personne interpellée devant un OPJ
s'il ne la maintient pas sous la contrainte. Elle est alors informée de sa possibilité de quitter à tout moment les locaux de
police. Cette prévision est d'importance. En effet, à titre exceptionnel, les agents de sécurité peuvent être autorisés par le
préfet à réaliser sur la voie publique des missions de surveillance contre les vols, dégradations et effractions visant les biens
dont ils ont la garde (CSI, art. L. 613-1). Ces missions leurs permettront de procéder à des interpellations au titre de l'article
73.
Art. 1 - Capacités d'officiers et agents de police judiciaire
165. Division. - Pour l'attribution des capacités de police judiciaire de droit commun, le code de procédure pénale distingue
entre officiers (V. infra, n os 166 s.), agents de police judiciaire (V. infra, n os 193 s.) et agents de police judiciaire adjoints (V.
infra, n os 204 s.).
168. Statut spécifique d'OPJ en matière de circulation routière. - Le code de la route confère une qualité spécifique d'OPJ aux
fonctionnaires du corps de commandement et d'encadrement de la police nationale (brigadiers et gardiens de la paix) qui ne
sont pas visés par l'article 16 du code de procédure pénale. Ces fonctionnaires doivent être nominativement désignés par
arrêté des ministres de la Justice et de l'Intérieur après avis conforme de la commission prévue pour les OPJ (V. infra, n o
174). Leur qualité d'OPJ est limitée d'un point de vue matériel et géographique. Ils ne peuvent agir que dans une
circonscription territoriale ne dépassant pas le ressort de la cour d'appel. Ils n'ont la qualité d'OPJ que pour rechercher et
constater les infractions au code de la route et les infractions d'atteintes involontaires à la vie ou à l'intégrité d'une personne
commises à l'occasion d'accidents de la circulation. En outre, ils ne disposent pas du pouvoir de placement en garde à vue ou
de fouille de véhicule (C. route, art. L. 130-1 et L. 130-2). Toutefois, ils ont le droit de retenir une personne pendant le temps
strictement nécessaire aux opérations de vérification de l'état alcoolique ou aux épreuves de dépistage de stupéfiants. La
jurisprudence n'exige pas le placement en garde à vue pour ce faire (Crim. 21 juin 2006, n o 06-80.392 , Bull. crim. n o 192. -
Crim. 24 janv. 2007, n o 06-81.901 ). Au terme des épreuves de dépistage, la pratique de la garde à vue s'était grandement
développée. De manière à réduire le nombre de placements, la loi du 14 avril 2011 a introduit des nouveaux articles L. 234-18
et L. 235-5 au code de la route selon lesquels le placement en garde à vue du conducteur n'est pas obligatoire même si les
conditions de cette mesure sont réunies, dès lors que l'intéressé ne fait pas l'objet de contrainte. Il doit alors être informé de
sa liberté de s'en aller. Interprété a contrario, ces articles permettent donc de procéder à l'audition libre de la personne non
contrainte. Ils confèrent ainsi aux policiers et gendarmes non titulaires de la capacité d'OPJ la possibilité d'auditionner un
conducteur suspect. Or les enjeux de l'audition sont pas anodins puisque les épreuves de dépistages concernent notamment
les conducteurs impliqués dans des accidents de la circulation ayant occasionné un dommage corporel c'est-à-dire dont la
responsabilité est susceptible d'être engagée pour blessures ou homicide involontaires.
172. Suspension en cas de maintien de l'ordre. - Par ailleurs, l'exercice des attributions de police judiciaire est suspendu lorsque
les policiers et gendarmes participent à des opérations de maintien de l'ordre, puisque celles-ci nécessitent de réaliser des
actes de police administrative (C. pr. pén., art. 20, al. 4).
1 7 3 . Droit d'être armés. - C'est d'ailleurs parce qu'ils sont intégrés à un service de police ou de répression que les OPJ
disposent du droit d'acquérir une arme (Décr. n o 2013-700 du 30 juill. 2013, JO 2 août, art. 25). Les maires et leurs adjoints
n'étant pas affectés à de tels services, ils ne peuvent prétendre à l'acquisition et à la détention d'arme (CAA Paris, 24 sept.
1998, Cne de W issous, Dr. adm. 1999. Comm. 36). Cette faculté reste d'ailleurs réservée aux agents de la police municipale
dans les conditions prévues par les textes qui régissent leur activité (V. supra, n o 154).
b. - Nomination pour les gendarmes et les brigadiers ou gardiens de la paix ayant trois ans de service
174. Nomination après avis par commission. - Pour se voir attribuer la qualité d'officier de police judiciaire, les gendarmes et
policiers les moins gradés doivent d'abord réussir un examen technique, puis être nommés par arrêté ministériel sur avis
conforme d'une commission mixte (C. pr. pén., art. 16, 2 o et 4 o). Sont concernés, au sein de la gendarmerie nationale, les
gendarmes comptant au moins trois ans de service et, au sein de la police nationale, des fonctionnaires du corps
d'encadrement et d'application de la police nationale, c'est-à-dire les gradés (brigadiers) et gardiens de la paix comptant au
moins trois ans de service dans ce corps.
1 7 5 . Commission mixte de la gendarmerie. - Au sein de la gendarmerie, la commission dont l'avis conforme est exigé pour
nomination est présidée par le procureur général près la Cour de cassation ou son délégué, premier avocat général ou avocat
général près la Cour de cassation. Ses autres membres sont : un général de gendarmerie, un inspecteur général des armées,
ou son représentant, plusieurs magistrats du ministère public et autant d'officiers supérieurs de la gendarmerie. Parmi les
magistrats, six au plus peuvent être des magistrats honoraires. Parmi les officiers de gendarmerie, six au plus peuvent être
en retraite, en nombre égal. Le nombre total de membres varie selon le nombre de candidats à la qualité d'OPJ. Il est
toutefois d'au moins huit et d'au plus vingt-deux. Ce nombre est déterminé par arrêté conjoint du garde des Sceaux, ministre
de la Justice, et du ministre de l'Intérieur. Ces mêmes ministres désignent, de la même manière, les membres de la
commission (C. pr. pén., art. R. 3 mod. par Décr. n o 2010-773 du 8 juill. 2010, JO 10 juill.).
176. Jury et examen technique de la gendarmerie. - La commission constitue ensuite le jury de l'examen technique que doivent
passer les gendarmes candidats à la qualité d'OPJ (C. pr. pén., art. R. 6). Les candidats ne peuvent se présenter que s'ils
comptent au moins trois ans de service au 1 er janvier de l'année de l'examen (art. R. 5). Le détail des conditions
d'organisation de l'examen et de la nature des épreuves est fixé par les articles A. 1-1 à A. 21 du code de procédure pénale.
Le jury dresse la liste des candidats ayant satisfait à cet examen. Les candidats reçus à l'examen sont ensuite nommés sur
avis conforme de la commission par arrêté conjoint du garde des Sceaux et du ministre de l'Intérieur (art. R. 7, al. 1 er).
177. Dérogation en cas de blessure et acte de courage. - De manière exceptionnelle, un gendarme peut être nommé OPJ sans
passer l'examen technique s'il a été blessé en service à l'occasion d'une opération au cours de laquelle « il a fait preuve de
qualités particulières de courage ». La nomination se réalise par arrêté ministériel, toujours sur avis conforme de la
commission mixte (C. pr. pén., art. R. 7, al. 3).
178. Attribution de la qualité d'OPJ. - Dans tous les cas, l'attribution de la qualité d'OPJ ne pourra prendre effet avant que
l'agent n'ait accompli quatre ans en activité de service dans la gendarmerie (C. pr. pén., art. R. 7, al. 4).
1 7 9 . Commission mixte de la police nationale. - Au sein de la police nationale, la procédure de nomination est similaire. La
commission dont l'avis conforme est exigé pour nomination est présidée par le procureur général près la Cour de cassation ou
son délégué, premier avocat général ou avocat général près la Cour de cassation. Ses autres membres sont le directeur
général de la police nationale ou son représentant, le directeur, chef de l'inspection générale de la police nationale ou son
représentant, le directeur de la formation de la police nationale ou son représentant. La commission est aussi composée de
douze magistrats en activité ou honoraires et de neuf fonctionnaires de police ayant au moins le grade de commissaire
nommés pour quatre ans et disposant d'un suppléant. Selon le nombre de candidats, un arrêté conjoint du garde des Sceaux
et du ministre de l'Intérieur peut augmenter de manière égale le nombre de magistrats et de fonctionnaires jusqu'à douze ou
quinze. Ces ministres désignent de la même manière les membres de la commission (C. pr. pén., art. R. 8 et 9).
1 8 0 . Jury et examen technique de la police nationale. - La commission constitue ensuite le jury de l'examen technique que
doivent passer les policiers candidats à la qualité d'OPJ (C. pr. pén., art. R. 11). Les candidats ne peuvent se présenter que
s'ils comptent au moins trois ans de service dans ce corps. Ils doivent compter au moins deux ans de service dans le corps au
1 er janvier de l'année de l'examen (art. R. 10). Le détail des conditions d'organisation de l'examen et de la nature des
épreuves est fixé par les articles A. 23 à A. 33 du code de procédure pénale. Le jury dresse la liste des candidats ayant
satisfait à cet examen. Les candidats reçus à l'examen sont ensuite nommés sur avis conforme de la commission par arrêté
conjoint du garde des Sceaux et du ministre de l'Intérieur (art. R. 11 et R. 12).
182. Habilitation des gardiens de la paix OPJ affectés dans un service. - Les gradés et gardiens de la paix de la police nationale
nommés OPJ ne peuvent être habilités que s'ils sont affectés dans un service. Le service d'affectation doit figurer sur une liste
dressée par arrêté des ministres de l'Intérieur et de la Justice en application de l'article 15-1 du code de procédure pénale
(C. pr. pén., art. 16, al. 4). L'article A. 34 du code de procédure pénale dresse la liste de ces services : direction centrale de la
police judiciaire ; sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie nationale ; direction générale de la sécurité
intérieure ; inspection générale de la police nationale ; détachement de la police nationale auprès de la direction nationale
des enquêtes douanières ; centre automatisé de constatation des infractions routières ; directions interrégionales de police
judiciaire ; services régionaux et antennes de police judiciaire ; directions régionales de police judiciaire ainsi que leurs
services départementaux et antennes de police judiciaire ; direction de la préfecture de police chargée du maintien de l'ordre
public et de la régulation de la circulation ; direction de la préfecture de police chargée des missions de sécurité et de paix
publiques ; sûretés territoriales et circonscriptions de sécurité de proximité de la préfecture de police ; direction opérationnelle
des services techniques et logistiques de la préfecture de police ; circonscriptions de sécurité publique visées à l'article R. 15-
19 ; sections de recherches de la gendarmerie départementale ; sûretés départementales ; circonscriptions de sécurité
publique.
183. Habilitation des gardiens de la paix OPJ affectés à titre exclusif dans une formation de service. - À défaut d'affectation dans
un service, les gradés et gardiens de la paix de la police nationale nommés OPJ ne peuvent être habilités que s'ils sont
affectés à titre exclusif dans une formation de service (C. pr. pén., art. 16, al. 4). L'article A. 35 du code de procédure pénale
dresse la liste des formations de services dans lesquelles les OPJ intéressés doivent être affectés à titre exclusif : office
central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre, brigade des chemins de fer, unité
nationale d'escorte, de soutien et d'intervention, bureau de la police aéronautique (DCPAF) ; brigades des chemins de fer,
brigades mobiles de recherches, brigades de police aéronautique, unités d'éloignement (directions zonales de la PAF) ; unités
d'investigations, services de quart et du contrôle de l'immigration, brigades de chemin de fer, brigades mobiles de recherches,
unités d'éloignement (PAF Orly, Charles-de-Gaulle, Le Bourget et directions de la police aux frontières de la Nouvelle-
Calédonie et des îles Wallis-et-Futuna, de la Polynésie française, de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Mayotte et les services
locaux de la police aux frontières) ; bureaux de circulation routière des unités autoroutières des compagnies républicaines de
sécurité ; service chargé de la lutte contre l'immigration irrégulière et le travail illégal des étrangers, service de police chargé
de la sécurité des personnes et des biens sur les voies navigables, service de police déconcentré chargé de la sécurité des
personnes et des biens sur les réseaux de transport en commun de voyageurs par voie ferrée (préfecture de police de Paris).
184. Habilitation par le procureur général. - L'habilitation est conditionnée à l'affectation de l'officier dans un emploi comportant
l'exercice de sa capacité de police judiciaire (C. pr. pén., art. R. 13, pour les OPJ de la gendarmerie nationale ; art. R. 15-3,
pour les OPJ de la police nationale). La demande d'habilitation est adressée par les supérieurs hiérarchiques de l'OPJ. Elle
précise les éventuelles fautes disciplinaires commises (C. pr. pén., art. R. 14-1 et R. 15-3). L'habilitation est décidée par arrêté
nominatif du procureur général près la cour d'appel dont dépend l'OPJ. Auparavant, lorsque la compétence du service auquel
appartient l'OPJ dépassait le ressort de la cour d'appel, la décision d'habilitation était prise par le procureur général près la
cour d'appel du siège de sa fonction après qu'il eut pris avis auprès de chaque procureur près chaque cour d'appel dans le
ressort de laquelle l'OPJ aurait exercé ses fonctions. Mais le critère du siège des fonctions était source d'interrogation pour les
parquets et les services d'enquête. La loi n o 2011-525 du 17 mai 2011 de simplification et d'amélioration de la qualité du droit
(JO 18 mai, art. 156) a donc supprimé ce critère en abrogeant la dernière phrase du huitième alinéa de l'article 16. Le décret
n o 2012-1046 du 12 septembre 2012 (JO 14 sept.) a ainsi modifié les articles R. 14, R. 15, R. 15-3 et R. 15-4 pour prendre
comme critère le lieu où l'OPJ exerce habituellement ses fonctions. Ce décret a aussi supprimé les alinéas des articles R. 15 et
R. 15-4 prévoyant l'obligation pour le parquet général compétent de solliciter systématiquement, avant toute habilitation,
l'avis de l'ensemble des parquets généraux dans les ressorts desquels l'OPJ allait exercer. Pour le reste, lorsque la
compétence du service auquel appartient à l'OPJ est nationale, la décision d'habilitation est prise par le procureur général
près la cour d'appel de Paris (art. R. 15, pour la gendarmerie ; art. R. 15-4, pour la police nationale). La demande d'habilitation
est adressée au procureur général par le supérieur hiérarchique de l'OPJ. La demande doit préciser la nature des fonctions
que l'OPJ exercera et les éventuelles sanctions disciplinaires qu'il a déjà subies (art. R. 14 et R. 14-1, pour la gendarmerie ;
art. R. 15-3, pour la police nationale). Une habilitation temporaire par le procureur général est aussi prévue lorsque l'OPJ est
affecté de manière temporaire dans un autre service que celui dans lequel il exerce habituellement ses fonctions et voit sa
compétence territoriale élargie à celle de son service d'accueil. Est compétent le procureur général près la cour d'appel dans le
ressort de laquelle le service d'accueil siège (art. 18, al. 2, et D. 12, 1).
1 8 5 . Décision d'habilitation. - Le procureur général accorde ou refuse l'habilitation. Son arrêté d'habilitation précise les
fonctions pour lesquelles l'OPJ est habilité ainsi que leur durée d'exercice. Lorsqu'il envisage de refuser l'habilitation, il
prévient l'intéressé. Ce dernier dispose alors d'un délai de quinze jours pour prendre connaissance de son dossier et être
entendu, assisté par le conseil de son choix (C. pr. pén., art. R. 15-1, pour la gendarmerie ; art. R. 15-5, pour la police
nationale).
186. Voie de recours. - La décision de refus d'habilitation est qualifiée de mesure d'administration judiciaire, non de sanction
(Crim. 13 janv. 1998, n o 96-83.629 , Bull. crim. n o 14). Néanmoins, l'OPJ dispose d'une forme de recours contre la décision
du procureur général, dans le mois qui suit sa notification. Il peut lui demander de rapporter sa décision. Le magistrat dispose
d'un mois pour statuer. Son silence vaut rejet de la demande (C. pr. pén., art. 16-1). Toujours dans le délai d'un mois, mais
cette fois suivant la décision de rejet de la demande, l'OPJ peut former un recours par requête devant une commission. Elle
est composée de trois magistrats du siège de la Cour de cassation, président de chambre ou conseiller. Ils sont désignés tous
les ans avec leurs suppléants par le bureau de la Haute Juridiction. Le parquet général près la Cour de cassation remplit les
fonctions de ministère public près cette commission. La procédure devant la commission est contradictoire. Le parquet général
dépose des conclusions communiquées au requérant, un rapport est réalisé par l'un des membres de la commission. Un débat
oral a ensuite lieu au cours duquel le requérant peut faire entendre des témoins. L'intéressé peut aussi être entendu
personnellement sur demande et être assisté d'un conseil (C. pr. pén., art. 16-2 et R. 15-7 à R. 15-13). Les exigences du
procès équitable ne sont pas considérées comme applicables, faute d'accusation en matière pénale ou de contestation
relative à des droits ou obligations à caractère civil (Cass., ass. plén., 1 er juill. 1994, n o 94-82.593 , Bull. crim. n o 263). La
commission statue par décision rendue en chambre du conseil mais qui est désormais motivée (C. pr. pén., art. 16-3 dans sa
réd. issue de la L. n o 2009-526 du 12 mai 2009 de simplification du droit, JO 13 mai, art. 128, 2 o). Elle peut annuler la décision
du procureur général ou la confirmer. En cas de violation de la loi, la décision de la commission peut être déférée à la Cour de
cassation sans que ce recours dispose d'effet suspensif (C. pr. pén., art. R. 15-14 à R. 15-16. - V. Cass., ass. plén., 1 er juill.
1994, n o 94-82.593 , préc.).
187. Sanction du défaut d'affectation ou d'habilitation. - Le non-respect des exigences d'affectation ou d'habilitation rend nul
tout acte de police judiciaire accompli par l'OPJ. Il est à noter que les OPJ n'ont pas à prêter serment.
188. Habilitation spéciale. - Parfois, une habilitation spéciale est requise en plus de l'habilitation générale pour réaliser certains
actes de procédure. C'est le cas en matière d'infiltrations informatiques, dans le cadre de la lutte contre la pédophilie liée à
internet (C. pr. pén., art. 706-35-1 et 706-47-3), qui ne peuvent être réalisées que par les enquêteurs appartenant à l'office
central pour la répression des violences aux personnes, à l'office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de
l'information et de la communication, à l'office central pour la répression de la traite des êtres humains, à l'office central pour la
répression du trafic illicite des stupéfiants, au service technique de recherches judiciaires et de documentation de la
gendarmerie nationale, aux directions régionales et interrégionales de la police judiciaire, aux sections de recherches de la
gendarmerie nationale. Les OPJ ne peuvent procéder qu'après y avoir été jugés aptes, à la suite d'une formation spécifique.
Ils doivent en plus être agréés, soit par le directeur central de la police judiciaire, soit par le directeur régional de la police
judiciaire à Paris, soit par le sous-directeur de la police judiciaire au sein de la gendarmerie. Ils doivent, de surcroît, être
spécialement habilités à réaliser ces infiltrations par le procureur général près la cour d'appel de Paris. L'habilitation et
l'agrément peuvent être retirés à tout moment. Le retrait de l'agrément entraîne la caducité de l'habilitation (Arr. du 30 mars
2009 [supra, n o 92], art. 1 er, 2 et 3).
1 9 0 . Pouvoirs de police judiciaire. - L'article 17 du code de procédure pénale définit l'étendue des pouvoirs des OPJ. Ils
accomplissent tous les pouvoirs que l'article 14 définit comme relevant de la police judiciaire, c'est-à-dire tous ceux ayant pour
objet le constat des infractions à la loi pénale, le rassemblement des preuves, la recherche des auteurs, l'exécution des
délégations des juridictions d'instruction et le défèrement à leurs réquisitions. Précisément, ils reçoivent les plaintes et
dénonciations, procèdent aux enquêtes préliminaires en appliquant les articles 75 à 78 et aux enquêtes de flagrance en
exerçant les prérogatives des articles 53 à 67. Ils ont le droit de requérir directement le concours de la force publique (C. pr.
pén., art. 17). Le code de procédure pénale confère souvent aux seuls OPJ la possibilité d'accomplir certains actes d'enquête
telles que les perquisitions. Ils ne peuvent pas déléguer aux APJ leurs pouvoirs propres (art. D. 13, al. 1 er). Ainsi, ils sont les
seuls à pouvoir décider des mesures les plus attentatoires à la liberté individuelle : placements en garde à vue, vérifications
d'identité, perquisitions, réquisitions. Ils disposent d'une autorité hiérarchique sur les APJ et APJA (art. 20 et 21). Si les OPJ
accomplissent les actes de police judiciaire définis par le code de procédure pénale, ils sont parfois susceptibles de réaliser
des actes dont le régime n'est pas posé. La pratique policière devance souvent l'encadrement légal de ces actes (c'est toute
l'histoire de la garde à vue mais aussi de la surveillance, des infiltrations, etc.). La jurisprudence accepte très souvent de
valider des actes non prévus par le code pénal aux motifs que, précisément, ils ne sont pas prohibés par celui-ci, et dès lors
qu'un procès-verbal descriptif est rédigé. Ainsi en va-t-il par exemple de l'organisation d'une reconstitution par un OPJ alors
même que celui-ci ne dispose pas de la plénitude de pouvoir conféré par l'article 81 du code de procédure pénale au juge
d'instruction (Crim. 26 févr. 2003, n o 02-88.074 , Bull. crim. n o 56 ; Dr. pénal 2003. Comm. 92, note Maron et Haas).
191. Trace nominative de leur intervention ès qualités. - De manière à vérifier le bon accomplissement de leurs prérogatives de
police judiciaire, les OPJ doivent énoncer leurs noms et qualité dans tous les procès-verbaux qu'ils établissent (C. pr. pén.,
art. D. 9). Les procès-verbaux réalisés pendant les enquêtes de flagrance, préliminaires ou sur commission rogatoire doivent
ainsi mentionner le nom et la qualité de l'OPJ qui a opéré personnellement, à l'exclusion de tout autre, même s'ils sont
plusieurs à avoir apporté leur concours aux investigations (art. D. 10 et D. 11).
192. Égalité des OPJ. - Par ailleurs, qu'ils appartiennent à la police nationale ou à la gendarmerie, les OPJ sont placés sur un
pied d'égalité tant en termes de prérogatives que de responsabilités (C. pr. pén., art. D. 2, al. 1 er).
195. Anciens gardiens de la police nationale et enquêteurs (suppression par LOPPSI 2). - Par ailleurs, la refonte des corps de la
police nationale par la loi n o 96-647 du 22 juillet 1996 ayant intégré au corps des gardiens de la paix les anciens gardiens de
la police nationale et les anciens enquêteurs de police, les membres de ces derniers corps étaient aussi APJ dès lors qu'ils
comptaient au moins deux ans de service comme titulaires, qu'ils avaient satisfait à un examen technique et qu'ils avaient été
nommés stagiaires avant le 31 décembre 1985 pour les premiers et avant le 1 er mars 1979 pour les seconds (C. pr. pén.,
art. 20, al. 1 er, 4 o et 5 o). L'examen technique était organisé par une commission d'examen instituée dans chaque ressort de
cour d'appel. La commission était présidée par le procureur général ou son délégué. Les autres membres étaient le procureur
de la République près l'un des tribunaux de grande instance ou son délégué, le chef de la délégation régionale au
recrutement et à la formation de la police nationale ou son représentant si ce dernier avait au moins le grade de commissaire
et, enfin, un fonctionnaire de police ayant au moins le grade de commissaire. Dès qu'ils avaient satisfait à l'examen, les APJ
étaient nommés par arrêté conjoint du garde des Sceaux et du ministre de l'Intérieur (C. pr. pén., art. R. 15-17). Comme
aucun policier n'était plus concerné, la LOPPSI 2 a supprimé cette qualité d'APJ (L. 14 mars 2011, art. 114).
196. Retraités réservistes. - Sont aussi APJ les retraités membres de la réserve de la gendarmerie ou de la police nationale qui
ont exercé au moins cinq ans comme OPJ ou APJ durant leur période d'activité (V. supra, n os 42 et 79). Sont exclues les
personnes exerçant une fonction publique élective, celles qui sont devenues auxiliaires de justice, officiers publics ou officiers
ministériels ou encore celles qui travaillent dans une entreprise privée de sécurité. Sont aussi exclues les personnes
condamnées pour crimes ou délits et celles poursuivies pour des faits contraires à l'honneur, à la probité ou aux bonnes
moeurs. Lorsqu'ils ont quitté le service actif depuis plus d'un an, les réservistes doivent, au préalable, se soumettre à une
remise à niveau (C. pr. pén., art. 20-1, art. R. 15-17-1).
197. Directeurs de polices municipales (censuré). - La LOPPSI 2 avait tenté de conférer la qualité d'APJ aux directeurs de police
municipale mais a été censurée sur ce point par le Conseil constitutionnel (Cons. const. 10 mars 2011, n o 2011-625 DC ,
V. supra, n o 157). Peut-être que cette qualité leur sera attribuée si leur statut et les conditions de leur contrôle se voient
modifiés.
198. Attribution de la qualité d'APJ. - Comme pour les OPJ, l'attribution de la qualité d'APJ résulte du seul statut administratif.
Mais l'exercice de ces attributions est soumise à l'affectation de l'agent dans un emploi comportant l'exercice des prérogatives
de police judiciaire (C. pr. pén., art. 20, al. 2). L'APJ doit donc être nommé dans un service de police judiciaire (V. supra, n os 43
et 80).
199. Suspension en cas de maintien de l'ordre. - Par ailleurs, l'exercice des attributions de police judiciaire est suspendu lorsque
les policiers et gendarmes participent à des opérations de maintien de l'ordre, puisque celles-ci nécessitent de réaliser des
actes de police administrative (C. pr. pén., art. 20, al. 4).
200. Habilitation spéciale. - L'habilitation spéciale prévue en matière d'infiltrations informatiques est aussi valable pour les APJ
(Arr. du 30 mars 2009, préc. supra, n o 92 ; V. supra, n o 188).
202. Actes autorisés. - Si les APJ ne peuvent recevoir délégation des pouvoirs propres des OPJ (C. pr. pén., art. D. 13, al. 1 er),
ils les secondent dans l'exercice de leur mission et peuvent réaliser un certain nombre d'actes de police judiciaire sous leur
direction. Ainsi, ils sont à même d'exécuter les mesures de contrainte sur les témoins défaillants, les mandats d'amener, de
dépôt, d'arrêt et les ordonnances de prise de corps, des arrêts et des jugements de condamnation, des contraintes judiciaires
(C. pr. pén., art. D. 13, 1 o à 4 o). Par ailleurs, à l'instar des OPJ, les APJ sont compétents pour constater toutes les infractions
(crimes, délits, contraventions) et en dresser procès-verbal. Ils sont autorisés à réaliser des enquêtes préliminaires (hors
actes réservés aux OPJ) soit d'office, soit sur instructions du procureur de la République ou de leur hiérarchie. Dans le cadre
des enquêtes de flagrance, leurs prérogatives sont encore plus restreintes. Ils peuvent entendre les témoins mais seulement
sur ordre exprès, sans pouvoir sortir des limites fixées. Mais un APJ peut très bien se déplacer dans un domicile sur demande
des personnes présentes et recevoir des objets pour les transmettre ensuite aux fins de saisie à un OPJ sans que cela soit
qualifié de perquisition dès lors qu'il n'y a eu aucune recherche d'effectuée (Crim. 15 juin 2000, n o 00-81.334 , Bull. crim.
n o 229 ; Procédures 2001. Comm. 238, obs. Buisson, à propos d'un APJ qui s'est rendu au domicile de la victime sur demande
des pompiers qui lui ont remis le couteau ayant servi à la poignarder et qui a ensuite porté l'objet à un OPJ). Un APJ peut
aussi très bien faire « parader » le suspect d'une infraction devant des témoins afin qu'ils le reconnaissent (Crim. 10 mars
1993, n o 92-83.663 , Bull. crim. n o 110).
203. Trace nominative de leur intervention ès qualités. - De manière à vérifier qu'ils ont bien accompli leurs prérogatives de
police judiciaire sans empiéter sur celles des OPJ, le code de procédure pénale exige des APJ qu'ils énoncent leurs nom et
qualité dans tous les procès-verbaux qu'ils établissent (C. pr. pén., art. D. 9). Les procès-verbaux réalisés pendant les
enquêtes préliminaires ou sur commission rogatoire doivent ainsi mentionner le nom et la qualité de l'APJ qui a opéré
personnellement à l'exclusion de tout autre, même s'ils sont plusieurs à avoir apporté leur concours aux investigations
(art. D. 11, al. 3). Ces procès-verbaux sont transmis au procureur de la République par la voie hiérarchique (art. D. 14).
206. Attribution de la qualité d'APJA. - Comme pour les OPJ et les APJ, l'attribution de la qualité d'APJA résulte de leur seul
statut administratif.
208. Transition. - Si les capacités d'OPJ, d'APJ et d'APJA sont essentiellement distribuées aux membres des forces de l'ordre,
un certain nombre d'agents publics disposent de prérogatives relevant de la police judiciaire.
2 1 3 . Infractions constatées. - Ces agents sont compétents pour constater les infractions commises en matière forestière
(C. for., art. L. 161-4). Ils sont aussi compétents pour constater les infractions prévues par le code de l'environnement en
matière de protection de l'eau et des milieux aquatiques (C. envir., art. L. 216-3, 1 o et 2 o), celles posées en matière de chasse
(art. L. 428-20, 1 o et 2 o), de pêche en eau douce (art. L. 437-1, I, 1 o et 2 o), de réserves naturelles (art. L. 332-20, II, 2 o et
3 o), de protection des espèces animales, végétales, habitats naturels, sites géologiques (art. L. 415-1, 1 o et 3 o), de
protection des monuments naturels ou sites classés (art. L. 341-20, 1 o et 2 o), Ils sont enfin compétents pour constater les
infractions aux règles de restrictions à la circulation motorisée (C. envir., art. L. 362-5, 1 o et 2 o).
214. Commission et serment. - Ces agents ne peuvent néanmoins entrer en fonctions que s'ils ont prêté serment devant le
tribunal de grande instance de leur résidence administrative (C. for., art. L. 161-10). Cette prestation n'est pas renouvelée en
cas de changement de grade, d'emploi ou de résidence administrative (C. for., art. R. 161-5). Les agents des services de l'État
sont commissionnés par le directeur régional de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (C. for., art. R. 161-1). Les agents
de l'ONF sont commissionnés par leur directeur (C. for., art. R. 161-2).
2 1 5 . Compétence territoriale. - Les agents des services de l'État chargés des forêts peuvent rechercher et constater les
infractions forestières dans tous les bois et forêts quel que soit leur régime de propriété. Les agents en service à l'Office
national des forêts et ceux du domaine de Chambord peuvent rechercher et constater les infractions forestières commises
dans tous les bois et forêts réputés particulièrement exposés au risque d'incendie quel que soit leur régime de propriété
(C. for., art. L. 161-7). Pour le reste, les agents des services de l'État chargés des forêts exercent leurs pouvoirs soit sur toute
l'étendue du territoire national lorsqu'ils sont affectés à un service de compétence nationale, soit sur l'étendue du territoire de
la région dans laquelle se trouve leur résidence administrative lorsqu'ils sont affectés dans un service déconcentré ou enfin
sur l'étendue du territoire concerné par leur mission lorsqu'ils sont chargés d'une mission dépassant les limites territoriales du
service dans lequel ils sont affectés. Ces règles de compétences nationales, régionales ou liées à la mission s'appliquent aux
agents de l'ONF dans les bois et forêts gérés par cet office et à ceux du domaine de Chambord. Lorsqu'un agent des services
de l'État, de l'ONF ou de Chambord est versé dans un autre service, il adopte la compétence territoriale de celui-ci. Par
ailleurs, en cas de nécessité, les agents peuvent se transporter dans les ressorts des TGI limitrophes de la région dans
laquelle ils sont affectés afin de poursuivre les opérations de recherche ou de constatation. Ils doivent alors informer sans
délai le procureur de la République du lieu (C. for., art. L. 161-8).
