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Université Mohammed V Souissi

Faculté des sciences juridiques,


économiques
Et sociales –Salé-

Le contrat
d'assurance et
l'Islam

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TABLE DE MATIERE
INTRODUCTION
Partie I : Qualification islamique du contrat d’assurance
Section 1 : les positions des jurisconsultes musulmans
A/ les thèses d’illicéité du contrat d’assurance
1. Le contrat d’assurance comporte un pari
2. Le contrat d’assurance comporte confrontation du destin divin
3. le contrat d’assurance est un contrat aléatoire
4. le contrat d’assurance est usuraire
B/ Les thèses de licéité du contrat d’assurances
1. Le principe de la licéité des contrats
2. le principe d’entraide et de l’intérêt social
Section 2: Le contrat d'assurance par analogie juridique
A/ Contrat d'assurance et contrat de louage
B/ le contrat d'assurance et contrat de caution
Partie II: Takaful alternative islamique à l'assurance commerciale
Section 1: Fondements d'assurance TAKAFOUL
A/Faire des contrats sous forme de donation pour l’intérêt mutuel
des participants
B/ le statut d’assureur est plutôt "Gestionnaire du Risque"
C/ Placement dans des fonds acceptés par la Chari’a
D/La redistribution des bénéfices (répartition).

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Section 2: les critères de l'assurance islamique
A/ les critères des compagnies d'assurance islamique Takaful
B/ les critères des contrats d'assurance islamique
1. Al Moudarabah
2. Al Wakala
CONCLUSION: Comparaison entre assurance traditionnelle et
TAKAFOUL

INTRODUCTION
L'industrie d'assurance a fait son entrée au Maroc avec l'avènement du
protectorat, elle est une affaire d'étrangers.
Ayant été convoitise des colons, le Maroc a connu la transplantation de
ce commerce avec l'afflux massif des Français et des étrangers, qui
tenaient aux mains le secteur moderne de l'économie, ainsi la demande
croissante d'assurance rendait nécessaire la mise en place d'un
équipement institutionnel et d'un dispositif légal. La scène serait donc
meublée par des agents généraux et des succursales des compagnies
d'assurance étrangères, régis ainsi que leur opérations par des textes
légaux qui auront pour une première fois au Maroc "l'assurance " comme
sujet et qui constitueront le droit positif marocain de l'assurance se trouve
donc sous le protectorat à l'image de celui de la métropole.
La société marocaine musulmane devait cependant rester en marge
pour des raisons d'une part économiques: les autochtones considéraient
que la sécurité est un luxe et non pas un besoin, et d'autre part religieuses:
l'opération d'assurance est considérée une innovation "BID'A" inspirée
des non musulmans donc Haram. Ainsi le Maroc a connu sa première
législation sur les assurances en vertu d'un arrêté viziriel (du 28 novembre
1934) et non pas un Dahir pour ne pas entacher de mal la personne
d'Amir Al Mouminine, ce qui fait que l'idée d'assurance telle qu'elle

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s'applique dans la vie économique et juridique était rejetée par la
communauté musulmane marocaine et pas tellement digérée par l'Etat,
elle pèse lourdement sur la tranquillité de leur conscience. Cette question
de licéité et illicéité de l'opération d'assurance qui puise sa source dans le
contrat d'assurance avait requis un débat houleux de la part des
jurisconsultes musulmans.
L'assurance, en soi, est une réalité humaine et religieuse infiniment
respectable voire préconisée, Dieu dit à Sourate Almaîda:
‫" "و تعاونوا على البر و التقوى و ل تعاونوا على الثم و العدوان‬
Ainsi devant les exigences et les aléas de l'existence, devant la maladie
et la mort, des hommes se découvrent unis et décident de s’entraider. Aux
temps heureux chacun versera à une caisse (la compagnie d’assurance)
une partie de ses gains, pour aider ceux qui connaissent une période de
malheur à la traverser, en échange de quoi quand, à son tour, il aura à
faire face à l’adversité, la caisse l’aidera. L’opération semble, de prime
abord, ne relever que d’une prudence assez terre à terre ; en fait pour
vaincre l’égoïsme, l’inertie, l’imprévoyance, il faut que le mouvement
d’assurance mette en cause des sentiments plus nobles, de fraternité,
d’altruisme, de charité ; ainsi une technique ou même une industrie
consacrant de telles valeurs ne peut qu’être salutaire du point de vue de
l’islam, mais le contrat d'assurance faisait toujours objet de question de
Halal et Haram pour différentes raisons (que nous développerons dans la
1ère section du premier chapitre) qui font de ce contrat un contrat à éviter
ou au moins à hésiter devant.
Toutefois s'il y a eu –ou s'il y en a encore- une réticence à l'égard de
l'assurance au Maroc, c'est pas toujours à conférer aux convictions
religieuses mais également à autres raisons qui sont les plus dominantes,
des raisons socio-économiques à savoir l'idée ou le sentiment qu'on est
préservé de l'accident qui n'arrive "qu'au voisin", ainsi le produit

