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| .
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(ºſ -] º ( ex du E c tt ... )
" L A

SAINTE ECRITURE
D E -

LANCIEN TESTAMENT,
expoſée & éclaircie
Par DE M A N DE s & par R E P o N s Es,
' • , l

Selon lordre du temps dans lequel chaque partie


a été écrite ;
Avec de courtes Explications & des Remarques pour
en faciliter l'intelligence. Le tout accompagné :
d'une ample Table des matieres pour en rappeler
le contenu. : /

T O M E P R E M I E R,
Contenant les deux premiers Livres de Moïs E,
LA GENESE E T L'EXO DE.

| -@
.#. G
# ºi !
· •gº
A L A U S A N N E,
chez A N T O I N E C H A P U I S.

M D C C L X I V.
| C } $c.u.
ſº1zvJC ?
A U X

TRES REVERENDS ET CELEBRES


M E S S I E U R S,
L E

MAGNIFI Q U E R E C T E U R ; |.

L E S
VENERABLES PASTEUR.S,
L E S -

D0CTES ET SAVANS PROFESSEURS


D E L' A C A D E M I E

D E L A U S A N N E.

MissiEuRs MEs TREs-HoNoRE's FREREs


*T cH E R s Co L LE G U E s,

# : Ous avez un droit acquis à


# ^ # l'Ouvrage que je vous pré
# # ſente aujourd'hui, puiſqu'il
ſ k fruit des méditations e5 des veil
les
les de celui qui a ſurement joui le plus
long-tems de l'honneur detre membre
de vôtre Vénérable Compagnie : Pro
feſſeur pendant 57 ans, il etoit, bien
des années avant ſa mort, le Doyen
de l'Académie, e5 peu de titre étoit plur
flateur pour lui, que de ſe voir le Col
legue de Savans, qui tous avoient été
ſes Diſciples : ſon cœur, fait pour l'a-
mitié, ſe rappeloit avec plaiſir des re
lations ſi propres à en retracer les doux
ſentimens.
je connoiſſois aſſez la façon de pen
ſºr de feu Monſieur le Profeſſeur Po
L1 E R, mon cher Oncle, pour être très
aſſuré, qu'en vous dédiant ſon Ouvra
ge poſthume, je ſuis les mouvemens de
ſon cœur qui vous étoit enticrement
dévoué. D'ailleurs, Meſſieurs, mes
TR E s - HoN o R E s FR E R Es, ſous
quel nom puis-je mettre plur conve
mablement nos Saints Livres, éclaircis
es mis à la portée de tout lecteur
- Chré
Chrétien, (qui aime la vérité é5 qui
la cherche,) que ſous celui d'une Vé
nérable Compagnie de fidèles Miniſ
trts du Seigneur, de Docteurs ſages
| 65 éclaires, qui s'occupent avec zèle
, à linſtruction d'une jeuneſſe nombreu
· ſe, qui ſe deſtine à l'importante vo
cation d'être un jour de fidèles Ou
vriers dans la moiſon du Seigneur.
Veuille ce Pere Céleſte, de qui pro
céde toute bonne donnation &
tout don parfait , bénir vos tra
vaux, ſeconder leurs efforts, en ac
cordant aux Maitres 65 aux DiſC
ciples, ſes plus précieuſes graces !
Recevez donc, Meſſieurs, mes chers
Collégues, un nouveau témoignage pu
blic des ſentimens que feu mon cher
Oncle vous avoit voués , qu'il a fait
paſſer dans mon cœur , 65 dont la
ſource ne ſauroit tartr; étant avec
une conſidération diſtinguée, une ſin
cere vénération e5 un attachement
- * 3 in
inviolable, de vôtre Vénérable Com
pagnie en général, e5 de chacun de s
vous en particulier,

ME ss I E U R s MEs TR E s-HoN o RE's FR E R E s


ET c H E R s C o L L E G U E s,

Laiſſanne ce 1. Oliobre 1764

Le très - humble & très


obéiſſant Serviteur,
A. P o L 1 E R , de Bottens,
- premier Paſteur.
#IE-mr-trxxrxrrrDI-IIx
°$gºº
• ##-
#XTCCDIT(C-IK#X-X-GCDI (C3é

P R E F A C E
D E

L' E D I T E U R.

Fºll parut l'an 1756 , un Ouvrage ſur


# I # le Nouveau Teſtament, tel que celui
t= # qu'on donne aujourd'hui au Public ſur
l'Ancien. L'un & l'autre ſont le fruit des veilles
& des travaux d'un fidèle Miniſtre du Saint Evan
gile, également ſçavant & pieux; c'eſt feu Monſr.
George Po L 1 E R, lequel a exercé pendant plus
de 57 ans, la Chaire de Profeſſeur en langues
Orientales, Philologie ſacrée & Catéchêſe, dans
l'Académie de Lauſanne , ſa Patrie.
D'heureux talens, les belles études qu'il avoit
fait dans ſa jeuneſſe, tant à Lauſanne que dans les
Univerſités les plus célèbres de Hollande & d'An
gleterre, ſes voyages litteraires, ſes correſpon
dances , une Bibliotheque, belle, nombreuſe &
bien choiſie , un goût décidé pour nos Saintes
Ecritures, dont la lecture & la méditation fai
ſoient ſon occupation or inaire & la plus douce ;
les langues originales qu'il poſſedoit à fond; les
»F , 4 diver
|
11 : P R E F A C E
ſes verſions, Latines, Françoiſes & Angloiſes ;
tant anciennes que modernes, qu'il s'étoit procu
rées & qu'il conferoit ſoigneuſement avec le Tex
te ſacré; la lecture des meilleurs Commentateurs, ,

& en général de tous les Ouvrages qui pouvoient


lui donner l'intelligence de nos Saints Livres,
& ſeconder l'ardent deſir qu'il avoit de ſe rendre
utile à ſon Auditoire, en formant ſes Diſciples
à la pieté & à la vertu ; tout cela le mettoit en
état plus que perſonne d'exécuter le plan qu'il s'é-
toit propoſé 3o. ans avant ſa mort, & dont il
donna au public il y a huit ans, la partie qu'il
enviſageoit comme étant plus utile au général des
Chrétiens, & devant précéder par-là même celle
· qu'on lui préſente aujourd'hui.
, Il eut été fort à ſouhaiter, que Dieu, dans ſa
· grace, eut prolongé les jours de l'Auteur, pour
qu'il put revoir avec plus de ſoins ſon Ouvrage,
& lui donn r cette derniere touche, qu'il ne re
' çoit qu'imparfaitement par les mains d'autrui.
| Mais le Souverain Arbitre de nos deſtinées en
a diſpoſé autrement. Mr. le Profeſſeur Po L 1ER
termina ſa carriere à l'âge de 84 ans, le 13.
d'Octobre 1 7 59. béniſſant Dieu de ce qu'il lui
avoit conſervé aſſez de ſanté & de force pour
achever l'Ancien Teſtament, & ramaſſer une par
tie des matériaux néceſſaires pour la grande Table
des matiéres, qu'il ſe propoſoit de faire ſur le
même plan, que celle qu'il a donnée à la tête du
• A Nou
D E L E D 1 T E U R. I I I

Nouveau. Comme il avoit extrêmement à cœur


la publication d'un Ouvrage qu'il croioit d'une
grande utilité, & pour la compoſition duquel il
n'avoit rien négligé, il profita de tous les bons
momens que lui laifſoit une fâcheuſe maladie,
dans laquelle il conſerva toute la liberté de ſon
eſprit, pour retoucher quelques - uns de ſes ca
hiers & mettre au fait de ce qu'il reſtoit à faire
pour la Table des matieres &c. Son neveu ,
Mr. P o L 1 E R de Bo tens , l'un des premiers
Paſteurs de l'Egliſe de Lauſanne, qui ayant été
pendant trois années Académiques dans l'Univer
fité de Leyden , diſciple du célèbre Albert
ScH U L THE N s, étoit au fait de la langue Hé
braïque , & pouvoit donner ſes ſoins à la revi
ſion de cet Ouvrage, & à l'édition que le judi
cieux Auteur déſiroit ardemment qu'on donnât au
public le plûtôt qu'il ſe pourroit. -

Héritier des cahiers de ſon Oncle, & ſouhai


tant de répondre à ſa confiance , le Paſteur Po
L 1 E R, dès que ſes grandes occupations ont pû
le lui permettre, a cherché avec empre ſement les
moyens de faire imprimer cet Ouvrage & de rem
plir d'un côté les engagemens que feu ſon cher \

Oncle avoit pris avec le Public, & ſatisfaire de


l'autre les deſirs des ames pieuſes, qui ayant lû &
médité avec plaiſir le Nouveau Teſtament, at
tendoient avec impatience de voir paroitre l'An
cien. Mais malheureuſement la guerre allumée
* 5 dans
IV F R E F A C E

dans preſque toute l'Europe, qui ralentiſſoit les #


diverſes branches du commerce, & ſurtout celle
de la Librairie ; les Ouvrages conſidérables qu'a- *t

voit actuellement ſous preſſe Mr. Marc - Micbel'


Rey, Libraire d'Amſterdam, & qui ayant fait im
primer le Nouveau Teſtament à ſes dépends, avoit
un droit acquis à l'impreſſion de l'Ancien, puiſ
qu'il faiſoit la premiere & la plus conſidérable
partie d'un même tout: Ces diverſes circonſtances
tant publiques que particulieres, ont mis l'Edi
teur dans la néceſſité de differer juſqu'à ce jour,
l'impreſſion d'un Ouvrage attendu avec impatien
ce par ceux qui aimants la bonne parole de Dieu,
ſavent priſer tout ce qui va à en donner une plus
parfaite intelligence, & qui en conſéquence ren
doient à l'Auteur la juſtice qui lui eſt duë, admi
roient la fimplicité & le vrai de ſes explications,
la ſolidité de ſon harmonie Evangelique, ſes liai
ſons heureuſes, bien trouvées & propres à ré
pandre un nouveau jour ſur pluſieurs endroits .
obſcurs ou mal-entendus dans les Ecrits Sacrés,
& ſurtout dans les Epitres des Saints Apôtres. .
Meſſieurs les Eccléſiaſtiques & en général tous
ceux qui par leur état, ſont appellés à travailler
ſur l'Ecriture Sainte, ſentoient tout le prix de
cette longue & belle Table des matieres, qui of
fre avec une préciſion admirable une concordan
ce de ſujets & de choſes tout autrement lumineu
ſe & utile, par là même, que les diverſes con
COſ
·D E L' E D I T E U R. V

cordances de mots, ſouvent fautives & qui man


quent pour l'ordinaire le but propoſé, qui doit
être de répandre du jour ſur le texte Sacré.
C'eſt en conſéquence de ces idées avantageuſes
que le Public avoit pris de l'Ouvrage de feu Mr.
le Profeſſeur P o L 1 E R, qu'en Angleterre & en
Hollande, de très dignes Paſteurs ont travaillé à
en faire des traductions, dont il ſe fait des Edi
tions très nombreuſes, qu'on ſe propoſe d'en
voier dans les diverſes Colonies. Ainſi il y a tout
lieu de croire que l'Ancien Teſtament que nous
donnons aujourd'hui ſera reçû avec un empreſſe
ment proportionné au cas, que la plus ſaine
partie du public a fait du Nouveau, dont l'Edi
tion eſt actuellement écoulée. ' -

Cependant avant que de mettre la main à l'œu


vre, on crut devoir conferer ſur la forme de Ca
téchiſme qu'avoit adoptée l'Auteur, & qui n'a-
voit pas été généralement approuvée, & exami
ner s'il ne conviendroit pas d'y renoncer ; plu
fieurs Livres du Vieux Teſtament paroiſſant peu
propres à admettre cette méthode ſinguliére :
Mais ayant relu avec ſoin la Préface, qui eſt à
la tête du Nouveau Teſtament, peſé les raiſons
que l'Auteur allégue pour juſtifier ſa méthode,
examiné la maniere victorieuſe dont il répond
aux objections qu'on pourroit lui faire ; on crut
me devoir rien changer à la forme de Catéchêſe
que l'Auteur avoit adoptée, puiſque d'un côté,
, cela
VI P R E F A C E

cela auroit occaſionné entre le Vieux & le Nou


veau Teſtament une bigarure choquante, & que
d'ailleurs cette forme particuliere à l'Auteur ca
rasteriſoit ſon Ouvrage, en faiſoit un livre ori
ginal, très propre à remplir ſes vuës & très eſ
timable par là même. Il fut donc conclu qu'on
ſe borneroit à revoir avec ſoin tous les cahiers,
à retrancher les demandes dont on pourroit ſe
paſſer, & abréger autant que poſſible celles qu'on
croiroit devoir conſerver. Cependant il faut a
vouer que ſi l'on avoit ſuivi le plus grand nom
bre des ſuffrages, on auroit au moins tiré de
l'ordre commun , les Proverbes & l'Eccléſiaſte .
de Salomon, qui étant compoſés de Sentences
& de Maximes détachées , paroiſſoient peu ſuſ
, ceptibles de la même méthode : mais ſi l'Edi
teur n'a pas eu pour ce conſeil tous les égards
qu'il auroit voulu , c'eſt d'un côté par la crain
te de trop prendre ſur lui , en renverſant ab
ſolument le Texte de Salomon , pour ranger
toutes ſes Maximes & Sentences ſous des titres
& Claſſes générales , ſuivant l'opinion des Sa
vans conſultés, qui vouloient qu'à cet égard,
· on imita ce qu'avoient fait pluſieurs Auteurs de
Philoſophie morale, qui ont écrit des caractères
, du ſiecle ; & de l'autre, l'Editeur avouë ingé
nûment que la vénération qu'il a pour la mé
· moire de ſon digne Oncle, les fréquentes con
, verſations qu'il a eues avec lui ſur ce ſujet , ne
- 1 lui
D E L' E D I T E U R. v 11
lui ont pas permis un changement que l'Auteur
auroit allurément improuvé, comme l'on peut
s'en convaincre par la lecture de l'excellente Pré
face qu'il a miſe à la tête du Nouveau Teſtament.
Mais ſi l'Editeur n'a pas oſé prendre ſur lui de
renverſer l'ordre des Sentences & Maximes con
tenuës dans le Livre des Proverbes & dans celui
de l'Eccléſiaſte, il a vû avec beaucoup de plaiſir
que l'Auteur ait ſuivi & imité dans les Pſaumes
l'exemple de pluſieurs ſavans & judicieux Inter
prétes, qui les ont donné dans l'ordre hiſtori
que, en particulier l'excellente traduction Latine
& Françoiſe que nous avons, imprimée à Paris,
l'an 1742, chez J. B. La Mes le le Pere, dont
l'Auteur auſſi ſavant que pieux & modeſte, a cru
devoir garder l'anonime, ne nous étant connu
que par les éloges qu'on ne peut lui refuſer. ,
Profitant des ouvertures du ſavant Auteur Ca
tholique qui l'a précedé, feu Mr. le Profeſſeur
Po L I E R a beaucoup perfectionné ſon Ouvra
ge, à l'égard de l'ordre qu'on doit donner à ces
Cantiques Sacrés, placés preſque tous dans l'é-
poque hiſtorique, dans laquelle on a lieu de pré
ſumer qu'ils furent compoſés. Cette méthode
toute ſimple, toute naturelle , répand un jour
admirable ſur leur véritable ſens, & fait diſſiper
bien des doutes & des ſcrupules que produit chez
la plûpart des Lecteurs, le Livre des Pſaumes ,
lâ dans nos verſions ordinaires & dans l'ordre
que
V I11 P R E F A C É

que les Compilateurs de l'ancien Canon, ou


plûtôt les Chantres Hébreux leur avoient aſſigné. :
Il nous reſte à dire un mot du ſtile de l'Au
teur, des Notes & Remarques, dont il a cru de
voir accompagner quelquefois le Texte Sacré,
pour en faciliter l'intelligence.
Son ſtile eſt ſimple, aſſez ſcripturaire & au
tant aſſorti au génie de l'original qu'il a été poſ
ſible ; clair, ſans être ni bas, ni trivial, aſſez
correct, ſans cet arrondiſſement de phraſes ſi dé
licat qui flatte plus l'oreille qu'il n'éclaire l'eſ
prit; il a cette dignité didactique, plus réelle,
plus eſtimable par là même que ce faux vernis
philoſophique dont les Auteurs du fiecle font
tant de cas , qui ſéduit les Lecteurs ſuperficiels,
& fait ſouhaiter une plus grande lumiere à ceux
qui ne ſe payant pas de mots, veulent des cho
ſes , & des choſes dites avec clarté, & ſans cet
art qui ôte à la vérité plus qu'il ne lui prête.
Je conviens que dans bien des endroits le ſti
le de l'Auteur auroit pû être plus châtié : mais
il faut ſe ſouvenir que c'eſt un Auteur d'un cer
tain âge, & chacun ſait, qu'à moins d'en faire
une étude toute particuliere & continuelle , un
. bon eſprit ſe prête difficilement à ces viciſſitudes
de la langue Françoiſe, que chaque génération
voit en quelque ſorte diſlemblable à elle-même,
& perdre de cette énergie qui l'illuſtra ſur la fin
du dernier ſiecle & au commencement de celui-ci.
- · D'ail
^
D E L' E D I T E U R. I X

D'ailleurs il ne faut pas perdre de vuë le but


du judicieux Auteur, & ſe ſouvenir qu'il n'écrit
point pour les ſavans, ni pour les gens du mon
de, qui, à la faveur de ce qu'ils appellent un
goût délicat & épuré, ſe croient en droit de re
jetter comme très enmuyant tout ce qui eſt écrit
d'un ſtile ordinaire & ſimple.
M. le Profeſſeur P o L 1 E R a écrit pour le
commun des Chrêtiens; il cherche ſes Lecteurs
dans le ſein des familles qui ſe diſtinguent par la
pieté, l'amour de Dieu, du Sauveur & de ſa ſa
lutaire doctrine, par leur attachement aux devoirs
de fidèles diſciples du Seigneur JE s U s; dès là, il
a dû éviter avec foin l'enflure du ſtile, un langa
ge trop recherché, & s'en tenir comme il a fait
à une diction ſimple, pure & claire. -

Les petites remarques ou additions que l'Au


teur a inſéré dans la ſuite de l'Ouvrage, les no
tes qu'il a miſes au bas des pages, dont il rend
compte dans la Préface du Nouveau Teſtament,
à laquelle on renvoie les Lecteurs; tout cela,
dis-je, a été puiſé dans une critique ſacrée, éga
lement ſaine & judicieuſe; dans une philologie
ſage & bien approfondie, & ne peut que répan
dre beaucoup de jour ſur l'intelligence de nos
Saints Livres, & par là même bien préférablcs
à ces longs Commentaires qu'on ne lit point,
qui édifient très peu, & ſouvent font naitre ſur le
véritable ſens plus de doutes qu'ils n'en diſſipent.
Je
·
X P R E F A c E
Je ne finirai point cette Préface ſans rendre au
· Sr. Antoine Chapuis, Maitre Imprimeur à Lau
ſanne, le bon témoignage qui lui eſt dû : on a
lieu de ſe féliciter que Mr. Key ait donné ſa con
fiance, à un Maitre qui joint à une connoiſſance
approfond'e de ſon art, toute l'attention néceſ
ſaire, afin que l'ouvrage s'expédie avec autant de
célérité que de ſoins. - - -

Je finis par implorer avec toute l'ardeur dont


je puis être capable, le Pere des lumiéres, du
quel procéde toute bonne donnation & tout
don parfait, pour qu'il lui plaiſe de donner ef
ficace à ſa parole, d'avoir pour agréable la mé
ditation & les travaux de ſes fidèles ſerviteurs ;
enſorte que ceux qui aiment à s'inſtruire de la
vérité qui eſt ſelon la pieté, puiſſent trouver
dans la lecture & la méditation des Saints Oracles
du Vieux Teſtament, le fondement aſſûré de
leur foi & de leurs plus chéres eſpérances en
JE s U s - CH R I s T nôtre Sauveur.
-

# |
#- i
Gê,º>© # # ,KX,)

# # ººº #* e "#
i"s.ºº# #
#=#==3=83=++++=833E#=#=#
L A

SA IN T E E CR IT U R E
D E

LAN cIE N T EsT AMENT,


expoſée 85 éclaircie
par DE M AN D E s & par R E P o N s E s.
T O M E P R E M I E R, :
Contenant les deux premiers Livres
DE MoYsE

L A G ENESE E T L' EXOD E.

·P R E L 1 M I N A I R E S.

D E M A N D E.

#° 4 , Uelle eſt la plus néceſſaire de toutes


º -
> -
-

$
3º3
> les connoiſſances que l'on puiſſe aqué
º rir dans cette vie ?
-
-

M& ºé
#-#-4 -#># R E P O N S E.
C'eſt celle qui nous apprend à connoitre Dieu
Tome I. A l'Etre
23 L'A N c I E N T E s T A M E N T.
l'Etre tout parfait, & à le ſervir ſuivant ſa vo
lonté.
D. Pourquoi dites - vous que cette connoiſſance
eſt la plus néceſſaire de toutes ?
R. Parce que ſans elle l'on ne ſauroit jouïr
d'aucun bonheur durable, & qu'avec elle l'on
peut eſperer d'être content de ſon ſort dans
cette vie & de l'être encore plus après la mort
D. D'où peut - on tirer une connoiſſance ſi utilelº
R. On la peut tirer des lumieres de la raiſon
quand on en fait un bon uſage : des ſentimens
de la conſcience, quand on les écoute & qu'on
les ſuit ; mais ſur tout de la Revélation qui
nous apprend ce que Dieu eſt & ce qu'il veut
que nous faſſions pour être heureux.
D. Où trouve t'on cette Revélation ?
R. On la trouve dans les Livres Sacrés que
les Chrétiens appellent l'Ecriture Sainte, qui
comprend tout ce que Dieu a revélé aux hom
mes depuis la création de l'Univers, juſques
à la venué de Jéſus-Chriſt & à la prédication
des Apôtres.
D. Quelles ſont les principales parties de cette
Sainte Ecriture ?
R. Ses principales parties ſont l'Ancien & le
Nouveau Teſtament : l'Ancien écrit avant la
venue de Jéſus-Chriſt par des Prophètes inſpirés
de l'Eſprit de Dieu, & le Nouveau écrit depuis
la venue de Jéſus-Chriſt, par ſes Apôtres , ou
ſes premiers Diſciples, inſpirés du même Eſprit.
D. Que contient en particulier l'Ancien Teſta
ment ?
R. Il contient des Livres Hiſtoriques , des
Livres Moraux, autrement dits, Agiographes &
des Livres Prophétiques. - - -

D. Quels
M 1s - E N C A T E c H I s M E. 3

D. Quels ſont les Livres Hiſtoriques contenus


dans l'Ancien Teſtament , 85 reconnus pour di
vinement inſpirés par tous les Juifs 85 les Chré
tiens *
R. Ce ſont les cinq Livres attribués à Moïſe,
ſavoir la Genèſe , l'Exode , le Levitique , les
Nombres, & le Deuteronome ; les Livres de
Joſué, des Juges & de Ruth ; les deux Livres
de Samuel ; les deux Livres des Rois ; les deux
Livres des Chroniques : Enfin les Livres d'Eſ
dras, de Nehémie & d'Eſter.
D. Quels ſont Livres Moraux auxquels vous
donnez le nom d'Agiographes ?
R. Ce ſont les Livres de Job, les Pſaumes,
les Provetbes, l'Eccléſiaſte & le Cantique des
Cantiques.
D. Quels ſont ceux que vous mettez particu
lierement dans le nombre des Livres Prophétiques ?
R. Ce ſont ceux que nous avons ſous le
nom des quatre grands Prophêtes ; Eſaïe, Je
remie, Ezechiel & Daniel : Et ceux que l'on
nomme les douze petits Prophètes , qui ſont ,
Oſée, Joel , Amos, Abdias, Jonas, Michée,
Nahum , Habacuc , Sophonie, Aggée , Zacha
ne & Malachie.
D. Comment peut - on s'affhrer que ces Livres
ont été écrits par des Auteurs inſpirés de l'Eſprit
de Dieu , 85 qu'ils contiennent mon ſeulement la
verité, mais encore les revélations de Dieu faites
aux hommes, pour leur conduite.
R. L'on peut s'en aſſurer, 1". par le témoi
gnage preſque unanime de tous ceux qui ont
quelque intérêt à cette revélation & qui l'ont
examinée de près ; en ſorte que l'on peut dire
que perſonne ne l'a contetté d'une maniere po
A 2 ſiti
4 L'A N c I E N T E s T A M E N r.
ſitive ou avec quelque apparence de raiſon:
2". Par la déclaration publique qu'ont faits les
Auteurs de ces Saints Livres qu'ils parloient &
écrivoient au nom & par l'ordre exprès de Dieu :
déclaration d'autant plus digne de toute créance,
qu'ils ont eu une connoiſſance diſtincte de tout
ce qu'ils rapportent ; que leur conduite & leur
recit portent un caractère de probité & de ſain
teté qui les met à l'abri de tout ſoupçon de
fraude, & que la plûpart ont accompagné leur
prédication de miracles avérés & de prédictions
qui ont eu leur accompliſſement. Enfin l'on
peut s'en aſſurer, par la nature des faits qu'ils
rapportent, des dogmes qu'ils annoncent, des
loix ou des préceptes qu'ils propoſent, qui font
voir clairement que ce qu'ils diſoient ne venoit
pas d'eux mêmes, mais de l'Eſprit de Dieu dont
ils étoient animés; enſorte qu'on peut regarder
leurs diſcours & leurs écrits comme approuvés
de Dieu & méritans un entier acquieſcement de
nôtre part.
D. Qu'eſt-ce encore qui doit rendre ces Livres
très reſpectables pour tous les kommes ?
R. C'eſt leur antiquité, au moins de la plâ
part, qui va beaucoup au delà de ce qu'il y a
de plus ancien dans l'hiſtoire profane. Les Li
vres de Moïſe en particulier doivent avoir été
écrits plus de ſix cents ans avant ceux d'Ho
mere & d'Heſiode, qui paſſent pour les plus
anciens d'entre les Profanes. Les Livres de Jo
ſué, des Juges, de Samuel, de David, de Sa
lomon & des Prophètes, doivent encore être
regardés commme les plus anciens monumens
que nous ayons de ce qui s'eſt paſſé dans le
monde depuis Moiſe, juſqu'à leur tems.
D. Quel
|

M 1t E N C A T E c H I s M E. +
D. Quelles preuves a-t-on en particulier que les
tinq premiers Livres de l'Ancien Teſtament attri
bués à Moïſe ſoient véritablement de lui ?
R. L'on n'en ſauroit douter, ſi l'on fait at
tention, 1°. au témoignage preſque unanime des
Juifs & des Chrétiens anciens & modernes, qui
les ont conſtamment attribués à Moïſe. 2°. Aux
choſes qui y ſont contenues que, l'on ne ſau
roit avec quelque ombre de vraiſemblance attri
buer à d'autres qu'à lui, 3". Aux ordres que
Moiſe lui-mème dit avoir reçus de Dieu d'écrire
la Loi & la plûpart des choſes contenuës dans
ces Livres, & qui ont une telle relation avec
le reſte, que celui qui doit avoir écrit les unes,
doit auſſi avoir écrit les autres. Enfin aux ci
, tations du Nouveau Teſtament & de Jéſus-Chriſt
lui-même, qui attribuent les Livres de la Loi
à Moïſe : Luc XXlV. 27, 44. Jean I. 17, 46.
V. 46. VII. 19. Act. XV. 2 I. 2. Cor. III. I 5.
D. Mais n'y a-t il pas dans ces Livres des Hiſ
toires qui ont précedé de pluſieurs ſiecles les tems
de Moiſe comme tout ce qui s'eſt paſſé depuis la
création du monde juſqu'au déluge dont il m'eſº
guéres probable qu'il ſoit l'Auteur, d'autres qui
doivent manifeſtement avoir été écrites après lui ;
comme ſa mort, ſa ſepulture $ le deuil qu'en fit
le peuple d'Iſraël ?
R. Il eſt vrai que le premier de ces Livres
dit la Genèſe contient des faits arrivés pluſieurs
ſiecles avant Moïſe ; mais il les a pu ſavoir ,
ſoit par une revélation divine, ſoit par une tra
dition conſtante de pere en fils venue juſqu'à lui
ſans alteration, à cauſe de la longue vie des
hommes de ces tems-là, qui avoient intérêt d'en
conſerver la mémoire avec beaucoup de ſoin ;
- A 3 ſoit
q L'A N C I E N TEsT A M EN T
ſoit par des monumens écrits de la main des
Patriarches mêmes contemporains de ces événe
mens. Et quant aux choſes rapportées dans ces
Livres qui indiquent des tems poſtérieurs à ceux
de Moïſe ; elles ont ſans doute été ajoutées à
la narration de Moiſe par des mains d'une au
torité reſpectable pour rendre cette narration
plus claire & plus complette ; ſans que l'on
puiſſe conclure de là qu'il n'eſt pas l'Auteur des
Livres qui portent ſon nom. A*

D. Tous ces Livres Sacrés renfermés dans mos


Bibles y ſont-ils rºngés ſelon l'ordre des tems dans
leſquels ils ont été écrits ?
. R. Ceux qui en ont fait le recueil, ſoit Juifs
ſoit Chrétiens, ont obſervé cet ordre autant qu'ils
l'ont pu , dans les Livres Hiſtoriques qu'ils
ont placé les premiers & tous de ſuite ; quoi
que quelques uns ayent été écrits après la plû
part des Livres Moraux & prophétiques. D'ail
leurs comme les mêmes faits ſont quelquefois
rapportés dans pluſieurs de ces Livres & quel
quefois dans un ordre different & avec des cir
conſtances indiquées dans les uns & omiſes dans
les autres, l'on a laiſſé chaque Livre dans le
rang qu'il devoit occuper par rapport aux faits
qui y ſont contenus : Quant aux Livres Mo
raux qui font la ſeconde claſſè ; l'on y a auſſi
ſuivi l'ordre des tems dans leſquels ont vècu
les Auteurs à qui on les a attribués, ſavoir Job
pour le Livre qui porte ſon nom ; David pour
les Pſaumes dont il a compoſé la plus grande
partie, & Salomon pour les Proverbes, l'Ec
cleſiaſte & le Cantique des Cantiques ; mais dans
le Livre des Pſaumes, il y en a un grand nom
bre qui ne peuvent avoir David pour Auteur ,
- Cntr6
Mt 1 s E N C A T E c H I s M E. 7
entre leſquels quelques uns ont été compoſés
avant ſon régne & pluſieurs longtems après lui,
dans le tems mème, ou au retour de la Capti
vité de Babilone qui font cependant partie du
même Livre. Enfin pour les Livres Prophéti
ques, le rang qu'on leur donna dans le Recueil
qu'on en fit, fut d'abord reglé par la groſſeur
du Volume que formoient les Ecrits de chaque
Prophête : ſelon cela, l'on mit à la tête les trois
plus étendus ſelon le tems de leurs Prophéties,
ſavoir Eſaïe, Jeremie & Ezechiel , auxquels l'on
joignit Daniel à cauſe de la célébrité de ſon
nom , de ſes emplois & de ſes revélations. En
ſuite l'on plaça les Ecrits des autres Prophètes
qui étoient d'une moindre étendue, qui furent
appelés à cauſe de cela les Petits Prophêtes , &
l'on obſerva auſſi à quelque égard, dans le rang
qu'on leur donna , l'ordre du tems dans lequel
chacun avoit écrit. -

· D. Pour rendre la lecture 83 la connoiſſance


de tous ces Livres plus utile à la plupart des '
Lecteurs , ne trouveriez - vous rien à changer
au rang qu'on leur a donné juſqu'ici dans nos
Bibles ? - - -

R. Il ſemble en effet qu'en rapportant tout


ce qui eſt contenu dans ces Livres Sacrés, ſoit
d'hiſtoire , de morale ou de Prophéties , au
tems dans lequel chaque choſe eſt arrivée, l'on
éviteroit par là bien des repétitions inutiles &
que tout deviendroit plus facile à entendre.
L'on peut d'ailleurs le faire ſans déroger en rien
à la canonicité d'aucun de ces Livres , ni au
reſpect qui leur eſt dû ; puiſque le rang qu'on
leur a donné dans le recueil qu'on en a fait
ne vient point de Dieu, mais des hommes : &
- A 4 qu'en
3 L'A N c I E N : T E s T A M E N r
qu'en apportant quelque changement dans l'or
dre des narrations, l'on en conſerve tout ce
qu'elles peuvent avoir d'inſpiré & de Divin.
C'eſt auſſi la méthode qu'on ſe propoſe de ſuivre
dans l'expoſition qu'on en fera, comme on l'a
déja fait ſur le Nouveau Teſtament.

C H A P I T R E I.

L'hiſtoire de la Création du premier mon


de & du premier homme , avec toutes
ſes ſuites ; juſques à la naiſſance des pre
miers enfans d'Adam & d'Eve.
D. A# mous être aſſurés de la vérité 83
de l'autenticité des Livres de l'Ancien
Teſtament, il eſt de nôtre deboir de les parcourir
avec attention les uns après les autres, 85 pour
commencer par le premier qui a pour titre L A
G E N E s E , dites-moi pourquoi ce nom lui a été
donné * · · -

R. La Geneſe eſt un mot qui vient du Grec


& qui ſignifie Generation , Origine : ce nom a
été donné à ce Livre, par les premiers Tra
ducteurs Grecs, qu'on appelle les Septante In
terprètes ; parce qu'il contient l'origine ou la
création du monde & l'hiſtoire des premiers
hommes , depuis Adam juſqu'à Moïſe ; ce qui
renferme un eſpace de plus de deux mille &
tI'O1S CentS anS. -

D. Comment y eſt décrite la création du monde ?


R. Elle y eſt d'abord énoncée en ces termes
Gen.
I - 2»
I. generaux. * Au commencement des tems Dieu
» créa
RI 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 5

» créa les Cieux & la Terre, c. à d. qu'il donna


aux Cieux que nous voyons 8, à la Terre que
nous kahitons l' exiſtence qu'ils n'avoient pas aupa
ravant $ les proprietés qui leur convenoient pour
» l'uſage auquel Dieu les deſiinoit. Or cette Terre
» fut au premier inſtant créée vuide & confuſe ,
c. à d. toute mué, informe 83 deſtituée de tout
arrangement, de tout ornement 85 de tout habi
tant. " Les ténèbres, ou une profonde obſcurité
» en couvroient la ſurface, 83 environnoient l'a-
bime d'eaux dans lequel elle étoit comme plongée,
» mais un grand vent excité par la puiſſance di
» vine vint à agiter le deſſus de ces eaux 85 pré
fara le tout à recevoir la forme que D I E U vou
loit lui donner. - - -

D. Que nous apprend enſuite l'Auteur Sacré


ſur le tems 85 les moyens que Dieu employa pour
debrouiller ce Cahos 83 en former toutes les par
ties qui compoſent cet Univers ? - -

R. Il nous apprend que l'Etre Eternel & Tout


pûiſſant employa ſix jours à mettre cet Univers
dans l'état qu'il avoit conçu, & qu'il n'eut be
ſoin pour cela que de ſa parole, ou d'un ſim
ple acte de ſa volonté. Ainſi quand il s'agit de
l'ouvrage du premier jour, " D I E U dit ſeule- Gen. I.
» ment ; Que la lumiere ſoit & la lumiere fut ; ***
c. à d. qu'il créa dans un inſtant une infiuité de
particules lumineuſes, propres à éclairer la ſurface
de l' Univers, quand elles ſeroient convenablement
agitées. " Et D 1 E U vit que cette lumiere étoit
» bonne : il vit que cette matiere étoit des plus
» propres à produire ſon effet : & D IE U ſépara la
» lumiere des ténèbres ; c. à d. qu'il raſſembla
dans un certain eſpace 83 mit en mouvement tou
tes ces particules qui devoient produire la lumiere,
A 5 pour
10 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
pour éclairer une partie de l'Univers, dans une
certain période de tems ; pendant que l'autre ſeroie
couverte de ténèbres par le repos, ou la ceſſa
tion de mouvement de ces mêmes parties dont elle
ſeroit environnée. " Et D I E U nomma le tems de
» la lumiere , le jour, & le tems des ténèbres
» la nuit ; c. à d. qu'il voulut que dans tout
l'Univers il y eut un eſpace de tems , compoſé à
préſent de vingt quatre heures, pendant lequel les
ténèbres 85 la lumiere ſe ſuccederoient l'un à l'au
tre. * Tel fut le ſoir, tel fut le matin du pre
» mier jour : c. à d. que dans cet eſpace de tems ,
l'obſcurité premierement 85 enſuite la lumiere
ayants paru alternativement ſur la Terre, il ſe
forma de là le premier jour de la Création qui
dès lors fut diſtingué par le ſoir 83 le matin.
D. Qu'eſt-ce que Dieu créa le ſecond jour ?
Gen. I. R. » D I E U dit , ou voulut qu'il y eut une
C - IO.
» étende , ou un grand eſpace d'air, entre les
» eaux des Cieux 83 de la Terre qui les ſépara
» les unes d'avec les autres, & D I E U ayant
» formé cet eſpace, mit par ce moyen une ſépa
» ration entre les eaux qui devoient être au
» deſſous ce cette étendue d'air leſquelles ne font
» qu'un globe avec la Terre, & celles qui de
» voient être au deſſus , qui forment les nuées :
leſquelles ne faiſoient avant cela qu'un ſeul tout.
La choſe étant ainſi établie , " Dieu donna à
,, cette étendue ou à cet eſpace le nom de Cieux :
( C'eſt proprement l'air qui environne la Terre,
ou l'atmoſphere de la Terre. ) " Tel fut l'ouvrage .
» du ſoir & du matin du ſecond jour. Auquel
» il faut ajouter que D I E U dit encore, ou vou
» lut, que les eaux de deſſous les Cieux , qui
» étoient toutes milées avec la Terre, fuſſent ra
- ". » maſſées
MIS E N C A T E c H I s M E. rr

, maſſées en un lieu & que le ſec parut ſéparé


» des eaux : Ce qtti étant fait, D I E U donna à ce
» qui étoit ſec le nom de Terre , & à l'amas
» des eaux le nom de Mers : Et D 1 E U vit
» que ce qii'il venoit de faire étoit bon , utile 83
convenable à ſes deyeins.
D. Quel fut l'ouvrage de la Création , le troi
ſieme jour ? -

R. » Après cela D I E U dit, ou voulut que Gen. I.


» la Terre produiſit de l'herbe, qui pouſſat d'elle 11 - 13.
,, meme tous les ans ſans la ſemer , & des plantes
» portans ſemence ou qui ſe perpétuent par ſon
» moyen, & des arbres portans du fruit de toute
» eſ éce, qui euſſent auſſi leur ſemence en eux
» memes, ott dans leur fruit , pour ſe reprodui
, re ſur la Terre , & cela arriva ainſi : Car la
» Terre produiſit de l'herbe qui s'y entretient
, toujours ; des plantes portans ſemence ſelon
» leur eſpéce, pour les reſemer chaque année ,
» & des arbres portans du fruit, qui ont auſſi
» leurs ſemences en eux-mèmes , chacun ſelon
» ſon eſpéce : & D I E U vit que cela étoit bon,
utile 83 convenable au but qu'il ſe propoſoit. *

» Tel fut l'ouvrage du ſoir & du matin du troi


» ſiéme jour.
· D. Qu'eſt-ce que Dieu fit le quatriéme jour de
la Création ?
R. » D L E U voulut enſuite qu'il y eut des Gen. I. .
» corps lumineux dans le grand eſpace des Cieux , * " ***
» deſtinés à ſéparer la nuit d'avec le jour & qui
» ſerviſſent auſſi à régler la viciſſitude des ſai
» ſons, des jours & des années, & à éclairer la
» Terre dans tout ce grand eſpace des Cieux,
,, ou de l'air qui l'environne. Selon cela D 1 E U fit
» deux grands corps lumineux, propres à don
jleyº
12s L'A N c I E N TEsTAMENT
· vier ou à refléchir la lumiere : l'un plus grand,
ſavoir le Soleil pour répandre la lumiere pendant
» le jour ; l'autre plus petit , ſavoir la Lune,
» pour donner de la lumiere, par la réflexion
,, de celle du Soleil, pendant la nuit : Il fit auſſi
» briller les étoiles dans l'enceinte des Cieux :
» Et D 1 E U mit tous ces Aſtres dans le grand
» eſpace des Cieux, pour éclairer ſur la Terre,
» & pour y répandre leur influence le jour &
» la nuit, auſſi bien que pour partager le tems
• entre la lumiere & les ténèbres ; afin que tous
les habitans de la Terre puſſent en jouir tour à
»our. " Et D I E U vit que cela étoit bon 83
,, convenable à ſes deſſeins. Tel fut l'ouvrage du ſoir
» & du matin du quatrieme jour.
D. Quel fut l'ouvrage de la Création au cin
quieme jour ? - -

Gen. I. R. » D I E U voulut encore que les eaux, tant


2C-23.
de la mer que des lacs 83 des rivieres produi
, ſiſſent en abondance 83 avec une varieté infinie
» des poiſſons vivans qui nagent dans l'eau,
» auſſi bien que des reptiles ſe mouvants ſur
» leur ventre, & qu'il y eut des oiſeaux qui vo
» laſſent ſur la Terre dans le grand eſpace des
» Cieux. D I E U donc créa les grands poiſſons,
» ou monſtres marins, & toutes ſortes de poiſſons
» & de reptiles vivans que les eaux produiſi
» rent en abondance ſelon leur eſpéce, & tou
» tes ſortes d'oiſeaux volans ſelon leur eſpé
» ce : Et D 1 EU vit que cela étoit bon 83 uti
» le. De plus D I E U les bénit, ou donna à
tous ces animaux la faculté de ſe perpétuer : " Il
» voulut en particulier que les poiſſons foiſon
» naſſent & multipliaſſent en ſi grande abon
» dance, qu'ils rempliſſent les eaux des #
» 46f
M1s E N C A T E c H I s M E. 13
, des lacs $ des rivieres, & que les oiſeaux ſe
» multipliaſſent ſur la Terre. Tel fut l'ouvrage
» du ſoir & du matin au cinquieme jour.
D. Qii'eſt-ce que Dieu fit pour achever l'ouvrage
de la création le ſixieme jour ?
R. » D I E U dit , ou voulut encore, que la Gen. 1.
» Terre produiſit, ou qu'il y eut ſur elle , des 24 - 3I•
» animaux vivans d'un grand nombre d'eſpéces
» differentes, ſavoir, des animaux domeſtiques,
» d'autres rempans de leurs pieds ou de leur ven
» tre ſur la terre, & des bêtes ſauvages, ou qui
,, vivent à la campagne , de chaque eſpéce : Et ce
» la arriva ainſi ; car D I E U fit les bètes de la
» campagne, autant qu'il y en a d'eſpéces, les
» animaux domeſtiques autant qu'il y en a d'eſ
» péces, & les animaux qui rempent ſur la Terre
» autant qu'il y en a d'eſpéces. Enfin D I E U
» dit : Faiſons l'homme (a) à nôtre image, ſelon
» nôtre reſſemblance : c. à d. Formons l'homme
de maniere qu'il ait quelque reſſemblance avec
310f4

( a ) Faiſons Pbomme à nôtre image ©'c. Le nombre


plurier qui eſt ici employé pour la création de l'hom
me , par diſtinction des ouvrages précédens , a donné
lieu de rechercher les raiſons de cette difference de
langage , & de cette maniere de parler au plurier ,
ui ſemble inſinuer que Dieu agit ici de concert avec
§ perſonnes pour créer l'homme : Sur cela quel
ques uns ont imaginé qu'il s'adreſſoit aux Anges déja
créés. D'autres avec plus de fondement, ont cru que
Dieu s'adreſſe ici à ſon fils, la parole éternelle par
laquelle il a fait le monde. Enfin d'autres n'ont trou
vé dans ces expreſſions qu'une façon de parler ordi
naire aux Rois quand ils veulent faire mieux ſentir
leur autorité dans ce qu'ils veulent faire ou dans les
ordres qu'ils donnent,
I4 L'AN c I E N T E s T A-M E N T

» mous par les qualités dont il ſera doué, & qu'il ait
» comme nous domination ſur les poiſſons de la
» mer , ſur les oiſeaux des Cieux, ſur les ani
» maux domeſtiques, ſur toutes les bêtes à qua
,, tre pieds qui ſont ſur la Terre , & ſur tout ani
» mal qui rampe ſur la Terre, pour s'en ſervir
,, à ſa volonté. D I E U donc créa l'homme ou
,, la race humaine à ſon image ; oui certaine
» ment, il la créa, tant le mâle que la femelle,
( qui fut ſans doute créée le même jour) à l'ima
» ge de D I E U, & D I E U les bénit, ou leur
accorda la faculté de perpétuer leur race , en
» leur diſant ; devenez féconds, & multipliez
» vôtre race , rempliſſez la Terre d'habitans &
» ſoyez en les maitres : Dominez auſſi ſur les
» poiſſons de la mer, ſur les oiſeaux des Cieux
» & ſur toute bête qui ſe meut ſur la Terre.
Diſpoſez en à vôtre volonté pour vôtre uſage 85
vôtre nourriture. * D I E U leur dit de plus ; voi
» ci je vous ai encore donné pour vous ſervir
» de neurriture, toutes les plantes qui portent
» leur graine ſur la Terre , & tout arbre frui
» tier portant ſa graine pour le multiplier : mais
» j'ai donné à toutes les bètes à quatre pieds de
» la Terre , à tous les oiſeaux des Cieux, &
» à tout ce qui ſe meut ſur la Terre, ayant
» vie en ſoi-mème, toute l'herbe verte pour
» la manger 83 s'en nourrir. Cela fut donc ain
» ſi. Alors D I E U vit que tout ce qu'il avoit
» fait 85 qu'il venoit de créer étoit très bon ,
,, très utile 85 très convenable. Tel fut l'ouvrage
» du ſoir & du matin du fixieme jour.
D. Comment finit la Création ?
Gen. II. R. » L'ouvrage des Cieux & de la Terre &
I - 6.
» de toute leur armée, ou de toutes les créatit
7': 5
MIs E N C A T E C H 1 s M E. I5
,, res qui en font partie, ayant été achevé en ſix
» jours, & D 1 E U ayant fini au commencement
,, du ſeptieme tout ce qu'il vouloit faire, ſe re
» poſa, ou ceſſa de créer ce jour là : C'eſt pour
• quoi D I E U bénit le ſeptieme jour & le ſanc
, tifia, ou le conſacra pour être à jamais célé
bré par les hommes en memoire de la création de
l' Univers, après laquelle il s'étoit repoſé , ou
qu'il avoit finie ce jour-là. * Telles ſont les ori
, gines des Cieux & de la Terre : Telle eſi
Phiffoire de leur création & comment ils furent
» produits , au jour que L'ET E L N E L D I E U
, leur donna l'être, 85 la forme qu'ils reçurent
alors : Telle fut en particulier la maniere dont
» toutes les plantes furent produites tout d'un
» coup dans leur perfection, avant qu'il y en
, eut en la Terre, d'où elles puſſent tirer leur
» ;taiſſance , & toutes les herbes des champs ,
» avant qu'elles euſſent pouſſé par la végétation.
» Car L'E T E R N E L DIE U n'avoit point en
, core fait pleuvoir ſur la Terre, pour leur don
mer l'accroiſſement, comme cela eſt arrivé dans
» la ſuite ; il n'y avoit point eu d'homme pour
» labourer la Terre, & il n'étoit point encore
, monté de vapeur de la terre pour en arroſer
toute la ſurface $ la mettre en état de produire
ſes fruits.
D. Qu'eſt - il remarqué en particulier ſur le
tems $ la maniere dont l'homme fut formé ?
R. Il eſt remarqué que " L'ETERNEL DIEU Gen. II.
» après avoir formé l'homme de la pouſſiere 7.
» de la Terre ſoufHa dans ſes narines reſpira
» tion de vie, & que par ce moyen l'homme fut
» fait en ame vivante, c. à d. qu'il devint un
A#rs mimé, intelligent 85 raiſonnable,
D. Oie
16 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
D. Où eſt-ce que l'homme fut mis après avoir
été créé ?
Gen. II. R. » L'ET E R N E L D 1 EU avoit préparé
8.
pour cela, apparemment dès le troiſieme jour Q3
formé par ſa toute puiſſnce " un jardin, ou un
» verger delicieux , dans le pays qui fut nommé
» enſuite le pays d'Heden ou de delices , du cô
» té de la Terre que l'on appelle à préſent l'O-
» rient, où il mit l'homme qu'il avoit créé.
» Et L'E T E R N E L D I E U avoit produit dans
» ce lieu-là toutes ſortes d'arbres beaux à voir &
,, portans des fruits bons à manger, entre leſquels
l'on pouvoit ſur tout remarquer ces deux-ci, qui
» étoient au milieu du verger ; ſavoir l'arbre de
» vie dont le fruit avoit ſans doute la vertu de
conſerver la vie de l'homme contre les accidens qui
» auroient pu l'alterer ou la détruire , & l'arbre
, de la ſcience du bien & du mal ; qui devoit
ſervir à faire connoitre à l'homme, ce qu'il y
avoit de bien & de mal en lui. " Un fleuve qui
» ſortoit du pays d'Heden arroſoit le jardin ,
, & de là il ſe diviſoit en quatre branches ,
» ou quatres autres rivieres : La premiere étoit
le fleuve appelé enſuite le Piſon, qui coule dans
» le pays d Havila , où il ſe trouve de l'or pur
» & des pierres précieuſes : La ſeconde formoit
» le fleuve appellé Guihon , qui coule dans le
» pays de Cus : La troiſieme formoit le fleuve
» Hiddekel, ou le Tigre, qui coule vers l'Aſſy
» rie ; & la quatrieme le fleuve Euphrate. L'E-
» T E R N E L D I E U prit donc l'homme & le
» mit dans le jardin d'Heden pour le cultiver
» & en avoir ſoin '. !
D. Quel ordre Dieu donna-t il à l'homme en
le plaçant dans ce verger ? *

R. » L'E-
M11 EN C A T E c H I s M E. 17

R. » LET E R N E L D I E U lui donna cet or Gen. I I.


» dre, tn termes exprès : Tu pourras manger * • *7"
» librement du fruit de tout arbre du verger : Si
» ce n'eſt de l'arbre de ſcience du bien & du
» mal, dont tu me mangeras du tout point :
• car au jour que tu en mangeras tu mourras
» de mort : Dès le moment méme, d'immortel
qite tu ès par les qualités que tu as reçues de moi ,
tu deviendras mortel 83 ſeras condamme à mourir.
D. De quel autre événement fut ſuivi cet ordre
de Dieu à Adam le premier homme ?
R. Dans ce même jour , le ſixieme de la Créa- Gen. I I.
tion, " L'ET E R N E L D I E U avoit dit 8, jiatué, ** " *5-
» qu'il n'étoit pas bon que l'homme fut ſeul, &
» qu'étant deſtiné à vivre en ſocieté, il lui don
» neroit une aide ou une compagne ſemblable à
» lui, qui ſeroit toujours prète à le ſoulager 83
à le ſervir dans ſes beſoins. Ce fut peut-etre auſſi
pour lui en faire maitre le déſir à lui-même que
» L'ET E R N E L D I E U, après avoir formé de
» la terre toutes les bètes de la campagne &
» tous les oiſeaux des Cieux, les avoit fait ve
» nir vers Adam dans le verger d'Heden , pour
» leur donner à tous un nom qui les diſtingitat
les uns des autres, 85 qui convint à leurs eſpe
ces ou à leurs qualités ; afin qu'on les appela
» tous du nom qui leur ſeroit alors donné. Adam
» donna donc des noms à tout le bétail, à
» tous les oiſeaux des Cieux & à toutes les bè
» tes de la campagne : mais parmi toutes ces créa
tures vivantes qui parurent devant lui , le m.ile
avec la femelle, il ne trouva point , comme il
Jemble l'avoir déſiré, d'aide ſemblable à lui, qui
put l'accompagner 83 le ſervir en tout tems.
» C'eſt pourquoi L'E T E R N E L D I E U fit tom
Tome I. B » ber
1s 1'A N c 1E N T E s T A M E NT
» ber ſur Adam un ſommeil très profond, pen
» dant lequel il prit une de ſes côtes, & re
» ferma l'ouverture par la chair qui remplit ſa
» place : Enſuite L'ET x RN E L D I E U forma
» de la côte qu'il avoit priſe à Adam une fem
» me qu'il lui préſenta à ſon reveil : A cette vuë,
» Adam inftruit ſans doute de la maniere dont
Dieu l'avoit tirée de ſon propre corps , dit auſſi
» tôt. Celle-ci eſt à cette fois l'os de mes os &
» la chair de ma chair, c. à d. Voila maintenant
ce que je ſouhaittois , un autre moi-même, qui a
été tiré de ma propre ſubſtance, 85 avec qui je
vais être uni, comme les os 85 la chair le ſont
enſemble dans un même corps : On la nommera
Hommeſſe ( a ) pour marquer ſon origine, parce
» qu'elle a été tirée de l'homme : C'eſt pourquoi,
» ajoute l'Auteur Sacré, l'homme doit laiſſer ſon
,, pere & ſa mere, ſi les circonſtances le demandent »
» pour ſe joindre à ſa femme, & ils doivent
» être auſſi liés & unis entr'eux que s'ils étoient
» une mème chair. Adam & ſa femme étoient
• alors tous deux nuds, & ils n'en avoient point
» de honte ; parce qu'ils étoient innocents.
D. Qu'eſt-se qui leur arriva , pendant qu'ils
étoient dans ce lieu delicieux , où Dieu les avoit
placés ?
R. Il leur arriva d'être tentés par un malin
eſprit, à manger du fruit de l'arbre qui leur
avoit été deffendu , & de ſuccomber à la ten
tation ; ce qui leur attira les plus grands maux.
D. Com

( a ) Hommeſſe. Ce mot n'eſt pas françois, mais l'on


s'en eſt ſervi à l'exemple de quelques autres verſions ,
pour mieux exprimer la penſée d'Adam qui donne à
ſa femme un nom féminin, formé du maſculin Homme.
\

M Is EN C A T E c H I s M E. 19

D. Comment ſe paſſa ce funeſie événement ?


R. Voici de quelle maniere Moiſe le rapporte.
» Or le ſerpent étoit le plus ruſé de tous les Gen. III.
» animaux de la campagne que L'E T E R N E L I -7

» D 1 E U avoit faits , & s'étant adreſſé a la


» femme , il lui dit : Eſt-il vrai que Dieu ne
» vous a pas permis de manger indiffèremment du
,, fruit de tous les arbres de ce verger ? Il nous
» eſt permis , repondit la femme au ſerpent,
» de manger du fruit de tous les arbres du
» verger , ſi ce n'eſt du fruit de l'arbre qui eſt
» au milieu du verger ; dont Dieu nous a dit
» expreſſément, vous n'en mangerez point &
» vous n'y toucherez point, de peur que vous
» ne mourriez. Alors le ſerpent repartit à la fem
, me : Vous ne mourrez nullement pour a oir
» mangé du fruit de cet arbre ; mais D I E U fait
» qu'au jour que vous en mangerez, vos yeux
» ſeront ouverts, & que vous ſerez illumines $
,, éclairés comme D I E U , connoiſſant ce qui
» eſt bien & ce qui eſt mal ; 83 pour la mieux
ſeduire, peut - être en mangea t-il lui même, ſans
que la mort s'enſuivit. Sur cela la femme voyant
» que le fruit de cet arbre étoit bon à manger,
» & d'une beauté qui faiſoit plaiſir à le voir ;
» déſirant d'ailleurs d'en gouter pour avoir plus
» de connoiſſance qu'elle n'en avoit , comme le
ſerpent l'en aſſuroit , elle prit de ce fruit, elle en
» mangea, & en donna auſſi à ſon mari qui
» en mangea de même. Auſſi tôt les yeux de
» tous deux furent ouverts ſur leur état preſent,
» & ils s'apperçurent mieux qu'ils ne l'avoienº
» fait auparavant qu'ils étoient nuds ; ce qui
» les porta à plier & a attacher enſemble des
B 2 ' » feuil
ao L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
» feuilles de figuier, dont ils ſe firent des cein
» tures, ou des voiles pour couvrir leur nudité.
D. Que penſez-vous de cette narration * Faut.il
l'entendre à la lettre, ou ſi c'eſt une ſimple alle
gorie ? 85 comment en expliquez vous toutes les
circonſtances ?
R. Pour ſatisfaire à vos demandes avec toute
la clarté & la préciſion qu'il me ſera poſſible ,
je dois d'abord remarquer que la narration de
Moïſe eſt ſi ſimple, ſi ſuivie & ſi liée depuis
le commencement que nous venons de voir
juſques à la fin que nous verrons tout à l'heure,
qu'il n'y a pas lieu d'y ſoupçonner de l'allégorie,
& qu'il eſt beaucoup plus naturel d'entendre le
tout à la lettre ; en y ajoutant ſeulement ce
que nous apprenons de divers autres endroits
de la Revélation , que le ſerpent qui eut cet
entretien avec la femme étoit ſimplement l'or
gane dont ſe ſervit le Démon pour la ſéduire,
& qu'il employa pour cela le ſerpent plutôt qu'un
autre animal ; parce qu'il avoit été doué par le
Créateur de qualités qu'il crut propres à ce
deſſein ; telles que ſont la ruſe, la malice, la
prudence qui lui ſont attribuées dans d'autres
endroits de l'Ecriture , comme Gen. XLlX. 17.
Pſ. LVIII. 3. Matt. X. 16. Cela poſé il eſt
très probable que la femme nouvellement créée
& ſans experience, put croire aiſément que les ,
animaux, au moins quelques uns , avoient le
don de la parole auſſi bien qu'elle, & qu'elle
ne ſe deffia point du Démon qui la tentoit par
la bouche du ſerpent. L'on peut encore ſup
poſer avec beaucoup de vraiſemblance , & les
expreſſions de l'original ſemblent le confirmer,
que la parole qu'adreſſa le ſerpent à la
-
# llï
M 1s E N C A T E c H 1 s M E. 2I -

ſur la deffenſe que Dieu avoit faite de manger


du fruit de cet arbre avoit été précedée de quel
que autre entretien, par lequel le Démon avoit
connu dans la femme beaucoup de curioſité &
de déſir d'apprendre ce qu'elle ne ſavoit pas : ce
qui fit qu'il tâcha de la ſurprendre & de la ſé
duire par cet endroit, & qu'il ſe flatta d'y réuſ
ſir d'autant mieux que ce n'étoit pas à elle ,
mais à ſon mari, qui la lui avoit rapportée ,
qu'avoit été faite la deffenſe de manger de ce
fruit. La femme ſéduite par l'exemple du ſerpent
qui avoit apparemment gouté de ce fruit en ſa
préſence ſans en mourir, & en ayant mangé
elle-mème ſans éprouver la peine de mort ſubi
te & certaine que Dieu paroiſſoit y avoir atta
chée, il ne lui fut pas difficile d'engager par
les mêmes raiſons ſon mari qui n'étoit pas loin
d'elle, d'en gouter auſſi : Peut-être encore qu'il
y fut porté par la fauſſe idée, qu'il n'avoit pas
bien compris une deffenſe donc la ſanction ne
ſe trouvoit pas vérifiée par l'expérience. Leur
faute commiſe, leur déſir ſatisfait, ils ſentirent
d'abord qu'ils avoient tout à craindre de la part
de leur Créateur, dont ils venoient de violer
le. premier commandement qu'ils en avoient re
qu; & jettans les yeux ſur leur nudité qui les
expoſoit à toutes ſortes de maux , s'ils n'étoient
ſécourus de Dieu mème, dont il leur impor
toit de ſe conſerver la faveur, ils chercherent
à s'en garantir par les premiers moyens qu'ils
purent trouver ſous la main.
D. Quelles en furent les ſuites ?
R. , Alors Adam & ſa femme entendirent au º.º
» vent du jour ou ſur le ſoir, la voix de L'E-s-ºs
» TERNE L DIEU qui rouloit dans le verger
3 C01H
22 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
comme un tonnerre 83 qui annonçoit ſon approche
ou ſa preſence ; & ils ſe cachérent, autant qu'ils
,, purent parmi les arbres du verger, de de
» vant L'E T E R N E L D I E U , dont ils redou
toient le cb.itiment qu'ils ſentoient bien avoir mé
rite par leur déſobeiſance. * Mais L'E T E R N E L
» D I E U appela Adam & lui dit , où es-tu ?
Pourquoi te caches-tu ? Qu'as-tu fait qui t'oblige à
éviter ma préſence ? Répon moi : Adam répon
» dit : J'ai entendu ta voix dans le verger &
» j ai craint ta préſence, parce que j'étois nud
85 peu en état de paroitre devant toi, & je me
» luis caché ; j'ai cherché à me dérober à tes
regards. " Qui t'a montré, lui repliqua Dieu,
» que tu étois nud ? Qu'as-tu fait qui t'ait dé
poullé de ta premiere innocence 85 de la pro
tection que tu avois en moi ? " N'as-tu pas man
» gé du fruit de l'arbre que je t'avois deffendu ?
» C'eſt cette femme, répondit Adam, que tu
» m'as donnée pour être unie avec moi ; c'eſt elle
2, même qui m'a donné du fruit de cet arbre ,
» & j'en ai mangé. L'ET E R N E L D I E U dit
» enſuite à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ?
» C'eſt le ſerpent, répondit-elle, qui m'a ſédui
» te & j'en ai mangé. -

D. Quel fut le jugement que Dieu rendit alors


contre les uns 85 les autres, 85 premierement con
tre le ſerpent ?
Gen. III. R. » Alors L'E T E R N E L D I E U dit au ſer
14, 15. » pent : Parce que tu as fait cela , 85 que tte
as eté le principal organe de la déſobeiſſance dont
Adam 8: ſa femme viennent de ſe remdre cou
,, pables : Tu ſeras maudit entre tous les ani
» maux & toutes les bêtes de la campagne :
il n'y en aura aucune pour laquelle l'homme ait
ſ3lſ
M iS E N C A T E c H I s M E. 23

autant d'averſion que pour toi : Comme tu as été


»Va\t pour ramper ſur ton ventre, tu mange
» ras la pouſſiere de la terre tous les jours de
• ta vie : à quoi Dieu ajouta , par rapport au
Démon qui s'étoit ſervi du ſerpent pour ſeduire
,, la femme : Je mettrai inimitié entre toi & la
» femme & entre ta ſemence, ou ta poſtérité
» & la ſemence de la femme , ou ſa poſtérité :
c. à d. entre les méchans qui ſont les enfans du
Diable, parce qu'ils font ſes œuvres ; 83 celui
qui eſt dit la ſemence de la femme, parce qu'il
ſera mé d'une vierge , ſans le concours d'aucun
homme : (ſavoir Jeſus-Chriſt ) " Celui là , cette
ſemence bénite de Dieu te briſera la tète, il dé
» truira ton empire dans le monde & tu lui briſe
» ras le talon : Toi $ tes ſuppots frapperez ces
iſſu d'une vierge, dans la partie de ſa perſonne
la plus baſſe, ou la moins conſiderable, qui ſera
ſon humanité. -

D. Quelle fut la peine que Dieu impoſa enſuite


à la femme d'Adam ? -

R. » Dieu dit enſuite à la femme : J'augmen- Gen. III,


, terai beaucoup ton travail & les douleurs ou *
» les incommodités de ta groſſeſſe ; tu enfanteras
» avec beaucoup de peine : Tes deſirs ſe rappor
teront à ton mari ; tu le rechercheras 85 t'adreſ
ſeras à lui dans tous tes beſoins, & il aura auto
rité ſur toi.
D. Quelle fut la peine que Dieu impoſa auſſi
à Adam ? -

R. » L'ET E R NE L dit auſſi à Adam ; Parce cen. III.


» que tu as obéi 83 que tu t'ès laiſſe gagner à la 17-19
» parole de ta femme, juſques à violer mes or
dres exprès; & que tu as mangé à ſa ſollicitation
» du fruit de l'arbre que je t'avois deffendu ;
B 4 » la
24 L'A N c I E N TE sTAMENT

» la terre ſera maudite à cauſe de toi. Au lieû


des bénédictions que j'y aurois répandues 85 donº
tu aurois joui avec une pleine ſatisfaction ; ce ne
ſera plus qu'un fond ingrat 83 ſtérile qui te don
mera beaucoup de peine à cultiver. * Tu n'en men
» geras les fruits 85 me jouiras de ſa recolte qu'a-
» près bien du travail, tous les jours de ta vie :
, E'e te produira des épines & des chardons,
qu'il faudra ſans ceſſe arracher pour lui faire pro
duire de meilleurs fruits, & tu auras pour ta prin
,, c pale nourriture, ce qui croit dans les champs, |
au lieu des fruits délicieux que t'auroit fourmi le
verger où je t'avois placé : * Encore en mangeras
», tu le pain à la ſueur de ton viſage, parmi
bien des joins 83 des fatigues dont ta vie ſera ac
compagnee, " juſques à ce que par la mort tu
,, retournes en la terre, de laquelle tu as été
» r é ; car tu es poudre, ou ton corps n'a rien
ue de terreſtre
:/ , au lieu qqu'il ſeroit devenu im
mortel comme ton ame, ſi tu m'avois été fidelle ;
& à cauſe de cela tu retourneras auſſi dans la
» poudre.
--
D. De quels autres événemens fut ſuivie cette
declaration de Dieu ?
Grn. III. R. ,, Adam fondé ſur l'eſpérance que Dieu ve
20 - 24
moit de lui donner que lui 83 ſa femme auroient
une poſtérité dans laquelle maitroit celui qui devois
détruire l'empire de leur ſéducteur, * appela dès
» lors ſa femme Eve (a), parce qu'elle a été
» & qu'elle devoit ètre la mere de tous les hom
,, IT16S

( a ) Eve ; en Hebr. N77n Hava , comme qui diroit


Vivante, ou mere des vivans ; où l'on remarque une
man feſte alluſion ou paronomaſie entre le nom donné
à la premiere femme & les étres vivans deſcendus d'elle
, Y \ t E N C A T E c H 1 s M E. z#
lia ' , mes vivans. En ſite L'ET E R N E L D 1 E v
ſax » ht à Aàam & à ſa femme, ou leur indiqua
te , les moyens de faire des habits de peau, en leur
ordonnant de liti offrir en ſacrifice quelques ani
maux , dont ils prendroient la peau pour ſe cou
vrir ; ou comme d'autres le penſent, pour en fai
re des tentes $ des cabanes, ſous leſquelles ils ſe
retireroient dans les mauvau tems ou contre l'ar
derer du ſoleil, & les revêtit ainfi, contre les
,, injures de l'air. Puis L'ET ER N E L D I E U dit
( à ſon fils, la Parole Divine, par laquelle il a
créé toutes choſes *, 85 à qui il s'étoit déja adreſſé • Jan Z.
em faiſant l'homme f, ou aux Anges ſes Miniſ ! I.
tres, les intelligences Celeſtes créés avant le mon- i.ºº -

de. ) ** Voici cet homme eſt devenu , ou a voulu


», devenir comme l'un de nous , ſachant touter
» choſes, le bien & le mal ; mais maintenant pour
empêcher qu'il me veuille encore devenir immortel,
» & qu'il n'avance dans ce deſſein ſa main pour
• prendre auſſi du fruit de l'arbre de vie, &
» qu'il n'en mange, comme il a fait de celui de
l arbre de ſcience du bien 8# du mal, pour vi
» vre à toujours, ou auſſi longtems qu'il lui ſe
roit poſſible par la vertu que j'ai donné à ce fruit ;
otons lui-en les moyens en l'éloignant de cet arbre :
» C'eſt , pourquoi L'E T E R N E L D I E U le fit
» ſortir du verger d'Heden, pour cultiver ail
, leurs 1a terre de laquelle il avoit été tiré ; &
» après qu'il l'eut mis déhors avec ſa femme,
» il fit placer à l'orient ou à l'avenue de ce ver
» ger des Chérubins B(a)5 armés d'un »glaive
-- i - étin

( a) Chérubins. C'étoient des Anges ou des Miniſ


tres de Dieu employés dans cette occaſion pour exé
CUtCR
2é L'A N c I E N T E s r A M E N E
» étincelant de feu qui ſe tournoit çà & là pour
» garder les avenues de l'arbre de vie, 83 empê
cher qu'on n'allût en prendre les fruits.

- C H A P I T R E II.

Contenant la naiſſance, le ſort & la gé


néalogie des premiers enfans d'Adam &
d'Eve juſques au déluge.
D. A Dam 83 Eve eurent-ils bientôt des en
fans après leur chute 85 leur expulſion
du verger d'Heden ? - -

R. Il y a toute apparence qu'ils ne tardérent


pas à avoir des enfans ; comme l'inſinue Moï
Ges. IV.
3» 4
ſe, quand il dit. * Or Adam connut Eve ſa
» femme, ou il eut commerce avec elle ; elle con
çut & enfanta un fils qui fut nommé Caïn, c. à
d. acquiſition ; parce qu'elle dit après ſa naiſſance :
» J'ai aquis un homme, ou un fils avec L'E-
» T E R N E L, ou par le ſecours de l'Eternel,
pour marquer ſans doute ſa reconnoiſſance à Dieu,
de la delivrance qu'elle en avoit obtenue, apris
les douleurs par leſquelles elle avoit paſſé. " Elle
, lui donna encore un frere qu'elle nomma Abel,
c. à d. vanité ou langueur; peut-être à cauſe de
la

cuter ſes ordres; l'on en voit la deſcription aux Chap.


I. 1o. XX. 14. du Prophête Ezéchiel ; & Dieu avoit
ordonné d'en placer la figure ſur l'arche de l'alliance ,
entre leſquels Dieu étoit cenſé être aſſis,, comme ſur
ſon trône, pour marquer que les Chérubins étoient
deſtinés à le ſervir.
--
M1s EN C A T E c H r s M É. 27
la foibleſſe de ſon corps qui me promettoit pas
une longue vie ; ou à cauſe des douleurs qu'elle
reſentit en le mettant au monde. º

D. Quel fut le ſort de ces deux enfans ?


R. Voici ce que nous en dit Moiſe : * Abel Gen. IV.
» le plus jeune étoit berger, ou avoit ſoin du bé-* 7"
,, tail, & Cain l'ainé étoit laboureur , ou occu
,, pé à cultiver la terre : & il arriva au bout de
» quelque tems que Caïn offrit du fruit de la
» terre en ob'ation à L'E T E R N E L, & qu'Abel
» offrit auſſi lui - mème, ou de ſon pur mouve
ment " des premiers nés de ſon troupeau avec
» leur graiſſe : Et L'E T E R N E L eut égard à
» Abel & à ſon offrande, c. à d. qu'il la reçut
favorablement à cauſe de la foi $ des bons ſen
timens dont elle étoit accompagnée, 85 il le lui té
moigna par quelque ſigne viſible ; * mais il n'eut
» point d'égard à Caïn & à ſon oblation ; il
ne lui donna aucune marque de ſa faveur $ de
ſon approbatiôn , comme il avoit fait à Abel ;
» dont Caïn fut fort irrité & ſon viſage en fut
» tout abbatu de chagrin : Et L'E T E R N E L dit
» à Cain : Pourquoi es-tu ſi irrité ? & pourquoi
» ton viſage eſt il ſi abattu de chagrin ? Si tu
» faiſois bien , comme ton frere $ ſi tu étois
rempli des mêmes ſentimens de pieté, " n'y au
» roit-il pas eu de l'honneur pour toi comme pour
lui * m'en aurois-tu pas reçu de ma part la re
compenſe ? " Mais ſi tu ne fais pas bien , le
,, péché, ou la punition du péché eſt à la porte ;
elle eſt toute prête 85 me manquera pas de tons
ber ſur toi tôt ou tard. * Cependant ſon déſir,
le deſir de ton frere ſe rapporte à toi; il t'aime,
il Jouhaite de te plaire $ de te ſervir ; il a ſon
7'6C0l47'S
28 L'A N c I E N T E s r A M E N T
recours à toi dans ſes beſoins , º & tu auras toub.
jours de l'autorité ſur lui , comme ſon ainé.
D. Cain projita-t-il de cette remontrance cha
ritable ?
#en. I V. R. Non ; au contraire, " Caïn cachant ſoit
8 , 9.
,, reſſentiment, propoſe à ſon frere Abel d'aller
,, enſemble aux champs, & comme ils y étoient,
,, Caïn s'éleva contre ſon frere Abel & le tua :
,, Bientôt après , L'E T E R N E L dit à Caïn :
,, Où eſt ton frere Abel ? Je n'en ſais rien,
, repondit-il inſolemment , ſuis-je le gardien de
,, mon frere, moi ? A-t-il été confié à mes ſoins
pour devoir en répondre ?
D. Comment Dieu le punit-il de ce meurtre 83
de cette réponſe inſolente ?
Gen. IV. R. ,, Alors D I E U lui dit : Qu'as-tu fait ?
I© - I2.
Quel crime as.tu commis ? Peux - tu le cacher à
mes yeux ? ** La voix du meurtre que tu viens
de commettre dans la perſonne de ton frere, ne
,, crie-t-elle pas vengeance de la Terre juſqu'à
,, moi, pour te punir comme tu le mérites ?
,, Maintenant donc tu ſeras maudit & chaſſé,
,, comme nne perſonne éxécrable, de cette Terre
,, qui a ouvert ſa bouche pour recevoir, ou
,, qui a reçu dans ſon ſein le ſang de ton frere
,, tué de ta main. Quand tu cultiveras la ter
,, re, elle ne te rendra plus ſon fruit, comme
•, elle faiſoit auparavant. Tu ſera vagabond &
,, fugitif ſur la Terre ; c. à d. l'agitation de ton
eſprit te fera errer de lieu en lieu , ſans ſavoir
où fixer ta demeure.
D. Que répondit à cela Cain ?
Gen. IV. R. ,, Caïn pénetré du triſte ſort dont il étoit
C3 , I4.
,, menacé, s'en plaignit 85 dit à L'ET E R N E L
» dans l'eſperance de l'adoucir : Mon crime eſt-il
2>
M 1s E N C A T E c H 1 s M E. 29
i, ſi grand qu'il ne puiſſe être pardonné ? Voila
, tu m'as chaſſé de deſſus cette Terre que j'a-
,, bite; je vai être éloigné d'un lieu où tu don
,, mes des ſignes de ta préſence adorable & bien
,, faiſante , je ſerai vagabond & errant par tou
» te la Terre ; il arrivera de là que quiconque
,, me rencontrera pourra me tuer , 85 je ſerai
par là expoſe à un péril continuel.
D. Que lui dit l'Éternel pour le raſſurer ?
R. ,, L'E T E R N E L lui dit : Certainement Gen. IV.
,, quiconque tuera Cain , il en ſera vengé ſept *
,, fois au double : Dieu en tirera vengeance avec
la derniere ſévérité : " L'Eternel donna encore
,, un ſigne à Caïn, ou fit un miracle en ſa pré
,, ſence qui n'eſt pas ici mentionné, pour l'aſſu
•, rer qu'aucun de ceux qui le rencontreroient
,, ne le tueroit.
D. Que devint enſuite Cain $ quelle fut ſa
poſtérité ? -

R. ,, Caïn étant ſorti de devant la préſence 6en. Iv,


, de l'Eternel, 85 ayant quitté le lieu où Dieu 16-24
,, lui étoit apparu , alla habiter dans le pays de
,, Nod vers l'orient d'Heden. Là Caïn connut
,, ſa femme qui ne pouvoit être qu'une des filles
d'Adam & d'Eve, dont le nom m'a pas été con
s, ſervé , laquelle conçut & enfanta Henoc. Il
,, y bâtit auſſi une ville qu'il appela Henoc du
,, nom de ſon fils. D'Henoc naquit enſuite Hi
,, rad ; d'Hirad Mehujaël ; de Mehujael , Me
,, thuſael, & de Methuſael Lemec : Or Lemec
» prit à ſoi deux femmes, l'une s'appeloit Ha
» da & l'autre Tſilla. Et Hada enfanta Jabal
,, qui fut le Pere, ou le premier de ceux qui
2, habitent dans des tentes avec leurs troupeaux,
» & le nom de ſon frere fut Joubal qui fut le
» Pere,
3o L'A N c 1 E N T E s T A M E N 1*
s, Pere, ou l'inſtituteur de tous ceux qui jouent
,, des inſtrumens de muſique à corde, ou à vent.
,, Tſilla enfanta auſſi Tubalcain, qui fut le pre
,, mier forgeron de tous les ouvrages d'airain,
,, & de fer; & la ſœur de Tubalcain fut Na
,, hama, ou la Belle. Après cela Lemec dit à
,, Hada & à Tſilla ſes femmes : Ecoutez ma
,, voix. Femmes de Lemec, faites attention à
,, ce que je vais vous dire : Que j'aye tué un
,, homme pour une bleſſure qu'il m'aura faite,
,, ou un jeune homme pour quelque meurtriſ
,, ſure que j'en aurai reçue : Qu'en ſera-t-il ?
,, Car ſi Caïn tué doit être vengé ſept fois au
,, double, Lemec le ſera ſoixante & dix ſept
» fois.
D. Qu'eſt- ce qui donna occaſion à Lemec de
parler ainſi à ſes femmes.
R. L'on ne peut le ſavoir que par pure con
jecture ; mais la plus vraiſemblable eſt qu'étant
lui-même très violent & ſe croyant cependant
moins coupable que Cain, il voulut prévenir
la crainte que pouvoient avoir ſes femmes, qu'il
ne s'attirat la mort par ſes violences. -

D. Adam $ Eve eurent-ils d'autres enfans que


Cain 85 Abel ?
Gen. 1 V. " R. ,, Adam après avoir eu d'Eve ces deux fils,
25 , 26. & des filles dont il n'eſt point fait mention , " con
,, nut encore ſa femme, & elle lui enfanta un
,, fils à qui elle donna le nom de Seth, qui
,, ſignifie poſer , mettre : parce, dit elle, que
,, Dieu m'a laiſſé une autre poſtérité à la place
,, d'Abel que Cain a tué : Il naquit enſuite un
,, fils à Seth qu'il nomma Enoſch , c. à d. foible
#, ou miſerable. Alors on commença ºr #
- ,, l4
|!
M I s EN C A T E c H I s M E. 2E

• la poſiérité de Seth du nom de L'ET ERNE L,


ou d'Enfans de Dieu.
D. d'Enoſch
delà La poſtérité
2 de Seth ſe perpetua-t-elle au
v,

R. Elle ſe perpétua, au moins pendant plu


ſieurs ſiecles & pluſieurs générations, juſques à
Noé, le ſecond Pere du genre humain ; com
me nous l'apprend Mouſe dans le reſumé qu'il
fait de cette poſtérité d'Adam ; quand il dit :
, C'eſt ici la généalogie de la poſtérité d'Adam. Geº. V.
, Le jour auquel D1 E U créa l'homme ou la # #.
,, race des hommes & qui les fit à ſa reſſem-i. 1-4-
,, blance : Il les créa mâle & femelle ; il les bé
,, nit, ou les remplit de tous les biens 85 de tou
,, tes les qualités convenables à leur état, & il
», leur donna au jour même qu'ils furent créés
,, le nom d'homme ; lors qu'il dit, faiſons l'hom
me à nôtre image ; d'où il paroit que ſous ce mot
d'homme, l'on doit auſſi entendre la femme qui
», fut créée le même jour. Or Adam étoit agé de
», cent trente ans lors qu'il engendra à ſa reſ
,, ſemblance & à ſon image, d'une nature ſem
blable à la ſienne compoſée d'un corps & d'une
», ame, le fils auquel il donna le nom de Seth.
s, Après la naiſſance de Seth Adam vêcut enco
,, re huit cents ans, & pendant ce tems là il eut
,, d'autres fils & des filles. Ainſi tout le tems
,, qu'Adam vècut fut neuf cent trente ans,
» puis il mourut. Seth agé de cent cinq ans
•, eut pour fils Enoſch, & après avoir eu fils
» & filles, il mourut agé de neuf cent douze
» ans. Enoſch agé de quatre-vingt dix ans eus
», pour fils Kenan , & après avoir eu fils &
,, filles il mourut à l'age de neuf cent cinq ans.
• Kenan étant agé de ſoixante & dix ans eut
»» pOllE
g2 L'A N C I E N TE S T A M E N T
» pour fils Mahalaléel, & après avoir eu d'au
,, tres fils & filles, il mourut à l'age de neuf
,, cent dix ans. Mahalaléel agé de ſoixante cinq
,, ans eut pour fils Jéred, & après avoir eu l'au
,, tres fils & des filles, il mourut à l'age de huit
», cent quatre-vingt quinze ans. Jéred agé de
,, cent ſoixante deux ans eut un fils nommé
,, Enoc, & après avoir eu d'autres fils & des
,, filles, il mourut à l'age de neuf cent ſoixante
,, deux ans. Enoc agé de ſoixante cinq ans eut
,, pour fils Metuſalah (a ) & marcha conſtam
,, ment avec Dieu ; c. à d. qu'il le prit toujours
pour témoin & pour guide de toute ſa conduite ,
85 que Dieu l'accompagna toujours de ſa faveur
,, 85 de ſa protection , & après avoir eu fils &
,, filles, il mourut à l'age de trois cent ſoixante
,, cinq ans , pendant leſquels il fut conſtamment
,, attaché au ſervice de Dieu , & au bout de ce
,, tems là il ne parut plus ſur la terre, parce
,, que Dieu l'enleva au ciel pour y jouir d'un
,, plus grand bonheur. Et Matuſalah agé de cent
,, quatre-vint ſept ans eut pour fils Lemec avec
,, d'autres fils & filles, & mourut à l'age de
,, neuf cent ſoixante neuf ans. Lemec agé de
,, cent quatre vingt deux ans, eut un fils au
,, quel il donna le nom de Noé (b ), parce
qu'il
22

(a) Metuſalah. Ce ncm ſemble avoir été prophéti


que, ou donné après coup ; car il ſignifie, lui mort ,
éruption d'eau : & il arriva effectivement que l'année
même de ſa mort , ſurvint le deluge.
( b ) Noé. Ce nom dans la langue Hébraïque peut
ſignifier ſoulagement , repos ; ſelon ccla , il y a une
manif.ſte alluſion à ce que Lemec eſpereit de cet en
fant , quand il dit ; celui-ci nous conſolera , ou uotu
ſoulagera de nos travaux &c. -
MIs E N C A T E c H I s M E. 33
,, qu'il avoit dit , au moment de ſa naiſſance :
» Celui-ci nous conſolera , ou nous ſoulagera de
» nôtre œuvre & du travail de nos mains ſur
» la terre que Dieu a maudite ; ou plutôt de la
malédiction que Dieu a répandue ſur la terre, &
» Lemec mourut à l'age de ſept cent ſoixante
» & dix & ſept ans. Noé ſon fils agé de cinq.
,, cents ans avoit pour fils Sem , Cam , & Ja
,, phet qui lui étoient nés pendant ce tems-là. ;
D. Le dénombrement que vous venez de me
: faire d'après Moïſe des deſcendans d'Adam 83 der
années de leur vie m'engage à vous demander ſi ce
ſont des années ſemblables aux nôtres , $ quelle
jut la cauſe de cette longue vie comparée à la
nôtre ? -

R. Sur la premiere de vos demandes, le ſen


timent le plus généralement reçu, & qui eſt con
firmé par divers autres recits de Moïſe où il
fait mention d'années, de mois & de jours, eſt
que ce ſont ici des années ſolaires, ſelon la
maniere de compter des Anciens , qui étoient
compoſées de douze mois dont chacun étoit de
trente jours. Sur la ſeconde l'on peut donner,
de cette longue vie des premiers hommes, des
raiſons phyſiques & des raiſons morales qui ſont
toutes très vraiſemblables. Les raiſons phyſiques
ſont que ces premiers hommes ſe nouriſſans d'a-
limens plus ſimples, plus aſſortiſſants à leur na
ture & moins diverſifiés , & en uſans avec mo
deration, conſervoient auſſi plus longtems qu'on
ne le fait à préſent, la force des principes qui
font la ſanté du corps : à quoi pouvoient en
core contribuer des faiſons plus réglées, plus
uniformes & une temperature plus égale, dont
le dérangement arrivé depuis le déluge, abrége
Tome I. C ſou
34 L'A N c 1 E N TEs T A M ENT
ſouvent nos jours. Mais il faut ſur tout recon
noitre dans la longue vie de ces Patriarches, la
main de la ſage providence & ſes ſoins admira
bles pour faciliter la multiplication du genre
humain, pour conſerver & étendre les connoiſ
ſances de la religion , pour hâter l'accroiſſe
ment des ſciences & des arts , & pour tranſ
mettre plus aiſément & plus ſurement à la poſ
térité les événemens des premiers âges du monde.
D. Permettez que je vous demande encore pour
quoi Moiſe me momme - t - il entre les deſcendans
d'Adam que ceux qui ont formé ſa filiation juſ
ques à la famille de Noé; quoique dans le mom
bre des fils $ des filles qu'il ne nomme pas, il
y en ait eu peut-être d'auſſi illuſtres par leur age
avancé & leurs vertus que ceux qui ſont nom
més ?
R. Il eſt très vraiſemblable que Moïſe ne fait
mention que de la généalogie de Noé depuis
Adam le premier homme ; parce que Noé n'a-
voit conſervé la mémoire que de ſes propres
Ancêtres dans les monumens qui en furent tranſ
mis à Moiſe & qui étoit ſurtout néceſſaire pour
conſtater la deſcendance d'Abraham le pere du
peuple de Dieu & du Meſſie depuis Adam le
pere du genre humain ; mais l'on ne doit pas
inferer de là que les nommés fuſſent les pre
miers nés de la famille de leurs peres ; puis qu'on
voit dans la ſuite Sem, Abraham, Iſaac, Jacob,
Juda, David entrer dans la généalogie du Meſ
ſie, quoi que cadets de leur famille.
D. Eſt-ce donc que Sem que vous venez de mom
mer n'étoit pas l'ainé des fils de Noé , & me fut
ce qu'à l'age de cinq cents ans que ce dernier
€l4º
M1$ EN C A T E c H I s M E. 35
eut ſes trois fils Sem , Cam & Japhet dont Moïſe
fait mention ? -

R. Le rang que Moïſe donne ici & en d'au


tres endroits à Sem par deſſus ſes freres, ſem
ble indiquer en effet qu'il étoit leur ainé ; mais
il conſte d'ailleurs qu'il étoit le cadet de Japhet ;
non ſeulement parce que dans le dénombre
ment qui eſt fait dans la ſuite Chap. X. &
I. Chron l. les deſcendans de Japhet ſont nom
més les premiers ; mais en particulier parce
que celui-ci eſt dit l'ainé de Sem Chap X. 21.
Outre ce qui eſt dit Chap. Xl. Io. que Sem
avoit cent ans, deux ans après le déluge ; par
conſequent Noé qui avoit ſix cents ans au tems
du déluge, l'avoit eu à l'age de cinq cent deux
ans, & Japhet ſon ainé à l'age de cinq cents
ans ; ce qui fait une difference de deux ans,
de l'un à l'autre : Et ſelon toute apparence
Cam étoit né entre deux Mais Sem eſt nommé
le premier, quoique le troifieme; parce que c'é-
toit par lui que devoit ſe continuer la filiation
des Peres ou des Ancètres du peuple de Dieu
& du Meſſie Il eſt encore à préſumer que Noé
avoit eu d'autres enfans avant ces trois là ;
mais qu'étant morts avant le déluge avec leur
poſtérité, il ne fut pas jugé à propos d'en faire
aucune mention dans les généalogies que l'on
conſervoit.
D. La poſtérité de Seth qui devoit être celle du
peuple de Dieu, reſta - t'elle toujours ſeparee de
celle de Cain, qui étoit regardee comme maudite ?
R. Non, car longtems meme avant Noé ,
il s'étoit fait bien des mariages entre les en
fans de ces deux familles, qui furent une des
principales cauſes de la corruption extrème qui
C 2 gagna
36 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
gagna tout le genre humain dans ce tems-là, &
qui porta Dieu à le détruire preſque entiere
ment par une punition des plus exemplaires.
D. Quelle fut donc la premiere cauſe de ce fu
neſte événement.
Gen. VI.
X - 7•
R. Moïſe la rapporte ainſi. * Quand les hom
,, mes, ou les deſcendans de Cain eurent com
, mencé à ſe multiplier ſur la Terre & qu'ils
» eurent engendré des filles en grand nombre,
,, il arriva que les fils de D I E U , ( a ) ou les
deſcendans de Seth qui devoient être attachés au
,, ſervice de Dieu plus que les autres, voyants
, que les filles des hommes de la race de Cain
,, étoient belles, agréables 85 de leur goût, en
,, prirent pour leurs femmes ſur toutes, à leur
,, choix , ou autant qu'ils en voulurent 83 de
celles qui leur agréerent le plus : ce qui ayant por
té la corruption dans toutes les familles 85 l'ayant
,, rendue ginerale, L'ET E R N E L dit en lui-mê
· 1/16 »

( a ) Les fils de Dieu. Quelques Interprêtes enten


dent par là , non les deſcendans de Seth , mais les
hommes du premier rang , & par les filles des bommes
les filles du commun peuple. ll eſt en effet conſtant
que le nom Elobim qui eſt donné pour l'ordinaire à
Dieu , ſe prend auſſi quelquefois pour les Souverains »
les Juges, ou les premiers du peuple , comme Exod.
XXI. 6. XXII. 8 , 9 , 27. & que le nom d'Adam
par lequel on déſigne tout homme en general , eſt
ſouvent donné à ceux de la condition la plus baſſe ;
comme Pſ. XLlX. 2. Eſaie II. 9. &c. Selon cela Moiſe
aura voulu dire ſimplement que les hommes les plus
diſtingués par leur autorité ou par leur rang corrompi
rent les filles d'un ordre inferieur. Le verſet 4 dans
l'original ſemble même appuyer cette derniere verſion,
plutôt que celle que nous avons ſuivie avec la plûpart
des lnterprétes.
M1$ EN C A T E c H 1 S M E. 37
me, ou par la bouche de ſes Prophêtes, tels qu'é.
, toient Henoc $5 Noé : " Mon eſprit ne con
,, teſtera plus avec les hommes, par des exhor
tations continuelles que je vois entiérement inuti
,, les ; car auſſi bien ne ſont ils tous que chair ,
abandonnés ſans retour à leurs convoitiſes char
,, melles : ainſi leurs jours ſeront encore ſix
,, vingts ans ; je ne donne plus à ceux qui ſont
aujourd'hui en vie que ce tems - là à vivre ſur la
,, Terre, après lequel viendra le deluge. Il y avoit
,, dans ce tems la ſur la Terre des Geans ( a )
ou des hommes puiſſans : c. à d. des hommes
qui joignoient à la grandeur de leur ſtature 85 à
la force de leurs corps, la violence 85 la rapine
,, qu'ils portoient à l'excès, & il y en eut enco
•, re après que les fils de D I E U ſe furent joints
, avec les filles des hommes , & qu'elles leur
,, eurent fait des enfans. Ce ſont ces puiſſants
•, hommes, qui dès les tems les plus reculés ont
,, été fameux par leurs actions $ par leurs cri
s, mes : Et L'E T E R N E L voyant que la malice
,, de la plüpart des hommes étoit très grande
,, ſur la Terre, & que toute l'imaginatiou des
,, penſées de leur cœur, toutes leurs inclinations
,, 85 tous leurs déſirs n'étoient que mal en tout
,, tems ou me tendoient qu'à mal faire, ſentit en
lui-même, par maniere de parler, quelque regret
, d'avoir fait l'homme ſur la Terre, & en eut
C 3 22 !thº

( a ) Des Geanr. Le terme de l'Original Nephilini ,


que l'on a traduit dans preſque toutes les verſions fran
coiſes par celui de Geanr, ſignifie plûtôt des gens
prtts à tomber ſur les autres, ſoit qu'ils leur ſoient
ſupérieurs en force & en ſtature, ſoit que leur caractère
farouche & violent les y porte.
38 L'A N c I E N TE STAMENT

,, une eſpéce de déplaiſir dans ſon cœur qui le


s, porta à vouloir exterminer de deſſus la Terre,-
,, les hommes qu'il avoit créés , & avec les
s, hommes, les animaux de la campagne, les rep
,, tiles & les oiſeaux des Cieux, qui avoient été
s, creés pour l'uſage des hommes ; car il eut regret
,, de les avoir faits, 83 qu'ils euſſent ſt fort abu
ſé de la vie 85 des talens qu'il leur avoit donnés.
D. Comment faut.il entendre ce repentir , ce
deplaiſir , ce regret que l'on attribue ici à Dieu
pour avoir créé l'homme ?
R. Ce ſont là ſans doute des manieres de
parler très impropres & mal aſſorties aux idées
que nous devons avoir, ſoit de la toute ſcience
de Dieu qui lui a fait prévoir toutes les ſuites
de la création de l'homme en particulier; ſoit
de ſa ſageſſe , qui ayant tout prévu, n'a rien
fait avec précipitation, & dont il put avoir lieu
de ſe repentir , ou qui put lui cauſer des re
grets ; ſoit de ſon immutabilité , qui ne lui
permet pas de varier dans ſes deſſeins. Auſſi
ne doit - on prendre ees expreſſions dans aucun
ſens qui repugne aux perfections de la Divini
té : il en eſt de même des paſſions humaines ,
des membres du corps & des affections de l'a-
me que l'Ecriture Sainte attribue ici & ailleurs
très ſouvent à Dieu ; puis qu'à parler propre
ment & exactement il n'en eſt pas ſuſceptible ;
mais le langage des hommes n'ayant été éta
bli que pour exprimer ce qui ſe paſſe entr'eux ;
ils n'ont pu parler de ce qu'ils ont remarqué
dans la conduite de Dieu , qu'en termes ſem
blables à ceux qu'ils ont accoutumé d'employer,
quand ils veulent exprimer celle des hommes
qui y a du rapport. Ainſi lors que les hom
II16S
M 1s EN C A T E c H 1 s M E. 39
mes changent de conduite, ou de diſpoſitions ;
qu'ils revoquent ce qu'ils ont fait, ou qu'ils
détruiſent leur propre ouvrage ; comme l'on dit
alors d'eux qu'ils ſe repentent de leur premiere
démarche, qu'ils en ont du déplaiſir & du re
gret ; l'on parle auſſi de Dieu dans les mèmes
termes ; lors qu'on voit qu'il n'à plus les mê
mes diſpoſitions qu'il avoit auparavant envers
ſes créatures ; qu'il les traite differemment de ce .
qu'il les avoit traitées , & qu'il vient juſques à
détruire ſon propre ouvrage; quoi qu'il n'y ait
rien en Dieu de ſemblable à ce qu'éprouvent
les hommes dans ces occaſions, & que Dieu ſoit
toujours très ſage & invariable dans ſes deſſeins
& dans ſes reſolutions. A quoi l'on pourroit
ajouter que Dieu ayant créé l'homme à ſon ima
ge, pour être heureux, & l'ayant doué en par
ticulier de la liberté , qui conſtitue l'homme
raiſonnable & capable de peines & de recom
penſes, de bonheur & de malheur proprement
ainſi nommé ; & les hommes en ayant abuſé
contre l'intention de Dieu , cela lui déplut &
le porta à les punir ou à ſe conduire envers
eux , comme s'il s'étoit repenti de les avoir
créés tels.
D. N'y eut il perſonne d'excepté de cette reſo
lution de Dieu d'exterminer le genre humain ? .
R. Oui , ce fut * Noé avec ſa famille qui trou Gen. VI.
,, va grace devant L'ET E R N E L, 83 ne fut 3 - I3•
point compris dans cette deſtruction generale ; par
,, ce que c'étoit un homme juſte & intégre
,, dans ſon tems, ou comparé avec les hommes
,, de ſon ſiecle : & il cheminoit avec Dieu , 83
,, ſe faiſoit un devoir de ſuivre ſa volonté. Il
,, avoit auſſi trois fils qui avoient été élevés dans
4 Cc5
4o L'A N c I E N TEsTA M EN r
,, ces heureuſes diſpoſitions, au lieu que la Terre,
,, le reſte du genre humain, étoit corrompu de
,, vant D I E U & abandonné à toutes ſortes de
,, violences , de crimes $ d'extorſions. Et D 1 EU
,, voyant la Terre , ou la race des hommes telle
,, ment corrompue, que toute chair, tout le gem
,, re humain , à l'exception de Noé 85 ſafa
,, mille , étoit tombée dans cette corruption
,, generale de ſentimens 85 de mœurs ſur la
,, Terre, dit à Noé : La fin de toute chair eſt
,, venue devant moi : Je ſuis reſolu de mettre
fin à ces déſordres par une deſtruction entiere de
tous ceux qui les commettent ; ** car ils ont rem
,, pli la Terre d'extorſions, de méchancetés &
,, de violences : Voici je les détruirai, avec la
,, Terre qui les porte.
D. Quel ordre Dieu donna-t-il enſuite à Noé
pour le garantir avec ſa famille de cette deſtruc
tion génerale.
Gen. VI. : R. ., Fai-toi, lui dit-il, une arche, ou un
14 - 22. ·,, vaiſſeau, une habitation de bois de Gopher
,, ( a ) ou de Cyprès. Tu feras dans cette arche
,, ou dans ce bâtiment diverſes loges, ou cham
,, bres ſeparées. Tu l'enduiras, ou la goudron
,, neras d'un enduit de pois ou de bitume, par
,, dedans & par déhors. C'eft ici la maniere
,, dont tu la feras, ou la meſure que tu lui don
22 716

( a ) Gopher. Dans la multitude d'interprétations


que l'on a données à ce terme , il ne s'eſt rien pré
ſenté de plus probable que celle qui le traduit par
Cyprès, qui non ſeulement convient par ſa qualité à
un bâtiment qui devoit flotter ſur les eaux ; mais auſſi
que l'on trouvoit en abondance dans le pays où fut
bâtie l'arche, ſavoir l'Aſſyrie.
M 1s E N C A T E c H I s M E. 4r
» neras : La longueur de toute l'arche ſera de
» trois cent coudées, ſa largeur de cinquante,
» & ſa hauteur de trente ; ( chaque coudée étant
,, d'environ vingt pouces. ) Tu feras une fenêtre,
,, pour donner du jour à l'arche, d'environ une
,, coudée de bauteur, & tu la paracheveras tout
,, autour ; en la plaçant au deſſus de l'arche.
c. à d que cette fenêtre regnoit tout autour de
l'arche, à la hauteur d'une coudée, 85 qu'elle étoit
placée au haut du troiſieme étage, immédiatement
ſous la couverture, 85 fermée de ſimples grillages
de bois ( a ). * Tu mettras la porte de l'arche
,, à ſon côté, & tu y feras trois étages , un bas,
,, un ſecond & un troiſieme dans toute ſon éten
due. Quand tout ſera achevé, " je ferai venir
,, un déluge d'eaux ſur la Terre pour détruire
,, toute chair, ou tout animal qui a un ſouffle
», de vie ſous les Cieux, & tout ce qui eſt
» ſur la Terre expirera : mais je ratifierai mon
» alliance avec toi , ou la promeſſe que je t'ai
faite de te conſerver avec ta famille, * & tu en
,, treras dans l'arche toi & tes fils , & ta fem
,, me & les femmes de tes fils avec toi. Et de
,, tout animal vivant, tu en feras entrer deux
,, dans l'arche , un mâle & l'autre femelle pour
» les conſerver en vie avec toi 85 en perpétuer
,, la race. Savoir des oiſeaux de toute eſpéce,
,, des bêtes à quatre pieds de toute eſpéce, &
,, des reptiles qui rampent ſur la Terre, de tou
» te eſpéce. Il y entrera de toutes les eſpéces
C 5 2» llI16

( a) L'on a ſuivi dans cette explication & dans la


diſtribution de toutes les parties de l'arche , l'idée
u'en a donné Mr. le Pelletier dans ſa Diſſertation ſur
arcbe de Noé, imprimée à Rouen en 17or.
| 42 L'A N C I E N TE s T AM EN T

,, une paire avec toi pour les conſerver en vie


,, 85 en perpétuer l'eſpéce. Pren auſſi avec toi de
,, tout ce dont on peut manger, & tu l'amaſſe
,, ras dans l'arche pour ſervir à ta nourriture
,, & à celle des animaux : Et Noé exécuta tout
», ce que D I E U lui avoit ordonné.
D. Combien de tems Noé employa-t-il à bâtir
cette Arche ?
R. L'on ne peut avancer ſur cette queſtion
que des conjectures fort incertaines. Quelques
· uns ont crû après Origene, que Noé avoit em
ployé cent ans à conſtruire ce bâtiment , par
ordre même de Dieu qui vouloit donner ce
tems là aux hommes pour ſe repentir de leurs
péchés , en voyant les précautions que prenoit
Noé pour ſe garantir avec ſa famille de la deſ .
truction totale dont le reſte des hommes étoit
menacé, s'il ne ſe repentoit ; & ils appuyent
ce ſentiment des paroles de St. Pierre I. Ep.
III. 2o. où il eſt dit, que la patience de Dieu
attendoit qtte les hommes méchans ſe convertiſſent,
pendant que l'on conſtruiſoit l'arche. Et comme
l'on croit qu'il attendit ſix vingts ans depuis
qu'il les avoit menacé de les détruire , ainſi
qu'en fait foi le Y. 3. ils en concluent que Noé
employa, au moins, cent ans à bâtir l'arche 2
Ce ſentiment eſt aſſez géneralement reçu ; mais
ſi l'on fait attention que Noé étoit déja agé de
cinq cents ans, quand il eut les trois fils qui
entrérent avec lui dans l'arche ; que ces trois
fils devoient déja être mariés, quand Dieu or
donna à Noé de la conſtruire ; puis qu'il lui
dit qu'il y entreroit avec ſes fils & les femmes
de ſes fils , & que cependant aucun d'eux n'a-
voit des enfans, quand ils entrerent avec leur
pere
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 43
pere dans l'arche ; il s'enſuit de là avec aſſez
de probabilité que Noé ne reçut le commande
ment de conſtruire l'arche que quelques années
avant qu'ils y entraſſènt & que le déluge arri
vat : je dis quelques années , parce qu'il falloit
bien ce tems là pour achever un bâtiment tel
que celui là , avec auſſi peu d'ouvrier que ceux
qui y travailloient.

C H A P I T R E III.

L'entrée de Noé dans l'arche , l'hiſtoire du


Déluge Univerſel avec toutes ſes ſuites,
la nouvelle alliance que Dieu traita avec
Noé après ſon rétabliſſement ſur la Terre
habitable, & ce qui lui arriva juſqu'à ſa
IIlOIt.

D. Ou les préparatifs de l'arche étants faits,


quels nouveaux ordres reçut encore Noé
de la part de Dieu pour ſon entrée dans ce bâti
ment , avant que le déluge arrivât ?
R. , L'ET E R N E L dit alors à Noé; Entre Gen. VII.
, toi & toute ta famille dans l'arche ; car je 1 - 1Q.
» t'ai vu 83 approuvé ; d'autant que tu es juſ
» te & intégre dans la conduite que tu tiens
» à mes yeux, en ce tems - ci de dépravation
,, univerſelle. Tu prendras de toutes les bètes
,, nettes, ou que l'on m'offre en ſacrifice, ſept
» paires de chaque eſpéce, le mâle & la femelle ;
» mais des bètes qui ne ſont pas nettes , une
» couple ſeulement ; le mâle & la :#.
- 2, 1M
44 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
» Tu prendras auſſi des oiſeaux des Cieux, ſept
,, couplesi de chaque eſpéce, le mâle & la fe
» melle, afin d'en conſerver la race ſur toute
,, la Terre, après le déluge : car dans ſept jours
» je ferai pleuvoir ſur la Terre pendant qua
,, rante jours & quarante nuits , & j'extermi
» nerai de deſſus la Terre toutes les créatures
,, que j'ai faites, excepté ce qui ſera dans l'arche
,, $ ſous les eaux. Or Noé fit ſelon tout ce
,, que L'E T E R N E L lui avoit commandé , &
» il étoit agé de ſix cents ans quand le déluge
,, des eaux vint ſur la Terre. Noé entra donc
» dans l'arche avec ſes fils, ſa femme & les
» femmes de ſes fils, à cauſe des eaux du dé
» luge que Dieu devoit bientôt envoyer. Il y fit
» auſſi entrer des bètes pures & impures, des
» oiſeaux & de tout animal qui ſe meut ſur
» la Terre : Ils entrérent deux à deux par pai
» res, le mâle & la femelle, vers Noé dans l'ar
» che ; comme D I E U l'avoit commandé, & il
» arriva qu'au ſeptieme jour, à compter depuis
» l'ordre de Dieu, les eaux du déluge vinrent
» ſur la Terre. ,
D. Ce recit me donne lieu de vous ſaire diver
ſes queſtions qui ſe préſentent tout naturellement.
La premiere ſera comment ces animaux de chaque
eſpéce vinrent-ils de tous les endroits du monde ſe
rendre en même tems, dans un même lieu , pour
être mis par paires dans l'arche, ſelon l'intention
du Seigneur ?
R. L'on pourroit croire que Noé inſtruit à
tems de la volonté de Dieu à cet égard , avoit
pris ſoin pendant qu'il bâtiſſoit l'arche de ſe pro
curer & de mettre en reſerve toutes les diffe
rentes eſpéces d'animaux qu'il devoit y faire
- Cntrer
M 1s EN C A T E c H 1 s M E. 4f
entrer lors qu'elle ſeroit faite. La plûpart re
courent encore pour cela au miniſtere des An
ges, ou à quelque miracle que Dieu opera pour
raſſembler tous ces animaux près de Noé dans
le tems qu'il devoit entrer dans l'arche : mais
il y a beaucoup plus d'apparence que la Pro
vidence Divine intervint ici d'une façon parti
culiere, & que ces animaux vinrent à Noé à
peu près dans le tems marqué , par un inſtinct
ſemblable à celui que la nature leur donne de
chercher leur nourriture, & qui porte les uns à
ſe cacher dans des marais, d'autres à ſe faire
des loges en terre, d'autres à ſe fournir de pro
viſions , ou à ſe retirer dans des climats fort
éloignés ſelon les ſaiſons : A quoi l'on peut ajou
ter que Noé demeurant dans un pays qui n'é-
toit pas éloigné de celui d'Heden où ces ani
maux avoient été créés, & avoient d'abord vé
cu, toutes les eſpéces s'y étoient conſervées par
les ſoins de la mème Providence ; cnſorte qu'ils
n'eurent pas bien loin à aller pour ſe rendre au
près de Noé, comme pour y chercher leur re
fuge, par quelque preſſentiment des changemens
qui devoient arriver dans l'air ou ſur la Terre
& qui les menaçoient de mort.
D. Une autre queſtion que j'ai à vous faire, re
garde les animaux purs dont Noé devoit faire
entrer ſept couples dans l'arche 83 les immondes
dont il ne devoit y avoir qu'une paire le mâle 83
la femelle : Qu'eſt ce qui en faiſoit alors la diſtinc
tion * puis que la Loi qui les diſtingue n'avoit
pas encore été donnée, 85 quels étoient ceux de
chaque ſorte ?
R. Pluſieurs Interprêtes ſuppoſants que la
Geneſe n'avoit été écrite par Moïſe a #
ſa
OIt1C
46 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
ſortie d'Egypte, & dans un tems où la Loi tou
chant les animaux purs & impurs avoit été don
née, veulent que Moiſe n'en parle ici que ſui
vant cette Loi ; comme s'il avoit dit que Dieu
ordonna à Noé de recevoir dans l'arche ſept
couples de ces animaux que la Loi déclaroit
purs ou qu'il étoit permis de manger, & une
paire ſeulement de ceux qu'elle declaroit im
purs ou qu'il n'étoit pas permis de manger, &
qu'il lui fit connoitre en même tems la diffe
rence des uns aux autres ; quoi qu'il n'y eut
encore alors ni permiſſion, ni deffenſe d'en man
ger. D'autres croyent que Dieu inſpira aux pre
miers hommes, ou mème qu'il leur enſeigna de
vive voix quelles eſpéces d'animaux il vouloit
qu'on lui offrit en ſacrifice, & qu'il parle ici à
Noé comme ayant connoiſſance de cette diſtinc
tion : Il eſt du moins certain par le ſacrifice
d'Abel, que l'uſage d'immoler des bêtes en ſa
crifice ayant précedé le déluge, il devoit y
avoir quelque diſtinction connue de Noé entre
les animaux que l'on avoit accoutumé d'offrir
en ſacrifice & les autres : Mais alors on de
mande, ſi c'eſt Dieu lui-même qui détermina
cette diſtinction , en indiquant poſitivement
quels animaux devoient ou ne devoient pas lui
être immolés , ou bien s'il en abandonna le
choix aux hommes. Ce dernier ſentiment pa
roit à pluſieurs le plus vraiſemblable , par la
raiſon qu'il y a dans les hommes un inſtinct
ſecret , & un goût marqué pour ſe nourrir de
certains animaux préferablement à d'autres pour
leſquels ils n'ont que du dégout & de l'averſion,
& que ce ſera des premiers plutôt que des der
niers qu'ils auront auſſi offert à Dieu en ſacri
fice :
M 1 s E N ° C A T E c H I s M E. 47
fice : Mais d'un autre coté l'on a peine à com
prendre comment les hommes auroient pu ſe
porter à tuer des bètes pour les offrir en ſacri
fice à Dieu , ſans une revélation particuliere de
ſa part ; ſur tout dans un tems , où il paroit
qu'il n'étoit pas encore permis d'en manger.
L'on peut donc s'en tenir à ceci, que Noé dans
cette diſtinction des animaux purs & impurs
ne fit que ſuivre exactement la volonté de Dieu,
qui lui étoit ſuffiſamment connue : Outre que
ſi l'on reduit le nombre des animaux purs ſeu
lement à ceux que Dieu avoit ordonné de lui
offrir en ſacrifice, & qu'on ne l'étende pas à
tous ceux qu'il étoit permis de manger par la
Loi de Moïſe , qui excedoient de beaucoup les
premiers ; l'on diminuera par là conſiderablement
le nombre des animaux qui entrerent dans l'ar
che, & par là même, les difficultés qu'on trou
ve à les y placer tous.
D. Pourriez-vous encore me dire comment l'on
conçoit que tous ces animaux furent placés dans
l'arche , pour les contenir dans l'ordre 85 la ſi
titation qui convenoit à chacun, avec les proviſions
qui devoient ſervir à leur nourriture ?
R. Ceux qui ont examiné & traité cette queſ
tion avec le plus d'exactitude, en ſuivant les
termes mèmes de l'Ecriture autant qu'ils peu
vent nous être connus , conçoivent que le bâ
timent de l'arche étoit un quarré, ou rectan
gle long , partagé dans ſa hauteur en quatre
étages ou plutôt quatre parties , qui ſe com
muniquoient par un eſcalier placé au bout du
bâtiment. La plus baſſe partie ou le fond, que
l'on appelle carene dans les navires, ne ſervoit
que de reſervoir d'eau douce pour abreuver
les
48 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T.
les animaux & les hommes : mais cette partie
n'étant point comptée pour un étage, l'arche
m'en avoit proprement que trois, comme il eſt
dit ci - deſſus VI. I6. L'on peut placer encore
à fond de cale entre le premier étage & le
plancher inferieur qui couvroit le reſervoir
d'eau, les inſectes & les reptiles, quelque grand
qu'en ait été le nombre. Le premier étage pou
voit enſuite ſervir de grenier ou de magazin
pour toutes les proviſions néceſſaires à l'entre
tien des animaux, que l'on préſume avoir con
ſiſté uniquement en toutes ſortes de fruits, de
légumes, d'herbes, de foin & de grains ; par
ce qu'il n'y a aucun animal ſur la Terre qui
ne puiſſe s'en nourrir dans le beſoin. Au ſecond
étage diviſé en pluſieurs loges ou étables, l'on
place tous les quadrupèdes, de quelque hauteur
& groſſeur qu'ils ayent été ; dont il y avoit
alors beaucoup moins d'eſpéces qu'il n'y en a
aujourd'hui dans le monde , où elles ſe ſont
accrues par divers accouplemens. Dans le troi
ſieme étage l'on met d'un côté tous les oiſeaux,
qui ne devoient pas occuper à beaucoup près ,
autant de place que les quadrupèdes , & de
l'autre Noé & ſa famille avec tous les uten
ciles néceſſaires pour fournir à leurs beſoins &
à ceux des animaux ; & peut - être encore les
proviſions deſtinées à l'uſage de ſa famille, ſe
parées de celles des animaux placées au premier
étage. De cette maniere l'on ſatisfait ce ſemble
à tout, & l'on fait voir par un calcul exact,
que l'arche conſtruite ſelon les dimenſions ci
deſſus marquées, a pu ſuffire & au delà, pour
contenir tout ce qui y fut mis , & que huit
perſonnes ont pu ſans beaucoup de peine pour
voir
Nt 1s E s C A T E c H 1 s M E. 49
voir aux beſoins d'autant d'animaux qu'il y
en avoit.
D. Après ces éclairciſſemens , voyons à préſent
le tems attqºel le déluge arriva , la maniere dont
il s'effectua, combien il dura $ quelles en furent
les ſuites ?
R. Moiſe nous apprend toutes ces choſes
dans le recit ſuivant. " En l'an ſix cent de la Gen. JVII.
I I - 24.
» vie de Noé , au ſecond mois de l'année cou
2rante , qui étoit ſelon les calculs les plus exacts ,
d'année 1656 du monde 85 qui commenfoit à l'é-
», quinoxe d'Automne , le dixſeptieme jour du
» mois à trente jours ; le mois en ce jour là,
» toutes les fontaines du grand abime furent
» rompues : c. à d. que toutes les ſources de la
maſſe immenſe des eaux qui ſont dans la mer 83
ſur la Terre firent tellement découvertes qu'elles
aillirent de tous côtés, 83 ſortant avec impétuo
ſité de leurs cavités ſouterraines , ſiibmergérent
,, bientôt toute la Terre, & les bondes , ou les
-, cataractes des Cieux furent ouvertes : c. à d.
que la pluye tomboit du Ciel en ſi grande abon
dance , qu'il ſembloit qu'on la verſat de tous cò
,, tés à pleins ſeaux ; & la pluye tomba de cet • .
, te maniere ſur la Terre pendant quarante jours
,, & quarante nuits : Mais des ce même jour
dix $ ſeptieme du mois que les ſources des eaux
sommencerent à jaillir $ la pluye à tomber,
» Noé & ſes trois fils Sem , Cam & Japhet
, étoient deja entrés dans l'arche, avec la fem
, me de Noé & les trois femmes de ſes fils,
» auſſi bien que les bètes de la campagne de
, toute eſpéce, le bétail de toute eſpéce, les
,, reptiles qui ſe meuvent ſur la Terre de tou
» te elpéce, les oiſeaux de toute elpéce, tant
2Tome I. D » grands
go L'A N c I E N TE sT A M E N r
» grands que petits ayant des ailes : Tous ces
» animaux vivans étants venus par couples à
» Noé, ſavoir, le mâle & la femelle de chaque
» eſpéce d'animal, il les fit entrer dans l'arche
» comme D I E U le lui avoit commandé ; Puis
» L'E T E R N E L ferma la porte ſur lui , 83 la
fit joindre ſi exactement que l'eau me pouvoit y
,, avoir entrée. Le déluge ſe repandit enſuite
» ſur la Terre pendant les quarante jours que
,, dura la pluye , enſorte que les eaux s'étant
» accrues éleverent l'arche en haut au deſſus de
» la Terre : & ayant de plus en plus augmenté
» par les ouvertures des ſources de l'abîme, elles
» s'accrurent ſi fort ſur la Terre que l'arche
» fiottoit au deſſus des eaux : Et elles ſe ren
» forcérent ſi extraordinairement ſur la Terre,
» que toutes les plus hautes montagnes qui
» ſont ſous tous les Cieux en furent non ſeu
» lement couvertes, mais que les eaux s'élevé
» rent encore de quinze coudées par deſſus :
» Par ce moyen toute chair qui ſe mouvoit,
,, ou tout animal vivant ſur la Terre expira,
» tant les oiſeaux que le bétail & toute bète à
» quatre pieds & tous les reptiles qui fourmil
» lent ſur la terre, auſſi bien que tous les hom
» mes : En un mot, tout ce qui étoit ſur le
» ſec, ayant reſpiration de vie en ſes narines
» mourut. Tout ce qui ſubſiſtoit ſur la Terre
,, fut détruit depuis les hommes juſqu'aux bè
» tes à quatre pieds, aux reptiles & aux oi
» ſeaux des Cieux ; tout fut tellement détruit
» de deſſus la Terre qu'il n'y eut que Noé &
» ce qui étoit avec lui dans l'arche qui fut con
» ſervé. Et les eaux ſe maintinrent ainſi ſur la
» Terre durant cent cinquante jours. D
. Ce
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 51
D. Ce déluge fut-il donc abſolument univerſel
pour toute la Terre habitable ?
R. L'on n'en ſauroit douter , pour peu que
l'on faſſe attention aux expreſſions mêmes de
l'Ecriture & en particulier à ce qui eſt dit dans
la ſuite, que l'arche élevée aux-deſſus des eaux
s'arrêta enfin ſur le mont Ararat, une des plus
hautes montagnes de toute l'Aſie, au deſſus deſ
quelles les eaux étoient montées de quinze cou
dées. Mais ce qui confirme ce qu'en dit ici
Moiſe, c'eſt 1°. que la Terre devoit être à peu
pres habitée dans toute ſon étendue ; vû le
nombre prodigieux d'hommes nés avant le dé
luge, qui pouvoit aiſément monter, ſelon les :
calculs les plus moderés, à plus de cent mille
millions 5 d'où il s'enſuit qu'afin que toute chair
qui ſe mouvoit ſur la Terre expirat , il falloit
auſſi néceſſairement que toute la Terre fut cou
verte des eaux du déluge. 2°. Il eſt contre
toute vraiſemblance qu'il faille entendre ici par
la Terre toute couverte des eaux du déluge la
Judée ſeulement, comme en quelques autres
endroits de l'Ecriture, ou quelques Provinces
de l'Aſie alors habitées ; car à moins d'un mi
racle continuel que l'on ne doit pas ſuppoſer
ici ſans néceſſité, comment les eaux élevées de
quinze coudées au deſſus des plus hautes mon
tagnes de cette region y ſeroient - elles demeu
rées ſuſpendues , ſans ſe répandre au long &
au large ſur tout notre globe ? Cela ne ſeroit
il pas abſolument contraire à la nature, & aux
proprietés de l'eau ? Enfin les traces ou les reſ
tes d'un déluge univerſel qui ſe remarquent
dans toutes les parties du monde habitable par
le nombre prodigieux & inconcevable de §.
2) quiä
52 L'A N C I E N T E s T A M E NT

quilles, des dépouilles de poiſſons , d'os d'a-


nimaux , de plantes étrangéres pétrifiées qu'on
trouve dans les entrailles de la Terre à une
grande diſtance de la mer & juſques dans le
cœur des plus hautes montagnes , ſont tout au
tant de preuves & de monumens d'un déluge
univerſel.
D. Qu'arriva t-il après que les cent cinquante
jours durant leſquels les eaux s'étoient maintenues
ſur la Terre furent écoules ?
G'rn.
jVIII. R. , D I E U ſe ſouvint de Noé, ou des pro
I - I9. meſſes qu'il lui avoit faites de traiter alliance avec
,, lui , & de toutes les bêtes ſauvages, ou do
» meſtiques qui étoient avec lui dans l'arche
-, pour les conſerver en vie : & D I E U fit ſouf
» fler un vent ſur la Terre , ou ſur le globe dit
,, monde couvert d'eaux ; & les eaux s'arrête
» rent, & diminuerent à vue d'ail; car les ſour
, ces de l'abime, ou des eaux les plus profon
,, des, & les cataractes des Cieux , qui avoient
,, cauſe le déluge avoient été refermees, & la
, pluye des Cieux avoit été retenue. Ainſi au
, bout de cent cinquante jours les eaux ſe re
», tirerent ſans diſcontinuation de deſſus la Ter
» re & allerent toujours en diminuant ; enſor
• te que le dix & ſeptieme jour du ſeptieme
» mois de l'année courante, l'arche s'arrèta ſur
» une des montagnes d'Ararat dans l'Armenie,
,, ( que l'on croit être le mont Taurus ) & les
» eaux allérent en diminuant de plus en plus
» juſques au dixieme mois, & au premier jour
» du dixieme mois , les ſommets des autres mon
» tagnes voiſines ſe montrerent : Quarante jours
» s'étant encore paſſés, dès lors, Noé ouvrit
» la fenêtre qu'il avoit faite à l'arche & lacha
» le
M1s EN C A T E c H 1 s M E. '5 #
» le corbeau qui ſortit, voltigeant & revenans
» ſur l'arche , juſqu'à ce que les eaux ſe fuſ
» ſent deſſéchées ſur la Terre ; après quoi il ns
,, revint plus. Il lacha auſſi d'auprès de ſoi un
» pigeon, pour voir ſi les eaux s'étoient reti
» rées de deſſus la ſurface de la Terre , où il
,, a accoutumé de chercher ſa nourriture ; mais
,, le pigeon ne trouvant pas où poſer la plante
» de ſon pied ſur terre retourna à lui dans
» l'arche ; & quand Noé eut attendu ſept au
,, tres jours, il lacha de nouveau le pigeon hors
» de l'arche, & ſur le ſoir le pigeon revint à
» lui, ayant dans ſon bec une feuille d'olivier
» qu'il avoit arrachée, & Noé connut par là
» que les eaux étoient diminuées de deſſus la
» Terre, $ que les plaines 83 les vallées com
memcoient à paroitre, quoi qu'elles ne fuſſent pas
encore aſſez fermes pour que le pigeon y prit pied
85 s'y arrêtât. " Il attendit donc encore ſept
» autres jours & lacha de nouveau le pigeon
» qui ne revint plus à lui. Ainſi en l'an ſix
» cent & un de l'âge de Noé, au premier jour
» du premier mois de l'année , ( environ le 2 I.
,, ſeptembre de nôtre maniere de compter ) les eaux
» furent deſſéchées de deſſus la Terre , & Noé
» ôtant la couverture de l'arche pour voir plus
» loin, il apperçut 83 reconnut que la ſurface
» de la Terre ſe ſéchoit ; mais qu'elle m'étoit pas
» encore bien habitable : & au vingt-ſeptiéme
» jour du ſecond mois , la Terre étant tout-à-
» fait ſéche , D I E U dit à Noé, ſors de l'ar
» che, toi & ta femme, tes fils & les femmes
» de tes fils avec toi. Fai ſortir auſſi avec toi
» toutes les bêtes , tant les oiſeaux que les
» bètes à quatre pieds & tous les reptiles qui
3 »s TAſil :
i4 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
» rampent ſur la Terre ; afin qu'ils peuplent err
» abondance la terre & qu'ils y foiſonnent &
, s'y multiplient. Noé donc ſortit & avec lui
» ies fils, ſa femme & les femmes de ſes fils ,
» toutes les bètes à quatre pieds , tous les rep
» tiles, tous les oiſeaux : tout ce, en un mot , qui
» ſe meut ſur la terre, autant qu'il y en a d'eſ
» péces, ſortit de l'arche.
D. Quels furent les premiers ſoins dont Noé
fut occupé d'abord après qu'il fut ſorti de l'ar
che avec ſa famille 85 les bêtes qui y étoient ?
, R. Ce fut de témoigner à Dieu par un cul
te public les ſentimens de reconnoiſſance & de
pieté dont il étoit pénetré envers lui , pour
la faveur ſignalée qu'il venoit d'en recevoir ,
Geºr.
l' I I I.
& pour cet effet, " Noé bâtit un autel à l'Eter
2O. » nel & prit de toute bête nette & de tout
» oiſeau net , & il en offrit des holocauſtes ſur
» l'autel.
D. Quelle ſorte d'autel put il faire alors, &!
quelles furent les bêtes qui y furent immolées *
R. Il ne faut pas penſer que ce fut un au
tel ſemblable à celui qui fut enſuite ordonné
de Dieu ſous la Loi ; mais ce ne fut probable
ment qu'un autel conſtruit avec du gazon &
de la terre , au milieu duquel il mit une cer
taine quantité de branches d'arbres & de brouſ
ſailles pour bruler ou conſumer les bêtes qui
y devoient être offertes. Et ces betes furent
apparemment des mèmes eſpéces que Dieu avoit '
ordonné dès les premiers tems & enſuite ſous
la Loi, de lui offrir en ſacrifice, ſavoir des veaux
ou taureaux, des agneaux ou moutons , des
chevreaux ou boucs , des pigeons ou touterel
les & des moineaux , dont nous avons vû ci
deſſus
M1t E N C A T E c H 1 s M E. 55
deſſus que Dieu avoit ordonné d'en prendre ſept
paires dans l'arche , peut-être dans la vuë d'en
conſerver un plus grand nombre pour être of
fertes en ſacrifice.
D. Comment eſt - ce que Dieu reçut ces holo
cauſtes d'actions de graces ?
R. Moïſe rapporte que " L'ET E R N E L en Gen.
» fiaira une odeur de pacification & d'agrément : 2VIII.
I , 22è
c.à d. qu'il y prit plaiſir, comme les hommes en
prennent à une odeur douce 83 agréable, 83
qu'il fut dès lors appaiſé envers les hommes : " Ce
, qui lui fit dire en lui-même : Je ne veux plus
» maudire la Terre, ou en détruire les habitans,
,, comme je viens de le faire par le déluge, à cau
,, ſe de la malice des hommes, 85 je me les ſub
,, mergerai plus ſous les ondes ; quoi que leur
,, imagination & leur cœur , leurs penſées $
,, leurs deſſeins tendent au mal dès leur jeuneſſe :
,, Et je ne frapperai plus de mort , comme j'ai
» fait, tout ce qui vit ſur la Terre : mais tant
» que la Terre ſubſiſtera ; tant qu'il y aura des
,, hommes dans le monde, les ſemailles & les
» moiſſons ; le froid & le chaud ; l'été & l'hy
» ver ne ceſſeront point, ou auront toujours leur
cours ordinaire.
D. Qu'eſt - ce que Dieu dit enſuite à Noé &3
à ſes fils ?
R. , D 1 EU bénit enſuite Noé & ſes fils , Gen. IX
» en les aſſurant de ſa faveur, & leur dit ; Foi I - 7»
» ſonnez, multipliez & rempliſſez la Terre d'ka
,, bitans : Que toutes les bètes de la Terre, tous
» les oiſeaux des Cieux, avec tout ce qui ſe meut
» ſur la Terre & tous les poiſſons de la mer
» vous craignent & vous redoutent, comme leur
,, maitres : Ils ſont mis entre vos mains, vous
D 4 pott
56 L'A N c I E N T E s T A M E N r:
, pouvez diſpoſer d'eux à vôtre bon plaiſir. Tout
» ce qui ſe meut & qui a vie , pourra vous
» ſervir de nourriture : vous pourrez en manger
» à vôtre volonté. Je vous ai donné 85 vous
» donne à préſent toutes ces choſes, tous ces
» animaux vivans, pour vous ſervir de nour
, riture, comme vous le faites de l'herbe verte,
» de legumes $ des fruits de la campagne. Toute
» fois vous ne mangerez point de chair d'animal
» avec ce qui en fait la vie, qui eſt ſon ſang :
,, Et de plus, je vous déclare que je redemande
» rai votre ſang , qui fait la vie de vos per
,, ſonnes, de tout animal vivant qui l'aura ré
pandu, juſques à vous ôter la vie : il en ſera mis
,, à mort : Je le redemanderai encore de la main
» de tout homme, quel qu'il ſoit , de la main
» méme de celui qui ſeroit ſon frere, je rede
» manderai la vie de l'homme ; c. à d. j'en ti
rerai vengeance ; je le punirai , ou le ferai pu
s, mir de mort par les Juges. Quiconque aura ré
,, pandu le ſang de l'homme ; ſon ſang ſera
» auſſi répandu par un homme, ſavoir, ou par
les Juges qui devront le punir de mort, ou par
,, les parens du tué : car D I E U a fait l'homme
» à ſon image : Quelque défigurée qu'elle ſoit par
le péché , l'empreinte qui lui en reſte mérite bien
,, qu'on me lui ôte pas la vie impunément. Vous
» donc foiſonnez, multipliez, rempliſſez la Terre
,, d'habitans & peuplez-la.
D. Qu'gſt ce que Dieu ajouta à ces paroles pour
aſſurer de plus en plus Noé de ſa bénédiction 83
· de ſa faveur envers tout le genre humain ?
Gm. IX. R. » D I E U dit encore ceci à Noé & à ſes
8-*7 » fils qui étoient avec lui : Voici je traite dès
» à préſent alliance avec vous & avec vôtre
| 2b poſté
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 5?
, poſtérité après vous : c. à d. Je m'engage avec
vous par une promeſſe ſolemnelle à laquelle vôtre
, poſtérité aura part auſſi bien que tout animal
» vivant avec vous, tant les oiſeaux que le bé
» tail & toutes les bètes de la Terre, qui ſons
» avec vous, non ſeulement celles qui ſont ſor
» ties de l'arche ; mais encore toutes celles qui
» ſeront à l'avenir ſur la Terre ; J'établis mon
» alliance avec vous 83 vous promets , qu'aucune
» chair ou animal ne ſera plus détruit par les
» eaux d'un déluge univerſel qui déſole toute la
» Terre. Puis D I E U ajouta : C'eſt ici le ſigne
» que je donne de l'alliance qu'il y aura entre
» moi & vous , ou de la promeſſe que je vous
,, fais & à toute créature vivante, qui eſt avec
» vous, dans toute la ſuite des générations les
» plus reculées ; Je mettrai mon arc en la nuée,
» & il ſera pour ſigne de l'alliance que je traite
» à préſent avec les habitans de la Terre. Ainſi
» lors que j'aurai couvert la Terre de nuages,
,, cet arc paroitra dans la nuée, & je me ſou
» viendrai de l'alliance que j'aurai établie entre
,, moi & vous, & avec tout animal qui vit de
» quelque chair $ eſpéce que ce ſoit, & il n'y
» aura plus déſormais de déluge qui faſſe périr
» toute chair dans ſes eaux. L'arc ſera donc
» dans la nuée, & en le voyant je me ſou
» viendrai de l'alliancc perpétuelle qu'il y a en
» tre D I E U & tout animal vivant, de quel
» que chair, ou de quelque eſpéce qu'il ſoit ſur
» la Terre. Et D I E U dit à Noé ; c'eſt là le
» ſigne de l'alliance que j'ai établie entre moi
», & toute chair qui eſt & qui ſera ſur la Terre.
D. Eſt-ce donc qu'il n'y avoit point d'arc-en
D 5 ciel
58 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
ciel avant le déluge, comme ces paroles ſembleme
l'inſinuer ?
R. Si l'on ſuppoſe, comme il y a tout lieu
de le croire, que la Terre ait conſervé la même
ſituation à l'égard du Soleil qu'elle avoit avant
le déluge, & que les loix établies par le Créa
teur dans la nature dès le commencement du
monde n'ayent pas changé, l'arc-en-Ciel a dû
ſe former néceſſairement avant le déluge tout
comme après , des rayons du Soleil qui tom
bent ſur une infinité de goutes de pluye ré
pandues dans l'air à une certaine élévation &
refléchis à nos yeux avec differentes couleurs ;
mais ce phénoméne qui n'indiquoit avant le dé
luge que le concours des rayons du Soleil &
des goutes de pluye, eſt devenue un ſigne ſur
naturel de l'alliance de Dieu avec les hommes,
ou une aſſurance de ſa bonté envers eux, d'au
tant plus certaine qu'il ne peut jamais manquer
d'arriver tant que la Terre conſervera ſa poſi
tion avec le Soleil.
D. Qu'arriva-t-il enſuite à Noé 83 à ſes en
fans depuis le deluge juſques à ſa mort ?
Gen. I X. R. Voici ce que Moïſe en rapporte. * Les
13 - 25.
,, fils de Noé Sem, Cam & Japhet qui étoient
,, ſortis de l'arche , commencérent à avoir des
,, enfans ; Cam en particulier eut bientôt pour
,, fils Canaan la tige des Cananéens, & de ces
,, trois fils de Noé la Terre ne tarda pas à être
,, peuplée. Noé de ſon côte accoutumé à culti
,, ver la Terre, commença auſſi à faire des plants
, de vigne , & en ayant recueilli du vin , il en
, but ſans en connoitre les effets & s'en'yvra ,
,, & dans cet état , s'étant couché au milieu de
, ſa tente, il découvrit ſa nudité. Cam le pere
», de
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 59
» de Canaan s'en étant apperçu l'alla dire à ſes
, deux freres qui étoient déhors de la tente ;
il y a même apparence, s'il en faut juger par
la ſuite, que Cam 83 Canaan ſon fils ajoutérent à
cela quelque moquerie ſur l'état où s'étoit mis
Noé. " Alors Sem & Japhet prirent un man
,, teau qu'ils mirent ſur leurs deux épaules, &
,, marchants en arriere , ils couvrirent la nudi
,, té de leur pere, ſans avoir détourné leur vi
,, ſage pour la voir. Noé réveillé de ſon vin ,
» ſût par le rapport qu'on lui en fit, ce qu'a-
,, voit fait ſon fils le cadet , 83 ſon petit fils :
» C'eſt pourquoi il dit ; Maudit ſoit Canaan ; il
,, ſera ſerviteur des ſerviteurs de ſes freres :
c. à d. que les deſcendans de Canaan , ou les
Camanéens ſeroient reduits par les deſcendans de
Sem $ de Japhet au plus bonteux eſclavage.
D. Mais pourquoi Noé maudit - il Canaan plü
tôt que Cam qui paroit avoir été ſeul coupable de
s'être moqué de l'état où il avoit vû ſon pere ?
P R. Il y a ,toute apparence, comme il a déja
été remarqué, que Canaan tout jeune qu'il fut
avoit été complice des moqueries de ſon pere,
& peut-être la premiere cauſe de tout le mal ;
comme le prétendent les plus anciens Docteurs
d'entre les Juifs ; mais quand cela ne ſeroit
pas, Noé put aiſément annoncer dès lors & à
cette occaſion, ce que l'Eſprit de Dieu lui réve
loit devoir arriver à la famille de Cam & en
particulier aux deſcendans de Canaan ; perſuadé
d'ailleurs que Cam ſeroit plus ſenſible au mal
heur de ſon fils & de ſes deſcendans qu'à ſa
propre diſgrace.
D. Qu'eſt-ce que Noé ajouta à cette prédiction
Pour témoigner auſſi à Sem 83 à Japhet ſes au.
tres
66 L'A N e 1 E N T E s T A M E N T
tres fils la ſatisfaction qu'il avoit de leur conduitè
à ſon égard ?
Gen. Ix. R. ,, Il ajouta : Bénit ſoit L'ET E R N E L le
•é, 27. ,, D I E U de Sem. c. à d. Que l'Eternel qui eſ}
bénit dans tous les ſiécles , ſoit toujours le Diete
de Sem ; qu'il ſoit toujours adoré par lui 85 ſes
deſcendans, 85 qu'il ſoit toujours leur Pere, leur :

,, Protecteur e3 leur Bienfaiteur : " & que Ca


,, naan , ou ſes deſcendans ſoient ſoumis à la
,, poſtérité de Sem. Que L'ET E R N E L étende
,, les poſſeſſions de Japhet 85 de ſes deſcendans ;
,, qu'ils occupent même les tentes, ou les ha
,, bitations des deſcendans de Sem ; mais que Ca
,, naan , ou ſes deſcemdans , leur ſoient auſſi
,, ſoumis.
D. Comment eſt - ce que ces prédictions de Noé
qui regardent les deſcendans de ſes trois fils ons
été accomplies ?
R. Elles ont été accomplies, en ce que le
culte du vrai Dieu ſe conſerva dans la fa
mille de Sem qui fut celle d'Abraham & du
peuple Juif; en ce que les deſcendans de Ja
phet poſſèdérent dans la ſuite des tems, des
pays d'une plus vaſte étenduë que ceux de ſes
freres & s'emparerent même du pays des deſ
cendans de Sem ; enfin en ce que les Cana
néens deſcendus de Cam furent aſſujettis aux
Iſraelites deſcendus de Sem & aux autres peu
ples deſcendus de Japhet.
D. Combien de tems vêcut encor Noé après le
déluge ?
can. IX. R. ,, Il vêcut encore après le déluge trois
*** *? ,, cent cinquante ans. Tout le tems donc que
,, Noé vêcut fut neuf cent cinquante ans : puis
» il mourut , l'an du monde 2oo6,
C HA
rI I s EN C A T E c H 1 s M E. 61

C H A P I T R E I V.

Où il eſt parlé des deſcendans de Noé juſ


ques à Abraham & de la diviſion qui ar
riva entr'eux à l'occaſion de la Tour de
Babel qu'ils avoient entrepris d'élever pour
rendre leur nom célèbre & ſe mettre à
l'abri de tout facheux accident, tant qu'ils
ſeroient ſur la Terre.

D. Uels furent les deſcendans des trois fils


de Noé, Sem, Cam & Japhet, après
le déluge ?
R. Moïſe en donne la généalogie aſſez au long
dans tout le Chapitre X. de la Geneſe, en com- Gen. x.
mençant par les deſcendans de Japhet qui étoit 1-3*.
l'ainé, comme il le dit expreſſément au Y. 22. #
Il paſſe enſuite au deſcendans de Cam que l'on
croit avoir été le ſecond, entre leſquels ſe trou
ve * Nimrod qui commença à être puiſſant ſur Gen. x.
,, la Terre, ou à y fonder quelque Empire, & s, 9.
,, qui fut ſur tout célèbre par les marques de
,, valeur qu'il donna à la chaſſe des bétes ſauva
,, ges ; d'où il reçut le titre de Puiſſant Chaſ
,, ſeur devant L'E T E R N E L , ou des plus illuſ
tres qu'il y ait jamais eu, au jugement même de
Dieu. Moiſe finit cette généalogie par les deſ
cendans de Sem, qui étoit ſelon toute apparen
ce le troiſieme des fils de Noé, quoique nom
mé ici & ailleurs pluſieurs fois avant ſes fre
res : parce que de lui devoit naitre Abraham
& le peuple Hebreu ou le peuple de Dieu, †
62 L'A N c I E N TE s TAM E NT
faveur de qui Moiſe écrivoit : Mais toutes ces
généalogies n'ayant rien d'intéreſſant pour nous
qui vivons dans les derniers tems, & qui ne
connoiſſons plus les peuples iſſus de ces trois
· fils de Noé, il ſuffira de rapporter la généa
logie de Sem, ſur laquelle Moïſe inſiſte plus
particulierement dans le chapitre ſuivant , & de
remarquer en général ſur les differens pays
qu'habiterent les peuples deſcendus de ces trois
fils de Noé , que les deſcendans de Japhet poſ
ſédérent principalement les Iles de la Méditer
ranée tant de l'Europe que de l'Aſie, juſques à
l'Aſie Mineure, avec tout ce qui a porté dans
la ſuite le nom de Grèce ; que les deſcendans
de Cam poſſéderent l'Afrique entiere, y compris *

l'Egypte & la Paleſtine avec une partie de la


Syrie & de l'Arabie, & que les deſcendans de
Sem , furent les premiers habitans, ou poſſeſ
ſeurs du reſte de l'Aſie, à commencer à l'Eu
phrate en tirant vers l'Orient, juſques au grand
Ccéan des Indes.
D. Ne peut - on pas encore tirer d'autres
uſages pour la religion de la connoiſſance que Moi
ſe nous donne ici de tous les deſcendans de Noé *
R. La plus grande utilité que nous en puiſ
ſions retirer & qui paroit avoir été le but que
Moiſe s'y eſt propoſé, c'eſt qu'elle nous con
firme le dogme de la création qui ſert de baſe
à toute la religion ; en ce qu'il nous donne une
ſuite des générations des hommes depuis le dé
luge juſqu'à Abraham , comme il l'avoit déja
donné depuis le premier homme juſqu'au dé
luge; par où il nous fait voir comment toute
la Terre a été peuplée d'un ſeul homme pre
mierement ; & enſuite d'un autre qui a été com
LIlº
M I S E N C A T E c H I s M E. 6;
me le ſecond pere du genre humain. Mais de
plus, la généalogie de Sem que nous verrons tout
à l'heure, ſert auſſi en particulier à confirmer
celle que les Evangeliſtes nous ont donnée de
Jéſus-Chriſt, par laquelle il conſte qu'il eſt deſ
cendu d'Adam & de Noé , comme les autres
hommes, par une ſuite non interrompue de pere
en fils, depuis Adam juſqu'à lui.
D. Qu'eſt-ce qui donna lieu aux deſcendans de
Noé 83 de ſes fils, de ſe ſéparer les uns des autres,
pour habiter differens pays ? -

R. Ce fut d'abord ſans doute la multiplica


tion de leurs familles qui ne leur permettant
pas de reſter toujours tous enſemble dans un
mème endroit , les obligea de s'éloigner peu à
peu les uns des autres pour ſubvenir à tous
leurs beſoins ; mais de plus la diviſion qui vint
à ſe mettre entr'eux , à l'occaſion d'une Tour
qu'ils vouloient élever pour leur avantage com
mun, leur fit prendre ce parti plutôt qu'ils n'au
roient fait.
D. Qu'eſt - ce que Moïſe nous apprend ſur ce
ſujet ?
R. Il nous apprend que * du tems de Péleg Gen. X.
,, fils d'Héber qui étoit petit fils de Sem par 25 - 32.
» Arphaxad, environ cent ans après le déluge,
,, la Terre fut partagée & les Nations diviſées ;
& il en indique l'occaſion, quand il continue ſon
recit de cette maniere. * Alors , ou du tems de Gen. XI.

,, Péleg, toute la Terre, tous ſes habitans, ou I - 9.


,, tout le genre humain avoit le mème langage &
,, une même parole ; c. à d. qu'ils parloient tous
la même langue 83 qu'ils étoient tous de bonne
intelligence entr'eux ; ** mais il arriva qu'un
•, grand nombre étaut partis du pays nommé à
pré
54 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
,, préſent l'Orient, pour s'établir ailleurs, trouvé
,, rent une grande campagne dans le pays de
s, Sinhar, entre l'Euphrate 85 le Tigre , pas loin
du jardin d'Heden où avoit été placé le premier
,, homme, dans laquelle ils s'arrêterent ; & vo
yant l'endroit propre à y fixer leur demeure pour
,, longtems, ils ſe dirent l'un à l'autre. Coura
,, ge ; préparons des matériaux pour faire ici mò
» tre demeure ; " Faiſons des briques & cui
,, ſons - les au feu pour bâtir des maiſons : Ils ſe
,, ſervirent de briques, au lieu de pierres qui
manquoient apparemment dans ce lieu - là, & de
,, bitume au lieu de mortier pour les lier. Puis
,, ils ſe dirent de nouveau ; Courage, bâtiſſons
,, nous une ville & faiſons y une Tour dont le
,, ſommet atteigne juſqu'aux Cieux, ou qui ſois
,, élevée auſſi haute qu'il nous ſera poſſible : Aque
,, rons nous par là de la reputation & faiſons
,, en ſorte que nous ne ſoyons pas diſperſés
,, par toute la Terre. Alors L'E T E R N E L deſ
,, cendit pour voir la ville & la tour que les
,, fils des hommes bâtiſſoient ; ou ſimplement ,
il conſidera le deſſein qu'avoient formé les hoin
mes de bâtir une ville 85 une tour pour ſe mettre
à couvert de tout événement facheux , ſemblable
à celui du déluge , il connut ce qu'il y avoit de
vain , d'ambitieux, de téméraire $ de dejiaiis
dans cette entrepriſe * & L'E T E R N E L dit en
,, lui même : Voici un ſeul & même peuple qui
,, n'a qu'un même langage 83 un même deſſein :
,, Ils ont déja commencé à bâtir , dans l'inten
tion de ſe faire une demeure aſſurée ſur la Terre
contre ma volonté ; " mais n'y auroit-il pas mo
,, yen d'empêcher qu'ils n'exécutent ce qu'ils
,, ont projetté ? Venez donc, dit l'Eternel aux
Anges
M I s E N C A T E C H I s M E. 6;
Anger ſes Minijires, ** deſcendons & confondons
» leur langage ; enſorte qu'ils ne s'entendent
» point les uns les autres, la choſe arriva com
» me Dieu l'avoit réſolu, & par ce moyen L'E-
,, T E R N E L les obligea de ſe diſperſer par tou
» te la Terre & de diſcontinuer le bâtiment de
» la ville. C'eſt pourquoi ſon nom fut appelé
» Babel, c. à d. confuſion ; parce que L'E T E R
» N E L y confondit tellement le langage de tous
» les habitans de la Terre, qu'ils ne s'entendoient
,, plus, & dès lors ils furent diſperſés par tou
» te la Terre. -

D. Quelles peuvent avoir été les vuës de Dieu


en conjondant ainſi le langage de ceux qui avoienº
entrepris de bâtir la ville $ la tour de Babel *
R. Il paroit que ce fut premiérement pour
punir leur vanité & leurs complots ambitieux,
contraires à la confiance qu'ils devoient avoir
en la ſage providence de Dieu ; mais ce fut auſ
ſi ſans doute, afin que par leur diſperſion la
Terre fut plus promptement habitée & peuplée,
qu'elle ne l'auroit été s'ils étoient tous reſtés
dans un même lieu. -

D. Dans cette diſperſion générale des hommes


par toute la Terre, quelle fut la famille la plus
favoriſee des graces de Dieu ? -

R. Ce fut celle de Sem, de laquelle étoit


iſſu Abraham le Fondateur du Peuple Hebreu,
& dont Moiſe reprend la généalogie juſqu'à ce
Patriarche pour la faire mieux connoitre aux En
fans d'Iſrael qui en étoient deſcendus. " C'eſt Gn. xr.
» ici, dit-il, la poſtérité de Sem : Sem âgé de 1o. 3 .
» cent ans, eut pour fils Arphaxa t deux ans I. I7 - 27»
» après le déluge, & vècut encore des lors cinq
Tome I. E cents
66 L'A N c I E N TEs TA M E NT
» cents ans ( a ), pendant leſquels il eut d'au
» tres fils & filles. Et Arphaxad âgé de trente
» cinq ans, eut pour fils Sélah, après lequel il
» eut encore d'autres fils & filles & vêcut qua
» tre cent trois ans Sélah âgé de trente ans,
» eut pour fils Héber, & vêcut encore quatre
,, cent trois ans, pendant leſquels il eut d'au
» tres fils & filles. Héber âgé de trente quatre
,, ans, eut pour fils Péleg , qui ſignifie diſperſion ;
parce que dans ce tems là les hommes furent diſ
,, perſés par toute la Terre ; & après la naiſ
» ſance de Péleg, Héber vècut encore quatre
» cent trente ans & eut auſſi d'autres fils & des
» filles. Péleg âgé de trente ans, eut pour fils
» Réhu, après lequel il vêcut encore deux cent
» neuf ans, ayant eu d'autres fils & des filles.
» Réhu âgé de trente deux ans eut pour fils
» Sérug & vècut encore dès lors deux cent ſept
» ans , pendant leſquels il eut d'autres fils &
» des filles. Sérug âgé de trente ans, eut pour
», fils Nacor, après lequel il vècut encore deux
» » CeI1tS

(a) Sem vêcut encore cinq cents anr après le déluge.


Ainſi le même homme qui avoit vû Métuſalah , Grand
pere de Noé avant le déluge & de qui il avoit pu ap
prendre tout ce qui regardoit la vie d'Adam , avec qui
Métuſalah avoit vécu deux cent quarante trois ans »
comme on peut le déduire de ce qui eſt dit ci - deſſus
V. 5 , 21 , 27. Ce méme homme , dis-je, ſavoir Sem,
fut encore contemporain non ſeulement d'Abraham ;
mais encore d'Iſaac , lequel devoit avoir déja vingt &
un an lorſque Sem mourut. Enſorte que l'hiſtoire de
la Création, d'Adam & de ſes fils a pu être tranſmiſe
juſques à Iſaac ſeulement par Métuſalah & Sem : ce
qui n'a pu que contribuer beaucoup à en aſſurer la
VCIltC,
M I s E N C A T E c H I s M E. 67
» cents ans & eut d'autres fils & des filles
» Nacor âgé de vingt neuf ans eut pour fils
» Taré, & vecut encore dès lors cent dix &
» neuf ans, ayant eu d'autres fils & des filles.
» Taré âgé de ſoixante & dix ans eut pour
» fils Abram , Nacor & Haran : & ce mème Ha
» ran apres avoir eu pour fils Lot , mourut
, pendant la vie de ſon pere, au pays de ſa
» naiſſance à Ur dans le pays des Caldéens.
» Abram & Nacor prirent auſſi chacun une
» femme : le nom de celle d'Abram fut Sara1 ,
» & le nom de celle de Nacor fut Milca , fille
» d'Haran qui étoit auſſi pere de Jiſca ( a ) :
» mais Sara1 étoit ſtérile & n'avoit point d'en
» fans. Enſuite Taré prit ſon fils Abram & Lot
» nls de ſon fils Haran , & Sarai ſa belle fille
» & ils ſortirent enſemble de la ville d'Ur dans
» le pays des Caldéens , pour aller au pays de
» Canaan & vinrent juſqu'à Caran où ils de
» meurérent, & où Taré mourut âgé de deux
» cent cinq ans ( b ).
CH A

( a ) De Jiſca. Grand nombre d'Interprêtes , tant an


ciens que modernes , ont cru avec beaucoup de fonde
ment que cette Jiſca fille de Nacor étoit la même que
Sata1 & qu'inſi elle étoit petite fille de Taré, de qui
elle ett apr elée dans la ſuite la belle fille ; parce qu'elle
avoit epouſe Abram ſon fils, dont elle etoit auſſi niéce.
( b ) Taré mourut âgé de deux cent cinq ans. Sur
cet âge de Tare : il ſe préſente une difficulté aſſez
conſiderable : C'eſt que l'on ne peut concilier cet âge
avec ce qui eſt dit v. 25. que Taré avoit eu Abram
à l'âge de ſoixante & dix ans , & 'ce qui eſt dit au
Y. 4 du Chapitre ſuivant & dans les Actes des Apô
tres Vll. 4- Savoir, qu'Abram partit de Caran , après la
II1QTt
E 2
" -

68 L'A N c I E N TE STA M E NT

C H A P I T R E V.

Où l'on voit l'ordre réïteré que Dieu don


na à Abraham de ſortir de ſon pays pour
aller dans une Terre étrangere, auquel
il obéit ſans héſiter ; & les glorieuſes
promeſſes que Dieu lui fit en conſéquen
ce, auſſi bien que ce qui lui arriva dans
un voyage qu'il fit en Egypte & pendant
le tems qu'il reſta avec Lot ſon neveu.
D. Ar où commence l'hiſtoire du Patriar
che Abraham que Moïſe paroit avoir eu
ſur tout en vuë dans cette derniere généalogie ?
R. Elle commence par l'ordre que Dieu lui
adreſſà de ſortir de Caran pour aller dans le
pays de Canaan, & les promeſſes qu'il lui fit
Gen. xII. de le bénir & de rendre ſon nom illuſtre. " Or
1-9 » L'E T E R N E L avoit donné cet ordre à Abram
en viſion , ou en ſonge, ou par le miniſtère d'un
Ange, lors qu'il étoit encore à Ur dans le pays
des Caldéens , 85 il le lui réitera lors qu'il étoit
à Caran avec ſa famille : * Sors de ton pays

mort de fon pere Taré , ayant alors ſoixante & quin


ze ans ; d'où il ſuit que Taré devoit avoir au tems
de ſa mort ſeulement cent quarante cinq ans , au lieu
de deux cent cinq qu'on lui donne ici. Selon cela il
y aura une erreur de chiffre ou de copiſte , & il fau
dra lire cent quarante cinq ans, comme on le lit dans
la Verſion & la Chronique Samaritaine, qui l'avoit tiré ,
ſans doute, d'un exemplaire Hébreu plus correct.
| M1s EN C A T E c H I s M E. 65
» & d'avec ta parenté & de la maiſon de ton
» pere ( que l'on croit avec aſſez de fondement
» ſ'être abandonné à l'idolatrie ; ) pour aller au
. » pays que je te montrerai, & je te ferai de
» venir une grande mation, ou je multiplierai ta
'0\! poſtérité de telle ſorte qu'elle deviendra un peuple
Id des plus conſidérables; º & je te bénirai en ré
# pendant ſur toi 83 ſur ton peuple, toutes ſortes
1- ,, de biens temporels 85 ſpirituels : Je rendrai ton
j » nom grand, illuſtre 83 célébre par toute la
: ,, Terre $ dans tous les âges , & tu ſeras béné
,, diction : c. à d. Tu ſeras bénit de la façon la
plus éclantante 83 cette bénédiction ſera telle qu'elle
ſervira de modelle pour tous les vœux qu'on fera
en faveur des autres , quand on ſe dira : Que
_Dieu vous comble de ſes biens , comme il en a comt
blé Abram. De plus " je bénirai ceux qui te bé
, niront , & maudirai ceux qui te maudiront ;
c. à d. Je me déclarerai le bienfaiteur 83 le remu
zaerateur de tous ceux qui te feront du bien , 83
Pennemi de tous ceux qui voudroient te faire du
,, mal : Et toutes les Nations ſeront bénies en
,, toi, ou en celui qui naitra de toi , le Meſſie
avenir, par qui toutes les nations auront part
à la faveur 83 à la bénédiction toute ſpirituelle
de Dieu. ** Abram donc partit de Caran , com- * Heb. XI.
» me L'ET E R N E L lui avoit dit , ſans ſavoir *
, oà il alloit *, & Lot alla avec lui : Abram
» étoit àgé de ſoixante & quinze ans, quand il
, ſortit de Caran , & ayant pris avec lui Sa
» raï ſa femme, Lot ſon neveu, & tout ce
» qu'ils avoient aquis de bien, y compris les
» perſonnes ou les eſclaves qu'ils avoient achetés,
ou qui leur étoient nés, pendant qu'ils étoient à
» Caran, ils partirent pour venir au
E 3
rºy # d
75 1'A N c I E N T E s T A M E N T
» Canaan où étant arrivés, Abram traverſa ce
» pays-là, juſques au lieu de Sichem, & juſ
» qu'à la chénaye, ou au chêne de Moré, ou
» de la viſion. Or les Cananéens deſcendus de
», Canaan fils de Cam, étoient alors dans ce pays
-, là $ en étoient les Maitres. Bientôt après
» qu'Abram y fut arrivé , L'E T E R N E L lui
» apparut & lui dit ; je donnerai ce pays à tes
» deſcendans & Abram bâtit là un autel à L'E-
» T E R N E L qui lui étoit apparu, pour lui of
,, frir un ſacrifice d'actions de graces : Enſuite il
» ſe tranſporta de là vers la montagne qui eſt
,, à l'orient de Béthel & y poſa ſes tentes,
» pour s'y arrêter avec tout ſon monde ; ayant
» Béhel à l'occident 85 la ville d'Haï à l'orient :
» Il bâtit là un autre autel à L'E T E R N E L
» & lui rendit un culte public pour lui mar
quer toute ſa reconnoiſſance 83 ſon attachement
,, conrfant à ſon ſervice. Puis Abram partit en
» core de là & alla plus loin vers le Midi.
D, Que lui arriva-t-il dans ce dernier endroit ?
Ce•. XII R. » La famine étant ſurvenue dans le pays
1°- 13 , qu'il habitoit, Abram deſcendit en Egypte qui
» n'en étoit pas éloignée, pour s'y retirer comme
,, étranger ; car la famine étoit grande dans le
,, pays. Et comme il étoit près d'entrer en
,, Egypte ; il dit à Sara1 ſa femme : Ecoute :
,, Tu es certainement une très belle femme, &
,, je le reconnois mieux que perſonne, moi qui
,, ſuis ton mari , mais n'en pourroit - il point
,, arriver que les Egyptiens quand ils t'auront
,, vue ; s'ils favent que tu es ma femme, pen
,, ſeront à m'ôter la vie & à te la conſerver
,, pour t'épouſer , ou jouir de toi. Di donc, je
» te prie, que tu es ma ſœur, comme tu p# €
/

KY s EYN C A r E c H I s M E. 71

;, k dire ſans bleſſer la vérité, afin que je ſois


» bien traité à cauſe de toi, & que par ton
» moyen ma vie ſoit conſervée.
D. Sarai étoit-elle donc véritablement ſœur d'A-
bram auſſi bien que ſa femme, 83 quand cela
auroit été, me peut-on point l'accuſer de diſſimuler
ici une partie de la vérité , en faiſant dire d
Sarai qu'elle étoit ſa ſœur 83 non ſa femme, 83
d'expoſer même par là ſa pudicité ?
R. Il paroit par la ſuite de l'hiſtoire d'Abram
Ch. XX. 12. par ce qu'on a dit ci - deſſus de
Jiſca fille de Nacor, que Saraï étoit véritable
ment ſœur, ou tout au moins niéce d'Abram ,
étant fille, ou petite fille de ſon pere Taré ;
- mais non fille de ſa mere dans le ſens propre.
& naturel : Et l'on ne voit aucune trace dans
l'Ecriture que les mariages entre freres & ſœurs
ſur tout de pere ſeulement, & entre Oncle &
Nièce, ayent été deffendus avant la Loi. Ainſi
- Abram a pu légitimement prendre pour femme
Sarai, fille, ou petite fille de ſon pere & non
de ſa mere, & lui donner le nom de ſœur
auſſi bien que celui de femme ; mais il préfere
le premier au ſecond dans la penſée qu'entrant
dans un pays, où il n'y avoit point de crainte
de Dieu, comme il le dit dans la ſuite à Abi
melec, il éviteroit par là qu'on ne le tuat pour
avoir ſa femme & qu'il pourroit également ſau
ver l'honneur de Saraï ſi elle le vouloit ; au
lieu que ſi elle ſe diſoit ſa femme , il s'expo
ſeroit tout enſemble & à perdre la vie & à voir
ravir la liberté de ſon épouſe. Voilà pourquoi
il convient avec elle, entre les précautions
qu'ils prirent de concert , pour ſe mettre à
l'abri de tout facheux événement, qu'elle di
E 4 rOit
:zº L'AN c I E N T E s T A M E N r
roit qu'Abram étoit ſon frere ; ſans nier ce
pendant qu'il fut ſon mari, ſi on le lui de
mandoit : Ce qui réuſſit, par la ſage providence
de Dieu, de maniere qu'ils conſervérent l'un &
l'autre leur vie & leur honneur ſans manquer
à leur devoir.
D. Comment ſe paſſa ce qui leur arriva à cette
occaſion en Egypte ?
Gen. XII. R. ,, Abram étant donc venu en Egypte, les
I4 - 2o.
» Egyptiens virent que cette femme Sarai étoit fort
» belle : Les principaux de la Cour de Pharao
» la virent auſſi & en parlérent devant lui avec
· 2, éloge ; ce qui fit qu'elle fut enlevée & me
23 née dans la maiſon de Pharao , ſans doute
,, par ſon ordre, & que le Roi fit du bien à
», Abram à cauſe d'elle ; de ſorte qu'il en eut
» des brebis , des bœufs, des anes , des ſer
2 viteurs , des ſervantes, des aneſſes & des
2, chameaux : Mais L'E T E R N E L frappa de
2, grandes playes Pharao & ſa maiſon , pour
», avoir voulu attenter à la pudicité de Saraï fem
2, me d'Abram. - Alors Pharao , ayant ſu peut
être par l'aveu même de Saraï qu'elle étoit fem
s, me auſſi bien que ſieur d'Abram, le fit appe
,, ler & lui dit ; …Qu'eſt-ce que tu m'as fait ?
,, Pourquoi ne m'as-tu pas déclaré que c'étoit
2, ta femme ? Pourquoi as - tu dit , ſimplement,
» c'eſt ma ſœur ? car ſur cela, je l'avois priſe
, pour ma femme, 83 j'aurois conſommé mon
» mariage avec elle ; mais maintenant puis que
» ceſt ta femme, pren la & t'en va dans un
,, autre pays : Et Pharao ayant pour cet effet
,, donné ſes ordres à ſes gens , ils le conduiſi
,, rent en ſureté hors de l' Egypte lui & ſa fem
» me, avec tous les biens qu'il y avoit amaſſés.
D. Où
M1s E N C A T E c H I s M E. 73
: D. Où alla Abram au ſortir de l'Egypte ?
R. » Abram monta d'Egypte vers le midi Gen.
, avec ſa femme & tout ce qui lui appartenoit, X41 !
,, & mena Lot avec lui. Or Abram étoit très* *
» riche en bétail, en argent & en or ; & il
» s'en retourna par le chemin qu'il avoit tenu
», auparavant , du midi à Béthel, juſqu'au lieu
» où il avoit dreſſé précedemment ſes tentes
» entre Béthel & Haï ; dans le même endroit
,, où étoit l'autel qu'il avoit alors élevé , &
,, Abram invoqua là de mouveau le nom de l'E-
,, ternel , en lui donnant des marques publiques
de ſa reconnoiſſance 83 de ſon attachement 83
en lui demandant la continuation de ſa faveur pour
lui ê5 les ſiens.
D. Abram 83 Lot purent - ils reſter longtems
enſemble dans cet endroit, avec tout le bien qui
leur appartenoit 85 l'accroiſſement qui s'en faiſoit
chaque jour ? " -

R. Non ; car * Lot qui voyageoit 83 habi- Gen.


,, toit avec Abram avoit auſſi des brebis, des * {!*
,, bœufs & des tentes pour ſe loger avec tous* *
,, ſes effets , & le terrein qu'ils occupoient ne pou
,, voit leur permettre de demeurer enſemble ;. · - --
,, car leur bien étoit ſi grand qu'ils ne pou
,, voient plus ſubſiſter commodement l'un avec
,, l'autre ; il y eut même quérelle, à ce ſujet,
,, entre les bergers de leurs troupeaux, & de
,, plus les Cananéens & les Phéréſiens peuples
,, féroces 83 d'un commerce dangereux habitoient
» alors dans ce pays - là. Toutes ces raiſons
», firent qu'Abram dit à Lot ; Je te prie qu'il ".

,, n'y ait point de diſpute entre moi & toi ,


,, ni entre mes bergers & les tiens ; car nous
» ſommes freres, liés par un parentage des plus
5 étroits
74 L'A N C I E N T E s T A M EN r

,, étroits 83 une amitié des plus intimes. Touë


,, le pays eſt à ta diſpoſition : je te laiſſe une
entiere liberté d'aller habiter là où il te plaira.
,, Separe - toi donc, je te prie d'avec moi ; ſi
,, tu choiſis la gauche, je prendrai la droite ;
,, & ſi tu veux aller à la droite , je m'en irai
,, à la gauche. Sur quoi Lot ayant vû & con
,, ſideré toute la plaine du Jourdain , qui avant
s, que L'ET E R N E L eut détruit Sodome & Go
,, morrhe, étoit arroſée par tout juſques à Tſo
s, har, comme un verger de L'ET E R N E L,
,, ou des plus délicieux, & comme l'eſt le pays .
», d'Egypte arroſé du Nil, choiſit pour lui tou
,, te la plaine du Jourdain & alla du côté d'O-
,, rient ; ainſi ils ſe ſéparerent l'un de l'autre.
,, Abram demeura au pays de Canaan & Lot
,, habita dans les villes de la plaine, & y dreſ
,, ſa ſes tentes juſques à Sodome, dont les ha
,, bitans étoient méchans & coupables de grands
, crimes devant L'ET E R N E L. -

D. Qu'eſt ce que Dieu fit en faveur d'Abram


après que Lot s'en fut ſéparé ?
Gen. R. ,, L'ET E R N E L dit de nouveau à Abram,
X I I I.
M4 - I8.
,, après que Lot ſe fut ſéparé de lui : Leve main
,, tenant tes yeux, conſidére le lieu où tu es
,, & regarde vers le Septentrion, le Midi, l'O-
,, rient & l'Occident ; car je te donnerai & à
,, ta poſtérité pour toujours, ou pour un ſi long
,, tems qu'on peut le dire ſans bornes, tout le
,, pays que tu vois & je ferai que ta poſtérité
,, ſera comme la pouſſiere de la Terre, de la
,, quelle ſi quelcun peut en compter tous les
,, grains, il comptera auſſi ta poſtérité, tant
elle ſera nombreuſe 83 tant il ſera impoſſible d'en
,, faire le compte. Leve-toi donc ; promène-toi»
ſi
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 75 ,
» ſi tu veux, par tout le pays en ſa longueur
» & en ſa largeur , 83 fixes y ta demeure en
» quel endroit qu'il te plaira ; car je te le don
» nerai. Abram donc ayant tranſporté ſes ten
» tes 85 tous ſes effets alla demeurer dans les
» plaines , ou la chénaye de Mamré, près d'Hé
, bron, & il bâtit la un autel à L'E T E R N E L,
pnur lui rend e ſes hommages en public 85 lui of
frir des ſacrifices.
D. Qu'arriva t'il d'un autre côté à Lot dans
le lieu qu'il avoit choiſi pour ſa demeure ? -

R » Il arriva au tems d'Amraphel Roi de Gen.XIV.


» Sinhar, d'Arjorc Roi d'Ellaſar, de Kédor-1-1a
» lahomer Roi d'Helam & de Tidal Roi de plu
» ſieurs nations, qu'ils firent la guerre contre
» Berah Roi de Sodome, Birſah , Roi de Go-.
» morre, Sinab Roi d'Adma, Semeber Roi de
» Tſeboim , & contre le Roi de Bélah, qui eſt
» Tſohar. Tous ceux - ci ſe joignirent dans la
» vallée de Siddim, qui eſt à préſent, la mer
» ſalée, ou le lac Aſphaltite, pour prendre con
»ſeil enſemble contre leur ennemi commun. Ils . "
» avoient été aſſervis douze ans à Kedor-laho
» mer ; mais à la treizieme année, ils s'étoient
» revoltés, & à la quatorzieme Kedor-lahomer
» vint avec les Rois ſes alliés & ils battirent
» les Rephaims en Haſteroth de Carnajim, & les
» Zuzims à Ham, & les Emins, ou les Géants
» dans la plaine de Kirjathajim, & les Horiens
» dans leur montagne de Séhir, juſqu'aux cam
» pagnes de Paran au-deſſus du déſert : puis il
» revinrent à Hen de Miſpat que l'on appelle
» à préſent Kadès & ils déſolerent tout le pays
» des Amalekites & des Amorrhéens qui habi
» toient à Hatſatſon-tamar. Alors les Rois de
, Sodo
75 L'AN c 1 E N T E s T A M E N r
,, Sodome, de Gomorre, d'Adma, de Tſeboinr
» & de Bélah , autrement Tſohar, ſortirent &
,, rangerent leurs troupes en bataille contre eux
» dans la vallée de Siddim , ſavoir contre Ké
» dor-lahomer Roi d'Helam, Tidal Roi de plu
,, ſieurs nations, Amraphel Roi de Sinhar &
» Arjoc Roi d'Ellaſar, cinq contre quatre. Or
» la vallée de Siddim étant toute remplie de
» puits de bitume, & les Rois de"Sodome &
» de Gomorre ayant pris la fuite, ils y tom
» bérent, & ceux qui en purent échaper s'en
,, fuirent en la montagne. Ce qui fit que ces qua
,, tre derniers Rois prirent toutes les richeſſes
» de Sodome & de Gomorre & tous leurs vi
,, vres ; puis ils ſe retirérent, emmenant avec
,, eux Lot fils du frere d'Abram qui demeuroit
,, dans Sodome & tout ſon bien.
D. La nouvelle de cette défaite 83 de la priſe
de Lot, comment parvint-elle à Abram 83 que fit
il pour délivrer ſon neveu ?
Gen.XIV.
I3 - 24.
R. » Un homme qui s'étoit échapé en vint
,, avertir Abram l'Hébreu , ou l'étranger què
,, étoit venu d'att-delà de l'Euphrate , lequel de
» meuroit dans la plaine, ou la cheſnaye de
s Mamré Amorrhéen frere d'Eſcol & de Haner
» qui avoient fait alliance avec lui. Quand donc
» Abram apprit que ſon frere , ou le fils de ſont
,, frere avoit été emmené priſonnier, il arma
, trois cent dix-huit de ſes eſclaves nés dans ſa
» maiſon & il pourſuivit ces Rois juſqu'a Dan ,
,, où ayant partagé ſes troupes, il ſe jetta ſur
» eux de nuit, lui & ſes eſclaves & les battit
,, en les pourſuivant juſqu'à Hobar qui eſt à
,, la gauche de Damas , & leur ayant repris
,, tout le butin qu'ils avoient enlevés , il le fit
: »5 eIil
M1s E N C A T E c H I s M E. 7,
:, emporter & ramena auſſi Lot ſon frere, ou
, ſon neveu avec tous ſes biens , de même que
» les femmes & tout le peuple priſonnier. Le
» Roi de Sodome, qui s'étoit apparemment ſau
vé dans les montagnes ayant appris la victoire
d'Abram, " s'en alla au devant de lui , com
» me il s'en retournoit après la défaite de Ke
» dor-lahomer & des Rois ſes alliés , ſoit pour
Ie feliciter du ſuccès de ſes armes, ſoit pour pro
fiter des biens 83 des captifs qu'il ramenoit, 83
,, il le rencontra en la vallée de la plaine qu'on
,, appelle la vallée Royale. Melchiſedec Roi de
» Salem ( a ), qui étoit en mème tems Sacri
» ficateur du Dieu Fort , L'ET R E Suprême,
s, fit apporter dans cet endroit du pain & du
» vin, ſelon l'uſage de ces tems là, pour ſervir
de rafraichiſſement à Abram 85 à ſes gens qui
revenoient d'une expédition longue $ pénible &
,, il le bénit en diſant ; Béni ſoit Abram de par
» le Dieu Fort, l'Etre Suprême, le Créateur &
» le

( a ) Roi de Salem. Quelques Interprêtes fondés ſur


ce que la ville de Jéruſalem eſt quelquefois appelée
Salem tout court comme au Pſ LXXVI. z. ont cru
que Melchiſedec étoit alors Roi de cette ville ; mais
outre que cette eſpéce de conformité de nom ne four
nit pas une preuve aſſez ſolide de Qe qu'ils avancent ;
& qu'il y a eu d'autres endroits appelés Salim , tel
qu'étoit l'endroit près d'Enon , où Jean bâtiſoit Jeant
III. * 1. il y a plus d'apparence que Melchiſedec eſt ap
pelé ici Roi de Salem c. à d. Roi de paix, parce que
c'étoit un Roi pacifique qui n'avoit de guerre avec
perſonne comme St Paul ſemble l'inſinuer Hebr. VII. z.
quand il dit que ce Melchiſedec s'appelloit Roi de Juſ
rice comme porte ſon nom , & enſuite Roi de paix ,
Comme Porte ſon ſurnom.
'78 L'A N C I E N TÉ sTAMEN r
,, le Maitre abſolu des Cieux & de la Terre :
/ • - ) - -

» Loué ſoit le Dieu Fort , l'Etre Suprême qui


» a livré tes ennemis entre tes mains. Et Abram
,, lui donna de ſon côté la dixieme de tout ce
qu'il avoit enlevé aux ennemis : comme Dieu l'or
· donna enſuite ſous la Loi, aux enfans d'Iſraël
par rapport aux Lévites & aux Sacrificateurs.
|» Le Roi de Sodome dit auſſi à Abram ; Donne
,, moi les perſonnes que tu as ramenées, qui
,, ſont mes ſujets, & pren pour toi tous les au
,, tres biens ; mais Abram lui répondit : J'ai le
» vé ma main 83 promis avec ſerment à l'Eter
, nel le Dieu Fort Souverain, le Maitre abſo
» lu des Cieux & de la Terre, de ne rien pren
• dre de tout ce qui t'appartient , depuis un
,, fil juſqu'à une courroye de ſoulier; afin que
» tu ne diſes point, j'ai enrichi Abram ; j'en
» excepte ſeulement ce que les jeunes gens, ou
» les ſoldats ont mangé & la part du butin qui
, doit revenir à Haner, à Eſcol & à Mamré
,, qui ſont venus avec moi. Ceux. là ſeulement
,, en prendront la part qui leur eſt due.
D. Après cette victoire ſignalée, quelle autre aſ
ſurance Dieu donna - t - il à Abram de ſa protec
tion 85 d'une nombreuſe poſiérité ?
Gen. XV. R. ,, Après ces choſes, la parole de L'E T E R
I - 6.
,, N E L fut encoee adreſſée à Abram dans une vi
,, ſion qui ſe paſſa de nuit , dans laquelle Dieu
,, lui dit ; Abram, ne crain point, ce que pour
roient faire les hommes pour ſe venger de l'échec
,, qu'ils ont reçu de ta part. C'eſt moi qui ſiiis
,, ton bouclier, ton defenſeur, ton protecteur ,
,, & ton remunerateur magnifique , qui te dé
dommagerai de tout ce que tu pourrois perdre
85 qui te recompenſerai amplement de ton atta
chºc
MM $ E N C A T E c H I s M E, 79
» dement à me plaire. Et Abram répondit :
» Seigneur ET E R N E L ; Que me donnerois-tu
dms l'état où je me trouve qui put augmenter
mon bombeur ? Quels biens puis -je ſouhaiter en
» ce monde de plus qtte ce que j'en poſſede * Je vais
,, bientôt finir mes jours , ſans avoir d'enfans,
» & celui qui a l'intendance de ma maiſon ,
ou le manîment de tous mes biens , ** c'eſt Elie
» zet le Damaſcenien , ou de Damas ; & comme
,, tu ne m'as point donné d'enfans, ce ſervi
,, teur né dans ma maiſon ſera mon héritier.
,, Qii'ai-je donc beſoin de plus de biens # Auſſi
,, tôt il entendit la parole de L'ET E R N E L qui
» lui dit ; Celui-ci ne ſera point ton heritier ;
,, mais celui qui ſortira de tes entrailles ſera
,, ton héritier : Puis Dieu l'ayant fait ſortir en
2, plein air, il lui dit; Lève maintenant les yeux
,, au ciel, & compte, ſi tu le peus, les étoiles,
, que tu vois; ainſi ſera ta poſtérité. Et Abram
» crût à l'Eternel, il me douta plus de l'accom
,, pliſſement de cette promeſſe, 85 Dieu lui im
,, puta cet acte de foi à juſtice , c. à d. qu'il
lui tint compte de cette pleine perſuaſion qu'il eut
que cette promeſſe s'accompliroit , comme d'un ac
te de juſtice 85 de vertu qui le rendit des plus
agréables à ſes yeux. -

D. Quelle promeſſe Dieu ajouta - t - il encore à


celle - là *
R. Il lui réïtera celle qu'il lui avoit déja faite Gn xp .
de lui donner & à ſa poſtérité, le pays où il 7 - 21.
habitoit, " Je ſuis, lui dit - il, L'E T E R N E L
» qui t'ai fait ſortir d'Ur des Caldéens pour te
», conduire dans ce pays-ci où tu habites ; dont
•, je te reſerve la poſſeſſion, ou à tes deſcen
» dans. Mais, Seigneur Eternel, reprit Abram, à
» quoi
3o L'A N c I E N T E s T A M E N T
, quoi connoitrai-je que moi, ou mes deſcendans
,, le poſſéderons un jour * Qu'il te plaiſe de m'en
donner quelque indice qui puiſſe m'en aſſurer dès
,, à préſent. Pren, lui dit - il, une geniſſe, une
,, chévre & un belier chacun de trois ans , avec
,, une tourterelle & un pigeon : Abram prit donc
» tous ces animaux , & ſelon l'ordre de Dieu,
» il les partagea par le milieu , & mit chaque
,, moitié vis-a-vis l'une de l'autre ; mais il ne
,, partagea point les oiſeaux, il ſe contenta de
» les tuer. Quand cela fut fait, une volée d'oiſeaux
» de proie vint fondre ſur ces bêtes mortes ,
,, qu'Abram chaſſa : Mais le Soleil venant à ſe
» coucher, Abram s'endormit en plein air d'un
» profond ſommeil ; après lequel il fut ſaiſi d'u-
, ne ſecrette horreur, dans les ténèbres d'une
,, nuit fort obſcure. Alors l'Eternel dit encore
,, à Abram : ſache pour certain que tes deſcen
,, dans habiteront pendant quatre cents ans
,, ( a ), comme étrangers en divers pays dont
,, ils ne ſeront pas les maitres, & qu'ils y ſe
,, ront aſſujettis aux habitans du pays qui les
,, affligeront en bien des manieres. Mais auſſi
,, je jugerai 85 punirai la nation à laquelle ils
,, auront été aſſujettis, la plus grande partie de
,, ce tems - là, après quoi , ils ſortiront de là
,, avec de grands biens : Pour toi tu t'en iras
,, avant cela vers tes peres en paix, tu mourras
,, & ſeras enterré en bonne 85 heureuſe viel
, leſſe.
( a ) Pendant 4oo. ans. Ces 4co. ans doivent ſe
compter ou dès ce jour même que Dieu parla à Abram ,
ou depuis la nuiſſance d' ſac qui devoit être la tige
de cette poſtérité ; juſqu'à la ſortie des enfans d'lſrael
hors d'Egypte.
M Is E N C A T E C H I s M E. 8I

,, leſſe. Et en la quatrieme génération , à comp


ter depuis leur entrée en Egypte juſqites à leur
,, ſortie, tes deſcendans reviendront ici dans le
» pays que tu habites , car l'iniquité des Anor
s, rhéens 85 des autres Cananeens dont ils doi
s, vent prendre la place , n'eſt pas encore venue
,, à ſon comble , pour déployer des à préſent mes
jugemens ſur eux. P.ndant que L'Eternel parloit
,, ainſi à Abram, le Soleil étant toitt-a fait cou
,, ché, l'obſcurité des ténèbres devint encore
,, plus grande ; mais tout-à cot p, il parut une
,, fumée auſſi épaiſſe que celle qui ſort d'un four
.,, & l'on vit une flamme , ou un brandon de
,, feu qui paſſa entre les animaux qui avoient
,, été partagés, 83 les conſuma ; comme le feu
d'un autel auroit conſumé les victimes poſèes deſ
,, ſits. De cette maniere L'ET E R N E L ratifia
,, en ce jour-là la promeſſe qu'il avoit faite à
,, Abram $ ſon alliance avec lui , & il lui
» dit de nouveau : J'ai donné ce pays à ta poſ
» térité, depuis le fleuve d'Egypte ( qui eſt le
,, Nil ) juſqu'au grand fleuve, le fleuve d'Eu
» phrate, ſavoir le pays qu'habitent ou qu'habi
», feront les Kéniens , les Kéniſiens , les Kad
,, moniens, les Héthiens, les Phéréſiens, les
» Rephaims, les Amorrhéens, les Cananéens,
» les Guirgaſiens & les Jébuſiens.

Tome I. F CH A
82 L'A N c I E N TEs T A M E N T

C H A P I T R E V I.

Contenant ce qui ſe paſſa entre Saraï &


Agar au ſujet de la poſtérité que Dieu
avoit promiſe à Abram , & les nouvelles
aſſurances que Dieu donna à ce Pa
triarche, que ce ſeroit par le moyen de
Saraï que cette promeſſe s'accompliroit.
D. L A promeſſe que Dieu avoit faite à Abram
de lui donner un fils qui ſeroit ſon héri
tier tarda-t-elle longtems à s'accomplir ?
R. Il ſe paſſà dès lors plus de dix ans, ſans
que ce Patriarche vit aucun fruit de ſon ma
riage avec Saraï ſa femme ; ce qui fit que cet
te femme avançant de plus en plus dans un
âge, où elle ne pouvoit plus eſperer d'en avoir,
ſelon les loix de la nature, propoſa à ſon ma
ri d'en avoir de ſa propre ſervante, qui ſeroient
cenſés ſes enfans, comme ſi elle les avoit mis
elle-mème au monde : à quoi Abram conſentit,
comme nous l'apprenons des paroles ſuivantes.
Gen.XVI. ,, Or Saraï femme d'Abram ne lui donnoit point
l - 4. » d'enfant 83 elle perdoit de plus en plus l'eſpéran
ce d'en avoir ; " mais elle avoit une ſervante
,, Egyptienne nommée Agar & elle dit à Abram ;
,, Je vois bien que l'Eternel m'a rendue ſtérile
85 que ce n'eſt pas de moi que tu dois avoir les
,, héritiers que Dieu t'a promis. Approche-toi, je
,, te prie, de ma ſervante ; peut-être aura-t-elle
,, des enfans que je regarderai comme les miens
» propres : Et Abram aquieſça à la parole de Sa
4 - » Iai »
-
M1s E N C A T E c H I s M E. 83
a, raï, ſans croire manquer à ſon devoir; parce
qu'il n'avoit pas bien compris que Sarai dit - être
la mere de l'héritier que Dieu lui avoit promis.
,, Alors Sarai femme d'Abram ayant pris Agar
,, ſa ſervante Egyptienne , la donna pour fem
» me à Abram ſon mari, après qu'il eut de
, meuré dix ans, au pays de Canaan , dans
,, l'eſperance d'avoir un fils de Sarai. Il s'appro
,, cha donc d'Agar & elle conçut , ou devins
emceiiite.
D. Quelles furent les ſuites de cette groſſeſſe ?
R. , Agar voyant qu'elle étoit enceinte, mé Gen.XVI.
,, priſà ſa maitreſſe, ou n'eut plus pour elle le 5 - 16.
,, reſpect qu'elle devoit avoir. Sur cela Sarai dit
,, à Abram : C'eſt ſur toi que retombe l'outrage
,, que je reçois d'Agar; C'eſt à toi d'y remédier,
2, ou tu dois en porter la peine. Je t'ai donné ma
,, ſervante, pour en uſer avec elle comme avec
» ta femme ; mais quand elle a vû qu'elle étoit
» enceinte, elle m'a regardé avec mépris : Que
,, l'Eternel juge entre moi & toi , qui de nous
s, detex eſt cauſe de ce mépris ; & Abram répon
,, dit à Sarai : Ta Servante eſt entre tes mains ;
,, traite la comme il te plaira. Saraï donc la
,, maltraita ; ce qui obligea Agar de s'enfuïr
,, de devant elle , ou de la quitter ; mais un
,, Ange de l'Eternel ( a ) la trouva auprès d'u-
F 2 2, I16

( a ) Un Auge de l'Eternel. C'eft ici la premiere


fois qu'il eſt parlé de l'apparition d'un Ange, L'auto
rité avec laquelle celui-ci parle à Agar, les promeſſes
qu'il lui fait, comme ayant le pouvoir de les accom
plir , & les titres qu'Agar lui donne , comme ſi c'étoit
Dieu lui - méme, ont donné lieu à quelques Interpré
tG3
34 L'A N c I E N T E s T A M E N T

,, ne ſource d'eau dans un lieu déſert, qui eſt


,, au chemin de Sur, & il lui dit : Agar, ſer
,, vante de Saraï : D'où viens - tu ? & où vas
,, tu ? Je m'enfuis, repondit - elle, de devant
,, Saraï ma maitreſſe : Et l'Ange de l'Eternel
,, lui dit : Retourne chez ta maitreſſe, ſois lui
» ſoumiſe $ reçoi ſans murmurer tous les mau
vais traitemens dont elle pourroit uſer envers toi :
» à quoi l'Ange de L'E T E R N E L ajouta : Je
», multiplierai beaucoup ta poſtérité ; tellement
», qu'elle ne ſe pourra nombrer , tant elle ſera
», grande (a). L'Ange de L'ET E R N E L lui dit
,, encore : Voici tu es enceinte, & tu enfan
» teras un fils que tu appelleras Iſmaël, c. à d.
,, l'Eternel entendra ; car L'ET E R N E L a oui
,, ton affliction , & ce ſera un homme d'un
,, maturel féroce , tel qu'eſt celui d'un ane ſau
•, vage : ſà main ſera contre tous & la main de
,, tous contre lui ; il ſèra perpétuellement en guer
•, re avec tous ſes voiſius , & il habitera à la
2, vue de tous ſès freres. c. à d. il occupera un
pays

tes de croire que cet Ange de l'Eternel étoit le propre


Fils de Dien par lequel il avoit déja fait le monde ;
mais d'un autre côté , le miniſtère dont cet Ange eſt
chargé & le ſilence de l'Ecriture ſur la prééminence
qu'on voudroit ici lui attribuer font préſumer à d'autres
que Dieu employa dans cette occaſion un ſimple An
g° qui parla à Agar en ſon nom & comme ſi c'etoit
lui - méme, -

( a ) Ta poſiérité ſera innomihrable. Cette prédiction


ne tarda pas à s'accomplir , comme on peut le voir
par les deſcendans d'lſmaël dont il eſt parlé Gen.
LXX V. 12. & depuis elie s'eſt verifiée de la façon
la plus éclatante par la multiplication prodigieuſe des
4ſmaelites, autrement dit, Âgareniens , d'où ſont deſ
cendus les Arabes.
Rf 1 s EN C A r E c H I s M E. 85
Pays voiſin de celui de ſes freres , deſcendus com
me lui d'Abram 85 y ſubſiſtera ſans être jamais
» détruit (a ). Alors Agar donna à l'Eternel qui
» lui avoit parlé, ce nom - ci : Tu es le Dieu
, Fort qui m'as vué, & clle ajouta : N'ai - je
,, pas auſſi vu ici celui qui m'a vue ? N'ai je
pas eu le bonheur de contempler de mes yeux ce
lui qui m'a regardé favorablement $ qui a pris
part à mon affiiction ? Que d'actions de graces
n'ai-je donc pas à lui rendre potir une faveur ſe
,, précieuſe ? C'eſt pourquoi l'on a appellé ce puits,
,, auprès duquel l'Ange lui étoit apparu , le puits
,, du vivant qui me voit : lequel eſt entre Ka
,, dès & Béred. Après cela Agar étant retournée
» chez ſa Maitreſſe enfanta un fils à Abram &
,, il donna à cet enfant le nom d'Iſmaël. Or
,, Abram étoit âgé de quatre vingt ſix ans quand
,, Agar lui donna pour fils Iſmael.
D. La promeſſe de l'Ange à Agar qui ſuppoſe
qu'lſmael auroit des freres deſcendus comme lui
d'Abram, ent - elle bientôt ſon accompliſſement ?
• R. Il ſe paſſa encore treize ans dès lors , ſans
qu'Abram eut d'autres enfans ; mais * quand Gen.
», il fut âgé de quatre vingt dix & neuf ans, XVI1,
I - I4
,, L'E T E R N E L lui apparut de nouveau & lui
,, dit : Je ſuis le D I E U Fort Tout- puiſſant :
,, Marche devant ma face & ſois entier : Con
dui-toi toujours comme ſi jétois préſent à tes yeux,
83 dans une pureté de mœurs irreprochable ; &
» je mettrai mon alliance entre moi & toi :
F 3 · j'ef.
( a ) Il eſt de fait que les Arabes que l'on croit deſ
cendus d'Iſmaël, ſe ſont conſervés dans leur pays mal
gré tous les efforts des peuples voiſins qui les ont vou
lu ſubjuguer ou détruire.
36 L'AN c I E N T E s T A M E N T

j'effectuerai les promeſſes que je t'ai faites, ſous


la condition que tu me ſeras fidele, & je te mul
,, tiplierai tres abondamment , en te donnanº
,, une pojlérité des plus nombreuſes. Alors Abram
penetré du plus profond reſpect $ de la plus par
,, faite reconnoillance tomba ſur ſa face & D I E U
,, continua à lui parler , diſant : C'eſt moi
, L'E T E R N E L qui ai fait alliance avec toi $
,, qui t'en promets l'accompliſſement. Tu devien
,, dras certainement le Pere d'une multitude de
,, Nations , & ton nom ne ſera plus appelé
,, Abram ; mais ton nom ſera Abraham ( a ) ;
,, car je t'ai établi Pere d'une multitude de Na
,, tions ; & je te ferai proſperer très abondam
,, ment : Tes deſcendans formeront des Nations
,, entieres ; même des Rois ſortiront de ta race
,, J'établirai, ou j'affermirai donc mon alliance
,, eutre moi & toi & ta poſtérité après toi, en
,, tous les tems avenir, pour être une alliance
, perpétuelle 83 irrévocable de ma part ; en
,, ſorte que je ſerai toujours ton Dieu, ton
protecteur © ton bienfaiteur , " auſſi bien que
», de ta poſtérité après toi : Je t'aſſure déja & .
,, je donnerai à ta poſtérité après toi, le pays
,, où tu demeures comme étranger ; tout le
», pays de Canaan en poſſeſſion perpétuelle ; dont
per

(aY Abram. Ce nom dans la Langue Hébraïque eſt


compoſé de deux mots qui ſignifient Pere élevé, & le
nom d'Arrabam eſt auſſi compoſé de deux mots qui
ſignifient Pere d'une nombreuſe multitude. Et par ce
chargement Dieu voulut lui faire connoitre la gloire
de ſa deſtinée qui l'appeloit à être non ſeulement un
homme illuſtre , mais encore le pere d'un peuple très
nombreux.
ºr 1 s z N C A T E c H 1 s M E. 8y
perſonne ne pourra les priver pendant qu'ils m'o-
,, béiront ; & je leur ſerai Dieu, ils m'adore
ront comme le ſeul vrai Dieu 83 ils éprouveront
,, auſſi ma faveur. Dieu dit encore à Abraham :
,, Tu garderas donc mon alliance ; tu en obſer
veras de ton côté les conditions 83 tu me ſeras ſi
,, dele auſſi bien que ta poſtérité après toi en
», tous les tems avenir : Vous obſerverez mes Loix
85 mes ſtatuts , ſi vous voulez que j'accompliſſe
,, auſſi les promeſſes que je vous fais. Et c'eſt ici
,, mon alliance, ou la marque de l'alliance qu'il
,, y aura entre moi & vous, ou tes deſcendans,
,, que vous obſerverez ſoigneuſement, c'eſt que
,, tout mâle d'entre vous ſera circoncis, & vous
,, circoncirez la chair de vôtre prépuce & cela
,, ſera pour ſigne de l'alliance entre moi & vous.
,, Tout enfant mâle , huit jours après ſa maiſ
,, ſance ſera circoncis parmi vous dans toute la
,, ſuite de vos générations, tant celui qui ſera
,, de ta famille, que celui qui aura été acheté
,, de quelque étranger que ce ſoit, qui ne ſera
,, point de ta race ; mais qui ſera mé dans ta
,, maiſon ; On ne manquera donc point de cir
,, concire celui qui naitra dans ta famille, &
,, celui qui aura été acheté de ton argent. Et
,, ce ſigne de mon alliance ſera en vôtre chair
,, dans tous les tems avenir : mais tout mâle
,, incirconcis duquel la chair du prépuce n'aura
,, point été coupée ſera retranché du milieu de
,, ſes peuples : c. à d. bien loin d'avoir aucune
part aux bénédictions promiſes aux deſcendans d'A-
braham, conſiderés comme le peuple de Dieu , ſa vie
ſera abregée, avant qu'il puiſſe avoir lignée; parce
», qi'il doit être exclus de mon alliance , dont
» il ne porte pas le ſigne, comme s'il l'avoit violée.
4 D. Qu'eſt
88 L'A N c I E N T E s T A M E N T
D. Qu'eſt - ce que Dieu ajouta à l établiſſement
de cette alliance en faveur de Sarui 85 du fils
qºi ma troit d'eiie $ en firveur d' lſnael qui etoit
déj , né ?
Gen.
X l' I I.
R ,, Dieu dit auſſi à Abraham : Quant à
I5 - 22 . ,, Sarai ta femme, tu ne l'appeleras plus Saraï,
,, mais ſon non ſera Sara (a ) Je la bénirai
,, & je te donnerai un fils d'elle-meme : Je la
,, bénirai encore dans ſa poſierité, de telle ſorte
,, qii'e le deviendra la mere de pluſieurs Na
,, tions , & que des Rois, ou Souverains de peu
,, ples ſortiront d'elle. Alors Abraham penetré de
reſpect, de gratitude Q3 de confiance " ſe proſterna -
,, la face en terre ; mais aiuli dans un ſentiment
de joie mélé de doute , " il ſourit & dit en ſon
,, cœur : Naitroit-il un fils à un homme âgé
-
,, de cent ans, & Sara âgée de quatre vingt
», dix ans auroit - elle un enfant ? Quelle mer
veille ' Puis-je eſperer tant de graces ' Ah ' Sei
giteur , * dit encore Abraham à Dieu ; Qu'il
,, te plaiſe d'y ajottter celle - ci, c'eſt qu'Iſmaël
,,, vive devant toi : Conſerve moi ce fils 83 qu'il
ſe rende digne de ta faveur : " & Dieu lui ré
», pondit ; Oui certainement, Sara ta femme t'en
s, fantera un fils : Tu n'en dois plus douter " &
,, tu appelleras ſon nom Iſaac ( b ), & j'établi
- 22 IdA

(a ) Sarai. Ce nom ſignifie à la lettre , ma Princeffe,


ou ma Dame , & celui de Sara ſignifie en general ,
vote Princeſſe , une Souveraite ; ainſi Dieu y fit ce chan
gement , Darce qu'elle ne devoit pas ſeulement étre
aimée & eftimee d'Abraham comme ſa femme mais en
core comme la Princeſſe , ou la Souveraine d'un grand
peuple.
( a ) Iſaac. Ce nom ſignifie en Hebreu, il a ri, ou
#
—r

MIs EN C A T E c H I s M E. 85
# rai mon alliance avec lui , comme avec toi ,
| » pour être une alliance perpétuelle avec ſa poſ
e térité après lui. Je t'ai auſſi exaucé touchant Iſ.
» mael : Je l'ai déja béni dans mes deſſeins :
ll eſt déja l'objet de mes faveurs, " Je le ren
» drai grand & puiſſant ; je multiplierai abon
,, damment ſa poſiérité : Il aura douze fils qui
» ſeront tout autant de Princes , ou de Chef de
peuples , ( nommés ci après XXV. 12. $c. ) &
» je le ferai devenir Pere d'une grande Nation.
» Mais j'établirai une alliance particuliere avec
» Iſaac que Sara t'enfantera dans une année :
» en cette même ſaiſon. Et Dieu , ou l'Ange
qui parloit en ſon nom * ayant achevé de par
,, ler à Abraham diſparut de devant lui.
D. Qu'eſt - ce qu'Abraham fit en conſequence de
cette viſion 85 des ordres de Dieu ? -

R. , Abraham prit ſon fils Iſmaël avec tous cºn.


» ceux qui étoient nés dans ſa maiſon, & tous XVII.
» ceux qu'il avqit achetés de ſon argent ; " en ****
» un mot, tous les mâles qui étoient actuelle
» ment ſous ſes ordres , & il circoncit la chair
» de leur prépuce en ce même jour - là, com
» me Dieu le lui avoit ordonné. Il ſe circon
» cit lui - même à l'âge de quatre vingt dix &
:, neuf ans, & Iſmael ſon fils avoit alors treize
» ans. En ce même jour donc Abraham , , &
» ſon fils Iſmael & tous les gens de ſa maiſon,
» tant ceux qui y étoient nés, que ceux qui
- F 5 » avoient

il rira, & il y a ici une manifeſte alluſion au ſourire


d'Abraham & à celui de Sara; quand cette promeſſe
lui fut réïterée XVIII. 12. pour les faire ſouvenir que
ce fils leur étoit né contre toute attente & qu'ils
avoient ſouri de la promeſſe qui leur en avoit été faite.
5o L'A N c 1 E N T E s T A M E N T.
,, avoient été achetés des étrangers furent cir
» concis. -

D. Qu'arriva- t - il bientôt après, qui aſſura


de plus en plus à Abraham , qu'il auroit un fils
de Sara dans le courant de l'année ?
R. Ce fut la viſite qu'il eut de trois hom
Gen.
XVIII.
mes, l'un deſquels qui eſt dit " l'Eternel, lui
I - I6. ,, apparut dans les plaines, ou la cheſnaye de
,, Mamré de cette maniere. Comme il étoit aſſis
» à la porte de ſa tente pendant la chaleur du
» jour, & qu'il levoit les yeux, il vit trois
» hommes arrêtés devant lui : Dès qu'il les eût
» apperçus, il quitta la porte de ſa tente pour
» courir au - devant d'eux ; 85 l'un de ces troia
hommes lui paroiſſant plus vénérable que les deux
,, autres, il ſe proſterna devant lui en terre &
,, lui dit ; Monſeigneur, je te prie, ſi j'ai
» trouvé grace devant tes yeux, & que tu
» veuilles me faire plaiſir, ne paſſe point outre,
» je te prie, ſans t'arrêter chez ton ſerviteur
,, Agréez tous, je vous prie, qu'on prenne un
» peu d'eau, pour vous laver les pieds, & pen
», dant que vous vous repoſerez à l'ombre ſous
,, un arbre, j'apporterai une bouchée de pain
» pour fortifier vôtre cœur ; après quoi, il vous
,, ſera libre d'aller plus loin 83 de continuer vô
,, tre chemin : car c'eſt pour cela que Dieu a
,, permis que vous ſoyez venus vers vôtre ſer
,, viteur : Et ils lui dirent : Fai ce que tu as
,, dit ; nous le voulons bien : Abraham s'en alla
,, donc promptement dans la tente vers Sara, &
,, lui dit ; Pren inceſſamment trois meſures ) ( e

(a) Trois meſurer. Le Texte Hebreu porte trois


Seim ; & le Seah étoit la troiſieme partie d'un Epha »
MIs E N C A T E c H 1 s M E. 9F
,, de fleur de farine, pétri-les & en fais des gâ
,, teaux : Puis Abraham courut de là au trou
,, peau , & prit un veau tendre & bon qu'il
,, donna à un domeſtique pour l'apprêter, ou
,, ſeulement quelque pièce , le plutôt poſſible :
,, Enluite il prit du beurre & du lait & le veau
,, qu'on avoit apprêté & les mit devant eux,
,, & ſe tint auprès d'eux ſous l'arbre, pendant
,, qu'ils mangérent de ce qui leur fut préſenté.
,, Et ils lui dirent ; Où eſt Sara ta femme ?
,, Elle eſt là dans la tente, répondit-Abraham :
,, & l'un d'eux lui dit ; Je reviendrai certaine
,, ment vers toi, pour accomplir ma promeſſe,
,, dans cette mème ſaiſon où nous ſommes, d'ici
,, en un an : alors Sara ta femme aura un fils.
,, Sara écoutoit tout cela de derriere la porte de
,, la tente où elle étoit : mais penſant qu'elle &
,, Abraham étoient tous deux fort avancés en
», âge, & qu'elle n'avoit plus ce que les fem
», mes ont accoutumé d'avoir pour être en état
,, de concevoir, * elle ſe mit à rire en ſoi-mê
,, me de la promeſſe qu'on faiſoit à ſon mari
,, & elle dit : Seroit-il poſſible qu'étant vieille
,, comme je ſuis & mon Seigneur auſſi âgé qu'il
l'eſt, " j'euſſe encore ce ſujet de joie ? Et L'E-
,, T E R N E L, ou l'Ange qui le repréſentoit ſous
une figure humaine " dit à Abraham ; Pourquoi
, Sara a - t - elle ri en diſant; ſeroit - il poſſible,
,, que j'euſſe un enfant, étant auſſi vieille que
,, je le ſuis ? Y a - t - il rien de merveilleux que
» Dieu ne puiſſe faire ? Oui, dans cette mê
,, m6

qui contenoit quatre cent trente deux œufs ſelon les


Docteurs Juifs : ainſi le Seab en contenoit cent qua
rante quatre, & les trois Seim autant que l'Epha,
52 I'A N c 1 E N T E s T A M E N #
, me ſaiſon, je reviendrai vers toi , au tems
,, marqué, pour accomplir ma promeſſe & Sa
,, ra aura alors un fils : Cependant Sara ayant
oui le reproche qu'on lui faiſoit d'avoir ri, le
,, nia & dit qu'elle n'avoit point ri ; parce qu'el
,, le eût peur : mais le Seigneur lui dit ; ce
,, que tu dis, n'eſt pas ; car tu as ri. Après cette
converſation $ le repas fini, * ces hommes ſe
,, levérent , & tournérent leurs yeux 83 leurs
,, pas du côté de Sodome, ayant Abraham avec
,, eux pour les conduire.
D. Quel entretien eurent-ils avec Abraham
,, pendant qu'ils marchoient enſemble ? .
Gen. R. ,, L'Eternel , ou celui qui le repréſentoit
XVIII.
,, dit, en s'adreſſant peut-être à Abraham lui
17-33. ,, même : Te cacherai-je ce que je m'en vais fai
,, re ? Puis qu'Abraham doit certainement de
,, venir le Pere d'une nation grande & puiſſan
,, te, & que toutes les nations de la Terre ſe
,, ront bénies en lui, ou dans ſa poſtérité; je
», veux bien lui communiquer mes deſſeins ; car
,, je le connois pour être un de mes fideles ſer
•, viteurs , & je ſai qu'il ordonnera à ſes en
,, fans & à toute ſa famille après lui , de gar
» der la voie de L'E T E R N E L & de faire ce
, qui eſt juſte & droit ; afin que L'E T E R N E L
,, faſſe venir ſur Abraham tout ce qu'il lui a
,, promis. L'ET E R N E L lui dit donc : D'au
, tant que les péchés crians de ceux de Sodome
,, & de Gomorre & des villes voiſines vont tou
,, jours en augmentant & que leurs crimes ſont
, montés à leur comble; j'irai moi-même vers
, eux, & je yerrai ſi le bruit de ces forfaits qui
» eſt venu juſqu'à moi eſt bien fondé, pour les
», punir ſelon cela ; ſinon, je le ſaurai ; ou je
"/16
M I s E N C A T E c H I s M E. 93
rme conduirai à leur égard ſelon les diſpoſitions
dans leſquelles je les trouverai. * Deux de ces
,, hommes partant de là s'avancérent vers So
,, dome : mais Abraham s'arrêta avec celui qui
,, repréſentoit L'ETE R N E L , & s'étant appro
,, ché de lui, il lui dit ; Ferois-tu périr l'hom
,, me juſte avec le méchant dans la deſtruction
,, dont tu menaces ces villes ? Peut-être y a-t-il
», cinquante juſtes dans leur enceinte ; les feras
, ,, tu périr auſſi ? Ne pardonnerois-tu pas plu
», tôt à une ville, à cauſe des cinquante juſtes
», qui ſeroient au milieu d'elle ? Tu te profane
2, rois toi - même, 85 tu agirois d'une maniere
zoute oppoſée à tes perfections , " ſi tu faiſois
», une telle choſe, que de faire mourir le juſte
•, avec le méchant , & que le juſte fut traité
2, comme le méchant ! Arriere de toi une telle
,, action ! Celui qui juge toute la Terre , ne
2, feroit-il pas juſtice ? Et L'E T E R N E L dit ;
-, Si je trouve dans toiit Sodome cinquante juſ
,, tes , je pardonnerai à cauſe d'eux à toute la
•, ville. Voici, repliqua Abraham , j'ai pris main
2, tenant la hardieſſe de parler au Seigneur ; quoi
-, que je ne ſois que poudre & que cendre ;
2, Peut - être s'en manquera-t-il cinq des cinquan
•, te juſtes ; détruirois-tu toute la ville pour le
, défaut de ces cinq-là : Non , dit le Seigneur,
-, je ne la détruirai point, ſi j'y trouve qua
» rante cinq juſtes & Abraham repartit encore ;
», mais peut-être s'y en trouvera - t - il quarante ?
2, Je ne la détruirai point, répondit le Seigneur,
2, pour l'amour des quarante, s'ils s'y trouvent.
2, Et Abraham ajouta ; je prie le Seigneur de
2, ne pas s'irriter, ſi je parle encore : Peut-être
2, s'en trouvera-t-il trente : Je ne la détruirai
» Point »
s4 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
s, point, dit encore le Seigneur,. ſi j'y en trou
,, ve trente. Voici maintenant , repartit de nou
», veau Abraham, j'ai pris la hardieſſe de parler
s, au Seigneur ; Peut - être s'en trouvera - t - il
,, vingt ? & le Seigneur répondit; je ne la dé
», truirai point , pour l'amour de ces vingt.
2, Abraham inſjia encore & dit ; Je prie le Sei
», gneur de ne pas s'irriter , je ne repliquerai
,, plus que cette fois. Peut être s'y en trouvera
,, t-il dix ? & le Seigneur l'aſſura qu'il ne la
,, détruiroit point pour l'amour des dix. Cet
,, entretien étant fini, l'Eternel s'en alla , l'Ange
,, diſparut, Abraham s'en retourna auſſi au lieu
», de ſa demeure.

C H A P I T R E V II.

Contenant l'hiſtoire de la deſtruction de So


dome & des villes voiſines ; la délivran
ce de Lot & de ſes deux filles ; la ré
ſolution que prit Abraham de quitter
auſſi le voiſinage de ces lieux - là, & ce
qui lui arriva dans les Etats du Roi de
Guérar, où il s'arrêta, & où Sara mit
au monde Iſac ſon fils.

D. Ue devinrent les deux autres perſonnes


qui avoient pris le chemin de Sodome,
pendant qu'Abraham s'entretenoit avec la troiſie
me qui avoit pris le nom de l' Eternel ?
Gen.XIX. R. , Sur le ſoir de ce même jour , ces deux
I • I I.
perſonnes qui étoient des " Anges vinrent à #
' 2 » ClO
M Is E N C A T E c H 1 s M E. 95
, döme, & Lot étant alors aſſis à la porte de
, la ville, auſſi-tôt qu'il les vit, il ſe leva pour
» aller au devant d'eux, & les prenant pour des
, étrangers diſtingués qui voyageoient, il ſe proſ.
, terna le viſage en terre , ou les ſalita le plus
reſpectueuſement qu'il put , ſelon l'uſage de ces
,, tems - là, & leur dit ; Venez je vous prie, mes
2, Seigneurs, dans la maiſon de vôtre ſerviteur
s, & y paſſez la nuit , s'il vous plait : vous
s, vous laverez les pieds & vous vous léverez
, de bon rflatin pour continuer vôtre chemin :
» non : lui répondirent-ils ; mais nous paſſe
, rons cette nuit dans la rué : cependant il les '
», preſſa tant qu'ils ſe retirérent chez lui , &
» quand ils furent entrés dans ſa maiſon , il
,, les régala de ce qu'il put avoir & fit cuire des
», gateaux dont ils mangérent : Et avant qu'ils
, » fuſſent couchés, les hommes de cette ville,
», les habitans de Sodome environnérent la mai
», ſon depuis les plus jeunes juſqu'aux vieillards ;
2, en un mot, tout le peuple & les plus conſi
», dérables de la ville entrainés par un même aban
dom de diſſolution que la beauté de ces Anges n'a-
voit fait qu'enflammer d'avantage, * appelérent
» Lot & lui dirent : où ſont les hommes qui
•, ſont venus cette nuit chez toi ? Fai les ſor
» tir , afin que nous les connoiſſions, 83 que
» nous aſſouviſſions avec eux nos convoitiſes. Sur
» quoi Lot ſortit de ſa maiſon pour leur parler
» à la porte , & l'ayant fermée après lui, il
» leur dit; Je vous prie, mes freres, ne leur
» faites point de mal ; mais j'ai deux filles vier
» ges , je vous les amenerai & vous les traite
» rez comme il vous ſemblera bon ; pourvu
» que Vous ne faſſiez rien à ces hommes ; car
2, VOllS
56 L'A N c I E N T E s T A M E N r.
» vous leurs devez ces égards puis qu'ils ſont ve
,, nus à l'ombre de mon toit , comme dans un
lieu de ſureté : * Mais ils lui dirent ; Ote - toi
,, de là. Sera-t il dit qu'un particulier qui eſt ve
», mu parmi nous pour y habiter, ſoit nôtre ju
» ge & nous faſſe la Loi ? Nous te traiterons
,, encore plus mal qu'eux , ſi tu ne te retires ;
,, les uns ſe jettérent même ſur Lot avec gran
» de violence, & les autres s'approchérent de
» la porte pour la briſer 83 entrer par force ;
» Alors les deux perſonnes qui étºient dedans
l'ayant ouverte étendirent la main , & retirérent
·, Lot à eux dans la maiſon & refermérent la
,, porte : Enſuite ils frappérent d'un tel éblouiſ
,, ſement les hommes qui étoient à la rue, de
» puis le menu peuple, juſqu'aux Grands, qu'ils
, ſe laſſérent de chercher la porte de la maiſon
de Lot ſans pouvoir la trouver.
D. Que firent de plus ces hommes , ou ces An
ges pour préſerver Lot 83 ſa famille de la puni
tion exemplaire qu'ils devoient faire des crimes abo
minables de cette ville ?
Gen.XIX. R. ,, Ces hommes, ou ces Anges dirent enco
I2 - 23. ,, re à Lot ; Qui as - tu ici qui t'appartienne ,
,, gendre, fils, ou fille, ou quelque autre pa
' ,, rent dans la ville, pour qui tu t'intereſſes, fai
», les ſortir de ce lieu ; car nous allons la dé
,, truire , parce que leur cri , ou leurs vices
» criants 83 abominables ſe ſont fort augmentés
,, aux yeux de l'Eternel, & il nous a envoyés
,, pour les détruire. Lot ſortit donc pour parler
,, à ſes gendres qui devoient épouſer ſes filles,
,, & il leur dit : Sortez promptement de ce lieu
,, ci ; car l'Eternel va détruire la ville ; mais
,, ils traitérent cet avis de moquerie 83 n'en
finrcniA
M 1s E N C A T E c H I s M E. 97

, tinrent aucun compte. Cependant auſſi - tôt


#
, que l'aube du jour fut levée, les Anges preſ
» ſerent Lot de ſortir inceſſamment de la ville
» & de prendre avec lui ſa femme & ſes deux
» filles qui ſe trouvoient dans la maiſon , de
» peur qu'il ne périt dans la deſtruction de la
» ville ; & comme il tardoit ils le prirent par
» la main, lui, ſa femme & ſes deux filles ,
» que l'Eternel vouloit ſauver & ils les emme
, nérent hors de la ville , où étant arrivés ,
,, l'un d'eux dit à Lot ; ſi tu veux ſauver ta
,, vie, éloigne toi d'ici ſans délai ; ne regarde
» pas mème derriere toi dans ta fuite & ſans
» t'arrèter dans aucun endroit de la plaine qui
» va être conſumée, ſauve-toi vite ſur la mon
» tagne, de peur que tu ne périſſè : Non Sei
» gneur, je te prie, répondit Lot; puiſque
» ton ſerviteur a trouvé grace devant toi , &
», que tu m'as déja accordé cette précieuſe fa
», veur de me conſerver la vie ; je crains de ne
» me pouvoir ſauver aſſez tôt vers la monta
» gné , ſans que le mal m'atteigne & que je
» meure ; mais s'il te plait , voilà une ville
» tout proche de nous, où je puis m'enfuïr,
» & elle eſt petite, peu importante par le nom
ére d'habitans coupables des mémes crimes que
Sodome , permet, " je te prie que je m'y ſau
» ve : toute petite qu'elle eſt , & que ma vie
» y ſoit en ſureté. Voici, lui dit l'Ange, je
» veux bien encore t'exaucer en cela, de ne
» détruire point la ville dont tu me parles. Ha
» te-toi donc de t'y ſauver ; car je n'exécute
» rai point ce que j'ai réſolu , que tu n'y ſois
» arrivé , c'eſt pourquoi l'on donna à cette vil
» le le nom de Tſohar, c. à d. petite, & Lot y
Tome I. G 32 CIltl à
|

98 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
»» entra
levoit avec
ſur ſes deux filles, lorſque le ſoleil ſe
la Terre. J

D. Comment s'exécuta enſuite la deſtruction de


Sodome 85 de Gomorre ?
Gen.xIX. R. » Alors , ou au moment que Lot entra dans
24, 25. ,, Tſohar, L'ET E R N E L fit pleuvoir des Cieux
,, ſur Sodome & Gomorre & les villes voiſiner
» du ſoufre & du feu, de par l'Eternel, ou d'u-
,, me maniere ſi ſurprenante $ ſi divine, qu'il
» détruiſit ces villes - là & toutes celles de la
, plaine, avec tous les habitans de ces villes
» & le germe ou la fécondité de la Terre, c, à d.
ue non ſeulement tous les hommes $ les animaux
de ces villes $ de la canpagne périrent dans cet
embraſement, mais encore toutes les plantes qui
5 croiſſoient, avec leurs germes & leurs ſemences,
furent tellement conſumées qu'elles me produiſ
rent plus rien & qu'elles laiſſèrent le terrein en
tiérement ſiérile.
D. Qu'étoit devenué la femme de Lot, qui n'é-
toit pas avec lui quand il emitra à Tſohar ?
c2.xIX R. » La femme de Lot , qui ſuivoit ſon ma
2 é.
ri, apparerºment de loin, " ayant regardé
» derriére elle, du côté de Sodome, dont elle
regrettoit ſans doute la perte, 85 s'étant peut
etre trop arrêtée par une compaſJion hors de ſai
ſon , à ſatisfaire ſa cttrioſité à cet égard contre
la défenſe expreſſe de l'Ange à ſon mari, qu'elle
,, n'ignoroit pas, fut changée en ſtatue de ſel ;
c. à d. que de vivante qu'elle étoit , elle devint
dans un inſtant , par l'effet d'une punition mira
culeuſe, comme une ſiatue de ſel, ſans mouvement
& ſans vie.
· D. Que fit de ſon côté Abraham qui avoit été
- averti
M1s E N C A T E c H I s M E. 99

averti par l'Eternel du deſſein qu'il avoit de dé


truire Sodome ?
R. » Abraham s'étant levé de bon matin , Gen. XIX.
» vint à l'endroit où il s'étoit entretenu avec 27 - 29.
» l'Ange de L'ET E R N E L, le jour auparavant,
» & ayant jetté les yeux vers Sodome & Go
» morre & vers tout le pays de la plaine où
» étoient ſituées ces villes , il vit monter de
,, la terre une fumée ſemblable à celle d'une
» fournaiſe, dont il craignit quelqtte funeſle effet
,, pour Lot ; mais lors que D I E U détruiloit
» les villes de la plaine, il s'étoit ſouvenu d'A-
» braham $ de la promeſſe qu'il lui avoit fuite d'a-
voir égard aux juſtes qui y ſeroient , 85 en con
» ſequence, il avoit ſauvé ſon meveu Lot de la
1 » ſubverſion des villes du pays où il habitoit.
D. Que devint enſuite Lot avec ſes deux filles.
R. » Lot ſe ſentant ſi proche 85 comme au mi Gen.XIX.
lieu d'un pays qui venoit d'être conſumé par le 3O - 38.
», feu $ le ſoufre, ſortit bientôt de Tſohar,
» & alla habiter ſur la montagne avec ſes deux
» filles; car il craignoit de demeurer dans Tſo
» har, & il ſe retira dans une Caverne avec
» ſes deux filles, qui ſe voyants ſeules avec lui,
» l'ainée dit à la plus jeune; nôtre pere eſt vieux,
& après la déſolation qui vient d'arriver aux
*illes de nºtre pays 83 aux époux qui nous étoient
deſtinés $ peut etre à tout le rejie des habitans
» de la Terre, il n'y a plus perſonne pour ve
» nir vers nous 83 nous prendre en mariage,
» ſelon la coutume de tous les pays ; viens ? don
» nons du vin à nôtre pere & couchons avec
» lui , afin de conſerver ſa race : Elles donné
» rent donc cette nuit - là à boire à leur pere
» du vin » qu'elles avoient ſans doute pris avec
2 elles
Ico L'A N c I E N TEsTA MENT

elles en quittant Sodome, ou acheté des habitans


de Tjohar, auſji bien que d'autres proviſions mé
ceſſaires à leur entretien ; 85 ce vin l'ayant eny
vré au point à lui faire perdre la raiſon &!
tout ſemtiment de pudeur ; " l'ainée vint & cou
» cha avec ſon pere ; mais il ne s'apperçut point,
» ni quand elle ſe coucha, ni quand elle ſe le
,, va ; & le lendemain l'ainée dit à la cadette ;
» Voici j'ai couché la nuit paſſée avec mon pe
» re ;. donnons - lui encore cette nuit du vin à
» boire, puis va & couche avec lui, comme
» j'ai fait & nous conſerverons ainſi la race de
» nôtre pere : Elles donnérent donc encore cet
, te nuit- là du vin à boire à leur pere, & la
» cadette coucha avec lui ; mais il ne s'apper
» çut point, ni quand elle ſe coucha, ni quand
,, elle ſe leva. Ainſi les deux filles de Lot de
» vinrcnt enceintes de leur pere, & l'ainée en
» fanta un fils qu'elle appela Moab, c. à d. ti
,, ré du pere : C'eſt le pere des Moabites qui
,, ont vécu juſqu'à ce jour, & la cadette en
» fanta auſſi un fils qu'elle appela ; Ben-hamon
c. à d. fils de mon peuple ; " C'eſt le pere des
» Hammonites qui ont vècu juſqu'à ce jour.
D. Abraham reſta-t il encore dans le voiſinage
de Sodome après en avoir vit 85 appris la deſ
truciion ?
Gen. XX. R. Non, " Abraham s'en alla de là au pays
l.
, qui étoit vers le Midi & s'arrêta entre Kadès
» & Sur , où il hebita comme étranger à
» Guérar.
D. Que lui arriva-t-il dans ce lieu - là ? "
R. Il lui arriva à peu près la mème choſe
Cert. XX.
qu'en Egypte ſur le compte de Sara ſa femme :
2 - 18. » Savoir qu'Abraham ayant dit d'elle c'eſt ma
- - 22 ſœur ,
M1s EN C A T E c H I s M E. IoI
, ſœur, Abimélec Roi de Guérar envoya de
,, ſes gens pour enlever Sara, ſans doute ſur ce
qu'on lui rapporta de ſa beauté, qu'elle avoit
conſervé juſqu'à l'âge de quatre vingt dix ans ;
,, mais D I E U apparut la nuit en ſonge à Abi
» mélec , & lui dit ; Tu ſeras puni de mort
» avec tout ton peuple , à cauſe de la femme
» que tu as fait enlever ; car elle a un mari ;
» & Abimélec qui ne s'étoit point encore ap
» proché d'elle répondit : O Seigneur ! ferois-tu
,, donc mourir un peuple juſte, ou innocent ?
,, Cet homme ne m'a-t-'il pas dit de cette fem
,, me ; c'eſt ma ſœur ? Et elle mème n'a-t-elle
,, pas dit , d'Abraham ; c'eſt mon frare ? Si
, donc je l'ai fait enlever, c'eſt " dans l'intégri
,, té de mon cœur , & dans la pureté de mes
,, mains ; ou dans la penſée que je ne faiſois tort
à perſonne, en prenant cette femme à moi. " Alors
,, Dieu lui dit en ſonge ; je ſais que tu l'as
,, fait dans l'intégrité de ton cœur & dans la
,, pureté de tes mains ;, auſſi ai-je empêché que
,, tu ne péchaſſes contre moi, en commettant
un adultère ; " c'eſt pourquoi je n'ai pas per- .
, mis que tu la touchaſſes ; mais maintenant,
,, rend à cet homme - là ſa femme ; car il cſt
,, Prophète, ou en commerce avec Dieu, & il prie
,, ra pour toi & tu vivras ; j'accorderai aux prie
res qu'il m'adreſſera en ta faveur le rétabliſſe
ment de ta ſanté 85 la prolongation de tes jours ;
,, mais ſi tu ne la rend, ſache que tu mourras
' » d'une mort violente & prématurée, avec ce
,, qui eſt à toi. Sur cela Abimélec s'étant levé
,, de bon matin & ayant appelé ſes ſerviteurs
», leur rapporta toutes ces choſes, ſavoir, tout
ce qui s'étoit paſſé en ſonge entre Dieu Q3 lui ;
G 3 »&
1oz L'A N c I E N TEsTAMEN r
,, & eux l'écoutants en furent ſaiſis de crainte
d'être les victimes de la paJion de leur Roi ote
d'attirer ſur eux la colère de Dieu, s'ils faiſoiens
le moindre outrage à Abraham. * Enſuite Abi
» mélec fit venir auſſi Abraham & lui dit ;
s, Quel mal as - tu penſé nous faire ? Quel tort
,, t'avois-je fait pour que tu m'ayes expoſé avec
,, tout mon royaume à un auſſi grand péché ,
& au châtiment qui en devoit être la ſuite. Tu
,, m'as fait en cela des choſes qui ne ſe doivent
,, point faire. Qu'as tu remarqué, dit-il encore
,, à Abraham , dans ma conduite , ou dans celle
,, de mes ſujets qui t'ait obligé à faire cela 2
,, à quoi Abraham répondit ; je l'ai fait par ce
,, que je diſois en moi-mème : Aſſurément il
,, n'y a point de crainte de Dieu en ce lieu-ci :
, peut - être me tueront - ils pour avoir ma fem
, me, s'ils ſavent que je ſuis ſon mari. D'ail
, leurs je n'ai point menti, car elle eſt véri
, tablement ma ſœur, fille ou petite fille de mon
2, pere Taré ( a ), mais elle n'eſt pas fille de
, ma mere, & elle m'a été donnée pour fem
,, me. Cette double relation que nous ſoutenons
enſemble, * a été cauſe que je lui ai dit, lors
s, que,

( a ) Fille ou petite fille de mon prre Taré J'ai ajou


té petite fille en explication du mot de fille ; parce
qu'il y a apparence , comme on l'a dit ci - d ſſus XII. .
13. que Sara etoit fille de Nacor , lla même que Jiſca,
& par conſequent petite fille de Taré , pere d'Abra
· ham & de Nacor Et chez les Juif le nom de fils
& de fille étoit auſſi donné aux petits fils & petites
filles , comme celui de ſœur aux nieces & aux couſines,
germaines. Ainſi quelque ſentiment que l'on ſuive ,.
Abraham a toujours nu dire en vérité que Sara étoit
fille de ſon pere & ſa ſœur. -
# 1 s E N C A T z o H 1 s M E. 1e3
,, que Dieu m'a fait errer çà & là hors de la
,, maiſon de mon pere ; fai-moi cette grace de
,, dire de moi dans tous les lieux où nous irons
,, que je ſuis ton frere. Alors Abimélec prit des
,, brebis, des bœufs , des ſerviteurs & des
,, ſervantes, & les donna à Abraham & lui
,, rendit Sara ſa femme. Il lui dit de plus ;
,, Voici mon pays eſt à ta diſpoſition, demeu
,, re où il te plaira : Il dit auſſi à Sara, voici
,, j'ai donné à celui qui ſe dit ton frere mille
,, pieces d'argent ou la valeur ( qui étoit envi
ron cinq cents écus. ) Tu dois connoitre par lt
que je me cherche pas à vous nuire ; mais cela,
,, ou cet argent ſera pour toi, comme une cou
» verture ou un voile à tes yeux ( a ), & ſer
4 » vira

(a ) Une couverture eu un voile à tes yeux. C'eſt


ici une maniere de parler abregée, priſe de la coutu
me qu'avoient les femmes mariées de porter un voile
ſur leurs yeux , pour marquer qu'elles étoient ſous la
puiſſance d'un mari ; & il y a apparence que Sara ne
l'ayant pas obſervée , de concert avec Abraham, cet
te négligence donna lieu à Abimélec de la prendre
pour une fille non mariée & d'avoir peut - être avec
elle des privautés dont il fut puni avec toute ſa Cour
par quelque indiſpoſition qui éloignoit les maris , de
leurs femmes , & qui empêchoit celles-ci d'accoucher ,
comme il paroit par la ſuite ; ſelon cela Abimélec
aura voulu par ces paroles avertir Sara de couvrir à
l'avenir ſes yeux ou ſon viſage d'un voile par où l'on
put connoitre qu'elle étoit une femme mariée. L'on
pourroit auſſi rapporter ces paroles à Abraham lui
même, comme ſi Abimélec avcit voulu dire que ce
Prophête déclarant ſans diſſimulation que Sara étoit ſa
femme lui auroit tenu lieu de voile ſur ſes yeux à
l'égard de tous ceux qui le ſauroient & qui la ver
IOJCIlt,
1o4 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, vira d'avis ou de leçon à tous ceux qui ſe
,, ront avec toi , ou avec qui tu auras à faire,
c. à d. le préſent que je viens de faire à ton
mari eſt une eſpéce d'amende qui doit te faire con
moitre que je te regarde comme ſa femme; 83
ſervir d'avertiſſement à tous ceux qui ſont avec
· toi $ qui te verront , que tu es véritablement :
mariee ; tout comme ſi tu avois un voile ſur les
· yeux qui en eſt la marque ordinaire. * Et Abra
,, ham fit requête à D I EU & Dieu guérit Abi
,, mélec, ſa femme & ſes ſervantes ; enſorte
v,, qu'elles purent avoir des enfans comme au
,, paravant. Car L'ET E R N E L avoit entiére
,, ment reſſèrré toute matrice ( a ) de la mai
,, ſon d'Abimélec, à cauſe de Sara femme d'A-
,, braham.
D. Quelle autre faveur ſignalée Abraham re
çut il encore de Dieu pendant qu'il étoit dans les
Etats du Roi Abimélec ?
R. Dans le mème tems que les femmes de
la maiſon d'Abimélec recouvrétent la faculté de
concevoir & d'enfanter , il arriva que Sara de
vint auſſi enceinte & enfanta Iſaac, comme le
rapporte Moiſe dans la narration ſuivante.
Gen.XXI. ,, Alors L'ET E R N E L prit ſoin de Sara & ac
1-8. ,, complit en clle la promeſſe qui lui avoit été
,, faite. Sara conçut & enfanta un fils à Abra
,, ham dans ſa vieilleſſe , au tems précis que
» D I EU lui avoit marqué : Et Abraham don
»» I1d

( a ) Reſſerré toute matrice. C'eſt ce que porte l'ex


preſſion de l'original qui déſigne à l'ordinaire la ſtéri
lité ; mais ici elle ſemble plutôt déſigner une incom
modité ſenſible, telle que les termes l'expriment pris
à la lettre.
M1s EN C A T E c H 1 s M E. Io5
, na à ſon nouveau né que Sara lui avoit en
» fanté, le nom d'Iſaac, comme l'Ange le lui avoie
» dit. ll le circoncit auſſi au bout de huit jours,
» comme D 1 E U le lui avoit commandé. Or
» Abraham étoit âgé de cent ans, quand ſon
,, fils Iſaac lui nâquit ; & Sara rappelant dans
ce moment ce qui avoit donné lieu à ce qu'on
mommât ainſi cet enfant , dit ; c'eſt à préſent que
», D 1 E U m'a donné dequoi rire 83 me réjouir ;
» & que tous ceux qui apprendront cette maiſ
,, ſance, en riront & ſe rejouiront avec moi de
,, la grace que Dieu m'a faite ; à quoi elle ajou
» ta ; Qui eut dit à Abraham que Sara allai- » "
,, teroit des enfans ? Car je lui ai enfanté un
» fils en ſa vieilleſſe, que je mourris de mon pro
,, pre lait. L'enfant crut & fut ſevré au bout
,, du terme ordinaire, & Abraham fit un grand
,, feſtin, le jour qu'Iſaac fut ſevré, ſelon l'uſa
», ge de ces tems-là.
D. Quelles furent les ſuites de cette naiſſance par
, rapport à Agar 83 à Iſmaél ſon fils ?
R. » Sara me put les ſouffrir plus long temr eo.xxl.
dans la maiſon , de crainte que l'affection d'Abra- 5. .
ham pour Iſmael me le portat à lui faire part de
ſes biens au préjudice d'Iſaac ; $ ** ayant vû un
» jour le fils qu'Agar l'Egyptienne , avoit en
,, fanté à Abraham, ſe moquer d'elle ou de ſon
fils Iſaac , ou s'égayant avec excès , elle en prit
,, occaſion de dire à Abraham ; Chaſſe de la mai
» ſon cette ſervante & ſon fils ; car le fils de
» cette ſervante ne doit point hériter de tes biens
» avec le mien, avec Iſaac. Cela déplut fort à
» Abraham , à cauſe de ſon fils Iſmaèl qu'il ai
moit ; " mais DIEU dit à Abraham ; N'aye
» Point de chagrin de tout ce que te dira Sara
G 5 » 2 dll
-

io3 L'A N e i E N T E s T A M E N r
» au ſujet de cet enfant, & de ſa mere ta ſer
» vante : Ecoute plutôt ce qu'elle te demande,
» 83 la fatisfais ; car ce ſera la poſtérité d'Iſaac
,, qui te donnera ceux qui ſeront appelés tes
» enfans, & la ſemence bénite que je t'ai promiſe ;
» Toutefois je fèrai auſſi que le fils de ta ſer
,, vante devienne le pere d'une grande nation ;
» parce qu'il eſt né de toi. Sur cela Abraham
» s'étant levé de bon matin prit du pain & une
» bouteille d'eau & les donna à Agar en les
» mettant ſur ſon épaule. Il lui remit auſſi ſon
» fils Iſmaël & les congedia pour chercher leur
» vie ailleurs : Agar ſe mit donc en chemin &
» fut quelques jours errante dans le déſert de
» Beerſéba : mais quand l'eau de la bouteille
» eût manqué, le jeune Iſmaël n'en pouvant
» plus de ſoif & de fatigue ſe coucha ſous unr
» arbriſſeau où ſa mere le laiſſa & s'éloigna en
» viron le trait d'une flèche & s'aſſit à l'oppo
» ſite; car elle ne pouvoit ſoutenir de voir mou
| » rir cet enfant auprès d'elle faute d'aliment :
» S'étant donc aſſiſſe à l'oppoſite, ou loin de
§ ſon enfant, elle éleva ſa voix & pleura amére
ment. L'enfant de ſon côté prioit Dieu de tout
ſon cœur de le ſecourir dans l'extrémité où il ſe
trouvoit , & D I E U ayant entendu ſa voix en
» voya des cieux un Ange pour parler à Agar,
» & qui lui dit : Qu'as tu Agar * Ne crain point
,, pour la vie de ton enfunt ; car D I E U a ouï
» ſa voix du lieu où il eſt & l'a exaucé : Leve
, toi donc, & va lever ton enfant, en le pre
» nant par la main ; car je le ferai devenir pe
» re d'une grande nation. En même tems Dieu
,, ouvrit les yeux à Agar & elle vit un puits
» d'eau, où étant allée, elle remplit d'eau ſa
» bou
K 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 1o7
» bouteille & donna à boire à l'enfºnt : Dès
» lors D 1 E U fut avec l'enfant, 83 le protégea
,, dans tout le cours de ſa vie enſorte qu'il devint
,, grand, ou ſe rendit illuſtre ; il demeura au
, déſert, & fut habile à tirer de l'arc. Il de
» meura , dis-je, au déſert de Paran dans l'A-
,, rabie Petrée & ſa mere lui choiſit une femme du
, pays d'Egypte dont il eut pluſieurs enfms 85
une nombreuſe poſiérité.
D. Qu'arriva-t-il enſuite à Abraham pendant
qu'il étoit encore dans le pays d'Abimélec ?
Gen.XXI.
R. , Il arriva en ce tems.là qu'Abimélec Roi 22 - 34•
,, de Guérar dans le pays des Philiſtins, accom
» pagné de Picol Chef de ſon armée vint à
s, Abraham & lui dit ; Dieu eſt avec toi dans
,, tout ce que tu fais : il te fait proſpérer d'u-
me façon extraordinaire dans tout ce que tu en
treprens : C'eſt ce qui fait que je déſire de faire
Alliance avec toi pour moi 85 les miens. * Jure
, moi donc par le D 1 E U que tu ſers, que tu
» ne me tromperas point ; mais que tu obſerve
ras fidelement l'alliance que je te demande pour
» moi, mes enfans & mes petits enfans, juſqu'à
•, ma derniere poſtérité, & que tu uſeras envers
» moi & envers le pays où tu as demeuré, com
,. me étranger, de la même faveur dont j'ai uſé
, envers toi : Je te le jurerai, répondit Abraham,
, mais en même tems il ſe plaignit à Abimélec
, de la violence avec laquclle ſes ſerviteurs s'é-
, toient emparés d'un puits d'eau qui lui ap
,, partenoit. Et Abimélec lui dit ; Je n'ai point
» ſù qui a fait cela ; tu ne m'en as point don
» né avis , & je n'en ai point ouï parler juſ
», qu'à ce jour. Alors Abraham prit des brebis
» & des bœufs & les donna à Abimélec & ils
ro8 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
,, firent alliance enſemble. Outre cela Abraham
,, ayant mis à part ſept jeunes brebis de ſon
,, troupeau ; Abimélec lui dit : Que veux - tu
,, faire de ces ſept jeunes brebis que tu as miſes à
,, part ? C'eſt, répondit Abraham , afin que
,, tu les reçoives de ma main, & qu'elles me
,, ſervent de témoignage ou d'aſſurance que tu
,, reconnois que c'eſt moi, qui ai creuſé ce
,, puits dont tes ſerviteurs ſe ſont emparés. C'eſt
» pourquoi on appella ce lieu-là Beerſébah (a);
,, parce qu'ils avoient tous deux juré dans ces
,, endroit. Ils traitérent donc alliance en Beer
,, ſébah : Puis Abimélec avec Picol Chef de ſon
,, armée s'en retournérent à Guérar au pays
,, des Philiſtins : Et Abraham planta un bocage
,, en Beerſébah, où il invoqua par un culte ſo
,, lemnel, le nom de L'ET E R N E L, le Dieu
,, fort , qui eſt de toute éternité. Après quoi
,, Abraham demeura comme étranger dans le
» pays des Philiſtins durant un très long-tems.
1

(a) Beerſehah. Ce nom eſt compoſé de deux mots


Hébreux qui ſignifient le puits du ſerment , ou le puitr
de ſept , & il ſe peut qu'Abraham en appelant ce
puits de ce nom là , ait eû en vuë cette double ſi
gnification ; ſavoir , non ſeulement le ſerment de l'al
liance faite entre lui & Abimélec dans ce lieu là ,
mais auſſi les ſept brebis qu'il avoit données pour s'en
aſſurer la poſſeſlion.

