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ARGUMENT

Le Moyen Âge est une période de l’histoire de l’Europe, s’étendant du V e


siècle au XVe siècle, qui débuta avec le déclin de l’Empire romain d’Occident et
se termina par la Renaissance et les Grandes découvertes. Située entre l’Antiquité
et l’époque moderne, la période est subdivisée entre le haut Moyen Âge (VI e – Xe
siècle), le Moyen Âge central (XIe – XIIIe siècle) et le Moyen Âge tardif (XIVe – 
XVe siècle).
Dans le premier chapitre de ce mémoire, je vais vous présenter un bref
aperçu sur le Moyen Âge en France, le début de la période sombre et comment les
écrivains et les artistes ont été influencés à travers les siècles. Non seulement les
peintres et les sculpteurs avaient leurs oppressions, mais les écrivains modifiaient
aussi leurs textes et leurs manières d’écrire. Des pièces de théâtre qui ont été
représentées dans l’église jusqu’au théâtre dans la rue avec beaucoup plus de
personnes et de personnages. L’histoire du Moyen Age est intéressante à retracer
car tout a un petit rapport avec la littérature et les auteurs.
Au Moyen Âge, une période de l’histoire européenne allant du Vème au XVe
siècle, les femmes occupaient les postes d’épouse, de mère, de paysanne, d’artisan
et de religieuse, ainsi que quelques rôles importants de leadership, tels que
l’abbesse ou la reine régnant. Le concept même de « femme » a changé de
plusieurs façons au Moyen Âge et plusieurs forces ont influencé le rôle des
femmes au cours de cette période.
La littérature française médiévale est très riche, beaucoup d’auteurs
essayant de décrire leur contexte social dans leurs œuvres. Dans le deuxième
chapitre, j’ai choisi de répertorier les troubadours et les trouvères qui présentent
la femme et son statut dans leurs poèmes.
Le troisième chapitre sera un aperçu de ce que signifiait au Moyen Age
être une femme. La condition des femmes à travers les étiquettes de la société, la
religion, les hommes et même la littérature et les arts. Presque tout le temps, la
figure de l’homme transfigurée en chevalier va osciller entre lutter et défendre sa
patrie et entre admirer et essayer permanemment de conquérir la femme qui

5
paraissait presqu’intangible. Le prestige de la DAME, l’épouse du seigneur est
considérable dans le cœur des guerriers. Elle cristallise leurs rêves, leurs désirs,
leurs espoirs. Le chevalier doit se montrer prêt à mourir héroïquement pour son
amie, alors que celle-ci est censé le protéger par son amour et lui inspire vaillance
et courage. Mais l’union des cœurs devient le principe de toutes les vertus.
L’amour devient un art, une mystique, une exaltation de l’âme et une délicieuse
souffrance.

6
CHAPITRE I
LE MOYEN ÂGE - TRAITS GÉNÉRAUX

I.1 Contexte historique


L’histoire de France s’affirme par beaucoup d’événements marquants qui
ont laissé des traces significatives dans le parcours de l’humanité, depuis ses plus
profondes racines jusqu’à nos jours.
Le point central sur lequel s’appuie cette étude est marqué par l’intérêt
exclusif accordé au statut de la femme du point de vue littéraire mais aussi du
point de vue social, le cumul des réactions et des coutumes à l’époque médiévale.
À travers le temps, le contour du féminisme gagne des formes
spectaculaires et offre à l’histoire des symboles d’entités dynamiques et fortes qui,
peu à peu, changent les chaînes de l’entière existence humaine.
L’époque médiévale est une source fructifiée et prolifique du point de vue
de l’enchainement des images qui constituent le statut de la femme dans cette
période-là.
Historiquement, le Moyen Âge marque une période assez longue, qui
s’étend pendant le Ve siècle au XVe siècle, débutant avec le déclin de l’Empire
Roman d’Occident et ayant comme point d’étouffement le commencement des
grands découvertes, inauguré par la période de Renaissance. « Intéressant est de
mentionner la répartition du Moyen Âge en trois branches comme par exemple :
Le Haut Moyen Âge (V-XI), le Moyen Âge Central (XI-XIII) et aussi le Moyen
Âge tardif (XIV-XV). »1
Dans cette période, la société connaît une évolution sur divers plans,
laissant de nombreux points de départ et de référence pour le développement de
l’humanité. C’est grâce au système féodal que le concept d’hiérarchie sociale a
été introduit. Ainsi, l’état était-il composé d’une pyramide hiérarchique dans
laquelle le roi occupait une position principale, ensuite, on avait les ducs, les
seigneurs, les chevaliers et les serfs.
1
Delorme, J., Les Grandes Dates du Moyen-Âge, Presses universitaires de France, Collection
« Que Sais-Je ? », Paris, 2002, p.6.

7
Un autre concept qui définissait l’époque du Moyen Âge était placé sous le
signe de l’art de la guerre. La figure centrale était le chevalier, étant aussi en
relation directe avec le courage et le désir de démontrer ses capacités,
premièrement vers son pays, pour lequel il dédiait sa vie, mais n’oublions pas la
femme, devant laquelle il défendait son honneur et exprimait ses efforts pour la
conquérir.
En relation avec les éléments mentionnés, on peut distinguer une certaine
autorité de la figure féminine, elle étant une sorte de moteur pour la chevalerie, un
indicatif qui influençait et stimulait le courage, l’inclination vers l’héroïsme, mais
aussi vers la femme aimée, car les gestes de bravoure étaient, dans cette période-
là, l’un des facteurs principaux pour séduire et conquérir une femme. Dans ce cas,
on peut mentionner quelques œuvres importantes qui mettent en évidence le
chevalier entre l’honneur et l’amour : J’ai laissé joie et plaisir… de Guillaume IX
d’Aquitaine, Quand la douce brise s’airgrit… de Cercamon, Chanson « Grande
peine m’est advenue » de Comtesse de Die. Avançant dans l’étude du thème
choisi, on va observer que l’honneur et l’amour seront deux motifs clé dans la
création du Moyen Âge.
Continuant avec la vision d’ensemble de cette période, le Moyen Âge a été
sillonné par une ferveur religieuse, la figure centrale ici étant le roi Clovis, son
baptême étant un moment clé qui va déclencher des conflits religieux comme :
croisades, pèlerinages, inquisition, etc. Comme j’ai déjà mentionné, la
stratification sociale distinguait les chevaliers parmi les autres couches
hiérarchiques. Le portrait du guerrier passe par le filtre de ce qu’on considère l’art
de la guerre. La lutte pour sa patrie offre beaucoup d’images de ce que signifie le
vrai sacrifice, le courage, la soumission et le respect pour son supérieur (dans ce
cas, la relation de type vassalique), de vraies valeurs, presque utopiques on dirait,
pour les transposer aux figures de la contemporanéité.
Cette construction idéale contribue à l’image d’unicité du Moyen Âge,
étant une période de bravoure, un mélange entre la vie comme code éthique et la
vie comme un permanent champ de bataille ou seulement ceux qui démontrent ces
qualités.

8
Les premiers siècles du Moyen Age ont permis la fusion des traditions
différentes (gauloises, romaines, barbares) avec l’intégration profonde des Francs.
Après l’arrivée des Francs dans la Gaule méridionale, on célèbre des mariages
mixtes, alliant l’aristocratie gallo-romaine avec l’aristocratie franque. On assiste à
une fusion des styles de vie de ces milieux.
A partir du VIIIe siècle sous les dynasties mérovingiennes puis
carolingiennes, la culture germanique (valeur guerrière, mobilité des hommes) et
la culture latine (composantes religieuses et littéraires, héritage des compétences
administratives, mise en valeur des domaines, pouvoir sur un territoire) entrent en
symbiose.
L’aristocratie gallo-romaine peut orienter ses enfants vers la carrière
militaire de la tradition germanique, et l’aristocratie germanique, constatant
l’énorme prestige et le poids politique et social des évêques de la région, pousse
ses enfants vers la carrière ecclésiastique.
Cette intégration réussie de l’Europe franque est la base sur laquelle l’empire
carolingien sera édifié : le maintien de fortes puissances germaniques et
parallèlement, l’inspiration institutionnelle romano-byzantine.
Les années où règne la dynastie saxonne des Otton de Germanie sont
déterminantes (du Xe au XIIIe siècles). Ils sont plus particulièrement actifs à l’Est :
la Bohême, la Pologne, la Hongrie se convertissent d’abord – tout en conservant
une forte autonomie – au « Regnum Theutonicorum ». Tous les éléments font
apparaître à l’Est une frange slavo-hongroise dans l’occident chrétien (et non pas
de Byzance).
La culture européenne d’il y a mille ans repose sur les monastères et les
écoles épiscopales qui sont des centres de propagande et de diffusion d’identité
isolés et indépendants du contexte local, mais en étroite relation entre eux. Ces
centres sont animés par des intellectuels, moines et clercs de la noblesse, qui, en
même temps que ses activités militaires d’une grande mobilité, et à la recherche
de nouveaux espaces, voit ses horizons s’élargir avec ses charges religieuses
qu’elle assure (envoi de missionnaires).

9
Il y a eu au Moyen Age un contraste énorme entre « les cultures locales
très diversifiées »2, et « une culture homogène à travers l’Europe »3 d’une forme
élevée et savante donnée par les ecclésiastiques.

I.2 Structures sociales


Le roi Saxon Alfred le Grand (891-901) disait que, pour gouverner avec
vertu et efficacité, le roi doit avoir « des hommes de prières, des hommes de
guerre et des hommes de labeur »4.
Trois classes distinctes composent cette société :
Oratores, ceux qui prient : le clergé
Bellatores, ceux qui combattent : la noblesse
Laborantes, ceux qui travaillent : les roturiers.
Ces trois ordres ont été abolis à la Révolution. Du XI e au XIIIe siècle, la
société féodale rurale repose sur les liens personnels qui unissent un suzerain à
son vassal. Le vassal doit obéissance et service à son suzerain. Quant à lui, le
suzerain doit protection militaire et juridique à son vassal. Suzerain lui-même
d’un plus puissant Seigneur, et ainsi de suite jusqu’au roi de France qui est au
sommet de cette pyramide hiérarchique.
La société féodale est une société de type pyramidal. Dès le XIII e siècle,
l’essor des villes transforme peu à peu cette organisation. Apparaît le début de la
spécialisation des métiers, la création de confréries urbaines
socioprofessionnelles, des « corporations », où les bourgeois obtiennent des
privilèges économiques et juridiques qui concurrencent les pouvoirs des
seigneurs.

I.3 Contexte religieux

2
Le Goff, J., À la recherche du Moyen Âge, Editions du Seuil, Paris, 2006, p. 93
3
Ibidem
4
https://www.universalis.fr/encyclopedie/alfred-le-grand/, adresse consultée le 10/05/2018.

10
L’esprit sémitique, au déclin du vieux monde, tenta de conquérir l’Europe
par les apôtres du Christ, comme il allait s’emparer de l’Asie occidentale et de
l’Afrique par l’Islam : mais la religion de Mahomet reste près des sources : le
désert, le ciel nu, la vie immobile.
La religion de Saint Paul a un cadre moins bien fait pour l’Europe: le
contact des terres cultivées, des bois, des eaux courantes. La forme mobile et
vivante s’est imposée sous une forme sensuelle et concrète qui la détourne peu à
peu de son sens primitif mais s’adapte à la voie de la destinée naturelle des
peuples de l’Occident. L’empreinte est prise. Ce type d’apostolat peuple la
solitude intérieure des masses oubliées par les civilisations disparues. Son
impitoyable aspiration vers la justice y fortifie l’instinct social. Et c’est grâce à
lui que l’esprit sémitique effectue lentement en Occident un accord désiré par
Jésus...
Puis l’Eglise, passant outre le sémitisme de Saint Paul, rejoint l’esprit
fraternel de celui qui est né dans une étable, qui traîne des bandes de pauvres, qui
accueille les femmes adultères parce qu’elles sortent d’un état social encore plus
dur que le vieux monde, et qu’une insurrection de tendresse virile devient
l’universel besoin.
« En règle générale, on considère que : l’Occident est soucieux
d’organisation et de Droit, le monde Celte et Anglo-Saxon de morale, l’Orient est
animé de préoccupations théologiques. »5
Par-dessus le malheur des peuples (invasions répétées des barbares, faim,
torpeur, misère affreuse entre la chute de l’Empire romain en 476, et les Croisades
1095-1270) une alliance instinctive rapproche les chefs militaires ralliés à la lettre
du christianisme organisé par le haut clergé dont l’esprit devient de plus en plus
rude. Grégoire le Grand (créateur des « chants grégoriens ») ordonne de détruire
tout ce qui reste des vieilles bibliothèques et des temples des anciens dieux. L’âme
antique est bien morte.
I.4 Contexte culturel

5
Papin, D. Y., Chronologie du Moyen-Âge, Gisserot, oras, 2003, p. 25

11
Le contexte culturel est essentiellement religieux : enseignants, étudiants,
hommes de loi dépendent tous de l’autorité religieuse. Ils écrivent et parlent en
latin. Mais il y a une volonté de créer une culture profane en favorisant le progrès
du français. Les lois de la société féodale sont rédigées en français et prennent peu
à peu leur autonomie par rapport aux institutions religieuses.
Une foi ardente anime toutes les couches de la société qui se traduit par les
Croisades, la construction de cathédrales romanes et gothiques (Notre-Dame de
Paris débute en 1163). Une vie intellectuelle assurée par des clercs, puis par des
universités créées au XIIIe siècle (la Sorbonne construite en 1200 avec comme 1er
directeur Robert Sorbon en 1252, d’où son nom). Le savoir n’appartient plus
seulement aux moines et aux clercs.

I.5 La Littérature
Ce n’est qu’au début du XIe siècle que la littérature de langue française
commence à exister réellement à côté d’œuvres latines. Mais on peut parler d’une
littérature médiévale qui serait unique et aurait les mêmes caractéristiques. Entre
l’an 1000 et la fin du Moyen Age, soit 500 ans plus tard, la société, les mentalités,
les productions littéraires vont beaucoup évoluer.
« Au Moyen Age, une œuvre n’est pas le fait du travail d’un auteur unique.
Des remaniements successifs, dû autant aux jongleurs qu’aux copistes ou aux
clercs. Ce sont des œuvres anonymes »6 :
Le jongleur. Dans toutes les occasions de fêtes (mariages, banquets,
cérémonies) le jongleur est un élément essentiel, car non seulement c’est un
homme de spectacle (danse, musique, acrobate, tours de magie) mais aussi il
récite des poèmes qu’il a appris par cœur. Il compose aussi lui-même des vers
qu’il ajoute aux précédents récités ; d’où des versions différentes qui font sans
cesse évoluer le texte initial. C’est lui qui transmet oralement les œuvres littéraires
où la mémoire joue un rôle important.

6
Potelet, H., Mémento de la littérature française, Hatier, Paris, 2002, p. 54

12
Les jongleurs vont de château en château ou de foire en foire : montreurs
d’animaux, acrobates, récitants professionnels, ils diffusent les œuvres littéraires
qu’ils remanient à volonté.
Le copiste. Lui aussi fait évoluer le texte initial en copiant le manuscrit.
Dans ce travail, le copiste intervient avec sa personnalité : il lui arrive de rajouter,
de retrancher une partie d’un texte, d’en moderniser la langue. De plus, il travaille
parfois de mémoire, parfois sous la dictée d’un jongleur. Si sa mémoire lui fait
défaut, il « inventera ».
A partir du XIIIe siècle, le public souhaite des cycles : le copiste va
rassembler dans un même manuscrit des épisodes pris çà et là d’une histoire et les
recopie dans un ordre plus ou moins cohérent. Tous ces remaniements
s’expliquent par le désir d’adapter au goût du public, qui change sur trois siècles,
une œuvre donnée.
Le clerc. C’est un homme cultivé, passé par l’université, appartenant à
l’Eglise : ils sont généralement pauvres et mettent leur culture au service d’un
seigneur. Avec sa culture classique, il remanie des œuvres existantes qui servent
de canevas, et souvent, il crée lui-même une œuvre originale qui n’a rien à voir
avec l’inspiration populaire.
La littérature du Moyen Age a été influencée par les évolutions de la
société au cours de cette période (du XI e au XVe siècle), des mentalités et des
évènements de son histoire.
Deux évènements ont un retentissement particulier sur la mentalité et la
littérature de cette époque : les Croisades et la Guerre de Cent ans.
L’écrivain du Moyen Age est intimement lié à la société dans laquelle il vit
: c’est elle qui le fait vivre : pour un poème récité, une composition, le jongleur, le
clerc reçoit du seigneur ou des notables quelques pièces d’argent, un repas, des
vêtements. Il ne peut pas exister sans elle, ni contre elle. L’écrivain partage donc
les valeurs, les croyances, les goûts de la communauté : cette minorité qui détient
le pouvoir.