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d'assurance est toujours perçu comme un produit de luxe alors que le
citoyen marocain cherche d'abord à satisfaire ses besoins urgents, la
sécurité est à reporter.
Mais il est force de souligner que la question religieuse était la plus
marquante, et a préoccupé l'opinion des jurisconsultes musulmans entre
pro et contre.
Toutefois, en dépit de la minime participation de la conscience
religieuse au "boycott" de l'assurance, les jurisconsultes musulmans se
sont efforcés pour annihiler cet obstacle de religion, tantôt par réponse
aux arguments d'illicéité par des arguments de licéité, tantôt par des essais
de rapprocher le contrat d'assurances –étant nouveau et sui generis- aux
contrats reconnus licites par la loi musulmane, et récemment en instaurant
un nouveau régime d'assurance islamique, ayant vocation à être conforme
aux préceptes de la Chari'a.
Pour aborder ce sujet de "contrat d'assurance et l'islam", nous essayons
de répondre à la problématique suivante:
- Quelles qualifications requiert le contrat d'assurance de la part des
jurisconsultes musulmans?
- Quel est la position de l'Islam à propos du contrat d'assurance?
- Quelle alternative islamique serait apte à pallier à la formule
commerciale d'assurance?
Pour répondre à cette problématique, nous avons opté pour le plan
suivant:
Partie I : Qualification islamique du contrat d’assurance
Section 1 : les positions des jurisconsultes musulmans
Section 2: Le contrat d'assurance par analogie juridique
Partie II: Takaful alternative islamique à l'assurance
commerciale

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Section 1: Fondements d'assurance TAKAFOUL
Section 2: les critères de l'assurance islamique

Partie I : Qualification islamique du contrat d’assurance


Etant une nouveauté introduite par des étrangers, le contrat
d’assurance était pour plusieurs jurisconsultes musulmans une « Bid’a »
n’ayant pas requis l’admission de certains d’eux, mais pour certains
d’autres, ils ont pris la peine de chercher la similitude entre ce « nouveau
contrat » et les contrats régis par la Chari’a pour faire glisser la police
d’assurance sous cette catégorie légitime de contrats pour qu’elle en
acquiert sa légitimité.
Il est donc opportun de présenter les positions des deux groupes de
jurisconsultes musulmans (section 1) ainsi que leurs arguments dont ceux
des pro-contrat d’assurance à savoir le rapprochement entre ce contrat et
les autres contrats admis par la Chari’a (section 2).
Section 1 : les positions des jurisconsultes musulmans
Leurs positions se balancent entre licéité et illicéité, autres admettent
la légitimité de certaines formules de contrat d’assurance sans autres.
A/ les thèses d’illicéité du contrat d’assurance
Les partisans de ce courant font la majorité, ils disent de la
prohibition du contrat d’assurance pour les raisons suivantes :
1. Le contrat d’assurance comporte un pari
C’est la non proportionnalité entre le montant des primes et la
prestation de l’assureur qui font comporter le contrat d’assurance le pari,
ainsi un souscripteur d’une police d’assurance pour la couverture d’un

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risque quelconque s’engage de verser des primes, il se peut qu’il ne verse
qu’une annuité, et si le risque survienne l’assureur se trouve dans
l’obligation d’assumer la couverture intégrale du risque, ou dans le cas
inverse, l’assuré peut payer ses primes pour des années, et ne jamais
bénéficier de la garantie (compte tenu de l’éventualité de survenance du
risque) ce qui s’avère improportionnel; il y a donc un déséquilibre entre
les prestations des parties, c’est cette prise de risque rémunérée par le
profit qui fait de l’opération d’assurance un pari, et par conséquent la
police d’assurance est un contrat non valide du point de vue de cette
thèse, que nous croyons puisait sa base dans la Chari’a dans le verset 188
de Sourate « AL BAKARA » :
‫و ل تأكلوا أموالكم بينكم بالباطل و تدلوا بها إلى الحكام لتأكلوا فريقا من‬
‫أموال الناس بالثم و انتم تعلمون‬
Ainsi, l’opération d’assurance constitue une opération rusée qui
aboutit à la spoliation de l’argent des autres. Des statistiques précises
menées par un expert allemand ont prouvé que le montant des
dédommagements payés aux assurés ne représente que 2.9 % des primes
payées par les assurés.
2. Le contrat d’assurance comporte une confrontation du destin
divin
Selon cet argument, la souscription d’une police d’assurance est une
brave confrontation de la destination de l’assuré ou bénéficiaire, c’est
comme s’il s’immunise contre la volonté du Dieu en versant des primes,
cet esprit est plus accentué quand il s’agit d’une assurance vie.
Nous trouvons que cette raison n’est pas un solide argument pour
dire de l’illicéité du contrat d’assurance, qui n’a pas pour vrai objet
l’immunité contre le risque, puisque l’assureur n’est pas en mesure
d’épargner son assuré contre l’aléa indomptable, mais plutôt de lui prêter
assistance à surmonter et se débarrasser des séquelles négatifs d’un