CHA
«as tº C A T E c H 1 s M E. 1o9

C R À P. V T R E V I II.

Contenant Yordre de Dieu à Abraham de


ſacrifier ſon fils Aſaac , & les ſuites qu'eut
cette épreuve , la mort de Sara, & le
mariage d\ſaac avec Rebecca. -

D. A Quelle épreuve fut encore expoſée l'o-


béiſſance d'Abraham aux ordres de Dieu,
après l'éloignement de ſon fils Iſmaël de la mai
ſon paternelle ? -

R. ,, Après cela Dieu éprouva encore Abra- Go.


,, ham , ou plutôt il voulut mettre au jour juſ * XIA.
IO,
ques où ce ſaint homme porteroit ſa foi $ ſon
obéiſſance à Dieu ; Pour cet effet , " il fut ap
,, pelé par ſon nom 85 d'une voix à lui faire
connoitre que c'étoit l'Éternel qui lui adreſſoit la
parole : * Me voici , répondit Abraham , tout
prêt, ô Dieu, à faire ta volonté. * Et Dieu
,, lui dit ; Pren maintenant ton fils, ton uni
,, que, le ſeul héritier que tu ayes chez toi, ce
,, lui que tu chéris. Iſaac, en un mot, que tu re
gardes comme une ſource de bénédictions dans ta
,, famille ; Va-t-en avec lui au pays de Morija ,
,, ou la terre de viſion, & l'offre en holocauſte
comme tu ferois un belier, ou un veau , ** ſur l'u- .
,, ne des montagnes de ce pays-là que je te
,, dirai. Abraham convaincu de la bonté de Dieu
à ſon égard qu'il avoit tant de fois éprouvée,
83 ne doutant mullement que les promeſſes qui lui
avoient été faites d'une nombreuſe poſtérité, me fiſ
Jent accomplies d'une maniers ou d'une autre, dans
C6
11o L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
ce méme Iſaac qu'il avoit ordre de ſacrifier, n'hé
ſita pas un moiiient à faire tout ce que Dieu lui
ordonnoit ; 83 " s'étant levé de bon matin, il
», fit embâter ſon ane & prit deux de ſes ſer
s, viteurs avec lui & Iſaac ſon fils ; & ayant
s, coupé le bois néceſſaire pour conſumer l'holo
s, cauſte qu'il devoit offrir, il ſe mit en chemin,
», & s'en alla droit vers le lieu que Dieu lui
», avoit indiqué. Le troiſieme jour, Abraham
s, levant ſes yeux, vit de loin cet endroit qui
» pouvoit lui être connu d'ailleurs. Il dit alors à
» ſes ſerviteurs, demeurez ici avec l'âne : Nous
•, voulons aller juſques - là moi & mon fils ,
» pour adorer Dieu & lui offrir un ſacrifice ;
», après quoi nous reviendrons à vous. Il prit
», enſuite le bois pour l'holocauſte, & le mit
•, ſur Iſaac ſon fils, & pour lui il prit &!
», porta en ſa main le feu pour emflummer
» conſumer l'holocauſte, & le couteau pour égor
», ger la victime, & ils s'en allérent tous deux
•, enſemble : Comme ils étoient en chemin, Iſaac
s, s'adreſſant à Abraham , lui dit, mon pere ;
», Me voici , répondit Abraham ; Qu'y-a-t-il *
,, mon fils ; Nous avons bien , repartit le fils le,
», feu & le bois pour l'holocauſte ; mais où eſt
», la victime qui doit être immolée ; Mon fils,
» répondit Abraham : Ne t'en met pas en peine ;
» Dieu qui m'a ordonné ce ſacrifice, ne manque
» ra pas de pourvoir lui - même à ce qui doit lui
,, être offert en holocauſte : Et ils continuérent
», à marcher tous deux enſemble ; & étant ar
», rivés au lieu que Dieu avoit marqué, Abra
,, ham bâtit là un autel ; ou avec des pierres
qu'il trouva ſur la montagne, ou ſimplement avec
,, des mottes de terre & rangea le bois. Enſuite
apris
ar 1 s E N CA T E c H 1 s M x. x11
après avoir inſtruit ſon fils de l'ordre qu'il avois
reçu de Dieu 85 de tous les motifs qui devoient
les engager tous deux à l'obéiſſance , auxquels
Iſaac acquieſça ſans doute. * Abraham le lia &
» le mit ſur l'autel au - deſſus du bois, puis
» avançant ſa main, il ſe ſaiſit du couteau pour
» égorger ſon fils. . -

D. Que ſurvint-il dans ce moment qui empê


cha Abraham de ſacrifier ſon fils ?
R. , Un Ange de l'Eternel lui cria des Cieux, Gen.
» Abraham , Abraham , en l'appelant deux fois xx#r.
par ſon nomt pour arrêter plus promptement le 11-14
· coup qu'il alloit donner, * & Abraham répondit
» auſſitòt : me voici ; Que dois je faire ? Ne met
» point, lui dit l'Ange, ta main ſur ton en
» fant pour l'égorger & ne lui fai aucun mal ;
» car je connois maintenant que tu crains
» Dieu : Tu viens de m'en donner la preuve la
plus convaincante ; " puis que pour m'obéir tu
» n'as point épargné ton fils, ton unique ,
la ſeule reſſource que tu euſſes pour voir les bé
médictions de Dieu ſe perpétuer dans ta famille.
» Enſuite Abraham levant les yeux apperçut
,, derriere lui un bélier qui étoit embaraſſé par
» ſes cornes dans un buiſſon; il l'alla prendre
» & l'offrit en holocauſte à la place de # fils,
» & Abraham donna à ce lieu-là un nom qui
» ſignifie, l'Eternel y pourvoira ; C'eſt pour
» quoi l'on dit encore aujourd'hui , par une
maniere de parler proverbiale, lors qu'on ſe trou
ve en quelque danger ; A la montagne de l'Eter
nel, il y ſera pourvu.
D. Qu'eſt - ce que l'Ange de l'Eternel dit en
core à Abraham pendant qu'il étoit ſur cette
montagne ? -

R. ,, L'An
1 12 L'A N c 1 E N TE sT A M EN r
Ges. R. » L'Ange de L'E T E R N E L ou qui par

I5 - I9. ,, loit en ſon nom, appela une ſeconde fois des
• - - Y , • *___ * -

» cieux Abraham & lui dit; J'ai juré par moi


» même, dit L'E T E R N E L ; parce que tu as
» fait ceci & que tu n'as point épargné ton
» fils, ton unique, certainement je te bénirai
» & je multiplierai très abondamment ta poſté
,, rité, enſorte qu'elle ſera auſſi nombreuſe que
,, les étoiles des Cieux & que l'eſt le ſable qui
,, eſt ſur le bord de la mer ; & ta poſtérité poſ.
, ſédera la porte de ſes ennemis ; c. à d. tes deſ
cendans triompheront de leurs ennemis 85 s'em
pareront de leurs pays 85 de leurs villes ; ** &
, toutes les Nations de la Terre ſeront bénies
» en ta ſemence ; c. à d. Le Meſſie qui ſortira
de ta famille, ſera pour toutes les Nations de
la Terre qui croiront en lui, une ſource abon
dante de bénédictions : * parce que tu as obéi à
» ma voix dans le ſacrifice que tu as voulu me
,, faire de ton fils. Après cela Abraham retour
,, na vers ſes ſerviteurs qui l'attendoient au bas
,, de la montagne , & ils s'en allérent tous en
» ſemble en Beerſébah ; car c'étoit-là qu'Abra
» ham faiſoit ſa demeure ordinaire.
D. Quel autre ſujet de joie Abrahan eut il à
ſon retour chez lui ?
Gn. , R. » Après ces choſes, on vint lui apprendre
XXII
29 - 24. » une nouvelle qui ne put que lui faire beaucoup
- •

,, de plaiſir , c'eſt que la famille de ſon frere


» Nacor avoit fort augmenté par ſon mariage
, avec Milca fille d'Haran ſon autre frere ; &
» qu'il en avoit eu Huts ſon premier né & Buz
,, ſon frere & Kémuel pere d'Aram , de qui
,, étoient deſcendus les Syriens & Kéſed, & Hazo,
» & Pilda & Jidlaph & Béthuel , & que Bé
» thuel
M Is EN C A T E c H I s M E. I 13
,, thuel avoit eu pour fille Rebecca. Ainſi Mil
» ca avoit donné à Nacor frere d'Abraham ces
, huit enfans ; outre ceux qu'il avoit eu de ſa
» concubine nommée Réhuma, qui étoient Té
» bah , Gaham , Tahas & Mahaca. *

D. Smra vivoit elle encore lorſqu'Abraham re


çut ordre de ſacrifier ſon fils Iſaac ?
R L'on n'en ſauroit douter, ſi l'on fait at
tention à l'âge que pouvoit avoir alors Iſaac,
& à celui auquel mourut Sara ſa mere, ſavoir,
trente ſept ans après l'avoir mis au monde.
C'eſt ſur ce fondement que d'Anciens Ecrivains
Arabes ont rapporté que . Sara ayant appris le
deſſein d'Abraham de ſacrifier ſon fils pour
obéir à Dieu, en tomba malade & mourut de
regret à Hébron, où elle s'étoit retirée pendant
l'abſence d'Abraham ; & l'Hiſtorien Joſeph pa
roit confirmer cette opinion , quand il dit qu'el
le mourut immédiatement après cet événement ;
mais ſelon ce mème Hiſtorien, Iſaac étant alors
àgé de vingt cinq ans tout au plus , Sara ſa
mere ne devoit avoir que cent quinze ans, quand
Abraham reçut ordre de le ſacrifier ; cependant
il conſte par la narration de Moiſe , qu'elle ne
mourut qu'à l'âge de cent vingt ſept ans.
D. Qu'eſt - ce donc que Moiſe nous apprend de
la mort de Sara , du deuil qu'en témoigna Abra
ham ſon mari, 85 de la ſépulture qu'il lui donna ?
R. Il nous apprend tout cela dans la narra
tion ſuivante. * Or, dit - il, Sara vêcut cent Gen.
» vingt ſept ans ; Ce ſont-là les années de ſa XXIII.
» vie, & elle mourut en Kirjath Arbah, qui fut ***
,, enſuite appellée Hébron au pays de Canaan,
,, & Abraham l'ayant appris vint de Béerſebah à
,, Hébron pour en faire le deuil & la pleurer, &
Tome I. EH après
rr4 L'A N c I E N T E s T A M E N T
après avoir demeuré aſſis à terre quelques jours,
auprès du corps de Sara, ſelon la coutume ; " s'é-
,, tant levé de devant ſon mort, il parla aux
,, Héthiens, dans le pays deſquels étoit ſituée Hé
,, bron & leur dit ; je luis chez vous, comme un
» voyageur & un étranger ; Accordez - moi ,
,, je vous prie, la poſſeſſion d'un tombeau en
», propre, parmi vous ; afin que j'y enterre la
,, perſonne qui m'eſt morte, ê5 que je l'ôte de
,, devant moi : Les Héthiens à qui il s'étoit
,, adreſſé, lui répondirent ; Monſeigneur , qu'il
,, te plaiſe de nous écouter : Tu es parmi nous,
,, comme un Prince de Dieu : Tu es regardé de
mous tous, comme une perſonne des plus diſtinguées
,, 85 toute divine ; Enterre ton mort dans l'un de
,, nos plus beaux ſépulchres ; nul de nous ne
,, te refuſera ſon tombeau pour y mettre ton
•, mort : Alors Abraham, pour répondre à leur
,, honnêteté, ſe leva de ſon ſiége, & ſe proſter
», na devant le peuple du pays aſſemblé à la
, porte de la ville, ou devant tous les Héthiens
,, pour les remercier, & leur parla ainſi : S'il
,, vous plait que j'enterre la perſonne qui m'eſt
,, morte, $ que je l'òte de devant moi pour
,, la mettre dans un de vos ſépulcres : Ecoutez
,, moi , intercedez pour moi auprès d'Héphron
,, fils de Tſohar, afin qu'il me céde ſa caverne
» de Macpela qui eſt au bout de ſon champ ,
,, qu'il me la céde en vôtre préſence , pour le
,, prix qu'elle vaut , & que je la poſſéde en pro
,, pre pour en faire un ſépulcre. Or Héphron
,, étoit aſſis parmi les Héthiens , & il répondit
» à Abraham en préſence des Héthiens qui l'é-
» coutoient, & de tous ceux qui s'aſſembloient
» à la porte de la ville ; & il dit à Abraham :
» Non ,
zI I s E N C A T E c H I s M E. II ;
» Non, Monſeigneur, écoute - moi ; je te don
s, ne le champ ; je te donne auſſi la caverne
,, qui y eſt ; je te la donne en préſence de tous
», mes compatriôtes, enterres-y ton mort : Alors
,, Abraham s'étant proſterné de nouveau devant
,, le peuple du pays aſſemble, parla ainſi à Hé
» phron en préſence de tout le peuple ; J'ac
» cepte ton offre, mais ſeulement ſous cette con
,, dition, qu'il te plaira d'agréer ; c'eſt que je
,, te payerai la valeur du champ ; reçoi-la de
,, moi & j'y enterrerai celle qui m'eſt morte.
», Ecoute-moi encore, Monſeigneur , repartit Hé
,, phron : La Terre que tu demandes vaut
», quatre cent ſicles d'argent, ( valant chacun
,, demi once ) entre moi & toi : Mais qu'elt - ce
,, que cette ſomme * Elle ne doit pas mous ar
,, reter : Fai donc ce que tu voudras de ce
», champ & enterres - y ton mort. Abraham
,, ayant entendu le prix qu'Héphron mettoit à
,, ſon champ , le lui paya comptant en pré
» ſence des Héthiens, ſavoir, quatre cent ſicles
,, d'argent, ayant cours entre les marchands :
» Et le champ d'Héphron qui étoit en Macpela
,, vis-à-vis de Mamré, tant le champ que la
,, caverne qui y étoit, avec tous les arbres
,, qui étoient dans le champ & tout autour
,, dans toute ſon étendue , fut acquis en toute
,, proprieté à Abraham, en préſence des Héthiens
,, & de tous ceux qui étoient aſſemblés à la
,, porte de la ville. Après cela , Abraham enter
,, ra Sara ſa femme dans la caverne du champ
» de Macpela vis-à-vis de Mamré ou d'Hébron
,, au pays de Canaan. Le champ donc, & la ca
,, verne qui y eſt, fut aſſuré par les Héthiens à
,, Abraham pour en jouïr en proprieté & en
1H 2 ,, faire
II6 L'A N C I E N TE sTAMENT

,, faire ſon ſépulcre 83 la ſépulture de ſa famille.


D. Quels furent les principaux ſoins d'Abraham
après avoir enterré Sara ſa femme ?
R. Ce fut de procurer une femme à Iſaac
'ſon fils, telle que ſa pieté & les bénédictions
de Dieu pouvoient le demander.
D. Comment s'y prit il pour parvenir à ce but ? .
Gen. R. ,, Abraham étant vieux & fort avancé em
XXIV. ,, âge, & l'Eternel l'ayant béni de toutes ma
I - 9»
,, nieres, il s'adreſſa au plus ancien de ſes ſer
,, viteurs, qui avoit l'intendance ſur toute ſa
,, maiſon, & lui dit ; Met, je te prie, ta main
,, ſous ma cuiſſe (a), & je te ferai jurer par
s, L'E T E R N E L , le D I E U des Cieux & de
,, la Terre ; le Maitre abſolu de tout l' Univers
83 qui eſt le témoin de tout ce qui s'y paſſe ,
,, que tu ne prendras point de femme pour mon
,, fils, d'entre les filles des Cananéens parmi
,, leſquels j'habite , mais que tu t'en iras au
,, pays que j'ai habité dans les premieres annèes
,, de ma vie, vers mes Parens, & tu y pren
,, dras une femme pour mon fils Hſaac. Peut
,, être, lui répondit ce ſerviteur, que la femme
» que je demanderai pour ton fils, ne voudra point
,, me ſuivre en ce pays : Faudra-t-il en ce cas-là
- », que

(a ) Met ta main ſotts ma cuiſſe. C'eſt une maniere


de prêter ſerment dont on voit encore la pratique
Gen. XLIV. 29. mais dont il eſt difficile d'indiquer
l'origine : Tout ce que l'on a dit de plus vraiſemblable
ſur ce ſujet , c'eſt que c'étoit un ſigne de ſoumiſſion,
ou l'office d'un ſerviteur dévoué aux ordres de ſon
maitre ; comme c'étoit chez les Grecs celui d'embraſſer
les genoux , ou dans l'orient l'acte de mettre les mains
ſous la cuiſſe, pour aider une perſonne à monter à
cheval, ou ſur un chameau ſans étrier.
M Is E N C A T E c H I s M E. 117

,, que je conduiſe ton fils au pays d'où tu es


,, ſorti ? Garde-toi bien, lui repartit Abraham,
,, d'y conduire mon fils : L'E T E R N E L le
» D I E U des Cieux qui m'a fait ſortir de la mai
» ſon de mon pere & du pays de ma parenté ,
» & qui m'a promis avec ſerment de donner le
,, pays que j'habite à ma poſtérité, aura ſans
» doute ſoin par le miniſtère de ſes Anges de
» préparer les choſes de maniere que tu trouves
» là où je te dis, une femme pour mon fils :
» Que ſi après l'avoir trouvée, cette femme ne
,, veut pas te ſuivre pour revenir ici, tu ſeras
» quitte du ſerment que je te fais faire; quoi
» qu'il en arrive, ne condui jamais mon fils
» dans ce pays-là. Ce ſerviteur mit donc la main
» ſous la cuiſſe d'Abraham ſon Seigneur &
» s'engagea ainſi par ſerment de faire ce qu'il
» lui avoit dit.
D. Comment eft-ce que ce ſerviteur exécuta ſa
commiſſion, 83 quel en fut le ſuccès ?
R. » Ce ſerviteur prit dix chameaux, d'en- G. .
» tre les chameaux de ſon maitre, chargés de XXI V.
tout ce qu'il crût néceſſaire pour ſon voyage ; *°**7*
» car il avoit tout le bien de ſon maitre en
» ſon pouvoir , & partit pour s'en aller en
» Méſopotamie à la ville de Caran où demeu
roit la famille de Nacor frere d'Abraham ; " où
» étant arrivé, il fit repoſer ces chameaux ſur
» leurs genoux hors de la ville , près d'un puits
» d'eau, ſur le ſoir, au tems que ſortent celles
» qui vont puiſer de l'eau, & fit cette priere à
» D I E U ; O E T E R N E L, D I E U de mon
» Seigneur Abraham ; Je vai me tenir près de
,, la fontaine d'eau & les filles des habitans de
, la ville viendront pour puiſer de l'eau : Fai
H 3 » donc ,
I 18 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» donc, je t'en ſupplie, que la jeune fille à qui
» j'aurai demandé la grace d'abaiſſer ſa cruche
» pour me donner à boire, & qui m'aura repon
,, du ; Boi, & je donnerai auſſi à boire à tes
, chameaux, ſoit celle que tu auras deſtinée à
» ton ſerviteur Iſaac ; afin que je connoiſſe à
, cela que tu as été favorable à mon Seigneur :
» Et il arriva qu'avant qu'il eut fini ſa priere,
, Rebecca fille de Béthuel, fils de Milca, femme
, de Nacor, frere d'Abraham , ſortit de la ville,
» ayant ſa cruche ſur ſon épaule : Cette jeune
;, fille étoit très belle de viſage, & vierge, n'a-
,, yant jamais eu de commerce avec aucun hom
, me : Elle deſcendit donc à la fontaine, &
,, comme elle remontoit après avoir rempli ſa
;, cruche, le ſerviteur d'Abraham courut au
, devant d'elle, & lui dit ; Donne-moi , je te
» prie, un peu à boire de l'eau de ta cruche ;
,, Très-volontiers, Monſeigneur , lui dit-elle,
» & ayant incontinent abaiſſé ſa cruche ſur ſa
» main, elle'lui donna à boire ; & après qu'il
» eut achevé de boire, elle lui dit ; j'en pui
» ſerai auſſi pour tes chameaux , juſqu'à ce qu'ils
;, en ayent aſſez ; & ayant vuidé promptement
;, ſa cruche dans l'auge, elle courut encore au
,, puits pour puiſer de l'eau, & en puiſa pour
3, tous ſes chameaux. Le ſerviteur d'Abraham
,, conſiderant avec attention, & ſans dire mot,
» tout ce qu'elle faiſoit , pour découvrir par là,
,, ſi L'ET E R N E L avoit fait proſperer ſon vo
» yage ou non ; auſſi tôt que les chameaux eu
, rent achevé de boire, il tira de ſes coffres ,
,, pour donner à cette fille , un pendant d'oreille
,, d'or, du poids d'un demi ſicle, ou d'un quart
,, d'once, & deux braſſelets pour ſes mains, pe
22 ſants
M 1 s E N C A T E c H I s M E. I 19
,, ſants dix ſicles d'or, ou cinq onces, & il
,, lui dit; Appren-moi , je te prie, de qui tu
,, es fille ? N'y auroit - il point dans la maiſon
,, de ton pere de lieu propre pour nous loger ?
,, Je ſuis , dit-elle, fille de Béthuel, fils de Mil
,, ca, qu'elle a enfanté à Nacor : Il y a chez
,, nous beaucoup de paille & de fourrage & de
,, la place pour vous loger. Cet homme touché
de tout ce qu'il voyoit $ qu'il entendoit, qui
lui ftiſoit eſpérer le plus heureux ſuccès de ſon vo
yage, " ſe proſterna devant L'E T E R N E L en
,, diſant ; Béni ſoit L'ET E R N E L , le D I E U
» de mon Seigneur Abrahâm , qui n'a point
,, ceſſé d'exercer ſa gratuité & ſa fidélité dans
les promeſſes faites à mon Seigneur 85 dans leur
,, accompliſſement, & qui m'a conduit , lorſque
» j'étois en chemin, droit à la maiſon des pa
,, rens de mon Seigneur.
D. Quelles furent les ſuites de cette premiere
entrevue du ſerviteur d'Abraham avec Rebecca ?
R. , Cette jeune fille courut auſſi-tôt à la Gen.
,, maiſon de ſa mere & lui rapporta tout ce #!º
,, qui venoit de ſe paſſer. Elle avoit un frere 28 - 54.
,, nommé Laban qui ayant vû le pendant d'o-
,, reille & les braſſelets aux mains de ſa ſœur,
,, & entendu tout ce que Rebecca ſa ſœur, rap
,, portoit des diſcours de cet homme, ſortit d'a-
,, bord pour l'aller trouver, & l'ayant abordé,
» comme il étoit auprès de ſes chameaux, vers
,, la fontaine , il lui dit : Entre chez nous, Toi
, qui es béni 85 l'envoyé de l'Eternel. Pourquoi
» te tiens-tu déhors ? J'ai fait préparer un ap
» partement pour toi dans la maiſon, & un lieu
» pour tes chameaux. L'homme donc entra dans
» la maiſon ; l'on déchargea ſes chameaux , &
- 4 », OXA
I2o L'A N C I E N TE s T A M ENT

,, on leur donna de la paille & du fourrage.


,, L'on apporta auſſi de l'eau pour laver ſes
,, pieds & les pieds de ceux qui étoient venus
,, avec lui , ſelon l'uſage de ces tems-là. Enſuite
,, on lui préſenta à manger ; mais il dit, je ne
,, mangerai point que je n'aye expoſé le ſujet
de mon voyage &5 la commiſſion dont je ſuis
,, chargé. Tu le peus en toute liberté, lui répon
,, dit Laban , 85 nous t'écouterons avec plaiſir.
,, Alors cet homme leur dit ; Je ſuis ſerviteur
,, d'Abraham ; L'E T E R N E L a béni abondam
,, ment mon Seigneur ; il eſt devenu grand ,
,s ou très riche ; car Dieu lui a donné des bre
,, bis, des bœufs, de l'argent, de l'or, des ſer
,, viteurs, des ſervantes , des chameaux, des
,, anes : Et Sara la defunte femme de mon Sei
,, gneur lui a donné dans ſa vieilleſſe un fils,
,, auquel il a donné tout ce qu'il a , en le dé
,, clarant ſon héritier univerſel, & mon Sei
,, gneur m'a fait jurer, que je ne prendrois point
,, de femme pour ſon fils d'entre les filles des
,, Cananéens, dans le pays deſquels il habite ;
,, mais que j'irois chez ſes parens & vers ſa
,, famille pour y chercher une femme à ſon '
,, fils : Sur quoi je dis à mon Seigneur : Peut
,, ètre que la femme que je demanderai pour ton
,, fils ne voudra pas me ſuivre ? & il me ré
,, pondit ; L'E T E R N E L en préſence de qui
,, j'ai marché, pour le craindre, l'adorer 85 le
,, ſervir, te fera accompagner d'un de ſes An
,, ges ; il fera réuſſir ton voyage & tu choiſi
,, ras pour mon fils une femme de ma famille
,, & de la maiſon de mon pere. Si tu vas vers
,, mes parens , & qu'ils ne veuillent pas te
,, donner la femme que tu auras demandée ,
- - 32 tll
M Is E N C A T E c H I s M E. Izr
, tu ſeras alors quitte de l'exécration du ſerment
,, que je te fais faire. Je ſuis donc arrivé au
s, jourd'hui près de la fontaine ; & j'ai fait cet
» te priere à D I E U : O E T E R N E L , Dieu
,, de mon Seigneur Abraham, ſi tu veux don
,, ner un heureux ſuccès au voyage que j'ai
,, entrepris , me voici près de ce puits d'eau ;
,, Fai, s'il te plait, que celle d'entre les filles
,, qui ſortiront de la ville pour puiſer de l'eau,
,, à qui je dirai ; donne- moi , je te prie un
,, peu à boire de l'eau de ta cruche , & qui me
,, répondra, je le veux bien , & j'en puiſerai
,, même pour tes chameaux, ſoit celle que L'E-
,, T E R N E L a deſtinée au fils de mon Sei
,, gneur. Or avant que j'euſſe achevé la priere
,, que je faiſois à Dieu en mon cœur ; je vis
,, Rebecca ſortir de la ville, ayant ſa cruche ſur
,, ſon épaule , qui eſt deſcendue à la fontaine
,, & a puiſé de l'eau, & je lui ai dit ; Donne
,, moi, je te prie, à boire, & auſſi-tôt elle a
,, abaiſſé ſa cruche de deſſus elle, & m'a dit ;
,, Boi ce qu'il te plaira, & je donnerai auſſi à
,, boire à tes chameaux. Je l'ai enſuite interro
,, gée & lui ai demandé de qui elle étoit fille ?
,, Et ſur ce qu'elle m'a répondu, qu'elle étoit fille
,, de Béthuël, fils de Nacor, que Milca lui avoit
,, enfanté, je lui ai mis une boucle d'or ſur
,, ſon viſage & des braſſelets à ſes mains. Je
,, me ſuis de plus incliné & proſterné devant
,, l'Eternel & j'ai béni L'ET E R N E L , le Dieu
,, de mon Seigneur Abraham , qui m'a conduit
,, par le droit chemin, afin que je priſſe la
,, fille, ou petite fille du frere de mon Seigneur,
,, pour femme à ſon fils ; Maintenant donc ſi
,, vous avez véritablement à cœur de faire plai
H 5 - » ſir
A
I22 L'A N c I E N T É sT A ME NT
,, ſir à mon Maitre, déclarez-le-moi ; Sinon,.
, ditcs-le-moi auſſi ; & ſelon cela je me tour
» nerai à droite, ou à gauche, je prendrai un
,, parti ou un autre. A cela Laban & Béthuel
» répondirent ; Nous voyons bien que cette affai
,, re eſt procedée de L'ET E R N E L , ou qu'elle
,, eſt dirigée par ſa ſage providence : Nous n'a-
» vons rien à repliquer à ce que tu dis, ni en
» bien, ni en mal ; mais Rebecca eſt devant toi,
,, elle eſt toute prête à te ſuivre; Pren-la, &
,, l'emméne avec toi, qu'elle ſoit la femme du
» fils de ton Maitre, comme L'E T E R N E L l'a
» approuvé, nous y conſentons. Le ſerviteur d'A-
» braham ayant oui leur réponſe, ſe proſterna
,, de nouveau en terre devant l'Eternel pour lui
» en rendre graces & ayant tiré de ſes coffres
» des bagues, on joyaux d'argent & d'or, & des
» habits, il les donna à Rebecca & fit auſſi des
» préſens exquis à ſon frere & à ſa mere (a ).
» Puis ils mangérent & burent lui & ſes gens,
» & logérent cette nuit-là dans la maiſon de
(271.

D. Rebecca ayant ainfi été accordée au ſervi


· teur d'Abraham pour être la femme d'Iſaac ſon
fils, que fit ce ſerviteur pour achever de remplir
ſa commiſſion ?
xXfv. R. Dès le lendemain , ce ſerviteur * s'étant
54-6 I. 35 levé

( a ) A ſon frert F ' à ſa mere. Comnie il n'eſt point


fait ici mention de Bethuël ſon pere , l'on conjecture
avec aſſez de vraiſemblance qu'il étoit mort & que Bé
thuël qui eſt nommé un peu plus haut après Laban,
étoit ſon fils & frere cadet de Laban. Toute la ſuite
de l'hiſtoire, auſſi bien qut l'Hiſtorien Joſephe, com
firment cette conjeéture. - º
Ni Y s EN C A T E C H I s M E. I23
»levé de bon matin avec ſes gens, dit à la me
,, re $ au frere de Rebecca. Permettez-moi de
» retourner au plutôt vers mon Maitre , & de
» lui mener la fille que vous m'avez accordée :
, mais le frere & la mere de Rebecca , lui di
,, rent ; Neus ſouhaiterions que la fille demeu
» rât avec nous quelque tems, au moins dix
,, jours , au bout deſquels, elle s'en ira , ou
,, pourra partir avec toi. Et il leur répondit ;
» Ne me retardez pas ; puiſque L'ET E R N E L
» a fait réuſſir mon voyage, permettez que je
,, m'en retourne au plutôt à mon Maitre. Alors
s ils dirent ; Appelons la fille & demandons lui
» qu'elle nous diſe de ſa propre bouche ce qu'elle
, en penſe. Ils appelérent donc Rebecca & lui
,s dirent ; veux tu partir à préſent avec cet hom
, me ? Je le veux bien , répondit Rebecea :
, Ainſi ils laiſſérent aller Rebecca leur ſœur ac
» compagnée de ſa nourrice, avec le ſerviteur
, d'Abraham, & ſes gens : Ils lui donnérent leur
, bénédiction & firent des vieux pour ſa prôſ
,, périté en diſant ; Tu es nôtre ſœur ; ſois fer
» tile par mille millions de générations ; & que
, ta poſtérité poſſéde la porte de ſes ennemis ;
qu'elle en ſoit toujours victorieuſe 83 qu'elle ſe les
,, aſſujettiſſe ? Après cela Rebecca ayant pris avec
, elle ſes ſervantes, elles montérent ſur les cha
, meaux de ce ſerviteur & le ſuivirent. Pour
» lui il ſe chargea de Rebecca & partit avec elle
D. Comment finit leur voyage ?
. R. Il finit par la rencontre d'Iſaac & la con
ſommation de ſon mariage avec Rebecca que
Moiſe décrit ainſi. * Or Iſaac qui faiſoit ſon Gen.
» ſéjour au midi du pays de Canaan près de XX I P.
» Béerſebah , revenant d'auprès du puits, ºr #
» » l6
62 - 67.
124 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» le puits du vivant qui me voit , à cauſe de
la viſion qu'avoit eu Agar dans cet endroit ,
» étoit ſur le ſoir à la campagne pour méditer,
, & levant les yeux, il vit des chameaux qui
» venoient à lui : D'un autre côté Rebecca,
, ayant vû Iſaac & demandé au ſerviteur d'A-
» braham qui étoit cet homme qui marchoit à
» la campagne au devant d'eux ? & ayant appris
» que c'étoit Iſaac l'époux qui lui étoit deſti
, né , elle deſcendit du chameau ſur lequel elle
, étoit montée, & prit un voile dont elle ſe
, couvrit par modeſtie 83 par humilité, ſelon l'u-
,, ſage de ces tems-là. Enſuite ce ſerviteur étant
» arrivé près d'Iſaac, lui raconta tout ce qu'il
» avoit fait ; ſur quoi Iſaac ayant mené Rebecca
,, dans la tente qu'occupoit autrefois Sara ſa
,, mere, il la prit pour ſa femme & l'aima.
,, Ainſi Iſaac ſe conſola de la mort de ſa mere
qu'il avoit pleuré pendant trois ans.

C H A P I T R E IX.

Où il eſt parlé des enfans qu'Abraham


avoit eu, tant de Sara ſa premiere fem
me, que de ſes concubines ; de ſa mort
& de ce qui arriva à Iſaac dans le pays
des Philiſtins.

D. A Braham m'avoit - il pas èu d'autres ent


M fans que ceux atte lui avoient donnés
Gen.
Sara 83 Agar dont il a été parlé ci - deſſus ?
X X V. R. Oui ; car " Abraham prit, ou avoit
- • | pris
H - 6.
",
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 125
;, pris après la mort de Sara, une autre femme
» nommée Kétura qui lui enfaºa Zimram ,
,, Jokſan, Médan , Madian , Jisba & Suah.
» Et Jokſan engendra Séba & Dédan. Et les
» enfans de Dédan furent Aſſurim , Lebuſim
» & Léümmim ; c. à d. que de la famille de
Dédan ſortirent les peuples appelés de ces noms ;
» & les-enfans de Madian furent Hépha, Hé
» pher , Hanoc, Abida, Eldaha. Tous ceux-là
» ſont deſcendus de Kétura. Mais Abraham
» donna tout ce qui lui appartenoit à Iſaac, &
,, fit des préſens aux fils de ſes concubines,
ou de ſes femmes du ſecond ordre, telles que fit
,, rent Agar 85 Kétura, & les envoya pendant
» qu'il étoit encore en vie : ou leur commanda,
» de ſon vivant, d'aller s'établir à l'orient du pays
» de Canaan, loin de l'habitation d'Iſaac, à la
poſtérité ditquel ſeulement Dieu avoit promis la
poſſeſſion de ce pays-là.
D. Il paroit par là qu'Abraham a dû vivre
encore bien des années , après la naiſſance d'Iſaac,
puiſqu'il eut des petits fils 85 arrieres petits fils
de Kétura ; quoiqu'il eitt deja cent ans, au tems
de la naiſſance d'Iſaac : Qu'eſt-ce donc que l'E-
criture nous apprend ſur ce ſujet ?
R. Elle nous apprend " qu'Abraham vècut cen.
juſqu'à l'âge de cent ſoixante & quinze ans ac-# # º
, complis, qu'il expira & mourut de pure dé-* "
» faillance dans une heureuſe vieilleſſe , fort
,, âgé & raſſaſſié de la vie, ou déſirant d'en voir
» la fin, qu'il fut recueilli vers ſes peuples
( a ), c. à d. que ſon ame fut reçue après ſa
1/t0rf

(a) Fut recueilli vers ſes peuples. Cette maniere de


Parler paroit avoir eu pour origine l'opinion où l'on
126 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T.
mort avec celle de ſes Ancêtres qui avoient été
»fideles à Diºi $ qu'Iſaac & Iſmael ſes fils l'en
» terrérent dans la caverne de Macpela , au
s, champ d'Héphron fils de Tſohar Héthien ,
» vis-à-vis de Mamré, qu'Abraham avoit ache
» té des Héthiens. Là fut enterré Abraham ,
• près de Sara ſa femme.
D. Qu'eſt - ce que Moiſe rapporte enſuite des
` deſcendans d'Iſmaël 85 d'Iſaac dont il venoit de
parler ?
· R. Cet auteur ſacré remarque d'abord ,
Gi'mt. » qu'après la mort d'Abraham , Dieu bénit ou
X X V.
I I.
2, combla de ſes biens Iſaac ſon fils qui demeu
,, roit près du puits , nommé le puits du vivant
e, qui me voit : Enſuite il rapporte la nombreu
ſe famille d'Iſmaèl, pour faire voir le parfait
accompliſſement des promeſſes de Dieu à ſon égard,
85 il paſſe de-là à celle d'Iſaac dont il fait plus
particuliérement l'hiſtoire ?
D. Quelle fut donc la poſtérité d'lſmaël ?
Gen.
JX X V.
R. * Ce ſont ici , diſent les hiſtoriens ſacrés,
2I2 - I8. » les deſcendans d'Iſmael fils d'Abraham, qu'A-
1.Chron.I. ,, gar Egyptienne ſervante de Sara avoit en
23 - 3I. ,, fanté à Abraham. Il eut douze fils dont les
» deſcendans portérent auſſi leurs noms. Le
» premier né d'Iſmael, fut Nebajoth, puis les
, autres dans cet ordre, Kédar, Abdéel , Mib
• ſam, Miſmah, Duma, Maſſa, Hadar, Thé
, ma, Jétur , Naphis & Kedma : Ce ſont là
, les enfans d'Iſmael & les noms qui leur †
22 OIl

étoit alors que les ames des perſonnes qui mouroient


étoient réünies à celles des autres membres de, la
même famille dans quelque lieu particulier, deſtiné à
chacune.
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 127
, donnés ſelon les bourgades & les lieu$ élevés,
» ou les tentes qu'ils habitoient , & qui furent
» comme douze Chefs d'aunant de Tribus ou de
» peuples deſcendus d'eux. Iſmaël leur pere com
,, mun, après avoir vêcu cent trente ſept ans,
» mourut de défaillance, & fut recueilli vers
» ſes peuples ; & ſes deſcendans habitérent le pays
» qui s'étend depuis Havila juſqu'à Sur, vis-à-
,, vis de l'Egypte, quand on vient vers Aſſur,
» & ce pays qui étoit échu à Iſmaël étoit à la
,, vué, ou au milieu de tous ſes freres, ou ſes
parens deſcendus d'Abraham. -

Qu'eſt-il dit enſuite d'Iſaac 85 des enfans qu'il


eut de Rebecca ?
R. , Ce ſont ici, dit Moïſe , les enfans qui eu.
,, naquirent à Iſaac fils d'Abraham : Abraham XXV.
» engendra Iſaac, & Iſaac âgé de quarante ans ***
» épouſa Rebecca fille de Bethuël Syrien de Pa
, dan haram, ſœur de Laban Syrien ; laquelle
ayant demeuré environ vingt ans ſans avoir d'en
» fans, Iſaac pria inſtamment l'Eternel en pré
» ſence de ſa femme, de lui donner des enfans ;
,, car elle étoit ſtérile, & l'Eternel fut fléchi
» en ſa faveur , enſorte que Rebecca ſa femme
», conçut : mais les enfans qu'elle avoit dans ſon
» ſein, ſe heurtants l'un contre l'autre 83 lui
,, cauſants de vives émotions , elle dit en elle
» mème; S'il eſt ainſi, ou ſi je dois tant ſouf
»frir de ces enfans ; pourquoi ſuis-je dans cet
» état ? pourquoi ſouhaittois-je d'être mere ? Et elle
» alla conſulter l'Eternel, auprès de quelque au
tel élevé par Abraham à ſon honneur, en le ſup
pliant de lui faire connoitre ce qu'elle avoit à
craindre, ou à eſpérer de cette groſſeſſe : Et l'E-
» ternel lui fit entendre ces paroles dans une
viſion
I28 L'A N c I E N TEsTAM ENT

viſion cºeſte, ou par le miniſtère de quelque An


,, ge : Lès chefs de deux nations ſont dans ton
», ventre, & deux peuples ſortis par eux de tes
,, entrailles ſe diviſeront 5 mais un de ces peu
,, ples ſera plus fort que l'autre ; & le plus
,, grand , ou l'ainé ſera aſſujetti au moindre,
ou au cadet : Par où l' Eternel annonça à Rebecca
l'illuſtre deſtinée 85 la nombreuſe poſtérité des em
fans qu'elle portoit dans ſon ſein ; auſſi bien que
ſe ſort des peuples qui deſcendroient de chacun
d'eux ; ce qui fut exactement accompli par l'événe
,, ment. Et quand le tems auquel Rebecca devoit
,, accoucher fut accompli, elle ſe trouva avoir
,, deux jumeaux dans ſon ventre : Celui qui
,, ſortit le premier étoit roux & tout velu, com
», me un manteau de poil ; ce qui fit qu'on
,, lui donna le nom d'Eſaü (a) : Enſuite ſor
,, tit ſon frere , tenant de ſa main le talon d'E-
,, ſaü ; c'eſt pourquoi il fut appelé Jacob (b).
,, Or Iſaac étoit âgé de ſoixante ans quand ils
,, naquirent. -

D. Qu'eſt il remarqué après cela, touchant les


occupations & le caractère de ces deux freres ,
qui fut comme un prelude de leur ſort avenir ?
Gen
xX p. R. ,, Quand ces enfans furent grands : Eſaü
37 - 34 » devint

(a) Fſax. Ce que l'on a de plus vraiſemblable ſur


la ſignification de ce mot ; c'eſt qu'il eſt dérivé du
mot Ar be Geſcha, ou Geſcbua , qui ſignifie un Cilice,
ou un habit de poil de chameau, à quoi étoit ſemblable
la peau veluë de cet enfant.
( b ) Jacoh Ce nom eſt dérivé d'un mot qui en He
breu ſignifie le talon , ou d'un verbe qui ſignifie ſup
planter , ou prendre par le talon , comme faiſoient les
Atlétes , pour faire tomber leurs concurrans.
à
' M I s E N C A T E c H I s M E. 129
, devint un habile chaſſeur , qui ſe plaiſoit à
, la campagne ; mais Jacob étoit un homme
,, doux, qui ſe tenoit dans les tentes : Et Iſaac
» aimoit Eſaü ; parce que la venaiſon que ce
» fils lui procuroit par la chaſſe, étoit ſa nour
» riture la plus agréable ; mais Rebecca avoit plus
,, d'affection pour Jacob. Or il arriva un jour
» qu'Eſaü, revenant de la campagne fort fatigué
,, trouva Jacob qui apprêtoit un potage de len
,, tilles, & il lui dit : Donne-moi , je te prie,
,, à manger de ce potage roux , oui , de ce roux
,, que tu as apprêté pour toi : car je ſuis fatigué
,, 85 n'en puis plus de faim. C'eſt pour cela ,
» ou en mémoire de cet empreſſement exceſſif
,, qu'il eut pour ce potage roux, qu'on lui don
» na encore le nom d'Edom , qui ſignifie Roux
» (a); mais Jacob lui dit : Vend-moi aujour
» d'hui ton droit d'aineſſe , ou la part que tu
dois avoir comme mon aimé à l'héritage promis
à nôtre pere dans le pays de Canaan : * Voici,
,, répondit Eſau, je m'en vai mourir de faim,
ou je ne ſaurois vivre juſqu'au tems que cet héri
,, tage me doit échoir : Dequoi me ſervira le droit
» d'aineſſe ? je te le céde donc volontiers : Jure
» moi aujourd'hui, repartit Jacob, que tu me
» le céderas ; & Eſaü le lui jura & vendit à
» Jacob,
(a) Edom qui ſignifie roux. Il y a dans l'hebreu
une manifeſte alluſion à la couleur du potage qu'Eſaü
déſiroit ; & ce même nom qui avoit auſſi quelque rap
port avec la couleur de ſon viſage ou de ſa peau ,
fut celui qui lui reſta plutôt que celui d'Eſaü : de-là
- vient que la ville qu'il bâtit, le pays qn'il habita ,
furent appelés du nom d'Edom & ſes deſcendans, les
fils d'Edom ou lduméens.
Tome l.. 1
I3o L'A N c I E N T E s T A ME N T
a, Jacob ſon droit d'aineſſe. Alors Jacob lui
, ayant donné du pain & du potage de lentil
» les, il en mangea & but , puis il ſe leva &
» s'en alla : Ainſi Eſaü mépriſa ſon droit d'ai
» neſſe : c. à d.# en fit peu de cas ou qu'il
le vendit pour peu de choſe.
D. Cette hijioire me donne occaſion de vous
demander en quoi conſiſtoit le crime de profana
tion que l'Ecriture Sainte impute à Eſaii pour
qvoir vendu ſon droit d'aineſſe ; $ ſi Jacob ne
manqua point à ſon devoir , en profitant de l'é-
tat où ſe trouvoit ſon frere, pour éxiger de lui ,
comme par force, une telle vente ?
R. La profanation que l'Auteur de l'Epitre
aux Hebreux Ch. Xll. 16. attribue à Eſaü
pour avoir vendu ſon droit d'aineſſe, conſiſtoit
vraiſemblablement en ce qu'il préfera une ſatis
ſaction ſenſuelle & de quelques momens au droit
qu'il avoit, comme ainé, à l'héritage du pays de
Canaan qui avoit été promis à Abraham & à
ſa poſtérité : ce qui marquoit en lui un eſprit
profane, mondain, & peu ſenſible à la béné
diction dont lui & ſes deſcendans devoient jouïr
ſelon les apparences humaines ; en vertu de ce
droit, Quand à Jacob, quoique l'Ecriture ne con
damne nulle part ſa conduite, comme elle fait
çelle d'Eſaü, il n'eſt pas pour cela exemt de
ºblame : au contraire il ſemble avoir manqué aux
premiers devoirs de la charité, de l'hoſpitalité
& de l'affection fraternelle, dans la maniere
dont il en uſe avec ſon frere Eſaü ; mais il faut
reconnoitre cn tout cela une admirable diſpen
ſation de la ſage providence de Dieu, qui ſe
ſert ſouvent des foibleſſes, & des
- -
pº des
Om
M I s E N C A T E c H I s M E. 131
hommes pour parvenir à ſes fins & accomplir
ſes deſſeins. - -

D. Iſaac continua t il ſon ſéjour dans le lieu


où Abraham étoit mort ? -

R. Non ; car " une famine étant ſurvenue c.u.


» au pays, outre la premiere qui avoit eu lieu XXVI.
» du tems d'Abraham, Iſaac s'en alla vers Abi- ***
» mélec Roi des Philiſtins, à Guérar dans le deſ
ſein de paſſer de là en Egypte , mais lorſqu'il
» fut arrivé dans ce lieu là ; L'E T E R N E L lui
» apparut & lui dit : Ne va point en Egypte ;
» mais demeure plutôt au pays que je te di
» rai : Voyage en étranger dans le pays où tu
» es; & j'y ſerai avec toi & te bénirai ; car
» je te donnerai & à ta poſtérité tous ces pays
» ci, oà tu habites préſentement & je ratifierai
» en ta faveur la promeſſe que j'ai faite avec
» ſerment à ton pere Abraham : Je multiplie
» rai ta poſtérité, comme les étoiles des cieux
» & donnerai ces pays-ci à ta poſtérité & tou
» tes les Nations de la Terre ſeront bénies en
» ta ſemence : c. à d. de ta poſtérité maîtra le
Meſſie qui ſera pour toutes les Nations une ſour
ce abondante de bénédictions ; " parce qu'Abra
» ham ton pere a obéi à ma voix, qu'il a fait
» tout ce que je lui ai ordonné, & qu'il a gar
» dé mes commandemens , mes loix & mes
» ſtatuts, quels qu'ils ayent été. Iſaac demeura
» donc à Guérar dans le pays des Philiſtins.
D. Que lui arriva - t - il dans ce pays - là ?
R. Iſaac craignant, de même qu'Abraham ſon
pere, que la beauté de ſa femme Rebecca ne por
tat quelcun du pays à le tuer, s'il paſſoit pour
être ſon mari, crut devoir cacher cette relation
& dire tout ſimplement qu'elle étoit ſa ſœur ;
I 2 - qui
132 L'A N c I E N T E s T A M E N T
qui étoit le nom qu'on donnoit auſſi aux cou
cm. ſines. * Quand donc les gens du lieu s'enquirent
2(XVI. » de lui, qui étoit Rebecca qu'il menoit avec lui ;
7 - I I.
» illeur répondit, c'eſt ma ſœur ; parce qu'il crai
,, gnoit de dire, c'eſt ma femme ; de peur que
,, les habitans du lieu ne le tuaſſent pour s'em
,, parer de Rebecca, qui étoit encore très belle,
,, quoiqu'âgée de ſoixante ans. Cependant il ar
,, riva, après qu'Iſaac eut demeuré là quelque
,, tems, qu'Abimélec Roi des Philiſtins regar
,, dant par la fenêtre de ſon palais, vit Iſaac
,, qui s'égayoit avec Rebecca ſa femme, de fa
çon à lui faire juger que ce n'étoit pas ſa ſieur :
,, Alors Abimélec fit appeler Iſaac & lui dit :
Autant que j'en puis juger par les mamieres que
,, tu as avec Rebecca , c'eſt certainement ta fem
,, me : Pourquoi donc as-tu dit, tout ſimplement
,, que c'étoit ta ſœur ? C'eſt, répondit Iſaac,
,, parce que j'ai craint que l'on ne me tuât à
-, cauſe d'elle ; mais Abiméiec lui repartit : Quel
», mal n'as - tu pas penſé nous faire en cela,
,, 85 à quoi ne nous as-tit pas tous expoſés ? car
,, il s'en eſt peu falu que quelcun du peuple
, n'ait couché avec ta femme, & que tu ne
, nous ayes fait tomber dans le crime : Pour
,, prévenir ce mal, Abimélec fit une ordonnance
,, à tout le peuple, qui portoit que quiconque
,, toucheroit, ou moleſteroit cet homme-là à cau
,, ſe de ſa femme, ſeroit certainement puni de
, mOrt. -

D. Quelles autres marques de la protection


83 de la benediction de Dieu, Iſaac reçut-il en
core pendant ſon ſéjour dans ce pays-là ?
R. Il en reçut diverſes marques des plus
ſenſibles qui lui cauſérent d'abord l'envie & la
- - haine
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 133
haine des Philiſtins & l'expoſérent à pluſieurs
violences de leur part, mais qui ſe terminérent
à ſon avantage par un traité folemnel fait avec
Abimélec lui mème , le Roi de ce pays - là ,
comme Moïſe nous l'apprend, quand il ajoute.
,, Et Iſaac ſema en cette terre - là quelque por- Gen.
tion de terrein qu'on lui avoit abandonné & la XXVI.
,, meme année il recueillit le centuple, tant * **
,, l'Eternel l'avoit bénit. Cet homme donc
,, accrut conſiderablement ſes biens & alla tou
Y
,, jours en augmentant, enſorte qu'il parvint
,, a de grandes richeſſes. Il eut grande quan
» tité de menu & de gros bétail & un grand
», nombre de ſerviteurs : Ce qui fit que les
,, Philiſtins lui portérent envie, & qu'ils bou
» chérent les puits que les ſerviteurs de ſon
,, pere avoient creuſé du tems de ſon pere
,, Abraham , en les rempliſſant de terre pour
faire périr par là ſon bétail, faute d'eau. * Abi
» mélec voyant cela 85 en craignant les ſuites,
,, dit auſſi à Iſaac ; Retire-toi d'avec nous ; car
,, tu es devenu beaucoup plus puiſſant en biens
» 83 en nombre de ſerviteurs, qu'aucun de nous ;
nous ne pouvons voir cet agrandiſſement qu'a-
» vec quelque peine.' Iſaac donc partit de-là &
» alla camper dans la vallée de Guérar où il
» demeura. Là Iſaac creuſa encore les puits
,, d'eau qu'on avoit creuſé du tems d'Abraham
» ſon pere, que les Philiſtins avoient bouché
» après la mort d'Abraham , & leur donna les
» mèmes noms que ſon pere leur avoit donné.
» De plus les ſerviteurs d'Iſaac creuſérent dans
» cette vallée & y trouvérent un puits d'eau
» vive, ou qui me tariſſoit point , mais les ber
,, gers de Guérar eureut à ce ſujet un demêlé
I 3 2VCC
134 L'A N c I E N T E s r A M E N T
,, avec les bergers d'Iſaac, prétendant que l'eau
,, étoit à eux, & l'on appela ce puits Héſuh,
, c. à d. conteftation ; parce qu'ils lui en avoient
,, conteſté la poſſeſſion. Il creuſa enſuite un au
,, tre puits, pour lequel ils conteſtérent auſſi ,
,, & il lui donna le nom de Sitnah , c. à d.
haine, à catſe de la haine que les Philiſtins lui
,, portoient. Alors il ſe retira de - là , & creuſa
,, un autre puits, pour lequel ils ne conteſté
,, rent plus, & il lui donna le nom de Rého
,, both, c. à d. lieux ſpacieux ; parce, dit - il,
,, que l'Eternel nous a maintenant mis au lar
,, ge & que nous avons fructifié dans ce pays.
,, De-là Iſaac monta en Béerſébah , le lieu de ſa
,, naiſſance 85 de ſa premiere demeure ; & L'E-
,, T E R N E L lui apparut cette même nuit &
,, lui dit : Je ſuis le Dieu d'Abraham ton pere ;
je l'ai toujours favoriſé Q3 protegé comme un de
mes plus fideles ſerviteurs. " Ne crain rien de
,, la part des hommes ; car je ſuis avec toi,
», pour te garantir de tout mal, & je te béni
,, rai & multiplierai ta poſtérité à cauſe d'A-
,, braham mon ſerviteur. Et Iſaac bâtit là un
,, autel, où il invoqua le nom de L'E T E R N E L
par ſes actions de graces accompagnées de ſacrifi
,, ces. Il y dreſſà auſſi ſes tentes pour y reſter
,, quelque tems & ſes ſerviteurs y creuſérent un
,, puits. Pendant qu'il étoit là , Abimélec le Roi
,, des Philiſtins vint à lui de Guérar avec Achu
,, ſat ſon ami & Picol le Chef de ſon armée.
, Dès qu'Iſaac les eut abordé, , il leur dit ;
,, Pourquoi venez-vous vers moi ; puiſque vous
,, me haïſſez & que vous m'avez renvoyé d'au
,, près de vous ? Et ils répondirent ; Nous
,, avons vû clairement que L'E T E R N E L eſt
»» aVCC
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 135
,, avec toi , & nous ſommes convenus de nous
,, engager reciproquement par un ſerment ſo
,, lemnel entre nous & toi , par lequel nous
,, traiterons alliance avec toi , ſous la condi
,, tion que tu ne nous feras aucun mal ; de
,, mème que nous ne t'avons point offenſé &
,, que nous ne t'avons fait que du bien & t'a-
,, vons renvoyé en paix, toi qui es maintenant
,, comblé de la bénédiction de L'ET E R N E L.
,, Sur cela Iſaac leur fit un feſtin , pour leur
marquer le conſentement qu'il donnoit à l'alliance
qui lui étoit propoſée. * Ils mangérent & burent,
,, & s'étant levés de bon matin, ils jurérent une
,, alliance entr'eux. Puis Iſaac leur dit adieu &
,, ils le quittérent de bonne amitié pour s'en
,, retourner chez eux. Le mème jour les ſervi
,, teurs d'Iſaac lui vinrent dire qu'ils avoient
,, trouvé de l'eau dans un puits qu'ils avoient
,, creuſé, & il donna à ce puits - là le nom de
,, Sibha , qui ſignifie également , ſerment 83 raſ
ſaſiement par alluſion du ſerment d'alliance qu'A-
bimélec 85 lui venoient de prêter, 83 pour mar
quer que ce puits leur donnoit ſuffiſamment d'eau,
ſans avoir plus beſoin d'en chercher d'autres ;
» C'eſt pourquoi l'on donna à la ville même le
,, nom de Béerſébah , c. à d. le puits du ſer
,, ment, ou le puits d'abondance, qu'elle a con
,, ſervé juſqu'à ce jour. - -

D. Parmi tant de bénédictions , quel ſujet de


chagrin eut lſaac de la part d'Eſaii.
R. ,, Eſaü âgé de quarante ans , avoit pris Gº.
, pour femmes Judith, fille de Bééri, & Baſmath, XXVI.
,, fille d'Elon, tous deux Héthiens ; toutes deux ?****
par conſéquent Cananéennes, d'un peuple qui de- '
voit attirer ſur lui la malédiction de Diéu , par
I 4 ſon
136 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T.
ſon idolatrie 83 ſa corruption extrême,, leſquel
,, les furent de plus en amertume à Iſaac & à
,, Rebecca par leur mauvaiſe conduite.

C H A P I T R E X.

Contenant ce qui arriva à Eſaü & à Ja


cob, les dernieres années de la vie de
leur pere lſaac.
D. Es mariages d'Eſaü qui avoient ſi fort
déplu à Iſaac ſon pere, n'alterérent-ils
point l'affection qu'il avoit pour ce fils préferable
ment à Jacob ?
R. Quelque amertume de cœur qu'eut reſ
ſenti Iſaac des mariages de ſon fils Eſaü & de
la mauvaiſe conduite de ſes femmes, il con
ſerva juſqu'à la fin de ſes jours une affection
particuliere pour ce fils, & il voulut lui en
donner des marques dans ſon lit de mort par
la bénédiction qu'il lui préparoit ; mais la ſage
providence de Dieu en décida autrement en
Crrr. faveur de Jacob. * Il arriva donc que quand
XXVII.
M - 4•
,, Iſaac fut devenu vieux & que ſes yeux fu
,, rent ſi ternis qu'il ne pouvoit plus voir, étant
,, alors âgé d'environ cent trente ſept ans, il ap
,, pela Eſaü ſon fils ainé qti'il regardoit comme
,, ſon héritier & lui dit ; Mon fils ; me voici ,
,, mon pere, répondit Eſaii ; Tu vois , reprit
,, Iſaac que je ſuis fort avancé en âge & je ne
,, ſais point le jour de ma mort : je dois m'y
,, attendre à tout moment ; Pren donc, je te
,, prie , à l'heure mème tes armes , ton car
» quois »
n 1 s E x C A r E c H 1 s M É. 137
» quois, ou ton épée & ton arc, & t'en vas
» à la campagne pour me tuer de la venaiſon
» dont tu me feras quelque mets de bon goût ,
» comme je les aime, & tu me les apporteras,
,, afin que j'en mange & que je te donne ma
» bénédiction avarº que je meure.
D. Cette bonne intention d'Iſaac, en faveur d'E-
ſaii, n'eut elle pas le ſuccès que l'un $ l'autre en
attendoient ? -

R. Non pas tout - à - fait : * Eſaü courut bien Geu.


» ſans doute le plutôt qu'il put à la campagne XXVII.
» avec ſes armes, pour exécuter les ordres de ſon 5 - 17
» pere , & pour lui apporter la venaiſon qu'il
» déſiroit , mais Rebecca qui l'avoit écouté pen
» dant qu'il parloit à Eſaü ſon fils, alla auſſi
» tôt qu'Eſaü fut parti, vers Jacob & lui dit ;
» Je viens d'entendre ton pere qui diſoit à ton
» frere Eſaü : Apporte-moi de la venaiſon, &
» m'apprète des viandes d'appetit, afin que j'en
» mange, après quoi je te bénirai en préſence
» de l'Eternel, avant que je meure : Mainte
» nant donc, mon fils , croi-moi, & fai ce que
,, je te commande ; va tout à l'heure, à la
» bergerie, & pren-moi là deux bons chevreaux
» d'entre les chévres ; & j'en apprêterai des
» mets de bon goût pour ton pere , comme il
» les aime : Tu les porteras enſuite à ton pe
» re , comme ſi c'étoit ton frere ; il en man
» gera & à cauſe de cela il te bénira avant ſa
» mort. Sur cela Jacob répondit à Rebecca ſa
» mere : Voici, Eſaü mon frere a la peau ve
» lue & moi je l'ai douce : Peut-être que mon
» pere me tâtera , 85 ſi cela arrive , il me
» traitera comme un homme qui l'aura voulu
» tromper 3 auquel cas j'attirerai ſur moi ſa
I 5 » Ima
138 L'A N c r E N T E s T A M 2 N f
,, malédiction , plutôt que ſa bénédiction. Que
,, cette malédiction ſoit ſur moi, lui repartit ſa
,, mere, croi-moi, mon fils , va-t-en au plus
,, vite & pren - moi ce que je t'ai dit : Il s'en
,, alla donc, & prit ces chevreaux qu'il apporta
, à ſa mere & ſa mere en apprêta des mets de
,, bon goût, comme Iſaac les aimoit. Puis Re
,, becca prit les plus précieux habits d'Eſaü ſon
,, fils ainé, qu'elle avoit dans la maiſon, & elle
,, en revêtit Jacob ſon fils cadet : de plus elle
,, couvrit ſes mains, & l'endroit de ſon cou qui
,, étoit ſans poil, de peaux de chevreau pour
,, mieux imiter la peau veluë d'Eſaü : Enſuite
,, elle mit entre les mains de ſon fils Jacob ,
,, les mets de bon goût qu'elle avoit apprêté,
,, & du pain. -

D. Comment réuſſit cette ruſe ?


Gen. . R. ,, Jacob vint vers ſon pere, & lui dit ;
XXVII.
I3 - 29. ,, Mon pere : à cette voix qu'Iſaac n'avoit pà
tout à fait reconnoitre, il dit auſſi-tôt ; Je t'en
#
,, ten15 , 1m0M mais lequel de mes fils es-tu ?
» (me voici)'; Je ſuis, répondit Jacob, ton
,, fils ainé Eſaü ; j'ai fait ce que tu m'avois
,, commandé ; j'ai été à la chaſſe ; j'ai apprêté
le gibier que j'ai pu trouver 83 je viens te l'of
,, frir. Léve toi, je te prie, aſſied-toi ſur ton
,, lit , mange de ma chaſſe ; afin qu'enſuite tu
, puiſſes me donner ta bénédiction. Mon fils,
, reprit Iſaac à ſon fils ; Qu'eſt ceci que tu ayes
,, ſi-tôt trouvé du gibier, mon fils ? L'Eternel
,, ton Dieu, répondit Jacob , a bien voulu,
,, ſans doute, qu'il'ſe ſoit préſenté ſi tôt à moi.
,, Iſaac n'étant pas encore ſatisfait de cette ré
ponſe, 8f ſoupçonnant peut-être quelque ſurpriſe,
,, dit à Jacob : Approche - toi , je te prie, &
º » que
MIs EN C A T E c R I s M E. 139

» que je te touche, pour ſavoir ſi tu es bien


» mon fils Eſaü , ou non. Jacob s'étant donc
,, approché, ſon pere lui toucha les mains, &
,, dit ; La voix que j'entends eſt la voix de Ja
» cob, mais ces mains ſont les mains d'Eſaü ;
» Ainſi il le méconnut ; parce que ſes mains
» étoient velues comme celles de ſon frere Eſaü,
» & ſe contenta de lui dire. Bien te ſoit ; cepen
» dant il ajouta ; Di-moi mon fils , Es-tu bien
» véritablement mon fils Eſaü ? Oui, je le ſuis,
» repartit Jacob ; alors Iſaac lui dit : Mets de
» vant moi ce que tu m'as préparé & que je
» mange de la chaſſe de mon fils; afin que je
» te béniſſe de plus en plus : Jacob lui en pré
» ſenta & il en mangea, il lui offiit auſſi du
» vin & il en but ; mais Iſaac n'étant pas enco
re tout - à fait aſſuré par ces indices que ce fit
,, véritablement Eſaii , dit à ſon fils : Approche
» toi, je te prie & que je te baiſe, mon fils :
» Jacob s'approcha & le baiſa : Alors Iſaac fen
» tit l'odeur des habits de ſon fils , 85 me dou
», tant plus que ce me fut Eſaii , il le bénit,
» en diſant ; Voici je ſens à préſent l'odeur des
, habits de mon fils Eſaü : elle eſt pour moi com
» me l'odeur d'un champ, tout couvert de fleurs
» que l'Eternel a béni, ou rempli de ſes biens.
» Que Dieu te donne auſſi dans toutes tes poſ
» ſeſſions la roſée des cieux, la graiſſe de la ter
,, re & l'abondance de froment & de moût !
7> les peuples te ſervent, 83 te reſpectent :
» Que les Nations ſe proſternent devant toi
$ te ſoient ſoumiſes, ou à tes deſcendans, en
Jorte que tu domines ſur elles. * Sois le mai
» tre de tes freres & que les fils de ta mere
» ſe proſternent devant toi : c. à d. Que tous
C614XC
14o L'A N c I E N T E s T A M E N r
ceux qui ſont iſſus de mon pere Abraham tant par
Agar & Kétura que par Rebecca ta mere, recon
moiſſent ton autorité ſur eux. " Que celui qui te
,, maudira ſoit maudit, & que celui qui te bé
,, nira ſoit bénit ! c. à d. Que ceux qui te vou
dront du mal, en ſoient punis de Dieu, 85 que
ceux qui te voudront du bien, en reçoivent de
lui la recompenſe ?
D. Après cette bénédiciion donnée à Jacob par
Iſaac qui le prenoit pour Eſaii, qu'arriva - t - il
à Eſaii quand il fut revenu de la chaſſe ?
Gen R. ,, Il arriva qu'auſſi tôt qu'Iſaac eut achevé
xxvII. ! ,, de bénir Jacob ; Jacob étant à peine ſorti
39-4o
,, de devant ſon pere Iſaac, ſon frere Eſaü re
,, vint de la chaſſe , & apprêta d'abord le
,, gibier qu'il avoit tué, de façon qu'il en fit des mets
,, de bon goût, qu'il apporta à ſon pere &
,, lui dit : Que mon pere ſe leve ſur ſon lit &
· , qu'il mange de la chaſſe de ſon fils ; afin
,, que tu me béniſſes. Qui es - tu ? répondit
.,, Iſaac , dans le premier moment de ſu ſurpriſe :
,, Je ſuis, repartit Eſaü, je ſuis ton fils, ton
,, ainé Eſaü. Alors Iſaac ſaiſi d'une grande émo
,, tion , qui lui fit ſentir que ce qui venoit d'ar
river étoit diſpenſé par la ſage providence de Dieu
83 qu'il devoit s'y ſoumettre $ le ratifier, dit
à ſon fils ; ſi tu es Eſaii ; ** Qui eſt donc, &
,, où eſt celui qui a pris de la venaiſon, qui
,, m'en a apporté , & dont j'ai mangé avant
,, que tu vinſſes, enſuite de quoi je l'ai béni,
,, & il ſera auſſi béni ; c. à. d. je me pu# plus
revoquer la bénédiction que je lui ai donnée; je
vois bien qu'elle vient de Dieu 83 qu'elle aura
ſon accompliſſement : " Eſaü n'eut pas plutôt
», entendu les paroles de ſon pere, qu'il jetta
| .
22 llIl
t

tt 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 141
,, un grand cri très amer, & qu'il dit à ſon
,, pere : Béni-moi auſſi , mon pere ; mais Iſaac
,, lui répondit ; Ton frere eſt venu avec arti
,, fice & a emporté la bénédiction que je te deſ
,, tinois. C'eſt donc bien avec raiſon , repliqua
,, Eſaü , qu'on lui a donné le nom de Jacob
,, c. à d. ſupplantateur; car il m'a déja ſupplan
,, té deux fois ; il m'a enlevé mon droit d'ai
,, neſſe , en m'obligeant à le lui vendre pour un
,, potage de lentilles, & maintenant il m'a enle
,, vé la bénédiction que j'attendois de mon pere.
,, Puis il dit à Iſaac ; N'aurois-tu point reſervé
,, de bénédiction pour moi ? Voici répondit
,, Iſaac, je l'ai déclaré ton Seigneur, par les vœux
83 les ſouhaits , que j'ai adreſſé à Dieu en ſa
,, faveur, & lui ai prédit que tous ſes freres, ou
,, ceux de la famille de mon pere, ſeroient ſes ſer
,, viteurs : Je lui ai encore aſſuré une abondan
,, ce de froment & de moût dans le pays qu'il
babitera : Si ces vœux ont été éxaucés, 83 que
Dieu ratifie ma bénédiction ou ma prophétie ; ** que
,, pourrois - je faire à préſent pour toi , mon
,, fils ? Ou que pourrois - je te ſouhaiter que je
m'aye déja demandé à Dieu pour ton frere ?
,, N'as-tu donc mon pere , lui repartit Eſaü ,
,, qu'une bénédiction à donner ? Je te conjure,
,, mon cher pere, de me bénir auſſi, moi qui
,, ſuis ton fils, comme tu as béni mon frere. Com
,, me Eſau pleuroit en jettant de grands cris
,, pour avoir la bénédiction de ſon pere, Iſaac
,, touché de compaſſion lui dit ; Ton habitation
» ſera à la vérité éloignée (a) de la graiſſe de
» la
( a ) Eloignée de la graiſſe de la terre º'c. Cette
traduction qui eſt tQute ſemblable à celle de le Cene ,
I42 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» la terre & de la roſée du ciel : c. à d. que le
pays qu'il habiteroit, qui fut l'Idumée, ne ſeroit,
mi gras, ni fertile, mi arroſe des pluyes du ciel,
» mais tu vivras par ton épée, c. à d. Toi 85
tes deſcendans vous amaſſerez par vos armes »
vos courſes 83 vôtre humeur guerriere de quoi
vivre largement aux dépens de vos voiſins. * Tu
» ſeras, il eſt vrai, aſſervi à ton frere ; c. à d.
tes deſcendans ſeront un jour ſoumis aux ſiens ;
22 Illſl1S

préſente un ſens tout différent de celui des traduc


tions ordinaires, qui ont preſque toutes ; Ton babita
tion ſera dans la graiſſe de la terre. 85'c. mais outre
que la conſtruction des paroles de l'original permet &
autoriſe le ſens que nous lui donnons autant qu'aucun
autre, comme tous ceux qui l'entendent en convien
dront, la liaiſon du diſcours ſemble auſſi le demander ;
car lſaac venoit de dire à Eſaü , qu'il ne pouvoit lui
donner ce qu'il avoit promis à Jacob , ſavoir , un pays
fertile & abondant, tel que fût le pays de Canaan
dont il s'agit ici ; au lieu que l'ldumée qui échut en
partage à Eſaü & à ſa poſterité, étoit un pays ſec &
aride , plutôt que gras & arroſé des pluyes du ciel.
Voye2 le Clerc ſur cet endroit ºeº l'Évêque Cleyton dans
fon Introduction à l'Hiſtoire des Juifs , pag. 14o.
L'on oppoſe à cela qu'Iſaac ſe ſert des mêmes termes
pour exprimer la bénédiction que Dieu répandroit ſur
les pays qui devoient étre habités par la poſtérité de
Jacob & par conſéquent qu'on doit les entendre dans
le même ſens : mais il y a cette différence qu'en par
lant à Jacob , il lui dit que l'Eternel lui donneroit de
àa graiſſe de la terre 83 de la roſée des cieux : au lieu
qu'en parlant à Eſaü , il ne lui dit pas que l'Eternel
lui donneroit , mais que ſon babitation ſeroit de la
graiſſe de la terre e#c. en ſe ſervant de la méme pro
poſition Mfin qui peut également ſignifier l'éloignemens
ou l'abſence comme la poſſeſſion ou l'attribution, &
toute cette hiſtoire auſſi bien que l'événement, deman
dent qu'on la prenne ici au premier ſens.
· M I s E N C A T E c H I s M E. I43
» mais le tems viendra que tu domineras auſſi
, à ton tour, ou que ta poſtérité briſera ſon
» joug de deſſus ſon cou, pour être affranchie
» de ſa domination. -

D. Ces bénédictions d'Iſaac en faveur de Jacob


obtenues par ſurpriſe, 85 celles qu'il ajouta en fa
veur d'Eſaii à ſa preſſante ſollicitation, eurent-elles
donc leur accompliſſement * . -

R. L'Hiſtoire Sainte nous apprend que ces


bénédictions d'Iſaac furent parfaitement accom
plies, ſi ce n'eſt dans la perſonne même & du
vivant de Jacob & d'Eſaü, au moins dans
leur poſtérité. 1°. Par rapport à Jacob , en ce
que # deſcendans qui furent les Iſraelites eu
rent en partage la Terre de Canaan, pays gras,
fertile & abondant en froment & en vin ; que
les peuples voiſins de ce pays - là, deſcendus d'A-
braham par Agar & Kétura, & en particulier
les Iduméens deſcendus d'Edom, ou d'Eſaü ,
leur furent ſoumis ſous les règnes de David &
de Salomon iſſus de Jacob, & que le peuple
d'Iſrael éprouva la bénédiction de Dieu contre
ſes ennemis dans une infinité d'occaſions re
marquables. 2". Par rapport à Eſaù, en ce que
les Iduméens ſes deſcendans devinrent une na
tion belliqueuſe, vivant de vols & de rapines,
qui malgré leur aſſujettiſſement aux Rois de Ju
da depuis David, ſecouérent ſouvent leur joug
& devinrent en quelque ſorte les dominateurs
des Juifs, dans la perſonne d'Herode qui étoit
lduméen. D'où il paroit que dans les bénédic
tions que répandit Iſaac en faveur de ſes fils,
ſoit par ſurpriſe, ſoit par contrainte , tout
fut ménagé par la ſage providence de D ! 2
2
I44 L'A N c I E N T E s T A M E N T
de maniere que l'effet répondit aux vœux &
aux prédictions de ce bon Patriarche.
D. Mais n'y eut - il pas de la fraude dans la
conduite de Rebecca 85 de Jacob pour s'attirer
la bénédiction d'Iſaac deſtinée à Eſaii, 83 com
ment peut-on dire que cette fraude ait été recom
penſée de Dieu ?
R. L'on ne ſauroit diſconvenir , qu'il n'y ait
eu de la ſupercherie dans la conduite de Rebec
ca, & qu'elle n'ait voulu tromper ſon mari en
faveur de Jacob qu'elle chériſſoit plus qu'Eſaü ; '
& l'on ne peut l'excuſer que par cette conſidé
ration, qu'elle croyoit agir conformément à la
volonté de Dieu, dont elle avoit été inſtruite,
lorſqu'elle conſulta l'Eternel ſur le ſort de ſes
deux enfans. Il faut encore convenir que Ja
cob, outre la facilité avec laquelle il acquieſça
à la ſupercherie de ſa mere, ſe rendit encore
coupable d'un menſonge formel, en ſe diſant
Eſaü , & ſoutenant ce perſonnage juſqu'au bout
ſans ſe retracter jamais. Il n'y a que le motif
d'une obéïſſance abſoluë aux ordres de ſa mere,
qu'il pouvoit eroire animée d'un bon eſprit,
& qui d'ailleurs ſe chargeoit de tous les maux
qui pouvoient lui en arriver, qui puiſſe dimi
nuer la grandeur de ſa faute ; en ſorte cepen
dant, que ni Rebecca, ni Jacob me ſont point
exemts de blâme, & leur conduite n'eſt pas un
exemple à ſuivre dans aucun cas ſemblable :
mais il paroit auſſi manifeſtement, tant par la
conduite que tint Iſaac envers Jacob , quoi
qu'il en eut été trompé, que par l'accompliſſe
ment de tout ce qu'il avoit demandé à Dieu en
ſa faveur ſous le nom d'Eſaü , qu'il connut
lui-même , comme nous devons le reconnoitre
auſſi ,
M1s E N C A T E c H 1 s M E. 145
auſſi, que tout ce\a étoit dirigé par la ſage pro
vidence de Dieu , qui ſait tirer le bien du mal
& la lumiere des ténèbres ; & s'il eſt arrivé
par là que la fraude ait réuſſi au gré des cou
pables, l'on ne doit pas dire pour cela , que
leur action ait été approuvée , ni recompenſée
de Dieu ; puiſque ni l'un, ni l'autre ne joui
rent pendant leur vie de la bénédiction d'Iſaac,
mais ſeulement leur poſtérité la plus éloignée.
Au contraire, il ſemble que la plûpart des pei
nes & des afflictions, dont toute la vie de Ja
cob fut accompagnée, pendant qu'Eſaü paroiſ
ſoit être dans la proſpérité, lui furent infligées
en punition de ſon mauvais procedé, & que
la longue ſervitude qui le retint en Méſopota
mie chez Laban, & qui ravit à ſa mere le plai
ſir de le revoir fut ménagée par la providence,
pour les châtier tous deux ; mais principalement
Rebecca qui avoit pour lui la plus tendre af
fection : car il eſt plus que probable qu'elle
mourut auſſi bien qu'Iſaac, ſans l'avoir revû
ni aucun de ſes enfans.
D. Quelles furent donc les ſuites prochaines de
cette bénédiction d' Iſaac par rapport à Jacob $
à Rebecca , qui font voir qu'ils n'en reſſentirent
pas les heureux effets dans leurs perſonnes *
R. Ce fut d'un côté la haine d'Eſaü contre
ſon frere & de l'autre l'obligation où ſe trouve
Rebecca d'éloigner Jacob de la maiſon pater
nelle, comme le rapporte Moïſe dans les paro
les ſuivantes. * Or Eſaü eur en haine Jacob à Gen.
, cauſe de la bénédiction qu'Iſaac lui avoit don-XXVII.
, née à ſon préjudice , & il dit en ſon cœur ; ***
, Les jours du deuil ou de la mort de mon
, pere approchent & ne ſont pas éloignés, &
2Tome I. K » alors
146 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» alors je tuerai mon frere : Ce qu'il penſoit,
,, il le dit ſans doute à quelcun, & l'on rappor
, ta à Rebecca les diſcours que tenoit Eſaü ſon
3
»°fils ainé ; ſur quoi elle envoya appeler Jacob
» ſon cadet à qui elle dit ; Voici Eſaü ſe con
:
» ſole du tort que tu lui as fait dans l'eſpérance
» qu'il a de te tuer après la mort de ton pere.
» Ainſi mon fils 3 croi-moi , pren le parti de
» te retirer promptement à Caran vers Laban
» mon frere; & demeure avec lui quelque tems,
» juſqu'à-ce que la fureur de ton frere ſoit paſ
» ſée & que la colère dont il eſt animé contre
,, toi ſoit appaiſée & qu'il ait oublié le tort que
,, tu lui as fait : Dès que je m'en appercevrai,
» je t'enverrai chercher pour revenir ici : mais
j'ai tout à craindre de ſa haine quand vous de
meurerez en même lieu, " & pourquoi m'expo
,, ſerois-je à être privée de vous deux en un
,, mème jour ? S'il arrivoit qu'Eſaii t'attaquat
83 que vous vous tuaJiez l'un l'autre ? Jacob y
conſentit ſans doute , mais il falloit avoir l'ap
probation d'Iſtac ; pour l'obtenir elle lui fit com
prendre qu'il falloit éloigner Jacob de la tentation
où il pourroit être, d'épouſer quelque Héthienne
du pays , comme avoit fait Eſaii, 85 l'envoyer
plutòt chez ſes parens où il trouveroit quelque
femme à ſon gré, ſans quoi elle paſſeroit ſa vie
dans une amertume continuelle : " La vie, lui
,, dit-elle, m'eſt devenue ennuyeuſe à cauſe de
,, ces Héthiennes qu'Eſiiii a épouſées, & que
' ,, ſeroit - ce ſi Jacob en alloit prendre une au
' ,, tre pour ſa femme ? pourrois-je ſurvivre à cet
te douleur * Pourvoi donc, je te prie, à ce que je
m'aye pas ce chagrin.
D. Que fit ſur cela Iſaac ?
- R. » Iſaac
MIs E N C A T E c H I s M E. I47

R. » Iſaac appela Jacob & après l'avoir béni cru.


de nouveau , en lui ſouhaitant toutes ſortes de ***
, biens, il lui donna cet ordre , Tu ne pren-' "
,, dras point de femme d'entre les filles de
,, Canaan ; mais va toi - meme en Paddam
,, Aram , à la maiſon de Béthuel , pere de -

,, ta mere , & pren - toi de - là une femme -


,, des filles de Laban frere de ta mere. Et le · ·· ·
» Dieu Fort , Tout-puiſſant te béniſſe & te
,, faſſe fructifier & multiplier ; en ſorte que tu
» deviennes le pere d'une multitude de peuples ,
,, ou d'une nombreuſe famille : Qu'il te béniſſe
,, de la même maniere qu'il a béni Abraham ,
» en t'aſſurant & à ta poſtérité après toi, la poſ
» ſeſſion du pays de Canaan , où tu as vècu
,, juſqu'à préſent comme étranger & que Dieu
» a déja aſſuré à Abraham ! Iſaac fit donc par
e tir Jacob qui s'en alla en Paddan Aram , vers
| » Laban , fils de Béthuel Syrien, frere de Rebec
» ca, mere de Jacob & d'Eſaü.
D. Cet ordre d'Iſaac à Jacob, ſa bénédiction
réiterée 85 le départ de Jacob, quel effet produiſi
rent-ils ſur Eſaii ?
R. » Eſaü voyant qu'Iſaac avoit béni Jacob, cin,
» qu'il avoit envoyé en Paddan - Aram pour y #III.
» épouſer une femme de ce pays - là , & qu'a- - 9. -
» près lui avoir donné ſa bénédiction , il lui
» avoit ordonné de ne prendre point de fem- .
» mes d'entre les filles de Canaan , & que Ja
» cob pour obéir à ſon pere & à ſà mere s'en
» étoit allé en Paddan - Aram : Eſaü, dis - je, *

, voyant par-là que les filles de Canaan déplai- /

,, ſoient à Iſaac ſon pere 83 à ſa mere, critt


devoir ſe choiſir une nouvelle femme qui leur fut
» plus agréable & s'en alla pour cet e#et chez Iſº
K 2 , mael
148 L'A N c 1 E N TEsTAMENT
» maël ſon oncle, où il prit pour femme, ou
,, tre celles qu'il avoit déja, Mahalath, fille d'Iſ
», mael, fils d'Abraham , & ſœur de Nabajoth.
D. Qu'arriva-t-il d'un autre côté à Jacob dans
ſom voyage de Paddam-Aram ?
C7en. R. ,, Jacob étant parti de Béerſébah pour
XXpVIII. » s'en aller ſeul 85 ſans ſuite à Caran où de
JO - 22.
,, meuroit Laban ſon oncle maternel, ſe rencontra
» en un lieu du pays de Canaan , nommé Luz,
» où il fut obligé de s'arrêter & d'y paſſer la
,, nuit, parce que le ſoleil étoit couché. Il prit
» donc des pierres de ce lieu-là & en fit ſon
» chevet & s'endormit en cet endroit. Pendant
, ſon ſommeil il vit en ſonge une échelle arrê
,, tée ſur la terre, dont le bout touchoit aux
,, Cieux, & le long de cette échelle, des Anges
» qui montoient & qui deſcendoient ; comme
pour lui offrir leur ſecours dans ſes beſoins :
» Il vit de plus L'ET E R N E L , ſous quelque
,, ſymbole glorieux , aſſis ſur l'échelle , qui lui
» dit ; Je ſuis L'ET E R N E L , le D I E U d'A-
» braham ton pere & le D I E U d'Iſaac. Je te
» donnerai, ou à ta poſtérité la terre ſur la
» quelle tu dors, & ta poſtérité ſera auſſi
» nombreuſe que la pouſſiere. de la Terre, &
,, ceux qui maitront de toi s'étendront à l'Occi
,, dent, à l'Orient, au Septentrion & au Mi
» di , & toutes les familles de la Terre ſeront
,, bénies en toi & en ta ſemence : c. à d. La
bénédiction que je te promets 85 à ta poſtérité
après toi, ſervira de modèle aux plus précieuſes
bénédictions, que les hommes puiſſent ſe ſouhaiter
les uns aux autres ; mais de plus, un de ces
deſcendans ſera pour tous les peuples de la Ter
re une ſource de bénédiciions , aſſurée 85 conti
uuelle
M 1 s E N C A T E c H I s M E. I45
uuelle *. Tu peux même dès à préſent t'aſſurer * Gal. IIl.
,, que je ſerai avec toi, que je te protégerai, º
» que j'aurai ſoin de toi par tout où tu iras, &
» que je te ramenerai en ce pays : car je ne
,, t'abandonnerai point que je n'aye fait ce que
» je t'ai dit, ou que je n'aye accompli fidelement
» la promeſſe que je t'ai faite. Et quand Jacob
,, ſe fut réveillé de ſon ſommeil , il dit ; Cer
,, tainement L'ET E R N E L eſt en ce lieu-ci &
,, je n'en ſavois rien : Je viens d'avoir des preu
ves certaines de ſa préſence 85 de ſa faveur ,
» lorſque je m'y attendois le moins. Cependant
» il eut peur, ou fut ſaiſi d'une crainte religieuſe,
,, qui lui fit dire ; Que ce lieu ci eſt redoutable
,, 85 venerable ! C'eſt ici la maiſon de D I E U,
le lieu où il habite 85 où il doit être adoré avec
» reſpect, & c'eſt ici la porte des Cieux ; un lieu
qui ſert d'entrée au ciel, $ qui communique
avec cette demeure céleſte. * Après cela Jacob ſe
,, leva de bon matin & prit la pierre dont il
,, avoit fait ſon chevet, & l'ayant dreſſée pour
,, monument, il répandit de l'huile ( a ) ſur ſon
» ſommet , & donna à ce lieu-là le nom de
» Bethel (b), c. à d. la maiſon de Dieu, mais
K 3 92 dll

(a ) Répandit de l'huile. La coutume d'oindre des


pierres & des ſimulacres & de rendre par-là ſes hom -
mages à quelque divinité dont l'on croyoit avoir reçu
quelque faveur, fut très commune parmi les Payens ,
même dans l'antiquité la plus reculée ; mais il eſt dif
ficile d'en découvrir la véritable origine.
( b) Bethel. C'eſt ſans doute de ce nom, ou par
une mauvaiſe prononciation de ce mot que dans la
ſuite des tems, les pierres qu'on avoit ainſi levées &
comme plantées ſur un de leurs bouts, pour marquer
que l'endroit où elles étoient avoit été conſacré à Dieu
furent appelées en grec Betyle.
155 L'A N c 1 E N T E s r A M E N r
,, auparavant la ville s'appelloit Luz. Jacob fit
,, auſſi un vœu en diſant ; Si D I E U eſt avec
,, moi , s'il me favoriſe & me protége dans le
,, voyage que je fais : s'il me donne du pain
,, à manger & des habits pour me vètir, ou
que j'aye ſeulement ce qui eſt néceſſaire à mon
,, entretien ; & ſi je retourne en paix, ſain 83
,, ſauf à la maiſon de mon pere, certainement
,, L'ET E R N E L me ſera D I E U ; je continue
rai à l'adorer comme le ſeul vrai Dieu 5 il ſera
,, le ſeul objet de mes hommager religieux, & cette
,, pierre que j'ai dreſſée pour monument de la
,, faveur que j'en ai reçuë ſera comme la maiſon
,, de 1) I E U , ou la marque à laquelle je recon
moitrai que c'eſt ici le lieu où Dieu m'eſt apparu
d'une façon particuliere {# où je dois lui rendre
mes ho mages : à quoi il ajouta en s'adreſſant à
Dieu méme : " De tout ce que tu m'auras don
,, né & dont je jouirai par ta faveur en bé
,, tail, ou en fruits de la terre, je t'en donne
,, rai la dixme, en te l'oſſiant en ſacrifices, ou
en la conſacrant à des uſages religieux.

CHA
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 15r

C H A P I T R E X I.

Contenant l'hiſtoire du mariage de Jacob


4 avec les deux filles de Laban ; des en
; fans qu'il en eut ; des traités faits avec
7 Laban pour régler ce qui devoit appar
tenir à chacun; la bénédiction que Dieu
répandit ſur le partage de Jacob ; la
méſintelligence qui nâquit de-là entre lui
& Laban ; les ſuites qu'eut cette méſin- "
telligence, & comment elle fut terminée.

D. Ue fit Jacob après ce ſonge qui lui aſ


ſuroit la faveur 85 la protection de
Dieu *
R- R. , Jacob ſe mit en chemin & s'en alla à ... Geu.
» Caran au pays des Orientaux, où étant arrivé #
» il apperçut un puits dans la campagne, au- 4,
», près duquel étoient couchés trois troupeaux
» de moutons, durant la chaleur du jour : (car
» on y abreuvoit les troupeaux ) ; Il y avoit
» une groſſe pierre ſur l'ouverture du puits &-
, quand tous les troupeaux étoient-là aſſemblés,
» on rouloit la pierre de deſſus l'ouverture du
» puits, l'on abreuvoit les troupeaux, enſuite
» l'on remettoit la pierre en ſon lieu ſur l'ou
» verture du puits. Et Jacob dit aux bergers
» qui gardoient les troupeaux ; Mes freres, d'où
» ètes-vous ? Nous ſommes, répondirent - ils ,
» de Caran. Ne connoiſſezKvous
A 4
point , repartit
25 Ja
152 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
» Jacob , Laban le fils, ou petit fils (a) de
» Nacor ? Et ils répondirent, nous le connoiſ
» ſons. Jacob leur demanda encore s'il ſe por
» toit bien ? Oui , dirent les Bergers, il ſe por
» te bien & voila Rachel ſa fille qui vient avec
, ſon troupeau. Sur cela Jacob leur dit ; vous
,, voyez qu'il eſt encore grand jour , & qu'il
, n'eſt pas tems de retirer les troupeaux dans
,, la bergerie : abreuvez - les à préſent, & les
» remenez paître ; Nous ne le pouvons pas,
» répondirent les bergers , juſqu'à ce que tous .
» les troupeaux ſoient aſſemblés, & qu'on ait
» ôté la pierre de deſſus l'ouverture du puits
» pour abreuver les troupeaux. Comme Jacob
» leur parloit encore , Rachel arriva avec le
,, troupeau de ſon pere, car elle en avoit le ſoin,
,, comme une bcrgere : Et quand Jacob vit Ra
» chel , fille de Laban, frere de la mere, con
» duiſanr ſon troupeau , il s'approcha du puits
» & s'aida avec empreſſement à rouler la pierre
» de deſſus l'ouverture du puits, pour abeuver
» ait plutôt le troupeau de Laban, frere de ſa
» mere, que Rachel conduiſoit : Enſuite Jacob
,, s'étant fait connoitre à Rachel la baiſi ou l'em
bruſſa ſelon l'uſage de ces tems - là, 85 me pou
vant plus contenir ſes ſentimens, * il éleva ſa
» voix & pleura de joie : Car Jacob avoit dé
» claré à Rachel qu'il étoit frere, ou Neveu de
» ſon pere, & fils de Rebecca, & elle courut
» le

( a ) Ou petit fils. J'ajoute ces mots parce que La


ban étoit fils de Béthuël qui étoit fils de Nacor , frere
d'Abraham : mais les Hébreux n'ayants point de nom
particulier pour déſigner ce dégré de parentage , ſe
ſervent également du nom de fiis.
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 153
» le rapporter à ſon pere Laban , lequel ayant
,, appris des nouvelles de Jacob fils de ſa ſœur,
» courut d'abord au devant de lui, l'embraſſà,
» le baiſa & le fit venir dans ſa maiſon. Jacob
» de ſon côté recita à Laban tout ce qui lui
,, étoit arrivé; ſurquoi Laban lui dit ; Certai
» mement je reconnois que tu ès mon os & ma
» chair , de ma famille $ de mes plus proches
» parens qui me ſont chers ; & Jacob demeura
, avec lui un mois entier à le ſervir.
D. Qu'eſt-ce qui lui arriva au bout de ce tems-là ?
R. Quand ce premier mois fut paſſé, * Laban Gen.
,, dit à Jacob ; Il n'eſt pas juſte que tu me #
, ſerves pour rien; parce que tu es mon frere, * *
» ou mon Neveu : Di-moi donc quel ſera ton
,, ſalaire, 85 ce que tu veux que je te donne
» pour recompenſe de te*ſervices. Or Laban
» avoit deux filles, dont l'ainée s'appeloit Léa
» & la cadette Rachel : mais Léa avoit les yeux
» tendres & chaſſieux, & Rachel étoit bien
, faite & belle de viſage : Auſſi Jacob l'aimoit
» il plus que Léa, & il répondit à Laban ; je
,, te ſervirai ſept ans , ſi tu me donnes pour
,, femme Rachel ta cadette : Il vaut mieux,
,, repartit Laban, que je te la donne, que de la
» donner à un autre : Demeure ſeulement avec
• moi le tems que tu dis, & je te la donnerai :
,, Jacob ſervit donc ſept ans pour avoir Ra
» chel, qui lui ſemblérent comme peu de jours ;
» parce qu'il l'aimoit : Quand ils furent paſſés,
» Jatob dit à Laban ; Donne-moi la femme
• » Que tu m'as promiſe ; car le tems que je t'a-
» vºs promis de te ſervir pour elle eſt accom
» p : & je viendrai vers elle, comme un mari
»vºſ femme. Il faut te ſatisfaire, répondit
K 5 9:) La
154 L'A N c I E N T E s T A M E N T
s, Laban, & ſur le champ il aſſembla tous les
,, gens du lieu, parems 83 voiſins , & fit un feſ
,, tin ſelon la coutume pour célébrer ces noces :
,, mais quand le ſoir fut venu $ que Jacob ſe
fut retiré dans la chambre nuptiale pour y atten
dre ſon épouſe, " Laban prit Léa ſa fil'e ainée
» & l'amena à Jacob qui la prenant pour Ra
» chel, apparemment parce qu'elle étoit voilée,
» vint auJi tôt vers elle, 85 paſſa la nuit avec
,, elle comme avec ſa femme : & Laban lui avoit
» donné pour la ſervir, ſa propre ſervante Zil
,, pa, qui étoit ſans doute du complot. Dès qu'il
,, fut jour, Jacob connut que c'étoit Léa qu'on
,, lui avoit donnée , & il vint auſſi tôt dire à
» Laban ; Qu'eſt ce que tu m'as fait ? N'ai.je
,, pas ſervi chez toi ſept ans , pour que tu me
» donnaſſes en mari$e Rachel 83 mon Léa ?
| » Pourquoi m'as-tu trompé ? Ce n'eſt pas, ré
, pondit Laban, l'uſage de ce lieu de marier
» la cadette avant l'ainée : Accompli les ſept
» jours de mariage avec celle - ci, & nous te
» donnerons auſſi l'autre, pour le ſervice que
» tu t'engageras de faire encore chez moi ſept
» autres années. Jacob y conſentit & acheva
» la ſemaine entiere de mariage avec Léa ;
,, après laquelle Laban lui donna auſſi pour
2, femme Rachel ſa fille cadette : De tels maria
ges avec les deux ſeurs n'étant pas alors formel
lement deffendus , mon plus que la polygamie »
comme ils le furent dans la ſuite. " Et Laban
, donna à Rachel pour la ſervir une autre de
» ſes ſervantes nommée Bilha. Jacob vint donc
» vers Rachel Q5 la prit auſſi pour femme : Il
» l'aima mème plus que Léa, . & il • #
»» dC
R1 s EN C A T E c H 1 s M E. Y55
;, de ſervir encore ſept autres années chez La
, ban à ſon 0ccaſion.
D. Quelles furent les ſuites de ce double ma
riage de Jacob avec les deux filles de Laban ?
R. Ces ſuites furent d'un côté la naiſſance
de pluſieurs enfans tant de ces femmes que de
leurs ſervantes juſques au nombre de douze ,
& de l'autre la ſéparation qui ſe fit des trou
peaux appartenans à Laban & de ceux qui de
voient être le partage de Jacob.
D. Quels furent les premiers nés de Léa ſa pre
·miere femme ?
R. ,, L'Eternel, dit Moïſe, voyant que Léa Gew.

» étoit haïe, ou moins aimée que Rachel, ouvrit XIX .


s, ſa matrice, c. à d. la remdit propre à concevoir, 30-35
,, pendant que Rachel étoit ſtérile. Et Léa con
, çut & enfanta un fils qu'clle nomma Ruben ,
» c. à d. fils de la vtté, ou de la viſion ; parce
» qu'elle avoit dit ; l'Eternel a vû mon afflic
» tion , c'eſt pourquoi auſſi j'eſpére que mon ma
,, ri m'aimera : Elle conçut encore & enfanta
» un fils qu'elle nomma Siméon ; c. à d, il m'a
,, entendu " ou exaucé : parce qu'elle avoit dit :
,, l'Eternel a entendu que j'étois haïe, ou moins
s, aimée, & il m'a donné cet enfant. Elle con
,, çut encore & enfanta un fils , duquel elle dit ;
» maintenant mon mari s'attachera à moi ; car
» je lui ai enfanté trois fils ; c'eſt pourquoi on
» l'appela Lévi, c. à d. Attaché. Elle conçut en
» core & enfanta un fils qui fut appelé Juda,
» c. à d. Loué ; parce qu'elle avoit dit, en le
, voyant : Cette fois-ci je louërai l'Eternel ; &
» elle ceſſa pour lors d'avoir des enfans.
D. De quel ail Rachel regarda-t-elle cette fécon
dité
r56 L'A N e 1 E N T E s T A M E N r
dité de Léa 83 ſa propre ſtérilité ? Et commens
y ſuppléa t-elle ?
67en. R. Alors Rachel voyant qu'elle ne faiſoit point
XXX.
» d'enfant à Jacob fut jalouſe de Léa ſa ſœur,
, & dit à Jacob : Donne moi des enfans ; ſinon
» je ſuis morte; je ne puis plus vivre ainſi : mais
» Jacob ſe mit fort en colere contre Rachel &
» lui dit : Suis je à la place de, Dieu, qui t'a
» empêché juſqu'à préſent d'avoir des enfans,
83 qui pourroit encore t'en donner s'il vouloit ?
Mais s'il me le veut pas , me devons mous pas
nous y ſoumettre # Alors Rachel ſentant bien que
ſes déſirs étoient inutiles ſans le bon plaiſir de
Dieu , eut recours à un autre moyen pour avoir
des enfans qui fuſſent cenſes lui appartenir * &
» elle dit à Jacob ; Voila ma ſervante Bilha ;
» va vers elle , comme ſi c'étoit moi.même, &
,, quand elle enfantera , je prendrai ſon enfanº
,, ſur mes genoux, comme s'il étoit à moi , &
» j'aurai ainſi des enfans par ſon moyen. Jacob
» y ayant conſenti, elle lui donna ſa ſervante
,, Bilha pour femme, & en conſéquence, Jacob
» vint vers elle, dont Bilha conçut*& enfanta
» un fils à Jacob, ſurquoi Rachel dit ; Dieu
» a jugé en ma faveur ; il a auſſi exaucé ma
» voix & m'a donné un fils ; c'eſt pourquoi
» elle le nomma Dan, c. à d. qui juge, Bilha
» ſervante de Rachel conçut encore & enfanta
,, un ſecond fils à Jacob, à l'occaſion duquel
,, Rachel dit ; j'ai combattu avec de grands ar
, tifices contre ma ſœur, pour avoir des enfans
,, qui m'appartinſſent ; enfin j'ai prévalu ; ce qui
,, fit qu'elle donna à cet enfant le nom de Neph
tali, c. à d. mon artifice.
· D. Que
M 1s 1 N C A T E c H 1 s M E. 157
D. Que fit de ſon côté Léa pour l'emporter en
core ſur Rudel par le nombre d'enfans qu'elle
donneroit à Jacob ?
R. » Alors Léa voyant qu'elle avoit ceſſé de Go.
,, faire des entans, 85 ſouhaitant d'en avoir d'a. XXX.
,, vantage, qui fiſſent cenſes comme ſiens, prit * *
,, auſſi à l'exemple de Racbel , ſa ſervante Zil
s, pa & la donna pour femme à Jacob : elle lui
, enfanta d'abord après un fils qu'elle nomma
,, Gad , c. à d. une trottpe ; parce qu'elle dit ,
, en le voyant, une troupe eſt arrivée : Zilpa
,, ſervante de Léa enfanta un ſecond fils à Ja
, cob , dont la naiſſance fit dire à Léa : C'eſt
» pour me rendre plus heureuſe : car les filles
, me diront bienheureuſe d'avoir tant d'enfans,
» & elle lui donna à cauſe de cela le nom d'Aſſer,
c. à d. qui rend heureuſe.
D. De quel autre moyen ſe ſervit encore Léa
pour avoir des enfans nés de ſon ſein ?
R. Ce fut d'engager Rachel qui continuoit
d'avoir malgré ſa ſtérilité toute l'affection & le
commerce de ſon mari, à conſentir que Jacob
paſſat une nuit avec elle ; & elle en trouva une
occaſion favorable, dans le déſir que témoigna
Rachel d'avoir des plantes que Ruben fils de
Léa avoit trouvées à la campagne.
D. Que ſe paſſa-t-il donc à ce ſujet ?
R. ,, Ruben fils ainé de Léa étant ſorti au co,.
, tems de la moiſſon des bleds, trouva dans xxx.
, les champs des fruits d'une grande beauté , ****
» que l'on pourroit appeler des pommes d'amour
, (a), ou des fleurs aimables, & les apporta

(a ) Pomumes d'amour. Le mot Hebreu Dudaim qui


eſt ici employé ne ſe trouve qu'ici & Caut. VII. 13.
x 58 L'A N c1E N - T E s T A M E N T -
» à Léa ſa mere : Rachel les ayant vués, dit à
» ſa ſaur Léa ; Donne-moi, je te prie, de ces
», fleurs, ou de ces fruits. N'eſt - ce pas aſſez,
,, lui répondit Léa, que tu m'ayes enlevé mon
» mari, pour le prendre tout à toi * Faut - il
» que tu m'enléves encore les fruits que mon
», fils m'a apporté ? Je conſens volontiers , re
» prit Rachel, qu'il couche cette nuit avec toi ;
,, pourvû que tu me donnes de ces fruits de
» ton fils : L'offre fut acceptée, & quand Ja
,, cob revint des champs , Léa ſortit au-devant
,, de lui & lui dit ; Tu viendras, s'il te plait,
,, vers moi cette nuit ; car j'en ai acquis le
,, droit, du conſentement de Rachel en échan
,, ge des fruits que mon fils lui a donnés. Il
,, coucha donc avec elle cette nuit-là, & Dieu
» exauça Léa dans le déſir qu'elle avoit de don
» ner d'autres enfans à Jacob , en ſorte qu'elle
» lui enfanta un cinquieme fils de ſon ſein , qui
», lui fit dire ; Dieu m'a recompenſée, parce
' , que j'ai donné ma ſervante à mon mari ,
», qui paroiſſoit le ſouhaiter pour multiplier ſa
,, race : C'eſt pourquoi elle le nomma, Iſſacar ,
, c. à d, récompenſe, ou il a recompenſé. Enſuite
- . » Léa

où il ſemble déſigner des fleurs odoriferantes. Grand


nombre d'lnterpretes après les 7o. l'ont traduit des
znamº agores, à cauſe de la vertu qu'on leur a attri
buée d'aider à la conception : mais par la deſcription
que les ſavans nous ont donné de ce fruit & de ſes
différentes eſpéces , ce ne peut pas être le fruit , ou
la fleur que Ruben apporta à ſa mere. D'autres ont
crû que c'étoit des Citrons, ou des Grenades ; mais
ſans beaucoup de fondemeiit. L'on s'en tient donc à
dire ſimplement que c'etoit des fruits ou des fieurs
a'amour ou très aiiuables , conime l'iniinue l'original.
-

M1s EN C A T E c H I s M E. 153
,, Léa conçut encore & enfanta un ſixieme fils
, à Jacob, ce qui lui fit dire, Dieu m'a donné
, un bon douaire (a) ; Maintenant mon mari
,, demeurera avec moi, plus qu'il me faiſoit ci-de
, vant; car je lui ai enfanté ſix enfans : C'eſt
, pourquoi elle le nomma Zabulon, c. à d.
,, demeure. Puis elle enfanta une fille qu'elle nom
,, ma Dina. Dieu ſe ſouvint auſſi des vœux &
» des prieres de Rachel & l'ayant exaucée,
» ſa matrice fut ouverte, enſorte qu'elle conçut
, & enfanta un fils , qui lui fit dire ; Dieu
» m'a enlevé mon opprobre ; & elle le nomma
» Joſeph, c. à d. il ajoutera, par alluſion ait
, vœu qu'elle fit en diſant : Qu'il plaiſe à l'E-
» ternel de m'ajouter un autre fils.
D. Quand Jacob ſe vit pere de ces douze en
fans, que ſe paſſa t il entre lui 85 ſon Beau-pere
Laban pour fournir à l'entretitn d'une ſi nombreuſe
famille ?
R. Jacob penſa alors à retourner chez Iſaac
ſon pere dans le pays de Canaan avec ſes fem
mes & ſes enfans , pour y jouir des biens qu'il
avoit à attendre de la bénédiction de Dieu,
& l'ayant propoſé à Laban , il fut fait, à cette
occaſion, un traité entr'eux qui tourna au plus
grand avantage de Jacob , dont Laban & # S

Ca ) Dieu m'a donné un bon douaire. C'eſt ainſi


que la nlûpart des verſions françoiſes traduiſent le
terme Hébreu qui ne ſe trouve que dans ce ſeul en
droit de l'Ecriture ; mais l'on n'en donne aucune rai
ſon vraiſemblable. Le Célébre Schultens en a donné
une autre tirée de l'Arabe qui paroit beaucoup plus
convenable , & que l'on pourroit exprimer ainſi en
François : Dieu a donné à mon ſein tune agitation ,
qui tonrurra à mon avantage, * -
-

Y6o L'A N c I E N TE sTAMENT

fils furent mécontens : ce qui obligea Jacob à


quitter ce pays-là à l'inſçu de ſon beau-pere ;
lequel s'en étant apperçu pourſuivit ſon gendre,
& l'atteignit enfin au pays de Galaad , où après
quelques reproches réciproques, ils convinrent
de vivre déſormais en bons amis , & de ter
miner tous leurs différens par une nouvelle al
liance entr'eux qui fut irrévocable.
D. Quelle fut donc la premiere propoſition que
fit Jacob à Laban $ le traité qui s'en enſuivit ?
Gen. R. Voici ce qu'en dit Moïſe. * Il arriva
X X X.
25 - 36• » qu'après que Rachel eut enfanté Joſeph , Ja
,; cob dit à Laban : Donne moi mon congé &
,, permet que je m'en retourne au lieu de ma
,, naiſſance & dans ma patrie, & que je prenne
,, avec moi mes femmes & mes enfans, pour
,, leſquels je t'ai ſervi juſqu'à préſent & avec
,, leſquels je m'en irai : Je me te demande rien
,, en cela qui ne ſoit juſte ; car tu ſais de quelle
,, maniere je t'ai ſervi. Ecoute-moi , je te prie
», lui répondit Laban ; ſi j'ai trouvé grace de
,, vant toi, ou ſi tu veux me faire plaiſir : J'ai
», bien auguré par tout ce qui m'eſt arrivé que
», L'ET E R N E L me béniſſoit 85 augmentoit mes
», biens à cauſe de toi : Déclare-moi donc quel
» ſalaire tu veux que je te donne pour demeu
,, rer avec moi & je te le donnerai. Tu ſais,
,, lui repartit Jacob, comment je t'ai ſervi &
,, ce qu'eſt devenu ton bétail avec moi ; car
,, ce que tu avois avant que je vinſſe chez
,, toi étoit peu de choſe ; mais il s'eſt beau
,, coup accru par mes ſoins & L'E T E R N E L t'a
,, béni à proportion de mes ſervices ; mais main
,, tenant quand ferai-je auſſi quelque choſe pour
» ma propre famille, ſi je n'y travaille pas à
pré
MI s EN C A T E c H I s M E. I6I

, préſent ? Que te donnerai-je donc , lui dit


,, derechef Laban, pour tes ſervices, & Jacob
,, répondit ; Tu ne me donneras rien de fixe,
ou à titre de ſalaire pour mes ſervices paſſes.
,, Je veux bien encore paitre tes troupeaux &
,, les garder, ſi tu veux ſeulement m'accorder
,, ce que je te dirai : C'eſt de permcttre que je
,, paſſe aujourd'hui parmi tous tes troupeaux &
,, que j'en ſépare toutes les brebis marquetées
,, & tachetées de différentes couleurs : tout ce qu'il
, y aura d'agneaux noirs ou roux dans le trou
,, peau des brebis, & tout ce qu'il y aura de
,, marqueté & tacheté dans le troupeau de ché
,, vres ; enſorte qtte tout ce qui ſera tel n'ait att
cuiie communication avec le reſte du troupeau ;
mais pour l'avenir tout ce qui ſera ainſi marqué
dans ton troupeau 85 qui eſt eſtimé le moindre,
,, ſoit pour la laine, ou pour le poil, ſera mon
,, ſalaire , & j'eſpére que par ce moyen ma juſtice,
mon intégrité dans le ſervice que je t'ai rendu
par le paſſe 85 dans celui que je te rendrai en
core à l'avenir, ou ce qui doit me revenir de
,, droit, témoignera pour moi en ta préſence,
,, ou te deviendra ſenſible, quand tu viendras à
,, faire le partage de ton bétail, pour me livrer
,, mon ſalaire : Car s'il ſe trouve alors chez
,, moi , ou dans le troupeau qui eſt à mes ſoins,
· ,, quelque chévre marquetée & tachetée , ou
,, quelque brebis avec des marques de rouſſeur,
,, je conſens de paſſer pour un voleur : mais
auſſi tout ce qui maitra à l'avenir dans mon trou
peau marqué $ taché de cette maniere, ſera cem
,, ſe m'appartenir. Je le veux, repliqua Laban ;
,, qu'il ſoit fait comme tu l'as dit ; Et dès le
,, même jour il ſepara les boucs de ſon troupeau
2Tomue I- L 2» IIldſ
J62 L'A N C I E N TE sT A M ENT
,, marquetés de taches, ou de bandes de di.
,, verſes couleurs, & toutes les chévres marque
» tées & tachetées, & toutes celles où il y
,, avoit du blanc mélé avec d'autres couleurs,
» & tous les agneaux roux ou noirs ; & il les
» donna en garde à ſes propres fils , pour les
ſéparer du reſte du troupeau, comme l'avoit pro
poſé Jacob, $ rendre par - là ſon ſalaire moins
,, conſidérable : Et de peur qu'il n'y eut quelque
» ſujet de plainte à cet égard, ou pour empê
» cher encore mieux toute communication, La
» ban mit l'eſpace de trois journées de chemin
» entre les troupeaux dont ſes fils avoient ſoin
,, & ceux qui ſeroient remis aux ſoins de Jacob,
» lequel paiſſoit de ſon côté le reſte des trou
» peaux de Laban qui étoient tuut d'une couleur,
comme il le lui avoit promis.
D. Telle étant la convention faite avec Laban,
comment s'y prit Jacob pour faire valoir le ſa
laire qui lui avoit été promis ?
R. ,, Jacob pour ſe procurer dans les trou
X X X. peaux dont il avoit ſoin, eittant qu'il le pourroit,
37-43. des brebis marquetées & tachetées ſe ſervit de ces
» deux ou trois expédiens , il prit d'abord des
, verges fraiches de peuplier , de coudrier , ou
» d'amandier & de planes & en ôta les écor
» ces de place en place, pour découvrir le blanc
» des verges , de maniere qu'eiles fuſſent partie
» blanches $ partie vertes & plaça ces baguet
» tes pelées 83 de différentes couleurs dans les au
» ges & les abreuvoirs où les brebis venoient
» boire ; afin que les troupeaux euſſent ces ba
» guettes devant les yeux, lors qu'elles ſeroient
» en chaleur & qu'elles viendroient boire, d'où
» il arriva que ces brebis étant en chaleur &
»» regar
M I s E N C A T E c H I s M E. I63
» regardant ces verges pelées d'eſpace en eſpace
» conçurent des agneaux marquetés , avec des
» taches ou des bandes de diverſes couleurs.
» 2". Jacob ayant deja par ce moyen un grand
» nombre d'agneaux tels qu il les ſouhaitoit , il les
» ſépara du troupeau, & fit enſorte que les
» brebis du troupeau de Laban euſſent toujours
», devant les yeux, tout ce qui étoit marqueté
» & roux , afin que ce qui en maitroit fut de
,, même, & il mit toujours ſes troupeaux ainſi
,, tachés & marquetés à part , & ne les mit
» point avec les troupeaux de Laban. 3". Toutes
» les fois que les brebis vigoureuſes entroient
» en chaleur, Jacob mettoit les verges dans les
,, abreuvoirs devant leurs yeux ; afin qu'elles
» les viſſent quand elles ſeroient en chaleur ;
» mais ſi c'étoient des brebis foibles qui fuſſent
,, en chaleur, il ne mettoit point les verges de
vant elles, pour me pas en avoir des agneaux foi
,, bles ; par ce moyen les foibles appartenoient
» à Laban & les vigoureuſes à Jacob. Ainſi cet
» homme augmenta conſidérablement ſes biens
», & eut de grands troupeaux, des ſervantes &
, des ſerviteurs, des chameaux & des anes. .
D. AMais ne peut - on pas accuſer Jacob de
fraude dans les moyens qu'il employa pour mul
tiplier ſi fort ſon bétail, à ſon avantage 83 au
préjudice de Laban ?
R. Pour diſculper Jacob à cet égard , l'on
peut répondre d'abord : I". Qu'il n'employa au
cune fraude pour tromper Laban ; mais qu'il le
ſervit toujours fidèlement , dans le ſoin & la
conduite de ſes troupeaux malgré ſon avarice
& ſes duretés. 2°. Que l'artifice dont il ſe ſer
vit pour avoir des agneaux & des chevreaux
L 2 IIlºtſ
164 L'A N c I E N T E s T A M E N T.
marquetés, plûtôt que de tout-à- fait blancs,
ou tout - à - fait noirs, n'avoit rien que d'inno
cent en ſoi-même , ou qui ne fut peut être con
nu de Laban & qui ne fut une ſuite de la con
vention faite avec lui. Enfin ce qui juſtifie plei
nement la conduite de Jacob , c'eſt que les mo
yens dont il ſe ſervit pour multiplier les trou
peaux qui devoient lui appartenir , quoiqu'ils
paroiſſent d'invention humaine , ne ſont point
confirmés par une expérience conſtante & que
l'on voit manifeſtement qu'ils lui avoient été
indiqués en ſonge par l'intervention de Dieu
même pour punir Laban de ſon injuſtice , &
dédommager Jacob de tout ce qu'il avoit ſouf
fert au ſervice d'un maitre auſſi dur. L'on en
peut voir des preuves dans ce qui ſera rappor
té dans la ſuite.
D. Comment eſt ce que Laban 83 ſes fils re
garderent cette proſpérité de Jacob & quelles en
furent les ſuites ?
R. Ils la regardérent d'un œil de jalouſie &
avec beaucoup de chagrin ; ce qui obligea Ja
cob ſur l'ordre qu'il en reçut de Dieu, de ſor
tir de ce pays là avec tout ce qui lui apparte
noit de droit, & de retourner au pays de ſes
peres , comme le rapporte Moïſe dans ce qui
Gen. ſuit. * Or Jacob entendit les diſcours des fils
XXXI.
I - 2 I• » de Laban qui diſoient : Jacob a pris tout ce
,, qui étoit à nôtre pere & en a acquis tous ces
» biens qui font à préſent ſa gloire : Il s'apper
,, çut auſſi que le viſage de Laban n'étoit plus
» le même à ſon égard qu'il étoit auparavant.
, De plus l'Eternel avoit dit à Jacob ; Retour
, ne-t- en au pays de tes peres & vers ta pa
» renté, & je ſerai là avec toi ; je te proté
- gerai
M I s E N C A T E c H I s M E. 165
gerai $ te favoriſerai en tout ce que tu feras.
,, Sur cela Jacob fit dire à Rachel & à Léa de
,, le venir trouver aux champs vers ſes trou
» peaux, pour leur parler plus en ſecret, & il leur
» dit ; Je connois au viſage de vôtre pere qu'il
» n'eſt plus le même à mon égard qu'il étoit au
» paravant ; mais le D I E U de mon pere, qui
» a été avec moi juſques ici ne m'abandonnera
» pas : Vous ſavez auſſi que j'ai ſervi vôtre
» pere de tout mon pouvoir ; cependant il s'eſt
» moqué de moi & a changé dix fois mon ſa
» laire ; mais D I E U ne lui a pas permis de
» me faire aucun tort , comme il en avoit le
deſſein ; ou plutôt l' Eternel m'a toujours favoriſé :
» Ainſi quand Laban diſoit, les brebis marque
» tées ſeront ton ſalaire, alors les brebis fai
» ſoient toutes des agneaux marquetés, & quand
» il diſoit , celles qui auront des taches, ou
» des bandes de diverſes couleurs ſeront ton ſa
» laire ; alors toutes les brebis faiſoient des
» agneaux avec des taches , ou des bandes de
,, diverſes couleurs ; en ſorte que l'on peut dire
,, que c'eſt Dieu lui même qui a ôté le bétail à
,, vôtre pere pour me le donner. C'eſt lui en
effet qui m'a découvert le moyen dont je me ſuis
ſervi pour avoir des brebis de la ſorte qui de
voient étre mon ſalaire : ** Car il arriva au tems
» que les brebis entroient en chaleur , que je
» vis en ſonge des boucs qui couvroient les
» chévres , marquetés , tachetés & couverts de
» bandes, & un Ange venu de la part de D I E U
» me dit en ſonge : Jacob ; & lui ayant répon

» du, me voici ; il me dit ; Léve maintenant
, les yeux & regarde ; tit verras que tous les
» boucs qui couvrent les chévres, ſont marque
L 3 ,, tés ,
1 56 L'A N c I E N - T E s T A M E N T.
lil
» tés, tachetés & couverts de bandes de diver
,, ſes couleurs, car j'ai vu tout ce que te fait sº
» Laban , 85 l'eſprit dont il eſt animé envers toi : # !:
» Je ſuis le Dieu fort qui t'ai apparu en Béthel
tr:
» ou tu oignis la pierre que tu dreſſas pour mo la ,
,, nument, quand tu me fis - là un vœu : Main ##
» tenant donc, leve-toi, ſors de ce pays &
#.
» retourne au pays de ta parenté : Alors Ra
» chel & Léa remplies des mèmes ſentimens lui i.
» répondirent : Avons nous encore à eſperer quel stº
» que portion, ou quelque héritage dans la mai
» ion de nôtre pere ? Ne nous a t - il pas trai
» tées , comme des étrangéres ? Car il nous a
, vendues & même il a entiérement mangé
s, nôtre argent ; en s'appropriant le ſalaire de mò
tre mari, ou le ſervice qu'il avoit rendu pour
nous avoir en mariage, ſans que notts y ayons
eu aucune part , comme un maitre qui prend
pour lui le prix d'un eſclave qu'il vend. Il m'a
d'ailleurs aucun lieu de ſe plaindre de la proſpé
rité de môtre mari : ** Car toutes les richeſſes
. ,, que D 1 E U a otées à nôtre pere , pour aug
,, menter le ſalaire de môtre mari nous appar
,, tiennent & à nos enfans : Maintenant donc
,, fai tout ce que D I E U t'a dit ; mous y con
,, ſentons volontiers. Ainſi Jacob ſe diſpoſa à
,, partir & quand tout fut prêt, il fit monter
,, ſes enfans & ſes femmes ſur des chameaux &
,, emmena tout ſon bétail : Il emporta auſſi
,, tout le bien qu'il avoit acquis & tout ce qu'il
,, poſſédoit en Paddan-Aram , pour aller vers
,, Iſaac ſon pere au pays de Canaan : Et com
,, me Laban étoit allé rondre ſes brebis , Ra
,, chel projita de ſon abſence pour dérober les
- » ima
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 167
,, images, ou les idoles (a) de ſon pere : & Ja
,, cob cacha à Laban le deſſein qu'il avoit de
,, s'en aller. Ainſi il s'évada avec tout ce qui
,, lui appartenoit & partit à l'inſcu de Laban,
,, & ayant paſſé le fleuve de l'Euphrate, il prit
,, ſon chemin vers la montagne que l'on appelle
,, à préſent Galaad. -

D. Que fit Laban quand il apprit le départ


clandeſtin de Jacob 85 qu'il avoit emmené avec
lui tout ce qui lui appartenoit ?
R. ,, Le troiſiéme jour après le départ de Ja Gen.
,, cob , on rapporta à Laban que Jacob s'étoit XXX1,22 - 42•
,, évadé avec toute ſa famille ; ſurquoi ayant pris
,, avec lui ſes freres, ou ſes plus proches pa
,, rens, il le pourſuivit pendant ſept journées
,, de chemin, & l'atteignit enfin à la montagne
» de Galaad : Mais D I E U apparut la même
- L 4 » nuit

(a) Les idoles. Il y a dans l'hébreu let Terapbimr.


Ce mot eſt employé dans quelques autres endroits pour
déſigner des figures ou des ſtatuès qui ſervoient à la
divination , ou à quelque culte rcligieux & ſuperſtitieux
ccmme on peut le voir E2ech. XXI. 26. Zach. X. 2.
Cee III. 4 Jug. XVII. 5. XVIII. 17. r. Sam. XV.
23. XIX. 13 , 16. ll paroit de plus par ce dernier
endroit que cette image, ou cette ſtatuë étoit de for
me hun aine ; puiſque Mical la mit dans le lit de
David pour faire croire aux meſſagers de Saül que c'é-
toit lui - même ; mais il eſt difficile de découvrir quel
uſge Laban en faiſoit ; car il eſt plus que probable
par tout ce qui eſt dit de lui & de ſa famille, qu'il
adoroit le vrai Dieu : Cependant il ſe peut que s'étant
laiſſé en r iner par la ſurerſtition du pays, il ſe ſervit
de ces images, ou de ces ſtatuès pour la divination ;
il.ſe peut même que Rachel élevée dans la même opi
nion les lui ait enlevé pour empêcher qu'il ne dé
Vº* Par leur moyen le cheulin que Jacob avoit pris.
f
I68 L'A N c I E N TE sTAMEN T

» nuit en ſonge au dit Laban le Syrien & lui


» dit ; Pren-garde de rien dire à Jacob , ni en
» bien, ni en mal, qui lui faſſe changer de deſ
,, ſein. Laban donc atteignit Jacob , lorſqu'il
,, avoit déja tendu ſes tentes à la montagne
» & tendit auſſi les ſiennes avec ſes freres , en
» la même montagne de Galaad. Après cela
» Laban dit à Jacob ; Pourquoi t'es-tu dérobé
» de moi, & as-tu emmené mes filles comme
,, des priſonnieres de guerre ? Pourquoi m'as-tu
» caché ton départ, & t'es-tu évadé ſans m'en
» rien dire ? Car ſi tu me l'avois dit, je t'euſſe
» accompagné avec des chants de joie, des
» tambours & des harpes : Mais tu ne m'as
» pas ſeulement laiſſé baiſer mes fils & mes filles.
» Aſſurément tu n'as pas agi en homme ſage
» en faiſant celg. J'aurois bien en main le pou
» voir de t'en punir ; mais le D I E U de ton
» pere Iſaac m'a parlé la nuit paſſée en ſonge
,, & m'a dit ; Pren-garde de rien dire à Jacob
» qui lui tourne en mal, ou dont il puiſſe
» être offenſé. Je veux donc bien te pardon
» ner, d'être parti ſi précipitamment, puiſque
» tu déſirois ſi ardemment de rejoindre la fa
» mille de ton pere ; mais pourquoi m'as - tu
» dérobé mes Dieux , ou les ſtatués qui étoient
,, pour moi une eſpéce de divinité : Si je ſuis
» parti , répondit Jacob à Laban, ſans t'en dom
,, mer avis , c'eſt que je craignois & diſois en
,, moi - mème que tu pourrois bien retenir mes
» femmes tes flles ; mais pour le vol dont tu
,, m'accuſes , je conſens que celui chez qui tu
» trouveras tes Dieux ne vive point. Reconnoi
» auſſi en préſence de nos freres ou de nos Pa
» rens, s'il y a chez moi quelque choſe qui
» t'ap
MIs E N C A T E c H I s M E. I69
,, t'appartienrfe ; & repren-le ; car Jacob igno
,, roit que Rachel eut dérobé ces images. Alors
» Laban vint dans les tentes de Jacob, de Léa,
» & des deux ſervantes & ne les trouva point ;
,, & étant ſorti de · la tente de Léa , il entra
,, dans celle de Rachel , qui avoit pris les ima
- / -
)

,e ges, & les avoit cachées ſous le harnois d'un


» chameau, ſur lequel elle ſe tint aſſiſe pen
» dant tout le tems que Laban fouilla toute ſa
,, tente ſans les trouver, & craignant que ſon
,, vol ne fut découvert, ſi elle ſe levoit, elle dit
,, à ſon pere : Que mon Seigneur ne ſe fâche
» point, ſi je ne me leve pas devant lui , pour
hui témoigner mon reſpect, ce qui m'en empeche,
,, c'eſt que j'ai ce que les femmes ont accoutu
» mé d'avoir ; ainſi il ſe contenta d'avoir fouillé
» par tout & ne trouva point ſes images ; mais
» Jacob tout en colère de ce que Laban lui
» avoit imputé un crime ſans aucun fondement ,
» comme il avoit lieu de le croire ſur les re
,, cherches qui venoient d'ètre faites, lui parla
» à ſon tour très vivement & lui dit ; Quel
» eſt mon crime ? Quel eſt mon péché ; que tu
,, m'ayes pourſuivi ſi ardemment, comme ſi j'é-
,, tois un voleur * Car tu viens de fouiller tout
,, mon bagage , pour dévouvrir le vol que tu
,, m'imputes * Qu'as-tu donc trouvé de tous les
,, meubles de ta maiſon ? Produi-les ici devant
» mes parens & les tiens & qu'ils ſoient juges
» entre nous - deux. J'ai été avec toi plus de
» vingt ans : tes brebis & tes chevres n'ont
» point avorté ſous ma conduite : je n'ai point
» mangé les moutons de tes troupeaux : je ne
» tºi point porté en compte ce qui a été dé
» chiré par les bêtes ſauvages, j'en ai ſupporté
5 » la
17o L'AN c 1 E N T E s T a M E N T
,, la perte & tu redemandois de ma main, ce
» qui avoit été dérobé par d'autres perſonnes,
,, de jour auſſi bien que de nuit. De jour le
» hale me conſumoit & de nuit la gelée. Je
,, t'ai ſervi vingt ans paſſés dans ta maiſon ;
,, quatorze ans pour tes deux filles & ſix ans
,, pour tes troupeaux & tu m'as changé dig
» fois mon ſalaire : Si le DIE U de mon pere ,
,, le D I E U d'Abraham, celui que mon pere
,, Iſaac ſert encore avec crainte, n'eut été pour
,, moi, 83 me m'ent manifeſtement favoriſé, tu
» m'euſſes aſſurément renvoyé à vuide de chez
,, toi ; mais D I E U qui a vu tout ce que j'ai
,, eu à ſouffrir , & tout ce que j'ai fait pour
,, toi, t'a averti la nuit paſſée de ne me faire au
cun mal.
D. Que répondit Laban à ces reproches de Ja
cob 85 comment ſe termina leur entrevuë ?
Gen.
X X X I.
R. ,, Laban répondit à Jacob & lui dit ;
43 - 55. » Ces filles à préſent tes femmes ſont mes filles,
,, & ces enfans qui en ſont nés ſont mes en
,, fans, comme les tiens : Ces troupeaux ſont
» mes troupeaux, nés & élevés chez moi, &
,, tout ce que tu vois m'appartient comme à toi.
» Et que pourrois - je faire aujourd'hui de plus,
» pour mes filles & pour les enfans qu'elles ont
» mis au monde, que de t'abandonner tout
» cela ? Maintenant donc, vien, faiſons en
» ſemble une alliance, & qu'elle ſerve de té
,, moignage entre moi & toi, pour la ſureté de
,, tout ce que je te dis. - Jacob y conſentit de
,, ſon côté très volontiers , & ayant pris une
,, pierre il la dreſſa pour monument de l'accord
,, qui alloit ſe paſſer entr'eux & dit à ſes pa
» rens, ou à Laban $ à,ſa ſitite, d'amaſſer cha
- »2 CuIl
7M 1 s : EN C A T E c H I s M E. I7I
# cun des pierres, qu'ils apportérent & en fi
,, rent un monceau ſur lequel ils mangérent
enſemble, de bonne amitié, en confirmation de
s, cette alliance. C'eſt pourquoi Laban appela
s, ce monceau Jegar-Sahadutha ; c. à d en lan
,, gue Syriaque , le monceau du témoignage, &
,, Jacob l'appela Galgned, c. à d. en Hébreu le
,, monceau du témoin. Puis Laban ajouta ; Ce
» monceau ſera aujourd'hui un témoignage de
,, l'alliance fuite entre moi & toi, & à cauſe
» de cela on l'appelera Galgned , ou Galaad Il
» fut auſſi appelé Mitſpa, c. à d. une guérite,
un lieu d'où l'on prend garde à ce qui ſe paſſe ;
» parce que Laban avoit dit ; L'ET E R N E L
» prendra garde à moi & à toi, quand nous
» nous ſerons ſéparés l'un de l'autre. Si tu mal
» traites mes filles, ou ſi tu prens une autre
» femme que mes filles ; ce ne ſera pas un hom
;, me qui ſera témoin entre nous ; prens y bien
», garde : c'eſt Dieu qui eſt témoin entre moi
», & toi. Laban dit encore à Jacob ; Regarde
,, ce monceau de pierres, & conſidére le mo
» nument que j'ai dreſſé avec mes freres entre
», moi & toi. Ce monceau & ce monument ſe
;, ront témoins, ou ſerviront de bornes entre
» nous ; enſorte que ni moi ni toi ne paſſerons
» point ce monceau , pour nous faire du mal
» l'un à l'autre. Que le D I E U d'Abraham &
» le D I E U , de Nacor ſon frere & le Dieu
» de leur pere Taré, ſoit juge entre nous, $
Pimiſſe celui qui manquera à cette alliance. Ja
» cob jura auſſi de l'obſerver par la frayeur de
» ſon pere Iſaac, c. à d. par le même Dieu que
» ſon pere Iſaac ſervoit avec crainte : Et Jacob
» offrit un ſacrifice ſur la montagne & invita
f01ſ 5
Y72 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, tous ſes parens au repas qui le ſuivit. Ils y
, aſſiſtérent tous & paſſérent la nuit ſur la mon
,, tagne à manger enſemble. Puis Laban ſe le
,, vant de bon matin , baiſa ſes fils & ſes fil
,, les, & après leur avoir ſouhaité toutes ſor
,, tes de biens, il partit , & s'en retourna
» chez lui. -

C H A P I T R E X II. - .

"

Contenant la ſuite du voyage de Jacob,


juſqu'à ſon arrivée à Hébron, où il trou
ve Iſaac ſon pere qui meurt peu après,
& y eſt enſéveli par ſes fils Jacob &
Eſaü dont la poſtérité eſt rapportée.
D. U alla Jacob après que Laban l'eut
quitté ? -

Gen. R. ,, Jacob continua ſon chemin , & des An


XXXII.
I » 2.
,, ges envoyés de Dieu ſe préſentérent à lui en
,, viſion , ou en ſonge pour l'aſſurer de plus en
,, plus de la protection de Dieu : Et quand Ja
,, cob les eut vu, il dit ; C'eſt ici le camp de
,, Dieu, & il nomma ce lieu-là Mahanajim ,
c. à d. les deux camps ; voulant par-là faire con
moitre à la poſtérité qu'il y avoit eu en cet en
droit deux camps , celui de Dieu, 85 le ſien
propre ( a ). -

D.• Quelle
( a ) Et le ſien propre. D'autres interprêtes veulent
que les Anges de Dieu ayent été en ſi grand nom
bre, qu'ils 2yent forme comme deux camps , ou deux
armées
IM I s E N C A T E c H I s M E. 173

D. Quelle précaution prit cependant Jacob


pour s'aſſurer un heureux ſuccès dans ſon vo
yage ?
R. ,, Jacob ſachant qu'il devoit paſſer près du
pays qu'habitoit alors ſon frere Eſaii 85 voulant x# -

prévenir le deſſein qu'il auroit eu de lui nuire, 7-,.


par des civilités 83 des préſens propres à gagner
ſon cœur, " envoya des Meſſagers devant lui
,, vers Eſaü ſon frere, au pays de Séhir, dans
,, le territoirre d'Edom , où il demeuroit alors
comme étranger, 85 qui fut depuis, le pays des
Amalekites ſes deſcendans, * & Jacob donna or
,, dre à ſes Meſſagers de parler de cette maniere
,, à Eſaü , qu'il appele par civilité ſon Seigneur :
,, Ainſi a dit ton ſerviteur Jacob ; j'ai demeuré
, comme étranger chez Laban, & j'y ai ſéjour
» né juſqu'à préſent. J'ai des bœufs, des anes,
», des brebis, des ſerviteurs & des ſervantes :
,, je m'ai beſoin de rien, graces à Dieu , & ſi
», j'ai envoyé annoncer mon arrivée à mon Sei
,, gneur; c'eſt ſeulement pour trouver grace de
» vant lui 85 pour être reçu de lui agréablement
83 en bon frere. Au bout de quelques jours,
,, les meſſagers retournérent à Jacob & lui di
» rent : Nous ſommes venus vers ton frere
», Eſaü , pour lui faire tes complimens : il nous
», a bien reçus & il vient au devant de toi ac
» compagné de quatre cents hommes.
D. Que fit Jacob à l'ouie de cette nouvelle.
R. ,, Jacob craignit dabord beaucoup le Gen.
reſſentimens d'un frere à qui il avoit donné tant XXXII.
» de 7-23, .
armées, dont l'une étoit compoſée d'Anges qui l'avoient
accompagné juſqu'à Galaad, & l'autre d'Anges qui de
Voient le çonduire dans le reſte de ſon voyage.
/

174 L'A N c 1 E N T E s T A M E NT
e, de ſujets de plainte & fut dans une grande
», angoiſſe; mais étant un peu revenu à lui-même
,, il prit ſon parti , & ayant partagé le mon
», de qui étoit avec lui, auſſi bien que les bre
», bis, les bœufs & les chameaux en deux ban
,, des ; il dit : Si Eſaü vient à une de ces ban
s, des & qu'il la frappe ou qu'il l'enléve, la ban
s, de qui demeurera de reſte échapera. De plus
,, Jacob adreſſa à Dieu cette priere : O D I E U
,, de mon pere Abraham , D1 E U de mon pe
s, re Iſaac, qui les as toujours favoriſés de tou
», ſecours ; O ET E RN E L qui m'as dit; Re
», tourne en ton pays & vers ta parenté, & je
», te ferai du bien : Je ſuis petit 85 fort au deſ
», ſous de toutes tes gratuités, & de la fidélité
», avec laquelle tu as accompli toutes les promeſ
», ſes faites à ton ſerviteur ; car j'avois paſſé
», ce fleuve du Jourdain n'ayant que mon ba
,, ton ; mais maintenant je ſuis prêt à le re
,, paſſer avec ces deux troupes nombreuſes : Je
,, te prie , délivre-moi de la main de mon frere
», Eſaü ; car je crains qu'il ne vienne & qu'il
» ne nous frappe tous, moi, la mere & les en
», fans : Cependant tu m'as promis de me faire
,, du bien & de rendre ma poſtérité auſſi nom
,, breuſe que le ſable de la mer qui ne ſe peut
,, compter. Après cela Jacob ſe diſpoſa à paſſer
,, la nuit en ce lieu - là & prit de ce qui lui
» vint en main pour en faire un préſent à Eſaü
,, ſon frere , ſavoir, deux cent chévres, vingt
» boucs, deux cent brebis, vingt béliers, trente
,, femelles de chameaux qui allaitoient & leurs
,, petits, quarante jeunes vaches, dix jeunes
,, taureaux, vingt aneſſes & dix anons. Et il
, les remit à ſes ſerviteurs , chaque troupeau
99
MIs E N CA T E C H I s M E. 175
, à part, & leur dit : Paſſez devant moi, &
, faites qu'il y ait de la diſtance entre un trou
,, peau & l'autre. Puis il donna cet ordre à ce
,, lui qui conduiſoit le premier troupeau : Quand
,, Eſaü mon frere te rencontrera & te deman
,, dera : A qui tu es ? où tu vas ? & à qui
,, ſont ces choſes qui ſont devant toi : Alors
,, tu lui répondras ; Je ſuis à ton ſerviteur Ja
,, cob : C'eſt un préſent qu'il envoye à mon
, Seigneur Eſaü & lui même vient après nous.
,, Jacob donna le même ordre au ſecond con
,, ducteur & au troiſieme & à tous ceux qui
,, faiſoient marcher les troupeaux devant eux ;
,, diſant ; Vous parlerez ainſi à Eſaü quand
» vous l'aurez rencontré & vous ne manquerez
,, pas de lui dire : Ton ſerviteur Jacob nous
,, ſuit de près & il arrivera bientôt : car il di
», ſoit en lui - même ; J'appaiſerai ſon couroux
» par ces préſens dont je me ferai préceder ; je
» le verrai enſuite ; peut-être me regardera-t-il
,, alors favorablement. Il fit donc préceder ſes
» préſens ; mais lui demeura cette nuit-là avec
,, la troupe 83 toute ſa famille dans le camp
» où il avoit dreſſé ſes tentes ; & s'étant levé
, cette nuit avant jour , il prit ſes deux fem
,, mes, ſes deux ſervantes & ſes onze fils avec
» Dina leur ſœur & leur fit paſſer avant lui le
,, gué du Jabbok, qui ſe jette dans le Jourdaiu
» avec tout ce qui lui appartenoit, 85 il refta
le dernier ſeul en deça du torrent.
D. Qu'eſt - ce qui lui arriva d'extraordinaire '
après que toute ſa troupe fut paſſée ? -

R. , Jacob étant reſté ſeul, un Ange qu'il cºn.


» prit pour un homme, vint le ſaiſir par le XxXII:
» corPs $ lutta contre lui juſqu'au lºi
de 24-3*-
», l'au
176 L'A N c I E N TEsTAMEN T
», l'aurore ; & quand cet inconnu vit qu'il ne
», pouvoit pas en être le maitre , il toucha ſi
,, fortement l'endroit de l'emboiture de la hanche
» de Jacob, qu'elle fut démiſe en luttant con
s, tre lui. Alors le Lutteur lui dit ; Laiſſe-moi
,, aller ; car l'aurore eſt levée ; mais Jacob ju
geant par ce qu'il venoit de ſentir à ſa cuiſſe qu'il
avoit à faire a quelcun plus fort qu'un homme,
,, lui répondit ; Je ne te laiſſerai point aller
», que tu ne m'ayes béni, ou promis de me faire
», du bien : Quel eſt ton nom , lui repartit
», l'Ange ; je m'appele Jacob, répondit-il : Eh
s, bien , continua l'Ange, ton nom ne ſera pas
,, ſeulement Jacob ; mais on t'appelera auſſi lſ
,, raël , c. à d. Il a. combattu avec Dieu ; car
,, tu as combattu avec D I E U , ou celui qui le
,, repréſente, & avec les hommes, Eſaii, Laban
·,, 83 autres, & tu as été le plus fort. Jacob
,, lui dit à ſon tour, je te prie, déclare - moi
,, ton nom : Pourquoi, répondit il, demandes
, tu mon nom ? Ne dois tu pas me connoitre
,, par ce qui vient de t'arriver , & au lieu de
,, lui dire ſon nom , il donna ſa bénédiction à
,, Jacob, en lui annonçant toutes ſortes de biens
& l'aſſirant de ſa faveur, 85 dans le moment
,, il diſparut ; mais Jacob convaincu par cette
,, bénédiction, qu'elle venoit de Dieu , nomma ce
,, lieu-là Peniel , ou Phanuel c. à d. la fuce de
,, Dieu , car, dit - il, j'ai vu D I E U , ou ſon
,, Ange face-à-face, & mon ame a été délivrée,
' ou je n'ai point perdu la vie : (comme on croyoit
communément que cela devoit arriver à ceux à
,, qui Dieu apparoiſſoit. ) Et le ſoleil ſe leva
,, auſſi-tôt que Jacob eut quitté Peniel, boitant
,, ſur ſa hanche qui avoit été frappée. C'eſt
» pour
MIs EN C A T E c H 1 s M E. 177
,, pourquoi juſqu'à ce jour les enfans d'Iſrael,
,, pour perpétuer la mémoire de cet événement,
,, ne mangent point de nerf des animaux , qui
,, eſt à l'endroit de l'emboiture de la hanche ;.
,, parce que l'Ange avoit touché l'endroit qtti
,, tient à ce nerf.
D. En ſippoſant , comme on le fait , avec
beaucoup de fondement que ç'ait été un Ange en
voyé de Dieu qui ait lutté avec Jacob, quel peut
avoir été le bttt de cette lutte myſtérieuſe.
Re. La réponſe la plus ſatisfaiſante que l'on
puiſſe donner à cette queſtion & qui eſt auſſi
la plus ſuivie, c'eſt que Dieu voulut fortifier
Jacob contre la crainte qu'il avoit d'Eſaü , en
lui faiſant entendre que s'il avoit pu réſiſter à
un Ange de Dieu & ſe tirer avec honneur d'un
combat , dans lequel il auroit pu aiſément
ſuccomber, il n'avoit rien à craindre des mau
vais deſſeins d'Eſaü ; pourvû qu'il ſe confiat
dans le ſecours de Dieu dont les promeſſes de
voient lui être un ſûr garant du ſuccès, par
l'expérience qu'il en avoit déja faite ; à quoi
l'on peut ajouter que le coup dont il fut frappé
dans cette lutte ne fut que pour lui faire con
noitre la puiſſance de celui avec qui il avoit eu
à faire , & non pour lui infliger aucun mal
permanent ; puiſqu'il ne le ſentit pas , lors
qu'il en fut frappé, & qu'il y a toute appa
rence que le boitement dont il fut ſuivi me fut
que paſſager.
D. Comment ſe paſſa enſuite l'entrevuë de Jacob
avec Eſuii ?
R. » Jacob continuant ſon chemin $ ayant Gat.
» vu de loin Eſaü qui venoit à lui avec quatre XXXIII.
» cents hommes, partagea auſſi tôt ſes enfans en " *
Tome I. M trois
178 L'A N c I E N T EsT A M ENT
» trois bandes, l'une ſous Léa ; l'autre ſous
,, Rachel, & l'autre ſous les deux ſervantes ;
,, & il mit à la tète les ſervantes avec leurs en
,, fans ; Léa & ſes enfans marchoient enſuite
,, & Rachel avec Joſeph étoient les derniers :
», Et Jacob s'avançant à leur tête au devant
», d'Eſaii ; dès qu'il le vit, ou qu'il fut à por
», tée d'être apperçu de lui, il ſe proſterna en
», terre par ſept fois, juſqu'à ce qu'il fut près
,, de ſon frere. Eſaü de ſon côté accourut au
,, devant de lui , l'embraſſà & ſe jettant à ſon
,, cou , il le baiſà & ils répandirent tous deux
, des larmes de tendreſſe. Puis Eſaü ayant jet
,, té les yeux ſur les femmes & les enfans qui
,, ſuivoient ſon frere , il lui dit ; Qui ſont ces
,, enfans ? ſont - ils à toi ? Ce ſont, répondit
,, Jacob , les enfans que Dieu a donné dans ſa
,, faveur à ton ſerviteur. Et les ſervantes s'ap
,, prochérent les premieres avec leurs enfans &
,, ſe proſternérent devant Eſaü : Enſuite vint
,, Léa avec ſes enfans qui ſe proſternérent de
,, méme. Enfin Joſeph & Rachel s'approchérent
,, auſſi & le ſaluérent avec reſpect. Après cela
s, Eſaii dit encore à Jacob ; que veux-tu faire .
;, de tous ces troupeaux de bétail que j'ai ren
,, contré ? Ce ſont , répondit Jacob , des pré
,, ſens que j'envoye à mon Seigneur pour trouver
,, grace devant lui , $ nte concilier ſon amitié
,, 83 ſa faveur : J'ai, reprit Eſaü , de tout cela
,, abondamment ; mon frere, garde ce qui eſt
, à toi ; je n'en ai pas beſoin ; Mais, Jacob re
,, partit ; Non , je te prie, ſi j'ai maintenant
,, trouvé grace devant toi : Si tu veux me faire
plaiſir 85 que j'aye quelque part à ton amitié ,
,, reçoi ce préſent de ma main; parce que j'ai
- Vll
MIs EN C A T E c H I s M E. 179
» vu ta face, comme ſi j'avois vu la face d'un
,, D I E U qui m'eſt favorable, & parce que tu
,, t'es montré à moi avec un viſage appaiſé qtti
,, me promet ton amitié : Reçoi , je t'en conjure,
» mon préſent qui t'a été amené ; car par la
» grace que Dieu m'a faite, j'ai de tout abon
,, damment , & il le preſſà tant qu'Eſºti accepta
,, ſes préſens. Celui - ci dit encore à ſon frere :
» Partons d ici de compagnie & je marcherai
» avec ma troupe devant toi , pour te conduire
dans la route, au moins juſqu'au paſſage du Jour
», dain ;n mais Jacob ·lui, répondit : Monſeigneur
,, ſait que ces enfans ſont foibles, ou ne ſont
,, pas aſſez forts pour te ſuivre ; & je ſuis char
» gé de brebis & de vaches qui allaitent : , Si
» on les preſſe un ſeul jour, tout le ttoupeau
,, périra : Je te prie que mon Seigneur ai e
2» toujours devant ſpn ſerviteur , & je ſlivrai
, tout doucement , aû pas dé ce bagâge qui me
» précéde, & au pas de ces enfans, juſqu'à ce
» que j'arrive chez mon Seigneur en Séhir ;
,, j'y conſens , dit Eſaû ; mais permet au moins,
,, que je te faſſe eſcorter par une partie de ma
» troupe, pour te montrer le chemin. : A quoi
,, bon cela ? répondit Jacob, je n'ai pas beſoin,
,, de ce ſecours, & ſi j'ai trouvé grace aupres de
, toi mon Seigneur, oit ſi tu veux me faire plai
ſir, je m'en paſſerai. , . . -

D. Comment donc ſe ſéparérent - ils ? .


R. ,, Eſaü s'en retourna ce jour - là par ſon c.m.
,, chemin en Séhir, & Jacob, après avoir paſſé XXXIII.
, quelque tems avec lui s'en alla à Succoth, où ***
», il ſe fit une habitation pour ſoi 85 ſa fa
,, mille & fit des cabanes pour ſon betail ; c'eſt
» pourquoi l'on nomma ce lieu - là Succoth ,
M 2 c. à d.

-°:: *
•°
18o L'A N c I E N T E s T A M E N T.
c. à d. des tentes, ou des cabanes. Au bout de
,, quelques années, Jacob quitta encore cet em
º
,, droit 85 arriva ſain & ſauf ( a ) à la ville de
, Sichem, dans le pays de Canaan , malgré les
,, dangers qu'il avoit couru en venant de Pad
,, dan-Aram & ſe campa devant la ville, où il
,, acheta une portion du champ dans lequel il
, avoit dreſſé ſa tente, de la main des enfans
,, d'Hemor pere de Sichem. pour cent Keſites,
ou cent pieces d'argent
g ſur leſauelles
9 étoit em--
preinte la figure d'un agneau, d'où l'on croit que
cette monnoye tiroit ſon mom (b) & il dreſſa - là
- | º ' - ' ° ' - º ,, un
- ' ) · nº 7 , , , : il , a
•, -

(a) Sain $ ſauf L'Hébreu porte Schalein , que


quelques , lnterprêtes ont pris pour le nom de la ville
vù il arriva , laquelle fut dans la ſuite appelée Sichem ;
mais il ne paroit pas par aucun autre endroit, que Sichem
ait jamais été appelée Salem , ni que Salem dont Mel
chiſédec étoit Roi, puiſſe être la même que Sichem :
au lieu qu'en traduiſant ſain & ſauf comme nous l'a-
vons fait ; cela ſe rapporte aux fatigues que Jacob
avoit eſſuyé depuis ſon départ de Paddam Aram.
( b ) D'où l'on croit que cette monuoye tiroit ſon
mom C'eſt pour cela ſans doute que la Paraphraſe Chal
daïque, la verſion des 7o. la valyate, ſuivies de pluſieurs
autres interprêtes, ont traduit cet endroit par cent agneaux
au lieu de cent pieces d'argent, fondés 1". Sur ce que
les richeſſes de Jacob devoient conſiſter en bétail piu
tôt qu'en argent. 2°. Que l'on ignore abſolument la
valeur de cette prétenduë monnoye ; & 1°. Qu'à la
prendre au prix que les Docteurs Juifs lui donnent
qui eſt d'environ un ſou tournois , la piece de terre
en queſtion devoit valoir probablement beaucoup plus.
Ceux au contraire qui veulent qu'il s'agit ici d'une
piece de monnoye , diſent 1". Que le terme original
n'eſt jamais employé dans l'Ecriture pour un agneau ,
ſi ce n'eſt dans cet endroit & dans deux autres paral
- - leles
-
M Is EN C A T E c H I s M E. I8Y
, un autel auquel il donna le nom du D I E U
,, Fort, le D 1 E U d'Iſraël ; parce qu'il lui étoit
conſacré.
D. Qu'arriva-t-il à la famille de Jacob dans
ce nouvel établiſſement qui l'obligea à le quitter
pour ſe tranſplanter ailleurs ?
R. , Dina la fille que Léa avoit enfantée à Gº.
,, Jacob, ſortit de ſa tente, pour voir les fil- XXXIV.
,, les du pays ; apparemment dans quelque fète ***
qui avoit raſſemblé à Sichem la jeuneſſe du voiſi
,, nage : Et Sichem fils d'Hémor Hevien Prin
,, ce du pays, l'ayant vue, l'enleva, coucha avec
,, elle & lui fit violence : Dès lors ſon cœur
,, fut attaché à Dina fille de Jacob, il aima la
,, jeune fille & lui parla ſelon ſon cœur, en
l'aſſurant ſans doute qu'il avoit deſſein de l'épou
,, ſer. Sichem parla auſſi à ſon pere dans la
même vuë, & lui ayant fait l'aveu de ſa paſſion ,
,, il le fupplia de demander pour lui cette fille
,, pour ètre ſa femme. Jacob d'un autre côté
,, apprit que ce Prince avoit violé ſa fille Di
» na ; mais ſes fils étant alors avec ſon bétail
,, aux champs, il ſe tut & ne fit point éclater
» ſa douleur, juſqu'à ce qu'ils fuſſent de re
3 ,, tour

leles qui ſont également conteſtés. 2". En particulier,


lorſqu'il eſt dit Job. XLII. 11. que chacun des amis
de Job lui donna une Keſte , il eſt plus apparent que
ce fut une piece de monnoye qu'un agneau , qui ne
convenoit guères à ſa ſituation. 3°. Tous les interpré
tes Juifs rendent ce terme par une piece de monnoye
de la valeur d'un ſou que les Arabes appelent auſſi de
même nom. Enfin quoique Jacob fut plus riche en
bétail qu'en argent monnoyé , il conſte cependant par
Pluſieurs endroits de ſon hiſtoire qu'il étoit pourvû de
cette ſorte de richeſſe. - -
182 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, tour. Cependànt Hémor pere de Sichem vint
,, à Jacob pour s'entretenir avec lui ſur ce ſujet ;
,, Et les fils de Jacob ayant appris à leur re
,, tour des champs ce qui s'étoit paſſe, en eurent
,, une vive douleur & furent fort irrités de l'in
,, famie que Sichem avoit commiſe, au deshon
,, neur de toute la famille d'Iſrael leur pere ,
,, en couchant avec ſa fille contre toute honnê
,, teté 85 contre leur devoir. Sur cela Hémor
,, leur parla en ces termes : Sichem mon fils
,, a mis ſon afſection en vôtre fille ou vôtre
,, ſetr; donnez la lui , je vous prie, pour fem
,, me : Alliez-vous auſſi avec nous ; donnez
,, nous de vos filles & prenez en des nôtres en
,, mariage pour vous : Habitez avec nous : le
,, pays ſera à vôtre diſpoſition. Demeurez - y ;
,, trafiquez-y & y ayez des poſſeſſions ; mous y
,, conſentons très volontiers. Sichem dit auſſi au
,, pere & aux freres de la fille ; Que je trou
,, ve grace devant vous : Pardonnez-moi l'action
ue j'ai commiſe, 85 ſi la demande que je vous fais
e Dina pour ma femme vous eſt agréable, je
,, donnerai tout ce que vous me demanderez :
,, Fuites monter ſa dot , ou ce que je dois vous A"

,, donner pour elle, auſſi haut que vous vou


,, drez : d mandez - moi tel préſent qu'il vous
,, plaira , & je donnerai ce que vous me direz ;
,, pourvù que vous me donniez la jeune fille
,, pour femme. - Alors les enfans de Jacob firent
,, à Sichem & à Hémor ſon pere une réponſe
,, captieuſe & frauduleuſe, parce qu'il avoit
,, violé leur ſœur Dina , & ils leur dirent :
,, Nous ne pourrions jamais conſentir à donner
,, nôtre ſœur en mariage à un homme incir
» concis ; car ce nous ſeroit un opprobre ; mais
- x nOuS
M1 s E N CA T E c H 1 s M E. 183
» nous pourrons nous accommoder 83 conſen
», tir à vôtre demande ; pourvû que vous deve
,, niez ſemblables à nous, en faiſant circoncire
» tous vos mâles, comme nous le ſommes. Alors
,, nous vous donnerons de nos filles en ma
,, riage, & nous en prendrons des vôtres pour
,, femmes ; nous demeurerons avec vous , &
,, nous ne ſerons qu'un ſeul peuple : Mais ſi
,, vous ne conſentez pas d'ètre circoncis, nous
,, prendrons nôtre fille & nous nous en irons.
, Ces diſcours 85 cette condition en particulier
,, furent reçuës agréablement d'Hémor & de
, Sichem ſon fils, & ce jeune homme ne dif
» fera point d'agir en conſéquence ; car la fille
,, de Jacob lui agréoit beaucoup & il étoit le
,, plus conſideré de tous ceux de la maiſon de
,, ſon pere. Hémor donc & Sichem vinrent à
» la porte de leur ville, où le peuple a accoutu
,, mé de s'aſſembler & parlérent ainſi aux habi
» tans de leur ville. Ces gens - ci, ( parlant de
» Jacob & de ſa famille ) vivent paiſiblement
,, avec nous. Permettons-leur d'habiter au pays
» comme mous & d'y trafiquer : Le pays eſt
» d'une aſſez grande étendue pour eux ê5 pour
,, nous. Nous prendrons de leurs filles en maria
» ge & nous leur en donnerons des nôtres =
» Il y a ſeulement une condition qu'ils exigent
» de nous, & ſous laquelle ils conſentent de
» demeurer avec nous, pour ne faire qu'un ſeul
» peuple ; c'eſt que tout mâle d'entre nous
» ſoit circoncis, comme ils le ſont eux-mê
» mes ; moyennant cela leur bétail, toutes
» leurs bêtes, ou leurs eſclaves & tous les biens
» qu'ils poſſedent ne ſeront - ils pas à nous,
» comme à eux. Ayons ſeulement pour eux cette
M 4 2 » COIl
184 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, condeſcendance & ils habiteront toujours avec
,, nous Ce qui ayant été entendu de tous ceux
,, qui entroient & ſortoient par la porte de la
,, ville , ou qui y étoient aſſemblés, ils ſe fou
,, mirent volontiers à ce qu'Hémor & Sichem
,, lon fils leur avoient propoſé 85 tout male
,, d'entr'eux fut circoncis.
D. Quelles furent les ſuites de cette condeſcen
dance des Sichemites ? -

R. ,, Au troifieme jour de leur circonciſion ,


,, comme ils étoient encore dans la ſouffrance,
,, deux des enfins de Jacob, Siméon & Lévi
,, freres uterms de Dina , les mêmes apparem
ment qui avoient propoſé frauduleuſement à Si
che n de ſe faire circoncire avec tout ſon peuple,
» ayant pris chacun ſon épée, ſuivis ſans dou
,, te de leurs domeſiiques, entrérent hardiment
,, dans la ville & aliants de maiſon en maiſon ils
,, en tuérent tous les mâles. Ils paſſérent auſſi
,, au fil de l'epée Hémor & Sichem ſon fils &
,, retirérent Dina de la maiſon de Sichem &
,, ſortirent de la ville. Ces perſonnes étant
,, tuées, les autres fils de Jacob , qui appri
· rent ce qu'avoient fait Siméon 85 Lévi vinrent
,, & pillérent la ville; parce qu'on avoit violé
,, leur ſœur. Ils prirent les troupeaux & les
» bœufs qui étoient dans la ville & à la cam
,, pagne , & tous leurs biens & tous leurs pe
,, tits enfans, & emmenérent priſonniers leurs
,, femmes, après avoir pillé tout ce qui étoit
,, dans leur maiſon. Alors Jacob dit à Siméon
,, & Lévi ; Vous me jettez dans un grand trou
,, ble par l'action que tous venez de faire , car
,, je vai etre en mauvaiſe odeur parmi les ha
» bitans du pays, tant Cananéens que Phéré
- - 2, Z1CI1S ,
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 185
,, ziens : Et comme je n'ai que peu de monde
,, avec moi, pour me deff ndre, ils s'aſſemble
,, ront contre moi , " me frapperont & me dé
,, truiront moi & toute ma famille : Mais ſes
,, fils lui répondirent ; Traiteroit-on donc impu
,, nement nôtre ſœur comme une paillarde ?
Un tel aff, ont ne méritoit - il pas tout notre reſ
ſentiment ?
D. Comment eſt-ce que ces frayeurs de Jacob
furent dujipees ? -

R. ,, D I E U dit alors à Jacob : Leve - toi , ceu.


,, quitte ce lieu-ci , va-t-en à Béthel, demeures- XXX V.
,, y & y dreſſe un autel au D I E U Fort qui * " *
,, t'apparut , quand tu fuyois de devant Elaü
» ton frere, comme tu en fis alors le vœu ,
», Gen. XXVII l. 2o. Surquoi Jacob dit à ſa
» famille & à tous ceux qui étoient avec lui :
,, Otez les ſimulacres des Dieux des étrangers
» qui ſont au milieu de vous, s'il y en a en
» tre vos mains : Purifiez - vous de toute ſouil
» lure charnelle & changez de vêtemens , ott
vous dépouillez de tous ceux qui pourroient être
» ſouilles. Enſuite, levons - nous & allons à Bé
» thel, où je dreſſerai un autel au D I E U Fort
» qui m'a répondu au jour de ma détreſſe &
», qui a été avec moi dans les voyages que j'ai
» faits : Ils donnérent donc à Jacob toutes les
», idoles des Dieux étrangers qu'ils avoient en
» leur pouvoir, & les bagues qu'ils mettoient
» à leurs oreilles , lorſqu'ils leur rendoient
» quelque culte ſuivant la coutume des idola
» tres ; & il les cacha ſous un chène qui étoit
» auprès de Sichem : Puis ils partirent & D 1 E y
» répandit une frayeur ſur les habitans des vil
» les des environs, qui fit qu'ils ne pourſuivi
j »» rent
Y86 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, rent point les enfans de Jacob : Ainſi Jacob
,, & tout le peuple qui étoit avec lui vint à
,, Luz qui eſt au pays de Canaan, qui fut de
,, puis nommée Béthel, & il y bâtit un autel
,, ſelon l'ordre de Dieu , & nomma ce lieu-là
,, le Dieu Fort de Béthel ; car Dieu , lui étoit
,, apparu là , quand il s'enfuyoit de devant
,, ſon frere. Alors mourut Débora la nourrice
,, de Rebecca, (que l'on préſume avoir vécu plus
,, de cent ſoixante ans ) & elle fut enſévelie au
,, deſſous de Béthel ſous un chêne, qui fut ap
,, pelé à cauſe de cela Allon-baccuth c. à d. le
chêne du deuil.
D. Qu'eſt - ce qui rendit ce lieu de Béthel en
core plus célèbre ?
Gen.
XXXV.
' R. Ce fut que * Dieu y apparut encore à
9 - I5. ,, Jacob depuis ſon retour, ou quand il reve
,, moit de Paddan-Aram & le bénit de nouveau,
,, en lui diſant ; Ton nom eſt Jacob ; mais tu
,, ne ſeras plus nommé Jacob ; car ton nom
,, ſera Iſraël ; & il le nomma Iſraël : D I E U
,, lui dit auſſi ; Je ſuis le Dieu Fort, Tout
,, puiſſant : Tu croitras de plus en plus en ri
,, cheſſes , & tu augmenteras en force $ en puiſ
ſance par le nombre de tes deſcendans ; car mon
,, ſeulement une nation , mais une multitude de
,, nations naitra de toi ; même des Rois ſorti
,, ront de tes reins ; & je te donnerai le pays
,, que j'ai donné, ou promis à Abraham & à
,, Iſaac & je le donnerai à ta poſtérité après
,, toi. Dieu ou ſon Ange étant enſuite remonté
,, au ciel, du lieu où il lui avoit parlé, Jacob
,, dreſſa au mème endroit une pierre pour mo
,, nument de cette viſion & fit ſur elle une aſ
» perſion, en y repandant de l'huile. Ce † C6:

- - », l1Cll
MIs E N C A T E c H I s M E. 187
,, lieu où Dieu lui avoit parlé, que Jacob nom
,, ma Béthel, c. à d. la maiſon du Dieu Fort.
D. Jacob s'arrêta t - il donc dans ce lieu - là
où il ſembloit que Dieu avoit fixé ſa demeure ?
R. Non , m is ſon deſſein étant d'aller join
dre ſon pere Iſaac à Mamré : " ils partirent ,.Geº.
,, de Béthel pour ſe rendre à 1phrata, qui étoit #
,, ſur la route : & i's n'avoient plus qu'un petit
,, eſpace de chemin à faire pour y arriver , lorſ
, que Rachel accoucha, après avoir été dans un
,, grand travail : Et comme elle avoit beaucoup
,, de peine à accoucher, la ſage femme lui dit ;
,, pren courage , ne crain point ; car tu as en
,, core ici un fils : Et Rachel rendant l'ame ,
» ( car elle mourut ) donna à ce fils le nom de
» Benoni, c. à d. le fils de ma douleur ; mais ſon
» pere l'appela Benjamain , c. à d. le fils de la
droite , ou des jours : pour dire qu'il eſperoit
que cet enfant ſeroit ſon appui dans ſes vieux
jours ; comme il le fut en effet. " Ainſi mourut
,, Rachel qui fut enſévelie au chemin de la ville
,, d'Ephrat, qui fut dans la ſuite appelée Beth
,, léhem : Et Jacob dreſſa un monument ſur
,, ſon ſépulchre. C'eſt le monument du ſépulchre
,, de Rachel qui ſubſiſte encore aujourd'hui ,
dit Moïſe (83 dont il eſt encore fait mention
1. Sam. X. 2. ) Puis Iſraél, ou Jacob avec tou
,, te ſa famille, partit de là & dreſſà ſes tentes
,, au de là de Migdal Heder, c. à d. la tour du
troupeau, que l'on croit avoir été à un mille de
Bethléhem.
D. Quel autre ſujet de douleur Jacob eut - il
encore dans ſa famille bien , tôt après la maiſſance
de Benjamin ?
R. Ce
-

188 L'A N c I E N T E s T A M E N T
R. Ce fut d'un côté le commerce infame de
Ruben ſon premier né avec Bilha la ſervante ,
ou la concubine de ſon pere, & de l'autre la
mort d'Iſaac, qui ſuivit de près ſon arrivée
auprès de lui avec ſes douze fils ; comme le
Geu. rapporte Moïſe à la ſuite de ſon hiſtoire. * Il
XXXV. ,, arriva , dit - il , que quand Iſraël demeuroit
22 - 29.
,, dans ce pays-là , Ruben ſon fils ainé vint &
,, coucha avec Bilha concubine de ſon pere 83
,, ſervante de Rgchel; & Iſrael l'apprit ſans dou
te avec douleur, comme il le lui témoigna dans
la ſuite Gen. XLIX 4. * Or Jacob avoit alors
» douze fils : ſavoir ſix de Léa, qui étoient Ru- .
,, ben ſon premier né, Siméon, Lévi , Juda,
,, Iſſacar & Zabulon ; deux de Rachel qui étoienº
,, Joſeph & Benjamain ; deux de Bilha ſervante
,, de Rachel, qui étoient Dan & Nephtali, &
,, deux de Zilpa ſervante de Léa , qui étoient
,, Gad & Aſſer. Ce ſont-là les enfans de Jacob
,, qui lui naquirent en Paddan-Aram ; excepté
Benjamin qui naquit près d'Ephrat, ou Bethle
,, hem. Et Jacob vint enfin avec eux vers Iſaac
,, ſon pere à Mamré, ou la ville d'Arbé & qui
,, eſt auſſi nommée Hébron, où Abraham &
,, Iſaac avoient demeuré comme étrangers, Iſaac
,, mourut bien-tôt après , âgé de cent quatre
,, vingts ans & raſſaſié de jours & fut recueilli
,, avec ſes peuples, c. à d. qu'il fut réiini dans
une autre vie avec cettx de ſa famille qui étoiemº
,, morts avant lui. Et Eſaü & Jacob ſes fils qui
ſe trouvérent fort à propos chez lui dans ce tems
,, là, l'enſévelirent dans le tombeau de ſon pere
Abraham.
D. Nous venons de voir quels étoient alors les
fils de Jacob e5 les femmes , ou les meres de #
1l5
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. .. 189
ils étoient nés ; N'a-t-on pas auſſi la généalogie
de la poſtérité d'Eſaii, où des enfans qu'il avoit
eu de chacune de ſes femmes ?
R. Oui : Moiſe la rapporte enſuite dans un
grand détail au Chapitre ſuivant, avec le nom
des Chefs & des Rois du pays d'Edom ou de
l'Idumée, tant de ceux qui avoient gouverné
avant lui, que de ceux qui étoient deſcendus -
de lui ; mais comme ce détail ou cette narra
tion ne nous intéreſſe plus en rien, & que
cette généalogie eſt chargée de noms qui ſont
à préſent tout à fait inconnus ; je me con
tenterai d'en rapporter le commencement qui
ſert de fondement à tout le reſte. Voici donc
ce qu'en dit Moïſe " Ce ſont ici les généra
tions d'Eſaü qui eſt auſſi at pelé Edom , ou ce
ſont ici les deſcendaiis qu'il eut des femmes qu'il
avoit épouſées : " Il avoit d'abord pris deux fem- ca,
,, mes d'entre les filles de Canaan , ſavoir Ha. XXXVI.
,, da, fille d'Helon Héthien, & Aholibama, fille ***
» d'Hana, fille ott petite fille de Tſibhon Hévien :
» Il prit enſuite pour femme Baſmath, fille d'Iſ.
,, maël, ſœur de Nebajoth. Et Hada enfanta à
» Eſaü Eliphaz, & Baſmath enfanta Réhuel ;
» & Aholibama enfanta Jehus & Jalam & Koh
» rah. Ce ſont-là les enfans mäles d'Eſaü qui
,, lui naquirent au pays de Canaan , $ qu'il
avoit avec lui au tents de la mort d' Iſaac ſon
,, pere : mais Eſaü prit ſes femmes , & ſes fils
» & ſes filles , & toutes les perſonnes de ſa fa
» mille, auſſi bien que tous ſes troupeaux ,
», tout ſon bétail & tout le bien qu'il avoit
», acquis au pays de Canaan , & s'en alla en
», un autre pays loin de Jacob ſon frere ; car
», leurs biens étoient ſi grands, qu'ils n'auroient
»2 paS
Y9O L'A N C I E N TE sTA MENT

» pas pu demeurer enſemb'e, & le pays où ils


» demeuroient comme étrangers , ne pouvoit
» ſuffire à la nourriture du grand nombre de
» troupeaux qu'ils avoient. Ainſi Eſaü appelé
» auſſi Edom alla habiter en la montagne de
» Séhir , où il avoit habité auparavant Gen.
», XXXII. 3. & qui fut enſuite appelée le pays
,, d'Edom, ou l'Idumée.

C H A P I T R E XIII.
Contenant l'hiſtoire de Joſeph fils de Jacob
juſques à la fin de ſa priſon en Egypte,
ou juſques à ſon élévation à la plus hau
te dignité de l'Egypte. .. * ')
- - » AQ ,
D. Acob reſta t-il donc dans le pays de -Ca
naan avec ſes enfans $ tous ſes biens ?
R. Oui, il y reſta juſqu'à ce qu'il fut appelé
par un de ſes fils, à ſe rétirer en Egypte pqur
s'y établir avec toute ſa famille, comme on le
Gen. verra dans la ſuite. * Jacob, dit Moiſe demeu
XXXVII.
M
,, ra au pays où ſon pere avoit demeuré com
-,, me étranger, & que Dieu avoit promis de
lui donner, ou à ſa poſiérité, c'eft - à - dire au
,, pays de Canaan. · -

, D. Quel fut ce fils qui engagea Jacob d'aller


s'établir en Egypte ſur ſes vieux jours ? . -

R. Ce fut Joſeph dont Moiſe rappele l'hiſ


toire dès ſon enfance, non ſeulement à cauſe
des merveilleux événemens dont elle fut accom
pagnée par une direction toute particuliere de
la providence de Dieu ; mais auſſi parce que
· CC
M I s E N C A T E c H I s M E. 191
ce fut lui qui procura la tranſmigration de la
famille de Jacob en Egypte qui fut comme la
premiere époque de la formation des enfans d'Iſ
rael en un ſeul peuple ſéparé de tous les au
tres , & appelé par diſtinction le peuple de
Dieu. . -

D. Qu'eſt - ce que Moiſe nous apprend de l'en


a fance de Joſeph * ·
R. ,, Ce ſont ici dit - il , les générations de Go,.
» Jacob : c. à d. Voici le recit de ce qui arriva xxxvII.
à la famille de Jacob, après qu'il eut fixé ſa de-***
meure dans le pays de Canaan. " Joſeph âgé de
» dix & ſept ans paiſſoit avec ſes freres les
, troupeaux de ſon pere, & ce jeune garçon
» étant avec les enfans de Bilha & de Zilpa,
» femmes ou Concubines de ſon pere , fut té
» moin de leur mauvaiſe conduite & entendit leurs
,, mauyais diſcours , qu'il rapporta à leur pere
» commun. Or # aimoit Joſeph plus que
» tous ſes autres fils parce qu'il l'avoit eu dans
» ſa vieilleſſe ( a ) ; & il lui fit une belle robe
» brodée, mais ſes freres voyant que leur pere
» l'aimoit plus qu'eux tous, le haiſſoient & ne
» pouvoient lui parler paiſiblement, ou ſans ai
2, greur : Et ce qui augmenta encore, leur hai
,, ne contre lui, ce fut que Joſeph eut un ſon
» ge qu'il vint raconter à ſes freres en diſant ;
» Ecoutez, je vous prie, le ſonge que j'ai eu :
» Le voici au vrai : Nous étions tous au mi
» lieu
, ( a) Qu'il avoit eu dans ſa vieilleſſe. Le terme de
l'original porte à la lettre qu'il étoit fils d'Anciens ,
ce qui peut ſignifier également , qu'il étoit me de pere
$ de mere avancés en âge ; ou qu'il avoit la ſageſſe des
Vieillards. L'un & l'autre convient à Joſeph.
M.

152 L'A N c I E N T E s T A M E N T
, lieu d'un champ à lier des gerbes & ma ger
» be ſe leva & ſe tint droite & vos gerbes
,, l'environnérent & ſe proſternérent devant la
,, mienne : Alors ſes freres lui dirent ; Eſt - ce
» donc que tu prétens augurer de - là que tu
,, dois un jour régner & dominer ſur nous ?
, Et ce ſonge auſſi bien que ſes diſcours ne fi
,, rent qu'augmenter leur haine contre lui : Il
» eut encore un autre ſonge qu'il vint rapporter
» à ſes freres de même que le précédent : J'ai
» encore eu, leur dit il, un autre ſonge que
,, voici. Le Soleil & la Lune & onze étoiles ſe
» proſternoient devant moi. L'ayant ainſi rap
» porté à ſon pere de mème qu'à ſes freres,
, ſon pere l'en reprit & lui dit : Que veut di
» re ce ſonge que tu as eu ? Faudra - t - il que
» nous venions , moi , ta belle mere & tes
,, freres nous proſterner en ºterre devant"toi ?
» Ses freres en étoient auſſi toujours plus rem
,, plis d'envie contre lui ; mais ſon pere conſer
» voit tous ſes diſcoursºdäns ſa mémoire ou
dans ſon cœur ; ſans doute parce qu'il y entre
voyoit quelque choſe de divin. ** | | | --
D. Quelles preuves les freres de Joſeph donné
rent ils dans la ſuite de la haine qu'ils lui por
toient ?
R. Peu de tems après ces ſonges de Joſeph,
Gen. » ſes freres étant allés paitre les troupeaux de
XXXVII. ,, leur pere en Sichem : Iſraél dit à Joſeph qui
12 - 28.
, étoit reſté auprès de lui : Tes freres ſont al
, lés en Sichem paitre mes troupeaux ; Vien ,
, que je t'envoye vers eux : Me voici, répon
, dit-il, tout prêt à partir ; Va - t - en tout à
, l'heure, lui dit ſon pere, voir ſi tes freres
, ſe portent bien , & fi les troupeaux ſº#
0/4
M I s E N C A T E c H I s M E. 193
,, bon état & revien auſſi - tôt me le rapporter.
,, Joſeph partit donc de la vallée d'Hébron &
» vint juſqu'en Sichem , qui devoit être à envi
» ron deux journées de chemin de-la , & un hom
,, me ( que quelqttes Interprétes ont cru être 1 n
,, Ange ) le trouva errant dans les champs ,
» qui lui dit ; Que cherches - tu ? Je cherche,
,, répondit - il, mes freres , je te prie, enſei
,, gne-moi où ils paiſſent lleurs troupeaux ; Cet
» homme lui dit : Ils ſont partis d'ici , il n'y
,, a pas long tems, & j'ai entendu qu'ils diſoient ;
,, Alions en Bothaïm , où ils ſeront apparemment.
» Joſeph alla donc chercher ſes freres en Bo
,, tha1m & les y trouva : Dès qu'ils le virent
» de loin , & avant qu'il s'approchat d'eux , ils
» complotérent contre lui pour le tuer, en ſe
- ,, diſant, l'un à l'autre ; Voici ce maitre Son
» geur qui vient à nous : Venez , tuons-le , &
,, le jettons dans une de ces foſſes, & ſi notre
,, pere nous demande ce qu'il eſt devenu, nous
» dirons qu'une mauvaiſe bète l'a devoré en
,, chemin ; nous verrons alors ce que devien
» dront ſes ſonges ; mais Ruben leur ainé ayant
» entendu ce complot & penſant à le délivrer
,, de leurs mains, leur dit ; Ne lui ôtons point
, la vie ; ne répandez point le ſang ; jettez-le,
» ſi vous voulez, dans cette foſſe ſans eau qui
,, eſt au déſert ; mais ne le faites pas mourir :
» 85 il diſoit cela dans l'intention de le déli
» vrer de leurs mains & de le renvoyer à ſon
» pere : Suivant cet avis auſſi tôt que Joſeph
» fut arrivé vers ſes freres , ils le dépouillérent
» de ſa belle robe brodée qu'il avoit ſur lui ,
» & l'ayant pris , ils le jettérent dans la foſſe
» qui étoit vuide & ſans eau. Enſuite ils s'aſſi
Zone I. N 2 » ICllt
194 L'A N c I E N T E s T A M E N T
, rent pour manger du pain , ou prendre leur
,, repas, & levant les yeux ils virent une trou
» pe d'Iſmaelites qui paſſoient & qui venoient
,, de Galaad avec leurs chameaux chargés de
» drogues , comme de ſtorax, de beaume , de
,, myrrhe qu'ils alloient vendre en Egypte :
» Sur cela Juda dit à ſes freres : Que gagne
,, rons - nous à faire mourir nôtre frere & à ca
, cher ſa mort à nôtre pere ? Venez , ven
,, dons-le à ces Iſmaëlites , & ne mettons point
,, nôtre main ſur lui pour le faire mourir ; car
, c'est nôtre frere , nôtre chair, iffu du même
;, pere $ du meme ſang qite nous : & ſes freres
» acquieſcérent à ce que lenr dit Juda ; ainſi com
» me les marchands Madianites , ou Iſmaëlites
,, ( car c'étoient un même peuple ) paſſoient, ils ti
» rérent Joſeph de la foſle, & le vendirent
» vingt pieces d'argent, ou vingt ſicles, valants
,, chacun trmte ſous tournois à ces marchands
» qui l'emmenérent en Egypte.
D. Que firent enſuite les freres de Joſeph pour
cacher leur méchante action à Jacob leur pere ?
ſ7rr.
X X XV 1 l .
R. ,, Ruben leur ainé qui étoit abſent lors de
29 - 3 2. cette vente, croyant Joſeph toujours dans la foſſe
,, oà on l'avoit jetté par ſon avis y retourna à
l'inſçu de ſes freres, ſans doute pour l'en tirer 83
,, le renvoyer à ſon pere, mais ne l'ayant pas
» trouvé, il déchira ſes vètemens de douleur ,
» & reviut vers ſes freres, & leur dit ; L'en
» fant n'eſt plus ; Vous l'avez apparemment tué ;
,, & moi qui dois en répondre à mon pere, com
,, me l'ainé de la famille , où irai - je , s'il
apprend cette mort, pour éviter les reproches
qu'il ne manquera pas de m'en faire plus qu'à
,, vous tous 3 Alors ſes freres lui ayant dir ce
- qu'ils
M I s E N C A T E c H I s M E. I95
», qu'ils avoient fait , ils prirent de concert la
» robe de Joſeph , & ayant tué un bouc d'en
» tre les chévres, on la trempa dans ſon ſang ;
» & ils la firent porter à leur pere par quelcun
» de leurs domeſiiques , avec ordre de lui dire
. » ſeulement ces paroles : Nous avons trouvé ce
» ci, reconnoi maintenant, ſi c'eſt la robe de
» ton fils, ou non. -

D. Que fit Jacob à la vué de cette robe en


ſanglantée ?
R. » Il la reconnut d'abord, & dit ; C'eſt Gen.
» bien ici la robe de mon fils : Une mauvaiſe XXXVII,
» bète l'a ſans doute dévoré ; certainement Jo 33 - 36.
» ſeph en a été la proie : Et ſur cet indice ,
» Jacob déchira ſes vêtemens de douleur : Il mit
» méme, ſelon l'uſage, un ſac ſur ſes reins &
,, mena deuil ſur ſon fils qu'il croyoit tué pen
» dant pluſieurs jours. Tous ſes fils, & ſes
» filles, ou femmes de ſa famille vinrent auſſi pour
» le conſoler ; mais il rejetta toute conſolation ,
» & dit ; Certainement le regret •que j'ai d'a-
» voir perdu mon fils me mettra dans le tom
» beau, où je ſerai réuni à lui. C'eſt ainſi que
» ſon pere le pleuroit , le croyant mort : Cepen
» dant les marchands Madianites l'avoient ven
» du en Egypte à Potiphar Eunuque, ou Offi
» cier de la cour de Pharaon , & Préſident de
» la haute Juſtice.
D. Que ſe paſſa - t - il encore dans la famille
Jacob environ ce tems - là qui dut faire beau
ºoup de peine à ce Saint Patriarche ?
R. Ce fut ce qui arriva à Juda le quatrieme
des fils de Jacob & à ſes enfans, que Moiſe
nous rapporte ainſi. " En ce tems là Juda quit Gew.
» ta ſes fteres & ſe retira vers un habitant XXXVI1I.
I - 39.
N 2 22 du
196 L'A N c I E N TEsTAMEN T
» du bourg d'Hodollam nommé Hira ; il y vit
» la fille d'un Cananéen nommé Suah qu'il prit
» pour ſa femme , & dont il eut trois fils.
» Elie nomma le premier Her , le ſecond Onan
» & le troiſieme Séla, & Juda étoit en Kéfib
» quand elle accoucha de celui - ci. Dès qu'ils .
» furent en âge d'ètre mariés , Juda maria Her
» ſon premier né avec une fille nommée Ta
» mar , mais la mauvaiſe conduite qu'il tint
» aux yeux de l'Eternel , fut cauſe que Dieu
, le priva de la vie d'une maniere exemplaire
,, avant qu'il eut des enfans : Alors Juda dit à
» Onan le ſecond de ſes fils : Epouſe la veuve
» de ton frere ainé ; pren-là pour ta femme ;
» & ſi tu en as des enfans, ils ſeront cenſés
, appartenir à l'ainé de la famille; ſuivant l'u-
ſage de la nation $ comme la Loi l'ordonna en
,, ſuite, Deuter. XXX. 5. Mais Onan ſachant
» que les enfans qui naitroient de ce mariage
» ne ſeroient pas à lui, ſe ſouilloit volontaire
» ment toutes les fois qu'il devoit coucher avec
» la veuve de ſon frere ; afin qu'il ne donnat
, pas des enfans à ſon frere : Et ce qu'il fai
» ſoit ayant déplu à l'Eternel, il le fit auſſi
» mourir prématurement , ſur cela Juda dit à
» Tamar ſa belle fille ; demeure veuve dans
,, la maiſon de ton pere, juſqu'à ce que Séla
» mon troiſieme fils ſoit grand 85 d'un âge aſſez
,, mitr pour t'épouſer, car il craignoit qu'en le
» mariant trop jeune, il ne mourut comme ſes
, freres ; Ainſi , Tamar s'en alla & demeura
» dans la maiſon de ſon pere. Après pluſieurs
, jours, peut - être quelques années , la fille de
, Suah femme de Juda vint à mourir, & Juda
ayant ſatiſfait ſelon l'uſage aux devoirs du
-
#
3» 1C
MIs EN C A T E c H I s M E. 197 (

» ſe conſola de cette perte, & alla trouver les


» tondeurs de ſes brebis à Timnath avec
» Hira d'Hodollam ſon intime ami : Tamar l'a-
» yant appris quitta ſes habits de veuvage, ſe
» couvrit d'un voile & alla,s'aſſèoir dans un en
,, droit appelé la porte des deux fontaines ( a),
» ſur le chemin qui alloit à Timnath ; dans l'in
tention, comme la ſuite le fit voir, de tendre quel
,, que piège à Juda , parce quèlle voyoit bien
» qu'il ne penſoit point à lui donner Séla pour
» mari, quoiqu'il fut devenu grand. Quand
,, Juda la vit, il s'imagina que c'étoit une proſ
» tituée, parce qu'elle avoit couvert ſon viſage
» d'un voile ; & ignorant que ce fut ſa belle
,, fille, il ſe détourna du chemin pour aller à
, elle & lui propoſa de conſentir à ſes déſirs :
» Que me donneras - tu , dit - elle, pour cette
, faveur ? Je t'enverrai , lui répondit-il , un
» chevreau de mon troupeau. Me donneras - tu
» donc des gages, reprit-elle, juſqu'à ce que tu
» me l'envoyes, ou pour aſſurance que tu me
3 ,, l'en

( a ) A la porte des deux fontainer. Le terme de


l'original que l'on a traduit par deux ſontaines, peut
auſſi être le nom propre d'un bourg a la porte du
quel Tamar s'étoit aſſiſe, & auquel on avoit donné ce
nom parce qu'il y avoit là deux fontaines publiques.
L'on pourroit auſſi tradufe l'original à la porte des
deux yeux , & c'eſt dans ce ſens que l'ont pris les
verſions françoiſes qui l'ont traduit les unes dans un
carrefour, & les autres dans un chemin ſourchu ; parce
que les yeux ſont-là ouverts de deux côtés , & qu'un
tel lieu leur a paru plus propre au deſſein de Ta
mar que la porte d'un bourg. Mais comme l'on n'ap- .
Pºye cette façon de parler d'aucune autorité , il vaut
mieux s'en tenir au premier ſens.
198 L'A N c I E N T E s T A M E R r
,, l'enverras ? Quel gage ſouhaites-tu ? lui dis
» Juda : ton cachet, répondit - elle, ton mou
» choir & le bâton que tu as en ta main, &
,, il les lui donna : Il vint enſuite vers elle &
,, elle conçut de lui : Puis elle ſe leva & s'en
,, alla , & ayant quitté ſon voile , elle reprit
,, les habits de ſon veuvage. Juda de ſon côté
,, envoya le plutôt qu'il put par Hira ſon in
,, time ami, le*hevreau qu'il avoit promis pour
,, reprendre les gages qu'elle avoit entre les
,, mains ; mais il ne la trouva point, & s'étant
,, informé du lieu où demeuroit cette proſti
,, tuee qui étoit ſur le chemin dans un tel en
,, droit ; on lui répondit , qu'il n'y en avoit
,, point parmi eux ; ce que l'ami ayant rappor
,, té à Juda ; il lui dit : J'ai envoyé le che
,, vreau promis à cette inconnue; tu ne l'as point
,, trouvée ; qu'elle garde donc les gages qu'elle
a de moi, plutôt que de fairè de mouvelles en
quêtes " qui pourroient nous expoſer au mé
,, pris des habitans de ce lieu-là : Environ trois
,, mois après, on rapporta à Juda que Tamar
,, ſa belle fille avoit commis un adultere & qu'el
,, le étoit enceinte : Auſſi - tôt Juda prenant la
qualité de Chef de la famille à laquelle Tamar
appartenoit par ſes deux premiers mariages , or
,, donna qu'on la fit ſortir de la maiſon où elle
, ,, étoit & qu'elle fut publiquement brulée, ſelon
la peine alors établie contre les adultéres ; (qui
fut enſuite changée en lapidation par les Juifs ;
Jean Vlll. 5. ) : * M s comme on la faiſoit
,, ſortir de la maiſon de ſon pere, elle fit dire
, à ſon Beau - pere en lui renvoyant les gages
, qu'elle rvoit de lui; qu'elle étoit enceinte de
» l'homme à qui ces choſes appartenoient ;
25
#
c
M 1 s E N CA T E c H I s M E. 199
,, le pria de reconnoitre à qui étoit ce cachet,
,, ce mouchoir & ce bâton. Alors Juda les recon
» nut, & dit ; Tamar eſt plus juſte envers moi,
,, que je ne l'ai été envers elle : Je ſuis aſſuré
,, ment plus coupable qu'elle ; car je ne lui ai
,, point donné mon fils Séla pour mari, comme
je le lui avois promis : Et c'eſt ce qui l'a engagée
à commettre ce péché dont je devrois porter la pei
ne tout comme elle $ même plutôt qu'elle : Ce
,, pendant il ne la connut plus & on la recon
duiſit dans la maiſon de ſon pere , ſans lui infli
ger aucune peine : " Et comme le tems de ſon
, accouchement fut venu , il ſe trouva deux
,, jumeaux dans ſon ventre , & au moment
» qu'elle accouchoit, l'un deux préſenta la main
,, que la ſage femme prit , & attacha ſur elle un
,, fil d'écarlate, en'diſant ; celui-ci ſort le pre
,, mier 85 doit être cenſe l'ainé ; mais ayant re
,, tiré ſa main , ſon frere ſortit, & la ſage
,, femme dit ; Avec quelle violence es-tu ſorti ? -
, Tu en ſeras ſeul reſponſable 85 mon pas moi ; .
,, car ce n'eſt pas ma faute ; & pour cette rai
,, ſon l'on donna à l'enfant le nom de Pharès ,
c. à d. qui fait irruption , qui ſort avec violence :
,, Son frere ſortit enſuite ayant ſur ſa main le
,, fil d'écarlate , & il fut appelé Zarah , c. à d.
il s'eſt levé, ou il eſt ſorti le premier.
D. Pour reprendre maintenant l'hiſtoire de Jo
ſeph que nous avions commencée ; entre les mains
de qui tomba t il à ſon arrivée en Egypte ? .
R. , Quand on eut amené Joſeph en Egyp- Gen.
»» te, Potiphar, Eunuque,
de Pharao ou Officier
Général d'armée de la Cour, IXXXIX
, Egyptien - 6.

» l'acheta de la main des Iſmaëlites qui l'y


» avoient amené, & l'Eternel fut avec Joſeph ;
- - N 4 - il
2co ' L'A N c I E N T E sTAM ENT

il lui fut favorable 8# il accompagira de ſt bé


71édiction tout ſon travail ; enſorte qu'il proſpera
85 que tout réuſſit entre ſes maiiis taiit qu'il
» demeura dans la maiſon de ſon maitre Egyp
» tien : lequel ayant vu que l'Eternel le béniſ
» ſoit dans toutes ſes entrepriſes, il prit Joſèph
» tellement en grace , qu'il l'attacha d'une fa
» çon particuiiere à ſon ſervice ; il l'établit ſur
» toute ſa maiſon & lui remit le ſoin de tout
» ce qui lui appartenoit. Auſſi l'Eternel bénit-il
» dès lors la maiſon de cet Egyptien à cauſe de
» Joſeph , & la bénédiction de l'Eternel fut ſur
» toutes les choſes qui étoient à lui , tant dans
» ſa maiſon qu'à la campagne ; ce qui fit qu'il
» eut une telle confiance cn ſes ſoins, qu'il n'en
» tra plus en connoiſſance avec lui , & me lui
demanda plus aucun compte de quoi que ce ſoit ,
», que du pain qu'il mangcoit , ou de la depenſe
,, de ſa table. Joſeph étoit d'ailleurs d'une belle
,, taille & beau de viſage.
, , D. Pourquoi remarquez - vous cette derniere
qttalité ? -

R. Parce qu'elle fut ſans doute la premiere


cauſe de la paſſion de ſa maitreſſe pour lui &
de tout ce qu'il ſouffrit à cette occaſion.
D. Qii'eſt ce donc qui lui arriva avec la fem
me de ſon maitre ? - -

R. Dans le tems qu'il étoit ainſi établi dans


Gen. la maiſon de Potiphar, " la femme de ſon mai
XXXIX.
7 - 23.
,, tre l'ayant regardé avec des ycux de con
,, voitiſe , lui propoſa de coucher avec elle : mais
, il le refuſa, & lui dit pour s'en deffendre :
» Voici mon maitre m'a remis en main tout
» ce qui lui appartient , ſans en nrendre au
» cune connoiſlance, & il n'y a perſonne dans
ſa
M1s E N C A T E c H i s M E. 2or
» ſa maiſon qui ait plus d'autorité que moi :
, Il m'a ſeulement deffendu de me mèler de
» ce qui pouvoit te regarder , entant que tu
» es ſa femme : Et comment commettrois - je
» contre lui un auſſi grand crime qii'eſi celui
,, que tu me propoſes ? Comment pêcherois-je
,, ainſi contre Dieu qui me le defiend auſſi ?
,, Malgré cette réponſe , cette femme ſollicitoit
» chaque jour Joſeph à ſati#aire ſes deſirs, &
» il y réſiſtoit conſtamment , juſques à éviter
» de ſe trouver avec clle : cependant il " arriva
» un jour qu'étant venu à la maiſon pour ſes
» affaires, & n'y ayant aucun domeſtique dans
» la maiſon, elle le prit par ſa robe, & le preſ
» ſa de nouveau de coucher avec elle ; mais
» il lui laiſſa ſa robe entre les mains , & s'en
» fuit hors de la maiſon. Quand elle vit qu'il
» lui avoit laiſſé ſa robe & qu'il étoit ſorti ;
,, outrée de depit, elle appela ſes domeſtiques &
» leur dit : Voyez comme on ſe moque de nous ;
» on nous a amené ici un homme Hébreu ,
» qui eſt venu à moi , potir attenter à mon
» honneur; mais j'ai crié à haute voix , pour
», m'en deffendre : Et ſi-tôt qu'il a oui mes cris,
» il a laiiſé ſa robe, dont il s'étoit déjà dépouil
», lé auprès de moi , & s'eſt enfui hors de la
», maiſon. Elle garda encore la robe de Joſeph ,
» juſqu'à ce que ſon maitre fut revenu à la
' » maiſon , & elle lui recita de nouveau dans
» les mêmes termes tout ce qu'elle venoit de
» dire à ſes domeſtiques. Si-tôt que le maitre
» de Joſeph eut entendu tout ce que lui dit ſa
» femme, & qu'elle aſſura être vrai, ſa colère
» s'enflamma contre lui, il le fit ſaiſir ſans
» autre information & le fit mettre dans une
N 5 ,, étroite
2o2 L'A N c 1 E N T E S T A M E N r
, étroite priſon, dans l'endroit où étoient ren
,, fermés les priſonniers du Roi ; & il y fut
,, détenu comme un criminel, mais l'Eternel fut
,, toujours avec Joſeph , il le ſoutint dans cepte
épreuve, il étendit ſa gratuité ſur lui , il le fa- .
voriſa de plus en plus de ſa protection, & lui
,, concilia tellement les bonnes graces du geo
,, lier, qu'il lui donna , par le conſentement
,, de Potiphar, lé ſoin de tous les priſonniers
-, qui étoient à ſa charge & qu'il trouvoit bon
» tout ce qu'il faiſoit, ſans lui en demander
,, aucun compte ; parce qu'il paroiſſoit viſiblement
,, que l'Eternel béniſſoit ſes ſoins & qu'il don
,, noit un heureux ſuccès à tout ce qu'il fai
» ſoit. | .

· D. Quelle autre preuve Joſeph donna-t-il dans


ſa priſon que Dieu étoit avec lui d'une façon ex
traordinaire ? -

R. Ce fut dans l'explication qu'il donna des


ſonges qu'avoient fait deux des premiers Offi
ciers de la Cour de Pharao , priſonniers avec
lui, leſquels ſonges eurent leur accompliſſement.
D. Apprenez - moi , je vous prie, qui étoient
ces officiers, les ſonges qu'ils eurent, 85 l'explica
cation qu'en donna Joſeph.
R. Dans le tems que Joſeph étoit en priſon
& qu'il avoit la garde des priſonniers du Roi ;
Gen. XL. ,, Il arriva que le Grand Echanſon & le Grand
I - 19.
,, Panetier de la Cour de Pharao, ayant dé
,, plû au Roi d'Egypte leur Seigneur, ce Prince
,, irrité contre eux les fit mettre dans la pri
,, ſon du Général de ſes troupes, où Joſeph
,, étoit priſonnier, & ce Général en remit le
,, ſoin à Joſeph , qui les ſervoit. Ces Officiers
», après quelques jours de priſon , eurent tous
» deux
Mt I s E N C A T E c H 1 s M E. 263
», deux dans une mème nuit un ſonge qui leur
,, fit beaucoup de peine. Joſeph étant venu à
» eux le matin remarqua qu'ils étoient fort triſ
,, tes & leur demanda : Qu'avez-vous ? D'où
,, vient que vous avez aujourd'hui ſi mauvais
,, viſage ? Nous avons fait, dirent - ils, des
, ſonges qui nous font de la peine, & nous n'a-
» vons perſonne ici en priſon qui puiſſe nous
,, les expliquer ; mais Joſeph leur repartit ;
,, C'eſt de Dieu ſeul que vous devez en atten
,, dre l'explication. Contez-les.moi & peut être
pourrai.je par ſon ſecours vous les expliquer :
,, Sur cela le Grand Echanſon lui conta ſon
,, ſonge & lui dit ; Je voyois en ſonge devant
,, moi un ſep de vigne, qui avoit trois ſar
», mens avec des boutons, d'où la fleur ſortit
,, en ſuite, puis des grappes qui donnérent des
,, raiſins murs : De plus je tenois en ma main
» la coupe de Pharao , je prenois les raiſins ,
», j'en exprimois le jus dans cette coupe , je la
» lui préſentois 83 il la prenoit en ſa main.
», Joſeph dit ſur le champ à l'Echanſon ; Voici
» l'explication de ton ſonge : Les trois ſarmens
» que tu as vu marquent trois jours, au bout
,, deſquels Pharao élévera ta tète ; il te réta
», blira dans le poſte que tu occupois ci-devant,
•, & tu lui donneras, comme ſon échanſon, la
» Coupe à boire dans ſa main ; mais ſouvien
,, toi de moi , quand ce bien te ſera arrivé, "* -•.

» & fai-moi, je te prie, cette grace de faire


» mention de moi à Pharao ; pour qu'il me
» faſſe ſortir de cette maiſon où je ſuis detenu :
» car certainement j'ai été enlevé par force du
» pays où ſe ſont établis ceux qui ſe diſent Hé
» breux, Jacob & ſa famille dans laquelle je ſuis
- ,, mé,
2o4 L'A N c I E N TEsTAMENT
,, né, & je n'ai rien fait ici qui ait dû me fat
,, re renfermer dans cette foſſe, ou cette pri
,, ſon. Alors le Grand Panetier voyant que Jo
,, ſeph avoit expliqué favorablement ce ſonge ,
», vint à ſon tour lui conter le ſien & lui dit :
,, J'ai auſſi fait un ſonge ſingulier que je te prie
,, de m'expliquer : Il me ſembloit qu'il y avoit
,, trois corbeilles blanches ſur ma tète, & dans
,, la plus haute il y avoit toutes ſortes de pa
,, tiſſeries & de pains du goût de Pharao, que
,, les oiſeaux mangoient dans la corbeille ſur
,, ma tète. Joſeph répondit d'abord ; Voici l'ex
,, plication de ton ſonge : Les trois corbeilles
,, marquent trois jours, au bout deſquels Pha
,, rao fera élever ta tète de-deſſus toi & te fe
,, ra pendre à un bois , où les oiſeaux mange
,, ront ta chair de deſſus toi. ,
D. Ces ſonges furent ils donc accomplis comme
Joſeph les avoit expliqués ? C C.
-

s'en. X L. . R. Oui, parfaitement ; car * il arriva au troi


s9 - 23.
» ſiéme jour qui étoit celui auquel on devoit
,, célébrer la naiſſance de Pharao, qu'il fit un
,, feſtin à tous ſes Officiers, & fit ſortir de
,, priſon le Grand Echanſon & le Grand Pa
,, netier ſes Officiers , & il rétablit le Grand
,, Echanſon dans ſon office pour lui donner à
,, boire ; mais il fit pendre le Grand Panetier,
,, comme Joſeph le leur avoit expliqué. Cepen
,, dant le Grand Echanſon oublia tout à fait ce
,, que Joſeph lui avoit recommandé , enſorte
,, qu'il demeura encore deux ans en priſon.
D. Qu'arriva-t-il au bout de ces deux ans qui
l'en fit ſortir ?
G, »r. - R. ,, Il arriva au bout de deux ans entiers
X L I.
I - 3. ,, que Pharao ſongea auſſi 85 fit deux ſonges
6'Xº- *
MIs EN C A T E c H I s M E. 2o5
extraordinaires dans une même nuit : Dans le
,, premier, il lui ſembloit qu'il étoit près du
s, fleuve du Nil , & qu'il voyoit ſept jeunes
, vaches belles à voir, graſſes & en bon état, qui
,, ſortoient du fleuve & paiſſoient dans des ma
,, recages : Après elles , venoient ſept autres
,, jeunes vaches laides à voir, chétives & mai
,, gres, qui ſortoient auſſi du fleuve : Et les jeu
,, nes vaches laides à voir & maigres, dévo
,, rérent les ſept premieres jeunes vaches belles
,, & graſſès, ſans qu'il parut que celles ci fitſſent
entrées dans le ventre des premieres qui étoient
auſſi maigres $ laides à voir qu'au commence
», ment. Après ce premier ſonge, Pharao s'é-
s, veilla, & s'étant rendormi, il eut un autre
», ſonge , dans lequel il lui ſembloit voir ſept
» épics de blé beaux , bien nourris & char
,, gés de grains qui ſortoient d'un même tu
,, yau ; puis ſept autres épics minces & fiètris
s, par le vent d'Orient, pouſſoient après ceux
,, là. Et les épics minces engloutirent les ſept
,, épics biens nourris & chargés de grains. Sur
,, cela Pharao s'étant éveillé au matin fort ef
» frayé de ces ſonges, fit appeler tous les Ma
, giciens & tous les ſages d'Egypte & leur
» conta ſes ſonges, mais il n'y en eut aucun
,, qui les lui put interprèter.
D. Ne s'adreſſa t on point alors à Joſeph pour
en avoir l'explication ?
R. Oui , " Le Grand Echanſon dit alors à Go.
» Pharao : Je rappelerai aujourd'hui le ſouvenir XL I.
» de mes fautes : Lorſque Pharao fut irrité con-***
» tre ſes ſerviteurs & nous fit mettre le Grand
», Panetier & moi en priſon dans la maiſon du
» Général de ſon armée, nous ſongeames tous
» deux
2o6 L'A N c I E N T EsT AMEMT

,, deux en une même nuit , & nôtre ſonge in»


,, diquoit à chacun ce qui lui devoit arriver ;
s, ſelon l'interprètation qu'on nous en donna qui
,, fut confirmée par l'événement. Il y avoit avec
» nous , un jeune garçon Hébreu ſerviteur de
,, Potiphar, à qui nous contames nos ſonges,
» & il nous les expliqua à chacun , de ma
, niere que tout ce qu'il nous avoit prédit ar
,, riva : Le Roi me rétablit dans mon emploi
» & fit pendre l'autre. Alors Pharao fit appeler
» Joſeph : On le fit ſortir en hâte de la priſon,
» on le raſa, on lui fit changer de vêtement ;
,, puis il vint vers Pharao qui lui dit ; J'ai fait
s, un ſonge qui m'inquiéte & il n'y a perſonne
, qui ait pu me l'expliquer ; mais j'ai appris
,, que tu ſais les expliquer ; Ce ſera D I E U &
» non pas moi, répondit Joſeph à Pharao qui
,, fera connoitre à Pharao ce qui doit lui arri
•, ver d'heureux , s'il veut me le découvrir. Pha
, rao lui raconta donc en detail les ſonges qu'il
,, avoit eu des ſept vaches & des ſept épics ,
2, comme on vient de les rapporter : Après quoi
» Joſeph dit à Pharao : Ce que le Roi a ſon
,, gé ne marque qu'une nmème choſe ; D I E u
., lui a fait connoitre par là ce qu'il va faire.
,, Les ſept belles jeunes vaches de mème que
, les ſept beaux épics marquent ſept ans d'a-
, bondance : Ces deux ſonges ſignifient la mê
, me choſe : Et les ſept jeunes vaches maigres
, & laides qui montoient après les graſſes &
, qui les ont dévorées ; de mème que les ſept
, épics vuides & flétris par le vent d'Orient qui
» ont englouti les beaux épics, marquent ſept
» ans de famine. C'eſt ce que j'ai dit à Pharao
» que D I E U lui a revelé ce qu'il va faire. Il
»» Y
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 2o7
» y aura donc ſept ans d'une grande abondance
» dans le pays d'Egypte tout prêts à venir ,
,, après leſquels viendront ſept ans de famine
» où il y aura une ſtérilité ſi grande ſur la ter
» re & une famine ſi générale , qu'il ne reſte
» ra plus rien de ce qu'on aura recueilli dans
,, les tems d'abondance au pays d'Egypte ; &
» le pays ſera conſumé par la famine qui ſera
» des plus grandes : Et quant à ce que le ſon
» ge a été réïteré à Pharao par deux fois ; c'eſt
» que la choſe eſt arrêtée de D 1 E U & que l'e-
» xécution en eſt très prochaine.
D. Quel conſeil Joſeph donna-t.il ſur ce ſujet à
Pharao ?
Gen.
R. » Or maintenant, lui dit - il , Que Pha
X L I.
,, rao choiſiſſe un homme ſage & entendu, & 33 - 36
» qu'il l'établiſſe ſur le pays d'Egypte, pour
» veiller à ce qu'on profite des années d'abon
» dance pour ſubvenir aux années de diſette :
» Qu'il établiſſe auſſi des inſpecteurs ſur le
» pays & qu'il prenne, au lieu de la dixme,
» la cinquieme partie du revenu des terres d'E-
» gypte durant les ſept années d'abondance,
en avance de la dixme des ſept autres années de
» famine qui ſuivront, & qu'on amaſſe dans des
,, greniers tous les vivres dont on pourra ſe
» paſſer dans ces premieres années d'abondance,
» & que le blé qu'on aura ainſi amaſſé ſoit
,, mis ſous la puiſſance du Roi & gardé dans
» les villes pour ſervir de nourriture & de pro
» viſion au pays, durant les ſept années de di
» ſette qui doivent ſuivre ; afin que le pays ne
» ſoit pas conſumé par la famine.
D. Que fit ſur celº Pharao ?
- - - - R. » Ce
2o3 L'A N c I E N TEs TAMENT
Gen. R. ,, Ce conſeil plut à Pharao & à tous ſes
X L I.
37 - 45
» Miniſtres, & Pharao leur dit ; Où pourrions
,, nous trouver un homme ſemblable à celui-ci
» qui paroit rempli d'un eſprit tout divin ? Il
» s'adreſſà enſuite à Joſeph & lui dit ; Puiſquc
» Dieu t'a fait connoitre toutes ces choſes, il
,, n'y a perſonne qui ſoit ſi entendu ni ſi ſa
,, ge que toi : Je t'établis pour être l'Intendant
,, de ma maiſon & tout mon peuple te baiſe
,, ra la bouche, ou te rendra hommage : Seu
,, lement ſerai-je élevé plus que toi par le trô
,, ne que j'occupe. Je t'établis donc, dit Pharao
,, à Joſeph ſur tout le pays d'Egypte. De plus
,, Pharao ôta ſon anneau de ſa main & le mit
,, en celle de Joſeph ; il le fit vètir d'habits
,, de fin lin, & lui mit un collier d'or au cou :
,, Il le fit encore monter ſur le chariot qui
,, étoit le ſecond en bonneur après le ſien , &
,, l'on crioit devant lui ; qu'on s'agenouille :
,, & il l'établit ainſi ſur tout le pays ' d'Egyp
,, te : Puis il dit à Joſeph : je ſuis Pharao ;
je te donne ma parole de Roi , que ſans toi nul
,, ne levera la main , ni le pied dans tout le
,, pays d'Egypte : Tit ſeras le uiaitre d'agir com
me bon te ſemblera : perſonne n'entreprendra rien
dans les affaires publiques ſans ta permiſjion :
, Pharao donna auifi à Joſeph le nom de Ta
,, phenath Pahaneah : c. à d. en langue Egyp
tienne, celui qui revéle les choſes cachées, & il lui
,, donna pour femme Aſenath , fille de Potiphe
,, rah , Gouverneur ( a ) de la ville ou du pays
», d'On.
C #[ A
( a ) Gottverneur. Le mot Hébreu Kohen qui eſt ici
employé , déſigne ordinairement dans l Ecriture une
| ---
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 2o9

C H A P I T R E X I V.

Contenant la maniere dont Joſeph gou


verna l'Egypte & dont il fe conduiſit
pendant les ſept années d'abondance &
les premieres années de diſette , tant
envers le peuple d'Egypte qu'envers ſes
freres qui vinrent acheter du blé de lui.