216. Pouvoirs de suite, de visite, de saisie. - Les agents disposent d'un pouvoir de suivre les choses frauduleusement enlevées
(espèces animales ou végétales protégées capturées, cueillies ou coupées de manière illicite) jusque dans les lieux où elles
ont été frauduleusement entreposées et de les mettre sous séquestre. Toutefois, ces agents ne disposent pas seuls de
pouvoir de perquisition. Ils ne peuvent seuls pénétrer dans les maisons, ateliers, bâtiments, cours adjacentes et enclos. Ils
doivent être accompagnés d'un officier de police judiciaire. Celui-ci ne peut pas refuser de les accompagner et doit signer le
procès-verbal relatant les opérations (C. pr. pén., art. 23). Les agents peuvent néanmoins constater de l'extérieur les
infractions qui auraient lieu dans une habitation (Crim. 18 juill. 1995, n o 94-86.109 , Dr. pénal 1995. Chron. 59, obs.
Lesclous et Marsat, à propos d'un élevage frauduleux d'oiseaux visibles d'une route). Ainsi que le précise l'article L. 161-18 du
code forestier, lorsqu'ils ont constaté une infraction, les agents des services de l'État chargés de la forêts comme les agents
de l'ONF peuvent rechercher les objets enlevés par les auteurs d'infractions jusque dans les lieux où ils ont été transportés et
peuvent mettre ces biens en séquestre. Pour ce faire, les agents disposent d'un droit de visite dans les locaux à usage
professionnel, dans les enclos et cours adjacentes, dans les véhicules de transport à usage professionnel. Ce droit de visite
s'exerce entre 8 heures et 20 heures ou, en dehors de ces heures, lorsque l'accès au public est autorisé ou lorsqu'une activité
est en cours. La visite doit se faire en présence de l'occupant des lieux ou de son représentant. Lorsqu'une partie des lieux
est à usage de domicile, elle ne peut être visitée qu'entre 8 heures et 20 heures, en présence de l'occupant et avec son
accord, ou en présence d'un officier de police judiciaire. Le code forestier renvoyant aux règles de perquisition du code de
procédure pénale, la visite n'est donc possible qu'avec le consentement manuscrit de l'occupant des lieux. S'il ne sait pas
écrire, il en est fait mention au procès-verbal, ainsi que de son accord. En revanche, l'article L. 161-15 du nouveau code
forestier va distinguer les pouvoirs des agents des services de l'État chargés des forêts de ceux des agents de l'ONF
concernant certains types de visite lorsqu'ils n'ont pas encore constaté d'infraction. Ainsi, les agents des services de l'État
chargés des forêts disposent d'un droit de visite de lieux limitativement énumérés et qui ne peuvent être assimilés à un
domicile. Ils n'ont accès qu'aux bois et forêts clos, aux propriétés closes comportant des bâtiments qui ne sont pas à usage
de domicile, aux aires de stockage, de stationnement et de déchargement, ainsi qu'aux hangars et ateliers de transformation
du bois, aux véhicules professionnels destinés au transport du bois. L'exercice de ce droit de visite s'effectue entre 8 heures
et 20 heures ou en dehors de ces heures lorsqu'une activité est en cours. Les agents doivent au préalable avoir informé le
procureur de la République, qui peut s'y opposer. Ces agents des services de l'État peuvent aussi sommer de s'arrêter tout
véhicule circulant sur une voie forestière. À toute heure et en tout lieu ouvert à la circulation, ils peuvent de même sommer de
s'arrêter tout véhicule professionnel destiné au transport de bois afin de procéder au contrôle de son chargement. Ils ne
peuvent toutefois agir que sur réquisition écrite du procureur de la République. Dans ces deux cas d'arrêt de véhicules, les
agents doivent être munis des insignes extérieurs et apparents de leur qualité. Quant aux agents de l'ONF, ils ont accès aux
véhicules professionnels destinés au transport du bois et aux véhicules circulant sur une voie forestière (C. for., art. L. 161-
15). Agents des services de l'État chargés des forêts et agents de l'ONF disposent alors d'un droit de saisie des bestiaux
trouvés en situation d'infraction mais aussi des véhicules et autres biens ayant servi ou destinés à la commission d'une
infraction forestière. Ils peuvent alors les mettre en séquestre (C. for., art. L. 161-18). Afin de garantir le contrôle de
l'opération de saisie par l'autorité judiciaire, le code forestier impose aux agents de transmettre la copie du procès-verbal
portant saisie au juge des libertés et de la détention le jour même où, au plus tard le premier jour ouvré suivant la saisie.
Cette transmission va permettre la communication des PV à ceux qui pourraient rechercher les objets saisis (C. for.,
art. L. 161-19).
217. Pouvoir de coercition, armement, empreinte. - Tous ces agents peuvent faire usage de la coercition. D'une part, ils ont le
pouvoir d'interpeller tout individu pris en flagrant délit et de le conduire devant un officier de police judiciaire (C. for.,
art. L. 161-16). D'autre part, ils peuvent requérir directement la force publique (C. pr. pén., art. 24 et C. for., art. L. 161-17).
Ces agents peuvent de plus relever l'identité des personnes afin de dresser procès-verbal. En cas de refus de la personne ou
d'impossibilité de justifier de son identité, ils doivent rendre compte à l'OPJ territorialement compétent. Celui-ci peut ordonner
de la retenir sur place ou de la conduire dans un local de police aux fins de vérification de son identité (C. for., art L. 161-14).
Par ailleurs, les agents peuvent être équipés d'armes à feu (mais pas de pistolet à impulsion électrique ou de lanceur de balle
de défense) ou d'arme blanche (bombe lacrymogène) sur décision de l'autorité qui les a commissionnés (C. for., art. R. 161-3).
Ils sont en outre porteurs d'un marteau particulier possédant une empreinte spécifique. Cette empreinte est déposée au
greffe du TGI (C. for., art. R. 161-4). Le marteau forestier n'a pas une utilité répressive mais d'abattage. Il possède une tête
comprenant d'un côté une masse sur laquelle est gravée l'empreinte et d'un autre côté un tranchant permettant d'enlever un
bout d'écorce de l'arbre afin d'apposer l'empreinte sur le tronc. L'apposition de l'empreinte indique que l'arbre doit être
abattu. Cette empreinte ne doit donc pas être confondue avec une autre.
2 1 8 . Assistance aux autorités judiciaires. - À l'inverse, ils peuvent être requis par le procureur de la République, le juge
d'instruction et tout officier de police judiciaire pour leur prêter assistance (C. pr. pén., art. 25).
2 1 9 . Valeur et transmission des procès-verbaux. - Il a déjà été mentionné que les procès-verbaux de saisie devaient être
transmis au JLD (C. for., art. L. 161-19). En matière d'atteintes aux propriétés forestières, les procès-verbaux doivent de plus
être remis à leurs supérieurs hiérarchiques par les agents (C. pr. pén., art. 26). Ces PV, mais aussi les significations, citations
et les reconnaissances d'infraction sont transcrits dans un registre coté et paraphé. Les PV sont transmis dans un délai de
cinq jours. Ils sont adressés au procureur en cas de délit et au directeur régional de l'administration chargée des forêts en cas
de contravention (C. for., art. L. 161-12 et R. 161-7). À réception des PV, le directeur régional de l'administration chargée des
forêts peut ordonner toutes les mesures de constatation complémentaires, d'instruction ou d'examen technique qui
s'imposent (C. for., art. L. 161-13). En matière forestière, ces procès-verbaux font foi jusqu'à preuve contraire (C. for.,
art. L. 161-11). Le directeur régional de l'administration chargé des forêts tient le registre des procès-verbaux qui lui sont
transmis dans un fichier dénommé ILEX, selon les modalités prévues par l'acte réglementaire instituant ce fichier (C. for.,
art. R. 161-6).
2° - Gardes champêtres
2 2 0 . Définition. - Les gardes champêtres sont des employés communaux chargés de la police des campagnes (CSI,
art. L. 521-1 sur renvoi de CGCT, art. L. 2213-17 ; V. Garde cham pêtre). Les gardes sont des fonctionnaires territoriaux
recrutés sur concours (Décr. n o 94-935 du 25 oct. 1994, JO 29 oct.) dont le statut est posé par le décret n o 94-731 du 24 août
1994 (JO 27 août, mod. par Décr. n o 2013-587 du 4 juill. 2013, JO 6 juill.). Toute commune peut en avoir un ou plusieurs (dans
les départements de la Moselle, du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, il y a au moins un garde champêtre par commune, CSI,
art. L. 523-1). Plusieurs communes peuvent choisir de mettre en commun leurs gardes champêtres. Ces derniers peuvent
aussi être recrutés par les établissements publics de coopération intercommunale, les départements, les régions ou encore
les établissements publics chargés de la gestion d'un parc naturel régional. Ils sont nommés par le maire, agréés par le
procureur de la République et assermentés par le tribunal d'instance (CSI, art. L. 522-1). Un EPIC, une région, un
département ou un établissement public chargé de la gestion d'un parc naturel régional peut recruter un ou plusieurs gardes
champêtres compétents dans chacune des communes. Leur nomination est prononcée conjointement par le maire de chacune
des communes et, respectivement, par le président du conseil régional, le président du conseil général ou le président de
l'établissement public. La compétence territoriale des gardes est communale. Ils sont placés sous l'autorité du maire (CSI,
art. L. 522-2). À la différence des policiers municipaux, l'uniforme des gardes champêtres est librement décidé par le maire ou
le président de l'établissement qui les emploient. Souvent il est inscrit « garde champêtre » ou « police rurale » sur cet
uniforme. Le code de la sécurité intérieure impose néanmoins le port sur le bras d'une plaque de métal où est inscrite
l'expression “La Loi”, ainsi que leur nom et celui de la municipalité. Les gardes peuvent être armés sur autorisation du préfet
sans que cet armement soit aussi précisément réglementé que celui des policiers municipaux (CSI, art. R. 522-1). Les gardes
champêtres disposent de certaines capacités de police judiciaire au titre des articles 15, 3 o et 21 du code de procédure pénale
(CSI, art. L. 522-3, V. infra, n os 221 s.).
221. Capacité en matière forestière et environnementale. - OPJ sous le code d'instruction criminelle, les gardes champêtres ont
vu leur capacité judiciaire diminuer avec le code de procédure pénale (PÉTEL-TEYSSIÉ, Le garde champêtre, in Code pénal et
Code d'instruction criminelle. Livre du Bicentenaire, 2010, Dalloz, p. 287). Les gardes champêtres sont ainsi compétents pour
constater les infractions commises à l'encontre des propriétés forestières ou rurales (C. for., art. L. 161-4). Ils possèdent alors
les mêmes pouvoirs que les agents de l'État chargés des forêts, notamment de droit de suite, de perquisition avec OPJ ou
d'arrestation en cas de flagrant délit. Ainsi, ils exercent leurs compétences sur l'étendue du territoire communal ou du
groupement de communes qui les emploie mais lorsque les nécessités de l'enquête l'exigent, ils peuvent se transporter dans
les communes limitrophes de celles dans lesquelles ils sont affectés à l'effet d'y poursuivre les opérations de recherche ou de
constatation. Le maire de la commune où les opérations sont poursuivies en est informé sans délai, ainsi que le procureur de
la République si cette commune n'est pas située dans le même ressort de tribunal de grande instance que celui dans lequel
l'intéressé est normalement habilité à exercer (C. for., art. L. 161-9). En matière forestière, les gardes champêtres possèdent
les mêmes pouvoirs de suite, de visite de lieux et de véhicules, de relevé d'identité, d'arrestation, de réquisitions de la force
publique que les agents de l'État chargés des forêts (C. for., art. L. 161-14 à 161-18). Plus largement, ils peuvent se faire
prêter main-forte par le maire, un adjoint ou le commandant de la brigade de gendarmerie sans possibilité de refus (C. pr.
pén., art. 22, 23 et 24). Ils peuvent être habilités à constater et à rechercher les infractions prévues par le code de
l'environnement en matière de protection de l'eau et des milieux aquatiques (C. envir., art. L. 216-3, 6 o), de chasse
(art. L. 428-20, 4 o), de pêche (art. L. 437-1, 4 o) de réserves naturelles (art. L. 332-20, II, 4 o), de protection des espèces
animales, végétales, habitats naturels, sites géologiques (art. L. 415-1, 3 o).
222. Capacité en matière de police municipale. - Les gardes champêtres possèdent aussi certaines compétences relevant de la
police judiciaire municipale. Ces compétences restent néanmoins inférieures à celles des agents de police municipale. Les
gardes champêtres sont ainsi chargés de rechercher les contraventions aux règlements et arrêtés pris par le maire et le
préfet en matière de police municipale (CSI, art. R. 521-1 ; C. pén., art. R. 610-5). Ils peuvent constater les infractions
relatives aux chiens dangereux (C. rur., art. L. 215-3-1).
2 2 3 . Capacité en matière de police routière et de voirie. - Les gardes champêtres possèdent une compétence limitée pour
constater certaines contraventions au code de la route (CSI, art. R. 521-1). L'article R. 130-3 de ce code en dresse la liste. Il
s'agit des contraventions d'entrave à la circulation, de mort ou blessures involontaires causés à animal dans le cadre de la
circulation, de défaut d'apposition de certificat d'assurance, de défaut de port de casque, de défaut de brevet de sécurité
routière ou de permis de conduire, de non-présentation des papiers du véhicule, des contraventions relatives aux règles de
circulation, de signalisation et d'immatriculation des véhicules (C. pén., art. R. 644-2 et R. 653-1 ; C. route, art. R. 211-2,
R. 221-1, R. 233-1, R. 313-13, R. 313-22, R. 313-23, R. 317-8, R. 321-4, al. 5, art. R. 322-1, R. 322-3 à R. 322-9, R. 323-1,
R. 325-2, R. 326-1, R. 411-18, R. 411-22, R. 411-23, R. 411-28, R. 411-30, R. 412-1 à R. 412-3, R. 412-7, R. 412-9, al. 5,
art. R. 412-19, R. 412-27, R. 412-28, R. 412-30, R. 412-48, R. 412-49, R. 413-5, R. 413-14, R. 413-15, R. 413-17, R. 413-18,
R. 415-6, R. 416-5 à R. 416-9, R. 416-11 à R. 416-14, R. 416-17, R. 416-19, R. 416-20, R. 416-20, R. 417-1 à R. 417-13, R. 422-
3, VI, R. 431-1, R. 431-2 et R. 431-10 ; C. assur., art. R. 211-21-5). En cas de constat de ces infractions, les gardes
champêtres peuvent alors procéder aux épreuves de dépistage d'alcoolémie (CSI, art. L. 521-1, al. 4). Ils sont aussi
compétents pour constater, sur les voies de toutes catégories, les infractions à la police de la conservation du domaine public
routier. Ils transmettent alors leur procès-verbal au procureur de la République et à l'autorité responsable de l'entretien de la
voie (C. voirie rout., art. L. 116-2). Ils sont aussi compétents pour constater les infractions aux règles de restrictions à la
circulation motorisée (C. envir., art. L. 362-5).
2 2 4 . Capacité en matière de santé publique. - Les gardes champêtres ont compétence pour constater les contraventions
relatives à l'interdiction de fumer dans certains lieux publics prévus par les articles R. 3512-1 et R. 3512-2 du code de la santé
publique.
225. Agent de police judiciaire adjoint en matière de contraventions au code pénal. - Les gardes champêtres ont compétence pour
constater certaines contraventions commises sur le territoire pour lequel ils sont assermentés et figurant au livre VI du code
pénal sauf celles réprimant des atteintes à l'intégrité des personnes. Mais le constat de ces infractions ne doit nécessiter
aucun acte d'enquête de leur part (CSI, art. R. 521-1). Dans ce cadre, les gardes champêtres récupèrent la capacité d'agent
de police judiciaire adjoint (CSI, art. L. 522-3). La liste des infractions concernées est dressée par l'article R. 15-33-29-3 du
code de procédure pénale : divagation d'animaux dangereux (C. pén., art. R. 622-2) ; bruits ou tapages injurieux ou
nocturnes (C. pén., art. R. 623-2) ; excitation d'animaux dangereux (C. pén., art. R. 623-3) ; menaces de destruction
lorsqu'elles concernent des biens appartenant à la commune (C. pén., art. R. 631-1 et R. 634-1) ; abandon d'ordures, déchets,
matériaux et autres objets (C. pén., art. R. 632-1 et R. 635-8) ; destructions, dégradations et détériorations légères
lorsqu'elles concernent des biens appartenant à la commune (C. pén., art. R. 635-1) ; atteintes volontaires ou involontaires à
animal et mauvais traitements à animal (C. pén., art. R. 653-1, R. 654-1 et R. 655-1).
226. Relevé d'identité. - Pour l'exercice de leurs attributions municipales, routières et pénales, les gardes champêtres peuvent
relever l'identité des contrevenants dans les conditions de l'article 78-6 du code de procédure pénale afin de dresser procès-
verbal des contraventions pour lesquelles ils sont compétents (CSI, art. L. 522-4). En cas de refus ou d'impossibilité de
justifier de son identité, les agents doivent rendre compte à l'OPJ territorialement compétent. Celui-ci peut alors ordonner
sans délai de lui présenter sur-le-champ le contrevenant. À défaut de cet ordre, le garde doit laisser partir l'intéressé.
2 2 7 . Recueil d'observations. - Lorsqu'ils constatent par procès-verbal une infraction à la loi pénale relevant de leur
compétence, ils peuvent recueillir les observations du contrevenant (C. pr. pén., art. 21, dern. al.).
228. Transmission des procès-verbaux. - Dans ce cas, ils doivent adresser sans délai leurs procès-verbaux au maire ou préfet
de police de Paris et aux officiers de police judiciaire. Ces derniers les font suivre au procureur de la République (C. pr. pén.,
art. 21, al. 4, et R. 15-33-29-4). Dans les autres cas, ainsi que pour les rapports, le délai de transmission est de cinq jours,
jour de constat des faits compris (C. pr. pén., art. 27).
230. Commission. - À la différence des agents de surveillance privés, les gardes possèdent une légère capacité judiciaire pour
trois raisons. D'abord, ils sont commissionnés par le propriétaire du fond surveillé ou toute autre personne titulaire de droits
sur ce fond. Cette commission précise le ou les territoires qu'ils sont chargés de surveiller (C. pr. pén., art. R. 15-33-24).
231. Agrément. - Ensuite, les gardes doivent être agréés par le préfet de département. En effet, pour exercer, le garde doit
faire l'objet d'une demande réalisée par son commettant auprès du préfet. Cette demande est assujettie à un certain nombre
de conditions tenant aux droits de propriété du commettant mais aussi à la reconnaissance par arrêté préfectoral de
l'aptitude technique aux fonctions de garde particulier. Pour être reconnus aptes, certains gardes doivent suivre au préalable
une formation dont le contenu est fixé par arrêté conjoint du ministre de l'Intérieur et du ministre de l'Environnement. Le
préfet agrée le garde par arrêté valable cinq ans. L'arrêté précise les infractions que le garde est chargé de constater.
L'agrément doit être renouvelé selon la même procédure (C. pr. pén., art. R. 15-33-25 à R. 15-33-228). Cet agrément peut
être retiré à tout moment. Il peut aussi faire l'objet d'une suspension de trois mois maximum par le préfet en cas d'urgence et
pour des motifs d'ordre public (C. pr. pén., art. R. 15-33-29-2).
2 3 2 . Serment. - Les gardes sont assermentés par le tribunal d'instance dans le ressort duquel se trouve le territoire à
surveiller (C. pr. pén., art. R. 15-33-29). Une nouvelle prestation de serment n'est pas requise en cas de renouvellement
d'agrément.
233. Port de la carte d'agrément. - Pendant l'exercice de ses fonctions, le garde doit porter sa carte ou sa décision d'agrément
et la présenter à toute personne en faisant la demande. Il doit aussi faire figurer de manière visible sur ses vêtements l'une
des mentions « garde particulier », « garde-chasse particulier » ou « garde-pêche particulier ». Il ne peut porter d'autre
mention, ni d'autre insigne. Il ne peut porter d'autres armes que celles nécessaires à la destruction d'animaux nuisibles (C. pr.
pén., art. R. 15-33-29-1).
2 3 4 . Exclusion. - Certaines personnes ne peuvent être agréées comme gardes particuliers. Il s'agit de personnes ne
remplissant pas les conditions de moralité et de virginité du bulletin de casier judiciaire, des personnes non reconnues aptes
techniquement, des OPJ, APJ, APJA, et des ingénieurs, chefs de district et agents techniques des Eaux et Forêts (C. pr. pén.,
art. 29-1).
2 3 6 . Pouvoirs limités, nullité en cas d'incompétence matérielle. - Les différentes lois spéciales vont très souvent habiliter
certains fonctionnaires ou agents publics à constater des infractions spécifiques et en dresser procès-verbal. À l'inverse des
membres de la police judiciaire, ces agents ne posséderont pas une pleine et entière capacité de police judiciaire et ils
exerceront alors leurs attributions dans les limites fixées par les textes. Les textes précisent toujours les différentes
infractions relevant de la compétence de ces agents et la nature des actes qu'ils pourront réaliser. Souvent, ils ne pourront
que constater l'infraction par procès-verbal. Le fait de dresser cet acte constituera alors le point culminant de la mission
répressive de l'agent et la fin de celle-ci. Dans d'autres hypothèses, ils posséderont quelques prérogatives plus ou moins
étendues d'investigations, qui ne seront jamais aussi importantes que celles des OPJ. En outre, les fonctionnaires ne sont pas
tenus de dresser un procès-verbal (V. pour les inspecteurs du travail, CE 3 oct. 1997, M me Gaillard-Bans, req. n o 161520 ,
Lebon 332, au visa l'article 17 de la Convention n o 81 de l'Organisation internationale du travail en date du 11 juill. 1947). Une
relative liberté d'appréciation leur est reconnue, sauf infraction grave. Il est vrai que dans de nombreux domaines, l'objectif de
l'administration est plus la mise en conformité de l'usager que sa répression. Celle-ci intervient souvent en dernier recours
après épuisement des autres formes d'avertissement ou en cas d'infraction grave ou répétée (SILHOL, L'inspection du travail
et le choix de l'action pénale, Dr. soc. 2000. 959 ). Dans la majorité des cas, les procès-verbaux dressés pas ces
fonctionnaires et agents spécialement habilités par des lois spéciales font foi jusqu'à preuve contraire par écrit ou témoin
(C. pr. pén., art. 431 ; V. par ex. C. trav., art. L. 8113-7 ; C. envir., art. L. 172-16, art. L. 596-24 ; C. consom., art. L. 215-3 ;
LPF, art. L. 238). À de rares exceptions, les procès-verbaux font foi jusqu'à inscription de faux (C. pr. pén., art. 433), par
exemple, les procès-verbaux dressés par deux agents des douanes (C. douanes, art. 336). Les textes spéciaux vont parfois
prévoir des pouvoirs d'investigation plus importants que le simple constat des infractions. Mais, d'une part, ces prérogatives
ne seront jamais aussi importantes que celles des OPJ. D'autre part, le fonctionnaire ou agent ne peut agir au-delà de son
cadre d'action et réaliser des actes que la loi ne lui a pas permis de poser (Crim. 18 déc. 1989, n o 89-81.659 , Bull. crim.
n o 485 ; D. 1991. 174, comm. Pannier , pour des agents des douanes ayant constaté une infraction au code de la route en
dehors de leur compétence). Ainsi, le code de l'environnement ne prévoyant pas que les agents de l'Office national de la
chasse agissent en civil, tous les actes de procédure réalisés sans qu'ils soient revêtus de leur uniforme doivent être annulés
(Crim. 20 sept. 2005, n o 05-82.072 , Bull. crim. n o 232, sur le fondement de l'article R. 221-17-6 c. envir.). Toute
constatation d'infraction ne relevant pas de la compétence des fonctionnaires se verra sanctionnée par la nullité des actes
réalisés. Est ainsi nul le procès-verbal dressé par un inspecteur du travail qui avait relevé un outrage à son encontre, car
cette infraction n'entre pas dans son champ de compétence (Crim. 6 févr. 2007, n o 06-83.356 ). Sans chercher à être
exhaustif, il est possible de donner quelques exemples de fonctionnaires ou agents titulaires de pouvoirs de police judiciaire
et autorisés à effectuer certains actes d'investigation pour le constat et la recherche des infractions commises en matière
d'environnement (V. infra, n os 237 s.), de droit du travail (V. infra, n os 255 s.), de santé publique (V. infra, n o 262), de
consommation (V. infra, n os 263 s.), d'infractions commises en mer (V. infra, n os 265 s.), d'armes et explosifs (V. infra, n os
276 s.), de transport (V. infra, n os 280 s.) et bien d'autres matières (V. infra, n os 286 s.).
238. Prérogatives. - Par le truchement de leurs deux spécialités, les inspecteurs de l'environnement sont donc compétents
pour connaître de toutes les infractions au code de l'environnement. Mais, comme il sera vu ci-après (V. infra, n os 239 s.), ils
ne sont pas les seuls. L'ordonnance de 2012 n'a en effet pas réduit le nombre de fonctionnaires, militaires ou agents titulaires
d'attributions de police judiciaire en matière environnementale. Elle a néanmoins unifié les prérogatives d'enquêtes. Les
visites de locaux professionnels et les visites domiciliaires sont soumises aux respects des heures légales (sauf activité
professionnelle en cours pour les premières). Les secondes sont en outre conditionnées au consentement écrit de l'occupant
ou à défaut, à la présence d'un OPJ. Les visites de véhicules sont limitées aux véhicules, navires, bateaux, embarcations et
aéronefs professionnels (C. envir., art. L. 172-5). Les fonctionnaires et agents possèdent un droit de communication de tout
document ou pièce utile (art. L. 172-11). Ils peuvent procéder à des saisies (art. L. 172-12), prélever des échantillons
(art. L. 172-14), détruire certains végétaux, animaux morts ou non viables. Ils peuvent aussi détruire des instruments ou
engins prohibés sur autorisation du JLD (art. L. 172-13). La consignation d'objets ou dispositifs suspects peut aussi être
autorisée par ce juge (art. L. 172-15). Les fonctionnaires et agents peuvent requérir la force publique ou être requis par
l'autorité judiciaire comme par les OPJ (art. L. 172-10). Enfin en matière environnementale, les procès-verbaux font désormais
tous foi jusqu'à preuve contraire. Ils doivent être adressés dans les cinq jours au procureur de la République avec copie à
l'autorité administrative compétente (art. L. 172-16).
239. Infractions au régime de l'eau. - Le code prévoit de nombreuses infractions relatives au régime de protection de l'eau et
des milieux aquatiques et marin. Sont compétents pour constater ces infractions : outre les OPJ, les inspecteurs de
l'environnement, les agents des services de l'État chargés des forêts, les agents de l'Office national des forêts ; les
inspecteurs de la sûreté nucléaire, les chercheurs, ingénieurs et techniciens assermentés de l'Institut français de recherche
pour l'exploitation de la mer, les officiers de port et officiers de port adjoints ; les gardes champêtres, les agents des douanes,
les gardes du littoral, les agents des réserves naturelles (art. L. 216-3 mod. par l'ord. n o 2012-34 du 11 janv. 2012).
2 4 0 . Infractions à la protection des sites inscrits et classés, installations classées. - Sont compétents pour constater les
infractions relatives aux sites inscrits et classés les inspecteurs de l'environnement, les agents des services de l'État chargés
des forêts, les agents de l'Office national des forêts, les gardes du littoral, les agents des réserves naturelles (art. L. 341-20
mod. par l'ord. n o 2012-34 du 11 janv. 2012). Il ne faut pas confondre cette compétence avec celle relative au constat des
infractions au régime des installations classées pour lesquelles sont compétents les inspecteurs de l'environnement et les
inspecteurs de la sûreté nucléaire (C. envir., art. L. 514-9 mod. par l'ord. du 11 janv. 2012).
241. Infractions de pollution maritime par rejet. - Pour lutter contre la pollution maritime, des infractions sévères sont posées.
Les infractions de pollutions par rejets de navires (violation de certaines annexes de la Convention internationale pour la
prévention de la pollution par les navires, dite Convention MARPOL) peuvent être constatées par les OPJ, les administrateurs
des affaires maritimes, les officiers du corps technique et administratif des affaires maritimes, les fonctionnaires affectés dans
les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du
ministre chargé de la mer, les fonctionnaires et agents assermentés et commissionnés des services maritimes, des ports
autonomes maritimes et des grands ports maritimes, les ingénieurs des mines, les ingénieurs de l'industrie et des mines, les
ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts et les ingénieurs des travaux publics de l'État affectés dans les services
déconcentrés du ministère chargé de l'environnement ou à la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du
logement, les officiers de port, officiers de port adjoints et surveillants de port ayant la qualité de fonctionnaire, les
chercheurs, ingénieurs et techniciens assermentés de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, les agents
des douanes, les commandants, commandants en second ou commissaires de la marine embarqués des bâtiments de la
marine nationale ainsi que les chefs de bord des aéronefs de la marine nationale et des aéronefs de la défense chargés de la
surveillance en mer (C. envir., art. L. 218-26 mod. par L. n o 2013-431 du 28 mai 2013, JO 29 mai, art. 31).
242. Infraction de pollution des eaux de mer. - En matière de pollution des eaux de mer, sont compétents les commandants des
navires océanographiques de l'État, les commandants de bord des aéronefs de la protection civile et des aéronefs de l'État
affectés à la surveillance des eaux maritimes, les agents du service des phares et balises, les agents de l'Institut français de
recherche pour l'exploitation de la mer, les agents de la police de la pêche fluviale. Ils peuvent recueillir à cet effet tous
renseignements en vue de découvrir les auteurs et en rendre compte soit à un officier de police judiciaire, soit à un officier ou
un fonctionnaire de catégorie A affecté dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires
maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer (C. envir., art. L. 218-27).
2 4 3 . Infraction de pollution par exploration ou exploitation du fond de la mer. - Les infractions commises lors des opérations
d'exploration ou d'exploitation du fond de la mer ou de son sous-sol peuvent être constatées par les OPJ, les administrateurs
des affaires maritimes ; les officiers du corps technique et administratif des affaires maritimes, les commandants,
commandants en second ou officiers en second des bâtiments de la marine nationale ; les fonctionnaires de catégorie A
affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la
disposition du ministre chargé de la mer ; les ingénieurs des mines ou les ingénieurs des travaux publics de l'État affectés à la
direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement ou à la direction régionale de l'environnement, de
l'aménagement et du logement intéressée, les ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts et les ingénieurs des travaux
publics de l'État affectés aux services maritimes ainsi que les agents commissionnés de ces services maritimes, les officiers de
port et officiers de port adjoints, les agents des douanes. Les agents de la police de la navigation et de la surveillance des
pêches maritimes, les commandants des navires océanographiques de l'État, les commandants de bord des aéronefs
militaires, des aéronefs de la protection civile et des aéronefs de l'État affectés à la surveillance des eaux maritimes, les
agents des services des phares et balises, les agents de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer
recueillent tous renseignements en vue de découvrir les auteurs et en rendent compte soit à un administrateur des affaires
maritimes, officier du corps technique et administratif des affaires maritimes ou fonctionnaire de catégorie A affecté dans les
services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du
ministre chargé de la mer, soit à un officier de police judiciaire (C. envir., art. L. 218-36).
