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Royaume du Maroc

Secrétariat d'Etat auprès du Ministère de l'Energie, des Mines, de


l'Eau et de l'Environnement, chargé de l'Eau et de l'Environnement

Département de l'Environnement

Etat de l’Environnement du Maroc

2010
Sommaire

Liste des Figures 3


Liste des tableaux 4
Liste des Abréviations 3
Introduction 5
I. Etat de l’environnement 6
I.1 Milieux physiques 6
I.1.1 Air 6
I.1.2 Eaux marines 9
I.1.3 Eaux continentales 11
I.1.4 Sol 16
I.2. Territoires et Patrimoines naturels 20
I.2..1 Littoral 20
I.2.2 Forêt 21
I.2. 3 Zones humides 23
I.2.4 Oasis 24
I.2.5. Biodiversité 26
I.2.6. Déchets 27
I.2.7. Santé-Environnement 28
II. Diagnostic de la gouvernance environnementale 30
II. 1. Cadre institutionnel 30
II. 2. Cadre légal 31
II. 3. Cadre financier 33
III. Programmes nationaux de mise à niveau environnementale 33
III.1 Programme National d’Assainissement liquide et d'épuration des Eaux Usées en milieu urbain et
périurbain (PNA) : 33
III.2 Programme National d’Assainissement liquide en milieu rural : 35
III. 3 Programme National de gestion des Déchets Ménagers et assimilés (PNDM) : 36
III.4 Programme national de lutte contre les émissions polluantes atmosphériques 37
III.5 Programme de dépollution industrielle : 37
III.6 Programme national de mise à niveau environnementale des écoles rurales (PNER) 38

1
III.7 Programme National de mise à niveau environnementale des Mosquées et des Ecoles Coraniques
(PNMEC) 38
III.8 Programme « Amélioration du cadre environnementale de vie des populations» 39
III.9 Programme d'Aménagement d'Espaces Récréatifs dans les Forêts : 39
III.10 Programme national de protection et de valorisation de la Biodiversité : 40
III.11 Projets pilotes 41
IV. Outils d’observation, de surveillance et de prévention 41
IV.1 Observation de l’Environnement 41
IV.2 Laboratoire National de l’Environnement 43
VI.3 Etudes d'impact sur l'environnement (EIE) 44
V. Renforcement du cadre juridique 45
VI. Mécanisme de financement et outils d’incitation 45
VI.1 Fonds National de l’Environnement (FNE) 46
VI. 2 Fonds de Dépollution Industrielle (FODEP) 46
VI.3 Mécanisme de Développement Propre (MDP) 47
VII. Mesures d’accompagnement 47
VII.1 Communication, sensibilisation et éducation environnementale 47
VII.2 Programme d’éducation environnementale dans les écoles rurales 48
VII.3 Accès du public à l’information 49
VII.4 Coopération internationale 49
VIII. Conclusion 50
Liste Bibliographique 51

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Liste des Abréviations
- AEP : Alimentation en eau potable
- AEPI : Alimentation en Eau Potable et Industrielle
- CGEM: Confédération Générale des Entreprises du Maroc
- CNEDS : Centre National d’Elimination des Déchets Spéciaux
- EIE : Etude d’impact sur l’environnement
- FEM : Fonds pour l'Environnement Mondial
- HCEFLCD : Direction Régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification
- FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
- FODEP : Fonds de Dépollution industrielle
- GTZ : Agence Allemande d'Assistance Technique
- HCP : Haut Commissariat au Plan
- IAA : Industrie Agro-alimentaires
- IDE : Investissement Direct Etranger
- IDH : Indice de Développement Humain
- INDH : Initiative Nationale pour le Développement Humain
- MCI : Ministère du Commerce et de l’Industrie
- MDP : Mécanisme pour un Développement propre
- MES : Matière en suspension
- OMS : Organisation Mondiale de la Santé
- ONEP : Office National de l’Eau Potable
- ONG : Organisation non gouvernementale
- OREDD : Observatoire Régional de l'Environnement et du Développement durable
- PNA : Programme National d'Assainissement Liquide et d'Epuration des Eaux Usées
- PNABV : Plan National d’Aménagement des Bassins Versants
- PNDM : Programme National des Déchets Ménagers
- PNEEI : Programme National d’Economie d’Eau en Irrigation
- PNRC : Plan National de lutte contre le Réchauffement Climatique
- PNER : Programme national de mise à niveau environnementale des écoles rurales
- PNMEC : Programme National de mise à niveau environnementale des Mosquées et des Ecoles
Coraniques
- PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

3
Liste des Figures

Figure 1 : Evolution du parc automobile ............................................................................................................................ 7


Figure 2 : Répartition des émissions de polluants par secteur d'émissions dans la Région du Grand Casablanca ........ 8
Figure 3 : Evolution de la flotte côtière ............................................................................................................................ 11
Figure 4 : Pêche Maritime Nationale ............................................................................................................................... 11
Figure 5 : Evolution pluviométrique ................................................................................................................................. 12
Figure 6 : Evolution du ratio des ressources en eau par habitant (m3/hab/an) ............................................................ 12
Figure 7 : Evolution du volume d’eaux usées ................................................................................................................... 13
Figure 8: Qualité des eaux de surface .............................................................................................................................. 14
Figure 9 : Qualité des eaux souterraines ......................................................................................................................... 15
Figure 10 : Répartition des terres de cultures .................................................................................................................. 16
Figure 11 : Evolution des superficies cumulées de parcs nationaux crées ...................................................................... 26
Figure 12 : Corrélation entre la qualité de l’air et la prévalence de certaines maladies .............................................. 29
Figure 13: Aménagement récréatif de la vallée l’oued Nfifikh (Benslimane) ................................................................. 40

Liste des tableaux

Tableau 1: Rejets liquides par branche industrielle (Mm3)............................................................................................ 10


Tableau 2 : Déchets industriels dangereux (t/an) ........................................................................................................... 10

4
Introduction

Le Maroc a connu lors des dernières décennies un essor économique soutenu grâce au
développement des secteurs socio-économiques vitaux notamment l’agriculture, l’industrie,
la pêche, le développement urbain, les infrastructures et le tourisme. Cependant, ce
développement n’a pas manqué d’induire des répercussions négatives sur la qualité de
l'environnement.
Les problèmes de l’environnement ne cessent de prendre de l’ampleur à diverses échelles
territoriales et le diagnostic et les analyses développées autour de l’évaluation de l’état de
l’environnement soulignent la gravité de cet état au Maroc. Cette situation est marquée par
une dégradation intense des ressources naturelles et du cadre de vie des populations due à la
pollution de l'air, des eaux continentales et marines, à la désertification des sols, à la
dégradation des forêts, de la biodiversité, du littoral, aux nuisances des décharges sauvages,
etc. Cet état alarmant a des incidences négatives sur la santé des populations ainsi que sur le
processus de développement économique en raison de l'épuisement de certaines ressources
naturelles nécessaires pour assurer le développement durable du pays. Il va sans dire que le
coût social et économique des dommages liés à l’inaction en matière de protection de
l’environnement traduit l'ampleur de cette dégradation.
Certes des avancées ont été enregistrées sur les plans institutionnel, réglementaire, technique
et des incitations, permettant de doter le pays d’outils de gestion de l’environnement.
Néanmoins, les impératifs écologiques en rapport avec le développement socio-économique
exigent le renforcement substantiel des actions entreprises à différents échelles territoriales,
d’ordre bien curatif que préventif dans cadre d’une approche stable et intégrée.
Le diagnostic environnemental objet de ca rapport, relate les problématiques majeures
auxquelles est confronté l’environnement au Maroc. Il reprend aussi les initiatives entreprises
par le Département de l’Environnement dans une perspective d’infléchir la tendance à la
dégradation des milieux et ressources naturelles en vue de la maintenir à des seuils critiques
acceptables.

5
I. Etat de l’environnement
Une analyse de l’état de l’environnement par évaluation précise des pressions qu’il subit
nécessite des outils de mesure et de suivi continu des indicateurs environnementaux, sociaux
et économiques. Néanmoins, au stade de connaissance actuelle, des estimations par
appréciations concertées et des hypothèses logiques ont été retenues comme base d’analyse.

I.1 Milieux physiques


I.1.1 Air
La pollution de l’air est un sujet sensible puisqu’il touche à la fois la santé des personnes et
des intérêts économiques importants. Il est aussi un sujet complexe car, d’une part, les
différents polluants ont des sources hétérogènes, ils n’ont pas les mêmes effets et n’appellent
pas toujours les mêmes solutions et, d’autre part, leurs localisations et leurs provenances sont
par nature variables. En outre, certaines pollutions dépassent le cadre national comme celles
qui contribuent à l’effet de serre ou qui résultent des déplacements de polluants sur de
longues distances.
Ainsi, l’augmentation des besoins énergétiques nécessaires pour le développement industriel
et urbain pose des problèmes à deux échelles :

- au niveau local, il s’agit de la pollution urbaine (industrielle/source fixe et


automobile/source mobile) perçue par tous, en raison de ses manifestations évidentes
sur la qualité de vie et la santé des populations, notamment dans les grandes
agglomérations et les zones industrielles ;
- au niveau planétaire, il s’agit de l’effet de serre qui est à l’origine des changements
climatiques et de l’appauvrissement de la couche d’ozone.

Pollution urbaine due au transport :

La pollution causée par le transport touche l’ensemble des grandes villes et axes routiers. Le
parc automobile national a connu une croissance considérable ces dernières années passant
de 1,6 millions de véhicules en 2000 à 2,3 millions en 2008, soit un taux d’accroissement
supérieur à 5% par an.

6
Cette évolution du secteur de transport contribue à la pollution de l’air à travers l’émission de
gaz toxiques tels l’oxyde d'azote (NOx) avec 35.000 t/an, le dioxyde de soufre (SO2) avec
21.000 t/an, le dioxyde de carbone (CO2)
avec 7 millions t/an et les particules en
suspension avec 5.000 t/an. Il est estimé que
le parc automobile marocain est responsable
de 50 à 60% de cette pollution. Les niveaux
les plus élevés des indices de pollution sont
enregistrés au niveau de Casablanca qui subit
environ 30% de la pollution due au transport.

Figure 1 : Evolution du parc automobile

L’état vétuste des véhicules dont l’âge de la majorité dépasse les 10 ans, le manque
d’entretien des moteurs qui peuvent produire jusqu'à 10 ou 15 fois plus de particules et
d’hydrocarbures qu'un moteur correctement entretenu sont aussi des facteurs qui amplifient
cette pollution. La qualité des carburants (essence riche en plomb et gasoil riche en soufre) a
joué un rôle déterminant dans l’augmentation des émissions automobiles jusqu’à la date
d’utilisation du carburant propre.

L’utilisation accrue de la voiture personnelle pour le déplacement urbain et les problèmes de


fluidité de la circulation dans les grandes villes ne font qu’augmenter la pollution
atmosphérique, d’autant plus que la part du gasoil dans le parc automobile national est de
plus en plus importante.