D. Omment ſe conduiſit Joſeph après qu'il


eut été établi Gouverneur 85 Surinten
dant de toute l' Egypte ? -

R. ,, Joſeph âgé de trente ans, quand il ſe Gen.


» préſenta devant Pharao Roi d'Egypte & qu'il # 4 #
,, fut établi ſon premier Miniſtre, ſortit d'au-**
,, près de lui , & alla viſiter tout le pays d'E-
» gypte, pour donner ſes ordres ſur ce qui de
», voit arriver. Et la terre rapporta , durant les
» ſept années de fertilité des grains à monceau,
» & l'on en fit des amas conſiderables pendant
» tout ce tems-là , que l'on mit dans les villes
» du pays d'Egypte qui ſe trouvoient ſituées
» au milieu des campagnes où ſe faiſoit la re
» colte. Par ce moyen Joſeph ramaſſa tant de
» blé ,
perſonne établie ſur le ſervice divin, comme étoient
les Sacrificateurs, & c'eſt dans ce ſens que quelques
lnterprètes l'ont entendu dans cet endroit , mais il
déſigne auſſi un Grand Seigneur , un Prince, un Gott
zºerneur de Province; comme Exod. II. 16. 2. Suin. VII.
18 Jºº , XII. 19. & ce ſens convient beaucoup
Im16ºUX 1C1.
Tonne I. O
s1o L'A N c I E N T E s T A M E N T
» blé, qu'il étoit, pour ainſi dire, comme le
» ſable de la mer & qu'on l'apportoit ſans le
,, meſurer. Ce fut pendant ces années d'abondance,
,, avant que l'année de la famine vint, que Jo
,, ſeph eut deux enfans de ſa femme Aſenath,
,, fille de Potipherah , Gouverneur d'On : Il
» nomma le premier Manaſſé, c. à d. celui qui
,, fait oublier ; parce, dit-il, que D I E U m'a
,, fait oublier tous mes maux ê5 tout ce que
,, j'ai ſouffert dans la maiſon de mon pere ; &
,, il nomma le ſecond Ephraïm , c. à d. qui
, fait fructifier ; parce, dit - il, que D 1 E U m'a
» fait fructifier au pays de mon affliction. Alors
,, finirent les ſept années d'abondance, & les
,, ſept années de famine commencérent, com
,, me l'avoit prédit Joſeph. La famine ſe fit
,, premierement ſentir dans tous les pays voi
,, ſins de l'Egypte; mais par les ſoins de Joſeph ,
,, il y avoit du pain dans tout le pays d'E-
» gypte ; enſuite ce pays fut auſſi affamé & le
» peuple étant venu crier à Pharao pour avoir
,, du pain, Il répondit à tous les Egyptiens ;
» Allez à Joſeph & faites tout ce qu'il vous
» dira. La famine,étant donc dans tout le pays,
» Joſeph fit ouvrir tous les greniers publics où
» l'on avoit amaſſé du blé & il le fit diſtribuer
» aux Egyptiens ſelon leur beſoin : Cependant
,, la famine augmentoit & l'on venoit de tous
» les pays voiſins en Egypte vers Joſeph pour
» acheter du blé, tant étoit grande la famine
» par tout le pays des environs,
D. Cette famine ſe fit - elle auſſi ſentir dans le
pays de Canaan où Jacob demeuroit avec ſa fa
mille º -

R. Oui
M Is E N C A T E c H I s M E. 2I I

R. Oui, & l'on ne ſavoit quel rcméde y ap- Gen.


porter ; mais " Jacob ayant appris qu'il y avoit #
, du blé à vendre en Egypte dit à ſes fils ; " "
,, Pourquoi vous regardez-vous les uns les au
,, tres ? Comme ſi vous n'aviez aucune reſſource
,, 85 que vous duſſiez mourir de faim. J'ai ap
,, pris qu'il y a du blé à vendre en Egypte ;
,, deſcendez-y & nous en achetez - là, afin que
,, nous vivions & que nous ne mourions point :
» Il y envoya donc dix de ſes fils , freres de
» Joſeph ; mais il n'y envoya point Benjamin
,, ſon frere uterin avec ſes autres freres, de
, peur dit-il qu'il ne lui arrive quelque acci
,, dent mortel. Ainſi les fils d'Iſrael allérent en
» Egypte avec ceux qui y alloient pour acheter
» du blé ; car la famine étoit auJi dans le pays
» de Canaan : mais Joſeph qui commandoit en
» Egypte faiſoit vendre du blé à tous les peu
» ples de la terre qui déſiroient d'en acheter.
» Les freres de Joſeph étant donc venus à lui
,, ſe proſternérent devant lui, la face en terre.
D. Comment en furent-ils reçus ?
R. » Joſeph ayant vû ſes freres les reconnut ; Gen.
» mais il en uſa avec eux comme un étranger XLlI
» qui me les auroit point connus ; il leur parla 7***
,, durement & leur dit ; D'où venez - vous ?
» Nous venons , répondirent - ils , du pays de
» Canaan , pour acheter des vivres : Et quoi
» que Joſeph les eut reconnu , ils ne le recon
» nurent point pour leur frere : Alors Joſeph
» ſe ſouvenant des ſonges qu'il avoit eu, qui
lui annonçoient la domination qu'il devoit avoir
ſur eux, dont il voyoit l'accompliſſement, leur
» dit : N'êtes vous point des eſpions qui ve
» nez ici pour reconnoitre les lieux foibles $
O 2 » dé
2I2 L'A N c I E N TEs TA M ENT
,, dégarnis du pays ? Non , mon Seigneur, ré
,, pondirent-ils ; Tes ſerviteurs ſont venus uni
», quement pour acheter des vivres. Nous ſom
» mes tous enfans d'un même pere & des gens
,, de bien : Tes ſerviteurs ne ſont point des eſ
,, pions. Cela n'eſt pas, repartit Joſeph; l'achat
des vivres n'eſt que le prétexte ; il y a plutôt
,, apparence que vous êtes venus pour obſerver
» le pays. Nous étions, ajoutérent-ils, douze
,, freres , enfans d'un même homme, nommé
,, Jacob, habitant au pays de Canaan ; le plus
,, jeune eſt aujourd'hui avec nôtre pere , & un
» autre n'eſt plus : mais Joſeph inſiſtant tou
,, jours à dire qu'ils étoient des eſpions , quoi
qu'il vit bien le contraire, leur propoſe un mo
yen de conſtater la vérité de ce qu'ils lui diſoient ,
qui lui procureroit en même tems la ſatisfaction
de voir ſon propre frere uterin qu'il avoit laiſſé
dans l'enfance; ce moyen étoit de reſter en Egyp
te, juſqu'i-ce qu'ils euſſent fait venir le jeune
frere dont ils avoient parlé. * Vive Pharao ,
,, leur dit-il, ou, comme je ſouhaite qu'il vive,
,, auſſi ſûr eſt il que vous ne ſortirez point d'i-
» ci, que vôtre jeune frere ne ſoit venu. Vous
» pouvez envoyer un de vous qui l'amene ;
» mais les autres reſteront priſonniers , & j'é-
» prouverai par - là ſi vous avez dit la vérité :
,, autrement, Vive Pharao, vous ſerez traités
,, en eſpions : Et ſur le champ il les fit mettre
» tous enſemble en priſon pour trois jours ,
» au bout deſquels, Joſeph leur dit ; Faites
» ceci & vous aurez la liberté & la vie, auſſi
», ſitrement que je crains D I E U : Si vous êtes
» gens de bien, comme vous le dites ; que l'un
» de vous qui êtes freres, reſte lié dans la pri
- » ſon
M I s E N C A T E c H I s M E. 213
,, ſon où vous avez été renfermés, & que les
,, autres s'en aillent & emportent du blé à vôtre
,, pere , pour empêcher que vos familles ne
» meurent de faim ; après quoi vous me rame
,, nerez vôtre jeune frere & je connoitrai par
,, là que vous dites vrai & aucun de vous ne
,, mourra : Ils y conſentirent à la vérité ; mais
ſe rappelants à ce ſujet la dureté dont ils avoient
1ſé envers leur frere Joſeph, ils regardérent la
facheuſe extrêmité , où ils ſe trouvoient , comme
,, une punition de leur crime ; & ſe dirent l'un
,, à l'autre ; oui certainement, il faut l'avouer,
,, nous méritons tout ce qui nous arrive pour
,, en avoir agi , comme nous l'avons fait en
» vers nôtre frere Joſeph ; car nous avons vu
,, l'angoiſſe de ſon ame, quand il nous deman
» doit grace, pour n'être pas jetté dans la foſſe,
,, ou vendu aux marchands, & nous ne voulu
,, mes point l'écouter ; c'eſt pour cela ſans dou
,, te que Dieu permet que nous nous trouvions
,, à préſent dans l'angoiſſe ; Je vous le diſois
» bien, ajouta Ruben, lorſque je vous priois
,, de ne point commettre ce péché contre cet
,, enfant innocent ; mais vous ne voulutes point
» m'entendre, & voilà que le Dieu vengeur du
,, crime vous redemande ſon ſang , en votts
puniſſant aujourd'hui pour le meurtre que vous
voulutes alors commettre. Tout cela ſe paſſoit en
préſence de Joſeph, " ſans qu'ils cruſſent être
» entendus de lui ; parce qu'il leur avoit parlé
», par un truchement ; mais attendri par leurs
» diſcours, il les quitta un moment pour pleu
» rer ; puis étant retourné vers eux, il leur
» parla de nouveau, & fit prendre Siméon,
» l'un d'entr'eux & le fit lier devant leurs yeux,
O 3 · pour
214•º

L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
pour leur inſpirer peut être plus de terreur, 83
le punir lui - même de ce qu'il avoit été un des
plus violens contre ſon frere Joſeph. * Cependant
,, Joſeph commanda qu'on remplit leurs ſacs de
» blé & qu'on remit l'argent qu'ils en avoient
» donné dans le ſac de chacun d'eux & qu'on
» leur donnat auſſi des proviſions pour le che
,, min. Ils chargérent donc le blé ſur leurs anes
,, & s'en allérent.
| D. Quelles furent les ſuites de cette conduite
de Joſeph à l'égard de ſes freres 83 de la pro
meſſe expreſſe qu'il avoit exigé d'eux de lui ame
mer Benjam n º
, R. Dès que les freres de Joſeph furent arri
Gen.
X L I I. vés au premier gîte, " l'un d'eux ouvrit ſon
27 - 38. ,, ſac pour donner à manger à ſon ane dans
,, l'hotellerie, & ayant vu ſon argent à l'ou
,, verture du ſac, il dit à ſes freres ; l'argent
,, de mon blé m'a été rendu & le voici en
,, mon ſac : Ses autres freres en firent apparem
ment de même 83 trouvérent auſſi leur argent ;
,, ce dont ils furent extrèmement ſurpris, mais
,, craignant aiſſi que ce ne fut un piege qu'on
,, leur tendoit , ils ſe dirent l'un à l'autre ; Qu'eſt
,, ce que D I E U nous a fait ? Comment devons
mous regarder ce qui nous arrive, ſi ce n'eſt com
me un effet de la ſage providence de Dieu , dont
nous ignorons les raiſons ? * Etant enſuite arri
,, vés au pays de Canaan vers Jacob leur pere,
,, ils lui racontérent tout ce qui s'étoit paſſé
,, dans leur voyage, & lui dirent ; L'homme
,, qui commande dans le pays d'Egypte nous a
,, parlé rudement & nous a pris pour des eſ
,, pions , qui venoient reconiioitre les endroits
, foibles du pays ; mais nous lui avons répon
, du
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 215
» du que nous étions gens de bien & non des
,, eſpions, 85 pour mous faire mieux connoitre
,, à lui , nous lui avons dit que nous étions
,, douze freres , enfans d'un même pere, que
,, l'un d'eux n'étoit plus & que le plus jeune
,, étoit reſté avec nôtre pere au pays de Ca
» naan : Surquoi cet homme qui commande
,, dans le pays nous a dit : Je connoitrai à ce
,, ci que vous êtes gens de bien & que vous
,, me dites vrai : Laiſſez-moi un de vos freres ;
,, prenez du blé pour vos familles contre la
,, famine, & je vous laiſſerai aller ; mais à
,, condition que vous m'ameniez vôtre jeune
,, frere ; Par - là je connoitrai que vous êtes
,, gens de bien & non des eſpions : Je vous
,, rendrai auſſi le frere que vous m'aurez laiſſé
,, & vous pourrez trafiquer $ reſter au pays
,, tant qu'il vous plaira : Ils vuidérent enſuite
,, leurs ſacs en préſence de leur pere, & lui fi
, rent voir tous les paquets de leur argent
liés ſéparément à l'entrée de chaque ſac , de quoi
», ils marquérent leur étonnement à leur pere,
8º la crainte qu'ils avoient que ce me fut une
ſurpriſe , dont ils étoient parfaitement innocens.
» Alors Jacob leur pere , leur dit : Vous êtes
,, cauſe que je ſuis déja privé de deux enfans :
,, Joſeph n'eſt plus : Siméon eſt mort pour moi :
» Voudriez-vous m'enlever éncore Benjamin ?
» Toutes ces pertes me regardent ſeul : C'eft
moi ſeul qui ſouffre de tout cela. Je ne puis vous
,, l'accorder. Surquoi Ruben dit à ſon pere :
» Je conſens volontiers que tu prennes deux
» de mes fils ; & que tu les faſſes mourir, ſi
,, je ne te ramene Benjamin. Remets - le - moi
, ſeulement entre les mains & je te promets
O 4 ,, de
2I6 L'A N c I E N TEsTAMENT

, de le ramener ; non , répondit Jacob , mon


,, fils ne deſcendra abſolument point en Fgypte
,, avec vous, car ſon frere eſt mort & celui ci
,, m'eſt reſté ſeul de Rachel leur mere, ma chere
,, femme : S'il lui arrivoit encore quelque acci
,, dent mortel dans le chemin , vous feriez cer
,, tainement deſcendre mes cheveux blancs au
,, ſépulcre avec la plus vive douleur. .
D. Jacoh perſiſta-t-il dans la réſolution de me
point laiſſer aller ſon fils Benjamin en Égypte ?
R. Non ; car il y fut enfin obligé par la
néceſſité de retourner en ce pays - là pour y
acheter des vivres , & par les repréſentations
que lui fit ſon fils Juda, qu'ils s'expoſeroient
tous à la mort , s'ils y alloient ſans mener avec
eux leur frere Benjamin.
D. Qu'eſt-ce donc qui ſe pqſſa entre Jacob $
ſes fils à ce ſujet ?
6/erf. R. ,, Comme la famine augmentoit dans le
X L II I.
I - I5 .
,, pays de Canaan ; quand les blés amenés d'E-
,, gypte eurent été cpnſumés , Jacob dit à ſes
» fils ; Retournez en Egypte & nous achetez un
,, peu de vivres ; mais Juda lui répondit au
,, nom de tous ; Cet homme qui gouverne toute
,, l'Egypte nous a expreſſément déclaré que nous
,, ne ſerions point admis à ſon audience, à
,, moins que nôtre jeune frere ne fût avec nous :
,, Si donc tu veux l'envoyer avec nous , nous
,, partirons & nous t'achéterons des vivres ;
», mais ſi tu ne veux pas l'envoyer nous ne
,, ſaurions aller en Egypte ſans craindre pour
,, nôtre vie, après ce que nous a declaré celui
,, qui y commande , que nous n'obtiendrions
,, rien de lui , ſi nôtre frere n'étoit avec nous ;
» Et pourquoi, leur dit Iſrael, lui avez-vous
,, dit
M 1 s E N - C A T E c H 1 s M E. - 217 .
» dit pour mon malheur que vous aviez en
,, core un frere ? Cet homme, répondirent-ils,
,, s'eſt ſoigneuſement enquis de ce qui regardoit
», & nous & nôtre famille : Il nous a demandé
, ſi nôtre pere vivoit encore, ſi nous n'avions
,, point d'autre frere , & nous lui avons dit
,, ce qui en étoit : Pouvions-nous déviner qu'il
,, nous ordonneroit de lui amener ce frere ?
» Juda dit donc à Iſraël ſon pere ; Envoye ton
» jeune fils avec moi, & nous nous mettrons
,, en chemin ; nous irons en Egypte en toute
,, ſureté ; nôtre vie n'y ſera expoſée à aucun
» danger , & nous ne mourrons point de faim,
» ni toi , ni nous, ni nos petits enfans. J'en
» répond, redemande le de ma main , ou pren
,, t en à moi ſeul, ſi je ne te le ramene, & ſi
,, je ne te le repréſente, tu pourras m'infliger
» la peine que tu voudras. Que ſi nous n'euſ- .
» ſions pas tant differé, nous ſerions certaine
» ment déja de retour pour la ſeconde fois :
» Alors Iſraël leur pere leur dit ; ſi cela eſt
,, ainſi & qu'il faille abſolument que Benjamin .
parte avec vous , faites au moins ce que je vai
vous dire pour gagner les bonnes graces de ce
Gouverneur de l'Egypte : " Prenez avec vous
,, de ce qu'il y a de plus eſtimé dans ce pays,
,, que vous porterez en préſent à ce Gouver
» neur ; quelque peu de beaume, & de micl,
,, du ſtorax, de la myrrhe , des dattes & des
,, amandes : Prenez auſſi de l'argent au double
,, dans vos mains & offrez de rendre celui qui
» a été mis à l'ouverture de vos ſacs ; peut
» être cela s'eſt - il fait par ignorance. Mettez
» vous enfin en chemin avec vôtre frere, &
» préſentez - vous à ce Gouverneur pour avoir
O 5 ,, dit
218 L'A N c I E N T E s T A M E N r
» du blé : Le D I E U Fort, Tout-puiſſant, voui
,, faſſe trouver grace devant lui , afin qu'il
,, vous relache Siméon vôtre autre frere, &
,, qu'il laiſe revenir Benjamin : Mais s'il faut
,, que je ſois privé de ces deux fils , ce ſera
tout ce qu'il plaira à Dieu ; je dois m'y ſoumet
,, tre. Les fils de Jacob firent tout ce que leur
,, pere leur avoit ordonné & ayant pris Benja
,, min avec eux, ils deſcendirent en Egypte,
,, & auſſi tôt à leur arrivée ils ſe préſentérent
,, à Joſeph.
D. Comment les reçut alors Joſeph ?
Gen.
XLIII.
R. » Joſeph les ayant vû 85 Benjamin avec
16 - 34. ,, eux , dit à ſon Maitre d'hotel ; Mène ces
,, hommes dans mon hotel ; tue quelque bète,
,, & nous prépare un bon repas ; car ils man
,, geront à midi avec moi : Et le Maitre d'ho
,, tel fit ce que Joſeph lui avoit dit , & me
,, na d'abord ces hommes à l'hotel de Joſeph ;
» mais ils eurent peur de ce qu'on les menoit
» là, & dirent entr'eux : L'on veut apparem
,, ment nous faire entrer ici , à cauſe de l'ar
,, gent qui fut remis dans nos ſacs dans nôtre
,, premier voyage ; afin de ſe jetter ſur nous,
» de nous prendre pour eſclaves , & de ſe ſai
,, ſir de nos anes. C'eſt ce qui fit qu'étants
,, encore à la porte de la maiſon , ils s'appro
,, chérent du Maitre d'hotel & lui dirent ; Sei
,, gneur, écoutez - nous, s'il vous plait ; Nous
,, ſommes déja venus une fois ici pour acheter
,, du blé , & après l'avoir acheté , lorſque mous
,, nous en retournions 83 que nous fumes arrivés
, à l'hotellerie ; nous ouvrimes nos ſacs & nous
,, y trouvames nôtre argent à l'ouverture en
, mèmes eſpéces & de meme poid que celles
- »» qtte
Mr 1 s ' E N C A T E c H 1 s M E. 219
,, que nous avions apporté ; mais nous l'avons
,, rapporté en nos mains pour vous le rendre,
,, & nous vous en apportons d'autre pour ache
,, ter de quoi vivre ; nous ignorons cependant
,, qui a remis cet argent dans nos ſacs. Le
2, Maitre d'hotel, leur répondit : Soyez en paix ;
,, tranquilliſez vous ; ne craignez rien. C'eſt vô
,, tre Dieu & le Dieu de vôtre pere qui a mis
» ces tréſors dans vos ſacs : Car pour l'argent
,, que vous m'aviez donné pour vôtre blé, je
,, l'ai bien reçu. Enſuite il leur amena Siméon ,
,, & les ayant fait entrer dans la maiſon de Jo
,, ſeph , il leur donna de l'cau pour ſe lavcr les
,, pieds & donna auſſi à manger à leurs anes.
,, Eux de leur côté préparérent leurs préſens,
» en attendant que Joſeph revint à midi ; car
» on leur avoit dit qu'ils devoient manger chez
,, lui : Joſeph étant revenu ils lui offrirent les
» préſens qu'ils avoient en leurs mains, en ſe
,, proſternants devant lui juſqu'à terre : Il leur
,, demanda à ſon tour comment ils ſe portoient,
,, & il leur dit ; Vôtre pere ce bon vieillard
,, dont vous m'avez parlé ſe porte-t-il bien ?
» Vit-il encore ? Oui, répondirent-ils ; ton ſer
» viteur, nôtre pere, vit encore & ſe porte
,, bien ; & ſe baiſſant de nouveau profondément,
,, ils ſe proſternérent encore devant lui. Enſuite
» Joſeph levant les yeux, pour les attacher ſur
,, Benjamin ſon frere uterin, il leur demanda
, ſi c'étoit - là leur jeune frere dont ils lui
,, avoient parlé , & lui adreſſant à hui-même la
,, parole ; Mon fils, lui dit - il, Dieu te faſſe
,, grace ! Et fes entrailles s'étant émues à la
,, vuë de ſon frere, il ſe retira promptement,
,, les larmes aux yeux, & entrant dans ſon
,, cabi
22o L'A N c I E N TE s TA M E N T
,, cabinet, il y pleura. Puis s'étant lavé le vi
, ſage, il ſortit de - là & *ſe faiſant violence
,, pour ne pas faire paroitre ſon attendriſſement,
,, il dit à ſon Maitre d'hotel ; ſervez ; & on
,, ſervit Joſeph à part, & ſes freres à part ,
,, & les Egyptiens qui mangeoient avec lui à
,, part ; parce qu'ils regardent comme une cho
,, ſe deffendue 83 abominable de manger avec
,, les Hébreux, à cauſe de leur profeſſion de Ber
gers qui étoit regardée en Egypte comme profane
, ou très mépriſable. Les freres de Joſeph s'aſ
, ſirent donc en ſa preſence, chacun ſelon le
,, rang que lui donnoit ſon âge ; mais ils ne
,, pouvoient s'empècher de faire paroitre l'un à
,, l'autre leur étonnement de tout ce qu'ils voy
,, oient : Et Joſeph leur fit porter des mets de
» ſa table , à chacun ſa portion ſelon l'uſage ;
,, mais la portion de Benjamin étoit cinq fois
,, plus grande que celles des autres, pour lui
témoigner par - là ſa tendreſſe , peut - être pour
mettre le cœur de ſes autres freres à l'épreuve ,
en l'honorant plus qu'eux, " & ils burent & fi
,, rent bonne chere avec lui.
D. Comment furent - ils enſuite renvoyés chez
eux ? -

Gen. R. , Joſeph commanda à ſon Maitre d'hotel


XLIV.
I - I3•
,, de remplir de vivres les ſacs de ces gens ,
,, autant qu'ils en pourroient emporter , & de
» remettre l'argent de chacun à l'ouverture de
,, ſon ſac ; mais en particulier de mettre ſa cou
,, pe d'argent à l'ouverture du ſac du plus jeu
,, ne, avec l'argent de ſon blé : L'ordre de Jo
,, ſeph fut exécuté ; & le lendemain matin dès
,, qu'il fut jour, on renvoya ces hommes avec.
,, leurs anes. Lorſqu'ils furent ſortis de la ville
2» aVdI1t
-

M Is E N C A T E c H I s M E. 22r

» avant qu'ils fuſſent beaucoup éloignés, Jo


», ſeph dit à ſon Maitre d'hotel, va, pourſui
» ces hommes, & quand tu les auras atteint,
,, di-leur ; Pourquoi avez - vous rendu le mal
» pour le bien ? La coupe que vous avez em
,, porté n'eſt - ce pas celle en laquelle mon Sei
» gneur boit, & penſez-vous qu'un homme tel
» que lui ne pût pas découvrir le vol, ou les
,, voleurs. C'eſt aſſurément mal fait à vous d'a-
,, voir commis une telle action. Auſſi tôt ce ſer
,, viteur courut après eux & les ayant atteint, il
,, leur dit ces mèmes paroles, auxquelles ils ré
,, pondirent ; Pourquoi mon Seigneur parle-t-il
,, ainſi ? A Dieu ne plaiſe que tes ſerviteurs
» ayent fait une telle choſe ! Voici nous t'a-
,, vons rapporté du pays de Canaan l'argent
,, que nous avions trouvé à l'ouverture de nos
, ſacs, & comment déroberions nous de l'ar
,, gent, ou de l'or de la maiſon de ton maitre ?
,, Que celui de tes ſerviteurs chez qui l'on trou
» vera le vol dont tu nous accuſes ſoit puni de
,, mort & que les autres ſoient , s'il le faut,
,, eſclaves de mon Seigneur. Je veux bien, ré
,, pondit le Maitre d'hotel , que ſelon vos pa
,, roles celui qui ſera trouvé coupable du vol
,, ſoit mon eſclave; mais pour les autres, ils
,, en ſeront déchargés. A ces mots chacun poſa
» ſon ſac à terre & l'ouvrit ; le Maitre d'hotel
» les fouilla tous , en commençant par ceux
» des plus âgés juſqu'à celui du plus jeune ,
» & la coupe ſe trouva dans le ſac de Benja
» min. Tous déchirérent alors leurs vètemens
» de douleur & chacun ayant rechargé ſon ane,
» ils retournérent à la ville.
D. Que
222 L'A N c I E N TE sT A M ENT

D. Que firent - ils de plus pour ſe juſtifier au


près de Joſeph $ ſauver Benjamin du péril dont
il étoit menacé *
R. ,, Juda un des ainés ſe mit à la tête de
» ſes freres 85 vint avec eux en la maiſon de
» Joſeph qui les y attendoit. Dès qu'ils le virent,
» ils ſe proſternérent tous le viſage contre terre :
,, & Joſeph leur dit ; Quelle action avez-vous
,, faite ? Ne deviez vous pas ſavoir qu'un hom
,, me tel que moi, découvriroit certainement le
,, larcin ? Juda prit auſſi tôt la parole au nom
» de tous & lui dit ; Que dirons-nous à mon
, Seigneur ? Comment lui parlerons-nous ? &
» comment nous juſtifierons-nous ? Dieu nous
» punit aſſurément à cauſe de nos iniquités,
» & nous nous reconnoiſſons eſclaves de mon
,, Seigneur, tant nous que celui dans le ſac
,, duquel la coupe a été trouvée. A Dieu ne
,, plaiſe , repartit Joſeph , que je faſſe cela !
» Celui là ſeul dans le ſac duquel la coupe a
,, été trouvée ſera mon eſclave ; mais vous tous,
s, retournez en paix vers vôtre pere. Alors Juda
enhardi par les ſentimens d'équité que Joſeph fai
,, ſoit paroitre, s'approcha de lui & lui dit ; Je
,, te prie inſtamment de permettre que ton ſer
,, viteur te diſe un mot & qu'il te plaiſe de
,, l'écouter ſans te mettre en colere contre lui ;
, car tu es comme Pharao, le maitre de nos
,, perſonnes 85 de nos vies. La premiere fois que
,, nous parumes devant mon Seigneur , il de
,, manda à tes ſèrviteurs, ſi nous avions pere
,, ou frere & nous lui répondimes que nous
,, avions un pere fort âgé , & un jeune frere
, qui lui étoit né dans ſa vieilleſſe, dont le fre
»» IC
M I s E N CA T E c H I s M E. 223
,, re eſt mort & celui-ci qui eſt reſté ſeul de ſa
,, mere eſt tendrement aimé de ſon pere : Sur
,, cela tu dis à tes ſerviteurs de le faire deſ
,, cendre vers toi pour le voir, & t'aſſurer par
là ſi ce que uous diſions étoit véritable, & nous
, dimes à mon-Seigneur que ce jeune garçon
,, ne pouvoit quitter ſon pere ſans le faire mou
, rir de douleur; mais tu dis à tes ſerviteurs,
,, ſi vôtre jeune frere ne revient avec vous,
, vous ne verrez plus ma face , pour obtenir
,, de moi quoi que ce ſoit. Or il eſt arrivé qu'é-
,, tants de retour vers ton ſerviteur nôtre pe
» re, nous lui rapportames les paroles de mon
,, Seigneur. Quelque tems après , nôtre pere
,, nous dit ; Retournez en Egypte pour nous
» acheter un peu de vivres , & nous lui répon
» dimes que nous ne pouvions y aller à moins
» que nôtre jeune frere ne vint avec nous ;
,, parce que ce n'étoit qu'à cette condition que
,, nous pouvions avoir un accès favorable au
» près du Gouverneur du pays. A cela ton ſer
,, viteur mon pere repartit ; Vous ſavez que
» ma femme Rachel m'a donné deux fils, dont
,, l'un étant ſorti de chez moi pour aller voir
,, ſes freres, j'ai eu des indices certaines qu'il
,, avoit été déchiré par des bètes ſauvages &
,, je ne l'ai point vû depuis : Si vous emme
,, nez encore celui-ci d'auprès de moi , & que
» quelque accident mortel lui arrive, vous fe
» rez deſcendre mes cheveux blancs au ſépul
», cre avec la plus vive douleur , cependant après
», bien des inſtances il nous le remtit. Maintenant
» donc quand je ſerai de retour vers ton ſervi
» teur mon pere, ſi l'enfant qu'il aime tendre
» ment & de la vie duquel dépend ſa propre
22 VMC 2
224 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» vie , n'eſt pas avec nous , il eſt fort à crain
» dre qu'il n'en meure , & tes ſerviteurs feroient
,, ainſi deſcendre avec douleur les cheveux blancs
,, de leur pere dans le ſépulcre. De plus, ajou
» ta Juda, ton ſerviteur à réponâu en parti
,, culier de cet enfant auprès de ſon pere &
,, lui a dit ; Si je ne te le raméne, je ſerai
,, toute ma vie ſujet à la peine que tu voudras
» m'impoſer. Je te prie donc inſtamment que
,, ton ſerviteur ſoit eſclave de mon Seigneur à
,, la place de ſon jeune frere ; & qu'il s'en aille
,, avec ſes freres : Car comment retournerois-je
,, vers mon pere, ſi l'enfant qu'il chérit n'eſt
,, avec moi : O Dieu ! que je ne voye point
,, l'affliction qu'en auroit mon pere !
D. Joſeph me fut-il pas touché $ attendri par
ce diſcours de Juda ? -

Gen.
XLV.
R. Oui, * il en fut ſi touché qu'il ne fut
I - I5.
,, plus le maitre de ſes mouvemens ; mais,
,, avant .. que d'éclater , il fit ſortir tous les
,, Egyptiens qui étoient préſens & perſonne ne
,, reſta avec lui que ſes freres, quand il ſe fit
,, connoitre à eux : Dès qu'il ſe vit en liberté, il
,, éleva ſi fort la voix par ſes cris de joie mè
,, lés de larmes que les Egyptiens l'entendirent
,, & que le bruit s'en répandit dans toute la
» maiſon de Pharao. Je ſuis Joſeph , dit - il
;, d'abord à ſes freres : mon pere vit il encore ?
,, Mais ſes freres ne lui pouvoient répondre ,
,, tant ils étoient eux - mèmes troublés de ſa
,, préſence. Joſeph leur dit encore ; Approchez
,, vous de moi & s'étant approchez il leur tint
,, ce diſcours : Je ſuis Joſeph vôtre frere que
, vous avez vendu pour être mené en Egyp
,e te ; mais que cela ne vous faſſe à préſent au
22 Ctl Ilº
MIs EN C A T E c H I s M E. 225

» cune peine ; & n'en ayez pas de regret ,


» parce que Dieu m'a envoyé devant vous
,, dans ce pays pour la conſervation de vôtre
,, vie : Car il y a déja deux ans que la fami
,, ne eſt au pays, & elle doit durer encore
» cinq ans, pendant leſquels il n'y aura preſque
» point de labourage ni de moiſſon : mais Dieu
» m'a envoyé devant vous dans ce pays, afin
» que vous ſoyez conſervés ſur la terre, & que
» vous ayez de quoi vivre en vous fourniſſant
,, les moyens de vous garantir de la famine.
,, A la vérité, ce n'eſt pas vous qui m'avez
» envoyé ici, mais c'eſt Dieu qui s'eſt ſervi de
vous pour l'exécution de ſes deſſeins 85 qui m'a
,, établi ici comme un pere à Pharao, & com
» me Seigneur ſur toute ſa maiſon & pour com
», mander dans tout le pays d'Egypte. Hatez
» vous d'aller vers mon pere, & dites-lui :
s, Ainſi a dit ton fils Joſeph ; Dieu m'a établi
,, Seigneur ſur toute l'Egypte ; Deſcend vers
,, moi ſans tarder & tu habiteras dans la con
,, trée de Goſcen : Tu ſeras près de moi, toi,
,, tes enfans & les enfans de tes enfans, tes
,, troupeaux, & tes bœufs & tout ce qui eſt
» à toi, & je t'entretiendrai là pendant les cinq
,, années de famine qu'il y aura encore dans
» le pays ; de peur que tu ne périſſes par la di
» ſette, toi & ta maiſon & tout ce qui t'ap
, partient. Vous voyez tous à préſent de vos
,, yeux & Benjamin mon frere voit auſſi de
» ſes yeux que c'eſt moi Joſeph qui vous parle
» de ma propre bouche. Rapportez donc à mon
,, pere, quelle eſt ma gloire en Egypte & tout
», ce que vous avez vû , & hatez-vous de fai
,, re deſcendre ici mon pere : Enſuite Joſeph ſe
Tome I. P » jetta
226 L'A N c I E N TEsTAMEN T
,, jetta ſur le cou de Benjamin ſon frere en
,, pleurant, & Benjamin pleura auſſi ſur ſon cou ;
,, puis il baiſa tous ſes freres & pleura de joie
,, en les embraſſant. Après cela ſes freres s'en
, tretinrent familierement avec lui de tout ce
qui s'étoit paſſe de part 83 d'autre dans la fa
mille, depuis leur ſéparation.
D. Que fit de ſon côté Pharao quand il ap
prit que les freres de Joſeph étoient arrivés chez
lui ?
Gen. R. » Dès que le bruit fut répandu à la Cour
XLV ,, de Pharao, que les freres de Joſeph étoient
*** ,, arrivés, le Roi en eut beaucoup de joie de
,, mème que ſes ſerviteurs, 85 ayant ſans doute
appris de Joſeph lui-même le deſſein qu'il avoit
de faire venir Jacob ſon pere en Fgypte avec
toute ſa famille, 85 de l'établir dans le pays de
| Goſcen ſous le bon plaiſir du Roi, " il dit à
,, Joſeph qu'il pouvoit ordonner de ſa part à
» ſes freres de charger leurs bêtes , de partir
» pour s'en retourner au pays de Canaan , &
,, de ramener de-là leur pere & leurs familles
,, en Egypte, ſous promeſſes de leur donner de
,, tout ce qu'il y auroit de meilleur au pays,
,, & de les y faire vivre dans l'abondance ;
,, en donnant pour cela plein pouvoir à Joſeph
,, de faire ce qu'il voudroit. Il leur fit prendre
,, encore des chariots du pays d'Egypte pour
» amener leurs petits enfans & leurs femmes ;
» & leur recommanda ſur tout d'amener leur
,, pere & de venir au plutôt, ſans regretter
,, aucun des effets qu'ils ſeroient obligés de laiſ
,, ſer; parce qu'ils pourroient diſpoſer de tout
» ce qu'il y auroit de meilleur en Egypte, # C$
|

M I s E N C A T E c H I s M E. 227
les en dédommageroit ſuffiſamment. Et les enfans
,, d'Iſrael le firent ainſi.
D. Qu'eſt-ce que Joſeph fit encore pour eux au
tems de leur départ *
R. , Outre les chariots que Joſeph leur don Gen.
,, na ſelon l'ordre de Pharao , il leur fit diſtri X L V.
2 I - 25«
,, buer des proviſions pour le voyage, & à cha
,, cun des robes de rechange, & à Benjamin
,, trois cent pieces, ou ſicles d'argent & cinq
,, robes de rechange : Il envoya auſſi à ſon pe
,, re dix anes chargés des plus excellentes cho
,, ſès qu'il y eut en Egypte & dix aneſſes char
» gées de blé, de pain & de proviſions pour
» le voyage qu'il auroit à faire. Il renvoya
,, ainſi ſes freres & leur dit avant de partir :
» Qu'il n'y ait entre vous aucune querelle ni
reproche pour tout ce qui s'eſt paſſé. " Ils re
,, vinrent donc de l'Egypte au pays de Canaan
, auprès de leur pere Jacob & ils lui rappor
» térent que Joſeph vivoit & qu'il avoit le com
,, mandement ſur tout le pays d'Egypte. -

D. Quel effet produiſit ſur Jacob une nouvelle


ſi peu attendue ? -

R. A l'ouie du nom de Joſeph & à la nou X Gen. L V.


velle ineſperée que ce cher fils vivoit encore & 26 - 28
qu'il étoit élevé à une ſi haute dignité , quoi
quil pût à peine le croire, " Jacob fut ſi ému
» & ſi attendri qu'il tomba preſque en défail
» lance ; mais ſes fils pour le perſuader de ce
» qu'ils diſoient, lui rapportérent tous les diſ
» cours que Joſeph leur avoit tenus : Puis ayant
» vû les chariots que Joſeph lui avoit envoyés
» & ceux qui étoient deſtinés à le porter , l'eſ.
» prit lui revint, il reprit une nouvelle vigueur.
P 2 ,, Alors
228 L'A N c I E N T E s T A M E N T
, Alors Iſraël dit; c'eſt aſſez; Joſeph mon fils
,, vit encore ; je ſuis tout prêt à aller vers lui
» & j'eſpere de le voir avant mourir.

c H A P I T R E x v.
Contenant l'arrivée & l'établiſſement de Ja
| cob & de ſa famille en Egypte; les ré
glemens que fit Joſeph dans les dernie
res années de la famine pour aſſurer au
Roi des revenus très conſidérables ; & ce
qui ſe paſſa entre Jacob & Joſeph dans
une maladie du premier qui fut bientôt
ſuivie de ſa mort.

D. St ce que Jacob ou Iſraël partit bien-tôt


après l'arrivée de ſes fils pour aller join
dre ſon fils Joſeph en Egypte ?
Gen. R. ,, Iſrael partit le plutôt qu'il put avec tout
XLJVI.
» ce qui lui appartenoit, & vint d'abord en
I - 27.
,, Béerſébah ſur le chemin de l'Egypte , où il y
avoit un autel que ſon pere lſaac avoit élevé ;
,, & il y offrit des lacrifices au D 1 E U de ſon
,, pere iſaac, en aciions de graces de toutes les
faveurs qu'il venoit d'en recevoir, $ pour lui de
mander ſa protection dans le voyage qu'il alloit
entreprendre : Après ces ſacrifices offerts * Dieu
,, parla à Iſrael dans les viſions de la nuit,
, en l'appelant Jacob , Jacob ; à quoi ayant
, répondu, me voici, toiit prêt à t'entendre &
,, à t'obéir : D I E U lui dit ; Je ſuis le Dieu
, Fort , le D I E u de ton pere qui ai été ſon
,, prQ
M Is - E N C A T E c H 1 s M E. 229
, protecteur : Ne crain point de deſcendre en
» Egypte ; car je t'y ferai devenir le pere d'u-
,, ne grande nation ; je deſcendrai avec toi en
,, Egypte ; je t'y accompagnerai de ma protection
85 de mon ſecours dans tous tes beſoins, & je
,, t'en ferai auſſi très certainement remonter un
,, jour , ou ta poſtérité, pour revenir dans le pays .
,, que tu quittes, & Joſeph ton fils mettra ſa
,, main ſur tes yeux au moment de ta mort ;
,, enſorte que tu mourras en paix entre ſes bras.
,, Jacob partit enſuite de Béerſébah & ſes fils
,, mirent leur pere, leurs petits enfans & leurs
», femmes ſur les chariots que Pharao avoit en
,, voyés pour les porter. Ils emmenérent auſſi
,, leur bétail & le bien qu'ils avoient acquis au
» pays de Canaan. Jacob amena donc avec lui
» en Egypte tous ſes enfans, y compris ſes filles
,, & les filles de ſes fils & tous leurs deſcen
», cendans , au nombre de ſoixante ſix mâles ,
ſelon le dénombrement qui eſt fais ici de chaque
», famille, ſavoir des enfans de Léa avec Dina
», ſa fille, trente trois perſonnes ; des enfans
», de Zilpa ſervante de Léa ſeize perſonnes ; des
,, enfans de Rachel mere de Joſeph & de Ben
',, jamin, quatorze perſonnes, y compris Joſeph
,, & ſes deux fils, Manaſſé & Ephraïm qu'il
,, avoit eu d'Aſenath fille de Potipharah ; & des
,, enfans de Bilha ſervante de Rachel ſept pcr
,, ſonnes : Ainſi toutes les perſonnes, ou tous
» les enfans qui appartenoient à Jacob & qui
» étoient nés de lui, ſans les femmes des en
,, fans de Jacob , qui vinrent alors en Egypte,
,, étoient en tout ſoixante ſix perſonnes , aux
quelles ſi l'on joint Jacob 83 Joſeph & les deux
,, enfans qui lui étoient nés en Egypte , tou
P 3 2, tc6
23o L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» tes les perſonnes de la famille de Jacob ve
,, nues en Egypte feront en tout ſoixante &
,, dix ( a ).
D. Comment ſe paſſa la premiere entrevuë de
Jacob 83 de ſa famille avec Joſeph ?
Gen. R. ,, Jacob ayant envoyé Juda devant lui
XI.1'I. ,, vers Joſeph pour l'avertir de ſon arrivée , lui
*8 - 34.
,, fit dire de venir au devant de lui, pour le
,, conduire au pays de Goſcen ; & tout de ſui
3, te

( a ) Soixante $ dix. Au lieu de ce nombre , on


lit dans la verſion Grecque des 7o. ſoixante & quinze
perſonnes & de même au Chap. I. de l'Exode X. 5.
C'eſt auſſi ſans doute ſur cette verſion que St Etien
ne ou St Luc dans le diſcours qui eſt rapporté Ačt.
VII. 14 fait mention de ſoixante & quinze perſon
nes. Ceux qui ont voulu concilier ces deux nombres,
ont crû pouvoir le faire , en ajoutant aux perſonnes
ici nommees, cinq autres deſcendus de Manaſſe & d'E-
ph aïm qui étoient en vie lorſque Jacob deſcendit en
Eeypte, ſavoir Makir, Galaad, Sutela, Tahana &
Eden dont il eſt fait mention I. Chron VII. 14 - 2o.
Mais il eſt beaucoup plus apparent que c'eſt une faute
des copiſtes qui s'ett gliſſée dans la verſion des 7o.
aux deux endroits ci - d ſſus indiqués : & ce qui le
confirme, c'eſt que dans un autre paſſage Deuter. X.
22. le même nombre de ſoixante & dix qui eſt rap
pelé conformement au Texte Hébreu , ſe trouve auſſi
dans la plûpart des Exemplaires de la verſion des 7o.
Et cette conjecture ſe confirme par le témoignage de
l'Hiſtorien Joſephe dans ſes Antiquités Judaïques L. H.
Ch. 7. qui ne compte comme l'Hébreu que ſoixante
· & dix perſonnes de la famille de Jacob. Les Savans
propoſent ſur cela pluſieurs autres moyens de concilier
cette différence de nombre ; mais l'on peut s'en tenir
à ce que l'on vient de remarquer ſans déroger en rien
à la divinité des Saintes Ecritures , qui ne dépend nul
lement de la citation, ou de l'indication d'un nombre
pour un autre,
º,

M Is E N C A T E c H I s M E. 231
,, te ils prirent le chemin de cette contrée.
, Joſeph de ſon côté fit atteler ſon chariot &
,, monta pour aller au devant de ſon pere e3
, le conduire en Goſcen. Auſſi-tôt qu'il ſe pré
, ſenta à lui , il ſe jetta au cou de Jacob &
,, l'arroſa quelques momens de ſes larmes : Iſ
,, raél pénétré de joie d'embraſſer un fils qu'il
pleuroit comme mort depuis vingt $ trois ans, lui
,, dit; Je mourrai préſentement content ; puis
,, que j'ai eu la ſatisfaction de te revoir & que
,, tu vis encore. Après cela , Joſeph dit à ſes
, freres & à toute la famille de ſon pere ; Je
,, vai retourner vers Pharao pour lui appren
,, dre vôtre arrivée & je lui dirai ; mes freres
,, & la famille de mon pere qui étoient au pays
,, de Canaan ſont venus vers moi ; Ils ſont
,, tous bergers & leur occupation ordinaire eſt
», de paître des troupeaux : Ils ont conduit
,, avec eux leurs brebis & leurs bœufs, leur gros
» e5 menu bétail & tout ce qu'ils avoient de
,, biens. Il arrivera de-là que Pharao vous fera
», appeler & vous dira ; Quel eſt vôtre mètier ?
,, Alors vous lui direz : Tes ſerviteurs ont
,, toujours été occupés à garder le bétail dès
,, leur jeuneſſe juſqu'à préſent : Q'a été l'occu
», pation ordinaire de nos peres, c'eſt auſſi la
», nôtre ; afin que cette conſideration l'engage
, à vous laiſſer dans le pays de Goſcen ; car
,, les Egyptiens ont en horreur les bergers 83
» en particulier ceux du menu bétail.
D. D'où venoit donc cette horreur des Egyp
tiens pour les bergers ?
R. L'on ne peut pas dire que ce fut à cauſe
de la profeſſion même , puiſqu'il y avoit par
mi eux des troupeaux nombreux de gros
P 4
# e
-

232 L'A N c I E N T E s T A M E N r
de menu bétail qui avoient beſoin de bergers ;
& que Pharao lui-même demande dans la ſuite
à Joſeph des hommes de ſa famille, habiles
dans cette profeſſion pour avoir ſoin de tous
ſes troupeaux. Suivant cela tout au plus, pour
roit-on en conclure que la profeſſion de ber
gers étoit mépriſée ou décriée en Egypte ; il
paroit d'ailleurs par la relation des plus anciens
hiſtoriens Payens que les bergers , de mème
que les laboureurs, les artiſans, les ſoldats for
moient une des Claſſes du peuple d'Egypte. Il
ſuit de là aſſez viſiblement que l'horreur des
Egyptiens pour les bergers doit ſe reſtreindre
aux bergers ou aux Paſteurs étrangers à leur
mation : ce qui pouvoit venir de trois princi
pales cauſes ; 1°. de ce que l'Egypte avoit été
ſoumiſe précédemment à des Rois Paſteurs qui
par leurs cruautés, s'étoient rendus tellement
odieux que le nom ſeul étoit en horreur.
2°. Parce que les bergers des pays voiſins de
l'Egypte, s'étoient rendus déteſtables par leurs
brigandages & par le genre de vie qu'ils me
noient. Enfin peut-être auſſi parce que les ber
,gers étrangers tuoient leurs bœufs & leurs bre
bis pour s'en nourrir , & que les Egyptiens au
contraire n'en mangeoient jamais qu'après que
ces animaux avoient été offerts en ſacrifice, &
qu'ils en faiſoient l'objet de leur culte.
D. Les inſtructions que Joſeph donna à ſes fre
res ſur ce qu'ils devoient dire à Pharao, quand
ils ſe préjenteroient à lui, eurent - elles le ſuccès
qu'il en attendoit ?
Gen. R. Oui ; " Joſeph revint d'abord à Pharao
XlºII
I - I3
,, & lui apprit que ſon pere & ſes freres, avec
» leurs troupeaux, leurs bœufs & tous leurs
» effets
M I s - E N CAT E c H 1 s M E. 233
, effets étoient arrivés du pays de Canaan &
, qu'ils étoient actuellement dans la contrée de
,, Goſcen : Enſuite lui ayant préſenté cinq de
» ſes freres qu'il avoit amené avec lui ; Pharao
,, leur demanda : Quelle étoit leur occupation,
,, ou leur genre de vie * Tes ſerviteurs, lui
,, répondirent-ils, ſont bergers de profeſſion,
,, comme l'ont été nos peres : & ils ajoutérent :
, Nous ſommes venus demeurer comme étran
s, gers en ce pays ; parce qu'il n'y a point de
», pâture pour les troupeaux de tes ſerviteurs
,, dans le pays de Canaan , & qu'il y a une
» grande famine : Nous te prions donc inſtam
,, ment de permettre que tes ſerviteurs demeu
» rent dans la contrée de Goſcen. Sur cela
,, Pharao dit à Joſeph : Ton pere & tes freres
s, ſont venus vers toi : Le pays d'Egypte eſt
» à ta diſpoſition : Tu pourrois les placer dans
,, le meilleur endroit du pays : mais, qu'ils de
s, meurent, j'y conſens, dans la terre de Goſcen ;
» & ſi tu connois qu'il y ait parmi eux des
» hommes induſtrieux & çapables, tu les éta
» bliras ſur tous mes troupeaux, ou leur en
» donneras l'inſpection générale. Joſeph préſenta
,, auſſi Jacob ſon pere à Pharao & Jacob bénit
» Pharao ; c. à d. qu'en le ſaluant reſpectueuſe
ment, il fit des vœux au ciel pour ſa proſpérité.
» Pharao demanda enſuite à Jacob , quel âge il
» avoit ? Seigneur, répondit Jacob, les jours
,, des années de ma vie, ou de mes pélerinages
» ſur la terre, ſont cent trente ans : Ils ont
» été courts en comparaiſon de ceux de mes pe
,, res , & n'ont point atteint les jours des an
,, nées de la vie de mes peres, pendant leſquels
•, ils ont été comme des étrangers ſur la Terre ;
P 5 », mais
234 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» mais ils ont auſſi été mauvais par les afflictioni
85 les calamités dont ils ont été accompagnés.
» Jacob fit encore des vœux en faveur de Pha
,, rao & ſortit de devant lui. Enſuite Joſeph
» aſſigna une demeure à ſon pere & à ſes fre
», res dont il les mit en poſſeſſion , au pays
,, d'Egypte, au meilleur endroit du pays, en
,,-la contrée de Rahméſés, qui fait partie de la
,, Province de Goſcen , comme Pharao l'avoit
,, ordonné : Et Joſeph fournit à ſon pere & à
,, ſes freres & à toute leur famille, tout le pain
,, néceſſaire à leur entretien, pendant que le
», pain manquoit par tout le pays ; car la fa
,, mine étoit ſi grande que les habitans de l'E-
» gypte & du pays de Canaan tomboient en
» défaillance faute de nourriture.
D. Quelle fut la conduite de Joſeph dans ces
facheuſes circonſtances ?
Gen.
XLVII.
R. ,, Joſeph ramaſſa d'abord tout l'argent qui
l4 - 26. ,, ſe trouva au pays d'Egypte & au pays de Ca
,, naan , pour le blé qu'on achetoit, & il le
» porta à l'Hôtel de Pharao : N'y ayant plus
,, d'argent dans ces pays - là , tous les Egyptiens
,, vinrent à Joſeph & lui dirent ; voudrois- tu
,, que nous mouruſſions à tes yeux , faute d'ar
» gent pour acheter du pain : Donne-nous donc
,, du pain à quelle condition qu'il te plaira : à
,, quoi Joſeph répondit : Puiſque l'argent vous
,, manque vendez-moi vôtre bétail & je vous
,, donnerai du pain ſelon cela. Alors ils ame
,, nérent à Joſeph leur bétail & Joſeph leur don
,, na du pain , pour des chevaux, pour des
» troupeaux de brebis & de bœufs, & pour
» des anes ; ainſi il leur fournit de quoi avoir
» du pain cette année-là pour tous leurs trou
»» peaux
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 235
, peaux. Cette année finie, ils revinrent à lui
» l'année ſuivante & lui dirent ; Nous ne diſ
», ſimulerons point à mon Seigneur que n'ayant
» plus ni argent ni bétail , il ne nous reſte
» plus rien à t'offrir pour avoir de quoi vivre,
,, que nos corps & nos terres : Voudrois - tu
» nous voir mourir de faim ? Reçoi plutôt l'of
» fre que nous te faiſons de nos perfonnes &
» de nos terres ; achete- les pour le pain que
,, tu nous donneras en échange , & nous ſerons
», ſerviteurs de Pharao & nos terres ſeront à
» lui. Donne-nous auſſi de quoi ſemer (a ) ;
» afin que nous vivions & ne mourions pas ,
,, & que la terre ne ſoit pas tout-à fait inculte
» & déſolée. Par ce moyen Joſeph acquit à Pha
» rao toutes les terres d'Egypte ; car la famine
, étoit montée à un tel point qu'elle avoit ré
» duit les Egyptiens à vendre chacun ſon champ,
ou toutes ſes terres, pour le blé qu'on lui fournit.
» Ainſi Pharao devint l'unique proprietaire de
» toutes les terres de ſon royaume ; 83 pour
lui en aſſurer d'autant mieux la proprieté, 85 pour
enlever tout ſujet de plainte à l'avenir, Joſepb
», tranſplanta, ou fit paſſer (b ) tout le peuple
,, dans

( a ) De quoi ſemer. Il y a apparence que ce fut


alors la ſeptieme année de la famine & que les Egyp
tiens comptans ſur les prédictions de Joſeph , eſperoient
que l'année ſuivante ſeroit plus abondante.
(b) Fit paſſer. Il y a dans l'original Hébreu He
gnevir c. à d. il fit paſſer ; mais le Texte Samaritain
porte Hegnevid, par un leger changement de la lettre
r en d qui ſont des plus reſſemblantes dans ces deux
langues ; d'où les 7o Interp. Grecs & la vulgate Lati
ne après eux ont traduit : Il aſſervit, ou rendit Jº#
C
a36 , L'A N c I E N T E s T A M E N T:
» dans les villes, depuis un des bouts des con
» fins de l'Egypte juſques à l'autre bout ; c. à d.
que d'un bout du Royaume à l'autre, cette tranſ
plantation eut lieu 83 que chaque héritage chan
,, gea de maitre. Il n'y eut que les terres des
», Sacrificateurs que Joſeph n'acquit point ; parce
», que Pharao leur avoit aſſigné une ration de
», pain qu'ils mangeoient : C'eſt pourquoi ils ne
» vendirent point leurs terres. Enſuite Joſeph
» dit au peuple : Voici j'ai acquis vos perſon
», nes & vos terres à Pharao ; je vai encore
•, vous donner de la ſemence pour ſemer la
» terre ; mais j'exige ceci de vous ; c'eſt que
» quand le tems de la recolte viendra , vous
» en donnerez la cinquieme partie à Pharao,
» & les quatre autres ſeront à vous ; tant pour
» ſemer vos champs , que pour vôtre nour
,s riture & celle de vos domeſtiques & de vos
,, enfans : Et les Egyptiens lui répondirent ;
s, Nous te devons la vie : Que mon Seigneur
» continue à nous être favorable ; & nous con
» tinuerons à ſervir Pharao de la maniere que
,, tu l'ordonnes. Joſeph fit donc une Loi qui
» dure juſqu'à ce jour ſur les terres de l'E-
a, gypte, c'eſt qu'on paye à Pharao un cin
», quieme du revenu. Il n'y eut que les terres
» des Sacrificateurs, qui n'ayant point été ven
,, dués à Pharao, me furent point auſſi ſijettes à
cette loi.
D. Quelles
le peuple à Pharao. Ce qui forme auſſi un ſens très
convenable & qui paroit appuyé par ce qui eſt dit dans
la ſuite ; mais l'Hiſtorien Joſephe confirme le premier
fens que préſente l'Hébreu.
M Is EN C A T E c H f s M E. 23 ,
D. Quelles furent les ſuites de la conceſſion fai
te à Jacob, par le Roi Pharao, du pays de Goſ
cen, pour y habiter avec ſa famille ?
R. Voici ce qu'en dit Moïſe, * Jacob au Gen,
XLVII !
,, trement dit Iſrael habita donc avec ſes enfans 27 - 3I.
», au pays d'Egypte en la contrée de Goſcen ;
, ils en jouïrent tranquillement, ils s'y accru
,, rent, & s'y multipliérent beaucoup. Jacob y
» vécut encore dix & ſept ans, ainſi les années
» de ſa vie allérent juſques à cent quarante ſept
,, ans ; & le tems de ſa mort approchant, il
,, fit venir Joſeph ſon fils & lui dit ; ſi tu
,, veux me faire plaiſir, & ſi je te ſuis cher ;
,, met préſentement, je te prie, ta main ſous .
» ma cuiſſe, 83 promets moi par cette maniere de
», ſerment, que tu m'accorderas ſans y manquer
,, la faveur que je te. demande avec inſtance ;
,, c'eſt que tu ne m'enterreras point en Egypte ;
,, mais que je ſerai enſeveli avec mes peres, &
,, pour cet effet tu me tranſporteras d'Egypte
,, au pays de Canaan & tu m'enterreras dans
,, leur ſépulchre : Je le ferai comme tu l'ordon
» nes, répondit Joſeph ; Jure le moi, repartit
,, Jacob, & Joſeph le lui promit avec ſerment :
,, Après cette aſſurance , Jacob remit ſa tête
,, ſur le chevêt de ſon lit, 85 Joſeph retourna
à la cour de Pharao. -
D. Qu'arriva - t - il bientôt après, qui obligea
Joſeph de revenir vers ſon pere ?
R. ,, On vint lui dire que Jacob ſon pere Gen.
» étoit malade 83 apparemment près de ſa fin ; XLVIII.'
I -7.
,, ſur cela il prit ſes deux fils Manaſſé & Ephraïm
,, & partit avec eux pour lui rendre ſes derniers
devoirs : Dès qu'ils furent arrivés on l'annonça
,, à Jacob ; qui fit de ſon côté des efforts pº#
G
238 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, ſe mettre ſur ſon ſéant dans ſon lit ; & quand
,, Joſeph parut, il lui dit ; Le Dieu Fort, Tout
,, puiſſant m'apparut autrefois à Luz, autrement
,, Béthel, au pays de Canaan , & m'y bénit
par les promeſſes excellentes qu'il me fit , en me
» diſant ; je te ferai croitre ſur la Terre, &
,, multiplier en te donnant une nombreuſe poſté
,, rité; Je te ferai devenir le Pere d'une grande
» multitude de peuples, & je donnerai ce pays
,, où tu habites préſentement, à ta poſterité
,, après toi, en poſſeſſion qu'on peut regarder
» comme perpétuelle. Or maintenant, je veux
,, que tes deux fils qui te ſont nés dans le
» pays d'Egypte, avant que je vinſſe vers toi,
» ſoient traités comme mes propres enfans, dans
le partage qui ſe fera de mes biens après ma mort ;
# particulier dans le.partage qui ſe fera de
la Terre que Dieu m'a promis $ à ma porté
rité après moi. " Ephraim & Manaſſé ſeront
,, cenſés dans ces partages, mes propres fils ,
,, de même que Ruben & Siméon mes fils ai
,, nés : mais les enfans que tu auras après eux
,, ſeront à toi , & porteront le nom de leurs
,, freres dans leur héritage, c. à d. qu'ils ſeront
conſiderés ſeulement comme tes fils ou mes petits
fils, tels que ſeront les enfans de Manaſſe 83
d'Ephraim , 85 leur portion ſe trouvera ſeulement
dans les partages attribués à leurs freres, ſelon
la diviſion qui en ſera faite entre les familles qui
deſcendront d'eux. J'en ordonne ainſi en mémoire
,, de Rachel ma chere femme ta mere , qui me
,, fut enlevée par la mort , quand j'étois en
», chemin , pour venir de Paddan-Aram au pays
,, de Canaan ; n'y ayant plus que quelque peu
» de chemin à faire pour arriver à Ephrat, &
- » JC
MIs E N C A T E c H I s M E. 239
,, je l'enterrai-là ſur le chemin d'Ephrat qui eſt s
,, la méme ville que Bethléhem.
D. Qu'eſt ce que Jacob dit enſuite aux enfans
de Joſeph qui étoient avec lui ?
R. , Jacob après avoir ainſi parlé à Joſeph, Gen.
» apperçut ſes fils auprès de lui, mais ne les #I !VII.
,, reconnoiſſant pas à cauſe de la foibleſſe de ſes* *
,, yeux appeſantis par la vieilleſſe ; il lui deman
» da , qui étoient ces jeunes gens ? Ce ſont
» mes enfans, répondit Joſeph , que Dieu m'a
» donnés dans ce pays : Fai les approcher de
» moi, reprit Jacob, afin que je leur donne
» ma bénédiction avant ma mort. Joſeph les
» ayant fait approcher de ſon pere, juſques ſur
» ſes genoux, Jacob les baiſa, les embraſſà &
» dit à Joſeph ; je ne croyois par revoir jamais
» ton viſage, & voici D I E U m'a fait la grace
» non ſeulement de te revoir ; mais auſſi de
» voir ta famille. Enſuite Joſeph les ayant fait
,, retirer d'entre les genoux de ſon pere pour
,, me pas le fatiguer, il ſe proſterna lui - mème
,, le viſage en terre devant lui pour lui deman
,, der ſa bénédiction en leur faveur ; puis ayant
,, repris ſes deux fils, Ephiaim à ſa droite qui
» repondoit à la gauche d'Iſrael, & Manaſſé à ſa
,, gauche qui répondoit à la droite d'Iſrael, il
,, les fit approcher de ſon pere, & Iſrael , ou
» Jacob avança ſa main droite & la mit ſur la
,, tête d'Ephraim le cadet qui étoit à ſa gau
» che, . & ſa main gauche ſur la tète de Ma
» maſſé l'ainé qui étoit à ſa droite, tranſpoſant
,, ainſi ſes mains de propos déliberé & il bénit
,, Joſeph dans la perſonne de ſes enfans, en di
, ſant ; Que le D I E U en la préſence duquel
» mes peres Abraham & lſaac ont marché ;
* » Que
24o L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
, Que le D I E U qui m'a donné dequoi vivre,
» qui m'a nourri 85 protégé depuis que je ſuis
,, au monde juſqu'à ce jour ; Que l'Ange de
,, Dieu qui m'a perſervé de tout mal 83 de tous
,, les dangers que j'ai courus béniſſe ces enfans,
» & que mon nom & le nom de mes peres
,, Abraham & Iſaac ſoit reclamé ſur eux, c. à d.
qu'ils ayent part comme mes propres enfans à la
bénédiction que Dieu m'a promiſe 85 à mes pe
» res, & qu'ils croiſſent en nombre ſur la ter
,, re, comme les poiſſons dans la mer.
D. Que dit Joſeph ſur cette prédilection que
Jacob ſembloit marquer pour Ephraïm en met
tant ſa main droite ſur lui plutôt que ſur Mu
maſſé qui étoit l'ainé 83 à ſa droite ?
6an. R. » Joſeph voyant que ſon pere mettoit ſa
2(LVIII.
I7 - 22»
» main droite ſur la tête d'Ephraim ſon cadet
» en eut du déplaiſir, 85 ſoupçonnant quelque
mépriſe, ou foibleſſe de vieillard dans cette action,
» il ſouleva la main de ſon pere pour la dé
, tourner de-deſſus la tête d'Ephraïm ſur celle
» de Manaſſé, & lui dit ; Ce n'eſt pas ainſi
» mon pere ; car celui-ci qui eſt à ta droite eſt
· » l'ainé ; mets , je te prie ta main droite ſur
» ſa tête; mais ſon pere refuſa de le faire en .
» diſant ; Je le ſai mon fils, je le ſai : mais
ce que je fais, je le fais aulJi à deſſein. Celui-ci
» Manaſſe ſera ſans doute le pere d'un grand peu
» pie ; toutefois ſon frere Ephraïm qui eſt le
» cadet ſera plus grand que lui par la nom
» breuſe poſtérité qui ſortira de ſes reins & qui
» dominera ſur les Nations. Le même jour ,
· » Jacob les bénit encore de nouveau, lorſqu'il
» leur dit ; Iſraël bénira , ou ſera béni en vous
» & l'on dira; quand on voudra ſouhaiter quel
: 22 que
M I s E N C A T E c H I s M E. 241
,, que bonheur à quelcun ; Que le Seigneur te
,, comble de bénédictions comme il en a com
» blé Ephraïm & Manaſſé ! Ainſi il mit Ephraïm
,, devant Manaſſé. Et s'adreſſant enſuite à Jo
» ſeph , il lui dit ; Je ſuis près de ma fin ; vous
,, n'avez plus rien à attendre de moi ; mais Dieu
» ſera avec vous, il vous protégera & vous
» favoriſera de ſon ſecours, & vous fera retour
» ner au pays de vos peres : Quand cela arri
,, vera, je te donne dans la perſonne de tes deux
,, enfans une portion de plus qu'à tes freres dans
la Terre de Canaan , que je tiens déja pour être
à moi par les promeſſes que Dieu m'en a faites ,
» tout comme ſi je l'avois conquiſe avec mon
| » arc & mon épée ſur les Amorrhéens , ou
A"

» Cananéens. -

C H A P, I T R E XV I.

Contenant les derniers diſcours de Jacob à


ſes enfans ; ſa mort ; ſes funerailles; & la
mort de Joſeph.
D. Ue fit de plus Jacob avant que de
- mourir º
R. , Il fit appeler tous ſes fils & leur dit ; Gen.
» Aſſemblez - vous auprès de moi, & je vous XLIX. I » ^.
» déclarerai par l'Eſprit de Dieu qui m'anime,
,, ce qui vous doit arriver & à vôtre poſtéri
s, té, aux derniers jours, ou dans les tems ave
,, mir : Aſſèmblez-vous & écoutez, fils de Jacob.
» Ecoutez, dis - je, Iſrael vôtre pere mourant,
& recueillez avec ſoin ce qu'il va dire à chacuº
3Tome I. Q. de
v

242 L'A N C 1 E N T E s T A M E N T
de vous, en commençant par Ruben mon aimé
85 finiſſant par Benjamin le plus jeune de tous.
Geu.
D. Que dit - il à Ruben ſon premier né ?
XLIX. R- » Ruben qui es mon premier né; qui
J» 4 » as eu les prémices de ma force & de ma vi
» gueur ; qui excellois , ou qui devois exceller
par les prérogatives de ta naiſſance en dignité
» & en puiſſance ſur tes freres ; tu t'es de
» bordé comme l'eau , 85 tu t'es laiſſé aller
à ton penchant vicieux : à cauſe de cela , tu
» n'auras aucune prérogative ſur tes freres ;
» parce que tu as ſouillé la couche & le lit
» de ton pere, en y montant avec Bilha ſa Com
cubine : Voyez Gen. XXXV. 22.
Gtw.
D. Qtte dit il ſur Siméon 83 Lévi ?
XLIX. · R. » Siméon & Lévi ſont freres, enfans d'u-
5 - 7. me même mere , unis par le ſang 85 par leur hu
,, meur ſanguinaire ; ils ont été tous deux des
,, inſtrumens de violence dans leurs conventions,
avec les Sichemites , ou dans le contract de ma
riage de leur ſeur Dina avec Hémor jils de Si
chem qui leur donna occaſion d'exercer leur matu
rel impétueux ſur des pauvres innocens : " Que
,, mon ame n'entre jamais dans leur conſeil ſe
,, cret ! A Dieu me plaiſe que j'aye jamais con
,, ſenti à leurs mattvais deſſeins ' Que ma gloire,
,, ou ma réputation ne ſoit jamais attachée à leur
» complot, comme ſi je l'avois approuvé , car
» ils ont tué des hommes, Hémor, Sichem 83
, leurs ſujets dans leur colère, & ils ont coupé
» les jarrets des bœufs uniquement pour leur
» plaiſir & pour ſatisfaire leur paſſion. Maudite
» ſoit leur colère ; car elle a été violente : &
» leur fureur ; car elle a été cruelle. Je les di
» viſerai en Jacob & les diſperſerai en #C, 4
m 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 243
a. à d. Je leur prédis que Dieu ſéparera leurs
tribus de maniere qu'elles ne ſoient jamais re
jointes dans le partage que les Iſraélites feront
de la Terre promiſe ; mais qu'au contraire elles
ſeront comme diſperſées ou répandues entre les au
ares tribus. -

D. Cette derniere prédiction de Jacob qui pa


roit ſi ſinguliere a - t - elle donc été réellement ac
complie de la maniere que vous l'expliquez ? -

R. Oui , l'événement juſtifia pleinement la


vérité de cette prédiction ; en ce que d'un cô
té la Tribu de Siméon n'eut proprement qu'une
portion de ce qui étoit tombé en partage à celle
de Juda comme on le voit. Joſué XIX. I - 9.
& que de l'autre la Tribu de Lévi n'eut d'hé
ritage entre ſes freres dans le pays de Canaan,
qu'un petit nombre de villes avec leur terri
toire dans chaque Tribu , & qu'ils eurent de
plus la dixme du revenu de toutes les Terres ;
enſorte qu'ils étoient par-là, comme véritable
ment diſperſés & répandues dans le pays d'Iſ
raël.
D. Qu'eſt-ce que Jacob dit enſuite à Juda ſon
quatrieme fils ?
R. » Juda , quant à toi 83 comme porte ton Gen.
,, mom ( a ) ; Tes freres te louëront 85 éxalte XLIX.
• K2•
ront ton bonheur dans les enfans qui maitront de
soi, qui ſeront les Rois de leur nation ( b ). Ta
» main ſera ſur le cou de tes ennemis : Tu les
Q_ 2 22 dom

( a ) Comme porte ton mom, Juda en Hébreu ſignifie,.


il ſera loué. -

( b ) Les Rois de leur nation. Tels que furent David,


Salomon & leurs ſucceſſeurs. - -
/

244 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, domteras 83 te les aſſujettiras. Les fils de ton
,, pere ſe proſterneront devant toi : ils te recom
moitront pour leur ſi périeur dans la perſonne de
», tes deſcendans. Juda , ou ſa poſtérité ſera com
,, me un fan de lion par ſa valeur : Mon fils
,, ſera encore ſemblable à un lion vigoureux ,
,, ou à un vieux lion qui eſt venu ſe courber
» pour ſe coucher dans ſon antre, après s'être
' ,, raſſaſié de proye : Qui eſt-ce qui oſera le ré
», veiller ? c. à d. Mon fils, tu jouiras dans la
· perſonne de tes deſcendans , les Rois de Juda, du
fruit de tes victoires, 83 de même qu'on n'oſe
roit réveiller un Lion endormi dans ſon antre,
ſans crainte d'en être devoré ; perſonne auſſi me
te troublera dans la poſſeſſion de tes avantages.
» Le ſceptre, ou l'autorité Souveraine ne ſe dé
,, partira point de Juda $ ſe conſervera dans
cette tribu par les Rois qui en deſcendront ; &
,, le Législateur , ou le pouvoir de faire 85 de
donner la Loi aux autres , comme l'ont les
» Magiſlrats 83 les Juges, ne ſortira point d'en
» tre ſes pieds, ou de ſa race 85 de ſa poſtérité;
c. à d qu'il reſtera toujours dans les deſcendans
de Juda 83 dans ſa Tribu des marques d'auto
,, rité 85 de pouvoir ; juſqu'à-ce que de ſa race
,, vienne le Scilo ( a ), ou le Meſſie qui doit être
2 , Ch1

(a) Scilo. L'on a ſuivi dans le ſens que l'on a don


né à ce terme, la ſignification la plus ſimple & la plus
commune, parce que l'on n'a rien trouvé de mieux ;
& que dans le fond , les autres interpretations ſe rap
portent à celle-là. Ce n'eſt pas ici le lieu de diſcuter
toutes les differentes explications que l'on a données
de ce fameux oracle pris dans toute ſon étenduë ;
pour en établir le vrai ſens & en juſtifier l'accompliſ
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 245
,, envoyé, & que les peuples lui rendent obéiſ
,, ſance. Il attache à la vigne ſon anon & au
» ſep de Sorec (a), ou à un ſep excellent, le
,, petit de ſon aneſſe. Il lavera ſon vêtement
,, dans le vin , & ſon manteau dans le ſang,
,, ou le jus des grappes : Il a les yeux vermeils
, de vin & les dents blanches de lait ; c. à d.
que Juda, ou ſa Tribu, poſſèderoit un pays très
fertile en vignes excellentes , 85 que le vin y ſe
roit ſi abondant, que l'on s'en ſerviroit comme de
l'eau , pour laver ſes habits, & qu'outre cela le
lait ſeroit un de ſes alimens les plus communs.
D. Quelle fut la prédiction que Jacob adreſſa
à Zabulon $ à Iſſacar les deux derniers fils de
Lea ?
R. » Zabulon , dit-il, ou ſa Tribu , ſera pla- Gºu.
,, cé au port des mers & des navires ; ſes cô- XLIX.
,, tés s'étendront vers Sidon ; c. à d. que la Tri- * " ***
bu de Zabulon habiteroit le long des côtes de la
mer; qu'elle y auroit des havres $ des mavires ;
85 qu'elle étendroit le nombre de ſes ports, du
- Q 3 - côté

ſement, contre toutes les difficultés qu'on y oppoſe ;


mais l'on peut aſſurer que celui qu'on a exprimé en
peu de mots dans le Texte , comprend tout ce qui a
été dit de plus clair ſur ce ſujet.
( a ) Sorec. C'étoit la patrie de Dalila femme de
Samſon, tout près de la vallée d'Eſcol , d'où les
eſpions envoyés par Moïſe pour reconnoitre le pays
de Canaan , rapportérent de ſi belles grappes de raiſin,
qu'il eſt remarqué qu'ils ſe mirent deux à les porter ſur
un baton, ſoit à cauſe de leur groſſeur, ſoit pour les
mieux conſerver ; & il eſt très vraiſemblable que dans
les environs de ce lieu - là , il y avoit auſſi des vi
gnobles abondants & des ſeps exquis qui produiſoient
de tels raiſins.
246 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
côté de Sidon, ( ce qui arriva effectivement ainſi
dans le partage qui échut à cette Tribu par le
,, ſort. ) Iſſachar, ajoute t-il, eſt un ane robuſte,
» couché entre les barres des étables ; il a vû
, que le repos étoit bon & le pays beau , &
» il a baiſſé ſon épaule pour porter & s'eſt aſ
» ſujetti au tribut ; c. à d. que la Tribu d'Iſſa
char ſemblable à un ane vigoureux aimeroit mieux
porter des fardeaux, ou demeurer renfermée entre
ſes freres, que de renoncer à ſes aiſes dans l'a-
gréable pays qui lui tomberoit en partage , 83
qu'elle prefereroit d'étre tributaire 85 chargée d'im
pots , aux fatigues de la guerre 85 des conquêtes.
" D. Que dit après cela Jacob des fils qu'il avcis
eu de ſes concubines , Dan, Cad, Aſſer 83
Nephtali ? -

67en. R. ,, Dan , ( comme le porte ſon mom qui


LX L I X.
16-2 I.
,, ſignifie Juge ) jugera ſon peuple : Sa Tribu,
de meme que celle des trois autres fils de mes con
cubines, aura ſes Chefs 83 ſes Juges pour la gou
,, verner, auſſi bien qu'une autre des Tribus
» d'Iſrael dont les peres ſont nés de mes femmes.
,, Dan ſera de plus un ſerpent ſur le chemin ,
» & une vipere dans le ſentier , mordant les
,, paturons du cheval , & celui qui le monte
» tombe à la renverſe ; c. à d. que la Tribu de
Dan employeroit contre ſes ennemis les ruſes 85
les ſiratagémes pour les détrui, e , plutôt que les
armes 83 la force ouverte : º O E T E R N E L,
s'écria alors Jacob , dans le ſentiment de ſes for
,, ces é ttſees : J'ai attendu ton ſalut : comme s'il
avoit dit ; Je me conſie entierement en toi , 83
j'attens cet heureux moment où tu me delivreras
de l'état où je ſuis. Puis s'étant raffermi, il con
f1/llt4
M Is EN C A T E & H I s M E. 247
tinua de prédire à ſes emfans ce qui ſuit. Quand
,, à Gad , dit-il, (faiſant alluſion à ſon nom qui
,, ſignifie une troupe ) des troupes viendront le
» ravager, mais il ravagera à la fin. c. à d.
La Tribu de Gad ſera ſouvent expoſee à des
pillages de la part de ſes ennemis ; mais elle aſ
ſujettira à la fin ceux qui ſe ſeront enrichis à ſes
,, dépens. Le pain excellent , dit enſuite le Saint
,, Patriarche, viendra d'Aſſer , & il fournira des
, délices royales , ou des plus exquiſes 5 c. à d.
que ſelon que porte ſon nom qui ſignifie un hom
me heureux, ſa Tribu ſera riche en bon pain
83 en huile, 85 que l'on en fera ſes délices juſques
à en ſervir la table des Rois. " Nephtali, ajou
,, te-t-il, eſt une biche lâchée , il donne des
,, paroles qui ont de la grace ( a ). c. à d. que
la Tribu de Nephtali ſemblable à une biche lâchée
dans les campagnes, ſe diſtinguera par-ſon amour
pour la liberté 83 que dans le beſoin elle ſaura
employer toutes les douceurs du langage pour ſe
maintenir dans cet état.
D. Que dit enſuite Jacob touchant Joſeph ?
Q_ 4 R. 22 Jo

(a) Une biche lâcbée , il donne des paroles qui ont


de la grace. L'on pourroit auſſi avec le célèbre Bochart,
traduire l'original : c'eſt un arbre enté qui pouſſe de
lelles branches , par où Jacob auroit marqué, ou la
grande fçcondité de cette Tribu qui paroit en ce
que de quatre enfans qu'avoit Nephtali , quand il vint
en Egypte , Gen. XLVI. 24. cette Tribu eut plus de
cinquante mille hommes au bout d'environ deux cents
ans : Nombr. I. 41 , 42. ou la grande fertilité du pays
que cette Tribu eut en partage , que Moïſe & Joſeph
repréſentent comme le plus abondant de toute la Ju
dée , Deuter. XXXIII. 23. Joſepb de la guerre des
Juifs L. III. Cb. 2. A
248 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
Gtnt R. , Joſeph, dit-il, eſt un rameau fertile ;
XLIX. ,, oui , un rameau fertile près d'une fontaine ;
22 - 26.
» ſes branches ſe ſont étendues ſur la murail
·,, le ; c. à d. que ſa Tribu, ou celles de ſes deux
fils Manaſſe 85 Ephraïm , croitroient 83 aug
menteroient de jour en jour ; en quoi il fait une
manifeſte alluſion au nom de Joſeph qui ſignifie à
la lettre , il augmentera. " On lui a cauſé,
,, pourſitit Jacob , d'ameres douleurs : On a tiré
,, contre lui, & les maitres tireurs de flèches
,, ont été ſes ennemis ; mais ſon arc eſt demeu
,, ré en ſa force, & ſes bras en ont été plus
,, agiles , par la main du Puiſſant Dieu de Ja
,, cob, qui l'a auſſi fait ètre le Paſteur & la
» Pierre d'Iſraél. c. à d. que ſes freres, ſon mai
tre 83 ſa maitreſſe lui avoient cauſé les plus mor
tels chagrins ; mais que la protection du Tout
puiſſant $ la confiance qu'il avoit toujours euë
en lui, l'avoient rendu ſuperieur à tous ceux qui
avoient conjuré ſa perte ; enfin, qu'il étoit devenu
par la faveur de Dieu , le Nourricier $ l'appui
de toute la maiſon de ſon pere Iſrael. º C'eſt,
dit encore Jacob en s'adreſſant à Joſeph lui mê
,, me ; C'eſt du Dieu Fort de ton pere que ce
,, la eſt procedé, lequel continuera à t'accorder
,, ſon ſecours, & du Tout puiſſant qui te com
» blera des bénédictions des cieux en haut,
par la roſée 83 la pluye qui fertiliſeront tes ter
,, res, & des bénédictions de la terre & de la
,, mer en bas , par une riche productions des
,, biens que tu en tireras ; des bénédictions des
,, mammelles & de la matrice ; par une abon
dante multiplication de ta famille $ de tes beſ
», tiaux : Ainſi les bénédictions que tu reçois au
, jourd'hui de ton pere ſurpaſſent les bénédic
» tiOIlS
rr 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 249
,, tions que j'ai reçuës de mes Peres, & dure
,, ront juſqu'au bout des côteaux de l'éternité,
,, ou pendant la plus longue durée : Elles ſeront
, ſur la tête de Joſeph & ſur le ſommet de la
» tète du Nazarien d'entre ſes freres ; c. à d.
que ces bénédictions éléveroient Joſeph de telle
maniere qu'il ſeroit diſtingué, ſéparé de tous ſes
freres 85 fort ſupérieur à tous.
D. Que dit il enfin de Benjamin ?
Gen.
R. » Benjamin eſt un loup qui déchirera : XLIX.
» le matin il dévorera ſa proie & ſur le ſoir
» il partagera le butin ; c. à d. que la Tribu de
Benjamin ſemblable à un loup dévorant, répan
droit le ſang de ſes ennemis 83 partageroit leurs
dépouilles. -

D. Quelle fut la concluſion du diſcours prophé


tique de Jacob à ſes fils ? -" -

R. » Ce ſont-là , dit l'Auteur Sacré, les chefs 6et.


,, des douze Tribus d'Iſraël dont Jacob prédit 28 - 33
le ſort dans le dernier diſcours qu'il leur adreſſa,
» & c'eſt ce que leur pere leur dit en les bé
» niſſant , & déclarant à chacun d'eux la béné
s, diction qui lui étoit propre, ou ce à quoi cha
que Tribu devoit s'attendre dans la ſuite des tems :
» Après quoi il leur donna cet ordre & leur dit ;
» Je m'en vai être recueilli vers mon peuple ,
,, ou mes parents deffunts : Enterrez-moi avec
» mes peres ou dans le même tombeau , qui eſt
» dans la caverne du champ d'Héphron Héthien,
» autrement dit, le champ de Macpela, vi-à-vis
» de Mamré au pays de Canaan ; laquelle ca
» verne Abraham acquit d'Héphron Héthien avec
, le champ , pour en faire le lieu de ſa ſepul
» ture. C'eſt là qu'on a enterré Abraham &
» Sara ſa femme : C'eſt là qu'on a enterré Iſaac
Q. 5 ,, &
25o L'A N c I E N T E s T A M E N T
» & Rebecca ſa femme, & c'eſt là que j'ai en>
» terré Léa. Le champ a été acquis des Héthiens
» avec la caverne qui y eſt ; ainſi l'on en peus
,, diſpoſer à ſa volonté. Et quand Jacob eut ache
» vé de donner ſes ordres à ſes fils, il retira
» ſes pieds au lit, & bien-tôt après il expira
» & fut recueilli vers ſes peuples , ſon ame
quitta ſon corps pour être réiinie à celle de ſes
Ancêtres morts avant lui, ſelon l'opinion reçuë
alors.
D. Qu'eſt ce que Joſeph fit enſuite pour célébrer
ſes fumerailles ? -

Gen. L. R. » Joſeph ſe jetta d'abord ſur le viſage de


I - I4.
» ſon pere, pleura ſur lui & le baiſa ; Enſui
» te il commanda aux Médecins qu'il avoit à
» ſon ſervice d'embeaumer le corps de ſon pe
» re : Ils le firent, & l'on employa à cette cé
,, rémonie quarante jours ſelon la coutume éta
,, blie en Egypte ; Les Egyptiens en prirent
,, auſſi le deuil durant ſoixante & dix jours :
comme ils avoient accoutumé de le faire pour leurs
,, propres Rois. Le tems du deuil étant paſſé,
» Joſeph s'adreſſà à ceux de la maiſon de Pha
» rao qui étoient le plus en faveur auprès du
, Roi, & leur dit : Si j'ai trouvé grace devant
» vous, ou ſi vous avez à cºeur de me faire plai
,, ſir : Faites, je vous prie, ſavoir au Roi, que
» mon pere m'a fait promettre par ſerment
» avant mourir que je le ferois enſévelir dans
» le ſépulchre que lui $ ſes peres avcient ae
» quis au pays de Canaan ; & que je le prie
» de permettre que j'y monte & que j'y en
» terre mon pere, après quoi je reviendrai.
,, Ce que Pharao ayant appris , il dit lu-imême
», à Joſeph : Tu peux aller au pays de Canaan

M I s E N C A T E c H I s M E. 25r
» & y enſevelir ton pere, comme tu le lui as
» promis par ſerment. . Alors Joſeph monta au
,, pays de Canaan pour y enterrer ſon pere ; &
,, la plupart des Officiers de Pharao, les An
» ciens , ou les plus grands Seigneurs de ſa
» Cour, & tous les Anciens, ou les plus conſi
,, derables du pays d'Egypte, l'y accompagné
,, rent. Tous les gens de ſa maiſon , ou ſes
» domeſtiques & ſes freres & les domeſtiques
» de ſon pere, y montérent auſſi, laiſſants ſeule
,, ment leurs petits enfans , leurs troupeaux ,
» & leurs bœufs dans la contrée de Goſcen.
» Il fit auſſi monter avec lui des chariots &
» des cavaliers ; tellement que tout cela formoit
» une fort groſſe troupe. Lorſqu'ils furent ve
» nus à l'aire d'Atad qui eſt au de-là du Jour
» dain, ils y firent de fort grandes & extraor
» dinaires lamentations ; c. à d. que l'on y cé
lébra les fumerailles de Jacob avec beaucoup de
», deuil 85 de pompe, & pendant ſept jours Jo
» ſeph fut toujours en pleurs. Les Cananéens
» habitans du pays , voyants ce deuil dans
» l'aire d'Atad, dirent, voilà un grand deuil
,, parmi les Egyptiens ; il faut qu'ils ayent per
s, du quelque perſonne illuſtre : c'eſt pourquoi
,, cette aire qui eſt au de-là du Jourdain fut
,, nommée Abel-Mitſrajim ; c. à d. le deuil de l'E-
gypte. Les ſept jours de deuil étant écoulés , les
» fils de Jacob ſuivant l'ordre de leur pere,
» tranſportérent ſon corps au pays de Canaan,
,, & l'enſévelirent dans la caverne du champ
,, de Macpela, vis-à-vis de Mamré qu'Abraham,
,, avoit acquiſe d'Héphron Héthien avec le champ
,, pour en faire le lieu de ſa ſépulture : Et après
,, que Joſeph eut enſeveli ſon pere, il retour
2, fla
z52 L'A N C I E N TEsTAMENT
,, na en Egypte avec ſes freres, & tous ceux
» qui l'avoient accompagné pour les funerailles
,, de ſon pere. -

D. Quelle fut la conduite que tinrent Joſeph


83 ſes freres les uns envers les autres, après la
mort de leur pere commun ?
Gen. L. R. , Les freres de Joſeph , voyants que leur
15 - 2I. ,, pere étoit mort, ſe dirent l'un - à - l'autre ;
,, Peut-être que Joſeph nous aura en haine &
s, ne manquera pas de nous rendre tout le mal
,, que nous lui avons fait ; c'eſt pourquoi ils
,, envoyérent quelcun de leurs amis à Joſeph
,, avec ordre de lui dire en leur nom ; Jacob
,, ton pere & le nôtre nous a ordonné de te
,, parler ainſi de ſa part ; Je te prie, mon fils,
,, de pardonner à tes freres leur iniquité & le
,, mal qu'ils t'ont fait : Maintenant donc je te
,, ſupplie de pardonner ce péché aux ſerviteurs
» du D I E U de ton pere : Joſeph fut attendri
,, par ce diſcours 85 en verſa des larmes. Enſui
,, te ſes freres étant venus eux-mêmes vers lui,
,, ſe jettérent à ſes pieds & lui dirent ; Nous
,, ſommes tes ſerviteurs ; fais de nous ce qu'il te
,, plaira. Ne craignez rien de ma part, leur
,, répondit Joſeph ; ſuis - je un D I E U pour
m'oppoſer aux volontés de cet Etre ſuprême qui
s'eſt ſervi de vous pour me faire du bien 85 de
moi pour vous en procurer à mon tour ? " Car ce
» que vous aviez penſé en mal contre moi
,, D I E U l'a tourné en bien pour me mettre
,, dans l'état où je ſuis aujourd'hui, & s'eſt ſer
,, vi de moi pour faire vivre un grand peuple :
,, Ne me craignez donc point ; car je vous en
» tretiendrai vous & vos familles. Ainſi il les
22 COIl
M I s E N , C A T E c H I s M E. 253
,, conſola & leur parla de la maniere la plus
,, favorable. -

D. Quelle fut après cela la fin de Joſeph ?


Gen. L.
R. ,, Joſeph continua de demeurer en Egyp 2s
;, te lui & la famille de ſon pere, & vêcut cent - 27
,, dix ans. Il vit avant ſa mort , des enfans
,, d'Ephraïm juſqu'à la troiſieme génération.
,, Makir auſſi fils de Manaſſé eut des enfans
,, qui furent reçus ſur ſes genoux, ou élevés
,, par ſes ſoins après leur naiſſance. Enfin , vo
,, yant approcher ſa fin, il dit à ſes freres : Je
,, m'en vai mourir; mais Dieu ne manquera
,, pas d'avoir ſoin de vous & de vous faire
,, remonter, ou vôtre p0ſtérité, de ce pays-ci au
» pays qu'il a promis avec ſerment de donner
,, à Abraham, à Iſaac & à Jacob : & après
,, quoi il leur fit promettre avec ſerment qu'ils
,, tranſporteroient ſes os du pays d'Egypte au
» pays de Canaan. Puis Joſeph mourut âgé
», de cent dix ans, & après l'avoir embeaumé,
,, on le mit dans un cercueil en Egypte , pour
y être conſervé juſqu'à ce qu'on le put tranſpor
ter de-là dans le ſepulcre de ſes peres au pays de
Caitaan.
D. Que devinrent les freres $ la famille de
Joſeph après ſa mort ? -

R. Sa famille & celle de ſes freres ne formé


rent plus qu'un ſeul peuple, ſéparé des natu
rels du pays d'Egypte, non ſeulement pour la
religion, les coutumes & les mœurs, mais auſſi
pour la demeure ou l'habitation, & qui, pro
tégé par Pharao Roi d'Egypte & ſon ſucceſſeur
en reconnoiſſance des ſervices que Joſeph leur
avoit rendus , s'accrut ſi conſiderablement &
forma dans l'eſpace d'environ cinquante ans "#
• 1
254 L'A N c I E N T E s T A M E N T
ſi nombreuſe colonie qu'elle remplit, pour ainſi
dire, tout le pays d'Egypte, & proſpéra à tous
I. Chros égards ; " ſi ce n'eſt peut-être à l'égard de ce
VI I. » qui arriva aux fils & petits fils d'Ephraïm,
29-27.
,, fils de Joſeph , leſquels étant entrés dans le
,, pays de Gath appartenant aux Philiſtins pour
, enlever leur bétail ; ceux-ci les mirent à mort
,, & les deffirent entierement : ce qui jetta
,, Ephraïm leur pere dans un grand deuil du
,, rant pluſieurs jours, pendant leſquels ſes fre
,, rent vinrent vers lui pour le conſoler de la
,, perte de ſa famille : Mais étant venu vers ſa
», femme, elle conçut & enfanta un fils qu'elle
» appela Beriha, c. à d. dans le mal, parce
,, qu'il fut conçu dans l'affliction arrivée à ſa
,, famille. Il eut enſuite une fille & d'autres
,, fils dans la poſtérité deſquels l'on trouve Jo
» ſué fils de Nun, ſucceſſeur de Moiſe.

Fin du Livre dit, La G E N E s E.

CHA
M Is E N C A T E c H I s M E. 255

C H A P I T R E XV II.

L E

s E C O N D L IV R E D E M Ois E
D 1 T" L' E X O D E.

Contenant l'état des enfans d'Iſraël en Egyg


te après la mort de Joſeph ; la naiſ
ſance de Moïſe ; ſon éducation ; ſa fui
te au pays de Madian ; le mariage qu'il
y fit & l'ordre qu'il y reçut de Dieu
de retourner en Egypte pour en faire
ſortir le peuple d'Iſraël.
D. Uel eſt le ſecond Livre de Moïſe com
pris dans le Pentateuque ?
R. C'eſt l'Exode.
D. Que ſignifie ce nom $ pourquoi a - t - il été
donné à ce Livre ?
R. C'eſt un nom qui vient du Grec, qui
ſignifie ſortie, & ce Livre a été ainſi appelé,
par les 7o. Interprètes Grecs ; parce qu'il con
tient l'hiſtoire de la ſortie des Iſraëlites hors
de l'Egypte.
D. Qu'eſt-ce que ce Livre contient, outre l'hiſ
toire de cette ſortie ?
, R. Il contient de plus l'hiſtoire de Moïſe le
Législateur du peuple d'Iſrael; les divers mira
cles que Dieu opera par ſon moyen en faveur
de ce peuple ; mais ſur tout l'alliance que Dieu
traita
256 L'A N c I E N T E s T A M E N T
traita avec ce peuple ſur le mont Sinaï ; les
loix qu'il lui preſcrivit pour conditions de cette
alliance , & le culte qu'il exigea de lui dans
le Tabernacle qu'il fit dreſſer à ce ſujet.
D. Par où commence-t-il ?
R. Il commence par indiquer l'état primitif
des enfans d'Iſraél en Egypte & ce qu'ils de
Exod. I. vinrent après la mort de Joſeph. * Or ce ſont
X - 7. » ici les noms des Enfans d'Iſraël qui entré
,, rent en Egypte avec Jacob leur pere ; lorſ
» qu'ils y vinrent chacun avec ſa famille. Ru
» ben, Siméon, Lévi, & Juda, Iſſacar, Za
» bulon & Benjamin ; Dan & Nephtali, Gad
, & Aſſer. Toutes ces perſonnes iſſuës de la
, hanche de Jacob, étoient alors ſoixante &
» dix, y compris Joſeph & ſes deux fils Ephraim
, 83 Manaſſé $ Jacob lui-même. Joſeph étant
,, mort , de mème que tous ſes freres & tous
» ceux qui étoient deſcendus en Egypte aveG
» eux ; les enfans d'Iſrael ſe multipliérent &
» s'accrurent en très grand nombre : Ils de
» vinrent auſſi très puiſſans par les biens qu'ils
,, amaſſèrent : tellement que mon ſeulement la
,, Terre de Goſcen où ils habitoient, mais encore
,, tout le pays en fut rempli.
D. Jouirent.ils long tems de cet heureux état ?
R. Non ; car au bout d'environ cinquante ans,
Exod. I. ,, il s'éleva un nouveau Roi ſur l'Egypte, qui
3 - I4. » n'avoit point connu Joſeph , ou qui ne ſe reſ
ſouvint plus des grands ſervices qu'il avoit rendus
à l'Etat ; lequel voyant les Enfans d'Iſraël s'ac
croitre extrêmement en nombre 83 en richeſſes ,
,, dit aux principaux de ſon peuple , ou à ſon
, Conſeil : Vous voyez que le peuple des en
,, fans d'Iſrael ſe multiplie ſi fort, qu'il l'em
· p Posa
M I s , E N C A T E c H I s M E. 257
» portera bientôt ſur nous en nombre & en
» puiſſance : Il convient donc d'uſer d'artifices
,, pour l'affoiblir & pour empêcher qu'il ne ſe
» multiplie d'avantage ; de peur que s'il arri
,, voit quelque guerre, il ne ſe joignit à nos
,, ennemis, & qu'après nous avoir combattu ,
» il ne ſortit du pays. Cet avis ayant été ap
,, prouvé, l'on établit ſur ce peuple des ofii
» ciers pour régler leurs travaux & pour les
,, accabier par les charges qu'on leur impoſeroit.
» On les employa d'abord à bâtir pour Pharao
» des villes de munitions, c. à d. des fortereſ- .
ſes , ou des villes propres à ſerrer ce qu'il y avois
de meilleur 85 de plus précieux dans le pays ,
,, ſavoir Pithom & Rahméſés : Mais plus on les
,, ſurchargeoit, plus ils augmentoient & ſe mul
» tiplioient; deſorte que les Egyptiens ne les
» voyoient plus qu'avec chagrin au milieu d'eux :
» ce qui les porta à leur impoſer les travaux
» les plus durs , comme à faire du mortier ,
» des briques & tous les ouvrages de la cam
» pagne ; & ce ſervice étoit exigé avec la der
» niere rigueur , tellement qu'on leur rendit
» la vie amere par la plus dure ſervitude.
D. Quel autre moyen le Roi d' Egypte employa
t-il pour détruire peu à peu la race d'Iſraël ou
des Hébreux, $ quel en fut le ſuccès ? . .
R ,, Le Roi d'Egypte donna lui-même cet Exod. .
,, ordre à deux ſages femmes de leur nation les 15-a*
,, plus renommées ; l'une nommée Siphra & l'au
» tre Puha : Quand vous recevrez, leur dit-il,
» les enfans dont les femmes des Hébreux ac
, coucheront, & que vous en verrez le ſexe ;
» ſi c'eſt un garçon mettez - le à mort ; & ſi
» c'eſt une fille, laiſſez - la vivre : Mais les
Tome I. R •, ſa•
258 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» ſages-femmes craignirent d'offenſer Dieu en
» obéiſſant à cet ordre, & ne firent pas ce que
,, le Roi d'Egypte leur avoit ordonné ; car el
» les laiſſérent vivre les garçons , comme les
» filles. Alors le Roi d'Egypte les fit appeler &
» leur dit : Pourquoi avez-vous laiſſé vivre les
» garçons contre mes ordres ? Parce, répondi
» rent-elles à Pharao , que les femmes des Hé
, breux ne ſont pas comme celles d'Egypte ;
» car elles ſont vigoureuſes, & elles ont ac
» couché avant que la ſage-femme appelée pour
,, les ſecourir, ſoit arrivée chez elles : Et DIEU
» récompenſà ces ſages femmes, par le bien qu'il
» leur fit ; cependant le peuple continua à croi
» tre en nombre & en puiſſance ; & parce que
, ces ſages-femmes avoient craint d'offenſer Dieu,
, il fit auſſi proſpérer leur famille à ſouhait.
, Alors Pharao commanda à tout le peuple d'Iſ
» rael de jetter dans le fleuve du Nil tous les
» garçons qui naitroient & de laiſſer ſeulement
», vivre les filles. -

- D. Quelles furent les ſuites d'un ordre ſi iu


humain ?
Exod. II. R. ,, Un homme de la famille de Lévi ,
I - IQ.
nommé Amram, fils de Kehath, 83 petit fils de
:,, Lévi, ayant épouſé une fille de la même Tri
» bu, nommée Jocabed propre fille de Lévi, elle
r conqut & enfanta un fils qui devoit être noyé
,, comme les autres ; mais ſa mere voyant qu'il
» étoit beau , elle le cacha ou tint ſon ſexe ca
,, ché pendant trois mois , & craignant enfin qu'il
» ne fut découvert, 83 qu'il me lui en couta à
elle méme la vie pour avoir violé les ordres du
,, Roi , elle prit une corbeille , ou un berceau
» de jonc & l'enduiſit de bitume & de poix ,
MIs E N C A T E c H I s M E. 2 79
, & ayant mis l'enfant dedans , elle le plaça
» parmi des roſeaux ſur le bord du fleuve,
» avec précaution de laiſſer la ſœur de cet en
» fant, ( que l'on croit avoir été Marie ) un
,, peu loin de - là , pour voir ce qui en ar
' ,, riveroit. Bientôt après, la fille de Pharao
,, nommée Thermutis deſcendit au fleuve pour ſe
» laver , pendant que ſes filles d'honneur ſe
», promenoient au bord du fleuve ; & ayant vû
», une corbeille fermée, au milieu des roſeaux,
» elle envoya une de ſes filles pour la prendre
, & la lui apporter ; & l'ayant découverte elle
» vit l'enfant qui pleuroit : Elle en fut touchée
» de compaſſion, & elle jugea bien que c'é-
» toit un enfant des Hébreux qu'on avoit ainſi expo
,, ſé : Sur cela la ſœur de l'enfant qui l'avoit ſans
doute vû emporter 85 qui avoit entendu tout ce qui
s'étoit dit , s'étant préſentée , comme par hazard,
» dit à la fille de Pharao ; J'irai, s'il te plait,
» appeler une femme des Hébreux pour allaiter
» cet enfant ; Va , lui dit Thermutis, & la jeu
» ne fille s'en alla & appela la propre mere de
,, l'enfant, à qui la fille de Pharao dit ; Empor
•, te cet enfant & me le nourris avec ſoin &
» je te donnerai ton ſalaire : Cette femme prit
» donc l'enfant & l'allaita : Et quand l'enfant
» fut ſevré & devenu grand, elle l'amena à la
» fille de Pharao qui l'adopta pour ſon fils &
» le nomma Moïſe : c. à d. en langue Egyptien
•, me, tiré de l'eau s parce, dit-elle, que je
,, l'ai tiré des eaux. -

D. Que devint Moïſe dans la cour du Roi


Pharao ?
Exod. II.
R. » Moïſe fut élevé comme un Prince adopté II • If
par la fille du Roi, $ #"
inſtruit dans tou
2 fºſ
à -

26o L'A N c I E N T E s T A M E N fº

tes les ſciences des Egyptiens juſques à l'âge de


quarante ans , enſorte qu'il devint , comme le dit
* Act. St. Etienne * , puiſſant en paroles 85 en œuvres,
VII. 21.
c. à. d. qu'il ſe diſtingua par la force de ſes diſ
cours 85 la ſageſſe de ſa conduite : mais étant
devenu grand & préſerant d être affligé avec
le peuple de Dieu, à tous les avantages qu'il pou
* Heb. XI. voit eſperer en reſtant à la Cour de Pharao *,
fº5. » il prit alors la reſolution d'aller viſiter ſes
,, freres les enfans d'Iſraël , pour connoitre par
,, lui-même les travaux dont ils étoient accablés.
» Un jour qu'il étoit à la campagne , il apper
,, çut un Egyptien qui frappoit impitoyablement
» un de ſes freres Hébreux , & ayant regardé
» de toutes parts, pour s'aſſurer s'il n'étoit vu
» de perſonne, il tua l'Egyptien & enterra ſur
,, le champ ſon corps dans le ſable, à l'aide ſans
doute de l'Iſraëlite mal-traité, qui peut-être en par
,, la à quelque autre. Le lendemain étant encore
» ſorti , il vit deux hommes Hébreux qui ſe
» battoient, & il dit à celui qui avoit tort :
» Pourquoi frappes-tu ton prochain ? Mais ce
» lui-ci lui répondit : De quoi te mêles-tu * Qui
,, eſt-ce qui t'a établi Prince & Juge ſur nous ?
» Penſèrois-tu donc à me tuer comme tu tuas
» hier un Egyptien ? A ces mots, Moïſe dit
» en lui-mème : Le fait eſt certainement connu
,, & il craignit d'être pourſuivi comme meurtrier.
» Auſſi arriva-t-il que Pharao en ayant été in
» formé, fit chercher Moïſe dans le deſſein de
» le faire mourir ; mais Moïſe pour ſe mettre
» à l'abri des pourſuites de Pharao, s'enfuit
,, hors de l' Egypte, & s'arrêta au pays de Ma
» dian, qui en étoit voiſin , où il s'aſſit près
3Q d'un puits. . D. Que
H Is E N C A T E c H I s M E. 261
D. Que lui arriva-t-il dans cet endroit-là ?
R. ,, Le Sacrificateur , ou le Gouverneur de Exod. II.
» Madian nommé Réhuèl avoit ſept filles, qui 16 - 22 •
,, vinrent puiſer de l'eau dans le puits près du
,, quel étoit aſſis Moïſe , & remplirent enſuite
,, les auges pour abbreuver le troupeau de leur
» pere ; ſur cela des bergers étant ſurvenus
, voulurent les chaſſer , pour profiter de leur
,, peine, mais Moïſe s'étant levé les ſécourut
» & abbreuva leur troupeau. Après quoi elles re
,, tournérent inceſſammtent chez leur pere qui
,, leur demanda , pourquoi elles revenoient ce
,, jour-là plutôt que de coutume ? C'eſt, dirent
,, elles, qu'un homme Egyptien nous a ſécou
,, rués contre les Bergers qui vouloient prendre
,, l'eau que nous avions déja puiſée, & nous a
,, même puiſé abondamment de nouvelle eau
,, pour abbreuver nôtre bétail : Où eſt cet hom
,, me, dit le pere à ſes filles ? Pourquoi l'avez
,, vous ainſi laiſſé aller ſans lui offrir de venir chez
,, moi ? Appelez-le & qu'on lui donne à manger.
-,, Moïſe, étant venu chez Rehuël, conſentit à de
e, meurer avec cet homme qui lui donna en
,,, ſuite ſa fille Séphora en mariage ; laquelle
,, lui enfanta un fils qu'il nomma Guerſçom ,
,, c. à d. l'étranger établi ; parce, dit-il, que
,, j'ai ſéjourné dans un pays étranger ?
D. Quel fut le ſort des enfans d'Iſraël après
que Moiſe eut quitté l'Egypte 85 pendant ſon
ſejour à Madian ?
R. ,, Long-tems après que Moïſe eut quitté l'E- Exod. II.
,, gypte, le Roi qui mal traitoit les enfans d'Iſ 23 - 25.
2, raél mourut : mais leur ſort n'en fut pas plus
heureux pour cela ; ſoit ſucceſſeur continua à les
,, traiter avec la deritiere rigueur ; en ſorte que
R 3 gé22
262 L'A N c I E N T E s T A M E N T.
,, gémiſſants ſous la ſervitude où ils étoient 83
,, ne la pouvants plus ſupporter ; ils s'adreſſérent
,, à Dieu par des cris ſi perçans qu'il cut en
,, fin pitié de leurs gémiſſemens, & ſe ſouvint
» en leur faveur, de l'alliance qu'il avoit faite
,, avec Abraham , Iſaac & Jacob : Ainſi Dieu
,, regarda les enfans d'Iſraël d'un œil de compaſ
,, ſion & prit ſoin d'eux. -

D. Qu'eſt-ce que Dieu fit dans ce deſſein ?


- Exºd. III. R. Il ſe révéla à " Moïſe qui étoit alors
I - IO«
,, berger du troupeau de Jéthro ( a ) ſon Beau
,, pere, Sacrificateur de Madian : & comme il
,, conduiſoit ce troupeau derriere le déſert, il
,, vint en la montagne de D I E U , qui eſt le
,, mont Sinaï, juſqu'à Horeb , qui en faiſoit par
,, tie : Là un Ange de l'Eternel , ou l'Eternel
,, lui-même ſous la forme d'un Ange, lui apparut
,, dans une flamme de feu , du milieu d'un
,, buiſſon : Et Moïſe, voyant le buiſſon tout
,, en feu ſans qu'il ſe conſumat, dit en lui
,, même ; je me détournerai de mon chemin pour
,, m'approcher de ce buiſſon & pour conſiderer de
,, plus près cette merveille qui ſe préſente à mes
» yeux & ſavoir pourquoi le buiſſon ne ſe †
33 Ll

( a ) Jéthro ſon Beau-pere. Il eſt appelé ci - devant


Rehuël & Hobab. Nomb. X. 29. Selon l'uſage de ce
tems-là, où la même perſonne prenoit ſouvent pluſieurs
noms : mais d'autres veulent que ce ſoit trois perſon
nes différentes ; ſavoir, que Réhuël ait été Grand-pere
de Séphora femme de Moïſe , Jéthro ſon pere, &
Hobab ſon frere. Chacun de ces ſentimens a ſes par
tiſans ; & il eſt aſſez difficile de décider quel des deux
eſt le mieux fondé ; parce que le mot Hébreu Coten,
que l'on a traduit par Beau-pere, peut également ſigni
fier Beau-ſrere & Allié. -
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 263
,, ſume point : mais L'ET E R N E L qui vit qu'il
,, ſe détournoit- pour conſiderer de près ce que
,, c'étoit ; l'appela du milieu du buiſſon, en
,, diſant, Moïſe , Moiſe; & auſſi-tôt il répondit
,, me voici , Seigneur , tout prêt à recevoir tes
,, ordres. N'approche point d'ici, lui dit DIEU ;
,, délie les ſouliers de tes pieds ; car le lieu où
,, tu es arrêté eſt une terre Sainte. Il lui dit,
,, encore ; je ſuis le D I E U de ton pere, le
,, D I E U d'Abraham , le D I E U d'Iſaac & le
,, D I E U de Jacob ; leur remunerateur $ leur
,, bienfaiteur perpétuel ; Et Moiſe couvrit ſon
,, viſage ; parce qu'il craignoit de regarder vers
,, D 1 E U , de peur d'en être ébloui 83 conſumé.
», Cependant l'Eternel continua de parler à Moïſe
,, 83 lui dit ; J'ai conſideré de près l'affliction
,, de mon peuple qui eſt en Egypte ; j'ai ouï
,, les cris qu'ils ont jetté à cauſe de leurs exac
,, teurs ; & j'ai fait attention à leurs maux.
», Auſſi ſuis-je deſcendu du haut des Cieux pour
,, les délivrer de la main des Egyptiens & pour
,, les faire remonter du pays qu'ils habitent en
,, un pays fertile & ſpacieux, découlant de lait .
», & de miel, où ſont à préſent les Cananéens,
,, les Héthiens, les Amorrhéens, les Phéréſiens,
,, les Héviens & les Jébuſiens : Voici donc
,, maintenant que le cri des Enfans d'Iſraël
,, eſt monté juſqu'à moi & que j'ai vû les maux
,, dont ils ſont accablés par les Egyptiens.
» Prépare-toi d'aller à leur ſecours ; car je veux
,, t'envoyer vers Pharao , & me ſervir de ton
,, miniſtère pour retirer mon peuple, les en
,, fans d'Iſraël hors d'Egypte.
D. Comment Moiſe reçut - il cette commiſſion ;
85 comment y fut.il encouragé par Dieu meme ? .
4 ,, R. Moi
254 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
Exod. III. R. ,, Moïſe s'en deffendit d'abord par le peu
{I - 22, d'eſpérance qu'il avoit d'y réuſſir, étant en quel
que maniere proſcrit en Egypte à la Cour de Pha
rao 83 ſans aucun crédit auprès de ſes freres :
» Qui ſuis-je, moi, répondit-il à D I E U , pour
,, aller vers Pharao qui en veut à ma vie, &
,, pour retirer d'Egypte les enfans d'Iſraël, ſur
,, qui je n'ai aucun pouvoir ? mais D I E U lui
,, dit ; Va ſeulement ; car je ſerai avec toi ;
,, je »'accompagnerai de mon ſecours : Et ceci te
,, ſera dans la ſuite un ſigne , ou une preuve
,, certaine que je t'aurai effectivement envoyé
,, 83 protégé; c'eſt que quand tu auras retiré
,, mon peuple hors d'Egypte , vous ſervirez
,, D 1 E U près de la montagne où tu es pré
,, ſentement : A cela Moïſe replique encore qu'il
aura beſoin, pour être bien reçu des Iſraëlites vers
leſquels il ſera envoyé, de ſavoir le nom de celui qui
l'envoye, pour le leur dire 83 donner par.là plus
de poids à ſa commiſſion. * Voici, dit - il à
,, D I E U , quand je ſerai venu vers les enfans
,, d'Iſraël & que je leur aurai dit , le Dieu de
,, vos peres m'a envoyé vers vous ; s'ils me
,, diſent alors ; Quel eſt ſon nom ? Quel eſt le
titre qui le diſtingue des Dieux des Nations ?
,, Que leur dirai je ? Je ſuis, dit Dieu à Moï
,, ſe ; J E s U I s c E L U I QU I s U 1 s ; l'Etre
, Eternel 83 immuable dans mes promeſſes : Tu
,, diras donc aux Enfans d'Iſrael : Celui qui s'ap
,, pele J E s U I s, ou celui qui eſt de toute éter
,, mité , m'a envoyé vers vous : Et pour me faire !
,, encore mieux connoitre, ajoute Dieu à Moïſe ,
,, Tu parleras ainſi aux Enfans d'Iſraël ; L'E-
,, T E R N E L, le D I E U de vos peres , le D I E U
,, d'Abraham , le D I E U d'Iſaac & le D I § U
>> C
M I s E N CA T E c H I s M E. 265 •
,, de Jacob, m'a envoyé vers vous : C'eſt ici
,, mon nom , 83 qui le ſera éternellement :
C'eſt ſous ce nom que je veux être connu 85 ſer
vi dans tous les tems, 85 juſqu'à la fin des ſie
,, cles : C'eſt ici , le mémorial que vous aurez
,, de moi dans tous les âges : C'eſt à ce titre
que vous pourrez connoitre qui eſt le Dieu que
,, vous ſervez. Va donc & aſſemble les Anciens
,, d'Iſraël & leur di : L'E T E R N E L, le D I E U
,, de vos peres m'eſt apparu , le D I E U d'A-
» braham , d'Iſaac & de Jacob, & m'a dit ;
,, J'ai conſideré de près vôtre état ; j'ai vû
» tout ce qu'on vous fait ſouffrir en Egypte ;
,, & j'ai reſolu de vous tirer d'un pays où vous
,, êtes ſi fort affligés, pour vous faire paſſer au
,, pays des Cananéens , des Héthiens, des Amor
» rhéens , des Phéréſiens , des Héviens & des
» Jébuſiens, qui eſt un pays découlant de lait
» & de miel, abondant en tous les biens les plus
» néceſſaires à la vie. Ils ajouteront foi à tes
» diſcours ; ils te regarderont comme mon en
», voyé, & tu iras à la tête des Anciens d'Iſraël
,, vers le Roi d'Egypte, & vous lui direz ;
,, l'Eternel, le D I E U des Hébreux s'eſt appa
» ru à nous pour nous donner ſes ordres , 83
mous ne pouvons mous diſpenſer de lui obéir ;
» Nous te prions donc , en conſéquence , de
» permettre que nous allions au Déſert , à
» trois journées de chemin d'ici & que nous
» ſacrifiions-là à l'Eternel nôtre Dieu : Or je
», ſai que le Roi d'Egypte ne vous permettra
» point de vous en aller, qu'il n'y ſoit forcé ;
» mais pour l'y obliger , j'étendrai ma main ,
,, j'exercerai ma puiſſance & je frapperai l'Egyp
:, te par un grand nombre de prodiges que je
5 22 IC
286 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
» ferai au milieu d'elle ; enſuite deſquels, il,
,, vous laiſſera aller, & je ferai même qu'à
,, cette occaſion vous éprouviez la faveur des
,, Egyptiens, enſorte que quand vous partirez,
,, vous ne vous en alliez pas les mains vuides
,, 85 dépouillés de biens : mais chacune de vos
,, femmes demandera à ſa voiſine ou à ſon ho
,, teſſe des vaſes d'or & d'argent & des vète
,, mens que vous mettrez ſur vos fils & vos
,, filles ; Ainſi vous emporterez avec vous , les
,, dépouilles des Egyptiens, pour vous dédom
mager des biens que vous leur laiſſerez.
D. Après de telles promeſſer 83 des ordres ſi
précis, Moïſe ne fut-il pas plus diſpoſé à exécu
ter la commiſſion que Dieu lui donnoit ?
R. Moïſe parut , à la vérité, ne plus dou
ter des promeſſes que Dieu venoit de lui faire ;
cependant il continua à s'excuſer d'aller en Egyp
te; parce qu'il craignoit que ſes freres ne re
fuſaſſent de reconnoitre ſa miſſion divine ; mais .
Dieu lui fit ſentir qu'il ne tiendroit qu'à lui
de les en convaincre , comme il le feroit lui
mème par divers miracles qu'il lui donneroit le
Exod. IV. pouvoir d'operer. " Voici, reprit Moïſe , ſur
I - 9. ,, ce que Dieu venoit de lui dire, les Hébreux ne
,, me croiront point & ne ſe rendront point à
,, mes diſcours, parce , me diront-ils , que
,, L'ET E R N E L ne t'eſt point apparu. Veux-tit
,, donc, dit l'Eternel à Moïſe, avoir toujours
en main de quoi convaincre les plus incrédules :
,, Qu'as-tu en ta main ? Une verge , répondit
,, Moïſe : Jette-la par terre, lui dit Dieu : Il
,, la jetta par terre, & elle devint un ſerpent
,, qui fit fuïr Moïſe : Alors l'Eternel lui dit :
» Eten ta main & ſaiſi ſa queue : Il le #
22
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 267
,, & ce ſerpent redevint une verge en ſa main :
Par où Dieu lui faiſoit entendre qu'il me tien
droit qu'à lui de faire, quand il voudroit , la mê
me choſe aux yeux des Iſraëlites ; * afin qu'ils
,, fuſſent par-là perſuadés 83 convaincus que l'E-
,, ternel , le D I E U de leurs peres , le D I E U
,, d'Abraham, le D I E U d'Iſaac, le D I E U de
» Jacob lui étoit apparu. L'Eternel lui dit en
» core : Mets maintenant ta main dans ton ſein :
,, Moïſe l'ayant miſe dans ſon ſein , il l'en
,, retira blanche de lépre comme la neige ; Re
,, mets encore lui dit Dieu ta main dans ton
», ſein ; Il la remit , & quand il l'en retira ,
,, elle étoit redevenué comme ſon autre chair.
,, Ainſi continué l'Eternel, s'il arrive qu'ils ne
,, te croyent point, & qu'ils ne ſoyent pas con
» vaincus au premier de ces ſignes de ta miſ
,, ſion divine, ils ſe rendront apparentmtent à la
» vuë du ſecond : mais s'ils pouſſoient l'incré
,, dulité juſqu'à douter encore que tu ſois en
,, voyé de ma part , & à refuſer de t'obéïr
s, après ces deux ſignes que tu feras en leur pré
,, ſence : Tu prendras de l'eau du fleuve, tu la
,, répandras ſur la terre , & les eaux que tu
,, auras répandues deviendront du ſang ſur la
,, terre en leur préſence.
D. Qu'eſt-ce que Moïſe eut encore à repliquer
après cela , pour ſe diſpenſer de la commiſſion
que Dieu lui donnoit ?
R. ,, Helas, Seigneur ! répondit-il à l'Eter- Exod. Ir.
,, nel : Je ne ſuis point un homme qui ait ja-10-1*.
,, mais eu la parole aiſée ; je ſens même, de
», puis que tu as parlé à ton ſerviteur, que
,, ma bouche & ma langue ſont encore plus
,, embaraſſées 83 plus peſantes qu'auparavant.
- Comt
268 L'AN c 1 z N T E s T A M E N r
Comment donc pourrois - je parler à des Rois ,
ou adreſſer la parole à d'autres hommes avec la
liberté, l'autorité 83 la décence qui convient, ſi
je n'ai pas les dons de l'éloquence ! " Mais l'E-
,, ternel enleva encore cette difficulté, en lui di
,, ſant; Qui eſt-ce qui a fait la bouche de l'hom
,, me ? Qui eſt - ce qui a fait le muét, ou le
,, ſourd, ou le voyant, ou l'aveugle ? N'eſt-ce pas .
,, moi, l'Eternel ? Va donc maintenant , ſans
,, plus reſiſter ; car je ſerai avec ta bouche, &
» je t'enſeignerai ce que tu auras à dire. c. à d.
Par mon ſecours tu parleras avec une entiere li
berté, 85 je t'inſpirerai par mon Eſprit tout ce
que tu auras à dire. '
D. Moiſe acquieſca - t - il enfin aux ordres de
Dieu ? -

R. S'il le fit ; ce ne fut qu'avec une eſpèce


de defiance de lui-même qui lui fit déſirer que
Dieu deſtinat quelque autre perſonne à cette
commiſſion dont il ne ſe ſentoit pas capable :
Exod. IV.
I3 - 17.
ce qui l'obligea de dire enfin à Dieu : " Sei
,, gneur, Je ſuis prêt à ſuivre tes ordres ; mais
,, je te prie d'envoyer à Pharao & au peuple
,, d'Iſraël celui que tu voudras deſtiner à cet
,, emploi , il y ſera plus propre que moi. Alors
,, la colère de l'Eternel s'embraſa contre Moïſe,
ou plutôt il parla à Moïſe d'un ton ſemblable à
,, celui d'un homme en colère & lui dit ; Puiſque
,, tu te fais tant de peine de cette commiſſion ;
,, N'as - tu pas ton frere Aaron le Lévite qui
, pourra s'en acquitter avec toi ? Je ſai qu'il
,, parlera très bien ; Et mème le voici , il eſt
,, parti de l'Egypte , conduit par mon Eſprit ,
,, pour venir à ta rencontre ; & quand il te
,, verra, il ſe réjouïra dans ſon cœur. Tu lui
e2 fap
·
RI I s E N C A T E c H 1 s M E. 269
,, rapporteras donc fidèlement les ordres que je
, t'aurai donnés ; je ſerai avec ta bouche &
,, avec la ſienne, & je vous enſeignerai ce que
,, vous aurez à faire l'un & l'autre. c. à d. je
l'inſtruirai auſſi bien que toi de tout ce que vous
aurez à dire : il ſera ton interprête auprès du
peuple, comme tu auras été le mien auprès de lui :
,, Il parlera pour toi au peuple, & il te ſervi
,, ra de bouche auprès d'eux : Et tu ſeras à ſon
,, égard comme ſi Dieu lui parloit ; il déférera à
tes ordres , comme s'ils étoient émanés de Dieu
,, immédiatement. Tu prendras auſſi en ta main,
,, cette verge que tu as vuë changée en ſerpent,
,, avec laquelle tu feras des miracles ſemblables
à ceux dont tu viens d'être le témoin,
D. Qu'eſt-ce que Moiſe fit enſuite pour s'aqui
ter de la commiſſion dont Dieu l'avoit chargé ?
R. ,, Moïſe s'en alla & retourna vers Jéthro Exod. //>.
,, ſon Beau-pere à qui il dit ; Permets je te prie, I8 - 23
,, que je m'en aille & que je retourne vers
,, mes freres les enfans d'Iſraël qui ſont en
», Egypte pour voir s'ils vivent encore : Je le
» veux bien, lui répondit Jéthro : Va-t-en en
,, paix ; je te ſouhaite un heureux voyage. De
plus, comme Moiſe pouvoit encore craindre la ven
geance de Pharao qui l'avoit déja obligé de quit
ter l'Egypte, ** l'Eternel enleva encore cette
», crainte & dit à Moïſe, dès qu'il fut de retour
» au pays de Madian ; Va, retourne inceſſam
» ment en Egypte; car le Roi 83 tous ceux qui
» en vouloient à ta vie ſont morts. Ainſi Moï
» ſe prit ſa femme & ſes fils & les ayant mis
,, ſur un ane, il ſe mit en marche vers l'E-
» gypte ; Moïſe prit auſſi en ſa main la verge
» que Dieu lui avoit dit de porter pour être
- 22 l'inſ
27o L'A N c 1 E N T E s T A M E M T
,, l'inſtrument de ſes miracles. Car l'Eternel avoit
,, encore dit à Moïſe ; Quand tu t'en iras pour
,, retourner en Egypte , tu prendras-garde à
,, tous les miracles que j'ai mis en ta main ,
, ou que je t'ai donné le pouvoir de faire : Tu les
,, feras devant Pharao ; mais j'endurcirai ſon
,, cœur, ou je permettrai que ſon cœur déja en
durci, s'endurcilſe 85 s'affermiſſe de plus en plus
,, dans la réſolution de ne point laiſſer aller le
,, peuple hors d'Egypte, malgré tous les miracles
faits en ſa préſence qui devoient l'y engager. Tu
,, diras donc alors à Pharao, quand tu le verras
,, ainſi endurci ; Ainſi a dit l'Eternel : Iſraël eſt
,, mon fils, mon premier né. c. à d. De tous
les peuples du monde, que j'ai créés 83 dont je
ſuis le Pere , le peuple d'Iſraël eſt celui que je
chéris, comme un pere ſon premier né ; c'eſt l'hé
ritier de mes promeſſes 83 l'objet de mes faveurs :
,, Et je t'ai ordonné de laiſſer aller mon fils ,
», afin qu'il me ſerve ; mais tu as refuſé de le
,, faire, & à cauſe de cela, je ferai auſſi mou
,, rir ton fils , ton premier né.
D. Qu'eſt-ce qui ſurvint à Moïſe dans le vo
yage qu'il fit du pays de Madian en Egypte ?
E.oi. Ip. R. , Moïſe étant en route prêt d'entrer dans
24-26» ,, une hôtellerie, l'Eternel, ou un Ange en ſon
,, nom , ſe préſenta devant lui avec menace de
,, le mettre à mort, s'il ne remédioit à ce qu'il
y avoit de condamnable chez lui, ſavoir, ſa mé
gligence à circoncire Eliézer ſon ſecond fils : " Ce
, que Séphora ſa femme ayant oui 85 ſe ſentant
apparemment coupable du délai qu'avoit apporté
,, Moïſe à cette circonciſion , prit auſſi-tôt un
» couteau, ou un caillou tranchant, & en cou
•, pa elle-même le prépuce de ſon fils & le jetta
, » dllX
- M1s EN C A T E c H 1 s M E. -
27E
, aux pieds de Moïſe, en lui diſant, par une
, eſpéce de reproche ; Tu m'es un époux ſan
,, guinaire : Alors l'Ange de l'Eternel ſe retira
e de lui (a), ou ceſſa de le menacer de mort.
-,, Oui reprit-elle : Tu m'es un époux ſanguinai
,, re, à cauſe de la circonciſion que tu m'as
,, obligé de faire à mon fils.
D. Que ſe paſſa-t-il encore avant que Moïſe
allat exécuter ſa commiſſion en Egypte *
R. Avant cela, " l'Eternel avoit dit à Aaron
Exod. IV.
,, en ſonge ou en viſion, d'aller au déſert, à la 27 - 3o.
,, rencontre de Moïſe ſon frere, Il y alla donc
,, & le rencontra en la montagne de Dieu ,
,, Horeb ou Sinaï ; Après s'être reciproquement
22 C/71

(a ) Se retira de lui. L'on a expliqué cela de l'An


ge , parce que le verbe Hébreu eſt au maſculin : ce
endant quelques lnterprétes avec aſſez de vraiſem
lance , l'entendent de Séphora femme de Moïſe , dont
il eſt dit ici , qu'elle ſe ſépara de lui , c. à d. qu'elle
le laiſſa aller ſeul en Egypte & qu'elle s'en retourna
chez Jéthro ſon pere avec ſes enfans. Ce qui paroit
confirmer cette interprétation, c'eſt que l'on voit par
la ſuite Exod. XVIII. 2. qu'elle étoit réellement reve
nuë chez Jéthro avec ſes enfans ; & quoiqu'on ne
puiſſe pas dire ſurement ſi ce fut à l'occaſion de la
circonciſion de ſes fils qu'elle rebrouſſa chemin ; au
moins eſt-il aſſez probable que la crainte de quelque
nouvel accident lui. fit ſouhaiter de retourner dans la
maiſon paternelle ; & même que Moïſe l'y renvoya ,
comme il eſt dit à l'endroit cité , dans la penſée
qu'elle y ſeroit plus en ſureté, & que la commiſſion
dont il étoit chargé ne lui permettoit guéres d'avoir
avec lui une femme & des enfans. Quant au genre
maſculin prit pour le feminin, les mêmes Interprêtes
prouvent que cela n'eſt pas ſans exemple, & les pa
roles qui ſuivent , & qui ſont encore de Séphora, ſem
blent favoriſer cette interprétation.
272 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r.
·,, embraſſés 85 baiſés ; Moïſe raconta à Aaroit
,, en détail, tous les ordres que l'Eternel lui
» avoit donnés, la commiſſion dont il étoit
» chargé , & tous les miracles qu'il lui avoit
» donné le pouvoir de faire. Moïſe pourſuivit
,, enſuite ſon chemin avec Aaron , & étant
, arrivés au pays de Goſcen, ils aſſemblérent
,, tous les Anciens ou les principaux des enfans
,, d'Iſraël ; & Aaron leur rapporta tout ce que
,, l'Eternel avoit dit à Moïſe ; qu'il confirma,
,, en opérant lui- même, ou Moïſe ſon frere,
,, en préſence du peuple , les miracles que
,, Dieu lui avoit commandé de faire. Le peu
,, ple crut donc qu'ils étoient véritablement en
,, voyés de Dieu & apprit avec beaucoup de joie,
,, que l'Eternel vouloit prendre ſoin des enfans
,, d'Iſrael & qu'il avoit été touché de leur af
,, fliction. On ſe proſterna humblement devant
les envoyés de Dieu , pour leur marquer la re
connoiſſance dont cbacun étoit pénétré, & l'on
,, adora Dieu l'auteur de \ces graceſ,

CHA
-
"- -
, -
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 273
-

C H A P I T R E XVIII.
Contenant ce que firent Moïſe & Aaron
pour engager Pharao à laiſſer ſortir le
peuple d'Iſraël hors d'Egypte ; la ma
niere arrogante dont ce Roi y répon
dit ; la rigueur avec laquelle il aug
menta les travaux des Iſraëlites à ce ſu
jet ; & enfin le recit des quatre premiers
fléaux dont Dieu frappa les Egyptiens »
pour punir leur Roi de ſon obſtination
à refuſer la ſortie du peuple d'Iſraël hors
de ſon royaume.
D. Omment Moïſe 83 Aaron s'acquitérent
ils de la commiſſion que Dieu leur avoit
donnée auprès de Pharao ; 83 comment en furent
ils reçus ?
R. » Après que Moïſe & Aaron eurent don E.od. p.
mé aux Anciens du peuple des preuves de leur 1-5.
, ,, miſſion divine, ils s'en allérent avec quelques
» uns d'entr'eux à Pharao, & lui dirent : Ainſi
,, à dit L'ET E R N E L , le D I E U d'Iſraël, qui
mous a envoyé vers toi 83 au nom de qui mous
s, te parlons : Laiſſe ſortir mon peuple, les en
», fans d'Iſraël, de tes Etats ; afin qu'il célèbre
•, à mon honneur une fète ſolemnelle au dé
», ſert. Mais Pharao leur dit ; Qui - eſt JE H o
» V A L'ET E R N E L pour que j'obéiſſe à ſa
,, voix, ou à ce qu'il exige de moi , de laiſſer
» aller Iſraël hors de mes Etats ? Je ne connois
Tomue I. S 2, PO1Ilt
274 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, point l'Eternel ; & je ne laiſſerai point ſortir
,, les enfans d'Iſraël. A cela, Moïſe & Aaron
,, répondirent auſſi tôt : Le Dieu que nous ap
,, pelons Jehova, c'eſt le D I E U de ce peuple
' ,, Hébreu , le Dieu de nos peres qui nous eſt ap
,, paru ; 85 c'eſt en ſon nom que nous te prions
,, de permettre que nous faſſions trois journées
, de chemin pour arriver au déſert, afin d'y ſa
» crifier à ſon honneur e5 lui rendre le culte
,, qu'il demande de nous; ſans quoi il eſt à crain
,, dre qu'il ne nous puniſſe par la peſte ou par
», l'épée , 83 que tu ne ſois privé par - là d'au
,, tant de ſujets. A quoi le Roi d'Egypte re
,s, partit : Moiſe & Aaron ; Pourquoi détournez
,, vous le peuple de ſes ouvrages ſous de frivo
,, les prétextes ? Retournez inceſſamment les uns
,, $ les autres aux travaux qui vous ſont im
,, poſés : Car, ajouta-t-il, le peuple étant auſſi
s, nombreux qu'il l'eſt, il ne convient pas que
,, vous le laiſſiez repoſer de ſes travaux ; com
me cela arriveroit ſi je vous accordois vôtre de
mande.
D. Que fit de plus Pharao pour augmenter le
joig des Hébreux ? -

Exod. V. R. , Pharao commanda ce jour-là même aux


é - 2 I.
,, Intendans établis ſur le peuple des Hébreux
,, & à ſes Commis, de ne leur plus donner de
» paille pour faire des briques comme aupara
» vant ; mais qu'il s'en pourvuſſent eux-mêmes,
,, & cependant de leur impoſer la même quan
,, tité de briques qu'ils faiſoient auparavant ſans
,, en rien diminuer, car ils ont ſans doute du
» loiſir de reſte ; puiſqu'ils crient & ſe diſent
» l'un à l'autre. Allons au déſert, offrir des
» ſacrifices à nôtre D I E U. Je veux donc que
» leur
M 1 s x N C A T E c H 1 s M E. 27 ;
» leur ſervitude ſoit aggravée ; qu'ils travaillent
» ſans relache & qu'ils ne s'amuſent plus à de
» vains diſcours. Les Intendans & les Commis
» exécutérent ponctuellement ces ordres, & di
» rent au peuple , de la part de Pharao, qu'on
,, ne leur donneroit plus de paille ; mais qu'ils
» devoient eux-mêmes en aller chercher , là où
» ils en pourroient trouver, ſans que pour cela
» leur tâche fut en rien diminuée. Alors le peu
,, ple d'Iſrael ſe répandit par tout le pays d'E-
» gypte pour amaſſer du chaume au lieu de pail
» le : Et les Exacteurs les preſſoient d'achever
» leur ouvrage chaque jour, comme lorſque la
» paille leur étoit fournie ; juſques-là que les
» Commis mème d'entre les Iſraelites que les
,, Exacteurs de Pharao avoient établis ſur eux,
» furent battus pour n'avoir pas achevé leur tâche
,, chaque jour comme auparavant ; dequoi ils
,, allérent ſe plaindre à Pharao, comme d'une
», grande injuſtice : Pourquoi, dirent-ils, en uſe
,, t on ainſi avec tes ſerviteurs ? On ne leur
,, donne point de paille, & cependant l'on veut
s, que ſans cela ils faſſent des briques, & s'ils
,, ne les font pas, il ſont battus comme s'ils
,, avoient commis une grande faute. Mais ce
Roi, au lieu d'avoir égard à leurs repréſentations
» leur répondit : Vous avez ſans doute aſſèz de
» loiſir , puiſque vous parlez d'aller offrir des
» ſacrifices à l'Eternel : Allez-vous en donc &
, travaillez comme on vous l'ordonne ; car on ne
,, vous donnera point de paille, & vous ferez
,, toujours la même quantité de briques : d'où
, les Commis des Enfans d'Iſrael conclurrent
, qu'ils étoient dans un mauvais état ; puis
, qu'on ne vouloit rien diminuer de la tâche de
S 2 cha
276 L'AN c 1 z N T E s T A M E N T
,, chaque jour. Et en ſortant de devant Pha
,, rao, ils trouvérent devant eux Moïſe & Aa
,, ron à qui ils dirent : Que l'Eternel faſſe at
,, tention à vôtre conduite & qu'il en juge :
,, Car vous nous avez rendus odieux à Pharao
,, & à ſes Miniſtres ; & par les diſcours que vous
,, leur avez tenus , vous leur avez mis en main
,, une épée pour nous tuer.
D. Que fit alors Moïſe dans ces facheuſes con
jon'tures ?
Exod. V. R. ,, Alors Moïſe eut recours à l'Eternel,
t2 , 23
,, il lui expoſa ſes grief & lui dit : Seigneur, pour
,, quoi as-tu été cauſe , par les ordres que tu
,, m'as donnés, que ce peuple eſt préſentement
,, plus mal-traité que jamais ? Pourquoi m'as-tu
,, envoyé à Pharao, s'il en devoit être ainſi ?
,, Car depuis que je ſuis venu vers lui & que
,, je lui ai parlé en ton nom , il a mal-traité
,, ce peuple plus qu'il m'avoit encore fait, & tu
,, ne l'as point délivré de ſes mains , comme je
m'y attendois.
D. Que lui fut - il répondu de la part de
Dieu ?
Exod. VI. R. » L'Eterrel dit à Moïſe ; Ne t'afflige point
1 - I3. ,, 85 ne t'impatiente point : tu verras bien
,, tôt ce que je ferai à Pharao $ l'accompliſſe
ment de mes promeſſes ; car je le chatierai d'une
telle maniere, à cauſe des ºtaux qu'il fait à mon
,, peuple, qu'il les laiſſera ſurement aller ; juſ
,, ques - là qu'y étant contraint par une main
,, forte , plus puiſſante que la ſienne, il les chaſ
,, ſera lui-même de ſon pays, ou les priera de
,, ſortir de ſon royaume. Dieu parla encore à
,, Moiſe & lui dit ; Je ſuis l'Eternel : Je me
,, ſuis apparu, ou me ſuis révélé à Abraham , à
» Iſaac
+

. M I s E N C A T E c H I s M E. 277
,, Iſaac & à Jacob, comme le Dieu Fort, &
,, Tout-puiſſant; & ne me ſuis-je pas auſſi fait
,, connoitre à eux par mon nom, d'Eternel ,
,, ou de Jehova ; dont la ſignification les doit
,, aſſurer de ma fidélité à tenir mes promeſſes ;
,, mais de plus, par l'alliance que j'ai contractée
,, avec eux, j'ai promis de leur donner, ou à
,, leur poſtérité après eux, le pays de Canaan ,
,, le pays de leurs pélérinages, dans lequel ils
,, ont demeuré comme étrangers : J'ai auſſi
,, entendu les ſanglots des enfans d'Iſrael que
,, les Egyptiens traitent en eſclaves ; & je me
,, ſuis ſouvenu de l'alliance que j'ai traitée avec
,, leurs peres pour leur en faire reſſentir les effets.
,, C'eſt pourquoi, di aux enfans d'Iſraël, que
,, je ſuis Jehova l'Eternel, qui remplirai ponc
,, tuellement mes promeſſes, qui les affranchirai
,, du joug des Egyptiens & les delivrerai de
,, leur ſervitude ; que je les racheterai de leur
» eſclavage par la force de mon bras, ou l'effet
,, de ma puiſſance, & par mes jugemens les plus
, ſévéres ſur ceux qui les oppriment ; que je les
,, prendrai pour être mon peuple particulier ;
,, que je ſerai leur D 1 E U, leur Bienfaiteur 83
,, leur Protecteur, & qu'ils connoitront alors ,
-,, à m'en pouvoir plus douter, que je ſuis L'E-
,, T E RN E L leur D I E U, qui veux les affran
» chir du joug des Egyptiens & que je les fe
» rai entrer au pays que j'ai promis par ſer
,, ment de donner à Abraham , à Iſaac, & à
» Jacob, pour le poſſéder comme un héritage
,, de leurs peres. C'eſt moi L'E T E RN E L qui
,, le leur promets de mouveau. Moïſe parla donc
,, de cette maniere aux enfans d'Iſraél ; mais
,, ils ne l'écoutérent point à cauſe de l'angoiſ
- S 3 2) ſe
278 L'AN c 1 z N T E s T A M E N r
,, ſe extrème dont leur eſprit étoit ſaiſi, & de la
,, dure ſervitude dont ils étoient accablés. Dans
,, cette extrêmité, l'Eternel ordonna à Moiſe de
,, retourner vers Pharao Roi d'Egypte & de
,, lui dire encore une fois qu'il laiſſat ſortir les
,, enfans d'Iſrael de ſon pays : mais Moïſe ſe
» préſenta de nouveau devant l'Eternel & lui
,, dit : Tu vois , ô Dieu, que les enfans d'Iſraël
,, ne m'ont point écouté, quand je leur ai par
,, lé de ta part ; & comment Pharao m'écoute
», ra t-il, moi qui ſuis incirconcis de levres ,
ou qui n'ai pas la faculté de m'enoncer auſſi li
brement qu'une telle commiſſion le demande ?
,, Cependant l'Eternel ordonna encore à Moïſe
,, & à Aaron d'aller aux enfans d'Iſraél & à
,, Pharao Roi d'Egypte, pour leur déclarer que
,, la volonté de Lieu étoit de retirer les enfans
,, d'Iſrael du pays d'Egypte.
D. Qui étoient alors les Chefs des Enfans
d'Iſraël, ou des familles de leurs peres ?
. R. L'on doit mettre ſans doute à la tète Moï
ſe & Aaron , comme étant alors les Miniſtres
de Dieu pour la conduite de ce peuple , & dont
il importoit de rappeler la généalogie pour don
ner plus d'autorité à leur miniſtère : Cepen
dant comme Lévi dont ils étoicnt deſcendus
n'étoit que le troiſieme des fils de Jacob ; il y
a apparence que les deſcendans de ſes deux
ainés Ruben & Siméon les précedoient en rang
dans leurs aſſemblées : voila pourquoi dans le
dénombrement qui eſt fait ici des principaux
Chefs des enfans d'Iſraél, l'Auteur Sacré parle
premierement des deſcendans de Ruben & de
Exod. lVI.
14 , IJ.
Siméon qui ſont les mêmes déja mentionnés
ci-deſſus Gen. XLVI. 9, Io. de-là il paſſe
: -
#
deſ
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 279
deſcendans de Lévi, du nombre deſqucls étoient
Moïſe & Aaron ; comme il paroit par la généa
logie ſuivante.
,, Et ce ſont ici les noms des enfans de Lé- Exe I. VI.
,, vi ſelon le tems de leur naiſſance , Guerſçom, 16-3o.
,, Kehath & Merari : Et Lévi mourut âgé de
,, cent trente ſept ans. Guerſçom eut deux fils
» Libni & Sçimhi dont les familles ſubſiſtent
,, encore. Kehath en eut quatre, ſavoir, Ham
,, ram , Jitshar , Hébron & Huziel , & Ke
,, hath vêcut cent trente trois ans : Et Merari
» eut deux fils , Malhi. & Muſci. Ce ſont-là
», les familles des deſcendans de Lévi, ſelon le
,, tems de leur naiſſance. Or Hamram l'ainé des
,, fils de Kehath prit pour femme Jocabed ſa
», proche parente de laquelle il eut Aaron &
,, Monſe , & mourut âgé de cent trente ſept
,, ans : Les enfans de Jitshar furent Coré, Ne
» pheg & Zicri, & les enfans de Huziel furent
» Miſçael , Eltſaphan & Sithri. Enſuite Aaron
,, épouſa Eliſcebah fille de Hamminadab ſœur
» de Naaſſon, de laquelle il eut ces quatre fils,
», Nadab , Abihu , Eléazar & Ithamar. Et les
,, enfans de Coré furent Aſſir, Elkana & Abia
,, ſaph : Ce ſont-là les familles deſcendues de
,, Coré. Puis Eléazar, fils d'Aaron, prit pour ſa
,, femme une des filles de Puthiel, dont il eut
» pour fils Phinées : Ce ſont - là les Chefs des
» peres deſcendus de Lévi ſelon leurs familles.
» En particulier, c'eſt ce même Aaron & ce mê
», me Monſe auxquels l'Eternel donna la com
» miſſion de faire ſortir les enfans d'Iſraël du
» pays d'Egypte. Ce ſont eux-mèmes qui par
lérent à Pharao Roi d'Egypte pour en obtenir la
,, permiJion : Et ce fut ce jour-là même que
S 4 ,, l'E-
28o L'A N c I E N TE s T A M EN T
» l'Eternel dit à Moïſe : C'eſt moi l'Eternel qui
,, t'ordonne de dire à Pharao en mon nom ,
,, tout ce que je t'ai commandé, & à quoi
,, Moïſe répondit ; je ſuis incirconcis de levres ;
,, j'ai la langue embaraſſee & comment pourois
,, je eſpérer qu'il veuille m'écouter.
D. Que répondit l'Lternel à Moïſe ſur cette
derniere excuſe ?
Exod. R. ,, L'Eternel lui dit ; Je t'ai établi pour
VII 1-º-,, D I E U à Pharao : c. à d. Tu lui déclareras
ma volonté, comme ſi c'étoit Dieu lui même qui
,, lui adreſſat la parole, & Aaron ton frere ſera
,, ton Prophète; il parlera pour toi , ſi tu ne
le peux ; il ſera l'organe 85 l'interprète de tous
ce que tu auras à lui dire de ma part. * Tu dé
» clareras toutes les choſes que j'aurai comman
» dées, & ce ſera Aaron ton frere qui dira à
,, Pharao de laiſſer aller les enfans d'Iſrael hors
,, de ſon pays : mais j'endurcirai le cœur de
,, Pharao : Tout ce qu'on lui dira de ma part ne
fera que l'endurcir & l'affermir dans ſa réſolu
,, tion. Je multiplierai mes prodiges & mes mi
» racles en ſa préſence au pays d'Egypte; mais
» Pharao n'en ſera pas plus diſpoſé à vous écou
,, ter favorablement : Je mettrai ma main ſur
,, l'Egypte , je la chatierai par divers fléaux ,
» & je retirerai du pays d'Egypte mon peuple,
» les enfans d'Iſraël qui ſeront une armée nom
,, breuſe, en deployant ſur ce pays-là des ju
,, gemens terribles. Et les Egyptiens ſentiront
,, que je ſuis l'Etre Eternel $ Tout puiſſant,
,, lorſque j'aurai étendu ma main ſur l'Egypte
,, par les fléaux qu'elle éprouvera, & que j'aurai
,, retiré du milieu d'eux les enfans d'Iſraël.
,, Moïſe & Aaron ſe conduiſirent donc de la
»» IIld
1M I s E N C A T E c H I s M E. 28E
ſ, maniere que l'Eternel le leur avoit comman
,, dé , ils exécutérent ponctuellement ſes or
dres.
D. Quel âge avoient.ils alors l'un $ l'autre ?
R. ,, Moïſe étoit âgé de quatre vintgs ans Exod.
,, & Aaron de quatre vingt trois , quand ils VII. 7.
, eurent la commiſſion de parler à Pharao.
D. Comment furent - ils de mouveau confirmés
dans cette commiſſion ?
R. Ils le furent par des miracles qu'ils ope
rérent eux-mêmes aux yeux de Pharao, dès
• qu'il leur demandat quelque ſigne par lequel ils
puſſent faire voir qu'ils étoient envoyés de Dieu,
Exod.
comme l'Eternel le leur avoit promis : car ** l'E- VII.
,, ternel avoit encore dit à Moïſe & à Aaron. 8 - 13
,, Quand Pharao vous demandera quelque ſi
,, gne qui vous autoriſe , $ qui prouve vôtre
», miſſion divine : Prenez la verge qui a déja
2, ſervi à divers miracles ; jettez-la devant lui ,
,, & elle deviendra un dragon, ou un ſerpent.
, Moïſe donc & Aaron vinrent vers Pharao,
,, & lui parlérent conformément à ce que l'E-
,, ternel leur avoit commandé ; Sur quoi ce Roi
leur ayant demandé quelque ſigne qui fut une
preuve autentique de leur miſſion ; * Aaron jetta
,, ſa verge devant Pharao & devant ſes mi
,, niſtres ; & elle devint un dragon ou un ſer
,, pent : Ce que Pharao ayant vie, il fit venir
s, auſſi-tôt les ſages ou ſavants & les enchan
s, teurs d'entre ſes ſujets qui paſſoient pour les
,, plus habiles à faire les choſes les plus ſur
,, prenantes ; & les Magiciens d'Egypte firent
,, les mêmes choſes par leurs enchantemens ;
,, ils jettérent chacun ſa verge en préſence de
, Pharao, & elles devinrent des ſerpens : mais
- S $ » la
282 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» la verge d'Aaron qui avoit été changée en ſer
,, pent, engloutit leurs verges, ou les ſerpens qui
,, en étoient ſortis : malgré cela le cœur de Pharao
plus ébloui de ce que les Magiciens avoient fait à
ſes yeux un ſigne ſemblable à celui qu'il avoit
demandé à Moïſe pour preuve de ſa miſſion, que
de l'événement qui avoit ſuivi ce ſigne, s'endurcit
,, 83 s'obſtina dans le refus qu'il fit d'acquieſcer
,, à la demande de Moïſe, comme l'Eternel
,, l'avoit prédit.
D. Quel ordre reçut ſur cela Moïſe de la part
de Dieu ?
Exod. R. » L'Eternel lui dit : Le cœur de Pharao
V 1 I. ,, eſt endurci ; il s'obſtine à refuſer de laiſſer
I4 - 19.
,, aller le peuple. Va-t-en cependant derechef
» dès le matin vers Pharao, lorſqu'il ſera deſ .
» cendu aux eaux du Nil : Tu te préſenteras
» devant lui ſur le bord de ce fleuve, ayant
,, pris en ta main la verge qui a déja été
,, plus d'une fois changée en ſerpent ; tu lui di
» ras que L'ETE R N E L, le D I E U des Hébreux,
» t'avoit envoyé précédemment vers lui pour
,, l'engager à laiſſer aller ſon peuple au déſert,
,, où il devoit rendre quelque culte à ſon Dieu,
» mais qu'il n'avoit point eu d'égard à ce que
,, tu lui avois dit de ma part ; & qu'à cau
» ſe de cela, il apprendroit par un autre ſigne,
» que c'eſt L'ET E R NE L qui t'a envoyé; en
» lui déclarant que s'il ne t'accorde ta deman
,, de, tu vas frapper de ta verge qui eſt en ta
,, main les eaux du fleuve qui ſeront d'abord
,, changées en ſang ; en ſorte que le poiſſon qui
» y eſt en mourra, que le fleuve en deviendra
», puant, & que les Egyptiens auront beaucoup
» de peine pour rendre les eaux du fleuve beu
2» Va
MIs E N C A T E c H I s M E. 283
» vables : L'Eternel fit auſſi dire à Aaron qu'il
» eut à prendre ſa verge , & à l'étendre au
,, premier ordre qu'il en recevroit ſur toutes les
, eaux des Egyptiens, ſur leurs rivieres, &
,, ruiſſeaux, ſur les canaux 83 branches du Nil ;
, ſur leurs marais & ſur les amas d'eaux, com
,, me puits , viviers 85 étangs avec aſſurance
» qu'au moment mème toutes ces eaux devien
, droient du ſang ; ainſi qu'il n'y auroit que
,, du ſang dans les vaiſſeaux de bois & de
,, pierre, où l'on auroit mis de l'eau.
D. Quelles furent les ſuites de cet ordre de Dieu
à Moïſe 85 à Aaron ?
R. ,, Moïſe & Aaron firent tout ce que l'E- Exod.
V I I.
,, ternel leur avoit commandé : Ils allérent vers 2o , 2 I.
,, Pharao qui ne voulut pas les écouter : Alors
,, Aaron ayant levé ſa verge en fiappa les eaux
,, du fleuve en préſence de Pharao & de ſes
,, ſerviteurs, & toutes les eaux furent auſſi-tôt
,, changées en ſang ; le poiſſon qui étoit dans
,, le fleuve en mourut, & les eaux du fleuve
,, devinrent puantes ; tellement que les Egyp
,, tiens ne pouvoient point en boire : Ainſi il
,, y eut du ſang par tout le pays d'Egypte, où
il y avoit des amas d'eaux , à l'exception de la
Province de Goſcen qu'occupoient les lſraèlites.
D. Quel fut l'effet de ce premier fleau ſur l'eſ
prit de Pharao $ des Egyptiens ?
R. ,, Les Magiciens d'Egypte que Pharao Exod.
JV 1 I.
avoit fait venir à l'occaſion de la verge changée 22 - 25 •
,, en ſerpent , ayant fait de même par leurs
,, enchantemens ; ſoit ſur de l'eau qu'on avoit
apportée de la mer, ou du pays de Goſcen ; ſoit
ſur celle qu'on avoit tirée de quelques creux faits
en terre, 83 que l'on avoit conſervée avec ſ# e
284 t'A N c 1 z N T E s T A M E N r
depuis le miracle opéré par Aaron ; " le cœur
» de Pharao s'endurcit encore tellement qu'il
» ne fit aucune attention à la demande de Moï
, ſe & d'Aaron, & qu'il n'obéit point à ce que
» l'Eternel lui avoit fait dire par leur bouche ;
» mais leur ayant tourné le dos, il revint dans
» ſon palais ſans faire aucune attention à ce
» miracle, comme il le devoit : Cependant tous
» les Egyptiens creuſérent autour du fleuve pour
,, avoir de l'eau à boire ; parce qu'ils ne pou
» voient boire de celle du fieuve ; & ce fléau
» dura ſept jours entiers ; depuis que L'ET E R
» N E L eut frappé le fleuve par la verge d'Aaron.
D. De quel autre fléau fut menacé Pharao ,
s'il ne laiſſoit aller le peuple ſacrifier à l'Eternel
dans le déſert ? *

Exod. R. ,, L'Eternel ordonna encore à Moïſe de


V II I.
I - 6.
,, retourner à Pharao & de lui dire, que s'il ne
,, laiſſoit aller ſon peuple au déſert pour le ſer
» vir, il déſoleroit tout ſon pays par un nom
,, bre infini de grenouilles qui monteroient du
» fleuve, qui entreroient dans ſon palais, &
» dans la chambre même où il couchoit & ſur
» ſon lit, auſſi bien que dans la maiſon de ſes
» ſerviteurs & parmi tout ſon peuple, juſques
» dans les fours où l'on cuit le pain, & dans les
» mais où on le pétrit. Mais Pharao n'ayant
» pas eu plus d'égard à cette ſommation qu'aux
/ / A. - »

» précédentes : Aaron étendit par l'ordre de


» D I E U ſa verge ſur les fleuves, les rivieres
» & les marais, & en fit monter des grenouil
• les qui couvrirent tout le pays d'Egypte ?
D. Quelle fut la ſuite de ce ſecond fléau ?
Exod. R. , Les Magiciens en firent de même par
v III. » leurs enchantemens, & firent auſſi monter des
7 - I4.
*. 33 gt5s
M I s E N CA T E c H 1 s M E. 285
» grenouilles ſur le pays d'Egypte ; mais Pha
, rao ne pouvant ſupporter l'incommodité qu'el
, les lui cauſoient, fit appeler Moïſe & Aaron
, & leur dit ; Fléchiſſez l'Eternel par vos prieres,
, afin qu'il retire les grenouilles de deſſus moi
, & de deſſus mon peuple, & je laiſſerai aller
, le peuple ſacrifier à L'E T E R N E L, & Moïſe
, dit à Pharao ; Déclare toi (a), ou di-moi ott
,, vertement, pour quel tems tu veux que je
» prie l'Eternel qu'il extermine les grenouilles,
, & qu'il les éloigne de toi , de tes maiſons
, & de ton peuple, enſorte qu'il n'en reſte plus
, que dans le fleuve. Je ſouhaiterois, répondit
, Pharao, que ce fut dès à préſent, s'il ſe peut ;
, ou pour demain, au plus tard. Cela ſe fera
, repartit Moïſe, ſelon tes ſouhaits ; afin que
,, tu ſaches qu'il n'y a nul D I E U tel que
» L'ET E R N E L nôtre D I E U , qui ait le pou
voir de frapper 83 de guérir , comme il lui plait :
» Alors Moiſe & Aaron ſortirent de devant
» Pharao, & Moiſe ſupplia L'ET E R N E L de
» dé

(a ) Déclare.toi. Le terme de l'original qui eſt reſté


dans les Exemplaires- Hébreux ſignifie à la lettre ,
Glorifie - toi, comme l'ont traduit nos verſions ordi
naires ; mais la verſion Grecque des 7o. la Paraphraſe
Chaldaïque & la Vulgate traduiſent, Marque - moi ;
déclare-moi : d'où l'on peut très probablement inferer
que le mot Hébreu a ſouffert quelque alteration dans
l'original , & qu'au lieu de Hithpaher, Glorifie-toi,
comme il ſe lit à préſent , l'on devroit lire Hithba
ber par un très leger changement du p en b. Ce qui
forme un ſens beaucoup plus naturcl, & qui eſt ap- .
puyé des verſions ci-deſſus indiquées , ſans doute par
ce que leurs auteurs ont lû de méme dans d'autres
manuſcrits originauxt
286 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
, détruire les grenouilles qu'il avoit fait venir
» ſur Pharao, & l'Eternel exauça la priere de
» Moïſe ; les grenouilles moururent & il n'y
» en eut plus dans les maiſons, ni dans les
» bourgs , ni à la campagne, & on les amaſſa
,, par monceaux pour les jetter dans le fleuve ;
» cependant la terre en fut infectée.
D. Pharao tint-il alors ce qu'il avoit promis
85 laiſſa-t-il ſortir le peuple d'Iſraël de l'Egypte ?
Exod. R. Non, au contraire, " voyant qu'il avoit
VI I I. ,, du relache, il endurcit ſon cœur, il s'affer
IS.
,, mit dans ſa premiere réſolution & ne voulut
» plus écouter Moïſe & Aaron, comme l'Eter
» nel l'avoit prédit.
D. Comment en fut-il puni de nouveau ?
Exod. R. » L'Eternel dit à Moïſe & par ſon mi
V I I I.
I6, 17.
» niſtère à Aaron d'étendre ſa verge, d'en
, frapper la pouſſiere de la terre, qui devint
, des poux dont les hommes & les bêtes fu
», rent couverts dans tout le pays d'Egypte.
D. Les Magiciens en firent ils encore de même
par leurs enchantemens ?
Exod. R. ,, Ils le tentérent à la vérité ; mais ils ne
VII I.
I3 2 19. ,, le purent : ils tâchérent , mais en vain , de dé
,, truire les poux qui les déſoloient; enſorte qu'ils
,, reſtérent tant ſur les hommes que ſur les bê
s, tes. Alors les Magiciens dirent à Pharao ;
,, C'eſt ici le doigt de Dieu ; c. à d. ſi nous ne
pouvons produire des poux, comme Moïſe 83
Aaron viennent de le faire, ni chaſſer ceux qu'ils
ont produits; c'eſt qu'ils ſont ſoutenus par une
puiſſance divine, ſupérieure à la nôtre, dont mous
devons reconnoitre l'effet merveilleux , que mous
me ſaurions imiter.
D. Que
R1 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 28y
D. Que penſez-vous donc du pouvoir de ces
Magiciens d'Egypte qui par leurs enchantemens
firent la même choſe que Moïſe , dans les trois
premiers miracles opérés en préſence de Pharao,
& qui me purent faire le quatrieme mon plus
que les ſuivans ? Ce pouvoir leur venoit - il de
Dieu immédiatement , ou de quelque Eſprit ma
lin tel que le Diable , ou ſi ce fut leur propre
adreſſe qui leur fournit les moyens d'imiter les trois
premiers 85 qui fut en defaut ſur le quatrieme
85 les ſuivans ?
R. Cette queſtion a partagé de tout tems &
partage encore les Interprètes de l'Ecriture
Sainte : Chacune des alternatives propoſées a
eu ſes partiſans qui n'ont pas manqué d'ap
puyer leurs ſentimens de raiſons qu'il ſeroit
trop long de diſcuter : mais pour me borner à
quelque choſe de précis qui puiſſe vous ſatis
faire : Je remarquerai 1°. que dans toute cette
hiſtoire, il n'eſt point parlé du Diable ni d'au
cun mauvais Ange ; qu'il n'y a aucune né
ceſſité de le faire intervenir ici , comme l'au
teur de ce que firent les Magiciens par leurs
enchantemens ; ſi ce n'eſt pour s'oppoſer aux
deſſeins de Dieu ; & que ſi on lui attribue un
tel deſſein ou un tel pouvoir , il lui eut été
bien plus facile de le mettre en exécution en
détruiſant les ſerpens ou les grenouilles qu'Aa
ron avoit produits , ou en rendant aux eaux
leur couleur naturelle, qu'en lui donnant le
pouvoir de former ſubitement des corps auſſi
merveilleuſement organiſés que le ſont les ſer
pens & les grenouilles , ce qui l'auroit rendu
en quelque maniere égal à Dieu.
Je remarque 2°. que l'Ecriture n'inſinue dans
' au
288 L'A N c I E N T E s T A M E N T
cun endroit que les Magiciens ayent agi en
vertu d'un pouvoir ſpécial reçu de Dieu pour
cet effet, & qu'il repugne mème aux idées
que nous avons de la bonté, de la ſageſſe, de
la véracité, de la juſtice, de la ſainteté & de
la conduite toujours uniforme de l'Etre infini
ment parfait, d'avoir accordé à ces Magiciens
un pouvoir qui tendoit manifeſtement à dé
truire l'efficace de celui de Moïſe ; & que
Dieu avoit donné comme un ſigne qui devoit
convaincre les Iſraelites & les Egyptiens que
Dieu l'avoit envoyé pour la délivrance de ſon
peuple. -

L'on peut conclure de-là 3°. avec aſſez de


fondement que l'on doit attribuer ces préten
dus prodiges des Magiciens, à des tours d'adreſ
ſe qui leur étoient familiers, par leſquels il leur
fut facile d'en impoſer aux yeux du Roi &
de ſes Miniſtres déja prévenus en leur faveur
& tout diſpoſés à reconnoitre en eux un pou
voir ſemblable à celui de Moïſe.
D. Quelles ſont les principales raiſons qui ap2
puyent ce dernier ſentiment ?
R. Ce ſont les ſuivantes. 1°. Il eſt connu
que l'Egypte étoit renommée par l'habileté de
ſes Philoſophes ou de ſes Magiciens qui ſe pi
quoient de connoitre l'influence des aſtres, les
ſecrets de la nature & bien d'autres choſes
ignorées du vulgaire à qui l'on attribuoit un
pouvoir ſurnaturel, & dont la réputation étoit
ſi bien établie à cet égard, qu'on étoit tout
diſpoſé à recevoir, comme merveilleux, tout ce
qui venoit de leur part. -

2°. L'Ecriture ne diſant autre choſe d'eux,


ſi ce n'eſt qu'ils firent ainſi par leurs enchante
menf ,
M I s E N C A T E c H I s M E. 289
#iens, c'eſt à dire quelque choſe de ſemblable
à ce qu'avoit fait Aaron par ſa verge, inſinué
aſſez clairement que c'eſt uniquement à ces tours
d'adreſſe qui ne ſont que des preſtiges, qu'on
doit attribuer tout ce qu'ils firent.
3°. Il n'eſt pas mème difficile d'imaginer
comment ils ont pu par ce moyen faire paroi
tre leurs verges comme des ſerpens, ou ſubſti
tuer des ſerpens à leurs verges ; faire rougir
quelque eau ramaſſée en y mèlant ſubtilement
quelque teinture , & répandre ſur la terre une
certaine quantité de grenouilles , qui firent
bientôt crier au miracle ; quoiqu'il n'y eut
rien en tout cela qu'une grande adreſſe à cacher
leur jeu ; comme le font aujourd'hui les char
latans & joueurs de gobelets.
4°. Il y a tout lieu de croire , quoique l'E-
criture ne le diſe pas expreſſément, que les
Magiciens eurent au moins quelque peu de
tems pour ſe préparer à ces tours d'adreſſe :
Ils n'étoient pas préſens au premier miracle
de la verge changée en ſerpent ; il fallut les
appeler & on leur dit apparemment de quoi
il s'agiſſoit. Quand au changement de l'eau en
ſang, il ne put ſe faire par eux que ſur quel
que peu d'eau dont l'on avoit fait proviſion
dans les maiſons , avant que les fontaines pu
bliques euſſent été converties en ſang par Moï
ſe , ou que l'on avoit pu ramaſſer en creuſant
la terre. Pour les grenouilles, il fallut apparem
ment attendre, ou que celles qui avoient été
produites par la verge d'Aaron euſſènt été dé
truites pour s'en procurer de nouvelles ; ce
que Pharao n'auroit aſſurément pas demandé
ni permis , ou ſi les Magiciens imitérent ce mi
2Tome I. T racle
29o L'A N c I E N T E s T A M E N T
racle d'abord après que Moiſe eut fait le fien ,
il leur fut bien aiſé de faire croire à des eſprits
préoccupés , qu'une partie de ces mêmes gre
mouilles venoit d'eux. . -

5°. Ce qui prouve que leur pouvoir étoit


très borné & qu'on ne doit l'attribuer ni à
Dieu, ni au Diable ; c'eſt ce qu'ils diſent eux
mêmes au ſujet du quatrieme miracle de la
pouſſiere changée en poux, que c'étoit là le
doigt de Dieu : ſans doute parce qu'ils n'a-
voient pas trouvé la même facilité à exercer leur
art dans cette occaſion, qu'ils avoient eu précé
demment ; & ils durent le reconnoitre encore
mieux dans la ſuite, où il s'agit d'une infinité de
prodiges au deſſus de toute l'adreſſe humaine :
auſſi ne les entreprirent ils pas ; ils aimérent
mieux laiſſer aux Envoyés de Dieu , la gloire
d'avoir prouvé d'une maniere authentique leur
miſſion divine, que de ſe compromettre par des
efforts impuiſſants. -

Enfin , il faut bien remarquer, que quand


l'Ecriture dit, que les Magiciens firent ainſi
ou de même que Moiſe , cette expreſſion ne
ſauroit être entendue des miracles ou prodiges
parfaitement les mèmes que ceux de Moïſe ;
mais qu'il faut les expliquer d'une ſimple imita
tation fort inférieure à l'original. -

En voici la preuve : Leurs verges changées


en ſerpens furent englouties par celle de Moïſe :
Le miracle des eaux changées en ſang par les
Magiciens , ne put ſe faire tout au plus que
ſur une très petite quantité d'eau conſervée
dans les maiſons ou ramaſſée dans des creux,
& ne put produire le même effet que celles de
Moïſe qui firent mourir tout le poiſſon des fleu
VeS
IM I s EN C A T E C H I s M E. 29r
ves & des rivieres. Et les grenouilles qu'ils purent
faire voir, comme venants d'eux, qu'étoient-elles
en comparaiſon de la quantité prodigieuſe qui
en fut répandue par Moïſe ſur tout le pays
d'Egypte ?
D. Ce troiſieme fléau de la pouſſiere changée
en poux que les Magiciens ne purent miter, 83
oà ils reconnurent le doigt de Dieu, ne produiſit il
pas plus d'effet ſur le cœur de Pharao, que n'a-
voient fait les précédens ?
R. Non , au contraire , ce Roi moins ef
frayé de ce fléau qui ne dura peut être qu'un
jour, que de celui des grenouilles qui en avoit
duré pluſieurs, ne demanda pas mème à Moïſe
de prier Dieu qu'il retirât cette vermine, &
•, s'obſtina de plus en plus à refuſer ce que Exod.
JV I I I.
•, Moiſe & Aaron exigeoient de lui, par ordre de I9.
», l'Eternel. -

D. Qu'eſt-ce que Dieu lui fit encore dire par


ces mêmes ſerviteurs pour le contraindre à obéir ?
R. ,, L'Eternel lui fit réïterer le lendemain Fxcd.
» de bon matin par Moiſe, les mêmes ordres V I / I.
2O - 24.
» qu'il lui avoit déja donnés de laiſſer aller
» ſon peuple ; il profita pour cela des memes cir
,, conſtances , ſavoir, lorſqu'il iroit vers l'eau du
fleuve pour ſe laver , ou ſe purifier ſelon ſa cou
» tume & il lui fit dire que s'il ne le faiſoit pas,
» il enverroit le jour ſuivant ſur lui, ſur ſon
» peuple , & dans tout le pays & toutes les
» maiſons des Egyptiens, un mêlange d'inſectes
» (a), ou une ſorte de mouches qui les incom
T 2 ,, mo

(a) Un mêlange d'inſecfes. Le terme Hébreu Ha


rob qui eſt ici employé, ſe traduit ſort différemment
par les lnterprétes : Comme il ſe dérive d'un a†
qu
29z L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
, moderoit extrêmement par leur multitude
, innombrable, 83 il fit ajouter expreſſement à
,, cette menace, que le pays de Goſcen où de
» meuroit le peuple d'Iſrael qui étoit ſon peu
» ple particulier, en ſeroit exempt ; comme il
,, l'avoit déja été des aittres fléaux ; afin qu'on
» connut par-là que l'Eternel protégeoit ce peu
» ple d'une façon particuliere & qu'il étoit l'E-
» ternel qui domine ſur toute la terre : Mais
Pharao m'ayant pas eu plus d'égard à cette mou
velle ſommation qu'aux précédentes , la menace
qui lui avoit été faite eut ſon effet : ** Dès le len
» demain , le palais du Roi & les maiſons des
» gens de ſa Cour & de tous les Egyptiens ſe
» trouvérent tellement remplies de ces mouches,
» que tout le pays d'Egypte & tous ſes ha
» bitans, à la reſerve de ceux de Goſcen, en fu
,, rent déſolés.
D. Que fit alors Pharao ?
Exsd. R. » Pharao étourdi de ce nouveau coup, fit
V I I I. » appcler Moïſe & Aaron & leur dit ; Allez
s5 - 37.
» vous-en, je le veux bien ; ſacrifiez à vôtre
» D I E U , comme vous le deſirez , mais que ce
» ſoit dans ce pays-ci que vous habitez & ſans
» en ſortir comme vous le prétendez. Il n'eſt
» pas à propos, lui répondit Moïſe, de faire ain
» ſi ; car outre l'ordre poſitif de Dieu auquel
, nous ne pouvons contrevenir , ſi nous faiſions
», CC

qui ſignifie mêler , la plûpart entendent par-là un mé


lange d'inſečies , ou avec la vulgate , toutes ſortes de
mouches ; D'autres, fuivants la verfion Grecque des 7o.
veulent que ce ſoit une eſpèce de mouches qui s'at
tache particulierement aux chiens & les tourmente
extrémcmcnt.
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 293
» ce que tu nous permets , nous offririons à
, l'Eternel nôtre Dieu des ſacrifices que les
» Egyptiens regardent avec horreur ; & ſi nous
, faiſions en leur préſence des ſacrifices abomi
,, nabies à leurs yeux , ne nous lapideroient-ils
» pas ? Ne nous expoſerions - nous pas à toute leur
fureur * Au lieu donc de leur cauſer un tel ſcan
,, dale, nous marcherons trois jours pour aller
» au déſert & nous ſacrifierons- là à l'Eternel
» nôtre Dieu, comme il nous dira.
D. A quoi aboutit cette propoſition ?
R , Pharao craignant d'un côté que le peu- E. .
ple d' Iſrael, ſorti une fois de l'Egypte, m'y revint v III.
plus, 83 de l'autre, ſe voyant expoſé avec tout *** 3*.
ſon peuple aux cruelles incommodités que leur cau
ſoient ces mouches, * permit à Moïſe d'aller ſa
» crifier au déſert ; mais à condition qu'ils n'al
» laſſent pas loin, ou qu'ils revinſſent bientôt,
» & qu'ils adreſſaſſent encore leurs prieres à
» Dieu pour qu'il fut délivré de ce fléau : Sur
» quoi Moiſe lui promit qu'au ſortir de-là, il
» fléchiroit l'Eternel par ſes prieres pour qu'il
» fut délivré dès le lendemain du fléau qui le
» tourmentoit ; mais il l'exhorta en même tems
» à ne ſe moquer plus de Dieu , & à tenir ſa
,, parole plus exactement qu'il ne l'avoit fait
» précédemment. Moïſe le fit en effet, comme
,, il l'avoit promis, & ce fléau de mouches & d'in
» ſectes ceſſa, tellement qu'il n'en reſta pas une
,, ſeule , mais Pharao oubliant bien tôt cette in
,, ſigne faveur, endurcit encore ſon cœur, & ne
» laiſſà point aller le peuple, comme il l'avoit
» , PIOm1S.

T 3 CHA
294 1'AN c 1 E N T E s T A M E N T

C H A P I T R E XIX.

Contenant le recit de cinq autres fléaux


dont Dieu frappa Pharao & ſon peuple ,
à cauſe de ſon obſtination à ne vouloir
point laiſſer ſortir le peuple d'Iſraël de
ſon pays ; & la menace qui lui fut fai
te d'une dixieme & derniere playe.
D. U'eſt-ce que Dieu fit encore dénoncer
à Pharao, pour l'obliger à céder aux
inſtance réiterées qui lui étoient faites de ſa part
de laiſſer aller ſon peuple ?
r.oi 1x R. , Moïſe eut ordre de lui déclarer que s'il
I - 7. ,, refuſoit de nouveau de laiſſer aller le peuple
, Hébreu pour ſacrifier à L'E T E R N E L &
» qu'il s'obſtinat à les retenir ; L'E T E R N E L,
» le Dieu des Hébreux , qui les prenoit ſous ſa
» protection, feroit tomber une très grande mor
,, talité ſur le bétail de la campagne, tant ſur
,, les chevaux , que ſur les anes, les chameaux,
» les bœufs & les brebis, dont le bétail des
» Iſraelites ſeroit entierement exempt , & il lui
» aſſigna pour cela un terme fixe, en lui di
» ſant; Demain l'Eternel fera ceci dans le pays :
83 ce terme étant arrivé ſans que Pharao eut
,, rien changé à ſa réſolution ; dès le lendemain,
» tout le bétail des Egyptiens mourut ; mais .
» du bétail des Iſraélites, il ne mourut pas une
» ſeule bº ° ; & Pharao s'étant informé du fait,
» il en ſut p'einement convaincu : To# ,, 1OI1
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 295
» ſon cœur s'endurcit de plus en plus & il ne
,, laiſſa point aller le peuple. -

D. Quel autre fléau ſuivit de près celui-là ?


R. Ce fut celui des ulceres brulans qui ar
riva ainſi. * L'E T E R N E L dit à Moïſe & à Exod. IX.
8 I2•
-

, Aaron ; prenez vos mains pleines de cendres


,, de fournaiſe & que Moiſe les jette vers les
» Cicux en préſence de Pharao & elles ſe con
,, vertiront en une pouſſiere fine qui ſe répan
,, dra ſur tout le pays d'Egypte & elle y pro
,, duira des ulceres & des puſtules enflées, tant
, ſur les hommes que ſur les bètes de tout le
» pays ; excepté celui qu'habitoient les Iſraélites.
,, Ils le firent & l'effet s'en ſuivit auſſi tôt ; en
, ſorte que les Magiciens qui en furent atteints,
», comme tous les Egyptiens, ne purent tenir
,, devant Moiſe 85 furent obligés de ſe retirer,
,, à cauſe de leurs ulceres : Mais ce ſixieme
•, fléau ne fit qu'endurcir le cœur de Pharao :
», il n'eut pas plus d'égard pour cela à ce que
2, lui diſoient Moïſe & Aaron, ſelon que L'E-
2, T E R N E L en avoit parlé à Moiſe.
D. Quel fut le ſeptieme fléau dont Dieu fit en
core menacer Pharao ?
· R. Ce fut une grèle horrible que L'E T E R
N E L fit annoncer par Moiſe de la façon la
plus preſſante & la plus effrayante. * Léve toi, Exod. IX.
,, dit L'ET E R N E L à Moïſe, de bon matin, & 13 16.
-

,, te préſente devant Pharao & di - lui ; Ainſi


», a dit L'ET E R N E L , le Dieu des Hébreux :
», Laiſſe aller mon peuple afin qu'il me ſerve ;
», car à cette fois ſi tu perſiſtes à le retenir , je
» , m'en vai faire venir toutes mes playes dans
•, ton cœur ; Je vai répandre la terreur 83
4'effroi dans ton ame par tous les fleaux dont je
T 4 vai
296 L'A N c I E N T E s T A M E N T
vai te frapper coup ſur coup auſſi bien que tes -
,, ſerviteurs & ton peuple ; afin que tu ſaches
,, qu'il n'y a nul Etre ſemblable à moi en tou
., te la terre. Sache donc maintenant , que
,, quand j'ai étendu ma main ſur toi , ſi je
,, t'euſſe d'abord frappé de peſte $ de mortalité ,
,, toi & ton peuple, comme je le pouvois, tu
,, cuiſes été effacé de la terre : Il n'a tenu qu'à
moi de te fuire périr avec tous tes ſujets par une
contagion peſiilentielle 83 tu l'aurois bien mérité :
,, Mais maintenant , je t'ai laiſſé ſubſiſter, ou
,, t'ai conſervé la vie, uniquement afin de ma
,, nifeſter en toi ma puiſſance , dans les fléaux
redoubles dont je te frapperai ſi tu perſevéres dans
,, ton endurciſſement, & afin que mon nom ,
,, ou ma gloire 85 mes perfections, ſoient re
,, connues & célébrées par toute la terre : Car
s, ſi tu t'éléves encore contre mon peuple pour
,, ne le point laiſſer aller ; Voici je m'en vai
2, faire tomber, dès demain à cette même heure,
», une grèle ſi groſſe qu'il n'y en a jamais eu
», de ſemblable en Egypte, depuis le jour qu'el
,, le a été fondée juſques à préſent ; Envoye
,, donc au plutôt raſſembler & retirer ton bé
s, tail & tout ce que tu as à la campagne :
», car la grèle tombera ſur tous les hommes &
», ſur le bétail de la campagne qu'on n'aura
», pas renfermés & ils mouront. Enſuite de cet
,, avertiſſement ceux d'entre les ſerviteurs de
», Pharao qui craignirent la menace de L'E-
,, T E R N E L, firent promptement retirer dans
», leurs maiſons leurs eſclaves & leurs beſtiaux ;
, mais ceux qui mépriſérent l'avertiſſement de
» L'ET E R N E L , laiſſérent à la campagne leurs
» ſerviteurs & leurs bêtes. Le matin du jour
ſºi
|
MI s EN C A T E c H I s M E. 297
ſuivant étant venu ſans que Pharao eut donné
aucun ſigne de ſoumillion aux ordres de Dieu ,
» L'E T E R N E L dit a Mo1ſe, Etends ta main &
» ta verge vers les Cieux , il le fit & auiſi tôt
» L'ET E R N E L envoya des tonnerres & de la
» grèle , & le feu des éclairs brilloit de toutes
» parts : Enſuite L'E T E R N E L fit pleuvoir de
» la grèle ſur toute l'Egypte, & la grèle entre
» mêlée d'eclairs étoit ſi groſſe qu'on n'en avoit
,, jamais vû de pareille dans toute l'Egypte de
» puis qu'elle étoit habitée : Elle cauſa un dé
» gat général dans tout le pays, juſques à tuer
» les hommes & les bêtes qui ſe trouvérent
, dans les champs : Elle briſa auſſi toutes
, les plantes & tous les arbres de la campa
, gne : Il n'y eut que la contrée de Goſcen
» où étoient les Enfans d'Iſrael, qui n'en fut
,, point frappée.
D. Quel effet produiſit ce ſeptieme fléau ſur
l'eſprit de Pharao ?
R. D'abord " il envoya appeler Moiſe & Exod. IX.
, Aaron & leur dit ; J'ai péché cette fois ; 27 - 35 .
,, je recommois à préſent que L'E T E R N E L eſt
» juſte & que moi & mon peuple ſommes cou
» pables, ou que nous méritons ces châtimems pour
,, avoir été ſourds à ſa voix : Fléchiſſez donc
, par vos prieres la colère de L'E T E R N E L ;
,, je ſouffre déja aſſez ; que D I E U donc ne faſ
,, ſe plus tonner & grêler , & je vous laiſſerai
» aller & l'on ne vous retiendra plus : Et Moi
» ſe lui répondit ; Auſſi-tôt que je ſerai ſorti
» de la ville, ce que je peux faire en toute aſ
ſitrance ſans craindre, comme toi, le tonnerre mi
,, la grêle ; j'étendrai mes mains vers L'E-
» T E R NE L ; les tonnerres ceſſeront & il n'y
T 5 2 , all fit
293 L'A N c I E N T E s T A M E N r
» aura plus de grèle ; afin que tu ſaches, att
,, moins, que la terre eſt à L'E T E R N E L &
,, qu'il en diſpoſe à ſa volonté : Mais quant à
,, toi & à tes ſerviteurs, je ſai que vous n'en
» ſerez pas plus diſpoſés à craindre L'E T E R
» N E L D I E U. Ce fut ce qui arriva en effet :
» Moïſe ſortit de la ville, il leva les mains à
» l'Eternel pour le prier d'arrêter ce fléau , les
,, tonnerres ceſſérent, la grèle & la pluye ne
» tombérent plus ſur la terre ; mais Pharao
» n'en fut pas plutôt délivré , qu'il continua
» à pécher auſſi bien que ſes ſerviteurs , en
» s'obſtinant à ne point laiſſer partir les enfans
» d'Iſraél, comme L'ET E R N E L en avoit par
» lé par le miniſtère de Moïſe. Et ce qui le
porta peut-être à s'affermir dans cette étrange 83
,, criminelle réſolution , ce fut que le lin & l'or
s, ge avoient bien été frappés de la grêle ; par
» ce que l'orge étoit en épis & le lin en tu
» yau ; mais le blé & l'épautre ne furent point
: » endommagés , parce qu'ils étoient encore ca
' » chés en terre & qu'ils n'avoient pas pouſſé.
D. De quel nouveau fléau fut encore menacé
83 puni Pharao pour avoir endurci ſon caur
juſqu à ce point ?
R. Ce fut le fléau des ſauterelles qui fut
précedé, comme les autres, d'un ordre de Dieu
à Moiſe , de parler à Pharao en ſon nom, &
d'une déclaration expreſſe que fit Moïſe à Pha
rao des maux que lui & ſon peuple auroient .
encore à ſouffrir, tant qu'il continueroit à vou
loir retenir le peuple d'Iſraël dans ſon pays :
mais cet ordre de Dieu & cette déclaration
de Moiſe eurent encore quelque choſe de par
ticulier, qu'il eſt à propos de rapporter en #
tall«
iM I s E N C A T E c H I s M E. 295
tail. * Va , dit derechef L'E T E R N E L à Exod. x
,, Moïſe , va trouver Pharao & lui annonce ****
bien clairement de ma part, le fiéau dont je vai
le frapper lui 85 ſon peuple à cauſe de ſon obſ
,, tination ; car j'ai permis que ſon cœur & ce
, lui de ſes Miniſtres ſe ſoient endurcis, afin de
» faire éclater d'avantage les prodiges que j'ai
» faits au milieu d'eux ; afin auſſi que tu ra
» contes en détail à tes enfans & petits enfans ,
» toutes les merveilles que j'aurai faites en
» Egypte & tous les fléaux dont je les aurai
» frappés & que vous reconnoiſſiez en cela que
» je ſuis L'E T E R N E L. Moïſe & Aaron vin
» rent donc vers Pharao & lui dirent ; Voici
» ce que dit L'E T E R N E L , le D I E U des
» Hébreux ; Juſques à quand refuſeras - tu de
» t'humilier devant ma face , 83 de te ſou
,, mettre à mes ordres ? Laiſſe enfin aller mon
» peuple au déſert , afin qu'il me ſerve ; Car
» ſi tu t'obſtines à le retenir, je m'en vai fai
» re venir demain dans ton pays des ſaute
» relles en ſi grande abondance qu'elles couvri
» ront la terre de telle maniere qu'on ne pour
,, ra la voir , & elles brouteront tout ce qui
» aura échapé à la grêle & tous les arbres de
» la campagne : Elles ſe répandront dans tes
,, maiſons , & dans celles de tous tes Miniſtres
» & de tous les Egyptiens : enſorte que ni toi
,, ni tes peres, ni aucun de tes Ancêtres n'au
» rez jamais rien vû de ſemblable , depuis le
», jour qu'ils ont été ſur la terre juſqu'à aujour
s, d'hui. Ce qu'ayant dit , Moïſe ſe retira ſur
» le champ ſans attendre la réponſe du Roi.
D. Quel effet produiſirent ces nouvelles mema
Cºſ
3oo L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
ces tant ſur le Roi que ſur les Miniſtres qui les
ouirent ? -

Exod. X. R. ,, Les Miniſtres de Pharao lui dirent alors :


7 - II. ,, Juſques à quand cet homme ſera-t-il pour
,, nous un piege, une pierre d'achoppement , ou
une occaſion de ruine 83 de perdition ? Juſques à
quand attirera-t-il ſur nous , tous les jours, de
7iouvelles calamités º * Permets leur de s'en al
,, ler ſervir L'E T E R N E L leur D I E U , plutôt
que de nous attirer de nouveaux malheurs ? At
,, tendrois - tu d'apprendre avant cela que l'E-
,, gypte eſt entierement perdue ? Alors on fit
,, revenir Moïſe & Aaron vers Pharao qui leur
,, dit ; Allez, j'y conſens ; Servez L'E T E R N E L
,, vôtre D I E U , comme vous le déſirez ; mais
,, dites moi , qui ſont ceux qui feront ce voya
» ge ? Nous partirons , répondit Moïſe, avec
,, nos petits enfans & nos vieillards , avec nos
,, fils & nos filles, avec nôtre menu & gros
,, bétail ; car nous avons à célébrer une fète
,, ſolemnelle à L'ET E R N E L , où nous devons
,, tous aſſiſter : Sur cela Pharao leur dit : Auſſi
,, ſincérement que je prie L'E T E R N E L d'être
,, avec vous, auſſi vrai eſt-il que je laiſſerai
,, aller vos petits enfans : Je n'en ferai certai
,, nement rien 83 prenez-garde qu'il ne vous
,, en prenne mal , ſi vous voulez le faire contre
,, mon gré : La choſe ne ſe fera donc pas de
,, la maniere que vous le dites : mais pour vous,
,, Hommes forts , allez , je vous le permets,
,, rendez vôtre culte à l'Eternel ; car c'eſt ce
,, que vous demandez : Et on chaſſa Moiſe 85
» Aaron de devant Pharao, pour me pas l'irri
ter d'avantage.
D. Quelles furent les ſuites de ce renvoi ?
R. , L'F-
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 3or
R. ,, L'ET E R N E L dit alors à Moïſe ; Etends Exod. x.
,, ta main ſur le pays d'Egypte; fais uſage du 12-15
pouvoir que je t'ai remis pour le punir , & pour
, faire venir des ſauterelles, afin qu'elles ſe ré
,, pandent ſur le pays & qu'elles broutent tou
,, te l'herbe de la terre & tout ce que la grêle
,, a laiſſé de reſte. Moïſe étendit donc par or
,, dre de D I E U ſa verge ſur le pays d'Egyp
,, te, & L'E T E R N E L fit lever ſur la terre
,, un vent d'Orient très véhément qui ſouffla
,, tout ce jour-là & toute la nuit, & le len
,, demain matin , ce vent amena les ſauterelles
,, qui vinrent fondre ſur tout le pays d'Egyp
,, te, & qui s'arrêtérent ſur toutes les con
, trées qui en dépendoient, en ſi grande quan
,, tité 85 ſi voraces que ni auparavant, ni de
,, puis lors , l'on n'a jamais rien vu de ſem
,, blable : Elles couvrirent toute la ſurface de
,, la terre & elles déſolérent toute l'herbe des
,, champs & tout le fruit des arbres qui avoit
,, échapé à la grêle : & il ne demeura aucune
,, verdure aux arbres , ni aux plantes de la
•, campagne dans tout le pays d'Egypte.
D. Que fit alors Pharao ?
R. , Pharao fit appeler en toute diligence Exod. X.
, Moïſe & Aaron & leur dit ; J'ai péché con- 16 - 2o.
,, tre L'E T E R N E L vôtre D I E U & contre
,, vous, en refuſant de faire ce que vous m'or
donniez de ſa part, 85 vous faiſant ſortir de
,, devant moi : mais, je vous prie, pardonnez
,, moi ma faute encore cette fois, & fléchiſſez
» L'E T E R N E L vôtre D I E U par vos prieres ,
,, pour qu'il retire de moi ſeulement ce fléau
•, mortel : Moïſe ſortit donc de devant Pharao,
, & âéchit par ſes prieres L'ETE RN E L ,
-

92 {:
3o2 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, fit lever à l'oppoſite un vent très fort de
,, l'Occident, lequel enleva les ſauterelles & les
» précipita dans la mer rouge , enſorte qu'il
,, n'en reſta pas une ſeule dans tout le pays
,, d'Egypte ; mais L'ET E R N E L permit enco
,, re que le cœur de Pharao s'endurcit , &
» s'obſtinât à ne vouloir point laiſſer partir les
,, enfans d'Iſraël.
D. De quelle maniere Dieu punit il ce dernier
endurciſſement ?
R. Il le punit par un neuviéme fléau qui fut
Exod. X. celui des ténèbres, pour lequel * l'Eternel dit
2 I - 23« ,, encore à Moïſe d'étendre ſa main vers les
,, Cieux, afin qu'il y eut des ténèbres ſi épaiſ
,, ſes ſur tout le pays d'Egypte, qu'on put, pour
,, ainſi dire, les toucher de la main. C'eſt ce que
,, fit Moïſe, & il y eut des ténèbres des plus
,, obſcures ſur tout le pays d'Egypte, celui de
,, Goſcen excepté, pendant trois jours ; de ſor
», te qu'on ne ſe voyoit pas l'un l'autre , &
,, nul n'oſa ſortir de la maiſon où il étoit pen
,, dant ces trois jours ; tant étoit grande l'hor
reur ſecrete dont tout le monde étoit ſaiſi, 85 la
crainte de s'expoſer à de plus grands muux : mais
,, il y eut de la lumiere, comme à l'ordinaire,
,, pour les enfans d'Iſrael dans le lieu de leur
», demeure. -

D. Quelle réſolution prit ſur cela Pharao ?


Exod. X. R. ,, Il fit venir Mouſe & lui dit ; Allez,
B4 - 29. ,, ſervez L'ET E R N E L, vous & vos petits en
, fans avec vous : Que ſeulement vôtre gros
,, & menu bétail demeure dans le pays : Mais
,, Moïſe répondit ; Tu nous laiſſeras auſſi em
,, mener les bètes dont nous avons beſoin pour
» les ſacrifices & les holocauſtes que nous vou
» lons
M I s E N C A T E c H I s M E. 3o3 ,
,, lons offrir à L'ET E R N E L nôtre D I E U ;
,, & pour cela nos troupeaux viendront avec
,, nous, ſans qu'il en reſte un ongle ; car il
,, nous en faut pour rendre à L'E T E R N E L
,, nôtre D I E U le culte que nous lui devons,
,, & nous ne ſavons ni les piéces, ni la quanti
,, té que nous devons en offrir à l'Eternel juſ
,, qu'à ce que Dieu mous en inſiruiſe , lorſque
,, nous ſerons parvenus en ce lieu - là : Mais
•, l'Eternel permit encore que le cœur de Pha
2, rao s'endurcit, & qu'il s'obſtinât à ne vouloir
», point les laiſſer partir avec leur bétail Pharao
s, dit de plus à Moïſe : Va - t - en, éloigne - toi
,, de moi ; & donne-toi garde de paroitre ja
,, mais plus devant moi ; car au jour que tu
,, y paroitras, je te ferai mourir, & Moiſe ré
», pondit : Tu ſeras obéi , & je te promets de
,, ne plus me préſenter devant toi , à moins
que tu me me faſſes demander.
D. Eſt ce donc que Moïſe me dit plus rien à
Pharao que ce qui vient d'être rapporté ?
· R. Il paroit par ce qui ſuit, que Moïſe avant de
quitter Pharao, lui dénonça encore le dernier fléau
dont Dieu devoit le viſiter, ſavoir, la mort de
tous les premiers nés, qui devoit être ſuivie du
départ des Iſraelites , & qu'en conſéquence,
Dieu leur avoit ordonné par la bouche même
de Moïſe, d'emprunter avant cela tout autant
de vaiſſeaux d'or ou d'argent qu'ils pourroient
avoir de leurs voiſins les Egyptiens : C'eſt ce
que nous fait entendre l'auteur Sacré, quand il
ajoute : ** Or L'E T E R N E L avoit dit à Moi Exod. XI.
», ſe, avant qu'il parut pour la derniere fois de. I - 9.
vant Pharao à l'occaſion des ténèbres ; " qu'il
, feroit venir encore un fléau ſur rº# »» 1llIſ
3o4 L'A N e 1 E N T E s T A M E N f
,, ſur l'Egypte , après lequel ce Roi les laiſſe
,, roit tous partir avec leur bétail & les obli
,, geroit mème de le faire à grand'hâte; mais
,, qu'avant cela Moiſe devoit parler au peuple
& lui dire de demander chacun à ſon voi
,, ſin & chacune à ſa voiſine des vaiſſeaux d'or
,, & d'argent , qu'il leur fit eſpérer d'obtenir
,, avec facilité, parce que l'Eternel avoit conci
,, lié au peuple d'Iſarël l'amitié & la faveur
!
,, des Egyptiens & que Moiſe mème , quoique
l'organe des fléaux qui les avoit affligés paſſoit
s, pour un homme très puiſſant au pays d'Egyp
e, te , tant parmi les Miniſtres de Pharao que
e, parmi le peuple. Cela fit que Moiſe dit enco
e, re à Pharao avant de le quitter : Ainſi a dit
» L'ET E R N E L : Environ la minuit de la nuit
2, prochaine, je paſſerai, ou mon Ange au tra
c, vers de l'Egypte & tout premier né mourra
,, au pays d'Egypte , depuis le premier né de
», Pharao qui devoit lui ſucceder , juſques au
,, premier né du plus vil eſclave & mème tout
e, premier né des bètes : Et il y aura un ſi
e, grand cri dans tout le pays d'Egypte, qu'il
», n'y en a jamais eu & n'y en aura jamais de
» ſemblable ; pendant que chez les enfans d'Iſ
•, rael , il y aura une ſi profonde tranquillité
,, tant chez les hommes que chez les bètes,
», que l'on n'entendra pas même un chien
,, aboyer ; afin que vous ſachiez la différence
,, que D I E U met entre les Egyptiens & les
s, Iſraelites. De plus tous tes Miniſtres vien
,, dront vers moi & me ſupplieront inſtamment
,, de ſortir du pays avec le peuple qui eſt com
,, mis à mes ſoins ; & ce ſera alors que je
,, ſortirai ſans retard : Après que Moïſe eut
22 dé
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 3o5
,, déclaré tout cela à Pharao, il le quitta dans
,, une très grande colère de ſon obſtination
qui lui attiroit 85 à tout ſon peuple de ſi grands
,, maux. Car L'E T E R N E L avoit dit à Moïſe
» que Pharao ne les écouteroit point & que
,, cela ſeroit cauſe que Dieu multiplieroit ſes
» miracles & ſes fléaux au pays d'Egypte. Or
» Moïſe & Aaron firent tous ces miracles de
,, vant Pharao ; mais Dieu permit encore que le
cœur du Roi fut ſi fort endurci qu'il l'affèrmit de
plus en plus dans le refus d'obéir à ſes ordres,-
,, tellement qu'il ne laiſſà point aller les enfans
» d'Iſrael hors de ſon pays.
©

C H A P I T R E X X.

Où il eſt parlé de l'inſtitution de la Pâ


que, dite la Fête des pains ſans levain,
au premier mois de l'année ſacrée ; & du
dixieme & dernier fléau dont Dieu frappa
l'Egypte, qui fut ſuivi de la ſortie des
Enfans d'Iſraël hors d'Egypte.
D. Ue ſe paſſa-t il chez les Iſraëlites après
que Moiſe ?# Aaron eurent quitté Pha
7'aO , avant que Dieu le frappat du dernier
fléau dont il avoit eté menacé, ê# qui devoit être ſui
vi de la ſortie du peuple d'lſraèl hors d' Fgypte ?
R. Dieu voulant que cette ſortie fut célé
brée dans toute la ſuite des ſiécles par la Na
tion Juive, en mémoire des faveurs ſignalées
qu'elle avoit reçuës de Dieu dans cette occaſion,
Tome I. U inſti
3o6 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
inſtitua pour cet effet une fète ſolemnelle, dont
il ordonna la préparation & les cérémonies
qu'on y devoit obſerver avec beaucoup de ſoins
ce jour-là mème, le dixieme du mois Abib (a),
qui fut à cauſe de cela déclaré le premier ,
ou le plus ſolemnel des mois de l'année, au
moins pour les choſes ſacrées & l'obſervation
des fètes.
D. Quelle fut donc l'inſtitution de cette fête ;
83 qu'eſt-ce que Dieu y exigeoit de ceux qui de
voient la célebrer ?
R. Voici tout au long ce que nous en ap
Exod. prend Moïſe lui - mème : " L'Eternel , dit. il,
X I I. , avoit parlé à Moïſe & à Aaron, pendant
M - I I.
,, qu'ils étoient au pays d'Egypte & leur avoit
,, dit : Ce mois - ci, nommé Abib, dans lequel je
vai délivrer mon peuple de la ſervitude d'Égyp
,, te, ſera pour vous le commencement des
,, mois ; il § pour vous le premier des mois
,, de l'année ſacrée : Il va devenir pour vous 85
pour tout le peuple, le mois le plus célébre de l'an
mée, 83 il mérite par-là d'être mis à la tête de
tous les autres. * Ordonnez donc de ma part à
» toute l'Aſſemblée du peuple d'Iſraël , pour le
32 CC

( a ) Abib. Ce mot Hébreu ſignifie proprennent un


èpi ou la tige a'un épi ; & on l'avoit donné à ce
mois qui répond en partie à nôtre mois de Mars &
en partie à celui d'Avril ; parce que c'étoit dans ce
tems-là que le froment commençoit à épier C'eſt le
même mois qu'on appela auſſi dans la ſuite Niſan ,
mot Chaldéen qui déſigne proprement le tems où l'on
entroit en campagne pour la guerre , & où l'on dé
ployoit les étendarts & les bannieres que l'on appc
loit Niſſim.
fi I s EN C A T E c H 1 s M E. 3C7
», célébrer comme il convient, qu'au dixieme jour
,, de ce mois, chacun des chefs ou des peres de
,, famille , prenne un agneau, ou un chevreau
,, par famille : mais ſi la famille raſſemblee ne
,, ſe trouvoit pas aſſez nombreuſe pour man
,, ger un agneau , ou un chevreau entier dans
un jour , ou dans le tems deſtiné à cela, qu'il
,, s'aſſocie de la m iſon voiſine autant de per
,, ſonnes qu'il faudra pour manger tous enſem
,, ble cet agneau , ou ce chevreau , qui devra
,, être un mâle ſans defaut & né dans l'an
» née : Vous le garderez , ſeparé du reſte du
,, troupeau , juſques au quatorziéme jour de
», ce mois , & ce jour - là tous ceux qui compo
,, ſent l'Aſſemblée du peuple d'Iſrael devront
» égorger chacun le ſien entre les deux vèpres :
c. à d. pendant cette partie du jour qui s'é-
coule depuis les trois heures après midi, juſques
au coucher du ſoleil. * Cela fait, ils prendront
» de ſon ſang & en arroſeront les deux mon
,, tans ou jambages & la partie ſupérieure, ou
», le linteau de la porte des maiſons où ils de
,, vront le manger : Et cette mème nuit , ils
,, en mangeront la chair rotie au feu avec des
2, pains ſans levain & des herbes ameres. Vous
», n'en mangerez rien à demi cuit, ni qui ait
» été bouilli dans l'eau ; mais qu'il ſoit roti au
» feu , avec ſa tète , ſes pieds, & ſes entrail
,, les, après l'avoir écorché @ en avoir lavé les
,, inteſiins. Vous n'en laiſſerez rien de reſte à
» manger juſqu'au matin, ou s'il en reſte quel
» que choſe que vous me puiſſiez manger , vous
,, le brulerez au feu : Enfin vous obſerverez
,, de le manger ayant les reins ceints, vos ſou
,, liers, ou ſandales à vos pieds & vôtre bâton
U 2 Ȉ
3o8 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» à la main , en équipage de gens prêts à partir
» pour quelque voyage, & vous le mangerez à
», la hâte : C'eſt là la maniere dont vous devez
,, célebrer la Pâque de L'E T E R N E L.
D. Quelle raiſon Dieu donne-t-il lui-même de
cette inſtitution ?
Exod.
XI I.
R. Il la donne quand il ajoute : ** Car je
I2 - I4.
,, paſſerai , ou mon Ange, cette nuit - là, par le
» pays d'Egypte & je frapperai de mort tous
,, les premiers nés depuis les hommes juſqu'aux
,, bètes & je déployerai mes jugemens ſur tous
» les Dieux de l'Egypte ; J'en renverſerai tou
,, tes les idoles , moi qui ſuis L'E T E R N E L
,, & le ſeul D I E U qu'il y ait au monde. Et le
» ſang dont vous aurez arroſé les portes de
» vos maiſons, ſera la marque qui vous aſſure
ra l'exemption du fléau qui va tomber ſur les
,, Egyptiens : car je verrai le ſang dont vous
,, aurez arroſé l'entrée de vos maiſons, & je paſ
,, ſerai outre, ſans toucher à aucun de ceux qui
» y ſeront aſſemblés : Ainſi il n'y aura parmi
», vous aucune playe mortelle, quand je frap
», perai le pays d'Egypte. Et ce jour-là vous 4

,, ſera un mémorial, que vous célébrerez com


,, me une fète ſolemnelle à L'ET E R N E L, qui
,, doit être obſervée par ordre de Dieu perpé
,, tuellement & dans tous les âges, autant que
ſubſiſtera vôtre Nation. -

D. Quels ordres Dieu donna t-il encore pour


la célebration de cette Fête ?
Exod. R. Ce ſont les ſuivans : * Vous mangerez
X I I.
I5 - 29,
,, pendant ſept jours des pains ſans levain ; &
» dès le premier jour de la fête, vous ôterez le
» levain de vos maiſons ; car quiconque man
» gera du pain levé, depuis le premier †
22 Ju1
M I s E N C A T E c H I s M E. 3c3
» juſques au ſeptieme, cette perſonne ſera re
,, tranchée d'Iſrael : elle ſera punie exemplai
rement , 83 chaſſée comme rebelle aux ordres de
Dieu du milieu de ſon peuple, ſans qu'elle puiſſe
,, plus être ſoufferte dans leurs aſſemblées. Au pre
» mier jour & au ſeptieme, il y aura une
s, ſainte convocation : Ce ſeront des jours ſaints
85 ſolemnels deſtinés à ſervir Dieu en public :
,, il ne ſe fera aucune œuvre ſervile en ces
' ,, jours-là , mon plus qu'aux jours de ſabbat :
,, ſeulement ſera-t-il permis d'apprèter à man
,, ger pour chaque perſonne. Vous obſerverez
,, donc ſoigneuſement cette fète des pains ſans
,, levain ; parce qu'en ce même jour-là , j'au
,, rai retiré toute l'armée de vôtre peuple du
,, pays d'Egypte, & vous obſerverez ce jour-là
» d'âge en âge, comme une ordonnance perpé
» tuelle. Depuis le quatorzieme jour du pre
,, mier mois ſur le ſoir , juſques au ſoir du
,, vingt & unieme jour du même mois, vous man
,, gerez des pains ſans levain : Pendant ces
,, ſept jours , il ne ſe trouvera point de le
,, vain dans vos maiſons. Quiconque mangera
» du pain levé, ſoit qu'il ſoit né au pays, ou
» qu'il habite parmi vous, comme étranger, ſera
,, retranché de l'Aſſemblée d'Iſrael 83 chaſſé de
vôtre ſociété, comme indigne d'avoir aucune part
aux faveurs de Dieu. " Vous ne mangerez donc
,, point de pain levé ; mais en quelque lieu
» que vous demeuriez vous mangerez des pains
-, ſans levain , pendant ces jours là.
D. Que fit enſuite Moiſe pour faire obſerver
cet ordre qu'il avoit reçu de Dieu ? |

R. Moiſe après avoir donné les ordres né


ceſſaires pour la préparation de l'agneau dès
- - 3 le
A* +
3ro L'A N c I E N T E s T A M E N T
le dixieme jour du mois Abib , comme Dieu le
| Exod. lui avoit commandé, " aſſembla tous les Anciens
X I I.
,, d'Iſrael, ou les Chefs de chaque Tribu , &
2 I - 28.
,, leur dit ; Allez prendre l'agneau qui a été
,, préparé dans chaque famille, & égorgez - le
,, pour célébrer la Pâque : Puis vous prendrez
,, un bouquet d'hyſſope & le tremperez dans
» le ſang de cet agneau , que vous aurez ra
,, maſſe dans un baſſin , & vous arroſerez de
,, ce ſang le linteau & les deux jambages de la ·
,, porte de vôtre maiſon , & nul de vous ne
,, ſortira de la porte de ſa maiſon juſqu'au ma
,, tin , ou à la pointe du jour ; car l'Eternel ,
,, ou ſon Ange paſſera pour frapper l'Egypte ;
,, & quand il verra le ſang ſur le linteau &
» les deux montans de vos portes , il paſſera
,, outre & ne permettra point que le deſtruc
;, teur , ou la mort , entre dans vos maiſons
,, pour vous frapper. Vous obſerverez ceci com
5, me une ordonnance perpétuelle pour vous &
s, vos enfans , dans toute la ſuite de vos géné
s, rutions. Quand donc vous ſerez entrés au
,, pays que l'Eternel vous donnera ſelon ſa
,, promeſſe , vous obſerverez ces cérémonies ; &
,, quand vos enfans vous demanderont , que
,, veut dire cette cérémonie religieuſe ? Alors
;, vous répondrez ; C'eſt le ſacrifice de la Pâ
,, que, ou du paſſage, que l'on célébre en mé
,, moire, ou à l'honneur de l'Eternel qui paſſà
;, en Egypte, par deſſus les maiſons des en
,, fans d'Iſraél, quand il frappa l'Egypte, &
,, qu'il préſerva nos maiſons. Alors le peuple
di qui les dnciens avoient fait rapport des paro
;, les de Moïſe , s'inclina & ſe proſterma juſ
;, qu'à terre, pour marquer ſa ſoumiſſion & ſt
- - - . 2, j'č-
M 1s E N C A T E c H I s M E. 3Ir
,, reconnoiſſance : Après quoi les Enfans d'Iſraél
•, s'en allérent & firent tout comme l'Eternel
», l'avoit commandé à Moïſe & à Aaron , c. à. d.
», qu'ils égorgérent un agneau dans chaqtte fa
mille 83 qu'ils arroſérent de ſon ſang les portes
d'entrée de leurs maiſons.
D. Comment fut enſuite exécutée la déclara
tion que Dieu avoit faite, qu'il frapperoit tous les
premiers més d'Egypte ? -

R. ,, Dès la nuit ſuivante, il arriva qu'à Exod.


,, minuit l'Eternel frappa de mort , d'une ma # 14
miere ſoudaine & toute miraculeuſe, tous les pre ***
,, miers nés du pays d'Egypte, depuis celui de
,, Pharao qui devoit lui ſucceder & monter ſur
,, ſon trône, juſqu'aux premiers nés des eſcla
», ves & des priſonniers , & à tous les premiers
,, nés des bêtes. Et Pharao ſe leva de nuit,
,, lui & toute ſa maiſon & tous les Egyptiens ,
», & il y eut un grand cri de lamentation par
,, toute l'Egypte ; parce qu'il n'y avoit point
» de maiſon , où il n'y eut un mort.
D. Quelles en furent les ſuites pour le peuple
d'Iſraël ? -

R. ,, Le Roi fit appeler Moïſe & Aaron de Exod.


» nuit & leur dit : Sortez inceſſamment du mi- X1 !
,, lieu de mon peuple , tant vous que les En- 3I - 36.
,, fans d'Iſrael, & vous en allez pour ſacrifier
, à l'Eternel, comme vous en avez parlé. Pre
», nez auſſi avec vous , vôtre gros & menu
,, bétail , comme vous l'avez déſiré, & partez
,, tout à l'heure ; mais auſſi priez Dieu pour
,, moi. Les Egyptiens firent de leur côté tou
,, tes les inſtances imaginables pour les faire
» ſortir du pays ſans délai , par la crainte où
, ils étoient de périr tous. Le peuple donc
4 ,, prit
312 L'A N c I E N TEsTAM EN r
, prit ſa pâte avant qu'elle fut levée, ott ſa
,, farine avant qu'elle fut paitrie , envelopée de
» linges liés avec leurs vêtemens ſur leurs épau
,, les. De plus les Enfans d'Iſrael avoient de
, mandé aux Egyptiens , comme Moïſe le leur
,, avoit dit , des uſtenciles d'argent & d'or &
» des vètemens, pour leur voyage, & l'Eternel
,, leur avoit procuré un favorable accès auprès
» des Egyptiens qui les leur avoient prêtés ;
,, de ſorte qu'ils ſortirent du pays chargés des
, dépouilles des Egyptiens.
D. Mais un tel emprunt autoriſé de Moïſe , 83
ſelon lui, de Dieu même, 85 qui me fut jamais
reſtitué , ne peut il point paſſer pour un enléve
ment formel qui approche fort du vol ? 83 ſi
cela ert, comment peut on juſtifier la conduite des
Iſraelites à cet égard ?
R. C'eſt là une objection que diverſes per
ſonnes ont faite & que les Incrédules font en
core contre la Sainteté de la Révélation , ou
la miſſion divine de Moïſe : mais il ſera aiſé
de la reſoudre, ſi l'on fait attention aux ré
flexions ſuivantes. 1°. Qu'il n'eſt pas dit que
les Iſraelites empruntérent ces uſtenciles & ces
· vêtemens des Egyptiens ; mais ſeulement qu'ils
• les demandérent ou qu'ils priérent les Egyp
tiens de les leur donner , ou de leur permet
tre de s'en ſervir , comme de parure & d'or
mement dans la célébration de leur fète, &
que ceux-ci les leur accordérent avec tant de
plaiſir & de liberalité, qu'ils s'en dépouillérent
eux-mèmes ſans avoir jamais penſé à les rede
mander : Et ce qui ſemble fortifier cette ex
plication ; c'eſt que dans les regrets que té
moignent Pharao & ſon peuple d'avoir laiſſé par
U1IT
MIs E N C A T E c H 1 s M E. 313
tir Iſraël , & dans les raiſons qu'ils donnent
de leur pourſuite, pour l'attaquer dans ſa re
traite , ils n'alléguent point que les Iſraelites
leur ayent enlevé quoi que ce ſoit. 2°. Si les
Iſraélites firent cette demande, ou ſi l'on veut,
cet emprunt aux Egyptiens, ce fut par le con
ſeil de Moïſe ou par l'ordre même de Dieu à
qui ils devoient toute obéiſſance : ce qui les
met, quant à eux, à couvert de tout blâme. Or
que Dieu , & c'eſt ma 3e. réflexion , ait pu
donner un tel ordre ſans bleſſer ſes perfec
tions , l'on n'en ſauroit douter ; puis qu'étant
le maitre abſolu de nos perſonnes & de nos
biens, il a pu diſpoſer à ſa volonté de ceux
des Egyptiens en faveur des Iſraelites , par des
voies qui n'ont rien en elles-mèmes d'injuſte ,
Aen ſuppoſant l'emprunt & le prêt fait de bon
ne foi & très amiablement de part & d'autre,
comme le Texte l'aſſure. 4°. Dieu pouvoit en
core avec d'autant plus de juſtice, laiſſer entre
les mains des Iſraélites, ce qu'ils avoient reçu
ou emprunté des Egyptiens , que ces derniers
devinrent ſans aucune bonne raiſon les enne
mis déclarés des premiers , en ce qu'ils les
pourſuivirent à main armée pour les extermi
ner s'ils avoient pu. Enfin l'on peut dire que
cette dépouille volontaire des Egyptiens faite
à la demande des Iſraelites, fut regardée de
Dieu, comme une eſpéce de compenſation des
torts, & des maux qu'ils avoient ſouffert pen
dant les dernieres années de leur ſéjour en
Egypte. Ce qui ſuffit pour juſtifier pleinement
conduite de Dieu & des Iſraélites dans cette
occaſion. - -

\ U 5 D. Quel
3I4 L'A N c I E N T E s T A M E N r
D. Quelle ſont les autres circonſtances du dé
part des enfins d' Iſrael de l'Egypte rapportées
par l'Auteur Sacré ?
Exod. R. Il ajoute que " les Enfans d'Iſraël étant
X I I.
37-.44.
,, partis de Rahméſés, une des principales villes
,, dit pays de Goſcen , vinrent à un lieu nommé
,, Succoth , c. à d. les Tentes, (ſans doute parce
que les Iſraélites s'y logérent ſous des tentes , )
,, au nombre d'environ ſix cent mille perſonnes,
,, ſans les petits enfans. Il s'en alla auſſi avec
,, eux une grande multitude de toute ſorte de
,, gens, Egyptiens $ autres qui avoient des liai
,, ſons intimes avec les lſraelites, & ils emmené
,, rent de fort grands troupeaux & de gros &
,, de menu bétail. - Et comme ils avoient été
,, forcés de ſortir de l'Egypte à la hâte , ou
,, quils n'avoient pu tarder plus long-tems à par
», tir & qu'ils n'avoient pris avec eux aucune
,, proviſion pour manger , ils firent pour ce
» jour là des gateaux ſans levain de la farine,
» ou de la pâte qu'ils avoient emportée d'E-
,, gypte ſans être levée. Or tout le tems que
», les Enfans d'Iſrael & leur peres avoient de
,, meuré en Egypte, à compter depuis qu'Abra
ham le Chef de cette fºmille , y étoit deſcendit
avec Sara ſa femme , d'abord apres leur arri
vée dans le p,tys de Canaan , tout ce tems-là ,
,, dis-je, fut de quatre cent trente ans : au bout
,, deſquels toutes les bandes de l'Eternel, c. à d.
tout le peuple de Dieu aſſemblé comme une ar
, mée ſous la conduite de Moiſe, ſortirent ce
,, jour - là - même , le 1 5. du mois Abib, du
,, pays d'Egypte. C'eſt - là la nuit du I4 ait
,, 1 5. de ce mois, dont la mémoire mérite d'è-
,, tre ſingulieremcnt célébrée à rhonn #
») •
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. , 3r;
,, l'Eternel , par tous les enfans d'Iſraël dans
,, toute la ſuite des tems ; parce qu'alors il les
,, retira du pays d'Egypte.
D. Cette circonſtance du tems que les Iſraëlites
avoient demeuré en Egypte fixée à 43o. ans , me
donne lieu de vous demander, ſi ce calcul s'ac
corde avec ce qu'en diſent ailleurs les Ecrivains
Sacrés , 85 ſi les Iſraëlites ont demeuré effecti
vement tout ce tems-là en Egypte ? -

R. Pour ſatisfaire à vôtre demande, il faut


d'abord avouér que quelque calcul que l'on faſ
. ſe, l'on ne fauroit trouver quatre cent trente
ans de demeure fixe des Iſraelites, en Egypte.
La preuve en eſt manifeſte : Kéhath fils de
Lévi qui deſcendit avec ſon pere en Egypte
Gen. XLVI. 8. n'a vêcu que 133. ans Exod.
VI. 18. Amram ſon fils , pere de Moïſe a vè
cu 137. ans , & Moïſe avoit 8o. ans quand il
reçut ordre de Dieu de parler à Pharao & de
quitter l'Egypte. Toutes ces années jointes en
ſemble ne font que 35o. deſquelles ſi l'on re
tranche l'âge qu'avoit déja Kéhath, quand il
vint en Egypte, & le tems que lui & Amram
ont vêcu avec leur fils , à mettre environ 45.
ans pour chacune de ces époques, l'on redui
ra la demeure des Enfans d'Iſraél en Egypte à
215. ans, ce qui ne fait que la moitié de 43o.
ans. Pour trouver l'autre moitié , il faut re
marquer que le Texte original Samaritain ,
ſuivi par les Septante Interprètes Grecs, porte
que la demeure des enfans d'Iſraël en Egypte 83
dans la Terre de Canaan fut de 43o. ans : d'où
il paroit qu'à la demeure qu'ils avoient faite en
Egypte, depuis que Jacob y étoit deſcendu avec
ſa famille, comme porte l'Hébreu , il faut y
ajou
316 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T ,
ajouter celle qu'Abraham y avoit déja faite ;
lorſqu'il y deſcendit avec Sara ſa femme à l'oc
caſion d'une famine qui ſurvint au pays de
Canaan , bientôt après qu'ils y furent arrivés.
Gen. XII. Io. lequel eſpace de tems peut auſſi
être de 2 15. ans , comme en fait foi le calcul
ſuivant. A compter depuis la vocation d'Abra
ham, ou de ſon premier ſéjour en Canaan
juſqu'a la naiſſance d'Iſaac, il ſe paſſa 25. ans ;
Iſaac étoit âgé de 6o. ans, quand Jacob lui
nâquit, & Jacob en avoit I3o. lorſqu'il deſ
cendit en Egypte avec ſa famille : ce qui fait
en tout 2 l 5. ans ; auxquels ſi l'on ajoute un
pareil nombre pour le tems que les Iſraelites
demeurérent en Egypte, depuis la mort de '
Jacob juſqu'à leur ſortie, l'on aura préciſement
43o. ans. St. Paul l'entend auſſi viſiblement
en ce ſens, quand il dit Gal. III. 17 que
la Loi donnée au peuple d'Iſraël ſur le mont Si
mai deux mois après la ſortie d'Égypte eſt venuë
43o ans après la promeſſe. c. à d. après la pro
meſſe que Dieu avoit faite à Abraham en l'ap
pelant dans le pays de Canaan Gen. XII. 4.
& XV. 13. L'on peut encore confirmer cette
explication , par ce qui eſt dit dans ce dernier
paſſàge, où Dieu prédit à Abraham que depuis
la naiſſance d'Iſaac, ſa poſtérité habiteroit, com
me étrangere, en divers pays & qu'elle ſeroit
affligée , ou ſoumiſe à des Puiſſances étrangeres,
pendant 4oo. ans. C'eſt auſſi dans ce ſens que
le rapporte l'Hiſtorien Joſephe , quand il dit
" Hiſt. en termes exprès *, que les Iſraelites ſortirent
des Juifs
Liv. I I. d'Egypte au mois de Niſan le I 5. de la Lu
Cb. VI. ne, 43o. ans depuis qu'Abraham nôtre pere
étoit
MI s E N C A T E C H I s M E. 317
étoit venu dans la terre de Canaan , & 2 I 5.
ans après que Jacob étoit venu en Egypte.
D. Quel autre commandement Dieu avoit-il
encore fait à Moïſe 85 à Aaron, au ſujet de la
Pâque avant que de ſortir de l'Egypte ?
R. » L'Eternel avoit auſſi donné à Moïſe & Exod.
, à Aaron ce commandement touchant la Pâ X I I.
,, que , c'eſt qu'aucun étranger qui ne ſeroit 43 - 5I.
» pas du peuple d'Iſrael, ou qui n'auroit pas
,, embraſſe leur religion , & ne ſeroit pas cir
» concis comme eux , ne devoit manger de
» l'Agneau Paſcal, ou participer à cette fete :
,, Selon cela, aucun eſclave payen acheté par .
,, argent, ne pouvoit en manger qu'auparavant
» il n'eut été circoncis ; mais l'étranger, & le
,, mercenaire qui ne ſeront pas circoncis, n'en
,, mangeront point, 85 me devront point être
appelés à célébrer cette fète avec les Iſraèlites.
,, De plus l'on devra manger l'Agneau Paſcal
,, tout entier dans une même maiſon, ou dans
,, une même compagnie, & l'on n'emportera quoi
» que ce ſoit de ſa chair hors de la maiſon,
,, où on l'aura mangé , & l'on n'en caſſera point
,, les os, pour en tirer la moëlle ou la graiſſe ;
,, mais on les jettera au feu. Toute l'Aſſemblée
» d'Iſrael célébrera cette fète & mangera de
,, l'Agneau : Aucune perſonne m'en ſera diſpenſée ,
,, ni privée : Et ſi quelque étranger habitant
,, dans le pays veut célébrer cette fète à l'hon
» neur de l'Eternel , & qu'il ait reçu la cir
conciſion pour faire profeſſion de la même reli
», gion que le peuple de Dieu , il faudra auſſi
» que tout mâle qui lui appartient, enfant ou
,, eſclave ſoit circoncis : Alors il pourra auſſi ſe
» joindre à quelque famille d'Iſrael pour célé
, brer
3I8 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» brer cette fète ; & il ſera regardé comme s'il
» étoit né Juif, mais aucun incirconcis ne man
» gera de l'Agneau. Il y aura une mème Loi
» pour tous & une mème régle à obſèrver dans
, la célébration de cette fète. Tous les Enfans
» d'Iſrael firent donc tout ce que l'Eternel leur
» avoit ordonné par Moiſe & Aaron, & en ce
» même jour là que les Iſraëlites avoient célébré
,, la Pàque, l'Eternel retira les Enfans d'Iſrael
,, du pays d'Egypte en diverſes troupes.
D. Qu'eſt-ce que Dieu ordonna encore à Moïſe
83 Moiſe au peuple , pour comſerver la mémoire
d'une ſi grande delivrance, des qu'ils furent arri
vés en Succoth ?
Exod. R. , L'Eternel parla encore à Moïſe , diſant ,
x1 i I. ,, Sanctifie moi, c. à d. Commande aux Iſraëli
I - I6.
» tes de me conſacrer tout premier né, tout ce
» qui ſera le premier fruit de leur mere, chez
,, les Enfans d'Iſraël , tant des hommes que
,, des bètes : car il eſt à moi : mon ſeulement
par la création ; mais en particulier, parce que
je viens de les conſerver , pendant que j'ai fait
périr tous ceux des Egyptiens. Et Moïſe dit auſ
,, ſi au peuple de la part de Dieu ; Souvenez
,, vous de ce jour auquel vous êtes ſortis d'E-
,, gypte , de la maiſon de ſervitude, 85 qtte
vous avez été affranchis de l'eſclavage ſous lequel
,, vous y étiez détenus : car l'Eternel vous en
,, a retirés par la force de ſon bras, ou par la
puiſſance qu'il a exercée contre Pharao en vôtre
,, faveur. C'eſt pourquoi en mémoire de vôtre
,, départ précipité de ce pays - là, qui ne vous
,, a pas permis de faire lever vôtre pâte pour en
, faire du pain, vous ne mangerez point de pain
, levé à pareil jour du mois Abib dans lequel les
», cP1S
M 1 s E N CA T E c H I s M E. 319
j, épis de blé meuriſſent, auquel tems vous êtes
,, ſortis aujourd'hui d' Fgypte. Mais quand l'E-
,, ternel t'aura introdruit au pays des Cana
,, néens , des Héthiens , des Amorrhéens, des
» Héviens & des Jébuſiens , qu'il a promis à
» tes peres parſerment de te donner , & qui
,, eſt un pays découlant de lait & de miel ,
des plus abondans en tout ce qui fait la nourri
» ture la plus agréable de l'homme : alors tu fe
,, ras tout ce que je t'ai ordonné de faire en
» ce mois-ci. Durant ſept jours tu mangeras
, des pains ſans levain , & au ſeptieme il y au
,, ra une fète ſolemnelle conſacrée à l'Eternel ,
» & pendant ſept jours que vous mangerez des
» pains ſans levain , l'on ne verra point de le
» vain , ni dans vos maiſons , ni dans toute
, l'étendue de vos terres : Alors châcun de
» vous racontera à ſes enfans , l'occaſion de
,, cette fete , & leur dira ; Je célebre cette fète
» en mémoire de ce que l'Eternel a fait en
. , nôtre faveur en nous délivrant de la ſervi
» tude d'Egygte , & ce pain ſans levain ſera
» pour ſigne en ta main & pour mémorial de
» vant tes yeux , de cette délivrance ; afin de
, t'engager par - là à avoir toujours la Loi &
,, les commandemens de l'Eternel en ta bouche
,, pour les obſerver ; parce que l'Eternel t'aura
» retiré d'Egypte par ſa grande puiſſance. Tu
» obſerveras donc cette ordonnance en ſa ſai
,, ſon, d'année en année. Auſſi quand l'Eternel
» t'aura introduit au pays des Cananéens ſelon
» la promeſſe qu'il t'en a faitc par ſerment à
» toi & à tes peres , & qu'il te l'aura donné ;
» alors tu, offriras à l'Eternel le prcmier né mâ
» le qui ſortira de la matrice tant des femmes
» , que
32o L'A N c I E N T E s T A M E N T
» que des beſtiaux ; mais le premier né mâle
» d'une aneſſe ſera rachêté par un agneau,
» ou un chevreau qui ſera offert en ſa place,
» & ſi tu ne le rachêtes pas de cette maniere,
» tu lui couperas le cou. Tu rachèteras auſſi
» avec de l'argent le premier né mâle de tes
, enfans qui auroit dû être offert à l'Eternel.
» Et quand ton fils te demandera à l'avenir que
» veut dire cela : Tu lui diras , c'eſt parce que
» l'Eternel nous a délivrés par ſa grande puiſ
» ſance du pays d'Egypte où nous gémiſſions
» dans une dure ſervitude ; & il arriva alors
» que quand Pharao s'obſtina à ne nous point
» laiſſer partir, l'Eternel fit mourir tous les
» premiers nés de l'Egypte tant des hommes
» que des bêtes & conſerva les premiers nés
» des Iſraelites : C'eſt pourquoi je dois offrir
» à l'Eternel tout mâle qui ſortira le premier
» du ſein de ſa mere, & je rachete avec de
» l'argent le premier né de mes enfans. Cette
» ordonnance ſera donc comme un ſigne ſur
» ta main, & comme des fronteaux (a ) devant
» tes yeux qui doivent te faire ſouvenir que l'E-
2» tCſ

( a ) Des fronteaux. Le terme Hébreu Totaphot


étant neu connu des lnterprêtes, a auſſi été rendu fort
differemment , & ce n'eſt gueres que par conjecture,
ou par analogie , qu'on l'a traduit par celui de fromt
teau , parce qu'il s'agit de quelque choſe qu'on doit
mettre ſur le front au deffus des yeux Dans ce ſens
on lui donne une origine Chaldaïque qui ſignifie voir,
regarder Dans la ſuite , les Juifs donnérent ce nom
& le donnent encore à des morceaux de velin qu'ils
ſe mettent au milieu du front, lorſqu'ils ſont dans
leurs Synagogues , ſur leſquels eſt écrit un paſſage
de l'Eciiture Sainte des plus dignes de leur attention.
M Is E N C A T E c H I s M E. 32 I
» ternel nous a retiré d'Egypte par ſa grande
» puiſſance.

C H A P I T R E X X I.

Contenant ce que fit encore l'Eternel pour


conduire le peuple d'llraël lors d'Egyp
te & pour le délivrer entierement de la
main de Pharao , avec la reconnoiſlance
publique qu'en témoigne Moïſe par un
Cantique Solemnel. -

D. 'Eternel continua t il ſa faveur 83 ſt


protection au peuple d' Iſrael après ſa
ſortie d' Egypte, comme il l'avoit fait juſqu'alors ?
R. Oui , il leur donna diverſes preuves ,
non ſeulement dans la route qu'il leur fit pren
dre vers la mer rouge ; mais ſurtout dans le
voyage qu'ils furent obligés de faire au travers
du déſert, avant que d'arriver au pays de Ca
naan , en les conduiſant lui meme, jour & nuit,
ſous le ſimbole d'une nuée , comme nous l'ap
prend l'Auteur Sacré lorſqu'il ajoute. " Or quand Exod.
X I I I.
» Pharao eut laiſſé aller le peuple d'Iſrael, Dieu I7 - 22.
» ne les conduiſit point dans la terre de Ca
,, naan , par le chemin du pays des Philiftins,
» qui étoit le plus court, & Dieu le fit ainſi,
» de peur que le peuple ne ſe répentit de ſa
» ſortie , s'il voyoit d'abord la guerre qu'il
» auroit à ſoutenir contre cette Nation & qu'il
,, ne s'en retournât en Egyote ; mais il fit fai
» re à ce"peuple un long circuit par le chemin
Tome I. X ,, du
322 L'À N c I E N T E s T A M E N T
, du déſert qui avoiſine la mer rouge. Ainſi les
, Enfans d'Iſrael ſortirent du pays d'Egypte en
,, bon ordre, ſans confuſion & ceints ſur les
,, reins ( a ), comme des voyageurs. Or Moiſe
» avoit pris avec lui les os de Joſeph, parce
, que Joſeph avoit fait promettre par ſerment
,, aux Enfans d'Iſraël, d'emporter alors avec eux
» ſes os, ou ſon corps embaumé, à la façon des
,, Egyptiens , quand Dieu leur accorderoit la fa
» veur de ſortir d'Egypte pour entrer dans le
,, Pays de Canaan, comme il ſavoit très certai
,, nement que cela arriveroit : Ils partirent donc
» de Succoth , après s'y être arrêtés un jour ſous
,, des tentes , & ſe campérent à Ethan au bout
» du déſert, qui eſt ſur les confins de l'Egypte
,, près de la mer rouge. Et l'Eternel les préce
,, doit & leur montroit le chemin , de jour, ſous
» la

(a ) Ceintr ſur les reims. Le terme de l'original


Kamuſ bim a fort embaraſſé les Interprêtes : Comme
il paroit derivé de Kameſch qui ſignifie cinq ; quel
ques uns ont cru qu'il déſignoit l'ordre que les Iſ
raélites tenoient en marchant , par cinq en chaque
rang. D'autres l'ont entendu du nombre des troupes
dans leſquelles cette multitude étoit partagée , ſavoir
en cinq trouper. D'autres traduiſent ceints à la cin
quieme côte. D'autres l'ont expliqué avec les 7o In
terprêtes de la cinquieme génération qui vivoit alors ,
à compter depuis leur entrée en Egypte ; mais ſi l'on
examine de près les circonſtances où ſe trouvérent
alors les Iſraëlites qui n'étoient ni en armes, ni en
ordre de bataille rangée , & que l'on compare ce
paſlage avec d'autres où ce même terme ſe trouve,
il ſemble qu'il doit plûtôt ſignifier des gens ceints ,
trouſſés & prêts à marcher , ſoit pour voyager , ſoit
pour combattre, comme devoient être les Iſraelites à
leur ſortie d'Egypte.
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 323
, la forme d'une colomne de nuée qui alloit
» devant eux , & de nuit ſous la forme d'une
, colomne de feu qui les éclairoit, afin qu'ils
, puſſent marcher le jour & la nuit, comme
» il plairoit à Dieu ; car la colomne de nuée ne
» leur manqua jamais pendant le jour, ni la
» colomne de feu pendant la nuit. -'

D. Où eſt - ce que Dieu les conduiſit depuis


Ethan ? - •r

R. Comme ils s'étoiert avancés de ce côté là


plus qu'ils ne devoient & de leur propre mouve
ment ſans conſulter la nuée , peut-être dans le
deſſein de contmuer leur chemin par le déjèrt
pour éviter la mer rouge, " Dieu fit entendre Exad.
, à Moiſe qu'ils devoient ſe détourner & fe x1 V.
, camper devant Pihahiroth entre Migdol & la * " *
, mer , vis à vis de Bahal Tſephon pres de la
;, mer. Dieu donna cet ordre à Moiſe dans la
vuë d'engager Pharao à ſe porter de ce côté - là
,, avec ſon armée : car il prévit que Pharao inſ
truit du chemin qu'avoient pris les Enfans d' 1ſ2
», ruel, ne manqueroit pas de dire ; Ils ſont
,, embaraſſés dans le pays , faute de le connoitre,
,, & ils ſont enfermés entre le déſert e3 la mer,
,, d'où ils ne ſauroient ſe tirer, ce qui le por
,, tera par une ſuite de ſon endurciſſement à
» les pourſuivre : Alors dit l'Erernel, je ferai
,, éclater ma gloire 85 ma puiſſance dans la dé
» faite de Pharao & de toute ſon armée, & les
,, Egyptiens ſauront que je ſuis l'Eternel : Et
, les Iſraëlites firent ce que Moïſe leur avoit dit
de la part de Dieu. - ,

. D. Comment s'accomplit ce que Dieu venoit de


dire à Moije ? , -

X - 2 R. Moiſe
324 L'A N c I E N T E s T A M E N T
Exod. R. Moïſe le rapporte ainſi : * On vint dire
X I V.
3 - 9.
» au Roi d'Egypte que le peuple d'Iſraël avoit
,, pris la fuite, comme s'il me devoit jamais revenir
,, en Egypte ; Sur cela le cœur de Pharao, qui
avoit ſimplement permis à ce peuple d'aller au deſert
pour ſervir l'Eternel dans l'eſperance qu'il en re
viendroit après s'être acquité de ce devoir, chan
,, gea d'avis, & le Roi & ſes Miniſtres ſe dirent
' » l'un à l'autre : Qu'avons nous fait ? 83 quelle
,, imprudence a été la nôtre d'avoir laiſſé aller
,, les Iſraelites, de maniere qu'ils ne nous ſer
,, viront plus ? Alors Pharao fit atteler ſon cha
» riot de guerre, & prit avec lui tout ſon peu
,, ple, capable de porter les armes. Il prit auſſi
,, ſix cents chariots d'élites, pour y placer ſes
meilleures troupes 85 atteindre plus promptemens
,, les lſraëlites, & tous les chariots d'Egypte pour
,, le bagage, & donna des Chefs à toutes ces
,, troupes. L'Eternel ayant ainſi laiſſé endurcir
» le cœur de Pharao, Roi d'Egypte, ce Prince
, ſe mit à pourſuivre le peuple d'Iſrael qui
• étoit ſorti par ſa permiſſion , à tête levée &
,, ſans crainte. Les Egyptiens donc les pour
, ſuivirent; & tous les chevaux des chariots de
» Pharao, ſa cavalerie, & ſon armée les attei
, gnirent, comme ils étoient campés près de
» la mer , vers Pihahiroth , vis-à-vis de Ba
» hal-Tſephon. -

D. Que firent alors les enfans d'Iſraël ?


Exod. R. , Lorſque Pharao ſe fut approché d'eux,
X I V. , les enfans d'Iſrael ayant levé les yeux, &
Io - I4. ,, s'étant apperçus que les Egyptiens les pour
» ſuivoient, eurent une fort grande peur &
» criérent à l'Eternel pour implorer ſon ſecours,
» & dirent à Moïſe : Eſt - ce qu'il n'y avoit
- » pas
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 325
p, pas aſſez de tombeaux en Egypte, pour rece
,, voir nos cadavres, que tu nous ayes fait ſor
» tir de - là pour mourir au déſert ? Combien
, n'eſt pas grand le mal que tu nous as fait ,
,, en nous tirant de l'Egypte ? N'eſt ce pas ce
, que nous te demandions en Egypte ? quand
,, nous te diſions, Retire-toi de nous ; Ne te
,, mêle plus de nos affaires & laiſſe nous ſervir
, les Egyptiens ; car il auroit bien mieux valu
» demeurer leurs eſclaves, que de venir mou
,, rir en ce déſert. Ne craignez rien , leur dit
» Moïſe, ayez patience ; conſiderez les mer
» veilles que l'Eternel va faire aujourd'hui pour
» vôtre délivrance ; car les Egyptiens que vous
» avez vû aujourd'hui, vous ne les reverrez
» jamais plus. L'Eternel combattra pour vous
,, & vous n'aurez qu'à demeurer en repos.
D. Sur quoi Moïſe promit-il aux Iſraëlites une
telle délivrance ?
R. Sur ce qu'ayant imploré ardemment le X Exod.
I V.
ſecours de Dieu dans cette facheuſe conjonctu 15 - 13.
re; l'Eternel lui avoit dit : " Pourquoi t'adreſ
,, ſes-tu à moi par tes cris , comme ſi tu n'a-
s, vois plus de reſſource º Di ſeulement aux en
,, fans d'Iſrael qu'ils marchent ſans crainte là
,, où je les conduirai : Et toi éléve ta verge &
•, étends ta main ſur la mer ; auſſi-tôt elle s'ou
» vrira, & que les enfans d'Ifrael entrent alors
» au milieu de la mer à ſec. Quant à moi ,
,, j'affermirai tellement le cœur des Egyptiens
» dans le deſſein de pourſuivre & d'atteindre
» les Iſraëlites, qu'ils marcheront après eux ,
» ſans connoitre le danger auquel ils s'expoſent,
» & je ferai éclater ma gloire, ou ma puiſſance
,, dans la défaite de Pharao & de toute ſon ar
- X 3 92 mée,
©.
326 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
» mée , de ſes chariots & de ſes cavaliers ; &
,, les Egyptiens apprendront par-là qui eſt l'E-
» ternel & quelle eſt ſa puiſſance.
D. Qu'eſt-ce qui empêcha les Egyptiens d'atta
qtter les lſraelites d'abord après qu'ils les eurent
atteints ? -

R. C'eſt que la nuée qui étoit conduite par


,# » l'Ange de Dieu 85 qui étoit à la tete du
§, 2e. » CºmP » changea de ſituation & ſe mit der
» riere eux, entre le camp des Egyptiens & le
, camp des Iſraelites ; de maniere qu'elle étoit
, pour les premiers une nuée ténébreuſe, qui
les empéchoit de voir ce qui étoit devant eux,
» & pour les Iſraélites une nuée lumineuſe ,
» qui les éclairoit même pendant la nuit ; ce
» qui fit que l'un des camps n'approcha point
,, de l'autre de toute la nuit.
. D. Comment donc s'opera cette délivrance ?
Eeod. R. ,, Moiſe étendit ſa main ſur la mer &
XI l'. » l'Eternel fit reculer la mer toute la nuit par
***** , un vent d'Orient fort véhément, qui mit la
-- ,, mer à ſec, & ſes eaux ſe fendirent aſſez pour
» laiſſer un paſſage libre, au milieu de la mer,
» à toute la troupe des Iſraelites qui entrérent
» ainſi ſous la conduite de Moiſe & d'Aaron,
, au milieu de la mer deſſéchée ; les eaux amon
, celées leur ſervant comme de mur à droite &
,, à gauche Les Egyptiens qui les pourſuivoient
,, entrérent après eux au milieu de la mer,
ſans faire attention au miracle de ſes eaux par
,, tagées. Tous les chevaux de Pharao, ſes cha
» riots, & ſa cavalerie en firent de mème. Mais
» lorſque la veille du matin, ou la pointe du
s, jour fut venue ; l'Eternel qui étoit dans la
» colomne de feu & dans la nuée , voyant les
»y Egyp
/

M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 327
» Egyptiens ſi près des Iſraelites, jetta l'épou
,, vante & la conſternation dans leur armée :
» Il arrêta de plus le mouvement des roues de
» leurs chariots, enſorte qu'elles n'alloient plus
» que peſamment 85 lentement, peut être parce
qu'elles enfonçoient dans le limon de la mer. Alors
» les Egyptiens voyants le danger où ils étoient,
,, dirent ; Sauvons-nous de devant les Iſraelites ;
» car l'Eternel combat pour eux contre les Egyp
, tiens. En même tems l'Eternel dit à Moiſe ;
,, Etends ta main ſur la mer & les eaux retour
,, neront ſur les Egyptiens , ſur leurs chariots
» & leurs cavaliers. Moiſe donc étendit ſa main
,, ſur la mer, & la mer reprit avec impétuo
,, ſité ſon cours ordinaire dès le point du jour ;
» de ſorte que les Egyptiens s'enfuyants ren
» contrérent la mer qui s'étoit rejointe. Ainſi
, l'Eternel les envelopa au milieu des flots ;
», car les eaux retournants dans leur premier
», état, couvrirent tous les chariots & les Ca
» valiers de toute l'armée de Pharao, qui étoient
» entrés après les Iſraëlites dans la mer & il
» n'en échapa pas un ſeul : mais les Iſraelites
',, paſſérent à ſec au milieu de la mer, juſques
» à l'autre bord, ayants les eaux à droite & à
,, gauche, qui leur ſervoient comme de mur.
,, Ainſi l'Eternel délivra en ce jour-là les Iſrae
» lites de la main des Egyptiens, & tout Iſraël
» vit ſur le bord de la mer les Egyptiens morts ;
» & reconnut la grande puiſſance que l'Eternel
» avoit déployée en ſa faveur contre les Egyp
» tiens : alors le peuple craignit l'Eternel , il
» mit ſa confiance en lui & crût à ce que
, Moiſe ſon ſerviteur lui diſoit de ſa part.
X 4 D. Com
328 - L'A N c I E N T E s T A M E N r
, D. Comment eſt-ce que Moïſe 83 les Enfany
d'Iſraël témoignérent à Dieu leur reconnoiſſance
d'un ſi grand bienfait ?
Fxod. R. ,, Moïſe & les Enfans d'Iſraël chantérent
_X V.
I - 2 I.
» alors un Cantique à l'Eternel que Moiſe com
,, poſa ſans doute ſur le champ , diſant : Je chan
, terai à l'honneur de l'Eternel ; car il s'eſt
,, hautement élevé , il a fait éclater ſa gloire
85 ſa puiſſance, par des effets qui l'élévent infi
miment au deſſus de tout ce qu'il y a de plus
,, grand parmi les hommes. Il a précipité dans
,, la mer les chevaux & les cavaliers. L'Eter
,, nel eſt ma force & ma louange : C'eſt par
ſon pouvoir ſuprême que mes ennemis ont été dé
faits : auſſi ſera t-il à jamais le ſujet de mes louan
ges 85 de mes actions de graces : * Car il a été
» mon Sauveur, mon Dieu Fort ; je lui bâti
,, rai un Tabernacle, où je l'adorerai tous les
», jours de ma vie : C'eſt le Dieu de mon pere
,, Jacob ; )'exacerai ſa grandeur. L'Eternel s'eſt
», montre comme un vaillant guerrier dans la dé
,, faite de mes ennemis. Son nom eſt l'Eternel.
, I a précipité dans la mer les chariots de
e, Pharao, & ſon armée; L'élite de ſes Géné
» raux a été ſubmergée dans la mer rouge ;
,, les gouffres les ont couverts, & ils ſont deſ
,, cendus au fond des eaux comme une pierre.
» Ta droite , ô Eternel , s'eſt montrée magni
,, fique en force : Ta droite , ô Eternel a froiſ
,, ſé & mis à mort l'ennemi. Tu as renverſé
,, par la grandeur de ta majeſté ceux qui s'é-
,, levoient contre toi. Tu as lâché ta colère ,
,, & elle les a conſumé comme du chaume :
,, Par un vent furieux que tu avois élevé, les
s, eaux de la mer ont été amoncelées ; leur flux
» s'eſt
M 1 s z N CA T E c H 1 s M E. 329
,, s'eſt arrêté , comme un monceau de terre ;
, les gouffres ont été ſerrés au milieu de la
,, mer. L'ennemi diſoit ; je les pourſuivrai ; je
,, les atteindrai ; je partagerai leurs dépouilles ;
,, j'aſſouvirai ſur eux ma colère ; je dégainerai
,, mon épée ; ma main les detruira : Mais auſ
,, ſi tôt que ton vent a ſoufflé ſur eux , la mer
,, les a couverts ; ils ont été enfoncés comme,
,, du plomb. Qui eſt ſemblable à toi , ô Eter
», nel ! entre ceux qui portent le nom de Dieux ?
, Qui eſt comme toi , magnifique en Sainteté,
,, digne d'être revéré & célébré , faiſant des .
,, choſes merveilleuſes ? Tu as étendu ta droite : .
», La terre, ou le fond de la mer les a englou
» ti. Tu as conduit par ta puiſſance toutc
,, pleine de miſéricorde, ce peuple que tu as
•, délivré de la ſervitude : Tu l'as conduit $
,, le conduiras par ta force à la demeure de ta
,, Sainteté, au pays où tu fixeras ton ſanctuaire
,, pour y être adoré. Les peuples en ont eu con
•, noiſſance & en ont tremblé La douleur en
» a déja ſaiſi & en ſaiſira encore plus les habi
», tans de la Paleſtine. Alors les Princes de l'I-
,, dumée en ſeront troublés de frayeur , & le
» tremblement ſaiſira les plus vaillans des Moa
» bites. Le cœur manquera à tous les habitans
» de Canaan. L'effroi & l'épouvante tombe
,, ront ſur eux : Ils ſeront effrayés , 85 ren
» dus immobiles comme une pierre, par la
» grandeur de ta puiſſance ; juſqu'à ce que ton
» peuple , ô Eternel, le peuple que tu as choiſi,.
» ſoit paſſé dans le pays que tu lui deſtines. Tu
,, les y introduiras & les affermiras ſur la mon
», tagne de Sion que tu t'es appropriée, & que
» tu as préparée pour ta demeure, ô Eternel ;.
X f ,, dans
33o L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, dans le ſanctuaire que tes mains, ô Seigneur ,
,, auront établi. L'Eternel y régnera à jamais,
,, 85 om l'y ſervira à perpétuité. Car le cheval
,, de Pharao eſt entré dans la mer avec ſon
,, chariot & ſes cavaliers ; & l'Eternel a fait
,, retourner ſur eux les eaux de la mer ; mais
,, les enfans d'Iſrael ont marché à ſec au mi
», lieu de la mer.
,, Marie la Prophêteſſe, ſœur d'Aaron , prit
,, auſſi un tambour de ſa main , & toutes les
,, femmes ſortirent après elle, avec des tam
, bours & des flûtes , & Marie répondoit à la
,, troupe des Iſraelites ; Chantez à l'Eternel ;
,, car il s'eſt hautement élevé ; il a précipité
,, dans la mer le cheval, & celui qui le mon
», toit.

c H A P I T R E xxII.
Contenant la ſuite des faveurs de Dieu
envers ſon peuple, depuis le paſſage de
la mer rouge, juſqu'à ſon arrivée à la
montagne de Sinaï.
TD. U allérent les Iſraëlites après ce paſſage
miraculeux de la mer rouge ?
Exod. • R. ,, Après cela Moiſe les fit partir des bords
22 - az. ,, de la mer rouge, & ils s'acheminérent vers le
,, déſert de Sur, & ayant marché trois jours
,, par le déſert, ils ne trouvoient point d'eau.
,, De là ils vinrent à Mara, où ils en trouvé
,, rent , mais ils ne pouvoient en boire ; parce
», qu'elles étoient ameres : C'eſt pºur CC

,, l1cll
M I s E N C A T E c H I s M E. 33r
,, lieu fut appelé Mara, c. à d. amertume. Et
,, le peuple commença à murmurer contre Moï
,, ſe, & à lui dire : Que veux-tu donc que
,, nous bûvions pour mous déſalterer ? Mais
,, Moiſe cria à l'Eternel, & l'Eternel lui mon
,, tra un certain bois, qu'il jetta dans les eaux,
,, & par l'intervention miraculeuſe de Dieu les
,, eaux devinrent auſſi- tôt douces 85 bonnes à
,, boire. Alors l'Eternel donna au peuple par le .
,, miniſtère de Moiſe, cette Ordonnance & cette
,, Loi, par laquelle il vouloit éprouver ſa fi-.
,, délité. Si tu écoutes, dit - il , attentivement
,, la voix de l'Eternel ton Dieu ; Si tu fais ce
,, qui eſt juſte en ſa préſence : Si tu prêtes l'o-
,, reille à ſes commandemens & que tu gardes
,, toutes ſes ordonnances ; je ne ferai venir ſur
», toi aucune des maladies dont j'ai afHigé les
,, Egyptiens : car je ſuis l'Eternel qui t'en ai
,, délivré, & qui peut encore te garantir de tout
,, mal. Les Enfans d'Iſraël vinrent enſuite à
», Elim , où ils trouvérent douze ſources d'eaux
,, vives , & ſoixante & dix palmiers , ſous l'om
,, bre deſquels ils ſe campérent auprès des eaux ;
& s'y arrêterent quelques jours pour profiter des
eaux , des pâturages, 83 de l'ombre. - -

D. Quand partirent - ils d' Elim ? -

R. ,, Le quinzieme jour du ſecond mois de- .Exod. .


,, puis leur ſortie d'Egypte, un mois entier après *** *
» la célébration de la Pâque, toute la multitu
,, de des Iſraëlites étant partie d'Elim, vint
,, au déſert de Sin, entre Elim & Sinaï , où
,, ils éprouvérent de nouveau la faveur & la
», protection particuliere de l'Eternel leur Dieu ,
», dans les moiens extraordinaires qu'il leur
,, four
332 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r,
, fournit d'avoir toujours de quoi vivre dans le
,, déſert par où ils devoient paſſer.
D. Apprenez-moi, je vous prie, quels furent
ces moyens 83 ce qui donna lieu à les leur four
mir, comme le rapporte Moïſe à la ſuite de ſon
hiſtoire ?
Exod. R. ,, Le peuple d'Iſraël ayant apparemment
X V I. conſumé ſes proviſions, 85 me voyants pas de mo
2 - I2 .
yen de s'en procurer dans le déſert , commença
», à murmurer contre Moïſe & Aaron, & leur
,, dit ; Plut à Dieu que nous fuſſions morts
,, par la main de l'Eternel au pays d'Egypte,
,, où nous étions près des marmites de viandes,
», & où nous mangions nôtre ſoul de pain !
», au lieu que vous nous avez amenés dans ce
,, déſert pour faire mourir de faim toute cette
,, aſſemblée. Sur cela l'Eternel dit à Moiſe ;
,, Voici je vai vous faire pleuvoir des cieux du
», pain, & le peuple ſortira de ſa tente & en
», recueillira chaque jour la proviſion d'un jour :
,, j'éprouverai par-là la confiance qu'il doit avoir
,, en moi , & je connoitrai s'il veut marcher
», dans l'obſervation de ma loi ou non. Mais
» qu'ils faiſent proviſion de ce pain le ſixieme
» jour, autant qu'ils en pourront conſumer ce
,, jour.là & le ſuivant, & ce ſera le double de
,, ce qu'ils en amaſſent chaque jour. Après cet
s, te déclaration de Dieu , Moïſe & Aaron di
, rent à tous les enfans d'Iſrael ; ce ſoir vous
», ſaurez par de nouveaux miracles qui ſe feront
, en vôtre faveur, que c'eſt l'Eternel qui vous
,, a tiré du pays d'Egypte , & demain matin
,, vous verrez la gloire de l'Eternel , ou de
, nouveaux effets de ſa puiſſance : car il a oui
» vos murmures qui le regardent plutôt que †
92 dlſ
MIs E N C A T E c H I s M E. 833
,, Car qui ſommes nous ? nous me ſommes que ſes
,, Miniſtres, qui me faiſons rien que par ſes ordres.
,, Pourquoi donc murmurez-vous contre nous ?
comme ſi nous étions les maitres de vôtre ſort 85 la
,, cauſe de ce qui vous arrive. Moïſe leur dit
,, donc, qu'ils alloient de mouveau éprouver ce
,, que vouloit faire l'Eternel en leur faveur, quand
,, il leur auroit donné le ſoir de la viande à
» manger , & le lendemain au matin du pain
» pour ſe raſſaſier ; parce qu'il avoit ouï leurs
» murmures, qui étoient plutôt contre l'Eter
» nel, que contre lui & ſon frere Aaron qui
,, m'étoient que ſes miniſtres. Moïſe dit enſuite- '
» à Aaron de faire approcher de la nuée qui
,, étoit le ſimbole de la préſence de l'Eternel ,
, toute l'aſſemblée des enfans d'Iſraël ; puiſqu'il
» avoit ouï leurs murmures & qu'il vouloit
,, les faire ceſſer. Et auſſi-tôt qu'Aaron leur eut
,, parlé, ils jettérent les yeux du côté du dé
,, ſert où étoit la muée pour s'en approcher ,
•, & voici la gloire de l'Eternel , ſa préſence
» glorieuſe parût avec tant d'éclat dans la nuée,
qu'ils ne purent douter que Dieu me fut au mi
lieu d'eux, pour leur fournir ce dont ils avoient
» beſoin. Alors l'Eternel parla encore à Moïſe
,, & lui dit ; J'ai oui les murmures des enfans .
,, d'Iſrael : j'en ai été touché de compaſſion ; ainſi
» annonce leur qu'aujourd'hui même entre les
» deux vêpres, ou ſur le ſoir avant que le ſo
» leil ſoit couché, ils auront de la viande à man
»» ger , & que demain au matin ils ſeront raſ
#- > ſaſiés de pain : par - là ils ſauront que je
» ſuis l'Eternel leur Dieu qui ne les abandon
zaera point.
- D. Cont
334 L'A N c I E N T E s T A M E N T
D. Comment donc fut accomplie cette promeſſe
de Dieu ?
Exod. R. ,, Le ſoir même il s'éleva des volées de
X VI.
13 - s I,
» cailles qui couvrirent le camp, dont chacun
,, mangea autant qu'il voulut , & au lendemain
» matin il y eut une couche de roſée à l'entour
» du camp laquelle étant diſſipée, on vit ſur
» la ſurface de la terre, quelque choſe de me
» nu & rond comme du gréſil ; ce que les
,, Enfans d'Iſrael ayant vû , ils ſe dirent l'un
» à l'autre : C'eſt de la manne, ou bien ſeroit
,, ce là le pain que Dieu nous a promis ( a ) ?
s, Car ils ne ſavoient ce que c'étoit , & Moïſe
, leur dit ; C'eſt le pain que l'Eternel vous a
» don

( a ) Ou bien ſeroit-ce là le pain que Dieu nous a


promis. L'on a ajouté ces paroles par maniere d'ex
plication , non ſeulement parce qu'elles répondent
parfaitement à ce que les lſraëlites devoient attendre
des promeſſes que Dieu leur avoit faites de leur don
ner du pain à manger ; mais auſſi parce que ſelon
les découvertes d'un Savant verſe dans les langues
orientales , les termes de l'original Man bou , que
nos verſions ordinaires rendent par qu'e# ceci ? peu
vent fort bien être rendus par interrogation , du pain
ceci ? & ils fondent cette traduction ſur ce que le mot
Man dans la langue chinoiſe ſignifie du pain , & que
cette verſion convient d'ailleurs très bien à ce que
Moïſe ajoute : Oui c'eſt le pain que l'Eternel vous a
donné à manger & que cette manne eſt appelée du
pain Exod. XVI. 4 , 8, 12 , 1 ;. Nehem. IX 15.
Pſ. LXXVIlI. 24 , 25. CV. 4o. Jean VI. 3o. 85 c.
outre que ceux qui prennent ce mot pour une parti
cule interrogative n'en peuvent citer aucun exemple
de l'Ecriture Sainte Voyez Hiſl. Crit. de la Republ.
des Lettrer Tom. I. p. 132. ll faut donc s'en tenir
à l'une ou l'autre des interprétations marquécs dans
la verſion que nous venons d'en donner,
M I s E N C A T E c H I s M E. 335
,, donné à manger , & voici les ordres que
,, j'ai reçus de lui, touchant l'uſage que vous en
,, devez faire. Que chacun en recueille autant
» qu'il lui en faut pour ſon manger ; un Ho
,, mer ( a ) par tète, ſelon le nombre des per
,, ſonnes qui demeurent dans une même tente.
» Les Enfans d'Iſrael firent donc ainſi , les uns
» en recueillirent plus , les autres moins , &
,, celui qui en avoit recueilli plus que l'Homer,
», n'en garda pas plus qu'il ne lui en falloit ,
» & celui qui en recueillit peu , en eut autant
,, qu'il en put manger. Moïſe leur avoit encore
,, dit ; Que perſonne n'en reſerve quoi que ce
,, ſoit pour le lendemain : Cependant il y en eut
», qui n'obéirent point à Moïſe & qui en re
,, ſervérent juſqu'au matin ; mais il s'y engen
,, dra des vers & elle puoit ; ce qui fit que
,, Moïſe ſe mit en grande colère contr'eux.
,, Ainſi chacun en recueilloit tous les matins,
», autant qu'il lui en falloit, pour manger ce
» jour-là , & lorſque la chaleur du jour étoit
,, venue , celle qui étoit reſtée ſur terre , ſe
,, fondoit. -

D. Que firent-ils pour le jour du Sabbat au


quel il n'étoit pas permis de recueillir, ou de pré
parer quelque choſe pour ſe mourrir.
R. » Le ſixieme jour les Iſraelites s'étant ap- X_Exod.
VI.
per 22 - 3I.