244. Infractions de pollution lors d'opérations d'immersion. - Les infractions commises lors des opérations d'immersion peuvent
être constatées par les OPJ ; les administrateurs des affaires maritimes, les officiers du corps technique et administratif des
affaires maritimes et les fonctionnaires de catégorie A affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le
domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer ; les ingénieurs des ponts, des
eaux et des forêts et les ingénieurs des travaux publics de l'État affectés aux services maritimes ainsi que les agents
commissionnés de ces services, les ingénieurs des mines et les ingénieurs des travaux publics de l'État affectés à la direction
régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement ou à la direction régionale de l'environnement, de
l'aménagement et du logement, les officiers de port et officiers de port adjoints, les agents de la police de la navigation et de
la surveillance des pêches maritimes, les commandants, commandants en second ou officiers en second des bâtiments de la
marine nationale, les fonctionnaires des corps techniques de l'aviation civile commissionnés à cet effet, les ingénieurs des
ponts et chaussées et les ingénieurs des travaux publics de l'État chargés des bases aériennes, les ingénieurs des corps de
l'armement, commissionnés à cet effet, les techniciens d'études et fabrication de l'aéronautique commissionnés, les
chercheurs, ingénieurs et techniciens assermentés de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer ; les agents
des douanes, les consuls de France. Les commandants des navires océanographiques de l'État ; les chefs de bord des
aéronefs militaires, des aéronefs de la protection civile et des aéronefs de l'État affectés à la surveillance des eaux maritimes,
les agents de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer recueillent tous renseignements en vue d'en
découvrir les auteurs et en informent soit un administrateur des affaires maritimes, un officier du corps technique et
administratif des affaires maritimes ou un fonctionnaire de catégorie A affecté dans les services exerçant des missions de
contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer, soit un
ingénieur des ponts, des eaux et des forêts ou un ingénieur des travaux publics de l'État affectés à un service maritime, soit
un officier de police judiciaire (C. envir., art. L. 218-53).
2 4 5 . Infractions lors d'opérations d'incinération. - Les infractions commises lors des opérations d'incinération peuvent être
constatées par les administrateurs des affaires maritimes, les fonctionnaires de catégorie A affectés dans les services
exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre
chargé de la mer ; les officiers du corps technique et administratif des affaires maritimes, les ingénieurs des ponts, des eaux
et des forêts et les ingénieurs des travaux publics de l'État affectés au service maritime ainsi que les agents de ces services
commissionnés à cet effet, les ingénieurs des mines et les ingénieurs des travaux publics de l'État affectés au service des
mines des arrondissements minéralogiques, les officiers de port, les officiers de port adjoints, les commandants, commandants
en second ou officiers en second des bâtiments de la marine nationale, les ingénieurs des corps de l'armement
commissionnés ; les chercheurs, ingénieurs et techniciens assermentés de l'Institut français de recherche pour l'exploitation
de la mer, les agents des douanes, les consuls de France. Les commandants des navires océanographiques de l'État, les
chefs de bord des aéronefs militaires, des aéronefs de la protection civile et des aéronefs de l'État affectés à la surveillance
des eaux maritimes, les agents de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer recueillent tous renseignements
en vue de découvrir les auteurs et portent celles-ci à la connaissance soit d'un administrateur des affaires maritimes, un
officier du corps technique et administratif des affaires maritimes ou un fonctionnaire de catégorie A affecté dans les services
exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre
chargé de la mer, soit d'un officier de police judiciaire (C. envir., art. L. 218-66).
246. Valeur des procès-verbaux. - Les procès-verbaux dressés en matière de pollution ou rejet polluant font foi jusqu'à preuve
contraire. Ils doivent être adressés immédiatement au procureur de la République avec copie au suspect (C. envir., L. 218-28,
art. L. 218-37, art. L. 218-54 et art. L. 218-67). Le juge reste libre d'apprécier le contenu du procès-verbal, car l'agent
verbalisateur possède un rôle seulement descriptif (Crim. 13 mars 2007, n o 05-87.363 , AJ pénal 2007. 230, obs. Roussel
, à propos d'un procès-verbal de constat de pollution maritime rédigé par un chef de bord d'aéronef de la marine nationale).
2 4 7 . Infractions en matière d'OGM. - Les fonctionnaires des corps techniques de l'État, les officiers titulaires d'un brevet
technique ou les agents assermentés à cet effet, les inspecteurs de l'environnement, les fonctionnaires et agents de l'État et
des collectivités territoriales habilités peuvent rechercher et constater les infractions au régime des organismes
génétiquement modifiés. Un droit d'accès aux locaux, sauf ceux servant de domicile, est prévu entre 8 heures et 20 heures. Le
procureur de la République doit être avisé au préalable et peut donner toute instruction. Les procès-verbaux sont transmis
sans délai au magistrat avec copie à l'intéressé et à l'administration et font foi jusqu'à preuve contraire (C. envir., art. L. 536-1
mod. par l'ord. n o 2012-34 du 11 janv. 2012).
248. Infractions en matière de chasse et matière de pêche en eau douce. - Les infractions au régime de la chasse peuvent être
constatées par procès-verbaux faisant foi jusqu'à preuve contraire par les OPJ, les inspecteurs de l'environnement, les agents
des services de l'État chargés des forêts, les agents de l'Office national des forêts ; les agents du domaine national de
Chambord, les gardes champêtres ; les lieutenants de louveterie, les agents des réserves naturelles, les gardes du littoral
(C. envir., art. L. 428-20 mod. par l'ord. n o 2012-34 du 11 janv. 2012). Les infractions au régime de la pêche en eau douce
peuvent être constatées par procès-verbaux faisant foi jusqu'à preuve contraire par les OPJ, APJ, APJA (notamment les
policiers municipaux ou les gardes champêtres), les inspecteurs de l'environnement, les agents des services de l'État chargés
des forêts, les agents de l'Office national des forêts, les agents du domaine national de Chambord, les gardes champêtres,
les agents des réserves naturelles, les gardes du littoral (C. envir., art. L. 437-1 mod. par l'ord. n o 2012-34 du 11 janv. 2012).
2 4 9 . Infractions en matière de protection de la faune et de la flore. - L'article L. 415-1 du code de l'environnement donne
compétence à de nombreux agents pour constater les infractions relatives à la protection du patrimoine naturel car portant
atteintes à la faune ou à la flore : OPJ, APJ, APJA (policiers municipaux, gardes champêtres), agents des réserves naturelles,
gardes du littoral, agents des services de l'État chargés des forêts, agents de l'Office national des forêts, inspecteurs de
l'environnement, agents habilités à constater les infractions à la réglementation sur l'exercice de la pêche maritime,
fonctionnaires chargés de la police du domaine public maritime et des eaux territoriales.
250. Infractions en matière de pollution de l'air, pollution sonore, pollution visuelle. - La commission des infractions au régime de
protection de l'air et de l'atmosphère peut être constatée par les officiers et agents de police judiciaire, les inspecteurs de
l'environnement, les agents de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, les agents des douanes,
les ingénieurs et techniciens du laboratoire central et les inspecteurs de salubrité de la préfecture de police (C. envir.,
art. L. 226-2 mod. par l'ord. n o 2012-34 du 11 janv. 2012). En matière de nuisances sonores, sont compétents les
pharmaciens inspecteurs de santé publique, les médecins inspecteurs de santé publique, les inspecteurs de l'action sanitaire
et sociale, les ingénieurs du génie sanitaire, les ingénieurs d'études sanitaires et les techniciens sanitaires, certains agents
de l'agence régionale de santé, les inspecteurs de l'environnement, les agents de la concurrence, de la consommation et de la
répression des fraudes, les agents des douanes (C. envir., art. L. 571-18 mod. par l'ord. n o 2012-34 du 11 janv. 2012). La
liste est plus longue en matière d'infractions aux régimes des publicités, enseignes et pré-enseignes : OPJ, APJ, APJA (policiers
municipaux, gardes champêtres), agents habilités à constater les infractions en matière de monuments historiques, voirie
routière, urbanisme, stationnement des véhicules automobiles, agents des collectivités territoriales assermentés et
commissionnés 2, agents des réserves naturelles, gardes du littoral, agents des services de l'État chargés des forêts, agents
de l'Office national des forêts, inspecteurs de l'environnement (C. envir., art. L. 581-40 mod. par l'ord. n o 2012-34 du 11 janv.
2012).
251. Infractions commises dans les parcs nationaux. - De règle générale, les agents habilités à constater les infractions en
matière forestière, de chasse et de pêche ont qualité pour constater les infractions spécialement définies pour la protection
des parcs nationaux (C. envir., art. L. 331-20). De surcroît, les infractions posées par le code pénal, le code forestier et le code
de l'environnement peuvent être constatées par les inspecteurs de l'environnement. Il suffit alors que ces infractions aient
pour objet la protection de la faune et de la flore, de réserves naturelles, de sites, de forêts, de chasse, de pêche en eau
douce, de bruit, d'air, de déchets, d'eau, de publicité, de circulation des véhicules dans les espaces naturels ou d'accès et de
respect des espaces gérés par le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres. Les inspecteurs sont aussi
compétents en matière de fouille et de protection des immeubles. Les inspecteurs peuvent suivre les choses enlevées des
parcs dans les lieux où elles ont été transportées et les mettre sous séquestre. Ils peuvent pénétrer dans tous lieux même
privés en présence d'un OPJ (C. envir., art. L. 331-18 mod. par l'ord. du 11 janv. 2012). Les inspecteurs peuvent aussi vérifier
le contenu des sacs et poches à gibier (C. envir., art. L. 331-24). Dans la zone maritime des parcs nationaux et des réserves
maritimes, les inspecteurs de l'environnement sont compétents pour constater les infractions aux réglementations intéressant
la protection de cette zone. Ils sont aussi compétents pour constater et rechercher les infractions à la police des eaux et
rades, à la police des rejets, à la police de la signalisation maritime, à la police des biens culturels maritimes, les infractions
prévues et réprimées par le code rural et de la pêche maritime. Ils peuvent alors stopper les navires et engins de pêche,
monter à bord, examiner les matériels et équipements, dérouter les navires, poser des scellés, conserver les documents de
bord (C. envir., art. L. 331-19 mod. par l'ord. du 11 janv. 2012). Ils disposent de compétences similaires au sein des aires
marines protégées (C. envir., art. L. 334-2-1).
252. Réserves naturelles. - Les infractions à la législation sur les réserves naturelles sont constatées par les agents de ces
réserves commissionnés à cet effet et assermentés mais aussi par les OPJ, les inspecteurs de l'environnement, les agents des
douanes, les agents des services de l'État chargés des forêts, les agents de l'Office national des forêts, les gardes
champêtres. Lorsque sont en cause le domaine public maritime ou les eaux territoriales, sont aussi compétents les agents
habilités à constater les infractions en matière de pêche maritime ainsi que les fonctionnaires chargés de la police du domaine
public maritime et des eaux territoriales (C. envir., art. L. 332-20 mod. par l'ord. du 11 janv. 2012). Dans la zone maritime des
réserves naturelles, les inspecteurs de l'environnement sont compétents pour constater les mêmes infractions que celles
qu'ils peuvent constater dans la zone maritime des parcs nationaux (C. envir., art. L. 332-22 mod. par l'ord. du 11 janv. 2012).
2 5 3 . Infractions commises en Antarctique. - Les infractions violant les règles de mise en oeuvre du traité sur l'Antarctique
peuvent être constatées par les agents des douanes, les agents habilités à relever les infractions à la législation sur les
réserves naturelles, les administrateurs des affaires maritimes, les officiers du corps technique et administratif des affaires
maritimes, les fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires
maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer, les commandants, commandants en second et
officiers en second des bâtiments de l'État ainsi que les commandants de bord des aéronefs de l'État, chargés de la
surveillance en mer (C. envir., art. L. 713-7).
254. Infractions commises en matière d'élimination des déchets et de récupération des matériaux. - Les infractions violant les
règles posées pour l'élimination des déchets et la récupération des matériaux sont recherchées et constatées par les OPJ,
APJ, APJA (notamment les policiers municipaux ou les gardes champêtres), les inspecteurs de l'environnement, les agents de
la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, les agents des douanes, les chercheurs, ingénieurs et
techniciens assermentés de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, les agents de l'Office national des
forêts, les pharmaciens inspecteurs de santé publique, les médecins inspecteurs de santé publique, les inspecteurs de l'action
sanitaire et sociale, les ingénieurs du génie sanitaire, les ingénieurs d'études sanitaires et les techniciens sanitaires, certains
agents de l'agence régionale de santé (C. envir., art. L. 541-44 mod. par l'ord. du 11 janv. 2012).
2 5 6 . Pouvoirs d'investigation. - Assistés des contrôleurs du travail, les inspecteurs disposent d'un droit de visite dans les
établissements où sont applicables les règles du droit du travail mais aussi d'un droit d'entrée dans les locaux où s'effectuent
des travaux à domicile sur autorisation des occupants de locaux habités (C. trav., art. L. 8113-1). Ces agents peuvent
demander aux personnes présentes de justifier de leur identité et de leur adresse (art. L. 8113-2). Ils disposent d'un droit de
prélèvement des produits distribués et utilisés (art. L. 8113-3), ainsi que d'un droit d'accès à tout document rendu obligatoire
par le droit du travail ou qui permet la constatation des infractions d'atteinte à l'égalité entre hommes et femmes, de
discrimination et d'atteinte à l'exercice du droit syndical (art. L. 8113-4 et L. 8113-5). Leurs procès-verbaux valent jusqu'à
preuve contraire. Ils sont transmis au procureur de la République, au préfet. La personne visée par le procès-verbal est
informée des faits et de leur sanction (art. L. 8113-7).
257. Fonctionnaires assimilés. - Certains fonctionnaires possèdent quelques pouvoirs des inspecteurs du travail. D'une part,
les ingénieurs de prévention des directions régionales du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle peuvent
apporter un soutien technique aux inspecteurs du travail. Ils peuvent alors exercer les mêmes droits d'entrée et de
prélèvement (C. trav., art. L. 8123-4). D'autre part, les médecins conseils et les ingénieurs conseils de l'inspection du travail
peuvent être chargés par le ministre du Travail de missions spéciales temporaires concernant l'application des dispositions
relatives à la santé des travailleurs. Ces fonctionnaires possèdent alors les mêmes droits que les inspecteurs du travail
(art. L. 8123-6, V. supra, n os 256).
258. Travail dissimulé. - En outre, beaucoup sont autorisés à rechercher les infractions aux interdictions du travail dissimulé
prévues à l'article L. 8221-1 du code du travail. Il s'agit, en plus des OPJ et APJ : des inspecteurs du travail et contrôleurs du
travail ; des agents des impôts et des douanes ; des agents des organismes de sécurité sociale et des caisses de mutualité
sociale agricole agréés à cet effet et assermentés ; des administrateurs et officiers du corps technique des affaires maritimes
ainsi que certains fonctionnaires exerçant des missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes ; des
fonctionnaires des corps techniques de l'aviation civile commissionnés à cet effet et assermentés ; des fonctionnaires ou
agents de l'État chargés du contrôle des transports terrestres ; des agents de l'institution « Pôle emploi » chargés de la
prévention des fraudes, agréés et assermentés à cet effet (C. trav., art. L. 8271-7 et L. 8271-1-2).
259. Prérogatives. - Les procès-verbaux rédigés par ces agents valent jusqu'à preuve contraire. Ils sont transmis au procureur
de la République (art. L. 8271-8) et aux organismes de recouvrement de la sécurité sociale (art. L. 8271-8-1). Les agents
contrôleurs ont un droit de communication de documents (art. L. 8271-9, L. 8271-10 et L. 8271-12). Ils peuvent demander aux
employeurs et travailleurs de justifier de leur identité. Ils disposent enfin d'un pouvoir d'audition avec leur accord des
personnes rémunérées dans le cas d'un travail dissimulé (art. L. 8271-11).
2 6 0 . Agents du Pôle emploi. - Depuis la loi LOPPSI 2, certains agents de Pôle emploi sont chargés de la prévention des
fraudes. Ils sont assermentés et agréés dans des conditions définies par arrêté du ministre chargé de l'emploi. Ils peuvent
constater les infractions au code du travail entrant dans le champ de compétence du Pôle emploi. Leurs procès-verbaux font
foi jusqu'à preuve du contraire et sont transmis au procureur de la République (C. trav., art. L. 5312-13-1, créé par L. 14 mars
2011, art. 105).
261. Droit du travail maritime. - Les agents chargés de l'inspection du travail maritime sont compétents pour constater les
infractions en matière de droit du travail et de protection sociale des marins (C. transp., art. L. 5641-1).
2 6 4 . Pouvoirs d'enquête. - Tous ces agents disposent de pouvoirs d'enquête et notamment de droits de visite des locaux
professionnels, de communication de documents, de saisie, de prise d'échantillons, de relevé d'identité avec possibilité de
faire appel à un OPJ en cas de refus, de réquisition de personne qualifiée. Ils peuvent aussi décaler le moment où ils
déclineront leur qualité afin de mieux constater les infractions (C. consom., art. L. 215-3 à L. 215-3-4).
266. Trafic de stupéfiants en mer. - Pour lutter contre le trafic de stupéfiants commis en mer en dehors des eaux territoriales,
le législateur a conféré à certains agents le droit d'arraisonner, de visiter et de contrôler les navires suspectés de commettre
un tel trafic. Il s'agit des commandants des bâtiments de l'État, des commandants de bord des aéronefs de l'État, chargés de
la surveillance en mer, des commissaires aux armées embarqués. Ces agents agissent sous l'autorité du préfet maritime ou,
outre-mer, du délégué du gouvernement pour l'action de l'État en mer, qui en avise le procureur de la République. Le
commandant possède le droit de faire saisir les produits stupéfiants, mais aussi tout document, et de dérouter le navire (L.
n o 94-589 du 15 juill. 1994, JO 16 juill., art. 13 et 14 mod. par L. n o 2005-371 du 22 avr. 2005, JO 23 avr. et. Ord. n o 2014-792
du 10 juill. 2014, JO 11 juill.).
267. Recherche des infractions. - En plus des OPJ, les agents des douanes, mais aussi les commandants des bâtiments de
l'État, les officiers de la marine nationale, les commissaires aux armées embarqués sur ces bâtiments et les commandants de
bord des aéronefs de l'État chargés de la surveillance en mer, spécialement habilités, peuvent constater les infractions en
matière de trafic de stupéfiants et en rechercher les auteurs (JACQUOT et BROUTÉ, Les pouvoirs d'enquête en mer, AJ pénal
2012. 578 ). Ils peuvent procéder à des perquisitions ou à des saisies sur les navires, même en dehors des heures légales.
Le procureur de la République est informé au préalable de ces opérations et doit donner son autorisation aux perquisitions et
saisies, sauf cas d'extrême urgence. Les agents dressent des procès-verbaux qui font foi jusqu'à preuve du contraire et sont
transmis au magistrat dans les plus brefs délais et au plus tard dans les quinze jours qui suivent les opérations. Une copie est
remise au suspect (L. n o 94-589 du 15 juill. 1994, art. 16).
2 6 8 . Lutte contre l'immigration illégale en mer. - Les mêmes agents possèdent des pouvoirs identiques pour constater et
rechercher les infractions aux conditions d'entrée et de séjour des étrangers commises en mer (L. n o 94-589 du 15 juill. 1994,
art. 18 à 23).
2 6 9 . Police de la mer, infraction commise à bord. - Plus largement, les infractions de refus d'obtempérer aux injonctions
réalisées dans le cadre de l'action de police de l'État en mer sont constatées, outre par les OPJ et APJ, par les commandants,
les commandants en second et les officiers en second des bâtiments de l'État ainsi que les commandants de bord des
aéronefs de l'État (C. défense, art. L. 1521-9). Ces agents peuvent d'ailleurs constater n'importe quelle infraction commise à
bord d'un navire (L. 7 déc. 1926, art. 26 mod. par l'ord. du 2 nov. 2012).
270. Piraterie. - La marine nationale est intervenue à plusieurs reprises pour libérer les victimes et appréhender les auteurs
présumés d'actes de piraterie accomplis contre des navires et des ressortissants français. Même si la jurisprudence française
valide l'arrestation et admet la compétence des juridictions françaises (affaire du Ponant : Crim. 16 sept. 2009, n o 09-82.777
. - Affaire du Carré d'as : Crim., 17 févr. 2010, n o 09-87.254 , AJ pénal 2010. 292, obs. Roussel ), la solidité du régime
de compétence et de détention n'était pas à l'abri de toute critique, notamment conventionnelle (POISSONNIER, La Cour de
cassation confrontée au casse-tête de la détention en haute mer, D. 2010. 187 ). La loi n o 2011-13 du 5 janvier 2011 (JO
6 janv.) est venue clarifier le régime de compétence des juridictions françaises et habiliter les commandants des bâtiments de
l'État et les commandants des aéronefs de l'État à exécuter ou à faire exécuter les mesures de contrôle et de coercition
prévues par le droit international (L. n o 94-589 du 15 juill. 1994, art. 2 mod.). De plus, la loi prévoit une habilitation spéciale
pour les commandants d'aéronefs, les commandants des bâtiments de l'État, les officiers de la marine nationale et les
commissaires aux armées leur permettant de rechercher et appréhender les auteurs des actes de piraterie (L. n o 94-589 du
15 juill. 1994, art. 4 mod. par l'ord. n o 2014-792 du 10 juill. 2014). Il s'agira probablement du commandant, du commandant en
second, du commissaire embarqué et du chef de l'équipe de visite.
271. Rétention à bord des navires. - Surtout, la loi du 5 janvier 2011 a introduit un cadre de détention des suspects à bord des
navires, quelle que soit l'infraction recherchée. En effet, les juridictions françaises considéraient la privation de liberté comme
une mesure de rétention administrative distincte d'une garde à vue (affaire du W inner : Crim. 15 janv. 2003, n o 02-86.936 ,
Bull. crim. n o 12. - Affaire du Junior : Crim. 29 avr. 2009, n o 09-80.157 , Bull. crim. n o 83 ; AJ pénal 2009. 273, obs. Royer ).
Mais seule la présentation à un juge indépendant à l'issue de la rétention a fait éviter à la France une condamnation
européenne sur le fondement de l'article 5 § 3 de la Convention européenne des droits de l'homme dans l'affaire du W inner
(CEDH, gde ch., 29 mars 2010, req n o 3394/03, Medvedyev c/ France, préc. supra, n o 22). Il en a été tout autrement dans
l'affaire du Junior puisque la France a été condamnée, car les requérants n'ont pas été présentés à un juge dès leur
débarquement (CEDH 27 juin 2013, Vassis et autres c/ France, req. n o 62736/09 , AJ pénal 2013. 549, obs. Roussel ;
RSC 2013. 656, note Roets ). En revanche, dans l'affaire du W inner, a été constatée une violation de l'article 5, § 1 er, quant
aux motifs de détention. Pour la Cour européenne, un doute demeure sur le fait de savoir si avaient été autorisée par l'État
du pavillon du W inner l'arrestation des marins, leur détention à bord et leur transfert vers la France (CEDH, gde ch., 29 mars
2010, préc.). Pour autant, la Cour européenne a accepté des durées de rétention maritime assez importantes tenant à la
distance séparant les suspects de la résidence du juge et aux conditions de navigation (CEDH 12 janv. 1999, req.
n o 37388/97, Rigolopoulos c/ Espagne). Par conséquent, la loi du 5 janvier 2011 a introduit des articles L. 1521-1 à L. 1521-18
dans le code de la défense afin d'encadrer le régime d'arrestation par les équipes de visite et la détention des suspects à
bord des navires. Ces articles octroie un droit d'interpellation des suspects en mer au bénéfice des équipes de visites qui
peuvent « prendre les mesures de coercition nécessaires et adaptées à l'encontre des personnes à bord en vue d'assurer
leur maintien à disposition » (C. défense, art. L. 1521-11). Ensuite, ces articles définissent le régime de la restriction ou de la
privation de liberté à bord par rétention administrative. Ils prévoient un certain nombre de garanties (droit à un examen de
santé puis à un examen médical, information du préfet maritime ou du délégué du Gouvernement pour l'action de l'État en mer
ou encore du commandant de zone maritime, information du procureur de la République, saisine du juge des libertés et de la
détention dans les quarante-huit heures pour prolongation renouvelable de la rétention). Ces garanties perdurent lors des
opérations de transfert aérien vers la France. Les commandants de navires et d'aéronefs ainsi que les officiers de la marine
nationale sont donc investis de pouvoirs d'arrestation et de rétention encadrés judiciairement. Ces pouvoirs se distinguent
bien d'un pouvoir de placement en garde à vue. En effet, l'article L. 1521-1 du code de la défense exclut l'application du
régime de la garde à vue en ce qu'il énonce que les dispositions du chapitre définissant le cadre de détention en mer
s'applique aux navires français « dans tous les espaces maritimes » et aux navires étrangers ou sans pavillon « dans les
espaces maritimes relevant de la souveraineté ou de la juridiction de la République française ». La disposition spéciale déroge
ainsi au droit commun. De plus, le code de la défense n'octroie pas ici la possibilité de réaliser des actes d'enquête de police
judiciaire autre que le constat de l'infraction. En aucun cas les marins habilités ne peuvent procéder à un interrogatoire des
suspects arrêtés excepté pour connaître leur langue ou leur état de santé. Après constat, ils ne peuvent réaliser que des
actes d'arrestation et de rétention possédant comme finalité la présentation à l'autorité judiciaire. Il s'agit donc plus d'actes à
finalité judiciaire que d'actes de police judiciaire.
272. Activités privées de protection des navires. - Pour améliorer la défense contre les actes de piraterie, la loi n o 2014-742 du
1 er juillet 2014 (JO 2 juill.) est venue, après d'âpres débats, donner un cadre juridique aux activités privées de protection des
navires (C. transp., art. L. 5441-1, L. 5442-2 s. ; CSI, art. L. 611-1, L. 616-2 s.). Les infractions à la législation relative à ces
activités peuvent être constatées par les officiers et agents de police judiciaire, les agents des douanes, les commandants et
commandants en second des navires de l'État, les commandants des aéronefs de l'État, les administrateurs et officiers du
corps technique et administratif des affaires maritimes, les officiers de la marine nationale, les commissaires des armées
embarqués et les fonctionnaires affectés dans les services des affaires maritimes. Le procureur de la République compétent
est informé par tout moyen des infractions constatées. Les procès-verbaux de constatation font foi jusqu'à preuve du
contraire. Ils sont transmis par tout moyen dans les plus brefs délais au magistrat. Ce dernier peut autoriser sauf extrême
urgence les perquisitions et les saisies d'armes (CSI, art. L. 616).
2 7 3 . Infractions de droit maritime. - L'ordonnance n o 2010-1307 du 28 octobre 2010 créant le code des transports puis
l'ordonnance n o 2012-1218 du 2 novembre 2012 (JO 3 nov.) sont venues modifier les règles pénales en matière maritime
(ALLAIN, Présentation des principales dispositions de l'ordonnance n o 2012-1218 du 2 novembre 2012 portant réforme pénale
en matière maritime, AJ pénal 2012. 589 ). Les infractions aux règles portant sur le statut des navires, la navigation
maritime, l'équipage peuvent ainsi être constatées par les commandants ou commandants en second des bâtiments de l'État
et les chefs de bord des aéronefs de l'État, les administrateurs des affaires maritimes, les officiers du corps technique et
administratif des affaires maritimes, les fonctionnaires affectés dans les services exerçant des missions de contrôle dans le
domaine des affaires maritimes sous l'autorité ou à la disposition du ministre chargé de la mer, le délégué à la mer et au
littoral, les inspecteurs de l'environnement et les agents publics commissionnés et assermentés des parcs nationaux, des
parcs naturels marins et des réserves naturelles marines, les agents publics commissionnés à cet effet par décision du
directeur interrégional de la mer et assermentés. Les capitaines des navires à bord desquels les délits ont été commis sont
aussi désormais compétents sauf, fort logiquement, en matière d'abordage et de formation à la conduite des navires
(C. transp., art. L. 5111-4, L. 5222-1, L. 5236-1, L. 5243-1, L. 5262-4, L. 5263-6, L. 5273-4 et L. 5523-1). Les administrateurs
des affaires maritimes, les officiers du corps technique et administratif des affaires maritimes, les inspecteurs des affaires
maritimes, les techniciens experts du service de la sécurité de la navigation maritime peuvent en outre constater les
infractions relatives aux règles de prévention de la pollution (C. transp., art. L. 5243-1, al. 1 er). La plupart de ces agents, ainsi
que ceux des douanes, peuvent aussi constater les infractions portant sur les obligations d'assurance (art. L. 5123-7). De
plus, le code des transports multiplie les agents compétents pour relever un certain nombre d'infractions techniques relevant
de leur domaine de compétences propres : inspecteurs de la sécurité des navires et de la prévention des risques
professionnels maritimes, commandants des bâtiments de l'État, fonctionnaires affectés dans les services exerçant des
missions de contrôle dans le domaine des affaires maritimes, inspecteurs et contrôleurs du travail, agents des douanes
(art. L. 5243-1 à L. 5243-3).
2 7 4 . Visite domiciliaire et force publique. - Les prérogatives d'enquête peuvent être importantes. Ainsi, la plupart des
fonctionnaires d'État et agents de l'État disposent d'un droit de visite domiciliaire, de perquisition, de communication de
document et de saisie selon les règles du code de procédure pénale (respect des heures légales et de l'assentiment de
l'occupant). Le procureur de la République est informé et les procès-verbaux lui sont aussitôt transmis. Les fonctionnaires des
affaires maritimes, les officiers de port et les officiers de port adjoints peuvent de plus requérir directement la force publique.
Ils peuvent aussi être requis par les autorités judiciaires (C. transp., art. L. 5142-7 et art. L. 5243- 4, L. 5243-5, L. 5243-7 à
L. 5243-10 mod. par L. 28 mai 2013). Il faut dire que les officiers de port, fonctionnaires assermentés devant le TGI
(art. L. 5331-11), sont compétents pour constater les délits à la police des ports maritimes (art. L. 5336-1). Ils peuvent monter
à bord de tout navire et rendre compte aux OPJ des refus auxquels ils sont confrontés (art. L. 5331-11 et L. 5331-12). Ils
doivent informer le procureur des infractions dont ils ont connaissance (art. L. 5336-4). Les surveillants de port et leurs
auxiliaires constatent quant à eux les contraventions à la police des ports (art. L. 5336-3) et doivent en informer les OPJ
(art. L. 5336-5 à l'instar des pilotes, guetteurs sémaphoristes, agents des douanes, commandant des bâtiments de l'État et
autres fonctionnaires des affaires maritimes en matière de signalisation). Les procès-verbaux sont transmis dans les dix jours
au procureur avec copie à l'autorité hiérarchique dont relève l'agent verbalisateur, au directeur interrégional de la mer et à
l'autorité portuaire. Ces personnes font connaître leurs observations au magistrat (art. L. 5336-6).
2 7 5 . Pouvoirs du capitaine. - Par ailleurs, le capitaine du navire possède des prérogatives importantes de police judiciaire
(OLLIVIER, THOREL et MOUILLÉ, Le capitaine et le droit pénal, AJ pénal 2012. 585 ). Outre certaines des infractions déjà
citées (art. L. 5222-1), il est compétent pour constater les infractions à la discipline de bord et en dresser procès-verbal :
insubordination, outrage, manquements aux obligations professionnelles, présence irrégulière à bord (art. L. 5531-2). Depuis
l'ordonnance du 2 novembre 2012, le capitaine ayant connaissance d'une infraction commise à bord, quelle que soit sa nature,
possède le pouvoir d'accomplir tous les actes nécessaires à la conservation des preuves. En cas de crime flagrant, il dispose
des prérogatives de l'enquête de flagrance (excepté le placement en garde à vue). Il doit alors avertir l'autorité administrative
laquelle informe le parquet. Ce dernier reçoit du capitaine les éléments de preuves dès la première escale, via le cas échéant
l'autorité consulaire. Sur demande ou accord du parquet, l'autorité consulaire et les commandants de bâtiments de l'État
peuvent requérir le capitaine de garder ou recevoir à bord le suspect de l'infraction (L. 17 déc. 1926, art. 20 à 26 mod. par
l'ord. du 2 nov. 2012). En cas de besoin, le capitaine dispose depuis la loi n o 2013-431 du 28 mai 2013 (JO 29 mai) d'un
pouvoir de consignation à bord dans un lieu fermé, pendant la durée strictement nécessaire, de toute personne mettant en
péril la préservation du navire, de sa cargaison ou de la sécurité des personnes. Cette consignation se réalise avec l'accord
du procureur de la République près le tribunal maritime compétent. Au-delà de quarante-huit heures, la consignation doit être
autorisée par le JLD (art. L. 5531-19).