Pollution industrielle :

Les villes de Safi, Jorf Lasfar, Casablanca, Kénitra et Mohammedia souffrent d’une pollution
atmosphérique remarquable due au secteur industriel et énergétique qui comprend environ
7900 unités dont 34% sont abritées au niveau de la ville de Casablanca. Ces installations
industrielles incluent les industries chimiques et para-chimiques, les industries du textile et de
cuir, les industries agroalimentaires, les industries électriques et électroniques et les
industries métalliques et métallurgiques. Quant aux installations énergétiques, il s’agit des
centrales thermiques et raffineries des produits pétroliers.

7
Autres sources de pollution :

- les activités artisanales, comme l’activité


de poterie, les hammams et les fours
traditionnels qui utilisent des
combustibles riches en polluants
atmosphériques ;
- l’utilisation du bois de feu en milieu rural ;
- les décharges sauvages qui sont à
l’origine d’émanations de méthane et
autres gaz polluants.

La pollution de l’air atteint localement des seuils critiques :

 Pour le dioxyde de soufre, on note depuis 2004, plusieurs dépassements de la norme


annuelle pour la protection des écosystèmes préconisant 20µg/m 3, principalement au
niveau du site industriel d’AÏn Sebaâ.
 Pour les poussières, la norme pour la protection de la santé préconisant 50µg/m3 a
été dépassée au niveau de certaines zones urbaines impactées par le trafic routier,
depuis 2003.
 Pour l’ozone, le seuil horaire d’information (200µg/m3) a été dépassé plusieurs fois,
au niveau de plusieurs sites à Casablanca, surtout en période d’été. Le site industriel
de Aïn Sebâa souffre également de cette pollution photochimique où le seuil d’alerte
préconisant 400 µg/m3 a été dépassé 184 fois en 2009.

Des études éco épidémiologiques ont montré qu’à Casablanca, la pollution de l’air a causé des
augmentations notables d’apparition de
certaines maladies (asthme, bronchites,
infections respiratoires chez les enfants moins
de 5 ans, conjonctivites) ainsi que du taux de
mortalité.

Les effets de la pollution se font sentir aussi sur


le capital naturel. En effet, le dioxyde de soufre
a un impact négatif sur les forêts et les lacs.

Figure 2 : Répartition des émissions de polluants


par secteur d'émissions dans la Région du Grand
Casablanca

8
I.1.2 Eaux marines

L’espace maritime national, plus vaste que l’espace terrestre (710 000 km2), correspond à
66 000 km2 pour les eaux territoriales et 1 170 000 km2 pour la zone économique exclusive.
L’écosystème marin joue un rôle stratégique capital sur le plan économique et social. En effet,
il assure une grande partie des protéines d’origine animale, procure des emplois directs
importants. La mer fournit également une grande part de matières premières pour certaines
industries (engrais, conserverie de poisson, farine de poisson, produits pharmaceutiques,
aliments pour bétail, etc.).

Cependant, les eaux marines sont exposées à plusieurs sources de pollution causée
principalement par :

Les rejets des eaux usées domestiques :

Les eaux usées des villes côtières d’un volume d’environ 415 Mm3/an (55%) sont rejetées
directement dans le milieu marin sachant que les zones côtières abritent les grandes
agglomérations avec plus de 60% de la population urbaine.

Les rejets industriels :

Le milieu marin est le principal récepteur des rejets industriels puisque plus de 80% des
industries sont concentrées sur le littoral. Les rejets industriels de Jorf Lasfar, de Safi, de
Mohammedia et de la région de Aïn Sebaâ Sidi Bernoussi constituent un réel danger et une
source de contamination par les métaux lourds, notamment le cadmium, le plomb et le
mercure dont l’impact sur la biodiversité marine est incontestable.

La pollution marine est aussi aggravée par des accidents dus aux activités industrielles tout le
long du littoral. Un cas de déversement de pétrole au large de Mohammedia a provoqué une
marée noire de 3 km2 qui a atteint les bords de Bouznika. De même, 550 tonnes d’acide
phosphorique ont été déversées dans le port de Jorf Lasfar, à la suite d’une défaillance des
installations de l’usine Maroc Phosphore.

9
Branche d’industrie Rejets liquides
industrielles (Mm3)
 Industrie chimique et para-chimique 931
 Industrie textile et cuir 16.5
 Industrie agro-alimentaire 40.7
 Industrie mécanique, métallurgiques et 0.2
électriques
Tableau 1: Rejets liquides par branche industrielle (Mm3)

256 000 t/an


Déchets industriels dangereux
 Secteur de chimie-parachimie 40 %
 Secteur textile-cuir 33%

Tableau 2 : Déchets industriels dangereux (t/an)

Le trafic maritime :
Les rejets des bateaux et des ports d’embarcations exercent une pression importante sur le
milieu marin. En effet, le transport maritime le long des côtes marocaines consiste en le
passage quotidien d’environ 240 navires à travers le Détroit de Gibraltar et 360 navires qui
longent les côtes atlantiques.

Par ailleurs, la surpêche exerce une pression


importante sur les ressources halieutiques dont les
quantités produites ont une tendance à la baisse
malgré l’augmentation continue de la flotte côtière
qui compte plus de 2540 bateaux en plus 17 670
bateaux artisanales. L’acidification et l’augmentation
de la température des eaux marines liées au
changement climatique influencent aussi les
conditions de vie en mer et causent une réduction
quantitative et qualitative de ses ressources halieutiques.

10
1200 1067 1086
2 550 862 865 890
1000 780
702
2 500 800
600
2 450
400
200
2 400
0
2003 2004 2005 2006 2007
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Figure 3 : Evolution de la flotte côtière Figure 4 : Pêche Maritime Nationale


(Quantité en Mille tonnes)

I.1.3 Eaux continentales

Le Maroc se situe parmi les pays qui ont relativement bien réussi la gestion des ressources
en eau. Cependant, ce constat ne doit pas occulter les problèmes qui subsistent et qui
risquent de s’aggraver et de compromettre la durabilité du développement si des mesures
appropriées ne sont pas prises à court terme pour les pallier.

L’eau est rare et mal répartie dans le temps et dans l’espace:

 Les apports en eau de surface ont variés durant les dernières décennies entre 5
milliards m3 (année la plus sèche) et 47 milliards de m3 (année la plus humide)
 7.4% de la superficie du pays reçoit 51% du potentiel en eau de surface
 Le taux des ressources en eau naturelle par habitant varie de 1800m3/hab/an dans les
bassins humides du nord à 400 m3/hab/an (valeur bien en deçà du seuil de pénurie
d’eau) dans les bassins du centre du Maroc et 100 m3/hab/an dans les bassins arides
du sud.
 Déséquilibre important du bilan ressources-besoins dans certains bassins, notamment
dans l’Oum Erbia où le déficit en eau atteint 1.5 milliards de m 3/an. Une projection de
la demande en eau au rythme actuel, comparée à celle des ressources en eau
mobilisables et sans mesures significatives pour la gestion de la demande en eau,
conduirait à un écart de l’ordre de 2 milliards de m3 à l’horizon 2030 entre les
ressources et les besoins.

11
La rareté de l’eau est synonyme de graves impacts négatifs sur les systèmes de production, la
santé et plus particulièrement sur l’environnement et le développement durable.

Figure 5 : Evolution pluviométrique Figure 6 : Evolution du ratio des ressources en


eau par habitant (m3/hab/an)

L’eau souterraine souffre d’une surexploitation accrue depuis les années 80 :

La surexploitation des nappes engendre un déstockage


des réserves de plus de 900 millions m3/an. En cause,
le développement hydro-agricole, conjugué aux
impacts des sécheresses ayant sévi au Maroc depuis
les années 80.

Une baisse généralisée du niveau des nappes en a


résulté accompagnée par le tarissement des sources et
khettaras comme c’est le cas dans les bassins du Saiss
et Souss, ainsi que l’assèchement des lacs naturels.

L’eau est menacée par toutes les formes de pollution

L’insuffisance en matière d’assainissement liquide et d’épuration des eaux usées est l’une des
principales causes de la dégradation de la qualité des eaux de surface et souterraines. En
effet, plus de 90% des eaux usées qui totalisent 750 Mm3/an sont rejetées dans le milieu
naturel sans traitement préalable. De même, une grande partie des déchets est mise en
décharges non contrôlées, souvent dans ou en bordure des lits des cours d’eau et dans des
zones où les ressources en eau sont vulnérables.

12
Mm3
1000 954

800 750

600 495
370
400 270
200 129
48
0
1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020

Figure 7 : Evolution du volume d’eaux usées

Les rejets liquides industriels ainsi que les rejets des activités artisanales, accentuent la
pollution de la majorité des bassins hydrographiques.

La pollution prononcée du bassin du Sebou témoigne de la pression engendrée par ces rejets
chargés en métaux lourds et en sels toxiques qui à défaut de traitement risquent de
compromettre le projet de la future station d’épuration de Fès.

L’usage irrationnel des engrais et pesticide contribue


également à la pollution des eaux souterraines,
notamment par les nitrates qui dépassent les normes
OMS à l’aplomb des périmètres irrigués dans le Tadla,
Chaouia, Berrechid, Meskala-Kourimate, Temara, etc.

Globalement, la qualité des eaux est dégradée au niveau


de plus de 40% des stations de mesures et des lâchers
d’eau à partir des barrages d’environ 200 Mm3/an sous
forme de débit écologique sont réservés pour améliorer cette qualité dans les tronçons
critiques.

13
Figure 8: Qualité des eaux de surface

14
Figure 9 : Qualité des eaux souterraines

15
L’eau est sous-valorisée et gaspillée

Les pertes en eau sont évaluées à :

 près de 4 milliards de m3/an dans les réseaux


d’irrigation et à la parcelle ;
 près de 400 millions m3/an dans les réseaux
d’alimentation en eau potable ;
 près de 415 millions de m3/an d’eau usée
rejetée en mer. Ces rejets représentent non
seulement une source de pollution des eaux
marines mais aussi une perte potentielle d’eau
douce valorisable après traitement ;
 perte en mer en année humide : 16 milliards de
m3 en 2008/2009.

I.1.4 Sol

Les sols constituent une ressource naturelle et le


support de l’ensemble des activités économiques.
Leur rôle est particulièrement déterminant en
agriculture et assure en même temps des fonctions
écologiques de premier ordre dont le maintien de la
végétation, le drainage et l’infiltration de l'eau entre
autres.

Figure 10 : Répartition des terres de cultures

Le Maroc dispose d’environ 9 M ha de surface agricole utile (SAU), auxquelles il faut ajouter
quelques 65 M ha de terres de parcours et environ 9,7 M ha de forêts. Les superficies
irriguées totalisent 1.5 M ha, ce qui représente à peu près 16% de la SAU.