( a ) Un Homer. C'étoit la plus grande meſure de


grains qu'euſſent les Hébreux , & on l'eſtimoit con
tenir autant que 43. œufs. Mais il ne faut pas la
confondre avec le Chomer qui étoit la plus grande
meſure des choſes liquides , contenant 432o. œufs.
Voyez Le Cene ; Proj, p, 44. & Le Clerc ſur cet
endroits - -
336 L'A N C I E N T E s T A M E N T
perçus qu'il étoit tombé du ciel par une directiou
particuliere de la providence, une double quan
tite de manne , 85 ſe ſouvenants de ce que Moi
,, ſe leur avoit dit, ils amaſſérent au double de
,, ce pain céleſte , ſavoir, deux Homers pour
» chacun , ſur quoi les principaux du peuple
,, étant venus à Moïſe pour lui rapporter le fait
» & le conſulter là-deſſus , il leur répondit par
,, ordre de Dieu : Demain eſt le jour du repos,
,, le Sabbat conſacré au ſervice de l'Eternel ;
,, faites cuire aujourd'hui ce que vous avez à
,, cuire, & bouillir ce que vous avez à bouil
,, lir, & ſerrez tout ce qui ſera de reſte pour
» le garder juſqu'au lendemain matin : Et ayant
-» fait ce que Moiſe leur avoit dit , la manne
,, gardée juſqu'au matin du Sabbat ne ſe gata
,, pas , & il ne s'y trouva aucun ver. Alors
,, Moïſe leur dit ; Mangez aujourd'hui ce que
» vous avez reſervé ; car c'eſt aujourd'hui le
,, jour du repos de l'Eternel , conſacré à ſon ſer
,, vice & auquel vous ne trouveriez point de
,, manne à la campagne. Durant ſix jours vous
,, la recueillirez ; mais le ſeptieme eſt le Sab
,, bat ; il n'y en aura point en ce jour-là. Ce
,, peudant quelques incrédules ſortirent au ſep
,, tieme jour pour en recueillir , mais ils n'en
,, trouvérent point. Et l'Eternel dit ſur cela ,
,, à Moïſe pour le rapporter aux Enfans d'Iſ
,, raël ; Juſques à quand refuſerez vous de gar
,, der mes commandemens & mes loix ? Sou
,, venez vous que l'Eternel vous a ordonné l'ob
,, ſervation du Sabbat. C'eſt pourquoi il vous
» donne aux ſixieme jour du pain pour deux
, jours : Que chacun demeure donc le ſeptieme
, jour au lieu où il ſera, & que perſonne #
, , 1OT
MIs EN C A T E c H I s M E. 33
, ſorte. Selon cela le peuple ſe repoſa le ſeptie
,, me jour & les Iſraelites nommérent ce pain
,, Manne ; parce qu'ils avoient dit en le voyant
pour la premiere fois : Man hou, c. à d. C'eſ}
» de la manne , ou du pain ceci Elle étoit groſſe
,, 83 ronde , ſemb'able à de la graine de corian
» dre, blanche, & ayant le gout des bignets au
,, miel.
D. Une mourriture auſſi admirable méritoit
bien qu'on en conſervât la mémoire ; qu'eſt-ce
que Dieu ordonna pour cet effet ?
R. ,, L'Eternel ordonna à Moïſe d'en faire Parod.
,, prendre un Homer , pour le garder autant X V I. .
», que ſubſiſteroit le peuple d'lſ aèl , afin qu'on 32 - 36
",, vit le pain dont Dieu l'avoit nourri au dé
» ſert, après l'avoir retiré du pays d'Egypte.
» Moiſe dit donc à Aaron de prendre une cru
2, che & d'y mettre un plein Homer de man
» ne, pour la placer devant l'Eternel , ou de
vant l'Arche du témoignage qui en étoit le ſim
s, bole , quand elle ſeroit conſtruite, 83 pour être
» gardée dans tous les âges. Aaron le fit com
», me l'Eternel l'avoit commandé à Moiſe ; &
» les Enfans d'Iſrael mangérent la manne du
» rant quarante ans , juſqu'à ce qu'ils fuſſent
•, parvenus au pays où ils devoient habiter :
•, ils en mangérent juſques aux frontieres du
», pays de Canaan. Or l'Homer de manne que
+
», chaque Iſraelite mangeoit tous les jours , tel
» qu'on le conſervoit dans l'Arche , étoit la
», dixieme partie d'un Epha , c. à d. la con
zenance d'environ une pinte & un quart , ou le
poids d'environ ſix Livres, ce qui étoit plus que
ſigffiſant pour nourrir une perſonne.
Tome I. Y D. Cà
333 L'A N c I E N T E sTA MEN r
D. Où allérent les Iſraëlites en quittant le dé.
ſert de Sin *
Exod. R. » Toute l'aſſemblée des enfans d'Iſrael par
x# * , tit du déſert de Sin, & après quelques cam
x#t » pemens faits à Dophca & à Alus, en ſui
12, 13, » vant toujours les ordres de l'Eternel , ou la
I4. direction de la Nuée miraculeuſe qui les condui
,, ſoit, ils vinrent camper à Rephidim, où il n'y
,, avoit point d'eau à boire pour le peuple.
D. Comment Dieu pourvut - il alors à leur
beſoin ?
Exod. R. » Le peuple s'en prit ſelon ſa coutume à
XVII. ,, Moïſe , de ce qu'il les avoit fait ſortir d'E-
2 - 7. ,, gypte pour les faire mourir de ſoif avec leurs
,, enfans & leurs troupeaux , & lui demandé
», rent de l'eau à boire avec grande inſtance &
,, avec menace; & Moiſe leur répondit ; Pour
,, quoi vous en prenez-vous à moi par vos mur
s, mures, comme ſi vous doutiez de la puiſſan
,, ce & de la bonté de Dieu ? N'eſt-ce pas-là,
,, plutôt tenter l'Eternel, 83 ſe défier de ſa pro
tection dont il vous a déja donné tant de preuves ?
,, Cependant Moïſe cria à l'Eternel en diſant :
,, Que ferai je à ce peuple pour l'appaiſer # Sans
», quoi il eſt à craindre que dans peu ils ne
,, me lapident. Et l'Eternel répondit à Moïſe :
,, Paſſe devant le peuple , préſente-toi à eux ſans
,, aucune crainte , & prends avec toi des Anciens
,, d'Iſrael, pour être téwioins du miracle qui va
,, être operé : Prends auſſi dans ta main la verge
,, avec laquelle tu as frappé le fleuve du Nil,
,, pour en convertir les eaux en ſang , & t'en
,, viens avec eux au lieu que je te montrerai.
, Voici je vai me tenir là devant toi ſous quel
, que ſimbole , ſur le rocher en Horeb, qui
* » étoiº
M I s E N C A T E c H I s M E. 339
,, étoit attenant au mont Sinai, & tu frapperas
,, le rocher, & il en ſortira des eaux dont le
,, peuple boira. Moïſe ayant exécuté tout ce
,, que Dieu venoit de lui dire, en préſence
» des Anciens d'Iſraël , 83 frappé le rocher ,
au!Ji - tôt il en coula de l'eau en ſi grande abon
dance, que tout le camp de Rephidim en fut
,, abbreuvé & Moiſe nomma ce lieu-là Mada,
,, qui ſignifie Tentation , & Mériba , qui veut
,, dire conteſtation , à cauſe du débat des enfans
» d'Iſrael , & parce qu'ils avoient tenté l'Eter
,, nel, en diſant ; L'Eternel eſt-il au milieu de
,, nous ou non ?
· D. Quelle autre preuve les Iſraëlites reçurent
ils dans ce lieu là, de la faveur 85 de la protec
tion de Dieu ?
R. Ce fut la défaite des Amalécites deſcen
dus d'Amalec , fils d'Eliphaz , petit fils d'Eſaü.
» Ce peuple, ſans y etre provoqué par aucune zx.a.
raiſon que par la haine qu'il portoit à la famille X V I I.
,, de Jacob, vint attaquer Iſrael en chemin, & " #,
», chargea en queue les derniers qui étoient foi- XXV.1s.
,, bles & malades, pendant que les autres étoient
,, las & fatigués : Surquoi Moiſe dit à Joſué,
fils de Nun, de la Tribu d' Fphraim , homme diſ
tingué entre les Iſraelites 83 qui fut enſuite dé
claré ſon ſucceſſeur dans la conduite de ce peuple ;
», Choiſi nous des hommes propres à combattre
s, & ſors du camp avec eux , pour combattre
s, contre les Amalécites, & je me rendrai de
•, main au ſommet de la colline, ayant la ver
» ge de Dieu en ma main , pour ſupplier Dieu
de nous être favorable ſelon le beſoin que nous
,, en aurons : Joſué fit comme Moiſe lui avoit
» commandé, & combattit contre les Amaléci
Y 2 », tes
34o L'A N c I E N T E s T A M E N T
» tes qui les avoient attaqués ; mais Moïſe, Aa
,, ron & Hur montérent au ſommet de la col
,, line, pour implorer le ſecours de Dieu : Et il
,, arriva que quand Moiſe élevoit ſes mains au
,, Ciel, Iſrael étoit le plus fort ; mais quand il
,, les repoſoit, ou qu'il les abaiſſoit, les Amalé
» cites étoient les plus forts. Et les mains de
,, Moiſe étant devenues ſi peſantes qu'il me pou
», voit plus les élever ; Aaron & Hur prirent une
,, pierie & l'ayant fait aſſeoir deſſus, ils ſoute
•, noient ſes mains l'un deçà , l'autre delà : Par
», ce moyen ſes mains furent fermes & élevées
,, au Ciel juſques au Soleil couchant. Ce qui
,, fit que Joſué défit l'armée des Amalécites au
,, tranchant de l'épée. Puis l'Eternel dit à Moi
,, ſe; Ecris ceci pour mémoire dans un livre, &
» fais entendre à Joſué qui doit gouverner mon
,, peuple après toi , que j'effacerai entiérement
,, la mémoire d'Amalec de deſſous les cieux,
ou que je détruirai tout à fait cette nation, de
ſorte qu'Iſrael n'aura plus rien à craindre de ſes
,, attaques. Moiſe bâtit auſſi un autel, $ y
offrit des ſacrifices d'actions de graces en mémoire
,, de cet événement, & il le nomma, l'Eternel
,, eſt mon enſeigne, pour dire que ( comme c'é-
toit par ſon ſecours 85 en quelque maniére ſous
ſes étendarts qu'Iſrael avoit remporté la victoire, )
l'Eternel ſeroit auſſi pour toujours ſon refuge ;
» car puiſque la main des Amalécites s'eſt éle
, vée contre le trône de Dieu, conſideré comme
,, le Roi d'Iſraël, l'Eternel lui fera auſſi la guer
,, re, ou le combattra d'âge en âge, juſqu'à ſon
entiere deſiruction.
D. Quel autre événement ſuivit de pèrs celui-là,
qui ſe rapporte plus particulierement à # ,
2
\ 46
M I s I E N C A T E c H I s M E. 341
R. Ce fut l'arrivée de " Jéthro ſon Beau Exºd.
s, pere, Sacrifitateur de Madian ; lequel ayant XVIII.
I - I
,, appris toutes les choſes que l'Eternel avoit
», faites à Moiſe & à Iſrael ſon peuple , & com
», ment l'Eternel l'avoit retiré du pays d'Egyp
,, te, prit Séphora ſa fille, la femme de Moiſe
s, que celui ci lui avoit renvoyée , & les deux * Excd.
», fils qu'il avoit eus de cette femme, dont l'un IV. 26.
» avoit été nommé Guerſom, ſur ce qu'il avoit
,, dit, qu'il étoit étranger dans le pays ; &
,, l'autre Eliezer, parce que Dieu lui avoit été
,, en aide , & l'avoit délivré de l'épée de Pha
» rao *. Jéthro Beau-pere de Moiſe vint, dis * Excd.
II. 22.
,, je, à lui avec ſa femme & ſes enfans au dé
» ſert de Rephidim , ou d'Horeb, où il étoit cam
,, pé en la montagne de Dieu ; ( ainſi appelée,
parce que Dieu s'y fit connoitre d une maniere
,, éclatunte ), & s'étant d'abord fait annoncer
,, à Moiſe, celui - ci ſortit au devant de ſon
», Beau-pere, ſe proſterna devant lui, dès qu'il
s, le vit & l'embraſſa. Après s'être ſouhaité l'un
», à l'autre toute ſorte de proſpérités , ils en
,, trérent dans la tente , où Moiſe raconta à
», ſon Beau-pere tout ce que l'Eternel avoit fait
,, à Pharao, & aux Egyptiens en faveur d'Iſ
» rael , & toutes les fatigues qu'ils avoient ſouf
» fert dans le voyage , auſſi bien que la ma
,, niere dont l'Eternel les avoit délivrés de la
» main des Egyptiens. Jéthro lui en témoigna
», ſa joie & lui dit ; Béni ſoit l'Eternel qui
», vous a délivrés de la main de Pharao & des
», Egyptiens : Maintenant je connois à cela, à
», m'en pouvoir douter , que l'Eternel eſt plus
e, grand que tous les Dieux ; car dans la choſe
s, même dont les Egyptiens ſe glorifioient, com
3 47f6º
342 L'A N c I E N T E s T A M E N T
me d'avoir les Magiciens les plus habiles , il a eu
,, le deſſus ſur eux , ou les a ſurpaſſés. Jéthro
,, Beau-pere de Moïſe offrit auſſi à Dieu un
,, holocauſte & des ſacrifices ; & Aaron & les
» Anciens d'Iſrael vinrent, pour lui faire bon
,, meur, manger avec lui, & prendre part à la
,, féte en préſence de Dieu , ou devant l'autel
ſur lequel il avoit offert ſes ſacrifices.
D. Que ſe paſſa - t - il enſuite entre Jéthro 83
Moiſe ?
Exod. R. ,, Le lendemain de ces ſacrifices, comme
XVIII. » Moïſe s'aſſit pour rendre ſon jugement ſur
13 - 23•
, tout ce que le peuple avoit à lui demander,
» & que le peuple venoit à lui pour cet effet
, depuis le matin juſqu'au ſoir ; ſon Beau pere
,, avant vû cela, lui demanda ; pourquoi la
, choſe ſe faiſoit ainſi ? C'eſt, répondit Moïſe,
,, que le peuple vient à moi pour s'enquerir
» de la volonté de Dieu ſur tout ce qu'ils doi
, vent faire : & quand ils ont quelque affaire
» entr'eux, ils s'adreſſent à moi pour en juger
,, definitivement , & je leur fais entendre la vo
,, lonté de Dieu ſur la conduite qu'ils doivent
,, tenir : mais le Beau-pere de Moiſe lui dit :
,, Il n'eſt pas convenable que tu en uſes ain
,, ſi : certainement tu ſuccomberas , toi & le
,, peuple qui eſt avec toi ; car cela eſt trop pe
,, ſant pour toi : Tu ne ſaurois faire cela toi
, ſeul. Ecoute donc mon conſeil, j'eſpere qu'en
,, le ſuivant Dieu ſera avec toi , 85 qu'il ac
compagnera tes travaux d'un heureux ſuccès.
,, Sois pour le peuple envers Dieu. c. à d. Que
le peuple s'adreſſe à toi pour ce qu'il aura à de
,, mander à Dieu , & toi, tu préſenteras à Dieu
,, les requêtes du peuple. Tu les inſtruiras #
2, d6
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 343
» de toutes les ordonnances & les Loix qu'ils
,, doivent obſerver , & tu leur feras connoitre
,, la conduite qu'ils doivent tenir & tout ce
,, qu'ils auront à faire. Enſuite tu choiſiras,
,, d'entre tout le peuple , des hommes fermes &
,, vertueux, qui craignent Dieu , qui aiment
,, la vérité & qui haiſſent tout gain deshonnè
,, te, & tu les établiras Chefs, les uns ſur un
,, millier de perſonnes ou de familles de chaque
,, Tribu , les autres ſur une centaine ; les au
,, tres ſur une cinquantaine ; & les autres ſur
,, une dixaine. Que ces Chefs jugent le peuple
» en tout tems & qu'ils te rapportent toutes
» les grandes, ou les plus importantes affaires,
» & qu'ils décident toutes les petites, ou de
,, moindre conſéquence. Par ce moyen tu ſeras
» ſoulagé, & ils porteront le fardeau avec toi.
,, Si tu fais cela & que Dieu l'autoriſe, tu
,, pourras ſubſiſter & tout le peuple arrivera
,, heureuſement en ſon lieu , ou au pays de Ca
maan qui lui eſt deftiné.
D. Moiſe ſuivit-il ce conſeil ?
R. ,, Moïſe l'écouta avec attention , 83 ne Exod.
voyant rien dans ce conſeil de contraire à la vo XVIII.
s4 - 27.
lonté de Dieu ; peut être même l'ayant conſulté
,, ſur ce ſujet, fit tout ce que Jéthro ſon Beau
,, pere lui avoit dit ; Il choiſit ſur tout le peu
,, ple d'Iſrael des hommes vertueux , & les
» établit Chefs ſur le peuple , les uns ſur mil
,, le, d'autres ſur cent, d'autres ſur cinquante,
,, & d'autres ſur dix, leſquels devoient juger
» le pcuple en tout tems ; mais ils devoient
,, rapporter à Moïſe les choſes difficiles, & ils
» ne décidoient que les petites affaires. Après
Y 4 ,, cela
244 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
,, cela Moïſe laiſſa aller ſon Beau pere qui s'eri
,, retourna dans ſon pays.

C H A P I T R E X X II I.

Contenant l'arrivée des Iſraëlites à la mon- .


tagne de Sinaï ; les conditions de l'al
liance de Dieu propoſées au peuple
qu'il accepta ; les préparatifs ordonnés
de Dieu pour la publication de la Loi
& les propres termes de cette Loi pro
noncés par Dieu même ; avec la ma
niere dont elle fut reçue par le peuple
d'Iſraël.

D. Q Uand eſt ce que les Iſraélites arrivérent


enfin au deſert de Sinai ?
E.-cd. R., Au premier jour du troiſieme mois de
X I X. ,, puis leur ſortie d'Egypte , en ce mème jour
M » 2•
,, qui doit être célébré par cette Nation ; les Iſ
,, raélites étant partis de Rephidim, vinrent au
» déſert de Sinaï , & y campérent vis à-vis de
», la montagne.
D. Qu'eſt ce qui rendit cette arrivée du peuple
d'lſrael au déſert de Sinai 85 le ſejour qu'ils y
firent , ſi célèbre dans tous les âges ?
R. Ce fut l'alliance que Dieu y traita d'a-
bord par le miniſtère de Moiſe, avec les en
fans d'Iſrael , & les Loix qu'il leur donna
pour être la régle de leur conduite : car auſ
*z»d. ſi tôt qu'ils furent arrivés, " l'Eternel ayant
M / X.
3 - 3. , appelé Moïſe de la montagne, & Moiſe étant
, mOIl
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 345
», monté vers Dieu , l'Eternel lui dit ; Tu par
,, leras ainſi à la famille de Jacob , & tu annon
,, ceras ceci aux enfans d'Iſrael. Vous avez vû
» ce que j'ai fait aux Egyptiens, & comment
,, je vous ai portés & ſoutenus, comme les ai
,, gles portent leurs petits ſur leurs ailes , & je .
» vous ai amenés juſqu'ici pour être mon peu
,, ple d'une façon toute particuliere : Maintenant
,, ſi vous obéiſſez exactement à ma voix , & ſi
» vous obſervez les conditions de l'alliance que
,, je veux traiter avec vous ; vous ſerez auſſi
,, d'entre tous les peuples celui qui me ſera le plus
» cher, 85 auquel j'accorderai le plus de graces ;
,, quoique tous les habitans de la terre m'ap
», partiennent également : Je ſerai vôtre Roi ,
,, & vous ſerez à mon égard des ſujets conſt
,, crés à mon ſervice, comme des Sacrificateurs
,, au ſervice de leur Dieu, & une Nation Sainte
dont le caractère doit être une conduite pure 83
,, exempte de ſouillure. C'eſt- là ce que tu diras
,, de ma part aux enfans d'Iſraël. Puis Moïſe
», vint & appela les Anciens du peuple, & leur
», rapporta tout ce que l'Eternel lui avoit com
,, mandé de leur dire : Ce qui ayant été pro
», poſé a l'aſſemblée, tout le peuple répondit d'un
» commun accord ; Nous ferons tout ce que
,, l'Eternel a dit ; & Moïſe rapporta à l'Eter
» nel toutes les paroles du peuple , qui faiſoient
foi de ſon conſentement abſolu aux termes de l'al
liance que Dieu vouloit traiter avec lui. Sur ce
» la l'Eternel dit à Moïſe : Voici je ne t'ai parlé
juſqu'ici qu'en ſecret, Q3 je n'ai été entendu que de
» toi ſeul ; mais ci après, je t'adreſſerai la pa
,, role du milieu d'une épaiſſe nuée, 83 je te
donnerai mes loix d'une voix ſi forte 85 ſi diſ
Y ; 2, tinèie
346 L'A N c I E N T E s T A M E N r
,, tincte, que tout le peuple entendra ce que
,, je te dirai, afin qu'il ajoute encore plus de
» foi à tes paroles. -

D. Quel ordre Moïſe reçut il alors de Dieu pour


le peuple ?
Exod. R. * Après que Moïſe eut rapporté à l'Eter
XI X.
9 - I3
, nel, ce qu'avoit répondu le peuple ſur les
conditions de l'alliance que Dieu vouloit traiter
,, avec lui ; l'Eternel dit à Mouſe : Va-t en vers
,, le peuple & ordonne leur de ſe purifier au
,, jourd'hui & demain pour recevoir mes loix :
» qu'ils lavent leurs vêtemens & qu'ils ſoient
» tout prêts pour le troiſieme jour : Car en
,, ce jour-là, l'Eternel deſcendra ſur la monta
,, gne de Sinaï ; enſorte qu'il pourra ètre vû
,, de tout le peuple ; mais tu mettras des bar
» rieres pour le peuple, tout autour de la mon
,, tagne , & tu leur diras de ſe donner garde
», de monter ſur la montagne , & de toucher
,, aucune de ſes extrémités : Quiconque tou
», chera la montagne ſera puni de mort ; ce
,, pendant l'on ne mettra point la main ſur
» lui pour le mettre à mort, de peur de pro
,, faner ce lieu là ; mais il ſera lapidé ou percé
» de flèches : ſoit bète, ſoit homme, il ne vi
, vra point , & le tems auquel ils devront
», monter auprès , ou vis-à-vis de la montagne,
» ce ſera lorſque la trompette donnera des ſons
,, trainants , c. à d. lorſque Dieu aura fait en
tendre du haut de la montagne un ſon ſembla
ble à celui d'une trompette qui donne des ſons
trainants. - -

D. Comment Moïſe exécuta t-il cet ordre de


Dieu ?
R. ,, Moï
M I S E N c A r E c H 1s M E. . 347
R. , Moïſe deſcendit de la montagne vers Exod,
» le peuple, & le ſanctifia, en lui ordannant X I X.
I4 , 15 •
,, de laver leurs vètemens , & de ſe tenir prèts ,
,, pour le troiſieme jour, à recevoir la Loi de l'E-
,, ternel, & il leur deffendit en particulier de
,, s'approcher pendant ce tems là de leurs fem
», meS. -

D. Qu'eſt-ce qui arriva donc le troiſieme jour :


R. ,, Le troifieme jour au matin , il y eut Exod.
» des tonnerres & des éclairs & une nuée fort X I X.
16 - 25•
» épaiſſe ſur la montagne, avec un vent très
,, violent. L'on entendit auſſi un ſon comme
» d'une trompette, dont tout le peuple dans
,, le camp fut fort effrayé. Alors Moïſe fit ſor
» tir le peuple du camp , pour venir au devant
,, de Dieu, & ils s'arrètérent au pied de la mon
» tagne, à l'endroit où Moïſe avoit fait mettre
,, des barrieres. Or le mont de Sina1 étoit tout
,, en fumée ; parce que l'Eternel étoit deſcen
,, du dans une muée toute en feu, & la fumée
» montoit comme la fumée d'une fournaiſe en
,, tremêlée de tourbillons de flamme, & toute la
,, montagne étoit dans un grand tremblement :
» Et comme le ſon de la trompette ſe renfor
» çoit de plus en plus , Moiſe s'avança ſur la
» montagne pour conſulter Dieu ſur ce qu'il de
,, voit faire , & étant monté par l'ordre de
» Dieu juſques au ſommet de la montagne, ſur
» laquelle Dieu étoit deſcendu ; l'Eternel lui
,, dit; Deſcends vers le peuple & tu leur def
», fendra encore expreſſément de paſſer les barrie
,, res qui les ſéparent de la montagne où eſt l'E-
,, termel , pour regarder ce qui s'y fait ; de peur
» qu'un grand nombre d'entr'eux ne périſſent.
,, Recommande encore aux Sacrificateurs qui onº
»2 ſ/C-
348 pAs c 1 r s TE s TAM ENT
» accoutumé de ſervir aux autels 85 qui s'appro
,, chent ainſi de Dieu , de ſe ſanctifier d'une
façon particuliere, mais ſans prétendre pour cela
franchir les bornes qui ſeparent le peuple de la
,, montagne ; de peur qu'il n'arrive que l'Eter
,, nel ſe jette ſur eux & ne les puniſſe de mort.
,, Moiſe répondit ſur cela à l'Eternel , que le
,, peuple ſe donneroit bien de garde de monter
» ſur la montagne de Sinaï , après les ordres
» qu'il en avoit reçus , & les barrieres qu'il
» avoit miſes pour le ſéparer de la montagne :
» mais l'Eternel lui dit derechef, va, deſcends
» & fais ce que je t'ordonne ; après quoi tu
,, remonteras ici & Aaron avec toi , & que les
,, Sacrificateurs ni le peuple, ne rompent point
», les barrieres pour monter vers l'Eternel , de
» peur qu'il ne ſe jette ſur eux, & qu'ils ne
,, périſſent ; Moiſe deſcendit donc vers le peuple
,, & leur réitera cette deffenſe.
D. Quelles en furent les ſuites ?
R. Moiſe étant retourné ſur la montagne avec
Aaron , 83 ſe tenant ſur la montagne entre Dieu
85 le peuple, pour lui rapporter la parole de l'E-
Deut. ternel ; " Dieu prononça toutes ces paroles face
IV. 4 , 5.
à face du peuple , comme il avoit fait à Moiſe,
,, & du milieu d'une nuée épaiſſe toute en feu 83
Exod. avec une voix forte 85 diſtincte " il dit : Je ſuis
X X.
I - I7.
» l'Eternel ton Dieu, qui t'ai retiré du pays
• Dest. IV. ,, d'Egypte , de la maiſon de ſervitude. I. Tu
6 - 2 I. ,, n'auras point d'autres Dieux devant ma face.
» II. Tu ne te feras point d'image taillée, ni
,, aucune reſſemblance des choſes qui ſont là
» haut aux cieux , ni ici bas ſur la terre , ni
,, dans les eaux ſous la terre. Tu ne te proſ
,, terneras point devant elles & ne les ſerviras
:, P01Ilt 3
M1s EN C A T E c H I s M E. 349
• point ; car je ſuis l'Eternel ton Dieu, un Dieu
,, fort & jaloux , puniſſant l'iniquité des peres
,, de maniere que les enfans s'en reſſentent,
,, juſqu'en la troiſieme & quatrieme généation
,, de ceux qui me haiſſent, & faiſant miſéricor
,, de en mille générations à ceux qui m'aiment
,, & qui gardent mes commandemens. III. Tu
,, ne prendras point le nom de l'Eternel ton
,, Dieu en vain ; car l'Eternel ne tiendra point
,, pour innocent celui qui aura pris ſon nom
,, en vain. IV. Souvien-toi du jour du repos
,, pour le ſanctifier. Tu travailleras ſix jours &
,, tu feras toute ton œuvre ; mais le ſeptieme
,, jour eſt le repos de l'Eternel ton Dieu ; tu
,, ne feras aucune œuvre en ce jour - là , ni toi,
,, ni ton fils , ni ta fille , ni ton ſerviteur , ni
,, ta ſervante, ni ton bétail, ni l'étranger qui
,, eſt chez toi ; car l'Eternel a fait en ſix jours,
,, le ciel, la terre & la mer, & tout ce qui
,, eſt en eux, & s'eſt repoſé le ſeptieme jour ;
,, c'eſt pourquoi l'Eternel a béni le jour du re
,, pos , & l'a ſanctifié.
,, V. Honore ton pere & ta mere, afin que
» tes jours ſoient prolongés ſur la terre, que
,, l'Eternel ton Dieu te donne.
,, VI. Tu ne tueras point. VII. Tu ne pail
,, larderas point. VIII. Tu ne déroberas point.
, IX. Tu ne diras point de faux témoignage
,, contre ton prochain. -

,, X. Tu ne convoiteras point la maiſon de


,, ton prochain. Tu ne convoiteras point la fem
,, me de ton proch in, ni ſon ſerviteur, ni ſa
,, ſervante, ni ſon bœuf, ni ſon ane, ni au
•, cune choſe qui ſoit à ton prochaiii.
D. Ces
35o L'AN c I E N T E s T A M E N r
D. Ces Divines paroles ſi dignes de toute nôtre
attention conſiderées comme les conditions de l'al
liance que Dieu voulut bien traiter avec ſon peu
ple, m'engagent à vous faire pluſieurs queſtions
ſur les circonſtances dont elles furent accompagnées ;
ſur le ſens qu'on doit leur donner ; 85 ſur les
obligations qu'elles nous impoſent Je ſouhaiterois
donc de ſavoir, I". Comment l'on doit concilier
ce qui eſt dit ici , que celui qui prononça toutes
ces paroles étoit Dieu lui meme , qui ſe nomme
l' Eternel le Dieu d'Iſraél, avec ce qui eſt dit
At. VII dans le Nouveau Teſtament * que la Loi a été
#. III. donnée par le miniſtère des Anges ?
3.

19. R. Pour concilier ces différens paſſages, l'on


#ebr. II. doit s'en tenir à ces deux vérités inconteſtables ;
2. l'une que Dieu intervint d'une façon toute par
ticuliere dans la premiere publication de la Loi ;
enſorte qu'il voulut que tout ce qui fut dit &
qui fut fait de ſa part envers ſon peuple, fut
cenſé être dit, ou être fait par lui mème im
médiatement, pour s'attirer plus de reſpect &
de ſoumiſſion de leur part. L'autre vérité qui
n'eſt pas moins certaine, c'eſt que quand Dieu
ſe revéle aux hommes , & qu'il veut leur faire
ſavoir ſa volonté, il le fait le plus ſouvent par
le miniſtère de ſes Anges, à qui il donne or
dre de prendre ſon nom, & de parler comme
ſi c'étoit lui mème qui parlât & qui fut préſent
d'une maniere viſible. Ainſi lorſqu'il eſt dit ici,
que Dieu prononça toutes ces paroles ; il ne
faut pas ſuppoſer, que Dieu fut en effet revêtu
d'organes propres à faire entendre une voix ſem
blable à celle des hommes qui parlent ; puis
qu'il eſt un eſprit pur, entierement dégagé de
toute matiere ; mais cette voix que l'on en
tCIl•
MIs E N C A T E c H I s M E. 351
tendit, ces paroles qui furent prononcées, com
me venants de Dieu , furent ſans doute produites
en l'air par un effet de ſa volonté immédiate
& ſouverainement puiſſante, & par le moyen
des miniſtres de ſa puiſſance , ou des Anges
qui ſont par millions , qu'il fit parler comme
ſi c'étoit lui même pour donner plus de poids
& d'autorité à ſes paroles.
D. Une autre queſtion que j'ai à vous faire,
regarde ces paroles méme que Dieu fit entendre
au peuple d'1ſraël comme prononcées en ſon nom ;
ſavoir, ce qu'elles contiennent , & ce qu'elles de
mandent de nous ?
R. L'on voit manifeſtement que ces paroles con
tiennent d'abord une déclaration des attributs.
ſous leſquels Dieu qui les prononçoit, vouloit
être conſideré des Iſraelites en traitant alliance
avec eux. Ces attributs ſont 1". le nom de
JE H o v A , qui déſigne d'un côté une éterni
té d'éxiſtence qui lui eſt propre, de mème que
toutes ſes autres perfections : & de l'autre une
fidélité inviolable, & une puiſſance ſouveraine
ment efficace dans l'accompliſſement de ſes pro
meſſes. 2°. C'eſt la qualité de DIEU D'IsRAEL ,
c. à d. d'un Dieu qui favoriſoit & protégeoit
ce peuple d'une façon particuliere, & de qui il
étoit adoré comme le ſeul vrai Dieu. Enfin
le troiſieme attribut que Dieu ſe donne ici ,
en parlant à ſon peuple, c'eſt celui de L I B E R A
T E U R qui l'avoit tiré du pays d'Egypte, &
affranchi du dur eſclavage qu'il y ſouffroit. Trois
raiſons des plus preſſantes qui devoient engager
ce peuple à entrer dans l'alliance que Dieu lui
propoſoit, & à garder les commandemens qu'il
- - alloit
352 L'A N c I E N T E s T A M E N T
alloit lui donner, comme tout autant de condi
tions à remplir de ſà part, s'il vouloit avoir
part à ſes graces. -

D. Comment eſt-ce qu'on diviſe ces Divins Pré


ceptes ; 83 quelle obligation particuliere chacun
d'eux impoſoit-il a ? Peuple ?
R. Ces commandemens, tels qu'ils ſont expri
més, ſortants de la bouche de Dieu , ſont au
nombre de dix, clairement diſtingués les uns
des autres, & partagés en deux Tables, comme
il ſera dit plus bas , dont la premiere conte
noit quatre commandemens qui ſe rapportent à
Dieu , & la ſeconde ſix qui ſe rapportent au
prochain , ou aux hommes. Dans le premier,
Dieu deffend d'avoir, de ſervir, d'adorer d'au
tres Dieux que lui ; le ſeul en effet qui mérite
ce nom , & à qui l'on puiſſe rendre un culte
religieux. Dans le ſecond, Dieu deffend de ſe
faire, ou d'avoir aucune image quelle que ce
ſoit, dans la vuë de repréſenter la Divinité ;
ou à laquelle l'on rende un culte extérieur quel
qu'il ſoit ; & il en donne pour raiſon , que
Dieu ne peut ſouffrir que l'on rende à d'autres
qu'à lui, les hommages qui lui ſont dûs, &
qu'en conſéquence il punira dès cette vie , les
Idolâtres & leur poſtérité , juſqu'à la troiſieme
& quatrieme génération ; & qu'il recompenſera
ceux qui lui auront été fidéles, en répandant
ſes graces ſur eux & ſur ceux de leurs enfans
qui les imiteront juſqu'à la poſtérité la plus re
culée. Dans le troiſieme, il defſend de profaner
le nom de Dieu, en l'employant dans des diſ
cours frivoles, ou dans des ſermens vains, té
meraires ou faux, ſous peine d'encourir ſa diſ
grace, & d'être traité de lui comme très cou
4 pable.
M Is E N C A T E c H I s M E. 353
pable. Dans le quatrieme , il ordonne d'em
ployer le ſeptieme jour de chaque ſemaine,
plus particulierement que les autres au ſervi
ce de Dieu, en mémoire de la création faite
en ſix jours, & du jour du repos qui les ſui
vit, & il deffend de faire en ce jour là, aucu
ne œuvre ſervile , par où l'on doit entendre,
non ſeulement tout travail où l'on avoit accou
tumé d'employer des domeſtiques, mercenaires,
-ou eſclaves, mais tout travail des mains & du
corps, dont l'on peut ſe paſſer, & qui pouvoit
ſe faire les jours précédens , ou être renvoyé
· aux ſuivans, & d'y occuper des perſonnes ou
des bètes qui peuvent être dans ſà maiſon.
Dans le cinquieme , il ordonne de rendre à
ſon pere, à ſa mere ou à tout autre ſupérieur, le
reſpect , & l'obeiſſance qui leur ſont dûs ,
ſous promeſſes à ceux qui s'acquitteront de ce
devoir , de mener une vie douce & heureuſe
ſur cette terre. Dans le ſixieme, il deffend d'ô-
ter la vie à ſon prochain, par aucun mouve
ment de paſſion contraire à l'amour que nous
lui devons , & de penſer à faire quoi que ce
ſoit, qui porte ou qui tende à ce funeſte évé
nement, ſi on peut l'éviter. Dans le ſeptieme,
il deffend toute impudicité & tout commerce
impur, mais ſur tout l'adultere. Dans le hui
tieme, il deffènd de prendre ou de s'appro
prier ce qui appartient à autrui, de quelque ma
niere qu'on puiſſe le faire, dans la vué d'en
tirer quelque avantage à ſon préjudice. Dans
le neuvieme , il deffend de dire jamais rien
de faux , ou de contraire à ce que nous ſa
vons être vrai , ou qui tende à nuire à ſon
prochain , dans ſon honneur & ſà réputatione
Tome I. Z Dans
s
354 L'A N e I E N TEsTAMENT
Dans le dixieme enfin , il deffend tout déſir
d'avoir , de poſſéder, ou de s'approprier ce que
poſſéde ſon prochain , & de le priver de quel
que avantage que ce ſoit, dont il jouït légiti
IIleIIlCIlt. - -

D. Ces Commandemtens donnés alors aux Iſ


raélites pour conditions de l'alliance que Dieu
vouloit traiter avec eux , ſont-ils auſſi obligatoires
· pour les autres hommes , s'ils veulent avoir part
à la grace de Dieu 83 à ſes faveurs ?
R. Il n'y a pas de doute que Dieu étant
également le Créateur de tous les hommes ,
& voulant également le bonheur & le ſalut de
tous, ſans aucune acception de perſonnes , il
n'offre auſſi à tous que des moyens de ſalut pro
portionnés à leur état, & que la pratique des
commandemens qu'il donne aux uns pour par
venir à ce but, ne ſoit auſſi utiles aux au
tres , pour avoir part au même bonheur ; Il
n'y a que des circonſtances particulieres dans
leſquelles ſe trouve une nation entiere, ou
un ſeul individu, qui demandent de Dieu des
ordonnances relatives à cet état particulier ,
dont ceux qui ne ſont pas dans le même cas ,
peuvent être diſpenſés. Les Loix cérémonielles,
par exemple, dont il ſera fait mention dans
la ſuite, qui regardoient le culte public que Dieu
vouloit que la nation Juive lui rendit dans le
déſert, ou dans la terre de Canaan, & dont il
devoit la mettre en poſſeſſion, étoient telle
ment particulieres à cette nation & accommo
dées à ſon état, qu'il eſt manifeſte par là mè
me, qu'elles ne ſont pas obligatoires pour les
autres hommes. J'en dis de même d'un grand
nombre de Loix Civiles que Dieu donna à ce
peu
MIs E N C A T E c H I s M E. 355
|

peuple, conſiderées comme dépendantes de ſon


gouvernement particulier , & qui lui étoient
· tellement propres , qu'on ne pourroit les ap
pliquer à d'autres gouvernemens, ſans en chan
ger, pour ainſi dire, la nature. Mais toutes
les Loix de Dieu , qui regardent les mœurs,
ou la conduite morale des hommes , dans quel
que ſituation qu'ils ſoient placés, étants de leur
nature , bonnes , juſtes, ſaintes & utiles, ſont
par là même indiſpenſables , & obligent égale
ment tous les hommes. Tels ſont les dix com
mandemens que nous venons de rapporter ,
donnés d'abord aux Iſraelites par Dieu même,
comme contenants les premieres conditions de
l'alliance que Dieu vouloit traiter avec ſon peu
ple. Il n'y en a aucun qui conſideré en lui
même, ne puiſſe & ne doive faire la régle de
nôtre conduite ; juſques à l'obſèrvation mème
du ſabbat , conſideré, non en ce qu'il a de
cérémoniel , comme eſt l'abſtinence de toute oc
cupation civile qui pouvoit ſe faire un autre
jour ; mais en ce qu'il a de moral , comme
un jour conſacré à l'honneur de Dieu, en mé
moire de la création & du repos qui en fut la
ſuite ; repos que Dieu nous propoſe pour mo
delle de celui que nous devons accorder à
nos domeſtiques, & à nôtre bétail en ce jour-là.
D. Comment eſt-ce que le peuple d'Iſrael reçus
de Dieu ces dix commandemens *
R. Il eſt tout-à-fait probable, quoique Moï
ſe ne le diſe pas expreſſément, que tout le peu
ple écouta ces dix commandemens, avec un
profond ſilence & une ſincére intention d'y
conformer ſa conduite ; mais auſſi avec beau
coup de frayeur ; ſur tout quand au ſon de
Z 2 Cette
3 56 L'A N c I E N T E s T A M E N T
Exsd. cette voix formidable, il vit ſucceder " les ton
X X.
I8 - 2 I.
,, nerres, les éclairs, & un ſon de trompette,
,, avec la montagne toute couverte de fumée
,, qui jettoit des flammes de feu de tout côté ;
» car le peuple voyant cela, commença à trem
, bler & à s'éloigner de la montagne. Puis ils
» dirent à Moiſe ; Aireſſe - nous toi-mème la
» parole : Que ce ſoit d ſormais par ta bouche,
qu'il plaiſe à Dieu de nous donner ſes Loix , &
,, nous écouterons avec ſoumiJion ce qu'il nous
,, ordonnera ; mais que Dieu ne nous adreſſe
,, plus directement la parole, comme il vient de
,, faire , de peur que nous ne mourrions de
,, frayeur. Alors Moiſè dit au peuple : Ne crai
,, gnez point ; car ce n'eſt pas pour jetter l'é-
, pouvante dans vos cceurs, ni pour vous cau
» ſer la mort que Dieu vient de nous adreſſer
» la parole ; mais ſeulement pour vous éprou
» ver, ou pour voir comment vous recevriez ſes
,, loix , & pour vous remplir d'un plus grand
, reſpect pour lui, & d'une plus grande crain
,, te de l'offenſer ; afin que vous ne péchiez
, point Cependant le peuple continua à ſe te
,, nir éloigné de la montagne, mais Moïſe étanº
,, remonté ſur la montagne s'approcha de l'obſ
, curité, ou de la nuée épaiſſe, dans laquelle
, Dieu donnoit des marques plus particulieres
,, de ſa préſence.
· D. Qu'eſt ce que Dieu dit alors à Moïſe en
particulier pour être rapporté au peuple d'Iſraël ?
Fxod. R. » Dès que Moïſe fut remonté ſur la mon
43 • ac. , tagne , l'Eternel voulant bien s'accommoder à
la foibleſſe des Iſraëlites qui ne pouvoient enten
dre ſa voix ſans frémir , ſe ſervit de la media
tion de Moïſe, pour leur donner encore d'autres
Loix
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 357
Loix politiques, cérémonielles 83 morales, conve
mables à leur état , " & il lui ordonna de leur
,, faire remarquer d'abord, que leur ayant par
,, lé des Cieux ſans ſe montrer à eux ſous ait
», cune reſſemblance , ils ne devoient pas non
2, plus dans le culte qu'ils lui rendroient, le re
», préſenter ſous aucune image d'argent, ou
» d'or ; mais que s'ils avoient à lui offrir , pen
,, dant leur ſéjour dans le déſert , quelques ho
» locauſtes & oblations , ou ſacrifices d'actions
,, de graces , de leur gros & menu bétail en
,, quelque lieu qu'il leur ind quât , propre à
» célébrer ſon nom & ſes bieufaits, ils devoient
,, ſe contenter d'élever un autel de terre, ou
» de gazon , & qu'il exauceroit leurs prieres,
» & répandroit ſur eux ſes bénédictions & ſes
» faveurs : mais que s'ils vouloient élever à ſon
» honneur un autel de pierre , il falloit que
» ce fut des pierres brutes & dans leur état
» naturel ; ſans que l'art les eut taillées ou po
» lies : car ſi l'on faiſoit paſſer le fer deſſus,
» on ſouilleroit l'autel : à quoi Dieu ajouta,
2, que l'on ne devoit point monter à cet autel
» par des dégrés , de peur que des marches
» trop hautes , ne donnaſſent lieu de découvrir
» la nudité de celui qui y monteroit : ( l'uſa
ge n'étant pas alors de porter des caleçons, ou
des culottes ; mais ſeulement de longues robes ; )
83 qu'il n'en reſultât quelque manque de reſpeci
pour le ſervice de Dieu, $ pour les perſonnes
qui ſervent à l'autel. ·
D. Quelle peut avoir été la raiſon de la deſſen
ſe que Dieu fait ici de bâtir à ſon honneur, des
autels de pierre taillée ? - - º -

- - iZ 3 -- R. L'on
358 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
R. L'on peut dire d'abord que Dieu en or
donnant aux Iſraelites de lui élever des autels
de ſimple gazon , ou de pierres brutes , telles
qu'elles ſe rencontrent dans un déſert, vouloit
s'accommoder à leur état de voyageurs , &
leur faire comprendre en mème tems, qu'on
pouvoit le ſervir ſans aucun appareil , ni au
cune pompe extérieure ; mais de plus il n'y a
pas de doute, que Dieu ne leur ait deffendu
de bâtir des autels de pierre taillée pour pré
venir toute eſpéce d'idolâtrie , dans laquelle ils
auroient pû tomber , ſoit en repréſentant la
divinité par des figures & des images ; com
me cela ſe pratiquoit ſur les autels des faux
JDieux, ſoit en attribuant à ces autels travail
1és, une certaine ſuinteté, qui les portât à leur
rendre plus de reſpect : au lieu que ce danger
n'étoit pas à craindre pour des autels dreſſés
ſur le champ , ſans art & expoſés à être dé
truits auſſi tôt : ſoit enfin de peur qu'on ne
gardât quelques morceaux de ces pierres tail
lées, pour en faire un uſage ſuperſtitieux.
D. Mais comment concilier ces autels de ga
zon , ou de pierres brutes ordonnés de Dieu,
* Exod.
XXVII.
avec l'ordre qu'il donna dans la ſuite * de conſ
Y - 8.
truire un autel de bois, couvert d'airain , ſur
lequel ſeul, l'on devoit lui offrir tous les ſacri
jices ? . · ·· ·

, R. Pour concilier ces Loix divines touchant


les différentes ſortes d'autels, ſur leſquels l'on
devoit offrir à Dieu des ſacrifices ; il n'y a qu'à
remarquer que l'autel d'airain étoit deſtiné aux
ſacrifices publics offerts à Dieu, par les ſeuls
Sacrificateurs de la Tribu de Lévi, établis pour
cela par Dieu - même ; au lieu que pour #
I1lf
M1s E N C A T E c H 1 s M E. 359
frir à Dieu des ſimples ſacrifices dans le déſert
ou ailleurs par des hommes pieux , & dans
des cas extraordinaires, ou ſur des ordres par
ticuliers de Dieu , il ſuffiſoit d'élever un au
tel de gazon, ou de pierres brutes , comme
l'avoit fait Abraham , Geneſ. XXII. 9. & com
me le firent dans la ſuite , Moïſe lui-même
Exod. XXI V. 4. Joſué VlIl, 3o, 3 I. Gédéon
Jug. VI. 24, 26. Manoah Jug. XIII. 19. Sa
muel I. Sam. VIl. 17. Saül I. Sam. XIV. 35.
David 2. Sam. XXIV. 25. & Elie I. Rois XVIII.
3 I , 32.

C H A P I T R E X X I V.

Contenant diverſes Loix politiques, mora


les & cérémonielles que Dieu donna à
Moïſe pour en inſtruire le peuple, com
me une addition aux dix commande
mens , & pour en faire auſſi la régle
de leur conduite.

D. ( Y Uelles furent les Loix que Dieu domma


enſuite à Moiſe , pour être preſcrites
aux enfuns d' Iſraël à la ſuite des dix commande
7/1e/15 Z |

R. Ces Loix ſont de divers ordres ; il y en


a de pure police ; il y en a de mêlées de po
lice & de morale , & il y en a qui regardent
l'extérieur de la religion. Les premieres qui ſont
de pure police, réglent les droits des Maitres
ſur leurs eſclaves , la punition des meurtriers,
Z 4 de9
36o L'A N c I E N T E s T A M E N T
des parricides , des larrons d'hommes ; de ceux
qui maudiſſent pere & mere ; de ceux qui ſe
querellent, qui ſe bleſſent, ou dont les beſtiaux
mal gardés , peuvent cauſer quelque dommage
à autrui ; & de ceux qui dérobent , ou qui
cauſent du dégât à leur prochain. Les unes
& les autres ſont appelées ici les JU G E M E N s
que Moiſe devoit propoſer au peuple ; parce
qu'elles devoient ſervir de régles aux Magiſ
trats & aux Juges, dans la déciſion des diffe
• rens qui pouvoient ſurvenir entre les Enfans
d'Iſrael à ce ſujet. - . -

D. Quelle raiſon petit-on alleguer du rang que


Dieu domina à ces Loix , en les preſcrivant à ſon
peuple d'abord après le Décalogue , préferable
ment à tant d'autres qui ne paroiſſent pas moins
importajttes ? -*

.. R. Dieu paroit en avoir agi ainſi, parce qu'a-


· près l'amour & le culte qui lui ſont dûs , &
l'obſervation des principaux devoirs envers le
| prochain , contenus dans le Décalogue, rien
º ne lui eſt plus agréable , que de voir une bon
ne police obſervée dans la ſocieté par les ſenti
mens de bonté , d'humanité, & de clémence,
qui doivent régner entre tous les hommes,
dont ces préceptes bien obſervés ſeroient une
· preuve. Et il commence par les devoirs des
Maitres envers leurs eſclaves, homme, femme,
ou fille ; parce que c'eſt dans la conduite que
l'on tient envers les eſclaves , que l'on a ſur
tout lieu de manifeſter ces vertus , quand elles
cſont ſincéres. -

- D. Qu'étoient alors les eſclaves parmi les Juifs ?


, c. R. C'étoient des perſonnes obligées à ſervir
· leurs Maitres en tout ce qui leur étoit ordon
116 ,
· M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 26r
né, ſans en recevoir d'autre ſalaire que leur
ſeul entretien, & qui tomboient dans cet eſcla
vage en trois manieres principales. 1°. Lorſ
qu'ils ſe vendoient eux mêmes dans le cas d'u-
ne extrème pauvreté, ou lorſqu'ils ne pouvoient
payer ce qu'ils devoient à leurs Créanciers :
Levit. XX V. 39. 2°. Ils pouvoient être ven
dus , par les Juges en cas de vol , au profit de
ceux qu'ils avoient volé , s'ils ne pouvoient
les ſatisfaire d'une autre maniere. Deut. XV.
12. Enfin ils pouvoient être vendus par leurs
propres parens, pour ſubvenir par - là à leur
entretien ; ſuppoſé qu'ils fuſſent hors d'état d'y
fournir eux-mèmes. Voyez ci deſſous #r. 7.
D. Quels ſont donc les préceptes ou les juge
mens de Dieu pour régler les droits des hommes
fur de tels eſclaves ? - -

R. ,, Ce ſont ici , dit Dieu à Moïſe , les Loix, Exed.


» ou les jugemens que tu leurs propoſeras ſur IX- XI I.I.
,, ce ſijet. Si tu achetes un eſclave Hébreu ,
, il pourra être obligé à te ſervir ſix ans tout
» au plus , & dans la ſeptieme année de ſa
ſervitude, ou ſi c'eſt une année ſabbatique dans
laquelle toute dette doit être remiſe, 83 tout eſ
,, clavage ceſſer , il ſortira de chez toi, pour
, être libre ſans rien payer. S'il eſt venu , ou
,, s'il a été vendu avec ſon corps ſeulement , il
» ſortira de mème avec ſon corps ſeul : S'il
» avoit une femme, quand il eſt entré dans l'eſ
•, clavage, ſa femme en ſortira auſſi libre avec
» lui : Si ſon maitre lui a donné une femme
*

s, qui lui ait enfanté des fils & des filles, pam
,, dant le tems de ſon eſclavage ; ſa femme &
» ſes enfans reſteront à ſon maitre, ſi c'eſt une
femme payemne; mais ſi c'eſt une femme
$
Jº#6He
362 L'A N c I E N T E s T A M E N.T
elle ſera auſſi miſe en liberté dans l'année Sak
batique , ou l'année du"grand Jubilé. * Que ſi
» l'eſclave dit poſitivement, 83 d'une maniere
, expreſſe, j'aime mon maitre, ma femme &
» mes enfans, & je ne veux point me ſéparer
» d'eux pour être libre ; alors ſon maitre le
» fera venir devant les Magiſtrats, & le fera
» approcher de la porte , ou du pôteau de ſa
,, maiſon , & ſous leur autorité , ſon maitre
, lui percera l'oreille avcc une alêne, & la fi
»cera à la porte même de ſa maiſon , pour mar
que qu'il y étoit attaché, 85 qu'il m'en vouloit
plus ſortir pour jouir de la liberté * Si quelcun
» vend ſa fille pour être eſclave, avant l'āge
de puberté dans la préſomption, ou l'intention que
l'acheteur, ou ſon fils en fera quelque jour ſa
,, femme ; elle ne ſortira point comme les eſ
» claves ſortent ; c. à d. que ſi on la congédie,
ce ſera ſous des conditions plus avantageuſes que
les autres eſclaves, ( qui ſont exprimées dans la
», ſuite ) , ſi elle déplait à ſon maitre, ſoit
,, qu'il l'ait fiancée ou non ( a ), il la fera
, racheter , ou permettra qu'on la rachete $ fa
cilitera même, ſoit à ſes parens, ſoit à d'autres
avec leur conſentement, les moyens de la racheter :
» mais

( a ) Soit qu'il l'ait fiancie ou mon. Le Texte origi


nal préſente ici une varieté dans la maniere de lire.
Quelques uns liſent , qui ne l'aura point fiancée , &
d'autres croyent qu'on doit lire , qut 'attra fiancée.
Chacun appuye ſa maniere de lire de diverſes raiſons ,
& l'on a cru pouvoir les concilier par la traduction
que l'on vient de lire , qui renferme les deux ſens ,

déciſe.
plus que la ſuite ſemble laiſſer la choſe in
- --
MIs E N C A T E c H I s M E. 363
# mais s'il lui a été infidéle, ſoit qu'il me l'ait
pas fiancée , comme il lui avoit promis, ſoit qu'il
ait manqué à l'amitié, 85 à la foi conjugale, il
» n'aura pas le pouvoir de la vendre à un peu
» ple étranger, c. à d. à quelcun d'une autre
,, tribu , ou d'une autre famille. Que s'il l'a
» fiancée à ſon fils, ils feront pour elle ſelon
» le droit des filles, le pere, en lui conſtituant
» une dot , comme à ſa propre fille, & le fils,
» en ſe conduiſant avec elle, comme avec une
» épouſe légitime : mais ſi le fils marié avec
» l'eſclave de ſon pere , prend une autre fem
» me pour lui $ à ſon choix , il ne retran
» chera rien de la nourriture , des habits, &
» de la ſociété conjugale qui ſont dûs à la pre
» miere, & s'il ne fait pas pour elle ces trois
» choſes-là, il ſera libre à la femme eſclave de
» ſortir de cette maiſon , ſans payer aucun
» argent.
D. Vous avez dit que Dieu ordonnoit auſſi
dans ces loix, ou ces jugemens, la punition des
meurtriers, des parricides , des larrons d'hommes,
de ceux qui maudiſſent pere 85 mere, qui ſe
quérellent 85 qui ſe bleſſent. Quelle étoit donc
la peine denoncée pour tous ces diffèrens delits ?
R. Voici ce que portoient les Loix de Dieu.
, Si quelcun frappe un homme de propos déli Exod.
» beré, & qu'il en meure, on le fera mourir I2 # *- 27.
!
» de mort violente. Que s'il ne lui a point dreſ
» ſé d'embuches, & qu'il n'ait eu aucun deſ
» ſein de le tuer ; mais que Dieu par une di
», reciion particuliere de la providence, ait permis
22 qu'il ſoit mort de ſes mains ; je t'établirai un
» lieu d'azile, ou de refuge, où il pourra s'en
• fuir, & y être en ſureté. Mais ſi q#
»» S C
364 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» s'eſt élevé de propos déliberé contre ſon pro
» chain pour le tuer en trahiſon, & qu'il ſe
» refugie à mon autel, tu le tireras de là pour
» le faire mourir. Celui qui aura frappé ſon
» pere , ou ſa mere, ſera puni de mort. Si quel
, cun dérobe un homme & le vend, ou s'il
, eſt trouvé entre ſes mains, avant de l'avoir
,, vendu , on le fera mourrir de mort violente,
» ſans remiUion. Celui qui aura maudit ſon pe
» re, ou ſa mere, ſera de même puni de mort.
» Si quelques perſonnes ayant eu querelle en
» ſemble, & que l'une ait frappé l'autre d'une
» pierre, ou du poing , dont elle ne ſoit pas
» morte, mais qu'elle ſoit reduite à gardcr le
» lit ; ſi dans la ſuite elle quitte le lit, & qu'el
» le ſoit en état de ſortir de la maiſon , quoi
» que foible & appuyée ſur ſon bâton ; celui
,, ou celle qui l'aura frappé ſera abſous ; mais
» il la dédommagera de ce qu'elle aura perdu à
» cauſe de ſa maladie , pour n'avoir pit tra
», vailler 83 vaquer à ſes affaires & en payera
» tous les fraix. Si quelcun a frappé d'un bâ
,, ton ſon eſclave, homme, ou femme, & qu'il
» meure ſous ſa main, ou ſur le champ, des coups
,, qu'il aura reçus, on ne manquera point de
» le punir comme meurtrier ; mais s'il ſurvit
» un jour ou deux, le maitre qui l'a frappé
» n'en ſera pas puni ; parce qu'il l'a acquis de
» ſon argent, 83 qu'il n'eſt pas à préſumer qu'il
ait voulu le tuer, 83 ſe priver de ſon ſervice.
» Si des hommes ſe querellent & que l'un d'eux
» frappe une femme enceinte, qui ſeroit inter
•, venuë dans leur querelle , & qu'elle accouche
,, avant le terme ; s'il n'y a pas cas de mort ,
» il ſera condamné à l'amende, telle que le #
»» ClC
MIs E N C A T E C H I s M E. 36 ;
» de la femme la demandera , & il la donnera
» ſelon que les Juges en auront décidé. Mais
» s'il y a cas de mort de la mere ou de l'en
» fant, tu donneras vie pour vie, c. à d. tu
ôteras la vie à celui qui l'aura ôtée à un autre.
Il en ſera de meme de toute autre bleſſitre qu'au
za reçue quelcun de la part de ſon prochain :
La peine ſera toujours proportionnée à la bleſſure
faite : Ainſi l'on donnera " œil pour œil, dent
» pour dent , main pour main , pied pour pied,
» brulûre pour brulûre , playe pour playe,
» meurtriſſùre pour meurtriſſure ; c. à d. que ce
liti qui aura bleſſe un œil, caſſe une dent, eſiro
pié une main ou un pied, cauſé quelque brulure
85 meurtriſſure ou fait quelque playe, devra
être condamné par les Juges , à une peine qui
ait quelque proportion , ou quelque raport à la
playe qu'il aura faite, 85 au mal qu'il aura
,, cauſe. Si quelcun , par exemple, frappe l'œil
» de ſon ſerviteur ou de ſa ſervante, juſques
» à lui en ôter l'uſage ; il en ſera quitte pour
» ſon œil, & il en ſera de même de cclui qui
,, aura fait tomber une dent. '
D. Mais ſi le dommage fait au prochain , étois
cauſe par une bête qui appartint à autrui ; qu'en
de voit-il arriver * -

R. La loi de Dieu ordonnoit ſur cela ce qui


ſuit. " Si un bœuf, ou quelque autre bête de Exo4.
,, cette eſpéce, heurte de ſa corne un homme XX I. ,
» ou une femme, & que la perſonne en meu 28 - 36.
,, re ; le bœuf ſera lapidé ſans remiſſion, &
» l'on ne mangera point de ſa chair ; mais le
» maitre du bœuf ſera abſous ; il en ſera quitte
,, poitr la perte de ſa bête. Que ſi le bœuf avoit
» auParavant accoutumé de heurter de ſa cor
s» Ilº
g66 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» ne, & que ſon maitre en eut été averti en
» préſence de témoins, & qu'il ne l'eut point
» renfermé ; s'il tué un homme ou une femme,
» le bœuf ſera lapidé, & on fera auſſi mourir
, ſon maitre. Que ſi le Juge , ou l'héritier du
» mort, lui impoſe une amende pécuniaire pour
» ſe racheter de la vie ; il payera la rançon
· ,, qui lui aura été impoſée. Si le bœuf heurte
» de ſa corne un fils ou une fille, libres, l'on
» en jugera auſſi ſuivant cette loi : mais ſi le
» bœuf heurte de ſa corne un eſclave, ſoit
» homme, ſoit femme, celui à qui eſt le bœuf
» donnera trente ſicles d'argent ( qui font 45.
•, Livres tournois ) au maitre de l'eſclave , & le
» bœuf ſera lapidé.
,, Si quelcun découvre, ou creuſe une foſſe
» & ne la couvre point, & qu'il y tombe un
» bœuf ou un ane , ou quelque autre animal
,, utile, celui qui l'aura creuſée, ou découver
•, te, reſtituera la valeur du bœuf en argent
», à ſon maitre ; mais la bète morte ſera à lui.
s, Que ſi le bœuf de quelcun bleſſe le bœuf de
,, ſon prochain & qu'il en meure, ils vendront
2, le bœuf vivant, & en partageront l'argent
, par moitié , auſſi bien que le bœuf mort :
,, mais s'il eſt notoire que le bœuf vivant avoit
» auparavant accoutumé de frapper de ſa corne,
,, & qu'il n'ait pas été ſous la garde de quel
,, qu'un, le maitre reſtituera bœuf pour bœuf,
», & le bœuf mort ſera à lui.
D. Quelles autres ordonnances Dieu ajouta-t-il
à celles-la *
R. Il ajouta les ſuivantes, contre ceux qui
cauſent du dommage à leur prochain par lar
CIIl »
M Is E N C A T E c H I s M E. 367
cin, par fraude, ou par négligence. " Si quel Exad.
,, cun, dit-il, dérobe un bœuf, ou un che XXII.
,, vreau, ou un agneau, ou quelque autre ani I - 15.
,, mal d'uſage à ſon maitre ; ſoit qu'il le tué,
,, ou qu'il le vende, avant qu'on ait découvert
,, qu'il les a volés , il reſtituera cinq bœufs
,, pour un bœuf , & quatre brebis pour une
,, brebis ( a ). Que ſi le larron eſt trouvé de
,, nuit, perçant , ou briſant quelque porte, ou
s, meuble de la maiſon, & qu'il y reçoive un
,, coup , ou une bleſſure dont il meure ; celui
,, qui l'aura frappé ne ſera point puni comme
,, meurtrier ; mais s'il tué le voleur après le
,, lever du Soleil , 85 dans le tems qu'il peut
voir clairement qui il eſt, $ ce qu'il fait, il
,, ſera puni de mort : Et s'il laiſſe la vie au vo
» leur, celui-ci fera une entiere reſtitution de
, tout ce qu'il aura pris, ou endommagé, &
• s'il n'a pas de quoi le rendre, il ſera vendu
» pour payer ſon larcin : Si ce qui a été dé
» robé ſe trouve chez lui encore vivant ; que
» ce ſoit un bœuf, un ane , une brebis , ou
» une chévre, il rendra le double. Si quelcun
» fait quelque dégât dans un champ, ou dans
» une vigne, ou dans quelque autre poſſeſſion ,
29 C

( a ) cinq bœufs pour un bœuf $ quatre brebis pour


une brebis. La difference de reſtitution que Dieu met
ici entre un bœuf & une brebis volés , vient ſans
doute de ce que la perte du premier cauſoit un plus
grand dommage, que celle du ſecond ; mais auſſi de
ce qu'il étoit plus facile de dérober un bœuf qui s'é-
gare plus volontiers , qu'une brebis qui reſte pour
1'ordinaite attachée au troupeau, ſous la gºrde du
bcrger.
368 L'A N c I E N TEsTAMENT
» & qu'il laiſſe paître par négligence, ou de pro
,, pos déliberé, ſon bétail dans la poſſeſſion d'au
» trui, il donnera ce qu'il aura de meilleur dans
» ſon champ, ou dans ſa vigne , ou dans ſa
,, poſſeJion , pour payer le dommage, ſelon
,, l'eſtimation qui en aura été faite. Si quelcun
ayant mis le feu à des hayes , des épines ou au
» tres matieres combuſtibles, & que ce feu vien
» ne à gagner des gerbes amoncelées, ou le
», grain encore ſur pied dans le champ, celui
» qui aura allumé le feu, payera toute la perte
» qu'il aura cauſée. Si quelcun met en dépôt
» chez ſon ami de l'argent , ou des vaſes, &
» qu'on les dérobe chez le dépoſitaire ; ſi l'on
» trouve le larron il rendra le double ; mais ſi
» le larron ne ſe trouve point, on fera venir
» le maitre de la maiſon devant les Juges, pour
» connoitre s'il n'a point mis ſa main ſur le
» bien de ſon prochain : Et s'il eſt queſtion de
» quelque choſe où il y ait ſoupçon de fraude
» chez le dépoſitaire, que ce ſoit un bœuf,
» ou un ane, ou une brebis , ou une chévre,
,, ou un vêtement ; quoi que ce ſoit qui ait été
» perdu, dont quelcun dira que ce dépôt lui
» appartient, la cauſe des deux parties viendra
, devant les Juges, & ſi le dépoſitaire eſt trou
» vé coupable , il rendra à celui à qui étoit
» le dépôt, le double de la choſe perduë. Si
» quelcun donne ſimplement à garder à ſon pro
» chain un ane, un bœuf, quelque menue ou
» groſſe bête de ſervice, & qu'elle meure, ou
» qu'elle ſe ſoit caſſé quelque membre, ou qu'on
,, l'ait emmenée, ſans que perſonne l'ait , vû ;
» le jurement fait au nom de l'Eternel que l'on
» prend à témoin de la vélité de ce que l'on
» dit »
Nt 1 s E N C A T E c H I s M E. 369
, dit, interviendra entre les deux parties , pour
» ſavoir ſi celui qui avoit la béte en garde, n'a
,, point mis la main ſur le bien de ſou pro
., chain , & le maitre de la bète s'en tiendra
,, à ce ſerment , & n'obligera point l'autre à
,s payer la perte : mais s'il eſt vrai qu'elle lui
» ait été dérobée par négligence, ou connivence
,, de ſa part, il en dédommagera la valeur à
» ſon maitre. S'il conſte qu'elle ait été déchi
,, rée par les bêtes ſauvages , il lui en apporte
,, ra des marques , ou en produira des témoins ,
•, & il ne ſera point obligé à reſtituer ce qui
2, a été déchiré : ſi mon, il devra en rendre la va
,, leur. Si quelcun a emprunté de ſon prochain
-, quelque bête, & qu'elle ſe caſſe un membre ,
», ou qu'elle meure, ſon maitre n'y étant point
•, préſent, il devra ſans manquer en rendre la
,, valeur : mais ſi le maitre de la bête eſt avec
,, lui, il ne rendra rien, & ſi elle a été louée,
,, on en payera ſeulement le louage.
D. Vous avez auſſi parle de quelq::es loix mo
prie, que
2rales dans Dieu ajouta
l'ordre alors.
qu'elles ſont: Indiquez les , je vous
rapportées. •

R. Les voici tout de ſuite , telles que Moï


ſe les rapporte. " Si quelcun ſuborne une vier- , Exod.
» ge non fiancée & couche avec clle, il faut #
» qu'il ſe hâte de la prendre pour ſa femme ; ' -3
» mais ſi le pere de la fille refuſe abſolument
» de la lui donner, il lui comptera autant d'ar
» gent qu'on en donne pour la dot des vier
», ges, qgi étoit de cinquante ſicles. Deut. XX1I.
2, 2o. Tu ne laiſſèras point vivre la ſorciere qui
» ſe mèle de magie, d'enchantentent , ou de quel
s» qtte commerce avec le déiiioit. Celui qui aura
» eu la compagnie d'une bète, ſera puni de mort
ſºume la A a ,, Cc
37o L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, Celui qui ſacrifie à d'autres Dieux qu'à l'E-
, ternel ſeul , ſera détruit à la façon de l'in
» terdit, c. à d. condamne à la mort ſans au
,, cune remiJion. Tu ne fouleras ni n'opprime
, ras point l'étranger, paſſant ou habitant dans
le pays , ni par parole, ni par action contraire
à l'humanité ; mais tu auras pour lui tous les
égards que ſon état pourra exiger de toi. " Car
,, vous avez été étrangers au pays d'Egypte.
,, Vous ne ferez aucun tort à la veuve ni à
, l'orphelin : Si vous leur faites tort en quoi
,, que ce ſoit, & qu'ils crient à moi , certai
•, nement je ferai attention à leurs cris, & ma
» colère s'embraſera contre ceux qui leur auront
e, fait tort, & je les ferai mourir par l'épée :
» leurs femmes ſeront veuves & leurs enfans or
» phelins.
, Si tu prêtes de l'argent à quelcun de mon
, peuple, que tu connoiſſes pauvre 83 dans le
•, beſoin ; tu ne le preſſeras point de te le ren
», dre , comme fait un exacteur impitoyable, &
,, vous n'en tirerez aucune uſure.
,, Si tu prends en gage le ſeul habit qu'ait
se ton prochain , tu le lui rendras avant que
» le ſoleil ſoit couché , car il n'a point d'au
» tre habit pour ſe vêtir & pour ſe couvrir ,
», quand il dort : S'il arrive donc qu'il crie à
,, moi, je l'exaucerai ; parce que je ſuis miſé
•, ricordieux. Tu ne parleras point mal des Ju
», ges , & tu ne maudiras point le Prince de
,, ton peuple. Tu ne differeras point de payer
» les prémices de tes revenus, tant des moiſ
,, ſons , que des choſes liquides, comme vin ott
», huile. Tu me conſacreras auſſi le premier né
» de tes fils, en le rachetant à prix ºzº
MIs E N C A T E c H I s M E. 371
83 donnant
ſept cinq
Livres ſix ſousſicles pour ).chacun
tournois " Tu *feras
( qui
la font " Nomb.
mê- #IlI.
,, me choſe du premier né de ta vache, de ta "
» brebis & de ta chévre : Il ſera ſept jours
,, avec ſa mere, & le huitieme jour vous pour
,, rez me l'offrir en ſacrifice. Vous me ſerez
2, ſaints , c. à d. vous ferez voir en obſervant ces
préceptes, que vous êtes particulierement conſacrés
à mon ſervice. Par la meme raiſon , " vous ne
,, mangerez point de la chair d'un animal qui
» aura été déchiré par les bêtes ſauvages, mais
» vous la jetterez aux chiens, comme immonde.
,, Tu ne leveras point de faux bruits con- rvo .
,, tre perſonne. Tu ne t'engageras point avec X \ 444
,, celui dont la cauſe eſt mauvaiſe, pour être " "
,, témoin dans une afſaire qui faſſe du tort à
», ton prochain. Tu ne ſuivras point la fou'e,
» ni les grands pour faire le mal, & s'il s'agit
,, de procès, tu ne te laiſſeras point entrainer
», à répondre, ſelon le deſir de la multitude , ott
,, des Grands pour pervertir le droit , mais auſ
2, ſi tu ne favoriſeras point la cauſe du pau
vre , contre l'équité, ou ſeulement parce qti'il eſt
pauvre.
, Si tu rencontres le bœuf ou l'ane de ton
», ennemi égarés, tu les lui rameneras : Si tu
», vois l'ane de celui qui te hait abbattu ſous ſa
», charge, tu t'arrêteras pour le ſecourir, & tu
2, ne manqueras pas de le ſoulagcr ; Quand le
», pauvre qui eſt au milieu de toi , aura quel
», que procès dont tu doives décider, & qu'il
» ait droit, tu ne le condamneras point, com
» me ſ'il avoit tort. Tu t'éloigneras dans tes
»- Jºgemens de toute fauſſeté , & tu ne feras
•z Pºunt mourir l'innocent & le juſte : car je
A a 2 s» Ilº
372 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, ne tiendrai point pour juſte, ou plutôt je trat
,, terai, comme coupable d'injtgiice , le juge inique.
, Tu ne prendras point de préſens des parties
,, qui auront à plaider devant toi ; car le préſent
» aveugle les plus éclairés, 85 empêche qu'ils ne
,, voyent la vérité dans tout ſon joiir, & il per
,, vertit les paroles des juſtes , ou les jugemens
de ceux qui ſans cela auroient le mieux adminijiré
,, la juſtice. Tu n'opprimeras point l'étranger
dans tes jugemens , mais tu lui feras droit ,
2, comme à cettx du pays : Car vous ſavez ce
,, que c'eſt que d'ètre étranger , puiſque vous
» l'avez été au pays d'Egypte.
D. Vous avez dit enfin que dans ces Loix que
Dieu donna à Moiſe ſiir le mont Sinai d'abord
après les dix commandemens , il y en avoit qui
regardoient l'extérieur de la Religion ; Rappor
tez - les *
R. Ce ſont celles qui regardent l'année Sab
batique ; le ſabbat mème de chaque ſemaine ;
les trois grandes fètes qui ſe célébroient dans
l'année & quelques autres particulieres, qui
Mxcd. ſont toutes compriſes dans ce qui ſuit. " Pen
XXI I I. ,, dant ſix ans, tu pourras ſemer ta terre & en
HQ - 19,
,, recueillir les fruits chaque année : mais la
,, ſeptieme année tu ne la cultiveras point, &
, tu la laiſſeras repoſer ; afin que les pauvres
, de ton peuple mangent les fruits & les plan
,, tes que produira la terre ſans être cultivée ,
,, & que les bètes des champs mangent ce qui
,, reſtera. Tu en feras de mème de ta vigne &
,, de tes oliviers : tu en laiſeras aux pauvres les
fruits qu'ils rapporteront ſans être cultives la
,, ſeptieme année. Tu travailleras ſix jours ; mais
» tu te repoſeras au ſeptieme jour ; afin que
- - s» tOſ3
A•

M I s E N C A T E c H I s M E. 373

s, ton bœuf & ton ane ſe repoſent, & que les


,, eſclaves , & les étrangers qui ſont à ton ſer
,, vice ayent quelque relâche. Vous prendrez
,, garde à toutes les choſes que je vous ai com
,, mandées ſur ce ſujet. Vous ne ferez aucune
,, mention du nom des Dieux étrangers , dans
le culte que vous aurez à rendre à l' Eternel vô
,, tre Dieu. On ne l'entendra jamais ſortir de
,, vôtre bouche pour aucun culte ſacré. Trois
» fois l'an , tu me célébreras une fète ſolemnel
,, le : Dans la premiere qui eſt celle de Pâque,
», tu obſerveras la ſolemnité des pains ſans le
,, vain , pendant ſept jours, comme je te l'ai
,, commandé , en la ſaiſon & au mois que les
,, épis meuriſſent; car en ce mois - là, tu es
,, ſorti d'Egypte, & nul ne ſe préſentera alors
,, devant ma face , ou dans mon ſanctuaire pour
,, m'y rendre ſes hommages les mains vuides ,
ou ſans m'offrir quelque choſe , 85 en particulier
des premiers fruits de ſa moiſſon. Vous celebrerez
,, enſuite la ſeconde fete ſolemnelle, dite la Pen
,, tecôte qui eſt celle de la moiſſon du blé oit des
,, premiers fruits de ton travail, & de ce que
,, tu auras ſemé au champ. Et la troiſieme que
,, vous devez célébrer, c'eſt la fète ſolemnelle de
,, la récolte, ou des Tabernacles, après la fin
,, de l'année civile, quand on aura recueilli tous
,, les fruits du champ que tu auras eu ſoin de
,, cultiver. Trois fois l'an , ou dans ces trois fé
» tes ſolemnelles , tous les mâles ( a ) d'entre .
A a 3 2 , VOllS

( a ) Tous les mâles. L'on en excepte 1 ". les en


fans au deſſous de 12. ans. 2°. Tous les vieillards au
deſſus de 6o. ans. 3°. Tous les malades , les impotens
& toutes les perſonnes trop foibles pour pouvoir ſe
rendre à pied juſqu'à Jeruſalem, ou à l'autel.
374 t'A N c 1 E N TEsT A M EN r

,, vous qui le pourront, ſe préſenteront devant


,, le Seigneur l'Eternel dans ſon ſanctuaire Quand
», tu me ſacrifieras l'Agneau l'aſcal , & que tu
», répandras le ſang de ce ſacrifice qui doit m'è-
» tre offert , tu auras ſoin qu'il n'y ait point
,, de pain levé dans ta maiſon ; & tu ne gar
,, deras quoi que ce ſoit de la graiſſe de cet
,, agneau , pendant la nuit juſqu'au matin :
,, Dans la fète de la Pentecôte , tu apporteras
,, en la maiſon de l'Eternel ton Dieu , qui eſt
,, ſon tabernacle, ou ſon temple , les prémices
» de tous les premiers fruits de la terre. Tu
» ne feras point cuire le chevreau dans le lait
» de ſa mcre ( a ).
D Comment Dieu conclut - il la déclaration
qu'il fit à Moïſe des ordonnances ſuivant leſquel
les il vouloit que ſon peuple ſe conduiſit à l'a-
venir ?
R. Ii la conclut par une promeſſe qu'il leur
ſait de leur envoyer ſon Ange qui les con
duiroit dans le pays de Canaan , qui en chaſ
ſeroit les habitans pour les en mettre en poſ
ſeſſion , & qui les y feroit jouïr d'une écla
tante proſpérité ; pourvû que de leur côté ils
- écou

( a ) Dans le lait de ſa mere. Ce précepte peut


avoir deux ſens tout naturels ; le premier qui eſt con
| forme à ce qui a été dit ci-deſſus Exod. XXII. 29 ,
3o. c'eſt que l'on ne devoit point offrir à Dieu de
chevreau pendant les ſept premiers jours qu'il tettoit
ſa mere , ni par conſéquent le cuire ou le manger
avant ces ſept jours accomplis. Le ſecond eſt que
cette deffenſe priſe à la lettre eſt oppoſée à quelque
coutume des idolâtres qui étoit connue des Juifs &
que Dieu leur ordonne de ne pas imiter, pour ne
rien faire qui ſentit l'idolâtrit.
11 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 375
écoutaſſent ſa voix, qu'ils obſervaſſent ſes com
mandemens , & qu'ils ne ſerviſſent point d'au
tres Dieux que l'Eternel leur Dieu : Cette pro
meſſe & cette condition ſont exprimées en ces
termes. * Voici j'envoye un Ange ( a ) devant F. .
»» tO1 » XXIII.
2O - 33

( a ) J'envoye un Ange. Quelques Interprêtes en


tendent par cet Ange Jéſus Chriſt lui - même , le fils de
, Dieu qui eſt appelé dans Malachie Chap. III. 1. l'Ange
de l'alliance, & de qui il eſt dit ici v. 2 1. que le nom
de Dieu eſt en lui ; ce que l'on ne pourroit dire à la
lettre d'aucun autre que du fils de Dieu : Mais n'eſt
ce point aller contre toutes les idées que nous don
ne la Révélation de ce divin Sauveur qui nous eſt
repréſenté par tout , comme Médiateur de la nouvelle
alliance, & non de l'ancienne ? Outre qu'il n'y a rien
dans toute la ſuite de cette hiſtoire qui indique le
fils de Dieu, comme le Conducteur des Juifs, & dont
ils devoient reſpecter les ordres , comme ceux de
Dieu-même. La plûpart des Juifs l'entendent de l'Ange
Micaël qui eſt appelé dans Daniel X. 13 2 1. le Chef
des armées de l'Eternel. D'autres ſans rien déterminer,
croyent que ce pourroit être une de ces lntelligences
céleſtes toujours prétes à exécuter les ordres de Dieu,
& dont il ſe ſert pour faire connoitre ſa volonté aux
hommes d'une maniere viſible : mais par ce qui en
eſt dit ici , cet Ange devoit être connu des Juifs ;
puiſqu'il devoit les conduire par le chemin , avoir
ſoin d'eux, les introduire dans la terre de Canaan ; .
éS& qu'eux de leur côté devoient obéïr à ſes ordres ,
comme à ceux de Dieu qui parleroit par ſa bouche,
& ne le point provoquer à colère par leurs murmures
& leur déſobéiſſance. Cependant il ne paroit pas qu'au
cun Ange en particulier ſe ſoit fait connoitre à eux
ſous ces qualités. Toutes ces réflexions ont fait penſer
à quelques autres , que par cet Ange l'on pouvoit
tort bien entendre Moiſe lui-même & Joſué après lui.
1'on ſait que le mot d'Ange en Hébreu & en grec,
ſignifie proprement Envoyé, & il parcit que ce titre
2U

A a 4
376 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, toi , afin qu'il te garde, ou qu'il ait ſoin de
,, toi dans le chemin , & qu'il t'introduiſe au
,, lieu que je t'ai préparé. Donne-toi bien gar
,, de de l'offenſer : Ecoute plutôt ſa voix , &
,, ne le provoque point à colère par ta déſo
,, béiſſance; car il ne laiſſera point impunies vos
,, offenſes , puiſqu'il parle $ agit en mon nom.
,, Mais ſi tu écoutes attentivement ſà voix ,
,, & ſi tu fais tout ce que je te dirai par ſa
, bouche ; je ſerai l'ennemi de tes ennemis ;
,, j'affligerai ceux qui t'afiligeront ; car mon Ange
,, marchera devant toi , ou te conduira , & t'in
,, troduira dans le pays des Amorrhéens , des
» Héthiens, des Phéréſiens, des Cananéens ,
,, des Héviens, & des Jébuſiens , & je les ex
, terminerai. Tu ne te proſterneras point de
,, vant leurs Dieux ni ne leur rendras aucun
,, culte, & tu n'imiteras point en cela ces na
,, tions ; mais tu les détruiras entierement &
» tu briſeras leurs idoles & tous les objets de .
» leur culte. Vous ſervirez 85 adorerez uni
,, quement l'Eternel vôtre Dieu, & il bénira ton
,, pain & tes eaux ; c. à d. il te donnera abon
damment tous les alimens néceſſaires à la vie, 83
,, tu les feras ſervir à ton entretien ; & j'éloi
, gnerai de toi les maladies contagieuſes ; il n'y
,, aura point en ton pays, ou bien rarement, de
» femelle qui avorte entre les animaux , ni de
» femme ſtérile ; j'accomplirai le nombre de tes
,, jours, en te faiſant parvenir à une heureuſe
- ,, vieil

auſſi bien que tout ce qui eſt dit ici, convient parfºi
tement à l'un ou à l'autre de ces deux conducteurs
du peuple d'iſraèl , plûtôt qu'au fils de Dieu ou aux
Anges.
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 377
4

,, vieilleſſe. La terreur de mon nom & de ma


, puiſſance ſaiſira les peuples , dont tu dois oc
,, cuper le pays, je répandrai l'épouvante parmi
, eux , avant que tu arrives dans leur pays ,
, & je ferai que tes ennemis fuiront devant
,, toi. J'enverrai pour cet effet ſur eux, des fre
,, lons qui obligeront les Héviens , les Cana
,, néens, & les Héthiens de s'enfuir avant que
» tu arrives chez eux. Je ne les chaſſerai point
, de devant ta face dans une ſeule année ; de
,, peur que le pays ne devienne déſert faute
,, d'habitans , & que les bêtes ſauvages ne s'y
2, multiplient pour ton malheur : mais je les
,, chaſſerai peu - à - peu de devant toi ; juſqu'à
,, ce que tu ſois en plus grand nombre, & que
,, tu puiſſes poſſéder tout le pays ; lequel aura
,, pour bornes la mer rouge au Levant, & la
,, mer des Philiſtins , ou la Méditerranée au cou
,, chant, les déſerts d'Arabie au midi , & le
, fieuve d'Euphrate au ſeptentrion : car je livre
,, rai entre tes mains les habitans du pays ren
,, fermés duns ces limites, & les chaſſerai devant
,, toi. Tu ne traiteras point d'alliance avec eux ,
», & tu ne permettras point qu'on y rende au
,, cun hommage à leurs Dieux. Ils n'habiteront
2, point en ton pays, à moins qu'ils ne remon
.,, cent à leur idolâtrie ; de peur qu'ils ne t'en
' •, trainent par leur exemple à pécher contre moi ;
» car tu ſervirois leurs Dieux & cela te ſeroit
2 en piège, 85 t'attireroit les plus grands mal
beurs. " - -

A a 5 C HA
378 L'A N c I E N T E s T A M E N r

C H A P I T R E X X V.

Contenant le rapport que fit Moïſe au peu


ple des Loix qu'il avoit reçues de Dieu
pour leur conduite ; les engagemens du
peuple à les obſerver ; & le retour de
Moïſe au mont Sinaï , où il demeura
quarante jours & quarante nuits, pour
s'entretenir avec Dieu qui lui donna
pendant ce tems - là le modèle du Ta- .
bernacle & de toutes ſes parties.
D. A Près que l'Eternel eut ainſi parlé à Moi
ſe, comment ce ſaint homme s'acquita
t-il de la commiJion qu'il en avoit reçue auprès
du peuple d'Iſraël , 85 quel en fut le ſuccès ?
R. Après que Dieu eut dit à Moïſe tout ce
qui vient d'être expoſé , pour le rapporter au
peuple d'Iſrael ; & avant que ce ſaint homme
Exod. deſcendit de la montagne, " Dieu lui dit en
XXI V. ,, core que quand il y reviendroit pour recevoir
*" de l'Eternel de nouveaux ordres, il devoit pren
,, dre avec lui Aaron , Nadab & Abihu ſes
,, fils , & ſoixante & dix des Anciens d'Iſraël,
qui étoient les Chef des familles 83 diſtingués du
reſte de la mation ; pour être les témoins de la
,, gloire reſervée à Moïſe ; leſquels devoient ſe
,, proſterner de loin devant l'Eternel ou devant le
,, ſimbole de ſa préſence, & que Moïſe ſeul s'ap
,, procheroit de l'Eternel, ou entreroit dans la
nuée lumineuſe au ſommet de la montagne, mais
»» IlOI à
'. • º-
M 1s EN C A T E c H I s M E. 3 /»
, non pas eux, ni aucun du peuple avec lui :
,, Après quoi Moiſe vint & communiqua au
,, peuple, par la bouche d'Aaron 85 des Anciens,
, toutes les Loix qu'il avoit reques de Dieu ,
outre le Décalogue que le peuple avoit déja en
,, tendu, & tout le peuple répondit de nouveau
,, tout d'une voix, qu'il feroit toutes les cho
,, ſes que l'Eternel avoit dites. Alors Moïſe ,
pour ratifier autant qu'il dépendoit de lui l'al
,, liance de Dieu avec ce peuple , écrivit toutes
,, les ordonnances du Seigneur, & s'étant levé
,, le lendemain de bon matin , il bâtit un au
,, tel de gazon au bas de la montagne , repré
,, ſentant le trône de la divinité , & dreſſa pour
,, monument douze pierres mon taillées pour re
,, préſenter les douze Tribus d'Iſraël ; & il en
» voya chercher des animaux pour le ſacrifice,
» par des jeunes hommes Iſraelites qui lui aidé
» rent à offrir des holocauſtes ſur cet autel ,
» & à immoler des veaux à l'Eternel pour des
, ſacrifices de proſpérités : Et Moiſe prit la
, moitié du ſang de ces victimes qu'il mit dans
, des baſſins , & répandit l'autre moitié ſur
» l'autel. Enſuite il prit le Livre où il avoit
écrit les paroles de l'alliance, que Dieu vouloit
,, traiter avec ſon peuple : il le lût , le peuple
» l'écoutant, qui dit après l'avoir entendu : nous
» ferons tout ce que l'Eternel a dit , & nous
» lui obéirons en tout. Après cela Moïſe prit le
» ſang qui étoit dans les baſſins & le répandit
» ſur le peuple, ſoit ſur les douze pierres qui
», le repréſentoient, en diſant ; voici le ſang
,, qui eſt le ſceau de l'alliance que l'Eternel a
2» traitée avec vous ſelon toutes ces paroles
» Puis Moïſe, Aaron, Nadab, Abihu & les
,, ſoi
38o L'A N c I E N T E s T A M E N T
» ſoixante & dix Anciens d'Iſraël montérent
» ſur la montagne, & ils virent le Dieu d'Iſrael,
,, ou le ſimbole de ſa préſence , & ſous ſes pieds
» comme un ouvrage de carreaux de Saphir qui
» reſſembloit au ciel , lorſqu'il eſt ſerein , &
,, il n'arriva aucun mal , à ceux qui avoient
,, été choiſis d'entre les enfans d'Iſrael, quoiqu'ils
» euſſent vu ce glorieux ſimbole : Ils virent Dieu
,, & ils mangérent & burent , ou continuerent de
jouir de la vie comme auparavant.
D. Quelle fut la ſuite de cette viſion glo
rieuſe ?
Exod. R. ,, L'Eternel dit à Moiſe, d'une voix qui
XX I V.
I2 - I8. fut ſans doute entenduë par ceux qui étoient avec
lui $ qui devoient en rendre témoignage au peu
,, ple : Monte vers moi au plus haut de la mon
,, tagne & demeure-là , & je te donnerai des
,, Tables de pierre, où j'ai écrit ma Loi & mes
» dix commandemens pour ſervir de régle ait
,, peuple. Alors Moiſe s'étant levé pour obéir à
» l'ordre de Dieu, prit avec lui Joſué qui le
,, ſervoit ; & avant de monter ſur le haut de
,, la montagne , il dit aux Anciens d'Iſrael :
,, Demeurez ici au bas de la montagne en nous
,, attendant, juſqu'à ce que nous retournions
,, vers vous : Voici Aaron & Hur qui ſeronº
» avec vous , & ſi quelcun du peuple a quelque
» affaire à démêler, ou à conſulter , il pourra
» s'adreſſer à eux , comme à nous : Moiſe donc
» monta avec Joſué ſur la montagne, & une
,, nuée couvrit le deſſus de la montagne & le
,, ſimbole de la gloire de l'Eternel demeura au
,, ſommet de la montagne. La nuée la couvrit
•, pendant ſix jours , & au ſeptieme l'Eternel
• appela Moïſe du milieu de la nuée pour qu'il
2, 1n9M
fM I s E N C A T E c H I s M E. 38 r
,, montât ſeul encore plus haut. Or ce qu'on
,, voyoit de la gloire de l'Eternel au ſommet
,, de la montagne , étoit comme un feu conſu
, mant, ou une flamme re#lendiſſante qui ſortoit
,, de tous côtés du ſein de la nuee, que tous les
,, Enfans d'Iſrael purent voir. Et Moiſe entra
» dans cette nuée lumineuſe juſques au plus
,, haut de la montagne , & y reſta quarante
,, jours & quarante nuits.
D. Qu'eſt ce qui ſe paſſa pendant tout ce tems
là entre l' Eternel 8# Moiſe ?
R. Si l'on doit s'en tenir uniquement à ce
qui eſt rapporté dans la ſuite ; quoique cela
ait pû ſe faire en moins de tems que quarantc
jours & quarante nuits ; l'Eternel donne d'a-
bord à Moiſe ſes ordres pour la conſtruction
du Tabernacle , ou du Templc portatif, où
il vouloit qu'on lui rendit délormais les hom
mages qui lui ſont dûs. Pour cet effet après lui
avoir indiqué en général ce qu'il devoit deman
der aux Iſraëlites pour ſe mettre en état de
fournir à la dépenſe de la conſtruction du Ta
bernacle, il lui donne le modèle & les propor
tions des précieux ouvrages qui devoient y être
renfermés, ſavoir de l'Arche avec ſon couvercle,
de la Table des pains de propoſition , & du
chandelier avec ſa garniture. Il paſſe de - là à
décrire la façon dont devoit être compoſé l'ex
térieur de cet édifice ſacré, & les diffèrentes
parties qui en devoient former l'intérieur ; avec
le détail de ce qui dévoit entrer dans chacune
de ces parties & l'uſage que l'on en devoit
1d1f6|.

D. Pour reprendre chacun des articles dont


',0//s
882 L'A N c I E N T E s T A M E N T
vous venez de parler : Quelles furent les inſtruc
tions que Moiſe reçut de Dieu, ſur ce qu'il de
voit demander aux Iſraelites , pour ſe mettre en
Exod. état de conſiruire le Tabernacle ?
X X V. R. L'Eternel dit d'abord à Moïſe ; Dès que
E -9-
» tu ſeras de retour au camp, parle aux Enfans
» d'Iſrael & qu'ils me préparent des offrandes ;
» mais vous n'en prendrez que de ceux qui
» voudront les donner volontairement ; Et ce
,, ſera ici les offrandes que vous recevrez d'eux ;
, de l'or, de l'argent, de l'airain , de la pour
,, pre , de l'écarlate, du cramoiſi, ou des
,, étoffes teintes de ces couleurs , du fin lin ,
» des poils de chévres , des peaux de mou
,, ton teintes en rouge , & des peaux tein
, tes en violet ; du bois de Sittim, ou d'Aca
, cia ( a ), de l'huile pour la lampe ; des aro
» mates pour miettre dans l'huile qui devra ſer
2, Vii

( a ) De Sittin , ou d'Acacia. Quoique les Inter


prétes & les anciennes verſions ayent fort variés dans
la deſcription du bois appelé dans l'Hebreu Sittim ,
dont Dieu ordonna à Moïſe de faire proviſion pour
l'employer à la conſtruction du Tabernacle , l'on con
vient à préſent aſſez généralement que ce ne pouvoit
guères être que le bois qui nous eſt connu ſous le
nom d'Acacia, dont les Arabes recueillent la gomme
que l'on nomme Arabique ; car outre que cet arbre
eſt très commun dans les deſerts d'Arabie où étoient
alors les Juifs ; les qualités qu'on lui attribue con
viennent très - bien à l'uſage que Dieu en vouloit fairc.
L'Acacia eſt un arbre des plus grands , & dont l'on
peut faire de très larges planches : ll ſurpaſſe la plû
part des autres en force , en folidité , en beauté &
en légéreté ; il reçoit un poli des plus beaux, & il
dure ſi long tems ou ſe corrompt ſi peu, qu'on le di
ſoit incorruptible
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 383
» vir à l'onction des choſes ſacrées, & des dro
» gues pour le parfum ; des pierres d'onyx ,
» & des pierres précieuſes pour enchaſſer dans
s, l'Ephod & le pectoral. Tout cela ſervira à
» conſtruire un ſanctuaire, ou un lieu ſaint où
,, j'habiterai pour être au milieu d'eux ; con
, formément à tout ce que je te vai montrer ;
, ſelon la forme du Tabernacle & de tous ſes
-, utenciles que je vai te décrire.
D. Comment l'Eternel décrit - il enſuite la ma
miere dont devoit être conſtruite l'Arche de l'al
liance qui ſeroit le principal ornement du Ta
bernacle ?
R. ,, Ils feront, dit - il, une Arche, ou un Exod,
, Coffre de bois de Sittim , oit d'Acacia. Sa lon X X V.
1Q - 22»
e, gueur ſera de deux coudées & demi, & ſa
» hauteur d'une coudée & demi. ( chaque cou
,, dee de 18. à 2o. pouces. ) Tu la couvriras de
s, pur or , tant par déhors que par dedans,
,, & tu feras au deſſus une eſpéce de rebord
», d'or tout autour. Tu fondras pour cette Arche
», quatre anneaux d'or que tu mettras à ſes
», quatre coins, ou ſes quatre pieds , deux d'un
, côté & deux d'un autre. Tu feras auſſi des
,, barres de bois de Sittim, ou d'Acacia & tu
,, les couvriras d'or. Puis tu feras entrer les
», barres dans les anneaux au côté de l'Arche,
,, afin que les Lévites portent avec elles l'Arche
», ſur leurs épaules. Les barres reiteront dans
» les anneaux de l'Arche & on ne les en tirera
», point. Tu mettras dans l'Arche , quand elle
» ſera faite le Témoignage, ou les Tables de la
2, Loi que je te donnerai. Tu feras auſſi un
»» Couvercle à cet Arche de pur or , qui ſera
2 » ºoiiiuié le Propitiatoire ; parce que Dieu ſe
7710/l-«
384 L'A N c I E N T E s T A M E N T
montrera propice à ceux qui s'adreſſeront à lui
,, dans ce lieu-là : Sa longeur ſera de deux cou
,, dées & demi, & ſa largeur d'une coudée &
,, demi, comme l'Arche. Tu feras deux Chéru
,, bins ( a ) d'or battu au marteau, qui ſorti
,, ront des deux bouts du Propitiatoire, l'un
,, deçà, l'autre delà ; c. à d. que les Chérubins
83 le Propitiatoire devoient être d'une ſeule pièce
de pur or, travaillée de maniere qu'elle ne com
poſit qu'un tout : * Et les Chérubins étendront
», deux de leurs aîles en haut, & des deux ait
», tres ils couvriront le Propitiatoire ; & les fa
», ces des deux Chérubins ſeront vis-à-vis l'une
s, de l'autre, regardants ſur le Propitiatoire ; &
2, tu poſeras le Propitiatoire au deſſus de l'Ar
», che, & tu mettras dans l'Arche le Témoigna
,, ge, ou les Tables de la Loi que je te donne
,, rai : Et je me trouverai là préſent avec toi ,
,, quand tu voudras me conſulter : & je te par
,, lerai , ou tu entendras ma voix de deſſus le
,, Propitiatoire, d'entre les deux Chérubins qui
, ſeront ſur l'Arche du Témoignage, & je te
» dirai

( a ) Deux chéruhius. Comme Moïſe ne décrit point


ici ni ailleurs la figure de ces Chérubins, ſi ce n'eſt
qu'il leur donne des ailes, l'on ne peut la déterminer
que par pure conjecture : mais celle qui paroit la plus
vraiſemblable eſt tirée de la deſcription qu'en donne le
Pronhête Ezéchiel Ch. I. & X. de ſes Révélations ,
où il les repréſente avec quatre faces , l'une qui avoit
la reſſemblance d'un homme , l'autre celle d'un Lion,
l'autre celle d'un Bœuf, & la quatrieme celle d'un
Aigle , avec quatre ailes , dont deux ſe joignoient
l'une à l'autre, au deiius de leur corps , & deux le
couvroient au deſſous
21 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 385
,, dirai toutes les choſes que j'aurai à te com
,, mander pour les Enfans d'Iſrael.
D. Comment eſt décrite la Table des pains de
propoſition que Moiſe devoit mettre dans le Ta
bernacle pour le ſervice de Dieu ?
Fro ?.
R. ,, Tu feras auſſi , dit l' Eternel à Moïſe, X X !V.
,, une Table de bois de Sittim ou d'Acacia ; ſa s3 - 39»
,, longueur ſera de deux coudées, ſa largeur d'u-
,, ne coudée , & ſa hauteur d'une coudée &
,, demi. Tu lui feras une couverture de pur
,, or qui aura un rebord d'or en deſſus tout à
,, l'entour. Tu feras auſſi au deſſus de ce re
,, bord à l'entour de la Table, pour empêcher
,, que rien n'en puiſſe tomber , un couronnement
,, haut de quatre doigts , & tout autour de
,, ce couronnement , tu feras encore un rebord
,, d'or. Tu mettras auſſi aux quatre coins qua
,, tre anneaux d'or , qui ſeront à ſes quatre
,, pieds, à l'oppoſite de la clôture d'en haut ;
,, afin d'y mettre les barres pour porter la Ta
,, ble, & tu feras ces barres de bois de Sittim,
,, ou d'Acacia & les couvriras d'or ; on s'en
» ſervira pour porter la Table. Tu feras auſſi
, les plats , - les taſſes , les gobelets & les baſ
, ſins deſtinés aux aſperſions à mettre ſitr cette
s, Table de pur or, & tu mettras ſur ces plats
, le pain qui doit m'être préſenté continuelle
» ment ( a ), ſans qu'il manque jamais.
1 D. Com

(a ) Continuellement. Nous apprenons d'ailleurs qu'on


renouvelloit ce pain tous les ſabbats , & que l'on en
mettoit toujours d'autres à la place ; enſorte que la
Table n'étoit jamais ſans pain;. peut être pour appren
dre aux lſraèlites qu'en ſervant Dieu ils recevroient
ſans celle de lui les alimens néceſſaires à la vie.
-- Tome I. B b
386 L'AN c 1 z N T E s T A M E N r
D. Comment eſt décrit le chandelier qui de
voit ſervir à éclairer le dedans du Tabernacle ?
Exod. R. » Tu feras auſſi, continue l'Eternel, un
XX V.
3I - 49.
,, chandelier de pur or maſſif fait au marteau ;
,, ſa tige , ſes branches , ſes plats deſtinés à re
cevoir l'huile qui tomberoit des lampes ; ſes pom
,, meaux & ſes fleurs qui ſeront pour l'ornement ,
,, feront une mème mafie avec le chandelier,
», le tout ſera d'une ſeule piece. Six branches ſor
,, tiront de ſa tige, trois d'un côté & trois d'un
,, autre : il y aura à chacune de ces branches
,, qui ſortiront de la tige , trois petits plats
,, en forme d'amande , un pommeau & une
•, fleur ; & dans la tige même du chandelier ,
,, il y aura quatre petits plats en forme d'a-
,, mande avec leurs pommeaux & leurs fleurs.
•, Il y aura auſſi à l'endroit de la tige du chan
, delier d'où ſortent deux branches, l'une d'un
», côté & l'autre de l'autre, un pommeau ſous
» chacune, de mème dans les ſix branches.
s, Ainſi tout le chandelier, avec ſes pommeaux
» & ſes branches, ne formera qu'un ſeul ouvra
,, ge fait au marteau & de pur or. Tu feras
,, auſſi ſept lampes qui ſeront poſées ſur les ſix
, branches de côté, & une ſur la tige du mi
•, lieu, & on les allumera, afin qu'elles éclairent
• tout ce qui ſera vis à-vis du chandelier. Ses
,, mouchettes, ou ciſeaux pour en couper de tems
s, en-tems la mêche , & ſes éteignoirs pour étein
,, dre ce qui ſera retranché, ſeront de pur or. On
» le fera avec tous ſes utenciles avec un talent
•, de pur or ( a ), peſant trois mille ſicles. Pren
» donc
(a ) Un talent de pur or. Le talent devoit peſer
3ooo. Sicles, comme il paroit par ce qui eſt dit ci
après
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 387
» donc garde de faire toutes ces choſes, ſelon
», le patron qui t'a été montré ſur la montagne.
D. Comment eſt enſuite décrit, ce qui devoit
compoſer l'enceinte extérieure du Tabernacle ?
R. Voici l'ordre que Moïſe reçut de Dieu
ſur ce ſujet. " Tu feras le pavillon , ou l'en- Eeo4.
,, ceinte du Tabernacle de dix pieces , ou tentu-****
,, res de fin lin retors, tiſſit en luine, teintes " "
», en pourpre, en écarlate & en cramoiſi : El
s, les ſeront parſemées, ou tiſſités de figures de
», Chérubins & d'un ouvrage de broderie. La
,, longueur de chacune de ces pieces ſera de vingt
•, huit coudées & la largeur de quatre coudées ;
», elles ſeront toutes de la même meſure. L'on
», attachera cinq de ces pieces les unes aux au
», tres, & les cinq autres de même , par le
», moyen de cinquante lacets ou cordons teints
2, en pourpre, ou bleu céleſte que tu feras ſur
», le bord de chacune de ces cinq pieces pour
,, en faire un aſſemblage , & autant ſur le bord
», de chacune des cinq autres pieces qui feront
» l'autre aſſemblage, & ces lacets, ou cordons
e, ſeront à l'oppoſite l'un de l'autre ; afin qtte
ces cinq pieces jointes ainſi enſemble , ne faſſent
qu'un ſeul rouleau, ou une ſeule tenture. Tu fe
a, ras auſſi cinquante crochets & anneaux d'or
», pour attacher les deux rouleaux de cinq pie
•, ces chacun, l'un à l'autre. Ainſi ſera faite la
•. premiere couverture du Tabernucle qui étoit auſſi
la plus ornée & la plus précieuſe. Tu feras la ſe
», conde propre à mettre par deſſus celle-là, de
B b 2 » » O11Z6

après Ex. XXXVIII. 25. & 26. & il valoit, ſelon


la ſupputation des ſavans , environ 75ooo. Livres tour
nois de 3Q, ſols la Livres
238 L'A N e I E N T E sTA M ENT
,, onze pieces faites de poils de chévre ( comz
,, me le camelot ) qui auront chacune de lon
,, gueur, trente coudées , pour couvrir mieux la
premiere qui n'étoit que de vingt - huit coudées 88
» la garantir de la pliſye ; & de largeur quatre
,, coudées. Ces onze pieces auront toutes la mê
,, me meſure. Puis tu en joindras cinq enſem
,, ble, & ſix autres enſemble, enſorte que la
,, ſixieme qui excédera les dix de la premiere cou
,, verture puiſſe ſe replier ſur le devant du Ta
,, bernacle ; & pour cet effet tu mettras cin
,, quante lacets , ou cordons, ſur le bord de cha
, cune de ces pieces , pour les lier les unes
,, aux autres & en former les deux teutures de
,, cinq & de ſix pieces qui ſeront auſſi liées
,, enſemble par le moyen de cinquante crochets
» & anneaux d'airain ; enſorte que le tout ne
,, faſſe qu'une ſeule couverture pour le Taber
,, nacle : mais ce qu'il y aura de ſurplus dans
•, cette ſeconde couverture, & qui excédera la
,, premiere, devra être replié en partie ſur le
•, devant du Tabernacle & en partie ſur le der
,, riere , pour ſervir ainſi à la couvrir mieux.
,, Outre ces deux couvertures, tu en feras encore
, une troiſieme de peaux de moutons teintes en
» rouge, & une quatrieme de peaux de taiſſons,
,, ou d'autres peaux, teintes en bleu céleſie qui ſoit
,, par deſſus toutes ; pour mettre l'intérieur du
Tabernacle parfaitement à l'abri de la pouJiere,
de la pluye 83 de toutes les injures de l'air.
D. Qu'eſt-ce qui ſoutenoit toutes ces couvertu»
res, pour former l'intérieur du Tabernacle ?
R. C'étoit une charpente que Dieu ordon
na à Moïſe de faire de la maniere ſuivante.
- , Tu
M Is E N C A T E c H 1 s M E. . 389
Exod.
9 Tu dreſſeras pour le Tabernacle des ais de XX V I. "
» bois de Sittim, ott d'Acacia ; la longeur de I5 - 39•
» chaque ais ſera de dix coudées ; & ſa largeur
» d'une coudée & demi ; il y aura au bout de
» chaque ais, deux tenons en façon d'échelons
» l'un après l'autre, pour étre enchaſſes dans les
,, mortaiſes du ſoubaſſement. Il y aura vingt de
,, ces ais dans le côté droit vers le Midi, qui
» auront au deſſous quarante ſoubaſſemens d'ar
» gent, ſavoir deux ſoubaſſemens pour chaque
» ais pour ſes deux tenons : il y en aura de
,, même vingt à l'autre côté du Tabernacle vers
» le Septentrion , avec quarante ſoubaſſèmens
,, pour les deux tenons de chaque ais : Et pour
» le fonds du Tabernacle vers l'Occident , tu
» dreſſeras ſix ais & deux autres pour les en
,, coignûres des deux côtés du fond , qui ſer
vent à joindre les parois du midi 83 du ſeptemtrion
avec celle du couchant qui eſt au fond, leſquels
» ſeront faits de même que les autres par le
,, bas , & ſeront joints par le haut avec un an
» neau d'or pour tenir plus ferme l'aſſemblage
,, Ainſi il y aura huit ais & ſeize ſoubaſſemens
,, vers le Couchant. De plus tu feras cinq bar
, res de bois de Sittim à chacun de ces trois
,, côtés du Tabernacle pour les tenir en régle,
par le moyen des anneaux attachés aux aiſ dans leſ
quels ces barres ſeront enchaſſées , & la barre du
, milieu qui ſera au milieu des ais, paſſera d'un
,, bout à l'autre ; & tu couvriras les ais , les
,, barres, & les anneaux de lames d'or. C'eſt
» ainſi que tu dreſſeras le Tabernacle ſelon la
•, forme qui t'en a été montrée ſur la mon
s» tagne. -

D. Après que Dieu eut donné ſes ordres à Moïſe


- - B b 3 ſur
39o L'AN c I E N T E s T A M E N T
ſur l'enceinte du Tabernacle ; Qu'eſt - ce qu'il lui
dit enſuite ſur les différentes parties qui devoient
former le dedans de cet édifice ſacré ?
R. Il en diſtingue deux principales , ſa
voir le Lieu Saint , & le Lieu très - Saint , qui
devoient être ſéparés l'un de l'autre , par un
voile ou une tapiſſerie d'un ouvrage exquis
dont il donne la deſcription : Il indique en
ſuite les pieces ſacrées qui devoient entrer dans
chacune de ces parties, & il marque comment
devoit être fermé le Lieu Saint ſur le devant
du côté d'Orient. -

D. Comment Moïſe lui-même rapporte-t-il tout


cela ? -

Exod. R. ,, Tu feras, lui dit Dieu, un voile de


X X V I. ,, fin lin retors, ou du plus fin cotton, teint en
BI - 37.
» pourpre, en écarlate & en cramoiſi , fait au
,, mètier , orné de fieurs des deux côtés & dé
,, coré de toutes ſortes de figures , comme
,, ſont celles des Chérubins. Tu le ſuſpendras
,, à quatre colomnes de bois de Sittim, cou
,, vertes de lames d'or, ornées d'anneaux ou
,, crochets d'or, & poſées ſur quatre ſoubaſſe
» mens d'argent. Puis tu attacheras ce voile aux
» crochets, & tu placeras au dedans du voile
», l'Arche du témoignage, & ce voile ſéparera
,, le Lieu Saint d'avec le Lieu très-Saint ; &
», tu poſeras le Propitiatoire ſur l'Arche du té
» moignage dans le Lieu très-Saint , mais tu
» mettras la Table des pains de propoſition au
» déhors de ce voile dans le Lieu Saint, auſſi
,, bien que le Chandelier qui ſera poſé vis-à-vis
,, de la Table vers le Midi, & la Table vers le
» Septentrion : Et à l'entrée du Tabernacle ,
,, ou du Lieu Saint, tu feras un autre voile en
- 22 ta
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 39r
s tapiſſerie, ou broderie , de fin lin retors, ou
,, du plus fin cotton , teint en violet, en pour
,, pre & cramoiſi : Tu feras auſſi pour ſuſpen
,, dre cette tapiſſerie , cinq colomnes de bois
,, de Sittim que tu couvriras de lames d'or &
,, y feras des crochets d'or pour ſuſpendre le
,, voile, & tu fondras pour les ſoutenir quatre
,, ſoubaſſemens, ou piedeſtaux d'airain.
D. Qu'y avoit-il au devant de ce Tabernacle ?
R. Il y avoit une cour, ou un parvis en
vironné de colomnes , où étoient ſuſpendues
des pieces de tapiſſerie tout autour, & dont
l'entrée étoit fermée par une autre tapiſſerie.
Dans ce parvis étoit placé l'autel des holocauſ
tes, pour y offrir des ſacrifices à l'Eternel que
Dieu ordonna à Moïſe de faire de cette ma
niere. * Tu feras auſſi un autel de bois de Sit Evod.
XXVII,
,, tim qui aura cinq coudées de long & cinq de I • 3. .
,, large ; enſorte qu'il ſera quarré & ſa hauteur
» ſera de trois coudées : Tu y feras des cornes
» aux quatre coins, qui ſeront de la même
» piece que celle qui fait le coin de l'autel, &
, tu couvriras le tout d'airain aſſez épais, pour
que le bois me ſouffre pas du feu qu'on fera ſur
. », l'autel. Tu feras auſſi d'airain tous les uten
» ciles qui devront ſervir à l'autel ; ſavoir ſes
» chauderons pour recevoir 83 emporter hors du
, camp les cendres ; ſes pêles à feu ; ſes baſſins
» deſtinés à recevoir le ſang des victimes ; ſes four
,, chettes qui ſervent à arranger ſur le feu la
chair des vittimes , ou les charbons ſur l'au
tel , 83 à retirer la viande des marmites :
,, & ſes encenſoirs , ou ſes réchauts propres à
»ranſporter du feu de l'autel des holocauſtes, ſur
», l'autel des parfums. Tu lui feras un gril d'ai
B b' 4 ,, rain
392 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
,, rain en forme de treillis, pour y placer les
,, ſacrifices que l'on aura à offrir, & tu feras au
,, treillis quatre anneaux d'airain à ſes quatre
,, coins , pour pouvoir le placer ou le ſortir aiſé
,, ment & tu le mettras au deſſous de l'enceinte
,, de l'autel , & il s'étendra , ou deſcendra en
,, maniere de réchaut ou d'eutonnoir juſques au
,, milieu de la Cavité de l'autel. Tu feras auſſi
» des barres de bois de Sittim & on les cou
,, vrira d'airain , & l'on ſera paſſer ces barres
,, dans des anneaux d'airain placées aux deux
» côtés de l'autel pour le porter. On le fera
,, donc creux avec des ais, comme il a été mon
,, tré ſur la montagne.
D. Comment eſt - ce que Moïſe décrit enſuite
l'enceinte du parvis, ou la Cour, dans laquelle
'étoit placé cet autel ?
R. Voici ce qu'en ordonne l'Eternel à Moïſe.
Zrxod.
XX VII. ,, Tu feras auſſi un parvis , ou une vaſte coitr,
9 - 19. ,, tout autour du Tabernacle en quarré. Ce par
,, vis aura du côté du midi cent coudées de
» longueur , & ſera enceint de courtines, ou
,, tentures de fin lin retors, ſuſpendues à vingt
» colomnes de bois de Sittim , poſées ſur vingt
,, ſoubaſſemens d'airain ; mais les crochets &
,, les anneaux auxquels ſeront attachées les ten
,, tures, ſeront d'argent : Il en ſera de même
» du côté du ſeptentrion : mais du côté de l'oc
» cident la largeur du parvis ſera ſeulement de
» cinquante coudées, & il y aura auſſi des ten
,, tures de même qualité que les précédentes,
,, qui ſeront ſuſpendues à dix colomnes , qui
,, auront, comme les autres, dix ſoubaſſemens. Du
,, côté de l'Orient le parvis aura aigUi cinquan
» te coudées de largeur, dont il y en aura
22 qu1ll
M I s E N C A T E c H I s M E. , 393
» quinze d'un côté garnies des mêmes tentures,
,, ſuſpendues à trois colomnes avec leurs ſou
», baſſemens, & quinze de l'autre côté , garnies
», & ſuſpendues de la même maniere. Et pour .
,, la porte, ou l'entrée du parvis qui ſera au ,
», milieu de ces deux côtés, il y aura une tapiſ
,, ſerie de vingt coudées, brodée de fin lin re
,, tors, teinte en bleu céleſte , en pourpre &
,, en cramoiſi, qui ſera ſuſpendue à quatre co
», lomnes avec leurs ſoubaſſemens. Toutes les
» colomnes du parvis ſeront revêtues de lames
,, d'argent ; leurs crochets , ou anneaux ſeront .
,, d'argent ; mais leurs ſoubaſſemens ſeront d'ai
» rain. Le parvis ou la tapiſſerie qui ſervira de
,, clôture aura cent coudées de long , cinquante .
•, de large, & cinq de haut : Les tentures ott
», rideaux qui l'environneront ſeront de fin lin re
,, tors & les baſes de ſes colomnes d'airain. Tous
,, les utenciles qui ſerviront à l'uſage , ou aux
», cérémonies du Tabernacle , & tous les pieux,
», qui ſeront amployés tant au Tabernacle qu'au
,, parvis, ſeront d'airain. Ces pieux fichés en ter
re vis-à-vis de chaque colomne devoient ſervir à
attacher des cables pour les tenir fermes , e5 à
tenir les tentures tant du Tabernacle que du par
vis également tendues ; comme cela ſe pratique
quand on dreſſe une tente.
D. Quel autre préparatif Dieu ordonna - t - il
encore à Moïſe pour le ſervice du Tabernacle ?
R. Il lui ordonna de ſe fournir d'huile pour
les lampes du Chandelier qui devoient éclairer
le Lieu Saint, & il lui marque les ſoins que
devoient ſe donner ſes Miniſtres pour les tenir
toujours
lui dit ilallumées. * Tu commanderas
- 5ſ - - 5•
auſſi, XX/VII.
X
..#;
• lili dit-il s aux enfans d'Iſrael qu ils t'appor ao, 21.
B b 5 23 tCIlt
394 L'A N c r E N T E s T A M E N r
,, tent de l'huile d'olive vierge, de la plus pu
re 83 qui aura été exprimée des olives pilées au
,, mortier, ſans les preſſurer, pour mettre dans
,, les lampes du chandelier; afin qu'elles ſoient
,, continuellement allumées. Aaron & ſes fils
,, les arrangeront ſur l'arche en la préſence de
,, l'Eternel qui eſt cenſé réſider en ce lieu - là,
,, pour éclairer depuis le ſoir juſqu'au matin ,
,, dans le Tabernacle d'aſſignation , où le peu
ple doit s'aſſembler pour me rendre ſes hommages,
,, hors du voile qui eſt devant le Lieu très Saint
•, où eſt renfermée l'Arche du Témoignage. C'eſt
•, une ordonnance qui doit toujours être ob
», ſervée d'âge en âge de la part des Enfans
,, d'Iſraël.

c H A P I T R E xxV I.

Contenant les ordres que Moïſe reçut de


Dieu pour le ſervice du Tabernacle ;
lorſqu'il ſeroit une fois dreſſé ; l'indica
tion des Miniſtres qui devoient y être
employés ; la deſcription des habits &
des ornemens dont ils devoient être re
vêtus, & les cérémonies à obſerver dans
leur conſécration & dans celle de l'au
tel, pour que le tout fut bien ſanctifié.
D. D Ieu ayant donné ſes ordres à Moiſe pour
la conſtruction du Tabernacle où il de
voit être adoré 85 ſervi ; Quelles furent les inſ
tructions qu'il lui donna pour le ſervice même *
R. Il
|

M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 395
R. Il lui indique d'abord les perſonnes qu'il
' devoit choiſir pour cela , & les vêtemens dont
ils devoient
,, toi, êtreétabli
que j'ai ornés,pourquand
être illeluiConducteur
dit : " Pour , Exºd,
de #III.
, mon peuple, fais approcher de toi, c. à d. Eta- "
,, blis en dignité après toi, Aaron ton frere ainé
,, & ſes fils avec lui d'entre les Enfans d'Iſ
,, raél, pour exercer la ſacrificature qui m'eſt
,, due, c. à d pour être mes Miniſlres 85 remplir
toutes les fonctions ſacrées que demande le ſervice
de mon Tabernacle ; ſavoir , Aaron , & Nadab ,
,, Abihu , Eléazar, & Ithamar fils d'Aaron, &
, tu feras à Aaron ton frere des Saints vête
,, mens aſſortis à la gloire, ou à la majeſté du
,, lieu où ils doivent ſervir , & à l'ornement de
,, ſa perſonne ſacrée, & tu choiſiras pour cela
,, les Maitres les plus habiles , & ceux que tu
,, connoitras les plus remplis des dons de ſageſ
,, ſe & d'intelligence qu'ils ont reçus de moi ;
,, afin qu'ils faſſent des vêtemens à Aaron 85 à
,, ſes fils , qui les diſtinguent des autres Iſraeli
,, tes lorſqu'ils exerceront la Sacrificature. Et ce
,, ſont ici les vêtemens qu'ils feront, un Ephod,
,, un Pectoral , un Rochet ou une robe large,
,, une Tunique plus ſerrée, une Thiare, & un
,, baudrier ou une ceinture. Ils feront ces Saints
,, vêtemens à Aaron ton frere & à ſes fils, pour |

,, exercer la Sacrificature à mon ſervice , &


pour leſquels les ouvriers que tu auras choiſis pren
,, dront de l'or, de la pourpre, de l'écarlate,
,, du cramoiſi & du fin lin.
D. Qu'eſt-ce que c'étoit que l'Ephod $ com
ment devoit-il être fait ?
R. On voit par ce qui ſuit & par d'autres
endroits de l'Ecriture que l'Ephod étoit un vê
- - temeIlt
396 L'A N c I E N T E s T A M E N r
tement ſacré qui couvroit le dos juſqu'au bas
des reins, & la poitrine juſques ſur le ventre,
qui étoit attaché au deſſus par deux épaulettes
qui paſſoient ſous les aiſſelles, & ſe réüniſſoient
ſur les épaules , & au deſſous par un ceinturon
ou deux rubans qui faiſoient le tour du corps
& le ceignoit ſur la tunique ou la robe de deſ
ſous. Voici ce qu'en dit Dieu à Moïſe dans
Exod.
XXVIII.
cet endroit : * Ces maitres habiles qui en ſeront
4 - I4. ,, chargés, feront l'Ephod de fin lin retors de
,, couleur de bleu céleſte, de pourpre, & de
,, cramoiſi d'un ouvrage exquis, brodé en or
,, devant & derriere avec une grande varieté de
,, figures & beaucoup d'art : Il aura deux épau
,, lettes, ou bandelettes de même étoffe qui paſſant
,, ſous les aiſſelles, joindront leurs deux bouts
,, ſur les épaules, par un bouton d'or. Le cein
,, turon ſera d'un ouvrage exquis 83 travaillé
avec le même art, conſiſtant en deux rubans qui
,, ſervent à ceindre l'Ephod par le bas autour
» du corps, en repaſſant par deſſus l'Ephod ſe
,, ra de même ouvrage & de la même piece que
» l'Ephod, tiſſu en or, en bleu céleſte , en
» pourpre, & en cramoiſi de fin lin retors.
» Tu prendras enſuite deux pierres d'onyx ou
,, d'émeraude, & tu feras graver ſur elles, par
,, un habile lapidaire, en gravûre relevée , com
,, me celle de l'empreinte d'un cachet, les noms
» des Enfans des douze Tribus d'Iſrael, ſix ſur
,, une pierre & ſix ſur l'autre ; ſelon l'ordre de
» leur naiſſance ; & tu les enchaſſeras dans des
» chatons d'or. Et tu mettras ces deux pierres ſur
,, les épaulettes de l'Ephod ; afin de ſervir de mé
,, morial à Aaron & à ſes ſucceſſeurs. Tu leur
» diras que c'eſt pour les Enfans d'Iſrael dont ils
•: POE
MIs EN C A T E c H I s M E. 397
i, portent les noms ſur leurs épaules, qu'ils
, ſont appelés à faire le ſervice de Dieu dans
» le Tabernacle. Tu feras auſſi deux boucles ,
,, ou agraſſes d'or, & deux chaînettes de fin
,, or dont les anneaux ſeront entrelaſſés les
,, uns dans les autres en façon de cordons,
», pour les faire paſſer dans les boucles , ou
agraffes 85 ſervir ainſi à ſoutenir tant l'Ephod
que le Pectoral qui doit être placé deſſus.
D. Qu'étoit ce Pectoral, 85 comment devoit.il
âtre fait & placé ſur l'Ephod ?
' R. Voici ce qu'en dit Dieu à Moiſe. " Tu Exod.
» feras auſſi le Pectoral de Jugement ( ainſi ap XXVI11,
I5 - 3O.
pelé, parce que le Souverain Sacrificateur s'en re
vêtoit , lorſqu'il conſultoit Dieu ſur quelque ju
gement à rendre, ou quand il ſiégeoit comme Ju
ge, ſoit ſeul, ſoit avec les autres Sacrificateurs ).
» Tu le feras d'un ouvrage exquis , comme l'E-
,, phod, de fin lin retors, avec un tiſſu d'or,
» de bleu céleſte, de pourpre & de cramoiſi ;
» il ſera quarré, d'une paume, ou d'une demi
,, coudée en longueur & en largeur ; mais en
», épaiſſeur, double de l'Ephod. Tu y mettras
,, quatre rangs de pierres précieuſes, qui ſeront
,, ſéparées l'une de l'autre par l'or dans lequel
,, elles ſeront enchaſſées : au premier rang, l'on
,, mettra une ſardoine, une topaſe & une éme
,, raude : au ſecond un eſcarbourcle, un ſap
» phir & un jaſpe : au troiſieme un leſchane,
» ou hyacinte, une agathe, & une amethiſte ;
» au quatrieme un chryſolite, un onyx & un
» beril : les noms des douze Enſans d'Iſraël y
» ſeront gravés ſéparément, chacun ſur une
,, pierre, ſelon l'ordre des douze Tribus : Pour
» l'attacher ſur l'Ephod, tu feras deux chaînet
•» tCS
398 L'A N c I E N T E s T A M E N r
,, tes d'un or très-fin, dont les anneaux ſoient
,, enlacés les uns dans les autres , & tu feras
• deux anneaux d'or que tu mettras aux deux
,, bouts du pectoral, & tu feras paſſer les deux
» chaînettes dans ces deux anneaux ; puis tu
2, mettras les deux autres bouts des deux chaî
», nettes faites à cordon, aux deux agraffes ou
,, boucles qui ſont ſur le devant des épaulettes
,, de l'Ephod. Tu feras auſſi deux autres an
,, neaux que tu mettras aux deux autres bouts
,, du pectoral ſur le bord , qui ſera du côté
,, de l'Ephod en dedans pour l'attacher à l'E-
,, phod : Tu en feras encore deux autres d'or
,, que tu mettras au bas de l'Ephod, aux deux
,, côtés qui regardent les anneaux ſervants à
,, attacher le pectoral ; afin que l'Ephod & le
,, pectoral ſoient joints enſemble par le moyen
», d'un ruban, couleur de bleu céleſte, qui paſ
,, ſera par les anneaux de l'Ephod & du Pecto
e, ral : De cette maniere ils demeureront atta
,, chés enſemble & ne devront point être ſépa
,, rés. Ainſi Aaron portera ſur ſa poitrine, ou
,, ſur ſon cœur les noms des Enfans d'Iſrael ,
,, gravés ſur les pierres du Pectoral du juge
», ment, quand il entrera dans le Lieu Saint :
», afin qu'il ſerve d'un monument perpétuel de
,, vant l'Eternel, de la protection que Dieu ac
corde à ſon peuple, 85 du dévouement de ce peu
,, ple au ſervice de ſon Dieu. Enfin tu mettras
,, ſur le Pectoral du jugement l'Urim & le Thum
,, mim , qui ſeront ſur le cœur d'Aaron, quand
,, il viendra devant l'Eternel , & il aura tou
», jours ſur ſon cœur le jugement des Enfans
,, d'Iſrael devant l'Eternel, c. à d. que l' Urim
83 le Thummim qu'il portera , lorſqu'il # (J/1$
MIs E N C A T E C H 1 s M E. 399
dans le Tabernacle, ſeront des marques de ſon
autorité de Juge ſur les Enfans d'Iſrael.
D. Qu'eſt-ce qu'il faut entendre par cet Urim
| 83 Thummim poſés ſur le pectoral, 85 par le ju
gement des Enfans d'Iſraël qu'Aaron portoit ſur
ſon cœur ?
R. Les Interprêtes de l'Ecriture ſont extrê
mement partagés ſur ce ſujet. Les uns préten
| dants que l' Urim & le Thummim étoit un or
nement particulier qui n'eſt point décrit, &
que le Souverain Sacrificateur ajoutoit au Pecto
\
ral, ſeulement lorſqu'il vouloit conſulter Dieu
ſur quelque affaire, tâchent d'en donner quel
que idée ; mais qui ne ſont que de pures conjec
tures, puiſque l'Ecriture garde ſur cela un pro
fond ſilence. D'autres, après l'Hiſtorien Joſephe,
croyent que l' Urim & le Thummim étoient les
pierres mêmes du Pectoral, qui par leur éclat
extérieur faiſoient découvrir au Souverain Sa
crificateur , ſi Dieu approuvoit ou déſapprou
voit l'affaire ſur laquelle il étoit conſulté ; en
ſorte que ſi ces pierres n'avoient que leur éclat
ordinaire, l'on en tiroit un mauvais préſage ;
ſi au contraire, elles brilloient d'une maniere
extraordinaire, juſqu'à paroitre lumineuſes, on
jugeoit que Dieu approuvoit la choſe dont il
s'agiſſoit. D'autres ont cru que ces deux mots
Urim & Thummim étoient écrits ſur le Pecto
ral ; mais ils ne ſont pas d'accord par la ma
niere dont ils étoient placés. D'autres enfin en
tendent par l' Urim & le Thummim , non quel
que choſe de viſible & de matériel, mais la
vertu divine qui étoit attachée au Pectoral, d'ob
tenir de Dieu des oracles ou des réponſes ,
toutes les fois qu'il ſeroit conſulté par le Sou
* º, Ve
4co L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
verain Sacrificateur revêtu du Pectoral ; & que
les noms d' Urim & de Thummim qui ſignifient
à la lettre les lumieres 83 les perfections , lui
furent donnés pour marquer la clarté & la plé
nitude dont ces réponſes divines étoient accom
pagnées, & que le Pectoral eſt appelé à cauſe
de cela , le Jugement des Enfans d'Iſrael ; par
ce qu'il décidoit Souverainement de tout ce que
devoient faire les Enfans d'Iſraël , quand ils
conſultoient Dieu par l'entremiſe du Souverain
Sacrificateur.
D. De quelle maniere Dieu faiſoit - il donc
connoitre ſa volonté par l' Urim 85 le Thummim ?
R. C'eſt encore une queſtion ſur laquelle il
y a une grande diverſité d'opinions. Les uns,
comme on l'a déja remarqué, croyent que c'é-
toit par l'éclat que donnoient les pierres du
Pectoral. D'autres ſe perſuadent que Dieu ré
pondoit par des paroles articulées qui ſe faiſoient
entendre du Lieu très Saint, ou de deſſus le
propitiatoire , & ils ſe fondent ſur ce que dans
la plûpart des cas où Dieu fut conſulté par
l' Urim & le Thummim, il eſt dit , que l'Eternel
répondit ; ce qui marque une réponſe vocale.
D'autres enfin s'en tiennent à une réponſe, ou
à une lumiere intérieure par laquelle Dieu fai
ſoit connoitre ſa volonté au Souverain Sacrifi
cateur, lequel la déclaroit enſuite au peuple.
Surtout cela il ſeroit aſſez difficile de ſavoir au
juſte ce qui en étoit ; mais au moins peut-on
s'aſſurer que l' Urim & le Thummim étoient des
moyens ſurnaturels par leſquels Dieu vouloit
être conſulté, & dont il ſe ſervoit pour faire
connoitre ſa volonté à ſon peuple par l'entre
miſe du Souverain Sacrificateur. - - .

•" D. Vous
M Is E N C A T E C H I s M E. 4oI

D. Vous avez fait mention d'un autre vête


ment du Souverain Sacrificateur, que vous avez
appelé le Rochet , ou la Robe ; en quoi conſiſtoit
il* 85 quelle devoit en être la forme, ſelon le mo
déle que Dieu en preſcrit à Moiſe ?
R. ,, Tu feras auſſi, lui dit Dieu , le Rochet Af,ecd.
XXV/IY.
,, de l'Ephod , ou la Robe qui doit être miſe ſous 3 I - 35.
,, l'Ephod, de laine teinte en pourpre, ou bleu
» céleſte, & tu y feras une ouverture au mi
» lieu, par où doit paſſer la tête, & il y aura un
,, ourlet d'ouvrage tiſſu, tout autour de l'ou
,, verture, comme ſur les bords d'un corſelet ,
» afin qu'il ne ſe déchire point en le mettant
ſur le corps de bas en haut , comme l'on fait
d'une chemiſe , (parce qu'il n'étoit point fendu ſur
,, la poitrine ). Tu feras mettre à ſes bords d'en
» bas tout autour, des grenades travaillées en
», fin lin de pourpre, d'écarlate & de cramoi
s, ſi , & des clochettes d'or entre chaque gre
ss nade ; enſorte qu'il y ait toujours une clo
» chette d'or, puis une grenade tout autour.
» Aaron en ſera revètu, quand il fera le ſervice
dans le Tabernacle, comme Souverain Sacrificateur ;
» & l'on entendra par ce moyen le ſon des
» clochettes, lorſqu'il entrera dans le Lieu Saint
# » devant l'Eternel & qu'il en ſortira ; de peur
» qu'il ne mourût , s'il oſoit ſe préſenter ſans
» qu'on le ſût dans le Lieu Saint pour y of
», ficier. -

D. Quels autres ornemens devoient encore por


aer Aaron 83 ſes fils , quand ils ſerviroient dans
le Tabernacle ?
R. Ils devoient encore porter les ornemens
fuivants que l'Eternel décrit ainſi en parlant à
Tome I. C c Moïſe.
f 0#
4o2 L'A N c I E N T E s T A M E N T
Exod. Moïſe. * Tu feras une lame de pur or, ſur
XXVIII.
36-47.
, laquelle tu graveras en gravitre relevée, com
» me l'empreinte d'un cachet , ces mots : L A
» SA I N T E T E A L'ET E RN E L, & tu poſe
2, ras cette lame avec un ruban couleur de pour
, pre ſur le devant de la Thiare qui ſera ſur le
,, front d'Aaron, & Aaron étant orné de cette
, lame ſur ſa Thiare, portera ou enlevera ce
» qu'il y aura eu d'iniquité , ou de faute in
,, volontaire dans les ſaintes offrandes que les
,, Enfans d'Iſrael auront faites , ou dans les ſa
,, crifices qu'ils auront offerts ; en ce qu'il ap
paiſera Dieu en leur faveur par ſa conſécration
au ſervice de Dieu, dont cette lame , ou ſon
inſcription étoit le ſimbole. * Ainſi cette lame
, ſera toujours ſur ſon front, quand il officiera
,, au nom des enfans d'Iſraël, afin qu'ils ſoyent
,, agréables à l'Eternel ; entant qu'ils ſont repré
ſentés par Aaron comme dévoités à ſon ſervice.
» Tu lui feras auſſi une chemiſe de fin lin qui
» s'appliquera ſur le corps , ( c'eſt ce qui eſt ap
pelé ci - devant , la tunique plus ſerrée. ) Tu
, feras auſſi de fin lin la Thiare , qui envelope
la tête juſqu'aux oreilles comme un Turban, mais
» tu feras le baudrier, ou la ceinture qui ſer
voit à tenir la chemiſe ſerrée au corps , d'ouvra
» ge de broderie. Tu feras faire auſſi aux En
» fans d'Aaron, ou aux autres Sacrificateurs de
,, ſa famille, des chemiſes avec leurs baudriers,
» ou ceintures, & des bonnets , ou des calottes ,
» qui feront leur gloire & leur ornement aux
,, yeux du peuple, & tu en revêtiras Aaron ton
,, frere, & ſes fils avec lui. Enſuite tu les oin
,, dras d'huile ſacrée & les conſacreras à mon
» ſervice , en les ſanctifiant, ou les ſéparant
ainſe
M I s E N C A T E c H I s M E. 4o3
, ainſi du reſte du peuple : moyennant quoi ils
,, pourront exercer à mon honneur, l'office de
» Sacrificateurs que je leur preſcrirai. Tu leur
, feras faire auſſi pour couvrir leur nudité, des
» caleçons de lin, qui tiendront depuis les reins,
, juſqu'au bas des cuiſſes. Aaron & ſes fils ſe
» ront ainſi habillés , quand ils entreront au
,, Tabernacle d'aſſignation, autour duquel doit
» s'aſſembler le peuple ; ou quand ils approche
» ront de l'autel, pour faire le ſervice dans le
,, Lieu Saint : Et en s'acquittant de cette fonction,
» comme ils le doivent, ils ne porteront la pei
,, ne d'aucune faute qu'ils ayent commiſe. Ce
,, ſera - là une ordonnance qui devra être ob
,, ſervée perpétuellement par lui & par ſa poſté
», rité après lui.
D. N'y avoit-il pas encore quelques cérémonies
à obſerver dans la conſécration de leurs perſonnes
85 de leurs habits ?
R. Oui, & les voici telles que Dieu les preſ
º,
#
crit à Moïſe, quand il lui dit : " Or c'eſt ici Erod.
,, ce que tu feras quand tu les conſacreras pour XX I - 3O
IX.

» exercer la Sacrificature dont je les charge. Prends


», un veau du troupeau , & deux béliers ſans
» tare, & des pains ſans levain, & des gâteaux
,, ſans levain paîtris à l'huile, & des bignets
» ſans levain oints d'huile, le tout de la plus
,, pure farine de froment ; & les ayant mis
» dans une corbeille, tu me les offriras de mê
,, me que le veau & les deux moutons. Puis
,, tu feras approcher Aaron & ſes fils à l'entrée
» du Tabernacle d'aſſignation , & leur laveras
,, le corps avec de l'eau. Enſuite tu revêtiras
,, Aaron de ſes habits, ſavoir de la chemiſe
,, ou tunique, du rochet ou de la robe de lin »
C c 2 » de
4o4 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, de l'Ephod , du Pectoral , & tu le ceindras
,, par deſſus avec le ceinturon brodé de l'Ephod.
,, Puis tu mettras la Thiare ſur ſa tète, & la
», Lame Sainte ſur la Thiare , comme une Cou
,, ronne ; & tu répandras ſur ſa tète, ou ſur
,, ſon front l'huile de l'onction dont tu l'oin
,, dras : Tu feras auſſi approcher ſes fils & les
,, revêtiras des chemiſes , ou tuniques que tu au
,, ras fait faire pour eux , & les ceindras de
» leur ceinture comme Aaron ; & tu leur atta
», cheras les mitres , ou calottes ſur la tête, après
», quoi ils pourront exercer la Sacrificature ſe
,, lon l'ordre que j'en ai donné pour toujours ,
,, & tu conſacreras ainſi Aaron & ſes fils. En
», ſuite tu feras approcher le veau deſtiné à cela
,, devant le Tabernacle d'aſſignation, & Aaron
,, & ſes fils poſeront leurs mains ſur ſa tète ,
pour demander par-là à Dieu de transferer la pei
ne de leurs péchés ſur la victime qui va être im
,, molée, & tu égorgeras le veau devant l'Eter
» nel à l'entrée du Tabernacle d'aſſignation ;
» puis tu prendras du ſang de ce veau que tu
,, mettras avec ton doigt ſur les cornes de l'au
e, tel , & tu répandras tout le reſte au pied de
,, l'autel. Tu prendras auſſi toute la graiſſe qui
» couvre les entrailles , & le gros lobe du foie
,, avec ſa graiſſe, & les deux rognons avec leur
», graiſſe , & tu les feras fumer ou les offriras
,, ſur l'autel ; mais tu bruleras au feu hors du
,, camp la chair du veau, ſa peau & ſa fiente.
», C'eſt-là le ſacrifice pour l'expiation du péché.
,, Puis tu prendras l'un des béliers ſur la tête
,, duquel Aaron & ſes fils poſeront auſſi leurs
» mains, comme pour reconnoitre qu'ils ſe met
» tent à ſa place : après quoi tu égorgeras , ce
, 1 » Dt
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 4o5
» bélier & prenant ſon ſang tu le répandras .
» tout à l'entour de l'autel, & tu couperas le
», bélier par pieces, & ayant lavé ſes entrailles
, & ſes jambes, tu les mettras ſur ces pieces
,, & ſur ſa tête, & offriras ainſi tout le bélier
,, ſur l'autel pour être brulé. C'eſt-là un ho
», locauſte à l'Eternel , ou une offrande conſu
,, mée par le feu ( a ) de l'autel, conſacrée à l'E-
,, ternel, comme une odeur de bonne ſenteur,
, toute propre à ſe le rendre propice $ favorable.
», Puis tu prendras l'autre bélier , & Aaron &
,, ſes fils mettront encore leurs mains ſur ſa tê
,, te, comme pour reconnoitre les faveurs qu'ils
avoient reçues de Dieu , 85 lui en rendre leurs
» actions de graces ; après quoi tu égorgeras le
, bélier , & prenant de ſon ſang, tu en mettras
» ſur la partie molle de l'oreille droite d'Aaron
,, & de ſes fils, & ſur le pouce de leur main
,, droite, & ſur le gros orteil de leur pied droit,
» & tu répandras le reſte du ſang tout à l'en
,, tour de l'autel ; & tu prendras de ce ſang
» qui ſera ſur l'autel, & de l'huile deſtinée à
C c 3 ,, l'onc

( a ) Conſumée par le feu. Le terme de l'original


isbéb eſt un nom adjectif, tiré du ſubſtantif Eſcb ,
qui ſignifie le feu , & que l'on ne ſauroit rendre en
françois par un ſeul mot pour en fixer la ſignification
propre : mais ſi l'on fait attention aux differens endroits
dans leſquels il eſt employé par les Ecrivains Sacrés
ici & dans la ſuite, il paroit manifeſtement qu'il faut
entendre par-là une victime , ou une offrande conſa
crée à l'Eternel , qui devoit être conſumée ſur le feu
de l'autel en tout ou en partie , ſelon l'uſage auquel
elle étoit deſtinée. C'eſt ce qui fait que nous traduiſons
ce mot en françois, tantôt conſumé au feu ou par le
feu, & tantôt ſeulement paſſé au feu, ou par le feu.
4o6 L'A N c 1 E N T E s r A M E N T
-

, l'onction, dont tu feras aſperſion ſur Aaron


,, & ſes fils, ou ſur leurs vêtemens. Ainſi lui
,, & ſes fils avec leurs vètemens ſeront ſancti
,, fiés 85 conſacrés au ſervice de Dieu. Tu pren
,, dras auſſi la graiſle de ce bélier , la queuë
,, & la graiſſe qui couvre les entrailles, le lo
,, be du foie, les deux rognons avec la graiſſe
,, qui eſt deſſus, & l'épaule droite ; parce que
,, c'eſt le bélier des conſécrations , ou des re
p etions, c. à d. la victime dont on remplira les
mans d'Aaron 83 de ſes fils pour les conſacrer au
Saint Miniſtère. - "

,, Tu prendras auſſi une miche de pain, un


,, gâteau de pain à l'huile, & un bignet de
,, la corbeille où ſeront ces choſes faites ſans
,, levain, laquelle eſt poſée devant l'Eternel, &
,, tu mettras tout cela ſur les paumes des
,, mains d'Aaron & de ſes fils , & le feras
,, agiter , ou tournoyer devant l'Eternel, par
un mouvement qui conſiſtoit à élever d'abord l'of
frande en haut, & après l'avoir rabaiſſée , la
tourner enſuite vers les quatre parties du monde,
pour marquer par ce geſle qu'elle étoit préſentée
au maitre de l' Univers. " Enſuite les recevant
,, de leurs mains , tu les feras fumer & bruler
,, ſur l'autel avec le reſte de l'holocauſte, pour
,, répandre une odeur qui ſoit agréable à l'E-
, ternel. C'eſt-là le ſacrifice conſumé par le feu,
pour rendre à l'Eternel les actions de graces qui
,, lui ſont dues. Tu prendras auſſi la poitrine
» du bélier qui a ſervi à la conſécration d'Aa
,, ron , & tu l'offriras à l'Eternel en l'élevant
,, & l'agitant de toutes parts , comme tu l'as fait
,, des choſes précédentes, & elle ſera pour ta por
» tion dans ce premier ſacrifice ſeulement ; mais
,, dans
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 4o7
, dans la ſuite la poitrine du bélier offert ,
,, qui aura ainſi été agitée, & ſon épaule qui
,, aura été élevée ( a ) ſera conſacrée & deſti
» née à faire la portion d'Aaron & de ſes fils.
» Et ceci ſera une ordonnance perpétuelle
» pour Aaron & ſes fils à obſerver par les en
» fans d'Iſrael dans les offrandes ainſi élevées
» & les ſacrifices de proſpérité, ſavoir que la
poitrine 85 l'épaule droite de la victime ſoient
» toujours reſervées pour être à l'Eternel , ou
,, à l'uſage de ſes Miniſtres. Et les Saints vête
» mens dont Aaron aura été revêtu, ſeront pour
, ſes fils après lui, ou pour celui qui ſuccédera
dans la charge de Souverain Sacrificateur, afin
» qu'ils ſoient oints & conſacrés dans ces vè
» temens. Son ſucceſſeur qui viendra après lui
» au Tabernacle d'aſſignation pour faire le ſer
» vice au Lieu Saint, en ſera revêtu pendant
» ſept jours.
D. Que devoit on faire du reſte de la chair de
ce bélier deſtiné à la conſécration d'Aaron 83 de
ſes fils , qui n'avoit été ni brulée mi donnée à Aa
ron ; 85 du reſte des pains qu'il y avoit dans la
corbeille ? -

C c -4 R. L'E-

( a ) La poitrine du bélier qui aura été agitée , $?


ſon épaule qui aura été élevée. Il paroit manifeſtement
par cet endroit , qu'il y avoit quelque différence non
ſeulement entre le mouvement d'elevation de l'offran
de, & l'agitation ou le tournoyement qui s'en faiſoit
vers les quatre parties du monde , dont il a été parlé
ci-deſſus X. 24. mais auſſi entre les offrandes , dans
leſquelles l'un ou l'autre de ces mouvemens étoit requis.
Cependant comme ces deux mouvemens ſont auſſi
quelque fois mis l'un pour l'autre, ou joints enſemble ; .
il ſeroit aſſez difficile de déterminer préciſément en
quel cas l'un & l'autre devoit avoir lieu.
4o8 L'A N c I E N T E s T A M E N r
Exod. R. L'Eternel donna encore ſur cela cet or
X X / X.
3 I - 35. dre à Moïſe. * Tu prendras ce qui reſtera du
» bélier des conſécrations, & tu feras bouillir
» ſa chair dans un lieu Saint de l'enclos du Ta
2, bernacle : Et Aaron & ſes fils mangeront à
» l'entrée du Tabernacle d'aſſignation , cette
» chair bouillie avec le pain qui ſera reſté dans
» la corbeille : Ils mangeront toutes ces choſes
, laiſſées de reſte du ſacrifice de proſpérité ;
,, apres que la propitiation aura été faite pour
, les conſacrer & les ſanctifier ; mais l'étran
,, ger , ou aucune autre perſonne qu'eux, n'en
» mangera ; parce qu'elles ſont ſaintes 83 uni
,, quement deſtinées à les ſanctifier. Que s'il y
» a des reſtes de la chair des conſécrations, &
,, du pain juſqu'au matin, qu'ils n'ayent pû
» manger ; tu les bruleras au feu : On n'en
, mangera point ; parce que c'eſt une choſe
, ſainte. Tu feras donc ainſi à Aaron & à ſes
» fils, ſelon toutes les ordonnances que je viens
,, de te donner, & tu les conſacreras durant
» ſept jours.
, D. Falloit-il donc obſerver ces ordonnances cha
cttn de ces ſept jours.
R. Ce n'eſt pas là le ſens de ces paroles ;
elles ſignifient ſeulement que la conſécration
d'Aaron & de ſes fils n'étoit cenſée faite qu'au
bout des ſept jours ; pendant leſquels l'on de
voit encore obſerver ce que Dieu ajoute à Moïſe.
Fxod. » Tu ſacrifieras pour le péché tous les jours
X X I X. » un veau pour l'expiation du péché des Sacri
36 , 37.
,, ficateurs, & pour la purification de l'autel
» des holocauſtes , que tu oindras d'huile ſacrée
,, pour le purifier des ſouillures qu'il aura com
traciées en pqſſant par les mains des ouvriers qui
l'alt
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 4o2
», l'auront conſtruit. Pendant ſept jours tu feras
,, cette propitiation , ou cette expiation pour l'au
,, tel ; afin qu'il ſoit ainſi conſacré au ſervice
a, de Dieu , & regardé comme une choſe très
,, Sainte : Et tout ce qui le touchera, ou qu'on
», poſera deſſus, ſera cenſé une choſe Sainte. -

C H A P I T R E X X V I I.

Contenant les ordres de Dieu touchant le


· Sacrifice continuel qui devoit ſe faire
chaque jour ſur l'autel des Holocauſtes
pour obtenir ſa faveur & ſa protection ;
& touchant d'autres articles qui regar
doient le ſervice de Dieu dans le ſanc
tuaire.

D. Uel étoit le ſacrifice ordinaire qui devoit


ſe faire ſur cet autel des Holocauſtes
83 pour lequel il devoit être Saint ? -

| R. C'eſt celui que Dieu ordonna à Moïſe


après avoir parlé de la purification de cet au
tel, en ces termes : * Or c'eſt ici ce que tu _Exod.
,, feras ſur cet autel , quand tu l'auras purifié. ##
, Tu offriras chaque jour continuellement deux* "
, agneaux d'un an ; Tu ſacrifieras l'un des
» agneaux au matin , & l'autre le ſoir en
» tre les deux vêpres , ou depuis les trois heures
», juſqu'au ſoleil couchant , l'un & l'autre avec la
e, dixieme partie d'un Epha , ou d'une meſure
», de quatre cent trente deux œufs, de fine fari
·s ne paîtrie dans la quatrieme partie d'un Hin
C c 5 •( a)
32
41o L'AN c 1 E N T E s T A M E N r
,, ( a ) d'huile vierge, & avec une aſperſion
,, de vin de la quatrieme partie d'un Hin pour
» chaque agneau ; & pour répandre une odeur
,, agréable, cela ſera brulé à l'honneur de l'E-
•, ternel. Ce ſera un holocauſte perpétuel qui ſe
» continuera dans tous les âges à l'entrée du
,, Tabernacle d'aſſignation devant l'Eternel où
,, je me trouverai avec vous, pour te parler ;
c. à d. où vous vous approcherez de moi pour le
culte que vous m'y rendrez , 83 d'où je rendrai
mes oracles , 83 te donnerai mes ordres. Je me
,, trouverai-là en faveur des enfans d'Iſrael ;
,, & le Tabernacle ſera ſanctifié ou reconnu ſaint
,, par ma gloire, ou ma préſence glorieuſe qui y
,, paroitra dans une nuée. Je ſanctifierai par ce
» moyen le Tabernacle d'aſſignation, & l'autel
,, des holocauſtes. Je ſanctifierai auſſi Aaron &
» ſes fils, par les moyens que je t'ai indiqués,
,, afin qu'ils exercent la Sacrificature à mon
,, honneur , & j'habiterai au milieu des en
» fans d'Iſraël par les ſignes de ma préſence ſur
,, ce Tabernacle ; & je leur ſerai Dieu : ils m'a-
doreront.là comme le vrai Dieu 83 ils éprouve
,, ront ma faveur. Ils ſauront que je ſuis l'E-
,, ternel leur Dieu, qui les ai tirés du pays d'E-
,, gypte pour habiter au milieu d'eux, 83 leur
donner des marques continuelles de ma préſence
, 83 de ma protection. Je ſuis l'Eternel leur
», Dieu.
D. Quelles autres inſtructions Dieu donna t.il
à Moïſe dans ce long entretien qu'il eut avec lui
ſur la montagne ?
R. Il

( a ) D'un Hin. Le Hin étoit un baril ou une me


ſure de la capacité d'environ 72, œufs,
M I s E N C A T E c H I s M E. 4I r
R. Il lui en donna encore ſur l'autel des par
r fums ; ſur le demi ſicle que chaque Iſraelite âgé
de vingt ans devoit payer pour la fabrique du
ſanctuaire ; ſur une Cuve qu'il y avoit à faire dans
le parvis pour laver les mains & les pieds des
Sacrificateurs ; ſur la compoſition de l'huile
d'onction & du parfum Sacré; ſur les perſon
nes qui devoient être employées à la conſtruc
tion de toutes les parties du Tabernacle & ſur
l'obſervation du Sabbat. -

D. Quel ordre Moïſe reçut il de Dieu pour


l'autel des parfums en particulier.
R. , Tu feras auſſi , lui dit Dieu, un au Exod.
X.X.X.
,, tel pour les parfums qui ſera de bois de I - 10,
» Sittim, ou d'Acacia. Sa longueur & ſa lar
,, geur ſeront d'une coudée ; il ſera quarré ; &
,, ſa hauteur ſera de deux coudées, & les qua
,, tre coins de l'autel ſeront élevés en forme
,, de cornes, de la même piece que le corps
» même de l'autel. Tu le couvriras de pur or ,
,, tant le deſſus que les côtés tout à l'entour,
» & ſes cornes ; Tu lui feras un couronne
» ment, ou une bordure d'or au deſſus tout à
» l'entour. Tu lui feras auſſi deux anneaux d'or
» au deſſous de la bordure, aux coins de ſes
,, deux côtés, pour y faire paſſer les barres
,, qui ſerviront à le porter : Tu feras ces bar
» res de bois de Sittim & les couvriras d'or ;
» & tu mettras cet autel devant le voile qui eſt
,, au devant de l'Arche du Témoignage , vis
,, à vis le Propitiatoire qui eſt ſur le Témoi
,, gnage, ou ſur les Tables de la Loi enfermées
,, dans l'Arche. Je me trouverai-là , avec toi,
,, quand tu y viendras, & t'y donnerai des mar
» ques continuelles de ma préſence. Aaron †
2» 1llf
4I2 cAs c 1 E s TE s T A M E NT

» ſur cet autel , un parfum d'aromates tous les


,, matins ; quand il viendra accommoder les
,, lampes du chandelier : de mème quand il vien
» dra les allumer entre les deux vèpres, il fe
» ra auſſi le parfum ſur l'autel. Ainſi le par
» fum ſe continuera devant l'Eternel d'âge en
» âge. Vous n'offtirez ſur cet autel aucun par
» fum étranger , ou différent de celui que je
» t'indiquerai ; ni d'holocauſte, ni d'offrande,
,, autre que celle que j'ai ordonné, & vous n'y
» ferez aucune autre aſperſion , ni d'huile , ni
» de vin , ni de ſang , que celle que je t'ai preſ
,, crite. Mais Aaron , ou ſon ſucceſſeur fera une
,, fois l'an ſeulement la propitiation pour le
, péché ſur les cornes de cet autel, avec le
» ſang de l'oblation, deſtinée aux propitiations.
» Ce ſera le jour des expiations que ſe doit faire
» cette cérémonie très-Sainte à l'Eternel.
D. Qu'eſt-ce que Dieu ordonna enſuite à Moï
ſe ſur le demi ſicle que chaque Iſraelite devoit
· payer ?
Exod. R. , L'Eternel donna auſſi cet ordre à Moï
X X X. ,, ſe. Quand tu feras le dénombrement des en
l I - I6.
,, fans d'Iſrael , tous ceûx qui y ſeront com
» pris donneront chacun à l'Eternel ce que je
,, te dirai pour le rachat de leur vie qu'ils
» tiennent de Dieu , & ils ſeront par ce moyen
» à couvert des châtimens qu'ils auroient mérités.
» Tous ceux donc qui ſeront dénombrés d'en
,, tre les Enfans d'Iſrael depuis l'âge de vingt
» ans & au deſſus , donneront un demi ſicle,
» argent du Sanctuaire , valant chacun vingt
» oboles , ( ou quinze ſous tournois ) pour être
» offert à l'Eternel. Le riche ne payera pas plus
-, d'un
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 413
,, d'un demi ſicle , & le pauvre n'en payera
,, pas
3 ,, moinspour
; quand ils feront cette perſonnes.
offrande à
S l'Eternel le rachat de leurs
#. », Et l'argent qui aura été donné par les Iſraé
*- ,, lites ſera employé à l'uſage du Tabernacle
ſ- 2, d'aſſignation ; afin que ce ſoit un monument
Eſt 2, de leur reconnoiſſance devant l'Eternel , &
# » qu'il ſerve à l'expiation de leurs péchés & au
: 2, rachat de leur vie. -

£, D. Quel ordre reçut encore Moiſe ſur la Cu


# ve à laver les mains 85 les pieds des Sucrifi
, cateurs ?
r*. R. , L'Eternel parla encore à Moiſe, & lui Exed.
jſt » dit : Fais auſſi une Cuve d'airain avec ſon # º
: § ſoubaſſement d'airain, propre à contenir de " "
|# s, l'eau à laver , & tu la mettras dans le par
ſ5 » vis , entre le Tabernacle d'aſſignation , & l'au
fº ,, tel des Holocauſtes, & tu mettras de l'eau
» dedans. Et Aaron & ſes fils en laveront leurs
#. », mains & leurs pieds , quand ils voudront en
.3 », trer au Tabernacle d'aſſignation , ou qu'ils
» voudront s'approcher de l'autel des parfums,
# » pour y offrir des parfums à l'Eternel ; de peur
# ,, que manquants à ſe laver, ils ne fuſſent pu
ſº ,, nis de mort , pour avoir fait ce ſervice étant
tº s, ſouillés. Ce ſera donc pour Aaron & pour ſes
jé , deſcendants une loi perpétuelle.
ºf D. Quel ordre Moiſe reçut - il après cela de
# Dieu ſur la compoſition de l huile d'onction, 85
j:% Jur l'uſage qu'il en devoit faire ? Exod.
# R. Prends auſſi , lui dit l'Eternel , ce qu'il y x#
# , a de plus exquis entre les aromates , de la 22 - 33.
# ,, mirrhe franche qui coule de l'arbre ſans inci
&! -- ſion , le poids de cinq cents ſicles, (ou 25o.
# - 3» Q/7-
qI4 L'A N c I E N T E s T A M E N r '
,, onces ); du cinnamome ( a ) odoriférant la moi
» tié ( ou 125. onces ) ; du roſeau aromatique
,, connu en Arabie le même poids, ou 12 5.
,, onces ; de la caſſe, (que l'on croit avoir éte le
» gingembre) le poids de cinq cents ſicles, ( ou
,, 25o. onces ) ſelon le ſicle du Sanctuaire ( qui
,, peſoit demi once); & un Hin d'huile d'olive
,, (faiſant environ ſix pintes ), & tu en feras
s, de l'huile pour l'onction Sainte, un oigne
» ment compoſé avec tout l'art des parfumeurs.
», Ce ſera l'huile de l'onction Sainte dont tu
», oindras le Tabernacle d'aſſignation dans tou
s, tes ſes parties, & l'Arche du témoignage; la
,, Table & tous ſes utenciles ; le chandelier &
» ſes utenciles ; l'autel du parfum & l'autel des
s, holocauſtes avec tous leurs utenciles ; la Cu
,, ve & ſon ſoubaſſement. Tu les ſanctifieras
,, par ce moyen ; enſorte qu'ils ſoient regardés
,, comme des choſes Saintes , & tout ce qui
,, les touchera devra auſſi être ſanctifié. C'eſt
,, pourquoi tu oindras auſſi Aaron & ſes fils,
» & les ſanctifieras de cette huile ; afin qu'ils
,, puiſſent exercer la Sacrificature à mon hon
,, neur. Tu diras auſſi aux enfans d'Iſrael que
,, cette huile doit être conſacrée & réſervée à
» moi ſeul dans toute la ſuite de vos généra
,, tions. L'on n'en oindra la chair d'aucun au
, tre homme que de ceux à qui Dieu l'aura or
» dom

( a ) Cinnamome. La plûpart des Interprêtes ont


cru que par le Cinnamome il faloit entendre la Ca
melle dont il y en a une ſorte fort aromatique qui
cſt la plus précieuſe , & une autre qui a peu d'o-
deur. D'autres, après Saumaiſe, croyent que c'etoit la
Caſſe.
M 1 s E N C A r E c H I s M E. 415
,, donné : Et vous n'en ferez point d'autres, de
, même compoſition pour vôtre uſage ordinaire ;
,, car elle eſt Sainte, & elle doit toujours être
, employée à des uſages Saints. Quiconque com
,, poſera un oignement ſemblable pour ſon uſa
» ge, ou qui en uſera pour quelque autre, ſe
,, ra retranché d'entre ſes peuples ; c. à d. ſera
excommunié, 83 comme tel il n'aura aucune part
aux priviléges de mon peuple.
D. Qu'eſt ce que Dieu ajouta à cela , ſur la
compoſition du parfum ſacré que l'on devoit em
ployer ſur l'autel ?
R. ,, L'Eternel dit encore à Moïſe: Prends les Exod.
,, drogues ſuivantcs ; du ſtacte, ou de la mir-XXX.
s, rhe en gomme ; de l'onyx, ou de la coquille *****
,, aromatique; du galbanum, le tout préparé,
,, & de l'encens pur, le tout à poids égal. Tu
» en feras un parfum aromatique, compoſé
,, avec tout l'art des parfumeurs, & il ſera ſa
,, lé, ou accompagné de ſel , pur, ou ſans autre
,, mélange; & ſaint, ou conſacré à Dieu : & quand
,, tu l'auras pilé bien menû , tu en feras bru
» ler ſur l'autel qui ſera placé dans le Taber
,, nacle d'aſſignation devant l'Arche, où je ſe
,, rai toujours préſent pour te parler, quand tu
,, me conſulteras. Ce vous ſera une choſe très
,, ſainte 85 reſervée à mon ſervice : Ainſi quand
,, vous aurez des parfums à faire , vous n'en fe
,, rez point pour vous de ſemblable compoſi
,, tion ; car c'eſt une choſe conſacrée à l'Eter
» nel : & quiconque en aura fait de ſemblable
,, pour le flairer , ſera retranché d'entre ſes
,, peuples, ou de tout commerce avec ceux de
ſa nation.
- D. Quel
416 L'A N c I E N T E s T A M E N T
D. Quelles inſtructions Dieu donna-t-il à Moïſe
pour l'exécution de ſes ordres au ſujet du Taber
macle ?
R. Il lui indiqua les perſonnes mêmes qu'il
Exod. devoit employer pour faire toutes les choſes qu'il
XXX I.
I - II •
venoit de lui ordonner. " Regarde , dit l'Eter
,, nel à Moiſe, j'ai appelé par ſon nom , ou
,, j'ai choiſi nommément Betſaléel fils d'Uri, fils
» de Hur, de la Tribu de Juda, & je l'ai rem
,, pli d'un eſprit tout divin , & lui ai donné
,, la ſageſſe , l'intelligence, la ſcience & l'habi
2, leté néceſſaires pour toutes ſortes d'ouvrages ;
,, pour inventer & pour exécuter tout ce que
» l'art peut faire avec l'or, l'argent & l'airain ;
,, pour la ſculpture des pierres précieuſes , &
» pour les mettre en œuvre , & dans la me
» nuiſerie pour travailler en toutes ſortes d'ou
» vrages. Je lui ai donné pour compagnon Aho
» liab , fils d'Ahiſamac de la Tribu de Dan ,
, & j'ai rempli tous les artiſans habiles dont
,, ils ſe ſerviront, d'un eſprit d'intelligence pour
,, tout ce que je t'ai commandé de faire, ſavoir
» le Tabernacle d'aſſignation ; l'Arche du Té
,, moignage ; le Propitiatoire à mettre au deſſus
», de l'Arche & tous les utenciles du Taberna
» cle ; la Table avec tous ſes utenciles ; le
» chandelier d'or pur avec tous ſes utenciles ;
» l'autel des parfums, & l'autel des holocauſtes
,, avec tous leurs utenciles ; la Cuve & ſon
», ſoubaſſement ; les ornemens 83 vêtemens ſa
,, crés dont ſe doivent revêtir Aaron & ſes fils
,, pour exercer la Sacrificature ; l'huile pour
,, l'onétion , & le parfum aromatique pour le
,, Sanctuaire : Ces ouvriers exécuteront tout ce
» que je t'ai ordonné.
D. Quel
M 1s EN C A T E c H I s M E. 417
D. Quelle fut la derniere choſe que Dieu re
commanda à Moiſe dans ce long entretien qu'il
eut alors avec lui ſur la montagne *
R. Ce fut l'obſervation du Sabbat qui ſemb'e
avoir été preſcrite de nouveau à l'occaſion des
ouvrages que Dieu venoit d'ordonner , parce
que l'on auroit pû croire qu'ils devoient être
continués ſans relâche & ſans aucun repos , vû
leur importance & leur ſainteté : Sur cela " l'E- Exod.
,, ternel recommanda encore cxpreſſement à #*#
, Moiſe de dire de ſa part aux Enfans d'Iſrael : " "
,, Cependant vous obſerverez mes Sabbats ; par
» ce que c'eſt un ſigne perpétuel entre moi &
» vous, qui doit vous faire ſouvenir que je
• ſuis l'Eternel qui vous ſanctifie ; que c'eſt moi
qui vous ai créés, 85 vous ai diſtingués des au
tres peuples, pour être attachés à mon ſervice.
» Obſervez donc le Sabbat ; car il doit être ſa
» cré pour vous : Quiconque le violera ſera pu
», ni de mort : Quiconque même fera quelque
,, travail que ce ſoit en ce jour là, ſera retran
», ché du milieu de ſa nation, ou par la mort,
,, ou par l'excommunication. On travaillera ſix
,, jours ; mais le ſeptieme jour eſt le jour du re
,, pos qui doit être conſacré à l'Eternel. Qui
» conque fera quelque travail que ce ſoit , le
,, jour du repos, outre celui qui eſt abſolument
,, requis ou néceſſaire, ſera puni de mort. Ainſi
» les Enfans d'Iſraël obſerveront le Sabbat,
» pour célébrer le jour du repos, tout le tems
,, qu'ils vivront : C'eſt une des conditions de
» l'alliance perpétuelle que je veux traiter avec
,, eux : Un ſigne entre moi & les Enfans d'Iſ
» raël, par lequel ils feront toujours connoitre
,, qu'ils m'adorent, comme le ſeul vrai Dieu ;
· T9mie I. D d », CaE
4I8 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, car l'Eternel a fait en ſix jours , le Ciel &
,, la Terre, & il a ceſſé de créer au ſeptieme,
,, & s'eſt repoſé.
D. Comment Dieu finit-il ce long entretien avec
Moiſe ?
Exod. R. ,, Après que Dieu eut achevé de parler à
xXX . ,, Moïſe ſur la montagne de Sinaï, il lui don
18.
,, na les deux Tables de pierre, qui contenoient
,, le témoignage, ou les dix commandemens de la
Loi qu'il avoit prononcés de ſa bouche, dans le
premier entretien qu'il avoit eu avec lui ſur la
montagne, 85 que tout le peuple avoit entendu,
» & ces Tables étoient écrites du doigt mème
» de Dieu ; c. à d. par un ſeul acte de ſa vo
lonté 85 de ſa puiſſance Souveraine, ſans le ſecours
d'aucun art humain.

C H A P I T R E XXV III.

Contenant ce qui ſe paſſa dans le Camp


des Iſraëlites, les derniers jours que Moï
ſe fut ſur la montagne , pendant leſ
· quels ils ſe laiſſérent aller à l'idolâtrie,
en fondant un veau d'or pour l'adorer,
ce qui leur attira des châtimens de la
part de Dieu ; ce que fit Moïſe pour
ſe rendre Dieu propice , & toutes les
| preuves que Dieu lui donna du retour
de ſa faveur envers ſon peuple.
D. U'eſt - ce qui ſe paſſa dans le camp des
Iſraélites , les derniers jours que Moïſe
reſta
M I s E N C A T E c H I s M E. 4I9

reſta ſur la montagne pour recevoir les ordres de


JDieu *
R. ,, Le peuple d'Iſraël voyant que Moïſe Erol.
,, tardoit tant à deſcendre de la montagne , XXXII.
•, s'aſſembla tumultueuſement autour d'Aaron qui I - 6.
étoit chargé du gouvernement en ſon abſence , &
-, ils lui dirent ; Leve-toi pour donner tes ordres,
•, & fais nous faire des Dieux, ou des idoles,
,, à l'exemple des Egyptiens que nous ferons por
s, ter devant nous dans les marches que nous
,, avons à faire ; car quant à ce Moiſe, cet
,, homme qui s'eſt mis à nôtre tête pour nous
,, faire ſortir du pays d'Egypte 85 mous com
,, duire juſqu'ici , nous ne ſavons ce qui lui eſt
» arrivé ; s'il a été conſumé par le feu dans le
quel il eſt entré ; ou s'il eſt mort de quelque au
are maniere 5 mais mous me pouvons plus compter
ſur lui. Fais nous donc ce que nous te demandons.
», Aaron forcé en quelque maniere par les inſtan
ces du peuple ; peut-être auJi pour rallentir leur
ardeur par une condition qui leur paroitroit
,, trop dure, leur répondit ; Mettez en pie
,, ces les bagues d'or qui ſont aux oreilles de
,, vos femmes, de vos fils & de vos filles , &
,, apportez-les-moi, pour en former l'idole que
» vous ſouhaitez : Auſſi-tôt tout le peuple mit
,, en pieces toutes ces bagues d'or pendues à
» leurs oreilles, & les apportérent à Aaron ,
ſ
» qui les ayant reçues de leurs mains en forma
» un veau d'or avec un burin , après l'avoir
: », jetté en fonte, à l'imitation de quelque idole ſem
blable à celle qu'il avoit vue en Egypte.Auſſitôt qu'elle
,, fut faite, les lſraèlites ſe dirent les uns aux
» autres ; Ce ſont ici tes Dieux, ou l'image de
D d 2 », f0nt
42o L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, ton Dieu qui t'a fait monter du pays d'Egyp
,, te. Ce qu'Aaron ayant vû & ſe laiſſant aller
au même mouvement dont il voyoit le peuple ani
,, mé, il bâtit un autel devant le veau & cria
» diſant; Demain il y aura une fète ſolemnelle
,, à l'Eternel ; & le lendemain dès le matin ,
,, ils offrirent des holocauſtes ſur cet autel, &
,, préſentérent des ſacrifices de proſpérité à l'E-
,, ternel, & le peuple s'aſſit pour manger &
,, pour boire ; comme l'on avoit accoutumé de
-, faire, eprès ces ſortes de ſacrifices ; puis ils
,, ſe lèvérent pour danſer $ ſe divertir, ſelon
l'iſage de ces tems - là.
D. Comment esf-ce que Dieu regarda ce culte
des Iſraélites adreſſé au veau d'or ?
Exod. R. Il en fut fort irrité ; ** Et l'Eternel dit
XXXII.
5V - I C » à Moïſe ; Va-t-en, deſcends de la montagne 83
,, retourne vers le peuple d'Iſraël que tu as con
., duit hors d'Egypte ; car il s'eſt corrompu
,, pendant ton abſence : Ils ſe ſont bien tôt dé
» tournés de la voie que je leur avois marquée,
,, 83 qu'ils s'étoient engagés de ſuivre : Ils ſe
» ſont fait un veau de fonte , & ſe ſont proſ
,, ternés devant lui : Ils lui ont ſacrifié & ont
» dit de lui ; Ce ſont ici tes Dieux qui t'ont
, fait monter du pays d'Egypte : à quoi l'E-
,, ternel ajouta ; Je connois bien que ce peuple
,, eſt un peuple de col roide, difficile à condui
re, 83 à retenir dans ſoit devoir : il mérite par
là d'être châtié exemplairement, 85 tu me dois
,, plus t'intéreſſer pour lui : Laiſſè moi donc agir
» envers eux ſelon ma juſtice , & ma colère s'em
» braſera contr'eux pour les conſumer ; mais je
» t'établirai le chef d'un autre peuple.
• • - - D. ſQite
MIs E N C A T E c H I s M E. 421
D. Que fit Moïſe voyant Dieu ſi juſtement cou
roucé de leur conduite ?
R. ,, Moïſe alors ſupplia l'Eternel ſon Dieu Exod.
83 tâcha de le fléchir en faveur de ſon peuple, XXXII.
I1 - I4
» en diſant ; ô Eternel! pourquoi ta colère s'em
» braſeroit - elle contre ton peuple que tu as re
» tiré du pays d'Egypte par des miracles écla
,, tans, & une puiſſance des plus grandes ? Si
,, tu le détruiſois à préſent , ne ſeroit ce pas
» donner occaſion aux Egyptiens de dire que
» leur Dieu ne les a retirés d'Egypte que pour
e leur faire du mal ; pour les détruire ſur les
» montagnes, & les conſumer de deſſus la Ter
,, re ? Revien donc, ô Dieu ! de l'ardeur de ta
» colère avec laquelle tu voudrois 85 pourrois les
,, punir, & du deſſein que tu aurois d'affliger
» ton peuple : Souvien-toi d'Abraham, d'Iſaac
» & de Jacob tes ſerviteurs ; & de la promeſſe
» que tu leur as faite avec ſerment de multi
» plier leur poſtérité, comme les étoiles des Cieux ;
» & de lui donner le pays dont tu leur as
» parlé, en héritage perpétuel : & l'Eternel ne
» penſa plus à affliger ſon peuple , comme il
» l'en avoit d'abord menacé.
D. Cette idolâtrie du peuple n'eut - elle point
d'autres ſuites ? -

R. Oui , elle en eut de très-facheuſes aux


quelles Moiſe même qui venoit d'interceder
pour eux, donna lieu par ſon zèle pour la
gloire de Dieu ; comme il nous l'apprend dans
la ſuite de ſa narration , où il nous dit qu'a-
près avoir obtenu de Dieu la continuation de
ſa faveur pour ſon peuple , " Moïſe ſe tourna Exod.
- -

» & deſcendit de la montagne ayant en ſa main xxxii.


• les deux Tables du témoignage, où étoient 15**
D d 3 ,, écrits
422 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
» écrits des deux côtés, les dix commandemens
,, de la Loi de la propre main de Dieu ; en
, ſorte que les Tables, & ce qui étoit deſſus,
,, étoient l'ouvrage meme de Dieu. Alors Joſué,
qui avoit conſtamment attendu Moiſe dans un en
droit de la montagne, où il étoit à portée d'enten
dre ce qui ſe paſſoit dans le camp , ayant enten
, du la voix du peuple qui faiſoit un grand
» bruit ; ſans doute lorſqu'il ſacrifioit au veau
,, d'or, dit à Moïſe auJi-tôt qu'il le vit ; Il y
» a un grand bruit au camp que je ſoupçonne
» venir de quelque bataille qui s'y donne entre
,, les enfuns d' Iſrael 85 leurs ennemis : & Moiſe
» l'ayant auſſi entendu répondit ; Ce n'eſt pas
,, une voix, ni un cri de gens qui ſoient les
» plus forts , ni de gens qui ſoient les plus
» foibles ; mais j'entends une voix de gens qui
, » chantent 83 ſe réjouiſſent. Et quand Moïſe ſe
» fut approché du camp , il vit le veau dont
, Dieu lui avoit parlé, élevé comme une idole,
» & les danſes que faiſoit le peuple tout autour,
,, pour lui rendre quelque culte. Alors la colère
» de Moiſe s'étant embraſée, & regardant ce
peuple, comme indigne des bontés dont Dieu l'a
,, foi oriſe par ſon interceſſion, il jetta à terre
,, les Tables de la Loi qu'il portoit , & les mit
,, en pieces au pied de la montagne. Il s'avan
,, ça enſuite juſqu'au camp, & prit le veau qu'ils
» avoient fait, & l'ayant fondit ou calciné au
» feu, il le moulut juſqu'à ce qu'il fut réduit
» en poudre ; puis il répandit cette poudre ſur
» les eaux du torrent qui ſortoit du mont Ho
» reb ; afin qu'il n'en reſtât aucune trace ; & il
,, en fit boire aux enfans d'Iſrael, pour avilir
à leurs yeux les reſtes de cette idole, dont # 71e
(ll •
M I s E N C A T E c H I s M E. 423
faiſoit pas plus de cas que de l'eau la plus com
f/11/718.

D. Que fit de plus Moïſe pour marquer à ce


peuple combien il étoit indigné de l'idolâtrie cri
minelle dont il venoit de ſe rendre coupable ?
R. ,, Il s'en prend d'abord à Aaron qui l'a- Exo4,
- - - -- -

,, voit permiſe, 85 lui dit ; Que t'a fait ce peu- XXXII.


» ple que tu ayes permis un ſi grand péché ? *****
,, Et Aaron répondit ; Que la colère de mon
» Seigneur ne s'embraſe point contre moi. Tu
» ſais que ce peuple eſt enclin au mal 85 qu'il
,, le porte comme dans ſon ſein. Or ils m'ont
» dit : Fais nous des Dieux que nous puiſſions
,, mettre à nôtre tète pour nous conduire : car
» quant à ce Moiſe, ou cet homme qui nous
» a conduits ici du pays d'Egypte; nous ne ſa
» vons ce qui lui eſt arrivé, 83 nous ne pou
,, vous plus compter ſur lui ; alors je leur ai
,, dit ; Que celui qui a de l'or, le mette en pie
,, ces ê5 me l'apporte; & ils me l'ont donné ;
» je l'ai jetté au feu pour le fondre, & c'eſt de
,, cet or que ce veau a été formé, qu'ils ont
» enſuite adoré. Moiſe voyant par ce diſcours
,, d'Aaron que le peuple avoit dépouillé toute
» honte, & que Aaron avoit conſenti à une ac
» tion qui le couvriroit d'opprobre aux yeux
» de ſes ennemis, chercha à ranimer le coura
», ge de ceux qui auroient encore quelque zèle pour
» la gloire de Dieu , & s'étant tranſporté à la
» porte du camp où avoient accoutumé de s'aſ
» ſembler les Principaux de la nation, il leur
» dit ; Qui eſt pour l'Eternel ? Que celui qui a
,, ſa gloire à cœur, vienne vers moi pour faire
», ce que je lui dirai : Et tous les Enfans de
,, Lévi s'étant rendus auprès de lui, il leur
D d 4 » dit.
424 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
, dit : Ainſi a dit l'Eternel le Dieu d'Iſraël ;
,, Que chacun de vous prenne ſon épée ; puis
s, paſſez & repaſſez de porte en porte tout le
» long du camp, & que chacun de vous tué
tous ceux qu'il rencontrera dans ſon chemin cou
# # pables d'une telle idolâtrie ſans épargner ni ſon
.. 2.- -- ,, frere , ni ſon ami, ni ſon voiſin. Et les
.* . -
» Enfans de Lévi firent ſelon la parole de Moi
» ſe, & en ce jour-là il y eut de tués d'entre
» le peuple, , environ trois mille hommes ; car
» Moïſe avoit dit à ces Lévites ; Conſacrez au
» jourd'hui vos mains & vos épées à l'Eternel ;
,, fut-ce même contre vôtre fils & vôtre frere ;
,, afin que vous attiriez aujourd'hui ſur vous la
» bénédiction de Dieu. -

: D. Quelles furent les ſuites de cet acte de zèle


de Moiſe 85 des Lévites , i qui tendoit à mainte
mir la gloire 85 le ſervice du vrai Dieu duns ſa
pureté, , , , , . •º -

A'v•d. : -R. ;, Le, lendemain de cette exécution qui ne


XXXII.
3° - 35.
put qu'affliger le peuple, 83 lui faire ſentir l'é-
,, mormité de ſa faute, Moïſe leur dit ; Vous
,, avez commis un grand péché ; mais je mon
» terai maintenant vers l'Eternel, & pcut-être
,, pourrai - je obtenir de lui par mes priéres le
» pardon de vôtre péché. Moïſe retourna donc
» vers l'Eternel & lui dit ; O Eternel, je te prie
,, de m'écouter : Ce peuple a commis ſans doute
» un très grand péché, en ſe faiſant des Dieux
» d'or , mais maintenant pardonne-leur ce pé
» ché ; ſi non, efface moi du livre où tu tiens le
,, régiſtre des vivans : ôte-moi du monde , plü
tôt que de me laiſſer ſeul chargé de la conduite
,, de ce peuple. Et l'Eternel répondit à Moiſe :
» Qui aura péché contre moi, je l'effacerai de
•• *- 2» C€
M I s E N : CA T E c H I s M E. 425
, ce régiſtre, ſelon mon bon plaiſir ; mais pour
» toi, va maintenant , condui le peuple au lieu
» duquel je t'ai parlé : Mon Ange ira devant
, » toi pour diriger ta marche, & lorſque je trou
» verai à propos de punir ce peuple rebelle , ce
,, ſera pour les péchés qu'ils auront commis.
» Ainſi l'Eternel frappa le peuple, ſoit alors,
,, ſoit dans la ſuite ; parce qu'ils avoient ſervi
,, ( comme un Dieu ), le veau qu'Aaron avoit fait.
,, L'Eternel réitera encore à Moiſe ſon inten- Exod.
,, tion à ce ſujet, quand il lui dit ; Va, reprends º
la conduite du peuple, & quand je te l'ordonne-' "
», rai, décampe avec ce peuple que tu as con
» duit de l'Egypte juſqu'ici, & va au pays que
,, j'ai promis avec ſerment à Abraham, Iſaac,
s, & Jacob de donner à leur poſtérité. L'Ange
» que je t'enverrai te conduira dans ta mar
» che, & je chaſſerai les Cananéens, les Amor
,, rhéens, les Héthiens, les Phéréſiens, les
» Héviens, & les Jébuſiens du pays qu'ils ha
, bitent, pour mettre le peuple d'Iſraël en poſ
, ſeſſion de leur pays découlant de lait & de
,, miel ; mais dis à ce peuple de ma part ; Si
,, tu continues à être un peuple de col roide 83
» rebelle à mes ordres, je ne demeurerai plus
» avec toi ; ou ſi j'y demeurois, ce ne pour
,, roit être que pour te détruire entierement à
» cauſe du peu de reſpect que tu aurois pour moi, ' -
83 pour mes ordres. - - * - -

D. Quel effet produiſirent ces menaces ſur le " "


peuple ? · · ·

R. , Le peuple les ayant ouïes en fut cou- Exod.


» vert de confuſion, & en mena deuil d'une XXXIII
», maniere ſolemnelle , en ſe dépouillant de 4 - º
», tout habit de parade , $ n'ayants ſur eux
D d 5 que
426 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
que des habits tout ſimples ſuns aucun ornement ;
,, ſelon l'ordre qu'en avoit donné l'Eternel à
,, Moïſe ; lorſqu'il l'envoya aux Enfans d'Iſrael,
,, pour leur dire de ſa part , que vû qu'ils
» étoient un peuple de col roide ; s'il habitoit
,, ſeulement un inſtant avec eux , ce ſeroit pour
,, les détruire entierement; mais s'ils ſe dépouil
» loient de toute parure, 85 qu'ils fuſſent humi
,, liés & pénitens à ſes yeux , il verroit ce qu'il
» auroit à faire : Ce fut ſur cela que les Enfans
,, d'Ifrael ſe dépouillérent de tout ornement ,
,, tout le tems qu'ils reſtérent vers la montagne
,, d'Horeb, ou de Sinai.

C H A P I T R E X X I X.

Suite des entretiens de Dieu avec Moïſe ,


ſur la conduite du peuple d'Iſraël, & ſur
les commandemens qu'il devoit avoir ſoin
de faire obſerver à ce peuple pour l'é-
loigner de toute idolâtrie.

D. Ue fit de ſon côté Moïſe pour faire ſen


tir au peuple combien il étoit indigne de
la préſence de Dieu au milieu d'eux ?
Exod. R. ,, Moïſe prit ſa tente, où il avoit accoutu
XXXIII.
7 - I2.
mé d'habiter , 83 ſur laquelle repoſoit, avant la
conſtruction de l'Arche 83 du Tabernacle, la nuée
céleſte qui étoit le ſimbole de la préſence de Dieu,
,, & la tendit pour ſoi aſſez loin du camp, &
,, l'appela la tente d'aſſignation, ou d'aſſemblée ;
,, & tous ceux qui cherchoient l'Eternel, poiºr
litt
-
-
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 427
liti demander ſa faveur, ou conſulter ſa volonté,
,, ſortoient du camp pour aller à la Tente d'aſ
,, ſignation : Et quand il arrivoit que Moiſe
,, venoit au camp , 83 retournoit à ſa Tente ,
2, tout le peuple ſe levoit par 'reſpect pour lui,
,, & chacun ſe tenoit à l'entrée de ſa tente ,
,, ſans oſer l'aborder, mi le ſuivre ; mais on re
», gardoit Moiſe par derriere, juſqu'à ce qu'il
,, fut entré dans la tente d'aſſignation : Et ſi
,, tôt qu'il y étoit entré, la colomne de nuée
,, deſcendoit, & s'arrêtoit à la porte de ſa ten
,, te; L'Eternel parloit alors là avec Moiſe , &
,, tout le peuple voyant la colomne de nuées
», s'arrêter à la porte de cette tente , ſe levoit
,, pour contempler ce ſimbole, & ſe proſtefnoit
,, devant lui , chacun à la porte de ſa propre
,, tente, ſans oſer aller plus loin ; mais l'Eter
,, nel parloit à Moïſe face à face, c. à d. qu'il
lui faiſoit entendre ſa voix , & ſe manifeſtoit à
lui ſous quelque apparence viſible, immédiatement
,, 83 clairement , comme un homme parle avec
,, ſon intime ami : Puis Moïſe retournoit au .
,, camp, quand ſa préſence y étoit néceſſaire ; mais
,, ſon ſerviteur Joſué, fils de Nun, ne quittoit
,, point la tente.
D. Que fit encore Moïſe pour obtenir de Dieu
le retour de ſa faveur 83 de ſa préſence viſible,
au milieu de ſon peuple ? --

R. Il lui repréſenta pour cet effet que quoi


qu'il fut chargé par une grace ſpéciale de Dieu,-
de conduire ce peuple, il avoit cependant be
ſoin lui-mème d'un guide, & d'un conducteur
toujours préſent, & il le pria inſtamment de
le lui indiquer , ou de continuer lui-même à
être au milieu d'eux ; puiſqu'il regardoit en
COIC
428 L'A N c I E N T E s T A M E N r
core cette nation comme ſon peuple, & que
ce ſeroit le ſeul moyen de le rendre illuſtre
Ewod.
XXXIII.
dans tout l'Univers. * Regarde, dit Moiſe à
Is - 17, ,, l'Eternel, ou veuille faire attention à ce que je
,, vais te repréſenter : Tu m'as dit de faire mon
,, ter ce peuple , ou de me mettre à leur tête
pour les conduire au pays que tu leur as deſtiné,
85 tu m'as fait entendre qu'un Ange marcheroie
,, devant moi; mais tu ne m'as point encore
, fait connoitre qui ſeroit cet Ange que tu dois
,, envoyer avec moi ; cependant tu m'as encore
,, dit que tu me connoifſois par mon nom ,
•, que tu approuvois mon miniſtère, & que j'étois
», agréable à tes yeux. Si cela eſt, je te ſupplie
,, maintenant de me faire connoitre ton deſſein ;
,, je ſerai par là pleinement aſſuré que tu m'ho
,, nores de ta faveur. Conſidére de plus que
,, cette nation qu'il s'agit de conduire, eſt ton
», propre peuple. Et l'Eternel répondit ; ma fa
,, ce ira, ou j'irai moi.mime ; & je te donne
s, rai du repos; je calmerai toutes tes craintes ;
je te ſoulagerai dans tes peines ; ſois ſeulement en
,, repos : Mais Moïſe inſiſta diſant ; Si tu ne
», marches toi-même devant nous, ne nous fais
,, point ſortir de ce lieu : Car en quoi connoi
,, troit-on que nous avons trouvé grace devant
», tes yeux, moi & ton peuple ? Ne ſera ce pas
,, quand tu marcheras à nôtre tête ? Alors &
,, moi & ton peuple ſerons regardés avec ad
» miration , 85 diſiinciion plus que tous les peu
,, ples qui ſont ſur la terre. Sur cela l'Eternel
,, dit à Moïſe ; je veux bien t'accorder ce que
,, tu me demandes ; car tu as trouvé grace à
,, mes yeux , & je t'affectionne d'une façon
,, particuliere. -

D. Après
MIs E N C A T E c H I s M E. 429
D. Après une déclaration auſſi favorable de la
part de Dieu ; Qu'eſt-ce que Moïſe prit la liberté
de lui demander ? & qu'eſt-ce que l' Eternel lui
répondit ?
R. Il s'enhardit à demander à Dieu une nou
velle grace, * c'eſt de lui faire voir ſa gloire ; , Exod.
c. à d. de lui montrer à découvert cette face glo-#º
- - - - 18 - 23•
rieuſe qui devoit marcher devant lui dans la con
duite du peuple d'Iſraël. " Et l'Eternel lui ré
,, pondit ; Je ferai paſſer toute ma bonté de
,, vant toi : c. à d. je te donnerai toutes les aſ
ſurances que tu peux déſirer de ma bienveillance
pour toi, 83 pour le peuple d'Iſraél, " & te fe
,, rai entendre à haute voix le nom de l'Eter
,, nel , quand il ſera devant toi ; Je ferai auſſi
,, grace à celui à qui je trouverai à propos de
,, faire grace ; & j'aurai compaſſion de celui que
, j'en jugerai digne, par un pur effet de mon
» bon plaiſir ; Mais quant à la demande que
» tu me fais de voir ma face , ou ma gloire ;
» elle ne peut t'être accordée : parce que nul
» homme ne peut me voir dans toute ma gloire,
» & vivre. c. à d. Aucun homme me ſauroit ſou
tenir l'éclat d'un objet auſſi lumineux, ſans que le
,, corps en ſoit conſumé. Mais ajoute l'Eternel ,
» il y a un lieu par devers moi, ou qui n'eſt
connu que de moi, ſur la montagne où je t'ai
déja donné des marques de ma préſence. Tu t'ar
» rèteras-là ſur le rocher , & quand ma gloire
,, paſſera , ou lorſque j'y donnerai des marques
les plus éclatantes de ma préſence glorieuſe , je
» te mettrai dans l'ouverture du rocher ; c. à d.
je te montrerai une caverne qui s'y trouve ou tu
,, entreras, & te couvrirai de ma main, par
» quelque moyen, juſqu'à ce que je ſois paſſé ;
- », puis
43o , L'A N c I E N T E s T A M E N T
» puis je retirerai ma main , ou léverai le voile
,, que j'aurai mis devant tes yeux , & tu me
» verras par derriere : tu verras ſeulement quel
s, ques traces de cette lumiere céleſte ; mais ma
,, face ne ſe verra point : Tu n'en ſaurois ſou
tenir l'éclat.
D. Quelles mouvelles preuves Dieu donna - t. il
enſuite à Moïſe du retour de ſa faveur envers
ſon peuple ?
R. Il lui ordonna de préparer d'autres Ta
bles pour y écrire les dix commandemens de
la Loi ; il lui manifeſta ſes plus glorieuſes per
ſections ; il renouvella ſon alliance avec les Iſ
raelites par ſa médiation , & à ſon interceſſion ;
il lui réitera la plûpart des promeſſes qu'il avoit
déja faites, & des ordonnances qu'il avoit déja
preſcrites, comme autant de conditions de cette
alliance ; Enfin il laiſſa ſur le viſage de Moiſe
des empreintes de la gloire dont il l'avoit ho
noré par ſes entretiens avec lui, afin de le ren
dre plus reſpectable au peuple.
D. Qu'eſt ce que Dieu ordonna à Moïſe au ſu
jet des Tables de la Loi ?
Exod. R. ,, L'Eternel dit à Moïſe ; Prépare deux
XXXIV.
I - 4.
, Tables de pierre comme les premieres faites
,, de mu main, que tu as rompues, & j'écrirai
,, ſur elles les mêmes paroles qui étoient ſur
,, les premieres ; & ſois prèt à monter, dès le
,, matin, à la montagne de Sinaï, & préſente
,, toi là devant moi, ſur le haut de la monta
» gne ; mais que perſonne ne monte avec toi ,
» & ne paroiſſe ſur toute la montagne, & que
», ni menu , ni gros bétail ne paiſſe au bas de
,, cette montagne. Moiſe donc prépara deux
,, Tables de pierre, comme les premieres , &
- - - ,, s'étant
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 43r
;, s'étant levé de bon matin, il monta ſur la
,, montagne de Sinaï, comme l'Eternel le lui
,, avoit commandé, & il prit en ſa main les deux
,, Tables de pierre.
D. De quelle maniere Dieu ſe manifeſta-t-il alors
à lui ? -

R. ,, L'Eternel deſcendit dans la nuée & s'ar Exod.


,, rèta-là avec lui, & lui fit entendre à haute XXXIV.
,, voix le nom de Jéhova ou de l'Eternel, com
,, me il le lui avoit promis ; car comme l'E-
,, ternel, ou le ſimbole de ſa préſence glorieuſe
,, paſſoit devant Moïſe, il lui fit entendre une
,, voix qui crioit, Jéhova, Jéhova, l'Eternel,
,, l'Eternel, le Dieu Fort, plein de compaſſion
,, & de clémence ; tardif à colère ou lent à
» châtier ; d'une bonté infinie & inépuiſable, &
,, d'une fidélité inviolable dans ſes promeſſes ;
», qui continue ſa gratuité juſqu'en mille géné
,, rations à ceux qui l'aiment , & qui leur par
» donne toutes ſortes d'offenſes quelques gran
,, des qu'elles ſoient ; mais qui ne tient point
,, le coupable pour innocent, & qui punit les
,, peres rebelles à ſes ordres, ou idolâtres , de
,, peines qui s'étendent juſqu'à la troiſieme &
,, quatrieme génération de ſes enfans. Et Moïſe
,, entendant cette voix baiſſà auſſi - tôt la tête
,, contre terre & ſe proſternant, il dit à l'Eter
,, nel ; O Seigneur, je te prie, ſi je ſuis agréa
,, ble à tes yeux, qu'il te plaiſe de nous con
,, duire par un ſimbole continuel de ta préſence
» au milieu de nous, car j'ai à faire à un peu
,, ple de col roide , que toi ſeul peut ramener
» à ſon devoirs pardonne - nous donc nos ini
,, quités , & en particulier le péché d'idolâtrie
», que ton peuple vient de commettre , & nous
poſ
92
432 L'A N c I E N T E s T A M E N r
,, poſſéde , ou continue à nous regarder comme
ton héritage, 85 ton peuple le plus cher.
D. Que répondit Dieu à cette ſupplication ?
R. Il y répondit par une confirmation de
ſon alliance & de ſes promeſſes, & par la réi
teration des conditions qu'il exigeoit de ſon
peuple , s'il vouloit avoir part aux fruits de cet
· Exod. te alliance. * Voici , dit l'Eternel à Moïſe ,
XXIV.
IO - 27.
,, c'eſt moi qui veux bien renouveller l'alliance
,, faite avec tout ton peuple ; je ferai en ſa
,, faveur des merveilles qui n'ont point été fai
,, tes en toute la terre, ni en aucune nation ;
», & tout le peuple que tu gouvernes verra
,, l'œuvre de l'Eternel , car ce que je m'en vais
,, faire avec toi , ou par ton miniſtère , va
,, être merveilleux. Aye ſoin que ce que je
, te vais recommander aujourd'hui ſoit fidéle
,, ment obſervé. Voici je m'en vais chaſſer de
,, devant toi les Amorrhéens, les Cananéens ,
,, les Héthiens, les Phéréſiens, les Héviens ,
,, & les Jébuſiens. Donne - toi garde de traiter
,, aucune alliance, ni amitié avec les habitans
,, du pays , où tu vas entrer ; de peur que vi
,, vants enſemble, ils ne te ſéduiſent pour tomber
,, avec eux dans l'idolâtrie : mais vous démoli
,, rez leurs autels ; vous briſerez leurs ſtatues,
» & couperez leurs bocages : car tu ne te proſ
,, terneras point devant un autre Dieu que l'E-
,, ternel , le Dieu Fort & Jaloux , qui me peut
ſouffrir que l'on aſſocie aucuns divinité au culte
,, qu'on lui rend : de peur auſſi que traitant
,, alliance avec ces peuples ; quand ils viendront
,, à paillarder dans le culte des idoles , & à
,, ſacrifier.à leurs Dieux , quelcun ne t'invite
» à manger de ſon ſacrifice, & que tu ne pren
»» IlCS
' M I s E N C A T E c H 1 s M E. 433
», nes pour épouſes à tes fils, de leurs filles ;
,, leſquelles s'étant abandonnées à l'impureté
», dans le culte de leurs Dieux , pourroient t'en
», gager à en faire auſſi de mème. Tu ne te
,, feras aucun Dieu , mi aucune idole de fonte
», à l'imitation des peuples idolâtres. Tu obſer
,, veras la Fête ſolemnelle des pains ſans levain,
», autrement dite la Fête de Pâque ; & tu y man
», geras , comme je te l'ai commandé, des pains
» ſans levain pendant ſept jours ; au tems &
», au mois que les épis meuriſſent : car c'eſt dans
,, ce tems - là que tu es ſorti d'Egypte. Tout
2» mâle qui naîtra le premier d'entre tous les
32 animaux me ſera conſacré ; il en ſera de mè
22 me de toutes les bètes tant du gros que du
», menu bétail ; mais tu racheteras avec un
», agneau , ou un chevreau, le premier né d'un
ane ; parce qu'il eſt impur; : & ſi tu ne le ra
chetes, tu lui couperas le cou. Tu rachéte
ras auſſi tout premier né de tes fils , & nul
», ne ſe préſentera devant ma face , pour me
rendre quelque culte duns les fêtes ſolemnelles,
», les mains vuides , ou ſans apporter quelque . .
« º *
,, offrande qui ſoit une preuve du reſpect 85 de
», l'amour qui me ſont dus. Tu travailleras ſix
», jours ; mais au ſeptieme tu te repoſeras, mè
,, me dans le tems du labourage & de la moiſ
», ſon. Tu obſerveras la Fête ſolemnelle des ſe
,, maines , ou la Pentecôte, au tems des premiers
,, fruits de la moiſſon du froment; & la Fête
», ſolemnelle de la recolte, ou la Fête des Ta
,, bernacles, à la fin de l'année civile. Trois fois
,, 'an , dans les trois Fêtes ſolemnelles, tout mâle
,, d'entre vous comparoitra devant le Tout puiſ
,, ſar"r , l'Eternel, le Dieu d'Iſrael, qui eſt pré
* Tome I. E e · ſeu?
434 L'A N c I E N T E s T A M E N T
ſent dans le Tabernacle, pour lui rendre ſes hom
,, mages 85 lui offrir ſes ſacrifices : Car lorſque
,, j'aurai chaſſé les Nations de devant toi , &
,, que j'aurai étendu les frontieres de ton pays,
,, perſonne n'entreprendra de l'envahir , pen
», dant le tems que tu viendras comparoitre
,, trois fois l'année , en la préſence de l'Eter
» mel ton Dieu. Tu n'offriras point le ſang de
», mon ſacrifice, ou de l'Agneau Paſcal, ayant
,, du pain levé chez toi, & on ne gardera rien
», de cet agneau offert & mangé à la Fète ſo
,, lemnelle de la Pâque juſqu'au matin. Tu ap
_,, porteras à la Fète de la Pentecôte, les prémi
,, ces des premiers fruits de la Terre, dans
,, la maiſon de l'Eternel ton Dieu. Tu ne fe
,, ras point cuire le chevreau dans le lait de ſa
* Voyez ,, mere *. L'Eternel dit auſſi à Moïſe : Ecris
si deſſu ,, ces paroles : car c'eſt ſous ces conditions que
XXIII.
I9.
», j'ai traité alliance avec toi & avec Iſraël. ..
D. Comment finit ce dernier entretien de l'E-
ternel avec Moiſe ?
Exod. .. R. ,, Moïſe demeura avec l'Eternel pour re
XXXIV. ,, cevoir ſes ordres, pendant quarante jours &
, quarante nuits ſans manger de pain & ſans
,, boire d'eau, , & l'Eternel écrivit ſur les Ta
,, ble de pierre que Moïſe avoit préparées, les
,, dix paroles de l'alliance , ou les dix comman
,, demens de la Loi.
D. Que remarqua t.on ſur Moïſe au ſortir de
cet entretien avec Dieu ? - -

#xod. R. ,, Il arriva que lorſque Moïſe deſcendit


XXXIV.
29 - 35.
,, de la montagne de Sinaï, tenant en ſa main
, les deux Tables de la Loi, il ne s'apperçut
,, pas que la peau de ſon viſage étoit devenue
,, reſplendiſſante, pendant qu'il parloit avec Dieu ;
- ' - e, mais
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 435
;, mais Aaron & tous les Enfans d'Iſraël ayant
,, vû Moïſe, & s'étant apperçus de ces rayons de
,, lumiere qui étoient ſur ſon viſage ; ils craigni
2, rent d'approcher de lui : Alors Moïſe les ayant
», appelés & invités de s'approcher, Aaron &
,, tous les Principaux de l'aſſemblée, retourné
», rent vers lui, & Moïſe s'entretint avec eux ;
», Après quoi tous les Enfans d'Iſrael s'appro
,, chérent auſſi, & il leur commanda d'obſer
,, ver toutes les choſes que l'Eternel lui avoit
,, dites ſur la montagne de Sinaï, & acheva
,, de leur parler. Or pendant qu'il leur parloit,
,, il avoit mis un voile ſur ſon viſage , qu'il
», ôtoit quand il étoit appelé à s'entretenir avec
, Dieu dans ſa Tente juſqu'à ce qu'il en ſor
,, tit ; & quand il en ſortoit, il remettoit ſon
,, voile pour dire aux Enfans d'Iſrael ce qui lui
,, avoit été commandé.

C H A P I T R E X X X.

Ce que fit Moïſe pour exécuter les divers


| ordres qu'il avoit reçus de Dieu tou
chant l'obſervation du Sabbat ; la fabri
que du Tabernacle ; la préparation de
tous ſes utenciles ; & les vêtemens ſa
cerdotaux.

1D. Ue fit enſuite Moïſe pour exécuter tous


les ordres qu'il avoit reçus de Dieu ?
R. , Il aſſembla toute la Congrégation com Exod.
, poſte des chef & des Anciens diſruel, & leur # - 19
E e 2 » dit ;
436 L'A N c 1 E N T E s T A M E n T
,, dit ; Ce ſont ici les choſes que l'Eterncl a
,, commandées de faire : On travaillera ſix
,, jours , mais le ſeptieme jour ſera pour vous
,, un jour Saint ; car c'eſt le Sabbat , ou le
,, jour du repos conſacré à l'Eternel ; Quicon
» que travaillera en ce jour - là ſera puni de
,, mort. Vous n'allumerez point de feu en ce
, jour là dans aucune de vos demeures , pour
préparer à manger ou pour autre euvre ſervile.
» Enſuite Moïſe parla à toute l'aſſemblée des
» Enfans d'Iſrael, & leur dit ; C'eſt ici ce que
» l'Eternel vous a commandé. Prenez de tout
» ce que vous aurez chez vous , & en faites
» une offrande volontaire à l'Eternel pour la
conſiruction du Tabernacle 85 de ſes utenciles :
», comme de l'or , de l'argent , de l'airain, de
» la pourpre, de l'écarlate, du cramoiſi, du
» poil de chévres, des peaux de moutons tein
2, tes en rouge, ou en violet, du bois de Sit
» tim , de l'huile pour les lampes, des aroma
» tes pour l'huile de l'onction, & pour le par
» fum , des pierres d'onyx ou autres pierres
» précieuſes , propres à garnir l'Ephod & le
» Pectoral. Et quand tout ſerà amaſſé, les ou
» vriers habiles d'entre vous, feront avec ces ma
,, tériaux, tout ce que l'Eternel a commandé ;
» ſavoir, le Tabernacle intérieur avec ſes cou
» vertures, ſes ais, ſes barres , ſes piliers , ſes
, ſoubaſſemens ; l'Arche & ſes barres, le Pro
» pitiatoire & le voile pour tendre au devant
,, du Lieu très - Saint ; la Table & ſes barres
» & tous ſes utenciles , pour y mettre les pains
» de propoſition ; le Chandelier , ſes utenciles,
,, ſes lampes & l'huile dont il doit être garni ;
» l'Autel du parfum & ſes barres ; l'huile de
- - -· » l'onc
MIs E N C A T E c H I s M E. 437,
» l'onction ; la préparation des aromates dont
» on doit parfumer le Lieu Saint, & la ta
,, piſſerie qui doit être tendue à ſon entrée ;
» l'Autel des holocauſtes, ſon gril d'airain, ſes
» barres & tous ſes utenciles ; la cuve & ſon
» ſoubaſſement ; les tentures du parvis, ſes pi
» liers, ſes ſoubaſſemens , & la tapiſſerie qui
» doit être tendue à la porte du parvis ; les
» pieux de l'enceinte du Tabernacle , & ceux
» de l'entrée du parvis , & leurs cordages ; les
,, vètemens des Sacrificateurs ordinaires pour
, le ſervice du ſanctuaire ; les Saints vêtemens.
,, d'Aaron , Souverain Sacrificateur, & les vête
,, mens de ſes fils appelés à la Sacrificature.
D. Que fit l'aſſemblée en exécution de cet ordre
de Moiſe. •,

, R. ,, Toute l'Aſſemblée ſe retira, dès que Moï Exod.'


,, ſe eut achevé de parler, & chacun alla cher- XXXV.
- 29»
,, cher ce qu'il pouvoit avoir de tout ce que *
», Moiſe venoit de leur indiquer , & apporta ce
», qu'il voulut donner de bon cœur avec tout
,, le zèle & l'empreſſement poſſible pour être
,, offert à l'Eternel , & en faire ce que deman
2, doit l'ouvrage, & le ſervice du Tabernacle
,, d'aſſignation , & pour les vètemens ſacrés.
,, Les hommes & les femmes vinrent égalemeut
,, apporter de leur bonne volonté des boucles,
», des bagues, des anneaux, des braſſelets, &
,, tout ce que chacun avoit de joyaux & de va
,, ſes d'or, pour en faire une offrande à l'E-
,, ternel. , Tout homme chez qui ſe trouva de
», la pourpre, de l'écarlate, du cramoiſi , du
,, fin lin, du poil de chévres , des peaux de •
», moutons, teintes en rouge , & des peaux de
, taiſſons, les apporta. Tout homme audi qui .
E e 3 ,» eut
--

438 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
,, eut de quoi faire une offrande d'argent ou
,, d'airain, l'apporta pour être offerte à l'Eter
,, nel. Tout homme chez qui ſe trouva du bois
,, de Sittim , propre à l'ouvrage qu'il y avoit
,, à faire , l'apporta. Toute femme adroite &
,, intelligente, qui ſût filer , fila de la laine en
,, pourpre, en écarlate & en cramoiſi, & du
,, fin lin, & l'apporta en offrande. Toutes cel
,, les auſſi qui eurent plus de goût & d'induſtrie
,, pour filer du poil de chévres, en filérent &
,, l'apportérent ; les Principaux ou les plus ri
,, ches apportérent des pierres d'onyx & autres
,, pierres précieuſes pour l'Ephod & pour le
,, Pectoral. L'on apporta auſſi des aromates &
,, de l'huile, tant pour entretenir les lampes ,
,, que pour compoſer l'huile ſacrée deſtinée à
l'onction des perſonnes , ou des choſes ſacrées,
,, & le parfum d'excellente odeur. Tout hom
,, me & toute femme d'entre les enfans d'Iſ
», rael, qui furent portés de bonne volonté à
,, faire des préſens pour exécuter les ouvrages
», que Moiſe devoit faire par ordre de l'Eter
,, nel , les apportérent, & les offrirent à l'E-
,, ternel de très bon cœur.
D. Quels ouvriers Moiſe choiſi-t-il enſuite pour
l'exécution de ces ouvrages ?
Exod. R. ,, Les mêmes que l'Eternel lui avoit in
XXX V. ,, diqués, & qu'il préſenta aux Enfans d'Iſ
30 - 35.
,, rael, en diſant ; Voyez ; l'Eternel a nommé
,, lui-même Betſaléel, fils d'Uri, fils de Hur ,
,, de la Tribu de Juda, & il l'a rempli d'un
,, eſprit divin en ſageſſe , en intelligence, en
,, ſcience & en induſtrie, non ſeulement p
pour
,, travailler toute ſorte d'ouvrages ; mais auſſi
» pour inventer des deſſeins, en or, en argent,
- - 3» CIl
M I s E N C A T E c H I s M E. 439

,, en airain, en gravûre de pierres à mettre en


,, œuvre ; en menuiſerie & en tout ouvrage
,, exquis. Il a donné les mêmes talens à Aho
,, liab, fils d'Ahiſamac, de la Tribu de Dan,
,, & il leur a mis au cœur d'enſeigner aux au
, tres leurs ouvrages, & les a remplis eux-mê
,, mes d'induſtrie pour en travailler de toutes
,, ſortes des plus exquis, en broderie, en pour
, pre, en écarlate, en cramoiſi , en fin lin,
,, & en tiſſu de toutes ſortes de deſſeins & d'in
,, ventions. Moïſe donc les appela avec tous les Exod.
,, hommes d'eſprit, ou les plus habiles ouvriers, º
,, dans le cœur deſquels l'Éternel avoit mis de " "
,, la ſageſſe, & qui furent portés à ſe préſenter
,, pour faire les ouvrages, & il leur en donna
,, la commiiſion, en leur remettant toutes les
,, offrandes que les Enfans d'Iſrael avoient ap
,, portées pour exécuter tous les ouvrages deſ
,, tinés au ſervice du ſanctuaire : Et tous ces
,, ouvriers ſe mirent à travailler inceſſamment
,, aux différens ouvrages qu'ils avoient à faire,
,, ſelon que l'Eternel les avoit commandés ;
,, pour leſquels on leur apportoit encore chaque
,, matin quelque offrande volontaire.
D. Ces offrandes ſuffirent - elles pour tous les
ouvrages qu'il y avoit à faire ? . -

R. Elles ſuffirent , & beaucoup au delà ; car


, tous ces habiles ouvriers qui travailloient aux Exod.
,, ouvrages du Sanctuaire, les quittérent pour XXXVI.
,, venir dire à Moiſe que le peuple ne ceſſoit***
,, d'apporter des offrandes, & qu'il y en avoit
,, plus qu'il ne falloit pour l'ouvrage que l'E- .
,, ternel avoit commandé de faire ; alors par le
,, commandement de Moïſe, on fit crier dans
,, le camp, que ni homme ni femme n'oſirit
E e 4 » plus
" .

44o L'AN c I E N T E s T A M E N r
,, plus rien pour l'ouvrage du Sanctuaire ; Ainſi
,, l'on empècha le peuple d'offrir d'uvantage :
,, Car ce que l'on avoit déja offert, ſuffiſoit
,, pour faire tout l'ouvrage, & il y en avoit
,, même de reſte.
D. Recapitulez-moi, s'il vous plait, tous les
ouvrages que firent ces habiles ouvriers.
Exod.
XXXVI.
R. ,, Ces ouvrages ſont ici détaillés de la mé
8 - 38. me maniere, 83 à peu près dans les mêmes ter
mes que la commiſſion en avoit été donnée à Moiſe
pur Dieu méme , 83 qu'il ſitffira de les rappor
ter en abregé : " Ce furent donc la tenture
,, intérieure du Tabernacle, & toutes les plan
,, ches de bois ſur leſquelles cette tenture de -

,, voit être poſée : Enſuite le voile qui étoit à


,, l'entrée du Lieu très - Saint , & la tapiſſerie
,, qui étoit à l'entrée du Tabernacle, ou du
,, Lieu Saint , avec les colomnes auxquelles
,, ce voile & cette tapiſſerie étoient ſuſpen
,, dues, comme le tout eſt décrit ci-deſſus au Chap.
Exod.
XXXVII
,, XX V I. De plus Betſaléel fit lui - même ou
I - 29. ,, fit faire par ſes ouvriers, l'Arche de bois de
,, Sittim, avec ſon couvercle appelé le Propi
,, tiatoire ; la Table de bois de Sittim avec tous
,, ſes utenciles & ornemens; le chandelier d'or,
,, avec ſes lampes & ſes garnitures , ſuivant la
deſcription qui en eſt donnée Ch. XXX. Io
,, 39 , Il fit auſſi l'autel du parfum , avec la
», préparation de l'huile, & des aromates qui
,, devoient y être employés, comme il avoit été
Exod, ,, ordonné à Moïſe Ch. XXX. 1 - 6. Puis l'autel
XXXVIII,
I - 2I. ,, des holocauſtes & toutes ſes fournitures ſelon
le modèle donné ci deſſus Ch. XXVII. I - 8. &
,, la cuve d'airain avec ſon ſoubaſſement d'airain
dont il a été fait mention Ch. XXX. 18. & il
•-- . -• ·! - 22 cm
-
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 44r
» employa à cela les miroirs des femmes , faits
,, d'airain le plus fin, qu'elles portoient lorſ
,, qu'elles s'aſſembloient par troupes à la porte
,, de la tente de Moïſe , où le peuple s'aſſembloit
avant que le Tabernacle d'aſſignation proprement
ainſi nommé, fut conſtruit. " Il fit enfin l'en
s, ceinte compoſée de tentures, & de colom
,, nes pour les ſuſpendre, avec les pieux pour
,, les arrèter tout à l'entour , comme elle eſt dé
,, crite Ch. XXVII. 9 - 19. Ce ſont-là les diffé- Exod.
2, gnation
,, rents ouvrages détaillés
, tels que Moïſedules
Tabernacle d'aſſi- #
avoit ordonnés 2 "3 •

,, & comptés lorſqu'ils furent faits, & qui fu


», rent enſuite remis aux ſoins des Lévites par
s, les mains d'Ithamar, fils d'Aaron le Souve
,, verain Sacrificateur , & tout cela fut achevé
,, par Betſaléel, fils d'Uri, fils de Hur, de la
,, Tribu de Juda, qui le fit ſelon l'ordre que
», l'Eternel avoit donné à Moïſe , & avec
,, lui Aholiab , fils d'Ahiſamac, de la Tribu de
,, Dan , qui étoit auſſi un exçellent ouvrier
,, en bois & en étoffes de différentes couleurs,
,, en pourpre, en écarlate, en cramoiſi , & en
», fin lin.
D. qui
rain A furent
combien employés
ſe montaà l'or, l'argent* 83 l'ai
cet ouvrage •

R. Selon le calcul qui en fut fait après l'ou


vrage fini ; " Tout l'or qui fut employé à l'ou- Exod.
», vrage du Sanctuaire provenant des préſens **º
, volontaires faits par les Enfans d'Iſrael, mon-**"
», ta à vingt - neuf talens, ( chacun du poids de
trois mille ſicles , ou de quinze cents onces Ro
», maines ), & ſept cent trente ſicles, ſelon le
», ſicle du Sanctuaire qui étoit de demi once Ro
zmaine. ( Ce qui faiſoit en tout de nôtre monnoye
E e 5 poids

442 L'A N c I E N T E s T A M E N T
poids d'or, quarante trois mille huit cent ſoixante
,, cinq onces. Quant à l'argent qui provint du
», dénombrement de tout le peuple , ſoit de
tous ceux qui furent dénombrés, depuis l'âge de
,, vingt ans & au deſſus à un demi ſicle par
•, tête ; il ſe monta à cent talens, mille ſept
,, cent ſoixante & quinze ſicles ſelon le ſicle du
, ,, Sanctuaire ; Car y ayant eu 6o355o. perſon
,, nes de dénombrées, qui payérent chacune
», un demi ſicle d'argent par tète ; cela don
,, na 3oI775. ſicles , qui font juſte cent talens
,, mille ſept cent ſoixante & quinze ſicles ; &
,, en évaluant le ſicle à demi once d'argent,
,, cela fait la ſomme de 15o887. onces #. d'ar
», gent dont l'on employa cent talens aux cents
», ſoubaſſemens des colomnes du Sanctuaire, &
•, du voile, ſavoir, un talent par ſoubaſſement,
•, des 1775. ſicles ou 887. onces & demi d'ar
,, gent , il fit les crochets & anneaux mis aux
», colomnes pour couvrir leurs chapiteaux, &
,, faire des filets tout à l'entour. Enfin l'airain
», qu'on reçut des offrandes, ſe monta à ſoi
», xante & dix talens, & deux mille quatre
,, cent ſicles même poids ; leſquels furent em
,, ployés aux ſoubaſſemens de la porte d'entrée
, du Tabernacle d'aſſignation ; à l'autel couvert
,, d'airain avec ſon gril & ſes utenciles ; aux
,, ſoubaſſemens des colomnes de l'enceinte du
,, parvis, & à ceux de la porte du parvis, &
,, aux pieux de l'enceinte du Tabernacle, & de
», l'enceinte du parvis.
| D. Quels autres ouvrages firent encore les mê
mes ouvriers par ordre de Moiſe , 85 ſelon le
modèle que l'Eternel lui en avoit donné ?
R. , Ils
M Is E N C A T E e H I s M E. 443
R. ,, Ils firent encore tous les vêtemens ſa Exod.
,, cerdotaux dont Aaron & ſes fils devoient #!*
,, être revêtus, lorſqu'ils feroient le ſervice du
,, Sanctuaire, ou qu'ils exerçoient la Sacrifica
,, ture dans le Tabernacle , comme l'Eternel
,, l'avoit commandé ; ſavoir l'Ephod, le Pecto
,, ral, le Rochet, les chemiſes, la Thiarre, les
,, Calottes, les Caleçons , le Baudrier ou la cein
,, ture , & la lame d'or, le tout exactement
,, conforme au modèle tracé ci - deſſus Ch.
,, XXVIII. 7 -42. Ainſi fut achevé tout l'ou
,, vrage du Tabernacle ; & les Enfans d'Iſrael
,, exécutérent fidelement ce que l'Eternel avoit
,, commandé à Moiſe.
D. Que firent les ouvriers, quand tout l'ouvrage
ci - deſſus fut achevé ?
R. ,, Ils apportérent le tout à Moïſe ( comme
,, il eſt ici de nouveau détaillé piece par piece ) ;
,, lequel l'ayant vû & ayant reconnu qu'il avoit
,, été fait, comme l'Eternel l'avoit commandé,
,, l'approuva , & donna ſa bénédiction , tant
aux ouvriers qui y avoient travaillé, qu'au peu
ple qui y avoit contribué par ſes offrandes, en
priant Dieu d'en être le remunerateur.
D. Quel ordre l'Eternel donna-t.il enſuite à
Moïſe ſur ce qui reſtoit à faire pour l'arrange
ment 83 l'uſage de tous ces ouvrages finis *
R. Quand tout fut fait ; " l'Eternel dit à XExod.
L.
» Moïſe ; Au premier jour du premier mois de I - 15
la ſeconde année depuis la ſortie d'Egypte, tu
» dreſſeras la tente du Tabernacle d'aſſignation,
» & tu y mettras dans le fonds du côté d'Occi
», dent , l'Arche du témoignage , au devant de
,, laquelle tu tendras le voile : Puis tu appor
», teras la Table, & y arrangeras ce qui doit
2» y
t44 L'A N c I E N T E s T A M E N r
» y être arrangé : Tu apporteras auſſi le chan
,, delier , & en allumeras les lampes : Tu met
», tras auſſi l'autel d'or pour le parfum vis à vis
», de l'Arche du témoignage, & tu mettras la
» tapiſſerie à l'entrée de la tente : Tu mettras
,, auſſi l'autel des holocauſtes vis-à-vis de l'en
,, trée de la tente du Tabernacle d'aſſignation :
,, Tu mettras auſſi la Cuve entre le Tabernacle
,, d'aſſignation , & l'autel des holocauſtes, &
» y mettras de l'eau : Tu dreſſeras auſſi l'en
,, ceinte du parvis, & tu mettras la tapiſſerie
,, à la porte : Tu prendras auſſi l'huile de l'onc
,, tion , & en oindras la tente & tout ce qui
,, y eſt, & la conſacreras ainſi au ſervice de
, Dieu avec tous ſes utenciles ; afin que le tout
,, ſoit ſaint : Tu oindras auſſi l'autel des Ho
» locauſtes, & tous ſes utenciles , & le conſa
,, creras ainſi au ſervice de Dieu ; afin qu'il ſoit
,, Saint. Tu oindras auſſi la Cuve & ſon ſou
,, baſſement , & la conſacreras ainſi à Dieu :
» Tu feras auſſi approcher Aaron & ſes fils à
», l'entrée du Tabernacle d'aſſignation , & les
,, laveras avec de l'eau : Puis tu feras vètir à
» Aaron les Saints vêtemens qui lui ſont deſti
,, nés ; tu l'oindras de l'huile ſacrée, & le con
,, ſacreras ainſi à mon ſervice pour exercer la
,, Sacrificature : Tu feras auſſi approcher ſes
,, fils, & les revêtiras des chemiſes , & les oin
» dras comme leur pere ; afin qu'ils exercent
,, la Sacrificature à mon honneur, & par cette
» onction tu conſacreras toute leur poſtérité à
», toujours ; afin qu'ils puiſſent exercer la Sacri
» ficature d'âge en âge.
D. Ces ordres de Dieu à Moïſe furent-ils d'a-
bord exécutés *
R. Moïſe
M I s E N C A T E c H I s .1 E. q45
| R. , Moïſe exécuta ponctuellement & au E. .
», tems marqué, chacune des choſes que l'E x L.
,, ternel venoit de lui ordonner : Car au pre-º - 33
,, mier jour du premier mois de la ſeconde an
», née, depuis la ſortie d' Egypte , les ſoubaſſe
» mens, les ais, les barres & les colomnes du
,, Tabernacle furent dreſſés, & les couvertures
», miſes deſſus : Les Tables furent poſées dans
» l'Arche , les barres miſes à ſes côtés, & le
,, Propitiatoire placé au deſſus de l'Arche, la
,, quelle fut auſſi poſée dans l'intérieur de la
», tente, & le voile mis au devant pour la cou
,, vrir. La Table fut enſuite poſée dans le Ta
,, bernacle d'aſſignation, au côté Septentrional
,, de la tente , hors du voile , & ſur elle fu
», rent arrangés les pains devant l'Eternel. Moïſe
s, mit auſſi le chandelier dans le Tabernacle
,, d'aſſignation vis-à-vis de la Table, au côté
•, méridional , & il alluma les lampes devant
», l'Eternel. Il poſa enſuite l'autel d'or dans le
», Tabernacle, vis à-vis le voile, & fit fumcr
» ſur lui le parfum des aromates préparées à cet
», uſage. Il mit auſſi la tapiſſerie de l'entrée du
» Tabernacle, & plaça vis-à-vis la dite entrée,
,, l'Autel des holocauſtes, ſur lequel il offrit à
», Dieu le premier holocauſte , & le gâteau ; le
,, tout comme l'Eternel l'avoit commandé, &
,, il poſa la cuve entre le Tabernacle d'aſſigna
,, tion & l'autel , & y mit de l'eau pour ſe
s, laver : Et Moïſe, & Aaron & ſes fils en la
» vérent ſur le champ leurs mains & leurs pieds,
», & continuérent à le faire toutes les fois qu'ils
» entroient dans le Tabernacle d'aſſignation ,
», & qu'ils approchoient de l'Autel pour y ſacri
»»Aºr : Il dreſſa enfin l'enceinte du parvis &
22 de
#46 L'A N e 1 E N T E s r A M E N r
• · » de l'autel, & tendit la tapiſſerie à la porte de
t ##
* ,
!: - , ce parvis. Ainſi Moïſe acheva l'ouvrage.
D. Après que tout cet édifice fut dreſſe, 83
que les Miniſtres du Sanctuaire qui devoient y ſer
• *
vir furent conſacrés ; Qu'eſt-ce qui rendit tout ce
#. qui venoit de ſe faire, encore plus auguſte 85 plus
ſacré ? - · --
Evod. R. Ce fut " la nuée lumineuſe qui couvrit le
XL ,, Tabernacle d'aſſignation , & la gloire de l'E-
f84 - is , » ternel, ou la lumiere, ſimbole de ſa gloire,
,, qui remplit tout le dedans de la Tente; tel
,, lement que Moïſe ne put alors : entrer au
, Tabernacle d'aſſignation ; car la nuée ſe te
, noit deſſus, & la lumiere de la gloire de l'E-
• ternel rempliſſoit tout le dedans de la tente.
Ce fut ce ſimbole qui continua à diriger les mar
ches, 85 à régler les ſtations des Iſraèlites dans le
,, déſert. Car, quand la nuée ſe levoit de deſſus
» le Tabernacle, les Enfans d'Iſraël partoient,
», & marchoient en ordre par diverſes troupes :
,, mais ſi la nuée ne ſe levoit point, ils ne par
», toient point juſqu'au jour qu'elle ſe levoit :
,, Or la nuée de l'Eternel couvroit la tente
» pendant le jour , & une flamme y brilloit
», pendant la nuit, à la vuë de tout le peuple
», d'Iſraël , & cela eut lieu dans toutes leurs
» traites ; juſqu'à leur arrivée dans le lieu qui
» leur avoit été promis.

