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NOTES DE LECTURE

Henri MALDINEY, Ouvrir le rien. L’art nu, 480 pages, 16 reproductions


en quadrichromie. Éd. encre marine.

Un livre de Henri Maldiney constitue toujours un événement. Non qu’il


en publie peu. Celui-ci, Ouvrir le rien. L’art nu, est le neuvième depuis
ces quinze dernières années. Disons plutôt que ce qu’il publie a la force
de l’incontournable et l’évidence de la nécessité. Peut-être plus, d’ailleurs,

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que pour ses précédents ouvrages, cette œuvre a la structure et la compo-
sition d’un livre très clairement articulé. Composée d’une vingtaine d’étu-
des, elle s’ouvre sur la méditation de l’originalité de l’œuvre d’art et se
termine sur la mise au jour de son essence. Ainsi encadré par des textes
denses et d’une rare profondeur spéculative jamais jargonnante, l’ensemble
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des autres études abordent à chaque fois des questions ou des œuvres si
précises que ce livre, tout en reprenant des thèses déjà dévoilées par des
publications antérieures, ne produit aucun effet de redondance et apparaît
entièrement nouveau.
Interrogeant l’œuvre d’art, il s’agit pour Henri Maldiney de montrer en
quoi celle-ci ne constitue ni un objet de représentation, ni n’est accessible
à partir d’un jugement esthétique (lequel relève du contresens), fût-il issu
d’une phénoménologique de l’intentionnalité ou du projet. À l’inverse, ce
qu’est l’œuvre, cela ne s’éclaire que d’elle-même, « entre attente et surprise »
(p. 61) – et si elle est sans recette, à chaque fois singulière, elle met par
contre toujours en évidence le « hors d’attente », le rien par laquelle, litté-
ralement, elle existe. Ce rien, ou ce vide, elle l’ouvre ; c’est dans cette
existence qui est sienne, et qu’elle offre à qui sait voir, qu’elle devient « cette
présence d’absence à laquelle s’envisage notre transpassibilité » (p. 451).
C’est pourquoi l’art n’est pas ici une question d’esthétique, mais d’existence.
Et c’est pourquoi également la distinction, issue de l’esthétique classique,
entre le sublime et le beau, telle que Kant, par exemple, a pu la concevoir,
n’est pas pertinente.
Telle est la conséquence de ce que dévoile la deuxième étude, sobrement
intitulée « Montagne ». Cette extraordinaire et très précise description phé-
noménologique du Cervin montre que le surgissement de cette montagne
a lieu dans l’auto-manifestation première d’un vide qui seul fait écho à notre
existence. C’est pourquoi « dans cette ouverture nous nous surprenons à
être » (p. 53). C’est ce vide, ce rien, qu’ensuite Henri Maldiney s’efforce de
méditer dans les œuvres et traditions qui lui auront fait le plus grand accueil,
comme dans la peinture de Mu Ch’i, ou dans celle des paysages, en Chine.
Ce privilège accordé à l’Orient est lié à ce que « la pensée occidentale a
horreur du vide : l’ouvert ne lui est que vertige » (p. 113). Pourtant, loin
de négliger cette tradition qui est plus immédiatement la nôtre, Henri Mal-
diney ne cesse alors de l’interroger, dans sa conception du paysage d’abord,
à travers l’analyse d’œuvres picturales précises ensuite.

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NOTES DE LECTURE

Ainsi, en plus d’une analyse consacrée à la peinture de Robert Delaunay,


Henri Maldiney montre à partir des parcours de Kandinsky, Malévitch,
Jawlensky ou Mondrian, à quel point leurs œuvres « ont oscillé, avec des
fréquences diverses, dans une zone d’incertitude entre le vide et l’objectif »
(p. 271), c’est-à-dire entre la capacité de laisser apparaître le vide, de l’ouvrir,
et la tentation, due à leur « thématisation de l’abstraction en système avec
pour clé de voûte une idée fixe : celle de l’œuvre comme objet d’art »
(p. 272), de tout objectiver, et donc de tout fermer. À ces peintres, il en
oppose trois autres – Bazaine, de Staël, Tal Coat – qu’il présente comme
« trois clairières de l’ouvert », ainsi qu’un architecte brésilien, l’Aleijadinho,
qui tous, à leur façon et à leur risque propre, ont su ne pas dissimuler le
vide premier et puissanciel de leurs œuvres.