277. Armes chimiques, mines antipersonnel, armes à sous-munitions. - Les infractions aux régimes des armes chimiques, des
mines antipersonnel et des armes à sous-munitions peuvent être constatées par les OPJ et les agents des douanes mais
aussi par les inspecteurs généraux et les inspecteurs des armées, les membres du corps militaire du contrôle général des
armées et les officiers de l'armée de terre, de la marine nationale, de l'armée de l'air et de la gendarmerie nationale titulaires
d'un commandement et les membres du corps militaire des ingénieurs de l'armement. Les agents du ministère de la Défense
doivent être habilités individuellement par leur ministre. Les procès-verbaux sont adressés sans délai au procureur de la
République (C. défense, art. L. 2342-56, L. 2343-8 et L. 2344-6).
278. Explosifs. - Les infractions au régime des explosifs peuvent être constatées par les OPJ et les agents des douanes, mais
aussi par les ingénieurs des Mines et les ingénieurs et fonctionnaires assimilés placés sous leurs ordres, les ingénieurs de
l'armement et les ingénieurs des études et techniques d'armement ainsi que les officiers placés sous leurs ordres, désignés
par le ministre dont ils relèvent. Les procès-verbaux sont adressés sans délai au procureur de la République (C. défense,
art. L. 2353-1). Selon l'article R. 2353-1 du code de la défense, les fonctionnaires non officiers de police judiciaire ou non
encore assermentés devront prêter serment devant le tribunal d'instance dans le ressort duquel ils sont domiciliés (V.
Explosifs).
279. Matières et installations nucléaires. - Les infractions au régime des matières nucléaires sont constatées par les officiers et
agents de police judiciaire, les agents des services des douanes, les agents de la répression des fraudes, le haut
fonctionnaire de défense placé auprès du ministre chargé de l'énergie, les agents en charge de la métrologie légale. Leurs
procès-verbaux sont adressés au ministre de la Défense (C. défense, art. L. 1333-8). Depuis l'ordonnance n o 2012-6 du
5 janvier 2012 (JO 6 janv.), les infractions aux installations nucléaires sont quant à elles constatées par les OPJ et par les
inspecteurs de la sûreté nucléaire habilités et assermentés qui agissent sous le contrôle du procureur du lieu de commission
de l'infraction. Ces inspecteurs sont désignés par l'Autorité de sûreté nucléaire (C. envir., art. L. 596-22). Les procès-verbaux
dressés font foi jusqu'à preuve contraire et doivent être adressés dans les cinq jours au parquet avec copie adressée à
l'exploitant (C. envir. art. L. 596-24). Les inspecteurs de la sûreté nucléaire disposent d'un droit de visite des moyens de
transport et des locaux. Pour la partie des locaux faisant office d'habitation, la visite ne peut avoir lieu qu'entre six heures et
vingt et une heures sur autorisation d'un juge du siège (C. envir., art. L. 596-4). En cas d'opposition de la personne faisant
l'objet du contrôle, la visite peut être réalisée sans son consentement sur autorisation du juge des libertés et de la détention
(C. envir., art. L. 596-6 s.). Dans tous les cas, les inspecteurs disposent aussi d'un droit de communication de tout document
ou pièce utile (C. envir., art. L. 596-5) et peuvent prélever des échantillons (C. envir., art. L. 596-26). Les inspecteurs de la
sûreté nucléaire, les fonctionnaires et agents publics commissionnés à cet effet par le ministre chargé de l'énergie et
assermentés, sont aussi compétents pour constater les infractions portant sur des déchets radioactifs (C. envir., art. L. 542-2-
2).
7° - Agents autorisés à rechercher les infractions en matière de transport
280. Codification. - L'ordonnance n o 2010-1307 du 28 octobre 2010 (JO 3 nov.) a créé un code des transports et ainsi codifié
des dispositions législatives habilitant certains agents à constater et rechercher des infractions.
2 8 1 . Transport routier et intérieur. - Les infractions aux dispositions législatives et réglementaires relatives à l'accès aux
professions du transport ferroviaire ou guidé et du transport routier et à leurs conditions d'exercice sont recherchées et
constatées par divers types d'agents. Il s'agit des officiers et agents de police judiciaire mais aussi des fonctionnaires ou
agents de l'État, assermentés, chargés du contrôle des transports terrestres et placés sous l'autorité du ministre chargé des
transports ; des fonctionnaires assermentés désignés par le ministre chargé des transports et commissionnés à cet effet ;
des agents des douanes ; des agents ayant qualité pour constater les infractions en matière de circulation prévues par le
code de la route. Tous ces agents ont le droit de visiter la cargaison et ont accès aux lieux de chargement et de
déchargement des véhicules tant ferroviaires que routiers. Ils peuvent de plus constater les infractions de faux et d'usage de
faux prévues par le code pénal portant sur des titres administratifs de transport. Ils peuvent se faire présenter tous
documents relatifs aux transports effectués. Ils disposent d'un droit d'accès, entre 8 heures et 20 heures, aux locaux des
entreprises qui commandent des transports routiers de marchandises, sauf ceux servant de domicile, et peuvent se faire
présenter tous documents relatifs aux contrats de transport (C. transp., art. L. 1451-1, L. 3451-1). Ces agents disposent d'un
droit d'immobilisation des véhicules de transport routier en infraction (art. L. 3451-2). Les fonctionnaires et agents dépendant
du ministère des Transports peuvent en outre constater les infractions relatives au transport routier de marchandises
(art. L. 3241-2, L. 3315-1), au transport de marchandises dangereuses (art. L. 1252-2, à l'instar des OPJ, APJ, inspecteurs du
travail, inspecteurs de la sûreté nucléaire), ainsi que certaines infractions au code de la route, notamment lorsqu'elles sont
commises au moyen de véhicules affectés au transport routier de voyageurs ou de marchandises (C. route, art. L. 130-6 et
R. 130-6). Les infractions aux règles du transport public routier de personnes réguliers et à la demande de voyageurs sont
constatées par les fonctionnaires ou agents de l'État assermentés missionnés à cette fin et placés sous l'autorité du ministre
chargé des transports, les agents assermentés de l'exploitant du service de transport (C. transp., art. 3114-1).
282. Navigation intérieure. - Les personnels de voies navigables de France commissionnés et assermentés sont compétents
pour constater les infractions définies par les règlements de police de la navigation intérieure (C. transp., art. L. 4272-2 créé
par L. n o 2012-77 du 24 janv. 2012, JO 25 janv.). Les fonctionnaires et agents relevant du ministre chargé des transports,
assermentés et commissionnés à cet effet, les agents des douanes, les officiers de port, officiers de port adjoints et
surveillants de port, ainsi que les agents des ports autonomes maritimes et des grands ports maritimes, les personnels des
collectivités territoriales sont aussi compétents pour constater certaines infractions (art. L. 4141-1, L. 4272-1, L. 4462-4,
L. 4462-6 et L. 4472-1).
2 8 3 . Navigation aérienne. - Outre les OPJ, les fonctionnaires et agents de l'État, les personnels navigants effectuant des
contrôles en vol pour le compte de l'administration et les militaires, marins et agents de l'autorité militaire ou maritime,
commissionnés à cet effet et assermentés sont compétents pour constater les infractions aux règles portant sur les aéronefs,
notamment en matière d'identification, jets d'objets, délits de fuite (C. transp., art. L. 6142-1). Ces agents sont aussi
compétents pour constater les infractions aux règles relatives à la circulation aérienne, aux documents de bord, au transport
de marchandises, aux incidents (art. L. 6232-1). Ils peuvent constater les infractions au régime d'exploitation et de
conservation des aérodromes (art. L. 6372-1). Ces agents ainsi que les fonctionnaires de catégorie A de l'aviation civile
peuvent constater les infractions aux règles du transport aérien avec possibilité de visite domiciliaire (art. L. 6431-1 et
L. 6431-2).
284. Police ferroviaire. - La loi du 15 juillet 1845 sur la police des chemins de fer et celle du 12 juillet 1983 ont été abrogées
par l'ordonnance du 28 octobre 2010. La police ferroviaire est désormais régie par le code des transports. Ainsi, les infractions
commises en matière de transport ferroviaire peuvent être constatées par les OPJ, mais aussi par : les fonctionnaires ou
agents de l'État assermentés, missionnés à cette fin et placés sous l'autorité du ministre chargé des transports (ingénieurs
des Ponts et Chaussées et des Mines), nommés ou agréés par l'Administration et dûment assermentés ; les agents
assermentés missionnés de l'Établissement public de sécurité ferroviaire (conducteurs, gardes-mines, agents de surveillance
et gardes) ; les agents assermentés missionnés du gestionnaire d'infrastructures de transport ferroviaire et guidé ; les
agents assermentés de l'exploitant du service de transport, notamment de la SNCF et de la RATP (C. transp., art. L. 2241-1).
Ces agents peuvent relever l'identité et l'adresse des contrevenants dès lors qu'ils ont été agréés par le procureur de la
République et assermentés. Lorsque les contrevenants refusent ou se déclarent dans l'impossibilité de justifier de leur
identité, ces agents en avisent sans délai l'OPJ territorialement compétent. Sur son ordre, ils peuvent les conduire devant lui
ou bien les retenir le temps nécessaire à son arrivée ou à celle d'un agent de police judiciaire agissant sous son contrôle
(C. pr. pén., art. 529-4 et C. transp., art. L. 2241-2 dans sa réd. issue de la LOPPSI 2, art. 58). Ces agents peuvent aussi
enjoindre aux contrevenants ou personnes troublant l'ordre public de descendre du moyen de transport, de quitter sans délai
les espaces, gares ou stations. Si les personnes refusent d'obtempérer, alors les agents désignés par l'exploitant peuvent les
contraindre à descendre du véhicule ou à quitter sans délai les espaces, gares ou stations. Ils peuvent aussi requérir la force
publique. Dans tous les cas, les OPJ territorialement compétents sont informés par tout moyen et sans délai. Ce pouvoir de
contrainte ne peut s'exercer à l'encontre des personnes vulnérables (art. L. 2241-6 dans sa réd. issue de la LOPPSI 2,
art. 59). Ils peuvent saisir avec leurs étals les marchandises mises en vente ou exposées en vue de la vente dans les trains,
cours ou bâtiments des gares, stations et dépendances du domaine public ferroviaire sans l'autorisation administrative
nécessaire. Les OPJ doivent être avertis (art. L. 2241-5). Enfin, les procès-verbaux dressés font foi jusqu'à preuve contraire
(art. L. 2241-7).
285. Pouvoir des agents de la SNCF et de la RATP. - Sont autorisées par l'article L. 2251-1 du code des transports à disposer
d'un service de sécurité interne, la SNCF (membres de la police ferroviaire et de la surveillance générale, dite SuGe) et la RATP
(membres du groupe de protection et de sécurisation des réseaux, dit GPSR). Ces agents disposent des mêmes prérogatives
que les autres mais ils peuvent en plus être armés (art. L. 2251-4) d'arme de catégorie B (Décr. n o 86-1099 du 10 oct. 1986,
JO 11 oct., mod. par décr. n o 2013-723 du 12 août 2013).
8° - Attributions diverses
286. Produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques. - Certains des agents susceptibles de constater les infractions au code
de la consommation sont aussi compétents pour rechercher et constater les infractions édictées en matière de mise sur le
marché de produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques (C. rur., art. L. 205-1, L. 254-11).
287. Communications électroniques. - Les fonctionnaires et agents du ministère chargé des communications électroniques, de
l'autorité de régulation des Communications électroniques et des postes et de l'Agence nationale des fréquences habilités à
cet effet par le ministre chargé des communications électroniques et assermentés peuvent constater les infractions commises
en matière de communications électroniques. Ils disposent d'un droit d'accès aux locaux professionnels après en avoir informé
le procureur de la République. Sur autorisation du président du tribunal de grande instance, ils peuvent procéder à des saisies
de matériel (CPCE, art. L. 40).
2 8 8 . Infractions sportives. - Outre les OPJ et APJ, peuvent constater et rechercher les infractions au code du sport les
fonctionnaires relevant du ministre chargé des sports habilités et assermentés. Ils peuvent accéder aux établissements
sportifs entre 8 et 20 heures après avoir informé le procureur de la République. Les procès-verbaux font foi jusqu'à preuve
contraire et sont transmis au magistrat avec copie au suspect (C. sport, art. L. 111-3).
2 8 9 . Droits d'auteur. - La preuve des atteintes aux droits d'auteur peut résulter des constatations d'agents assermentés
désignés, selon les cas, par le Centre national du cinéma et de l'image animée, par les organismes de défense professionnelle
et par les sociétés mentionnées par le code de la propriété intellectuelle (CPI, art. L. 331-2). En outre, les membres de la
commission des droits ainsi que les agents assermentés de la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection
des droits sur internet (HADOPI) peuvent constater les faits susceptibles de constituer des infractions en matière de
téléchargement lorsqu'elles sont sanctionnées de la peine complémentaire de suspension de l'accès à un service de
communication au public en ligne. Ils peuvent auditionner la personne concernée (CPI, art. L. 331-21-1).
290. Construction et habitation. - Les infractions commises en matière de construction, d'habitation et d'urbanisme peuvent
être constatées par les OPJ et APJ mais aussi par les agents de l'État et des collectivités publiques commissionnés par le
maire ou le ministre chargé de l'urbanisme. Leurs procès-verbaux font foi jusqu'à preuve du contraire. Copie du procès-verbal
constatant une infraction est transmise sans délai au ministère public. Les infractions touchant les monuments historiques
sont constatées par les agents commissionnés à cet effet par le ministre chargé des monuments historiques et des sites, et
assermentés (C. urb., art. L. 480-1).
291. Concurrence. - Les agents de la direction de la répression des fraudes, les agents des services d'instruction de l'Autorité
de la concurrence habilités à cet effet par le rapporteur général sont compétents pour constater les infractions commises en
matière de concurrence, peuvent, sur autorisation judiciaire, procéder à des visites domiciliaires. Depuis 2014, des
fonctionnaires de catégorie A spécialement habilités à cet effet par le ministre de la Justice, sur proposition du ministre chargé
de l'économie ou du rapporteur général de l'Autorité de la concurrence, peuvent recevoir des juges d'instruction des
commissions rogatoires. Les agents possèdent un droit de visite de locaux entre 8 et 20 heures, un droit de communication
de tout document ou toute pièce utile, un droit de relevé d'identité des contrevenants. Ils peuvent aussi différer le moment où
ils déclineront leur qualité. Leurs procès-verbaux valent jusqu'à preuve contraire (C. com., art. L. 450-1 à L. 450-4 en partie
modifiés par L. n o 2014-344 du 17 mars 2014).
2 9 2 . Discrimination. - Les agents du Défenseur des droits assermentés et spécialement habilités par le procureur de la
République peuvent constater par procès-verbal les délits de discrimination (L. organique n o 2011-333 du 29 mars 2011
relative au Défenseur des droits, JO 30 mars, art. 37, al. 4).
293. Infractions routières. - L'article L. 130-4 du code de la route donne compétence à de nombreux agents pour relever les
contraventions routières : personnels de l'Office national des forêts, gardes champêtres des communes, agents titulaires ou
contractuels de l'État et les agents des communes, titulaires ou non, chargés de la surveillance de la voie publique, agréés
par le procureur de la République, agents, agréés par le procureur de la République, de ceux des services publics urbains de
transport en commun de voyageurs ; officiers de port et officiers de port adjoints, fonctionnaires ou agents de l'État chargés
du contrôle des transports terrestres placés sous l'autorité du ministre chargé des transports, agents des douanes ; agents
des exploitants d'une autoroute ou d'un ouvrage routier ouvert à la circulation publique et soumis à péage, agréés par le
préfet, agents verbalisateurs du code de la voirie routière, agents des exploitants d'aérodromes, assermentés et agréés par
le préfet pour les seules contraventions aux règles de stationnement dans l'emprise de l'aérodrome, fonctionnaires ou agents
de l'État chargés des réceptions des véhicules ou éléments de véhicules, placés sous l'autorité des ministres chargés de
l'industrie et des transports. L'article R. 130-4 dresse la liste, agents par agents, des contraventions concernées. Les agents
qui ne sont pas déjà assermentés doivent prêter serment (art. L. 130-7).
§ 2 - Importantes capacités des agents des douanes et des agents des services fiscaux
2 9 4 . Enquêteurs judiciaires hybrides. - Dans sa dynamique de création de services de police judiciaire thématiques, le
législateur a conféré à certains agents des statuts hybrides d'enquêteurs judiciaires, à mi-chemin entre celui d'officier de
police judiciaire et de fonctionnaires habilités. Ainsi, les agents de douane (V. infra, n os 295 s.) et les agents fiscaux (V. infra,
n os 314 s.) possèdent plus de pouvoirs que les autres fonctionnaires habilités mais moins que les officiers de police judiciaire.
297. Pouvoirs d'investigation. - À l'inverse, pour la répression des infractions douanières, les agents des douanes disposent de
par leur seule qualité d'importantes prérogatives d'enquête, même s'il ne s'agit pas ici d'enquête de police judiciaire. Ils
peuvent contrôler l'identité des personnes entrant sur le territoire douanier (C. douanes, art. 67). Ils peuvent aussi procéder
au contrôle des titres de présence sur le territoire français des personnes étrangères dans la bande de vingt kilomètres en
deçà de la frontière terrestre mais aussi dans les zones accessibles au public des ports, aéroports et gares ferroviaires ou
routières ouverts au trafic international, dans les trains effectuant une liaison internationale sur les section d'autoroute
proches de la frontière. Ils peuvent retenir provisoirement les personnes contrôlées (C. douanes, art. 67 quater mod. par
L. 14 mars 2001, art. 69 et L. 14 avr. 2011, art. 19). Ils possèdent un droit de visite général qui s'exerce sur les personnes,
les marchandises et les moyens de transport (art. 60). Ensuite, les agents des douanes de catégorie A ou B disposent d'un
droit de visite spécifique des locaux et lieux à usage professionnel. Il suffit que des documents ou marchandises se rattachant
à une infraction douanière soient susceptibles d'être détenus. Les heures de visites sont assez restreintes, car comprises
entre 8 et 20 heures ou pendant les heures d'ouverture au public ou de production. Les douaniers peuvent alors procéder à
des prélèvements d'échantillons et à la saisie, dite ici « retenue », de documents. Le procureur de la République est informé
de ces opérations (art. 63 ter), mais cette information n'est soumise à aucun formalisme (Crim. 30 oct. 2013, n o 12-82.950 ,
AJ pénal 2014. 86, obs. Roussel ). Enfin, les agents des douanes ont un droit d'accès et de saisie concernant les documents
de toute nature « relatifs aux opérations intéressant leur service » (art. 64 A et 65). Avec la loi du 6 décembre 2013, et en cas
d'opposition à l'accès aux documents informatisés, les agents peuvent copier le support informatique et le saisir. Les
douaniers peuvent consigner puis saisir les sommes d'argent non déclarées en douanes (C. douanes, art. 465 et C. mon. fin.,
art. L. 152-4). Les agents des douanes peuvent aussi procéder à des visites de navires (C. douanes, art. 62 et 63). Le régime
de celles-ci a été modifié par la loi n o 2014-742 du 1 er juillet 2014 suite à une décision de censure du Conseil constitutionnel
(Cons. const. 29 nov. 2013, n o 2013-357 QPC , AJ pénal 2014. 84, obs. Roussel ). Depuis la LOPPSI 2, les agents des
douanes spécialement habilités possèdent, à l'instar des policiers et gendarmes, un accès aux fichiers d'antécédents
contenant des données recueillies au cours d'enquête de police judiciaire (C. pr. pén., art. 230-10 introduit par L. 14 mars
2011, art. 11) et aussi au système de lecture des plaques d'immatriculation (L. n o 2003-329 du 18 mars 2003, art. 26 mod.
par L. 14 mars 2011, art. 111). Ils peuvent de même participer à la création d'une équipe commune d'enquête douanière, sur
autorisation du parquet, avec l'accord préalable du ministre de la Justice et le consentement du ou des autres États de l'Union
européenne concernés (C. douanes, art. 67 ter A, introduit par L. 14 mars 2011, art. 107). Les agents des douanes
spécialement habilités peuvent aussi réaliser des livraisons surveillées avec coup d'achat et infiltration en matière de délit
douaniers, trafic de stupéfiants et contrefaçons (C. douanes, art. 67 bis et art. 67 bis-1, crée par L. 14 mars 2011, art. 108).
Depuis la loi du 6 décembre 2013, ils peuvent recourir à toute personne qualifiée pour effectuer des expertises techniques
(C. douanes, art. 67 quinquies A).
298. Contrôle de l'autorité judiciaire. - Les agents des douanes peuvent procéder à des visites domiciliaires pour procéder à la
saisie des marchandises et des documents se rapportant à des délits douaniers. Ces opérations sont effectuées par des
agents habilités par le ministre chargé des douanes (MATSOPOULOU, Le nouveau dispositif, issu de la loi n o 2008-776 du
4 août 2008 de modernisation de l'économie, applicable aux visites et saisies effectuées par les agents de certaines
a dministra tions, D. 2008. Chron. 2814 ). S'ils peuvent agir seuls en cas de flagrance, les agents doivent obtenir
l'autorisation d'un juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance du lieu de la direction des douanes dont
dépend leur service. Le JLD désignera alors un OPJ pour les accompagner. Depuis la LOPPSI 2, les douaniers peuvent saisir
des biens et avoirs provenant directement ou indirectement des délits douaniers pour la recherche desquels ils effectuent leur
visite. Ils doivent alors informer par tout moyen le juge qui a pris l'ordonnance lequel peut s'y opposer. Sur autorisation du
juge, ils peuvent aussi procéder à la visite de tout coffre trouvé sur place ou se rendre sur d'autres lieux (C. douanes, art. 64
mod. par L. 14 mars 2011, art. 109). Des prérogatives identiques leurs sont accordées en matière fiscale (LPF, art. L. 38, mod.
par L. 14 mars 2011, art. 110). En cas d'indices sérieux laissant présumer qu'une personne transporte des produits
stupéfiants dissimulés dans son organisme, les douaniers peuvent la soumettre à des examens médicaux avec son accord ou,
en cas de refus, en obtenant l'autorisation du président du tribunal de grande instance ou d'un magistrat du siège délégué
(C. douanes, art. 60 bis). Pour les infractions les plus complexes, le législateur a accordé aux douanes les mêmes pouvoirs
qu'à la police et à la gendarmerie et les a soumis au même contrôle du procureur de la République. Ainsi, lorsqu'ils enquêtent
sur des faits de trafic de stupéfiants, contrebande ou contrefaçon, les douaniers peuvent procéder aux mêmes opérations de
livraisons surveillées, de surveillance et d'infiltration que les policiers ou gendarmes enquêtant en matière de criminalité
organisée (art. 67 bis). Enfin, les douaniers disposent, en cas de flagrance, d'un droit de capture, c'est-à-dire d'un droit
d'arrestation et de retenue de la personne soupçonnée (art. 323, 3). Puisque le régime de la retenue douanière s'est vu
censuré par le Conseil constitutionnel (Cons. const., 22 sept. 2010, n o 2010-32 QPC, supra, n o 19), la loi du 14 avril 2011 l'a
remanié par l'introduction de nouveaux articles 323-1 à 323-10 dans le code des douanes. Cette mesure ne peut désormais
concerner que les personnes soupçonnées d'avoir commis un flagrant délit douanier puni d'emprisonnement. Au contraire du
droit ancien, les mineurs peuvent faire l'objet d'une telle retenue (C. douanes, art. 323-10). Sa durée de vingt-quatre heures
et son imputation sur la durée de la garde à vue ne changent pas. Mais son renouvellement doit à présent faire l'objet d'une
autorisation écrite et motivée émanant du procureur de la République. Surtout, la personne retenue dispose dorénavant des
mêmes droits que celle placée en garde à vue (silence, examen médical, présence de l'avocat, gradation des fouilles, respect
de la dignité, etc., C. douanes, art. 323-1 à 323-10). Alors que les agents des douanes ne sont pas en principe titulaires d'une
capacité de police judiciaire, ils sont contraints en matière de retenue aux mêmes obligations et disposent des mêmes
prérogatives que les officiers et agents de police judiciaire de la police ou de la gendarmerie. Cette réforme de la retenue
modifie ainsi la conduite des investigations douanières pour les rapprocher de celles accomplies pendant une enquête de
police judiciaire. Ce rapprochement se renforce d'ailleurs puisque la loi du 27 mai 2014 a introduit l'audition libre dans la
procédure douanière (C. douanes, art. 67 F) et renforcé les droits de la personne faisant l'objet d'une retenue de manière
identique à la garde à vue (C. douanes, art. 323-6).
301. Avis conforme d'une commission. - La commission dont l'avis conforme est requis est présidée par le procureur général
près la Cour de cassation ou son délégué choisi par lui parmi le premier avocat général ou les avocats généraux à la Cour de
cassation. Elle est composée : de deux magistrats du ministère public dont un au plus peut être magistrat honoraire ; du
directeur général des douanes et droits indirects ou son représentant ; du fonctionnaire chargé de la sous-direction du
personnel et du budget de la direction générale des douanes et droits indirects ou son représentant ; du fonctionnaire chargé
de la sous-direction des affaires juridiques, contentieuses et de la lutte contre la fraude de la direction générale des douanes
et droits indirects ou son représentant ; d'un fonctionnaire de l'administration des douanes et droits indirects ayant au moins
le grade d'inspecteur principal ; du magistrat délégué aux missions judiciaires de la douane, qui dirige le SNDJ (C. pr. pén.,
art. R. 15-33-1). Ces membres et leurs suppléants sont nommés par arrêté conjoint du ministre de la Justice et du ministre
chargé des douanes (art. R. 15-33-2). La commission constitue le jury de l'examen technique que doivent passer les agents
(C. pr. pén., art. R. 15-33-4) et dont les matières sont fixées par les articles A. 36 à A. 36-10 du code de procédure pénale.
302. Habilitation par le procureur général de Paris. - Une fois désignés par arrêté ministériel, les agents des douanes doivent
être habilités personnellement. La décision d'habilitation est prise par arrêté du procureur général de la cour d'appel du siège
des fonctions du douanier (C. pr. pén., art. 28-1, IV). Comme l'agent des douanes ne peut être habilité que s'il est affecté au
SNDJ, le procureur général compétent est celui près la cour d'appel de Paris. La demande d'habilitation est réalisée pour
chaque agent par le magistrat délégué aux missions judiciaires de la douane (art. R. 15-33-7).
303. Refus d'habilitation. - Lorsqu'il envisage de refuser l'habilitation, le procureur prévient l'intéressé. Ce dernier dispose alors
d'un délai de quinze jours pour prendre connaissance de son dossier et être entendu, assisté par le conseil de son choix
(C. pr. pén., art. R. 15-33-8).
3 0 4 . Suspension d'habilitation. - D'office ou sur proposition du magistrat délégué aux missions judiciaires de la douane, le
procureur général peut suspendre l'habilitation, par arrêté, et ce pour une durée maximale de deux ans. Avant de prendre sa
décision, il entend l'agent intéressé qui peut prendre connaissance de son dossier et être entendu, assisté par son conseil. La
durée de suspension peut être réduite à tout moment. Dès que la suspension cesse, l'agent retrouve son habilitation de plein
droit (C. pr. pén., art. R. 15-33-9).
3 0 5 . Retrait d'habilitation. - L'habilitation peut aussi être retirée par le procureur général selon la même procédure.
Néanmoins, l'agent ne peut de nouveau être habilité que selon la procédure de droit commun. L'affectation en dehors du
service national de douane judiciaire entraîne automatiquement la perte de l'habilitation (C. pr. pén., art. R. 15-33-9).
306. Voie de recours. - Après la décision de refus d'habilitation, de suspension ou de retrait, l'agent dispose d'une forme de
recours contre la décision du procureur général, dans le mois qui suit sa notification. Il peut lui demander de rapporter sa
décision. Le magistrat dispose d'un mois pour statuer. Son silence vaut rejet de la demande. Toujours dans le délai d'un mois
mais suivant la décision de rejet de la demande, l'agent peut former un recours par requête devant la commission compétente
pour les OPJ (C. pr. pén., art. 28-1, IV renvoyant à la commission de l'article 16-2. - V. supra, n o 186).
308. Champ de compétence limité mais en extension. - Toutefois, de manière à ne pas créer une nouvelle sorte d'officiers de
police judiciaire généralistes, l'article 28-1 limite le champ d'application de ces pouvoirs d'enquête à certaines infractions
spécifiques. Il s'agit des infractions douanières et leurs infractions pénales connexes, des infractions de contributions
indirectes, d'escroquerie sur la taxe sur la valeur ajoutée, de vols de biens culturels, de protection des intérêts financiers de
l'Union européenne, de trafics d'armes, de blanchiment, mais aussi de l'ensemble des infractions au code de la propriété
intellectuelle depuis la loi n o 2007-1544 du 29 octobre 2007 de lutte contre la contrefaçon (art. 42) et des infractions relatives
aux jeux d'argent et de hasard en ligne depuis la loi n o 2010-476 du 12 mai 2010 sur la réglementation des jeux (C. pr. pén.,
art. 28-1, 1 o à 8 o renvoyant aux art. L. 2339-1 à L 2339-11 et L. 2353-13 du code de la défense ; C. pén., art. 324-1 à 324-9 ;
L. n o 2010-476 du 12 mai 2010, art. 56 et 57). Lorsqu'ils exécutent des actes de surveillance et d'infiltration, leur compétence
s'étend aux infractions douanières de contrebande de tabac manufacturé, d'alcool et de spiritueux et de contrefaçon de
marques mais aussi aux infractions figurant à l'article 415 du code des douanes et aux infractions des articles L. 716-9 à
L. 716-11 du code de la propriété intellectuelle. Ils peuvent en outre être aidés par des assistants spécialisés (C. pr. pén.,
art. 28-1, VI). La loi n o 2013-1117 du 6 décembre 2013 relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance
économique et financière a étendu la compétence des ODJ aux délits d'association de malfaiteurs lorsqu'ils ont pour objet la
préparation de l'une des infractions précitées (C. pr. pén., art. 28-1, I, 5 bis).
309. Trafic de stupéfiants et unités mixtes. - En revanche, en matière de trafic de stupéfiants, les agents des douanes ne
peuvent procéder selon les règles du code de procédure pénale, sauf s'ils sont intégrés au sein d'unités temporaires en
collaboration avec des officiers de police judiciaire (Crim. 26 nov. 2008, n o 08-86.060 ). Ces unités à compétence nationale
sont alors placées sous la direction du procureur de la République ou du juge d'instruction mandant qui désigne leur chef
(C. pr. pén., art. 28-1, II).
310. Nullité du cumul des pouvoirs judiciaire et douanier. - Par ailleurs, afin d'éviter tout déséquilibre procédural, les agents des
douanes judiciaires ne peuvent utiliser les pouvoirs d'investigation du code des douanes. Tout cumul des règles pénales et
douanières sera sanctionné de nullité (C. pr. pén., art. 28-1, VIII). L'habilitation judiciaire de certains agents établit donc une
réelle distinction au sein des douanes entre les enquêteurs classiques et les enquêteurs judiciaires (V. Douanes).