FIN DU ToME PRE M1E R.


L A1

sAINTE ECRITURE D E

LANCIEN TESTAMENT,
expoſée Q5 éclaircie ,
Par D E M A N D E s & par R E P o N s E s ;
Selon l'ordre des temps dans lequel chaque
partie a été écrite ;
Avec de courtes Explications & des Remarques pour
en faciliter l'intelligence, & une Table des ,
Matieres pour en rappeler le contenu.
T O M E S E C O N D,
Contenant les trois derniers Livres de M o ï s E
le L E V I T I Q_U E, les N O MB RES
& le D E U T E R ON OME.

## ## # #

A L A U S A N N E, " .

Chez A N T o I N E C H A P U 1 s.

M D C C L X I V.
ºººººººººººººººººººººººº33:,::-32 ,
3

rN3º8º8º8º83º83º83º8º83º5º83 •3º8º8º33º83-#eº2º3º83-38-33 •3:•8, t3 # *

- | L A
SAIN T E E C R I T U RE
D E

L' A N C I E N T EST A M E N T,
expoſée 85 éclaircie
par D E M A N D E s & par R E P o N s E s.
, T O M E S E C O N D,
Contenant les trois derniers Livres
- DE M o ï sE ·
LE LE'VITIQUE, L Es NOMBRES
ET L E DEUTER ONO M E. .
L E L E V 1 T 1 Q U E.
C H A P I T R E I.

Contenant les réglemens que Dieu donna à


Moïſe touchant la maniere dont il vou
loit être ſervi dans le Lieu Sacré ; & en
particulier touchant les holocauſtes, les
oblations volontaires , les Sacrifices de
proſpérités, & ceux qui devoient étre of
ferts pour les péchés d'erreur.
D. Q Uel eſt le troiſieme Livre de Moïſe com.
pris dans le Pentateuque *
Toine I I. A R. C'eſt
2 L'A N c I E N T E s T A M E N r
R. C'eſt le L E'v 1 T I Q U E.
D. Pourquoi lui a-t-on donné ce mom ?
R. Parce qu'il contient le culte Lévitique,
ou les Loix que Dieu donna à Moiſe, dont
·l'obſervation regardoit particulierement les Sa
crificateurs , & les Chefs de la Tribu de Lévi.
D. Quand 85 comment Dieu donna - t - il ces
Loix à Moiſe ?
R. Auſſi-tôt que le Tabernacle eut été dreſſé
& conſacré à Dieu , & que la nuée qui étoit
le ſimbole de ſa préſence l'eut couvert ; Moïſe
Lévit. I. s'en tenant éloigné par reſpect, * l'Eternel l'ap
I - I7. » pela du ſein de la muée , & lui adreſſà ces
, paroles de deſſus le Tabernacle d'aſſignation :
,, Parle aux Enfans d'Iſrael & leur dis de ma
,, part : Quand quelcun d'entre vous voudra
» offrir à l'Eternel une offrande d'une bète à
, quatre pieds , ce ſera de gros ou de menu
, bétail : Si ſon offrande pour l'holocauſte eſt
» de gros bétail, comme veau, ou taureau , il
» offrira un mâle ſans défaut , & l'offrira de
,, ſon bon gré ſur l'autel qui eſt dans le parvis,
», au devant du Tabernacle d'aſſignation , en
,, préſence de l'Eternel ; en poſant ſa main ſur
» la tête de l'holocauſte , pour marquer qu'il la
conſacroit , 85 qu'il ſe conſacroit lui-même vo
,, lontairement à Dieu ; & ſon holocauſte ſera
,, agréé , tout comme s'il ſe conſacroit lui même
,, pour lui ſervir de propitiation , ou comme un mo
,, yen de ſe rendre Dieu propice : Puis on égorgera
» le veau en préſence de l'Eternel, & les fils
, d'Aaron qui ſont Sacrificateurs en offriront le
» ſang , en le répandant tout autour de l'au
,, tel qui eſt au devant du Tabernacle. L'on
» écorchera enſuite la béte qui doit être offerte en
©2 ho
M I s EN C A T E c H I s M E. 3

» holocauſte, & on la coupera par pieces. Et


,, les fils d'Aaron Sacrificateurs mettront le
, feu ſur l'autel, & arrangeront le bois ſur le
,, feu ; puis ils arrangeront les pieces coupées,
,, la tête & la graiſſe des entrailles de la viéii
,, me ; au deſſus du bois qui eſt ſur le feu de
,, l'autel ; mais il lavera avec de l'eau le ventre
,, & les entrailles , pour en détacher toutes les
ordures, avant de les mettre ſur le feu, & le
,, Sacrificateur fera fumer , ou bruler toutes ces
,, choſes ſur l'autel, comme un holocauſte , ou
,, un ſacrifice couſumé au feu , d'une odeur
,, agréable à l'Eternel. Que ſi quelcun veut of
» frir en holocauſte du menu bétail, brebis ou
» chévres, il offrira un male ſans défaut, &
,, l'on y obſervera les mèmes cérémonies que
» pour le veau, «ou le taureau qui ſont ici re
,, petées. Mais ſi l'offrande que l'on voudra
,, offrir en holocauſte, eſt d'oiſeaux ; ce ſeront
,, des tourterelles , ou des pigeonneaux , & le
» Sacrificateur avant de les offrir , & de les
,, faire fumer ſur l'autel, leur entamera la tê
,, te avec l'ongle, & en exprimera le ſang au
,, côté de l'autel : Enſuite il en ôtera le jabot,
» avec ſa plume, & les jettera près de l'autel
,, vers l'orient, où ſeront les cendres ; & leur
,, tordra les ailes ſans les s arracher : Puis le
,, Sacrificateur les fera fumer ſur l'autel au deſ
, ſus du bois qui ſera au feu ; ce ſera auſſi un
» holocauſte , ou un Sacrifice paſſé par le feu
,, qui ſera d'unc odeur agréable à l'Eternel.
D. Mais ſi l'on m'étoit pas en état d'offrir )
Dieu du gros ou menu bétail, non plus que des
tourterelles ou des pigeonneaux, 85 que l'on ne
2 put
4 L' A N e I E N T E s T A M E N T
put offrir que des gâteaux 3 qu'eſt-ce que Dieu
ordonne en ce cas-là *
R. Ces gâteaux étoient de pluſieurs eſpéces
Zévit. II. que Dieu diſtingue, quand il ajoute : " Si quel
· I - 16. ,, que perſonne veut offrir , au lieu de ces ani
,, maux, des gâteaux à l'Eternel ; ſon offrande
, ſera de fleur de farine de froment , & il ver
,, ſera de l'huile ſur le gâteau, & mettra de
,, l'encens par deſſus : Puis il l'apportera à un
,, des fils d'Aaron Sacrificateur , lequel prendra
,, une partie de ce gâteau fait de fleur de fa
,, rine mèlée d'huile, avec tout l'encens qui eſt
deſlus, & il le fera fumer ſur l'autel, comme
,, un mémorial de ſon oblation donnée en ho
à
, locauſte : Ce ſera auſſi une offrande paſſée
,, par le feu qui ſera agréable à l'Eternel : mais
,, ce qui reſtera du gâteau, ſera pour Aaron
», & ſes fils, comme une choſe très - Sainte
» d'entre les offrandes paſſées par le feu &
,, conſacrées à l'Eternel. Si tu veux faire ton
,, offrande de gâteaux,. cuits au four, tu les
» feras, ou en bignets épais de fine farine ſans
,, levain, paitris avec de l'huile ; ou en bignets
,, minces, auUi ſans levain , & ſeulement oincts
,, d'huile : Ou ſi tu veux faire ton offrande de
,, gâteaux cuits ſur la plaque, elle ſera auſſi de
, fine ferine paitrie dans l'huile ſans levain ;
,, ou bien tu la mettras par morceaux , & tu
,, verſeras de l'huile par deſſus comme ſur une
,, offrande de gâteau. Ou ſi tu veux donner
, pour offrande un gâteau cuit, ou frit à la
» poële, elle ſera faite auſſi de fine farine cui
,, te avec l'huile. Puis tu apporteras à l'Eternel
», le gâteau fait de l'une , ou de l'autre de ces
» façons , & on le préſentera au Sacrificateur
22 qui
M Is EN C A T E c H I s M E. 5

, qui l'apportera vers l'autel ; & le Sacrificateur


,, en lévera un morceau , comme un monu
» ment de l'offrande entiere & le fera fumer &
,, conſumer ſur l'autel , comme une offrande
» paſſée par le feu , qui doit être agréable à
,, l'Eternel. Et ce qui reſtera du gâteau, ſera
,, pour Aaron & ſes fils, comme une choſe très
» Sainte d'entre les offrandes paſſées par le feu
» pour être conſacrées à l'Eternel. Ainſi quelque
,, gâteau que vous offriez à l'Eternel, vous
,, n'y mettrez aucun levain ; car l'on ne doit
,, rien apporter ſur l'autel pour y être brulé ,
,, où il y ait du levain. Il en eſt de même du
,, miel ; vous n'en mettrez dans aucune offran
,, de qui doive paſſer par le feu pour être con
,, ſacrée à l'Eternel : Vous pourrez bien en of
» frir à l'Eternel dans l'offrande des prémices,
,, ou des premiers fruits ; mais ils ne ſeront
,, point mis ſur l'autel , ſi vous voulez que
,, vôtre offrande ſoit agréable à l'Eternel. Tu
, ſaleras auſſi de ſel toute offrande de gâ
,, teau ; afin qu'il ne lui manque aucune des
,, choſes qui ſervent à cimenter l'alliance de
,, ton Dieu ; telle qu'eſt le ſel qui par ſon incor
ruptibilité en eſt le ſimbole $ qui fait toujours
partie des repas doiinés à ce ſujet. " C'eſt pour
,, quoi dans toutes tes oblations, tu offriras
,, toujours du ſel. Enfin ſi tu veux encore of
» frir à l'Eternel de ta bonne volonté, un gâ
,, teau des premiers fruits de ton grain ; tu pren
,, dras pour cela des épis qui commencent à
», mûrir , que tu broieras entre les mains ; ou
» des grains de quelques épis déja grenés &
,, des plus beaux , qui ſeront rôtis au feu :
,, puis tu mettras de l'huile ſur le gâteau qui
A 3 3» Cil
6 L'A N c I E N TEsTA ME NT
,, en ſera fait, & de l'encens par deſſus, com
,, me dans les offrandes de gâteau ; & le Sa
,, crificateur en prendra un morceau, comme
,, un monument de l'oblation , avec tout l'en
» cens , & le fera fumer ſur l'autel , comme
,, une offrande qui doit paſſer par le feu pour
,, être conſacrée à l'Eternel.
D. De quels ſacrifices Dieu ordonne-t-il enſuite
le cérémoniel ? -

R. Il parle enſuite des ſacrifices de proſpéri


tés, autrement dits, des ſacrifices pacifiques,
que l'on offroit, ou pour demander à Dieu
quelque faveur particuliere, ou pour lui rendre
graces de celles qu'on en avoit reçues : Et
voici la maniere dont Dieu ordonne qu'ils ſoient
Lévit. III. faits. " Si quelcun veut offrir un Sacrifice de
l - 17.
» proſpérités à l'Eternel, il pourra le faire tant
,, de gros que de menu bétail , ſoit mâle, ſoit
, femelle, mais ſans défaut : il poſera d'abord
, la main ſur la tête de ſon offrande ; pour
marquer qu'elle eſt conſacrée en ſon nom , 85 à
ſa place, à l'Eternel, en reconnoiſſance de ce qu'il
,, lui doit ; & il l'égorgera au parvis qui ſert
» d'entrée au Tabernacle d'aſſignation : Puis un
» des Sacrificateurs, fils d'Aaron , en répandra le
,, ſang autour de l'autel, & prendra la graiſſe
» qui envelope les entrailles, & toute la graiſſe
» qui les couvre immédiatement ; les deux ro
» gnons avec la graiſſe qui les couvre juſques
» ſur les flancs , & l'envelope du foye avec les
» rognons. Et les fils d'Aaron feront fumer, ou
s, bruler, tout cela ſur l'autel avec les reſies de
» l'holocauſte qui ſeront encore ſur le bois au
» deſſus du feu ; afin d'en faire une offrande
» conſumée par le feu qui ſoit agréable »à tET
l'E-
M Is EN C A T E c H I s M E. 7

» ternel. Il en ſera de même de toute offran


, de que l'on voudra faire à l'Eternel de menu
» bétail, brébis ou chévre, en Sacrifices de proſ
, pérités : l'on y obſervera les mêmes cérémonies :
» mais de plus, ſi c'eſt un agneau, le Sacrifi
» cateur prendra encore ſa queue entiere , juſ
» qu'à ſa racine , qu'il joindra aux autres par
» ties à mettre ſur l'autel pour être conſumées
, par le feu, & être ainſi agréables à l'Eter
,, nel : Car toute graiſſe des animaux qu'on of
, fre à l'Eternel lui appartient. Ce doit ètre
, une ordonnance perpétuelle qui aura force
» de Loi , tant que l'on offrira des Sacrifices
» dans toute la ſuite des tems ; & en quelque
» lieu que vous habitiez, c'eſt que vous ne
» mangerez aucune graiſſe des animaux offerts
» en ſacrifice, ni aucun ſang.
D. Quels autres Sacrifices Dieu ordonne - t - il
encore à Moïſe pour être offerts par le peuple
d'Iſraël.
R. Ce ſont les Sacrifices que l'on devoit of
frir pour les péchés commis par erreur ou par
ignorance ; ſoit que ce fût un Sacrificateur qui
les eut commis ; ſoit que ce fût toute l'aſſemblée
des Enfans d'Iſraél, ou quelque perſonne conſ
tituée en dignité ; ſoit enfin qu'ils euſſent été
commis par quelque particulier.
D. Quels ſacrifices Dieu ordonne-t-il pour les
Sacrificateurs qui ſeroient tombés dans de tels
péchés ?
R. Voici ce que * l'Eternel dit à Moïſe ſur Lévit. IV.
ces péchés en général, 85 au cas qu'un Sacrifica I - I2
,, teur s'en rendit coupable ; Parle aux enfans
,, d'Iſrael, & leur dis : Quand une perſonne au
•, ra péché par erreur contre quelcun des com
>
4 22 IlldIl
3 L'A N c I E N T EsTAMENT
,, mandemens de l'Eternel, en commettant des
,, choſes qui ne ſe doivent pas faire , dont elle
» ſe ſoit rendue coupable : Si c'eſt un Sacrifi
, cateur oinct , ou le Souverain Sacrificateur ,
» qui ait commis un tel péché par ignorance,
,, comme l'auroit fait un homme du peuple
,, moins inſtruit de ſon devoir, il offrira à l'E-
, ternel en ſacrifice pour ſon péché , un veau
» ſans tare pris du troupeau, & il aménera
» le veau à l'entrée du Tabernacle d'aſſigna
,, tion devant l'Eternel , il poſera ſa main ſur
, la tête du veau & l'égorgera devant l'Eter
» nel : Et le Sacrificateur oinct prendra du ſang
» du veau, & l'apportera dans le Tabernacle
,, d'aſſignation au Lieu Saint, & trempera ſon
» doigt dans le ſang , dont il fera aſperſion par
, ſept fois en préſence de l'Eternel , au devant
» du voile du Sanctuaire, ou du Lieu très.Saint :
, , Il en mettra auſſi ſur les cornes de l'autel
» des parfums qui eſt dans le Tabernacle d'aſ
» ſignation au Lieu Saint ; mais il répandra
» tout le reſte du ſang du veau, au pied de
» l'autel des holocauſtes qui eſt à l'entrée du
» Tabernacle d'aſſiguation ; & il lévera de cet
» te offrande, toute la graiſſe des entrailles &
» les deux rognons avec leur graiſſe & l'enve
» lope du foye , comme on les ôte du veau of
, fert dans le ſacrifice de proſpérités ; & le Sa
» crificateur fera fumer , ou bruler, toutes ces
,, choſes - là ſur l'autel des holocauſtes ; mais
,, quant à la peau du veau, & toute ſa chair
,, avec ſa tète, ſes jambes , ſes entrailles, ſa
» fiente, cn un mot , tout ce qui reſte du
,, veau , il l'emportera hors du camp dans un
s lieu net, où l'on répand les cendres des vic
- tiiites
M Is E N C A T E c H I s M E. 9

, times offertes dans le parvis, & il le brulera-là


» ſur du bois au feu, juſqu'à ce qu'il ſoit tout
» conſumé.
D. Quelles cérémonies y avoit-il à obſerver, ſi
ces péches avoient été commis par toute l'Aſſem
blée º
R. » Si toute l'aſſemblée d'Iſraël a péché par Lévit. IV.
» erreur, & que la choſe n'ait pas été apperçue I3 - 2 I.
» par l'aſſemblée , & qu'ils ayent violé quel
, que commandement de l'Eternel , ou qu'ils
» ſe ſoient rendus coupables des choſes qui ne
» ſe doivent point faire ; au cas que ce péché
» vienne à être découvert ; l'on y doit obſer
» ver les mêmes cérémonies que celles qui ſont
,, ordonnées pour le Souverain Sacrificateur,
83 que l'on vient de rapporter ; avec cette ſeule
,, différence, que dans les ſacrifices offerts pour
,, toute l'aſſemblée , les Anciens du peuple doi
,, vent poſer leurs mains ſur la tète du veau,
,, c0m1mte repréſentants toute la Nation, pour ob
» tenir le pardon du péché que l'Aſſemblée
» avoit commis par erreur : car c'eſt l'offrande
» pour le péché de l'aſſemblée.
D. Mais ſi c'étoit un des principaux qui eut
commis ce péché , qu'y avoit-il à faire ? Lévit. IV.
R. , Si quelcun des principaux a péché, 22 - 26.
,, ayant violé par erreur quelcun de tous les
» commandemens de l'Eternel ſon Dieu , &
» qu'il ſe ſoit rendu coupable en commettant
» des choſes qui ne doivent point ſe faire : au
» cas qu'on l'avertiſſe du péché qu'il a commis ;
» il amenera pour être ſacrifié un jeune bouc
·», mâle, ſans tare, & il poſera ſa main ſur la
2, tête du bouc ; & on l'égorgera au lieu où
a l'on égorge les bêtes deſtinées pour l'holocauſte
5 " » CIl
MO L'A N c I E N T E s T A M E N T
» en préſence de l'Eternel ; car c'eſt une offran
» de pour le péché. Puis le Sacrificateur pren
» dra avec ſon doigt du ſang de l'offrande pour
» le péché, & en mettra ſur les cornes de l'au
,, tel des holocauſtes, & répandra le reſte au
,, pied de cet autel. Et il fera fumer toute ſa
,, graiſſe ſur l'autel , comme la graiſſe du ſacri
,, fice de proſpérités. Ainſi le Sacrificateur fera
,, propitiation pour lui de ſon péché & il lui
» ſera pardonné. -

D. Enfin ſi c'étoit une perſonne du commun


peuple qui s'en fut rendue coupable ; que devoit-elle
faire ?
zéoit.Iv. R. , Si quelcun du commun peuple a péché
s7 - 35. ,, par erreur en violant quelcun des comman
,, demens de l'Eternel, & qu'il ſe ſoit rendu
,, coupable des choſes qui ne ſe doivent pas fai
,, re ; au cas qu'il ſoit averti du péché qu'il a
,, commis, il amenera en offrande pour obte
,, nir le pardon de ſon péché, une jeune chévre,
,, ſans tare , & il poſera ſa main ſur la tète
,, de l'offrande pour le péché, & l'on égorge
,, ra cette offrande au lieu ordinaire. Puis le
,, Sacrificateur prendra du ſang de la chévre
,, avec ſon doigt, & en mettra ſur les cornes
,, de l'autel des holocauſtes, & répandra tout
,, le reſte au pied de l'autel : Il ôtera enſuite
,, toute la graiſſe, comme on le fait dans le
,, ſacrifice de proſpérités ; & le Sacrificateur la
,, fera fumer , ou bruler ſur l'autel, en ſuave
,, odeur à l'Eternel ; & fera propitiation pour
:,, lui ; enſorte que ſon péché lui ſera pardonné
,, Que s'il améne un agneau à offrir pour ob
,, tenir le pardon de ſon péché ; ce devra être
,, une femelle ſans tare , à l'égard de laquelle
»» !
M Is E N C A T E c H I s M E. Ir

», il obſervera les mêmes cérémonies que pour


s, la chévre, & en fera fumer la graiſſe com
», me dans les ſacrifices de proſpérités , en la
,, mettant par deſſus les ſacrifices offerts à l'E-
,, ternel, conſumés au feu ; & le Sacrificateur
2, ayant ainſi fait la propitiation pour le pé
,, ché commis par erreur, il ſera pardonné au
•, délinquant.

C H A P I T R E I I.

Contenant divers cas particuliers des péchés


commis par ignorance, ou par erreur ;
& diverſes ordonnances concernant l'ho
locauſte; l'oblation des gâteaux ; les ſa
crifices pour le péché & pour le délit ;
les ſacrifices de proſpérités ; & la portion
que les Sacrificateurs devoient avoir à ces
ſacrifices.

D. Q Uels ſont les cas particuliers indiqués


par Dieu même qui ſont mis au rang
des péchés commis par ignorance, ou par erreur ,
pour leſquels l'on devoit offrir de tels ſacrifices ,
ou de telles offrandes ?
R. Ce ſont les ſuivants, ſavoir , ceux qui
ne découvrent pas la vérité, lorſqu'ils en ſont
requis par ſerment ; Ceux qui ſe ſont ſouillés en
touchant quelque choſe d'impur, ſans le ſavoir ;
Ceux qui jurent témérairement ; Ceux qui re
tiennent par inadvertence une choſe conſacrée.
En
I2 L'A N c I E N TE s T A M E NT

Enfin ceux qui péchent par pure ignorance de


ce qu'ils doivent , faire.
D. Qu'eſt-il dit de ceux qui me découvrent pas
la vérité, lorſqu'ils en ſont requis par ſerment.
Lévit. V. R. ,, Quand quelcun , dit Dieu à Moïſe ,
I.
,, aura" péché, en ce qu'étant ſommé par ſer
,, ment de dire la vérité de ce qu'il aura oui,
,, ou dont il aura été le témoin, ſoit qu'il
,, l'ait vû , ou qu'il l'ait ſù, & qu'il ne veuille
,, pas le déclarer, il portera ſon iniquité, c. à. d.
qti'il ſera coupable 83 portera la peine de ſon
péché , à moins qu'il n'offre le ſacrifice preſcrit
par la Loi pour les péchés cenſés commis par
e}'7'ell7°.

D. Qu'eſt-il ordonné à ceux qui auroient tou


ché une choſe ſouillée ?
Lévit. V. R. ,, Quand quelcun aura touché une choſe
2 , 3. ,, ſouillée, ſoit la charogne de bêtes ſauvages
,, immondes , ou d'animaux domeſtiques im
,, mondes, ou de reptiles immondes ; quoi
,, qu'il ne s'en ſoit pas apperçu ; & qu'il ait
,, aſſiſté au ſervice divin , avant de s'ètre lavé
» pour ſe purifier , il ne laiſſe pas d'être ſouil
, lé, & il a commis une faute qu'il doit repa
rer par le ſacrifice ordonné pour les péchés d'i-
,, gnorance. De même , ſi quelcun a touché un
,, homme impur, de quelque impureté qu'il ſoit
,, ſouillé ; ſoit qu'il ne s'en ſoit pas apperçu,
,, ou qu'il l'ait reconnu , il eſt cenſé coupable,
83 comme tel, obligé d'offrir auſſi un ſacrifice pour
le péché d'ignorance. / ,

D. Qu'eſt il ordonné ſur le cas de celui qui


aura juré témérairement ?
Lévit, V. R. ,, Quand quelcun aura juré & promis de
4 » ſes lévres, ſansy bien penſer, de faire quel
- »» GluC
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 13
», que choſe qui tourne en mal ou en bien ;
», quelle que ſoit la nature de la choſe qu'il au
,, ra promiſe par ſerment ; s'il vient enſuite à
,, l'oublier , ou qu'il reconnoiſſe qu'il a eu tort,
,, il eſt également coupable d'ignorance ou d'er
3re11}".

D. Que devoit donc faire le coupable dans cha


cun de ces cas , pour la propitiation de ſon péché ?
R. ,, Quand quelcun ſe ſera rendu coupable Lévit. V.
,, dans l'un ou l'autre de ces cas ; auſſi tôt qu'il 5 ***
,, en aura été averti, il devra confeſſer ce en
,, quoi il aura péché, & ſelon cela , il amene
,, ra à l'Eternel ou au Sacrificateur, l'offrande
,, qu'il doit donner pour la faute 'commiſe ;
,, ſoit une jeune brebis , ou une jeune chévre ;
,, & le Sacrificateur fera propitiation pour lui
,, de ſon péché, de la maniere qu'il a été preſ- .
», crit ci deſſus ; & s'il n'a pas le moyen d'offrir
,, une brebis, ou une chévre, il offrira à l'E-
,, ternel deux tourterelles , ou deux pigeon- .
,, neaux, l'un en ſacrifice pour le péché d'er
,, reur, & l'autre en holocauſte : Il les ap
», portera au Sacrificateur qui offrira premiere
», ment celui qui eſt pour le péché , & lui en
,, tamera la tête avec l'ongle vers le cou, ſans
,, la ſéparer ; puis il fera aſperſion du ſang de
,, celui qui doit être offert en ſacrifice pour le
,, péché ſur un côté de l'autel ; & ce qui reſ
,, tera de ſang dans l'oiſeau , il l'exprimera au
,, pied de l'autel, comme on le fait dans un
,, ſacrifice pour le péché ; & de l'autre il en
,, fera un holocauſte , ſelon ce qui a déja été
,, ordonné ; moyennant quoi ſon péché lui ſera
,, pardonné. Que ſi celui qui aura péché, n'a
,, pas le moyen de fournir deux tourterelles ,
* • . 22 Ol!
r4 L'A N c I E N TE s T AME NT

,, ou deux pigeonneaux, il apportera pour ſort


,, offrande, la dixieme partie d'un épha de fi
,, ne farine , & n'y ajoutera ni huile , ni en
,, cens ; parce que c'eſt une offrande pour le
» péché ; mais il la préſentera au Sacrificateur
,, qui en prendra une poignée pour marque de
,, cette offrande, & la fera fumer ſur l'autel
,, avec les ſacrifices qu'on offre à l'Eternel ſur
,, le feu, comme une offrande pour le péché ;
,, par ce moyen le Sacrificateur fera la propi
,, tiation des péchés d'erreur & d'ignorance,
,, commis de la maniere ci-deſſus indiquée, &
,, ils lui ſeront pardonnés ; & le reſte de l'of
,, frande ºſera pour le Sacrificateur , ſelon ce .
,, qui a été ordonné pour les offrandes de
2, gâteau.
D. Dans quels autres cas devoit.on offrir des
ſacrifices pour des fautes commiſes 85 reconnues
par le coupable ? -

Lévit. V. , R. ,, L'Eternel le déclare, quand il parle en


I4 - I9. ,, core ainſi à Moiſe ; Quand quelcun aura com
,, mis un crime ou un péché en retenant par
,, mégarde quelcune des choſes conſacrées à l'E-
, ternel , comme les premiers des fruits, ou des
beſtiaux qu'il aura employés à ſon propre uſage ;
,, il offrira à l'Eternel pour cette faute un bé
,, lier ſans tare, pris de ſon troupeau, avec
,, l'eſtimation qui ſera faite, en ſicles d'argent,
,, par le Sacrificateur de la choſe conſacrée qui
» aura été retenue, dont il reſtituera le prix en
» y ajoutant un cinquieme par deſſus , & le
» donnera au Sacrificateur , qui fera propitia
,, tion pour lui , en offrant le bélier pour la
,, faute commiſe, & elle lui ſera pardonnée. De
2, mème quand quelcun aura péché en violant »

» ſaus
M 1 s E N CA T E c H 1 s M E. 15
» ſans le ſavoir, quelcun des commandemens
» de la Loi, ou en faiſant des choſes qu'on ne
, doit point faire, il ſera cependant cenſe cou
» pable & devra porter la peine de ſa faute :
,, Pour cet effet, il amenera au Sacrificateur un
» bélier ſans tare, pris de ſon troupeau, avec
, l'eſtimation qui ſera faite par le Sacrificateur
» de ſon délit, & le Sacrificateur fera propitia
» tion pour lui de la faute qu'il aura commiſe
» ſans s'en appercevoir , & elle lui ſera par
» donnée ; car il y a du délit, & il s'eſt cer
» tainement rendu coupable d'inattention envers
,, l'Eternel.
D. Quels autres cas l'Eternel indique-t'il enco
re à Moiſe, dans leſquels les mêmes ſacrifices de
voient être offerts ?
R. » Ce ſont les deux ſuivants ſur leſquels zévit. pi.
» l'Eternel parle ainſi à Moïſe : Quand quelcun 1 - 7.
» aura péché & manqué à ce qu'il doit à l'E-
» ternel , en niant d'avoir reçu un dépôt, ou
» une choſe miſe entre ſes mains ; ſoit qu'il
,, l'ait ravie , ou qu'il ait trompé ſon prochain :
» ou s'il a trouvé quelque choſe qui eut été
,, perdue, & qu'il nie de l'avoir trouvée : ou
25 ſi, non content de nier le fait , il porte le
2> crime juſqu'à y ajouter un faux ſerment :
, ou enfin ſi quelcun a commis, ſans le ſavoir,
, quelcune des fautes que les hommes ont ac
» coutumé de commettre : s'il en eſt enſuite
» trouvé coupable , il reſtituera entierement
» tout ce qu'il auroit voulu uſurper par fraude,
» ſoit le dépôt, ou la choſe perdue , qu'il au
» roit nié par ſerment d'avoir entre les mains, &
» y ajoutera une cinquieme partie au profit de
• celui à qui la choſe appartenoit; & cela #
32 62
I6 L'A N c I E N TE sTAMENT
",

» le jour qu'il aura été reconnu coupable, ſans


,, aucun renvoi ; & de plus il amenera au Sa
» crificateur pour offrir en ſon nom à l'Eternel,
·» un bélier ſans tare pris de ſon troupeau, avec
» l'eſtimation que le Sacrificateur fera du délit,
» moyennant quoi le Sacrificateur fera propi
» tiation pour lui devant l'Eternel, & ſon pé
» ché lui ſera pardonné.
D. Quelles autres ordonnances Dieu ajouta-t-il
à celles-là, concernants les ſacrifices de toute eſ
pèce ? -

R. Il en ajouta pluſieurs autres qui regar


dent l'office des Sacrificateurs dans l'holocauſte
de chaque jour ; dans l'offrande du gâteau ;
dans le ſacrifice pour le péché & pour le délit ;
& dans les ſacrifices de proſpérités , en ſpéci
fiant la portion que les Sacrificateurs pourroient
• *, · prendre dans tous ces ſacrifices.
D. Quelle fut l'ordonnance qui regardoit en
particulier l'holocauſte de chaque jour ?
Lévit. VI. R. Voici ce que " l'Eternel dit à Moïſe ſur
:8 - 13. ,, ce ſujet, pour en inſtruire Aaron & ſes fils :
,, C'eſt ici la Loi qu'ils doivent obſerver dans
,, l'holocauſte qu'ils auront à offrir ſoir & ma
,, tin. L'holocauſte qui ſera mis le ſoir ſur le
,, feu de l'autel, y demeurera toute la nuit juſ
,, qu'au matin , & le feu de l'autel y ſera tenu
,, allumé , & le Sacrificateur étant vètu de ſà
2 tunique de lin par deſſus ſes caleçons qui cou
:, vrent ſa chair , levera les cendres après que
,, le feu aura conſumé l'holocauſte ſur l'autel ;
,, & il les mettra près de l'autel ; puis il dé
, pouillera ſes vêtemens ſacrés, & ayant repris
,, ſes habits ordinaires, il tranſportera les cen
,, dres hors du camp , dans un lieu net , deſ
»» !tj13
BI 1 s E N C A T E c H I s M E. 17

,, tiné à cela : Et quant au feu qui eſt ſur l'au


,, tel , , on l'y tiendra allumé & on ne le laiſſe
,, ra point éteindre. Pour cet effet le Sacrifi
,, cateur mettra tous les matins de nouveau
» bois au feu , ſur lequel il arrangera l'holo
,, cauſte du matin, & y fera fumer les graiſ
,, ſes des offrandes de proſpérités ſur les graiſſes
» de l'holocauſte, ou après que l'holocauſte aura
,, été conſumé.
D. Quelle fut l'ordoanance de Dieu touchant
l'offrande du gâteau ? -

R. Cette offrande devoit être préſentée, ou


par un ſimple particulier en oblation volontaire,
ou pour quelque délit ; ou par Aaron & celui
de ſes fils qui lui ſuccederoit dans la Souve
raine Sacrificature, lorſqu'il ſeroit conſacré.
S'il s'agiſſoit d'un ſimple particulier ; " C'eſt Lévit, yr.
» ici la Loi que Dieu donna pour l'offrande 14 - 23.
,, du gâteau : Les fils d'Aaron l'offriront en
,, préſence de l'Eternel ſur l'autel ; & pour ce
», la, après avoir levé une poignée de la fleur
,, de farine, dont a été fait le gâteau, ou une
,, portion du gâteau , & de ſon huile, avec tout
,, l'encens qu'on aura mis deſſus, il la fera
» fumer ſur l'autel, comme un témoignage de
,, l'offrande faite à l'Eternel qui doit lui être
,, agréable, & Aaron avec ſes fils mangeront le
,, reſte; pourvû qu'il ſoit ſans levain , dans le -

,, parvis même du Tabernacle d'aſſignation, qui


,, eſt cenſé un lieu Saint. On n'en cuira point
,, avec du levain, & ce ſera leur portion des
,, offrandes paſſées par le feu qui me ſeront pré
,, ſentées. Cette offrande ſera une choſe ſacrée,
,, de même que ce qui s'offre pour le péché
,, & pour le délit. Tout mâle d'entre les fils
Tome II. B » d'Aae -
13 L°A N c I E N T E s T A M E N T
, d'Aaron pourra en manger, & ce ſera une
, ordonnance perpétuelle que l'on devra ob
, ſerver dans tous les âges, pour les offrandes
, faites à l'Eternel , qui doivent paſſer par le
,, feu ſur l'autel. Et quiconque les touchera ,
', hormis le Sacrificateur, devra être cenſé ſouil
,, lé : Mais s'il s'agit de l'offrande à faire par
» Aaron & ſes fils, le jour qu'ils ſeront oincts
, pour être conſacrés au ſervice de Dieu ; ils
, offriront la dixieme partie d'un Epha de fine
» farine, pour offrande perpétuelle, une moi
, tié le matin, & l'autre moitié le ſoir ; elle
» ſera apprètée ſur une plaque avec de l'huile,
, tu l'apporteras ainſi frite, & en offriras les
,, pieces cuites, comme des gâteaux frits , pour
, être d'une odeur agréable à l'Eternel. Et le
» Sacrificateur d'entre ſes fils qui ſera oinct en
» ſa place pour être Souverain Sacrificateur ,
» continuera à le faire le jour de ſa conſécra
s, tion ; auſſi long-tems que le Sacerdoce Lévi
» tique ſubſiſtera : On fera fumer ce gâteau ſur
, l'autel pour être offert tout entier à l'Eter
,, nel, & tout le gâteau du Sacrificateur ſera
,, conſumé ſans en manger. -

D. Qu'eſt - ce que Dieu ordonna enſuite à Moiſe


touchant le ſacrifice pour le péché ?
· lévit. VI. R. ,, Il lui ordonna d'inſtruire Aaron & ſes
34 - 30. » fils, de ce qu'ils devoient obſerver dans de
, tels ſacrifices ; ſavoir , que la victime qu'on
,, offriroit pour le péché fut égorgée en la pré
,, ſence de l'Eternel , ou au devant du Taberna
cle d'aſſignation , où il étoit cenſe habiter, dans
» le même lieu où l'on égorgeoit la victime
,, pour l'holocauſte ; puiſque c'étoit une offran
, de très-Sainte , particulierement conſacrée à
- b2 Diet4
MIs EN C A T E c H I s M E. 19

, Dieu, & que le Sacrificateur qui offriroit la


», victime, s'en nourrit avec ſes enfans mäles ,
» 85 d'autres Sacrificateurs, dans un lieu Saint ;
,, tel qu'elt le parvis du Tabernacle d'aſſigna
» tion. Tout/ ce qui la toucheroit devoit être
,, cenſé ſouillé , & s'il en réjailliſſoit quelque
», peu de ſang ſur le vètement ; ce ſur quoi le
,, ſang ſeroit tombé devoit être lavé , dans le
,, Lieu Saint , & le vaiſſeau de terre dans le
» quel on l'auroit fait bouillir devoit être caſſé ;
» mais ſi on l'avoit fait bouillir dans un vaiſ
» ſeau d'airain , il devoit ètre écuré & lavé
» dans l'eau. Tout mâle d'entre les Sacrifica
», teurs pourra manger de cette victime , com
,, me d'une choſe très - Sainte 83 conſacrée à
,, Diett. L'on ne mangera d'aucune victime pour
,, le péché dont l'on aura porté le ſang dans
» le Tabernacle d'aſſignation , pour faire la pro
» pitiation du péché dans le Sanctuaire même ;
telle qu'eſt celle qui eſt offerte pour le Grand Sa
crificateur : Lévit. l V. 1. ou celle qui eſt offerte
pour toute l'aſſemblée : Lévit. IV. 13. ou celle
qui eſt offerte le grand jour des expiations Lé
», vit. XVI. 27. mais une telle victime devra
» ètre brulée toute entiere ſur l'autel des holo
cauſtes. - -

D. Qu'eſt ce que Dieu ordonna après cela tou


chant la victime offerte en ſiicrijice pour le délit,
ou pour une ſimple faute *
| R. ,, C'eſt ici, dit il, la Loi que l'on obſer Lévit.
--, vera dans l'oblation faite pour le délit, ou IlV-I1O•
I.

2, pour une ſimple faute; laquèlle oblation eſt


» auſſi une choſe très-Sainte, dont les ſeuls Sa
crificateurs puiſſent manger , 83 cela ſeulement
», dans le parvis : L'on egorgera la victime †
B 2 2» 1C
2o L'A N C I E N Tf sTAM EN T

» lc délit, au mème lieu où l'on égorge la vie


,, time pour l'holocauſte : L'on en répandra le
» ſang ſur l'autel tout à l'entour ; Puis on en
,, offrira toute la graiſſe avec ſa queue, (ſi c'eſt
,, un mouton ) , & toute la graiſſe qui couvre
» les entraiºes ; & l'on en ôtera les deux ro
,, gnons avec leur graiſſe juſques ſur les flancs,
» & l'envelope du foye que l'on mettra ſur les
» deux rognons : Et le Sacrificateur fera fumer
» toutes ces choſes ſur l'autel , comme une
,, offrande paſſée au feu, & conſacrée à l'E-
, ternel pour le délit. Excepté ces choſes, tout
» mâle d'entre les Sacrificateurs pourra man
,, ger de cette victime ; pourvû que ce ſoit dans
» un lieu Saint ; puiſque c'eſt une choſe par
» ticulierement conſacrée à Dieu. Ainſi l'obla
, , tion pour le délit ſera ſemblable à cet égard
» à l'oblation pour le péché : Il y aura une
» même Loi pour les deux ; & la victime ap
» partiendra également au Sacrificateur qui au
, ra fait la propitiation. Mais ſi c'eſt un ho
,, locauſte , le Sacrificateur qui l'a offert, aura
» ſeulement la peau de la victime. Et tout gâ
,, teau cuit au four que l'on apprète à la poele ,
,, ou ſur la plaque, appartiendra au Sacrifica
,, teur qui l'offre ; mais tout gâteau paîtri à
,, l'huile ou ſec , ſera pour tous les fils d'Aa
» ron : les uns ou les autres pourront également
», en manger.
D. Que fut-il encore ordonné touchant le ſacri
fice de proſpérités, outre ce qui en a été dit ci
deſſus Lévit. I1I. 2.
Lévit. R. , C'eſt ici la Loi du ſacrifice de proſpé
77 II.
N I - $ I- ,, rités qu'on offrira à l'Eternel. Si quelcun l'of
» fre pour rendre graces à Dieu pour des #
qu'i
M Is E N C A T E c H I s M E. 2I

,, qu'il en a reçus, il offrira avec le ſacrifice


» d'actions de graces qui a déja été preſcrit,
» des tourteaux ſans levain, paîtris à l'huile, ou
» des bignets ſans levain oincts d'huile, ou de
» la fleur de farine qu'on aura frite en tour
» teaux arroſés d'huile. Il offrira avec ces tour
» teaux, du pain levé pour ſon offrande, non
pour être brulé ſur l'autel, puiſque cela ert def
· fendu Lévit. II. 12. mais pour être mangé par
les Sacrificateurs 83 leur famille , avec le ſacrifice
| » d'actions de graces pour ſes proſpérités ; & il
» en offrira une piece de toutes les eſpéces en
» oblation, élevée à l'Eternel ; laquelle appartien
» dra au Sacrificateur qui aura répandu le ſang
» du ſacrifice de proſpérités : Mais la chair du
» ſacrifice d'actions de graces pour les proſpé
» rités , ou pour les biens qu'on aura reçus, ſera
» mangée par ceux qui l'offrent, avec leurs
parens & leurs amis , le jour mème qu'elle
» ſera offerte : L'on n'en laiſſera rien juſqu'au
matin. Que ſi la victime qu'il offre eſt un
» veau , ou une offrande volontaire, l'on com
» mencera bien à la manger le jour qu'on l'au
» ra offerte ; mais s'il y en a quelque reſte l'on
» pourra le manger le lendemain , & ce qui
» en ſera demeuré de reſte ce jour-là, ſera bru
» lé au feu le troiſieme jour ; car ſi l'on en
» mangeoit le troiſieme jour, la victime ne ſe
, roit point agréée & ſeroit cenſée nulle ; ce
» ſeroit plutôt une puanteur, une choſe à re
,, jetter ; & qui en aura mangé portera ſon ini
» quité, ou ſera cenſé coupable devant Dieu. Et
» ſi la chair de cette victime a touché, en la
,, tranſportant, quelque choſe de ſouillé, on ne
,, la mangera point; elle ſera brulée au feu ,
|# - B 3 ,, &
»
#
22 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» & pour en manger, il faudra auſſi être net ;
, car une perſonne qui mangeroit de la chair
» de la victime de proſpérités offerte à l'Eternel,
,, & qui auroit en ſa perſonne quelque ſouillu
» re dont il eut connoiſſance, cette perſonne ſe
,, ra retranchée de ſa nation , & regardée com
me n'ayant aucune part à l'alliance de Dieu. De
, mème , ſi une perſonne ſouillée pour avoir
» touché quelque choſe d'impur, ſoit un hom
» me reconnu impur, ou le cadavre d'une bè
2, te impure, ou quelque autre choſe reconnue
, ſouillée & abominable, vient à manger de la
,, chair de la victime de proſpérités offerte à
» l'Eternel ; cette perſonne-là ſera auſſi retran
, chée de ſa nation, 83 privée de tous les avan
tages de l'alliance de Dieu faite avec le peuple
d' Iſraèl.
D. Quelles autres précautions Dieu ordonna-t-il
à Moiſe de faire obſerver aux Enfans d'Iſraél,
pour que les ſacrifices qu'on lui offriroit lui fuſ
ſent agréables ?
| Lévit. R. ,, L'Eternel ordonne à Moïſe de renou
VI I. » veller aux Enfans d'Iſrael la défenſe qu'il leur
22 - 27.
,, avoit déja donnée de manger d'aucune graiſſe
,, de bœuf, ni d'agneau, ni de chévre offerte
,, en ſacrifice : L'on pourra bien, ajoute-t il, ſe
» ſervir pour tout autre uſage de la graiſſe d'u-
» ne bête morte , ou de la graiſſe d'une bète
» déchirée par les bêtes ſauvages ; mais vous
,, n'en mangerez abſolument point : Car qui
» conque mangera de la graiſſe d'une bête que
» l'on offre en ſacrifice à l'Eternel pour être
» conſumée au feu , la perſonne qui en aura
» mangé ſera retranchée de ſa nation. De plus
» dans aucune de vos demeures , vous ne man
- » » 8C
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 23
» gerez point de ſang, ſoit d'oiſeaux , ſoit d'au
» tres bêtes : Toute perſonne qui aura mangé
» de quelque ſang que ce ſoit, ſera retranchée
» de ſa nation.
D. Qu'eſt-ce que l'Eternel ajoute encore au ſit
jet des ſacrifices de proſpérités ?
R. ,, Parle, dit-il encore à Moïſe, aux En Lévit.

|, » fans d'Iſraël & leur dis : Celui qui offrira à


» l'Eternel un ſacrifice de proſpérités , ou en
V II.
23 - 33.

a5ions de graces des biens qu'il en a reçus, ap


» portera ſur ſes mains la portion qui doit re
• venir à l'Eternel des offrandes de proſpérités
» qui doivent être conſumées au feu, ſavoir, la
» graiſſe & la poitrine, pour la tournoyer en
» offrande tournoyée à l'Eternel ; c. à d. en les
levant 83 les baiſſant, 83 les préſentant à droite
85 à gauche ſur ſes mains, en ſigne qu'il recon
moit l'Eternel pour le Créateur 85 le Bienfaiteur
,, de l' Univers : Puis le Sacrificateur fera fumer
» la graiſſe ſur l'autel ; mais la poitrine appar»
» tiendra à Aaron & aux Sacrificateurs ſes fils
» Vous donnerez auſſi au Sacrificateur pour
» l'offrande élevée, l'épaule droite des victimes
» que vous offrirez en ſacrifice de proſpérités.
» Celui d'entre les fils d'Aaron qui offrira le
» ſang & la graiſſe de ces victimes, aura pour
» ſa part l'épaule droite ; car j'ai pris des En
» fans d'Iſrael , ou je me ſuis reſervé, de tous
» les ſacrifices qu'ils offrent en actions de gra
» ces pour les proſpérités dont ils jouïſſent, la
» poitrine que l'on doit tournoyer, & l'épaule
» droite que l'on doit ſeulement élever, & je
» les ai données à Aaron & à ſes fils par or
» donnance perpétuelle. C'eſt là le droit que
s, j'ai attaché à l'onction d'Aaron & de ſes fils »
- B 4 - » ſur
24 L'A N c I E N T E s T A M EN r

» ſur les offrandes faites à l'Eternel , leſquelles


» doivent paſſer par le feu le jour qu'on les aura
» préſentées, pour exercer la Sacrificature à l'E-
» ternel, & ce que l'Eternel a ordonné qu'il
» leur fut donné par les Enfans d'Iſrael depuis
» le jour qu'on les aura oincts , & qui doit être
» obſervé dans toute la ſuite des âges. Telles
» furent les loix de l'holocauſte ; ' de l'offran
» de des gâteaux ; des ſacrifices pour le péché
» & pour le délit , & pour la conſécration des
» Sacrificateurs & du ſacrifice de proſpérités,
» que l'Eternel ordonna à Moïſe ſur la mon
» tagne de Sinaï , lorſqu'il commanda aux En
» fans d'Iſraël, d'offrir leurs offrandes à l'E-
· » ternel dans le déſert de Sinaï.

C H A P I T R E III.

Contenant la maniere dont Dieu voulut


qu'Aaron & ſes fils fuſſent conſacrés ; ce
que fit Aaron en conſéquence de cette
conſécration ; & l'approbation que Dieu
donna à l'inſtallation de ces premiers
Miniſtres du Sanctuaire dans leur emploi
de Sacrificateurs.

D. " | " Ous ces ſacrifices 83 toutes cesoffrandes


étant ainſi réglées par l'ordre de Dieu ;
que reſtoit-il à faire pour que le tout fut mis auſſi
tôt en exécution ?
R. Il reſtoit à faire la conſécration d'Aaron
& de ſes fils, & du Tabernacle conformément
à ce que Dieu en avoit ordqnné Exod. XXIX.
- - D. Quel
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 25
D. Quelles furent donc les cérémonies obſervies
ce ſujet par ordre de Dieu ?
R. ,, Voici ce que l'Eternel en ordonne en Lévit.
s'adreſſant à Moïſe : Prends Aaron & ſes fils V I I I.
avec lui ; les vêtemens dont ils doivent être I - I3 -
revêtus ; l'huile d'onction ; un veau à offrir
en ſacrifice pour le péché ; deux béliers &
une corbeille de pains ſans levain ; & con
voque toute l'aſſemblée des Anciens 85 des
Chefs du peuple, à l'entrée du Tabernacle d'aſ
ſignation. Moïſe ayant fait ce que l'Eternel .
lui avoit commandé , & toute l'aſſemblée
étant formée, Moïſe leur dit ; C'eſt ici ce
que l'Eternel a commandé de faire : Puis il
fit approcher Aaron & ſes fils, & les ayant
lavés avec de l'eau, il revètit Aaron de la
chemiſe, du baudrier, du rochet, de l'E-.
phod , de la ceinture précieuſe qui ſervoit à
le retenir ſur la poitrine, & mit par deſſus
2> le Pectoral avec l'Urim & le Thummim : Il
22 lui mit auſſi la Thiare ſur la tète ; & ſur le
22 devant de la Thiare , la lame d'or qui eſt
2> une couronne toute Sainte , comme l'Eternel
l'avoit commandé. Puis Moïſe prit l'huile de
l'onction, & oignit le Tabernacle & toutes
les choſes qui y étoient, & les ſanctifia, ou
les conſacra au ſervice de Dieu : Il fit auſſi
aſperſion de cette huile ſur l'autel des holo
cauſtes, qui étoit dans le parvis, par ſept
fois, & en oignit l'autel & tous ſes utenciles ;
la cuve & ſon ſoubaſſement pour les conſa
crer à Dieu. Il répandit encore de cette hui
le ſur la tète d'Aaron , & l'oignit pour le
conſacrer au ſervice de Dieu. Puis Moïſe ayant
fait approcher les fils d'Aaron, les revêtit de
B 5 ,, leurs
26 1'AN c 1 z N T E s r A M E Nr
» leurs chemiſes, & les ceignit de leurs ceintu
,, res, & leur attacha leurs bonnets , comme
» l'Eternel l'avoit commandé.
D. Qu'eſt ce que Moïſe fit enſuite du veau 83
des deux béliers qu'il avoit pris avec ſoi pour
Lévit. cette conſécration ?
pr I I I. R. » Il fit approcher le veau deſtiné à être
M4 - 25
,, offert en ſacrifice pour le péché, ou pour ex
pier les fautes d'Aaron 83 de ſes fils, 85 les ren
,, dre agréables à Dieu. Et Moïſe l'ayant égor
» gé, prit de ſon ſang , & en mit avec ſon
,, doigt ſur les cornes de l'autel à l'entour, &
» l'ayant ainſi purifié de nouveau pour faire la
» propitiation de leurs péchés, il répandit le
» reſte; du ſang au pied de l'autel : Il fit en
» ſuite bruler ſur l'autel la graiſſe de ce veau,
» qui couvre les entrailles, l'envelope du foye,
» les deux rognons avec la graiſſe qui y eſt
» attachée, & il brula le reſte du veau hors
» du camp, avec la peau, la chair & la fien
» te , comme l'Eternel l'avoit commandé. Il
» offrit auſſi un des béliers en holocauſte pour
demander à Dieu ſa protection, 83 ſe dévouèr
,, tout entier à lui : Et Aaron & ſes fils ayant
» mis les mains ſur ſa tête, Moïſe l'égorgea
» pour eux , & en répandit le ſang ſur l'autel
» tout à l'entour ; puis il mit le bélier en pie
» ces, & il en fit fumer ou bruler ſur le feu
» de l'autel, la tète, les pieds & la freſſure ;
» & lava dans l'eau les entrailles & les jambes
•, qu'il fit auſſi fumer ſur l'autel. Ainſi le bélier
» fut brulé tout entier ſur l'autel ; parce que
» c'étoit un holocauſte qui devoit être très
» agréable à l'Eternel, comme il l'avoit com
» mandé à Moïſe, Il fit enſuite approcher l'au
s» tI6
MIs EN C A T E c H I s M E. 27

» tre bélier, deftiné à être offert pour la con


, ſécration des Sacrificateurs ; & Aaron & ſes
, fils ayant poſé les mains ſur ſa tête, Moiſe
» l'égorgea, prit de ſon ſang, & en mit ſur
, le mol de l'oreille droite d'Aaron, & ſur le
, pouce de ſa main droite, & ſur le gros or
» teil de ſon pied droit : Il en fit de même
» aux fils d'Aaron, & répandit le reſte du ſang
» ſur l'autel tout à l'entour ; Après quoi il mit
» à part la graiſſe, la queue, & toute la graiſ
» ſe des inteſtins , l'envelope du foye, & les
» deux rognons avec leur graiſſe , & l'épaule
» droite pour conſacrer le tout à Dieu.
D. Que fit encore Moïſe de cette corbeille de
pain ſans levain qu'il avoit priſe pour cette con
ſécration ?
R. ,, Il en prit un tourteau de pain ſans le VILévit.
I I.
» vain , un autre de pain paîtri avec de l'huile, 26 - 28
» & un bignet, & les rangea ſur les graiſſes &
» ſur l'épaule droite, & mit toutes ces choſes
» ſur les mains d'Aaron & de ſes fils, qui les
» élevérent devant l'Eternel en les tournoyant
» de tous côtés. Après cela Moiſe les ayant
,, reçues d'entre leurs mains, les fit fumer ſur
» l'autel des holocauſtes, comme une oblation
,, deſtinée à la conſécration des Sacrificateurs
» qui devoit être agréable à l'Eternel , & un
», ſacrifice qui devoit paſſer par le feu pour être
» offert à l'Eternel.
D. Comment fut achevée cette conſécration ?
R. ,, Moiſe prit encore la poitrine du bélier Lévit.
», immolé pour la conſécration des Sacrificateurs, 29 - 36. .
» & il l'éleva en l'agitant de tous côtés, en
, préſence de l'Eternel ; & ce fut ſa portion
pour avoir conſacré Aaron & ſes fils , comme 23. •
28 L'A N c I E N TE sTA MENT
» l'Eternel le lui avoit commandé. Moïſe prit
, enſuite de l'huile de l'onction, & du ſang
, qui étoit ſur l'autel, & il en fit aſperſion ſur
» Aaron & ſes fils & ſur leurs vêtemens : Ainſi
» il les conſacra avec leurs vêtemens au ſer
» vice de Dieu. Après quoi Moïſe dit à Aa
» ron & à ſes fils ; Faites bouillir la chair qui
» vous reſte de ce bélier à l'entrée du Taber
» nacle d'aſſignation ; & vous la mangerez-là
» avec le pain qu'il y a de reſte des choſes con
» ſacrées dans la corbeille, ſelon ce que l'Eter
» nel me l'a commandé : Mais vous brulerez
» au feu ce qui ſera demeuré de reſte de la
» chair & des pains ; & pendant ſept jours
» vous ne ſortirez point de l'entrée du Taber
» nacle d'aſſignation ; afin que les jours de vô
» tre conſécration s'y accompliſſent : car on
» y employera ſept jours, & ce que l'on a
» fait en ce jour-là, vous le ferez tous les au
» tres jours , pour que vôtre propitiation ſoit
, ainſi parfaite. Vous demeurerez donc pendant
» ſept jours à l'entrée du Tabernacle d'aſſigna
» tion, jour & nuit, & vous obſerverez ce que
» l'Eternel vous a commandé de faire chacun
» de ces jours-là , de peur que vous ne ſoyez
» punis de mort, ſi vous veniez à y manquer ;
» car il m'a ainſi été commandé. Aaron & ſes
» fils firent donc tout ce que l'Eternel leur avoit
» commandé par le miniſtère de Moïſe.
D. Aaron 83 ſes fils ayant été conſacrés de
cette maniere, y eut-il encore d'autres cérémonies
à obſerver, lorſqu'ils entrérent dans les fonctions
de leur charge.
Lévit,
tT X.
R. ,, Huit jours après que cette conſécration
M - 2I• » eut été achevée, Moiſe appela Aaron & ſes
» fils
-

MIs E N C A T E c H 1 s M E. 29

,, fils & les Anciens d'Iſraël ; & ordonna à Aa


», ron de prendre un veau du troupeau pour
être offert en ſacrifice pour le péché, & un bé
,, lier pour être offert en holocauſte, tous deux
,, ſans tare, & de les amener en préſence de
,, l'Eternel à l'entrée du Tabernacle, & de faire
,, prendre auſſi aux Anciens d'Iſrael un jeune
,, bouc pour être offert en ſacrifice pour le pé-.
,, ché, avec un veau & un agneau ſans tare
,, pour l'holocauſte ; & de plus, un taureau &
,, un bélier pour le ſacrifice de proſpérités à
» offrir à l'Eternel , avec un gâteau paîtri à
,, l'huile ; parce que l'Eternel devoit donner
,, ce jour-là, des ſignes de ſa préſence au mi
,, lieu d'eux. Ils prirent donc les choſes que
,, Moïſe avoit commandées , & les amenérent
,, devant le Tabernacle d'aſſignation, & toute
», l'aſſemblée s'approcha & ſe tint devant l'E-
,, ternel : Alors Moïſe dit aux Anciens qui re
», préſentoient le peuple ; Faites ce que l'Eternel
,, vous a commandé , & l'Eternel vous fera
,, voir des ſignes de ſa préſence glorieuſe au
,, milieu de vous ; Puis il dit à Aaron, appro
22
º
che-toi de l'autel ; accompli ton offrande pour
25 le péché, & ton holocauſte; afin d'obtenir par

,, ce moyen, la propitiation de Dieu pour tes


,, péchés ; préſente auſſi pour le peuple une
2? offrande, qui lui ſerve de propitiation com

,, me l'Eternel l'a commandé. Alors Aaron s'ap


,, procha de l'autel, égorgea le veau de ſon
,, offrande pour le péché, & ſes fils lui pré
,, ſentérent le ſang , dans lequel il trempa ſon
,, doigt, & en mit ſur les cornes de l'autel ;
,, puis il répandit le refte au pied de l'autel :
a, après quoi il fit fumer ſur l'autel, la graiſſe
3o L'A N c I E N T E s T A M E N T
, & les rognons & l'envelope du foye, coms
, me l'Eternel avoit commandé à Moïſe de
,, faire dans l'offrande pour le péché, & il bru
,, la au feu la chair & la peau hors du camp :
» Enſuite il égorgea le bélier pour l'holocauſte,
,, dont les fils d'Aaron lui préſentérent le ſang
,, qu'il répandit ſur l'autel tout à l'entour :
,, puis ils lui préſentérent le bélier coupé par
,, pieces avec la tête, & il fit bruler ces choſes
,, là ſur l'autel, & lava les entrailles & les jam
,, bes, qu'il fit auſſi fumer ſur l'autel des ho
,, locauſtes. Après qu'Aaron eut ainſi offert ces
ſacrifices pour lui-même 85 ſes fils , il offrit auſſi
,, l'offrande du peuple , & prit le bouc qui de
,, voit être offert pour les péchés du peuple ,
,, & l'ayant égorgé, il l'oſſrit en ſacrifice pour
,, le péché, comme il avoit fait pour lui-même :
,, Il offrit auſſi la victime deſtinée pour l'ho
,, locauſte, & ſe conforma à ce qui lui avoit été
,, ordonné. Enſuite il offrit l'oblation du gâ
,, teau ; , il en remplit la paume de ſa main ,
,, & la fit fumer ſur l'autel des holocauſtes,
,, après l'holocauſte du matin. Il égorgea en
,, core le taureau & le bélier pour le ſacrifice
,, de proſpérités en faveur du peuple ; & les
,, fils d'Aaron lui en préſentérent le ſang qu'il
,, répandit ſur l'autel tout à l'entour. Ils pri
,, rent auſſi les graiſſes du taureau & du bélier,
,, avec ſa queué & ce qui couvre les entrailles,
,, & les rognons & l'envelope du foye , & ils
,, mirent les graiſſes ſur les poitrines de ces deux
,, animaux , & les firent fumer ſur l'autel ;
,, après avoir élevé en préſence de l'Eternel ,
» & agité de tous côtés, les poitrines & l'é-
, -- … -- . - _ •, paule


M 1 s E N C A T E e H I s M E. , 31
s, paule droite, comme l'Eternel l'avoit com
,, mandé à Moïſe. -

D. Comment finirent toutes ces cérémonies ? .


| R. Après ces ſacrifices offerts par " Aaron , zºoit.
,, tant pour lui que pour le peuple, il éleva ſes IX.
», mains au ciel pour tout le peuple & le bé-a2-a4
,, nit en implorant la faveur de Dieu ſur lui ;
,, & il deſcendit de deſſus l'autel vers Moïſe,
», & ils entrérent enſemble dans le Tabernacle
», d'aſſignation ; d'où étant ſortis, ils bénirent
», de nouveau le peuple ; & la gloire de l'E-
», ternel apparut à tout le peuple, ſous le ſim
,, bole d'une nuée lumineuſe qui ſe plaça ſur le
», Tabernacle, & un feu ſortit de devant l'E-
,, ternel ou de cette nuée , & conſuma ſur l'au
», tel , l'holocauſte & les graiſſes qui y étoient
,, reſtées : ce que tout le peuple ayant vû, ils
», s'écriérent de joie & ſe proſternérent le vi
,, ſage contre terre, par reſpect pour l'Eternel
dont ils voyoient le ſimbole glorieux qui les aſſu
roit de ſa faveur.
D. Ces ordonnances de Dieu touchant les ſa
crifices & les offrandes , furent.elles enſuite reli
gieuſement obſervées par Aaron 83 par ſes fils ?
R. Non, car " les deux fils ainés d'Aaron , Lévit.
,, Nadab & Abihu, ayant pris leurs encenſoirs, **
,, & y ayant mis du feu, qui me fut pas pris
de l'autel des holocauſles, mais de quelque autre
,, endroit du parvis, ils mirent l'encens par deſ
,, ſus , & offrirent devant l'Eternel un feu
,, étranger contre le commandement de Dieu.
D. Quelles furent les ſuites de cette contraven
tion aux ordres de Dieu ?
R. , Le feu ſortit de devant l'Eternel , ou zei . X.
», de la nuée qui couvroit le Tabernacle , & # 2 - 7.
s» C6•
-32 · L'A N c I E N T E sTAMEN T
,, dévora , ou les étouffa ſans redruire leurs corps
en cendres , 83 ſans bruler même leurs habits,
,, & ils moururent devant l'Eternel, dans le
,, Lieu Saint où ils étoient. Et Moïſe dit à Aa
º Exod. ,, ron : Voila ce que l'Eternel a dit * , qu'il
XXIX. ,, veut être ſanctifié, ou ſervi avec une gran
43. de ſainteté, 85 un profond reſpect de ceux qui
Lévit.
VIII. 35. ,, s'approchent de lui , ou de ſon autel, pour
,, lui rendre le culte qui lui eſt du, & qu'il -ſe
,, roit glorifié en préſence de tout le peuple ;
c.à d. que le peuple auroit de plus hautes idées
de Dieu 83 de ſes perfections , quand il verroit
comment il veut être ſervi, 85 la vengeance qu'il
sire de ceux qui manquent à leur devoir à cet
,, égard. Et Aaron ayant ouï cela ſe tût, $ ſe
ſoumit à la juſte punition que ſes fils s'étoient at
tirée par leur négligence, ou leur déſobéiſſance :
,, Et Moïſe appela Miſael & Eltſaphan les fils
,, d'Uziel, oncle d'Aaron , & leur dit d'emporter
,, leurs freres de devant le Sanctuaire hors du
,, camp ; ce qu'ils firent ſelon l'ordre de Moiſe.
,, Puis Moïſe dit à Aaron & à ſes fils Eléazar
,, & Ithamar; Ne découvrez point vos tètes ,
ou m'ôtez point vos bonnets pour mettre de la
,, pouſſiere ſur vos têtes, & ne déchirez point
,, vos vêtemens , en ſigne de deuil pour la mort
,, de vos freres ; de peur que vous ne mouriez
comme eux, pour avoir contrevenu aux ordres
», de Dieu, & que la colère de Dieu ne s'em
,, braſe contre toute l'aſſemblée, en lui enlevant
ceux qui offrent des ſacrifices pour le peuple :
» Mais que vos freres les Lévites, & toute la
,, maiſon d'Iſrael pleurent pour vous, la perte
» que l'Eternel vous a cauſée, en conſumant
» par le feu Nadab & Abihu : Pour vous ne
,, ſortez
M I s EN C A T E c H I s M E. 33

,, ſortez point de l'entrée du Tabernacle d'aſſi


,, gnation , juſqu'à la fin du ſervice auquel
,, vous êtes appelés , de peur que vous ne
,, mouriez ; car l'huile de l'onction de l'Eternel
,, eſt ſur vous ; vous avez été conſacrés à Dieu
83 vous devez par-là préferer ſon ſervice à tout
,, autre. Et ils firent tout ce que Moïſe leur
», avoit ordonné.
D. Quel ordre reçut encore Aaron à ce ſujet,
de la part de l'Eternel ?
R. ,, L'Eternel dit auſſi à Aaron : Vous ne Lévit. X.
8 - I I.
,, boirez point, ni toi, ni tes fils, de vin ni d'au.
,, cune liqueur qui puiſſe enyvrer ( a ), quand
,, vous entrerez au Tabernacle d'aſſignation ,
» pour remplir les fonctions ſacrées de vôtre
,, miniſtère, de peur que vous ne ſoyez punis
,, de mort, comme Nadab & Abihu. Ce ſera
,, une ordonnance perpétuelle que vous obſer
,, verez dans toute la ſuite des tems ; afin
,, que vous puiſſiez diſcerner entre ce qui eft
,, Saint, ou profane ; entre ce qui eſt ſouillé,
,, ou net; & que vous enſeigniez aux Enfans
,, d'Iſrael, par vôtre propre exemple, à obſerver
,, toutes les ordonnances qu'ils auront reques
,, de l'Eternel par le miniſtère de Moïſe.
D. Qu'eſt-ce que Moïſe leur recommanda auſſi
de ſon côté à cette occaſion ?
R. ,, Pre
( a ) Vous ne boirez d'aucune liqueur qui puiſſe eny
vrer. Comme cette défenſe fut faite à Aaron de la
part de Dieu même, bientôt après la mort de Nadab
& d'Abihu ; il y a toute apparence que ces deux fils
d'Aaron avoient manqué à qu lque cérémonie dans
l'oblation de l'encens ; parce qu'ils avoient pris trop
de vin avant que de venir au Tabernacle : Et ce qu'il
ajoute ſemble tout à fait appuyer cette conjecture.
• • Tome I I.
34 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
révit. x. R. ,, Prenez , dit Moïſe à Aaron & à ſes
I2 - 15. ,, fils Eléazar & Ithamar qui étoient demeurés
,, en vie ; prenez ce qui ſera reſté des offrandes
,, des gâteaux qui ont été offerts par feu à l'Eter
,, nel, & le mangez dans le parvis auprès de
,, l'autel des holocauſies , comme l'on doit manger
,, les pains ſans levain ; parce que cette farine
,, eſt très-Sainte ou conſacrée à Dieu , & que
,, c'eſt la portion des offrandes paſſées par le feu
,, pour être préſentées à l'Eternel, laquelle avoit
,, été aſſignée à toi & à tes fils par ordre de
,, l'Eternel : Il leur ordonna auſſi de manger
,, dans un lieu pur avec leurs fils & leurs filles,
,, ou toute leur famille, la poitrine & l'épaule
5

,, droite qui auroient été élevées & agitées de


,, vant l'Eternel ; parce que c'étoit des choſes
,, qui leur avoient été données pour leur por
,, tion , & celle de leurs enfans dans les ſacri
,, fices de proſpérités, & 'd'obſerver cette or
,, donnance dans toute la ſuite des tems, com
2, me l'Eternel l'avoit commandé.
D. Qu'eſt ce que Moiſe trouva à redire dans
leur conduite à cet égard, 85 qui donna peut
être lieu à la repétition de cette ordonnance ?
Lévit. X. R. ,, Moiſe s'étant enſuite informé avec ſoin,
16 - 29. ,, des rcſtes du bouc qui avoit été offert pour
,, le péché au nom du peuple ; & ayant appris
,, qu'il avoit été brulé tout entier ſur l'autel,
au lieu que les Sacrificateurs auroient dû en man
ger les reyies, ſelon l'ordre de Dieu ; il en fut
, fort en colere contre Eléazar & Ithamar les
,, fils d'Aaron qui étoient demeurés en vie ;
,, & il leur dit : Pourquoi n'avez - vous pas
,, mangé dans un lieu Saint, les reſtes de l'of
» frande pour le péché , puiſque c'eſt une choſe
a» tIcs
MIs E N C A T E c H I s M E. 35
|

» très-Sainte qui vous a été donnée de Dieu


,, pour vôtre portion ; afin que portant ſur vous
,, l'iniquité du peuple, vous apaiſaſſiez l'Eternel
,, en leur faveur : Cette victime n'étant pas de
» celles dont on porte le ſang dans le Sanc
,, tuaire , mais de celles dont les Sacrificateurs
,, doivent manger ; ne manquez pas à l'avenir
» d'en manger les reſtes dans un lieu pur, ſe
» lon l'ordre de Dieu : Alors Aaron répondit à
,, Moiſe, que ſes fils avoient offert ce jour là
,, leurs offrandes pour le péché, & leurs holo
,, cauſtes devant # à ſes or
,, dres , & que cependant "ces choſes lui étoient
,, arrivées, c. à d. qu'il n'avoit perdu ſes deux
fils ainés, qu'à cauſe qu'il n'avoit point mangé
la chair de la victime pour le péché, qui devoit
ſe manger avec joie 85 actions de graces, &
,, que s'il l'eut fait dans cette triſte circonſtan
,, ce, il auroit cru faire une choſe qui n'au
,, roit pas plu à l'Eternel : 85 que par cette
raiſon, il lui avoit paru plus convenable de faire
bruler le tout ſur l'autel. Ce que Moïſe ayant
,, entendu, il l'approuva.

,
# c 2 CHA
36 L'A N C I E N TEs TA M E NT

C H A P I T R E I V.

Contenant les ordonnances de Dieu tou


chant la diſtinction des animaux purs &
impurs ; & tout ce qui pouvoit rendre
ſouillés les utenciles , les vêtemens & les
perſonnes que ces animaux impurs au
roient touchés.

D. Es ordonnances précedentes faiſants ſou


vent mention de ce qui étoit pur 85 de
ce qui étoit ſouillé : Dieu avoit-il donné des Loix
ſur ce ſujet qui puſſent ſervir de régle ?
Oui, il en avoit donné à Moïſe & à
Aaron de très-expreſſes , tant pour la diſtinc
tion des animaux purs qu'il étoit permis de
manger , & des animaux impurs qu'il étoit
défendu de manger, que pour tout ce qui pou
voit rendre ſouillés les utenciles, les vètemens,
les perſonnes, & même les maiſons.
D. Quelle fut l'ordonnance de Dieu touchant la
diſtinction des animaux purs 83 impurs ?
Lévit. XI. R. Voici ce qui " fut déclaré par la bou
I - 31• ,, che de Dieu mème à Monſe & à Aaron ,
,, pour en inſtruire les enfans d'Iſraël. Ce ſont
» ici les animaux dont il vous ſera permis de
,, manger d'entre toutes les bètes qui ſont ſur
, la terre ; ſavoir , d'entre les bêtes à quatre
,, pieds, celles ſeulement qui ont tout enſem
,, ble l'ongle du pied diviſé & fendu en deux,
,, depuis le haut juſqu'au bas, & qui rumi
,, nent ; mais il vous eſt défendu de manger
» de
M I s EN C A T E c H I s M E. 37

,, de celles qui ruminent, ſans avoir l'ongle di


,, viſé, ou qui ont l'ongle diviſé ſans ruminer ;
•, Ainſi le chameau, le lapin & le lievre, qui
,, ruminent à la vérité, mais qui n'ont pas
,, l'ongle diviſé, ſeront ſouillés pour vous ; &
,, le pourceau qui a bien l'ongle diviſé & le
,, pied fendu , mais qui ne rumine point, ſera
,, auſſi ſouillé pour vous : Vous ne mangerez
,, point de leur chair, & vous ne toucherez
,, pas même leur chair morte; car ils ſont ſouil
» lés pour vous.
,, Quant aux animaux qui ſont dans les eaux,
,, ſoit dans la mer , ou dans les fleuves & ri
•, vieres, il vous ſera permis de manger de
,, tout ce qui a des nageoires , & des écailles ; .
,, mais de tout poiſſon ou reptile, ou autre
,, animal vivant dans les eaux , s'il n'a ni na
,, geoire, ni écailles, il vous eſt abſolument
,, défendu d'en manger : Vous tiendrez même
,, pour une choſe abominable leur chair morte :
,, Tout ce qui vit dans les eaux qui n'a ni
,, nageoires, ni écailles , vous ſera en abomi
» nation. Quant aux oiſeaux qui doivent vous
,, être en abomination , & ' dont il vous eſt
,, défendu de manger ; ce ſont particulierement
,, les ſuivans ; l'aigle, l'orfraye qui eſt une eſ
,, pèce d'aigle, le faucon , le vautour, le mi
,, lan & toutes les eſpèces d'oiſeaux carnaciers.
, Tout corbeau de quelle eſpèce que ce ſoit :
,, l'autruche mâle & femelle ; le coucou & l'é-
,, pervier de quelle eſpèce que ce ſoit ; la chouet
,, te, ou le butor, le plongeon , le hibou ,
, le cygne, le cormoran , le pélican, la cigo
,, gne, le héron de quelle eſpèce que ce ſoit ;
s, la huppe & la chauve - ſouris. Tout reptile
C 3 2» VO
38 L'A N c I E N TEsTA MENT
,, volant qui marche ſur quatre pieds , vous
,, ſera abſolument interdit ; mais il vous ſera
,, permis de manger de tout reptile velant ,
,, & marchant ſur quatre pieds, qui aura ou
,, tre ſes pieds, des jambes pour ſauter ſur la
,, terre ; tels que ſont quatre eſpèces de ſaute
,, relles ( déſignées ici par leurs noms Hébreux,
,, qui me ſont pas connus en françois ), tout au
,, tre reptile volant & ayant quatre pieds, vous
,, ſera abſolument interdit : Vous ſerez donc
,, ſouillés, ſi vous en mangez , & quiconque
,, touchera leur chair morte ſera ſouillé juſqu'au
,, ſoir , & ne pourra par conſéquent ſe mèler
,, avec les autres hommes. Quiconque auſſi
,, portera de leur chair morte ſur ſes vêtemens
,, par mégarde, ou à deſſein , lavera ſes vête
,, mens & ſera ſouillé juſqu'au ſoir : Il en ſe
,, ra de mème de toute bète déclarée ci-deſſus
,, impure, & de tout quadrupede qui marche
,, ſur ſes pattes, comme le ſinge, le lion, l'ours,
,, le chien , le chat 8#c ; quiconque touchera
,, leur chair morte, ſera ſouillé jufqu'au ſoir ;
,, & s'il les porte ſur ſoi, il lavera de plus ſes
s, vètemens, & ſera ſouillé juſqu'au ſoir. Enfin
,, vous devez auſſi regarder , comme impurs, les
,, reptiles ſuivans qui rampent ſur la terre ;
,, ſavoir, la belette, la ſouris, la tortue, ou
,, le crocodile terreſire, de quelle eſpèce que ce
,, ſoit ; le hériſſon , le lézard vert ou rouge,
,, la limace & la taupe : Tous ces reptiles doi
,, vent être ſouillés pour vous ; quiconque les
,, touchera morts , ſera ſouillé jufqu'au ſoir.
D. Que portoit la même ordonnance de Dieu
touchant la ſouillure que coiitractoient les utenci
- / - les >
M I s EN C A T E & H I s M E. 39
les, les vêtemens, 83 les perſonnes, par l'attou
chement des animaux impurs ? - -

R. Elle portoit ce qui ſuit , º s'il tombe Lévit. xi.


-,, quelque choſe du corps de ces reptiles quand 32-47
,, ils ſeront morts, tout ce ſur quoi il tom
,, bera, ſera ſouillé, ſoit vaiſſeau de bois, ſoit
» vêtement , ſoit peau ou ſac : En un mot quel
» que vaiſſeau que ce ſoit, dont on ſe ſert à
» faire quelque choſe, ſur lequel ſera tombe quel
,, que reptile mort , ſera mis dans l'eau pour le
,, laver, & reſtera ſouillé juſqu'au ſoir , ſans
,, qu'on puiſſe s'en ſervir , puis il ſera net. Mais
,, s'il en tombe quelque choſe ſur un vaiſſeau
,, de terre quel qu'il ſoit ; tout ce qui eſt de
» dans ſera ſouillé, & vous caſſerez le vaiſſeau
» S'il tombe de cette eau qui aura ſervi à laver
,, ce vaiſſeau, ou de quelque autre eau ſouillée
, par l'attouchement d'une bète morte, ſur quel
» que choſe à manger ou à boire , elle le ren
» dra ſouillé, 83 l'on me pourra plus en faire
,, uſage : La plus petite partie du cadavre d'une
,, bète impure, ſuffit pour rendre ſouillées les
» choſes ſur leſquelles elle tombera : que ce
» ſoit même un four portatif à cuire des gâ
,, teaux, ou une marmite, ils ſont ſouillés &
» doivent être détruits ; mais les fontaines, les
, citernes & tout reſervoir d'eau n'en ſeront
» pas ſouillés. Cependant celui qui touchera
,, ou qui retirera quelque partie du cadavre d'u-
,, me bête impure, ſera ſouillé lui-même juſques
,, au ſoir; quoiqtte l'eau ne la ſoit pas. S'il tom
, be quelque choſe de ce cadavre ſur la ſemen
, ce déja ſemée, ou ſur quelque tas de blé
» deſtiné à être ſemé, il n'en ſera pas ſouillé ;
» mais ſi cette ſemence a été mouillée pour
C 4 ,, être
4O L'A N c I E N T EsT AMENT
» être ſemée, ou qu'elle ſoit deſtinée au mou
» lin & qu'il y tombe quelque partie de chair
» morte, elle ſera ſouillée, 85 l'on n'en devra
,, point mamger. - -

» Si un animal de ceux qu'il vous eſt per


,, mis de manger meurt naturellement de lui
mème , celui qui en touchera la chair morte
» ſera ſouillé juſqu'au ſoir; & celui qui en au
» ra mangé, ou qui en portera quelque choſe
,, ſur ſoi, lavera ſes vêtemens & ſera ſouillé
,, juſqu'au ſoir. Tout ce qui rampe ſur la ter
,, re ſera en abomination 85 abſolument interdit
,, pour s'en nourrir. Vous ne mangerez donc
point d'aucun animaI qui rampe ſur ſa poi
,, trine , ni d'aucun reptile qui ayant quatre ,
» ou pluſieurs pieds ſe traine ſur la terre ; car
,, ils doivent vous être en abomination & ab
,, ſolument interdits. Prenez - garde de rendre
,, vos perſonnes ſouillées & abominables , en
» mangeant d'aucun reptile qui ſe traine, de
» peur que vous ne ſoyez impurs ; car je ſuis
,, l'Eternel vôtre Dieu : Vous devez donc être
,, Saints, parce que je ſuis Saint : Ainſi vous
,, ne ſouillerez point vos perſonnes en mangeant
» d'aucun reptile qui rampe ſur la terre : car
,, je ſuis l'Eternel qui vous ai retirés du pays
», d'Egypte ; afin que je ſois vôtre Dieu, vô
tre Souverain Maitre 85 vôtre Protecteur. Vous
,, ſerez donc Saints, parce que je ſuis Saint.
,, Tels ſont les réglemens que je vous donne
,, pour la diſtinction des bêtes à quatre pieds,
,, des oiſeaux, & de tout animal vivant dans
,, l'eau , ou rampant ſur la terre ; afin que
,, vous connoiſſiez la différence de ce qui eſt
»» PUI »
-

M I s E N C A T E c H I s M E. 41
,, pur, ou impur, & que vous ſachiez ce que
s, vous devez manger , ou ne pas manger.
D. Quelle peut avoir été la raiſon qui porte
Dieu à faire cette différence des animaux purs
ou impurs , 85 à donner au peuple Juif des loix
ſi exactes ſur tout ce qui pouvoit le rendre ſouillé
d'une ſouillure extérieure 85 légale ?
R. Il n'y a pas de doute que Dieu infini
ment ſage n'ait eu des raiſons très-fortes &
dignes de lui , pour faire cette diſtinction des
animaux qu'il étoit permis ou défendu de man
ger , entre ceux que l'on pourroit toucher
après leur mort ſans être ſouillé, & ceux qui
rendoient ſouillées les perſonnes, ou les uten
ciles qui les touchoient après leur mort ; mais
Dieu ou Moïſe ne nous ayant pas revélé ces
raiſons aſſez clairement pour nous aſſurer des
vues de Dieu à cet égard ; l'on ne peut guè
res avancer là deſſus que des conjectures. Cel
les qui paroiſſent les plus vraiſemblables ſont,
I". Que ſi Dieu défend de manger de certains
animaux plutôt que d'autres, c'eſt parce qu'ils
auroient nui probablement à la ſanté; ſurtout
dans les climats où les Iſraëlites avoient à vi
vre, & où certaines maladies, comme la lé
pre, dont ces alimens pouvoient être la cauſe,
étoient très - communes. 2°. L'on a cru que
dans cette défenſe & cette diſtinction , Dieu
avoit eu égard aux préjugés populaires de la
nation Juïve ; pour les rendre, par cette con
deſcendance ſur une choſe indifférente en elle
même, plus attachés à ſon ſervice & plus at
tentifs à régler toute leur conduite ſelon ſes
loix. 3°. L'on attribue avec aſſez de fondement
cette diſtinction des animaux, & ces ordonnan
- C 5 CC3
42 L'A N c I E N TE s T AM E N T

ces ſur ce qui devoit être ſouillé , au deſſein


de Dieu, de ſéparer entierement les Iſraelites d'a-
vec les autres Nations, par des réglemens &
des uſages qui ne leur puſſent pas permettre de
ſe lier trop familierement avec elles , ni dans
la religion , ni dans le commerce ordinaire de
la vie : A quoi l'on peut ajouter que la Na
tion Juive devant être une Nation plus Sain
te que les autres ; parce qu'elle étoit gouvernée
par un Dieu Souverainement Saint ; il conve
noit que la pureté qu'il exigeoit d'elle, parût
dans les plus petites choſes, comme dans les
plus grandes. Enfin comme l'on fait à l'une ou
à l'autre de ces raiſons, des exceptions qui en
diminuent la force ; ne pourroit-on pas les con
cilier en diſant, que Dieu dans ſon infinie ſa
geſſe a eu égard à toutes ces choſes , auſſi
bien qu'à d'autres qui nous ſont inconnues ,
& qu'il a eu également en vue & la ſanté de
ſon peuple, & des uſages établis, mais ſur tout
une purcté qui le diltinguât des autres Nations,
autant par l'extérieur , que par la ſainteté de
ſes mœurs ; comme il paroit évidemment par le
motif dont il ſe ſert, pour les engager à ob
ſerver religieuſement ces ordonnances , ſavoir,
qu'il eſt lui même Souverainement Saint, &
qu'il a en abomination toute ſouillure ?
D. Quelles Loix Dieu donna-t-il enſuite ſur la
pureté & l'impureté des perſonnes ?
R. Ces Loix regardent, ou les femmes nou
vellement accouchées, ou les perſonnes & les
maiſons ſouillées de la lépre, ou les impuretés
du corps, ſoit naturelles ou accidentelles , tant
des hommes que des femmes.
D. Quel
MIs E N C A T E c H I s M E. 43
D. Quelles furent les ordonnances de Dieu au
ſujet des femmes nouvellement accouchées ?
R. Voici ce que * l'Eternel ordonna à Moï Lévit.
X 1 I.
,, ſe de dire aux Enfans d'Iſrael ſur ce ſujet : I - 8.
,, Si la femme après avoir conçu, enfante un
,, mâle, elle ſera ſouillée pendant ſept jours,
,, comme au tems de ſes mois ; c. à d. qu'elle
me pourra purticiper à aucune choſe reputée Sainte,
85 tout ce qu'elle touchera deviendra par-là même
,, impur. Au huitieme jour on circoncira la
» chair du prépuce de ſon enfant , & elle de
» meurera encore trente trois jours ſans entrer
,, dans le parvis du Sanctuaire , & ſans tou
,, cher aux choſes Saintes ; telles que ſont les vian
des des ſacrifices que l'on pouvoit manger en fit
,, mille , pendant lequel tems elle achevera de
,, purifier le ſang de ſa couche. Que fi elle en
,, fante une fille , elle ſera ſouillée deux ſe
» maines , comme au tems de ſes mois ; &
» elle demeurera ſoixante ſix jours privée de
» l'uſage des choſes Saintes, & de l'entrée au
,, parvis ; pour achever la purification de la ſouil
,, lure qu'elle a contractée par le ſang de ſa cou
,, che. Quand le tems de ſa purification ſera
» accompli , ſoit pour fils , ou pour fille, elle
» préſentera au Sacrificateur un agneau d'un
,, an en holocauſte ; pour témoigner au Seigneur
ſa reconnoiſſance de lui avoir conſervé la vie 83
à ſon enfant ; pour lui marquer ſon entier dé
vouement ; 85 pour ſe recommander elle 85 le
fruit de ſon ventre à ſa divine protection : Elle
,, préſentera auſſi un pigeonneau ou une tour
,, terelle en offrande, à l'entrée du Taberna
,, cle d'aſſignation, pour l'expiation de ſes pé
» chés. Et le Sacrificateur offrira ces choſes
22 CIl
44 L'A N c I E N TE s T A M E NT

» en préſence de l'Eternel & fera propitiation


,, pour elle, & elle ſera nettoyée de la ſouil
» lure qu'elle avoit contractée par le flux de
» ſon ſang. Telle eſt la Loi qui regarde celle
» qui enfante un fils, ou une fille : Que ſi
,, elle n'a pas le moyen de fournir un agneau
,, pour ſon holocauſte : alors elle prendra deux
» tourterelles ou deux pigeonneaux, l'un pour
,, l'holocauſte, & l'autre en offrande pour le
,, péché ; & le Sacrificateur fera propitiation
, pour elle, & elle ſera nettoyée.

c H A P I T R E v.
Contenant les ordonnances de Dieu au ſu
jet de la Lépre , tant des perſonnes . .
que des vêtemens & des maiſons ; &
touchant d'autres impuretés des hommes
& des femmes, tant naturelles qu'acci
dentelles. -

D. Uelles furent.les Loix que Dieu donna


enſuite ſur la Lépre ?
· R. Dans ces Loix, Dieu indique d'abord les
ſignes ou les ſimptomes auxquels l'on pourra
connoitre quelles ſeront les perſonnes attaquées
de la Lépre; ſur quoi il entre dans un grand
détail pour ne pas s'y méprendre ; De-là, il paſſe
à la Lépre des habits dont il indique auſſi les
ſignes, & ce que l'on devoit faire pour les pu
rifier : Enſuite il décrit la maniere dont l'on
devoit purifier les Lépreux, & les ſacrifices
qu'ils
M 1s E N CA TE c H 1s M E 4Y
qu'ils devoient offrir après leur purification :
Énfin Dieu donne auſſi ſes inſtructions ſur une
autre ſorte de lépre , dont leurs maiſons ſe
roient infectées, quand ils ſeroient arrivés au
pays de Canaan.
D. Quels ſont les ſignes ou les différens ſimp
tomes auxquels Dieu veut que le Sacrificateur faſſe
attention pour connoitre la lépre des perſonnes
de quel âge ou ſexe que ce fut ? .
R. Ce ſont les ſuivans que " Dieu indique zéoi .
» à Moïſe & à Aaron quand il leur dit : L'hom- XI I I.
» me qui aura dans la peau de ſa chair une ***
» tumeur, ou gâle, ſoit dartre, ou un bou
» ton , ſoit tâche blanche, & que cela ait l'ap
» parence de playe de lépre, on l'amenera à
» Aaron Sacrificateur , ou à un de ſes fils Sa
» crificateurs : Et le Sacrificateur regardera la
» playe qui eſt ſur la peau de la chair : Si le
» poil en eſt devenu blanc , & que la playe
» paroiſſe plus enfoncée que la peau de ſa chair ;
» c'eſt une playe de lépre : Le Sacrificateur l'a-
» yant donc reconnu, déclarera ſouillé celui
» qui en eſt atteint , 83 par conſéquent ſéparé
,, du peuple. Mais ſi le bouton eſt blanc, &
» qu'il ne paroiſſe pas plus enfoncé que la peau,
» ou que le poil ne ſoit pas devenu blanc,
» le Sacrificateur fera enfermer pendant ſept
» jours celui qui a la playe ; au bout deſquels
, il la regardera de nouveau : & s'il apperçoit
» que la playe ſe ſoit arrêtée, & qu'elle n'ait
, point crû dans la peau ; le Sacrificateur le fe- .
» ra renfermer pendant ſept autres jours ; après
» leſquels il regardera de nouveau la playe :
» & s'il apperçoit qu'elle ſe ſoit retirée, ou
» qu'elle ne ſe ſoit point étendue ſur la peaule
ºp
46 L'A N c I E N T E sT A M E N T
, le Sacrificateur le jugera net de lépre : C'eſt
,, de la gâle pour laquelle celui qui en eſt at
» teint , ſe contentera de laver ſes vêtemens &
» ſera net. Mais ſi la gâle a crû en quelque
» ſorte que ce ſoit ſur la peau ; après qu'il
» aura été examiné par le Sacrificateur la pre
,, miere ou la ſeconde fois, & que la gâle ait
, été reconnue avoir crû ſur la peau , le Sa
, crificateur le déclarera ſouillé : C'eſt de la
» lépre. De plus, quand il y aura quelque tu
» meur ſur la peau d'une perſonne qui ſoit
» ſoupçonnée de lépre, on l'amenera au Sacri
» ficateur qui l'ayant examinée , s'il apperçoit
» une tumeur blanche & que le poil ſoit blanc,
, & qu'il paroiſſe en même tems de la chair vi
» ve dans la tumeur : C'eſt une lépre invéte
» rée en la peau, pour laquelle le Sacrificateur
» déclarera ſouillé celui qui en eſt atteint , &
» comme tel, il ne doit point être enfermé,
» mais traité comme ſouillé & banni de la ſo
ciété.
D. Outre ces régles générales pour la connoiſ
ſance de la lépre; quels autres cas de maladies
qui approchent de la lépre , Dieu indique-t il en
core, ſur leſquels il donne auſſi ſes mjiructions *
R. Il en indique pluſieurs autres ſpécifiés &
diſtingués les uns des autres dans les articles
Lévit. ſuivans. * Si la lépre boutonne fort dans la
X 1 1 I.
I2 - 17.
» peau , & qu'elle couvre toute la peau depuis
» la tète juſqu'aux pieds, autant qu'en pourra
, voir le Sacrificateur, il l'examinera bien &
» s'il apperçoit que cette apparence de lépre ait
» couvert toute la chair, alors il déclarera net
» celui qui a cette playe ; puis qu'elle eſt blan
» che dans toute ſon étendue, il doit etre cenſé
º * », Ilet :
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 47
25 net : mais s'il y apperçoit des places en vi
3> ve chair , il le déclarera ſouillé. Cette chair
2> vive ſur la peau blanche, eſt un indice de lé
22 pre qui le rend ſouillé. Que ſi la chair vive
20 ſe change & devient blanche , alors il vien
30 dra au Sacrificateur qui l'examinera, & s'il
33 reconnoit que la playe ſoit devenue blanche,
2> il déclarera net cet homme-là.
,, Quand il y aura dans la chair ou ſur la 18- s3.
peau de quelcun, un ulcere qui aura été gué
25 ri, & qu'à l'endroit ou étoit l'ulcere, il y ait
une tumeur blanche, ou une puſtule d'un
2> blanc luiſant ; le Sacrificateur l'examinera,
22 & s'il apperçoit du premier coup d'œil , qu'el
le ſoit plus enfoncée que la peau , & que
23 ſon poil ſoit devenu blanc ; alors il déclarera

33 cette perſonne ſouillée : ſa playe eſt une lé


3> pre qui a boutonné dans l'ulcere : Que ſi le

3> Sacrificateur en l'examinant, apperçoit que le

2> poil ne ſoit pas devenu blanc, & que la playe

2> ne ſoit point plus enfoncée que la peau. ;


2> mais qu'elle ſe ſoit retirée ; le Sacrificateur
fera enfermer cette perſonne pendant ſept
72 jours ; & ſi au bout de ce tems-là, la playe :
25 s'eſt étendue, en quelque ſorte que ce ſoit,

2> ſur la peau , il la déclarera ſouillée ; c'eſt


22 une playe de lépre ; mais ſi le bouton s'ar
22 rète & qu'il ne croiſſe point ; c'eſt une ſim
ple inflammation de l'ulcere mème : ainſi le
Sacrificateur la jugera nette.
,, Quand il y aura eu en la chair ou ſur la 24 - 28
22 peau , une brulûre cauſée par quelque accident

,, que ce ſoit, & que ſur la cicatrice de l'en


32 droit brulé, il ſe forme une puſtule fort lui
22 ſante ou ſimplement blanche; ſi le Sacrifica
s, tCllr
48 L'À N c I E N TEsT A M ENT
20 teur qui l'examinera apperçoit que le poil ſoit
2» devenu blanc ſur le bouton , & qu'à la vuë
3D il ſoit plus enfoncé que la peau ; c'eſt de la
22 lépre qui a boutonné dans la brulûre : le Sa
20 crificateur donc déclarera cette perſonne ſouil

22 lée ; c'eſt une playe de lépre : mais s'il ap


2) perçoit qu'il n'y ait point de poil blanc au
23 bouton ; & qu'il ne ſoit point plus enfoncé
2> que la peau ; ou même qu'il paroiſſe ſe re
22 tirer , le Sacrificateur la fera enfermer pen
22 dant ſept jours, & au ſeptieme il l'exami
9> nera de nouveau : & ſi le bouton s'eſt éten
22 du ſur la peau , de quelque maniere que ce
22 ſoit, le Sacrificateur la déclarera ſouillée ;
3» c'eſt une playe de lépre : Que ſi le bouton
22 s'arrête ſans s'étendre ſur la peau, ou qu'il
22 ſe retire; c'eſt une tumeur de ſimple inflam

mation qui ne rend pas ſouillé.


29 - 37. , Si l'homme ou la femme a une playe à
52 la tète, ou l'homme à la barbe, le Sacrifi
22 cateur l'examinera, & ſi à la voir elle eſt
22 plus enfoncée que la peau, & qu'elle ait ſur
2 elle du poil jaunâtre délié , il le déclarera
ſouillé ; c'eſt de la teigne, une lépre de tète,
22 ou de barbe : Si au contraire, il apperçoit
• 39 qu'à la vue, la teigne n'eſt point plus enfon
2 cée que la peau , & qu'elle n'a aucun poil
roux, le Sacrificateur fera enfermer pendant
ſept jours celui ou celle qui a cette teigne ;
2» au bout deſquels venant à l'examiner de nou
veau ; s'il apperçoit que la teigne ne s'eſt
point étendue ; qu'elle n'a aucun poil jaunâ
tre ; & qu'à la voir elle ne ſoit pas plus en
, 23 foncée que la peau , il lui fera raſer la tète,
22 ou la barbe , ſans toucher à l'endroit où
» eſt
M I s EN C A T E c H I s M E. 49

,, eſt la teigne , afin que le Sacrificateur puiſſe


mieux obſerver les changemens qui s'y feront ,
» & il le fera enfermer pendant ſept autres jou s,
,, & au ſeptieme il l'examinera ; & s'il voit que
,, la teigne ne s'eſt point étendue ſur la peau,
,, & qu'elle n'eſt point plus enfoncée qu'elle
», n'étoit ; le Sacrificateur le déclarera net, &
,, cet homme lavera ſeulement ſes vètemens ;
», après quoi il ſera cenſé net : mais fi la tei
,, gne venoit à reparoitre ſur la peau après la
,, purification, le Sacrificateur l'ayant reconnu ;
,, cela ſeul ſuffit pour déclarer cet homme ſouil
,, lé, ſans qu'il ſoit néceſſaire de chercher s'il
,, a des poils jaunâtres ou non ; mais s'il ap
,, perçoit dans la ſuite que la teigne ſe ſoit ar
,, rêtée, & qu'il y ſoit venu du poil noir ,
qui eſt la marque de ſanté ; c'eſt un ſigne que la
,, teigne eſt guérie : ainſi le Sacrificateur le dé
,, clarera net.
, Si un homme ou une femme ont dans la 38, 3».
,, peau de leur chair des puſtules , ou de pe
», tites tumeurs blanches ; le Sacrificateur qui
», les examinera, n'y remarquant autre choſe,
», regardera cet accident comme une ſimple tâ
», che blanche qui a boutonné dans la peau ,
», & qui n'empèche pas qu'on ne ſoit net. -
» Si un homme a la tête pelée, ou qu'il 4o-4s.
», ſoit chauve, ou ſur le deſſus de la tête, il ne
» laiſſe pas d'être net : mais ſi dans la partie
», pelée ou chauve, il y a quelque playe d'un
» blanc luiſant; ce qui eſt un ſigne de lépre qui
», a boutonné dans cette partie, & que le Sacri
,, ficateur qui l'examinera le trouve ainſi ; cet
», homme ſera déclaré lépreux & ſouillé; ſa playe
,, eſt en ſa tète, - - -

Tome l I. D ,, Or
5o L'A N c 1 E N T E s r A M E N T
,, Or quel des lépreux que ce ſoit en qui
,, ſera la playe ou le ſigne de la lépre, & qui
,, ſera déclaré tel, doit avoir ſes vêtemens dé
,, chirés, en ſigne de deuil $ d'affliction , & ſa
,, tète nue, ou raſée ſans bonnet ; il aura de
,, plus la lévre de deſſus couverte d'une bande
,, de toile , pour empècher l'infection de ſon
» haleine ; & quand il verra quelcun s'appro
», cher de lui, il criera ; je ſuis ſouillé, je ſuis
» ſouillé : éloignez-vous de moi, & pendant tout
» le tems qu'il ſera déclaré & reconnu tel, il
,, demeurera ſeul ; il vivra exclus du commerce
», de la ſociété, & ſa demeure ſera hors du
», Camp. , "

D. En quoi conſiſtoit la lépre des vêtemens ,


83 quelles furent les ordonnances de Dieu à ce
ſujet ? - -

R. La lépre des vêtemens nous étant à pré


ſent tout à fait inconnue ; il ſeroit bien diffi
cile de dire ſi c'étoit un fléau immédiatement
envoyé de Dieu, qui n'avoit lieu que chez les
Juifs ; comme ſemble l'inſinuer Moïſe de celle
des maiſons , & l'auteur du 2. Livre des Rois
V. 7. 27. XV. 5. ou ſi c'étoit une eſpèce de
contagion qui ſe communiquoit des perſonnes
lépreuſes aux habits qu'elles portoient, comme
fait aujourd'hui la peſte ; ou enfin ſi c'étoit
un défaut naturel cauſé dans les vêtemens par
divers accidens ; comme la mal - propreté, la
mauvaiſe étoffe, ou le mauvais travail, la ti
gne, les gerſes , ou autres vcrs &c. Quoi
qu'il en ſoit, voici les ordonnances de Dieu à
ce ſujet.
Zéoit.
"XI I I.
,, Si un vêtement de laine, ou de lin, eſt
47-59 ,, infecté du fléau de la lépre, dans la chaine ,
"2» Olk
M I s EN C A T E c H I S M E. 5r

- ou dans la trame , dans la peau ou dans


2» quelque ouvrage que ce ſoit de péléterie,
22 quand on y verra des tâches vertes ou rou
22 geatres, on jugera que c'eſt la lépre , & on
22
les fera voir au Sacrificateur , qui les ayant
2> examinées les fera enfermer pendant ſept
2> jours : Le ſeptieme jour il les examinera en- .
2> core, & s'il remarque que ces tâches ſe ſoient
> » accrues , dans quel des vêtemens que ce ſoit

22 de laine, de lin, , ou de péléterie , ce ſera


22
une lépre envenimée qui eſt ſouillée , & en
22 ce cas il brulera au feu ce vêtement quel
>> qu'il ſoit : mais ſi après l'avoir examiné, il
22 voit que ces tâches n'ont pas augmenté, il
2» ordonnera qu'on lave ce qui paroit infecté,
& il le fera enfermer pendant ſept autres
>> jours ; au bout deſquels s'il voit que la tâ
22 che de l'étoffe ou de la peau infectée demeu
2» re la même dans ſa couleur , & dans ſon
>> étendue, quand même elle ne ſe ſeroit point
2» accrue ; c'eſt cependant une choſe ſouillée
2» qu'il faudra bruler au feu ; parce que la lé
2> pre l'a pénétré des deux côtés à l'endroit & à
>> l'envers. Que ſi après que le vêtement aura
2 > été lavé, la tâche qui paroiſſoit lepre eſt p'us
2 > ſombre, ou rembrunie, il la ſéparera du reſte
>> du vêtement en la déchirant : Que ſi apres
>> cela il paroit au vêtement quel qu'il ſoit, de
>> laine , de lin, ou de peau , quelques tâches
22 ſemblables dans les endroits où il n'y en
2» avoit point auparavant ; le tout doit être
: >º brulé : mais ſi après avoir lavé le vêtement ,
il paroit que la tâche s'en va ; on le lavera
une ſeconde fois, & il ſera purifié. Telle eſt
ſ
la Loi qu'il faudra obſerver pour juger de la
D 2 » lépre
;#
· 7z 1'A N c I E N T E s T A M E N T
,, lépre d'un vêtement de laine, ou de lin ;
,, dans la chaine , ou dans la trame, & de tout
,, ce qui eſt fait de peau ; afin qu'on puiſſe diſ
,, cerner ce qui eſt pur ou impur. -

D. Quelles furent les loix que Dieu donna


enſuite à Moiſe pour la purification des lépreux ?
Lévit. R. ,, C'eſt ici , dit encore l'Eternel à Moiſe,
# º, la loi du lépreux, ou ce qu'il doit obſerver
:, pour le jour de ſa purification. Dès qu'il ſera
:,, cenſé guéri , il ſera amené au Sacrificateur
, qui ſortira pour cela hors du camp , & l'e-
, xaminera : S'il reconnoit que ſa playe de lé
» pre ſoit bien guérie, il ordonnera qu'on pren
- ' ,, me pour le purifier , deux petits oiſeaux vi
, ,, vans & nets , oit dont il eſt permis de manger ,
2,, avec du bois de cédre , de l'écarlate & de
-, l'hyſlope ; & qu'on coupe la gorge à l'un
, » des oiſeaux, ſur de l'eau vive , ou de ſource,
» dans un vaiſſeau de terre : Puis il prendra
,, l'autre oiſeau vivant, & le liera avec le bois
- » de cédre , l'écarlate & l'hyſſope, pour trem
» per le tout enſemble dans le ſang de l'oiſeau
» égorgé ſur de l'eau vive, & en faire aſper
· , fion par ſept fois, ſur celui qui doit être pu
c » rifié de la lépre ; après quoi il le déclarera
- » net, & laiſſera aller par les champs l'oiſeau
» vivant , en ſigne de la liberté rendue au lé
.,, preux. Et celui qui doit ètre purifié lavera
» ſes vètemens, & raſera tous les poils de ſon
corps , ſans en excepter aucun endroit, pour mieux
, aſſurer de ſa parfaite gueriſon ; & ſe lavera
» dans l'eau ; moyennant quoi il ſera cenſe net :
» Enſuite il entrera au camp ; mais il demeu
» rera ſept jours hors de ſa tente, & au ſep
» tieme jour il raſera de nouveau tout le poil
•ſ> - » de
M I s E N C A T E c H I s M E. 53

, de ſa tète , de ſa barbe , des ſourcils de ſes


» yeux, & de quelque autre partie de ſon
» corps que ce ſoit : puis il lavera encore ſes
» vètemens, & il ſera entierement net & pu
» rifié . -

D. Le lépreux guéri 83 purifié n'étoit il obli


gé à rien de plus , qu'à ce qui vient d'étre marqué ?
R. Il devoit de plus off ir à Dieu un ſacri
· fice pour le délit ; un autre pour le péché
qui lui avoit attiré cette maladie , & un ho
locauſte en reconnoiſſance du recouvrement de
ſa ſanté ; ſelon l'ordre de Dieu donné à Moïſe
dans les paroles ſuivantes. " Au huitieme jour Lévit.
X I V.
,, de ſa rentree dans le camp, il prendra deux
Io - 32
» agneaux ſans tare , & une brebis d'un an
,, ſans tare , & trois dixiemes d'Epha de fine
» farine à faire un gâteau , paître ou arroſée
,, d'huile , & un log ( tenant environ une demi
,, pinte ) d'huile : Et le Sacrificateur qui l'aura
,, déclaré net, le préſentera avec toutes ces cho
,, ſes devant l'Eternel, à l'entrée, ou au parvis
,, du Tabernacle d'aſſignation : Puis le Sacrifi
» cateur prendra un des agneaux, & l'offrira
, en offrande pour le délit , à cauſe des fautes
que le lepreux auroit commiſes par ignorance avec
,, le log d'huile ; & cette premiere offrande ſe
,, ra tournoyée devant l'Eternel, ſelon les ri
* Ecod.
,, tes preſcrits ci deſſus *. Il égorgera de mème XXIX.
,, l'autre agneau, au lieu ou l'on a accoutumé 24
» d'offrir l'offrande pour le péché & pour l'ho
,, locauſte, dans le lieu Saint ; car l'offrande
,, qui ſe fait pour le délit appartient au Sacri
» ficateur, de même que celle qui ſe fait pour
,, le péché , & c'eſt une choſe très - Sainte,
,, conſacrée à Dieu : Puis le Sacrificateur pren
D 3 » dra
54 L'A N C I E N TE s TAM EN T

» dra du ſang de l'agneau pour le délit, &


, en mettra ſur le mol de l'oreille droite de
,, celui qui a été déclaré net , & ſur le pouce
» de ſa main droite, & ſur le gros orteil de
25 ſon pied droit ; il verſera auſſi de l'huile du

5> log dans le creux de ſa main gauche , &


25 ayant trempé le doigt de ſa main droite dans

55 cette huile, il en fera ſept fois aſperſion de


,, vant l'Eternel , & du reſte de l'huile qui ſe
,, ra dans ſa main gauche, il en mettra ſur le
,, mol de l'oreille droite du lépreux nettoyé,
,, & ſur le pouce de ſa main droite, & ſur le
, gros orteil de ſon pied droit, aux mêmes en
,, droits où l'on avoit mis du ſang de la victi
» me pour le délit ; & ce qui reſtera de l'hui
,, le ſur la paume du Sacrificateur , ſera ré
,, pandu ſur la tête du mème lépreux purifié :
,, Ainſi le Sacrificateur fera propitiation pour
,, lui devant l'Eternel : il obtiendra pour lui le
pardon de ſes fautes, 83 la participation aux
choſes Saintes $ à la faveur de Dieu. " Après
,, avoir ainſi offert le ſacrifice pour le péché,
,, il égorgera l'autre agneau pour l'holocauſte,
,, & le mettra ſur l'autel avec le gâteau qui
,, doit l'accompagner, & cet homme ſera ainſi
,, purifié. Mais s'il eſt pauvre , & qu'il n'ait
,, pas le moyen de fournir toutes ces choſes ,
,, il prendra ſeulement un agneau qui ſera of
» fert pour le délit ; afin qu'il ſoit fait par ce
,, moyen propitiation pour lui, & une dixieme
,, de fine farine paîtrie ou arroſée d'huile pour
,, le gâteau , & un log d'huile, & deux tour
,, terelles ou deux pigeonneaux, ſelon qu'il pour
,, ra fournir, dont l'un ſera pour le péché , &
,, l'autre pour l'holocauſte ; & au huitieme jour
- - 22 de
MIs EN C A T E c H 1 s M E. 55

» de ſa purification, il les apportera au Sacri


,, ficateur à l'entrée du Tabernacle d'aſſignation
» en préſence de l'Eternel ; alors le Sacrifica
» teur recevant l'agneau pour le délit , & le
» log d'huile, il les offrira à l'Eternel en of
» frande tournoyée ; & ayant égorgé l'agneau
» deſtiné au ſacrifice pour le délit, il en pren
» dra du ſang qu'il mettra ſur le mol de l'o-
,, reille droite de celui qui ſe purifie , & ſur
,, le pouce de ſa main droite , & ſur le gros
,, orteil de ſon pied droit ; Il verſera auſſi une
» partie de l'huile dans le creux de ſa main
» gauche , & avec le deigt de ſa main droite,
,, il en fera ſept fois aſperſion devant l'Eter
,, nel , & en mettra ſur les mèmes parties du
,, corps de celui qui ſe purifie, ſur leſquelles il
,, avoit déja mis du ſang de l'agneau ; après
,, cela il verſera le reſte de l'huile qui étoit
» dans ſa main gauche ſur la tête de celui qui
» ſe purifie , afin de lui rendre l'Eternel pro
» pice : Puis il offrira les deux tourterelles ou
» pigeonneaux, ſelon ce qu'il aura pu fournir,
,, l'un pour le péché, & l'autre pour l'holocauſ
» te avec le gâteau ; afin que le Sacrificateur
» faſſe propitiation pour lui devant l'Eternel :
» Telle eſt l'ordonnance de Dieu pour le lé
,, preux'qui n'a pas le moyen de fournir pour
» ſa purification , tout ce qui a été ordonné
ci-devant.
D. En quoi conſiſloit la lépre des maiſons ; 83
quelles furent les ordonnances que Dieu donna à
Moïſe 85 à Auron ſur ce ſujet * -

R. La lépre des maiſons, comme celle des vê


temens, étoit à ce qu'il paroit par le recit de
Moiſe, un châtiment envoyé immédiatement de
D 4 Dieu
'55 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
Dieu pour punir le peuple d'Iſrael de ſes pé
chés, & qui n'eut jamais lieu que dans cette
nation , quand elle fut entrée au pays de Ca
naan : Cependant l'on y trouve auſſi des cau
ſes phyſiques , dans des vers qui s'attachants
à la pierre molaſſe , ou au mortier, en ron
geoient les endroits les plus humides & les plus
tendres, & y laifbient une eſpèce de moiſiſſure
avec des tâches verdâtres ou rouſſatres. Voici
Lévit. comme " l'Eternel en parle à Moiſe & à Aa
X I V.
33 - 57.
,, ron : Quand vous ſerez entrés au pays de Ca
,, naan, que je veux vous donner en poſſeſ
, , ſion : ſi je mets la playe de la lépre dans
,, quelque maiſon de vôtre héritage ; celui à
» qui la maiſon appartiendra ira avertir le Sa
, crificateur , & lui dira ; il me ſemble qu'il y
, a apparence de lépre dans ma maiſon : alors
, le Sacrificateur fera tranſporter ailleurs tout
, ce qui eſt dans la maiſon, avant qu'il y en
, tre pour voir ſi la lépre y eſt ; de peur que
;, tout ce qui s'y trouveroit, dans le cas d'une
s, lepre déclarée, ne fut auſſi déclaré impur : Le
», Sacrificateur entrera enſuite dans la maiſon
» pour voir ſi elle eſt infectée de lépre, & après
,, l'avoir examinée ; s'il voit dans les murs ,
,, ou les parois de la maiſon , des petits creux
55 tirants ſur le verd , ou rouſſàtres, qui ſoient,
25 à les voir , plus enfoncés que le reſte de la
muraille ; il ſortira de la maiſon,. 85 ſe te
,, mant à l'entrée, il fera fermer la maiſon pen
,, dant ſept jours , & au ſeptiemé il reviendra
,, pour l'examiner de nouveau ; & s'il trouve
que la playe ſe ſoit étendue ſur les murs de
,, la maiſon , il ordonnera qu'on arrache les
» pierres infectées, & qu'on les jette hors
4 •. 22
#
d
M 1s E N C A T E c H 1 s M E. 57

2b la ville dans un lieu ſouillé , où l'on jette .


22 les immondices : Il fera auſſi racler l'enduit .
3> de la maiſon par dedans tout à l'entour , &
35 fera jetter l'enduit qu'on aura raclé hors de
:>> la ville en un lieu ſouillé ; puis on prendra
d'autres pierres pour mettre à la place de
celles qui auront été arrachées , & d'autre .
mortier pour reparer la bréche. Mais ſi après .
qu'on aura fait tout ce qui vient d'ètre preſ-.
crit, les mèmes ſignes de lépre reparoiſſent
dans la maiſon , le Sacrificateur y entrera
& l'examinera de nouveau ; & s'il trouve que .
92 les murailles de la maiſon ſoient infectécs
22 des mèmes ſimptomes de lépre ; il jugera que
22 c'eſt une lépre enracinée , & que la maiſon
>2 eſt ſouillée. On démolira donc la maiſon , .
22 ſes pierres, ſon bois, avec tout ſon mortier,
22 & on les tranſportera hors de la ville en un
> > lieu ſouillé. Et ſi quelcun étoit entré dans .
22 la maiſon, pendant tout le tems qu'elle au- .
>2 roit été fermée, il ſera ſouillé juſqu'au ſoir ; .

25 & celui qui y aura dormi, ou mangé, la


2 » vera de plus ſes vètemens. Que ſi le Sacri
25 ficateur rentrant dans cette maiſon , après
25 l'avoir faite nettoyer , reconnoit qu'il n'y a
2> plus de ſigne de lépre ; il la déclarera nette :
22 car ſa playe eſt guérie. Alors pour la puri
22 fier entierement, il prendra deux paſſereaux ,
25 du bois de cédre, de l'écarlate, & de l'hyſ
22 ſope , il coupera la gorge à l'un des paſſe
32 reaux , ſur de l'eau de ſource qui ſera dans
2» un vaiſſeau de terre, & prenant l'autre paſ .
ſereau vivant avec le bois de cédre, l'écar
late & l'hyſſope, il trempera le tout enſemt
ble dans le ſang du paſſereau égorgé, & dans
- 5 , l'eau
58 L'A N c I E N - T E s T A M E N T

,, l'eau vive, & en fera aſperſion par ſept fois


,, dans la maiſon , & la purifiera de cette ma
,, niere ; puis il laiſſera aller hors de la ville par
,, les champs, le paſſereau vivant ; & il fera
» ainſi propitiation pour la maiſon, en la dé
clarant exempte du fléau dont elle étoit menacée,
» & elle ſera cenſée nette. Telle eſt la loi de
» Dieu touchant toute eſpéce de lépre, de vê
» tement & de maiſon , de tumeur, de gâle
» & de bouton ; afin qu'on ſache en quel tems
» & en quel cas , ces choſes doivent être re
» gardées comme pures ou impures. Telle eſt la
» loi concernant la lépre.
D. Sur quelles autres impuretés , Dieu don
me - t - il encore ſes ordonnances à Moiſe 85 à Aa
ron pour en inſtruire les Enfans d'Iſrael ?
Lévit. .
X V.
R. ,, L'Eternel parla encore à Moïſe & à Aa
E - 33. » ron, & leur dit d'inſtruire les Enfans d'Iſ
» raël des ordonnances ſuivantes. Quiconque
» ſera attaqué d'un flux de ſa chair ( que les
AMédecins appellent gomorrhée ), il ſera ſouillé a
» cauſe de ce flux , & exclus par conſéquent du
commerce des autres Iſraëlites, 85 de l'entrée au
,, parvis du Tabernacle. Telle ſera la régle pour
» juger de ce flux impur ; ſoit qu'il coule ac
» tuellement de ſa chair, ou qu'il ſoit retenu
2 par quelque obſtruction , il rend également
» ſouillé celui qui en eſt atteint. Tous les lits
» où il couchera, & tous les endroits où il
» s'aſſeyera ſeront ſouillés ; Si quelcun touche
» ſeulement ſon lit, il ſera ſouillé juſqu'au ſoir,
» & devra laver ſes vêtemens , & lui - même
» dans l'eau. Il en ſera de même , ſi l'on s'aſ
» ſied dans quelque endroit où le ſouillé ſe
» ſera aſſis, ou ſi l'on touche ſa chair , ou
» qu'il
\
M Is EN C A T E c H I s M E. 59

22 qu'il ait craché ſur celui qui eſt net. Toute


3> monture , ſelle , tout animal , ou voiture
2> qu'aura monté celui qui a la gonorrhée ſera
5> auſſi ſouillée. Tout ce qui aura été ſous lui
22 & qu'il touchera, ſera ſouillé juſqu'au ſoir :
3> Et quiconque aura touché l'homme ſouillé ,
10 ſans s'ètre auparavant lavé les mains dans
2> l'eau, lavera ſes vêtemens , & ſe lavera lui
25 mème dans l'eau & ſera ſouillé juſqu'au ſoir.
29 Le vaiſſeau "de terre qui aura été touché par
3> cet homme ſera briſé, & s'il eſt de bois il
2> ſera lavé dans l'eau. Quand celui qui a la
22 gonorrhée ſera guéri de ce flux, il comptera
29 ſept jours depuis ſa guériſon, & lavera pen
2> dant ce tems là ſes vêtemens & ſa chair avec
3> de l'eau vive, & par ce moyen il ſera net.
25 Et au huitieme jour il prendra pour ſoi
22 mème deux tourterelles , ou deux pigeon
3> neaux, & il viendra en préſence de l'Eter
52 nel à l'entrée du Tabernacle d'aſſignation,
52 & les donnera au Sacrificateur qui les immo

25 lera l'un en offrande pour le péché , & l'au


3) tre en holocauſte. Ainſi le Sacrificateur fera
22 propitiation pour lui en préſence de l'Eter
22 nel , ou il obtiendra le pardon de la peine qu'il
'>> avoit méritée, à cauſe de ſon flux.
,, L'homme auſſi duquel ſera ſorti de la ſe
"2> mence involontairement , lavera dans l'eau
º) tout ſon corps, & ſera ſouillé juſqu'au ſoir ;
2> & tout habit, ou toute peau qui aura été
22 touchée de cette ſemence, ſera lavée dans l'eau
25 & ſera ſouillée juſqu'au ſoir : De même la
32 femme dont un tel homme aura eu la com
,, pagnie , avant de s'être purifié, ſe lavera dans
l'eau avec ſon mari & ils ſeront ſouillés juſ
» qu'au
6o L'À N C I E N T Es T A ME NT

33 qu'au ſoir. Quand la femme aura l'incommo


2» dité ordinaire à ſon ſexe, elle demeurera
3> ſept jours ſéparée de ſon mari , & quicon
22 que la touchera ſera ſouillé juſqu'au ſoir.
3> Tout ce ſur quoi elle aura couché , ou ſe ſe

22 ra aſſiſe durant ſa ſéparation ſera ſouillé,


35 & quiconque auſſi touchera le lit de cette
3 » femme ou quelque choſe ſur quoi elle ſe ſe

25 ra aſſiſe , lavera ſes vêtemens & ſon corps


35 dans l'eau , & ſera ſouillé juſqu'au ſoir : Si
9> quelcun mème touche aucune choſe qui ait
>> été ſur ſon lit, ou ſur laquelle elle aura été

3> poſée, ſera ſouillé juſqu'au ſoir. Et ſi quel


2b cun a eu ſa compagnie pendant ce tems-là,
2> tellement que ſes fleurs ſoient tombées ſur lui,

35 il ſera impur pendant ſept jours , & toute


3> couche ſur laquelle il dormira, ſera ſouillée.

,, Quand une femme aura cet accident plu


22 ſieurs jours au de là , ou hors du tems or
22 dinaire; elle ſera ſouillée de mème qu'elle l'eſt

2b au tems ordinaire, & l'on obſervera les mè


2> mes loix : mais ſi cet accident s'arrète, &
25 ne ſe fait plus ſentir ; elle comptera encore
95 ſept jours , après leſquels elle ſera nette : Et
3> au huitieme elle prendra deux tourterelles ou
3» deux pigeonneaux , & les apportera à l'en
22 trée du Tabernacle d'aſſignation au Sacrifica
93 teur de tour , qui en immolera un en offran
2) de pour le péché, & l'autre en holocauſte :
32 Ainſi le Sacrificateur fera propitiation pour
9» elle en préſence de l'Eternel, à cauſe du flux
25 qui la rendoit impure., Vous prendrez donc
22 ſoin que les Enfans , d'Iſrael qui auront ces
23 ſouillures ſe gardent d'approcher des autres,

», ou du parvis de mon Tabernacle ; de peur


» qu'ils
M Is EN C A T E c H I s M E. 6I

» qu'ils ne meurent, s'ils venoient à ſouiller


,, mon Tabernacle qui eſt au milieu d'eux. Tel
», le eſt la loi qu'on doit ſuivre pour celui qui
,, a la gonorrhée , ou un flux de ſemence ;
,, pour celle qui eſt ſouillée par les fleurs de
» chaque mois, & pour toute perſonne mâle
,, ou femelle qui a un fiux naturel , ou acci
,, dentel, & pour celui ou celle qui couche avec
,, la perſonne ſouillée.

C H A P I T R E V I.

Contenant l'inſtitution de la Fête ſolem


nelle des expiations.

D. D E quelles autres ordonnances fut encore


- ſuivie la mort de Nadab 85 d'Abihu ,
dont il a été fait mention ci devant ?
R. La mort de Nadab & d'Abihu rapportée
ci deſſus Ch. X. donna d'abord lieu à la défenſe
que fit l'Eternel à Aaron pour lui & ſes fils
qui lui ſuccéderoient dans la Sacrificature, de
boire d'aucune liqueur qui put enyvrer , lors
qu'ils ſeroient appelés à quelque fonction dans
le Tabernacle ; ' mais de plus Dieu en prit oc
caſion de donner à Mouſe & à Aaron des ré
glemens pour diriger la conduite du Souverain
Sacrificateur dans la ſolemnité du grand jour
des expiations , qui étoit particulierement deſti
né à expier les péchés des Sacrificateurs , &
de tout le peuple, & à leur fournir un moyen
de reconciliation avec Dieu : à quoi il ajouta
diverſes ordonnances, concernant le culte qu'on
de
62 L'A N c I E N T E sT A M E NT
devoit lui rendre dans le Tabernacle : C'eſt ce
que l'on peut naturellement inferer des paroles
Lévit. ſuivantes. * Or l'Eternel parla à Monſe après
XVI. 1.
,, la mort des deux enfans d'Aaron, lorſqu'ils
,, moururent, étant étouffés par le feu, pour
,, s'ètre approchés du lieu où l'Eternel étoit
,, préſent, avec un feu qu'ils n'avoient pas pris
ſur l'autel.
D. Qu'eſt ce donc que * l'Eternel dit alors à
,, Moïſe ?
Lévit.
R. ,, Parle , lui dit il , à Aaron ton frere ,
X V I. ,, & lui déclare de ma part qu'il ne doit point
2 - IO.
,, entrer en tout tems dans le Sanctuaire, ou
,, le Lieu très-Saint, au dedans du voile qui le
,, ſépare du Lieu Saint, devant le Propitiatoire
,, qui eſt ſur l'Arche ; de peur que voulant
y entrer ſans un ordre exprès de ma part, il ne
,, ſoit puni de mort ; comme l'ont été ſes deux
fils pour n'avoir pas obſervé mes ordres dans le
culte qu'ils vouloient me rendre ; " car Aaron ne
,, pourroit y entrer ſans être vû de l'Eternel
,, toujours préſent dans la nuée qui eſt ſur le
, Propitiatoire : mais quand Aaron voudra en
,, trer dans le Sanctuaire, comme il devra le
faire au moins tous les ans une fois, au jour que
,, je lui marquerai , il prendra d'abord un veau
,, du troupeau deſtiné à être offert en ſacrifice
-,, pour le péché , & un bélier pour être offert
:,, en holocauſte ; & il ſe revêtira de la chemiſe
·,, ſacrée de lin, des caleçons de lin ſur ſa chair,
,, & ſe ceindra de la ceinture de lin, & por
,, tera ſa thiare de lin, qui ſont les vêtemens
,, ſacrés qu'il devra revêtir ; après s'ètre lavé
» le corps dans l'eau. Il ſe fera auſſi donner
,, par l'aſſemblée des Enfans d'Iſrael deux jeu
2» I1CS
M Is EN C A T E c H I s M E. 63
3, nes boucs, ou chevreaux, pour être offerts en
,, victime pour le péché , & un bélier pour
,, être offert en holocauſte : Puis Aaron offrira,
», premierement tant pour ſoi que pour ſa fa
,, mille ſacerdotale, ſon veau en ſacrifice pour
,, ſes propres péchés , & ceux de ſa famille,
,, afin de ſe rendre Dieu propice. Enſuite il
2b prendra les deux boucs, ou chevreaux , &
22 les préſentera devant l'Eternel à l'entrée du
Tabernacle d'aſſignation , & les tirera au ſort
,, pour ſavoir quel devra être immolé à l'Eter
,, nel, ou quel ſera le bouc Azazel ( a ), c. à d.
,, qui doit être envoyé au déſert ; Et Aaron offri
» ra le bouc que le ſort aura déſigné pour l'E-
3» teſ

( a ) A2a2el c. à d. qui doit être envoyè au déſert.


L'on a ſuivi dans l'explication du mot Azazel, le ſen
timent de la plûpart des lnterprétes modernes qui dé
rivent ce mot de deux autres , ſavoir de Hez , ou
Haz une chévre, & du verbe Azal qui ſignifie aller ,
s'échaper, s'enfuir , pour marquer la deſtination de ce
bouc qui devoit être mis en liberté d'aller ou de s'en
fuïr au déſert. L'on objecte à cela 1°. qu'il eſt parlé
X. 26. d'Azazel comme d'un lieu où le bouc devoit
être mené , & non comme du bouc même ; mais rien
n'empêche qu'on ne puiſſe entendre auſſi l'original de
la deſtination du bouc même , comme aux N. 8. & 1o.
L'on objecte 2". que le mot Hébreu Hez , ou Haz
ſignifie une chévre non un bouc qui eſt plutôt appelé
Sébir & non He2 ; mais l'on convient aſſez générale
ment que ce bouc étoit un chevreau qui pouvoit être
femelle auſſi bien que mâle ; outre que le mot Hez,
ou Hi22im au pluriel eſt ſouvent employé pour déſi
gner cette eſpéce d'animal mâle ou femelle. D'autres
cependant par ces mêmes raiſons prennent le mot d'Ha
zazel pour le nom d'une montagne éloignée de Jéru
ſalem d'environ onze mille pas, ou pour un rocher
- · eſcafpé ,
64 L'A N c I E N TEs T AM ENT
,, ternel, & l'immolera en ſacrifice pour le pé
,, ché ; mais le bouc ſur lequel le ſort ſera échû
» pour être Azazel , ou envoyé au déſert , ſera
» préſenté vivant devant l'Eternel ; afin qu'il
» ſerve auſſi à ſe rendre Dieu propice; après
» quoi on l'envoyera au déſert pour être le
» bouc Azazel.
D. Comment devoit ſe faire en particulier l'of
frande d'Aaron pour ſes propres péchés $ ceux
de ſa famille , lorſqu'il ſeroit appelé à entrer dans
le ſanctuaire ?
Lévit. R. L'Eternel le preſcrit quand il ajoute. " Aa
X V I.
II - I4 .
,, ron donc offrira ſon veau en victime pour le
» péché, afin de ſe rendre & toute ſa famille
» Dieu propice & favorable, , & après l'avoir
,, égorgé dans cette intention avec les cérémonies
» ordonnées à ce ſujet, il remplira un encenſoir,
( qui étoit une eſpéce de réchaut ) de la braiſe du
, feu qui eſt ſur l'autel devant l'Eternel, & il
» remplira auſſi ſes mains de parfum compoſé
» des drogues preſcrites & pulvériſées ; & il ap
» portera le tout de la maiſon de Dieu , ou du
, Lieu Saint, au dedans du voile, ou dans le
,, Lieu très Saint, & il mettra le parfum dont
,, il aura la main gauche remplie, ſur le feu de
l'encenſoir qu'il tiendra de la main droite devant
» l'Eternel , ou devant l'Arche ſur laquelle il
» réſide; afin que la fumée du parfum couvre
» le

eſcarpé près de Jéruſalem , du haut duquel le bouc


étoit jetté, ou précipité : mais ce qui rend leur ſen
riment peu vraiſemblable, c'eſt qu'il n'eſt aopuyé d'au
cune autorité , ni d'aucun paſſage de l'Ecriture qui
faſſe mention d'une montagne, ou d'un précipice de
CC IlOIIl.
MIs E N C A T E c H I s M E. 65
,, le Propitiatoire qui eſt ſur l'Arche de l'allian
,, ce. En faiſant cela il ne doit point craindre
» d'être puni de mort. Il ſortira enſuite de là,
,, ou du Lieu très-Saint , pour aller prendre du
,, ſang du veau égorgé , & rentrera derechef
,, dans le Sanctuaire, pour en faire aſperſion
» avec ſon doigt, au devant du Propitiatoire
» vers l'Orient, & réiterera cette aſperſion par
» ſept fois. •

D. Comment devoit ſe faire enſuite l'offrande,


· ou le ſacrifice de ce jour - là pour les péchés du
peuple ?
R. Elle devoit ſe faire de cette maniere : " Aa- r .
,, ron étant reſorti du lieu très Saint, devoit égor- x V #
,, ger celui des boucs du peuple deſtiné à être 15-**
,, immolé pour le péché, & apporter ſon ſang
,, au dedans du voile, pour en faire les mêmes
» aſperſions qu'il avoit faites du ſang du veau,
» à côté & au devant du Propitiatoire. Par
,, toutes ces aſperſions il purifiera le Sanctuaire,
» & en expiera les ſouillures qu'il eſt cenſé avoir
,, contractées , par les péchés & les forfaits que
» les Enfans d'Iſraél avoient commis durant le
» cours de l'année , au mépris de Dieu qui y
» réſidoit. Aaron devoit encore faire la mème
, choſe, ou réiterer toutes ces aſperſions avec le
ſang du veau 85 du bouc dans le Lieu Saint qui
,, eſt le Tabernacle d'aſſignation ; parce qu'il
» eſt au milieu du peuple , qui par inattention "
ou par ignorance eſt ſouvent entré dans le parvis,
,, étant fouillé d'impuretés morales , ou légales :
» Mais aucun autre que le Grand Sacrificateur,
» ne reſtera au Tabernacle d'aſſignation, ou n'y
» ſera admis quand il y entrera pour faire l'ex
» piation des péchés, tant de ſoi-même & de
Tome I I. - E » ſa
66 1'AN c 1 E N T E s T A M E N r
» ſa famille, que de ceux du peuple & de tou
» te l'aſſemblée d'Iſrael, juſqu'à ce qu'il en ſor
» te , pour purifier auſſi l'autel des holocauſ
» tes qui eſt dans le parvis devant l'Eternel ,
» dont il fera l'expiation en prenant du ſang
» du veau & du bouc immolés qu'il mettra ſur
» les cornes de l'autel tout à l'entour , & y
» fera ſept fois aſperſion de ce ſang avec ſon
• doigt : Par ce moyen il le nettoyera : & le
» purifiera des ſouillures qu'il auroit pu contrac
2, ter de la part des enfans d'Iſraël : Et quand
» Aaron aura ainſi achevé de faire l'expiation
» des péchés du peuple dont le Sanctuaire, ou
, le Lieu très-Saint , le Tabernacle d'aſſignation,
,, ou le : Lieu Saint , & l'autel des holocauſtes
» dans le parvis , pouvoient être ſouillés , alors
» il offrira le bouc vivant pour ſervir auſſi à
, cette expiation, & poſant ſes deux mains ſur
,, la tète du bouc vivant, comme pour le char
ger des crimes de ceux en faveur de qui il étoit
,, offert & les tranſporter ſur lui, il confeſſera
,, ſur lui toutes les iniquités des enfans d'Iſ
» rael , & toutes leurs offenſes, de quelque na
,, ture qu'elles ſoient, & les mettra ſur la tête
» du bouc ; enſorte que la peine en ſoit auſſi tranſ
,, portée ſur lui , & il l'envoyera au déſert par
,, un homme exprès , ou déſigné pour cela : Et
, le bouc portera ſur ſoi $ à leur place, toute
,, la peine de leurs iniquités dans une terre dé
, ſolée & inculte : Puis cet homme laiſſera aller
, le bouc par le déſert ; pour ſignifier que les
péchés du peuple déja expiés par le ſang du bouc
immolé, étoient emportés par celui-ci, 85 que Dieu
n'en demanderoit plus de compte, ou que le peit
ple étoit délivré de la peine de ſes péchés.
, - - . , D. Quel
M1s EN C A T E C H I s M E. 67
D. Quelles autres cérémonies y avoit.il encore
à obſerver dans ce grand jour des expiations *
R. Il y en avoit pluſieurs autres qui ſont ain
ſi ordonnées par Dieu mème. " Après qu'Aaron, Zévit.
X V I.
comme Souverain Sacrificateur, auroit mis les mains
ſur la tête du bouc Azazel pour tranſporter ſitr 23 - 34
,, lui les péchés du peuple, il devoit revenir au
» Tabernacle d'aſſignation , & quitter les vête
» mens de lin dont il s'étoit vêtu par humilité
» pour entrer au Sanctuaire ; & les poſer lá
,, dans le Tabernacle , & s'étant lavé le corps
» avec de l'eau dans le Lieu Saint pour ſe puri
fier de la ſouillure qu'il avoit contractée en tou
chant cette victime chargée des péchés du peuple,
» il ſe revêtira de ſes habits pontificaux : Puis
étant ſorti du Lieu Saint, dans le parvis, il
offrira ſon bélier & celui du peuple en holo
t. cauſte , & fera fumer ſur l'autel la graille de
# ,, l'offrande pour le péché ; afin d'achever par
,, ces ſacrifices la propitiation pour ſoi 83 ſa fit
# », mille, & pour le peuple , 83 rendre de plus ,
en plus Dieu propice aux uns 85 aux autres. Et
» celui qui aura conduit le bouc au déſert pour
2 » en faire le bouc Azazel, lavera avec de l'eau
, ſes vêtemens & ſon corps , cenſes ſouilles par
: ,, l'attouchement du bouc : puis il rentrera au
camp; mais on emportera hors du camp ce
2» qui auroit été laiſſé de reſte du veau & du
, bouc offerts en victime pour le péché, & dont
» le ſang auroit été porté au Sanctuaire pour y
» faire propitiation, & l'on brulera au feu leur
» peau, leur chair & leur fiente : Et celui qui
,, les aura brulés lavera ſes vètemens & ſon
»e corps avec de l'eau ; après quoi il rentrera
» au camp. Cette ordonnance doit être perpé
2 ,, tuelle ;
68 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» tuelle ; au moins autant que devoit durer le
,, culte Lévitique. Le dixieme jour du ſeptieme
,, mois, qui répond à nôtre mois de ſeptembre
ſera le jour fixé pour cette expiation ſolemnelle ,
» & dans ce jour - là vous affligerez vos ames
par le jeûne 85 l'abſiinence de tout ce qui flate
,, les ſens ; & vous n'y ferez aucune œuvre ſer
,, vile , tant celui qui eſt du pays, que l'étran
» ger qui fera ſon ſéjour parmi vous : car ce
» jour - là ſera un jour de propitiation pour
» vous ; afin que vous ſoyez nettoyés & abſous
» dc tous vos péchés en la préſence de l'Eter
,, nel. Ce vous ſera donc un jour de repos que
, vous paſſerez dans le deuil & l'affliction. Et
» le Sacrificateur qu'on aura oinct & conſacré
» pour exercer la Souveraine Sacrificature de pe
» re en fils , fera propitiation ; étant revètu des
» vètemens de lin qui ſont réputés Saints. Et
» il fera ainſi l'expiation de toute ſouillure pour
,, le lieu Saint, & le lieu très-Saint, pour le
» Tabernacle d'aſſignation , pour l'autel des bo
», locauſtes , pour les Sacrificateurs , & pour tout
» le peuple de l'aſſemblée des Enfans d'Iſraël.
» Ce vous ſera donc une ordonnance perpé
» tuelle pour faire une propitiation ſolemnelle
» de tous vos péchés, une fois l'année : ce que
» l'on fit dès lors , comme l'Eternel l'avoit com
» mandé à Moiſe.
D. Qu'eſt ce que Dieu ordonna par rapport au
culte qui devoit lui être rendu duns le Tabernacle ?
R. Il ordonna encore deux autres cérémo
nies : Par la premiere il défend ſous peine de
mort d'égorger aucune bête en ſacrifice ailleurs
que dans le parvis du Tabernacle , ni de les
offrir à d'autres qu'à lui ; ni d'employer †
CClA
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 69
#, cela d'autres perſonnes que les Sacrificateurs
x2 , établis par Dieu même ; & par la ſeconde il dé
º fend ſous la mème peine de manger du ſang
# de quelque maniere qu'il ſoit apprèté.
$# D. Voyons plus en détail ce que Dieu ordonne
## à Moiſe ſur ce ſujet ?
#! R. ,, L'Eternel ordonne à Moïſe de déclarer Lévit.
# » à Aaron & à ſes fils & à tous les enfans d'Iſ- # #r
# » raél ce qu'il vouloit qu'on obſervât , en di
1% » ſant : Quiconque de la famille d'Iſraël aura
# » égorgé un bœuf, ou un agneau, ou une
# » chévre dans le camp , ou hors du camp,
dans le deſſein de l'offrir à Dieu en ſacrifice, &
» qui n'aura point amené ſa victime à l'entrée
» du Tabernacle d'aſſignation avant de l'égorger,
#: » pour en faire une offrande à l'Eternel , de
, » vant la tente de l'Eternel, le ſang ſera im
«; » puté à cet homme là ; c. à d. qu'il ſera coupa
". ble comme un meurtrier qui a répandu le ſang ;
, » & pour cela il ſera retranché du milieu de ſon
» peuple ; 85 puni de mort, ou par les Juges,
# , ou par Dieu même Ainſi que les enfans d'Iſ
, » rael aménent les bêtes qu'ils voudront ſacri
»' » fier, & qu'ils ont accoutumé d'égorger dans
a » les champs ; qu'ils les aménent, dis-je, à l'E-
a , ternel à l'entrée du Tabernacle d'aſſignation ,
: ,, pour les remettre au Sacrificateur qui ſera
% , alors en fonction , & qu'ils les offrent là à
» l'Eternel en ſacrifice de proſpérités ; au lieu
, de les offrir, comme ils le font, dans les champs ;
: » & que le Sacrificateur en répande le ſang ſur
# 1
, l'autel de l'Eternel à l'entrée du Tabernacle
-

| » d'aſſignation, & en faſſe fumer la graiſſe en


: » odeur agréable à l'Eternel, & qu'ils n'offrent
|! » plus leurs ſacrifices aux boucs, ou aux idoles
* s E 3 qui
º7O
d
L'A N C I E N TE sT A MEN T

qui les repréſentent ; comme font les Egyptiens ,


» qui s'abandonnent, dans le culte qu'ils leur ren
», dent , à toutes ſortes d'impuretés & de proſti
» tutions : Que ce ſoit pour vous une ordon
» nance perpétuelle. Tu leur diras donc , qui
» conque des Enfans d'Iſraël, ou des Etrangers
,, qui font leur ſéjour parmi eux, aura offert un
» holocauſte, ou quelque ſacrifice que ce ſoit,
» & ne l'aura point amené à l'entrée du Taber
» nacle d'aſſignation, pour le ſacrifier à l'Eter
» nel , cet homme-là ſera retranché d'entre ſes
» peuples 85 mourra de mort violente.
, Quiconque de la famille d'Iſraël, dit en
,, core l'Eternel , ou des étrangers qui font leur
» ſéjour parmi eux ; tels qu'étoient les proſélites
», de quelque mation que ce fut; quiconque, dis-je,
5

» aura mangé de quelque ſang que ce ſoit ; je


» mettrai ma face contre lui, je le regarderai
,, d'un œil de colère, & je le retrancherai du
» milieu de mon peuple; ſoit par la condamna
tion à mort , ſi le fait eſt connu ; ſoit par la ven
geance que j'en prendrai , s'il a été commis en
s, ſecret ; car la vie de la chair ou de l'animal
,, quel qu'il ſoit eſt dans le ſang : c'eſt pourquoi
» j'ai ordonné qu'il fut répandu ſur l'autel pour
» la propitiation de vos ames ou l'expiation de
», vos péchés ; & vous ai déja ci-devant défendu
,, & à tout étranger demeurant parmi vous de
» manger du ſang. Et pour me pas violer cette
,, défenſe , quiconque d'entre vous ou d'entre
» les étrangers qui demeurent parmi vous , au
» ra pris à la chaſſe une bête ſauvage, ou un
» oiſeau qu'il eſt permis de manger , répandra
» d'abord leur ſang en terre, & le couvrira de
» pouſſiere pour ne pas l'expoſer à être mangé
» de
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 7r
,, de quelque bête; car l'ame ou la vie de tout
animal eſt dans ſon ſang ; c'eſt ſon ame ou
le principe de ſa vie animale. C'eſt pourquoi
j'ai dit aux Enfans d'Iſrael & l'ai ſouvent
recommandé, de ne manger le ſang d'aucune
chair, ou d'aucun animal ; car la vie de tout
animal eſt dans ſon ſang ; quiconque en man
gera ſera retranché & puni de mort. Et toute
, perſonne qui aura mangé de la chair de quel
, que bète morte d'elle-même, ou déchirée par
les bêtes ſauvages, 8# qui par conſéquent aura
encore du ſang dans ſon corps, tant celui qui eſt
,, né au pays que l'étranger , lavera ſes vète
,, mens , & ſe lavera lui - même avec de l'eau,
» & il ſera ſouillé juſqu'au ſoir, après quoi il
* » ſera net ; mais s'il ne ſe lave pas, il portera
» ſon iniquité $ devra l'expier par un ſacrifice.

c H A P I T R E V I I.
: Contenant pluſieurs loix cérémonielles &
morales données de la part de Dieu par
Moïſe au peuple d'Iſraël pour leur con
duite dans les diverſes circonſtances de
la vie.

, D. Uelles loix Dieu donna - t - il enſuite à


Moïſe pour ſervir de régle aux Enfans
d'Iſraël dans toute leur conduite ?
R. Il lui en donna un grand nombre tant
morales que cérémonielles qui tendoient toutes,
d'un côté, à éloigner ce peuple des mœurs im
4 pu
:
72 L'A N c I E N TEsTAMENT

pures & abominables des Nations Payennes &


idolâtres ; & de l'autre à régler ſa conduite dans
les principales circonſtances de la vie.
D. Quelles furent les loix qu'il leur donna, ten
dant à les éloigner des mœurs impures 85 abo
minables des idolâtres ?
R. Il leur défend d'abord en général d'imiter
leurs mauvais exemples , & de ſuivre les uſages
reçus parmi les peuples avec leſquels ils avoient
vècu ou vivroient dans la ſuite, & il leur or
donne de s'en tenir exactement aux préceptes
qu'il leur avoit donnés & qu'il leur donneroit
encore ; par la conſidération qu'il étoit l'Eter
nel, le ſeul vrai Dieu , qui avoit pris ſoin d'eux
juſques alors & qui les protégeroit toujours,
comme un bon Pere prend ſoin de ſes enfans,
& un Souverain de ſes ſujets ; pourvû que de
leur côté ils fuſſent attentifs à obſerver ſes com
mandemens. Il entre enſuite dans quelque dé
tail de ces coutumes abominables des Nations
dont il veut qu'ils s'abſtiennent : c'eſt ce qui
I.évit.
fait le ſujet du Chapitre que nous allons lire :
X V 1 II.
» L'Eternel parla encore à Moïſe avec ordre de
4 - 39. » le rapporter aux Enfans d'Iſrael, & lui dit :
» Je ſuis l'Eternel vôtre Dieu ; Vous ne ferez
» point ce qui ſe fait au pays d'Egypte où vous
» avez habité ; ni ce qui ſe fait au pays de Ca
» naan auquel je vous améne, & vous ne che
» minerez point ſelon leurs ſtatuts; mais vous
» obéirez à mes ordonnances, vous obſerverez
» mes préceptes , & vous réglerez vôtre con
» duite ſur ce qu'ils vous preſcrivent : Je ſuis
» l'Eternel vôtre Dieu : Gardez donc mes loix
» & mes commandemens ; L'homme qui les ac
» complira y trouvera la vie, 83 ſera º ; » JC
:
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 73

«, Je ſuis l'Eternel qui vous le promets 83 qui


ne peut manquer à tenir ſa promeſſe.
,, Que nul , continue Dieu, ne s'approche de
, celle qui eſt ſa proche parente pour décou
» vrir ſa nudité, ou avoir avec elle aucun com
merce impur , ſoit par le mariage ou hors du
,, mariage. Je ſuis l'Eternel qui vous le defend
,, expreſſement. Tu ne découvriras point la nu
» dité de ton pere ni la nudité de ta mere par
,, aucun commerce impur : C'eſt ta mere pour
,, laquelle tu dois avoir du reſpect : Tu ne dé
» couvriras point ſa nudité. Tu ne découvriras
» point non plus la nudité de la femme de ton
» pere ; c'eſt la nudité de ton pere : Il n'y a
que ton pere à qui cela ſoit permis , 83 tu ne
pourrois le faire ſans manquer au reſpect que tu
,, lui doù. Tu ne découvriras point la nudité
» de ta ſœur , fille de ton pere ou de ta mere,
» née dans la maiſon, ou hors de la maiſon ;
,, c. à d. de mariage légitime ou illégitime. Tu
» n'auras aucun commerce charnel avec elle.
» Tu n'en auras aucun avec la fille de ton fils,
,, ou de ta fille ; elles ſont ta nudité, ou nées
,, de tu propre chair que tu ſouillerois. Tu n'en
» auras aucun avec la fille de la femme de ton
» pere, née de ton pere en ſecond mariage ;
, C'eſt ta ſœur ; ni avec la ſœur de ton pere ;
» c'eſt ta propre tante ; ni avec la ſœur de ta
» mere ; c'eſt auſſi ta tante : ni avec le frere
, de ton pere ni avec ſa femme qui eſt auſſi
» ta tante ; ni avec ta belle fille déja mariée à
» ton fils, & qui me fait qu'un même corps
» avec lui : ni avec la femme de ton frere qui
» lui eſt déja unie en mariage : ni avec une
32 fgmme & ſa fille; ni avec la fille de ſon fils
E 5 », ou
A

74 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» ou la fille de ſa fille ; elles ſont très proches
, parentes : C'eſt un inceſte, ou une choſe abo
,, minable : ni avec une femme & ſa ſœur , du
» vivant de la premiere ; tu ne ferois que l'af
, fliger : ni avec quelle femme que ce ſoit,
» pendant qu'elle eſt ſéparée à cauſe de ſa ſouil
» lure : ni avec la femme de ton prochain quel
» qu'il ſoit. Tu ne donneras point de tes en
, fans pour les faire paſſer par le feu ou les con
,, ſacrer à l'honneur de Molec (a ), & tu ne pro
, faneras point le nom de ton Dieu , en con
ſacrant à d'autres qu'à lui les enfans qu'il t'a
' donnés , ou en rendant des hommages auſſi reli
gieux que celui - là, à d'autres noms que le ſien ;
,, Je ſuis l'Eternel, ſeul digne d'être adoré 83
,, ſervi de cette maniere. Tu n'auras point non
» plus de commerce charnel avec un mâle ;
» c'eſt une abomination , ni avec aucune bête,
» mâle ou femelle : c'eſt une choſe déteſtable.
» Ne vous ſouillez donc point en aucune de
» ces choſes, comme l'ont fait les nations que
» je vais chaſſer de devant vous, dont la terre
» a été ſouillée ; & je m'en vais punir ſur elles
», leur

( a ) Molec eſt le nom d'une idole que les Ham


monites adoroicnt , comme leur divinité, qu'on croit
étre la même qui eſt deſignée ailleurs ſous les noms de
Moloc & de . Milcom & d'Adrammelec , qui ſignifient
Roi ou Seigneur. Quant au culte qu'on rendoit à cette
idole & qui eſt ici défendu , il paroit qu'on faiſoit paſ
ſer par le feu les enfans qui lui étoient conſacrés , &
· qu'ils y étoient réellement conſumés. Quelques lnter
prêtes penſent au contraire , ( mais ſans aucune au
torité ) , que ce n'étoit qu'une ſimple luſtration , ou un
ſimple paſſage qui ſe faiſoit aſſez vite pour n'en être
pas fort incommodé. - ©
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 75
» leur iniquité ; en l'obligeant, pour ainſi dire,
» de vomir ſes habitans ; parce que Dieu ne les
,, y voudra plus ſouffrir : Mais quant à vous,
,, vous garderez mes ordonnances & mes loix ,
,, & vous ne ferez aucune de ces abominations
,, que je viens de vous défendre , tant celui qui
,, eſt né au pays que l'étranger qui demeure
,, parmi vous. Car les gens de ce pays-là qui
,, y ont été avant vous ont fait toutes ces abo
,, minations , & la Terre en a été ſouillée ; Et
,, ſi vous la ſouilliez, comme ils l'ont fait, ne
,, vous vomiroit elle pas ; comme elle les aura
,, vomi ; car toutes les perſonnes qui feront ,
,, ou qui auront fait aucune de ces abomina
,, tions, ſeront retranchées du milieu de leurs
,, peuples $ punies d'une mort violente. Vous ob
,, ſerverez donc ce que j'ai ordonné d'obſerver ,
,, & vous ne pratiquerez aucune de ces coutu
,, mes abominables , qui ont été pratiquées
,, avant vous dans le pays dont je vais votts
,, mettre en poſſeſſion. Et vous ne vous ſouille
,, rez point par elles : Je ſuis l'Eternel vôtre
2

,, Dieu : Vous me devez cette obéiſſance, ſi vous


voulez que je continue à vous être favorable.
D. Quelles loix Dieu leur donne t-il enſuite pour
régler leur conduite dans les diverſes circonſtances
de la vie ?
R. Il leur en donne de pluſieurs ſortes : il
y en a de morales, de civiles, & de cérémoniel
les ; mais qui tendent toutes à rendre à Dieu
l'adoration & l'obéiſſance qui lui ſont dues ; &
à nôtre prochain les devoirs que le bien de la
ſociété & les différentes relations que nous ſou
tenons avec lui exigent de nous. Il commence
par une exhortation générale à la Sainteté, fon
- dée
,

76 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
dée ſur ce qu'il eſt lui - même Souverainement
Saint, & que l'on ne peut lui être agréable que
Lévit. par l'imitation de ſes vertus. * L'Eternel parla
X 1 X.
,, donc encore à Moiſe, & lui ordonna de di
I» 4
,, re de ſa part à toute l'aſſemblée des Enfans
,, d'Iſrael , ſoyez Saints dans toute vôtre con
,, duite ; parce que je ſuis Saint, moi qui ſuis
,, l'Eternel vôtre Dieu, 85 que vous devez tra
vailler à imiter, autant qu'il dépendra de vous ;
ſi vous voulez que je continue à vous protéger
comme mon peuple.
D. Quels ſont les devoirs particuliers que Dieu
leur recommande ici ſpécialement pour être Saint ?
Lévit. R. Mouſe les annonce en ces termes. * Vous
XIX.
,, craindrez chacun vôtre mere & vôtre pere :
3 - I8.
c. à d. Vous éviterez avec ſoin de rien faire qui puiſſe
,, leur déplaire, & vous garderez mes Sabbats :
Vous obſerverez religieuſement tout ce que je vous
ai preſcrit pour la célébration des jours de Sabbats
85 de fetes, tant ordinaires, qu'extraordinaires. Je
,, ſuis l'Eternel vôtre Dieu. Vous ne vous tour
,, nerez point vers les idoles vaines pour leur
,, rendre aucun culte que ce ſoit , & vous ne
,, vous ferez aucuns Dieux, ou ſtatuës, 85 ima
,, ges de Dieu en fonte, tel qu'étoit vôtre veau
,, d'or : Je ſuis l'Eternel vôtre Dieu. Si vous
,, offrez un ſacrifice de proſpérités à l'Eternel,
» pour lui rendre graces de ſes bienfaits; il faut
,, que ce ſoit de vôtre bon gré ; & la bête que
,, vous aurez immolée ſe mangera le jour mè
,, me, ou le lendemain ; mais ce qui en reſtera
,, au troiſieme jour ſera brulé au feu : Et ſi
:, quelcun en mangeoit au troiſieme jour, ce
,, ſeroit une abomination ; & vôtre ſacrifice
, ne ſeroit point agréable à Dieu : Quiconque
,, donc
MIs EN C A T E c H I s M E. 77
3, donc en mangera portera ſon iniquité, 85 ſe
» ra coupable d'un péché qu'il faudra expier, par
,, ce qu'il a profané une choſe conſacrée à l'E-
,, ternel contre ſa défenſe , & cette perſonne là
,, ſera retranchée d'entre ſes peuples , 85 exclue
,, de la ſociété. Quand le tems de la moiſſon
,, viendra , tu n'acheveras point de moiſſonner
,, le bout de ton champ , & tu ne glaneras
», point les épis , ou les grains qui reſteront
,, à cueillir. Tu ne grapilleras point ta vigne
,, ni ne recueilliras les grains qui en ſeront tom
,, bés ; mais tu les laiſſeras au pauvre & à l'é-
», tranger. Je ſuis l'Eternel ton Dieu. Vous ne
», déroberez point , & vous ne refuſerez point
,, de donner à chacun ce qui lui appartient. Et .
», aucun de vous ne mentira à ſon prochain.
,, Vous ne ferez aucun faux ſerment en mon
,, nom : car tu profanerois le nom de ton Dieu ;
en le faiſant intervenir dans des réſolutions ou des
», promeſſes fauſſes & témeraires. Je ſuis l'Eter
», nel, qui doit toujours être Souverainement reſ
,, pecté. Tu n'opprimeras point ton proch in ,
,, ni par fraude, ni par violence. Tu ne re
,, tiendras point le ſalaire de ton mercenaire
,, juſqu'au lendemain , s'il en a beſoin , ou s'il
te le demande le jour même qu'il a travaillé. Tu
,, ne maudiras point le ſourd, s'il n'entend pas
ce que tu lui demandes, mais tu auras plutôt pi
,, tié de lui, & tu ne mettras point d'achoppe
,, ment devant l'aveugle pour s'en moquer , ou
,, le faire tomber ; mais tu craindras d'offènſer
, ton Dieu : Je ſuis l'Eternel, qui t'entend 83
,, qui te voit : Vous ne ferez point d'injuſtice
5 , dans vos jugemens , ni en faveur du pauvre,
,, ni en faveur du riche. Ainſi tu ne dois pas
,, être
•78 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
,, être favorable au pauvre ; parce qu'il eſt pau
,, vre ; ni honorer le grand & le riche ; parce
,, qu'il eſt élevé par deſſus le pauvre : mais tu
, jugeras ton prochain, quel qu'il ſoit, ſelon tou
,, tes les régles de la juſtice : Tu ne répandras
,, point de faux bruits parmi ton peuple qui
,, puiſſent nuire à ton prochain ; & tu ne lui dreſ
,, ſeras aucune embuche qui tende à lui ôter la
,, vie ( a ). Je ſuis l'Eternel qui te voit 85 qui
,, en tirera vengeance. Tu ne haïras point ton
,, frere en ton cœur ; mais tu le reprendras
' » ſoigneuſement , quand il tombera dans quelque
,, faute, & tu ne porteras point de péché pour
,, lui ; c. à d. tu ne te rendras pas complice de
ſon péché, comme il arriveroit ſi tu ne le repre
,, mois pas. Tu n'uſeras point de vengeance, &
» tu ne garderas point de rancune contre les
» enfans de ton peuple, en renvoyant la ven
geance à un tems plus favorable, ou en conſer
vant dans ton cœur le déſir de lui nuire. Mais
», tu aimeras ton prochain comme toi - mème :
c. à d. Tu auras pour lui les mêmes ſentimens ,
85 la même conduite que tu voudrois qu'il eut
,, pour toi : C'eſt moi l'Eternel, à qui tu dois
Lévit. ,, tout, qui te le commande. Vous obſerverez
X I X.
I9 -.25 -
» encore les ordonnances ſuivantes que je vous
» don

( a ) Tu me lui dreſſeras aucune embuche qui tende à


lui ôter la vie. L'original porte à la lettre : Tu me te
tiendras point debout ſur le ſang de ton procbain , ce
que l'on pourroit auſſi expliquer de cette maniere : Tte
me reſteras point à ta place, ſi ton frere eſt en péril
de voir ſon ſang répandu par quelque accident , ou
par un autre homme. c. à d. Tu iras auſſi-tôt à ſon
ſecours.
•MIs EN C A T E c H I s M E. 79
donne comme vôtre Législateur $ vôtre Dieu.
Tu n'accoupleras point tes bêtes avec d'au
tres de diverſe eſpéce : Tu ne ſémeras point
ton champ de diverſes ſortes de graines, &
tu ne mettras point ſur toi , des vêtemens
,, faits d'étoffès où il entre des eſpéces différentes,
» comme de la laine & du lin ( a ). Si un hom
», II1C

( a ) Cette défenſe de méler différentes eſpéces dans


l'accouplement des animaux, dans la ſemaille des grains,
& dans la tiſſure des étoffes pour vêtement , a de tout
tems embaraſſé les Interprêtes qui ont voulu en ren
dre des raiſons phyſiques ou morales. Les uns ont dit
que ce mélange étoit contraire à la nature des choſes
& à l'utilité que l'homme pouvoit en retirer ; mais
l'expérience prouve manifeſtement le contraire :
nature a porté les anes à s'accoupler avec des cavales
au défaut d'aneſſes , & les mulets qui en ſont ſortis ,
ſont d'ordinaire plus vigoureux que les deux eſpéces
dont ils procédent : Les laboureurs s'accommodent fort
du mélange de grains , & les tiſſus de différentes eſpéces
de fils, ne contribuent pas peu à la beauté & à la du
rée des étoffes. D'autres ont donné à cette défenſe des
vues toutes morales ; ſavoir , pour éloigner de plus en
plus le peuple d'Iſraël de tout mélange avec les idolâ
tres : mais ce ſeroit tout au plus la premiere de ces
défenſes qui pourroit avoir ce but : les autres y ont
un rapport trop éloigné, pour qu'elles ayent pû pro
duire cet effet. L'on a encore dit que ces loix avoient
été données en oppoſition à quelques uſages des ldo
lâtres , qui affectoient ces mélanges en diverſes occa
ſions pour honorer d'autant mieux leurs fauſſes divini
tés ; mais quelque apparence de probabilité qu'ait cette
opinion , ce n'eſt au plus, qu'une pure conjecture deſti
tuée d'autorités ſuffiſantes. Enfin on convient aſſez
généralement que le mélange qui eſt ici défendu étant
indifférent de ſa nature , la Loi qui le défend doit
être regardée comme ſimbolique ; & ſi l'on ne voit
pas avec la même évidence ce qui eſt câché º . CC
86s L'A N c I E N T E s T A M E N T
» me a couché avec une femme eſclave fiancée
» à un autre, ou abuſèe par ſon maitre , avant
» qu'elle ait été rachetée & miſe en liberté ; ils
» ſeront tous deux fuſtigés : mais on ne les fe
» ra point mourir ; comme on le devroit faire, ſi
le crime avoit été commis avec une fille libre, fiau
,, cée à un autre ; parce que celle-ci n'avoit pas
» été affranchie : Et l'homme devra de plus ame
» ner une offrande à l'Eternel pour le délit,
,, ſuvoir, un bélier, qui ſera immolé en ſacrifice
,, pour le délit à l'entrée du Tabernacle d'aſſi
» gnation. Et le Sacrificateur fera propitiation
,, pour lui devant l'Eternel, par le moyen du
» bélier offert pour le délit, à cauſe du péché
» qu'il aura commis, & ſon péché lui ſera par
» donné. Quand vous ſerez entrés au pays que
», je vous donnerai, & que vous y aurez planté
,, quelque arbre fruitier; vous tiendrez ſon pre
,, mier fruit pour prépuce ; vous vous abſtien
drez d'en manger comme d'une choſe impure : &
,, comme vous vous abſtenez de commercer
» avec un incirconcis, parce qu'il eſt impur, il
» en ſera de même de cet arbre pendant trois
» ans ; on n'en mangera point de fruit ; mais
» en la quatrieme année tout ſon fruit ſera une
» choſe Sainte que vous conſacrerez à l'Eternel,
2, pour

ſimbole ; il y a apparence qu'il étoit mieux connu


des Juifs à qui la loi étoit donnée ; & quand mê
me ils ne l'auroient pas compris , ils ne devoient pas
laiſſer d'obéïr à la loi priſe à la lettre dans tout ſon
contenu, tout comme ils devoient le faire dans tou
tes les cérémonies religieuſes & autres qui leur étoient
preſcrites ; quoiqu'ils n'en connuſſent pas toujours le
véritable but.
M Is E N C A T E c H 1 s M E. 31

» pour lui en marquer vôtre reconnoiſſance, &


: » en la cinquieme année vous mangerez de ſon
» fruit en toute liberté ; afin qu'il vous rap
» porte davantage par la bénédiction que Dieu y
,, répandra. Je ſuis l'Eternel vôtre Dieu de qui
,, vous tenez 83 à qui vous devez tout Vous ne Léviº,
X / X.
» mangerez aucune viande avec le ſang. Vous 26 - 3l»
» n'uſerez point de divination de quelque eſpé
,, ce que ce ſoit, & vous ne pronoſtiquerez point
» le tems avenir. Vous ne tondrez point en
,, rond les coins de vôtre tête , ni les coins
,, de vôtre barbe, comme font les idolitres dans
,, le deuil : vous ne ferez point non plus d'in
,, ciſions dans vôtre chair pour mener deuil d'u-
» ne perſonne morte , & vous n'imprimerez
,, point de caractères, ou de ſtigmates ſur vôtre
» corps, en ſigne de douleur , ou pour honorer
,, Dieu , comme le font les idolâtres. Je ſuis l'E-
» ternel , qui ne veut point d'autre figue de mon
,, alliance avec vous que la circonſion , Tu ne
,, ſouilleras point ta fille en la proſtituant pour
» la faire paillarder , comme le ſont les idolitres
t à l'honneur de leurs Dieux dans leurs Temples ;
,, afin que la terre ne ſoit point ſouillée par une
,, telle proſtitution, & qu'elle ne ſoit point rem
,, plie d'énormités. Vous garderez mes Sibbats,
85 obſerverez religieuſement le jour du repos con
,, ſacré à mon ſervice, & vous aurez en révé
,, rence mon Sanctuaire ; en n'approchant de
mon Tabernacle qu'avec une attention continuelle
,, de n'y apporter rien de ſouillé. Je ſuis l'Eter
,, nel, qui doit etre adoré 85 ſervi avec toute
,, la ſainteté poJible. Ne vous détournez point
,, de mon ſervice pour ſuivre ceux qui ont l'eſ
,, prit de Pithon, ni ne coiiſiiltez point les de
Toute l l, - ,, vins »
82 L'A N c I E N T E s T A M E N r
,, vins, évitez plutôt de vous ſouiller par att
,, cun commerce avec eux. Je ſuis l'Eternel vô
s, tre Dieu , que vous devez ſeul conſulter, 83
à qui vous devez vous adreſſer dans toutes vos
peines.
Lévit.
M I X.
» Léve-toi devant les cheveux blancs, ou à
3s - 37. » l'approche des perſonnes dont les cheveux blancs
,, annoncent la ſageſſe , & honore la perſonne du
» vieillard ; mais crains ſur tout $ ſois rempli
, ,, du plus profond reſpect pour ton Dieu. C'eſt
» moi qui ſuis l'Eternel. Si quelque étranger
,, habite en vôtre pays : vous ne lui ferez au
,, cun tort; vous en uſerez avez lui comme avec
,, celui qui eſt né parmi vous , & vous l'ai
,, merez auſſi ſincérement que vous vous aimez
,, vous mêmes : car vous avez été étrangers au
» pays d'Egypte : Je ſuis l'Eternel vôtre Dieu,
qui vous en a tirés $ qui exige que vous en
aſſiez de même envers les autres. * Ne faites rien
,, contre l'équité, ni dans vos jugemens, ni
», dans les aunages, ou toiſages, ni dans les
,, poids, ni dans les meſures de choſes liquides,
,, ou ſolides. Vous aurez des balances juſtes ,
,, des pierres à peſer juſtes, l'Epha juſte & le
,, Hin juſte. Je ſuis l'Eternel vôtre Dieu qui
,, vous a retirés du pays d'Egypte : Faites donc
2 , attention à toutes mes ordonnances & à mes
,, loix , & les mettez en pratique. Je ſuis l'E-
,, ternel qui le verra , 85 qui vous en recom
penſera.
D. Sous quelles peiner Dieu avoit.il donné ces
Loix au peuple d'Iſraël ?
R. Ces peines ſont de divers ordres ſuivant
la nature des fautes commiſes. Dieu comme Sou
verain Législateur en avoit déja º# CllIS
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 83
ſieurs en donnant ſes loix , & en ordonnant
que ceux qui les violeroient , ſeroient punis de
mort , ou du retranchement de ſon peuple :
, mais pour inſpirer encore plus d'horreur pour
les crimes qu'il venoit de défendre, par la crain
te des peines ſévéres qui en ſeroient les ſuittes ;
» l'Eternel parla encore à Moïſe & par ſon mi Lévit.
, niſtère aux enfans d'Iſrael, 83 lui déclare cel ***
les que l'on devoit infliger aux plus grands mal
faiteurs.
D. Quels ſont en particulier les tranſgreſſeurs
de ces loix auxquels il dénonce les plus grandes
peines ?
: R. C'eſt à ceux qui offrent leurs enfans à
Molec, qui conſultent les dévins, & qui mau
diſſent leur pere & leur mere ; Enſuite aux adul
teres, aux inceſtueux de toutes ſortes, aux ſo
domites, aux perſonnes coupables de beſtialité
& aux prétendus dévins & dévinereſſes.
D. Quelles peines dénonce-t-il à ceux qui offrent
# | leurs enfans à Molec ? -

R. ,, Quiconque, dit il, des enfans d'Iſraël, Zévit.


,, ou des étrangers qui demeurent avec eux , X X.
: », donnera de ſa lignée à Molec en l'offrant en 2 • 5•
ſacrifice, ou le faiſant paſſer par le feu à l'hon
», meur de cette fauſſe divinité, ſera puni de mort ;
», le peuple du pays l'aſſommera de pierres , s'il
», eſt convaincu d'avoir commis ce crime. Mais ſi
», les Juges me l'avoient pas condamné à ce ſip
plice, ou que le crime ſe fut commis ſans être par
,, venu à leur connoiſſance, je mettrai ma face
», contre un tel homme : je le regarderai dans
2, ma colère, & le retrancherai du milieu de
», ſon peuple par une mort violente; parce qu'a-
•, yant donné de ſa lignée à Molec, il a ſouil
F 2 » lé ,
84 1'A N c 1 E N T E s T A M E N r
,, lé, ou regardé comme impur mon Sanctuaire,
en ſacrifiant ailleurs que dans le Tabernacle deſii
,, né à cela ; & qu'il a profané mon nom Saint,
en donnant à cette fiuſſe divinité des honneurs qui
me ſont dis qu'au ſeul vrai Dieu. * Que ſi quel
,, cun du peuple du pays, ferme les yeux en
», quelque maniere que ce ſoit , pour ne point
,, voir quand cet homme aura donné de ſa li
, ,, gnée à Molec, afin qu'on ne le faſſe point
» mourir ; je mettrai ma colère contre cet hom
» me, qui aura ainſi favoriſe , ou diUimulé le
,, crime, & contre ſa famille, ou ſes complices,
» & je le retrancherai du milieu de mon peu
» ple par une mort violente , de même que tous
» ceux qui auront ſuivi ſon exemple en con
» nivant aux infamies qui ſe commettent dans
» le culte rendu à Molec.
D. Quelle eſt la peine dénoncée à ceux qui con
ſultent les devins, 85 à ceux qui maudiſſent leur
pere 83 leur mere2 ,
R. C'eſt auſſi la mort ou la lapidation , ſe
Lévit. lon cette déclaration de Dieu. * Quant à la
X X.
6 - 9.
» perſonne qui ſe détournera du ſervice de Dieu,
,, pour aller après ceux qui ont l'Eſprit de Py
» thon, & après les dévins pour les conſulter,
, & pour commettre des infamies avec eux ; je
» mettrai ma face , ou ma colère contre cette
» perſonne là , & je la retrancherai du milieu
» de mon peuple par une mort violente. Sanc
» tifiez-vous donc, ajoute Dieu, ſi vous voulez
,, éviter mes châtimens, & ſoyez Saints : conſa
crez vous à Dieu par une conduite qui ſoit exemp
,, te de toute ſouillure ; car je ſuis l'Eternel vô
» tre Dieu que vous devez adorer 85 ſervir ſeul:
· • Faites donc attention à mes commandemens
» &
MIs EN C A T E c H I s M E. 8;
» & les mettez en pratique : Je ſuis l'Eternel
#rt,
» qui vous ſanctifie ; c. à d qui vous a choiſis
pour être mon peuple particulier , 85 à qui j'ai
donné des loix pour me ſervir d'une maniere tou
f -
», te ſainte. Quand quelcun aura maudit ſon
» pere ou ſa mere, on le fera mourir de° mort ;
,, il devra être lapidé. Il a maudit ſon pere ou
» ſa mere ; ſon ſang eſt ſur lui. Il ne doit s'en
prendre qu'à lui, ſi ſon ſang eſt répandu.
· D. Quelle eſt la peine dénoncée aux adulteres,
aux inceſtueux , aux ſodomites , aux perſonnes
coupables de beſtialité $ d'autres ſemblables crimes
atroces ?
R. Voici ce qu'en ordonne Dieu le Souve
Lévit.
rain Législateur. " Quant à l'homme qui aura XX.
» commis adultere avec la femme d'autrui , on IO - 27•
» fera mourir de mort l'homme & la femme
» adulteres ; c. à d. qu'ils devoient être lapidés
( 85 c'eſt ainſi qu'on doit l'entendre , quand le
genre de mort n'eſt pas exprimé ). " L'homme
» qui aura couché avec la femme de ſon pere,
» & aura découvert ce qui ne devoit être con
,, nu que de ſon pere, on les fera tous deux
» mourir par la lapidation : leur ſang eſt ſur
» eux ; ils ne doivent s'en prendre qu'à eux-mê
: ,, mes, ſi leur ſang eſt répandu. De même, quand
» un homme aura couché avec ſa belle fille ;
# » on les fera tous deux mourir par la lapidation :
,, c'eſt un déſordre affreux : leur ſang eſt ſur
,, eux : ils méritent bien qu'il ſoit répandu. Quand
,
*,
» un homme aura eu la compagnie d'un mâle ;
,, ils ont tous deux fait une choſe abominable,
» on les fera mourir par la lapidation ; leur ſang
, eſt ſur eux ; ils ſont ſeuls reſponſables de ſon
•, effiſion. Quand un homme aura pris une
3 )) fem
36 L'A N c I E N T EsTAM E NT

22 femme , & qu'il aura eu commerce avec la


>> mere de cette femme, c'eſt un crime énorme,
22 il ſera brulé avec elle ; afin qu'il ne reſte au
>>
cune trace de cette énormité au milieu de
22 vous. L'homme qui ſe ſera ſouillé avec une
22 bête ? ſera puni de mort 85 lapidé; Vous
>» tuerez auſſi, ou lapiderez la bête : Et quand
2» quelque femme ſe ſera proſtituée à quelque
•> bète ; tu tueras, ou lapideras cette femme &
22 la bête ; on les fera mourir : le ſang de l'hom

me $ de la femme qui commettent ce crime eſt


92 ſur eux : ils ſont ſeuls reſponſables de la mort
22 qu'ils ſubiſſent. Quand un homme aura pris ſa
2> ſœur, fille de ſon pere, ou de ſa mere , &
22 qu'ils auront eu enſemble un commerce im
9» pur & charnel : c'eſt une choſe infame ; ils
95 ſeront donc retranchés & punis de mort par
:> > la lapidation , en préſence des enfans de leur
25 peuple ; il a découvert la nudité de ſa ſœur,
35 il portera ſon iniquité, il en ſera puni de mort.
25 Quand un homme aura couché avec une fem
22 me qui a ſes mois, & qu'il aura découvert
>>
de ſon conſentement la nudité de cette femme
25 & le flux de ſon ſang, ils ſeront tous deux
:>> retranchés du milieu de leur peuple, 83 pu
32 mis du dernier ſupplice. Tu ne découvriras point
32 la nudité de la ſœur de ta mere, ou de ton
52 pere ; & parce qu'il aura découvert ſa chair,
> ) ils porteront tous deux leur iniquité, 85 ils
2» en ſeront punis. Quand un homme aura cou
2» ché avec ſa tente , femme de ſon oncle ; il
22 a découvert ce qui ne devoit être connu que
2> de ſon oncle : Ainſi ceux qui s'en rendront
32 coupables, porteront la peine de leur péché ;
22 on les fera mourir avant qu'il naiſſe des en
,, fans
MI s EN C A T E c H I s M E. 87

V*: B
4
,, fans de ce commerce. Et quand un homme
l0rE, ,, aura pris la femme de ſon frere , & qu'il
ſte # aura eu avec elle quelque commerce impur : " C'eſt
eu 2 ,, une choſe honteuſe ; il a découvert ce qui ne
e: #
,, devoit être connu que de ſon frere : on les
V# », fera mourir avant qu'ils en ayent des en
,, fans. Faites donc attention à toutes mes or
q: ,, donnances , & aux jugemens que j'ai pro
quºº ,, noncés contre ceux qui les violeront : Obſer
mr:
,, vez-les fidélement ; & le pays auquel je vous
#2
,, fais entrer pour y habiter, ne vous vomira
,, point : vous y vivrez ſains 85 ſaufs. Vous ne
,, ſuivrez point les ordonnances 83 les coutumes
,, des nations que je vais chaſſer de devant vous ;
», car elles ont fait toutes ces choſes que je viens
,, de vous défendre, auſſi je les ai eues en abo
,, mination, & je vous ai promis que vous poſ
», ſéderiez leur pays , & que je vous le don
, nerois en héritage : c'eſt un pays découlant
,, de lait & de miel ; abondant en tout ce qui
,, fait le bonheur de la vie. Je ſuis l'Eternel vô
2, tre Dieu qui vous ai ſéparés des autres peu
», ples, pour être mon peuple chéri 85 l'objet de
,, mes faveurs : C'eſt pourquoi ſéparez la bête
,, nette de la ſouillée ; l'oiſeau net d'avec le ſouil
,, lé , & ne rendez point vos perſonnes abo
,, minables à mes yeux , en mangeant des bêtes,
,, ou des oiſeaux immondes, ou d'inſectes ram
,, pans , ou de tout autre choſe que je vous
», aurai déclaré immonde. Vous me ſerez donc
,, Saints ; dévoués à mon ſervice par une conduite
,, toute pure : car je ſuis Saint, moi l'Eternel ,
,, & je vous ai ſéparés des autres peuples, afin
,, que vous me ſoyez conſacrés. Enfin, quand un
,, homme ou une femme aura un eſprit de py
F 4 » thon
88 L'A N c I E N TE sTA M E NT
,, thon, & prétendra déviner l'avenir ; on les
,, fera mourir en les aſſommant de pierres :
,, leur ſang eſt ſur eux : ils ne doivent s'en prem
dre qti'à eux , s'ils perdent ainſi la vie.

C H A P I T R E V III.

Contenant diverſes loix ſur la conduite des


Sacrificateurs ; ſur les qualités requiſes
pour manger des choſes Saintes ; ſur la
qualité des victimes qu'on offroit à Dieu,
& la célébration des jours ſacrés.
D. Près les inſtructions que Moïſe avoit re
çues de Dieu pour tout le peuple en
général, tendantes à régler la conduite de chacun,
tant envers Dieu qu'envers ſon prochain ; quelles
autres inſtructions Dieu lui donna - t - il ?
R. Il lui en donna pour les Sacrificateurs en
particulier de quelque ordre qu'ils fuſſent ; ſur
le deuil qu'ils devoient porter à l'occaſion de
la mort de leurs amis ou parens ; ſur leurs
mariages, ſur les qualités requiſes pour manger
des choſes Saintes ; ſur la qualité des victimes
qu'on off oit à Dieu , & ſur les jours ſacrés qui
devoient ſe célébrer chaque année.
D. Quelles furent les inſtructions que Moïſe re
fut de Dieu pour les Sacrificateurs de tout ordre,
ſur le deuil qu'ils devoient porter , 85 ſur leurs
mariages ?
Lévit. R. , L'Eternel ordonna à Moïſe de dire aux
X X I. » Sacrificateurs , fils d'Aaron , Qu'aucun d'cux
I - I5 .
» ne ſe rendit impur pour un homme mort ,
3s Chi
M I s EN C A T E c H I s M E. 33

T: » en affijiant à ſes funerailles, avec le peuple ;


re : » fi ce n'eſt pour ſon proche parent qui le tou
#s » che de pres, comme pour ſa mere, ſon pe
» re, ſon fils, ſa fille & ſon frere, auſſi bien
» que pour ſa ſœur ; pourvû qu'elle fut encore
» dans ſa virginité & qu'elle ne fut point ma
» riée : il pourra aſſiiter à leurs funerailles, &
» contracter par - là quelque impureté légale :
•:
-
» mais étant élevé, comme il eſt, à une dignité
» qui le rend ſupérieur (a) à ſes peuples , il
2, I1C
L.
(a) Elevé à une dignité qui le rend ſupérieur. L'Hé
breu exprime tout cela par ce ſeul mot Baal, qui ſi
gnifie Maître, Chef, Prince, Mari, & méme Dieu :
c& ce titre peut convenir à divers égards , aux Sacri
ficateurs qui étoient regardés comme les Chefs & les
premiers Miniſtres de la Religion Pris dans ce ſens,
l'on y voit la raiſon pourquoi Dieu ne veut pas qu'ils
ſe ſouillent , par les funérailles d'autres perſonnes que
de leurs plus proches parens , dont la ſépulture exi
eoit d'eux des ſoins qu'ils ne pouvoient pas remettre
à d'autres Cependant grand nombre d'lnterprétes ai
ment mieux prendre ici le mot de Baal, · dans une
ſignification plus ordinaire , pour un Mari ; & alors le
Texte Hébreu préſente ces deux ſens : 1". Que le St
#. crificateur en qualité de mari , ne ſoit point fouillé ;
s'il affijte aux funerailles de ſa femme , ou qu'il puiſſe
lui rendre les derniers devoirs ſans ſe ſouiller. 2°. Qu'il
me ſe ſouille pas en faiſant les fumerailles de ſa femme.
L'un & l'autre de ces ſens pourroit effectivement avoir
lieu ici ; mais le Texte ne faiſant aucune mention de
femme, comme il ſemble qu'il auroit dû faire , par
lant du ſoin d'un mari à ſon égard , en ajoutant au
mot Baal, pour ſa femme , de méme qu'il a dit au
aravant, pour ſa mere, ſon pere, ſon fils & ſa fille,
# f ere & ſa ſaur, D'ailleurs ce ſoin d'un mari pour
ſa femme, étant ſuppoſé dans les paroles qui précé
dent , l'on a mieux aimé donner ici au mot Baal la
ſignification d'une perſonne élevée en dignité, commc
l'a traduit le Paragraphe Chaldaïque & la Vulgaº
9o L'A N c I E N TE s TAM ENT

» ne doit pas ſans néceſſité, faire aucune action


,, cenſée impure, qui puiſſe le ſouiller. Ils n'ar
» racheront point non plus pour le deuil de per
,, ſonne les cheveux de leur tète, pour la ren
» dre chauve, ſelon l'uſage, & ils ne raſeront
» point les coins de leur barbe, ni ne feront
» point d'inciſions en leur chair , comme font
les idolâtres dans leur deuil. * Ils ſeront ſaints
» à leur Dieu : Etant conſacrés au ſervice de
Dieu, ils doivent éviter tout ce qui pourroit les
en détourner ſans néceſſité, * & ne profaneront
» point le nom de leur Dieu, en aviliſſant la
dignité de ſes Miniſtres, par des occupations tou
tes mondaines 83 impures ; " car ils ſont appe
» lés à offrir les ſacrifices de l'Eternel , faits,
» ou conſumés par feu, qui eſt comme le pain,
» ou la nourriture de leur Dieu, dont le parfum
» lui eſt agréable : c'eſt pourquoi ils doivent être
» très - ſaints. Ils ne prendront point pour fem
» me une paillarde, ou une femme deshonorée,
» ni une femme qui ait été repudiée par ſon
» mari : car chacun d'eux eſt ſaint 85 conſa
,, cré au ſervice de ſon Dieu : ils ne doivent rien
faire qui puiſſe avilir cette dignité. " Tu feras
» donc enſorte que chacun d'eux ſe conduiſe
» ſaintement, parce qu'ils ſont appelés à offrir
» les offrandes que l'on fait à ton Dieu. Tu
» dois les regarder comme ſaints 83 conſacrés à
,, mon ſervice ; car je ſuis ſaint, moi l'Eternel,
» qui veut que vous ſoyez ſaints, 85 qui dans
ce deſſein vous a ſeparés des autres peuples 83
conſacrés à mon ſervice. Cette ſainteté doit auſt
» être dans ſa famille : Ainſi ſi la fille d'un Sa
» crificateur qui eſt encore vierge & qui de
» meure dans la maiſon de ſon pere, ſe ſouille
2, CIl
MIs EN C A T E c H I s M E. 9I

#s en commettant paillardiſe, elle ſouille , ou


, deshonore ſon pere en ce qu'elle fuit retomber
,, ſur lui ſon infamie : qu'elle ſoit brulée au feu.
» De plus le Souverain Sacrificateur , élevé par
» deſſus les autres Sacrificateurs ſes freres , ſur
, la tète duquel l'huile de l'onction aura été
» répandue, & qui aura été conſacré & revètu
» des vêtemens ſacrés, ne découvrira point ſa
, tète & ne déchirera point ſes vêtemens, en
cas de deuil pour le decès de quelque perſonne
qui lui ſeroit chére, ou ſeroit ſa proche parente.
» Il n'approchera d'aucune perſonne morte ;
» quand ce ſeroit ſon pere ou ſa mere ; il ne
# ' .
» s'expoſera point à être ſouillé pour eux : Il
» ne devra point ſortir du Lieu Saint, ou ne
diſcontinuera point ſes fonctions ſacrées à cette oc
,, caſion ; de peur qu'en y rentrant, il ne ſouil
» lât les lieux ſaints de ſon Dieu ; parce que
» la couronne, ou la thiare avec la lame d'or,
ſur laquelle étoit gravée cette inſcription ; LA
S A 1 N T E T E' A L'ET E R N E L ; & l'huile de

» l'onction qu'il a reçue de ſon Dieu eſt ſur
, lui. Je ſuis l'Eternel, qui doit être ſervi par
,, deſſus tout. Il prendra pour femme une vier
» ge : Il ne prendra point une veuve, ni une
» repudiée, ni une femme deshonorée, ni une
#
» paillarde : mais il prendra pour femme une
» vierge de ſa nation. Il ne ſouillera point ſa
» race par des mariages qui aviliſſent ſa digni
|
: :
» té : car je ſuis l'Eternel qui le ſanctifie, 83
qui en l'appelant à cette dignité, a voulu qu'il
la ſoutint par une pureté ſans reproche.
D. Quelles précautions Dieu prit-il encore pour
ſoutenir la dignité du Sacerdoce ?
R. Il ordonne d'en exclure tous ceux qui ſe
rO16Ilt

-
92 L' A N c I E N TEsTAMENT

roient entachés de défauts, qui pourroient ren


dre leurs perſonnes moins reſpectables ; & voi
Lévit.
XX I.
ci ce que dit " l'Eternel à Moïſe ſur ce ſujet,
16-24 » pour le ſignifier à Aaron : Si quelcun de ta
» poſtérité , ſoit à préſent, ſoit dans la ſuite
» des tems, a quelque défaut en ſon corps, tel
que ceux que je vais t'indiquer, il ne s'appro
» chera point pour offrir le pain, ou la viande
» de ſon Dieu : il ne lui ſera pas permis de
faire l'office de Sacrificateur dans le Lieu Saint.
» Car aucun homme en qui il y aura un ſeul
» de ces défauts, n'en approchera, pour faire
l'office de Sacrificateur; ſavoir, s'il eſt aveugle ,
» ou boiteux, ou s'il a le nez mutilé, ou s'il
,, eſt difforme dans quelcun de ſes membres,
22 ou s'il a quelque fracture aux pieds, ou aux
» mains ; ou s'il eſt boſſu, nain, ou defiguré
,, dans ſa taille, ou s'il a quelque tache blan
,, che dans l'œil qui lui gâte la vuë, ou s'il a
,, une gâle ſéche ou quelque ulcere, ou s'il a
,, une hernie, ou qu'il ſoit mutilé. Nul hom
»? me de la poſtérité d'Aaron , en qui il y aura
23 quelque défaut ſemblable ne devra s'appro
20 cher du Lieu Saint , pour offrir les offrandes

35 faites par feu à l'Eternel ; il y a un défaut


» en lui qui ne lui permet pas d'offrir à ſon
» Dieu la viande qui doit lui être offerte : Il
» pourra bien manger de cette viande , auſſi
» bien que de toutes les choſes ſaintes & très
» ſaintes qu'on offre à Dieu, tels qu'étoient les
gâteaux, les pains de propoſitions, les reſtes des
,, ſacrifices de proſpérités 85c. Mais il n'entrera
,, point dans le Lieu Saint, près du voile, pour
y faire bruler de l'encens , ou allumer les lam
,, pes 5 ni ne s'approchera point de l'autel #
», Il0
MIs EN C A T E c H I s M E. 93
,, holocauſtes, pour y offiir quoi que ce ſoit ;
,, parce qu'il y a en lui une défectuoſité, &
,, il ne ſouillera point mes ſanctuaires , ou les
lieux ſºcrés, par aucun des offices du Sacerdoce :
,, car je ſuis l'Eternel qui les ſanctifie ; qui
veut être ſervi par eux en toute pureté. " Moiſe
,, donc rapporta ces choſes à Aaron , & à ſes
,, fils, & à tous les enfans d'Iſraél , pour leur
inſpirer à tous, le reſpect du au culte divin.
D. Quelles furent les inſtructions que Moije re
çut encore alors de Dieu , pour Aaron & ſes fils,
concernant les qualités requiſes , pour manger les
# choſes ſaintes que l'on offroit à Dieu ?
R. ,, L'Eternel parla encore à Moïſe, & lui X Lévit.
X I I.
,, ordonna d'inſtruire Aaron & ſes fils, des cas I - 9.
», dans leſquels ils devoient s'abſtenir des cho
» ſès ſaintes qui lui ſeroient offertes par les
, Enfans d'Iſrael, 85 n'en point manger, pour
*
» ne pas profaner les choſes ſaintes qui por
# » tent ſon nom , ou qui lui ſont conſacrées ,
» par les Sacrificateurs mèmes qui les offrent.
» Voici donc ce qu'il devoit leur dire de la
», part de Dieu. Tout homme d'entre vos deſ
», cendans à perpétuité, qui étant ſouillé, tou
,, chera à ce qui eſt offert & conſacré à l'Eter
,, nel par les Enfans d Iſrael, ſera retranché de
,, ma préſence ; il ne ſera p'us admis à entrer
,, dans le Tabernacle : Je ſuis l'Eternel, qui vcut
2 , être ſervi en toute pureté. Tout homme de
,, la race d'Aaron, qui aura la lépre, ou la go
,, norrhée, ne mangera point des choſes ſain
» tes qui me ſont offertes , juſqu'à ce qu'il ſoit
», guéri & nettoyé. Celui auſſi qui aura touché
,, un homme ſouillé , pour avoir touché un
» mort, ou quelcun qui ait la gonorrhée , ou
- » qul
94 L'A N c I E N TEsTAME NT
,, qui touchera quelque reptile, ou quelque au
,, tre choſe impure qui rende ſouillé, celui qui
,, la touchera ſera ſouillé juſqu'au ſoir , & ne
,, mangera point des choſes faintes offertes à
,, Dieu, s'il n'a lavé ſon corps dans l'eau ; &
,, après le ſoleil couché il ſera net, & pourra
,, manger des choſes ſaintes ; parce que c'eſt la
,, nourriture qui lui eſt deſtinée. Il ne man
,, gera point de la chair d'aucune bête morte
,, d'elle-même, ou déchirée par quelque autre,
,, car il en ſeroit ſouillé. C'eſt moi l'Eternel,
,, qui demande d'eux cette attention. Qu'ils ob
,, ſervent donc avec ſoin ce que j'ai ordonné,
,, & qu'ils ne commettent point de péché, en
,, mangeant de la viande qui m'a été offerte ;
,, de peur qu'ils ne meurent pour l'avoir ſouil
,, lée. Je ſuis l'Eternel qui les ſanctifie, 85 qui
exige d'eux cette pureté.
D. N'y avoit - il donc que ceux de la famille
d'Aaron, qui puſſent manger de ces choſes là ?
R. Voici quel fut l'ordre de Dieu ſur ce ſu
L4oit. jet. * Nul étranger, ou qui n'eſt pas de la fa
X X I I. ,, mille d'Aaron, ne devra manger des choſes
IO - I6.
,, ſaintes; non plus que celui qui demeure dans
,, la maiſon du Sacrificateur, ſans être de ſa fa
,, mille, ou celui qui n'eſt que mercenaire è3
,, ouvrier à gage : mais quand le Sacrificateur
,, aura acheté quelque perſonne de ſon argent,
,, elle en pourra manger auſſi bien que celui
,, qui ſera né dans ſa maiſon : Ils pourront
,, manger de la viande qui lui eſt deſtinée 8
qui peut être mangée hors des Lieux Saints. " Si
,, la fille d'un Sacrificateur épouſe un homme
», du peuple qui ne ſoit pas de famille Sacerdo
», tale, elle ne devra point manger des choſes
» ſain
M I 3 EN C A T E c H I s M E. 95
32 ' ſaintes que l'on offre à Dieu en les élevant :
2: mais ſi étant veuve , ou repudiée, ou ſans
22 enfans, elle retourne dans la maiſon de ſon
22 pere , comme elle y étoit dans ſa jeuneſſe ;
2 > elle pourra manger de la viande que ſon pe

35" re mange ; mais nul autre que ceux de ſa


95 famille n'en mangera. Celui qui ſans le ſa
» » voir aura mangé des choſes ſaintes, dont il
22 me devoit pas manger , reſtituera au Sacrifi
2 » cateur la valeur de ce qu'il aura conſumé ,
5 » avec la cinquieme partie en ſus. Qu'aucun
»: d'eux , mi Sacrificateur, ni toute autre perſon

: 2 me , ne profane ce qui eſt ſanctifié & offert


52 à l'Eternel par les Enfans d'Iſrael : ſans quoi
25 on leur fera porter la peine de leur délit,
52 pour avoir mangé des choſes ſaintes : car je
2» ſuis l'Eternel qui les ſanctifie, & qui exige
d'eux cette pureté.
D. Qu'eſt- ce que " l'Eternel ordonne encore zéni.
,, à Moïſe de dire à Aaron & à ſes fils & à XXI I.
,, tous les Enfans d'Iſrael, au ſujet des victimes *7 - 33*
qu'on auroit à lui offrir pour lui être agréables ?
R. , Quiconque, dit - il, de la famille d'Iſ
»5 raël, ou des étrangers qui ſont en Iſraël,
• 5( nommés Proſelites ) voudra offrir un holo
; 2» cauſte à l'Eternel , pour s'acquitter de quelque
2> vœu qu'il aura fait, ou quelque autre offran
:> de toute volontaire , il doit le faire de ſon
•,5 bon gré , 83 par le ſeul motif de ſe rendre
2> Dieu favorable ; dans l'un ou l'autre de ces
22 cas, il doit offrir un mâle ſans défaut, pris
22 d'entre les vaches, les brebis & les chevres
22 de ſon troupeau. Vous n'offrirez quoique ce
32 ſoit qui ait quelque défaut, car cela ne vous
>> rendroit pas l'Eternel favorable : Que ſi un
#: - 22 hom
º
96 L'A N c I E N TE sTAM EN T
22 homme offre à l'Eternel un ſacrifice de proſ
22 pérités, pour s'acquitter de quelque vœu , ou
35 pour quelque offrande volontaire, ſoit de gros
:2 ou de menu bétail ; ce qu'il offrira ſera lans
22 défaut , afin qu'il ſoit agréable à l'Eternel.
35 Vous n'offrirez point à l'Eternel une béte aveu
2» gle , ou qui ait quelque membre rompu , ou
22 qui ſoit mutilée, ou qui ait une verrue , ou
55 une gâle ſeche, ou des puſtules ; & vous
2 ) n'en donnerez point pour le ſacrifice qui doit
2» être brulé ſur l'autel à l'honneur de l'Eternel.
22 Tu pourras bien faire une offrande volontai
-2 re d'un bœuf, d'une brebis , ou d'une chévre
:2 qui aura quelque membre trop long ou trop
»5 court ; mais ils ne ſeront point agréés pour
» s'acquitter d'un vœu qu'on aura fait.Vous n'of
5» frirez à l'Eternel & ne ſacrifierez aucun ani
22 mal en vôtre pays, dont les génitoires ayent
22 été froiſſés, ou foulés, ou arrachés, on tail
22 lés. Vous ne prendrez point non plus de la
35 main de l'étranger aucune de toutes ces bè
22 tes, pour les offrir en viande ou en victi
2) me à vôtre Dieu : Car venant d'une main
22 cenſée corrompue , c'eſt un défaut en elles,
22 qui empêcheroit qu'elles ne fuſſent agréées pour
25 vous. L'Eternel dit encore à Moïſe : quand
»» un veau , ou un agneau , ou un chevreau
25 ſeront nés & qu'ils auront été ſept jours ſous
25 leur mere à la tetter , depuis le huitienne
22 jour & les ſuivans, ils ſeront agréables pour
22 l'offrande qui aura paſſée par le feu à l'Eter
25 nel ; mais mon avant ce tems - là. Vous n'é-
2» gorgerez point en un même jour la vache,
25 ou la brebis, ou la chévre, avec ſon petit.
22 Quand vous offtirez un ſacrifice d'actions de
2» 552
M Is EN C A T E c H I s M E. 97

,, graces à l'Eternel, vous le ſacrifierez de vô


,, tre bon gré ; il ſera mangé le jour même,
, & vous n'en reſerverez rien juſqu'au lende
,, main : C'eſt moi l'Eternel qui vous l'ordonne.
» Faites donc attention à mes commandemens
, & les mettez en pratique : Je ſuis l'Eternel,
,, qui veut être obéi , & ne profanez point mon
,, nom Saint, par aucune négligence dans l'ob
,, ſervation de mes loix : car je ſerai ſanctifié
,, entre les Enfans d'Iſraël : Ce ſera ſeulement
par l'obſervation de toutes ces ordonnances que
les Enfans d'Iſraël me reconnoitront pour un Dieu
qui aime & qui demande la Sainteté. " C'eſt
,, auſſi moi l'Eternel qui vous ſanctifie, ou qui
vous enſeigne comment vous devez être Saints,
» & qui vous ai retirés du pays d'Egypte pour
,, être vôtre Dieu, 85 prendre de vous un ſoin
,, tout particulier. Oui , c'eſt moi qui ſuis l'E-
,, ternel.
D. Quelles inſtructions Dieu donna t il enſuite à
Moiſe pour le peuple d'Iſrael, au ſujet des Aſ
ſemblées religieuſes ?
R. , L'Eternel parla encore à Moïſe, & lui Iér'if.
» ordonna de déclarer de nouveau de ſa part XXIII.
,, aux Enfans d'Iſraél, quels étoient les jours *-3-
» ſolemnels qui devoient être conſacrés à l'E-
,, ternel , & publiés comme des convocations
,, Saintes. Et ce ſont ici ces fètes ſolemnelles :
» Premierement pour le Sabbat. On travaillera
,, ſix jours , & au ſeptieme , ce ſera le Sab
,, bat ou le jour du repos ; il y aura une ſain
», te convocation , ou une aſſemblée religieuſe ;
,, Vous ne ferez aucune œuvre en ce jour - là ;
,, ce doit être un jour de repos conſacré à l'E-
Tome l I. G •, ternel,
38 L'A N c I E N T E s T A M E N f
,, ternel, qui doit être obſervé par tout où vous
,, ferez vôtre demeure.
D. Dans quelle autre fête Dieu ordonne-t il en
core ce même repos ?
R. C'eſt dans la fète de Pâque & quelques
Lévit. autres, ſur leſquelles il s'exprime ainſi : " Ce
XXIII.
4 - 3.
»2> ſont ici les fètes ſolemnelles de l'Eternel, qui
2y ſeront de ſaintes convocations que vous pu

» blierez au tems marqué pour chacune, 83


,, en particulier pour la fete de Pâque. Au pre
» mier mois, le quatorzieme jour du mois en
,, tre les deux vêpres, commencera la fète de
,, Pâque conſacrée à l'Eternel, & le quinzieme
» jour de ce meme mois , ſera la fète ſolem
, nelle des pains ſans levain conſacrée à l'Eter
,, nel. Vous ne mangerez que des pains ſans
» levain pendant ſept jours. Le premier de ces
», ſept jours, vous aurez une ſainte convoca
» tion, ou une aſſemblée ſolemnelle de tout le
peuple, pour rendre à Dieu publiquement le culte
,, qui lui eſt dù : Vous ne ferez en ce jour-là
,, aucune œuvre ſervile, car vous ſiſpendrez vos
travaux ordinaires 85 journaliers : * & vous
» offrirez enſuite à l'Eternel, pendant ſept jours,
» des ofirandes paſſées par le feu ; & au ſep
,, tieme jour , il y aura encore une ſainte con
» vocation, comme au premier , & vous n'y fe
» rez aucune œuvre ſervile.
D. Quel ordre Dieu donna-t-il encore à Moiſe
pour les autres fetes ?
Lévit. R. Voici ce que " l'Eternel dit à Moïſe pour
XXIII.
9 - I4.
,, le rapporter aux Enfans d'Iſrael concernant
,, la fète des prémices. Quand vous ſerez entrés
, au pays que je vous donne & que vous com
» mencerez la moiſſon , vous apporterez alors
- », at}
M I s E N C A T E c H I s M E. 99

au Sacrificateur chargé de ce ſoin, une poi


gnée des premiers fruits de vôtre moiſſon ,
& le lendemain du Sabbat, le Sacrificateur
élévera cette poignée en l'agitant devant l'E-
, ternel ; afin qu'elle ſoit agréée de Dieu en
vôtre faveur , & le mème jour que cette
poignée d'épis ſera ainſi conſacrée à Dieu ,
vous ſacrifierez un agneau de l'an qui ſoit
ſans défaut en holocauſte à l'Eternel , avec
les gâteaux & offrandes de pain & de vin
qui doivent l'accompagner, ſavoir, deux dixie
"-


:. mes d' Epha de fine farine paîtrie à l'huile, pour
-- "
| -*
ètre brulée à l'honneur de l'Eternel en odeur

qui lui ſoit agréable ; & la quatrieme partie
-
d'un Hin de vin pour les libations Vous ne
mangerez ni pain , ni grain rôti , ni grain
en épi de cette moiſſon , juſqu'au jour mè
5» me que vous apporterez cette poignée en oſ
2 > frande à vôtre Dieu. C'eſt une ordonnance
>» qui doit être conſtamment obſervée d'âge en
:> âge dans tous les lieux de vôtre demeure.
D. Quel fut l'ordre que Dieu donna enſuite pour
la fête de la Pentecôte ?
R. , Vous compterez auſſi, dit-il, dès le Létiit.
,
2b lendemain du Sabbat , ( qui tomboit ſitr le X X 1 I I.
ſi :
| 16. du mois Abib, ou le ſecond jour de Pâque ), 15-22.
22 qui eſt dès le jour que vous aurez apporté
, 2> la poignée d'épis qu'on doit offrir à Dieu en

l'agitant ; vous compterez, dis - je, ſept ſe


,, maines entieres , ou cinquante jours, juſqu'au
, ,%
• lendemain de la ſeptieme ſemaine, & vous
offrirez à l'Eternel un gâteau de blé nouveau.
#
Vous apporterez de vos demeures deux pains ,
pour en faire une offrande agitée, de deux
v5 dixiemes de fine farine paitrie avec du le
c* 7
G 2 » vaiii.
xoo L'A N c I E N TE s T A M EN T
£» levain. Ce ſont les premiers fruits conſacrés
22 à l'Eternel : Vous offiirez auſſi avec ce r in
32 là , ſept agneaux ſans défaut & de l'année,
2» & un veau pris du troupeau ; & deux bé
2b liers qui ſeront offerts en holocauſte à l'E-
20 ternel , avec les gâteaux & ce qu'il faut pour
22 les aſperſions, afin que ce ſoit des ſacrifices
22 conſumés au feu d'une odeur agréable à l'E-
2b ternel. Vous ſacrifierez auſſi un jeune bouc
2 ) en offrande pour le péché, & deux agneaux de
2b l'année pour le ſacrifice de proſpérités. Et
2 ) lorſque le Sacrificateur les aura offerts en les
25 agitant avec les pains des prémices, & les
5> deux agneaux qui doivent auſſi être offerts à
20 l'Eternel en les agitant ; ils ſeront ainſi con
2J>. ſacrés à l'Eternel pour le Sacrificateur à qui
#> ils appartiendront. Vous ferez de ce jour-là
2> même une convocation ſainte deſtinée au ſer
32 vice de Dieu , & vous n'y ferez aucune œu
2> vre ſervile. Cette ordonnance ſera obſervée
3y conſtamment d'âge en âge dans tous les lieux
3> où vous demeurerez. Et quand , on fera la
3D moiſſon des champs , tu n'acheveras point
3) de moiſſonner le bout de ton champ , & tu
2> ne ramaſſeras point les épis qui reſteront de
2> ta moiſſon ; mais tu les laiſſeras pour le pau
25 vre & pour l'étranger. Je ſuis l'Eternel vô
tre Dieu : qui a ſoin de vous, 85 qui vous
j,voriſe.
D. Quel ordre reçut après cela Moïſe pour la
fête des trompettes ?
Lévit.
R. L'Eternel parla encore à Moïſe & lui or
XX I II. » donna de dire aux Enfans d'Iſraël : Au ſep
•3 - 25. 20
tieme mois nommé Tiſri, mois ſolemnel; parce
que c'étoit le premier de l'année civile 85 qu'en ce
moi .
MIs E N C A T E c H I s M E. Ior
# rºtois on célébroit deux fetes Sacrées : " Le premier
:| # » jour du mois, il y aura repos pour vous
dilfº ,, & ce jour ſera célébré avec jubilation, au
ui : ,, ſon des trompettes , & par une ſainte convo
4# , cation de tout le peuple. Vous n'y ferez au
J: # , cune œuvre ſervile ; Vous y ceſſerez vos tra
# ,, vaux journaliers , & vous y offrirez à l'Eter
: 14 , nel des offiandes par le feu. -

:& D. Vous avez dit que dans ce mois il ſe célé


# broit deux fetes Saintes , quelle étoit la premiere
# 85 comment devoit elle être célébrée ?
R. , Voici ce que dit l'Eternel à Moïſe ſur rai,.
$
,, ce ſujet. En ce même mois qui eſt le ſeptie- XXI II.
• A - A

#:
ii•i*
,, me de l'année ſacrée à compter depuis Pâque, *- 3*
- - - - - - -

lu
: , le dixieme jour qui ſera le jour des expiations,
- - -

:* » il y aura une ſainte convocation de tout le


,, peuple : Vous y affligerez vos ames à cauſe
, de vos péchés & vous offrirez à l'Eternel des
, ſacrifices paſſés par le feu. En ce jour-là, vous
, ne ferez aucune œuvre ſervile; parce que c'eſt
» le jour des propitiations pour vous devant
» l'Eternel vôtre Dieu. Car toute perſonne qui
» ne ſe ſera point humiliée, ou affligée en ce
, jour-là, par un jeûne ſolemnel, ſera retranchée
, d'entre ſes peuples, 85 exclue de tout com
, merce avec ceux de ſa nation; & toute perſon
, ne qui aura fait quelque œuvre ſervile en ce
» jour-là , je la ferai périr en la retranchant du
- , milieu de ſon peuple par une mort violente.
» Vous n'y ferez donc aucune œuvre défendue
, le jour du Sabbat. C'eſt une ordonnance que
vous devrez obſerver conſtamment d'âge en
• , âge dans tous les lieux de vos demeures. Ce
» jour.là doit vous être un jour du plus grand
| •, repos ; tel que vous le célebrez au jour du
# G 3 , Sab
1o2 L'A N c I E N TE s TA M E N T
,, Sabbat. Vous y affligerez donc vos ames par
» le jeûne depuis le ſoir du neuvieme jour du
» mois, juſqu'au ſoir du lendemain , vous ob
» ſerverez le repos que je vous ordonne.
D. Quelle étoit la ſeconde fete qui ſe célébroit
dans ce mois ; 83 qu'eſt ce que Dieu ordonne à
Moije pour ſa celébration *
7º it. R. » L'Eternel parla encore à Moïſe & lui
XXIII. ordonna de dire aux Enfans d'Iſrael : Au
22
* " , quinzieme jour de ce ſeptieme mois ſera la
,, fète ſolemnelle des Tabernacles, qui ſera célé
,, brée pendant ſept jours à l'honneur de l'E-
,, ternel. Au premier jour de cette fete , il y
,, aura une ſainte convocation de tout le peuple
,, pour rendre à Dieu ſes hommages ; vous n'y
,, ferez aucune œuvre ſervile. Pendant ſept jours
, vous offrirez à l'Eternel des offrandes paſſées
,, par le feu , & au huitieme jour il y aura
» derechef une ſainte convocation comme au
,, premier jour , & vous y offrirez encore à l'E-
» ternel des offrandes paſſées par le feu ; com
,, me on doit le faire dans une aſſemblée ſo
,, lemnelle de tout le peuple. Vous n'y ferez
,, aucune œuvre ſervile, comme au premier jour.
,, Ce ſont là les fètes ſolemnelles de l'Eternel
, que vous appellerez des convocations ſaintes,
,, deſtinées à offrir à l'Eternel des oblations
», paſſées par le feu, ſoit un holocauſte, ou
» un gâteau , ou un autre ſacrifice, ou une
» aſperſion d'huile ou de vin, chacune de ces
» choſes au jour marqué : Et cela outre les
» ſacrifices que l'on offre les jours de Sabbat ;
» outre toutes les autres oblations faites en
- » conſéquence de vos vœux, & outre toutes
: , les offrandes volontaires que vous préſente
9, ICZ
'.

M Is EN C A T E c H I s M E. Io3
, rez à l'Eternel en d'autres tems. De plus dans
,, cette derniere fete , au quinzieme jour du ſep
, tieme mois, quand vous aurez recueilli les
,, fruits de la terre , ou que vous aurez fuit vos
,, recoltes en blé 85 en vin , vous célébrerez cette
, fète ſolemnelle pendant ſept jours : le premier
» ſera un jour de repos de même que le hui
, tieme : Mais au premier jour vous prendrez
,, des branches des plus beaux arbres avec leurs
, fruits, des branches de palmier, & des ra
, meaux d'arbres les plus touffus , & des ſau
e les de riviere, pour les porter en vos mains 83
,, en faire des tentes, & vous vous réjouïrez
,, pendant ſept jours devant l'Eternel vôtre Dieu ;
en le béniſſant de ce qu'il vous a fait paſſer du
déſert où vous viviez ſous des tentes, dans un
pays abondant en arbres fruitiers. * Et vous cé
, lébrerez ainſi à l'honneur de l'Eternel cette
» fète ſolemnelle pendant ſept jours de l'année.
» C'eſt une ordonnance que vous obſerverez
» conſtamment d'âge en âge. Vous la célébre
» rez le ſeptieme mois : Vous demeurerez ſept
» jours dans des tentes. Tous ceux qui ſont
» nés entre les Iſraélites paſſeront ce tems. là dans
» des tentes ; afin que vôtre poſtérité ſache que
» j'ai fait demeurer les Enfans d'Iſrael dans des
» tentes , après les avoir retirés du pays d'E-
» gypte : Je ſuis l'Eternel vôtre Dieu. Moïſe dé
,, clara ainſi aux Enfans d'Iſraél les fètes ſo- .
,, lemnelles conſacrées à l'Eternel.
4
D. Les Fêtes ſolemnelles ayant été ainſi réglées ;
Qu'eſt-ce que Dieu y ajouta ?
R. Il y ajouta deux ordonnances, ou plu
tôt il exigea de Moïſe l'exécution de deux or
G 4 don
1o4 L'A N c I E N T E s T A M E N T
donnances déja preſcrites précédemment, l'une
concernant l'entretien des lampes dans le Ta
bernacle, & l'autre concernant les pains de pro
poſition.
D. Qu'eſt-ce qu'il lui dit ſur l'entretien des lam
pes dans le Tabernacle ?
Lévit. R. , Commande, lui dit il, aux Enfans d'Iſ
XXIV.
I - 4.
,, rael, qu'ils t'apportent ou te fourniſſent l'huile
,, vierge pour le luminaire , ou le chandelier
,, qui eſt dans le Lieu Saint ; afin de faire bruler
les lampes continuellement. Aaron ou le Su
,, crificateur qui lui ſuccédera , les arrangera de
vant l'Eternel continuellement, depuis le ſoir
juſqu'au matin, hors, ou en deça du voile
» qui eſt devant l'Arche du témoignage, dans
» le Tabernacle d'aſſignation. C'eſt une ordon
» nance qui doit être obſervée conſtamment d'â-
» ge en âge ; il dreſſera toujours les lampes
» ſur le chandelier de pur or devant l'Eternel.
D. Qu'eſt-ce qu'il lui ordonna ſur les pains de
propoſition ?
Lºvit. R. ,, Tu prendras auſſi, ajoute-t il, de la
XXIV. » fine farine qui te ſera fournie par les Enfans
5-9 ,, d'Iſraél, & tu en feras douze tourteaux, ou
,, pains ; chacun de deux dixieme d'Epha, pe
,, ſants environ ſix livres , & tu les expoſeras
» devant l'Eternel en deux rangées, ou deux
,, piles ſur la Table pure, ſix à chaque pile ,
» & tu mettras de l'encens pur ſur chaque pi
,, le , qui ſera un mémorial pour le pain ,
parce qu'il doit être brulé à la place du pain ;
» car c'eſt une offrande faite à l'Eternel pour
2» être conſumée par le feu. On les arrangera
22 chaque jour de Sabbat, ſans y manquer ja
,- mais, devant l'Eternel, au nom des †
- 32 -
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. Io5
» d'Iſraël : C'eſt un ſigne de 'l'alliance de Dieu
» avec vous, que vous devez conſerver perpétuelle
,, ment : Et ces pains appartiendront à Aaron
» & à ſes fils , qui les mangeront dans un
,, lieu Saint, aux environs du Tabernacle : car
,, ces pains devront être regardés par les Sa
» crificateurs , comme une choſe très - Sainte
,, d'entre les offrandes faites par le feu à l'Eter
» nel. C'eſt une ordonnance qui doit être tou
,, jours obſervée.

C H A P I T R E IX.

Contenant l'hiſtoire d'un blaſphemateur, &


de la peine qui lui fut décernée par or
dre de Dieu ; avec la ſuite de diverſes
loix que Dieu continua de donner à cette
occaſion , tant ſur le blaſphême , que
ſur l'homicide ; la reparation des dom
mages & l'équité dans les jugemens; après
quoi Dieu parlant de nouveau à Moïſe
ordonne l'inſtitution de l'année Sabbati
que & du Jubilé ; d'où il paſſe à quel
ques autres loix en faveur des pauvres &
des eſclaves.

D. U'arriva-t-il dans le camp, lorſque Dieu


donnoit ſes loix pour les ſolemnités à ob
ſerver dans le culte divin ?
R. , Il arriva que le fils d'une femme Iſraë- lévit. .
», lite & d'un homme Egyptien étant ſorti de #
G 5 2> ſa
-
ro5 L'A N c I E N TEsT A M EN T

,, ſa tente parmi les Enfans d'Iſraël, prit que


,, relle avec un homme Iſraelite ; & le fils de la
,, femme Iſraélite ayant proferé le nom de l'E-
,, termel, le maudit , ou en parla mal. Or ſa
,, mere s'appeloit Schelomit, fille de Dibri, de
,, la Tribu de Dan : Et l'on amena ſon fils à
,, Moïſe qui le fit mettre ſous une garde , juſ
,, qu'à-ce qu'il eut conſulté l'Eternel, & qu'il
,, ſût ſa volonté. Surquoi l'Eternel dit à Moïſe :
,, Tire hors du camp celui qui m'a maudit ,
,, comme un homme exécrable, & que tous ceux
,, qui l'ont entendu mettent les mains ſur ſa
,, tête, pour confirmer leurs dépoſitions , & que
,, toute l'aſſemblée le lapide.
D. Qu'eſt-ce que Dieu ajottta à cette condamt
mation que Moiſe devoit rapporter aux Enfans
d'Iſraël ?
R. Il y ajouta diverſes loix pour prévenir de
, ſemblables crimes , & en particulier contre le
blaſphème & l'homicide ; ſur la reparation des
| Lévit. dommages & l'équité dans les jugemens. * Parle,
XXIV.
MS - 42•
,, lui dit.il, aux Enfans d'Iſraël , & leur dis : Qui
» conque aura maudit ſon Dieu , ou ſes Sou
,, verains, portera la peine de ſon péché ; ſe
lon le jugement que rendront les Juges ſur ce fait :
,, Et celui qui aura proferé des paroles injurieu
,, ſes contre le nom de l'Eternel , ſera puni de
,, mort & toute l'aſſemblée ne manquera pas de
,, le lapider. On fera mourir tant l'étranger que
,, celui qui eſt né au pays, qui aura parlé in
,, jurieuſement de ce nom ſacré. On punira
,, auſſi de mort celui qui aura frappé à mort
,, quelque perſonne que ce ſoit. Celui qui aura
,, frappé une bête à mort, la rendra ame pour
,, ame, ou bête pour bête : Et quand quelcun
s» allſ3
M I s E N C A T E c H I s M E. Io7
2, aura fait quelque tort , ou quelque mal à
,, ſon prochain , on lui fera ſouffrir la mème
,, peine qu'il lui aura fait ſouffrir, fracture pour
,, fracture , œil pour œil , dent pour dent :
,, Selon le mal qu'il aura fait à un homme ,
- ,, il en ſera puni de la même maniere *. Celui « ryez
,, qui frappera une bête à mort , en rendra une Exod.
» autre de même valeur : mais on fera mou- #
,, rir celui qui aura frappé un homme à mort : -

,, Vous rendrez un mème jugement à l'étran


,, ger, comme à celui qui eſt né au pays : car
,, je ſuis l'Eternel vôtre Dieu , qui hait le cri
me par tout oà il ſe trouve, 85 qui veut qu'il
#
ſoit puni ſans acception de perſonne.
D. Le Blaſphêmateur fut - il donc pttni commie
Dieu l'avoit ordonné.
R. Oui , " Moiſe ayant raporté la réponſe Lººit.
#:
,, de Dieu aux Enfans d'Iſraël, ils tirérent hors XXlV.
: , du camp celui qui avoit maudit Dieu, & l'aſ-*
,, ſommérent de pierres , comme l'Eternel l'a-
: ,, voit commandé à Moïſe.
D. Quelles furent les autres Loix que Dieu
donna encore à Moiſe ſur la montagne de Sinai.
R. Après avoir réglé l'ordre des grandes ſo
lemnités de la religion qui devoient ſe célébrer
toutes les années ; il ordonne encore l'obſerva
vation de deux tems ſolemnels, dont l'un devoit
avoir lieu chaque ſeptieme année que l'on nom
rnoit l'année Sabbatique ; & l'autre que l'on
devoit célébrer tous les cinquante ans, que l'on
appeloit l'année du Jubilé. L'une & l'autre de
ces années étoient deſtinées, d'un côté à rappeler
, :
la mémoire de la création , comme le Sabbat
de chaque ſemaine, & à faire ſentir au peuple "
d'Iſraël la protection ſinguliere dont Dieu le fa
VO
\

1o8 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
voriſoit : & de l'autre à conſerver dans les Tri
bus & dans les familles, une certaine égalité de
fortune, une certaine attention à tous leurs droits
& à tous leurs priviléges, qui devoit naturelle
ment contribuer au plus grand bonheur tem
porel de cette nation.
D. Qu'eft-ce que Dieu ordonna par rapport à
l'année Sabbatique ?
Lévit.
XXV.
R. ,, L'Eternel parla encore à Moïſe ſur la
I - 7. ,, montagne de Sinaï & lui ordonna de dire ce
,, qui ſuit aux Enfans d'Iſrael : Quand vous ſe
,, rez entrés au pays que je vous donne , la
,, terre ſe repoſera la ſeptieme année , à compter
,, depuis vôtre entrée au pays : ce ſera une eſ
,, péce de Sabbat , ou de repos conſacré a l'Eter
',, nel. Pendant ſix ans , chacun ſémera ſon
,, champ & taillera ſa vigne & s'occupera des
,, autres travaux de la campagne pour en re
» cueillir les fruits : mais la ſeptieme année il
» y aura un Sabbat, ou un repos entier oour
,, la terre, & ce repos ſera conſacré à l'H ter
,, nel ; perſonne ne ſémera ſon champ & ne
,, taillera ſa vigne ; ni ne recueillira , comme
,, proprietaire, ce qui y ſera provenu de ſoi
2

» même, ou de graines tombées dans ſon champ,


,, ni ne vendangera les raiſins de ſa vigne non
,, taillée ; ce ſera l'année du repos de la terre.
Et comme il me l'a pas travaillée, il ne doit pas
non plus faire ſon propre de ce qu'elle produira
,, cette année là : mais ce qui proviendra de la
,, terre l'année du Sabbat pourra vous ſervir
,, d'aliment, à toi , à ton ſerviteur, à ta ſer
,, vante, à l'ouvrier, & à l'étranger qui de
,, meurent avec toi ; à ton bétail & aux ani
» maux qui ſont en ton pays : tout ſon rap
s, Port
M Is EN C A T E c H I s M E. 1o5
;, port ſera pour manger , ou ſervira à vous
mourrir pour ce tems-là, ſans en rien reſerver pour
l'avenir.
sirt
i D. Qu'eft-ce que Dieu ordonna ſur l'année du
#
lf 5
Jubilé *
R. ,, Tu compteras auſſi , dit-il, ſept ſemai- Ltvit.
#
,, nes d'années ou ſept fois ſept ans qui re- XX V.
,, viendront à quarante neuf ans : Puis tu fe-8-13-,
,, ras ſonner la trompette de jubilation par tout
, ſf ,, le pays , le dixieme jour du ſeptieme mois
: ºr à compter depuis Pâque, lequel étoit le premier de
,tiº l'année civile , 85 auquel commencoit le Jubilé. Le
l# ,, jour même des expiations , dis-je, vous fe
- ,, rez ſonner la trompette par tout le pays,
| º ,, vous ſanctifierez ou proclamerez pour Saint,
i! ,, l'an cinquantieme à compter la derniere année -

,ſ ,, qui l'a précédé ( a ) , & publierez la liberté


rd ,, dans
tºº -

*. ( a ) A compter la derniere année qui l'a précédé. L'on


| a cru devoir ajouter ces mots pour enlever la difficulté
2 inſurmontable qui ſe préſente , ſi l'on compte cette
i ': année cinquantieme pour le Jubilé ſans aucune reſtric
# j' tion ; Car en la prenant dans ce ſens, & en fixant l'an
# née du Jubilé à la cinquantieme revolue depuis cette
· · Loi donnée, ou depuis la fin du dernier Jubilé , juſ
,é qu'au commencement de l'autre, il ſe rencontreroit
: deux années de repos ou Sabbatiquê*dans l'eſpace de
::' ſept ans, ſavoir , l'année Sabbatique qui ſe célebrant
t de 7. en 7. an , tomberoit l'an 49. & l'année du Ju
bilé qui tomberoit l'an 5o. & dans le Jubilé ſuivant,
* ce ſeroit l'an 1oo. deux années après l'année Sabba
,* tique , qui auroit été l'an 98 dans leſ,uelles années
# les Juifs ne devants ſelon la Loi ni ſemer ni recueil
# lir , il arriveroit de-là qu'ils ſeroient trois ou quatre
4 années de ſuite ſans faire aucune recolte ; ce qui les
,• auroit reduits aux plus grandes extrémités ; au lieu
qu'en ſuppoſant par nôtre maniere de compter , que le
5* Jubilé
Y Io L'A N c I E N T E sT AME NT
,, dans le pays à tous ſes habitans : Ce vous
3º ſera l'année du Jubilé , & vous retournerez

» chacun dans ſa poſſeſſion & chacun en ſa


, famille, c. à d. que chacun devoit rentrer en
poſſeſſion des fonds qu'il avoit été obligé d'aliener,
85 dans la famille de laquelle il avoit été deta
ché pour entrer au ſervice, ou dans l'eſclavage
,, d'une autre. Cette cinquantieme année vous
» ſera l'année du Jubilé : Vous ne ſémerez
2> point & ne moiſſonnerez point ce que la
2> terre rapportera ſans culture ; & vous ne ven

, dangerez point les fruits de la vigne qui n'au


,, ra pas été taillée : car c'eſt l'année du Jubilé,
, qui doit vous être Sainte , comme l'année Sab
,, batique : Vous mangerez ce que les champs
» rapporteront cette année-là ; ſans en rien re
,, ſerver en propre ni pour l'avenir. En cette
,, année du Jubilé, vous rentrerez chacun dans
» la poſſeſſion de vos biens, ou des héritages
» que vous aviez eu de vos peres.
D. Quels autres réglemens Dieu ordonna - t - il
à l'occaſion du Jubilé 85 de l'année Sabbatique ?
R. Il en ordonna de pluſieurs ſortes qui re
gardent, 1°. la maniere dont devoit ſe faire la
vente des fonds. 2°. La maniere de vendre ou
de racheter les°terres & les maiſons ſoit dans
les villes, ou villages, ſoit dans les bourgs deſ
tinés aux Lévites. 3". La maniere dont l'on de
VO1t

Jubilé ſe célébroit à proprement parler la quarante neu


vieme année , quoiqu'elle ſoit dite par une maniere de
parler ordinaire, la cinquantieme, l'on fait toujours tom
ber l'année du Jubilé ſur une année Sabbatique ; &
il ne reſulte de là aucune difficulté pour la ſemaille
& la recolte.
rM 1 s E N C A T E c H I s M E. I II
voit en uſer envers les pauvres & les eſclaves
dans leurs beſoins ; parce que c'eſt à quoi ten
doit principalement l'année Sabbatique & le
Jubilé, dont l'obſervation devoit leur attirer la
bénédiction de Dieu ; quoique la terre dût pro
duire peu de choſe ces années-là. -

D. Quels furent les réglemens ſur la maniere dont


devoit ſe faire la vente 85 le rachat des fonds ,
tant dans les villes que dans les villages, eu égard
à ces années de repos 85 du Jubilé ?
R. ,, Si tu fais, dit Dieu , quelque vente à Lévit,
X V.
» ton prochain, ou ſi tu achetes quelque choſe I4 - 3I.
» de lui ; que nul de vous ne faſſe tort à ſon
» frere : mais tu achéteras de ton prochain ſe
» lon le nombre des années qui ſe ſont écoulées
» depuis le dernier Jubilé ; & l'on te vendra
,, ſelon le nombre des années que tu dois jouir
,, du revenu, ſelon qu'il y aura plus ou moins
,, d'années de jouiſſance. Tu en payeras auſſi
», plus ou moins : car on te vend ſeulement le
», nombre des recoltes 85 non le fond méme.
, Que donc nul de vous n'opprime ſon pro
,, chain : mais craignez vôtre Dieu & faites ſe
,, lon mes ordonnances. Obſervez les réglemens
», que je vous donne & vous y conformez, &
», vous habiterez ſurement au pays. La terre
,, vous donnera ſes fruits : Vous y mangerez
,, juſques à être raſſaſiés & y habiterez en toute
» ſureté. Que ſi vous dites ; que mangerons
» nous en la ſeptieme année ; ſi nous ne ſe
» mons point & ſi nous ne recueillons point
» le fruit de nos terres ? Cette crainte ou cette
,, difficulté eſt vaine ; parce que je répandrai ma
» bénédiction ſur vous la ſixieme année & elle
», rap
112 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» rapportera pour trois ans ( a ), ſavoir, pour
une partie de la ſixieme, pour la ſeptieme entiere,
85 pour une partie de la kuitieme. * Puis vous
» ſémerez en la huitieme année, & vous man
, gerez encore de la recolte paſſée que vous
, aurez faite la ſixieme année, juſques au com
,, mencement de la neuvieme année, ou ſur la
,, fin de la huitieme. Ainſi juſqu'à-ce que la re
,, colte de cette derniere année ſoit faite , 83
» que vous puiſſiez en manger, vous mangerez
» celle de la ſixieme qui eſt paſſée : La terre,
,, ou le fond des champs 83 des vignes ne ſera
,, point vendue à toujours, abſolument 85 ſans
,, retour, parce que la terre eſt à moi, & que
,, vous y êtes comme des étrangers, à qui je
l'ai donnée pour la cultiver, comme à des ouvriers
,, à gages. C'eſt pourquoi dans tout le pays que
,, vous poſſéderez vous laiſſerez à chacun le droit
,, qu'il a de racheter la terre que ſon parent
,, aura vendue : Si ton frere étant devenu pau
» » VIC ,

( a ) Elle rapportera pour trois ans. Voici comment


on doit entendre la choſe : L'année Sabbatique com
mençoit au premier jour du ſeptieme mois de l'année
ſacrée, ou au premier mois de l'année civile, qui ré
pondoit en partie à nôtre mois de ſeptembre ou d'octo
bre. Cette année finiſloit auſſi au même jour du dit
mois , & la huitieme recommençoit au même jour ,
auquel l'on pouvoit commencer à ſemer, pour recueil
lir ſeulement au mois d'avril ou de may de l'année ſui
vante. De cette maniere la recolte abondante que Dieu
promet ici & qui ſe faiſoit la ſixieme année , ſervoit
pour trois ans. Savoir , pour ce qui reſtoit à courir de
la ſixieme année Sacrée , juſques au commencement
de la ſeptieme ; pour la ſeptieme toute entiere & pour
le tems qui s'écouleroit dans la huitieme depuis la ſe
maille juſques aux moiſſons.
M I s E N C A T E c H I s M E. II3
# 3 vre, vend quelque choſe de ce qu'il poſſé
22 de ; celui qui a le droit de rachât, ou ſon
22 plus proche parent , pourra , s'il le veut,
22 racheter le fond vendu par ſon fiere. Que
ſi cet homme n'a point de proche parent
qui ait le droit de rachât & qu'il ait trouvé
de ſoi-même ſuffiſamment de quoi faire le
rachât de ce qu'il aura vendu , il comptera
N les années depuis que la terre eſt vendue,
& reſtituera à l'acheteur la valeur des fruits
& des recoltes, qu'il auroit dû percevoir juſ
qu'à l'année du Jubilé ; moyennant quoi il
rentrera dans la poſſeſſion de ſon bien. Mais
s'il n'a pas trouvé ſuffiſamment de quoi payer
à l'acheteur la recolte de toutes les années
dont il avoit encore à jouïr ; le fond vendu
reſtera entre les mains de celui qui l'aura
acheté juſques à l'année du jubilé : Puis
l'acheteur en ſortira au Jubilé, & le vendeur
rentrera dans la poſſeſſion de ſon bien. Si
quelcun a vendu une maiſon à habiter dans
une ville fermée de murailles , il aura le droit
de rachât juſqu'à la fin de l'année de ſa vcii
te : ſon droit de rachât ſera pour une année,
& ſi elle n'eſt point rachetée dans l'année
accomplie, elle demeurera à l'acheteur à per
pétuïté & d'âge en âge : il n'en ſortira point
au Jubilé. Mais les maiſons des villages qui
ne ſont point entourées de murailles, ſeront
réputées comme un fond de terre ; le ven
deur aura droit de rachât en tout tems, &
3 > l'acheteur en ſortira au Jubilé pour la laiſſer

à ſon ancien poſſeſſeur.


