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DL 001

INTRODUCTION

1. Présentation du guide d’introduction à la propriété intellectuelle (DL 001)

Ce guide autodidactique succinct est conçu pour vous donner un aperçu de ce


qu’est la propriété intellectuelle et des raisons pour lesquelles elle est considérée
comme un atout économique et culturel important dans la vie et l’économie
d’aujourd’hui.

Le cours DL 001 a également pour but de vous présenter les cours dispensés
par l’Académie dans le cadre de son programme d’enseignement à distance qui
comporte aussi bien un cours de portée générale intitulé “Cours général sur la
propriété intellectuelle” que des cours plus spécialisés pour ceux qui souhaitent en
savoir plus sur des thématiques spécifiques de la propriété intellectuelle.

Il est à espérer que le cours DL 001, qui présente d’une manière succincte et
facilement accessible tous les aspects fondamentaux de la propriété intellectuelle,
constituera une initiation efficace à cette question et vous incitera à poursuivre vos
lectures et vos études dans ce domaine.

Il faut environ deux heures pour lire le contenu du cours DL 001.


1.0 PROPRIETE INTELLECTUELLE – VUE D’ENSEMBLE

Qu’est-ce que la propriété intellectuelle?

L’histoire de l’humanité est celle de l’imagination ou de l’innovation et de la


créativité au service d’une base de connaissances existante dans le but de résoudre
des problèmes ou d’exprimer des pensées. Depuis le début de l’écriture en
Mésopotamie, jusqu’au transistor, aux nanotechnologies dans l’industrie des
semi-conducteurs, aux médicaments à ADN recombiné et aux innombrables autres
découvertes et innovations, en passant par le boulier chinois, l’astrolabe syrien, les
anciens observatoires en Inde, la presse à imprimer de Gutenberg, le moteur à
combustion interne, la pénicilline, les plantes médicinales et les traitements par les
plantes en Afrique du Sud, c’est l’imagination des créateurs du monde entier qui a
permis à l’humanité d’atteindre le niveau de développement technique que nous
connaissons aujourd’hui.

La protection de la propriété intellectuelle est assurée non seulement au niveau


national, mais aussi au niveau international. L’Organisation Mondiale de la Propriété
Intellectuelle (OMPI) administre plus de 20 traités relatifs à la propriété intellectuelle.

Vous trouverez d’autres références à l’adresse suivante :


– http://www.wipo.int/about-wipo/fr/what_is_wipo.html
– http://www.wipo.int/treaties/fr/

Quelles créations intellectuelles peuvent être l’objet de la propriété intellectuelle?

Il est généralement entendu que la propriété intellectuelle confère des droits relatifs
aux éléments suivants :

a) œuvres littéraires, artistiques et scientifiques (droit d’auteur)


b) prestations d’artistes interprètes ou exécutants, phonogrammes et
émissions radiodiffusées (droits connexes)
c) inventions dans tous les domaines de l’activité humaine (propriété
industrielle)
d) découvertes scientifiques (propriété industrielle)
e) dessins et modèles industriels (propriété industrielle)
f) marques, noms commerciaux et désignations commerciales (propriété
industrielle)
g) protection contre la concurrence déloyale (propriété industrielle)
h) tous les autres droits découlant d’une activité intellectuelle dans les
domaines industriel, scientifique, littéraire et artistique.

La propriété intellectuelle est parfois divisée en plusieurs volets : le droit


d’auteur (domaines mentionnés au point a)); les droits connexes (domaines
mentionnés au point b)); et la propriété industrielle (domaines mentionnés aux
points c), d), e), f) et g)).

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2.0 DROIT D’AUTEUR
Qu’est-ce que le droit d’auteur?

Le droit d’auteur a pour objet de protéger les créations des auteurs (écrivains,
artistes, compositeurs de musique, etc.). Ces créations sont généralement
dénommées “œuvres”.

Quelles sont les œuvres protégées par le droit d’auteur?

Les œuvres protégées par le droit d’auteur comprennent notamment les


œuvres littéraires (romans, poèmes, pièces de théâtre), les ouvrages de référence
(encyclopédies et dictionnaires), les bases de données, les articles de journaux, les
films et programmes de télévision, les compositions musicales, les œuvres
chorégraphiques, les œuvres artistiques (peintures, dessins, photographies et
sculptures), l’architecture, et les créations publicitaires, les cartes géographiques et
les dessins techniques. Les programmes informatiques sont également protégés par
le droit d’auteur.

Cependant, la protection au titre du droit d’auteur ne s’étend pas aux idées


mais uniquement à l’expression de la pensée. Par exemple, l’idée de prendre en
photo un coucher de soleil n’est pas protégée par le droit d’auteur. Par conséquent,
n’importe qui peut prendre une telle photo. Mais, une photo particulière d’un coucher
de soleil prise par un photographe peut être protégée par le droit d’auteur. Dans ce
cas, le fait de faire des copies de la photo et de les vendre sans l’autorisation du
photographe constitue une atteinte aux droits du photographe.

Devez-vous accomplir des formalités pour bénéficier d’une protection?

La protection au titre du droit d’auteur s’acquiert automatiquement, sans


enregistrement ni autres formalités. Une œuvre est protégée par le droit d’auteur
dès sa création.

De nombreux pays prévoient cependant au niveau national un système


d’enregistrement et de dépôt facultatifs des œuvres; ces systèmes facilitent, par
exemple, le règlement des différends liés à la titularité des droits ou à la création, aux
transactions commerciales, aux ventes, ainsi qu’aux cessions et autres transferts de
droits.

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Quels sont les droits conférés par le droit d’auteur?

Le droit d’auteur confère deux types de droits :

a) les droits patrimoniaux qui permettent au titulaire de s’assurer d’une


compensation financière pour l’utilisation et l’exploitation de l’œuvre; et

b) le droit moral qui met en évidence le lien personnel qui existe entre
l’auteur et l’œuvre.

Quels sont les droits patrimoniaux conférés par le droit d’auteur?

Les droits patrimoniaux permettent aux créateurs d’une œuvre de l’utiliser


comme bon leur semble. Ils peuvent également autoriser ou interdire les actes
ci-après :

- la reproduction sous diverses formes, par exemple sous forme de


publication ou d’enregistrement sur cassettes, disques compacts ou
disques vidéo ou son archivage dans une mémoire d’ordinateur;

- la distribution, par exemple par la vente au public de copies de l’œuvre;

- l’interprétation ou l’exécution en public, par exemple par l’interprétation


ou l’exécution d’une œuvre musicale pendant un concert, ou d’une pièce
de théâtre;

- la radiodiffusion et la communication au public, par la radio ou la


télévision, par câble ou par satellite;

- la traduction dans d’autres langues;

- l’adaptation consistant, par exemple, à transformer un roman ou une


pièce de théâtre en scénario de film;

Compte tenu des faits nouveaux survenus au niveau international, les œuvres
peuvent être aussi protégées dans le cadre de l’Internet. Le Traité de l’OMPI sur le
droit d’auteur (WCT), conclu en 1996, permet de faire face aux problèmes que pose
aujourd’hui la technologie numérique en garantissant que les titulaires de droit
d’auteur sont protégés de manière suffisante et efficace lorsque leurs œuvres sont
diffusées par l’intermédiaire de nouvelles techniques et de nouveaux systèmes de
communication tels que l’Internet.

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Quelles sont les prérogatives conférées par le droit moral?

Le droit moral confère à l’auteur :

- le droit de revendiquer la paternité de l’œuvre, c’est-à-dire


fondamentalement le droit du créateur de revendiquer que son nom soit
mentionné en tant qu’auteur, notamment lors de l’utilisation de l’œuvre.

- le droit à l’intégrité de l’œuvre, c’est-à-dire le droit de s’opposer à la


modification de l’œuvre ou à son utilisation dans des cadres qui pourraient
nuire à la réputation ou à l’honneur de l’auteur.

Comment les droits patrimoniaux sont-ils exploités?

Pour être produites, et ultérieurement diffusées et distribuées, un grand nombre


d’œuvres de création protégées par le droit d’auteur nécessitent des investissements
financiers et des compétences professionnelles. Ce sont des entreprises
spécialisées et non directement les auteurs qui s’occupent généralement de la
publication des livres, des enregistrements sonores ou de la production des films.
En règle générale, les auteurs et les créateurs cèdent leurs droits à ces entreprises
par contrat, moyennant rémunération. La rémunération peut prendre différentes
formes (versements forfaitaires ou redevances fondées sur un pourcentage de
recettes tirées de l’œuvre).

De nombreux auteurs n’ont pas la possibilité ni les moyens de gérer eux-


mêmes leurs droits. Ils font souvent appel à des organismes ou des sociétés de
gestion collective qui mettent à la disposition de leurs membres leurs compétences
administratives et juridiques et leur savoir-faire en ce qui concerne la perception, la
gestion et la répartition des redevances. Ces redevances sont tirées de l’utilisation à
grande échelle, aux niveaux national et international, de l’œuvre d’un des membres,
par exemple par des organismes de radiodiffusion, des discothèques, des
restaurants, des bibliothèques, des universités ou des écoles.