13
A partir du XIIIe siècle, avec l’apparition des bourgs et de la bourgeoisie,
se développe une littérature plus populaire, dite bourgeoise, d’inspiration comique
et satirique.
Ses œuvres reflètent les idéaux de cette communauté : les chansons de
geste, qui glorifient la chevalerie ; la littérature courtoise, qui relate les relations
de la société seigneuriale ; la littérature satirique, qui dénonce les abus.

I.5.1 Les chansons de geste


Les poèmes et chansons de geste (vient de l’italien « gesta » qui signifie
« acte, fait accompli ») racontent les aventures d’un chevalier, des évènements
historiques passés, démontrant bien l’idéal de la société féodale : respect absolu
des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualité
guerrière au service de la foi. Le chevalier obéit à un code d’honneur très
exigeant: mépris de la fatigue, de la peur, du danger, et est irrémédiablement
fidèle à son seigneur. Le chevalier vit pour la guerre ; il est fier de ses exploits
guerriers.
L’Eglise essaie de détourner vers la Croisade l’énergie violente de ces
hommes passionnés de combats. Les chansons de geste évoquent des guerres
« saintes » contre les Infidèles (= les musulmans). Toute une communauté se
reconnaît dans ces œuvres qui exaltent les valeurs chevaleresques.
La Chanson de Roland (1070) est un grand poème racontant les exploits
de Roland, neveu de Charlemagne, notamment la bataille de Roncevaux contre les
Sarrasins, dans un dialecte anglo-normand. La plus ancienne et la plus célèbre de
ces chansons de geste. Charlemagne y incarne l’autorité ferme quand il parle à
Roland, l’humanité et la sensibilité lorsqu’il pleure, le courage militaire et le sens
de la justice quand il venge Roland.
Dans La Charroi de Nîmes (1250) de Garin de Monglane, le héros est
Guillaume d’Orange, cousin de Charlemagne, qui devint moine à la fin de sa vie.
Guillaume combat contre les Sarrasins et s’empare de Nîmes en y introduisant un
« charroi » de tonneaux dans lesquels sont cachés des chevaliers.

14
Dans Renaut de Montauban (début XIIIe s.) de Doon de Mayence, il s’agit
d’une lutte menée par Charlemagne contre ses barons révoltés. Renaut et ses
frères sont entrés en lutte contre Charlemagne. Renaut fini par se soumettre et
meurt saintement.

I.5.2 La littérature courtoise


La société féodale apporte une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : le
service de l’amour, qui met les préoccupations amoureuses au centre de la vie. Le
chevalier courtois ne combat plus pour Dieu, la France ou son seigneur (comme
dans les chansons de geste), mais pour sa dame, à qui il doit le « service
d’amour ». Les romans courtois sont écrits pour un public de cour ; il conte des
aventures amoureuses assorties d’exploits héroïques et enrichit de fines analyses
de sentiments.
Apparaissent alors les premiers romans « bretons » empruntés aux vieilles
légendes celtiques et dominés par la figure d’Arthur, roi glorieux de « Bretagne »
et entourés de vaillants chevaliers qui siègent autour d’une table Ronde. Les
romans ont pour cadre la « Bretagne » (Cornouailles, Pays de Galles, Irlande ainsi
que l’Armorique en France).
Dans les romans de la Table Ronde la cour imaginaire du roi Arthur
devient le modèle idéal des cours réelles : non seulement le chevalier est brave,
mais il a en plus le désir de plaire (importance de la beauté physique, des toilettes,
des parures). Parce que les femmes sont présentes, le chevalier doit avoir des
attitudes élégantes, des propos délicats. A côté des tournois et des banquets, il
prend plaisir aux jeux (échecs), à la musique, à la poésie... Pour plaire à sa dame,
il doit maîtriser ses désirs, mériter à travers une dure discipline l’amour de sa
Dame, amour qui cultive le désir et qui fait du plaisir charnel la récompense
suprême après une longue attente. Cet idéal est celui des gens de « cour » (d’où le
mot « courtoisie ») relaté par toute une littérature en tant que modèle à imiter.
Si les romans courtois montrent aussi des chevaliers traîtres, c’est pour
mieux mettre en lumière l’image idéale du chevalier courtois, qui peu à peu
influencera réellement les mœurs.

15
L’inspiration de ces œuvres a été également d’ordre folklorique. Le
folklore est en quelque sorte un fond commun de tous les trouveurs (la bergère
auprès de la fontaine). Le folklore est un des éléments fondateurs de la matière de
Bretagne (=Angleterre). Elle est apparue avec Geoffroy de Monmouth qui a écrit
Historia Regnum Britanniae et Wace qui a écrit le Roman de Brut. Ces deux
œuvres racontent la fondation légendaire de la Grande-Bretagne ainsi que les
aventures du roi Arthur et de la Table Ronde. Le fait que les trouveurs
(troubadours et trouvères) reconnaissent l’origine de leur inspiration montre qu’ils
considèrent leurs œuvres comme opposées à la matière antique, et devient ainsi
une véritable littérature indépendante du latin, à rôle social.
Les troubadours (en langue d’Oc) et trouvères (en langue d’Oïl) sont des
poètes musiciens auteurs de chansons d’amour qu’ils chantent en s’accompagnant
à la vielle.
Tristan & Iseut, (fin XIIème s.) grand poème racontant la légende de deux
amants vivant un amour interdit et affirmant leur droit à la passion contre les lois
sociales et religieuses. Cette légende est née en France, mais les anglais (Tristan
& Yseut), les allemands (Tristan & Isolde), les italiens et les danois ont chacun
leur version, imitée ou traduite du français. Initialement de Thomas et Béroul,
deux poètes anglo-normands.
Le Lai du Chèvrefeuille, le Lai du Laostic (1160-1170) : de Marie de
France, la 1ère femme de lettres – XIIème siècle. Elle vécut à la cour du roi
d’Angleterre Henri II Plantagenêt et son épouse Aliénor d’Aquitaine (mère de
Richard Cœur de Lion), devenue reine d’Angleterre en 1154 après avoir été reine
de France en 1137. Dans de courts récits en vers appelés « lais », elle conte des
aventures d’amour chevaleresque, inspirées des légendes bretonnes.
Le Roman de la Rose : Ière partie de Guillaume de Lorris écrite de 1225 à
1230, puis IIème partie de Jean de Meung, écrite vers 1270.
Le roman courtois. Chrétien de Troyes (1135-1190), clerc lettré,
fondateur du genre romanesque, né à Troyes, vivait à la cour de Marie de
Champagne, fille d’Aliénor d’Aquitaine.

16
Perceval ou le Roman du Graal (1180) : Perceval part à la quête du Graal,
vase sacré où l’on aurait recueilli le sang du Christ sur la Croix. Sa démarche
symbolise l’itinéraire spirituel à la recherche de Dieu.
Lancelot ou le Chevalier à la Charrette (1177) : Lancelot pour plaire à la
reine Guenièvre, épouse du roi Arthur, ne cesse de mettre sa vie en péril. Il
consent même au risque de se déshonorer à monter sur la charrette infamante des
prisonniers.
Yvain ou le chevalier au Lion (1177) : Yvain, chevalier d’Arthur, tenté par
l’aventure chevaleresque a délaissé son épouse Landrine. Pour regagner son cœur,
il doit accomplir une série d’épreuves. Un lion qui l’a sauvé l’accompagne dans
les dangers.

I.5.3 La littérature satirique


Textes critiques et moqueurs s’adressant toujours à la classe dominante
pour rappeler une exigence morale ou religieuse, comme l’exige la tradition.
Le Roman de Renart, suite de poèmes indépendants les uns des autres.
Récit de la lutte de Renart le goupil contre Ysengrin le loup : satire légère et
amusée de la société féodale sur la justice et la religion. Renart est la parodie du
vassal qui ne respecte pas l’idéal féodal ou incarne un certain discours critique sur
la société féodale, mais en aucun cas émane d’une critique « populaire » contre la
noblesse : c’est le divorce entre un idéal et une réalité misérable. C’est pessimiste
mais ne propose aucune solution de changement. D’autres œuvres sont : Le
Roman d’Alexandre de Pierre de Saint Cloud, Fabliaux de Jean Bodel

17
CHAPITRE II. LES RÔLES DE LA FEMME DANS LA SOCIETE
MEDIEVALE

II.1 La femme religieuse


Dans la mentalité des hommes médiévaux, la femme était considérée
comme une essence. Dieu l’a rendu ontologiquement inférieur à l’homme, et elle
a aggravé son cas, devenant ainsi responsable de l’erreur.
Par la déclaration de R. Howard Bloch, « misogynie médiévale est
différent des autres parce qu’il est théologisé, et est donc considéré comme la
vérité intouchable ».7 Le christianisme a imposé un nouveau système de valeurs.
La liberté humaine envoie l’âme humaine au ciel ou en enfer, mais les chemins
sont différents : l’état religieux est considéré comme supérieur au profane ; statut
hiérarchique est établi très tôt en fonction de l’exercice de la sexualité, et ce en
particulier les femmes, vivent toujours dans l’ombre de son père, le mari, ou
prêtre.
D’où la classification : vierges, épouses, veuves. Ce qui a été considéré
comme une nouveauté de la fin du Moyen Age, accéder à un grand nombre de
femmes laïques à une vie spirituelle plus riche, mais la supériorité de la virginité
et de la vie consacrée à la vie familiale reste indiscutable. C’est toujours présent
dans l’Église chrétienne aujourd’hui. Il y a aussi nécessaire de maintenir un
équilibre entre la virginité de l’excitation et de l’extrémisme des hérétiques, qui,
au premier mariage condamné : « Grégoire le Grand visé à sa femme qu’il a quitté
sa maison de famille après avoir été convaincu par sa mère comme les jeunes
mariés ils ne pouvaient pas être sauvés. »8
La vie religieuse des femmes au Moyen Âge requiert initialement
l’existence des mœurs. Mais l’existence de ces fondations provoque des réactions
contradictoires, confrontées à de nombreux obstacles. Les périodes mérovienne et

7
Howard Bloch, R., La misogynie médiévale et l’invention de l’amour en occident, éd. Les
Cahiers du GRIF, Paris, 1993, p.23
8
Le Grand, G., Dialogues, A DE VOGÜÉ, trad. Antin, P., Paris, 1978, p. 101

18
carolingienne ont connu une augmentation, mais il faut souligner l’insuffisance
dramatique des monastères au début du deuxième millénaire.
Les femmes embrassent la vie religieuse par choix ou par décision
paternelle.
Les abbesses ont eu une grande influence au Moyen Âge, mais leurs
pouvoirs spirituels se limitent à l’interdiction faite aux femmes de recevoir des
ordres religieux. Nonces ne sont pas obligés d’avoir presque aucune obligation,
sauf pour le célibat. À l’église, ils sont habillés comme les autres femmes, mais
cela diffère du port d’un voile blanc et d’une longue cape pendant le travail.
Au Moyen Âge, la religion permet aux femmes d’origine inférieure
d’acquérir une certaine autorité par leur personnalité. Les conférences sont donc
l’occasion de montrer leurs talents et d’acquérir une certaine reconnaissance dans
la société en dehors du mariage.
Le milieu du XIème siècle va changer la situation. Les gens de l’Église
redéfinissent les rôles assignés aux hommes et aux femmes, même à leurs
capacités respectives. « Les institutions où les femmes avaient du pouvoir ou où
elles étaient mélangées avec des hommes ont été dissoutes aux XIe et XIIe
siècles. »9 Lorsque l’église développe son activité cléricale, elle réserve le clergé
au contrôle sacré et n’accorde aux femmes qu’un rôle secondaire. « Si la
Réformation de l’Église protestante limite l’intervention publique des femmes, la
Grande Bretagne voit tout de même l’apparition de certaines prêtresses dans des
sectes protestantes. »10

II.2 Les femmes du pouvoir


Au Moyen Age, le pouvoir et l’intervention des femmes dans la sphère
privée se limitent à deux catégories : les reines et les abbesses. Le pouvoir de la
reine est partiellement étudié, la reine se cachant derrière l’image du roi et de son
pouvoir, et pour cette raison ils assistent rarement aux réunions royales. Il est à
noter qu’il n’y a pas de place dans la société médiévale pour la femme célibataire.

9
Bardet, J. P., L’Histoire. « Les femmes, 5000 ans pour l’égalité », n° 245, Paris, 2000, p. 61
10
Ibidem

19
« La femme ne peut espérer obtenir le pouvoir qu’au moment du mariage, ou
choisir une autre alternative au mariage : le monastère. »11
La reine. Comme toute femme de cette époque, la reine est principalement
responsable de sa propre famille. Avec le pouvoir de la famille royale, la reine vit
en sa présence.
Au début du Moyen Age, les systèmes d’alliance étaient affirmés par des
échanges inter-familles de femmes pour le mariage. Même après le mariage, elle
perd le pouvoir qu’elle a dans sa famille d’origine, elle gagne la famille de sa
famille à faire partie de. « En tant qu’épouse, elle peut jouer un rôle important en
tant qu’intermédiaire entre la famille d’origine et celle de son futur mari. »12
À partir du IXe siècle, cette simple présence de pouvoir permet aux
femmes d’agir et d’agir un peu. « Après la période carolingienne, elle est, en
parallèle du roi, bénie et ointe. »13
Si, au moment du mariage, elle devient la reine, son pouvoir est rétabli du
façon sacre. L’archevêque de Lyon Agobard présente la reine de la manière
suivante : « Elle est une auxiliaire du roi et doit gouverner à ses côtés. »14 Le
pouvoir de la reine a décliné depuis le XIIème siècle parce que son rôle devant le
roi sera occupé par des conseillers, généralement de rang noble.

II.3 Les autres femmes


Aux Xe et XIe siècles, de nombreuses femmes ont gagné le pouvoir de la
justice, la décision militaire ou même la participation à des réunions
ecclésiastiques ou laïques. Généralement, les femmes aristocratiques ont de
nombreuses responsabilités, surtout quand leurs maris sont partis, qu’ils soient en
guerre, prisonniers ou même morts. Un exemple est Mathilde de Toscane, qui a
joué un rôle important au cours de la controverse de 1075-1122, même en
politique. Elle a également fondé le monastère d’Orval.

11
Montaigne, A., Les femmes au Moyen Àge, éd. CNRS, Paris, 1979, p.46
12
Le Jan, R., Femmes, et société dans le haut Moyen Âge, éd. Picard, 2001, p. 51
13
Ibidem
14
Ibidem

20
Généralement, durant cette période, les femmes sont inséparables de la
sphère privée. Ce n’est que dans les villes où la frontière entre les sphères privée
et publique diminue le fait que certaines femmes, autres que les reines ou les
abbés, peuvent exercer un certain pouvoir dans la vie publique. « C’est surtout le
tribunal de Mantoue, où des femmes comme Isabella d’Este ont apprécié
l’influence qu’elles avaient sur la cour. »15

II.4 Le rôle des femmes dans la famille


Pendant la période de récupération de la mère, qui dure quarante jours
après la naissance, le père est celui qui a une activité en plus de ce qu’il avait
jusque-là, prend soin de la maison familiale. Cependant, la mère fait la plupart du
travail autour des petits enfants.
L’éducation morale et religieuse est essentiellement faite par la mère,
surtout dans les zones rurales. Dans la ville, les mères enseignent parfois à leurs
enfants les outils de base de l’instruction intellectuelle, les filles peuvent recevoir
une éducation, et beaucoup d’artisans du XIIIe siècle peuvent lire, écrire, compter
et aider leur femme. Pendant l’enfance, les filles et les garçons accompagnent leur
père pour le travail sur le terrain. Il n’y a pas de discrimination dans la répartition
des affaires intérieures. Cependant, les rôles sont partagés : les filles restent plus
longtemps avec la mère, tandis que les garçons aident leur père. Les filles peuvent
aussi apprendre à piquer, à broder.
Bien que la naissance d’un garçon soit généralement plus importante que
celle d’une fille, en raison de l’organisation sociale, les enfants des deux sexes
sont aussi aimés que les autres. Les filles apprécient pour leurs qualités morales,
la fidélité à leurs parents et certaines de leurs caractéristiques physiques.
« Certains systèmes d’héritage légal, par exemple en France, les placent à égalité
avec les garçons. »16

15
https://education.francetv.fr/matiere/moyen-age/cinquieme/article/vivre-en-famille-au-moyen-
age, page consultée le 01.04.2018.