D. Quelle exception y avoit il à ces réglemens
en faveur des Lévites ?
Tome I I. | H | R » Qyant
114 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
Zévit. R. ,, Quant aux villes des Lévites ; ils au
X X V.
32 - 34.
,, ront un droit de rachât perpétuel des mai
,, ſons vendues qui ſont dans les villes de leur
,, poſſeſſion : Et ſi elles n'ont point été rachetées ;
,, celui qui en aura acheté quelcune, ſortira
,, de cette maiſon au tems du Jubilé pour la
,, remettre aux Lévites; car les maiſons qui ſont
,, dans les villes aſſignées aux Lévites ſont leur
,, poſſeſſion parmi les Enfans d'Iſraël ; ils doi
vent les poſſeder tout comme les Enfans d'Iſraël
,, poſſèdent les leurs ; mais le champ qui leur au
,, ra été donné dans les faux-bourgs de leurs
,, villes, ne ſera jamais vendu ; car c'eſt leur
•, poſſeſſion perpétuelle : ils en doivent toujours
joujr.
D. Quels réglemens Dieu donna-t-il encore à
cette occaſion en faveur des pauvres 85 des eſclaves ?
Lévit. · R. Ce furent les ſuivans. " Quand les mains
^ X X p/. , de ton frere ſeront tombées ; c. à d. quand il
35 - 55.
ſera hors d'état de gagner ſa vie par le travail ;
,, S'il tend vers toi ſes mains tremblantes pour
,, te demander du ſecours , tu le ſoutiendras,
,, tu l'aideras dans ſon beſoin , de même que l'é-
52 tranger & le forain , & le domeſtique qui
23 vit avec toi, s'il ſe trouve dans le même cas.
» Tu ne prendras point de lui , ni des autres,
, d'uſure, ou d'interêt de l'argent que tu leur
,, auras prêté : Mais tu craindras ton Dieu, &
,, ton frere aura par ce moyen de quoi vivre
» avec toi. Tu ne lui donneras point ton ar
» gent à uſure ; & quand tu lui prêteras des
, vivres , tu n'en tireras aucun interêt. Je ſuis
» l'Eternel vôtre Dieu qui vous a retirés du
, pays d'Egypte, pour vous donner le pays de
» Canaan, afin de vous être Dieu ; c. à d.
- - -
# :
M I s E N C A T E c H I s M E. 115
de répandre ſur vous ſes biens, 83 que vous lui
fuJiez attachés comme à vôtre Souverain Bien
,, faiteur. Pareillement quand ton frere quel qu'il
,, ſoit des Enfuns d'Iſraël , ſera devenu pauvre
22 auprès de toi, ou en te ſervant, & qu'il ſe
2> ſera vendu à toi ; tu ne te ſerviras point de

3> lui , comme on ſe ſert des eſclaves; mais il


3> ſera chez toi comme un ouvrier à gages, ou
22 un étranger & il te ſervira juſques à l'année
32 du Jubilé : Alors il ſortira de chez toi avec
3> ſes enfans ; il s'en retournera dans ſa famille
5> & rentrera dans la poſſeſſion des biens de ſes
33 peres : car ils ſont mes ſerviteurs ; parce que
2> je les ai retirés du pays d'Egypte. C'eſt pour

3> quoi ils ne ſeront point vendus, comme on

2b vend les eſclaves. Tu ne domineras point non

22 plus ſur lui avec rigueur ; mais tu craindras

» d'offenſer ton Dieu qui en uſe envers toi avec


tant de bonté.
,, Quand à tes eſclaves de l'un & de l'autre
35 ſexe , qui ſeront attachés pour toujours à
2> ton ſervice ; tu les prendras, ou les ache
35 teras d'entre les nations qui ſont autour de
2>
vous : Vous en acheterez auſſi d'entre les en
2> fans des étrangers qui demeurent avec vous,
2> ou de leurs familles qui ſeront parmi vous,
29 qui ſeront nés dans vôtre pays ; & vous les

» poſſéderez, c. à d. vous en ſerez les maitres


comme des biens qui vous appartiennent ; " ils ſe
» ront comme un héritage que vous laiſſerez à
, vos enfans après vous ; afin qu'ils en héri
,, tent la poſſeſſion, comme vous l'avez eue, & .
, vous vous ſervirez d'eux à perpétuïté. Mais
, quant à vos freres les Enfans d'Iſraël , nul
» ne dominera avec rigueur ſur aucun d'eux.
H 2 » Lorſ
x16 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, Lorſque l'étranger , ou le forain qui eſt
22 avec toi ſe ſera enrichi, & que ton frere qui

22 eſt avec lui ſera devenu ſi pauvre, qu'il ſe


52 ſoit vendu à l'étranger , ou au forain qui eſt

32 avec toi , ou à quelcun de leur race : Après


33 s'être vendu , il y aura droit de rachât pour

lui ; un de ſes freres pourra le racheter, ou


22 ſon oncle, ou ſon couſin, ou quelque autre
39 proche parent de ſon ſang, d'entre ceux de
ſa famille ; ou lui-même s'il en trouve le mo
22 yen ſe rachetera, & il comptera avec celui
qui l'a acheté, depuis l'année qu'il s'eſt ven
du à lui, juſqu'à l'année du Jubilé, & paye
ra à celui qui l'a acheté le prix pour lequel
il s'eſt vendu, à raiſon du nombre des années
qu'il y a à courir juſques au Jubilé : & pour
les années précédentes le tems qu'il aura ſer
vi lui ſera compté comme les journées d'un
ouvrier à gages. S'il y a plus ou moins d'an
nées à courir, juſqu'à l'an du Jubilé, il reſ
· tituera le prix de ſon achât ſelon cela, &
ne lui comptera rien pour les années qu'il
aura ſervi; parce qu'il aura été avec lui com
me un domeſtique, qui ſe loue d'année en
année : & tu empêcheras que cet étranger
ne domine ſur lui avec rigueur autant que
tu pourras le ſavoir. Que s'il n'eſt pas ra
cheté par quelcun de ces moyens , il ſortira
de l'eſclavage l'année du Jubilé, lui & ſes
enfans avec lui ; Car les Enfans d'Iſraël ſont
mes ſerviteurs que j'ai retirés du pays d'E-
gypte : Ainſi je fuis l'Eternel vôtre Dieu à qui
v0us appartenez avant tout autre.

CHA
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 117

C H A P I T R E X.

Contenant les dernieres loix que Dieu don


na à Moïſe ſur le mont Sinaï pour la
conduite du peuple d'Iſraël , avec les pro
meſſes & les menaces qu'il y ajouta pour
le porter à l'obſervation de tous ſes com
mandemens. ·

D. Omment eſt-ce que Dieu conclut les iaſ


tructions données à Moïſe ſur le mons
Sinaï pour la conduite du peuple d'Iſraèl, 85
pour l'engager à l'obſervation de tous ſes com
mundemens. -

R. Il les conclut par les promeſſes les plus


attrayantes en faveur de ceux qui les obſerve
roient, & par les menaces les plus formidables
contre ceux qui les violeroient. Mais avant ce
la il leur rapelle deux loix capitales qui étoient
comme l'abregé du culte qui devoit lui être
rendu ; l'une eſt la défenſe de tout acte d'ido
lâtrie quel qu'il fut ; & l'autre l'obſervation re
ligieuſe de tous les Sabbats qu'il venoit d'inſti
tuer & le reſpect le plus profond pour tout ce
qui avoit du rapport à ſon Sanctuaire, & au
ſervice qu'on devoit lui rendre dans le Ta
bernacle.
D. Comment exprime.t.il ces deux devoirs ca
pitaux ?
R. ,, Vous ne vous ferez point d'idoles , dit.il Léviº !
XXVI.
,, à Moïſe, ni d'image taillée : Vous ne vous I» 2
» éléverez point de colomnes , ou de ſtatues ,
"i
H 3 » &
ȼ
3 18 L'À N c I E N TE sT A ME N T
5 ! .* - -

» & n'érigerez point de pierres remarquables dans


» vôtre pays, comme font les mations idolâtres
,, pour vous proſterner devant elles, 85 leur
rendre quelque honneur que ce ſoit, comme à des
images de la Divinité; car il n'y a que moi qui
doive être l'objet de vôtre culte religieux. " Moi
, ſeul, je ſuis l'Eternel 85 vôtre Dieu. Vous
,, obſerverez donc mes Sabbats, tous les jours
85 tous les tems dans leſquels je vous enjoins de
,, vous repoſer à mon honneur, & vous révé
» rerez mon Sanctuaire ; Vous aurez le plus pro
fond reſpect pour tout le culte qui doit m'être ren
•, du dans mon Tabernacle. Je ſuis l'Eternel à
qui ſeul vous le devez. - '

* D. Quelles ſont les promeſſes que Dieu fait à ſon


peuple, s'il obſervoit religieuſement les Loix qu'il
venoit de leur donner par la bouche de Moïſe ?
I.évit. R. ,, Si vous gardez, leur dit il, mes ordon
JX X V I. » nances ; ſi vous faites attention à mes com
3 - I3.
,, mandemens & que vous ayez ſoin de les
, mettre en pratique , je vous donnerai les
, pluyes qu'il vous faut en leur ſaiſon ; la ter
,, re vous rapportera ce que vous pouvez en
,, attendre, & les arbres de la campagne don
,, neront leur fruit : La moiſſon ſera ſi abon
, dante en grains, que vous aurez beſoin pour
,, les fouler, de tout le tems qui s'écoulera de
,, puis la moiſſon juſqu'à la vendange , & la
,, vendange ſera ſi abondante, qu'elle ſera à
,, peine finie que le tems de la ſemaille d'au
» tomne arrivera. Vous mangerez vôtre pain
,, avec contentement , & vous en aurez juſqu'à
,, en être raſſaſiés : Vous habiterez en toute
,, ſureté dans vôtre pays ſans craindre aucun
,, ennemi : je donnerai la paix au pays & †
• - 2, dOI |
M I s E N C A T E c H I s M E. 1 19
$, dormirez ſans que perſonne vous épouvante :
,, J'éloignerai du pays toute bête mal faiſante &
,, la guerre n'en approchera point : Mais ſi l'on
,, vous attaque, vous pourſuivrez vos ennemis
» & ils tomberont par l'épée devant vous : Cinq
» d'entre vous en pourſuivront cent, & cent
» en pourſuivront dix mille. c. à d. Quelque in
férieurs que vous ſoyez en nombre, vous rempor
,, terez toujours la victoire ſur eux, enſorte que
» vous les verrez tomber par l'épée devant vous :
,, Je me tournerai vers vous : je vous favoriſe
,, rai de mon ſecours & vous ferai proſperer &
,, multiplier : J'établirai , ou affermirai de plus
», en plus mon alliance avec vous , ou je con
tinuerai à vous en faire reſſentir de plus en plus
», les effets. Vos proviſions ſeront ſi abondan
», tes , que vous aurez encore à en manger de
», fort vieilles, quand les nouvelles viendront
» qui vous obligeront à ſortir le vieux pour y
», placer le nouveau. Mon tabernacle ſera tou
» jours placé au milieu de vous, & je ne dé
», daignerai point de reſter avec vous par ce
», ſimbole de ma préſence; mais je marcherai au
», milieu de vous, 83 vous conduirai dans tous
les voyages que vous avez encore à faire. Je ſe
», rai vôtre Dieu, vôtre protecteur 85 vôtre bien
», faiteur perpétuel, & vous ſerez mon peuple,
l'objet continuel de mes ſoins 85 de mes faveurs ;
,, & vous devez d'autant plus compter $ vous
aſſurer ſur les promeſſes que je vous fais , que
», c'eſt moi l'Eternel vôtre Dieu , qui vous ai
» retirés du pays d'Egypte, afin que vous ne
» fuſſiez point leurs eſclaves, & j'ai rompu le
» joug ſous lequel vous gémiſſiez, & vous ai
- H 4 ,, faits
12o L'A N c I E N - T E s T A M E N T
,, faits marcher la tête levée, comme un homme
qui jouit de toute ſa liberté.
D. Quels ſont enſuite les fléaux dont Dieu me
mace ceux qui violeroient ſes loix, ou qui me les
obſerveroient qu'à contre-cœur 85 malgré eux *
R. Les voici tels que Moiſe les rapporte.
I.évi!. » Mais ſi vous ne m'écoutez point , & que
X V I.
I4 - 4 I »
» vous ne mettiez pas en pratique tous ces com
,, mandemens que je viens de vous donner ; &
25 que vous veniez à rejetter mes ordonnances,

» ou que vous dédaignez de faire attention à


» mes jugemens & à mes loix, pour ne pas ob
,, ſerver mes commandemens & pour enfrain
» dre mon alliance ; je vous ferai tout ce que
,, je vais vous dire : Je ferai tomber ſur vous
, la terreur & diverſes maladies de langueur,
,, ou de fievre ardente, qui vous conſumeront
,, les yeux & vous tourmenteront l'ame. Ce
,, que vous aurez ſemé ne vous profitera en
», rien ; parce que les ennemis en enleveront
,, la recolte & je vous regarderai dans ma co
, lère : Vous ſerez battus devant vos ennemis,
» & ceux qui vous haiſſent ſeront les plus forts ;
,, vous ſerez alors ſaiſis d'une telle frayeur ,
,, que vous fuirez ſans que perſonne vous pour
», ſuive. Que ſi encore après ces calamités vous
,, ne m'écoutez point , j'en ajouterai ſept fois
,, plus, ou beaucoup au de-là , pour vous châ
,, ticr à cauſe de vos péchés : j'abattrai cette
,, force qui vous rend fiers & orgueilleux ; vô
,, tre force ſe conſumera pour rien : c. à d. vous
vous donnerez bien des ſoins 85 des peines, dont
,, vous ne retirerez aucun fruit, & je ferai que
,, le ciel ſera pour vous comme de fer ; c. à d.
qu'il ne vous donnera aucune pluye quand vous
la
+

M1 s E N C A T E c H 1 s M E. 121
b3 la ſouhaiterez , & vôtre terre ſera comme d'ai
22 rain ſans produire aucun fruit. Que ſi vous
32 vous roidiſſèz contre moi, 8# que vous vous
5) obſtiniez dans vôtre déſobéiſſance, juſqu'à ne
22 vouloir pas ſeulement m'écouter ; j'ajouterai
22 ſept fois autant de fléaux , ou les redoublerai
25 ſur vous à proportion de l'énormité de vos
22 péchés. J'envoyerai contre vous les bêtes ſau
2» vages, qui vous enléveront vos enfàns &
32 vôtre bétail , & les réduiront à un petit nom
22 bre ; enſorte que vos chemins ſeront déſerts,
par la crainte qu'on aura d'être auſſi dévoré.
25 Que ſi après tous ces fléaux vous ne vous
: * 23 corrigez pas encore, en vous convertiſſant à

22 moi ; mais que vous vous roidiſſiez contre


: 22 moi, en refuſant opiniâtrement de faire ce que

32 j'exige de vous ; je marcherai auſſi moi même


º-

22 contre vous, vous m'aurez pour ennemi, & je


22 vous frapperai ſept fois davantage, comme
22 le méritent vos péchés : Je ferai venir ſur
52 vous la guerre pour me venger du mépris
22 que vous avez fait de mon alliance; & ſi vous

22 vous retirez dans vos villes pour l'éviter, j'en


>> voyerai la mortalité parmi vous, & vous ſe
22 rez livrés entre les mains de l'ennemi. De
22 plus, je diminuerai tellement l'abondance du
2 > pain duquel vous tirez tout vôtre ſoutien,
>> qu'un petit four ſuffira pour cuire du pain
25 à l'uſage de dix familles, & qu'il ne vous
>) ſera diſtribué qu'avec la plus grande œcono
52 mie : Vous en mangerez, mais vous n'en
22 ſerez point raſſaſiés. Que ſi malgré ces fléaux
de la guerre, de la mortalité 8º de la famine,
2, vous refuſez encore de m'obéïr & que vous
: 9 continuiez à vous roidir contre moi, en vous
H 5 oppo
*

122 L'A N c I E N TE sTAMENT

oppoſant à tout ce que j'exige de vous , je mar


22 cherai auſſi contre vous dans ma fureur ; &
2 ) vous châtierai toujours plus ſévérement ſe
lon vos péchés. Vous ſerez réduits par la fa
mine à manger la chair de vos fils & de vos
filles : Je détruirai les autels que vous aurez
dreſſès dans les lieux élevés, à l'honneur des
faux Dieux : Je ruinerai tous les monumens
de vôtre idolâtrie, & je mettrai vos cadavres
avec ceux des animaux dont vous faites des
divinités de fiente, pour être tous jettés à la
voirie , & je vous regarderai avec la plus
grande indignatiqn. Je réduirai vos villes en
déſert & ruinerai vos ſanctuaires , ou vos
Lieux Saints en permettant qu'ils ſoient 4détruits
% *
85 déſolés par vos ennemis, enſorte que " je n'y
22 recevrai plus favorablement l'odeur de vos ſa

22 crifices 85 de vos offrandes : Je mettrai même

32 vôtre pays en une telle déſolation, que vos

22 ennemis qui s'y habitueront en ſeront éton

92 nés. Je vous diſperſerai parmi les nations,


22 '& vous ferai pourſuivre avec l'épée pour vous
32
châtier.Ainſi vôtre pays ſera déſolé & vos
32 villes déſertes. Alors la terre prendra plaiſir
22 en ſes Sabbats tout le tems qu'elle ſera dé
9» ſolée ; c. à d. qu'elle jouira du relâche que vous

lui aviez refuſé , en violant mes ordonnances tou


32 chant l'année Sabbatique; & lorſque vous ſe
22 rez au pays de vos ennemis dans lequel vous
2) ſerez tranſportés , la terre ſe repoſera, elle ne
92 ſera plus cultivée, & prendra , pour ainſi di
re, plaiſir au repos que vous lui aviez refiiſe.
Tout le tems qu'elle demeurera déſolée $
inculte, elle ſe repoſera ; au lieu qu'elle ne
s'étoit point repoſée dans le tems que vous 2
22 l'ha
MIs EN C A T E c H I s M E. I23

2» l'habitiez & que vous deviez obſerver les Sab


22 bats que je vous avois ordonnés. Et quant
32 à ceux d'entre vous qui demeureront de reſ
te ou qui ſeront épargnés ; je rendrai leur
cœur, lâche & abattu, lorſqu'ils ſeront au
pays de leurs ennemis ; de ſorte que le bruit
d'une feuille agitée les fera fuir, & ils fuï
ront comme s'ils avoient une épée à leurs
trouſſes, ils tomberont les uns ſur les autres
ſans que perſonne les pourſuive : ainſi vous
: ne pourrez point ſubſiſter en préſence de vos -
| : ennemis, vous périrez parmi les nations &
vous ſerez conſumés dans le pays de vos
ennemis : Ceux d'entre vous qui demeure
: #
ront de reſte ſe fondront de douleur dans le
ſentiment de leurs péchés au pays de leurs
#| ennemis, tant des péchés de leurs peres ,
.3 que de leurs propres péchés qui leur auront
attiré tous ces maux. Alors ils reconnoitront
#r
leur iniquité & celle de leurs pe1es, & tout
ce que méritoient les péchés qu'ils auront
commis contre moi : Ils ſentiront alors que
pour s'être roidi contre moi, en refiſant opi
miâtrement de m'obéir, j'aurai auſſi marché
moi-même contre eux ou les aurai traités en
ennemis , & qu'à cauſe de cela je les aurai
22 amenés au pays de leurs ennemis : Alors leur
32 cœur incirconci 85 corrompu s'humiliera, &
22 ſe ſoumettra ſans plus de répugnance aux
22 châtimens qu'ils s'étoient attirés par leur ini
22 quité.
D. Quelle ſera alors la conduite que Dieu vou
dra bien tenir à leur égard , s'ils ſont touchés
d'un véritable répentir ?
R, 32 Alors 2

l'
124 L'A N c I E N T E s T A M E N T
Lévit. R. ,, Alors , ajoute Dieu, je me ſouviendrai
X X V I.
42 - 46.
22 de l'alliance traitée avec Jacob, avec Iſaac,
22 & avec Abraham leurs peres , pour leur en
22 faire reſſentir les effets; je me ſouviendrai auſſi
22 de la terre qu'ils ont autrefois habitée pour
22 la repeupler. Quand donc la terre aura été
22 abandonnée par eux & qu'elle ſe ſera repo
22 ſée tant qu'on aura voulu ; ayant demeuré
22 déſolée & inculte à cauſe d'eux , pendant
22 long tems & lorſqu'ils auront reçu avec ſou
22 miſſion la punition de leur iniquité ; parce
22 qu'ils avoient rejetté mes loix, & qu'ils n'a-
22 voient pas eu à cœur d'obſerver mes ordon
32 nances ; je me ſouviendrai d'eux dans cet état ;
22 lorſqu'ils ſeront au pays de leurs ennemis :
2» car je ne les ai point rejettés pour toujours,
22 & ne les ai pas eu en averſion juſques à les
32 conſumer tout à fait & rompre entierement
22 l'alliance que j'avois faite avec eux ; car je
22 ſuis l'Eternel leur Dieu, qui remplira toujours
99 mes promeſſes à leur égard par mes faveurs 83
22 mes bienfaits, & je me ſouviendrai pour leur
22 bien de l'alliance faite avec leurs Ancètres,
22 que j'ai retirés du pays d'Egypte, à la vue
22 des nations pour être leur Dieu. Je ſuis l'E-
22 ternel. Ce ſont là les ordonnances , les ju
92 gemens & les loix que l'Eternel établit entre
2 >lui & les Enfans d'Iſraël ſur la montagne de
>> Sinaï , par le miniſtère de Moïſe.
D. Eſt-ce donc que Dieu me donna plus de ré
glemens à Moiſe , après ceux que nous venons
de voir ?
R. Il lui en donna encore pluſieurs autres eit
différens tems & en différentes occaſions , tant
ſur la montague de Sinaï que pendant le ſéjour
dcs
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 12 ;
des Enfans d'Iſrael dans le déſert , ſelon le be
ſoin, ou lorſque Moiſe jugeoit à propos de le

: conſulter. Il ne tarda pas mème à lui en don


ner de nouveaux à l'occaſion des vœux par leſ
quels des perſonnes pieuſes vouloient ſe conſa
crer au ſervice de Dieu, avec tout ce qui leur
apartenoit.
D. Qu'eſt - ce donc que Dieu ordonna à Moïſe
de dire aux Enfans d' Iſraël, au ſitjet de ces vœux *
R. Les choſes que l'on conſacroit à Dieu par
ces vœux, étoient, ou ſa perſonne même, ou
ſon bétail, ou ſa maiſon, ou ſes terres , ou
# .
, •
ſes premiers nés, que Dieu s'étoit déja reſer
vés, & qu'après le vœu fait, chacune de ces
choſes ne pouvoit être employée qu'à ce à quoi
elle avoit été conſacrée. Dieu déclare ici de
quelle maniere chacune d'elles pourra être ra
chetée de cet engagement, ou de ce vœu ; &
il commence d'abord , par les perſonnes ſur leſ
quelles il donne cet ordre à Moiſe. " Parle aux rai..
» Enfans d'Iſrael, & leur dis : Quand quelcun XXyir.
» aura fait un vœu important de ſa perſonne, 1-3-
par exemple, ou de celle de ſes enfans : " Ces
» perſonnes vouées à l'Eternel, ſi elles veulent
étre dégagées du ſervice que ce veu exige d'elles,
,, ſeront miſes à ton eſtimation, c. à. d qu'el
les devront donner en équivalent de leur vœu, une
ſomme que Moïſe ou les Sacrificateurs devoient ré
gler de la maniere ſuivante : " L'eſtimation d'un
» mâle ainſi devoué depuis l'âge de vingt ans
» juſqu'à ſoixante, ſera de cinquante ſicles d'ar
, » gent, poids du ſanctuaire (de demi once cha
» cun ), mais ſi c'eſt une femme, ton eſtima
# » tion ſera de trente ſicles. Si c'eſt un enfant
*

» que le pere ait voué à Dieu, depuis l'âge de
- - » ClIlq
126 L'A N c I E N TEsTAMENT

35 cinq ans juſqu'à vingt ; l'eſtimation que tu


3> feras d'un mâle, ſera de vingt ſicles, & d'u-
2) ne fille de dix ſicles : Et ſi c'eſt un enfant
22 de l'âge d'un mois juſqu'à cinq ans , l'eſti
20 mation que tu feras d'un mâle ſera de cinq
35 ſicles , & d'une fille de trois ſicles. Si c'eſt
3b une perſonne âgée de ſoixante ans & au-deſ
ſus, ton eſtimation pour un mâle ſera de
quinze ſicles, & pour une femme de dix ſi
cles. Mais ſi celui qui a fait le vœu eſt trop
pauvre pour payer ton eſtimation, il ſe pré
ſentera devant le Sacrificateur, qui ayant pris
information de ſon état, n'exigera de lui que
ce qu'il pourra fournir.
D. Qu'eſt - ce que Dieu ordonne ſur le rach.it
des bêtes que l'on auroit conſacrées à l'Eternel par
quelque væu ?
Zévit. R. » Si c'eſt une bête, de l'eſpéce de celles
JXXVII.
9-13
qu'on a accoutumé d'offrir en ſacrifice à l'E-
ternel, dès qu'elle aura été ainſi vouée, elle
ſera reputée ſainte 85 devra être miſe à part :
il ne la changera point, & n'en mettra point
une autre en ſa place, ni bonne pour mau
vaiſe, ni mauvaiſe pour bonne : ſinon, tant
la bête conſacrée que celle qu'on lui auroit
ſubſtituée ſera reputée ſainte, 85 conſacrée au
ſervice de Dieu : Mais ſi c'eſt un animal im
pur dont l'on ne fait point d'offrande à l'E-
ternel, il préſentera la bête au Sacrificateur
qui en fera l'eſtimation , ſelon qu'elle ſera
bonne ou mauvaiſe, à laquelle l'on ſe tien
dra ; & ſi ſon maitre veut la racheter en
quelque ſorte pour ſon propre uſage, il en
payera le prix de l'eſtimation , avec un cin
quieme par deſſus.
D. Qu'eſt
M I s E N CA T E c H1 s M E. 127
D. Qu'eſt - ce que Dieu ordonne ſur le rachât
des maiſons $ des champs, qu'on auroit voués au
Seigneur *
R. , Quand quelcun, dit Dieu, aura ſanc- révit:
,, tifié ſa maiſon pour être ſainte à l'Eternel, XXVII.
c. à. d. quand il aura déclaré le vœu qu'il a fait, ***
de conſacrer ſa maiſon au ſervice de l'Eternel ou
,, de ſes Miniſtres ; le Sacrificateur l'eſtimera ſe
,, lon qu'elle ſera bonne ou mauvaiſe, & l'on
,, s'en tiendra à ſon eſtimation : Mais ſi celui
,, qui l'a conſacrée veut racheter ſa maiſon, il
,, en payera le prix de l'eſtimation , & un cin
,, quieme par deſſus ; & elle lui demeurera. De
,, même ſi un homme conſacre par vœu à l'E-
,, ternel, un champ qu'il aura eu en héritage
,, de ſes peres ; tu l'eſtimeras, ou le Sacrifica
,, teur, à proportion de ce qu'on y peut ſemer.
,, Ainſi s'il faut la meſure d'un homer d'orge
,, pour l'enſemencer, ( qui fait environ trois acres
:
,, ou trois arpents ), il ſera eſtimé cinquante ſi
,, cles d'argent : Que s'il a conſacré ſon champ
# ,, à Dieu dès l'année du Jubilé , on s'en tien
,, dra à ton eſtimation ; mais s'il l'a conſacré
,, après le Jubilé, on déduira de cette ſomme
,, autant de ſicles qu'il y a eu d'années écou
,, lées dès le Jubilé, & on l'eſtimera ſeulement ,
•º -
,, ſelon le nombre des années qui reſtent juſ
,, qu'au Jubilé ſuivant. Alors ſi celui qui a con
» ſacré ce champ, le veut racheter en quelque
,, ſorte que ce ſoit, pour ſon propre uſage, il
,, payera le prix de l'eſtimation , & un cinquie
,, me par deſſus, & il lui demeurera : Mais
,, s'il ne le rachete pas, & qu'il ſe vende par
,, les Sacrificateurs à qui il eſt dévolu, à quel
» que autre particulier, il ne pourra plus ſera
- » che
Y23 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» cheter : Et ce champ étant paſſé, le Jubilé
,, demeurera dès lors conſacré à l'Eternel, com
,, me un champ d'interdit , ou dévoué abſolu
,, ment, ſans pouvoir plus être racheté de quel
,, que maniere que ce ſoit ; la poſſeſſion en
. . ,, reſtera au Sacrificateur pour toujours. Et ſi
,, quelcun conſacre à l'Eternel un champ, qu'il
•, ait acheté & qui ne ſoit point de ſon héri
», tage ; s'il veut le racheter , il payera au Sa- .
,, crificateur le prix de l'eſtimation qui en aura
» été faite, juſqu'à l'année du Jubilé, comme
,, une choſe conſacrée à Dieu : mais en l'année
2, du Jubilé, le champ retournera à celui de
,, qui il l'avoit acheté & à qui appartient le
,, fond. Et toute eſtimation que tu feras ou le
,, Sacrificateur, ſera faite ſelon le ſicle du Sanc
,,tuaire, qui ne doit point varier : le ſicle étant
,, de 2o. oboles, ( ou 3o. ſous tournois ).
D. Quelle exception y avoit-il dans ces veux,
par rapport au premier me qui étoit cenſé ap
partenir déja à l'Eternel ?
Lécit. R. , Toute fois, dit Dieu à cet égard , nul
#.* , ne pºurra conſacrer par vœu à l'Eternel , le
,, premier né d'entre les bêtes : car il lui ap
,, partient déja par droit de primogeniture, ſoit
,, de vache , ou de brebis, ou de chevre, il
., eſt à l'Eternel : Mais s'il eſt de bêtes impu
,, res, il pourra le racheter, en payant ſon eſ
,, timation & un cinquieme par deſſus ; & s'il
,, n'eſt point racheté, il ſera vendu au profit
,, des Sacrificateurs , ſelon l'eſtimation qui en
» aura été faite.
D. De quelle autre ſorte de vau Dieu parle-t-il
enſuite *
R. Il parle enſuite des vœux faits par interdit :
, G'l)
M Is E N C A T E c H I s M E. I29

qui conſiſtoient à ſe dépouiller tellement de la


choſe dévouée , qu'il n'étoit plus permis d'en
faire d'autre uſage que celui auquel elle avoit
été deſtinée ; juſques à ôter mème la vie à tout
animal , ou toute perſonne qu'il ſeroit en nô
tre pouvoir de faire mourir. Sur ces ſortes de
vœux, voici ce qu'ordonne l'Eternel parlant à
Moiſe : " Tout ce que quelcun aura conſacré à .#; '
, l'Eternel par vœu d'interdit, ou d'Anatheme, #
» de tout ce qui lui appartient, ſoit homme,
» ou bête, ou champ de ſon héritage, il ne
» pourra plus ſe vendre ni ſe racheter. Il ſera
,, très-ſaint à l'Eternel ; ou tellement conſacré à
ſon ſervice, qu'on ne pourra plus en changer la
deſtination , ſans un ordre exprès de ſa part.
» Tout ce qui aura été ainſi dévoué à l'inter
» dit d'entre les hommes, ne pourra ſe rache
,, ter ; mais on le fera mourir, s'il eſt en vôtre
pouvoir ; ou bien on le regardera comme méri
tant la mort. Tels devoient être les habitans du
pays de Canaan; les ennemis qu'on auroit dévoués
à la mort en leur déclarant la guerre, ê3 toute
perſonne qui ſe trouveroit dans le cas d'un ana
zheme prévu.
D. Enfin qu'eſt ce que Dieu ordonna encore à
Moiſe , dans le dernier entretien qu'il eut alors
avec lui * *,

R. Ce fut ce qui regarde les dixmes, leur ra


chât & la maniere de les lever ; ſur quoi il lui
dit : " Toute dixme de la terre, tant du grain ,.lºit,
» de la terre , qui ſe recueille, que du fruit des #
, arbres, eſt à l'Eternel : C'eſt une ſainteté à
,, l'Eternel ; c. à. d. c'eſt une choſe qui lui ap
partient , 85 qu'il exige comme conſacrée à ſon
ſervice. " Cependant ſi quelcuu veut racheter,
T0mie I I. I » de
13o L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» de quelque maniere que ce ſoit, quelque cho
, ſe de ſa dixme, il en payera l'eſtimation, &
» y ajoutera un cinquieme par - deſſus. Mais
» toute dixme de gros & de menu bétail, &
» de tout ce qui paſſe ſous la verge du berger,
à meſure qu'on le fait ſortir de la bergerie ou du
parc pour les compter $ pour en prendre la
dixme, " ſera conſacré à l'Eternel ; on ne choi
» ſira point le bon ou le mauvais, & l'on n'en
» mettra point d'autre en ſa place : que ſi on
» le fait de quelque maniere que ce ſoit , la
2, bête changée & l'autre qui aura été miſe en
», ſa place, ſeront conſacrées à Dieu & ne pour
,, ront plus être rachetées. Ce ſont-là les Com
», mandemens que Dieu donna à Moïſe ſur la
», montagne de Sinaï, pour les Enfans d'Iſrael.

C H A P I T R E X I.

Contenant le dénombrement des Enfans d'lſ


raël , de toutes les Tribus & en particu
lier de celle de Lévi, avec un détail de
| tous les offices dont cette derniere devoit
être chargée.

"Q Uel eſt le quatrieme Livre de Moiſe com


pris dans le Pentateuque º
R. 'eſt celui qui eſt nommé le Livre des
Nombres, parce qu'il commence par le dénom
brement de tous les Enfans d'Iſrael.
D. Que renferme encore le dit Livre, outre ce
dénombrement ?
R. Il renferme de pl.s diverſes loix données
i - 2llX
MIs EN C A T E c H I s M E. 13r
aux Iſraëlites, dont quelques unes y paroiſſent
pour la premiere fois, & d'autres y ſont repe
tées, avec quelques additions , ou de nouvelles
circonſtances. Enfin l'on y voit ce qui ſe paſſa
de plus remarquable, pendant environ trente
neuf ans que les Iſraelites ſéjournérent dans les
déſerts, ou les ſolitudes de l'Arabie, avant que
d'entrer dans le pays de Canaan.
D. Comment ſe fit le dénombrement des Eufans
d'Iſraël dont vous venez de parler : Qui ſont ceux
qui y furent compris : 85 quelle fut la ſomme t9
tale des dénombrés ?
R. Voici ce qui s'en trouve rapporté au com
mencement de ce Livre. * Le premier jour du Momb. I.
,, ſecond mois , de la ſeconde année, depuis 1 - 15.
,, la ſortie d'Egypte, l'Eternel parla à Moïſe
,, au déſert de Sinaï dans le Tabernacle d'aſ
», ſignation, & lui dit : Toi & Aaron , faites
,, le dénombrement de toute l'Aſſemblée des
,, Enfans d'Iſraël , ſelon leurs familles & les
,, maiſons de leurs peres, en les comptant nom
», par nom, ſavoir, tous les mâles chacun par
,, tète, depuis l'âge de vingt ans & au deſſus ;
2, tous ceux d'Iſrael qui peuvent porter les ar
2, mes : Vous les partagerez par bandes & vous
,, compterez le nombre de chacune, & il y
», aura avec vous un homme de chaque Tribu,
,, ſavoir, celui qui eſt établi le chef de la poſté
,, rité de ſes peres, dont Dieu lui-mème indi
» qua les noms pour chaque Tribu, qui ſont
», ici marqués : C'étoient ceux qu'on appeloit #. 1«- 1».
», pour tenir l'Aſſemblée au mom du peuple ; ils
» étoient les principaux des Tribus, les chefs
», des milliers d'Iſraél, 83 cette dignité ſe don
moit m0n à la maiſſance, mais au mérite, au cou
I 2 rage
132 L'A N c I E N T E s T A M E N T
rage 83 aux qualités les plus diſtinguées. " Moïſe
22 & Aaron prirent donc ces hommes - là qui
25 avoient été nommés par Dieu même, & ils
22 convoquérent tout le peuple le premier jour

22 du ſecond mois de cette année au deſert de


23 Sinaï, & on enregiſtra chacun ſelon ſa famil
22 le & la maiſon de ſes peres, en les dénom
32 brant, nom par nom, depuis l'âge de vingt
32 ans & au - deſſus ; tous ceux qui pouvoient
22 aller à la guerre, comme l'Eternel l'avoit
#. 2e.46. » commandé à Moïſe. Selon cela les deſcendans
2) de Ruben premier né de Jacob ou d'Iſraël ,
22 qui compoſoient cette Tribu & qui furent dé
35 nombrés, ſe montérent à - - - 465oo
22 Les Enfans de Siméon, ou de ſa Tribu à 593oo
5» Ceux de la Tribu de Gad à - - 4 565o
| 2» Ceux de la Tribu de Juda à - - 746oo
25 Ceux de la Tribu d'Iſſacar à - - 544oo
35 Ceux de la Tribu de Zabulon à - 574oo
22 Ceux de la Tribu d'Ephraim à - - 4o5oo
22 Ceux de la Tribu de Manaſſé à - - 322oo
22 Ceux de la Tribu de Benjamin à - 3 54oo
22 Ceux de la Tribu de Dan à - - 627oo
22
•»
Ceux de la Tribu d'Aſſer à - - 41 5oo
22
• •
Ceux de la Tribu de Nephtali à - 534oo
32 Ainſi tous ceux dont on fit le dé- —-
22 nombrement, montérent en tout à 6o35 5o-
-

D. Pourquoi n'eſt il point fait mention des Lé


vites ou de la Tribu de Lévi, dans ce dénom
' brement ?
Nomb. I. R. , Les Lévites ne furent point dénombrés
47 ° 5* :,, avec leurs freres , ſelon la Tribu de leurs
,, peres ; parce que l'Eternel avoit dit à Moïſe :
, Tu ne feras aucun dénombrement de la Tribu
» de
MIs E N C A T E c H I s M E. - 133
,, de Lévi, & tu n'en prendras point le nom
,, bre avec les autres Enfans d'Iſrael, d'autant
qu'ils ne ſont pas deſtinés à aller à la guerre.
, Mais tu donneras aux Lévites le ſoin, ou la
- ,, charge du Tabernacle du témoignage, de tous
:-
,, ſes utenciles & de tout ce qui en dépend.
| ,, Ils porteront le Tabernacle & tous ſes uten
,, ciles; ils y ſerviront & ſe camperont autour
,, du Tabernacle, comme pour ſervir de gardes
au Souverain Monarque, qui y eſt cenſé préſent
83 pour être plus prêts à le ſervir. " Et quand
,, le Tabernacle devra partir ils le détendront,
•, & quand il devra camper, ou reſter en place,
» ils le dreſſeront. Que ſi quelque étranger ,
,, ou quelque Iſraèlite d'une autre Tribu en ap
,, proche , on le fera mourir. Or les Enfans
,, d'Iſraël camperont chacun dans ſon quartier
,, & chacun ſous ſa banniere, ſelon leurs ban
,, des, ou leurs compagnies : Mais les Lévites
,, camperont autour du Tabernacle, afin qu'il
,, n'y ait pas lieu à aucune indignation de la
|,, part de Dieu, contre l'aſſemblée des Enfans
, ,, d'Iſraël , s'il leur arrivoit de s'approcher de
trop près de cette Tente ſacrée. * Ainſi les Lévi
,, tes ſeuls prendront en leur charge le Taber
A ,, nacle : & les Enfans d'Iſrael exécuteront tout
•! ,, ce que l'Eternel avoit recommandé à Moïſe
ſur ce ſujet.
D. L'ordre 83 le lieu du campement des autres
, Tribus fut il auſſi réglé par Dieu, comme celui de
la Tribu de Lévi ?
· R. Oui. " Dieu lui - même ordonna à Moïſe Nom#. II.
,, & à Aaron , que les Enfans d'Iſrael ſe cam-** **
,, paſſent chacun ſous ſa banniere, avec les
,, drapeaux des maiſons de leurs peres, tout
I 3 »» 3ll
134 L'A N c 1 E N T E s r A M E N r
,, autour du Tabernacle d'aſſignation : mais à
une diſtance aſſez conſidérable ; ſoit pour laiſſer
aux Lévites l'eſpace dont ils avoient beſoin pour
camper entre les autres Tribus 83 le Tabernacle,
ſoit pour donner plus d'eſpace à toute l'armée des
Enfans d'Iſraël ; $ cette diſtance eſt fixée par
Joſué III. 4. à environ deux mille coudées. * De
,, plus les dites Tribus devoient être campées
,, vis à-vis du Tabernacle, c. à. d. en face des
quatre côtés, ce qui formoit un quarré long qui
étoit occupé par trois Tribus de chaque côté ,
dont la place 85 l'ordre de leurs marches avoit
été réglés par Dieu même de la maniere ſuivante.
,, La banniere ou la compagnie de Juda , avec
,, ſes troupes ci - deſſus dénombrées, ayant à
,, leur tète Naaſſon chef de la Tribu , campe
,, ront droit vers le Levant : Près de lui, du
,, même côté, campera la Tribu d'Iſſacar, avec
,, leurs hommes dénombrés ci-deſſus, ayants à
,, leur tète Nathanaël. Puis la Tribu de Zabu
s, lon, qui a pour chef Eliab, avec tous les
,, hommes dénombrés de cette Tribu ci-deſſus
,, indiqués. Tous les hommes dénombrés de
,, ces trois Tribus, qui ſeront ſous la conduite
,, de Juda , faiſans le nombre de 1864oo.
», camperont au Levant & partiront les premiers.
,, La banniere ou la compagnie de Ruben, avec
,, Elitſur ſon chef, & ſes troupes dénombrées
,, ci - deſſus, ſera vers le Midi : Près de lui,
,, du même côté , campera la Tribu de Siméon,
,, ayant pour chef Selumiel, & le nombre de
,, troupes marqué ci-deſſus. Puis la Tribu de
,, Gad, avec ſon chef Eliaſaph & ſes troupes
,, dénombrées ci deſſus. Ainſi ces trois Tribus
,, priſes enſemble ſous la banniere de R#
- ,, 1C
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 135
>2 ſeront au nombre de I 5I45o. & partiront
22 les ſeconds. Enſuite le Tabernacle d'aſſigna
52 tion partira avec la compagnie des Lévites

:
:
22

22

22
qui doit en avoir ſoin, au milieu des autres
compagnies qui ſeront campées chacune en
ſa place ſelon leurs bannieres. Après le Ta
: 22

22
bernacle viendra la banniere ou la compagnie
d'Ephraim , campée à l'occident , ayant pour
chef Eliſamah & la troupe de ceux qui avoient
22 été dénombrés, marquée ci-deſſus : Près de
55 lui , du mème côté, ſera la Tribu de Ma
92 naſſé, avec Gamaliel ſon chef, & la troupe
de ceux qui avoient été dénombrés, ci-deſ
ſus marquée : Puis la Tribu de Benjamin,
32 qui aura pour chef Abidan & le nombre de
>» troupes ci-deſſus marqué. Ainſi tous les hom
>2 mes dénombrés de ces trois Tribus, pris en
, 53 ſemble ſous la conduite d'Ephraïm, montant
2» à Io81oo. partiront & marcheront les troi
32 ſiemes. Enfin la banniere ou la compagnie de

#
" 22 Dan, avec ſon chef Ahihezer & ſes troupes
ci - deſſus dénombrées, ſera vers le Septen
55 trion : & près de lui, campera la Tribu d'Aſ
23 ſer, avec ſon chef Paghiel & ſes troupes ci
22 deſſus dénombrées : Puis la Tribu de Nepta
li, avec ſon chef Ahira & ſes troupes auſſi
dénombrées. Et ces trois Tribus ſous la con
duite de Dan, montant au nombre de 1576oo.
partiront les derniers. Ce ſont - Hà ceux des
Enfans d'Iſraël , dont on fit le dénombrement
ſelon les maiſons, ou les familles de leurs pe
res, & qui étant diſtingués par diverſes trou
pes ſelon leurs Tribus, montoit à 6o355o.

|#
: hommes portants armes : mais les Lévites ne
furent point dénombrés avec les autres enfans
I 4 23 d'Iſ
#
^-

136 L'A N c I E N T E s T A M E N T
, d'Iſraël , comme l'Eternel l'avoit commandé
20 à Moïſe. Et les Enfans d'Iſrael ſuivirent exac
• 5> tement dans la ſuite l'ordre de l'Eternel, pour
2> la manierc dont ils devoient camper, partir, &
• 23 marcher ſelon leurs Tribus, leurs bannieres ,
22 leurs familles & la maiſon de leurs peres.
D. Qu'eſt - ce qui fut enſuite ordonné pour la
Tribu de Lévi , dont on m'avoit pas pris le dé
- nombrement avec les autres *
R. Comme cette Tribu étoit principalement
compoſée des deſcendans d'Aaron & de Moïſe,
& qu'ils étoient eux mêmes regardés comme les
chefs du peuple & de cette Tribu en particu
, lier : l'Hiſtorien ſacré en parle d'abord ſous le
nom général de la généalogie, ou des deſcen
, dans d'Aaron & de Moïſe : Il indique enſuite
- quels étoient les enfans d'Aaron, & ce qui ar
: riva à quelques-uns d'eux au déſert de Sinaï,
, avant que les fonctions des Lévites fuſſent ré
· glées, & que l'on en fit le dénombrement.
Nomb. r » Or, dit cet Hiſtorien, ce ſont ici les généra
dſ I I. 1-4. b> tions, ou les deſcendans d'Aaron & de Moï
2> ſe, au tems que l'Eternel parla à Moïſe ſur
3) la montagne de Sinaï : Et ce ſont ici premie
25 rement les noms des Enfans d'Aaron ; ſon
3b ainé étoit Nadab , enſuite Abihu, Eleazar &
- 2> Ithamar. Ces quatre enfans d' Aaron étoient
92 tous Sacrificateurs , & ils avoient été oincts
52 & conſacrés pour en exercer les fonctions :
25 mais Nadab & Abihu ayant offerts un feu
22 étranger devant l'Eternel , au déſert de Si
25 naï , moururent en la préſence de l'Eternel
39 dans le Tabernacle même , & ils n'eurent
- 32 point d'enfans. Ainſi Eleazar & Ithamar reſ
23
térent ſeuls à exercer la Sacrificature en la
2, prc
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E: 137
préſence , ou ſous les ordres de leur pere
22 Aaron.
,, Quant aux autres Lévites ; " Voici l'ordre Momb,
33 que l'Eternel donna à Moïſe : Fais venir la I5 -I 1O.
I.

22 Tribu de Lévi, ſoit tous les deſcendans mâles


22 de cette Tribu en état de ſervir, & qu'ils ſe
2> préſentent devant le Souverain Sacrificateur
25 pour être à ſes ordres & le ſervir, & qu'ils
22 obſervent tout ce qu'il leur ordonnera pour
39 ce qui regarde le ſervice que la multitude,
2> ou l'aſſemblée du peuple me doit rendre dans
25 le Tabernacle d'aſſignation : Qu'ils ayent ſoin
22 de tous les utenciles du Tabernacle & de tout
22 ce qui leur ſera donné en charge par les En
2> fans d'Iſrael pour le ſervice du Tabernacle.
23 Ainſi tu donneras les Lévites à Aaron & à
2> ſes fils pour les ſervir 83 les ſoulager dans
22 toutes leurs fonctions ; ils lui ſeront particu
lierement attachés d'entre les Enfans d'Iſraél ;
2> mais tu établiras Aaron & ſes fils, pour exer
2b cer ſeuls la Sacrificature : Que ſi quelque étran
32 ger qui ne ſoit pas de leur famille, s'arroge
3> cet office , on le fera mourir.
D. Pourquoi donc la Tribu de Lévi fut - elle
· choiſie de Dieu pour ce ſervice préferablement aux
autres ?
R. ,, L'Eternel l'indique lui - même à Moïſe , Nomsb.
I 1 I.
22 quand il lui dit ; Voici j'ai pris les Lévites , II - 13.
22 je les ai choiſis d'entre les Enfans d'Iſrael ,
2> en la place de tous les premiers nés qui ou
32 vrent la matrice, ou qui ſortent les premiers
22
du ſein de leur mere dans le peuple d'Iſrael.
C'eſt pourquoi les Lévites ſeront à moi, ou
me ſeront particulierement dévoués ; car tout
premier né m'appartient, ou me doit la vie
5 83
r
138 L'AN c r E N T E s T A M E N T
83 me doit être ſingulierement dévoué ; depuis
» que je frappai tout premier né au pays d'E-
,, gypte , $ que j'épargnai ceux des Iſraëlites.
» Dès lors je me ſuis ſanctifié, ou reſervé coms
,, me une choſe ſacrée tout premier né en Iſ
,, raél, depuis les hommes juſqu'aux bêtes : ils
,, doivent m'appartenir 85 m'être conſacrés ; par
» ce que je ſuis l'Eternel, à qui ils ſont rede
vables de la vie.
D. N'allégue-t-on pas encore quelque autre rai
ſon de ce choix qui n'eſt pas ici exprimée ?
R. Outre cette déclaration de l'Eternel , l'on
allégue encore pour raiſon de cette préference
de la Tribu de Lévi ſur les autres, le zèle qu'el
le fit paroitre à venger l'injure faite à l'Eternel
dans l'adoration du veau d'or, qui porta ceux
de cette tribu à tuer tous ceux qui ſe trouvérent
ſur leur paſſage en traverſant le camp, qui fu
rent coupables de cette idolâtrie, ſans épargner
ni frere ni ami , dont le nombre monta à trois
, mille perſonnes ; à quoi il ſemble que Moïſe
fait attention ; quand il leur dit après cette ge
nereuſe action ; Vous avez aujourd'hui conſa
cré vos mains à l'Eternel, ſans épargner même
vôtre fils & vôtre frere ;. l'Eternel répandra auſſi
ſur vous ſa bénédiction : Mais l'on répond à
cela d'un côté qu'il n'y eut qu'une partie des
enfans de Lévi qui furent animés de ce zèle ;
puiſqu'ils tuérent de leurs propres fils & freres
coupables d'idolatrie ; & de l'autre, que le ſa
cardoce étoit déja établi dans la perſonne & la
famille d'Aaron de la Tribu de Lévi avant l'a-
doration du veau d'or, & par conſéquent que
cettre Tribu étoit déja privilégiée à cet égard,
par un effet de la pure ſaveur de Dieu. L'on
6Il

1
M Is E N C A T E c H I s M E. I39
en donne encore pour raiſon le choix que Dieu
avoit fait de Moïſe & d'Aaron, pour ètre ſes
Miniſtres favoris & les conducteurs de ſon peu
ple ; leſquels étants de la Tribu de Lévi, il vou
lut à cauſe d'eux, honorer cette Tribu d'un mi
niſtère qui lui étoit particulierement attaché.
Enfin l'on pourroit encore en alléguer cette
raiſon ; c'eſt que cette Tribu ſe trouvant la
moins nombreuſe, & ce nombre étant à peu
près égal à celui des prémiers nés des autres
Tribus, comme on le verra dans la ſuites. Dieu
par un effet de ſa ſage providence, la choiſit
comme ſuffiſante pour remplacer tous ces pre
miers nés qui devoient être conſacrés au ſervice
de l'Eternel, & pour remplir toutes les fonc
tions que ce ſervice demandoit des Iſraëlites.
D. Qu'eſt-ce que Dieu ordonna enſitite à Moïſe
pour le dénombrement de ces Lévites ; pour la
place qu'ils devoient occuper autour du Taber
# macle, 83 pour les offices attachés à chacune de
leurs familles ?
R. ,, L'Eternel parla encore à Moïſe au dé Nomsk.
I I I.
» ſert de Sinaï, & lui dit : Dénombre les en I4 - 32.
» fans de Lévi par les familles de leurs peres
» & par les familles qui en ſont deſcendues, en
» comptant tout mâle depuis l'âge d'un mois &
» au deſſus ; Moïſe en fit le dénombrement,
» comme l'Eternel le lui avoit commandé , ſui
vant le détail qui en eſt marqué dans l'original,
,, dont voici la ſubſtance : Les fils de Lévi ſelon
,, leurs noms & leur âge furent Guerſom , Ké
» hath & Merari deſquels ſont deſcendues plu
» ſieurs familles ici nommées dont on fit le dé
» nombrement. Selon cela le nombre des mâles
» deſcendus de Guerſom, l'ainé des fils de Lé
3» vi
14o L'AN c I E N T E s T A M E N r
22 vi depuis l'âge d'un mois & au deſſus ſe mon

33 ta à ſept mille cinq cens. Ceux-là devoient


2> camper derriere le Tabernacle à l'Occident ,

20 ayants à leur tète Eliaſaph le Chef de la mai

3> ſon de leurs peres ou des familles des Guer

22 ſomites, & ils devoient avoir à leur charge


22 au Tabernacle d'aſſignation, la tente, ou les

30 tentures extérieures, ſa couverture de peaux

92 de mouton ; la tapiſſerie, ou le voile qui étoit

32 tendu à l'entrée du Tabernacle, & les cour


22 tines ou rideaux qui environnoient le parvis ;
22 avec la tapiſſerie qui en fermoit l'entrée , &
3» ui déroboit la vuë du Tabernacle & de l'au
32 tel des holocauſtes tout autour, & les corda
22 ges du parvis, y compris les pieux pour ſer
2 » vir à ſon enclos
,, Le nombre des mâles deſcendus de Ké
ſ25 hath, le ſecond des fils de Lévi, depuis l'âge d'un
22 mois & au deſſus, ſe monta à huit mille ſix
3b cens : Ils devoient avoir le ſoin de 'ce qui
22 regarde le ſanctuaire, & camper à côté du
32 Tabernacle vers le midi , ſous la conduite
d'Elitſaphan, Chef de la maiſon des peres
3> de famille des Kéhathites : Ils devoient avoir
en charge, l'Arche, la Table, le Chandelier,
30 l'Autel des parfums, & les utenciles du Sanc
3> tuaire avec leſquels on fait le ſervice, & la
tapiſſerie, ou le voile qui ſéparoit le Lieu Saint,
2) du Lieu Très-Saint, avec tout ce qui en dé
2 pend ; mais le Chef des Chefs des Lévites,
32 & qui aura auſſi la ſurintendance ſur ceux
22 qui ſeront chargés du Sanctuaire, ſera Eléa
zar fils d'Aaron Souverain Sacrificateur.
,, Enfin le nombre des mâles deſcendus de
Mérari , troiſieme jils de Lévi, depuis
-

» d'un
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 141
, d'un mois & au deſſus , ſe monta à ſix mil
, le deux cens, & Ezuriel étoit le Chef· de la
, maiſon des peres de familles des Mérarites.
, Ceux-ci devoient camper de l'autre côté du
, Tabernacle vers le ſeptentrion , & avoient à
, leur charge les ais du Tabernacle, ſes barres,
, ſes piliers, ſes ſoubaſſemens, avec tous les
, utenciles qui en dépendent, & les piliers du
: ,, parvis tout autour, avec leurs ſoubaſſemens,
#
, leurs pieux & leurs cordes : Et Moiſe, Aa
: ,, ron & ſes fils les Sacrificateurs, ayants la
» principale charge du Sanctuaire , & repréſen
, tans les enfans d'Iſraël pour la garde qu'ils
» devroient faire dans ces lieux ſacrés, campe
,, ront devant le Tabernacle d'aſſignation vers
#. ., l'orient ; Que ſi quelque étranger, ou quel
,, que autre qu'eux en approchoit 83 prenoit
,, leur place, on le fera mourir. Ainſi tqus les
:: ,, mâles Lévites de l'âge d'un mois & au deſſus,
» dont Moïſe & Aaron firent le dénombrement
» ſelon leurs familles, furent vingt-deux mil
» le ( a ).
D. Ce

( a ) Vingt-deux mille. Les ſommes des mâles deſ.


cendus des trois fils de Lévi marquées ci-deſſus, ajou
tées les unes aux autres donnent 223oo. ce qui fait
une différence de 3oo. dont les Interprêtes donnent
pluſieurs raiſons. Les uns ſoupçonnent que dans la ſom
me du dénombrement des mâles deſcendus de Kéhath,
qui eſt marquée dans le Texte 86oo. il s'eſt gliſſé l'o-
miſſion de la lettre b & qu'au lieu de tyty ſix , l'on
devroit lire t99,y Trois, ou 83co. ce qui feroit juſ
te le nombre de vingt deux mille : mais l'uniformité
conſtante de tous les exemplaires ne permet gueres de
recourir à cette omiſſion des copiſtes. D'autres penſent
que
142 L'A N c I E N T E s T A M E N T
D. Ce nombre de vingt-deux mille Lévites cont
| ſacrés au ſervice de Dieu , à la place des premiers
més de tous les Enfans d'Iſraël, répondoit-il donc
au nombre de ces premiérs nés de tout le peuple ?
R. Ce nombre de Lévites approchoit en effet
de fort près celui des premiers nés de tout le
peuple, ſur tout ſi on le compte au juſte, com
me on le verra ci-après, d'où il ſemble qu'on
peut inférer que Dieu avoit choiſi la Tribu de
Lévi la moins nombreuſe de toutes, pour la
ſubſtituer aux premiers nés qui devoient lui être
conſacrés. C'eſt ce qui paroitra par l'exécution
Nomb. des " ordres que l'Eternel donna à Moïſe, quand
I I I. il lui dit : Fais le dénombrement de tous les
2>
49 - 5 I.
2premiers nés mâles des Enfans d'Iſraël , de
puis l'âge d'un mois & au deſſus , & fais le
» compte de leurs noms , & tu prendras pour
22 IIlOl

que Moïſe a mis ici un nombre de millieme, & a


laiſſé les centaines qu'il y a au de.là, & ils appuyent
leur conjecture ſur ce qu'effectivement quand il s'agit
de groſſes ſommes, l'on néglige quelquefois des nom
bres rompus, & ils en citent pour exemple le dé
nombrement des Tribus ci.deſſus mentionné , où la
ſomme totale des mâles eſt toujours exprimée par une
centaine complette , & une ſeule fois par une cinquan
taine ; quoiqu'il ſoit fort à préſumer qu'il y ait eu
ſouvent de petits nombres rompus au deſſous & au
deſſus. Enfin le ſentiment le plus ſuivi eſt celui qui
penſe que dans le nombre de 223oo. que ſe montent
les mâles des trois familles de Guerſom , Kéhath &
Mérari, ſe trouvent compris 3co. premiers nés , tant
des Sacrificateurs que des Lévites, leſquels étant eux-mê
mes conſacrés à l'Eternel, en qualité de premiers nés,
ne pouvoient être ſubſtitués aux premiers nés des au
tres Iſraëlites, & devoient par conſéquent être déduits
de la ſomme totale des Lévites admiſſibles à la ſubſ
titution. -
IM I s EN C A T E c H 1 s M E. I43

2> moi qui ſuis l'Eternel, les Lévites, au lieu


2> de tous les premiers nés des Enfans d'Iſrael,
32 qui doivent m'être conſacrés. Tu prendras auſſi
32 les bêtes des Lévites, au lieu de tous les pre
32 miers nés des bêtes des Enfans d'Iſraël, qui
22 doivent auſſi m'être conſacrés. Ce que Moïſe
25 ayant fidèlement exécuté conformément à l'or
20 dre de Dieu ; le compte étant fait des pre
20
miers nés mâles de tous les Enfans d'Iſraël
32 depuis l'âge d'un mois & au deſſus , le nom
22 bre ſe monta à vingt-deux mille deux cens
22 ſoixante & treize. Enſuite dequoi l'Eternel
25 parla encore à Moïſe, & lui dit ; Prends les
2) Lévites pour le même nombre des premiers
23 nés des Enfans d'Iſraël, & les bêtes des Lé
22 vites , au lieu de leurs bêtes, & les Lévites
23 ſeront à moi qui ſuis l'Eternel : ils ſeront par
ticulierement attachés 85 conſacrés à mon ſervice ;
& quant à ceux qui ſont de plus que les Lé
vites , d'entre les premiers nés des enfans
qu'il faudra racheter , au nombre de deux
cens ſoixante & treize, tu léveras cinq ſi
cles par tête, ſelon le ſicle du ſanctuaire qui
eſt de vingt oboles ( ou 3o. ſous tournois ),
& tu donneras à Aaron & à ſes fils l'argent
de ceux qui auront été rachetés par l'échange
des Lévites : Et Moïſe ayant reçu cet argent
montant à mille trois cens ſoixante cinq ſi
cles, ſelon le ſicle du ſanctuaire, il le don
na à Aaron & à ſes fils, comme l'Eternel le
2> lui avoit commandé.
D. Ces vingt - deux mille dénombrés de la Tri
bu de Lévi ne pouvant tous ſervir au Tabernacle
à cauſe du bas âge de quelques uns 85 de la vieil
,# leſſe, ou des infirmités de quelques autres, qui
fu
144 L'A N c I E N T E s T A M E N T
furent ceux que Dieu déſigna particulierement pour
ce ſaint office ?
AVomk. R. Pour cela * l'Eternel ordonna à Moïſe &
I V. I - 3. à Aaron de faire un nouveau dénombrement
des deſcendans des trois fils de Lévi, en com
mençant par Kéhath qui étoit le ſecond, de
• Voyez puis l'âge de trente ans & au deſſus, juſqu'à
cy-deſſous cinquante, afin que ceux qui entreroient dans
VIII. 24.
2> cette claſſe , ou qui ſeroient capables de ſervir,

puſſent être employés aux fonctions dont ils


» ſeroient chargés pour le Tabernacle d'aſſigna
,, tion, leſquelles ſont ici détaillees pour chacune de
ces trois familles des Lévites.
D. Quel fut donc le ſervice ordonné aux En
fans de Kehath ?
Nomb. R. ,, C'eſt ici , dit l'Eternel , le ſervice des
I V. Enfans de Kéhath pour le Tabernacle d'aſſi
4 - 2O.
gnation, & pour le Lieu très-Saint. Quand
le camp partira, Aaron & ſes fils viendront
& détendront le voile qui ſépare le Lieu Saint
du Lieu Très-Saint, & en couvriront l'Arche
du témoignage ; puis ils mettront au deſſus,
une couverture de peaux de taiſſons & éten
dront par deſſus un drap de pourpre, ou bleu
,, céleſte, & y mettront ſes barres pour la por
ter. Enſuite ils étendront un drap de pour
pre ſur la Table des pains de propoſition, &
laiſſeront les plats , les taſſes, les baſſins &
les gobelets dont on ſe ſert pour l'aſperſion ,
,, & le pain qui doit y être continuellement ,
& ils étendront au deſſus un drap teint de
» cramoiſi , qu'ils couvriront encore d'une cou
,, verture de peaux de taiſſons, & y mettront
,, ſes barres pour la porter. Ils prendront de
» plus un drap de pourpre & en couvriront
» le
MIs E N C A T E c H I s M E. I45
2) le chandelier avec ſes lampes, ſes pincettes ,
2» ſes mouchettes , & tous les vaiſſeaux d'huile
dont on ſe ſert pour les lampes du chan
delier; & ils l'enveloperont avec tous ſes uten
22 ciles d'une couverture de peaux de taillons
22 & le poſeront ſur des leviers , pour le porter.
22 Ils étendront auſſi ſur l'autel d'or un drap
22 de pourpre , & le couvriront d'une couver
32 ture de peaux de taiſſons & y mettront ſes
2» barres pour le porter. De plus tous les vaiſ
22 ſeaux qui ſervent au Sanctuaire ſeront mis
2> dans un drap de pourpre , couverts d'une
3> couverture de peaux de taiſſons , & poſés
32 ſur des leviers pour les porter. Ils ôteront
2» après cela les cendres de l'autel des holocauſ
tes & étendront ſur le dit autel, un drap d'é-
22 carlate, & poſeront ſur ce drap, les utenci
22 les dont on ſe ſert pour l'autel , les encen
22 ſoirs , les fourchettes, les tridens, les cro
22 chets, les pèles & tous les utenciles de l'au
22 tel ; & ils étendront deſſus les dits utenciles une
:
22 couverture de peaux de taiſſons , puis ils y
25 mettront ſes barres pour le porter ; & après
92 qu'Aaron & ſes fils auront achevé de couvrir
22 tous les vaiſſeaux qui appartiennent au ſanc
22 tuaire, les Enfans de Kéhath viendront pour
32 les porter ; mais ils ne toucheront point aux
3» choſes Saintes, de peur qu'ils ne meurent ;
-
25 & le camp partira. C'eſt là ce que les En
2» fans de Kéhath devront porter du Taberna
32 cle d'aſſignation : mais Eléazar, fils d'Aaron le
22 Sacrificateur, aura en particulier la charge de
2 l'huile deſtinée aux lampes ; des drogues à par
25 fumer, du gâteau qui s'offre chaque jour &
22 de l'huile deſtinée aux fonctions ſacrées , auſſi
# Tome l I. - K » bien
146 L'A N c I E N T E s T A M E N T
», bien que de tout ce qui eſt dans le Taber
,, nacle , ou dans le Sanctuaire & de ſes uten
· ,, ciles. L'Eternel recommanda encore à Mo1ſe
,, & à Aaron de prendre garde à ce que la race
,, des familles de Kéhath , ne fut point retran
,, chée d'entre les Lévites pour quelque acte de
curioſité qui les fort.it à vouloir regarder les cho
, ſes ſaintes dont ils étoient chargés ; mais de
» faire enſorte, quand ils approcheront des cho
3) ſes Saintes, qu'Aaron & ſes fils les rangent

» chacun à ſon ſervice & à ce qu'il doit por


,, ter ; ſans permettre qu'ils entrent dans le
,, Sanctuait e pour y regarder quand on envelo
» pera les choſes Saintes, afin qu'ils vivent &
,, qu'ils ne meurent point.
D. Que fut - il enſuite ordonné à Moiſe de la
part de Dieu par rapport aux Enfans deſcendus
de Guerſont, fils ainé de Lévi * -

Nomb R. ,, L'Eternel ordonna auſſi à Moïſe de faire


1 V. 35 le dénombrement des deſcendans de Guerſom,
2 I - 28.
35 ſelon leurs familles & la maiſon de leurs pe
res , depuis l'age de trcnte ans juſqu'à cin
35 quante, & qui pouvoient tenir leur rang dans
lc ſervice auquel ils devoient être employés
22 pour le Tabernacle d'aſſignation. Et c'eſt ici
le ſervice que doivent rendre les mâles des
2> familles deſcendues de Guerſom , & ce qu'el
25 les doivent porter : Ils porteront donc les dix
. 3» tentures qui couvrent le Tabernacle d'aſſigna
52 tion au dedans & au déhors, ſavoir, la cou
22 verture de peaux de moutons, teinte en rouge,
,, la couverture de peaux de taiſſons qui eſt par
,, deſſus , la tapiſſerie ou le voile qui eſt à l'en
2 2trée du Tabernacle , les tentures qui envi
9> roiument le parvis, & la tapiſſerie qui eſt à
- ,, l'en
M I s E N CA T E c H I s M E. I47
ſ# 3> l'entrée de la porte du parvis, qui ſervent
j : 22 d'enclos au Tabernacle & à l'autel tout autour ;
1t
22 leurs cordages & tout ce qui eſt employé à
:: 2 2 ce ſervice, ou qui eſt fait pour cela. Ce ſera
33 leur office & ce qu'ils doivent porter, qui ſe
22 ra réglé par les ordres d'Aaron & de ſes fils
22 qui leur recommanderont d'avoir ſoin de tout
32 ce qu'ils doivent faire , & leur charge ſera
92 ſous la direction d'Ithamar , fils d'Aaron le
92 Souverain Sacrificateur.
D. Que fut - il enſin ordonné à Moiſe par le
dénombrement & la charge des deſcendans de Mé
:3
rari, troiſieme fils de Lévi ?
R. ,, Tu dénombreras auſſi, lui dit l'Eternel, Nºmb.
les deſcendans de Mérari ſelon leurs familles ; #n
& la maiſon de leurs peres, depuis l'âge de
trente ans juſqu'à cinquante, qui pourront te
nir leur rang dans le ſervice du Tabernacle
d'aſſignation : Et c'eſt ici leur charge ou ce
qu'ils auront à porter ; ſavoir, les ais qui
font l'enceinte du Tabernacle, ſes barres ,
22 ſes piliers, avec ſes ſoubaſſemens ; & les pi
22 liers du parvis tout autour, & leurs ſoubaſſe
32 mens; leurs cloux, leurs cordages, tous leurs
22 utenciles & tout ce qui eſt employé à ce ſer
vice : On leur comptera piece par piece, tous
les utenciles qu'ils auront à porter , & tout
2> ce qu'ils auront à faire, ſera aux ordres d'I-
» thamar, fils d'Aaron Sacrificateur.
| D. Combien ſe trouva t-il de Lévites dans cha
eune de ſes familles, ayant l'àge requis, de trente
à cinquante ans, en état de ſervir ?
R. ,, Ce dénombrement ayant été fait par I Nomb. V.
é 29 Moïſe & Aaron, & par les principaux d'Iſ. 34 - 40•
* 9> rael, ſelon les ordres de Dieu ; il s'en trouva
148 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» dans les familles deſcendues de Kéhath deux
» mille ſept cens cinquante ; dans les familles
» deſcendues de Guerſom, deux mille ſix cens
,, trente ; & dans celles deſcendues de Mérari,
,, trois mille deux cens. Ainſi le nombre de
, ceux qui furent dénombrés d'entre les Lévi
» tes, depuis trente juſqu'à cinquante ans, pour
» le ſervice du Tabernacle & pour porter tout ce
» qui en dépendoit, ſe monta à huit mille cinq
» cens huitante ; & la charge de chacun fut telle
,, que l'Eternel l'avoit commandé à Mouſe.

C H A P I T R E XII.

Contenant quelques Loix particulieres que


Dieu donna à Moïſe pour faire ſortir du
camp les impurs ; pour obliger à la reſ
titution ceux qui auroient du bien mal
acquis ; pour éprouver la femme ſuſpecte
* d'adultere ; pour régler les vœux du Na
zaréat, & la forme des bénédictions pu
bliques. #

D. A Vant que le camp des Iſraëlites pût être


formé de la maniere que Dieu l'avois
ordonné ci-deſſus ; quel ordre reçut encore Moïſe
pour donner à ce camp de l'Eternel, la pureté lé
gale qu'il devoit avoir ?
No•i. y. R. » L'Eternel parla encore à Moïſe & lui
a-4- » dit de commander aux Enfans d'Iſraël, qu'ils
» fiſſent ſortir du camp tout lépreux ; tout
» homme qui auroit quelque flux impur ; &
- », tOut
m 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 149
: 2? tout homme ſouillé pour un mort. Vous les
22 mettrez dehors du camp tant l'homme que
32 la femme atteinte des mêmes impuretés ; afin
2> qu'ils ne ſouillent point le camp de ceux qui
2> ont l'Eternel au milieu d'eux dans le Taber
:> 2 macle. Et les Enfans d'Iſrael firent comme
32 l'Eternel l'avoit ordonné à Moïſe.
D. Quelles autres loix Dieu donna-t.il alors à
Moïſe pour les Enfans d'Iſraël ?
R. Il lui preſcrivit ce que les Iſraëlites de
voient faire en pluſieurs cas particuliers : com
me lorſqu'un homme • ou une femme auroit
-
fait tort à ſon prochain6; L" ſurquoi l'Eternel Nomb. V.
22 ordonne à Moïſe de dise de ſa part aux En- 5** --

32 fans d'Iſrael. Quand un homme ou une fem

32 me aura commis quelque péché , dans le


52 quel il ait fait tort à un autre, & qu'il ait
22 manqué à cet égard à ce qu'il devoit à l'Eter

>> nel ; enſorte que de telles perſonnes s'en ſoiene

º> trouvées coupables : S'ils confeſſent le péché

20 qu'ils auront commis , le coupable reſtituera


32 la ſomme entiere dont il a fait tort à ſon
22 prochain , & il y ajoutera un cinquieme par
22 deſſus, qu'il donnera à celui contre qui le
délit avoit été commis. Que ſi ce dernier eſt
mort , & qu'il n'ait laiſſé aucun héritier qui
dans le dégré de ceux qui ont le droit de re
trait-lignager, puiſſe recevoir ce qui doit être
reſtitué pour le délit commis ; cette ſomme
reviendra à l'Eternel ; ou au Sacrificateur
ſon Miniſtre, outre le bélier qui doit être of
fert pour obtenir la propitiation de ce péché ;
tout comme on lui remet toute offrande pré
ſentée à Dieu en l'élevant par les Enfans d'Iſ
rael , pour être une choſe conſacrée. Ainſi
K 3 » les
1 5o L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
3) les choſes qu'un homme aura conſacrées, ou
39 vouées appartiendront au Sacrificateur offi
3) ciant , qui les aura reçues pour être préſen
92 tées à Dieu.
D. Queſt-ce que Dieu ordonna au ſujet de la
femme ſoupçonnée d'adultere ?
Momb, p.
1 I - 3 I.
R. , L'Eternel ordonna à Moïſe de dire ce
25 qui ſuit aux Enfans d'Iſrael ; Quand la fem

92 me de quelcun ſe ſera débauchée, ou qu'elle


· aura donné lieu par ſa conduite de croire qu'el
33 le lui aura fait une infidélité ; & que ſon
9) mari ſoupçonne que quelcun aura couché
92 avec elle & l'aura iconnue, ſans qu'il en ait
92 rien ſù ; mais qu'elle ſe ſoit ſouillée en ſe
» cret ; enſorte qu'il n'y ait point de témoin
5> contre elle & qu'elle n'ait point été ſurpriſe
>> ſur le fait : Si l'eſprit de jalouſie ſaiſit ſon
92 mari, tellement qu'il ſoit jaloux de ſa fem
•» me ; ſoit qu'elle ſe ſoit réellement ſouillée,
22 ou qu'elle ne ſe ſoit pas ſouillée : cet hom
20 me fera venir ſa femme devant le Sacrifica
22 teur & apportera l'offrande de cette femme
»? pour elle, dans l'intention de demander à Dieu
la grace de faire connoitre par ſa puiſſance, ſi
2» elle eſt coupable , ou mon, laquelle offrande
3 2 ſera la dixieme partie d'un Epha de farine
3» d'orge ; mais il n'y répandra point d'huile
25) par deſſus & n'y mettra point d'encens : par
C6º que ce n'eſt point une offrande qui ſoit d'une

3 ) odeur agréable à Dieu, mais un gâteau , ou une


s3 offrande de jalouſie, un gâteau de mémorial ;
22 qui ne tend qu'à rappeler le ſouvenir d'un
3 ) péché. Et le Sacrificateur la fera approcher
32 de lui, & la fera tenir de bont en la pré
39 ſence de l'Eternel près de l'autel des holocauſtes.
,, Puis
MIs E N C A T E c H I s M E. I5r
55 Puis le Sacrificateur prendra de l'eau Sainte ;
tirée de la cuve d'airain, où ſe lavoient les Sa
2>
crificateurs, dans un vaiſſeau de terre, & de
-25 la poudre qui ſera ſur le pavé du Taberna
25 cle & la mettra dans cette eau : Enſuite le
3> Sacrificateur ayant fait tenir la femme debout
2> en la préſence de l'Eternel, il découvrira la
>> tête de cette femme, & mettra ſur les pau
2 » mes de ſes mains le gâteau du mémorial, ou
33 de jalouſie, & le Sacrificateur tiendra dans
22 ſa main les eaux ameres qui apportent la
»» malédiction ; c. à d. cette eau où il avoit mis
de la pouſJiere du pavé qui devenoit amere à l'ac
cuſée par la jalouſie de ſon mari, ou par les fu
meſtes effets qu'elle produiſoit, 83 par la malédic
tion qu'elle apportoit ſur elle, ſi elle étoit coupa
3> ble. Alors le Sacrificateur fera jurer la femme

22 par ſerment d'exécration ; & lui dira ; ſi


22 aucun homme n'a couché avec toi, & ſi étant

25 ſous la puiſſance de ton mari, tu ne t'es point


5 » débauchée & ſouillée ; ſois exempte du mau

2> vais effet que doivent produire ces eaux ame


32 res qui apportent la malédiction ; mais ſi au

22 contraire tu t'es débauchée & ſouillée & que


29 quelque autre que ton mari ait couché avec

25 toi ; que l'Eternel te livre à l'exécration, à


2b laquelle tu t'es aſſujettie par ſerment au mi
2» lieu de ta mation , en faiſant tomber , ou
29 deſſécher ta cuiſſe & enfler ton ventre ; & que
22 ces eaux qui apportent la malédiction en
22 trent dans tes entrailles pour te faire enfler le
22 ventre & deſſécher ta cuiſſe. A quoi la femme
22 devra répondre ; amen , c. à d. ainſi ſoit-il :
2» Enſuite le Sacrificateur écrira ſur du papier,
72 ou du parchemin les exécrations , & les effa
r K 4 : , Cera
|
152 L'A N c I E N T EsTAMEN T

35 cera avec les eaux ameres, & fera boire à


,, la femme les eaux ameres qui apportent la
,, malédiction ; & ces eaux pénétreront toutes les
32 parties de ſon corps & ſeront pour elle des

25 eaux très ameres, ſi elle eſt coupable : Puis le


29 Sacrificateur prendra de la main de la fem

,, me le gâteau & l'agitera devant l'Eternel &


,, l'offrira ſur l'autel ; Il prendra auſſi un mor
,, ceau de ce gâteau pour mémorial de ce qu'il
,, alloit faire & le fera fumer , ou bruler ſur
,, l'autel, le reſte lui appartenant ; puis il fera
23 boire une ſeconde fois de ces eaux à la fem

22 me ; après quoi, s'il eſt vrai qu'elle ſe ſoit


3> ſouillée, & qu'elle ait commis le crime dont

23 ſon mari la ſoupçonne ; les eaux de malédic

» tion qu'elle aura bues , ſeront pour elle des


,, eaux ameres, ſon ventre enflera, & ſa cuiſſe
» ſéchera , par un pur effet de la malédiciion
ſurnaturelle que Dieu aura attachée à ces eaux :
» Ainſi cette femme ſera aſſujettie à l'exécra
,, tion du ſerment au milieu de ſon peuple.
» Que ſi la femme ne s'eſt point ſouillée, &
,, qu'elle ſoit pure 85 innocente du crime dont
» on l'accuſe, elle ne recevra aucun mal de
ces eaux, & ſon mari ſe reconciliant avec elle,
,, en aura des enfans. Telle eſt la loi que l'on
,, doit ſuivre en cas de jalouſie d'un mari ſur
3, le compte de ſa femme, lors qu'étant ſous la
, puiſſance de ſon mari, elle ſe ſera débauchée
,, & ſouillée: ou quand l'eſprit de jalouſie ayant
,, ſaiſi le mari, il l'aura faite venir en préſence
» de l'Eternel , & que le Sacrificateur aura fait
» à ſon égard tout ce qui eſt ordonné par la
» Loi : Et en ce cas l'homme ſera • .de
» Idll
• *

1 M I s E N C A T E c H I s M E. I 53
: s, faute ; mais cette femme portera ſeule la pei
,, ne de ſon iniquité.
D. Quelles croyez vous qu'ayent été les vues de
Dieu dans l'établiſſement de cette Loi ?
, R. Il ſe peut qu'il y ait eu alors parmi le
peupie d'Iſrael quelque occaſion grave & im
:# portante, qui ait donné lieu à l'établiſſement
,15 d'une Loi générale ſur ce ſujet, qui put préve
:5 nir de ſemblables déſordres : mais il n'y a pas
de doute que cette Loi ne fut très-propre &
, très - efficace , à retenir d'un côté les femmes
#t dans les bornes de la fidélité conjugale, par la
:# crainte d'être expoſées à une honte publique,
- & aux malheurs dont elles étoient menacées,
ſi el'es manquoient à leur devoir ; & de l'autre
º à mettre un frein à la jalouſie des maris , en
#5 les obligeant s'ils avoient quelque doute ſur la
,- fidélité de leurs femmes ; de les déferer à l'E-
" ternel , ou à ſes Miniſtres , & de paſſer par des
'$ procédures qui pouvoient avoir des ſuites ſi ter
ribles & ſi déshonorantes. -

s , D. Qu'eſt. ce que D eu ordonna enſuite ſur le


" vœu du Nazaréat, 85 ſur la conduite que de
voient tenir les Nazaréens ?
R. ,, Quand un homme ou une femme, dit Nomb.
, l'Eternel à Moïſe pour en inſtruire les En-# I - 2 I•

, fans d'Iſrael ; aura fait le vœu du Nazaréat


» pour ſe conſacrer à l'Eternel ; c. à d. aura
4 fait vœu de ſe ſéparer des perſonnes avec leſquel
#
%
les il vit endeſociété,
particulier pourenſevuë
ſainteté, conſacrer à unàgenre
de plaire l'E- . A

# ,, ternel ; il s'abſtiendra de vin & de cervoiſe,


» & ne boira d'aucun vinaigre fait de vin ,
» ou de cervoiſe ; ni ne boira d'aucune liqueur
» faite avec des raiſins; ni ne mangera des rai
% K 5 » ſins
154 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» ſins verts , ou ſecs , durant tous les jours
» de ſon Nazaréat ; il ne mangera d'aucun fruit
, de vigne, depuis les pepins juſqu'à la peau,
ou n'en mettra pas même le ſuc dans ſa bouche :
» & le raſoir ne paſſera point non plus ſur ſa
» tête durant tout ce tems là : il ſera Saint ,
ſéparé des autres, 83 conſacré à Dieu ; juſqu'à-
,, ce que les jours pour leſquels il s'eſt fait
,, Nazaréen à l'Eternel ſoient accomplis , & il
32 laiſſera croitre les cheveux de ſa tète : Pen
20 dant tout ce tems-là il ne s'approchera d'au
3) cune perſonne morte : il ne ſe rendra point
» impur en aſſiſtant aux funerailles de ſon pere,
» ou de ſa mere, de ſon frere, ou de ſa ſœur,
,, quand ils ſeront morts ; car le Nazaréat de
» ſon Dieu eſt ſur ſa tète : c. à d. que les che
veux qu'il porte ſur ſa tête 83 qu'il laiſſe croi
tre, ſont une marque qu'il s'eſt conſacré à Dieu
par le vœu du Nazaréat : " Durant tous les jours
22 de ſon Nazaréat il eſt toujours cenſé Saint à

l'Eternel. Que ſi quelcun vient à mourir ſu


bitement auprès de lui , le Nazaréat dont il
,, porte des marques ſur ſa tète, ou les cheveux
,, qui en ſont le ſigne ſeront ſouillés ; il ſe ra
ſera la tète le jour de ſa purification, qui
,, ſera le ſeptieme jour ; & le huitieme, il ap
portera au Sacrificateur, deux tourterelles, ou
deux , pigeonneaux à l'entrée du Tabernacle
,, d'aſſignation ; & le Sacrificateur ſacrifiera l'uH
,, en offrande pour le péché, & l'autre en ho
» locauſte, & il fera propitiation pour lui, de
,, la faute commiſe, ou de l'impureté qui lui eſt
,, ſurventie à l'occaſion d'un mort : Il ſanctifiera
,, donc en ce jour là , ou conſacrera les cheveux
» de ſa tête, & il ſéparera , ou conſacrera de
71C/Z-
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. r 55
zaouveau à l'Eternel le tems qu'il avoit voué de
,, paſſer dans ſon Nazaréat, offrant un agneau
, de l'année pour le délit, comme pour un pé
,, ché commis par inadvertance : & les jours qu'il
,, avoit paſſé dans le Nazaréat avant cela, ne ſe
,, ront point comptés ; car ſon Nazaréat a été
,, ſouillé.
,, Voici encore la Loi que l'on doit obſer
,, ver à l'égard du Nazaréen : Lorſque les jours
,, de ſon Nazaréat ſeront accomplis, il devra ſe
,,° préſenter à la porte du Tabernacle d'aſſigna
,, tion , & il fera ſon offrande à l'Eternel d'un
,. agneau de l'année ſans défaut, pour être offert
,, en holocauſte, & d'une brebis d'un an ſans
» défaut, pour être offerte en ſacrifice pour le
s, péché, & d'un bélier ſans défaut , pour le ſa
,, crifice de proſpérités, & d'une corbeille de
:
#
,, pains ſans levain, de tourteaux de fine fa
» rine paîtrie à l'huile, & de bignets ſans le
» vain , oincts d'huile, avec le gâteau , & ce
,, qui étoit néceſſaire pour les aſperſions qui ſe
» faiſoient dans ces ſortes de ſacrifices ; leſquels
:
|
» le Sacrificateur offrira en préſence de l'Eter
,, nel ; Il ſacrifiera auſſi ſa victime pour le pé
» ché & ſon holocauſte , & offrira le bélier en
» ſacrifice de proſpérités à l'Eternel, avec la cor
» beille des pains ſans levain , & offrira auſſi
,, ſon gâteau ſéparément, & ce qui doit ſervir
» à l'aſperſion. Enſuite le Nazaréen raſera les
» cheveux de ſa tête, qu'il a portés pendant ſon
,, Nazaréat, à l'entrée du Tabernacle d'aſſigna
» tion , & les mettra ſur le feu de.l'autel qui
» eſt ſous le ſacrifice de proſpérités : Alors le
» Sacrificateur prenant l'épaule gauche du bé
» lier de proſpérités qui aura été bouillie , &
» , llIl
156 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» un tourteau ſans levain de la corbeille, &
» un bignet ſans levain, mettra le tout entre
, les mains du Nazaréen, après qu'il ſe ſera
, raſé : Et le Sacrificateur agitera ces choſes en
» les tournoyant comme une offrande qu'on
» fait à l'Eternel. C'eſt une choſe ſainte qui
» appartient au Sacrificateur, outre la poitrine
» tournoyée, & l'épaule droite élevée qui lui
,, eft déja acquiſe ; après quoi le Nazaréen pour
» ra boire du vin ; parce que ſon vœu eff ae
, compli. Telle eſt la loi impoſée au Nazaréen,
» qui aura voué à l'Eternel ſon offrande pour
» ſon Nazaréat ; outre ce qu'il aura encore le
» moyen d'offrir de ſa bonne volonté : Il fera à
,, cet égard ſelon le vœu qu'il aura fait, & ſui
,, vra outre cela, la loi du Nazaréat.
D. Comment l'Eternel conclut-il toutes cer loix
particulieres ? -

Nomb. R. ,, Il preſcrit enſuite à Moïſe la maniere


# sy. » dont Aaron & ſes fils devoient bénir les En
» fans d'Iſrael, toutes les fois qu'ils congédie
, roient l'aſſemblée : Vous bénirez ainſi , leur
» dit il , de la part de Dieu le peuple d'Iſrael :
, L'Eternel te béniſſe, ou te comble de ſes biens,
» & te conſerve, ou te préſerve de tout mal.
,, L'Eternel faſſe luire ſa face ſur toi , ou te
faſſe éprouver ſa faveur de la façon la plus écla
s, tante, & te faſſe grace , ou te pardonne gra
,, tuitement tes fautes. L'Eternel tourne ſa fa
, ce vers toi, ou te regarde d'un œil propice, &
,, te donne la paix, ou te rende heureux à tons
,, égards. Ils mettront donc mon nom ſur les
» Enfans d'Iſrael, & je les bénirai ; c. à d. qu'ils
donneront en mon nom nta bénédiciion au peuple,
rI 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 157
#! 8 je la ratifierai par les biens que je répandrai
:: ſur eux.
#:
#
•- C H A P I T R E X I I I.

- Contenant ce qui ſe paſſa de plus impor


# tant parmi le peuple d'Iſraël , quand le
1# Tabernacle eut été dreſſé & conſacré ,
& le camp formé près de la montagne
de Sinaï, juſques au départ de ce peuple
pour d'autres lieux ; & en particuli r les
# préſens offerts par les Chefs des Tribus
,i pour le ſervice du Tabernacle, & la dé
dicace de l'autel ; les ordres de Dieu pour
1 la conſécration des Lévites , & la célé
% bration de la ſeconde Pâque ; la poſi
# tion de la nuée ſur le Tabernacle pour
# conduire le peuple dans le déſert , & l'u-
i, ſage de deux Trompettes pour l'avertir
# quand il faudroit camper, ou décamper,
" & ſe trouver à l'aſſemblée.
#

, •
D. Q Moiſe
-
U'arriva.t.il
eut dreſſé le Tabernacleaprès
de remarquable ? que

" R. , Le jour même que Moïſe eut achevé xamt.


: », de dreſſer le Tabernacle, & qu'il l'eut oinct VII.
, ,, & conſacré avec tous ſes utenciles, de mè-***
| ,, me que l'autel des holocauſtes avec tous ſes
, » utenciles , il arriva que les principaux d'Iſ
a » raél, & les Chefs des familles de leurs peres
,, dans
158 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
33 dans chaque Tribu , qui avoient aidé Aaron
2» 83 ſes fils à faire les dénombremens de tout
le peuple , offrirent leurs préſens devant l'E-
s 32 ternel à la porte du Tabernacle, ſavoir, ſix
20 chariots couverts, & douze bœufs, chaque
2© chariot pour deux d'entr'eux, & chaque bœuf
20 pour chacun d'eux, & les ayant offerts de
33 vant le Tabernacle ; l'Eternel dit à Moïſe ;
2© Prends toutes ces choſes d'eux, pour le ſervice
30 du Tabernacle d'aſſignation , & tu les don
2s neras aux Lévites, à chacun ſelon ce que
demande ſon emploi ; Moïſe prit donc les
chariots & les bœufs, & les partagea aux
Lévites de la maniere ſuivante : Il donna à

:
39
, ceux de la famille de Guerſom chargés du
ſoin des courtines & tapiſſeries , deux cha
riots & quatre bœufs à proportion de leur
, office : c & . à ceux de la famille de Mérari
chargés du ſoin de tous les utenciles de métal,
de toute la charpente 83 de tous les cordages ,
» il donna quatre chariots & huit bœufs , à
:)) proportion de leur office, & il les mit ſous

la conduite d'Ithamar, fils d'Aaron Sacrifica


teur ; mais il n'en donna point aux Kéha
thites , parce que le ſervice du Sanctuaire,
à d. tout ce qu'il y avoit dans le Sanctuaire
deſtiné au ſervice de Dieu, étoit à leur charge,
& qu'ils le portoient ſur leurs épaules. En
ſuite les principaux du peuple, les Chefs des
Tribus, voulurent encore offrir pour la dé
dicace de l'autel , le jour qu'il fut oinct,
d'autres préſens ; ſurquoi l'Eternel dit à Moi
ſe, que l'un des principaux devoit offrir ſon
92 préſent un jour, & l'autre un autre jour
i» pour la dédicace de l'autel, & de cette ma
» niere
M I s E N C A T E c H I s M E. 159
niere l'on donnera douze jours à les offrir.
Le premier jour Nahaſſon Chef de la Tri
bu de Juda, ( qui avoit été placée à la tête du
camp), offrit ſon préſent pour ſa Tribu, con
ſiſtant en un plat d'argent du poids de cent
##
trente ſicles ; un baſſin d'argent de ſoixante
& dix ſicles; le tout ſelon le ſicle du Sanc
# tuaire, (qui étoit de demi once ) tous deux
pleins de fine farine paîtrie à l'huile pour le
gâteau ; une taſſe d'or de dix ſicles pleine de
parfums ; un veau pris du troupeau ; un bé
lier ; un agneau de l'année pour l'holocauſte ;
un jeune bouc deſtiné à l'offrande pour le pé
ché , & pour le ſacrifice de proſpérités; deux
taureaux, cinq béliers, cinq boucs & cinq
agneaux d'un an. Le ſecond jour, Nathanael
Chef de la Tribu d'Iſſacar ( qui ſuivoit celle de
Juda dans le camp, ) en offrit tout autant pour
22 ſa Tribu ; toutes les autres Tribus en firent
22 de même, chacun de leurs Chefs ſelon le rang
2> qu'elles tenoient dans le camp, offtit à ſon
29 tour, préciſément les mêmes choſes ; juſqu'à-
ce que les douze Tribus euſſent fait chacune leur
22
tour. Telle fut donc la dédicace de l'autel qui
fut faite par les Principaux d'Iſrael , après
qu'il eut été oinct. Ainſi il y eut douze plats
d'argent, chacun de cent trente ſicles ; dou
ze baſſins d'argent, chacun de † &
dix ſicles ; ce qui montoit à deux mille qua
tre cens ſicles d'argent ; plus , douze taſſes
d'or pleines de parfums de dix ſicles chacune,
montant le tout , à ſix vingts ſicles ; plus,
des bêtes pour l'holocauſte, douze veaux,
douze béliers & douze agneaux de l'année ,
avec leurs gâteaux , & douze jeunes #
, deſ
16o L'A N c I E N T E s T A M E N T ,
,, deſtinés en offrande pour le péché ; plus, des
» betes deſtinées au ſacrifice de proſpérités , il y
,, avoit vingt - quatre veaux , ſoixante béliers ,
» ſoixante boucs, & ſoixante agneaux de l'an
» née. Telle fut la dédicace de l'autel après qu'il
,, eut été oinct.
D. Toutes ces choſes demandants que Moïſe con
ſultât ſouvent l'Eternel ; comment ſe faiſoit cette
conſultation, 85 comment l'Eternel y repondoit-il ?
r Nomb. R. Voici ce que nous en dit Moiſe lui-mê
V I I.
me. * Quand Moïſe entroit au Tabernacle d'aſ
89
,, ſignation pour parler avec Dieu $ le conſul
,, ter ſitr ce qu'il devoit faire , il entendoit une
,, voix qui lui parloit de deſſus le Propitiatoire
,, qui étoit ſur l'Arche du témoignage, 85 qui
,, ſortoit d'entre les deux Chérubins, 85 cette
voix lui faiſoit clairement connoitre la volonté de
l'Eternel.
D. Quels ordres Moiſe reçut il encore de Dieu.
ſur le culte qui devoit lui être rendu en ce lieu là ?
R. Il en reçùt de nouveaux ſur la préparation
que les Sacrificateurs devoient faire du chande
lier & de ſes lampes pour éclairer le lieu Saint.
Nomb. ,, L'Eternel lui ordonna de dire à Aaron ; Quand
VII I. » tu allumeras les lampes, fais enſorte que les
I - 4•
,, ſept lampes éclairent ſur le devant du chan
,, delier. c. à d. Quand tu mettras les ſept lampes
ſur le chandelier ; il faut qu'il ſoit placé du cöté
du midi , enſorte que les ſept lampes regardens
toutes le ſeptentrion où eſt la Table des pains de
propoſition , 83 qu'elles jettent leurs lumieres vers
cette partie du lieu Saint qui eſt vis - à - vis du
chandelier. * C'eſt ce qu'Aaron fit auſſi tôt,
,, & il alluma pour la premiere fois les lampes
» de maniere qu'elles éclairoient ſur le devant
» du
MIs EN C A T E c H 1 s M E. I61
• -
)1- , du chandelier, comme l'Eternel l'avoit com
i ,, mandé à Moiſe. Or le chandelier étoit d'or
,, battu au marteau auſſi bien que ſa tige &
# ! ,, ſes fleurs , ſelon le modèle que l'Eternel avoit
5. ,, fait voir à Moiſe.
D. Quel ordre Dieu donna t il enſuite à Moïſe
pour la conſécration des Lévites ?
R. » Prends, lui dit - il, les Lévites d'entre x ,.
,, les Enfans d'Iſrael, & les purifie de la ma- V I I I.
• niere que je vais te dire ; ayin qu'ils s'acqui- ****
zent dignement des fonctions de leur charge. " Tu
,, feras ſur eux une aſperſion d'eau luſtrale,
» deſtinée à la purification du péché, & ils fe
: » ront paſſer le raſoir ſur tout leur corps, pour
,, ſe nettoyer de toute ſouillure; ils laveront leurs

| » vêtemens & ſeront ainſi purifiés. Puis ils


» prendront un veau du troupeau pour l'offrir
», en holocauſte, avec le gâteau de fine farine
» paîtrie à l'huile qui doit l'accompagner, & tu
#
# » prendras un ſecond veau du troupeau pour
, l'offrande à faire pour le péché : alors tu fe
, ras approcher les Lévites devant le Taber
» nacle d'aſſignation , & tu convoqueras toute
, , l'aſſemblée des Enfans d'Iſraél, ou les Anciens
$
,, qui les repréſentent , leſquels poſeront leurs
|:
, mains ſur les Lévites ; pour marquer par cet
-te cérémonie que les Lévites tenoient dans cette
conſécration la place des premiers nés conſacrés à
l'Eternel. " Aaron préſentera enſuite les Lévi
» tes en offrande à l'Eternel , à la place des
» Enfans d'Iſraél, & ils ſeront en conſequence
» employés au ſervice de l'Eternel ; & les Lé
» vites poſeront leurs mains ſur la tête des
» veaux, pour ſignifier qu'ils transférent ſur ces
victimes les péchés des Enfans d'Iſraël, dont ils
Tome l Ik L. étoient
I62 L'A N c I E N T E s T A M E N T
étoient eux mêmes chargés, $ qu'ils prient l'A.
ternel d'accepter le ſang de ces victimes à la place
de leur propre ſang. " Puis tu ſacrifieras l'un
de ces veaux en offrande pour le péché, &
l'autre en holocauſte à l'Eternel, afin de faire
propitiation pour les Lévites : Et après qu'ils
auront été préſentés en offrande à l'Eternel,
tu préſenteras les Lévites à Aaron & à ſes
» fils, pour leur témoigner par là que les Lévi.
tes ſont deſtinés à les ſervir. " Ainſi tu ſépare
» ras les Lévites d'entre les Enfans d'Iſrael ,
, & les Lévites ſeront à moi ; ils ſeront parti
culierement attachés à mon ſervice. * Après cela
, les Lévites viendront pour ſervir au Taber
» nacle d'aſſigliation , quand tu les auras pu
, rifiés & préſentés en offrande ; car ils me ſe
» ront entiérement dévoués d'entre les Enfans
» d'Iſrael. Je les ai pris pour moi, alr lieu de
» tous les premiers nés d'entre les Enfans d'Iſ
» rael : car tout premier né d'entr'eux , tant
» des hommes que des bètes eſt à moi : je me
» les ſuis reſervés, le jour que je frappai tout
» premier né du pays d'Egypte. Je les ai choiſis
» à la place de tous les premiers nés, & les
» ai entiérement donnés à Aaron & à ſes fils,
,, pour faire le ſervice qu'auroient dû faire les
,, Enfans d'Iſraël dans le Tabernacle d'aſſigna
» tion , & pour faire l'expiation des péchés
qu'ils auroient commis par leur négligence, ou leur
,, irréverence. Il n'y aura par ce moyen aucun
» fléau ſur les Enfans d'Iſrael, pour s'être ap
,, prochés du Sanctuaire d'une maniere indécen
» te. Moïſe & Aaron avec tous les chefs de
,, l'aſſemblée des Enfans d'Iſrael, firent donc
» aux Lévites tout ce que l'Eternel avoit com
» mandé
M I s E N C A T E c H I s M E. 163
2, mandé à Moïſe. Les Lévites ſe purifiérent
•, & lavérent leurs vêtemens , & Aaron l s pré
,, ſenta en oftiande à l'Eternel & fit prooitia- .
,, tion pour eux, afin d'achever leur purifica
,, tion. Cela étant fait , les Lévites vinrent
,, pour commencer leur ſervice au Tabernacle
,, d'aſſignation devant Aaron & ſes fi's, & on
,, leur fit tout ce qui avoit été ordonné a Moïſe
,, à leur égard. Puis l'Eternel parla encore à Moï
,, ſe touchant ce qui concerne les Lévites, d ſant :
,, Tout Lévite depuis l'âge de vingt-cinq ans (a),
,, & au deſſus, entrera en ſervice, pour ètre
,, employé au Tabernac'e d'atſignation : m is
,, deouis l'âge de cinquante ans , il ſortira de
s, ſervice & ne ſervira plus : néanmoins il pour
5» l l

(a) Depuis l'âge de vingt - cinq ans Cet âge ici


marqué auquel devoient ſervir les Lévites , paroit i'a-
bord diff.rent de celui qui a é é marqué ci - deſſus ,
Chap. 1 V. 3 , 2 3 & 3o. fixé à trente ans, & au-deſ
ſus juſqu'à cinquante ; au lieu qu'ici il eſt dit que
tout Levite e trera en ſervice dès l'âge de vingt cinq
ans : mais pour concilier ces diffcrens nombres , il
faut faire atten ion que dans les paſſiges ci - deſſus ,
Nomb. I V. il s'agit des Lévites employés à porter
tous les utenciles du Sanctuaire, dans tous leurs dé
campemens & leurs marches ; ce qui demandoit be u
coup plus de force & de maturité d'âge ; au lieu qu'i-
ci il s'agit des devoirs des Levºtes en général & des
ſervices qu'ils pouvoient rendre dans le parvis aux Sa
crificateurs & aux autres Lévites plus anciens , pour
leſquels l'âge de vingt - cinq ans étoit bien ſuffi ant :
mais pour les fardeaux à porter dans les marches , ils
n'y étoient obliges que depuis l'âge de trente à cin
quante ans Voyez encore cet âge differemment mar
que I. Chron XXIII. 3 - 24 & ce qui ſera dit ſur
«ette diffcrence.

,
ſ)
",
L 2
164 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
,, ra encore ſervir ſes freres au Tabernacle d'aſ
,, ſignation , pour veiller à ce que chacun d'eux
,, s'acquite des fonctions dont il eſt chargé :
,, mais il ne fera aucun ſervice laborieux &
,, pénible. Tu feras donc ainſi aux Lévites ,
,, par rapport à leurs fonctions.
D. Qu'eſt - ce que Dieu ordonna de nouveau
pour la célébration de la Pâque, avant leur de
part du déſert de Sinai ?
R. Moiſe expoſe ici d'abord les ordres que
Dieu lui avoit donnés, pour la célébration de
la Pâque dans le déſert de Sinaï ; & il indi
que ceux qu'il avoit reçus de nouveau , ſur
quelques cas qui ne permettroient pas à des
particuliers impurs , ou abſens, de la célébrer
avec leurs freres.
,, I'Eternel, dit-il. avoit ordonné à Moiſe
Warzº. . -
IX. 1-14. ,, dans le déſert de Sinaï, le premier mois de
, la ſeconde année depuis leur ſortie d'Egyp
,, te ; que les enfans d'Iſraél fiſlent la Paque
,, en ſa ſaiſon , le quatorzieme jour de ce mois
,, entre les deux vèpres, en y obſervant tout
,, ce qui avoit été preſcrit. Moiſe l'ayant fait
,, ſavoir aux enfans d'Iſraél, ils célébrérent la
,, Pâque, dans le tems & de la maniere que
,, l'Eternel l'avoit commandé à Moïſe : mais il
,, y en eut quelques - uns qui étant ſouillés
,. pour un mort ne purent point faire la Pâque
, ce jour - là, & s'étant préſentés devant Moi
,, ſe & Aaron , pour leur demander s'ils ne
,, pourroient pas , quoique ſouillés pour un
•, mort, offrir à Dieu dans le tems de la Pä
,, que, les offrandes ordinaires comme leurs fre
,, res : Moïſe leur dit ; arrêtez - vous, & j'en
tendrai ce que l'Eternel vous ordonnera : ſur
»» qu0i
M I s E N C A T E c H I s M E. 16f
92 quoi l'Eternel ayant été conſulté par Moiſe,
:>> il lui ordonna de dire de ſa part aux enfans
:>> d'Iſrael : Quand quelcun d'entre vous ou de
22 vôtre poſtérité, ſera ſouillé pour un mort,
2» ou qu'il ſera en voyage dans des pays éloi
22 gnés, enſorte qu'il ne puiſſe célébrer la Pâque
2 » avec ſes freres, il la fera néanmoins , pour
» » me pas manquer à ce qii'il doit à l'Eternel le
32 quatorzieme jour du ſecond mois entre les
22 deux vêpres, & il la mangera ou l'agneau qui
22 la repréſente, avec du pain ſans levain &
22 des herbes ameres ; il n'en laiſſera rien juſ
22 qu'au matin & n'en caſſera point les os, ſe
>> lon ce qui eſt ordonné pour la célébration de
22 la Pâque : mais ſi quelcun étant net & n'é-
22 tant point en voyage, s'abſtient de célébrer
2» la Pâque ; cette perſonne là ſera retranchée
2 » d'entre ſes peuples ; elle ſera chaſſée pour tou
jqurs du milieu du peuple d'Iſraël, ou punie de
mort par les Jiges, ſi le péché a été public, ou
;-
elle périra de la main de Dieu, ſi la faute a été
ſecrette. * Cet homme-là portera la peine de ſon
22 péché, pour n'avoir pas offert dans ſon tems

92 l'offrande due à l'Eternel. Et quand quelque


5> étranger habitant parmi vous , voudra auſſi
32 célébrer la Pâque à l'Eternel , il la fera de
2> la même maniere qu'elle vous a été preſcrite :
:
25 il y aura la même ordonnance pour l'étran
ger, que pour celui qui eſt né au pays.
D. Après ces ordres donnés e# le Tabernacle
dreſſé, comment Dieu fit-il connoitre à tous les
Iſraëlites qu'il étoit toujours au milieu d'eux 83
qu'il les protégeoit ?
R. Moiſe nous l'apprend quand il ajoute :
L 3 ,, Car
!
a
I66 L'A N c I E N TE sTA ME NT
Nomb. 25 Car le jour même que le Tabernacle fut dreſ
J X.
ſé, la nuée couvrit le Tabernacle dans l'ent
15-23..
22 droit où étoit l'Arche du témoignage , & le
22 ſoir cette nuée parut , comme un feu ſur le
25 Tabernacle juſques au matin : Il en fut tou
22 jours de mème pendant tout leur voyage. La
25 nuée le couvroit pendant le jour, mais elle
92 paroilloit la nuit comme du feu ; & lorſque
25 la nuée s'élevoit de deſſus le Tabernacle , les
3X Entans d'Iſael partoient, & au lieu où la
>> nuée s'arrètoit, ils y campoient : ainſi ils
22 marchoient & campoient toujours au com
22 mandement de l'Eternel , & ils demeuroient
2» campés au même endroit , pendant tout le
2 2 tems que la nuée étoit arrêtée ſur le Ta
bernacle. Quand la nuée y reſtoit pluſieurs
jours , c'étoit pour eux un ſigne que l'Eter
nel vouloit qu'ils ne partiſſent point de-là ;
mais ſi la nuée étoit peu de jours ſur le Ta
bernacle , ils campoient & partoient au mo
ment que l'Eternel le leur faiſoit connoitre :
Si la nuée y étoit ſeulement depuis le ſoir juſ
qu'au matin , & qu'elle ſe levât le matin , ils
partoient tout auſſi tôt , fut-ce de jour, ou
de nuit ; des qu'elle ſe levoit , ils partoient,
Il en étoit de mème, ſi la nuée demeuroit
deux jours , un mois , ou plus long-tems ;
ils reſtoient tout ce tems - là campés ; mais
quand elle ſe levoit, ils partoient : Ainſi c'é-
toit toujours ſur les ordres de l'Eternel don
3» nés à Moïſe, qu'ils campoient, ou qu'ils
3» décampoient.
D. Mais comment Moïſe convoquoit il le peuple
pour s'aſſembler, pour partir, 85 pour s'arreter
au moment qu'il le falloit ?
R. Dieu
M I s E N C A T E c H I s M E. 167
R. Dieu lui ordonna de faire faire pour cela
deux Trompettes, dont la matiere, la compo
ſition & l'uſage ſont ici décrits : " Fais toi, x nb. X.
» dit l'Eternel à Moïſe, deux trompettes d'ar-1-1o.
,, gent battu au marteau , & elles te ſerviront
,, pour convoquer l'aſſemblée , & pour faire
,, partir tout le peuple campé. Quand on ſon
,, nera des deux trompettes, tout le peuple de
» vra s'aſſembler auprès de toi à l'entrée du
, Tabernacle d'aſſignation pour recevoir tes or
,, dres, & quand on ſonnera d'une ſèule, les
» Principaux ſeulement , ou les Chefs des mil
, liers d'Iſrael s'aſſembleront auprès de toi :
r
, Mais quand vous ſonnerez d'un ſon fort &
,, entre-coupé, les compagnies qui ſont campées
• vers l'orient ſous la banniere de Jttda, parti
, ront les premieres ; & quand vous ſonnerez
, une ſeconde fois de la même maniere, les
,, compagnies vers le midi ſous la banniere de
» Ruben partiront après, 85 ainſi de ſuite juſ
,, qu'ait bout. On ſonnera toujours avec force
» & retentiſſement , quand on voudra partir :
» Mais quand vous convoquerez l'aſſemblée ,
» vous ſonnerez d'un ſon plus uni, ſans effort,
» ou rétentiſſement, & ce ſeront les fils d'Aa
» ron , les Sacrificateurs qui ſonneront des trom
» pettes. Ceci vous ſervira de régle qui doit
» être obſervée conſtamment, dans la ſuite des
, tems. De plus, quand vous ſerez arrivés dans
» vôtre pays , & qu'il faudra marcher en ba
» taille contre vôtre ennemi qui viendra vous
» attaquer, vous ſonnerez des deux trompet
» tes avec force & retentiſſement , pour faire
marcher le peuple chacun ſous ſes bannieres : alors
» l'Eternel vôtre Dieu ſe ſouviendra de vous
L 4 ,, pour
168 L'AN c I E N T E s T A M E N r
» pour vous ſecourir , & vous ſerez délivrés
» de vos ennemis. Auſſi dans vos jours de ré
,, jouïſſance, dans vos fètes ſolemnelles, & aux
» nouvelles lunes par où vous commencez vos
» mois, vous ſonnerez des trompettes ; lorſ
» qu'on offrira vos holocauſtes & vos ſacrifices
de proſpérités, & elles vous ſerviront de
, mémorial devant vôtre Dieu : c. à d. que le
ſon de ces trompettes fuit par ordre de Dieu ,
étant regardé comme un ſigne par lequel vous re
connoiſſez ſes bienfaits 83 implorez ſon ſecours,
vous prouvera qu'il ſera toujours diſpoſé à vous
continuer ſa protection : " Car, dit - il, je ſuis
,, l'Eternel vôtre Dieu , qui vous ai promis mta
faveur , 85 qui vous , l'accorderai ſi vous êtes
fidèles à mon ſervice.

CHA
M I s E N CA T E c H I s M E. 169

C H A P I T R E X I V.

Contenant le départ des Iſraëlites du dé


ſert de Sinaï, & ce qui leur arriva de
plus conſidérable juſqu'à leur campement
dans le déſert de Paran ; le murmure du
peuple, après quelques jours de marche,
ſur ce qu'ils n'avoient pas de chair à
manger , & la maniere dont Dieu les
châtia en ſatisfaiſant à leur demande ; l'é-
tabliſſement qui fut fait à cette occaſion
: de 7o. Anciens pour gouverner le peu
ple conjointement avec Moïſe, & en
fin les murmures d'Aaron & de Marie
contre Moïſe, dont Marie porta la peine.
D. Q Uand eſt - ce que les lſraëlites partirent
du déſert de Sinaï conduits par la nuée
qui étoit ſur le Tabernacle ?
R. ,, Le vingtieme jour du ſecond mois de womb. x.
69 la ſeconde année depuis leur ſortie d'Egypte, 11 -**.

'2> la nuée s'étant levée de deſſus le Tabernacle,


29 les Enfans d'Iſrael partirent du déſert de Si
29 naï, (où ils avoient ſéjourné onze mois 85 vingt
92 jours ) pour faire les journées qui leur ſe
2) roient marquées, juſqu'à-ce que la nuée s'ar
32 rêta ſur le Tabernacle au déſert de Paran. Ils
22 partirent donc pour la premiere fois conduits
e, par cette muée, ſuivant l'ordre & dans le rang
», que l'Eternel avoit aſſigné à chacun par le
L $ - 22 mi
17o L'A N c I E N T E s T A M E N T
32 miniſtère de Moïſe. Ainſi la banniere des com>
92 pagnies de Juda partit la premiere avec ſes
52 troupes , ayant à ſa tète Naaſſon Chef de
32 cette Diviſion : Après elle, vint la banniere
35 de la Tribu d'Iſſacar ſous la conduite de Na
69 thanaël ſon Chef : Enſuite la banniere de la
32 Tribu de Zabulon, conduite par Eliab ſon
92 Chef Ces trois Tribus étant parties, le Ta
20 bernacle ayant été détendu, venoient les Lé
29 vites deſcendans de Guerſom & de Mérari
32 qui en portoient l'aſſemblage ; Puis la ban
32 niere de la Tribu de Ruben avec ſon Chef
32 Elitſur, qui étoit ſuivie des troupes de la
32 Tribu de Siméon ſous la conduite de Selu
33 miel leur Chef, & de la banniere des enfans
92 de Gad, avec leur Chef Eliaſaph : Après eux
22 venoient les Kéhathites portans l'Arche &
33 tous les vaſes ſacrés du Sanctuaire , qu'ils
32 plaçoient dans le Tabernacle auſſi-tôt qu'il
33 étoit dreſſé, lorſque la muée s'arrêtoit. Puis la
22 banniere des compagnies de la Tribu d'E-
92 phraïm partoit avec ſon Chef Eliſamah & ſes
92 troupes ; ſuivies de celles de Manaſſé , ſous
23 la conduite de Gamaliel ſon Chef, & de cel
3> les de Benjamin, conduites par Abidan leur
23 Chef Enfin partit la banniere des compagnies
23 de la Tribu de Dan , qui faiſoient l'arriere
32 garde, ſous la conduite d'Abiezer leur Chef;
29 ſuivies des troupes de la Tribu d'Aſſer, ſous
22 la conduite de Paghiel leur Chef, & des
23 troupes de la Tribu de Nephtali, ſous la con
22 duite d'Abirah leur Chef. Tel étoit l'ordre des
22 décampemens des Enfans d'Iſraël , & de la
22 marche de leurs troupes quand ils partoient
D. Qui
M I s E N C A T E c H I s M r. 17r
D. Qui eſt ce que Moiſe prit encore avec lui
pour l'accompagner & lui ſervir de guide dans
les déſerts par leſquels les Iſraelites deuoient paſſer ?
R. Il prit H b b ſon beau-frei e, fi s de Ré
huël , autrement dit, Jétro Madianite , pere
de Séphora , femme de Moïſe qui étoit reſté
avec Moiſe pendant tout le tems que le peuple
d' Iſrael avpit ſéjourné dans le déſert de Sinaï,
depuis la viſite que lui avoit rendu Jétro ſon
beau-pere, dont il a été parlé ci-deſſus Exod.
X V I I I. 27. Comme donc les Iſraelites étoient
prèts à décamper de Sinaï , pour ſe rendre dans
le pays de Canaan que Dieu leur avoit promis,
,, Moiſe dit à Hobab , fils de Réhuel le Ma Nomb. X.
,, dianite ſon beau-pere ; Nous allons au pays **
», que l'Eternel a promis de nous donner ; Viens
, avec nous & nous te ferons du bien ; car
s, l'Eternel a promis de faire du bien à Iſrael ;
•, mais Hobab lui répondit qu'il ne pouvoit y
», aller , & qu'il vouloit plutôt aller dans ſon
» pays vers ſes parens ; à quoi Moiſe repliqua ;
,, Je te prie ne nous quitte point ; car tu nous
,, ſerviras de guide dans les marches que nous
avons à faire, 85 de lumiere pour ſortir des dan
gers auxquels nous pourrions être expoſes ; parce
», que tu connois les lieux où nous aurons à
», camper dans le déſert, & quand tu ſeras ve
» nu avec nous , & que le bien que l'Eternel
» nous doit faire ſera arrivé , nous te ferons
2, auſſi du bien.
D. Quelle fut la ſuite de cette invitation ?
R. Il y a apparence qu'Hobab conſentit à la
demande de Moïſe , & qu'il accompagna les
Iſraëlites, puiſqu'il eſt parlé dans la ſuite Jug.
l, 16, IV, I I. des Kéniens deſcendans de Jé
22 tIO

4
Y72 L'A N c I E N T E s T A M E N T
tro qui eurent des établiſſemens dans le pays de
Momb. X. Canaan avec les Iſraélites. * Ainſi ils partirent
83 - 35.
,, de la montagne de l'Eternel, & marcherene
,, trois jours ayants devant eux l'Arche de l'al
» liance de l'Eternel pour chercher un lieu de
,, repos ; & pendaut ces trois jours, la nuée
,, s'élevoit ſur eux le matin toutes les fois qu'ils
,, devoient partir du lieu où ils avoient campé :
•, & au moment du départ de l'Arche, Moiſe
,, diſoit ; Léve-toi, ô Eternel, & tes ennemis,
,, ou les ennemis de ton peuple ſeront diſperſés ,
,, ou ſe fondront en frayeur ; & ceux qui te
» haïſſent prendront la fuite devant toi. Et
•, quand on poſoit l'Arche, il diſoit ; Retour
,, ne, ô Eternel , aux dix mille milliers d'Iſ
,, rael. c. à d. Que le. ſimbole de ta préſence re
vienne ſe fixer ſur l'Arche pour la ſureté 83 la
protection du peuple nombreux d'Iſrael.
D. Comment le peuple ſupporta-t-il sette longue
marche de trois jours ?
2Womk. R. ,, Le peuple ſe plaignit de la fatigue ,
X I.
I - 6.
,, & l'Eternel l'ayant oui , ſa colère s'embraſa
,, contre eux , à cauſe de l'ingratitude 83 de la
défiance qui accompagnoient ces plaintes ; & un
, feu extraordinaire envoyé de Dieu s'alluma par
,, mi eux, & en conſuma quelques-uns à l'ex
,, trêmité du camp. Alors le pcuple cria à Moiſe
pour implorer ſon interceſſion auprès de Dieu,
» & Moïſe pria l'Eternel , & le feu s'éteignit :
,, Ce fut pour cela que l'on nomma ce lieu-là
,, Tabherah , c. à d embraſement , parce que le
,, feu de l'Eternel s'étoit allumé contr'eux. Bien
» tôt après une foule de peuple d'entre les Iſ
,, raëlites fut ſaiſie d'un déſir ardent de manger
» de la viande , ou d'avoir d'autres aiiiuens q#
ſi !
M 1 s E N C A T E c H I s M z. 172
de la manne qui ne leur manquoit jamais. " Ils
22 ſe mirent mème à pleurer, diſants ; Qui nous

09 fera manger de la viande ? Il nous ſouvient


22 des poiſſons que nous mangions en Egypte,

» ſans qu'il nous en coutât preſque rien, des


» concombres, des mclons , des poireaux, des
,, oignons & de l'ail, qtte nous avions en abon
,, dance ; & maintenant nos corps ſont exté
,, nués ; nous ſommes abattus de faim 85 de fit
,, tigue, 85 pour toute reſſource, nous n'avons
,, à manger que de la manne. -
D. Eſi ce donc que la manne étoit ſi peu mour
riſſante, 85 ſi rebutante, qu'elle ditt cauſer aux
Jjraëlites le degoût dont ils ſe plaignoient ?
R. Au contraire ; " la manne étoit de la groſ xont,
ſeur d'un grain de coriandre, & ſà couleur X I.
, comme celle du Bdellium, pierre précieuſe d'un 7 *
,, jaune blanchâtre. Le peuple ſe répandoit par
,, tout le camp pour en ramaſſer autant qu'il
,, vouloit pour chaque jour ; puis il la mouloit
» avec des meules, ou la piloit dans un mor
,, tier, & la faiſoit cuire dans un chauderon,
,, & l'on en faiſoit des gâteaux dont le goût
,, étoit ſemblable à ceux que l'on fait avec de
, l'huile fraiche : & quand la roſée étoit tom
,, bée la nuit ſur le camp , la manne deſcen
,, doit deſſus ; enſorte que l'on en avoit tous les
jours de la fraiche ; ce qui rendoit cet aliment
deſcendu du ciel d'autant plus agréable. -

D. Quclles furent les ſuites de ces demandes


importunes du peuple pour avoir d'autres alimens ?
R. ,, Moiſe ayant entendu le peuple pleurant Mont.
» dans leurs familles, chacun à l'entrée de ſa XI.
,, tente pour avoir d'autres alimens que de la ***
,, maiine, en fut affligé, & l'Eternel extrême
• » meIlt
174 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
,, ment irrité : Surquoi Moïſe pouſſe à bout par
la dureté de cieur des Iſraëlites e5 ſe ſentant trop
foible pour ſupporter plus long tems leurs murmtt
res continuels , expoſe à Dieu , peut etre avec trop
d'amertume, le deſir extrême qu'il auroit d'être
déchargé du ſoin de ce peup'e, dont il étoit ac
sabé au point qu'il preferoit de mourir, plutôt
que de continuer : " Pourquoi, dit-il à l'Eter
» nel, pourquoi as-tu cauſé cette douleur à ton
,, ſerviteur # & pourquoi ai je trouvé ſi peu de
,, faveur devant toi, que tu ayes mis ſur moi
,, la charge de tout ce peuple ? Eſt ce moi qui
,, ai co, ſqu tout ce peuple, ou i'ai-je engen
- ,, dré, pour que je doive en avoir tant de ſoin .
,, & le porter dans mon ſein, comme le nour
,, ricier porte un enfant qui tette , juſqu'a ce
,, que nous arrivions au pays que tu as pro
,, mis par ſerment de donner à ſes peres ? D'où
,, aurois je de la viande pour en donner à tout
,, ce peuple ? Car il pleure après moi, en di
,, ſant ; Donne-nous de la viande, afin que nous
,, en mangions : Je ne puis plus, moi ſeul, por
,, ter tout ce peuple ; car il eſt trop peſant
,, pour moi ; ou s'il faut qu'il en ſoit ainſi ;
,, je te ſupplie, au cas que je ſois encore agréa
,, ble à tes yeux, de m'ôter la vie , plutôt que
,, de m'expoſer à de nouvelles douleurs.
D. Que répondit Dieu à cette complainte de
Moïſe ?
R. Dieu dans ſon infinie bonté, conſidérant
que cette complainte de Moïſe , quelque amere
qu'elle fut, partoit d'un bon principe, accorda
à ſes vœux le ſoulagement qu'il imploroit avec
tant d'ardeur, & lui déclara quc le peuple fe
roit repû de viande , juſqu'à la vomir & en
- per
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 175
perdre la vie. " Alors l'Eternel dit à Moïſe ; xmt.
22 Aſſemble, ou choiſis moi ſoixante & dix hom- X I.
92 mes d'entre les Anciens d'Iſraél, que tu con I6 - 23.
22 noitras être les plus vénerables du peuple,
2» & qui préſident dans ſes aſſemblées : Amé
22 ne-les au Tabernacle d'aſſignation, & qu'ils
22 ſe préſentent-là avec toi : Puis je deſcendrai,
ou je donnerai des murques ſenſibles de ma pré
,, ſènce, & je parlerai-là avec toi , eux m'en
tendants , & je prendrai du même eſprit qui
eſt en toi, des mêmes dons dont je t'ai revêtu,
pour leur en faire part ; afin qu'ils portent
avec toi la charge du peuple , & que tu ne
la portes point toi ſeul : Et tu diras au peu
ple ; Sanctifiez - vous pour demain ; abſtenez
vous de toute ſouillure pour être plus agréables à
Dieu, & vous mangerez de la viande ; car :
l'Eternel a entendu que vous avez pleuré &
que vous avez dit ; Qui nous fera manger
de la viande comme en Egypte , où nous
étions bien ? Ainſi l'Eternel vous donnera de
la viande , & vous en mangerez, non ſeule
22 ment un jour ou deux , mais cinq , dix,
>> vingt, juſqu'à un mois entier , & juſqu'à ce
22 que vous en ſoyez ſi fort dégoutés qu'elle
·32 vous ſortira par les narines , & que vous la
22 rendrez par la bouche ; parce que vous avez

22 rejetté l'Eternel qui eſt au milieu de vous ,

* 2> que vous avez mépriſé les ſoins qu'il prenoit

22 de vous , & que vous avez pleuré devant lui

22 de ce qu'il vous avoit fait ſortir d'Egypte :


22 mais Moïſe repartit à l'Eternel ; Il y a plus
, 22 de ſix cens mille hommes de pied , portans
22 armes chez ce peuple avec qui je demeure ;
ſai 1s compter les femmes, les enfins, $ les vieil
» lards ,
176 L'A N c I E N - T E s T A M E N T

lards , & comment pourroit ſe faire ce que


tu as dit , que tu leur donnerois de la vian
de à manger pour un mois entier ? Y au
roit-il parmi nous aſſez de bœufs & de bre
bis pour une ſi grande multitude ? Ou quand
on pourroit ramaſſer tous les poiſſons de la
,, mer rouge, y en auroit-il aſſez pour eux ?
,, Mais l'Eternel répondit à Moïſe : La main
,, de l'Eternel eſt - elle racourcie ? c. à d. ma
puiſſance ſeroit-elle diminuée, ou des moyens ſem
blables à ceux que j'ai employés juſques ici pour
mourrir ce peuple , me ſeroient - ils plus en mon
,, pouvoir * Tu verras tout à l'heure, ſi ce que
,, je t'ai dit, arrivera, ou non.
D. Que fit ſur cela Moïſe ?
AWomb. R. ,, Moiſe s'en alla & recita au peuple ce
que l'Eternel lui avoit dit, & il choiſit ſoi
4e4 - s°. ,, xante & dix hommes d'entre les Anciens du
,, peuple, & les fit venir à l'entour du Taber
nacle : Alors l'Eternel parla à Moïſe du mi
,, lieu de la nuée, & ayant pris du même eſ
prit divin qui étoit en lui , il en revêtit ces
,, ſoixante & dix Anciens ; en ſorte qu'auſſi
,, tôt après qu'ils eurent reçu cet eſprit, ils
,, prophétiſérent, ou annoncérent la volonté de
Dieu au peuple, 83 l'exhortérent à s'y conformer
comme faiſoient les Prophêtes ; " mais paſſe ce
jour là dans lequel il étoit important qu'il partas
au peuple qu'ils étoient animés de l' Eſprit de Dieu ,
,, ils ne continuérent pas à s'acquiter de cette
,, fonction : Cependant deux d'entr'eux qui étoient
,, demeurés au camp , ſans aller au Taberna
» nacle , ( quoique du nombre de ceux qui
» avoient été choiſis par Moïſe ) dont l'un
, s'appeloit Eldad & l'autre Medad , & qui
» avoient
MIs EN C A T E c H I s M E. 177
,, avoient auſſi reçus l'Eſprit de Dieu, prophé
, tiſoient dans le camp, 83 y annonçoient cont
,, me les autres la volonté de Dieu. Alors un
,, garçon courut rapporter à Moiſe, qu'Eldab &
,, Médad prophétiſoient dans le camp, & Jo
, ſué fils de Nun qui ſervoit Moïſe, un de
,, ceux qui lui étoient le plus attachés, croyant
ſans doute qu'ils le faiſoient ſans aucun ordre, ni
,, de Dieu, mi de Moiſe, dit là deſſus à Moiſe ;
,, mon Seigneur, empêche-les ; me permet pas
,, qu'ils s'arrogent un tel office; mais Moiſe lui
» répondit ; Es tu jaloux pour moi ? Eſt-ce par
l'intérêt que tu prends à ma gloire que tu vou
drois empêcher ces hommes de prophetiſer * mais
je me leur envie point cet honneur, au contraire.
» Plût à Dieu que tout le peuple de l'Eternel
» fut Prophète, & que l'Eternel mit ſon eſprit
:
#
,, ſur eux tous ! Puis Moiſe ſe retira au camp,
,, avec les Anciens d'Iſrael.
# D. Comment fut enſuite accomplie la promeſſe
:
de l'Eternel qui conſiſtoit à donner de la viande
#:
à manger au peuple d'Iſraël ?
R. ,, L'Eternel fit alors ſouffler un vent vio- Nomk.
,, lent qui enleva des cailles ( a ), des côtes
| (a) Des cailles. Le plus grand nombre des Inter
2>

prêtes ont traduit ainſi le terme de l'original Salevim ,


& ont appuyé cette traduction des raiſons ſuivantes.
a°. Que les cailles volent par troupes , & dans une
quantité prodigieuſe. 2°. Que l'Arabie & le Golfe Ara
bique , près duquel les Iſraelites ſe trouvoient alors,
eſt un des lieux de la Terre qui abonde le plus en
calles. 3". Qu'on les prend là, ainſi qu'en d'autres
lieux , pendant un mois entier, ſans beaucoup de peine ;
vû la grande quantité qu'il y en a. 4°. Que c'eft un des
oiſeaux
Tome l I. M
178 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» de la mer, ou de l'occident & les répandit ſur
» le camp, dans l'eſpace d'une journée de che
,, min , deçà & delà tout autour du camp ; &
s, il y en avoit en quelqnes endroits par mon
25 çeaux, preſque la hauteur de deux coudées,

,, ou environ trois pieds ſur la terre : Et le peu


» ple fut ſur pied tout ce jour-là & toute la
>> nuit , & tout le jour ſuivant ; & ramaſſa des
55 cailles en ſi graude quantité, que celui qui
2> en avoit amaſſé le moins, en avoit dix Cho
5) mers ( a ), ou dix monceaux , & ils les éten
25 di

oiſeaux les plus délicats à manger. Cependant un cé


lebre Auteur ( Ludolf qui avoit voye gé dans ces pays
ià ) , a prétendu que par le mot Salet im, l'on devoit
entcndre ici une ſoite de ſauterelles bonnes à manger.
x°. Parce qu'il y en a une multitude inconcevable dans
l'orient 2°. Qu'elles y ſont d'un goût excellent. 3°. Que
les peuples de l'Arabie les prennent par monceaux &
les conſervent long tems dans le ſel. 4". Que ce que
dit Moiſe du vent violent qui les apporta autour du
camp des Iſraëlites , convient beaucoup mieux à des
ſauterelles qu'à des cailles. Enfin qu'il étoit plus facile
au peuple de prendre des ſauterelles que des cailles :
Mais deux raiſons, outre les précédentes, nous deter
minent pour des cailles , L'une eſt que le nom de clair
qui leur eſt donné , & dont Dieu veut raſſaſier les
liraélites , convient mieux à des cailles qu'à des ſau
terelles. L'autre eſt que l'Auteur du Pſaume LXXVIII.
16, 17, les apele un oiſeau ayant des ailes ou qui
· vole , ce qui ne ſauroit déſigner des fauterelles
( a ) Chomers ou mouce ux. Le Chomer chez les
Juifs étoit la plus grande de leurs meſures pour les ſo
lides , contenant , ſelon leur maniere de compter, 4º2o.
œufs ; mais ſuivant ce compte , dix Chomers auroient
de beaucoup excédé la quantité des cailles dont on
· auroit eu beſoin pour s'en nourrir pendant plus d'un
mois , même par famille : Ce qui fait que l'on a eu
IC•
M I s E N C A T E c H I s M E. 179
# » dirent (a) ſoigneuſement chacun pour ſoi
e, tout autour du camp : lls en mangérent ainſi
zout leur ſoul , comme l' Eternel l'avoit dit à
,, Moïſe ; mais il arriva auſſi que la chair de
,, ces oiſeaux étant encore, pour ainſi dire,
,, entre leurs dents, avant qu'elle fut machée,
,, la colère de l'Eternel s'embraſa contre le peu
,, ple, qui ne reconnoiſſoit pas dans ce miracle la
bonté de Dieu envers eux, 85 en prenoit peut être
occaſion de s'affermir dans ſa convoitiſe 83 ſa
,, ſenſualité, , & il frappa le peuple d'une très
,, grande playe (b ) ; ce qui fit qu'on nomma
,, ce lieu là Kibroth taava , c. à d. les ſépulcres
,, de convoitiſe , parce que l'on enſevelit là le
- » » pell

recours à une autre traduction de ce mot, qui ſignifie


auſſi monceaux : Selon cela l'on pourra fort bien com
prendre que dans chaque famille, l'on put aiſement
ramaſſer une certaine quantité de cailles, & les avoir
par petits monceaux.
( a ) Ils les étendirent. Ludolf tire delà une nouvelle
raiſon pour établir ſon ſentiment , diſant qu'il s'agit ici
de ſauterelles & non pas de cailles : parce que c'eſt ainſi
qu'on prépare les ſauterelles & qu'on les fait ſécher
au ſoleil, pour les conſerver ; au lieu que les cailles
s'y ſeroient corrompues & remplies de vermine : Mais
pour prévenir cet inconvénient , on peut dire que
les Iſraélites avant de ſécher les cailles au ſoleil, les
avoient bien ſalées , comme les voyageurs nous aſſu
rent que cela ſe fait encore aujourd'hui pour en con
ſerver une grande quantité.
( b ) Une très grande playe. Quelques uns veulent
que ce fut la peſte; D'autres un feu du ciel ; mais il y
a plus d'apparence que ce fut un grand vomiſſ ment
qui les jetta dans une conſomption ſubite & mortelle :
La menace de Dieu ci deſſus y 2o. & ce qu'en dit
l'Auteur du Pſaume CV I. 15. ſemble çonfirmer ce
#' ſentiment,
M 2
13o L'A N c I E N T E s T A M E N r
'. ,, peuple qui avoit convoité ; & de Kibroth
, ,, taava le peuple s'en alla en Hatſeroth où ils
•, s'arrètérent.
D. A quelle autre épreuve Moïſe fut - il encore
expoſé dans ce lieu-là ?
Nomb. R. ,, En ce tems-là Marie ſa ſœur & Aaron
# » ſon frere, tinrent contre lui des diſcours pleins
" , d'envie $ de jalouſie, à cauſe, ou à l'occa
,, ſion de Séphora ( a ) ſa femme qui étoit Ara
,, be, ou Madianite, fille de Jéthro , ce qui
,, leur fit dire ; Eſt-çe que l'Eternel a parlé ſeu
» lement par Moïſe ? N'a t-il point auſſi parlé
,, par nous ? Et me méritons nous pas en cette
qualité des égards qu'il ſemble que Moïſe 83 ſa
femme nous refuſent ? " Et l'Eternel ouït cela &
en fut d'autant plus indigné que ces diſcours re
tomboient ſur Moïſe, qui me leur avoit jamais
donné aucun ſujet de plainte, étant de ſon matu
,, rel fort doux, & plus que tous les hommes
», du monde.
D. Comment eſt ce que Dieu fit ceſſer ces plaintes ?
Nomb. R. ,, L'Eternel dit auſſi tôt à Moïſe, à Aa
XII.
4 - IQ• 22 IOſl

( a ) A l'occaſion de Séphora ſa femme. Puiſque l'E-


criture ſe tait ſur la part que pouvoit avoir la fem
me de Moïſe aux diſcours que Marie ſa ſœur & ha
ron ſon frere tenoient contre lui , l'on ne peut avan
cer ſur ce ſujet que de pures conjectures : La plus
vraiſemblable & qui paroit fondée ſur ce qui eſt dit
de cette femme, qu'elle étoit Arabe, ou Madianite ,

eſt que le&mariage
déplaiſoit de prenoient
qu'ils ne Moïſe avecpas
cette étrangére
à gré, leur
qu'étant
telle, elle voulut encore faire valoir l'autorité de ſon
mari par deſſus eux , dont peut - être elle ſe préva
loit pour n'avoir pas pour eux les égards qu'ils cro
yoient leur être dus comme Prophétes.
(! ' M I s E N C A T E c H I s M E. I8f

ſr » ron & à Marie de venir tous trois au Taber


#. ,, nacle d'aſſignation, & y étant venus, l'E-
,, ternel ſe préſenta à eux dans la colomne de
#: ,, nuée, à l'entrée du Tabernacle; Puis il ap
,, pela Aaron & Marie , & leur dit ; Ecoutez
#! , maintenant mes paroles : S'il y a quelque Pro
,, phête entre vous ; je veux bien, moi qui
i ,, ſuis l'Eternel, me faire connoitre à lui en
l ! ,, viſion, ou en ſonge ; mais il n'en eſt pas de
º ,, mème de mon ſerviteur Moïſe qui eſt fidèle
, ,, en toute ma maiſon , c. à d. à qui j'ai con
# » fié le ſoin de mon peuple » $ qui s'acquite fi
,, dèlement de ce miniſtère , je parle avec lui
# », bouche à bouche, c. à d. familierement, com
º ;
me font deux amis dans leurs entretiens ordinai
,, res : Il me voit en effet comme ſi j'étois pré
a ,, ſent à ſes yeux, $ je lui parle, non point
# ,, obſcurement par des diſcours énigmatiques, ni
# ,, par des images, ou par des repréſentations
,, de l'Eternel, mais à découvert. Pourquoi donc
,, n'avez-vous pas crains de parler contre mon
,, ſerviteur Moïſe ? Se peut-il que vous ayez été
aſſez téméraires pour vous comparer à lui ,
chagriner par vos diſcours un homme auſſi doux
que lui, que j'ai fait le Miniſtre de mes ordres 83
qui eſt attaché à mon ſervice. Ainſi la colère de
, ,, l'Eternel s'embraſa contr'eux : & il s'en alla »
! c. à d. que la nuée ſe retira de l'entrée du Ta
# bernacle.
D. En furent - ils donc quittes pour cette repré
henſion de l'Eternel ?
R. Non ; car auſſi tôt que la nuée ſe fut re
tirée , " Voici Marie fut lépreuſe, blanche com- Nom,.
| ,, me Aaron
, Et neige, regardant
de la plus Marie,
mauvaiſevit
eſpèce #
de lépre : X14.,
qu'elle IQ - Iſ•
y
3 » 1C
:182 L'A N c I E N T E s T A M E N T
25 lépreuſe : Alors Aaron dit à Moïſe ; Hélas !
5» mon Seigneur , je te prie, ne mets point ſur
nous ce péché , éloigne de mous, s'il eſt poJible,
la peine que Marie 85 moi méritons ; " Car nous
22 avons agi foliement , & nous reconnoiſſons
25 nôtre faute : Ainſi je te prie que nôtre ſœur
25 ne ſoit point comme un enfant mort, dans
95 le ſein de ſa merc, & à demi conſumé avant
3» que de naître : Alors Moïſe touché de com
25 paſſion cria à l'Eternel , en diſant; O Dieu
5> Fort ! je tc prie, guéri la. Je t'en prie inſ
35 tamment ; & l'Eternel répondit à Moïſe ; Si
5» Marie avoit offenſe ſon pere, 83 que ſon pere
55 irrité, lui eut craché au viſage; n'en ſeroit
2» elle pas dans l'ignominie pendant ſept jours ;
22 ſans oſer paroitre devant lui ? Qu'elle de
25 meure donc enfermée, ou recluſe hors du
32 camp pendant ſept jours, au bout deſquels
35 elle pourra y ètre reçue : Ainſi Marie fut
35 · recluſe hors du camp ſept jours entiers, &
55 le peuple ne partit point delà , juſqu'à- ce
AVomb. 35 que Marie rentra dans le camp. Après cela
XI I I. I. 3 » le peuple partit de H it ſeroth , & ils vinrent
:b · camper au déſert de Paran.

CHA
M I s E N C A T E c H I S M E. 183
º .

C H A P I T R E X V.

Contenant ce qui ſe paſſà dans le camp des


Iſraëlites , depuis leur arrivée au déſert
de Paran , juſqu'à la revolte de Coré,
Dathan & Abiram contre Moïſe & Aa
ron ; ſavoir, l'envoi fait par ordre de Dieu
de douze perſonnes pour reconnoitre le
pays de Canaan ; leur retour & leur rap
port, avec les ſuites funeſtes qu'il eut ;
* # · & la priere de Moïſe à ce ſuiet qui ſe
trouve dans le Livre des Pſaumes. -

D. Q U'eſt-ce qui ſe paſſa dans le camp des


ſraélites dès qu'ils furent arrivés au dé
ſert de Paran ?
R. Comme ce déſert confinoit à la Terre de
Canaan du côté du Midi ; " Dieu commanda Deut.
,, à Moiſe de porter les Iſraélites à en entre- #xº
- - • 23.
» prendre la conquête ſans ſe laiſſer effrayer
,, par aucun obſtacle " ; perſuadés qu'ils devoient
être ſûrs d'en venir à bout, avec le ſecours de
Dieu qu'il leur promettoit ; , mais au lieu de
ſuivre d'abord ce que Moïſe leur propoſa de la
part de Dieu, & d'ajouter foi à ſes promeſſes,
& ſe deffiants peut être de ſa bonté pour eux ;
» ils priérent Moïſe de faire trouver bon à l'E- _ Deut.
» ternel, qu'on envoyât auparavant des eſpions **
,, dans le pays pour le reconnoitre " : Surquoi
Moiſe ayant apparemment conſulté Dieu, il en
reçut cette réponſe, conforme aux déſirs des
-

"-
M 4 Iſraë
184 L'A N c I E N T E s T A M E N T
xomi. Iſraélites : " Envoye, dit l'Eternel à Moïſe, des
**** , hommes pour épier le pays de Canaan que
*** , je donne aux Enfans d'iſrael : Vous envoye
rez pour cela , un homme de chaque Tribu
,, de leurs peres, & des principaux d'entr'eux
, Moiſe donc en choiſit douze ici nommés ,
,, un de chaque Tribu , entre leſquels étoient
,, Caleb, fils de Jephunné pour la Tribu de
» Juda , & Oſée, fils de Nun , que Moiſe ap
,, pela enſuite Joſué, pour la Tribu d'Ephraïm,
,, & il les envoya du déſert de Paran , ſelon
» le commandement de l'Eternel , pour épier
,, le pays de Canaan , & il leur dit : Montez
· de ce côté, vers le Midi ; puis vous mon
terez ſur quelque montagne, d'où vous ver
» rez ce qu'eſt ce pays, & quel eſt le peuple
qui y habite ; s'il eſt fort, ou foible : s'il eſt
» en petit, ou en grand nombre : quel eſt le
», pays qu'il habite ; s'il eſt bon, ou mauvais ;
» quelles ſont les villes où il demeure ; ſi ce
» ſont des tentes, ou des villes fermées : quel
» eſt le terroir ; s'il eſt gras ou maigre ; s'il y
,, a des arbres, ou non : Ayez bon courage,
», & prenez du fruit du pays, pour le faire voir
,, à vos freres. Or c'étoit alors le tems des
v ,, premiers raiſins, environ le mois de ſeptembre.
D. Quel fut le ſuccès de ce voyage, 85 le rap
|
port qu'ils en frent ?
Nomb. R. ,, Etant partis, ils épiérent le pays de
XI I I. ,, puis le déſert de Tſin qui eſt au midi de Ca
***** ,, naan, juſqu'à Rehob qui eſt au ſeptemtrion à
» l'entrée du pays d'Aamath au nord : Et ils
» remontérent enſuite vers le midi, & vinrent
,, juſqu'à Hébron , où demeuroient des deſcen
,, dans de Hanac le Géant, Ville ancienne,
22 bâ
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 185
bâtie ſept ans avant la ville de Tſohan en
Egypte , & ils vinrent de-là , juſqu'au tor
rent d'Eſcol, où ils coupérent une branche
: de vigne avec une grappe de raiſins , que
deux d'entr'eux portérent avec un bâton ,.
pour la conſerver entiere à cauſe de ſa groſſeur
85 de ſa beauté. " Ils apportérent auſſi des gre
22 nades & des figues, & l'on appela ce lieu-là

22 Nahal - Eſcol, c. à d. torrent de raiſins, à l'oc


2> caſion de la grappe que les Iſraelites y cou
2> pérent. Et au bout de quarante jours, ils
32 furent de retour du pays qu'ils étoient allés
22 reconnoitre. Etant arrivés, ils vinrent vers
22 Moïſe & Aaron , & vers toute l'aſſemblée
>> des Iſraelites qui les attendoient au déſert de
25 Paran en Kadès ; & ayant fait leur rapport,
22 ils leur montrérent du fruit du pays. Ils di
22 rent de plus à Moïſe ; Nous avons été au
# 59 pays où tu nous avois envoyés, & véritable
1:
20 ment, c'eſt un pays découlant de lait & de
52 miel , abondant en beaux fruits, comme il
25 paroit par ceux que nous avons apportés : Il
22 y a ſeulement ceci ; c'eſt que le peuple qui
25 habite ce pays, eſt puiſſant & robuſte, & les
3> villes fermées & fort grandes ; Nous y avons
>> vû auſſi des deſcendans de Hanac le Géant ,.
d'une force 83 d'une ſtature énorme comme lui :
· Les Hamalékites habitent au midi, les Hé
thiens, les Jébuſiens & les Amorrhéens ha
bitent la montagne, & les Cananéens habi
tent , les uns le long de la mer Méditerranée,
& les autres vers le rivage du Jourdain. Alors
25 Caleb un de ces eſpions, voyant le peuple ému

2o & effrayé à ce diſcours, fit ce qu'il put pour


32 les raſſurer en préſence de Moïſe, & leur
M 5 ,, dit :
186 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» dit : Montons hardiment & poſſedons ce pays
, là ; car certainement nous y ſerons avec l'ai
,, de de Dieu les plus forts. Joſué, fils de Nim
le ſeconda dans ces repréſentations , comme il pa
roit par la ſuite X 1 V. 6. X X X I l. 12. Mais
les autres qui avoient été envoyés avec eux,
dirent ; Nous ne ſaurions, tels que nous ſom
mes, attaquer ce peuple-là ; car il eſt plus
fort que nous : Ils décriérent encore devant
les Iſraelites le pays qu'ils avoient épié, di
ſants que c'étoit un pays qui conſumoit ſes
habitans par les maladies qui y régnoienr, ou
par les guerres qu'ils avoient entr'eux, " & que
, d'ailleurs les habitans qu'ils avoient vû , é
toient des gens de grande ſtature , même
des géans de la race de Hanac, auprès deſ
,, quels , eux ne paroiſſoient que comme des
, ſauterelles.
D. Quel effet produiſirent ces diſcours ſur l'aſ
ſemblée ?
AVomrb. R. ,, Alors toute l'aſſemblée s'éleva & ſe mit
2X1V.
I - 4.
,, à jetter des cris, & le peuple en pleura tou
,, te la nuit. Enſuite tous les Enfans d'Iſrael
33 murmurérent contre Moiſe & Aaron, & tou
». te l'aſſemblée leur dit ; Plût à Dieu que nous
32 fuſſions morts au pays d'Egypte, ou en ce
» déſert ! Et pourquoi l'Eternel nous conduit
,, il en ce pays- là, pour y périr par l'épée,
22 & pour laiſſer nos femmes & nos enfans en

3) proye à nos ennemis ? Ne vaudroit-il pas


2» mieux pour nous de retourner en Egypte ?
25 Et ils ſe dirent l'un à l'autre ; Etabliſſons
9) nous un Chef, & retournons en Egypte.
D. Quelles furent les ſuites de ce murmure preſ
que général ?
R. » Moi
M Is E N C A T E c H I s M E. 187
R. ,, Moïſe & Aaron l'ayant entendu, tom- x.mb.
,, bérent ſur leurs viſages, en préſence de tou X l V.
,, te l'aſſemblée , ſoit pour conjurer le peuple de * *
»réfléchir ſur ce qu'il alloit faire, ſoit pour prier
IDieu de leur inſpirer d'autres ſentimens , 85 de
leur pardonner ces diſcours impies. " Et Joſué,
,, fils de Nun , avec Caleb, fils de Jephunné
•.
,, qui étoient de ceux qui avoient épié le pays,
pénétrés de douleur & d'indignation contre ce peu
,, ple , déchirérent leurs vêtemens , & parlé
,, rent ainſi à toute l'aſſèmblée : Le pays par le
» quel nous avons paſſé pour l'épier, eſt un
,, fort bon pays : Si nous ſommes agréables à
,, l'Eternel , il nous y fera entrer ſans peine,
& nous le donnera en poſſ Jion : c'eſt un pays
,, découlant de lait & de miel : ſeulement ne
ſoyez point rebelles à l'Eternel , & ne crai
,, gnez point le peuple de ce pays là : car ils
,, ſeront nôtre pain ; nous les conſumerons auſſi
facilement , que le pain que nous mangeons ; ott
bien nous ſerons nourris de ce qu'ils ont de meil
,, leur. L'Eternel qui étoit leur ombre, ou qui
#: les tenoit ci devant ſous ſon ombre 83 ſa protec
,, tion, s'eſt retiré de deſſus eux , & il eſt avec
,, nous, ne les craignez point. Sur cela, tou
,, te l'aſſemblée parla de les lapider : mais la
,, gloire de l'Eternel , ou la nuée qui repoſoit
| ,, ſur l'Arche, apparut ſur le Tabernacle d'aſſi
,, gnation avec un éclat formidable à tous les
,, Enfans d'Iſraël , & l'Eternel dit à Moïſe :
» Juſques à quand ce peuple m'irritera-t-il par
", le mépris qu'il fait de mes paroles * & juſ
» ques à quand ne croira-t-il point en moi ,
» après tous les miracles que j'ai fait au milieu
22 de lui $ en ſa faveur ? Je le frapperai # C
>>
188 L'A N c I E N T E s T A M E N r
22 de mortalité, ou de peſte, & je le détruirai ;
32 mais je te ferai devenir, toi, 85 tous ceux
22 qui écouteront ta voix , un peuple plus grand
22 & plus fort qu'il n'eſt. A quoi Moïſe oſa re
22 pliquer, 85 répondit : Mais les Egyptiens du
95 milieu deſquels tu les as retirés par ta main
>2 puiſſante, apprendront ce que tu auras fait à
22 ce peuple, & comme ils auront entendu auſſi
22 bien que les habitans de ce pays , que tu
22 étois, ô Eternel ! au milieu de ce peuple ;
22 que tu te manifeſtois clairement à eux , ô
25 Eternel ! que ta nuée s'arrêtoit ſur eux, pour
22 les conduire 83 les protéger, & que tu mar
22 chois devant eux le jour, dans une colomne
92 de nuée , & la nuit, dans une colomne de
23 feu : Si tu fais à préſent mourir ce peuple
22 nombreux, comme ſi ce n'étoit qu'un ſeul
22 homme ; ces Nations qui auront entendu par
23 ler de ton nom, ne manqueront pas de dire ;
92 Parce que l'Eternel ne pouvoit faire entrer ce
22 peuple au pays qu'il leur avoit promis avec
ſerment, il les a fait mourir au déſert : Or
2 maintenant je te prie , que la puiſſance de
» l'Eternel ſoit magnifiée ; qu'elle éclatte 83 ſe
manifeſte de plus en plus , par des œuvres de mi
22 ſericorde, comme tu nous l'as fait eſpérer,
22 quand tu as dit ; L'Eternel eſt tardif à co
22 lère, & abondant en gratuïté : pardonnant l'i-
2 niquité & le forfait ; mais qui ne tient nul
92 lement le coupable pour innocent, & qui pu
22 nit l'iniquité des peres, de maniere que les
22 enfans s'en reſſentent juſqu'à la troiſieme &
/
22 quatrieme génération. Pardonne , je te prie,
22 l'iniquité de ce peuple, ſelon la grandeur de
' ta gratuité ; comme tu lui as déja r#
- »y Il
M I s E N C A T E c H I s M E. I85
;, né tant de fois, depuis ſa ſortie d'Egypte,
,, juſqu'à ce jour.
D. Qu'eſt - ce que Dieu répondit à cette inter
ceſſion de Moïſe en faveur du peuple ?
R. L'Eternel répondit ; Je lui ai pardonné, Nomb.;
», comme tu le demandes ; mais auſſi vrai que X I P.
,, je ſuis vivant , toute la Terre ſera remplie 2O - 35.
», de la gloire de l'Eternel , par les prodiges que
j'ai faits, 85 que je ferai encore pour Iſrael.
», Mais quant à tous les hommes d'entre vous
2e qui ont vû ma gloire, & toutes les preuves
», que j'ai données de ma puiſſance en Egypte
:,
» & au déſert , & qui m'ont déja tenté plu
::
» ſieurs fois, comme s'ils doutoient de cette puiſ
#t », ſance infinie, & qui n'ont point obéi à ma
», voix ; ils peuvent être aſſurés, qu'ils ne ver
: » ront point le pays que j'avois promis par
», ſerment à leurs peres, de donner à leurs deſ.
» cendans ; Tous ceux , dis je, qui m'ont ir
» rité, par le mépris qu'ils ont fuit de mes pro
,, meſſes 83 de mes paroles , ne le verront
s, point ; mais parce que mon ſerviteur Caleb
», a été animé d'un autre eſprit, & qu'il a per
» ſeveré à me ſuivre, je le ferai entrer au pays
» où il a été, & ſa poſtérité la poſſédera en
» héritage : Or les Amalékites, & les Cana
» néens habitent en la vallée, que vous auriez à
spaſſer pour entrer au pays de Canaan de ce côté-ci ;
| » retournez donc ſur, vos pas, & vous en al
» lez au déſert par le chemin de la mer rouge ;
pour ne pas vous expoſer à être battus par eux ;
,
:
puiſque vous les craignez ſi fort. * L'Eternel dit
» encore à Moïſe & à Aaron ; juſques à quand
» faudra-t-il que je ſupporte cette aſſemblée cri
» minelle qui murmure contre moi ? Car j'ai
' » CIl
19o L'A N c I E N T E s T A M E N T
>|>
entendu leurs murmures : Dis-leur donc de
2 > ma part : Je ſuis vivant, dit l'Eternel, ſi je
22 ne vous fais , ainſi que vous avez parlé, &
22 que je l'ai oui ; lorſque vous avez ſouhaité
:» de mourir au déſert : car vos cadavres tom
M)
beront dans ce déſert , & ſi aucun de ceux
22 d'entre vous qui ont été dénombrés à la ſor
:» tie d'Egypte , depuis l'âge de vint ans & au
2» deſſus, & qui ont murmuré contre moi ,
22 entre dans le pays que je vous ai promis
-> avec ſerment de vous donner en poſſeſſion,
*» excepté Caleb, fils de Jephunné, & Joſué ,
"3- fils de Nun : Mais quant à vos petits enfans,
22 dont vous avez dit qu'ils ſeroient en proye
2» à vos ennemis ; je les y ferai entrer , & ils
:) ſauront ce qu'eſt ce pays que vous avez mé
20 priſé, ou refiſe de conquerir ; & quant à vous,
2) vos cadavres tomberont en ce déſert , & vos
2) enfans paîtront , ou ſeront errans dans le
22 déſert, comme des brebis pendant quarante ans ;
20 & porteront ainſi la peine de vos paillardi
2» ſes, ou de vos convoitiſes, qui vous ont fait
détourner du ſervice que vous me deviez, ** juſqu'à
22 ce que vos cadavres ſoient conſumés au dé

7) ſert. Vous porterez la peine de vos iniquités


2> autant d'années que vous avez demeuré de
2> jours à épier le pays ; ſavoir, quarante ans
Y2 pour répondre aux quarante jours de vôtre

2 > voyage ; & vous éprouverez que le cours de


>> mes bénédictions ſur vous, a été par là in
:) ) terrompu. C'eſt moi l'Eternel qui l'ai décla
22 ré, $ ma reſolution aura certainement ſon
2> effet , c'eſt que tous ces méchans qui ſe ſont
22 aſſemblés pour agir contre ma volonté ſeront

39 conſumés dans ce déſert, & y mourront.


IM I s EN C A T E c H I s M E. I 91
-*
D. Que s'enſuivit-il de cette déclaration de Dieu
faite à Moïſe ?
R. ,, Il s'enſuivit premierement que les hom- XNom#.
1 V.
2» mes envoyés par Moiſe pour épier le pays,
36 - 45.
3> qui avoient à leur retour fait murmurer tou

2> te l'aſſemblée contre lui , en décréditant ce


pays par leurs mauvais diſcours, moururent
tous de mort ſoudaine, que l'Eternel leur in
3> fligea pour punition de leurs rapports diffa
25 matoires ; excepté Joſué, fils de Nun, &
2> Caleb, fils de Jephunné, qui furent les ſeuls
qui reſtérent en vie de ceux qui étoient allés
35 épier le pays. Enſuite ayant rapporté à tous
les Enfans d'Iſrael ce que l'Eternel lui avoit
2> dit, le peuple en mena un fort grand deuil,
& s'étant levés de bon matin , ils montérent
ſur le haut de la montagne, & vinrent dire
25 à Moïſe ; Nous voici tout prêts à monter au
lieu, ou dans le pays dont l'Eternel nous a
5> parlé ; car nous reconnoiſſons maintenant avoir
péché , en me ſuivant pas la volonte de Dieu
)
à nôtre égard. Pourquoi, répondit Moiſe, vou
lcz - vous encore tranſgreſſer les commande
25
mens de l'Eternel qui vous a ordonné de re
25 tourner ſur vos pas : Cela ne ſauroit réuſſir.
2b N'y montez donc point de peur d'être battus
>> par vos ennemis : car l'Eternel n'eſt pas au
32 milieu de vous , pour vous favoriſer de ſon
ſecours , comme il y étoit ci devant. " De plus,
52 les Amalékites & les Cananéens ſont là de
2> vant vous ; & vous ſerez mis à mort par
3) l'épée ; à cauſe que vous vous êtes détournés
2> de ſuivre l'intention de l'Eternel, il ne ſera
2> point avec vous dans cette occaſion. Malgré
42 cette repréſentation de Moiſe, les Iſraélites
, frap
x92 L'AN c I E N T E s T A M E N T
,, frappés d'aveuglement , s'obſtinérent de vou
» loir monter ſur le haut de la montagne,
pour deſcendre de là, dans le pays de Canaan ;
22
mais l'Arche de l'alliance de l'Eternel & Moi
3> ſe, ne bougérent point du milieu du camp.
22 Alors les Amalékites & les Cananéens qui ha
22 bitoient en cette montagne, étant deſcendus,
battirent les Iſraelites & les mirent en dé
,, route, juſqu'au lieu , dit, Horma, c. à d.
Anathême ou deſtruction , parce que l'armée des
Iſraélites y fut défaite par les Cananéens.
D. Quels furent les mouvemens ou les ſentimens
de Moiſe à l'ouie de cette defaite qui avoit été
précédée de la mort ſoudaine des eſpions ?
R. L'Ecriture Sainte ne nous le dit pas ;
mais il y a toute apparence qu'il en fut vi
vement affligé , & la plûpart des Interprètes
Anciens & Modernes, Juifs & Chrétiens, pré
tendent que ce fut à cette occaſion qu'il com
poſa le Pſaume XC. qui porte ſon nom. Quel
ques-uns cependant en renvoyent la compoſi
tion au tems de la captivité de Babilone, par
quelcun des deſcendans de Moïſe qui prit ſon
nom , pour rendre ſon ouvrage plus vénéra
ble, & ils appuyent leur ſentiment de ces trois
raiſons principales. La premiere eſt tirée de la
durée ordinaire de la vie de l'homme , fixée
dans ce Pſaume à ſoixante & dix ans, ou qu2
tre vingts pour les plus vigoureux ; ce qui ne
peut convenir au tems de Moïſe, où il n'étoit
pas rare de voir des hommes de cent ans &
au de-là. La ſeconde eſt tirée des verſets I4.
15. 16. & 17. de ce Pſaume, qui conviennent
beaucoup mieux à l'état des Juifs dans la cap
tivité , qu'à celui de Moïſe , ou des Iſraelites
après
M 1s E N C A T E & H I s M E. 193
après la mort ſoudaine des eſpions, & la dé
faite du peuple d'Iſrael. Enfin l'on dit que ſi
ce Pſaume étoit de Moïſe, il auroit été inſeré
dans le Pentateuque, ou par lui même , ou par
les Prophètes venus après lui , qui l'auroient
cru & reconnu etre de ſa main. Mais puiſque
ce Pſaume porte réellement dans l'original &
dans toutes les verſions les plus anciennes , le
Titre de Priere de Moiſe l'homme de Dieu : Titre
qui convient particulierement au Législateur des
Juifs, & dont il n'eſt pas à préſumer qu'aucune
autre perſonne, ni de ſa famille, ni de la Tri
bu de Lévi, ait voulu ſe qualifier pour donner
plus de poids à ſa priere, & que d'ailleurs tout
ce que contient cette priere , peut convenir :

aux circonſtances dans leſquelles ſe trouvoit alors


ce ſaint homme, nous le regarderons auſſi avec
la plûpart des Interprètes de l'Ecriture comme
ſon ouvrage, & nous le placerons ici pour ſui
vre l'ordre de la narration, & des tems.
D. Quel eſt donc le ſujet 85 la matiere de cette
Priere de Moïſe ?
R. Moïſe, toujours ſenſible aux faveurs de
Dieu pour ſon peuple , les reconnoit d'abord
avec humilité; mais conſidérant auſſi avec dou
leur , qu'une mort ſoudaine & prématurée,
avoit emporté un grand nombre de perſonnes
de tout âge, avant qu'elles euſſent atteint le
terme ordinaire de la vie des hommes ; expoſe
ici la fragilité & les miſéres de la vie humaine,
par oppoſition à la puiſſance & à la durée éter
nelle du Dieu Fort : Enſuite réflèchiſſant ſur les
cauſes de la déſolation où il voyoit alors ré
duit le peuple de Dieu, par un effet de ſa co
Tome I I. N lère,
A

194 L'A N c I E N T E s T A M E N T
lère, l'attribue toute entiere à leurs péchés, &
en particulier au peu de foi qu'ils avoient eu
aux promeſſes de Dieu , & au peu d'attention
qu'ils avoient fait à ſes jugemens, qui faiſoient
que leurs jours étoient ainſi abrégés. Enfin il
prie Dieu de graver profondément ces réfléxions
dans leur cœur , & il le ſupplie de s'appaiſer
envers ſon peuple , & de le combler de ſes
graces , en donnant un heureux ſuccès à leurs
entrepriſes.
D. En quels termes exprime-t-il la fragilité,
83 les miſères de la vie humaine, miſes en oppo
ſition avec la puiſſance 85 la durée éternelle
de Dieu ?
Pſ. XC. R. Il s'exprime ainſi, º O Seigneur, tu as
I - 7.
,, été pour nous juſques à préſent un refuge
aſſuré , & nous eſperons que tu le ſeras encore,
22 pour les générations avenir ! Avant que les
3) montagnes euſſent été formées, & que tu
» euſſe produit la Terre & l'Univers entier,
» & même avant les tems les plus cachés qiii
s, ont précédé la création de ce monde ; tu es
,, le Dieu Fort, & tu le ſeras juſques aux
,, tems les plus reculés ; Mais tu feras rentrer
,, l'homme déja foible 83 miſérable par lui mé
,, me, juſques dans la poudre de la Terre ;
,, parce que tu as dit aux fils des hommes,
,, retournez dans la pouſſiere d'où vous avez éré
* Gen, III. tirés *. C'eſt là le ſort qu'ils doivent ſubir : Es
I9. quand même ils vivroient mille ans , $ plus
que m'a vêcu aucun homme ; que ſeroit - ce en
comparaiſon de ton étermité ? ** Car mille ans
,, ſont à tes yeux, comme le jour d'hier qui
» eſt paſſé , ou comme une veille de la nuit
» (a)
M I s E N C A T E c H I s M E. 19 ;
,, ( a ). Si tu as répandu ſur eux le ſommeil
pendant la nuit , comme on répand l'eau ſur les
| ,, plantes pour les conſerver , ils ſeront au ma
,, tin comme une plante qui aura changé de
,, forme. Au matin elle fleurira & ſera changée ;
,, mais au ſoir on la coupe & elle ſe ſéche :
,, il en eſt ainſi de nôtre vie ; car nous avons
,, été conſumés par ta colère, & nous avons
» été remplis de trouble par ta fureur.
D. A quoi Moiſe attribue-t il enſuite ces effets
de la colere de Dieu envers les Juifs au nom de
qui il parle ?
R. Il les attribue à leurs iniquités continuel
:
les, tant connues que cachées , ou inconnues.
» Tu as, dit-il à Dieu , mis nos iniquités de- Pſ. xc.
,, vant toi ; tu les as conſiderées pour nous en 8-11
2 , pttnir, & tu as mis au jour nos fautes ca
,, chées ; par les chàtimens que tu nous as infli
,, gés : Car tous les jours que nous avions en
,, core à vivre, n'ont fait que paroitre un mo
,, ment par un effet de ta grande colere, & nous
,, avons achevé nos années comme une penſée,
qui s'évanouit au moment qu'elle eſt formée. " Les
2, jours de la vie des hommes , tels qu'ils ſont
,, à préſent parmi nous, ſont réduits à ſoixante
,, & dix ans, tout au plus à quatre vingts pour
,, l'ordinaire, & l'âge où ils ont le plus de for
,, ce, eſt pour eux un tems de travail & de tour
» ment continuel ; qui paſſe encore avec viteſſe,
N 2, - 2» CIl

( a ) Une veille de la nuit. Les Anciens partageoient


la nuit en 4 tems, de trois heures chacun ; auxquels
ils donnoient le nom de veilles ; parce que les bergers
occupés à garder leurs troupeaux pendant la nuit ,
vcilloient tour à tour autant de tems à cette garde.
|
196 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T |

,, enſorte qu'on peut dire que nous nous en


,, volons. Qui eſt ce qui connoit, ou qui com
ſidére aſſez attentivement toute l'étendue 85 la vé
,, hémence de ton courroux, juſques où il peut
», aller, & juſques où tu portes ton indignation
- ,, contre les hommes pécheurs , ſuivant le plus
* ,, ou le moins de crainte qu'ils auront eu de
t'offenſer !
- D. Quelle priere le Pſalmiſie adreſſe-t-il à Dieu
ſur cela ? -

Pſ. X C. R. ,, Apprends-nous , lui dit-il, à compter ſi


, l s - I9. » bien nos jours, 85 à faire tant d'attention
à la briéveté de nôtre vie, 85 au compte que nous
devons te remdre un jour de toute môtre conduite, |

,, que cela nous engage à attacher nôtre cœur à


» la ſageſſe. O Eternel ! reviens à nous. Soit
mous plus favorable : Juſques à quand ſeras-tu
courroucé contre mous * Sois appaiſé envers tes
ſerviteurs. Raſſaſſie , ou rempli- nous dès le
matin 85 le plutôt poſſible , des effets de ta
bonté. Nous te célébrerons par nos Canti
ques, pour t'en marquer nôtre reconnoiſſance,
& nous nous réjouïrons en toi tous les jours
de nôtre vie. Réjouis-nous auſſi 85 nous récrée
à proportion des jours que tu nous as afHi
gés , & des années que nous avons vû le
, mal fondre ſur mous. c. à d. Que tes faveurs
viennent à préſent prendre la place de tes ch.iti
» mens ' Que ton œuvre $ ton puiſſant ſecours
- » ſe manifeſtent envers tes ſerviteurs! Que ta
- ,, gloire ou ta protection glorieuſe ſe faſſe ſentir
| » à leurs deſcendans ; & que ton amour $ ta
,, bienveillance, O Eternel nôtre Seigneur, repo
» ſent ſur nous ! Dirige toi-même l'œuvre de nos
• mains , 85 donne un heureux ſuccès à toutes
»s 7395
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 197
,, nos entrepriſes : Oui, Seigneur ' fais réuſſir l'œu
,, vre de nos mains.

: C H A P I T R E X V I.

Contenant diverſes loix que Dieu donna à


, Moïſe pour les enfans d'Iſraël , quand ils
ſeroient en poſſeſſion du pays de Canaan ;
& l'hiſtoire de la ſédition de Coré, Da
than & Abiram, contre Moïſe & Aaron ,
arrivée dans le même endroit où ils étoient
alors, avec les ſuites qu'elle eut ; & le
miracle fait ſur la verge d'Aaron, pour
confirmer ſa vocation.

D. Uels ordres reçut enſuite Moïſe de la pars


- de Dieu pour les enfans d'Iſraèl, lorſ
qu'ils ſeroient entrés au pays de Canaan ?
R. Pendant lc long ſéjour que les Iſraëlites fi
· rent à Kadès barné dans le déſert de Paran ; l'E-
ternel donna encore à Moiſe diverſes loix pour
les Enfans d'Iſrael , qui ne devoient avoir lieu
que quand ils ſeroient entrés au pays de Ca
naan. C'eſt ainſi qu'il lui ordonna de dire aux
Enfans d'Iſrael ; ** Quand vous ſerez entrés au Momb.
pays où vous
donne, & quedevez
vousdemeurer, lequelunje ſacri-
voudrez faire vous # #
I - I6.

fice par feu à l'Eternel, ſoit holocauſte, ou


: de proſpérités, pour vous acquiter de quel
que vœu, ou faire quelque offrande volon
2, taire , ou dans vos Fêtes Solemnelles pour
» faire une offrande agréable à l'Eternel de gros
+
*.
N 3 2 , Oll
198 L'A N c I E N T E s T A M E N T
ou de menu bétail ; celui qui l'offrira devra
auſſi offrir avec elle un gâteau de fleur de
farine, d'une dixieme d' Épha , paîtrie avec la
quatrieme partie d'un hin d'huile , ( qui fai
ſoit environ deux pintes 85 demi ) & la qua
trieme partie d'un hin de vin pour l'aſper
ſion , que tu feras ſur l'holocauſte , ou ſur
quelque autre ſacrifice pour chaque agneau.
Que ſi c'eſt pour un bélier, tu feras un gâ
teau de fleur de farine , paîtrie avec la troi
ſieme partie d'un hin d'huile , ( ſoit trois
piutes $ un tiers ), & la troiſieme partie d'un
hin de vin, pour l'aſperſion à faire ſur l'au
tel, afin que l'offrande ſoit agréable à l'Eter
nel : Et ſi tu ſacrifies un veau en holocauſte,
ou pour s'acquiter d'un vœu , ou en ſacrifi
ce de proſpérités ofſert à l'Eternel ; on offrira
avec le veau , un gâteau de trois dixiemes
de fleur de farine , paîtrie avec la moitié d'un
hin d'huile ( ſoit cinq pintes ), & tu offriras
la moitié d'un hin de vin pour l'aſperſion ;
afin que l'offrande paſſée par le feu ſoit agréa
ble à l'Eternel : On en fera de même pour
chaque taureau, chaque bélier, chaque agneau,
ou chevreau, ſelon la régle ci-deſſus , & ſe
52 lon le nombre que vous en ſacrifierez, vous
22 ferez ainſi de chacun. Tous ceux qui ſont
22 nés au pays obſerveront ces ordonnances ,
» lorſqu'ils auront à offrir un ſacrifice par feu
3» pour être agréable à l'Eternel : L'étranger qui
29 habitera parmi vous, en devra faire tout de
2 » même. Qui que vous ſoyez qui compoſiez
s» l'aſſemblée du peuple ; il y aura une mème
:y loi pour vous & pour l'étranger, & º# ºI3
MIs EN C A T E c H I s M E. I99
,, ſera conſtamment obſervée dans tous vos âges
,, en préſence de l'Eternel.
D. Qu'eſt ce que Moïſe eſt chargé de dire aux
Enfans d' Iſraël de la part de Dieu ſur les pré
mices du pain *
R. ,, Quand, dit - il , vous ſerez arrivés au Nomb.
,,
,, pays où jeduvous
mangerez pain ferai entrer,
du pays pré- #,
& queen vous
, vous 7 - 2 I.

,, ſenterez à l'Eternel une offrande élevée, ſa


», voir, un tourteau pour les prémices de vô
,, tre pâte, & vous l'offrirez à la façon de l'of
,, frande élevée, pour les prémiices du blé pris de
,, l'aire. Vous donnerez donc dans tous les
,, tems à l'Eternel, une offrande élevée, priſe
,, des prémices de vôtre pâte.
D. Qu'eſt - ce que Deu ordonne ſur les péchés
d'omiJion , ou ſur les fautes commiſes par erreur ?
R. ,, Lors , dit - il, que vous aurez failli par Nom#»
,,
,, erreur, & que
quelcun des vous aurez donnés
commandemens omis d'obſerver #":
à Moiſe, 22 - 29a

,, de tout ce qu'il vous a ordonné de faire pré


», ſentement, ou qu'il vous ordonnera dans la
2, ſuite : S'il arrive que la choſe ait été faite,
», ou omiſe par erreur par l'aſſemblée , ſans
,, qu'elle s'en ſoit apperçue ; toute l'aſſemblée
,, ſacrifiera en holocauſte d'une odeur agréable
», à l'Eternel, un veau pris du troupeau , avec
», le gâteau ci-deſſus ordonné, & ce qu'il faut
".
2, pour l'aſperſion; & un jeune bouc en offran
,, de pour le péché. Par ce moyen , le Sacrifi
» cateur fera propitiation pour toute l'aſſemblée
,, des Enfans d'Iſraël, & il leur ſera pardonné ;
,, parce que c'eſt une choſe arrivée par erreur,
,, & ils améneront devant l'Eternel leur offran
,, de qui doit être un ſacrifice fait par feu à
N 4 » l'E-
2oo :A N - , z N TEsT AM EN T
l'Eternel pour leur péché & à cauſe de leur
erreur. Alors il ſera pardonné à toute l'aſ
,, ſemblée , auſſi bien qu'à l'étranger qui de
,, meure parmi eux ; parce que cela eſt arrivé
à tout le peuple par erreur. Que ſi une per
ſonne ſeule péche par erreur, elle offrira en
offrande pour le péché une chévre d'un an ,
& le Sacrificateur fera propitiation pour le pé
ché qu'elle aura commis par erreur ; après
,, quoi il lui ſera pardonné : Il y aura la mê
,, me ordonnance à cet égard ; tant pour celui
» qui eſt né au pays que pour l'étranger qui
,, habite parmi eux.
D. Qu'eſt-ce que Dieu ordonne enſuite ſur les
péchés comutis par fierté ?
AVamb. R. Il ordonne ce qui ſuit : " Mais quant à
X V.
» celui qui aura péché par fierté 83 de propos
3o, 31.
,, délibéré; tant celui qui, eſt né au pays que
,, l'étranger ; il a outragé l'Eternel ; il ſera re
,, tranché du milieu de ſon peuple 85 puni de
33 mort , parce qu'il a mépriſé la parole de l'E-
2» ternel, en péchant volontairement, & qu'il a
enfraint, ou violé ſon commandement qui lui
25 étoit connu. On le fera mourir de mort ſans
,, remiſſion : Son iniquité eſt ſur lui ; il en
doit porter la peine.
D. Quel exemple y eut - il alors d'un ſembla
ble pécheur qui avoit peut - être donné accuſion à
1a Loi ?
AVornh. R. Ce fut celui - ci : * Les Enfans d'Iſraël
X V. , étants au déſert, trouvérent un homme qui
32 - 34.
,, ramaſſoit du bois le jour du Sabbat, contre
la défenſe expreſſe de Dieu, connue de tout le peu
,, ple; & ceux qui le trouvérent ramaſſant du
,, bois , l'amenérent à Moïſe & à Aaron & à
,, tOUte
MIs E N C A T E c H I s M E. 2oY

- toute l'aſſemblée des Anciens ; & on le mit


ſous bonne garde ; car il n'avoit pas été dé
claré quel châtiment un tel pécheur devoit
,, ſubir : Alors l'Eternel ayant été conſulté par
,, Moïſe ſur ce fait , lui répondit : On punira
, de mort cet homme - là, & toute l'aſſemblée
,, le lapidera hors du camp. Toute l'aſſemblée
» donc , ou ſes Juges le firent mener hors du
, camp , ils le lapidérent & il mourut, comme
,, l'Eternel l'avoit commandé à Moïſe.
· D. Qu'eft-ce que Dieu ordonne encore à Moïſe
ſur les franges 83 les houpes à mettre aux habits ?
R. ,, Parle , lui dit-il , aux Enfans d'Iſrael , Nomb.
X IV.
,, & leur dis qu'ils ſe faſſent d'âge en âge , 37 - 4I.
,, d'une poſtérité à l'autre, des bandes aux quatre
s, pans de leurs vêtemens , ou de leurs manteaux
quarrés qu'ils portoient ſur leurs tuniques , &
,, qu'ils mettent aux quatre extrêmités de ces
,, pans , un cordon , ou une houpe de couleur
,, de pourpre, ou bleu céleſte, qui les faſſe diſtin
guer des autres nations, 83 reconnoitre pour mon
,, peuple. Ce cordon ſera ſur la bande , & en
,, le voyant, il vous ſouviendra de tous les com
, mandemens de l'Eternel ; afin que vous les
» obſerviez , & que vous ne ſuiviez point les
» penſées de vôtre cœur, ni les déſirs de vos
», yeux pour vous proſtituer, ou vous détourner
», du ſervice de vôtre Dieu; afin que vous vous
,, ſouveniez de tous mes commandemens ; que
», vous les mettiez en pratique ; & que vous
s, ſoyez ſaints 85 attachés à vôtre Dieu , com
», me vous vous y êtes engagés. Je ſuis l'Eternel
» vôtre Dieu 83 vôtre Bienfaiteur qui vous
», a tirés du pays d'Egypte pour être vôtre
» Dieu , le ſeul que vous adoriez ; le ſeul objet
5 de
2o2 L'A N c I E N T EsT AME N T
de vôtre culte, comme vous l'étes de mes ſoins
83 de ma faveur : " Je ſuis l'Eternel vôtre Dieu,
qui veut continuer à vous faire du bien.
D. Que ſe paſſa - t - il en ce tems - là de mémc
rable dans le camp des lſraélites , après les or
donnances ci - deſſus, qui y donnérent peut - être
occaſion ?
Nomb. R. » En ce tems là Coré, fils de Jitshar",
X V I.
I - I9.
» fils de Kéhath , un des fils de Lévi , Cou
ſin-germain de Moiſe 83 d'Aaron, par Hamram
,, leur Pere, frere ainé de Jitshar ; Coré, dis-je,
» s'étant ligué avec Dathan & Abiram , fils
» d'Eliab, & avec On, fils de Peleth , de la
» famille de Ruben, l'ainé des fils de Jacob,
» pour s'élever contre Moïſe ; ſans doute par
un principe de jalouſie ; parce qu'il ſembloit vouloir
dominer ſur eux ; peut - être auUi, parce qu'ils vo
yoient le ſacerdoce dans la ſeule branche d'Aarot
ſans y avoir aucune part : " Et ayant pris avec
» eux, deux cent cinquante hommes des En
» fans d'Iſrael, d'entre les principaux de l'aſ
» ſemblée que l'on appeloit pour tenir le grand
» conſeil ; tous gens de crédit & de réputation ;
» ils allérent enſemble vers Moïſe & Aaron ,
,, au moins Coré & ſa ſuite, & lui dirent; Il
» vous doit ſuffire & vous devez être contens,
» que toute l'aſſemblée des Enfans d'Iſraël ſoit
» un peuple Saint , & que l'Eternel ſoit avec
,, eux : Ce peuple n'a plus beſoin d'autre maitre.
» Pourquoi vous élevez-vous encore par deſſus
» l'aſſemblée qui a l'Eternel pour ſoit Chef 8
,, ſon conducteur * Ce que Moïſe ayant enten
» du, il ſe proſterna par humiliation le viſàge
» contre terre, & il dit à Coré & à tous ceux
» qui étoient aſſemblés avec lui. Atteitdez , je
'U0ll,
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 2o3
vous prie, la réponſe que je dois vous faire juſqu'à
2» demain au matin , que l'Eternel donnera à
:> connoitre celui qui lui appartient , ott qui eſt
• > ſon miniſtre légitime , & celui qui eſt le Saint,
23 qu'il a lui-même choiſi pour exercer le Sacer
• > dace, & il le fera approcher de lui pour le
: > ſervir : Mais faites ceci dès à préſent ; Que Co
ré & ceux qui ſont aſſemblés avcc lui pren
nent des encenſoirs , & demain metttez-y du
feu & de l'encens pour paroitre devant l'E-
ternel ; & celui que l'Eternel fera connoitre
"avoir choiſi pour être ſon Miniſtre, ſera ſaint
S3 conſacré à ſon ſervice preferablemént aux au
>> tres. Que cela vous ſuffiſe, enfans de Lévi.
2> Moïſe dit encore à Coré 83 à ceux de la Tribu
>2 de Lévi qui étoient avec lui. Ecoutez mainte
>9 nant, Enfans de Lévi ; Eſt - ce trop peu de
- 22 choſe pour vous, d'avoir été ſéparés 83 choi
22 ſis d'entre les autres Enfans d'Iſraël par le
22 Dieu de ce peuple, & de vous avoir fait ap
procher de lui, pour être employés au ſervice
du Tabernacle de l'Eternel , & ſervir le peu
ple dans les choſes qui regardent le culte que
toute l'aſſemblée doit rendre à Dieu , & qu'il
t'ait admis , toi Coré en particulier, & tous
tes freres les Enfans de Lévi, au miniſtère
ſacré que vous exercez dans ſa maiſon ? Faut
il que vous recherchiez encore la Sacrifica
ture que Dieu a attachée à Aaron 85 à ſa
famille * C'eſt pourquoi toi & tous ceux qui
52 ſont aſſèmblés avec toi , vous vous aſſem
>> blez ; vous conjurez enſemble contre la volonté
2b de l'Eternel : Car qui eſt Aaron pour que vous
55 murmuriez contre lui ? S'eſt-il ſaiſi par force
>3
de la Sacrificature ? N'eſt-ce pas Dieu qui l'y
- 2» (7
2o4 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
-

,, a établi ? Et ne pouvoit-il pas ſuivre ſa voea -

,, tion ? Après cela Moïſe envoya appeler Da


,, than & Abiram, Enfans d'Eliab , qui m'étoient
,, pas allés vers Moïſe avec Coré; mais ils ré
» pondirent ; nous n'y irons point, $ tout de
ſuite ils ajoutérent, comme s'ils avoient pakſé à
,, Moiſe lui-même ; N'eſt-ce pas aſſez que tu nous
,, ayes fait quiter un pays découlant de lait &
» de miel, pour nous faire mourir dans ce dé
» ſert ; que tu veuilles encore dominer ſur nous ?
» Nous as-tu fait venir , comme tu nous l'avois
,, promis, dans un pays découlant de lait & de
» miel ? Nous as - tu donné quelque héritage
,, de champs & de vignes ? Créveras - tu les
» yeux à cette aſſemblée , pour me pas voir que
tu nous as abuſé par de belles promeſſes ? * Nous
» n'irons point vers toi. Alors Moïſe fut fort
» irrité à l'ouïe de ces paroles, qu'on lui rap
,, porta, & dit à l'Eternel ; Ne regarde point à
» leur offrande ; ou ne reçois point l'encens qu'ils
» doivent te préſenter demain : C'eſt à tort qu'ils
m'accuſent de vouloir dominer ſur eux : " car je
» n'ai jamais pris d'eux aucun préſent, pas
,, même la valeur d'un ane, & je n'ai jamais
» fait de mal à aucun d'eux ; Puis Moïſe dit
» encore à Coré ; Toi & tous tes adhérens,
,, trouvez-vous demain au Tabernacle avec Aa
,, ron, & prenez chacun vos encenſoirs & met
» tez-y de l'encens, & que chacun préſente
» devant l'Eternel ſon encenſoir avec l'encens,
» autant que vous êtes de perſonnes , ce qui
» fera deux cent cinquante encenſoirs, avec toi
» Coré & Aaron qui aurez auſſi chacun ſon en
,, cenſoir. Ils prirent donc chacun ſon encen
» ſoir, & y mirent du feu & de l'encens par
1, deſ
M I s E N CA T E c H I s M E. 2o5
», deſſus, & ſe tinrent à l'entrée du Taberna
,, cle d'aſſignation avec Moïſe & Aaron. Ce
» pendant Coré pour ſoutenir ſon parti, avoit
», fait aſſembler contr'eux une grande multitu
» de d'Iſraélites à l'entrée du Tabernacle d'aſſi
, gnation, & la gloire de l'Eternel apparut à
, toute l'aſſemblée, ſous le ſimbole d'une nuée
éclattante.
D. Qu'arriva t-il donc le lendemain ?
R. » L'Eternel dit à Moïſe & à Aaron. Sé . XMomk.V I. ,
,, parez-vous du milieu de cette aſſemblée, & 29-35
,, je les conſumerai en un moment ; mais ils
, ſe proſternérent devant Dieu le viſage contre
,, terre , & dirent; O Dieu Fort & Tout-puiſ
» ſant ! Dieu des eſprits de tous les hommes,
» qui les as tous créés ' Un ſeul homme aura
» péché , 85 aura porté toute cette multitude à
,, le ſuivre, voudrois-tu pour cela faire reſſentir
» les effets de ta colère à tous ſes adhérens !
» Mais l'Eternel dit à Moïſe ; Parle à l'aſſem
» blée qui a ſuivi Coré, & lui dis ; Retirez
» vous d'auprès des tentes de Coré, de Dathan
2, & d'Abiram, qui vous ont entrainés dans cette
ſédition. Abandonnez-les, ſi vous voulez n'être pas
,, détruits avec eux. Moïſe alla enſuite vers Da
» than & Abiram, & ayant pris avec lui des
,, Anciens d'Iſrael , Chefs de ce peuple ; il dit
,, à ceux qui étoient là aſſemblés ; Retirez vous,
, je vous prie d'auprès des tentes de ces mé
» chans hommes, & ne touchez à rien qui leur
» appartienne ; de peur que vous ne ſoyez
» conſumés avec eux pour tous leurs péchés :
» ils ſe retirérent donc d'auprès des tentes de
» Coré, de Dathan & d'Abiram : Mais Dathan
• & Abiram ſortirent & ſe tinrent debout à
•, l'en
2o6 L'A N c I E N TEsTA ME NT
52 l'entrée de leurs tentes, avec leurs femmes,
22 leurs enfans, & leurs familles ; Puis Moiſe
2> dit à l'aiſemblée, vous connoitrez à ceci , que
22 c'eſt par ordre de Dieu & non de mon chef,
2> que j'ai établi toutes les choſes dont ces gens
52 la ſe plaignent : S'ils meurent , comme tous
» les hommes meurent , de maladie, ou de vieil.
,, leſſe , ou s'ils ſont ſeulement enveloppés dans
les fléaux dont Dieu ſe ſert quelquefois pour
punir tout un peuple , comme la peſte, la
guerre , ou la famine. Si l'Eternel ne m'.
point envoyé ; je conſens d'être regardé comm:
un impoſieur : Mais ſi l'Eternel fait quelqu
39 choſe de nouveau pour les punir ; ou s'il les
fait périr d'un genre de mort tout extraordinaire,
52 & que la terre s'ouvre & les engloutiſſe avec

3» tout ce qui leur appartient, & qu'ils deſcen

22 dent tous vifs dans le gouffre ; alors vous


3> ſaurez que ces hommes ont irrité l'Eternel
2 » par le mépris qu'ils ont fait de ſes ordonnan
32 ces. Et il arriva qu'auſſi tôt qu'il eut achevé
2) de parler, la terre qui étoit ſous eux ſe fen
:)> dit, ouvrit ſa bouche, & les engloutit avec

22 leurs demeures ; & tous les hommes qui étoient

22 là du parti de Col é, & tout leur bien ,


2 ) tant meubles que beſtiaux, deſcendirent tout
92 vifs dans le gouffre, eux & leurs partiſans ;

22 la terre les couvrit en ſe refermant , & ils


2© périrent au milieu de l'aſſemblée qui en fits
25 témoin. Tous les Iſraelites qui étoient autour
22 d'eux s'enfuirent à leur cri, de peur que la
2© terre ne les engloutit auſſi. D'autre côté le
22 feu ſortit de la préſence de l'Eternel , ou de
22 la nuée lumineuſe, & conſuma Coré avec les
2 > deux
IM 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 2o7
» deux cent cinquante hommes de ſon parti qui
:) )offroient le parfum.
D. Quel ordre Dieu donna-t-il enſuite !à Moïſe
ſur ce ſujet ?
R. , L'Eternel ordonna enſuite à Moïſe de Momb.
,, dire à Eléazar fils d'Aaron Sacrificateur, qu'il 36
XVI.
- 4O.
25 relevât les encenſoirs du milieu des cadavres
2> brulés , & que le feu de ces encenſoirs fut
:> jetté ça & là & diſperſé ; de peur qu'il ne fut
:) 2 employé à des uſages profanes ; car il avoit été
20 ſanctifié ou deſiiné à des uſages ſaints, ayant
22 éte pris de deſſus l'autel : mais pour les encen
2> ſoirs mème de ceux qui avoient péché au
#
22 péril de leur vie, il ordonna qu'on en fit des
3> plaques larges pour en couvrir l'autel ; ( qui
etoit déja couvert de plaques d'airain ſur le bois ) ;
22 puis qu'ils s'en étoient ſervis pour offrir leurs

22 encens à l'Eternel ; ils ſeront ſanctifiés 8 $


:> 2 employés à des uſages ſacrés ; & ils ſerviront
52 de mémorial aux Enfans d'Iſraël de la puni
>> tion de Coré 85 de ſes adhérens. Ainſi Eléa
22 zar le Sacrificateur prit les encenſoirs d'ai
2> rain, dont ces hommes qui furent brulés s'é-
5> toient ſervis pour offrir leurs encens, & l'on
:> en fit des plaques pour couvrir l'autel. C'eſt
>2 un mémorial aux Enfans d'Iſrael qui leur rap
pellera qu'aucun étranger qui n'eſt pas de la
race d'Aaron , ne doit offrir le parfum en la
préſence de l'Eternel, de peur d'être conſu
22 mé comme Coré, & ceux qui étoient aſſem
blés avec lui ; ainſi que l'Eternel en a parlé
,
2
22

22 par le miniſtère de Moïſe.


D. Ces châtimens terribles dont Dieu punit la
-

ſédition de Coré, de Dathan 83 Abiram , arrêté


rmt-ils comme ils devoient le faire, la rebellion
2o8 L'A N c I E N T E s T A M E N r
83 les murmures des Enfans d'Iſraël contre Moïſe
85 Aaron ?
Nami. R. Non, au contraire ; " Dès le lendemain
X VI. ,, toute l'aſſemblée des Enfans d'Iſraél , irrités
· *** ſans doute par la mort extrordinaire de leurs fre
res, qu'ils attribuoient à un eſprit de vengeance
» de Moiſe 85 d'Aaron , murmura contr'eux,
- ,, en diſant ; Vous avez été cauſe par vos prie
| -- res & la faveur que vous avez auprès de Dieu,
•. # ,, de la mort des gens qui fuiſoient partie du peu
:) ) ple de l'Eternel ; & comme l'aflemblée des ſé

35 ditieux , & le tumulte s'augmentoit contre


» Moïſe & Aaron ; ils jettérent les yeux, &
,, tournérent leurs pas vers le Tabernacle d'aſ
» ſignation , qu'ils virent couvert de la nuée,
,, & la gloire de l'Eternel apparut par un éclat
de lumiere extraordinaire. " Moïſe & Aaron
,, étant donc arrivés devant le Tabernacle d'aſ
» ſignation, l'Eternel leur dit en s'adreſſant à
,, Moïſe : Otez-vous du milieu de cette aſſem
blée, & je les conſumerai en un moment :
Alors ils ſe proſternérent le vifage contre ter
,, re , pour intercéder en faveur des coupables.
,, Puis Moïſe dit à Aaron ; Prends l'encenfoir
,, & mets y du feu pris de l'autel, & du par
,, fum par deſſu, & va promptement à l'aſſem
,, blée ; & fais propitiation pour eux ; car une
,, grande colère de la part de l'Eternel ſe ma
,, nifeſte déja ; le fléau eſt commencé ; une mort
», ſubite enléve déja bien des coupables : Et Aaron
», ayant pris auſſi tôt l'encenſoir, comme Moiſe
», le lui avoit dit, ſe hâta de courir au milieu
s, de l'aſſemblée, où le fiéau de Dieu avoit dé
», ja commencé à frapper le peuple ; il y mit
» du parfum , & fit des encenſemens & des
• "rieres
MIs EN C A T E c H 1 s M E. 2o9
, priéres pour l'arrêter ; & comme il ſe tenoit
entre ceux qui avoient été frappés d'une mort
ſubite & ceux qui étoient encore vivans, le
- fléau fut arrêté, & il y en eut quatorze mille
ſept cens qui en moururent ; outre ceux qui
étoient morts dans la ſédition de Coré. Et
Aaron retourna vers Moiſe à l'entrée du Ta
bernacle d'aſſignation, & le fléau fut arrêté.
D. Quel autre miracle Dieu fit-il enſitite pour
confirmer le ſacerdoce d'Aaron , qui avoit donné
lieu à tant de tumultes ? -

R. Ce fut celui de la verge d'Aaron qui fleu


rit, pendant que celles des autres Tribus &
des autres familles reſtérent ſéches ; ce qui ar
riva de cette maniere. " L'Eternel dit enſuite Momb,
X V 1 1.
» à Moïſe : Parle aux Enfans d'Iſraél, & prends I - 13 .
» de chaque Tribu une verge, ou un bâton (a),
» autant qu'il y a de chefs de familles, ou de
» Tribus dont ils ſont deſcendus, au nombre
» de douze , & tu écriras le nom de chacun
» de ces Chefs ſur ſa verge , ou ſon bâton ;
» mais tu écriras le nom d'Aaron, ſur la ver
, ge de la Tribu de Lévi ; car il y aura une
", verge pour chaque Chef de la famille de leurs
» peres, ou des Tribus deſcendues d'Iſraël, & tu
5"
» les poſeras au Tabernacle d'aſſignation, de
» , Vdi1t

(a ) Une verge ou un bâton. Il paroit par l'Ecriture


que les anciens Hébreux portoient tous des bâtons , &
les Chefs de familles, ou des Tribus, en avoient appa
remment de diſtingués des autres par quelque endroit :
mais de plus il eſt ici ordonné à Moïſe , d'éerire ſur
chacun de ces bâtons le nom de celui à qui il ap
partenoit , comme Chef de ſa Tribu, pour le diſtin
guer encore mieux de tout autre, -

Tome 1 I. O º -
2 Io L'A N c I E N T E s T A M E N r
20 vant le Lieu très - Saint où repoſe l'Arche da
2> témoignage, & là je me trouverai avec vous
pour vous faire connoitre ma volonté, ſur le Sa
cerdoce que l'on diſpute à Aaron. * Car il arri
:)> vera que le bâton de l'homme que j'aurai
20 choiſi pour cet emploi fleurira S3 mon les au

29 tres ; & je ferai ceſſer par ce moyen de de


vant moi les murmures des enfans d'Iſrael
32 contre vous. Quand Moïſe eut rapporté la
32 choſe aux enfans d'Iſraël, tous les Chefs de
32 chaque Tribu lui donnérent chacun ſon bä
, 20 ton ; ce qui fit douze bâtons, outre celui
33 d'Aaron qui fut auſſi mis parmi les autres,
22 & Moiſe les mit tous devant l'Eternel au
2> Tabernacle du témoignage. Le lendemain Moi
22 ſe étant entré dans le dit Tabernacle, trou
· 32 va que la verge d'Aaron avoit fleuri pour la
2) famille, ou la Tribu de Lévi, & qu'elle avoit
3> mon ſeulement pouſſé des fleurs, mais encore
22 produit des boutons, & donné des amandes
22 mûres : Alors Moïſe ôta de devant l'Eternel
23 tous les bâtons & les porta aux Chefs de
22 chaque Tribu, qui les ayant vus & recon
20 nus, reprirent chacun le ſien : Et l'Eternel
2> dit à Moïſe ; Reporte la verge d'Aaron de
vant l'Arche du témoignage, pour être gar
dée comme un mémorial de la rebellion des
enfans d'Iſraël contre Aaron, & tu feras par
là ceſſer leurs murmures de devant moi ; afin
qu'ils ne meurent plus d'une mort ſoudaine
& violente, comme il eſt arrivé à quelques
uns, pour avoir ôſé diſputer à Aaron le ſa
cerdoce que je lui ai confié & à ſes fils.
Ce que Moïſe ayant fait ſelon les ordres de
l'Eternel, les enfans d'Iſraël ſaiſis de crain
s» tc »
M I s E N C A T E c H I s M E. 211
• te, à la vue de ce miracle & à l'ouïe des
» paroles de Moïſe, lui dirent : Voici nous dé
» faillons ; pluſieurs milliers d'entre nqui ont deja
,, été punis de mort, & nous † † lieu
,, de craindre un ſort pareil. Quiconque, dis tu,
» ſe ſera approché du Tabernacle de l'Eternel,
, bormis Aaron 85 ſes fils, ſera puni de mort :
Mous nous trouvons tous dans le cas d'avoir oſé
,, le faire : Serons - nous donc tous entiérement
, conſumés ? Qu'il te plaiſe d'interceder encore
· en nôtre faveur ! -

: C H A P I T R E X V II.
ſ:

Contenant la ratification de la vocation des


Sacrificateurs & du miniſtère des Lévi
tes, pour le ſervice du Tabernacle, avec
le ſalaire qui devoit être payé aux uns
& aux autres; & l'ordonnance de l'eau
de purification, avec l'uſage qu'on en de
voit faire. - 5, -

• |

D. Q Uelle fut la réponſe que fit Moïſe, ou


plutôt l'Éternel, à ces dernieres plaintes
du peuple, qui ſentoient le mécontentement autant
que la crainte de mouveaux châtimens de Dieu *
R. Il ne paroit pas qu'il y ait eu de réponſe
directe à ces plaintes ; mais il y a apparence
que ce fût à cette occaſion & pour diſſiper la
crainte des Iſraelites , que Dieu donna de nou
velles inſtructions à Aaron & à Moïſe, ſur le
ſervice que Dieu exigeoit des Sacrificateurs &
' O ' 2 '' · des
|
| 212 L'A N c I E N T E s T A M E N T
des Lévites pour toute l'aſſemblée d'Iſrael , & |
ſur le ſalaire qui leur ſeroit payé par le peu
ple poug>leur ſubſiſtance : moyennant quoi il
n'y auroit plus que les Lévites qui s'approche
roient du Tabernacle, pour y faire le ſervice,
& le peuple ne ſeroit plus expoſé à être con
ſumé pour s'en être approché.
D. Quelles furent donc ces inſtructions données
à Aaron ſur les devoirs des Sacrificateurs 85 des
Lévites dans le Tabernacle ? '
Nowub. R. ,, L'Eternel dit alors à Aaron : Toi & tes
X VI1I.
I - 7.
,,- fils, & la famille ou la Tribu de ton pere
,, avec toi ; vous porterez l'iniquité du Sanc
,, tuaire : c. à d. vous ſerez reſponſables de tou
tes les négligences 85 profanations qui ſe commet
tront dans le ſervice qui doit m'être rendu az
Tabernacle ; parce que vous en êtes ſeuls charges :
s, Et toi & tes fils, qui êtes appelés à la Sa
•, crificature, vous porterez l'iniquité de vôtre
,, Sacrificature, vous ſerez reſponſables de toutes
les fautes qui ſe commettront dans ſon exercice,
83 en ſerez ſévérement punis. * Fais auſſi appro
», cher de toi tes freres de la Tribu de Lévi,
,, qui eſt la Tribu de ton pere, afin qu'ils te
,, ſoient ajoints ( a ), (comme leur nom le porte)
,, & qu'ils te ſervent de la maniere que je l'ai
,, ordonné. Mais toi & tes fils avec toi, vous
» ſervirez ſeuls au Tabernacle du témoignage,
qui
(a) Ajoints comme leur nom le porte. Le terme
de l'original que l'on a traduit par ajoints , renferme
une manifeſte alluſion à celui de Lévi, le quatrieme
des fils de Jacob, qui fut appelé de ce nom ; parce
qu'à fa naiſſance, il fut dit qu'il ſeroit ajoint à ſes
trois autres freres déja nés de Léa.
M I s E N C A T E c H I s M E. , 213
qui eſt le Lieu Saint $ le Lieu très-Saint. * Ils
»> obſerveront ce que tu leur ordonneras, &
»» ce qu'il faut obſerver de tout ce qui appar
2> tient au Tabernacle ; mais ils n'approcheront
2» point des vaſes qui ſont dans le Sanctuaire,.
22 ou le Lieu Saint, ni de l'autel des parfums,
22 de peur qu'ils ne meurent, & vous auſſi
>> avec eux. Ils te ſeront ſeulement ajoints,
22 pour faire tout ce qu'il faut obſerver au Ta
32 bernacle d'aſſignation , ſelon le ſervice qu'il
2 »y aura à faire ; & nul étranger qui me ſera .
22 pas de ta famille, ou de ta Tribu, ne s'ap
25 prochera de vous , pour vous aider dans le
ſervice dont vous êtes chargés : " Mais vous pren
>> drez garde à ce qu'il faut faire dans le Sanc
2» tuaire , ou le Lieu Saint, & à ce qu'il faut
22 faire à l'autel des holocauſtes; afin qu'il n'y
22 ait plus lieu à mon indignation contre les en- .
>> fans d'Iſrael. Car quant à moi , j'ai bien .
22 choiſi vos freres les Lévites du milieu des .
92 enfans d'Iſraël, & je vous les ai donnés de
22 mon bon gré pour ſervir à l'Eternel , & pour
29 être employés au ſervice du Tabernacle d'aſ
2> ſignation : mais toi & tes fils, vous ferez ſeuls
22 la charge de la Sacrificature , qui vous eſt
32 commiſe en tout ce qui regarde l'autel des
2> parfums , & ce qui eſt au - dedans du voile
2> tendu devant le Lieu très - Saint, & vous y
22 ferez ſeuls le ſervice. J'ai établi vôtre Sacri
22 ficature, comme un don que je vous ai fait,
92 ou que vous tenez uniquement de ma bonne
22 volonté. C'eſt pourquoi ſi quelqu'autre que
# » vous,•y touche, on le fera mourir.
D. Qu'eſt - ce que Dieu ordonne apres cela
- O 3 -
ſ.
d'
214 L'A N c I E N T E s T A M E N T
le ſalaire dû aux Sacrificateurs ; ou quel revena |
leur affigne-t'il pour leur entretien ? |
R. ,, L'Eternel le déclare lui-même , quand il
,, dit à Aaron : Voici je t'ai donné la garde,
,, ou la jouiſſance de tout ce qui me ſera offert
,, en offrande élevée, d'entre toutes les choſes
,, que les enfans d'Iſraël auront conſacrées à
- ,, mon ſervice : je te les ai données & à tes
| ,, enfans par une ordonnance perpétuelle ; à
| ,, cauſe de l'onction ſainte que vous avez reçuë.
| ,, De plus, ceci t'appartiendra d'entre les cho
» ſes tres-Saintes, ou qui m'auront été plus par
,, ticulierement conſacrées , & qui ne doivent
,, point être conſumées par le feu de l'autel ;
,, ſavoir, toutes les offrandes des gâteaux que
,, les enfans d'Iſrael m'apporteront avec leurs
,, ſacrifices pour le péché & pour le délit. Ce
,, ſont des choſes très - Saintes , qui doivent
,, être pour toi & : pour tes enfans : Tu les
,, mangeras dans un -lieu particuliérement con
,, ſacré à cela : tout mâle de ta famille pourra
, ,, en manger : Ce ſera pour toi une choſe
· ,, ſainte que tu auras ſoin d'obſerver réligieuſe
,, ment. Tu auras encore pour toi & ta fa
: • ,, mille, les portions des victimes offertes par
|* ,, les enfans d'Iſraél qui auront été élevées &
,, agitées , ſavoir, la poitrine 83 l'épaule droite
· *# des ſacrifices de proſpérités, * 83 l'epaule droite
- # # du bélier pour le Nazaréat *. " Je te les ai
* Nomb. ,, données & à tes fils & à tes filles avec toi,
•. »'#. ,, par une ordonnance perpétuelle. Tous ceux
,, de ta famille en pourront manger , pourvù
,, qu'ils ne ſoient ſouillés d'aucune ſome d'im
,, pureté. Je t'ai auſſi donné les prémices qu'on
,, offrira à l'Eternel, qui eſt l'élite de l'huile,
du
M I s E N C A T E c H I s M E. 21 5
, du moût & du froment. Les premiers fruits
, de toutes les choſes que la terre produira &
, que l'on apportera à l'Eternel t'appartiendront,
, & tous ceux de ta famille pourront en man
» ger, pourvû qu'ils ſoient nets. Tout ce qui
, aura été voué par interdit pour être conſacré
,, à l'Eternel t'appartiendra. Tout premier né
» mâle, tant des hommes que des bètes t'ap
,, partiendra ; mais on ne manquera pas de ra
, cheter le premier né de l'homme & le pre
,, mier né d'une bête immonde, qu'il n'eſt pas
,, permis de manger. Le premier né des hom
, mes ſera racheté, depuis l'âge d'un mois, ſe
, lon ton eſtimation , à raiſon de cinq ſicles
,, d'argent, ſelon le ſicle du Sanctuaire qui eſt
,, de vingt oboles : mais on ne rachetera point
, le premier né de la vache & de la chévre :
» car ce ſont des choſes ſaintes qui doivent
,, m'être offertes en ſacrifice. Tu répandras leur
,, ſang ſur l'autel, & feras fumer leur graiſſe,
• comme on le fait d'un ſacrifice qui doit être

: »
»

,
conſumé au feu pour être agréable à l'Eter
nel : mais leur chair t'appartiendra , comme
, la poitrine & l'épaule droite qui auront été
offertes en les tournant de tous côtés. Je
, t'ai donné à toi, à tes fils & à tes filles avec
» toi, par une ordonnance perpétuelle, toutes
, les offrandes élevées des choſes ſaintes qui
» auront été conſacrées à l'Eternel par les en
» fans d'Iſraël. C'eſt une alliance de ſel (a)
O 4 - qui

| ( a ) Une alliance de ſel. Il paroit clairement que


par-là l'on doit entendre une alliance ferme, conſtante .
& durable : mais l'origine de cette maniere de †
n'e
2I6 L'A N c I E N T E sT AM E N T
52 qui doit être ferme 85 inviolable devant l'E-
ternel, pour toi & ta poſtérité après toi.
L'Eternel ajouta encore à Aaron : Tu n'au
- ras point d'héritage dans le pays que je don
ne aux enfans d'Iſraél, & tu n'auras point
de portion dans le partage qui ſe fera de ce
pays entre les Tribus : Mais je ſuis ton héri
tage & ta portion au milieu d'eux. C'eſt moi
qui veux fournir à ton entretien en te donnant
ce qui doit m'être conſacré, 85 cette portion vau
dra bien 85 (a) au-delà, celle des autres Tribus.
D. Quels furent les bénéfices ou les gages que
- Dieu

| n'eſt pas auſſi manifeſte. Ce que l'on a avancé de


plus vraiſemblable ſur ce ſujet, c'eſt 1". que le ſel
eſt de ſa nature un des élémens que nous connoiſſions
le moins ſujet au changement , ou le plus incorrup
tible; ce qui fait qu'on s'en ſert pour garantir d'au
tres choſes de la corruption. 2°. Qu'il étoit par la
même raiſon le ſimbole de l'amitié & de la fidélité.
Enfin que dans les repas qui ſe donnoient après des
alliances contractées , l'on n'oublioit jamais le ſel, &
qu'en particulier il ne devoit jamais manquer dans les
offrandes qu'on préſentoit à Dieu & qui étoient regar
dées comme une condition de l'alliance faite avec lui
Voyez Lévit. lI. 13. & Marc IX. 49.
. ( a ) Au-delà, celle des autres Tribtts. Pour s'en con
- vaincre, l'on n'a qu'à faire attention à tout ce qui
|* eſt dit ci-deſſus du ſalaire des Sacrificateurs ; & y join
dre ce qui leur eſt encore aſſigné. Lévit. I V. VI. VII.
- XI V. XXIII. XXI V. XXVII. 28. Nomb, V. 8.
VI. 17. X V. 2o. Deut. XVIII. 3 , 4. & l'on verra
que ſelon le calcul qu'ont fait pluſieurs Ecrivains, du
montant de tous ces revenus & attributs des Sacrifi
cateurs & des Lévites , pris enſemble , ils devoient
•. avoir à peu-près le cinquieme de tout le revenu du
rays ; quoique la Tribu de Lévi ne fit pas en nombre
la foixantieme partie du peuple.
A.
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 217
IDieu aſſigma en particulier aux Lévites qui n'é-.
zoient pas de la famille d'Aaron ?
- R. ,, Quant aux Lévites, dit Dieu ; Voici je Mom#.
,, leur ai donné en héritage pour le ſervice qu'ils # * #**
,, rendront dans le Tabernacle d'aſſignation, ** *
s, les dixmes de toutes les productions que les
Enfans d'Iſraël auront à recueillir dans le pays
,, de Canaan. Moyennant cela, les Enfans d'Iſ
,, raël ne ſeront employés à aucun ſervice dans
., ce Tabernacle ; de peur de ſe rendre coupa-.
, bles de péché, & d'être punis de mort, s'ils
:
,, le faiſoient ; mais les Lévites ſeuls y ſeront
,, employés pour eux & porteront leur iniquité,
ott ſeront reſponſables de tout ce qui s'y commet
tra de contraire à mes commandemens. " C'eſt
» une ordonnance qui doit être toujours ob-.
» ſervée en vos générations, que les Lévites ne
:
-
»
»
poſſédent aucun héritage parmi les Enfans
d'Iſrael ; car je leur ai donné pour héritage
», ou pour leur portion , les dixmes de toutes
,, les productions que recueilleront les Enfans d'Iſ
» rael , qui doivent parvenir à l'Eternel, com
, me autant d'offrandes élevées ; C'eſt pourquoi
, » j'ai dit, qu'ils n'auroient point d'héritage par
» mi les Enfans d'Iſraël.
- D. Ces dixmes étoient.elles donc adjugées en pro
pre aux Lévites ſeuls ? -

- R. Non pas tout-à-fait : car * l'Eternel dit , Nomb.


» ſur cela à Moïſe ; Tu parleras auſſi aux #.#
Lé- I.

» vites, & tu leur diras ; Quand vous aurez


» reçu des Enfans d'Iſraël les dixmes que je
» vous ai données à prendre d'eux pour vôtre
» héritage ; vous offrirez de ces dixmes une
» offrande élevée à l'Eternel, qui ſera la dix
» me de la dixme, & vôtre offrande élevée
| -- O 5 s) VOtlS
218 L'A N c I E N T E s T A M E N T
22 vous ſera allouée, ou ſera laiſſée à vôtre tºſt
32 ge , comme le froment pris de l'aire, & le
22 moût de la cuve ; c. à d. de la même maniere
que je reçois des Iſraélites la dixme entiére du
produit de leurs champs 83 de leurs vignes , qui
vous eſt donnée pour vôtre portion. * Vous donc
auſſi offrirez l'offrande élevée à l'Eternel, de
32 toutes vos dixmes que vous aurez reçues des
Enfans d'Iſraël; laquelle offrande élevée, ſera
donnée à Aaron Sacrificateur 83 à ſes fils, & .
elle ſera priſe de toutes les choſes qui vous
ſont données , & de tout ce qu'il y a de
meilleur ; pour être l'offrande ſainte de li
dixme ; ou ce qui en doit être particulierement
conſacré à l'Eternel. Et tu leur diras ; quand
vous aurez offert en offrande élevée le meil
leur de la dixme ; le reſte doit être alloüé
aux Lévites, comme le revenu de l'aire & de
la cuve reſte aux poſſeſſeurs après la dixme le
vée. Et vous pourrez le manger en tout lieu
vous & vos familles ; car c'eſt vôtre ſalaire
pour le ſervice que vous rendez dans le Ta
2» bernacle d'aſſignation : Et vous ne ſerez point
coupables de péché , au ſujet de la dixme,
quand vous en aurez offert en offrande éle

2 »vée, ce qu'il y aura de meilleur, que l'Eter
mel s'eſt réſervé pour les Sacrificateurs ; mais et
22 le faiſant , vous ne ſouillerez point les cho
22 ſes ſaintes, ou ne profanerez point ce qui doit
32 être conſacré à Dieu par les Enfans d'Iſrael,
22 & vous ne mourrez point.
D. Quel autre culte cérémoniel Dieu ordonna
t il encore à Moïſe 83 à Aaron pendant qu'ils
étoient dans le déſert ?
R. Il leur ordonna l'eau de purification pour
- | - les
M I s E N C A T E c H I s M E. 219
les ſouillures légales que les Iſraélites pouvoient .
contracter en pluſieurs occaſions, & en particu- -

lier dans les funerailles. * Voici , dit l'Eternel Nomb.


,, à Mo1ſe & à Aaron , une ordonnance, ou X / X.
,, une cérémonie qui doit avoir force de Loi ; "º
,, & que l'Eternel a expreſſement commandée.
,, Parle aux Enfans d'ltrael , & leur dis de ma
,, part, qu'ils t'aménent une jeune vache rouſ
,, ſe ( a ), qui n'ait point de défaut, & qui
,, n'ait point porté le joug , c. à d qui n'ait été
employée, mi au labourage , mi au°chariage, ni
à aucun uſage pareil. " Puis vous la donnerez
,, à Eléazar le Sacrificateur qui la menera hors
,, du camp , & on l'égorgera en ſa préſence ;s
, enſuite il prendra de ſon ſang avec ſon doigt,
,, & fera ſept fois aſperſion de ce ſang, en ſe
,, tournant du coté du Tabernacle d'aſſignation,
d'oà devoit procéder toute l'efficace de cette céré
,, monie ; & on brulera la jeune vache en ſa
,, préſence, ſavoir, ſa peau , ſà chair, ſon ſang
,, & ſa fiente ; & le Sacrificateur prendra du
,, bois de cédre , de l'hyſſope & du cramoiſi
,
;
,, employés dans les purifications , & les jettera
,, dans le feu où ſera brulée la jeune vache :
,, Puis le Sacrificateur lavera ſes vêtemens & .
,, ſon corps avec de l'eau, & rentrera au camp,
, » où il ſera ſouillé juſqu'au ſoir, pour avoir
,, touché cette geniſſe 85 ſon ſang, & celui qui .
- - | » l'aura -

.( a ) Une jeune vacbe rouſſe. Ce qui diſtingue cette


victime de toutes les autres , c'eſt la couleur rouſſe
que Dieu y requiert : L'on en cherche la raiſon ; mais
ce qui s'eſt dit ſur ce ſujet de plus vraiſemblable, c'eſt
qu'anciennement les vaches couleur de poil roux étoient
communes , & paſſoient pour être les meilleures.
*-
22o L'A N c I E N TE s T AM E N T
,, l'aura brulée, lavera auſſi ſes vêtemens & ſa
,, chair, & ſera ſouillé juſqu'au ſoir : Alors un
,, homme net , ou exempt de toute impureté lé
,, gale, ramaſſera les cendres de la jeune vache,
' ,, & les mettra hors du camp en un lieu net ,
,, où elles ſeront conſervées pour l'uſage de toute
,, l'aſſemblée préſente 85 avenir des Enfans d'Iſ.
,, raël, afin d'en faire l'eau de ſéparation ; c. à d.
pour les mêler avec de l'eau qui ſervira à puri
fier ceux qui auront été ſéparés de l'aſſemblée pour
quelque ſouillure légale. * C'eſt une purification
» pour cette ſorte de péché : Et celui qui aura
,, ramaſſé les cendres de la geniſſe , lavera ſes
,, vêtemens, & ſera ſouillé juſqu'au ſoir ; pour
avoir touché ces cendres qui ſont cenſées porter
le péché de ceux qui en ſont purifiés. * C'eſt ici
» une ordonnance perpétuelle, tant pour les
» Enfans d'Iſraël, que pour les étrangers qui
,, habitent parmi eux.
D. Quel uſage devoit - on faire de cette eau mé
lée avec les cendres de cette geniſſe ?
Nomb. R. Dieu l'indique quand il ajoute : * Celui
XIX.
II - 23. ,, qui touchera un corps mort de quelque per
,, ſonne que ce ſoit, ſera ſouillé pendant ſept
,, jours, & il ſe purifiera avec cette eau-là le
,, troiſieme jour , & le ſeptieme il ſera net ;
,, mais s'il ne ſe purifie pas le troiſieme jour,
,, il ne ſera point net au ſeptieme : Quiconque
,, aura touché le corps mort de quelque per
,, ſonne , & qui ne ſe ſera point purifié ave
3» cette eau-là ; s'il s'eſt approché du Taberna

22 cle de l'Eternel pendant ce tems - là ; il l'aura


,, ſouillé : C'eſt pourquoi il devra être retran
,, ché d'Iſraël 83 puni de mort, s'il l'a fait vo
3
, lontairement, Or il eſt cenſé ſouillé, tant que
» l'eau
MIs EN C A T E c H 1 s M E. , 22 r
-

52 l'eau de purification n'a pas été répandue ſur


22 lui : Sa ſouillure eſt encore ſur lui 85 il mé
: 22 rite d'en porter la peine. Voici encore une
22 autre loi : Quand un homme ſera mort en
22 quelque tente ; quiconque entrera alors dans .
,
:
22

»»
la tente, & tout ce qui y ſera , ſera ſouillé
durant ſept jours ; de mème tout vaiſſeau dé
22 couvert ſur lequel il n'y aura point eu de
22 couvercle attaché, ſera ſouillé ; parce qu'il eſt

cenſe avoir reçu les exhalaiſons du corps mort que


le couvercle auroit arrêtées. " Et quiconque tou
22 chera dans les champs un homme tué par
22 l'épée, ou quelque autre mort, ou quelque
,:: 29 os d'homme, ou un ſépulcre , ſera ſouillé
22 pendant ſept jours : Pour le purifier, on pren
25 dra des cendres de la jeune vache brulée &
>> on les mettra dans un vaiſſeau avec de l'eau
vive par deſſus. Puis un homme net prendra
de l'hyſſope , & l'ayant trempée dans cette
eau, il en fera aſperſion ſur la tente & ſur
>> tous les vaiſſeaux & ſur toutes les perſonnes
22 qui auront été là, & ſur celui qui aura tou
>2 ché l'os du cadavre, ou l'homme tué, ou le
# mort , ou le ſépulcre. Cet homme net en fe
: ) ra aſperſion le troiſieme & le ſeptieme jour,
ſur celui qui ſera ſouillé pour quelcune de ces
raiſons, & le purifiera le ſeptieme jour 3 puis
il lavera lui même ſes vêtemens & ſon corps
avec de l'eau, & , le ſoir il ſera net ; mais
l'homme qui ſera ſouillé & qui ne ſe puri
fiera point, ſera retranché du milieu de l'aſ
ſèmblée ; parce qu'il aura profané le Sanctuai
re de l'Eternel , dont il s'eſt approché pendant
ſa ſouillure; & l'eau de ſéparation, ou de pu
, rification n'ayant pas été répandue ſur lui,
22 il
222 , L'A N c I E N T E s T A M E N T
, il eſt cenſé toujours ſouillé. Ceci leur ſera une
,, ordonnance qu'ils doivent toujours obſerver ;
» & celui qui aura fait aſperſion de l'eau de
,, ſéparation, lavera ſes vêtemens, & quiconque
,, aura touché l'eau de ſéparation, ſera ſouillé
' ,, juſqu'au ſoir ; parce qu'elle eſt cenſée porter la
,, ſouillure de ceux qu'elle a purifiés ; & tout ce
,, que l'homme ſouillé touchera , ſera ſouillé,
,, & la perſonne qui le touchera, ſera ſouillée
», juſqu'au ſoir. -

• C H A P I T R E X V I I I.