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événement malheureux, ce qui ne se contredit guère avec l’esprit de
l’Islam, mais au contraire il requiert la qualification « MANDOUB » du
point de vue de la Chari’a, et ce d’après Sourate « AL MA’IDA » :
« ‫» و تعاونوا على البر و التقوى ول تعانوا على الثم والعدوان‬
Voire nous pouvons nous aventurer et affirmer qu’un souscripteur
d’un contrat d’assurance est plus pieux que celui qui l’évite, car le
premier croit vraiment en Dieu et en bon et mauvais destin (les piliers de
croyance « AL IMLANE »), ainsi il a respecté une disposition coranique
–suscitée- en recourant à l’entraide pour rétablir son préjudice.
Ainsi, un assuré peut être assimilé à un malade poursuivant un
traitement médical, peut-on dire que ce patient est entrain de défier le
destin divin ?!
Biensûr que non, vu que les percepts de la Chari’a incitent à se
guérir (inna allah khala9 adda2a wa khala9a addawa2) ; et concernant le
mutisme de la Chari’a sur l’assurance, il ne peut être interprété par un
rejet, voire même on peut énoncer sa licéité par analogie au traitement
médical, salutaire du point de vue de chari’a.
3. le contrat d’assurance est un contrat aléatoire
L’aléa qui est une condition sine qua non pour l’assurabilité d’un
risque. Cet aléa résulte de différents aspects de l’opération d’assurance, à
savoir : incertitude quant à la survenance du risque, l’indéterminabilité de
l’objet du contrat constitué par la garantie, l’assureur n’est pas en mesure
de définir le montant de sa prestation –mise à part des assurances de
capitalisation-, imprécision de l’étendue de la prestation de l’assuré, il est
dans l’impossibilité de connaître le montant total des primes à verser.
L’assurance sous toutes ses formes, revient à un jeu de chance. On
vous dit : donnez une telle somme. S’il vous arrive un sinistre, on vous
donnera ceci. Ce qui est le vrai jeu de hasard. L’établissement d’une
différence entre l’assurance et le jeu de hasard est un entêtement que

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rejette tout esprit sain, dans la mesure où, même les assureurs,
reconnaissent que l’assurance implique le jeu de hasard, un aléa.
L’aléa est un événement futur incertain influant les prestations des
cocontractants de telle sorte que ces derniers s’engagent en
méconnaissance de l’importance et de l’étendue de leurs prestations, qui
peuvent être dérisoire pour une partie et lourde pour l’autre. C’est ce
déséquilibre contractuel éventuel et cette ignorance de son obligation que
la Chari’a essaye d’éviter en prohibant les contrats aléatoires" ‫بيوع‬
‫"الغرر‬
"‫يا أيها الذين امنوا إنما الخمر و الميسر و النصاب و الزلم رجس من‬
90 ‫عمل الشيطان فاجتنبوه لعلكم تفلحون" سورة البقرة أية‬
4. le contrat d’assurance est usuraire
Le contrat d’assurance stipule la vente d’une somme d’argent contre
une autre somme inférieure ou supérieure avec l’ajournement de la remise
de l’une des deux objets de l’échange ; elle implique donc l’usure de
surplus et l’usure d’ajournement. En effet, les assureurs encaissent
l’argent des clients et promettent de leur rembourser une somme
supérieure ou inférieure en cas de sinistre couvert par le contrat. Ce qui
est la vraie usure interdite par le Coran dans de nombreux versets. L’usure
se manifeste à doubles reprises :
- Dans les assurances de personnes dites de « capitalisation »l’usure
paraît à travers l’anatocisme pratiqué par les compagnies d’assurances
quant aux assurances vies, appelé communément la technique des intérêts
composés consistant à l'ajout à la fin de chaque période (semestre/an)
l'intérêt simple de la période au capital, et à la période suivante, l'intérêt
simple sera calculé sur le capital augmenté des intérêts de périodes
antérieures.
- Ainsi le souscripteur d’une assurance vie verse des primes qui
seront capitalisées et productives d’intérêts, ces derniers seront également