16
Savereux, J., Vivre en famille au Moyen Âge, éd. Les Belles Lettres, Paris, 2016, p. 147

21
Vers la fin du Moyen Age, l’âge minimum d’engagement est fixé à sept
ans, et l’âge du mariage à douze ans par la loi eclésiastique. Les garçons ne
peuvent pas se marier avant quatorze ans. « Au cours de l’Ancien Régime,
seulement quatre pour cent des femmes se marient avant l’âge de dix-sept ans. »17
Les femmes les plus jeunes sont pour la plupart dans les classes supérieures et
épousent des hommes plus âgés. « Dans les familles modestes, l’âge moyen du
mariage au cours des trois derniers siècles du Moyen Age est compris entre dix-
sept et dix-neuf ans pour les filles et entre vingt-sept et trente ans pour les
garçons. »18
« Saint Augustine a exprimé en trois mots le but du mariage : progéniture,
fidélité, sacrement. »19
Après le mariage, la femme est accueillie par la famille de son mari. Elle
doit honorer son beau-père. En tant que facteur de bonne compréhension dans le
couple, cette attention est de montrer du respect dans les mots et les gestes
humoristiques, de ne jamais créer de conflits et de chercher à éliminer toutes leurs
causes par la douceur et la gentillesse. Sa femme doit le même respect à ses
parents que ses parents, elle est obligée d’aimer son mari. Cela résume en quelque
sorte les devoirs de son mari. Le divorce est interdit par l’Église, mais il y a des
séparations dans l’aristocratie. Lorsque l’un des membres du couple meurt, ce qui
est plus courant dans le cas de l’homme, celui qui est resté au sol doit souvent
revenir, y compris les femmes qui ont des enfants.

II.5 Travail et métiers


Les jeunes filles doivent être formées avant le mariage aux affaires
domestiques ou féminines. Souvent, ils sont intimement placés dans d’autres
familles pour être servantes afin de leur donner une dot.

17
Bardet, J. P., L’épopée des mères de famille, no 245, Paris, 2000, p. 61
18
http://classes.bnf.fr/ema/ages/index3.htm, page consultée le 01.04.2018.

19
http://40ans.ehess.fr/2015/11/08/1991-une-histoire-sans-les-femmes-nest-plus-possible/ , page
consultée le 01.04.2018.

22
À la fin du Moyen Age, au contraire, il leur est interdit de pratiquer des
techniques artisanales à cause de la concurrence qui se crée. Certains d’entre eux
sont infirmiers, parfois ils contribuent également à l’éducation des enfants dans
les grandes maisons. Les soins de santé se retrouvent dans toutes les classes
d’aristocrates, ainsi que dans les paysans, à condition que la famille de l’enfant
dispose de moyens suffisants pour payer les services.
Malgré le succès des femmes dans la science, les préjugés culturels ont
affecté leur éducation et leur participation à la science au Moyen Age. Par
exemple, saint Thomas d’Aquin, un érudit chrétien, a écrit à propos des femmes :
« Elle est mentalement incapable de tenir une position d’autorité. »20

II.5.1 Entreprise paysanne, artisanale ou marchande


Dans les familles paysannes, les femmes sont principalement engagées
dans l’élevage, le pain, la bière et la production laitière. L’objectif est que les
familles gagnent suffisamment d’argent pour assurer un niveau de vie modeste,
car elles sont obligées de travailler pour des familles plus riches vivant dans une
pauvreté extrême.
Certaines activités rurales sont essentielles pour la production urbaine,
comme le lin ou la viticulture. Dans la ville, certaines femmes exercent le métier,
vendant ce qu’elles ont elles-mêmes produit, parfois elles se rassemblent,
échangent des produits, mais elles ne manquent pas beaucoup à la maison pour
pouvoir assumer leurs responsabilités familiales.
Les femmes veuves ou célibataires sont très pauvres, à cause des petits
salaires qu’elles gagnent, et pour survivre en mendiant, en volant, en se
prostituant ou en cherchant refuge dans un monastère. Là, ils peuvent lire, chanter
ou tisser.

20
Duby, G., Perrot, M., Histoire des femmes en Occident : Le Moyen Âge, éd. CNRS, Paris,
1994, p. 175

23
II.5.2 Entreprise scientifique
Dans la première partie du Moyen Age, les monastères étaient le lieu
principal de l’éducation des femmes et, dans certaines communautés, ils étaient
capables de mener des recherches scientifiques. Un exemple est Hildegarde de
Bingen, dont les écrits prolifiques comprennent des traitements pour une variété
de sujets scientifiques, y compris la médecine, la botanique et l’histoire naturelle.
Un autre exemple est Herrade de Landsberg, qui est devenu célèbre en tant
qu’auteur et illustrateur de « Hortus delicium ».
La première encyclopédie a été écrite par une femme, un magnifique
manuscrit à vocation pédagogique essentielle. « Au XIème siècle, les premières
universités sont apparues, mais les femmes étaient généralement exclues. »21 Il
existe également des exceptions, notamment l’Université de Bologne, « qui a
permis aux femmes d’accéder à des cours depuis sa création en 1088 »22.

II.5.3 Les femmes intellectuelles ou artistes au Moyen Âge


Anne Comnène, la princesse byzantine, a étudié l’histoire et la
philosophie, et a écrit Alexiade, une œuvre dans laquelle elle se réfère aux
activités de son père, l’empereur Alexis. Ce travail fournit également des
informations sur la Première Croisade.
Héloïse fut la première femme à suivre les arts libéraux, étant une
étudiante du primaire, puis la femme d’Abélard, la figure intellectuelle du moyen
âge et le premier abbé du Paraclet.
« Bien qu’elles soient moins nombreuses que les hommes, les femmes ont
laissé leur empreinte sur des œuvres d’art médiévales telles que Marie de France,
Comtesse de Die, Aliénor d’Aquitaine. »23 Certaines femmes travaillent dans le
monde laïque tandis que d’autres travaillent dans le monastère.
Plusieurs trobaïritz (poétesses et compositrices d’expression occitane dans
le sud de la France aux XIIe et XIIIe siècles) ou des trouveresses (poétesses et

21
Casagrande, C., Histoire des femmes en Occident : le Moyen Âge, éd. Plon, France, 1991, p. 53
22
Ibidem
23
Paupert, A. Deux femmes auteurs au Moyen Âge, Revue de la BNF, no 39, Paris, 2012, p. 6

24
compositrices de langue d’oïl au Moyen Âge) ont créé des œuvres qui sont
devenues très connues : par exemple, Chanson « Grande peine m’est advenue »
écrit par Comtesse de Die, ou Tenson « Gui d’Ussel, j’ai peine pour vous » écrit
par Marie par Ventadour.

II.6 Les femmes pendant la guerre et au temps des croisades


Les femmes ont participé aux croisades, avec toute leur famille, y compris
les enfants, dont certains sont nés dans les pays où leurs mères voyageaient.
« Certains étaient épouses de messieurs et de chevaliers, comme Godehilde de
Tosny avec Baudoin de Bourgogne, Marguerite de Provence et son mari, le roi
Saint-Louis. »24
Certains d’entre eux étaient impliqués dans le combat, équipés de mailles,
de casques et d’épées, tandis que d’autres portaient des pierres pour les catapulter,
réussissant ainsi à s’approcher des murs des villes assiégées ; la plupart,
cependant, assument des rôles auxiliaires, fournissant de l’eau, de la nourriture et
des soins infirmiers.

II.7 Les vêtements des femmes au Moyen Âge


La société hiérarchique médiévale impose à ses membres des signes et des
codes d’appartenance importants. « Les vêtements, les couleurs, les matériaux et
la coiffure indiquent l’appartenance à un poste et un rang social et / ou un groupe
d’âge. Certains, comme les ceintures précieuses ou les tissus coûteux, sont
réservés aux aristocrates. »25
Au début du Moyen Age, les costumes des femmes étaient identiques à
ceux portés par les hommes. La seule différence était que les femmes atteignaient
le sol, tandis que les hommes étaient longs à genoux, accompagnés de pantalons
appelés « braies ». Plus tard, une distinction a été faite entre les vêtements pour
femmes et ceux pour hommes en raison de l’art gothique. Les robes sont plus

24
Pernoud, L., La femme au temps de Croisades, éd. Hachette Littératures, Paris, 1990, p. 13
25
À consulter http://classes.bnf.fr/ema/ages/index3.htm

25
décolorées, accessoires avec des boutons et des lacets, et des manches plus larges.
Les femmes portent des corsets pour une taille plus fine.
Pendant ce temps, la femme doit avoir une taille fine, une poitrine bien
définie et des cheveux bouclés, mais le plus important pour être considérée
comme belle, elle doit avoir une peau lumineuse et délicate, ce qui est un signe de
noblesse.

26
CHAPITRE III. REFLETS DE LA FEMME DANS LES POÈMES
COURTOIS

III.1 Les grands fondateurs des poèmes courtois


III.1.1 Guillaume IX d’Aquitaine
Guillaume IX était le fils de Guillaume VIII d’Aquitaine, avec sa troisième
épouse, Hildegarde de Bourgogne. Sa naissance fut la raison d’une grande fête à
l’Aquitaine, mais l’église le considéra d’abord comme illégitime à cause des
divorces antérieurs de son père, mais aussi parce que Guillaume VIII vivait en
conciliation avec sa mère. Cela l’obligea à faire un pèlerinage à Rome,
immédiatement après sa naissance, pour obtenir la bénédiction du pape pour son
troisième mariage, ainsi que la reconnaissance légitime de Guillaume IX.
Guillaume IX le duc d’Aquitaine est présenté dans des manuscrits comme
Coms de Peitieurs, « Comte de Poitiers », le premier troubadour connu. Ils
appartiennent à 11 chansons, qui reviennent sans doute de sa propre composition
Son image historique est un riche seigneur ayant une forte influence sur la
politique européenne. Son domaine était plus important que celui du roi de
France. En 1101, il participa à la première croisade de Jérusalem, et en 1120 il se
rendit en Espagne où il combattit avec le roi d’Aragon et de Navarre, Alfonso I.
Motivé par de nombreux facteurs, religieux et laïcs, Guillaume rejoint la
croisade 1101, une expédition inspirée par le succès de la première croisade en
1099. Guillaume est arrivé dans le pays sacré et s’y est installé pendant un an. Son
dossier militaire n’est pas très impressionnant. Il s’est battu plus en Anatolie, étant
souvent vaincu. En septembre 1101, toute l’armée fut détruite par les Turcs, mais
Guillaume s’échappa et selon les chroniques, il arriva à Antioche avec seulement
six compagnons survivants.
Guillaume IX d’Aquitaine s’est marié deux fois, et deux fois excommunié,
la première fois pour entêtement à avoir une relation avec le vainqueur
Dangereuse de Chatellerault, et la deuxième fois lors de son mariage avec sa
deuxième femme, Philippa de Toulouse. À la suite de son mariage, deux fils et
cinq filles, dont son successeur Guillaume X, sont nés, son deuxième fils,

27
Raymond, devint prince d’Antioche en Terre Sainte, et sa fille Agnès, qui avait
deux mariages, la seconde avec Ramiro II d’Aragon, rétablissant les liens avec
cette maison dirigeante. Jusqu’à sa mort, il se battra contre le clergé, en défendant
sa relation extraconjugale.
La relation entre le duc et son fils devient tendue et désagréable car il s’est
révolté pendant sept ans pour venger les mauvais traitements de sa mère. La
relation entre père et fils s’est améliorée après le mariage de Guillaume X avec
Aenor de Chatellerault, fille de Dangereuse.
Entre 1120 et 1123, Guillaume IX s’associe au royaume de Castille et au
royaume de Léon. Les troupes d’Aquitaines se sont battues aux côtés des
Castillans pour conquérir Cordoue.
En 1122, Guillaume perd le contrôle de Toulouse, la terre de Philippa,
avant Alphonse Jordan, fils et héritier de Raymond IV.
Sa détermination non conventionnelle a souligné son fort caractère de
seigneur, et en même temps, il a souligné son attachement à sa maîtresse. Pour
montrer l’antithèse entre son personnage et la mentalité du peuple à cette époque,
le chroniqueur Guillaume de Malmesbury a déclaré que le duc d’Aquitaine voulait
établir un monastère avec des femmes légères afin de répondre à la fondation mise
en place par son ami Robert D’Arbrissel.
Il meurt dans sa maison et est enterré dans un monastère. Deux siècles plus
tard, il a été nommé « le grand pêcheur de la repentance »26.
Son expression poétique de l’amour prend tout son sens à travers son
caractère extraordinaire. Sa propre vision de l’amour apparaît dans ses poèmes,
qui seront appelés dans la littérature « fin’amour ». Mais malgré ce désir, l’image
de « sexualité mature et heureuse »27 n’apparaît pas dans ses œuvres. Le
personnage poétique du Comte de Poitiers est le symbole du chevalier et de
l’amour. Ses qualités dessinent l’image du servile vassal devant son seigneur, son

26
Lafont, R., Le chevalier et son désir. Essai sur les origines de l’Europe littéraire 1064, Paris,
1992 pagina
27
Ibidem

28
habileté de cavalerie, son statut social et le désir de s’identifier. Sa poétique reflète
tous ces traits de caractère.
Après un siècle, les médiévistes soulignent le fait que Guillaume IX
d’Aquitaine cherche à comprendre l’influence de son travail sur la littérature
occitane. Certains ont vu dans cette littérature la combinaison de divers courants
culturels (« goliards, poètes arabo-andalous, emprise des facteurs socio-
historiques féodaux »28 ) expliquer l’expression folle de ses poèmes, tandis que
d’autres écartent le profil obscène et antithétique de l’amour courtois, « en
refusant de traduire les passages les plus crus ».29
Cette tendance a fortement influencé la perception de l’œuvre littéraire de
Guillaume IX. Ainsi, nous parlons de son travail poétique de deux points de vue
différents : « l’un avec l’entêtement obscène »30, « l’obscénité étant un mur de
défense contre la peur des femmes »31 et « l’autre étant la source d’inspiration
curtoise »32.
Pour tenter de comprendre ce poète atypique, tout le monde a essayé de
donner un sens aux textes restants de l’œuvre de Guillaume IX. Certains ont
tendance à étudier ce travail d’un point de vue diachronique, tandis que d’autres le
considèrent de manière synchrone. Ses poèmes sont sujets à discussion, leur sens
étant convergent et divergent en même temps.
Il est nécessaire de comprendre la signification de son travail. De l’avis de
Robert Lafont, elle devrait être considérée comme « volonté de signifier une
bipolarité originelle »33.
S’interrogeant sur la véritable motivation poétique de Guillaume IX,
beaucoup ont essayé de comprendre la motivation profonde et originale du fin-
amours.
28
Nelli, R., L’Érotique des troubadours, Toulouse, 1963, Privat. Köhler Eric. 1964,
« Observations »
29
Jeanroy dans son édition (JEANROY Alfred), Les Chansons de Guillaume IX d’Aquitaine, 1972
30
HUCHET, J-Ch., Obscénité et Fin Amor ( Le comte de Poitiers, premier troubadour), 1984
31
Conception développée par Henri Rey-Flaud.
32
Thèse de Roger Dragonetti, 1986
33
Lafont, R., La phrase occitane. Essai d'analyse systématique, n° XXVIII, Paris, 1967

29
Ses prouesses chevaleresques. Transformant ses actes érotiques en
l’essence de certains de ses poèmes, Guillaume IX apparaît comme un personnage
obscène. Cependant, la version originale de ses poèmes le dépeint comme un
poète parfait.
Ce troubadour joue avec les mots, donc les obscénités sont cachées
derrière les métaphores. Mais, comme l’a dit Pierre Bec, ils ne doivent pas être
confondus :
« [...] l’habituelle ambiguïté, rhétorique et conceptuelle, de l’érotisme
troubadouresque, qui manie volontiers et sciemment l’euphémisme, la polysémie
et la périphrase, avec l’obscénité, délibérément ludique et affirmée comme telle,
du contre-texte. »34
Le jeu adulte qui règne dans ses pièces à un double rôle : faire rire les
autres et se permettre de s’affirmer chevalier-chevalier. Son opéra poétique crée
l’image magistrale de Guillaume IX qui ne semble pas connaître les erreurs de
l’amour charnel.
L’expérience de Guillaume IX correspond à la conscience des pouvoirs de
la poésie pour révéler la grâce et la lumière à l’amour du désir, et « la difficulté du
poète sera de trouver cette clef »35. Son art poétique signifie ce qui n’est pas
considéré comme significatif : le pouvoir inexpliqué du désir. La vanité, qui
émerge des symboles de ses relations, dissimule le besoin de se connaître.
Patrice Uhl parle de « sa double (et doublement pleine) existence de grand
seigneur insolent et de (…) »36 : si le poète est « double » simplement parce qu’il
recourt à la louange et à la tromperie, il le fait sans doute pour révéler une chose
sérieuse d’une manière ironique, dramatisant ainsi une situation pressante. Ce
comportement met en évidence le désir du troubadour de chercher un moyen

34
Bec, P., Burlesque et obscénité chez les troubadours. Le contre-texte au Moyen Age, Paris, 1984,
pagina
35
Thèse de Roger Dragonetti, 1986
36
Uhl, P., Guillaume IX d'Aquitaine et la sorcellerie de Babel: A propos des vers arabes de la
chanson V, éd. Arabica, 1991, pagina.