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Deux remarques pour conclure. On pourrait certes encore souligner
l’importance de telle ou telle analyse, telle celle consacrée ultimement au
sens d’être de la chõra selon Platon (pp. 436 à 443). De tels passages sont
si nombreux que nous ne pouvons que renvoyer le lecteur au livre entier.
Il importe bien plutôt de remarquer qu’alors même que ce texte reprend
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pleinement la thèse paradoxale et saisissante déjà énoncée dans L’art, l’éclair


de l’être (éd. Comp’Act, 1993), selon laquelle l’art n’a pas d’histoire, le
présent livre, Ouvrir le rien, la ressaisit en sa vérité tout en s’appuyant sur
une très savante connaissance des œuvres et des parcours des artistes, ce
qui en rend la lecture aussi souple que précise. La dernière remarque attirera
l’attention sur le style de H. Maldiney. Si ce penseur a tant de puissance,
c’est qu’il ne se contente pas d’être rigoureux. Il a su acquérir la vraie
exactitude : une exactitude du mot, de l’expression, de la phrase qui n’a
rien à voir avec un quelconque formalisme ni avec ce que nous pourrions
appeler un « beau style ». Il s’agit là d’une exactitude qui, toute question-
nante, va au bout de ce qu’il y a, à chaque fois, à penser, ne laissant derrière
elle aucun sous-entendu, ne s’accordant aucune facilité, ne faisant jamais
comme si, à chaque fois, entre gens élégants, nous pouvions avoir bien
compris lors même que tout était obscur. C’est cette exactitude-là qui fait
de ce livre une nécessité et qui crée l’intelligence et le bonheur de la lecture.

Philippe Grosos

Lucien JAUME, La liberté et la loi, Paris, Fayard, 2000.

Après avoir exploré la naissance historique du libéralisme français dans


L’individu effacé ou le Paradoxe du libéralisme français (Fayard, 1997),
L. Jaume, dans La liberté et la loi, se propose de cerner les origines philo-
sophiques du libéralisme politique. Tel serait le projet commun de la tradi-
tion libérale : promouvoir le gouvernement de la liberté pour la protection
d’un sujet moral et politique, habilité à juger les actes du pouvoir qu’il a
institué. Mais cette unité s’accompagne indissociablement, selon l’a., d’une
diversité d’approches. Au service de la préoccupation politique du « gou-
vernement de la liberté », trois grandes modalités sont ainsi envisagées

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NOTES DE LECTURE

successivement. Primo, dans le contexte d’opposition à la monarchie abso-


lue, le libéralisme s’est efforcé de soustraire la société et le sujet politique
à la domination du souverain, prônant la substitution du « règne des lois »
au règne des hommes : il s’agissait alors, pour les penseurs du XVIIe et du
e
XVIII siècle (en particulier Montesquieu, Locke et Kant) de penser l’obli-
gation politique – la soumission porteuse de liberté, et en particulier d’une
liberté de conscience – en dénonçant la contrainte de la loi postulée par les
théoriciens de la souveraineté (Hobbes, Bossuet). Secundo, le libéralisme
politique a tenté de concilier l’universalité de la loi avec la réalité et la
légitimité de la particularité : chez Locke et Montesquieu, la diversité des
goûts, des croyances et des cultures doit faire l’objet d’une unité qui puisse
intégrer les différences, diversité individuelle ou pluralité sociale. Or c’est