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capitalisés et produiront d’intérêts. Ce sont ces intérêts indus qui
constituent l’usure entachant de nullité le contrat d’assurance du point de
vue islamique.
- Dans les assurances dommages dites « d’indemnisation », l’usure
se manifeste à travers le versement de l’assureur d’une prestation qui peut
être largement différente de la somme des primes versées, soit en hausse
au détriment de la compagnie, soit en baisse au détriment de l’assuré.
Cette différence de prestations reste injustifiée et interdite par la Chari’a.
L’usure enveloppe l’opération d’assurance, depuis la conclusion du
contrat jusqu’à placement par la compagnie des primes pour les
fructifier, ces dernières peuvent être investies dans des placements
usuraires ; Toutefois des jurisconsultes musulmans considèrent que ce
placement reste indépendant du contrat et ne peut entacher d’usure ce
dernier.
B/ Les thèses de licéité du contrat d’assurances :
Les partisans de cette thèse soutiennent que l’esprit d’assurance et sa
finalité ne peuvent qu’être admis voire préconisés par l’Islam ; toutefois
une certaine relativité recouvre leur position ; Ainsi ils distinguent entre
le système mutuel purement conforme à la Chari’a -depuis qu’il aide à
dédommager une victime d’un préjudice, à soutenir un responsable d’un
dommage, ou à consoler une famille ayant perdu un cher pouvant être son
unique source de revenu, une telle mutualité ne fait objet d’aucune
contestation-, et le système assurantiel commercial procurant d’énormes
bénéfices pour la compagnie d’assurance, ces bénéfices injustifiés par les
opposants sont justifiés par les partisans par le fait qu’il s’agit d’une
organisation ayant des dépenses et des frais de gestion d’un service fourni
dans l’intérêt de la société, et si jamais il y a des pratiques illicites telles
que des placements usuraires ou insertion de clauses comportant usure,
seulement ces clauses ou ces placements sont interdits et nuls, le contrat

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d’assurance en son entier est valide. Les tenants de la thèse licite
renforcent leur position par les arguments suivants :
1. Le principe de la licéité des contrats
Cet argument dit que l’origine des contrats en Islam est la licéité et
la permission, c’est dire que la liste des contrats nommés spécifiquement
réglementés par la Chari’a (vente, dépôt, donation, société…) n’est pas
limitative, elle est toujours tolérante à l’ajout de nouveaux contrats tant
que l’Islam respecte la volonté contractuelle et sous réserve de la validité
de leur fonds et leur conformité aux principes de la théorie générale des
contrats en Islam à savoir l’intégrité du consentement, la licéité de l’objet
et de la cause du contrat etc… en tenant la disposition du Hadith du
prophète salut et prière à son âme :
" ‫"كل شرط ليس في كتاب الله تعالى فهو باطل‬
Et ce dans un objectif d’être innovant pour accompagner les
nouveaux besoins de la vie modern ‫ المصالح المرسلة‬, tout en respectant
la Chari’a, tel est le cas du contrat d’assurance, qui est nouveau et sui
generis, ce qui était un motif pour prononcer son illicéité par les tenants
de la thèse illicite, ainsi cet argument du principe de licéité des contrats
est une riposte audit motif.
2. le principe d’entraide et de l’intérêt social
Ce principe consacré par la Chari’a puise son fondement dans
plusieurs passages du Coran : ‫و تعاونوا على البر و التقوى ول تعانوا على‬
‫ الثم والعدوان‬et du Hadith :
" ‫مثل المؤمنين في توادهم و تراحمهم و تعاطفهم كمثل الجسد إذا‬
‫"اشتكى منه عضو تداعى له سائر الجسد بالسهر و الحمى‬
Ainsi, étant fondé sur un principe de mutualité, de prévoyance, de
solidarité et d’entraide d’un groupe menacé de risques (la masse des
assurés), le contrat d’assurance trouve sa légitimité en ces aspects
constituant sa philosophie, l’aspect technique (compensation des risques,