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Quelle est la durée de la protection au titre du droit d’auteur?

La protection au titre du droit d’auteur est limitée dans le temps : en règle


générale, la durée de la protection accordée comprend la vie de l’auteur et 50 ans
après sa mort. Cette règle, qui est appliquée par la majorité des pays, a été établie
par la Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques. À
l’expiration de la durée de la protection, l’œuvre tombe dans le “domaine public”.
Ensuite, n’importe qui est libre d’utiliser l’œuvre sans obtenir d’autorisation
particulière du titulaire du droit d’auteur.

Cependant, aux termes de la Convention de Berne, une durée plus longue peut
être prévue. Afin de savoir quelle est la durée de protection d’une œuvre dans un
pays donné, il est souhaitable de se référer à la législation nationale du droit d’auteur
du pays en question.

Dans quelle mesure pouvez-vous utiliser l’œuvre d’un tiers sans autorisation?

Le droit d’auteur fait l’objet de limitations et d’exceptions qui tiennent compte de


facteurs sociaux, éducatifs et d’autres considérations d’intérêt public. Les traités
internationaux et la législation nationale permettent d’utiliser librement des fragments
d’une œuvre à certaines fins, comme le compte rendu d’actualité, ou l’utilisation de
citations en conformité avec des pratiques loyales, ou à titre d’illustration pour
l’enseignement.

Cette liberté d’utilisation peut varier selon les pays et il est souhaitable de se
référer à la législation nationale du pays en question afin de vérifier si cette
possibilité peut être exploitée.

Pourquoi protéger le droit d’auteur?

Le droit d’auteur contribue à la créativité humaine en apportant aux créateurs


un encouragement sous la forme d’une reconnaissance morale et d’une
rémunération équitable. Dans le cadre de ce système de droits, les créateurs ont la
certitude que leurs œuvres peuvent être diffusées sans crainte de copies non
autorisées ou de piratage. Ceci, à son tour, contribue à ce que le monde entier
jouisse d’un meilleur accès aux œuvres, à la culture, à la connaissance et aux loisirs.

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3.0 DROITS CONNEXES

Qu’entend-on par droits connexes?

Les droits connexes confèrent une protection aux personnes ou organisations


ci-après :

- les artistes interprètes ou exécutants (acteurs, musiciens, chanteurs,


danseurs, ou, de manière générale, les personnes qui interprètent ou
exécutent), pour leurs prestations;
- les producteurs d’enregistrements sonores (par exemple,
enregistrements sur cassette et disques compacts) pour leurs
enregistrements; et
- les organismes de radiodiffusion, pour leurs programmes radiodiffusés
et télévisés.

Ces droits sont aussi parfois appelés droits voisins.

Y a-t-il une distinction entre les droits connexes et le droit d’auteur?

Le droit d’auteur et les droits connexes protègent des personnes différentes. Le


droit d’auteur protège les auteurs d’œuvres. Par exemple, dans le cas d’une
chanson, le droit d’auteur protège le compositeur de la musique et l’auteur du texte.

Dans le même exemple, les droits connexes protègent :


- les musiciens et le chanteur qui interprètent la chanson,
- le producteur de l’enregistrement sonore (appelé également
phonogramme) dans lequel figure la chanson, et
- l’organisme qui diffuse un programme comportant la chanson.

Quels sont les droits conférés aux bénéficiaires de droits connexes?

Les législations nationales ne s’accordent pas en ce qui concerne l’étendue des


droits qui sont conférés aux artistes interprètes ou exécutants, aux producteurs
d’enregistrements sonores ou aux organismes de radiodiffusion.

Différents traités internationaux traitent de cette question, tels que la


Convention de Rome, l’Accord sur les ADPIC ainsi que le Traité de l’OMPI sur les
interprétations et exécutions et les phonogrammes (WPPT).

En règle générale, les artistes interprètes ou exécutants jouissent de droits


patrimoniaux qui leur permettent d’empêcher la fixation, la radiodiffusion et la
communication au public de leurs interprétations ou exécutions en direct. Certaines
lois nationales, ainsi que le Traité de l’OMPI sur les interprétations et exécutions et
les phonogrammes (WPPT), leur confèrent également des droits de reproduction, de
distribution et de location de leurs interprétations ou exécutions fixées dans des

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phonogrammes, ainsi que des droits moraux qui leur permettent d’empêcher
l’omission sans raison de leur nom ou de s’opposer à des modifications de leurs
prestations contenues dans un enregistrement sonore si ces modifications risquent
de nuire à leur réputation.

Les producteurs d’enregistrements sonores (appelés aussi phonogrammes)


jouissent principalement du droit d’autoriser ou d’interdire la reproduction et la
distribution de leurs enregistrements par des tiers.

En outre, le Traité de l’OMPI sur les interprétations et exécutions et les


phonogrammes (WPPT) garantit que les producteurs de phonogrammes, ainsi que
les artistes interprètes ou exécutants des œuvres qu’ils contiennent, bénéficient
d’une protection appropriée et efficace lorsque les enregistrements sont diffusés au
moyen de nouvelles techniques et de nouveaux systèmes de communication tels
que l’Internet.

Les organismes de radiodiffusion ont le droit d’autoriser ou d’interdire la


rediffusion, la fixation et la reproduction de leurs émissions.

Les droits connexes font l’objet des mêmes exceptions que le droit d’auteur, qui
permettent à n’importe qui d’utiliser librement les interprétations ou exécutions, les
enregistrements sonores ou les émissions à des fins spécifiques, telles que les
citations et le compte rendu d’actualité.

Pourquoi protéger les droits connexes?

Les artistes interprètes ou exécutants sont protégés en raison de leur


contribution novatrice. Les producteurs d’enregistrements sonores doivent être
protégés en raison de l’apport créatif et des ressources techniques et financières
dont ils ont besoin pour faire connaître l’enregistrement au public. De même, les
organismes de radiodiffusion ont un intérêt justifié à protéger des actes de piratage
leur savoir-faire technique et leurs compétences administratives dans les
programmes qu’ils émettent.

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4.0 MARQUES

Qu’est-ce qu’une marque?

Une marque est un signe utilisé pour indiquer que des produits ou services
sont produits ou fournis par une personne ou une entreprise donnée. La marque
contribue de ce fait à distinguer des produits ou services semblables produits ou
fournis par des entreprises différentes.

Ainsi, “DELL” est une marque qui distingue certains produits (ordinateurs et
matériel informatique) et “CITY BANK” une marque qui distingue certains services
(services bancaires et financiers).

Quels types de signes peuvent servir de marques?

La marque peut être un mot isolé (Kodak) ou une combinaison de mots (Coca-
Cola), une suite de lettres ou une abréviation (EMI, MGM, AOL, BMW, IBM), un ou
plusieurs chiffres (eau de Cologne 4711), un nom patronymique (Ford, Dior) ou
encore des initiales (YSL pour Yves Saint-Laurent). Elle peut consister en un dessin
(une coquille pour la société pétrolière Shell, un pingouin pour la maison d’édition
Penguin books/des chevrons pour Citroën) ou un signe tridimensionnel, tel que la
forme et l’emballage du produit (forme de la bouteille de Coca-Cola ou emballage de
la barre de chocolat Toblerone). Elle peut aussi consister en une combinaison de
couleurs ou une couleur donnée (ainsi, la couleur orange est associée à la
compagnie téléphonique ORANGE). Des signes non visuels tels que des sons ou
des parfums peuvent également constituer une marque.

Dans tous les cas, la marque doit présenter un caractère distinctif : elle doit
permettre de distinguer les produits ou services auxquels elle est associée. Un mot
équivalant à une simple description de la nature des produits ou services proposés
ne constitue pas nécessairement une marque acceptable. Ainsi, la marque Apple
(pomme en anglais) est valable s’il s’agit de désigner des ordinateurs mais non
lorsqu’il s’agit de désigner des pommes véritables. Cependant, il arrive qu’une
marque ne présentant pas a priori de caractère distinctif en acquière un à la longue,
c’est-à-dire qu’elle prend un “deuxième sens” du fait de l’usage prolongé et répandu
qui en est fait.

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Quels sont les types de marques existants?

Plusieurs catégories de marques viennent s’ajouter à celles qui indiquent


l’origine commerciale des produits ou services considérés.

La marque collective sert à distinguer les produits ou services produits ou


fournis par les membres d’une association. Les marques collectives sont utilisées
pour distinguer des services fournis par les membres d’une association (par exemple
“Laguiole Origine Garantie” pour les produits des membres de l’Association du
couteau de Laguiole/UAW pour les membres de l’Association United Auto Workers).

La marque de certification sert à distinguer les produits ou services


conformes à un ensemble de normes, et pour lesquels cette conformité a été
certifiée. Ainsi, le symbole Woolmark apposé sur un produit signifie que celui-ci est
en pure laine vierge et répond au cahier des charges défini par la société Woolmark.
Ce symbole est enregistré dans 140 pays et exploité sous licence par des fabricants
en mesure de satisfaire aux normes de qualité correspondantes dans 67 pays.

Quels sont les fonctions remplies par les marques?

