Você está na página 1de 15
CHAPITRE LES ORIGINES DE LA NATURE MORTE MODERNE Moyea Age cecidental ne remonta que lentement le chemin du natucalisme sur lequel !’Antiquité s’était avancée si loin, La peinture gothique, estentiellement religicuse, ne saura inte resser A Ia représentation des objets pour eus-mémes qu’ partir du moment of la vie terrestee et ses réalivés quotidiennes seront intégrées é la conception chrétienne de Punivers. Un jour saint Erangois d’Assise parlera aux oiseaux et chantera les fers. Il montreta, comme éclainées du rayon de la grice, toute: les choses humbles de Pexistence. Au xrv° sitcle, les mystiques Allemands, Eckhardt et Suso, déclareroat que Dieu est immanent 4 tout ce gui est eréé ct s’émerveilleront de ia beauté du monde. Dés loss, les choses inanimées serone digaes de Pamour du cheétien ot de Peffort de Pactiste. ewe aouvelle vue ds Pesprit trouve, par le génie de Giotto, une expression picrurale Pune force exceptionnelle, Dans les insétieurs 08 se situent ses scénes religienses apparaissent des objets familiers: un coffee, un souet (ig, x), Pourla premitre fois depuis mille ans ce nc sont pas des fortes schématisées et allu- sives qui dennent de ldéogramme ou de V'artcibut symbolique, selon la tradition byzantine. Ilsservent, bien entendu, & mieux caractériser une setne; ils évoquent par exemple la candide austérité domestique de la Bisse matrone sante Anne & qui un ange annonce la naisince de Marie. Mais les moyens que le peintre met ea osavre pour que Ja présence de ces objets acquitxe pour nows une signification spirituelle sont d'un séalisme surprenant et dépassent de cent couclées tout ce qu’a jamais produit [art byzantin le plus curieax de la vie, celui des miniaturistes de Constantinople du san sigele, gui cvltivent des debris da ‘ataralisme hellénistique (*), e Giotto send le soulflt of le coffie dans leur forme exicte et Jeur plein relief, et c'est leut véridique densité, leurs comps palpables qui respirent Patmosphare du foyer domestique. Ces objets ont le pouvoir évocation de cobres accessoires de theatre; on 2 montré que les dispositifs scéniques des mystéres se refletent Cans les architectures de Giotto et dans la maniére docr il figate Pespace; a’auraitil pas également emprunté a la ectne ‘usage dobjets familiers qui, a Pintévicur des maisons,localistient les épisodes bibliques ? 16 Giotto serute le monde avee intensité et sien ne Ini parait indigne de Vincéxée pictaral. Aussi dans la chapels Serovege’ 4 Pecloue metal en valeur les choses inaaimées. Au-destns de Is Ubie des Nooes +e CesT pace sur la comiche dan dais architecroral une grande aiguere, ct i Pisok: i on foad uni. de Gant A Dae oe ce représenter, dans deux compartiments de cette décoration, qu'une youte Jon Pepe at premier pla, un grand lusze on fer forge. Depais Antique le peltuaue ra jumais dooné & un, ao ere dtimportinces Poattart, jest cureus de Te remerquer, Péerasanre majonté des isonet ole tic ee analyse a Aéeoration de I chapellede Padoue aont guore aeordé Patention £6 ory on et sir temps is en omettent mime [a mention comme sila nouveauté du Sut es BCA eet Parte Giotto simio Phomme au centee de lanivers rege duns es esprit ek Atosns ust Ee ae eps PAnriguite, chaque nouvelle déiation, en peinture, dela place de homme dans Funivers te saccompagmalt pis de la déconverte simultanée de tout ¢= qui Peatoare Si personne! ot si puissant que fi le genie de Giotto, il x’cait pas le seul A expres Petninn rowells paises par Pare anc divers axpects de Ta céalits: Son contemporain Duco cusped sr dep Fou He nny servites pont que les apatres, dont e Christ ave les pied, alent de ques sess, erilnfoublie deere dales quilysientent de quitcr, Ke Sienaoit tent bien plus que Giotto de fa taal, byrantine pas les sandales q'fiis une boone part de ia souplesse hellénistique qui y Eis, pendant des sles, este Maas eerie Il agnote pourtant, comme Giotto, indication des ombres portécs qui chet les were azxizngrnen Ie obs fae woltplie pas les choses inaniméea; mais il Regoe 4 Mécole siennoise le godt fe Caemosphere famiiéxe qui done 4 Pépisode scligienx Tallute dune shoe de geare ott Pobjet compte de plus en plas. TDésormals le regard da peintre sastarde aux choses, ct lee suocesseurs immédiats de Gioto. 