30
d’épanouir sa propre personne dans un monde imaginaire sans crainte de
l’inconnu, c’est-à-dire de la femme.
Le défenseur des dames. En dépit de cette peur, il défend les dames dans
leurs conditions de femmes saisies par leurs maris. Encore une fois, sa poétique
semble obscène. Bien que son attitude puisse sembler noble, parce qu’il a « une
foi brûlante dans la femme et l’amour »37, les arguments qu’il utilise pour
défendre les femmes sont cruels et créent un fossé entre ses intentions sincères et
ses pensées profondes.
Ce chevalier poète affiche un caractère extraordinaire, exprimant ses
croyances sur les conditions féminines devant un public masculin, de sorte que
trois de ses chansons s’adressent directement aux hommes. Pour exprimer son
message, il utilise une technique rhétorique et stylistique maîtrisée par la rotation
des métaphores obscènes, comme le jeu des dames dans la chanson VI. Son
apparente obscénité ne l’empêche pas d’être un chevalier de qualité qui se dresse
contre la saisie de la femme.
Le comte de Poitiers adopte la règle de l’infidélité et de l’adultère : un
gentilhomme doit savoir partager sa femme avec d’autres gentilshommes et
chevaliers. Cette raison fixe les racines de fin’amor. De plus, la répétition du mot
« comme » montre à quel point ce sexe est un problème pour le comte de Poitiers.
Parce que Guillaume IX n’est pas un gynoscope, selon Jean-Charles Huchet, c’est
un chevalier qui aime les plaisirs de la nature.
Le comte de Poitiers veut connaître l’amour, mais l’inconnu sur le sexe de
la femme est un obstacle à son désir. Pour le croiser, il utilise jusqu’à l’abus, un
mot qui assimile son propre nom poétique, comme s’il voulait supprimer la
différence de genre. Ainsi, à travers l’usage licencieux de l’image sexuelle
féminine, Guillaume IX exprime un malaise. Il révèle la peur d’entrer en contact
avec l’autre.

37
Payen, J-Ch., Le Prince d’Aquitqine. Essai sur Guillaume IX, son œuvre et son érotique, 1980

31
Il est clair que « con est le gouffre du moi masculin »38 et qu’il motive la
recherche d’images érotiques, mais en même temps c’est le lieu qui donne
naissance à une littérature d’amour.
La propre expression de Guillaume IX prend en compte ce vide, utilisant
un ton ironique qui tente de dissimuler le désordre du poète.
La littérature courtoise, qui en était encore à ses débuts, cherche à
exprimer avec des mots, quelques préceptes d’amour courtois « Amor », « Joi »,
« Jovens ». Mais ces préceptes ne peuvent être exprimés qu’avec folie : « de la
joie d’amour n’est pas autre chose que l’inspiration poétique porteuse d’un sens
que la sen tout court ne saurait donner. »39.
L’ironie est donc une façon de dire sans le dire, mais en abusant de cette
façon d’expression, il réussit à mettre un barrage entre lui et les autres.
La soumission à sa dame. La création poétique de William IX est
motivée par le désir d’une union absolue et parfaite avec sa femme. Dans les
poèmes dits « courtois » (VIII, IX et X), cette aspiration est aussi évidente que
dans ce qu’on appelle « l’obscène ».
La pièce I, où l’obscénité se manifeste par métaphore, est fondée sur
l’équivoque : la femme est un cheval : « J’ai deux chevaux pour ma selle,
gracieux et bons »40.
Ces deux chevaux semblent être un problème pour le poète duc et l’obliger
à demander conseil à ses camarades.
La description des deux chevaux est contrastée : « L’un était, des chevaux
de montagne, le plus vif : Mais il a longtemps été farouche et rétif. / Si farouche et
sauvage qu’il regimbe à l’étrille. / L’autre a été élevé là-bas. après Confolens, / Et
jamais vous ne vîtes plus beau, que je sache : / Celui-là, je ne l’échangerai ni pour
argent ni même pour or. »41

38
Lafont, R., op. cit., n° XXVIII, Paris, 1967, p. 135
39
Thèse de Roger Dragonetti, 1986, p. 177
40
Traduction personnelle, Édition Payen, 1980, p. 74-75.
41
Ibidem.

32
Le personnage « salvatges » et « d’estranhez » du premier cheval a pour
rôle de mettre en valeur les qualités du second cheval. Mais il ne perd pas non
plus ses propres qualités. La beauté de la seconde est son prix. Sans autre
transition, Guillaume oscille entre les deux :
« Chevaliers, conseillez-moi dans mon doute ! Jamais je ne fus plus
embarrassé de choisir : Je ne sais à qui me tenir de dame Agnès ou de dame Arsen.
»42
Le rapport « montures », qui signifie « dames », fonctionne à l’envers :
l’un est sauvage et chaud et l’autre est beau. Les annuelles des partenaires
n’adhèrent pas à l’éthique de la littérature courtoise. La femme qui devient cheval
ou cheval devient une femme semble être une image sexuelle obscène.
Grâce à cette annualisation, l’image de la femme est façonnée autour d’une
métaphore, étant plus considérée comme une proie que comme un être suave et
spirituel. Et évidemment, l’incertitude de l’âme du poète concerne les deux
aspects contradictoires qui définissent la femme amoureuse. L’ironie permet à
Guillaume de rire dans une situation problématique car cette obsession obscène
cache un état de mal : « Agnes et Arsen sont deux exigences de Amor. symbolisées
par deux cavales qui suggèrent les mouvements contraires des désirs amoureux :
le charnel et le spirituel, tous deux désirables, mais semble-t-il. irréconciliables.»43
Dans le désir de réunir les deux cavernes, il a exprimé son désir de le voir
réuni par une fusion impossible. Les deux principes de l’origine de la création qui
mènent à l’amour complet. Ce désir de trouver l’harmonie primitive conduit au
désir de créer. Quand il a le choix entre celui qui a le personnage et celui qui brille
à travers sa beauté, Guillaume est désespéré.
Mais il ne choisira pas à cause d’un serment : « Car l’une et l’autre m’ont
juré foi par serment solennel »44

42
Payen, J-Ch., Le prince d’Aquitaine. Essai sur Guillaume IX, son œuvre et son érotique, éd.
Champion, Paris, 1980, pagina
43
Thèse de Roger Dragonetti, 1986, p. 180
44
Payen, J-Ch., op. cit., éd. Champion, Paris, 1980, p. 74

33
C’est la fin de cette chanson qui annonce plus de folie que de sens.
« Sagramen » souligne l’idée d’interdépendance. Les deux dames qui ont été
prêtées par serment au comte de Poitiers. « Dans ce poème métaphoriquement
obscène, les derniers vers prennent une valeur autre et s’ouvrent sur un rapport
courtois, fondé sur le service féodal »45.
Toutes les pièces sont conditionnées par l’autre, manifestée par
l’importance de la présence ou de l’absence de la dame.
En supposant que le risque d’avoir des aventures érotiques dans ses pièces
obscènes contraste avec l’expression de l’amour douloureux, comme nous
pouvons le voir dans la chanson VII, Puisque nous voyons de nouveau fleurir :
« Telle a toujours été ma destinée que de ce que j’aimais je n’ai pu jouir, il en fut,
i1 en sera toujours ainsi, car souvent au moment où j’agis, j’ai conscience que
mon cœur me dit : Tout est néant. Si j’en ai moins de joie que les autres, c’est que
je veux ce que je ne peux avoir. »46
La peur de l’inconnu, causée par le sexe féminin, dénonce ici un manque :
le néant. Ce rien révèle l’anxiété, comme dans la chanson IV. C’est ce qui
l’empêche de profiter pleinement et de rejoindre jeudi. Son coeur parle, ceci étant
une question de sincérité, révélant le manque de l’autre. La joie n’est pas le
résultat d’une multitude d’actes sexuels. Pour accomplir cette joie, le cœur des
amoureux doit s’unir et s’obéir : « Jamais aucun homme ne sera un parfait fidèle
envers Amour s’il n’est pas soumis. »47
Guillaume IX en est conscient mais ses vers trahissent l’absence de l’autre.
Par conséquent, l’obtention de la complémentarité est impossible. Tout annonce
l’absence de la dame.
La soumission et l’attachement du poète à sa dame, dans la chanson VIII,
ont culminé, Guillaume IX déclarant son amour maintenant. L’expression des
sentiments semble extraordinairement disproportionnée, et pour amplifier cette

45
Lejeune, R., Formules féodales et style amoureux chez Guillaume IX d’Aquitaine. VIIIe
Congresso internazionale di Studi Romanzi. Firenze - Sansoni,1956, p. 227-248.
46
Dragonetti, R., Traduction Dragonetti 1986. Édition Pasero 1973, p. 193.
47
Traduction personnelle, Édition Pasero 1973. p. 195-198.

34
exagération, il ajoute qu’il aime mourir : « Si vite je n’ai pas d’aideafin de savoir
si ma parfaite dame m’aime je mourrai, sur la tête de saint Grégoire ! si elle ne me
baise pas dans sa chambre ou sous la ramée. »48
La naissance de l’amour dans la littérature courtoise conduit à la naissance
de l’idée de la mort. Les paroles du comte Poitiers interfèrent avec son poème
avec gravité. Ce sérieux de la gravité ne correspond pas à ce que le premier verset
a dit dans le premier verset : « Juste un verset de néant pur » parce que la chanson
est plus qu’un pacte d’amour. C’est pourquoi : « [...] cet engagement démesuré de
la part de Guillaume IX ressemble à une nouvelle « fondat », à une conduite
insensée même s’il se défend pourtant d’être ivre, alors que sa ferveur est celle de
l’ivresse dont il ne veut ne point se libérer. »49
La chanson VII est celle dans laquelle on exagère à travers les paroles avec
le ton ironique pour exprimer la possibilité d’un amour parfait, la peur de mourir
sans avoir connu l’amour à tous égards.
Entre autres choses, cette anxiété causée par l’absence totale de féminité
est éphémère. Le ton sérieux est brouillé par la vanité du comte Poitiers. Ce mode
de conclusion est typique du poète. Aussi la chanson IV est l’illustration parfaite
de sa dualité, où « joven » s’oppose au ton sérieux causé par l’angoisse
primordiale. En fait, le poème cherche à révéler les différences entre réel et idéal,
qui est divisé en deux parties : un jeter les bases d’inquiétude quant à l’existence
et l’autre met l’accent sur le bien-être par des considérations légères. La femme
devient la principale source d’inspiration pour ses poèmes. Pour vider le feu de
l’enfer, Guillaume installe un système basé sur l’idée de domination et dominé,
craignant un éventuel révérend, qui génère un état d’agitation. Sans femme il ne
peut pas vivre, et avec elle pas tellement.
Il était dans un dilemme qui l’oblige à écrire à la fois en termes d’obscène
et analyse courtoise, et juridiquement absurde. L’ironie reste son arme qui

48
Traduction personnelle, Édition Bond, 1982. p.44-47.
49
Payen, J-Ch., op citée, éd. Champion, Paris, 1980

35
intervient pour améliorer cette différence. À travers le jeu, il essaie de masquer
l’anxiété.

III.1.2 Marcabru
Marcabru commença sa carrière comme jongleur sous le sobriquet de
Pain-perdu. Il était probablement Gascon et d’origines humble. Guillaume X
d’Aquitaine, le fils du premier troubadour connu, fut son premier protecteur. Il
passa ensuite à la cour d’Alphonse VII de Castille, où il séjourna dix ans, pour
revenir ensuite dans le Midi de la France.
Marcabru est un des troubadours les plus personnels. À ses yeux, son
époque est décadente et corrompue : l’amour se confonde avec l’adultère, l’esprit
chevaleresque s’est affaibli, les vertus ont cédé la passe à l’amour des biens
terrestres, le langage vrai s’est fait remplacer par la mièvrerie. Il est un fervent
partisan de la croisade en Orient et de la Reconquête en Espagne : « Je ne sais
pourquoi vit le prince, dit-il dans un poème, qui ne va pas faire à Dieu le service
de son fief. »50
Il s’exprime souvent en moraliste dont les ecpressions rudes sont epruntées
à la Bible. Son langage est sarcastique, tantôt subtil et obscur. Certains de ses
poèmes sont difficilement intelligibles, non pas parce que le poèt aurait cultivé le
« trobar fermé » (hermétique) avant la lettre, mais à cause de ses tournures
elliptiques et de l’emploi de mots rares ou populaires. Il déclare lui-même : « Pour
sage je tiens sans nul doute celui qui dans mon chant devine ce que chaque mot
signifie, comment le thème se déroule, car moi-même je suis sujet à l’erreur pour
èclaircir une parole obscure. »51
Marcabru, dont il nous reste plus de quarante pièces, a exercé une
influence considérable sur les générations contemporaines et ultérieures. L’auteur
du roman français Jouffroi de Poitiers le présente comme « courtois et sage, un
trouvère de très grande valeur ».52

50
Dejeane, J-M-L, Poésies complètes du troubadour Marcabru, Toulouse, 1909, p. 89
51
Orizet, J., La poésie médiévale, éd. France Loisirs, Paris, 1992, p. 50
52
Dejeane, J-M-L, op. cit., Toulouse, 1909, p. 94

36
III.1.3 Cercamon
Le nom de Cercamon (Cherche-monde) est un sobriquet typique de
jongleur. Marcabru aurait accompagné un moment Cercamon, lui aussi d’origine
gasconne, dans ses errances professionnelles. Entre Cercamon et Marcabru il y a
des analogies frappantes, même si l’œuvre de Cercamon est très réduite, du moins
ce qui en reste (huite pièces).
On trouve chez Cercamon plusieurs thèmes traditionnels dans la poésie
courtoise : la longue attente de la joie médisants, de même que la mort-par-
amour : « Hélas ! Combien doucement elle me tua, quand elle me fit semblant
d’amour. »53 Mais l’amour peut être aussi cause de vertus chevaresques : « Tous
mes désirs, ma dame les comblerait, si seulement elle me favorisait d’un baiser.
Alors je guerriais contre mes voisins, je donnerais largement, me ferais apprécier
et craindre et mes ennemis, je les ferais tomber bien bas et je tiendrais mes
possessions et les garnirais noblement. »54
Cercamon est fier de sa façon de chanter : « Le vers est simple, je le vais
affinant, sans mot grossier, impropre ou postiche : il est tout entier bâti de telle
sorte que je n’y ai employé que des termes élégants ; et toujours il va s’améliorant
s’il se trouve quelqu’un qui le chante et le présent bien. »55, dit-il d’une de ses
chansons d’amour.

III.1.4 Raimbaut de Vaqueiras


Fils d’un chevalier pauvre de Provence, il se fit remarquer par ses talents
de jongleur et de poète. Ses protecteurs furent le prince d’Orange et surtout le
marquis Boniface II de Monferrat, qui le fit chevalier. Il partagea sa vie entre la
Provence et l’Italie, entre l’activité poétique et des expéditions guerrières. Il
participa au siège de Constantinople, durant la quatrième croisade, à côté de
Boniface, qui lui octroya probablement des terres au royaume de Salonique.

53
JEANROY, A., Les poésies de Cercamon, Paris, 1992, p. 54
54
Ibidem
55
Ibidem

37
Sa poésie exalte la vie chevaleresque et courtoise : « Cours et guerres et
tournois et assauts, fin’amour et présents et banquets sont mes occupations »56,
dit-il dans une chanson d’amour. Dans un fameux débat, il s’adresse
courtoisement à une Gênoise, la priant d’amour, tandis que celle-ci lui répond en
dialecte gênois, sur un ton vulgaire, en le traitant de « jongleur ».
Raimbaut de Vaqueiras est également l’auteur d’un « descort » dont
chaque strophe est écrite dans une langue romane différente. Une épître dédiée à
Boniface, composée sur le modèle de la strophe épique, raconte à la façon des
jongleurs ses exploits chevaleresques accomplis aux côtés du marquis ; et
pourtant, il n’a pas encore reçu de récompense. Sa création se distingue par une
grande variété stylistique et générique, ainsi que par la clarté de ses propos.

