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FRANCÊS - Ciências Humanas, Ciências Sociais Aplicadas, Linguística, Letras e Artes.

EDITAL 01/2018 - JUN

TEXTO

QU'EST-CE QUE LE CAPITALISME ?


Xavier de la Vega

Les travaux d’histoire globale ont remis sur le tapis la question des origines du capitalisme en
montrant que nombre de ses ingrédients constitutifs peuvent être repérés bien avant le XVIe siècle,
tant en Europe qu’en Asie, qu’il s’agisse de l’existence de marchés développés, du système de crédit, de
contrats salariaux, de l’impérialisme… Ce courant de recherche prolonge en ce sens la vision de
Fernand Braudel, pour lequel le capitalisme se définit comme un ensemble de pratiques présentes
dans de multiples sociétés, à de multiples époques. D’une manière qui semble contre-intuitive
aujourd’hui, tant on a pris l’habitude, bien à tort, d’assimiler le capitalisme à l’économie de marché,
l’historien français définit le premier en l’opposant à la seconde. Alors que l’économie de marché
renvoie à des échanges de proximité intervenant dans des marchés réglementés et transparents,
comme ceux des foires de Champagne au Moyen Âge, pour Braudel, le capitalisme consiste à
contourner les règles de la concurrence pour dégager des profits exceptionnels. Le capitalisme est
alors la recherche de positions de monopole, obtenues notamment en allongeant le circuit commercial
jusqu’à le rendre opaque. Il trouve ainsi sa meilleure incarnation dans le commerce au long cours,
pratiqué tout autant par les marchands vénitiens que par les diasporas juives, arabes ou indiennes qui,
dès le Ier millénaire, font transiter des marchandises de la Méditerranée à l’océan Indien, de la mer
Noire à la Chine.

Comme l’observe l’historienne Ellen Meiksins Wood, cette vision présente néanmoins le risque
de « naturaliser le capitalisme », et finalement de considérer que, puisqu’il est présent depuis la nuit
des temps, il représente l’horizon indépassable des sociétés humaines. Elle risque aussi de faire perdre
de vue la singularité d’un système économique dont l’émergence a bouleversé l’histoire de l’humanité.
C’est sur cette singularité qu’insistaient autant Karl Marx, Max Weber ou Karl Polanyi. À leurs yeux, un
mode d’organisation économique entièrement inédit était né en Europe, quelque part entre le XVIe et
le XIXe siècle. Comme le montre bien Philippe Norel, le meilleur usage de l’histoire globale consiste à
expliquer comment un tel système a pu voir le jour en Europe et éventuellement pourquoi seulement
sur le Vieux Continent.

La quête rationnelle du profit


Raison de plus pour rappeler en quoi consiste la spécificité du capitalisme. Marx identifie sans
hésitation la rupture fondatrice de son avènement : il la trouve dans la formation d’un prolétariat
obligé de vendre sa force de travail pour subvenir à ses besoins. Dès cet instant, les entreprises
capitalistes peuvent prospérer. Possédant le contrôle des moyens de production (les équipements
acquis, les terres louées aux propriétaires terriens), elles sont en mesure d’« exploiter » les

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travailleurs, c’est-à-dire de s’approprier une partie de la valeur qu’ils produisent (la plus-value). Elles
peuvent également organiser le travail à leur guise afin d’en tirer le meilleur profit. Pour Marx, elles
n’ont d’ailleurs guère le choix, et c’est là à ses yeux le second trait distinctif du capitalisme : se livrant
une concurrence sans relâche, elles doivent sans cesse accroître les rendements pour avoir une chance
de survie.

La vision wéberienne n’est au fond pas très éloignée de celle de Marx. Pour Weber, le capitalisme est le
premier système économique entièrement organisé autour de la quête rationnelle du profit. Si l’appât
du gain est une affaire ancienne, elle ne devient le principe d’organisation de la société que si certaines
conditions sont réunies, parmi lesquelles Weber, comme Marx, place l’appropriation des moyens de
production par des entreprises privées, ainsi que l’existence de travailleurs prêts à l’embauche et le
développement de marchés libres. Mais il insiste aussi sur la nécessité d’institutions préalables au
déploiement de cette rationalité singulière, telle que l’existence d’un système de comptabilité (sans
laquelle aucun calcul de rentabilité n’est possible), ou celui d’un droit rationnel (indispensable pour
garantir la propriété privée et trancher les différents commerciaux). Cet ordre social singulier est enfin
fondé sur des valeurs : Weber disserte sur les origines protestantes de l’« esprit du capitalisme », cet
ensemble de maximes à connotation éthique qui modèlent selon lui les comportements d’épargne et
de dur labeur.