Les marques jouent plusieurs rôles différents. Ainsi, elles

- aident les consommateurs à reconnaître et distinguer différents produits


ou services ;
- permettent aux sociétés d’établir une distinction entre leurs produits ;
- sont un instrument de commercialisation et un élément essentiel pour la
constitution de l’image de marque et de la réputation de la société ;
- peuvent faire l’objet de licences et constituer dès lors une source directe
de recettes grâce aux redevances ;
- sont un élément essentiel des actifs commerciaux ;
- encouragent les sociétés à investir en vue de maintenir ou d’accroître la
qualité des produits ;
- peuvent être utiles pour obtenir un financement.

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Comment protéger une marque?

Le moyen le plus répandu et le plus efficace d’assurer la protection d’une


marque est de l’enregistrer. La marque est un droit territorial, c’est-à-dire qu’elle
doit être enregistrée dans tous les pays dans lesquels sa protection est souhaitée. Il
convient de rappeler que, dans les pays où elle n’est pas protégée, la marque peut
être utilisée par des tiers en toute liberté. En outre, la protection de la marque ne
porte généralement que sur certains produits et services (sauf dans le cas d’une
marque notoire ou de haute renommée), ce qui revient à dire qu’une même marque
pourra être utilisée par plusieurs sociétés différentes pour autant que celles-ci
l’associent à des produits ou services qui ne sont pas semblables. Tous les pays ou
presque comptent un registre des marques tenu par l’office des marques compétent.

Cependant, l’enregistrement n’est pas la seule façon d’assurer la protection de


la marque. Les marques non enregistrées sont également protégées dans certains
pays, mais cette protection est moins fiable.

Quelle est la nature de la protection assurée par la marque?

Le propriétaire d’une marque jouit du droit exclusif

- d’utiliser la marque pour distinguer ses produits ou services;

- d’empêcher des tiers d’utiliser ou de commercialiser la même marque


ou une marque semblable pour des produits ou des services identiques ou
semblables;

- d’autoriser des tiers à utiliser la marque (par des accords de franchisage


ou de concession de licence) moyennant une contrepartie financière.

Comment une marque est-elle enregistrée?

Tout d’abord, une demande d’enregistrement doit être déposée auprès de


l’office national ou régional des marques compétent. Cette demande doit inclure une
reproduction ne prêtant pas à confusion du signe dont l’enregistrement est demandé,
avec indication, le cas échéant, de sa couleur, sa forme ou ses éléments
tridimensionnels. La demande doit aussi contenir une liste des produits ou services
auxquels le signe s’appliquera.

Pour pouvoir être protégé en tant que marque de produits, de services ou autre,
le signe doit répondre à certaines conditions, notamment :

- être distinctif, c’est-à-dire que les consommateurs doivent pouvoir le


reconnaître comme s’appliquant à un produit particulier et le distinguer
d’autres marques s’appliquant à d’autres produits;

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- ne pas être déceptif, c’est-à-dire qu’il ne doit pas être susceptible d’induire
les consommateurs en erreur quant à la nature ou à la qualité du produit;

- être contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs;

- ne pas être identique à une marque existante ou semblable au point


de prêter à confusion avec cette marque; pour que le respect de cette
condition soit garanti, l’office national doit avoir mené des activités de
recherche et d’examen ou une opposition doit avoir été formée par un tiers
revendiquant sur la marque des droits semblables ou identiques.

Pendant combien de temps la marque enregistrée est-elle protégée?

La durée de la protection varie (10 ans en général), mais l’enregistrement


peut être renouvelé indéfiniment sous réserve du paiement des taxes
correspondantes.

Quelle est l’étendue territoriale de la protection des marques?

Presque tous les pays enregistrent et protègent les marques. Chaque office
national ou régional tient un registre des marques, qui contient des renseignements
exhaustifs sur toutes les demandes d’enregistrement ou de renouvellement et facilite
ainsi les démarches de tiers souhaitant effectuer un examen, faire des recherches,
voire former une opposition. Les effets de l’enregistrement, cependant, sont limités
au seul pays considéré – ou, s’il s’agit d’un enregistrement régional, aux différents
pays considérés.

Pour supprimer la nécessité de procéder à un enregistrement séparé auprès de


chaque office national ou régional, l’OMPI administre un système d’enregistrement
international des marques. Ce système est régi par deux traités, l’Arrangement de
Madrid concernant l’enregistrement international des marques et le protocole y
relatif. Toute personne ayant un lien (nationalité, domicile ou établissement) avec un
pays partie à l’un ou l’autre ou aux deux traités peut, sur la base d’un enregistrement
effectué ou demandé auprès de l’office des marques de ce pays, obtenir un
enregistrement international produisant ses effets dans certains pays de l’Union de
Madrid ou dans l’ensemble de ces pays.

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Qu’est-ce qu’une marque notoire et comment est-elle protégée?

Les “marques notoires” sont des marques considérées comme telles par la
catégorie de la population intéressée dans le pays où la protection de la marque est
demandée. Ces marques bénéficient généralement d’une protection plus étendue
que les autres, à savoir :
- elles sont parfois protégées même en l’absence de tout enregistrement sur
le territoire considéré.
- elles peuvent être protégées contre des marques semblables au point de
prêter à confusion, même pour des produits ou services ne présentant
aucune similitude avec ceux auxquels elles s’appliquent, ce qui n’est
généralement pas le cas des autres marques, pour lesquelles cette
protection ne vaut que pour les produits identiques ou semblables.

Nous illustrerons cet aspect avec la marque Mercedes Benz. En règle


générale, la société qui possède une marque est protégée contre toute utilisation non
autorisée de cette dernière par des tiers pour ce qui touche aux produits pour
lesquels celle-ci a été enregistrée. Compte tenu du fait que Mercedes Benz est une
marque notoire, la protection vaudrait aussi dans ce cas pour des produits sans
rapport avec ceux auxquels elle s’applique. Ainsi, si une société décide d’associer la
marque Mercerdes Benz à d’autres produits, des sous-vêtements pour homme par
exemple, elle pourra en être empêchée.

Qu’entend-on par “nom de domaine” et quel est le rapport entre cette notion et celle
de marque?

Les noms de domaine sont des adresses Internet, qui sont généralement
utilisées pour rechercher des sites Web. Par exemple, le nom de domaine wipo.int
est utilisé pour localiser le site Web de l’OMPI à l’adresse http://www.wipo.int.
Certains noms de domaine sont constitués par une marque. Il arrive dans ce cas
qu’ils soient enregistrés de mauvaise foi par des personnes qui ne sont pas
propriétaires de la marque correspondante, une opération dénommée
“cybersquattage”.

Il convient de rappeler que bon nombre de législations ou tribunaux au niveau


national assimilent à une atteinte portée à la marque l’enregistrement, en tant que
nom de domaine, de la marque d’une société ou d’une personne physique, par un
tiers. Dans un tel cas de figure, la personne qui a choisi comme nom de domaine
une marque dont elle n’est pas propriétaire pourra être contrainte à transférer le nom
de domaine ou à y renoncer, voire condamnée à verser des dommages-intérêts ou à
payer une lourde amende.

Par ailleurs, si la marque de votre société est utilisée en tant que nom de
domaine par une autre personne ou société, vous avec les moyens d’agir pour
mettre un terme à cette utilisation abusive de vos droits. Vous pouvez notamment
recourir à la procédure administrative en ligne mise en place par l’OMPI pour le
règlement des litiges relatifs aux noms de domaine, à l’adresse
http://arbiter.wipo.int/domains/. Cette page Web comporte une formule type de

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plainte ainsi qu’un index juridique renvoyant aux milliers d’affaires relatives aux noms
de domaine déjà tranchées par l’OMPI.

Pourquoi protéger les marques?

La protection de la marque, par enregistrement ou par un autre moyen,


présente un intérêt majeur, qui peut être envisagé sous deux angles distincts. Tout
d’abord, la marque fournit aux chefs d’entreprises une voie de recours en cas de
pratiques déloyales de concurrents qui chercheraient à induire les consommateurs
en erreur en faisant passer les simples imitations, parfois de moindre qualité, qu’ils
leur vendent pour des biens ou services véritablement produits ou fournis par le
propriétaire légitime de la marque. Le propriétaire légitime pourrait de ce fait perdre
des clients potentiels et voir sa réputation ternie.

Sous un autre angle, il convient aussi de protéger les consommateurs des


pratiques commerciales déloyales, de nature à les induire en erreur, dont il est
question ci-dessus.

Un troisième argument, d’une actualité toujours plus pressante, vient s’ajouter


aux deux précédents. La marque est souvent le seul signe tangible des
investissements consentis pour constituer l’image de marque de la société. En cas
de vente ou de fusion d’entreprises, la question de l’évaluation de la marque prend
une grande importance. En effet, la valeur des sociétés peut dépendre dans une
large mesure de la valeur de leurs marques.

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5.0 LES INDICATIONS GÉOGRAPHIQUES

Qu’est-ce qu’une indication géographique?

Une indication géographique est un signe utilisé pour indiquer que des produits
ont une origine géographique précise et possèdent des qualités ou une notoriété
dues à ce lieu d’origine.