III.1.5 Colin Muset


« On m’appelle Colin Muset », dit le trouvère dans une de ses chansons.
Ce nom proviendrait du fait qu’il avait donné à l’une de ses pièces le nom de
« muse » ou de « muset ». Ménestrel de profession, ce trouvère a dû fréquenter les
cours seigneuriales de Champagne et de Lorraine. On ignore tout de sa
personnalité. Certaines de ses poèmes prétendent définir un moi
autobiographique à partir des contingences du vécu : les plaisirs de la « bonne
vie », que procurent le vin frais et la nourriture abondante en une galante
compagnie ; il serait marié à une femme acariâtre, qui lui fait mouvais accueil si
sa malle de jongleur n’est bien remplie. Mais ces confidences sont peu fiables,
dans la mesure où « le recours à l’individualisation et à la particularisation des
traits, à l’anecdote et à la caricature »57 sont caractéristiques de la poésie lyrique
au XIIIe siècle.
On lui attribue douze chansons, situées en marge de la poésie courtoise.

56
Zumthor, P., Essai de poétique médiévale, « Le chant narratif », Paris, 1972, p 287.
57
Zink, M., La Subjectivité littéraire. Autour du siècle de saint Louis, Paris, 1985, p. 47.

38
III.1.6 La comtesse de Die
En dépit de l’importance relative du nombre de pièces, attribuées à cette
trobaïritz et du succès de sa production, dont témoigne le nombre de manuscrits
qui l’ont conservée, on ne sait rien d’autre de cette comtesse que ce que rapporte
sa biographie médiévale. Originaire de Die dans la Drôme, elle a pu être la
Béatrix, fille de Guigues V, dauphin de Viennois, épouse de Guillaume Ier de
Poitiers, comte de Valentinois.
On a aussi suggéré qu’elle pourrait se confondre avec Isoarde, fille
d’Isoard, comte de Die. Apparemment, elle était amoureuse de Raimbaut
d’Orange. Comtesse de Die pourrait être la partenaire de Raimbaut dans le
dialogue mixte attribué par la tradition manuscrite au troubadour provençal.

III.1.7 Clara d’Anduze


On ne sait rien de cette trobaïritz, sinon qu’elle était originaire d’Anduze
dans le Gard et qu’elle fut aimée et chantée par le troubadour Uc de Saint-Circ.
Elle était probablement apparentée à Bernard d’Andouze, dont le fils se rangea
aux côtés de Toulouse dans la croisade contre les albigeois. Elle composa dans la
première moitié du XIIIe siècle.
On peut aussi conjecturer qu’elle est la Clara destinataire du « salutz »58
d’Azalaïs d’Altier. Une razo recrée par la fiction le contexte dans lequel fut
produite la pièce présentée ici et illustre la nécessité d’une indéfectible fidélité à
l’amour et la non moins nécessaire vertu du pardon des fautes contre l’amour.
Néanmoins, la « razo » et le poème sont dénués de rapports directs. Pièce
et razo sont conservées par un manuscrit unique.
D`origine sociale très humble, Bernard de Ventadour aurait appris l`art de
composer , de son maître, le vicomte Eble II de Ventadour. Il aurait fréquenté par
la suite la cour la plus splendide du temp, celle d`Aliénor, petite-fille de
Guillaume IX d`Aquitaine, et d`Henri II d`Angleterre. Sa poésie est consacrée
exclusivement à l`amour : « Ce n`est pas merveille, dit-il, si je chante mieux que

58
Régnier-Bohler, D., Voix de femmes au Moyen Âge, éd. Robert Laffont, Paris, 2006, p. 65

39
tout autre chanteur : c`est que, plus que les autres, je me soumets à l`Amour… :
cœur et corps, savoir et sens, pouvoir et force, je lui ai tout donné » 59.
Sa force poétique procède, selon lui, de la sincérité du sentiment. Il
reprend les thèmes traditionnels – la sévérité de la dame, les peins de l`amant –
sur un ton mélancolique, caractérisé par l`élégance, la clarté, douceur de
l`expression.
L`image de l`alouette enivrée par son propre chant deviendra un lieu
commun : Dante la reprend dans « le Paradis » pour l`appliquer à l`Aigle,
symbole de la justice divine.
Il nous reste de Raimbaut, seigneur d`Orange, une quarantaine de poèmes.
La tradition le présente à la fois comme un bon chevalier, habile dans le
maniement des armes, et comme un bon troubadour de poèmes et de chansons,
amateur de rimes riches et obscures. Il se situe parfois dans la ligne de Guillaume
d`Aquitaine: il affirme lui-même être le meilleur troubadour depuis Adam, parce
qu`il a connu le meilleur amour; si quelqu`un en doutait, qu`il prenne l`épée, la
lance et l`écu pour défier. On le dit amoureux de la comtesse d`Urgel: il l`aima
sans l`avoir vue, sur la foi du grand bien qu`il endendait dire d`elle. Sa création
est imprégnée d`une certaine préciosité qui annonce l`herméisme d`Arnaut Daniel.
Gentilhomme et lettré, Arnaut Daniel représentant du « trobar »
hermétique, il aime comparer son art au travail du charpentier et d l`orfèvre, d`où
la formule de Dante, selon laquelle il aurait été « le meilleur artisan de la langue
maternelle ».
En le rencontrant au Purgatoire, Dante le fait parler en vers occitans ( «
Purgatoire, XXVI » ). Pétrarque le nomme le « grand maître de l`amour » 60 et rend
hommage à son parler « étrange et beau » . Bembo fait son éloge, en louant la
dignité et la grandeur de son chant.
Originaire de Narbonne, de condition modeste, Guiraut Riquier fréquente
les cours du Midi de la France, ainsi que celles de Catalogne, d`Argon et
d`Alphonse X de Castille.

59
Orizet, J., op. cit., p. 50
60
Ibidem, p. 80

40
Une centaine de ses poèmes ont été conservés, ce qui est appréciable. Son
œuvre est très variée – chansons, tensons, épîtres en vers, pastourelles. Il invente
en 1263 la sérénade, variété de « l`alba » , dans laquelle l`amant trouve trop long
le jour. Le poète préfère à l`amour profane l`amour consacré à la Vierge. Dans une
poème adressé au roi Alphonse X, il déplore que l`on puisse confondre ceux qui
possèdent le don de composer des vers et des mélodies avec les exécutants des
poèmes et les bateleurs. Il est conscient du déclin de la poèsie des trubadours : «
Je suis arrivé trop tard »61 , dit-il.
Conon de Béthune appartient à une grande famille de l`Artois. Il participe
à de nombreuses expéditions militaires en Orient, puis à la troisième croisade et à
la quatrième, durant laquelle il accomplit d`importantes missions. Il ne retourna
plu en France : proche de Baudouin de Flandre, le premier empereur latin de
Constantinople, il devient sénéchal en 1217, pui régent de l`empire .
Alors qu`il se trouvait engagé dans la quatrième croisade, il soutin un
débat poétique avec le troubadour Raimbaut de Vaqueras, qui lui répond en
occitan. 62

III.2 Procédés textuels de qualification de la femme dans les poèmes courtois

Presque tout le temps, la figure de l’homme transfigurée en chevalier va


osciller entre lutter et défendre sa patrie et entre admirer et essayer
permanemment de conquérir la femme qui paraissait presqu’intangible. Cette
soumission du chevalier pour la femme est liée aussi au système féodal, la femme
étant supérieure au chevalier. On peut dire que la femme agit de manière idéale,
elle manifeste un comportement presque rigide, elle est intangible, elle stimule le
courage du guerrier, étant le moteur de ce type de comportement de la part du
chevalier. Pratiquement, pour le chevalier, la femme est idéalisée, mise sur un
piédestal, c’est par son influence, et pour elle que le chevalier va se surpasser et

61
Ibidem, p. 105
62
Ibidem, p. 132

41
agir convenablement. L’homme « aime sa dame, sa domna (domina), c’est-à-dire
sa suzeraine au sens féodal. Il se plie à tous les caprices et son seul but est de
mériter des faveurs qu’elle est toujours en droit d’accorder ou de refuser
librement. »63
« En effet, c’est une relation de type vassalique, comme dit aussi
Christiane Marchello-Nizia, dans son article Amour courtois, société masculine et
figures du pouvoir (1981). »64 La dame est souvent décrite comme une suzeraine,
pendant que l’aimant plane sur des mots comme : vassal, obéissant, etc. C’est un
permanent déséquilibre entre ces deux genres, la femme étant douée des valeurs
qui font qu’elle soit supérieure au masculin.
Dans le deuxième chapitre du livre de Jean Morel, L’Histoire du Moyen
Âge, c’est fondamental pour la démocratie, on rencontre des affirmations
intéressantes concernant la vision sur la société médiévale. Si Gaston Paris, dans
son œuvre Leçon inaugurale au Collège de France, 1866 donne une définition
presque idéalisée de cette époque, Jean Morel brise les barrières de Gaston, étant
inclinée vers l’objectivité.
Gaston affirme : « Le Moyen Âge est une époque essentiellement poétique.
J’entends par là que tout y est spontané, primesautier, imprévu : les hommes
d’alors ne font pas à la réflexion la même part que nous ; ils n’observent pas, ils
vivent naïvement, comme les enfants, chez lesquels la vie réfléchie que développe
la civilisation n’a pas étouffé encore la libre expansion de la vitalité naturelle. Ils
n’ont ni dans le monde physique ni dans le monde social cette idée de régularité
prévue que nous a donné la raison. »65
L’opinion de Gaston offre une autre perspective sur la société médiévale,
la technique développée entre ces deux conceptions étant l’antithèse. Morel
regarde ce type de société comme « une société radicalement autre. Mais
l’appréhension de cette altérité est entravée par deux processus, certes opposes,

63
Zink, M., Littérature française du Moyen Âge, collection Quadrige. Manuels, Presses
Universitaires de France, p. 48
64
Collectif d’auteurs, Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 36ᵉ année, N. 6, 1981
65
Ibidem, p. 35

42
mais qui aboutissent au même résultat- l’incompréhension. De l’autre, il s’agit de
la conception d’un Moyen Âge comme contre-modèle, l’inverse absolu de notre
société, dans laquelle tout ce qui a bannir absolument est qualifié de médiéval. »66
Pour aborder la partie artistique, le Moyen Âge connait une dimension
impressionnante qui vise ce domaine, la poésie étant supérieure au genre épique.
Cette supériorité des genres détermine un véritable culte pour le lyrisme,
uniquement appelé lyrisme courtois. Pour discuter de ce concept, il est nécessaire
une introduction dans l’atmosphère de la courtoisie, le code courtois, les positions
occupées par l’homme et la femme, le déséquilibre entre ces deux genres, car on
verra que la supériorité est accordée au féminin.
Dans le livre Le Moyen Âge. Littérature française écrite par Michel Zink,
on a une explication intéressante de la courtoisie qui résume très bien ses
caractéristiques et les repères principaux. « La courtoisie est une conception à la
fois de la vie et de l’amour. Elle exige la noblesse du cœur, sinon de la naissance,
le désintéressement, la libéralité, la bonne éducation sous toutes ses formes. Etre
courtois suppose de connaitre les usages, de se conduire avec aisance et
distinction dans le monde, d’être habile à l’exercice de la chasse et de la guerre,
d’avoir l’esprit assez agile pour les raffinements de la conversation et de la poésie.
Etre courtois suppose le gout du luxe…l’horreur et le mépris de tout ce qui
ressemble à la cupidité, à l’avarice, à l’esprit de lucre. Qui n’est pas courtois est
vilain. »67
La courtoisie développe ses branches dans l’esprit du lyrisme du XIIème
siècle. Ce type de lyrisme possède une infrastructure et des rigueurs propres, lui
permettant d’agir en manière intrinsèque, et d’influer sur les comportements. En
analysant un poème conçu dans la vertu de la poésie courtoise, il semble presque
impossible de distinguer la frontière individuelle et la convention poétique.

66
Morel, J., en collaboration avec Ducourtieux, C., L’Histoire (du Moyen Âge) est un sport de
combat…Réflexions sur les finalités de l’Histoire du Moyen Âge destinées à une société dans
laquelle même les étudiants s’interrogent, Maison d’édition LAMOP, Paris 1, 2007, page 35
67
Ibidem, p. 46

43
Le changement au niveau social a transmis une influence prégnante sur le
domaine artistique, ici visant la partie littéraire. Le fait que l’aristocratie tourne
vers l’adoucissement des mœurs, vers l’élégance des actions, apporte un impact
significatif sur la littérature de cette période. Le type d’œuvres destiné à cette
époque s’adresse à un collectif d’élite, à l’intellectualité et vise une attitude plus
civilisée, élégante, luxueuse dans les relations entre les hautes couches sociales.
La naissance de la courtoisie est conditionnée par plusieurs sources qui
représentent la base de ce courant, ce mélange artistique démontrant son caractère
instable et sa permanente évolution à travers l’époque du Moyen Âge.
Premièrement, si o parle des racines de la courtoisie, on doit mentionner le roman
antique, ce qu’a signifié un appel vers le renouvellement de la littérature latine.
Les échos de l’écriture latine sont visibles dans la littérature courtoise par le fait
qu’on s’inspire et emprunte des motifs, des images, des symboles des œuvres
comme : le Roman d’Alexandre, le Roman de Thèbes, le Roman d’Énéas
(L’Énéide), le Roman de Troie. Les œuvres écrites dans cette période représentent
une sorte de transition de l’épopée vers le roman courtois, les sujets exploités
étant : les batailles et les exploits chevaleresques, le merveilleux, la peinture de la
vie matérielle contemporaine.
La matière de Bretagne offre une palette large concernant l’inspiration
celtique, ici s’encadrant les légendes arthuriennes. Celui qui a prêché cette
influence celtique a été l’anglo-normand Wace.
L’influence provençale a apporté sa contribution par l’affirmation des
troubadours et des trouvères qui ont sillonné le nord et le sud du pays avec leur
création, transformant peu à peu la courtoisie dans un idéal.
« En amour courtois, un galant homme donne toujours un grand coup de
chapeau aux femmes respectueuses tout en les gratifiant d’un cordial : « Salut les
tapins » quand il les aborde. »68 Quand on évoque le sujet de la courtoisie, on
pense à un véritable code échangé entre l’homme et la femme, elle étend sur une
position supérieure. Le concept de la courtoisie se développe exclusivement dans
la période du Moyen Âge, étant une marque d’unicité du point de vue littéraire,

68
Dac, P., Les Pensées, éd. France loisirs, Paris, 1979, p. 20

44
mais aussi une source d’inspiration pour plusieurs artistes dans leurs créations qui
venaient de naitre.
Par définition, la courtoisie exprime l’art de vivre par excellence, parmi
ses valeurs étant : l’élégance morale, la politesse de conduite, la générosité, le
sentiment d’infériorité envers les dames qui menait jusqu’à l’humiliation, le refus
de tout ce qu’on appelle un mensonge ou lâcheté. Ce concept joue sur trois
valences, l’amour, la fidélité et le courage et s’oppose à la vilenie, au barbarisme,
à tout ce qui représente une menace au code courtois. C’est une période dominée
par des contrastes, du parallélisme, spécialement entre les catégories sociales. Un
bon exemple dans ce cas pourrait être illustré grâce au roman de Chrétien de
Troyes, Yvain ou le chevalier au lion.
La courtoisie ne se résume seulement à l’aspect social, visant des mœurs
exemplaires, mais aussi à la dimension de l’amour. Quand on discute de l’amour
dans la perspective courtoise, on parle de « fin’ amor ». Le fin’ amor vient de
l’occitan et se transpose comme une modalité de séduire une femme, en lui
dédiant des poèmes, d’ouvrir son âme et se dédier de se faire remarque dans la
manière la plus élégante. La nature de la relation entre l’homme et la femme
aimée est conçue comme une relation presque vassalique, la femme étant
considérée supérieure à l’homme. Comme dans la relation avec son seigneur,
quand le vassal prêtait hommage à son seigneur et lui promettait la fidélité en
temps de guerre, dans la relation avec la femme il appelait au même code qui
insufflait le respect, le sérieux, la confiance pour qu’elle s’ouvre devant lui. Après,
on a la lourdeur des efforts déposés par l’homme afin de conquérir l’âme de la
femme et l’analyse intéressante des comportements de chaque représentant de
genre qui a un rôle bien établi.
En se rapportant aux hypostases de l’amour dans cette époque, il est
intéressant d’observer le fait que ce sentiment se manifeste différemment d’un
siècle à l’autre. Par exemple, au IXe siècle, l’amour marginalisait le chevalier,
étant presque intouchable pour lui, mais par contre, au XI e siècle son statut change
considérablement. Dans cette période, on connait un équilibre et une libre entente
amoureuse. Contrairement à l’indifférence qui se manifestait au IXème siècle,

45
maintenant on visualise une véritable explosion des sentiments, la partie sexuelle
jouant un rôle important dans l’expression et le renforcement des sentiments.
Ce type de lyrisme est connu aussi comme « une poésie passionnante
tendant à diviniser la dame et à la servir. Cette ambition littéraire, inventée par les
Troubadour »69 était considérée par d’autres sources qui soutenaient le contraire,
comme « une littérature superficielle ou la moindre allusion à la femme ou à
l’amour est absente. »70
Une autre définition qui résume le concept de la courtoisie atteste le fait que
« la morale courtoise comporte l’adhésion à un certain nombre de valeurs qui,
selon les traditions locales ou même selon les individus, s’orientent soit vers la
création ou la reproduction de formes belles (dans l’ordre des pensées, des
sentiments, des conduites, du choix ou de la fabrication des objets), soit vers la
rectitude d’une action (rectitude approprie au monde de vie particulier de la cour).
Ceux deux tendances ne peuvent du reste être tout à fait dissociées : il s’établit
entre elles une sorte de dosage variable ».71
Pour ce qui est des personnalités marquantes qui ont écrit dans l’esprit de la
courtoisie, on mentionne Guillaume IX, le duc d’Aquitaine, le comte de Poitiers.
Ses successeurs vont reprendre la thématique cultivée, vont militer pour la même
complexité et raffinement.
Quand on parle de la courtoisie, il est nécessaire de reconnaitre les mérites
des troubadours et des trouvères. Les troubadours sont les poètes qui ont activé au
sud du pays, la langue utilisée pour transmettre leur création étant la langue d’oc.
Parmi les innovations qu’ils ont apporté dans le lyrisme courtois on
retrouve : la structure formelle de la poésie, une versification bien délimitée, le
discours de fin’amor a une infrastructure ritualisée et esthétisée. Concernant la
relation entre l’homme et la femme, ils sont positionnés dans un rapport presque
vassalique, la femme étant considérée comme supérieure. Le portrait de l’homme
courtois mise sur le désintérêt, possède le savoir vivre, il est captif par des

69
https://abbassa.files.wordpress.com/2011/09/abbassa08.pdf, page consultée le 09/05.2018.
70
Ibidem.
71
https://www.universalis.fr/encyclopedie/courtoisie/, page consultée le 19/05.2018.

