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Ressources pour le lycée général et technologique

La question de l'Homme dans les genres de


l'argumentation du XVIe siècle à nos jours

Présentation
L'argumentation est une constante de l'enseignement du français et son inscription
dans les programmes du lycée ne déconcertera ni les professeurs ni les élèves.
Pourtant, les objets d'étude de la classe de seconde ("Genres et formes de
l'argumentation aux XVIIe et XVIIIe siècles") et de première ("La question de
l'homme dans les genres de l'argumentation du XVIe siècle à nos jours") invitent à
tracer une perspective nouvelle qui rompt avec une approche rhétorique et
formaliste de la question. Loin d'être réduite à une modalité du discours, à un "type
de texte" ou à des procédés directs ou indirects, l'étude de l'argumentation doit être
ici l'occasion de confronter les élèves à la littérature d'idées, de débats, en
s'appuyant sur l'examen d'un contexte précis et sur le recours à l'histoire des idées.
Il importe en effet que soit établi pour les élèves de lycée que les Lettres
entretiennent un rapport privilégié avec les savoirs et la confrontation d'opinions :
loin de se cantonner à une poétique ou à un méta-discours, elles assument de
porter – par-delà une spécialisation historique sur l'enjeu de l'écriture, que l'on peut
dater du schisme de 1848 entre l'écrivain et la société – une interrogation sur les
grandes questions humanistes de leur époque. À l'instar de la philosophie ou de
l'histoire dont elles n'étaient jadis pas séparées, les Belles-Lettres, comme il était
d'usage de les nommer, ont longtemps tenu le rôle de boussole axiologique, en
posant au fil des siècles la question des valeurs de l'homme dans et face au monde.
Selon cette ambition, qu'il convient de retrouver dans le champ des études
littéraires, Thomas Pavel envisage par exemple le roman comme le genre qui pose
« avec une acuité inégalée, la question axiologique qui consiste à savoir si l'idéal
moral fait partie de l'ordre du monde » (La Pensée du roman, Gallimard, 2003, p. 46-
47).
Ainsi, en mentionnant « les liens qui se nouent entre les idées, les formes qui les
incarnent et le contexte dans lesquels elles naissent », le programme invite les
professeurs à s'engager avec leurs élèves sur la voie d'une dimension cognitive et
culturelle de la littérature qui mettra au jour la manière dont celle-ci se noue à
travers la féconde diversité des œuvres, des genres et des formes. Car la continuité
de la perspective anthropologique de la littérature ne se joue pas en dehors de sa
matière même. C'est dire que l'analyse textuelle fine, la lecture méthodique, la
description organisée des procédés littéraires ne sont nullement proscrites, dès lors
qu'elles sont au service d'une interprétation globale qui engagent toutes les
implications socioculturelles, historiques, philosophiques, de l'écriture. Il doit être
bien clair que le style des œuvres ne renvoie pas seulement aux figures de style et

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que la pragmatique argumentative n’est pas la simple exploitation d’un répertoire
codifié. La force esthétique, éthique et maïeutique des grands textes tient à ce
qu'ils mobilisent les ressources mêmes de la forme littéraire et l'ambiguïté qui y est
indéfectiblement attachée, pour offrir la complexité d'un questionnement non
didactique sur les valeurs. « Le trajet qui sépare le oui du mais, c'est toute
l'incertitude des signes, et c'est parce que les signes sont incertains qu'il y a une
littérature », écrivait Roland Barthes dans "La réponse de Kafka" (Essais critiques,
Points/Seuil, 1981, p. 141). Ce qui est donné à comprendre et à penser dans la
rencontre avec une œuvre littéraire est non assignable à un "message", à une
rhétorique restreinte et un moralisme simpliste, mais vise l'éveil du sujet moral chez
le lecteur avisé, avec le devoir de le tenir en alerte.
À travers les dénominations de « formes » et de « genres de l’argumentation », les
programmes ne visent nullement à cantonner la dimension argumentative de la
littérature aux seuls textes qui relèvent de l’essai, de l'apologue, du dialogue ou de
la prose d’idées (traité, sermon, satire, maxime, "pensée", article de dictionnaire,
etc.). Cette entrée privilégiée, évidemment essentielle, n’est pas la seule. Il importe
en effet d’élargir l’étude aux productions que l’on range habituellement dans les
domaines de la fiction, du théâtre, de la poésie, trop souvent réduites à une visée
esthétique sans que soit prise en compte leur ambition d'instruction. C’est tout
l’enjeu du cours de français d'éveiller chez les élèves une intelligence de la
complexité des modes de relation au monde que permet la variété d'approches des
grandes œuvres. Sans pour autant considérer que tout texte est argumentatif, il
s'agira de veiller à ouvrir judicieusement le spectre des références possibles, de
puiser dans la richesse des genres et des formes en interrogeant cette diversité,
afin de manifester « que les œuvres littéraires permettent, sous des formes et selon
des modalités diverses, l’expression organisée d’idées, d’arguments et de
convictions » qui exemplifient et renouvellent notre connaissance de l'homme et du
monde.
Comme pour les autres objets d’étude, les programmes de seconde et de première
préservent un équilibre et une complémentarité qui assurent la continuité des
apprentissages.
Une fois posées en seconde les bases des grandes questions éthiques assumées
par les lettres et de quelques-unes des réponses proposées par l'Âge classique et
les Lumières – le "placere et docere", l'honnêteté, la "politesse", le rôle de l'écrivain
dans la société, la place de la nature et celle du "Monde", etc. – il revient à la classe
de première d'élargir, du XVIe siècle à nos jours, le champ diachronique à travers le
prisme d'une interrogation fondatrice sur ce qui fait l'humain : la littérature sera
envisagée ici comme l'indice, le lieu et le moyen convergeant (à l'intersection de la
philosophie, de l'histoire, de l'histoire des arts et bien sûr de la poétique) d'une
réflexion problématisée et historicisée sur la situation de l'homme à travers les
siècles. C'est donc bien à une tentative d'appréhension de nature anthropologique,
par le biais spécifique de l'étude des moyens littéraires et esthétiques mis à la
disposition de l'homme pour se dire, que seront invités les élèves. Les professeurs
auront grand soin, comme en seconde, de réinstaller les genres et les formes au
cœur des débats d'idées de chaque époque, tout en privilégiant un axe
d'interrogation afin de délimiter la réflexion proposée. Car bien évidemment, ce
n'est pas de l'Homme dans son entier qu'il saurait être question à l'occasion d'une
ou de deux séquences en classe, mais de quelques aspects choisis de son rapport
au monde, que le professeur assumera de traiter durant l'année, qu'il s'agisse,
entre autres, de la relation à l'autre, à l'autre sexe, au temps et à l'histoire, au beau,
au savoir et à la connaissance, ou à soi-même. Les pistes d'étude ci-dessous
proposent un choix d'entrées possibles assorties d'éléments de définition, de
problématisation et de documentation. Des ouvertures en direction de l'éducation
aux médias et à l'information complètent certaines d'entre elles, afin de ménager
des continuités entre les grands enjeux du passé et ceux du présent et
d'encourager les professeurs de lettres à se saisir dans le cadre de leur cours de la
question des médias, devenue fondamentale pour les élèves.

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