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intérêts, statistiques) –contesté par les opposants de l’assurance- ne fait
qu’organiser et promouvoir les aspects sociaux.
Il est plus opportun –selon cette thèse- de concevoir le contrat
d’assurance de cette façon, en dépassant le rapport assureur/assuré au
rapport assuré/ masse d’assurés, ou l’assureur ne sera qu’un intermédiaire
organisant cette opération technique et veillant à la protection de leurs
fonds, le risque ainsi n’est pas supporté par l’assureur mais par la masse
des assurés.
S’avère donc –d’après les partisans de cette thèse- que la noble
finalité de l’assurance et la tolérance de l’Islam de créer de nouveaux
contrats (puisque le principe est la licéité), et la conformité du contrat
d’assurance aux préceptes de la Chari’a. Toutefois, les opposants du
contrat d’assurances apportent une certaine relativité à leur position, du
moment qu’ils prononcent la licéité de la mutualité, et des assurances
obligatoires, ils tombent ainsi dans la contradiction puisque les
fondements de ces derniers sont les mêmes que le système assurantiel
commercial.
Un autre essai pour argumenter la licéité ou l’illicéité du contrat
d’assurance, consistait à établir (par les pro-assurances) ou désétablir (par
les opposants) une analogie juridique entre ce contrat nouveau et les
contrats nommés de la Chari’a.
Section 2: Le contrat d'assurance par analogie juridique
Convaincus par le fait que le statut licite ou illicite de tout
comportement socio-individuel nouveau reste profondément influencé par
le raisonnement analogique lié à l'impératif religieux d'éviter le Harâm,
les grands docteurs de la loi islamique ont entamé une tentative de
confrontation de ce contrat avec des contrats dont la légitimité est établie
par la Chari'a. et dont essentiellement:
A/ Contrat d'assurance et contrat de louage

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On distingue le louage de choses et le louage de services et de
travail, ainsi, s'agissant d'une fourniture de service, il sera principalement
question de louage de services et de travail. L'article 723 du DOC définit
ce contrat comme étant "un contrat par lequel l'une des parties s'engage,
moyennant un prix que l'autre partie s'oblige à lui payer, à fournir à cette
dernière ses services personnels pour un certain temps ou à accomplir un
fait déterminé".
Quand à lui, le contrat d'assurance est défini par l'article 1er du code
des assurances comme étant "la convention passée entre l'assureur et le
souscripteur pour la couverture d'un risque et constatant leurs
engagements réciproques".
Dans cette analogie, l'assureur serait locateur de services, l'assuré
locataire de services et la prime serait loyer.
Le principe s'avère le même: mettre un service à la disposition de
son cocontractant moyennant payement.
Mais, la loi musulmane conteste la notion d'objet, remplit-il- les
mêmes critères dans les deux contrats?
L'assureur loue à l'assuré son ingéniosité, son organisation et sa
disponibilité pour faire face, à un risque. Toutefois si l'assuré paie le loyer
alors que le préjudice est probable, l'assureur est donc payé sans objet.
Les jurisconsultes musulmans contestent l'aléa "gharar" et
l'indérminabilité de l'objet de contrat d'assurance, consistant en la
réparation du dommage; cette réparation est conditionnée par la
survenance d'un dommage, ce dernier est conditionné par l'avènement
d'un risque purement aléatoire, ainsi on ne sait ni la valeur ni le moment
de réparation-si jamais il en a eu une- étant l'objet du contrat. Par contre,
le contrat de louage pour qu'il soit valablement conclu, son objet doit être:
existant, possible ou exécutable, déterminé ou déterminable.

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Ils insistent sur l'existence et la déterminabilité de l'objet au moment
de la conclusion du contrat, pour des raisons de défense de l'équilibre de
prestations entre les parties, d'éviter tout litige provoqué par vice de
consentement découlant d'ignorance exagérée; et la connaissance résulte
de: la vue, la description ou désignation, ce qui est pas permis en cas
d'assurance.
Quand à l'aspect aléatoire, les jurisconsultes musulmans partisans de
la licéité du contrat d'assurance, il le rejette comme viciant le contrat, aux
motifs suivants:
- le vrai objet du contrat d'assurance n'est pas tellement ladite
réparation, mais plutôt un statut légal (assurance obligatoire) facilitant
l'exercice d'une activité, ou encore la dissipation de l'inquiétude: l'assuré
achète un sentiment de sécurité.
- Le contrat d'assurance comporte une période rigoureusement
déterminée, pouvant durer une année ou une vie humaine ou un laps de
temps plus ou moins long, mais toujours connu à l'avance. La situation se
rapproche beaucoup plus de la notion de condition suspensive.
- Il y a des situations juridiques du même genre et qui sont admises
par la loi musulmane: la recherche et récupération des chameaux perdus
ou errants, moyennant payement.
- La définition elle-même de "gharar" dans les dictionnaires de
langue arabe, il signifie la tromperie d'une personne par exploitation
frauduleuse de son ignorance, son expérience ou sa bonne foi; ce qui
n'existe guère en contrat d'assurance, l'assuré est un majeur agissant en
pleine capacité, en bonne connaissance de cause; et dans la "Touhfa", Ibn
Assim affirme "la vente conventionnelle de ce dont la substance est
ignorée, vaut, que le prix en soit dérisoire ou élevé"