46
activités comme l’art de la chasse, celle de la conversation, il est aimant, élégant,
respectant le fait que la femme, ainsi comme son seigneur, lui est supérieure.
« C’est une poésie lyrique au sens exact du terme, c’est-à-dire une poésie
chantée, monodique, dont chaque poète compose, comme le dit l’un d’eux, los
moze’lso, les paroles et la musique. »72
Au niveau structurel, la poésie des troubadours s’ouvre, généralement, avec
le motif du printemps ou de l’été, étant en même temps un culte pour le
renouvellement de la nature. Cet éloge de la nature masque, en effet, le désir
amoureux, le fait que l’état de la nature reflète l’intensité des sentiments de
l’amoureux. Cette concordance nature-ego poétique est fortement exploitée par les
troubadours. Ils offrent un langage hermétique, invitent à la méditation, à
l’empathie, laissent le lecteur de faire sa propre conception sur son écriture, de
juger lui-même la succession des symboles qu’il a proposés.
Continuant avec les spécificités de la création en vers des troubadours, on
ajoute aussi la permanente recherche de la perfection, perfection qui est
transposée à la femme. Le poète utilise presqu’abusivement le motif de
l’inspiration créatrice, étant un promoteur du lyrisme subjectif, chargé du
sentimental, des désirs forts, l’inclination vers la méditation, l’éloge de la dame,
etc. Mentionnant la tendance du poète de mettre en évidence et cultiver la figure
féminine, on observe un rapport intéressant entre la femme et l’homme. Dans ce
cas, la relation entre les deux genres est construite sur la disparité. Contrairement
au statut classique de l’homme, celui qui est autoritaire, qui s’impose devant la
faiblesse de la femme, dans les vers des troubadours on assiste à une tournure
spectaculaire. Les rôles s’inversent, l’homme étant celui qui est gouverné par le
sentimental, il est sensible, il souffre, il est affecté en mode directe par les actions
entreprises par la femme. D’autres sentiments qui sont caractéristiques à l’homme
dans la lyrique troubadouresque sont représentés par l’acceptation de
l’humiliation, la louange de l’image de la femme, la soumission, l’intangibilité de
ses désirs. Pratiquement, l’homme vivre dans une boule de l’amour platonique, le
charnel s’opposant au code courtois. Cette métaphore de la création poétique

72
Morel, J., op cit., p. 49.

47
« correspond à la plénitude amoureuse. Le trobar est un lieu de recherche
incessante sur les mots et la musique pour pallier la monotonie… émergence de la
notion de création littéraire avec le « je » omniprésent du poète-créateur-
amoureux, ancêtre du narrateur. »73
« Ce témoignage de l’art d’aimer »74 connait son correspondant dans le nord
du pays, la création des trouvères. Ce type d’écriture gagne de la complexité par
l’apparition de diverses formes créatrices comme, par exemple : les sirventes,
créations qui ont presque la même structure que le grand chant courtois mais qui
sont un peu rigide. Du point de vue thématique, traitant des sujets de nature
politique, éthique, etc. Parmi d’autres branches de la création des trouvères, on
distingue le planh, plainte funèbre à l’occasion du décès d’une figure illustre, la
serena, conçue comme un poème à dimension réduite parlant de l’impatience du
poète, le moment propice étant le soir.
Sur la même ligne, on a l’aube, poèmes qui chante le regret de l’amant
concernant la fuite du temps, le fait qu’il quitte le soir et est chassé au matin, le
moment où il doit partir. On observe le jeu des indices temporels qui sont
métaphoriquement insérés afin de mettre en miroir le fait que la nature est en
concordance avec l’âme de l’amant. La chanson de croisade réinvoque les
chansons de geste et présente un signe de l’éloignement de la dame aimée. Ce
qu’on observe comme élément inédit c’est « la poésie mariale », genre qui fait
l’éloge de la Vierge Marie dans l’esprit d’une ferveur religieuse. Ce qui nous
impressionne, c’est la tendance vers la parodie du code courtois. La femme aimée
est présentée par un côté burlesque, jusqu’à l’obscénité.
Pour ce qui est du style créateur, les trouvères gardent l’influence des
troubadours, mais viennent aussi avec des éléments propres. Dans ce cas, les
sujets abordés deviennent plus concrets, ils manifestent presqu’une influence
épique. On distingue « la pastourelle », dans laquelle la femme aimée est toujours
une bergère et raconte comment l’homme tente de la séduire. Dans les poèmes des

73
http://coursdelettres.e-monsite.com/pages/litterature/la-poesie-lyrique-le-grand-chant-courtois-
des-troubadour-aux-nouvelles-regles-de-poesie.html, page consultée le 19/04.2018.
74
Ibidem.

48
trouvères, on assiste à une libération des sentiments masculins, un amour
masculin libéré des contraintes, l’amour étant très fréquemment un prétexte pour
raconter une histoire.
Un extrait très intéressant du journal Le Figaro parle de cette relation
femme-homme, différemment décrite de nos jours. « De plus hardis, tels que la
victime du coup de parapluie, vont jusqu’au geste, principalement quand ils sont
certains que la dame ne peut se défendre et n’ose protester : d’où nombre de
petites tortures infligées aux jolies bourgeoises qui prennent plus d’omnibus que
de fiacres. Et les hommes qui se comportent ainsi ne se tiennent pas pour des
goujats. Ils se rendent au contraire, in petto, le témoignage d’être de bons
Français, galants envers le sexe, de la franche lignée d’Henri IV. »75
Un autre extrait, parle du même statut approchant un peu la position des
femmes dans l’époque médiévale et celle actuelle. L’aventure d’une dame
qui, prise à la taille par un suiveur trop audacieux, le châtia d’un coup de
parapluie si violent que le pauvre galant y perdit l’œil droit avant d’y perdre la
vie, le cerveau ayant été percé par la tige pointue, donne en 1901 l’occasion à un
journaliste du Figaro de plaider en faveur « d’une courtoisie sentimentale plus
intelligente, plus policée »76, les femmes comprenant que l’admiration qu’elles
inspirent n’est pas forcément injurieuse, les hommes faisant montre de subtilité et
de pudeur respectueuse.
Par cette affirmation, on observe la structure anatomique très différente
entre l’homme et la femme, le fait qu’elles sont construites comme des êtres
destinés à l’admiration, pendant que les hommes ont le devoir de fournir cette
admiration pour remplir leur mission. Une autre remarque concerne le fait que ce
changement de statut a été affecté à travers le temps. Au Moyen Âge,
spécialement dans la période où se manifestait l’amour courtois, on distinguait
une femme presque mise au piédestal, femme qui se baignait dans l’admiration de
l’homme, un détour intéressant des genres si on se rapporte à l’actualité. De nos

75
https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article5443, page consultée le 01/05.2018.
76
Ibidem.

49
jours, ce rapport se balance constamment et relève un déséquilibre si on parle des
attributions accordées à ces deux sexes.
Si à l’époque médiévale la femme était presqu’un trophée, un être
intouchable, intangible, inspirant seulement l’admiration platonique, peu à peu,
elle commence à diminuer son statut, étant perçue d’une perspective plutôt
utilitaire. Cette grande disparité vient du fait que maintenant, elle est associée à la
cuisine, au plaisir charnel de l’homme, à la perpétuation de l’espèce. Étudiant les
autres vagues du féminisme à travers l’histoire, la femme commence peu à peu à
dégrader son statut. De la femme forte qui restait rigide à l’admiration de
l’homme, elle tombe dans une sphère inferieure. Elle est, peu à peu, privée des
activités qui pouvaient être faites par les hommes aussi, est privée des études, des
activités qui nécessitaient un effort mental plus accentué.
Pour conclure ici, au Moyen Âge, grâce au code courtois, les femmes ont
bénéficié du privilège d’être mises sur une marche supérieure face au genre fort,
ayant la chance de changer la démarche de la nature.
Tournant vers le Moyen Âge, les trouvères, ainsi comme les troubadours,
ont plaidé pour la perfection de la dame. Zuthmor affirme que « le chant parle,
c’est-à-dire que ce qui le distingue, c’est l’absence symptomatique de tout élément
de récit (pas de marque temporelle ni de description). Le requit est situé hors des
contingences (l’influence des éléments extérieurs).77 L’explication du jeu des
indices temporels déclenche une amplification progressive qui relève le caractère
plutôt anecdotique de leurs créations. Si on a le printemps, le matin, le sentiment
de la renaissance, le paysage qui apporte des éléments signifiant la perfection de
la dame, l’autre extrême relève le changement de la saison, la froideur,
l’isolement, la tombée du soir et une dimension plutôt intrinsèque qui invite le
poète à la méditation, au regret de la séparation de sa femme aimée.
Parmi les spécificités du fin’amor, il y a aussi celles qui parlent du statut
de la femme. La représentante du genre féminin provient d’une catégorie sociale
élevée, pratiquement, elle appartient à un milieu social particulier, l’aristocratie.

77
http://coursdelettres.e-monsite.com/pages/litterature/la-poesie-lyrique-le-grand-chant-courtois-
des-troubadour-aux-nouvelles-regles-de-poesie.html, page consultée le 03/05.2018.

50
On parle d’aristocratie, parce ‘qu’elle impose une certaine conduite des mœurs,
elle s’impose à la vilenie, car « un paysan ne peut être courtois, et par conséquent
une paysanne ne peut bénéficier de l’attention courtoise. Autre fait notable, dans
l’amour courtois chanté par les troubadours, la femme courtisée est toujours
socialement supérieure à l’homme qui en est amoureux. Elle est noble s’il est
roturier, elle est duchesse s’il est comte, elle est reine s’il est chevalier. »78 Cette
supériorité de la dame peut être exemplifiée par un poème de Guillaume de
Poitiers, duc d’Aquitaine. Son statut privilégié est visible par l’utilisation des
verbes graves, verbes avec une connotation presque surhumaine, auto puissante
comme : « le guérir, tuer. Par sa joie ma Dame peut guérir, / par sa colère elle peut
tuer. / Par elle le plus sage peut sombrer dans la folie, /le plus beau perdre sa
beauté, / le plus courtois devenir un rustre, /et le plus rustre devenir courtois. »79
La structure spectaculaire de cette strophe vient du fait que c’est une entière
métaphore de la femme comme auto puissante, omniprésente, un portrait qui
associe sa figure avec le Dieu et la justice divine.
Le focus sur la figure féminine est repris par la répétition presqu’obsessive
du pronom personnel « elle », chose qui confirme encore une fois le ton élogieux
adressé à elle. L’utilisation des superlatifs, « le plus beau », « le plus courtois »,
« le plus rustre », est annulée immédiatement par l’insertion du pronom « elle »,
car ce n’est pas eux qui doivent être privilégiés, mais Elle. Un aspect intéressant
est représenté par le fait que le mot « Dame » est écrit avec majuscule, qui est,
premièrement, un indicatif qui dénote la supériorité, le sens particulier que gagne
le nom « dame ». Le poète ne se limite pas au sens propre du mot, mais lui
confère un sens secondaire qui est plutôt une marque de déférence. Dans ce cas, le
nom commun devient nom propre, cette technique étant utilisée, en général, au
cas des possessifs et des personnels qui se rapportent au Dieu.

78
http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/le-role-de-la-femme-dans-l-amour-76438,
page consultée le 19/04.2018.
79
Marol, J. C., L'amour libéré ou L'érotique initiale des troubadours. « Guillaume de Poitiers »,
Paris, Dervy, 1998, p. 20

51
L’implication poétique est réduite, le seul mot qui l’atteste est le pronom
possessif « ma ». La strophe entière, est, par ensemble, une chanson dédiée à la
perfection féminine. Les gestes d’éloge continuent dans la strophe qui suit,
distinguant des termes dans des expressions comme : « Puisqu’on ne peut en
trouver de plus noble, /ni en avoir de plus belle, ni même en entendre parler, / je la
veux pour moi seul. »80 À la fin de cette séquence lyrique, on conclut sous le
signe de l’immortalité de la femme, « sans plus jamais vieillir ». Dans le code de
l’amour courtois, l’homme ne vit que de plaire à sa dame et de faire tangible ses
pensées sur lesquelles il fantasme.
La femme joue un rôle de juge, elle approuve ou refuse les efforts de
l’aimant. Si elle est en concordance avec les efforts de l’aimant et partage ses
sentiments, elle lui accorde la récompense qui consiste en baisers, caresses, voire
relation sexuelle qui est l’aboutissement de la relation et met un terme à la
courtoisie. « Pour elle, l’amant se surpasse, affronte toutes sortes d’obstacles (des
guerres ; des combats ; des ennemis ; un mari jaloux, appelé gilo). La relation
courtoise n’est pas de tout repos, l’amant lui-même peut être rongé par une
jalousie maladive vis-à-vis de l’époux ou d’éventuels autres prétendants mais il
doit mesurer son comportement. En bref, le danger guette constamment l’amour,
et l’amant doit y faire face, ne pas s’y soustraire. »81 Le danger reste un motif
fréquemment utilisé, car il fait partie du code courtois, le fait que l’aimant doit
surpasser des barrières pour qu’il touche son idéal. Ce n’est pas seulement la
crainte qu’il ne soit pas accepté par sa dame, mais aussi le risque d’un époux
jaloux qui rende la dame intouchable pour l’autre homme. C’est la raison pour
laquelle le secret est l’un des facteurs qui conditionne le fin’ amor. Comme dans
Tristan et Yseult, par exemple, où les deux amoureux se cachent dans la forêt pour
avoir de l’intimité, la sûreté que leur amour est protégé et reste un secret.
La fuite d’un époux jaloux démontre que le cœur est en opposition avec
l’esprit, qu’un mariage ne borne pas les limites du cœur et n’atteste pas le fait
qu’on a trouvé son amour de la vie. Les deux s’unissent comme dans un rituel, la

80
Ibidem
81
Marol, J. C., La fin’ amor, éd Seuil, Paris, 1998, p. 37

52
femme se laisse porter par les efforts de l’homme pour la conquérir, mais en
même temps elle garde une position autoritaire et ferme, étant consciente de son
statut limité. Dans Le lais du Laostic écrit par Marie de France, le secret est
démasqué par l’intervention du mari jaloux qui annule la manifestation des
sentiments entre les deux amoureux. Le point de contact entre les amoureux était
le laostic, élément qui n’a pas été choisi par hasard. La poétesse choisit
symboliquement l’oiseau, indicatif de la liberté, de l’annulation des limites,
l’animal céleste par excellence. Parmi les autres significations qu’on attribue à
l’oiseau, c’est le rôle de messager, le symbole de l’esprit ou de l’âme d’un rêveur.
Apparemment, c’est la seule méthode de communiquer, mais il semble
qu’elle est découverte par le mari jaloux qui détruit le fruit de l’amour entre les
deux.