312. Direction administrative. - De manière assez spécifique, ces agents des douanes sont administrativement dirigés par un
magistrat délégué aux missions judiciaires de la douane. Ce dernier est détaché auprès du ministère de l'Économie, des
Finances et de l'Industrie. Il exerce ses fonctions auprès du directeur général des douanes et droits indirects (C. pr. pén.,
art. R. 15-33-10). Ce magistrat veille au respect par les agents de leurs obligations et à l'exécution de leurs missions de police
judiciaire ; il assure aussi l'information de ceux-ci sur leurs missions (art. R. 15-33-11 et R. 15-33-13). Surtout, il désigne les
douaniers pour réaliser l'enquête et veille à la qualité de leurs actes de procédure (art. R. 15-33-10 et R. 15-33-13).
3 1 3 . Officiers de douane judiciaire. - En octroyant une habilitation judiciaire identique à celle des OPJ et une capacité à
accomplir les mêmes actes d'enquête, la loi du 23 juin 1999 a fait des agents des douanes visés par l'article 28-1 du code de
procédure pénale des officiers de police judiciaire « spéciaux » (GUINCHARD et BUISSON, op. cit. [supra, n o 1], n o 352). Le
législateur a ainsi créé une nouvelle capacité de police judiciaire qui n'est pas généraliste mais spécialement délimitée par la
loi. Reste à savoir comment dénommer ces agents des douanes. L'appellation « agents des douanes judiciaires » semble la
plus précise, car elle renvoie à la fois à leur qualité d'agent d'une administration distincte de la police, au nom du service
national des douanes judiciaires auquel ils appartiennent, mais aussi à l'habilitation spéciale. Il est vrai néanmoins qu'une
interprétation stricte de l'article 28-1 tendrait à les considérer comme des « agents des douanes, officiers de police
judiciaire ». La dénomination « officier des douanes judiciaires » (ODJ) serait quant à elle la plus à même de souligner l'identité
des pouvoirs de ces agents des douanes et des officiers de police judiciaire mais aussi le fait que ces agents appartiennent à
un échelon élevé de la hiérarchie administrative. Il semble qu'elle soit la plus utilisée en pratique (CARLI, article préc., D. 2003.
Chron. 2701 . - VLAMYNCK, op. cit. [supra, n o 3], n o 71). Cette appellation d'officier des douanes judiciaires pourrait en
outre s'accorder avec celle, plus récente, d'officier fiscal judiciaire.
316. Visites-perquisitions sur autorisation du JLD. - Désormais, le juge des libertés et de la détention peut autoriser les agents
de l'administration des impôts à rechercher la preuve d'une soustraction à l'établissement ou au paiement des impôts sur le
revenu ou sur les bénéfices ou de la taxe sur la valeur ajoutée en effectuant des visites en tous lieux, même privés, dès lors
que les pièces et documents se rapportant à la fraude sont susceptibles d'y être détenus. La visite des coffres est possible
sur autorisation supplémentaire. Les agents peuvent procéder à la saisie de ces pièces et documents, quel qu'en soit le
support. La visite doit avoir lieu entre 6 et 21 heures, en présence de l'occupant ou de son représentant. Les agents peuvent
recueillir sur place tous renseignements et justifications auprès de l'occupant des lieux ou de son représentant, voire du
contribuable s'il est présent. Ces renseignements et justifications sont consignés dans un compte rendu annexé au procès-
verbal relatant l'opération. Un appel devant le premier président de la cour d'appel est ouvert au contribuable pour contester
l'ordonnance d'autorisation et le déroulement des opérations de visite ou de saisie.
317. Agents fiscaux visés. - Ne peuvent être autorisés à pratiquer les visites-perquisitions que les agents de l'administration
des impôts ayant au moins le grade d'inspecteur et habilités à cet effet par le directeur général des finances publiques (LPF,
art. L. 16 B-I). Ces agents peuvent être assistés d'autres agents des impôts habilités dans les mêmes conditions. Ils sont
accompagnés d'un officier de police judiciaire désigné par le JLD. Cet OPJ est chargé d'assister aux opérations et de tenir
informé le juge de leur déroulement. Il doit aussi veiller au respect du secret professionnel et des droits de la défense. L'OPJ
cosigne avec les agents le procès-verbal relatant les opérations ainsi que l'inventaire, dont les originaux sont adressés au
juge dès leur établissement. Une copie est remise à l'occupant des lieux ou à son représentant ainsi qu'à la personne
suspectée de fraude.
319. Division. - L'habilitation judiciaire (V. infra, n os 320 s.) permet aux agents d'agir comme les OPJ (V. infra, n os 327 s.)
sous le contrôle de l'autorité judiciaire (V. infra, n os 331 s.).
321. Avis conforme d'une commission. - La commission dont l'avis conforme est requis est présidée par le procureur général
près la Cour de cassation ou son délégué choisi par lui parmi le premier avocat général ou les avocats généraux à la Cour de
cassation. Elle est composée de : quatre magistrats du ministère public dont deux au plus peuvent être des magistrats
honoraires ; du directeur général des finances publiques ou son représentant ; du directeur général de la police nationale ou
son représentant ; du directeur central de la police judiciaire ou son représentant ; du sous-directeur chargé du contrôle fiscal
à la direction générale des finances publiques ou son représentant (C. pr. pén., art. R. 15-33-29-5). Ces membres et leurs
suppléants sont nommés par arrêté conjoint du ministre de la Justice, du ministre de l'Intérieur et du ministre chargé des
douanes (art. R. 15-33-29-6). La commission constitue le jury de l'examen technique que doivent passer les agents
(art. R. 15-33-29-8) et dont les matières sont fixées par les articles A. 36-10-1 à A. 36-10-12 du code de procédure pénale.
322. Habilitation par le procureur général de Paris. - Une fois désignés par arrêté ministériel, les agents doivent être habilités
personnellement. La décision d'habilitation est prise par arrêté du procureur général de la cour d'appel du siège des fonctions
de l'agent (C. pr. pén., art. 28-2, II). Comme celui-ci ne peut être habilité que s'il est affecté à la brigade nationale de
répression de la délinquance fiscale sise au sein de la DCPJ, le procureur général compétent est ainsi celui près la cour d'appel
de Paris. La demande d'habilitation est réalisée, pour chaque agent, par le sous-directeur chargé du contrôle fiscal à la
direction générale des finances publiques (art. R. 15-33-29-10).
323. Refus d'habilitation. - Lorsqu'il envisage de refuser l'habilitation, le procureur prévient l'intéressé. Ce dernier dispose alors
d'un délai de quinze jours pour prendre connaissance de son dossier et être entendu, assisté par le conseil de son choix
(C. pr. pén., art. R. 15-33-29-11).
324. Suspension d'habilitation. - D'office ou sur proposition du chef de la brigade nationale de répression de la délinquance
fiscale ou du sous-directeur chargé du contrôle fiscal à la direction générale des finances publiques, le procureur général peut
suspendre l'habilitation par arrêté, et ce, pour une durée maximale de deux ans. Avant de prendre sa décision, il entend
l'agent intéressé qui peut prendre connaissance de son dossier et être entendu, assisté par un conseil. La durée de
suspension peut être réduite à tout moment. Dès que la suspension cesse, l'agent retrouve son habilitation de plein droit
(C. pr. pén., art. R. 15-33-29-12).
3 2 5 . Retrait d'habilitation. - L'habilitation peut aussi être retirée par le procureur général selon la même procédure.
Néanmoins, l'agent ne peut de nouveau être habilité que selon la procédure d'habilitation de droit commun. L'affectation en
dehors de la brigade nationale de répression de la délinquance fiscale entraîne automatiquement la perte de l'habilitation
(C. pr. pén., art. R. 15-33-29-12).
326. Voie de recours. - Après la décision de refus d'habilitation, de suspension ou de retrait, l'agent dispose d'une forme de
recours contre la décision du procureur général, dans le mois qui suit sa notification. Il peut lui demander de rapporter sa
décision. Le magistrat dispose d'un mois pour statuer. Son silence vaut rejet de la demande. Toujours dans le délai d'un mois
mais suivant la décision de rejet de la demande, l'agent peut former un recours par requête devant la commission compétente
pour les OPJ (C. pr. pén., art. 28-2, II renvoyant à la commission de l'article 16-2 ; V. supra, n o 186).
328. Champ de compétence limitée à la fraude fiscale et à son blanchiment. - L'article 28-2 limite le champ d'application de ces
pouvoirs d'enquête à certaines infractions spécifiques. Il s'agit des infractions de fraude fiscale prévues par les articles 1741
et 1743 du code général des impôts. Les enquêtes sont possibles dès qu'existent « des présomptions caractérisées » que
ces infractions résultent d'une des conditions prévues aux 1 o à 3 o de l'article L. 228 du livre des procédures fiscale relatives à
la soustraction à l'impôt, à l'évasion fiscale, à l'interposition de personne physique ou morale, à l'usage de fausse identité ou
de faux documents. L'article 28-2 ne donnant pas compétence pour les délits connexes à la fraude, si les investigations
sortent de ce champ alors logiquement seuls les OPJ appartenant à la brigade nationale de répression de la délinquance
fiscale pourront continuer à mener l'enquête (Circ. 15 déc. 2010, préc.). Toutefois, la loi n o 2013-1117 du 6 décembre 2013
relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière a étendu la compétence des OFJ
aux délits de blanchiment de fraude fiscale (C. pr. pén., art. 28-2, I). L'avantage de cette extension est qu'elle permet de
débuter une enquête pour blanchiment sans besoin de l'avis de la commission des infractions fiscales et de la plainte
préalable de l'administration fiscale (Crim. 20 févr. 2008, n o 07-82.977 ). Il s'agit ainsi de contourner tout obstacle que
pourrait dresser le ministère du Budget.
329. Nullité du cumul des pouvoirs judiciaires et fiscaux. - Par ailleurs, afin d'éviter tout déséquilibre procédural, les agents des
services fiscaux habilités ne peuvent utiliser les pouvoirs d'investigations du code général des impôts ou du livre des
procédures fiscales et du code des douanes. Tout cumul des règles pénales et fiscales sera sanctionné de nullité (C. pr. pén.,
art. 28-2, V).
330. Impartialité fiscale. - De plus, pendant la durée de leur habilitation, les officiers fiscaux judiciaires ne peuvent participer à
aucune procédure de contrôle de l'impôt. Ils ne peuvent pas non plus enquêter sur des faits pour lesquels ils ont participé à
une telle procédure avant leur habilitation. Et, après la fin de leur habilitation, ils ne peuvent pas procéder à une procédure de
contrôle de l'impôt portant sur des faits pour lesquels ils avaient été saisis aux fins d'enquête judiciaire (C. pr. pén., art. 28-2,
VI).
332. Conclusion de la section. - Le pluriel sied décidément mieux que le singulier à la notion de capacité de police judiciaire. Le
code de procédure pénale et les lois annexes les déclinent de la plus complète, celle de l'officier de police judiciaire, à celles
plus restreintes des autres agents publics.
3 3 3 . Transition. - Il n'empêche, la très grande majorité des investigations réalisées sur le territoire pénal français reste
réalisée par les OPJ et APJ appartenant aux services de la police et de la gendarmerie nationale. Il est donc nécessaire
d'étudier le fonctionnement de la police judiciaire.
338. Changement de règles de compétence. - Auparavant, la compétence territoriale minimale des OPJ était celle du tribunal de
grande instance. L'efficacité de certaines investigations se voyant parfois pénalisée par cette compétence restreinte, la loi
d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure du 29 août 2002 avait prévu d'étendre la compétence territoriale
des OPJ à l'ensemble du département dans lequel ils exercent leurs attributions. La loi du 18 mars 2003 sur la sécurité
intérieure est donc venue modifier les règles de compétence des officiers de police judiciaire en complétant l'article 15-1 du
code de procédure pénale. La compétence territoriale des services de police judiciaire s'exerce désormais « soit sur l'ensemble
du territoire national, soit sur une ou plusieurs zones de défense, ou parties de celles-ci, soit sur l'ensemble d'un
département ». De plus, le décret n o 2003-390 du 24 avril 2003 (JO 26 avr.) est venu créer des directions interrégionales de la
police judiciaire tandis que les décrets n o 2003-795 du 25 août 2003 (JO 27 août), n o 2004-530 du 10 juin 2004 (JO 13 juin),
n o 2008-610 du 27 juin 2008 (JO 28 juin) et n o 2009-898 du 24 juillet 2009 (JO 25 juill.) ont précisé les compétences
territoriales des services de police judiciaire de la police et de la gendarmerie.
339. Compétence départementale, zonale ou nationale des OPJ. - Désormais, la compétence territoriale minimale des officiers de
police judiciaire est départementale. Elle s'étend au ressort d'une ou plusieurs zones de défense, voire sur l'ensemble du
territoire national si le service auquel ils appartiennent possède une telle compétence (C. pr. pén., art. R. 15-18 à R. 15-26 ; V.
supra, n os 43 et 80). Ainsi, les OPJ relevant de la direction générale de la sécurité intérieure ont repris la compétence
nationale de la direction centrale du renseignement intérieur qui avait elle-même repris celle de la direction de la surveillance
du territoire. Sont aussi compétents pour agir sur l'ensemble du territoire les OPJ membres d'un service national et détachés
pour emploi à disposition d'un service régional (Crim. 2 juin 1999, n o 99-81.769 , Bull. crim. n o 120). Dès lors que le pouvoir
réglementaire décide de créer une circonscription sui generis, la compétence des OPJ s'exerce sur l'ensemble de celle-ci. Ainsi,
les fonctionnaires de la DRPJ de Paris sont compétents sur Paris et les départements de la petite couronne (Crim. 29 juin
1993, n o 93-80.544 , Bull. crim. n o 228). De même, les zones de défense dépassant le ressort des cours d'appel, les OPJ
appartenant à un service dont le ressort est zonal, ou dépasse celui d'une cour d'appel, exercent leur compétence sur
l'intégralité de la circonscription sans être limités par le ressort de la juridiction (Crim. 6 déc. 1995, n o 95-85.127, Bull. crim.
n o 370 ; RSC 1996. 401, obs. Dintilhac ). Reste que la grande mobilité des délinquants et le développement des moyens de
transports plaident peut-être pour une compétence nationale des OPJ (BEGRANGER, Vers la compétence nationale des
officiers de police judiciaire, AJ pénal 2013. 384 ).
3 4 0 . Compétence des chefs de service de police judiciaire. - La compétence territoriale des directeurs, chefs de service,
commandants d'unité et de leurs adjoints s'étend, quant à elle, sur l'ensemble du ressort territorial des services qu'ils dirigent
(C. pr. pén., art. R. 15-27). Cette précision s'avère utile puisque, souvent, l'autorité judiciaire ne saisit pas un seul OPJ mais
son service ou son unité par l'intermédiaire de son chef ou de son directeur. Ce dernier se fait alors assister par les OPJ
placés sous ses ordres pour accomplir les investigations. Il ne serait pas raisonnable de considérer que le chef de service doit
accomplir les actes de procédure (V. ainsi Crim. 11 févr. 1992, n o 91-86.502 , Bull. crim. n o 64, qui énonce clairement la
possibilité d'assistance du chef de service par ses OPJ subalternes, acceptant ainsi une forme de délégation pragmatique des
investigations).
341. Compétence des OPJ dans les transports collectifs de voyageurs. - L'article R. 15-28 du code de procédure pénale précise
que les OPJ sont compétents pour exercer leur mission dans les véhicules affectés aux transports collectifs de voyageurs dès
lors que ces derniers, ou le réseau sur lequel ils circulent, traversent leur circonscription d'affectation.
342. Sanction de la violation des règles de compétence. - Le fait pour un OPJ de ne pas respecter les règles de compétence
entache de nullité absolue la procédure réalisée. Ainsi en va-t-il pour la procédure réalisée par des gendarmes en dehors de
leur circonscription territoriale (Reims, 18 mai 1984, JCP 1985. II. 20422, note Chambon).
3 4 3 . Cas du dépôt de plainte. - En principe, l'OPJ ne peut accomplir d'acte de police judiciaire s'il n'est pas compétent. Par
exception, et afin de permettre aux victimes d'infractions de porter plus facilement plainte sans se heurter aux règles de
compétence, l'article 15-3 du code de procédure pénale oblige l'OPJ, même incompétent territorialement, à recevoir la plainte
d'une victime. Le cas échéant, il transmet cette plainte au service territorialement compétent. L'article 15-3 institue donc un
« guichet unique » de dépôt de plainte (Circ. CRIM 00-13 du 4 déc. 2000, art. 3.1). La circulaire du 4 décembre 2000, rédigée
avant l'intégration de la gendarmerie au ministère de l'Intérieur, précise en outre que la transmission directe des plaintes vers
l'unité de police judiciaire compétente ne peut se réaliser qu'en interne, d'un service de la police nationale à un autre ou d'une
unité de gendarmerie à une autre. Toute transmission entre police et gendarmerie devra d'abord passer par le parquet, qui
choisira de saisir le service de son choix (Circ. CRIM 00-13 du 4 déc. 2000, art. 3.1.2).
344. Accomplissement de certains actes. - Mais l'OPJ n'est compétent que pour recevoir la plainte. Il ne peut exercer aucune
autre de ses prérogatives. S'il veut pouvoir continuer l'enquête, il doit solliciter le procureur de la République afin qu'il le
saisisse en vue d'accomplir les actes nécessaires à la conservation des preuves (VLAMYNCK, op. cit. [supra, n o 3], n o 31). Or,
selon l'article 43 du code de procédure pénale, est compétent le procureur du lieu de l'infraction, du lieu de résidence,
d'arrestation ou de détention d'un suspect, pas celui d'audition de la victime. L'article D. 15-4 du même code distingue alors
selon qu'il y a urgence ou pas. En cas d'urgence, le procureur de la République peut requérir directement tout OPJ ou APJ
n'appartenant pas à un service du ressort de son tribunal de grande instance pour qu'il accomplisse des actes pour lesquels il
est territorialement compétent. Le magistrat lui précise les actes à accomplir, par exemple l'audition d'un témoin ou d'une
victime. Les procès-verbaux sont directement retournés au magistrat (C. pr. pén., art. D. 15-4, al. 1 er et 2). À défaut
d'urgence, les rapports entre le procureur et l'enquêteur sont indirects. Ils se réalisent par l'intermédiaire du procureur
territorialement compétent auquel sont adressés les procès-verbaux. Cependant, aucune nullité n'est encourue en cas de
transmission directe réalisée alors qu'il n'y a pas d'urgence (art. D. 15-4 al. 3). La difficulté provient uniquement de la
rédaction de cet article. Son alinéa 1 er évoque en effet un procureur près un tribunal de grande instance dont le ressort
territorial est distinct de celui du service de l'enquête. Il correspond donc à l'hypothèse d'un procureur territorialement
compétent en vertu de l'article 43 qui mande un OPJ en dehors du ressort de son tribunal de grande instance. Mais l'alinéa 3
fait lui aussi référence à un procureur territorialement compétent distinct du premier ! Heureusement, l'article D. 2, alinéa 2,
pose l'article D. 15-4 comme exception à la règle de la direction par le parquet des OPJ et APJ de son ressort. En toute
logique, il semblerait que ce procureur visé à l'article 15-4, alinéa 3, soit celui près le tribunal de grande instance dans le
ressort duquel se trouve le service de l'enquêteur, bref le magistrat territorialement compétent pour diriger la police judiciaire
de son ressort. En somme, le procureur compétent demande à son collègue d'un autre tribunal de grande instance de saisir
un OPJ de son ressort pour accomplir un acte de procédure. À l'inverse, si un OPJ constate des faits et s'aperçoit que le
procureur compétent est celui d'un autre tribunal de grande instance, il en réfère au procureur de son tribunal de grande
instance qui avertit alors son collègue. Dans tous les cas, comme une transmission directe de la réquisition et des procès-
verbaux en l'absence d'urgence ne constitue pas une cause de nullité, l'OPJ a tout intérêt à prendre attache avec le procureur
territorialement compétent au sens de l'article 43 pour obtenir un élargissement de sa saisine.
346. Compétence des APJ dans les transports collectifs de voyageurs. - L'article R. 15-28 du code de procédure pénale a cru
nécessaire de préciser que les APJ étaient compétents pour exercer leur mission dans les véhicules affectés aux transports
collectifs de voyageurs dès lors que ces derniers ou le réseau sur lequel ils circulent traversent leur circonscription
d'affectation.
347. Accomplissement de certains actes. - Les APJ peuvent être requis par le procureur de la République près le tribunal de
grande instance dont le ressort territorial n'est pas le même que celui de leur service pour accomplir certains actes de
procédure pour lesquels ils sont habilités (C. pr. pén., art. D. 15-4).
348. Compétence territoriale des policiers municipaux et gardes champêtres. - Les policiers municipaux et gardes champêtres ne
possèdent, en tant qu'APJA, qu'une compétence territoriale communale (CGCT, art. L. 2212-5, al. 4 ; V. supra, n os 148 et
220).
349. Sanction de la violation des règles de compétence. - Le fait pour un APJ ou un APJA de ne pas respecter les règles de
compétence entache de nullité absolue la procédure réalisée.
351. Compétence territoriale des OFJ. - Les agents fiscaux judiciaires possèdent une compétence nationale équivalente à celle
de leur service de rattachement, la brigade nationale de répression de la délinquance fiscale (C. pr. pén., art. 28-2, IV ; V.
supra, n o 51).
3 5 2 . Compétence des fonctionnaires chargés de missions de police judiciaire. - La compétence territoriale des différents
fonctionnaires chargés de missions de police judiciaire est fixée par les textes spéciaux fixant le régime de ces missions.
353. Transition. - La compétence des enquêteurs de la police judiciaire peut ainsi être originellement très étendue. Elle peut
en plus bénéficier d'une extension certaine mais temporelle.
356. Absence d'extension de la compétence des APJ. - Avant d'évoquer les OPJ, il faut néanmoins préciser qu'aucune extension
de compétence n'est prévue pour les APJ et APJA agissant seuls. Mais, comme leur mission est d'assister les OPJ, leur
compétence va évoluer en même temps que celle de ces derniers dès lors qu'ils les accompagnent. Une extension spécifique
de compétence est aussi prévue en matière de criminalité organisée. Les APJ agissant sous l'autorité, et donc sur instruction
des OPJ, peuvent continuer leurs opérations de surveillance sur l'ensemble du territoire (C. pr. pén., art. 706-80).
A. - Extension d'initiative
357. Extension d'initiative aux fins de poursuite d'une enquête. - L'alinéa 3 de l'article 18 du code de procédure pénale prévoit
l'extension de la compétence territoriale des OPJ. Ceux-ci peuvent ainsi se transporter dans le ressort des tribunaux de
grande instance limitrophes du tribunal auquel ils sont rattachés pour continuer à agir, c'est-à-dire, comme le précise
l'article 18, alinéa 3, « à l'effet d'y poursuivre leurs investigations et de procéder à des auditions, perquisitions et saisies ».
Auparavant, cette extension n'était possible qu'en cas de crime ou de délit flagrant. Elle n'était donc pas possible en matière
contraventionnelle et limitée à la situation de flagrance constatée dans la circonscription habituelle des OPJ. Mais la
jurisprudence s'affranchissait de cette limite. Elle n'exigeait pas que « l'infraction portée à la connaissance de l'officier de
police judiciaire ait été commise dans la circonscription où il exerce ses fonctions habituelles » (Crim. 25 juill. 1990, n o 90-
81.329 , Bull. crim. n o 293. - Crim. 20 juin 1996, n o 93-82.187 , Bull. crim. n o 270 ; RSC 1998. 154 obs. Dintilhac ). La loi
du 14 avril 2011 (art. 13) a ainsi supprimé la condition de constatation d'un crime ou d'un délit flagrant. Les OPJ peuvent donc
étendre leur compétence pour mener toute enquête née en dehors de leur territoire classique d'action. Ils peuvent aussi
commencer leurs investigations relatives à une infraction à eux dénoncée en dehors de leur circonscription habituelle puis
revenir continuer leur enquête dans cette dernière circonscription (Crim. 26 févr. 1991, n o 90-87.360 , Bull. crim. n o 96).
L'extension ne vise que la poursuite des actes d'enquête, c'est-à-dire « la poursuite des investigations et l'exécution des
auditions, perquisitions, saisies qui se rattachent directement à l'infraction ». En outre, elle doit s'accomplir dans le temps de
l'enquête de flagrance. Enfin, l'article D. 12 du code de procédure pénale exige que les OPJ avisent le procureur de la
République et l'OPJ en charge de la sécurité publique territorialement compétents. Ils doivent les informer des résultats qu'ils
ont obtenus. Ils doivent en outre mentionner dans le dossier de procédure les avis donnés par eux mais aussi les concours
dont ils ont bénéficié de la part des services de police et de gendarmerie locaux (C. pr. pén., art. D. 12, 1 et 2). L'article 18,
alinéa 3, précise que, pour l'application de ce régime d'extension, les ressorts des tribunaux de grande instance de Paris,
Nanterre, Bobigny et Créteil sont considérés comme un seul et même ressort. Les OPJ n'ont ainsi pas besoin de respecter le
formalisme prévu pour passer du ressort de l'un de ces tribunaux de grande instance à l'autre.
359. Assouplissement jurisprudentiel. - La nécessité d'une autorisation préalable par un magistrat permettra ainsi un contrôle
de la régularité des opérations même si la jurisprudence se contente le plus souvent du seul visa de l'article 18 sans exiger le
respect des formalités de l'article D. 12 (Crim. 8 nov. 1994, n o 93-83.538 , Gaz. Pal. 1995. Somm. 293. - Crim. 27 févr. 2001,
n o 00-86.747 , Bull. crim. n o 50). La chambre criminelle considère que les autorisations préalables et l'information du
parquet compétent ne sont que des formalités substantielles dont l'absence n'engage l'annulation de l'acte qu'en présence
d'un grief pour la défense (Crim. 18 juill. 1989, n o 89-80.596 , Bull. crim. n o 290). Les OPJ peuvent ainsi continuer à agir
sans en avertir l'autorité judiciaire. De plus, la Cour de cassation, par le jeu combiné des articles 151 et 18, alinéa 4, étend les
pouvoirs du juge d'instruction dans sa décision d'extension de compétence de l'OPJ, puisque le magistrat peut choisir
n'importe quel OPJ sur le territoire, même non territorialement compétent à l'origine (Crim. 20 juin 1996, n os 93-82.187
et 95.81.975 , Bull. crim. n o 270 ; Dr. pénal 1996. Comm. 279, note Maron, pour une commission rogatoire avec extension
de compétence nationale délivrée par un juge d'instruction de Montpellier au SRPJ de Versailles afin d'enquêter sur une
infraction commise à Sète). La jurisprudence souhaite ainsi étendre le plus largement possible la compétence territoriale des
OPJ. Il s'agit de maintenir une continuité dans les investigations en les confiant à un seul enquêteur afin d'éviter doublons ou
oublis dans l'accomplissement des actes d'enquête. Il s'agit surtout d'éviter les conflits de compétences par la cosaisine de
plusieurs services toujours susceptibles d'entraîner l'annulation de la procédure. Dans le même ordre d'idées, lorsque les faits
ont incité le procureur de la République à informer les services de la direction centrale de la police judiciaire, de la direction
centrale de la police aux frontières ou de la sous-direction de la police judiciaire de la direction générale de la gendarmerie,
l'OPJ bénéficiant de l'extension de compétence doit aussi informer ces services, de manière, semble-t-il, à bénéficier de l'appui
opérationnel de ses collègues des directions centrales et à mieux organiser les investigations (C. pr. pén., art. D. 12, 4).
361. Cosaisine avec le SNDJ. - Par ailleurs, lorsque le procureur de la République ou le juge d'instruction cosaisit les OPJ de la
police ou de la gendarmerie et le service national de douane judiciaire (SNDJ) afin de constituer une unité temporaire (V.
supra, n o 309), les enquêteurs acquièrent la compétence nationale de ce service (C. pr. pén., art. 28-1, II).
362. Suppléance. - L'article 18, alinéa 6, du code de procédure pénale permet d'étendre la compétence des OPJ à celle des
OPJ qu'ils sont amenés à suppléer en cas de besoin. Cette extension suppose une habilitation du procureur général
consécutive à la proposition des autorités administratives dont les officiers dépendent.
365. Cas de la filature et de l'arrestation. - Si les OPJ ne suivent pas les règles d'extension de compétence sur le territoire
national, cela ne signifie pas pour autant qu'ils doivent renoncer à agir. Certes, à peine de nullité, ils ne peuvent plus mettre
en oeuvre les prérogatives qu'ils tiennent du code de procédure pénale en cas d'extension de compétence et redeviennent
simples citoyens. Ils peuvent ainsi continuer à réaliser une filature et appréhender un suspect en cas de commission
d'infraction flagrante sur le fondement de l'article 73 du code de procédure pénale. Si le devoir d'intervention existe lorsque
l'OPJ n'est pas en service, il peut donc aussi s'appliquer lorsqu'il n'est pas territorialement compétent.
366. Transition. - La compétence des enquêteurs de police judiciaire passe d'une échelle locale à une échelle nationale et
peut même revêtir une dimension internationale.
§ 2 - Extension internationale
3 6 7 . Investigations à l'étranger. - Les enquêteurs peuvent être amenés à continuer leurs investigations hors du territoire
national (V. infra, n os 368 s.). Ils disposent des droits de poursuivre et d'observer le suspect à l'étranger (V. infra, n os
371 s.). Dans ces deux cas et s'il l'estime nécessaire, le procureur de la République peut faire appel aux OPJ de la direction
centrale de la police judiciaire, de la direction centrale de la police aux frontières ou de la sous-direction de la police judiciaire
de la direction générale de la gendarmerie afin de réaliser des « investigations internationales auprès d'offices ou
d'organismes étrangers », notamment les organes de coopération policière internationale tels EUROPOL ou INTERPOL (C. pr.
pén., art. D. 4).
1° - Surveillance
372. Surveiller. - En matière de criminalité organisée, les enquêteurs de police judiciaire peuvent poursuivre leur surveillance
des personnes soupçonnées sur le territoire d'un État étranger (C. pr. pén., art. 706-80). Cette poursuite de la surveillance
doit être autorisée par le procureur de la République et se conformer aux conventions internationales (art. 694-6). Surtout, la
validité de la procédure exige, à l'instar de toute extension territoriale de compétence, que la surveillance ait commencé dans
la circonscription territoriale de rattachement des enquêteurs (GUINCHARD et BUISSON, op. cit. [supra, n o 1], n o 1072).
Réciproquement, dans le cadre de l'entraide judiciaire, des agents étrangers peuvent poursuivre en France une opération
d'infiltration sous la direction d'OPJ français. Cette poursuite est soumise à l'autorisation du ministre de la Justice (C. pr. pén.,
art. 694-7). De même, les agents étrangers peuvent participer aux opérations d'infiltration menées en France par les
enquêteurs français en restant sous leur direction (art. 694-8).