Près de la moitié des terres cultivables sont situées dans des zones recevant une pluviométrie
annuelle moyenne inférieure à 400 mm. Cette pluviométrie ne permet qu’un système de
culture précaire à haut risque, basé sur l’alternance céréale/jachère. Les 50% restants, où les

16
conditions climatiques sont relativement favorables, sont cultivés principalement en céréales,
légumineuses, fourrages et arbres fruitiers.

Les ressources en sol sont peu renouvelables à l’échelle d’une génération humaine. À côté de
ce constat, les sols marocains sont généralement fragiles à cause de leur faible teneur en
matière organique, inférieure à 2% (même dans les zones humides) et sont soumis à des
facteurs de dégradation naturels ou anthropiques. En effet, à côté de l’agressivité climatique,
les activités humaines exercées sur les sols sont la cause majeure de toutes formes de
dégradation: physiques, chimiques et biologiques.

Ces processus de dégradation touchent l'ensemble du territoire mais avec une intensité
variable selon les régions et selon la nature d’occupation du sol ou de son mode
d’exploitation. De même, on peut distinguer les dégradations permanentes, ou irréversibles,
de celles que l’on peut considérer comme provisoires ou réversibles, quand les fonctions du
sol peuvent être réhabilitées dans un délai raisonnable et à un coût acceptable.

La dégradation des ressources en sol résulte des effets synergiques du climat, de l’agressivité
de certaines conditions naturelles, et surtout des activités humaines exercées sur des sols
généralement fragiles et peu fertiles.

L’urbanisation :

La structure spatiale du foncier a subi une profonde


transformation durant le quart du siècle dernier suite à
l’accroissement démographique. Ceci se traduit par une
urbanisation rapide et souvent mal raisonnée dans les
zones périphériques des moyens et grands centres
urbains et ce, au détriment des terres agricoles
généralement les plus productives.

Le taux d'urbanisation, qui n'était que de l'ordre de 20%


en 1936, est passé à 29,3% en 1960 et à 51.3% en 1994.
Il est actuellement estimé à 55% et il est prévu qu’il
atteindra près de 70% à l’horizon 2025. Selon l’étude
réalisée par le Centre Royal de Télédétection Spatiale
(1998) et le Ministère de l’Agriculture (2004), la
superficie urbanisée est estimée entre 3000 et
5000ha/an (dont 1000 ha/an sont des terres agricoles).

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Elle concerne en particulier les périmètres d’irrigation situés à la périphérie des centres
urbains, notamment dans les régions de Gharb, du Tadla et du Haouz, ainsi que les périmètres
maraîchers de petite et moyenne hydraulique situés aux alentours des villes de Fès, Rabat,
Salé, Meknès, Tétouan, Marrakech et Casablanca.

L’érosion hydrique et éolienne

L’érosion hydrique qui touche plus de 10 millions d’ha,


s’exprime de manière significative dans les montagnes
du Rif et du pré-Rif où la dégradation spécifique dépasse
souvent 4000 tonnes/km2/an. Ce phénomène ne se
limite pas seulement à la perte importante des sols mais
provoque aussi un envasement des barrages par les
sédiments, ce qui se solde par une réduction de leur
capacité de stockage. On estime une réduction annuelle
d’environ 60 millions de m3 qui correspond à une perte
de possibilité d'irrigation moyenne d’environ 6000 ha/an.

L’érosion éolienne est l’un des principaux facteurs


naturels de la dégradation des sols marocains, surtout
dans les paysages arides du sud. Elle touche des milliers
d’hectares et demeure assez intense dans le Sud et le
Sud-Est du pays. Elle est aggravée par la dégradation des
milieux naturels liée aux activités humaines.

Ses manifestations sont spectaculaires en zones arides et sahariennes, ce qui génère la


désertification et l’ensablement d’habitats originaux tels que les oasis sahariennes. De même,
l’ensablement, qui résulte de l’érosion éolienne constitue la principale manifestation de la
désertification dans les zones du littoral et les régions du Sud et de l’Oriental.

La salinisation des sols

La salinité est assez prononcée dans les zones arides, à


forte évaporation, et dans les périmètres irrigués où
l’usage des engrais et pesticides n’est pas rationnalisé et
la trilogie irrigation – salinité – drainage n’est pas
maîtrisée. Cette salinisation affecte prés de 500 000 ha
et cause des pertes importantes en matière de
productivité des sols. L’utilisation des engrais en
agriculture est évaluée à 8500 tonnes d’azote. Cette

18
quantité connaîtra un accroissement de presque 80 % et sera en 2015 de l’ordre de 15 200
tonnes. Ainsi, ce phénomène est amené à prendre de l’ampleur avec l’extension des
superficies irriguées et l’intensification agricole, notamment dans le cadre du Pan Maroc Vert.

La perte en matière organique

Compte tenu que les sols marocains contiennent un taux moyen de matière organique de
1,3% et que la superficie des terres cultivables est de 9 millions d’hectares, le patrimoine
global en matière organique est de 351 millions de tonnes sur une couche de 20cm.
L’intensification de l’agriculture, couplée à une mauvaise gestion des résidus de récoltes, a
engendré des pertes importantes du patrimoine humique du sol. La perte décadaire moyenne
en zones irriguées a été estimée en moyenne à 20%.

La pollution minière

De nombreuses substances minières sont exploitées, notamment, le phosphate, le plomb, le


zinc et le cuivre. La contamination localisée (sites contaminés) est la plus fréquente. Elle
touche des zones délimitées autour des sites miniers et des zones urbaines dotées d’activités
industrielles.

La production du plomb était assurée en grande partie par les districts miniers de la haute
Moulouya (Aouli – Mibladen –Zeïda) et, aujourd’hui, la majorité de ces districts sont
abondonnés sans réhabilitation. Ceci est la conséquence de l’absence, dans le code minier
marocain, de dispositions obligeant tout titulaire d’actes miniers de prendre des mesures
nécessaires de réhabilitation des sols.

La désertification

La désertification est un fléau qui résulte des processus


de dégradation des sols et de la perte de leur fertilité, des
facteurs d’agressivité climatique et de la dégradation du
couvert végétale, voire sa disparition. Les grands traits du
climat marocain dont la variabilité et la faiblesse des
précipitations, et la fréquence élevée des événements de
sécheresses et d’inondations, présentent la cause
majeure d’amplification de la désertification.

19
En outre, les activités humaines liées à la pression
démographique en constituent les causes les plus directes. Il
s’agit du surpâturage, de la déforestation, du régime foncier et
des modes d'irrigation…

Il est estimé que 95% du sol national est menacé de


désertification.

I.2. Territoires et Patrimoines naturels


I.2..1 Littoral

Long de 3500 km, le littoral est l’une des grandes richesses du pays. Riche en paysages et en
sites naturels, Il recèle un potentiel biologique important, une flore et une faune riches et
variées, des sites naturels exceptionnels.

En effet, le Maroc est le pays d’Afrique du Nord le plus


riche en zones humides dont quatre, en zone côtière,
sont inscrites RAMSAR en 1980 ; il s’agit des réserves
naturelles de Sidi Boughaba, de Merja Zerga ; de
Khnifiss et d’Afennourir. La façade maritime compte
trois parcs littoraux : le parc national d’Al-Hoceima,
celui de Souss massa et de celui de Dakhla. La région
d’Essaouira contient une grande réserve littorale : la
réserve des îles d’Essaouira classée réserve depuis 1980.

De par ses richesses, le littoral recèle un potentiel


économique considérable pour le développement et il
est à cet effet soumis à diverses pressions :
 Le littoral lieu d’implantation des grandes villes : Le
littoral accueille plus de 60% de la population
urbaine avec une concentration particulière dans
un axe de 130 km allant de Kénitra à Casablanca et
regroupant 35 % de la population urbaine et sur
une profondeur de 10 à 20 Km. Entre Tanger et Safi, les densités vont de 100 à 400
Habitants par Km2.

20
 Le littoral, site d’accueil des plus grandes zones
industrielles : Plus de 80% des industries sont
situées dans les zones côtières. Ces unités
concernent les industries chimiques à Safi et Jorf
Lasfar, pétrochimiques à Mohammédia et
Casablanca, sidérurgiques à Nador et alimentaires
à Kénitra et Agadir.
 Le littoral, accueille l’essentiel des infrastructures
touristiques : la politique touristique a fait du
balnéaire une option prioritaire durant les trente
dernières années, le littoral a connu des
aménagements touristiques importants. Ce
développement soutenu du tourisme balnéaire
porte préjudice aux habitats et milieux naturels et
aux reboisements (en particulier sur la côte
méditerranéenne, et à Agadir qui possède près du quart de la capacité hôtelière du pays).
 Le littoral, espace menacé par les rejets domestiques et industriels : le front de mer subit
toutes les formes d’agression notamment en ce qui concerne les rejets directs des eaux
usées domestiques et industrielles générées par l’urbanisation et l’industrialisation
accélérées des zones côtières planifiées ou spontanées.
 Le littoral, espace menacé par l’extraction anarchique du sable côtier : la dégradation des
dunes et l'érosion consécutive des plages, conséquences d'une demande croissante en
matériaux de construction et de l’insuffisance en matière de contrôle de l’extraction
illicite des sables, constituent une problématique majeure du littoral marocain.

I.2.2 Forêt

La forêt marocaine, présente de nombreux atouts en rapport


avec sa grande diversité biologique et son impact sur
l’équilibre socio-économique du pays. Outre son importance
économique directe, elle contribue à l’économie nationale
par sa capacité de protection de la biodiversité, des
ressources en eau et des sols contre l’érosion et la
désertification. Elle joue, en outre, un rôle social en offrant
des espaces récréatifs et éducatifs de plus en plus sollicités
pour l’épanouissement de la population.

21
En 2006, la superficie forestière est évaluée à 9,7 millions ha.
Si l’on considère uniquement la superficie des formations
forestières (non compris l’alfa) qui est de près de 6.4 M ha, le
taux moyen de boisement du pays est de l’ordre de 9%, ce qui
est en deçà du taux optimal (15 à 20%) nécessaire à
l’équilibre écologique environnemental.

Le secteur forestier participe à la création d’emplois à hauteur


de 100 millions de jours de travail par an. Il est à noter que les
prélèvements directs effectués par les populations rurales
sous forme d’usages (bois de feu, parcours, fruits…) sont estimés à près de 4,8mrds Dh/ an.

Toutefois, le patrimoine forestier est fragilisé par diverses pressions anthropiques :

 Exploitation du bois de feu : le bois combustible constitue la deuxième source d'énergie


utilisée au Maroc après le fuel et représente 30 % du bilan énergétique national. La
consommation annuelle porte actuellement sur l'équivalent de 10 Mm3 alors que la
production est estimée à 3.millions de m3/an. L’écart entre les deux chiffres correspond à
des prélèvements illicites qui mettent en danger la pérennité des écosystèmes forestiers,
déjà atteints par l’absence de régénération naturelle.