Les détails sur la femme du Moyen Âge sont incomplètes dans l’histoire,
la plupart des textes littéraires sont écrits par des hommes, et les femmes sont
moins mentionnés, les informations étaient partielles.
La plupart des gens vivaient dans des zones rurales. Les villes sont
apparues au début du XIe siècle, avec le développement du commerce, et la
société se transforme et un modèle social est en train d’émerger. Avec cela, il y a
aussi l’autonomisation de la femme. Tout au long de cette période, la religion
intervient dans de multiples domaines et s’adresse à un public diversifié. En
même temps, la religion influence aussi la nouvelle image de la femme, qui
apparaît maintenant comme la typologie de la femme religieuse.

L’amour courtois exige des règles strictes : le chevalier doit être


courageux, invaincu et bien éduqué. Être un amant courtois, c’est connaître les
bonnes manières du Moyen Age, avoir un dialogue décent avec une dame. Cela
implique également un comportement approprié dans la cour. Tout cela a défini
l’idéal de l’homme à ce moment-là. L’amour courtois regardait plus jeune,
célibataire.

53
L’idéal d’amour pour un chevalier est la femme inaccessible. Une femme
modèle qui répondait à ces attentes était une très belle femme, difficilement
accessible à cause du mariage. En raison de cette relation, le chevalier a choisi un
adversaire fort : un mari jaloux qui, contrairement à l’amant, n’avait pas
nécessairement des valeurs morales ou un comportement idéal dans la cour. Il
convient de noter que « le système d’éducation et de mariage au Moyen Age était
en faveur de l’amor courtois. Les hommes célibataires, qui avaient besoin d’une
stabilité émotionnelle, étaient attirés par les femmes mariées qui n’aimaient pas
leur femme parce qu’elles étaient contraintes par les mariages arrangés. »82
Les Chevaliers avaient un long chemin à parcourir avant de pouvoir
obtenir l’amour qu’ils voulaient. Ils étaient les vassaux d’un maître, et ils devaient
obéir à ses ordres, ce qui impliquait aussi de quitter la maîtresse. Les poètes du
Moyen Age ont souvent comparé les douleurs de l’âme et du corps. Jauffre Rudel,
truubadour aquitain, écrivain du XIIe siècle, détaille en occitan les sentiments de
la dame de son cœur à travers sa chanson Qand lo rossignols el foillos : « Amour
de terre lointaine, /Pour vous j’ai le cœur dolent, / Et n’y puis trouver remède, / Si
je n’entends votre appel, / Par attrait de douce union, / En verger ou sous courtine,
/ Avec l’amie désirée. »83
Il est à noter que ces versets sont écrits par un homme, parce qu’ils étaient
les seuls à pouvoir exprimer leurs sentiments, les femmes n’ayant pas ce droit.
Elles pouvaient seulement prendre soin d’attirer l’amour d’un chevalier.
Intéressant est la relation entre les deux dans ce contexte, l’amour est
devenu exigeant, le chevalier est tombé amoureux d’une femme qui appartient à
un rang social supérieur au sien. Cela a mis en évidence la relation féodale entre
amants : le chevalier devient vassal à la dame, faisant de ce maître le sien.
« L’amour des courtois enseigne aux chevaliers à obéir. »84

82
Duby, G., Mâle Moyen Âge, éd. Flammarion, Paris, 1988, p.83
83
Rudel, J., Qan lo rius de la fontana, dans René Nelli, Les troubadours, éd. Desclée De Brouver,
Paris, 1966, p. 49
84
Duby, G., op. cit., p. 85

54
Le résultat de cette façon de traiter les femmes est la surestimation du beau
sexe. « L’amour pour une dame de cour est devenu un objectif, au milieu de
l’évolution des jeunes chevaliers. »85 Pour gagner son amour, ils doivent faire
preuve de courage et de courage, et aussi apprendre des choses importantes pour
Moyen Âge : la vie dans la cour, la confiance chrétienne, un exemple étant
Perceval, chevalier de table ronde et héros du roman de Chrétien de Troyes.
Une autre caractéristique que le chevalier doit posséder est la maturité.
Tous ses efforts ne sont qu’un voyage d’initiation métaphorique, la femme ayant
un rôle important, car à travers leur relation, il devient un véritable chevalier. Et
cette fois, le rôle de la femme est également passif, ce qui permet au chevalier de
tomber amoureux. Il est important qu’elle n’ait pas à succomber rapidement à ses
sentiments pour lui laisser suffisamment de temps pour devenir adulte.
Ce mélange de sentiments inspira de nombreux poètes du moyen âge, dont
Bernard de Ventadour, qui, dans une apostrophe de sa chanson J’ai le cœur si
plein de joie, exprimait tout son amour : « Bonne dame si joyeuse, /Votre amant se
meurt;/ Je crains que mon cœur ne fonde / Si mon mal ne cesse... / Dame, je joins
les mains, / Je prie : je vous adore. / Beau corps aux fraîches couleurs, / Bien cruel
vous m’êtes! »
Dans cette apostrophe, le poète trace le portrait de la femme dure et
inaccessible. A partir du premier verset, on peut voir l’admiration du chevalier
pour sa dame, considérant qu’elle est « Bonne dame si joyeuse ». L’instabilité
émotionnelle causée par son absence est suggérée par le verset « Votre amant se
meurt ». Ventadour finalise l’apostroff avec la conclusion du chevalier, qui a été
pris par la tristesse provoquée par la dame, affirme « Bien cruel vous m’êtes ! »
Dans une autre chanson, Chanson XIV, comme les autres troubadours,
tente de montrer que son amour est imperturbable, stable, comme doit l’être le
cœur d’un bon amant. L’idée de l’amour apparaît, qui dans le passage du temps
reste inchangé, ce qui est une caractéristique de la poésie lyrique courtois : « je
n’ai jamais considéré le mois ou la saison, / ni le temps où paraissent les fleurs, /
ni le temps où elles se cachent, / ni l’herbe naissante au bord de la source ; / mais,

85
Marrou, H., Les troubadours, éd. Seuil, Paris, 1961, p.23

55
à quelque heure que m’arrivât une riche joie d’amour, / c’était pour moi un si beau
commencement, / que je crois que cette heure-là domine le temps. »
Dans certains de ses poèmes, Bernard de Ventadour décrit la femme à
travers la nature. À son avis, la femme est une création de la nature, alors quand il
loue la femme, il loue la nature en même temps, et vice versa : « Personne ne peut
la louer aussi finement que la Nature la sut former » ; « Car son corps est composé
de toutes les perfections que Nature a su choisir. »
Un autre trait de la poésie de Bernard de Ventadour est la comparaison
continue de la dame physique avec des éléments de la nature. Dans un de ses
poèmes, Le joli temps de Pâques86, le poète compare la couleur de la peau de la
femme avec la neige : « Las ! que me vaut de vivre, / si je ne puis sens cesse / voir
ma seul jolie vraie : / Au lit, sous la fenêtre ; / Un corps blanc comme neige
[…] ». Aussi, dans le même poème, il est suggéré la supériorité de la femme
devant son amant : « Et je ne me plains pas / Qu’on n’ait vu nul amant. » Dans la
quatrième strophe, le chevalier souligne la fidélité devant la femme aimée depuis
l’enfance : « Depuis le temps d’enfance, / Je l’aime et la courtise, / Et ma passion
redouble/ Chaque journée de l’an. » Le sixième strophe revient à l’idée de la
présence humile de l’homme devant la dame, conscient maintenant qu’il est
manipulé : « Onc ne vîtes amant/ Loyal profiter pis / Mieux que moi ? ». Dans les
deux prochaines strophes, l’homme divinisé la femme, hyperbolise ses traits : « O
belle et noble Dame ! […] Quand je vois vos beaux traits, / Et vos yeux amoreux
[…] », et exprime également son mécontentement face à l’attitude méprisante de
celui qui est au pouvoir. Aussi dans certaines situations, il est comparé avec les
animaux : « Vous n’êtes guère un ours ou un lion pour vouloir me tuer si je me
livre à vous ! » Finalement, il appelle le coeur de la dame « le cœur de lion » ou
« le cœur de la pierre dure ».
Étant une caractéristique des poèmes de Ventadour, la conclusion est ici :
le chevalier adulte réalise maintenant que la séparation de la femme aimée est la
solution idéale : « N’était mon avantage, Je ne chanterais plus. »

86
Orizet, J., La poésie médiévale, Bernard de Ventadour. Chansons, éd. France Loisirs, Paris,
1992, p. 69

56
Dans le poème Quand je vois l’alouette mouviur…87, l’image de la femme
est surprise par le chevalier blessé qui tente de se détacher des femmes car cela
provoque toutes la même douleur. L’idée de la ressemblance des femmes est
soutenue par le verset « Je vois bien qu’aucune ne m’aide / […] Je m’en défie et
les crains toutes/ Car je les sais toutes pareilles », soulignant que toute femme
dans sa vie est un mal embarrassant. Le désespoir du chevalier découle de
l’analyse du comportement de la femme : elle le rejette « Ce qu’on doit vouloir, ne
le veut », en gardant parfois une certaine distance : « Ne fait que ce qu’on lui
défend… ».
Toute sa poésie est une série d’arguments concernant l’essence de la
femme, qu’elle conclut dans le dernier verset quand le chevalier est arrivé à
maturité et a compris le mystère féminin : « J’ai abordé trop rude côte ! »
Le poète affirme c’est l’amour pour sa femme qui a fait de lui un grand
poète : « Ce n’est merveille si je chante/ Mieux que tout autre chanteur/ Plus
qu’eux m’attire mon cœur vers l’amour/ Et je suis mieux fait à ces ordres. »
Dans le troisième strophe du poème, Ventadour réalise le portrait de la
femme intimidante. En regardant dans les yeux, le chevalier devient instable, les
notions d’espace et de temps disparaissent, il reste distrait pendant un moment.
Pour mettre en évidence cet état, Ventadour utilise une comparaison stylistique:
«Oui, il me suis perdu tout comme, / Le beau Narcise en la fontaine.»
Une autre poésie dans laquelle nous voyons la vision sur la femme et de
l`amour de Ventadour est « Je ne vois pas le soleil ».Le titre a un rôle
d’anticipation, étant une clé pour déchiffrer le texte.D’un point de vue
morphologique, il est composé de quatre mots qui, au sens connotatif, donnent
l’essence du texte. Négation dans le titre annonce le déni qui apparaît tout au long
de l’œuvre.Si dans la première partie de la poésie, Ventadour chante l’idée de
l’accomplissement dans l’amour, soutenu par l’épithète crée par le vert de la
nature en mai, signifiant la vie, la joie, dans la deuxième partie, l’échec et l’espoir
du chevalier. Ce non-accomplissement dans l’amour leur cause la souffrance. En

87
Orizet, J., op. cit., p. 64

57
d’autres termes, c’est une femme qui l’inquiète: « Nuit et jour est médite et pense
et vieille / Pleins et soupire et pui m’apaise; »
Dans le sixième strophe, une comparaison est faite entre la femme et
l’homme dans le contexte de l’amour. Lorsque l’homme déclare son amour, la
femme reste stable, soulignant son pouvoir de maîtrise des émotions. Le désir de
l’homme est si grand qu’il dit: « Si elle m’accoque et me baise, / Dieu peut-t-on se
récrier dejà (« Ah, tel vous vois et tel vous ai vu! ») / Pour le bonheur que l’on
voit en moi! ».
Le tableau suivant montre le pouvoir de décision de la femme. Le
chevalier expose ses sentiments, mais c’est la femme qui décide si la relation est
bénéfique ou non: «Ah! Dame, par pitié vous prie / Qu`ayez pitié de votre ami /
Qui vous demande grâce si doucement ! ».
La femme profilée par Jaufré Rudel dans le poème «Amour lointaine»
semble être une princesse lointaine et énigmatique qui définit le désir du poète de
réaliser : « Lorsque les jours sont longs en mai / Me plaît le doux chant d’oiseaux
lointains / Et quand je suis parti de là / Me souvenant d’un amour lointain / Lors
m’en vais si morne et pensif / Que ni chants ni fleurs d’aubépine / Ne me plaisent
plus qu’hiver gelé. (...)
Jamais d’amour je ne jouirai / Si je ne jouis de cet amour lointain, / Je n’en
sais de plus noble, ni de meilleur / Et nulle part, ni près ni loin; / De tel prix elle
est, vraie et parfaite / Que là-bas au pays des Sarrasins / Pour elle, je voudrais être
appelé captif! (...) ».
Ce « conso » se compose de sept strophes « coblas » de même longueur,
suivies d’une démistropha finale appelée « tornade ».Le poète impose ici le thème
de l’abstention, étant soutenu par l’épithète « lointain ». Jaufré Rudel créa dans la
littérature un type féminin devenu célèbre, celui de l’amour absent : « Et si`l plaît,
m`hébegerai/ Auprès d`elle, moi qui suis lointain. ».
La chanson de toile, c’est l’une des plus anciennes formes littéraires
françaises. C’est un poème de forme variable, qui évoque l’amour inassouvi d’un
personnage féminin. Elle est composée de poètes, qui peuvent être accompagnés
par des musiciens.La femme de la dame est contestée à l’entrée du monastère ou

58
la mort ou l’absence de l’amant. Chaque strophe se termine par un refrain: « Belle
Douette à la fenêtre s’assied, / Lit en un livre, mais cela ne lui tient pas à coeur; /
Il lui ressouvient de son ami Doon, / Qui en d’autres terres est allé combattre en
des tournois. / Et maintenant en ai chagrin./Un écuyer aux degrés de la salle / Est
descendu, a déposé son bagage. / Belle Douette les degrés en descend, / Ne pense
pas ouïr mauvaise nouvelle. / Et maintenant en ai chagrin. (…) »
La souffrance lyrique émanant d’une femme simple et naturelle, dont la
conception de l’amour est réduite à des proportions plus humaines que celle de la
dame inaccessible et supérieure dans les chansons classiques.
De ce point de vue, la chanson des toile représente « l’antidote » du
modèle troubadurique. D’autre part, il garde la forme régulière de la stalle et du
refrain et la structure courte de la chanson courtois.
À la pastourelle, c’est un genre populaire du XII e au XIIIe siècle, écrit dans
la langue, plus précisément en Picardie. C’est une chanson d’amour avec une
structure élaborée qui alterne les paroles et le refrain.
Le schéma stéréotypé de la patourelle est rendu par le fait que lors d’une
promenade, le poète rencontre un pasteur qui n’est pas séduit. L’un des poètes qui
a abordé ce genre est Marcabru: « L’autre jour, sous une haie / J’ai trouvé une
bergère / Pleine de joie et de bon sens, / Portant cape et capuchon / Comme fille
de vilaine, / Veste et chemise de toile, / Souliers et chausses de laine. Je viens à
elle à travers prés / - Fille, dis-je, tendre chose, / J’ai mal car vous pique le froid. /
- Seigneur me dit la vilaine, / Grâce à Dieu et à ma nourrice, / Le vent peut bien
m’ébouriffer, / Je suis gaie et bien portante. (…) ».
Le premiere strophe est une introduction narrative par rapport au dialogue
de la prochaine strophe. Il contient un court portrait de la pastorale, en utilisant la
description de vêtements simples et son attitude. En répondant à la jeune fille
amoureuse, la jeune fille ironise sur l’éthique des courtois et toutes ses valeurs.
Un autre poète qui a cultivé l’image de la femme dans ses poèmes est
Cercamon. Nous trouvons beaucoup de thèmes traditionnels dans sa création, tels
que la longue attente pour l’accomplissement dans l’amour ou la timidité envers la
femme aimée. Ces thèmes se retrouvent aussi dans son poème: « Quand la douce

59
brise s`aigrit ». L’image de la femme décrite par Cercamon est reproduite à travers
des épithètes telles que « belle». Le superlatif « la plus belle » a pour rôle de
souligner l’unicité de la femme. Dans les paroles: « […] quand tout l`univers /
S`obscurcit, tout brille autour d`elle…».
Pour exprimer son respect pour elle, il lui nomme « perla » : « Perle si
précieuse m`enchante / Que je n`aimai rien autant qu`elle, […] ».
Cercamon utilise dans son travail le dicton: « Après que le mal viendra
bien », ceci étant une métaphore pour décrire la relation entre eux: le mal désigne
le moment où, étant en public, la relation est gardée secrète, et le bien est
représenté par des moments de tendresse des deux.
La fidélité à la femme aimée se reflète dans la conception de l’homme. Le
moment de la séparation équivaut à la mort, car la souffrance pressante de la
séparation tue progressivement l’âme: « Mais si c`est : non…Fussé-je mort / Le
jour où elle m`engagea! »
Rigaut de Barbezieux, est un autre troubadour qui a écrit sur l’état de la
femme. Il est à noter que deux de ses poèmes sont dédiés à la fille de Jaufré
Rudel, dont le pseudonyme était: « Mieux-que-Dame »88
L’un d’entre eux est: « Comme jadis Perceval », le pseudonyme de la
femme apparaissant dès le premier strofa, son image étant idéalisée. La forme
superlative souffre autant que l’idolâtré par le poète, transformant une femme
simple en muse. La condition causée par l’amour pour elle est souvent confondue
avec l’état de rêve: « Je veux vous prier, je ne puis : je rêve.» , le poète perd la
notion de réalité: « [...] devant votre beauté: / J’oublie tout ».
Dans la seconde strophe, la dame est de nouveau évoquée par le même
pseudonyme, quand l’homme revendique sa préférence pour la mort au lieu de
celle d’aimer une autre femme: « Lors j`aime mieux mourir/ Tant vous désire,
qu`avoir joie d`une autre. » .
La femme est comparée à: « l`étoile du jours » , le poète souhaitant
souligner que: « Votre Prix est sans égal ».