08 déccloppant In sugmestioa contenve dans les dewx Veites ax Laie dee chapelle Scrovegtts aerivent & te a oe es mortes, Cest--dite des peintures qui ae repeérentent quvune reunion Cobjes. Ck sg passe avant 15go. Ceste constaation seneaionnelle vient dl etre face par Chatles de Tolnay, un des Kistoriens d'act les plus pénétrants et les plus féconds de notre temps Tin préseatant P’Expasition dela Netare Mowe POsangeric fai essays de contigs 1 sequel Lem eee a ic aude les premieres narores morte mademes an xvi sigele ct anNord des lpes der aaa des miniaturgies et des pelates famancs, Pt souligné alors que est ay comets Wate shen wouve des fe mileu du Quateocento, dans ure wecanige traitement te a peintnre vere ar iqueterie de bois, issue de la mosalqae antique — de vércables tableau ds havirs FE Pai sete question de our rapport possible avec la décoration mura ani, On avant ie Pexpositien ost question I eee, Cori de Tolnay atticait Peteation sur deux natures mortes pei 3 Hesgue par Tadeo Gadi cn 1337 01 1538 G8). Lene resserablance avec ls Icorations de Fosipe @Hercvlanum ae ep echappat pas. Cette abonder dans mon sens, Les débuts de la nature morce sont Sesonnes § ecoler rerets debs siele mais de dew ct dor, ls se stuent iadubieablemen: en Hele ct Ie tentative de leur Foner tne filation antique regoit une impalsion noavelle. ‘Ea fle dans la chapels Baroncelli § Santa Croce de Florence, Gaddi a fgaré en trompet ail deux niches Sifisées chacane par un rayon horizontal et contenant des ebjets d'usige Hinraigae * Pa sete, vase de partis, cruches de vin, dans Pune ; chandelier, dans un bassin 9 It ‘de pritres daa’ atinc, vase de partum FTomplacent des niches vértables destinges i recevoir des objets ca cults, tes uvonen voit assez souvent dans les chapelles godhiques ("Giotto pelt Yess 14%, dans la méme église, wot es fetaques de la chapel Peruza, Sa rineataios de aint Joan Bape fone Bar da temple Pac es Fed ctotde de deus niches contenant chacone uae crache, Ce ne sont li que des acesiot Pune compertion saligieuse mais, 2 la lumiie de la découverte de Tolnay, #| nest pis ‘improbable que aa at ees decorates independantes comme il a congu Jes compartments aux vostes ot ain lustres, 4 Padous. Ter niches de Gadd ne sont qu’un prolongement du systéme de décoration en trompelaal que vépise chttienne hécita saas doute del Antiquied es mosaiques byzantine, du Dapyistis des Orthodoxes, Véglise chrétienne bisit iicher en trompe-Farl contenant chacane wn antel sur lequel est pase Ie Hest a Ravens oars ‘Tes egies romanes ct gothiques étaient couvertes d'une polychromic Sgossny overt des Etta, Mes “Ges movlutations srchitectorles, des draperies suspendioes. La pratique des 17 ‘ombres peopres et des ombres portécs y était courante, bien que souvent Jes décorateurs, qui se servaient de formules, ae comprenaient gu'a demi Pexacte valeue plastique de ces éléments de modelé. Cette longue tradton expligue Talsanee aver laguelc Glos manic Tos ombs ports de sex architectures et de ses nculuces, alors qu'il ignore celles des figures et des objets. Les niches, dans la chapelle Peruzzi, wont élaixées avec une stricte fogique mais les ctuches qu’elles contiennent ne projettent pas d’ombres. Le fait que les niches de Gadi sont remplies dobjers familiers alignés sur deux niveaux saperposés reporoche singulleement ces pentares des nares moses antiques (6B 40 t £0) ‘De plus, et cela est Erplal, Tolnay y note des ombres postées par les objets (). Aussi acrive-tal & remarquer que: ¢ leur Sele illusionniste n'est peut-étre pas complétement exempt de réminiscences des aatares mortes antiques, Salles objets sont aussi disposés souvent en deux étages »./Ajoutons que Vidée de peindre une nature morte Zia place de celle qu'on ponvait voir dans la réalité, correspond tout a fait & a pratique de Pantiquié, et Voila posce séricusement la questioa : cette analogie est-elle effet une influence antique o2 le sésultat Gane concordance entre Je naturalisme