 Parcours de forêt et droits d'usage: dans de nombreuses régions du pays, le parcours en


forêt constitue la source principale de revenu des populations. La réduction des surfaces
des terres de parcours et l'abandon des pratiques pastorales (transhumance, parcours de
jachère, etc.), ont conduit au surpâturage, au tassement du sol, à l'absence de régénération
naturelle et au vieillissement des boisements. La charge pastorale est 4 à 5 fois supérieure
aux capacités fourragères des parcours en forêt.

 Incendies de forêts: l’analyse de la situation des


incendies de forêts au Maroc durant les cinq dernières
décennies fait ressortir une superficie moyenne de près
de 3000 ha/an dévorée par le feu, avec un maximum en
1983 (11300 ha) et un minimum en 2002 (600 ha). Le
nombre d’incendies et les superficies incendiées en
forêts marocaines sont jugées relativement élevés, eu
égard au taux de boisement moyen du pays (9%), à
l’aridité du climat et aux contraintes rendant
extrêmement difficile la reconstitution des espaces
boisés.

22
 Expansion démographique : malgré la diminution de la
proportion de la population rurale nationale (50 % en
2004 contre 65% en 1971), ce pourcentage reste
important dans les zones forestières principales, comme
c'est le cas des provinces suivantes : Azilal (85 %),
Essaouira (83 %), Kénitra (54%), Khénifra (53 %),
Chefchaouen (88 %) et Al Hoceima (72 %). L'éclatement
de l'habitat, la forte densité de la population dans ces
zones (Rif, Haut-Atlas et Souss) et le faible niveau de
revenu conduisent à une pression continue sur les ressources forestières. L’urbanisation et
le défrichement pour la recherche de nouvelles terres de cultures affectent annuellement
une superficie de 4.800 ha.

 Conditions climatiques : les écosystèmes forestiers sont fragilisés davantage par les
conditions climatiques sévères régnant au Maroc rendant la majeure partie de son
territoire soumise à un climat semi-aride à aride ou saharien.

I.2. 3 Zones humides

Le Maroc jouit d’une richesse importante de zones


humides qui se subdivisent en lacs naturels, lagunes,
embouchures, marais, marécages, etc. 120 lacs naturels
importants sont inventoriés à l’échelle nationale, dont
la majorité est située entre les deux chaînes
montagneuses du Moyen Atlas et du Haut Atlas. Sur le
littoral, on trouve des lagunes et des marais côtiers et
d’embouchures.

Quatre zones humides marocaines ont été classées en


1980, par la Convention de RAMSAR comme sites
d’importance internationale en tant qu’habitats pour les
oiseaux : Khnifiss, Sidi Boughaba, Merja Zerga, et
Aguelmam Afenourir. Une vingtaine d’autres sites ont
été inscrits dernièrement sur la liste RAMSAR.

23
Les zones humides continentales sont importantes à plus d’un titre ; elles favorisent, en effet :

 l’alimentation des nappes d’eau souterraines ;


 la régulation des crues et l’atténuation des impacts des changements climatiques ;
 le maintien d’une grande biodiversité floristique et faunistique ; des milliers d’oiseaux
migrateurs transitent par ces zones humides;
 des activités économiques et de loisirs ; etc.

Ces zones humides ne sont pas à l’abri des grandes menaces qui pèsent sur leur
fonctionnement, et mettent en jeu leur équilibre et leur pérennité. On estime que 50% des
zones humides ont été perdues durant les 50 dernières années, d'autres sont menacées et
nécessitent une intervention urgente, notamment la connaissance de leur fonctionnement
hydrologique et hydrogéologique et l’identification de leurs plans de protection et de
valorisation.

Les principales contraintes qui pèsent sur les zones humides sont liées essentiellement à :

 la régression notable des sources d’alimentation causée par la surexploitation des


nappes et la sécheresse, comme c’est le cas des lacs dans le causse d’Ifrane.
 les droits d’usages et les conflits d’utilisation entre les populations riveraines ;
 la pollution par les rejets domestiques et industriels ainsi que par les engrais et les
pesticides ;
 l’exploitation à des fins touristiques sans tenir compte de l’impact sur
l’environnement ;
 les prélèvements de sable qui sont à l'origine de pertes de biodiversité dans plusieurs
sites, notamment au niveau de la Basse Moulouya, dans les bords dunaire des zones
humides de Sidi Moussa-Walidia et à l'embouchure du Loukkos où des fabriques
artisanales de briques sont installés.

I.2.4 Oasis

Les oasis du Maroc se situent dans les zones arides où les précipitations ne dépassent guère
200 mm/an. L’espace oasien compte 1,7 millions d’habitants, soit près de 5% de la population
du pays, sur une superficie de 115 563 Km2.

Par leurs diversités culturelle et architecturale, les oasis offrent des paysages
exceptionnellement riches et variés. Elles possèdent des atouts et des potentialités qui sont à

24
la base du développement de nombreuses activités
humaines telles que l’agriculture, le parcours, le
tourisme et l’artisanat. Cependant, ces potentialités
se situent dans un contexte environnemental fragile
et contraignant. Les conditions climatiques sévères,
la faible capacité de résilience et la rareté de l’eau
ont amené l’homme à y pratiquer un système de
production traditionnel et vivrier.

Les systèmes oasiens connaissent aujourd’hui une


multitude de problèmes tels que l'abandon des
pratiques agricoles traditionnelles qui perdent leur
productivité à cause de la salinisation du sol, de la
pénurie de l'eau d'irrigation ou de la dégradation
de sa qualité, de l’ensablement et de la
désertification, etc.

Le désert, l'eau et les plantes, notamment le palmier dattier, constituent les composantes
principales des oasis. Ces oasis abritent une civilisation millénaire et un savoir-faire
traditionnel pour la mobilisation de l’eau et pour la gestion des ressources naturelles. Un
savoir-faire en matière d’agriculture a été développé dans ces milieux vulnérables dont
l’équilibre devient de plus en plus fragile : adoption d’un système intensif à 3 étages de
végétation associé à l’élevage, l’association agriculture - artisanat, la pratique d’une
agriculture orientée vers des cultures et des variétés à forte valeur commerciale et la
diversification des activités extra- agricoles.

L’action anthropique sur les ressources naturelles déjà fragilisées par l’effet des périodes récurrentes de
sécheresse, des attaques pathogènes des palmiers (Bayoud), peut être résumée comme suit :
 La prolifération aberrante et incontrôlée des pompages a causé une dégradation
prononcée de certaines oasis.

 La décomposition des sociétés traditionnelles : les oasis sont inséparables des


structures sociales qui les ont façonnées et gérées pendant des siècles avec beaucoup
de rigueur et d’attention et d’un sens élevé de la valeur de l’eau. Or ces sociétés se
sont décomposées et l’entretien des oasis est tombé en déshérence. Le
développement anarchique du pompage témoigne aussi de cette décomposition de la
société traditionnelle.

25
 Le blocage à la recomposition du système : les sociétés oasiennes n’ont pas pu se
recomposer ; elles ont été bloquées par la déperdition démographique et par
l’inadaptation du droit traditionnel au changement. L’indivision bloque toute remise
en ordre foncière.

Ces problèmes portent atteinte à l’intégrité des écosystèmes oasiens et entraînent à terme la
diminution de leurs biens et services, et par la suite la dégradation du niveau de vie et la
déstabilisation sociale et culturelle des communautés locales.

I.2.5. Biodiversité

La biodiversité marocaine est riche et diversifiée et revêt une importance écologique


particulière, caractérisée par une grande diversité des écosystèmes (forestiers et steppiques,
saharien et désertiques, agricoles, marins et côtiers,
zones humides continentales, grottes…).

La flore marocaine compte environ 7000 espèces


connues. La faune marocaine dont environ 24000
espèces ont été identifiées jusqu'à présent, peut
être considérée comme relativement riche et variée
comparée à celles d'autres pays voisins.

Le taux global des espèces rares et endémiques est


de 11% pour la faune et de 25% pour les plantes
vasculaires, taux presque sans égal au niveau de
tout le bassin méditerranéen. Les régions
montagneuses du Rif et des Atlas représentent les
sites les plus importants en matière d’endémisme.

Figure 11 : Evolution des superficies cumulées de parcs nationaux crées

Le Plan Directeur des Aires Protégées, élaboré en 1996, avait


identifié 160 Sites d'Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE)
classés pour leurs valeurs écologique, scientifique, socio-
économique ou patrimoniale, en proposant le classement en
parcs nationaux d'une dizaine d'entre eux. Répartis sur une
superficie de 2,5 millions d’ha, ces SIBE représentent presque
la totalité des écosystèmes naturels du pays,

26
Le nombre de parcs nationaux ne dépasse pas 10 parcs,
répartis sur une superficie de près de 770.000 ha (Souss-Massa,
Toubkal, Tazzeka, Ifrane, Talassemtane, Al Hoceima, Khenifis,
Haut Atlas oriental, Iriqui et Khénifra)

Les ressources naturelles dont dispose le Maroc sont certes


d'une grande qualité, mais restent fragiles et surtout
insuffisamment protégées. La déforestation, les incendies,
l’élevage et le surpâturage, la littoralisation, l’urbanisation et
l’industrialisation, l’agriculture, la surpêche, le tourisme, le
transport, l’introduction d’espèces exotiques, sont autant de
facteurs menaçant qui portent atteinte à la biodiversité.

Environ 2,5% et 23% respectivement de la faune et de la flore


répertoriés sont menacés de disparition.

I.2.6. Déchets

Les activités socio-économiques couplées à l’accroissement


démographique et aux changements dans le mode de
consommation génèrent une production importante de
déchets solide. La production des déchets solides ménagers
s’élève actuellement à près de 18 000 tonnes/jour, soit en
moyenne 0,75 kg/hab/jour (0.3 kg/hab/jour en milieu rural
et de 1,2 kg/hab/jour en milieux urbain et périurbain).

Les déchets industriels sont estimés à 1,6 millions t/an dont


256 000 t/an de déchets dangereux. Leur répartition par région montre que le Grand
Casablanca en produit environ 37%. Les secteurs de la chimie-parachimie et du textile-cuir
produisent respectivement 40 et 33% du gisement de ces déchets. Quant aux déchets
médicaux dangereux, ils sont évalués à 6600 t/an dont 37 % sont produits à Casablanca et
Rabat. Ces déchets dangereux sont souvent stockés dans des décharges publiques et leur
mode d’élimination laisse à désirer.

La gestion des déchets ménagers demeure problématique presque pour toutes les
collectivités locales. Les quantités importantes de déchets produites, l’insuffisance financière,
les lacunes d’ordres organisationnel, institutionnel et de gestion, le déficit en matière de
personnel qualifié, les infrastructures insuffisantes et le faible niveau d’éducation

27
environnementale constituent les éléments importants de cette problématique. Il en résulte
une pression importante sur l’environnement et des impacts négatifs sur les ressources
naturelles, sur le cadre de vie et sur les conditions sanitaires des populations.