Les indications géographiques peuvent être utilisées pour une grande variété
de produits, agricoles notamment, tels que les fromages (voir le “Roquefort” produit
dans la région du même nom en France), l’huile d’olive (le terme “Toscane” désigne
ainsi l’huile d’olive produite dans une région italienne donnée) ou le thé (le
“Darjeeling” cultivé en Inde par exemple). Ces indications sont très souvent
associées à des vins et des alcools, comme c’est le cas du “Whisky écossais” produit
en Écosse.

L’utilisation d’indications géographiques n’est pas limitée aux produits agricoles


ou aux boissons alcoolisées. Ces indications peuvent aussi mettre en valeur les
qualités particulières d’un produit dues à certains facteurs humains caractéristiques
de l’endroit d’où il vient, tels que des techniques de fabrication ou des traditions
données. Le lieu d’origine peut être un village ou une ville, une région ou un pays.
Ainsi, le substantif “Suisse” ou l’adjectif “suisse” est considéré dans de nombreux
pays comme une indication géographique pour des produits fabriqués en Suisse,
notamment des montres.

Quelle est la différence entre une indication géographique et une marque?

Une marque est un signe utilisé par une entreprise pour distinguer ses produits
et ses services de ceux d’autres entreprises. Elle confère à son propriétaire le droit
d’empêcher des tiers d’utiliser la marque.

L’indication géographique permet au consommateur de savoir qu’un produit


provient de tel ou tel lieu et possède certaines caractéristiques dues à ce lieu de
production. Elle peut être utilisée par tous les producteurs exerçant leur activité dans
le lieu désigné par l’indication géographique et dont les produits possèdent des
qualités particulières. Ainsi, tous les fabricants horlogers suisses qui respectent les
normes officielles applicables à la production de montres suisses peuvent utiliser
l’indication “Suisse”, alors que la marque “ROLEX” appartient en exclusivité à la
manufacture horlogère du même nom.

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Comment une indication géographique est-elle protégée?

Les indications géographiques sont protégées à divers titres en vertu de la


législation nationale, notamment par :

- les lois relatives à la concurrence déloyale ;


- des lois relatives à la protection des consommateurs ;
- des lois relatives à la protection des marques de certification ou des
marques collectives ;
- des lois protégeant spécialement les indications géographiques ou les
appellations d’origine.

Il ressort essentiellement de ces textes que les personnes non autorisées


doivent s’abstenir d’utiliser des indications géographiques si elles risquent ce faisant
d’induire les consommateurs en erreur quant à l’origine véritable du produit.

Les sanctions applicables vont de l’ordonnance judiciaire visant à empêcher


toute utilisation non autorisée, au paiement de dommages-intérêts ou d’une amende
voire, dans les cas graves, à la peine d’emprisonnement.

Comment les indications géographiques sont-elles protégées au niveau


international?

Un certain nombre de traités administrés par l’OMPI visent à protéger les


indications géographiques; il s’agit en particulier de la Convention de Paris pour la
protection de la propriété industrielle, de 1883, et de l’Arrangement de Lisbonne
concernant la protection des appellations d’origine et leur enregistrement
international, de 1958.

Pourquoi protéger les indications géographiques?

Les indications géographiques donnent aux consommateurs des informations


sur l’origine et la qualité des produits. Bon nombre d’entre elles ont acquis une
grande renommée et pourraient faire l’objet, en l’absence d’une protection adéquate,
de fausses déclarations de la part de partenaires commerciaux malhonnêtes.
L’utilisation abusive des indications géographiques par des tiers non autorisés, par
exemple “Darjeeling” pour du thé qui n’a pas été cultivé dans les plantations de la
région de Darjiling, est préjudiciable aux consommateurs et aux producteurs
légitimes. En effet, les consommateurs sont incités à croire qu’ils achètent un produit
authentique présentant des qualités et des caractères précis alors qu’il s’agit d’une
imitation sans valeur. De leur côté, les producteurs subissent un préjudice parce
qu’ils perdent le bénéfice d’opérations commerciales lucratives et qu’il est porté
atteinte à la renommée de leurs produits.

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6.0 DESSINS ET MODELES INDUSTRIELS

Qu’est-ce qu’un dessin ou modèle industriel?

Un dessin ou modèle industriel est constitué par l’aspect ornemental ou


esthétique d’un objet. Il peut consister en éléments tridimensionnels, par exemple
la forme de l’objet, ou bidimensionnels, par exemple les motifs, les lignes ou la
couleur.

Les dessins et modèles industriels s’appliquent aux produits les plus divers de
l’industrie et de l’artisanat : instruments techniques et médicaux, montres, bijoux,
objets ménagers, appareils électriques, véhicules, structures architecturales, motifs
textiles, articles de loisir et autres articles de luxe.

En vertu de la plupart des législations nationales, pour bénéficier d’une


protection, un dessin ou modèle industriel ne doit pas être fonctionnel. Il est en effet,
par nature, essentiellement esthétique, et les caractéristiques techniques de l’objet
auquel il s’applique ne sont pas protégées.

Comment les dessins et modèles industriels peuvent-ils être protégés?

1 ) Dans la plupart des pays, le dessin ou modèle industriel doit être


enregistré afin d’être protégé par la loi.

En règle générale, pour être admis à l’enregistrement, le dessin ou modèle doit


être “nouveau” ou “original”. La définition de ces termes varie selon les pays, de
même que la procédure d’enregistrement elle-même. En général, l’exigence de la
“nouveauté” signifie qu’il ne faut pas qu’un dessin ou modèle identique ou très
semblable ait existé auparavant. Une fois le dessin ou modèle enregistré, un
certificat d’enregistrement est délivré.

2 ) Selon certaines lois nationales et en fonction du type de dessin ou de


modèle, celui-ci peut être aussi protégé par le droit d’auteur en tant qu’œuvre d’art,
auquel cas un enregistrement n’est pas nécessaire.

Dans certains pays, la protection en tant que dessin ou modèle industriel et la


protection par le droit d’auteur se cumulent. Dans d’autres pays, elles s’excluent
mutuellement : dès lors que le titulaire a choisi un type de protection, il ne peut plus
invoquer l’autre.

3 ) Dans certains pays, un dessin ou modèle industriel peut aussi être


protégé contre les imitations par le droit de la concurrence déloyale.

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Quel type de protection est conférée par l’enregistrement d’un dessin ou modèle
industriel?

Le propriétaire d’un dessin ou modèle industriel protégé a le droit d’empêcher


toute copie ou imitation non autorisée du dessin ou modèle, notamment celui
d’interdire à des tiers de fabriquer, de proposer, d’importer, d’exporter ou de vendre
tout produit dans lequel le dessin ou modèle est incorporé ou auquel il est appliqué.
Il peut également le concéder sous licence ou autoriser des tiers à utiliser le
dessin ou modèle à des conditions convenues d’un commun accord. Il peut aussi
vendre son droit sur le dessin ou modèle à un tiers.

Quelle est la durée de protection des dessins et modèles industriels?

La durée de la protection accordée en vertu de la législation relative aux


dessins et modèles industriels est en général de cinq ans, et peut être prolongée
plusieurs fois, pour une durée totale qui est de 15 ans dans la plupart des cas.

Existe-t-il des restrictions territoriales à la protection d’un dessin ou modèle


industriel?

En règle générale, la protection du dessin ou modèle industriel est limitée au


pays dans lequel elle a été accordée. L’Arrangement de La Haye concernant le
dépôt international des dessins et modèles industriels, qui est un traité administré par
l’OMPI, prévoit une procédure d’enregistrement international. Le déposant peut
effectuer un seul dépôt international auprès de l’OMPI. Le dessin ou modèle
industriel est alors protégé dans autant de pays parties que le déposant le souhaite.

Pourquoi protéger les dessins et modèles industriels?

Le dessin ou modèle industriel est ce qui donne à l’article son attrait et son
pouvoir de séduction : il ajoute donc à la valeur marchande du produit et en accroît le
potentiel commercial.

Protéger un dessin ou modèle industriel :

- contribue à assurer un retour mérité sur les sommes investies;


- renforce la compétitivité d’une entreprise en empêchant que le dessin ou
modèle ne soit copié ou imité par des concurrents;
- contribue à accroître la valeur commerciale d’une société, puisque des
dessins et modèles industriels reconnus sont des actifs commerciaux;
- encourage la créativité dans l’industrie, ainsi que dans les arts et
artisanats traditionnels.

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7.0 BREVETS

Qu’est-ce qu’un brevet?

Le brevet confère un droit exclusif sur une invention, qui peut être un produit ou
un procédé offrant une manière nouvelle et inventive de faire quelque chose ou
apportant une solution technique nouvelle ou inventive à un problème. Des brevets
ont notamment été délivrés pour l’éclairage électrique (Edison et Swan), le plastique
(Baekeland), le stylo à bille (Biro), les microprocesseurs (Intel, par exemple), le
téléphone (Bell) et le CD (Russell).

Comment protéger vos inventions?