2° - Observation
3 7 3 . Observer. - L'article 40 de la Convention du 19 juin 1990 d'application des accords de Schengen (JO 1 er août 1991)
permet aux enquêteurs qui observent un suspect de continuer leur observation sur le territoire d'un État étranger partie à la
Convention. La décision du Conseil européen du 2 octobre 2003 autorise désormais l'observation de toute personne pouvant
permettre de conduire à l'identification ou à la localisation du suspect (Décis. n o 2003/725/JAI du Conseil du 2 oct. 2003,
modifiant les dispositions de l'article 4, paragraphes 1 er et 7, de la Convention d'application de l'Accord de Schengen du
14 juin 1985 relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes, JOCE, n o L 260, 11 oct.). Ce droit
d'observation n'est toutefois pas de portée générale : il est limité à certaines infractions (Conv. du 19 juin 1990, art. 40, 7 :
meurtre, viol, incendie volontaire, fausse monnaie, vol et recel aggravé, extorsion, enlèvement et prise d'otage, trafic d'êtres
humains, trafic illicite de stupéfiants et substances psychotropes, infractions aux dispositions légales en matière d'armes et
explosifs, destruction par explosifs, transport illicite de déchets toxiques et nuisibles). Ce droit est aussi restreint par diverses
conditions (art. 40, 1). L'observation transfrontalière doit avoir fait l'objet d'une demande préalable d'entraide judiciaire
adressée à une autorité compétente autorisée par celle-ci. Cette autorité est soit une autorité judiciaire, soit une autorité de
police judiciaire de rang élevé. Cependant, en cas d'urgence, les enquêteurs sont dispensés de demander et de recevoir une
autorisation à partir du moment où ils régularisent a posteriori leur situation. L'observation doit alors prendre fin dès que l'État
sur le territoire duquel se déroule l'observation le demande et au plus tard cinq heures après le franchissement de la frontière
(art. 40, 2). De plus, les enquêteurs doivent pouvoir attester de leur qualité officielle. Ils peuvent porter leur arme de service
mais ne peuvent pas en faire usage, sauf légitime défense, ni entrer dans des domiciles et lieux non accessibles au public, ni
interpeller ou arrêter le suspect (art. 40, 3, d, e et f). L'observation va ainsi consister dans une « opération policière de
repérage permettant la collecte de renseignements vis-à-vis de la personne, de l'activité et des fréquentations du suspect,
étant néanmoins précisé qu'aucun contact direct n'est réalisé entre l'observateur et l'observé » (DEMANET, La coopération
policière ne s'arrête pas aux frontières de Schengen, RD pén. crim. 1996. 911). Pour la Cour de cassation, les dispositions de
l'article 40 s'appliquent à toutes les enquêtes judiciaires, c'est-à-dire l'enquête de flagrance, l'enquête préliminaire et
l'enquête sur commission rogatoire (Crim. 14 juin 2000, n o 00-81.386 , Bull. crim. n o 224 ; Dr. pénal 2001. Chron. 9, obs.
Marsat).
3° - Poursuite
374. Poursuivre. - Ensuite, l'article 41 de la Convention du 19 juin 1990 prévoit la possibilité pour les OPJ de poursuivre, sans
autorisation préalable, sur le territoire d'un État partie, la personne soupçonnée en cas d'infraction flagrante ou d'évasion. Là
encore, ce droit n'existe que pour un nombre limité d'infractions, les mêmes qu'en matière d'observation transfrontalière. Les
autorités de l'État sur le territoire duquel se déroule la poursuite doivent être informées de cette dernière, au plus tard au
moment du franchissement de la frontière. Elles seules peuvent appréhender la personne soupçonnée sauf si elles ne
peuvent intervenir assez rapidement, auquel cas les agents poursuivants recouvrent leur droit d'interpellation (Conv. du
19 juin 1990, art. 41, 1 et 2, b). Mais ils doivent présenter le suspect aux autorités locales. La contrainte exercée contre le
suspect s'avère ainsi limitée. Les agents poursuivants, qui doivent être identifiables, ne disposent pas du droit de pénétrer
dans les lieux privés. Ils ne peuvent fouiller la personne ni saisir ses effets personnels (art. 41, 5, d, e et f). Seule une
palpation de sécurité est autorisée. Les poursuites ne peuvent se faire que par les frontières terrestres (art. 41, 5, b) et
doivent être circonscrites à une zone déterminée pendant un temps défini au préalable lors de la déclaration (art. 41, 3). Ces
restrictions ont permis d'échapper à la censure constitutionnelle. Le Conseil constitutionnel estime ainsi que la poursuite en
France effectuée par des agents étrangers « ne prévoit ni n'implique de dérogations aux dispositions de la législation
nationale […] le respect de ces dispositions s'imposant aux agents poursuivants » (Cons. const. 25 juill. 1991, n o 91-294,
RFDA 1992. 173, note Vedel ). La jurisprudence française applique le régime de l'article 73 du code de procédure pénale
aux agents poursuivants étrangers qui arrêtent une personne en France (Douai, 11 mai 1999, D. 2000. 856, note Lombard
et Haroune ).
375. Transition. - Si la compétence territoriale des OPJ peut souvent être étendue, ils disposent parfois de la possibilité de
passer outre les contraintes de la géographie.
377. Apport technologique. - Les technologies de l'information et de la communication permettent ainsi à un OPJ d'étendre
virtuellement son terrain d'enquête sans pour autant violer les règles de compétence territoriale dès lors qu'il respecte le
régime procédural applicable aux actes d'investigation. Il peut ainsi s'affranchir des contraintes territoriales et déterritorialiser
son enquête en accomplissant à distance des perquisitions (V. infra, n o 378), des réquisitions (V. infra, n o 379) ou des
infiltrations (V. infra, n o 380).
§ 1 - Perquisitions à distance
3 7 8 . Dans les ordinateurs. - Les outils techniques permettant de réaliser des investigations à distance sont nombreux,
notamment en matière de perquisitions ou réquisitions informatiques. D'une part, les enquêteurs peuvent accéder aux
données stockées dans un système informatique lorsque ce dernier est implanté dans les lieux où se déroule une perquisition
mais aussi dans tout système accessible depuis celui-ci par voie télématique (C. pr. pén., art. 57-1, 76-3 et 97-1). Ils peuvent
alors saisir et copier toutes les « données informatiques nécessaires à la manifestation de la vérité » (art. 56, 76, al. 6, et 97,
al. 1 er). Si les données sont fixées sur un système informatique implanté à distance, même à l'étranger, elles peuvent aussi
être enregistrées sur tout support qui sera saisi, sous réserve du respect des règles internationales d'accès aux données
(art. 57-1, al. 2). Cette évolution est la conséquence des règles posées par l'article 19, 1 de la Convention du Conseil de
l'Europe sur la cybercriminalité, signée à Budapest le 23 novembre 2001 et ratifiée par la France par la loi n o 2005-493 du
19 mai 2005 (JO 20 mai) autorisant l'approbation de la convention sur la cybercriminalité et du protocole additionnel à cette
convention relatif à l'incrimination d'actes de nature raciste et xénophobe commis par le biais de systèmes informatiques qui
permettent une extension du droit de perquisitionner à partir du système informatique initial vers un autre système ou ses
composants (V. Cy bercrim inalité). En matière de criminalité organisée, la LOPPSI 2 permet au juge d'instruction d'autoriser
les OPJ et APJ de procéder à des captations de données informatiques électroniques figurant dans l'ordinateur d'un suspect. Il
s'agit de mettre en place un dispositif technique ayant pour objet d'accéder en tous lieux à des données informatiques, de les
enregistrer, les conserver et les transmettre afin qu'elles s'affichent à distance sur l'écran des enquêteurs ou qu'elles puissent
être saisies dans un fichier. Le dispositif peut être transmis à distance par internet où être installé sur place par les unités
spécialisées de la police, de la gendarmerie ou des services de renseignements (C. pr. pén., art. 702-102-1 à 702-102-9
introduits par L. 14 mars 2011, art. 36). Les services habilités à réaliser l'installation des dispositifs de captation sont la
direction centrale de la police judiciaire et ses directions interrégionales et régionales ; la direction générale de la sécurité
intérieure ; les offices centraux de police judiciaire ; l'unité de recherche, assistance, intervention et dissuasion ; la force
d'intervention de la police nationale ; la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie nationale ; le service technique
de recherche judiciaire et de documentation de la gendarmerie ; les sections de recherches de la gendarmerie nationale ; les
sections d'appui judiciaire de la gendarmerie nationale ; le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (C. pr. pén.,
art. D. 15-1-6, introduit par Décr. n o 2011-1431 du 3 nov. 2011, JO 5 nov. mod. par Décr. n o 2014-445 du 30 avr. 2014 et Décr.
n o 2014-827 du 21 juill. 2014 pour l'application de l'article 706-102-6).
§ 3 - Infiltrations à distance
380. Internet. - La loi n o 2007-297 du 5 mars 2007 de prévention de la délinquance permet à des enquêteurs spécialement
habilités de procéder à des infiltrations électroniques pour détecter des suspects et rapporter des preuves de certaines
infractions commises contre les mineurs par le biais de l'internet (sur cette habilitation, V. supra, n o 183). Les articles 706-35-
1 et 706-47-3 du code de procédure pénale permettent aux enquêteurs de participer, sous un pseudonyme, aux échanges
électroniques, d'être en contact par ce moyen avec les suspects, de transmettre, acquérir ou conserver des dossiers
électroniques au contenu illicite. Le but est donc bien de prendre contact avec un suspect, d'échanger avec lui des
informations et, ce faisant, de recueillir des preuves en quelque lieu que se trouve le suspect (LEMOINE, Le régime juridique
des constatations policières sur internet, 2014, L'Harmattan). Ces infiltrations ne peuvent être réalisées que par les OPJ et
APJ affectés à l'office central pour la répression des violences aux personnes, à l'office central de lutte contre la criminalité liée
aux technologies de l'information et de la communication, à l'office central pour la répression de la traite des êtres humains, à
l'office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, au service technique de recherches judiciaires et de
documentation de la gendarmerie nationale, aux directions régionales et interrégionales de la police judiciaire, aux sections
de recherches de la gendarmerie nationale (Arr. du 30 mars 2009 [ supra, n o 93], art. 1 er). Si ces infiltrations ne peuvent être
réalisées que par des enquêteurs appartenant à des services à compétence nationale ou régionale, elles ne sont pas liées au
lieu de résidence des suspects ou d'hébergement des sites internet impliqués. Plus largement, la LOPPSI 2 élargit le champ
des infiltrations. Elle met en place un régime similaire d'infiltration à distance des réseaux de communication en ligne de
manière à rechercher les preuves et identifier les auteurs des provocations à commettre certaines infractions graves, des
apologies des crimes les plus graves, des incitations à la haine ou aux discriminations (C. pr. pén., art. 706-25-2 créé par
L. 14 mars 2011, art. 34). L'ordonnance n o 2013-1183 du 19 décembre 2013 (JO 20 déc.), met en place le même type de
procédé pour lutter contre le trafic de médicaments ou de produits pharmaceutiques (C. pr. pén., art. 706-2-2). Sont habilités
à agir les OPJ ou APJ appartenant à différents services : le service interministériel d'assistance technique ; l'office central pour
la répression du trafic illicite des stupéfiants ; l'office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information
et de la communication ; les directions régionales et interrégionales de la police judiciaire ; l'office central de lutte contre les
atteintes à l'environnement et à la santé publique ; le service technique de recherches judiciaires et de documentation ; les
sections de recherches ; les sections d'appui judiciaire ; la direction régionale de la police judiciaire de Paris (Arr. 11 juin 2014,
JO 19 juin).
381. Transition. - La tendance du droit pénal s'avère ainsi à l'extension du territoire d'action de la police judiciaire. Il reste que
cette action est soumise à contrôle.
383. Enquêtes associant inspection de police et inspection judiciaire. - De manière générale, la loi du 15 juin 2000 a entendu
renforcer le contrôle de la police judiciaire par l'autorité judiciaire (GUINCHARD et BUISSON, op. cit. [supra, n o 1], n o 282) en
énonçant que toute enquête administrative relative au comportement d'un membre de la police judiciaire associe l'inspection
générale des services judiciaires au service d'enquête compétent (par ex. inspection générale de la police nationale,
inspection de la gendarmerie nationale). Ces enquêtes peuvent même être ordonnées par le ministre de la Justice. Elles
seront alors dirigées par un magistrat (C. pr. pén., art. 15-2, introduit par L. n o 2000-516 du 15 juin 2000, art. 17).
388. Une jurisprudence ambivalente. - La jurisprudence fait preuve d'ambivalence autour de l'information du parquet. Elle est
très stricte concernant l'information en garde à vue mais plus souple dans les autres cas. Ainsi, pour la jurisprudence
constante, « tout retard dans l'avis de placement en garde à vue, non justifié par une circonstance insurmontable, porte
nécessairement atteinte aux intérêts de la personne retenue, notamment lorsque cet avis est donné au moment de recueillir
les instructions du procureur sur la suite à donner à la procédure » (Crim. 24 nov. 1998, n o 98-82.496 , Bull. crim. n o 314 ;
Procédures 1999. Comm. 138, obs. Buisson. - Crim. 10 mai 2001, n o 01-81.441 , Bull. crim. n o 119 ; Procédures 2001.
Comm. 184, obs. Buisson). La Cour de cassation exige que soient bien explicitées in concreto les circonstances insurmontables
ayant empêché une information immédiate du parquet (la seule pluralité des suspects ne suffit pas : Crim. 12 avr. 2005,
n o 04-86.780 , JCP 2005. IV. 2280). Elle faisait preuve de souplesse quant à la preuve de l'information, considérant
qu'aucune disposition n'imposait que l'accomplissement de la formalité soit consignée sur le procès-verbal (Crim. 24 oct. 2000,
n o 00-85.407 , Bull. crim. n o 306. - Crim. 14 févr. 2001, n o 00-87.891 , Procédures 2001. Comm. 160, obs. Buisson).
Désormais, elle considère que le procès-verbal relatant l'information du procureur doit mentionner l'information du placement
en garde à vue et les motifs dont il lui a été donné connaissance et que le défaut d'accomplissement de ces formalités fait
nécessairement grief à la personne concernée (Crim. 25 juin 2013, n o 13-81.977 ). En dehors de la garde à vue, la
jurisprudence semble considérer que c'est plus l'information en elle-même qui compte que l'autorité auprès de laquelle elle est
réalisée. Elle valide ainsi l'information faite non pas auprès d'un magistrat titulaire mais auprès de l'auditeur de justice qui
l'assistait (Crim. 31 oct. 2001, n o 01-85.345 , Bull. crim. n o 227). De plus, elle ne censure pas le défaut d'information dès
l'identification du suspect (Crim. 23 août 2005, n o 03-87.719 , Bull. crim. n o 209 ; D. 2006. Pan. 621, obs. Pradel ). Elle va
même jusqu'à énoncer que les enquêteurs peuvent procéder d'office à des enquêtes préliminaires et que « le défaut
d'information du procureur de la République est sans effet sur la validité des actes accomplis par ces derniers » (Crim. 1 er déc.
2004, n o 04-80.536 , Bull. crim. n o 302 ; D. 2005. 1336, note Lennon ). Cette position relativise de manière considérable
le pouvoir de direction de la police judiciaire par le parquet.
389. Information par les fonctionnaires. - Comme toutes autorités publiques, les agents et fonctionnaires chargés de missions
de police judiciaire doivent informer le procureur de la République des infractions dont ils ont connaissance (C. pr. pén.,
art. 40). Les dispositions spéciales qui régissent leur action leur imposent parfois une information en cours des investigations.
Ainsi, le procureur est informé des mesures de rétention douanière ou de rétention à bord de navires (C. douanes, art. 323-
1 ; C. défense, art. L. 1521-14), des immobilisations ou mises en fourrières de véhicules (C. route, art. L. 325-1-2).
390. Contrôle de la garde à vue. - La loi du 14 avril 2011 relative à la garde à vue renforce le rôle du procureur de la République
dans le contrôle de cette mesure. Le nouvel article 62-3 du code de procédure pénale précise sa fonction en disposant que
« la garde à vue s'exécute sous le contrôle du procureur de la République, sans préjudice des prérogatives du juge des
libertés et de la détention prévues aux articles 63-4-2, 706-88, 706-88-1 et 706-88-2 en matière de prolongation de la
mesure au-delà de la quarante-huitième heure et de report de l'intervention de l'avocat. Le procureur de la République
apprécie si le maintien de la personne en garde à vue et, le cas échéant, la prolongation de cette mesure sont nécessaires à
l'enquête et proportionnés à la gravité des faits que la personne est soupçonnée d'avoir commis ou tenté de commettre. Il
assure la sauvegarde des droits reconnus par la loi à la personne gardée à vue. Il peut ordonner à tout moment que la
personne gardée à vue soit présentée devant lui ou remise en liberté ». L'article 63-9 désigne le procureur compétent pour
être avisé des placements en garde à vue, en contrôler le déroulement, en ordonner la prolongation et décider de l'issue de la
mesure. Il s'agit de celui sous la direction duquel l'enquête est menée ou celui du lieu d'exécution de la garde à vue. À tout
moment, le procureur peut ordonner l'examen médical de la personne gardée à vue (C. pr. pén., art. 63-3 mod. par L. 14 avr.
2011, art. 5).
391. Gestion de l'intervention de l'avocat. - Dans le cadre de la présence de l'avocat pendant la garde à vue, la loi du 14 avril
2011 (not. art. 8 et 16) confère au procureur un certain nombre de prérogatives. Il peut, à la demande de l'OPJ, autoriser le
début de l'interrogatoire du suspect sans attendre l'avocat. Il peut aussi, par décision écrite et motivée, différer jusqu'à douze
heures la présence de l'avocat pendant les auditions (il conserve l'accès aux procès-verbaux et peut s'entretenir avec son
client). En matière de criminalité organisée, le procureur peut d'office ou sur demande de l'OPJ reporter de vingt-quatre heures
maximum l'entière intervention de l'avocat empêchant l'accès aux PV, l'entretien et la présence lors des auditions. Au-delà de
vingt-quatre heures, il saisit le JLD pour décider de ce report. (C. pr. pén., art. 63-4-2 et 706-88, al. 7 et 8). Il pourra aussi
demander au bâtonnier la désignation d'un nouvel avocat au cas où le premier intervenant serait considéré par l'OPJ comme
perturbant le bon déroulement d'une audition ou d'une confrontation (art. 63-4-3).
392. Décision en fin de garde à vue. - À l'issue de la garde à vue, le procureur sous la direction duquel l'enquête est menée
donne instruction quant au devenir de la personne (C. pr. pén., art. 63-9). Elle est remise en liberté ou déférée devant lui
(C. pr. pén., art. 63-8 nouv. introduit par L. 14 avr. 2011, art. 11). Le procureur pourra aussi faire remettre à la personne une
convocation par officier de police judiciaire pour qu'elle se présente à une audience correctionnelle dont la date et l'heure lui
sont précisées (C. pr. pén., art. 390-1).
3 9 3 . Visite des lieux de garde à vue et contrôle des registres. - Le procureur de la République a la charge de contrôler les
mesures de garde à vue. Pour ce faire, il doit en théorie visiter les locaux de garde à vue chaque fois qu'il l'estime nécessaire
et au moins une fois par an. Il doit tenir un registre et adresser au procureur général un rapport relatif aux mesures de garde
à vue et à leurs locaux. Ce rapport est adressé au ministre de la Justice. Il est annexé au rapport annuel d'activité de la
gestion du parquet (C. pr. pén., art. 41, al. 3, D. 15-2). En pratique, la visite des locaux reste encore exceptionnelle. Toutefois,
la loi du 14 avril 2011 sur la garde à vue oblige que les mentions relatives à la durée des auditions de la personne gardée à
vue et des repos qui ont séparé ces auditions, aux heures d'alimentation, aux jour et heure de début et de fin de garde à
vue, à l'accomplissement d'une fouille intégrale ou d'investigations corporelles internes figurent dans un registre spécial tenu
dans le local de garde à vue. Ce registre peut être tenu sous forme dématérialisée. De plus, ces mentions devront figurer
aussi dans les carnets de déclarations et dans les procès-verbaux transmis aux magistrats (C. pr. pén., art. 64 mod. par
L. 14 avr. 2011, art. 12). Grâce à ce registre et à la transmission des procès-verbaux, le procureur pourra, en temps réel, en
cas d'envoi par télématique, avoir connaissance des différentes mesures de contrainte physique et psychologique.
3 9 4 . Traitement direct, contrôle et pouvoir de sanction. - Afin de favoriser l'information du procureur et le contrôle des
enquêteurs, a été mis en place au sein de chaque juridiction un service de traitement direct (MIANSONI, La nature juridique du
traitement en temps réel [TTR] des procédures pénales, AJ pénal 2012. 152 ). En son sein, les substituts répondent aux
appels des enquêteurs policiers les informant de leur action, ce qui permet de renforcer le pouvoir de direction et de contrôle
du parquet (ÉTRILLARD, Des relations du ministère public avec la police judiciaire en France : étude du traitement en temps
réel des procédures policières, RI crim. et pol. techn. 2003. 277). Néanmoins, le magistrat reste dépendant des informations
fournies par le policier (MOUHANNA, Les relations police/parquet en France : un partenariat mis en cause ?, Droit et société
2004. 505). Le traitement en temps réel permet de renforcer les liens de confiance entre l'OPJ et le magistrat, qui peuvent
partager une même culture d'enquête et fonctionner sur un mode coopératif (MOUHANNA, article préc.). Toutefois, les
magistrats sont submergés d'appels et le temps d'attente au téléphone des enquêteurs s'allonge, ce qui entame le temps
utile aux investigations. Les parquets ont donc développé d'autres modes d'échanges avec les enquêteurs. D'une part, des
directives ou instructions permanentes sont utilisées pour permettre l'orientation des affaires de faible importance ou
relatives aux contentieux de masse (infractions routières notamment). Sur la base de barèmes posés par le parquet liés aux
caractéristiques de l'affaire (nature de l'infraction, antécédents du suspect, type d'arme, quantité de stupéfiants, taux
d'alcoolémie), l'officier de police judiciaire va procéder à un rappel à la loi, remettre une convocation en justice (convocation
par officier de police judiciaire, convocation aux fins de procédure à une comparution sur reconnaissance préalable de
culpabilité) ou aux fins d'alternatives aux poursuites. Une partie de l'orientation de l'affaire est ainsi déléguée à la police.
D'autre part, la messagerie électronique est massivement utilisée pour les correspondances entre l'enquêteur et le magistrat.
Ce mode d'échange est favorisé par circulaire et apprécié des magistrats (Circ. 1 er nov. 2009, CRIM - n o 9-12/cab -01.11.09,
NOR JUS D 0925748 C). Le courriel réduit le nombre d'appels, permet aux magistrats de prendre de la distance avec la
procédure et de consulter le casier judiciaire avant de répondre à l'enquêteur. Mais le courriel réduit les contacts directs, peut
assécher les échanges plus formalisés et recréer un décalage chronologique entre l'activité policière et sa prise de
connaissance par la justice (ROUSSEL, GAUTRON et POUGET, La coordination entre forces de police et justice dans le
traitement des délits, préc. [supra, n o 14]). Enfin, la loi relative à l'individualisation des peines et renforçant l'efficacité des
sanctions pénales, a consolidé le pouvoir de sanction de la police et son intégration dans la réponse pénale dans le cadre du
traitement direct en lui permettant, sur autorisation du parquet de procéder à des transactions avec les auteurs de certaines
infractions : contraventions prévues par le code pénal (sauf en cas d'amende forfaitaire), délits punis d'amende ou d'un
emprisonnement inférieur à un an (sauf l'outrage), vols d'objets de faible valeur, occupation des parties communes
d'immeubles, usage de stupéfiants (C. pr. pén., art. 41-1-1).
395. Rattachement de la police judiciaire versus renforcement de sa direction. - La police judiciaire est particulièrement intégrée
dans la chaîne pénale de traitement des infractions. Si le traitement direct s'avère indispensable, il a peut-être trop impliqué
les magistrats du parquet dans la conduite effective des enquêtes les transformant parfois, selon l'expression de la
commission Beaume en « super-officiers de police judiciaire ». Or cette immixtion peut se voir mal vécue par les enquêteurs.
Elle peut aussi s'avérer contre-productive, car elle empêche le magistrat de conserver la hauteur de vue qui sied à ses
fonctions. En outre, les magistrats ne sont pas formés à la conduite des enquêtes et ne sont pas assez nombreux pour s'y
impliquer tant leurs autres tâches les accaparent. Surtout, l'implication des magistrats dans l'enquête risque de relativiser leur
contrôle. Pour éviter toute confusion des rôles, certaines voies s'élèvent pour redonner de la distance aux magistrats afin de
les restaurer dans leur fonction de direction. Pour certains magistrats, la direction de la police judiciaire doit être appréhendée
comme une direction de l'action de la police laquelle implique notamment une politique pénale claire et des instructions
précises (MIANSONI, Le procureur de la République dirige-t-il la police judiciaire ?, AJ pénal 2013. 374 ). Reste que si la
justice se trouve souvent en position de donneur d'ordre, elle est aussi en position de dépendance par rapport à son principal
fournisseur lequel jouit de fait de vraies marges d'autonomie. En outre, les parquetiers ne sont pas assez nombreux pour
contrôler tous les OPJ de leur ressort. Ces derniers se trouvent de plus soumis à leur hiérarchie administrative ou militaire et
peuvent faire montre d'une forte solidarité. L'autorité des magistrats sur la police possède donc certaines limites. Aussi,
l'évolution des relations entre police et parquet soulève parfois la question du rattachement de la première au second afin
d'assurer une direction totale de l'une par l'autre. Ce projet se heurte à l'extrême pluralité des services de police judiciaire,
dont certains n'appartiennent pas à la police ou à la gendarmerie. Il serait ainsi difficile de tous les rattacher au parquet.
Néanmoins, il pourrait être envisagé de rattacher au ministère de la Justice les principaux services spécialisés de police
judiciaire (notamment les services dépendants de la direction centrale de la police judiciaire et de la sous-direction de la police
judiciaire de la gendarmerie, le service national de douane judiciaire). Ce rattachement supposerait alors la création d'une
direction de la police judiciaire au sein du ministère de la Justice et d'organiser des carrières interministérielles pour les
enquêteurs concernés (ROUSSEL, Le rattachement de services de police judiciaire au ministère de la Justice, AJ pénal 2013.
378 ). La commission Nadal n'a pas choisi cette voie. Elle a en effet considéré qu'un rattachement déstabiliserait les liens
entre services de police et services de renseignements ou coopération, l'organisation du commandement au sein de la
gendarmerie et l'unité du corps judiciaire. Afin de « renforcer l'autorité fonctionnelle du ministère public sur la police
judiciaire », la commission propose que le principe du libre choix par le procureur du service d'enquête soit précisé ; que le
garde des Sceaux soit consulté lors des discussions budgétaires portant sur les moyens accordés aux forces de police ; que la
répartition des effectifs et des moyens policiers et gendarmes fasse l'objet d'une décision conjointe du parquet général et de
la hiérarchie policière et gendarme ; que soient détachés dans les juridictions des officiers de liaison, policiers ou gendarmes ;
que l'autorité judiciaire soit consultée sur les projets de nomination des principaux responsables de la police et de la
gendarmerie : que les règles de notation des officiers de police judiciaire soient modifiées et pèsent plus sur les carrières ;
que des magistrats soient plus présents lors de la formation des policiers et gendarmes. La commission souhaite aussi
« repenser le traitement des enquêtes ». À cette fin, sont proposés le renforcement du contradictoire à la fin des enquêtes
préliminaires longues, la révision du traitement direct, une implication plus forte de la hiérarchie policière et gendarme dans le
suivi des investigations, la mise en place au sein des tribunaux d'un service de suivi d'enquête composé de magistrats
identifiés par les enquêteurs comme interlocuteurs (NADAL, Refonder le ministère public, préc. [supra, n o 18], propositions 38
à 52). Le rapport Beaume (Rapport, préc.) précise que plus le parquet sera enquêteur, moins la procédure pourra lui confier
de pouvoirs de contrôle sur les atteintes et restrictions induites par les investigations. Or, pour le rapport Beaume (préc.
[supra, n o 21], p. 34), le parquet doit garantir la conduite impartiale de l'enquête à charge et à décharge. Elle demande de
repositionner le parquet dans un rôle de contrôle de la légalité, de la proportionnalité, de la nécessité et de la qualité de
l'enquête. De cette manière, l'intervention du parquet dans l'enquête restera judiciaire et non plus « para-policière ». Ainsi, la
commission préconise l'examen obligatoire par le parquet de toute procédure d'enquête préliminaire au bout d'un an afin de
vérifier son opportunité et la légitimité de sa continuation.
3 9 8 . Formations versus OPJ. - Toutefois, il faut bien préciser que le magistrat saisit un service et non un OPJ, puisque
l'article 12-1 vise « les formations auxquelles appartiennent les officiers de police judiciaire » (V. en ce sens, Crim. 15 févr.
2 0 0 6 , n o 05-86.773 ). Le chef de la formation choisit d'organiser son service afin de « coordonner l'exécution des
opérations de police judiciaire et veiller « à la transmission des procès-verbaux aux autorités judiciaires » (C. pr. pén.,
art. D. 2, dern. al.). Il répartit ainsi les enquêtes entre les différents OPJ de son service, choisit les effectifs à y consacrer, etc.
Le chef de formation (directeur central de la police judiciaire, directeur interrégional de la police judiciaire, directeur
départemental de la sécurité publique, commandant de groupement de gendarmerie) va ainsi subdéléguer les actes
d'enquête aux personnels placés sous son autorité (V., sur le rôle important du chef de service, SCHW ENDENER, La direction
de l'enquête : distinguer l'opérationnel du procédural, AJ pénal 2008. 447 ). La difficulté de ce mode de saisine provient du
fait que le magistrat ne maîtrise pas l'affectation de moyens et d'enquêteurs au service des investigations qu'il souhaite voir
mener. Si trop peu d'OPJ sont affectés à une enquête, l'avancement de celle-ci risque d'en pâtir. Cette absence de maîtrise
relativise grandement la notion de direction de la police judiciaire par le parquet puisque le chef de service garde la main. D'un
autre côté, ce dernier doit composer avec la charge d'activité de son service. Des refus de saisine ont donc parfois été
opposés aux magistrats. Afin de garantir l'effectivité de la liberté de saisine, la Commission Nadal a ainsi proposé d'en modifier
sa rédaction en substituant le terme « service » au terme formation étant entendu que le service ne désignera pas un
échelon administratif mais un service opérationnel. La commission préconise pour autant qu'un dialogue ait lieu entre le
magistrat et la hiérarchie des enquêteurs pour éviter toute surcharge (NADAL, Refonder le ministère public, op. cit. [supra, n o
18], proposition 39). Le magistrat peut aussi choisir de saisir un service à compétence régionale ou nationale afin d'élargir le
nombre d'OPJ concernés par les investigations. Le magistrat peut aussi choisir de cosaisir plusieurs services pour une même
enquête. C'est alors lui qui fixe la répartition des tâches et centralise les éléments recueillis. Il doit notamment organiser la
collaboration entre les OPJ de la police nationale et de la gendarmerie qui doivent préciser, dans la procédure, les concours
qu'ils se sont apportés (C. pr. pén., art. D. 5). La doctrine policière reste sceptique sur la cosaisine en raison du risque de
ralentissement des investigations, de doublons ou d'oublis (VLAMYNCK, op. cit. [supra, n o 3], n o 76). Le procureur peut aussi
saisir un service en dehors du ressort du tribunal de grande instance pour accomplir certains actes d'enquête. En cas
d'urgence, la saisine est directe. À défaut, le procureur transmet à celui dans le ressort duquel le service est compétent pour
qu'il le saisisse (C. pr. pén., art. D. 15-4).