L’économiste hongrois Karl Polanyi complète la définition en insistant, comme le faisait déjà Marx, sur
une prégnance inédite de l’échange marchand. Cela signifie que tant la satisfaction des besoins
élémentaires que l’acquisition des objets qui peuplent le quotidien des hommes impliquent une
transaction. Cela signifie aussi que le travail et la terre sont transformés en marchandises, de sorte que
la vie humaine et la nature sont désormais régies par les conditions du marché. C’est ce que Polanyi
appelle la « marchandisation » de la société. Alors que toutes les sociétés antérieures avaient veillé à
contenir cette logique, selon l’économiste hongrois, le propre du capitalisme est de lui donner libre
cours, et même de la pousser toujours plus loin, au risque de mettre la société en péril.

Pour nos trois auteurs, donc, seule l’Europe s’est engagée dans la voie capitaliste de développement.
Polanyi y voit une impasse. À ses yeux, la société ne pouvait que réagir à ce processus de
marchandisation en tentant de contenir sévèrement la sphère de l’échange marchand : il voyait dans
l’émergence des États providence et de leurs mécanismes redistributifs les signes d’une « grande
transformation ». Marx et Weber considèrent au contraire, chacun à sa manière, que le capitalisme
engage l’humanité sur la voie d’un mouvement irréversible de changement social. Marx voyait ainsi
d’un bon œil l’aventure coloniale européenne, qui emporterait l’ensemble de la planète sur une voie de
développement certes profondément inégalitaire, mais qui jetterait les bases de l’avènement du
socialisme. Weber a quant à lui ouvert une longue lignée de travaux qui inscrivent le capitalisme au

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sein d’un mouvement séculaire de modernisation des sociétés, tradition à laquelle on peut rattacher
autant l’œuvre de Joseph Schumpeter que les travaux de Walt Whitman Rostow. En énonçant ses
« stades de la croissance économique », ce dernier considérait les transformations survenues en
Europe comme la voie naturelle du développement économique. Ses phases de « démarrage »
(diffusion de l’esprit scientifique, premiers entrepreneurs), « décollage » (révolution industrielle) et
« maturité » (deuxième révolution industrielle, développement de la consommation de masse) étaient
tout simplement calquées sur l’expérience européenne. Bref, l’avènement du capitalisme, tel qu’il s’est
déroulé en Europe, est le passage obligé de la modernisation économique pour l’ensemble de la
planète.

Ne négligeons pas l’histoire de la Chine !


C’est là une conviction que les recherches en histoire globale ont considérablement relativisée. Elles
ont solidement établi que les autres régions du monde n’ont pas attendu les lumières européennes. La
Chine a ainsi connu sous la dynastie des Song une phase de modernisation économique (il n’y a pas
d’autres mots) tout à fait remarquable, fondée sur l’essor du marché intérieur et l’avènement
d’innovations technologiques de premier ordre (des techniques agricoles à la navigation au long cours,
en passant par la machine à filer). L’historien américain Kenneth Pomeranz a par ailleurs établi que la
région chinoise du delta du Yantzé possédait jusqu’à 1820 des niveaux de productivité du travail et de
consommation équivalents ou supérieurs à ceux de l’Angleterre. Il est donc erroné d’identifier
capitalisme occidental et modernisation économique. De même qu’il est trompeur de considérer la
« réémergence » contemporaine de l’Asie comme le fruit de sa conversion au capitalisme occidental,
même si le déploiement planétaire de ce dernier y a contribué. L’histoire globale a ainsi mis au jour
l’existence d’une autre voie de modernisation économique, qui ne se réduit pas à celle suivie par
l’Occident.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Adam Smith, le grand économiste écossais, est peut-être le
premier historien global. Dès la fin du XVIIIe siècle, il s’attachait à comprendre les trajectoires
respectives de l’Europe et de la Chine. Smith voyait dans la voie chinoise le « cours naturel » de la
richesse des nations, fondé sur l’essor du marché intérieur. Partant des progrès de l’agriculture, le
pays avait progressivement développé des activités industrielles, jouant à plein sur le cercle vertueux
de la spécialisation et de l’amélioration des techniques. Smith constatait que l’Europe avait procédé à
l’inverse. Depuis les premières cités-États italiennes jusqu’à l’apogée des Provinces unies hollandaises,
le Vieux Continent avait fondé son essor économique sur la capture de marchés extérieurs – l’Empire
britannique se préparait déjà à prendre le relais.

Pourquoi l’Europe s’est-elle engagée dans une telle voie ? L’analyse de Braudel constitue sur ce point
un jalon important lorsqu’il insiste sur une singularité de l’Europe : la facilité avec laquelle les

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pratiques capitalistes ont pu s’épanouir, alors qu’elles se sont heurtées ailleurs à l’opposition du
pouvoir politique. C’est en croisant les analyses de Smith et de Braudel que des historiens
contemporains comme Giovanni Arrighi, Beverly Silver ou Eric Mielants s’attachent à préciser les
contours de cette « voie occidentale » – la « voie capitaliste ». Celle-ci s’appuierait en définitive sur la
proximité, la complémentarité même, entre les élites économiques et le pouvoir politique. Alors que la
Chine a toujours tenu ses capitalistes à distance, les États occidentaux ont généralement prêté main-
forte aux velléités conquérantes de leurs élites marchandes, puis industrielles. Ce cocktail
d’expansionnisme et de militarisme constituerait en définitive la spécificité de la voie de
développement occidentale.