Le moyen le plus courant et efficace de protéger une invention est d’obtenir un


brevet. Le brevet est délivré par l’office des brevets du pays dans lequel la
protection de l’invention est demandée. En contrepartie des droits de brevet,
l’inventeur doit divulguer intégralement les caractéristiques techniques de l’invention
dans la demande de brevet.

Une autre façon d’obtenir une protection est de garder les caractéristiques
techniques secrètes et de se référer à ce qui est communément dénommé “secrets
d’affaires”. La protection des secrets d’affaires permet d’empêcher des
renseignements de nature confidentielle d’être révélés de façon indue et utilisés par
des tiers non autorisés.

Comment le brevet est-il délivré?

La première démarche à faire pour obtenir un brevet consiste à déposer une


demande de brevet. Celle-ci contient généralement le titre de l’invention, l’indication
du domaine technique dont elle relève, ainsi qu’une description de l’invention,
rédigée de façon suffisamment claire pour qu’une personne ayant une connaissance
ordinaire du domaine dont il s’agit puisse évaluer l’invention et la réaliser. La
description est généralement accompagnée d’illustrations – dessins, plans ou
graphiques – permettant de faire mieux comprendre l’invention. La demande
contient aussi plusieurs “revendications”, c’est-à-dire des informations qui permettent
de définir l’étendue de la protection accordée par le brevet.

Pour faire valoir des droits sur un brevet, il est généralement nécessaire
d’intenter une action devant les tribunaux qui, dans la plupart des systèmes, ont
compétence pour faire cesser les atteintes au brevet. En revanche, les tribunaux
sont aussi habilités à invalider un brevet contesté par un tiers.

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Quels sont les droits conférés par un brevet?

Le titulaire d’un brevet peut, en principe, interdire à des tiers, sur le territoire
couvert par le brevet, de fabriquer, d’utiliser, de proposer à la vente, d’importer
ou de vendre l’invention sans son consentement.

En outre, il peut concéder l’invention sous licence ou permettre à des tiers de


l’utiliser à des conditions convenues d’un commun accord. Il peut aussi vendre son
droit sur l’invention à un tiers, qui devient à son tour titulaire du brevet.

Quel est la portée de la protection par brevet?

En règle générale, les brevets sont délivrés par les offices nationaux des
brevets. Dans ce cas, toutefois, les effets du brevet se limitent aux pays concernés.
Les brevets peuvent être également délivrés par des offices régionaux qui
desservent plusieurs pays, par exemple l’Office européen des brevets (OEB) ou
l’Organisation régionale africaine de la propriété industrielle (ARIPO). Dans le cadre
de ces systèmes régionaux, l’office régional des brevets accepte des demandes de
brevet régional, ou délivre des brevets régionaux, qui ont les mêmes effets que les
demandes déposées, ou les brevets délivrés, dans les États membres de la région.
Toutefois, l’application de ces brevets régionaux relève de la compétence de chaque
État membre.

Le Traité de coopération en matière de brevets (PCT) administré par l’OMPI


est un accord de coopération international dans le domaine des brevets. Il contribue
largement à la rationalisation et à la coopération s’agissant du dépôt, de la recherche
et de l’examen des demandes de brevet ainsi qu’à la diffusion de l’information
technique qu’elles contiennent. Le PCT ne délivre pas de “brevets internationaux” :
la tâche et la responsabilité de délivrer des brevets restent du ressort exclusif des
offices susmentionnés.

Pourquoi protéger des inventions par des brevets?

Les brevets ont une fonction d’encouragement, car ils offrent aux individus la
reconnaissance de leur créativité, ainsi qu’une récompense matérielle pour leurs
inventions commercialisables. Ils encouragent ainsi l’innovation, grâce à laquelle la
qualité de la vie humaine s’améliore constamment.

En outre, les titulaires de brevets sont tenus, en contrepartie de la protection de


leur brevet, de divulguer des renseignements sur leurs inventions. L’enrichissement
permanent du fonds de connaissances publiques encourage la créativité et
l’innovation chez les futurs chercheurs et innovateurs.

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08. OBTENTIONS VEGETALES

Pourquoi protéger les obtentions végétales?

La mise en place d’un système efficace de protection des obtentions végétales


vise à encourager le développement de nouvelles variétés végétales, dans l’intérêt
de la société. La création variétale nécessite un investissement important
(savoir-faire, main-d’œuvre, moyens financiers, temps, etc.). Accorder des droits
exclusifs aux obtenteurs permet d’encourager les activités d’amélioration des plantes
pour l’agriculture, l’horticulture et la sylviculture.

Comment les obtentions végétales peuvent-elles être protégées?

La Convention internationale pour la protection des obtentions végétales


(Convention UPOV) prévoit la protection des variétés végétales grâce à un “droit
d’obtenteur”, qui est une forme sui generis de droits de propriété intellectuelle
spécialement conçue à cette fin.

En vertu de l’Accord sur les ADPIC, les Membres de l’Organisation mondiale du


commerce (OMC) sont tenus de prévoir la protection des variétés végétales par des
brevets, par un système sui generis efficace (système spécial pour les variétés
végétales) ou par une combinaison de ces deux moyens (article 27.3.b)).

Dans quels cas les variétés végétales peuvent-elles être protégées?

Dans le cadre de la Convention UPOV, pour bénéficier d’une protection, la


variété végétale doit être :

a) nouvelle, c’est-à-dire qu’elle n’a pas fait l’objet d’une exploitation


commerciale pendant une période donnée avant le dépôt de la demande;

b) distincte, ce qui signifie qu’elle se distingue nettement de toute autre


variété dont l’existence est notoirement connue;

c) homogène, ce qui signifie que les plantes d’une variété doivent être
uniformes dans leurs caractères pertinents, sous réserve de la variation prévisible
compte tenu des particularités de la reproduction sexuée ou de la multiplication
végétative de la variété;

d) stable, ce qui signifie que les caractères pertinents d’une variété doivent
rester inchangés après une période de reproductions ou de multiplications
successives;

e) désignée par une dénomination appropriée, ce qui signifie qu’elle doit


avoir un nom qui la désigne.

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Quels sont les droits du titulaire de la protection?

En vertu de l’Acte de 1991 de la Convention UPOV, l’autorisation de l’obtenteur


est requise pour les actes suivants accomplis à l’égard du matériel de reproduction
ou de multiplication (la semence ou la plante ou la partie de plante utilisée pour la
reproduction ou la multiplication de la variété) :

- la production ou la reproduction;
- le conditionnement aux fins de la reproduction ou de la multiplication;
- l’offre à la vente;
- la vente ou toute autre forme de commercialisation;
- l’exportation;
- l’importation;
- la détention à l’une des fins mentionnées ci-dessus.

Si l’obtenteur n’a pas la possibilité d’exercer son droit sur le matériel de


reproduction ou de multiplication, et si la variété est reproduite sans autorisation, un
obtenteur peut exercer son droit sur le matériel issu de la récolte.

De quelle manière le système permet-il à l’obtenteur de récupérer son


investissement?

Lorsqu’il donne à des tiers souhaitant exploiter la variété son autorisation pour
les actes précédemment mentionnés, l’obtenteur peut, comme condition, exiger le
paiement d’une redevance. Ainsi, pour les agriculteurs qui achètent des semences,
ce droit serait compris dans le prix des semences.

Dans quelle mesure pouvez-vous utiliser une variété végétale protégée sans qu’il
soit nécessaire de demander une autorisation?

Il est à noter que l’autorisation du titulaire d’un droit d’obtenteur n’est pas
requise pour les actes suivants :

- actes accomplis à des fins non commerciales;


- actes accomplis à titre expérimental;
- actes accomplis aux fins de la création de nouvelles variétés.

Dans des limites raisonnables et sous réserve de la sauvegarde des intérêts


légitimes de l’obtenteur, les membres de l’UPOV peuvent, en vertu de la convention,
permettre aux agriculteurs d’utiliser à des fins de reproduction ou de multiplication le
produit de leur récolte (par exemple, conserver une partie des graines récoltées pour
l’utiliser comme semence pour la récolte suivante sur leur propre exploitation).

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Quelle est la durée du droit d’obtenteur?

La durée minimale définie dans l’Acte de 1991 est de :

- 25 ans pour les arbres et la vigne;


- 20 ans pour les autres végétaux.

Quelle est la portée de la protection des variétés végétales?

En règle générale, la protection est accordée au niveau national, dans chaque


État membre dans lequel l’obtenteur recherche une protection. Néanmoins, la
Convention internationale pour la protection des obtentions végétales
(Convention UPOV) prévoit une protection au niveau supranational, qui peut
permettre de réduire de manière significative le coût et les efforts nécessaires pour
obtenir une protection dans plusieurs pays. Par exemple, dans l’Union européenne,
l’Office communautaire des variétés végétales accorde un droit d’obtenteur valable
sur le territoire de tous ses États membres.

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9.0 CONCURRENCE DÉLOYALE

Qu’entend-on par concurrence déloyale?

On entend généralement par concurrence déloyale tout acte de concurrence


contraire aux usages honnêtes en matière industrielle ou commerciale.