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‫بالثمن البخس أو الغالي‬ ‫و بيع ما يجهل ذاتا بالرضا‬
‫مضى‬
B/ le contrat d'assurance et contrat de caution
En droit musulman la caution recouvre 2 aspects:
1) La KAFALA: qui est l'engagement de présenter le débiteur à
l'échéance ou au moment où il est requis par le juge ou le créancier.
2) DAMANE: qui l'engagement du garant à payer la dette.
Seule la deuxième application se prête à la comparaison avec le
contrat d'assurance, puisque l'assureur s'engage à garantir l'assuré en cas
de survenance de risques.
Toutefois cette confrontation ne peut aboutir pour deux raisons:
- L'engagement à ce qui ne s'impose pas (dette) n'est pas obligatoire.
- Le contrat de caution est plutôt un acte de piété envers Dieu, il
relève du domaine de Îbadat, et non pas Mouâmalat, ce qui exclut toute
idée de rémunération humaine (tout comme l'aumône).
Ainsi, étant un contrat, il le contrat d'assurance se base sur le
consentement mutuel, et si par analogie ce contrat ce rapprochera du
contrat de caution, la caution/ assureur doit échanger le consentement
avec le débiteur principal/ responsable de dommage; toutefois, en contrat
d'assurance ces deux parties ne se connaissent même pas (à moins qu'il
s'agisse d'une assurance RC): la personne qui réalise le risque, et qui doit
réparation à la victime, peut se trouver dans une situation d'ignorance de
l'assureur, encore plus, elle reste étrangère ou tierce au contrat
d'assurance.
Le Rite Malékite adopte une position nettement différente: il
considère que la validité du contrat de caution est soumise principalement
à l'accord du bénéficiaire de la garantie "l'assuré", quand à l'accord du
responsable du dommage, il est secondaire.

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Une autre discordance entre les deux contrats est la rémunération:
La caution est un acte juridique gratuit, il relève des aspects
d'entraide et de solidarité entre les croyants face aux difficultés attaquant
autres coreligionnaires, ce qui le fait sortir du cercle des actes lucratifs.
Mais quand la caution devient professionnelle, elle entre dans ce
cercle, et sa rémunération ne devient plus indécente; puisqu'elle
entraînera une organisation et mutation en fonction économique et
sociale.
On peut solennellement affirmer que tout essai de rapprochement
entre le contrat d'assurances et les contrats de louage ou de caution tels
que régis par la Chari'a sont en vain, le contrat d'assurance est un contrat
nouveau et sui generis ne tolérant aucune insertion sous l'égide d'autres
contrats. Reste à ce que ce contrat bâti sur des fondements d'entraide et de
solidarité, à ce qu'il soit conforme aux directives de la loi musulmane, ce
souci a donné naissance à une formule islamique d'assurance dite
TAKAFOUL.
Partie II: Takaful alternative islamique à l'assurance
commerciale
La takaful est née du besoin d'une banque islamique soudanaise
d'assurer ses opérations, le tout conformément aux principes de la charia
ou loi islamique. La banque a créé à cet effet une compagnie d'assurances
islamique en 1979. A partir de là, d'autres compagnies ont vu le jour
principalement au Moyen-Orient. Ce n'est qu'en 1984 que les Malaisiens
vont prendre le relais et lancer la takaful qui va connaitre un certain essor.
Les récents développements dans la takaful sont la résultante de plusieurs
facteurs:
- la hausse vertigineuse et régulière des prix du pétrole qui se traduit
par un excédent de liquidités cherchant des opportunités d'investissement.

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Cela a permis le développement de la finance islamique. La takaful
intervient comme une activité complémentaire pour l'offre financière
islamique ;
- révolution sociologique qu'ont connue les pays et les communautés
musulmans en Europe et dans les pays d'accueil durant les dernières
années avec un retour a plus de pratique religieuse et une volonté de vivre
harmonieusement avec ses croyances.