Le taux moyen de la collecte des déchets est estimé à environ


70% en milieu urbain. La collecte en milieu rural est peu,
voire non organisée. 75% des déchets sont acheminés vers
des décharges sauvages sans aucun traitement préalable et
sans aménagement des sites réceptacles. En effet, on compte
plus de 300 décharges sauvages contre quelques décharges
contrôlées. Le recyclage informel est pratiqué dans des
conditions précaires par environ 15000 récupérateurs
exposés de ce fait, à plusieurs risques de maladies.

Les insuffisances en matière de gestion des déchets


entraînent des répercussions négatives sur l’environnent en
l’occurrence la pollution des ressources en eau superficielles
et souterraines, la prolifération de rongeurs, le dégagement
d’odeurs nauséabondes, l’atteinte à la santé des citoyens, la
dégradation des paysages et des espaces urbains et
périurbains, la contamination du sol et l’atteinte à la fertilité
des terrains agricoles, les risques d’incendies et d’explosions, etc.

I.2.7. Santé-Environnement

La dégradation de l’état de l’environnement contribue à l’augmentation de la morbidité liée


aux maladies sensibles à l’environnement telles que les maladies respiratoires, les maladies à
transmission vectorielle, le cancer…

Cette relation est démontrée par les statistiques mondiales ci-après : la dégradation de
l’environnement causerait 24% des maladies d’une manière générale, et plus de 33% des
maladies affectant les enfants de moins de cinq ans en particulier.

On estime aussi que près du tiers des décès et des maladies dans les régions les moins
développées sont provoquées par l’environnement, et que 85 catégories de maladies et de
lésions sont imputées aux différentes formes de pollution.

Au Maroc, des études éco-épidémiologiques réalisées à Casablanca en 2000 et à


Mohammedia 2002 ont confirmé les impacts sanitaires de certains polluants atmosphériques
en termes de prévalence de maladies respiratoires et cardio-vasculaires.

28
Figure 12 : Corrélation entre la qualité de l’air et la prévalence de certaines maladies

De même, l’insuffisance voire l’absence de l’assainissement liquide notamment en milieux


périurbain et rural engendre des impacts négatifs sur la santé de la population et sur leur
cadre de vie. En effet, plus de 95% de la population rurale est non raccordée à un système
d’assainissement adéquat dont 35% dispose d’un bloc sanitaire élémentaire générant plus de
nuisances en matière d’hygiène et de salubrité que de bienfaits. Cette situation est d’autant
plus inquiétante si l’on considère le taux d’accès à l’eau potable des populations rurales qui
avoisine 80% dont 27% est assuré par branchement individuel induisant l’augmentation de la
production des eaux usées et par conséquent la pollution et les risques sanitaires qui en
découlent.

Par ailleurs, la pollution minière, notamment l’exploitation des phosphates générant des
poussières abondantes et riches en silice, exposent les travailleurs en mines ainsi que la
population avoisinante aux maladies pulmonaires telle que la silicose.

L’exposition prolongée à certains produits chimiques en l’occurrence les


polychlorobiphényles (PCB) et les produits phytosanitaires agricoles peuvent générer à terme
des problèmes de santé très graves pour leurs usagers.

Il est important de signaler que malgré les actions de protection de l’environnement réalisées
par le Département de l’Environnement depuis sa création, ainsi que par les autres
départements ministériels et les communes, la dégradation se poursuit.

29
II. Diagnostic de la gouvernance environnementale

II. 1. Cadre institutionnel


Il convient de noter que le domaine de l´environnement relève d'une multitude de
départements ministériels, d'établissements publics, semi-publics et privés qui représentent
d’une manière directe ou indirecte des institutions de gestion, de coordination ou de
consultation en matière d’environnement. Cette diversité des responsabilités présente à la
fois des avantages et des inconvénients.
Au titre des avantages, elle permet une certaine spécialisation sectorielle dans le
management (eau, forêt, aménagement de l’espace…) et surtout une vision macro-
économique qui répond à la pluridisciplinarité du champ d'action. En effet, la diversité des
activités anthropiques appelle à une diversité des moyens et par conséquent à une variété de
gestionnaires. Le concours de tous les secteurs d'intervention est plus que nécessaire à ce
niveau.
Au titre des inconvénients, cette gestion, "transversale" et "mutli-actionnaire", présente une
série d’obstacles qui se caractérise par une dispersion des efforts et porte le risque récurent
d'un "pouvoir pluri-céphalique" ayant pour conséquence éventuellement un manque
d'harmonie et de concertation dans la prise de décision ainsi qu’un risque de désengagement
certaines responsabilités.
Le Département de l’Environnement, créé en 1992, est chargé d’élaborer et de mettre en
œuvre la politique du gouvernement dans le domaine de la gestion de l’environnement. Il est
aussi, de par ses prérogatives, appelé à intervenir en matière de coordination des actions de
protection de l’environnement à l’échelle nationale. Cependant, dépourvu de représentations
territoriales et de moyens d’action directe, son champ d’intervention est resté pendant
longtemps cantonné aux actions d’animation, de promotion et de sensibilisation en faveur de
la protection de l’environnement.

Le Maroc ayant fait le choix de la décentralisation, les prérogatives de la mise à niveau


environnementale sont du ressort des Collectivités Locales d’après la charte communale.
Néanmoins, le transfert des compétences vers les collectivités locales n’a pas été assorti d’un
transfert de ressources suffisantes à même de leur permettre d’assurer une gestion
rationnelle et durable de l’environnement locale.

Pour remplir sa mission, et assurer la coordination nécessaire avec les autres départements
ministériels, le Département de l'Environnement organise des sessions périodiques du
Conseil National de l’Environnement (CNE), organe d'orientation et de coordination de l'action
gouvernementale en matière de protection de l'environnement. D'autres Conseils et Comités

30
interministériels sont animés par d’autres départements sectoriels et permettent d'appuyer le
Département de l’Environnement et le CNE sur des thèmes prioritaires : Conseil Supérieur de
l'Eau et du Climat (CSEC), Conseils d'Administration des Agences de Bassins, Conseil National
des Forêts, Conseil National pour la Sauvegarde et l'Exploitation du Patrimoine Halieutique,
Comité Consultatif des Parcs Nationaux, Conseil National de la Chasse, Comité National de la
Pêche, Comité National sur la Lutte Contre la Désertification, Comité National sur la Bio-
sécurité, Comité Interministériel sur le Tourisme , etc.

L’absence d’organismes publics spécialisés chargés de la protection et de la régulation


environnementale représente une insuffisance du système national de gestion de
l’environnement. En effet, les pays les plus avancés dans ce domaine (Allemagne, Suisse,
Canada, USA, Tunisie…) ont fait le choix très tôt de mettre en place des agences spécialisées
de protection de l’environnement qui veillent au respect de la réglementation sur
l'environnement et assurent la gestion de certains services environnementaux
(assainissement liquide, déchets ménagers, déchets dangereux…).

Les insuffisances du système de gouvernance se résument par une multiplication des


intervenants, un manque de cohérence et l’absence d’une police administrative. Il est donc
plus que nécessaire de mettre en place une gouvernance adaptée aux défis à relever d’un
secteur à mission de service public hautement sensible.

II. 2. Cadre légal

Le Maroc s'est engagé dans le processus de développement durable au niveau international et


il a affirmé sa volonté d'œuvrer activement en faveur d'une meilleure gestion de
l'environnement en signant et ratifiant les principaux traités et conventions internationaux. Il
s'agit notamment de la Convention Cadre sur les Changements Climatiques, de la Convention
sur la Diversité Biologique, de la Convention de lutte contre la Désertification, de la
Convention Ramsar, etc.

En interne, le cadre légal a été renforcé ces dernières années et plusieurs lois et règlements
ont été adoptés permettant d’accompagner les actions des différents acteurs responsables de
la gestion de l’environnement. Ces outils juridiques ont institué un ensemble de principes
fondamentaux de développement durable (pollueur/payeur, responsabilité, prévention,…) et
ont édicté des normes à observer pour une gestion environnementale viable. Il s’agit en
l’occurrence de :

 La loi 10-95 sur l’eau qui définit le cadre juridique de la politique gouvernementale de
l’eau.

31
 La loi n°11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement qui a pour
objet d'édicter les règles de base et les principes généraux de la politique nationale dans le
domaine de la protection et de la mise en valeur de l'environnement.
 La loi n°12-03 relative aux études d’impacts sur l’environnement qui concerne l’évaluation
des incidences de certains projets publics et privés sur l’environnement.
 La loi n°13-03 relative à la lutte contre la pollution de l’air qui a pour but de prévenir et de
limiter les émissions de polluants dans l’air.
 La loi n°28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination qui a pour finalité de
jeter les bases d’une politique « déchets ».
 Le Décret du 2 décembre 2005 relatif au contrôle des produits de la mer et des eaux
douces de point de vue hygiène et qualité
 Le Décret n° 2-05-1533 relatif à l’assainissement autonome.
 Le Décret n° 2-07-253 portant classification des déchets et fixant la liste des déchets
dangereux.
 Le Décret relatif à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques.
 Le Décret relatif aux prescriptions techniques et aux procédures administratives
applicables aux décharges contrôlées
 Le Décret relatif aux normes de qualité de l’air.
D’autres projets de lois et règlements sont en cours d’adoption, en l’occurrence :
• Le projet de loi n°13.09 relatif aux énergies renouvelables.
• Le projet de loi relatif à l’efficacité énergétique.
• Le projet de loi relatif aux aires protégées.
• Le projet de loi relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages
 Le projet de décret relatif aux valeurs limites générales des émissions gazeuses.
 Le projet de décret relatif aux mouvements transfrontières des déchets.

En dépit de ces avancées notables, l’arsenal juridique environnemental national demeure à ce


jour incomplet. Plusieurs domaines sont soit insuffisamment ou pas du tout réglementés. Il
s’agit essentiellement des domaines du littoral, du sol, du bruit, des établissements classés,
des carrières, du droit à l’information environnementale,…

Par ailleurs, la mise en œuvre des lois environnementales reste souvent liée à l’élaboration de
textes d’application qui exigent des délais considérables pour leur adoption et publication. En
effet, plusieurs lois demeurent dépourvues de l’essentiel des textes réglementaires qui

32
rendraient leurs dispositions effectives.

De même, l’efficacité et l’opérationnalité de ces textes sont fonction de la capacité de tous les
acteurs à exercer pleinement et judicieusement leurs prérogatives et attributions en matière
de police administrative de contrôle environnemental, un autre maillon faible du processus de
protection de l’environnement.

II. 3. Cadre financier

Les ressources financières restent insuffisantes, notamment quand il s’agit des collectivités
locales qui ne peuvent faire face à la demande environnementale en tant que service public
sachant que la protection durable implique des planifications à très long terme et des plans
cohérents et coordonnés à l’échelle nationale nécessitant des budgets conséquents pour leur
mise en œuvre. C’est donc à l’Etat d’assurer ce service.