3 9 9 . Cas de services de police technique. - Enfin, le magistrat peut désigner le service de police technique et scientifique
(service d'identité judiciaire) qui devra intervenir (C. pr. pén, art. D. 7, al. 1 er). Si le magistrat ne désigne pas de service
spécifique de police technique et scientifique, l'OPJ en charge de l'enquête pourra, sans formalisme particulier, choisir un
service d'identité appartenant à la même formation que lui car celui-ci est saisi en application des articles 12-1 et D2 (V. ainsi
Crim., 4 nov. 2010, n o 10-84.389 , AJ pénal 2011. 38, obs. Vlamynck ). Si l'OPJ veut faire appel à un service d'identité
judiciaire qui n'appartient pas à sa formation, comme ce service n'est pas inclus dans la saisine initiale, l'enquêteur devra
recourir à une réquisition à personne qualifiée (C. pr. pén., art. 60 et 77-1). Il en ira ainsi d'un OPJ appartenant à un service
de sécurité publique faisant appel à l'identité judiciaire du SRPJ (VLAMYNCK, op. cit. [supra, n o 3], n o 77 ; V. supra, n os 48 et
84). En cas d'enquête sur mort suspecte, l'OPJ auquel le procureur aura délégué les pouvoirs de recherche des causes de la
mort pourra les subdéléguer à un autre OPJ. C'est encore l'exemple de l'OPJ généraliste subdéléguant à un OPJ technicien
d'investigation criminelle (Crim. 15 févr. 2006, n o 05-86.773 , AJ pénal 2006. 179, obs. Roussel ).
b. - Animation de l'enquête
400. Initiateur. - Tout d'abord, le procureur de la République peut être à l'origine des investigations. Il autorise et définit les
actes réalisables lors d'une extension de compétence, au besoin en demandant une assistance aux services centraux de la
police judiciaire (C. pr. pén., art. 18 et D. 4). Il requiert aux OPJ des contrôles d'identité, autorise la visite d'un véhicule en cas
de suspicion d'atteinte grave à la sécurité des personnes et des biens, de terrorisme ou de trafic d'armes. Il peut ouvrir une
enquête préliminaire dont il fixe le délai et la prolongation. Dans le même sens, il contrôle les investigations en flagrance et en
ordonne la prolongation. Il peut aussi se rendre sur les lieux d'une infraction flagrante et mener lui-même l'enquête. Il peut
accomplir certains actes dans le ressort d'un autre tribunal que celui au sein duquel il exerce ses fonctions après avoir informé
son homologue local. Lors de l'enquête de mort suspecte, c'est lui qui décide ou non de déléguer les pouvoirs d'enquête à un
OPJ (C. pr. pén., art. 78-2, al. 2, 78-2-3, 78-2-2, 77, al. 1 er, 75-1, 53, al. 2 et 3, 68 et 69). En cas de disparition suspecte ou de
recherche d'une personne en fuite, faisant l'objet d'un mandat d'arrêt ou condamnée, il donne instruction aux OPJ pour
enquêter (art. 74, al. 2, 74-1 et 74-2). Il exerce ainsi véritablement son pouvoir de direction même s'il intervient indirectement,
laissant la police judiciaire en première ligne pour agir, notamment en garde à vue (LELIEUR, L'accroissement du rôle du
parquet dans la garde à vue, AJ pénal 2010. 483 ).
401. Pouvoir de contrainte. - Ensuite, le procureur de la République contribue à la contrainte du suspect. Il requiert auprès du
juge des libertés et de la détention une perquisition sans le consentement du suspect pendant l'enquête préliminaire. Il
autorise l'OPJ à contraindre les personnes n'ayant pas répondu à une convocation. Il peut ordonner aux enquêteurs de placer
un suspect en garde à vue. Il décide par écrit des prolongations des gardes à vue ainsi que du défèrement devant lui ou de la
remise en liberté du suspect à son terme (C. pr. pén., art. 62-3 ; 63 ; 41, al. 4 ; 63-8). Il peut édicter un mandat de recherche
du suspect qui permet son placement en garde à vue (art. 70 et 77-4).
4 0 2 . Autorisation d'actes d'enquête. - Enfin, le procureur dispose d'un important pouvoir d'autorisation d'actes d'enquête,
notamment ceux de nature technique. Il donne son accord pour la saisie des objets, documents et données informatiques
utiles à la manifestation la vérité. Il peut ordonner l'effacement de données du support non saisi. Il autorise le dépôt à la
Caisse des dépôts et consignations ou à la Banque de France des espèces ou valeurs dont la conservation n'est pas
nécessaire à la manifestation de la vérité. Il autorise l'OPJ à donner connaissance aux victimes et aux suspects des résultats
des examens techniques et scientifiques. Il saisit le JLD pour autoriser les enquêteurs à ordonner aux opérateurs de
télécommunication de préserver des informations susceptibles d'intéresser l'enquête. Il peut requérir lui-même ou autoriser
un OPJ à requérir de toute personne morale de droit public ou privé ou tout organisme de remettre des documents
susceptibles d'intéresser l'enquête. Il autorise l'OPJ à requérir par voie télématique aux organismes privés ou publics de
mettre à sa disposition les informations liées à la manifestation de la vérité. Il requiert le JLD pour qu'il autorise les OPJ à
demander la conservation des informations utiles. Par ailleurs, il peut habiliter par écrit les enquêteurs à entrer dans des lieux
à usage professionnel et se faire présenter un certain nombre de documents en cas de suspicion d'infraction à la législation
du travail. Il autorise les OPJ à procéder à des opérations de prélèvements externes sur la personne du suspect, de prises
d'empreintes digitales et de photographies pendant une vérification d'identité. Il recourt à des personnes qualifiées pour des
examens techniques ou scientifiques. Il autorise les OPJ à entrer dans les lieux où s'exerce le transport public de voyageurs
pour procéder à un dépistage de l'usage de stupéfiants sur le personnel de l'entreprise de transport (C. pr. pén., art. 56,
al. 7, 6 et 8 ; 60, al. 4 ; 60-2, al. 2 ; 60-1 et 77-1-1 ; 77-1-2, al. 1 er ; 77-1-2, al. 2 ; 78-2-1 ; 76-2 ; 78-3 al. 3 ; 77-1 ; CSP,
art. L. 3421-5). Il autorise la création d'équipes communes d'enquête et en contrôle la mise en oeuvre (C. pr. pén., art. 695-2
et C. douanes, art. 67 ter A). Il requiert les opérations de dépistage d'alcoolémie ou d'usage de stupéfiants des conducteurs
de véhicules (C. route, art. L. 235-2). Il peut demander aux OPJ de procéder à un rapprochement entre une empreinte
génétique et le FNAEG (C. pr. pén., art. 706-54, al. 3 mod. par L. 14 mars 2011, art. 9). Il contrôle le traitement des données à
caractère personnel au sein des fichiers d'antécédents. Il a un accès à ces fichiers avec pouvoir de rectification ou
d'effacement. Il est destinataire des données contenues dans les fichiers d'analyse sérielle. Il a accès aux logiciels de
rapprochement judiciaire et peut les utiliser (C. pr. pén., art. 230-8, 230-10, 230-16, 230-23, 230-24 créés par L. 14 mars
2011, art. 11). Il autorise la police judiciaire à informer une personne que son identité est enregistrée dans le fichier judiciaire
national automatisé des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (C. pr. pén., art. 706-53-6). Il autorise l'OPJ à saisir des
sommes d'argent versées sur compte en banque et saisit le JLD ou le juge d'instruction pour maintien ou mainlevée de la
saisie (C. pr. pén., art. 706-154 créé par L. 14 mars 2011, art. 39 ; V. Saisies spéciales). Le procureur requiert aussi les OPJ
afin qu'ils recherchent l'adresse des personnes condamnées pour leur donner connaissance de leur condamnation (C. pr.
pén., art. 560). Depuis la loi n o 2014-372 du 28 mars 2014 (JO 29 mars), le procureur autorise les OPJ à réaliser des
opérations de géolocalisation pour une durée maximale de quinze jours consécutifs (C. pr. pén., art. 230-33, 1 o). Il peut
autoriser l'intrusion dans un lieu privé, un entrepôt, un domicile pour faire installer ou retirer le dispositif. Dans certains cas, il
doit saisir le juge des libertés et de la détention, notamment pour une introduction nocturne (C. pr. pén., art. 230-34). Il est
informé de la mise en place en urgence, pour cause de risque imminent de dépérissement des preuves ou d'atteinte grave
aux personnes ou aux biens, d'une géolocalisation et peut en ordonner la mainlevée (C. pr. pén., art. 230-35). Il requiert les
extractions et translations des prévenus par les forces de police ou de gendarmerie (C. pr. pén., art. D. 57 et D. 293). Depuis
la loi relative à l'individualisation des peines et renforçant l'efficacité des sanctions pénales, le procureur de la République
autorise aussi un certain nombre d'actes permettant de vérifier le respect de leurs obligations par les condamnés : arrestation
et retenue de ceux soupçonnés de violer leurs obligations (C. pr. pén., art. 709-1-1) ; perquisition aux fins de découverte
d'armes (C. pr. pén., art. 709-1-2) ; saisine du juge d'application des peines aux fins d'interception de communications ou de
géolocalisation (art. 709-1-3). Ces nouvelles missions liées à l'exécution de la peine ne participent pas directement de la
recherche des preuves des infractions (sauf celles commises en violation d'obligations) et de l'identification de leur auteur.
Elles nécessiteraient peut-être, notamment pour que les services de police s'y investissent pleinement, d'être mentionnées à
l'article 14 du code de procédure pénale. Les références au recours à la force publique par le parquet au sein des articles 42
et 709 du code de procédure pénale s'avèrent peut-être en effet trop peu explicites quant à l'action de la police judiciaire lors
de l'exécution des peines.
4 0 3 . Sanction de l'absence d'autorisation. - La jurisprudence semble faire grand cas de l'autorisation du procureur, qu'elle
considère, au moins en matière de réquisition, édictée dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice. Elle sanctionne
son absence sans preuve d'un grief (Crim. 14 oct. 2003, n o 03-81.539, Bull. crim. n o 187. - Crim. 1 er sept. 2005, n o 05-84.061
. - Crim. 6 déc. 2005, n o 05-85.076 ). Cette rigueur de la chambre criminelle renforce la position du parquet pendant
l'enquête. Celui-ci doit s'investir dans la mise en oeuvre de la suspicion pour autoriser les actes demandés par les
enquêteurs. Cependant, la loi comme la jurisprudence ne posent pas d'exigences particulières quant à la forme de
l'autorisation, qui peut être verbale ou écrite (Crim. 23 mai 2006, n o 06-83.241 , Dr. pénal 2006. Comm. 131, obs. Maron).
Par ailleurs, encore faut-il que la réquisition porte sur une prestation intellectuelle éclairant les enquêteurs. Ceux-ci n'ont pas
à demander l'autorisation du procureur lorsqu'ils entendent requérir l'accomplissement d'une prestation manuelle :
enlèvement de cadavre par les pompiers, d'un véhicule par un garage, installation par un technicien d'un système
d'interception de communications (Crim. 23 mai 2006, n o 06-81.705 , AJ pénal 2006. 413, obs. Roussel ) ou ouverture
d'un coffre-fort par un serrurier (Crim. 3 avr. 2013, n o 12-86.275 , AJ pénal 2013. 413, obs. Roussel ).
4 0 4 . Prérogatives en droit dérogatoire. - Le procureur de la République voit ses prérogatives augmenter en matière de
criminalité organisée. Il va autoriser une éventuelle prolongation puis demander au JLD des prolongations supplémentaires
des mesures de garde à vue (C. pr. pén., art. 706-88, al. 2). De même, il donne son accord tacite aux opérations de
surveillance puisqu'elles sont permises sauf opposition de sa part (art. 706-80). La répression de la criminalité organisée
confère la possibilité de demander des interceptions de correspondances, des perquisitions nocturnes ou en l'absence de
l'occupant des lieux présentant un risque d'évasion ou de trouble, la gestion des missions d'infiltration, la captation de
données informatiques (art. 706-95, 706-89, 706-94, 706-81, 706-102-1).
4 0 5 . Transition. - Si le procureur de la République dirige l'ensemble de la police judiciaire dans son ressort, le juge
d'instruction réalise cette direction sur les seuls officiers de police judiciaire auxquels il ordonne l'exécution d'une commission
rogatoire.
408. Prépotence de la police. - De plus, le juge d'instruction va profiter de l'exercice de leurs pouvoirs propres par les OPJ. Le
magistrat instructeur ne possède pas le pouvoir de placer en garde à vue un suspect. L'article 154 du code de procédure
pénale permet donc à l'OPJ d'y procéder. Il va pouvoir interroger une personne suspecte pour le compte d'un juge
d'instruction même si la suspicion est suffisante pour qu'elle bénéficie du statut de témoin assisté. Le juge va alors
« récolter » les fruits d'un acte d'enquête qu'il ne peut effectuer mais qu'il va contrôler. La loi du 9 mars 2004 a ainsi voulu
renforcer les pouvoirs de direction des investigations réalisées sur commission rogatoire. Elle permet au juge de se
transporter sur les lieux d'exécution de la commission pour diriger et contrôler les actes des enquêteurs. Il pourra prolonger
une garde à vue mais non procéder lui-même à un acte d'instruction (C. pr. pén., art. 152, al. 3 introduit par L. n o 2004-204 du
9 mars 2004, art. 104-I). Cette disposition possède donc pour effet paradoxal de transformer le juge d'instruction en juge de
l'instruction (BUISSON, article préc. [supra n o 407], RPDP 2005. 813, spéc. p. 826).
409. Mise en oeuvre. - Le juge fixe le délai dans lequel l'OPJ doit exécuter l'acte requis et lui avoir retourné les procès-verbaux
qu'il a rédigés. À défaut, ce délai est de huit jours. En pratique, le juge adresse une commission rogatoire à un OPJ chef de
formation de police ou de gendarmerie. Celui-ci la fait ensuite exécuter par un des OPJ de son service dans le respect de sa
compétence territoriale (C. pr. pén., art. D. 33). L'OPJ doit alors tenir constamment informé le juge mandant. En cas de
difficultés, il demande instruction (art. D. 34). Le juge peut délivrer une commission rogatoire nécessitant une exécution
simultanée sur le territoire. Il peut alors ordonner la diffusion et la reproduction de la commission. Toute reproduction
intégrale de l'original ou copie intégrale certifiée conforme par l'autorité chargée de la diffusion est valable. En cas de diffusion
générale, la commission est établie en plusieurs originaux adressés à la direction des services de police judiciaire du ministère
de l'Intérieur et au préfet de police (art. 155 et D. 35).
411. Direction à la marge. - Le juge d'instruction dispose ainsi d'un certain nombre de possibilités de direction de la police
judiciaire. Toutefois, non seulement ces prérogatives ne se substituent pas au pouvoir général de direction du parquet mais,
en outre, celles-ci sont limitées par la saisine du juge. Or celui-ci n'agit plus qu'à la marge, exclusivement en matière criminelle
et pour certaines affaires délictuelles ou contraventionnelles particulières. En 2009, le nombre de saisines des juges
d'instruction a reculé de 8,6 % (Les chiffres clés de la justice, 2010, p. 16). En 2008, sur 668 946 affaires poursuivies, seules
23 409 ont été transmises au juge d'instruction, soit 3,49 % (Annuaire statistique de la justice, 2009-2010, p. 109). Dans
l'immense majorité des cas, les OPJ n'ont pour seul interlocuteur judiciaire que le procureur de la République, même si le juge
des libertés et de la détention intervient de plus en plus pour garantir la liberté individuelle.
4 1 4 . Contrôle relatif. - Le JLD autorise l'introduction clandestine dans les lieux ou véhicules hors des heures légales pour
installer les dispositifs de sonorisation ou fixation d'images (C. pr. pén., art. 706-96, al. 2). Il autorise les écoutes
téléphoniques sur réquisitions du parquet pendant l'enquête de police ou la recherche d'une personne en fuite (art. 706-95
et 74-2). Cependant, l'extériorité du JLD par rapport à l'enquête peut aussi constituer un handicap puisqu'il ne possède pas la
capacité matérielle de contrôler efficacement les opérations d'interception. En outre, la jurisprudence considère que le code de
procédure pénale n'exige pas que « le juge des libertés et de la détention exerce un contrôle immédiat sur le déroulement de
l'écoute mais seulement qu'il soit informé sans délai par le ministère public, à l'issue des opérations d'interception,
d'enregistrement et de transposition » (Crim. 23 mai 2006, n o 06-83.241 , AJ pénal 2006. 367, obs. Girault ). Le contrôle
des écoutes s'effectue donc a posteriori. Dès lors, leur déroulement échappe à la surveillance effective du JLD, qui se voit
dépouillé de ses prérogatives au profit du parquet, lequel va s'avérer, de fait, le magistrat chargé du contrôle de l'opération
de police judiciaire.
415. Substitution. - Même s'il existe une forme de gradation de la protection judiciaire en fonction du degré d'atteinte à la
liberté individuelle, puisque le Conseil constitutionnel se contente d'un contrôle du procureur de la République pour les
atteintes minimes (Cons. const. 13 mars 2003, n o 2003-467 DC . - Cons. const. 30 juill. 2010, n o 2010-14/22 QPC. -
RENOUX, Le Conseil constitutionnel et l'instruction pénale : juges ou magistrats ?, Justices n o 10, 1998. 75), le rôle du
président du tribunal de grande instance, qui autorisait les perquisitions nocturnes, tend à devenir moins important au profit
du JLD.
4 1 7 . Autorisation des visites domiciliaires. - Selon la même logique que pour les perquisitions, le JLD autorise les visites
domiciliaires effectuées par les autres services de police judiciaire. Il autorise les visites domiciliaires douanières et doit
motiver son ordonnance sur les « éléments de fait et de droit qu'il retient et qui laissent présumer, en l'espèce, l'existence des
agissements frauduleux dont la preuve est recherchée » (C. douanes, art. 64, 2, a), al. 4). La Cour de cassation s'avère
relativement exigeante sur cette motivation. Le juge ne peut que s'appuyer sur les pièces détenues par les services des
douanes (Cass., ch. mixte, 15 déc. 1988, Bull. civ., n os 3 à 5). Par ailleurs, le JLD autorise les visites domiciliaires en matière de
consommation (C. consom., art. L. 215-3, al. 3, et L. 218-1, al. 3), en matière de concurrence (C. com., art. L. 450-4) et les
visites-perquisitions fiscales (LPF, art. L. 16 B). En ce dernier cas, le juge doit désigner un OPJ qui devra apporter son concours
aux enquêteurs et le tenir au courant des opérations. Mais le contrôle peut s'avérer purement formel, la jurisprudence
demeurant peu exigeante. En outre, le JLD autorise la visite des locaux à usage privé ou d'habitation à bord des navires (CSI,
art. L. 616-4, VI et C. douanes, art. 63.-I introduits par L. n o 2014-742 du 1 er juill. 2014).
418. Transition. - La police judiciaire est bien placée sous la direction et le contrôle de l'autorité judiciaire, procureur de la
République en tête. Il reste que cette activité peut faire l'objet de sanctions.
421. Droit de regard et de sanction. - Mais le procureur général possède surtout un droit de regard sur l'activité des membres
de la police judiciaire. Il peut saisir la chambre de l'instruction aux fins de sanction (C. pr. pén., art. 225 ; V. infra, n o 432).
Mais il peut aussi lui-même agir sur l'habilitation de l'OPJ comme sanction d'un comportement fautif (V. infra, n os 422 s.) et sur
son avancement par le biais de la notation (V. infra, n os 425 s.). Il peut enfin le poursuivre pénalement (V. infra, n os 429 s.).
4 2 3 . Retrait d'habilitation. - L'habilitation peut aussi être retirée par le procureur général selon la même procédure.
Néanmoins, l'OPJ ne peut de nouveau être habilité que selon la procédure d'habilitation de droit commun (C. pr. pén.,
art. R. 15-2, al. 1 er, et al. 4 pour la gendarmerie ; art. R. 15-6, al. 1 er, et al. 4 pour la police nationale).
424. Voie de recours. - Comme celle de refus d'habilitation, la décision de suspension ou de retrait est qualifiée de mesure
d'administration judiciaire, non de sanction (Crim. 13 janv. 1988, Bull. crim. n o 4). Néanmoins, l'OPJ dispose d'une forme de
recours contre la décision du procureur général, dans le mois qui suit sa notification, selon la même procédure qu'en cas de
retrait. Il peut lui demander de rapporter sa décision. Le magistrat dispose d'un mois pour statuer. Son silence vaut rejet de la
demande (C. pr. pén., art. 16-1). Toujours dans le délai d'un mois, mais cette fois suivant la décision de rejet de la demande,
l'OPJ peut former un recours par requête devant une commission. Celle-ci peut annuler la décision, la confirmer, réduire la
durée d'une suspension ou encore substituer une suspension à un retrait. En cas de violation de la loi, la décision de la
commission peut être déférée à la Cour de cassation sans que ce recours dispose d'effet suspensif (C. pr. pén., art. R. 15-14 à
R. 15-16).
2° - Pouvoir de notation
425. Notation et dossier. - Le procureur général est aussi chargé de la notation des OPJ le ressort de sa cour d'appel. Cette
notation, réalisée tous les deux ans, compte pour l'avancement de l'officier (C. pr. pén., art. 19-1). Pour pouvoir réaliser cette
notation, un dossier individuel de chaque officier de police judiciaire ou fonctionnaire en charge d'une mission de police de
judiciaire est tenu en permanence au parquet général de la cour d'appel. Ce dossier concerne l'activité de l'OPJ ou du
fonctionnaire. Il contient les documents relatifs aux demandes d'habilitation, les décisions portant sur l'habilitation (accord,
refus, suspension, retrait), l'avis des promotions, la copie de tout document rédigé par un magistrat ou un service d'inspection
et portant sur l'exercice de ses activités par l'OPJ, le fonctionnaire ou le militaire, les notations de ce dernier (C. pr. pén.,
art. D. 44). Lors de la procédure de sanction devant la chambre de l'instruction, l'intéressé dispose du droit d'en prendre
connaissance (art. 226, al. 2).
426. Procédure de notation. - Tous les deux ans, le procureur de la République va établir une proposition de notation de tous
les OPJ affectés dans un service ayant son siège dans le ressort de son tribunal. Il peut recueillir les observations des juges
d'instruction, des juges des tutelles, des présidents de chambres correctionnelles. Cette proposition est transmise au
procureur général, lequel peut consulter les autres procureurs et les présidents de la chambre de l'instruction, de la chambre
des mineurs, de la chambre des appels correctionnels et des cours d'assises de son ressort. Il peut aussi consulter les autres
procureurs généraux lorsque le service d'affectation de l'OPJ excède son ressort ou si l'OPJ est affecté depuis moins d'un an
dans le ressort de la cour d'appel (C. pr. pén., art. D. 45).
427. Modalités et critères de notation. - Le décret n o 2007-1817 du 24 décembre 2007 (JO 26 déc.) a modifié les critères de
notation. Désormais, elle se compose d'une appréciation générale, d'une note comprise entre 0 et 10, et d'une appréciation
spécifique sur huit points précis : relations professionnelles avec l'autorité judiciaire ; qualité de la coordination de l'activité de
police judiciaire du service ou de l'unité ; qualité des procédures et de la rédaction des rapports et des procès-verbaux ;
qualité des constatations et des investigations techniques ; valeur des informations données au parquet ; engagement
professionnel ; capacité à conduire les investigations ; degré de confiance accordé. Une mention « activité judiciaire non
observée » est posée en cas d'absence d'information sur l'un des points ou à la place de la note (C. pr. pén., art. D. 46).
428. Notation définitive. - L'OPJ est directement informé de sa notation. Il dispose ensuite d'un délai de quinze jours pour
présenter des observations écrites. À l'issue de ce délai, la notation définitive est communiquée à l'autorité administrative ou
militaire chargée d'établir les propositions d'avancement le concernant (C. pr. pén., art. D. 46-1). Toutefois, la commission
Nadal s'est aperçue que, au sein de la police nationale, la notation par l'autorité judiciaire n'est que peu prise en compte dans
les décisions d'avancement des OPJ. Elle a ainsi souhaité que cette notation soit entièrement transférée du procureur général
vers le procureur de la République du siège du service de police judiciaire avec consultation des autres procureurs intéressés
(rapport préc. [supra, n o 18], proposition n o 37). Elle a aussi remarqué que la notation avait surtout pour objet d'influer sur la
carrière de deux types d'OPJ : les bons et les mauvais. Les premiers pour favoriser leur avancement, les deuxièmes pour le
freiner. La notation devrait donc faire l'objet de développement pour ces deux types. Pour les autres OPJ qui n'ont pas attiré
l'attention, la commission a proposé de permettre une notation sommaire en se limitant à la mention « activité judiciaire
n'appelant aucune observation particulière ». La commission a enfin proposé que l'avancement administratif des OPJ soit
décidé au vu de l'ensemble des notations, y compris judiciaires (rapport préc., proposition n o 44).
3° - Pouvoir de poursuite
429. Opportunité. - Lorsqu'un membre de la police judiciaire est soupçonné d'avoir commis une infraction, le procureur général
peut être amené à statuer sur l'engagement ou non de poursuites à son égard (C. pr. pén., art. 228).
430. Transition. - Si le parquet est en première ligne de contrôle de la police judiciaire, le siège intervient de même.
432. Saisine. - La chambre de l'instruction peut être saisie par le procureur général ou par son propre président. Elle peut
aussi se saisir d'office de la question du comportement d'un membre de la police judiciaire à l'occasion de l'examen d'une
affaire dont elle est saisie (C. pr. pén., art. 225).
433. Enquête et droits de la défense. - Une fois saisie, la chambre de l'instruction va mener une enquête. Elle entendra alors le
procureur de la République et le membre de la police judiciaire mis en cause. Ce dernier possède un droit d'accès préalable à
son dossier tenu par le parquet général et peut se faire assister par un avocat (C. pr. pén., art. 226). La juridiction peut
statuer en chambre du conseil sans contrevenir au procès équitable (Crim. 26 nov. 1996, n o 95-86.173 , Bull. crim. n o 425).
434. Sanction d'interdiction d'exercice. - La chambre de l'instruction peut adresser des observations au fonctionnaire ou au
militaire membre de la police judiciaire. Elle peut aussi et surtout lui interdire d'exercer ses fonctions. L'interdiction peut être
temporaire ou définitive. Elle peut concerner le seul ressort de la cour d'appel ou s'étendre à l'ensemble du territoire. La
décision possède un effet immédiat (C. pr. pén., art. 227).
435. Cumul des sanctions. - La sanction prononcée n'exclut pas que le membre de la police judiciaire subisse en plus des
sanctions disciplinaires prononcées par sa hiérarchie. La décision de la chambre est notifiée à cette hiérarchie à la diligence du
procureur général (C. pr. pén., art. 227 et 228). De même, cette sanction peut se cumuler avec celle de suspension ou de
retrait d'habilitation, prononcée par le procureur général en vertu de son pouvoir de surveillance (Crim. 4 mai 1988, Bull. crim.
n o 191 ; D. 1988. Somm. 357, obs. Pradel).
436. Renvoi au procureur général en cas d'infraction. - Si la chambre de l'instruction estime que le membre de la police judiciaire
a commis une infraction pénale, le dossier est transmis au procureur général pour qu'il apprécie l'opportunité d'apporter une
suite à la procédure (C. pr. pén., art. 228).
437. Distinction avec les nullités. - Les sanctions prononcées contre les membres de la police sont distinctes du régime de
nullité (Crim. 20 mars 1984, Bull. crim. n o 117). Elles ne sont donc pas une cause d'annulation de la procédure, même s'il est
vrai qu'une telle sanction jettera le discrédit sur le dossier.
438. Pourvoi en cassation. - Bien que le code de procédure pénale ne le prévoie pas explicitement, la Cour de cassation a
admis que le membre de la police judiciaire sanctionné pouvait former un pourvoi en cassation contre l'arrêt de la chambre de
l'instruction. Ce recours possède un effet suspensif (Crim. 26 févr. 1997, n o 96-84.960 , Bull. crim. n o 78 ; D. 1997. 297,
note Pradel ; JCP 1997. II. 22865, note Matsopoulou, dans l'affaire Olivier Foll, du nom de ce directeur de la police judiciaire
de la préfecture de police de Paris sanctionné d'un retrait d'habilitation d'une durée de six mois pour avoir ordonné à des
policiers de ne pas assister un juge d'instruction lors d'une perquisition au domicile d'un homme politique, alors maire de
Paris).
439. Transition. - Si la police judiciaire est, avant tout, placée sous un contrôle judiciaire, elle fait aussi l'objet d'un contrôle
administratif.
443. Pouvoirs. - La CNDS était saisie par un parlementaire auquel était adressée une réclamation par les personnes victimes
ou témoins de faits paraissant constituer un manquement aux règles de la déontologie, commis par une ou plusieurs des
personnes exerçant des activités de sécurité. La réclamation devait être transmise à la commission dans l'année suivant les
faits. Elle pouvait aussi être saisie par le Premier ministre, les parlementaires agissant d'initiative, le président de la Haute
Autorité de lutte contre les discriminations, le médiateur de la République, le contrôleur général des lieux de privation de
liberté. La CNDS pouvait réaliser des investigations au sujet des faits portés à sa connaissance. Les autorités publiques
comme les personnes exerçant des activités de sécurité devaient lui communiquer toutes les informations et pièces utiles à
son action sans pouvoir lui opposer le secret, à l'exception du secret de la défense nationale. Elle pouvait saisir les ministres
concernés aux fins d'enquête administrative, de même que les instances disciplinaires compétentes. Elle pouvait convoquer
les personnes intéressées. Ces dernières pouvaient être assistées d'un conseil. La CNDS ne pouvait émettre d'avis sur les
décisions juridictionnelles ni intervenir dans les procédures mais elle rendait des recommandations visant à remédier aux
manquements constatés à la déontologie. Les autorités publiques ou privées devaient lui rendre compte de la suite donnée à
ces avis. Le cas échéant, la CNDS pouvait saisir le procureur de la République en application de l'article 40 du code de
procédure pénale lorsqu'elle estimait que les faits dont elle était saisie pouvaient constituer une infraction. Elle pouvait
proposer une modification de la législation. Chaque année, elle remettait un rapport au président de la République et au
Parlement. Ce rapport était rendu public.
4 4 4 . Bilan. - La CNDS, certes dépourvue de pouvoir de sanction, exerçait néanmoins une influence grandissante sur les
conditions d'exercice de leur activité par les membres des forces de l'ordre. Son rapport public rencontrait de plus en plus
d'échos et d'écoute, car il permettait de dresser un bilan du respect de la déontologie. Elle était aussi un élément de
proposition d'améliorations techniques ou matérielles propres à assurer le respect de la liberté individuelle. Ainsi, en matière
de police judiciaire, la CNDS avait dénoncé la pratique quasi systématique et abusive des fouilles corporelles et avait dû
rappeler que l'utilisation de la force devait rester proportionnée pendant l'arrestation des suspects (CNDS, Rapport d'activité
2005, 2006, La Documentation française). Elle a souvent relevé que les officiers de police judiciaire se croyaient tenus de
recourir à la garde à vue et recommandé qu'il soit introduit une disposition légale précisant que la mesure ne puisse être
décidée que si les nécessités de l'enquête l'exigent absolument. La CNDS avait en outre regretté que les OPJ ne puissent pas
toujours prendre contact le soir avec les magistrats du parquet. Elle avait enfin pris position en faveur de la mise en place
systématique d'un officier de garde à vue (ENDERLIN, Les recommandations de la CNDS concernant la garde à vue, AJ pénal
2010. 473 ). La CNDS ayant été supprimé avec la création du Défenseur des droits, ses compétence sont été intégrées
dans cette nouvelle institution (sur laquelle V. infra, n os 449 s.).