Contenant l'arrivée des Iſraëlites au déſert


de Tſin, ou à Kadès après trente neuf
ans de voyages dans les déſerts de l'Ara
bie ; la pmort de Marie, ſœur de Moïſe ;
divers § du peuple, ſur ce qu'il
manquoit d'eau & de pain ; ce que Dieu |
fit pour leur en fournir, & les punir de
leurs murmures ; ce qui arriva à Moïſe
& à Aaron dans cette occaſion , avec la
mort de ce dernier ; enfin le ſuccès des
différens combats qu'ils eurent à ſoutenir,
avant que d'entrer dans le pays de Canaan,
juſqu'à leur arrivée dans les plaines de
Moab, vis - à - vis de Jérico.
D. C Ombien de tems les Iſraëlites reſtérºl il,
dans les déſerts où ſe paſſerent les choſes
#: i
M I s E N C A T E c H I s M E. 223
qui ont été racontées ci-devant, depuis leur ſor
tie d'Egypte.
R. Ils y reſtérent trente meuf ans, & " au woms.
,, premier mois de la quarantieme année , toute X X. 1.
,, la troupe des Enfans d'Iſraël arriva au dé
,, ſert de Tſin, & vint camper à Kadès ( a ),
,, & Marie, ſœur de Moïſe, mourut là fort âgée
,, & y fut enſévelie. -

D. Qu'arriva t il dans ce lieu de remarquable ?


R. ,, Le peuple n'y trouvant point d'eau à Nomb.
,, boire s'attroupa contre Moïſe & Aaron , & X X.
- ,, s'en prenants à Moïſe, ils lui dirent ; Plût ***
à Dieu que nous fuſſions morts avec nos s
,, freres , quand ils furent conſumés par l'E-
ternel ! Pourquoi avez vous fait venir le peu
,, ple de Dieu dans ce déſert, pour y mourir
º ,, nous & nos bêtes ? Pourquoi nous avez vous
5: ,, fait monter d'Egypte, pour nous amener en
# , ce malheureux pays ? où l'on ne peut point
f, 22 ſemer, & où il n'y a ni figuiers, ni vignes,

º
:r
» ni grenadiers, pas même de l'eau à boire.
D. Que firent alors Moiſe 83 Aaron ?
## R. ,, Ils ſe retirérent de devant l'aſſemblée vomi.
# ,, pour aller au Tabernacle d'aſſignation , où # #
, , s'étant proſternés devant Dieu pour implorer " "
' , ſon ſecours, la gloire de l'Eternel leur ap
- » parut dans la nuée lumineuſe qui repoſoit ſur
, le Tabernacle, du milieu de laquelle la voix de
#! » l'Eternel s'adreſſant à Moïſe, lui dit; Prends
# | 2» ta

( a ) Kadès. Il ne faut pas confondre ce Kadès avec


Kadès-barné dans le déſert de Paran , où les Iſraëlites
, étoient reſtés un mois ſur la frontiere méridionale du
pays de Canaan, au lieu que celui-ci étoit ſur la fron
tiere de l'ldumée, non loin de la mer rouge.
224 L'A N c I E N T E s T A M E N r
» ta verge ( dont il s'étoit ſervi au paſſage de la
mer rouge 85 en pluſieurs autres rencontres, 83
qui étoit apparemment poſée dans quelque endroit
du Lieu Saint ), * & convoque l'aſſemblée, toi
& Aaron ton frere, & commandez en leur
préſence à ce rocher de s'ouvrir & il vous
donnera l'eau qu'il renferme. Par ce moyen
tu feras ſortir de l'eau du rocher, & tu don
neras à boire à toute l'aſſemblée & à leur
bétail. Moiſe donc prit la verge de devant
l'Eternel gardée dans le Tabernacle, comme il
lui avoit commandé, & Moïſe & Aaron ayant
convoqué l'aſſemblée devant le rocher, Moiſe
leur dit; Vous, rebelles, écoutez maintenant ;
Vous ferons - nous ſortir de l'eau de ce ro
» cher ? Croyez - vous que nous en ayons le pou
voir º ou méritez-vous que Dieu vous accorde cet
te grace ? 85 vos murmures me devroient-ils p1s
plûtôt arrêter les effets de ſa bonté envers vous ?
,, Puis Moïſe leva ſa main & frappa de ſa ver
» ge le rocher par deux fois, & il en ſortit
» des eaux en abondance, & tout le peuple en
» but & leurs bêtes auſſi. -

D. La conduite de Moïſe 83 d'Aaron fut - elle


dans cette occaſion agréable en tout à l'Eternel ?
R. Si nous n'en jugions que par les appa
rences, il ſeroit mal aiſé de découvrir dans leurs
diſcours, ou dans leur conduite rien de con
damnable; cependant l'Eternel leur reprocha d'a-
voir manqué de foi en lui, & de ne l'avoir
pas glorifié en la préſence des Enfans d'Iſraël
par une parfaite confiance en ſa bonté, & il leur
déclara qu'à cauſe de cela, ce ne ſeroit pas eux
qui introduiroient, ou qui conduiroient le peu
ple au pays de Canaan qu'il lui avoit donné.
22 Parce #-
M I s E N C A T E c H I s M E. 225
» Parce, dit l'Eternel à Moiſe & à Aaron, Nons.
ue vous n'avez point cru en moi, pour me I9
**
» 9 , I3°
» ſanctifier devant les Enfans d'Iſrael ; vous
,, ne ferez point entrer ce peuple dans le pays
» que je leur ai donné, c. à d. parce que vous
avez paru douter de ma puiſſance infinie 83 de
ma faveur envers ce peuple , par le diſcours que
vous leur avez tenu 85 la maniere dont vous avez
frappé le rocher; ce ne ſera pas vous qui le con
duirez dans le pays que je leur ai promis. Ce
, ſont là , ajoute l'Ecrivain Sacré, les eaux de
, Mériba, ou de débat , où les Enfans d'Iſraël
,, débattirent contre l'Eternel, & où il fut ſanc
,, tifié au milieu d'eux ; c. à d. qu'il y donna
d'un côté, des marques de ſa puiſſance infinie 83
de ſa clémence envers les Iſraëlites ; Q5 de l'autre
qu'il fit connoitre dans la punition qu'il infligea à
Moïſe 85 à Aaron, la maniere dont il veut être
ſervi, 85 la confiance qu'il veut que l'on ait en lui.
, D. Quelle fut donc la faute que commirent dans
cette occaſion Moïſe 83 Aaron , 85 pour quelle
raiſon en furent-ils ainſi punis ?
R. Les Interprètes avancent ſur ce ſujet bien
des conjectures ; mais pour s'en tenir à ce que
l'Ecriture nous en dit ; il paroit que leur faute
conſiſtoit ſur tout en ces deux choſes, 1°. en
ce qu'ils ſe défiérent de la bonté de Dieu en
vers les Iſraëlites, & qu'ils les regardérent com
me indignes que Dieu operât un nouveau mi
racle en leur faveur; comme ſemblent l'inſinuer
ces paroles de Moiſe au peuple ; Vous ferions
mous ſortir de l'eau de ce rocher ? 2°. Les deux
coups dont il eſt remarqué que Moïſe frappa
le rocher avant qu'il en ſortit de l'eau , don
nent lieu de croire que le premier ne fut pas
Tome l I, P » ſuivi
226 L'A N c I E N TEsTA ME N T

ſuivi de l'effet qu'il en attendoit, parce qu'l


n'avoit pas été accompagné de toute la con |
fiance qu'il devoit avoir en la puiſſance de Dieu ;
en quoi ni lui , ni Aaron qui entra apparem
ment dans les mèmes ſentimens , ne rendirent
pas à l'Eternel la gloire que méritoit de leur
part la connôiſſance qu'ils devoient avoir de ſon
pouvoir infini dont ils avoient déja vû tant de
marques ; comme Dieu le leur reproche, quand
il leur dit, qu'ils n'avoient pas cru en lui pour
le ſanctifier.
D. Que fit enſuite Moïſe dans l'intention à
continuer ſon voyage juſqu'au pays de Canaam ſans
aucun obſtacle ?
R. Comme ils étoient ſur les frontieres de
l'Idumée , Moïſe crut pouvoir obtenir du Roi
de ce pays-là un paſſage libre pour les Iſraeli
tes qui étoient en quelque maniere les freres
des Iduméens ; parce que ceux-ci étoient dcſ
cendus d'Edom , ou d'Eſaü , frere de Jacob,
de qui étoient iſſus les Enfans d'Iſrael ; & dans
Nomb. cette eſpérance, " Moïſe envoya de Kadès, des
X X. ,, Ambaſſadeurs au Roi d'Edom, pour lui dire
14-19.
» de la part de tout le peuple d'Iſrael , qu'il
», devoit regarder comme le frere de ſa nation :
, Tu ſais tout le travail que nous avons eu
depuis la mort de nos Ancétres, Eſaii $ Jacob
, qui étoient freres : comment nos peres les en
», fans de Jacob, ou d'Iſraèl deſcendirent en
» Egypte, où nous avons demeuré long-tems,
» & comment les Egyptiens nous ont mal-trai
» tés, nous & nos peres ; ce qui nous obli
» gea de crier à l'Eternel pour implorer ſon ſe
» cours ; lequel ayant entendu nos cris, envoy1
» un Ange qui nous retira de l'Egypte : Nous
» ſom
M I s E N CA T E c H I s M E. 227

ſommes préſentement campés près de la ville


de Kadès qui eſt à l'extrèmité de ton pays :
Je te prie de permettre que nous paſſions par
ton pays; nous ne traverſerons ni les champs,
ni les vignes, & nous ne tirerons de l'eau
d'aucun puits ; nous marcherons par le che
min royal, ou le grand chemin public : nous
ne nous détournerons ni à droite, ni à gau
che, juſqu'à-ce que nous ſoyons ſortis de
ton pays. - - -

D. Que répondit à cela le Roi d'Edom ?


R. Le Roi " d'Edom, ou ſon peuple, craignant Momk.
ſans doute quelque ſurpriſe de la part des Enfans 2o-XX22.
d' Iſraël, leur refuſa obſolument le paſſage par ſon
pays ; " Tu ne paſſeras point par mon pays , -

# 2,> répondit-il, finon je ſortirai en armes à ta


# 2 rencontre : Surquoi les Iſraélites inſiſtérent de

29 nouveau, & lui dirent ; Nous ſuivrons le


2> grand chemin , & ſi nous , bûvons de tes
, 22 eaux nous & nos bêtes , nous en payerons
22 le prix; permets nous ſeulement le paſſage :
29 mais le Roi repliqua ; Vous n'y paſſerez point,
53 & il ſortit à la rencontre des Iſraelites avec
>2 une grande troupe & à main armée, pour
33> s'oppoſer à ce qu'ils paſſaſſent à travers ſon

:>9 pays. C'eſt pourquoi les Iſraelites abandon


» nérent ce deſſein, & tout le peuple étant parti
>> de Kadès, vint en la montagne de Hor, au

, bout du pays d'Edom. -

D. Qu'arriva t-il de nouveau dans cet endroit ?


R. , L'Eternel parla à Moïſe & à Aaron en Nomi.
» cette montagne, près des frontieres du pays X X.
» d'Edom , & leur dit ; Aaron ſera recueilli *****
>> vers ſes peuples 83 finira ici ſes jours ; car il
33 n'entrera point au pays que j'ai donné aux
P 2 » En
e
228 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, Enfans d'Iſraël , parce que vous n'avez pas
» ajouté une entiere foi à mes paroles, aux
,, eaux de Mériba. Prends donc Aaron & Eléa
» zar ſon fils, & fais les monter ſur la monta
», gne de Hor ; puis fais dépouiller Aaron de
» ſes vètemens Sacerdotaux , & en revêt Eléa
,, zar ſon fils ; apres quoi Aaron ſera recueilli
,, vers ſes peres, & mourra là. Moïſe fit donc
s, tout ce que l'Eternel lui avoit commandé ; &
» ils montérent ſur la montagne de Hor à la
, vuë de tout le peuple ; y étant arrivés, Moiſe
,, fit dépouiller Aaron de ſes vêtemens, & en
, ,, fit revêtir Eléazar ſon fils; après quoi Aaron
, mourut-là au ſommet de la montagne , ac
* Deut, cablé de vieilleſſe, ayant alors cent ving-trois ans*,
X. 6. ,, 85 il y fut auſſi enſeveli par Moïſe & Eléazar,
-

,, qui deſcendirent enſuite de la montagne ; &


, toute l'aſſemblée , ou le peuple d'Iſraël vo
;, yant qu'Aaron étoit mort, le pleura trente ".
,, jours ſuivant l'uſage. .

D. Quels autres obſtacles les Iſraèlites trouvé


rent.ils à leur entrée dans le pays de Canaan ?
R. Ils en trouvérent pluſieurs de la part des
Rois & des peuples qui habitoient ce pays-là,
ou qui ſe trouvoient ſur les frontieres, & en
particulier, du Roi de Harad, du Roi des Amor
rhéens, & du Roi de Baſan. -

• D. Que leur arriva-t-il avec le Roi de Haradº


Nomb. R. ,, Quand le Roi de Harad Cananéen , qui
XX I. » habitoit au midi de ce pays-là, eut appris que
I - 3.
les Iſraélites venoient par le chemin qu'a-
:" voient tenu les eſpions trente huit ans au
,, paravant, il marcha contr'eux en bataille, &
25 en fit pluſieurs priſonniers qu'il emmena :
» Alors Iſrael, ou les Chefs du peuple, firent
-: * - - - »» CC
- M 1 s - E N C A T E c H I s M E. 229
,, ce vœu à l'Eternel, en diſant : Si tu livres
», ce peuple entre nos mains , , nous mettrons
,, ſes villes à l'interdit, nous les détruirons en
,, tierement, avec tous leurs habitans. Et l'Eter
,, nel exauça leurs prieres, & livra entre leurs
,, mains les Cananéens, qu'ils détruiſirent à la
» façon de l'interdit, avec leurs villes, & l'on
,, nomma ce lieu-là, Horma, c. à d. Interdit, ott
Anathême. * !

D. Où allérent de-là ,les Iſraëlites ?


R. , Ils partirent enſuite de la montagne de Notnb.
» Hor, tirants vers la mer rouge, & cotoyants XXI.
,, le pays d'Edom dans lequel Dieu leur avoit ***
défendu d'entrer, parce que c'étoit le pays de leurs
,, freres deſcendus d'Eſaii : le cœur manquarau
,, peuple par le chemin ; non ſeulement par la
diſette d'eau 83 de nourriture à leur gré; mais
, auJi par le découragement qui les ſaiſit, quand
ils virent qu'au lieu d'entrer dans le pays de Ca
maan dont ils avoient déja détruit nombre d'ha
bitans, on les faiſoit retourner ſur leurs pas dit
côté de la mer rouge, d'où ils étoient partis d'a-
bord après leur ſortie d'Egypte : 83 dans ce dé
,, couragement général, le peuple ſe plaignit de
,, Dieu & de Moïſe, en diſant; Pourquoi nous
,, as - tu fait monter hors d'Egypte pour mourir
-,, dans ce déſert, où il n'y a ni pain ni eau !
,, Car nôtre ame eſt ennuyée de ce pain ſi lé
| ,, ger, qui étoit la manne.
. D. Que fit l'Eternel pour repri,::r ces mur
2mures * ſ, | -- -

, R. » L'Eternel envoya ſur le peuple des ſer XNowak.


X I.
,, pens brulans, aſſez communs en ce pays là, 6-2.
,, qui mordoient le peuple ; tellement qu'un
» grand nombre d'Iſraëlites en moururent. A#
· · · · -P 3 »
23ô L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
,, le peuple vint vers Moiſe, & lui dit ; Nous
,, avons péché ; . car nous avons parlé contre
,, l'Eternel & contre toi : mais fais requête pour
,, nous à l'Eternel , & qu'il retire de deſſus
,, nous ces ſerpens : & Moïſe fit requête pour
,, le peuple à l'Eternel qui lui répondit ; Fais
s, toi un ſerpent d'airain, de la même forme qu'un
s, ſerpent brulant , & le mets ſur une perche,
& il arrivera que quiconque ſera mordu,
,, s'il vient à le regarder ſera guéri. Moïſe fit
,, donc un ſerpent d'airain, & le mit ſur une
35 perche, & quand quelque ſerpent avoit mor

,, du
, rain,un ilhomme,
étoit auſſis'iltôtregardoit
guéri. - le ſerpent
· • .
d'ai
1 D. Oà allérent-ils enſuite ?
Momh.
XX I.
* R. ,, Les Enfans d'Iſraël partirent de là , &
IO - 2O, , vinrent camper en Oboth, d'où étant partis,
» ils campérent en Hije-habarim au déſert, vis
, à-vis de Moab vers le ſoleil levant ; & étant
, partis de - là, ils campérent vers le torrent
, de Zéred ; d'où ils vinrent au deçà de ls
,, riviere d'Arnon qui eſt au déſert , vers les
, confins des Amorrhéens : car la riviere d'Ar
,
•.
non ſert de limite entre les Moabites &
, les Amorrhéens : C'eſt pourquoi il ſera dit,
,, ou marqué dans le Livre des batailles de l'E-
, ternel ; c. à d dans la ſuite de l'hiſioire des
,, conquêtes du peuple de Dieu, Vahcb en Supha
& les torrens d'Arnon, ou le cours des tor
rens qui rend vers le lieu où Har eſt ſituée,
» & qui coule le long des frontieres de Moab.
c. à d. que dans ce Livre des conquètes du peu
ple de Dieu , il ſera fait mention de celles qu'ils
firent à Vaheb, dans le quartier de Supha, 8
fr le torrent d'Armon , qui s'étend jnſqn'à #
: 4

TLJ l, $
M 1s E N C A T E c H I s M E. 23 r
ville des Moabites. * De là, ils paſſérent en Béer,
,, ou le puits : C'eſt là le puits touchant lequel
,, l'Eternel dit à Moïſe ; Aſſemble le peuple &
, je leur donnerai de l'eau ; ou leur montrerai
un endroit où ils doivent creuſer pour en avoir :
,, ce que le peuple d'Iſrael ayant vû , il chanta
,, de joie ce cantique : Monte , puits ! donne
,, nous de ton eau ' Chantez tous, les mèmes |

» paroles, en vous répondant les uns aux au


39 tres : C'eſt le puits que les Chefs ont creu

» ſé, que les Principaux du peuple avec le Lé


» gislateur ont creuſé avec leurs bâtons , ſans
,, la moindre difficulté. De ce déſert, ils vinrent
, en Mattana ; de Mattana, en Nahaliel ; de
,, Nahaliel, en Bamoth ; & de Bamoth , en la
, vallée qui eſt au territoire de Moab , au
, ſommet du mont Piſga qui regarde vers
,, Jéſimon.
D. Que firent les lſraélites quand ils furent ar
srivés ſur les terres de Moab ? | - -

R. Ce territoire étant voiſin des Amorrhéens ,


,, le peuple d'Iſraël, ou Moïſe en ſon nom, en- #.
» voya des Ambaſſadeurs à Sihon, Roi des Amor- § §.
, rhéens, pour lui dire ; Permets que nous paſ
,, ſions par ton pays ; nous ne nous détourne
» rons point dans les champs, ni dans les vi
» gnes ; & nous ne boirons point des eaux de
, tes puits : mais nous marcherons par le grand
, chemin royal, juſqu'à ce que nous ayons paſſé
» tes confins : Alors Sihon bien loin de per
» mettre que les Iſraelites paſſaſſent par ſon
| »
»
pays, aſſembla tout ſon peuple, & ſortit con
tre eux au déſert de Moab , juſqu'à Jahats,
, » & combattit contre Iſrael ; mais le peuple
» d'Iſraël fit paſſer toute
r P 4
ſon armée au fil l'é-
de :»
ſ!
\

232 L'A N c I E N - T E s T A M E N T
, l'épée, & conquit ſon pays, depuis Arnon,
2>juſqu'à Jabboc & juſqu'au pays des Hammo
nites , 85 il s'arrêta-là, à cauſe des places
fortifiées qui étoient ſur la frontiere des Ham
monites ; mais les Iſraelites prirent toutes les
villes des Amorrhéens & y habitérent , de
mème qu'à Hesbon & dans toutes les villes
de ſon reſſort. Or Hesbon étoit la ville o2
réſidoit Sihon, Roi des Amorrhéens, qui avoit
fait le premier la guerre au Roi de Moab,
& avoit pris ſur lui tout ſon pays, juſqu'à
» Arnon. D'où vient que l'on avoit mis en
chanſon ce proverbe : Venez à Hesbon , que
la ville de Sihon ſoit bâtie & reparée ; car le
feu eſt ſorti de Hesbon & la flamme de la
ville de Sihon ; elle a conſumé Har des Mo2
· bites, & ceux qui dominoient ſur les hau
teurs d'Arnon. Malheur à toi Moab : Tu es
» perdu peuple de Kémos, il a livré ſes fils qui
,, ſe ſauvoient & ſes filles en captivité, à Si
• • •
» hon Roi des Amorrhéens. Nous les avons
" -
, défaits à coup de flêches : Hesbon eſt périe
' , ,,
2 juſqu'à
q Dibon : Nous les avons mis en dé
» route juſqu'en Nophah, & juſqu'en Médeba.
,, Iſrael habita donc en la terre des Amorrhéens,
,, dont il s'étoit remdu maitre. De plus Moiſe
» ayant envoyé des gens pour reconnoitre Jah
»s zer, ville conſiderable de ce pays-là, ils la pri
, rent avec les villes de ſon reffort, & en dé
» poſſèdérent les Amorrhéens qui y étoient.
D. Quelle autre conquête firent enſuite les Iſ
raëlites ? -

Nomh. R. , Enſuite il ſe retournérent & montérent


2 X 1 , par le chemin de Baſan ; & Hog , Roi de
* º , Baſan, ſortit avec tout ſon peuple à main ar
22 mée
! M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 233
, mée pour les rencontrer en Edrehi (a) : Et
,- l'Eternel dit à Moïſe; ne le crains point; car .
, je l'ai livré entre tes mains, lui & tout ſon
, peuple & ſon pays ; & tu lui feras comme .
, tu as fait à Sihon, Roi des Amorrhéens qui
, habitoit à Hesbon. Ils le battirent donc, lui .
, & ſes enfans & tout ſon peuple ; tellement .
l': ,, qu'il n'en demeura pas un ſeul de reſte, &
: ,, ils poſſedérent ſon pays. 4

C H A P I T R E X I X.

Contenant l'hiſtoire de Balac & de Balaam. .

D. O U allérent les Iſraélites après avoir fait


la conquête du Royaume de Baſan ? "
R. , Ils partirent de là & vinrent dans les Nomg.
: ,,, campagnes de Moab, au deçà du Jourdain , XXII. 1
2, vis-à-vis de Jérico.
D. De quels événemens fut ſuivie leur arrivée.
dans ce lieu-là ? •

R. ,, Balac , fils de Tſippor, Roi de Moab Nom#.


#, ,, ayant appris tout ce qu'Iſraël avoit fait aux #
,, Amorrhéens , & voyant que les Moabites
,, avoient grând-peur de ce peuple, parce qu'il
,, étoit en grand nombre, ce qui lui tenoit l'a-
,, me en angoiſſe ; quoi qu'ils n'euſſent rien à
craindre des Iſraélites, puiſque les Moabites non
plus que les Madianites n'étoient point compris dans
le nombre des Nations, dont Dieu avoit donné le
P 5 pays

( a ) Edrebi. Ville conſidérable de l'Arabie, depuis


appelée Adra. -
234 L'A N c I E N T E s T A M E N r
º 4 Deut. pays à ſon peuple *, 8 que Dieu avoit même
II. 9. défendu à Moiſe de leur faire la guerre. Balac,
dis-je, Roi de Moab, penſa à ſe liguer avec les
| Madianites ſes voiſins, pour ſe défendre contre ce
29 peuple, & fit dire aux Anciens de Madian,
92 qu'ils avoient les uns & les autres tout à crain
25 dre de cette multitude d'Iſraèlites qui étoit
35 actuellement dans leurs pays; qu'elle alloit con
29 ſumer tout ce qui étoit autour d'eux, com
92 me le bœuf broute l'herbe des champs : De
22 plus, Balac, fils de Tſippor Roi de Moab , en
92 voya des meſſagers à Balaam , fils de Béhor,
22 ou Boſor, qui étoit alors à Péthor, ville ſi
92 tuée ſur le fleuve d'Euphrate, dans le pays de
22 ſes compatriotes , vraiſemblablement la Méſo
22 potamie, pour l'inviter à venir à leur ſecours,
22 en lui diſant ; Voici un peuple eſt ſorti d'E-

- 2 ) gypte, en ſi grand nombre, qu'il couvre , pour

-22 ainſi dire, toute la face de la terre, & il ſe


22 tient campé tout proche de nous; Viens donc

2º maintenant, je te prie ; maudis ce peuple en


92 ma faveur ; car il eſt plus puiſſant que moi ;
mais ſi tu veux t'intéreſſer pour mous, peut-être
22 que je ſerai le plus fort ; que nous le bat

29 trons , & que je le chaſſerai du pays ; car


32 je ſais que celui que tu béniras, ou à qui tu
,, ſouhaiteras du bien, ſera béni 85 proſpérera,
22 & que celui que tu maudiras, ou à qui tu
25 dénonceras des maux, ſera maudit, ou mal
22 heureux dans ſes entrepriſes. Les anciens de
2) Moab s'en allérent donc accompagnés des an
32 ciens de Madian , ayants en main de quoi
92 payer le dévin, & étant venus vers Balaam ,
»y ils lui rapportérent les paroles de Balac.
D. Qu'eſt-ce que Balaam leur répondit ?
R. 2, I1
M I s E N - C A T E c H I s M E. 235
R, » Il leur répondit : Demeurez-ici cette xznt.
32 nuit , & je vous rendrai réponſe ſelon que XXI I.
3> l'Eternel m'aura parlé ; & les Seigneurs Moa- * " **
22 bites demeurérent chez Balaam, en attendant
35 cette réponſe. Et pendant la nuit , Dieu vint
2> à Balaam , ou ſe révéla à lui par un Ange,
s» en viſion, ou en ſonge, & lui dit : Qui ſont
s» ces hommes-là, que tu as chez toi ? & Ba
: © laam répondit à Dieu : Balac, fils de Tſip
2> por les a envoyés vers moi, pour me dire ;

2> voici un peuple ſorti d'Egypte, qui a com


me couvert la face de la terre, par le nom
#re prodigieux de ſes troupes campées dans moit
5 > voiſinage : Viens donc maintenant pour le mau

22 dire en ma faveur, peut-être qu'alors je pour


33 rai le combattre & le chaſſer du lieu où il eſt ;

22 & Dieu dit à Balaam : Tu n'iras point avec


22 eux & tu ne maudiras point ce peuple ; car
jf.
32 il eſt béni de ma part ; je le protége 85 le
[?,
22 rendrai beureux : Et Balaam s'étant levé de
22 bon matin , dit aux Seigneurs envoyés par
32 Balac ; Retournez en vôtre pays ; car l'Eter
2» nel a refuſé de me laiſſer aller avec vous :
25 Ainſi les Seigneurs Moabites revinrent à Ba
32 lac, & lui dirent ; Balaam a refuſé de venir
22 3V6C I1Oll3, - -

D. Que ſe paſſa-t il enſuite qui fit changer de · , - r


ein à Balaam ? •• . -

R. , Balac lui renvoya des Seigneurs en plus womb.


32
grand nombre & plus conſidérables que: les
- - V 1:, XXI
I5 - 22•I.
22 premiers ; qui étant venus à Balaam, lui di
32
rent ; Ainſi a dit Balac, fils de Tſippor : Je
» te prie que rien ne t'empêche de venir vers
22 moi ; car certainement, je te recompenſerai
33
•. -
bien, & je ferai tout ce que tu me dirass
- : »- je
--
º
|

236 L'AN c I E N T E s T A M E N r
32 je te prie donc, viens pour maudire ce peu
29 ple, & Balaam répondit aux Seigueurs envo
22 yés par Balac : Quand Balac me donneroit ſa
maiſon pleine d'or & d'argent, je ne pour
rois rien faire au - delà de ce que l'Eternel
mon Dieu me permettra ou m'ordonnera :
Toutefois demeurez, je vous prie, ici, encore
cette nuit, & je ſaurai ce que l'Eternel aura
de plus à me dire ſur vôtre demande. Et Dieu
vint, ou ſe révéla de nouveau, pendant la nuit
à Balaam, & lui dit ; Puiſque ces hommes
ſont venus t'appeler, tu peux aller avec eux ;
3> mais quoiqu'il arrive , tu auras ſoin de ne
>> faire que ce que je te dirai. Sur cette permiſ

ſion de Dieu, que Balaam prit comme un comman


dement, ou une liberté entiere de partir ; * Ba
»
laam ſe leva le matin , ſella ſon aneſſe &
32 partit avec les Seigneurs Moabites ; mais la
20 colère de Dieu s'enflamma contre lui ; parce
2b qu'il s'en alloit, avec de tout autres diſpoſi
tions que celles que Dieu avoit expreſſément ré
ſervées dans la liberté qu'il lui avoit laiſſe de par
5> tir ; , & l'Ange de l'Eternel ſe tint dans le
2> chemin pour s'oppoſer à ſon deſſein : Or il
22 étoit monté ſur ſon aneſſe, & il avoit avec
22 lui, deux de ſes ſerviteurs. -

D. Quelles furent les ſuites de ce voyage ?


2Vomk. R. ,, L'aneſſe que Balaam montoit , ayant
XXII.
23 - 35.
· vû l'Ange de l'Eternel qui ſe tenoit dans le
chemin , ayant une épée nue en ſa main
ſans que Balaam s'en fut aperçu ; l'aneſſe
dis.je, ſe détourna du chemin, allant à tra
vers champs, & Balaam frappa l'aneſſe pour
2:) la faire retourner au chemin ; mais l'Ange
23 de l'Eternel s'arrèta dans un ſentier de vi
s» gncs 5
MIs EN C A T E c H 1 s M E. 37
>» gnes, où il y avoit une cloiſon de murailles
22 des deux côtés, & l'aneſſe ayant vû de nou
:
2 veau l'Ange de l'Eternel , ſe ſerra contre la
22 muraille , & ſerra en même tems le pied de
25 Balaam contre la muraille ; ce qui fit qu'il
5> continua à la frapper ; & l'Ange paſſant plus
3 > avant, s'arrèta en un lieu ſi étroit, qu'il n'y
avoit pas moyen de tourner ni à droite , ni
à gauche ; où l'aneſſe voyant encore l'Ange
de l'Eternel, ſe coucha ſous Balaam ; lequel
outré de colère, la frappa plus fortement de
ſon bâton : Alors l'Eternel fit parler l'aneſſe
32 qui dit à Balaam : Que t'ai - je fait , que tu
22 m'ayes déja frappé trois fois ? & Balaam tout
hors de lui-même , ſans paroitre ſurpris d'enten
dre parler ſon aneſſe, * lui répondit ; je t'ai frap
32 pé, parce qu'il ſemble que tu te moques de
$ 22 moi, 85 que tu veux me faire quelque affront :
22 Plût à Dieu que j'euſſe une épée en ma main,
22 & je te tuerois dans le moment ! Et l'aneſſe
2> continuant à parler , dit à Balaam ; Ne ſuis
2» . je pas ton aneſſe, ſur laquelle tu as toujours

22 monté, depuis que je ſuis à toi, juſqu'à ce


22 jour ? Dis-moi, ſi je t'ai jamais rien fait de
3> ſemblable ? Non , répondit Balaam. Alors
22 l'Eternel lui ouvrit les yeux & il vit l'Ange
22 de l'Eternel qui ſe tenoit dans le chemin ,
32 & qui avoit en ſa main une épée nue, &
21 il s'inclina par reſpect, & ſe proſterna ſur ſon
2Y viſage : & l'Ange de l'Eternel lui dit ; Pour
» quoi as-tu frappé ton aneſſe par trois fois ?
3» Voici je ſuis venu pour m'oppoſer à toi ; par
22 ce que ta voie, ou ce que tu te propoſes eſt
32 à mes yeux une voie détournée, où j'apper
ſois de mauvaiſes diſpoſitions contraires à ce que
»» !º4
238 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, tu me dois : mais l'aneſſe m'a vû & s'eſt dé
,, tournée de devant moi, déja par trois fois,
>> ſans quoi je t'euſſe tué & je l'aurois laiſſée

22en vie. Alors Balaam dit à l'Ange de l'Eter


, nel ; j'ai péché ; j'avoue ma faute, d'avoir
frappé mon aneſſe, lorſque tu t'oppoſois à ſon paſ
,, ſage , mais je ne ſavois pas que tu te tinſ
,, ſes dans le chemin contre moi ; & mainte
,, nant même, ſi cela te déplait, je m'en retour
,, nerai ; à quoi l'Ange de l'Eternel répondit :
», Tu peux t'en aller avec ces hommes ; mais
encore une fois, prends garde à toi ; car tu ne
,, pourras & ne devras dire que ce que je t'au
,, rai inſpiré ; Sur cela Balaam ayant rejoint
» les Seigneurs envoyés par Balac, s'en alla
e» aVCC etlX. ' -

D. Comment fut - il reçu de Balac, 83 qu'eſt


ce qui ſe paſſa dans leur premiere entrevuë ?
Nomb. , R. ,, Quand Balac apprit que Balaam venoit,
X XI I. ,, il ſortit pour aller au devant de lui , juſqu'en
36-4I. ,, la cité de Moab ſur la frontiere du pays ,
,, près du fleuve d'Arnon : & dès qu'il le vit,
,, il lui dit ; N'ai-je pas déja ci-devant envoyé
», vers toi , pour t'inviter à venir à mon ſecours ?
>> Pourquoi n'es - tu pas venu d'abord ? As-tu
25 crains que je ne puiſſe te récompenſer ? Et
29 Balaam répondit à Balac ; Voici, je ſuis ve

25 nu vers toi, comme tu l'as ſouhaité ; mais


52 il me ſera impoſſible de te dire quoi que ce
2» ſoit, que ce que le Dieu que je ſers m'au
», ra mis dans la bouche : Enſuite Balaam s'en
», alla avec Balac en la cité de Hutſoth la Ca
,, pitale du Royaume, & Balac pour lui faire
» honneur, ayant fait tuer des bœufs & des
,, brcbis, invita Balaam & les Seigneurs qui
: - : ,, étoient
M I s E N C A T E c H I s M E. 239
, étoient venus avec lui , à un feſtin qu'il leur
,, donna ; & quand le matin fut venu, il prit
,, Balaam & le fit monter avec lui aux hauts
, lieux de Bahal, la Divinité qu'il adoroit , &
, de là il lui fit voir l'extrêmité du camp , du
,, peuple d'Iſraël.
D. Que fit enſuite Balaam pour conſulter Dieu
ſur ce qu'il devoit faire ?
AVomb.
R. ,, Balaam dit à Balac : Bâtis-moi ici ſept LXXI I I.
,, autels, & prépare moi ici ſept veaux & ſept I - 1O,
,, béliers que je veux offrir à mon Dieu, pour
,, conſulter ſa volonté, & Balac fit ce que Ba
,, laam lui avoit dit ; & lui donna un veau &
#
,, un bélier pour les offrir ſur chaque autel ;
* outre un holocauſte qu'il offrit en ſon particulier ;
», Puis Balaam dit à Balac ; Tiens-toi auprès de
,, ton holocauſte , & je m'en irai à l'écart ;
,, peut être que l'Eternel, le Dieu qne je ſers ſe
: ,,
,,
,,
préſentera à moi, & je te rapporterai tout
ce qu'il m'aura déclaré : ainſi il ſe retira à
l'écart & Dieu vint au devant de lui ſous la
,, forme d'un Ange , & Balaam lui dit : J'ai
,, dreſſé ſept autels, & ai ſacrifié un veau &
,, un bélier ſur chacun , pour implorer ta di
,, rection ſur ce que je dois faire , & l'Eternel
», lui fit entendre ce qu'il devoit dire à Balac
,, & lui ordonna de retourner vers lui pour le
,, lui annoncer. Il s'en retourna donc vers Ba
,, lac qui ſe tenoit auprès de ſon holocauſte
,, avec les Seigneurs Moabites : Alors Balaam
,, prononça ſon diſcours ſententieux , c. à d.
qu'il parla d'un ſtile figuré, majeſtueux 83 pro
,, phêtique, en ces mots : Balac Roi de Moab
,, m'a fait venir d'Aram en Méſopotamie & des
,, montagnes d'Orient, & m'a fait dire ; Viens
», pour
24o L'A N c I E N T E s T A M E N T
pour maudire les deſcendans de Jacob , & pour
charger d'imprécations le peuple d'Iſraël ; mais
comment le maudirois.je, ſi le Dieu Fort ne
l'a point maudit ? Comment le chargerois-je
de malédictions, ſi l'Eternel ne veut pas qu'il
y ſoit ſoumis ? Car j'ai beau le regarder du
haut des rochers & le contempler du haut
,, des côteaux, comme un peuple nombreux que
ſes voifins redoutent ; 85 où Balac m'a fait mon
ter aſin que je le découvriſſe mieux ; mais biez
loin de me ſentir diſpoſé à le maudire ; il faut
que je célébre ſon bonheur. " Voilà ce peuple
,, habitera à part ; il formera une nation ſéparée
,, des autres , & ne ſera point mis entre les
2 )
nations idolâtres. Qui eſt-ce, qui comptera la
32
poudre de Jacob , & le nombre de la quatrie
,, me partie d'Iſraël , ou des quatre armées (a)
qui compoſent ce peuple * Sa poſtérité eſt ſi nom
breuſe qu'elle pourra être comparée à la pouſſere
de la Terre , ou au ſable de la mer. * Que je
,, meure de la mort des juſtes, 83 des vertueux
,, Iſraëlites ; & que ma fin ſoit ſemblable à la
,, leur ! Qu'il plaiſe à Dieu de me rendre par
ticipant à la fin de mes jours , du bonheur que
Dieu leur prépare après la mort !
D. Comment eſt-ce que Balac prit cette décla
ration de Balaam 83 que fit-il en conſéquence ?
Nomb. R. ,, Alors Balac dit à Balaam : Que m'as-tu
XXI I I. » fait ?
II - 26.
-

( a ) Quatre armées qui compoſent le peuple d'Iſrael.


Le peuple d'Iſraël, quand il campoit, ou qu'il marchoit
dans le déſert, étoit partagé en quatre corps d'ar
mées, chacune de trois Tribus , vis à-vis des quatre
côtés du Tabernacle ; dont on peut voir la poſition
ci - deſſus - Nomb. II. 1 - 3 I.
--
· M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 241
5» fait ? Je t'avois fait venir pour maudire ce
peuple que je regarde comme mon ennemi , &
22 voici tu l'as bénis de la façon la plus ex
>> preſſe ; & Balaam répondit : Puis je dire au
25 tre choſe que ce que l'Eternel aura mis dans
52 ma bouche, ou qu'il m'aura inſpiré de dire ?
>2 Enſuite Balac lui dit : Viens, je te prie, avec
22 moi , en un autre lieu, d'où tu puiſſes voir •

22 tout le camp qu'occupe ce peuple : car tu en


22 as vu ſeulement l'extrèmité & ne l'as pas vu
22 tout entier : & maudis le de là en ma faveur :
º > puis l'ayant conduit au territoire de Tſophim,
22 ou des Eſpions, vers le ſofmmet du mont Piſ
22 ga; Balaam y bâtit ſept autels, & offrit un
22 veau & un bélier ſur chacun, comme il avoit
22 fait la premiere fois : & Balaam dit encore à
32 Balac : Tiens toi ici auprès de ton holocauſ
22 te, & je m'en irai à l'écart pour conſulter
22 Dieu comme j'ai deja fait ſur cela. L'Eternel
22 ſe préſenta de nouveau à Balaam par ſon An
2» ge ; & lui ayant preſcrit ce qû'il devoit dire
22 à Balac, il lui ordonna de s'en retourner à
23 lui , & de lui parler conformément à ce qu'i1
2» venoit d'entendre. Balaam revint donc à Ba
>> lac qui étoit auprès de ſon holocauſte avec
2» les Seigneurs Moabites ; & Balac lui deman
: 32 da d'abord, qu'eſt-ce que l'Eternel lui avoit
22 dit : Alors Balaam proféra à haute voix ſon
22 diſcours ſententieux, en ces mots : Léve toi
0) Balac, & écoute; fils de Tſippor, prête moi
22 l'oreille. Le Dieu Fort n'eſt point homme
25 pour mentir, ni fils de l'homme pour ſe re
25 pentir : c. à d. l'Eternel n'ert pas comme les
bommes , ſujet à changer de langage ou à revo
| quer ce qu'il a une fois arrété " Il a dit, & ne
Tovie I I. Q- - » le
242 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, le fera-t-il point ? Il a parlé, & ne le rati
,, fiera t-il point ? Qu'eſt-ce qui pourroit obliger
ce Grand Dieu à manquer à ce qu'il a reſoſ .
ce faire, ou à me pas tenir ce qu'il a promis 2
», Voici j'ai reçu ordre de bénir ce peuple ; &
,, puiſque Dieu veut que cela ſoit ainſi, je ne
,, revoquerai pas ce que j'ai déja prononcé : Dieu
,, ne voit point à préſent d'iniquité dans les et
> , fans de Jacob, ni de perverlité dans les en
,, fans d'Iſrael , qui l'obligent à punir ce peuple :
,, L'Eternel ſon Dieu eſt avec lui ê5 le protege ;
s, & il y a en lui un chant de triomphe royal;
c. à d, l'on entend dans ſon camp un cri d'alº
greſſe, qui indique le bonheur dont il jouit. " Le
, Dieu Fort qui les a tirés d'Egypte eſt pour
», lui, comme les cornes , ou les élévations de la
,, Licorne , ou de la gazelle, qui en fout la for
ce; c. à d, qu'il le rendra puiſſant 85 elevé :
2, Car il n'y a point d'enchantement contre
,, Jacob , ni de divination contre Iſrael. C'eſt
en vain qu'on employeroit contre ce peuple l'art
ou les imprécations des Dévins 85 des enchanteurs,
comme Balac voudroit le fiiire : " Mais on pu
,, bliera, quand il en ſera tems , ce que l'Eter
,, nel aura fait en faveur de Jacob & d'Iſrael.
,, Voici ce peuple ſe lévera comme une Lionne,
,, & ſe hauſſera comme un Lion qui eſt dans
,, ſa force ; il ne ſe couchera point qu'il n'ait
,, mangé la proie, & qu'il n'ait bu le ſang des
,, bleſſés à mort ; c. à d. que Dieu lui doiinera
une force victorieuſe, qui le rendra maitre de je;
ennemis , 83 qu'il me ſera ſatisfait que quand il
les aura ent érement détruits. " Alors Balac dit
,, à Bal am , ſi tu ne veux pas maudire ce peu
,, ple, au moins ne le bénis pas : à quoi B2
» laam
MIs E N C A T E c H I s M E. 243
22 laam répondit : Ne t'ai.je pas dit que je ne
:22 Jpourrois faire que ce que l'Eternel m'ordon
2 > neroit.
D. Balac fit - il encore après cela de nouvelles
tentatives pour engager Balaam à ſuivre ſes in
tem1tions º
R. Oui, & pour cet effet , * il dit encore à Nºnº.
», Balaam : Viens, je te prie, avec moi , & je XX
. I II.
7 - 3o.
: >te conduirai en un autre lieu , peut - être
2 >que ton Dieu trouvera bon que tu le mau
2 > diſſès de-là ſelon mes déſirs : Balac conduiſit
22 donc Balaam au ſommet du mont Pehor qui
>> regarde du côté de Jeſimon , ou du déſert ,
( où l'on dit qu'il y avoit un Temple conſacré à
Bahal la divinité des Moabites, 85 que l'on appe
loit à cauſe de cela Bahal-Pehor) ; " & Balaam
,, lui dit : Bâtis-moi ici ſept autels , & apprête
,, moi ici ſept veaux & ſept béliers. Balac fit
,, donc ce que Balaam lui avoit dit , & il ot
,, frit un veau & un bélier ſur chaque autel,
comme il avoit fait précédemment.
D. Quel fut l'effet de cette troiſieme tentative ?
R. ,, Balaam voyant bien que l'Eternel vou- Nami.
22 loit bénir Iſraël, n'employa plus, comme il XX l F.
2.2avoit fait auparavant aucun enchantement I - I4
pour conſulter Dieu ; mais il tourna ſimple
ment ſon viſage vers le déſert où les lſraeli
tes étoient campés, pour voir ce qu'il auroit à
:
dire, & regardant de ce côté - là, il vit le
camp d'Iſraël rangé ſelon ſes Tribus : alors
l'Eſprit de Dieu fut ſur lui , 83 lui ayant
| inſpiré ce qu'il avoit à dire, il proféra à haute
voix ſon diſcours ſententieux, en ces mots :
Balaam, fils de Pehor, dit , & l'homme qui
#
avoit ci - devant les yeux fermés dit de mé- .
Q- 2 » mc :
244 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, me : Celui qui entend à préſent les paroles
22 du Dieu Fort ; qui eſt honoré de la viſ pn
25 & de l'inſpiration du Tout Puiſſant ; qui eſt

» tombé comme en extaſe, & qui a maintenant


,, les yeux ouverts ſur ce peuple, 83 ſur ce qui
doit lui arriver dans les derniers tems, ** dit :
,, Que tes tabernacles ſont beaux , ô Jacob !
,, Que tes tentes ſont magnifiques, ô Iſrael !
,, Elles ſont étendues comme des torrens, cu
22 comme des jardins 83 des vergers le long
22 d'un fleuve , comme des arbres d'aloé, que
32 l'Eternel le Maitre du monde a plantés, 8
55 comme des cédres crûs auprès de l'eau. L'eau
3! diſtillera de ſes rameaux pour arroſer la ter.
25 re, & ſa ſemence ſe jettera en lieu où il y
,, aura beaucoup d'eau pour la faire germer &
produire abondamment ; c. à d. que ce peuple
habitera un pays d'une extrême fertilité. " Son
,, Roi ſera élevé par-deſſus Agag ( a ) Roi des
,, Amalekites ; il triomphera de cette mation quel.
que puiſſante 83 formidable qu'elle ſoit , & ſon
,, royaume ſera haut élevé ; il s'étendra $ d .
viendra puiſſant par - deſſus tous ſes voiſins. " Le
Dieu Fort qui l'a tiré d'Egypte, eſt pour lui
comme les cornes de la licorne , il le forti
fiera puiſſamment , il détruira les nations qui
lui ſont ennemies ; il briſera leurs os & les
percera de ſes flèches ; & ce peuple, ſembla
,, ble à un lion des plus féroces, qui après
22 avoir été raſſaſié de ſa proie, s'eſt courbé &
» s'eſt
( a ) Son Roi ſera élevé par-deſſus Agag. Cette pré
diction s'accomplit ſous le régne de Saül qui détrui
ſit les Amalekites, & prit vif leur Roi Agag. I. Sar.
X V. 7. 8.
M I s E N C A T E c H I s M E.
-
245
| -- s'eſt couché dans ſon antre pour y jouir du
•, repos ; perſonne n'oſera l'éveiller ou le trou
bler dans la jouiſſance de ſes conquêtes, ſans cou
rir le riſque d'en etre dévoré. " Quiconque te
», bénit, ſera béni ; & quiconque te maudit,
,, ſera maudit : c. à d. celui qui t'aura ſouhaité
du bien 85 aura pris part à ta proſpérité, en
ſera recompenſe ; mais celui qui aura fait des
- imprécations contre toi, 85 aura ſouhaité ton mal
heur, en ſera puni par les maux qui tomberont
ſur lui. Quand Balaam eut fini ſon propos ſen
4: tentieux : * Balac ſe mit fort en colere contre
,, lui , & frappant des mains , il lui dit : Je
», t'avois appelé pour maudire mes ennemis ,
,, & voici, tu les as bénis déja par trois fois :
,, Tu n'as qu'à t'en retourner en ton pays.
,, Je t'avois promis une grande recompenſe ,
ſi tu avois fait ce que je ſouhaitois ; mais l'E-
,, ternel t'a empêché d'ètre recompenſé. Sur
,, cela Balaam répondit à Balac : N'avois.je pas
,, dit aux ambaſſadeurs que tu m'avois envoyés ;
,, ſi Balac me donnoit ſa maiſon pleine d'ar
,, gent & d'or, je ne pourrois aller au - delà
,, de ce que me commandera l'Eternel , pour
# :,, faire de moi - même du bien, ou du mal ;
,, mais ce que l'Eternel dira, je le dirai. Main
' ,, tenant donc, je m'en retourne vers mon
,, peuple ; mais avant cela, je te donnerai un
,, conſeil , & te dirai ce que ce peuple fera à
», ton peuple aux derniers tems.
, D. Quel fut donc ce conſeil ?
" R. Ce conſeil n'eſt pas ici exprimé , mais il
paroit par ce qui en eſt inſinué ci-après XXXI.
I6. & ce qui eſt dit dans le Nouveau Teſta
ment, 2. Pierre II. 15. & Apoc. II. 11. auſſi
Q.- 3 bien
246 · L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
, bien que par ce qu'en rapporte Joſephe dans l'Hif.
toire des Juifs L. I V. Ch. 6. que ce conſeil |
donné à Balac, fut d'envoyer au camp des Iſ
raelitcs, des plus belles femmes de ſon Royau
me, pour les ſéduire & les engager dans la dé
· bauche , & de - là dans l'idolatrie qui ne man
queroit pas d'attirer ſur eux les châtimens de
Dieu.
D. Outre ce conſeil, quel autre propos ſenten
tieux ajouta t-il ſur le ſort du peuple d'Iſrael $
· des Moabiter ?
XVomth. , R. ,, Il proféra encore à haute voix ces pa
X X I V.
roles Prophètiques : Balaam fils de Pehor dit,
I 5 - I9.
& l'homme qui avoit ci - devant l'œil fermé
parle ainſi. Celui qui entend les paroles du
Dieu Fort, & qui eſt inſtruit par le Dieu
Supreme ; qui eſt honoré de la viſion du
| Tout Puiſſant ; qui tcmbe en extaſe, & qui
» a préſentement les yeux ouverts ſur les choſes
,, à venir ; dit ces choſes : Je le vois, mais non
» pas maintenant ; je le regarde, mais non
» pas de près ; c. à d. Je prévois une choſe qui
doit arriver, non pas dans peu, mais après :œ
long tems ; 85 je la conſidere ſeulement comme étant
encore éloignée : C'eſt " qu'une Etoile, c. à cl. une
4
,, perſonne illuſire, eſt procedée de la race de Ja
32 · cob ; un ſceptre, ou un Roi puiſſant s'eſt
25 élevé d'entre les Enfans d'Iſrael ; il tranſper
":35 cera les conducteurs de Moab, & détruira
» tous les enfans de Seth ( a ), ou tous les peu
ples
( a ) Enſans de Seth. Quelques Interprêtes ne voyants
pas des raiſons , qui ayent pu porter Balaam à parler
ici de Setb, fils d'Adam , ni de ceux qui en ſont deſ
cendss
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 247
ples qui comme eux, s'élévent par leur orgueil.
, Edom, ou l'Idumée, qui eſt le pays de Séhir,
, ſera poſſedé par ſes ennemis les Iſraëlites, &
, Iſrael ſe portera vaillamment, ou acquerra un
,, grand pouvoir ; & un deſcendant de Jacob
, dominera ſur eux , & fera périr tous ceux
,, qui demeureront de reſte dans leurs yilles.
D. Qui faut il entendre par cette Etoile, cette
perſonne illuſire, ce Roi puiſſant des deſcendans
de Jacob, qui devoit détruire les Moabites 83 les
Iduméens.
R. Si l'on veut expliquer cette prédiction à
la lettre , elle ne convient à perſonne mieux
qu'au Roi David , qui ayant vaincu les Moa
bites, en fit mourir les deux tiers, & accorda
la vie au reſte, ſous la condition d'ètre ſes eſ
claves ; & qui enſuite ſe rendit maitre de l'I-
dumée ; : comme on le lit 2. Sam. VIII. 2, 14.
Mais l'on peut auſſi l'entendre dans un ſens
ſpirituel , plus ſublime, & plus juſte, du Meſſie
à venir ; comme les Juifs eux-mêmes l'ont en
Q. 4 tendus ;

cendus ſous le nom de ſes enfans , comme l'expli


quent la plûpart des Commentateurs après la Para
phraſe Chaldaïque, cherchent à donner à ce terme
une autre explication : Quelques-uns croyent que c'eſt
le nom d'une ville remarquable du Royaume de Moab ;
d'autres croyent que c'eſt le nom de quelque Prince
Moabite : Enfin l'Evêque Cleyton dans ſon introduc
tion à l'Hiſtoire des Juifs, entend par - là les Egyp
tiens qu'il appele enſans de Setb ; parce que dans ce
tems-là probablement, c'étoit le fameux Sethos ou Setb ,
qui régnoit en Egypte : mais il eſt beaucoup plus na
, turel de l'expliquer des Moabites , appelés ici enfans
de Setb , ou de l'élévation , comme l'on peut traduire
l'original ; parce que c'étoit un peuple fort orgueilleux.
|

248 L'AN c 1 E N T E s T A M E N r
tendu ; parce qu'il devoit ſe rendre Maitre de
tous les ennemis de l'Egliſe , & amener à la
connoiſſance de ſon Evangile toutes les nations
idolâtres, déſignées ici par les conducteurs de
Moab & les enfans de Seth. -

D. Quelle autre prédiction Balaam ajouta-t-il


à celle là ?
AVormb. R. Balaam * ayant enſuite jetté les yeux ſur
X X I V.
2o - 25.
» Amalek , ou le pays des Amalekites : il pro
» féra à haute voix ſa ſentence , & dit : Ama
» lek cſt à la tête des nations voiſines ; il en
eſt une des plus illuſtres 85 des plus anciennes :
, mais à la fin il périra. Il vit auſſi le pays
,, des Kinéens , iſſus apparemment de la mème
famille que Jétro beau-pere de Moiſe, dont les
deſcendans ſont auſſi appelés Kinéens : * Et il dit
» d'eux à haute voix, cette ſentence : Ta de
» meure eſt forte & aſſurée; & tu as placé ton
» nid (a) dans le rocher : toutefois Kaïn (qui
paroit avoir été le nom de la ville que les Kineens
,, habitoient ) ſera ravagée ; lors qu'Aſſur, ou
,, les Aſſyriens t'emméneront en captivité. Ce
qui arriva , ou du tems de Salmanazar , lors
qu'il emmena les dix Tribus du Royaume d'Iſraël
en captivité , ou lors qu'ils furent emmenés cap
tifs à Babylone, par les Chaldéens ou Aſſyriens,
avec les Tribus de Juda $ de Benjamin. " Bi
» laam continua encore à proférer à haute voix,
, ſa ſentence, & dit : Malheur à celui qui vi
,, vra , ' quand le Dieu Fort fera ces choſes !
Tant il ſera difficile de conſerver ſa vie dans ces
- mal

( a ) Ton nid. Le mot Hébreu Ken, qui ſignifie


ttm nid , fait ici une manifefte alluſion au nom de
Kinéen , que portoit cette nation.
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 249
malheureux tems. * Les navires viendront en
,, ſuite du côté de Kittim , par où l'on peut
entendre l'Italie, ou plutôt la Gréce, 85 en par
: ziculier la Macédoine ou les Macédoniens ſous Ale
2candre le Grand ; & ils afH geront Aſſur &
Hébet, les Aſſyriens 85 les Hebreux ; comme cela
arriva effectivement ſous ce Prince 85 ſes ſucceſ
«. ſeurs : " mais enfin il périra auſſi lui - mème.
,, Après que Balaam eut ainſi parlé, il ſe le
,, va pour s'en retourner dans ſon pays ; &
, Balac s'en retourna auſſi par le même che
,, min qu'il étoit venu.
D. Sur tout ce que nous venons de voir de
Balaam , quel jugement doit on en porter ? doit
on le regarder comme un vrai, ou comme un faux
Prophète ? -

R. Les opinions ſont fort partagées ſur ce


ſujet. Quelques uns regardent effectivement Ba
laam comme un faux Prophète, un Dévin, un
Enchanteur qui ſe ſervoit d'arts magiques ,
pour prédire l'avenir, & ce qui devoit arriver
de bien ou du mal à ceux qui le conſultoient ;
mais dont Dieu ſe ſervit alors pour accomplir
ſes deſſeins, par un effet de ſa toute puiſſance :
& ils prétendent prouver ce qu'ils avancent ;
I°. par la conſidération de la Province où il
demeuroit & de la ville qu'il habitoit, toute
payenne. 2°. Par les ſept autels qu'il fit éle
ver, ſur des monts conſacrés à de fauſſes di
vinités, qui indiquent un Idolâtre. 3". Parce
que Balac lui attribue un pouvoir qu'on attri
: buoit chez les Idolâtres, aux Magiciens & aux
enchanteurs. 4°. Parce qu'il paroit diſpoſé à
maudire le peuple de Dieu. 5°. Parce qu'on
lui offre des préſens d'enchantement , ou qui
Q. 5 n'é
25o L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
n'étoient offerts qu'à des enchanteurs. Enfin,
par le conſeil qu'il donne à Balac, qui ne peut
venir que d'un faux Prophète. D'autres pen
ſent au contraire, & ce me ſemble avec plus
de fondement, que Balaam , quoiqu'entâché
du vice de l'avarice, & qu'il ſe laiſſât gagner
par le ſalaire d'iniquité, comme parle S. Pierre
2. Ep. F I. I 5. faiſoit pourtant profeſſion de ſer
vir le vrai Dieu au milieu des Idolâtres , par
mi leſquels il vivoit , & comme un vrai Pro
phète à qui Dieu communiqua ſa volonté , &
dont Dieu ſe ſervit pour bénir ſon peuple, &
pour prédire la venue du Meſſie, & la ruine
de diverſes nations ennemies d'Iſraël ; & ils le
prouvent , I°. parce qu'il conſulte réellement
l'Eternel Ch. XX I I. 8. & parce qu'il dit lui
même, que l'Eſprit de l'Eternel l'animoit XXII.
38. XX I l I. 12, 16. 2°. Parce qu'il appele l'E-
ternel , ſon Dieu XXI I. 18. 3°. Qu'il ſe nom
me le Voyant du Seigneur X X I V. 3 ; titre
affecté aux vrais Prophètes. 4°. Parce que Moi
ſe parle de lui comme d'un homme à qui Dieu
ſe reveloit. Enfin, parce que ſes Prophèties ont
été accomplies.
0

CHA
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 251

C H A P I T R E X X.

Contenant ce qui arriva aux Iſraëlites, pen


dant qu'ils étoient encore campés dans les
plaines de Moab, tant avec les Moabi
tes qu'avec les Madianites. Enſuite le
troiſieme dénombrement qui fut fait des
Enfans d'Iſraël, avant que d'entrer au pays
. de Canaan; l'ordonnance de Dieu au ſu
jet des filles de Tſelophcad , mort ſans
enfans mâles, & la déſignation de Joſué,
fils de Nun, pour être ſucceſſeur de Moï
ſe, dans la conduite du peuple d'Iſraël.
D. Ue fit Balac de retour dans le lieu de ſa
réſidence, pour profiter des conſeils que
Balaam lui avoit donnés ? -

R. Il y a toute apparence que pour ſuivre


ce conſeil, il engagea les filles les plus diſtin
· guées & les plus belles de ſon Royaume, à fré
quenter le camp des Iſraëlites ; à lier avec eux
quelque commerce illicite, qui put attirer ſur
eux l'indignation de l'Eternel, & les expoſer à
la malédiction que ce Roi avoit demandée avec
tant d'ardeur à Balaam. C'eſt au moins ce que
l'on peut recueillir de la ſuite de cette hiſtoi
re, que Moïſe continue ainſi : " Alors le peu- Mont.
» ple d'Iſrael demeuroit, ou campoit en Sittim X X V.
» dans les campagnes de Moab ; & il commen- ***
» ça à avoir des commerces impurs avec les fil- .
» les de Moab ; car elles invitérent le peuple
» allX
252 L'A N c I E N T E s T A M E N r
, aux ſacrifices, ou plutôt aux feſtins qui ſié
voient d'ordinaire les ſacrifices offerts à leurs Dieux ;
& le peuple y mangea des viandes conſacrées aux
idoles, 85 pour plaire à ces filles en ſatisfaiſant à
leurs déſirs ; " il alla juſqu'à ſe proſterner devant
» leurs Dieux, & à s'unir avec elles dans le
, culte infâme que l'on rendoit à l'idole de Ba
» hal-Pehor : C'eſt pourquoi la colére de l'E-
» ternel s'enflamma contre les Iſraelites, & l'E-
» ternel dit à Moiſe : Prends tous les Chefs
» du peuple : Aſſemble tous les Juges qui doivent
adminiſtrer avec toi la juſtice ; " & fais prendre
, en préſence de l'Eternel, ou devant ſon Tt
» bernacle, au ſoleil, ou au plus grand jour $
» aux yeux de tout le peuple, tous ceux qui ſe
» ſont rendus coupables de proſtitution , ou
» d'idolatrie ; & par ce châtiment la colère de
», l'Eternel ſera détournée de deſſus le peuple
» d'Iſrael. Moïſe donc dit aux Juges d'Iſrael :
º» Que chacun de vous faſſe mourir les hom
» mes qui ſont en ſa charge, & qui ſe ſont
, rendus coupables de proſtitution & d'idola
» trie , dans le culte rendu à l'idole de Bahal
» Pehor. Or entre les Enfans d'Iſrael , coups
» bles de ces crimes, il y en eut un qui eut
» l'inſolence d'amener dans la propre famille de
,, ſes freres une Madianite, ſous les yeux mê
» mes de Moïſe , & devant toute l'aſſemblée
• » des Enfans d'Iſraël. Comme ils pleuroient à
» la porte du Tabernacle d'aſſignation, de voir
» tant de coupables punis du dernier ſupplice ;
» ce que Phinées, fils d'Eleazar, fils d'Aaron le
» Sacrificateur, ayant vû, il ſe leva du milieu
» de l'aſſemblée , & prit une javeline en ſà
» main, entra dans la tente de l'homme Iſrae
lite
rM I s E N C A T E c H 1 s M E. 253
lite , & les tranſperça tous deux par le ven
tre, l'homme Iſraelite & la femme Madiani

:
2>
te ; & le châtiment infligé aux Enfans d'Iſ.
raël fut par-là arrêté ; mais il y en eut vingt
quatre mille qui en moururent, tant par la
peſie que ſur le gibet.
D. Ce zèle de Phinées qui nous paroit un peu
violent, fut-il approuvé de Dieu ?
R. L'on n'en ſauroit douter, ſi l'on fait at
tention que non ſeulement la punition des cou
pables, fut par - là arrêtée ; mais auſſi ſi l'on
conſidére ce que dit l'Eternel, & ce qu'il fit en
ſa faveur. Car " l'Eternel dit de lui à Moïſe : Nomb.
X X V.
2> Phinées, fils d'Eléazar, fils d'Aaron le Sa I© - I5.
3> crificateur, a détourné ma colere de deſſus
2> les Enfans d'Iſraël ; parce qu'il a été animé
2> de mon zèle au milieu d'eux , & à cauſe de
>> cela, je n'ai point conſupmé les Enfans d'Iſ.
22 rael dans ma fureur. † pourquoi dis - lui
2> que je lui donne mon alliance de paix ; c. à d.
9 ue je lui promets comme par un traité d'allian
ce ſolemnel, toute ſorte de proſpérités pour lui
85 ſa famille ; " & que par la même alliance,'
», le Sacerdoce qui doit être éternel, ou d'une
», longue durée, lui ſera aſſuré & à ſa poſtérité
» après lui, autant qu'elle s'en rendra digne ;
» parce qu'il a été animé de zèle pour ſon
» Dieu, & qu'il a fait une choſe qui a rendu
# » Dieu propice aux Enfans d'Iſraël. Or le nom
## » de l'Iſraelite tué Far Phinées , avec la Ma
# , dianite, étoit Zimri, fils de Salu, Chefd'u-
r# » ne des familles de la Tribu de Siméon, & le
» nom de la femme Madianite qui fut tuée
# 2
, avec lui, étoit Cozbi, fille de Tſur, un des |
# » Chefs des peuples & des familles Madianites.
# D. Com
#

254 , L'A N c I E N T E s T A M ENT


· D. Comment eſt - ce que Dieu punit auſſi les
Madianites , qui de concert avec les Moabites,
avoient ſeduit le peuple d'Iſraël 83 l'avoient en
gagé dans l'idolatrie ?
XWoznb. R. , L'Eternel ordonna à Moïſe d'attaquer
X X V.
I6 - 18. » les Madianites , & de les traiter en enne
mis ; parce qu'eux-mêmes avoient traités les
Iſraelites de cette maniere, par les ruſes qu'ils
avoient employées contr'eux dans l'affaire de
Pehor, ou le culte idolâtre qu'ils avoient ren
du à l'idole de Bahal. Pehor, & dans le fait de
Cozbi, fille d'un de leurs principaux Chefs,
, leur ſœur qui avoit été tuée le jour mème
, qu'arriva le fléau, dont Dieu les punit à ce ſujet.
D. Qu'eſt-ce que l'Eternel ordonna enſuite aux
Iſraèlites, avant que de les appeler à combattre
leurs ennemiis *
Momb. R. » Après ce fi#u, l'Eternel parla à Moiſe
X X V I.
I • 65« » & à Eléazar fils d'Aaron le Sacrificateur, &
» leur dit : Faites le dénombrement de toute
» l'aſſemblée des Enfans d'Iſrael, depuis l'àge
., de vingt ans & au-deſſus, ſelon les familles
» de leurs peres ; ſavoir, de tous ceux qui peu
, vent aller à la guerre. Pour obéir à cet or
,, dre, Moïſe & Eléazar le Sacrificateur parlé
» rent aux Iſraelites , lors qu'ils étoient enco
» re dans les campagnes de Moab, auprès du
» Jourdain, vis-à-vis de Jérico, & leur ordon
, nérent ce dénombrement de la même maniere
» que l'Eternel le leur avoit preſcrit à leur ſor
, tie du pays d'Egypte. Par ce dénombrement
qui fut fait de toutes les Tribus, excepté celle de
Lévi, qui m'étoit pas deſtinée à aller à la guerre,
» il ſe trouva dans la Tribu de Ruben ſelon
» leurs familles qui ſont ici marquées, en hom
• Ines
•-"=-1

M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 255 *
, mes portant armes 4373o. d'où il paroit que
cette Tribu avoit 277o. hommes de moins que
dans le premier dénombrement, dont l'Auteur ſa
cré indique la raiſon, quand il ajoute, que " Da
,, , than & Abiram, qui étoient des Chefs de
•er * , cette Tribu appelés à l'aſſemblée, avoient été
- -

#
•*
, engloutis en terre, avec une partie de leurs
- - •. - - -

#
$!
» familles, pour s'être mutinés contre Moïſe,
: , & contre l'Eternel, dans la conjuration dont -

* : , Coré étoit le Chef qui fut conſumé par le


,, feu, auſſi bien que les deux cent cinquante
, hommes aſſemblés avec lui , qui devinrent
» par-là un monument de la juſte vengeance de
,, Dieu : mais les enfans de Coré ne mouru
, rent pas avec lui. Dans la Tribu de Siméon,
, il ne ſe trouva que 22 5oo. hommes ; au
lieu de 593oo. qu'ils étoient dans le dénombre- .
ment précédent, Nomb. I. 24. Cette diminution
# - conſidérable de 371oo. hommes dans cette Tri
# bu, put avoir pluſieurs cauſes , & en particulier
# le fléau de Dieu qu'elle ſouffrit plus que les att
# tres, pour s'être laiſſée ſeduire par les Madiani
ſ, tes dans le culte rendu à Bahal - Pehor ; comme
# on peut l'inférer de ce qui eſt dit , que Zimri ,
# tué par Phinées, étoit un des principaux de cet
:&º te
dansTribu qui avoit
les mêmes ſans - doute
déſordres. engagé
* Dans les autres
la Tribu de -

ſ
,, , Gad, il s'en trouva 4o5oo. Dans celle de A

tº » Juda 765oo. Dans celle d'Iſſacar 643oo.


# » Dans celle de Zabulon 6os oo. Dans celle |

#i » de Manaſſé 527oo. ſans parler des enfans de


4 » Tſélophcad , qui n'eut que cinq filles ici mom
º mées , qui firent enſuite tige comme il ſera dit
# ci après. " Dans la Tribu d'Ephraïm 325oo.
º » Dans celle de Benjamin 456Co. Dans †
2» de
$
-

256 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
· 5» de Dan 644oo. Dans celle d'Aſſer 534c>.
2> Dans celle de Nephtali 454oo. Ainſi les dé
29
nombrés des Enfans d'Iſrael ſelon leurs Tri
22 bus & leurs familles, montérent à 6o173o.
Et dans le dénombrement précédent, Nomb. I. 46.
il s'en étoit trouvé 6o355o. ce qui fait une dif
férence de 182o. hommes de moins.
» L'Eternel dit de plus à Moiſe : Le pays
, 30 de Canaan ſera partagé entre tous ceux - ci
22 par héritage, ou par portion, ſelon le nom
22 bre des perſonnes comptées dans chaque Tri.
2> bu. A celles qui ſont plus nombreuſes, tu
33 donneras une plus grande étendue de terrein,
92 & à celles qui ſont moins nombreuſes, une
2 ) plus petite. Toutefois que le pays ſoit diviſé
5 ) par ſort, & que les familles prennent leur
5 > portion dans l'endroit du pays que le ſort
22 donnera à chaque Tribu : mais dans l'éten
2 ) due du terrein qui lui ſera aſſigné, l'on au
2» ra égard au plus grand & au plus petit nom
25 bre de chacune. Les enfans de la Tribu de
22 Lévi furent auſſi comptés à part , & il s'en
22 trouva vingt - trois mille , depuis l'âge d'un
2» mois & au - deſſus ; mais on ne leur donna
22 point de portion de terrein entre les Enfan;
22 d'Iſraël avec les autres Tribus. Entre toutes
2» ces perſonnes dont l'on avoit pris le dénom
2> brement, il ne s'en trouva aucune de celles
22 qui avoient été comptées par Moiſe & Aa
25 ron, au déſert de Sinaï : car ils étoient tous
52 morts au déſert, comme l'Eternel l'avoit dit,
32 excepté Caleb, fils de Jephunné, & Joſué, fils
22 de Nun.
D. Pourquoi eſt-il remarqué dans le dénombre.
ment des jamilles de la Tribu de Manye, qte
Je
-Nm=-

M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 257
: Tſelophcad, fils de Hepher n'eut point de fils , •
| mais cinq filles, dont les noms furent conſervés ?
| R. Parce que ces filles donnérent lieu à une
ordonnance qui n'avoit pas été faite ; portant
qu'au défaut de mâles, les filles pourroient ſuc
céder à l'héritage de leurs peres : * Car les fil- Nomb.
º • les de Tſelophcad, de la Tribu de Manaſſé, #II.
, , fils de Joſeph, s'étant préſentées devant Moï- "
* , ſe & Eléazar, accompagnés des Chefs des Tri
- bus ou des ſoixante 83 dix Anciens qui préſi
* ,, doient à l'aſſemblée du peuple, à l'entrée du
º .. Tabernacle d'aſſignation , elles leur dirent ;
º , Nôtre pere eſt mort au déſert, & il n'étoit
º , point dans la troupe de ceux qui s'aſſemblé
º » rent contre l'Eternel, lors de la conjuration
º , de Coré ; mais il eſt mort , comme les autres
* , hommes, pour avoir péché, & il n'a point eu
,* ,, de fils ; Faut-il pour cela que le nom de nô
#* » tre pere ſoit retranché de ſa famille , 83 ſe
# rions mous privées à cauſe de cela , de la part
i4 que nous devons avoir à l'héritage de nos peret ?
:º » Donne-nous donc une poſſeſſion parmi les fre
# » res de nôtre pere., Moïſe , ayant conſulté ſur
º » leur cas & ſur leur demande ; l'Eternel lui
#* » répondit : Les filles de Tſelophcad parlent ſa
º » gement , ou me demandent rien qui ne ſoit rai
$ ,, ſonnable : Tu ne manqueras pas de leur don
5 » ner un héritage à poſſèder parmi les freres
º » de leur pere ; & tu leur feras parvenir la por
# 29 tion que leur pere devoit avoir. Tu diras auſſi
st » aux Enfans d'Iſraél, que quand quelcun mour
, » ra ſans avoir des fils, ſon héritage devra paſ
$ » ſer à ſes filles ; que s'il n'a point de filles ,
» l'on donnera ſon héritage à ſes freres ; &
* » s'il n'a point de freres, l'on donnera ſon hé
,º Toiite I I. R. ,, rita
T

258 L'A N c I E N T E s T A M E N T
2> ritage aux freres de ſon pere : Que ſi ſot !
35 pere n'a point de freres, l'on donnera ſon hé

» ritage au plus proche parent de ſa famille,


» pour le poſſèder comme ſon bien propre , &
» ceci ſera aux Enfans d'Iſrael une ordonnance
,, ſelon laquelle ils devront juger , le cas arri
,, vant, comme l'Eternel l'a commandé à Moiſe.
- D. Quel ordre Moïſe reçut - il encore de Diex
après le dénombrement fait ?
Netwb. R. ,, L'Eternel lui ordonna de monter ſur
XXVII.
» la montagne d'Habarim, ſituée au ſeptentrice
I2 - I4.
des plaines de Moab, où les Iſraëlites étoient car -
pés, 83 d'où l'on pouvoit découvrir le pays de
Canaan , au-delà du Jourdain ; " & lui dit de
», jetter les yeux ſur ce pays promis aux Enfans
,, d'Iſraël : Mais, ajoute-t-il, Tu le regarderes
ſeulement, 85 tu n'en auras que la vue , car avant
,, que d'y entrer, tu ſeras recueilli vers tes peu.
,, ples , comme Aaron ton frere l'a été; parce
,, que vous n'avez pas fait ce que je vous avois

commandé au déſert de Tſin , dans le tems
du murmure de l'aſſemblée pour avoir de l'emi,
& que vous ne m'avez point ſanctifié, ou rt.
,, connu ma puiſſance & ma force devant tcat
le peuple, au ſujet des eaux qu'il demandoit
avec tant d'inſtance, & qui cauſérent tant de
2, débats de ſa part, pendant qu'ils étoient à
,, Kades , dans le déſert de Tſin. .
· D. Comment eſt- ce que Moïſe reçut crt ordre
83 cette déclaration de Dieu ? #

- R, Il paroit par ce qui eſt rapporté Deuter.


IIl. : 24-26. que Moïſe demanda d'abord à Dieu
la grace de paſſer le Jourdain avec le peuple,
' & de voir de plus près ce bon pays qui étoit
au-delà ; mais que Dieu la lui ayant refuſee,
• >>
M#. MIs EN C A T E C H I s M E. 259
, , il s'y ſoumit & ne s'occupa plus que du déſir
ces de procurer au peuple d'Iſrael , un conducteur
Momb.
& qui tint ſa place après ſa mortt ; " Moiſe donc XXVII.
• « ,. parla à l Eternel , & lui dit ; Qu'il plaiſe à I5 - 17
#z ,, l'Eternel, le Dieu des eſprits de toute chair ;
:, , le Créateur des ames de tous les hommes ; qui con
- x moit les diſpoſitions de chacun d'eux, " d'établir
ar ,, à ma place ſur ce peuple , quelque homme
,, qui les conduiſe & qui les dirige dans tout
# 3 ,, ce qu'ils auront à faire , ſoit en paix, ſoit en
, ,, guerre , & que l'aſſemblée de l'Eternel ne ſoit
#s,, pas comme des brebis qui n'ont point de
§n ,, paſteur.
" ,: Moiſe
D. ?Que répondit l'Eternel à la demande de
r *. •

fºrs
],! R. ,, Alors l'Eternel dit à Moïſe : Tu peux Momb.
|. XXVIF.
:# ,, prendre pour cela Joſué, fils de Nun , qui 18 - s3.
§ ,. eſt un homme rempli d'un eſprit de ſageſſe,
º de prudence, de fidélité, de courage 85 de zèle
,, pour mion nom , & tu poſeras ta main ſur
2 ,, lui pour le conſacrer dans ' cet emploi : Tu
" ,, le préſenteras devant Eléazar , le Sacrificateur,
,, & devant toute l'aſſemblée : Tu l'inſtruiras
,, en leur préſence de tout ce qu'il doit faire,
, ,, & tu le revêtiras de toute ton autorité : afin
» # ,, que toute l'aſſemblée des Enfans d'Iſrael l'é-
º
,, coute, 83 lui obéiſſe : Et dans les cas diffici
l " ,, les, il ſe préſentera devant Eléazar le Sacri
ſº ,, ficateur, qui étant revêtu deil'Ephod , con
#* » ſultera pour lui l'Eternel, devant qui il pa
,, roitra ; qui lui fera coniioitre ſà volonté,
: º , par la voie de l'Urim qui eſt ſur l' Ephod , &
#º ,, ſelon ſa parole & la réponſe que Dieu aura
· ,, faite, Joſué & les Enfans d'Iſrael avec lui ,
ſ º ,, & toute l'aſſemblée du peuple, devront ſe con
l ! R 2 » duire.
26o L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, duire. Moïſe donc fit comme l'Eternel lui
,, avoit commandé ; il prit Joſué & le préſenta
,, devant Eléazar le Sacrificateur & devant tou
5 , te l'aſſemblée ; puis il poſa ſes mains ſur lui,
,, & l'inſtruiſit, comme l'Eternel l'avoit comman
,, dé par le Miniſtère de Moïſe.

C H A P I T R E X X I.

Contenant pluſieurs Loix ſur le culte public


· pour chaque jour, chaque ſabbat, chi
que mois , & chaque année dans les fé
tes ſolemnelles, auſli bien que ſur les
vœux & les ſermens ; Loix que Dieu j -
gea à propos de rappeler dans le ſouvenir
de la nouvelle génération des Iſraëlites,
avant de les introduire dans le pays de
:- Canaan ,
| afin qu'elles fuſſent obſervées
p'us exactement qu'elles ne l'avoient été
par leurs peres dans le déſert.
D. Uels ordres Dieu donna - t - il encore i
Moiſe avant de le retirer de ce monde !
R. D'Eternel lui ordonne de recommander
derechef aux Iſraëlites l'obſervation exacte des
Loix qu'ils avoient déja reçues ſur le mont Si
naï, touchant le culte public qu'ils devoient
rendre à Dieu & les ſacrifices qui devoient lui
être offerts chaque jour, chaque ſabbat, chº
· que mois , & chaque année dans les fètes ſe
lemhelles ; Sacrifices qui avoient ſans doute été
/ _ -• _ * - p - - -

négligés dans : le déſèrt , & qui devoient ètre


·· - .. - 4 mieux
MIs EN C A T E c H I s M E. 26I

mieux obſervés par la nouvelle génération , dès


qu'elle ſeroit entrée dans le pays de Canaan.
D. Qu'eſt-ce que Dieu leur rappele premierement
ſur les ſacrifices à offrir à Dieu chaque jour 83
chaque ſemaine ?
R. ,, Commande, dit l'Eternel à Moïſe, aux Nomb,
XXVIII.
22 Enfans d'Iſrael, qu'ils ayent ſoin de m'offrir I • 1©.
2» dans le tems marqué mon offrande ou le pain
» qui m'appartient , 85 qui doit m'être donné
32chaque jour , avec les ſacrifices qui doivent
55 être conſumés par le feu, qui ſont pour moi
22 d'une agréable odeur, ou que je reçois très
agréablement de ceux qui me les offrent avec un
2» cœur pur. Tu leur diras donc ; C'eſt ici le
25 ſacrifice qui doit paſſer par le feu, que vous
22 offrirez à l'Eternel chaque jour; ſavoir, deux
22 agneaux de l'année ſans tare en holocauſte
32 continuel. Tu ſacrifieras l'un des agneaux le
22 matin, & l'autre le ſoir entre les deux vê
22 pres , avant le ſoleil couché ; 83 tu y joindras
: » la dixieme partie d'un Epha de fine farine
22 pour le gâteau , mêlée avec la quatrieme par
2 » tie d'un hin d'huile vierge. C'eſt en quoi con
2 » ſiſte l'holocauſte continuel, tel qu'il fut établi
52 $ offert ſur la montagne de Sinaï pour être
25 un ſacrifice conſumé au feu, d'une agréable
22 odeur à l'Eternel : Et ſon aſperſion , ou ce
5» que l'on doit verſer ſur l'holocauſie, ſera d'u-
3b ne quatrieme partie d'un hin de cervoiſe ,
2» ou du meilleur vin , pour chaque agneau ,
2 ) qu'on verſera dans le lieu Saint en offrande
22 à l'Eternel. Tu ſacrifieras l'autre agneau le
2» ſoir entre les deux vêpres , avec le même
22
gâteau & la même aſperſion qu'au matin ,
#
» & ce ſera un ſacrifice couſumé au feu d'une
R. 3 » agréa
262 L'A N c I E N TE s T A M E N T
agréable odeur à l'Eternel : Mais le jour dt !
ſabbat , vous offrirez deux agneaux de l'an
née ſans tare & deux dixiemes de fine fa.
rine mêlée d'huile avec ſon aſperſion. C'e#
l'holocauſte qui doit être offert chaque ſab.
bat, outre l'holocauſte continuel de chaque
jour avec ſon aſperſion.
D. Qu'eſt - ce que Dieu ordonne de plus pcr
chaque mois ?
•Vomb. R. Il ajoute encore ce qui ſuit. * Au com.
XXVIII.
Y I - 15.
25 mencement de vos mois, ou le premier jx
32 de chaque mois, ou renouvellement de la licit,

22 Vous offrirez en holocauſte à l'Eternel, deux


5» veaux pris du troupeau, un bélier & ſept
99 agneaux de l'année ſans tare , avec trois di
52 xiemes de fine farine paîtrie à l'huile pour le
25 gâteau de chaque veau, & deux dixiemes de
2b fine farine paîtrie à l'huile , pour le gâteau
5> du bélier, & une dixieme de fine farine pai.
25 trie à l'huile, pour le gâteau de chaque agneau
25 offert en holocauſte, qui puiſſe être d'agréa
33 ble odeur à l'Eternel, comme un ſacrifice con
>> ſumé au feu : Et leurs aſperſions ſeront de lu
3> moitié d'un hin de vin pour chaque veau ;
35 de la troiſieme partie d'un hin pour le bélier,
:)> & de la quatrieme partie d'un hin pour cha
25 que agneau. C'eſt l'holocauſte qu'on doit of
3) frir au commencement de chaque mois, dans
52 tous les mois de l'année. L'on offrira auſſi
>> dans ce jour-là à l'Eternel un jeune bouc
22 pour le péché, outre l'holocauſte continud
2o qui doit s'offrir tous les jours avec ſon aſper
2> ſion.
D. Quels ſont les autres jours de l'année d ;
Dieu ordonne à Moïſe de rappeler $ recommn
d:r
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 263
der l'obſervation aux Enfans d'Iſraël, pour les cé
lébrer de la maniere qui leur avoit déja été preſcrite ?
R. Ce ſont les Fêtes de Pâque, de Pentecô
te, des Trompettes, le grand jour des expia
tions , & la fète des Tabernacles. Et voici ce
qu'il ordonna ſur les deux premieres. " Au qua- Nouk.
» torzieme du premier mois de l'année ſacrée ſe #ſu
" , ra la Pâque de l'Eternel : c. à d, l'on mangera
l'agneau de Pâque dans les familles entre les deux
vêpres en actions de graces à l'Eternel, * & au
» quinzieme jour du même mois, commencera
» la fète ſolemnelle, dans laquelle on mangera
» durant ſept jours des pains ſans levain. Au
» premier de ces ſept jours, il y aura une ſainte
» convocation. Toute l'aſſemblée du peuple y ſe
,, ra occupée à de ſaints exercices. Vous n'y fe-.
,, rez aucune œuvre ſervile , comme au jour du
,, ſabbat. Et vous offrirez un ſacrifice conſumé
» au feu en holocauſte à l'Eternel , de deux
» veaux pris du troupeau ; d'un bélier & de
» ſept agneaux de l'année qui ſeront ſans tare :
» le gâteau qui doit les accompagner , ſera de
, fine farine paîtrie à l'huile, dont on offrira
,, trois dixiemes d'Epha pour chaque veau ,-
, deux dixiemes pour le bélier , & une dixie
» me pour chacun des ſept agneaux, avec un
» bouc pour le péché ; afin de faire propitiation
,, pour vous , ou pour vous rendre Dieu pro
,, pice. Vous offrirez tout cela outre l'holocauſ
» te du matin 83 du ſoir qui doit être conti
,, nuel : & vous ferez ces oblations pendant
,, chacun de ces ſept jours : Ce ſera comme le
,, pain du ſacrifice conſumé au feu, qui ſera
, d'une odeur agréable à l'Eternel, qu'on of
» frira outre l'holocauſte continuel de chaque
R. 4 » jour
264 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» jour, avec ſon aſperſion; & au ſeptieme jour
comme au premier, il y aura une ſainte con
» gregation, & vous n'y ferez aucune œuvre
» ſervile. -

» Enſuite au jour des prémices ou des prt


,, miers fruits, quand vous offrirez à l'Eternel
» le nouveau gâteau de vos ſemaines, qui doi
vent être au nombre de ſept, à compter depuis
,, Pâque, il y aura encore une ſainte convo
,, cation, comme à Pâque, & vous ne ferez en
20 ce jour-là aucune œuvre ſervile ; mais vous
55 offrirez en ce jour-là les mêmes ſacrifices qui
ont été preſcrits pour chacun des ſept jours
de Pâque ; outre l'holocauſte continuel & ſon
gâteau : & ces ſacrifices ſeront auſſi de bètes
», ſans tare avec leurs aſperſions, comme on
peut le voir plus en détail Exod. XII. XIII. XXIII.
JXXXIV. 85 Lévit. XXIII.
D. Quel ordre Dieu donne-t-il ſur la fête des
Trompettes ?
Mcmh. -- R. ,, Le premier jour du ſeptieme mois de
X X I X.
I - 6. l'année ſacrée, qui étoit le premier de l'année ci.
,, vile, vous aurez, dit Moiſe de la part de Dieu
,, aux Enfans d'Iſraèl, une ſainte convocation ;
,, vous n'y ferez aucune œuvre ſervile , & ce
, ſera pour vous un jour de jubilation , ou de
retentiſſement de trompettes ; : parce qu'il detoit
étre annoncé au peuple, par le ſon d'une tront
pette. Vous y offrirez en holocauſte, qui ſe
,, ra de bonne odeur à l'Eternel, un veau pris
du troupeau , un bélier & ſept agneaux de
l'année ; tous ſans tare, avec leur gâteau de
fine farine paîtrie à l'huile, de trois dixiemes
d'Epha pour le veau, de deux dixiemes pour
le bélier , & d'une dixieme pour chacun des
,, ſept
M I s E N C A T E c H I s M E. 265
,, ſept agneaux, & un jeune bouc en offran
,, de pour le péché ; afin de faire propitiation .
, pour vous. Et cela, outre l'holocauſte qui s'of
,, fre au commencement de chaque mois avec
,, ſon gâteau ; & outre l'holocauſte continuel
,, de chaque jour avec ſon gâteau & leurs aſ-.
,, perſions ; ſelon qu'il a été ordonné, pour ren--
,,dre le ſacrifice fait par feu d'une ſuave odeur,
,,ou agréable à l'Eternel. -

D. Que fut-il ordonné ſur le jour ſolemnel des .


expiations qui ſe célebroit dans le même mois ?
,, R.
dit ,,Moïſe
Au aux
dixieme
Enfansjour de ce Vous
d'Iſraël, ſeptieme mois,
aurez une , Mº#
X I X.
- - l 7 - I I.
,, ſainte convocation, ou une aſſemblée ſolemmelle .
,, de tout le peuple, conſacrée à Dieu ; vous y affli
», gerez vos ames, ou vos perſônnes , tant pour
ſe ſouvenir de vos péchés , que pour marquer le
déplaiſir de les avoir commis, par le jeüne ou l'abſ
,, tinence du manger 83 du boire , & vous n'y .
,, ferez aucune œuvre ſervile. Vous y offrirez
,, auſſi en holocauſte , pour être d'une odeur
,, agréable à l'Eternel , un veau pris du trou-.
» peau, un bélier & ſept agneaux de l'année
,, qui ſeront ſans tare : Et le gâteau qui doit .
,, les accompagner qui ſera de fine farine paîtrie .
,, à l'huile, de trois dixiemes d'Épha pour le
,, veau ; de deux dixiemes pour le bélier & d'u-
,, ne dixieme pour chacun des ſept agneaux :
, L'on offrira encore un jeune bouc pour le pé
,, ché ; outre tout ce qui ſe fait pour l'expia
,, tion du péché, le jour des propitiations, &
» l'holocauſte continuel de chaque jour avec

, ſon gâteau & leurs aſperſions, comme il eſt
, niarqué en détail, Lévit. XVI. e3 XXIII.
R 5 R. Qu'eſt

266 L'A N c I E N. T E s T A M E N T

- D. Qu'eſt-ce qui fut encore ordonné aux Iſraé


lites pour la fete des Tabernacles ?
Nomb. R. » Au quinzieme jour du ſeptieme mois ,
X X I X.
,, leur dit Moiſe, Vous aurez encore une ſainte
12 - 39.
» convocation : Vous n'y ferez aucune œuvre
,, ſervile , & vous célébrerez à l'Eternel la fè
,, te des Tabernacles pendant ſept jours. Le pre
,, mier jour, vous offrirez en holocauſte, qui
,, ſera un ſacrifice conſumé au feu d'une odeur
,, agréable à l'Eternel, treize veaux pris du trou
» peau ; deux béliers & quatorze agneaux de
», l'année, le tout ſans tare, avec leur gâteau
,, fait de fine farine paîtrie à l'huile ; ſavoir ,
,, trois dixiemes d'Epha pour chacun des treize
», veaux ; deux dixiemes pour chacun des deux
» béliers, & un dixieme pour chacun des qua
» torze agneaux : L'on y offrira auſſi un bouc
» pour le péché, outre l'holocauſte continuel
» de chaque jour, ſon gâteau & ſon aſperſion ;
» Le ſecond jour vous y offrirez ſeulement dou
,, ze veaux, & vous obſerverez les mêmes cé
» rémonies pour chacun, & pour ce qui doit
», les accompagner , que vous l'avez fait le pre
», mier jour. Le troiſieme jour ſeulement onze,
», le quatrieme jour dix , le cinquieme jour
,, neuf, le ſixieme jour huit, le ſeptieme ſeule
», ment ſept. Mais l'on devoit offrir dans cha
», cun de ces jours, le même nombre de béliers
», & d'agneaux que le premier ; avec les gâ
», teaux & les aſperſions qui devoient les ac
», compagner, comme il a été marqué au pre
», mier jour. Enfin , au huitieme jour vous au
rez une aſſemblée ſolemnelle de tout le peuple ;
», vous n'y ferez aucune œuvre ſervile, & vous
, y offrirez en holocauſte, ou en ſacrifice †
3» 1llº
*.

M 1 s E N. C A T E c H I s M E. 267
:2 ſumé au feu d'une odeur agréable à l'Eter
22 nel , un veau, un bélier & ſept agneaux de

2» l'année ſans tare, avec les gâteaux & les aſ


22 perſions, pour le veau, le bélier & les agneaux
52 ſelon leur nombre, & comme il a été preſ
22 crit ; enfin un bouc pour le péché, outre
,, l'holocauſte continuel, ſon gâteau & ſon aſ
,, perſion, à quoi Moiſe ajoute pour concluſion ;
23 Vous offrirez toutes ces choſes à l'Eternel dans
22 vos fètes ſolemnelles, ſans y manquer jamais ;
3> outre ce que vous voudrcz lui offrir volon
2> tairement , ou pour remplir des vœux que
» vous aurez faits, en holocauſtes, en gâteaux,
,, en aſperſions, ou en ſacrifices de proſpérités.
D. Quelles autres ordonnances l'Eternel preſcri
vit il à Moiſe pour le peuple ?
R. , Moïſe après avoir donné aux Enfans Nomi.
» d'Iſraël les commandemens dont nous venons X X X.
I - I7.
», de parler, que Dieu lui avoit ordonné de leur
», rappeler, parla auſſi aux Chefs de leurs Tri
» bus par ordre de Dieu, de la maniere dont ils
devoient faire obſerver les vœux 85 les ſermens que
l'on auroit fait, * & leur dit ; C'eſt ici ce que
» l'Eternel a commandé : Quand un homme,
maitre de lui-même 85 dans ſon bon ſens, " aura
fait un vœu à l'Eternel, ou qu'il ſe ſera en
» gagé par ſerment, juſques à obliger, ou lier
ſon ame ; c. à d. ſous peine de perdre la vie,
,, à faire telle, ou telle choſe ; il ne violera point
» ſa parole , mais il exécutera tout ce qui ſera
» ſorti de ſa bouche : Et lorſqu'une fille au
» ra fait vœu à l'Eternel, & qu'elle ſe ſera liée
,, par ſerment à quelque choſe, étant encore dans
» la maiſon & la dépendance de ſon pere, dans
•, ſa jeuneſſe, & que ſon pere ayant entendu
,, ſon
" 268 L'A N c I E N TEsT AMENT
» ſon vœu & ſon obligation ſur ſon ame, ou
la promeſſe qu'elle aura faite par ſerment, ſous
,, peine de perdre la vie, ne lui aura rien dit,
93 tous ſes vœux ſeront valables : Elle ſera obli

- 22 gée de les tenir de bonne foi. Mais ſi ſon pe


29 re l'a déſaprouvée & déſavouée au jour qu'il

9> l'aura entendue , aucun de ſes vœux & de


23 ſes engagemens, même ſur ſon ame, ne ſera
39 valable : Elle me ſera point obligée de les tenir :
25) & l'Eternel lui pardonnera, ſi elle ne les tient
92
pas ; parce que ſon pere l'a déſavouée. Que .
99 ſi ayant un mari elle s'eſt engagée par quel
20 que vœu, ou par quelque ſerment qu'elle ait
3» proferé légérement ; & que ſon mari l'ayant
22 entendue, ne lui en ait rien dit , le jour mè
39 me qu'il l'aura entendue, ſes vœux & ſes en
35) gagemens ſeront valables : mais ſi au jour que
35 ſon mari l'aura entendue, il l'a déſavouée,
9» il aura par-là annullé le vœu , ou l'engage
, 92 ment ſur ſon ame qu'elle avoit proferé trop
3> légérement de ſa bouche; & l'Eternel lui par
>y donnera, ſi elle ne le tient pas. Mais le vœu
22 de la veuve & de la répudiée, & tout ce à
32 quoi elle ſe ſera obligée ſur ſon ame, ſera
29 valable contre elle : Elle ſera obligée de le te
35 mir, quoiqu'il lui en coute. Que ſi elle a fait
22 ce vœu ou ce ſerment, étant encore dans la
29 maiſon 83 la dépendance de ſon mari ; avant
25 qu'elle fut veuve ou répudiée, & que ſon mari
25 l'ayant entendue & ne l'ait point déſavouée ;
9> tous ſes vœux & ſes engagemens ſeront va
2> lables ; mais ſi ſon mari les a expreſſément
» condamnés , au jour qu'il les aura entendus,
2X rien de ce qu'elle aura dit, ſoit par vœu , ou
32 par engagement ſur ſon ame, ne ſera valable ;
,, parce
MIs E N C A T E c H I s M E. , 269
,, parce que ſon mari les a condamnés, & l'E-
, ternel lui pardonnera, ſi elle me les tient pas.
Le conſentement tacite ou le déſaveu formel de
» ſon mari , rendra valide ou non valide tout
» vœu & tout ſerment qu'elle aura fait pour
, jeüner, ou affliger ſon ame. Que ſi ſon mari
,, par un ſilence continué, donne lieu de croire
,, qu'il conſent à ces vœux ; ils ſont par-là mê
,, me cenſés valides ; parce qu'il ne lui en a
,, dit mot, le jour qu'il les a entendus. Mais
,, s'il vient enſuite à les condamner & à en em
,, pêcher l'obſervation , il portera l'iniquité de
,, ſa femme : il répondra devant Dieu de ce que
les vieux m'auront pas été remplis ; parce que ce
ſera ſa faute, ſi ſa femme ne ſatisfait pas à ſa
,, promeſſe. Telles ſont les ordonnances que l'E-
,, ternel commanda à Moïſe de faire obſerver
,, entre l'homme & ſa femme, entre le pere &
,, ſa fille qui eſt encore jeune dans la maiſon
,, de ſon pere.

C H A P I T R E XXII.

Contenant la vengeance que Dieu prit des


, Madianites qui s'étoient joints aux Moabi
tes pour ſéduire le peuple d'Iſraël & l'en
trainer dans la proſtitution & l'idolâtrie ;
comme auſſi le partage qui fut fait enſui
te, des pays conquis en deçà du Jour .• * ••

dain, entre les Tribus de Ruben, de Gad ).t! : - .T


& la demi-Tribu de Manaſſé. *.

D. U'eſt-ce que Dieu ordorina encore à Moi


* º * ſe de mettre en exécution avant ſa mort ?
27o L'A N c I E N T E s T A M E N r
R. Ce fut de tirer vengeance des Madianites
qui de concert avec les Moabites, avoient enga
gé le peuple d'Iſraél dans la proſtitution & l'i-
dolâtrie, pour faire tomber ſur lui les jugemens
Momh.
XXXI.
de Dieu : * L'Eternel parla donc à Moiſe, &
| 1, 2 ,, lui dit : Tu tireras toi-même vengeance des
· •
-
» Madianites pour les maux qu'ils ont attirés
,, aux Enfans d'Iſraël : après quoi tu ſeras re
,, tiré vers tes peuples, & je t'enleverai de ce
monde.
· D. Comment s'acquita Moïſe de cette com
miſſion ?
XVomb. · R. , Il repréſenta au peuple d'Iſraël qu'il con
XXXI.
3 - 6.
22 venoit que queiques-uns d'entr'eux ſe prépa
raſſent à aller attaquer les Madianites, pour
venger l'Eternel de ce qu'ils avoient fait à ſon
,, peuple : Vous envoyerez, dit - il, à cette guerre
,, mille hommes de chaque Tribu d'Ifrael. On
fournit donc d'entre les milliers d'Iſraël, mille
,, hommes de chaque Tribu , qui furent dou
,, ze mille hommes en tout, que l'on choiſit d'en
,, tre les plus zélés, & qui armés pour la guer
re, furent envoyés par Moiſe contre les Ma
dianites avec Phinées, fils d'Eléazar le Sacri
,, ficateur, qui avoit en ſa main les vaſes ſaints
,, ou les trompettes, que l'on gardoit dans le Ta
,, bernacle qu'il faiſoit retentir à la tête de l'ar
» mée pour animer les troupes.
,D. Quel fut le ſuccès de cette expédition ?
Nomb. R. ,, Ils marchérent en guerre contre les Ma
XXXI. » dianites, comme l'Eternel l'avoit commandé
7 - I2. ,, à Moiſe; & ils en tuérent tous les mâles qui
,, tomberent entre leurs mains. Ils tuérent auſſi
» cinq Rois ou Princes de Madian ; , & firent
, paſſer au fil de l'épée, Balaam, fils de Pehor,
qtii
M 1 s E N CA T E c H 1 s M E. 27r
tro
aui ſe uva parmi eux depuis qu'il eut quitté le
,, Roi de Moab : Enſuite les Iſraelites emmené
» rent priſonnieres les femmes de Madian avec
,, leurs petits enfans , & pillérent tout leur
,, gros & menu bétail & tout ce qui étoit en
,, leur pouvoir, & mirent le feu à toutes leurs
,, villes, leurs demeures & leurs châteaux : &
,, prirent tout le butin & tout ce qu'ils purent
,, piller, tant des perſonnes que du bétail ; Puis
,, ils amenérent les priſonniers, le pillage & le
, butin à Moïſe & à Eléazar le Sacrificateur ,
,, & à l'aſſemblée des Iſraelites au camp, dans
,, les campagnes de Moab, qui ſont le long du
,, Jourdain, vit à vis de Jérico. -

D. Comment furent ils reçus de Moïſe 85 d'E-


léazar ? -

R. , Moïſe & Eléazar le Sacrificateur, avec x ,


,, tous les Principaux de l'aſſemblée, ſortirent XXX .
,, au devant d'eux. hors du camp , & Moiſe 13-*4-
,, ayant vû les femmes priſonnieres, ſe mit en
,, grande colère, contre les Capitaines de l'ar
,, mée, les Chefs des milliers & des centaines
,, qui retournoient de cet exploit de guerre ; **
,, de ce qu'ils avoient conſervé en vie toutes les .
,, femmes; puiſque c'étoient elles qui, ſuivant le
,, conſeil de Balaam, avoient donné occaſion aux
» Iſraelites de pécher contre l'Eternel ſur la
» montagne de Péhor, & qui avoient attiré ce
» funeſte fléau ſur l'aſſemblée de l'Eternel. Or
» maintenant , leur dit.il, · tuez tous les mâles
» parvenus à l'âge de puberté, & toute fem
» me qui aura eu compagnie d'homme ; <mais
» vous conſerverez en vie toutes les jeunes fil
»>
les vierges, & demeurez ſept jours hors du
» cam p pour vous purifier : car celui qui tue
» » Id
272 L'A N c I E N T E s T A M E N T
-

20 ra quelcun, & qui touchera la perſonne tuée ,


3» ſe purifiera le troiſieme & le ſeptieme jour,
3> tant vous que vos priſonniers qui ſeront dans
32 le cas : Vous purifierez auſſi tous vos vète
©2 mens & tout ce qui ſera fait de peau ; tout
97 ouvrage de poil de chévres & toute vaiſſelle
de bois que vous attrez emportée avec vous.
Eléazar le Sacrificateur dit auſſi aux hommes
de guerre qui étoient allés à la bataille; voici
l'ordonnance & la Loi que l'Eternel a don
née à Moïſe : Que l'or, l'argent, l'airain, le
fer , l'étain & le plomb & tout ce qui peut
: paſſer par le feu, ſoit purifié par le feu , &
enſuite avec l'eau de ſéparation ordonnée ci
deſſus Ch. X l X. I7, 18. & tout ce qui ne
pourra pas paſſer par le feu, ſera purifié avet
-- cette eau : Vous laverez auſſi vos vètemens
• * • • • le ſeptieme jour : alors vous ſerez nets &-
--- - • • pourrez entrer au camp.
-
-
D. , Quel ordre Moïſe reçut.il enſuite de l'E-
termel ſur cela ? C

R. » L'Eternel dit enſuite à Moïſe ; fais le


Nomb. .
XXXI.
compte du butin & de tout ce qu'on a ame
25 - 3o.
né, tant des perſonnes que des bêtes , toi &
Eléazar le Sacrificateur, & les Chefs de fa
mille de l'aſſemblée ; & partage par moitié le
butin, entre les combattans qui ſont allés à
la guerre & toute l'aſſemblée du peuple. Tu
léveras auſſi ſur les gens de guerre qui ſont
allés à la bataille, un tribut pour l'Eternel ,
2.2 ſavoir, de cinq cens, un, tant des perſon
25 nes que des bœufs , des anes & des brebis.
-2> On le prendra de leur moitié, & tu le don
2b neras à Eléazar le Souverain Sacrificateur pour
lui & les autres Sacrificateurs , comme l'offrande- -

,, élevée
1 M I s E N C A T E c H I s M E. - 273
» élevée que l'on offre journellement à l'Eter
, nel. Et de l'autre moitié qui eſt deſtinée
, à toute l'aſſemblée , tu en mettras à part de
» cinquante, un ; tant des perſonnes que des
» bœufs, des anes, des brebis & de tous au
» tres animaux, & tu le donneras aux Lévites
# » qui ont la charge de garder le Tabernacle de
# » l'Eternel. -

, D. A quoi monta donc le butin qui fat ainſi


partagé ? -

R. Moïſe & Eléazar ayant fait, ſelon le com XVomi#.


» mandement de Dieu, le compte du butin qui XXX I.
:: » étoit reſté du pillage fait par le peuple qui 3 i - +7
::
» étoit allé à la guerre, il ſe monta à 675ooo.
» brebis, béliers, moutons, ou agiteaux. 72oco.
» bœufs, ou taureaux, vaches 85 veaux. 61ooo.
» anes, ou aneſſes, & 32cco. filles vierges ;
» & la moitié de tout cela appartenant à ceux
» qui étoient allés à la guerre , montoit à
2, 3375oo. brebis, dont le tribut pour l'Eter
» nel fut de 675. brebis : Plus, 36ooo. bœufs,
, dont le tribut pour l'Eternel fut de ſoixante
» & douze. Plus, 3o5oo. anes, dont le tribut
» pour l'Eternel, fut de ſoixante & un. Plus,
, ſeize mille perſonnes, dont le tribut pour
» l'Eternel, fut de trente deux, & Moïſe don
» na à Eléazar le Sacrificateur pour lui 85 les
,, familles ſacerdotales, le tribut dû à l'Eternel ,
» pour s'en ſervir comme d'une offrande éle
· » vée, ainſi que l'Eternel le lui avoit ordonné.
» Et de l'autre moitié aſſignée à toute l'aſſèm
» blée d'Iſrael, diſtincte de celle des hommes qui
» étoient allés à la guerre, montant à 337 5oo.
» brebis. 36oco. bœufs. 3o5oo. anes & 16ooo.
,, perſonnes. Moïſe en prit un de cinquante ,
Tome l I. S ,, tallt
274 L'A N c I E N T E s r A ME N T
,, tant des perſonnes que des bètes, & les don
,, na aux Lévites qui avoient la charge de gar
», der le Tabernacle de l'Eternel, comme l'E-
,, ternel le lui avoit commandé.
D. Que fit.on dit reſte du butin , mon compris
dans le partage ci-deſſus ?
2Vo1nb. R. ,, Les Commandans des milliers de l'ar
XXXI.
48 - 54.
,, mée, les Chefs des milliers & des centaines
, étant venus à Moiſe, lui dirent; Tes ſerviteurs
2, ont paſſé en revue les gens de guerre qui
,, ſont ſous nôtre charge, & il n'en manque
•, pas un : Et pour en témoigner à Dieu nötre
,, reconnoiſſance, Nous lui offrons chacun, ce
», qui s'eſt trouvé avoir de joyaux d'or , de
», chaines, de braſſelets , d'anneaux , de pen
,, dans d'oreilles & de coliers ; afin d'en faire
,, propitiation pour nos perſonnes devant l'E-
,, ternel , de la faute que nous avons commiſe ex
épargnant les femmes de nos ennemis. " Et Moïſe
», & Eléazar reçurent d'eux , toutes les pieces
,, travaillées en or qui furent préſentées en of
,, frande élevée à l'Eternel de la part des Chefs
,, des milliers & des chefs des centaines ; &
», tout cet or monta à ſeize mille ſept cent cin
, quante ſicles , de demi once d'argent chacun.
,, Mais les ſoldats retinrent chacun pour ſoi ce
,, qu'ils avoient pillé. Moïſe donc & Eléazar
, ayant pris cet or, l'apportérent au Taberna
, cle d'aſſignation, comme un monument de
la protection que Dieu avoit accordée aux Enfans
d'Iſraël dans ce combat.
D. Les Iſraëlites conſervérent ils les pays qu'ils
avoient conquis par la défaite des Amorrbeens ,
des Baſanites , 83 des Madianites ?
» R. Les
M I s E N C A T E c H I s M E. 275
R. » Les Tribus de Ruben & de Gad qui y .
,, étoient fort riches en bétail , ayant vû que I*- $.X. I.
22 le pays de Jahzer & de Galaad , qu'on avoit
>> enlevé aux Amorrhéens, étoit un endroit pro
pre à tenir du bétail , repréſentérent à Moiſe
2> à Eléazar & aux Principaux de l'Aſſemblée ,
>2 que ce pays la dont l'Eternel avoit défait les
22 habitans , à la tête des Enfans d'Iſrael 85 en
2 >
leur faveur, étant propre à nourrir du bé
22 tail, leur conviendroit tout à fait ; puiſqu'ils
2» en étoient abondamment fournis. Ainſi di
,, rent-ils à Moiſe , ſi nous avons trouvé gra
» ce devant toi , 83 que tu veuilles nous etre
22
favorable, ordonne que ce pays ſoit donné
2 > en poſſeſſion à tes ſerviteurs, ſans nous faire
2 > paſſer le Jourdain.
D. Que leur répondit Moïſe ?
R. ,, Moïſe ſoupçonnant qu'il y avoit dans Nºué.
leur demande quelque deſſein caché de ne vouloir # #ll.
pas entrer en guerre avec les Cananéens, ê3 crai
gnant que leur exemple n'eut de facheuſes ſuites,
22 leur répondit conſéquemment. Vos freres, dit
>2 il aux enfans de Ruben & de Gad, iront ils
22 donc à la guerre , pendant que vous reſte
22 rez ici tranquilles * Vôtre exemple n'eſt-il pas
22 bien propre à faire perdre courage aux au
22 tres Iſaélites & à les rebuter de paſſer au
32 pays que l'Eternel leur a donné ? Ce fut dé
2> ja ce qui arriva du tems de vos peres, lorſ
2> que je les envoyai de Kadès-barné pour re
22 connoitre le pays : Car ils montérent juſqu'à
22 la ville d'Eſcol & ils virent le pays ; puis par
20 le rapport qu'ils en firent, ils firent perdre
9> courage aux Enfans d'Iſraél, qui refuſérent
33 d'entrer au pays que l'Eternel leur avoit
2 ,, don
276 L'A N e 1 E N T E s T A M E N T
22donné. Ce qui fit que la colère de l'Eternel
,, s'enflamma contr'eux en ce jour - là ; c'eſt
,, pourquoi il déclara avec ſerment qu'aucun de
,, ceux qui étoient ſortis d'Egypte, depuis l'a-
,, ge de vingt ans & au deſſus, ne verroit le
», pays qu'il avoit promis avec ſerment à Abra
,, ham, Iſaac & Jacob ; parce qu'ils n'avoient
,, point perſéveré à écouter ſa voix ; excepté
,, Caleb , fils de Jephunné le Kéniſien, & Jo
,, ſué, fils de Nun , qui lui avoient été fideles.
,, Ainſi la colère de l'Eternel s'enflamma con
,, tre le peuple d'Iſraël & le fit errer quarante
,, ans dans le déſert ; juſques à ce que toute
,, la génération qui avoit déplû à l'Eternel eut
,, été conſumée. Et il ſemble à préſent que
,, vous voulez tenir la mème conduite que vos
,, peres qui étoient une race d'hommes pé
,, cheurs ; ce qui ne feroit qu'augmenter en
,, core l'ardeur de la colère de l'Eternel contre
,, iſraél. Que ſi vous vous détournez de lui $
que vous me vouliez pas le ſuivre là où il veut
,, vous conduire, il continuera encore à laiſſèr
, ce peuple dans le déſert , & vous ſerez cauſe
,, de ſà deſtruction entiere.
D. Quel parti prirent ſur cela ceux de C :à
85 de Ruben ? -

M'omtb. R. ,, Ils revinrent à Moïſe, & lui dirent :


XXXII. ,, Nous bâtirons ici, s'il te plait , des cloiſons
IG - 19.
» pour nos troupeaux , & les villes ſerviront
» de demeures à nos familles : mais pour ceux
d'entre nous qui ſont en état de porter les armes,
» nous marcherons armés à la tête des Enfans
» d'Iſrael , juſqu'à ce que nous les ayons in
» troduits dans le pays qu'ils doivent poſſeder :
» Cependant nos familles demeureront ici dans
2» les
M I s E N C A T E c H I S M E. 277
les villes murées, à cauſe des habitans du
:> pays qui pourroient encore les inquieter : Nous
ne retournerons point dans nos maiſons que
5 ) chacun des Enfans d'Iſrael n'ait pris poſſeſ
2) ſion de ſon héritage ; & nous ne poſſéderons
5 ) rien en héritage avec eux au - delà du Jour
dain , ni plus avant ; parce que nôtre héri
22 tage nous ſera échû au-deçà du Jourdain vers
22 l'orient.
D. Quelles furent les ſuites de cette propoſition ?
R. ,, Moïſe leur dit ; ſi vous faites cela & Moinſ.
XXXII.
•? que vous vous prépariez à marcher devant 29 - 42 .
2> l'Arche de l'Eternel, ſelon le rang qui vous y
5» eſt marqué, & que chacun de vous étant équi
2> pé, paſſe le Jourdain à la tête de l'Arche ;
25 juſqu'à-ce que l'Eternel ait détruit ſes enne
3> mis, & que le pays ſoit ſubjugué, à me
35 ſure que l'Arche de l'Eternel avancera , &
>> qu'enſuite vous vous en retourmiez dans le
25 pays que vous ſouhaitez de poſſèder ; Vous ſe
3> rez innocens envers l'Eternel & envers le peu
2» ple d'Iſraél ; & ce pays-ci vous appartiendra
33 pour le poſſeder ſous la protection de l'Eter
nel ; Mais ſi vous ne faites cela , tenez pour
certain que vous aurez péché contre l'Eter
35 nel, & que tôt ou tard vous en ſerez punis.
3> Faites-vous donc des villes fermées pour vos
familles, & des cloiſons pour vos troupeaux,
comme vous l'avez dit. Alors les enfans de
2> Gad & de Ruben dirent à Moïſe ; Tes ſer
:> viteurs feront comme mon Seigneur l'a com
2>
mandé : Nos petits enfans, nos femmes , nos
3> troupeaux & toutes mos bêtes demeureront
ici dans les villes de Galaad , & tes ſerviteurs
22 paſſeront chacun armé pour la guerre, à la
S 3 » face
273 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
» face de l'Eternel, ou devant l'Arche, prêts à
30 combattre , comme mon Seigneur l'a dit :
33 Sur cela Moiſe parla d'eux à Eléazar le Sa
2> crificateur, à Joſué , fils de Nun, & aux
32 Chefs des familles des Tribus d'Iſrael , &
3> leur dit : Si les enfans de Gad & de Ruben
2> paſſent avec vous le Jourdain tous armés ;
prèts à combattre à la face de l'Eternel , &
que le pays vous ſoit aſſujetti, vous leur don
nerez le pays de Galaad en poſſeſſion : mais
s'ils ne paſſent point en armes avec vous ,
ils auront une poſſeſſion parmi vous au pays
de Canaan : Et les enfans de Gad & de Ru
ben aſſurérent de nouveau qu'ils feroient tout
,, ce que l'Eternel avoit ordonné par la bou
che de Moïſe ; qu'ils paſſeroient en armes à
la face de l'Eternel au pays de Canaan ; afin
qu'i s puiſent poſſèder en héritage ce qui eſt
deça le Jourdain. Ainſi Moïſe donna aux Tri
bus de Gad & de Ruben & à la demi-Tri
bu de Manaſſé , fils de Joſeph , qui s'étoit
jointe aux deux autres ; peut - être parce qu'il y
avoit du terrein de reſie pour elle, ou pour re
compenſer les enfans de Makir, de la Tribu de
Manſſe qui avoient beaucoup contribué à la con
quéte de ce pays ; " Il leur donna , dis - je, le
» royaume de Sihon , Roi des Amorrhéens, &
• le royaume de Hog , Roi de Baſan ; le pays
» avec ſes villes, ſelon les limites du pays tout
» à l'entour. Après cela les enfans de Gad re
»"bâtirent huit villes murées ici nommées, &
» firent des cloiſons pour leurs troupeaux ; &
» les enfans de Ruben en rebâtirent ſix ici mar
,, qttées ; dont ils changérent les noms & leur
» en donnérent de nouveaux : Et les deſcen
» dans
M I s E N C A T E c H I s M E. 279
s dans de Makir, fils de Manaſſé , allérent au
,, pays de Galaad ; ils le prirent & en dépoſſè
, dérent les Amorrhéens qui y étoient : En
,, ſuite de quoi Moiſe donna le pays de Ga
, laad aux deſcendans de Makir, fils de Ma
» naſſé qui y habitérent : Et Jaïr deſcendu
» auſſi de Manaſié s'en alla & prit leurs bourgs,
,, qu'il appela les bourgs de Jaïr : Nobab au
», tre deſcendant de Makir s'en alla auſſi, & prit
-, le pays de Kenath , avec les villes de ſon
» reſſort, & appela ce pays Nobab, de ſon nom.

C H A P I T R E X X [ [ I.

Contenant la recapitulation du voyage des


Iſraëlites dans le déſert , & des diverſes
traites ou campemens qu'ils y avoient fait;
les limites de la Terre promiſe , & le
partage qui devoit s'en faire par les per
ſonnes nommées de Dieu pour cet effet.
D. M Oiſe nous a - t - il laiſſé quelque relation
plus détaillée que ce qui a été rapporté
ci - deſſus des divers campemens des Iſraélites au
déſert , pendant les quarante ans qu'ils y demeu
yérent ?
R. Oui ; ce ſaint homme voyant le peuple
de Dieu à la veille d'entrer dans la Terre pro
miſe ſous la conduite de Joſué ſon ſucceſſeur,
jugea à propos de tranſmettre à la poſtérité une
courte recapitulation du voyage de ce peuple
ſous ſa conduite & celleSd'Aaron, depuis ſa ſor
4 t1c
d. -
28o L'A N c I E N T E s T A M E N T
tie d'Egypte, juſqu'à ſon arrivée dans les plai
res de Moab où ils étoient alors campés ; &
de marquer en paſſant les principaux événemens
de ce long voyage, pour ſervir de monument
perpétuel, tant de la bonté de Dieu envers eux,
que de ſà ſévérité envers ceux qui avoient été
rebelles à ſes ordres ; ſuivant les régiſtres qu'il
avoit lui-même dreſſés par ordre de Dieu de leurs
campemens & décampemens , & de leurs trai
tes pendant tout ce tems.là.
D. Qu'eſt-ce donc que contient cette recapitula
tion abregée des traites du peuple d'Iſraël, depuis
ſa ſortie d'Egypte, juſqu'à ſon arrivée pres du
Jourdain ?
XTn*1h.- R. ,, Ce ſont - ici, dit.il lui - même, les trai
XXXIII.
1 - 49.
,, tes des Enfans d'Iſrael , qui ſortirent du pays
,, d'Egypte ſelon leurs bannieres, ſous la con
,, duite de Moïſe & d'Aaron ; car Moïſe écri
•, vit un régiſtre exact de leurs décampemens
2, & de leurs traites , ſuivant l'ordre de l'E-
,, ternel. Ce ſont donc ici leurs traites à les
•, compter d'un délogement à l'autre. Les En
-, fans d'Iſrael partirent donc de Rahmeſés en
,, Egypte, le quinzieme jour du premier mois,
•, des le lendemain de la Pâque, & ſortirent à
,, main levée 85 en toute libcrté, à la vue de
,, tous les Egypticns qui étoient alors occu
,, pés à enſévelir leurs premiers nés que l'Eter
,, nel avoit frappés, 85 à relever leurs idoles
,,
» ſur leſquelles l'Etcrncl avoit exercé ſes juge
,, mens. Ils arrivérent le premier jour à Suc
» coth ; d'où étant partis, après quatre trai
,, tes ou campemens , ils arrivérent au bord de
,, la mer rouge, qu'ils paſſérent à pied ſec, &
», firent enſuite trois journées de chemin #
:: C
M Is E N C A T E c H I s M E. 28I
55 le déſert d'Etham , & campérent à Mara ;
22 de Mara , ils vinrent camper à Elim , où il
22 y avoit douze fontaines d'eau, & ſoixante &
»5 dix palmes ; d'Elim , ils vinrent le long de
»2 la mer rouge, au déſert de Sin ; d'où étant
», partis après deux autres campemens, ils ar-,
»2 rivérent à Rephidim , où il n'y avoit point
>> d'eau à boire pour le peuple ; & de-là, ils'
22 vinrent camper au déſert de Sinaï ; d'où
2> étant partis, après un long ſéjour , ils firent
22 vingt - deux traites, ou campemens ici mar
22 qués, juſques à la montagne de Hor , au
»2 bout du pays d'Edom : Et Aaron étant mon
22 té par ordre de l'Eternel ſur cette monta
>5 gne, il y mourut en la quarantieme année
22 de la ſortie des Enfans d'Iſraël hors d'Egyp
2» te, au premier jour du cinquieme mois, âgé

22 de cent quarante trois ans. Alors le Roi de


22 Harad Cananéen , qui habitoit au pays de
»» Canaan vers le midi, apprit que les Iſraeli
22 tes venoient dans ſon pays ; & étant partis

2» de la montagne de Hor , ils firent encore


22 huit traites, ou campemens différens, juſques
»» à leur arrivée aux montagnes de Moabe près
>> du Jourdain, vis-à-vis de Jérico, & campé
2» rent - là, depuis Beth - jeſimot, juſqu'à Abel
22 Sittim , dans les campagnes de Moab.
D. Qu'eſt-ce que l'Eternel ordonna alors à Moi
ſe de dire aux Iſraëlites, avant qu'ils paſſaſſent le
Jourdain ?
AVomk.
R. » L'Eternel ordonna alors à Moïſe de di XXXIII.
5 re aux Enfans d'Iſrael : Puiſque vous allez 5o - 56.
2 paſſer le Jourdain , pour entrer dans le pays
de Canaan ; chaſſez de devant vous, tous
f> les habitans du pays, & détruiſez toutes leurs
S 5 ,, ima
282 L'A N c I E N T E sT A M E N T
images , qui ſervent à entretenir leur idolatrie ;
briſez toutes leurs idoles de fonte, & démo
liſſez tous leurs hauts lieux , où ils ſacrifient
: pays
à leurs divinités. Rendez - vous maitres du
& y habitez : car je vous l'ai donné
pour le poſſèder comme vôtre bien propre :
Vous l'hériterez ſelon que le ſort en décide
ra , à proportion du nombre de vos famil
les ; à ceux qui ſont en plus grand nombre,
vous donnerez une plus grande portion : &
à ceux qui ſont en plus petit nombre, vous
en donnerez une moindre. Chacun aura ce
» qui lui ſera échu par le ſort ( a ) , & ſelon
» la portion qui ſera aſſignée à chacune des
, Tribus de vos peres : Mais ſi vous ne chaſ
» ſez de devant vous les habitans du pays ;
,, il

( a ) Cbacun attra ce qui lui ſera échu par le ſort. Si


c'eſt le ſort qui décida de la portion de chaque Tri
bu ; comment put-on aſſigner à la Tribu la plus nom
breuſe, une plus grande portion, & à la moins nom
breuſe une plus petite , ſelon ce qui eſt dit auparavant ?
Il y a deux manieres de concilier ces déclarations
qui pareiſſent ſe contredire : L'une eſt que le ſort fut
dirigé de telle ſorte par la ſage Providence de Dieu,
que la portion du pays la plus étendue, ou la plus
fertile , échût aux Tribus qui étoient les plus nom
breuſes ; & que celles qui l'étoient moins , eurent pour
leur partage une moindre étenduë de pays : L'autre,
que le ſort regardoit ſeulement le côté , & la ſituation
du pays de Canaan , que chacune des Tribus devoit
occuper , à l'orient, à l'occident , au midi, au ſep
tentrion, le long du Jourdain ou de la mer Méditer
ranée , & l'étenduë de pays que l'on devoit donner
à chacune dans cet endroit - là , laquelle devoit être
réglée, ſelon le nombre plus ou moins grand des fa
ailles & des perſonnes de cette Tribu,
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 2S3
» il arrivera que ceux d'entr'eux que vous au
, rez laiſſés de reſte , ſeront comme des épi
, nes à vos yeux , & comme des pointes à vos
» côtés : ils vous ſerreront de près, & vous
» opprimeront dans le pays que vous habite
» rez, & je vous traiterai de la même maniere
: . » que j'ai eu deſſein de les traiter.
D. Quel ordre Dieu ajouta-t'il encore à celui-là,
pour le partage du pays de Canaan ? ", |,
Moin#.
R. » Il ordonna encore à Mouſe de faire con XXXIV.
, noitre aux Enfans d'Iſrael, quelles devoient l - 19.
» être les limites du pays que Dieu leur don
|
,, noit en héritage, pour en chaſſer les mations
qui le poſſedoient , 83 il les indiqua lui - méme,
, auſſi bien que les perſonnes qui devoient faire ce
: partage , en ces termes. " Ce ſera ici le pays
», que vous aurez en héritage, ſelon ſes con
,, fins. Vôtre frontiére du côté du midi, ſera
,, depuis le déſert de Tſin, le long de l'Idumée ;
,, & elle commencera du bout de la mer ſalée
,, à l'orient, & tournera au midi vers la mon
,, tée de Hakrabbim , juſqu'à Tſin , & abou
», tira de ce côté - là à Kadès-barné ; de là re
•, montant vers Hatſar-addar , elle paſſera juſ
,, qu'à Hatſmon , & depuis Hatſmon juſques
», au torrent d'Egypte , (par où l'on entend un
des bras du mil le plus ſeptentrional) ; " & elle
,, aboutira à la mer Méditerranée. Quant à la
,, frontiére d'occident, vous aurez pour limi
», tes la grande mer , c. à d. la mer Méditer
ranée , nommée grande, par rapport à la mer
ſalée qui étoit à l'orient. * La frontiére du Sep
,, tentrion ſera depuis la grande mer, juſqu'à
,, la montagne de Hor , qui faiſoit partie du
ºioºt Liban, $ qui étoit toute différente de celle
GA4
284 L'A N c I E N T E s T A M E N r
où Aaron mourut, au midi du payſ. De - là,
2» vous aurez pour confins l'entrée de la ville,
>> ou du territoire de Hamath, nommée enſuite par
22 les Grecs Epiphaiiie. Cette frontiére tournera
03 vers Hedad , paſſera juſqu'à Ziphron, & elle
2 ) aboutira à Hatſar henan , que l'on croit avoir

2 ) été la ſource du Jourdain. Pour vos confins


22 vers l'orient, vous les marquerez depuis Hat
22 ſar-henan vers Sepham , de Sepham à Ri
25 blath , à l'orient de Hajin ; delà, elles s'é-
22 tendront le long de la mer de Kinnereth,
39 ou de Tibériade, ou de Galilée, & deſcendront
9) au Jourdain juſqu'à la mer ſalée. Tel ſera
2) le pays que vous aurez , ſelon ſes limites
29 tout autour. C'eſt - là le pays, dit Moiſe
37 aux Enfans d'Iſraël, que vous habiterez par
29 ſort, & que l'Eternel a commandé de don
5) ner à neuf Tribus & demi ; parce que les
3» Tribus de Ruben & de Gad , & la moitié
92 de celle de Manaſſé, ont déja pris leur hé
25 ritage, ſelon le nombre des familles de leur
25 pere, au deçà du Jourdain, vis à vis de Jé
20 rico , droit vers le levant. L'Eternel indiqua
2 » auſſi à Moïſe, & celui - ci aux Enfans d'Iſ
22 rael par ſon ordre, les noms de ceux qui
22 devoient partager le pays par le ſort ; ſavoir,
22 Eléazar le Sacrificateur, Joſué fils de Nun,
32 & les Principaux de chaque Tribu , qui fu
22 rent Caleb, pour la Tribu de Juda ; Samuel,
23 pour celle de Siméon ; Elidad , pour celle
5) de Benjamin ; Bukki, pour celle de Dan ;
2» Hanniel , pour celle de Manaſſé ; Kemuel ,
2» pour celle d'Ephraïm ; Elitſaphan , pour cel
• »
le de Zabulon; Paltiel, pour celle d'Iſſacar ;
52 Ahihud, pour celle d'Aſſèr; & Pedahel, †
2: celiº
-

M I s E N C A T E c H 1 s M E. 285
s, celle de Nephtali. Ce ſont là ceux auxquels
•, l'Eternel commanda de partager l'héritage aux
s, Enfans d'Iſrael, dans le pays de Canaan. .
D. La Tribu de Lévi n'ayant point eu de part
à ce partage, quels étoient donc les lieux qu elle
devoit habiter * -

Nomi.
R. ,, L'Eternel y pourvut auJi en mêuie tem1ſ , XXXV.
,, 85 dans le même lieu des campagnes de Moab I - 3.
», près du Jourdain , vis-à-vis de Jérico ; & il
,, ordonna pour cet effet à Moïſe, de dire aux
2, Enfans d'Iſraël, qu'ils donnaſſent dans la poſ
,, ſeſſion qui leur ſeroit échue en partage, des
», villes aux Lévites pour y habiter, avec les
,, faux - bourgs qui ſont autour de ces villes.
» Ils auront donc des villes pour y habiter,
», & les faux-bourgs ſeront pour leur bétail,
», pour leurs troupeaux , & pour tous leurs
», animaux. Ces faux - bourgs ſeront de mille
», coudées, ou quinze-cens pieds d'étendue, tout
,, autour des villes , à compter depuis la mu
,, raille d'enceinte de la ville en déhors : Ainſi
,, en meſurant les déhors de la ville dans la
,, diſtance de mille coudées des quatre côtés,
,, cela formera un quarré, qui aura deux mille
», coudées de longueur du côté d'orient ; deux
,, mille du côté du midi ; deux milie du côté
», d'occident ; & deux mille du côté du ſepten
º
,* ,, trion ; au milieu deſquels ſera placée la ville.
•, Tels ſeront les faux - bourgs de leurs villes.
,, Et des villes que vous donnerez aux Lévi
,, tes , il y en aura ſix qui ſerviront de re
», fuge aux meurtriers dans les cas ci - après dé
2, ſignés , & outre ces ſix, vous leur en don
», merez encore quarante deux. Ainſi toutes les
» villes que vous donnerez aux Lévites, ſeront
2, all
296 L'À N c I E N T E s T A M E N T
au nombre de quarante - huit , avec leurs

faux - bourgs. Quant à la déſignation de ces


•3

villes qui doivent être priſes ſur la poſſeſ


5>

2) ſion des Enfans d'Iſrael , vous aurez égard


au plus ou au moins de terrein que chaque
22

2 » Tribu poſſèdera : Celle qui en poſſèdera plus,

donnera plus de villes; & celle qui en poſ


2 )

55 ſéderà moins, donnera moins de villes Cha


22 que Tribu en donnera à proportion de l'hé.
22 ritage qu'elle poſſéde.
D. Quel étoit l'uſage de ces ſix villes de refuge,
qui devoient auJi être remiſes aux Lévites, pour
leur ſervir de demeure ?
XV-51 %. R. » L'Eternel le déclare à Moiſe, pour en
XXXlV. inſtruire les Enfans d'Iſrael , & leur dire :
f7 - I 5.
22 Quand vous aurez paſſé le Jourdain, pour
entrer au pays de Canaan , établiſſez - vous
2b des villes qui vous ſervent de refuge , afin
25 qu'un meurtrier qui aura frappé à mort quel
2> que perſonne par mégarde s'y enfuye : Et
3> ces villes vous ſerviront de refuge, ou d'a-
zile, contre les pourſuites du plus proche fº
32 rent de celui qui aura été tué, 85 à qui ap
partient le droit de venger ſon ſang ; & º
22 meurtrier ne devra point ètre mis à mort :
qu'il n'ait comparu en jugement devant l'aſ
23 ſemblée des Juges qui doivent décider !
20 eſt coupable , ou non. Or donc de ces º
les que vous aurez données aux Lévites !
2b y en aura ſix qui vous ſerviront de retº
2> dans ce cas là , deſquelles vous en établº
trois au-deçà du Jourdain , & trois au dº
dans le pays de Canaan. Ces ſix villes !º
viront de refuge non ſeulement aux Enfº
d'Iſrael, mais auſſi à l'étranger & au #
»?
71 I s E N C A T E c H 1 s M E. 287
#s qui demeure parmi eux ; afin que quiconque
23aura frappé à mort quelque perſonne par mé
3>garde, s'y enfuye.
D. Quels étoient les cas dans leſquels ces villes
ne devoient pas ſervir de refuge ? AVomb.
R. L'Eternel les décide , quand il ajoute : XXXV.
3> Mais ſi un homme en frappe un autre, avec 16 - 34-,
un inſtrument de fer, & qu'il en meure ,
3) le meurtrier ſera puni de mort : S'il l'a frap
pé d'une pierre qu'il eut en ſa main , capa
93 ble de le tuer, & qu'il en meure, le meur
:) > trier ſera auJi puni de mort : De mème s'il
35 l'a frappé d'un inſtrument de bois qu'il eut
en ſa main, avec lequel il pouvoit le tuer,
& qu'il en meure, le meurtrier ſera puni de
2> mort ; & celui qui a le droit de venger le
3» ſang du tué, fera condamner le meurtrier à
22 mort ; ou s'il le rencontre, il pourra le fai
re mourir. Que ſi quelcun en a pouſſé un
32 autre par haine , dans le deſſein de le faire
tomber , ou de le meurtrir, ou qu'il ait jet
22 té quelque choſe ſur lui de propos délibéré,
22 & qu'il en meure, ou que par inimitié , il l'ait
2» frappé de ſa main , & qu'il en meure, le
meurtrier ſera dans ces cas là puni de mort ;
>> & celui qui a le droit de venger le ſang du .
º2 defunt, pourra le faire mourir quand il le
•2 rencontrera. Mais ſi par cas fortuit , ſans ini
22 mitié, 85 ſans aucun mauvais deſſein, il l'a
22 pouſſé, ou a jetté ſur lui quelque choſe, com
me quelque pierre, ſans l'avoir vû , & qu'il
2» en meure ; s'il conſte qu'il n'étoit pas ſon
3» ennemi , & qu'il ne lui vouloit aucun mal ;
32 l'aſſemblée des Juges jugera entre celui qui a
22 frappé, & celui qui a le droit de venger le
- » ſang
288 L'A N c I E N TEsTA M ENT
32 ſang du mort, ſelon ces loix-ci; & elle dé
32 livrera le meurtrier de la main ou de la pour
22 ſuite de celui qui a le droit de tirer cette ven
>> geance, & le fera retourner à la ville du re
2> fuge, où il s'étoit enfui ; & il y demeurera
55 juſqu'à la mort du Souverain Sacrificateur
22 qui aura été oinct de la ſainte huile ; mais ſi
25 le meurtrier ſort, de quelque maniere que
2b ce ſoit , hors des bornes de la ville de refu
5 2 ge, où il s'étoit enfui ; & que celui qui a
2» le droit de vengeance le trouve hors de ces
»» bornes, & qu'il tue le meurtrier, il ne ſera
23 point coupable de meurtre ; car il doit de
>» meurer dans la ville de ſon refuge, juſqu'à
22 la mort du Souverain Sacrificateur : Mais
2> après la mort du Souverain Sacrificateur, il
:) 2 pourra retourner ſans rien craindre dans la
»» terre de ſa poſſeſſion, comme avant le meur
2> tre commis. Ces ordonnances vous ſerviront
b5 de régle en tous vos jugemens , tant que
32 vous habiterez ce pays - là. Celui qui fera
:) 3 mourir le meurtrier , le fera ſur la parole de
5» deux témoins : mais un ſeul témoin ne ſera
>> point requ en témoignage contre quelcun ,
25 pour le faire mourir. Vous ne prendrez point
22 non plus de préſent pour conſerver la vie
22 d'un meurtrier , qui eſt un méchant digne
de mort : On doit le faire mourir ſans re
>5 miJion. Vous ne prendrez point non plus
2> d'argent, pour le laiſſer enfuïr en la ville
22 de ſon refuge ; ni pour le laiſſer habiter au
2> pays , avant la mort du Sacrificateur ; &
2) vous ne ſouillerez point le pays où vous ſe
:5 rez, en laiſſant le meurtre impuni : Car le
32
ſang répandu ſouille le pays, & il ne ſe fera
,, pofI1C
M Is E N C A T E c H I s M E. 289
point d'expiation pour cette ſouillure du pays,
cauſée par le ſang qui y aura été répandu,
que par le ſang , ou la mort même de ce
lui qui l'aura répandu. Vous ne ſouillerez
donc point le pays où vous allez demeurer,
& au milieu duquel j'habiterai ; car je ſuis
» l'Eternel qui habite au milieu des Enfans d'Iſ
, raël , par ma protection particuliére dont l'Ar
che de l'Alliance eſt un ſimbole continuel.
D. Dans le partage de la Tribu de Manaſſe,
comment fut réglée la ſucceſſion de Tſelophcad,
qui n'avoit que des filles , dont il a été parlé
ci - deſſus ? ' . ' -

R. » Les Chefs des peres de familles des en- Nomb.


33
#rI.
fans de Galaad , fils de Makir , fils de Ma-
3> naſſé, un des enfans de Joſeph, vinrent à " "
25 Moïſe, pour lui parler en préſence des prin
25 cipaux Chefs de familles des autres Enfans
J. , ,,d'Iſraél, & lui dirent : L'Eternel a comman
º -
» dé à mon Seigneur de donner aux Enfans
º$,
» d'Iſrael le pays de Canaan , en héritage par
, ,,ſort ; & l'Eternel lui a commandé de donner
5» l'héritage de Tſelophcad nôtre frere à ſes fil
-!
: 3> les : mais s'il arrive qu'elles ſe marient à quel

#º » cun des autres Tribus d'Iſraël, leur hérita


tº » ge ſera ôté de l'héritage de nos peres, &
# » ſera ajonté à l'héritage de la Tribu de la
# » quelle elles 85 leur mari ſeront reſſortiſſans :
: » Ainſi il ſera ôté de l'héritage qui nous ſera
5 , échu par le ſort : Et quand le tems du Ju
# » bilé viendra pour les Enfans d'Iſraël , l'on
y » ajoutera leur héritage à celui de la Tribu de
# » laquelle elles ſeront reſſortiſſantes, & il ſera
f,
, » retranché de l'héritage de nos peres. Qu'il te
, plaiſe donc dy poitrvoir. •

, · Tome I I. I D. Que
29o L'A N C I E N TE sTAMENT

D. Que répondit Moïſe à cette repréſentation ?


AVcnib.
XXXIVI.
R. » Moiſe, après avoir conſulté ſur cela l'E
3 - I3.
ternel, donna aux Enfans d'Iſrael l'ordre qui
en avoit reçu, en diſant : Ce que la Tribu
22 des enfans de Joſeph repréſente eſt juſte :
22 Et c'eſt ici ce que l'Eternel a commandé, au
5» ſujet des filles de Tſelophcad : C'eſt qu'º
22 les pourront ſe marier à qui bon leur ſº
22 blera ; toutefois ſous la condition que ce ſº
22 dans quelcune des familles de la Tribu dº
22 leurs peres. Ainſi l'héritage ne ſera point
2» tranſporté entre les Enfans d'Iſrael, duº
2) Tribu à une autre : mais chacun d'eux *
»5 contentera de l'héritage aſſigné à la Tribuº
ſes peres : Et toute fille qui ſera héritiº
5» de quelque poſſeſſion d'entre les Tribus dº
22 Enfans d'Iſrael, devra ſe marier à quelcº
2> de la famille de la Tribu de ſon pere; #
2 »
que chacun des Enfans d'Iſrael hérite l'héri
»» tage de ſes peres. Cet héritage ne pourº
22 donc être tranſporté d'une Tribu à une º
2) tre; mais chacun d'entre les Tribus des E*
22 fans d'Iſraël, ſe tiendra à ſon héritage. S,
25
lon cela, les filles de Tſelophcad firent ainſi
>> que l'Eternel l'avoit commandé à Moiſ *
»» toutes cinq , dont les noms ſont ici rappelés
55 ſe mariérent aux enfans de leurs oncles º
25 elles furent mariées à ceux qui étoient dºº
22 milles des defcendans de Manaſſé, fils dºlº
ſeph, & leur héritage demeura dans la Tri
2>
bu de la famille de leur pere. Ce ſont ! les
, 2» les jugemens que l'Etºº
commandemens &bouche
52
ordonna, par la Moïſe, aux Ell
de
5> fans d'Iſraël, dans les campagnes de Moº"
> ) près du Jourdain, vis-à-vis de Jérico.
CH A
MIs EN C A T E c H I s M E. 291

L E D E U T E R O N O M E.

C H A P I T R E X X IV.

Le Peuple d'Iſraël étant ſur le point d'en


trer dans la terre de Canaan , Moïſe lui
rappelle en peu de mots, tous ce que
Dieu avoit fait pour lui, depuis ſa ſor
tie d'Egypte ; il accompagne cette reca
#
pitulation de divers motifs particuliers,
pour l'affermir de plus en plus dans ſa
fidélité envers l'Eternel ſon Dieu.


D. Uel eſt le cinquiente 83 dernier Livre de
Moiſè, renfermé dans le Pentateuque ?
R. C'eſt le Livre du D E U T E R o N o M E ;
nom que les Interprètes Grecs donnérent à
cette derniere partie du Pentateuque , & qui
ſignifie dans leur langue, une ſeconde Loi , ou
la répétition de la Loi ; parce que le principal
but de Moïſe d tns cet ouvrage, eſt de rappor
ter les diſcours qu'il adreſſa aux Iſraëlites, ſur
la fin de ſa vie, pour les engager à craindre
l'Eternel leur Dieu , & à ſuivre exactement
dans leur conduite, toutes les ordonnances de
la Loi , qu'il leur repéte, & dont il preſſe l'ob
ſervation , par tous les motifs les plus forts,
& les plus propres à faire impreſſion ſur leur
cœur , dans les circonſtances où ils ſe ren
controient.
D. Que contient donc ce divin Livre ?
R. Après un court préambule , il renferme
pluiieurs diſcours que Moiſe adreſſa aux Iſraë
T 2 lites ,
252 L'A N C I E N TE sTA MEN T
lites, avant que de les quitter, dans le premier
deſquels il rappelle d'abord dans leur mémoire
les faveurs continuelles & ſignalées, dont Dieu
les avoit comblés, depuis leur ſortie d'Egyp
te, juſqu'à leur arrivée dans les plaines de
Moab. Il leur repéte enſuite toutes les prin
cipales Loix qu'ils avoient rcçues de Dieu ,
tant morales, que cérémonielles & politiques,
qui devoient être la régle de leur conduite ;
en commençant par celles qui ſont contenues
dans le Decalogue ; il y ajoute bien des expli
cations, des détails, des circonſtances , & par
là mème des motifs à les obſerver, qui ne ſe
trouvent pas dans les Livres précédents. Dans
un autre diſcours, il leur retrace les conditions
de l'alliance que Dieu avoit bien voulu traiter
avec eux , & l'obligation indiſpenſable où ils
étoient d'obſerver fidelement les Loix de cette
Alliance , s'ils vouloient en retirer les fruits,
auſſi bien que les triſtes ſuites qu'auroit iné
vitablement pour eux la violation de ces mè
mes Loix. Enfin, ce ſaint homme, touchant
au dernier moment : de ſa vie , rapporte, ſui
vant l'ordre de l'Eternel, comment il avoit re
mis à Joſué la charge de Conducteur du peu
ple d'Iſrael, & aux Sacrificateurs le ſoin de
faire obſerver la Loi : à quoi il joint le Can
tique que l'Ecernel lui avoit ordonné d'écrire
& d'enſeigner aux Enfans d'Iſraël , pour être
un monument de ce qui devoit leur arriver
dans les tems à venir , s'ils venoient à aban
donner le culte du vrai Dieu : Et il finit par
les bénédictions qu'il prononça ſur les Enfans
d'Iſraël, avant ſa mort. Enfin le dernier Cha
pitre de ce Saint Livre, contient l'hiſtoire de
la
M 1s E N C A T E c H I s M E. 293

la mort de Moïſe ; les éloges de ce digne Con


ducteur; lequel Chapitre a, ſans-doute, été com
poſé, ou par Joſué, ou par quelqu'autre Chef
de la Nation.
D. Quel eſt le préambule par où ce Livre cont
mence, & qui en indique le ſujet *
R. Le voici en entier. " Ce ſont ici les pa- peut. I.
» roles que Moïſe dit à tout Iſraël , deçà le 1 - 5
» Jourdain, au déſert, dans les campagnes de
,, Moab, vis - à - vis de Suph , entre Paran &
» Taphel , Laban & Hatſeroth (villes de la
contrée de Moab, peu connues à préſent) " qui
,•
i
» ſont éloignées d'Horeb, ſoit de la montagne
: de Sinaï , où Dieu donna ſes Loix ; à environ
» onze journécs de Kadès - barné, en paſſant
|: » par la montagne de Sehir. Mais ce ne fut
,# » qu'en la quarantieme année, depuis la ſortie
,, d'Egypte, & la publication de la Loi en Ho
,, reb , au premier jour de l'onzieme mois de
,, cette année , que Moïſe adreſſà aux Enfans
» d'Iſrael , les diſcours ſuivans, ſelon tout ce
, que l'Eternel lui avoit commandé de leur
,, dire ; après qu'il eut défait Sihon, Roi des
| ,, Amorrhéciis, qui demeuroit à Hesbon ; &
,, Hog, Roi de Baſan, qui occupoit Aſtaroth
2b & Edrehi. Dans le tems donc que Moïſe
étoit encore dcçà le Jourdain , dans le pays
,, de Moab , il déclara de nouveau pour ceux
des Enfans d'lſraèl qtii me l'avoient pas oui, cet
,, te Loi , ou cette inſtruction, ſur les mterveilles
que Dieu avoit faites en faveur de ſon peuple ;
83 ſiir les commandemens qu'il lui avoit donnes
pour ſa conduite.
D. Que contient ce premier diſcours que Moïſe
adreſſa alors au peuple d'Iſraël ?
T 3 R. L'on
294 L'A N c I E N T E s T A M E N T

R. L'on y peut conſidérer deux parties gé


nérales. La premiere contient un recit abregé
de tout ce qui s'étoit paſſé de plus conſidéra
ble, dans le voyage que les Iſraelites avoient
fait au déſert, depuis leur départ de la mon
tagne de Sinaï ou d'Horeb, juſques à l'endroit
où ils étoient alors campés ; & dans la ſecon
- de, il employe les raiſons les plus touchantes
& les motifs les plus preſſans , pour engager
les Iſiaélites à obéïr fidelement aux Loix de
l'Eternel.
D. Par où commence le recit du voyage des lſ
raëlites dans le déſert ?
, R. Il commence par l'ordre qu'ils reçurent
de Dieu, de partir de Sinaï ou d'Horeb, pour
s'aller mettre en poſſèſſion du pays de Canaan
que Dieu leur avoit promis, & par l'établiſſe
ment des Juges prépoſés pour les gouverner
conjointement avec Moïſe, pendant le cours
Deut. I. de ce voyage. " L'Eternel nôtre Dieu, leur dit
6 - 18.
,, ce ſaint homme, nous parla , lors que nous
>> étions encore en Horeb, & nous dit : Vous
avez aſſèz demeuré en cette montagne : Diſ
poſez - vous à en partir , pour aller vers la
montagne des Amorrhéens, & dans tous les
lieux voiſins, dans les campagnes, les mon
tagnes & les plaines qui ſont vers le midi,
& à l'occident, ſur le rivage de la mer Mé
diterranée, au pays des Cananéens , juſques
au mont Liban, & au grand fleuve ; le neu
ve d'Euphrate du côté du Septentrion. Voilà
» le pays que je vous deſiine, 85 que j'ai mis
» devant vos yeux : Entrez-y, & vous en met
» tez en poſſeſſion ; car c'eſt le pays que l'E-
ternel a promis avec ſerment de donner à
" » VOS

:
M I s E N C A T E c H I s M E. 295
» vos peres, Abrahaam, Iſaac & Jacob, & à
, leur poſtérité après eux. Ce fut environ ce
» tems-là que, ſuivant le conſeil de Jethro, mon
,, beau - pere, je vous dis que je ne pouvois
22 plus être chargé moi ſeul de vôtre conduite,
si !
ou ſuffire ſeul au gouvernement d'un peuple auſſi ,
grand que vous êtes : " Car l'Eternel vôtre Dieu
, vous a tellement multiplié, que vous êtes
» aujourd'hui en auſſi grand nombre que les
, étoiles du Ciel. Que l'Eternel le Dieu de
, vos peres , vous faſſe croître mille fois au
, delà de ce que vous êtes , & vous béniſſe
, de plus en plus , comme il vous l'a dit !
» Mais pourrois-je porter ſeul le poids & l'em
3:
, barras de vos affaires & de vos différens ?
, » Choiſiſſez-vous donc d'entre vos Tribus, des
#
,, gens ſages, habiles, & d'une probité rccon
,, nue ; & je vous les établirai pour Chefs.
, Alors vous me répondites : Il eſt bon de fai
,, re ce que tu nous as dit. Ainſi ayant choiſi
,, d'entre les Chefs de vos Tribus, des hom
, mes ſages & de bonne réputation , je les
,, établis vos Chefs, & vos Commandaus, les
, ttns de mille hommes, & les autres de cent,
,, de cinquante, & de dix , qui devoient être
, comme autant de Juges dans vos Tribus.
, Puis je dis en ce tems-là à ces Juges : Ecou
, tez les différens qui ſeront entre vos freres ,
, & jugez ſelon la juſtice, de toutes les af
» faires qu'un Iſraelite pourra avoir, ſoit avec
» ſon frere, Iſraëlite comme lui ; ſoit avec
,, l'étranger qui eſt chez lui. Vous n'aurez
,, point d'égard à l'apparence des perſonnes ,
,, dans les jugemens que vous rendrez. Vous
» écouterez le petit , tout comme le grand.
"- T 4 , Vous
296 - L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, Vous ne vous laiſſerez point intimider par
l'autorité ou le crédit de perſonne ; car le
22

jugement eſt à Dieu : Vous tenez vôtre pou


voir de Dieu ; vous jugez en ſon mom, 85 c'eſt
w
ſ7
lui que vous répondrez de tous vos jugemens.
: ) Et s'il y a quelque cauſe trop difficile, que
22 vous ne puiſſiez en décider ; vous me la
>> renvoyerez, & je l'entendrai. Ainſi en ce tems
32 là , je vous ordonnai tout ce que vous aviez
22 à faire.
D. Comment Moïſe décrit - il enſuite le voyage
même des Iſraëlites dans le déſert ?
Deut. I.
R. ,, Puis, dit-il, nous partimes d'Horeb ,
I9 - 46.
32 & nous marchâmes pendant trois journées ,
25 dans tout ce grand & affreux déſert de Paran,
2» que vous avez vû , par le chemin de la mon
tagne des Amorrhéens, ſuivant ce que l'E-
ternel nôtre Dieu nous avoit commandé, &
22 nous vinmes juſqu'à Kadès-barné : Alors je
35 vous dis, vous êtes à la montagne des Amor
25 rhéens , dont l'Eternel nôtre Dieu nous don
5» ne le pays. Confiderez donc la terre, que
l'Eternel vôtre Dieu offre à vos yeux ; mon
tez - y , & vous en rendez maitres ; comme
2 l'Eternel le Dieu de vos peres vous l'a dit :
>5 Ne craignez point , & ne vous effrayez de
• ) rien. Et vous vintes tous vers moi , & me
25 dites : Avant que d'entrer dans ce pays ,
55 envoyons - y des hommes qui l'épient 85 le
22 reconnoiffent ; qui nous marquent le chemin
22 par où nous devons entrer, & les villes où
22 nous devons aller. Ayant approuvé cet avis,
23 je pris douze hommes d'entre vous, un de
25 chaque Tribu ; leſquels s'étant mis en che
3> min, & ayant paſſé les montagnes, vinrent
juſ
º-
M I s E N C A T E c H I s M E. 297
22 juſqu'à la vallée dite d'Eſcol, ou de la grappe
22 de raiſin ; & après avoir bien examiné le pays,
22 ils prirent en leurs mains des fruits qu'il pro
25 duit, & nous les apportérent, en aſſurant de
: > plus, que ce pays que l'Eternel nôtre Dieu
23 vouloit nous donner , étoit très-bon ; mais
25 vous ne voulutes point alors y aller , & n'a-
22 joutant aucune foi à la promeſſe de l'Eternel
2> vôtre Dieu, vous murmurates dans vos ten
2> tes , en diſant : Parce que l'Eternel nous hait ;
25 il nous a fait ſortir du pays d'Egypte, & il
22veut à préſent nous livrer entre les mains
2» des Amorrhéens, pour nous exterminer. Où
2 »monterions - nous ? Comment pourrons - mous
entrer dans leur pays , ſans nous expoſer à perir ?
2»car nos freres que nous avons envoyés pour re
22connoitre le pays , ont rempli nos cœurs d'é-
22 pouvante , en nous diſant que ce peuple eſt

). 22 en beaucoup plus grand nombre & de plus
22 haute taille que nous ; que les villes y ſont
22 grandes & fermées de murs qui montent
, 22 juſqu'au ciel , & même qu'ils avoient vû là

22 des géants de la race de Hanac. Mais je vous


2> dis ; n'ayez point de peur & ne les craignez
>> point. L'Eternel vôtre Dieu qui eſt vôtre con
22 ducteur combattra pour vous, comme vous
2 »avez vù qu'il l'a fait en Egypte & au déſert ;
22 où l'Eternel a eu ſoin de vous, comme un
22 Pere auroit ſoin de ſon fils , dans tout le
2» chemin où vous avez marché , juſqu'à vô
>> tre arrivée en ce lieu. Mais tout ce que je
25 vous dis alors ne put point vous engager
» » à croire l'Eternel vôtre Dieu , & à mettre
tottte vôtre coiiſiitnce en lui , qui dºns ſa grace
»2 vous conduiſoit dans le chemin par lequel
| T 5 ' » VOUS
298 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
55 vous deviez marcher , & vous marquoit le
33 lieu où vous deviez camper ; en vous éclai
22 rant de nuit par une colomne de feu , &
92 vous conduiſant de jour par une nuée. Et
22 l'Eternel ayant entendu vos murmures, s'ir
33 rita contre vous , & proteſta avec ſerment
92 qu'aucun des hommes de cette race criminelle,
22 ne verroit cet excellent pays qu'il avoit pro
22 mis de donner à vos peres ; excepté Caleb,
2» fils de Jephunné, qui non ſeulement le ver
22 roit, mais encore jouïroit avec ſa poſtérité
35 de la Terre où il avoit marché en épiant le
25 pays ; parce qu'il ſuivit conſtamment les or
22 dres de Dieu ; Il arriva même enſuite , qu'à
3 » vôtre occaſion , l'Eternel ſe mit en colère
92 contre moi , & me dit que je n'y entrerois
22 pas non plus ; mais que Joſué , fils de Nun,
22 mon ſerviteur y entreroit à ma place, & que
33 ce ſeroit lui qui mettroit les Enfans d'Iſrael
22 en poſſeſſion de ce pays. Et vos petits en
35 fans deſquels vous avez dit qu'ils ſeroient en
23 proie à vos ennemis, & qui aujourd'hui ne
3» ſavent pas diſcerner le bien du mal ; ceux là
52 y entreront, & je leur donnerai ce pays , &
33 ils le poſſéderont : Mais vous qui refuſez d'y
>» entrer à préſent , vous retournerez en arrie
2? re, & vous irez dans le déſert par le chemin
92 de la mer rouge. Vous me répondites alors,
32 nous avons péché contre l'Eternel nôtre Dieu
33 par ce refus ; mais nous ſommes à préſent ré
32 ſolus d'aller à nos ennemis & de les com
25 battre, comme l'Eternel nôtre Dieu nous l'a
33 commandé ; & ayant pris chacun vos armes,
92 vous entreprites de monter ſur la montagne;
23 mais l'Eternel m'ordonna de vous dire que
», VOUS
M I s E N C A T E c H I s M E. 299
:» vous ne deviez pas y monter ; de peur d'ê-
2> tre battus par vos ennemis ; parce qu'il n'é-
2 ) toit plus au milieu de vous pour vous pro
#. 32 téger : Je vous le rapportai : mais vous ne
52 m'écoutates point, & vous ne fites aucune
- 55


attention aux ordres de l'Eternel , & vous
vous obſtinates par orgueil à monter ſur la
:::
# 22 montagne. L'Amorrhéen qui l'habitoit ſortit
22 alors contre vous ; il vous pourſuivit com
5 » me font les abeilles, & vous battit depuis
»2 la montagne de Séhir, juſqu'à Horma : Alors
52 étant retournés au camp, vous pleurates de
32 vant l'Eternel ; mais l'Eternel n'écouta point
22 vôtre voix , & ne fit aucune attention à vos
55pleurs. Ainſi vous demeurates en Kadès au
tant de tems que vous y aviez déja demeuré,
85 que l'Eternel le jugea à propor.
D. Suivons, je vous prie, le recit que fait Moiſe
du ſéjour que firent les Iſraélites dans le déſert *
R. ,, Alors , continue Moiſe , nous retourna Deut. I I.
32 mes en arriere, & nous allames au déſert I - 23.
55 par le chemin de la mer rouge comme l'Eter
22 nel me l'avoit dit ; & après avoir tournoyé
22
bien des années le long de la montagne de
32 Séhir, l'Eternel me dit ; il eſt tems que vous
22 vous tourniez vers le ſeptentrion, où étoit
22 le pays de Canaan, & il m'ordonna de dire
»2
au peuple ; Vous allez paſſer le long de la
frontiere de vos freres les deſcendans d'Eſaü ,
22 qui habitent l'ldumée 83 la montagne de Sé

hir ; ils auront peur que vous n'envahiſſiez
2» leur pays ; mais gardez - vous de les attaquer.
2 )
N'ayez point de démêlé avec eux ; car je ne
22
vous donnerai rien de leur pays, non pas
> »
même pour y poſer la plante de vos pieds ;
,, par
3oo L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, parce que j'ai donné à Eſaü 83 à ſa poſtérité
,, la montagne de Séhir en héritage. Vous aché
,, terez d'eux les vivres dons vous aurez beſoin,
» à prix d'argent, & pourrez en manger ſous
,, cette condition : Vous achéterez auſſi d'eux
,, à prix d'argent, le droit de puiſer l'eau dans
,, leurs puits, & vous pourrez alors en boire ;
,, car l'Eternel ton Dieu t'a béni dans tout le
,, travail de tes mains ; 83 tu m'as beſoin que
de ſa protection 83 de ſa faveur pour te procu
,, rer ce qui t'eſt néceſſaire. Il a connu $ diri
,, gé le chemin que tu as tenu dans ce grand
» déſert : l'Eternel ton Dieu a été avec toi ,
,, & t'a ſoutenu pendant ces quarante ans que
,, tu y as paſſé, & rien ne t'a manqué. Selon
,, cela nous nous détournames du pays qu'ha
,, bitoient les deſcendans d'Eſaü, & nous paſ
,, ſames par le chemin du déſert de Moab, &
,, l'Eternel me dit : Ne traitez point les Mca
,, bites en ennemis, & n'entrez point en guer
,, re avec eux ; car je ne te donnerai aucune
» portion de leur pays en héritage ; parce que
,, je l'ai donné aux deſcendans de Lot qui y
,, demeurent. Les Emins, peuple terrible, y ha
,, bitoient auparavant en grand nombre, & ils
,, étoient de haute ſtature, comme les deſcen
,, dans de Hanac, & étoient reputés des géants
,, comme eux ; delà vient que les Moabites les
,, appeloient Emins, ou peuple terrible. Les Ho
,, riens demeuroient auſſi auparavant en Séhir ;
,, mais les deſcendans d'Eſaü les en dépoſſedé
,, rent , & les ayant détruits, ils y habitérent
,, en leur place : ainſi que les Enfans d'Iſraël
,, habitent & habiteront encore dans le pays
,, que l'Eternel leur a donné en héritage. Nous
- » paſ
MIs EN C A T E c H I S M E. 3OI

32 paſſames enſuite le torrent de Zéred, & le


22 tems qui s'eſt écoulé dans nos marches, de
29 puis Kadès-barné, juſqu'au paſſage de ce tor
52 rent, a été de trente huit ans ; pendant leſ
22
quels toute cette génération de gens de guerre
72 a été retranchée du milieu du camp, ou a
22 été enlevée par la mort, comme l'Eternel le
2» leur avoit juré. Après quoi l'Eternel me dit :
2> Tu vas paſſer aujourd'hui la frontiere des
22 Moabites où eſt Har leur ville capitale, & tu
2> approcheras du pays des Hammonites : Tu
22 ne les traiteras point en ennemis & n'auras
>» aucun démèlé avec eux ; car je ne te don
22 nerai aucune portion de leur pays en héri
2> tage, parce que je le leur ai donné, com
2 22 me étant deſcendus de Lot. Les Réphaims,
22 ou les Géants y habitoient auparavant ; & les
22 Hammonites les appeloient Zamzumins ; comt
22 me qui diroit d'inſignes & ruſes ſcélerats. C'é-
22 toit un peuple grand, nombreux, & de hau
22 te ſtature, comme les Hanekins ; mais l'Eter
39 nel les fit détruire par les Hammonites qui
•2 les chaſſérent de ce pays - là , & y habité
22 rent en leur place ; comme il étoit arrivé aux
2> deſcendans d'Eſaü qui avoient chaſſé les Ho
2» riens du pays de Séhir, & y avoient habité
2» en leur place juſqu'à ce jour. Et quant aux
22 Hauviens qui habitoient en Hatſerim juſqu'à
22 Gaza, le long de la mer méditerranée, ils fu
2> rent détruits par les Caphtorims, qui étant
22 ſortis de Cappadoce , vinrent demeurer en
-
2> leur place. -

D. Qu'eſt - ce que Moïſe rapporte encore de la


ſuite dit voyage des Iſraëlites ?
R. Il
3o2 L'A N c I E N T E s T A M E N T
Deut. I N. R. Il rapporte " qu'étant, arrivés au torrent
24 - 37. d'Arnon , qui faiſoit la limite du pays des
2» Amorrhéens, l'Eternel lui dit ; Levez-vous,
5) partez d'ici & paſſez le torrent d'Arnon : Voici
33 j'ai livré entre tes mains Sihon, Roi d'Heſ
22 bon Amorrhéen, avec ſon pays : commence
2b à en prendre poſſeſſion, & fais lui la guerre :
35 Je commencerai auſſi aujourd'hui à répandre
32 ſur les peuples qui entendront parler de toi
22 ſous tous les cieux , une frayeur ſi grande,
32 qu'ils trembleront & ſeront en angoiſſe à cau
22 ſe de ta préſence. Alors , dit Moiſe, j'en
2? voyai du déſert de Kédemoth des meſſagers
2» à Sihon, Roi d'Hesbon , avec des paroles de
5» paix, pour lui dire de ma part ; Permets que
9» je paſſe avec le peuple d'Iſraël par ton pays,
2b & par le grand chemin ; ſans nous détour
2» ner ni à droite ni à gauche, & ſeulement à
»» pied : Tu nous feras diſtribuer à prix d'ar
25 gent des vivres pour manger & de l'eau pour
22 boire ; comme l'ont fait les deſcendans d'E-
22 ſaü en Séhir, & les Moabites à Har; juſ
2> qu'à-ce que nous paſſions le Jourdain pour
25 entrer au pays que l'Eternel nôtre Dieu nous
55 donne ; mais Sihon , Roi d'Hesbon ne voulut
22 point nous laiſſer paſſer dans ſon pays ; parce
que l'Eternel n'avoit point fléchi ſon cœur à
22 le faire; afin qu'il fut livré entre nos mains ;
32 comme il paroit aujourd'hui. Alors l'Eternel
22 me dit : Je vais te livrer Sihon avec ſon pays :
33 Tu vas en prendre poſſeſſion pour le tenir
en héritage. Sihon ſortit donc contre nous,
22 lui & tout ſon peuple, pour nous combattre
25 en Jahats ; mais l'Eternel nôtre Dieu nous
7> le livra, & nous le battimes, lui , ſes enfans
:• &
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 3o3
: 25 & tout ſon peuple. En ce tems-là , nous pri
23 mes toutes ſes villes, & nous détruiſimes à
32 la façon de l'interdit, tout ce qui y étoit,
2> hommes, femmes & enfans & nous n'y laiſ
25 ſames aucune perſonne de reſte. Nous pri
92 mes ſeulement pour nous, les bêtes & le bu
35 tin qui ſe trouva dans les villes, depuis Aro
25 her ſituée ſur le torrent d'Arnon, juſqu'en
25 Galaad, il n'y eut pas une ville qui put nous
2> échaper : L'Eternel nôtre Dieu nous les livra
toutes : Seulement ne permit-il pas que nous
nous approchaſſions du pays des Hammoni
tes ; ni du torrent de Jaboc qui leur appar
tient ; ni des villes de la montagne ; ni d'au
cun lieu que l'Eternel nôtre Dieu nous eut
2> défendu d'attaquer.
D. De quelle autre conquête Moïſe fit - il en
core mention dans ſon recit ?
R. Il parle encore de la victoire remportée
ſur Hog, Roi de Baſan qu'il décrit ainſi : " Alors Deut. III.
25 nous nous tournames d'un autre côté, & º - º
22 nous montames par le chemin qui va à Ba
3> ſan ; & Hog , le Roi de Baſan, ſortit contre
2> nous avec tout ſon peuple , pour nous com
2 » battre à Edrehi. Et l'Eternel me dit ; ne le
2> crains point ; car je l'ai livré entre tes mains,
22 lui, & tout ſon peuple & ſon pays, & tu
2 > le traiteras comme tu as fait à Sihon , Roi des
2> Amorrhéens. Ainſi l'Eternel livra auſſi entre
: » nos mains Hog, le Roi de Baſan & tout ſon
2• peuple ; & nous le battimes tellement que
• 2 nous ne lui laiſſames aucun homme en vie :
• 2 Nous primes auſſi toutes ſes villes au nom
bre de ſoixante, & tout le pays d'Argob dé
2 » pendant de ſon royaume. Toutes ces villes
» étoient
3o4 L'AN c I E N T E s T A M E N T
25étoient fermées de hautes murailles, de por
22 tes & de barres ; & outre cela , il y avoit
92 des villes non murées en fort grand nombre.
3» Nous les détruiſimes toutes à la façon de
92 l'interdit, comme nous avions fait à Sihon,
22 Roi d'Hesbon ; & fimes mourir les hommes,
22 les femmes, & les enfans ; mais nous primes
22 pour nous, le bétail & le butin qui ſe trou
55 va dans les villes. Nous primes donc en ce
25 tems - là , le pays de ces deux Rois Amor
32 rhéens au deçà du Jourdain, depuis le tor
55 rent d'Arnon, juſqu'à la montagne d'Hermon
25 que les Sidoniens appellent Sirjon , & les
2 3 Amorrhéens Sénir , auſſi bien que toutes les
22 villes du plat pays , & tout le pays de Ga
»» laad dépendant du royaume de Hog , Roi de
2 5 Baſan. Or ce Hog, Roi de Baſan, étoit le ſeul
2» qui fut reſté des Réphaïms, ou des Geants.
22 Son lit , qui eſt un lit de fer, ſe voit enco
25 re à Rabba , dans le pays des Hammonites :
22 Sa longueur eſt de neuf coudées, ( environ
25 quatorze pieds ), & ſa largeur de quatre cou
,, dées, de coudées d'homme ordinaire, ou ſix
pieds.
D. Qu'eſt-ce que Moïſe rapporte enſuite ?
R. Il rapporte le partage qu'il fit des pays
conquis entre les Tribus de Ruben & de Gad,
& la demi - Tribu de Manaſſé , à condition qu'el
les aſſiſteroient les autres dans la conquête du
Deut. III. pays de Canaan. " En ce tems - là donc, ajotite
I2 - 2C.
,, Moïſe , nous poſſèdames ce pays - là, & je
,, donnai aux Rubenites & Gadites , depuis Ga
25 laad juſqu'au torrent d'Arnon; & ce qui eſt
22 enfermé par le torrent & ſes confins , juſ
: » qu'au torrent de Jaboc, ſur la frontiere des
,, Han
•,

M I s E N C A T E c H I s M E. 3o5
Hammonites ; auſſi bien que la campagne &
les terres le long du Jourdain, & leurs con
fius , depuis Kinnereth , ou Généſareth, juſ
qu'à la mer ſalée, au deſſous d'Àsdolh , de
Piſga vers l'orient, avec la moitié de la mon
tagne de Galaad avec ſes villes. Et je don
nai à la demi - Tribu de Manaſſé le reſte de
Galaad, & tout Baſan qui étoit le royaume
#'
de Hog, & qui étoit appelé le pays des Ré
phaims, ou des Géants ; la contrée d'Argob,
juſqu'à la frontiere des Géſuriens, & ils ap- .
pelérent ce pays de Baſàn , les bourgs de
Jair , comme on les appelle encore aujour
d'hui : & je donnai la portion de Galaad , aux
| deſcendans de Makir, un des fils de Manaſſé.
Enſuite je dis à ces deux Tribus & demi ;
Puiſque l'Eternel vôtre Dieu vous a donné
ce pays pour le poſſèder ; vous devez vous
tous qui êtes vaillans, vous armer & vous
mettre à la tête de vos freres les Enfans d'Iſ
rael , pour paſſer le Jourdain. Que ſeulement
vos femmes, vos petits enfans, & vôtre bé
tail qui eſt en grand nombre, demeurent dans
les villes que je vous ai données ; juſqu'à-ce
que l'Eternel ait mis vos freres en repos com
me vous, & qu'eux auſſi poſſédent le pays
que l'Eternel vôtre Dieu leur va donner au
delà du Jourdain ; après quoi vous retour
nerez chacun en la poſſeſſion que je vous
ai donnée.
D. Par où Moïſe finit.il ce recit ?
R. ,, En ce tems - là, dit-il, je m'adreſſai à Deut. III.
52 Joſué, & lui dis : Tes yeux ont vû tout ce *****
2 » que l'Eternel vôtre Dieu a fait à ces deux
32 Rois ; l'Eternel en fera de même à tous les
Toute I I. V , » royau
3o6 L'A N e I E N T E s T A M E N T
3» royaumes par leſquels tu vas paſſer. Ne les
32 craignez point ; car l'Eternel vôtre Dieu com
32 battra lui-même pour vous : dans le même
22 tems je demandai cette grace à l'Eternel, &
22 lui dis ; Seigneur Eternel, tu viens de mon
2 2 trer à ton ſerviteur, par la défaite de ces
3 ) Rois, la grandeur de ta puiſſance ; car qui
32 eſt le Dieu Fort, au ciel & ſur la terre, qui
22 puiſſe faire des œuvres comme les tiennes ,
22 & dont les forces égalent les tiennes. Per
33 mets , je te prie, que je paſſe le Jourdain
55 pour voir ce bon pays qui eſt au delà, &
55 les montagnes abondantes en paturages qui
52 y ſont juſqu'au Liban : mais l'Eternel irrité
22 contre moi à vôtre occaſion, ne voulut point
25 m'exaucer , & me dit : C'eſt aſſez ; ne me
22 parle plus de cette affaire : je te permets ſcu
22 lement de monter au ſommet de cette colli
2» ne, & de jetter de - là les yeux vers l'occi
52 dent & le ſeptentrion, vers le midi & l'o-
32 rient de ce pays ; car tu ne paſſeras point
b2 le Jourdain à la tête de ce peuple, mais don
22 nes en la charge à Joſué : fortifie- le pour cet
52 effet , & le remplis de force & de courage ;
52 car c'eſt lui qui paſſera le Jourdaiu, à la tè
92 te de ce peuple, & qui les mettra en poſſeſ
ſion du pays que tu auras vû : Ainſi nous
ſommes demeurés en cette vallée vis-à-vis de
Bethpehor.

CHA
M Is EN C A T E c H I s M E. 3o7

C H A P I T R E xxv. .
#5: - -

2 Exhortations par où Moïſe conclud ſon pre


# mier diſcours au peuple d'lſraël, pour l'en
* gager à perſéverer dans l'obéiſſance qu'il
# devoit à l'Eternel fon Dieu, s'il vouloit
:: continuer à éprouver ſa faveur & ſa pro
# tection ; à quoi il ajoute un mot ſur les
:: villes de refuge qu'il établit au deçà du
# jourdain.
# -

# D. U'eſt - ce que Moïſe ajoute dans ce pré


º mier diſcours au recit qu'il venoit de
* faire, de la conduite de Dieu envers ſon peuple ?
# R. Il y ajoute les exhortations les plus preſ
* ſantes & les motifs les plus forts, pour enga
º" gar ce peuple à écouter toujours la voix de Dieu ;
à être fidéle à ſes loix , ſans y rien ajouter
ni rien retrancher ; & à éviter avec ſoin l'ido
lâtrie, s'ils veulent ſe garantir des plus grands
malheurs & ſe conſerver la gloire d'ètre de tous
les pcuples de la Terre, le ſeul que Dieu eut
diſtingué , pour en faire particulierement ſon
|
#
peuple.
,, Maintenant donc, dit il au peuple d'Iſaél ; pa, zpz
,, Ecoute ces ſtatuts & ces ordonnances que 1-».
,, je t'ai enſeignés de la part de Dieu , $ que
,, je vais encore te mettre devant les yeux , pour
,, les obſerver 83 en faire la régle de ta conduite ;
,, afin que vous viviez heureux, & que vous
,, entriez, ou que vous ayez la fatisfaction de
2 2» U0l45
3o8 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
,, vous établir dans le pays que l'Eternel , le
,, Dieu de vos peres vous donne pour le poſ
,, ſeder en propre. Vous n'ajouterez rien à la
,, parole que je vous commande, en faiſant des
,, choſes qui y ſont défendues ; & vous n'en di
» minuerez rien en mégligeant celles qui y ſont
,, ordonnnées ; mais vous obſerverez exactement
,, les commandemens de l'Eternel vôtre Dieu,
, tels qu'il vous les a donnés par ma bouche.
,, Vos yeux ont vû ce que l'Eternel fit à Ba
,, hal-péhor , & comment il extermina du mi
,, lieu de vous, tous ceux qui ſe rendirent alors
,, coupables du faux culte rendu à l'idole de ce
,, lieu-là ; mais vous qui futes alors fidèles à
,, l'Eternel vôtre Dieu, vous êtes tous vivans
,, aujourd'hui. Faites donc bien attention aux
,, Loix & aux juſtes ordonnances que je vous
,, ai enſeignées , par l'ordre de l'Eternel mon
,, Dieu ; afin que vous vous conduiſiez toujours
2, ſelon cela, au pays dans lequel vous allez en
,, trer, pour le poſſèder : Vous les obſerverez
, & les mettrez fidèlement en pratique ; Car
,, c'eſt là vôtre ſageſſe & vôtre intelligence. Ceſi
ce qui vous fera regarder de Dieu comme ſages,
,, intelligens 83 raiſonnables , & vous paroitrez
,, tels à tous les peuples , qui en entendant ces
s, ſtatuts , 85 refléchiſſants ſur leur excellence,
,, ne manqueront pas de dire : Cette grande
» nation , ce peuple illuffre qui a de ſi belles
,, loix, eſt le ſeul peuple ſage & intelligent.
,, En effet, quelle eſt la nation ſi grande & ſi
,, illuſtre, qui ait ſes Dieux près de ſoi, pour
,, ſubvenir à ſes beſoins, comme nous avons
,, l'Eternel nôtre Dieu qui répond à nos pris
, res auſſi tôt que nous l'invoquons ? Quelle
» eſt
MIs E N C A T E c H I s M E. , 369
32 eſt la nation ſi grande 83 ſi privilégiée, qui
a 29 ait des régles de conduite & des ordonnan
|
22 ces auſſi juſtes , que l'eſt cette Loi que je
2 ) mets aujourd'hui devant vous ? Seulement
22 prends garde à toi, & ſois bien attentif à
-> tottt ce que l'Eternel a fait pour toi : Fais en
»» ſorte que tu n'oublies jamais les choſes que
2> tes yeux ont vues, & qu'elles ne ſortent ja
22
mais de ton cœur; mais que tu les enſeignes
3> à tes enfans, & aux enfans de tes enfans.
D. A quelle de ces choſes ou de ces loix, Moïſe
| vouloit - il que le peuple d'Iſraël fit particuliere
ment attention ?
R. C'eſt en particulier à ce qui ſe paſſa ſur
la montagne de Sinaï, lorſque Dieu leur don- .
#
na les dix commandemens gravés ſur des Ta
bles de pierre , comme une condition de l'al
liance qu'il vouloit traiter avec lui. " Au jour , Deut. Iyz.
lui dit il, que tu te tins devant l'Eternel ton 1o-13.
Dieu en Horeb ; après que l'Eternel m'eut
dit ; Aſſemble le peuple en mon nom, afin que
je leur faſſe entendre mes paroles, qu'ils ap
prendront pour me craindre tout le tems
qu'ils ſeront vivans ſur la terre, & pour les
enſeigner à leurs enfans : Vous vous appro
chates de la montagne , ſur l'ordre que je
vous en donnai , & vous vous tintes au deſ
ſous des bornes qui vous avoient été marquées,
& la montagne étoit toute en feu juſques au
milieu du ciel, ou dans une fort grande élé
vation ; & il y avoit au deſſous des ténèbres,
des nuages , & des obſcurités qui cottvroient
, la montegne. Alors l'Eternel vous parla auſſi
| bien, qu'à moi du milieu du feu : Vous en
tendites bien une voix qui parloit ; mais vous
- - -* : *
V 3 22 I1?
31o L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» ne vites aucune image de la divinité ; ſeule
,, ment entendites vous ſa voix : Et Dieu vous
,, fit entendre les loix, ou les conditions de l'al
,, liance qu'il vouloit traiter avec vous, & qu'il
vous commanda d'obſerver, ſavoir, les dix
,, commandemens qu'il écrivit ſur deux Tables
,, de pierre.
· D. Sur quel de ces commandemems inſiſte- t - il
en particulier ?
, R. Sur celui qui défend de faire des images
de Dicu ; puiſqu'ils n'en avoient vû aucune ;
Deut. IIV. quand il leur avoit donné ſa loi. " L'Eternel,
I4 - 20. 23 continue Moïſe , me commanda auſſi en ce
» tems-là, de vous enſeigner par ma bouche,
,, comme vous l'aviez ſouhaité, les loix & les or
,, donnances que vous deviez obſèrver au pays
, dans lequel vous allez paſſer, pour le poſſe
,, der. Vous prendrez donc bien garde à con
,, ſerver vos ames pures de toute ſouillure 83
,, de tout culte d'idoles ; car vous ne vites au
,
32 cune image de la Divinité, le jour que l'E-
,, termel vôtre Dieu vous parla en Horeb du
,, milieu du feu ; afin que vous ne vinſſiez pas
,, à vous corrompre, en faiſant quelque image
35 ou quelque repréſentation de forme humaine,
» ou l'effigie de quelque bête de la Terre, ou
» de quelque oiſeau qui vole dans les airs, ou
» de quelque inſecte qui rampe ſur la terre ,
» ou de quelque poiſſon qui ſoit dans les eaux
» ſous la terre ; afin auſſi que levant tes yeux
» vers les cieux, & ayant vû le ſoleil, la lune,
» & les étoiles qui compoſent toute l'armée des
s, : cieux, tu ne fuſſes pouſſé à te proſterner de
» vant ces Aſtres, comme devant tout autant
>, d'images de la Divinité, & à leur rendre quel
s» quc
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 311
» que culte : ce qui ſeroit une choſe abominiible
,, aux yeux de Dieu : Vû que l'Eternel ton Dieu
» a créé tous ces Aſtres pour l'uſage de toutes
,, les nations, auſſi bien que des Iſraëlites , 85
mon pour être adorés de quelque maniere que ce,
,, ſoit : Outre que c'eſt l'Eternel qui vous a
,, choiſis pour ſon peuple particulier , 83 qui
» vous a tirés de la ſervitude d'Egypte, où
» vous étiez comme dans un fourneau de fer ;
» afin que vous lui ſoyez un peuple héréditai
» re, ou l'héritier de ſes biens ; comme , vous
» voyez qu'il le fait aujourd'hui. · · · ·

D. De quels autres motifs Moïſe ſe ſert-il pour


porter ce peuple à être fidéle à Dieu , 85 à ne
a rien faire qui puiſſe lui déplaire ? º - . :
, R. Il employe d'abord la conſideration du
bonheur dont ils alloient être mis en poſſeſſion,
par leur entrée dans le pays de Canaan ; pen
dant que lui-même en étoit privé à leur occa
ſion. Il leur repréſente enſuite les maux qui ne
manqueroient pas de fondre ſur eux, s'ils : ve
noient à manquer à leur devoir envers Dieu.
Enfin , il leur met devant les yeux la gloire
qu'ils avoient , d'être de tous les peuples de la
terre, le ſeul que Dieu eut choiſi , pour répan
dre ſur lui ſes plus précieuſes faveurs. * L'E- Deut. IV.
,, ternel, dit - il , a été irrité contre moi à *** 3º -
,, l'occaſion de vos murmures , & il a juré que
,, je ne paſſerois point le Jourdain, & que je
,, n'entrerois point dans ce bon pays que l'E-
,, ternel ton Dieu te donne en héritage : Je
,, m'en vais donc mourir en ce pays ci , ſans
», que je paſſe le Jourdain ; mais vous l'allez
,. paſſer, & vous poſſéderez ce bon pays - là :
Pour répondre de vôtre côté à une telle faveur,
- V 4 » don
312 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
, donnez-vous bien garde d'oublier jamais l'al
,, liance que Dieu a traitée avec vous, & de
,, faire aucune image taillée , ni aucune reſſem
,, blance de la Divinité , comme l'Eternel vô
, tre Dieu vous l'a défendu ; car l'Eternel ton
,, Dieu eſt comme un feu conſumant , un Dieu
,, Fort & jaloux qui me manquera pas de te con
ſumer 85 de te détruire, ſi tu viens à ſervir d'au
,, tre Dieu que lui. Ainſi quand tu auras des
,, fils & des petits fils, & que tu ſeras habi
,, tué dès long tems au pays : Si alors vous
,, vous corrompez, & que vous faſſiez quelque
, Image taillée , ou quelque reſſemblance de
quoique ce ſoit, pour lui rendre le culte qui
,, n'eſt dit qu'à Dieu , ce qui ne pourroit que
,, déplaire à l'Eternel, & l'irriter contre vous.
» J'appelle aujourd'hui les Cieux & la Terre à
, témoins contre vous, que certainement vous
» périrez auſſi-tôt dans le pays, pour la poſ
, ſeſſion duquel vous allez paſſer le Jourdain ;
, s, & evous n'y prolongerez point vos jours ;
» mais vous ſerez entierement détruits : l'Eter
» nel vous diſperſera parmi les nations, & vous
» y ſerez même réduits à un petit nombre :
» Vous adorerez là des Dieux qui ſont des ou
' vrages de main d'homme, du bois & de la
" 5»

» pierre ; qui ne voyent, ni n'entendent; qui


» ne mangent, ni ne flairent : Cependant ſi dans
, ces lieux là où tu attras été diſperſé $ mené
,, en captivité, tu recherches l'Eternel ton Dieu,
, tu le trouveras ; pourvû que tu l'ayes cher
» ché de tout ton cœur & de toute ton ame.
» Et quand tu ſeras dans l'angoiſſe, & que tou
» tes ces choſes te ſeront arrivées ; alors, enfin
» tu retourneras à l'Eternel ton Dieu, & tu
' ,, obéi
M 1s EN C A T E c H I s M E. 313
t . , obéiras à ſa voix ; parce que l'Eternel ton
30

# 55Dieu, eſt le Dieu Fort & miſéricordieux qui


#: , ne t'abandonnera point, & ne te détruira
# » point : Il n'oubliera point l'alliance jurée à
:: » tes peres , & il ſe ſouviendra de la promeſſe
-- , faite à tes Ancètres, lorſqu'il traita alliance
# » avec eux , & qu'il la confirma par ſerment.
- D. Comment Moïſe exprime-t il le dernier mo
# tif dont vous avez parlé pour porter les Iſraëli
:: tes à être fidéles à Dieu , tiré de la gloire qu'ils
, avoient d'étre ſon peuple particulier ?

:4
--
R. » Car informe-toi, dit il au peuple aſſem-Deut. IV.
-
,, blé, informe - toi des premiers tems qui ont ***
, --
» été avant toi, depuis le jour que Dieu a créé
» l'homme ſur la terre ; & depuis un des bouts
» du monde qui eſt ſous le ciel, juſqu'à l'autre
, bout : s'il a jamais été fait, ni entendu rien
» de ſemblable à ce qui a été fait en ta faveur : ſa
» voir, qu'un peuple ait entendu la voix de Dieu
» parlant du milieu d'un feu, comme tu l'as
» entendue, & qu'il ſoit demeuré en vie ; ou
, qu'aucun autre que Dieu ait entrepris de ve
nir prendre à ſoi une nation, du milieu d'u-
ne autre nation , par des épreuves, des pro
diges, des miracles, des batailles à main for
te, par une puiſſance à laquelle rien ne pou
voit réſiſter , & par des choſes grandes &
terribles , telles que ſont celles que Dieu a
faites pour vous en Egypte aux yeux de tout
le peuple. Tout cela t'a été montré ; afin
que tu connuſſes que l'Eternel eſt celui qui
eſt Dieu, & qu'il n'y en a point d'autre que
lui. Il t'a fait entendre ſà voix des cieux pour
t'inſtruire : Il t'a montré ſa ſplendeur ſur
# la terre, ou ſur la montagne
V 5
de Siitºï, & tu
» » dS
3I4 L'A N c I E N T E s T A M E N r
as entendu ſes paroles du milieu du feu. Et
parce qu'il a aimé tes peres Abraham , Iſaac
& Jacob, il a choiſi, 83 fait l'objet de ſa di
leciion , leur poſtérité après eux , & l'a reti
rée de l'Egypte, en marchant à ta tête avec
ſa grande puiſſance , pour chaſſer de devant
toi des nations plus nombreuſes , & plus
puiſſantes que toi; pour t'introduire dans leur
pays , & te le donner en héritage ; comme
il paroit aujourd'hui qu'il veut le faire. Sache
donc aujourd'hui & rappelle dans ton cœur,
que l'Eternel eſt le ſeul Dieu dans les Cieux
& ſur la Terre, & qu'il n'y en a point d'au
tre que lui. Garde donc ſes lſtatuts & ſes
commandemens que je te preſcris aujourd'hui ;
afin que tu proſpéres, toi, & tes enfans apres
toi, & que tu prolonges tes jours ſur la ter
re que l'Eternel ton Dieu te donne pour
toujours.
D. Que fit Moïſe après avoir adreſſe au peu
ple d'Iſraël ce premier diſcours peu de tems avail:
ſa mort º
Deut. IV. R. ,, Après cela Moïſe exécuta l'ordre qu'il
41 - 49. 35 avoit reçu de Dieu, d'établir trois villes de
2» refuge en deçà du Jourdain. Il en ſépara donc
92 trois à l'orient du pays de Canaan ; afin que
95 le meurtrier qui auroit tué ſon prochain par
39 mégarde, & ſans l'avoir haï auparavant, s'y
22 retiiât, & que fuyant en l'une de ces villes
32 là , il fut en ſureté pour ſa vie : Ces trois
2 ) villes furent Betſer dans la campagne au plat
95 pays , & dans la portion échue aux Rubeni
33 tes : Ramoth en Galaad, dans la portion é
22 chue aux Gadites, & Golan dans le pays de
2) Baſan, échue à ceux de Manaſſé. Après quoi
Moi e
M Is E N C A T E c H I s M E. 3I5
Moiſe toujour; inſpiré de l'Eſprit de Dieu, 83
réfléchiſſant que la nouvelle génération des Iſraèli
tes qui devoit prendre poſſeſjion du pays de Ca
maan , m'avoit point oui comme leurs peres, les
Loix qu'il leur avoit données de la part de Dieu
après leur ſortie d'Egypte dans le déſert de Sinaï,
83 dans leur premiere fiation à Kades burné; mon
content de les avoir déja écrites , telles que nous
les avons vuës dans les Livres précédems , jugea
encore à propos de les leur répéter de bouche,
afin de les leur inculquer mieux dans le cœur :
,, Et ce furent ici les Loix , les déclarations ,
,, les ſtatuts & les ordonnances, ou les Loix mo
,, rales , cérémonielles 83 politiques que Moïſe pro
,, poſa de nouveau aux Enfans d'Iſraél , après
,, qu'ils furent ſortis d'Egypte au deçà du Jour
,, dain, en la vallée qui eſt vis à vis de Beth
,, péhor, au pays de Sihon, Roi des Amor
,, rhéens qui demeuroit en Hesbon , que Moï
,, ſe & les Enfans d'Iſraél avoient battus après
| ,,
,,
être ſortis d'Egypte, & dont ils poſſedérent
le pays, avec celui de Hog, Roi de Baſan
,, auſſi Roi des Amorrhéens au deçà du Jour
,, dain , du côté d'orient , depuis Aroher ſur
,, le bord du torrent d'Arnon , juſqu'à la mon
,, tagne de Sirjon, autrement dite , la monta
,, gne d'Hermon , avec toute la campagne au
,, deçà du Jourdain à l'orient, juſqu'à la mer
,, de la campagne, ou de Généſareth, ſous les
,, fontaincs de Piſga. - -

-- . . - C H A
3 r6 L'A N c I E N TEsT AMEN T

C H A P I T R E XXV I.

Second diſcours que Moïſe adreſſa au peu


ple d'Iſraël avant ſa mort, & qui contient
la répétition des dix commandemens que
Dieu avoit donnés à ce peuple ſur le
mont Sinaï , & la maniere dont ils fu
rent reçus ; avec les exhortations les plus
· preſſantes à s'attacher de plus en plus
au ſervice de Dieu , en l'aimant & lui
obéïſſant de tout leur coeur ; en s'éloi
gnant de toutes ſortes d'idolatries contrai
res au culte qui lui eſt dû , & en dé
truiſant, ſelon l'ordre de Dieu, les nations
qui s'étoient rendues par-là abominables
à ſes yeux , pour poſſeder à leur place le
pays dans lequel ils alloient entrer.

D. C Omment Moïſe fit - il pour diſpoſer les


lſraèlites à écouter ce qu'il avoit à leur
dire dans ce ſecond diſcours ? .
Beut. V. R. ,, Moïſe appela pour cet effet tout Iſrael :
I - 5.
il invita tout le peuple à venir entendre ce qu'il
avoit à leur dire, 83 s'étant placé de maniere à *
pouvoir être entendu du plus grand nombre ; ait
moins des Chefs des Tribus, & des principaux
officiers qui étoient autour de lui , qui port
voient le rapporter aux autres ; " il leur dit ;
,, Ecoute Iſraël les ſtatuts & les réglemens que
,, je veux te propoſer aujourd'hui ; afin qu'a-
, » près
|!
MIs EN C A T E c H I s M E. 3 I7

,, près les avoir ouïs , vous les appreniez &


,, les obſerviez religieuſement. Sachez donc que
,, l'Eternel nôtre Dieu a traité une alliance avec
», nous , en Horeb , ou ſur le mont Sinaï, bien
|! -, différente de celle qu'il avoit traitée avec nos
,, peres les Patriarches ; en ce qu'il ne leur a
pas donné comme à nous, ſes ſtatuts 83 ſes loix,
pour nous ſervir de régle dans toute nôtre con
: duite, 85 qu'ils n'ont pas été mis en poſſeſſion
du pays qui leur avoit été promis , comme nous
#
allons l'étre , " nous qui ſommes ici aujourd'hui ,

,, tous vivans. L'Eternel vous parla, ſoit à


cettx qui compoſoient alors le peuple d'Iſraël, ſur
la montagne de Sinaï , du milieu du feu ; il
vous parla , dis - je, face à face; non que vous
viſſiez ſa face , ni aucune image qui lui reſſem
blit ; mais comme auroit fait un ami à un au
tre ami, dans un entretien familier , de la fa
çon la plus claire 83 la plus diſtincte. Je me
,, tenois en ce tems-là entre l'Eternel & vous,
,, pour vous rapporter la parole de l'Eternel ;
,, parce que vous aviez peur du feu, & vous
,, ne montates point comme moi ſur la mon
2, tagne.
D. Quelle fut donc cette parole que l'Eternel
fit entendre à Moïſe, pour la rapporter au peuple ?
R. Ce furent les dix Commandemens, que
Moïſe repéte ici à peu près dans les mêmes ter
mes, qu'ils ont déja été rapportés & expoſés
ci-deſſus, Exod. XX. ſavoir : " Je ſuis l'Eter- Deut. i .
, nel ton Dieu , qui t'ai retiré du pays d'E-6-**.
» gypte, de la maiſon de ſervitude. Tu n'au
2, ras point d'autres Dieux devant ma face. Tu
» ne te feras point d'image taillée, ni aucune
» reſſemblance des choſes qui ſont la haut aux
» Cieux ,
3 18 L'A N c I E N T E s T A M E N r
2> Cieux, ni ici bas ſur la Terre , ni dans les
Jo eaux qui ſont ſous la Terre. Tu ne te proſ
2> terneras point devaut elles , & tu ne les ſer
22 viras point : Car je ſuis l'Eternel ton Dieu,
22 le Dieu Fort, qui eſt jaloux , qui punit l'i-
22 niquité des peres, juſqu'à la troiſieme & qua
3b trieme génération des enfans de ceux qui me
22 haiſſent ; & qui fait miſéricorde juſqu'à mil
22 le générations, à ceux qui m'aiment & qui
22 gardent mes Commandemens. Tu ne pren
22 dras point le nom de l'Eternel ton Dieu en
3> vain ; car l Eternel ne tiendra point pour in
3> nocent, celui qui aura pris ſon nom en vain.
3> Obſerve lc jour du repos, pour le ſanctifier,
32 comme l'Eternel ton Dieu te l'a commandé.
2> Tu travailleras ſix jours, & feras tout ce
35 que tu as à faire : Mais le ſeptieme jour elt
22 le jour du repos , que l'Eternel ton Dieu
bb exige de toi. Tu ne feras aucune œuvre en
32 ce jour là , ni toi , ni ton fils, ni ta fille,
2> ni ton ſerviteur, ni ta ſervante, ni ton bœuf,
3> ni ton ane, ni aucune de tes bêtes , ni l'é-
tranger qui demeure en ton pays ; enſorte
que ton ſerviteur & ta ſervante ſe repoſent
comme toi , & qu'il te ſouvienne que tu as
été eſclave au pays d'Egypte, & que l'E-
ternel ton Dieu t'en a retiré à main forte &
à bras étendu : c'eſt pourquoi l'Eternel ton
Dieu t'a commandé de garder le jour du re
pos. Honore ton pere & ta mere, comme
l'Eternel ton Dieu te l'a commandé ; afin
que tu poſſédes long - tems & heureuſement
le pays que l'Eternel ton Dieu te donne.

: Tu ne tueras point , & tu ne paillarderas


point. Tu ne déroberas point, & tu ne di
», TlS
M I s E N C A T E c H I s M E. 319
ras point de faux témoignage contre ton pro
,, chain. Tu ne convoiteras point la femme de
,, ton prochain , & tu ne déſireras point avec
,, ardeur la maiſon de ton prochain, ni ſon
,, champ , ni ſon ſerviteur, ni ſa ſervante, ni
,, ſon bœuf, ni ſon ane, ni aucune choſe qui
,, ſoit à ton prochain. L'Eternel prononça tou
,, tes ces paroles à toute vôtre aſſemblée , ſur
,, la montagne, du milieu du feu de la nuée
,, & de l'obſcurité, avec une voix forte, & il
,, ne prononça alors rien de plus : Enſuite il
,, les écrivit ſur deux tables de pierre qu'il me
,, donna.
D. Dans cette repétition que Moije fait ici au
peuple d'Iſraël, des dix Commandemens écrits ſur
deux tables de pierre , il me ſemble qu'il y a
quelque différence d'avec la publication qui fut
faite des mêmes Commandemens, ſur le mont Si
mai, telle que Moïſe lui-même la donne. Ex o D.
XX. quelle peut être la raiſon de cette différence *
R. Cette différence eſt toute viſible, ſur-tout
:: dans le quatrieme, le cinquieme & le dixieme
,, Commandement : La raiſon qu'on en peut
,, donner, eſt que Moïſe les rapporte ici de
mémoire, ſans rien changer au ſens même des
paroles ; mais en y faiſant quelques additions
qui convenoient aux circonſtances dans leſquel
les les Iſraëlites ſe trouvoient alors. Ainſi dans
le quatrieme Commandement qui ordonne l'ob
ſervation du Sabbat ; comme la premiere inſti
tution de ce jour avoit été fondée, ſur ce que
Dieu s'étoit repoſé le ſeptieme jour, après avoir
créé le monde en ſix jours, pour conſerver
ainſi la mémoire de la création ; cette ſeule rai
ſon eſt auſſi indiquée dans la publication que
Dieu
32o L'A N c I E N T E s T A M E N r -

Dieu fit de ce Commandement au peuple , ſur


le mont Sinaï : Mais Moïſe dans la repétition
qu'il en fait ici, au lieu de cette raiſon qu'il
ſuppoſe ſuffiſamment connuë, en indique une
autre qui étoit auſſi dans l'intention de Dieu,
N. 14-15. & qu'il exprime, quand il dit : " Afin que ton
» ſerviteur & ta ſervante ſe repoſent comme
» toi, & qu'il te ſouvienne que tu as été eſ
, clave au pays d'Egypte, & que l'Eternel ton
» Dieu t'en a retiré à main forte , & à bras
» étendu : C'eſt pourquoi l'Eternel ton Dieu
» te commande de garder le jour du Sabbat".
Par où il fait aſſez entendre qu'une des vues
que Dieu s'étoit propoſée, en renouvellant le
Commandement du Sabbat, par rapport aux
Juifs, étoit de conſerver auſſi la mémoire de
la délivrance d'Egypte , & que le repos qu'ils
devoient obſerver ce jour - là, devoit s'étendre
par cette nouvelle raiſon , juſqu'aux domeſti
ques ou eſclaves , aux étrangers & aux bètes
Dans le cinquieme Commandement : Moiſe
y ajoute ici, * comme l'Eternel ton Dieu te
#. 16. » l'a commandé" ; ce qui n'étoit pas néceſſaire,
lors que Dieu parloit lui - même ; & dans le
motif dont il ſe ſert pour les y porter, il ajou
te : " Et afin que tu proſpéres"; pour mieux
déterminer le ſens des paroles qui précédent.
Il y a encore quelque légere différence dans le
dixieme Commandement , entre la maniere dont
il eſt ici énoncé, & ce qui en eſt rapporté au
Chap. XX. de l'Exode. 1°. En ce que la dé
fenſe de convoiter la femme de ſon prochain,
eſt miſe ici avant celle de convoiter ſa maiſon.
2". En ce qu'à la maiſon , Moiſe joint ici le
champ. 3°. En ce que lcs termes de l'original
qui
|!
M I s : E N C A T E c H I s M E. 321
qui expriment cette défenſe, quand il s'agit de -

, la femme, & que l'on a traduit par celui de


convoiter, varient ici quand il s'agit des autres
choſes qui appartiennent au prochain , que l'on
· a traduit par ceux de déſirer fortement ou avec
" ardeur , mais dans le fond tout revient au mème.
: D. Qu'eſt - ce que Moiſe nous apprend ici ſur
# la maniere dont ces Commandemens furent reçus
º du peuple, lors que Dieu les prononça *
# R. ,, Or, dit Moiſe, il arriva qu'auſſi - tôt Dº,*
, que vous eutes entendu cette voix de Dieu, º *
,, qui venoit du milieu de l'obſcurité ; parce
# ,, que la montagne étoit toute en feu, vous
* ,, me fites dire par les Chefs de vos Tribus
# ,, & vos Anciens : Voici l'Eternel nôtre Dieu
: ,, nous a fait voir ſa Gloire & ſa Majeſté Sou
# ,, veraine , & nous avons entendu ſa voix du
# », milieu du feu. Nous avons reconnu par-là
| », aujourd'hui, que Dieu peut parler avec un
ſ ,, homme, ſans que l'homme meure. Nous ne
% ,, mourrons donc point, non plus que toi ,
# quand il continuera à te parler à toi ſeul. " Mais
| ,, pour nous, nous ne ſaurions ſoutenir l'ar
y ,, deur de ce feu, ſans en être conſumés : Et
, ,, ſi nous entendons encore une fois la voix
,, de Dieu de cette maniere, nous mourrons :
,, Car qui eſt l'homme , quel qu'il ſoit, qui
,, ait entendu, comme nous, la voix du Dieu
•, Vivant , parlant du milieu du feu , & qui
•, ſoit demeuré en vie ? Approche - toi donc
», ſeul , & écoute tout ce que l'Eternel ton
», Dieu dira : Puis tu nous rapporteras tout
•, ce que l'Eternel nôtre Dieu t'aura dit, &
,, nous l'écouterons & le ferons. Et l'Eternel
•, ayant oui la voix de vos paroles , pendant
Tane I I. X " que
322 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
» que vous me parliez ; il me dit ſur cela :
» J'ai oui les diſcours que t'ont tenu les An
» ciens du peuple ; j'approuve tout ce qu'ils
» ont dit. Oh ! s'ils avoient toujours ce mè
» me cœur pour me craindre, & pour garder
» tous mes Commandemens ; afin qu'ils proſ
, peraſſent eux & leurs enfans à jamais. Va,
» dis - leur, retournez - vous en dans vos ten
» tes ; mais toi, demeure ici, avec moi , &
» je te dirai tous les Commandemens, les Or
» donnances & les Loix, que tu leur enſeigne
» ras, afin qu'ils les obſervent au pays que je
» leur donne en héritage. Vous prendrez donc
» garde , dit Moiſe au peuple, de les obſer
, ver, comme l'Eternel vôtre Dieu vous l'a
, commandé : Vous ne vous en détournerez
» ni à droite, ni à gauche : Vous marcherez
, dans toutes les voies que l'Eternel vôtre Dieu
» vous à preſcrites ; afin que vous viviez heu
,, reux , & que vous proſperiez & prolongiez
» vos jours, au pays que vous poſſederez.
D. Quelles ſont les Loix dont Moiſe recom
mande enſuite l'obſervation au peuple d'Iſrael ?
| R. Ce ſont en général toutes les Loix que
Dieu leur avoit données juſques alors, dont
l'obſervation devoit être pour eux, une ſource
continuelle de bonheur ; ſurtout ſi cette ob
ſervation avoit pour principe un amour pour
Dieu, qui l'emportât ſur tout autre amour.
Deut. VI. • Ce ſont donc ici, leur dit-il, les Comman
l - 9. » demens , les ordonnances & les ſtatuts, que
» l'Eternel vôtre Dieu m'a commandé de vous
» enſeigner, & que vous devez obſerver au
» pays dans lequel vous allez paſſer pour le
» poſſeder ; afin que tu craignes l'Eternel ton
- *- • º , | 2 Dieu ,
MIs E M C A T x c H I s M E. 323

, Dieu, en gardant tous les jours de ta vie,


» toi & tes enfans après toi , toutes les or
,, donnances & les commandemens que je te
preſcris, & que tes jours ſoyent prolongés.
» Tu les écouteras donc, ô Iſrael ! & tu pren
» dras garde à les faire ; afin que tu proſpé
» res, & que vous ſoyez multipliés dans ce
» bon pays, découlant de lait & de miel ; ainſi
que l'Eternel le Dieu de tes peres le leur a
» promis. Prends garde ſurtout à ceci , ô Iſ
rael ! c'eſt que l'Eternel nôtre Dieu , eſt le
ſeul Eternel que tu doives craindre, adorer
» & aimer de tout ton cœur , de toute ton
» ame, & de toutes tes forces. Si tu le fais,
les paroles que je te commande aujourd'hui
» ſeront auſſi dans ton cœur : Tu les enſei
» gneras ſoigneuſement à tes enfans, & tu t'en
» entretiendras avec ta famille, quand tu de
» meureras en ta maiſon, ou quand tu ſeras
» en chemin ; quand tu te coucheras & que tu
» te léveras : Tu les auras toujours devant les
» yeux comme un fronteau : Tu les écriras
» auſſi ſur les pôteaux de ta maiſon , & ſur
» tes portes; c. à d. Tu les àuras toujours pré
ſens à ton eſprit dans toute ta conduite.
D. Qu'eſt - ce qui devoit engager plus particu
liérement les Iſraelites à l'obſervation exacte des
Loix de Dieu, 85 à la crainte de lui déplaire,
que Moiſe leur recommande ſi inſtamment ?
R. - C'étoient d'un côté les bienfaits qu'ils
avoient déja reçus de Dieu, & ceux qu'ils al
loient recevoir dans peu : Et de l'autre , les
châtimens qu'ils en avoient à craindre , s'ils
venoient à l'offenſer , comme ils l'avoient fait
dans le déſert. C'eſt auſſi ce que Moïſe leur
X 2 | re
—T
324 L'A N c I E N T E s T A M E N r
Deut. 1.1 repréſente, quand il ajoute : " Il arrivera que
10 - 19. quand l'Eternel ton Dieu t'aura fait entrer
22

3y au pays qu'il a promis avec ſerment à tes


2X peres , Abraham , Iſaac & Jacob , de te don
2x ner , dans les grandes & bonnes villes que
2> tu n'as point bâties ; dans les maiſons plei- |
2b nes de tous biens , que tu n'as point rem
5Y plies ; vers les puits profonds que tu n'as
3> point creuſés ; & près des vignes & des oli
25 viers que tu n'as point plantés : Tu man
,, geras , tu feras raſſaſié ; tu te verras dans
la plus grande abondance , $ la plus grande
proſpérité. " Mais alors, prends garde à toi,
de peur que tu n'oublies l'Eternel qui t'a
2 ) tiré du pays d'Egypte où tu étois eſclave.
52 Tu devras craindre alors plus que jamais,
25 l'Eternel ton Dieu , & le ſervir fidélement : |

,, Et quand tu ſeras obligé de jurer, ce ne


,, ſera que par ſon nom. Car vous ne devez
J
32 rendre quelque culte que ce ſoit, à aucune

2 , des divinités qui font ſervies par les peu


,, ples qui ſeront autour de vous ; de peur
,, que le Dieu Fort & Jaloux de ſa gloire, qui
2) eſt l'Eternel ton Dieu , & qui eſt au milieu
2 ) de toi, ne s'irrite contre toi , & qu'il ne
#5 t'extermine de deſſus la terre. Vous ne ten
,, terez point non plus l'Eternel vôtre Dieu ,
par des doutes injurieux à ſa jufiice, à ſa puiſ
,, ſance 83 à ſa bonté, comme vous l'avez fait
en Maiſà : Mais vous garderez ſoigneuſement
les Commandemens de l'Eternel vôtre Dieu,
ſes préceptes & ſes ſtatuts, qu'il vous a or
donné d'obſerver. Chacun de vous fera donc
,, ce que l'Eternel approuve, & ce qu'il trou
,, ve droit & bon ; afin que tu proſpéres, &
- - - »» quº
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 325
,, que tu entres au bon pays que l'Eternel a
,, promis avec ſerment à tes peres, de te don
,, mer en héritage ; en chaſſant tous tes enne
,, mis de devant toi , comme l'Eternel en a
,, parlé. ,
D. Quel autre uſage Moïſe vouloit - il que les
Iſraëlites ſiſſent, des Commandemens qu'il leur don
moit de la part de Dieu ?
R. C'eſt d'en prendre occaſion d'inſtruire
leurs enfans de tout ce que l'Eternel avoit fait
en leur faveur ; afin que le ſouvenir s'en con
ſervât juſqu'à la poſtérité la plus éloignée.
» Quand tes enfans , leur dit - il, t'interroge Deut. VI.
» ront à l'avenir, touchant ces préceptes, ces 2C - 25-,

,, ordonnances & ces Loix, que l'Eternel nô


,, tre Dieu vous a commandé d'obſerver ; alors
,, tu leur diras : Nous, ou nos Ancêtres, étions
,, eſclaves de Pharao en Egypte, & l'Eternel
» nous en a retirés par ſa puiſſance merveil
•, leuſe, en faiſant des ſignes & des miracles
», étonnants en Egypte, en la perſonne de Pha
», rao & de toute ſa maiſon , " comme nous
,, l'avons vû ; & il nous a fait ſortir de - là,
» pour nous faire entrer au pays qu'il avoit
,, promis avec ſerment à nos peres de nous
,, donner. Ainſi l'Eternel nous a commandé
,, d'obſerver tous ces ſtatuts, en craignant l'E-
,, ternel nôtre Dieu , afin que nous proſpe
,, rions à jamais , & que ºotre vie ſoit pré
-,, ſervée de tout mal , comme nous l'éprou
,, vons aujourd'hui ; & cela ſera nôtre juſti
,, ce ; c. à d. que nous ne pourrons étre regar
aés 85 traités de Dieu comme vertueux 83 juſ
•, tes , qu'autant que nous aurons pris garde
,, à obſerver fidélement devant l'Eternel nôtre
X 3 » Dieu ,
—|
326 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, Dieu , tout ce qu'il nous a commandé de
,, faire.
D. Qu'eſt - ce que Moïſe leur recommande a
particulier, dès qu'ils ſeroient entrés dans le pºyi
que Dieu leur alloit donner ?
' R. C'eſt de détruire abſolument tous les peu
ples qui l'habitoient auparavant , avec toutes
leurs idoles ; ſans avoir jamais aucune alliance
avec eux, & ſans craindre leur grand nom
Deut. VII. bre, ou leur pouvoir. " Quand , dit - il, l'E
1 - 6.
,, ternel ton Dieu t'aura fait entrer au pays
,, que tu vas poſſeder, & qu'il aura chaſſe dº
,, devant toi beaucoup de nations qui l'hdº
,, tent à préſent ; les Héthiens, les Guirgu*
,, ſiens, les Amorrhéens, les Cananéens, lº
,, Phéréſiens, les Héviens, les Jébuſiens, ſept
,, nations, plus grandes & plus puiſſantes quº
,, toi ; & que l'Eternel te les aura livrés, ou
,, qu'ils fuiront devant toi : Tu ne manquº
,, ras pas de les frapper, & de les détruire cº
,, tiérement à la façon de l'interdit. Tu nº
,, feras avec eux aucun traité de paix, & º
,, ne leur feras point de grace : Mais ſi tu !
laiſſes encore dans le pays que tu n'ayes pai d
,, truits , tu ne t'allieras point par mariºsº
,, avec eux, & ne donneras point tes filles *
,, leurs fils , ni ne prendras leurs filles Pº"
,, tes fils ; car elles détourneroient tes entº
,, de mon ſervid?, pour ſervir d'autres Diº
,, que moi ; & la colère de l'Eternel s'enflam
,, meroit contre vous, & vous extermineº
, tout auſſi- tôt ; mais vous les traitere º
,, cette maniere : Vous démolirez leurs autº
,, vous briſerez leurs ſtatuës ; vous coupº
º
, leurs bocages, &( vous brulerez au feu Iſſl2
- - 22
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 327
,, images taillées : Car tu es un peuple qui doit
,, être ſaint & conſacré à l'Eternel ton Dieu,
,, lequel t'a choiſi , afin que tu lui ſois un
,, peuple précieux d'entre tous les peuples de
,, la terre.
D. N'étoit - il point à craindre que cette pré
:: 3rogative du peuple d'Iſraël , par deſſus les autres
peuples que Moïſe relève ici, ne les enflit d'or
gueil, 85 me leur donnât trop bonne opinion
d'eux - mêmes ?
R. Moïſe prévient ce faux jugement qu'ils
auroient pû faire d'eux-mêmes, quand il ajou
te : " Ce n'eſt pas parce que vous étiez en #II.
7 - 1C.
», plus grand nombre qu'aucun autre peuple,
,, ni parce que vous aviez plus de force &
», plus de mérite qu'aucun d'eux , que l'Eter
,, nel vous a donné des marques de ſon amour,
,, & vous'a choiſis pour être ſon peuple parti
,, culier : Car vous étiez dans vôtre origine,
: ,, en plus petit nombre qu'aucun des autres
, 2, peuples : Mais c'eſt parce que l'Eternel ai
,, moit la poſtérité de vos peres, & qu'il vou
| ,, loit garder le ſerment qu'il leur avoit fait,
,, qu'il vous a retirés avec une grande puiſſan
s, ce , & vous a rachetés de l'eſclavage où
.,, vous étiez ſous Pharao, Roi d'Egypte. Re
-,, connois donc, que c'eſt à l'Eternel, qui veut
,, bien être ton Dieu 85 ton Protecteur , que
tu dois tous les avantages dont tu jouis. " C'eſt
, lui qui eſt le Dieu Fort, Tout - Puiſſant,
,, le Fidéle, qui garde les promeſſes de ſon al
,, liance, & la gratuïté juſqu'à mille généra
:,, tions , ou à la poſtérité la plus reculée, à
,, ceux qui l'aiment , qui ſont attachés à ſon
», ſervice, & qui gardent ſes commandemens ;
4 »&
328 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, & qui rend à ceux qui le haïſſent, la peine
,, qui leur eſt due ; juſques à faire périr dans
,, le moment chacun d'eux , d'une mort préma
,, turée 85 violente : Car il ne tardera pas long
» tems à punir celui qui le haït , en ſervant
d'autres Dieux que lui , ou en refiſant de ſe
ſoumettre à ſes ordres. " Il lui rendra en face
» ce qu'il mérite ; il le punira dès cette vie,
de mamiere qu'il en ſera chargé de confuſion.
» Prends donc garde aux préceptes , aux or
, donnances & aux Loix que je te donne au
» jourd'hui, afin que tu les faſſes.
D. Quel mouveau motif Moiſe ajoute-t-il aux
précédens, pour engager les Iſraélites à l'obſerva
tion des Loix de Dieu ?
R. C'eſt que par ce moyen ils attireroient
de plus en plus ſur eux les bénédictions de
Deut.vII. Dieu les plus précieuſes. " Il arrivera, dit - il,
I2 - I5.
, que ſi après avoir entendu ces ordonnances ,
, vous les gardez & y perſéverez, l'Eternel
ton Dieu te gardera auſſi l'alliance & la gra
tuité qu'il a promiſe à tes peres avec ſer
ment : Il t'aimera , il te bénira & te mul
tipliera : Il bénira le fruit de ton ventre,
& le fruit de ta terre ; ton froment , ton
moût & ton huile, tes bœufs & tes trou
peaux de brebis , ſur la terre qu'il a promi
|, ſe avec ſerment à tes peres de te donner
Tu ſeras béni plus que tous les peuples, &
, il n'y aura dans tes familles , ' ni mâle , ni
» femelle ſtérile, non plus qu'entre tes bètes.
» L'Eternel détournera de toi toute maladie ;
» & il ne fera point venir ſur toi aucune des
» playes & des maladies que tu as connues
- - » eft
MIs E N C A T E c H I s M E. 329

#! » en Egypte ; mais il les fera venir ſur tous


» ceux qui te haiſſènt. -

##
º!
D. Quelle conſéquence Moïſe tire- t - il de - là,
#:
par rapport à la conduite que les Iſraélites de
voient tenir envers les nations dont ils alloien4
poſſèder le pays ? -

#!
R. Il en conclut, qu'ils devoient détruire
entiérement toutes ces nations , ſans en épar
gner aucune ; puiſque Dieu les avoit livrées
entre leurs mains. " Tu détruiras donc tous Deut. VII.
I6 - 26.
» les peuples que l'Eternel ton Dieu te livre ;
» ton œil ne les épargnera point , par aucun
, ſentiment de compaſ]ion ; ' & tu ne rendras
» aucune ſorte de culte à leurs idoles : Car
» une telle conduite ſeroit pour toi un piége,
qui te feroit commettre divers crimes. " Que ſi
» tu dis en ton cœur ; ces nations ſont en
» plus grand nombre que moi, comment les
pourrai je dépoſſeder ? Ne les crains point ;
mais plûtôt, qu'il te ſouvienne de ce que
l'Eternel ton Dieu a fait à Pharao, & à tous

:
»
les Egyptiens; de ces grands fléaux , de ces
prodiges & de ces miracles que Dieu opéra
alors à tes yeux, & de la puiſſance éclatan
te, avec laquelle ton Dieu te fit ſortir d'E-
gypte : L'Eternel en fera de mème à tous
(! ces peuples , dont tu aurois peur : Mème
l'Eternel ton Dieu envoyera contr'eux des
frélons qui feront périr tous ceux qui reſ
: teront, & qui ſe ſeront cachés de devant
toi. Tu ne t'effrayeras donc point à cauſe
d'eux ; car l'Eternel ton Dieu , le Dieu Fort,
| Grand & terrible , eſt au milieu de toi ,
» pour te ſoutenir 83 te protéger. Mais ce ne
-

#" ,
-
-

» ſera que peu à peu,


:
Eternel ton # -

- - 2) •
33o L'A N c I E N T E s T A M E N T
détruira les nations de devant toi ; car tu
n'en pourrois pas venir à bout tout d'un
coup ; & il en arriveroit que les bêtes ſau
vages, prenants la place que tu ne pourrois
pas occuper, ſe multiplieroient à ton préju
dice. Cependant l'Eternel ton Dieu te les li
vrera à meſure que tu avanceras dans le
pays, & les effrayera d'un grand effroi, juſ
qu'à-ce qu'il les ait toutes exterminées. Il li
vrera leurs Rois entre tes mains, & tu fe
ras périr leur nom de deſſous les Cieux.
Perſonne ne pourra ſubſiſter devant toi , juſ
qu'à - ce que tu les ayes exterminées. Tu
bruleras au feu les images taillées de leurs
Dieux, & tu ne convoiteras , ni ne pren
dras pour toi, l'argent ou l'or dont ces ſta
>5 tues ſeront parées, ou enrichies ; de peur
32 que ce ne ſoit un piége pour toi ; Si tu
venois à croire qu'il y a quelque choſe de ſacré
dans ces idoles, qui pourroient devenir par - là
l'objet de ta vénération religieuſe : " Car elles
22 ſont par elles - mêmtes une abomination à l'E-
2 » ternel : Ainſi tu n'introduiras pas l'abomi
22 nation dans ta maiſon ; de peur que tu ne
32 ſois toi - même détruit à la façon de l'inter
22 dit , comme elles doivent l'ètre de leur na
29 ture : Mais tu auras tout ce qui appartiens
22 aux idoles , en extrème horreur , & tu le
22 déteſteras ſouverainement ; car c'cſt un in
terdit, dévoué à la deſtruction.
· D. Quelles autres conſidérations Moiſe ajoute
#- il à celles-là , pour engager les Iſraelites à ob

ſerver ſoigneuſement 85 conftamment tous les Cont


mandemens qu'il leur donne ?
R. Il leur expoſe pour cet effet , les graces
- • que
-

M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 331
que Dieu leur a déja faites , & les châtimens
dont il a puni leur déſobéiſſance dans le dé
ſert. Il étale enſuite à leurs yeux, la beauté,
la fertilité & l'excellence du pays , dont ils
vont prendre poſſeſſion ; & il les exhorte à ne
pas abuſer de la proſpérité dont ils y jouïroient,
juſques à oublier qu'ils la tiennent de la pure
faveur de Dieu ; de peur d'attirer ſur eux ſa
colère , & d'être détruits comme les nations
que l'Eternel alloit détruire devant eux. " Ayez Deut.
V 1 I I.
» bien ſoin , leur dit - il, d'obſerver tous les I - 5.
» Commandemens que je vous ordonne aujour
, » d'hui ; afin que vous viviez heureux , que
» vous ſoyez multipliés, & que vous entriez
, » au pays , dont l'Eternel a promis à vos pe
» res avec ſerment, de vous mettre en poſſeſ
» ſion : Et qu'il te ſouvienne de tout le che
» min par lequel l'Eternel ton Dieu t'a fait
» marcher, pendant ces quarante ans , dans
» ce déſert ; afin de t'humilier , 83 d'abaiſſer
# cet orgueil qui te portoit aux murmures 85 à
» la rebellion ; & pour te faire paſſer par des
#
» épreuves qui ſerviſſent à faire connoitre ce
» qui étoit en ton cœur, & ſi tu étois diſ
| » poſé à garder ſes commandemens, ou non
» Il t'a donc humilié, & t'a fait avoir faim :
» Mais il t'a repu de manne, que ni toi, ni
» tes peres n'aviez point connuë pour un ali
» ment ; afin de t'apprendre que ce n'eſt pas
» ſeulement le pain qui peut nourrir l'hom
",, me & le faire vivre ; mais qu'il peut être
,, nourri & conſervé en vie, par tout ce que
| , Dieu jugera à propos de lui donner. Ton
,, vêtement ne s'eſt point envieilli ſur toi ;
,, ºu n'en as jamais manqué, & ton pied n'a
s, point
332 L'A N c I E N TEsTA M EN T

,, point été foulé, faute de ſouliers, durant ces


,, quarante ans que tu as marché dans le de.
ſert. " Reconnois donc en ton cœur , que ſi
,, l'Eternel ton Dieu t'a châtié, ç'a été, com
,, me un bon pere châtie ſes enfans , pour les
corriger 83 par amour pour eux. " Garde donc
,, les Commandemens de l'Eternel ton Dieu ,
,, pour marcher dans ſes voïes, & pour crain
,, dre toujours de lui déplaire.
D. Comment décrit - il enſuite la beauté , 8
l'excellence du pays , où l'Eternel les alloie faire
entrer ?
Deut.
VI I I. R. ,, L'Eternel ton Dieu , dit il, va te fai
6 - IO. ,, re entrer dans un bon pays, un pays de
,, torrents d'eau , de fontaines & de ſources
,, profondes qui fourniſſent de l'eau dans les
,, campagnes & dans les montagnes ; un pays
,, de blé, d'or, de figuiers & de grenadiers ;
,, un pays d'oliviers qui donnent de l'huile ;
,, & un pays de miel, ou de dattes (a) ; un
,, pays où tu auras toujours du pain à man
,, ger, & où rien ne te manquera ; un pays
,, où le fer eſt auſſi commun que les pierres,
-,, & ddnt les montagnes ſont remplies de mi
,, nes d'airain ; il ne tiendra donc qu'à toi
,, d'y manger de tous les fruits de la terre,
,, juſqu'à en être raſſaſié ; & tu béniras l'E-
,, ternel ton Dieu , à cauſe du bon pays qu'il
,, t'aura donné.
D. A quoi les exhorte.t-il en conſéquence ?
R. Il les exhorte à prendre garde que #
- prol
( a ) De miel, ou de datter. Le terme de l'origi
nal Demos , ſignifie plûtôt des dattes que du miel,
ſelon l'opinion des plus habiles Grammairiens Juifs
MIs E N C A T E c H I s M E. 333
proſpérité ne les fit oublier l'Eternel, & il les
menace ſi cela arrivoit, d'une perdition certaine
Deut.
2> Prends garde à toi, ajoute-t-il, de peur que V I I I.
55 tu n'oublies l'Eternel ton Dieu : Aye ſoin de II - 2O»
2» garder ſes commandemens , ſes ordonnances ,
32 & ſes ſtatuts que je te donne aujourd'hui ;
2> de peur qu'ayant de quoi te nourrir juſqu'à
2> être raſſaſſié, & bâtiſſant de belles maiſons
22 où tu habites, & ton gros & menu bétail
22 étant accrû ; ton or & ton argent étant mul

20 tipliés, & tout ton avoir étant augmenté,


22 alors ton cœur ne s'éleve, & que tu n'ou

32 blies l'Eternel ton Dieu qui t'a tiré du pays

22 d'Egypte , & de l'eſclavage où tu y étois ;


2D qui t'a fait marcher en toute ſureté par ce dé

2 2 ſert grand & terrible, rempli de ſerpens mor

22 dans & brulans, & de ſcorpions ; déſert ari


© 2 de où il n'y a point d'eau : & qui t'a fait
22 ſortir de l'eau d'un rocher auſſi dur qu'un

22 caillou ; qui te donne à manger dans ce dé

2> ſert la manne qui n'étoit point connue de


: 2 tes peres pour un aliment ; afin de t'humi
2 » lier, en te faiſant ſentir que toute ta ſubſiſtence

>» dépendoit de Dieu ; afin auſſi de mettre à l'é-

> » preuve ta foi 85 ton obéiſſance , & pour te


2 2 faire du bien , ou te rendre plus ſenſible le
bonheur dont tu vas jouir. Prends donc garde,
qu'il ne t'arrive de dire en ton cœur ; ma
propre puiſſance, & la force de ma main, m'a
acquis toutes ces richeſſes ; mais plûtôt qu'il
te ſouvienne de l'Eternel ton Dieu ; car c'eſt
lui qui te donne de la force pour acquérir
des biens ; afin de ratifier l'alliance qu'il a
traitée ſous ſerment avec tes peres , comme
tu le vois aujourd'hui. Mais s'il arrive que
2, tl}
334 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, tu oublies en aucune maniere l'Eternel ton
,, Dieu , & que tu rendes quelque culte aux
» autres divinités, en te proſternant devant
,, leurs idoles ; je vous proteſte que vous pé
•, rirez certainement ; vous périrez comme les
» nations que je vais faire périr devant vous ;
,, parce que vous n'aurez point obéi à la voix
,, de l'Eternel vôtre Dieu.

C H A P I T R E XXV II.

| Troiſieme diſcours de Moïſe aux Iſraëlites


peu avant ſa mort, dans lequel après leur
avoir expoſé en peu de mots , la faveur
ſignalée que Dieu leur alloit accorder, en
les mettant en poſſeſſion d'un pays ex
cellent qu'ils n'avoient nullement méri
té , & leur avoir indiqué ce qui avoit
porté l'Eternel leur Dieu à les favoriſer
d'une maniere ſi merveilleuſe ; il leur rap
pelle d'un côté leurs divers murmures ,
leurs fréquentes rebellions , & ſur tout
l'idolatrie que leurs peres avoient commi
ſe en adorant le veau d'or, & de l'autre
les bienfaits continuels qu'ils avoient re
çus de Dieu ; d'où il conclut qu'ils lui
doivent l'obéïſſance la plus ſoutenuè , &
il les y exhorte par les motifs les plus
preſſans.
D. Uel autre diſcours Moïſe adreſſa-t il aix
Iſraëlites avant ſà mort *
/ -

º M I s E N C A T E c H I s M E. 335
R. Il leur en adreſſe un troiſieme beaucoup
plus long, qu'il commence ainſi. " Ecoute Iſ Deut. IX.
raël ; tu vas paſſer aujourd'hui , ou dans peu, I - 6.
2» le Jourdain, pour entrer chez des nations plus
52 nombreuſes, & plus fortes que toi ; dans des
22 villes grandes & murées juſques au ciel, ou
>» d'une hauteur prodigieuſe, & vers un peuple
3» nombreux , célébre & de haute ſtature ; vers
22 les deſcendans de Hanac le Géant, dont le
32 nom t'eſt connu, & deſquels tu as ouï dire ;
22 Qui eſt ce qui pourra tenir devant les enfans
52 de Hanac ? Sache donc aujourd'hui que l'E-
22 ternel ton Dieu qui marche à ta tête eſt un
92 feu conſumant : C'eſt lui qui les détruira ,
23 & qui les abaiſſera devant toi : tu les chaſ
ſeras de leurs poſſeſſions, & tu les feras pé
rir ſur le champ ; comme l'Eternel te l'a or
donné : mais ne dis point en ton cœur quand
l'Eternel ton Dieu les aura chaſſés de devant
c
toi ; c'eſt à cauſe de ma juſtice, ou de mes
vertus, que l'Eternel m'a fait entrer en ce
pays pour le poſſeder ; car c'eſt plûtôt à cau
ſe de la méchanceté de ces nations là, que
l'Eternel les va chaſſer de devant toi. Ce n'eſt
point pour ta juſtice, ni pour la droiture de
ton cœur, que tu entres en leurs pays pour
le poſſeder, mais c'eſt pour la méchanceté de
ces nations-là , que l'Eternel ton Lieu les va
chaſſer de devant toi , & afin de ratifier la
promeſſe que l'Eternel avoit faite par ſerment
à tes peres, Abraham, Iſaac, & Jacob. Sa
che donc 85 tiens le pour certain, que ce n'eſt
point pour ta juſtice, 83 ton propre mérite,
que l'Eternel ton Dieu te donne ce bon pays
pour le poſſeder ; car au contraire, tu ès un
»» peu
336 L'AN c 1 E N T E s T A M E N r
» peuple de col roide, qui t'es montré à pluſieurs
repriſes , infléxible à la voix de ton Dieu.
D. Qu'eſi - ce que Moïſe ajoute à ce reproche
pour leur prouver qu'ils l'avoient bien mérité ?
R. Il leur rappelle pour cela leurs divers mur
mures , leurs fréquentes rebelions , & ſur tout
l'idolatrie de leurs Ancêtres, dans le culte ren
Deut. IX. du au veau dor. " Souviens- toi , dit - il, &
7 - 29.
» n'oublie pas que tu as fort irrité l'Eternel ton
» Dieu dans ce déſert , & que depuis le jour
» que vous êtes ſortis du pays d'Egypte, juſ
» qu'à vôtre arrivée en ce lieu - ci, vous avez
» été rebelles à l'Eternel ; même en Horeb ,
ou la montague de Sinaï, où tout devoit vous ev
gager à ne rien faire qui put déplaire à l'Eternel ;
vous l'irritates ſi fort, que ſa colère alla juſ
qu'à vouloir vous détruire. Et en voici le ſi
,, jet : Quand je montai en la montagne pour
• prendre les Tables de pierre , les tables qui
contenoient les conditions de l'alliance que l'E-
ternel avoit traitée avec vous, je demeurai
en la montagne quarante jours & quarante
nuits, ſans manger de pain & ſans boire
d'eau ; & l'Eternel me donna deux Tables de
pierre, écrites de ſa main ; 85 ce qui y étoit
•, écrit, c'étoit les propres paroles que l'Eternel
avoit prononcées, lorſqu'il vous parla ſur la
» montagne du milieu du feu , au jour que
vous étiez aſſemblés pour les entendre : Il ar
29 riva donc au bout de ces quarante jours &
32 quarante nuits, que l'Eternel m'ayant donné

ces deux Tables de pierre, qui ſont les Ta


bles de l'alliance , il me dit ; Léve - toi , &
: deſcends promptement d'ici , car ton peuple
que tu as fait ſortir d'Egypte, s'eſt corrompu :
J?
ils
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 337
ils ſe ſont bientôt détournés de la voie que
je leur avois preſcrite, & ſe ſont fait une ima
ge de fonte contre ma défenſe expreſſe : L'E-
ternel me dit encore ; j'ai regardé ce peuple,
& je vois que c'eſt un peuple de col roide,
infléxible à ma voix : Laiſſè moi faire, & je
les détruirai : j'effacerai leur nom de deſſous
les cieux ; mais je te conſerverai avec ta poſ
térité, pour devenir une grande nation plus
puiſſante & plus nombreuſe que celle-ci. Je
me tournai donc de devant la face de Dieu,
& je deſcendis de la montagne qui étoit toute
en feu , ayant les deux Tables de l'alliance
en mes deux mains. Enſuite je jettai les yeux
du côté du camp, & je vis que vous aviez
péché contre l'Eternel vôtre Dieu ; que vous
vous étiez fait un veau de fonte , & que
vous vous étiez bien-tôt détournés de la voie
que l'Eternel vous avoit praſcrite : Alors je
ſerrai les deux Tables , & les jettai de mes
deux mains par terre , & les briſai devant vos
yeux. Puis je me proſternai devant l'Eternel,
durant quarante jours & quarante nuits com
me auparavant, ſans manger ni boire, à cau
ſe du péché que vous aviez commis en fai
ſant ce qui eſt déplaiſant à l'Eternel, & qui
l'avoit ſi fort irrité ; car je craignois que l'E-
ternel enflammé d'une grande colère contre
vous , ne vous détruiſit : mais ayant interce
dé pour vous, l'Eternel m'exauça encore cette
fois-là. L'Eternel fut auſſi fort irrité contre
Aaron, & vouloit le faire mourir ; mais je
priai en mème tems pour lui , 85 j'obtins ſon
pardon : Puis je pris le veau que vous aviez
formé, & qui vous avoit fait pécher : je le
Tome l 1. Y » bru
-|
338 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T' |
!

brulai, ou le fondis au feu, & le pilai en k


broyant bien, juſqu'à-ce qu'il fut réduit en
30 poudre, & j'en jettai la poudre au torrent
23 qui deſcendoit de la montagne. Vous avez
auſſi fort irrité l'Eternel en Tabera (1), &
· en Maſſa (2), & en Kibroth-taava (3), &
quand l'Eternel vous envoya de Kades biº
né (4), en diſant ; Montez & poſſedez k
pays que je vous ai donné ; alors vous vous
rebellates encore contre l'ordre de l'Etemd
vôtre Dieu ; vous ne crutes point à ce qui
vous diſoit, & vous n'obéites point à ſa voir
Ainſi vous avez été rebelles à l'Eternel des le
jour que je vous ai connus : Je me proſternº
donc devant l'Eternel durant quarante joun
& quarante nuits, pour interceder en ciº
faveur; parce que l'Eternel m'avoit dit qu'!
vous détruiroit, & je priai l'Eternel, & lui
dis ; O Seigneur Eternel ! ne détruis point
ton peuple, & ton héritage que tu as nde
té par ton grand pouvoir de l'eſclavage où #
étoit détenu, & que tu as retiré de l'Egypº
avec une force éclatante. Souviens toi de lº
ſerviteurs, Abraham, Iſaac & Jacob ; neº
garde point à la dureté de ce peuple, ºº !
ſon indocilité à faire ta volonté, ni à ſa mº
chanceté habituelle, ni au péché qu'il vient de
commettre; de peur que les habitans du Pºyº
d'où tu nous as fait ſortir, ne diſent; parº
que l'Eternel ne les pouvoit pas faire ºnº
au pays dont il leur avoit parlé, & pº
qu'il les haïſſoit, il les a fait ſortir de *
gypte pour les faire mourir dans ce déſº#
& cependant ils ſont ton peuple & ton ht
ritage que tu as tirés de l'Egypte
*


M I s E N C A T E c H 1 s M E. 339
, grand pouvoir , & avec une force éclatante.
D. Quel fut le ſuccès de cette interceJion de
.Moïſe en faveur du peuple d' Iſraël auprès de Dieu ?
R. Moiſe le rapporte enſuite , quand il ajou
te. ** En ce tems - là l'Eternel me dit ; Taille deux Deut. X.
I - II.
s, Tables de pierre, comme les premieres , &
» monte vers moi en la montagne ; & puis tu
», te feras une Arche de bois, & j'écrirai ſur
», ces Tables les paroles qui étoient ſur les pre
», mieres que tu as briſées , & tu les mettras
» dans l'Arche : Ainſi ayant fait faire par Bét
», ſaléel * une Arche de bois de Sittim , ou d'A. * M,'sd.
», cacia , je taillai deux Tables de pierre com XXXVII. K.