Il est donc indispensable de consacrer un budget conséquent pour réparer les dommages
causés aux différents milieux naturels et à l’environnement en général, d’instaurer un système
de redevance (en appliquant le principe de pollueur/payeur) pour alimenter le Fonds National
de l’Environnement et le Fonds de Dépollution Industrielle et d’introduire le principe de
l’écotaxe.

III. Programmes nationaux de mise à niveau environnementale

La protection de l’environnement dépend étroitement de la conduite collective mobilisant


tous les acteurs locaux selon un mode partenarial en vue d'une planification, une gestion et
un suivi mieux intégrés et durables de l’environnement. D’où la pertinence de l’approche
partenariale adoptée avec les acteurs locaux pour la réalisation des programmes
environnementaux. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des
conventions cadre conclues devant Sa Majesté le Roi, en avril 2009, entre les 16 Régions du
Royaume et tous les Départements ministériels concernés.

C’est ainsi que des portefeuilles de projets ont été élaborés et concertés avec les régions. Ils
s’articulent autour de l’assainissement liquide en milieu urbain et rural, la gestion des déchets
ménagers domestiques et dangereux, la protection de la qualité de l’air, la dépollution
industrielle, l’amélioration du cadre environnemental de vie des citoyens, la protection et la
valorisation de la biodiversité et l’éducation environnementale.

III.1 Programme National d’Assainissement liquide et d'épuration des Eaux


Usées en milieu urbain et périurbain (PNA) :

33
A l’état actuel, plus de 90% des eaux usées urbaines et
périurbaines qui totalisent 750 Mm3/an sont rejetées
dans le milieu naturel sans traitement préalable. Pour
remédier à cette situation, le Programme National
d’Assainissement liquide a été révisé en 2008, afin
d’améliorer le rythme de son exécution, y intégrer
l’épuration jusqu’au niveau tertiaire avec la réutilisation
des eaux usées traitées et récupérer les eaux usées
rejetés en mer.

Ainsi, les objectifs assignés à ce programme révisé sont


les suivants :

 atteindre un taux de raccordement global au


réseau d’assainissement en milieu urbain de 75%
en 2015, de 80% en 2020 et de 100% en 2030 ;

 rabattre la pollution domestique de 50% en


2015, de 80% en 2020 et de 100% en 2030 ;

 traiter jusqu’au niveau tertiaire les eaux usées et


les réutiliser à 100% en 2030.

 Améliorer le rythme d’exécution et de


réalisation des projets.

Selon le montage financier adopté, les opérateurs


assurent 70% et l’Etat 30% y compris la contribution des
Communes et éventuellement des Agences de Bassins
Hydrauliques (ABH).

A l’échéance 2015, ce programme permettra de réhabiliter et de renforcer le réseau


d’assainissement dans 173 centres, et de réaliser 159 stations d’épuration des eaux usées.

Cependant, l’atteinte des objectifs escomptés est tributaire du développement des capacités
de mise œuvre de ce programme par les opérateurs directs de service, notamment l’ONEP et
les Régies ainsi que les Bureaux d’Etudes et les Entreprises de travaux. C’est ainsi que le
Département de l’Environnement a mis en place une structure technique pour l’exécution des
projets d’assainissement afin d’augmenter la cadence des réalisations.

34
III.2 Programme National d’Assainissement liquide en milieu rural :

En milieu rural, le taux actuel de raccordement à un système d’assainissement adéquat


collectif ou individuel est insignifiant (1.6%). Cette situation est encore plus préoccupante si
l’on considère le taux d’accès à l’eau potable des populations rurales qui avoisine 80% dont
27% par branchement individuel.

Ainsi, le programme national d’assainissement liquide en milieu rural, en cours de


préparation, a pour objectif de résorber le retard accusé dans ce domaine par rapport aux
efforts déployés en matière d’approvisionnement en eau potable dans le cadre du PAGER et
de contribuer à l’amélioration des conditions sanitaires des populations rurales et à la
préservation du milieu naturel. Il consiste à :
 rechercher les solutions appropriées du mode d’assai
nissement en tenant compte des spécificités du
milieu rural marocain ;
 réaliser des projets d’assainissement rural et
d’épuration des eaux usées au profit de 1300

communes rurales comprenant environ 30 000


douars et abritant 13,5 millions d’habitants ;
 adapter les modes de gestion et mettre en place des
partenariats pour assurer la pérennité des actions
réalisées ;
 sensibiliser à l’hygiène et à la salubrité publique.
Les objectifs assignés à ce programme sont :

 atteindre un taux de raccordement au réseau d’assainissement de 40% en 2015, de


70% en 2020 et de 90% en 2030 ;
 rabattre la pollution domestique de 30% en 2015, de 50% en 2020 et de 90% en 2030 ;
 réaliser des stations d’épuration avec réutilisation des eaux usées au niveau des
centres ruraux.

35
III. 3 Programme National de gestion des Déchets Ménagers et assimilés

(PNDM) :
Le PNDM consiste à doter 350 villes et centres urbains de
décharges contrôlées, réhabiliter et fermer 300 décharges
non contrôlées et améliorer les services de collecte et de
nettoiement pour 300 communes, à travers la délégation de
la gestion de ces services à des opérateurs professionnels.
Pour une mise en œuvre réussie, il a été revu en 2008 et une
nouvelle vision de ce programme a été adoptée, basée sur le
renforcement du partenariat local et la réalisation des plans
directeurs provinciaux de gestion des déchets ménagers. Ses
objectifs fixés pour différents horizons se résument comme
suit :

 atteindre un taux de collecte de 80% en 2015, de 90%


en 2020 et de 100% en 2030;

 réaliser des décharges contrôlées des déchets


ménagers et assimilés au profit de 130 et 350 villes et
centres urbains respectivement en 2015 et en
2020(100%) ;

 fermer et réhabiliter 120 décharges sauvages en 2015


et 300 en 2020(100 %) ;

 professionnaliser la gestion de ce secteur dans les


agglomérations présentant un intérêt économique
pour les opérateurs privés et un coût supportable
pour les communes ;

 développer la filière de « tri-recyclage-valorisation»,


avec des actions pilotes de tri, pour atteindre un taux
de 10 % de recyclage en 2015, avec des actions pilotes
de tri à la source.

A l’échéance 2015, le PNDM permettra de mettre en place 43


décharges contrôlées et de fermer et réhabiliter 68
décharges sauvages.

36
III.4 Programme national de lutte contre les émissions polluantes
atmosphériques

Le programme national de lutte contre la pollution de l’air, en cours de préparation, vise à


ramener ses niveaux à des seuils respectant les normes de qualité afin de contribuer à la
protection de la santé des populations. Il définira dans le cadre d’une approche intégrée les
mesures complémentaires à mettre en place au niveau des différents secteurs (transport,
énergie, industrie, environnement, etc) portant sur les aspects organisationnel, juridique,
technique, de surveillance et de contrôle de la qualité de l’air. Ce programme permettra
d’aboutir à des plans d’action territoriaux dont la mise en œuvre contribuera à la réduction de
la pollution de l’air, notamment dans les villes de Casablanca, de Safi, de Tanger, Tétouan,
etc.
L’amélioration de la connaissance de l’état de la qualité de l’air par le renforcement du réseau
national de surveillance et la réalisation des cadastres des émissions atmosphériques au
niveau des grandes villes est un axe fondamental dans ce programme prioritaire. Ainsi, il est
prévu de mettre en place 40 nouvelles stations, en plus des 21 déjà existantes, afin de
généraliser ce réseau à toutes les grandes villes d’ici 2012.

III.5 Programme de dépollution industrielle :

Le programme de dépollution industrielle consiste à inciter les entreprises industrielles et


artisanales à réaliser des investissements de dépollution par le traitement ou l’élimination
des déchets liquides, solides ou gazeux, faire des économies en ressources naturelles et
utiliser des technologies propres.

Le fonds de dépollution industrielle (FODEP) dédié à ce programme est renforcé en moyens


financiers permettant d’engager plus de projets de dépollution industrielle, notamment dans
les zones jugés prioritaires telles que le bassin du Sebou et les régions du centre.

Des Plans de Prévention des Risques liés à la gestion des produits chimiques dangereux ont
été élaborés dans plusieurs zones et unités industrielles pour réduire les risques liés à la
gestion de ces produits et assurer la sécurité de la population. La préparation d’un Système
d’Information Géographique sur les risques majeurs à l’échelle nationale est en cours.

37
III.6 Programme national de mise à niveau environnementale des écoles
rurales (PNER)

Le Programme national de mise à niveau environnementale


des écoles rurales est élaboré conjointement avec le Ministère
de l’Education Nationale dans le but d’améliorer les conditions
environnementales de scolarisation des élèves ruraux tout en
introduisant les principes d’une éducation environnementale.

Ce programme vise à :

 réaliser des systèmes d’approvisionnement en eau


potable au niveau de 15000 écoles ;
 mettre en place des installations sanitaires au niveau
de près de 18000 écoles, ainsi que des clôtures
vertes ;
 créer des clubs de l'environnement et organiser des
sessions de formation au profit du corps enseignant.

Environ 4720 écoles bénéficieront de ce programme d’ici 2015

III.7 Programme National de mise à niveau environnementale des Mosquées et


des Ecoles Coraniques (PNMEC)

Le Programme National de mise à niveau environnementale


des mosquées et des écoles coraniques est élaboré
conjointement avec le Ministère des Habous et des Affaires
Islamiques dans le but d’améliorer les conditions sanitaires des
établissements religieux en milieu rural dont la majorité est
dépourvue d’eau potables et d’assainissement. Ainsi, il est
prévu de doter 8200 mosquées et 90 écoles coraniques de
dispositifs d’approvisionnement en eau potable et
d’assainissement avec l’organisation de sessions de formation
sur l’éducation environnementale au profit des Imams et Fkihs.

Environ 2300 établissements bénéficieront de ce programme d’ici 2015.

38
III.8 Programme « Amélioration du cadre environnementale de vie des
populations»

Ce Programme dont l’objectif est la sensibilisation, par l’action, à l’amélioration de la qualité


environnementale des espaces urbains dans une vision de développement urbain durable. Il
porte sur l’élimination des points noirs, la création et l’entretien des espaces verts et
récréatifs, l’organisation de campagnes de nettoiement des artères et des rues,
l’embellissement des villes, l’organisation de campagnes de collecte et d’élimination des sacs
en plastique.

III.9 Programme d'Aménagement d'Espaces Récréatifs dans les Forêts :

Ce programme a pour objectifs de :

 contribuer à l’amélioration du cadre environnemental des populations ;


 rendre ces forêts plus accueillantes pour le public par des aménagements récréatifs
adéquats et respectueux de l’environnement.
 créer un espace de culture et d’éducation environnementale.