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cette question du pluralisme, comme les tensions qu’elle suscite au regard
d’une pensée universaliste de la loi naturelle, qui se trouveront dépassées
selon l’a. lors du tournant kantien : abandon de la problématique jusnatu-
raliste, primauté absolue de la liberté raisonnable sur le bonheur, unité pure
du droit pensée à partir de l’Idée d’une « constitution républicaine » que
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les hommes ont pour tâche de faire advenir dans l’histoire. Ce triomphe de
l’universel, pourtant, sera de courte durée. La phase postkantienne – c’est
le troisième moment – voit en effet advenir une critique de la puissance de
la loi, visant à conférer la garde des droits à un tiers pouvoir : le Juge,
supposé garant de droits différenciés face à la dimension jugée coercitive
de la loi (multiculturalisme, communautarisme...). Or en envisageant les
droits de l’homme comme des attributs que l’individu peut faire valoir
contre la loi (simple fait du législateur qui, selon Dworkin par exemple, ne
se confond nullement avec la société), en acceptant de définir la justice avec
Rawls comme l’équilibre adéquat entre des revendications sociales concur-
rentes, les libéraux contemporains confortent selon l’a. une crise de l’uni-
versel qui est aussi une crise de la Loi. La tension, maîtrisée chez les libéraux
« classiques », entre l’exigence d’universalité et le droit de la particularité
devient ici conflit, au profit apparent de l’individu socialisé, mais au détri-
ment réel du citoyen. L’enjeu politique de l’ouvrage est donc clair : face à
la montée en puissance de droits de plus en plus divers, face au déclin jugé
inquiétant d’une conception uniforme et abstraite de la loi, il s’agit en un
mot de montrer que la loi, loin de menacer les droits, peut seule leur donner
une réalité effective.
Dans ce parcours, le mérite du passionnant essai de L. Jaume est incon-
testablement de faire surgir de grands enjeux contemporains au gré de belles
analyses d’histoire de la philosophie : Bayle, Fénelon, Bossuet, Montesquieu,
Locke, Hume, Kant, Dworkin, Rawls, et, en appendice, Rousseau, sont
convoqués tour à tour au service d’une interrogation portant sur la conci-
liation ou la tension, inhérentes au rapport entre le sujet et la loi, entre le
particulier et l’universel. Mais l’intérêt évident d’une telle lecture de la
philosophie politique ne doit pas occulter les difficultés qu’elle soulève, qui
tiennent pour l’essentiel à l’absence de toute investigation sérieuse sur le
concept de « libéralisme » : à trop envisager le libéralisme comme l’idiome
politique de la modernité, le risque est grand d’oublier qu’il n’est que le

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NOTES DE LECTURE

fruit d’une élaboration engagée par ses historiens. Cette difficulté métho-
dologique s’accompagne, en outre, d’un parti pris discutable : ainsi l’idée
libérale trouverait-elle son « apogée » 1 comme sa véritable « hauteur phi-
losophique » 2 dans le tournant kantien, qui invite à relire l’histoire de la
philosophie du point de vue des prémisses encore inaccomplies ou des
prolongements manqués de ce moment crucial. Telles sont les raisons réel-
les, en amont, de la lecture « rationaliste » plutôt qu’« empiriste » de Mon-
tesquieu et de Locke : sans mentionner le choix arbitraire de l’ordre d’expo-
sition (pourquoi traiter Montesquieu avant Locke, quand on connaît
l’influence décisive du second sur le premier ?), la sélection drastique des
dimensions jugées pertinentes des philosophies de ces auteurs ne se
comprend qu’à la lumière de cette lecture téléologique – lecture qui trouve

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au demeurant selon l’a. une justification chez Kant lui-même 3. Telle est
également la raison de l’isolement étrange du « libéralisme économique »,
dont Hume et les historiens empiristes de l’école historique écossaise sont
les plus illustres tenants : tout lien de filiation à l’égard du courant « ratio-
naliste » se trouve ainsi exclue, alors même que les Ecossais n’ont de cesse
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de revendiquer la caution de Montesquieu. Telles sont enfin les raisons de