Section 1: Fondements d'assurance TAKAFOUL


Le terme TAKAFUL est synonyme de garantie mutuelle ou
indemnisation entre membres d’un groupe. C'est un concept d’assurance
basé sur la Coopération, la Protection et sur l’aide réciproques entre les
groupes participants, une alternative islamique à l’assurance
traditionnelle.
Ses principes sont :
A/Faire des contrats sous forme de donation pour l’intérêt
mutuel des participants
- Une conception de contractualisation de police d’assurance
conforme à la charia islamique prévoit que les clauses de police
d’assurance soient à la fois précises et claires et ne peuvent faire l’objet
d’interprétations fastidieuses.
- Les règles de l’islam interdisent toute transaction supposant le
paiement d’intérêt (usure). Ainsi, les contrats commerciaux qui se fondent
sur des résultats indéterminés ou incertains, ne sont pas acceptables par
l’islam.
- Cette règle s’applique aux contrats d’assurances qui sont des
arrangements commerciaux. Toutefois, les donations sont jugées
acceptables par la plupart des écoles islamiques, même si leurs résultats
sont incertains ou indéterminés. Pour être acceptable, le contrat

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d’assurance doit être converti en contrat de donation. Pour cela, l’assuré
déclare clairement son intention de faire don de tout ou partie de la prime
qu’il a souscrite à l’ensemble des assurés.
B/ le statut d’assureur ou l’opérateur est plutôt de celui de
""Gestionnaire du Risque
A but non lucratif, l’assurance islamique ne poursuit pas un but
commercial synonyme d’intérêt dans la prestation de service.
« Le seul gain réalisé est la différence entre le montant global des
souscriptions et celui des dédommagements qui se traduit par une
augmentation d’actifs et non par un gain effectif». Son objectif premier
consiste à donner à ses adhérents le meilleur service d’assurance et au
meilleur coût.
.C/ Placement dans des fonds acceptés par la Chari’a
Les placements se font auprès d’institutions financières islamiques, à
travers des investissements dans de projets de développement ou des
modes de financements islamiques tels : « Musharaka » et « Mudharaba »
En prohibant les investissements non éthiques, à savoir : interdiction
d’investir dans l’armement, dans les distilleries (alcool), dans les
entreprises productrices de tabac.
D/La redistribution des bénéfices (répartition).
Les assurés au sein de la compagnie bénéficient en fin d’exercice
comptable de dividendes sur les opérations exclusives d’assurance (taux à
distribuer déterminé par un conseil d’administration).
Toutefois, en cas de résultats négatifs, la compagnie se réserve le
droit de demander à ces derniers d’effectuer un paiement additionnel afin
d’équilibrer les comptes.
Section 2: les critères de l'assurance islamique
A/ les critères des compagnies d'assurance islamique Takaful

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1. Conseil religieux indispensable (minimum 3 membres): Les
conseillers religieux doivent avoir des connaissances dans le domaine de
la jurisprudence appliquée aux transactions financières. Ils doivent aussi
être connus et reconnus par leurs pairs, être flexibles et ouverts d’esprit
pour proposer des solutions conformes a la Chari’a.
2. Sur le plan de l’organisation interne, la mutuelle ou « Takaful
window » doit avoir une gestion totalement autonome de la société ou du
groupe qui en est le promoteur; le souci ici est d’éviter la contamination
et/ou la banalisation des produits Takaful et leur dissolution au sein de la
gamme de produits conventionnels offerts par la société conventionnelle.
Une équipe de techniciens et de vendeurs motivés, dynamiques, mais
surtout acquis aux principes du Takaful doit être constituée.
3. Dans le cadre d’une « Takaful window », il y aura lieu d’affecter
un capital à l’opération. Il sera investi dans des instruments acceptables
du point de vue religieux. Si une société nouvelle est constituée, il faudra
se conformer au Code en matière d’investissement, d’où le risque de
revenus illicites. La loi s’impose, mais il s’agira de purifier par la suite
ces revenus illicites en les consacrant à des œuvres de charité.
4. Les normes comptables à adopter seront celles de l’ IFRS et de
l’Auditing and Accouting Organization of Islamic institutions (AAOIFI).
5. Il y a nécessité impérieuse de séparer les fonds des actionnaires et
des sociétaires et de préparer deux bilans et deux comptes de résultat
conformément aux normes AAOIFI
6. - Le surplus : la mutuelle doit s’engager à distribuer le surplus a
ses sociétaires. Il y a deux options acceptables du point de vue de la
Shari’a : distribuer à tous, sans exception ; ou distribution à ceux qui
n’ont pas eu de sinistres (bonus payé en numéraire ou par chèque) ; cela
sera la meilleure publicité pour le Takaful ;