,, me les premieres , & je montai ſur la mon


» tagne ayant les deux tables en ma main , &
, ,, l'Eternel écrivit ſur ces tables, comme il
,, avoit écrit la premiere fois les dix comman
», demens, que l'Eternel vous avoit prononcés
,, ſur la montagne du milieu du feu, au jour
,, de l'aſſemblée : Puis l'Eternel me les donna,
», & je m'en retournai ; je deſcendis de la mon
», tagne , & je mis les Tables dans l'Arche que
,, j'avois fait faire , comme l'Eternel me l'avoit
,, commandé, & elles y ſont reſtées juſqu'à ce
,, jour. ( Or, dit encore Moiſe, par maniere de
3 2 parenthéſe ( a ) , les Enfans d'Iſrael partir nt
» de Maſeroth , & allérent camper à Béné-ja
,, hacan, de-là à Gudgad , de là à Jethabatha
Y 2 » qui

( a ) Parenthéſe. Dans cette parenthéſe au moins pour


ce qui regarde les campemens , l'on a ſuivi le Texte
Samaritain tlûtôt que le Texte Hébreu qui paroit avoir
été alteré dans cet endroit par la précipitation des an
ciens copiſtes qui ont tranſporté ſans y prendre garde ,
l'ordre & les noms, & ont omis quelques circonſtances ,
345 L'A N c I E N T E s T A M E N T
2» qui eſt un pays de torrens d'eau, de-là à
22 Abamé, de-là à Statſiongaber, de-là à Sin qui

22 eſt Kadès, de-là à Hor où Aaron mourut,


2) & fut enſéveli, & Eléazar ſon fils fut Sou
2> verain Sacrificateur en ſa place : Car en ce
25 tems là l'Eternel avoit féparé la Tribu de Lé
25 vi pour porter l'Arche de l'alliance de l'Eter
3» nel , & fe tenir devant ſa face, toujours prêts
55 à recevoir ſes ordres $ à le ſervir , & pour
2> bénir le peuple en ſon nom comme cela s'eſt
:) 5 fait juſqu'à ce jour : C'eſt pourquoi cette
3» Tribu n'a point de portion ni d'héritage avec

35 ſes freres : L'Eternel ſeul eſt ſon héritage,


35 par la portion qu'elle a à tout ce qui lui eſt
2 5 conſacré ; ainſi que l'Eternel ton Dieu lui en
55 a parlé ) , mais pour revenir à ce qui m'arrits
25 ſur la montagne ; je m'y tins quarante jours

22 & quarante nuits comme j'avois fait la pre


: ) miere fois , pour interceder en vôtre faveur ;
:> l'Eternel m'exauça encore cette fois là, & ne
| 2 » voulut point te détruire ; mais l'Eternel me

22 dit ; Léve toi, & retourne vers ce peuple


: 2 pour marcher à leur tête; afin qu'ils entrent
22 au pays que j'ai promis avec ſerment à leurs
2 2 peres de leur donner en poſſeſſion.

D. Que conclut Moiſe de tout ce qu'il venoit


de dire ?
R. Il en conclut que les Iſraëlites doivent à
Dieu un amour, une crainte , une obéiſſance
des plus ſoutenues, & il les y porte par la con
·ſideration de ce que Dieu eſt en lui-mème, &
de ce qu'il a fait pour eux, qui doit les enga
ger à uſer auſſi de charité envers les étrangers
Dut. X. qui ſeront au milieu d'eux. " Maintenant donc,
-

M2 - 22• » ô Iſrael ! leur dit.il. Qu'eſt-ce que demande


» de
MIs EN C A T E c H I s M E. 34I
,, de toi l'Eternel ton Dieu, ſinon que tu le
,, craignes , que tu marches en toutes ſes voies ;
,, que tu l'aimes, & que tu ſerves l'Eternel ton
,, Dieu de tout ton cœur, & de toute ton ame ;
,, en gardant ſes commandemens & ſes ordon
,, nances que je te réitére aujourd'hui , afin
,, que tu proſpéres. Voici les Cieux , & les
,, Cieux des Cieux , ou l'enceinte de l' Univers
entier qui renſerme toutes les créatures, appar
,, tiennent à l'Eternel ton Dieu ; la Terre &
,, tout ce qui eſt en elle : mais entre tous les
,, habitans de cette Terre , l'Eternel a pris ſon
,, bon plaiſir en tes peres ſeulement, Abraham,
,, 1ſaac & Ja-ob , & les a aimés par deſſus tous,
,, & vous qui ètes leur poſtérité, il vous a pré

|-
,,
,,

féré à tous les peuples , comme il paroit en
core aujourd'hui. Circonciſez donc le prépuce
de vôtre cœur ; c. à d retranchez toutes les
º•*
· affections charnelles dont vôtre cœur eſt rempli ,
,, & ne ſoy z plus un peuple de col roide, in
docile aux exhortations qu'on vous adreſſe, com
me vous l'avez éte par le paſſe : * Car l'Eternel
,, vôtre Dieu eſt le Dieu Supreme , le Seigneur
,, des Seigneurs , le Maitre abſolu de tous les
,, Rois de la Terre , le Fort , le Grand , le Puiſ
,, ſant & le Terrible, qui fait tout ce qui lui
plait, $ dont l'indignation eſt ſur toutes choſes
,, à craindre ; qui n'a point égard à l'apparen
,, ce des perſonnes ; qui me ſe laiſſe point impoſer
par des apparences exterieures de grandeur , de
,, puiſſance ou de juſtice, & qui ne prend point
,, de préſents ; qui fait droit à l'orphelin & à
,, la veuve ; qui prend ſoin de l'étranger deſti
,, tué de ſecours , & qui lui fait avoir de quoi
,, ſe nourrir, & dequoi ſe vêtir : Vous aime
Y 3 3 , I62
342 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
,, rez donc auſſi l'étranger ; car vous l'avez
, été au pays d'Egypte, 83 Dieu y a eu ſoin
,, de vou. Tu craindras l'Eternel ton Dieu ; tu
,, le ſerviras ; tu t'attacheras à lui ; & quand
,, tu voudras t'engager à quelque choſe par
,, ſerment, tu ne prendras à témoin que lui.
,, C'eſt lui qui eſt ta louange, ou dont la pro
tection 85 la faveur fait ta gloire 85 ton plus beau
,, titre : C'eſt lui qui eſt ton Dieu , ton pro
,, tecteur 85 ton bienfuiteur perpétuel, qui a fait
,, en ta faveur ces choſes grandes & merveil
,, leuſes que tes yeux ont vues. Tes peres ſont
, deſcendus en Egypte au nombre de ſoixante ,
,, & dix perſonnes, & maintenant l'Eternel ton
,, Lieu t'a rendu auſſi nombreux que les étoi
,, les des cieux.
D. Quels autres motifs Moïſe ajoute-t-il à ceux
là pour porter les Iſraëlites à l'amour $ à ſ'o-
béiſſance qu'ils doivent à Dieu ?
R. Il inſiſte de nouveau ſur quelques uns
qu'il avoit déja touchés , & en particulier ſur
la délivrance ſignalée de la ſervitude d'Egypte
que Dieu leur avoit procurée ; ſur le ſoin qu'il
avoit pris d'eux dans le déſert ; ſur leur intro
duction prochaine dans un pays où ils auroient
tout à ſouhait , & fur le bonheur qu'ils étoient
aſſurés d'y poſſèder , & devoit tous les jours
augmenter , s'ils étoient fidéles à obſerver les
loix de Dieu.
D. Comment touche - t - il de mouveau la con
fidération de ce qui s'étoit paſſe em Egypte , ca
dans le déſert pour les porter a cette obſervation ?
Deut. XI. R. ,, Aimez donc , leur dit-il, l'Eternel vô
I - 7.
,, tre Dieu, & gardez en tout tems les pré
» ceptes, les ordonnances , les loix & les com
, mande
M Is E N C A T E c H I s M E. 343
3» mandemens qu'il veut que vous gardiez : con
2» ſiderez pour cet effet, & rappelez vous aujour
22 d'hui, vous qui êtes encore vivans ; ( car je ne
32 parle pas à vos enfans qui ne les ont ni connus
92 ni vûs), rappelez vous, dis-je, les châtimens
que l'Eternel vôtre Dieu a exercés ; la gran
deur de la force & de la puiſſance qu'il a
manifeſtée ; les prodiges & les œuvres mer
32 veilleuſes qu'il a faites au milieu de l'Egypte,
contre Pharao Roi d'Egypte, & contre tout
ſon pays ; & ce qu'il a fait à l'armée des
Egyptiens, à leurs chevaux, & à leurs cha
riots ; quand il a fait que les eaux de la mer.
rouge les ont couverts ; lorſqu'ils vous pour
ſuivoient, & qu'il les détruiſit de telle ma
miere, que juſqu'à ce jour, ils n'ont pû ſe re-.
mettre de ce funeſie coup ; & ce qu'il a fait.
pour vous pendant tout vôtre ſéjour dans le,
déſert, juſqu'à vôtre arrivée dans ce lieu-ci ;
& ce qu'il a fait à Dathan & à Abiram, fils
d'Eliab , fils de Ruben ; comment la terre
ouvrit ſa bouche, & les engloutit avec leurs
familles & leurs tentes, & tout ce qui étoit
en leur puiſſance au milieu du camp des Iſ
raélites. Ce ſont à vos propres yeux, que j'en
22 appelle , qui ont vû toutes les grandes œu
29 vres que l'Eternel a faites en vôtre faveur ,
83 qui doivent vous engager à l'aimer , 83 à
lui obéir.
D. Comment les y porte-t-il par la conſidéra
tion du pays qu'ils alloient poſſeder ?
R. » Vous garderez donc, continue-t-il, tous Deut. Xt.
les commandemens de Dieu que je vous ai 8 - 17 .
propoſés, & que je vous propoſe encore au
» jourd'hui ; afin qu'étant ainſi fortifiés, vous
Y 4 » puiſ
344 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
puiſſiez entrer en poſſeſſion du pays dans le
quel vous allez paſſer , & que vous prolon
giez vos jours ſur la Terre que l'Eternel a
promiſe avec ſerment de donner à vos peres
& à leur poſtérité : Terre qui abonde en lait
& en miel ; car ce pays où tu vas entrer ,
n'eſt pas comme le pays d'Egypte d'où tu es
ſorti ; où après avoir jetté ta ſemence en terre
l'on conduit les eaux ſur les champs avec le
pied, 85 avec beaucoup de travail, comme on
le fait dans les jardins potagers ; mais le pays
que vous allez poſſèder ett un pays de val
lons & de campagnes , & il eſt ſuffiſamment
arroſé par les pluyes du ciel ; C'eſt un pays
dont l'Eternel ton Dieu prend ſoin par l'a-
bondance d'eau dont il eſt pourvû , & ſur
lequel ton Dieu a continuellement les yeux
ouverts , depuis le commencement de l'année
juſqu'à la fin , c. à d ſur lequel ſa providence
veille d'une façon particuliere pour que rien n'y
35 manque. Il arrivera donc que ſi vous obéiſſez

35 ponctuellement aux commandemens que je


2> vous preſcris aujourd'hui ; que vous aimiez
25 l'Eternel vôtrc Dieu , & que vous le ſerviez
» de tout vôtre cœur & de toute vôtre ame ;
3b alors il donnera la pluye telle qu'il faut à
25 vôtre pays, tant dans la premiere ſaiſon en
automne après que les terres ont éte enſemencees,
25 que dans la derniere ſaiſon au printems avant.
que le tems de la moiſſon ſoit venu ; " Et tu
52 recueilliras dans ſon tems ton froment, ton
32 vin excellent , & ton huile : Il fera croitre
5> auſſi dans ton champ de l'herbe pour ton bé
52 tail , & tu auras abondamment de quoi man
b2 ger, juſques à en être raſſaſié; mais prenez
- »» gaſ
lſif M 1 s E N C A T E c H I s M E. 345.
, garde que vôtre cœur ne ſoit ſéduit par cette
,, proſpérité , & que vous détournants du culte.
|.
,, du vrai Dieu pour ſervir d'autres divinités ,
# ! ,, & vous proſternants devant leurs idoles, la
- º'
• *
,, colère de Dieu ne s'enflamme contre vous,
i :' ,, & qu'il ne ferme les cieux ; tellement qu'il
:: ,, n'y ait plus de pluye; que la terre ne don
#! ,, ne plus ſon fruit ordinaire, & que vous ne
,, périſſiez bientôt dans ce bon pays que l'E-
éº ,, ternel vous donne. . - -

- D. Quelle autre bénédiction Moiſe promet-il en


core aux Enfans d'lſrael , s'ils obſervent ſoigneuſe
ment les commandemens de Dieu ?
R. Il leur promet encore une longue vie,.
une nombreuſe poſtérité, & une victoire con
tinuelle & complette ſur toutes les nations dont,
ils devoient poſſeder le pays ; C'eſt à quoi ten
dent les exhortations qu'il ajoute en ces termes.
, Mettez donc dans vôtre cœur & dans vôtre Deut. XI.
,, entendement, les paroles que je vous dis : *****
,, Liez - les pour ſigne ſur vos mains , & qu'el
,, les ſoient pour fronteaux entre vos yeux :
c. à d. Qu'elles ſoient toujours préſentes à vôtre
eſprit, quoique vous faJiez de vos mains ou que
vous regardiez de vos yeux. " Enſeignez-les à r.
,
,, vos enfans en vous en entretenant avec eux ;
,, ſoit que tu te tiennes dans ta maiſon ; ſoit
,, que tu en ſortes pour aller ailleurs ; ſoit que
,, tu te léves : Tu les écriras auſſi ſur les po
,, teaux de ta maiſon , & ſur tes portes ; Que
tout, en un mot, t'en rappelle le ſouvenir, dans
les lieux les plus fréquentés 83 les plus en vue ;
,, afin que vos jours & les jours de vos enfans
», ſoient multipliés ſur la terre que l'Eternel a
» promis avec ſerment à tes peres de te don
:: - Y 5 2, I1CE
346 L'A N c I E N T E s T A M E N T
99 ner, auſſi long-tems que les cieux rouleront
22 ſur la terre : Car ſi vous perſéverez avec
22 ſoin dans l'obſervation de tous ces comman
39 demens que je vous donne, aimants l'Eter
33 nel vôtre Dieu ; marchants dans toutes ſes
39 voies , & vous attachants à lui : l'Eternel
35 chaſſera toutes ces nations-là de devant vous,
22 & vous poſſéderez le pays des nations qui
2» ſont plus nombreuſes & plus puiſſantes que
9» vous. Tout lieu où vous aurez mis ſeulement
32 la plante de vôtre pied ſera à vous. Vos fror
35 tieres ſeront depuis le déſert de l'Arabie, par
92 lequel vous avez paſſé, juſqu'au Liban, &
D9 depuis le fleuve d'Euphrate, juſqu'à la mer
92 d'Occident , ou la Méditerranée : Nul de ces
©» peuples ne pourra tenir devant vous : L'E-
22 ternel vôtre Dieu répandra la terreur & l'ef
22 froi de vôtre nom par toute la terre ſur la
29 quelle vous marcherez, comme il vous l'a
promis.
D. Comment réſume t il enfin ce qu'il vient de
leur dire ſur ce qu'ils ont à eſpérer, ou à crain
dre de Dieu, ſuivant qu'ils ſe conduiront bien
ou hmal ?
Deut. XI. R. Conſiderez donc bien , leur dit.il, que je
26 - 32. 22 vous annonce aujourd'hui la bénédiction ou
22 la malédiction, c. à d. le moyen infaillible d'é-
22 tre heureux ou malheureux , la bénédiction,
22 ou le bonheur , ſi vous obéiſſez aux comman
22 demens de l'Eternel vôtre Dieu que je vous
32 preſcris aujourd'hui ; la malédiction , ou le
99 malheur, ſi vous refuſez d'y obéïr, & que vous
39 vous détourniez de cette voie, pour ſervir
, des Dieux que vous n'avez point connus. Et
23 quand l'Eternel ton Dieu t'aura fait entrer

- »s all
M I s E N C A T E e H 1 s M E. 347
au pays que tu vas poſſeder ; tu prononce
ras alors, ou tu entendras prononcer par Jo
ſué, fils de Nun, les mêmes bénédictions ſur
,, la montagne de Garizim , & les mêmes ma
,, lédictions ſur la montagne de Hebal, que je
,, viens de te dénoncer aujourd'hui. Or ces mon
,, tagnes dont je vous parle, ſont au-delà du
,, Jourdain , ſur le chemin qui tire vers le ſo
,, leil couchant au pays des Cananéens qui de
25 meurent en la plaine, vis-à-vis de Guilgad ,
,, p ès des plaines de Moré ; d'où vous devez
conclure que vous aurez alors comquis tous le pays
qui eſt entre-ci 85 ces montagnes , & qui eſt ha
bite par toutes les mations dont je vous ai parlé.
,, Car vous allez paſſer le Jourdain pour entrer
,, dans le pays que l'Eternel vôtre Dieu vous
,, donne en poſſeſſion , & vous le poſſéderez &
y habiterez long tems : Vous prendrez donc
,, garde à obſerver tous les ſtatuts , & les or
,, donnances que je vous propoſe aujourd'hui.

C H A P I T R E X X V III.

Suite du diſcours de Moïſe au peuple d'Iſ.


raël , où il entre dans le détail de diverſes
loix particulieres concernant le culte di
vin, & contre l'idolatrie. *
-

D. Uelles furent encore les loix particulieres


dont Moiſe voulut rappeler le ſouvenir
att peuple d'lſraèl, avant qu'il paſſit le Jourdain ?
R. Il y en a un grand nombre contenues
dans la ſuite de ſon diſcours, & il commence
# par
348 L'A M c I E N T E s T A M E M r
par celles qui regardent le culte divin, & l'ex
Dºnt xII. tinction de toute idolatrie. " Ce ſont ici, dit-il,
E - 19. les ordonnances & les réglemens que vous au
2>

25 rez ſoin d'obſerver religieuſement, lorſque


22 vous ſerez en poſſeſſion du pays que le Dieu
», de vos peres vous a donné, pendant tout le
55 tems que vous vivrez ſur cette terre : Vous
32 détruirez entierement tous les lieux où ces
39 nations dont vous poſſéderez le pays, auront
25 ſervi leurs Dieux ſur les hautes montagnes,
22 & ſur les côteaux , & ſous tout arbre ver
32 doyant. Vous démolirez auſſi leurs autels &
32 briſerez leurs ſtatuës , & brulerez au feu leurs
22 bocages, & mettrez en pieces les images tail
2) lées de leurs Dieux , & ferez périr leur nom
3» de ce lieu-là. Vous ne ſervirez pas ainſi l'E-
33 ternel vôtre Dieu : Vous ne l'adorerez mi ſur
les montagnes , mi dans des bocages, ni ſous des
arbres verdoyans, mi ſous la repréſentation d'au
cune image que ce ſoit ; " mais vous vous ren
32 drez là où il habitera , 85 où il donnera des
preuves de ſa préſence d'une façon plus particuliere,
& vous irez au lieu que l'Eternel vôtre Dieu
aura choiſi d'entre toutes vos Tribus pour
porter ſon nom , 83 y être ſervi : Et vous
apporterez là vos holocauſtes, vos ſacrifices,
vos dixmes, vos oblations élevées, vos vœux,
vos offrandes volontaires, & les premiers nés
de vôtre gros & de vôtre menu bétail ; &
vous mangerez là dans le parvis où vous ail
» » rez offert vos oblations devant l'Eternel vô
2» tre Dieu , toujours préſent dans le ſanctuaire ;

92 Vous mangerez , dis.je, avec actions de gra

ces les reſtes de vos victimes pacifiqttes , 83 de vcs


22 offrandes volontaires , & vous vous réjouirez,
», VouS
M I s E N C A T E c H I s M E. 349
vous & vos familles de toutes les faveurs que
Dieu vous aura accordées, & de la bénédic
tion qu'il aura répandue ſur l'œuvre de vos
mains. Vous ne ferez pas comme nous fai
ſons ici aujourd'hui , où chacun a offert ce
22 que bon lui ſemble autant que ſes facultés ont

pu le permettre dans ce deſert, 85 où l'on a né


gligé diverſes cérémonies recommandées de Dieu ;
parce que nous n'avons pas eu la commodité de
#! les obſerver exactement. * Car vous n'êtes point
º 33 encore parvenus au lieu de repos, & à l'hé

:# 22 ritage que l'Eternel ton Dieu te donne : Vous


:# 22 paſſerez donc le Jourdain , & vous habite
gº 22 rez au pays que l'Eternel vôtre Dieu vous fe
22 ra poſſeder en héritage ; où il empêchera que
#
22 les ennemis qui vous environnent ne trou
22 blent vôtre repos, & vous y habiterez ſure
32 ment : Il y aura là un lieu que l'Eternel vô
22 tre Dieu choiſira pour y faire habiter ſon
22 nom , c. à d pour y donner des preuves con
tinuelles de ſa préſence au milieu de vous, & pour
2V être ſervi d'une façon particuliere. " Vous ap
22 porterez là tout ce que je vous commande,
21> vos holocauſtes, vos ſacrifices, vos dixmes,
22 vos oblations élevées, & tout ce qu'il y aura
22 de plus exquis dans ce que vous aurez voué
22 à l'Eternel : Et vous vous réjouïrez en les
32 préſentant & les mangeant en la préſence de
32 l'Eternel vôtre Dieu, vous, & vos fils &
2> vos filles, & vos ſerviteurs & vos ſervantes,
22 & le Lévite qui habite au milieu de vous,
22 que vous aſſocierez à vos repas fraternels , par
22 ce qu'il n'aura point de portion , ni d'héri
22 tage avec vous. Garde - toi bien , de ſacrifier
2 > tes holocauſtes dans tous les lieux que tu
- 2» Veſ
35o L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
,, verras, 85 que tu croiras propres à cela; mais
» tu offriras tes holocauſtes ſeulement dans le
,, lieu que l'Eternel choiſira en l'une de tes tri
,, bus , & tu y feras tout ce que je te com
» mande : Toutefois , au lieu que dans le dé
ſert vous deviez tuer à la porte du Tabernacle
tous les animaux qui devoient ſervir à vôtre mour
riture, pour juger s'ils étoient purs ou impurs,
,, tu pourras les tuer & manger de leur chair,
,, ſelon les déſirs de ton ame dans quelque
92 ville que tu demeures, ſelon les biens que
22 Dieu t'aura donnés : Celui qui ſera ſouillé,
25 & celui qui ſera net pourront en manger en
,, toute liberté, comme du daim & du cerf,
qui ſeront ſi communs au pays où vous devez aller,
qu'ils feront vôtre nourriture ordinaire : " Seule
32 ment vous eſt il défendu de manger du ſang ;
25 mais vous le répandrez ſur la terre comme
22 de l'eau : Tu ne mangeras point dans aucu
22 ne ville de ta demeure les dixmes de ton
22 froment, ni de ton vin, ni de ton huile ,
22 ni les premiers nés de ton gros & menu
22 bétail, ni ce que tu auras voué, ni tes of
22 frandes volontaires , ni tes oblations élevées ;
32 mais tu les mangeras dans le parvis du Taber
22 macle ou du Temple, devant le Sanctuaire où ré
22 ſide l'Eternel ton Dieu, au lieu que l'Eternel
22 ton Dieu aura choiſi, toi, ton fils, ta fille,
22 ton ſerviteur & ta ſervante , avec le Lévite
22 qui habite dans tes villes, & tu te réjouiras
22 devant l'Eternel ton Dieu de ce à quoi tu
,, auras mis la main, 85 qui aura réuſſi à ton
,, gré. Garde - toi tout le tems que tu vivras
,, ſur la terre, d'abandonner le Lévite , que
- - j'ai
1 M I s EN CA T E c HI s M E. 35f
J' j'ai choiſi pour me ſervir dans le Sanctuaire en
30/4 1107/t.
,, Quand l'Eternel ton Dieu aura étendu tes Deut.
s, limites, comme il te l'a promis, & que tu 2O # 14
- 28.
22 diras ; je pourrai à préſent manger de la chair,
22 parce que mon ame l'a ſouhaité ; tu pour
22 ras en manger ſelon les déſirs de ton ame ;

ſans qu'il ſoit néceſſaire de tuer tes animaux à


l'entrée du Tabernacle, comme tu le faiſois dans
32 le déſert ; parce que le lieu que l'Eternel au
23 ra choiſi pour y placer le ſimbole de ſa préſence,

3> ſera loin de toi ; alors tu pourras tuer là où

>> tu voudras de ton gros & menu bétail , que


23 l'Eternel ton Dieu t'aura donné ; en y obſer

20 vant ce que je t'ai commandé, & tu en man


#
23 geras en quelque ville que tu demeures ſe
22 lon tous les déſirs de ton ame : Tu en man
20 geras avec la même liberté que l'on mange en
22 ce pays là du daim & du cerf Celui qui ſe
3> ra ſouillé, comme celui qui eſt net, pourra
32 en manger ; ſeulement garde - toi de manger
du ſang ; car le ſang eſt l'ame de la béte ,
& tu ne mangeras point ce qui fait ſa vie
| avec ſa chair : Tu n'en mangeras donc point ;
22 mais tu le répandras ſur la terre, comme de
32 l'eau : Tu n'en mangeras point, ſi tu veux
proſperer, toi, & tes enfans après toi ; quand
52 tu auras fait ce que l'Eternel approuve &
25 trouve bon : Mais tu prendras les choſes que
20 tu auras conſacrées à Dieu , qui ſeront par
devers toi , & ce que tu auras voué ; & tu
viendras au lieu que l'Eternel aura choiſi , &
tu offriras - là tes victimes qui doivent être
22 offertes en holocauſtes avec la chair & le
ſang , ſur l'autel de l'Eternel ton Dieu ; $
ſi
352 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
ſi tu offres des ſacrifices de proſpérités, tu pour
ras en manger la chair qui en reſtera, après
en avoir répandu le ſang vers l'autel de l'E-
ternel ton Dieu. Ecoute bien & aye ſoin d'ob
ſerver toutes les paroles que je te comman
de, ſi tu veux proſperer, toi, & tes enfans
après toi, à jamais , quand tu auras fait ce
que l'Eternel ton Dieu approuve & qu'il trou
ve bon & juſte.
Deut. , Quand l'Eternel ton Dieu aura exterminé
XI I. de devant toi les nations dont tu vas poſſè
29-32
der le pays, & qtre tu le poſſederas & que
tu l'occuperas ; prends garde à ne pas te laiſ
ſer ſéduire par leurs coutumes ; après mème
que tu les auras détruites , & qu'il ne t'arri
ve de rendre quelque culte que ce ſoit à leurs
Dieux , ou d'imiter quelcune de leurs céremo
mies ; ſous le prétexte que Dieu veut ètre
ſervi , comme ces nations ſervoient leurs
Dieux : Tu ne feras point ainſi à l'Eternel
ton Dieu , 85 me le ſerviras point de cette
maniere : car ces nations ont fait en l'hon
neur de leurs Dieux tout ce qui eſt en abo
mination à l'Eternel, & qu'il hait ſouverai
nement ; juſques à faire paſſer par le feu ,
leurs fils & leurs filles à l'honneur de leurs
Dieux : Vous obſerverez ſeulement tout ce
que je vous commande : Tu n'y ajouteras
rien , & tu n'en diminueras rien.
D. Quelles autres loix Moiſe ajoute-t-il à cel
les - là qui tendent au même but, d'étouffer toute
ſemence d'idolatrie ?
R. Il ajoute encore les ſuivantes , par leſ
quelles il commande de punir de mort tous
ceux qui d'une maniere ou d'une autre détour
neroient
lll' - M IS E N c A T E c H 1 s M E. 353

#!
neroient les Iſraëlites de la véritable religion,
- »• -

: & les porteroient à quelque acte d'idolatrie.


, » S'il s'éléve , dit il, au milieu de toi quelcun Deut.
\.
, ,, qui ſe diſe Prophète inſpiré de Dieu , ou qui #º - | | | --

| » prétende que Dieu lui ait apparu en/ſonge


» pour lui revéler ſa volonté ; qui faſſe devant
», toi quelque ſigne extraordinaire , ou qui te
- » prédiſe quelque événement ſurprenant : Si ce
º , ſigne ou cet événement miraculeux dont il
» t'aura parlé arrive , & qu'il te diſe en même
,, tems, allons après d'autres Dieux que tu n'as
,, point connus, & les ſervons ; tu n'écoute
» ras point les paroles de ce prétendu prophè
,, te qui dit avoir eu des ſonges divins : Car
» l'Eternel vôtre Dieu vous éprouve, pour ſa
| ,, voir ſi vous aimez l'Eternel vôtre Dieu de
:: » tout vôtre cœur & de toute vôtre ame. Vous
## » marcherez dans le chemin que vous a mar
Jºº , qué l'Eternel vôtre Dieu ; vous le craindrez
# ,, & garderez ſes commandemens ; vous obéi
r, i » rez à ſa voix ; vous le ſervirez & vous vous
º ,, attacherez à lui ; mais on fera mourir un tel
# ,, prophète qui dira avoir eu des révélations en
#º » ſonge ; parce qu'il a parlé de quitter le ſer
# » vice de l'Eternel vôtre Dieu qui vous a ti
:$ ,, rés du pays d'Egypte , & vous a rachetés
# » de l'eſclavage où vous étiez, & qu'il a voulu
- s» VOllS détourner du chemin que l'Eternel vô
# » tre Dieu vous a preſcrit pour y marcher ;
#! 92 ainſi tu extermineras le méchant du milieu de
, » toi. De mème, quand ton frere, ou ton fils,
# ,, ou ta fille, ou ta femme bien aimée, ou ton
" ' » intime ami, qui t'eſt auſſi cher que toi mè
, » me, t'incitera en ſecret à ſervir d'autres Dieux
º » que tu n'as point connus , ni toi , ni tes ,
| - Tome 1 l, », peres ,
354 L'A N c I E N T E s T A M E N T
32 peres, d'entre les Dieux des peuples qui ſont
22 autour de vous, ſoit près, ou loin de toi,
22 depuis un bout de la Terre juſqu'à l'autre ;
22 n'aye point de complaiſance pour lui , & ne
35 l'écoute point : Que ton œil ne l'épargne
22 point ; ne lui fais point de grace, & ne le
32 cache point aux Juges ; mais s'il perſévére dans
32 ſon crime , tu ne manqueras point de le fai
35 re mourir : Ta main ſera la premiere ſur lui

25 pour le mettre à mort , & enſuite la main


97 de tout le peuple ; on l'aſſommera de pierres
35 juſqu'à ce qu'il ſoit mort ; parce qu'il a cher

35 ché à t'éloigner de l'Eternel ton Dieu qui


»5 t'a tiré hors du pays d'Egypte & de la ſer
92 vitude où tu y étois ; afin que tout Iſrael le
92 ſache & qu'il craigne un ſemblable châtiment,

» & qu'il ne ſe commette plus d'action ſi mé


25 chante au milieu de toi. Quand tu entendras
35 auſſi que dans l'une de tes villes que l'Eter
22 nel ton Dieu te donne pour y habiter, on
- 22 dira, quelques gens de néant & ſans religion
22 ſont ſortis du milieu de toi, qui ont incités
95 les habitans de leurs villes à ſervir d'autres
2> Dieux que vous n'avez point connus : alors
3) tu les chercheras , tu t'informeras & t'en
»? querras ſoigneuſement, ſi ce qu'on a dit eſt
92 vrai ; & ſi une telle abomination a été commi
22 ſe au milieu de toi ; auquel cas les Juges ne
92 manqueront point de faire paſſer les habi
99 tans de cette ville, qui ſe ſeront laiſſes ſeduire,
9» au tranchant de l'épée, & tu la détruiras à
99 la façon de l'interdit, avec tout ce qui y ſera,
29 juſques aux bêtes que tu feras auſſi paſſer au
92 trenchant de l'épée : Et tu ramaſſeras au
92 milieu de la place toute ſa dépouille, & tu
,, bru
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 355
se bruleras entierement au feu cette ville & tou
b5 te ſa dépouille, comme ſi c'étoit un holocauſte
22 que l'on offrit en préſence de l'Eternel ton
32 Dieu, & elle ſera à perpétuïté un monceau
20 de ruines ſans être jamais rebâtie : Et rien
#! 22 de l'interdit qui devoit être brulé ne demeu
. 32 rera entre tes mains ; : afin que l'Eternel ſe
départe de l'ardeur de ſa colère, qu'il te faſſe
miſéricorde, qu'il ait pitié de toi & qu'il te
multiplie, comme il a promis avec ſerment
à tes peres ; parce que tu auras obéi à la
voix de l'Eternel ton Dieu, pour garder tous
ſes commandemens que je te preſcris aujour
d'hui ; afin que tu faſſes ce que l'Eternel ton
Dieu approuve & trouve bon.

C H A P I T R E X X I X.

Suite du diſcours de Moïſe au peuple d'Iſ


raël , où il rappelle diverſes loix cérémo
nielles dont l'obſervation tendoit à le diſ
tinguer des nations Payennes & Idolâtres,
pour l'attacher de plus en plus au ſervice
de Dieu.

D. E quelles autres loix Moiſe recommande


t-il encore l'obſervation aux Iſraëlites,
conſidérés comme le peuple de Dieu ?
R. Il leur recommande encore l'obſervation
de diverſes ordonnances , ou loix cérémonielles
qui tendoient à les diſtinguer des nations ido
lâtres, & à les faire ſouvenir qu'étants le peuple
Z 2 de
356 L'A N c I E N T E s T A M E N T
de Dieu, ils devoient être tous dévoués à ſort
ſervice. Il inſiſte en particulier ſur la diſtinc
tion des animaux qu'il leur étoit permis , ou
Drut. défendu de manger. " Vous êtes, leur dit-il, les
XI V. , enfans de l'Eternel vôtre Dieu, le peuple chéri
I - 2 I.
83 favoriſe de Dieu, comme l'eſt un enfant de
ſon pere , 85 vous êtes par là ſingulierement enga
gés à vous diſtinguer de toutes les autres mations
qui me jouiſſent pas des mêmes faveurs. ** Ainſi
22 ne vous faites aucune inciſion , & ne vous
raſez point entre les yeux pour aucun mort
* Voyez (*), comme ils ont accoutumé de faire ;
Lev.XIX. car tu es un peuple qui doit ètre conſacré à
27 , 28.
l'Eternel ton Dieu, & l'Eternel t'a choiſi d'en
tre tous les peuples qui ſont ſur la terre
pour ètre ſon peuple particulier; Tu ne man
geras de la chair d'aucun animal que Dieu
t'ait défendu de manger, 85 que tu dois avoir
à cauſe de cela en abomination. Ce ſont ici
. les bêtes à quatre pieds dont il t'eſt permis
de manger. Le bœuf, tout ce qui nait des
brebis ou des chévres, le cerf, le daim , le
bufHe, le chamois, le chevreuil , le bœuf
ſauvage, & le cameleopard. Vous mangerez
donc d'entre les bêtes à quatre pieds de tou
tes celles qui ont l'ongle du pied diviſé ; qui
ont le pied fourché, & qui ruminent ; mais
vous ne mangerez point de celles qui rumi
nent ſeulement, ou qui ont l'ongle du pied
diviſé , ou le pied fourché, ſans ruminer :
Ainſi le chameau, le liévre & le lapin , qui
ruminent ; mais qui n'ont pas l'ongle du pied
diviſé, vous ſeront ſouillés : le pourceau auſſi
qui a l'ongle du pied diviſé ; mais qui ne
rumine point , vous ſera ſouillé. Vous ne
»» miſl
|! M 1 s E N C A T E c H 1 s M r. 357
» mangerez point de leur chair, & ne touche
» rez pas même à leur chair morte : Quant à
» ce qui eſt dans les eaux ; vous pourrez man
» ger de tout ce qui a des nageoites , & des
# » écailles ; mais de ce qui n'a ni nageoires, ni
aº ,, écailles, vous n'en mangerez point ; il vous
#: ,, ſera ſouillé. Vous pourrez auſſi manger de- \.

# ,, tout oiſeau net ; mais voici ceux dont il vous


, grif (!) Lévin
,, eſt défendu de manger ( 1 ), l'aigle, le l'au-
,; ,, fon, le faucon, le vautour , le milan, X I. 13
# ,, tour & tout ce qui eſt de la même eſpéce :
lºi » ,, le corbeau & tout ce qui eſt de la même
, ,, eſpéce : l'autruche mâle ou femelle , le chat
# ,, huant, la hulotte, le coucou & l'épervier,
·# ,, & tout ce qui eſt de la même eſpéce ; la
|| ,, chouette, le hibou , le cigne, le cormoran,
, » le pélican, le plongeon , la cigogne, le hé
º » ron & tout ce qui eſt de la mème eſpéce ;
0 ,, la huppe & la chauve-ſouris , & tout reptile
# ,, qui vole ; tout cela vous ſera ſouillé : il vous
· ,, eſt défendu d'en manger ; mais vous pour
, ,, rez manger de tout ce qui vole & qui eſt
· . ,, net , ( indiqué Lévit. X l. 22. ) Il vous eſt
º, ,, auſſi défendu de manger d'aucune bête que
# ,, vous aurez trouvé morte par quelque accident ;
# ,, mais tu la donneras à l'étranger qui demeure |
, ,, chez toi , qui n'eſt pas du peuple de Dieu. |
,, Il pourra la manger, ou bien tu la vendras
º » au forain, ou à l'étranger voyageur ; car pour
: ,, toi , tu es un peuple ſaint à l'Eternel ton
,, Dieu , qui dois t'abſtenir de tout ce qu'il
,, défend : Tu ne bouilliras point non plus le
º ,, chevreau avec le lait de ſa mere (2 ). $}#*
2
% D.? Quelle ordonnance Moiſe rappelle
ſuite - pp - - #xir.
- t. il en-12.$ -

- - - 26•
# - Z 3 R. Celle
353 L'A N c I E N T E s T A M E N r
R. Celle qui regarde le payement des dixmes
Deut. ſurquoi il dit au peuple d'Iſraél : " Tu ne man
XA V.
*2 - 29.
,, queras point de donner aux Lévites la dixme
,, de tout le rapport de ce que tu auras ſemé,
,, & qui ſortira de ton champ chaque année ;
85 de ce qui te reſtera après cette premiere dixme
.,, payée. Tu garderas, pour manger devant l'E-
,, ternel ton Dieu, ou devant le Sanctuaire, en
,, quelque lieu que ce ſoit qu'il choiſiſſe, pour
,, y donner des marques de ſa préſence parti
,, culiere, & qui ſera appelé de ſon nom, les
,, dixmes de ton froment, de ton vin , & de
» ton huile, & les premiers nés de ton gros
,, & menu bétail qui doivent être conſacrés à
,, Dieu ; afin que tu apprennes par - là à crain
a, dre toujours l'Eternel ton Dieu ; mais quand
,, tu auras un trop long chemin à faire pour
a, porter toutes ces § parce que le lieu
,, que l'Eternel aura choiſi, pour l'appeler de ſon
,, nom, ſera trop loin de l'endroit de ta demeu
,, re, après que Dieu t'aura établi par un effet
,, de ſa bénédiction : alors tu convertiras tou
,, tes ces dixmes en argent, que tu porteras
,, en ta main ou avec toi, & tu iras au lieu
,, que l'Eternel ton Dieu aura choiſi, où tu
» employeras cet argent , en tout ce que tu
,, ſouhaiteras, ſoit gros ou menu bétail, ſoit
,, vin , ou cervoiſe , ou autre choſe qui te fe
» ra le plus de plaiſir , & tu le mangeras en
» la préſence de l'Eternel ton Dieu , & tu te
,, réjouïras, toi & ta famille ; mais tu n'oublie
,, ras pas le Lévite qui demeure avec toi ;
,, parce qu'il n'a point de portion , ni d'héri
,, tage dans la portion du pays qui t'eſt échue
» en partage. Au bout de la troiſieme année
33 (a ),
M Is EN C A T E c H I s M E. 359
» ( a), tu tireras toutes les , dixmes de ton
,, revenu de cette année- là ; 83 au lieu de las
porter ou leur valeur dans l'endroit où ſera le
Sanctuaire de l'Eternel, comme on devoit le faire
,, les deux premieres années, tu pourras ſerrer
,, ces dixmes dans tes portes , dans ta maiſon,
ou dans l'enceinte de la ville que tu habites : Alors
,, le Lévite qui n'a point de portion, ni d'hé
» ritage avec toi ; auſſi bien que l'étranger ,
,, l'orphelin & la veuve pauvres, qui demeurent • - !

,, en même lieu que toi, ſeront appelés à man


,, ger de ces dixmes avec toi , juſques à en
» être raſſaſſiés ; afin que l'Eternel ton Dieu
,, te béniſſe en tout le travail auquel tu vou
,, dras t'appliquer. - | f --
D. Quelles ſont les autres ordonnances, ou'loix
º º , céré

( a ) Au bout de la troiſienue année. L'on demande


ici en quoi differoit la dixme de cette troiſieme année »
de celle des précédentes Ce que l'on a dit de plus
probable ſur ce ſujet revient à ceci ; c'eſt que les deux
premieres années après l'année Sabbatique , chaque
proprietaire étoit obligé d'aller au lieu où étoit le Sanc
tuaire de l'Eternel, pour manger là en des repas ſacrés
la dixme de ſon bled, de ſon vin , & de ſon huile ,
ou ce qui auroit été acheté par l'équivalent en argent;
mais qu'à la troiſieme année, cette dixme devoit ſe man
ger dans la ville où l'on demeuroit à des feſtins ſacrés
auxquels l'on étoit tenu d'inviter les Lévites , les étran
gers, & les pauvres du lieu ; qu'enſuite en la qua
trieme & en la cinquieme année, il falloit de nou
veau porter les dixmes ou l'équivalent en argent au
lieu où ſeroit le ſanctuaire de l'Eternel; puis en la
ſixieme ou la troiſieme revoluë, ſe contenter de les
manger dans la ville qu'on habitoit, & qu'enfin pour
l'année Sabbatique on ne payoit rien; parce que les
productions de la terre étoient en commun cette an
Tmée - là,-2 « 2-- . ... - ----9 -- ;- «
* s. Z 4
36o L'AN c 1 E N T E s T A M E N r
eérémonielles, que Moiſe renouvelle après celles-là,
dans ſon diſcours au peuple d'Iſrael *
R. Il leur renouvelle l'ordre de Dieu, tou
chant la maniere dont ils devoient en uſer en
vers leurs débiteurs, en l'année Sabbatique,
ou de relache, & touchant l'offrande des pre
miers nés de leurs bètes. Et voici ce qu'il dit,
ſur la maniere de célébrer l'année Sabbatique.
Dent.xv. , De ſept en ſept ans, tu célébreras l'an
I - 18. ,, née de relache, dans laquelle on remettoit la
,, dette aux débiteurs inſolvables ; & c'eſt ici
» la maniere de la célébrer : Quiconque aura
» droit d'exiger quelque choſe de ſon prochain,
, ou de ſon frere , il lui donnera relache, &
» ne l'exigera plus; dès que l'on aura proclamé
, l'année , de relache que l'Eternel a ordonnée :
ſoit que la dette fut tout-à.fait éteinte des lors ;
ſoit, (ce qui eſt plus vraiſemblable) que le p yement
en fut ſeulement ſuſpendu cette année là, qui étois
l'année Sabbatique, dans laquelle on me ſemoit,
ni me recueilloit rien., " Tu pourras exiger ce
,, qui t'eſt dû , de l'étranger E qui ſéme $ re
,, cueilli ſes terres ; mais quand tu auras à fai
• »2) re avec ton frere, tu lui accorderas un dé
» lai, pour le payement , afin qu'autant que
,, faire ſe peut , il n'y ait au milieu de toi au
, cun i digent : Car l'Eternel te bénira cer
, tainement au pays qu'il te donne en hérita
§ ge , pour le poſſeder , pourvû ſeulement que
, tu obéiſſes à la voix de l'Eternel ton Dieu,
» & que tu prennes garde à faire ces Com
, mandemens que je te preſcris aujourd'hui.
e Et d'autant que l'Eternel ton Dieu t'aura bé
,. ni, comme il te l'a promis ; tu ſeras en
| » état de prèter à pluſieurs nations, & ne ſe

- •,
* » IaS
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 36r.
t> ras point obligé d'emprunter d'elles : Par ce
moyen, tu deviendras en quelque façon leur
maitre & elles n'auront rien à exiger de toi.
Quand quelcun de tes freres ſera dans la né
33 ceiſité, en quelque lieu que ce ſoit, où tu
demeures dans le pays que l'Eternel ton Dieu
te donne ; tu n'endurciras point ton cœur
à ſon égard, & ne reſſerreras point ta main
envers ton frere, pour ne lui rien donner
quand il ſera dans le beſoin ; mais tu ne
fmanqueras pas de lui ouvrir ta main, & de
, lui prêter autant qu'il en aura beſoin dans
ſon indigence. Prends garde auſſi à toi, qu'il
n'y ait quelque mauvaiſe intention dans ton
cœur contre ton frere dans l'indigence ; &
parce que la ſeptieme année qui eſt l'année
-s
de relache approche, que ton œil malin lui
refuſe ce dont il auroit beſoin ; : de peur
33 qu'en uſant ainſi envers lui, il ne crie à l'E-
ternel contre toi , & que tu ne ſois puni
pour ce péché : Tu ne manqueras donc point
à lui donner, ou lui prêter ce dont il aura
22 beſoin ; & ton cœur ne le fera point à re -

9» gret : Car à cauſe de cela l'Eternel ton Dieu :, " 1 * º * -

te bénira dans tout ce que tu entreprendras, • • • • • I


22
& à quoi tu mettras la main : vû qu'il ne
manquera pas de pauvres au pays. C'eſt pour
# quoi je te recommande expreſſément d'ouvrir
ta main à ton frere, à l'afHigé & au néceſ
22
ſiteux de ton peuple en ton pays, $ de les
92 ſoulager dans leur beſoin. Quand quelcun d'en
22 tre tes freres de l'un ou de l'autre ſexe, te

ſera vendu pour être ſon eſclave, il te ſervi
22
ra ſix ans ; mais en la ſeptieme année, tu
| 92
le renvoyeras libre de chez toi, non pas à
* Z 5 ,, vui
362 L'A N c I E N T E s TA M E N T
2» vuide, ou ſans lui donner quelque choſe pour
22 ſubſiſter ; & tu ne manqueras pas de le char
2> ger de quelque choſe de ton troupeau, de
22
ton aire, ou de ta cuve. Tu lui donneras
22 de ce en quoi l'Eternel ton Dieu t'aura le
2> plus béni ; & qu'il te ſouvienne que tu as
2> été eſclave au pays d'Egypte, & que l'Etet
>> nel ton Dieu t'en a racheté : C'eſt pour cº.
22 la que je te commande ceci aujourd'hui. Mais
2> ſi l'eſclave ne veut point ſortir de chez toi,
22 parce qu'il t'aime & ta famille, & qu'il ſt
2» trouve bien avec toi ; alors tu prendras unº
>> aléne, & tu lui perceras l'oreille contre la
º Exod. porte * ; & il ſera ton ſerviteur à toujours:
X X I. Tu en feras de même à ta ſervante. Qu'il nt
3 - 6.
te ſoit point facheux de le renvoyer libre dº
chez toi ; car il t'a ſervi ſix ans, & t'a ren
· du pendant ce tems-là le double plus de ſº
vices que n'auroit fait un mercenaire à g*
ges ; & l'Eternel ton Dieu te bénira en tout
- •
* ce que tu feras. - -

D. Qu'eſt - ce que Moïſe ajoute à cela , lº


chant l'offrande des premiers nés de leur bit !
Deut. XV. : R. ,, Tu ſanctifieras, ajoute - t - il, ou coſº
19 • 23.

creras à l'Eternel ton Dieu , le premier º
22 mâle de tout ton gros & menu bétail,!
- .
22 ne laboureras point avec le premier néº
22
-
ta vache, & tu ne tondras point le prº
22 né de tes brebis ; puisqu'ils ſont conſacrº *
Eternel, tu ne dois en tirer aucun uſage ?"
--
>>
toi-même : Mais tu le mangeras toi & tºº
,, mille chaque année, quand tu l'iras offrir !
, l'Eternel ton Dieu, au lieu qu'il aura dº
pour cela : Et s'il a quelque défaut , º
,, ſoit boiteux , ou aveugle, ou qu'il aitº
- ( que J)
M 1 s z N C A T E c H 1 s M E. 363
que autre mauvaiſe qualité, tu ne le ſacri
fieras point à l'Eternel ton Dieu ; mais tu le
mangeras au lieu de ta demeure : Celui qui
,, eſt ſouillé comme celui qui eſt net , pour
ront également en manger, comme l'on man
ge du daim & du cerf; ſeulement tu n'en
,, mangeras point le ſang ; mais tu le répan
,, dras ſur la terre comme de l'eau.
D. Qu'eſt-ce que Moiſe leur recommande enſuite ?
, R. Il leur recommande l'obſervation des trois
grandes fètes; la Pâque, la Pentecôte & la fète
, des Tabernacles, en ces termes : " Prends Deut.
,, garde, au mois que les épis meuriſſent, à # 4
», célébrer la Pâque à l'Eternel ton Dieu : Car " "
,, au mois que les épis meuriſſent , l'Eternel
,, ton Dieu t'a fait ſortir de nuit de l'Egypte ;
,, & ſacrifie alors l'agneau de Pâque, à l'hon
,, neur de l'Eternel ton Dieu, avec toutes les
,, autres victimes, tant du gros que du menu , :
» bétail, qu'on doit lui offrir pendant la fete (I), (1) vºyez
s, au lieu que l'Eternel aura choiſi , pour y #
- . ,° . ſim
» faire habiter ſon nom, ou y établir unº Jº X I II &
bole de ſa préſence, qui ſoit appelé de ſon nom. XXXib.
, Tu ne mangeras point de pain levé avec * - :.
" . /
,, ces victimes : Mais pendant ſept jours, que . ::
,, durera la fête, tu mangeras des pains ſans
» levain, que l'on peut regarder comme des pains
,, d'affliction ; parce que tu es ſortis en hâte du
» pays d'Egypte ; & afin que tous les jours de
» ta vie il te ſouvienne que tu en es ſorti. Il
, ne ſe verra point de levain chez toi , ni
» dans toute l'étendue de ton pays, pendant
» ſept jours ; & on ne gardera rien de la chair
» du ſacrifice de l'agneau Paſcal que tu au
» ras mangé le ſoir du premier jour juſqu'au
25 IIld
364 L'A N c I E N T E s T A M E N T
29 matin. Il ne te ſera jamais permis d'immo
92 ler l'agneau Paſcal dans les lieux que l'Eter
99 nel ton Dieu t'aura donné pour y habiter ;

32 mais tu devras l'immoler ſeulement au lieu


25 que l'Eternel ton Dieu aura choiſi, pour y
22 établir ſon nom. C'eſt-là, que tu immole
ras cet agneau au ſoir , ſitôt que le ſoleil
ſera couché ; préciſément au tems que tu
ſortis d'Egypte , & l'ayant fait cuire, tu le
mangeras au lieu que l'Eternel ton Dieu au
ra choiſi, & le matin tu pourras t'en re
tourner & te retirer chez toi, ſi les affaires
de ta famille t'y obligent : Sinon, pendant ſix
jours tu mangeras des pains ſans levain ; &
au ſeptieme jour qui eſt l'Aſſemblée ſolem
nelle, conſacrée au ſervice de l'Eternel ton
Dieu , tu ne feras aucune œuvre ſervile.
Deut. ,, Tu compteras enſuite ſept ſemaines qui
X V I. commenceront le ſeizieme du mois Abib, au
-- 9 - Is.
jour que tu auras mis la faucille à la moiſ
ſon de l'orge; puis tu célébreras la fète ſo
º° Exsi. lemnelle des ſemaines dite la Pentecôte *, à
xx III. l'honneur de l'Eternel ton Dieu, en préſen
Y 6.
XXXIV. ,
tant l'offrande volontaire de ta main , la
quelle tu donneras, ſelon que l'Eternel ton
Dieu t'aura béni ; & tu te réjouiras en la
3» préſence de l'Eternel ton Dieu, toi , ton
fils , ta fille, ton ſerviteur, ta ſervante, &
le Lévite qui demeure dans ta ville ; auſſi
bien que l'étranger, l'orphelin & la veuve,
93 qui demeurent avec toi, au lieu que l'Eter
nel aura choiſi pour y établir ſon nom ; &
,, tu te ſouviendras que tu as été eſclave en
52 Egypte; & tu prendras garde à obſerver re
- ,, ligieu
M I s E N C A T E c H I s M E. 365
» ligieuſement les ordonnances qui regardenº
cette fête. -

,, Tu célébreras auſſi la fète des Taberna Deut>


X V 1.
22 cles, pendant ſept jours ; après que tu au 13 - 17.
92 ras recueilli les revenus de ton aire, ou de
22 ta moiſſon, & de ta cuve, ou de ta ven
22 dange ; & tu te réjouïras en la fète ſolem
22 nelle, toi, ton fils , ta fille, ton ſerviteur,
22 & ta ſervante, avec le Lévite , l'étranger,
22 l'orphelin & la veuve , qui habitent dans la
2> même ville que toi. Tu célébreras pendant
22 ſept jours la fète ſolemnelle, à l'honneur de
22 l'Eternel ton Dieu, au lieu que l'Eternel au
22 ra choiſi ; quand l'Eternel ton Dieu t'aura
22 béni dans toute ta recolte, & dans tout le
22 travail de tes mains, & tu ſeras alors dans
22 la joie : Trois fois l'an , tout mâle d'entre
22 vous ſe préſentera ati Tabernacle ou au Tem
22 ple devant l'Eternel ton Dieu , au lieu qu'il
22 aura choiſi : Savoir., à la fète ſolemnelle des
22 pains ſans levain, dite la Pâque, & à la
22' fète ſolemnelle des ſemaines, dite la Pente
23 côte, & à la fète ſolemnelle des Taberna- .
22 cles : Mais nul ne ſe préſentera devant la
3 22 face de l'Eternel à vuide, ou ſans offrir quel
|# 22 que choſe à Dieu, chacun ſelon que l'Eternel
>> ton Dieu l'aura béni.
D. Quelles ſont les ordonnances que Moïſe don
ma enſuite au peuple d'Iſraél, après celles qui re
gardent ces trois fètes ſolemnelles ?
R. C'eſt d'abord celles qui regardent les Ju
ges , ou les Officiers de Juſtice ; auxquelles
Moïſe ajoute un mot ſur quelques pratiques des
idolâtres, & ſur le ſoin qu'on devoit avoir de
n'offrir rien à Dieu qui eut quelque tare ou
défaut.
#
: —|
366 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
défaut. De là, il paſſe à la punition qu'on de
| voit infliger aux idolâtres : revenant enſuite à
• : l'office des Juges, il ordonne ce que l'on doit
- - faire dans les cas douteux & difficiles ; & il
| | preſcrit la maniere d'élire les Rois , & quels
1º devoient être leurs devoirs , au cas qu'ils en
| déſiraſſent un, pour les gouverner. Voici donc
d'abord ce qu'il dit, ſur les Juges en général.
Deut. ,, Tu t'établiras des Juges & des Officiers ds
# , Juſtice, dans toutes les villes que l'Eternel
ton Dieu te donne, ſelon l'étendue de tes
,, Tribus ; afin qu'ils jugent le peuple droite- !
, ment. Tu ne pervertiras point le droit : Tu
n'auras point égard dans tes jugemens à l'ap
parence des perſonnes, & tu ne prendras au
cun préſent ; car le préſent aveugle les yeux
», des ſages, & pervertit les paroles des juſtes. |
», Tu exerceras la juſtice avec intégrité , ſans
s, intérêt, ni partialité quelconque ; afin que tu
,, proſpéres, & que tu poſſedes en paix le pays
2, que l'Eternel ton Dieu te donne.
D. Quelles ſont enſuite les pratiques idolâtres,
83 les ſacrifices qu'il condamme, 85 quelle eſt la
peine qu'il ordonne d'infliger à ceux qui ſe ren
| dront coupables de ces crimes, ou de quelque eſ
pèce d'idolatrie que ce ſoit ?
R. Voici ce que dit Moïſe , ſur tous ces
- # cas : " Tu ne planteras point de bocages, de
| # ,, quelque arbre que ce ſoit, auprès de quel
G) Voyez,, que Autel de l'Eternel ton Dieu ( 1 ), que
#" , tu te ſerois fait de ton propre mouvement ;
3 # # , & tu ne dreſſeras pour ton uſage propre,
,, aucune ſtatuë de la divinité; car l'Eternel
Deut. ,, ton Dieu a en abomination ces choſes. Tu
# ,, ne ſacrifieras à l'Eternel ton Dieu aucun
i
29 bœuf ,
*
M1 s E N CA T E c H 1 s M E. 367
3) bœuf, mouton, ou chévre, qui ait en ſoi
22 quelque tare, ou quelque défaut ; car ce ſe
2> roit faire une choſe que l'Eternel ton Dieu
25 ne peut ſouffrir, & qu'il abhorre. Quand
3> il ſe trouvera au milieu de toi, dans quel
2> cune des villes que l'Eternel ton Dieu te don
29 ne, un homme ou une femme, qui faſſe ce
25 qui eſt déplaiſant à l'Eternel en tranſgreſſant
22 ſon alliance, par quelque acte d'idolatrie con
22 traire à ce qu'il doit au vrai Dieu , & qui
aille ſervir d'autres Dieux , ou qui ſe proſ
terne devant leurs idoles, ſoit devant le ſo
leil, ou devant la lune, ou devant les étoi
les qui ſont comme l'armée du Ciel , contre
mon commandement, & que cela t'aura été
rapporté, ou que tu l'auras appris de quel
que maniere que ce ſoit ; alors tu t'en infor
meras exactement, & ſi tu trouves que ce
qu'on a dit ſoit véritable, & qu'il ſoit cer
2> tain qu'une telle abomination ait été faite
2> en Iſrael ; tu feras comparoitre à tes portes,
01/ devant la Cour de Juſlice du lieu où le cri

me aura été commis , laquelle s'aſſemble à l'or


dinaire aux portes de chaque ville , " l'homme
2> ou la femme qui aura fait cette méchante
22 action, 83 après les en avoir convaincus, tu

2> les feras aſſommer de pierres , juſqu'à - ce


20 que la mort s'enſuive. On fera mourir ſur
>> la parole de deux ou trois témoins, celui
22 qui doit être puni de mort ; mais on ne le
22 fera pas mourir ſur la parole d'un ſeul :
32 Les témoins ſeront les premiers qui jette
2> ront la pierre ſur le criminel, pour le faire
mourir, & enſuite tout le peuple : Ainſi tu
ôteras le méchant du milieu de toi.
D. Qu'eſt
s68 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
D. Qu'eſt-ce que les Juges devoient faire ſelos
Moïſe, dans les cas douteux Q5 difficiles ?
Deut R. Voici ce que Moïſe leur recommande :
x º . )j) Quand une affaire te paroitra trop difficile,
3 - I3
» pour juger de quelque cas d'homicide, où
le ſang aura été répandu ; ou de quelque
cauſe civile, ou de quelques meurtriſſures,
playes & bleſſures que quelcun auroit reçues,
qui ſont les matieres ordinaires des procès,
dans les tribunaux des villes ou des bourgs qui
s'aſſemblent à tes portes ; alors tu te léveras
& tu monteras au lieu que l'Eternel aura
choiſi , pour y établir l'Arche de ſon Allian
ce, comme le ſimbole de ſa préſence ; & tu t'a-
dreſſeras aux Sacrificateurs qui ſont de la ra
ce de Lévi, ou au Juge ſuprême qui gouver
mera en ce tems - là la République d'Iſrael :
Tu leur demanderas comment l'on doit ju
ger cette affaire ; ils te déclareront ce que
porte le droit ; & tu feras de point en point
ce qu'ils t'auront déclaré , du lieu que l'E-
ternel aura choiſi, pour rendre ſes oracles oà
ils doivent remplir leurs fonctions. * Tu pren
dras garde à faire tout ce qu'ils t'auront dit
être le droit, ou le ſens de la Loi qu'ils pren
ment pour fondement de leur déciſion ; & tu
feras de point en point ce que dit la Loi
qu'ils t'auront enſeignée, & ſelon le droit
qu'ils t'auront déclaré ; & tu ne te détour
neras, ni à droite, ni à gauche, de ce qu'ils
t'auront dit : Mais l'homme , ou la partie
ſ>2 condamnée , qui par fierté n'aura point vou
, lu ſe ſoumettre à la déciſion des Sacrificateurs
établis pour ſervir l'Eternel ton Dieu , ou des
Juges qu'il y aura en ce tems-là ; cet homme li
• devra
M I s 'E N C A T E C H I s M E. 369
*b devra ètre puni de mort ; tu ôteras ce mé
29 chant de l'aſſemblée du peuple d'Iſrael , afin
20 que tout le peuple l'entende , & qu'il crai
22 gne d'encourir le même châtiment; & qu'à
2» - l'avenir il ne ſe comporte pas fierement, t5
(1 vec orgueil.
-

D. Que leur dit enſuite Moiſe, ſur l'établiſ -


ment d'un Roi, ſippeje qu'iis le deuiaudigſent ,
85 jiur ſes devoirs *
R. Il leur dit ce qui ſuit : " Quand tu ſe XDevt.
PV / [.
ras entré au pays que l'Eternel ton Dicu te 1 t - 2b
',r
||- donne, & que tu le poſſéderas, & y demcu
reras : Si tu dis, j'établirai un Roi ſur moi,
comme toutes les nations qui ſont autour
de moi ; tu ne manqueras pas de t'établir
pour Roi , celui que l'Eternel ton Dieu aura
choiſi : Tu t'établiras pour Roi, un homme
5> qui ſoit d'entre tes freres , Iſraelite, de mê
2 »me religion qu'eux, non un étranger , d'une
autre nation e3 d'une autre religion ; & lors
22 qu'il ſera établi Koi, il aura ſoin de ne point
>» faire amas de chevaux, mi pour la pompe ,
mi pour la guerre , ni pour ſes troupes ; " de
2 »peur que cela ne l'engage à envoyer & ra
22 mener le peuple en Egypte , ou il y en a
>> Beaucoup , pour en acheter : Car l'Eternel
2© vous a dit de ne plus penſer à retourner par
32 le chemin qui conduit dans ce pays - là. Il
>> ne prendra point auſſi pluſieurs femmes ,
5» de peur que ſon cœur ne ſoit ſéduit par quel
>> cune d'elles , à ſe détourner du vrai Dieu ;
22 & il ne s'amaſſera pas non plus beaucoup
2» d'argent & beaucoup d'or : Et ſitôt qu'il ſe
22 ra allis ſur le trône de ſon royaume, il écri
2J ra , ou fera écrire, pour ſon propre uſage ,
, Tome I I. A a , dans
37o L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
,, dans un livre, un double de la Loi de Dieu,
que je vous ai preſcrite, qu'il tirera de l'original
,, conſervé dans le ſanctuaire, par les Sacrifica
,, teurs de la race de Lévi. Ce livre demeu
,, rera par devers lui, & il y lira tous les
,, jours de ſa vie, pour y apprendre à crain
,, dre l'Eternel ſon Dieu, & à prendre garde
s, à toutes les paroles de cette Loi, & à tou
,, tes ces ordonnances; afin de les mettre en
» pratique, & que ſon cœur ne s'éléve point
,, par deſſus ſes freres, & qu'il ne ſe détourne
», point de ces Commandemens , ni à droite,
,, ni à gauche : Ce ſera le moyen de prolon
,, ger les jours de ſon règne, pour lui & ſes
», fils, au milieu du peuple d'Iſrael.
D. Quels réglemens Moïſe preſcrit-il enſuite aux
Iſraëlites ?
R. ll régle enſuite le droit des Sacrificateurs
& des Lévites, ſur toutes les oblations : li dé
fend encore d'imiter aucune des ſuperſtitions
des Cananéens ; ſur tout de conſulter les dé
vins : Il y parle d'un Prophète qui devoit ve
nir après lui, & il donne des marques pour
diſcerner les vrais & les faux Prophètes.
D. Comment régle-t-il le droit des Sacrificatetirs
85 des Lévites, ſur les oblations ?
. Deut. R. , Les Sacrificateurs, dit - il, qui ſont de
»#º ,, la race de Lévi , & toute la Tribu de Lé- |
,, vi, n'auront aucune part, ni héritage avec |
,, les autres Tribus d'Iſraël , dans le partage
qui ſera fait entr'elles du pays que Dieu vous
,, donne , mais ils auront pour leur nourritu
,, re, une partie des chairs des victimes que
,, l'on offre à l'Eternel, tant de celles qui paſ
,, ſent par le feu, que des autres , pour †
» DC
M I s E N C A T E c H I s M E. 37 r
25 héritage , ce que l'Eternel exige annuellement
de ſon peuple , comme les prémices des fruits ,
les premiers més, les dixmes, 85 diverſes obla
tions de farine , de vin, d'huile, 85 autres
choſes ſemblables. * Ils n'auront donc point
>> d'héritage entre leurs freres ; mais ce qui
2> doit revenir à l'Eternel eſt leur héritage ,
2» comme il leur en a parlé. Or c'eſt ici le
2» droit que les Sacrificateurs prendront du
2> peuple , ou de ceux qui offriront quelques
2» ſacrifices de bœufs, de brebis, ou de ché
22 vres ; c'eſt qu'on donnera au Sacrificateur
2» l'épaule, les machoires , & le ventre. Tu
3» leur donneras auſſi les prémices de ton fro
2 > ment , de ton vin , de ton huile, & les
2> prémices de la toiſon de tes brebis : Car
>» l'Eternel ton Dieu a choiſi cette Tribu d'en
22 tre toutes les autres , 83 Aaron en particu
>» lier , pour faire le ſervice ſacré, en qualité
»» de Miniſtre de l'Eternel, 85 ſuivant ſes or
dres, lui & ſes fils à toujours. Or quand
quelcun de la famille de Lévi , Sacrificateur
ou autre, viendra de quelque lieu de ta de
meure, ou de quelque endroit que ce ſoit,
où il faſſe ſon ſéjour, dans le déſir ſincère
22 de ſe conſacrer pour toujours au ſervice du
22 Sanctuaire , au lieu que l'Eternel aura choiſi ;
# 2» il fera le ſervice , comme Miniſtre de l'E-
# 22 ternel ſon Dieu, 83 ſelon ſes ordres, com
º| 22 me tous ſes freres Lévites qui aſſiſtent dans
22
le Sanctuaire : Il ſera nourri comme les au
$ tres, de ce qu'on offre à l'Eternel ; outre
# 22 ce que chacun pourra avoir , de la vente
# 92 des biens que ſes peres lui auront laiſſés.
A a 2 D. Qu'eſt
l . -|
, 372 L'A N c I E N T E s T A M E N T
D. Qu'eſt ce que Moiſe ordonne touchant ctix
|. qui vienlroient à imiter quelques pratiques ſuper
titieuſes des idolâtres , comme de conſulter lº
Dévins ? -

Deut. R. , Quand , dit il, tu ſeras entré au pºyº


-\ V144 ,, que l'Eternel ton Dieu te donne, tu ne º
* * ,, porteras point à imiter les pratiques abom#
, nables de ces peuples. Ainſi il ne doit !
,, trouver perſonne au milieu de toi, qui fºſſe
,, paſſèr ſon fils , ou ſa fille par le feu, pº
,, les purifier, ou les dévouer à Moloch , ni #
,, Dévin , ou qui conſulte les Dévins, & ſe mº
,, le de déviner ; ni de pronoſtiqueur , qui
,, prédiſe les tems à venir ; ni aucun qui uit
, d'augures , ou de malefices ; ni d'enchº
,, teur qui uſe d'enchantemens , ou qui coº
,, ſulte l'eſprit de Python ;, ni de diſeur dº
,, bonne avanture ; ni aucun qui évoque !
,, morts. Car quiconque fait ces choſs , º
» en abomination à l'Éternel ; & à cauſe !
, ces abominations, l'Eternel ton Dieu dº
,, ces nations là de devant toi. Tu ſeras doº
,, entier avec l'Eternel ton Dieu ; c. à d !
lui ſeras fidelement attaché & entièrement * |
| voué à ſon ſervice : " Car ces nations-là doº
,, tu vas poſſeder le pays , écoutent les Pº
,, noſtiqueurs & les dévins : Mais quant *
,, toi, l'Eternel ton Dieu te défend d'en fº
,, de même.
D. Qu'eſt - ce que Moiſe leur dit à cette 0º
fion , ſur les Prophétes que Dieu ſuſciteroit du*
lieu d'eux, 85 ſur les moyens de diſcerner les º
d'avec les faux ?
X
Deut.
V I I I.
R. ,, L'Eternel ton Dieu , leur dit-il, "
- •A • 11

#.#" » ſuſcitera un Prophète comme moi, dº


tt3 21
M 1 s E N C A T E c H 1 s M R. 373
|!
,, tes freres : Vous l'écouterez ; ſelon la de
|

,, mande que tu en fis à l'Eternel ton Dieu


,, en Horeb, au jour de l'aſſemblée du peu
,, ple, dans laquelle vous me dites : Que je
,, n'entende plus la voix de l'Eternel mon
,, Dieu, & que je ne voye plus ce grand feu ;
,, de peur que je n'en meure. Sur quoi l'E-
,, ternel me dit : Tout ce que ce peuple vient
,, de te dire eſt raiſonnable : Je leur ſuſcite
,, rai un Prophête , comme toi, d'entre leurs
,, freres, & je mettrai mes patoles en ſa bou
,, che ; & il leur dira tout ce que je lui au
,, rai commandé : Et il arrivera que quicon
,, que n'écoutera pas ce qu'il aura dit en mon
,, nom, & par mon ordre , je lui en deman
,, derai compte ; il en ſera reſponſable.
D. Qui étoit donc ce Prophéte que Dieu de
voit envoyer au peuple d'lſraël après Moïſe, $
être pris comtute lui d'entre leurs freres ? :
R. Quelques Interprètes entendent par-là une
ſucceſſion conſtante de Prophêtes, dans la Ré
publique ou l'Egliſe Judaïque : D'autres croyent
qu'entre ces Prophêtes, Joſué y eſt plus par
ticuliérement déſigné , parce qu'il ſuccéda à
Moiſe , dans la conduite du peuple Juif, &
que ce fut par ſa bouche que Dieu fit ſavoir
ſa volonté à ce peuple , comme il l'avoit fait
par la bouche de Moiſe : Mais ſur ce que nous
diſent S. Pierre & S. Etienne , dans les Actes
des Apôtres I I I. 22. & V 1 I. . 37. l'on ne peut
pas douter que par ce Prophète , il ne faille en
tendre dans un ſens plus ſublime & plus par
fait , Jéſus - Chriſt le Meſſie, cnvoyé de Dieu
aux Juifs & au genre humain, & dont on doit
A a 3 reſ
374 L'A N c I E N T E s T A M E N T
reſpecter les oracles comme ceux de Dieu mème,
parlant par la bouche de Moïſe.
D. Qu'eſt - ce que Moïſe ajoute après cela, ſur
les prétendus Prophêtes qui me ſeroient pas tn
voyés de Dieu , 85 ſur les moyens de les r,.
connoitre º
Deut. R. » Mais le Prophête, ajoute-t-il, qui, par
X V 1 I I.
AO - 32. orgueil, ſe vantera de dire quelque choſe en
» mon nom, que je ne lui aurai point com
» mandé , ou qui aura parlé 85 prophétiſe au
35 nom des autres Dieux ; ce Prophète-là, ſera
33 puni de mort. Que ſi tu dis en ton cœur:
35 Comment connoitrons-nous la parole que l'E.

ternel n'aura pas dite ? quand ce Prophètt


là aura dit, qu'il parle, ou qu'il prédit au
, nom de l'Eternel ; ſi ce qu'il a dit, ne ſe
3> trouve pas vrai, ou ſi ce qu'il a prédit,
n'arrive pas ; ce ſera une marque que l'E
» ternel ne le lui aura pas dit , & qu'il a par
» lé par orgueil, pour ſe faire paſſer pour Prº
,, phête. Ainſi n'ayes point peur de lui : Nº
crains ni ſes menaces , mi ſes prédictioiis, $
qu'aucune conſidération ne t'empêche de le fairt
mourir , comme faux Prophète.

CH 4
M I s E N C A T E c H I s M E. 375

C H A P I T R E XXX.

Suite du diſcours de Moïſe au peuple, dans


lequel il rappelle encore pluſieurs Loix
Civiles qui regardent le prochain , ou
les Commandemens de la ſeconde Table,
& en particulier ſur les villes de refuge ;
ſur le droit des bornes ; ſur la punition
des faux témoins ; ſur la maniere dont
l'on devoit ſe conduire en cas de guer
re; ſur l'expiation des meurtres incon
nus ; ſur les mariages avec des femmes
priſes en guerre ; ſur les droits d'héré
dité des enfans de pluſieurs femmes ; ſur
la punition d'un fils rebelle ; ſur les ca
davres de ceux qui auroient été attachés
à la potence, & ſur pluſieurs autres cas
particuliers.
D. Oiſe ayant rappelé aux Iſraèlites dans la
partie de ſon diſcours que nous venons
de parcourir, diverſes Loix qui ont du rapport
à la premiere Table du Décalogue, qui regardent
l'amour de Dieu 83 le culte divin ; dequoi trai
te t il dans la ſuite de ce diſcours ? -

R. Il rappelle enſuite pluſieurs Loix qui re


gardent le prochain , ou la ſeconde Table du
Décalogue, en particulier l'établiſſement des vil
les de refuge, pour les meurtres involontaires,
le tranſport des bornes, la punition des faux
A a 4 té
r -─-

376 L'A N c I E N T E s T A M E N T
témoins , la conduite que l'on devoit tenir en
tems de guerre , l'expiation - des meurtres in
counus , les mariages avcc les femmes priſes en
guerre , les droits d'hérédité des enfans de plu
1ieurs femmes, la punition d'un fils rebelle à
ſon pere, & les cadavres des hommes pendus
au bois.
D. Que dit il en particulier ſur l'établiſſemtºt
des villes de refuge ?
Deut. R. Il dit ; " Quand l'Eternel ton Dieu aura
# » exterminé les nations dont tu dois poſſedit
,, le pays , & que tu demeureras dans leurs vil
# ,, les & leurs maiſons ; alors tu ſépareras trois
» villes au milieu du pays que l'Eternel ton
,, Dieu te donne en poſſèiſion, att. delà du Jour
• * Voyez daim comme cela a déja été fait en deçà * ; afin
# ,, que celui qui ſera obligé de s'enfuir pour un
· " » meurtre commis, ait un lieu à portée ou i
, puiiſ ſe retirer en ſureté. Or c'eſt ici cºmmie
» on devra procéder envers l'homicide qui s'y
» ſera retiré pour conſerver ſa vie. Si quelcun
| » a frappé ſon prochain par mégarde, & qu'il
, ſoit prouvé qu'il n'avoit aucune haine contº
•, lui avant cela , comme ſi quelcun étant allº
» avec lui dans une forêt pour couper du bois,
,, & que le fer de ſa coignée, lorſqu'il en vou
| ,, loit comper un arbre, ſe ſoit échapé du maſ
,, che, & ait frappé ſon prochain ; enſorte qu'!
» en meure , le meurtrier s'enfuira dans unº
, de ces trois villes pour conſerver ſa vie , dº
» peur que le plus proche parent de celui dont
,, le ſang a été répandu , emporté par ſa doº
| ,, leur , ou par un mouvement de vengeancº
» ne pourſuive l'homicide & ne l'atteigne : (º
» qui ne manqueroit pas d'arriver ſoiivtnt )#º
: (liº
r

l r[! M I s E N C A T E c H I s M E. 377
, chemin étoit trop long; & ne le tué, quoi
2>

92 qu'il ne méritât pas la mort ; puiſqu'il n'a-


22 voit aucune haine contre ſon prochain au
2>paravant ; C'eſt pourquoi je t'ordonne de met
#|·- )
2»tre ces trois villes à une égale diſtance l'une
: de l'autre , pour faciliter l'évaſion du meurtrier
»» innocent. Que ſi l'Eternel ton Dieu étend tes
|
25 limites, comme il a promis à tes peres avec
92 ſerment, & qu'il te donne tout le pays qu'il
a promis de leur donner ; pourvû que tu ob
ſerves tous les Commandemens que je te preſ
cris aujourd'hui ; que tu aimes l'Eternel ton
Dieu & que tu marches toujours dans ſes
voies ; alors tu te procureras encore trois vil
les de refuge, outre ces trois - là , afin que
le ſang de celui qui eſt innocent ne ſoit pas
répandu , au milieu de ton pays que l'Eter
nel ton Dieu te donne en héritage , & que
tu ne deviennes pas toi-mème coupable d'ef
fuſion de ſang. Mais quand un homme qui
haït ſon prochain lui aura dreſſé des embu
ches , & que s'élevant contre lui il l'aura
frappé à mort ; s'il s'enfuit dans l'une de ces
villes, les Anciens ou les Juges de ſa ville
envoyeront des gens pour le tirer de-là, &
le livreront entre les mains de celui qui a
| droit de venger le ſang , & il ſera puni de .
mort. Tu n'auras aucune pitié de lui ; mais
, tu ôteras du milieu d'Iſrael le crime qui ſe- .
25 · roit commis, ſi l'on répandoit le ſang innocent ;
22 afin que tu proſpéres.
*
· D. Que dit Moïſe ſur le tranſport des bornes
83 la punition des faux témoins ?
*
FR. ,, Tu ne tranſportera point, dit.il , les XDeut.
I X.
bornes de ton prochain que tes prédéceſſeurs 14 - 2 I.
A a 5 » » dll
378 L'A N c I E N TEsTAMEN r

29 auront plantées dans l'héritage que tu poſt.


22 deras au pays que l'Eternel ton Dieu te don
9> ne. Un témoin ne ſera point valable contre
92 un homme, en quelque crime & péché que
20 ce ſoit qu'on ait commis; mais ſur la parole
92 de deux ou de trois témoins , leur dépoſition
92 ſera valable. Quand un faux témoin s'élévera
22 contre quelcun pour l'accuſer de quelque cri
1> >
me commis contre Dieu , ou contre les hort
99 mes , que celui - ci mie; ces deux hommes là
22 qui auront conteſtation entr'eux, comparoi
22
tront dans le Sanctuaire de l'Eternel, en la
92 préſence des Sacrificateurs , ou des Juges qui
20 ſeront en ce tems - là, & les Juges s'infoſ
22 meront exactement du fait ; après quoi s'il
22 ſe trouve que ce témoin ait dépoſé fauſſe
2b
ment contre ſon frere ; tu lui feras comme
il avoit deſſein de faire à ſon frere, c. à d
32

tu lui infligeras la même peine qu'auroit ſupporiº


- l'accuſe ſi ſon crime avoit été averé. " Ainſi tu
» ôteras le méchant du milieu de toi , & les
20 autres qui entendront cela ,craindront de t0m

22 ber dans la même faute, & à l'avenir ils ne


2> feront plus de méchante action, comme ctk
39 le là, au milieu de toi. Tu n'en auras point
22 pitié, mais tu exigeras vie pour vie, º
* Voyez ee » pour œil, dent pour dent, main pour main»
qu'on a dit 2> pied pour pied *.
ſur ce ſujet
Exod. D. Quelles loix Moïſe donna-t-il au ſujet à !
X X I. guerre 83 des villes affiegées *
23 - 2 ;
Deut XX.
R. Ce ſont les ſuivantes. " Quand tu irº
E - 2C, » à la guerre contre tes ennemis, & que "
, verras une multitude de chevaux & de ch*
- - - / - r

,, riots équipés contre toi , avec une armee plus


» nombreuſe que la tienne ; n'aye p# 22
t
ſ" M I s E N - C A T E c H I s M E. 379
# #! d'eux ; car l'Eternel ton Dieu qui t'a tiré du
:: pays d'Egypte eſt avec toi : Et quand il fau
# dra s'approcher pour combattre, le Sacrifica
::: teur de tour s'avancera à la tête de l'armée,
#i & parlera ainſi au peuple : Ecoutez Iſraelites,
vous vous approchez aujourd'hui pour com
battre vos ennemis ; que vôtre cœur ne ſoit
point lâche ; ne craignez point ; ne tremblez
point , & ne ſoyez point effrayés à cauſe
d'eux : car l'Eternel vôtre Dieu marche avec
vous , pour combattre en vôtre faveur con
tre vos ennemis, & vous préſerver de tout
mal. Après cela les officicrs diront aux ſoldats
aſſemblés : Que celui qui a bâti une maiſon
neuve , & ne l'a point dédiée ſelon l'uſage par
un repas donné à ſes amis le jour qu'il commen
cera à l'habiter, s'en retourne en ſa maiſon ;
de peur qu'il ne meure en la bataille & qu'un
autre ne la dédie. Que celui qui a planté
une vigne & n'en a point encore recueilli le
fruit, s'en retourne en ſa maiſon, de peur
qu'il ne meure en la bataille & qu'un autre
n'en cueille le fruit. Que celui qui a fiancé
une femme & ne la point épouſée, s'en retour
ne en ſa maiſon, de peur qu'il ne meure en
la bataille, & qu'un autre ne l'épouſe. Ils
leur diront encore : Si quelcun eſt timide &
32 lâche de cœur, qu'il s'en retourne en ſa mai
2> ſon , de peur qu'il ne jette l'épouvante dans
le cœur de ſes freres, par l'effroi dont il eſt
lui-même ſaiſi. Et auſſi-tôt que les Officiers
auront achevé de parler au peuple, ils ran
geront les Chefs des bandes à la tète de cha
que troupe. Quand tu t'approcheras d'une
ville pour lui faire la guerre, ou l'aJiéger,
' », tu
" -

38o L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
,, tu lui offriras d'abord la paix, & fi elle te
» fait une réponſe pacifique, & qu'elle t'ouvre
,, ſes portes ; tout le peuple qui ſera trouvé
| » au dedans d'elle te ſera tributaire & ſujet :
» Mais ſi elle ne traite pas avec toi, & qu'el'e -

| » veuille te réſiſter & te combattre ; alors tu


» mettras le ſiége devant elle , & quand l'E-
22 ternel ton Dieu l'aura livrée entre tes mains ;
» tu feras paſſer au fil de l'épée tous ſes habi
,, tans , à la reſerve des femmes & des petits
» enfans ; & quant aux bêtes & à tout le bu
| \ , tin qui ſera dans la ville, tu les prendras
,, pour toi , & tu mangeras le butin pris ſur
» tes ennemis que l'Eternel ton Dieu t'aura
, donné. Tu en feras de même à toutes les
, villes qui ſont éloignées de toi , & qui ne
» ſont point des villes des nations que tu dois
, détruire ; mais tu ne laiſſeras en vie perſon
» je qui ſoit des villes de ces peuples que l'E-
» ternel ton Dieu te donne en héritage ; car
» tu ne manqueras point de les détruire à la
» façon de l'interdit ; ſavoir , les Héthiens ,
, les Amorrhéens , les Cananéens, les Phéré
» ſiens , les Héviens, les Jébuſiens, comme l'E-
» ternel ton Dieu te l'a commandé ; afin qu'ils
» ne vous apprennent point à les imiter dans
22 les abominations qui accompagnent le culte
2D qu'ils rendent à leurs Dieux, & que vous ne
20 péchiez contre l'Eternel vôtre Dieu.
» Quand tu tiendras une ville aſſiégée pen
» dant pluſieurs jours, & que tu la battras pour
» la prendre ; tu ne détruiras point ſes arbres
, à coup de hache , parce que tu en pourras
» manger le fruit ; c'eſt pourquoi tu ne les cou
» ptras point ; car l'arbre de la campagne ,
» n'eſt
M 1 s E N C A T E c H I s M E. 381
n'eſt pas un homme qui puiſſe venir au de
# vant de toi, dans l'attaque de la fortereſſe,
• *
•- *'

:
2b
ou qui puiſſe te nuire en aucune façon ; mais
tu détruiras & couperas ſeulement les arbres
qui ne ſont pas fruitiers, pour en bâtir des
forts contre la ville qui te fait la guerre ; juſ
qu'à ce qu'elle te ſoit ſoumiſe.
D. Qu'ajoute à cela Moiſe ſur les meurtres dont
les auteurs ſeroient inconnus *
R. Il ajoute cette ordonnance. * Quand il Derrr. "
ſe trouvera ſur la Terre que l'Eternel ton Dieu X X I.
te donne en poſſeſſion, un homme tué étendu I - 9.
dans un champ, & qu'on ne ſaura qui l'au
ra tué , alors tes Anciens & tes Juges ſorti
ront & meſureront quelle eſt des villes voi
ſines, la plus proche de l'homme qui a été
tué, & les Anciens de cette ville prendront
une jeune vache du troupeau qui n'ait point
encore ſervi, ni été miſe ſous le joug, pour
le labourage , & la feront deſcendre en une
##
vallée ſujette aux inondations , où l'on ne
#%
laboure ni ne ſéme , & là ils couperont le
cou à la jeune vache dans la valiée : Et les
Sacrificateurs fils de Lévi qui ſeront avec eux
|à s'approcheront de la vache ; ( car l'Eternel ton
Dieu les a choiſis pour faire ſon ſervice, &
pour bénir le peuple au nom de l'Eternel ,
auſſi bien que pour décider de toute affaire
: de meurtre ). Alors tous les Anciens de cette
ville-là , qui ſeront les plus près de l'homme
qui aura été tué , ayant lavés leurs mains ,
en témoignage de leur innocence, ſur la jeune
vache, à laquelle on aura coupé le cou dans
la vallée, prononceront ces paroles ; Nos mains
n'ont point répandu ce ſang , & nos yeux
» » IlC
-
- -

382 L'AN c 1 E N T E s T A M EN T
22 ne l'ont point vû répandre : O Eternel! ſois
| propice à ton peuple d'Iſraél que tu as ra
22

22 cheté , & ne lui impute point le ſang inno


>» cent qui a été répandu au milieu de ton peu
22 ple d'lſrael ; moyennant quoi le meurtre ſera
3) expié pour eux : Et tu ne ſeras pas puni de
2> l'éfuſion du ſang innocent; parce que tu au.
2> ras fait ce que l'Eternel approuve, & trou
2) ve bon.
D. Quelle ordonnance Moïſe donne-t.il enſuite
ſur le mariage des femmes priſonnieres de guerre ?
Deut. R. C'eſt celle-ci. " Quand tu ſeras allé à h
XX I.
IO - I4.
guerre contre tes ennemis, & que l'Eternd
ton Dieu les aura livrés entre tes mains, &
que tu en auras emmené des priſonniers; Si
tu vois entr'eux quelque belle femme, & qu'a-
yant conçu pour elle de l'affection tu veuilles
l'épouſer, ou l'enlever pour ta femme, tu
l'ameneras premierement en ta maiſon, où de
ſe raſera la tète & ſe coupera les ongles ,
& elle ôtera de deſſus ſoi les habits qu'elle
portoit étant priſonniere, & elle reſtera dans
ta maiſon durant un mois ; pendant lequd
elle pleurera ſon pere & ſa mere, puis !
viendras vers elle ; tu ſeras ſon mari & cº
2 » ſera ta femme. S'il arrive après cela qu'º
2» ne te plaiſe plus ; tu pourras la renvoyer,
2) elle y conſent ; mais tu ne la pourras pº
22 vendre pour de l'argent, ni en faire auº
2» trafic ; parce que tu l'as déja aſſez humilº
par le commerce que tu as eu avec elle.
- t.4 lité
D. Qu'ordonne encore Moïſe pour l'hérº
des enfans de dtux femmes, & ſur les ºſ"
rebelles ?
R. Il
mI I s E N C A T E c H 1 s M E. 383
R. Il ordonne ce qui ſuit. " Quand un hom- pºur>
» me aura deux femmes l'une aimée & l'autre ***
I5 - 2I
22 haïe, & que l'une & l'autre lui auront don
2) nés des enfans ; mais que le fils ainé ſoit de
2» celle qui eſt haïe; lorſqu'il viendra à parta
32 ger ſes biens à ſes enfans , il ne pourra pas
22 traiter en ainé le fils de celle qui eſt aimée, |
22 au préjudice du fils de celle qui eſt haïe qui
25 eſt né le premier : mais il reconnoitra pour
22 ſon premier né le fils de celle qui eſt haïe,
3> & il lui donnera en cette qualité une double
22 portion de tout ce qui ſe trouvera lui ap
partenir ;- car il eſt cenſé être les prémices
de ſa vigueur; le droit d'aineſſe lui appartient.
Quand un homme aura un enfant pervers &
rebelle, n'obéiſſant ni à ſon pere , ni à ſa
mere, & qu'après l'avoir châtié il perſiſtera
dans ſa déſobéiſſance ; alors le pere & la me
re le prendront & le méneront aux Anciens
ou aux Juges qui s'aſſemblent à la porte de la
ville, & ils leur diront : C'eſt ici nôtre fils
qui eſt pervers & rebelle ; qui n'obéit point
à nôtre voix , & qui de plus eſt gourmand
& yvrogne. Sur cela tous les gens de la ville
le lapideront, juſqu'à-ce qu'il ſoit mort. Ainſi
tu ôteras le méchant du milieu de toi ; afin
que tout le peuple d'Iſrael venant à le ſa
:2 voir, craigne de tomber dans un ſemblable péché.
D. Qii'ordonne - t'il ſur le corps de ceux qui
auront eté attachés à la potence pour quelque cri
me digne de mort.
R. ,, Quand un homme, dit il, aura com XDeut. X I.
92 mis quelque péché digne de mort, & qu'on
23 » 23•
3» le fera mourir en le pendant au bois ; ſon
32
corps ne demeurera point la nuit ſur le bois ;
s» IIlalS
384 L'A N c I E N T E s T A M E N T
, mais tu ne manqueras point de l'enſévelir le
,, mème jour ; car celui qui eſt pendu eſt re
,, gardé de Dieu comme une malédiction : c'g#
une choſe qui eſt execrable à ſes yeux ê5 tres im
,, pure : C'eſt pourquoi tu ne ſouilleras point
,, la terre que l'Eternel ton Dieu te donne pur
un tel ſpectacle.
· D. Quels ſont les autres cas particuliers ſur leſ
quels Moije donne encore dans ce djcoitrs diverges
ordonnances * -

R. Ces cas particuliers peuvent ſe rapporter


aux ſuivans , ſavoir, les choſes égarées, ou per
dues ; le changement d'habits pour déguiſer ſon
ſexe ; les nids d'oiſeaux ; la forme des toits ;
le melange des eſpéces, la maniere de proceder,
lorſqu'un mari ſoupçonne que la femme qu'il a
épouſée n'étoit pas vierge ; la peine de l'adulte
re, du rapt, de la fornication , & de l'incette.
D. Pour reprendre chacun de ces cas, l'un apres
l'autre; qu'eſt-ce que Moiſe ordonne ſur les cloſes
égarées ou perdites , ſur les changemens d'#i#its
de l'un 85 de l'autre ſexe, ſur les nids d'oiſeaux,
ſur la forme des toits $ le mélange des eſpeces ?
Deut. R. Il ordonne ce qui ſuit. " Quand tu ver
XXII.
I - 12.
» ras le bœuf ou la brebis ou la chévre de ton
,, frere égarés ; tu ne paſſeras pas outre, ſans
2 faire ſemblant de les voir ; & tu ne manque
22 ras pas de les ramener à ton frere qui en e :
le polſeſſeur, ſi tu le connois. Que ſi ton frere
à qui ces bêtes appartiennent, ne demeure pas
pres de toi , ou que tu ne le connoiſſes pas,
tu les retireras dans ta maiſon & elles reſte
ront chez toi, juſqu'à - ce que ton frere qui
les cherche te les demande : & alors tu les
,, lui rendras. Tu feras la même choſe de ſon
,, v-ce
MIs EN C A T E c H I s M E. 385 :
l !
s, vêtement, & de tout ce que ton frere aura |

#º ,, perdu & que tu auras trouvé : S'il eſt égaré, |


: ,, tu n'en détourneras pas les yeux pour me le
, ,, pas voir. De mème ſi tu vois l'ane , ou le
, ,, bœuf de ton frere tombé dans le chemin ,
L. ,, au lieu d'éviter de les voir, tu ne manqueras
,:: ,, point de t'aider à les relever.
,, La femme ne portera point l'habit d'un hom
# ,, me, ni l'homme celui d'une femme ; car qui
,, conque fait de telles choſes , en imitation de
/ ,, ce que font les idolâtres , commet une action
24 ,, que l'Eternel ton Dieu déteſte.
:: ,, Q and tu rencontreras dans ton chemin
# ,, ſur quelque arbre, ou ſur la terre un nid
2: »» d'oiſeaux qui ait des petits , ou des œufs avec
# ,, la mere qui les couve, tu ne prendras point
# 2» la mere avec les petits ; mais tu ne manque
.. ,, ras point de laiſſer aller la mere, & de pren
, ,, dre les petits pour toi ; afin que tu proſpéres
| |1 ,, & que tu prolonges tes jours. -

| ,, Quand tu batiras une maiſon neuve , tu


: ,, feras une baluſtrade tout autour de ſon toit,
ou de la platte forme qui eſt au deſſus de la mai
| ſon, ſelon la maniere de bâtir des Orientaux ;
' ,, afin que tu ne te rendes point coupable de
|
•f 5» l'effuſion du ſangg dont ta maiſon ſeroit cau
,, ſe, ſi quelcun tomboit de-là en bas, fuute de
' baluſtrade. , -

, ,, Tu ne ſémeras point dans ta vigne entre |


, ,, les ſeps diverſes ſortes de grains , non plus |

·
g
,,
,, que
que dans tes champs
tu auras ſemé, &*, lederapport
peur que
de tout ce XIX
ta vi- « rtai,.
19.
" ,, gne ne ſoit conſacré , ou confiſqué pour le ſer
· vtce du Sanctuaire, auquel doivent appartenir ces
,
|
ſorte
·
de melanges. " Tu ne laboureras
Toute l I. B b
point»avec
llIl
#
385 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
20 un ane & un bœuf attelés enſemble. Tu ne
9» te vêtiras point d'un drap tiſſu de diverſes
22 matieres, comme de laine & de lin enſemble.
2» Tu te feras des bandes aux quatre coins de
22 ta robe de laquelle tu te couvres.
D. Qu'eſt ce que Moiſe ordonne ſur la maniere
de procéder , lorſqu'un mari ſoupçonne que la fem
me qu'il a épouſée m'étoit pas vierge, 85 enſuite
ſur la peine de l'adultere , du rapt, de la formi
cation, 83 de l'inceſle ?
R. Voici ſes ordonnances ſur ces différens
Deut. cas. " Quand quelcun aura pris une femme ,
XXII.
13 & qu'après avoir eu commerce avec elle , il
13 - 3o.
22 la hauſſe & qu'il lui impute des choſes infa
25 mantes ; comme de dire qu'il a pris cette
2> femme la croyant vierge, & qu'il ne la point
2» trouvée telle. Alors ſi le pere & la mere de
2» la jeune fille produiſent les marques de ſa
22 virginité devant les Anciens de la ville qtu
» » ſiegent à la porte , & que le pere diſe aux
2 » Anciens ; J'ai donné ma fille à cet homme,
:» » mais l'ayant priſe en haine, il lui impute
22 de ne l'avoir pas trouvée vierge; cependant
22 voici les marques de la virginité de ma fille,
1 2 dont il étendra le drap devant les Anciens
3? de la ville ; leſquels l'ayant vû feront ſaiſir
22 le mari pour le chatier : Et parce qu'il aura
99 répandu un mauvais bruit contre une vierge
7j) d'Iſraël, ils le condamneront à cent ſicles
2) d'argent, qu'ils donneront au pere de la jeu
1 » ne fille , laquelle reſtera pour femme à cet
29 homme , enſorte qu'il ne pourra la renvoyer
3) tant qu'il vivra : Mais ſi ce qu'il a dit de la
2» jeune fille, qu'elle n'étoit pas vierge lorſqu'il
189 l'a épouſée, ſe trouve véritable, & que le
» pere
m 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 387
pere ne produiſe aucune marque du contrai
re ; alors les Anciens feront ſortir la jeune
492 fille à la porte de la maiſon de ſon pere ,
22 & les gens de la ville l'aſſommeront de pier
22 res, juſqu'à-ce qu'elle en meure : car elle a
22 commis une infamie en Iſrael en ſe proſti
22 tuant dans la maiſon de ſon pere, & ainſi tu
>> êteras le mal du milieu de toi.
,, Quand un homme aura été trouvé couché
$) avec une femme mariée, on les fera tous deux
32 mourir , l'homme qui a couché avec la fem
me , & la femme auſſi, & tu ne ſouffriras
point de tels péchés en Iſrael.
,, Quand une jeune fille vierge ſera fiancée à
22 un homme & que quelcun l'ayant trouvée !
3» dans la ville, aura couché avec elle : Vous
9» les ferez ſortir tous deux à la porte de la vil
22 le, & les aſſommerez de pierres, juſqu'à-ce
22 qu'ils ſoient morts ; la jeune fille, parce qu'el
92 le n'a point crié étant dans la ville, & l'hom
22 me parce qu'il a violé la fiancée de ſon pro
32 chain, & tu ne ſouffriras point de telles in
22 famies au milieu de toi.
,, Que ſi quelcun trouve à la campagne uns
92 jeune fille fiancée, & que lui faiſant violence,
22 il la connoiſſe quoi qu'elle crie ; alors cet hom
92 me ſera lui ſeul puni de mort ; mais tu ne
22 feras rien à la jeune fille, puiſqu'elle n'a pas
22 commis en cela un péché digne de mort ;
car c'eſt comme ſi quelcun s'élevoit contre
ſon prochain & lui ôtoit la vie; parce que
2 l'ayant trouvée à la campagne, la jeune fille
, 2» a crié, & perſonne n'eſt venu à ſon ſecours
|
| 22 pour la délivrer.
, Quand quelcun trouvera une jsune fille
, b 2 » vierge
338 L'A N c I E N T E s T A M E N r
2> vierge non fiancée, & que l'ayant priſe !
2> couchera avec elle , & qu'ils ſoient trouvés
2> ſur le fait ; l'homme qui aura commis cette

22 action donnera cinquante ſicles d'argent au

2> pere de la jeune fille, & elle lui ſera pour


2b femme, parce qu'il l'a miſe en opprobre, &

35 il ne pourra point la répudier tant qu'il vivra.


,, Nul ne prendra la veuve de ſon pere poUr
35 l'épouſer, ni ne découvrira le pan de
la rcbt
,, de ſon pere ( a ), c. à d. qu'il ne découvrirº
pas ce que la pudeur oblige cette veuve de cackir.

C H A P I T R E xxxL
Contenant la fin du diſcours de Moïſe, qui
renferme un grand nombre de réglemens
& de Loix que le peuple d'Iſraël devoit
obſerver dans le pays dont il alloit ſe
mettre en poſſeſſion , s'il vouloit ſe ren
dre Dieu de plus en plus favorable, &
devenir le peuple le plus heureux qu'il !
eut ſur la Terre.

D. I Ndiquez moi, je vous prie, le ſujet de tºº


- - - - /-
les réglemens que Moïſe continue à fº
(rire

( a ) Il me dicouvrira point le pan de ſon pert. C'eſt


une modeſte maniere, de parler empruntée de l'anciº
· uſage des Hébreux ſelon lequel le marié ayant mº
- ſon épouſe dans la chambre nuptiale, la couvrot #
ſa robe, pour marquer qu'elle lui appartenoit & * !
ſeul. Ainſi découvrir le pan de cette robe , c'etoit º
ravir le droit qu'il devoit ſeul avoir ſur cette fcº
MI s EN C A T E c H I s M E. 387
érire au peuple d'Iſraël pour ſa conduite , juſques
à la fin de ce diſcours.
R. Les réglemens que Moïſe continue à preſ
crire au peuple d'Iſrael ſont en très grand nom
bre ; mais on peut les rapporter aux articles
ſuivans ; ſavoir , les perſonnes que l'on devoit
exclure de l'aſſemblée de l'Eternel , ou qui pou
voient y être admiſes ; la pureté que l'on de
voit obſerver dans le camp d'Iſrael ; les eſcla
ves fugitifs ; la proſtitution ; l'uſure; les vœux ;
ce qu'il étoit permis , ou défendu de prendre
dans la poſſeſſion d'autrui ; le divorce ; les pri
vilèges des nouveaux mariés ; l'exaction des ga
ges ; les larrons d'hommes ; la lépre ; le ſalaire
des ouvriers ; le ſoin des pauvres dans la recol
te des fruits ; l'équité dans les jugemens , la pei
ne du fouet moderée; le bœuf qui foule le grain ;
l'obligation d'épouſer la veuve de ſon frere mort
ſans enfans ; la peine décernée à une femme
pour cas d'immodeſtie ; les faux poids & les fauſ
ſes meſures ; la deſtruction des Amalékites ; en
fin, les cérémonies à obſerver dans l'offrande
des premiers fruits , après avoir payé les dixmes.
D. Rapportez moi encore ces réglemens en dé
tail les uns après les autres, en commençant par
ceux qui regardent les perſonnes que l'on devoit
exclure de l'aſſemblée de l' Eternel, ou qui pott
voient y être admiſes ?
R. Voici ce qu'en dit Moïſe. * Celui qui eſt Deut.
,, Eunuque pour avoir été froiſſé ou taillé, n'en-X2º
I -
,, trera point dans l'aſſemblée du peuple de l'E-
,, ternel ( a ), pour y exercer aucun emploi ci
• *- 3 |s » vil

| ( a ) Dans l'aſſemblée de l'Eternel. Quelque diverſité


qu'il y ait entre les Interprêtes ſur cette aſſemblée ,
39o L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
3 2vil ou eccléſiaſtique. Le bâtard n'entrera point
23 dans cette aſſemblée de l'Eternel , juſqu'à la
,, dixieme génération. Les Hammonites & les
,, Moabites n'entreront point non plus dans
•, l'Aſſemblée du peuple de l'Eternel pour y extr.
,, cer aucun emploi, ni leur poſtérité ; pas mt.
,, me au-delà de la dixieme génération : Ils en
,, ſeront exclus à jamais ; parce qu'ils ne ſont
,, point venus au devant de vous , avec du
,, pain & de l'eau dans le chemin , lorſqut
,, vous ſortiez d'Egypte; & parce auſſi que lti
,, Moabites en particulier ont offert à Balaam,
,, fils de Péhor de la ville de Péthor en Méſo
,, potamie , une ſomme d'argent pour vous mau
,, dire ; mais l'Eternel ton Dieu bien loin de
» vôuloir écouter Balaam , convertit ſa malé
,, diction en bénédiction ; parce que l'Eternd
,, t0ſl

il eſt aſſez viſible qu'il faut entendre par.là dans cet


endroit, l'aſſemblée d'un peuple dont l'Eternel eſt le
Chef, le Souverain & le Dieu ſuprême, convoqueº
en ſon nom & par ſon autorité , & où tout ce 4 !
ſe fait eſt cenſé ſe faire par ſes ordres ; comme devoit
être l'aſſemblée du peuple d'lſraël , entant qu'elle foº
moit & conſtituoit un Etat Civil , militaire & Ecclé
ſiaſtique ou religieux qui étoit appelé le penple de Dicº
par diſtinction de toute autre nation. L'Eunuque, *
Bâtard , l'Hammonite , le Moabite ne devoient poſiº
entrer dans une telle aſſemblée, en ce que leurs momº
n'étoient point inſcrits dans les Régiſtres publics des |
familles de ce peuple ; en ce qu'ils ne devoient poº
étre appelés dans les convocations publiques qui ſe fº .

ſoient quelquefois de tout le peuple pour quelque *


faire importante : Eufin en ce qu'ils ne devoient excº
cer dans cet Etat aucun emploi Civil , militaire !
Eccléſiaſtique, qui les fit regarder comme membres º
la République.
º!
MIS E N C A T E c H I s M E. 35I
* ,, ton Dieu t'aimoit : auſſi ne chercheras tu ja
| ,, mais tant que tu vivras leur paix ni leur bien
, » Il n'en ſera pas de mème de l'Iduméen ; car
•!

,, il eſt ton frere, deſcendu d' Edom ou d'Eſau
,, frere de Jacob ton pere ; ni de l'Egyptien ; car
,, tu as été étranger en ſon pays ; Tu ne les
» auras point en abomination , comme ces au
,, tres peuples, & les enfans qui leur naitront
,, en la troiſieme génération de ceux qui s'éta
• ,, bliront au milieu de toi entreront dans l'Aſ
#, ,, ſemblée du peuple de l'Eternel, $ y pourront
2 exercer des emplois.
ri D. Qu'ordonne Moïſe ſur la pureté que l'on de
* voit obſerver dans le camp ?
gº R. » Quand tu marcheras, dit il, en armes Deut.
# » contre tes ennemis, garde-toi de toute action XXI 12:
# » mauvaiſe 85 indécente. S'il y a quelcun d'en-***
# » tre vous qui ne ſoit point net , pour quel
,, que accident de ſouillure qui lui ſoit arrivé
» la nuit, il ſortira du camp & n'y rentrera
2> point qu'il ne ſe ſoit lavé d'eau ſur le ſoir,
|!º 2> & ſi-tôt que le ſoleil ſera couché, il y pour
#
» ra rentrer. Tu auras auſſi quelque endroit
,% » hors du camp , pour ſatisfaire à tes beſoins,
º » & tu ſortiras là déhors avec un pic, ou bâ
º ,, ton pointu ; & quand tu voudras te ſoulager
3 » tu creuſeras avec ce pic ; puis tu t'en re
% » tourneras après avoir couvert ce qui ſera ſorti
# ,, de toi ; car l'Eternel ton Dieu ſe tient au mi
, » lieu de ton camp pour te garantir de tout mal,
é » & pour livrer tes ennemis devant toi, ou en
», tre ter mains. Que tout ton camp ſoit donc
» net ; afin que l'Eternel ne voye en toi aucu
» ne impureté qui le porte à t'abandonner.
B b 4 D. Qu'or
392 L'AN c I E N T E s T A M E N T
D. Qu'ordonne t il ſur les eſclaves figitifs , la
proſtitution $ l'uſure ?
Dettf. R. Il ordonne ce qui ſuit. * Tu ne livreras
X X 1 I I. point à ſon maitre le ſerviteur qui ſe ſera
I 5 - 2O.
refugié chez toi de chez ſon maitre Cananéen ;
mais il demeurera avec toi dans ta maiſon ,
ou dans le lieu qu'il aura choiſi en l'une de
tes villes , là où bon lui ſemblera , & tu ne
le moleſteras point.
» Qu'il n'y ait point entre les filles d'Iſrael
2> aucune proſtituée, ou entre les garçons d'Iſ
25 rael aucun proſtitué. Tu n'apporteras point
2) dans la maiſon de l'Eternel pour aucun vœu,

» le ſalaire qu'aura reçu une proſtituée , ni le


» prix qu'aura reçu un effèminé qui eſt comme
», un chien par ſon infume profiitution , car ces
» deux choſes ſont en abomination devant l'E-
» ternel ton Dieu.
, , Tu ne prèteras point à uſure à ton frere
» lſraelite , ni argent, ni vivres , ni quoi que
ce ſoit qu'on pourroit prêter à uſure. Tu pour
ras bien prêter à uſure à l'étranger ; mais tu
ne prèteras point à uſure à ton frere ; afin
que l'Eternei ton Dieu te béniſſe en tout ce
» à quoi tu mettras la main dans le pays que
» tu vas poſſ der. - -

D. Qu'ordonne t il enſuite ſur les vœux faits à


l' Eternel, 8# ſur les fruits qu'il étoit permis de
manger dans la poſſeJion de ſon prochain ?
R. Voici ce qu'il dit ſur ces deux articles.
JDeuf. » Quand tu auras voué un vœu à l'Eternel ton
X X 1 I I.
, Dieu, tu ne tarderas point à l'accomplir; car
2 I - 25.
» l'Eternel ton Dieu ne manqueroit point de le
» requerir de toi, ainſi il y auroit du péché
» en toi dont tu porterois la peine : Mais quand

M I s E N CA T E c H I s M E. 393

tu t'abſtiendras de vouér, il n'y aura en cela


22 ni péché , ni peine à craindre. Tu prendras
25 garde auſſi à faire ce que tu auras proferé de
2» ta bouche, ou à quoi tu te ſeras engagé; ainſi
2> que tu l'auras voué de ton bon gré à l'E-
2 > ternel ton Dieu , & que tu t'y ſeras engagé.
,, Quand tu entreras dans la vigne de ton
22 prochain, tu pourras bien manger des raiſins
ſelon ton appetit , juſqu'à en être raſſaſié ;
»5mais tu n'en mettras point dans tes poches ,
85 n'en emporteras quoi que ce ſoit hors de la
22 vigne. De même quand tu entreras dans les
20 blés de ton prochain, tu pourras bien arra
:>>cher des épis avec ta main , pour en manger
22 le grain ; mais tu ne mettras point la faucille

>» dans les blés de ton prochain pour les em


porter chez toi.
D. Quels réglemens Moiſe donne-t il après ceux
là , au ſujet du dit orce 85 des nouveaux maries *
R. Ce ſont les ſuivans. " Quand quelcun au- XXIV.
Deut. "
22 ra pris une femme & ſe ſera marié avec elle, I - 5.
>2 ſi elle vient à lui déplaire ; parce qu'il aura
22 trouvé en elle quelque choſe d'indécent , ſoit
dans les diſcours, ou dans la conduite, il lui
ſera permis de lui donner par écrit la lettre
32 de divorce , & la lui ayant miſe entre ſes
2 » mains , il la renvoyera hors de ſa maiſon ;
>> mais quand elle en ſera ſortie , ſi elle ſe ma
r 22 rie à un autre mari qui la prenne auſſi en
9> haine, & qui lui donne par écrit la lettre
de divorce , & la lui mette en main , en la
22 renvoyant de ſa maiſon ; ou que ce dernier
2> mari qui l'avoit priſe pour ſa femme vienne
3» à mourir ; ſon premier mari qui l'avoit ren
Aº » voyée ne pourra plus la reprendre pour ſa
$. ,, fem

394 L'AN c 1E N T E s T A MENT


92 femme, après avoir été cauſe en la répudians

92 qu'elle s'eſt ſouillée avec un ſecond mari : car

3> c'eſt une abomination devant l'Eternel ; ainſi


92 tu ne chargeras point de ce péché le pays que
2) l'Eternel ton Dieu te donne en héritage.
,, Quand quelcun ſe ſera nouvellement ma
92 rié, il n'ira point à la guerre , & on ne lui

©2 impoſera aucune charge ni emploi qui l'obli

92 ge à quitter ſa femme ; mais il en ſera exempt

93 pour demeurer chez lui dans ſa maiſon , pen

3> dant un an, & il ſera par ce moyen un ſu

92 jet de joie à la femme qu'il aura priſe.

D. Qu'eſt-ce que Moiſe ordonne enſuite , con


cernant l'exaction des gages, les larcins , la playe
de la lepre, le payement du ſalaire des ouvriers
pauvres, 85 le ſoin qu'on devoit avoir des patt
vres dans la recolte des fruits ?
Deut. R. Il ordonne ce qui ſuit. " On ne prendra
XX/V.
6 - 24•
point en gage les deux meules d'un moulin ;
non pas mème l'une des deux ; parce qu'on
prendroit en gage la vie de celui a qui elles
appartiennent, ou le ſeul moyen que cet bomme
de la gagner.
,, Quand on trouvera quelcun qui aura com
mis un rapt dans la perſonne d'un de ſes
freres Iſraëlites, & qui s'en ſera ſervi com
me d'un eſclave, ou l'aura vendu ; ce larron
là ſera puni de mort & tu ôteras le mal du
milieu de toi.
,, Prends garde à la playe de la lépre, &
» à obſerver ſoigneuſement tout ce que les Sa
» crificateurs de la race de Lévi vous preſcri
* 32 ront à ce ſujet , & vous prendrez garde de
faire tout ce que je leur ai commandé. Qu'il
te ſouvienne à cette occaſion, de ce que l'E-
,, ttS
M Is EN C A T E c H 1 s M E. 395
,, ternel ton Dieu fit à Marie , la ſeur de Moïſe,
,, après que vous futes ſortis d'Egypte ; laquelle
ne put être guérie de ſa lépre, mi rentrer dans le
camp , qu'après s'être entierement purifiée, comme
la Loi de Dieu l'ordonnoit.
,, Quand tu auras droit d'exiger de ton pro
chain quelque choſe qui te ſera due , tu n'en
treras point dans ſa maiſon pour prendre le
gage qu'il t'aura promis pour ſureté de ſa dette ;
mais tu te tiendras déhors , & l'homme du
quel tu exiges la dette, t'apportera le gage dé
hors ; & s'il eſt pauvre, tu lui rendras ſon
gage, ſi c'eſt un vêtement, avant le ſoleil cou
ché ; afin qu'il couche dans ſon vêtement,
& qu'il te béniſſe ; & cela te ſera imputé à
juſtice devant l'Eternel ton Dieu : c. à d. tu
en ſeras recompenſé de Dieu comme d'une action
vertueuſe 85 d'une œuvre de miſéricorde qui lui
# très-agréable.
,, Tu ne feras point de tort au mercenaire
99 pauvre & néceſſiteux d'entre tes freres , ou
2> d'entre les étrangers qui habitent dans quel
32 cune de tes demeures : Tu lui donneras ſon
2J> ſalaire le jour même qu'il aura travaillé, avant
52 que le ſoleil ſe couche : car il eſt pauvre &
>> c'eſt à quoi il s'attend ; afin qu'il ne crie point
>> contre toi à l'Eternel, & que tu ne péches
22 point en le lui refuſant. Les Juges ne feront
92 point mourir les peres pour les enfans, ni
25 les enfans pour les peres ; mais chacun ſera
22 puni de mort pour le péché qu'il aura com
32 mis. Tu ne pervertiras point le droit de l'é-
2.2
tranger , ni de l'orphelin , & tu ne pren
dras point en gage le vêtement de la veuve :
Et il te ſouviendra que tu as été eſclave en
32 Egyp
396 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, Egypte, & que l'Eternel ton Dieu t'en a dé
» livré : C'eſt pourquoi je te commande d'ob
,, ſerver ce que je te dis, ſur le ſoin que tu dois
avoir des pauvres 85 des étrangers.
,, Quand tu feras ta moiſſon dans ton champ
,, & que tu y auras oublié quelques poignées
',, d'epis, tu n'y retourneras point pour les pren
,, dre ; mais cela ſera pour le pauvre étranger,
,, pour l'orphelin & pour la veuve qui ſe trou
,, veront dans le beſoin , afin que l'Eternel ton
,, Dieu te béniſſe dans toutes les œuvres de
,, tes mains. De même , quand tu battras tes
» oliviers , tu n'y retourneras point pour I&
, chercher branche après branche, ce qui y ſº
,, ra reſté; mais il ſera pour l'étranger, pour
,, l'orphelin & pour la veuve qui en ont beſºin
,, Ainſi encore, quand tu vendangeras ta vigne,
,, tu ne grapilleras point les raiſins qui ſerº
,, demeurés après toi ; mais cela ſera pour l'#-
,, tranger, pour l'orphelin & pour la veuve, &
» il te ſouviendra que tu as été eſclave au payº
, d'Egypte ; c'eſt pourquoi je te commande doº
,, ſerver ces choſes.
D. Qu'eſt ce que Moïſe ordonne encore ſur l*
quité dans les jugemens, outre ce qu'il en rº
déja dit ; ſur la peine du fouet ; ſur le bºf !º
foule le grain, 83 ſur l'obligation d'épouſer la tº
ve de ſon frere mort ſans enfuus ?
p., R. , Quand il y aura, dit - il, un difº
x x v ,, entre des parties ſur des matieres criminellº !
* - 1o ,, & qu'elles viendront devant leurs Juges poº
,, qu'il en ſoit décidé ; on juſtifiera le juliº
c.à d. celui qui ſera reconnu innocent, & il ſº
déclaré abſous de ce dont il etoit accuſe ; & lº
» condamnera le méchant , ou le coupable à º
tºº
M1s E N C A T E c H I s M E. 397
puni ſelon l'exigence du fait : * S'il a mérité d'ê-
22 tre battu de verges, le juge le fera jetter par
55 terre, & battre devant toi par un certain nom
25 bre de coups , plus ou moins , ſelon la qualité
35 du péché, ou ſelon que ſon crime ſera plus
25 ou moins grand ; juſques à quarante coups
22 & non davantage ; de peur que ſi l'on con
2> tinuoit à le battre au-delà, la playe ne fut
3» exceſſive & que ton frere ne fut traité trop
3> indignement à tes yeux.
, Tu ne mettras point de muſeliere à ton
bœuf, lorſqu'il foule le grain , pour l'em
pêcher d'en manger ; mais tu lui laiſſeras la li
terté d'en prendre ce qu'il pourra. * Quand il y
2> aura des freres , enfans d'un même pere ou
2 »d'une même famille demeurans enſemble, &
2> que l'un d'entr'eux marié vienne à mourir
22 ſans enfans, alors la femme du défunt ne ſe
>> mariera point hors de la famille à un étranger ;
22 mais ſon beau frere la prendra pour femme,
2> & l'épouſera comme ſon beau-frere, & le pre
»» mier né qu'elle enfantera, ſuccédera aux biens
2» du défunt, & portera ſon nom , en ſe diſant
2> fils d'un tel ; afin que ſon nom ſoit conſervé
2> dans les généalogies du peuple d'Iſrael. Que s'il
22 ne plait pas à cet homme là de prendre ſà
22 belle - ſœur pour ſa femme, alors elle ira à
| º2 la porte de la ville où les Anciens 83 les Ju
ges ont leur ſéance, & leur dira ; Mon beau
2> frere refuſe de relever le nom de ſon frere
22 en Iſraël, & ne veut point m'épouſer par
» » droit de beau.frere. Surquoi les Anciens de
22 la ville l'appelleront pour l'entendre ſur ce
2 > fait, & lui parleront pour l'engager à ſe con
former à cette ordonnance : S'il demeure ferme
22 &
—T
398 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
& qu'il diſe ; il ne me plait pas de la pren.
dre pour femme ; ſa belle-ſœur s'approchera
devant les Anciens , elle lui ôtera ſon ſou
lier du pied, lui crachera au viſage, & lui
dira ; C'eſt ainſi qu'on fait à l'homme qui ne
veut pas édifier la famille, ou conſerver lt
nom de ſon frere, & on appellera ſa famille
en Iſrael ; la maiſon de celui à qui on a dé
chauſſé le ſoulier.
D, Qu'eſt-ce que Moiſe ajoute à cela ſur un
acte particulier d'indécence; ſur le double poid,
ou la double meſure, 85 ſur la deſtruction à 4
malec ?
Deut. R. Il ajoute ; " Quand quelques uns auront
XXV. 22 querelle enſemble, juſques à ſe battre : Si la
II - I9.
22 femme de l'un s'approche pour délivrer ſon
29 mari de la main de celui qui le bat, & qu'el
22 le mette la main ſur ſes parties honteuſes ;
alors tu lui feras couper la main , & ton til
ne l'épargnera point, c. à d. tu m'en aurai
point de compaUion.
, Tu n'auras point dans ton ſac deux ſor
2) tes de pierres à peſer, une forte & l'autre foº
23 ble : Il n'y aura point auiſi dans ta maiſon
7)J) deux ſortes d'Epha ou de meſures, une graſ
22 de & l'autre petite ; mais tes pierres à pelet
35 ſeront toujours juſtes & de poids, & les mº
2, ſures dont tu te ſerviras ſeront telles qu'elles
doivent être ; afin que tes jours ſoient pt0
:) longés ſur la terre que l'Eternel ton Dieu tº
donne ; car quiconque fait autrement, commet
une injuſtice, & eſt en abomination à l'Eter
nel ton Dieu.
» Qu'il te ſouvienne de ce que les Amaléº
55 tes t'ont fait en chemin, quand tu ſorº
M I s E N C A T E c H I s M E. 399
;, d'Egypte ; comment ils ſont venus t'atta
», quer, & ont chargé en queue tous les in
», firmes qui avoient peine à te ſuivre ; & que
22 tu étois las & fatigué, 85 hors d'état de les

,, ſecourir; & n'ont point eu de crainte de Dieu,


en traitant avec tant d'inhumanité ceux qu'ils ſa
voient être ſon peuple. " Quand donc l'Eternel
,, ton Dieu t'aura mis en lieu de repos, & hors
» d'atteinte de tous les ennemis qui ſont au
» tour du pays que l'Eternel ton Dieu te don
, ne en héritage pour le poſſèder : Souviens-toi
| ,, alors d'effacer la mémoire d'Amalec de deſſous
, les cieux, 85 d'exterminer entierement ce peu
ple cruèl.
D. Par où finiſſent les réglemens 83 les diree
tions que Moïſe donne aux Iſraélites avant ſa mort ?
R. Elles finiſſent par une expoſition que fait
ce ſaint homme des prieres que l'on devoit adreſ
ſer à Dieu , & des cérémonies religieuſes que
| l'on devoit obſerver, ſoit en offrant à Dieu les
prémices de la terre, ſoit après avoir donné aux
Lévites & aux pauvres la dixme de la troiſieme
année, qu'il exprime en ces termes. " Quand Deut.
X X V1,
2> tu ſeras entré au pays que l'Eternel ton Dieu I-15.
te donne en héritage, & que tu le poſſede
: ras & y demeureras ; alors tu prendras les
prémices de tous les fruits de la terre, &
les ayant mis dans une corbeille, tu iras au
lieu que l'Eternel ton Dieu aura choiſi pour
être appelé de ſon nom, & tu viendras vers
le Sacrificateur qui ſera de tour, & lui diras ;
Je déclare aujourd'hui devant l'Eternel que
je ſuis parvenu au pays que l'Eternel avoit
promis à nos peres de nous donner , dont
voici des preuves , & le Sacrificateur prendra
» la
4o6 L'A N c I E N T E s T A M E N T
la corbeille de ta main , & la portera devant
l'autel de l'Eternel ton Dieu ; puis tu pren
dras la parole , & tu diras devant l'Eternel
ton Dieu ; mon pere Jacob étoit un pauvre
& miſerable habitant de Syrie , ( où il atoit
ong tems demeuré avec Laban ſon beau pere ) il
deſcendit en Egypte avec un nombre d'en
fans 85 petits enfans , en tout, ſoixante & dx ;
il y ſéjourna , & y devint une nation gran
de, puiſſante & nombreuſe ; mais les Esyp
tiens nous ayant mal traités, afiligés & réduits
à cette dure ſervitude; nous criames à l'Eter
nel le Dieu de nos peres qui exauça nôtre
voix , & regarda nôtre affliction , nôtre tra
vail & nôtre oppreſſion , & nous tira hors
d'Egypte avec un pouvoir merveilleux , avec
une grande frayeur de nos ennemis, & avec
des prodiges & des miracles des plus frappants ;
depuis il nous conduiſit en ce lieu ci, & nous
» donna ce pays découlant de lait & de miel.
» Maintenant donc voici j'ai apporté les pre
mices des fruits de la terre que tu m'as don
née ; ô Eternel ! Tu poſeras donc la corbeille
| devant l'Eternel ton Dieu , & te proſterne
ras devant lui , & tu te réjouiras de tout
le bien que l'Eternel ton Dieu t'aura donné
& à ta maiſon , de même qu'au Lévite & à
- ,, l'étranger qui eſt au milieu de toi , qui doi
| ,, vent y avoir part : Et quand tu auras ache
» vé de lever toutes les dixmes de ton revenu,
qui ſont dues aux Sacrificateurs 85 aux Levites ,
,, avec une troiſieme que tu dois manger à
» Jéruſalem pendant deux ans de ſuite, au
- » retour de chaque troiſieme année, appelee l'an
» née de la dixme, tu partageras cette troi
,, ſicrº
M I s E N C A T E c H I s M E. 4or
ſieme dixme avec le Lévite, l'étranger, l'or
phelin & la veuve, qui la mangeront avec
toi, dans les lieux de ta demeure , & en
ſeront raſſaſiés ; & tu diras en la préſence
de l'Eternel, & comme ſous ſes yeux : J'ai
emporté de ma maiſon ce qui étoit conſacré
à Dieu, & je l'ai donné au Lévite, à l'é-
tranger, à l'orphelin, & à la veuve ; ſelon
tous les commandemens que tu m'as preſ
crits : Je n'ai rien tranſgreſſé de tes com
mandemens, & ne les ai point oubliés. Je
n'en ai point mangé dans mon affliction ,
mais dans la joie ; je n'en ai rien employé
à aucun uſage ſouillé , & n'en ai rien don
né pour être employé à des fumerailles de pa
rens morts. J'ai obéï à la voix de l'Eternel
mon Dieu, & j'ai fait tout ce que tu m'a-
22 vois commandé. Regarde - nous, Seigneur,
2» de ta ſainte demeure, & des Cieux où tu
22 habites : Sois - nous propice , & bénis ton
2> peuple d'Iſrael, & la terre que tu nous as
22 donnée, comme tu l'avois promis à nos pe
22 res , qui eſt un pays découlant de lait &
22 de miel.
D. Comment eſt - ce que Moïſe conclut tout ce
diſcours *
R. Il le conclut par ces paroles : " Aujour Deut.
d'hui l'Eternel ton Dieu te commande d'ob X X V I.
33
16 - 1y.
2> ſerver ces ordonnances & ces loix : Prends
25 donc garde à le faire de tout ton cœur &
2> de toute ton ame. Tu as aujourd'hui pro -|

2» mis de regarder l'Eternel comme ton Dieu,


20 de marcher dans ſes voies , de garder ſès
30 ordonnances , ſes commandemens & ſes loix,
& d'obéïr à ſa voix. Auſſi l'Eternel t'a pro
Tome I l, Cc » mis
4o2 L'A N c I E N T E s T A M E N T
2b mis aujourd'hui par ma bouche , que tu lui

3> ſerois un peuple chéri, comme il te l'avoit


3) déja dit auparavant ; pourvû que tu gardes

3b tous ſes commandemens : Moyennant cela,


22 il te rendra le peuple le plus illuſtre de tou
>2 tes les nations qu'il a créées ; tu les ſurpaſ
25 ſeras toutes en éloges , en réputation & en
22 gloire ; & tu ſeras un peuple ſaint, conſa
2» cré à l'Eternel ton Dieu , ainſi qu'il en a
22 parlé. -

C H A P I T R E X X X I I.

Recit de ce que fit Moïſe après ce long


diſcours, pour engager toujours plus for
tement les Iſraëlites à obſerver les Com
mandemens qu'il venoit de leur donner
de la part de Dieu , & à faire une at
tention particuliere à la déclaration qu'il
- leur fit, des grands biens qu'ils pouvoient
• ſe promettre, s'ils obſervoient exactement
ces Loix ; & des maux ſans nombre aux
quels ils ſeroient expoſés, s'ils venoient
à les violer.

D. Lelles furent les ſuites de ce long diſcours


de Moiſe, au peuple d'Iſraël ?
Derit. R. , Moile, accompagné des Anciens d'Iſ
XXVII. » rael , recommanda de nouveau au peuple ,
I - IO.
l'obſervation de tous les commandemens qu'il
» leur avoit preſcrit ce jour-là, & y ajouta
» cct ordre ; c'eſt qu'au jour même qu'il au
2, T0ii
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 4o3
» roit paſſé le Jourdain pour entrer au pays
22que l'Eternel ſon Dieu lui donnoit, il de
35 voit dreſſer de grandes pierres, qu'il auroit
22 préparées, & enduites de chaux, ou de ci
ment propre à recevoir ce que l'on voudroit tra
2> cer deſſus , & ſur leſquelles il devoit écrire
2> toutes les paroles de cette Loi, ou du moins

la ſubſtance contenue dans les dix Commande


32 mens, dès qu'il auroit paſſé le Jourdain , &
39 qu'il ſeroit entré dans ce bon pays décou
22 lant de lait & de miel ; comme l'Eternel, le
2> Dieu de ſes peres, lui en avoit parlé. Quand
22 donc, leur dit-il, vous aurez paſſé le Jour
22 dain , & que vous ſerez parvenus ſur la
2> montagne de Hebal, vous dreſſerez ces pier
22 res là que vous aurez enduites de chaux, ou
22 de ciment, comme je vous le commande au
2.> jourd'hui. Tu bâtiras auſſi là un autel à l'E-
22 ternel ton Dieu , qui ſoit fait de pierres
22 brutes , ou ſur leſquelles tu n'employeras
point le fer pour les tailler. Tu bâtiras cet
autel de l'Eternel ton Dieu de pierres entie
res, ſans chaux , mi ſable, mi moilon; & ſur
cet autel tu offriras des holocauſtes à l'Eter
nel ton Dieu : Tu y offriras auſſi des ſacri
fices de proſpérités. Tu mangeras là & te
réjouïras devant l'Eternel ton Dieu ; puis
tu écriras ſur ces pierres là, toutes les pa
roles de cette Loi , en les exprimant bien
nettement. Moïſe, & les Sacrificateurs qui
ſont de la race de Lévi, parlérent encore à
tout le peuple d'Iſrael , & lui dirent : Ecou
te, ô Iſraël ! & fais bien attention à ce
que tu viens d'entendre : Tu es aujourd'hui
devenu $ confirmé, le peuple de l'Eteriiel
C c 2 », tOn
r -

4e4 L'A N c I E N T E s T A M E N T
» ton Dieu : Tu obéiras donc à ſa voix, &
, tu obſerveras fidelement tous ces commande
» mens & ces ſtatuts, que je te preſcris au
» jourd'hui.
D. Pourquoi Moiſe ordonne-t.il de dreſſer ces
pierres ſur la montagne de Hebal, 85 d'y bâtir
un autel ?
R. Parce que c'étoit de cette montagne, auſſi
bien que de celle de Guérizim, que devoient
ſe prononcer les malédictions & les bénédictions
au peuple, ſelon qu'il auroit violé ou obſervé
les commandemens que Moïſe venoit de lui
repéter de la part de Dieu ; comme nous l'ap
prenons de l'ordre " qu'il donna encore au
- Dº, peuple, en diſant : Ceux-ci ſe tiendront ſur la
# » montagne de Guérizim, pour bénir le peu
» ple, ou lui dénoncer les bénédictions qu'il at
tireroit ſur lui , s'il obſervoit les Loix de Dieu,
» quand il auroit paſſé le Jourdain ; ſavoir,
,, les Tribus de Siméon, de Lévi, de Juda,
| » d'Iſſacar, de Joſeph , & de Benjamin. Et
| » ceux - ci, ſavoir, les Tribus de Ruben, de
| » Gad , d'Aſſer , de Zabulon , de Dan , de
» Nephtali , ſe tiendront ſur la montagne de
» Hebal , vis-à-vis de Guérizim, pour maudi
» re, ou dénoncer les malédictions auxquelles ſe
roient expoſés, ceux qui violeroient la Loi de Dieu
en ſes principaux points. " Enſuite les Lévites ,
|. ou les Sacrificateurs de la Tribu de Lévi, étants
| dans la vallée, entre ces deux montagnes, " pren
| » dront la parole , & diront à haute voix à
» tous les hommes d'Iſrael, aſſemblés de part
» 85 d'autre : Maudit ſoit l'homme qui fera
» une image taillée, ou de fonte, qui eſt une
», abomination à l'Eternel, l'ouvrage des mains
- - » d'un
-

{!|! M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 4o5
#iº ,, d'un ouvrier, & qui la mettra dans un lieu
#! ,, ſecret, pour lui rendre quelque culte; & tout
:# ,, le peuple répondra ; Amen. Maudit ſoit celui
» qui aura mépriſé ſon pere ou ſa mere; &
#! ,, tout le peuple dira; Amen. Maudit ſoit ce
| | #
, $, ,, lui qui tranſporte les bornes du champ de
,, ſon prochain ; & tout le peuple dira ; Amen.
,, Maudit ſoit celui qui pervertit le droit de
,, l'étranger , de l'orphelin , & de la veuve ;
,, & tout le peuple dira ; Amen. Maudit ſoit
,, celui qui couche avec la femme de ſon pere ;
,, & tout le peuple dira ; Amen. Maudit ſoit
,, celui qui couche aveç ſa ſœur, de pere ou
,, de mere ; & tout le peuple dira ; Amen.
,, Maudit ſoit celui qui couche avec ſa belle
,, mere ; & tout le peuple dira ; Amen. Mau
,, dit ſoit celui qui frappe, ou tue ſon prochain
,, en cachette ; & tout le peuple dira ; Amen.
,, Maudit ſoit celui qui prend quelque préſent,
,, pour mettre à mort l'homme innocent ; &
,, tout le peuple dira ; Amen. Maudit ſoit ce
,, lui qui ne perſévere point dans l'obſervation
,, des paroles de cette Loi ; & tout le peuple
,, dira ; Amen.
D. Qu'eſt - ce que Moïſe ajoute à ces malé
dictions qui devoient être prononcées par les
Lévites ?
R. Moïſe rappelle à cette occaſion les béné
dictions que les Iſraëlites pouvoient ſe promet
tre, en obſervant les Loix divines, & les ma
lédictions qu'ils devoient craindre, s'ils venoient
à les violer; leſquelles étoient ſorties de la pro
pre bouche de Dieu, & dont il a été fait men
tion ci-deſſus Lévit. XXVI. & commençant par
C c 3 les
4o6 L'A N c I E N T E sTAMEN T
Deut. les bénédictions, il leur dit : * Si tu obéis
XXVIII. 22 exactement à la voix de l'Eternel ton Dieu,
I - I4.
32 & que tu prennes garde à faire tous ſes
2» Commandemens que je te preſcris aujour
25 d'hui ; l'Eternel ton Dieu te rendra célèbre
32 & puiſſant, par deſſus toutes les nations de
25 la terre : Et toutes les bénédictions que je
»» vais t'annoncer, viendront ſuf toi, quand tu
22 obéiras à la voix de l'Eternel ton Dieu. Tu
22 ſeras béni dans la ville & à la campagne :
22 Tu ſeras béni dans tes enfans, dans le rap
22 port de ta terre & de ton bétail ; dans le
25
produit des vaches & des brebis de ton trou
peau. Ta corbeille & ta mais ſeront bénies,
par le pain que tu auras en abondance. * Tu
22 ſeras béni dans ton entrée & dans ta ſor
22 tie, ou dans toutes tes entrepriſes $ tes cc
25 cupations. L'Eternel fera que les ennemis qui
22 s'éléveront contre toi, ſeront battus : Ils ſor
22 tiront par un chemin contre toi, & s'enfui
22 ront de devant toi par ſept, ou de tous cô
55 tés. L'Eternel répandra ſa bénédiction ſur toi,
22 dans tes greniers , & dans tout le travail de
55 tes mains , au pays que l'Eternel ton Dieu
9 , te donnera : Il t'y établira pour lui être un
22 peuple ſaint , comme il te l'a promis avec
22 ſerment ; pourvû que tu gardes ſes Com
22 mandemens, & que tu marches en ſes voies.
22 Et tous les peuples de la terre verront que
22 l'Éternel te favoriſe, parce que tu portes ſon
2» nom , 85 que tu es attaché à ſon ſervice ;
2» & ils auront peur de toi. L'Eternel ton
2» Dieu te feras abonder en biens de toutes ſor
29 tes, & multipliera ta poſtérité, ton bétail,
:2
& le fruit de la terre que tu poſſéderas,
» , Paſ
M I s E N C A T E c H I s M E. 4o7
,, par le don que l'Eternel t'en aura fait. L'E-
,, ternel t'ouvrira le bon tréſor des Cieux, pour
,, te donner la pluye, telle qu'il faut à ta terre
,, dans ſa ſaiſon, & pour bénir tout le travail
,, de tes mains. Tu prèteras à beaucoup de
,, nations , & tu n'emprunteras poinr. L'Eter
,, nel te mettra à la tète & non à la queue ;
c. à d. Tu domineras ſur les peuples voiſins ,
plutôt que d'en devenir ſujet ; " & tu ſeras plû
,, tôt au - deſſus d'eux qu'au deſſous; pourvû
,, que tu obéiſſes aux Commandemens de l'E-
,, ternel ton Dieu , que je te preſcris aujour
,, d'hui ; que tu prennes garde à les faire , &
,, que tu ne te détournes ni à droite, ni à
,, gauche, d'aucune des paroles que je te com
,, mande aujourd'hui, pour marcher après d'au
,, tres Dieux & les ſervir. ,

D. Quels ſont au contraire les maux dont il


menace les Iſraëlites, 83 qu'il prédit devoir leur
arriver , s'ils venoient à abandonner le culte die
vrai Dieu , 85 à violer ſes Commandemens ?
R. Ils ſont en très grand nombre, & des
plus terribles ; comme on peut le voir , par
l'expoſition qu'il en fait ici fort au long, quand
il dit : * Mais ſi tu n'obéis pas à la voix de Deut.
,, l'Eternel ton Dieu, & que tu ne prennes XXVIII. I 5 - 45
,, pas garde à obſerver les Commandemens &
,, les Loix que je te preſcris aujourd'hui ; tu
,, ſeras expoſé à toutes les malédictions que
,, je vais te décrire : Tu ſeras maudit à la vil
,, le & à la campagne : Ta corbeille & ta mais
,, ſeront maudites, 83 tu ſeras réduit à mam
,, quer de pain. Ta famille, ta terre, les por
,, tées des vaches & des brebis de ton trou
,, peau, ſeront maudites : Tu ſeras maudit en
C c 4 22 tOIA
4o8 L'AN c 1 E N T E s T A M E N T
,, ton entrée & ta ſortie, ou en toutes tes en -
,, trepriſes : L'Eternel envoyera ſur toi la ma
,, lédiction, la terreur & la ruine, dans tout
,, ce que tu entreprendras, & que tu feras ;
,, juſqu'à-ce que tu ſois détruit, & que tu pé
,, riſſes totalement ; à cauſe de la méchanceté
,, des actions par leſquelles tu m'auras aban
,, donné. L'Eternel fera que la mortalité & la
,, peſte s'attache à toi ; juſqu'à-ce qu'elle t'ait
,, conſumé de defſus la terre que tu vas poſ
,, ſeder. L'Eternel te frappera de fiévre lente,
,, & de fiévre ardente, d'inflammation & de
,, chaleur dévolante ; de conſomption & de jau
,, niſſe, qui te pourſuivront, juſqu'à-ce que tu
,, périſſes. Les Cieux qui ſont ſur ta tète ſe
,, ront pour toi d'airain , 85 me te donneront
,, point de pluye ; & la terre qui eſt ſous tes
,, pieds ſera de fer , elle ne te produira aucun
,, fruit : L'Eternel te donnera au lieu de la
•, pluye qui fertiliſe la terre, une pouſſiere mt
» nue, qui pouſſée par les vents, deſcendra
,, ſur toi des Cieux, juſqu'à-ce que tu ſois ex
,, terminé. L'Eternel fera que tu ſeras battu
,, devant tes ennemis : Tu ſortiras par un che
,, min contr'cux , & tu t'enfuïras de devant
,, eux par ſept autres ; & tu ſeras vagabond
,, par tous les royaumes de la terre. Les ca
,, davres de ceux qui auront été tués , au lieu
,, d'être enſevelis, deviendront la proie des oi
,, ſeaux des Cieux , & des bètes de la terre,
,, qui les dévoreront, ſans que perſonne les effa
, rouche : L'Eternel te frappera des , ulcéres
,, d'Egypte, d'hémorroïdes, de gale & de gra
,, telle, dont tu ne pourras guerir : Il te frap
» pera de fréneſie, d'aveuglement d'eſprit, & A
2: u •
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 4o9
de ſtupidité. Tu iras tâtonnant en plein mi
22 di, comme un aveugle tâtonne dans les té
nèbres , ſans ſavoir que devenir ; & tu ne
réuſſiras dans aucun de tes deſſeins : Tu ſe
ras expoſé en tout tems aux violences & aux
>> pillages ; & il n'y aura perſonne qui t'en ga
rantiſſe. Tu fianceras une femme, mais un
2> autre h.b rera avec elle : Tu bâtiras des mai
2b ſons ; mais tu n'y demeureras point. Tu
planteras des vignes ; mais tu n'en recueil
liras point le fruit. Ton bœuf ſera tué de
vant tes yeux ; mais tu n'en mangeras point.
: te ſera point rendu. Tes brebis ſeront livrées
Ton ane ſera ravi de devant toi ; & il ne

à tes ennemis ; & tu n'auras perſonne qui


les en retire. Tes fils & tes filles ſeront li

:
2>
vrés à un peuple étranger : Tes yeux le ver
ront & ſe conſumeront par la vue continuel
le de leurs miſeres ; & tu n'auras aucun pou
voir en ta main pour les en délivrer. Le peu
ple que tu n'auras point connu, avec lequel
tu m'avois aucune ſorte de commerce, mange
ra le fruit de ta terre, & de tout ton tra
vail ; & tu ſouffriras tous les jours de ſa part
des injuſtices & des concuſſions. Tu ſeras
hors de ſens, à la vue de toutes ces cho
ſes. L'Eternel te frappera d'un ulcére ma
lin, ſur les genoux & ſur les cuiſſes, dont
tu ne pourras être guéri ; & qui s'étendra
depuis la plante des pieds juſqu'au ſommet
de la tête. L'Eternel te fera marcher, toi
& ton Roi que tu auras établi ſur toi ,
, vers une nation que, ni toi, ni tes peres

: n'aurez connue ; & tu ſerviras là d'autres


Dieux , des idoles de bois & de pierre. Tu
C c 5 » ſe
41o L'A N c I E N T E s T A M E N T
20 ſeras là un ſujet d'étonnement à tout le
25 monde qui apprendra les malheurs inouis
- 32 qui te ſeront arrivés ; & tu ſeras expoſé aux
2> railleries & aux inſultes de tous les peuples,

25 chez qui l'Eternel aura permis que tu ſois


20 emmené captif Tu jetteras beaucoup de ſe
25 mence dans ton champ, & tu en recueilliras

35 peu; parce que les ſauterelles le conſumeront.

Tu planteras des vignes , & les cultiveras ;


mais tu n'en boiras point le vin, & tu n'en
recueilliras rien ; parce que les vers auront
mangé le fruit.' Tu auras des oliviers en
tous les coins de ton pays ; mais tu ne t'oin
dras point de l'huile qu'ils pourroient donner ;
parce que tes ' oliviers perdront leur fruit
Tu engendreras des fils & des filles ; mais
ils ne ſeront pas à toi, parce qu'ils iront
en captivité. Les hanetons gâteront tous tes
arbres & les fruits de ta terre. L'étranger
qui eſt au milieu de toi , s'élevera fort au
deſſus de toi, & tu ſeras fort au-deſſous de
lui : Il te prêtera , & tu n'auras pas de
quoi lui prêter à ton tour. Il ſera à la tè
2y te , & toi à la queué : ll aura toute auto
rité ſur toi , 85 tu lui ſeras ſoumis. " Toutes
3> ces malédictions viendront ſur toi ; elles te
pourſuivront & t'atteindront, juſqu'à ce que
tu ſois exterminé ; parce que tu n'auras pas
obéi à la voix de l'Eternel ton Dieu, &
que tu n'auras pas gardé les commandemens
22 & les ſtatuts qu'il t'avoit preſcrits.
D. Outre tous ces maux qui paroiſſent regar
der ceux qui étoient alors vivans, 83 leurs deſ
cendans, pendant qu'ils habiteroient dans le pays
de Canaan ; de quels autres malheurs Moiſe me
1fº.t-
M I s E N C A T E c H I s M E. 411
uace-t-il leur poſtérité la plus éloignée , ſi elle ve
moit à être auUi rebelle aux ordres de Dieu que
ſes Ancêtres l'auroient été *
: R. Moiſe, animé ici d'un eſprit Prophétique,
# continue à leur faire enviſager l'état de leur
.3 poſtérité à venir , comme le plus déplorable
,º º qu'il ſoit poſſible de concevoir ; & il s'expri
me ſur ce ſujet en des termes dont on a vû
: l'accompliſſement, dans les terribles cataſtrophes
ue la nation Juive a éprouvées, de la part
des Chaldéens, & des Syriens ; mais ſur tout
de la part des Romains , dans le ſiége qu'ils
firent de la ville de Jéruſalem , & dans les ſui
tes funeſtes qu'a eu la priſe de cette ville, pour
toute la nation Juive ; & dans ſa diſperſion par
toute la terre , dont elle n'eſt pas encore re
levée. C'eſt ce qu'il ſemble que Moiſe veut leur
faire entendre, dans les paroles ſuivantes : * Ces Deut.
,, choſes, ou ces malheurs que toi & ta poſ
,, térité éprouverez, ſeront des ſignes & des
22 préſages de ce qui doit t'arriver , dans toute
2» la ſuite des ſiécles : Et parce que tu n'au
>> ras pas ſervi l'Eternel ton Dieu avec joie,
,, & de bon cœur, pour l'abondance de tou
,, tes choſes , dont tu jouiſſois : Tu ſerviras
92 dans la faim , dans la ſoif, dans la nudité,
»» & dans la diſette de toutes choſes, ton en
,, nemi que l'Eternel envoyera contre toi ;
,, & il mettra un joug de fer ſur ton cou,
,, ou te traitera avec la plus grande dureté ;
,, juſqu'à - ce qu'il t'ait exterminé. L'Eternel
22 ſuſcitera encore contre toi , une nation qui
32 viendra de loin , & du bout de la terre ;
,, mais qui volera comme une aigle , & dont
,, tu n'entendras point la langue ; une #
»» IC
412 L'A N c I E N T E s T A M E N r
. ,, féroce & inſolente qui n'aura point d'égard
- ,, à la perſonne du vieillard , & qui n'aura
,, point pitié de l'enfant, qui mangera le fruit
,, de ton bétail & les fruits de ta terre, juſ
,, qu'à - ce que tu ſois exterminé ; qui ne te
,, laiſſera rien de reſte, ſoit froment, ſoit vin,
,, ſoit huile, ſoit de la portée de tes vaches,
,, ou des brebis de ton troupeau; juſqu'à - ce
· ,, qu'elle t'ait tout-à-fait ruïné, & qui t'aſſié
,, gera dans tontes tes villes, juſqu'à - ce que
,, tes murailles les plus hautes & les plus for
,, tes, ſur leſquelles tu te ſeras aſſuré en tout
,, ton pays, tombent par terre : Cette matiox
,, aſſiégera, dis-je, toutes tes villes, dans tout
,, le pays que l'Eternel ton Dieu t'aura don
§ né L'extrémité où tu te verras alors réduit,
- Deut. ,, fera que tu mangeras le fruit de ton ven
| - »#
53 - 68.
9,, tre, la propre chair de tes fils & de tes fil
,, les (a), que l'Eternel t'aura donnés, pour
» , dlj0ſl

( a ) Tu mangerar le fruit de ton ventre, la chair


de tes fils 85 de tes filles. L'Hiſtorien Joſephe en cite
un exemple bien frappant , dans l'hiſtoire du ſiege
de Jéruſalem , par les Romains ; dont il y a appa
rence que l'eſprit prophétique de Moïſe décrit ici les
événemens. C'eſt celui d'une Dame fort riche , qui
ſe voyant enlever par les zélateurs qui étoient dans
la ville, tout ce qu'elle avoit pour vivre ; & n'a-
yant pu obtenir d'eux, de lui ôter la vie & celle de
l'enfant qu'elle allaitoit , ſe porta à la cruelle reſolu
tion d'arracher ſon enfant de ſa mammelle , de le
tuer , de le faire cuire , d'en manger une partie , &
| d'en cacher l'autre pour un autre repas Voye2 Jo
ſeph. Liv. VI. Ch. 2 I. Il y a toute apparence que
cet exemple ne fut pas le ſeul , & que l'on vit en
| core dans ce ſiége , & dans d'autres , l'accompliſt
- ment de ce qu'ajoute Moiſe.
M I s E N C A T E c H I s M E. 4I3
aſſouvir ta faim , dans le ſiége & dans la
détreſſe dont ton ennemi te ſerrera. L'hom
me, ou le pere le plus tendre pour ſes en
fans, & le plus délicat ou le plus voluptueux
d'entre vous , regardera d'un œil d'envie
ſon frere , ou ſa femme bien aimée , & le
reſte de ſes enfans qui ſont encore en vie,
pour ne garder à aucun d'eux , 85 garder
pour lui ſeul, la chair de ſes autres enfans
qu'il aura tués, pour s'en nourrir ; parce
qu'il ne lui ſera rien reſté du tout dequoi
manger , à cauſe du ſiége & de la détreſſe
dont ton ennemi te ſerrera dans toutes tes
villes. La mere la plus tendre & la plus dé
# licate d'entre vous, qui n'auroit pas mis la
|
plante de ſon pied ſur la terre , par délica
teſſe & par molleſſe, regardera d'un œil d'en
|
#
vie ſon mari bien aimé, ſon fils & ſa fil
le, pour me pas leur donner la taye , ou l'en
velope du petit enfant qui vient de lui naî
tre, non plus que l'enfant même qu'elle met
tra au monde ; car elle le mangera ſecrette
#
ment dans la diſette où elle ſera réduite de
toutes choſes pour ſe nourrir , à cauſe du
ſiége & de la détreſſe dont ton ennemi te
ſerrera dans toutes tes villes : Si tu ne prends
garde à faire tout ce que la Loi écrite dans
ce livre te preſcrit, en craignant le nom ter
#
rible & glorieux de l'Eternel ton Dieu. Après
cela, l'Eternel aggravera encore tes maux, &
les maux de ta poſtérité, & t'envoyera des
maux étranges , des plus cuiſans, des plus
funeſtes, & d'une longue durée : Il fera re
tourner ſur toi les langueurs dont tu avois
' tant de peur en Egypte : Elles s'attacheront
22 à
414 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» à toi : Mème l'Eternel fera venir ſur toi tou
» tes ſortes d'autres maladies & de playes,
» dont il n'eſt point fait mention dans ce li
» vre, juſqu'à ce que tu ſois exterminé Vous
, reſterez en petit nombre , après avoir été
» comme les étoiles des Cieux, tant vôtre nom
,, bre étoit grand ; parce que tu n'auras point
» obéï à la voix de l'Eternel ton Dieu : Et
,, il arrivera que comme l'Eternel a eu pour
,, agréable de vous faire du bien, & de mul
,, tiplier vôtre race ; de même l'Eternel paroi
,, tra ſe plaire à vous faire périr, & à vous
,, exterminer ; en ſorte que vous ſerez arra
,, chés de deſſus la terre que vous allez poſſe
,, der : Et l'Eternel te diſperſera parmi tous
,, les peuples, depuis un bout de la terre, juſ
,, qu'à l'autre : & tu ſerviras là d'autres Dieux,
,, de bois & de pierre, que ni toi, ni tes
,, peres n'avez connus : Encore n'auras-tu au
s, cun repos parmi ces nations , & tu ne trou
»

,, veras aucun lieu à aſſeoir en paix la plant


s, de tes pieds : Car l'Eternel te donnera par
,, tout un cœur tremblant, des yeux languiſ
, ſans, & une ame toute ſerrée de douleur.
,, Ta vie ſera pendante devant toi ; elle nt
tiendra qu'à un filet , 85 tu te verras à tout
coup entre la vie $ la mort. * Tu ſeras dans
. ,, l'effroi nuit & jour , & ne ſeras jamais aſ
,, ſuré de ta vie. Tu diras le matin ; qui me
,, fera voir le ſoir ? & le ſoir ; qui me fera
», voir le matin ? à cauſe de l'effroi dont ton
,, cœur ſera ſaiſi, & des choſes que tu verras
,, de tes yeux : Et l'Eternel te fera retourner
,, par mer en Egypte ( a ), dont je t'avois dit
», quº
(a ) L'Eternel te fera retourner par mer en EJft .
=--

111 M I s E N C A T E c H 1 s M E. 415
# , » que tu ne devois jamais reprendre le che

# ::
,, min. Vous y ſerez vendus à vos ennemis
ºr !
,, pour être des eſclaves, vous & vos femmes ;
# 52
,, & il n'y aura perſonne qui veuille ſeulement
,#
^
,, vous acheter , tant ſera grand le mépris qu'on
r !

J, #º
fera de vous.
: º
#
# #º
| C H A P I T R E X X X III.

#, l'
Qui renferme la confirmation de l'alliance
|! #
#! que Dieu avoit faite avec le peuple d'Iſ
: º! raël , ſur le mont de Sinaï.
: r .#
## D. Uelle fut la concluſion des bénédictions 83
|#! des malédictions que Moïſe avoit annon
, º
cées 85 prédites au peuple d'Iſraël, ſelon qu'il ſe
conduiroit envers Dieu * -

ſ! #
R. Ces bénédictions & malédictions ayant
été annoncées au peuple d'Iſraél, l'Eternel en
fit le fondement d'un renouvellement d'alliance
avec tout ce peuple, dans les mêmes termes,
& ſous les mêmes conditions que celle qui avoit
été traitée avec eux en Horeb, dont il recom
mande de nouveau l'obſervation ; d'un côté ,
par la conſidération des graces ineſtimables qu'ils
avoient déja reçues du Seigneur ; & de l'au
tre , par celle des jugemens qu'ils attireroient
ſur

Cette menace ſe trouva accomplie d'abord après la


ruine de Jéruſalem , par les Romains ; lorſque l'Em
pereur Tite fit tranſporter en Egypte une partie de
ſes priſonniers Juifs. Voyez Joſeph de la guerre des Juifs.
Liv. V I I. Ch. 16.
· --
416 L'A N c I E N T E s T A M E N T
ſur eux, s'ils venoient à la violer; comme nOUs
l'apprend la ſuite de la narration de Moiſt
. Dºt. ,, Ce ſont là, dit-il, les paroles, ou les condi
2I À!X
- I8.
tions de l'alliance que l'Eternel commanda à
22 Moiſe de traiter avec les Enfans d'Iſrael, au
22 pays de Moab , outre la premiere alliante
2» qu'il avoit traitée avec eux en Horeb. Moi.
25 ſe appela donc de nouveau tout Iſrael, &
22 leur dit, ou aux Anciens qui le rapportértºt
22 au peuple : Vous avez vû tout ce que l'E-
:2 ternel a fait en vôtre préſence, au pays d'E.
23 gypte, à Pharao , à tous ſes ſujets, & i
25 tout ſon pays ; les fléaux extraordinaires pr
22 leſquels il les a éprouvés ; les prodiges &
37 les grands miracles qu'il fit alors éclater à
22 vos yeux : Mais toutes ces merveilles n'&
32 yant point produit ſur vous l'effet que l'E
32 termel en attendoit ; vous n'avez point eu
22 un cœur pour conſiderer, ni des yeux pour
22 voir, ni des oreilles pour ouïr tout ce qut
22 l'Eternel a fait pour vous, juſqu'à ce jour ;
en un mot , vous n'en avez point été touchº,
comme vous deviez l'être : " Je vous ai con
2) duits durant quarante ans par le déſert, ſans
32
que vous ayez manqué de vêtemens pou#
22 vous couvrir, & ſans que vôtre pied ait été
5) bleſſé, faute de ſoulier. Vous avez vècus
22 ſans manger de pain , ni boire de vin, ºu
:2 de cervoiſe ; afin que vous connuſſiez quº
22 c'eſt de l'Eternel vôtre Dieu que vous tenirs
22 vos alimens ; & vous êtes parvenus en º
- 52 lieu-ci. Sihon, Roi d'Hesbon, & Hog, Rºi
32 de Baſan , ſont ſortis au - devant de nous
2è) pour nous combattre, & nous les avons bº
32 tus : Nous avons pris leur pays, & #
» d0ſl
=-=--

MIs E N C A T E c H I s M E. 4I7
..
#2
|
» donné en héritage aux Rubénites , aux Ga
- • - - r

#' ,, dites, & à la demi-Tribu de Manaſſé. Vous


|# , ,, ferez donc attention aux conditions de cette
-

2: » alliance , & vous les obſerverez ; afin que


, vous proſperiez dans tout ce que vous en
#- », treprendrez. Vous comparoiſſèz tous aujour
- ,, d'hui devant l'Eternel vôtre Dieu ; les Chefs
,, de vos Tribus, vos Anciens, vos Officiers
,, & tout homme du peuple d'Iſrael , vos petits
s, enfans , vos femmes & tout étranger qui eſt
s, en ton camp, juſques au coupeur de bois &
s, au puiſeur d'eau, c. à d. juſqu'aux eſclaves emi
», ployés aux ſervices les plus vils ; afin que tu
», entres dans l'alliance de ton Dieu qu'il veut
,, traiter aujourd'hui avec toi, ſous l'exécration

ſt
,, du ſerment, par lequel tu t'engages à en rem
| . » plir les conditions , moyennant quoi tu ſeras
-
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) ; ,, confirmé aujourd'hui dans le privilége d'être
,, ſon peuple particulier, & de l'avoir pour ton
,, Dieu 85 ton protecieur ; ainſi qu'il te l'a dit
, » & qu'il avoit promis par ſerment à tes peres,
,, Abraham , Iſaac & Jacob ; & ce n'eſt pas ſeu
4* ,, lement avec vous, que je traite cette alliance
º ,, ſous l'exécration du ſerment, par lequel vous
#º vous y engagez, vous qui êtes ici aujourd'hui avec
º moi devant l'Eternel nôtre Dieu ; " mais auſſi
#º ,, avec ceux qui ne ſont point préſens, 85 avec
sº: ,, toute vôtre poſiérité à venir : Car vous ſavez
•, comment nous avons demeuré au pays d'E-
», gypte , & comment nous avons paſſé au mi
!# •, lieu des nations ; où vous avez vû leurs abo
| », minations & leurs ordures ; les Idoles de bois,
# », de pierre , d'argent & d'or, qui ſont parmi .
# », eux. Qu'il ne ſe trouve donc aujourd'hui par
# » mi vous , ni homme, ni femme, ni famille,
||! | -
Touue I It D d » ni -
418 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
» ni Tribu qui détourne ſon cœur de l'Eternel
,, nôtre Dieu , pour aller ſervir les Dieux de
,, ces nations, & qu'il n'y ait parmi vous au
,, cune racine, ou ſemence d'idolatrie, qui pro
» duiſe des effets at]i amers que le ſont le fiel
,, & l'abſinthe.
D. De quoi les menace Moiſe, ſi cela leur ar
rivoit º
R. Il les menace des jugemens de Dieu les
plus formidablcs : Prenez donc garde, letr dit
f)eut. il, " qu'il n'arrive que quelcun de votes ayant
X X I X.
19 - 29. ,, entendu les paroles de cette alliance confirmitt
, par ſerment , ne ſe fate cn ſon cœur , &
,, ne diſe ; je vivrai en paix , quoique je ſuive
» ſans retenué tous les déſirs de mon cœur ;
» en ajoutant , commie l'on dit, l'yvrognerie à
,, l'alteration , ou à la ſoif, c. à d. en m'aban
donnant à toutes mes paſ]ions $ à tous mes de
firs, juſqti'à l'excès 85 ſans crainte ; car ſi cela
arrivoit à quelcun de vous, " l'Eternel ne ſera
,, point diſpoſé de lui pardonner ; mais ſa co
,, lère & ſa jalouſie s'enflammera alors contre
,, cet homme là , & il ſe trouvera accablé de
,, toutes les malédictions qui ſont écrites dans
,, ce Livre. L'Eternel effacera le nom de cet
,, homme de deſſous les cieux : il ſera detruit
,, avec toute ſa p0ſtérité ; & il le retranchera de
,, toutes les Tribus d'Iſrael par une entiere rui
,, ne ſelon les malédictions contenuës dans ce
,, Livre de la Loi , & les termes du ſerment de
,, l'alliance de Dieu avec vottr. La poſtérité à ve
,, nir ou les enfans qui viendront après vous,
,, & le forain qui viendra d'un pays éloigné,
;, diront, lorſqu'ils verront les calamités de ce
,, pays , & les maladies dont l'Eternel l'afil
- » , gcſi *
m--V

M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 41»
35 gera, & que toute la terre de ce pays-là ne
32 ſera que ſouffre, que ſel, qu'embraſement ; *

C. à d. lorſqu'elle ſera entierement brulée 83 dé


p» ſolee ; qu'elle ne ſera point ſemée ; qu'il n'y
º2 germera quoi que ce ſoit ; & que nulle herbe
25 n'en ſortira ; comme cela arriva à la ſubver
: 32 ſion de Sodome , de Gomorrhe, d'Adma &
, 2 22 de Tſeboïm , que l'Eternel détruiſit en ſa
2> colère, & en ſa fureur. Toutes les nations,
#!
l e» dis.je, diront alors ; pourquoi l'Eternel a-t-il

::a- 9»
fait ainſi à ce pays ? Quelle eſt la cauſe de
1 :°
º •5 l'ardeur de cette grande colère ? Et on ré
-
º» pondra ; c'eſt parce qu'ils ont abandonné l'al
| ::
- -* 2» liance de l'Eternel, le Dieu de leurs peres, qu'il
2 )
avoit traitée avec cux, lorſqu'il les fit ſortir
# 2 » d'Egypte ; car ils ſe ſont abandonnés au culte
it
| 55 des Idoles, & ſe ſont proſternés devant elles ;
:43
,*
•, devant des Dieux qu'ils n'avoient jamais con
| i» • »

# !
nus , & de qui ils n'avoieat reçu aucun bien.
# > » A cauſe de cela la colère de l'Eternel s'eſt
* », embraſée contre ce pays, & a fait venir ſur
,c 22 lui toutes les malédictions écrites dans ce Li
!,

:$
*
22 vre. L'Eternel les a arrachés de leur pays
#. » e2 en ſà coière, & en ſà fureur, & en ſa gran
:3 >» de indiguation , & les a chaiſés en d'autres
|# 95 pays ; comme on le voit aujourd'hui. Toutes
: @> les choſes que je viens de vous expoſer 83 de
ſº 92 vous prédire, ajoute Moïſe, étoient cachées par
# e» devers l'Eternel nôtre Dieu ; mais il a bien
> 2 > voulu les revéler à nous & à nos enfans juſ
# 32 ques aux derniers ſiecles , pour nous enga
2 32 er par là d'attant mieux à obſerver tous les
2 22 commandemeiis de cette Loi.
º
| D. Les malheurs que Moïſe vient de dénoncer
attx lſraélites rebelles & déſobeiſſants, étoient ils
| D d 2 -- donc
42o L'A N c I E N T E s T A M E N T
donc tels que ce peuple me put plus rentrer en gracs
avec Dieu , au cas qu'il vint à changer de con
duite , 85 à écouter ſa voix avec plus de docilité ?
R. Non , au contraire, Moïſe leur fait eſpe
rer qu'en retournant à Dieu de tout leur cœur,
ils déſarmeroient ſa colère, & qu'iis éprouve
roient de ſa part un retour de faveur très - ſa
tisfaiſant. C'eſt ce que Moïſe veut leur repré
Dent. ſenter quand il ajoute : " Lors donc que tout
XXX. ,, ce que je viens de dire ſera arrivé, & que
M - I9,
,, les bénédictions ou les malédictions que je
,, t'ai repréſentées ſeront venues ſur toi, & que
», les ayant rappelées dans ton cœur, chez tou
2, tes les nations au milieu deſquelles l'Eternel
,, ton Dieu t'aura diſperſé, tu retourneras à
», l'Eternel ton Dieu , & que toi & tes enfans
», écouterez ſa voix de tout vôtre cœur, & de
,, toute vôtre ame, pour faire tout ce que je
2, te commande aujourd'hui ; l'Eternel ton Dieu
,, te fera revenir de la captivité où tu étois.
», Il aura compaſſion de toi , & te raſſemblera
2, de nouveau d'entre tous les peuples , parmi
,, leſquels l'Eternel ton Dieu t'avoit diſperſe :
» Quand même tu aurois été diſperſé juſqu'aux
,, extrèmités du monde, l'Eternel ton Dieu te
,, retirera de là , te raſſemblera & te ramenera
» au pays que tes peres auront poſſedé, pour
», le poſſeder toi-même : Il te fera du bien &
» te multipliera plus que tes peres ne l'ont été.
» De plus, l'Eternel ton Dieu circoncira ton
,, cœur & le cœur de ta poſtérité : il en ar
rachera tous les mauvais déſirs 85 les ſemences de
», corruption ; afin que tu aimes l'Eternel ton
, Dieu de tout ton cœur & de toute ton ame,
, & que tu jouïſſes d'une heureuſe vie. Alors
» l'Eternel fera retomber les malédictions que
• tiº
-→

M I s E N C A T E c H I s M E. 421
,, tu as ouïes ſur tes ennemis qui te haïſſent
,, & qui te perſécutent. Pour toi, tu reviendras
,, de tes égaremens ; tu obéiras à la voix de
,, l'Eternel , & tu obſerveras tous les comman
,, demens que je te preſcris aujourd'hui ; &
,, l'Eternel ton Dieu te comblera de biens dans
,, tous les travaux de tes mains, dans les en
,, fans qui naitront de ton ſein ; dans tout ce
,, qui naitra de tes troupeaux , & dans le re
,, venu de ta terre : Car l'Eternel ton Dieu
,, mettra derechef ſon plaiſir à te combler de
,, biens , comme il l'avoit fait à l'égard de tes
,, peres ; pourvû que tu obéiſſes à la voix de l'E-
:,º ,, ternel ton Dieu, que tu gardes ſes comman
,, demens, & les ordonnances écrites dans ſa
# ,, Loi, & que tu retournes à l'Eternel ton Dieu
,, de tout ton cœur & de toute ton ame.
&:
D. Quel autre motif allégue encore Moiſe pour
,* les engager à faire ce que Dieu leur commandoit ?
R. Il allégue la facilité de cette pratique &
:;
la clarté de ces commandemens : * Car, dit-il, Deut.
, ,, ce commandement que je te preſcris aujour X X X.
II - I4 »
,, d'hui n'eſt pas trop haut pour toi, ni trop
,, éloigné de toi ; c. à d. il n'eſt ni difficile à com
prendre , ni difficile à pratiquer : " Il n'eſt pas
,, aux cieux, pour dire ; qui eſt ce qui y mon
,, tera pour nous, & nous l'appotera, afin de
,, nous le faire entendre & que nous le faſſions ?
c. à d. il n'eſt pas beſoin mi d'une révélation par
ticuliere, ni d'un ſecours extraordinaire pour le
comprendre 83 l'obſerver. " Il n'eſt point auſſi
,, au-delà de la mer, pour dire ; qui eſt-ce qui
* ,, la traverſera pour nous, & nous l'apportera ;
,, afin de nous le faire entendre, & que nous
,, le faſſions ? c. à d. vous ne ſerez pas obligés
#2 - D d 3 de
42s L'AN c 1 E N T E s T A M E N r
de faire de longs voyages, ni de traverſer les mers
pour en acquérir la connoiſſance 85 vous en fa.
,, ciliter la pratique. Car cette parole, ce com
» mandement eſt fort près de toi, dans ta bou
,, che & dans ton cœur, afin que tu l'accom
» pliſſes. Rien ne doit t'être plus facile que d'en
tendre , de reciter, de vouloir 85 de faire ce que
Dieu demande de toi. .
D. Comment Moïſe finit - il tout ce diſcours ?
R. Il le finit par une récapitulation abregée
de ce qu'il avoit repréſenté aux Iſraelites, &
, par une forte exhortation à profiter du ſeul mo
*

yen qui pouvoit les rendre heureux , & leur


procurer la faveur de Dieu pour le reſte de leurs
jours, ſavoir , l'amour de Dieu & l'obéiſſance
1Deut.
X X X.
à ſes loix. " Conſidére bien, dit-il à ce peuple,
I5 - 2o.
,, ce que je viens de te dire ; J'ai mis aujour
,, d'hui devant tes yeux d'un côté , la vie & le
,, bien ; $ de l'autre, la mort & le mal : c.à.l.
le bonheur de ceux qui obſervent les Loix du Sii
gneur 83 le malheur de ceux qui les tranſgreſſent.
,, Car je te commande aujourd'hui d'aimer l'E-
,, ternel ton Dieu, de marcher dans ſes voies,
,, de garder ſes commandcmens , ſes ordonnait
:0 ces & ſès Loix ; ſi tu veux que ta vie ſoit
» prolongée, que ta race ſoit multipliée , &
,, que Dieu te béniſſe dans le pays que tu vas
poſſeder : Mais ſi ton cœur ſe détourne de
» lui ; ſi tu n'obéïs point à ſà voix, &.que tu
» t'abandonnes juſqu'à te proſterner devant
,, d'autres Dieux, & à les ſervir : Je vous dé
» clare aujourd'hui que vous périrez certaine
ment, & que vous ne vivrez pas long-tems
dans le pays pour la poſſeſſion duquel vous
allez paſſer le Jourdain. Je prends donc au
jourd'hui les Cieux & la Terre à témoins
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 423
2) contre vous, que j'ai mis devant toi la vie
& la mort ; la bénédiction & la malédiction :
32 Choiſis donc le ſeul moyen qui peut te rendre
2» la vie heureuſe ; afin que tu en jouiſſes , toi
22 & ta poſtérité. Ce moyen eſt d'aimer l'Eter
92 nel ton Dieu, d'obéir à ſa voix & de t'at
:
22 tacher à lui ; car c'eſt lui ſeul qui peut faire
2> le bonheur de ta vie, & prolonger tes jours
39 pour demeurer dans le pays que l'Eternel a pro- .
29 mis par ſerment de donner à tes peres, Abra
25 ham , Iſaac & Jacob, $ à leurs deſcen lans.
D. Que fit Moïſe après ce diſcours ?
R. ,, Moiſe s'en alla, ou ſe retira dans ſa Deuf.
92 tente, d'où il ſortit bien-tôt après, pour par X X X |.
l - 3.
52 lcr à tout Iſrael, & leur dire ; Je ſuis au
25 jourd'hui âgé de ſix vingts ans ; je ne nour
22 rai plus aller & venir pour vous conduire ,
2? coiiiiiie je l'ai fait juſqu'ici. Auſſi l'Eternel m'a
2» dit que je ne paſſerois point le Jourdain ;
52 mais l'Eternel ton Dieu ſera ton conducteur,
$ l'Arche de l'alliance ſur laquelle il repoſe, paſ .
23 ſera devant toi : Il exterminera ces nations
2> là devant toi, $ à tes yeux ; & tu poſſéde
2X ras leur pays : Joſué eſt celui qui doit ſe
2> mettre à ta tête pour les combattre , comme
25 l'Eternel en a parlé ; & l'Eternel leur fera,
33 comme il a fait à Sihon & à Hog, Rois des
35 Amorrhéens , & à leurs peuples qu'il a ex
2> terminés : L'Eternel les livrera entre vos
25 mains , & vous leur ferez en tout point ,
9> comme je vous l'ai preſcrit. Fortifiez - vous
:> donc & prenez courage : Ne craignez point,
29 & que leur force & leur grand nombre ne
>> vous effrayent point : car c'eſt l'Eternel ton
39 Dieu qui marche devant toi ; il ne te délaiſ
D d 4 » ſera
424 L'A N c I E N T E s T A M EN T
33 ſera point, & ne t'abandonnera point. Moiſe

35 appela enſuite Joſué , & lui dit en la préſence

3> de tout Iſraël : Fortifie toi & prends coura


20 ge ; car tu entreras avec ce peuple au pays
>9 que l'Eternel a promis avec ſerment de don
25) ner à leurs peres ; & c'eſt toi qui les en met
33 tras en poſſèilion ; car l'Eternel qui eſt ton
2> conducteur ſera lui mème avec toi ; il ne te
22 délaiſſera point & •ne t'abandonnera point :
93 Ne crains donc point, & ne ſois point effrayé
D. Que fit encore Moiſe avant que Dieu le rt.
tirât de ce monde ?
R. ,, Il écrivit cette Loi, c. à d. la répétition
qti'il en avoit faite au peuple contenue dans lt
Deuteronome, ou peut - être ſeulement les Chpi
tres XX VI I. XX VI I I. XXI X. 85 XXX.
qui en contiennent la ſubſiance, * & il en don
e> na une copie aux Sacrificateurs , enfans de
99 Lévi, qui portoient l'Arche de l'alliance de

92 l'Eternel, & à tous les Anciens d'Iſrael, &


22 en la leur dommant, il leur commanda ce qui
95 ſiiit. De ſept en ſept ans, au tems précis de
3> l'année ſabbatique, ou de relâche, en la fète
92 des Tabernacles , quand tout le peuple d'Iſ.
92 rael ſera aſſemblé au Sanctuaire en la pré
" 99 ſence de l'Eternel ton Dieu , au lieu qu'il
3» aura choiſi ; on lira alors cette Loi devant
25 tout Iſraël, de maniere qu'ils puiſſent l'enten
3» dre ; ayant aſſemblé pour cela le peuple, homº
2» mes & femmes, & leurs petits enfans, &
2> l'étranger qui habitera chez toi ; afin que
32 l'entendant, ils apprennent à craindre l'Eteº
22 nel vôtre Dieu, & qu'ils prennent garde !
3 ) faire tout ce que cette Loi ordonne, & quº
55 leurs enfans qui n'en auront point eu de con
>> noiſſance juſqu'alors l'entendent, & apprº
'! M I s E N C A T E c H I s M E. 417
,, nent à craindre l'Eternel vôtre Dieu tous les
,, jours que vous demeurerez dans le pays pour la
,, poſſeſſion duquel vous allez paſſer le Jourdain.

C H A P I T R E X X X I V.

Contenant les derniers ordres que Moïſe re


çut de Dieu pour le peuple d'Iſraël , &
en particulier le beau Cantique qui de
voit être un monument perpétuel de tout
# ce qui leur avoit été prédit, & que Moïſe
devoit placer à côté de l'Arche avec le
Volume de la Loi.
D. Uels furent les derniers ordres que Moïſe
{! reçut de Dieu, avant ſa mort, pour le
º\, peuple d'Iſraël ?
5 - R. ,, L'Eternel dit alors à Moïſe ; Voici le Deut.
## : *
" }2 jour de ta mort eſt proche ; Appelle Joſué, XXXI.
32 & préſentez-vous au Tabernacle d'aſſignation ****
>2 près du Lieu Saint ; afin que je l'inſtruiſe de
ce qu'il doit faire. Moïſe & Joſué s'étant donc
préſentés au Tabernacle d'aſſignation , l'E-
>» ternel apparut aux yeux de tout le peuple ſur
92 le Tabernacle dans la colomne de nuée , &
22 cette colomne s'étant arrêtée ſur l'entrée du
32 Tabernacle, l'Eternel dit à Moïſe ; Voici tu
2> t'en vas dormir, ou être recueilli dans un lieu
22 de repos avec tes peres, & je prévois que ce
peuple va bien-tôt ſe proſtituer à des Dieux
étrangers qui ſont au pays qu'il va habiter,
& qu'il m'abandonnera ou le culte qu'il me
, 22

33
doit, & enfraindra l'alliance que j'ai traitée
avec lui. En ce jour - là, ma colère s'enflam
D d 5 2, Imera
426 L'AN c 1 E N T E s T A M E N r
º» mera contre lui, & je les abandonnerai auſſi
22 & leur cacherai ma face : je ne leur donnerai
plus aucun ſigne de ma préſence $ de ma favetor :
92 Il ſera expoſé en proie à ſes ennemis : & plu
22 ſieurs maux & angoiſſes l'affligeront & l'o-
22 bligeront de dire en ce jour-là : N'eſt ce pas

2y à cauſe que mon Dieu n'eſt plus avec moi


ſ> 2 que je ſouffre tous ces maux ? Cependant en

92 ce jour-là , je lui cacherai entierement ma


92 face; je me lui donnerai aucun ſigne de ma fa

© » veur à cauſe de tout le mal qu'il aura fait,

9» en ſe détournant de moi pour ſervir d'au


92 tres Dieux. Maintenant donc , compoſez &
22 mettez par écrit pour vôtre propre uſage,
93 premierement , un Cantique que vous enſei
92 gnerez aux Enfans d'Iſraél, & le mettrez dans
52 leur bouche, en le leur fiiſant apprendre par
92 cœur ; afin qu'il me ſervc de témoin con
º) tr'eux : Car je l'introduirai dans un pays dé
3> coulant de lait & de miel, que j'ai promis par
92 ſerment à ſes peres ; Il y mangera abondai
33 ment de tout, juſqu'à en être raſſaſié & en

92 graiſſé : Puis il ſe détournera de mon ſervice,


22 pour ſervir d'autres Dieux, & ils m'irrite
22 ront par le mépris qu'ils feront de mon culte

22 ê$ de mes loix, & enfraindront par là mon


r» alliance : S'ils ſont alors affligés de pluſieurs
32 maux & angoiſſes , ce Cantique dépoſera con
2» tr'eux, en ce qu'il ſera comme un témoin
35 de ce que j'ai fait pour eux ; car il reſtera
39 dans la mémoire & dans la bouche de leur
x> poſtérité. Je connois dès à préſent leurs penſées,
92 & je ſais, aujourd'hui même, ce qu'ils ſont ſur
22 le point de faire, avant que je les introduiſe

>> au pays que je leur ai promis par ſerment.


. D. Que firent donc Moiſe $ Joſué en coiſ
M I s E N C A T E c H I s M E. 427
quence de l'ordre qu'ils avoient reçu de Dieu ?
R. ,, Ce jour-là même Moïſe compoſa $ écri Deut.
XXXI.
,, vit ce Cantique , & le donna aux Enfans 22 - 3o.,
,, d'Iſraël pour l'apprendre par cœur. L'Eternel
,, dit auſſi à Joſué, fils de Nun : Fortifie-toi &
» prends courage ; car c'eſt toi qui introduiras
,, les Enfans d'Iſrael au pays que je leur ai
», promis par ſerment, & je ſerai avec toi Or
», quand Moiſe eut achevé d'écrire les paroles
» de cette Loi dans un Livre, ſans qu'il en man
,, quât rien; il dit aux Lévites qui étoient char
,, gés de porter l'Arche de l'alliance de l'Eter
» nel ; Prenez ce Livre de la Loi & mettez le
» à côté de l'Arche de l'alliance de l'Eternel vô
» tre Dieu , & il ſera là pour témoin contre
,, toi 85 tout le peuple d'Iſraël : car je connois
, ſon penchant à la rebellion, & ſon col roide,
», oit l'endurciſſement de ſon cœur. Car ſi moi qui
,, vous ai toujours porté les ordres que j'ai reçus
», de Dieu méme, étant encore aujourd'hui vi
» vant avec vous , vous avez néanmoins été
», rebelles à l'Eternel qui vous parloit par ma
,, bouche ; combien plus le ſerez vous après ma
,, mort ? Faites aſſembler auprès de moi tous
,, les Anciens ou les Chefs de vos Tribus , &
,, vos Officiers, & je vous reciterai les paroles
du Cantique que Dicu m'a ordonné de compoſer s
,, afin qu'ils les entendent : & j'appellerai à té
,, moins contr'eux les Cieux & la Terre : car
» je ſais qu'après ma mort, vous ne manque
,, rez point de vous corrompte , & que vous
,, vous détournerez de la voie que je vous ai
», preſcrite : mais à la fin il vous en arrivera
,, du mal , parce que vous aurez fait ce qui
,, déplait à l'Eternel, en l'irritant par les œuvres
» de vos mains. Apres cela, Moïſe prononça les
428 L'A N c I E N T E s T A M E N T
,, paroles de ce Cantique, ſans qu'il s'en manqua
,, rien , toute l'aſſemblée d'Iſrael l'entendant.
D. Expoſez moi, je vous prie, ce Cantique en
tout ſon contenu , 85 faites m'en connoitre les
differentes parties, & le ſens des expreſſions figu
rées qu'il n'eſt pas facile de ſaiſir.
R. Moiſe dans ce Cantique après une courte
préface dans laquelle il prend les Cieux & la
Terre , les Anges & les hommes à témoins,
& pour juges de ce qu'il va dire, & qui mé
ritoit par ſon excellence & ſon utilité toute
leur attention, commence par décrire la puiſ
ſance, la juſtice , & la bonté de Dieu , à la
quelle il oppoſe la corruption & l'ingratitude
des Iſraélites; en leur retraçant les bienfaits ineſ
timables qu'ils avoient reçus du Seigneur, &
Deut.
la maniere indigne dont ils en avoient abuſe.
XXXII. ,, Cieux, dit - il, 85 vous Anges qui aJiſiez de
I - I8. ,, vant Dieu , prètez l'oreille & je parlerai , &
2> que la Terre, ou tous les hommes qui l'ba
2 ) bitent écoutent les paroles de ma bouche :
,, La doctrine que j'ai reçue de Dieu diſtillera
», comme la pluye ; ma parole tombera comme
•, la roſée ; comme la pluye menue ſur l'herbe
,, naiſſante , & comme la pluye abondante ſur
,, l'herbe avancée : c. à d. que comme la pluye
85 la roſée en tombant ſur la terre, y produiſent
les plus beureux effets , ſervent à l'amollir 85 cois
tribuent à ſa fertilité; de même eſpére-t-il que ſon
cantique étant bien reçu de ceux qui l'écouteront,
ſera propre à amollir leur cœur, 85 produira en
eux les plus heureux fruits. * Car je célébrerai
,, le nom de l'Eternel ; je ferai connoitre ſes per
,, fections. Rendez donc hommage avec moi à la
:, grandeur de nôtre Dieu, 85 reconnoiſſez ſt
, puiſſance infinit. L'œuvre du rocher eſt par
M I s E N C A T E c H I s M E. 429
» faite. c. à d. L'Eternel qui a toujours été pour
les Iſraëlites comme un rocher, un azile, un re
fuge 83 un protecteur aſſuré, n'a rien fuit à leur
égard qui ne fut très-bon 85 très - utile : " car
», toutes ſes voyes ſont jugement ; elles ſont
conformes à la plus exacte juſtice 85 à la plus
,, parfaite équité. Le Dieu Fort eſt la vérité
,, mème ; toujours véritable dans ſes paroles,
a, & fidéle dans ſes promeſſes & ſans iniquité,
ou ſans qu'il y ait jamais en lui aucun deſſein
de tromper ceux qui s'adreſſent à lui. * Il eſt
,, juſte & droit : Il ſe conduit toujours à l'égard
de chacun, ſuivant la connoiſſnce qu'il a de ſes
ſentimens , 85 de ſes actions : " y auroit - il donc
,, quelque tort en lui , Pourroit-on blâmer la
conduite qu'il a tenue envers ſon peuple * Non ;
» cette tache eſt dans ſes enfans : Ce ſont eux ſeuls
qui ſe ſont ſouillés 83 corrompus ; " c'eſt une gé
» nération perverſe & entierement dépravée.
» Eſt-ce donc ainſi que tu récompenſes l'Eter
2, nel pour tous les biens dont il t'a comblé ; Peu
,, ple fou & inſenſé au plus haut point. N'eſt-il
,, pas ton pere, 85 ton créateur, qui t'a acquis,
en te richetant de la ſervitude d'Egypte ; " qui t'a
, fait ſon peuple particulier; & qui t'a affermi,
établi $ placé dans le lieu qu'il t'avoit promis.
» Souviens toi des anciens tems. Conſidére ce
» qui s'eſt paſſé dans chaque génération : In
» terroge ton pere, & il te l'apprendra, & tes
» vieillards , & ils te le diront. Quand le Dieu
Souverain, le Maitre abſolu
j de tous les hommes
» partageoit la Terre entre les nations ; quand
il ſéparoit les enfans des hommes, les uns des
» autres , pour, en faire diffèrens peuples , il
établit alors les bornes des nations dout tu
dois occuper le pays , ſelon le nombre des En
» fans d'Iſraël qui y devoitnt eutrer ; afin qu'ils
43o L'A N c I E N T E s T A M E N T
y euſſent ſijiſamment d'eſpace pour s'y établir.
22 Car il a choiſi ce peuple pour être particu
20 lierement à lui , & il a pris la pyiérité de
92 Jacob pour le lot de ſon héritage , ou pour
2» le peuple dont il a pris le plus de ſoin. il a
22 pourvû à tous ſes beſoins dans ce déſert , pen
22 dant quarante ans , dans un lieu affreux &
22 dans une vaſte ſolitude ; il l'a conduit par d'-
2> vers chemins, en le couvrant toujours de ſa
22 protection , il l'a inſiruit $ dirigé par ſes loix,
2> & il l'a conſervé comme la pri:nelle de ſon
2o oeil. Comme l'aigle excite ſa nichée à pren
dre la mourriture qqu'elle leur a préparée , q
qu'elle
º > couve ſes petits, & qu'elle étends ſes ailes
º» pour les garantir de tout accident, qu'elle les
92 prends ſur ſon dos , & les porte ſur ſes ailes,
» quand ils commencent à voler : de mérne l'E-
•» ternel ſeul a eu ſoin de ce peuple & l'a cor
: » duit au moyen d'une nuée qui lui marquoit la
52 route qu'il devoit tenir , & il n'y a point eu
25 d'autre Dieu avec lui qui l'ait aſſiſté : Il Ta
25 fait paſſer comme à cheval, ou comme un coi
5» quérant par deſſus les lieux haut élevés de la
22 terre, en le rendant victorieux de ſes ennemis ;
25 il lui a donné à manger les fruits de la cam
22 pagne ; il lui a fait ſuccer le miel que les
22 abeilles avoient amaſſé dans la roche ; & lui
22 a fourni de l'huile tirée des oliviers qui crºiſ
5» ſent ſur les plus durs rochers : Il lui a fait
5» mtaiiger le beurre des vaches, le lait des bre
2» bis , & la graiſſe des agncaux & des mou
tdns de Baſan, avec celle des boucs : Il iii
25 a donné le plus pur froment , & lui a fait
5> boire du vin qui étoit comme le ſang de la
5>
grappe tar ſa coulettr : c. à d. qti'il lui a pro
curé en graiide aboudince toutes les choſet neceſ
M1s E N C A T E c H I s M E. 43 1

,, ſaires à la vie. Mais Jeſchurun, ou le petit


,, peuple d'Iſraèl , après s'être engraiſſé dans la
jouiſſance de tous les biens qu'il avoit reçus de
,, Dieu, a regimbé comme un bœuf contre l'ai
guillon de celui qui l'a nourri, & a refuſé d'o-
béir à ſon maitre, $ de ſe laiſſer conduire ſelon
ſa volonté : " Etant devenu gras, grand & puiſ
,, ſant , il a abandonné Dieu qui l'a créé 83
,, qui l'a fait ce qti'il etoit ; & a mépriſé le ro
,, cher de ſon ſalut , ou s'eſt éloigné de Dieu
en qui ſettl il pouvoit trouver un refuge aſſuré.
» Ils l'ont irrité en adorant des Dieux étran
,, gers , & ont attiré ſa colère par les abomina
,, tions qu'ils ont commtiſes. Ils ont ſacrifié à des
,, Idoles qui ne ſont point Dieux ; à des Dieux
,, qu'ils n'avoient jamais connus ; à des Dieux
» nouveaux venus, & que vos percs n'ont ja
, mais craint ou adorés. Tu as ainſi, ô Iſraël ! ou
,, blié le rocher qui t'avoit donné la vie, & tu as
mis en oubli le Dieu Fort qui t'avoit formé.
D. A ce tableau de l'ingratitude des Iſraëlites en
vers Dieu ; qu'eſt-ce que Moïſe ajoute dans ce Canti
que ſur la conduite que Dieu tiendroit à leur égard ?
R. Il introduit ce Grand Dieu lui - même qui
leur prédit , qu'en punition de leur idolatrie
& de leurs crimes, il les frapperoit, les chaſ
ſeroit de leur pays, les enverroit en captivité,
& qu'il aboliroit même leur mémoire d'entre les
*4 hommes , s'il n'étoit retenu par d'autres conſi
derations : " L'Eternel, ajoute-t-il, a vû leurs Deut.
XXXII.
,, déſordres, & en a été d'autant plus irrité que 19 - a$.
||, ,,
,,
ce ſont ſes enfans , ſes fils & ſes filles qui
l'ont provoqué à colère far leur indigne con
,, duite , & il a dit , je leur cacherai ma face ;
,, je ne les regarderai pluſ f#torablement : je ver
|#
,, rai alors quelle ſera leur fin, ou ce qu'il dº
| 432 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
,, viendront ; car c'eſt une race perverſe ; une
,, nation incorrigible. Ce ſont des enfans en qui
» il n'y a nulle aſſurance, ou ſiar leſquels il n'y
,, a plus aucun fond à faire : Ils m'ont ému à
•, jalouſie en adorant ce qui n'eſt point le Dieu
» Fort, !& ils ont excité ma colère en ſervant
» de vaines idoles : Je les exciterai auſſi à ja
,, louſie en leur préferant un peuple qui n'eſt
» point mon peuple, & je les provQquerai à
» la colère en les aſſujettiſſant à une nation in
,, ſenſée ; car le feu de ma colère ſe répandra
,, ſur eux avec véhémence; il brulera juſqu'au
» fond des plus bas lieux, ou juſques dans les
,, entrailles de la terre, & dévorera ſon fruit ;
, il embraſera même les fondemens des monta
, gnes, par les feux ſouterrains qui en détruiront
,, les habitations : Je raſſemblerai ſur eux toutes
» ſortes de maux, & je lancerai ſur eux tou
» tes mes flèches ; ou les accablerai de tous les
jléaux dont j'ai accoutumé de punir les hommei.
» Ils ſeront conſumés par la famine, & ron
» gés par des charbons ardens, ou des bubons
», pçſiilentiels, & par une deſtruction des plus
,, amères. J'envoyerai contr'eux des bètes féro
,, ces qui les déchireront de leurs dents, & des
» ſerpens rempants ſur la pouſſiere qui les tue
,, ront de leur venin. L'épée de leurs ennemis
,, au déhors ; la terreur dont ils ſeront ſaiſis au
» dedans les détruira également. Le jeune hom
» me & la vierge, l'enfant qui tette & le vieil
» lard ſeront également détruits. Je les aurois
» même diſperſés par tout le monde, pour y
,, être réduits à la derniere extrêmité, & j'aurois
», aboli leur mémoire d'entre les hommes , ſi
» je n'euſſe prévû l'indignation, ou l'orgueil de
» kur
-

-\
v

M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 433
ll' "
»
leurs ennemis, & qu'il arriveroit peut - être
- - - A

:: 32 que leurs adverſaires ne connoiſſants pas la -

s2 » cauſe de leur deſtruction , viendroient à l'at


20 tribuer à leur propre puiſſance, & non pas
32 à l'Eternel ; ſans cela ils auroient éprouvé toute
» mon indignation; car c'eſt une nation qui ſe
,, perd par les conſeils qu'elle nourrit dans ſon
# ,, cœur , 85 qu'elle ſuit aveuglement, & en qui
- - - -

|
-
» il n'y a aucune intelligence mi ſageſſe.
5 - - - -- » - -

sº D. Qu'eſt ce que Moiſe fait encore dire à Dieu


dans ce Cantique touchant le ſort à venir de la
* mation Juive ? . -

R. Il continue à faire parler Dieu juſqu'à la


fin du Cantique, & à lui faire dire qu'il au- |

roit ſouhaité que ſon peuple eut prévenu par


une meilleure conduite les maux dont il étoit .
menacé ; mais que forcé, pour ainſi dire , à
º les punir , il les feroit paſſer par diverſes cala
º mités ſans les détruire entierement, & que
# dans l'accompliſſement des tems il feroit d'eux
º un peuple nouveau qui triompheroit à la fin
º de ſes ennemis. " O ! dit il, ô, s'ils euſſent été
º » ſages ! s'ils euſſent bien compris ceci ! Savoir,
· les ſuites funeſies de leurs égaremens. " S'ils euſ
cº ,, ſent prévû ê$ conſideré leur derniere fin, ou
º leur ſort à venir ! Comment eſt il arrivé que ces
# Iſraélites n qui tout cédoit à leur entrée dans le
#º pays de Canaan , 85 devant qui leurs ennemis par
º milliers fuyoient à la vuë d'un ſeul d'entr'eux ? |

º » Comment, dis-je, eſt-il arrivé que l'on voye à Deut.


#º ,, préſent tout le contraire, & qu'un de leurs º
g, ,, ennemis en pourſuive mille de leur nation , * "
# » & que deux en mettront en fuite deux mille ? •

# », Qu'en pourra-t on penſer , ſi ce n'eſt que leur


· » rocher , leur Dieu en qui ils devoient avoir tôute
# , Tome l I. | E«. ' , so -
434 L'A N c 1 E N T E s T A M E N r
confiance, 83 qui faiſoit toute leur force $ leur
», azile, les a vendus 83 abandonnés à leur mau
, vais ſort , & que l'Eternel les a enſerrés 83
mis hors d'état d'échaper à leurs malheurs ; ** car,
,, (dit ici Moïſe par parenthéſe ) le rocher ou le
,, Dieu des peuples auxquels le peuple d'Iſraël ſera
, ſoumis , n'eſt pas comme nôtre rocher , ou
môtre Dieu : il n'en a mi la force, mi la puiſſance,
,, & nos ennemis eux-mêmes en ſeront juges,
ou confeſſeront qu'il n'y a que nôtre Dieu qui ait
pu permettre que ſon peuple fut réduit à de telles
, extrêmités. Car leur vigne eſt du plan de
» Sodome, & du terroir de Gomorrhe ; c. à d.
qu'ils ſont auſſi vicieux 83 dépravés que les an
ciens habitans de ces lieux-là que Dieu detruiſiº
par le feu du ciel. * Leurs grappes ſont des
_ , grappes de fiel ; c. à d. que leurs fruits, 8
voutes leurs actions ſe reſſentent de l'amertume du
cœur, 85 de l'extrême corruption qui eſt en eux.
,, Leur vin eſt un venin de dragon, & du fiel
» d'aſpic le plus venimeux ; c. à d. que le peu
ple d'lſraël repréſenté ici, comme dans quelques au
tres endroits de l'Ecriture, ſous l'embléme d'tore
vigne dont Dieu avoit eu ſoin, avoit ſi fort cor
rompu ſes voies que tout ce qu'il produiſoit n'é-
,, toit propre qu'à donner la mort , comme le ve
» nin du dragon 83 le fiel de l'aſpic. Cela n'eſt
, il pas ſerré chez moi, & ſéellé dans mes tré
•, ſors ? c. à d. la punition que je veux infiger
à ces Juifs endurcis, n'eſt pas encore manifeſtée ,
mais elle m'en eſt pas moins reſoluë dans mes
décrets. " Je m'en reſerve la vengeance, lorſ
» que je le jugerai à propos , & la retribution
, qu'ils méritent arrivera au tems que leur pied
» gliſſera, 83 qu'ils me pourront plus ſe ſoutenir.
, Car alors le jour de leur calamité ſera près ,
E-- v

l'! · M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 43s
.. » & les choſes qui leur doivent arriver ne ſe
, ront pas differées. Toutefois l'Eternel jugera
a ,, ſon peuple ; il plaidera pour lui $ prendra |
, ,, ſa cauſe en main : il aura pitié de ſes ſervi
| » teurs & ceſſera de les punir, quand il verra
,, que la force s'en ſera allée ; c. à d. que ſon
: peuple ſera abſolument hors d'état de ſe ſoutenir,
# » & qu'il n'y aura rien de reſte, de fermé ou
» de laiſſé, c. à d. par une maniere de parler
# |
proverbiale qui revient quelques fois dans l'Ecritu
- A. 4 - -

º re * , que tout ſera ruiné, & qu'il ne leur reſtera « I. Rois


# » plus aucune reſſource, ce qui fera qu'on dira ##. IO.
: , y - - A - • 2 I.
:a » d'eux en les inſultant : Où ſont leurs Dieux, §i,
,, & le rocher vers lequel ils ſe retiroient , & IX s..
# ,, auquel ils offroient des ſacrifices , dont ils ***
* » mangoient la graiſſe, & des aſperſions dont
* , ils bûvoient le vin ? Qu'ils ſe lévent. Qu'ils
º » vous aident & qu'ils vous protégent. Re
4* » gardez maintenant, dit ſur cela l'Eternel ;
º . confiderez que c'eſt moi - mème l'Eternel qui
gº , ſuis leur rocher $ leur azile. Il n'y a point
i-! » d'autre Dieu que moi : Je fais mourir , &
ºº », je fais vivre ; je bleſſe, & je guéris, & il
ſº » n'y a perſonne qui puiſſe délivrer de ma
º », main ceux que je veux punir. Car je léve
|? », ma main au ciel : je jure par moi.méme , &
% ,, je dis : Je ſuis vivant éternellement : c. à d.
#! Auſſi ſur qu'il eſt que je ſuis de toute étermité le
# vrai Dieu , toujours vivant 85 agiſſant; auJi
u* ,, ſur eſt - il que ſi j'aiguiſe la lame de mon épée,
% 3, ou ſi je prépare le fléau de ma jttſtice,
- # & ſi
# » ma main ſaiſit le jugement, ou ſi je commence
# » une fois à punir , je me vengerai de mes ad
# », verſaires qui ont mal-traité mon peuple, & je
8 » le rendrai à ceux qui me haiſſent. J'enyvre
J' E e 2 ,, rai
436 L'A N c I E N - T E s T A M E Nr r
,, rai mes flèches de ſang ; c. à d. je ferai un
horrible carnage de tous mes ennemis , * & mon
» épée conſumera leur chair ; aucun d'eux n'é-
chapera à ma vengeance : je répandrai * le ſang
» des bleſſés & des captifs , depuis le Chef
,, juſques au moindre de ſes ſujets ; je me venge
», rai d'eux comme l'on fait de ſon ennemi.
Enfin Moïſe termine ce Cantique par cet apoſ
trophe aux nations qui n'étoient pas du nombre
Deut.
XXXII. de ſes ennemis. " Réjouiſſez-vous , nations, avec
43 » ſon peuple ; car l'Eternel vengera le ſang de
» ceux qui auront été tués pour ſon ſervice,
» & il fera retourner ſa vengeance ſur leurs en
» nemis ; mais il fera l'expiation des habitans du
3> pays de ſon peuple : il leur pardonnera leurs pé

chés, 85 ſe rendra de nouveau favorable à ſon peuple.


D. Que fit Moïſe après avoir prononcé ce Cam
tique, en préſence de toute l'Aſſemblée du peuple
d'Iſraèl ?
Deut. R. ,, Moïſe étant venu & ayant prononcé
XXXII.
44 - 47.
toutes les paroles de ce Cantique, accompa
, gné d'Oſée ou Joſué , fils de Nun, tout le
» peuple l'écoutant ; quand il l'eut achevé , il
,, s'adreſſa encore à tout le peuple d'Iſrael,
» & leur dit : Mettez dans vôtre cœur toutes
» ces paroles que je vous ſomme aujourd'hui
» d'enſeigner à vos enfans; afin qu'ils pren
» nent garde à toutes les paroles de cette Loi
,, pour les obſerver exactement : Car ce n'eſt
» pas une parole qui vous ſoit inutile ou pro
,, poſée en vain ; mais de là dépend vôtre vie
,, 85 vôtre bonheur, & en obſervant ce que
» cette parole contient, vous prolongerez vos
,, jours ſur la Terre dont vous allez vous mettre
», en poſſeiſion en paſſant le Jourdain.
HA
E--

llſ M 1 s E N C A T E c H I s M E. 43 ?

, c H A P 1 T R E xxxv.
* Contenant l'ordre que Moïſe reçut de Dieu
| , , de monter ſur la montagne de Nébo où
# il devoit mourir ; la bénédiction pro
# phétique que ce ſaint homme prononça
# avant ſa mort en faveur des Tribus d'Iſ
#! raël, & l'hiſtoire même de ſa mort.
: D. E quel événement fut ſuivie cette derniere
# · exhortation de Moïſe au peuple d'Iſraël ? "
# : R. , En ce même jour- là l'Eternel parla à XXXII.
,#
#º ,, Moïſe , & lui dit ; Monte ſur cette monta- 48 - 58e

|. » gne de Habarim , au ſommet appelé Nébo ,


# » qui eſt au pays de Moab, vis à-vis de Jé
# -
39 rico. Regarde de là le pays de Canaan que
.
· ••
» je donne en poſſeſſion
» Et tu mourras aux Enfans
ſur la montagne ſur d'Hſraël
laquelle:
- ,, je te dis de monter, & ſeras recueilli dans
º ,, le ſéjour de tes Ancètres, de la mème ma
, , niere qu'Aaron ton frere eſt mort ſur la mon
•s ,, tagne de Hor, & a été recueilli dans le ſé
- ,, jour de ſes Ancêtres ; parce que vous avez,
# ,, l'un 83 l'autre péché contre moi au milieu ,
# , des Enfans d'Iſrael, à l'occaſion des eaux de
º! , Mériba ou à contention à Kadèsbarné, dans
:, ,, le déſert de Tſin ; car vous ne m'avez point
# » ſanctifié * , # renºu fOttfe la gloire qui # • Voyes
- ,, due , au milieu des Enfans d'Iſrael : C'eſt NomN
a *
,, pourquoi tu pourras bien voir devant
- *Iſ-r,21 . toi
•nnale
: &# •'

# ,, pays que je donne aux Enfans d'Iſraël ; mais §


4 ,, tu n'y entreras point. . -

# D. Que fit Moïſe enſuite de cet ordre ? .


º E. Moïſe avant de l'exécuter & de ſe ſépa
º E e 3 ss IGN
T─

438 L'A N c 1 E N TEsT• M•s r


rer pour toujours d'un peuple qu'il avoit con
duit juſqu'alors & tendrement aimé, º voulut
comme un bon pere lui faire ſes derniers adieux,
& lui donner ſa bénédiction qu'il écrivit ſans
doute lui - mème à la fin de ce livre pour en
perpétuer le ſouvenir ; d'autant plus que cette
bénédiction contenoit en même tems des pré
dictions de ce qui devoit arriver à chaque Tribu
dans la ſuite des tems.. . - -

D. Quelle fut donc cette bénédiction ?


D.nt. . R. ,, C'eſt ici la bénédiction dont Moïſe hom
XXXIII. ,, me de Dieu bénit les Enfans d'Iſrael avant
*** , ſa mort ; dans laquelle il leur rappelle d'abord les
º : fiiveurs dont Dieu les avoit comblés en ces ter
| | mes : " L'Eternel eſt venu de Sinaï. Il s'eſt
manifeſlé aux Enfans d'Iſraël ſur cette montagne
pour leur domer ſa Loi, 83 les a conduits pir
,, une nuée qui s'éleva encore ſur eux dans la
,, montagne de Séhir, & qui reſplendit de not
3, tenu dans la montagne de Paran, pour les
conditire dans ces lieux déſerts où ils ont fait un
,, très long ſéjour. Il eſt ſorti, ou il a paru ſur
», Siuai d'entre les dix milliers des Saints anges
•, toujours préts à recevoir ſes ordres : & de ſa
,, droite ſortoit un feu dans la nuée qui étoit
·,, pour eux un ordre , dont ils devoientt ſuivre
: la direciioh pour marcher, ou pour s'arrêter.
, Oui, il aime les peuples, ou les Tribus d'lſ
•« -, - rael, 83 les couvre de ſa protection. * Tous les
· · , Saints, ou tous lesi membres de ce peuple Saint
· · · ,, que tu t'es conſacré, ſont en ta main , 3
. ,, ſoumis à tes ordres. Ils ſe ſont tenus à tes pieds
pour recevoir tes inſtructions. Moiſe nous a
» donné de ſu part la Loi qui eſt pour mois,
-,, comme un héritage que nous devons tranſmettre
, » à toute l'aſſemblée des deſcendans de Jacob.
M 1 s E N C A T E c H 1 s M E. 435
, L'Eternel étoit alors le Roi ou le Souverain des
, Iſraëlites, quand les Chefs du peuple s'aſſem
, blérent avec les Tribus d'Iſrael pourl enten
dre cette Loi.
D. Après ce préambule , quelles bénédictions
Moïſe donna-t-il enſuite aux Tribus d'Iſraël ?
R. Il commence par les Tribus de Ruben ,
de Juda & de Lévi,, qui étoient avec Siméon
les quatre premiers fils que Jacob eut de Léa
ſa premiere femme, & leur annonce ſous des
expreſſions figurées, leur ſort préſent 85 futur,
Deu$.
& leur deſtinée à venir. " Que Ruben vive, dit XXXII1!
,, il, & qu'il ne meure point, ou que ſes 6 - II•
» morts ſoient en petit nombre. c. à d. Que
cette Tribu ſe ſoutienne ; qu'elle ſe conſerve; qu'elle
· fleuriſſe , 83 qu'elle m'éprouve pas de mortalité
» Et c'eſt ici ce qu'il dit pour Juda. O Eter
» nel ! écoute la voix de Juda, & le raméne
» vers ſon peuple. c. à d. Quand ceux de cette
Tribu marcheront contre leurs ennemis, 83 qu'ils
imploreront ton ſecours, ô Eternel ! veuille les
exaucer 83 les ramener en ſureté vers leurs freres
de la même Tribu. * Que ſes mains lui ſuffiſent !
c.à d. Qu'elle ſe ſoutienne par elle-même contre
ſes ennemis ſans le ſecours des autres Tribus, &
» que tu lui ſois en aide contre ſes ennemis :
ſQu'elle éprouve toujours ton divin ſecours dans les
,, guerres qù'elle aura à ſoutenir. Il dit auſſi tou
» chant Lévi : Que tes Tummins & tes Urims,
qui étoient les principaux ornemens de la Souve
raine Sacrificature attachée à cette Tribu, " ſoient
» à l'homme qui eſt ton bien aimé. c. à d. Que
ces ornemens 83 les honneurs du Sacerdoce ſoient
toujours attachés à la famille d'Aaron qui étoit ton
» bien aimé, dont tu as éprouvé la pieté en
- - E e 4 » Maſ
44o - L'AN c1E N *TE s T À ME NT
• rcºl. , Maſſa *; lorſque Moïſe fit ſortir l'eau du rö.
X*** ,, cher, & avec lequel tu conteſtas, ou que tu
+ Nomb. ,, repris aux eaux de Mériba f ; pour avoir mar
X X.
1O , I I
qué quelque défiance de la bonne volonté ou de la
' puiſſance de Dieu en faveur de ſon peuple. " C'eſt
» lui qui dit de ſon pere & de ſa mere ; Je
» ne l'ai point vû, & qui n'a point connu ſes
, freres , ni ſes enfans. c. à d. C'eſt lui Aaron,
ou la Tribu de Lévi, qui dans le châtiment dont
Dieu voulut punir les adorateurs du veau d'or,
exécuta ſes ordres ſans aucun égard aux liaiſons
les plus étroites du ſang $ de l'amitié, 85 qui fit
· périr également pere., mere, freres 83 enfms :
, Car ils ont gardé tes paroles, ou plutôt ils
ont exécuté ponctuellement tes ordres, " & ils ob
, ſerveront ton alliance ; 83 ils maintiendront
religieuſement les droits ſacrés de ton alliance dont
,, ils ſont chargés. Ils enſeigneront tes ordon
», nances aux enfans de Jacob, & ta Loi au
», peuple d'Iſraël : Ils mettront en qualité de Sa
,, crificateurs le parfum ſur ton autel , $ fe
ront fumer l'encens que tu reçois comme une agrea
,, ble odeur à tes narines, & ils auront ſoin de
,, tout ſacrifice qui ſe conſume entierement par
» le feu ſur ton autel. O Eternel ! béni tout
» ce qui lui appartient, & que l'œuvre de ſes
» mains , le miniſtère de ſes Sacrificateurs dans
le Sanctuaire, 83 tous les ſoins dont il eſt chargé
» te ſoient toujours agréables. Tranſperce les
, reins de ceux qui s'élevent contre lui , & de
, ceux qui le hauſſent après qu'ils ſe ſeront éle
", vés. c. à d. Châtie ſèverement ceux qui tou
· droient uſurper leurs fonctionr, ou qui porteroient
la profanation juſqti'à les mépriſer 83 les hair.
D. D'où vient que Moiſe me fait ici aucune
, ºtention de Siméon , le ſecond des fils de Jacob ,
M 1 s E N CAT E c H 1 s M E. 44r
qu'il avoit eu de Léa, de même que les trois qu'il
vient de nommer * · ·· · , , , , ' !
• •

R. L'on allégue diverſes raiſons de ce ſilen


ce, qui ne ſont que de pures conjectures. Les
plus vraiſemblables ſont que cette Tribu fai
ſoit corps avec les trois autres , & en particu
lier avec celle de Juda, parce qu'elle eut ſot .
partage tout joignant cette Tribu, avec laquel
le elle fut ſouvent mèlée à cauſe des liaiſons
: étroites qu'il y avoit entr'elles : Mais il y a
plus d'apparence que Moïſe n'en dit rien, par
#
ce qu'il n'avoit rien de particulier à en dire. .
· D. Quelle fut la bénédiction que - Moiſe donna
aux enfans de Rachel, Benjamin 83 Joſeph ?
R. ,, Il dit, touchant Benjamin : Le bien- Deut.
,, aimé de l'Eternel habitera ſurement avec lui ; #t
c. à d. Le fils bien - aimé de Jacob, $ qui le " "
fut auſſi de l'Eternel, par les biens dont il com
bla ſes enfans qui formérent une Tribu des plus
nombreuſes, aura ſon habitation 85 une demeure
ſàre avec Dieu ; en ce que la ville de Jéruſalem
83 les environs du Temple étoient bâtis en par
tie dans la Tribu de Benjamin , 83 en partie
dans celle de Juda. * L'Eternel le couvrira
,, tout le jour, & ſe tiendra entre ſes épau
|,, les, ou ſes collines ; c. à d. que Dieu par ſa
préſence dans le Sanctuaire, le mettra conſtam
ment à couvert de tout danger, comme l'eſt un
'vaiſſeau dans un bon port ; 83 que les vallous
ou les collines dont ſon pays devoit être rempli,
ſeroient auſſi garantis par le même moyen de tout
facheux accident. * Et il dit, touchant Joſeph,
ſous le nom duquel il comprend les Tribus d'Eph
· raim , 83 de Manaſſé, ſes fils : Que ſon pays
», ſoit béni par l'Eternel, de tout ce que les
: , E e 5 ** " . 72 Cieux .
442 L'A N c I E N T E s T A M E N T
•, Cieux donnent de meilleur, comme la roſée )
» & les ſources d'eau qui ſont ſous la terre,
», & de tout ce que le Soleil & la Lune font
», produire de plus excellent ſur la terre , & de
» tout ce que produiſent les coupeaux des mon
,, tagnes anciennes, & les côteaux les plus fer
» tiles, & de ce qu'il y a de plus exquis ſur
,, la terre en toute abondance ; & que la bien
,, veillance de l'Eternel qui m'apparut dans un
4 Exod. ,, buiſſon f, vienne ſur la tête des deſcendans
III. s.
,, de Joſeph , ſur le ſommet, dis - je , de la
,, tète des deſcendans de celui qui a été comme
,, un Nazaréen d'entre ſes freres , ſeparé d'eux
par la vente qu'ils en firent, 85 par la gloire
dont il fut enſuite revêtu : * Sa beauté eſt com
,, me celle du plus beau taureau : Elle ſera des
plus grandes 85 des plus durables ; " & ſes cornes,
,, ou ſes forces , comme celles d'une licorne,
ou d'une gazelle ; c. à d. qu'on verra dans ſa
famille, ou dans les Tribus # 83 de Ma
maſſé, la dignité 83 la puiſſance royale, dont le
taureau 83 la licorne ſont l'emblême. * Il heur
,, tera avec elles tous les peuples juſqu'au
,, bout de la terre ; c. à d. qu'il renverſera
83 vaincra ſes ennemis, dans toute l'étendue du
pays de Canaan ; (comme on le vit ſous le règns
de Jéroboam, prexnier Rpi d'Iſraël, de la Tribu
d' Ephraïm. ) * Tels ſeront, ajoute Moïſe, les
,, dix milliers d'Ephraïm , & les milliers de
,, Manaſſé ; comme s'il diſoit : Ce ſeront les
nombreuſes armées des Tribus d'Ephraïm $ de
Manaſſé, qui feront ces glorieux exploits ; S
telles ſont les bénédictions que Dieu verſera ſor
ces deux Tribus, principalement ſur Epbraim qui
ſera la plus puiſſante.
D. Quelles bénédictions donne enſuite Moïſe aux
M I s E N C A T E c H 1 s M E. 443
autres Tribus, 8$ en particulier à celles de Zabu
lon, d'Iſſacar, 85 de Gad ?
R. ,, Il dit , touchant Zabulon & Iſſacar : Deut,
, Réjouis-toi, Zabulon, en ta ſortie , & toi, #ſº
13 - 2 I.
» Iſſàcar, en tes tentes ; c. à d. Vous aurez
ſujet de vous réjouir de vôtre ſituation, vous en
fans de Zabulon, de ce que vous aurez la făci
lité de ſortir de vôtre pays par la mer, pour
commercer avec d'autres peuples , 85 vous pro
curer par - là une infinité d'avantages : Et vous,
enfans d'Iſſacar, de ce qu'habitants dans des ten
tes le plus ſouvent à la campagne, vous aurez
une occaſion favorable de conuoître les tems, les
ſaiſons 85 les moyens les plus propres de faire va
loir vos terres, 85 d'em tirer tout le fruit poſſi
ble. * Ils appelleront les peuples, ou inviteront
les habitans des autres Tribus par leur exemple,
à venir ſervir Dieu en la montagne de Sion ,
où ſera bâti ſon Temple, * & à prendre part aux
,, ſacrifices de juſtice ou de proſpérités , qu'ils
», y offriront à Dieu, en actions de graces de ſes
biens, 83 pour en obtenir la continuation : " Car
,, ils ſucceront l'abondance de la mer, & les
», tréſors cachés dans le ſable; c. à d. que ceux
de Zabulon s'enrichiront par leur commerce ma
ritime, 83 qu'ils trouveront des tréſors dans le
voiſinage du ſable même qu'ils habitent. * Il dit
,, auſſi touchant Gad : Béni ſoit celui qui fait
,, élargir la portion des enfans de Gad, par l'é-
tenduè qu'elle aura déja dans le partage du pays
de Canaan, 85 par les conquêtes qu'il fera ſur
ſes voiſins. * Il ſe repoſera comme une lionne
», pour jottir de ſa proie, après avoir ravi le
,, bras & la tête ; c. à d. après avoir ôté à ſon
ennemi la force 83 Pautorité dont il étoit revê
du : " Il a conſideré le commencement de mos .
444 L'A N c I E N T E s T A M E N r
conquêtes au - deçà du Jourdain pour toi ; il a
ſouhaité d'y avoir part, & de s'établir dans la
,, portion que le Législateur (Moïſe) lui aſſi
© Nomk. 1,

XXXII. ,, gna *, & où il fut protegé du Ciel : Mais


i. .. a3.i ,, il viendra avec les principaux du peuple ,
83» ou des autres Tribus au-delà du Jourdain, " pour
,, exécuter la juſte ſentence de l'Eternel , & ſes
,, jugemens , contre les Canuméens, avec les au
,, tres Iſraélites. ( La Tribu de Gad ſe mit ef
,, fectivement à la tête des autres Tribus, lors
qu'elles paſſèrent le Jourdain, pour aller faire la
conquête du pays de Canaan ).
D. Quelle fut la bénédiction que Moiſe ajouta aux
précédentes, pour les Tribus de Dan, de Nephta
li, 85 d'Aſſer, dont il n'avoit pas encore parlé ?
Deuf. R. ,, Il dit, touchant Dan : Dan eſt un
XXXIII.
as - 25.
,, jeune lion qui ſautera de Baſan ; c. à d.
que ceux de cette Tribu ſemblables à un jeune
lion dont les forêts de Baſan étoient pleines, ſe
jetteroient ſur leurs ennemis avec viteſſe 83 avec
force ; comme on le vit dans les exploits de Sam
( 1 ) Jug. ſon, iſſu de cette Tribu ( I ) ; 83 dans l'expédi
V. 24. tion des Damites , pour ſurprendre la ville de
XIV. 5
6. I9. " Lais, à laquelle ils donnérent le nom de Dan (2).
( 2 ) Jug. ,, Il dit auſſi , touchant Nephtali : Nephtali
X V I I I.
29.
,, ſera raſſaſié de la bienveillance , & rempli
,, de la bénédiction de l'Eternel : Il poſſédera
,, la mer de Galilée , & le midi de la Triba
de Dan ; c. à d. que cette Tribu poſſéderoit tot
pays qui par ſa ſituation ſur les bords de la mer
de Galilée, 85 au midi de Dan , lui procureroit
en abondance toutes les douceurs que peuvent pro
curer la mer 85 la terre. \ * Il dit enfin tou
,, chant Aſſer. Aſſer ſera béni en enfans. Il au
,, ra une aimable 83 heureuſe pofiérité. Il ſera
•, agréable à ſes freres par ſes bonnes qualités «

MIs EN C A T E c H I s M E. 44f
,, 83 les ſervices qu'il leur rendra , & même il
», trempera ſon pied dans l'huile. Sa Tribu
'abondera en oliviers qui lui rendront l'huile très
commune. * Tes ſouliers, ou tes verrouils (a)
, ſeront de fer & d'airain. c. à d. Ton pays
abondera tellement en ces métaux que tu pour
ras t'en ſervir à toutes ſortes d'uſages , comme
verrouils 83 ornemens de chauſſure ; " & ta force
,, ou ta renommée durera autant que tes jours :
c. à d. Tant que tu ſeras au nombre des Tribus d'Iſ
raël, tu ſeras toujours renommée par ta puiſſance.
D. Comment Moïſe conclut - il toutes ces béné
dictions particulieres à chaque Tribu ?
R. Il les conclut en célébrant la gloire & le
bonheur dont toutes les Tribus enſemble vont
jouïr ſous la protection de l'Eternel leur Dieu.
», O Jeſchurun ! ou Iſraël, dit - il : Il n'y a " Deut.
XXXIII.
», point de Dieu ſemblable au Dieu Fort qui 26 - 29.
,, vient à ton aide , porté ſur les Cieux, &
» élevé ſur les nues. Le Dieu qui eſt de tout
,, tems, ou de toute éternité, ſera ta retraite. Tu
,, ſeras ſous ſes bras éternels dans la plus par
,, faite ſureté ; Car il a chaſſé de devant toi
| ,, tes ennemis, & il a commandé de les ex
: ,, terminer. Iſraël donc habitera ſeul ſurement :
il fera un peuple à part , ſéparé des autres ,
•, ,, 85 protégé par ſon Dieu. L'œil de Jacob ,
,, ou de ſes deſcendans, verra bientôt un pays
· à
: •
-|-
» de
t.
( a ) Tes ſouliers ou tes verrouils. Le mot Hebreu
Minkak peut ſignifier également , ſoulliers , verrouils,
barres. C'eſt ce qui fait qu'on les a conſervés dans
: la traduction ; parce qu'ils peuvent convenir à ce
qui eſt dit de cette Tribu, que ſon pays ſeroit ſi
abondant en fer & en airain , que l'on en feroit des
ºrrrººiit : des barret, & des ornemens de ſouliers ou
de chauſſure, |
-─T

|
446 L'A N c 1 E N T E s T A M E N T
,, de froment & de vin, & les cieux lui four
| ,, niront une abondante roſée. O que tu es
| ,, heureux, Iſrael ! Qui eſt le peuple ſemblable
- ,, à toi, qui ait été gardé 85 protégé par l'E-
» ternel ; qui a été pour toi comme un bou
,, clier, & un aide dans tous tes beſoins , &
,, comme une épée qui t'a hautement élevé ,
85 t'a rendu ſupérieur à tous tes ennemis ? ** Auſſi
,, ſeront - ils humiliés ; tous leurs efforts contre toi
,, ſeront inutiles; & tu fouleras de tes pieds leurs
,, lieux les plus hauts : Tu te rendras maitre de
leurs fortereſſes les plus élevées 83 les mieux munies.
D. Après ces bénéniciions, Moïſe exécuta - t - il
l'ordre qu'il avoit reçu de Dieu de monter ſur la
montagne de Nébo où il devoit mourir ?
peut. R. Oui, " Moiſe monta alors des campa
xxXIV. , gnes de Moab ſur la montagne de Nébo,
, C - 4• ,, au ſommet de la colline qui eſt vis-à-vis de
,, Jérico, & l'Eternel lui fit voir de là tout le
, pays au deçà du Jourdain , que les Iſraelites
,, occupoient déjà , depuis Galaad , juſqu'à la
ville de Lais qui fut enſuite appelée * Dan ;
parce que cette Tribu l'avoit conquiſe, * & tout !
,, le pays qu'occupérent enſuite les Tribus de
, Nephtali, d'Ephraïm & de Manaſſé , au-de- .
li du Jourdain , au Septemtrion ; ** & tout le
, pays qui devoit échoir à la Tribu de Juda ,
,, juſqu'à la mer d'Occident ou la Méditerra
, mée, 85 ce qui étoit au Midi du pays de Ci
,, maan, avec la campagne de la plaine de Jé
,, rico, la ville des palmes qui étoit vis-à-vis
» de lui, juſqu'à Tſohar, ſituée ſur le rivage
,, méridional de la mer morte. Et l'Eternel lui
» dit : C'eſt là le pays que j'ai promis par ſer
» ment à Abraham, Iſaac & Jacob de donner
M I s E N CA T E C H I s M E. 447

• à leur poſtérité. Je te l'ai fait voir de tes


•, yeux ; mais tu n'y entreras pas.
D. Moiſe mourut.il donc là, comme Dieu le lui
avoit prédit ; 83 quelles furent les ſuites de cette
mort ? -

R. , Moïſe ſerviteur de l'Eternel mourut-là, Deut.


», au pays&deil Moab,
claré, comme
l'enſévelit ( a )l'Eternel
dans la l'avoit au #r.
vallée dé- 5 - M2•

- », pays . •

( a ) Et il l'enſeoelit — Gf perſonne juſqu'à ce jour !


•'a connu ſon ſépulcre. Ces premieres paroles, 83 il
J'enſevelit, telles qu'clles ſont exprimées dans l'original ,
ont été expliquées par les Interprêtes de deux ma
nieres fort différentes : Quelques uns croyent qu'il faut
les entendre dans un ſens neutre ou paſſif, & les ren
dre en françois par celles-ci : On l'enſevelit , ou bien
àl fut enſeveli, c. à d. que ceux qui l'avoient accom
gné ſur la montagne où il mourut , eurent ſoin de
l'enſévelir ; mais qu'ils ne dirent à perſonne l'endroit
précis où ils avoient placé ſon corps mort, de peur
que le peuple n'en prit occaſion de lui rendre là
quelque honneur ou quelque culte qui ſentit l'idolâ
trie : Mais d'autres s'en tenants à l'expreſſion même
de l'original qui ne préſente qu'un ſens actif, & la
rapportants à Dieu dont le nom précéde immédiate
ment, l'expliquent comme s'il y avoit, Et l'Eternel l'en
_ſévelit : c. à d. que l'Eternel ſe ſervit du miniſtère
de quelqu'un de ſes anges pour donner au corps de
Moïſe une ſépulture convenable, & qui ne fut con
nue d'aucun homme : Cette explication eſt confirmée
par ce qui eſt ajouté bien - tôt après ; que perſonne
jttſqu'à ce jour n'a connu ſon ſépulcre , & par ce qu'en
rapporte l'Hiſtorien Joſephe dans ſon Hiſtoire des juifs
Liv. l V. Ch. V l l I. où il dit que Moiſe étant ar
rivé au - deſſus de la montagne qui eſt vis - à - vis de
Jérico , d'où il put voir tout le payr de Canaan , il
donana congé aux Principaux du peuple qui l'avoient
accompagné juſquer-là , & qu'ayant embraſſé Eléazar &'
Joſué pour leur dire le dernier adieu ; comme il parloit
emacore , une nuée l'environna, $ il fut tranſporté dans une
- \ vallée
•,.
-

----

448 L'AN c I E N T E s T A M E N T
» pays de Moab vis-à-vis de Beth-péhor, & pet.
,, ſonne juſqu'à ce jour n'a connu ſon ſépulcre.
,, Or Moïſe étoit âgé de ſix vingts ans quand il
» mourut : ſa vue n'étoit point affoiblie, & ſa vi
,, gueur n'étoit point diminuée : & les Enfans
,, d'Iſrael pleurérent Moïſe trente jours dans les
,, campagnes de Moab, & ils accomplirent ainſile
,, nombre des jours de pleurs qu'ils donnérentſe
,, lon l'uſage à leur deuil pour la mort de Moïè.
,, Enſuite Joſué, fils de Nun, fut rempli de l'eſ.
,, prit de ſageſſe; parce que Moïſe lui avoit impoſé
,, les mains pour conduire le peuple àſa place, & les
,, Enfans d'Iſraël lui obéïrent, comme l'Eternel
,, l'avoit ordonné. Mais il ne s'eſt jamais élevé en
,, Iſraël de Prophète comme Moïſe qui ait connu
,, l'Eternel face à face ; comme en font foi les ſi.
,, gnes & les miracles que l'Eternel envoya faire
,, au pays d'Egypte devant Pharao, & tous ſes
,, ſerviteurs & tout ſon pays, auſſi bien que cette
,, grande puiſſance qu'il fit paroitre dans les gran
,, des œuvres qu'il fit au deſert à la vue de tout
,, Iſrael.
vallée, enſorte qu'on ne le vit plur. A quoi il ajoute, que
les Saints Livres qu'il nous a lailjès, diſent qu'il eſt mo t ;
pour ne pas donner lieu au peuple de croire qu'il eut tt
enlevé duns le ciel tout vivant à cat.ſe de l'éminence de
ſa vertu ; mais cette derniere refléxion n'empêche pas
que nous ne croyons qu'il mourut réellement, & qu'il
fut enſeveli d'une maniere qui nous eſt inconnue : d'cu
il a pu reſuſciter, & être enlevé au ciel ; de même
qu'Enoc & Elie,. comme il parut effectivement qu'il
l'avoit été dans le tems de la transfiguration de Jelus
. Chriſt ſur la montagne : rapportée en St. Matthieu XVll ;.

FIN Du TQM E S E c o N D.
•,

-
-


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