Il s’agit de réaliser des espaces récréatifs au sein d’une vingtaine de forêts durant la période
2010-2015, notamment dans les forêts de la Maâmora et de Bouskoura (Casablanca), le parc
de Nfifekh (Benslimane), l’aire de Chellalate (Mohammedia) et la source Vittel (Ifrane).

Légende:
Parcours de santé
®
Chemin pédestre
Randonnée VTT
Passerelles
Barrière/ etrée
Parking
Aire de repos/jeux
Kiosque d'information
Bloc sanitaire
Aire de pétanque

Miradore

340 170 0 340 Kilometers

39
Figure 13: Aménagement récréatif de la vallée l’oued Nfifikh (Benslimane)

III.10 Programme national de protection et de valorisation de la Biodiversité :

Ce programme vise à améliorer les connaissances sur


la diversité biologique et en assurer une gestion
durable tout en accordant une attention particulière
aux espèces endémiques et menacées d’extinction
ainsi qu’aux écosystèmes rares. Dans ce cadre, les
projets suivants sont programmés en 2010 :

 Conservation de la biodiversité à Jbel Gourougou


et Lagune Marchika et à l’embouchure de la
Moulouya ;
 Protection et de valorisation des écosystèmes
terrestre, marin et côtier et zones humides de
Laayoune et Boujdour ;
 Protection de l’oasis de Figuig.

40
III.11 Projets pilotes

Il est envisagé de convertir les sièges du Département de l’Environnement, de la Direction


Générale de l’Hydraulique, de la Météorologie Nationale et de l’Agence du Bassin
Hydrauliques du Bouregreg et de la Chaouia Côtière en bâtiments écologiques. Les actions
prévues par ces projets pilotes, consistent en l’économie de l’eau et de l’énergie, l’utilisation
des énergies renouvelables, le tri des déchets pour le recyclage du papier et les plantations
rafraichissantes qui renvoient davantage la lumière du soleil.

Dans le cadre de la mise en place d’une éthique écologique urbaine, il s’est avéré nécessaire
de lancer un projet pilote de mise en place d’un système de management environnemental
dans la ville de Benslimane, visant à évaluer l’impact des activités humaines sur les milieux
naturels et mettre à niveau leur gestion environnementale, et ce, dans une vision de
développement durable qui permettra d’aboutir à la certification ISO 14001 de ces villes.

IV. Outils d’observation, de surveillance et de prévention

IV.1 Observation de l’Environnement

Afin de relever les défis liés à la protection du patrimoine écologique, le besoin en information et en données
sur la réalité de l’état de l’environnement est accru pour l’aide à la prise de décision eu égard à la diversité
des problématiques environnementales d’une part, et la multiplicité des acteurs et intervenants d’autre
part.

Ainsi, dès la mise en place de l’autorité gouvernementale en charge de l’environnement, une


réflexion en matière d’observation de l’environnement, en particulier sur les aspects
organisationnels, a débouché en 2000 sur l’institutionnalisation de l’Observatoire National de
l’Environnement du Maroc (ONEM), en tant que Division au sein de la Direction des Etudes de
la Planification et de la Prospective.
L’ONEM a pour rôle d’assurer le suivi permanent de l’état de l’environnement afin d’en
améliorer les connaissances et de développer des outils d’aide à la prise de décision en
matière de protection de l’environnement et du développement durable.

Pour ce faire, les missions qui lui ont été dévolues s’articulent autour de la gestion de
l’information environnementale et le reporting, notamment l’élaboration du rapport national
de l’Etat de l’environnement et du rapport national des indicateurs de développement
durable.

41
Par ailleurs, il est nécessaire d’adapter les priorités, le mode d’intervention et le cadre
institutionnel au nouveau contexte et particulièrement à travers la mise en place d’une
nouvelle organisation et de structures et organes déconcentrés à même d’assurer
efficacement la surveillance et la prévention des problèmes environnementaux.

La mise en place des Observatoires Régionaux de l’Environnement et de Développement


Durable (OREDD) en partenariat avec les 16 Régions du Royaume, permettra de construire
des mécanismes qui participeront à une nouvelle architecture institutionnelle locale
favorisant la création d’espace pour l’interaction, la coordination et la convergence. Ils
permettront par ailleurs, d’assurer un suivi permanent de l’état de l’environnement et de
mesurer les résultats et la performance des actions correctives initiées par les programmes de
mise à niveau environnementale. Ils auront pour rôle également de développer la
prospective pour prévenir les tendances des milieux naturels en rapport avec les projets de
développement et définir les orientations stratégiques d’un développement local durable.

Observatoire National de OREDD de la Région Marrakech-Tensift


l’Environnement (ONEM) Al Haouz

OREDD de la Région Chaouia Ouardigha OREDD de la Région Sous Massa Daraa

42
Les OREDD qui constitueront le prolongement de l’Observatoire National sont appelées donc
à devenir de véritables outils d’aide à la prise de décision au service des autorités locales dans
la perspective de mettre en œuvre la stratégie environnementale. Le plan d’action de leur
mise en place comprend les activités suivantes :

- Mise à disposition du local par la Wilaya ou par le Conseil Régional ;


- Equipement en matériel informatique et bureautique et la réalisation des études
nécessaires, notamment l’élaboration du rapport régional sur l’état de
l’environnement et la mise en place d’un système d’information régional de
l’environnement, par le Département de l’environnement.
Jusqu’à présent, huit OREDD sont installés à Marrakech, Benslimane, Ifrane, Oujda, Agadir,
Guelmim, Beni Mellal et Tanger Tétouan et dont 5 sont déjà opérationnels. Les autres seront
mis en place durant 2011.

IV.2 Laboratoire National de l’Environnement


De même, la restructuration du Laboratoire National de l’Environnement et sa
redynamisation en tant qu’établissement de référence en matière de surveillance de la
pollution des milieux naturels contribuera à l’amélioration de l’état de connaissance de
l’environnement.

D’autre part, la mise en place des Services Extérieurs est nécessaire pour l’opérationnalisation
des actions de proximité et pour renforcer l’inspection et le contrôle. Ainsi, les bases d’une
représentation territoriale dotée de moyens humains et matériels nécessaires, à même de
répondre aux sollicitations et attentes des acteurs régionaux et locaux et d’assumer le rôle de
police administrative, seront mises en place à terme.

43
VI.3 Etudes d'impact sur l'environnement (EIE)

Les études d'impact sur l'environnement (EIE) permettent d'évaluer à priori, les
répercussions des projets d’investissement sur l'environnement en vue de prévoir les mesures
nécessaires pour les atténuer. La Loi n° 12-03 a institué un Comité National et des Comités
Régionaux qui ont pour mission d’examiner les EIE et de donner leur avis sur l’acceptabilité
environnementale des projets d’investissement. En outre, elle stipule que chaque projet
soumis à l’EIE doit faire l’objet d’une enquête publique dans le but de permettre à la
population concernée de prendre connaissance des impacts éventuels du projet sur
l'environnement et de recueillir leurs observations et propositions y afférentes.

La parution en novembre 2008, des décrets d’application de cette loi, portant attributions et
fonctionnement du comité régional des EIE et fixant les modalités d’organisation et de
déroulement de l’enquête publique relative aux projets soumis aux EIE, marque une nouvelle
étape dans le processus de décentralisation de la gestion de l’environnement avec la prise en
considération de l’avis de la population concernée. Cela nécessite un effort soutenu pour le
renforcement des capacités des intervenants et l’adoption d’une démarche structurée du
processus d’évaluation des EIE. A cet égard, le Département de l’Environnement a entrepris
une démarche de régionalisation s’articulant autour de deux axes :

 Axe organisationnel :
o diffusion auprès des Walis des Régions et Gouverneurs des Provinces et
Préfectures d’une circulaire d’information conjointe entre le Secrétaire d’Etat
chargé de l’Eau et de l’Environnement (SEEE) et le Ministre de l’Intérieur,
précisant le rôle des autorités locales dans le processus EIE ;
o publication d’un arrêté du SEEE par lequel il délègue aux Walis des Régions la
signature des décisions d’acceptabilité environnementale pour les projets dont
le montant d’investissement est inférieur ou égale à 200 millions de dirhams ;
o mise en place des comités régionaux à travers la désignation de leurs membres
permanents par décisions des Walis des Régions.
 Axe technique :
o développement d’outils de travail standardisés à mettre à la disposition des
comité régionaux en l’occurrence, des Manuels des procédures de gestion des
activités d’instruction des dossiers et des travaux desdits comités, un Guide
général d’évaluation des rapports des EIE et des Directives sectorielles
définissant les principaux éléments qui doivent être intégrés aux termes de
référence de l’EIE ;
o organisation de sessions de formation pour le renforcement des capacités des
membres des comités régionaux.

44
V. Renforcement du cadre juridique
Pour assurer la durabilité des avancées sociales et économiques dans le cadre d’un
développement durable, il est primordial de parachever le cadre juridique national et le
rendre plus effectif. Ainsi, des efforts sont consentis pour :

 Accélérer le processus d’examen et d’adoption des textes d’application des lois


environnementales dans le but de leur donner plein effet. Ces projets de texte concernent
des domaines fondamentaux touchant directement la santé et le cadre de vie des
citoyens. Il s’agit respectivement des domaines de l’eau, de l’air et des déchets.

 Organiser et développer la fonction de veille juridique afin d’ouvrir des pistes de


réglementation nouvelles susceptibles d’accroître l’effectivité du droit de l’environnement
dans notre pays.

De même, l’adhésion de notre pays aux différents traités, accords et conventions


internationaux, sa détermination à participer aux efforts volontaristes de la communauté
internationale en vue d’une meilleure préservation de l’environnement mondial, exigent des
pouvoirs publics des efforts supplémentaires de mise à niveau et de rapprochement de la
législation marocaine de la législation internationale.

Il est de ce fait urgent de renforcer le cadre légal environnemental du pays à travers


l’adoption de lois essentielles telles que la loi sur le littoral et la loi sur le sol.

VI. Mécanisme de financement et outils d’incitation

Une attention particulière est accordée au développement des instruments économiques et


financiers destinés à drainer les ressources financières supplémentaires nécessaires à la
réalisation de projets publics ou privés de protection de l’environnement et à recouvrir les
coûts des opérations de traitement et d’élimination des pollutions. Parmi ces instruments, il y
a lieu de citer le Fonds National de l’Environnement, le Fonds de Dépollution Industrielle et le
Mécanisme de Développement Propre (MDP).

45
VI.1 Fonds National de l’Environnement (FNE)

Le Fonds National de l’Environnement (FNE) est un instrument financier incitatif institué par la
loi n° 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement. Ce Fonds est
créé sous forme d’un Compte d’Affectation Spécial (CAS) et dont l’ordonnateur est l’autorité
gouvernementale chargée de l’environnement.