446. Prérogatives. - Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté peut être saisi par le Premier ministre, les membres
du gouvernement, les parlementaires, toute personne physique, toute personne morale « s'étant donné pour objet le respect
des droits fondamentaux », le Défenseur des droits. Le contrôleur peut aussi s'autosaisir. Son contrôle porte sur les
conditions de prise en charge des personnes privées de liberté et le respect des droits fondamentaux. Il possède un droit de
vérification sur place de faits relevant de ses attributions. Dès lors peut exercer un droit de visite, à tout moment, de tout lieu
de détention, sans besoin d'avertir les autorités compétentes. Les autorités responsables du lieu ne peuvent s'opposer aux
vérifications sur place ou aux visites prévues que pour des motifs graves et impérieux liés à la défense nationale, à la sécurité
publique, à des catastrophes naturelles ou à des troubles sérieux dans le lieu visité. Elles doivent fournir au contrôleur
général des lieux de privation de liberté, les justifications de leur opposition. Dès que les circonstances ont cessé, elles en
informent le Contrôleur. Ce dernier peut s'entretenir confidentiellement avec toute personne, détenu, gardé à vue, comme
policier, et dispose d'un droit de communication de toutes informations ou documents, notamment les procès-verbaux relatifs
aux conditions dans lesquelles une personne est ou a été retenue. Le secret professionnel, le secret médical, le secret de
l'instruction et le secret de la défense nationale peuvent néanmoins lui être opposés. Les informations couvertes par le secret
médical peuvent être communiquées, avec l'accord de la personne concernée, aux agents du contrôleur ayant la qualité de
médecin. Le contrôleur peut faire des demandes d'informations, de pièces ou d'observations. Si elles ne sont pas suivies
d'effet, il peut mettre en demeure les personnes intéressées de lui répondre dans un délai qu'il fixe. L'entrave aux missions
du contrôleur est punie de 15 000 euros d'amende. Après chaque visite, le contrôleur doit informer le ministre responsable du
lieu visité. Le contrôleur lui adresse ses remarques et recommandations concernant « l'état, l'organisation et le
fonctionnement du lieu visité » et « la condition des personnes privées de liberté ». Le ministre peut formuler des réponses
annexées aux rapports de visite. Face à des faits susceptibles de qualification pénale, le contrôleur doit aviser le parquet. En
cas de violation grave des droits fondamentaux, il peut fixer un délai de réponse. Si l'autorité compétente garde le silence et
si la violation se poursuit, il peut alors rendre publiques ses observations. Face à des faits de nature à entraîner des
poursuites disciplinaires, il doit informer les autorités investies du pouvoir disciplinaire.
447. Bilan. - Le contrôleur ne possède pas de pouvoir de sanction. Son rôle est avant tout préventif et a pour objet une
amélioration des conditions matérielles de détention. Toutefois, par ses visites, ses avis et recommandations, le contrôleur
général des lieux de privations de liberté a acquis une importance indéniable. Son avis s'avère très écouté. Si le contrôle des
lieux de garde à vue prend moins de place dans son activité que celui des établissements pénitentiaires, au moins les locaux
de garde à vue sont soumis, à tout moment, au risque d'un éclairage public. Celui-ci fait apparaître la frémissante vétusté de
certains lieux, et soulevant la question des fouilles intégrales, de la privation des effets personnels type soutien-gorge, du
respect des traitements médicaux, des temps de repos, de l'alimentation des personnes, incitant le législateur à y remédier.
Ainsi ont déjà fait l'objet de visite différents types de locaux : différents commissariats de police, brigades ou districts de police
judiciaire de la préfecture de police de Paris, office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, direction
départementale de la police aux frontières, brigades territoriales de la gendarmerie départementale, brigade de surveillance
Transmanche, brigades de surveillance du littoral de la gendarmerie maritime, brigade de gendarmerie de l'air, peloton
d'autoroute de la gendarmerie, service de douane judiciaire, brigades de surveillance extérieure des douanes, brigades de
surveillance intérieure des douanes. Ont notamment fait l'objet de recommandations, le commissariat de Besançon (15 oct.
2009, JO 28 oct.) et de Boulogne-Billancourt (11 mai 2009, JO 3 juin) les brigades de gendarmerie d'École Valentin, Chambray-
les-Tours et Migennes (23 févr. 2010, JO 4 mars).
448. Transition. - À la différence de la CNDS, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, n'a pas été remplacé par le
Défenseur des droits, nouvelle autorité indépendante issue de la révision constitutionnelle de juillet 2008.
450. Autorité constitutionnelle indépendante. - La loi organique relative au Défenseur des droits prévoit que celui-ci est une
autorité constitutionnelle indépendante. Il est la première autorité de ce type et se voit nommé par le président de la
République, par décret en Conseil des ministres. Ses fonctions sont incompatibles avec celles de membre du gouvernement,
du Conseil constitutionnel, du conseil supérieur de la magistrature et du Conseil économique, social et environnemental ainsi
qu'avec tout mandat électif. Il possède trois adjoints nommés sur sa proposition par le Premier ministre, dont un adjoint
Défenseur des enfants.
451. Compétence en matière de sécurité. - Outre ses autres fonctions, le Défenseur des droits sera chargé : « De veiller au
respect de la déontologie par les personnes exerçant des activités de sécurité sur le territoire de la République » (L. n o 2011-
334 du 29 mars 2011, art. 4, 4 o, et CSI, art. L. 141-1). Le code de la sécurité intérieure rappelle cette soumission de la police
et de la gendarmerie au contrôle du Défenseur des droits (art. R. 434-24). Le Défenseur des droits dispose d'un collège
chargé de la déontologie dans le domaine de la sécurité qu'il préside. Le vice-président de ce collège est un adjoint nommé
par le Premier ministre pour ses connaissances ou son expérience dans ce domaine (art. 11). Le collège chargé de la
déontologie de la sécurité est composé de trois personnalités qualifiées désignées par le président de l'Assemblée nationale
et trois personnalités qualifiées désignées par le président du Sénat ; un membre ou ancien membre du Conseil d'État
désigné par le vice-président du Conseil d'État ; un membre ou ancien membre de la Cour de cassation désigné conjointement
par le premier président de la Cour de cassation et par le procureur général près ladite cour (art. 13). En plus du collège, le
Défenseur dispose de services composés de fonctionnaires civils et militaires, de fonctionnaires des assemblées
parlementaires, de magistrats et d'agents contractuels de droit public. Il peut nommer des délégués territoriaux. Ces
délégués peuvent instruire les réclamations et participer au règlement des difficultés signalées (art. 37).
452. Saisine. - Il peut être saisi d'office, par un parlementaire ou par toute personne victime ou témoin de faits constituant, de
prime abord, un manquement aux règles de déontologie dans le domaine de la sécurité. De même, cette personne peut
adresser une réclamation à un parlementaire (député, sénateur, représentant français au Parlement européen) qui la
transmet au Défenseur des droits s'il estime qu'elle appelle son intervention (L. n o 2011-334 du 29 mars 2011, art. 5, 4 o et 7).
Le Défenseur des droits informe le député, le sénateur ou le représentant français au parlement européen. Lorsqu'il n'a pas
été saisi par la personne elle-même, le Défenseur ne peut intervenir qu'à la condition que cette personne ou ses ayants droit
ait été avertie et ne se soit pas opposée à son action. Il peut quand même se saisir des cas lui paraissant mettre en cause
l'intérêt supérieur d'un enfant et des cas relatifs à des personnes non identifiées ou dont il ne peut recueillir l'avis (art. 8). Sa
saisie n'interrompt ni ne suspend les délais de prescription des actions judiciaire ou des voies de recours (art. 6).
4 5 3 . Audition et information. - Le Défenseur des droits peut demander des explications à toute personne mise en cause
devant lui et peut entendre toute personne dont le concours lui paraît utile. Les membres de la police judiciaire sont tenus de
répondre aux demandes d'explications qu'il leur adresse et de déférer à ses convocations. Ils peuvent se faire assister du
conseil de leur choix. Un procès-verbal contradictoire de l'audition est dressé et remis à l'intéressé. Le Défenseur des droits
possède un droit de communication de tout document utile. Il peut recueillir toute information nécessaire, mais peuvent lui
être opposés le secret de la défense nationale, la sûreté de l'État ou la politique extérieure. Le secret de l'enquête et de
l'instruction ne peut lui être opposé lorsqu'il intervient en matière de déontologie de la sécurité. Les informations protégées
par le secret professionnel de l'avocat peuvent être fournies sur demande du client. Il en est de même pour les informations
protégées par le secret médical, sauf en cas de privations, sévices et violences physiques, sexuelles ou psychiques commis
sur un mineur ou une personne qui n'est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique
ou psychique (art. 18 et 20). Le code de la sécurité intérieure rappelle en outre l'obligation de communication de pièce qui
s'impose au policier et au gendarme ainsi que leur obligation de déférer aux convocations (avec l'assistance de la personne
de leur choix, CSI, art. R. 434-24).
454. Investigations. - En outre, le Défenseur des droits peut procéder à différentes investigations. Il peut ainsi effectuer des
vérifications dans les locaux administratifs ou privés des personnes mises en cause, dans les lieux, locaux, moyens de
transport accessibles au public et dans les locaux professionnels exclusivement consacrés à cet usage. L'autorité
administrative peut s'opposer à la vérification mais doit en fournir les raisons. Le Défenseur peut alors saisir le juge des
référés pour qu'il ordonne la vérification. De même, le responsable de locaux privés peut s'opposer à la visite. Le Défenseur
peut alors saisir le JLD du lieu pour qu'il autorise la visite. En cas d'urgence, de faits graves ou de risque de destruction ou de
dissimulation de documents le JLD peut autoriser la visite sans informer le responsable qui ne peut s'y opposer (art. 22). Si
une procédure pénale est déjà en cours, le Défenseur doit recueillir l'accord du procureur de la République ou du juge
d'instruction pour procéder à des auditions, à du recueil d'information ou à une visite (art. 23). Le Défenseur des droits fait
connaître aux ministres intéressés ses observations concernant le lieu visité ainsi que la condition des personnes privées de
liberté. Les ministres formulent des observations en réponse. Les délégués et agents du Défenseur des droits peuvent se voir
déléguer les pouvoirs d'audition, recueil d'information, de vérification et de visites. Pour l'exercice des pouvoirs de vérifications
et de visites, ils sont alors spécialement habilités par le procureur général près la cour d'appel de leur domicile (art. 37, al. 3).
Constitue une infraction punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende « le fait de ne pas déférer aux
convocations du Défenseur des droits, de ne pas lui communiquer les informations et pièces utiles à l'exercice de sa mission
ou de l'empêcher d'accéder à des locaux administratifs ou privés, dans des conditions contraires à la loi organique »
(L. n o 2011-334 du 29 mars 2011, JO 30 mars, art. 12).
455. Recommandations. - Le Défenseur des droits peut faire toute recommandation de nature à garantir le respect des droits
et libertés de la personne lésée et prévenir le renouvellement des difficultés constatées. Les autorités ou personnes
intéressées l'informeront des suites données à ses recommandations. À défaut d'information ou lorsqu'il estime qu'une
recommandation n'a pas été suivie d'effet, le Défenseur des droits peut rendre une injonction de prendre les mesures
nécessaires. Si aucune suite n'est donnée à l'injonction, il établit un rapport spécial, qui est communiqué à la personne mise
en cause et rendu public (art. 25).
456. Suites pénales et disciplinaires. - Lorsqu'il apparaît au Défenseur des droits que les faits portés à sa connaissance sont
constitutifs d'un crime ou d'un délit, il en informe le procureur de la République (art. 33). Il peut proposer la réalisation d'une
médiation ou d'une transaction sous réserve de l'accord préalable de l'autorité judiciaire compétent si une enquête de police
judiciaire ou une information est en cours ou encore si des poursuites sont mises en oeuvre (art. 23, 26 et 28). Il peut aussi
demander au ministre compétent d'ordonner la réalisation d'une enquête administrative et saisir l'autorité investie du pouvoir
d'engager les poursuites disciplinaires. Cette possibilité est rappelée par le code de la sécurité intérieure (art. R. 434-24). À
défaut d'information ou de mesures nécessaires réalisées par cette autorité, le Défenseur des droits peut établir un rapport
spécial et le rendre public (art. 29). Le Défenseur des droits peut enfin recommander de procéder à des modifications
législatives ou réglementaires et peut être consulté dans le cadre de la préparation d'une loi portant sur la sécurité (art. 32).
S'il ne peut logiquement remettre en cause une décision juridictionnelle, il peut utilement présenter ses observations devant
les juridictions (art. 33).
457. Rapport d'activité. - Après l'en avoir informée, le Défenseur peut décider de rendre publics ses avis, recommandations ou
décisions avec la réponse faite par la personne mise en cause. Enfin, il rend un rapport public annuel d'activité, présenté au
président de la République, au président de l'Assemblée nationale et au président du Sénat (art. 36). Il peut aussi rendre
public les avis qu'il édicte. Ainsi, le défenseur avait pris officiellement position en faveur des récépissés de contrôle d'identité
dans un Rapport public relatif aux relations police/citoyens et aux contrôles d'identité le 16 octobre 2012. En 2013, il avait publié
un rapport sur l'utilisation des lanceurs de balles de défense et les pistolets à impulsion électrique dans lequel il formulait des
recommandations quant à la formation des personnels à leur usage et à la restriction de leur emploi (Le Défenseur des Droits,
Rapport sur trois moyens de force intermédiaire. Le pistolet à impulsions électriques de type Taser x26®, le Flash-Ball
superpro®, le lanceur de balles de défense 40x46, rapport, préc. supra, n o 457).
4 5 9 . Nécessité de connaître la police judiciaire. - Toutefois, et alors que pullulent les écrits, ouvrages, articles, reportages,
documentaires, voire fictions, la police judiciaire reste encore en partie méconnue, et son image auprès des citoyens est
empreinte à la fois de fascination et de dépréciation. La police judiciaire reste une institution indispensable mais parfois
ambiguë, même à son corps défendant, et souvent par méconnaissance de la réalité de ses pouvoirs et de son organisation.
La complexité non seulement des règles qui la régissent mais aussi de son architecture n'aide pas à cette compréhension.
Pourtant, la police judiciaire n'est pas une institution figée. Ses acteurs traditionnels (police nationale, gendarmerie) évoluent
et sont rejoints par de nouveaux impétrants (douanes, polices municipales). Les changements à venir seront lourds de
conséquences sur l'équilibre policier. Si par exemple la gendarmerie venait à disparaître, ce sera tout une page de l'histoire de
la police qui se tournera, la plus longue d'ailleurs, mais aussi le centre de gravité du pouvoir policier qui sera modifié. Il sera
utile de vérifier si l'efficacité de la police judiciaire s'en trouvera améliorée, si les rapports avec certaines catégories de la
population s'en trouveront apaisés, et si son contrôle par l'autorité judiciaire s'en trouvera renforcé.
460. Nécessité de contrôler la police judiciaire pour protéger les suspects et les policiers. - Car, en raison de ses importantes
prérogatives, la police judiciaire doit être contrôlée par l'autorité judiciaire. Ce contrôle est exigé par la préservation de la
liberté individuelle et des droits fondamentaux des personnes soupçonnées d'avoir commis des infractions. Certes, il est
légitime que la police judiciaire puisse user de la force publique et de la coercition pour appréhender les personnes
soupçonnées d'infractions à la loi pénale. Mais parfois cet usage se révèle disproportionné, voire injustifié. Si les cas sont
rares d'actions violentes illicites posées par quelques membres de la police judiciaire (JOBARD, Bavures policières ? La force
publique et ses usages, 2002, La Découverte), ils sont encore trop nombreux, souvent graves, et couvrent de honte le
système juridique qui les rend possibles (V. ainsi les différentes condamnations par la CEDH pour traitements inhumains et
dégradants pendant des enquêtes de police judiciaire, CEDH 27 août 1992, Tomasi c/ France, req. n o 12850/87 , série A,
n o 241 A ; RSC 1993. 142, obs. Pettiti . - CEDH 1 er avr. 2004, Rivas c/ France, req. n o 59584/00 . - CEDH 29 oct. 2009,
req. n o 17020/05, Paradysz c/ France. - CEDH 4 nov. 2010, Darraj c/ France, req. n o 34588/07. - Pour tortures : CEDH 28 juill.
1999, Selmouni c/ France, Rec. 1999-V ; D. 2000. Somm. 179, obs. Renucci ). Si ce contrôle est indispensable pour protéger
les suspects, il est aussi nécessaire pour protéger les policiers, les gendarmes, les douaniers et tous les fonctionnaires ou
militaires disposant de prérogatives de police judiciaire. D'une part, afin d'éviter que les errements de quelques-uns ne
retombent sur l'image de tous ; d'autre part et surtout, afin que les membres de la police judiciaires soient protégés contre
les fausses accusations de mauvais traitements émanant de certains délinquants. L'article R. 434-17 du code de la sécurité
intérieure a ainsi raison de rappeler que : « Toute personne appréhendée est placée sous la protection des policiers ou des
gendarmes et préservée de toute forme de violence et de tout traitement inhumain ou dégradant. […] Le policier ou le
gendarme ayant la garde d'une personne appréhendée est attentif à son état physique et psychologique et prend toutes les
mesures possibles pour préserver la vie, la santé et la dignité de cette personne ».
461. Nécessité de contrôler la police judiciaire pour garantir l'impartialité policière. - Ce contrôle est aussi essentiel à la bonne
administration de la justice pénale. En effet, l'action de la police étant orientée vers la preuve de la commission des infractions
et l'identification des auteurs, elle peut avoir pour tendance de ne rechercher que les preuves de culpabilité des personnes et
orienter les investigations dans un seul sens. La tentation d'enquêter à charge demeure. Or, parmi les garanties du procès
pénal équitable définies par l'article 6 de la Convention EDH figure l'exigence d'impartialité. La Cour européenne des droits de
l'homme considère que les garanties de l'article 6 sont applicables dès la phase préparatoire d'un procès pénal (CEDH 24 nov.
1993, Imbrioscia c/ Suisse, req. n o 13972/88, série A, n o 27), et notamment lors de l'enquête de police (CEDH 11 juill. 2000,
Dikme c/ Turquie, req. n o 20869/92, Rec. 2000-VII). Elle exige ainsi que l'enquête menée par la police judiciaire soit impartiale
(CEDH 30 mars 2010, req. n o 44418/07, Poncelet c/ Belgique). La chambre criminelle a elle-même soumis la police judiciaire à
une exigence d'impartialité. Le défaut d'impartialité de l'enquêteur de police judiciaire constitue pour elle une cause
d'annulation de la procédure dès lors qu'il a eu « pour conséquence de porter atteinte au caractère équitable et contradictoire
de la procédure ou de compromettre l'équilibre des droits des parties » (Crim. 14 mai 2008, n o 08-80.483 , RSC 2008. 631
obs. A. Giudicelli ; AJ pénal 2008. 328, obs. Roussel ). Cette exigence d'impartialité dispose désormais d'un fondement
textuel avec l'article R. 434-11, alinéa 1 er, du code de la sécurité intérieure qui dispose que : « Le policier et le gendarme
accomplissent leurs missions en toute impartialité ». Par conséquent, l'intervention de l'autorité judiciaire se trouve requise
pour garantir l'impartialité de la police judiciaire. Une fois encore, l'enjeu des futures réformes de la procédure pénale sera de
savoir si ce contrôle sera effectué en priorité par le parquet ou le siège (V., sur ce point, ROUSSEL, op. cit. [supra, n o 4]). La
police judiciaire reste donc au coeur des évolutions procédurales.
462. Utilité du code de déontologie. - C'est pourquoi, l'introduction d'un code de déontologie au sein du code de la sécurité
intérieure par le décret n o 2013-113 du 4 décembre 2013 est à saluer (CSI, art. R. 434-1 s. - V. LATOUR, La partie
réglementaire du code de la sécurité intérieure, préc. [supra, n o 138]). Le code de la sécurité intérieure inscrit la déontologie
policière dans le respect des droits et libertés fondamentales (art. R. 434-3, I, al. 1 er). Cette déontologie fait peser sur la
hiérarchie une obligation de formation des policiers et gendarmes au respect des principes déontologiques (art. R. 434-6).
Certains ont déjà été rappelés ci-dessus. Leur violation peut entraîner des sanctions disciplinaires ou pénales (art. R. 434-27).
Tous ces principes s'imposent pendant et en dehors du service (art. R. 434-1, I, al. 2). Les policiers et gendarmes se voient
notamment soumis à différentes obligations de loyauté (art. R. 434-5), probité (art. R. 434-9), dignité dans leurs propos
(art. R. 434-12), secret (art. R. 434-8). Le code rappelle exigence de légalité des ordres donnés et l'engagement de
responsabilité en cas d'exécution d'un ordre manifestement illégal. Toutefois, le code prévoit qu'en cas de doute, le policier ou
le gendarme doit pouvoir soulever une objection (art. R. 434-5). Le respect de la législation applicable en matière de données
à caractère personnel, notamment pour garantir le droit à la vie privée, est rappelé, ce qui n'est pas sans utilité vu
l'importance des fichiers dans l'action policière (art. R. 434-21). Surtout, le code précise les obligations des policiers et
gendarmes dans leur rapport avec la population. Il est rappelé que le policier et le gendarme sont au service de la population.
La courtoisie à son égard est imposée et le tutoiement prohibé (art. R. 434-14). Les victimes doivent être correctement prises
en charge (art. R. 434-20). L'interdiction des comportements discriminatoires est rappelée (art. R. 434-11 al. 2). À ce titre, le
code rappelle que les contrôles d'identité ne peuvent se fonder « sur aucune caractéristique physique ou aucun signe
distinctif pour déterminer les personnes à contrôler, sauf […] signalement précis motivant le contrôle ». Ces contrôles doivent
être réalisés « sans qu'il soit porté atteinte à la dignité de la personne qui en fait l'objet » et sans palpation systématique
(art. R. 434-16). Peut-être ce rappel pourra faire évoluer certaines pratiques (sur celles-ci, V. JOBARD, LEVY, LAMBERTH et
NEVANEN, Mesurer les discriminations selon l'apparence : une analyse des contrôles d'identité à Paris, Population-Paris, 2012,
67 [3], pp. 423-452). Néanmoins, constatant l'hostilité des forces de l'ordre sur cette question, le gouvernement a préféré ne
pas introduire le récépissé en cas de contrôle d'identité, pourtant demandé au moins à titre d'essai par le Défenseur des
Droits afin de réduire les contrôles systématiques des personnes déjà connues des forces de l'ordre (Le Défenseur des Droits,
Rapport relatif aux relations police/citoyens et aux contrôles d'identité, 16 oct. 2012). Le code de la sécurité intérieure choisit
de réintroduire non pas le matricule mais le port d'un numéro d'identification individuel (art. R. 434-15). Les policiers et
gendarmes (sauf ceux appartenant à certains services et à la DGSI) doivent le porter sur leur uniforme ou leur brassard
quand ils sont en tenue civile (Arr. 24 déc. 2013, JO 27 déc.). Le code introduit enfin une très pertinente obligation de
discernement et de légalisme qui suppose que le policier ou le gendarme tienne « compte en toutes circonstances de la
nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est confronté et des délais qu'il a pour agir, pour choisir la
meilleure réponse légale à lui apporter » (art. R. 434-10). Paradoxalement, c'est peut-être cette exigence de discernement qui
s'avère la plus pertinente car elle renvoie chaque agent à son propre pouvoir discrétionnaire d'intervention (ou de non
intervention) et d'interprétation. Au-delà, elle inscrit la mission de la police judiciaire dans une dimension téléologique : faire
appliquer pertinemment la loi pénale.
Index alphabétique
Activités privées de sécurité
V. Sécurité privée
Agent de police judiciaire adjoint 41, 42, 138, 158, 204 s., 225
compétence territoriale 345 s.
liste 205 s.
pouvoirs 207 s.
Agrément
agent des services de transports 284
agents de surveillance de la voie publique 158
agents de la ville de Paris 159
garde champêtre 220
garde particulier assermenté 231, 233
infiltrations informatiques 188
policiers municipaux 151
Anonymat 49, 51, 53, 54, 57, 58, 59, 61, 62, 63, 67, 83, 89, 96, 99, 380
Antarctique 253
Armée
de l'air 104
marine nationale 106
V. Gendarmerie prévôtale
Autoroute 101
V. Direction centrale des compagnies républicaines de sécurité
Brigade chef-lieu 94
Brigade de recherches 98
Brigades du Tigre 34
Capitaine de police 39
Captation de données informatiques 44, 51, 53, 56, 59, 62, 67, 83, 93, 96, 97, 410
services habilités 378
Cavalerie 82
Circulation routière (Agent autorisé à rechercher les infractions) 23, 58, 61, 101, 123, 140, 156, 158, 168, 182
s., 223, 281, 293
Code de la défense 75
organisation de la gendarmerie nationale 81
Code de déontologie
de la police et de la gendarmerie nationales 12, 462
de la police municipale 152
Commandant de police 39
Commissaire
corps 38
évolution des missions 18
historique 8, 31
Communes
V. Police municipale, Maire
Connétablie 72
V. Gendarmerie nationale
Constatation
infractions pénales 2
Contractuel
V. Adjoint de sécurité
Contre-espionnage 66
V. Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)
Coordination
police nationale-police municipale 156
police-gendarmerie 45, 60, 95, 110 s., 343 s.
Corps 37 s.
de commandement et d'encadrement 18, 39
de conception et de direction 18, 38
de maîtrise et d'application 40
réforme des corps et carrières 18, 37 s.
Criminalité organisée 19, 44, 50, 57, 67, 83, 115, 134
captation de données informatiques 378
compétence territoriale 356, 363 s., 372
report de l'intervention de l'avocat 391, 413
Définition 1 s.
fonctionnelle 2
organique 6 s.
Délinquance financière 50
Devoir de réserve 37
Direction centrale du contrôle de l'immigration et de la lutte contre l'emploi des clandestins (DICCILEC)
V. Direction centrale de la police aux frontières
Discrimination 292
Droit à la sûreté 1, 22
Droit de visite
V. Visite (droit de)
Durée du travail
gendarmerie nationale 76
police nationale 37
Enquête 120
débats 21 s.
essor 14 s.
officieuse 10
patrimoniale 118
principe de libre choix du service 129, 397
Équipements 17
mutualisation 113 s., 124
Espionnage 66 s.
Financement 124
Flashball
V. Lanceur de balle de défense
Garde à vue 10, 19 s. , 128, 157, 164, 168, 201, 271, 307, 408, 413
contrôle par l'autorité judiciaire 387 s., 401
inconstitutionnalité 19
inconventionalité 17 s.
Gendarmerie nationale 70 s.
architecture 80 s.
composantes 81 s.
direction générale 74
grades 76 s.
historique 71 s.
rattachement au ministère de l'Intérieur 17, 75, 127 s.
réserve opérationnelle 79, 196, 205
sous-direction de la police judiciaire 87 s.
statut militaire 18, 74 s., 128
V. Officier de police judiciaire
Géolocalisation 22, 44, 51, 53, 56, 59, 61, 62, 67, 83, 96, 97, 99, 402, 410, 413
Grades
gendarmerie 76 s.
police municipale 152
police nationale 37 s.
Guerre 84
Historique 8, 31, 70
Hooliganisme 13, 58
V. Direction centrale de la sécurité publique
Informatique
déterritorialisation 376 s.
mutualisation des ressources 125
V. Cybercriminalité, Fichier, Infiltration, Captation de données informatiques
Inspecteur du travail
V. Droit du travail (Agent autorisé à rechercher les infractions)
Inspection générale
de la gendarmerie nationale 80, 81, 92, 383
de la police nationale 68, 383
Internet
V. Informatique, Cybercriminalité
Juge des libertés et de la détention 22, 262, 271, 298, 316, 402, 412 s.
Lieutenant de police 39
historique 8
Maréchaussée 72, 94
V. Gendarmerie nationale
Montagne
formation des compagnies républicaines de sécurité 69
peloton de haute montagne de la gendarmerie 69, 102
Navire
V. Mer (Agent autorisé à rechercher les infractions)
Obligation
de disponibilité 42, 76, 79
de neutralité 37
de réserve 76
Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales 51, 122, 318
Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO ; ex-office central de répression du banditisme) 51
brigade nationale pour la recherche des fugitifs 51
brigade de recherches et d'intervention criminelle nationale 51
brigade de recherches et d'intervention territoriales 51
Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité, les génocides et crimes de guerre 51
Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC)
51, 52, 380
V. Cybercriminalité
Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi des étrangers sans titre 63, 183
V. Direction centrale de la police aux frontières
Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS) 51, 380
Office central pour la répression de la traite des êtres humains 51, 380
Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) 51, 380
Office national des forêts 212, 215, 239, 240, 248 s., 293
V. Agent des eaux et forêts, Forêt
Officier de gendarmerie
V. Gendarmerie nationale
Palpation de sécurité
V. Fouilles
Parc
national 251, 273
naturel 220, 273
Parquet (statut) 22
Perquisition et saisies 10, 14, 60, 95, 143, 157, 190, 202, 216, 267, 274, 410, 414, 416 s.
à distance 378
Plongeur 100
Police d'agglomération 36
Police nationale
architecture 43 s.
définition 28
grades 37 s.
historique 31 s.
réforme des corps et carrières 18
statut 18, 37 s.
V. Officier de police judiciaire
Pollution
de l'air, sonore, visuelle 250
maritime 106, 241 s., 273
Preuve
administration 2, 190
Procès-verbal
agent autorisé à rechercher les infractions commises en mer 265, 267
agent autorisé à rechercher des infractions au droit de l'environnement 237 s., 246
agent autorisé à rechercher les infractions en matière de santé publique 262
agent autorisé à rechercher les infractions sportives 288
agent des douanes 296
agent des eaux et forêts 219
agent de police judiciaire 201, 203
agent de police municipale 138, 145 s., 157
agent de la SNCF et de la RATP 284
défenseur des droits 449 s.
fonctionnaire habilité 236
garde champêtre 228
garde particulier assermenté 229
inspecteur du travail 255
installations nucléaires 279
officier de police judiciaire 191
Procureur de la République
V. Autorité judiciaire (Contrôle)
RAID
V. Unité de recherche, assistance, intervention et dissuasion (RAID)
Rapprochement (Police-gendarmerie)
V. Coordination
RATP
V. Transport
Renseignements généraux (« RG ») 66
Réserviste
V. Réserve civile de la police nationale
Retenue
douanière 19 s., 297 s.
en mer 270, 271, 275
Santé publique (Agent autorisé à rechercher les infractions) 88, 141, 224, 262
Schengen 373
système d'information et convention d'application 46
Secret défense 67
V. Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI)
SNCF
V. Transport
Sonorisation ou captation d'images 44, 51, 53, 56, 59, 61, 62, 96, 97, 99
Sous-officier de gendarmerie 78
Statistiques policières 16
Statut du parquet 22
Structures (Évolution) 17
Sûreté générale 31 s.
Sûretés départementales 59
V. Direction centrale de la sécurité publique
« Taser »
V. Pistolet à impulsion électrique
Tenue
V. Uniforme
Tolérance zéro 16
Transaction pénale 21
Transport
aérien 63 s., 81, 104, 105, 283
codification 280
collectif de voyageurs 59, 340, 346, 364
ferroviaire 63, 284 s.
fluvial 100, 282, 283
international 63
maritime 100, 106, 268 s.
routier et intérieur 101, 281
Travail
dissimulé 258
illégal 63, 90
V. Droit du travail (Agent autorisé à rechercher les infractions)
Vidéosurveillance 157
Visite (droit de) 216, 221, 238, 262, 264, 274, 279, 291, 297 s., 416 s.
visite-perquisition 315 s.
Mise à jour
378. La loi n o 2014-1353 du 13 novembre 2014, renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, a ajouté à
l'article 57-1 du code de procédure pénale plusieurs nouveaux alinéas, disposant que : « Ils [les policiers] peuvent également,
dans les conditions de perquisition prévues au présent code, accéder par un système informatique implanté dans les locaux
d'un service ou d'une unité de police ou de gendarmerie à des données intéressant l'enquête en cours et stockées dans un
autre système informatique, si ces données sont accessibles à partir du système initial. S'il est préalablement avéré que ces
données, accessibles à partir du système initial ou disponibles pour le système initial, sont stockées dans un autre système
informatique situé en dehors du territoire national, elles sont recueillies par l'officier de police judiciaire, sous réserve des
conditions d'accès prévues par les engagements internationaux en vigueur. Les données auxquelles il aura été permis
d'accéder dans les conditions prévues par le présent article peuvent être copiées sur tout support. Les supports de stockage
informatique peuvent être saisis et placés sous scellés dans les conditions prévues par le présent code. Les officiers de police
judiciaire peuvent, par tout moyen, requérir toute personne susceptible : 1 o D'avoir connaissance des mesures appliquées
pour protéger les données auxquelles il est permis d'accéder dans le cadre de la perquisition; 2 o De leur remettre les
informations permettant d'accéder aux données mentionnées au 1 o. À l'exception des personnes mentionnées aux articles 56-
1 à 56-3, le fait de s'abstenir de répondre dans les meilleurs délais à cette réquisition est puni d'une amende de 3 750 € ».