Il n’est pas toujours facile de définir avec précision ce qu’est un usage


malhonnête. Les critères de loyauté ou d’honnêteté peuvent varier d’un pays à
l’autre et évoluer avec le temps. Il est par conséquent difficile d’essayer d’englober
tous les actes de concurrence déloyale dans une seule définition. En revanche, la
Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle stipule que les
actes et usages ci-après sont incompatibles avec la notion de concurrence loyale :

- les faits de nature à créer une confusion par n’importe quel moyen avec
l’établissement, les produits et l’actualité industrielle ou commerciale d’un
concurrent (par exemple, en utilisant une marque identique ou similaire à
une autre pour des produits de la même catégorie);

- les faits qui constituent des allégations fausses de nature à discréditer


l’établissement, les produits ou l’activité industrielle ou commerciale
d’un concurrent (par exemple, une entreprise qui s’attaque à un
concurrent en faisant des déclarations mensongères et inexactes à propos
des produits ou services dudit concurrent);

- les indications ou allégations dont l’usage, dans l’exercice du commerce,


est susceptible d’induire le public en erreur, par la promotion ou la
publicité, sur la nature, le procédé de fabrication, les caractéristiques,
l’aptitude à l’emploi ou la quantité des marchandises (par exemple, une
entreprise qui publie des déclarations mensongères et inexactes au sujet
de la qualité ou de la sécurité de ses propres produits);

La concurrence déloyale ne se limite pas aux trois catégories susmentionnées.


Il est largement admis que cette notion doit également s’appliquer :

à la divulgation ou à l’utilisation par des tiers de secrets ou


renseignements confidentiels sans le consentement du détenteur
légitime des renseignements, d’une manière contraire aux usages
commerciaux honnêtes (par exemple, les actes visant à s’approprier, par
l’espionnage industriel ou commercial, des informations secrètes détenues
par autrui telles que le procédé de fabrication d’un produit);

aux actes ou pratiques qui, dans l’exercice d’activités industrielles ou


commerciales, portent atteinte à l’image ou à la réputation de
l’entreprise d’un tiers, que ces actes créent ou non une confusion (par
exemple, l’utilisation d’une marque connue, par exemple Cadillac, par
quelqu’un d’autre que son propriétaire, pour des produits totalement
différents, comme des montres. Cela peut conduire à l’affaiblissement de
la marque notoire, c’est-à-dire l’affaiblissement de son caractère distinctif

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ou de sa valeur publicitaire. En outre, dans un tel cas, l’utilisateur
bénéficie indûment d’un avantage sur ses concurrents qui ne sont pas
propriétaires de la marque notoire, ce qui a toutes les chances de
favoriser la vente de son propre produit).

Quel est le lien entre la concurrence déloyale et les lois de propriété intellectuelle?

Dans de nombreux pays, les lois relatives à la concurrence déloyale complètent


les lois de propriété intellectuelle. À titre d’illustration, examinons la situation
suivante : une marque (A) a été utilisée en association avec certains produits. Si un
tiers utilise la même marque ou une autre marque similaire (B) pour la même
catégorie de produits d’une façon qui risque de créer une confusion avec (A),
l’utilisateur de la marque (A) pourra alors, à juste titre, porter plainte et intenter une
action en justice sur une base légale pour mettre un terme aux activités
préjudiciables. Deux cas de figures peuvent alors se présenter :

- si le propriétaire de la marque (A) a déposé sa marque au préalable, il


pourra intenter une action devant les tribunaux pour violation de la marque
ou atteinte à la marque;

- si le propriétaire de la marque (A) n’a pas encore déposé la marque, il


pourra intenter une action pour concurrence déloyale.

Cependant, les conditions préalables à l’engagement de l’une ou l’autre


procédure ne sont pas identiques. Il sera peut-être plus facile d’obtenir gain de
cause en intentant une action pour atteinte à une loi de propriété intellectuelle que
pour concurrence déloyale. Il est donc souhaitable d’enregistrer vos droits (sur les
marques, les dessins et modèles industriels, les indications géographiques, etc.)
chaque fois que la législation nationale ou les traités internationaux le permettent, au
lieu de compter uniquement sur la législation sur la concurrence déloyale pour mettre
un terme au comportement malhonnête d’un concurrent, qui risque de porter
préjudice à votre entreprise.

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10.0 APPLICATION DES DROITS DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
Atteinte aux droits de propriété intellectuelle

Une maison d’édition peut être titulaire d’un droit d’auteur sur un livre qui a été
reproduit et vendu, sans son consentement, à prix cassés.

Un producteur d’enregistrements sonores qui a investi des fonds importants


dans l’acquisition de talents et de compétences techniques en vue de produire un
disque, constate que des copies de ce disque sont vendues au rabais sur le marché
sans son autorisation, ce qui compromet son investissement.

Une entreprise peut avoir utilisé la marque d’un tiers pour des produits
similaires ou identiques de qualité inférieure, nuisant ainsi à la réputation du
propriétaire légitime et lui faisant subir un grave préjudice financier, sans parler du
risque sanitaire que le consommateur encourt.

Quelqu’un peut utiliser la dénomination géographique “Roquefort” pour du


fromage produit ailleurs que dans la région de Roquefort en France, induisant ainsi
en erreur les consommateurs et faisant perdre des affaires aux producteurs
légitimes.

Dans tous les cas susmentionnés, il y a eu atteinte aux droits de propriété


intellectuelle (à savoir, le droit d’auteur, les droits voisins, les marques, les indications
géographiques). Dans de tels cas, il est important de mettre en œuvre des
mécanismes d’application des droits pour protéger non seulement les intérêts
légitimes des titulaires des droits, mais aussi ceux du public.

Mesures d’application des droits

L’application des droits est un élément essentiel des lois de propriété


intellectuelle. Cela peut sembler banal, mais il est néanmoins tellement vrai
d’affirmer qu’une loi qui n’est pas appliquée ou mise en œuvre est comme un tigre
édenté. C’est la raison pour laquelle l’Accord sur les ADPIC et les législations
nationales prévoient diverses mesures destinées à garantir une application efficace
des droits. Elles consistent en différents éléments, à savoir :

• des mesures provisoires (perquisitions et saisies des produits suspectés de


contrefaçon et du matériel utilisé pour les fabriquer);

• des mesures correctives civiles (compensation monétaire et destruction des


articles contrefaits);

• des mesures ordonnées par la justice en vue de mettre un terme à l’atteinte aux
droits ou à l’empêcher;

• des sanctions pénales (amende et peine d’emprisonnement); et

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• des mesures aux frontières destinées à arrêter la mise en circulation d’articles
importés, présumées porter atteinte à des droits.

Si vous soupçonnez qu’il a été porté atteinte à vos droits de propriété intellectuelle, il
est souhaitable de demander l’aide d’un spécialiste (avocat ou organismes
spécialisés dans votre pays).

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11.0 QUESTIONS NOUVELLES EN MATIERE DE PROPRIETE
INTELLECTUELLE

La propriété intellectuelle joue un rôle important dans un nombre croissant de


domaines, allant de l’Internet aux soins de santé, ainsi que dans presque tous les
secteurs de la science et des techniques, de la littérature et des arts.
Les deux thèmes ci-après, la biotechnologie et les savoirs traditionnels, font
maintenant l’objet de débats approfondis au niveau international. Ils sont décrits de
manière succincte dans les paragraphes ci-après.

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11.1 BIOTECHNOLOGIE

Qu’entend-on par biotechnologie?

La biotechnologie est un domaine technique de plus en plus important dans


lequel les inventions influenceront peut-être notre avenir de manière significative,
particulièrement en ce qui concerne la médecine, l’alimentation, l’agriculture,
l’énergie et la protection de l’environnement. La science de la biotechnologie
s’intéresse aux organismes vivants (végétaux, animaux, semences et
micro-organismes) ainsi qu’au matériel biologique tel que les enzymes, les protéines
et les plasmides (qui sont utilisés en “génie génétique”).

Récemment, des scientifiques ont mis au point des procédés permettant de


modifier la composition génétique d’organismes vivants (génie génétique). Par
exemple, les micro-organismes modifiés créés par Chakrabarty (inventeur originaire
des États-Unis d’Amérique) ont été capables de décomposer les composantes du
pétrole à l’origine de la pollution dans les océans et les fleuves. La brevetabilité de
ces micro-organismes a fait l’objet d’un arrêt historique de la Cour suprême des
États-Unis qui a reconnu les micro-organismes modifiés comme objets brevetables.
La cour a fait observer que les lois de la nature, les phénomènes physiques et les
idées abstraites n’étaient pas brevetables. Cependant, l’invention revendiquée ne
portait pas sur un phénomène naturel existant, mais sur une nouvelle bactérie dotée
de caractéristiques sensiblement différentes de celles d’une quelconque bactérie
présente dans la nature. L’invention due à l’ingéniosité et aux efforts de l’inventeur
pouvait donc être brevetée.

La liste des industries utilisant la biotechnologie s’est allongée; y figurent


notamment les soins de santé, l’agriculture, la transformation des produits
alimentaires, la biorestauration, la sylviculture, les enzymes, les produits chimiques,
les produits cosmétiques, l’énergie, la papeterie, l’électronique, les textiles et les
industries extractives. Cette augmentation du nombre d’applications est le fruit
d’innovations qui ont débouché sur une activité et un développement économiques
notables.