19
Les actionnaires n’ont nullement le droit de bénéficier du profit
technique (surplus). En cas de perte technique, les actionnaires avancent
un prêt sans intérêt au fond des sociétaires, remboursable sur les profits
techniques futurs.
B/ les critères des contrats d'assurance islamique
Comme dans l’assurance traditionnelle, il y a deux genres principaux
de Takaful: Général (non vie) et Famille (vie), distribués à travers
plusieurs modèles, dont les 2 essentiels:

1. Al Moudarabah: Un contrat islamique de participation aux


bénéfices, c'est un pourcentage dans les profits repartis entre
l’opérateur et le fonds des sociétaires, après déduction de toutes les
charges techniques, frais de gestion et autres frais généraux

20
2. Al Wakala: – Un contrat islamique basé sur la cotisation exprimée en
pourcentage des primes, décidée annuellement et d’avance et rémunérant
directement les frais de gestion de l’opérateur.
Modèle identique de wakala pour tous les plans, groupe ou
individuel. Le contrat de wakala est le même pour les opérations de
souscription ou d’investissement.
L’idée de base est que l’adhérent à un système de solidarité verse par
tranches une somme donnée entre 20 et 60 ans. S’il décède avant l’age de
la retraite, les héritiers légitimes reçoivent le montant du principal versé
jusqu’à la date du décès, les bénéfices accumulés à cette date et la somme
que le décédé aurait payé s’il avait vécu jusqu’à l’âge de 60 ans. Ce
dernier montant est déduit des bénéfices modaraba de tous les autres
participants au système, d’où le terme de solidarité. Dans le cas ou il ne
décède pas avant l’âge de la retraite, le principal et les bénéfices
accumulés sont réglés à l’adhérent à l’âge de 60 ans.

21
CONCLUSION
Comparaison entre assurance et Takafoul
Point Commerciale Mutuelle Takaful
Principe Bénéfices pour Mutuelle Mutuelle pour les
d’organisation les actionnaires/ pour les assurés participants
transfert de risque
Proposition deBénéfices pour les Abordabilité Abordabilité et
valeur actionnaires pour les assurés satisfaction spirituelle
Lois Séculaires / Séculaires / Sharia plus
Règlements Règlements règlements
Capital Actionnaires Primes L’opérateur fournit le
initiales capital de départ.
Pas de capital versé
pour le fonds TT
Propriété Actionnaires Assurés Participants
Gestion Gestion par la société Gestion par Opérateur
nomination

22
Type de Echange Partage Coopératif,
contrat commercial / contratmutuel de Contrats
de compensation -risques avec desislamiques de Wakala
adhésion aspects deou Mudarabah avec
principes dedes donations
contrat Tabar’ru
commercial
Investissem Fonds propres / Fonds Fonds propres
ents emprunt – pas depropres /conformes à la
restrictions emprunt – pas deSharia / pas d’intérêts
restrictions
Excédent Compte des Compte desCompte des
actionnaires assurés participants - frais
d’exécution pour
l’opérateur

23
‫‪BIBLIOGRAPHIE‬‬

‫‪ -‬القران الكريم‬

‫‪ -‬محمد مصطفى الزرقاء " نظام التامين –حقيقته و الرأي الشرعي‬


‫فيه" مؤسسة الرسالة ‪1994‬‬

‫‪ -‬د‪ .‬يوسف عبد الفتاح " عقود التأمينات في الفقه السلمي و‬


‫القانون" ‪2008‬‬

‫‪ -‬المجلة المغربية لقانون و اقتصاد التنمية –قانون و ممارسة التامين‪ -‬العدد‬


‫‪" : 1988-81‬موقف فقهاء السلم من عقد التامين التجاري " ‪--‬‬
‫محمد جوهر— ص ‪15‬‬

‫‪ -‬المجلة المغربية لقانون و اقتصاد التنمية –قانون و ممارسة التامين‪ -‬العدد‬


‫‪Essai de définition du contrat d'assurance à la lumière du droit "81‬‬
‫‪--musulman" –Mohammed DRISSI ALAMI‬‬

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- Dahir n° 1-02-238 du 3 Octobre 2002 portant promulgation de la loi n°
17/99 portant code des assurances marocain, publié au BO n° 5054 du 7
Novembre 2002.

- Romain LAVIELLE "Histoire de la mutualité", Hachette 1964

- Farid HATIMY " Les assurances de personnes aux Maroc à l'heure de


mondialisation"

25

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