giottesque ct le réalisme illusionniste hellénistique ? ‘Lthistorien se heurte sans cesse au probleme des analogies & tezvers les ages et les lieux, et de la manitre dont il Penvisage dépend la veritable valeur de sa reconstruction du passé, Depais quelque temps, Suitout peut-dtre dopuis les remazques de Burckhardt et de Dvorak, on se rend compte que la profonde signification historique d'une influence nest pas dans le faic de Pomprunt, sais bien dans Valfinite Wesprit entre celal qui excree une influence et celui qui la rego. [lest clair qu'il est impossible d’utliser valablement tone leson sans qu’elle corresponde & un besoin cofscient ou inconscient. On. re peat cubir une influence © sl Pon est deja engage dane des recherches paralléles. C’est un fait psychiologique fondamental et pourtane It plapart des historiens agissent comme s'ils Vignocaient ou se contentent de le noter en passant. Tis nen déduisent pas use aouvelle méthode CVinvestigation historique, lis n’élargissent pas leur analyse du mea rnisme des influences. lls a’cn.tirent pas la conclusion primotdiale, & savoir que les influences ne sont que des eyonptOmes d'un Stat esprit qui est, Ini, la senle réalité vitale digne de tout qovce intéxét, caril représente les aspirations tacoanantes, les intentions exéatrices de ceux qui se hissent influencer. Trop souvent on se Borne 4 défnie un art par la simple constatation des inffuences qu'on y surprend, et on laisse ainsi échapper Texplication de Pessence mnéuie de cct att. Pourtant quel horizon «ouvre destitze ia facade des emprunts ! Tate, ya pls de ving ans, une tentative appliques ce point deus, en gue de methods histo- Figue, Aun domaine encore peu families aux dudes @art comparatives (1). On pent en effet souligner des similitudes entce la peinture de paysage de le Chine et celle de Europe du 2rv* au 218 sitele. Oa peut clever des emprants dé motifo opécifiques frts par les peintres européens & des e@avies d’extréme-otient et montrer que des peintures chinoises étaient connves alors en Europe, Mais les nuages en forme de dlagons, les montagncs suspenducs on air ot autres motifs chinois que Von sueprend cn les paysaaes enropéens du sve et du xvr sitcle ne sont pas de simples curiosites historiqaes (7). Car il convient de Sapercevoir qu'une vaste analogie lie les paysages des deme grandes civilisations et que les emprunts eux memes ne somit que des accidents sporadiques et superficiels. Sls ont pu se produire, Cest qu'd lépoque de Phumanisme la conception du monde en Rurope s'est rapprochée de celle de Ia Chine et a suscité abord des solutions picturales paralities, puis a ouvect les yeux oocidentaux sur les ewvres de cer txt leintain, Les empruots directs a ces ceuvees révblent Paboutissement logigne d'une attitude desprit qui a vu dans la narure un spectacle hautement intellecruc] et philosophique, comparable & ln conception chinoise et qui a's été balayée que parle sensvel naturalism baroque du xva0 siete, Des considerations Sembiabies mont amené A largir le probltme des influences espegnoles dans Ja peinture frangzise da temps de Louis XM (1). Par deli ces influences il fant observer une analogie générale entre les deux écoles. Elle Stapliqee par aie paonté spstle ql conduit ls Espagnol les Frangsis 4 réagit d'une manitre parillle aux lecons de Mtalie caravagesque du début du xvnt sitcke. Cela seulement 2 permis quelques Emprints directs qui, historiquement parlant, ae comptent gubte par cux-mémes En somme, chaque fois que Phistorien se croit devant une alternative de Vinfinence ou de la concor dance, le probleme n'est qu'appareat : il ne peut pas y avoir de Pune sans Pautre, car toates dew elles wienaént Pane afinité Pesprit et Cert elle qu'il importe de dévoiler lorsqu’elle est signalée par une influence. Le rapport entre les artistes. de Ia Renaissance et I'Antiquité est depuis longtemps envisagé de cc point de yuc, Les travaaz de Barclhardt, de Wolflin, de Warburg et de ses fervents continuateurs, les Etudes sécentes d’Amold von Salis tendent souligner la discrimination dont les Ttaliens da xrv® au 18

Você também pode gostar