Pourquoi protéger les inventions biotechnologiques?

Comme dans d’autres domaines techniques, il faut assurer la protection


juridique des inventions biotechnologiques. Ces inventions sont des créations de
l’esprit humain, tout comme d’autres inventions, et résultent généralement de travaux
de recherche fondamentale, d’un effort d’inventivité et d’un investissement dans des
laboratoires ultraperfectionnés. En règle générale, les entreprises qui ne
s’intéressent qu’à la recherche investissent si les résultats de leurs travaux
bénéficient d’une protection juridique. Comme pour d’autres inventions et industries,
la nécessité d’investir dans la recherche-développement débouche, de manière
évidente, sur la nécessité de protéger les inventions biotechnologiques. Cette
nécessité n’est pas seulement dans l’intérêt des inventeurs et de leurs employeurs,
mais aussi dans celui de la société, afin d’encourager le progrès technique.

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Grâce à des systèmes et politiques de propriété intellectuelle modernes et
souples, il a été possible de réaliser les investissements nécessaires à
l’établissement d’industries biologiques créant des biens corporels. Ces politiques
de propriété intellectuelle souples peuvent contribuer à la mise en place
d’environnements juridiques stables qui favorisent la création de partenariats entre
les secteurs public et privé, les investissements, et d’autres activités économiques
nécessaires pour diffuser les innovations biotechnologiques dans un plus grand
nombre de pays.

La brevetabilité des innovations biotechnologiques, tout comme l’utilisation de


certaines de ces innovations, ont fait l’objet de controverses. Cependant, les
responsables politiques de tous les pays ont pris soin de ne pas conférer de droit au
brevet à des choses présentes dans la nature ni à des phénomènes naturels. Par
exemple, une nouvelle espèce végétale découverte à l’état sauvage ne peut pas être
brevetée, à l’instar des lois de la nature. Dans chaque pays, il faut se référer aux lois
sur la brevetabilité des inventions biotechnologiques pour savoir s’il existe une
protection par brevet, et quelle est sa portée. Lors de l’examen de ces questions, il
faut également admettre qu’on se fonde généralement sur des régimes juridiques
autres que des systèmes de brevets pour tenir compte d’autres intérêts publics tels
que l’innocuité des produits sur le plan environnemental ou médical ou leur efficacité,
ou la lutte contre la concurrence déloyale à laquelle peut donner lieu la revendication
des droits attachés au brevet. La concordance entre ces nouvelles techniques et les
systèmes juridiques et réglementaires fait de la biotechnologie une composante
dynamique et évolutive du droit de la propriété intellectuelle.

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11.2 SAVOIRS TRADITIONNELS

Pourquoi les savoirs traditionnels ont-ils fait récemment l’objet de débats en relation
avec la propriété intellectuelle?

Les savoirs traditionnels – terme employé ici au sens large pour désigner des
innovations et créations fondées sur la tradition et résultant d’une activité
intellectuelle dans les domaines industriel, scientifique, littéraire ou artistique – sont
largement passés inaperçus dans les milieux de la propriété intellectuelle jusqu’à une
date relativement récente. Il est maintenant de plus en plus admis que la valeur
économique des actifs fondés sur les savoirs traditionnels pourrait être encore
améliorée par l’utilisation de la propriété intellectuelle. On craint également que le
système de la propriété intellectuelle n’ait pas suffisamment tenu compte du rôle joué
par les systèmes de savoirs traditionnels dans le développement humain, ni des
intérêts des détenteurs de ces savoirs.

Les détenteurs de savoirs traditionnels étudient les moyens de protéger leurs


intérêts dans le cadre du système de la propriété intellectuelle, en empêchant
l’appropriation illicite de leurs savoirs, de leurs œuvres culturelles et de leurs signes
et symboles distinctifs. Ils sont également nombreux à s’efforcer d’intégrer leurs
savoirs traditionnels et expressions culturelles dans le contexte du développement
économique et social durable en utilisant diverses méthodes qui se fondent sur la
propriété intellectuelle, notamment la législation sur les brevets, la législation sur les
marques, la législation relative au droit d’auteur et, lorsqu’elles existent, les lois dites
sui generis spécialement conçues pour protéger les savoirs traditionnels, les
expressions culturelles traditionnelles ou le folklore. Souvent, l’amélioration d’une
technique ancienne est à l’origine de nouvelles inventions extrêmement utiles, ou
l’adaptation d’une ancienne tradition artistique fait naître de nouvelles œuvres
novatrices.

Ces questions font l’objet de débats ciblés au sein du Comité


intergouvernemental de la propriété intellectuelle relative aux ressources génétiques,
aux savoirs traditionnels et au folklore de l’OMPI, qui progresse sensiblement dans
l’examen des rapports d’ordre théorique et pratique entre le système de la propriété
intellectuelle et les préoccupations et les besoins des détenteurs de savoirs
traditionnels et des dépositaires des cultures traditionnelles.

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Pourquoi existe-t-il un rapport entre les ressources génétiques et la propriété
intellectuelle et quel est ce rapport?

Les ressources génétiques (le matériel génétique ayant une valeur effective
ou potentielle, y compris des éléments constitutifs de la diversité biologique dans leur
cadre naturel, les cultivars et sélections variétales modernes ou anciennes utilisés
dans l’agriculture, et les souches génétiques spéciales) peuvent contribuer de
manière significative à la recherche et à la mise au point de nouveaux produits dans
un nombre croissant de secteurs techniques et industriels. Les modalités et
conditions d’accès aux ressources génétiques, l’exercice du consentement préalable
donné en connaissance de cause par les fournisseurs de ressources génétiques et
les arrangements correspondants relatifs au partage des avantages découlant de
l’utilisation et de la mise en valeur de ces ressources sont des questions
fondamentales.

Le droit international existant et un certain nombre de législations et


réglementations régionales, nationales et infranationales fixent le cadre de l’exercice
du consentement préalable donné en connaissance de cause et de la définition de
modalités et conditions d’accès aux ressources génétiques, en garantissant
notamment l’utilisation durable de ces ressources et le partage équitable des
avantages qui en découlent.

Parmi les principaux textes juridiques internationaux dans ce domaine figurent


la Convention sur la diversité biologique (CDB) et le Traité international sur les
ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture de l’Organisation des
Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Dans les accords portant sur
l’accès aux ressources génétiques et le partage des avantages, il peut être essentiel
de prévoir des dispositions relatives à la gestion de la propriété intellectuelle pour
s’assurer qu’elles permettront de retirer des avantages de l’accès aux ressources
génétiques et de répartir équitablement ces avantages, compte dûment tenu des
intérêts et préoccupations des fournisseurs des ressources.

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12. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS

Après avoir étudié ce guide d’introduction à la propriété intellectuelle, vous


connaissez maintenant les domaines fondamentaux de la propriété intellectuelle, les
droits accordés pour différentes catégories de propriété intellectuelle, et la valeur
commerciale des actifs de propriété intellectuelle. Vous comprenez également
maintenant le rôle que la propriété intellectuelle joue dans des domaines de plus en
plus nombreux, allant de la science et des techniques à la littérature et aux arts.

Maintenant que vous avez fini de lire le cours, nous vous demandons de
vérifier si vous avez bien compris le sujet. La section suivante comporte une série
de questions destinées à l’auto-évaluation portant sur chacun des domaines
abordés dans le guide d’introduction. Pour répondre aux questions, vous
souhaiterez peut-être consulter le matériel pédagogique et vous y référer. Il est
préférable de répondre aux questions par écrit (au lieu de simplement réfléchir à la
réponse) car cela vous permettra d’énoncer clairement vos idées sur les éléments
exigés. Après avoir répondu, vous pourrez comparer votre réponse avec la réponse
type fournie dans le cours et en évaluer l’exactitude.

Nous espérons que le cours DL-001 et ses exercices vous ont été utiles.
Ayant désormais une meilleure connaissance des multiples aspects de la propriété
intellectuelle, vous déciderez peut-être maintenant de poursuivre et de compléter
votre formation dans ce domaine, ce qu’une série de cours de formation à distance
dispensés par l’Académie mondiale de l’OMPI vous permettra de faire.

Lorsque vous examinerez la possibilité de vous inscrire à l’un de ces cours, il


sera important que vous connaissiez la principale différence pédagogique qui existe
entre ce guide d’introduction autodidactique et les cours DL ordinaires. Le guide
vous a permis d’étudier entièrement par vous-même, mais si vous vous inscrivez à
des cours DL ordinaires, vous bénéficierez du soutien d’un formateur tout au long de
la session à laquelle vous vous êtes inscrit. Les cours ordinaires d’enseignement à
distance mettent en fait étroitement en contact des enseignants spécialistes de la
propriété intellectuelle et des étudiants de toutes les régions du monde grâce à la
plateforme du programme d’enseignement à distance de l’Académie, à l’Internet et
aux communications par courrier électronique. Le soutien apporté par le formateur
sera pour vous une expérience particulièrement enrichissante et vous offrira la
souplesse nécessaire pour vous permettre de suivre les cours DL à votre propre
rythme, à l’endroit où vous vous trouvez.