Le FNE a pour objet :

 La contribution au financement des programmes de dépollution des eaux


domestiques (Plan National d’Assainissement) et industrielles ;

 La contribution au financement des programmes de gestion des déchets


solides ;
 La prévention et la lutte contre la pollution atmosphérique ;
 La contribution au financement des projets pilotes d’environnement.

VI. 2 Fonds de Dépollution Industrielle (FODEP)

Le développement du secteur industriel national a donné un élan à l’économie nationale, il a


toutefois contribué dans certaines zones à la dégradation de l’environnement,
compromettant ainsi le développement durable auquel aspire notre pays.

C’est pour infléchir cette tendance, que le Maroc a mis en place, avec l’appui de la
coopération allemande, le Fonds de Dépollution industrielle (FODEP). Le FODEP est un
instrument incitatif qui encourage la mise à niveau environnementale à travers un appui
technique et financier des entreprises industrielles ou artisanales. Le FODEP finance des
projets portant sur

- La mise en place d’installations de réduction et d’élimination de toutes les formes de


pollution liquide, solide ou gazeuse.
- La réalisation de projets assurant l’économie des ressources notamment l’eau et
l’énergie à travers le changement des procédés et l’utilisation des technologies
propres

Depuis sa création, le FODEP a agréé environ une centaine de projets de dépollution pour un
montant global de prés de 500 MDH dont 190 MDH représentent la contre-partie de l’Etat qui
est financée par des dons de la KFW.

46
Par ailleurs et afin d’assurer la synergie entre les programmes en cours, un intérêt particulier
sera accordé aux demandes d’appui qui convergeront et soutiendront les objectifs du
Programme National d’Assainissement.

VI.3 Mécanisme de Développement Propre (MDP)

Le MDP est un mécanisme de flexibilité mis en place dans le cadre du Protocole de Kyoto
permettant aux pays développés d’obtenir des crédits de réduction des émissions en
finançant des projets de réduction des émissions des gaz à effet de serre dans les pays en
développement.

Ainsi, ce mécanisme permet de mobiliser une partie des financements nécessaires à


l’investissement de projets relevant des secteurs suivants : Déchets, Efficacité énergique,
Energies renouvelables et Reboisement.

Actuellement, le Maroc dispose d’un portefeuille d’une soixantaine de projets à différents


stades de développement, dont 5 sont enregistrés et une quinzaine en cours de validation.

De même, un programme concernant la fiscalité environnementale est en cours de


préparation afin de mettre en place un système d’écotaxe adapté au contexte socio-
économique et contribuant à alléger la charge des dépenses supportées par l’état dans le
domaine de préservation de l’environnement. Ce programme figure d’ailleurs parmi les
recommandations de la 6ème session du Conseil National de l’Environnement qui a eu lieu en
mai 2009, et dont les travaux se sont focalisés sur l’examen des outils nécessaires au
renforcement des cadres institutionnel, réglementaire et économiques au service de la
protection de l’environnement.

VII. Mesures d’accompagnement

Certes, la protection durable de l’environnement requiert le renforcement de l’action des


différents acteurs publics à l’échelle nationale et locale, néanmoins, l’atteinte des résultats
escomptés demeure tributaire de l’activation d’un ensemble de leviers à même de rendre
cette action plus efficace et plus durable.

VII.1 Communication, sensibilisation et éducation environnementale

Pour accompagner sa stratégie de mise à niveau environnementale, le Maroc déploie un


effort important en matière d’information, de sensibilisation et d’éducation à

47
l’environnement, et ce dans l’objectif de faire participer activement les différents acteurs dans
la mise en œuvre des programmes environnementaux et inculquer des valeurs et des éthiques
écologiques, car la sensibilisation et l’éducation à l’environnement sont à la base de
l’évolution de toute culture écologique à différentes échelles sociales.
Divers canaux sont régulièrement employés au service de ces objectifs. De même, que les
différents moyens et les nombreuses occasions sont exploitées pour plaidoyer en faveur de
l’intégration de l’éthique environnementale dans les comportements et les attitudes.

VII.2 Programme d’éducation environnementale dans les écoles rurales

Le Programme National de Mise à Niveau


Environnementale des Ecoles Rurales, qui prévoit
l’approvisionnement en eau potable et d'assainissement
de ces écoles, consacre un axe important à la réalisation
d'activités d'éducation environnementale à travers la
création de clubs de l'environnement dans ces écoles ainsi
que la formation des formateurs en matière d'éducation
environnementale. Un financement de 4 MDH est réservé
annuellement pour l’exécution des actions prévues dans
ce cadre.
Ainsi, il a été réalisé ce qui suit:

• La création de 300 clubs environnementaux dans


les écoles rurales couvertes par le programme, à
travers l'équipement de ces clubs par le matériel
informatique, audio-visuel et pédagogique
nécessaires.
• Le renforcement des capacités des cadres éducatifs
chargés des clubs d’environnement dans les écoles
rurales à travers l'organisation de 16 sessions de
formation régionales, avec la participation de 500
bénéficiaires.

48
Par ailleurs, une convention de partenariat en matière d’éducation et de sensibilisation a été
signée avec la Société Nationale de la Radio et Télévision Marocaine, relative à la production
et la diffusion de capsules et magazines dédiées à l’environnement, afin de renforcer l’action
dans le domaine de la sensibilisation et la mobilisation en faveur de l’environnement.

VII.3 Accès du public à l’information

En vue de sensibiliser les différents acteurs de la société, qu’ils soient entreprises, ONG ou
simples citoyens, aux problématiques et enjeux environnementaux et obtenir leur adhésion à
la politique de protection durable de l’environnement, le Maroc déploie plusieurs canaux et
outils pour leur assurer un accès facile et approprié aux informations environnementales.
Ainsi, en sus de son site web qui fournit un large éventail d’information d’ordre technique et
juridique, des rapports et des publications périodiques sont diffusés régulièrement. Les
sessions du Conseil National de l’Environnement et ses rapports thématiques constituent une
source d’information supplémentaire au bénéfice du public.
En outre, un projet de loi relatif à l’accès à l’information environnementale et à la prise de
décision dans le domaine de l’environnement est dans le circuit d’adoption. Il a pour objectifs
de :

 Faciliter l’accès du public à l’information et aux documents ayant trait à


l’environnement ;
 Garantir une diffusion aussi large que possible de toute information relative à
l’environnement ;

Prendre en considération le principe de la participation du public au processus décisionnel en


matière d’environnement.

Cependant, pour que le droit d’accès du public à l’information environnementale soit une
réalité, il est essentiel que cette information soit disponible et de bonne qualité. D’où l’intérêt
de la mise en place des Observatoires Régionaux de l’Environnement et de Développement
Durable.

VII.4 Coopération internationale

L’intérêt porté aux questions environnementales est à la fois récent dans la culture moderne
et partagé, à des proportions différentes, par l’ensemble des pays de la planète. Ainsi, les
développements scientifiques et techniques qui lui sont associés connaissent une grande
dynamique de coopération entre pays pour échanger sur les meilleures méthodes, outils et
pratiques de protection de l’environnement. De même, des financements conséquents sont
mobilisés à l’échelle internationale pour soutenir les pays en développement à contrer les

49
problématiques environnementales et à asseoir les bases d’une gestion intégrée et durale de
l’environnement.
Le Maroc n’est pas en reste, la coopération internationale y représente un levier de
développement important et un appui incontournable à sa politique. Elle
permet notamment :

 La mobilisation de financements additionnels pour la mise en œuvre des ses


programmes de mise à niveau environnementale (prêt de politique de développement
pour les secteurs de l’eau, des déchets ménagers, d’agriculture, du transport...,
octroyés par la Banque Mondiale, projets de préservation de la biodiversité et de lutte
contre le réchauffement climatique avec l’appui du Fonds Mondial pour
l’Environnement, appui de l’Union Européenne au Programme National
d’Assainissement liquide et à la dépollution industrielle…).
 Le transfert de technologie et de savoir faire ainsi que le renforcement de ses
capacités institutionnelles et humaines, dans le cadre de la coopération multilatérale
et bilatérale, pour préparer les conditions favorables pour assoir les bases du
développement durable.

VIII. Conclusion

En optant pour le choix d’un développement durable et responsable comme orientation


stratégique de son propre développement, le Maroc affirme sa volonté de relever les défis
environnementaux de ce troisième millénaire. Ce choix est dicté au niveau national, non
seulement par la rationalisation nécessaire de la gestion des ressources, gage du
développement socio-économique futur du pays, mais également et surtout en raison d’un
souci d’amélioration continue de la qualité de vie des citoyens.

Certes, le plan d’action prioritaire 2010-2015, permettra de mettre à niveau l’espace


environnemental et de lui assurer une protection durable, néanmoins, face à l’ampleur des
problèmes environnementaux et l’importance des investissements requis, il devient
nécessaire de se doter d’une stratégie nationale de protection de l’environnement intégrée et
efficiente garantissant la mise en cohérence des divers plans et programmes
environnementaux sectoriels ou régionaux.

Cette stratégie permettra en outre, de proposer le type d’organisation optimal pour des
secteurs spécifiques, en l’occurrence les déchets et l’assainissement liquide, qui mobilisent
des financements importants et requièrent une technicité pointue et une célérité dans
l’action.

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Liste Bibliographique

- Banque Mondiale, 2003- Evaluation du coût de la dégradation de l'environnement.


- Banque Mondiale, Mai 2008- Revue Stratégique du Programme National d’Assainissement.
- Haut Commissariat au Plan, 2010- Annuaire Statistiques du Maroc.
- Instruments juridiques au service de la protection de l’environnement au Maroc (2009).
- Ministère de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de
l’Environnement, Octobre 2001- Communication Nationale Initiale à la Convention Cadre des
Nations Unies sur les changements climatiques.
- Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, 2008- Stratégie Énergétique
National « Horizon 2030 ».
- Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement, Secrétariat d’Etat chargé de
l’Environnement ,2004- Stratégie nationale pour la conservation et l’utilisation durable de la
Diversité Biologique.
- Objectifs du Millénaire pour le développement, Rapport National, 2009-.
- Observatoire National de l’Environnement du Maroc ,2001- Rapport sur l’Etat de
l’Environnement Marocain (REEM).
- Observatoire National de l’Environnement, 2003- Test Marocain des Indicateurs de
Développement Durable.
- Observatoire National de l’Environnement, 2006- Rapport National des Indicateurs de
Développement Durable.
- Quatrième rapport national sur la diversité biologique.
- Recueil des lois relatives à la protection de l’environnement (2010).
- Stratégie de proximité du Département de l’environnement (2009).
- Secrétariat d’Etat auprès du Ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement,
chargé de l’Eau et de l’Environnement Département de l’Environnement, Novembre 2009-
Plan national de lutte contre le réchauffement climatique.
- Secrétariat d'Etat Chargé de l'Environnement, Direction de la Surveillance et de la Prévention
des Risques, 2002- Pollution atmosphérique au Maroc : Situation en 2002.

51

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