88
Chabaneau, C., Anglade, J., Les Chansons du troubadour Rigaut de Barbezieux, éd. Poetry,
Montpellier, 1919, p. 56

60
Le troisième strophe commence par une double épithète qui aide à décrire
la femme, et finalement le poète attribue un rôle de juge à la femme: si elle lui dit
la vérité sur la véracité de ses sentiments, elle le sauve de la mort : « […] et si
n`avez pitié, / En vérité, / Pour vous je dois mourir: / Seule , Merci peut me sauver
de mort! ».
Les quatre derniers versets du poème sont la conclusion du troubadour,
mûri. Il ne regrette pas, pensant que l’amour exige le sacrifice: « Car Bon amour
se gagne à bien servir .»
Le pseudonyme apparaît également dans le dernier strofa, qui révèle la
disparition de l’homme pour lui exposer ses pensées et ses sentiments.
Rimbaut d’Orange donne à la poésie française quarante poèmes, il est
présenté comme un bon chevalier avec des capacités troubadours
impressionnantes, comme on le voit lire ses poèmes. Il est considéré comme « le
meilleur troubadour après Adam »89 parce qu’il a le plus connu l’amour. Nous le
voyons comme la dame de la comtesse d’Urgal, qu’il aime sans le voir.
La poésie « Inverse Fleur » lui est déclarée. Les paroles parlent des deux
hommes ne pouvant se trouver, de l’audition de la conception de l’homme.
Chaque strofa se termine par une forme du mot « traître » qui souligne le dédain
pour ceux qui les empêchent d’accomplir leur amour. Déçue par l’attitude des
autres, la femme abandonne l’amour: « - Que ma dame ait au cœur ronces!- »,
mais le poète est celui qui a de l’espoir dans l’âme: « Nous unissent malgré les
traîres! ».
Le vocaif « Douce Dame » montre d’une part son admiration pour la
femme, et d’autre part le désir de l’approcher, remplaçant la négativité de la dame
par une goutte d’espoir.
Arnaud Daniel, jongleur, assiste aux cours de Philippe Auguste et Richaud
Coeur chez Lion. Partagé dans la joie et la mélancolie, entre délicatesse et
obscénité, il présente:« Je suis Arnaut qui amasse le vent/ Et chasse le lièvre avec
le bœuf/ Et nage contre le courant.» 90.

89
Orizet, J., op. cit., p. 62
90
Orizet, J., op. cit., p. 80

61
Pétrarque l’appelle « grand maître de l’amour ». Comme le reste des
trompettistes, Arnaut Daniel a écrit à propos de la femme.
Le poème «Sextine»" est un excellent exemple pour soutenir cette
affirmation. Les paroles décrivent l’amour secret entre le troubadour et la femme
aimée: « Me recevoir en secret dans la chambre! ».
Troubadour a peur que les sentiments de la dame ne soient pas sincères:«
Si fine amour, qui dans le cœur me rentre, / Ne fut jamais en corps, ni même en
âme; ». Vers la fin du VIIIème siècle, il est remarquable dans les paroles
médiévales La Comtesse de Die, qui, comme les troubadours, souligne l’image du
sexe féminin. Il est important de suivre l’essence des poèmes couoise écrits par les
femmes dans l’analyse littéraire, car on peut voir les traits de la femme de deux
manières: d’une part nous avons le point de vue subjectif du chevalier qui le décrit
de son point de vue, d’un autre côté nous avons sa propre auto-caractérisation.
Dans sa chanson « Grande peine m’est adveue », la fin du premier strophe
peut être une allusion au motif littéraire courtois « concubitus sine actus ».
Si jusqu’à présent la femme était le destin de la relation, dans le chant de la
Comtesse de Die, on remarque un changement de rôles: c’est elle qui idolâtre
l’homme, indécis sur leur relation: « Grande peine m`est advenue / Pour un
chevalier que j`ai eu./ Je veux qu`on sache en tous les temps/ L`excès d`amour
que lui portais. »
La seconde strophe est le motif des deux personnages: Floire et
Blancheffleur, héros d’un conte courtois, qui servent de Tristan et d’Yseut,
exprimant la suprématie de la passion amoureuse.
La générosité de la femme amoureuse est suggérée par les paroles: « Mon cœur
lui donne, et mon amour, / Mon âme, mes yeux et ma vie. »
Dans la dernière strophe, la femme est classée comme étant dans la
relation supérieure: « Bel ami, charmant et plaisant, / Qu`un jour voues aie en
mon pouvoir ».
L’amour de la femme pour l’homme est suggéré par l’idée qu’elle le voit
comme un futur mari, faisant souvent des promesses en vain: « Sachez quel grand

62
plaisir j`aurais/ De vous en place de mari/ Pourvu que me donniez promesse/ De
tout faire à mon bon vouloir. ».
Gui d’Ussel est un troubadour dont la production poétique remonte à la fin
du XIIe siècle et à la première partie du XIIIe siècle.
Son travail est diversifié: il écrit des pastourelles, des tensons et des
chansons de jeux-partis. L’un de ses poèmes, qu’il écrit avec Elias d’Ussel, est «
Jeu-parti ». En suivant sa structure, nous verrons qu’il est structuré sous la forme
d’un dialogue qui se concentre sur le rôle de l’amant par rapport à la femme
aimée.
La première strophe est une question sur l’agitation de l’amant quand elle
sait qu’elle peut être vaincue par le mari de la femme aimée, qu’il considère
comme son rivale: « Être le mari ou être l`amant ? ».
La réponse reçue dans la deuxième souche vient du côté d’un amant qui
partage son opinion: amant, le rôle de son mari semble plus important que celui de
l’amant car: « Je tiens donc pour lus grand honneur / D`avoir belle amie
distinguée / Toujours que de l`avoir un an: / Je choisis le mari galant / Qui peut
toujour être auprès de sa Dame… » .
L’échange de vues pendant la poésie montre la tentative de l’homme de
protéger la femme sensible, ainsi que le respect de celle-ci.
Dans les deux dernières foulées, la femme est assignée au rôle de juge : «
Qu`elle soit juge et que je sois honni / Si, plus que son mari, n`aime ma Dame. »,
parce que le troubadour n’est pas sûr du pouvoir de choisir.
La fin de la poésie détermine la valeur importante de la femme à travers la
séquence: « […] -son Prix étant si sûr et rare - ».
Marie de Ventadour, trobaïritz, elle est connue pour son poème adressé à
son amant Gui d’Ussel. Elle « fut la plus belle dame et la plus prisée qu`il y eût
jamais eu Limousin, celle qui fit le plus bien ».91 Le poème « Tenson » représente
un échange de correspondance entre la trobairitz et son amant.
Le premier timbre appartient à la femme, qui ne demande pas, elle demande si la
femme doit être aussi honnête que lui: « Je veux que vous me disiez si elle doit

91
Orizet, J., op. cit., p. 80

63
agir de même/ La dame avec son amant qui l`en prie sincèrement/ Que lui avec
elle, en tout ce qui touche à l`amour / Selon ce que doivent les amoureux. »
Dans le strophe suivant, l’homme refuse de répondre brièvement à sa
question, sa réponse soulignant le fait que l’égalité est essentielle dans l’amour.
Gui d’Ussel essaye maintenant de changer l’idée de la supériorité de la dame
avant l’amant: « Et je vous dirai brièvement de la dame / Qu`avec son amant elle
doit faire autant / Que lui pour elle, sans égard à leur condition, / Car entre deux
amis il ne doit pas y avoir supériorité. ».
Refusant d’accepter l’idée d’égalité, l’homme, déçu, la contredit, affirmant
que l’amour n’a pas de limites, et ne peut supporter l’idée de fidélité de sa part,
affirmant avec confiance que ce n’est pas la définition de l’amour: « Ou vous
direz, et ce ne sera pas bien de votre part/ Que l`amant la doit aimer plus
fidèlement, / Ou vous direz qu`ils sont égaux entre eux. ».
Le dernier verset parle du mobile de l’action de l’homme: s’il ne voit pas
la réciprocité des sentiments, il n’essaiera rien: «Car l`amant ne doit rien si ce
n`est par amour. ».
Dans la conception de Guillaume IX de Poitiers, duc d’Aquitaine, l’amour
courtois reprend la structure de base du système féodal, mais place la dame dans
la situation du seigneur (il interpelle la femme aimée avec les termes
masculinisants « senhal » ou « mi dons » – « mon seigneur » pour suggérer qu’il
est son serviteur). Il devient le vassal de « la dame parfaite », qu’il aime d’un « si
bon amour » et à laquelle il parle avec une fraîcheur dépouillée, même licencieuse
parfois.
« A la douceur de la saison nouvelle, / Feuillent les bois, et les oiseaux /
Chantent, chacun dans son latin / Sur le rythme d’un chant nouveau ; / Il est donc
juste qu’on ouvre son cœur / A ce que l’on désire le plus. »
« De là-bas où est toute ma joie, / Ne vois venir ni messager ni lettre
scellée, / C’est pourquoi mon cœur ne dort ni ne rit. / Et je n’ose faire un pas en
avant, / Jusqu’à ce que je sache si notre réconciliation / Est telle que je la désire. »
Ce texte obéit du point de vue thématique aux conventions du lyrisme
occitain (le poète exprime les sentiments ressentis devant la femme aimée et le

64
désarroi du soupirant rejeté dans l’indifférence ou l’oubli), mais sa structure est
plus linéaire que celle de la chanson courtoise. Observons dans ce sens les deux
dernières strophes :
« Encore me souvient du matin / Où nous mimes fin à la guerre, / Et où
elle me donna un don si grand, / Son amour et son anneau : / Que Dieu me laisse
vivre assez / Pour que j’aie un jour mes mains sous son manteau. »
« Car je n’ai souci des propos étrangers / Qui voudraient m’éloigner de
mon Beau-Voisin , / Car je sais ce qu’il en est / Des paroles et des brefs discours
que l’on répand : / Mais nous en avons la pièce et le couteau. » 92 (Guillaume de
Poitiers, A la douceur de la saison nouvelle, traduction d’Anne Berthelot)
Dans le poème Sérénade écrit par Guiraut Riquier, la femme apparaît dans
l’hypostase qui rejette l’amant. Dès la première strophe, l’homme montre les
obstacles qui apparaissent avant leur relation : le jour parvient à le voir, la soirée
est remplie de désespoir parce qu’elle n’est pas près de lui. Cette idée est suggérée
par les vers : « Jour, bien croissez à mon dam, / Du soir / Me tuera le long
espoir. », ces étaient les vers qui deviennent le refrain de la poésie. La nuit devient
un tourment parce que le chevalier imagine « délices espérées ».
La troisième strophe présente la souffrance causée par cet amour. Le
chevalier ne s’approchera d’aucune femme qui ne connait pas l’état d’esprit qui
génère le statut d’amant : « Il ne s’approchait personne / Qui ne connût la
douleur / De l’amant […] ».
La dernière strophe est formulée de façon conclusive, suggérant toute
l’idée de souffrance, que dans le cœur de l’amant apparaissent des sentiments
contradictoires causés par la même femme. Le refrain présent dans cette strophe
renforce également ces affirmations.
On peut donc dire que dans ce poème, la femme a un statut plus élevé, elle
est plus forte, alors que le chevalier est celui qui souffre, qui attend, qui est agité.
Conon de Béthune a également décrit la femme. Parmi ses poèmes, La
vieille amoureuse est celle qui surprend le mieux, même à un âge plus avancé. La

92
Mitterand, H., Berthelot, A., Cornillat, F., Littérature – textes et documents. Moyen-Âge – XVIe
siècle, éd. Nathan, Paris, 1988, p. 42

65
poésie prend la forme d’un échange homme-femme. Il montre le statut social des
deux, et malgré cela, la femme le rejette : « Tant que la dame fut à son avantage, /
elle lui refusa son amour, […] »
Dans la deuxième strophe, l’homme demande désespérément de lui donner
une chance, mais il parle aussi de la beauté et sur la façon dont les problèmes de la
vie l’ont influencé : « Votre beau visage qui ressemblait à la fleur de lis / mais
paraît avoir tellement changé de mal en pis […] »
La femme montre sa supériorité à travers la façon dont elle s’adresse à
l’homme, comme en témoigne l’utilisation syntaxique de vocatif : « Vassal ! »
Conscient de son image et de l’âge qui est, elle n’est pas intimidée par les paroles
du chevalier, en faisant valoir que bien qu’elle soit beau, elle est riche, et que tout
homme l’aimera : « si ma jeunesse est tout à fait passée, / je suis d’autre part riche
et de haut parage ; »
Avec le désir de renverser les paroles de la femme, l’homme lui dit que
personne n’aime une femme pour son argent. Chaque homme l’aimera parce
qu’elle est belle, forte et sincère : « On n’aime pas une dame pour sa parenté, /
mais on l’aime quand elle est belle et sage ; »

66
CONCLUSIONS

Les facteurs sociaux et politiques, la mentalité du peuple et la vie de


famille à l’époque médiévale ont tous favorisé et influencé l’image de la femme.
Le thème de la femme et implicitement celui de l’amour est devenu
commun dans la littérature médiévale à cause des troubadours et des trouvères,
qui ont exprimé leurs idées et leurs sentiments. Donc, la femme est devenue la
source d’inspiration. Beaucoup de choses sur l’état de la femme à ce moment-là,
on les découvre de leurs poèmes.
Selon les sentiments de la femme, l’homme réalise le portrait de la dame
du Moyen Âge. Par conséquent, la femme apparaît dans plusieurs hypostases.
Une typologie commune est la femme supérieure à tous égards : elle est
riche, a un statut social favorable, est mariée mais toujours mécontente du
mariage. C’est elle qui décide si sa relation va commencer, se poursuivre ou se
terminer, l’homme ayant seulement le rôle d’exprimer ses sentiments et de lui être
fidèle.
D’autres troubadours n’hésitaient pas d’aborder dans leurs poèmes l’image
de la veuve ou de la femme plus âgée. Étant consciente que la beauté passe, la
femme est un peu superficielle parce qu’elle est sûre qu’elle peut acheter l’amour
avec de l’argent.
La femme religieuse est une autre hypostase de la dame du Moyen Age.
Malgré ses traits moraux et ses valeurs, elle apparaît aussi comme une maîtresse.
À cette époque-là, les femmes chantent aussi l’amour, créant ainsi
l’antithèse entre l’image du sexe féminin décrite d’une femme et de l’image du
sexe féminin décrit par un homme. À blâmer dans ce cas est la subjectivité de
chacun dans leur relation.
Un bon exemple est la Comtesse de Die et Gui d’Ussel. La femme, connue
pour une chanson qu`elle a écrite et qui représente en fait une confession devant
l’homme aimé, elle se présente en position de femme forte, mais aussi présente
l’amour, préoccupé par l’état de son amant.

67
Dans son texte, elle décrit l’angoisse, l’amour, mais aussi la conscience de
sa situation sociale et familiale, ce qui conduit au refroidissement de ses
sentiments.
D’un autre côté, en y répondant, l’homme la désigne comme quelque peu
indifférente, infidèle, et tout cela parce qu’elle ne partageait pas ses sentiments
selon ses désirs.
Donc, la femme a beaucoup été décrite, mais nous ne pouvons pas en avoir
une image claire, parce que nous la voyons selon les sentiments des autres à son
sujet.

68
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