Merci de noter qu’en vous inscrivant aux cours DL organisés dans le cadre du
programme d’enseignement à distance, vous vous engagez à participer activement
aux activités prescrites sous la supervision de votre formateur et à passer l’examen
final.

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QUESTIONS D’AUTO-EVALUATION

QAE 1.

Pour chacun des exemples suivants, indiquez le domaine du droit de la


propriété intellectuelle qu’il serait le plus souhaitable de protéger :

1) une société désire protéger un produit comportant une nouvelle formule chimique
(tétrafluoréthylène) qui, lorsqu’elle est utilisée dans la fabrication d’ustensiles de
cuisine, a la particularité d’empêcher que les aliments, en général, et les œufs, en
particulier, adhèrent à la poêle. La société veut s’assurer qu’elle est la seule à
utiliser la formule;

2) la même société souhaite commercialiser les poêles qui ont un revêtement en


tétrafluoréthylène sous un nom commercial susceptible d’attirer des clients potentiels
(il n’est pas facile, pour des consommateurs ordinaires, de se souvenir du nom
tétrafluoréthylène, et a fortiori de le prononcer). “Téfal” est le nom choisi et utilisé
pour désigner les poêles fabriquées grâce à la formule magique. La société veut
s’assurer qu’elle est la seule à utiliser le nom en rapport avec des ustensiles de
cuisine et des poêles ayant un revêtement en tétrafluoréthylène;

3) la même entreprise souhaite dynamiser les ventes de ses poêles non seulement
en utilisant la formule tétra…, mais aussi en leur donnant une forme plus attrayante,
plus esthétique et une nouvelle forme aérodynamique. Elle veut également s’assurer
qu’elle est la seule à utiliser la nouvelle apparence ou le nouveau “look” de ses
poêles;

4) la même entreprise souhaite faire une campagne agressive sur ses poêles à frire
uniques en leur genre et particulières (dont le revêtement a été élaboré grâce à la
formule magique, vendues sous le nom de “Téfal” et arborant de belles courbes)
aussi bien à la télévision au moyen de brèves séquences filmées de 20 secondes
qu’à la radio grâce à la diffusion de courtes chansons. Elle veut s’assurer que
personne n’utilisera la musique ou les paroles de la chanson, ni les petits films
réalisés pour la télévision.

Réponse :

1) Brevet
2) Marque de fabrique ou de commerce
3) Dessin ou modèle industriel
4) Droit d’auteur

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QAE 2.

Une personne a composé la musique et les paroles d’une chanson. Afin d’être
protégée contre des actes de piratage, doit-elle faire enregistrer ses droits sur
la chanson?

Réponse : non. Les œuvres en général, comme les chansons, sont protégées dans
la plupart des pays par la législation relative au droit d’auteur, du simple fait qu’elles
ont été créées. La protection ne dépend pas de l’accomplissement de formalités
comme l’enregistrement.

QAE 3.

Dans la liste ci-dessous, quelles sont les catégories de personnes protégées


par les droits connexes?

1) compositeurs de musique
2 chanteurs de chansons
3) producteurs d’enregistrements sonores
4) auteurs de pièces de théâtre
5) producteurs de films
6) acteurs (de cinéma et de théâtre)
7) organismes de radiodiffusion
8) danseurs de ballet

Réponse :

Les droits connexes s’appliquent aux :

- chanteurs, acteurs, danseurs de ballet, car ils sont tous artistes ou interprètes
- producteurs d’enregistrements sonores
- organismes de radiodiffusion.

Cependant, les compositeurs de musique, les auteurs de pièces de théâtre et les


producteurs de film sont protégés par le droit d’auteur.

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QAE 4.

Vous êtes propriétaire d’une société qui produit et vend des jus de fruit en
bouteille et en boîte. Vous avez l’intention de choisir l’appellation “Frutamine”
pour désigner vos produits

1) Pensez-vous que ce terme peut être utilisé comme marque?


2) Dans l’affirmative, que devez-vous faire pour le protéger?

Réponse :

1) Il y a de grandes chances que le terme “Frutamine” puisse être utilisé


comme marque. Il est composé d’une combinaison de mots qui permet de
penser que les fruits sont source de vitamines. Le terme ne décrit pas
clairement le produit (jus de fruit) et n’est pas trompeur (le fruit de jus est
effectivement riche en vitamines).

2) Il est important de déposer la marque auprès de votre office national des


marques pour obtenir sa protection dans votre pays.

En outre, si vous avez l’intention d’exporter votre produit et que vous voulez vous
assurer qu’il est protégé à l’étranger, vous devez également déposer votre marque
dans chacun des pays dans lesquels les produits seront distribués.

Rappelez-vous cependant que vous pouvez, au titre de l’Arrangement de Madrid


concernant l’enregistrement international des marques, obtenir un enregistrement
international dans un certain nombre de pays qui sont parties à cet arrangement, à
condition que le pays dont vous êtes ressortissant ou dans lequel vous êtes domicilié
ou avez un établissement soit également partie à cet arrangement.

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QAE 5.

Prière d’indiquer, pour chacune des appellations ci-après, quel est le système
approprié de protection disponible :

1) “DARJEELING” (thé récolté en Inde)


2) “SONY”
3) “CHAMPAGNE”
4) “ROLEX”
5) “IBM”
6) “TEQUILA” (boisson alcoolisée produite au Mexique)
7) “SWISS AIRLINES”

Réponse :

Le droit des marques s’applique aux appellations ci-après : SONY, IBM, ROLEX,
SWISS AIRLINES.

Les indications géographiques s’appliquent aux appellations suivantes :


DARJEELING, CHAMPAGNE, TEQUILA. Dans ces exemples, le nom indique qu’un
produit donné – thé, boisson alcoolisée – provient d’une région géographique
donnée et possède des qualités ou une réputation qui tiennent au lieu d’origine en
question.

Cependant, soyez conscient du fait que, dans certains pays, la protection des
indications géographiques peut être conférée en vertu de lois particulières élaborées
à cet effet (c’est-à-dire des lois qui protègent les indications géographiques en tant
que telles) ou d’autres branches du droit (comme les lois relatives à la protection
contre la concurrence déloyale, ou même le droit des marques, car les indications
géographiques peuvent être protégées par une marque de certification ou une
marque collective).

QAE 6.

Une société commercialise des téléphones au dessin “postmoderne,


révolutionnaire”.

Elle espère que, sur un marché fortement concurrentiel, les caractéristiques


ornementales de ces téléphones, qui sont différentes de tout ce qui a déjà
existé, l’aideront à attirer de nouveaux clients et à développer ses activités.

Ce dessin peut-il être protégé et comment?

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Réponse :

Le dessin, tel qu’il est décrit, semble être nouveau et original et il doit, à ce titre, être
protégé.

Cette protection peut être différente en fonction de la législation de votre pays.

Ce dessin peut être enregistré au titre de la loi sur les dessins et modèles industriels.

Il se peut également que, dans votre pays, ce dessin soit protégé au titre de la
législation sur le droit d’auteur (en vertu de laquelle l’enregistrement n’est pas une
condition de protection) ou à la fois de la législation sur les dessins et modèles
industriels et de la législation sur le droit d’auteur.

Si vous envisagez de vendre les téléphones à l’étranger, vous pourrez peut-être


obtenir l’enregistrement d’un dessin ou modèle industriel dans un certain nombre de
pays parties à l’Arrangement de La Haye concernant le dépôt international des
dessins et modèles industriels, à condition que vous soyez ressortissant d’un État ou
que votre société soit établie dans un État partie à cet arrangement.

QAE 7.

Einstein aurait-il pu faire breveter sa fameuse équation mathématique : E =


mc2?

Réponse :

Non. Les théories scientifiques ou les formules mathématiques ne peuvent pas être
brevetées.

QAE 8.

La société A a mis au point une nouvelle formule qui renforce le goût d’une
boisson qu’elle vend au public. La composition du mélange est gardée
secrète. La boisson connaît un succès considérable. Un concurrent (B)
aimerait connaître la formule. Afin de l’obtenir, B verse une forte somme
d’argent à l’un des salariés de la société A parfaitement au courant du
caractère confidentiel des informations qui lui ont été confiées par la société
qui l’emploie. La société A découvre le fait. Est-elle fondée à porter plainte
contre B pour son comportement et, dans l’affirmative, pour quel motif?

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Réponse :

La formule secrète mise au point par A peut être considérée comme secret
commercial. Dans le cas présent, le comportement de B peut être décrit, en vertu
des dispositions de la Convention de Paris pour la protection de la propriété
industrielle, comme un acte contraire aux usages honnêtes en matière industriel ou
commercial, et, par conséquent, comme un acte de concurrence déloyale.

Il est généralement admis que les actes visant à s’approprier des informations
secrètes ou confidentielles détenues par autrui (dans le cas présent, la formule
secrète du mélange mis au point par la société A) sans le consentement du
détenteur légitime de ces informations, sont contraires aux usages honnêtes et
doivent, par conséquent, être considérées comme des actes de concurrence
déloyale.

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