la lecture empiriste, en aval, de Dworkin et de Rawls : en prenant les droits
des communautés au sérieux, fût-ce contre le gouvernement et ses lois, ou
en dissertant sur le « consensus par recoupement » supposé concilier des
intérêts divergents, les deux chantres modernes du libéralisme politique ne
peuvent à la vérité se revendiquer d’aucun prédécesseur « classique » (et
surtout pas de Kant). La tradition philosophique qui étayait leurs argumen-
tations ne peut que les contredire : les libéraux « classiques », comme l’écrit
l’a., ont mis au centre de leur pensée la souveraineté et la généralité de la
Loi, sans jamais l’opposer à la garantie des droits. Se révèle ainsi le dessein
sous-jacent de l’ouvrage : dénier toute pertinence à la filiation kantienne
des libéraux modernes permet d’écarter (avant même toute discussion de
fond) leur prise en compte des aspirations communautaires et des revendi-
cations sociales, qui risquent de faire faillir la transcendance de la Loi. Au
lieu d’argumenter contre la position originelle du « voile d’ignorance »
(entreprise magistralement accomplie par M. Sandel 4), l’ouvrage préfère
ainsi recourir à un argument d’autorité : les libéraux modernes ont tort
puisqu’ils invoquent la caution d’une « tradition libérale » qui – grâce à la
« kantisation » fantaisiste de Montesquieu et de Locke opérée par l’a. – leur
est à tous égards contraire.

1. P. 270.
2. P. 261.
3. P. 283.
4. Michael Sandel, Le libéralisme et les limites de la Justice, trad. J.-F. Spitz, Paris,
Seuil, 1999.

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NOTES DE LECTURE

Sémir BADIR, La langue et sa représentation, L’Harmattan, Paris, 2001.

Il faut attirer l’attention sur ce petit livre, résultat remarquablement concis


et maîtrisé d’une thèse de doctorat, par l’auteur d’un excellent petit ouvrage
sur Hjelmslev (Belles Lettres, 2000), qui a le double intérêt de présenter à
la fois une lecture de Saussure, permettant de résoudre de manière nouvelle
et originale certaines difficultés qui sont devenus des « lieux » de l’exégèse
saussurienne (l’arbitraire du signe, le rapport du sens et de la valeur, la
« double articulation »), et de définir un audacieux programme théorique,
celui d’une « analyse métalinguistique », qui fait passer le texte de Saussure
de la position de référent autorisé à celle d’objet privilégié sur lequel une
méthode en voie d’élaboration fait l’épreuve d’elle-même.

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Linguistes et philosophes ne portent pas assez d’attention au fait que
l’analyse linguistique est une « parole sur la langue ». Tout énoncé linguis-
tique peut être considéré comme un « usage » d’une sémiotique, c’est-à-dire
d’un système permettant d’analyser des continuums, métalinguistique, qui
s’intercale donc entre cette parole et son objet, qui est aussi un système, et
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qui peut être étudié pour lui-même. Mieux, Sémir Badir fait remarquer très
justement qu’il y a nécessité de se donner des « représentations » de la
langue pour pouvoir même parler : les paroles supposent des interprétations
du système linguistique, qui se font selon d’autres systèmes, et qui peuvent
donner lieu à des énoncés, donc à des paroles, spécifiques. De sorte qu’il
faut rajouter un niveau d’analyse à ceux isolés par Saussure et redéfinis avec
la rigueur conceptuelle que l’on sait par Hjelmslev : langue, parole, et
« représentation ».
Sémir Badir tente de montrer que la clarification métalinguistique permet
de faire l’économie des spéculations sur la réalité « ontologique » ou « psy-
chosociale » de la langue, et de préciser les concepts saussuriens, en parti-
culier ceux de signe, de signifiant et de signifié, en les interprétant préci-
sément comme des concepts métalinguistiques. L’analyse métalinguistique
porterait en effet sur le point le plus délicat de la linguistique saussurienne,
celui de l’articulation de la négativité des signes de la langue avec la positivité
des signes de la parole. L’étrangeté du « signe » qui est la source des pro-
blèmes ontologiques que l’on sait ne tiendrait donc à rien d’autre qu’à ce
statut curieux, qui est qu’il doit parler de ce qui permet d’analyser la parole,
ce qui veut dire en fait parler de principes de distinction comme des « choses »
positives. En somme Badir cherche à expliquer les monstres théoriques
produits par Saussure par les contraintes qu’imposent à la linguistique et à
son épistémologie l’originalité du niveau métalinguistique, et l’absence de
conceptualisation du niveau métalinguistique qui explique « l’écrasement »
sur la langue des spécificités de ce niveau, qui tient à la fois de la langue
et de la parole.
Ce petit ouvrage témoigne de la vitalité des études saussuriennes et de
leur capacité à nourrir le renouvellement des « sciences du langage »
contemporaines.

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