La voie occidentale
Une telle analyse est contestée par tous ceux qui relativisent le rôle joué par les conquêtes de
territoires et de marchés extérieurs dans l’expansion du capitalisme. Ceux-là n’entendent pas
(toujours) justifier l’aventure coloniale. Ils considèrent en revanche que les capitalismes européens
n’en avaient pas besoin pour fonder leur essor – une affirmation qui fait évidemment l’objet de débats.
Ce diagnostic s’applique en particulier à l’après-guerre, lorsque la progression des rémunérations
ouvrières a assuré des débouchés intérieurs aux grandes entreprises fordistes.
Il n’est cependant pas interdit de retenir une intuition stimulante, suggérée tant par la pensée
smithienne que par les apports de l’histoire globale. Comme le pensait Braudel, le capitalisme n’est pas
réductible à l’économie de marché. C’est plutôt un agencement singulier du marché et des pouvoirs
économique et politique, un agencement parmi d’autres possibles.

Fonte : Xavier de la Vega. « Qu’est-ce que le capitalisme ». Revue Sciences Humaines : dossier especial « La grande histoire du
capitalisme », hors-série n° 11, Maio-Junho 2010. Acesso em 24 de maio de 2018. URL :
https://www.scienceshumaines.com/qu-est-ce-que-le-capitalisme_fr_25417.html

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QUESTÕES

1) Explicite a concepção de capitalismo segundo Braudel e explique por que ela se distancia do
modo intuitivo como se compreende a noção.

2) Sobre a visão de Weber acerca do capitalismo, assinale a alternativa incorreta:

(A) No fundo, ela se distancia muito da visão de Marx.


(B) A atração pelo ganho é um negócio antigo, anterior mesmo ao capitalismo.
(C) O capitalismo é o primeiro sistema econômico inteiramente organizado em torno da busca racional do
lucro.
(D) Certas condições tiveram que ser reunidas para que o negócio se tornasse o princípio de organização
da sociedade.

3) Qual é o risco apontado pela historiadora Ellen Wood com relação à visão de capitalismo em
Braudel?

4) Segundo Weber, são condições necessárias para o estabelecimento do capitalismo, exceto:

(A) apropriação dos meios de produção por empresas privadas.


(B) o desenvolvimento de mercados livres.
(C) a exploração dos trabalhadores pelas empresas, isto é, a apropriação de parte do valor que eles
produzem (mais-valia).
(D) a existência de um direito racional para garantir a propriedade privada.

5) Assinale a alternativa incorreta:


(A) o capitalismo repousa sobre determinados valores éticos de origem protestante, como o trabalho
duro e a acumulação.
(B) Para Weber, Marx e Polanyi, apenas a Europa se encaminhou pela via capitalista de desenvolvimento.
(C) Marx e Weber consideram que o capitalismo conduz a humanidade a um movimento irreversível de
mudança social.
(D) A China constitui um exemplo de como a modernização econômica se deu pela via capitalista fora da
Europa.

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6) Acerca da “via ocidental”, considere as seguintes afirmações:

I. Há analistas que relativizam o papel desempenhado pela conquista de territórios e de mercados


externos na expansão do capitalismo.

II. Para certos analistas, os capitalismos europeus não precisavam da “aventura colonial” para
fundamentar seu desenvolvimento econômico.

III. No pós-guerra, a progressão das remunerações dos trabalhadores assegurou oportunidades no


mercado interno às grandes empresas fordistas.

Assinale a alternativa que contém todas as afirmações corretas.

(A) I e II.
(B) I e III.
(C) II e III.
(D) I, II e III

7) Exponha os dois fatores que caracterizam a especificidade do capitalismo, segundo Marx:

8) Explique o que Polanyi entende por “marchandisation” da sociedade:

9) Assinale a alternativa incorreta:

(A) O crescimento econômico contemporâneo da Ásia é fruto de sua conversão ao capitalismo ocidental.
(B) Em relação ao desenvolvimento econômico na China, é equivocado identificar modernização
econômica e capitalismo ocidental.
(C) Para A. Smith, o “curso natural” da riqueza das nações está fundamentado na expansão do mercado
interno.
(D) Historicamente, o desenvolvimento econômico na Europa havia se dado em função da exploração de
mercados externos.

10) Analise as afirmações abaixo sobre a “via ocidental” ou “via capitalista”:

I. Proximidade e complementaridade entre elites econômicas e poder político.


II. Mão forte dos Estados ocidentais para conter ambições conquistadoras das elites comerciais e
industriais.
III. Combinação entre expansionismo e militarismo.

Assinale a alternativa que contém todas as afirmações corretas:

(A) I e II.
(B) I e III.
(C) II e III.
(D) I, II e III.

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